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Full text of "Dictionnaire languedocien-français, contenant les définitions, radicaux et étymologies des mots; les idiotismes, dictions, maximes et proverbes, leurs origines et celles des coutumes, usages et institutions; les noms propres de personnes et de lieux, origines, étymologies et significations; les termes d'agriculture, de métiers, d'arts, de professions, d'industrie; la flore et la faune méridionales; etc., etc"

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ANCIEN PRÉSIDENT DU TRIBUNAL CIVIL D'ALAIS, MEMBRE DE L'ACADÉMIR DE NIMES, 
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MEMBRE DE L'ACADÉMIE DE NIMES, DE LA SOCIËTÉ ARCHÉOLOGIQUE DE MONTPELLIER 
ET DE LA SOCIÉTÉ SCIENTIFIQUE ET LITTÉRAIRE D'ALAIS, 
CORRESPONDANT DU MINISTÈRE DE L'INSTRUCTION PUBLIQUE POUR LES TRAVAUX HISTORIQUES, 
OFFICIER D'ACADÉMIE. 


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hé et Lithographie A, BRUGUEIROLLE, Grand'rue, 93, 
1884 





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DICTIONNAIRE 


LANGUEDOCIEN-FRANÇAIS 





LANGUEDOCIEN-FRANCÇAIS 


CONTENANT 


les définitions, radicaux et étymologies des mots; les idiotismes, 
dictons, maximes et proverbes, leurs origines et celles des coutumes, usages et institutions; 
les noms propres de personnes et de lieux, 
origines, étymologies et significations; les termes d'agriculture, de métiers, d'arts, de professions, 
d'industries ; la flore et la faune méridionales; etc., etc. 


PAR 


Maxim D'HOMBRES 


ANCIEN PRÉSIDENT DU TRIBUNAL CIVIL D'ALAIS, MEMBRE DE L'ACADÉMIE DE NIMES, 
ANCIEN PRÉSIDENT DE LA SOCIÉTÉ SCIENTIFIQUE ET LITTÉRAIRE D'ALAIS, 


DICTIONNAIRE 
| 
| 
| 


ET 


GRATIEN CHARVET 


MEMBRE DE L'ACADÉMIE DE NIMES, DE LA SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQUE DE MONTPELLIER 
ET DE LA SOCIÉTÉ SCIENTIFIQUE ET LITTÉRAIRE D'ALAIS, 
CORRESPONDANT DU MINISTÈRE DE L'INSTRUCTION PUBLIQUE POUR LES TRAVAUX HISTORIQUES, 
OFFICIER D'ACADÉMIE. 


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ALAIS 
Imprimerie et Lithographie A. BRUGUEIROLLE, Grand’rue, 93. 


1884 





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MAXIMIN D'HOMBRES 





Deu agradal e al pobol util. 
Agréable à Dieu et utile au peuple. 


Vieizce CHARTE D’ALAIS. 


On l’a dit bien souvent et avec juste raison : certaines familles semblent être prédestinées au goût des 
recherches studieuses; elles possèdent ce don naturellement et se le transmettent de génération en géné- 
ration comme un/précieux héritage. Cette observation ne s’est jamais manifestée avec plus d’évidence qu’à 
l'égard de Maximin d'Hombres. 

François-Louis-Maximin d’'Hombres naquit, le 14 août 1810, à Alais, d’une ancienne et honorable 
famille des Cévennes: Il était le fils de François-Régis d'Hombres dont les vertus charitables sont restées 
légendaires, et de Marie-Antoinette-Eulalie Desroche, de Génolhac. 

Petitineveu des deux célèbres Boissier de Sauvages, par’ sa grand'mère Marie-Augustine Boissier de 
La Croix de Sauvages, et neveu du baron d'Hombres-Firmas, il voulut se rendre digne de ses devanciers 
et suivre comme eux, avec honneur, la voie que leurs travaux lui avaient ouverte, 

Doué d'une intelligence peu commune et d’une pénétration non moins remarquable, Maximin fit avec 
succès ses études classiques à Forcalquier d’abord, à Aïx ‘ensuite, chez les Jésuites. Il les poursuivit plus 
tard au collège de sa ville natale, et alla les compléter à Paris par celles du Droit. 

Ses débuts à Alais, comme avocat, lui valurent les éloges les plus mérités, et firent présager pour Jui un 
brillant avenir. Il prit, pendant trente-cinq ans, une part active à tous les grands débats judiciaires qui se 
produisirent devant le tribunal de cette ville. A partir de 1840, il fit toujours partie des Conseils de l’ordre; 
et, à neuf reprises différentes, il en fut élu bâtonnier. « Cœur noble, âme généreuse, esprit cultivé, » a dit 
sur sa tombe un de ses anciens confrères, « Maximin d'Hombres était un de ces hommes dont le talent et la 
probité s'imposent et honorent les corps auxquels ils appartiennent (1). » 

‘Caractère aimable et enjoué, esprit incisif et éminemment gaulois, Maximin avait l’aimable défaut des 
hommes très spirituels, qui n’ont jamais l'air de se prendre tout-à-fait au sérieux, lors même qu'ils se 
livrent à des occupations fort sérieuses; contrairement aux esprits bornés ou superficiels, qui se gardent 
bien de douter d ‘eux-mêmes, et font consister leur principal mérite à s'occuper, avec une gravité affectée, 
de choses parfäitement insignifiantes. 

Un membre de la société d’Alais a décrit avec finesse « cette figure originale et sympathique, pré- 
sentant un singulier mélange de dougeur et de malice, de bonhomie et de causticité... Ce charmant 
éauseur, prompt à la réplique, habile à lancer le trait, à la verve familière, aiguisée, rt far 4 ironique, 
mais jamais blessanté (2). » ht 

” Une bienveillance constante, une bonté i Doféreble, formait, ‘en effet, le fond du caractère de Maximin 





ACT CET LL CPI M Lg 0 TTOS 
(1) Discours de M. Émile Pin, bâtonnier de l'Ordre des avocats, : ,,, # 
(2) V. Aupmax. — Compte-rendu des travaux de la Société scientifique et littéraire d'Alais, pendant l’année 1873. 


LL 
d'Hombres. Ses qualités charmantes, son abord facile et plein d’aménité, lui ettiraient l'estime et l'afec- 
tion universelles. Quant à ses amis, ils ont pu apprécier combien Lun dentre eux (4) l’a justement défini 
en signalant chez lui cette éénacité du cœur qui rendait ses'affections idissolübles. à 
Pourrions-nous oublier, en parlant des précieuses qualités de notre ami, celles qui étaient peut-être 
les moins apparentes, mais en même temps les plus réelles : ces vertus bienfaisantes, ces habitudes de 
charité, héréditaires dans sa famille, dont pourraient rendre témoignage tant de misères secourues, tant 
d'infortunes soulagées en silence, sans faste et sans ostentation ? PR 
Aussi, lorsqu’à la fin de sa carrière d'avocat, parcourue avec autant d'honneur que de distinction, 
Maximin d'Hombres fut appelé à la Présidence du Tribunal (d’Alais, tous ses concitoyens, sans acception 
d'opinions, applaudirent avec enthousiame à une nomination si bien justifiée. 


* 
+ 


Maximin d'Hombres avait épousé, le 26 novembre 1844, M'° Victorine Farjon, de Montpellier, dont 
l'inaltérable affection l'a, jusqu'à ses derniers moments, entouré des soins les plus délicats et les: plus 
dévoués, : 

Durant de longues années, Maximin d'Hombres à fait partie du Conseil municipal d'Alais, où l’avaient 
appelé la confiance et l'affection de ses concitoyens; et il a rempli, pendant un certain temps, les fonctions 
d’adjoint à la mairie, 

Il était membre de l'Académie du Gard, de la Société des études pour les langues romanes et de 
la Société scientifique et littéraire d’Alais, dont il a occupé la présidence pendant l’année 1872: 

Maximin d'Hombres avait eu quatre frères, morts avant lui, et une sœur qui lui survit : 4° Hippolyte, 
ancien élève de l’École polytechnique, mort en Afrique, capitaine du génie; — 2° Léonce; mort religieux 
trappiste; — 3° Ernest, mort garde-général des Eaux-et-Forêts; — 4° Paulin, mort enseigne de vaisseau 
devant Saint-Jean-d'Ulloa; — 5° Pauline, religieuse de la Visitation à Tarascon, seule survivante. 

Ayec Maximin s’est éteinte la descendance mâle de la branche cadette de la famille d'Hombres. 


* 
LE] 


Doué d’une aptitude exceptionnelle pour toutes sortes de travaux, mais principalement porté vers 
les études littéraires, historiques et archéologiques, Maximin savait faire marcher de front ces diverses 
études avec celles de sa profession. Les premières avaient même d'autant plus de charme et d’attrait pour 
lui, qu’elles fournissaient à son esprit une agréable diversion aux fatigues du barreau, et lui servaient 
en quelque sorte de délassément. 

Le but constant qu’il poursuivit toute sa vie fut de mettre en lumière les principaux faits historiques 
qui se rattachent au passé de sa ville natale pour laquelle il professait, comme tous ses devanciers, une 
prédilection intime et profonde, un culte ardent et passionné : Soi totus amor (2). 

A part ses incontestables qualités littéraires, ce qui mérite surtout d’être signalé dans Maximin 
d'Hombres, c’est l'esprit de suite et l'opiniâtreté dans le travail qui, chez l'historien et l’érudit, sont toujours 
des qualités fécondes. 

« On est en général tenté de plaindre les savants qui consacrent leur vie à composer de gros livres et 
les curieux qui passent leur temps à les lire, dit M. Gaston Boissier. Peut-être les uns et les autres sont-ils 
beaucoup moins malheureux qu'on ne le suppose. S'il faut un certain courage pour se jeter résolument dans 
ces études pénibles et infinies, il est rare, quand les premières difficultés sont vaincues, qu’on n’éprouve pas 





(4) Éloge de Maximin d’Hombres, par M. d'Espinassous, 
(2) Épigraphe inscrite par Maximin d’Hombres en tête de son Étude sur Alais. 


pour elles un grand attrait : elles ont ce privilège qu'elles donnent beaucoup plus qu’ellés ne promettent. 
Les érudits, qui se sont fait un domaine restreint et fermé, le fouillent avec passion dans tous les sens, et 
finissent toujours par y découvrir quelque coin de terre inconnu où ils sont les premiers à poser le pied, 
Ce plaisir est un des plus vifs qu’on puisse éprouver, et il n’est pas commun (1). » 


* 
LE] 


Maximin d'Hombres a laissé trois excellentes Études ou notices réunies dans le volume des Recherches 
historiques sur Alais, publié en 1860, en collaboration avec MM. Marette, Duclaux-Monteil et César Fabre. 

La première de ces notices est un précis historique sur la Seigneurie d’Alais, C’est, sans contredit, 
le travail le plus complet qui ait jamais été publié sur cette matière. 

La seconde contient une étude archéologique et historique sur l’ancienne église de Saint-Jean-Baptiste 
d’Alais, convertie plus tard en cathédrale, 

La troisième traite des anciens noms des rues et places de la ville avec l'indication de leur étymologie. 

On doit, en outre, à Maximin d'Hombres, de nombreux articles publiés dans l'Écho d’Alais, journal 
dont l'existence a duré onze années, de 1841 à 1852, et dont il fut l’un des principaux fondateurs, 

On a aussi de lui une notice biographique placée en tête de la deuxième édition de Las Castagnados, 
recueil de poésies languedociennes du marquis de Lafare-Alais, à qui l’unissait une vieille et étroite amitié; 
et trois ou quatre plaquettes, sans nom d'auteur, qui n’ont jamais été mises en vente : il n’en a été tiré 
qu’un nombre très restreint d'exemplaires (2). 

Mais les travaux les plus remarquables dus à ses longues et patientes recherches et à sa profonde 


-érudition, sont : 1° Une étude de longue haleine, sous forme de discours, intitulée : ALAIS, ses origines, 


sa langue, ses chartes, sa commune et son consulat; 2° Le nouveau DICTIONNAIRE LANGUEDOCIEN-FRANÇAIS, 
resté inachevé. 


* 
LE) 


Dans son étude sur Alais, l'auteur éxpose d'abord l’ensemble de son œuvre. 

Il a pris à tâche de faire ressortir le synchronisme qui existe entre les origines de l’organisation 
municipale de la ville d’Alais et celles de la formation de son langage. Il établit l'étymologie du nom 
d’Alais qui tient par ses racines à la langue celtique; il montre la contrée successivement occupée par les 
Ibères, les Ligures, les Celtes, les Romains, les Franks, les Visigoths, les Sarrasins, et assimilant à son 
idiome des éléments divers empruntés au langage de sés envahisseurs, 11 signale l'introduction de la forme 
latine, dans la langue indigène, comme la conséquence évidente de l'occupation romaine et de l'établisse- 
ment du christianisme dans la Gaule méridiohale; et, après l’apaisement des grandes secousses produites 
par les invasions, il montre ce même langage national, ainsi modifié, s’assujétissant à des règles, se fixant 
progressivement, et, sous le nom de Zangue romane, s'imposant à l’Europe occidentale. 

Abordant ensuite la période féodale, l’auteur fait apparaître, en 1093, le premier seigneur connu 
d’Alais, Raymond Pelet, qui prend part à la première croisade, de concert avee Raymond-Décan d'Uzès et 
Guillaume de Sabran, sous les ordres de Raymond IV de Saint-Gilles, Il fait voir aussi les papes Gélase IT, 
en 1118, et Alexandre III, en 1162, recevant à Alais l'hospitalité des Pelet; il décrit la vie seigneuriale, 
les aventures des troubadours de la contrée; il dépeint enfin, au seuil du XIII: siècle, la ville d’Alais entrant 





(1) G. BoissiEr. — Les provinces orientales de l'empire romain. 

(2) Les Chartes d'Alais du XIIIe siècle, traduites du roman et du latin en rimes françaises, 40 pages in-8°; — Rapport au 
Contoll meeineh d'Algisanr. Le déntnisatien don ruanet piepte de 4-9 ; + Coup-d'œil sur l'alignement et les syndicats du 
Gardon, 80 pages in-8°. 


1 
«en possession d'elle-même et de la vie publique; » le peuple alaisien établissant ses droits; affirmant son 
existence civile et son organisation communale. 

Parvenu à cette partie de son Étude, l'auteur passe en reyue les principaux articles de la cherie 
de 1200, octroyée par les seigneurs aux habitants d'Alais, et si étrangement défigurée dans son texte et 
dans sa date par MM. Beugnot (1) et Laferrière (2). Rétablissant les textes d’après les documents originaux 
déposés aux archives municipales, il présente une vue d’ensemble de l’organisation communale d’Alais, en 
faisant ressortir le profond sentiment religieux qui domine dans les institutions de la société naissante. 


* 
* + 


Le nouveau Dictionnaire languedocien-français fut le but constant vers lequel convergèrent lès études 
de Maximin d'Hombres, et la meilleure partie de l'existence de notre cher et regretté confrère à + con- 
sacrée à cette œuvre éapitale, qu'une mort prématurée ne lui a pas pérmi d'achever. 

En publiant son Dictionnaire languedocien-français, l'abbé de Sauvages s'était donné pour mission 
principale d'enseigner à parler correctement le français à ceux de ses compatriotes qui, accoutumés dès 
l'enfance à formuler leur pensée en languedocien, n’en donnaient, én se servant du français, qu'une tra- 
duction vicieuse hérissée de gasconismes. Ï1 se proposait, én outre, d'expliquer les mots du vieux langage 
dont fourmillent les anciens documents écrits de l’époque féodale. 

Cette préoccupation constante a empêché lé savant abbé d'atteindre le résultat qu'on était en droit 
d'espérer de lui. Elle lui a fait Souvent négliger où omettre les mots les plus usuels et le mieux émployés 
pour s'attacher de préférence aux termes purement techniques. Aïnsi restreint dans sa spécialité, on peut 
dire quelle plan de l'ouvrage manqué d'unité et demeure incomplet, au grand préjudice du dialecte alaisien. 

Le dangér qu'avait voulu conjurér l'abbé de Sauvages n’existe d'ailleurs plus de nos jours: Ce n’est 
pas, en effet, l'altération dé la langué française par le languedocien qui est à craindre à l'heure présente : 
l'influence contraire est bien plus à redouter, et nous assistons, chaque jour, à l'envahissement progressif 
de notre belle et vieille langue d'Oc, qui tend à se pervertir et à se corrompre, en se francisant. 

C'est pour combler les nombreuses lacunes du dictionnaire de.l'abbé de Sauvages que. l’auteur des 
Castagnados eut le premier la pensée, il y a déjà. plus. de trente ans, de rendre sa physionomie vraie au 
dialecte alaisien, cet ami d'enfance qu'il savait manier avec tant de grâce et d'esprit. Il associa à cette œuvre 
considérable deux amis intimes, MM. J-M. Marette et Maximin d'Hombres, animés comme Jui du feu sacré; 
et, avec leur collaboration, il jeta les fondements de l’œuvre future, en commençant. par recueillir a 
onmenclature de tous les mots qui devaient entrer dans le nouveau Dictionnaire languedocien-français, 
nomenclature écrite en entier.de la main du marquis de La Fare, et destinée de servir de guide aux trois 
collaborateurs. Cette classification devait être considérée comme un arrêt définitif, qu'il fallait religieu- 
sement respecter. 

Mais la mort vint successivement enrayer .ou suspendre l’accomplissement de l’œuvre commencée, 
M. le marquis de Lafare-Alais succomba le premier en 1846; M. Marette le suivit vingt ans plus tard, en 1866. 

L'honneur et le fardeau de l'entreprise devinrent alors l'héritage exclusif du dernier des survivants;, 
qui, à. son tour, devait disparaître ayant d’avoir pu mettre la, dernière main à ce monument patriotique: 


x rt 
** p2 


À dater de sa nomination comme président du Tribunal civil d'Alaïs, l'existence de Maximin d'Hombres 
né devait plus être qu'une longue agonie précédant une crise suprême. 





» (1) Documents inédits:sur l'histoire de France. Les Ociu; ou registres des arrêts rendus par la Cour du roi, publiés par 
M: Beugnot, membre de l’Institut. T. II, 2” partie, 1312-1318. Appendice:; Anciennes coutumes d'Alais, pp. 1458-1501. 
(2) Larennière. Hisloire du Droit français, T. V, Coutumes de France, sect. IT; Anciennes Coulumes d'Alais, Paris 185820 








L 


Notre ami succomba, le 27 décembre 1873, à la cruelle maladie dont il était atteint depuis plusieurs 
mois. Il mourut en chrétien convaincu et résigné, digne couronnement d'une aussi belle existence. 

M. E. de Roux-Larcy a résumé en trois mots, sur sa tombe, la noble devise de Maximin : « Dévoue- 
ment, abnégation, fidélité. » 

« Sa foi religieuse, a-t-il ajouté, sa mort la proclame... — Sa foi politique fut de celles qui com- 
mandent le respect à leurs adversaires, et qu'aucune épreuve ne fait jamais défaillir (4). » 

« Né dans le sein de l'Église romaine, élevé dans la foi et l'amour de ses dogmes, dans le respect de ses 
décisions, dans la soumission à sa discipline, a dit excellemment de lui M. d'Espinassous, rien de ce qui, 
dans nos temps troublés, a fait hésiter tant d'âmes, n’a eu la force de le faire dévier un seul moment de son 
devoir filial..……. Dieu, roi, patrie, cité, famille, amis, tant que ce noble cœur a battu, il a tout aimé avec 
obstination..…. — Catholique et légitimiste par sentiment, il devait nécessairement en être le type le plus 
pur, et il ne pouvait que vivre et mourir dans les bras de l'Église et en révant du trône (2). » 

A ce splendide hommage aussi mérité que noblement exprimé, il nous suffira d'ajouter que la mort de 
Maximin d'Hombres fut une perte irréparable pour sa famille et ses nombreux amis, et un deuil public pour 
cette excellente population alaisienne, qui voyait s’éteindre en lui une de ses figures les plus originales et 
les plus aimées, un des derniers chroniqueurs de ses mœurs populaires, un des derniers représentants de 
ses antiques traditions. 


LA 
LE. 


Après la mort de notre ami, Madame d’Hombres voulut bien nous confier le soin de terminer l'œuvre 
inachevée de son mari : honneur insigne et périlleux, qui nous revenait moins qu'à tout autre et que nous 
nous sommes efforcé de justifiér, sans espérer d'y avoir réussi aussi complètement que nous l’aurions désiré. 

Maximin d'Hombres avait, en mourant, laissé le Dictionnaire languedocien rédigé et imprimé jusqu’à 
la lettre M, inclusivement. Il restait donc à définir, sans autres jalons que la liste incomplète laissée par 
M. le marquis de La Fare-Alais, tous les mots correspondant aux douze dernières lettres de l'alphabet. 

L'orthographe introduite par M. de La Fare, dans ses poésies, est des plus défectueuses et se trouve en 
complète opposition avec les origines et les traditions de la langue d'Oc. Maximin d'Hombres l'avait néan- 
moins adoptée, par déférénce pour le souvenir de son ami, et, bien que nos préférences soient en faveur 
de l'orthographe rationnelle, reconstituée par la renaissance provençale, nous avons dû, à notre tour, nous 
plier aux mêmes exigences, pour conserver, à l'œuvre à moitié accomplie de nos prédécesseurs, sa physio- 
nomie propre et sa complète unité. 

Dix ans ont été consacrés à cette tâche laborieuse, dont l'accomplissement nous a été facilitée surtout 
par MM. Émile de Firmas-Périès et César Fabrè, deux alaisiens de vieille-roche, pour qui le dialecte Cévenol 
n’a point de secrets. Nous devons aussi de nombreux renseignements aux trois poètes d'Alais, successeurs 
de La Fare, MM. Paul Félix, André Leyris et Albert Arnavieille ; et, d'autre part, M. Émile Reboul, a bien 
voulu prêter à MM. Alfred Veirun, Auguste Brugueirolle et Clodomir Castagnier, imprimeurs du Diction- 
naire, le concours de son remarquable talent de correcteur. 

Nous nous estimons heureux de pouvoir consacrer ici, à ces bienveillants collaborateurs, les meilleurs 
témoignages de notre sincère reconnaissance. 

Alais, 27 décembre 1883. 
x G. CHARVET. 


{+ 





(1) Discours prononcé par M. E. de Roux-Larey sur la tombe de M. Maximin d'Hombres. 
(2) Éloge de M. Maximin d'Hombres, par M. d’Espinassous. 


EXPLICATION DES ABRÉVIATIONS 





—ss————— 
A ouai. 12 .,2100% ... Aclif. Inn. 2,08 tattle ... Indicatif. 
AR LAN don ip 1 ÉONPAÉ INTERJ 4. RE Interjection. 
VCD ET RER TEEN Adjectif. IRDÉG, 4 La See Irrégulier. 
OT PRE A Adverbe où Adverbialement. ÉTAL SR 5 803 ses TETE Italien. 
PR ee ce s soie Allemand. LANGE ec ner Languedocien. 
PA ON à Anglais. BAT.574 74 FE INDIE Latin. 
FU AN APR ET CUT DE Article. Liu. aie leo à ..… Limousin. 
Au Eliane nor des Au figuré. LE, né esnreeP a Linnée, naturaliste. 
AUGM ei. be er de Augmentatif. LOC. PRVB,.....:..0:. Locution proverbiale. 
RL PRO 4 ce ce sert Au propre. M. m. ou MASsC........ Masculin. 
DA LT nr oroecms Basse latinité. Ji et ÉTAT A Même signification. 
OP MR Er Canton. NS PR: 1-0 Nom propre. 
RE Tree sde ebe Catalan. PAR EXT....... .. .... Par exlension. 
EU PE DO Re Celte ou Celtique. PAR EX. .....+ «ss... Par exemple. 
aval um PR ul Cévenol. PART, PASS, 4,443 0. . Participe passé. 
CoMmer do.5ebbs chritel < Commune. Ps. ou PÉIOR........ «+ Péjoratif. 
COR EE LS Conjonction. Pons Lie mes es Personne. 
COR io Contraction. PHR. F OU FAITE...,... Phrase faite 
Rd ee Re on Corruption où Corrompu. PEUR era ve as Pluriel. 
En aue a des Datif. FOR a nr des Portugais. 
Dénons shift 24 0x1 Démonstratif. Ropsiui, site A. «.. Populaire. 
DéRucish su der ati .... Dérivation où Dérivé, Pos 4454 lon. Possessif. 
DL uit LS MATS Dialecte. Pepe... ssse..s.  Préposition. 
ECO NERO Dictionnaire. Pas ri tee Mes Présent. 
11" RP PAR .... Diminutif. PRIS ne Aie En ae Prétérit. 
Là 0 MR PAL TELA .... Diphihongue. PHONE tee Pronom. 
Empuit os, <tir uiix Emprunt où Emprunté. PHON1 LG tee L 107. Provençal. 
TRES Os 7 Espagnol. PEMBrsr ee dass +.:. Proverbe. 
12e 1 2 BP A EN ... Etymologie. RÉDur...,....:..,..... Réduplicatif. 
LR AT OS EN E Exclamation. RU Ci AE 2e Réfléchi. 
LT RUE EE PTS PA Exemple. ||: ARR ANE PIEDS ..... Relatif. 
lg EAP L AT AEE À Féminin. NES ST sers mn ..... Singulier. 
Kaai .lU ae ".... Famille ou Familier. SuBs. ou 8..... Link Substantif. 
BST ob édite Fiquré. SM ab ss... Synonyme. 
Fr....., DCCETETE ELITE Français. RAR Pts cie Traduit. 
PR TE Ge Fréquentatif. RIRE. ed cs to Qule Triphthongue. 
RAS DE ad ae ae s alu à Gascon. L'ÉNCENC R e .. Voyez ce mot. 
Le PO RTE EU Génitif. A ER ere ie ohne dr Verbe. 
RS OP LOT . Grec. V.1......,,.::,41.,.1 Vieux langage. 
AMP DANS do Impératif. NO xs MR En sa ee Voyez. 


— Indique le changement d'acceptions ou de sens d’un mot; mais plus souvent les citations et remarques. ; 
= Signifie égale. Ex. Ac = ec, ac égale ec ; angue — anègue, = anenche : angue égale anègue, égale anenche ; etc. 








DICTIONNAIRE 


LANGUEDOCIEN-FRANÇAIS 





BOISSIER p£ SAUVAGES ! DE LA FARE-ALAIS! Deux 

noms radieux et sympathiques, que nous sommes heureux 

. d'inscrire en tête des colonnes de ce livre, et qui feront sa 
meilleure fortune. 

Au premier nous rattachent des liens de famille; au 
second est due l’idée première de notre nouveau Diction- 
naire languedocien. 

L'abbé de Sauvaces, parmi les célébrités que notre pays 
a vues naître, on l’a dit avec raison, est la plus complète- 
ment alaisienne : aucune n'a le cachet du crù comme la 
sienne. Géologue, physicien, naturaliste, agronome, litté- 
rateur ou lexicographe, soit qu'il consacre ses études à 
l'agriculture, soit qu'il dirige ses recherches vers la linguis- 
tique, tous les travaux d'une vie bien remplie et toujours 
appliquée, les connaissances variées qu'il possède à un 
degré distingué, supérieur même en quelques branches, son 
expérience et son rare savoir semblent n'avoir quelque prix 
à ses yeux qu'autant qu’il peut les faire tourner à la pros- 
périté et à l'illustration de son pays natal. 

Entre tous ses ouvrages, le seul dont nous ayons à 
parler ici, le mieux connu peut-être, ne pouvait manquer 
de porter l'empreinte de cette pensée de bien public. Dès le 
titre même de son dictionnaire, et dans sa préface, le but 
du modeste savant prend plaisir à s’avouer hautement. Il 
se donne pour mission principale d'enseigner à parler cor- 
rectement le français à ceux de ses compatriotes qui, accou- 
tumés dès l'enfance à formuler leur pensée en languedocien, 
n'en donnent, en se servant du français, qu'une traduction 
vicieuse et toute hérissée de gasconismes. Il se propose en- 
suite d'expliquer les mots du vieux langage dont fourmil- 
lent les titres et actes établissant d’anciens droits ou leur 
exemption. Une pareille conception a pu paraitre étrange, 
originale : il n’y faut voir que le sentiment exagéré peut- 
être mais touchant, d’un noble patriotisme, qui sacrifie au 
désir d’être utile même le soin de sa renommée littéraire et 





scientifique. Cette préoccupation toutefois a empêché une 
œuvre excellente d'atteindre la portée que l’auteur pouvait 
se promettre. Elle lui fait mettre de côté les mots les plus 
usuels, pour ne s'attacher qu'à des techniques; tous les 
termes, et souvent les mieux employés, ne se trouvent pas 
chez lui, et il les néglige pour en poursuivre d’autres, 
hors de son domaine, s'il y peut saisir l’occasion d’un 
redressement et matière à sa leçon de français. Restreint 
ainsi dans une spécialité, et en même temps entrainé vers 
des dialectes étrangers, son plan est incomplet et manque 
d'unité, au grand détriment de notre dialecte. Quelle valeur, 
en effet, était destiné à avoir, pour l'avenir littéraire de 
notre pays, un travail de cette importance, exécuté par un 
homme comme l’abbé de SauvaGes, si, au lieu de se renfer- 
mer dans un traité de purisme français, il nous eût donné 
un vrai lexique languedocien, embrassant la langue dans sa 
plénitude, ne sanctionnant que ce qu'il savait être de pur 
sang cévenol, mais légalisant tout notre avoir légitime! Sa 
réserve trop timide est d'autant plus regrettable, que per- 
sonne encore n'avait, avec tant de profondeur, de sagacité 
et d'érudition, pénétré dans le génie de notre idiome, ne 
s'était plus impressionné de ses beautés, de sa limpidité, de 
la sève de ses tours, de ses images, de ses figures, de ses 
idiotismes. Malgré ces lacunes, SAUVAGES restera comme la 
gloire la plus populaire de nos contrées, et il méritera tou- : 
jours d’être considéré comme le plus savant et le plus spi- 
rituel des iniliateurs du languedocien. 

Son recueil sera le meilleur à consulter et le plus en- 
rieux quand on voudra remonter aux sources; mais sa 
donnée trop exclusive devait nous interdire de le prendre 
en tout pour modèle. Le danger qu'il a voulu combattre 
n'existe plus d'ailleurs an mème degré. Ce n'est pas l'alté- 
ration de la langue française par le languedocien qui est à 
redouter : l'influence inverse est bien autrement à craindre, 
et le péril sérieux est au contraire de voir notre belle et 


8 


vieille langue d'Oc se pervertir et se corrompre en se fran- 
cisant. Notre génération qui s’en va et celles qui viennent, 
sont vouées au français : elles ne parlent et ne pensent plus 
qu'en français. Est-ce à dire cependant que, de notre passé, 
dont il ne reste plus qu'une ombre, rien ne soit à regretter? 
Faudra-t-il surtout que le fier et doux parler de nos pères 
et de nos mères-grands, pour avoir encore quelque charme 
et une valeur, ne se façonne qu'aux belles manières 
françaises et aux modes nouvelles, déserte son archaïsme, 
énerve sa virile individualité, se renonce tout entier à 
lui-même? 

Quand la nationalité méridionale s’est fondue dans la 
grande nationalité française, notre terre classique des liber- 
tés communales, des franchises municipales, a-t-elle perdu 
par la conquête et par la centralisation son esprit d’indé- 
pendance et ses généreuses aspirations, qu’elle ne prouve 
encore par moments qu'il en survit un souvenir? N'en 
serait-il pas de même pour la langue d'Oc, qui a régné en 
souveraine des Alpes à l'Océan, des Pyrénées à la Loire? 
Quinze millions d'habitants, dans vingt départements, l'em- 
ploient comme moyen de communication habituel, comme 
l'agent le mieux compris dans leurs transactions, dans leurs 
besoins journaliers. Elle est partout, et son génie vivifie en- 
core nos provinces ; il semble les resserrer entre elles par une 
plus étroite solidarité. Elle est divisée en une nombreuse 
variété de dialectes, le Cévenol, le Provençal, le Limousin, 
l’Auvergnat, le Gascon, le Béarnais; mais elle les rapproche 
et les fusionne tous dans son principe unitaire, sous le même 
symbole commun et fédératif. L’ostracisme français n’est 
point parvenu à paralyser chez elle la fibre spiritualiste et 
poétique : elle vient de faire ses preuves éclatantes. On 
l'exclut des écoles, de l’enseignement classique et des aca- 
démies : elle se venge de la proscription en forçant son 
vainqueur à applaudir, à envier les merveilleuses inspira- 
tions de sa muse toujours fidèle. Vaincue par les armes 
perfectionnées du français, on voudrait la reléguer à la 
campagne, à la ferme, parmi les paysans et les laboureurs; 
elle s’en échappe pour prendre ses entrées dans les salons 
du grand monde et sur les théâtres des premières villes. 
Modeste Cendrillon, on la croit réduite aux plus vulgaires 
usages de la vie commune, condamnée au rôle de servante, 
après avoir été dépouillée de sa part d’héritage par sa su- 
perbe sœur d’outre-Loire; mais elle est restée grande dame 
et noble fille du peuple, et elle ne veut pas que son blason 
mi-parti soit infecté de la barre ignominieuse de bâtardise. 
Elle était littéraire, élégante et polie avant que le français 
n'eût secoué son enveloppe tudesque et inculte. Elle n’a 
point abdiqué, et se souvient; elle se refuse à recevoir l’au- 
mône du français, ce qui pour elle serait consentir à des- 
cendre à l'humiliante condition de patois, et dégénérer de 
fangue savante et de haute extraction en un jargon grossier 
et barbare. Les royautés tombées, comme les démocraties 
asservies, ont leurs majestés et leurs fiertés, qui comman- 
dent encore le respect, et quelquefois de ces retours de sève 





et leurs jours de révolte, qui les relèvent des proscriptions 
et des dédains! 

Ce n’est pas qu'il y ait à armer en guerre pour reconqué- 
rir à la langue d'Oc sa couronne de souveraine déchue, et 
pour la restaurer dans son rang politique et international 
d'autrefois. Ses destinées sont changées, elle n’aspire pas si 
haut; mais elle n’est pas tombée si bas qu’elle se laisse dé- 
figurer, travestir et outrager sans protestation. Au moins 
aura-t-elle bien le droit de vouloir rester en possession 
d'elle-même et de son génie, et qu'il lui soit permis, tant 
soit-elle bafouée et trahie, mème par les siens et ses plus 
proches, d'espérer que son culte vit encore dans quelque 
noble cœur, et que le feu sacré trouvera un coin de foyer 
qui l’abrite et le conserve. 

Cependant on a pu croire que l’heure de la réhabilitation 
était près de sonner pour elle, à voir le mouvement litté- 
raire qui se produit en sa faveur à notre époque, si peu 
portée vers la littérature. C'est au moment où la langue 
d'Oc est proclamée, de par les pédants, morte sous la férule 
du français, et dûment ensevelie, que, de tout le Midi, dans 
son vieil idiome national, s'élève la plus éloquente des pro- 
testations, s'exprimant avec une fraicheur de poésie, une 
jeunesse de verve, une inspiration, une originalité, à rassu- 
rer contre de fatidiques et niaises prédictions, à consoler 
des écœurements du positivisme matérialiste. Et c'est à ce 
moment-là mème que les meilleurs esprits, en France et en 
Allemagne, — historiens, savants, philologues, curieux et 
érudits, doctes et lettrés, — attirés vers les études de la 
linguistique, se prennent à interroger nos anciens dialectes 
pour y découvrir le secret de leur formation, de leur ori- 
gine, des lois du langage, la trace des vieilles mœurs, des 
usages, des institutions du pays, que souvent un mot a tra- 
duits et conserve dans son étymologie. 

La renaissance des lettres méridionales a déjà pour elle 
la plus grande puissance du jour, le fait accompli. Elle 
s’est affirmée par des œuvres brillantes et vigoureuses; et 
aussitôt, sous le charme et l’étonnement, l'attention publi- 
que s’est fixée sur ces patois, comme on disait, auxquels 
on n'avait pas soupçonné tant d’harmonieuses ressources. 
Grâces en soient rendues à la muse de la langue d'Oc! Dès 
qu'on a pu voir l'éclat et la richesse de son écrin, on a 
voulu sonder les profondeurs de la mine qui recélait ces 
fines pierreries : les travaux de recherche et les fouilles ont 
été entrepris avec ardeur. Cette poésie, que l’on pouvait 
avouer et qui se faisait applaudir, a commencé-par faire 
aimer sa langue et le vocabulaire qui en apprenait les déli- 
catesses, le tour et l'expression. L'histoire d’un peuple n'est 
autre que l’histoire de sa langue; et à son tour, la science 
est venue explorer les sources, les formes, les flexions, les 
transformations du vieux langage néo-latin, roman, langue- 
docien ; demander aux dictionnaires du peuple ce que le 
peuple pensait et comment il parlait sa pensée, comme il 
la parle encore et la parlera longtemps, et étudier sur le vif 
son génie, ses coutumes et ses traditions. 





La poésie refleurissait au berceau des premiers trouba- 
dours; et par un merveilleux entrainement de patriotisme, 
tous les dialectes, aussi nombreux et aussi mélodieux que 
dans l'ancienne Grèce, se réveillaient pour publier leur 
charte particulière, le code local de leurs variétés. Les tra- 
vaux des grammairiens et des linguistes, les glossaires, les 
lexiques, les vocabulaires se sont multipliés pour attester 
la vitalité rajeunie de l’idiome languedocien. Des académies, 
des sociétés, des congrès, des jeux floraux ont encouragé 
cet élan de l'esprit provincial, et tout le Midi a répondu à 
des voix aimées et connues, qui l’appelaient dans sa langue 
populaire à une vie nouvelle. 

Certes, tout cela ne va pas faire renaître les temps des 
Raymond de Toulouse et des Béranger de Provence, avec 
les cours d'amour, avec les fleurs et les joies de la gaie 


- science. Nous n’allons pas revenir à l'époque pour laquelle 


écrivait SAUVAGES, où, par tout notre pays, dans les plus 
grandes maisons comme sous les toits les plus humbles, le 
patois, c'est-à-dire le langage de la patrie, conservait seul 
l'antique droit d'asile, où seul il était admis dans les rela- 
tions privées et domestiques, dans les causeries intimes du 


“salon du riche et de l'âtre du pauvre, où la famille patriar- 


cale ne s’entendait, ne s'entretenait, ne s’aimait qu'en pur 
languedocien. Non; mais tout cela, ce réveil intellectuel de 
nos provinces, ce retour de faveur, cet empressement du 
monde savant à remettre en honneur l'idiome méridional 
donnent la preuve que le flambeau, rallumé par des mains 
habiles, n'a rien perdu de son éclat, etqu'il y a mieux que 
des cendres mortes à remuer au foyer de la langue d'Oc. 
N'est-ce pas déjà quelque chose de bien remarquable qu'une 
langue, proscrite et dédaignée, qui revendique d'autorité sa 
place au soleil, qui s'impose par des chefs-d'œuvre et se 
classe de prime-saut au rang qui lui a autrefois appartenu 
et qui lui revient encore? N'est-ce pas faire acte de force, 
sous Je régime le plus centralisateur qu’on ait jamais inventé, 
d'avoir su persévérer dans son indépendance, et si bien 
garder intactes l'originalité et la pureté de son type natif? 
Et quand elle s’est présentée ainsi, de quels artifices at-elle 
usé pour se faire reconnaitre? Quelles habiletés a-t-elle 
employées pour être adoptée et recherchée? Son histoire 
était là qui disait son passé, ses traditions, ses instincts. 
Le charme desa parole, de sa mélodie, de ses rythmes a 
sufli : elle n’a pas exercé d'autre séduction. 

Cependant, depuis le commencement de ce siècle, le sys- 
tème des prohibitions ne lui a pas épargné ses rigueurs. 
Que de défenses par édits et par arrêts, par lois et décrets, 
de se produire! Et en mème temps, comme sur son domaine 
les introductions de la concurrence officielle étaient léga- 
lisées! Au nom du progrès et de l'unité, sous prétexte de 
belle diction, aucune trahison, aucune rupture, aucun 
abandon ne lui ont été ménagés. Elle à été écartée de l'in- 
struction. primaire de l'enfance; les hautes classes de la 
société n'ont plus consenti à la traiter que comme une langue 
de luxe, pouvant s’adonner avec quelque succès à la litté- 





9 


rature et y réussissant assez bien, et elles l'ont bannie de 
leur conversation la plus familière. Mais, sous le coup de ces 
injustes réprobations, auprès des masses populaires, loin des 
villes et des écoles, elle a trouvé un refuge. L'attachement 
opiniâtre du peuple pour le langage dans lequel il à appris 
à penser, qu'il s'est donné comme l'instrument le plus 
facile, le plus commode, le plus actif de ses relations, de ses 
nécessités d’habitudes et de mœurs, lui a fait un rempart 
inexpugnable. Là est pour elle la vraie patrie; elle est là 
en pleine possession d'elle-même. Vivant par les populations 
attachées au sol, elle a suivi leur développement; mobile 
comme tout ce qui vit et marche, quand elles avançaient; 
s'impressionnant avec elles des influences climatériques, 
quand leur organisme les portait naturellement à modi- 
fier certains sons, à préférer certaines articulations mieux 
appropriées à leurs facultés; se prètant à formuler les 
idées et les connaissances d'une civilisation plus riche, 
dans la mesure des besoins et des intérêts qu'elle était 
appelée à servir, dans le cercle qu'elle embrassait, selon les 
lois et la nature de son organisation, dont le peuple a si 
bien le secret et l'instinct. C'est assurément pour s'être 
tenue dans ce milieu, dont on ne l’arrachera pas de long- 
temps, où les innovations ont moins de prise et le respect 
de la langue maternelle plus de puissance, qu’elle doit de 
n'avoir presque rien perdu de son caractère primitif, 
du naturel qui distingue son individualité, qui la classe 
comme une langue à part, vivant de sa vie propre, 

Aussi, plus qu'un autre, l'idiome languedocien est-il en 
droit de se montrer jaloux et fier de rester et de paraitre 
lui-même. 1 ne redoute rien tant que l'alliage et la contre- 
façon : il réprouve avec horreur tout ce qui ressemble à un 
pastiche ou à un calque; il est dans sa nature d’avoir des 
susceptibilités d'hermine, des délicatesses de sensitive, et 
des raffinements de pruderie, qui auraient dû déconcerter 
les audaces d'attouchements profanes. A ce point que, pour 
vivre dans le mouvement intellectuel et social, quand il est 
forcé d'emprunter un mot au français, son voisin et son 
rival, il a hâte de protester eontre ce servage, et se croit 
obligé de défigurer l'intrus par quelque métathèse hardie 
qui sauve jusqu'à l'apparence de l'imitation. Ainsi encore, 
il sent bien que le langage moderne de la politique, des 
sciences et des arts, de la philosophie, lui échappe; mais, 
dans la sphère où l'a retenu sa défaite, il n’en avait nul 
besoin; il repousse l'importation étrangère ou il la dénature 
par des procédés à lui propres, et peut-être aussi par la 
crainte d'introduire dans son domaine la plus étrange des 
battologies, s’il lui fallait, à l'exemple du français, deman- 
der des techniques à l'Angleterre pour la politique, le com- 
merce ou l'industrie, à l'Italie pour la musique et la pein- 
ture, à la Grèce et à l'Allemagne pour la philosophie. 

Le contact continuelet forcé du français n'autorise avec lui 
ni assimilation, ni promiscuité. Le génie de la langue d'Ocest 
en opposition avec le génie de la langue d'Onl. La sonorité de 
l'accentuation méridionale, l'euphonie et la cadence de ses 

2 


10 


désinences et de ses formes, ses tours elliptiques et sa con- 
struction ne se plieront jamais au dialecte sourd du Nord, à 
sa précision exacte et compassée. Il ne sortirait de la fusion 
qu'une logomachie sans nom, qui ne serait ni du langue- 
docien ni du français, mais du vrai patois cette fois, inin- 
telligible aux habitants du pays eux-mêmes, et faite pour 
déconcerter les étrangers et les plus savants philologues. 

Malheureusement ces incompatibilités entre les deux lan- 
gues n'ont pas été toujours bien comprises. Pour quelques 
affinités que le latin avait à l’origine apportées dans l’une 
et dans l’autre, on n’a pas assez tenu compte de leurs diffé- 
rences physiologiques, de tout ce que peut-être le climat, 
leur position géographique, leurs tendances avaient mis 
d’inconciliable, d’antipathique dans leur nature, dans leur 
caractère, dans leur mécanisme, dans leur expression. 
C'étaient deux fleuves, ayant une source commune, qui 
longtemps avaient suivi une marche parallèle, fécondant 
le pays dans leur cours; mais que depuis des pentes oppo- 
sées ont entrainés en sens contraire, et dont les eaux ne 
peuvent plus se mêler sans se troubler et se corrompre. 
C'est ce qu'il fallait surtout remarquer : c'était à main- 
tenir la séparation qu'il importait de s'attacher. 

Aujourd'hui la langue française, qui ne cesse de se pro- 
diguer, de se répandre, de se perfectionner, attire tout à 
elle : seule, elle a la parole; seule, elle est de bon ton et 
de bonne compagnie; tout se fait, s'enseigne, se régente, 
se discute, se traite en français : sa prééminence est incon- 
testable. La langue d'Oc, à ses côtés, depuis qu’elle a perdu 
sa nationalité, n’est plus qu'un parler de vaincus. Comme 
elle n’a pu se mouvoir que dans un cercle restreint, sa 
puissance de développement s’est mesurée à des intérêts et 
à des besoins bornés. Émule souvent heureuse du français, 
dans la poésie, plus abondante et plus musicale que lui, on 
l'a bien vue toucher sans efforts aux conceptions élevées de 
la pensée et de l'esprit; mais rejetée de la vie publique 
active, du monde des affaires, de la politique et des sciences 
humaines, mise en quelque sorte au ban de la civilisation 
moderne : toute expansion lui devenait impossible. Elle est 
restée, avec ses allures familières, vulgaires, un peu rusti- 
ques, la langue du peuple, de la famille, des campagnes. 
Elle à vécu néanmoins et elle vit encore de son propre 
fonds, par la seule énergie de sa constitution. 

Mais tous rapports philologiques ont cessé entre les 
deux idiomes. Leur co-existence sur le même territoire ne 
saurait fonder ni alliance, ni association. La transfusion de 
J'un dans l’autre ne serait en effet que l’anéantissement du 
plus faible, sans profit pour le plus fort. 

Sans doute il peut arriver un jour, si éloigné qu'on le 
prévoie, où le vainqueur parviendra à étouffer le paria, à 
force de l'étreindre. 11 le supplantera dans son modeste 
empire, mais son pouvoir ne va pas jusqu’à le rayer de la 
famille des langues. Que le languedocien soit supprimé et 
démonétisé, c'est le lot des proscrits; mais rien ne fera 
qu'il n’ait eu cours légal, qu'il ne soit encore une des 





gloires de la mère-patrie, qu’il ne revendique justement son 
individualité distincte, et qu’il ne se refuse à être converti en 
un des patois du français. C’est au moins contre cette 
décomposition violente qu'il proteste, s’il est condamné à 
mourir. Amis et ennemis s'acharnent à le transformer en 
un argot qui le rendra bientôt tout à fait méconnaissable. 
Certains puristes, et quelques-uns très-érudits vraiment, 
ne sont-ils pas allés jusqu'à professer que le vocabulaire 
languedocien n'avait rien de mieux à faire que de mettre 
au pillage les dictionnaires français? Ces stériles et humi- 
liants larcins, s'ils étaient érigés en système et innocentés, 
ces monstrueux amalgames, s'ils s’accomplissaient, c'en 
serait fait de la langue d'Oc, et de sa dignité, et de son génie. 
Les empiriques, en infiltrant dans les veines de la pauvre 
malade un sang étranger, n’obtiendraient que ce déplorable 
résultat de compromettre davantage son existence. A l’arrèt 
de mort qu'on n'ajoute donc pas un arrêt de flétrissure. 

La réaction intelligente de l'esprit des provinces, dans le 
Midi, n’a pas été saluée partout avec tant de sympathie 
encourageante pour avorter en plein succès. La langue d'Oc, 
qui a repris sa place dans la littérature de la France, fait 
désormais partie de ses richesses, et sa conservation inté- 
resse la gloire nationale. Mais que lui faut-il encore pour 
vaincre les préjugés, pour avoir raison de tous les partis- 
pris? Elle n’y parviendrait pas mieux si elle consentait à 
reprendre les formules archaïques du roman des trouba- 
dours, avec lesquelles on ne s’entendrait plus, que si elle 
était contrainte à recourir à ces faux ajustements d’em- 
prunt, qui l’enlaidissent et la défigurent. Mais tous les suf- 
frages lui feront accueil quand elle se montrera dans sa 
pureté première, dans sa simplicité vraie et naturelle. Elle 
ne doit être jugée que sur son type natal, sur un tableau 
correct, complet, entier d’elle-mème, telle que le progrès 
l'a faite, modifiée, appropriée, avec les accroissements que 
son génie lui a apportés et que l'usage consacre. Au prix 
d’une épuration sévère, elle méritera de se relever de son 
abaissement, et d'attirer les études sérieuses et la faveur 
publique. 

Sans rien répudier de son passé qui a jeté un vif éclat 
dans la littérature, ne peut-elle avoir quelque orgueil de sa 
renaissance, qui n’est pas moins brillante? Ce qui était 
autrefois de son essence, ne le porte-t-elle pas encore 
aujourd’hui en elle? Toutes les langues arrivent nécessai- 
rement à se transfigurer avec les mœurs, l'esprit public et 
les tendances des populations qu’elles représentent. Et de 
cela que l’idiome méridional ne s’est pas figé dans l’immo- 
bilité, qu’il a éprouvé des transformations, serait-il juste: 
de conclure qu'il doit être déclaré atteint et convaincu de 
mort civile? Ce ne sont point les acquisitions nouvelles, 
quand il les a marquées au titre légal, qui peuvent dimi- 
nuer son crédit; mais bien cette fausse monnaie, frappée 
au coin d’une fantaisie ignorante, qui le déconsidère : et 
c’est là que le remède doit être appliqué. 

D'autre part, la langue d'Oc est morcelée en une infinité 








de dialectes; mais s’en est-elle pour cela affaiblie dans son 
principe? Tous ces rameaux se relient par mille radicules 
à la souche-mère; les nuances d’intonation et de vocalisa- 
tion viennent confondre leurs accords dans l'harmonie 
originelle, dans une gamme commune. S'il n’est pas permis 
d'espérer, à cause de l'étendue du territoire et de la diver- 
sité des dialectes, de les rassembler tous dans une compo- 
sition unique, qui dénonce les altérations dont ils ont 
chacun plus ou moins subi l'atteinte, et qui les ramène’au 
thème vrai, ce résultat ne peut-il être obtenu dans une 
monographie, qui se rattache à tous par des aperçus géné- 
raux, par la fraternité d'origine et de famille? Notre dia- 
lecte cévenol, par sa position concentrique entre la plaine 
et la montagne, plus abrité que les autres contre les impor- 
tations exotiques, ne s'est-il pas montré aussi plus fidèle au 
vieux culte, n'a-t-il pas mieux conservé les saines traditions ? 
Ne devrait-il pas être préféré pour ce travail d'épuration ? 
Ce sont ces études qui préoceupaient l’auteur des Casta- 
gnados, auxquelles il conviait un groupe d'intimes, animés 
comme lui du feu sacré. Il rèvait de rendre à son dialecte 
bas-languedocien , cet ami d'enfance tant aimé, sa physio- 


. nomie vraie. Dans cette pensée fut commencée la nomencla- 


ture du nouveau Dictionnaire languedocien : elle nous est 
parvenue écrite en entier de la main de M. le marquis DE 
LA FARE-ALAIS. 

A cet éminent esprit, si versé dans la connaissance de 
l'idiome maternel, si familier avec le génie du gai-savoir, 
il appartenait, et lui seul avait autorité et compétence pour 
cela, de dresser le nobiliaire complet de notre langue, où 
ne devaient être inscrits, comme sur le livre d’or de Venise, 
que les patriciens de bon aloi, de pure origine ou d’allian- 
ces légitimes. Poète, il avait rendu à cette langue populaire 
sa grâce et son élégance, sa clarté et son énergie, son carac- 
tère joyeux et goguenard, ses allures franches et agrestes ; 
il l'avait élevée même jusqu'à l'idéal qu'on lui croyait 
inaccessible, jusqu’au sentiment et au pathétique pour les- 
quels on l’accusait de manquer d'expression ou de soufle. 
Grammairien , il voulait lui garder son purisme natif et son 
originalité technique; la sauver du servilisme de l'imitation et 
des pollutions de l'invasion étrangère; délivrer son domaine 
des excroissances sauvages que le terroir natal n'avait pas 
produites et se refusait à féconder; conserver aux fleurs de 


-ses champs leur fraicheur et leur parfum, sans proscrire 


toutefois celles que sa culture ou son génie avaient natura- 
lisées et dont il avait fait des conquêtes. Le maître seul eût 
pu mener à bien ce labeur délicat : malheureusement il ne 
lui a pas été donné de l’accomplir; mais il en a déposé la 
pensée dans la nomenclature. 

Cette classification, telle qu’il nous l'a laissée, accompa- 
-gnée de quelques notes trop rares et pieusement recueillies, 
qu'il sera facile de reconnaitre, forme un tout complet. 
Notre système d'orthographe et les règles de notre syntaxe 
s'y trouvent en germe : toutes les acquisitions nouvelles du 
Cévenol sont légalisées, les néologismes irréguliers condam- 





11 


nés; le maitre a prononcé. Pour nous, ces listes de mots 
sont les tables de la loi : elles fixent notre dialecte, elles 
sont notre langue vraie, actuelle, vivante. C'est l'arrêt au- 
quel il n'y a rien à ajouter ni à retrancher : le jugement 
dernier qui sépare le bon grain de l'ivraie. 

I y a plus de vingt-cinq ans du jour où fut écrite la pre- 
mière ligne du Vocabulaire et où nous recevions, avec un 
ami, hélas! perdu aussi pour nous, la confidence du plan 
d’une entreprise trop tôt interrompue. Alors, dans une col- 
laboration fraternelle, à laquelle manquait son chef naturel, 
le travail aurait pu être suivi; d'autres préoccupations 
arrêtèrent nos études, sans jamais cependant nous les 
faire perdre entièrement de vue. Enfin, quand au dernier 
survivant est revenu ce legs de l'amitié, pour en accepter 
l'honneur et les périls il a moins consulté ses forces que 
son patriotisme. L'œuvre avait été inspirée par un senti- 
ment qui devait la faire continuer : elle pouvait être utile, 
ses difficultés ne devaient pas empêcher d'en tenter les 
risques et les écueils. Mais aujourd'hui que la tâche est à 
peu près remplie, que nous avons parcouru jusqu’au bout la 
voie tracée par les jalons indicateurs, nous jetons un regard 
en arrière, et nous doutons. La bonne volonté ne nous 
at-elle pas égaré? L'esprit du maître ne souffle plus; ne 
nous a-t-il pas abandonné dans ce long trajet? Et nous en 
sommes à nous demander, en le regrettant peut-être, s’il 
n'eùt pas été préférable que l'esquisse fût restée simplement 
au trait qui seul lui donnait tant de vie et d'animation; 
s’il n’eût pas mieux valu que la toile eût été laissée vide 
dans son cadre d'or. Puisse au moins la gangue abrupte 
ne pas trop déparer le diamant que nous avons voulu 
mettre en lumière! 


Tout d’abord nous devions dire comment était né le 
nouveau Dictionnaire languedocien ; maintenant, que son 
ordonnance, sa marche et son développement eussent dû 
être moins imparfaits, plus conformes aux us et coutumes 
et aux règles académiques, nous l'avouons. Il y aurait trop 
mauvaise grâce à ne pas le reconnaître et trop de présomp- 
tion à ne pas s'en exeuser. Il va de soi que notre pré- 
tention n’a pas été de faire un livre savant, pas plus que 
destiné à apprendre la langue à ceux qui la savent; mais il 
importait de conserver l’acte de son état civil, nous l'avons 
fidèlement enregistré. Nous avons mis toute sorte d'appli- 
cation et de désir à bien faire, pour rendre utiles et inté- 
ressantes nosrecherches, pour maintenirlessaines traditions; 
s'il ne nous a pas été donné de faire mieux, à nous seul 
la faute. Mais que ne nous pardonnera-t-on pas et ne nous 
laissera-t-on point passer à la faveur des deux noms si 
populaires et sisympathiques qui nous couvrent? Ce double 
patronage de Sauvages et de La Farr-ALAIs, nous l'invo- 
quons à chaque page. A plus d'un titre nous avions le droit 
de nous en réclamer : ici le devoir qui nous tenait le plus 
au cœur était de porter l'hommage du souvenir et de la 
reconnaissance à ces deux mémoires vénérées et chères. 


7. 


À 


A, s. m. Première lettre de l'alphabet. Cette lettre n'étant 
jamais muette et n'ayant qu'une seule et mème prononcia- 
tion, il n’y a pas lieu de lui donner un accent quelconque, 
ni au commencement, ni à la fin, ni dans l'intérieur d’un 
mot. Cependant A prend l'accent circonflexe dans la diph- 
thongue : mdou, pdou, doubé, etc. 

À, prépos. el signe du datif à. — Anan à la vilo ; douna dé 
pan à un pâoure. Ici Va n’est pas considéré comme lettre, 
comme substantif; il est préposition. Pour ledistinguer ainsi, 
ét ne pas le confondre avec le mot suivant, nous lui donnons 
l'accent grave, qui du reste ne modifie en rien sa pronon- 
ciation. 

À, 3me pers. ind. prés. du verbe Avédre, il ou elle a. 

À, désinence, qui est représentée dans quelques noms 
propres d'homme et dans beaucoup de noms de lieu, en 
fr. par ae, et en lat. par acus, acum. 

Dans aucun mot notre dialecte n’admet ni ne prononce 
le C final ; le français, au contraire, le fait fortement sentir; 
en cela, et sur la terminaison dont nous traitons, celui-ci se 
rapproche davantage de l’ancienne forme. Nos aïeux, les 
Celtes, avaient en effet ce suffixe ac, ak, qui se confondait 
avec son équivalent ec, ek, conservés encore dans l’armori- 
cain, le cambrique et autres; et ils appuyaient sans doute 
sur la finale. 

On connait le rôle des préfixes et des suffixes, deux 
sources qui fécondent et enrichissent les langues. Ceux-là 
précèdent le mot, font les composés et marquent un rap- 
port de convenance, de lieu, de distance, de temps, de 
différence, etc.; ceux-ci suivent le mot, forment les dérivés 
et impriment à la racine un sens particulier de qualité, de 
mode, d'action, de substance, d'appropriation, de ressem- 
blance, de réunion, de collectivité et autres. Le suffixe ae, 
d'origine gauloise, servait à adjectiver le radical auquel il 
s'attachait, en lui apportant une idée de descendance, de 
propriété ou de collectivité, quand il s’ajoutait à un nom 
propre. 

En arrivant dans les Gaules, Rome leur imposa sa langue 
et son génie; mais le vieux tronc celtique ne fut pas déra- 
ciné et ses rameaux verdissaient dans le langage usuel.au 
milieu des pousses latines. Les dénominations locales toutes 
faites ne pouvaient s’effacer : elles furent latinisées le plus 
souvent par la simple addition de lasyllabe romaine carac- 
téristique us, a, um, selon qu'il s'agissait d'un mansus où 
pagus, d'une villa ou mansio, d'un castrum ou predium. 
Pour les établissements nouveaux à créer et à nommer, le 
contact persévérant des deux idiomes amena des modifica- 
tions de procédés et de formes. Le latin introduisit son 
génitif en &, signe de relation identique au suflixe ac; et 





ABA 


de là très-probablement les désinences en acius où acium, 
et par transposition iacus, iacum, et peut-être les flexions 
en assius, assium, atius, atium. C'était déjà l’altération, 
mais aussi le renouvellement; et pendant les sept ou huit 
siècles que dura la décadence du régime romain, qui allait 
s’altérant dans la basse latinité, se faisait en mème temps 
le travail de formation de la langue d'Oc, prète à jeter 
tant d'éclat avec ses troubadours. Il est facile de compren- 
dre, dans cette période, les transformations par lesquelles 
durent passer les désignations appellatives, sans parler des 
influences ethniques, qui agissent avec tant de puissance sur 
les organes vocaux et sur l'accent. 

Les résultats se traduisent en variantes multipliées. 
Tandis que, dans le Nord, le suffixe ae se convertit en é, 
ey, ay, i, y, il fléchit, dans le Midi, en a simple, en ec, ex; 
vers le Centre, en eu, eux; un peu partout, en as et at; et 
toujours le latin immobile et uniforme a persisté dans ses 
finales acus et acum, iacus et iacum. Dans cette variété de 
produits issus de l’union des formes latines avec les dési- 
nencesgauloises, tantôt latinisées, tantôt seulement traduites 
de la langue vulgaire et primitive, la combinaison de la 
mouillure sur lé apparait dans beaucoup de noms; elle 
amène encore comme équivalent le suffixe an; en etautres, 
et, il faut le reconnaitre aussi, le g celtique mouillant ln, 
qui donne, pour ac et acum ou iacum, dans le Nord, igné, 
igni, igny, ignies, qui ne sont pas moins pittoresques que 
nos agnac, agnas, anègues, aniques, agnargues, arque et 
orgue, méridionaux, qui ont les mêmes éléments primitifs 
et remontent à la même source. En commençant, il fallait 
tenir note de ces transformations. — Voy. les articles An, 
Argue, et les exemples sous les noms de lieu Aimargue, 
Massiargue, Candia, Sdouvagna, Séouvagnargue, etc., ete. 

Abadiè, s. f. Abbaye; monastère d'hommes ou de fem- 
mes, gouverné par un abbé ou une abbesse. 

Dér. du latin Abbatia. 

Abandoü, s. m. Abandon. — Il ne se prend guère 
qu’adverbialement. Laïsso tout à l'abandoù, il néglige toutes 
ses affaires. 

Abandouna, v. Abandonner. — Ce mot d'origine toute 
française est peu employé dans son sens propre, mais-il 
devient tout-à-fait technique au participe passé fém. uno 
abandounado, une femme décriée et que tout le monde fuit. 

Nous remarquerons, en commençant et une fois pour 
toutes, que le plus grand nombre de verbes actifs, dans 
notre idiome ainsi que dans le bas-breton , se terminent en 
A à l'infinitif et au part. pass. masc. Tous ces participes 
font ado au féminin. 

Abäoucha (s'), v. Tomber sur la face, sur le nez. 


ns. à dé 








o 


ABÉ 


Le radical semble pris de bueca, bass. latin., bouche. 
Abâousa, v. Retourner un vase sens dessus dessous. 
Abâousa (s'), ». Se coucher à plat ventre. 

Abâousoù (d'), ou d'Abâousoüs, adv. A plat ventre, 
face à terre. 

Abarbassi, ido, adj. Barbu, qui laisse croître sa barbe 
outre mesure. 

Dér. de Barbo. 

Abartassi (s'), v. Se couvrir de buissons; dégénérer en 
buisson. Se dit d'un arbre qui a été brouté ou ‘trop fré- 
quemment ravalé dans sa jeunesse. 

Dér. de Bartas, buisson. 

Les verbes dont l'infinitif est en 1, ont la mème termi- 
naison au part. pass. masc.; ils font au fém. ido : règle 
générale. 

Abasani (s’), v. Se flétrir, se rider; devenir vieux, usé, 
mi-pourri. Se dit quelquefois des personnes, mais plus sou- 
vent du boïs de service qui a été pénétré par l'humidité et 
la gelée, et qui perd par là son poids et sa dureté. 

Abastardi (s'), v. S'abâtardir, se rabougrir, dégénérer. 
Se dit surtout des plantes et des céréales qui dégénérent 
faute d'assolement et de renouvellement des semences. 

Abataïa, v. Altaquer, poursuivre quelqu'un avec des 
projectiles quelconques; jouer de la fronde, jouer à la 
bataille, lancer des pierres avec la fronde; abattre des fruits 
à coups de pierre ou de gaule. 

Abè, s. m., dim. Abéqué. Abbé. Ce mot n'est plus qu'une 
désignation générique de tout ecclésiastique, n'importe son 
rang et ses fonctions, jusqu'à celles d'évèque inclusivement. 

Dér. du lat. Abbas. 

- Abé, s. m. Sapin, Abies vulgaris, Linn. Grand arbre de 
la famille des Conifères. — Voy. Sapin. 

Dér. du lat. Abies. 

A-bé-cé-dé, s. m. A-b-c, abécédaire, alphabet. 

Abéïano, s. f. Mélisse, citronnelle, Melissa officinalis, 
Linn, Plante à odeur de citron. Ses feuilles prises en infu- 
sion sont un léger stomachique. C’est le thé des paysans. 
— Voy. Limounéto. 

Etym. de abéio, parce que les fleurs de cette plante, la 
mélisse, attirent les abeilles, dont le nom grec est pkiosx, 
formé lui-mème de u£k, lat. mel. 

Abéïè, s. m. Grand troupeau de moutons composé de 
plusieurs troupeaux de différents propriétaires, et que l’on 
réunit sous la garde d’un maitre-berger nommé baïle, pour 
les conduire en été sur les hautes montagnes. — Voy. Avé. 

Ge mot est évidemment une dégénérescence d'éouéiè, qui 


_ a la mème signification dans le dialecte gascon ou plutôt 


bordelais. Ce dernier est dérivé d'douëlio, brebis, formé du 


Ex Jatin ovis, comme ovile, bergerie, étable à brebis. C'est la 


même origine que le français ouaïlle ou ovaille. 


 Abéio, s. f. Abeille, mouche à miel. Apismellifica, Linn. 


— Mèrdo d'abéio, miel. Carga coumo uno abéio, chargé 
commerune abeille; ne se dit que de quelqu'un chargé de 


© butin ou d'objets utiles à soi-même. 





ABÉ 13 


Abél ou Apiè, s.m. Rucher d'abeilles; lieu où sont pla- 
cées les ruches à miel; l'ensemble de toutes les ruches. 
— Voy. Apiè. 

Abéna ou Avéna, v. Finir, user, élimer. Se dit d'un 
habit, du linge, d'un meuble; au fig. d'une personne usée 
de vieillesse ou de travail. — C'est encore un technique: 
particulier pour les filatures de soie. Chaque jour, à la fin 
de la journée, on ramasse les derniers cocons à moitié filés 
qui restent dans la bassine, pour les réunir le lendemain à 
des cocons neufs ; mais le samedi il y aurait inconvénient 
à les laisser croupir ainsi tout le dimanche dans leur humi- 
dité. Pour y obvier, on travaille un peu plus longtemps le- 
samedi, pour achever de filer ce qui reste de soie aux der- 
niers cocons : c’est ce travail sur les cocons ainsi usés, et 
sans en adjoindre de neufs, qu'on appelle Abéna. — 
Voy. Avéna. 

Abénaduros, s. f. pl. Reste de cocons mi-dévidés dont 
il est parlé à l’article précédent. La soie qui en provient à 
moins de force et de nerf, car ce sont les filaments inté- 
rieurs et le dernier travail du ver arrivé à sa fin. Aussi 
n'est-il pas prudent de dévider cette soie sur la flotte déjà 
commencée; elle paraitrait à l'extérieur et donnerait à 
l'œil mauvaise opinion de sa consistance. Pour y remédier 
on prend une roue nouvelle et l’on entreprend une autre 
flotte; alors la soie provenue des abénaduros se trouve en 
dedans et passe ainsi inaperçue. 

Abèou (xl'), adv. En danger, sur le de d'un précipice, 
sous le coup d’un accident. — Aqud's bièn à l'abèou, cela 
est fort exposé, bien en danger. 

Dér. peut-être du lat. Läbes, chute, ruine; mais alors il 
aurait dû être écrit Labèou; peut-être du lat. Abyssus, 
abime, précipice. 

Abéoura, v. Abreuver; mener à l’abreuvoir, faire boire 
les bestiaux; combuger un vaisseau en bois, des futailles. 
— La tèro és prou abéourado, la terre est assez humectée, 
abreuvée. 

Dér. de Béoure, boire. 

Abéouradoù, s. =. Abreuvoir; auge à cochon ; auget de 
cage. On dit proverbialement : Vaï tout soul à l'abéouradoù, 


‘il n’est pas nécessaire de le mener boire, il sait boire tout 


seul, en parlant d'un ivrogne. — Cassa à l'abéouradoù, 
tendre des filets le long d’un ruisseau où vont boire les 
oiseaux. 

Abéouraje, s. m. Breuvage. — Il se dit de la pâtée 
qu'on sert aux cochons; du breuvage mèlé de son et de 
farine qu'on donne aux chevaux et aux vaches ; particuliè- 
rement des breuvages médicaux qu'on fait avaler aux 
animaux domestiques de toute sorte. 

Abéoure, s. m. Toute sorte de boisson étendue d’eau, 
mais dont le vin est la base, soit piquette, soit vin trempé; 
abondance. 

Abérlénquiè ou Amélan, s. m. Amelanchier, Cratægus 
amelanchier, Linn. Arbrisseau de la fam. des Rosacées. Son 
fruit se nomme Abérlénquo. — Voy. Amélan. 


14 ABL 


Le nom propre Abérlén tire de là son origine et sa signi- 
fication. 

Abérouni, v. Priver un mouton ou un agneau, lui 
apprendre à manger dans la main, à suivre son maitre, à 
obéir à sa voix. Il est dér. de Béroù, agneau privé, Robin- 
mouton, le favori du berger. 

Abérouni (s'), v. Se vermouler, se garnir de vers. Se 
dit d'un fruit qui commence à être vermoulu, souvent à 
force de maturité. 

Dér. de Béroù, le ver blanc du fruit. 

Abéssi, v. Émousser, tourner le morfil d’un instrument 
tranchant. — La daïo s'abéssis quan arapo uno téoupinièiro, 
la faux émousse son morfil en coupant la terre d'une tau- 
pinière. 

Abésti, v. Hébêter, abètir. — Lou trop manja rèn 
abésti, trop manger abètit. 

Un abésti ne signifie point un homme hébèté, mais un 
homme grossier, brutal, sans mesure, sans convenance. 

Dér. de Béstio, bète. 

Abima, v. Friper, salir, perdre, gâter ; déchirer la peau. 
— As abima ta vèsto das diménches, tu as fripé, sali ton habit 
des dimanches. M'abimè, il me roua de coups. Mé sou 
abima én loumban, je me suis moulu, tout déchiré en 
tombant. 

Dér. du français Abîmer, quoiqu'il n’ait aucun rapport 
de signification avec lui. Celui-ci n’a jamais qu’un sens 
figuré et elliptique; le premier n’est jamais qu’au positif et 
au physique. 

Abitaïa, v. Ravitailler, fournir des provisions de bouche. 

Dér. de Bitaïo, victuaille. 

Ablada, v. Emblaver une terre. — Aquélo tèro s'ablado 
énd'un séstiè, cette lerre reçoit un setier de semence. 

Dér. de Bla, blé. 

Ablanqui, v. Rendre blanc, rendre propre, laver; passer 
un blanc. 

Ablasi, ido, adj. Usé, devenu souple par usure, avachi. 
On le dit surtout du linge qui, pour avoir trop servi, pour 
avoir été trop souvent blanchi, a perdu son apprêt, sa 
crudité. 

Dér. de Blaso, bavure des cocons. Cette substance, émi- 
nemment souple et molasse, sert ici de terme de comparai- 
son. C'est à tort, pensons-nous, que Sauvages veut donner 
à cet adjectif une origine celtique, lorsque la déduction ci- 
dessus est si simple et si naturelle. Quant au subs. blaso 
lai-mème, il ne saurait être celtique; car à coup sûr les 
Celtes ne connaissaient ni les vers à soie, ni la nomencla- 
ture qui s'y rattache. D'ailleurs Sauvages ne cite pas le 
radical qui pourrait à toute force, par une analogie quel- 
conque, avoir fourni le mot à notre langue. Mais sans 
remonter si haut, et ce sera encore une assez ancienne 
descendance, Blaso ne viendrait-il pas du grec 61&, qui 
signifie mou, lâche, paresseux? Sa parenté étymologique 


avec Ablasi mous paraît au moins aussi certaine. — 
Voy. Blasi. 





ABR 


Ablasiduro, s. f. État du linge ablasi. 

Ablasiga, ». Meurtrir; accabler de lassitude; briser les 
os. Au part. pass. seul employé : harassé, moulu de fatigue, 
courbaturé. Activément il est inusité. 

Mèmie dérivation qu’Ablasi, dont il n’est que la repro- 
duction dans un sens figuré: 

Ablasigaduro, s. f. Lassitude dans tous les membres, 
courbature. 

Ablouta, v. Joindre plusieurs sommes ensemble. 

Dér. de Bto, bloc. 

Abouchardi, ido, adj. Barbouillé, sali, au visage surtout. 

Dér. de Bouchar. 

Abouminable, blo, adj. Abominable. 

Trad. du français. 

Abouna, v. Abonner. 

Trad. du français. 

Abounamén, s. m»m. Abonnement. 

Trad. du français. 

Abounda, ». Rassasier, et non point abonder. Ce mot 
est évidemment dérivé du français, quoique l’acception en 
ait été restreinte. C'est seulement de l’analogie : ce qui 
abonde par trop est rassasiant. — Mé soui abounda dé à 
dire, je me suis lassé de lui dire. 

Etym. du lat. ab, et de undo, regorger, déborder. 

Aboundivou, adj. de tout genre. Rassasiant, qui gonfle 
l'estomac, comme les mets trop gras. — Voy. Abounda: 

Abouréla, vw. Traiter une chose comme le bourreau 
traite un patient, c.-à.-d. la torturer, la briser, la déformer, 
l’abimer. 

Abourgna, ». Éborgner, rendre borfne, crever un œil, 
ou lui faire grand mal; éborgner l’œilleton d’une greffe. 

Dér. de Borgne, borgne. 

Abouri, v. Détruire. — Abourè uno hisado, détruire 
une nichée. Abour? un cam, défricher un chemin. Uno 
vigno abourido, une vigne abandonnée et en friche. Aquélo 
modo s’'abouris, cet usage se perd. Uno fénno abourido, une 
femme fanée, ridée, qui a perdu ses formes et sa fraicheur. 

Ce verbe paraît formé de Boure, bourgeon, bouton, et 
de l’a privatif. On ravale un arbre et une plante en lui 
enlevant ses boutons à mesure qu’ils paraissent. Les autres 
acceptions ne sont qu’une extension de celle-là, primitive- 
ment tirée de l’agriculture. 

Abouscassi (s’), v. Dégénérer, s’abâtardir; au fig. se 
ratatiner, se négliger dans sa tenue et dans son allure. 

Dér. de Bouscas, bâtard, sauvageon. 

Abraqua, v. Braquer un canon, une lunette, même les 
yeux. 

Trad. du français. L’a d’abraqua est purement explétif. 

Abrasa, v. Braser du fer ou du cuivre; mettre de la 
braise sur un potager, dans un réchaud, dans les sabots. 
Cette chaussure, ainsi échauffée quelques secondes, con- 
serve longtemps sa chaleur, quoiqu'on aille dans la boue 
ou la neige. Cet usage est fort suivi chez les Cévenols. 

Dér. de Braso, braise. 


— 


Cri des revendeurs de rue, lorsqu'il ne leur reste que peu 
de marchandise. A l'acabado! Cri de victoire des fileuses 
de soie à la fin de la saison de la filature. Ce cri multiple 
et poussé de toute la force des poumons se fait entendre 
pendant les trois derniers jours de la campagne. Il est 
_ accompagné d’une chanson de circonstance fort ancienne, 





| ACA 


Abrasaïre ou Estabrasa, s. m. Chaudronnier ambulant, 
qui va souder, raccommoder le vieux cuivre à domicile, en 
s'annonçant par ce cri : Pétroulérou-éstabrasa! Cassérolo 
éstama! Cette phrase est sans doute un mélange corrompu 
du languedocien et de l'italien calabrais; car la plupart de 
ces industriels étaient dans l'origine des Napolitains et 
avaient le costume et le chapeau conique des lazzaroni. 

Abrasqua, v. Ebrancher; rompre les branches d’un 
arbre en les tirant du bas. — Zous fruchès s'abrasquoù, 
les arbres rompent sous le poids de leurs fruits. 

Dér. de Branquo, branche. 

Abrasque, quo, ou Abrasquou, adj. m. f., de tout 
genre. Cassant, fragile, qui s'ébranche facilement. Le chà- 
taignier principalement casse au moindre effort de l’homme 
ou du vent. 

Abri, s.m. Abri. Ne se dit que d’une exposition à l'abri 


du vent ou des gelées, et non au figuré. 


Dér. du lat. Apricus. 


dit : Mar douroùs, abriou plèjoùs, rèndou lou péisan our- 
guioùs, mars venteux, avril pluvieux, rendent le paysan 


_orgueilleux. Aou més d’abriou t'aldoujeiras pas d'un fiou, 


dou més dé maï fai cé qué lé plaï, amaï éncaro noun saï, 
au mois d'avril tu ne t'allégeras pas d’un fil, au mois de 
mai fais ce qui te plait, et je ne sais trop encore. Bon 
conseil hygiénique, que les variations de température dans 
ces deux mois justifient souvent. — Péïssoù d'abriou, 
poisson d'avril, attrape. 

Etym. du lat. Aprilis. 

Abriva, v: Faire manger un poisson d'avril, attraper. 

Abrouqui (s’), v. Se rabougrir, végéter maigrement, se 
dessécher. Se dit d'un arbre brouté ou trop souvent ravalé, 
qui pousse faiblement. — Voy. s'Abartassi. 

Dér. de Broquo, büche, branche sèche. 

Abrouta (s’), v. Avorter. Se dit en parlant des animaux. 

Du lat. Abortus, part. pass. d’Aboriri, mème significat. 

Abusa, v. Abuser de... Traduit du français. Ce mot ne 
s'emploie jamais vis-à-vis d'un régime direct; ainsi on ne 
dit pas : Abusa qudouquàs, pour tromper, duper quelqu'un ; 
mais abusas dé iéou, Vous abusez de moi. 

Açal interj. Oh çà! Or çà! — Açà véguén, cà, voyons. 
Açà vénès? oh çà! venez-vous ? 
 Acaba, v. Achever, finir; se ruiner. — Es acaba, il est 
achevé; sa santé est usée; il ne peut plus vivre longtemps; 
ou bien : c’est un homme ruiné. Aquél co l'acabè, ce fut 


r 


Je dernier coup qui l'acheva. Acaba qué siègue, sitôt fini, 


pas plus tôt terminé, une fois ceci achevé. 
 Acabado, s. f. Fin, terme. — A l’acabado! à mon reste! 


Abriou, s. m. Avril, 4m mois de l’année. Le proverbe” 





ACA 15 


et à chaque refrain il recommence à se produire par un 
crescendo progressif. 

Acabaïre, ro, adj. Prodigue, dissipateur; un mange- 
tout. 

Dér. de Acaba. 

Acabassi (s’), v. Se biser, se flétrir par l’âge et le tra- 
vail. 11 ne se dit que des personnes, et surlout des femmes 
à qui quelques années de mariage, des couches fréquentes 
et un allaitement trop prolongé ont enlevé leur fraicheur, 
leur agrément et le goùt de la toilette. 

Dér. de Cabas, cabas. On appelle cabas, au fig., une 
femme malpropre et mal fagotée. 

Acagnarda, v. Abriler une plante, l'exposer au soleil, 
à l'abri de la bise. — S'acagnarda, prendre le soleil dans un 
angle de mur, comme font les vieillards et les mendiants, 
qui n'ont pas d'autre feu que celui du ciel. Au fig. s'aca- 
gnarder, s'acoquiner, s’accoutumer à vivre dans la fai- 
néantise. 

Dér. de Cagnar, abri exposé au soleil. 

Acalouna, v. Échauffer, réchauffer. — Aquéste tén 
s'acalouno pas gaïre, ce temps ne se radoucit guère. 

Dér. de Caloù, chaleur. 

Acamina, v. Mettre sur la voie; mettre une affaire en 
train ; mettre en fuite, chasser. S’acamina, v. r. Se mettre 
en route, se diriger vers, s’avancer. 

Dér. de Cami, chemin. 

Acampa, v. Ramasser, cueillir; prendre, gagner ; au fig. 
économiser, entasser. — Abcéder, aboutir, en parlant d’un 
apostume qui travaille, qui se forme, qui suppure. — 
Acampa dé forços, reprendre des forces après une maladie. 
Acampa d'apéti, gagner de l’appétit. Acampa dé sén, pren- 
dre de la raison. — Moun dé acampo, mon doigt apostume, 
il a un mal d'aventure. 

Dér. de Camp, vieux mot : champ. 

Acampaduro, s. f. Mal d'aventure, apostume. 

Acampaïire, ro, adj. Ramasseur; au fig. économe, thé- 
sauriseur. Le proverbe dit : À bon acampaïre bon éscam- 
païre, à père avare enfant prodigue. 

Acampaje, s. m. Action de ramasser, de cueillir; cueil- 
lette. 

Açan ou Acën, s. m. Accent, accentuation. 

La première forme Agçan est admise par l'usage : elle se 
justifie par son étym. du lai. ad cantus, que rappelle sa 
consonnance. La seconde Acén a reçu ses lettres de natu- 
ralisation de Sauvages, et dérive aussi du lat. accinere, 
chanter, qui a donné accentus. Les deux mots sont régu- 
liers et également employés. — Voy. Acén. 

Acanala, v. Diriger l'eau par un canal ou un bief. Une 
rivière, un cours d’eau quelconque sont acanalas, soit 
quand on les canalise, soit même lorsqu'ils se sont tracés 
un lit profond et droit. 

Dér. du mot suivant. . 

Acanâou, s. f. Chéneau de toiture; toute sorte de con- 
duit d’eau en bois, en fer ou en poterie, pourvu que ce soit 


16 ACA : 
à ciel ouvert; lorsqu'ils sont ou en forme de tube, ou sou- 
terrains, on les nomme Bournèou, bourneau. — Faïre 


l'acandou, loc. prvb. pour dire : s'entendre comme lar- 
rons en foire, tricher au jeu en s’entendant frauduleuse- 
ment avec l’un de ses adversaires pour duper son partner ; 
signifie encore : ménager la chèvre et le chou; nager entre 
deux eaux; crier tour à tour vive le roi, vive la ligue; 
promettre à celui-là ce qu'on a promis à celui-ci, et 
tromper au moins l’un des deux; car c’est le rôle de celui 
qui trompe tout le monde, et à qui, par conséquent, per- 
sonne ne peut se fier. L’'Acandou, le chéneau, comme 
nous venons de le définir, est le conduit, primitivement en 
bois et ensuite en fer-blanc, placé horizontalement au bord 
des toits pour en recevoir l’eau, qui, par de plus petits 
tuyaux appelés gouttières ou gargouilles, tombait de là sur 
le pavé, avant que les règlements de la police urbaine 
eussent prescrit des descentes appliquées contre les murs 
des maisons pour amener l'eau jusqu'au niveau du sol. 
C'est par ces gouttières assez multipliées que le chénean 
versait sa provision sur tous les passants, également et 
sans faire de jaloux. Dispensateur généreux d’une chose 
qui ne lui coûtait rien et ne valait pas davantage, est-il 
devenu le type de notre homme qui fait l’Acandou, ou 
comme l’Acandou, en prodiguant ses promesses, ses pro- 
testations, marchandise de même valeur, qui n’est aussi 
que de l’eau claire? — Tout cela n’est pas certain, peut- 
être même n’est pas très-probable; mais, à coup sûr, ce 
n’est pas impossible. 

Acances, s.m. pl. Espace qui reste sans être labouré dans 
un champ, aux deux extrémités de la ligne des sillons, où 
tourne la charrue. A la fin du labour, on reprend toutes ces 
lisières par une nouvelle direction perpendiculaire à la ligne 
des sillons : c’est la dernière opération que subit un champ. 
Par extension, on donne au fig. ce même nom à la termi- 
naison d’une foule de choses. — Sèn as acances déou carémo, 
nous sommes à la fin du carème. Souï as acances dé moun 
vi, je suis au fond de mon tonneau. 

Serait-il dérivé du lat. ad calces, aux pieds, au fond? 

Acantouna, v. Tirer quelqu'un à l'écart, l’acculer dans 
un coin; écoinsonner un mur, y placer un écoinson, la 
pierre angulaire d'encoignure. — S'acantouna, se réfugier 
dans un coin, se blottir au coin du feu. 

Dér. de Cantoù, coin. 

Acâou, s. m. Chaux; pierre calcaire cuite ou calcinée 
dans un four à chaux. En chimie, protoxide de calcium. — 
On la distingue en Acdou grasso, chaux grasse, et Acdou 
maïgro, chaux maigre. La première est la chaux pure, 
sans argile, acide carbonique et chaux ; elle foisonne par 
l'immersion dans l’eau. Le mortier à chaux grasse se 
lessive et se détruit dans l'eau. La seconde est la chaux 
argileuse ou siliceuse, qui foisonne peu ou pas. Celle 
qu'on appelle chaux hydraulique, qui est une variété de la 
chaux maigre, contenant de 8 à 20 pour °/, d'argile, fait 
prise dans l’eau : le mortier fait avec cette chaux prend 





ACE 


de la consistance lorsqu'il est immergé. Les chaux maigres 
de 0 à 6 pour °/, d'argile, sont non hydrauliques; de 6 ou 
8 à 20 pour °/, d'argile, elles sont hydrauliques; de 20 à 
26 pour °/ elles forment à elles seules, sans besoin de 
sable, le mortier hydraulique connu sous le nom de ciment 
romain. : | 

La chaux de la Blaquière, aux environs d'Alais, est 
renommée. Celles des Tavernes, de Vézenobres et de Ners 
ont aussi des qualités remarquables. — Déstrémpa d'acdou, 
éteindre et détremper de la chaux. Pasta d’acdou, corroyer 
de la chaux, la mêler avec du sable, à l’aide du rabot, 
pasto-mourtiè. ; 

Dér. du lat. Calx, Caleis. Notre dialecte a ajouté un a 
initial, purement explétif et euphonique. C’est ce qui fait 
sans doute que dans ce pays, bien des personnes, en par- 
lant français, ou qui s’en piquent du moins, disent couram- 
ment au plur. les achaux, comme elles font pour Les acôtés, 
les côtés. Aucuns vont même jusqu'à les apilastres, les 


-achéneaux, les amuriers, les pilastres, les chéneaux, les 


müriers, etc. 

Acapara, v. Accaparer, monopoliser. 

Trad. du français. 

Acaparur, urdo, adj: m. et f. Accapareur. 

Trad. du français. 

Acarcavéli, ido, adj. m. et f. Cassé, ratatiné, branlant 
de vieillesse ou de maigreur. Il se dit principalement du 
bois desséché et d’un meuble branlant dans ses jointures. 

Dér. de Carcavèl, qu'on dit en certaines localités pour 
Cascavèl, par terme de comparaison avec le brandillement 
bruyant de cet instrument. — Voy. Cascavèl. 

Acarnassi, v. Habituer à manger de la chair, rendre 
carnassier. 

Dér. de Car, chair. | 

Acata, v. Couvrir; joncher. Au fig. Acata, part. pass., 
caché, dissimulé, sournois. 

Acatage, s. m. Toute sorte de couvertures de lit. 

Acén ou Açan, s. m. Accent : accent tonique, flexion 
de la voix sur certaine syllabe des mots; prononciation, 
accentuation. Se dit aussi pour accent grammatical, signe 
graphique qui affecte certaines voyelles. 

Notre langue n’a qu’un substantif pour exprimer Mes 
deux acceptions très-différentes du mot Acér, dont lune 
désigne la prononciation elle-même, et l’autre un signe 
accidentel et variable destiné à modifier le son d'une 
voyelle. Elle n’a pas accordé droit de cité à ces qualifi- 
catifs, inventés par les grammairiens, d’accent rationnel, 
oratoire, logique, pathétique et autres. Mais, pour faire de 
tout cela comme le bourgeois-gentilhomme de la prose, 
sans le savoir, elle ne se reconnait pas moins si redevable 
à l'accent tonique et à l’accent grammatical, que nous ne 
pouvons nous dispenser de leur ouvrir un crédit particulier 
proportionné à leur importance. 

Ce qu’on doit entendre par accent tonique, notre défini- 
tion, peut-être trop concise, a essayé de l'exprimer en un 





ACE 


mot. Qu'on nous permette d'emprunter à la préface des 
Castagnados un commentaire qui la complète. 

: La Fare-Alais dit de la langue d'Oc « qu'elle est une 
musique comme l'italien, plus que lui peut-être; c’est du 
. moins une mélopée. Ses syllabes sont des notes, ses 
phrases des motifs harmoniques; son accentuation, si 
variée, est une véritable gamme, et ses diphthongues, ses 
triphthongues, si fréquentes, si multiples, forment des 
syncopes chromatisées d’une mélodieuse expression. Si 
cette langue a le larynx limpide et métallique, elle a 
aussi, et par-dessus tout, l'oreille chatouilleuse; et sa 
susceptibilité à cet égard rappelle ce sybarite que le pli 
d'une rose empêchait de dormir. » 

On ne saurait mieux dire. C'est bien la, en effet, l'origi- 
nalité et le caractère dominant de notre langue d'Oc, que 
cette prosodie musicale des mots et des syllabes, qui ne 
l'abandonne jamais, qu'elle garde en parlant les autres 
langues, et qui est dans sa nature. Et cela n’est autre 
chose que son accent propre et l'accent tonique, que ce 
culte de la modulatioh, qui lui est inspiré par l'éclat de 
ses voyelles, qui lui fait éviter le redoublement des con- 
sonnes et condamner, même dans la plus humble prose, le 
choc de deux sons pareils; que ce sentiment natif de 
l'euphonie, d'où lui viennent ses délicatesses exquises 
de construction et de vocalisation. L'accent tonique, ainsi 
compris, est de toutes les langues; mais il est, au plus haut 
degré, l'essence, l’Ame et le génie particulier des idiomes 
méridionaux. Pour eux, qui chantent d'instinct, qui 
relèvent plutôt du solfége que de la grammaire, l'har- 
monie est la loi souveraine. La langue d'Oc, comme l'ita- 
lien et l'espagnol, ses sœurs du même lit, en reconnaissent 
si bien la puissance, que la prononciation est devenue la 
raison logique de leur orthographe. 11 le fallait bien. Le 
sens d’un mot dépend souvent, — on va le voir par des 
exemples, — de la manière dont il est accentué : dès lors, 
écrire comme on prononce et comme on entend, et par 
voie de conséquence, ne prononcer que comme on écrit et 
que ce qui est écrit, c'est-à-dire conformer l’écriture à la 
parole, est une nécessité de nos dialectes; car l'unique 
moyen de leur conserver la clarté, ta grâce, l'intelligence, 
* consiste à rapprocher l'orthographe de la pensée, à lier la 
forme des mots avec leur signification. Dès lors, toutes les 
lettres devant ètre articulées avec le son qu’elles expri- 
ment, il n’est besoin de représenter à l'œil que ce qui doit 
être entendu par l'oreille. | 

Les Grecs et les Latins avaient la quantité, qui mesurait 
la durée des sons : les langues modernes ont l'accent 
tonique, c’est-à-dire l'élévation ou la flexion de la voix 
sur chaque mot, presque sur chaque syllabe. À Rome, 
_ rapporte Cicéron, le peuple se montrait très-sensible à 

l'observation de la mesure. « Tout le théâtre, dit-il, se 
soulève et.pousse des cris, si une syllabe est trop brève 
ou trop longue, bien que la foule ne connaisse ni pieds 
ni rhythme, et qu'elle ne sache point ce qui blesse son 
. 





ACE 17 
oreille, ni pourquoi ni en quoi elle est offensée : Theatra 
tota exclamant, si fuit una syllaba brevior aut longior, nec 
verd multitudo pedes novit nec ullos numeros tenet, nec 
illud quod offendit aut cur aut in quo offendat intelligit. » 
La langue d'Oc a hérité de sa mère latine d'une sensibilité 
pour le moins aussi vive. Dans sa vocalisation, qu'une 
ronde soit substituée à une noire, elle se sent froissée; 
qu'une note qui doit être éclatante soit convertie en un. 
son sourd, qu'une voyelle forte s'échappe comme une 
muette, elle s'irrite de la transposition; elle est blessée de 
la cadence fausse; pour elle le sens se déplace, se dérobe, 
se dénature aussitôt. Il n'y a pas ici cependant non plus 
d'autre juge que l'oreille. Judicium ipsa natura in auribus 
nostris collocavit, dit toujours Cicéron; mais l'accent va 
de soi, sans théorie et sans grammaire; il est dans l’air et 
dans la voix; notre parler est ainsi fait. 11 faut l'accepter 
tel quel, se soumettre à ‘ses exigences, ou renoncer à se 
faire comprendre. C'est de cette accentuation que nous 
essayons de donner une idée et de poser les principes. 

I n'existe pas de langue qui n'ait son système propre, 
individuel d’intonations, de, consonnances, dépendant de la 
combinaison, du rapprochement et de la sonorité de ses . 
voyelles. Pour notre langue d'Oc, rien n'est plus essentiel 
que de connaitre la clef de sa notation. 

Le premier point, et le plus délicat, est de préciser l’in- 
flexion, de déterminer le degré d'élévation ou d’abaisse- 
ment de la voix, qui constitue l'accent tonique. Dans une 
phrase écrite, tous les mots sont séparés par un intervalle; 
il en doit être de même dans la phrase parlée. Chaque mot 
a sa syllabe tonique, et n'en a qu’une, la syllabe finale, 
sur laquelle, par une sorte d’insistance, il se fait un temps 
d’arrêt imperceptible, cependant appréciable, une modu- 
lation. distincte, qui peut être classée dans l'échelle des 
sons, insensible presque, mais qui, en appuyant, est mise 
en sâillie. Une seule condition est imposée à cette dernière 
syllabe, c’est qu’elle soit de force à supporter l'accent, ce 
qui n'arrive jamais avec une muette, une féminine, une 
faible, sur laquelle la voix ne s'arrête point. C'est pour- 
quoi la tenue ne se fait qué sur la finale des mots, quand 
cette syllabe est masculine, à consonnance pleine et grave; 
ou sur la pénultième, quand le mot se termine par une 
féminine, faible ou muette. 

Cette règle est le fondement de la prononciation du lan- 
guedocien : son corollaire se trouve dans la justesse exacte 
du son attaché à chaque syllabe, représenté par une 
voyelle. Notre idiome, pour s'écrire avec le mème alphabet 
que le français, qui fut l'alphabet latin, ne donne pas 
cependant à toutes les lettres le son qu'elles avaient en 
latin, non plus que celui qu'elles ont en français. A chacun 
son lot. La langue d'Oc a des sons qui lui appartiennent 
en propre, des alliances de lettres qu'elle affectionne, des 
cadences qu’elle recherche; elle ne veut pas en être dépos- 
sédée, et elle ne se livre qu'à ceux qui lui sont fidèles; à 
eux seuls elle consent à révéler sa grâce, sa douceur, sa 
3 


18 ACE 


souplesse, son énergie, ses beautés entières, La variété de. 
ses intonations, la. sonorité de. ses, voyelles, rendent. sa.pros. 
nonciation vivement, acçentuée;, et surtout, elle, diffère, 
essentiellement, du français, qui cultive les, consonnances, 
œmuettes et sourdes, et qui arrive à, de, grands effets, par des: 
tout, contraires, Aussi, sur ce chapitre de l'accent, 
pas d'aceord à établir; point, de rapprochement entre deux; 
pôles. opposés. Quand les. puristes. d'Ontre Loire, auront, 
traité dédaigneusement. de gascons. nos, dialectes méridio- 
naux, et que ceux-ci auront répliqué par l’épithète corresr 
pondante de, franchiman., la séparation des. deux, langues, 
n'en restera que plus: accusée, et,ilen sera. mieux; prouvé. 
encore qu'une transposition de, l’une à, l’autre est; impos- 
sible. La part faite à chacune, elles garderont chacune leur 
mérite, et leur accent, et leur caractère, et leur génie: et 
leurs chefs-d'œuvre n’y perdront rien, Mais essayer de 
réduire le languedocien, à, la. vocalisation française, de le 
prononcer à la française, ne serait que l’assourdir, l'énerver, 
le défigarer, et. arriver à la cacophonie la plus ridicule. et 
la, plus inintelligible, L'emploi, d’un alphabet. commun, les 
babitudes d’épellation inçulquées par l'enseignement, sco- 
laire peuvent être des. causes, fréquentes d'erreur et d’hési- 
‘tation à la lecture ou à l'écriture; les plus familiarisés avec 
nos idiomes n’y échapperont pas toujours. Un Dictionnaire 
languedoeien ne peut donc trop insister sur ce, chapitre 
si essentiel de l’accentuation, qui fait. comprendre son 
orthographe et facilite l'étude de.sa grammaire. C’est, pour 
cela que nous, résumons, mème.en nous.exposant à quel- 
ques répétitions, nos remarques, générales sun la, valeur 
spécifique des voyelles et sur la prononciation: 

L'accent tonique; avons-nous dit, est. une simple flexion 
de la voix; il n’a qu'une place dans chaque mot, la der- 
nière syllabe, si elle est masculine; l’avant-dernière, si le 
mot est terminé par une féminine. C'est, une pure-nuance 
euphonique, une modulation musicale, indépendante de 
tout signe qui l'exprime, mais qui se fait toujours sentir, 
Ce qu’on appelle l'accent grammatical est au, contraire un 
signe apparent, visible, posé, sur une voyelle el destiné 
seulement à en, modifier le son. Comme il se- borne: à indi- 
quer la qualité particulière d’un son, il.se place partout où 
il rencontre la. voyelle à accentuer, et, peut par suite. se 
trouver indifféremment au commencement, au milieu. ou. à 
la fin d'un mot; mais à cette dernière position, il rend 
tonique la voyelle qu'il touche, en.piquant-sa, consonnance; 
ILest de trois sortes : aigu, grave et circonflexe, comme en 
français: Ce dernier ne.se, place. que sur les voyelles a, à, 0, 
quand elles composent des diph: ou des triph., pour-mar- 
quer seulement la voix dominante. 

Le languedocien a, cinq voyelles simples, a,.e; à, 0, us et 
une, voyelle. composée, ou, qui regrette. toujours d'être 
obligée d'employer deux lettres, pour un son unique et 
simple. Cette indication suffit, à notre sujet, sans entrer. 
dans les subdivisions.et distincetions.de classes. 

Toutes, les, letires et, les! voyelles, se. prononcent et 





ACE: 


: sonnent. à. la, méthode, ancienne. de l'alphabet où suivant: 
l'accent graphique: qu’elles: portent. : c'est pourquoi, dans 
l'intérieur d’un mot, polysyllabique, il ne peut exister de 
 syllabe muette, ressemblant à, le. muet français. modernes: 


À la fin des: mots seulement se- trouvent les: syllabes: 
muettes;. et là, règle. générale, toute. voyelle finale, à Fexs 
ception.del’& et de l’u, est-faible, sourde, féminine, si-eller 
n'est pas.accentuée, ou si elle est.suivie d'unes.formant: le 
pluriel; ce qui signifie que la. voix. doit. appuyer: sur læ& 
syllabe précédente, la pénultième,. que nous ‘accentuonso 
exprès ici. Ex. : râbe, pl. râbes ; image, pl. imàgesz rèbles. 
pl. rébles; diménche, pl: diménches; chàri, pli. chèrisiss 
sèti, pl. sètis; bècho, pl. bèchos; ésodlo, pl. éscdlos: oùs=. 
quou, pl, câsquous; flèscou, pl. flâscous basségow, pk. bas- 
ségous: 

Dans notre dialecte, les voyelles. finalessa-et.w.ne sont, : 
jamais. muettes : elles peuvent donc. supporter l'économie: 
de l'accent grammatical, sans en être appauvries; ni fémi, 
nisées, Cependant, par cela que leur position les:rend tonis. 
ques, le repos: de: la: voix, qui se. fait alors sur-elles, semlile, 
les élevér d'un. quart de ton, Cette nuance méritait. d'être 
notée; elle est sensible, même dans les polysyllabes com-- 
posés de lettres similaires, comme: acaba;, davala; etc., dont: 
le dernier a est un peu plus;éclatant que les premiers. La; 
prosodie latine du, Gradus ad. Parnassum, classerait ces) 
mots parmi les anapestes, deux brèves-.et une longue; des 
mème qu'elle aurait fait des iambes de mama oude chur 
chu, une brève et une longue. 

Dans plusieurs localités de l'Hérault et au midi d’Alais;. 
sans dépasser cependant le canton de Vézénobres, l'a final 
est muet dans les terminaisons caractéristiques du-féminin. 
des substantifs et adjectifs, comme rosa, musæ, bona, 
nova, etc. On le prononce comme un: a adouci, d’un: son: 
intermédiaire. entre. l’e.et lo. Cette variété dialectique est: 
une réminiscence très-rapprochée: du latin. Nous ne pou 
vons l’adopter ici; car pour la mêmedésinencenousentèn- 
dons o, nous prononçons o,.nous avons, düécrire partout: o. 
naturel; et nous ne pensons pas que l'étymologie, em: 
souffre. 

L'e languedocien. a trois sons! distincts: Surmonté. des 
l'accent aigu, ik se prononce. comme: l'é. fermé  françaiss 
dans été, bonté ; avec l'accent; grave, comme l’e ouvert dans: 
accès, succès; privé.-de tout: accent,, il ne se présente.qu'à! 
la fin d’un mot, et alors: il est muet, naturel, nom point à: 
la manière de le muet français, mais comme:l'e finabitalien: 
de rose, dare; ù 

La prononciation de l'i ne varie: que dusfort au faible, 
du, sonore au doux, du, long aw bref; mais- une certaines 
acuité se, fait toujours plus ow moins: sentir: La voyelles 
est sonore, naturelle entre deux consonnes: dindo; nouns 
dina,, dificinle, avec, une légère. insistance quand elle-est : 
tonique à la pénultième ; cependant.nous ne: lui, accordonse 
pas l'accent : c'est: affaire. de quantité. Nous le: lui résers 
vons, au contraire, pour’ les cas où il, pourrait: y: avoir: 








ACE 
æonfusion , à la ‘fin des-mots "par exemple, comme touph, 


sou), éndévént, diméni + à il 18e détache Elair et nt. 


L'accent grave-indique alors que le son se renforée ; tandis 
que! li final non accentué glisse et murmure faiblement, la 
Noix appuyant'sur mére de fab Ex. : chàri, db, 
0H, témiéribri, ‘pur gätori. 

Nous employons Msctuteiteofiexs pour la diphthongue 
fou, et il marque -l'insistänee ‘de h voix:se prolongeant : 
caliou, arpiou, réligiou. 

Le tréma sur li estun Signe’ particulier de notre accen- 
tuation orthographique. Sa fonction est des plus impor- 
tantés. Quand il suit une consonne ét précéde urie voyelle, 
le tréma sur l'5 a pour but de le faire sentir plus longue- 
ment, et d'en faire une syllabe séparée de la voyelle subsé- 
quente, comme dans fo, bio, müo, en deux sylläbes. Alors 
qu'il est placé après une voyellé, êt suivi d’une consonne, 
ou à Ja fin d’un mot, T'à trématé est doux et faible; le plus 
souvent il forme la diphthongue. Ex. : véire, foire, sou, 
rèi, galoï, pantaï. Entre deux voyelles, il rémplace à peu 
près en certains cas 7 mouillés français, sans communiquer 
à celle qui le suit la flexion labiale, mais seulement en la 
‘mouillant; et toujours il empêche la cohésion avec la 
voyelle précédente, ainsi dans païo, daïo, joïo, bluïo, puño; 
de telle sorte qu'il devient le siége d'une séparation de 
syllabes, ou ce qui revient au mème, qu'il s'oppose à la 
formation d’une diphthongue ou d’une triphthongue, que, 
sans Jui, le rapprochément des voyelles amènerait, comme 
dans les mots presque exclusivement composés de voyelles, 
vidouïè, aïé, cuidtré, rouïdoume. Pour scander ces mots et 
parvenir à la prononciation juste, le concours de l'& tréma, 
qui est séparatif entre voyelles ou diphthongues dans le 
mot, est un des signes les plus essentiels à bien observer. 
Nous reviendrons sur son rôle très-important. 

L'o et l'ou, voyelles, sont soumises aux mêmes règles. 
Le défaut d’accent, quand elles sont finales, indique 
qu’elles doivent s'échapper sans articulation, qu’elles 
jouent dans le mot à peu près le mème rôle que l’e muet 
français, caractérisant le féminin des substantifs, et que le 
point d'appui de la voix se fait sur la pénultième. Ex. : 
fango, manado, bèlo, cénténo, babino, carosso, cagnoto, 
figuro, davalou, révènou, basségou, manipou, donou, tutou. 
Surmontés de l'accent grave, à et où sonnent clairement : 

eselà, cachd, grélè, vértigo; lavadoù, agasso, loubatoù; 
méchoùs, vérinoùs. | 

Répétons encore que ow entre deux consonnes ou près 
d'une voyelle, avec ou sañs accent, ne compte jaimais que 
pour une wvoyelle, comme :s'il n'y avait qu'une seule 
lettre. 

-“AW'agencement et à la liaison desses voyelles, la langue 
d'Oc semble avoir mis avec complaisance tous les raffine- 
ments de son génie mélodique. Parmi es’langues de l'Eu- 
rope, elleest seule à posséder dans Sa vocalisation ces 
trilles brillants-qui ne produisent qu'un accord unique, 
comme trois cordes de harpe touchées à ‘la fois, vibrant 





ACE EL) 


dans la même tadonce. Le français se conténite de réttiir 
deux :sôns; le languedoeien ‘rassemble ‘dans tünie sylläbé 
deux, trois et jusqu'à quatre sons distincts. Ses diphthôn- 
guesse multiplient à profusion et:se présentent unics 6% 
séparées, ‘au commencement, dans l'iitérieur où à la ‘fin 
des mots. Ses triphthongues si ériginales stiveñit la mère 
marche el:sont presque aussi fréquentés : les tétraphithôn- 
gues ‘apparaissent dans les vocables les plus usuéls. Cepén- 
dant l'orthographe, l'accentuation et la prononciation ‘d8s 
voyelles ne changent point parce qu'elles ‘se “rencontrent 
doubles, triples où quadruplès/ à former, dans un ‘môt, trié 
seule-syllabe composée d'autant de sons en une souleéris- 
sion de voix. Si «compliquée que puisse être la vomibi- 
naison, le premier et le plus essentiel de Jenrs caractères 
est de ne faire jamais qu’un temps, un pied, dirait-on en 
versification : la pluralité dans l'unité. 

Làcest la pierre de touche de cette ‘sorte de syllabes. 
C'est ‘pourquoi nous ‘nous refusons à ranger parmi les 
diphthongues les formes ua, 6, ui, uo sollicitées par les 
consonnes get 4, comme abrasqua, cargué, blanqué, quin- 
cha, quicha, aqud : ici l’u ne parait que comme explétif ; 
c'est un parasite dont l'emploi rénd le g dur : il n'y a 
pas dualité de consonnance; après ces deux léttres, lu 
ne se fait pas entendre : précédé de toute autre il doit 
sonner : apuïa ; euté, etc, où bien, én diphthongue, 
éstiià, juël, ‘éte. 

Par ‘ces exemples on a pu voir qu'une voyélle suivie 
d'une autre voyelle ne fait pas nécessairement alliarice 
avec elle. En dehors des éléments dont nous allons donner 
le tableau, nous ne connaissons pas d'assemblages de lettrés 
qui puissent en réalité former des diphthongues ou des 
tiphthongues. Mais la langue d'Oc aime trop à rapprocher 
ses voyelles, à les multiplier, à nuancer de tons divers des 
combinaisons identiques ; sa vocalisation seule donne sou- 
vent à sës mots un caractère et un sens trop différents, 
pour n'avoir pas une notation qui réponde à ce besoin, qüi 
représente exactement son euphonie, ses accords, le rhythme 
de ses gammes syllabiques. 

Le français se préoccupe moins d'éviter une confusion 
qui le rend si difficile à bien prononcer : ‘sa prose et sa 
poésie ont des ‘différences de quantité inéxplicables dans 
lés terminaisons en ion, teur, ieuæ, par ex, qui reviennent 
sans cesse et qui font tantôt des monosyllabes diphthongues, 
tantôt doivent se scander en deux témps : de ce nombre, 
avec ‘une infinité d'autres mots, fier, adj. d'un seul jet, 
et fier, verbe, dissyllabe. Cependant rien n'avertit de-ces 
changements. Notre orthographe au contraire a voulu-les 
indiquer au moyen de li tréma, qui disjoint les syllabes, 
comme fo, fille, et jiè, feu, mio, amie, mi, muid, pio, 
pillage, piè, dindon, ete. 

. Un signe spécial était indispensable; car le languedocién 
n’a pas le droit de prendre les licences du français. Ina 
ni grammaire, ni académie pour commenter ét justifier ses 
anomalies. Il n’admet ‘pas de lettres ‘inutiles, mon arti- 


20 ACE 


culées, se prononçant autrement qu'elles ne sont riotées ; 
il professe en principe que sa prononciation est toujours 
vraie, réglée sur la valeur propre des voyelles ; ce qui 
ne l'empêche pas d'accumuler volontiers les accords 
sonores, de mêler ses diphthongues et ses triphthongues 
dans le même mot. Dès lors il lui est imposé plus 
strictement qu'au français d'avoir un système d’ortho- 
graphe qui mette en pleine lumière la différence d’accen- 
tuation de toutes les lettres et de lettres identiques, et 
la séparation des membres d'un même mot où se trouvent 
surtout des voyelles avec des diphthongues. Par la plus 
fngénieuse disposition, qui dénote la perfection du senti- 
ment mélodique de la langue d'Oc, les complications les 
plus ardues deviennent simples et faciles avec les accents 
grammaticaux et les à tréma. 

L'accent modifie le son : il l'affaiblit ou le renforce ; 
mais il ne transforme pas la voyelle. Le tréma réservé à 
lé ne lui fait rien perdre de sa qualité naturelle; mais il 
V'isole en quelque sorte quand il est placé entre deux 
voyelles, comme pa-io, ma-io, pu-io, et il mouille celle qui 
la suit, comme fait à peu près & en français. 

Par son interposition il signale, dans l’intérieur d’un mot, 
la séparation de deux diphthongues, et adoucit un choc 
trop rude ; et il est remarquable que li se trouve au com- 
mencement de toutes les triphthongues : ce qui nous 
semble l'indice de la délicatesse d’acoustique de notre 
langue, et la preuve d’un sentiment harmonique très- 
étudié. Ainsi, quand l'i ne fait que se lier aux autres 
voyelles dans la triphthongue il garde sa forme naturelle, 
midou, monosyllabe, sidoume, deux syllabes; mais 
alors qu'il suit une voyelle ou une diphthongue, ou 
qu'il termine uné diphthongue ou triphthongue, il prend 
le tréma : rou-idumé, cadiëiro, risou-iiro, vidou-iè, 
viè-ié, offrent des exemples des positions les plus difi- 
ciles et démontrent le fonctionnement de l’i simple et 
de li tréma dans l’agglutination et dans la division des 
syllabes. 

Notre dialecte possède trois diphthongues qu'on peut 
appeler féminines, et qui pour cela sont dénuées de tout 
accent. Cette variété a son importance dans la versification. 
Leur prononciation d’ailleurs se conforme aux règles qui 
précèdent : le tréma, quand il est nécessaire, ne change 
rien à leur nature. 

Exemples : en ie, véndie, rèndie, moïe, ouïe; en io, 
glorio, bèstio, joïo, fuïo ; en iou, énténdiou, maïou, tuïou, 
moiou, ouiou. 

La finale diphthonguée de ces mots s'écoule comme une 
muette, et comme elle n’est comptée que pour une syllabe 
qui est féminine, l’insistance de la voix s'établit par l'accent 
tonique sur la pénultième. Ces différences de sons se 
trouveront indiquées à leur place. Voy. lettre I et Iou, 
diph. 

Pour bien comprendre l'effet que produisent les accents, 
il n'y a qu’à comparer à l'oreille les sons muets, purement 





ACE 


alphabétiques, avec ceux donnés par les mêmes diphthongues 
accentuées. Dans la diphthongue masculine, et dans toutes 
les triphthongues, se trouve toujours une voyelle domi- 
nante, celle qui est le pivot de l'intonation sur laquelle se 
fait la tenue; les coagulées se font entendre, mais coulent 
rapidement : dans les diphthongues féminines, la voix, en 
réunissant le double son, égalise les voyelles sans appuyer 
plus sur la première que sur la seconde. * 


DIPHTHONGUES. 
aï.— Maï, plus........... Esclaïre, éclair. 
âou. — Nàèou, auge........ Lâouso, dalle. 
àX:— RL, loi 528 ... Pèïiro, pierre. 
éï.— Créï, croissance...... Véire, verre. 


èou.— Lèou, poumon. ..... Cisèou, ciseaux. 
éou.— Béou, à boit........ Téoule, tuile. 
ia. — Diable, diable... ... Aparia, accoupler . 


ie. — Véndie, que je vende. Moïe, que je mouille. 


iè. — Miè, moitié,........ Ariè, arrière. 

tie ANG el cas ut Bèstiéto, petite bêle. 

io. — Glorio, gloire....... Bèstio, bête. 

id. — Fid, feu..... Re A Cañù, chenèét. 

iou. — Maïou, mail...... . Entendiou, qu’ils entendent. 

iou. — Diou, Dieu........ Miougrano, grenade. 

iu. — Béstiu, bestial....... Méssius, messieurs. 

de) COL Len eee Galoï, gai. : 

oua. — Coua, couvé....... Couacho, calandre. 

ouè. — Vouè, holà........ Espouèr, espoir. 

oué. — Foué, fouet. ....... Couéto, queue. 

ouï. — Bouï, buis......... Douïre, jarre. 

dou. — Dôou, deuil....... Cévénôou, cévenol. 

uè. — Gnuë, nuit......... Juël, ivraie. 

ui. — Frui, fruit......... Estui, étui. 
TRIPHTHONGUES. 

iaï. — Biaï, adresse....... Répapiaïre, radoteur. 

ijou. — Siâou, coi..,...,. Viâouloun, violon. 

SOL 1 SOL, SD à de 5050 Cadiëïro, chaise. 

iéou. — léou, 7e, moi...... Liéourèio, livrée. 

iôou. — Midou, mulet. ..... Favidou, haricot. 


iuè. — Hiuè, Auit.,........ Endiuël, andouille. 


TÉTRAPHTHONGUES. 


iuèï., — Hiuèï, aujourd'hui. Cadiuèïsso, cosse. 
uièi. — Cuièisso, cuisse... Cuièïssaou, molaire. 


Ce tableau doit faire comprendre la raison de notre ortho- 
graphe; et répétons ce que nous avons dit ailleurs : « On 
ne saurait assez recommander l'observation minutieuse de 
l'accent; elle est d'une importance radicale. Toute l’intel- 
ligence de l'idiome est là; et sans elle, on nage à pleine 
eau dans l’amphibologie. » 





‘ACE 


Une liste à peu près complète de mots parfaitement 
homographes, .présentera un curieux intérêt à ce point 
de vue, et complètera ces explications. 

Nous avons négligé les homonymies dans les différents 
temps des verbes, qui seraient trop nombreuses, comme 
réndie, il rendait, et qué réndie, que je rende, etc., etc., 
et quelques autres mots dans lesquels l’accent est iden- 
tique sur la finale, mais qu'influence Vi tréma ou l'i 
naturel, soit pour les diviser en deux temps, soit pour en 
faire des monosyllabes, comme pie, pilier, etpiè, pied, Puech, 
cuïè, cuiller, et cuiè, cuit, bie, je serre, et bé, billet. 

Il sera ainsi facile de se rendre compte de ce que peut 
l'accent graphique, et comment une simple inflexion sur 


une voyelle fait varier le sens et la signification d’un mot. . 


É FERMÉ ET E NATUREL. 


Boufé, soufflet............ Boule, je souffle. 
Boumbé, bout-d'homme. . Boumbe, je cogne. 
Bouré, brun..:,,..:...... Boure, bourgeon . 
Bourgés, bourgeois ........ Bourges, {u creuses. 
Bouté ;sbrin.. 245... Boute, je mets. 
Bravé, gentil. ............ Brave, robuste. 
Cargué, ‘étui. .......:..., Cargue, je charge. 
Césé, n. pr. dim. François. Cése, pois-chiche. 
Chaïné, chat sauvage... Chaïne, chéne. 
Coublé, solive.........,.., Couble, couple. 
Coulé, petite colline. .... ... Coule, je décuve. 
Courdouné, ganse....:.... Courdoune, je cordonne. 
Dévé, devoir. ............ Déve, je dois. 
Déstré, pressoir à vin...... Dèstre, perche (mesure). 
Estré, étroit... OAI Estre, être. 
Fuéi-mMunée. : 3e. 5, Fure, je fouille. 
Gourgué, petite mare....... Gourgue, je trempe. 
Grané, petit grain. ........ Grane, je grène. 
Lipé, gourmand... ..,...... Lipe, je lèche. 
Manqué, manchot....,..... Manque, je manque. 
Mèrlé, créneau. ........... Mèrle, merle. 
Miné, minon............. Mine, je mine. 
Mouïssé, épervier.. ........ Mouïsse, écourté. 
Paré, paroi. .... ELA Pare, je pare. 
Péné, petit pied........... Péne, je peine. 
Piqué, pianos. lise... Pique, je frappe. 
Poudé, serpette....:......: Poude, je taille. 
Pougné, poing............ Pougne, je pique 
Quiché, targette . su... Quiche, je presse 
 Quinqué, quinquet........ Quinque, je souffle 
Rèssé, scie à main......., Rèsse, je scie 
Sabé, science... ....... .... Sabe, je tanne 
Sâousé, n. pr., Sauzet..... Sâouse, saule. 
Séré, petite colline... ...... Sère, montagne. 
Siblé, sifflet. ............. Sible, je siffle. 
Tapé, petit bouchon ‘ Tape, je bouche. 
TOR, SN 55 à .... Téte, je tète. 





ACE 21 
Tourné, rouet1977, 2. Tourne, je reviens. J 
Trâouqué, petit trou .. Trâouque, je perce, 
Tristé, soupente....,...,.. Triste, triste, 
Uïé, œillet....., MNT Tee Uïe, je sers ce tonneau. 


Ë FERMÉ ET Ë OUVERT, GRAVE. 


Aprés, appris.....,.,:,., Après, après 
Arésto, arréle.....,,...,,.: Arèsto, halte là ! 
Espésso, épaisse. .,........ Espèço, espèce 
Espéro, ‘attente, affût...... Espèro, attends. 
Lachén, pourceau.,........ Lachèn, nous lachämes. 
Jasén, nouvelle accouchée... Jasèn, nous gisons. 
Vakén,: actif 0592 01 Vaïèn, is valaient 
Péro; poire..." x 4 Péro, père 
F6; foin; fois Fè, fait 
EE Cr NC LE, Sè, sept. 
Sa 'sainf.. ENG Te Sèn, nous sommes 
NOR, ON NS Vèn, à vient 

Ë GRAVE ET E NATUREL 
Cadë, cadet... 7m, Cade, genévrier 
Counséiè, conseiller... ... .. Counséïe, je conseille 
Entré, il entra.7222..,10. 31 Entre, entre. 
Gäouchè, gaucher... ..,..... Gâouche, gauche. 
Lachè, il ldcha, laitier... Lache, mal serré. 
Mouïè, épouse............ Mouïe, je mouille. 
Récatè, il serra.........., Récate, provision. 
Révéïè, aubade........... Révéie, je réveille. 
Roudiè, charron.......... Roudie, je regarde. 
Vigè, n. pr., Viger........ Vije, osier. 


Î GRAVE ET I NATUREL OU TRÉMA. 


Conrl;coourif, one Ur, Couri, n. pr., Courry. 
Fasti (faïre), faire horreur .. Fasti, aversion. 
Garlÿ-guérir. su lt, Gari, rat. 
Pass pays:as ds: 0 Péis, poissons. 
Sai, panne de porc........ Saï, ici dedans. 
Trai, trahir. sise... Traï, il jette, 
Véri, poison, venin. ....... Véri, porc. 

O NATUREL ET Ÿ GRAVE 
Aouséro, Lozère........... Aousérd, Lozérien. 
Haba Basse ones 540 Bab, chrysalide. 
Be: ballerir ess ctuin Bald, ballot 
Handd dise de Bardd, bardot 
Bigo, bigue escale Bigo, hoyau 
0. ONN ITR LL ILE Bi, tricot 
Bousso, bourse. ........... Boussd, gousset . 
Cacho, cachette. ....... ... Cachô, cachot, 
Cagno, dégoût, paresse. .... Cagnù, niais 


L: ACE 


Capo, manteau... Capô, attrapé. 
Casso, chasse. ..1:..,:.... Cassd, ladre. 


€Cato, chatte... sas. sas, Cat, catin. 
Enquo, canelle... .…....... Encù, chez. 
Faro, mine, visage......... Farû, élégant. 
Fino, rusée.......…..s...:. Find, finaud. 
Fio, fille. .... à A ie EE SE . Fiù, feu. 
Galo, gale.... .. Sen rire . Galù, galop. 
Gigo, cuisse de bœuf....... Gigù, gigot. 
Grélo, gréle..:. …....: .... Grélè, grelot. 


Léngado, coup de langue... Léngadd, Languedoc. 
Mancho, manche. ......... Manchù, manchot. 


Mio, amies sorte cet Mid, muid. 

Palo, pelle... .…. ..... Palô, lourdaud. 
Pato, patte... us. st Patô, brique. 

Pégo, pot. 2. es a Pégô, savetier. 
Péro, poire. ....:4.. ee +... Pérù, mouton. 
Pilo, pile, tas...... TRE Pil, pilote. 

Pio, pillage. ....... CNRS Pi, dindon. 

Rabo;: ran6..2..h0i4s Rabô, rabot. 

Ribo, rive, bord.....,..., Ribô, n.-pr., Ribot. 
FPS OM 7 SRE AOL LE Sal, malpropre. 
Ciro, cites ibinnes à if Sird, sirop. 
Tantos, s. plur., tantes..... Tantôs, tantôt. 
Trapo, trappe............ Trapô, trapu. 
Triquo, trique...,.,...... Tricd, gilet de laine. 


OU MUET ET OÙ GRAVE. 


Ajustou, ils ajoutent. ...:.. Ajustoù, ajoutage. 
Apialou, ils élaient..,..... Apialoù, étai. 

Biou, is billent........... Bioù, trique. 
Boutou, is placent. ....... Boutoù, bouton. 
Caladou, is pavent..…...... Caladoù, pavé. 
Calou, ils lâchent.......... Caloù, chaleur. 
Cantou, is chantent... .,... Cantoù, coin. 
Câoussou, is chaussent. .. .. Câoussoù, chausson. 
Coulou, ils coulent...,,.... Couloù, couleur. 
Escalou, ils grimpent...... Escaloù, échelon. 
Espèrou, is attendent... ... Espéroù, éperon. 
Espirou, ils suintent. ...... Espiroù, soupirail. 
Furou, éls furètent., ....... Furoù, fureur. 
Gardou, is gardent. ....... Gardoù, Gardon. 
Jètou, is vomissent. ,..…., ,. Jètoù, jeton. 
Lardou, is lardent........ Lardoù, Zardon. 
Liquou, ils dèchent.…......., Liquoù, liqueur. 
Mascarou, ils noircissent.... Mascaroù, barbouillé. 
Paslou, ils pétrissent. ...... Pastoù, tas de mortier. 
Passèrou, is passèrent... , Passéroù, moineau. 
Pétassou, ils raccommodent . Pétassoù, petite pièce. 
Piquou, is frappent. ....., Piquoù, pie. 
Plounjou, ils plongent. . ; . :. Plounjoù, plongeon. 
Prisou, ils prisent...,..... Prisoù, prison. 
Révéïiou, ils réveillent. ...,. Révéïoù, réveillon. 





‘ACI 
Sablon, is mettent du säble. Sabloù, sablon. 


| Säbou, its tannent. …, ..... Saboù, s4v0n. 


Sénglou, is sanglent....... Séngloù, petitercorde. 


Séntou, ils sentent. ........ Séntoù, odeur. 
| Sèrmou, ls trempent d'eau. Sérmoû, sermon. 
Susou, ils suent........... Susot, sueur. 
Téchou, is dégoûtent. . Téchoù, petite goutte. 
Tourtiou, is tordent....... Tourtioù, craquélin. 
Trissou, is broient........ Trissoù, ‘pilon. 
Valou, ils œwalent.......... Valoù, valeur. 
Véïrou, Îs tournent... ... Vèïroù, menu poisson. 2 
Virou, is tournent. ...... . Viroù, tvrille. 


La différence à l'oreille, qui, en définitive, détermine de 
sens de tous ces mots correspondants à un mot semblable, 
est produite par les accents. Dans ceux où la finale est 
accentuée, elle est tonique; c'est sur elle que la voix s'arrête 
et pèse : au contraire, pour ceux qui n’ont pas d'acéent'à 
la fin, la tonique est la pénultième et la tenue se fait sur 
elle. Par exemple, le dernier mot de cette longue Histe, 
virou, ils tournent, est composé d'une longue et d’une 
brève; l'inverse a lieu pour viroë, vrille, qui est. formé 
d’une brève et d’une longue, et aïnsi des autres. La mesure, 
la quantité, réglées par les accents : toute notre langue 
musicale est là. 


Acérti, v. Certifier, assurer, rendre.certain, ‘affirmer. 

Dér. du lat. Certus. Ê 

Acéta, prép. Excepté. Il est visiblementicorrompu du 
français, mais fort de mise. 

Achas ! interj. Voyez donc! Voyeztun peu! 

Dér. d’Agacha, voir devant soi. C'est'la contraction de 
ce verbe à la ?2me pers. plur. de l'impér. Agachas. = 
Voy. Agacha. 

Achata ou Achéta, ». Acheter. 

Trad. du français. 

Achétur, urdo, adj. Achéteur, euse. 

Trad. du français. 

Aciè, s. m. Acier. 

Trad. du français. 

Acièira, v. Aciérer, chausser d'acier la pointe d’un outil. 

Acimérla, ado, adj. Perché, juché haut. 

Dér. de Cimo, hauteur, extrémité. 

Aciou, s. f. Action. Il ne se prend qu’en mauvaise part. 
— Quinto aciou m'as fa! quel tour tu m'as joué! 

Trad. du français. 

Acipa, v. Prendre par surprise, saisir, surprendre. 
— Nous acipè, et za! dédin, il nous surprit,ret crac! sous 
clé. 

Dér. du lat. Accipere, recevoir. 

Acipa (s’), v. Se heurter, broncher, se-rencontrer tête à 


tête, chopper. — Nous acipèn, nous nous rencontrâmes nez’ 
à nez. : 


Étym. du celt. Assoupa, dit Honnorat. 





| 
| 
| 


ACO 


Acivada, v. Donner de l'avoine. Aw fig: et par ironie, 
régaler d'une volée de coups, rosser. 

Dér, de Civado, avoine.. 

Aclapa on Réssègre, v. Couvrir de menue pierraille; 
recouvrir les:sillons d’une terre emblavée, soit à la pioche, 


soit à la: herse, et. briser les mottes pour mieux enterrer la 


semence-ou le fumier. 

Dér. de: Olu ou Clap, pierraille. 

Aclapassa, vw, Entasser des pierres en monceau ; amon- 
celer 

Dér: de: Clapas, tas.de. pierres. 

Aclata, v. Baisser, courber; accabler sous le poids; 

Dér. de: Cla, las, amas, monceau., 

Acok, s. »m. Mur de-soutènement en pierre sèche. 

Açor, s. des deux genres, ou Acordi, s: toujours 


m:. Accord, réconciliation, ‘bonne intelligence. — Estre: 


d'acordi, tre. cœur à cœur, — Acor est masculin ow 
féminin à peu près ad libitum. On dit : L'acor és facho, 
et‘dé bon acor. 
. Dér. du lat. Cor, cœur. 
Acoto , s. f: Une cale qu'on met sous le pied d’une table 


chancelante, sous la roue d'une charrette. pour l'empêcher 


de marcher. 

Dér. du lat. Cos, cotis. 

Acouassa (s'), v. Se, coucher comme les poules qui 
veulent couver. Au fig. se pelotonner, se tapir, s’accroupir, 
se mettre. dans toute sorte de posture qui rappelle une 
poule couveuse. 

Dér. de Coua ou Couga, couver. 

Acoubla, v. Accoupler, joindre par couple; joindre des 
bœufs ou des chevaux pour le labour. — Aquélo miolo 
acoublariè bièn. la miou, cette mule s'appareillerait bien 
avec la mienne. 

Acoucara (s’), v. S'encanailler, fréquenter la mauvaise 
compagnie, s'engueuser. 

Dér. de Coucarou. 

Acoucha (s’), v. Accoucher. 

Frad. du français. 

Acouchado , s. f. Accouchée. On dit Jasén en langue- 

Acouchurdo où Acouchuso, s. f. Aecoucheuse, sage- 
femme. En lang. Lévandièiro, — V. ©. m. 

Trad. du français. 

Acougassa, v. &. Faire. tomber ; congé sur le der- 
rière. 

Acougassa (s’), v. r. Le mème que s'Acouassa, s'acerou- 
pir. — V. c. m. 

Dér. de Couga, couver. M. sign. (go ouai 

Acougouncha (s’), v. S'accroupir. C'est un explétif du 
verbe précédent et il a la même racine. La posture qu'il 
désigne -est encore plus grotesque : c'est celle des magots 
de la Ghine que le XVIHS siècle nous à légués avec ses 
vieilles cheminées, 


| 





ACO 2% 
Acoulado, s. f. Accolade, embrassement les bras autour 


! 
du cou. 


Étym. du lat. ad collum. 

Acouloubri, ido, adj. Effarouché, irrté, envenimé 
comme: une couleuvre. Au fig. éveillé, déluré ; se dit d'une 
fille garçonnière. et hardie. 

Dér. de Coulobre: 

Acoumada, v. Raccommoder, radouber; assaisonner 
Au fig. concilier, convenir. 

Dér, de Coumode.. 

Acoumadamén, s: m. Accommodement, accord, trans- 
action, le mezzo termine d'un différend. 

Acouménça, v. Commencer. Au fig. chercher noise, 
être le premier à attaquer. — Ce mot, auquel on n'a fait 
qu'ajouter l& explétif, a une origine commune avec le 


‘ français, commencer, et l'italien cominciare. Cette origine 


se-prend dans le latin Cum, initiare. 

Acouménçamén ou Couménçamén, s: m. Commence- 
ment. Le premier se dit plus particulièrement du com- 
mencement d'un livre, d’une histoire. 

Acouménçanço, s: f. Commencement d'une histoire, 
d’un conte, d’une leçon, d'un livre. 

Acoumouda, v. Accommoder, arranger, apprèter. 

Acoumouda (s'). S'accommoder, se contenter de. — 
Qué s’acoumode, qu'il s'arrange. 

Acoumoula, v. Remplir par dessus les: bords, faire 
grasse mesure; accumuler, combler. 

Dér. de Coumoul. 

Acoumpagna, v. Accompagner, aller de compagnie. — 
Lou bon Diow vous acoumpagne, et sé plôou qué vous bagne, 
Diew vous accompagne, et s’il pleut soyez trempé. 

Étym. du lat. Comes, compagnon. 

Acouquina (s’), v. S'acoquiner, prendre des habitudes 
dé fainéantise et de débauche; s’accoutumer en un lieu, en 
certaine compagnie. Il est toujours pris en mauvaise part. 

Dér. de Couqui. 

Acourcha, v. Raccourcir, rapetisser. 

Acourcha (s’), v. Prendre le chemin le plus court. 

Dér. de Courcho. 

Acourcoussouni (s’), v. Se ratatiner, se ms MT: à 
de vieillesse ou de rachitisme. 

Dér. de Courcoussoù, charançon. Cet animal est plié en 
courbe dans l’alvéole où il se blottit; de là la comparaison 
du vieillard qui a à peu.près la même posture. 

Acourda, v. Réconcilier, accorder ensemble. 

Dér. d’Acordi. 

Acoussa(s'}, v. Se diriger vers, au pas de course; s'em- 
presser de courir; poursuivre. ; 

Dér. de Cousso. 

Acousséia, v. Conseiller, donner un conseil. — Voy. 
Cousséïa. 

Dér: de Coussél. 

Acousta, v. Accoster, aborder. 

Trad. du français. 


24 ADE 


Acoustuma, v. Accoutumer, habituer. 

Trad. du français. 

Acoustumado (à l’)}, «dv. Selon la coutume, l'habitude; 
à l'accoutumée. 

Acouta, v. Caler, mettre une cale sous le pied d'un banc, 
‘d'une table pour l'empêcher de brandiller, sous une roue 
de voiture pour l'empêcher de rouler seule ; étayer, mettre 
un étai. Au fig. arrêter. 

Dér. d’Acoto. 

Acouti, ido, adj. Tassé, épais, compacte.—Se dit très- 
bien du pain trop peu manipulé ou trop levé, qui est 
massif et compacte. 

Acoutra, v. Accoutrer, parer, habiller d’une manière 
ridicule et surchargée d’ornements. — Ce mot, contempo- 
rain du français Accoutrer, a une mème origine latine : 
ad, augment., et culturam, culture, soin du corps, parure. 
Ce serait donc un superlatif de toilette; ce qui la rend 
ridicule et grotesque. 

Acoutra (s'), vw. S'enivrer, se griser. Cette dernière 
acception n’est que l’extension de la première signification 
active; ne dit-on pas, en fr. familier : se pomponner, pour 
se griser ? 

Acoutramén, s. m»m. Accoutrement, costume bizarre. 

Acrû, s. m. Accroc, déchirure occasionnée par un corps 
crochu. 

Dér. de Cro. 

Acrochi, s. m. Embarras, difficulté, pierre d'achoppement. 

Dér. de Cro. 

Acrouchouni, ido, adj. Courbé, ratatiné de vieillesse. 

Acrouchouni (s’), v. S'accroupir, se blottir dans un 
coin; se mettre en peloton; se ratatiner, se ramasser tout 
le corps. — Voy. s' Amouchouna. 

Dér. de Crouchoù, quignon de pain, auquel un vieillard, 
ainsi fait, ressemble par sa masse informe, par sa couleur 
bise et la rugosité de sa peau. 

Acrouqua, ». Accrocher, suspendre à un croc. 

Dér. de Cro. 

Acrousti, ido, adj. Se dit du pain qui a beaucoup de 
croûte, et des plaies et pustules, où il se forme des 
croûles, des gales, des escares. 

Dér. de Crousto. 


Acul, s. m. Accueil. — Mot tout français, que notre 
languedocien s’est approprié et qu'il emploie très-bien. 
Acusa, vw. Accuser. — Contemporain du français, et 


dér. comme lui du lat. Accusare. 

Ade, n. p. Agde, ville (Hérault) : Aya0h, Agatha. 

Adéli, ido, adj. Déjoint, baillant comme un tonneau 
dont les douves sont déjointes par la sécheresse. Au fig. 
sec, amaigri, exténué. 

Étym, du lat. Deligare. 

Adéré, adv. De suite, pied à pied; un à un; sans rien 
laisser en arrière. — On disait en vieux français dans le 
même sens : à la rangette. 

Dér. de l'esp. Arreo, mème signification. 





ADR 


Adijà, adv. Déjà. 

Dér. de la bas. latin. Dejam. J 

Adiou! Adioussias ! interj. Adieu. — Le preinier ne 
s'adresse qu'entre égaux, ou de supérieur à inférieur. Le 
second, plus respectueux, s'adresse aux supérieurs ; où ‘aux: 
égaux, à qui l'on veut montrer des égards. C’est une phrase 
faite : À Diou-sias! soyez à Dieu! Le mot Adiou est la: 


‘syncope de la mème phrase, et par cela même ilest plus 


cavalier. Il n’en est pas de ces deux mots comme du fran- 
çais Adieu, que l’on n’emploie qu’en prenant congé d’une 
personne, jamais en l’abordant. En languedocien, ons'en 
sert avant, pendant et après la rencontre, indistinctement. 

Adouar , n. p. Édouard. — Depuis qu'on à raffiné sur ! 
le choix des noms propres, et que le peuple a abandonné 
les prénoms de Jean, Jacques, Pierre, etc., ila bien fallu 
que son idiome adoptât les noms nouveaux-venus et.quiil 
les appropriàt à son génie, Depuis lors, Adouar et son: 
diminutif Douaré sont devenus familiers et très- cie 
dans la langue. 

Adouba, v. Accommoder, apprêter, assaisonner; tanner; 
raccommoder, radouber; émonder; bistourner; renouer un 
membre; relier des tonneaux ; rosser, échiner. — Adouba 
la soupo, assaisonner le pot au feu. Adouba dé sowiès,. 
raccommoder des souliers. Adouba dé boutos, relier des 
tonneaux. Adouba dé pèls, apprèter, tanner des cuirs. L'an 
pas mâou adouba, on l'a bien ajusté. Té vôou adouba, je 
vais te battre, te rosser. 

Toutes ces acceptions procèdent du mème primitif, et. 
représentent directement ou par extension la même pensée. 
Le verbe est dérivé de Ado, terme ancien, hors d'usage, 
qui signifiait : lessive de tanneur, qui a formé Adobare; de 
la bas. latin., pour ajuster, armer, préparer, dont la racine 
Adob serait celtique. Adouber est du vieux français, qui 
s'est conservé comme technique au jeu des échecs et du 
tric-trac, quand il s’agit d’une pièce ou d’une dame dérangée 
à remettre en place; mais radouber, radoubeur, sont restés. » 
L'ancien Dauber où Dober appartient aussi à la mêmeori- 
gine et rentre dans le même sens. 

Adoubaïre, s. m. Tanneur; mégissier; tonnelier; save- 
tier; renoueur ; châtreur. 

Adoubaje, s. m. Raccommodage; apprèt; manière d'ap- 
prêter ; réduction d’un membre luxé. 1 

Adoubun, s. ”. Assaisonnement, qu'il soit huile, beurre, 
lard ou saindoux. 

Adoun, adv., Alors, pour lors; en ce temps-là. 

Dér. du lat. ad tunc. 

Adoura, v. Adorer. 

Trad. du français. 

Adraïa, v. Fouler, battre un Fe. le rendre Sable 

Adraïa (s’), v. Se mettre en route, s’acheminer. Au fig. 
se mettre en train, se dégourdir les jambes. 

Dér. de Draïo. 

Adraqua (s’), v. Sécher à demi ; se ressuyer. — On po pas 
séména qué noun la tèro siègue adraquado, on ne peut pas 








AFA 


semer avant que la terre soit ressuyée de la pluie. Linge adra- 
qua, linge essoré; froumaÿe adraqua, fromage à moitié sec. 

Adré, écho, adj. Adroit, habile. 

Dér. du lat. Dexter ou ad rectum. 

Adré, s. m. Exposition sud d’une montagne, opposée 
à l'avès, exposition nord. 

Mème dérivé que le précédent, ad rectum, c'est-à-dire 
vers le bon côté. Avès est dér. de Adversus, contre, con- 
traire, opposé. 

Adréchamén, adv. Adroïitement, avec dextérité, avec 
adresse. 

Même dér. 

Adréssa, v. Adresser, envoyer à quelqu'un. — S’adréssa 
à qudouquus, s'adresser à quelqu'un, lui demander des 
renseignements. 

Dér. de la bass. lat. Addirectiare, envoyer directement 
à quelqu'un, dont l'esp. a fait Enderezar, et l'ital. Addi- 
rizzare. 

Adrèsso, s. f. Adresse, habileté. 

Dér. de Adré. 

Adrèsso, s. f. Adresse, suscription d’une lettre-missive. 

Dér. de Adréssa. 

Adrissa, v. Dresser, placer debout; rendre droit; faire 
tenir droit; relever. 

Adrissa (s’), v. Se cabrer; se redresser. — Adrissa-vous, 
levez-vous. Sé tiras tro la brido, vaï s'adrissa, si vous 
tirez trop la bride, il va se cabrer. 
> Dér. de a explétif, et Dré, droit. 

Adu, ucho, part. pass. de Adure. 

* Adure, v. Amener, conduire, apporter. 

Dér. du lat. Adducere. 

Adusa ou Adésa, v. Atteindre à une chose élevée, 
hors de la portée ordinaire. — Ly pode pas adusa, je ne 
puis y atteindre. Y adusara pas, il n’y parviendra pas. 
C’est la position du renard de la fable, sous les raisins. 

Dér du lat. Adire, Adeo. 

Afacha, v. Dépouiller les châtaignes rôties de leur coque 
à demi brülée, les éplucher. — Cette opération se fait d'ordi- 
nairé en les agitant dans un paillon ou panneton, appelé en 
languedocien Païassoù, où on les recouvre d’un torchon. 

Afachado, s. f. Châtaigne rôtie au moyen d'une poële 
percillée. 

Sauvages, qui est parfois admirable dans ses étymologies, 
s'amuse sans doute dans celle qu’il donne à ce mot. Il le 
fait dériver de l'ital. Afaciato, effronté, sans pudeur. 
« D'autant, dit-il, que les châtaignes qu'on fait rôtir ou 
griller, pètent dans les meilleures compagnies. » 

Cette plaisanterie accuse du reste la difficulté d'extraire 
cette racine. Dans ses notes, La Fare-Alais pensait que ce 
mot tenait probablement à quelque circonstance, à quelque 
anecdote locale, qui n'étaient pas venues jusqu'à nous, et 
qui sont spéciales aux Cévennes d’Alais; car, dans le reste 
des Cévennes, on dit Brasucado, dér. de Braso, et c’est 
plus naturel. 





AFA 25 


Sauf le respect dû à nos maîtres, la racine ne se trouve- 
rait-elle pas simplement dans Afait, Affach, pris du roman 
Afaiter, préparer, séparer, raccommoder, dér. du lat. Afec- 
tare; d'où l'esp. Afeytar, orner, parer, ce qui a donné 
Affaitamen, Affachador, Affachamén, et dans notre vieux 
langage Afachomén, une tuerie; et dans le dialecte gascon 
Affaych, préparation; dans le bas-limousin Afachadoù, 
atelier où l'on foule les chapeaux, et Afachadis, criblures 
que l’on enlève en vannant le blé? Certaines ressemblances 
sont souvent de grandes présomptions de parenté. 

Afaïra, ado, adj. Qui a beaucoup d'affaires; quiest en affai- 
re; surtout celui qui a de mauvaises affaires, qui ades dettes. 

Afaïre, s. m. Péj. Afaiïras, dim. Afaïroù. Affaires; 
particulièrement procès. — Aquéles afaïrasses m'émpachow 
dé dourmà, ces diables de procès m'ôtent le sommeil. 
Aqud's un doutre afaïre, je ne l'entends pas ainsi. Un 
home d'afaïres, intendant, homme d'affaires; un avocat, 
un avoué. Aqud's pa’n afaïre, ce n'est qu'une bagatelle. 
Din l'afaire d'un an, dans un an, dans l’espace d'un an. 
Aïci d'afaïres, voici bien des difficultés. 

Afaïroù, s. #. dim. Un petit outil, un petit ingrédient; 
un objet dont on ne trouve pas de suite le nom propre. 

Mème origine que le mot français. 

Afama, v. Affamer, causer la faim. — En termes 
d'agriculture on dit s’afama, en parlant des racines des 
arbres arrachés depuis longtemps, exposées à l'air, et qui 
ont de la peine à reprendre, quand elles sont mises en 
terre. C'est ce qui arrive souvent aux müriers de pépinière 
qu'on transporte d'un marché à l’autre et qui restent sans 
vendre pendant longtemps. Le meilleur moyen de connaitre 
si ces arbres sont trop anciennement arrachés, c'est de 
trancher un bout de racine. S'il sort par l’incision une 
sève glutineuse de couleur de lait, on est assuré que les 
arbres pousseront. Du reste le mürier est une plante très- 
vivace, et il est rare qu'il ne pousse pas même après un 
long éventement de ses racines. Le châtaignier et les frui- 
tiers sont bien plus délicats. 

Dér. du lat. Fames. 

Afara, ado, adj. Efflaré, qui a la figure farouche et 
décomposée par la surprise, la peur ou la colère. 

Dér. du lat. Fera. 

Afasqua, v. Dégoüter, rassasier jusqu'au dégoût, ce 
qui est le propre des mets trop gras. 

Dér. sans doute du lat. Fastidium. 

Afasquoüs, ouso, adj. Rassasiant jusqu'au dégoût. 

Du lat. Fastidire, Fastidiosus. 

Afatiga, v. Lasser, fatiguer ; empressé ; embarrassé. — Es 
afatiga coumo un pdoure home qué coulo sa trémpo, empêtré 
comme un homme pauvre qui coule sa piquette : il y va 
de cul et de tête, comme une corneille qui abat des noix. 

Dér. de Fatigo. 

Afatouni, ido, adj. Mou, lâche, usé, avachi, comme le 
linge qui a perdu son apprêt par l'usage. 

Dér. de Fato. 


96 AFO 


Afatrassi, ido, adj. Péjoratif du mot précédent : c’est 
un degré de plus. Il est dérivé de Fatras, péjor. lui-mème 
de Fato. Mais Afatrass se dit, en outre, des personnes qui 
ont perdu leurs forces, et particulièrement des jambes qui 
flageolent de faiblesse maladive. 

Aféciou, s. f. Zèle, ardeur, application; vif intérèt qu'on 


apporte à un ouvrage. — Y ana d'aféciou, travailler de 
tout cœur. — Il n’a rien de commun avec l'affection en 
français 


Dér. du lat. Aficere, exciter, émouvoir. 

Afénadoù, s. m. n. pr. Petite hôtellerie de route 
où l’on ne fournit que du foin. — Ce mot a vieilli et 
n’est connu que par le nom d’une maison, où d’un quartier 
par extension, sur la route de Nimes à Moulins, près de 
Portes. 

Dér. de Fé, foin. 

Afénadoù, s. m. Trappe par laquelle on jette le foin du 
grenier dans l'écurie. 

Afénaira, v. Faner le foin, le tourner, l’apprêter au 
soleil, le mettre en meule; faire tout le travail qu'exige 
cette récolte quand elle est fauchée. 

Dér. de Fé, foin, et Énaïra, donner de l'air. 

Afénaïraïre, aïro, adj. Faneur, faneuse. 

Afénaje, s. m. Nourriture en fourrage donnée au bétail, 
soit dans une écurie, soit dans un herbage, sans peser le 
foin; sorte de pension. — Métre soun chival à l'afénaje, 
mettre son cheval en pension, fourrage à discrétion. 

Afénassa, v. Ensemencer un champ en pré, y semer de 
la fénasse, de la graine de foin; vendre du foin en botte. 

Dér. de Fé, foin. 

Aféta (s’), v. S'affecter, prendre un air affecté. 

Trad. du français. 

Afiança, v. Se promettre en mariage, passer des pactes 
de mariage. — Ce verbe est actif en languedocien. — 
Afiancè uno tèlo, il s'engagea avec une telle. 

Dér. du lat. Fidentia, confiance, foi. 

Aficha, v. Afficher. 

Trad. du français. Dér. de Afigere, attacher à. 

Aficho, s. f. Affiche, placard. 

Trad. du français. 

Afincha (s’), v. S'appliquer à... avec zèle ; mettre tonte 
son attention, toute son intelligence à quelque chose; y 
appliquer sa finesse et sa vue. 

Dér. de Fi, adj., fin, rusé, attentif. 

Afina, v. Ruser, cajoler dans l'intention de duper ; affi- 
ner, polir, rendre plus fin un objet, faire la pointe. 

Dér. de Fi, adj. 

Aflaqui (s’), v. S'affaiblir, se relâcher, s'amollir; devenir 
faible, mou, flasque. 

Dér. de Fla. 

Afoula (s’), v. S’afloler, s’engouer, se passionner. 

Dér. de Fol. 

Afourti, v. Assurer, affirmer opiniätrément. 

Dér. de For. 





AGA 


Afourtuna, ado, adj. Qui a de la fortune; bien partagé 
des biens de la fortune ; favorisé du sort. 

Dér. du lat. Fortuna. 

Afourtuna, v. Ce verbe n’est employé que dans cette 
phrase interj. Diou m'afourtune! Diou vous afourtune! 
Que Dieu m'assiste! Que Dieu vous soit en aide! Cette 
expression n’est communément qu'explétive, sans que la 
circonstance soit assez importante pour nécessiter une pieuse 
éjaculation. On le dit lorsqu'un enfant pleure ou qu'il fait 
du tapage, qu'une chose dérange ou importune; lorsqu'on 
veut souhaiter bon voyage à un ami ou mème à un indif- 
férent. 

Dér. du lat. Fortuna. 

Afraïra (s'), v. S'associer; proprement se faire des dona- 


tions réciproques entre mari et femme, entre parents ou 
amis. 

Dér. de Fraïre. 

Afréjouli (s’), v. Se refroidir, tourner au froid. — Low 
tên s'és bièn afréjouli, le temps est devenu bien froid. Soui 
tout afréjouli, je suis tout transi de froid. Lous vièls soun 
afréjoulis, les vieillards sont frileux. 

Dér. de Fré. 

Afrésqua, ado, adj. Empressé, alléché, la gueule enfa- 
rinée. — Il a son origine dans le mot frés, frais. V. c. m. 

Afrésqua (s’), v. S'apprôter vivement; se hâter. 

Afri, ido ou iquo, adj. Avide, empressé, affriandé ; ardent, 
âpre à la curée. — Es afrè dou traval, il est affectionné à 
l'ouvrage. 

Dér. du lat. Apricus, ardent. 

Afriquèn, èno, adj. Africain, d'Afrique. 

Afriquo , s. f. Afrique, partie du monde. — Depuis la 
conquête d'Alger, l'Afrique est devenue populaire et réveille 
d’autres intérêts que ceux de sa géographie. 

Dér.du lat. Apricus, chaud, ardent ; ou selon Roquefort, 
de l'arabe Aphrah, séparer. 

Afroun, s. m. Injure, outrage, affront. 

Dér. de l’ital. Afronto, ou du lat. ad frontem. L’affront 
est une injure en présbnce de celui qui la subit : ad fron- 
tem ejus. «© 

Afrounta, v. Affronter, rencontrer de front; mais sur- 
tout injurier, donner un démenti. 

Afrountur, s. m. Affronteur, insolent, trompeur. 

Afroüs, ouso, adj. Affreux , horrible, épouvantable. 

Dér. du grec vpx, frayeur. 

Agaboun, s. m. — Voy. Agdou. 

Agacha, v. Regarder devant soi; regarder avec attention, 
considérer, admirer. — Agachas! Voyez donc! V. Achas. 

Dér. du grec 4y&w, admirer, regarder avec surprise, 
être frappé d'étonnement. 

Agaci, s. m. Cor, durillon, calus; excroissance dure et 
douloureuse qui vient aux pieds. 

Agafa , v. Prendre à la volée; saisir avec la main ou 
avec un chapeau, un tablier, ce que l'on jette de loin; 
attrapper. 


ei 





Dr 


AGI 


Étym. du vieux mot lang. Gaf, qui signifie Croc, dont 
lé fr. a tiré et conservé gaffe, gaffer. 

Agalanciè, s. m. Eglantier, rosier sauvage; Rosa rubi- 
ginosa, Linn. — Sa fleur se nomme Eglantine. Son fruit, 
qu'on appelle gratte-cul, sert à faire les conserves de cynor- 
rhodon, dont il se fait un commerce d'exportation consi- 
dérable dans la petite ville de Meyrucis (Lozère). 

Nodier dit que le savant Périon fait venir ce mot du 
grec #yhavros, arbre ou fleur épineuse. 

Agalavardi, ». Affriander, accoutumer à la friandise. — 
Au participe passé, Agalavardi, se dit surtout du bétail 
mal gardé et qui a trop accoutumé d'aller brouter dans 
les blés ou les vignes. 

Dér. de Galavar. 

Agalis (én), adv. En biaïs, en biseau, en talus, endiagonale. 
… Dér. de aval, par le changement du v en g, qui est fréquent. 

Agalousses, s. m. plur. — Voy. Agdousses. 

Agani, ido, adj. Retrait, mal-venu, mal nourri, par 
vice d’origine. Au fig., chétif, exténué, rachitique. 

Dér. de l’ital. ingannare, tromper, frustrer. Son étym. 
remonterait-elle au sanscrit aghan, exténué? 

Aganlo, s. f. Noix de galle. Elle est fournie par le chène 
des teinturiers. 

Étym. du lat. Galla. 

Aganta, v. Prendre, saisir, empoigner.— On dit égale- 
ment : té véou aganta, je vais t'agripper; sé l’agante, si je 
te prends, et aganto aqud, attrape ceci; agantè un tapas, 
il reçut un soufflet ; ce qui est prendre. 

Dér. de Gan, de l’allem. wand, ou du lat. vagina, gaine. 

Agâousses, s. m. plur. où Agalousses. Ononix ou 
arrête-bœuf épineux ; Ononis spinosa, Linn., planteligneuse 
A famille des Légumineuses, commune dans les blés. 

L'étym. du mot, selon les uns, se trouve dans le celt. 
äga, bois ; selon d’autres, dans l'arabe, et aussi, par cor- 
ruption, dans le lat. aculeata, aculeosa. 

Agaracha, v. Donner une œuvre aux champs laissés en 
jachère ; laisser reposer une terre. 

Dér. de Gara, guéret. 

Agas, s. m. Erable, arbre; Acer, Linn. 

Ce mot paraît d’origine ligurienne. 

Agasso, s. f. Pie; en v. fr. agasse; Corvus pica, Linn., 
oiseau de l'ordre des Passereaux, commun dans nos 
climats et connu par son caquet. — Au fig., se dit d'une 
personne au babil étourdissant. 

Du bas-br. Agac, dit Sauvages. 

Agassoü, s. m. dim. Le petit de la pie. — Tramblo 
coumo lou quiou d'un agassoù, il tremble comme la feuille. 

Agérbassi (s’), ou Agérbi (s’), v. Se gazonner, devenir 
herbeux, se couvrir de graminées; se taller. 

Dér. de Girbo. 

Aginouïa (s'), v. S'agenouiller , se mettre à genoux. 

Aginouia, v. Terme de vigneron: couder, coucher un 
sarment dans la fosse pour le provigner. 

Dér. de Ginoul. 


AGN 7 


Aglan, s. m. Gland, fruit du chène, — Voudridi èstre 
un aglan, qu'un por mé mangèsse, je voudrais être un gland 
et être mangé par un porc : c'est une expression d'an- 
goisse quand on se trouve dans une situation malheureuse 
et sans issue; mais le plus souvent le peuple, qui est tou- 
jours hyperbolique, l'emploie pour une simple contrariété. 

Dér. du lat. Glans, glandis. 

Aglana, ». Ramasser des glands, faire la glandée; don- 
ner, distribuer du gland aux pourceaux. 

Agnano, s. f. n. pr. de lieu. Aniane, petite ville, chef- 
lieu de canton de l'Hérault. — Une célèbre abbaye d'hom: 
mes de l'ordre de Saint-Benoît y fut fondée du temps de 
Charlemagne. Les bâtiments qui restent encore ont été 
transformés en maison de correction. 

Un vieux dicton languedocien dit : Inoucèn d'Agnano. 
Quelle est son origine? Lé français dit bien dans le même 
sens : Niais de Sologne, qui ne se trompe qu’à son profit. 
Les habitants de la Sologne passent pour avoir d'autant 
plus d'intelligence qu’ils en font paraitre moins, et ils 
mettent dans les affaires qu’ils traitent une habileté secrète 
qui les fait toujours tourner à leur avantage. On a dû 
trouver dans nos contrées que, tout en contrefaisant le 
simple, l'habitant d'Aniane était aussi extrêmement adroît 
et alerte sur ce qui regarde ses intérêts ; de là le dicton, : 
naturalisé bien avant qu'il y eût des détenus à Aniané, 
qu'on ne peut pas traiter d'inoucén, mème en commettant 
un jeu de mots à la française ; car il s'applique à tout individu 
de l’acabit du niais dont il est question, en sous-entendant 
la dernière partie de la phrase qui complète le sens. 

Agnèl, s. m. Augm. Agnèlas, dim. Agnèlé où Agnèloù. 
Agneau, petit agneau. — Les moutons changent de nom 
en changeant d’âge; ils sont d’abord agnèl depuis leur 
naissance jusqu'au retour de l’amountagnaÿé, à la fin d'août; 
alors ils deviennent bédigas. L'an d’après, à la mème époque, 
ils sont doublén, ensuite tèrnén, et ainsi de suite. — Agnèl dé 
la, agneau de lait, qui n’a été nourri que de lait. Agnèl dé 
can, agneau qui a mangé aux champs. Es un agnäl, il est 
doux comme un agneau. Quinte agnèlas! Quel grand 
agneau, quel bon diable! Aqud's la sournéto dé l'agnël blan, 
c’est toujours la même répétition. Ce proverbe tient à un 
usage des conteurs de sornettes. Lorsqu'ils sont ennuyés des 
demandes qu'on leur adresse pour en conter une nouvelle, 
ils disent : Véou vous dire la sournéto dé l'agnèl blan. — Ah! 
voui, diga-la, s'écrie l'assemblée; et le conteur : Sé voulès 
qué vous la digue, vous la diraï. — Voui! voui / diga-la, 
insiste-t-on de plus belle. Mais le conteur se renferme 
dans son éternel : Sé voulès qué vous la digue, vous la diraï, 
jusqu'à ce que, fatigué de cette vaine répétition, le cercle 
| d’auditeurs passe enfin condamnation. On dit en français, 
pour la mème chose : c'est la chanson du ricochet. 

Agnèl, agnèlé, agnèloù sont des termes de cajolerie 
| enfantine, de tendresse mignarde. 
| Dér. du lat. Agnus, dim. Agnellus, qui vient lui-mème 





du grec éyvés, pur, chaste. 


LE 


28 AGN 


Agnèla, v. Agneler, mettre bas, en parlant des brebis. 

Agnèlado, s. f. Le croit d'un troupeau, sa portée 
d’agneaux dans l’année. 

Agnèlo, s. f. Agneau femelle. —Se dit particulièrement 
d’une brebis qui commence à porter avant d'être à l'état 
de bédigasso. Cet animal souffre de cette précocité; il 
ne peut se développer, vit dans un état rachitique, si tou- 
tefois il ne meurt pas en mettant bas. Les éducateurs ont 
plusieurs procédés pour prévenir cette nubilité trop hâtive. 

Agnèlo, s.f. Nielle des blés; Agrostema githago, Linn., 
plante de là famille des Caryophyllées. Son grain mêlé au 
blé rend le pain noir et amer. 

Dér. du lat. Nigellus, noirâtre. 

Agno, désinence, en fr. Agne. 

Par ordre alphabétique, Agno est le premier d’une série 
de suffixes, qui se sont formés sur toutes les voyelles en 
ègno, égno, igno, ogno, ougno, ugno, qui tous présentent 
des particularités curieuses dans l’histoire de la formation 
de la langue. Ces finales entrent en composition de noms 
‘communs, substantifs ou adjectifs, et d’un certain nombre 
de noms propres d'hommes et de lieux, avec un caractère 
spécial. Elles ont été d’ailleurs soumises à tant d’altéra- 
tions diverses, qu'il n’est pas sans intérêt de faire ici 
connaissance avec elles, en leur consacrant un mème 
article. 

Dans toutes les langues, les noms se forment en quelque 
sorte par des procédés systématiques. L'élément rudimen- 
taire reste à peu près invariable, et c'est au moyen des 
suffixes qu’il se modifie suivant les acceptions auxquelles 
il est destiné à s'appliquer. Chaque pays, par une disposi- 
tion particulière, obéissant aux influences de son orga- 
nisme vocal, adopte de préférence la formule qui convient 
le mieux à ses facultés d'articulation et de vocalisation ; 
et dans ses vocables appellatifs surtout, parce qu'ils sont 
sujets à se répéter plus souvent et doivent être plus fixes, 
il rapproche les lettres et les combinaisons les plus faciles 
pour lui à prononcer. 

Ainsi, étant donné un radical, il est nécessaire de Jui 
imprimer une certaine forme stable et commode pour en 
étendre le sens ; il faut ajouter une désinence caractéris- 
tique pour lui faire signifier que l’objet désigné par lui doit 
s'unir à un autre objet ou qu'il n'en est qu'une partie, 
qu'il en dérive, qu'il en provient ou qu'il doit s'incorporer 
à lui, pour préciser sa descendance, le qualifier plus expres- 
sément, et pour déterminer ses dimensions, son étendue, 
ses propriétés. C'est l'adjectif tiré du substantif; le quali- 
ficatif joint au significatif; le diminutif ou l’augmentatif 
venant modifier le simple, ce qu'on nomme la dérivation: 
c’est le fonctionnement des suffixes. 

Cette loi est universelle: partout mèmes procédés pres- 
que mécaniques, en ce sens que, les mots représentant les 
idées, l'accessoire suit le principal, la désinence supplétive 
étend la signification du radical. Ce qui fait la variété des 
idiomes à base commune comme le celtique et le latin, 





AGN 


d'où sont issues nos langues modernes, n’est en définitive 
que la différence de prononciation. Les rapports sont sou- 
vent cachés, inappréciables à l'analyse, mais ils existent. 
Ils se sont dénaturés par des raisons inconnues, mais des 
points de contact vérifiés laissent voir leur rapprochement. 
Chaque groupe de population a, en effet, des tendances de 
langage qui lui sont propres, des habitudes qui le portent 
à rechercher certains sons et à en éviter d’autres ; les dia- 
lectes naissent de ces convenances toutes locales, et de 
cette manière se lie et se décompose l’ensemble général, 
sans perdre ses affinités, mais en les laissant s’oblitérer et 
en les écartant plus ou moins de la source commune. C’est 
pourquoi, dans ces recherches qui remontent quelquefois à 
des origines lointaines, il y a à tenir compte de l’état des 
idiomes voisins et de la philologie comparée. C'est faire 
une tentative dans cette voie que d'essayer, sur les mots 
de notre langue, de surprendre le secret de leur formation 
originelle; de savoir par quel instinct naturel ou quel tra- 
vail prémédité, la pensée et son expression s’est plue à 
revêtir certaines formes plutôt que d’autres, et de démèler 
sous l'empire de quelles propensions et de quelles antipa- 
thies particulières quelques-unes de ces expressions sont 
arrivées jusqu'à nous, etontété adoptées. Pour cela, l'étude 
des désinences est d'une importance considérable; car ce 
sont ces syllabes, insignifiantes en apparence, qui donnent 
à une langue son type individuel, son cachet et son carac- 
tère. Du petit au grand, le dialecte a sa valeur; si modeste 
que soit sa part, il a droit de se présenter au concours. 

De la langue la plus anciennement parlée dans les 
Gaules, le celtique, nous n'avons que des notions impar- 
faites, réduites à quelques centaines d'expressions éparses 
dans les écrivains latins ou grecs, et à quelques lambeaux 
d'inscriptions lapidaires; il n’a été recueilli aucun monu- 
ment écrit d’une sérieuse portée. Rien n’est resté dans l'air 
de son accentuation. Cependant, avec les mots qui nous 
ont été conservés, avec les appellations géographiques, et 
les noms d'hommes, que la stabilité naturelle de leur signi- 
fication et de leur structure a protégés davantage, si l'on 
n'est point parvenu à composer un vocabulaire complet, il 
a été possible de discerner sûrement ce qui appartient dans 
nos langues modernes à l’idiome primitif, et de lui attribuer 
telles formes, telles locutions, telles racines qui, ne se 
retrouvant pas ailleurs, n’ont pu lui servir de modèle et 
remontent nécessairement à cette source. CelL élément pri- 
mordial .mérite d'être relevé avec prudence, sans doute, 
mais avec un soin minutieux. 

Les colonies grecques, établies sur le littoral méditerra- 


‘néen, eurent des rapports de commerce et d'échange avec 


les populations voisines ; mais bien que florissantes et d’une 
civilisation plus avancée, elles ne se mélèrent jamais avec 
le corps gaulois au point d'exercer une influence, qui n’eut 
pas le temps d’ailleurs d'être bien profonde. Les mots grecs 
que nous avons retenus nous ont élé apportés presque tous 
par l'intermédiaire des Romains. 


; 





AGN 


Le latin doit être considéré comme le vrai générateur de 
- nos idiomes. Il avait pénétré dans la Gaule et dans la Nar- 

bonaise, avant l'arrivée de César. Après la conquête, il s’y 
naturalisa avec une absorbante énergie, et tout concourut 
à favoriser sa prédominance et à en prolonger la durée : 
les lois, l'administration, la civilisation, la religion, mème 
l'esprit national. Le christianisme vint encore seconder son 
influence. Les invasions germaniques des Francs et des 
Visigoths, loin de comprimer cet essor, accrurent sa popu- 
larité : les barbares l'adoptèrent, et leur conversion à la 
religion chrélienne, leur orthodoxie ne contribua pas peu 
à le maintenir, bien qu'ils eussent versé un élément nou- 
veau dans le langage par leur prononciation. Mais il faut 
dire que ces altérations furent plus sensibles au nord qu'au 
midi de la France; et nous n'en avons que plus tard res- 
senti les effets par le français d’Outre-Loire. 

Mais la langue importée par les vainqueurs de la Gaule 
et par les colons à la suite n'était pas le latin classique et 
cicéronien : c'était le langage déformé de Rome, familier 
aux soldats et au bas peuple, hérissé de barbarismes. La 
latinité gauloise se forma d'abord sur ce modèle; et encore 
la nouvelle langue, pour se répandre dans le pays con- 
quis mais toujours indompté, dut-elle se soumettre à une 
foule d’altérations néologiques, se plier à des exigences 

‘ dont la masse de la nation puisait le principe dans son 
indépendance. Car, tout en acceptant un langage qu'ils 
n'avaient pas appris dans leur enfance, les indigènes ne 
renoncèrent pas à leurs habitudes de prononciation, et 
firent violence au latin pour l’approprier aux formes natu- 
relles de leur pensée. 

oignages les plus certains attestent que le vieux 
gaulois, en pleine possession de son territoire au VII et 
au Ville siècle, se maintint longtemps encore; même au 
XIIIe siècle, son extinction n'était pas complète. Mais déjà 
tous ces ferments de celte, de latin , de tudesque avaient 
commencé à se fusionner. Puis, quand ce pêle-mèle se 
réorganisa sous le soufile d’un esprit différent, après de 
longues élaborations, une langue véritable était créée. 

Elle fut d'abord qualifiée de rustique, comme si elle 
n'eùt été qu'une dégénérescence d’idiomes corrompus ; 
mais une dénomination plus juste, qui est un souvenir, ne 
tarda pas à prévaloir : elle est appelée Romgn ; et c’est le 
roman qui a donné naissance à la langue d'Oil et à la 
langue d'Oc, ces deux filles si glorieusement régénérées. 
— Voy. Léngadd, Patouès, Rouman. 

L'œuvre de recomposition fut lente : elle suivit les phases 
de la grandeur romaine, qui mit du temps à mourir. Dans 
le principe, elle était inconsciente, irréfléchie, ignorant sa 
voie, mais entrevoyant un but; elle s’inspirait et se gui- 
dait par un vague souvenir, qui n'avait jamais péri et qui 
ramenait peu à peu le peuple, lui qui fait la langue, vers 
des inflexions qui lui avaient été familières. En acceptant 
le latin, il l'avait soumis, par une sorte d’instinct méca- 
niqre, aux aptitudes les plus conformes à son organisme 





AGN 29 


vocal ; en le transformant, il ne cherchait qu'à porter dans 
la prononciation les prédilections ou les antipathies qui 
étaient dans sa nature. 

Un respect traditionnel entourait les racines, qui sont 
l'âme des mots : les modifications s’accomplirent donc plus 
volontiers sur les désinences. Elles s'adressèrent surtout à 
celles qui avaient le cachet romain, d'abord parce qu'elles 
étaient moins dans les prédispositions organiques de la 
voix, puis parce que ces finales, sans signification par elles- 
mêmes, n'affectaient qu'accessoirement la substance du 
mot, que le changement ne voulait pas atteindre. Le génie 
national reprenait les coneessions arrachées par les vain- 
queurs : c'était l’affranchissement qui s'annonçait. Ce 
retour à l’ancien esprit gaulois offrirait des coïncidences 
qui vont plus loin que les formes du langage. 

Mais les signes de cette réaction se manifestent clairement. 
Le premier besoin est la rapidité de la parole répondant à 
la promptitude de la conception : et la contraction des mots, 
la simplification des modes et des cas marquent des écarts 
d'indépendance qui protestent contre l'ampleur et la régu- 
larité latines. L'accentuation se reprend à des cadences et à 
des agencements de syllabes qu'une bouche et une oreille 
romaines n'avaient pas inventés : et il s'ensuivit la nécessité 
de combiner autrement la forme d’une foule de mots. On 
le voit : si les fondements latins restaient encore solides, 
un édifice plus jeune s'élevait sur eux. 

Les éléments de cette révolution du langage se trouvent 
dans le changement de formes, dans les modifications des 
désinences, qui obligent l'appareil phonétique à prendre 
d’autres flexions plus en harmonie avec ses tendances et 
ses habitudes natives. C’est ce qu'il faut constater par des 
applications et des exemples. Qu'on en juge à l'œuvre. 

Chez nos ancêtres gaulois la forme du sufixe était AC = 
EC; nous l'avons déjà signalé. — Voy. À, suff. Son accen- 
tuation, forte sans doute, à cause de la lettre finale, devait 
cependant être adoucie ou assourdie par un son guttural, 
ressemblant à celui du X grec, qui lui servait d'expres- 
sion dans l'écriture: et ce qui le prouve, ce sont les 
variantes dialectales, conservées dans la néo-celtique en 
ach = iac = aue = och —=ech; nuances ménagées pour 
estomper des tons trop durs. Les permutations opérées plus 
tard en S doux, en J ou G doux, comme équisonnants, 
seraient aussi un indice de quelque valeur. 

Ces désinences étaient employées à adjectiver les mots, 
à former des termes ethniques, patronymiques, géogra- 
phiques, à marquer la possession, la filiation, l'apparte- 
nance, la collectivité. En voici quelques exemples : Bron, 
tristesse, bronach, triste; bod, touffe, bodec, touflu ; karad, 
amitié, karadee, aimable; suil, œil, suilech, qui a des yeux; 
stan salut, steinech, salutaire; plum ou plwm, plume, 
plumauc où plumawe, emplumé, dial. cornique ou cambrique. 
En gaélique : Albanach, Écossais; Erionnach, Irlandais ; 
Sacsanach, Anglais ; en bas-breton : derv, tann, chène, 
dervek, tannec, lieu planté de chènes, abondant en chênes ; 


30 AGN 


ounn, frène, ounnek, frènaie, etc., etc. — Voy. Zeuss, 
Gram. celt.; Le Gonidec, Dict. bret. 

Mais, arrive la domination étrangère, et les mots cel- 
tiques n’entrent plus dans le langage usuel qu'à la condi- 
tion de revêtir la forme romaine. Le latin avait sa termi- 
naison caractéristique générale en us, a, um; partout où 
un terme gaulois se rapprochait d’un des siens par le sens 
ou la consonnance, dans les noms propres qu'il ne tenait 
point par politique à défigurer, dans les dénominations 
locales qu’il importait de ne pas débaptiser, il s'appropriait 
le mot et se contentait d’adjoindre sa formule propre à la 
désinence vaincue. Mais à part sa finale en acus, aca, acum, 
la plus proche, qui a été la plus durable et qui donne en- 


core à bien des noms propres, dans la moyenne latinité, 


une physionomie gauloise, il avait aussi ses suflixes en 
anus, a, um}; aneus, a, UM; anius, assius, EnNUS, inus, 
onus ; de la même catégorie, et exerçant de pareilles fonc- 
tions adjectives, possessives ou collectives. Les Gallo- 
Romains adoptèrent ces désinences dictées par le vain- 
queur, et ils les vulgarisèrent en les étendant en anicus, 
enicus, inicus, onicus, a, um, employées généralement au 
plur. fém. : anicæ, enicæ, inicæ, onicæ. Suivons la gradation 
sur les noms d'hommes et de lieux. On trouve dans César : 
Divitiacus, Dumnacus, Valetiacus ; dans Tacite : Galgacus, 
Caractacus; Sidoïne-Apollinaire cite Avitacum, prædium 
Aviti, Prusianus ; Grégoire de Tours, Brennacum ; l'Iiné- 
raire d'Antonin, Juliacum, Tiberiacum, Solimariacum ; les 
chartes, Flaviacum, Aureliacum, Pompeiacum, Pauliacum; 
et en même temps, à cette dernière période, on rencontre 
Martiniacum et Martinhanicæ, Colonia et Colonice, 
Condacum et Condusonicæ, Salvanumet Salvanicæ, Alsonum 
et Aisonicæ, Veranum et Verananice, et ainsi d’une foule 
d’autres. De sorte que la progression pourrait être celle-ci : 
Brenn, primitif celtique, donne directement Brennus ; puis 
Brennac, Brennacus, celto-latin, fils ou descendant du 
Brenn ; et dans les noms communs, devenus noms de lieu, 
collectifs, cass, cass-ac, cass-ec, forme celtique; cassacus, 


cassanus, casnus, forme latine ; Cassanicæ, forme gallo- 


romaine, etc., etc. Les transformations se firent sur ce 
modèle; inutile d’en détailler l’interminable nomenclature. 

Tel était le produit du mélange du gaulois et du latin, 
parlés simultanément, à côté l’un de l’autre sur le même 
sol. Les désinences ac = ec affaiblies en ach, auc, ech, 
furent donc soumises à la prononciation romaine, qui don- 
nait toujours le son dur au C, semblable au K rude, 
même sur les voyelles douces e, à, et qui articulait forte- 
ment le N, dont il ignorait le son mouillé. Les Gallo- 
Romains avaient surenchéri en redoublant les deux sons 
de ces consonnes dans anicæ, enicæ, inicæ, onice. 

C’est contre la dureté êt la sécheresse de ces intonations 
que devait protester la langue romane en France, comme 
le firent tous les idiomes dans les pays où les Celtes avaient 
séjourné, une fois que la puissance romaine eut cessé de 
peser sur le langage. 





AGN 


Aussi, ac — ec, la forme première, représentée par 
acus, ecus, icus, ocus, um, perd-elle d'abord sa finale 
latine; puis le e s'amoindrit et coule; il permute avec le 
ch ou le j et g doux ; il disparait même entièrement de nos 
appellatifs, où il ne se fait jamais sentir. A part quelques 
exceptions, qui localisent une dénomination, il se trans- 
forme de vingt manières différentes, selon les influences 
auxquelles il obéit. Tandis que la géographie ancienne 
garde ses acum ou anum immuables, à tous les points de 
l’horizon, les terminaisons nominales se sont changées en 
a, as, àt, 6, ei, ie, ter, ière, tes, y, eux, ieux, etc. Il faut 
encore comparer, pour ces métamorphoses du ac =, 
dans la signification adjectivée, nominative, colleclive ou 
diminutive, les variantes qui paraissent autant formées sur . 
le suffixe celtique que sur le correspondant latin ou sa 
latinisation, comme édo, t, iètro, et leurs dérivations où 
leurs analogies sur les différentes voyelles, et les affinités 
êt les permutations de lettres. — Voy. lettres C, G, et Édo, 
1è, etc. 

Dans les finales anus, anum ; enus, inus, onus; aneus, 
enius, inius, onius, au masc. et au neutre, d'importation 
latine plus marquée peut-être ou du moins plus éloi- 
gnée des suffixes celtiques, le roman, pour les traduire, 
supprime également la caractéristique latine; il garde an, 
en, in, on, avec ou sans à antécédent, et souvent même il 
efface le n dans les noms communs, au moins de notre dia- 
lecte, comme bo, cous?, mati, etc.; et dans ceux où la consonne 
persiste, elle prend, dans le Midi surtout, une expression si 
fortement nasalisée qu’elle devient un caractère typique de 
notre idiome. — Voy. An, suff. 

Les désinences féminines ana, ena, ina, ona, una, et 
surtout ania, enia, inia, onia, unia; anea, inea, onea, 
unea, se reproduisent plus particulièrement dans le vieux 
languedocien et dans le moderne par nos finales agno, égno, 
ègno, igno, ogno, ugno, qu'emploie le français sous diffé- 
rentes formes transmises par le roman, en agne, aigne, 
eigne, oïgne, ogne. — Voy. aux mots : Cassagno, Gamégno, 
Gascougno, elc., etc. 

Et encore sur tous ces suffixes, à peu près indifférem- 
ment, tant sur ceux où le c est la consonne dominante que 
sur ceux où ln se rencontre, il intervient fréquemment 
une autre combinaison très-répétée en aÿe, éje, êje, ije, oje, 
uje, le J remplaçant le G doux, —et en acho, ècho, écho, 
éncho, icho, ocho, qui dérivent du même principe et qui 
vont reparaître sous un autre aspect. 

Les Gallo-Romains avaient, disons-nous, représenté les 
désinences principalement en icus, a, um, en les latinisant 
plus durement, par anicæ, enicæ, inicæ, onicæ, où se rap- 
prochaient les deux consonnances fortes de l'N et du C. 
C'était une transformation qui voulait peut-être rappeler 
le suffixe primitif des aïeux et le mettre en contact avec 
ceux des vainqueurs ; mais cette finale de la moyenne lati- 
nité, à dur redoublement, devint particulièrement antipa- 
thique au roman et aux autres langues néo-latines qui se 





AGN 


recomposaient. La malheureuse terminaison en nicus, nica, 
nicum, quelque voyelle qui lui serve de véhicule, a le don 
d'horripiler tous les idiomes en voie de rénovation, et 
cause les écarts de prononciation les plus étranges. 

En France, le roman en fait anègues, enèques, inègues, 
onèques, et aniches, anénches, anges, enges, inges, onge. 
Lelanguedocien emploie là-dessus sa voyelle féminine propre 
0, mais la forme en est conservée. Dans l'espagnol et l'ita- 
lien, comme dans la langue d'Oc, se retrouvent des procé- 
dés identiques; et il est remarquable qu'en Espagne, à 
propos de l'altération apportée plus tard par le languedo- 
cien sur ces désinences anègues, onègues, etc., venant de 
anicæ, enicæ, onicæ, se montre une articulation conforme 
à nos argues, erqgues, orgues. — Voy. Argue, Canounje, où 
des exemples sont cités. 

Cette variété anègues, enègues, etc., ne débarrasse pas la 
désinence d’une certaine rudesse, qu’amortit à la vérité la 
présence de l’e ou l'a atone ou muet, sur lequel elle tombe 
en languedocien comme en français; mais nous présumons 
que la flexion forte du g n'est ici que le résultat d’une 
exigence orthographique, quand il précède les voyelles a, 
o, u, dans nos dialectes. L'exactitude de cette induction 
nous est démontrée par ce qui existe de pareil en français, 
et aussi dans la prononciation du languedocien des Hautes- 


. Cévennes. Ainsi, pour traduire le lat. veniat, nos monta- 


gnards disent : qué végno, et dans la plaine on prononce : 
qué vèngue. Le premier est plus pur; mais cette diffé- 
rence a peut-être amené une autre combinaison : celle 
du g suivant ln au lieu de la précéder, La mouillure est 
moins sensible : cependant ng n’est qu’un équivalent. C'est 
une gaportton du germain par les Francs ou les Visi- 
gotb$, qui n'avaient aucune facilité à articuler notre gn, et 
qui l'ont démontré en changeant presque toujours nos dési- 
nences agne, aigne, eigne, igne, ogne, EN ange, inge, onge, 
dans les dénominations. Quoi qu'il en soit, la formule ré- 
pond exactement, par la suppression de la voyelle e inter- 
médiaire, à celle des romanes anègues, enègues, onèques, 
et ne sort pas d’une autre provenance. Dans le roman et 
au nord, où l’influence germanique se fait plus sentir, on 
trouve, comme formes analogues dans la langue du moyen 
âge:  dunge, dogner et duner, doner et dogner ; aviegne, 
avegne, avienent ; espreigne, preigne ; et venge, lenge, donge; 
et viengne, tiengne, dongne, qui sont aujourd’hui : donner, 
advenir, prendre, venir, tenir; sans compter encore d’au- 
tres variantes qui ne laissent pas d’être frappantes et fort 
congruentes à notre sujet. 

Dans cette généalogie de désinences, ce qui est essentiel 
à retenir, c'est l'introduction dans l’accentuation d'élé- 
ments tout-à-fait nouveaux et inconnus au latin. Le G 
guttural et souvent doux se substitue au C toujours dur 
du latin; le CH chuintant, qui est celtique, aspire aussi à 
reprendre ses droits; enfin, dans les suffixes qui font le 
sujet de notre article et dans beaucoup de leurs variantes, 
sur toutes les voyelles s'articule le GN mouillé, une des | 





AGN 31 


flexions de la plus incontestable origine gauloise. Et cé 
n'est pas un phénomène des moins remarquables que la 
reproduction de ces mouillures gutturales et nasales dans 
tous les idiomes celto-latins au moment où ils se renouvel- 
lent. Elles s'étendent mème à 4 mouillé, que le fr. et l'esp. 
adoptent, bataille, batalla, etc., que l'ital. représente par gli, 
figlia, bataglia, et notre dialecte par l’i tréma, féo, bataïo. 

En résumé, quand on suit à la trace ces transformations, 
et qu'on étudie leur dégénérescence graduelle dans ses prin- 
cipes et dans ses causés, il est difficile de ne pas recon- 
naitre, à voir leur identité d'emploi et de destination au- 
près du radical, que tous ces suflixes de mème famille sont 
égaux entre eux, et que, depuis les primitifs AC = EC en 
passant par le latin, ils peuvent ètre ramenés, par une 
équation logique et rigoureuse, jusqu'à la forme usitée 
dans nos idiomes modernes, si originale qu'en paraisse 
l'expression au premier aspect. La singularité de physio- 
nomie qu'affectent parfois certaines désinences n’est pas, 
au reste, sans avantages : elle signale et met dans un relief 
plus frappant le menibre sut lequel il faut d'abord opérer 
pour arriver par la dissection jusqu’à l'os, c'est-à-dire au 
radical. Dans la recherche des étymologies, il est bon 
d'avoir affaire à un mot ainsi surchargé, dont on peut du 
premier coup-d'œil dégager l'appendice à tournure connué 
d'avance. Mais la parité significative ou l’équipollence des 
terminaisons de même catégorie a une portée bien plus 
étendue : car si elle permet d'établir entre les mots et les 
noms, des analogies qui les font équivalents les uns aux 
autres, malgré la différence de leurs formes, quand ils pro- 
cèdent d’une racine unique, elle empèche encore et le plus 
souvent de confondre, avec un mot qui parait dérivé d'une 
langue de formation, comme le latin par exemple, une 
simple désinence, qui lui ressemble par sa physionomie, 
mais qui n'est en définitive que le produit d’une combi- 
naison régulière ou d’une altération successive. Ceci soit 
dit en passant pour notre finale Argue, à laquelle nous 
renvoyons. Mais que de ceci surtout ressorté clairement 
la loi d’affinité, de concordance, d'égalité de valeur dans 
les désinences supplétives, ce résultat obtenu sera fécônd ; 
et nous tenions à en consolider les bases. Les citations 
sous chaque mot feront mieux comprendre son impor- 
tance majeure. — Voy. Argue, suf]., Canounje, Cassagno, 
Sdouvagnargue, etc. 

Notre but ici, au moyen de ces observations générales, 
était encore de démontrer qu’au moins une partie de 
l'ancienne prononciation s'était conservée dans les Gaules, 
et qu'au moment de la rénovation de la langue qui devint 
notre idiome roman, tout imprégné de celte et de latin, 
qui ne faisait encore que se parler et se préparait à s'écrire 
en dévenant la langue d'Oc, cette tradition était assez 
intense, assez enracinée pour constituer un de ses attributs. 
essentiels, comme il arriva pour le français, l'italien et. 
l'espagnol. La prononciation obligea l'alphabet à se com- 
biner autrement, avec la mème énergie que la contraction 


32 AGR 


qui resserrait les mots : ce furent les premières tendances 
de l'esprit nouveau. Cependant, le plus souvent, l'expression 
significative, dépendance respectée du radical, se maintint, 
et l'accent tonique persista, comme en latin, sur la der- 
nière syllabe forte ou sur la pénultième. L’intonation, ce 
sentiment mélodique représenté par la mesure et la quan- 
tité, garda même dans la langue d'Oc de ces réminiscences 
qui en ont perpétué l’euphonie presque matérielle en longues 
et en brèves, dont nos dialectes ne se sont jamais séparés. 

Sans doute, il est difficile de bien apprécier la nature de 
ces diverses modifications à la distance où nous sommes de 
ce mouvement intellectuel et euphonique de notre langue, 
quand les changements peuvent être le résultat de circon- 
stances fortuites ou de particularités d’origine, de sol, de 
climat, ou de tant d’influences ignorées ; mais nous essaie- 
rons de les distinguer et de les débrouiller avec patience, 
et à l'aide de tout ce que nous pourrons recueillir de 
lumières et d'enseignements. 

Nos indications, si insuffisantes qu’elles soient, ne servi- 
raient-elles qu'à faire entrevoir la communauté d’extrac- 
tion de la langue d’Oïl et de la langue d'Oc, leur contem- 
poranéité de formation et de progrès, à montrer que celle-ci, 
déchue politiquement, mais aussi littéraire que jamais, 
n'est pas un des patois corrompus du français ; ces études, 
que de plus habiles compléteront, n’arriveraient-elles qu’à 
jeter une lueur bien faible sur nos origines et notre his- 
toire, qu’à sauver leur aridité technique par quelque uti- 
lité et un peu d'intérêt et de nouveauté, que nous persiste- 
rions encore à les suivre, et nous ne croirions pas notre 
labeur perdu. 

Agnuè, adv. Cette nuit, ce soir. — En vieux français, 
on disait : anuit. 

Dér. du lat. ad noctem. 

Agnuècha (s’), w. S'anuiter, se mettre en chemin la 
nuit, voyager de nuit. — Nous agnuèchan, la nuit se fait, 
la nuit nous gagne. En v. fr. s’anuister. 

Dér. de Gnuë. 

Agôou, s. m. plur. Agôousses. Le petit chène-vert épi- 
neux; Quercus coccifera, Linn. Plante ligneuse sur laquelle 
on cueille le kermès animal ou vermillon. à 

Agourini (s’), v. S'acoquiner; prendre des habitudes de 
paresse et d'ivrognerie; fréquenter mauvaise compagnie. 

Dér. de Gourin. 

Agoustén, quo, adj. Du mois d'août, d’arrière-saison. 

Dér. du lat. Augustus, qui lui-même a formé août, qui 
n’en est qu’une contraction. 

Agrada, v. Plaire, convenir, être au gré; agréer, ap- 
prouver. — Aquéles éfans s'agradou, fôow lous marida, 
ces enfants s'aiment, il faut les marier. Sa fagoun m'agrado, 
ses manières me conviennent. S'aqud vous agrado, si vous 
approuvez cela. 

Dér. de Gra, gré. 

Agradèlo, s. f. Épine-vinette; Berberis vulgaris, Linn. 
Arbrisseau épineux dont on forme des haies vives. Son 





AGR 


fruit en grappes est aigrelet et rafraichissant. Agradèlo est 
évidemment la corruption d’Aigradèlo, qui n’est qu'un dimi- 
nutif d'aïgre; c'est comme si l'on disait : l’Aigrelette. 

Agrâoutouni (s'), v. Se recroqueviller, se ratatiner, 
comme des cretons ou graisillons, connus en languedocien 
sous le nom de grdoutoù. à 

Agrava, v. Couvrir un champ de sable, de gravier, par 
inondation.— Gardoù agravo lous pras, le Gardon couvre 
les prés de gravier. 

Dér. de Gravo. 

Agrévou, s. m. Houx, arbre toujours vert, à fleurs mo- 
nopétales en rosette, hérissées de piquants, à baies rouges, 
et dont la seconde écorce sert à faire la glu. De ses bran- 
ches flexibles on fait des baguettes, qu’on appelle pour cela 
des houssines.— Ilex aquifolium, Linn., de la famille des 
Frangulacées ; assez commun dans nos bois. , 

Étym. du grec äypla, qui est le nom du mème arbris- 
seau, dér. de &yptos, sauvage, farouche, à cause des épi- 
nes longues et fortes de ses feuilles. 

Agriable, blo, adj. Agréable. 

Trad. du franc. 

Agrimouïiè, s. m. Groseiller à maquereau, arbuste épi- 
neux, dont les fruits sont assez gros, mais moins doux que 
ceux du groseiller sauvage ordinaire; Ribes grossularia, Linn. 
Son nom lui vient sans doute du goût aïgre de ses fruits. 

Agrimouio, s. f. Groseille à maquereau, fruit de l'ar- 
brisseau précédent. 

Agrioto, s. f. Griotte; variété de ce qu'on appelle à 
Paris la cerise, à laquelle notre griotte ressemble beau- 
coup, au goût près. La cerise est fort douce et la griotte 
est fort aigre. — Aqud's vraï coumo manjan d'agrüotos, cela 
est vrai comme il neige des boudins. Badinan ou manjan 
d’agriotos ? Mot à mot : plaisantons-nous où mangeons- 
nous des griottes? Est-ce pour rire ou tout de bon? Tel 
est le sens. Dans notre dicton, les griottes se trouvent mê- 
lées par la raison que leur goût âpre et acide fait faire à 
celui qui les mange une grimace, qui ressemble au rire, 
une sorte de rire aigre-doux, sardonique, laissant le choix 
entre le rire ou la grimace. 

Agroumandi, v. Affriander, apâter, affrioler. Le même 
que Agalavardi. — V. c. m. j 

Dér. de Grouman. 

Agroumia (s’), ou Agroumouli (s’), v. Se blottir; s'ac- 
croupir; se mettre en peloton ; se tapir dans un coin; se 
ramasser comme pour rentrer en soi-même. : 

Dér. du lat. grumus, grumeau, qui a donné aussi gru- 
mèl, du primitif grum, grain, d’où grumo, etc. 

Agroutiè, s. m. Griottier, arbre qui porte la griolte. 
— Voy. Grioto. 

Agruméli, v. Pelotonner, former des caillots, mettre 
en grumeaux. — Se dit des choses, jamais des personnes, 
pour lesquelles on se sert de Agroumouli. 

Dér. de Grumel. 

Agrunas, s. m. Prunellier ou prunier sauvage ; Prunus 





AGU 


spinosa, Linn., arbrisseau de la famille des Rosacées. Son 
fruit est d'une acidité et d'une Apreté remarquables. — 
On dit également : Agrugnèet Agrunëiè. — Voy. Bouïssoù. 

Étym. de &yprs, sauvage, champêtre; le celt. avait 
aigr, aigre. 

Agrunèlo, s. f. Prunelle, fruit de l'agrunas, dont on 
fait de l'eau-de-vie. 

Mème étym. 

Agu, part. pass. du v. Avédre, avoir ; eu, possédé. 

Aguè, 3° pers. sing. du prét. du v. Avédre. Il ou elle eut. 

Aguè (à l'},, adv. Aux aguets, à la piste. 

Dér, du grec äyéw, considérer attentivement. 
-Aguïado, s. f: Aiguillée de fil; aiguillon du laboureur : 
le bout pointu sert à piquer les bœufs, l'autre extrémité 
est armée d'une petite pelle, qui sert à racler la terre du 
soc et qui s'appelle Bourboussado. 

Dér. d’Aguïo. 

Aguialas, s. m. Aquilon, vent du nord-est. Il souflle 
pour Alais des Alpes piémontaises. — Il y a sans doute 
bien doin du latin Aguilo au langued: Aguialas, cepen- 
dant onne peut méconnnaitre entre les deux mots un air 
de famille. Le q du premier se change souvent en g par 
euphonie : c'est ici le cas. Quant à la terminaison, elle 
exprime évidemment un péjoratif caractéristique, car on 
‘ne parle de ce vent qu'avec aversion. Le grec alyrahôs, 
rivage, bord de la mer, vent de terre, a peut-être aussi 
contribué à sa formation. 

Aguïè, s. m. Porte-aiguille; pelotte, sorte de coussinet 
ou de bourrelet destiné à piquer les épingles etles aiguilles, 
recouvert et barriolé de morceaux de drap ou de velours. 
Autrefffles femmes de noblesse ou de bourgeoisie en fai- 
saient un ajustement de toilette qu’elles portaient suspendu 
à leur ceinture à côté de l'aumônière ou du claviè. (V.c. m.) 
Aujourd’hui des breloques remplacent ces deux symboles du 
travail et de la charité : la pelotte a aussi perdu sa place. 
Le mot lui-mème commence à être hors d'usage : affaire de 
mode, trait de mœurs, signe du temps. 

Odde, de Triors, dans ses Joyeuses Recherches de la langue 
tolosaine, de 1578, décrit comme suit ce petit bijou : 
« Aguillier est à dire vn petit peloton de drap que les fem- 
mes coustumierement tiennent pendu en leur ceinture, en- 
semble auec leur bource, auquel elles mettent et fichent 
leurs espingles, et doit estre tousiours beau, ioly, et s’il 
est possible neuf et la bource semblablement, autrement 
cela n'a point de nez, principalement quand de ieunes 
femmes le portent, car il n'est guivre beau et seant à vne 
ieune femme de prendre.vn vieil Aguillier, non plus qu'il 
est beau de chausser quelque vieille sabatte, groulle, ou 
escarpin dans quelque belle pantoufle, tonte neufue, ou 
mettre quelque vieil petas et piece de drap vsée sur de belles 
chausses toutes neufues. Et pour preuue de cela, ie mettray 
icy en auant ce nouueau et assez vsité prouerbe en ceste 
ville. de Tolose disant ainsin : À bourgo nauuo non cal 
aguillier vieil ; et hæc sint dicla nemine nominando. » 





AIA + 


Aguio, s. f. Aiguille à coudre, à tricoter; aiguille de 
montre; pièce de fer pour planter les vignes ou les saules... 
— Méntis pas dé la pouncho d'uno aguño, il ne ment pas 
d'un iota. ds 

Dér. de Acus, às, aiguille. 

Aguincha ou Guincha, v. Viser, prendre pour point de 
mire. 

Dér. de Guinche ou guènche, louche, parce qu'en visant 
ainsi, on ferme un œil pour mieux régulariser la ligne 
visuelle, et on a l'air de loucher. Peut-être encore ce verbe 
tire-t-il son origine de l'esp. guinar, regarder du coin de l'œil, 
eta-t-il la même communauté de sens avec le franç. guigner. 

Agusa, v. Aiïguiser, rendre aigu; pointu, tranchant. 

Étym. du lat. Acuo; acus, acutus. 

Agusadouïro, s. f. Pierre à aiguiser. — Voy. Chafre. 

Ah! interj. Ah! 

Ah! bé! interj. Ah! pour le coup ! 

Ai, 4re pers. sing. ind. prés. du v. Avédre; j'ai. 

Ai, interj. Aïe, cri de souffrance, de plainte, de sur- 
prise. — Aï/ dé ma dén! Ah! la dent! Aï/ mé fas mdou! 
Aïe ! tu me fais mal. Aï/ gai sès ? Ah! vous voila? 

Ai, diphthongue, c'est-à-dire réunion de deux voyelles 
produisant un double son par une seulemémission de. voix, 
L'articulation de cette syllabe, dans la langued'Oc, se fait 
en appuyant sur la première voyelle, tandis que la seconde 
reste faible: la voix dominante ici porte sur l'a, elle s'adou- 
cit et s'efface presque sur l’i final. 

En vertu du principe que toutes les lettres se prononcent 
et se font sentir, nous aurions pu éviter de marquer l'# 
d’un signe particulier. L'italien et le grec n'en emploient 
pas : ils écrivent simplement farai, vedrai; 6kaçés, fuat, 
xl, et tous les infinitifs passifs; et leur diphthongue aiala 
même consonnance que la nôtre. Cependant le tréma, nous 
a paru nécessaire, d'abord pour marquer une différence 
dans la prononciation de l'i entre ses variétés d’inflexion 
(F. la lettre 7); puis, pour sauver une exception que nous 
étions forcé d'admettre. Voici le cas : le français a la diph- 
thongue simple, sorte de voyelle, formée des deux lettresai, 
qu'il prononce tantôt comme é fermé, j'aimai, tantôt comme 
è grave, j'aimais; or dans notre dialecte se rencontrent 
certains mots d'origine toute française, mais impatronisés et 
consacrés depuis longtemps parmi nous, quoique en assez 
petit nombre, notamment, pour les citer presque tous : 
air, Alais, hais, conjonc. Pour ceux-là nous demandons, 
en faveur des lecteurs habitués à lire à la française, de leur 
conserver leur physionomie orthographique à la française. 

Certes, ils ne perdraient rien à être écrits comme ils se 
prononcent: èr, Alès, mè; cependant le moindre trouble 
à la lecture résulterait-il de cette configuration puriste, et 
il reviendrait :souvent, ce serait assez pour justifier une 
exception si peu exigeante d'ailleurs. L'emploi du tréma 
sur l'i après a devient ainsi tout à fait logique, et la règle. 
se trouve mieux confirmée, en rendant sensible la distinction, 
et en maintenant invariablement le son diphthongué sur aï. 

5 


% MG. 


Aïado, s. f. Sauce à l'ail, aillade; coulis du paysan, fait 
avec de l'ail, du persil:et du poivre. En Provence, cette 
sauce s'appelle atoli, parce qu'il y entre aussi de l'huile. 

Dér. de Aïé. 

Aïçaï, adv. Çà, deçà, de ce côlé, mais un peu. plus loin. 
— Tira-vous aigaï, passez de çà, de.ce. côté. 

Dér. du lat. Hàc. 

Aïçalin, adv, Ici-bas, ci-dedans, 

.r Comp, de Aïcè etialin. 

Aïçamoun, adv. Cà-haut. 

Comp. de Aïci.et amoun. 

Aïçamoundâou, adv. Cà-haut, mais plus haut encore 
que là place oécupée par l'interlocuteur. 

Comp. de Aici et amoundäou. 

Aïçaval, adv. Cà-bas. l'est presque synon, de Aïçalin. 

Comp. de Aïe? et aval. 

Aïci, ado. Ici, dans cet endroit. — D'aïci-'n-lai, doré- 
navant. D'aïci-’n-foro, en sortant d'ici, de ce pas, doréna- 
vant: 

Dér. du lat: Hic. 

Aiçd, pron. démonst. Ceci.— Qué séra tout aïgù ? qu’'ar- 
rivera-t-il? que sera-ce que tout ceci? Ai pdou qu'aïçà :vi- 
rara mdou, j'ai peur que ceci tournera mal. 

Dér. du lat: Hoc. 

Aïçgô-Aïlô, phr. faite. Ceci-cela, des si et des mais. 

Aïé, s. m. Ail, plante de la famille des Liliacées, AUium 
sativum, Linn.— Son oignon se divise en plusieurs gousses 
nommées beségno. L'assemblage de ces caïeux forme une 
tète qu'on nomme boussélo. 

Etym. du lat. Alium. 

Aïècha (s'), v. S'aliter, garder le lit: 

Dér. de: Je. 

‘ Aïèiro, s. f. ou Aïguïèiro, s. f. Evier, conduit, égoùt 
des eaux de cuisine. 

Dér. du lat. Aquarium. — Aïdiro n'est que la contrac- 
tion euphonique de aïguiiro. 

Aigadino, s. f. Ondée, pluie subite d'orage peu vio- 
lente; une faible inondation, ou plutôt l’inondation d’un 
petit torrent, d'un ravin. 

*Dér. de Aigo. 

Aïgagnäou, s. m”. Rosée, serein, vapeur exhalée de 
lhumus terrestre et condensée par le contact de l’air froid 
desla nuit: Malgré la démonstration physique, on dit : 
tombo d'cigagnäou, comme si la rosée tombait d'en haut, 
Le languedocien, passe encore; mais le français, qui doit 
être: etiqui est: eneflet plus docte, dit à: merveille : tomber 
dela rosée, le serein tombe; et personne ne s’en émeut. 

Dér. de Aïgo et de gnuëè, eau de nuit. 

Aïgaïè, s. m. n.pr. de lieu. Aigaliers, Aquilerium, com- 
mune du canton d'Uzès. — Voy. Aigoùs, et:1èïro, suffi 

“Aïgaje; s. m. Ce mot a le mème sens que aïgagndou, 


mais ilést plus générique; il désigne seulement: l'humidité: 


desiprés, du: terrain, de la feuille de müriers; trempés :de- 
rosée; 





AIG. 


Aïgarado, s. f. De l'eau rougie, du vin trempé: outre. 
mesure et:qui n'a conservé qu'une teinte rosée; dé-la rin- 
çure, de l'abondance. C’est. aussi une ondée d'eau de: vais- 
selle. 

Aïgardén, s. m. Eau-de-vie, alcool, liqueur plus ow 
moins, spiritueuse. et incolore. 

Formé de Aïgo et du lat. ardens, brûlant. En esp., agua 
ardiente; en ital. anc. acqua ardente. 

Aigardéntiè, s. m. Marchand, débitant, distillateur 
d'eau-de-vie; particulièrement les marchands. ambulants 
d’eau-de-vie, qui la débitent par contrebande. dans lescwil- 
lages et hameaux, loin des agents de la régie. 

Aïgasso, s. f., péjor. d’Aïgo. Eau sale, de mauvais-goût, 
et même de l’eau pure, eu égard au mépris que lui témoi- 
gnent les ivrognes. 

Aïglo, s. f. Aigle, oiseau de proie, de. l'ordre: des Ra- 
paces; Falco fulvus, Linn. Aquila fusca. Le. français fait 
une distinction de genre lorsqu'il s'agit de l'oiseau, animal, 
quiest masculin, ou-de l'emblème, insigne, qui: est alors, 
féminin ; le languedocien n'admet pas cette: différences 
seulement, lorsqu'il parle de l'aigle romaine ou napoléo- 
nienne, il francise tout à fait et prononce èglo. L'un. et. 
l'autre mot sont d’origine française. 

Aïgo, s. m., dim. Aïguéto; péj. Aïgasso. Eau. — Füou 
pas dire d'aquél' aigo noun béouraï, il ne faut pas dire: 
fontaine, je ne boirai pas de ton eau, pour: iline faut jurers 
de rien. Véou pas l’aïgo qué béou, il ne vaut: pas: l'eau 
qu'il boit; c’est, un homme de peu de valeur: Aÿ pantaïsa 
d'aïgos trébous, j'ai fait un mauvais rêve. Pér avédre dé: 
bono ago, féou ana. à la bono fon, pour avoir, de bonne: 
eau, il faut.aller à la bonne source ; qui veut bon conseil, 
s'adresse à bon conseiller. Kaïre las aïgos, se dit: des eaux: 
qu'une femme prête à accoucher. rend aussitôt: que: le: pla 
centa s'entr'ouvre pour laisser passage à l'enfant. Escampa. 
d'aïgo, verser de l'eau, uriner, pisser: Las aïgos li vènou. 
as. ièls, les larmes lui viennent aux yeux. Aïgo quélcourei 
fai pas mdou âou moure; en franc. du XVe siècle, on 
disait dans le même sens: Esve (eau) qui: court neporte 
point d’ordures (Prov. Gall, ms. cité par Le Roux de 
Lincy). Aquêl vièl a éncaro bono.aïigo, ce Vieïllardest.en- 
core vert, il.a bonne mine. Douna l'aïgo, ondoyer, un. 
enfant. L'an batéja émbé d'aïgo dé: mérlusso, ilLest: mal 
baptisé, c'est un pauvre chrétien. 

Aïgo-boulido, s. f. Eau bouillie, potage à l’eau, au sel 
à l'ailet à l'huile. 

Aïgo-déou-méinage, s. f. Eau de vaisselle, lavure. 

Aigo-courén, eau courante, rivière ou ruisseau. — L'adj, 
reste, au masculin, comme dans le mot: suivant, seulement 
pour, l'euphonie. 

Aïgo-for, s. f. Eau forte. — On donne cette qualifiçationà. 
l'acide nitrique ou sulfurique, à cause de:sa force dissolvante. 

Aïgo dé sardos, saumure desardines. Lasaumure s'exprime: 
aussi par Aïgo-sdou, composé de.aïgo et de sdou, avec sup- 
pression.de: l’article, comme dans les deux mots suivants 








AIG 


— JAïgo-nafo, éau de fleurs d’oraiger, éau de naffe. Du lat. 

“Aïÿo-roso, éau-rose, de fleurs de rosier. 

Aïgo-signado, ‘eau bénite. Signado, marquée du signe de 
‘la croix. 

Étym. du lat. Aqua; du rad. célt. Aa, ae, ag, eau. 

_“Aïgo-Morto, s. f. n. pr. Aigues-Mortés, ville, arrondis- 
‘sement de Nimes. 

Ce nom est composé avec l'adjectif qualificatif et le 
“réprésentant languédocién du célt. aa, ag, aqua, eau, trans- 
formé par le roman eve, ave, ve, euve, et ses nombreuses 
variantes. Il est entré de même dans Aïgo-Vivo, Aigues- 
Vives (Gard), et autres. 

Aïgo-pouncho, s. f. Bourgé-épine, espèce de nerprun ; 
Ramñus catharticus, Linn. Arbrisseau de la famille des 
Frangulacées, dont la feuille, l'écorce et surtout les baies 
sont purgatives. — Avec le suc épaissi des baies de ner- 
prun êt un peu d’alun, on prépare la couleur verte connue 
‘sous le nom de vert de vessie. 

"Aïgoùs, ouso, adj. Aqueux, de la nature de l’eau, qui 

mtiënt de l'eau, abondant en eau. 

Dér. du lat. Aquosus, formé du rad. celt. Aa, ac, ag, 
ayg, eau. 

I n’est pas peut-être de railical qui soit entré dans la com- 
position de plus de mots, avec plus de variantes. Nous ne fai- 
sons pas ici un dictionnaire géographique, pour le relever dans 
tous les noms de lieu qu'il a formés ; mais nous le signalons 
dans quelques localités les plus rapprochées, pour constater 
certaines analogies étymologiques à l'appui de ce que nous 
disons des noms propres locaux. Ainsi Aïgouso, Saint-Lau- 
rent-youze (Gard), et Aïguéso, Aiguèze (Gard), Aïgaië, 
Aquilérium, Aigaliérs (Gard), identiques entre eux, le seront 
encore avec Agusargues, Agusanicæ, Agusargues (Hérault), 
avec Aguzan, commune de Conqueirac (Gard) ; avec Aguessac 
(Aveyron), Aguillan (Drôme), comme avec Eyguières, Aqua- 
ria, et Eygalières, Aquaria (Bouches-du-Rhône); et de même 
âvéc Guzargues (Hérault), et Guzan (Hérault), par apocope de 
Va initial. Tous ces noms sont dérivés de la même source, 
ét la différence de leurs désinences n'ôte rien à leur com- 
munauté d'origine et de signification. — Voy. Argue. 

Aïgo-vès, s. m. Eau-versant, lés eaux-versantes d'une 
montagne, terme de cadastre: l'arôte, l'angle supérieur du 
prisme de la montagne ou de la colline. 

Dér. de Aïgo et de ves, en bass.-lat. Aqui-vergium. 

Aïgre, s. m. Coin de fer, outil quelconque faisant levier, 
quelquefois mêmeune pierre plus dure que les autres, qu'on 

pour point d'appui au pied-de-biche d'un levier, quand 
on véut soulever une masse, où débiter un banc de pierre, 
où faire une pesée. C'est ce qu'on nomme en français : 
wœrgueil. — Ce mot, qui n'est guère usité que chez les carriers 
et les chauffourniers, a donné naissance à un verbe fort 
employé, aïgréja, et dont l’acception en” est classique 
et multipliée dans ses applications. : 

Dér: ‘de Aïgre, à étym. lat. aéér, abris. 





AIM # 

Aigre, gro, adj. Aigre, acide, piquant au goût; au fig:, 
piquant, fâcheux, mordant. 

Aïgréja, ». Aigrir, sentir l'aigre, tourner à l'aigre. — 
Voy. Aïgre, adj. 

Aïgréja, v. Au prop. secouer fortement, cuittrétesien 
leviér, faire une pesée, Au fig, mettre en mouvement, 
mettre en route, décider, S'aïgréja, commencer à se remuer, 
se secouer, s'aviver, se mettre en train. Un enfant s'aïgréjo 
quand il se réveille, qu'il se démène et qu'il commencée à 
pleurer. 

Dér. de Aïgre, s. m. 

Aïgréto, s. f. Oseille; Rumex acetosa, Rumex scutatus, 
Lion. Plante champêtre et potagère à saveur trésacide. 

Dér. de Aïgre, adj. 

Aïgri (s’), v. S'aigrir, devenir aigre, passer à l'aigre. 

Aïguéja, v. Laver souvent; arroser, mouiller, baigner; 
passer du linge à l'eau simple. 

Dér. de Aïgo. 

Aïguièiro, s. f. Evier. — Voy. Aïeïro. 

Aïlaï, adv. De ce côté-la, de l'autre côté. — Lassas 
aqud aïlax, laissez donc cela ; brisez-là ; n'en parlez plus. 
— Voy. D'aïlai, En-lax. 

Formé du lat. Ad et illà, ou illàc. 

Aïlamoun, adv. Là-haut, au-dessus, amont. 

Formé du lat. Zlà, et ad montem, vers la montagne, du 
côté d’en haut. 

Aïlamoundâou, adv. Bien plus haut. C'est un angmen- 
tatif d’Aïlamoun, en y nd ddou, haut, qui est un 
réduplicatif de amoun. 

Aïlaval, adv. Là-bas, aval. 

Formé du lat. 71là et de ad vallem, vers la vallée, vers 
le bas. 

Aïma, v. Aimer, prendre plaisir à, se plaire à, désirer: 

Dér. du lat. Amare. 

Aïmable, blo, adj. Dim. Aïmabloù, aïmabléto; péjor. 
Aimablas, so. Aimable. — Le péj. armablas ne se dil que 
par contre-vérité. — Sès aïmablas / vous êtes gentil! repro- 
che-t-on à quelqu'un qui fait ou dit quelque chose de 
désagréable, de mauvais goût. 

Aïmargue, s. m. n. pr. de lieu. Aimargues, qui s'écri- 
vait aussi Aymargues, commune et petite ville dans le can- 
ton de Vauvert (Gard). 

Le nom d'Aimargue, parmi ceux qui portent la même 
finale, se prête moins qu'aucun autre à la combinaison fan- 
taisiste qui voulait que toutes ces dénominations désignassent 
des maisons de campagne ayant appartenu dans l'origine attk 
plus noblès familles patriciennes de Rome, ou tout aû moins 
à leurs riches affranchis établis autour de la métropole de 
Nimes. Dans la composition du mot, il n'entre ni lé nom 
d'homme Æmilius, ni même le latin ager, domaine. 

Pour s'en convaincre, il suffit de dégager d'abord là 
désinence adjectivé argue, sur le sens et l'origine dé 14- 
quelle nous nous éxpliquons. — Toy. Argue. Réstè 
corps du mot ; et remarquons qu'il a subi bien dés träñisfor- 


36 AIN 


_ mations, et que sa forme la plus récente n’a pas pu d'évi- 
dence autoriser sa plus ancienne dérivation. 

Or, le premier titre latin qui mentionne cette localité, 
est de l’an 813; elle y est appelée Armasanica in litlora- 
ria. En 961, et dans les actes publics depuis cette époque, 
on écrit tantôt Armasianici, Armatianicæ, tantôt Armada- 

.micæ, Armazanicæ, qui se fixent enfin en Armasanicæ. 

Dans le même temps, comme pour tous les noms à finale 
identique, la langue vulgaire disait Armasanègues, qui se 
trouve dans les vieilles chartes, et plus tard Emargues, 
Marques, Aimargues. 

En latin, comme en roman, on le voit, le radical est le 
mème; et il s’est conservé en languedocien. Armas ou 
Ermas, qui signifie, dans notre vieil idiome, marais, ter- 
rain marécageux, vague, inculte, s'approprie très-bien à la 
situation d’Aimargues, encore in littoraria au IXe siècle, 
et à plus forle raison quand l'appellation dut lui être ap- 
pliquée. Armasanica où Armasanèques supposent le pri- 
mitif Armas-ac où Armas-ec, ayant passé par Armas-ana 
où Armas-aca, latin, et n’ont pas d’autre sens que, champ, 
domaine, propriété, villa de l'Armas. Ce qui est modeste, 
et moins flatteur peut-être que la descendance romaine ou 
gallo-romaine de Æmilius, mais plus certain et plus naturel. 
— Voy. Agno, suff. 

Il est vrai que, dans la forme nouvelle, la substitution, 
sur la première syllabe, de la lettre à à la consonne r est 
étrange; mais le fait n’est pas isolé, on le dirait mème sys- 
tématique dans la composition de noms de ce genre dans 
notre pays. En effet, pour le Gard seulement, on trouve 
Goudargues, représenté par le lat. Gordanicus et Gorda- 
nicæ; Boussargues, par Brossanicæ; Bassargues, par Bar- 
sanicæ; Goussargues, par Gorsanicæ ; Massargues, par 
Marsanice. 

Malgré les variétés de désinences qui se sont attachées 
à la racine, il convient de rapprocher les analogies qu'in- 
diquent et que justifient les changements eux-mêmes du 
nom d’'Aimargue que nous venons de signaler. Ainsi nous 
trouverons les mèmes mots dans : Arman (Basses-Pyré- 
nées); Armeau (Isère); Armens (Gironde); Armous et 
peut-être Armagnac (Gers); Herm (Landes et Basses-P yré- 
nées); L'Herm (Gironde); L'Herm (Ariége, Haute-Garonne, 
Lot); Hermaux (Lozère) ; Armes (Isère); Armissan, Armel- 
lan (Aude); Armilhac (Lot-et-Garonne). Que ces dénomi- 
nations ethniques viennent denotre armas, langued., ou du 
gr. Épnuos, qui a fait le lat. eremus, leur identité est incon- 
testable, et justifie notre système de formation des noms. 

Aïna, ado, s. et adj. Ainé, ée, le premier né des en- 
fants; par ext. personne plus âgée qu'une autre, — Dans 
les familles villageoises, il est d'usage de distinguer le fils 
ainé en l'appelant l'aïna, le puiné cadè, et les autres, de 
leurs prénoms.— Faïre un aïna, faire à son fils aîné tous 
les avantages que permet la loi. Sès moun aïna dé quatre 
ans, Nous êtes plus âgé que moi de quatre ans. 

Dér. du lat. antè natus, né avant. 





AIS 


Air ou Êr, s. m. Air, fluide qui entoure le globe ter- 
restre ; vent, vent-coulis; mine, manière, physionomie, 
façon, allure; chant. — Anas préne l'air; allez prendre 
l'air. Faï d'air, un pdou d'air, il fait de l'air, il fait un 
peu de vent. À prés un air, un co d'air, il a pris froid, il 
a une fluxion, une transpiration arrêtée. Prén un air, il 
prend des airs de fierté. À un air dé sé ficha dé ièou, il 
semble vouloir se moquer de moi. Dono d'air à soun pèro, 
il a un air de ressemblance avec son père, c’est tout le 
portrait de son père. N'a pas l'air, il ne parait pas. Canta- 
nous un air, chantez une chanson. 

En l'air, adv. En l'air, en haut. 

Dér. du lat. Aër. 

Aïradé, s. m. Airelle ou myrtille, Vaccinium myrtillus, 
Linn.; petit arbuste de la fam. des Bruyères ou Ericacées. 
— Il croit sur les hautes montagnes, et ses fruits sont assez 
agréables au goût. 

Dér. du gr. AE, ay6s, de chèvre, plante de chèvre. 

Airé ou Ëré, s. m. dim. de Air. Petit air ; air, mine, 
tournure. — Un airécharman qué noun saï, un petit air, 
une tournure charmante et gentille comme on ne peut 
mieux. Ë 

Airéto, s. f. Petite enclume de faucheur pour rabattre 
la faux, pour étirer son morfil. 

Airiè, s. m. Chef d’une aire à battre le blé; celui qui en 
dirige les opérations. 

Dér. de Airo. 

Airo, s. f. Dim. Airéto. Aire, plate-forme pour battre le 
blé ; plate-forme pour les tuiliers, les potiers. 

Dérivé du lat. Area. ; 

Aïrôou, s. m”. Dim. Aïroulé. Aire, la quantité de 
gerbes qu'on foule à la fois sur l'aire; jonchée de diffé- 
rentes choses répandues sur la terre. — Ramassa la pas- 
turo à bèles aïrôous, ramasser du fourrage trop clair-semé 
par jonchées de quelques pouces d'épaisseur. 

Dér. de Aïro. 

Aïsa, do, adj. Aisé; mais il n’emprunte à cet adj. franc. 
que cette seule acception relative à l’aisance de fortune. 
Appliqué aux personnes, il signifie : douillet, délicat, qui 
aime ses aises, qui plaint sa peine. Dans ce sens, il se 
rapproche de Couwmode. V. ©. m.— Aqud po sé dire un 
home aïsa, voilà un homme qu’on peut dire jouir d’une 
honnête aisance. 

Dér. de Aïse. 

Aïsanço, s. f. Commodité, faculté, convenance. Par 
opposition au mot précédent, aisango n’est jamais employé 
pour aisance de fortune. — Aqud's une bèlo aïsango, cela 
est fort commode, cela évite de la peine, des corvées. 
L'aïisançgo d'un oustâou, la bonne distribution, les facultés 
d'une maison, un arrangement commode où chaque chose 
est à portée. | 

Dér. de Aïse. 

Aïse, s. m. Dim. Aïsé, augm. iron. Aïsas. Aise, con- 
tentement, commodité, repos heureux, satisfaction, sans- 


CT ES CS 


: Préne sous aïses, se prélasser, se dorlotter : 


AIS 


gène. — Soui én aïse dé vous véire, je suis charmé, bien 
aise de vous voir. Aquél home és à soun aïse, cet homme 
jouit d'une honnête aisance. Faraï aqud à moun aïse, je 


: ferai cela à loisir, sans trop me presser. Marcha à soun 


aïse, marcher à pas lents, au pas de promenade. Y-ana 

, aller doucement, avec précaution, sans se presser. 
] c'est le far- 
niente des Italiens. Vaï à toun aïsas, moun home, ne te 


: gène pas, mon garçon. 


Étym. du gr. Alsæ, convenance, bienséance, d'où aotos, 
heureux, favorable. 
. Aïses, s. m. pl. Êtres d’une maison, d'une contrée. — 


Sa lous aïses, sé pérdra pas, il connait la maison, le pays, 


il ne s’égarera pas. Un chasseur doit connaitre lous aïses, 
les allures, les mœurs, les remises du gibier. 

Aïsi, ido, adj. Commode, facile; bien à la main. — 
Aquél oustdou és bièn aïsi, cette maison est fort commode. 
Aquélo piolo és bièn aïsido, cette cognée est bien à la 
main. Sa fénno és pas gaïre aïsido, sa femme est d'humeur 
revèche et peu facile à vivre. 

Dér. d'Aïse. 

Aiïsino, s. f. Nom générique que l'on donne à tout 
ustensile, ou meuble, ou vase, qui sert à contenir soit un 
liquide, soit un solide. Ainsi, un panier, un plat, un seau, 


‘un tonneau, sont tout autant d’aïsinos. 


Dér. de Aïsi. 

Aïssado, s. f. Dim. Aiïssadéto. Marre, houe, outil de 
jardinier. — Dans les Hautes-Cévennes et dans le Vivarais, 
cet outil a un manche assez court, sa lame est triangulaire 
et légèrement recourhée en-dedans; c'est la même forme 
que la maille ou maigle de Bourgogne et la chèvre de Lor- 
raine. À Alais et dans les environs, le manche en est long, 
la lame large en carré-long et tranchant au bout; sa sur- 
face est plate; elle décrit un angle de 45 degrés avec son 
manche, qui s’y joint par un anneau ou œil et non par 
une douille comme la pelle. L'aïssado ou trénquo jardi- 
gnéro est plus large de lame; l'angle de la lame et du 
manche est plus aigu que dans le précédent outil. Celui-ci 
sert particulièrement aux jardiniers pour faire les semis ou 


‘plantations à raies dans un terrain meuble, et à creuser les 


canaux d'irrigation. 

. L'Aïssadéto est une serfouette, petit outil à lame pointue 
du bout, à l’usage des jardiniers et fleuristes, pour gratter 
Ja terre autour des plantes jeunes et délicates. 

Dér. du lat. Ascia. 
Aïssadoù, s. m. dim. Le même que le précédent Aïssadéto. 

_ Aïsséja, v. Se plaindre, geindre, soupirer. 

+ Formé de l’interj. Aï/ — Ces sortes de formation des 
verbes fréquentatifs sont un des caractères particuliers de 
Ja langue d'Oc. Les augm., les dim., les péjor. appartien- 
nent à un même ordre d'idées. Il est peu de mots dont on 


_ne puisse faire un verbe, et peu de he ne puissent 


mg 2 4 A 
cit ou renforce même le sens primitif. 


t, adou- 





AJU 37 


Aïsséjaire, ro, adÿ. Douillet, qui aime à se plaindre, 
qui ne cesse de gémir ; malade imaginaire. 

Aïsséto, s. m. Aissette ou aisseau, petite hache de ton- 
nelier et de sabotier, dont le manche, d'environ six pouces 
de long, porte un fer qui a d'un côté un large tranchant 
recourbé, et de l’autre une panne, un marteau, et quelque- 
fois une douille simple. 

Étym. du lat. Ascia, hache. 

Aisséto, s. f. Plainte faible; soupir continu d’un enfant 
qui souffre, propre particulièrement à la fièvre. — Aquél 
éfan méno uno aïsséto qué dévigno pas rés dé bo, ce pauvre 
enfant a une manière de se plaindre qui n’est pas de bon 
augure. 

Même rac. que Aisséja. 

Aïtabé, Tabé, Aïtambé, També, adv. Aussi, aussi 
bien, à cause de cela. 

Formés de Tan ou aïtan, autant, et de bé, bien. 

Aïtan, adv. et s. m. Autant, tant. — Un doutre aïlan, 
une autre fois autant. 

Aïuèncha (s'), v. S’éloigner, s'écarter d'un lieu, d'une 
personne. 

Dér. de Juèn. 

Aja, ado, adj. Agé, qui est avancé en âge. 

Trad. du franç. 

A-ja! interj. Cri de commandement d'un charretier pour 
faire obliquer son attelage à gauche. 

Ajassa, v. Coucher par terre, ou sur un lit. — Bla 
ajassa, blé versé. 

Ajassa (s’), v. Se coucher, s'étendre. — En parlant des 
vers à soie, il signifie: entrer en mue, se coucher sur la 
litière (jas). — Lous magnas couménçou dé s'ajassa ; s'ajas- 
sou à las quatre, les vers commencent à entrer en mue ; ils 
sont à la quatrième maladie. 

Dér. de Jas. 

Aje, s. m. Age. — Il semble une simple traduction 
du franç. C'est un de ces mots qui, manquant à la 
langue, ont dù être empruntés à leur voisin. En bon 
languedocien, on l’évite autant que possible. — On dit 
très-bien cependant : Un home d'aje, un vicillard. Es 
éncaro d'un bon aje, il n'est pas encore trop âgé. 
Sé fai adija din l'aje, il commence à être d’un âge assez 
avancé. 

Ajouqua, v. Jucher, percher, accrocher en haut. 

Ajouqua (s’), v. S'accroupir, s’assoupir, s'endormir sur 
sa chaise; en parlant des perdrix, se raser, quand elles 
aperçoivent l'oiseau de proie. 

Etym. du lat. Jugum, perche, juchoir, ou de Jacere. 

Ajougne, v. Atteindre, attraper, joindre quelqu'un qui 
marchait devant. 

Dér. du lat. Adjungere. 

Ajuda, v. Aider, secourir, venir en aide. — Les villa- 
geois, lorsqu'ils invitent à diner un ami, ne manquent 
jamais de lui annoncer le mets principal du repas. Ainsi 
on lui dit: Véndras m'ajuda à manja uno éspanléto, tu 


38 ALA 


viendras prendre ta part d’une éclanche. Diow m'ajude, 
Dieu me soit en aide. 

Dér. du lat. Adjuvare. 

Ajudo, s. f. Aide, secours, assistance, protection ; celui 
qui aide dans un travail. — As uno bono ajudo émbé ta 
fénno, tu as un bon associé avec ta femme. Siès dé pdouro 
ajudo, tu es d’un faible secours. Un pou d'ajudo faï 
gran bé, Prvb, un peu d'aide fait grand bien. On dit alter- 
nativement : Bon dré a besoun où n'a pas besoun d'ajudo, 
le bon droit a où n'a pas besoin d'aide. Le premier sens 
est rassurant; il ne faut pas toujours se fier au second. 

Dér. de Adjuvare. 

Ajusta, v. Ajouter, joindre, ajuster, additionner, mettre 
quelque chose de plus; viser pour atteindre un but en 
tirant. — Les premières acceptions dérivent de adjungere, 
joindre ensemble ; la dernière est formée du lat. ad-justum, 
juste, droit. 

Ajustoù, s. m. Petite pièce de bois ou d'étofle, ajoutée 
par assemblage ou par couture à une autre trop courte ou 
trop étroite. 

Dér. du lat. Adjungere. 

Al, artie. masc. sing. dat. Au, roman-languedocien ; inu- 
sité aujourd'hui dans notre dialecte, mais encore employé 
dans la région montagneuse des Cévennes, et mème dans 
une partie de l'Hérault. Il est formé par la contraction de 
à lou, qui a donné dou. — Voy. Aou. 

At est aussi l’article arabe qui s'est incorporé à quelques 
mots lang. et fr., tels que alambi, etc. 

Aladèr, s. m. Alaterne sauvage; Rhamnus alaternus, 
Linn. Arbrisseau de la famille des Frangulacées, toujours 
vert, qui croît sur nos collines et surtout parmi les bruyères, 
auxquelles il se trouve mêlé quand on s’en sert pour ramer 
les vers à soie; sa feuille ressemble à celle de l'olivier. 
Son nom lat. alaternus est probablement une altération de 
alternus, parce que les feuilles de l’aladèr, alaterne, sont 
alternées sur leurs branches. 

Alafan, s.m.Eléphant; Elephas maæimus, Linn. Mam- 
mifère onguiculé de la fam. des Pachydermes. — Alafan 
est une pure corruption du français ou plutôt un purisme 
languedocien, dont le génie tend à s'éloigner du type fran- 
çais, alors qu'il est obligé de Jui faire un emprunt. 

Étym. du lat. Elephantus, dér. du grec Ekégas. 

Alais ou Alès, s. m.n. pr., Alais, ville. — Ce nom a 
exercé bien des fois les investigations des étymologistes. On 
a prétendu l'expliquer par les armoiries de la ville, puis par 
sa configuration et même par son orientation. L'écusson 
porte, en effet, un demi-vol d'argent sur champ de gueules; 
mais avant l'époque incertaine où cette aile lui fut donnée, 
avant que la science du blason eût été mise en honneur, la 
ville et son nom existaient, et n'est-il pas naturel de penser 
que le nom fit naître l'idée de prendre une aile comme armes 
parlantes, au lieu d'imaginer que les armoiries inspirèrent 
le nom? Il parait tout aussi difficile d'admettre les autres 
systèmes. La rose des vents n'était pas inventée avec ses 





ALA 
indications d'£st et d'Ouest, quand le baptènié sé fit. D'an- 
leurs la forme Alest dérivait de Afestum; tradüétion latiñe 
à l'usage des tabellions, du nom roman Alés; de beaucoup 


plus ancien. Enfin, comme la ville ne s'était pds imipro- 
visée d’un seul jet dans un moule tout tracé, cominént 


_ cette figure d’aile aurait-elle été assëz nettement déssinée 


dès sa première plume, alors qu'il fallat la nommer, pour 
déterminer l'allusion ? Le mot de l'énigme n'est pas dans 
ces découvertes, plus ingénieuses que: vraies: Une autre 
solution du problème se présente. 

C'est au mot lui-même qu'il faut s'adresser pour tfotvér 
sa racine. Or, l'histoire fait remonter le nom d’A/esi& aux. 
âges les plus reculés. Elle raconte que, tréize siècles énvi- 
ron avant l’ère chrétienne, les Celtes, sous le rom de Volcés 
Arécomiques, qui occupaient le littoral méditerranéen de 
ka Gaule, eurent à lutter contre une invasion de raviga- 
teurs phéniciens, descendus sur leurs rivages. La colonie de 
Tyr venait explorer ces contrées inconnues ét y apporter 
sa civilisation et le commerce. Son but était d'exploiter lés 
mines de nos Cévennes, où l’oret l'argent se rencontraient 
alors presque à fleur de terre, et de faire l'échange de ses 
produits. Elle établit deux stations commerciales, à proxi- 
mité l’une de l’autre, pour se prêter un mutuel secours. Ba 
première, plus voisine de la mer, s’appela Namauwr, de 
Nama, en celtique, fontaine, où de Neimheish, gaëliqué, 
qui se prononce Némése, d'où on a fait Nemäusus, Nismes 
et Nimes. La seconde, plus haüt, au centre de l'exploita- 
tion et du trafic, fut nommée Alesia. 

L'attribution est certaine pour Nimes; les plus gravés 
historiens ne la mettent pas non plus en doute pour Alais. 
S'il en était autrement, il serait au moins singulier de 
trouver, après tant de siècles, les deux noms s'appliquant 
aux deux localités désignées par les anciens géographes 
grecs, dans les mêmes conditions topographiques, avec la 
même raison appellative, et une pareille communauté" d’ori- 
gine et d'existence. 

Au reste, cette Alesia primitive, malgré l'opinion de 
M. de Mandajors aujourd'hui abandonnée, n’a rien de’com- 
mun avec l'Alesia' de Vercingétorix, que la ressemblance 
de son nom, tiré du même radical et exprimant une posi- 
tion semblable. L'invasion d'Hercule dans les Gaules, 
ses conquêtes et ses voyages ne sont que le symbole de la 
marche et des progrès de l'antique civilisation phénicienne, 
et ce n’est que par une flatterie imaginée sous Augusté, 
pour honorer la mémoire de César, vainqueur d'Alesia, 
que la fondation de la grande cité gauloise fut ratächée 
aux aventures du demi-dieu mythologique: Mais la confu- 
sion n’est pas possible; car les commerçants de Tyrn'au- 
raient pu pénétrer si avant dans les terres, ni s’éloignér 
des Cévennes, où leur exploitation de or les avait attirés 
et les retenait. 

Campement fixe, station commerciale où ville, it importé 
peu; rien n'est resté que les deux nôms. Voilà pour tés 
inductions historiques. : 





ALA 
- Comme dernière épreuve, le nom a besoin d'être soumis 


à l'analyse dans sa composition. Il tient au celtique, puisque 


la langue du paysoù il était employé pouvait seule servir à 
la dénomination; et dans cet idiome il doit être significatif. 

Constatons d’abord la forme la plus ancienne : c’est 
celle qui, dans les noms propres et de lieux, rend le mieux 
compte de leur formation, qui les suit et s'attache à eux 
avec le plus de persévérance. Pour Alais, le mot est écrit 
dans les vieilles chartes Alès ou Allès. Alesia ou Alexia est 
composé selon le génie du grec; mais la désinence explé- 
tive ia laisse facilement apparaitre le radical primitif. 

Les deux syllabes du mot appartiennent au celtique. 
Al ou all, cité par Virgile et expliqué par Ausonne (44 
Celtarum), signifie : hauteur, élévation, sommet, montagne. 
IL est reproduit par le latin a/tus, correspondant à eæcelsus ; 
et dans toutes les langues dérivées, il emporte également 
l'idée de hauteur. Es ou ès final est aussi d'origine gau- 
loise. Il est fréquent dans les noms du Midi, où on le 
retrouve pour désigner une portion de territoire, une région. 
IL imprime à la racine af, en s’y joignant, comme une 
idée, de provenance, de dérivation. Dans ce sens, le mot 
entier ne pourrait que signifier : pays élevé, contrée haute, 
vers la montagne. C’est là, en effet, la désignation la plus 
caractéristique, celle qui exprimait le mieux la position, 
qui s'appliquait exactement à un certain territoire, Quand la 
ville, plus tard, vint à se bâtir, il était naturel de la dési- 
gner par le nom appliqué au pays sur lequel eHe s'emplaçait. 
Ses commencements furent si faibles, qu'ils ne méritaient 
pas d'abord dénomination spéciale de ville. Mais tout 
concorde. et se réunit pour rendre ces faits et leurs circon- 
stances vraisemblables ; iln’en faut pas davantage pour que 
notre étymologie soit juste. 

Après les diverses altérations que nous venons d’indi- 
quer, le nom était revenu à sa forme primordiale ; il s'écri- 


vait Alès où Ales, en français, au commencement du 


XVIIS siècle. Alors, pour éviter la confusion avec une autre 
ville du Midi, son orthographe définitive fut fixée en Afais. 
Nous la maintenons ainsi ; mais sans vouloir pour cela 
que:sa prononciation languedocienne soit altérée, pas plus 
qu’ellene devrait l'être en français. Les habitants du Nord 
nous chicanent un peu sur ce point. Ils prononcent Alais 
conime Calais, palais, ete., et s'étayant de l’analogie, ils 
trouvent ridicule qu'en Languedoc nous fassions sentir, en 
parlant, le s final: Serait-ce vraiment, un gasconisme que 
l'on aurait le droit de nous reprocher, et une contravention 
au beau langage, dont tout le Midi se rendrait coupable? 
Mais si les puristes ont raison de blâmer cette manière de 
faire sentir ici la consonne finale sifflante, pourquoi ae 
tent-ils lorsqu'il s'agit de Reims, de Sens, d'Air, qui, à 
coup sûr, ne-se prononcent pas COMME reins, sans, fai, 
ais? Pour. “vivre et. parler de bonne intelligence, ne vau- 
drait-il pas mieux se montrer. RER est inu- 
tile d'aborder une discussion sur les noms: 


lieux, mais il nous semble qu'on ferait. résoudte 


et de: 





ALA 39 


la question en faveur de la prononciation locale, qui doit 
être généralement adoptée : car c'est la seule manière de 
s'entendre partout, et même de parler correctement. 

Alanda ou Alandra, v. Ouvrir une porte, une fenêtre à 
deux battants. — De mème qu'on dit : Alanda la porto, 
ouvrir tout à fait la porte, on dit aussi : Alanda lou troupil, 
lâcher le troupeau, le faire sortir de la bergerie grande 
ouverte; Alanda lou fid, faire brüler le feu, et Alanda 
sa mérchandiso, étaler sa marchandise. Dans toutes ces 
acceptions, il se trouve un certain contact, une sorte de 
rapprochement qui peut servir à expliquer la racine du 
mot. Ne viendrait-il pas de ad latum, au large? 

Alanda {s’} v. S'étendre par terre, tomber de son long. 

Alangui, ido, adj. Triste, PORN E abattu, affaibli 
par le chagrin ou la maladie. 

Dér. de Langui, venant du lat. Languere. 

Aläougèiri, v. Décharger, alléger, rendre plus léger. — 
S'aldougäirà, se dévêtir, prendre des habits plus légers. Le 
proverbe dit : 

Aou més d'abriou 
T'aläougèires pas d’un fiou ; 
Aou més dé mai 
Fai cé qué té plai, 
Amaï éncaro noun sai : 

Au mois d'avril, ne te dévèêtis pas d'un fil; au mois de.mai, 
fais ce qu'il te plaira, et je ne sais encore si c’est prudent. 

Dér. de Zdougè. 

Alâouso, s. f. Alose; Clupea alosa, Linn. Sorte de 
poisson de mer qui.remonte le Rhône par grandes bandes 
pour aller déposer son frai. Sa chair est fort bonne après 
qu'il a vécu quelque temps dans l'eau douce, tandis que, 
pris dans la mer, elle est sèche et de mauvais goût. 

Alapas, s. m. Bouillon-blanc ; Verbaseum tapsus, Linn. 
Plante cotonneuse, à fleur blanche ou rose, agreste, adou- 
cissante, vulnéraire, détersive. — Voy. Bouïoun-blan. 

Alapédo, s. f. Asphodèle; Asphodelus, Linn. — L'ala- 
pédo. à fleurs blanches est fort commune dans nos bois. De 
la pulpe de sa racine, on fait une espèce de pain assez 
mangeable. Cette qualité était sans doute connue des 
anciens : car les, Romains avaient fait de l'asphodèle une 
plante des tombeaux ; ils la plantaient autour des: mo- 
numents funèbres, pour donner aux morts ou à leurs mänes 
le moyen de se substanter: — Voy. Pouraquo. 

Alarga, v. Elargir, faire sortir un troupeau de la ber- 
gerie. — S'alarga, s'étendre; devenir libéral. — Quan-t-un: 
vilèn  s'alargo, tout y vaï, il n'est rien de tel qu'un vilain 
qui se met en train. 

Dér. de Large. 

Alari (Sént-), n: pr. Saint-Hilaire, nom commun. à plu- 

Du lat: Hilaris. 

Alarja, v. Elargir, rendre plus large, un vêtement, un 
champ, un meuble, um canal, une fenêtre, un trou. 

Dés. de Large. 


40 ALÉ 


Alarmo, s. f. Tocsin. — Ce mot n'a pas d'autre acception. 
Il est formé de à l'armo, aux armes, cri pour courir aux 
armes à l'approche de l'ennemi. En ital. on dit : Al'arme. 

Alata, v. Elargir un troupeau, lui donner la clé des 
champs. — Le mème que Alarga. 

Dér. du lat. ad lata, sous-ent. deducere. 

Alcovro, s. f. Alcôve. — Corr. du fr., m. sign. 

Étym. : al koba ou el-kauf, en arabe, cabinet où l'on 
dort, tente. En esp. A/coba et alcova. 

Alédro ou Anédo ou Coutèlo (V. c. m.), s. f. Narcisse 
blanc des prés. Narcissus poeticus, Linn. 

Dér. du lat. A/bedo, blancheur. 

Alègre, s. m. n. pr. Allègre, commune du canton de 
Saint-Ambroix, arrondissement d’Alais, et nom pr. de 
plusieurs autres villages. Il est aussi quelquefois nom pr. 
d'homme. En lat. on le trouve écrit dans les anciens titres, 
Alegrium et Alergium. 

Ce nom est assez répandu; mais sa désinence n’est pas 
commune, car on ne la rencontre, dans notre langue, que 
dans pécègre, persica, et sègre, sequi, avec ses deux composés 
coussègre et pérsègre. Cette circonstance, etsurtout la variante 
latine, semblent être l'indice d'une altération ou d'une trans- 
position de lettres dans la terminaison. En ce cas, un primitif 
en èrge se laisserait soupçonner, et, par la prononciation du 
g dur, on arriverait à èrgue, finale adjective identique à 
argue. Les exemples de ces inversions ne scnt pas rares. 

De là, le corps du mot ne présentant d'ailleurs qu'une 


variété d'orthographe bien connue et insignifiante, l'ana-° 


logie serait directe entre Alègre, Alèrgue, et Aleyre, et 
Aléirargues, qui ne sont eux-mêmes qu'une forme de 
Alairac (Aude); Aleyrac (Drôme, Hérault, Haute-Loire); 
Aléira, Alleyrac (Gard); Alleyras (Haute-Loire) ; Allerand 
(Marne) ; Allaires (Morbihan); Alayrac (Aveyron, Tarn) ; 
Alairas (Ardèche); Alleyrat (Corrèze, Creuse);  Allières 
(Sarthe) ; qui auraient produit, par apocope de l'a initial, 
Layrac (Haute-Garonne et Lot-et-Garonne) ; Leyrat (Creuse) ; 
Lirac (Gard) ; Leran (Ariége) ; Leren (Basses-P yrénées); Laires 
(Pas-de-Calais) ; Lairargues (Hérault). Tous ces mots ont, en 
effet, pour racine le a! gallicum, de Virgile, al Celtarum d'Au- 
sonne, pour indiquer l'altitude, l'élévation, les montagnes. 
La conformité du nom de notre Alès, Allez, Alais, semble 
encore le ranger dans la même famille étymologique. 

Alémagno, n.pr. Allemagne. — On donne le sobriquet 
d'Alémagno à un Allemand, ou même à quelqu'un qui a 
voyagé et séjourné en Allemagne. 

Aléman, ando, adj. Allemand. — Las Alémandos est 
devenu le nom d’un quartier où se trouvait une ancienne 
taverne; c’est aujourd'hui une tuilerie à un kilomètre 
d'Alais, sur l’ancienne route de Saint-Ambroix. Il doit y 
avoir un siècle à peu près, deux femmes, des Alsaciennes 
peut-être, vinrent là établir une buvette qui attirait les 
chalands. Elles se firent peindre sur la façade de la maison 
par un barbouilleur de l'endroit; cette image, à demi effa- 
cée, se distingue encore : de là le nom, qui s’est conservé. 





ALI 


Alénga, ado, adj. Grand parleur, beau diseur; qui a 
Ja langue bien pendue, bien affilée ; qui a réponse à tout. 

Dér. de Léngo. 

Alèrto, adj. seulement fém. Alerte, éveillée, 
gourdie. 

Trad. du fr. 

Alésti, v. Préparer, apprôter; disposer; mettre en état. 

Dér. de Lèste. 

Aléva (s'), v. Se lever. — Ne se dit que du tmpe quand 
il tourne au beau, qu'il se lève. 

Algarado, s. f. Algarade; mercuriale, réprimande; re- 
proches bruyants et publics. 

Étym. de l'arabe et de l'esp. Algarada, qui signifie : 
course sur l'ennemi brusque et imprévue. 

Aliboufiè, s. m. Aliboufier ou alibousier, storax, styrax; 
Styraæ officinalis, Linn. Arbre de la fam. des Ébénacées. 
Il découle de cet arbre, dans les pays chauds, un suc bal- 
samique connu sous le nom de storax, que l’on conserve 
ordinairement dans des roseaux, calamus ; de là le nom 
de calamite appliqué à cette résine. 

Son étym. serait-elle prise de Até, haleine et de boufa, 
souffler, à cause de son odeur d’encens ? 

Aligna, v. Aligner, ranger sur une même ligne droite. 
—S'aligna, se battre en duel. 

Dér. du lat. À pour ad, et linea. 

Alimâou! interj. Péj. Alimdoudas! Animal! butor! 
grosse bête! — Il n’est employé qu'interjectivement et 
presque jamais comme subst. 

Corrupt. du fr. Animal. 

Alimase, s. m. Limace, limaçon sans coquille, mol- 
lusque rampant, visqueux. — Marcho coumo un alimase, 
il marche à pas de tortue. 

Dér. du lat. Limax, venu lui-même du grec Actu; 
Xzpov, pré humide. Û 
Alin, adv. Là-bas. — C'est à tort, selon nous, que Sau- 
vages le traduit par là-dedans. C'est sans doute la termi- 
naison, qu'il a prise pour la”préposilion latine àn, qui a 
causé son erreur. Il est bien certain que alin veut dire là- 
bas, bien bas, plus bas encore que aval; jamais il n’a 
signifié : là-dedans. Jl est formé du lat. Ad et imum, au 

fond. 

Aliroü, s. m. Aileron, extrémité de l'aile à laquelle 
tiennent les grandes plumes.— Le mot est formé de même 
que le fr., mais non pas d’après lui : car ici le languedo- 
cien est au moins son contemporain. 

Dér. de Ao. 

Alisa, w. Polir, lisser ; ratisser; .enduire un mur à la 
truelle. Au fig., flatter, cajoler, flagorner quelqu'un pour 
en faire une dupe. — T'alise, Bdoussiètro.! dit-on prover- 
bialement quand on voit faire des compliments à perte de 
vue. Bdoussièiro, qui estun nom propre, la femme de Bois- 
sier, est mis génériquement; peut-être le dicton faisait-il 
allusion à une anecdote réelle, 

Dér. de Lis, uni, poli. 


vive, dé- 








ALU 


Alisaîire, ro, adj. Flatteur, cajoleur, embaucheur. 

Dér. du précédent. 

.Alisaje, s. m. Enduit d'un mur au mortier fin. 

Alisiè, s. m. — Voy. Ariguiè. 

Alisqua (s'), v. Se farder, s'ajusler, s'adoniser ; se pour- 
lécher comme font les chats. 

Dér. de Liqua. 

Alo, s. f. Dim. Aléto; péj. Alasso. Aile. — Se dit par 
analogie de choses très-diverses : Alos d’un capil, bords 
d'un chapeau, dont la forme et l'envergure autrefois, dans 
les chapeaux à la française, justifiaient l'acception. Alo dé 
rasin, grapillon, brin qui s'en détache, figurant par à peu 
près une aile. — Yoy. Sounglé. 

Dér. du lat. 4/a. 

Alongui, s. m. Retard ; délais, lenteurs affectées. — Dé 
qu'anas cérqua tan d'alonguis? qu’avez-vous besoin de tant 
chercher des retards ? 

Dér. de Long. 

Alor, adv. Alors, en ce temps-là. — Alor ! dans ce cas- 
à; oh! s’il en est ainsi. Pér alor, pour lors. 

Dér. de l'ital. Alora. 

Alouèto, s. f. Alouette ordinaire, alouette des champs ; 
Alauda arvensis, Temm. Oiseau de l’ordre des Passereaux. 


.— Syn. Léouséto. Lou Coutéloù, la Couquïado, la Calan- 


dro sont des variétés de l’Alouette. — V. c. m. 

Dér. du lat. Alauda et de son dim. Alaudetta, qui a la 
mème sign. 

Alounga, #®#Allonger, prolonger; retarder, différer ; 
rendre plus long.—Aqu faï pas qu'alounga lou poutaje, lou 
pastis, cela ne fait qu’entrainer des retards. — A/ounga lou 
pastis, allonger la courroie, perdre du temps volontairement. 

Alounga (s’), v. Prendre le chemin le plus long; tomber, 
s'étendre de son long. 

Dér. de Long. 

Aloungaïre, s. m. Mauvais payeur ; qui prolonge le 
terme du paiement ; conteur, discoureur verbeux qui n’en 
finit pas. 

Dér. de Long. 

Aluïasses , s. m. plur. Compliments intéressés ; belles 
paroles; détours de paroles, ambages.—Féou pas ana cérqua 
tant d'aluïasses, il ne faut pas tant de circonlocutions. 

Contr. de AUeluia. 

Aluma, v. Allumer, enflammer, mettre le feu. — Il 
parait spécial aux deux locutions suivantes : A/uma la 
clédo, commencer à faire du feu au séchoir à châtaignes ; 
et Aluma lou four d'acdou, garnir le four à chaux. Ce 
qui prouverait sa légitimité languedocienne. Mais on ne 
dirait pas bien : A/uma lou lun, lou fid, pour lesquels il 
faut préférer Atuba ou Aluqua. — V. c. m. 

Formé du lat. Ad lumen. 

Aluméto, Brouquéto, Luquéto, s. f. Allumette, petit 
brin de bois soufré par le bout. Au fig., chercheur de noises, 
boute-feu. — Voy. Brouquéto, Luquéto. 

Dér. de Aluma.  # 





AMA LA 


Aluqua, v. Allumer le feu ou la lampe. — Voy. Aluma. 
On le dit quelquefois pour appeler de loin une personne, 
lui crier : Hola! Hô! la héler. On ne voit pas trop le rap- 
port entre ces deux significations. 

Aluqua (s')}, v. S'animer, s'échauffer, en parlant avec 
feu. 

Dér. du lat. Allucere, ou du gr. vxvebw, parf. keksyveuxa, 
éclairer. < 

Alura, ado, aïj. Fin, rusé; éventé, étourdi ; luron. — 
Tèsto alurado, tête à l'évent. — Voy. Lura. 

Dér. de Luro. 

Ama, aro, ou Amare, a/j. Amer, qui à de l'amertume. 
— Qué béou ama, po pas éscupi dous, prvb., qui boit 
amer, ne peut pas cracher doux. 

Dér. du lat. Amarus, qui lui-même vient de mar, mer; 
l'eau de mer étant le type de l'amertume. 

Amadoü, s. m. Amadou. 

Emprunté au fr. 

Amadura, v. Mürir, rendre mûr ; devenir mür, aboutir, 
apostumer, en parlant d'un abcès; s'apprèter, s user. — 
Lou sourél amaduro la frucho, lous blas, le soleil fait 
mürir les fruits ou les blés. Aquél roudaïre amaluro, 
cet abcès va aboutir. Aïçd s'amaluro, ceci s'apprête, dit-on 
quand on commence à être à bout de patience et près 
d'éclater. Mas braïos s'amadurou, mes pantalons s'usent. 

Dér. du lat, Maturare. 

. Amadurun ou Madurun, s. m. Maturité, état de ce qui 
est mûr. — Aquélo péro tombo d'amalurun, cette poire 
pourrit d'excès de maturité. Aquéles magnas sé foundow 
d'amadurun, y a lon-tén que déourièou rèstre émbrugas, 
ces vers à soie dépérissent de maturité, on devrait les avoir 
ramés depuis longtemps. 

Formé de Mau, venant du lat. Maturare ou maturus. 

Amaga, v. Choyer, réchauffer, abriter; cacher; couvrir. 
— Amaga un éfan, envelopper un enfant, le dorloter, le 
serrer dans ses bras ou sur le sein de sa mère. Lou fiù és 
amaga, le feu est couvert. 

Amaga (s'), v. Se tapir, se blottir dans une cachette; 
se pelotonner dans un coin ; s'envelopper pour se défendre 
du froid. — Voy. S'amata. 

Dér. du lat. Magale, magalia, mot punique, cabane, 
huttes. Le radical est probablement magus, maga, magi- 
cien, sorcier, fée ; parce que dans l'antique superstition, ces 
êtres fantastiques habitaient les cavernes et les grottes. 

Amaiï, adv. Encore; aussi; de plus; davantage ; avec; 
même, quand même. — Amaï-maï, bien plus, encore 
davantage. Amaï-maï gn'aguèsse, quand même il y en 
aurait davantage, y eneùt-il plus encore. Amaï qué, pourvu 

4 que, quoique. Vivo l'amour, amaï qué dine, vive l'amour, 
pourvu que je dine, dit le proverbe. Amaï fasen, aussi 
faisons-nous. Amaï à vous/ à vous aussi : c'est une 
réponse aux civilités ordinaires entre gens qui se rencon- 
trent ou s'abordent. Bonsouèr à touto la coumpagno, Bon- 
soir à la compagnie, dit le premier interlocuteur; Amaï à 

$ 


po] AMA 


vous, Jui répond-où, à vots aussi, nous voüs disons de 
tnôte. Amdï tus ? Toi assi; tu quoque! Amaï véridra päs, 
ét mêrné il ne viendra pas, vous verrez qu'il ne viendra 

. Amaï la cassibraïo, là Canaille avec. Homes, fénnos 
ét lous droles amaï, hommes, femmes et les enfants avec, 
et même les enfants. | 

Dér. de Mai, plus. 

Amaïgri (s'), v. Maigrir, se dessécher, dépérir. 

Dér. de Maïgre. 

Amaïra, v. Aù prop. réunir ün enfant ou le petit d'un 
animal à sa mère. C’est le contraire de Désmaïra. — V.c. M. 
Au fig. réunir, associer, rassembler. Se dit d’une gerbe, 
d'un fagot, de toute espèce de tiges, qu'on assemble régu- 
Hièrement en plaçant tous leurs gros bouts du mème côté 
pour les lier plus facilement. 

Dér. de Maire. 

Amaïsa, v. Apaiser, adoucir, Calmer.— Amaïsa un é[an, 
endormir un enfant, l’apaiser, le consoler, l'empêcher de 
érièr ou de pleurer. Amaïsa la fan, apaiser le prémier 
aïguillon de la faim, la calmer. Amaïsa-vous, Calmez-Vous, 
radoucissez-vous. Lou tén s’amaïso, le temps devient calme. 
L'douro s'és amaïsàdo, le vent s’est calmé. 

Dér. de l’ital. Amimausare, adoucir, apprivoiser. 

Amaläouti, ido, adj. Qui est bien malade, bien exté- 
nué, bien affaibli. 

Dér. de Maläou. 

Amalu, s. ”». Hanche, et proprement la tête supérieure 
du fémur. 

* Dér. de l'aräbe Amalue, l'os-säcrüm ; c'est par éxt. qu'ôn 
applique à la hanche. 

Amäluga, v. Au prop. déhancher, déboiter le fémur. 
Au fig. froisser, meurtrir, éreinter. 

Dér. sans doute d’Amalu, mais le lat. 44 malum pour- 
rait bien ne pas y être étranger. 

Amana, v. Rassembler ; amonceler; amener en tn mêmé 
ts; cueillir à pleines mains; serrer, empoignér. — Es pa’ 
qui éncaro bièn amana, il n’est pas là encore bien en main, 
bien exercé. Ta fio s’és pas éncaro amanado, ta fille n’est 
pas encore rentrée à la maison. 

Dér. du lat. Ad manum, soit que Manus se traduise par 
main, soit par foule, peloton, botte. 

” ‘Amare, T0, adj. Amer. — Voy. Ama. 

La formation du lat. est encore plus sensible dans Am&ré, 
qui vient de ad et mare. 

Amaréja, v. Etre un peu amer, avoir un léger goût 
d'amertume. — C'est un fréquentatif formé d'Amare. 

La plupart des substantifs et même des ‘adjectifs sont 
suscéplibles, en languedocien, d'être ainsi transformés en 
verbes. Les verbes eux-mêèmés, en prenant la désinence éja, 
$e dédoublent présqué tous, et deviennent fréquentatifs on 
‘éiinratifs. 

"Sauvages dit dans $es proverbes: Qué pluïdéjo, maldou- 
téjo et tout cé qué manÿo_ aniaréjo, le plaideur est comme 
k san tout ce qu'il mange a de l'arnertüme. 





AMA 


Amarëlo, s. f. on Amaroù, Tlilaspi, Tberis Où Thläspi 
amara, Linn. Plante de la fam. des Crüciféres re Nr 
qui croit dans les blés, et dont la graine, lorsqu'elle sy 
mêle, communique de l'areftume au pain qui et provient. 
— Voy. Amaroù. 

Dér. de Ama, amer. 

Amarignè, s. m. Souche ou pied de l’osier franc et 
jaune, dont on coupe les jets chaque année qui servent de 
liens pour les tréilles et vignes; Salix amerina, Lin. 

Dér. d'Amiarino. 

Amarinén, énquo, adj. Flexible, pliant comme l'ésier. 
— Se dit des diverses espèces de bois de service qui ont 
la nervure longue, flexible et non cassante. 

Dér. d'Amarino. 

Amarino, s. f. Osier; c’est le nom géiéritqué! — Uno 
dmarino, un jet ou un seion d'osiér, coûpé pour servir dé 
ligature. 

Dér. du lat. Salix amerina, qui lui-même vient de Ame- 
ria, ville de l’'Ombrie, en Halie. C'était dans l’origine le 
Saule d’Ameria, comme l’on dit : le peuplier de la Caro- 
line, le peuplier d'Italie. 

Amaroû, s. f. Amertume, saveür amère. 

Dér. de Amare. 

Amaroû, s. m. où Amarèlo, Thlaspi, Tlaspi dmara, 
Linn. Plante qui eroit dans les blés, et produit üne petite 
graine qui, mêlée ensuite à la farine, donne au pain üne 
amertume prononcée. — Voy. Amarèlo. 

Dér. de Amare. 

Amarougnè, s. m. Marrohnier d'hide, marronnier des 
jardins, arbre magnifique de grandeur, de port, de féuil- 
lage et de fleurs. 

Amarouno, s. f. Marron d'Inde, fruit dû marronnier 
d'Inde. — Ce fruit, qui est d’une amertume extrême, n'a 
rien de commun avec le marron, qui est Si sucré ét si 
savoureux, que par sa couleur ét sa formation dans un 
hérisson; le dernier se nomme exclusivement : Déouphi- 
nénquo. — V. c. m. 

Ici se présente une difficulté d' trymoigie que le lecteur 
jugera lui-même. 

Amarouno vient-il d'Amarougnè, l'arbre qui produit ce 
fruit, où bien vierit-il de cette amertume, amaroù, qui forme 
son principal caractère et qui fait qu'aucune espèce d'ani- 
fal ne peut s'en nourrir ? Cette dernière Solution semble 
si naturelle qu'on serait tenté de l'adopter; cependant fl 
devient difficile d'expliquer que l'amarougnèet l'étoee 
son fruit, aient deux origines différentes. 

D'autré part encore, comment admettre que l'amarougnè 
et le marronnier d'Inde, le même arbre très-certainement, 
avec leur physionomie si fraternelle de noms, ne pro- 
viennent pas d’une racine commune? Or, le marronnier 
d'Inde n’est qu'une variété du marronmier ordinaire, du 
chätaïgnier à marrons ; et le mot marron, frère et contem- 
porain de l'ital. marronñe, vient comme lui du grec dù 
moyen âge pappôv. 








AMB 


Mais, comme il est impossible que le grec, l'italien.et le 
français, à la fois, soient venus puiser leur étymologie 
dans le languedocien amarouno, qui lui-même ne représente 
pas du tout le marron doux dont ces diverses langues ont 
voulu parler; il faut en conclure qu'amarougnè dérive du 
fr. marronnier, qui doit ce nom à son fruit, marron, et 
que, ce. dernier le tient de l'italien et du grec. Amarougnè, 
à son tour, a créé le mot amarouno, qui, du reste, va à 
merveille à sa nature et n'enlève pas l'amertume, au con- 
traire, pour n'en pas être issu : le mot signifie innocem- 
ment la chose. 

_Amarouno so dit aussi : grrr amaro. — V. c. m. 

…Amassa, v. Ramasser, cueillir , faire un amas; mettre 

ensemble; réunir beaucoup de monde; entasser, thésau- 
riser ; aboutir, abcéder,. apostumer. — Voy. Acampa. 
= Amassa d'hèrbos, ramasser des herbes. Amassa la fièio, 
cueillir de la feuille de müriers. Amassa foço argén, deve- 
nir très-riche, amasser une grande fortune. Moun dé amasso, 
mon doigt apostume; le mal que j'ai au doigt aboutit. 

, Le lang. amassa, le fr. amasser, lit. ammassare, dériv. 
ons du lat. massa, masse, amas, ou plutôt du gr. ua, 
j'amasse. 

Amassa (s’), ». S'attrouper, se rassembler. — S'amas- 

. sara proù, dit-on d'un absent, il se rendra bien, il reviendra 
au gite. S'amassè un fun dé mounde, il se fil un grand 
rassemblement. 

Amassaire, ro, adj. Entasseur, thésauriseur, quand il 
est rmployé sgèe Lorsqu'il est question de vers à soie, il 

: les gens qui cueillent.la feuille de müriers, quoi- 
qu'on n'y ajoute pas le mot fièio. 

Amassaje, s. m. Action de ramasser, de cueillir; frais, 
coût. de la cüeillette. — Voy. Acampaje. 

- Amata (s'} ».. Se tapir, se.blottir, s “aplatir ; s’humilier 
de crainte ou de respect. — L'aï amata, je l'ai confondu, 
je l'ai maté, aplati. S’amatou dé pôou, ils se cachent de 
peur, ils.se tapissent de frayeur. — Voy. S'amaga. 

Dér. de Mato. 

- Amati, ido, adj. Dru, épais. Se. dit d'un pré. bien 
gazonné, bien tallé, et aussi du pain massif et gras-cuit. 
anPe-deshtar 

(s'), ». Selever matin;_se mettre de bone 
2 d'ours = on en voyage. 


Ambre, s. m. Amble, alnre du cheval. entre le pas et 


le trot. 
 Gorr. du Fami dér. enr pi Ambulare. 
_ Ambre (Léva l'}, v. Être fin et rusé au dernier degré, 
mème de la délicatesse. — C'est une phrase faite, 
contractive d'une plus longue. On sait que l'ambre, quand 
iLest échauffé par la friction, soulève et attire même d’as- 
sez loin une 


paille. Le peuple, quicroit voir là un signe 
proyerbialement : És fà coumo l'ambre, 
tre Le patois Lan l'ae.rairs Ang 1e | 


de sa finesse, dit. 
phrase, et pour exprimer la finesse poussée, à l'extrème, | 





AME # 


quand le fr. se çontentait de : fin comme l'ambre, le lan- 
guedocien a exagéré et a voulu dire; plus fin que l'ambre, 
une finesse qui léverait l'ambre lui-même. On comprend 
que, jouant sur le mot, il s'agit ici de finesse morale,.et 
c'est de celui qui la possède à un très-haut degré quon dits 
Lèvo l'ambre. 

Dér. de Ambra, bass.-lat. ; ambre, en catal. 
arabe. 

Ambrièi (Sént), s. m. n. pr., Saint-Ambroix, ville, 
commune et canton de l'arrondissement, d’Alais. — Foy. 
Bidou. 

Dér. de Sanctus Ambrosius. 

Améchi, ido, adj. Qui a les cheveux plats et embrouillés; 
mal peigné.— Sauvages, qui écrivait à une époque où la 
coiffure était relevée, retapée, bouclée, crépée et poudrée, 
concevait la négligence des cheveux améchis par leur apla- 
tissement sur le front, d'où ils retombaient en mèches.sales 
et irrégulières. La coiffure actuelle a dû amener une entente 
différente du mot améchi, qui n’est au fond que le désordre 
dans les cheveux. 

Dér. du fr. Méche. Il ne peut venir du subs. mécho, qui 
ne signifie que la morve du nez. 

Amélan, s. m. ou Abérlénquiè, Amelanchier, Cratægus 
amelanchier, Linn. Arbrisseau de la fam. des, Rosacées, 
dont le fruit est une petite baie, nommée abérlénquo, âpre 
au goût. — Foy. Abérlénquiè. 

Dér du gr. una, pomme, et &yyetv, étranger; pomme 
qui serre la gorge. 

Amèn, s. m. Fin d’une chose; ainsi soit-il. — Dire 
amèn à toutos cdousos; consentir à tout, ce qu’on. propose, 
accepter toute condition, approuver le bien et le mal, Jus- 
qu'amën, jusqu’à la fin des fins, sans fin, jusqu'à l'éter- 
nité ; de jusqu'à amän. 

Reproduit du mot hébreu : Amen, fiat, ainsi soit, ainsi 
soit-il, qui termine toutes les oraisons latines.de l'Eglise. 

Améndo, s. f. Amende, punition pécuniaire. au profit 
du fisc, qui n’a rien de commun avec les dommages et 
intérêts dus à la partie civile. — 

Dér. du lat. Emendare. 

Améndri, v. Abaisser, diminuer le prix. — N'a pas du 
tout le sens du fr. amoindrir, et ne s'emploie guère que 
pour exprimer un abaissement de prix d'une marchandise. 
— An améndri lou pan, le prix du pain est diminué. 

Dér. de Méndre. 

Aménla, s. m. Sorte de marbre commun dans le Gard ; 
brèche, sorte d’amygdaloïde; poudingue composé de plu- 
sieurs cailloux cimentés ensemble par un gluten aussi dur 
que la pierre. 

Dér. d’Aménlo, parce que ces différents cailloux reeese- 
blent aux amandes qui sont noyées dans le, ciment: du 
nougat. 

Aménliè, s. m. Amandier; Amygdalus communis, Lipn. 
Arbre de la famille des Rosacées. à 

En esp. Améndro, du Jai. Amygdalus }dugreS dpuyisa. 


; anbar, en 


£ AMI 


Aménlo, s. f. Amande, fruit de l’amandier. 

Même dér. que le préc. 

Aménloù, s. m. dim. d'Aménlo. Petite amande. C'est 
proprement la pulpe de l’amande, le fruit dans la coque. 
ll est également applicable à l’amande de tous les fruits à 
noyau. — Lorsque quelqu'un, après avoir fait de grosses 
pertes au jeu ou dans le commerce, réalise un menu gain, 
on lui dit ironiquement: Éngraisso-té, pérlé, aqui un 
aménloù, engraisse-toi, avare, voilà une amande. Peut-être 
le mot pérlé, qui est devenu une qualification usuelle de 
l'avare, prend-il son origine dans ce dicton. Peut-être 
vient-i' aussi d’un idiome quelconque, où, dans un temps 
donné, pérlé signifiait à la fois cochon et avare. Le fait est 
que dans la formule de ce proverbe, il semble que c'est 
d’un porc qu'il est question, comme le mot éngraïsso-té 
l'indique. 

Aménuda, v. Couper à plus petits morceaux ; amincir ; 
émincer, amenuiser ; retailler, recasser. — Voy. Aprima. 

Dér. de Ménu. 

Amériquèn, èno, adj. Américain ; qui concerne l'Amé- 
rique. 

Trad. du fr. 

Amériquo, s. f. Amérique, partie du monde. — On dit 
d'un homme trop fin, trop rusé en affaires, trop âpre à la 
curée, trop peu délicat : À pas bésoun d'ana én Amériquo 
pér faïre fourtuno, il n’a pas besoin d’aller en Amérique 
pour faire fortune. 

Amérita, v. Mériter, être ou se rendre digne de. — 
Aquù à amérito, il a bien mérité son sort ou sa punition, 
cela lui va bien. Aqud t'amérito, tu as bien gagné ce qui 
l'arrive. 

Dér. du lat. Mereri, meritus sum. 

Amérites, s. m. plur. Mérite, ce qui rend digne d’estime 
et de considération. 

Dér. de Amérita. 

Améstio, s. f. Amnistie, pardon, exemption de peine. 

Corr. du fr. 

Ami, igo, s. et adj. Dim. Amigué, amigoù, amigouné, 
amiguélo, amigouno, amigounéto. Ami, amie; petit ami, 
cher petit ami. — Moussè moun ami, est une phrase 
explétive qu'on ne peut traduire par : monsieur mon ami, 
qui n’a aucun sens en fr. ; elle revient à celle-ci : ah ! certes; 
ab ! oui vraiment ; ah! je vous en réponds ! 

Dér. du lat. Amicus. 

Amiada, w. Caresser; flatter; pateliner, amadouer. — 
Voy. Lavagna. 

Dér. de Ami. 

Amiga (s'), v. Se lier d'amitié avec quelqu'un; se faire 
un ami. 

Dér. de Ami. 

Amigué, éto, s. et adj. dim. — Voy. Ami, de même 
que pour les autres dim. et doub. dim. 

Aminça, v. Amincir, rendre plus mince; émincer, cou- 
per par tranches minces; menuiser. 





AMO 


Aminça (s’), v. Devenir mince; maigrir. 

Dér. du lat. Minuere. 

Amistanço, s. f. Amitié, attachement ; affection; rap- 
ports d'amitié ou d'amour. Au plur., Amistangos signifie : 
caresses, amitiés, Cajoleries. 

Dér. de Ami. 

Amistoüs, ouso, adj. Dim. Amistousé, éto. Amical, 
caressant; doux; qui témoigne de J'affabilité. — Es pas 
gaïre amistoùs, il est d'humeur revèche, brutale. 

Dér. de Ami. 

Amitiè, s. f., ou mieux : Amitiès, au pl. Amour, affec- 
tion, attachement, tendresse. — Ne se dit que de l’atta- 
chement entre personnes de sexe différent. C'est cette 
affection douce, raisonnable et matrimoniale qu’éprouvent 
les gens simples du peuple, après une assez longue fréquen- 
tation. Il est fort singulier qu’en languedocien Amitiè 
signifie amour, et que Amour signifie amitié. 

Dér. de Ami. 

Amo, s. f. Ame; esprit; cœur; conscience. — Rèndre 
l’amo, mourir, expirer, rendre l'âme. Par une alliance de 
mots assez bizarre, on dit : Un sacre-moun-amo, pour : 
un tapageur, hardi, audacieux, effronté. — Y-a pas amo, 
pas âme qui vive. 

Dér. du lat. Anima. 

Amouchouna, v. Mettre en tas, réunir des objets épars 
en monceaux ; froisser, friper; mettreen bouchon du papier, 
du linge, etc. 

S'amouchouna. Se blottir dans un coin; se ratatiner; 
se pelotonner ; se courber comme fait un vieillard. — Woy. 
S'acrouchouni. 

Dér. de Mouchoù. 

Amoula, v. Aiguiser, émoudre, avec une meule tour- 
nante et non avec la pierre à aiguiser; rendre tranchant 
ou pointu sur la meule. 

Dér. de Molo. 

Amoula, v. Agir lentement, lambiner; lanterner. 

Dér. de Mol. 

Amoulaïre, ro, s. et adj. Remouleur, émouleur ; lambin, 
lent, qui va, parle ou agit lentement. 

Amoulè, s. m. Remouleur, gagne-petit. — Ce mot est 
plus technique que Amoulaïre. Celui-ci se dit de toute per- 
sonne qui aiguise ; Amoule est le nom particulier de lapro- 
fession. 

Dér. de Amoula. 

Amoulouna, v. Amonceler, mettre en tas, en meule; 
entasser ; rassembler, réunir en masse. —Ce mot entraine 
l'idée d’une plus grande dimension que Amouchouna ; 
comme sa racine mouloù est plus grande que mouchoù, 
qui n’est qu’un pelit tas, un bouchon. 

S'amoulouna. S'amonceler, en parlant de la foule, 
s'entasser ; et aussi se rabougrir, se recroqueviller, se mettre 
en peloton, en parlant d'une seule personne. 

Amoun, adv. Là-haut; au ciel; vers le nord. 

Dér. du lat. AG montem. 


AMO 


Amoundâou, adv. Là-haut; au ciel. Augmentatif et 
réduplicatif de Amoun, comme si l'on disait : là-haut au 
haut. 

Amounéda, ado, adj. Riche en espèces ; fam., en gros 
sous ; pécunieux. 

Dér. de Mounédo. 

Amounina (s'), v. Devenir effronté. — Se dit d’une fille 
trop délurée, trop hardie, trop garçgonnière pour son âge. 

Dér. de Mounino. 

Amountagna, v. Envoyer ou conduire un troupeau dans 
les hautes montagnes pendant la canicule. — On fait une 
différence dans les foires entre le bétail qui a passé l'été 
dans les montagnes, et celui qui est resté dans le pays. 
Celui-ci a la laine plus mate, moins de vigueur, et les brebis 
sont moins précoces à mettre bas que celles qui sont 
amountagnados. 

Amountagnaje, s. m. Action ou habitude d'envoyer 
les troupeaux dans les montagnes; frais de pâturage des 
pacages; et aussi frais que l’on paie au maitre berger ou 
baïle qui garde plusieurs troupeaux sous sa responsabilité. 

Amour, s. m. En poésie, ce mot répond bien au fr. 
Amour dans ses diverses acceptions; mais dans le style 
ordinaire, il exprime : Affection, attachement, tendresse, 
-pris d’une manière générale ; on ne l’emploie jamais avec 
la signification française de Amour. On dit d’un homme, 
d'un valet, d'un chien : És sans amour, il n’a nul atta- 
chement, il ne s'attache à rien; il ne consulte que son 
intérêt, son bien-être, son égoïsme. La poésie a ses privi- 
léges et ses ces : elle à fait d'amour une passion, un 
sentiment, tandis que dans le langage commun, amour ne 
s'entend que des attentions, des soins affectueux, de ces 
préférences souvent personnelles et de cet empressement 
sympathique, mais plutôt naturel que passionné. 

Pér amour dé, prép. À cause de; en considération de. 
— Pér amour dé vous, à votre considération. Pér amour 
d'aquà, en considération de cela. On supprime quelquefois 
le mot pér : Amour dé rire, amour dé parla, comme on 
dit en fr. histoire de rire, histoire de parler. 

Amoura, v. Emousser ; faire perdre la pointe ou le tran- 
Chant à un outil, à un clou, à tout objet pointu ou tran- 
chant. 

Dér. de Mouru. 

Amoura, v. Rapprocher, joindre ; mettre nez-à-nez, l’un 
contre l’autre. — Aquélo pèiro amouro pas prou, cette 
pierre ne joint pas suffisamment. 

Dér. de Moure. 

Amoura (s'), v. Boire à même ; donner du nez à terre; 
tomber sur la face; se heurter du nez en se rencontrant 
avec quelqu'un inopinément; ou contre une porte, un 
arbre ou un mur. — S'amoura dou flasquou, boire au 
goulot de la bouteille ; dou féra, en trempant la bouche 
dans le seau; dou vala, au ruisseau, en se couchant à 
plat ventre. 

Dér. de Mourse. 





AMO 45 


Amouracha (s'), v. S'amouracher de. S'engager en une 
folle passion. Tout comme en fr., ce terme ne s'emploie 
qu'en mauvaise part. Il exprime une inclination de haut 
en bas, à l'encoutre d'une personne inférieure, soit en con- 
dition, soit en considération personnelle. 

Formé entièrement du fr. 

Amourèléto, s. f. Morelle; Solanum nigrum, Linn. 
Plante de la famille des Solanées, commune le long des 
murs ou sur le bord des chemins. La même que le Pisso- 
can. — V.c. m. 

Etym. du gr. duavpôs, sombre, nourâtre. 

Amouriè, s. m. Mürier; Morus, Linn. Cet arbre, qu 
joue un rôle principal dans les préoccupations du pays, 
offre deux espèces et un très-grand nombre de variétés. 
Le mürier noir, Morus nigra, Linn,, qui se plante dans 
les terrains les plus arides, est impropre à l'éducation des 
vers à soie, à cause de la dureté et de la grossièreté de sa 
feuille, dont les fibres et les nervures sont trop ligneuses 
à sa maturité. Il produit la müre noire employée à faire 
les conserves et les sirops de müres. Les Cévennes avaient 
autrefois beaucoup de müriers noirs qui ont dù céder la 
place au mürier blanc, Morus alba, devenu si populaire et si 
vénéré de nos jours. Cependant le culte, ou la culture du mù- 
rier, est suivi avec moins de ferveur et est menacé d’aban- 
don, lant la persistance des maladies des vers soie, l'insuccès 
des éducations ont jeté de découragement dans les pays séri- 
cicoles. Il n'y a pas vingt ans, mème dans les montagnes, 
le moindre coin de terre, une anfractuosité de rocher étaient 
utilisés, et un mürier était planté, cultivé, élevé, et pros- 
pérait dans la plus petite place ; aujourd'hui on a des pré- 
férences pour la vigne, et l'agriculture de nos contrées 
cévenoles semble tendre à se modifier profondément. 

Amouro, s. f. Müre, fruit du mürier et de la ronce. — 
Celle du mürier blanc est blanche, douceâtre, fastidieuse ; 
les porcs en sont friands ; mais elle est rare, parce qu’on 
la fait tomber avant sa maturité en cueillant la feuille. 
Elle ne mürit que sur quelques arbres qui restent sans être 
dépouillés. — L'amouro d'arounze, la müre de la grande 
ronce; l'amouro dé bartas, la mûre de buisson : elle vient 
presque par grappes, noire et douce; l'amouro dé dame, 
la mûre de la ronce rampante, qui croit dans les champs : 
elle est aigrelette et agréable au goût. 

Étym. du lat. Morum, mùre, dér. du gr. éuaupés, sombre, 
noir. 

Amouroüs, ouso, adj. Mollet, souple, moelleux ; doux ; 
aimable. En lang. l'acception de : Amoureux, qui a de 
l'amour, ne vient que par imitation du fr. — Amouroùs 
coumo un bartas, par contre-vérité, doux comme un fagot 
d’épines. 

Amourousi, v. Rendre souple, ramollir; assouplir ; 
adoucir. — Dé pan amourousi, du pain ramolli par l’hu- 
midité. 

Dér. de Amouroùs. 

Amourti, v. Amortir; calmer; éteindre; enlever la 


46 a 


vivacité, l'ardeur, la violence; :rendre ;plus faible. — 
Amourti un co, affaiblir, amortir la portée d'un coup. La 
balo s'amourtiguè sus soun mantèl, la balle ne put tra. 
verser son manteau, elle fit balle-morte, Amourti.soun co, 
appesantir un coup de hache ou de houe sans tirer à soi la 
terre ou l'éclat de bois. 

Dér. de Mort. 

Amourtièira, v. Garnir de mortier, fixer avec.du mor- 
tier. — Bièn amourtidira, amourtidira à pérpâou uno.bas- 
tisso, employer suffisamment de mortier, noyer .convena- 
blement les moellons dans le mortier, de manière à ne pas 
laisser des vides dans les joints. 

Dér. de Mourtie. 

Amoussa, ». Eteindre, calmer; maler; réduire au 
silence, faire taire. — Amoussa lou fid, lou lun, éteindre 
le feu, la lampe, Fasiè bé désoun, crano, mais l'aguère lèow 
amoussa, il faisait le crâne, mais j'eus bientôt rabattu son 
caquet. 

Dér. de l'it. Amorsare, 

Amoustéli (s'), ». Maigrir; devenir fluet; prendre un 
yisage pointu comme une belette. 

Dér. de Moustèlo. 

Amoutéli, ido, adj. Grumelé; formé en grumeaux, en 
caillots. 

Dér. de Moutél. 

Amouti, ido, adj, Gazonné; devenu herbeux; tallé. — 
Se dit d'un pré qui est assez foulé, tassé, pour pouvoir être 
arrosé. : 

Dér. de Mouto. 

Amusa, v. Amuser, divertir; oceuper. en jouant; faire 
prendre le change; tenir le bec dans l'eau ; P “distraire quel- 
qu'un pour l'empêcher de yoir, clair à ce qui se passe, 

Dér. de l’allem, Musen, être pisif. té 

Amusamén, s. M. Amusement ; à ce qui amuse ; passe. 
temps; action de tympaniser quelqu’ un. — Fou pas 
prêne aqud én amusamén, il ne faut pas le prendre en 
plaisanterie. 

Amusan, anto, adj. Amusant, divertissant ; 

asser le temps. 

Amuséto, s. [. Jouet; bagatelle. — Saïque mé prênes pér 
tour amuséto? Lu Veux sans doute faire de moi ton ont 

‘An, suffixe qui provient du lat. anus, anum, |. ;, 

Notre langue doit beaucoup, au latin : elle Jui: a pris, “ 
Mots et presque toutes les désinences qui s'ajoutent aux 
radicaux pour constituer des mots. Mais le celtique, qui 
fut son élément natif, lui a laissé aussi certaines, de ses 
formes, de ses intonations, de ses constructions, Nous, aurons 
plus d'une occasion de signaler cette fusion des deux langues, 
leür existence parallèle, et de suivre à cès‘lueurs la marc} 
qui.les à fait arriver à notre languedocien «moderne ; surtout 
dans, les. sulixes, Les syll abes : accessoires ui s'atiachent 
à un radical pour en étendre et en modifier RE 
les noms propres de lieu, toujours ; si gui feat ur 


inaltégables qu'aucun autre mot. —, Foy, Agno,. à 


qui fait 





AN 


Pour adjectiver un substantif, pour marquer le rapport 
d'une personne ou d'une chose à l'objet auquel elle appar- 
tient ou dont elle dérive ou fait partie, les Gaulois se ser- 
yaient de la terminaison ac ou ec ajoutée au mot; les lan- 
gues néo-celtiques, le bas-breton et l'armoricain ont 
conservé cette forme. Rome victorieuse, en imposant sa 
langue à nos contrées méridionales, les premières soumises, 
et à toute la Gaule, n'abolit pas cependant l’idiome national, 
Elle avait surtout à respecter les appellations locales, sous 
peine de ne pouvoir plus ni s'entendre ni se, reconnaitre; 
mais, par droit de Na elle leur imprima le cachet 
propre de son génie. Sa formule générale était dans les 
finales us et um avec la même portée que ac et ec; mais 
elle avait plus particulièrement anus et anum,. d’une iden: 
tité. très-rapprochée. Ainsi commença à se latiniser Je gau; 
lois. Dans la catégorie que nous étudions, un nom ou un 
mot se rencontrait-il en mème temps dans.les. deux idiomes, 
de : signification et de structure pareilles, la terminaison 
caractéristique latine était jointe. à sa, finale locale, Par. 
sorte de pléonasme de suffixes; était-il purement celtique, 
àradical barbare, sans correspondant latin, on le traduisait, 
ou bien le vainqueur se lapppris par l'addition Dies suf- 


ms communs et. des 
noms propres persistérent tant. que £ le contact. et la 
promiscuité des deux langues. C'est pour cela que l'emploi 
de J'une ou de l’autre de ces formes ne détermine ni l'âge 
ni la date d'un mot, non plus que: d'une dénomination 
locale. Mais _par Jà aussi, se comprennent, assez, bien les 
variantes qui, s ‘attaquent à la, finaleçen laissant partout i inYaz 
riable le corps mème des mots. On, trouve, dans, le. Midi, 
la désinence ac, abrégée pour nous, en a simplé, ai illeur 
changée en at, qui représente, le celt, ac. ou ec, en. diet 
elyaçum, à;cÔlé d' une. localité à finale. en an, “altération 
anus, et anum, analogue, aux précédentes, Ici .egr, <ette 
dernière finale est souyent, reproduite, par an cæ, dérivar 
tion. directe ; el là ‘langue xulgaire, au moyen- 14 tradui- 
sait en anègques,, dont, notre. nepploss. a fini par. fair 
argue. Dans,le nord de, L ‘Gaule, Je e, Jatins ayait. aussi ses 


finales, constantes en.acum et anum ; mais le Foman et. le 
français leur ont subatitné des finales en é, y, es, etc. On 


en conclut avec raison que tous ces suñixes, sont, de même 


valeur .et,6gaux, entre, eux, You. l'art. Agno,., ekpour 
les gxemples,, les mots, Marina, Mer artianargues, -Sdows 


vagna, el autres. Lits Due E4j doi COCA 
Le sufixe an = anus, anum, — ac, œ, = FF 4Cus, acum, 

marque, une, idée, de collectivité, de; Proyenancg,. Se 

priété, Lou, fédan, lou fian, i lou *frterdar mi 

des substantifs, collectifs, pour, dire; Jes brebis, ‘les, fl 

ie fermes, les, bag sites A as général, 
orme expression du, sens de p ‘toutes les.varianteg 

s reproduisenf dans, bougoup,de noms, de lieu, + Foy, 


Martignargue, Massiargue, Péouia, Sdouvagna,, etc 
Lédignan, Poumpignan, et autres. ui où 230 





LÉbé à ne dé 





tds RÉ A NÉ ds D ss sh. 2 2 à 5 





ANC* . 


“Ant, 5. 'm. Añ, année. — L'an dé daï-laï, l'anhée avaht- 

dernière ; il ÿ a deux ans. Añtan, l'an dernier. — V. c. m. 
Dévañ añtan , il ÿ à deux ans. Hiubi faï un an, aujoûr- 
d'hdi il ÿ a tin añ. Couméngo sous ans pér éaléndos, 1 
inpte ses années À partir de la Noël. L'an dâou bissés, 
l'äfinée bissextilé. — Voy. Bissès. 

Dér. du lat. Añnus. 

An, 3e pérs. plur. hdie. prés. du verbe Aoédre; ils où 

ont. 

Ana, v. Aller; marchérz ävarñcer ; se mouvoir; se trans- 
porter d’un lieu dans un autre; changer de place du point 
où l'on est à ün autre; S'éténdre aù loin; être contenu, 
renfermé ; entrer. — Vôou à la mésso, je vais à la messe. 
Vas à Par, tu vas à Paris. Vaï vite, il marche vité. Añôn 
plan, allons lentement. Añas-y, allez-y. Anèrou dou maté, 
ils allèfént à la camipägné. Y-dian ana, nous ÿ allons à 
l'instant, nous nous y rendons sur l'heure. Faï pas qu'ana 
et véni, il ne fait qu'allér ét Venir. Vaï d'aïci dou fin fouh, 
il s'étend d'ici aù fond. Vaï bas, il plonge profondément. 
Toüt aquô anara pas dinc aquél sa, tout cela n'entrera pas 
dans Ce sac, né peut être contenu dans ce sac. Aquélo rodo 
vaï pas, vai mâou, Ce rouage ne marche pas, manœuvre 
mal. 

S'ér-aha. S'éh allé ; partir; disparaître; quitter im lieu ; 
et quélquéfois Simplement aller. — La taquo s'és én-anado, 
la taclie a disparu. La couloù s'én-vaï, la couleür s'effacé, 
se ternit. On dit d'an malade: S'én-vai tant qué po, il 
dépérit à vüe-d'œil, il marché à grands pas Vérs la fosse. 
Lou la s'én-vaï én aïgo, le lait tourne en petit-lait. On dit 
d'ün doméstiqué à gages : s'én-baï, il quitte sès inäïtres ou 
il est renvoyé. Lou fid s'én-vai, le feu s'éteint faute d’ali- 
rent. Aquél éfan couméngo à s'én-aha soulé, Cét enfant 
corniheñce à aller, à iarchér seul. Tout soun bon-sén s'és 
én-ana, tout sé bôn Sens ést parti. Coumo n'én-dan lous 
afaïres? comment vont les affaires? Coumo n'én-vai? quelle 
tournure cela prend-il ? 

‘Dér. de l'ital. Andare. 

Ana, s. m. Mañière d'êtré, de vivre; état de santé. — 
Aqüd's Souñ ana, c'est Sa manière d'être où de faire. Mé 
démandè moun ana, il mé demanda des nouvelles de ma 
sänté: — "On dit aussi subst. faï l'ana et lou véni, il fait 
l'aller et le retour ; lou vaï et lou vèn, le va-et-vient. 

, # [. Anchois; Clupea encrasichotus, Linn. 

Petit poisson dé mêt, Sans écaille, que l’on sale pour mian- 
ger ci. 11 no faût pas éonfondre l'anchoïo avec la sardo, 
qi n'a rien de commun avec la première que la siumure. 
2 A lous idls bourdas d'añchoïo, il a les Ses rouges, 


chassieux et éraillés. Pa VO RTE , pressés 
comme 


barengs. 
2Étym. du celt. Jia: 

Ancièn, èno, adj. Vieux, vieillard ; FRS ancien. 
— Moun ancièn, mon père ou mon atél! *Es un ancièn, 
— c'éét um Vicittird. 

“ÆEmpranté du fr. 





AND 47 
Anciènéta, s. [. Mode ancienne, et non ancienneté ou 
antiquité. 
Formé dé Ancièn. 


Ancro, s. f. Encre, liqueur noire pour écrire. — Mé fai 
shsa l'ancro, il me donne une peine horrible. 

Dér. de l'ital. Inchiostro. 

Ancro, s. f. Ancre de navire, instrument de fer, à bran- 
ches aiguës, qu'on jette au fond de l'eau pour arrêter les 
vaisseaux. 

Dér. du lat. Anchora. 

Andrè, n. pr. m.; au fém. Andrèio. Dim. m. Andrèné, 
Andrèssé; dim. f. Andrèélo, Andrènéto. — I est à 
rémarquer que le fém. Andreio ne se donne qu'à la femme 
d'André, et non point pour prénom à une fille. On appelle 
Andréïéto où Andrénéto la fille ainée d'André, lorsque 
celui-Ci est un nom patronymique. 

Andriou (Sént-), n. pr. de lieu. Saint-André : nom 
commun à plusieurs villages. 

Androuno, s. f. Cul-de-sac; plus particuliérement la 
petite ruelle, ou espace vide, qu'on est obligé de laisser 
entre deux maisons qui ne veulent pas de mitoyenneté, et 
par où s'écoulént les eaux des toits. C'est ce qu'on appelle 
eù termes de coutume : le tour ou le pied de l'échelle. On 
lui donne aussi le sens de : latrines, privé, lieux d'aisance. 
Dans cette acception, étym. du grec &vëpèv, lieu écarté, 
petite salle réservée aux hommes, qui est traduit aujour- 
d’hui dans les gares de chemin de fer par : Côté des hommes, 
mêmé sign. Dans la bass. lat, Añndrona. 

Andusén, énquo, adj. D'Anduze; qui habite où qui con- 
cerne Anduze. 

Anduso, s. f. ñ: pr. Anduze, ville du départément du 
Gard. Si l'on voulait se contenter de la forme latine de 
ce mot pour expliquer sa dérivation et sa forme actuelle, 
rién ne serait plus simple que de rapprocher du lat. Andu- 
sia, le fr. Anduze, et le lang. Anduso, et l'analogie démon- 
trerait seule la parenté et la descendance en ligne directe. 
Le mot, quoique venant de loin, n’a pas assez changé sur 
la route pour n'être pas d'abord reconnu. Sur un pêtit 
monument en marbre, conservé au musée de Nimes, se 
trouve inscrit à la lête d’un groupe de plusieurs noms dé 
localités gallo-romaines, le nom d’Andusia, sur l'attribu- 
tion duquel à l’Anduze moderne aucune contestation ne 
s'est élevée. Depuis cette époque, le nom est fidèlement 
reproduit par les plus anciens cartullaires, et presque 
sans altération il est arrivé jusqu’à nous. Les Romains 
avaient donc un poste militaire, un campement d'une 
certaine importance qu'ils appelèrent Andusia, sur l'empla- 
cément de la ville actuelle, on un peu au-dessus vers le 
sommet dit de Saint-Julien : d'anciennes constructions, 
des médaillés ét dés antiquités trouvées sur ce point 
Er à la dénomination elle-même la certitude de l'occu- 


FL difficulté étyinologique n'est pas résolue. Les 
vaitiqieurs de la Gaule se moñtraient surtout jaloux d'im- 


48 ANË 


poser aux noms de lieux des pays soumis la forme qui con- 
venait au génie de leur langue : de là cette terminaison 
latine qu'ils donnèrent à ce mot. Or, la localité, comme 
toutes les autres inscrites sur le monument antique du 
Musée, faisait partie du territoire des Volces Arécomiques, 
qui avait des villes ou des bourgs assez nombreux. Par con- 
séquent, elle avait aussi, comme les autres, son nom gau- 
lois ou celtique, quand les Romains vinrent l'occuper et 
la classer : et c'est’ dans le plus ancien idiome national que 
sa racine doit se retrouver. 

Heureusement ici se rencontrent des similaires qui peu- 
vent mettre sur la voie, et faire déterminer sa forme pri- 
mitive. Sur deux autels votifs découverts dans le Midi, et 
qui portent des inscriptions, on lit : Andosso et Andose; 
une autre inscription, remarquable par ses noms gaulois, 
mentionne également la forme Andos. Enfin, un cippe 
funéraire du Musée de Nimes rappelle encore mieux le 
nom latinisé, en écrivant : Andus. Ce ne sont là, sans 
doute, que des rapprochements, des termes de comparaison ; 
mais ils permettent d'admettre avec la plus grande proba- 
bilité que la forme celtique d’Andusia est Andos ou Andus. 
Le premier radical and, haut, élevé, se retrouve avec cette 
même signification dans beaucoup de langues anciennes. 
La désinence os et us serait réduplicative avec le même 
sens. Les deux montagnes d’Anduze, entre lesquelles coule 
le Gardon, l'emplacement de la ville, nous paraissent auto- 
riser parfaitement cette étymologie et lui donner une signi- 
fication caractéristique. L'origine antique du nom et son 
application ne peuvent pas être douteuses. 

Anédo, s. f. — Voy. Alédro. 

Anèl, s. m. Anneau, bague, boucle d'oreille. 

Sén-Jan-das-Anèls, n. pr. Saint-Jean-de-Marvéjols, com- 
mune de l'arrondissement d’Alais, canton de Barjac. On 
l'appelle aussi : Saint-Jean-des-Anneaux, parce qu'autrefois 
on y fabriquait quantité de bagues de crin, qui étaient un 
des principaux objets de commerce à la foire qui s’y tient 
le 29 août. 

Dér. du lat. Anellus, dim. de annulus. 

Anéla, v. Boucler ; anneler; tourner en volute. — On 
dit proverbialement d’un homme qu'on ne peut décider à 
terminer une affaire : À lou mdou dé la quo d'un por, 
andlo toujour el jamaï noun nouso, il est comme la queue 
d'un porc qui s’entortille et ne se noue jamais. 

Dér. de Anël. 

Anèlo, s. f. Anneau de rideau; virole de toute sorte 
d'outils. — Anèlo dé pèous, boucle de cheveux. 

Dér. du lat. Anellus. 

Anéquéli (s’), ». S'exténuer, s’amaigrir de faim, de 
froid, de manque de soins ; devenir à rien. 

Dér. du lat. Nihil, ou de nec alere, nec alitus. 

Anén, A°e pers. plur. impér. du v. Ana. Allons. Se prend 
souvent comme interjection. — Anén à la fon, allons à la 
fontaine. Anén, chu, allons! silence. Anén/ zou! pèr véire, 
idiotisme : ça! voyons donc! Anén/ véndra pas, il ne viendra 





ANI 


pas; il faut en prendre son parti. Anén/ moun home, ou 
fas bièn, c'est cela, mon garçon, tu le fais bien. 

Anîèr, s. m. Enfer; lieu où les damnés éprouvent un 
supplice éternel; diable, diablotin; fosse d'un pressoir à 
huile, où l'on fait écouler les eaux de la cuve, après en 
avoir enlevé l'huile à la surface. Ces eaux ainsi rejetées 
contiennent encore de l'huile, que les employés du moulin 
recueillent quand elles sont reposées; mais cette huile der- 
nière est toujours plus épaisse, plus chargée et de qualité 
inférieure; on l'appelle : Oli d'anfèr. 

Dér. du lat. Inferi. 

Anfin, av. Enfin ; à la fin, en dernier lieu. 

Formé du lat. In fine. 

Anfla, v. Donner, appliquer un soufllet ; souffleter. 

Dér. du lat. Infligere, appliquer, frapper violemment; ou 
peut-ôtre de énflare, faire enfler, grossir, parce qu'un souf- 
flet très-fort fait enfler la joue. 

Anîle, s. m. Soufilet sur la joue. 

Angle, s. m. Angle, ouverture de deux lignes qui se 
rencontrent ; coin, recoin.— Angle dé ro, couches et veines 
de terre végétale qui se trouvent dans les diverses assises 
d'un rocher. 

Dér. du lat. Angulus. \ 

Anglés, s. m. Créancier fâcheux, importun. — L'origine 
de ce mot vient évidemment d’un temps où, en France, 
on ne connaissait pas de rencontre ou de vue plus déplai- 
sante que celle d’un Anglais, maitre du territoire. 

Anglés, éso, adj. Anglais, anglaise, qui est d’Angle- 
terre. 

Angléso, s. f. Redingote, dont la forme et la coupe ont 
été importées sans doute d'Angleterre. 

Anguièlén, énquo, adj. Qui tient de la forme et de la 
natur» de l'anguille. — Se dit au prop. et au fig. de quel- 
qu'un ou de quelque chose, long et menu, qui échappe 
facilement, qui glisse en se tordant, qu'on ne peut saisir. 

Dér. de Anguièlo. 

Anguièlo, s. f. Anguille, Muræna anguilla, Linn. Pois- 
son, de la famille des Pantoptères et de l'ordre des Holo- 
branches, qui habite non-seulement la mer, mais les lacs, 
les étangs, les rivières et les ruisseaux. 

Dér. du gr. Éygshus, d'où le lat. anguilla, ou de 
anguis. 

Animäâou, äoudo, adj. Péjor. Animdoudas. Grosse bête; 
grossier, brutal. — Alimdou n’est que la corruption de ce. 
mot, et il ne s'emploie que par interjection. — Y. ç. m. 

Dér. du lat. Animal. 

Anis, s. m. Anis, Pimpinella anisum, Linn., de lafamille 
des Ombellifères. Plante aromatique originaire d'Egypte, 
dont la graine est une des semences chaudes. — Les 
semences, plutôt que la plante elle-même, sont ainsi 
nommées. 

Dér. du gr. &vroov. 

Anisèto, s. f., ou mieux Nisèto. Anisette, eau-de-vie 
anisée. — C'est l'absinthe des gens du peuple. Étendue d'eau, 





ANN 


elle est extrêmement rafraichissante et désaltère beaucoup. 
— Voy. Nisèto. 
 Dér. de Anis. 

Anisses, s. m. pl. Laine ou poil d'agneau, qui sert à 
faire les chapeaux de feutre les plus grossiers, qu'on nomme 
chapeaux de laine. 

- Dér. du lat. Agni, gén. d'agnus. 

‘Anitor, s. m. Cresson des jardins, cresson alénois, nasi- 
tort; Lepidium sativum, Linn. Plante de la famille des 
Crucifères, potagère, qu'on met dans le bouillon et dont 
on mélange la salade de laitue. 

Corr. du fr: Nasitort , peut-être aussi dér. d’Anès, dont 
il a un peu la saveur. 

. Anje, ou mieux Anjou, s. m. Dim. Anjouné. Ange, 
créature spirituelle d’un ordre supérieur à l'humanité. Petit 
ange, se dit souvent des petits enfants. — Anjou boufarèl, 
c'est une de ces têtes d'ange, sans corps, avec des ailes, 
qu'on trouve dans les tableaux et dans l'architecture 
d'église, toujours bouffies et qui semblent soufller, comme 
les têtes de vent qui viennent du paganisme. On dit d’un 
enfant joufllu et vermeil : Sémblo un anjou boufarèl, et 
d'un joueur qui a tout perdu et se retire de la partie, nu 
et dépouillé : Anara coucha émbé lous anjous. 

© Dér. du lat. Angelus. 

Anjèlus, s. m. Angelus, prière que les catholiques font 
en l'honneur de la sainte Vierge, le matin, à midi et le 
soir. Désigne aussi le point du jour et la nuit tombante ; 
la sonnerie qui annonce l'heure de cette prière. 

Dér. du lat. Angelus. 

Anjou, s. m.— Voy. Anje. 

Anjouné, s. m. — Voy. Anje. 

Anjounén, énquo, adj. Angélique, qui tient de l'ange, 
qui appartient ou qui est propre à l'ange. 

. Dér. de Anjou. 

Annadiè, dièiro, adj. Qui n’est pas pareil, qui ne pro- 
duit pas également chaque année ; casuel. — L'ouliviè és 
bièn annadie, l'olivier ne produit pas tous les ans, il est 
soumis à bien des éventualités. — Dans le mème sens, on 
dit d'un homme d'humeur inégale, qu'és journaïè, il est 
journalier. 

- Dér. de Annado. 

Annado, s. f. Année; annuité. — Ce mot n'est pas 
employé comme synonyme de an pour le comput du temps, 
mais simplement pour l'ensemble des récoltes de l'année. — 
Aourén uno bono annado dé bla, nous aurons cette année 
une bonne récolte de blé. L'annado ddou fanfaroù, lou 
péisan béquè prou; cette phrase proverbiale, empruntée à 
la sagesse des anciens, signifie que lorsqu'il y a abondance 
de fanfaroùs au printemps, il y aura une bonne récolte 
de vin. (Foy. Fanfaroù). L'annado sé présénto bièn, il ÿ 
a bonne apparence de récolte cette année. 

- La bono annado, la bonne année; souhaits du premier 
jour de l'an, dont le protocole est: Vous souhèle la bono 
annado, acoumpagnado dé fosso d'éoutros. La plupart du 





ANU 49 
temps on supprime cette finale, et l'on ditsimplement : La 
bono annado acoumpagnado. 


Dér. du lat. Annus. 

Anno, s.f. n. pr. Dim. Annéto, Nanoun, Nanéto. Anne, 
Annette, n. pr. de femme. 

Anounça, v. Annoncer, faire savoir; publier; pronos- 
tiquer, présager. —S'anoungça bièn, se produire avec avan- 
tage; s'exprimer avec facilité et élégance. 

Emprunté du fr. 

Anouncies, s. m. pl. Bans de mariage; publication de 
mariage. — An crida sous anouncies, on a publié ses bans. 

Dér. du lat. Nuntiare. 

Anquado, s. f. Fessée ; claques ; coups de la main sur 
le derrière. — Ficha uno anquado, donner une fessée ; fouet- 
ter avec la main sur les fesses. Cette expression n'est usi- 
tée qu’à l'encontre d'un enfant. 

Dér. de Anquo. 

Anquo, s. f. Au sing. Fesse; au plur. Las anquos sont 
les hanches, partie latérale du bassin située au haut de la 
cuisse. 

Dér. de la bass. lat. Anca, m. sign., ou du gr. àyxy, 
angle saillant. 

Ansin, adv., ou Énsin, Énsindo. Ainsi, de cette ma- 
nière, de cette façon; c'est pourquoi, de même. — Pér 
ansin, par conséquent, partant.— Aqud's pas ansin qué 
foou faïre, ce n’est pas la manière de faire cela. Ansin 
siègue, ainsi soit-il. Crése qué siès un pdou ansin, je crois 
que tu rèves, que tu radotes : euphémisme délicat. 

Dér. du lat. In et sic. 

Antan, adv. L'an dernier; autrefois, jadis, ancienne- 
ment. — En vieux fr., on disait antan, comme on le voit 
par ce dicton encore admis : Je m'en soucie comme des 
neiges d'antan. — Davan-antan, adv. L'année avant-der- 
nière. Mas amours d'antan, mes vieilles amours. 

Dér. du lat. Antè annum. 

Antièno, s. f. Antienne; mauvaise nouvelle, commis- 
sion fàcheuse ; demande pénible. — Pourta l'antièno, faire 
une commission désagréable pour celui à qui elle s'adresse; 
solliciter. 

Empr. au fr. 

Antifo (Batre l'), v. Battre la campagne, courir les 
champs. — Phr. faite, mot d’argot français. 

Antignargue, s. m. n, pr. de lieu. Antignargues, ha- 
meau dépendant de la commune d’Aigremont, canton de 
Lédignan, arrondissement d’Alais. En lat. Antinhanicæ et 
Entrinnanicæ : roman , Entrinnanègues. 

Dér. du celt. Ant, and, anti, devant, en avant; avec la 
désinence lat. anicæ, transformée par la langue vulgaire 
en anègues et argues. — Voy. Argue. Ses analogues se 
retrouvent dans Antignac (Hérault, Cantal, Haute-Garonne); 
dans Antignate (Lombardo-Vénétie) ; dans Antigni ou Anti- 
gny (Vienne, Vendée, Côte-d'Or), et dans Antin (Hautes- 
Pyrénées). 

Anuia ou Anuèja, v. Ennuyer, causer de l'ennui; fati- 

7 


50 AOU 


uer. — Tout aqud m'anuio, tout cela m'ennuie, me 


fatigue. 

Anuïia (s’), v. S'ennuyer, languir d'ennui; perdre le 
goût d'une chose dont on a usé longtemps. 

Dér. du gr. Évvoux, tension d'esprit, application forcée. 
” Anuè, adv.— Voy. Agnuë. 
 Anuècha(s’), v.— Voy. Agnuëcha (s!). 

Aou, particule et art. sing. masc. au datif. Au. Il est 
la contraction de à lou pour former le datif. Aou s'emploie 
quand le subst. auquel il s'applique, commence par une 
consonne. Au plur. datif, il fait as, contraction de 
à lous, aux; comme le dat. sing. fém. à la, donne à 
las, aux, pluriel. — Aow puple, au peuple, as puples, 
aux peuples; à la fénno, à la femme, à las fénnos, aux 
femmes. 

La chute de l’Z du radical primitif a! a produit la con- 
traction dou, dipht., qui se prononce par une seule émis- 
sion de voix, et dont la première voyelle est tonique par 
l'accent circonflexe. Cequi motiverait assez bien, au moins 
pour l’article, la manière d'écrire que nous préférons . — 
Voy. Al. 

Mais cette forme, qui est également appliquée aux 
voyelles e, à, o, alors qu’elles deviennent aussi diphthon- 
gues par l’adjonction de la consonnance ow, a été l'objet de 
vives critiques. Avant de justifier des motifs qui nous font 
rester réfractaire aux réformes en vogue, qu'il nous soit 
permis de présenter, in lmine litis, un exposé de quelques 
principes généraux sur la matière, préliminaire indispen- 
sable de toute discussion. 

Notre Dictionnaire, par droit de naissance, avait son 
orthographe toute faite dans la nomenclature dressée par 
La FaRe-ALais. Ce catalogue, patiemment élaboré sous le 
contrôle d’une critique que l'intimité rendait plus rigou- 
reuse parce qu’elle était plus libre et plus familière, n'avait 
pas seulement en vue de relever un à un tous les mots de 
ñôtre dialecte, de juger de leurs droits à l'admission ou de 
prononcer leur rejet définitif. Il avait encore fallu, pour 
les enregistrer dans un ordre régulier, déterminer exacte- 
ment la forme et la structure de chacun : leur classement 
posait donc les bases de notre méthode orthographique. Le 
savoir du maître et son goût éprouvés donnaient à ce pre- 
mier travail une irrécusable sanction. Nous pouvons dire 
-éépendant que cette nomenclature nous était imposée 
moins par déférence pour son autorité, que par une con- 
viction réfléchie de suivre, en l'adoptant, le système le 
plus clair, le plus rationnel et le meilleur. 

Avec une langue comme la nôtre, qui n'a ni alphabet 
propre, ni règles précises, ni syntaxe bien arrêtée ; qui est 
beaucoup parlée sans avoir presque de prose écrite ; qui 
nè s'est produite au dehors que par une merveilleuse poésie 
partout chantée; mais qui veut se faire lire et comprendre, 
“ét'qui mérite d'être étudiée; un dictionnaire n'a qu'une 
voie à prendre, celle qui rapproche autant que possible 
Yécriture de la prononciation. Par céla que, dans notre 





AOÛ 


idiome essentiellement musical et euphonique, le sens d'un 
mot dépend le plus souvent du son qui lui est imprimé en 
parlant, il est nécessaire que la lettre écrile soit la pein- 
ture de la voix entendue. Chaque terme, chaque syllabe, 
figurés par les signes convenus et usuels, doivent se pré: 
senter avec un relief tel qu’ils puissent d'abord être épelés 
sans hésitation, puis liés régulièrement, enfin prononcés 
comme l'usage demande et veut qu'ils soient articulés. 
Saisir rapidement l'œil, la voix et l'oreille pour arriver par 
le plus court chemin à l'intelligence, c'est le but que se 
propose notre Lexique. L'orthographe phonétique est done 
la seule que comporte notre idiome : voilà le principe. - 

Seulement la règle est dans la mesure et ne peut se sou: 
tenir que par des tempéraments. Une rigidité absolue-n’a 
rien-de pratique dans les conditions de l'idiome méridional; 
et l'éclectisme large et simple que les Castagnados ont for- 
mulé, lui convient mieux de tous points. Certes, si nous 
avions à mettre en œuvre les richesses enfouies de lan: 
cienne langue d'Oc, avec ce trésor-là, et en dépit des acces- 
sions nouvelles que le temps et les mœurs nous ont impo- 
sées, nous n'aurions pas hésité à relever le vieux pavillon, 
à proclamer une syntaxe et une orthographe spéciales, à 
arborer des principes radicaux et inflexibles. Mais nous 
n'en sommes pas à avoir une langue-maîtresse et, comme 
on dit, sui juris; nous ne sommes plus le roman. I n'y a 
pas d’illusion patriotique à se faire : notre idiome s’est 
transformé; sa configuration doit se ressentir du change- 
ment, s’il y a progrès. Soit que, remontant aux mêmes 
origines, le français et le languedocien aient gardé l'em- 
preinte de leurs éléments primitifs; soit que l’action.des 
mèmes influences ait agi-sur eux d’une manière presque 
identique au moment de leur seconde formation, dans leur 
passage du roman au langage actuel; soit que, par Je 
contact forcé, des infiltrations aient pénétré de l'un dans 
l'autre ; le fait certain est que bien des-mots se retrouvent 
dans les deux langues, sans qu'il soit toujours facile de 
reconnaître à laquelle appartient la primauté de composi- 
tion, ou si la greffe n’a pas une date contemporaine. Cette 
catégorie de vocables ne saurait manquer d’engendrer cer- 
taines conformités d'orthographe. Il s’en rencontre d’autres 
que l'usage a mis dans la circulation, qui se sont natura- 
lisés et qui ont acquis droit de cité. Si nous voulons un 
Dictionnaire complet, nous devrons leur faire place, 

Cet état de choses était de nature à mitiger notre rigo- 
risme. SAUVAGES, il y a cent ans, avait déjà été amené à 
faire des concessions. Nous avons une instinctive antipas 
thie, égale au moins à la sienne, pour les travestissements 
à la française de nos techniques; mais la crainte de nous 
confondre avec le français nous préoccupe moins. Surtout 
le désir de donner à notre langue originale une physio- 
nomie plus originale encore, ne nous conduira pas à défi- 
gurer certains mots, au point de dérouter l'œil le plus 
exercé, ni à compliquer certaines liaisons de syllabes par 
l'introduction de lettres parasites ou bizarres, pour la seule 








AOU 


satisfaction de ne pas créer des-ressemblances graphiques; 
quand il y a au fond ne hrpeetnsieneeer 
painité. 

Si, avec SAUVAGES, nous reconnaissons que toutes les 
lettres doivent être prononcées, encore faut-il, croyons- 
nous, n'écrire que celles qui.se prononcent, qui sont suffi- 
santes, de par l'alphabet, à constituer le son juste. En tout 
ce-qui ne blesse pas le génie de la langue, il n’y a pas péril 
à se montrer facile, et nous indiquons comme exemple la 
dipht. ai. —Voy: Ai. 

Mais à part cette exception, c'est toujours la prononcia- 
tion vers laquelle converge notre orthographe et qui lui 

{sert de guide. 

+ Nous entendons les docteurs ès-grammaire  s’écrier : 
‘mais les étymologies que vous sacrifiez avec votre sys- 

tème phonographique ! mais les homonymies qui vont 

-pulluler, semer partout la confusion et nous précipiter 
dans le chaos! Nous tombons dans l’abomination de la 
désolation prédite par Ch. Nodier. 

Ces anathèmes ne seraient,pas effrayants, ni ces griefs 
très-sérieux, n'étaient le pédantisme-et le paradoxe qui les 
ont parfois éloquemment enflés ; mais que les timorés se 

‘ rassurent. 

La part des étymologies est largement faite dans notre 

‘ lexique; au-dessous de chaque vocable est, autant que 
possible, placée sa dérivation. Les lettres étymologiques 

‘ savantes ne disparaissent-elles pas en parlant? Pourquoi en 
surcharger le mot écrit? Ne serait-ce pas le plus sûr moyen 
de le rendre inintelligible à la lecture, introuvable à la 
æecherche la plus obstinée, et d'en fausser l’épellation ? 

* Dans les cas si fréquents d'apocope et d’aphérèze, de syn- 
cope et de métathèse, de mutation, de transposition, d’ad- 
dition ou de suppression de voyelles et de consonnes, quel 
serait.le parti à prendre pour éviter le barbarisme en écri- 
ture ou la cacophonie dans la parole? Les savants auraient 
bien fait de commencer par résoudre ces difficultés. 

Quant aux homonymies; avec une orthographe pure- 
ment phonique, elles existent au même degré dans l'écri- 
sure comme dans la prononciation, pour la vue et pour 
l'onie..ÆEh bien! après? Dans le langage parlé quelle.est la 
confusion possible? Dans la phrase écrite :d'où. peut naitre 
V'incertitude ou l’obseurité? Avec notre méthode d’aecents 
et.de tréma, il n'y a pas de mot absolument homographe. 
Sur.les-mêmes lettres, la notation donne le sens; toute 
amphibologie est. prévenue par l'accent. Il.n'y a, pour s'en 
«onvainere, qu'à le voir fonctionner, par exemple, dans 
babo.et babd, béou et bèou, coulou et couloù, sén et sèn, 

- æén.et vèn, fio et fiè, sie ronié id ete., etc. — Voy. 
au mot Acén. 

*  Lèest, en effet, le point eapital. L'accentuation est le 
rai génie de la langue d'Oc. C'est par l'accent que se 
module la gamme harmonique de sa vocalisation ; l'accent 
‘qui marque la tonalité de ses cadences brèves ou longues, 





AOU : 51 


Comme disait le maitre, notre idiome « vocalise plutôt 
qu'il n'articule. » Sa parole est.une musique et.une mé- 
lopée : il.ne faut pas l'oublier. Mais son chant, si doux à 
l'oreille, a pour se traduire aux yeux une notation : pour 
son parler écrit, cette notation est l'alphabet. 

La langue d'Oc n'a pas un instrument fait exprès pour 
elle ; elle a partagé avec la langue d'Oil l'usage de l'an- 
cien alphabet latin; les mêmes combinaisons de signes 
produisent à peu-près les mêmes effets. Nous ne voyons, 
pour notre part, aucun mal à ce qu'elle s'empare et se 
serve d'un bien qui lui appartenait un. peu aussi; n'eùt- 
elle même pas été la première à le posséder. Aujourd'hui 
c'est peut-ôtre pour elle la seule condition possible .de 
vivre, de se faire comprendre et étudier, .de se répandre 
par le monde et d'y faire figure. Elle a donc sagement agi 
d'en adopter les formes ; elle a fait mieux encore de suivre 
son mouvement, de mettre à profit sa valeur et ses perfec- 
tionnements. Quel regret aurait-elle de cette communauté, 
si les caractères de l'alphabet français en usage peuvent 
représenter tous les sons languedociens et reproduire fidé- 
lement sa prononciation ? [1 sera mème facile de prouver 
qu'elle y a gagné d'exprimer certaine consonnance qui lui 
était particulière et qui n'existait pas.en latin. — Voy. 
lettre.U. 

Maintenant, à Ja question de notre article, que ces pré- 
mices auront simplifiée. Comment faut-il écrire les diph- 
thongues ou triphthongues dans lesquelles se rencontre la 
consonnance ou? Nous ne parlons que de la première 
forme sur a ; les autres e, &, o viendront en leur lieu : elles 
ont toutes d'ailleurs les mêmes raisons d'être. — Voy. Eou, 
diphth. 

IL s'agit d’une diphthongue, ce qui signifie une syllabe 
unique composée de deux sons. La voyelle a, éclatante, 
sonore, n’est pas en litige; mais comment doit être repré- 
sentée la seconde, voyelle sourde et aphone? 

Rien ne paraît plus simple que la réponse, s'il est bien 
convenu, une fois pour toutes, que les mots doivent être 
figurés tels que dans l’usage.on les artiçule; que la pro- 
-nonciation doit être rendue de:la manière la plus facile, Ja 
plus.perceptible au plus grand nombre; qu'enfin le seul 
véhicule connu et pratiqué doit être l'alphabet français. 11 
n’y a.pas à vouloir se.soustraire à cette loi de la nécessité, 
Ai à.s'en humilier. Ce n’est point un tribut de vassalité 
payé au français, mais le partage d’un héritage commun. 
‘Que l'on s’en plaigne, à la bonne heure: ce peut être un 
agréable exercice d'esprit. Que l'on trouve une regrettable 
imperfection à.ne pouvoir exprimer chaque son simple.par 
un signe unique, et que, par exemple, dans la conjoncture, 
l'abréviation grecque &# (ov) qui ferait si bien, .ne soit.pas 
admise chez nous; nous nous gardons d'y contredire. Mais 
nous n’en serons pas moins tenus, quel que soit notre dia- 
—lecte, de nous servir de ce que nous avons et comme nous 

J'avons;.et il faudra bien s'en contenter. Il semble donc 


qu'il devrait suffire de savoir comment l'alphabet fran- 


52 AOÛ 


çais traduit en lettres le son qui se fait entendre nette- 
ment, isolément, à la finale de notre diphthongue, pour 
décider que la langue d'Oc doit l'écrire de mème. Or, la 
voix u est représentée par un seul caractère : la vocale ou 
a besoin de deux signes, mais n’en est pas moins une : et 
l'une et l'autre ont leur son spécifique, particulier. Nous 
entendons et nous prononçons w et ou, voyelles, sans les 
confondre; écrivons donc et notons avec des signes diffé- 
rents des sons distincts. L'orthographe vraie de la syllabe 
sera donc dou. 

La déduction est rigoureuseeet logique. Elle avait frappé 
sans doute bien des auteurs et des plus recommandables, 
glossateurs et poètes, qui professaient la nécessité d’écrire 
commeon prononce, lorsque de notre temps on a essayé de 
changer tout cela, non pas en attaquant le principe, mais 
en imaginant une exception qui le renverse. 

Une nouvelle école proclame que la voyelle « se pro- 
nonce, en effet, toujours comme en français, hormis les 
cas où elle suit immédiatement une autre voyelle; car alors 
elle doit prendre le son ou; et il faut écrire au, éu, èu, iu, 
du, diphthongues, et iau, iéu, ièu, idu, triphthongues, au 
lieu de dou, éou, ou, iou, 6ou, et idou, iéou, tôou. 

Voilà l’inéluctable Schibboleth en écriture, posé d’auto- 
rité à l'entrée du cénacle, où nul ne pénètre sans sou- 
mettre, au culte et à la pratique de ce symbole, son esprit, 
sa foi et sa plume. C’est l’heureux commencement, le pivot 
fondamental de l'unité orthographique des dialectes de la 
langue d'Oc, ont décidé les puristes réformateurs. 

Ce dogme, d’assez fraiche date, est soutenu à la vérité 
par des hommes d’un incontestable talent, sinon par des 
arguments bien solides; mais il n’est pas si absolu qu'il ne 
souffre des atténuations, ni si vrai qu'il ne se contredise 
souvent lui-même. On lui a fait une histoire, ce qui donne 
toujours un certain crédit; il a trouvé des partisans, ce 
qui ne manque jamais aux plus étranges doctrines. Ne 
parlons pas des convertis du premier degré, qui longtemps 
avaient écrit ces diphthongues comme ils les articulaient, 
sans doute avec la conscience de bien faire et la certitude 
d'être compris, et qui depuis, illuminés par un rayon d’en- 
haut, se corrigenteux-mêmes, et dans leur ferveur de néo- 
phytes, affrontent le douloureux martyre de ne plus pou- 
voir être lus. Ne relevons pas chez les adeptes du second 
degré ces scrupules qui leur font admettre l'application du 
système à la voyelle a, tandis qu'ils la rejettent pour les 
autres. Les résipiscences comme les divergences prouvent 
ceci: que l'orthographe dou a eu et aura toujours sa raison 
d’être, et qu’il n’est pas aussi sûr que la réforme par au 
puisse également bien justifier de la sienne. 

Nous regardons cette prétendue innovation comme une 
hérésie grammaticale de la plus grosse espèce. Elle mène 
tout droit à la cacophonie, ce que notre langue redoute le 
plus; elle introduit foreément l'exception dans l'exception, 
ce qui est un danger et un signe de décomposition pour 
un idiome; elle se met en révolte ouverte avec l'usage et 





AOÛ 


le sens commun, et finit par ne tenir aucun compte des 
lois de la liaison, du rapprochement, de la combinaison et 
de la valeur des lettres. 

Il est facile de poser en théorème que la Vogel u prend 
le son ou, quand elle se trouve placée après une autre 
voyelle; mais rien n’est moins réfléchi, ni moins véritable. 
Il existe une famille nombreuse et très-intéressante de 
mots dans lesquels l’euphonie caractéristique de l'u simple 
ne peut pas disparaitre. Nous ne tenons pas compte de 
quelques noms propres, comme Esaü, Danaüs, Emmaüs, 
Antinoüs, etc. ; mais Marius, si commun en Provence: 
mais Darius, Durius, Vius, etc., fréquents dans le Bas- 
Languedoc, mais tant d'autres à désinence identique, qui 
reviennent si souvent dans les traductions des anciens 
auteurs, il n’est pas aussi commode de s'arranger avec eux 
si lon veut prononcer correctement et suivre les préceptes 
des novateurs. De quel droit sacrifier encore cette classe 
de substantifs communs, d’adjectifs et de participes, ter- 
minés en aitu, èiu, &iun, un, aiur, tur, ius,iuro, tuso, etc., 
comme douréiu, oreillard; béstiu, bestial; caïtius, chôtif ; 
éscoubiun, balayures ; éscafouïun, écrasement ; aïul, aïeul; 
iuèl, œil; maliuga, rompre ; méssius, messieurs; hiudt, 
aujourd’hui; liuèn, loin; huièl, bourgeon, œil; s'aïuèncha, 
s'éloigner ; baïuèrno, étincelle; pariuro, gageure; cadiuëisso, 
cosse de pois; faïu où alaïu, bière, cercueil ; triun, éplu- 
chures; triuèjo, truie ; viéiun, vieillesse, etc., ete. ? Certes, 
s’il en fut, ceux-là ont un « qui suit immédiatement la 
voyelle; et personne ne s’avisera jamais de faire entendre 
ou en les prononçant. La conclusion est claire. 

Cependant comment une erreur de ce calibre a-t-elle 
pris naissance et crédit ? Simplement parce qu’on a évo- 
qué le souvenir des troubadours classiques, qu'on a démon- 
tré qu’ils n'avaient pas écrit autrement ces syllabes diph- 
thonguées, et qu'on a voulu s’autoriser de leur exemple 
constant. 

L'argument, pour être le seul qui se soit encore produit 
en faveur de ce système, n’est pas heureux. Son moindre 
défaut est d’avoir trop oublié que les troubadours écri- 
vaient avec l'alphabet latin et qu'ils prononçaient à la 
mode latine. La langue romane employait les formes et 
les lettres romaines. Or, le latin qui ne connaissait point 
le son de l’x simple, avait cependant ce signe w qui son- 
nait partout et invariablement ow, isolé, précédé ou suivi 
par une voyelle ou une consonne. En italien, en espagnol, 
en portugais, langues néo-latines, l’u français, qui n'existe 
pas non plus, a conservé la prononciation qu'il avait chez 
les Romains. Au contraire, dans la langue d'Oc, le son w 
est ancien : on le fait remonter aux Gaulois. Il est dans 
son génie, et il est impossible de ne pas le maintenir. Mais, 
comme pour exprimer ce son w, la langue d'Oc manquait 
d'un caractère spécial, ou, pour mieux dire, n'avait à sa 
disposition, dans l'écriture, qu’une lettre destinée à repré- 
senter deux voix différentes, force était bien à ceux qui 
écrivaient de mettre un w dans les mots dont la pronon- 


| 





AOÛ 


ciation devait faire entendre ou, comme dans ceux où la 
voyelle avait le son actuel. Cet usage s’est prolongé long- 
temps : il explique l'ancienne manière d'écrire des trou- 
badours , mais il est loin de prouver qu’on doive la préco- 
niser et la reprendre. 

Aujourd'hui, en l'état des conventions et des combinai- 
sons alphabétiques qui régissent la langue d'Oc, il n'est 
plus permis de revenir aux vieux errements. A moins de 
réformer l'alphabet adopté, et nous n'en sommes pas là, si 
la langue d'Oc veut se faire lire et se faire comprendre à 
la lecture, elle sera tenue d'écrire par le signe convenu la 
voyelle qui devra être prononcée comme l'u français, et de 
mème pour la voyelle ou, formée de la jonction de deux 
signes, mais ne produisant qu'un son simple, entier, indé- 
pendant ; et ce sera une règle générale, sans exception, bien 
que l’une ou l'autre vocale soit précédée ou suivie d’une 
voyelle ou d'une consonne. — Voy. Eou, diphth., 1, Ou, 
U, voyelles. : 

Que l'on consulte donc l'oreille et la prononciation, c’est 
tout ce que demande notre idiome, essentiellement eupho- 
nique. Sauvons son autologie, sans cesse menacée par les 
envahissements du Nord ; mais soyons de notre époque, et 
sous prétexte d'unité, ne faisons rien de rétroactif, la pire 


des conditions. N'essayons pas de ressusciter des formes 


surannées, ne latinisons pas notre orthographe, si nous 
voulons prouver que notre langue d'Oc est toujours vivante 
et qu’elle produit encore des chefs-d’œuvre. 

Aou, s. m., au plur. Aousses. Toison de mouton ou de 
brebis ; l'ensemble de la dépouille d’une bête à laine prise 
isolément. — L'dou ne comprend que cette partie de la 
toison qui se tient toute et ne forme qu’un corps, déduction 
faite de la laine du ventre, des jambes et de la tête, qui se 
coupe en détail, par flocons et se nomme: Flouquariè. 

Dér. du béarn. Aoulha, brebis, du lat. Ovicula, et Ovis. 
— Voy. Abéiè. 

Aoubado, s. f. Aubade; concerts, musique, sérénade au 
point du jour sous les fenêtres d’une jeune fille ou d'une 
personne que l’on veut honorer. — Il se prend souvent, 
par antiphrase, pour une insulte publique ou une scène de 
moquerie ou de reproches. — Voy. Révéiè. 

Dér. de Aoubo. 1 

Aoubala, v. Dévider la soie, la doubler et la tordre fai- 
blement, lui donner un faible apprèt, sur des bobines qui 
tournent fixées à un grand métier, l'éoubalo, mis en mou- 
vement par l'eau, la vapeur ou des chevaux, et qui est de 
forme ovale. . 

Dér. du fr. Ovale, qui est le mot technique de ce métier. 

Aoubalaïre, aïro, adj. Celui ou celle qui sert un métier 
de soie dit ovale. 

Aoubalaje, s. m. Œuvre que donne à la soie le métier 
dit ovale; moulinage de la soie destinée à la confection des 

_Aoubaléstriè, ièiro, subst, et adj. Étourdi et maladroit 
à la fois; jeune gars sans frein et sans mesure. 





AOU 53 


Ce terme de mépris est une suite du décri où étaient 
tombés nos archers qu'on nommait au moyen âge, en langue 
romane, doubaléstriès, arbalétriers. Comme la guerre, à 
cette époque, se faisait principalement au moyen de 4a 
cavalerie, les hommes d'armes, les archers, milice à pied, 
étaient peu considérés, mal exercés et partant peu utiles, 
ce qui devait seul étouffer chez ces soldats tout germe de 
courage et tout désir de se distinguer. Leur nom et jusqu’à 
celui de matras qu'on donnait à leur flèche, devinrent en 
Languedoc des termes d’injures ; tandis que chez les Anglais 
les archers étaient la meilleure et la plus utile de leurs 
milices, témoins les batailles de Crécy et de Poitiers. 

Aoubaléstriè, s. m. Arbalétrier, pièce de charpenterie 
d'un comble; ferme ou assemblage qui soutient la couver- 
ture, formé de deux pièces obliquement placées, qui vont 
s'emmortaiser du haut avec le poinçon ou pied-droit et par 
le bas avec la ferme décrivant avec elle un triangle. 

Dér. d’Aoubaléstro. 

Aoubaléstriè, s. m. Grand martinet, martinet à ventre 
blanc Cypselus alpinus, Temm. Oiseau de l'ordre des 
Passereaux et de la famille des Planirostres. Gris uniforme 
sur toutes les parties supérieures, la gorge et le ventre 
blancs. Son nom lui vient de ce qu’en déployant les ailes 
il rappelle la forme d’une arbalète, 

Aoubaléstro, s. f. Arc d'acier monté sur un füt, qu'on 
tend au moyen d’une corde, servant à lancer des flèches 
nommées matras. 

Dér. de la bass. lat. Arbalista, formé de arcu-balista. 

Aoubalo, s. f. Ovale, métier à doubler et à tordre la 
soie. 

Empr. au fr. 

Aoubé, interj. Oui; oui vraiment. — Aoubé tant ! oh! 
certes oui! Aoub'aquà ! pour cela, oui ! je vous le promets. 
Aoubé saïque ! oui, sans doute. 

Formé par syncope de Oui ou ha et de bé. 

Aoubécho, s. f. Aubier d’un arbre, couche ligneuse 
entre l'écorce et le cœur de l’arbre ; elle est plus blanche, 
plus tendre et plus poreuse que ce dernier, parce qu'elle 
est plus récente de formation. Les planches prises dans 
l’aubier sont plus sujettes à la vermoulure. — Voy. Aou- 
bénco. 

Dér. du lat. Alburnum . 

Aoubéi, v. Obéir; agir selon un ordre reçu; céder, 
plier. 

Dér. du lat. Obedire. 

Aoubéissén, énto, adj. Obéissant, soumis ; maniable. 

Aoubéissénço, s. f. Obéissance, soumission ; habitude 
d'obéir. 

Aoubénas, s. m. n. pr. Aubenas, ville du Vivarais, 
dans le département de l'Ardèche. — On remarquera que, 
pour tous les noms de lieu qui commencent par un a, on 
ne place pas au-devant la préposition à, correspondant au 
lat. ad, et l'on ne dit pas à Alais, à Aoubénas, à Avi- 
gnoun, parce que cette réduplication de la mème voyelle a 


54 AOÛ 

quelque chose de heurté pour l'oreille languedocienne. 
Mais on emploie la préposition én, répondant au lat. in, et 
l'on dit: Véou én Alais, én Aoubénas, én Anduso, én 
Arle: I n'en est pas de mème pour les noms de lieu com- 
mençant par une autre voyelle; car on dit très-bien : à 
‘Usès, à Iousé, à Uchâou, à Orléan. 

Le mot languedocien Aoubénas est exactement reproduit 
par son équivalent latin Albenacium où Albenassium. C'est 
pour la première syllabe, le changement, très-commun 
dans notre idiome, de al en dou, rendu par au en fr., ce 
qui ne se fait pas non plus sans une certaine réciprocité. 
Quant à la terminaison as, ce n'est pas ici un fréquentatif, 
mais une variante du suffixe celtique primitif ak, vulga- 

 æisé dans la forme latine acum, assium. Le mot lui-même 
est le gaulois alb, le même que ap, signifiant sommet, 
haute montagne, et blane, couleur de neige ou couvert de 
neige. Sa parenté est nombreuse; aux désinences près, on 
la reconnait dans les noms identiques : Atbénas, en Pro- 
vence; Aoubénas, arrondissement de Forcalquier (Basses- 
Alpes) ; dans Aubeïgnan (Landes); Aoubigna (Gard), en fr. 
Aubignac; qui se retrouve dans Aubignac ou Albignac, 
Atbiniacum, arrondissement de Bourges; Albignac, Atbi- 
niacum (Vaucluse); Aubignas, en Vivarais; Aubigné, en 
Bretagne, Poitou, Maine, Anjou, Touraine; Aubigny, Albi- 
niacum, dans le Berry, la Brie, la Picardie, le Bourbon- 
nais, le Poitou, Touraine, Champagne, Bourgogne, Laon- 
nais, Normandie, Franche-Comté, Nivernais, Artois; et 
encore dans Aubeinges ou Aubinges (Berry); et enfin dans 
notre Aoubignargue, Aubignargues, Albanhanicæ (Hérault). 

Tous ces noms présentent dans leur radical et dans la 
version latine une analogie directe, et s'appliquent à des 
localités, comme Aubenas, sur des plateaux élevés ou 
remarquables par les montagnes qui les entourent. — 
Voy. Aoubussargue, etc. 

Aoubénco,.s. f. Aubier, couche ligneuse extérieure et 
ordinairement plus blanche, qui se-trouve entre le cœur 
de l'arbre et le liber on couche intérieure. — Voy. Aow- 
bécho. 

Dér. du lat. Alburnum. 

Aoubérjèiro, s. f. Pècher qui produit l'alberge ou pavie- 
alberge, à chair adhérente au noyau. Cet arbre a de nom- 
breuses variétés. 

Dér. de Aoubèrjo. 

Aoubérjino, s. f., ou Vièdase, fam. Aubergine, mélon- 
gène; Solanum melongena, Linn. Plante potagère de la 
famille des Solanées. 

Aoubèrjo, s. f. Auberge ; hôtellerie; lien où l'on donne 
à manger et où on loge pour de l'argent. 

Dér. de la bass. lat. Alberga ou Albergum, logement, ou 
de l'ital. Atbergare, Au reste, il est emprunté au fr. Le 
mot propre d'hôtellerie, en lang., est cabaré; mais comme 
cabaret, en fr., signifie une mauvaise hôtellerie, ou plutôt 
encore l'échoppe du marchand de vin, débilant à bandière, 
on a cru qu'en lang. aussi il fallait distinguer l'hôtel- 





AOÛ 


lerie bourgeoise de la taverne du peuple, en appelant la 
première Aoubérjo, et la seconde Cabaré. 

Aoubèrjo, s. f. Pavie, alberge ; sorte de pêche ferme, 
dont la chair adhère au noyau; fruit plus connu dans le 
midi de la France que dans le nord. On en distingue trois 
espèces : la Pavie, qui a la chair très-blanche et qui «st 
la plus savoureuse ; la Pavie jaune, et une dernière dont 
la pulpe est d’un rouge très-foncé, dure et peu aqueuse. 

Dér., d'après Ménage et Roquefort, du lat. Abus, parce 
que l'espèce principale a la chair blanche ; selon Saumaise, 
de l’art. arabe A4, le, et Beg, fruit. 

Aoubéto, s. f. La petite pointe du jour; le premier 
rayon lumineux qui précède l'aurore. 

Dim. de Aoubo. 

Aoubicoù, s. m. Sorte de figue précoce, longue et noire, 
qui mürit à la Saint-Jean. 

Dér. du lat. A/bicans, qui signifie blanchâtre, sans donte 
parce qu’en séchant, cette figue passe du noir au blanc. 

Aoubièïro, s. f. Lieu planté de trembles, peupliers 
blancs, doubo. — V. c. m. 

Aoubignargue, s. m. n. pr. de lieu. Aubignargues, 
dans le département de l'Hérault. — Voy. pour l'étym. 
Aoubénas, Aoubussargue. 

Aoublida, ». Oublier, perdre le souvenir, la mémoire ; 
laisser quelque chose par oubli. — Aï doublida moun 
coutèl din lou pra, j'ai laissé mon couteau au pré: 

Dér. du lat. Oblivisci. 

Aoublidoüs, ouso, adj. Oublieux; qui a la mémoire 
courte. | 

Aoubligaciou, s. f. Obligation, engagement qui lie, qui 
impose le devoir qui nait des services rendus; billet ou 
acte par lequel on s’oblige. — I aï fosso doubligacious, il 
m'a rendu bien des services, il m'a souvent obligé. Passa 
uno doubligactou, passer un contrat notarié, portant obli- 
gation; prêt hypothécaire. 

Dér. du lat. Obligatio. 

Aoublija (s’), ». S'obliger pour quelqu'un, lui servir de 
caution. 

Aoublisè, indécl., locution proverb.; phr. faite, pour 
dire : Merci, bien obligé ; s'emploie surtout quand on.refuse. 
C'est ce qui s’exprime en fr. fam. par : Merci, non. 

Contr. et corr. du fr. 

Aoubo, s.f. Aube, le point du jour. — La primo doubo, 
la première clarté de Faurore. D'uno doubo à l'âoutro, 
toute la journée, de l'aube du matin à l'aube du soir ou au 
crépuscule. 

Dér. du lat. Albus, alba. 

Aoubo, s. f. Peuplier blanc, Populus alba, Linn,, et 
aussi Peuplier-tremble, Populus tremula, Linn. Arbres 
communs dans nos contrées, de la fam. des Amentacées. 

Dér. du lat. Alba. 

Aoubo dé mèr, s. f. Pre rc ou Algue des vitriers; 
Zostera marina, Linn. Plante de la fam. des Aroïdes, abon- 
dante sur les côtes de la Méditerranée; la même que la 








où, 


Mousso-dé-mèr, vermifuge bien connu. — Voy. Mousso-dé- 

Aoubo paraît être une corr. de Aougou, employé aussi 
dans notre dialecte et qui avait son étymologie dans le lat, 
Ad et ligare, parce qu'elle s'attache aux pieds de ceux qui 
marchent dans la mer. — Voy. Aougou. 

Aoubovi, s. m. Vigne-blanche ou Viorne à larges feuilles, 
Clematis alba, Linn. Plante de la fam. des Renonculacées, 
éaustique et vénéneuse, espèce de Clématite, autrement 
dite : Herbe aux gueux. 

Dér. du lat. Alba et de vitis, ou uva. 

Aoubrado, s. f. Quantité de feuilles qui se trouve sur 
un seul mürier. — Aquè y-a uno bravo doubrado, ce mürier 
fournira beaucoup de feuille, il est bien garni. 

 Dér. de Aoubre. 

Aoubre, s. m. Arbre, plante ligneuse et vivace dont la 
tige, épaisse et nue à la base, s'élève à une hauteur remar- 
quable; le plus grand des végétaux. — On disait dans l’an- 
cienne langue romane : Albre, alber. 

Dér. du jat, Arbor. 

Aoubre, s. m. Arbre, pièce de bois, posée horizontale- 
ment ou verticalement, sur laquelle tourne toute une 
machine et d'où dépend son principal mouvement. 

Aoubre dâou moulà d'oli, le mouton, la presse d’un pres- 
‘soir à huile, énorme pièce de bois qu’on fail peser par une 
vis sur la pâte d'olives. 

Aoubre dré, arbre-droit d'une charpente, d'un puits-à- 
roue, etc. — Faïre l'éoubre dré, se tenir en équilibre, en 
chandelle, sur la tôte, les pieds en l'air. Au fig., faire tous 
ses efforts, faire l’impossible, employer tous ses moyens 
pour prouver sa bonne volonté; se mettre en quatre. 

Aoubre jasén, pièce de bois horizontale dans laquelle 
tourne l'arbre droit d’un puits à roue. 

Aoubré, s. m. dim. Petit arbre, arbrisseau. 

Aoubréspi, s. m. — Voy. Aougréspi. 

Aoubréssa, s. m. Havresac. C'est particulièrement ce 
sac d'ordinaire en peau et à divers compartiments, dans 
lequel les chasseurs et les ouvriers terrassiers à la journée 
portent leurs provisions de bouche. 

Formé de l'allemand Haber, avoine, et sake, sac. D'après 
cette étym., cette sorte de sac aurait été dans l'origine à 
J'usage-des soldats de cavalerie, pour porter la provende de 
leurs chevaux en campagne, ce que l'on appelle aujour- 
d'hui : musette. 

-Aoubricô, s.m. Abricot, fruit de l'abricotier. 

-Dér. de l'arabe Albercogq. 

Abricoutiè, s. m. Abricotier, Prunus armeniaca, Linn. 
Arbre de la famille des Rosacées, originaire de l'Arménie, 
comme son nom latin l'indique. 

ÆAoubussargue, s. m. n. pr. de lieu, Aubussargues, 
commune du canton de St-Chaptes, arrondissement d'Uzès. 

Son nom est en latin Albussanicæ. 1 peut absolument 
avoir eu pour radical un nom d'homme, comme son ana- 
logue Aoubignarque, en lat. Albinhanicæ, et la seule diffé- 





AOÛ 55 


rence serait alors entre les noms Alban, Albain, ou Albin, 
Albanus, ou Albinus ; mais, soit nom d'homme ou nom de 
lieu, l'origine est certainement dans le celtique A4 où Atp, 
montagne, blanc de neige, et les procédés de formation ap- 
pellative sont ici les mèmes que nous signalons aux art. 
Argue et Aoubénas, etc. Ainsi se vérifient les identités de 
racine, et l'équivalence des terminaisons, quand on rapproche 
successivement les noms. Celui-ci se reproduit, pour en 
donner un nouvel exemple, dans Albussan (Creuse), dans 
Albussac, Aubusson (Creuse et Puy-de-Dôme); et dans ces 
similaires, comme dans tous ceux cités sous le mot Aowbé- 
nas, il s'applique à une situation sur des montagnes ou 
caractérisée par le voisinage de montagnes. 

Aoucupa (s’), v. S'occuper ; travailler ; mettre le temps- 
à profit; ne pas rester oisif. — Aquél travaïadoù és pas 
d'un gran és-avan, mais s'éoucupo toujour, cet ouvrier 
n'est pas très-habile, il ne fait pas rapidement son travail, 
mais il ne perd pas un moment, il est toujours à l'ouvrage. 

Dér. du lat. Occupare. 

Aoufénsa, adj. sans fém. Atteint d’une hernie. — Le mot 
créba est le technique le plus usité, mais il est familier et 
ignoble; quand on veut y mettre de la décence, on se sert 
de doufénsa ou de rélassa. — V. €. m. 

Dér. du lat. Offensus. 

Aougou, s. m. Algue ou mousse-marine. — Voy. Aoubo- 
dé-mèr 

Aougréspi, s. m., ou Aoubréspi. Auhépine, épine 
blanche, noble épine; Cratægus oæiacantha, Linn. Arbris- 
seau épineux de la fam. des Rosacées. 

Dér. du lat. Alba et spina. 

Aougruno, s. f. Augure, pronostic, présage.— Ce tech- 
nique, qui a vieilli, s'emploie encore parmi les vieillards 
ét les bonnes femmes. — N'aï pas bono dougruno, j'en ai 
mauvais augure, je n'en augure rien de bon. 

Corr. du fr. 

Aouja, s. m. n. pr. de lieu. Aujac, commune du 
canton de Génolhac, arrondissement d'Alais. 

Ce nom, en lat. Aujacum, offre un exemple intéressant 
de la composition dés noms dans nos pays, qui confirmé ce 
que nous disons à l'art. Argue. Inutile d’abord de remar- 
quer que, selon Ja règle invariable de notre dialecte, lex 
final est supprimé. Mais, auprès de ce hameau, se trouve 
un écart qui est indifféremment appélé Aoujagué ou Aou- 
jargué, petit Aujac. Le premier diminutif est dans la 
forme ordinaire et régulière de tous les noms propres en 
a, le second présente cette particularité que, par W'ad- 
jonetion de la consonne r;, ilentre dans la catégorie ‘des. 
appellations en argue, et se montre en complète analogie 
avec le nom Aoujargue, Aujargues, commune du canton 
de Sommières, arrondissement de Nimes. Ce sont bien là 
les mêmes noms sous différentes finales, et ils sont rendus 
par la mème forme latine; mais en même temps ils sont 
identiques à Aoujan,  rERReR NE fervent 
et à Aujon (Haute-Marne). 


56 AOÛ 


Quant à l'étymologie, comme Aujargnes se disait autre- 
fois Orjargues, il est probable que la mème altération 
a eu lieu pour Aujac. Si done Orjargues dérive du lat. 
Aurum, Aujac doit en venir aussi, avec d'autant plus de 
raison qu'il est situé, comme Orjargues, sur un de ces ruis- 
seaux qui roulent des paillettes d’or. 

Aoujourdhiuèi, adv. ou Hiuèï, Aujourd’hui. Aoujour- 
dhiuëï est plus grave que Hiuëï : celui-ci désigne plus par- 
ticulièrement le jour même où l'on parle ; le premier s'étend 
à toute l'époque, à tout le régime actuels. 

Dér. du lat. Hodi, et formé du datif dou, et jour, hui. 

Aoulivastre-bouscas, s. m”. Troëne, Ligustrum vulgare, 
Linn. Arbrisseau de la fam. des Jasminées, commun le long 
des haies. 

Aoumédo, s. f. Ormoie, lieu planté d’ormes. 

Dér. du lat. Ulmarium, ou de Oume. 

Aouméléto, s. f. Omelette, œufs battus et cuits dans 
la poêle. — Vous la révira coumo uno doumélélo, il vous 
l'a rebiffé comme on retourne une omelette. — Faïre l'dou- 
méléto, faire la fète, le repas du lundi de Pâques, dont 
l'omelette forme le plat de fondation, le mets tradition- 
nel. Cette coutume tient aux anciens rits de l'Eglise pri- 
mitive, où les œufs mêmes étaient interdits pendant le 
Carème. La jubilation pascale se traduisait par le rappel 
des œufs longtemps proscrits. 

Du fr. Omelette, de œufs mélés. 

Aouménta, v. Augmenter; croître en valeur ou en 
quantité. Se dit principalement du prix des denrées en 
hausse, et aussi d’une rivière dont les eaux commencent à 
se gonfler par de fortes pluies. 

Trad. du fr. 

Aouméntaciou, s. f. Augmentation de prix , hausse de 
prix ; augmentation du nombre des mailles dans un tricot. 

Aoumorno, s. f. Aumône, ce qu'on donne aux pauvres 
par charité. — Démanda l'éoumorno, demander l’aumône. 
Faïre l'âoumorno, faire la charité. 

Dér. du gr. àkenmooévn. 

Aouno, s. f. Aune, mesure ancienne de longueur. — Ce 
mot est peu usité dans le style vulgaire, parce que cette 
mesure, venue de Paris, n’est connue dans le Midi que 
depuis peu. Comme les marchands s’en sont servis jusqu’à 
l'emploi exclusif et obligé du mètre, force était au peuple 
de connaitre la valeur de l’aune et de la comparer à sa 
mesure vulgaire, lou pan. L'aune représente cinq pans 
moins un quart. — Voy. Pan. 

Trad. du fr. 

Aoupila (s’), ». Se passionner maladivement pour cer- 
tains aliments même insalubres ; s'adonner avec ardeur à 
leur usage ; désirer se nourrir de substances terreuses comme 
la cendre, la suie, le plâtre, le sel. Cette maladie, à laquelle 
les jeunes filles sont particulièrement sujettes, se nomme 
en fr. malaise. 

Dér. du lat. Oppilare, fermer, boucher, venant du gr. 
wi6w, je serre. 





AOU 


Aouquo, s. f. Oie domestique ou sauvage, Anas anser, 
Linn. Oiseau de l'ordre des Palmipèdes. — Marcho coumo 
uno douquo crébado, il marche comme une oïie crevée, 
phrase proverbiale qui correspond à : il marche lourdement 
et les jambes écartées. En vieux français du moyen âge, 
on disait auque pour oie, témoin l’histoire fabuleuse de la 
reine Pédauque, nom que l’on a donné à la reine Berthe, 
mère de Charlemagne, dont on voit les statues sur quel- 
ques monuments gothiques, avec des pieds d'oie, Hradnction 
du nom. 

Les Joyeuses Recherches de la langue tolosaine, de C1. oùde 
de Triors, publiées au XVIe siècle, sont curieuses à-con- 
sulter sur notre article. Elles disent : Auque (Aouquo) idem 
sonat gallico sermone quod Oye, hinc illud en ceste cité, 
estre coumo las auquos de Blagnac, que se leuan de may- 
tis per beoure. Et dicuntur hæc à l'endroit de ceux qui 
naturellement sont alterez comme vne esponge, et lesquels 
escase poyne ne sont pas sourtis du lict qui crient à layguo, 
à layguo, ie voulois dire au vin... Est et aliud vulgare 
dictum en ceste cité de Tholose sur ce mot d’auguo, ainsin : 
Non qual pas parla sinon quand l'auquo pisso; et hœc à 
l'endroict de ceux qui n’ont que babil. Le diminutif d’au- 
que est auqueto, hinc illud, en ceste mesme cité : à la 
Sant Anneto, taston liœu à l'auqueto. 

Dér. selon certains étymologistes du celt. Auca ; suivant 
d’autres, du lat. Avis ; mais il y avait sans doute à la suite 
quelque épithète spéciale, que la contraction subie par le 
mot ne laisse pas deviner. En ital. Oca. 

Aouraje, s. m. Tempête, grand vent. — Ce mot n'a 
aucun rapport de signification avec le fr. orage, qui a 
cependant une origine commune dans le lat. Aura, vent. 
Le français a dévié du sens primitif, le languedocien y est 
resté fidèle. 

Aouréiïado, s. f. Action de tirer les oreilles; correction 
donnée ou reçue en tirant les oreilles. 

Dér. de Aouréio. 

Aouréiéto, s. f., ou Bougnéto. (VW. c. m.) Beignets 
sucrés, faits avec de la fleur de farine, du sucre et de la 
fleur d’oranges. — C'est un dim. d'doureïo, et les beignets 
susdits sont ainsi nommés, non pas à cause de leur dimen- 
sion, qui dépasse de beaucoup celle de l'oreille, mais à 
cause de leur forme et de leur plus ou moins de ressem- 
blance avec l'oreille. 

Aouréio, s. f. Oreille, organe de l'ouïe. — Es du d'âou- 
réio, il a l'oreille dure. Pénja l'douréio, porter l'oreille 
basse, être tout honteux. Pouda én douréio dé lèbre, tailler 
la vigne ou un jeune plant de mürier à oreille de lièvre, 
c'est-à-dire lorsque deux des scions que l'on conserve se 
réunissent en angle aigu par leur base. C'est un défaut 
pour la bonne direction à donner à l'arbre dont l'enfour- 
chure devient trop serrée. 

Dér. du lat. Auricula, dim. de auris. 

Aouréiïo-d'ase, s. f. Grande consoude, Consoude offi- 
cinale, Symphitum consolida, Linn. Plante vulnéraire de 


OU CT ST AU OT — 


PO 


à de. 


ME ST CN. NI CN (JT 








AOU 
la fam. des Borraginées, commune dans les prairies 
humides. . 
. Son nom lui vient de la forme de ses feuilles. 
Aouréiu, udo, adj. Oreillard, qui a de longues oreilles. 
Dér. de Aouréio. 


. Aouréja, v. Donner de l'air; secouer à Par, pour faire 
perdre l'humidité ; essorer, faire sécher à l'air 
. Dér. du lat. Aura. 


. Aourénje,s. m. ». pr. de lieu. Orange, ville du Comtat, 
dans le département de Vaucluse. — On doit dire : Ana 
én Aourénje, pour : aller à Orange. — Voy. Aoubénas. 

. Aouriolo, s. f. Chardon étoilé ou Chausse-trappe, Cen- 
taurea calcitrapa, Linn. Plante qui croit dans les champs 
à blé, et commune sur le bord des chemins, dont Ja 
semence est enfermée dans une espèce de hérisson très- 
piquant. — Voy. Cago-trépo. 

Dér. du lat. Aureolus, qui est couleur d'or, parce que sa 
fleur a cette nuance. 

Aouripèlo ou Aouripènlo, s. f. Erysipèle, inflamma- 
tion-superficielle de la peau, avec rougeur, chaleur et une 
très-légère tuméfaction. 

Corr. du fr. 

Aouristre, s. m. Ouragan, coup de vent subit et de peu 


‘de durée. 


. Dér. du lat. Aura. 

Aouro, s. f. Vent, souffle; grand vent, génériquement. 
Aouro d'dou, ou douro drécho, bise, vent du nord ; mistral. 
Aouro folo, coup de vent impétueux. Aouwro rousso, ou Rou- 
vérgasso, vent du nord-est, ou qui vient du côté du Rou- 
ergue, relativement aux Cévennes : c'est un vent chaud et 
malsain pour les vers à soie. — Dé l'éouro, en terme de 
cadastre, à l'aspect ou du côté du nord. 

Dér. du lat. Aura. 

Aouroûs, ouso, adj. Venteux, qui donne du vent ; qui 
est exposé au vent. — Voy. Abriou. 

Dér. du lat. Aura. 

Aoûs, s.. m. Août, huitième mois de l’année. —Prvb. : Sé 
pléou:én aoùs, tout oli ou tout mous, s'il pleut en août, 
bonne récolte d'huile ou de vin. 

Dér.. du lat. Augustus. 

Voici un de ces motssur lesquels se fait le mieux sentir 
l'influence de l'accent dans la prononciation et par suite 
dans la signification : sa contexlure le rapproche beau- 
coup de la particule dou, dipht.; son accentuation l'en 
écarte absolument, en en faisant une dissyllabe par le seul 
déplacement de la tonique. Ces petits incidents, qui sont 


- très-essentiels à observer, tiennent de trop près au méca- 


nisme de notre orthographe et se présentent trop souvent 
pour que nous négligions d'y insister. — Voy. Acén. 

Au commencement ou dans l'intérieur d’un mot poly- 
syllabique, toutes nos voyelles gardent leur son naturel, 
et c'est pour cela qu'il serait inutile de les accentuer. 
Cependant l'E, à cause de ses intonations différentes, 
mérite une exception, et il a besoin d’un signe qui marque 





AOU 57 


sa consonnance grave ou aiguë, ouverte ou fermée; nous 
n'avons pas cru pouvoir nous en dispenser mème dans les 
monosyllabes /Voy. lettre E). Pour les autres voyelles, 
quand elles forment diphthongues ou triphthongues, quelle 
que soit leur place dans le mot, la dominanté est tou- 
jours distinguée par l'accent circonflexe. 

Mais c'est surtout à la finale des mots que se fait la 
cadence, que se produit la modulation propre aux idiomes 
méridionaux. C'est là, sur la dernière syllabe ou sur la 
pénultième, que repose l'accent tonique, cette inflexion 
qu'aucun signe n'indique le plus souvent, mais qui bien 
des fois aussi est signalée par la présence de l'accent gram- 
matical. Nous rappelons cette règle. 

Dans notre dialecte, les voyelles À et U exceptées, toutes 
les autres, y compris la composée ou, sont féminines ou 
muettes quand elles se trouvent à la fin d’un mot polysyl- 
labique, seules ou suivies d’un s, ou en composition d'une 


À diphthongue ou triphthongue, à moins toutefois qu'elles 


ne soient accentuées. 

Ce principe est général et absolu. Aussi qu'arrive-til 
dans la prononciation ? La tonique, qui est dans chaque 
mot, et seulement à la fin, ne peut s'appuyer que sur une 
syllabe pleine, forte ou masculine; la tenue est donc ame- 
née sur la dernière, grave de sa nature ou marquée d’un 
accent. Sur cette syllabe se module la note, se condense 
l'imperceptible repos prosodique. Les syllabes précédentes, 
quelle que soit d'ailleurs leur qualité ou leur nature, son- 
nent de leur son naturel sans doute, mais se prononcent 
plus rapidement, plus légèrement en quelque sorte, la voix 
s’arrêtant sur la syllabe accentuée, sur la voyelle domi- 
nante, quand il y a diphthongue émise d’un seul jet. 

L'application en exemples est saisissante. Ainsi À natu- 
rel, toujours éclatant, est néanmoins bref dans bardd, bar- 
dot; tantès, tantôt; éscaloù, échelon ; Léngadd, Languedoc, 
tandis qu'il est long et grave dans les mots homographes, 
bardo, bât ; tantos, les tantes ; éscalou, ils grimpent;:lén- 
gado, coup de langue, etc., etc. Toute la différenceestdans 
l'accent final, qui convertit la syllabe tonique de brève.en 
longue, d’une noire fait une blanche, et produit cette inver- 
sion musicale et un sens nouveau. JL en est de même 
pour les autres voyelles. Le secret de la prononciation 
vraie et juste, comme la raison de notre orthographe, ne 
tient qu'à l'observation de cette règle. 

Pour en revenir maintenant à notre article, il est facile 
de comprendre sur le mot Aoùs la nécessité et l'effet de 
l'accent. Si la finale n'était pas accentuée, elle resterait 
muette féminine, et par son contact avec la voyelle forte 
a, elle serait absorbée, et deviendrait diphthongue, se 
confondant avec elle. L'accent grave la dégage, et avertit 
qu'elle doit servir d'appui à la voix : il décide du son et 
du sens. Dans la versification, l'épreuve est bonne à faire : 
lou més d'aoùs, le mois d'août, ne rime pas avec lous dé- 


_ déous, les dés à coudre, pas plus que, par une raison sem- 


blable, ne rimeraient lous maoùs, les carreaux de terre 
8 


58 AOU 


cuite, avec lous mous, les maux. Pourquoi ces différences 
d’assonnances dans des mots où les mêmes voyelles se 
reproduisent ? Simplement parce que ici ou là la position 
de l'accent a été intervertie. La tonique est fixée dans les 
premiers sur oùs accentué, qui fait un mot dissyllabe de 
a-oùs et ma-oùs, et dans les derniers dédéous et mdous, il 
y a diphthongue, et la voix pèse sur l'a. 

Au moyen de cette simplification et sans préjudice pour 
l'intelligence du mot, on arrive à cet autre principe du 
languedocien, de n’écrire que comme on prononce, avec les 
seules lettres nécessaires, et toutes devant être articulées. 
La parasite k pourrait donc être sacrifiée dans bien des 
mots sans que le sens eût à en souffrir. Maoù servirait 
d'exemple, et dans le même cas se trouverait trai, trahir, 
dissyllabe par l'accent, qui ne se confondrait pas non plus 
avec traï, il jette, monosyllabe par la diphthongue. 

Ces observations se répéteraient également sur les autres 
voyelles. Elles viendront à leur place, mais il est déjà 
facile de les pressentir par l'épellation des mots : Sai, 
panne de porc, et saï, céans ; mïoù, meilleur, et miou, 
mien ; fo, feu, et fio, fille; péès, pays, et péis, poissons, et 
dans la longue série des homographes que nous avons 
cités, que l'absence ou la présence de l'accent sur une 
des lettres de la syllabe finale modifie si profondément. 

L’harmonie de notre langue se compose de ces nuances 
de tons et de demi-tons, qu’il est indispensable de noter 
distinctement dans l'écriture. C’est la quantité prosodique, 
la mesure, que l’orthographe a charge de marquer. Nous 
avons essayé de poser quelques règles, qui se complèteront 
d'observations successives, principalement en traitant des 
voyelles et de leur assemblage dans les diphthongues. L'in- 
telligence de notre dialecte est toute dans la prononciation 
juste; la notation écrite doit tendre à s’en rapprocher autant 
que l'alphabet usuel, adopté, classique, peut le permettre. 

Aousa, v. Oser, avoir l'audace ; s’enhardir. 

Dér. du lat. Ausus, part. pass. de audere. 

Aousar, s. m. Hussard ou housard, corps spécial de 
cavalerie légère. 

Corr. du fr. 

Aousardo (à 1‘), adv. À la housarde, à la mode des 
housards ; cavalièrement. 

Aouséro ou Lâäouséro, s. f. Lozère, chaîne de monta- 
gnes qui donnaient autrefois leur nom à toute la contrée, 
et le donnent aujourd’hui à un département. Les princi- 
paux sommets de la Lozère sont granitiques, mais son 
extrémité orientale, qui est dans le département du Gard 
etse nomme la Fête-de-Bœuf, est composée de schiste mi- 
cacé, comme la plupart des montagnes secondaires qui 
suivent sa direction. Il paraît que c’est de cette espèce de 
pierre, qu'on appelle /douso dans le pays, que le mot Zdou- 
séro aurait été formé, et l'usage actuel l'a contracté par 
celui de Aouséro. 

Aouséro, oto, adj. Lozerot, habitant de la Lozère où 
du départ. qui porte ce nom. — On ne sait pourquoi ces 





AOÛ 


habitants, lorsqu'ils se répandent dans la France, sem- 
blent vouloir renier ce nom de Lozerot et le remplacer par 
celui de Lozérien, qui est antipathique au génie de leur 
langue originaire. Si on les appelle Lozériens, à Paris, sur 
parole, ils restent Lozerots pour leurs voisins du Lan- 
guedoc. — Voy. Gavè. 

Aousi, v. Ouiïr, entendre ; percevoir les sons ; écouter. 
— Aouses? m'’entends-tu ? entends-tu? Ce temps de verbe 
appartient à un dialecte au-dessus d’Alais; ar ici il ferait : 
dousisses ? Il est cependant très-adopté. Ou save pas qué 
pér dousi dire, je ne le sais que pour l'avoir ouï dire, je ne 
l'ai pas vu. N'aï pas Gous dire aqud, je n'ai pas entendu 
parler de cela. Aqud faï bon dousà dire, c'est bon à savoir. 
Sévène, m'éousiras, si je viens, tu m'entendras. Dow 
vous dousie ! Dieu vous écoute! J'en accepte l’augure. 

Dér. du lat. Audire. ‘ 

Aousido, s. f. Ouïe, l’un des cinq sens ; faculté d'ouir. 
—1-a léva l'âousido, il l'a étourdi du coup. Parti d'âousido, 
prendre feu à la première parole; être prompt et vif; se 
décider étourdiment et sans réfléchir. 

Dér. du lat. Auditus. 

Aousidoù, s. m. Tympan, orbite auriculaire; oreille. 

Dér. de Aousi. 

Aousidouiros, s. f. pl. Oreilles; organe auditif, —S'em- 
ploie pour ouïe et oreille, en poésie et style trivial. 

Dér. de Aousi. 

Aousino et Eousino, s. f. Gland du chêne vert. — Car 
d'âousino, chair ferme et de bonne qualité, telle que celle 
des porcs qui se nourrissent de glands. On pousse la com- 
paraison jusqu'à l'espèce humaine : quand on pince les 
joues rondes et fermes d’un bel enfant, on dit : Aqud's dé 
car d'âousino. — Voy. Eousino. 

Dér. de Eouse. 

Aoussé, s. m. Troussis; plis qu'on fait au bas de la 
robe des enfants et qu’on découd pour l’allonger à mesure 
qu'ils grandissent. — Voy. Héoussé. 

Dér. de Hdoussa. 

Aoussèl,s. m. Dim. Aoussélé, Aousséloù ; augm. et péj. 
Aoussélas. Oiseau, animal vertébré et ovipare, ayant un bec, 
des plumes et des ailes. — L'éoussèl dé Sén Lu, l'oiseau 
de saint Luc, le bœuf, parce qu'on le représente ailé; se 
dit ironiq. d’une personne lourde, pesante, qui ressemble 
par sa marche el sa tournure à un bœuf. 

Aoussélé est proprement un petit oiseau; dousséloù, un 
oiseau de nichée; doussélas, un oiseau de proie, un gros et 
vilain oiseau. 

Aoussèl, s. m. Instrument pour porter le mortier; sorte 
de benne en planches, ouverte d’un côté et à deux man- 
ches, que l’on porte sur le cou, pour monter le mortier 
aux maçons sur leur échafaudage ; on l'appelle en fr. oiseau 
ou mieux augeot, quiparaît être une corruption de augéot, 
petite auge. 

Dér. de la bass. lat. Aucellus, dit pour avicellus, dim. 
de Avis. 





AOÛ 


Aousséla (s'), v. S'ébouriffer, comme font les oiseaux 
en colère; se hérisser. Au fig. se mettre en colère, s'irriter, 
s'emporter, hausser le ton, monter sur ses grands chevaux. 

Dér. de Aoussèl. 

Aoussélino, s. f. La gent volatile, qui porte plumes ; 
les petits pieds. Quelquefois se dit fam. et per contre- 
vérité d'un gros oiseau de rapine. 

Dér. de Aoussèl. 

Aoussén, s.m, Absinthe, armoise-amère, Artemisia 
absinthium, Linn. Plante de la fam. des Composées corym- 
bifères ; elle croit dans les inontagnes des Cévennes. — La 
plante n'a de commun avec la liqueur du même nom, 
fabriquée aujourd'hui, que le souvenir de ce baptème pri- 
mitif, où les feuilles de la tige macérées entraient pour 
quelque chose, au moins pour leur parfum. Aussi le vieux 
nom languedocien n'est plus connu qu'en botanique, et les 
amateurs du breuvage dont nous parlons, en ont fait bra- 
vement : Arsénto, et s'empoisonnent pour faire la mode, 
tout en parlant mal leur langue. 

Aoussuro, s. f. Hauteur, éminence, cime d’une mon- 
tagne; tout endroit comparativement plus élevé qu'un 
autre. — Sus l'éoussuro, sur la hauteur, au sommet. 

Dér. de Ndoussa, ndou. 

Aouta, s. m. Autel, table destinée aux sacrifices et par- 
_ticulièrement à la célébration de la messe. — Lou gran- 
t-douta, le maître-autel. 

Dér. du lat. Altare. 

Aoutouna, v. Automner; jeter du bois dans l’arrière- 
saison; mürir en automme. —Se dit particulièrement de la 
pousse que fait le mürier après avoir été dépouillé de sa 
feuille et taillé au commencement de l'été. C'est au prop. 
pousser en automne. 

Aoutouno, s. f. Automne, troisième saison de l’année, 
entre l'été et l'hiver. 

Dér. du lat. Autumnus. 

Aoutour, mieux : A l'éntour, adv. Autour, à l'entour, 
aux environs. — Es doutour de mièjo gnuë, il est environ 
minuit. 

Formé de Aow, article, et de tour. 

Aoutre, âoutro, pron. et adj. Autre. — D'éoutre-tén, 
autrefois, jadis. Aoutre mdou noun y ague! Que tout le 
mal se réduise là! Oh ! pour cela, c'est un petit malheur ! 
Coumo disiè l'doutre, comme disait cet autre : sorte de pré- 
caution oratoire pour commencer une phrase proverbiale. 
Tout un ow tout doutre, tout blanc ou tout noir, point de 

“milieu. Es tout doutre, il est singulièrement changé, on ne 
le reconnaîtrait pas. Un co l'un, un co l'doutre, tantôt 
l'un, tantôt l’autre; alternativement, Uno doutro fés, une 
autre fois; pas cette fois-ci, une autre. 

Dér. du lat. Alter. 

-Aoutromén ou Aoutramén, adv. Autrement, d'une 
autre manière ; sans cela ; sinon. — Faras cé qué té dise, 
doutromén!.… tu feras ce que je te dis, sinon! Dans le 

dialogue familier, on l'emploie d’une manière explétive, et 





APA 59 


sans qu'on lui attache un sens positif : Aoutramén disias 
qué.…., vous disiez donc. C'est une formule pour changer 
de propos, pour ramener à la question. 

Aoutros-fés, adv. Autrefois, jadis, au temps passé. 

Aousoü, s.m. n. pr. de lieu. Auzon, hameau de la 
commune d’Allègre, arrondissement d'Alais; et Alzon, 
chef-lieu de canton, arrondissement du Vigan. 

Les deux appellations sont les mêmes en 
et se trouvent aussi mentionnées dans le dénombrement des 
feux de la sénéchaussée de Beaucaire et de Nimes, en 1384, 
avec la même orthographe latine, Alsonum. On sait la faci- 
lité de al à se transformer en au et à s'exprimer par 
dou dans la langue vulgaire : le français n’a pas eu de pré- 
férence; mais la communauté d'étymologie des’ deux mots 
n’en est pas altérée. Il est à remarquer que la finale ow en 
lang., on en fr., provenant du suffixe lat. O ou onus, onum, 
est quelquefois diminutive, mais elle marque aussi l'abon- 
dance et communique à la chose représentée par le radical 
une idée de dérivation, de conformité de nature ou de 
ressemblance, en mème temps que de quantité (Voy. Ou, 
suff.). Quant au corps même du mot, la forme au pluriel 
aouz, aux, als, semble ne pas être tont à faitinsignifiante: 
elle n'aurait pas été employée pour indiquer simplement 
une localité placée sur une élévation et comme isolée, mais 
plutôt nne localité entourée de hauteurs, dans un pays de 
montagnes, où s'élèvent de nombreuses collines. C’est avec 
cette signification que le sens du suffixe Jui conviendrait 
en donnant plus d'énergie au radical, et que l'application 
serait exacte pour les deux villages. 

Apaïa, v. Garnir de paille; faire la litière aux che- 
vaux ; jeter de la paille sous les animaux pour leur litière. 

Dér. de Païo. 

Apanli (s’), v. Pälir, devenir pâle ; se faner, s'étioler. 

Dér. de Panle. 

Apâouri, v. Appauvrir, rendre pauvre; rendre moins 
fertile ; devenir mauvais ; épuiser. — L'éoumorno apdouris 
pas, l’'aumône ne rend pas plus pauvre. Lou tén s'apdou- 
ris, le temps se gâte, il se couvre. 

Dér. de Pdoure. 

Apâousa (s'), Se poser, prendre pied, comme fait le 
gibier après une remise. — S'apdousa, dans le sens du fr. 
s'opposer à..., n'est qu'une corruption, mais il se dit 
quelquefois. II n'a pas la même étym. 

Dér. de Pdouso. 

Apâousado, s. f. Reposée, lieu où le gibier se repose pen- 
dant le jour ou après une remise. — Tira à l'apdousado, 
tirer à la reposée, au gite. — Voy. Pdousado. 

Dér. de Pdouso. 

Apâouta (s’), v. Tomber sur ses mains; se mettre sur 
les mains. 

Dér. de Pdouto. 

Apäoutoùs (d'), ado. A quatre pattes ; sur les pieds et 
les mains. 

Dér. de Pdouto. 


60 APÉ 


Apara, v. Défendre, protéger, prendre la défense. — 
S'aparo coumo un catévès, il se défend de bec et d'ongles. 
S'apara dou fré, se garantir du froid. Po pas s'apara dou 
proufi, il ne peut pas se défendre contre la fortune; il a un 
bonheur insolent ; tout lui réussit. Apara las mouscos, 
chasser les mouches. 

Dér. du lat. Apparare, armer pour la défense. En ital. 
Parare, en esp. Parar. 

Apara, v. Tendre, présenter un récipient quelconque 
pour recevoir ce qu'on y jette; attraper au vol ce qu'on 
vous jette. — Aparo toun fanddou, lou pagnè, loun capèl, 
fa man, tends ton tablier, le panier, ton chapeau, ta 
main. 

Dér. du lat. Aperire, ouvrir. 

Aparamén, adv. Probablement, apparemment, sans 
doute. 

Empr. au fr. 

Aparéià, v. Accoupler, appareiller; ranger deux à 
deux. 

Dér. de Parél. 

Aparënço, s. f. Physionomie extérieure d'un objet, ses 
apparences, ce qu'il semble être; vraisemblance, proba- 
bilité. — Aquél bla a bono aparénço, ce blé en herbe pro- 
met beaucoup. Y-a pas aparenço qué partigquén hiuët, il est 
peu probable que nous partions aujourd’hui. 

Dér. du lat. Apparere. 

Aparénta, ado, adj. Apparenté, allié. — Vous sès pas 
méou aparénta, vous voilà bien apparenté ; vous avez des 
parents dont vous pouvez être fier. 

Aparénta (s’), v. S'apparenter, former par un mariage 
des liens d’affinité avec une famille. 

Dér. du lat. Ap pour ad, et parens, parentis. 

Aparia, v. Egaliser, rendre égal; unir, ajuster. — On 
apario les vers à soie de différents Ages, en donnant aux 
plus jeunes plus de chaleur et de nourriture. — Aparia las 
létros, assembler les lettres quand on apprend à lire. Y-a 
pas rés qu'aparie aqud, il n’y a rien de pareil à cela; tel 
homme ou tel objet n’ont pas leur pareil. 

Aparia (s’), v. S'apparier, s’accoupler, se réunir par 
paires ; se comparer, se mesurer. 

Dér. du lat. Par, d'où paré. 

Apartémén, s. m. Appartement. — C'est un emprunt au 
fr. pour désigner un appartement de luxe, la chambre 
d'honneur ou le salon de parade ; le terme générique est 
Mémbre. — V. c. m. 

Aparténi, v. Appartenir, être dans la possession de 
quelqu'un. — Aquù i-appartèn bé, émb'un homé dé soun 
éspèço, dé faïre lou déspichoùs, il convient bien à un 
homme de sa sorte de faire le dédaigneux. 

Dér. du lat. Pertinere, pertinet. 

Apèl, s. m. Appel; recours exercé devant une juridic- 
tion supérieure. — Faire l'apèl, faire son compte. 

Empr. au fr. 

Apéla, v. Appeler, nommer; faire venir à soi, attirer. 





APÉ 


— Lous valas apèlou la barbasto, les cours d’eau attirent 
la gelée blanche. Lou marin apèlo la plèjo, le vent du 
midi amène la pluie. Aqud s'apèlo parla! voilà parler, 
voilà qui est parler. Aquô s'apèlo un home, Noïlà un 
homme de tête et de cœur. Aqud s'apèlo! dit-on souvent 
comme inter). pour exprimer l'admiration : voilà Es est 
bien ! voilà qui est beau! 

Dér. du lat Appellare. 

Apéna (s’), v. S'appliquer, apporter ses peines et ses soins. 

Dér. de Péno. 

Apéndris, drisso, s. et adj. Apprenti, qui fait son 
apprentissage. 

Corr. du fr. Apprenti. 

Apéndrissage, s. m. Apprentissage. 

Avec une légère variante qui vient du génie de la lan- 
gue, empr. au fr. 

Apéns (Lous), s. m. pl. Hameau de la commune de La 
Melouze, arrondissement d'Alais. La prononciation du mot 
est la mèêmeenfr. qu’en lang. 

Dér. du celt. Pen, cime; sommet, pointe d’une mon- 
tagne. La lettre a qui le précède n'est que l’augment ini- 
tial. La situation de ce hameau explique son nom. En 
allem. pinn, et pfin, haut, élevé, hauteur, sommet. En 
lat. pinna, créneau de mur; pinnaculum, faîte, pinacle, 
ont la mème origine du gaulois per. L'Apennin, les Apen- 
nins, célèbres montagnes d'Italie, Alpes penninæ, Apen- 
ninæ, sont le même mot que notre Apéns. 

Apénsiouna, v. Bailler à emphytéose, ou à bail emphy- 
téotique, ou à locaterie perpétuelle. C'est aliéner un im- 
meuble quelconque moyennant le service d’une rente con- 
stituée et perpétuelle, dont le bailleur ne peut exiger le 
remboursement tant que la rente est régulièrement servie. 

Dér. de Pénsiou. 

Apèou, s. m. Appeau; toute sorte de sifflet avec lequel 
on contrefait la voix des oiseaux pour les attirer dans 
les filets ou à portée du fusil. Le même que Souné. —W. 
c. m. 

Dér. de Apéla. 

Apérési (s’), v. Devenir paresseux, mou, lâche au tra- 
vail; s'accoquiner. 

Dér. de Péréso. 

Apésa, v. Prendre pied; appuyer le pied; donner du 
pied à quelque chose, comme à un sac, à une échelle, à 
une planche, qu'on place debout et que l’on apéso pour les 
rendre plus solides. 

Dér. de Pe, au plur. pèses. 

Apéti, s. m. Appétit, besoin on seulement désir de 
manger. — Es pas l'apétà qué manquo, ce n’est pas faute 
d’appétit si nous ne mangeons pas. 

Dér. du lat. Appetere. 

Apétoui, ido, ou Apétouni, ido, adj. Apprêté. Ne se 
dit que du pain et ne se prend qu'en mauvaise part. On 
ne dit pas en effet: Dé pan bièn apéloui; mais: Aquél 
pan és mou apélou, Ou apélouidas, qui est le péjor. 





APL 


L'étym. est-elle dans Apéti, ce qui contrarierait un peu 
le sens de ce mot, toujours appliqué à un pain qui ne 
l'excite guère; ou bien serait-elle dans sa formation, a grec 

“privatif, et une altération du mot pdte, arrangé euphoni- 
quement, ce qui ne serait pas sans exemple ? 

Api, s.m. Céleri, Apiuwm graveolens, Linn. Plante pota- 
gère de la famille des Ombellifères. — Api bouscas, Ache, 
sorte de céleri à feuilles et à côtes plus menues, qu'on 
n'emploie que par brins dans un potage. Son arome est 
beaucoup plus fort que celui du céleri franc. 

Au commencement de ce siècle, on raconte qu’un de nos 
concitoyens, obligé d'aller à Paris, se promit bien d'y faire 
ample récolte de découvertes qu’il publierait au retour. 
Dans ce but, à son premier diner au restaurant, il cherche 
sur une longue carte un de ces mets inconnus sur les bords 
du Gardon; il le trouve enfin et demande des céleris au 
jus. On ne les lui fit pas attendre; mais à peine y eut-il 
goûté, qu'il s'écrie : Aÿ/ sacrédi / lous céléris soun d’apis! 
Le mot est resté. 

Dér. du lat. Apium, formé de apis, parce que sa fleur 
est recherchée par les abeilles. 

Apialoü, s. m. Etai, étançon; appui; jambe de force 
pour soutenir les cintres en bois d'une voûte. — L'apialoù 
est un étai posé verticalement ou obliquement, quand il 
soutient un pan de mur qui menace ruine ; lou pincèl est 

‘ ce même étai placé horizontalement, quand il est destiné 
à prévenir l'éboulement d’un mur ou d’une tranchée de 
terre. — Voy. Pincël. 

Dér. du lat. Pila, pilier. 

Apialouna, v. Etançonner, étayer, étrésillonner ; poser 
un étai. 

Dér. d'Apialoù. 

Apiè, s. m. Rucher; ensemble, collection des ruches 
dans un même lieu. — Voy. Abél. 

Dér. du lat. Apis, abeille ; aparium. 

Apignéla, ado, adj. Serré comme les écailles ou comme 
les amandes d’une pomme de pin. 

Dér. de Pigno. 

Apitança, v. Ménager le mets que l'on mange, en y 
ajoutant beaucoup de pain, en sorte que le mets ne serve 
que de véhicule, d'assaisonnement à celui-ci qui, selon les 
règles d'une bonne hygiène et surtout de l'économie domes- 
tique, doit être le principal aliment. Les enfants, qui sont 
naturellement gourmands, font tout le contraire ; aussi est-ce 
particuliérement pour eux que le mot apitança estemployé. 

Dér. de Pitanço. 

Aplacarda, v. Placarder ; mettre ou afficher un placard ; 
appliquer contre un mur, y lancer un objet quelconque de 
nature à y rester appliqué, à s'y coller. — Aplacarda quéou- 
quàs, lancer quelqu'un contre.., lecoller au mur, l'y fixer 
en le tenant par le cou ou la poitrine. 

Dér. de Placar, pris pour affiche. 

Aplana, v. Aplanir; niveler ; rendre uni, rendre lisse, 

Dér. de l'adj. Plan, du lat. Planus, explanare. 


. 





APO 61 


Aplanaje, s.m. Action d'aplanir, aplanissement. 

Aplati, v. Aplatir, rendre plat ; lancer avec force contre 
un mur, contre la terre, contre un corps dur. 

Dér. de l'adj. Pla. 

Apléji (s’), v. Devenir pluvieux, tourner à la pluie. 

Dér. de Plèjo. 

Apliqua (s’}, v. S'appliquer; porter toute son attention, 
son zèle, son savoir-faire, — Il est principalement employé 
pour exprimer l'application d'un écolier studieux. 

Empr. au fr. 

Aploun, s. m. Aplomb; ligne verticale, équilibre résul- 
tant pour un corps de l'observation de cette ligne. — Aqué! 
mur és pas gaïre sus soun aploun, ce mur n'est guère 
d'aplomb. 

L'aploun est un outil de maçon en forme de triangle 
rectangle, à l'angle droit duquel est fixé un cordon qui est 
terminé par une boule de plomb. Cet instrument sert à 
reconnaître le nivellement des assises d'un mur ou du gise- 
ment d’une pierre de taille, c'est-à-dire son parallélisme 
avee l'horizon. 

D'aploun, adv. D'aplomb.—Se dit pour : fortement, avec 
décision, sans hésiter. 

Dér. de Ploun. 

Apotro (Bon), adj. m. Bon-apôtre. — Faire lou bon- 
apotro, se faire meilleur qu’on n’est, affecter la probité, la 
générosité. Es un bon-apotro, se dit ironiquement soit 
d’un homme faux, hypocrite ; soit d’un libertin, soit d'un 
homme peu obligeant ou de mauvaise foi. 

Dér. du grec Amésrohos, envoyé, messager. 

Apouénta, v. Pointer, ajuster vers un but. — Terme de 
jeu de boules; c’est lancer sa boule modérément, terre à 
terre, de manière à approcher le plus près possible du but 
ou cochonnet. C'est le contraire de tira, qui signifie : 
lancer sa boule avec force contre celle de l'adversaire pour 
la déplacer, ou l'éloigner du but. On dit au fig. et pro- 
verb.: Tiro, qué iéou apouëènte, passe devant, je te sui- 
vrai. On le dit surtout des filous ou fripons, qui s'enten- 
dent pour duper quelqu'un. 

Dér. de Pouëèr, point, qui est l'expression reçue au jeu 
de boules pour désigner le gain du coup. On dit : És iéou 
qu'a lou pouèn, c'est moi qui gagne le coup. — Foy. 
Pouèn. 

Apoulidi, ». Enjoliver, rendre joli; embellir. 

Dér. de Pouli, adj. 

Apoulina, v. Dresser un jeune cheval, faire son éduca- 
tion; le maquignonner. Au fig. former par la flatterie; 
amadouer ; habituer ; déniaiser. — Uno /io apoulinado, une 
fille délurée, bien maniérée, qui a toutes les ruses de la 
coquetterie, ou bien une jeune fille bien apprivoisée, dont 
l'éducation amoureuse est faite. 

Dér. de Pouli, poulain. 

Apouloun, s. m. Casaquin, sorte de spencer de femme, 
d'une étoffe ou d’un dessin différent de la jupe. Cette mode 
de nos grand’mères a duré longtemps , elle revient aujour- 


62 APR 


d'hui. Ilest probable que ce nom lui est venu du fr. 
Apollon, en usage dans le grand monde, toujours savant 
et fort en mythologie. En arrivant au peuple, il y est resté 
pour représenter génériquement loute sorte de vêtements 
justes à la taille et ne formant qu’un corsage sans jupe. 
Cependant le renouveau de la mode a introduit de nou- 
velles dénominations, et il est douteux qu'elles soient plus 
heureusement trouvées : ce qui a dù faire conserver l'an- 
cien nom. 

Apouncha, v. Rendre pointu; donner de la pointe, for- 
mer la pointe d’un outil en fer ou en bois. Au fig. Apoun- 
cha d'argén, mettre l'argent au bout des doigts; payer 
comptant. — Tout aqud apounchariè pa’n fus, tout cela 
n’aboutit à rien. Apouncha dé joun émb'uno masso, faire 
un travail de dupe, une œuvre sans objet. 

Dér. de Pouncho. 

Apoupouni, v. Choyer, dorloter, comme une nourrice 
fait pour un enfant en le berçant sur son sein. 

Dér. du gasc. Poupos, sein, mamelle; ou du fr. Poupon. 

Apouridi, v. Faire pourrir, réduire en dissolution, en 
décomposition. Au fig., gàter un enfant. 

Dér. de Pouri. 

Apourta, v. Rapporter, comme fait un chien qui rap- 
porte ce que son maitre a jeté, ou laissé, ou caché même 
pour éprouver son intelligence et la finesse de son odorat. 
C'est là la seule acception de ce mot, qui ne reproduit 
aucune de celles du verbe apporter dont il est cependant 
le dérivé. à 

Apoustios, s. fém. plur. Attelles, terme de chirurgie ; 
minces et petites planches pour maintenir les fractures d’os. 

Dér. et dim. de Pos. 

Apoustoumi ou Apoustémi, v. Apostumer, venir à sup- 
puration; abcéder. 

Dér. du gr. ’Ambstnux, abcès. 

Apouticari, ou mieux Pouticari, s. m. Pharmacien, 
apothicaire. — Aqud's un conte d'apouticari, c'est un 
compte d'apothicaire, un mémoire enflé à plaisir. 

Dér. du gr. ’Acoÿ#xn, boutique. 

Apradi, v. Gazonner, semer un champ de graine de 
foin ; mettre en pré. — S'apradis dé pér él, il se garnit 
lui-mème de plantes fourragères. 

Dér. de Pra. 

Aprène, v. Apprendre, acquérir quelque connaissance 
qu'on n'avait pas; retenir, graver dans sa mémoire; être 
averti, prévenu ; instruire, enseigner. Dans le sens d'ap- 
prendre, il signifie : apprendre une leçon, un métier; mais 
non point apprendre une nouvelle, un ouï-dire. — 45 aprés 
ma ligoù, j'ai appris par cœur ma leçon. Aprénguè d’èstre 
magoù, il apprit le métier de maçon. S'ou és aprés, il s’est 
formé lui-même sans maître. 

Aprène se dit aussi des plantes ou arbres transplantés, 
qui poussent de nouvelles racines, et d’une greffe qui com- 
mence à pousser ; reprendre. 

Dér. du lat. Prehendere. 





AQU 


Aprèts, s. m. pl. Apprèt; préparatifs; préparation en 
général. Il signifie aussi : apprèt, raideur d’une étoffe pro- 
duite par sa préparation ou par la teinture. 

Empr. au fr. En ital. Appresto. 

Après, adv. et prép. Après, ensuite, — Après la mort, 
lou mèje, après la mort, le médecin ; c'est de la moutarde 
après diner. M'és toujour après, il m'est toujours après. 

Aprés, és0, adj. et part. pass. de Apréne. Appris. 
— Quand il s'emploie adjectivement, ce n’est guère qu'en 
mauvaise part; alors il signifie : élevé, éduqué. —Siès bièn 
méou aprés, tues bien mal élevé, mal embouché. Un 
méou-aprés, un mal appris, un insolent, 

Aprésta, v. Apprèter, préparer, disposer; assaisonner, 
faire cuire; tenir prêt. 

Dér. de l'ital. Appretare. 

Aprima, v. Amincir, rendre mince; amenuiser; émin- 
cer (Voy. Aménuda). — S'aprima, maigrir, s’user. 

Dér. de Prim. 

Aprivada, v. Apprivoiser, priver; rendre plus doux, 
plus traitable un animal ou une personne d'humeur sau- 
vage et farouche. 

Dér. du lat. Privatus. 

Aproucha (s’), v. S'approcher de quelqu'un ou de quel- 
que chose. : L 

S'aproucha est employé particulièrement pour : s'appro- 
cher des sacrements, communier. — À Pasquofôous'aprou- 
cha, faïre soun dévé, il faut faire ses Pâques. 

Empr. au fr. 

Aprouchan, adv. Approchant; environ; à peu près. 

Formé de Aproucha. 

Aproufita, v. Profiter ; économiser ; ne pas laisser per- 
dre. — Aproufita sas fardos, user ses hardes jusqu'à la 
corde. Aproufitè cént éscus davan soun mariage, il ramassa 
cent écus avant son mariage. Aproufito bièn dou coulèje, il 
profite bien des leçons qu’il reçoit au collège. 

Dér. de Proufi. 

Aproumés, éss0, part. pass. de Aproumétre. Voué, pro- 
mis. 

Aproumétre, v. Promettre, donner l'assurance; s’en- 
gager ; vouer; engager sa foi; passer des pactes de ma- 
riage. — T'aproumêle qué m'ou pagaras, je te réponds que 
tu me la paieras. — Vous aprouméle qu'és pas vraï, je vous 
assure que ce n'est pas vrai. Aÿ aproumés moun éfan dou 
blan, j'ai voué mon enfant au blanc : c'est-à-dire j'ai fait 
vœu de l’habiller tout en blanc en l'honneur ‘de la "saïnte 
Vierge. Mé soui aproumés, je me suis voué, j'ai fait vœu à 
Notre-Dame. 

Dér. du lat. Promittere. 

Apuia, v. Appuyer; étayer; soutenir; protéger. 

Dér. de la bass. lat. Appodiare. 

Apuïage, s. m. Droit d'appui, de mitoyenneté. — Té 
faraï paga l'apuiage, je te ferai payer la mitoyenneté. 

Aquél, élo, pron. dém. Ce, cet, cette, celui, celle. — 
Aquêél d'aqui, celui-là. Es pas aquél qué déouriè rèstre, il 





AQU 


n'est pas tel qu'il devrait ètre. Oh / aquélo saï èro pa’ncaro 
éstado, oh! voilà un propos que nous n'avions pas entendu ! 
en voilà bien d’une autre ! Soui pas aquél qué mé crésès, je 
ne suis pas l'homme que vous croyez. 

En ital. Quello ; en esp. Aqueste, aquello. 

Aquéste, ésto, pron. dém. Ce, cet, cette, celui-ci, 
celle-ci. — D'aquéstes ans, il y a quelques années. D'a- 
quéste tén, par ce temps-ci. 

En ital. Quésto; en esp. Aqueste. 

Aqui, adv. Là, dans cet endroit ; près du lieu où l'on 
est. — Pér-aqui, de ce côté-là, par là. Vèn dé passa pér 
aqui, il vient de passer de ce côté. Coumo vaï voste pèro? 

© — Pér-aqui, Comment se porte votre père? — Coussi, 
coussi, par ci, par là. D'aqui-aqui, d'un moment à l’autre, 
de là là. S'én souvèn pas d'aqui-aqui, il ne s'en souvient 
pas d'ici là. D'aqui et d'aïlè, de çà et de là, à droite et à 
gauche. Aÿli n’est pas de notre Dictionnaire : c'est un de 
ces mille mots inventés pour l'euphonie. Le languedocien 
aime surtout à procéder par consonnance ou rime dans la 
plupart de ses dictons. Aquél d'aqui, celui-là. Aqud d'aqui, 
cela mème. Es aquù d'aqui, c'est bien cela. Aqui-dré, vis- 
à-vis d'ici, en droite ligne. Mais cette expression est le 
plus souvent explétive. Les gens de la campagne, surtout 
à l’est d’Alais, ce qu'on nomme les Gounèls, s'en servent 
sans aucune espèce d’à-propos, sans besoin. Sès ana à la 
fèiro hièr? — Aqui-dré y anère bé, Avez-vous été hier à 

_ la foire ? — Ma foi oui, j'y fus. Ce n’est réellement qu'un 
moyen d’allonger la phrase, de se donner le temps de 
répondre catégoriquement. 

En ital. Qui ; en esp. Aqui. 

Aquioula, v. Acculer ; pousser et serrer dans un coin 
ou contre un mur; empècher de reculer; faire pencher 
une voiture, une charrette sur son arrière; faire tomber 
sur le derrière. 

Dér. de Quiou. 

Aquis, s. m. Acquit, quittance. — Un bé dé bon aquis, 
dé michant aquis, une fortune bien où mal acquise. 

Empr. au fr. Dér. du lat. Acquirere. 

Aquissa, v. Haler des chiens pour les faire battre ; exci- 
ter deux ennemis, deux rivaux l’un contre l'autre. — Le 
mème que Atissa. — V. c. m. 

En celto-breton, Atizar, m. sign. Le mot est-il formé par 
onomatopée de quis-quis, cri d'excitation, ou bien le verbe 
a-t-il inspiré l'onomatopée ? 

Aquita, v. Acquitter, solder, payer intégralement. — 
Qudou s'aquito faï cabdou, qui paie ses dettes s'enrichit. 

Empr. du fr. 

Aquô, pron. dém. Ça, cela, cette pou — Coumo 

k , comme cela, ainsi. Aqud d'aqui, cela, cela mêèm». 

Aqud-bo, mot-à-mot : cela bon, signifie une liqueur quel- 
conque moelleuse et sucrée, où toute autre friandise. 
Un pichd vêire d'aqud-bo, un petit verre du meilleur. Un 
d'aqud, une chose, une affaire dont on ne se rappelle pas 
le nom. Emb'aqud où End'aqud, avec cela, pourtant, cepen- 





ARA 63 


dant. D'aquo, de cela, de cette chose. À fosso d'aqub, il a 
beaucoup de biais, d'esprit, de subtilité, d'adresse. À d'aqud, 
il a du quibus. Féou d'aquà, il faut de l'argent. Agud's, 
contraction de aquè és, c'est. Aquô's aquà, c'est cela, c'est 
bien cela. Aqud'ro, contraction de aquè èro, C'était. Aqud 
vañ aqui, c'esL la conséquence naturelle de cela. Aqud tombo 
bièn, cela arrive bien, à propos, à point nommé. Aqud vaï 
bièn, cela va bien. Qu'és aquè? qu'est-ce que c'est ? Aquo's 
aquè, c'est cela. Aquo's p'aqud, ce n'est pas cela. As vis 
aquè? as-tu vu cela? Véiras aqud, tu verras, tu me la 
paieras. Aquô sé dis, cela se dit; on en parle. 

Aqud se prend quelquefois comme prépos. pour éncà, 
chez. — Anan aqud dé moun péro, nous allons chez mon 
père. — Voy. Encè. 

Dér. du lat. Quod. 

Ar, s. m. Arcade, arceau, construction en courbure de 
voûte. — Au plur. Lous ars, les arceaux, les arcades. Le ; 
marché à Alais était entouré de portiques ou arcades. L'éta- 
lage des légumes et autres marchandises, dans le temps 
des foires et des marchés, se fait souto lous ars. L'ar 
dé Vius, l'Arc-des-Vieux, carrefour à Alais, formé en 
voûte à la rencontre des rues Valaurie, Bouquerie et Ray- 
mond Pellet : il vient de disparaître. Vius nous parait être 
ici un nom propre : l’art. dé au sing. l'indique. On aurait 
dit das vièls si l'on avait dû traduire par l’Arceau des 
vieillards. À moins qu'il ne s'agisse d’une corruption fran- 
cisée. — Voy. Vius. 

Dér. du lat. Arcus. 

Ara, v. Donner des arrhes, s'assurer d'une vente, d'un 
achat moyennant des arrhes ; arrher.—Se dit généralement 
pour retenir d'avance un objet chez un marchand. C'est 
une promesse d'acheter une chose qui n’est pas encore livrée. 

Dér. de Aro, arrhes. 

Araïre, s. m. Araire, charrue à deux bêtes, et même à 
une seule, sans roue et sans coutre. — Cette fois c'est bien 
évidemment le fr. qui a emprunté au languedocien le mot 
araire, qui figure assez nouvellement dans la nomencla- 
ture technique de l’agronomie. 

Dér. du lat. Arare. 

Aran, s. m. Fil d'archal : fil de fer ou de laiton. — En 
esp. on l'appelle : Hilo de arambre. — Voy. Fiou dé 
richar. 

Dér. du lat. Aramen, airain, cuivre. 

Arapa, v. Prendre, saisir avec la main ; empoigner, accro- 
cher. — Arapo! attrape! Arapa-lou, empoignez-le. Sé 
t'arape, si je te pince. T'araparaï/ je t'y prendrai. 

S'arapa, se coller, s'accrocher. — La pégo s'arapo à las 
mans, la poix s'attache aux mains. Aquél chival s'arapo 
bièn, ce cheval tire à plein collier. Aquél home couméngo 
dé s’arapa, cet homme commence à bien faire ses affaires, 
à prendre dans son commerce. On le dit aussi d'un con. 
valescent qui revient en santé après une longue ou dange- 
reuse maladie. 

Dér. du lat. Arripere. 


64 ARC 


Arapo-man, s. m. Grateron, galiet grateron; Galium 
aparine, Linn. Plante de la famille des Rubiacées, ram- 
pante, rude au toucher et qui s'accroche aux mains quand 
on la saisit. De là lui vient son nom.— Voy. Réboulo et 
Réjistèl. 

Arapo-pèou, s. m. Bardane, Aretium lappa, Linn. 
Plante de la fam. des Composées Cynarocéphales, floscu- 
leuse, et dont la semence est renfermée dans un hérisson 
dont les piquants sont terminés en crochets; ce qui fait 
que, lorsqu'on les mêle dans des cheveux un peu longs, 
on ne peut plus les débrouiller et l'on ne s'en débarrasse 
gu'en coupant; son nom dérive de cet effet. 

— Arasa, v. Terme de maçon, couronner un mur, égaliser 
sa dernière assise, la niveler. 
=: Dér. de Ras. 

Arboùs, s. m. Arbousier, Arbutus unedo, Linn. Arbris- 
seau de la fam. des Ericacées, toujours vert, qui porte à la 
fois des fleurs et des fruits. Ces derniers sont d’une belle 
couleur aurore foncée, mais fades, d’une saveur plate. 

Dér. du lat. Arbutus, m. sign. 

Arboussé, s. m. Lieu planté d’arbousiers. 

Arbousso, s. f. Arbouse, fruit de l’arbousier. — Ce mot 
et les deux précédents ont fourni un assez grand nombre 
de noms propres et de lieux, comme : Arbous, Darboux, 
Larbous, Arbousse, Arbousset, Darboussier, etc. 

Arboutan, s. m. Pied de biche, bras de fer qui sert à 
fermer l’un des vanteaux d’une porte cochère. Il n’a aucun 
rapport de signification avec l'arc-boutant fr., dont il est 
pourtant dérivé probablement. 

Arcanje, s.m. Archange, ange d'un ordre supérieur dans 
la hiérarchie céleste. 

Empr. au fr. 

Arcèli, s. m. Lavignon, Venus decussata, Linn. Coquil- 
lage marin, bivalve, bon à manger, du genre des Cames. 

Dér. du lat. Arcella, petit coffre. 

Archavésque, s. m. Archevèque, prélat métropolitain 
qui à des évèques pour suffragants. 

Dér. du lat. Archiepiscopus, formé du grec Apy#, pri- 
mauté, et émioxoroc. 

Archè,s.m. Cavalier de l’ancienne maréchaussée; archer, 
soldat armé d’un arc et de fléches. 

Dér. de la bass. lat. Archerius. 

Arché, s. m. Archet, baguette aux extrémités de laquelle 
sont attachés en saillie des crins qu’on tend à volonté et 
qu'on passe sur les cordes d’un violon ou d’une basse pour 
en tirer des sons ; instrument pour faire tourner un foret: 
sorte de piége fait avec deux branches pliées en arc et 
rattachées par un fil double, pour prendre les petits oiseaux ; 
en terme de moissonneur, étui de la faucille, qui en a par 
conséquent la forme recourbée. 

Dér. de Ar, dim. 6 

Archiban, s. m. Banc à dossier, banc d'honneur, chez 
ls bons paysans des Cévennes, placé au coin de leurs im- 
menses cheminées : c'est le siége des chefs de la maison et 





ARD 


des étrangers de distinction. L'archiban est aussi un long 
coffre en forme de banc, fixé auprès de la table à man- 
ger, Sauv. — Le mot et la chose sont des demeurants 
de l’ancien régime : ils représentent ces mœurs patriar- 
cales, qui conservaient avec respect les traditions de la 
famille et de l'hospitalité, l'amour du père assis au foyer. 
domestique ou à la table frugale, à la place d'honneur. Le 
progrès ne trouve plus là que des ais vermoulus qui ne 
sont bons qu'à jeter au feu. 

Dér. du grec Apyf, primauté, puissance, et Ban. 

Archimpo ou Archipô, s. m. Etuvée, viande hachée, 
hachis. 

Dér. du gr. Apyés, premier, principal, grand, et du 
lang. Po. 

Arcialoùs ou Arcièloüs, s. m”. Bolet, cèpe, potiron, 
champignon gris, très-bon à manger; bolet comestible, 
Boletus edulis ou esculentus, on bovinus, Pers. Linn., 
Roques.— Cet excellent champignon se reconnaît aisément 
à son chapeau plus ou moins large, un peu ondulé sur les, 
bords, d'une couleur fauve, quelquefois d’un rouge de 
brique, brunâtre, couleur noisette. Sa substance intérieure 
est ferme, d'un beau blanc qui ne s’altère pas à l'air, à la 
cassure. Le pédicule est épais, tubéreux, renflé à la base, 
court ou élevé. Il est essentiel de ne pas le confondre avec 
le pissago, qui lui ressemble beaucoup et qui est très-véné- 
neux et malfaisant. C’est cette espèce de champignon, très- 
abondante dans les Cévennes, qu'on fait sécher et qui est 
livrée au commerce. Au nord d’Alais, on le nomme Céloùs; 
ce n’est qu'une contraction de"notre vocable. — Voy. Cé- 
loùs ; Pissagd. 

Dér. de l’it. Araceli, m. sign. 

Arcisoùs ou Artisoüs, s. m. pl. Ver, mite ou ciron du 
fromage, Acarus siro, Linn. Insecte du genre des Aptères 
et de la fam. des Parasites. On le nomme également Marano. 
— Voy. Artisoùs et Marano. 

Le second de ces noms, dont le premier n’est qu'une 
variante, est évidemment parent du fr. Artison, qui est 
aussi un petit insecte rongeur. 

Arculo, s. m. Un homme fort, robuste, un Hercule. 

Empr. au fr. 

Ardécho, s. f. Ardèche, département dont le chef-lieu 
est Privas; rivière qui y prend sa source et lui donne son 
nom, affluent du Rhône. 

Dér. du lat. Arduesca. 

Ardioù, s. m. Ardillon, dard ou pointe d'une boucle: — 
— Sara un ardioù, serrer sa ceinture d’un point, ‘se ser- 
rer le ventre, au prop. et au fig. 

Ce mot est au moins contemporain du fr. ; il est dér. dn 
celt. Dart, pointe, ou du grec ’Apèx, L'ital. a Artiglio, 
orteil, ergot, serre. 

Ardoù, s. f. Grande chaleur, chaleur brülante, parti- 
culièrement celle qui est produite par la fermentation ; viva- 
cité avec laquelle on se porte à quelque chose. 

Dér. du lat. Ardor. 


ARE 


- Aré, s. m. Bélier, le mäle non châtré de la brebis. 
* Dér. du lat. Aries. 

Arèdre, v. Lasser, fatiguer, harasser; rendre; mettre 
sur les dents. — Se dit surtout de la fatigue procurée par 
üne marche forcée. 

Dér. du lat. Reducere. 

Arédu, udo, part. pass. de Arèdre. Rendu, lassé, ha- 
rassé. . 

Arégacha, v. Regarder; fixer attentivement en arrière. 
—Se dit aussi gtnériquement pour : regarder, considérer 
de toute manière. 

Formé du lat. Retrd, arrière, et du gr. A\yzw, admirer. 

Arémouli, ido, ou Arémoulu, udo, adj. Avide, âpre à 
la curée; qui n'a pas de pudeur dans ses vues intéressées ; 
affronteur ; insatiable. — Voy. Rémoulu. 

Arémoulije, s.m. Avidité du bien, désir insatiable d'en 
acquérir, mèlé de jalousie; effronterie intéressée. 

Aréna, v. Tenir en bride; raccourcir les rênes. — Aréna, 
ado, part. pass. Au fig. Réngorgé, qui relève la tête, qui 
se rengorge. 

Dér. du lat. Retinaculum, ou de l'ital. Redina, rène. 

Arénadoù, s. m. Terme de bâtier ou de hourrelier, Arè- 
noir; bouton où baguette fixés au-devant du bât ou d’une 
-barde ou bardelle, pour y accrocher les rênes du bridon où 
la longe du licou. 

Dér. de Arena. 

Arénda ou Arénta, v. Prendre et bailler à ferme, 
prendre et donner à loyer; affirmer, louer. 

Dér. de Réndo. 

Aréndamén ou Aréntamén, s. m. Bail à ferme ou à 
loyer ; le prix de ce bail.— Mé féou ana paga moun arén- 
damén, il me faut aller payer mon loyer. 

Dér. de Réndo. 

Arénja, v. Arranger, disposer, mettre en ordre; accom- 
moder, ajuster, ranger ; raccommoder, concilier, accorder, 
faire transiger ; arranger une affaire. — Arénja sous afai- 
res, mettre ordre à ses affaires. Arénja soun pèou, peigner, 
lisser ses cheveux. Aquô m'arénjo bièn, cela me va, cela 
m'arrauge à merveille ; s'accorde avec mes intentions ou 
mes intérèts. Lou juge lous arénje, le juge les réconcilia, 
les fit transiger. Féou arénja aquél proucès, il faut arran- 
ger cette affaire, 

S'arénja, se parer, s'ajuster, s'endimancher ; se ranger ; 
s'arranger, prendre des arrangements, se mettre à son aise. 
— Suïqué t'arénjaras un pdou, sans doute tu t'habilleras 
convenablement. Lou tén s’arénjo, le temps devient serein, 

ou bien, il se radoucit. Aquél home s'arénjo démpièi qu'és 
… marida, cet homme est devenu plus rangé, moins dissipé, 
moins prodigue, depuis son mariage. Sé voulès, m'arénja- 
rai d'aquelo piègo, si vous voulez, je me chargerai de ce 
champ, je m'en arrangerai, je vous l'achèterai. Aquélo drolo 
s'arénjo bièn, cette jeune fille s'ajuste bien. Arénja-vous, 
sans façoun, mettez-vous à votre aise, sans cérémonie. Aügo 
s'arénjura, tout ceci s'arrangera, se raccommodera. Bouto / 








ARÈÉ 65 


bouto ! t'arénjaraï, val va ! je t'arrangerai d'importance, 
je te châtierai de la bonne manière. 

Dér. de l'allem. Ring, rang, d'où est venu rén. 

Arénjamén, s. m. Arrangement, transaction ; ordre 
dans la tenue d'une maison ; esprit de conduite dans ses 
affaires.— Un michan arénjamen véou maï qu'un bon prou- 
cès, mauvais arrangement vaut mieux que bon procès. 

Aréscle, s. m. Cercle en bois refendu, dont on reliait 
les anciennes mesures de capacité, telles que les minots, 
quartes et boisseaux ; dans les mesures du nouveau sys- 
tème, ce cercle est en fer. L'Aréscle est encore le cerceau 
d'un tamis, d’un crible, des tours à filer la laine et le 
coton, des caisses de tambour, etc.—Piquo tant sus l'aréscle 
coumo sus lou tambour, il parle ab hoc et ab hac, sans me- 
surer la portée de ses paroles ; par comparaison avec un 
tambour maladroit qui frapperait lantôt sur le bois, tantôt 
sur la peau de sacaisse. — Aréscle dé moult, archures d'un 
moulin à farine ; elles sont recouvertes par les converseaux 
et forment ensemble le tambour : terme de meunier. 

Dér. du lat. Arculum. En roman arescle, cercle mince, 
éclisse, éclat de bois. 

Arésouna, v. Demander raison; discuter; interroger ; 
faire rendre compte. 

Dér, de Résoù. 

Arésta, v. Arrêter, retenir, empêcher d'aller ou de dire ; 
faire cesser, réprimer; attacher; déterminer ; régler ; saisir 
par autorité de justice ; engager pour servir ; décider, con- 
venir de faire. — L'aréstère lèou, je le retins, je l’arrêtai 
bien vite; je le réprimai. Arésta lou san, étancher le sang. 
Arèsto aquélo bocho, calle cette boule. Avèn arésta lou jour, 
nous avons fixé le jour. L'an arésta, on l’a mis en prison, 
on l’a écroué. Aï arésta un méssaje, j'ai retenu un domes- 
tique, je l'ai arrhé. Avèn arésta dé faïre uno pérménado, 
nous avons décidé d'aller à la promenade. Aquél chi arèslo 
bièn, ce chien a bon nez, arrête. ferme le gibier. 

Arésta, ado, part. pass. et adj. Sage, réservé, retenu, 
posé, quand il s’agit des personnes ; arrêté, fixé, conclu, 
en parlant d’une chose, d’une affaire, d’un marché. — Un 
Jjouine home arésta, uno fio aréstado, un jeune homme 
sage, posé, une fille vertueuse, réservée. 

Dér. du lat. Restare. 

Aréstamén, s. m. Arrêt, arrestation; saisie d’une per- 
sonne ou des biens. — Faguèrou un aréstamén dé soun bé, 
on fit contre lui une saisie immobilière. — On se sert du 
mot banimén, quand il s’agit d'une saisie-arrèt ou mobilière. 

Aréstiè, s. m. Arôtier, pièce de bois qui, dans un toit, 
part de l'extrémité du faite et va en descendant reposer 
sur l'angle du bâtiment, divisant les eaux à droite et à 
gauche dans les toitures à deux égoûts. 

Dér. de Arésto. 

Arésto, s. f. Arète de poisson, os long et pointu qui 
tient lieu de côtes dans les poissons; crête d'un toit; angle 
saillant d’un prisme, d'un mur, d’une voûte. 

Dér. du lat. Arista, barbe de blé. 


66 ARG 


Aréstoù, s. m., ou Cabô. Chabot, meunier, chevane; 
Cyprinus dobula, Linn. Poisson de rivière, qui a la tète 
large et plate, la gueule fort ouverte et sans dents. Sa 
chair, peu estimée, est toute parsemée d'arètes, ce qui lui 
a valu son nom lang. — Voy. Cab. 

Argèlo, s. f. Argile; terre grasse; terre de poterie. — 
Pasta d'argèlo, pétrir de l'argile. 

Dér. du lat. Argilla. 

Argéloùs, ouso, adj. Argileux, qui tient de l'argile. 

Dér. de Argèlo. 

Argën, s. m. Argent, métal; monnaie en général. — 
Mino d'argën, cuiè d'argén, mine d'argent, cuiller d'ar- 
gent. Plago d'argin és pas mourtèlo, plaie d'argent n'est 
pas mortelle. Gagno vèr l'argén, se dit d'un animal domes- 
tique quelconque, qui est encore d'age à augmenter de 
valeur en grandissant, où d'une bète qui a été malade et 
qui se rétablit chaque jour : dans ce dernier sens, on l'ap- 
plique même aux personnes. Gagnan vèr l'argen, disons- 
nous à un malade pour lui donner de l'espoir ou du cou- 
rage. Aquo's d'argôn dé moun gagna, c'est de l'argent de 
mon pécule, gagné par mon travail ou mon industrie, et 
non advenu par héritage. Au fig. AquÔ's d'argén de soun 
gagna, se dit aussi d'un malheur arrivé à quelqu'un par 
sa faute; c’est un malheur qu'il a été chercher Jui-mème. 
L'argén és roun, fôou bé qué rounle, la monnaie est ronde, 
pour qu'elle circule ; l'argent est fait pour rouler, pour 
courir d'une main à l'autre. D'argén blan, en monnaie 
d'argent, en pièces d'argent. Pagan argén countan, nous 
payons en espèces sonnantes. Ana bon jo, bon argen, agir 
loyalement, franchement, sans ménagement. 

Dér. du lat. Argentum. 

Argénta, v. Argenter; passer une couche d'argent ; 
donner une couleur argentée. 

Argènta, ado, part. puss. du v. préc. et adj. Le mème 
que Argéntoüs. (W. ©. m.) — Sèn pas bièn argéntas pér 
lou moumén, nous ne sommes pas riches, pas chargés d'ar- 
gent pour le moment. | 

Argéntariè, s. f. Argenterie, vaisselle ou autres meu- 
bles et ustensiles d'argent. — C'est le nom d'une rue à 
Montpellier, l'Argenterie, où était autrefois l'Hôtel des 
monnaies. 

Argéntoüs, ouso, adj. Pécunieux, riche en espèces; 
qui a beaucoup d'argent; qui produit de l'argent. Ne se 
prend guère que négativement. 

Argén-viou, s. m. Vif-argent, mercure. La propriété de 
cette substance métallique, blanche et fluide, d'être conti- 
nuellement en mouvement à la moindre agitation, l'a fait 
prendre pour emblème des personnes vives et remuantes. 
— Sémblo qu'a d'argëén-viou din sas mans, ses mains s'agi- 
tent comme si elles étaient du vif-argent. 

Argnè, s. m., ou Vèrdé. Marlin-pècheur, oiseau. — On 
l'appelle Argnè parce qu'on avait cru longtemps qu'en le 
mettant desséché dans une garde-robe, son odeur en chas- 
sait les teignes, arnos ; mais, loin de préserver son voisi- 





ARG 


nage, on à vu, dans les cabinets d'histoire naturelle, l'ar- 
gnè dre parmi les oiseaux empaillés un des premiers atteint 
par ces insectes. 

Voy. Verde. ee 

Argue, en fr. Argues, terminaison d'un grand nombre 
de nos de lieux dans le Bas-Languedoc, départ. du Gard 
et de l'Hérault. 

La finale Argue a été longtemps considérée comme repré: 
sentant le lat. ager, champ, domaine. Cette ingènieuss 
interprélation, mise en crédit par le savant historien Més 
nard, était combattue par les Bénédictins de l'Histoirg 
générale du Languedoc; elle fut adoptée à titre de conjec- 
ture par Sauvages ; aujourd'hui, battue en brèche au sein 
mème de l'Académie du Gard, elle parait abandonnée par 
la plupart des étymologistes. 

Argue, dans la langue vulgaire, le languedocien, est, en 
effet, de dernière formation ; elle n'apparait qu'au XIVe siè-, 
cle, où elle devint particulière au territoire qui avait été 
autrefois le pays des Volces Arécomiques: Au moyen âge, 
les noms ainsi formés avaient pour finale anègues, ani 
gues où aniches ; dans le principe &’était le radical celtique 
ek ou son analogue contemporain 4k, qui s'attachait aux 
mêmes noms pour leur donner la signification de pro- 
priété, un sens, une idée de provenance. 

Quand, avec la conquête, le latin s'imposa à la Gaule, 
il ne changea pas les appellations locales existantes ; seule- 
ment il leur imprima le cachet de son génie et de s4 
langue, et il ajouta ses finales caractéristiques en us, a, 
um, selon qu'exigeait l'accord avec mansus, villa, cas- 
trum où prædium. Pour les établisssements nouveaux qui 
se créèrent dans la suite, les mèmes procédés de dénomi- 
nation furent employés. De là les terminaisons en acus; 
aca, acum; puis les variantes enanius, aneus, atius, assius, 
a, um, etc., désinences correspondantes adjectives. 

Les Gallo-Romains, nos ancêtres, adoptèrent donc soit 
pour l'euphonie, soit pour se rapprocher de la forme latine, 
les finales celtiques latinisées ou purement romaines. Enfin, 
lorsque du mélange se forma la langue romane rustique, 
plus tard quand se fit la division en langue d’Oil et en Jan 
gue d'Oc, comme le latin se conserva toujours à titre de: 
langue officielle des actes publics, les altérations se multi- 
pliérent, par une sorte de marche parallèle. Les influences 
ethniques, qui ont lant de puissance sur l'intonation, agi- 
rent à leur tour pour modifier les terminaisons. Ainsi, 
tandis que le latin disail acus, aca, acum, le roman répon- 
daitpar ac, as, at, par préférence au midi et au centre dela 
France, et par e, y, ey, ieux, etc, dans le Nord: Les ten: 
dances à la contraction, à l'adoucissement de la prononcia- 
tion se manileslèrent; et alors que le basilatin écrivait 
acus, anus, a, um, le roman supprimait la terminaison et 
il avait an, en, ane, enne, et ainsi de suite sur les autres 
voyelles. k 

Peu à peu, par le même sentiment, la consonnance tou= 
jours dure du e se transforma en ch chuintant, et l'on arrivæ. 





ARG 


aux désinences mèlées en ache, auche, ènche, inche. L'or- 
thographe ne resta pas désintéressée dans la question: le 
latin remplaçait souvent li par j. Or quand les Gallo- 
Romains, de anius, anêus, onius, «, um, eurent fait 
anicus, inieus, onicus, a, um, el anicæ, au plur., 
V'inversion par anjcus, anjus, allait de soi dans l'écriture : 
la chute du ec dur s'ensuivit et l'on eut anjus, enjus, a, 
“um, et les autres, qui par la suppression de la finale carac- 
téristique produisirent derleur coté anje, enje, inje. L'on 
“compreud encore que la substitution du g doux au j soit 
arrivée tout naturellement, comme celle du e doux ou du 
ch au c latin sonnant k devant toute voyelle. Ces combi- 
naisons amènent également le gx mouillé et aussi la méta- 
thèse ng. — Voy. les articles Agno, Canounge, Cassagno, 
et autres. 

De là sont issues les (inales en cgna, igna, agnac, ignac, 
ailleurs rgné, igney, ignies, igny, etc., qui se prononcent 
en nasalisant et en mouillant. Et ce phénomène, dans notre 
pays, avait passé d'abord par angues, onigues, aniches, 
inègues, oniches, etc., du moyen àge roman, désinences 
exprimées en lat. anicæ, enicæ, onicæ, et qui sont enfin 
devenues argue, ergue, orgue, dans bien des appellations 
‘de nos jours. 

Mais ilest facile de saisir, à travers ces permutations 
de lettres, les altérations qui se sont produites de la forme 
romane primitive aux formes définitives de notre dialecte. 

Toutes ces variétés de finales, depuis ac = ec — acus, 
anus, anius, jusqu'à an, anche, ènche, anje, ange, agne, 
etles autres, comme anicæ — anègues = argues, etc. ont 
donc une source commune et sont équipollentes; et 
ce.qui le prouve, c'est que le latin, langue plus fixe, 
plus fidèle au radical premier, les exprime, quelle que 
soit leur diversité, au midi et au nord, par sa formule à 

près uniforme acum où anum; et que, dans les noms 
de lieux, d'un bout de la France à l'autre, des corps de 
mots identiques, portant suivant les pays des terminai- 
sons différentes, en langue vulgaire, se retrouvent dans 
le latin des chartes, des diplômes, des anciens titres, 
avec la même finale invariable. Pourquoi ces différences 
sur des mots similaires, souvent mème à des distances 
très-rapprochées ? 
+ Sic voluère patres, sic voluit usus. 

Question de latitude; loi de permutation ; recherche 
d'énergique euphonie; toutes ces causes ont pu amener 
une combinaison qui a donné lieu à de si singulières inter- 
prétations. 

Pourquoi encore, pour nos contrées, près de nous, au 
milieu de ces syllabes fluides de la terminaison latine, s'est 
introduite la consonne rude r de notre argue? Comment l'i 

doux a-til disparu? Il n'y a pas peut-être d'autre raison, 
. &t.il faut bien s'en contenter, que celle qui, du latin pasti- 
naca à fait notre pasténargo; de dominicus, domèrgue; de 
dies dominica, dimèrgue (v. lang.), et diménche actuel ; 
qui a converti le Pagus rutenicus en Rouergue ; canonicus, 





ARI 67 


chanoine, en canounge; villa canonica en La Canourgue 
(Lozère), el le mème, nom d'une place à Montpellier; comme 
monica, religieuse, s'est transformé en mourgo, les Mour- 
ques, nom d'une de nos rues, et les dim. mourguéto et 
mounjéto. (V. c. m.) Ce qui est remarquable néanmoins, 
c'est que la même forme se rencontre dans l'espagnol 
ét dans l'italien, langues néo-latines de même origine que 
la nôtre. — Voy. Canounge. 

IL nous parait donc évident que la finale argue n'est 
qu'une désinence purement explétive, adjective, qui ém- 
porte de soi un sens de provenance, une idée de propriété, 
à peu près comme ager, mais qui n’en est pas un dérivé ni 
une traduction. Ce qu’il fallait démontrer. 

Ari, interj. Haie! commandement qu'on adresse aux 
ânes, chevaux ou mules pour les faire avancer. — On dit 
d'un paresseux, d'un ouvrier nonchalant : Féow toujour & 
dire : ari, il faut toujours lui dire : allons done! 

Rabelais s'en est servi dans ce sens : Ari, bourriquet / 

En ital. on dit aussi : arri; en esp. port. arre. Les 
Anglais ont, avec la mème signification, le verbe to harri. 
Harre est un mot arabe d'origine ; il signifie proprement : 
warche, avance. En celt, ari désigne un âne. Tous ces 
mots et le nôtre dériveraient-ils du celtique ? Le latin aurait- 
il contribué de moitié à sa composition, en combinant et 
élidant aro, maintenant, avec i, impératif, va, marche? En 
étymologie, il ne faut jurer de rien. 

Ariala, v. Canaliser, conduire les eaux d'arrosage par 
de petits canaux.— La ribièiro s'és touto arialado d'un 
cousta, la rivière s'est creusée un lit étroit sur l'un de ses 
bords, 

Dér. de Rial, 

Arias, s. m. n. pr. de lieu. Arias, nom de ruisseau dans 
plusieurs communes du Gard. 

Dér. sans doute, comme le mot préc., de Rial, avec l'a 
explétif ; peut-être aussi le mot riassos n'est-il pas étranger 
à sa formation. — Voy. Riassos. Toutes ces idées se rap- 
prochent et se tiennent. 

Ariba, v. Donner à manger aux animaux ; jeter de la 
feuille aux vers à soie ; appäter un enfant, un vieillard, un 
infirme, qui ne peuvent faire usage de leurs mains. — 
Ariba, sans régime, s'applique, par excellence, aux vers à 
soie : À quinlo houro ariban? à quelle heure donnons- 
nous la feuille, le repas de feuille aux vers à soie ? Ariba 
lou réinar, appter le renard, faire une trainée d'appât 
qui le conduise dans le piége. Fou ana ariba sas gnèïros, 
il faut aller donner à manger aux puces, c.-à-d. fam. se 
coucher. Axibo sans fiäio, répond quelqu'un à qui l'on 
demande une chose impossible ou très-difficile à faire : 
donne à manger à tes vers sans le moindre brin de feuille. 

Aribado, s. f. Repas, ration qu'on donne aux animaux, 
particulièrement aux vers à soie. — Quant dounas d'ari- 
bados? combien de fois par jour donnez-vous à manger aux 
vers ? Lus manquo pas qu'uno aribado pérlous ajassa, ilne 
manque à ces vers qu'un léger repas pour les faire dormir, 


687 ”” ARL 

Aribaïre, aîro, adj. Ouvrier qui donne à manger aux 
vers à soie. 

Ariè, interj. En arrière! commandement pour faire 
reculer un cheval. 

Formé du lat. Retro ; en esp. Arriédro. . 

Ariès (és), adv. En arrière, en reculant, derrière. — 
Porto soun capèl és ariès, il porte son chapeau en arrière. 
Vaï és ariès, il marche en arrière ; il porte, il incline der- 
rière. 

Dér. du lat. Ad retrà. 

Ariguiè ou Aliguiè, par corr. Alisiè, s. m. Alisier, 
Cratægus aria, Linn. Arbre de la fam. des Rosacées, com- 
mun dans les bois. Son fruit se nomme Alise en fr. 


Ariuèje, s, m. Salsepareille du Languedoc, d'Europe, 


Smilax aspera, Linn. Plante de la fam. des Asparagées, 
sarmenteuse, à baies rouges, rampante el épineuse. — On 
dit proverbialement : Rama coumo un ariuèje, de ce qui 
est touffu, épais, mème d'un mensonge. 

Dér. du gr. Apk, lime, râpe, cette plante étant toute 
hérissée de pointes. 

Ariva, v. Arriver; aborder, parvenir dans un lieu où 
l'on voulait aller ; advenir ; survenir. — Faï pas qué d'a- 
riva, il vient d'arriver, il arrive à peine. S'aqud m'’arivo 
tourna, si l’on m'y prend encore. Sé t’arivavo, si tu t'ayi- 
sais de cela, s'il t'arrivait. T'arivara malur, il t'en advien- 
dra malheur. Y-és ariva, il y est parvenu, au prop. et 
au fig. 

Ce verbe, en languedocien comme en français, a été tech- 
niquement approprié, dans le principe, à l'arrivée d’un 
voyage sur eau. Son étymologie de rive ou de ribo, quand 
on prononçait ariba au lieu de ariva, le démontre assez. 
Les deux dérivations se confondent dans le lat. Ripa, ad 
ripam. 

Arivado, s. f. Arrivée; venue de quelqu'un ou de quel- 
que chose en un lieu. 

Dér. du lat. Ad et ripa. 

Arjalas, s. f. Genêt épineux. Spartium scorpius, Linn,. 
Arbuste de la fam. des Légumineuses, à fleurs jaunes ; 
ajonc. 

Sauvages prétend que ce mot est d'origine arabe; ne 
viendrait-il pas plutôt du grec Apyakéos, difficile, fAcheux, 
incommode, qui est pour beaucoup dans le lat. argutus ; 
à cause des longues épines de cet arbrisseau ? 

Arjalassièiro, s. f. Lieu couvert d'ajoncs, de genêts 
épineux. 

Dér. de Arjalas. 

Arjéirolo, s. f. Azerole, fruit de l’azerolier, arjérouie. 

Arjérouiè, s. m. Azerolier, Mespilus, Linn. Arbre de 
la fam. des Néfliers, dont le fruit ressemble à une petite 
pomme et a des noyaux comme la sorbe. 

Arle, s.m. Arles, ville de Provence ; sous-préfecture du 
départ. des Bouches-du-Rhône. — On dit : én Arle, à Arles, 
et non à Arle. — Voy. Aoubénas. 

Dér. du lat. Arelas. 





ARM 


Arlén, énquo, adj. Arlésien, ienne; d'Arles; qui est 
d'Arles. 

Dér. du lat. Arelas. 

Arlénde, s.m., n. pr. de lieu. Arlende, hameau dépen- 
dant de la commune d'Allègre, canton ds Saint-Ambroixs 
arrondissement d’Alais. Dans le voisinage, se trouve une 
belle source du mème nom : La fon d’Arlénde. 

Ce mot est écrit dans le dénombrement de la sénéchaus- 
sée de Nimes, Arlempde. Sa dernière partie formée de Zinde, 
clair, transparent, traduit le lat. limpidus. Sa première 
syllabe est-elle l’article armoricain ar, la, que l’on trouve 
dans bien des noms commençant ainsi : Ar-leux (Nord), 
très-rapproché de notre mot; Ar-cenay (Côte-d'Or); Ar- 
dennes (Aveyron), et autres ? Serait-elle préposition repré- 
sentée le plus souvent par le lat. ad, vers, ou la particule 
celt. intensive, jointe à l'adjectif pour lui donner plus de 
force et mieux exprimer la beauté et la limpidité des eaux 
de la fontaine d'Arlénde? — Voy. Zeuss, Gramm. celt: 
On pourra choisir. 

Arléquin, s. ”m. Arlequin, homme léger, peu sûr; bouf- 
fon, farceur. 

Ce nom est le surnom d'un bouffon de théâtre qui vint 
d'Italie à Paris sous le règne de Henri II. Comme il allaït 
souvent chez MM. de Harlay qu'il amusait beaucoup, ‘ses 
compagnons le nommèrent Harluiquino, petit Harlay ‘ét 
ce nom est demeuré à tous ses successeurs dans l'emploi. 
I a fini par passer dans l’usage comme adjectif. 

Arléquinado, s. f. Arlequinade; tour d'arlequin; bouf- 
fonnerie ; lazzi; niche. 

Arma, v. Armer, donner des armes; mettre sous les 
armes; disposer une machine, un fusil à tirer, à faire 
feu. : 

Dér. du lat. Armare. 

Armado, s. f. Armée; troupes en corps sous la con- 
duite d'un chef; grande foule, grand nombre. — Y siañ 
uno armado, nous y étions en foule, en grande multi- 
tude. 

Armagna, s. m. Almanach, calendrier. 

Altér. de Almanach. 

Armas, s. m., augm. de Erme, grand tènement de térré 
en friche, de lande. Autrefois il avait la signification de 
marais, terrain marécageux, et les anciennes chartes latines 
le rendaient par Palus, paludis. Sauvages lui donne pour 
synonyme Garigo, qui a le sens de marais. — Yoy. Erme, 
Aimarque. 

Armasi, s. m., ou Cabiné. Armoire, placard, buffet; 
meuble où l'on tient du linge et des hardes, et où le 
paysan serre ce qu'il a de précieux. 

Ce mot vient, comme armoire, son correspondant fran- 
çais, de ce qu'on y renfermait autrefois les armes, les 
armures, et dans les châteaux les titres et les armoiries: 
— Cérquo la gnuè pér lous armasis, il cherche midi 
à quatorze heures, il cherche des faux-fuyants. 

Armitaje, s. m. Ermitage, habitation d’un ermite; aû 





ARO 
fig. lieu solitaire, maison isolée; nom d'une montagne qui 
domine Alais, où était un ancien ermitage. 

Dér. du lat. Eremita. 

Armito, s. m. Ermite, solitaire qui s'est isolé du monde 
pour servir Dieu. — Démpièi qué l'armilo és mort, arivo 
toujour quicon, dit-on chaque fois qu’il arrive un malheur 
où un évènement étrange, comme si l'ermite était une 
«espèce de Providence qui éloignait les malheurs d’un pays. 
An fouita l'armito, aqud i-amérilo, chantent les enfants 
autour d'un camarade qui a été puni par ses parents, ou 
qui a été justement houspillé par un compagnon plus fort 
que lui. 

Dér. du lat. Eremita. M 

Armo, s. f. Arme; tout ce qui sert à armer, soit pour 
l'attaque, soit pour la défense. — N'y douriè pér n'én 
préné las armos, il y en aurait pour prendre les armes, 
- pour s'insurger, au prop. et au fig. Pourta l'armo, las 
‘ armos, porter les armes. 

Emp. du fr. dér. du lat. Arma. 

Armol, s. m., ou Armôou. Bonne-Dame ou Arroche 
des jardins, Atripleæ hortensis, Linn. Plante potagère et 
sauvage; quand on la cultive dans les jardins, elle devient 
haute et ligneuse, et on la nomme alors épinard d'Es- 
pagne. 

Dér. de l'esp. Armuellas, m. sign. 

Armuriè, s. m. Armurier, arquebusier; qui fait des 
armes. 

Emp. au fr. 

Arna, ado, adj. Rongé, percé par les teignes, piqué des 
vers; vermoulu. 

Dér. de Arno. 

Arnaduro, s. f. Mangeure de vers ou de teignes; le trou 
percé par elles. 

Dér. de Arno. 

Arnavès, s. m. Argalon, paliure, nerprun, Rhamnus 
paliurus, Linn. Arbrisseau qui ressemble au jujubier et 
qui est bien plus piquant, de la fam. des Frangulacées. Un 

.Savant botaniste suédois, qui avait voyagé en Palestine, 
dit qu'il n’y a, dans tous les environs de Jérusalem, que 
cette espèce de paliurus qui ait pu servir à faire la cou- 
ronne d’épines de N.-S.-J.-C. 

Astruc affirme que ce mot nous vient de l'arabe. 

Arno, s. f. Teigne, en lat. Tinea, petit iusecte, véritable 
chenille qui se change en phalène, de l'ordre des Lépidop- 
tères, trop connu par les dégâts qu’il fait sur les étoffes, les 
pelleteries et le papier. Sa phalène est ce petit papillon, 
d'un blanc un peu gris mais argenté, qu'on voit voler 
l'été dans les appartements où l'éclat de la lumière l’attire. 

Au fig., importun, parasite, solliciteur dont on ne peut 
se débarrasser. 

Sauvages prélend que ce mot vient du celtique. 

Aro, s. f. Are, mesure de superficie contenant 400 mé- 
tres carrés. 

Emp. du fr. dér. du lat. Area, surface. 





ARP 69 


Aro, adv. A présent, à cette heure, maintenant, en ce 
moment. — Tout'aro, tout à l'heure, bientôt, dans un 
moment. Ah! pér-aro! Ah! pour le coup! Gna prou pèr 
aro, c'est assez pour l'instant. Un pdou aro, un pdou pit, 
un peu après l'autre ; par moments. Aro mémélo, tout à 
cet instant, il n'y a qu’un bien petit moment. 

Dér. du lat. Hora, ad horam, ou de hac hord. En ital. 
Ora, en esp. ahora, en cat. ara. 

Aros, s. f. pl. Arrhes d'un marché, gage de son accom- 
plissement. — Douna d'aros, donner des arrhes. 

Dér. du gr. &25a6tv, m. sign., formé de l'hébreu arab, 
promettre, donner des assurances, ou de l'arabe araba, 
nouer, affermir, serrer; d'où le lat. arrha, m. 8. 

Arougan, anto, adj. Fier, insolent, arrogant. 

Dér. du lat. Arrogans. 

Arouganço, s. f. Orgueil, fierté, arrogance, insolence, 
morgue. 

Mème dér. 

Arouina, v. Ruiner, causer la ruine; démolir; user 
par le temps; détruire la fortune, causer la perte des biens 
de quelqu'un. 

Dér. du lat. Ruina. ; 

Aroundi, v. Arrondir ; élargir; rendre rond. S’aroundi, 
engraisser, se remplumer. Au fig., étendre son héritage, 
joindre à son domaine une terre qui convient. 

Dér. de Roun. 

Arounze, s. m. Ronce, Rubex cæsius, Linn. Arbrisseau 
épineux et parasite, qui produit les müres ; de la fam. des 
Rosacées. 

Dér. du lat. Ranca. 

Arouqua (s’}, ».,ou S'arouqui. S'endormir ; tomber darts 
un profond sommeil, où l'on semble changé en pierre. 

Dér. de Ro. 

Arouqui (s’). Se pétrifier, devenir de la pierre; durcir. 
Au fig., s'endormir profondément. 

Dér. de Ro, rocher. 

Arousa, v. Arroser, répandre de l’eau ; -humecter. 

Dér. du lat. Ros, eau, goutte, rosée. 

Arousado, s. f. Petite averse de pluie; pluie douce et 
de courte durée. 

Arousage, s. m. Action d'arroser; droit d'arrosage. 

Arousouèr, s. m. Arrosoir; grande cruche en fer-blanc 
pour arroser les plantes et les fleurs. 

Emp. du fr. 

Arpaïargue, s. m, n. pr. Éiees commune du 
canton d’Uzès. Son annexe est Aoureia, Aureillac ou 
Aurillac. Deux petits villages, situés, celui-ci sur une 
haute montagne , celui-là sur la pente d'un coteau. 

Le nom du dernier pourrait lui venir de Aouro, vent, à 
cause de sa situation ; mais son voisinage avec Arpaïargue, 
et même sa traduction française laissent croire que aurum, 
lat., a contribué à la dénomination des deux localités, 
situées près d’un ruisseau aurifère : Aurum legere, chercher, 
recueillir de l'or, 


70 ARP 


Le nom d'Arpaïargue, qui n’exprime pas bien entendu 
par sa finale urgue le domaine de quelque sénateur romain, 
est rendu dans le latin des chartes par Arpalhanice, et il 
dérive certainemeut aussi. de aurum et de palhare, bass. 
lat., chercher de l'or dans le sable des rivières ; d'où le fr. 
Orpailleur. Ses analogues sont Orpillières (Gard) et Arpail- 
hac (Aveyron). 

Arpan, s. m. A proprement parler, signifie : longueur de 
l'ouverture de la main. — Au jeu d'£quip? (V. ©. m.), qui 
se joue avec des gobilles, on mesure ainsi la distance entre 
les boules; l'on dit alors : Faï tous arpans, fais ta mesure. 
Mais comme la tricherie se mêle toujours à ces jeux d'en- 
fants, le mesureur allonge tellement les doigts en glissant 
sur Ja terre, qu'il abrége singulièrement la distance. On 
appelait ce procédé : Arpans de la naciou, et l'on voulait 
parler d'une mesure frauduleuse. Le jeu en question avait 
sans doute pris naissance en ce temps-là. La nation était 
prise alors pour le gouvernement; on était sous la répu- 
blique, la première bien entendu, et les enfants se permet- 
taient cette sorte d'épigramme politique, en commémora- 
tion de la bangueroute du tiers-consolidé. Les bonnes 
vérités sont le privilége de cet âge. 

Arpan, en ce sens, pourrait avoir quelque parenté avec 
arpo; cependant nous peusous qu'il n'est que l'extension 
du mot suivant. 

Arpan, s. m. Mesure de superficie qui répond au fr. 

arpent, el qui dérive comme lui du lat. Arripendium, 
mesurage des champs. Mais en Languedoc, il ne répond pas 
aux dimensions de l’arpent de Paris, qui valait autrefois 
51 ares 07 centiares. 
. L'arpent de Montpellier, qui était l'unité légale pour les 
justiciables de la Cour des Aides de cette ville, était de 
deux sortes. L’arpent ou deztre, pour mesurer les bâtiments, 
était une corde qui tirait neuf pans, soit 2 mêt. 25 cent., 
sans avoir égard à la fraction imperceptible qui résulte de 
la comparaison du mètre à la toise ou à la canne. Le dextre 
ou arpent, pour mesurer les champs, était de 48 pans, soit 
& m. 50, en mesure linéaire. L'arpent, carré représente 
donc une superficie de 20 mètres : il faut 25 arpents pour 
une quartulado, 400 pour une séstièirado, 400 pour une 
sdoumadudo (V. c. m.), et dans le système décimal, il en 
faut 5 pour un are, 500 pour un hectare, 

Le dextreou l'arpent contient donc 0 ares 20 centiares. 


LOISIR RAT. | 25 
La quarte. : « 5 » 
BE CRT. Di. A0 » 
ÉORODMER LE 0 let te ua » 
La salmée, . " . : . 80 » 


Telle était la mesure à Aug à Saint-Christol et dans 
quelques autres communes voisines, l'arpent n'avait que 
B paus. 

Arpanta, v. Arpenter, mesurer la contenance des terres ; 
faire de lougs pas, marcher vite et à grands te: 

Dér. de Arpan. 





ARQ 


Arpantaïre, s. m., ou Arpentur. Géomètre arpenteur. 
— Voy. Espèr. 

Arpantage, s. m. Arpentage, art de mesurer la super- 
ficie des terres ; rapport ou plutôt résultat d'une se: Ed 
d'arpenteur. 

Dér. de Arpan. 

Arpantéja, ». Parcourir à grands pas ; courir çà et ls 
et par ext., jouer des jambes. —Se dit surtout d'un enfant 
au berceau qui, couché sur le dos, joue des jambes «et se 
démène quand il est libre. Ce mot se confond avec Arpa- 
téja. 

Dér. de bi 

Arpatéja, v. Gambiller, jouer des jambes. — 11 est le 
mème que Arpantéja. La seule différence parait être dans 
l'étym. Celui-ci est dér. de Arpo. 

Arpéto, s. f., dim. de Arpo. Croc de batelier; mais plus 
particulièrement ces petites griffes en vrilles, avec lesquelles 
plusieurs plantes parasites grimpantes  s’attachent, aux 
wurs ou à l'arbre, leur tuteur, comme le lierre, la vigne- 
vierge, ete. On le dit aussi des pattes de la plupartodes 
insectes. 

Arpi, v. Accrocher avec les mains ou les griffes ; rapi- 
ner ; empoigner, saisir, 

S'arpi, se prendre aux cheveux, s'égratigner récipro- 
quement avec les ongles et les griffes. 

Dér. de Arpo, formé lui-même du lat. arripio. 

Arpian, ando, adj. Pillard, rapineur, qui a les mains 
crochues, comme on le reproche, improprement sans doute, 
aux Normands; esçogriffe, escroc. 

Dér. de Arpo. 

Arpiou, s. m. Dim. Arpioulé. Ongle long et crochu ; 
un doigt d’une serre, d'une griffe, pris séparément. Au 
plur. par ext., main, doigts. mL 

C'est un dim. dér. de Arpo. 

Arpo, s. f. Main; griffe; serre; patte. — On dit: À 
bono arpo, où Es uno bono arpo, d'une femme qui &.la 
main habile pour ramasser une récolte, telle que les chà- 
taignes, ou pour cueillir la feuille de mürier. Jouga dé 
l'arpo, jouer de la griffe; rapiner, mème égratigner. Trémpa 
l'arpo, mettre le pied, entrer dans l’eau ; au fig. mettre la 
main à la pâte; entreprendre. Y-an bouta l’arpo déssus, on 
s’en est saisi, on a mis Ja main sur lui. 

Dér. du gr. Apos, crc, crochet, grappin. 

Arquado, s. f: Arche d'un pont; voüte courbée en 
arc. 

Dér. du lat. Arcus, arc. 

Arqué, s. m. Arc-en-ciel, météore en arc formé par la 
réfraction de la lumière solaire dans les nuages, composé 
de plusieurs bandes de couleurs, rouge, orange, jaune, 
vert, bleu, indigo et violet.—C'est le dim. de Ar. (F. ©. m.) 

Arqué dé voulan, Archet ou étui de faucille. M 

Dér. du lat. Arcus. 

Arquièiro, s. f. Soupirail, lucarne, jour de souffrance ; 
ouverture longue et très-étroite pour que la tète n’y puisse 





ASA 


passer, qui éclaire une cave, une étable, un grenier, un 
bâtiment non habité ; barbacane, chantepleure; ouvertures 
de mème dimension, qu'on pratique dans les murs de sou- 
tènement et de terrasse, pour faire écouler les eaux de 
luie. 
: Ce mot vient de son ancienne application aux meur- 
trières par où tiraient les archers, qu'on nommail arquiès. 
Arséniso, s. f. Aruoise, herbe de Saint-Jean, Artemisia 
vulgaris, Linn. Plante de Ja fam. des Corymbifères, stoma- 
chique, vermifuge, emmenagogue, antiseptique. 

Dér. du gr. ’Apreu:slx, nom de la Diane des Latins, 
patronne des vierges, qu'on appliquait par allusion à une 
plante dont on faisait usage en médecine pour provoquer 
les menstrues chez les jeunes filles. 

Artéia (s'), v. Se heurter les doigts de pied contre quel- 
que chose; broncher, se blesser le pied par un choc. — 
Aï poou qué mé séraï artéia, j'ai peur d'avoir fait une 


- sottise, un pas de clerc. 


Dér. de Arte. 

Artéiado, s. f. Heurt, blessure aux orteils : ce qui 
n'arrive guère qu'aux gens qui vont pieds nus. 

Ce mot n'a pas d'équivalent en français, dans nos dic- 
tionnaires, parce que ni l'Acadéinie ni les Parisiens ne vont 
nu-pieds; mais dans la Picardie, par exemple, où les pau- 
vres gens font comme les nôtres, on dit très-bien s'orteil- 
ler et orteillade: En tous cas, dans l'acception figurée, il 
est encore à regretter, et il pourrait bien ne pas manquer 
d'emploi. Il signifieen effet: maladresse, mal-habileté, entre- 
prise ou action dans laquelle on se laisse imprudemment 


pincer. 

Dér. de Artél. 
” Artél, s: m. Orteil, doigt du pied. — Zéva l'artél, se 
sauver, décamper, détaler; lever le pied. Trémpa l'artél, 
se mettre à l'eau, guéer à pied. 

Dér., comme son synonyme ital. Artiglio, du lat. Arti- 
culus, jointure. 

Artichâou, s. m. Artichaut, Cynara scolimus, Linn. 


Plante indigène de l'Andalousie, de la fam. des Cynaro- 
“céphales, cultivée partout à cause de l'aliment que fournit 
‘son réceptacle et les écailles de son calice. On en connait 


plusieurs variétés. — Voy. Carchofle. 

- Dér. du celt. Artichauden; art, pointe, et chaulæ, chou; 
par où Chou épineux. D'autres le tirent de l'arabe Khar 
chioff, artichaut. Le grec et le latin ont été mis aussi à 
contribution. Nous n'avons pas de préférence, 

Artisoùs, s. m. pl. — Voy. Arcisoùs. 

As, art. pl. m, au datif. Aux. Au fém. on dit À las. — 
As homes, as éfans, aux hommes, aux enfants ; à Las fén- 
nos, à las fios, aux femmes, aux filles. 

As, 2° pers. sing. ind. prés. du verbe Avédre, tu as. — 
As fan, tu as faim. As dé poumos, tu as des pornmes. 

Asaïga, v. Arroser; mouiller, baigner. — Ce terme 
exprime spécialement le mode d'arrosage particulier aux 
Cévennes, soit qu'on puise l'eau dans un cours d'eau bor- 





ASE 71 


dant la propriété, soit dans un petit bassin où on la 
ramasse et qu'on appelle tompo. On la puiseet on la répand 
aù loin au moyen d'une pelle creuse en bois sur les plan- 
ches d'un jardin, à peu pres comme les bateliers vident 
leur bateau avec une écope. — Asaïgu lou vi, tremper le 
vin. Asaïga à régo, arroser par irrigation en faisant couler 
l'eau successivement dans chaque raie d’une planche de 
potager. C'est le mode qu'on suit quand on arrose au moyen 
d'un puits-à-roue ou d'un chapelet. 

Dér. de Aïyo et de la part. explétive a, qui marque l'ac- 
tion; la lettre s n'est là que pour l'euphonie, pour éviter 
le choc des deux a, par un hiatus réprouvé mème en 
prose. 

Asaïgadouiro, s. f. Pelle creuse en hois pour arroser, 
dont il est question à l'article précédent. Lorsqu'on n'em- 
ploie à cet usage qu'une moitié de courge sèche, emman- 


/Chée d'un long bâton, ce qui est le plus commun, on peut 


toujours nommer cet outil asaigadouiro ; mais il est plus 
technique de l’appelèr couasso. . 

Asaïgaje, s. m. Arrosage, arrosement; droit d'irrigation ; 
action d'arroser. 

Ascla, v. Fendre, mettre en éclats, dans le sens de 
fèler. 

Ascla, ado, a1j. et part. pass. Fendu, fèlé ; au fig. 
écervelé, cerveau fèlé, tête folle. 

Asclo, s. f. Fente, fèlure, crevasse ; intervalle entre une 
porte ou une fenètre et leur chambranle, — Rire coumo 
uno asclo, rire à gorge déployés. — Voy. Fénlasclo. 

Les trois mots ci-dessus de mème formation dérivent, 
selon Sauvages et Astruc, du celt. Ascl, escl, radicaux. 
Le grec a Kkäow, fente, rupture. 

Ase, s. m. Dim. Asené, péj. Asénas. Ane, baudet; 
Equus asinus, Linu. Mamrmifère de la fam. des Solipèdes. 
Au fig. sot, ignorant, imbécile, butor. —Faïre lou répas 
de l'ase, manger sans boire. L'ase té quie, peste de toi! 
L'ase mé quie, foin de moi! Mouririè pu lèou l'ase d'un 
pdoure home, il mourrait plutôt l'âne du pauvre : c'est une 
espèce de murmure contre le sort qui semble frapper plus 
fort sur le pauvre que sur le riche; mais cette expression, 
qui est devenue trés-proverbiale, n'a rien d'irrévérencieux 
ni d'irréligieux. Cela se dit quand l'enfant d'une nom- 
breuse famille est dangereusement malade ; ou bien lors- 
qu'on voitéchapper de maladie un égoïste, un-homume isolé, 
dont la perte ne serait préjudiciable à personne. On sup- 
pose par là que rien n'est plus utile au pauvre que son 
âne, qui est son gagne-pain. Michan coumo un ase négre, 
méchant comme un âne noir. Cela provient de cetie race 
d'ànes, très-grands et très-méchants, qui vient de la Cata- 
logne, où ils sont tous d'un gris presque noir. Pati coumo 
un ase dé las gipièiros, souffrir comme un âne de plâtrière. 
Le pltre gris, qu'on n'exploilait autrefois pour les envi- 
rons d’Alais que dans la commune de Générargues, était 
transporté à dos d'âne dans des sacs qu'on leur posait à nu 
sur le dos. Un gamin, à califourchon sur la groupe, les 


12 ASE 


guidait sans bride avec un gros bâton, et les faisait galo- 
per, malgré cette double charge: ils allaient ainsi par 
cavalcade de dix à douze. Ce service était fort dur, attendu 
surtout que les pauvres baudets étaient mal nourris et 
réduits souvent à brouter l'herbe sèche des chemins. Ce 
genre de transport, qui avait son cachet local, a disparu 
aujourd’hui que les routes et les chemins vicinaux permet- 
tent une voie plus facile; mais le dicton proverbial est 
resté. Y-a maï d'un ase à lu fièiro qué sé sémblou, prvb., 
il y a plus d'un âne à la foire qui s'appelle Martin. L'ase 
dé mila és toujour mâou émbasta, prvb., l'âne de la com- 
munauté est ioujours le plus mal bâté : tout bien en com- 
mun ou en indivis est toujours mal administré. L'ase fiche ! 
est une sorle d'interjection explétive, fort en usage, et qui 
n'est que la modification plus décente d’une locution fort 
employée, quoique ‘de beaucoup moins honnête : L'ase 
fiche lou dariè ! le diable emporte celui qui sera le dernier 
à la course. Aquél ase és bièn maldou qué porto déssus un 
bèl émplastre, voilà un âne bien malade, qui porte sur le 
dos un grand emplâtre, c'est-à-dire un homme inutile : ce 
devait être un des propos de ceux de la fable du Meunier, 
son fils et l'âne. Mouqué coumo un ase, penaud comme un 
baudet. Aguélo ribo n'és pas pir aquél ase, dicton prvb., 
mot à mot : ce verdage n’est pas pour un pareil âne. Au 
fig. : ce n'est pas pour lui que le four chauffe; ce morceau 
est trop délicat pourlui; il lui passera sous le nez. Dans ce 
seps.se trouvent une foule d'applications. Ù 

La temelle de l'âne, ânesse, est appelée Sdoumo. — Y. 
c, M. é 

Aséné, non, est le dim. Asénas, péjor., signifie au pr. et 
au fig., gros âne. — Voy. Bourou, Lourisquo, Pécata. 

Ase, au jeu de cartes, as. Ase dé piquo, dé tréflo où dé 
trounfle, dé caïre, dé cur, as de pique, de trèfle, de car- 
reau, de cœur. — Voy. Bourou. 

Ase, très-petit poisson de rivière, chabot des rivières, 
Cottus gobio, Linn., qui a l'encolure de la baudroie, la tête 
large et plate, plus grosse que tout le reste du corps. Il est 
insipide à manger et contient souvent du gravier dans l’es- 
tomac. 1} se lient presque toujours au fond de l'eau, sous 
les pierres. Quand on l'irrite, il renfle sa large tète, ce qui 
le rend encore plus laid. 

Ase-bouïen, 8. m. Le tètard, la nymphe de la grenouille, 
qu'on rençoutre dans les eaux croupissantes, où un rayon 
de soJeil suffit pour les faire éclore. Eu naissant ilest noir ; 
en grossissant il devient gris. Sa tête et son corps forment 
une espèce de boule terminée par une queue plate en 
forme d’aviron et dont le plan est vertical. Les pattes sor- 
tent de cette boule, la queue se détache, et le tétard aqua- 
tique devient grenouille amphibie. Au fig. Ase-bouién 
signifie : butor renforcé, âne, imbécile, sot fieffé; un degré 
de plus dans la sottise ou Ja bêtise que l'ane ordinaire, 1 
est très-employé. 

Le non latin du têtard, Gyrinus, est facile à comprendre : 
il vient de gyrare, arrondir, puisque c’est une vraie boule. 





ASS 


Son nom fr. qui signifie grosse tête, a sa raison puisqu'il 
ne semble être qu'une tête; mais notre ase-bouïén, dont 
l'épithète surtout ne dit rien, ne s'explique guère. Dans 
nos environs, on appelle le têtard tésto d'ase, ce qui est un 
peu moins incompréhensible. .. 

Ase dé charpanto, chevron de charpente, composé de sa 
ferme, du pied-droit et des arbalétriers. 

Ase dé réssaïre, banc à trois pieds sur lequel les scieurs 
de long élèvent et placent horizontalement leur bigue; le 
pied de derrière n’est que le prolongement du banc lui- 
mème , qui vient s'appuyer à terrre et le long duquel on 
roule la bigue pour la hisser, quand elle est trop lourde 
pour être soulevée sur les épaules. 

Toutes ces dernières acceptions dérivent de quelque 
point de comparaison ou de similitude avec l'âne, animal, 
dont le nom dérive lui-même du lat. Asinus. 

Asénën, énquo, adj. D'âne; qui tient de l’âne; qui 
vient de l'âne. c dent 

Asénga, v., ou Enzina. Arranger ; rajuster; agencer ; 
raccommoder ; apprêter. S'asénga, s'arranger, se mettre à 
l'aise et s'ajuster. — Voy. Enzina. M 

Dér. de Aïsi. 

Asérba, v., ou Ashérba. Donner le vert aux chevaux ; 
conduire les troupeaux dans les prairies. Gi 

Dér. de Hèrbo. 

Aspre, 0, adj. Apre, désagréable au goût. 

Dér. du lat. Asper, et au moins contemporain du fr. 

Assadoula, v. Rassasier, gorger; assouvir la faim. 

Dér. de Sadoul. 

Assaja, v., ou Ensaja. Essayer ; tenter ; tâcher de faire; 
faire l'essai; essayer un habit, une robe, un chapeau, pour 
voir s'ils vont bien. , 

Dér. de l’ital. Assagiare, m. sign. f 

Assalé, s. m. Place garnie de pierres plates ou de che-* 
neaux en bois, où l'on donne le sel aux moutons. 

Dér. de Sdou et de Sala. 3 

Assaléja, v. Donner le sel au bétail. 

Dér. de Sdou, formé du lat. Sal. 

Assana, vw. Cicatriser, guérir une plaie, une blessure. 

Dér. de San, sain. 

Assâou, s. m. Emotion pénible; nouvelle alarmante; 
reproche mortifiant ; importunité fatigante. — Nous dounè 
un fièr assdou, il nous alarma vivement. 

Emp. du fr. Assaut. 

Assäouvagi, v. Rendre sauvage, farouche. — Dé batre 
lou béstidou l'assdouvagis, on rend les animaux farouches 
en les battant. 

_S’assdouvagà, v. S'effaroucher; prendre un air, une 
humeur sauvage; contracter des manières agrestes. 

Dér. de Sdouvaje. 

Assassin, s. m. Assassinat, et non assassin. — Aqud's- 
un assassin, C'est un vrai assassinat, dit-on, quand on est 
assailli par une troupe de mendiants, une foule de créan-. 
ciers ou simplement d'importuns. 


EE 


ASS 


Dér. de Haschichin, qui était le nom des sujets du 
Vieux de la Montagne, autrement dit Prince des Haschi- 
chins, ou Assassins. Comme ses sujets, fanatisés par lui, 
assassinaient tous ceux qui déplaisaient au maître, leur 
nom est devenu générique pour désigner les assassins. 

Assassinna, v. Assassiner, tuer par guet-apens, par tra- 
hison, de dessein prémédité. Au fig. importuner à l'excès, 
solliciter; exiger son dù tout de suite, comme si l’on met- 
tait le pistolet sur la gorge. — Les deux n se font sentir. 

Assassinur, s. m. Assassin, meurtrier. 

Assata, v. Affaisser; battre; fouler, tasser. — Assata la 
bugado, encuver le linge de la lessive, l'abreuver pour 
l'entasser. Assata un co dé poun, asséner un coup de poing. 
La croto s'és assatado, la voûte a fait son effort, les murs 
ont pris leur assiette. Assata un souflé, appliquer un soufflet. 

Dér. du lat. Assidere. 

Assécarli (s'), v. Se dessécher, devenir sec. — Se dit 


‘ principalement d'un arbre qui meurt peu à peu par les 


branches. 

Dér. de Séqua, 

Asségura, v. Rendre sùr, consolider; caler; assurer, 
certifier, affirmer. 

Dér. de Ségu. 

Asséguranço, s. f. Süreté, assurance ; caution, nantis- 
sement, hypothèque ; fermeté, hardiesse. 

Assémäâou, s. m., ou Sémâou. Cornue; comporte ; 
benne ; vaisseau de bois composé de douves reliées par des 
cercles, avec deux chevilles horizontalement placées, par 
lesquelles deux personnes le transportent à l’aide de deux 
bâtons appelés pour cela sémaïès, qu'on passe en dessous 
des chevilles. Ce vaisseau sert principalement à transporter 
la vendange. 

Dér. probablement de Séma, mot d’un autre dialecte 
que le nôtre, qui signifie : tirer le moùt d’une cuve trop 
pleine, dér. lui-même de l'ital. Scemare, diminuer. — 
Voy. Sémdou. 

Assémbla, v. Assembler; rassembler; mettre ensemble, 
joindre, unir, réunir, rapprocher; convoquer. — Diou lous 
faï, amaï lous assémblo, Dieu les fait et les assemble, dit- 
on souvent ironiquement d'un ménage plus ou moins bien 
assorti, d'une coterie dont les membres sont ignorants et 


Emp. du fr. Assembler. 

Assémblado, s. f. Assemblée; plus spécialement, la 
tenue des offices divins dans la religion réformée, soit 
dans un temple, soit au désert. » 

Emp. du fr. 

Assès, adv. Assez, autant qu'il en faut. — C'est pure- 
ment un terme de civilité populaire. N'aï bièn assès, dit-on 
à table quand le maître de la maison vous offre d’un nou- 
veau plat. Dans ce cas-là on ne dit jamais : N'aï bé prou. 
Assès ne se place qu'à la fin de la phrase. On ne dit pas: 
Aï assès manja, mais bien : Aï prou manja. 

Emp. au fr., comme la plupart des termes de civilité. 





ASS 73 


Assési, ido, adj. Rassis. — Ne se dit guère que du pain, 
par opposition à pain frais ou mollet. 

Dér. du lat. Assidere. 

Asséta, v. Asseoir, mettre sur un siége ; faire tomber 
quelqu'un par force sur son derrière; poser sur une base 
solide. 

S'asséta, v. S'asseoir, se mettre dans un siége ; s'établir 
d'une manière solide, prendre son faix, en parlant d'un 
mur, d'une voûte, d'une pierre de taille. 

Dér. du lat. Assidere. 

Assétous (d'}, adv. Assis, sur son séant ; par opposition 
à debout. — Ero d'assétoùs sus soun id, il était au lit, assis 
sur son séant. 

Assiétado, s. f., ou Siétado. Assiettée ; contenu d'une 
assiette, plein une assiette, — Uno assiétado dé soupo, est - 
une assiette de soupe, non seulement pleine, mais comblée 
et presque en pyramide, — Voy. Siétado. 

Dér. de Assièto. 

Assièto, s. f., ou Sièto. Assiette, vaisselle plate dans 
laquelle on met ce que l’on mange à table. — Assièto bécudo, 
écuelle à bec. Paro ta sièto, présente ton assiette. 

Dér. du lat. Assidere ou assisia, de à sedendo, parce 
qu'autrefois l'assièto indiquait la place de chaque convive 
à table. 

Assigna, s. m. Assignat, papier-monnaie. — Ce terme est 
malheureusement devenu familier à tous les idiomes de la 
France, et y est resté en triste souvenir. — Prin coumo 
un assigna, mince comme un papier d'assignat. Afatrassi 
coumo un assigna, MOu, sans apprêt, sans consistance, 
comme les feuilles d’assignats. Mème avant que ceux-ci 
fussent décrédités par la banqueroute et l'échelle de dépré- 
ciation, ils étaient méprisés par le peuple pour leur légé- 
reté, leur peu de consistance, et la nullité de leur valeur 
spécifique, en regard des espèces sonnantes, fussent-elles 
du billon le plus lourd. 

Assista, v. Faire l’aumôûne ; aider, secourir. — Diou 
vous assiste, Dieu vous vienne en aide! Pode pas vous 
assista, je ne puis rien vous donner, dit-on à un men- 
diant. 

Dér. du lat. Assistere. 

Assoucia (s’), v. S'associer, se mettre en communauté 
d'intérêts; former une association. 

Dér. du lat. Associare. 

Assoulida, v. Consolider, rendre solide, sûr; donner 
des garanties, des hypothèques, des nantissements ; aflir- 
mer. 

Dér. de Soulide. 

Assouma, v. Assommer ; tuer ou terrasser en frappant 
sur la tête avec quelque chose de lourd, comme un bäton, 
une pierre, une massue. 

Dér. du lat. Summum, sommet. 

Assourda, v. Assourdir, rendre sourd à force de crier 
ou de faire du bruit; ennuyer, fatiguer de propos. 

Dér. de Sour, 

10 


74 ATA 
Assourti, v. Aller au-devant ou à la rencontre de quel- 
qu'un. 


Formé de Sourtà et de la prép. lat. ad, sortir vers. 

Assourti, v. Assortir, mettre ensemble des objets qui se 
ressemblent, qui se conviennent, qui concordent. 

Dér. du lat. Sors. 

Assupa, v. Rencontrer nez à nez, se heurter contre 
quelqu'un, en le rencontrant à l'improviste, sans l'avoir 
aperçu d'avance. 

Dér. de Su, tète, crâne. 

Assuqua, v. Assommer, frapper fort sur la tête. 

S'assuqua, v. Tomber sur la tête, donner de la tête 
contre un corps dur. — Es tout assuqua, il est tout 
hébété. 

Dér. de Su, crâne, et a privatif. 

Astre, s.m. Astre; soleil, étoile, corps céleste, — Moun 
astre, dans le langage des nourrices à leur poupon, dans 
celui des amoureux à leur belle, est l'expression de leur 
tendresse charmée et éblouie. IL s'emploie aussi dans le 
même sens à peu près que planéto, ou étoile, en fr., pour 
parler de l'influence du sort, de la destinée soumise aux 
astres ou en dépendant. Les anciens et les modernes ont 
conservé dans leur langue la tradition de cette influence 
des astres ; on en a fait une science qui a eu sa vogue. 
Pér co d’astre, par hasard, par bonheur. Lou diable vire 
l'astre ! Peste soit! sorte d’imprécation qui nous vient de 
loin, assure Sauvages. C'est le Deus omen avertat! des 
Romains. Sémblo qué siès din lous astres, on dirait que tu 
es dans les astres, reproche-t-on à une personne distraite et 
préoccupée. 

Etym, du gr, ’Aotpov, de ’Actie, étoile, d'où lelat, astra. 

Asurpa, v. Usurper. — Ne se dit qu'en parlant des pro- 
priétés territoriales, qu’on rogne peu à peu en éloignant 
la ligne divisoire. 

Emp. du fr. 

Atala, vw. Atteler; attacher des bêtes de trait, chevaux 
ou mules, à une voiture ou à une charrue. — Es dé mi- 
chan atala, c'est un homme intraitable, revèche au joug 
ou qui n'entend pas la raison. 

S'atala, v. S'appliquer, employer toutes ses forces, toute 
son attention; faire son possible; se mettre au travail. — 
S'atalèrou à bataïa, ils se mirent en train à babiller. 

Dér. du lat. Telum, flèche, timon. 

Atalaje, s. m. Attelage; l'ensemble des bètes de trait 
qui traînent une même charrette, 

Atalus (én), adv. Obliquement ; en talus; en biseau. 

Dér. du lat. Talus, talon, cou-de-pied. 

Atalussa, v. Couper un terrain en talus ; former en talus 
la berge d'un fossé; donner du pied à un mur, à une 
chaussée, à une butte. 

Atâoula, v. Attabler; mettre les gens à table pour 
manger, boire ou jouer. — S'atéoula, se mettre à table, 

Dér. de Téoulo. 


Atapa, v. Prendre, saisir, joindre ; fermer, boucher, 





ATÉ 


couvrir, cacher, voiler. — M. de Bonafous a dit dans une 
charmante chanson : 

Sé vos pas qué siègue tan amouroùs 

Et dé ta bouquéto et dé tous ièioùs, 

Atapo-loùs, ma mio, atapo-loùs. , 

Ce mot, dans le premier sens, est une variante de atrapa, 
et dans le second, de tapa. — Voy. Atrapa et Tapa. 

Ataqua, ado, adj. Atteint d’une maladie; qui a un vice 
dans une partie du corps; qui souffre d’une infirmité. — 
Ataqua dé l'asme, asthmatique. Ataqua dé la péïitrino, 
atteint de pulmonie. 

Dér. de Taquo. x 

Ataquo, s. f. Attaque, atteinte d’une maladie; crise. 
Au fig. folie, acte de déraison, — Es mor d'uno ataquo, 
il est mort d’apoplexie. Sas ataquos lou prénou, le voilà 
retombé dans sa folie. 

Emp. au fr. 

Atarda, v. Retarder ; atlarder, mettre en retard. 

S'atarda, s'attarder, se retirer tard, se mettre tard en 
route. 

Dér. de Tar. 

Atari, vw. Tarir, mettre à sec. S’atar), tarir, devenir sec; 
perdre son eau. — Soun moulè s'ataris pas jamaï, il ne 
met jamais l’écluse à ses paroles. 

Dér. du lat. Arire, par métaplasme de Arere, être. à 
sec. | 

Atébési (s’), v. Tiédir, devenir tiède, — La progression 
de ce mot est en raison inverse de son correspondant 
français. Une chose s'atiédit quand elle a été plus chaude 
avant et qu'elle passe graduellement à une température 
moins élevée. C'est le contraire avec le mot languedocien 
S'atébési, qui exprime que la chose, de froide qu’elle était, 
devient tiède. 

Dér. de Tébés. 

Atènciou, s. f. Ce mot ne s'emploie que précédé du 
verbe faïre : faire attention, prendre garde; ou bien seu 
comme interj. : Attention! Aténciou / Garde à vous ! 

Emp. au fr. 

Aténdre, v. Atteindre, frapper de loin, toucher; attendre, 
être dans l’attente, l’expectative; être attentif à un ouvrage, 
y mettre tout son temps, sans perdre une minute. 

S'aténdre, croire, se fier, avoir confiance, se rapporter. 
— L'aténdéquè à la tèsto d'un co dé pèiro, il l'atteignit 
à la tête d’un coup de pierre. L'aténdou coumo lou Méssio, 
ils l’attendent comme le Messie. Aténdès-nous un pdou, 
attendez un peu que nous arrivions. S'aténdiè énd'aquél 
traval touto la gnuë, il s'appliquait à cet ouvrage toute la 
nuit. Sé vous aténdès d’él, sérés mdou fisa; si Vous vous 
fiez à cet homme, vous serez peu sûr de votre affaire. 

Dér. du lat. Attendere. 

Aténén, ènto, adj. Contigu, limitrophe, tenant. — 
Aquél bé és tout d'un aténén, dans ce domaine toutes les 
terres se touchent, sont conliguës, attenantes. 

Dér. du lat. Ad, et tenere, 


TT 





ATR 


Aténténa, v. Atermoyer, prolonger les termes; ren- 
voyer d'un jour à l'autre; tenir le bec dans l’eau. — 
Aténténa uno fio, bercer une jeune personne d'une pro- 
messe de mariage, dont on retarde toujours l'exécution. 

Formé de la réduplication de Tén, comme si l'on disait 
dé tên à tén, d'un temps à l'autre. 

Aténténaire, aïro, adj. Atermoyeur, mauvais payeur ; 
enjoleur, trompeur de filles. 
 Atéssa, v. Allaiter; donner à téter ; donner le sein à un 
enfant. 

Dér. du gr. T#, nourrice, par métaplasme du + én «, 
ou en suivant la prononciation adoucie du 0 qui est üne 
véritable sifflante. En celt. Tétar signifie léter. 

Atéssado, s. f. Repas ou réfection d’un enfant qui tête. 
— Douna uno atéssado, donner à téter, faire téter. À agu 
dos atéssados, il a tété deux fois. 

Dér. de Téta. 

Atétouni, ido, adj. Affriandé à la mamelle, qui veut 


| toujours téter; enfant difficile à têter, 


Dér. de Téta. 

Atifa (s'), v. S'attifer, s'ajuster, se pomponner, se parer 
de tous ses atours. 

Dér. du gr. Xtigsu, orner , ou de Tügos, soin de se parer. 

Atifès, s. m. pl. Affiquets, pompons; fanfreluches de 
toilette; atours, ajustements de femme. 

Emp. au vieux fr. Attifets. 

Atira, v. Attirer; allécher; affriander , appâter. — 
Aquel vin atiro soun buvur, ce vin excite à boire. Aquélo 
marchando és bièn atiranto, cette marchande est bien pré- 
venante; elle attire les chalands par ses prévenances, 

Formé de Ad, vers, et tira. 

Atissa, v. — Voy. Aquissa. 

Ato, s: f. Acte, contrat notarié ; exploit d’huissier. — 
Li faraï douna uno ato, je lui ferai signifier un exploit. 

Dér. du lat. Actum. 

Atous,s. m., ou Trounfle. Atout, terme de jeu de cartes; 
couleur de la retourne, ou celle dans laquelle on joue; triom- 
phe. — Batre atoùs, faire atout, 4 pas sdoupégu jouga, aviè 
bièn lous atousses én man, il n'a pas su mener sa barque, il 
avait toutes les chances de succès; il a perdu avec beau jeu. 

Ce mot signifiait dans l'origine la couleur supérieure à 
tout, qui prend toutes les autres, qui gagne tout. 

Atrapa, v. Attraper; tromper, duper, faire une niche; 
trouver, trouver par hasard, rencontrer. — T'atraparas bé, 
tu finiras bien par L’attraper. Vos qué lous atrapén? veux-tu 
que nous leur fassions une niche ? Coumo atrapas aquél vi? 
comment trouvez-vous ce vin ? Piou-piou, cé qu'atrape és 
miou, bon, ce que je trouve m'appartient, disent les enfants 
en s'emparant de quelque bonne trouvaille. 

Dér. du vieux lat. Trappa. 

Atrapaire, aïro, adj. Trompeur, faiseur de dupes. 

Atrapo, s. f. Attrape ; niche; tricherie ou fourberie inno- 
cente et par pure plaisanterie. — Le poisson d'avril est une 
atrapo. 





AVA 75 


Atrouba, v. ou Trouba. Trouver, rencontrer ; sur- 
prendre. —Aquést'an Caléndo s'atrobo un dilus, cette année, 
la Noël arrive un lundi. 

Dér. de l'all. Trefen, toucher, atteindre, selon Le Du- 
chat ; par métaphore, trouver ; d'où l'ital. Trovars. 

Atroupa (s'), v. S'attrouper, se rassembler par troupe, se 
réunir tumultueuserent. 

Dér. de Troupo. 

Atroupéla, v. Réunir en troupeau, par bandes qui mar- 
chent dans un certain ordre, processionnellement, comme 
le troupeau qui suit la trace de Robin-mouton. 

Dér. de Troupil. 

Atuba, v. Allumer le feu, la lampe, une chandelle ; et 
non éclairer. 

Dér. du lat. Tubus, tube, tuyau, parce qu'originaire- 
ment on soufilait le feu avec un tube en fer, comme on le 
fait encore dans quelques-unes de nos montagnes. 

Atubal, s. m, Menu-bois, allumettes, copeaux, brou- 
tilles ; tout ce qui est propre à s’'enflammer rapidement et 
qui peut aider à allumer le gros bois d’un feu. 

Dér. de Atuba, 

Atupi, v. Réduire au silence, rendre muet; éteindre ; 
calmer ; étoufler, couvrir; au prop. et au fig. — Atupi low 
fo, ce n’est pas éteindre ni étouffer le feu; mais bien le 
recouvrir de cendres chaudes ou de charbon mouillé, ce 
qui le conserve sans le laisser flamber. 

Dér, du gr. “Arvros, bègue, muet, sans bruit; ou formé 
de a privatif et Tèsw, allumer, enflammer. 

Aval, adv. Là-bas, en bas : pour les Cévennes, tout ce 
qui est au midi et à l'est d'Alais. Le territoire de Nimes, 
de Montpellier et la Provence sont comparativement en 
bas, aval; en parlant d’une de ces localités, on dit : Avat 
vèr Sén-Gile, vèr Béoucaïre. — Aval-aval, là-bas bien 
bas. 

Formé du lat. Ad vallem, vers la vallée, par opposition 
à amoun, ad montem, vers la montagne. 

Avali (s), v. Se perdre, disparaître sans laisser de 
traces, à la manière des esprits; se dissiper comme un 
songe ; s'évanouir. 

Dér. de Aval et du lat. ire, parce qu'on suppose que les 
esprits viennent des bas lieux, et qu'ils y retournent 
quand ils disparaissent. 

Avança, v. Devancer, prendre les devants sur quelqu'un, 
le dépasser, soit en marches, soit en études, en savoir; 
faire des avances, avancer de l'argent. 

S'avança, avancer, s'avancer; aller au-devant, prendre 
les devants; approcher du but, du terme. — Aqué! éfan 
és bièn avança, cet enfant est fort avancé dans ses études. 
Dé qué vous avanço aqud? à quoi cela vous sert-il, quel 
avantage en retirez-vous ? Aro qu'avès fa lou fol, sès pus 


| avangça, à présent que vous avez fait toutes ces folies, êtes- 


vous mieux loti? Es tan d'avança, c’est autant de fait. 
Dér. du lat. 46, de, par, et antè, avant; ou bien ad 
ventum, vers le vent. 


76 AVA 


Avanço, s. f. Avance, ce qui déborde, ce qui dépasse ; 
espace de chemin que l'on a devant quelqu'un. — Préne 
l'avangço, prendre les devants. L'avango d'uno casquéto, la 
visière d'une casquette. 
© Avango (d’), adv. D'avance, par anticipation, avant le 
temps. — Ou savian d’avango, nous le savions déjà. 

Avanços, s. f. pl. Avances d'une mise de fonds pour 
un fermier, pour un commerçant ou pour un artisan qui 
commence à s'établir; anticipation ; ressources préparées 
et prêtes. — Avédre d'avangos, avoir des avances, de l'argent 
devant soi. Plaça sas avangos, placer ses fonds, ses éco- 
nomies. Aquéles novis douran prés las æanços, ces jeunes 
fiancés auront prélevé les prémices du contrat. 

Dér. du lat. 4b et ant. 

Avantaja, v. Avantager, donner, faire des avantages à un 
de ses enfants par-dessus les autres, lui former un préciput. 

Dér. du lat. Anto, et agere. 

Avantaje, s.m. Avantage ; supériorité ; position privilé- 
giée; préciput. —AquÔ'sun bèl avantaje quand on a sas avan- 
gos, c'est déjà un grand avantage d’avoir sa première mise de 
fonds. D'aïgaval on a pas l'avantaÿe pér émpléga sas forços, 
d'en bas on n’a point d'élan pour faire valoir sa force. 

Emp. au fr. 

Avantajoüs, ous0, adj. Avantageux, qui offre des avan- 
tages; présomptueux, qui croit avoir par sa taille, sa 
force, son adresse, l'avantage sur les autres. 

Avantura, v. Aventurer, hasarder ; exposer à un risque, 
à un danger, courir la chance. 

Dér. de Avanturo. 

Avanturiè, s. m. Aventurier. — On appelle ainsi le vers 
à soie qui précède de plusieurs jours la masse de ses com- 
pagnons et fait un cocon précoce. Dans une chambrée on 
recueille à part ces avant-coureurs, pour avoir une idée 
de la qualité et de la forme du gros de l’armée. Quelques 
personnes croient que ces vers hâtifs ne passent que par 
trois mues au lieu de quatre ; il est plus probable que ce 
sont des vers premiers-nés ou qui ont plus de vigueur 
pour parcourir leurs divers âges. 

Dér. de Avanturo. 

Avanturo, s.f. Aventure; évènement inopiné; accident. 
— Aguère uno avanturo, j'eus une bonne fortune. 4 l’avan- 
turo, à la gardé de Dieu, sans précaution, aux chances du 
hasard. Douna la bono avanturo, dire la bonne aventure, 
tirer des horoscopes. 

Dér. du lat. Adventurus, futur pass., qui doit arriver. 

Avanturoüs, ouso, adj. Aventureux, qui hasarde, qui 
ne craint pas le danger. 

Dér. de Avanturo. 

Avaras, asso, s. el adj. péjor. de Avare, peu usité; gros 
et sordide avare. 

Dér. du lat. Avarus, avidus eris. 

Avaricio, s. f. Avarice, attachement excessif aux 
richesses ; lésinerie sordide. 

Dér. du lat. Avaritia, 





AVÉ 


Avaricious, ouso, adj. Avare, pince-maille, fesse-ma- 
thieu; avaricieux, qu craint la dépense, ne donne pas ou 
donne mal. : 

Dér de Avaricio. 

Avè, s. m. Avé. Premier mot latin de l'Ave Maria, de 
la Salutation angélique ; grain de chapelet sur lequel on 
dit l'Avé; temps de le dire. 

Avé, s. m. ou Avéiè. Troupeau de moutons, de brebis: 
N à vieilli et n’est plus usité qu'au-dessus d’Alais.— Garda 
l'avé, garder le troupeau. 

Dér. du lat. Ovis. . 

Avédre, vw. act, et auæil. Avoir, posséder; atteindre, 
aveindre. — Avédre lou fiou, être dégourdi, rusé. Avédre 
péou, avoir peur. Avédre la séntido, pressentir. Avédre gran 
gdou dé. S'estimer heureux de...Æs pas riche, mais abièn 
quicon, il n'est pas riche, mais il a quelque bi2n.. Avën con- 
véngu, nous sommes convenus. Ai agu, j'ai eu. Aguèrou,ils 
eurent. Aguèn, nous eümes. S'aguéssian fa coumo aqud, 
si nous avions ou si nous eussions fait comme cela. Vaï/ 
t'douraï, vas, je t'atteindrai. Avén agu dé résoùs, nous 
nous sommes querellés. Aquél broutèl és trop ndou, pode 
pas l'avédre, ce rameau est trop haut, je ne puis y atteindre. 
— Voy. Avéra. 

 Dér. du lat. Habere. 

Avéjan, s. m. n. pr. de lieu. Avéjan, comm. annexe de 
Saint-Jean-de-Maruéjols, canton de Barjac, arrondissement 
d’Alais. 

Ce nom paraît venir de Avé, av“, troupeau de brebis, du 
lat. ovis, plutôt que de ave, ève, eau, en roman, qui dans 
notre lang. affecte en général une autre forme. La situation, 
d'ailleurs, la nature du pays favorise singuliérement notre 
interprétation. Le suflixe an qualifie le radical. — Foy. 
An, suf. 

Avélagnè, s. m., ou Avelagnéiro, s. f. Noisetier, ave- 
linier, coudrier ; Corylus avellana, Linn. Arbrisseaw jou 
arbre de la fam. des Amenlacées. Le Coudrier est l'espèce 
sauvage et silvestre ; le Noisetier est le coudrier cultivé. 
C'est avec les scions du coudrier que l'on fait la fameuse 
baguette divinatoire des prétendus inventeurs de sources 
et de fontaines. 

Dér. de Avélano. 

Avélagnèiro, s. f. Coudraie, lieu couvert de coudriers; 
bosquet de noisetiers. On la prend aussi pour le Noisetier 
lui-même. 

Dér. de Avélano. 

Avélano, s. f. Aveline, noisette, fruit du noise- 
tier. | 
Dér. du lat. Avellana, m. sign., qui vient lui-même 
de Avella, ville du royaume de Naples, où les coudriers 
sont en abondance, et renommée encore aujourd'hui pour 
la bonne qualité de ses noisettes. En cat. esp. ital. Avel- 
lana. 

Avén, s. m. Cavité ou conduit souterrain et naturel, qui 
sert de réservoir aux eaux de la pluie ou de la neige, et 


AVE 


qui alimente les sources; caverne profonde et verticale 
au fond de laquelle est un amas d'eau. 

Dér. du celt. Awen, rivière. 

Avéna, v. ou Abéna. Epargner, ménager, économiser ; 
épuiser; user jusqu'au bout, jusqu'à la corde. — Avénas 
la sdou, ménagez le sel. Avéna sas fardos, user ses vieux 
habits, les porter quoique usés et rapiécés. Avéna lou jour, 
profiter du jour jusqu'à son déclin. — Le part. pass. adj. 
Avéna, ado, signifie : épuisé, usé par les débauches, ou 
ruiné par les maladies. — Voy. Abéna. 

Avéna; s. m. Gruau d'avoine, dont on fait une excel- 
lente purée pour le potage. 

‘Dér: du lat. Avena, avoine. 

Avénaduros, s. f. plur.— Voy. Abénaduros. 

Avénén, s. m. Ne s'emploie qu'au génitif, et dans une 
sorte de phrase faite, d’un avénén. — Tout d'un avénén, 
tout d'une pièce, d'une venue, sans galbe et sans forme. 


© Uno cambo tout d'un avénén, une jambe sans mollet. Es 


touto d'un avénén, elle n’a ni tournure, ni hanches, ni 
gorge. — Le nominatif adjectivé, qui voudrait dire : ave- 
nant, affable, est du pur franchimand. 

Dér. de Véni. 

Avéngu, udo, adj. part. pass. de Avéni. Grand et fort, 
bien venu. — Aquél éfan és bièn avéngu pér soun tén, cet 
enfant est bien grand, bien fort pour son âge. 

Avéngudo, s. f. Crise de maladie; revers de fortune ; 
accident malheureux et inopiné. 

. Dér. de Avéni, 

Avéni, v. Arriver à faire ; parvenir à; réussir ; suffire. 
— Pode pas y avéni tout soul, je ne puis suffire seul à ce 
travail. Y avéndra pas, il n'y réussira pas, il n'y par- 
viendra pas. — Péraqud y-avénirén, pourtant nous en 
viendrons à bout. 

Dér. du lat. Advenire. 

Avëno, s. f. n. pr. Avène, petite rivière torrentielle qui 
prend sa source dans la montagne de Rouvergue, près de 
la Grand'Combe;, et se jette dans le Gardon, au droit de 
Saint-Hilaire-de-Brethmas, au-dessous d'Alais. 

Dér. du celt: Awen, rivière, qui entre dans beaucoup 
de noms propres de rivières ou de localités situées sur des 
cours d'eau, notamment le nom lat. Avenio, Avignon. 
Avesnes, chef-lieu d'arrondissement du département du 
Nord, sort évidemment de cette modeste source. Son an- 
cienne orthographe Avenna rappelle le mot celtique avec 
sa double consonnance latinisée, avenn, et notre pronon- 
ciation lang. fortement sentie dans avén, qui est le 
mème mot. L'origine de Advenæ, étrangers fixés sur ce 
territoire, ab advenis gentibus ibi collocatis, est une glo- 
rieuse imagination ; mais notre patois, comme on dit dans 
le Nord, est plus fidèle aux traditions et a bien son prix. 
Les communes rurales Avesnes-le-Sec, Aveny, Avenay, 
Avesnes-sur-Helpe,  Avesnes-lez-Aubert, sont de petits 
affluents : Avesnes-le-Sec indique un avén, une source tarie, 
et non pas un sol aride où l’avoine ne pousse plus. Là se 





AVÉ 77 


trouve la confirmation de l'origine du nom, pour lequel il 
est inutile de faire de l’érudition historique à la recherche 
d’une flatteuse et imaginaire dénomination. 

Avéns (Lous), s. m. pl. L'Avent, le temps qui est 
placé entre la Saint-André, le 30 novembre, et la Noël, 
25 décembre. C'est pour l'Eglise romaine, un temps d’expia- 
tion et de pénitence pour se préparer aux joies de la Nati- 
vité, comme le Carème est une préparation au triomphe 
pascal. — On disait en v. fr. : les Avents. 

Dér. du lat. Adventus, arrivée. 

Avéousa, v. ou S'avéousa. Devenir veuf; perdre sa 
moitié ; être délivré. — Diou m'én avéouse, Dieu me 
délivre d'un tel ou de telle chose ! 

Dér, de Véouse. 

Avéra, vw. Aveindre ; atteindre; tirer un objet d'un 
endroit hors de portée, soit en haut, soit en bas. — Avéra 
dé cérièiros, cueillir des cerises avec un croc. Avéra lou 
féra, tirer un seau noyé du fond d'un puits. Qudou po y- 
avéra? qui peut y atteindre ? 

Dér. du lat. Advenire, ou Advehere. 

Avéracioù, s. f. Advération, terme de vieux cadastre ; 
dénombrement des biens-fonds, avec leur contenance, con- 
fins et estimation, pour former l'assiette de la taille. 

Dér. du lat. Veraæ, véridique, sincère. 

Avérti, v. Avertir, donner avis; présager; instruire; 
prévenir du danger; convoquer les membres d'une assem- 
blée délibérante; inviter à un convoi funèbre. — Lou tou- 
nèro n'avertis pas, le tonnerre ne gronde pas avant la 
foudre, ; 

Dér. du lat. Advertere, tourner l'attention vers. 

Avértimén, s. m. Avertissement du juge de paix, invi- 
tation à la conciliation ; avertissement du rôle des contri- 
butions. Il serait encore applicable aux avertissements 
donnés aux journaux dans notre époque. — Lous avérti- 
méns i-an pas manqua, ce n'est pas faute qu'on l'eût 
bien prévenu. 

Avès, 2e pers. du plur. de l'ind. prés. du v. Avédre. 
Vous avez. 

Avès, s. m. Revers d'une montagne vers le nord ; aspect 
au nord. C'est le contraire de l’Adré, aspect du midi. — 
Aqud's dé bos dé l'avès, c'est du bois coupé à l'aspect nord. 
Ce bois est moins bon à brûler que celui de l'adré. Ses 
pores sont plus serrés, ses fibres sont plus longues et plus 
entre-nouées ; il devient noir au feu et fournit peu de 
braise. 

Dér, de Vès, versant. 

Avésqua, s. m. Evêché, palais épiscopal. — L'évèché à 
joué longtemps un grand rôle à Alais, soit pendant qu'il 
était réellement un palais et la résidence d'un évêque, soit 
lorsqu'il est devenu presque du domaine public. Ses cours, 
ses jardins étaient le rendez-vous des oisifs de café et des 
jeux des écoliers. Il demeure seulement encore à l'état de 
nom propre parmi nous, aujourd'hui que la sape indus- 
trielle a fait disparaitre le magnifique dessin de sa double 


78 AVI 


façade et de sa cour d'honneur, que les jardins mutilés 
ont été envahis par des constructions bourgeoises, ou divi- 
sés en petits carrés, et qu'enfin l'orangerie et le côté des 
fruitiers viennent d'être cédés pour une place publique 
devant l'hôtel-de-ville. 

Dér. du lat. Episcopatus. 

Avésque, s. m. Evèque, prélat chargé de la conduite 
d'un diocèse. — Un chè régardo bé ‘n avésque, amaï li lèvo 
pas lou capèl, prvb. Un chien regarde bien un évèque, se 
dit proverbialement quand une personne s'étonne ou se 
fâche qu'on la fixe. On dit d'un pendu : Es un avésque dé 
campagno, dono la bénédiciou das pèses. 

Dér. du lat. Episcopus. En ital. Vescovo. 

Avignoun, s. m. Avignon, ville, chef-lieu du dép. de 
Vaucluse. — Pata d’Avignoun, un pata, ancienne monnaie 
papale frappée à Avignon. Patachoù d'Avignoun, sobri- 
quet des Avignonnais, qu’ils doivent sans doute à leur 
monnaie dite pata. Granéto d'Avignoun, graine de ner- 
prun, Rhamnus infectorius, Linn., qui croit dans nos 
environs. Elle sert aux teinturiers de petit teint pour le 
jaune et de stil de grain pour la peinture. — Foy. Gra- 
néto, Aoubénas. 

Dér. du lat. Avenio, qui a sa racine dans le celt, Awen, 
venant de aa, aqua, eau, qui à donné en roman ave, ève, 
ive, et autres, en lang. avén, aïgo, etc. — Voy. Avéno: 

Avirôou, interj. Commandement de voiturier pour faire 
tourner à droite. La conversion ou le pas oblique qu'exige 
ce commandement, décrit un angle plus ouvert que celui 
qu’on obtient par le commandement à ruou ou à rudou, 
mais toujours du même côté. L'angle du premier se rap- 
proche du quart de cercle ou de l'angle droit, c'est tout un 
changement de direction; l'angle du second n'est guère 
qu’une déviation à droite pour couper l'ornière, éviter un 
mauvais pas, où pour partager la route avec une voiture 
qui croise la première. 

C’est un vocable composé arbitrairement, qui varie sui- 
vant les localités, mais qui est fixe et d’une antique ori- 
gine dans chacune d'elles. — Faïre tira aviréou , faire 
changer de direction à droite. 

Avis, s, m. Vis, cylindre cannelé en spirale, destiné à 
rentrer dans un écrou cannelé de même. En fr. le mot est 
féminin, une vis ; il est masculin en languedocien. 

Emp: au fr, avec l’a explétif, qui est dans le génie de 
la langue quand elle est obligée d'emprunter à sa rivale. 

Avis, s. m. Sentiment, opinion. — M'én dounarés un 
avis, vous.m'en direz votre sentiment, votre opinion, M'és 
avis, il me semble. 

Emp. au fr. 

Avisa (s’), v. S'aviser, s'apercevoir: tenter, oser, s’en: 
hardir— M'avise qué pldou, je m'aperçois qu'il pleut. Low 
cièl toumbariè qué s'ènavisariè pas, le ciel viendrait à 
tomber qu'il n’y prendrait pas garde, qu’il ne s'en avise- 
rait pas. S'avis? pas de me dire : voulur/ n'osa-t-il pas 
me dire : voleur! Sé t'avises dé parla, si tu as la hardiesse 


le 





AVO 


de parler. Sans s'én avisa, sans s'en apercevoir, sans y 
faire attention. : 

Avisa, ado, part. pass. et adj. Avisé, prudent, circon- 
spect ; éveillé. 

Dér. de Avis, 

Avisamén, s. m. Prudence, prévoyance, perspicacité, 
intelligence; circonspection. — Aquél drole vous a d'avi- 
samén qué noun saï, Ce garçon à une intelligence, une 
prudence extraordinaire. À 

Dér. de Avisa. 

Aviva, v. Raviver, évertuer, réveiller; vivifier. 

Aviva, ado, part. pass. et adj. Vif; sémillant, éveillé; 
guilleret. — Lou tén s'és aviva, le temps s’est mis au vif. 
Lou tén s'avivo, le temps se refroïidit. Aviva coumo un 
péissoë sus lou rastouble, éveillé comme un poisson dans 
le sac. Aviva coumo un passéroù, éveillé comme un moi- 
neau. 

Dér. de Viou, du lat. vivus. 

Avoua, v. Avouer, confesser; reconnaitre qu'une chose 
est, en faire l’aveu. | 

Emp. au fr. Aveu. 

Avoua, s. m. Avoué, procureur. — Cette profession à 
trop de rapport avec le peuple, pour qu'il ne se soit pas 
hâté de la suivre dans la transmigration de son nom. 
Avoua est aussi bon languedocien que Proucuroù. 

Avouca, s. m., dim. Avoucadé. Avocat. — Es un 
avouca, c’est un Gros-Jean, un important, un pédant, qui: 
fait l’entendu, l’érudit en affaires, et en toute science. 
Avouca das ases, un pauvre avocat. Aquél avouca és chèr, 
dounariè pa’n bon counsél pèr sièi frans, prvb. Cet avo- 
cat est cher; il ne donnerait pas un bon conseil pour six 
francs, — sous-entendu : parce que cela lui est impos- 
sible. 

Pourquoi nos paysans appellent-ils leur âne l’avouca?., 
Que dans un atelier d'imprimerie, le pressier s'appelle an 
ours et le compositeur un singe, cela se conçoit pour qui 
les a vus manœuvrér et se démener. Que certaines per- 
sonnes soient des chameaux, c'est encore mieux, nül n'y 
peut contredire. Il n’en est pas de même ‘de l'assimilation 
qui fait l'objet de cet article. Mais il est parfaitement inu- 
tile d’en prouver la criante fausseté; il ne s'agit que d'en 
chercher l'origine. 

Un plaideur malheureux, irrité contre son avocat à qui il 
attribuait, comme on fait toujours, la perte de son procès, 
dit que c'était un âne : — l'äne avait tout à fait mauvaise . 
réputation à celte époqué. — Rentré chez lui, il continua 
à exhaler sa colère, et réciproquement il appela son âne 
avocat, C'était du pur algèbre qu'il faisait sans s'en 
douter, comme Monsieur Jourdain de la prose. Af étant 
égal à A2, A2 devait Ôtre égal à Af; l'équation restait la 
même quoique les termes changeassent de place. La colère. 
de notre plaideur dura bien au-delà des vingt-quatre heures! 
légales, et toutes les fois qu'il allait aux champs avec son 
compagnon, il ne manquait pas de dire : Ari, l'avouca / Lan 





AVO 


plaisanterie se répandit et finit par être acceptée, par l'âne 
d'abord, cela va sans dire, et puis par ceux même qui 
eussent pu en être blessés et qui ne firent qu'en rire. 
Voici une autre explication, qui est celle des savants. 
Un avocat, du vieux temps où l’on faisait force latin au 
barreau, avait pris la spécialité de plaider les alibi. Il en 
trouvait partout et faisait un tel usage de ce moyen dans 
tous les cas, qu'il lança un jour le génitif pluriel fort 
hasardé aliborum. On ne l'appela plus que Maître Alibo- 
rum, qui devint Aliboron. Or, cet avocat était, dit-on, 
un âne. De telle sorte que de ces trois noms ou de ces trois 
mots on finit par faire une confusion qui dure encore. 
Après cela il y à une explication plus simple et que je 
crois la bonne, car il ne faut pas abuser de l'anecdote. 
Un paysan qui fait l’entendu en affaires, le beau parleur, 
aimant fort à avoir raison, le Gros-Jean enfin, ses voisins 
l'appellent un avouca. L'âne a bien quelque chose de ces 
“allures. À certain entêtemeent, que peut-être on apprécie 
mal quelquefois, il doit se croire aussi une façon de doc- 
teur qui en sait plus que tout le monde, car il est diffi- 
cile de Jui faire faire autre chose que ce qu'il a conçu ; et 
dans les fréquentes discussions qu’à ce propos ils ont 
ensemble, l'ânier de dire : Ah! tu fais l'entendu, tu veux 
faire ta tête, tu raisonnes, tu fais l'avocat; nous allons 
voir: Ari, l'avouca ! — Ce n'est pas autrement qu'il a 





AZO 79 


pris ses grades et reçu son titre. — Voy. Franchiman. 

Dér. du lat. Advocatus. 

Avugla, v. Aveugler, rendre aveugle ; éblouir, au prop. 
et au fig. — L'douro avuglo, le vent vous remplit de 
poussière à aveugler. Cérquo soun capèl, el és aquè qué 
l'avuglo, il cherche son chapeau, et son chapeau est là qui 
lui crève les yeux. Lous éliousses avuglou, les éclairs 
éblouissent. 

Dér. de Avugle. 

Avugle, avuglo, adj. Aveugle. — Véou maï èstre nèci 
qu'avugle, mieux vaut être sot qu'aveugle, répond-on prvb. 
à quelqu'un qui vous traite d'imbécile. Cette phrase, dont 
le sens est singulièrement elliptique, signifie que n'étant 
pas aveugle mais simplement un sot, on a la satisfaction de 
voir plus sot que soi et l'espérance d'en guérir. Bada coumo 
un avugle, crier comme ün aveugle, parce que l'aveugle 
mendiant a une façon lamentable et criarde de déplorer son 
infirmité. L'Avuglo dé Castèl-Cuïd, est le titre d’une des 
plus jolies pièces du poète Jasmin. 

Dér. de la bass. lat. Aboculus, privé d'yeux. 

Azouèn, s. m. Adjoint à la mairie. — Toute la nomen- 
clature des fonctions constituées sous un régime constitu- 
tionnel est devenue familière au peuple, qui en accommode 
au génie de sa langue toutes les dénominations. 


B 


B 


B, seconde lettre de l'alphabet et première des con- 
sonnes. 

Il entre dans le plan de ce Dictionnaire, on a pu s’en 
apercevoir, de réunir à la nomenclature purement lexico- 
graphique de notre langue où du moins de notre dialecte 
les observations grammaticales relatives à la contexture 
des mots, qui est leur orthographe, ou à leur étymologie, 
qui est leur histoire. Nous faisons en même temps de la 
grammaire, suivant toute l'acception du mot, et du glos- 
saire, en inscrivant sous leur numéro d'ordre les termes et 
les locutions en activité de service ou d'usage, et en ras- 
semblant autour d'eux les significations, les définitions, les 
exemples, les citations, les remarques qui présentent quel- 
que intérêt de curiosité ou un éclaircissement instructif. 
En cela nous suivons notre programme; mais encore est-il 
bon d'expliquer pourquoi nous nous le sommes imposé, 

Avec la conviction que nous avions affaire à une langue 
véritable, il convenait de traiter notre idiome méridional 
comme une langue, Né le même jour et dans le même ber- 
ceau que le français, il est resté plus longtemps fidèle à sa 
nature et à ses origines : il l'a emporté sur lui en culture 





B 


et en harmonie; mais après avoir lutté, il a été vaincu et 
il est proscrit. Pour lui le mouvement de progrès s’est 
arrêté; la force seule de sa constitution le soutient, mais 
la déchéance qui le frappe ne l'a pas converti en un des 
patois du français, et les principes vitaux de sa forma- 
tion n’ont point péri. C'est à retrouver ces éléments, à en 
réveiller l'énergie et la puissance qu'il travaille et qu'il 
mérite d’être aidé, Et c'est précisément pour cela aussi 
qu'un vocabulaire languedocien, mème quand il se ren- 
ferme dans un dialecte particulier, ne saurait se contenter 
de relever le catalogue complet des mots de bon et vrai 
crà, ou des naturalisés, de traduire leur sens, de signaler 
leurs altérations, de les ramener à leurs sources. Il nous 
a semblé qu'il devait encore étudier leur formation et leur 
composition, pénétrer dans leur génie, chercher la raison 
de leur structure, de l'agencement de leurs lettres et de 
leurs syllabes, de leurs combinaisons et de leurs change- 
ments, noter leur accent et leur prononciation, tout ce qui 
fait le caractère, le cachet, l'individualité, la physionomie 
animée d'une langue. 

C'est un champ nouveau à explorer : un filon que 


80 B 


la langue d'Oc a peutêtre trop négligé, tandis que le 
français et les autres langues possèdent des travaux lrès- 
remarquables : est-ce un motif pour le délaisser? Notre 
Dictionnaire n'a pas voulu rester dans le cadre d'une 
simple classification de mots, moins dans l'espérance de 
combler une lacune, que dans la pensée de recueillir ce 
qui intéressait la langue. Ces notions grammaticales, ces 
observations sur la composition des termes qu'il enregistre 
et sur la syntaxe, auraient peut-être gagné à être rassem- 
blées et à se condenser dans un traité spécial entièrement 
didactique, qui manque à la langue d'Oc, au lieu de se 
répandre à petites doses séparées sur une infinité d’arti- 
cles; mais une fois la forme du Lexique adoptée, il était 
difficile de procéder autrement, D'ailleurs, malgré leur 
dissémination, un enchainement coordonne et relie dans 
une idée d'ensemble tous ces matériaux; puis, à vrai dire, 
le travail s'est mesuré de lui-même à nos forces : vouloir 
élever un monument eût été une bien grosse entreprise, et 
pour nos moyens d’une exécution impossible. Un livre à 
consulter, au courant de la fantaisie ou de la distraction 
a surtout besoin de variété : il se sauve par l’éparpillement 
et peut atteindre son but sans fatigue : nous ne cherchons 
que cela. Dans une œuvre toute originale, ce sera, si 
l'on veut, notre originalité, Humble débiteur, dès notre 
enfance, envers notre langue, nous payons notre dette à 
cette créancière amie en monnaie de billon, ramassée sou 
par sou, au lieu de solder en fins billets de banque, réservés 
aux riches de la finance, dont nous ne sommes pas. Qu’im- 
porte après tout, si la monnaie est courante et de bon aloi 
et que le compte arrive juste? à 

Sans aller plus avant, nous tenions à expliquer, sinon à 
justifier notre méthode et l'ordonnance de ce vocabulaire. 
Sans doute notre travail n’est pas simplifié par là, non 
plus qu'abrégé et plus facile; mais cette digression et celles 
qui pourront suivre ne seront pas inutiles, si pour un plus 
grand labeur elles nous valent aussi plus d’indulgence. 

A propos de la première consonne de l'alphabet, il est 
donc naturel de s'informer avec quelle valeur et par 
quelles modifications les consonnes, ces éléments consti- 
tutifs des mots, sont entrées dans leur composition. 

La question serait fort abstraite et trop compliquée s’il 
fallait la tenir à la hauteur des spéculations théoriques 
touchant l'origine, la formation et la physiologie du lan- 
gage ; elle se tempère heureusement en abordant à l'his- 
toire, en s'appuyant sur des faits rapprochés, plus tan- 
gibles et déjà vérifiés. Nous n’aurons qu’à relever les prin- 
cipaux : les notions générales paraissent sufire. 

La gamme des sons que peut émettre la voix humaine 
n'a qu'un petit nombre de notes : ce sont les voyelles, 
qui se meuvent dans une échelle fixe, en passant du grave 
au doux, du long au bref, du simple au composé. Les 
consonnes sont plus nombreuses , leurs combinaisons 
plus multipliées : elles servent de lien aux voyelles, 
elles sont leur point d'appui. L'alliance de ces deux 





B 


éléments forme les syllabes et les mots, et toutes les 
langues ont les mêmes procédés nécessaires. Tout cela, 
voyelles et consonnes, se divise et se subdivise en nuances 
de tons et demi-tons, se distingue en classes et en familles, 
s'étiquette en genres et en catégories de gutturales, pala- 
tales, dentales, labiales, sibilantes, liquides, aspirées, fortes 
ou faibles. Dans la revue qui s'ouvre chacune doit venir 
à son tour par ordre alphabétique; et nous nous attache- 
rons à signaler leur caractère individuel, leur office et 
surtout leurs permutations, sans autre tableau systématique. 

Ce qui fait en somme une langue et la différence des 
langues et des dialectes n’est que la tonalité ou l'accent 
que prennent les voyelles, et la combinaison des con- 
sonnes avec elles, comme agents et instruments de la 
parole. Et ce qui rend un idiome commun à un peuple 
est l'effet de la prédisposition naturelle ou instinctivement 
convenue de l'organisme vocal d’un groupe vivant dans 
des rapports fréquents, sous le mème ciel et sur le mème 
sol ; ce sont les propensions particulières à chaque population 
à rechercher ou à répéler certains sons, à préférer les 
uns ou à réprouver les autres, suivant les facilités ou 
les complications d’une articulation, qui la rendent plus 
ou moins propre à être exprimée, entendue et comprise, et 
qui lui font adopter de préférence telles ou telles intonations. 
Cette loi est générale ; tous les langages qui se sont parlés 
dans un pays quelconque, dans une zone déterminée, ont 
leur raison dans ces sympathies ou ces répulsions orga- 
niques: leurs altérations, leurs changements, leur déve- 
loppement même n'ont pas d'autre mobile. 

Nous n’avons pas une langue primitive ; notre idiome est 
un dérivé de seconde ou de troisième formation. Par con- 
séquent pour peu que l’on tienne à s'expliquer son expan- 
sion, sa vivace persistance et sa régénération actuelle, il 
est impossible de ne pas consulter ses origines, sa généa- 
logie, sa filiation, son histoire, c’est-à-dire de ne pas 
rechercher les lois et les procédés de la langue qui lui a 
servi de type, dont il s’est imprégné et qu'il remplace sur 
son ancien territoire. Là est l’essentiel. 

Nous l'avons dit déjà : le midi de la Gaule fut le pre- 
mier latinisé. En tenant compte de l'élément celtique qui 
se mêla au latin populaire, apporté par les vétérans et les 
colons ; en faisant la part des influences germaniques et 
orientales, dues aux Visigoths ou aux Sarrazins; toujours 
est-il que ce qui nous est parvenu de la langue des plus 
anciens habitants, comme ce qui est resté de celle des 
envahisseurs, ne nous a été acquis que par le latin, et à 
la condition de revêtir la forme et les flexions romaines. 
Au moment où, après une longue période d’inculture et 
presque de barbarie, la langue voulut se relever et que se 
forma le roman rustique, en même temps que l'italien et 
l'espagnol, c’est encore le latin plus ou moins corrompu 
et oblitéré, qui leur fournit son vocabulaire et sa syn- 
taxe, les lettres de son alphabet et le mécanisme de l'ac- 
centuation. 





Mais il est bien évident que, pour se former et s'orga- 
niser, la langue romane ne fut pas coulée d'un seul jet 
dans ce moule un peu fèlé du latin vulgaire, et ne sortit 
pas non plus comme un bloc d’une élaboration savante du 
moyen âge. Le peuple s'en mèla presque seul. La fusion de 
tous les éléments qu'on y distingue se fit peu à peu, de sou- 
venir et d’instinct. A mesure que s'éteignit la domination 
qui imposait ses formes, lapopulation, pluslivrée àelle-mème 
fit prévaloir ses goûts et ses commodités dans la pronon- 
ciation, et assouplit davantage le parler à ses aptitudes et 
à ses préférences. Et qu'alors certaines tendances tradi- 
tionnelles aient fait retour, que certaines propensions de 
vocalisation, sous l'action directe du climat ou par l'in- 
fluence des habitudes, se soient manifestées; il n'est pas 
permis de le mettre en doute. En Espagne et en Italie, la 
langue nouvelle qui se créait aussi, n'opéra pas d'une 
autre manière : les mêmes conditions climatériques eurent 
. ici une influence à peu près pareille ; et c'est pour cela 
que tant d'aflinités se. montrent encore entre la langue 
d'Oc et l'espagnol et l'italien. 

Partout, dans notre Midi, la vivacité proverbiale des 
Gaulois se donna carrière. Il semble que la formule radi- 
cale, qui représentait suffisamment l’idée, étant trouvée et 
conservée, le premier besoin, le plus pressant était de 
l'exprimer promptement, avec la rapidité que le peuple 
tenait de sa nature. Aussi, la contraction, la syncope, 
l'abréviation se produisent à chaque mot. Les langues 
romanes les érigent en système ; preuve que la simpli- 
fication répondait à une nécessité de l'esprit nouveau. Le 
latin populaire n'y avait pas échappé : c'était comme un 
exemple à suivre; souvent même l’idiome nouveau exagéra 
le modèle. 

Comment les désinences supportèrent la première épreuve, 
nous l'avons fait voir à l'article Agno, suffixe; mais en 
même temps le corps des polysyllabes ne pouvait manquer 
d’être atteint. Pour eux la restriction s'opère au moyen de 
J'accent tonique : nous allons indiquer ce procédé. 

On sait que tous les mots, sans exception, ont une syl- 
labe dominante sur laquelle la voix s'appesantit. Le latin, 
langue de quantité par excellence, à cause des dactyles qui 
terminaient beaucoup de ses mots, et pour donner un point 
d'appui suffisant à son accent sur une syllabe longue, avait 
la faculté d'accentuer toniquement même l’anté-pénultième ; 
dans asinus, bibere, vivere, ete., la voix pesait sur la pre- 
mière syllabe, elle glissait sur les autres. Le roman lan- 
guedocien et ses dialectes n'étendent jamais l'accent jus- 
qu'à l'anté-pénultième ; ils repoussent le dactyle de la fin 
des mots, et c'est pourquoi la syllabe médiane brève se 
trouve nécessairement supprimée où absorbée dans une 
seule voix diphthonguée et longue. Ex. : Asinus fait ase, 
bibere, béoure, vivere, vioure, comme populus donnait 
pobol au roman et à notre dialecte puple ou pople, baju- 
lus baïle, baculus bastoù, spiritus éspri, etc., etc. 

. La conséquence devrait être d'amener les permutations 





B 81 


de lettres, qui mettaient la prononciation plus en rapport 
avec l'organisme vocal du peuple destiné à s'en servir; 
car ces syncopes pouvaient placer en contact des combinai- 
sons de syllabes dont les consonnes en se heurtant se 
repoussaient euphoniquement. Et c'était le moins dès lors 
que chaque population cherchât à approprier les mots à ses 
facullés innées, à ses propensions et à ses facilités de les 
articuler. Mais comme en définitive le roman languedo- 
cien ne se débarrassait pas absolument de son empreinte 
latine, et comme il ne voulait pas s'affranchir des lois 
générales d’aflinités euphoniques qu'il recueillait par suc- 
cession et trouvait toutes faites ; et qu'enfin les combinai- 
sons anciennes avaient leur logique et ne s'étaient pas 
établies au hasard et par pur caprice; les changements 
qui ne blessaient pas le sens et n'étaient pas une gène trop 
grande, se soumirent aux règles consacrées. 

Ainsi les permutations du latin à notre languedocien 
actuel, en passant par le roman, ont été inspirées, de 
proche en proche et à lous les degrés, par le besoin d'ob- 
tenir une prononciation plus prompte et plus facile, et par 
cela de diminuer l'effort et de mieux approprier la lettre 
aux habitudes ou aux propensions de l'organe. 

De là est venu d’abord l'adoucissement dans la pronon- 
ciation et l'introduction des finales muettes, plus généra- 
lisée dans le français que dans notre idiome méridional. 
Les consonnances dures se sont affaiblies; le e et le g 
romains, toujours rudes devant toutes voyelles, se sont 
changés en s eten g doux, en ch ou en j. Quand deux 
lettres similaires se rencontraient rapprochées dans deux 
syllabes voisines, il paraissait souvent plus commode d’en 
transformer une par son équivalente, que d'admettre une 
répétition. C'était un sentiment mélodique, autrement 
perçu et autrement noté; mais les rapports chromatiques, 
si délicats à observer, se maintenaient sans avoir toutefois 
rien de constant et d’uniforme. La fixité leur est venue, 
quand chaque dialecte, prenant son vrai caractère, s'est 
consolidé dans une région et qu’il y persévère, comme 
pour démontrer qu'il répondait dans le principe, et qu'il 
répond encore à quelque nécessité. réelle ou harmonique, 
naturelle à la population qui l'a adoptée. 

Dans cet ordre d'idées, quelques exemples” pris au 
hasard, qui seront mieux expliqués par la suite, mais qui 
donnent déjà la clé de bien des étymologies et qui décou- 
lent des observations précédentes. Nous ne faisons qu'in- 
diquer : d'abord les désinences en argue, passant de la 
bass. lat. anicæ au roman anègues, se métamorphosant en 
anche, ange, enche, agne et leurs analogues ; manica, latin, 
devient notreWieux mot margue et manche actuel, domi- 
nicus, dominica, donne doumèrgue et diménche ; les finales 
en ola, olæ, olum se convertissent de diverses manières, 
Balneolæ, balneolum, balniolum, deviennent pour nous 
Bagnôou, Banious et Vagnas, en fr. Bagnols, Baigneux, 
Bagnères, etc., comme linteolum fait lénçéou, linceul, 
filiolus, fiéou, filleul ; lusciniola, roussignüou, rossignol, etc. 


# 


82 BAB 


Et encore, pour la permutation qui nous occupe, on 
trouve piper, pébre, poivre; rapa, rabo, rave ; ripa, ribo, 
rive; capra, cabro, chèvre ; lepus, lèbre, lièvre, et ainsi de 
suite d'une foule d'autres ; la labiale B, selon l’esprit de 
chacun des trois idiomes, se transformant de trois façons, 
tantôt douce, tantôt forte, tantôt aspirée. 

Tant il y a que, dans l'application, on est arrivé à obtenir 
certaines lois de permutation. C’est ce qui a permis de les 
classer par groupes naturels. Il se rencontre sans doute des 
exceptions; mais rien ne parait en définitive livré au 
hasard ni au caprice dans les variantes les plus étranges 
en apparence. La règle peut se formuler, et il en résulte 
qu’une consonne de même nature, soit forte ou faible, soit 
aspirée, peut bien être appelée à remplacer une consonne 
appartenant à la mème famille, mais que rarement elle 
dément sa race et elle ne se substitue jamais à une con- 
sonne d'un groupe opposé. Ainsi B pourra être indifférem- 
ment, sans trouble harmonique, converti en une consonne 
de son ordre, P, F, ou V, et à l'inverse ces dernières pour- 
ront être permutées en B; mais il n’adviendra pas que les 
unes ou les autres passent facilement dans l’ordre des den- 
tales ou des gutturales. 

B et V appartiennent au même groupe des labiales sim- 
plés ; leur permutation est fréquente et légalisée par les 
règles. Suivant les diverses nuances de l’idiome languedo- 
cien, elles usurpent volontiers l’une sur le domaine de 
l'autre. Dans le dialecte gascon, B a l'avantage; dans le 
Bas-Languedoc, c'est V ; dans nos Cévennes, c’est un juste 
milieu. Il ÿ a encore parmi nous une foule de mots dans 
lesquels on emploie B et V à peu près ad libitum, comme 
sabe, save; abéna, avéna; atrouba, atrouva ; boumi, 
voumi, etc. Cela tient à ce qu'Alais, placé sur la ligne 
divisoire du dialecte lozérien et raïot, et de celui de Nimes 
et du pays gounel (V. ©. m.), est comme un terrain 
neutre, qui peut emprunter aux deux rivaux avec une 
égale légalité. 

Sans insister sur des observations qui reviendront 
d'ailleurs à chaque lettre, on voit toutes les ressources que 
la philologie peut tirer de ces principes, quand il s’agit soit 
de recomposer un mot étymologiquement, en dégageant le 
radical, soit alors qu’il faut chercher sa descendance et la 
raison de sa forme actuelle, 

B, lettre isolée, se prononce à l’ancienne méthode fran- 
çaise, comme si elle était suivie d’un é fermé, Bé. A ce 
ütre, ici et dans l’article suivant, elle devrait figurer à un 
autre rang ; mais comme elle n’est considérée que dans sa 
valeur ordinale et non point sous le rapport, de la pronon- 
ciation, nous la maintenons à cette place. Il en sera de 
même pour les autres consonnes. 

Estre marqua dou B, être marqué au B. Un pro- 
verbe a dit: 

Bègou, borni, boussu, bouïtous, 
Quatre B qué soun fachoùs. 


B-a-ba, s. m. Commencement de la seconde leçon du 





BAB 


syllabaire, et par conséquent une des plus faciles. — Æs 
éncaro dou b-a-ba, il en est encore aux premiers éléments. 
Aquÿ's lou b-a-ba, c'est la chose la plus simple du monde. 

Ba, syllabe qui, isolée, ne présente aucun sens, et qui 
n'entre dans ce dicton populaire : tant fa, tant ba! que 
pour signifier : tant de gagné, tant de mangé. — Cela 
dérive probablement de bas, jeter à bas. 

Baba, v. Baver, comme font les enfants au maillot, les 
vieillards en caducité et mème quelquefois les idiots. Cest 
sans doute ce qui a donné naissance au dicton : és nèci qué 
babo, il est imbécile au point de baver. — Ddou plési qué 
n'aviè babavo, il en bavait de plaisir, a dit le poète abbé 
Favre, dans son fameux sermon dé moussu Sistre, pour 
peindre la béate jouissance de Simon à l'écouter. Zi faguère 
baba lou rouje, je lui fis rendre le sang par la bouche; je 
lui cassai la gueule. : 

Un fousél baba, est un cocon que la nymphe, récem- 
ment transformée en papillon, a commencé à-percer pour 
obtenir sa délivrance. L'animal, pour cette opération, com- 
mence par répandre sa bave sur les parois intérieures de 
l’un des pôles du cocon, afin de les ramollir et de dissoudre 
le ciment visqueux qui colle les fils de soie l'un à l’autre; 
par ce procédé, il parvient à les décoller, à les séparer et 
à les écarter, en les ramassant en bourrelet sur l’orifice, 
mais sans jamais les couper, car, à l'état de papillon, il 
n’a ni dent, ni sécateur quelconque; enfin il agrandit assez 
l'ouverture pour y passer tout le corps. Or le fousél baba 
n'est pas celui qui est complétement ouvert et qu'on 
nomme parpaïouna, mais bien celui dont les tégaments 
intérieurs ont été humectés de bave, babo, et relevés en 
bouchons, sans ouverture extérieure. Cette espèce de 
cocons ne fournit pas de soie, parce que le brin de soie à 
été embrouillé, noué, renoué, et qu’il ne peut se dévider 
à la bassine ; il n’a plus d'autre valeur et d'autre utilité 
que le cocon de graine ordinaire, dé babo, gâté par la 
bave. | 

Dér. du lat. barb. Babus, enfant. 

Babaïre, aïro, adj. Qui bave; enfant plein de bave; 
baveux. 

Dér. de Baba. 

Babâou, s. m. Sorte d’être fantastique dont on ne déter- 
mine pas le nom, ni la forme, ni l'usage; c'est un objet 
indécis de crainte pour les enfants. — Garo lou babdou! 
Gare la bête noire ! — Babdou est aussi le type de ce qui 
est noir, de l'obscurité ; on dit : nègre coumo babdou, éscu 
coumo babdou. Faïre pinchoù-babdou, montrer et cacher 
alternativement la tête : jeu qu'on fait à un petit enfant 
pour l'amuser. — Dans le langage enfantin, on appelle 
encore babdou un pou de tête, qu'on présente comme une 
bête dangereuse et méchante pour engager les enfants à se 
laisser peigner. On leur fait à l'appui le conte suivant ? 
Sé vos pas té laïssa pénchina, lous babâous trénaran tous 
pèous, né faran uno cordo, et té rabalaran én Gardoù, 
tu ne veux pas te laisser peigner, les poux tresseront tes 





: BAB 

cheveux, ils en feront une corde, avec laquelle ils te trai- 
neront à la rivière. 
Ce mot parait dér, de l’ital. florentin Zdou, dont il n'est 
qu'un réduplicatif et qui a la mème signification, Un auteur 
italien, qui a voulu faire l'érudit et l'original, prétend que 
ce mot bdou est l'abrégé ou la finale du nom d’Annibal, 
qui fut longtemps un signe d'effroi à Rome, et dont les 
femmes romaines usaient pour menacer leurs enfants. 

* Babarël,s. m. Bavette d'enfant; pièce d'estomac, linge ou 
toile en tafletas ciré, destiné à recevoir la!bave des enfants. 
— Sauvages dit aussi que Babarèl est une pièce ajoutée 
au haut d’un tablier, dont les femmes font un ajustement et 
se couvrent la poitrine, dans un âge où l’on ne bave plus. 
. Dér. de Baba. 


. Babaria, v. Baver ; rendre de l'écume par la bouche, 


comme font les chevaux qui ont trop d'ardeur ou les épi- 
_leptiques. 

Fréquentatif de Baba. 

Babario, s. f. Bave, salive qui découle de la bouche; 
écume de la bouche; liqueur visqueuse que répandent les 
limaçons. 

Dér. de Babo. 

Babarogno, s. f. Être fantastique; la bête noire, dont 
on fait peur aux enfants, en les effrayant autant par un 
nom aussi laid que par la forme hideuse qu’on suppose au 
fantôme. 

Ce mot ne serait-il pas un peu parent d'étymologie avec 
celui de Babardoudo, que cite Sauvages, et qui signifie un 
domino; habit de masque; grande robe dont on affublait 
les pleureurs, à Montpellier, dans les convois funèbres ? 
— Voy. Baragogno. 

Babaroto, s. f. Blatte, en lat. Blata, insecte ortho- 
ptère, très-vite, lucifuge, brun-noir, plat et large, à deux 
longues antennes, qui habite autour des cheminées et des 
fours. Sa préférence pour la farine et le pain lui a fait 
donner un second nom languedocien, celui de Panatièiro. 
Il est assez difficile de se débarrasser de cette blatte domes- 
tique, là où elle a établi son domicile. 

Nous sommes fort tenté de faire dériver son nom de 
Babäou, parce que c'est une bête noire et qu'elle inspire 
quelque dégoùt. 

Babèou, n. pr. de femme, dim. de Zsabèou, Elisabeth. 
— Voy. Béloun. 

Babia, v. Babiller ; jacasser, bavarder. 

Dér., comme le fr., d'après certains auteurs, de l'hébreu 
Babel, confusion ; d’après les autres, du gr. Ba£ä£ew, bal- 
butier. On a voulu y voir aussi une onomatopée, imitant 
les premiers sons inarticulés que fait entendre un enfant. 
Je le crois plutôt dér., comme Baba, dulat. Babus, enfant, 
parler comme les enfants, pour ne rien dire. 

Babiaïre, aïro, adj. ou Babiur. Babillard; qui aime à 
5 ; qui parle beaucoup, à tort et à travers. — Voy. 





BAB 83 

Babil, s. m. Babil, Joquacité; caquel, cagnetage. — 
Manquo pas dé babil, il n’est pas en peine de parler, 
A fosso babil, il babille beaucoup. À pas qué dé babil, il n'a 
que du caquet. 

Mème étym. que Babia. 

Babinar, ardo, adj. Qui a de grosses lèvres; lippu. 

Dér. de Babino. 

Babino, s. m. Lèvre; babine d'animal. Té né pos 
fréta las babinos, tu peux t'en frotter la moustache. S'ér 
liquo adéja las babinos, il s'en lèche les lèvres d'avance ; 
l'eau lui en vient à la bouche, 

Dér. du lat. Labina, dim. de Zabia, lèvres; peut-être 
aussi de babo, dont les:babinos sont le siége. 

Babiur, urdo, adj. — Voy. Babiaire. 

Babo, s. f. Bave, salive qui découle de la bouche ; 
écume de certains animaux ; liqueur visqueuse du lima- 
çon. — Es téndre coumo dé babo, dit-on d'un légume où 
d'un fruit très-tendre. On ne sait quel rapport il peut y 
avoir entre un fruit tendre et la bave, qui n’a aucune con- 
sistance et n’est qu’un liquide gluant. Le languedocien est 
plein, dans ses dictons, de ces comparaisons excentriques 
dont les deux membres sont sans rapport. L'usage de 
celui-ci est fort ancien et fort journalier. Aquélo éstofo és 
pas qué dé babo, cetle étoffe n'a point de consistance. 

Dér. de Baba. 

Babo, s. m. Nymphe ou chrysalide du ver à soie : c’est 
l'état moyen de cet insecte entre celui de ver et de papillon. 
Il se métamorphose en chrysalide environ trois jours après 
avoir commencé à filer son cocon, qu'il termine en se con- 
vertissant en babè, de forme ovoïde, à mesure qu'il se 
dépouille de sa soie: et après le treizième jour de cet état, 
il devient papillon. 

Les chrysalides sont un excellent engrais, soit qu’on les 
répande dans leur entier, soit réduites en poudrette. Cet 
engrais actif et chaud accélère prodigieusement la pousse 
et la végétation. On dit que les Madécasses en font un plat 
très-friand, au rapport de Lamothe Le Vayer. Pareil usage 
se retrouve en Chine, où les mandarins ont trouvé et livré 
une recette particulière pour cet apprêt. La députation chi- 
noise venue à la dernière exposition universelle, avait, 
sans doute, oublié le secret de cette préparation, ou bien 
elle a tenu à ne pas le révéler; car le rapport de la com- 
mission ne mentionne pas qu'elle ait été primée pour le 
moindre échantillon culinaire en ce genre. Si cependant le 
fait rapporté par les voyageurs est vrai, il est fort pro- 
bable que les chrysalides qui font les délices des gour- 
mands du Céleste-Empire ou de Madagascar, sont d'une 
pature différente des nôtres, dont on connait l'odeur détes- 
table, et qui ne doivent pas avoir un goût meilleur à quel- 
que sauce qu'on les accommode. — Un poulé dou babà, 
un poulet nourri et engraissé de chrysalides, qui lui. don- 
nent une chair jaune, molasse et une saveur nauséabonde. 

Dér. du lat. Bombyæ, par un métaplasme un. peu forcé. 

Baboutièiro, s. f. Femme qui achète les chrysalides 


84 BAD 


dans les filatures, soit pour élever des porcs, soit pour les 
faire sécher et les revendre pour engrais. 

Dér. de Babô. 

Bacanal, s. m. Bacchanal, grand bruit, tapage infernal ; 
rixe bruyante, 

Dér., comme le fr., du lat. Bacchanalia, bacchanales, 
fètes de Bacchus; mais le bacanal n’entraine pas conrme 
les bacchanales l’idée d’orgie, ni de plaisir sensuel. 

Bacara, s. ". Bacarat, terme du jeu de macao. C’est le 
plus mauvais point à ce jeu, un point ruineux. Par ana- 
logie, on dit : faïre bacara, manger tout son bien, se 
ruiner complétement, jusqu'au jeûne forcé inclusivement. 
Quand on a tout mangé ou perdu; on se trouve dans la 
mème situation que lorsqu'on fait bacarat au macao. 

Emp. au fr. 

Bachas, s. m. Bourbier; gâchis; cloaque, soit qu'il pro- 
vienne de boue liquide, d'eaux sales ou d'eaux pluviales; 
mare à canards ; mare à fumier ; flaque d’eau ; cuvette ou 
bassin de fontaine domestique; maie ou réservoir d’un 
pressoir à vendange. — Crébo-bachas d'Anduso, vieux 
sobriquet des Andusains, sans doute à cause des fontaines 
dont leur ville est abondamment fournie. 

Dér. de l'allem. Bach, rivière, ruisseau, ou de Ha bass. 
lat. bacca, baccha, bacchia, baccharium, identiques de 
sign. à bachas. 

Bachassoù (Céndrouséto), s. f. Cendrillon. — Foy. 
Céndrouséto. 

Bacho, s. f. Bache, grande couverture de grosse toile ou 
de cuir, dont on recouvre les charrettes chargées pour 
préserver les colis de la pluie; sorte de manne en cuir 
qui occupe l'impériale des chaises de poste et sert de 
malle aux voyageurs. 

Bada, v. Ouvrir la bouche ; avoir la bouche béante ; 
être ouvert; par ext., crier à tue-tète; appeler; héler en 
donnant toute extension à sa voix ; bayer, être ravi d’ad- 
miration. — Bada dou loup, crier au loup. Bado tant qu'a 
dé gorjo, il crie de toute la largeur de sa bouche, il crie à 
pleine gueule. — Doummaï lous dousséloùs soun jouïnes, 
doummaï badou, plus les oisillons sont jeunes, plus ils 
ouvrent le bec. C'est une expression proverbiale, qu'on 
applique par comparaison à une nichée d'oiseaux qui 
ouvrent le bec et crient à la fois quand ils voient arriver 
la pâtée que leur apporte leur mère. Mous souïès badou dé 
pértout, mes souliers font mille grimaces. Aqud faï bada 
: dé véire, on est, en voyant cela, ravi d’admiration. Dé qué 
bades ? tè, véloù’qui! De quoi te plains-ta ? pourquoi cries- 
tu? tiens, le voilà! Bada la dragëio, avoir la bouche béante; 
bayer aux corneilles. Cette expression prvb. est empruntée 
à un jeu de carnaval. Un masque, déguisé en Cassandre, 
est monté sur un âne, la face vers la queue. 11 tient à la 
main une baguette au bout de laquelle est attaché un fil, 
portant une dragée qui se balance sur la tête d’une foule 
d'enfants qui suivent, la bouche ouverte pour happer la 
dragée, car il leur est défendu de se servir de leurs mains. 





BAD 


Le Cassandre frappe sur la baguette avec une seconde, qui 
imprime à la dragée un sautillement continuel et rend . 
très-difficile la tâche des happeurs. A les voir se démener, 
se bousculer, et bada, est le plaisir du masque et l'amuse- 
ment des spectateurs. 

Dér. de la bass. lat. ou de l'ital. BaïZare, béer, bayer. 
Bayer est donc l’acception naturelle et originaire de bada ; 
crier west venu que par analogie, parce qu'on crie em 
ouvrant la bouche grande, comme quand on baye. 

Badadis, s. m., ou Badadisso, s. f. Criaillerie; réu- 
nion de plusieurs voix qui crient. 

Dér. de Bada, crier. 

Badado, s. f. Grand cri prolongé; mercuriale à haute 
voix et colérique ; huée de mépris ou de risée. — Faïre la 
badado, huer quelqu’n, le poursuivre de huées ; lui faire 
une honte publique, crier haro. 

Dér. de Bada, crier. 

Badafièiro, s, . Terre remplie de lavande; par ext. 
broussaille, bruyère. 

Dér. de Badafo. 

Badaño, s. f.,ou Espi. Lavande, spic, aspic, Lavandula 
spica, plante de la fam. des Labiées, aromatique; nard 
commun. C'est de cette plante qu'on tire par la distilla- 
tion l’eau de lavande et l'huile d’aspic. La badafo est pro- 
prement la plante elle-même considérée comme combus- 
tible. On la brüle en effet dans les magnaneries pour puri- 
fier l'air; on l’emploie aussi en guise de bruyère pour 
ramer les vers à soie; mais comme elle est basse et courte, 
on ne peut la fixer d’une table à l’autre comme la bruyère, 
et on la réserve pour la table la plus haute qui n’a point 
de dessus, en la piquant dans des liteaux percés de trous, 
ou dans des fagots de sarment. Les vers à soie se plaisent 
à filer dans la badafo, dont ils paraissent aimer l'odeur 
forte et agréable. La fleur de la badafo et sa semence sont 
placées au haut des nombreux épis qu’elle pousse annuel- 
lement. Quand ces épis sont secs, on les vend par bottes 
pour allumer le feu, ou pour faire chauffer le linge de 
corps, auquel ils communiquent une bonne odeur. Dans cet 
état, on l'appelle Espi. — V. c. m. 

Il est difficile de donner une étymologie à ce mot ; la 
plupart des termes empruntés à l’histoire naturelle sont 
dans le mème cas. Chaque dialecte a ses techniques, et 
ils sont souvent, comme les noms propres, produits par 
un cas fortuit, quelquefois anecdotique. Le Jat. Balsamum 
serait bien hasardé et aurait passé par trop d’altérations. 
Le roman a badace, pour nommer aussi une plante qui 
croit dans les lieux arides, comme la lavande. 

Badaïa, v., fréquent. de Bada. Bâäiller, ouvrir invo- 
lontairement la bouche, en respirant et expirant avec 
force; au fig., s’entr'ouvrir; se crevasser; rendré le der- 
nier soupir. — Lous castagnès couménçou dé badaïa, les 
châtaignes commencent à ouvrir leurs hérissons; les chà- 
taignes sont prêtes à tomber. Badaïa vdou pas ménti, #é 
noun véou manja, véou dourmi, prvb., le bâäillement 


7 


BAG 


ânnonce la faim ou le sommeil. Es pas mort, mais badaïo, 
il n'est pas mort, mais il est aux abois. 

Dér. de Bada. 

Badaire, aïro, adj. Qui crie, qui appelle; criard. — 
Siès pas qu'un badaïre, tu ne fais que crier. 

Der. de Bada. 

Badal, s. m,, dim. Badaïoù. Bâillement: action de 
bâiller. — Faïre sous badals, où faïre lou dariè badal, 
rendre le dernier soupir. 

Dér. de Badaïa. 

Badäou, äoudo, adj. Badaud, niais, nigaud, qui s’ar- 
rête à tout, qui admire tout. 

+ Dér. del’itäl. Badare, ou de la bass. lat. Badaldus, qui 
4 la bouche ouverte, qui bäille. 

Badarèl, élo, adj., péjor. Badarélas. Criard, criailleur; 
qui toujours crie, toujours se fâche. 

Dér. de Bada. 

Badin, ino, adj. Badin, plaisant, farceur. 

Dér. du gr. Hadvés, d'enfant. 

Badina, v. Badiner ; folàtrer ; tromper, duper, plaisanter 
quelqu'un, le mystifier; faire semblant. — M'an bièn 
badina à la fièiro, on m'a bien dupé à la foire. Badine 
pas, je ne plaisante pas, je le dis très-sérieusement. Vésès 
pas qué badine? ne voyez-vous pas que c'est pure plaisan- 
terie? $ 

Dér. du gr. Hatdvés. é 

Badinado, s. f. Plaisanterie; tour de plaisant bon ou 
mauvais ; mystification ; gaillardise. 

Badinaïre, aïro, adj. Gouailleur; plaisantin; mystifi- 
cateur. 

Badinaje, s. m. Badinage; plaisanterie; gaillardise; 
mystification, génériquement parlant. Badinado est un 
acte isolé et spécial du badinaÿe. — Entén pas rés lou badi- 
naje, il n'entend nullement la plaisanterie. Aqud’s pas dé 
badinaje, ce n’est point un jeu, c’est très-sérieux. Aqud’s 
un vilén badinaje, c'est une mauvaise plaisanterie. 

Badino, s. f. Badine, canne mince et flexible; le stick, 
en nouveau langage à la mode ; petit bijou que les femmes 
portent suspendu au cou et qui varie suivant le pays, le 


culte et la mode. 


-Dér. de Badina, parce que dans l’une ou l'autre accep- 
tion, l'objet semble toujours frétiller, jouer et être en 
mouvement. 

Badiou, adj. m. sans fém. Ouvert de tous côtés ; béant; 
grand-ouvert. — L'oustdou és tout badiou, la maison est 
toute grande-ouverte, soit par négligence, soit par manque 
de fermeture, comme le logis du pauvre. 

Dér. de Bada. : " 

Bagar, s:m., n. pr. de lieu. Bagard, commune du can- 
ton d'Anduze, arrondissement d’Alais. 

Un titre de l'an 4071 cite cet ancien village comme 
viguerie, in vicaria de Bagarnis, et l'appelle encore de 
Bagarno ; en 1474, la forme au pluriel revient dans de 
Bagarnis, et se conserve depuis. 





BAG 85 


Comme étymologie il se rencontre deux mots de la bass. 
lat. qui feraient une sorte de pléonasme : baga, id est 
arca, Coffre ; et arna, alveus apum, ruche d'abeilles, qui 
est dans l’ital. arnia, lieu rempli de ruches d'abeilles. Cette 
attribution serait appuyée et confirmée par le nom d'un 
écart de cétte commune dans le voisinage , mentionné 
aussi dans la charte de 4074, qui dit : in vicaria de 
Bagarnis, et in villa quæ vocatur de Melnacho. Ce dernier 
mot est certainement le nom primitif de Moinas actuel, 
qu'il est facile de reconnaitre; mais le nom latin d’évidence 
est formé de mel, miel, qui y entre tout entier. Ce rappro- 
chement donne raison à la signification étymologique de 
Bagar, lieu où se trouvaient de nombreuses rucheries. 

Bagasso ! interj. Ah! bien oui, je t'en souhaite! Va- 
t-en voir s'ils viennent ! Cela ne vaut rien. 

Nous croyons que cette expression dérive du mot de l'an- 
cienne langue d'Oc, Bagans, formé du lat. vagans, errant, 
vagabond, nom que l’on donnait aux bergers nomades des 
Landes. Sans doute, ce genre de vie excentrique, au milieu 
de la civilisation, leur avait donné des mœurs barbares et 
sauvages, pareilles à celles des truands et des bohémiens, 
qui les mit en mauvais renom. On a fait de là notre inter- 
jection, qui ressemble à l'expression du mépris. 

Autrefois, en v. fr., on appelait Bagasse, une prostituée, 
une coureuse. Probablement l'étymologie est la même et 
s’appliquait à ces sortes de bergères nomades. En tous cas, 
le mot est ancien dans notre idiome. Voici un fragment 
extrait des Joyeuses recherches de la langue tolosaine, par 
Odde, de Triors, 1578, qui s'en explique dans un assez 
long commentaire rabelaisien ; il commence ainsi : « Ba- 
gasso, seu ut nonnulli volunt, courredisso en ceste cité de 
Tolose, est vn terme iniurieux entre les pauures femmes, 
de fort basse, vile et infime condition, lequel nom de 
Bagasso sϾpissime resoluitur per aliud nomen quod dicitur 
(cantoniero); sunt et nonnulli qui dicunt (cabas), juæta vul- 
gare dictum figue de Marseillie, cabas d'Auignon..… Or, 
bien que le susdit prouerbe se dise et s’vsite bien souuent 
comme nous voyons icy in malam parlem contre la noble 
cité d'Auignon, toutes fois ie m'asseure que telle maladie 
regne plus ailleurs qu’en Auignon, et que si elle a le bruict 
les autres ont le faict. Que mal de pippe eut abbata le 
premier inventeur de tels blasmes et ne peus croire que ce 
n’aye esté quelque larron foeté et banni de la susdicte 
noble cité, Et pour tout hongue qui hongue, gronde qui 
gronde, tousiours viura la noble cité d’Auignon, moienant 
l'ayde de Dieu, car sine ipso factum est nihil, et per ipsum 
omnia facta sunt, Deo gratias..……. » : 

Bagatèlo, s. f. ou Barandèlo. Danse ou plutôt galop, 
fort en honneur dans les Cévennes, qui ressemble assez à 
la danse des Bacchanales. Cette danse fort animée et sou- 
vent gracieuse s'efface dans nos mœurs actuelles, qui ont 
adopté la contredanse des villes, danse pâle et dialoguée, 
qu'on ne fait plus que marcher de nos jours. Le galop 
était ce qui rappelait le mieux, il y a quelques années, la 


86 BAG 


bagatèlo ; mais depuis qu'avec les mazurkas et les scotichs, 
le progrès chorégraphique a pénétré dans les campagnes, 
par la manière dont on les saute et avec laquelle on s’aban- 
donne, il n'y a pas à regretter les élans et la désinvolture 
de la bagatelo. 

Comme vocable, Barandèlo est à la fois plus technique 
et plus expressif. C’est celui qu'a employé notre charmant 
poète cévenol, dans la description si vive, si joyeuse de 
cette danse à la Fièiro dé Sén-Bourtoumiou. 

Ce mot est sans doute par analogie empr. au fr. 

Bagna, v. Mouiller par aspersion ou par immersion. — 
Lou bas sé bagno, proprement, le bàt commence à tremper 
dans l'eau; au fig. et prvb. : la chose commence à se 
ghter, le danger approche. On suppose ici un homme pas- 
sant à gué une rivière sur un mulet ; quand l'eau com- 
mence à arriver à la hauteur du bât, il est à craindre que 
cela n'empire, il y a danger de la noyade : prenons donc 
garde, lou bas sé bagno. Ainsi dans toutes les entreprises 
ou circonstances, pour avertir d'être avisé et prudent, 
quand on comprend qu’on va être poussé à bout, et que la 
mesure s’emplit. Bagna coumo un ra, mouillé comme un 
canard. Faï la cato bagnado, il fait la chate-mite. 

Dér. de Ban, bain. 

Bagnaduro, s. f. Mouillure; état de ce qui est mouillé. 
— Fôou pas garda la bagnaduro, il ne faut pas garder ses 
habits ou sa chaussure, quand ils sont mouillés. 

Dér. de Bagna. 

Bagnôou, ». pr. de lieu. Bagnols-sur-Cèze, ville, chef- 
lieu de canton, arrondissement d’Uzès. — On donne à ses 
habitants, dans la tradition, le sobriquet de Galinéto dé 
Bagnéou, mais la tradition n'a pas expliqué pourquoi. — 
Il ne faut pas confondre cette ville avec celle de Bagnols- 
les-Bains (Lozère), qu'on appelle Lous Banious. — VW. 
&. m. 

Il est curieux cependant de rapprocher les deux appel- 
lations : Bagnôou, arrondissement d'Uzès, Lous Banious, 
arrondissement de Mende. Ces deux mots, qui ont la mème 
signification, la mème traduction, se distinguent par leur 
consonnance finale. Leur radical commun vient du lat. 
Balneum, qui donnait dans les vieux titres Balneolæ ou 
Balneolum, pax l'addition de la désinence diminutive, pour 
indiquer un petit lieu de bains. À Bagnéou, il existait en 
effet autrefois, à peu de distance de la ville actuelle, au 
pied d’une petite montagne appelée Lancise, une source 
d'eau thermale fort en renom pour les maladies cutanées : 
cette source a perdu son efficacité. Lous Banious gardent 
toujours l’ancienne réputation de leurs eaux minérales qui 
les ont fait dénommer, — Voy. Banious (Lous). 

Sur le nom latin des deux localités, le languedocien a 
fait la variante que nous remarquons, qui s'efface dans le 
français Bagnols, mais qui se retrouve dans le roman 
encore conservé sur des points nombreux de la France. 
Ainsi, au bord du Rhône, dans la plaine, Bagnéou ; dans 
les montagnes des Cévennes, {ous Banious ; comme iden- 





BAH 
tiques, les noms de Banyuls-des-Aspres et Banyuls-sur- 


| Mer se rencontrent dans les Pyrénées-Orientales; Zagnouæ, 


commune de Calvisson (Gard), dit Bagnolum villa, en 1060 ; 
Les Bagnious dans la Haute-Garonne ; Bagneux, dans l'Aisne, 
Allier, Cher, Indre, Isère, Maine-et-Loire, Marne, Meurthe, 
Moselle, Seine, Deux-Sèvres, Somme, Vienne; Baigneux, 
dans Indre-et-Loire, Sarthe, Côte-d'Or; qui avec Banios 
(Hautes-Pyrénées) , Baneuil (Dordogne), Bagneaux (Loiret, 
Seine-et-Marne, Yonne), Baigneaux (Eure-et-Loir, Gironde, 
Loir-et-Cher), Banèche (Haute-Vienne), Baneins (Aïn), 
Baneix (Haute-Vienne), tous désignés par Balneolæ, Bal- 
neolum, Baniolum, Balniolum, semblent plus rapprochés 
de tous Banious ; de mème que La Bagnolle (Ardennes) , 
Bagnolles (Orne), Bagnol (Côte-d'Or), Baignol (Haute- 
Vienne), Bagnols (Basses-Alpes, Aude), Bagnols (Hérault, 
Puy-de-Dôme, Rhône, Var), Bagnolet (Seine) , les Bagno- 
lets (Allier), Baïgnolet (Eure-et-Loir), sont parfaitement 
semblables ou plus voisins au moins de Bagndou. Dans la 
même famille se comptent encore Bagnac (Cantal, Lot, 
Haute-Vienne), Bagnars (Allier, Cantal), Bagnars (Avey- 
ron), Le Bagnas (Hérault), Bagne (Ain), Bagné (Vienne), 
Bagnéras, Bagnères, la Bagnère (Hautes-Pyrénées, Haute- 
Garonne, Landes), Baignac (Lot-et-Garonne), Baignes 
(Isère, Haute-Saône, Charente), les Baiïgners (Loiret). Près 
de nous, Vagnas (Ardèche) et La Vagniérette, ruisseau dans 
la commune de la Rouvière (Gard), n’ont-ils pas la même 
source, par la substitution connue du V au B? 

Partout le radical est à peu près immuable ; les variantes 
s'exercent sur le diminutif ous, ola, olum, au sing., ou 
olæ, plur. Ces différences ethniques très-remarquables s’ex- 
pliquent par l'influence des situations, des climats, sur la 
formation des noms. 

Bago, s. f. Bague; anneau d’or ou d'argent ou d'autre 
matière, orné quelquefois de quelque pierre précieuse, 
que l'on porte au doigt. — Bago dé mariaje, anneau 
nuptial. 

Dér. du lat. Bacca, anneau. 

Bagoù, s. m. Caquetage, babil, intempérance de langue; 
facilité de s'exprimer, mais dans le genre trivial. — À bon 
bagoù, il a la langue bien pendue. En fr. fam., dans la 
langue verte, on dit aussi bagou. 

Dér. du gr. Bapa, son, parole. 

Baguéto, s. f. Baguette ; bâton long, délié, flexible ou 
rigide ; baguette de fusil; petite bague, petit anneau; 
baguette d’un nœud, ganse. — Voy. Nouscléto. 

Dér. de la bass. lat. Baculela, dim. de Baculus. 

Baguiè, s. m. Baguier, écrin à mettre des bagues. 

Dér. de Bago. 

Bahu, s. ». Bahut, grand coffre à serrer les hardes, le 
plus souvent doublé en cuir et garni de clous à tête quiy 
forment divers dessins. C'est un meuble du moyen-àge. 
On appelle encore bahu, ces grands coffres où les paysans 
serrent leur salé quand il est sec. . 

Dér. de l’allem. Behuten, m. sign. ZE 





” BA 


Baïa, v., ou Baïla. Donner en général; donner à bail 
où à emphitéose, bailler en style de pratique. — Té baïa- 
raï uno douréiado, je te tirerai les oreilles. Baïa-mé un co 
dé man, aidez-moi un moment, donnez-moi un coup de main. 

Dér. du gr. BéAkew, lancer, jeter, envoyer. 

Baïar, s. m. Bar, ou bard, sorte de civière dont le fond 
n'ést pas à claire-voie, mais en planches, pour transporter 
le mortier. 

Dér. du lat. Bajulare, transporter un fardeau. 

Baïargue, s. m., n. pr. de lieu. Baillargues, village et 
commune dans le département de l'Hérault. 

Au lieu de chercher péniblement dans les monuments 
lapidaires ou sur les médailles romaines un nom d'homme 
d'une notoriété souvent douteuse, qui corresponde à la 
dénomination d'un village construit sur les prétendues 
ruines d'une villa antique, pourquoi ne pas demander à la 
langue parlée dans les Gaules en même temps que le latin, 
et ne pas extraire des altérations et des transformations 
que les mots ont subies pour arriver jusqu’à nous, une 
racine qui soit également satisfaisante à la signification et 
aux procédés ordinaires de composition des noms propres ? 
Pour Baïargue, Baïllargues, Balhanicæ au moyen-àge, sa 
dérivation ne serait-elle pas plus naturelle en la tirant du 
gaulois bala, baile, village, qui est encore, avec le même 
sens, en gallois, bala ; en irlandais, baile et balu ; en bas- 
breton , baile; qui ont donné au fr. baillage, bailli, après 
la bass. latin., qui disait balia, ballia, baillagium ? Sur ce 
radical, se serait, par les procédés ordinaires, formée 
l'appellation de la bass. lat. en anicæ, puis la traduction 
romane arrivant enfin à notre désinence en argue. Cette 
descendance est pour le moins aussi probable que celle 

. tirée du nom d'un certain Ballienus que cite Cicéron dans 
son oraison Pro Fonteio 

Baïla, v. — Voy. Baïa. 

Baïle, s. m. Baïlli ; maître-valet dans une ferme, chef 
des journaliers, qui a la direction de l'ouvrage; maitre- 
berger qui a la conduite d’un grand troupeau pour aller à 
la montagne (VW. Abeïé). — Ddou pu toundrdou n'an fa 
lou baïle, prvb., du plus ignorant on a fait un docteur. 
Ce dicton a reçu et recevra, de tous temps et sous toute 
sorté de régimes, de nombreuses applications. La malice 
des ambitions méconnues esftsi grande, les bons choix si 
difficiles, le vrai mérite si rare! 

Dér. de la bass. lat. Ballium, gouvernement, adminis- 
tration, tutelle. 

Baïléja, v. Commander; faire les fonctions de baïte; 
trancher du maitre ; faire l'important. 

Baïlésso, s. f. Femme du maitre-valet dans un domaine, 
qui est chargée de veiller aux soins du ménage. 

- Baïssa, v. Baisser, diminuer de hauteur; baisser de 
prix ; s'affaisser peu à peu, s’affaiblir. 

Sé baïssa, se baisser, se courber. 

Emp. au fr. i 

Baïssos, s. f. pl. Branches basses d’un arbre, celles où 





BAJ 87 


l'on peut atteindre de terre. — Ce mot ne se dit que des 
arbres à fruits quelconques et du mürier, de ceux enfin dont 
il faut atteindre les branches pour faire la cueillette. — Las 
baïssos toquou lou sdou, l'arbre est tellement chargé de 
fruits que les basses branches trainent à terre. 

Dér. de Baïssa. , 

Baïto, s. f., ou Capitèlo. Hutte, baraque, maisonnette 
de vigne, qui n’est pas habitée et ne sert que pour enfer: 
mer des outils, ou se mettre à l'abri d’un orage, d'une 
ondée. 

Dér. de l'héb. Baith, maison, logement, d'où vient peut- 
être l’angl. to bait, se loger en passant. 

Baïuèrno, s. f. Etincelle ; bluette qui s'échappe du 
bois enflammé. — Voy. Bélugo et Sarjan. 

Il est difficile de déterminer l’étymologie de ce mot; 
mais il est impossible de lui refuser un rapport saisissant 
de conformation avec le français baliverne, rapport qui 
trahit une commune origine. Le mot est en effet le mème 
dans les deux langues, sans autre variante que celle pro- 
duite par une transposition de lettre due à la différence de 
leur génie ; l’? tréma languedocien n’est guère que le pen- 
dant des deux 4 mouillés ou de l'i, forme que garde du 
reste la prononciation raïole en disant baïuèrno. Sauvages, 
qui ne donne pas ce mot, conserve cette orthographe dans 
tous ses analogues. Quant à la transformation de l’u en +», 
elle est si commune aux deux langues qu'elle n’a pas 
besoin d'explication. Outre la ressemblance matérielle, gra- 
phique et consonnante, les deux mots ont bien aussi quel- 
que rapport dans leur signification. La baïuèrno comme 
la baliverne, sont choses de peu d'importance, de peu 
de durée, choses qui passent sans laisser de trace. Leur 
différence est en ce que le premier mot tient à l'ordre 
physique, le second à l'ordre moral. Maintenant, le pre- 
mier a-t-il donné naissance au second ou faut-il prendre 
le vice versd ? Ne peut-il se faire aussi que, dérivant d'une 
source commune, ils soient nés simultanément ? Ce mystère 
se perd dans la nuit... de l'étymologie. 

Baïzaduro, s. f. Biseau ou baisure du pain, empreinte 
que deux pains s’impriment réciproquement, lorsqu'ils se 
touchent et se collent dans le four. 

Dér. de Baïsa, baiser, mot ancien, usité encore dans 
quelques-uns des dialectes du languedocien. 

Bajana, s. m., ou Cousina. Potage aux châtaignes blan- 
chies, dont toute la préparation consiste à les faire bouillir. 
C'est un mets très-commun dans les Cévennes, où il fait 
la principale nourriture des habitants pendant tout l'hiver. 
IL est exquis avec une addition de lait. 

Dér. de Bajano. 

Bajanèl, èlo, adj. Nigaud, imbécile, niais. — Cette 
épithète moqueuse me parait tenir à cet esprit de rivalité 
qui a existé au moyen âge entre les habitants de localités 
voisines. Par la même raison que les habitants des Cévennes 
appelaïent Gounèls par dérision les habitants des communes 
au-dessous d’Alais, ceux-ci, usant de représailles, quali- 


83 BAL 


fiaient les premiers de Bajanèls, parce qu'ils se nourrissaient 
de bajanos; et dans leur dictionnaire ce nom est resté 
synonyme de nigaud. — Voy. Gounël. 

Dér. de Bajano. 

Bajano, s. f. Châtaigne blanche, séchée à la fumée et à 
la chaleur dans le suoir à châtaignes, clédo, et dépouillée 
après cette opération de sa coque et de sa pellicule; chà- 
taigne-bajane. 

Dér. du lat. Baianus où Bajanus, qui est de Baïa, ville 
du royaume de Naples. J1 semblerait par là que l'usage de 
faire sécher ou blanchir les châtaignes a commencé dans ce 
dernier pays. 

Bal, s. m. Bal ; réunion convoquée pour danser ; danse. 
— Douna lou bal, donner la chasse, pourchasser ; rosser, 
faire danser quelqu'un, iron. 

En ital. Ballo; en esp. Balle. Le gr. a BaX\w, je danse, 

Bal, s. m. Bail à ferme, à loyer, à emphytéose ; contrat 
public ou privé, pour donner, pendant un temps déter- 
miné, moyennant un prix payable annuellement ou à des 
termes convenus, la jouissance d’une chose mobilière ou 
immobilière à quelqu'un. 

Dér. du lat. Ballium. l 

Bala, v. n. Etre en suspens, entre le mouvement et 
l'immobilité. — Se dit d'une boule prête à s’arrèter, qui se 
balance avant de se fixer; et encore d’un moribond à ses 
derniers moments, prêt à passer, — Bato, il est entre 
la vie et la mort. À bala, il est mort. Dans ce dernier 
sens, familier du reste, ce mot ne serait-il pas une corrup- 
tion de émbala, faire ses paquets pour partir ? Ou bien a-t-il 
la mème étymologie que le suivant : balan ? 

Balalin-balalan , ou Balin-balan. Onomatopée pour 
exprimer un objet qui branle, qui s’agite ou qu'on agite 
de droite et de gauche, comme une cloche. C'est un rédu- 
plicatif de balan.— Ana balin-balan, où balalin-balalan, 
aller à l'aventure, à droite et à gauche, ou les bras ballants. 

Balan, s. m. Branle, volée; élan que l'on donne à un 
coup que l’on veut lancer. L’élan qu'on prend soi-même 
pour s'élancer se dit van. — Souna à balan, sonner les 
cloches à volée. Trés cos à balan, trois volées. Dound lou 
balan, donner le branle. Aquélo carétado a trop dé balan, 
cœtte charrette est chargée trop haut, elle court risque de 
verser. Aquél martèl a maï dè balan, ce marteau a plus de 
coup, plus d'élan. Résté’qui én balan, il resta là en sus- 
pens, dans l’hésitation. . 

Ce mot est-il une contraction de Balangça, ou bien vient- 
il du gr. Béw, lancer, envoyer? On peut choisir. 

Balança (sé), v. Se balancer, se dandiner ; s’égaliser, se 
valoir réciproquement l'un l'autre; jouer à l'escarpo- 
lette, à la balançoire. 

Dér. de Balanço. 

Balançadoù, s. m. Balançoire, escarpolette; une planche 
posée en travers sur une poutre, et aux deux bouts de 
laquelle les enfants se balancent en faisant la bascule. 

- Dér. de Bulango. 





BAL 


Balanço, s. f. Balance. Au sing. ne se dit que figur. 
pour : attention avec laquelle on pèse les raisons pour et 
contre; comparaison, parallèle équitable. Au plur. las 
balangos s'emploie pour balance, instrument formé d'un 
arbre, d’un fléau et de deux bassins pour peser, — Tèn 
bièn la balangço, il rend justice égale à tous. Fdou faire la 
balanço, il faut rendre justice à tous, il faut faire un 
poids, une mesure équitables. 

Dér. du lat, Bilancis, génit. de bilanx, double bassin, 

Balandran, s. »m, Arbre mobile de la balandro ; plateau 
d'une grande romaine ou balance pour peser des objets 
d’un grand volume. — De là, par analogie, passa dou balan- 
dran, berner, faire passer à la couverture; bousculer. 

Formé de Balan et de l'ital. andare, aller. 

Balandro, s. f., ou Poulèje, Bascule de puits de cam- 
pagne ; mécanisme fort simple et fort usité pour les puits 
de jardin dans les Cévennes. Il consiste : 4° en un arbre 
droit fiché en terre; 2° en nn arbre mobile fixé au pre- 
mier par un crochet et un anneau, en forme de vergue ; à 
une extrémité de celui-ci on place un contre-poids fait 
d’ordinaire d’une grosse pierre percée qui tient à l'arbre 
par une cheville; à l’autre bout est attachée, par un brin 
de corde assez Jàche, une barre mince qui descend ainsi 
verticalement et qui est terminée par un croc soutenant le 
seau. Pour puiser l’eau, on tire cette barre, qui fait jouer 
facilement la vergue sur son anneau, et le seau plonge; 
quand il est plein, le moindre mouvement du bras fait 
jouer la bascule, et le contre-poids, agissant dans le même 
sens, le seau remonte sans effort et sans fatiguer le pui- 
seur, — Voy. Poulèje. : 

Mème dér. que Balandran. 


Balé, s. m. Auvent, petit toit de planches, en saillie, | 


au-dessus de la porte d’une boutique, pour abriter l'étalaga 
de la pluie et du soleil trop éblouissant; palier d'escalier 
ou galerie découverte, balcon en terre-plein. — Le balé, 
auvent au-dessus de la porte des magasins, a disparu, ou à 
peu près, devant les règlements d'édilité; il était pitto- 
resque et utile aux marchands ; mais les devantures en 
avancement et surtout les étalages à la mode le remplacent 
avec avantage et maintiennent à l’intérieur un peu plus 
que le demi-jour favorable au choix de la marchandise, 
sous prétexte d’un soleil trop éclatant, Le progrès des 
lumières nous vaut ce changement. 

Dér. du gr. Békkew, jeter en avant, 

Baléja, v. Faire contre-poids ; être égal, équivalent ; en 
équilibre. — Faïre baléja, égaliser, équilibrer, par ex. : 
une charge de mulet, de manière à ce que les deux côtés 
aient à peu près le même poids. Aquô baléjo à l'éntour 
d'un quintdou, cela pèse environ un quintal. Aquéles dous 
éfans sé baléjou, ces deux enfants sont à peu près du 
même age où de mème force. 

Dér. de Balo. 

Baléno, s. f. Baleine, Balæna mysticetus, Linn. Poisson, 
genre de Mammifères de la fam. des Cétacés ; le plus gros 


EE 


es. éo f 


BAN 


de tous les animaux connus; ses fanons ou barbes four- 
nissent les baleines de parapluies, servent aux corsets de 
femme, etc. 

Emp. au fr. 

Balisto, s. m. Bailliste ; fermier, séquestre; adjudica- 
taire. — Balisto dé l'otrouë, fermier de l'octroi. 

Dér. de Bal, bail. 

‘Balo, s. f. Balle de plomb; ballot, balle. — Balo dé 
fusil, dé pistoulé, balle de fusil, de pistolet. Balo dé cébos, 
balle d'oignons ; il y a douze tresses, ou rèsses, à la balle. 
Aquà faï bièn ma balo, cela me chausse à merveille, ça fait 
bien mon affaire. 

Dér. du gr. Békeu, jeter, lancer. 

*Balô, s. m. Ballot, balle, sous une enveloppe de grosse 
toile, serrée avec des cordes; demi-charge d'un mulet, 
celle que l’on met d’un côté du bât. — Saïque aqud's pas 
un balù dé sédo, pér lou ména tant plan? ou pésa tant fi, 
faut-il tant de précautions, ou tant regarder au poids? ceci 
n’est pas un ballot dé soie. 

Dér. du précédent. 

Baloto, s. f. Petite boule du loto, où est inscrit unnuméro. 

Dim. de Balo. 

Balouta, v. Balloter; au pr., lancer et relancer d'une 
main à l’autre, ou d’un joueur à l'autre, comme se repasse 
une balle ; au fig. mystifier quelqu'un, le renvoyer de l’un 
à l’autre, du poirier au pommier. 

Dér. de Balo. 

Balustrado, s. f. Balustrade, garde-fou, composé de 
balustres continus. 

Emp. au fr. 

Balustro (à tusto), adv. A l’aveuglette, à la hurlu- 
berlu; brusquement, brutalement ; sans prendre aucune 
précaution. 

.* Formé de Tusta et du fr. balustre, parce que dans cette 
situation ôn se heurte à tout. 

Bambocho, s. f. Orgie, débauche. — Faïre la bam- 
bocho, Où sé mêtre én bambocho, faire une partie de dé- 
bauche, un gala crapuleux. 

*Dér. de l'ital. Bamboccio, petit homme grotesque : 
Bôcca, bouche, ne serait-il pas là pour quelque chose? 
Peut-être mème le fr. bouc, dont la lascivité est connue. 

Bamboucha, v. Faire des bamboches ; se livrer à la 
débauche ; faire de mauvaises farces, des farces d’ivrogne. 

Bambouchur, urdo, adj. Bambocheur; libertin ; enclin 
à la débauche. 

* Ban, s. m. Banc; siége on tréteau long, en bois ou en 
pierre, sur lequel plusieurs personnes peuvent prendre 
place ou plusieurs choses être déposées. Il prend en fr. dif- 
férents noms, suivant les usages auxquels il sert. — Ban 
dé miénuisiè, établi de menuisier. Ban dé bouchè, étal de 
boucher. Ban dé iè, tréteau de lit. Ban dé la bügado, 
selle ou batte de lessivense. Ban das marguiès, banc de 
l'œuvre. Es vièl coumo un ban, il est vieux comme les rues. 

Dér. du lat. Bancus ou de l’allem. bank. 





BAN 89 


Banar, do, adj. Cornu, encorné; qui a de longues 
cornes ; habitant de la commune de Bannes (Ardèche). 

Dér. de Bano. 

Banastado, s.f. Contenance d’unebanasto; plein une man. 
ne,ou banne—Faï toujour quéouquobanastado, il fait toujours 
quelque ânerie, quelque école, quelque affaire de dupe. Y ana 
émbé touto la banastado, dit-on de quelqu'un qui parle des gens 
sans égard, sans garder aucune mesure, lâchant sur leur com- 
pte les vérités les plus dures, les plus blessantes, qui, pas plus 
queles véritésordinaires, nesont pas toujours bonnesà dire, ni 
surtout à entendre: c'est comme si l’on disait qu’il vide tout 
son sac, sans y rien garder, comme on jette là une banastado. 

Dér. de Banasto. 

Banastaïre, s. m. Fabricant de banastos, et de toutes 
sortes d’engins faits avec des scions refendus de châtai- 
gniers sauvageons, que l'abbé de Sauvages appelle Côtons. 

On dit proverbialement : Banastaïre das Apéns, parce 
que les habitants de ce hamezu, dépendant de la commune 
de Lamelouse, arrondissement d’Alais, se livrent beaucoup 
en hiver à la fabrication de ces bannes en châtaignier. 

Dér. de Banasto. 

Banastéja, v. fréq. Transporter habituellement à dos de 
mulet ou d'âne dans des banastos. 

Banasto, s. f. Banne ou manne double, panier à bât 
pour transporter le fumier et autres objets, dans les pays 
où les voitures ne peuvent rouler. — Sot coumo uno ba- 
nasto, sot comme un panier. À éstudia souto uno banasto, 
dit-on d’une personne complètement ignare, par allusion 
peut-être aux chevreaux, que l’on recouvre ainsi pour les 
empêcher de gambader et par là de maigrir; ou bien pour 
rappeler les ânes, quisont le plus souvent chargés de banastos. 

Dér. du gaulois Benna, voiture, ou de l'allem. benne, 
tombereau; d’où le lat. benna, charrette entourée de claies, 
sorte de corbeille. 

Banastoü, s. m., ou Taréirôou. Dim. de Banasto. Ban- 
neton, mannequin ou petite manne, sans anses, très-évasé 
d'ouverture. 

Bancèl, s. m., ou Faïsso. Terrasse ou bande de terre ; 
plate-bande de jardin. Le terme bancèl est proprement usité 
dans les hautes Cévennes; faïsso est plutôt des environs 
d’Alais. 

Dim. de Ban, banc, parce que le bancèl est droit et 
long comme le banc. 

Banda, ado, adj. Mort, crevé; ivre-mort, roidi. — 
Banda coumo un piô, soûl comme une grive. 

Emp. du fr. bander, pour roidir. 

Banda (sé), v. Se soûler, s'enivrer; se gorger de vin. 

Mème dér. 

Bandéja, v. frég. Passer du linge savonné dans l’eau 
claire, ce qui se fait en le tenant par un bout et le plon- 
geant, le passant, le repassant dans l'eau, jusqu’à ce qu'il 
soit bien essuyé de l'eau de savon. 

Est-il dér. du lat. Pandere, étendre, développer, ou du 
languedocien branda ? 


90 BAN 


Bandi, s. m. Dim. Bandind. Bandit , vagabond, homme 
sans aveu. — Es un bandè, c'est jun mauvais drôle; et 
quelquefois, seulement, un mauvais sujet, un libertin ; s'il 
s'agit d’un tout jeune homme ; on dit alors : és un ban- 
dinà. 

Dér. de l'ital. Banditto, banni, proscrit. 

Banéja, v. frég. Commencer à montrer les cornes, comme 
les escargots ; par ext. jouer des cornes. 

Dér. de Bano. 

Banèlo, s. f. Vanneau. — Voy. Vanèou. 

Bani, v. Bannir, chasser. — Y-a pas mouïèn dé banà 
los ras, il est impossible de se délivrer complètement des 
rats. — Il signifie aussi : faire une saisie-arrêt. 

Dér. du lat. Bannum, bannissement, exil, ban. 

Banimén, s.m. Saisie-arrèt ou opposition, terme de pra- 
tique en procédure. 

Banious (Lous), n. pr. de lieu. Bagnols-les-Bains, ville 
dans la Lozère, renommée par ses éaux thermales. 

Il est à remarquer que l’appellation française ne donne 
pas la preuve que le baptiseur füt très-fort en languedocien. 
Bagnols, traduisant lous Banious, est dér. du lat. Balneo- 
lum, qui signifie : lieu de bains; pourquoi alors ce pléo- 
nasme inintelligent dans le nom français, et l’accouple- 
ment de deux mots de mème signification ? — Voy. Ba- 
gnéou. 

Bano, s. f. Dim. Banéto, péj. Banasso. Corne de la tête 
de certains animaux ; antennes de certains insectes ; cornes 
des escargots; coup à la tête, qui se tuméfiant devient une 
bosse au front. — Uno bano dé fougasso, un morceau de 
fouace, parce que la fougasso, le gâteau des paysans, est 
plate et formée en compartiments et en grillage ; un de ces 
fragments ressemble done assez à une corne. Fla coumo la 
bano d'un bidou, contre-vérilé, mou comme la corne d’un 
bœuf. Chacun soun gous, dis lou prouvèrbe, coumo l'éoutre 
qué sugavo uno bano, chacun son goût, comme disait 
cet autre qui suçait une corne. S’és fa uno bano, il s’est 
fait une bosse au front. La bano d’un tour, l'un des quatre 
volants de la roue d’un tour à filér la soie. Cagardouléto, 
so las banélos, chantent les enfants dans nos Cévennes, 
comme ceux de Paris disent : Colimagon borgne, montre- 
moi tes cornes. Nous rimons mieux. 

Las banos, au plur, comme les cornes, sont, au fig., 
l'emblème d'un mari trompé. 

Dér. probablement du celte; car on ne trouve l’atia- 
logue de ce mot dans aucune des langues connues. 

Bano, n. pr. de lieu, Bannes, village et commune de 
l'Ardèche, sur les limites du département du Gard, 

Du Cange cite Bano avec la signification de terrain 
communal. L'étymologie de ce nom pourrait bien être tirée 
de l'affectation du territoire à des dépaissances, ou à quel- 
que autre servitude communale. Ce que nous ne pouvons 
vérifier. 

Banquaroutiè, tièiro, adj. Banqueroutier, ière, celui 
ou celle qui a fait banqueroute, 





BAO 


Banquarouto, s. f. Banqueroute ; faillite; insolvabilité, 
feinte ou réelle d’un négociant. ! 

Dér. de Banquo, banque, et de routo, fém. de row, 
rompu. : 

Banqué, s. m. Petit banc; tréteau de lit, de. théâtre. de 
bateleur, de table à manger, etc. 

Dim. de Ban, banc. ' 

Banquiè, s. m. Banquier; celui qui fait le commerce 
de l'argent; à certains jeux de cartes, celui qui taille ou 
joue contre tous les autres. 

Dér. de Banquo. ? 

Banquo, s. f. Comptoir de marchand; grand coffre à 
hauteur d'appui, qui règne tout autour du magasin, ou 
dans une partie seulement et sur lequel on montre et on 
étalé la marchandise. Il y a un tronc au milieu, en tiroir, 
où l’on fait tomber les espèces à mesuré qu'on les reçoit, 
et dont on fait la levée et l'inventaire chaque soir. 

Dér. de Ban, banc. 

Banu, udo, adj. Cornu; qui a où qui porte des cornes. 
— Un cho banu, un sot, un homme sans intelligence, 
comme un hibou. 

Dér. de Bano. 

Bâou, bâoujo, adj. Niais, nigaud, badaud. — Qué siès 
bâou ! Que tu es bête! 

Dér. du lat. Balbus, bègue. 

Bâoubècho, s. f. Bobèche, partie du chandelier où se 
place la chandelle. 

Emp. au fr. 

Bâoudrado, s. f. Bôtise, balourdise, niaiserie ; école, 

Dér. de Bdou. 

Bâoudroi, s. m. Baudroie, galanga, raie pècheresse, 
diable de mer; espèce de lophie, Lophius piscatorius, Linn. 
Poisson de l’ordre et de la fam. des Chisnopnés (respirant 
par une fente), cartilagineux, à corps plat, à évent près 
des nageoires, à large gueule, qui semble n'être que tèle et. 
queue. La Baudroie fait un très-bon potage. 

Bâoudufo, s. f., où Boudufo. Toupie, jouet d'enfants 
sabot. Ce mot ne s'emploie plus qu'au fig. Es pas pu bèl 
qu'uno bâoudufo, il n’est pas plus grand qu'une toupie. Té 
vire cowmo uno béoudufo, je te fais tourner comme une 
toupie. 

Qué sé trufo, 
Diou lou bufo, 
Et lou faï vira coumo uno bâoudufo. (Prvb.) 

Les étymologistes sont fort divisés sur la dériv. de ce 
mot ; elle est tirée du celte Bodwa, mamelle, à cause de 
la ressemblance ; ou bot, boud, quia fait dans la bass. 
lat. botta, d'où l'ital. bodda, crapaud, à cause de la gros= 
seur. — Voy. Boudufo. 

Bâoujoula, v. Porter un enfant au bras, le caresser, le. 


Dér. du lat. Bajulare, porter un fardeau, 
Bâoume, s. m. Baume, sorte de menthe, plante aro- 
matique, plus particulièrement la menthe verte et .gen- 


7 — 


BAR 


Aille.Aufig:se ditaussi d’un confortatif, d'un réconfortant dont 
‘on exagère la bonté: Aquél.vin és un bdoume sus l'éstouma. 
Dér. du lat. Balsarum. 
Bâoumélu, udo, adj. Creux, caverneux ; se dit parti- 
culièrement d'un arbre, d'une pièce de bois. 

Dér. de Bdoumo. 

Bâoumo, s. f. Dim. Bdouméto, péj. Bdoumasso. Grotte, 
æavité naturelle; caverne; bauge du sanglier; terrier du 
“renard; garenne du lapin. Ce mot a donné naissance à une 
oule de noms propres de personnes et de lieux : Labdoumo, 
-Bdoumé, Bdoumèle, Bdoumassiè, qui se traduisent en fr. 
par Labaume, Baume, La Baumelle, Balmelle, Balmes, 
Baumier, Baumassier, etc., qui signifient pour en dériver 
en ligne directe et primitive : habitation ou habitant des 
cavernes, des grottes : l'origine est ancienne et se rattache, 
par une infinité de quartiers, aux troglodites. La Bdoumo 
dé las Fados est le titre d'une des plus .jolies pièces de 


‘ motre inimitable poète des Castagnados. 


‘Bâouquo, s. f. Du verdage, espèce d'herbe graminée, 
foin grossier qui pousse naturellement sur les talus et 
berges des fossés et dans les bois taillis; c'est probable- 
ment «du foin dégénéré en poussant dans des terres sèches 
et trop fortes. On ne s'en sert guère que pour litière. 
Aucune bête de labour, non plus que les moutons, ne 
consent à s'en nourrir. 

‘Bâouri, s. m. P6j. Bdourias. Précipice ; ravin profond 
et escarpé, gorge étroite et sauvage; abime ; fondrière. 

Dér.-peut-être du lat. Vallis rivus, ruisseau de vallée, 
soude l'ital. also, précipice, du gr. Bélew, jeter, lancer. 

Bar, s. m. Dalle, pierre plate large et carrée, pour car- 
reler. = Bar:dé Mus, dalle des carrières de Mus, village 
oprès de Nimes, d'où se tirent les meilleures dalles pour 
<arreler ‘les fours à pain, parce qu’elles :sont réfractaires et 
supportent très-bien l'action du feu. Bar dé saboù, une 
sable de savon. C'est sous -cette forme que le savon est 
Æabriqué et livré au commerce. Cette table a d'ordinaire huit 
icentimètres d'épaisseur sur cinquante centimètres en carré. 

»Bara, +. Fermer, en général; barrer, boucher ; bâcher | 
une porte, la fermer et l'assujettir par derrière avec une 
barre. — S'én fou bara lous iels, il faut s'en fermer les 
æyeux, s’en consoler, en prendre son parti. Aqud baro l'és- 
touma, ice spectacle vous:serre le cœur. Bara ‘sa boutigo, | 
æst tout simplement fermer son magasin; mais bara ‘bou- 
tigo, c'est cesser son commerce par suite de déconfiture on | 
autrement. Baropas dé tout lou jour, il ne cesse pas de par- | 
der de-toute la journée. :Bara lou camà, æouper leschemin, 
entraver la marche, fermerla carrière à quelqu'un. Para un 
trdou, boucher un trou. Se bara déforosé bara dédin, fer- | 
smér da porte sur soi du dehors, ou-par dedans, $'enfermer. | 

“Dér. de :Baro. 

‘Baracan, s. m. Bouracan , espèce.decamelot, étoffe qui 

-ÆEmp. au:fr. 

“Baradis,-isso, adj. Qui peut se fermér ; fermant; ‘des- 








BAR "1 


tiné à être fermé. — Pagnè baradis, panier à couvercle. 
Coutèl baradis, couteau de poche, qui se ferme. 

Dér. de Bara. 

Baradisso, s. f. Action souvent répétée de fermer et 
d'ouvrir une porte, une fenêtre, un tiroir. — Aquélo bara- 
disso finira lèou ? En finira-t-on bientôt d'ouvrir et de fer- 
mer cette porte? 

Dér. de Bara. 

Baraduro, s. {. Fermeture, en général; boucheture 
d’épines ou de fagots, pour empêcher l'accès d'un champ. 
Ilest peu employé au propre. Au fig. il est usuel dans ce 
dicton : Pdouro baraduro ! pauvre ressource! mauvais 
pronostic! cela s'annonce mal. 

Dér. de Bara. 

Baragna, »v. Faire une haie vive, garnir de buissons ou 
d’épines l'entrée d’un champ ou la crête d’un mur de eld- 
ture ; clore, faire des haies avec des buissons. 

Dér. du celt. Bar, barrière ; ou de l'esp. brena, hallier, 
ou du lat. vara, barre : sans doute tous proches parents. 

Baragnado, s. f. Haie vive ou non; échalier; toute 
sorte de clôture en haie. Sur les bords du Gardon, et de 
toutes les rivières torrentielles, on fait des baragnados 
pour faire déposer le limon. On y emploie des ramées de 
chêne-vert, serrées et assujetties par le sable etle gravier, 
ou ‘des branches d'osier et de saule. Les premières sont 
plus fortes; mais celles-ci, plus épaisses, ont l'avantage 
de prendre racine, de durer plus longtemps et d’être plus 
résistantes; aussi sont-elles préférées. On établit aussi des 
baragnados en fagots de bois mort de toute sorte, pour 
arrêter et faire amonceler les feuilles de châtaigniers que 
le vent entraîne. Par ce moyen elles se trouvent ramas- 
sées en tas, nettes de leurs hérissons et propres à la litière 
de toute sorte d'animaux. — Un trdouquo baragnado, un 
braconnier, un grapilleur, un homme qui ne respecte 
aucune propriété ni clôture. Au fig., un éventé, un étourdi, 
un hurluberlu. — Voy. Bartas. 

Baragnas, s. m”. Haie naturelle ; amas de ronces et 
d'épines, qui se forme sur les anciennes murailles démo- 
lies; entrelacement de ronces ; buisson. 

Péjor. de Baragno. 

Baragno, s. f. Echalier platôt que haie ; clôture presque 
toujours provisoire, moins forte et moins épaisse que la 
baragnado. 

Baragogno, s..f.Le même mot et la même signif. que 
-Babarogno. — V. ©. m. 

Baragouina, v.Baragouiner; parler d'une manière inin- 


| telligible; bredouiller. 


ÆEmp. au fr, quitire, dit-on, son 6tym. du bas-bret. 
Bara, pain, et guin, vin, à cause de la confusion que font 
scèux qui parlent mal la langue; mais que d’autres font 
wenÿir du lat. Barbaricus, barbare. 

Baraïa,v. — Voy. Varaïa. 

Baraïè,s. m. Boisselior; ouvrier qui fait des baraux. 

Dér. de :Bardou. 


92 BAR 


Baraje, s. m. Barrage, digue; déversoir en travers d'un 
cours d’eau pour faire une prise d'eau. 

Dér. de Bara. 

Baralé, s. m. Baril, barillet; bidon des journaliers aux 
champs; baril à huile; capron, baie de fraisier sauvage, 
qu'il ne faut pas confondre avec la fraise des bois. 

Dim. de Bardou. 

Barandèla, v. Danser la barandèlo ou la bagatèlo. 


Barandélaïire, aïro, adj. Danseur de barandèlo. Par 
ext. un étourdi, inconsidéré, léger. 

Barandèlo, s. f. — Voy. Bagatèlo. 

Baranqua, v. Radoter ; battre la campagne; parler ou 


agir à tort et à travers; ne savoir ce qu'on dit. — L'és- 
coutés pas, baranquo, ne l’écoutez pas, il radote, il ne 
sait ce qu’il dit. 

Dér. de Ba, partic. rédupl., et de ranqguo, de rotulare. 

Baranquaje, s. m. Radotage; paroles en l'air ou sans 
suite; propos extravagants. 

Baranquaïre, aïro, adj. Radoteur ; qui débite des rado- 
teries, ou par vieillesse, ou par bêtise. Id., Baranqur, 
urdo. 

Baranquéja, v. rédupl, de Baranqua. 

Barâou, s. m. Baral, v. fr., barrique à vin, longue et 
étroite, qui sert, comme les autres, à transporter le vin à 
dos de mulet; mesure de capacité pour les vins. Cette 
mesure varie d’une localité à l’autre. Le Bardou d’Alais 
contenait autrefois 27 pots ou 54 pintes de Paris. Le Ba- 
rdou métrique contient 60 litres. — Entén bouto pér bardou, 
il entend tout de travers ce qu'on lui dit; il prend des 
vessies pour des lanternes, martre pour renard. Pou-bardou, 
un puits public qui se ferme la nuit, de crainte d'accident 
ou de mauvais dessein. Il y avait autrefois à Alais une 
quantité de ces puits qui étaient situés dans un renfonce- 
ment de rue et à couvert dans l'épaisseur d'une maison. 
On les fermait la nuit; mais avec le temps les fermetures 
avaient disparu, et ces impasses obscurs étaient dange- 
reux ; On les a fermés et remplacés par des pompes. Un de 
ces puits a donné son nom à une de nos rues, qui est appe- 
lée encore : rue Puits-Baral. L'opinion que son nom lui 
vient de la fermeture appliquée à son puits, est fort sou- 
tenable; mais, dans ce mot que le languedocien persiste à 
prononcer baral, et non baräou, et qu'il n’a pas eu l’idée 
d'exprimer par baradis, ne trouverait-on pas aussi bien 
une qualification tirée de la situation qu’il occupait, au 
moment de son baptème, à l'extrémité de la ville? Puits- 
Baral signifierait alors : puits situé aux barrières d'Alais, 
sur la limite de la clôture de la ville. La rue Montagnasse, 
qui reprend aujourd’hui son nom, s'appelait, au moyen âge, 
rue Malbourguel, mauvais petit faubourg : elle est voisine 
de la rue Puits-Baral ; sa dénomination ancienne viendrait à 
l'appui de notre interprétation, en indiquant que, dans ces 
temps reculés, la ville ne s'étendait pas plus loin. 

Bardou, en lous cas, put trouver son étym. dans la 
bass. lat. barrale, barile, barillus, d'un capitulaire de Char- 





BAR 


lemagne, avec la sign. de tonne ou de vase propre à con- 


tenir un liquide quelconque, ou dans l'esp. barral, grande 


bouteille ; ou enfin, comme baral, dans le’ celt. barr, qui 
signifie non-seulement barre, barrière, mais tout ce qui 
sert à renfermer, à contenir. 

Baraquo, s. f. Dim. Baraquéto. Baraque, chaumière ; ; 
maisonnette en mauvais état; hôtellerie de roulier sur les 
routes ; baraque, échoppe, auvent, construit en planches 
sur les places en temps de foire. — Aquél oustéou és uno 
vidio baraquo, cette maison n’est qu'une mauvaise pauvre 
baraque. Las baraquos dé Coudougnan, dé Fons, la bara- 
quo dé Plagnéou, la baraquo dâou Péla sont connues, et 
renommées sur nos routes départementales. 

Dér. de l'esp. Baracca, cahute de pècheur. 

Barato, s. f. Baraterie; dol, fraude, contrebande ; alté- 
ration des liquides par mélange ; contrefaçon, tromperie. 

Dér. de l'esp. Baratar, brouiller, tromper. 

Barba, v. Pousser des radicules, prendre racine; se dit 
surtout des boutures, quand elles commencent à barba, à 
jeter leur tissu de radicules. 

Dér. de Barbo. 

Barbacano, s. f. Ouverture, fente laissée dans un mur 
de soutènement, pour faire écouler les eaux pluviales. 

Dér. de l'esp. Barbacana, m. sign. 

Barbajôou, s. m. Grande joubarbe, artichaut de mu- 
raille, Sempervivum tectorum, Linn. Plante de la fam. des 
Crassulacées, grasse, vulnéraire et émolliente. 

Dér. du lat. Barba Jovis, barbe de Jupiter, comme son 


correspondant fr. Ces deux mots sont la métathèse l’un de 


l’autre. 

Barbajôou, s. m., ou Quiou-blan. Din Borbäjuilé. 
Hirondelle à croupion dlanc} hirondelle de fenêtre; Hirundo 
urbica, Temm. Le dessus du corps, partie d'un noir à 
reflets bleuâtres, partie d’un noir mat, le restant d'un 
blanc pur; queue fourchue. Cette hirondelle est la plus 
commune dans nos contrées, où elle arrive quelques jours 
après l'hirondelle de cheminée. Elle aime à placer son nid 
sous la corniche des maisons et des grands édifices. —Æsca- 
rabia coumo un barbaÿjéou, gai comme un pinson. 

Ce mot a évidemment la même étym. que son homo- 
nyme précédent. Cependant il est difficile de saisir les 
rapports de cette origine, à moins que la queue fourchue 
du volatile ne soit une image de la barbe du maître des 
dieux. 

Barbasta, v. Faire ou tomber de la gelée blanche. — 
À barbasta sus sa tésto, Ses cheveux grisonnent, il a pra 
sur ses cheveux. 

Dér. de Barbasto. 

Barbasto, s. f. Gelée blanche; givre. C'est le produit 
de la condensation de la rosée et de toutes les vapeurs qui 
exsudent de la terre. Barbasto exprime cet effet des grands 
frimas d'hiver qui fait ressembler le sol à un champ de 
neige ; plouvèno et jalibre (V. c. m.), sont plus particu- 
lièrement ces gelées de printemps, ces giboulées, qui font 


BAR 


tant de mal à la vigne et à la feuille de mürier. Les con- 
crétions de la barbasto sur les plantes et les arbres ressem- 
blent à une sorte de barbe blanche. C'est de là que Sau- 
vages fait dériver ce nom. 

Barbata, v. Bouillir à gros bouillons; particulièrement, 
faire un certain bruit en hbouillant, soit comme un grand 
vase qui rend un bruit sourd en bouillant fortement, soit 
‘seulement comme un potage qui mitonne sur un fourneau ; 
‘chez l’un et l'autre, ce bruit est produit par le dégage- 
ment de l'air, qui forme des globules qui crèvent et se suc- 
cèdent instantanément. C'est ce qu'exprime ce mot par 
une onomatopée saisissante. 

Barbéja, v. Raser, faire la barbe, au pr. et au fig. — 
L'avèn barbéja, nous avons eu de son poil, nous lui avons 
gagné son argent. 

- Dér. de Barbo. 
Barbèl, s. m. Barbeau, Cyprinus barbus, Linn. Poisson 
“d'eau douce; museau pointu, mâchoire supérieure fort 
avancée avec des barbillons, dos olivâtre, ventre blanc ; 
il croit vite et devient fort grand; sa forme ressemble 
assez à celle du brochet. Il préfère un lit couvert de cail- 
loux à un fond bourbeux. 

Barbèl signifie aussi : un jeune gars, un blanc-bec. 

L'une et l’autre de ces acceptions sont dér. de Barbo: 
dans la dernière, parce que c’est l’âge où la barbe com- 
mence à pousser; dans la première, parce que ce poisson 
porte deux appendices où barbillons à la mâchoire supé- 
rieure. 
 Barbéto, s. f. Terme de nageur, qui n’est employé que 
dans cette expression : Faïre la barbéto, et signifie : ap- 
prendre à nager à un apprenti en le soutenant de la main 
par le menton, ce qui l'empêche d’enfoncer la tête, et lui 
permet d'étendre le corps sans danger dans la position 
horizontale. Au fig., prèter aide et appui, soutenir. 
 Dér. de Barbo, parce qu'on prend le nageur par la 
“barbe, ou du moins au siége de la barbe; qu’on lui tient 
le menton dans la paume de la main, comme font les bar- 
-biers à leur patient pour le savonner, où plutôt comme ils 
faisaient, quand il y avait des barbiers, et avant l’inven- 
tion du pinceau à barbe. 

.« Barbiè, s. m. Barbier, qui fait la barbe, qui rase. L'his- 


toire des barbiers mériterait d'être écrite et conservée. Il y. 


a un siècle, ils n'étaient point autres que des chirurgiens, 
avec priviléges. Aujourd'hui, ils ont perdu leur droit de 


: saigner, autrement qu’en faisant la barbe, et encore! mais |. 


leur titre a totalement disparu, sinon la profession. — Lou 
: barbiè de Sdouxé. Sauzet estun petit village, arrond. d'Uzès. 
La tradition assure qu'il ÿ avait là un barbier qui non-seu- 
lement rasait gratis, mais qui payait à boire à ses pratiques 
par-dessus le marché. Sa pont nee 
Den ee see siege + à 

* Barbio, s. m. Petit homme barbu, bamboche à longues 
\ snolonschasl Le mode de nos jours rend fréquente l'appli 
_cation de ce mot.— Voy. Barbocho. 





BAR 93 


Barbo, s. f. Dim. Barbéto, péj. Barbasso. Barbe, poil 
des joues et du menton; arôte de l'épi des céréales; filets 
du tuyau d'une plume; radicules, filaments d’un végétal 
quelconque. — Quand papiès parlou, barbos calou, quand 
les titres parlent, les docteurs se taisent. Fariè la barbo 
énd'un iôou, il trouverait à tondre sur un œuf. Nous faï 
la barbo én toutes, il nous passe tous, il nous rendrait 
des points. Barbo dé paño, visage de bois, dicton fort usité 
et d’une application plus large que son correspondant fran- 
çais : il s'étend à toute sorte de désappomntement, quand 
on se voit trompé dans son attente. Bouvié sans barbo, atro 
sans garbo, prvb., à jeune bouvier, pauvre moisson. 

Dér. du lat, Barba. 

Barbocho, s. m. Dim. Barbouchéto. Petit homme barbu : 
même sens que Barbiè. (V. ©. m.) Barbichon; chien- 
barbet. 

Dér. de Barbo, parce que le barbet a beaucoup de poil 
autour du museau. 

Barbouïa, v. Balbutier ; bégayer; baragouiner ;. bre- 
douiller. 

Dér. du lat. Balbus, bègue. 

Barbouïaje, s. m. Barbouillage, en discours, en écri- 
ture, en peinture, en diction ; grifonnage ; gahmafrée. 

Emp. au fr. 

Barbouïur, uso, adj. Barhouilleur; bredouilleur ; grif- 
fonneur. 

Barbouti, v. Marmolter; chuchotter; parler entre ses 
dents; murmurer tout bas; faire un à-parte; dire des 
messes-basses, parler dans sa barbe. 

Dér. de Barbo. 

Barboutimén, s. m. Chuchottement, marmottement; 
murmure ; messe-basse ; bredouillement. 

Barbu, udo, adj. Barbu, qui a de la barbe, beaucoup 
de barbe. 

Barbudo, s. f. Chicorée sauvage, barbe de capucin, 
Cichorium intybus, Linn. Chicorée barbue des prés, qu'on 
mange en salade quand elle commence à pousser et qu’elle 
germe encore dans la terre ; plus tard elle est dure et héris- 
sée de piquants. C'est à cet âge peu tendre qu'elle a reçu 
son nom. 

Barbudo est aussi le nom des ceps de vigne d’un an, qui 
ayant poussé des radicules, qui plus faciles à la reprise et 
donnent plus tôt des produits. 

Dér. de Barbo. 

+ Barda, s. m. Carrelage en dalles ; pavé bardé avec des 
dalles. 

Dér. de Bar. 

Barda, v. Couvrir, barder de lard un rôti; mettre la 


- barde à une bête de somme; plaquer ou lancer contre les 


murs ou sur le carreau. = Barda un perdigal, barder, 
couvrir un perdreau de bardes de lard. Vaï barda la miolo, 
l'ase, va-t-en mettre la barde à la mule, à l'âne. Lou bardè 


- dou séou, il le jeta rudement par terre. 


… Dér. dans lepremier sens de Zardo, dans le second de Bar. 


9% BAR 


Bardo, s. f. Dim. Bardèlo, péj. Bardasso. Barde, bar- 
delle, espèce de bât ou de selle piquée de bourre; tranche 
mince de lard appliquée sur une volaille. 

Dér. de Barda, du lat. bardianum, espèce d’armure ou 
de cuirasse des soldats gaulois. 

Bardo, s.f. Dim. Bardouté, péj. Bardoutas. Espèce de 
mulet, né de l’ânesse et du cheval. Cet animal, très-robuste 
mais de forme peu élégante, est le souffre-misère de la 
bande des mulets (coublo) ; c'est lui qui porte les bagages, et 
le muletier par-dessus le marché. Au fig. butor, lourdatd ; 
souffre-douleur. — Lou prénou pér bardè, on en fait le 
bouc émissaire, un objet de mystification ; on le charge de 
tout ce qu’il y a de plus pénible. Passa pér bardd, deve- 
nir le jouet, être le dindon de la farce. 

Ï y a une distinction à faire entre les deux Jocutions : 
passa pér bardd et préne pér bardd. Que le premier dicton 
s'applique à qui porte plus-que sa part des peines et des 
fatigues communes, c’est bien cela, mais c’est encore autre 
chose. La charge susdite du bardot ne pouvant figuret sur 
une lettre de voiture, il ne comptait pas lui-même au 
nombre des mulets qui composaient la caravane. C’est dans 
ve dernier sens qu'est prise la première locution, appliquée 
à une personne qui, dans une dépense à faire, dans une 
charge quelconque à supporter en commun, trouve moyen 
de s'exonérer de son écot, de sa tâche; passe commié on 
dit par-dessus le marché, et par conséquent ne compte pas 
non plus. 

Pour le deuxième dicton : -Bardè, au fig., signifie un 
lourdaud, un imbécile, un sot et grossier personnage, dont 
on se moque, dont on abuse, à qui l’on fait porter aussi 
double bât, double charge; et l'individu qu'à toft ou à 
raison on considère comme tel.ét que par conséquent ‘on 
traite de cette manière, on le prend'pour bardot : il devient 
alors chef d'emploi de doublure qu'il était, et la copie vaut 
l'original. 

Dér. du gr.Bæpèés, lourd, lent. 

Barguigna, v. Barguigner; hésiter; balancer ; être in- 
décis, embarrassé. 

Dér.-de la bass. lat. Barcaniare, marchander. Ce der- 
nier mot venait lui-même du lat. in barcam ire, aller:sur 
une barque, parce que le mot harca était à proprement 
un ‘esquif, ‘ou embarcation, sur laquelle les trafiquants 
allaient et venaient, dans le-port, d'un mavire à l'antre, 
pour traiter avec les patrons. 

Barguignaïre, aïro, «dj. Péj. Barguignaïras, (ässo. 
Barguigneur; marchandeur. — Voy. Raïsséjaïre. 

Bari, s.m. En vieux languedocien, Rempart; barrière. — 
La carièiro dâou Bari, la rue du Rempart, qu'on a.æu le 
bon esprit-à Alais de.ne pas franciser et qui s'appelle tou- 
jours la rue du Barry. Lou müioù bari.és la .pès, le meil- 
leur boulevard d'une ville, c’est la paix. Suivant la fameuse 
devise, ce devait être aussi eelni de l'empire; mais-depuis… 
Esfouïro-bari d'Aoubénas,.c'est-le vieux surnom. que l'on 
donnë aux habitants d'Aubenas. 41-est sans doute glorieux 





BAR 


pour eux, puisqu'il doit signifier : qui sape les remparts, 
sapeur de remparts. : 

Dér. de la bass. lat. Vara ou barum, barricade, enceinte, 
clôture, faite avec des poutres, premiers remparts des 
villes, ou plutôt des villages qui devinrent des villes et 
des places de guerre sous la féodalité, dans un temps où 
tout le pays était couvert de forêts. On se servit ensuite 
de l'expression, un peu modifiée, barium, pour mur de 
ville fait de poutres, et le nom resta quand les pierres rem- 
placèrent ces remparts trop faibles. Un prvb. disait, et il 
justifie la dériv. : À bari bas éscalo noun féou. 

Barièiraïre, s. m. Préposé aux barrières, à l'octroi, 
commis aux barrières à la perception des droits d'entrée 
dans les villes. 

Dér. de Barièiro. 

Barièiro, s. m. Barrière. — Les villes, qui n'avaient 
pas des portes, avaient des barrières, ne füt-cerque pour 
empêcher la contrebande et assurer les péages. On les pla- 
gait même quelquefois à des distances assez éloignées, qui 
agrandissaient le rayon autour des villes ou des châteaux 
féodaux ; et les noms, qui persistent encore, en conservent 
le témoignage, comme les anciennes chartes d’établisse- 
ment. Un décret consulaire imposa un droit de péage à 
l'entrée des villes pour les chevaux et les voitures, et pour 
la perception on y plaçait des barrières mobiles. Ce droit 
fut converti par la loi de frimaire.an VIl en octroi muni- 
cipal, et les bureaux d'octroi occupèrent le même empla- 
cement que les barrières. Ce n’est même que sous le nom 
de barièiro que sont connus ces bureaux et -le quartier 
qu'ils occupent. Ainsi, on dit à Alais la Barièiro ddou 
Mas-dé-Négre pour désigner le bureau d'octroi du Mas-de- 
Nègre. 

Dér. de Bara. 

Baril, s..m. Dim. Barïé. Baril, petit tonneau, :barrique 
à huile; barillet, petit baril. —-Un baril dé sardos, tune 
barrique de sardines. Un baril d'anchoïo, un baril d'an- 
chois. Un baril d'oli, un baril d'huile. 

Dér. du celt. Barr, vaisseau, d’où la bass. lal.! barillus, 
baril. 

Barioto, s. f. Brouette, espèce de petit tombereau, à 
une-roue-et deux bras, 'traîné ou poussé par une personne. 
— Voy.-Brouétlo où Brouvèto. 

Dér. de Ba, rédupl,-et.du lat. rota, roue, parce «que 
dans le principe-elles-avaient une double roue. 

Bariïoù, +.m.Barillon, engin destiné à confectionner 
des trousses, de grosses bottes de foin ou -de: paille. C'est 
ane sorte de filet, composé de deux barres «t -de cordes 
non-eroisées : un réseau ou tramail à cet usage. 

Dér.-de Baro, dont:il-est un dimin. 

Bariquo, s. f. Barrique, grand baril. A1 ne se-dit -que 
du baril qui sert-de çaque aux anchois etaux sardines:Qn 


-se.sert de ces barillets pour les chapelets .de puits-à-roue. 


— La musiquo és: din la:bariquo, disent les chantres-et an 
peu sans doute les chanteurs, dont la réputation test aussi 





BAR 


d'être bons buveurs; mais alors ils parlent de bariquo, 
dans sa grande dimension, gros tonneau servant à, conte- 
nir du vin. — Au fig. eten style fam. ce mot signifie le 
ventre, les intestins. — Té vou eréba la bariquo, je te 
crève le ventre, En esp. on dit aussi dans le même sens 
barrica, ventre. 

Dér. du celt. Barr, vaisseau, ou du lat, barillus. 

Barisquo-Barasquo, adv. Onomatopée exprimant l'ac- 
tion de quelqu'un qui, une barre à la main, comme une 
faulx, renverserait ou briserait tout ce qui est à sa portée. 
Au fig. brutalement, bruyamment, 

Dér. de Baro. 

Barja, n. pr. de lieu. Barjac, ville et canton de l’arron- 
dissement d’Alais. 

Cette petite ville est mentionnée dans les anciennes 
chartes avec quelques altérations dans son nom : en 1076, 
de Bariado ; en 1077, de Bariae; en 4084, de Bargiaco ; 
.en 4131, de Bargago; en 1132, de Barjago; en 1171, de 
Barjaco ; en 1194, de Bargiaco. En fr. on écrivait Barjac 
ou ; 
Abstraction faite de la désinence adjective ae, acum, et 
en lang. a, où le « final est supprimé (V. a, an, suff.), la 
forme Ja plus ancienne du mot semblerait indiquer son 
étymologie de la bass. lat. barium au plur., avec le sens 
de mænia, fortification, selon Du Cange, et Barja signife- 
rait alors village fortifié. Mais n'a-t-elle pas été prise peut- 
être du celt. berg, éminence, hauteur, d'où est venu le 
vieux mot barge, aujourd'hui berge, ou mieux peut-être de 
la bass. lat. baria ou beria, locus scilicet arboribus desti- 
tutus, dumetis verd vepribusque refertus? (Voy. Du Cange, 
Ve Berra.) On ne trouve pas en effet dans le territoire de 
grandes forêts, mais de petits bois. Le nom d’un lieu voisin, 
Bérias, dans l'Ardèche, pourrait servir d'indice, au moins 
par analogie de situation, de, nature de terrains et d’aspect 


Il y a dans le Gard deux autres localités du mème nom, 
Barja, hameaux des communes de Monteils el de Trèves, 
où la topographie et le sol confirmeraient notre dernière 

a, +. Maquer le chanvre, le broyer avec la maque, 
— Ce mot semble une contraction du fréquentatif Baréja, 
qui n’est pas dans la langue, mais qui signifierait jouer de 
la.barre, passer à la barre : parce que les mâchoires de Ja 
maque à chanvre ont bien pu dans l’origine n'être que de 
simples barres à broyer. — Dans le dial. prov. maquer se 
dit brégea, rapproché de broyer, dér. de l'allem. brechen, 
rompre, briser; de cette origine germanique, le langued. 
aurait bien pu conserver bar où ber pour bérja et barja, 
avec le mème sens de briser et broyer. 

Barja, v. Jaser ; babiller; jacasser ;. caqueter ; jahotter. 
— Barja coumo la bèlo Jano, babiller comme une .com- 
mère, diable té.barje! Au diable ton babil ! 

Dér. du celt. Bajol ou du gr. Baïw, habiller, bre- 
douiller. 


BAR 95 


Barjadisso, s. f. Bavardage ; longue causerie; babil 
ennuyeux. et insupportable, 

Dér. de Barja. 

Barjaïre, aïro, adj. Babillard, qui aime à causer; qui 
ne cesse pas de jacasser. — Voy. Barjdou. 

Barjalado, s, . Bisaille; trémois; menus grains ; menus 
blés; semences de mars; mélange de paumelle et de vesce 
dont on fait un pain grossier. On sème ainsi en mars, de 
barjalado, les terres que le manque de temps ou les lon- 
gues pluies ont empèché d’ensemencer en automne. — 
Aqud's pas qué dé barjalado, c'est de la ripopée. 

Dér. du lat. Farrago, toutes sortes de grains. 

Barjäou, âoudo, adj. — Voy. Barjaire. 

Barjios, s. f. plur. Chenevottes, débris du chanvre 
broyé, maqué, avec quoi on faisait les allumettes soufrées, 
avant que l'usage des allumettes chimiques, à frottement, 
à phosphore, à explosion soudaine, plus dangereuses mais 
plus rapides à s'enflammer, eût fait oublier les premières, 
— Dansa sus las barjios, sauter de joie, être dans le ravis- 
sement. Quand la culture du chanvre était une industrie 
dans nos contrées; quand arrivaient les barjios, la récolte 
était finie, et c'était fête et repos; on pouvait danser. 

Dér. de Barja, maquer. 

Barjo, s. [. Maque, brisoir, banc à maquer le chanvre; 
babil, jacasserie, superfluité de paroles, — N'a pas qué dé 
barjo, il n’a que du babil, il n’y a point de fond. 

Barlaqua, v. Mouiller, tremper; agiter dans l’eau ; 
plonger dans l’eau, 

Sé barlaqua, se tremper jusqu'aux os; se vautrer dans 
l'eau et dans la boue; se saucer par la pluie. 

Dér. de Bar, en v. lang. boue, fange, limon, et laque, 
vautrer, 

Barlaquado, s. {. Mouillure, soit qu'elle vienne.en jetant 
à l'eau quelqu'un ou quelque chose, ou s’y plongeant soi- 
même, soit par l'effet de la pluie qu'on reçoit. — Aï éndura 
uno bono barlaquado, j'ai supporté une grosse averse. 

Dér. de Barlaqua. 

Barnaje, s. m. Fouillis, embarras; hardes, meubles, 
entassés en désordre. Au prop. effets personnels qu'on prend 
en voyage. 

Ce mot me parait la contraction de Barounage, qui vou- 
lait. dire l’ordre des barons, équipage de baron ; ou plus 
} simplement, du gaulois barnage, bagage désignant le train 
d’un grand seigneur. — Voy. Baroun. 

Baro, s. f. Dim. Baréto, baroù, barïoù, péjor. Barasso. 
Barre ; pièce de bois ou de fer, longue et peu épaisse; tra- 
verse.; perche; latte.— Baro dé caréto, enrayure de 
charrette. Baro dé galigné, juchoir. — Sé préne uno baro! 
si je prends un bâton! Propre coumo La baro d'un galigné, 
propre comme le perchoir des poules. Métre la baro à la 
porto, bâcler une porte. Nous ajudaras à pourta la baro, 
tu nous aideras à porter le joug, dit-on à un nonveau marié. 

Dér. du-Jat. Vara, traverse, pièce de bois mise.en tra- 





vers, d’une porte. | 


96 BAR 


Baroù, s. m. Bâton de chaise; traverse de bois rondin, 
qui sert à soutenir les tables de vers à soie et qui porte 
elle-même sur les chevilles des montants. Quand ces tra- 
verses sont en bois scié, on les appelle jaséno. — V. c. m. 

Dér. de Baro. 

Barougné, s. f. Baronnie; titre de baron ; terre baron- 
niale, château baronnial. — Le quartier où s'établit aujour- 
d'hui l'avenue de la nouvelle gare du chemin de fer, l’em- 
placement de l'hôtel du Commerce, et tout ce pâté de mai- 
sons, ainsi que la première gare, faisaient partie de ce 
qu'on appelait autrefois à Alais la Barougnè, quand la 
ville et son territoire étaient divisés en deux juridictions, 
celle du baron et celle du comte; ce dernier avait aussi 
des possessions vers le quai de la Comté, rappelant ce sou- 
venir. 

Baroun, s. m. ; au fém. Barouno. Dim. Barouné, péjor. 
Barounas. Baron, titre de noblesse. — Le sort de ce mot 
a été bien divers : lors de son premier emploi, dit Honno- 
rat, il signifiait homme vil, ensuite homme en général, et 
il n’est devenu un titre d'honneur que vers l’année 567. 
En italien, le mot barone signifie tantôt noble, vaillant, 
puissant, et tantôt brigand, voleur, vaurien. Les extrèmes 
se touchent. 

Dér. du v. lang. Bar ou baro, vir, homme. Les rois appe- 
laient barons leurs vassaux immédiats. Ils disaient indif- 
féremment : mon baron ou mon homme, pour homme 
d'armes. 

Barounéja, v. Se montrer baron ; se vanter de l'être ; 
se donner des airs de grand seigneur. 

Dér. de Baroun. 

Barquado, s. f. Batelée ou barquée, plein une barque ; 
le chargement d’une barque. — Empouisounariè uno bar- 
quado dé crucifis, dict., il ferait faire naufrage, il porte- 
rait malheur à une barque chargée de crucifix. 

Dér. de Zarquo. 

Barqué, s.m. Batelet; bachot; canot; esquif. 

Dim. de Zarquo. 

Barquéto, s. f. Petit bateau, petite barque ; barquerolle ; 
barquette, espèce de pâtisserie, de, gaufre, en forme de 
barque. 

Dim. de Barquo. 

Barquiè, barquièiro, adj. et s. De barque, qui tient à 
une barque; batelier, patron d’un bac sur une rivière ; pas- 
seur. 

Dér. de Barquo. 

Barquo, s. f. Péjor. Barquasso. Barque ; bac; tartane; 
allège. — Sa barquo toquo, sa barque échoue; il est au 
bout de son rouleau ; ses affaires vont mal. Ména bièn sa 
barquo, bien conduire ses affaires. Coumo vaï la barquo? 
comment va la santé? comment vont les affaires? 

Dér. du lat. Barca. | 

Bartas, s. m. Dim. Bartassoù. Hallier, buisson épais, 
touffe de ronces et de broussailles ; au pr. touffe de bois 
taillis non élagué. — Amouroùs coumo un bartas, par 





BAS 


contre-vérité, doux comme un fagot d'épines. Un sdouto- 
bartas, a beaucoup de rapport avec trdouquo-baragnado 
(Voy. Baragnado), et je n’y vois d'autre np 8 que 
celle de l’escalade à l’effraction. 

Le poète Salluste du Bartas était certainement méridional 
par son nom; né dans le nord de la France, il se fût appelé 
du Hallier ou du Buisson, avec ou sans séparation de 
l'article; nous ne savons. 

Dér. de la bass. lat. Barta, buisson, hallier, ou par l’ad- 
dition d’un r, du grec Béros, buisson. 

Bartassado, s. f. Fourré de bois; lieu rempli de hal- 
liers, où il est difficile de pénétrer ; grande touffe de buis- 
sons. 

Dér. de Bartas. 

Bartasséja, v. Battre les buissons et halliers, terme de 
chasseur ; quêter le gibier en fouillant les buissons. 

Bartassoü, s. m. Branche basse, ou plutôt rejeton de 
chène vert, rabougri et ravalé, et par cette raison plus 
épais, plus touffu, dont on se sert pour ramer les vers à 
soie en les mêlant avec la bruyère. Avant de les employer, 
on les fait sécher et on les dépouille de leurs feuilles, en 
les battant contre un mur. L'éducateur cévenol, supersti- 
tieux observateur des lunaisons, ne coupe les bartassoùs 
que pendant la nouvelle lune, sans quoi il arriverait que 
le bois en serait de suite vermoulu et se briserait en le 
frappant. D’après lui, tous les arbres verts doivent être 
coupés en lune nouvelle, et tous ceux qui perdent leur 
feuille, après la pleine lune, sous peine des vers. 

Dim. de Bartas. 

Barunla, vw. Rouler; courir; rôder; vagabonder. — 
— Barunlè lous éscaïés, il roula l'escalier. 

Rédupl. de Runla. — V. ©. m. 

Barunlaïre, aïro, adj. et s. m. Vagabond; batteur 
d’estrade; coureur ; rouleau, cylindre mobile qu’on roule 
sur une terre nouvellement ensemencée pour aplanir da 
crête des sillons et raffermir le terrain. 

Dér. de Barunla. . 

Barunlo, s. f. Pente escarpée et rapide ; terrain qui va 
en descendant, très-incliné. — Préne la barunlo, être 
entrainé par la pente, dégringoler, au pr. et au fig. 

Dér. de Ba, signe du rédupl. et du lat. rotula, petite 
roue. 

Barutèl, s. m. Claquet ou traquet d’un moulin ; blu- 
teau, blutoir; sas. Au fig. babillard sempiternel, bavard 
dont le caquet imite le bruit incessant d’un traquet de 
moulin. î 

Dér. du lat. Volutare. 

Bas, basso, adj. Dim. Bassé, péj. Bassas. Bas, pro- 
fond ; qui a peu de hauteur. 

À bas, adv. A bas; doucement. 

En bas, où Dé bas, adv. En bas, au fond. 

L'émbas où Lou débas, s. m. Le bas; par rapport au 
premier étage d’une maison; le rez-de-chaussée ; le fond. 

— Lou vin és bas, le tonneau est au bas. Dé la cénturo én 








nn. sé 


BAS 


bas, de la ceinture aux talons. Es à bas, il est tombé, 
détruit, par terre. 

Dér. de la bass. lat, Bassus. 

Bas, s. m. Dim. Basté, péj. Bastas. Bât, espèce de selle 
très-forte pour bêtes de somme, servant au transport. — 

Anén plan, lou bas sé bagno, Où sé moïo, doucement, ceci 
commence à se gâter (Voy. Bagna). Pourta lou bas, payer 
l'acquit pour les autres ; avoir tout le souci. 
 Dér. du celt. Bast, d'où la bass. lat. aurait fait bastum, 
bât; ou bien du gr. Bxsxés, bâton avec lequel on porte les 
fardeaux, forme de Basé£ew, porter une charge. 

Basacle, s. m. Terme de comparaison à tout ce qui est 
large et grand.— Aquéles souïès soun dé basacles, ces sou- 
liers sont démesurément larges. Il existe à Toulouse une 
grande minoterie de ce nom sur la Garonne et le canal 
Brienne. Est-ce ce nom qui est devenu type, ou bien 
vient-il lui-mème de ses grandes dimensions ; ou enfin ces 

-deux acceptions existent-elles indépendantes l'une de 
l'autre? Cette dernière hypothèse parait plus raisonnable. 
Le mot Basacle est ancien dans l'idiome, tandis que le 
moulin du Basacle a été construit sous l'administration de 
Mgr de Loménie de Brienne, archevèque de Toulouse, qui 
a laissé son nom au canal sur lequel il est construit ; ce 
qui ne fait remonter son établissement que vers les années 
qui touchent à 4789. Son architecture ne présente pas une 
date beaucoup plus ancienne, en supposant qu’il ne se fût 
agi alors que d’un agrandissement. Du reste, ce mot parait 
dér. du lat. Vasculum, vase, vaisseau. 

Basali, s.m. Basilic, serpent ou lézard, animal fabuleux, 
dont le regard, dit-on, donnait la mort, s’il voyait l'homme 
avant que l'homme l'eùt vu. On croyait, et qui dirait que 
bien des gens ne croient pas encore? qu’il provenait des 
œufs d'un vieux coq. Dans les Castagnados, le marquis de 
la Fare-Alais a chanté cette légende et a dédié cette pièce à 
Jean Reboul : deux noms fraternels ! deux gloires locales ! 

Dér. du gr. Bacs, royal. 

Basali, s. m. Basilic, Ocymum basilicum, Linn., de la 
fam. des Labiées, plante annuelle, aromatique, que le popu- 
laire cultive avec soin dans des pots cassés: Les jeunes 
gens des ,deux sexes, quand ils sont endimanchés en été, 
ne se passeraient pas d'un brin de basilic à la bouche, à la 
main ou sur le sein. C’est le patchouli cévenol. On peut 
l'appéler aussi l’oranger du savetier, car il n’est guère de ces 
artisans qui n'en aient un pot dans leur boutique. Notez qu'on 
ne dit point vase, attendu que c'est presque toujours un vieux 
pot hors de service et chassé de la cuisine, qu'on emploie à 
ce dernier usage. — Enguén-basalà, basilicon, onguent. 

Mème étym. que le mot précédent. 

Bassaqua, v. Caholer; secouer; remuer d’un côté à 
l'autre ; ballotter comme un sac. 

Dér. de Ba, particule rédup., et de sa, saquo. 

Bassaquamén, s. m., ou Bassaquado, s. f. Secousse ; 
cahot, cahotage d’une voiture. 

 Mème dér. que le mot préc. 





BAS TT 


Bassaquo, s. f. Paillasse de lit; sac à paille; large sac 
dans lequel se plient les bergers dans leur cabane, et sur- 
tout lorsqu'ils bivouaquent dans les pâtis des montagnes. 

Mème dér. que Bassaqua. 

Bassarèl, s. m.— Voy. Bassèl. m. sign. 

Basségou, s. m. Timon d’une charrue, d’un araire; 
brancard d’un puits à roue, auquel est attelé le cheval qui 
met en mouvement son mécanisme. 

Dér. du lat. Baculus, bâton. 

Bassèl, s. m., ou Bassarèl. Battoir de lavandière, palette 
de bois dont elles se servent pour battre le linge en lavant. 
Au fig. soufflet, tape à main plate. 

Dér. du lat. Baculus, dim. Bacellus. 

Basséla, v. Battre le linge avec le bassèl. Au fig. frap- 
per, battre comme plâtre; frapper à coups redoublés ; par 
ext. tourmenter, inquiéter. 

Dér. de Bassèl. 

Bassélaje, s. m. Bruit de battoir de lavandière; ou 
tout autre bruit ou tapage qui lui ressemble par la fré- 
quence des coups. 

Dér. de Bassèl. 

Bassèsso, s. f. Action indigne d’un homme ou d’une 
femme d'honneur ; action honteuse ; une faiblesse chez le 
sexe. — À fa uno bassèsso, il a commis une lächeté. 

Emp. au fr., le mot, mais non le sens. 

Bassina, s. m. Au plur. Bassinasses. Cocons qui ne 
peuvent achever de se dévider dans la bassine, soit qu'ils 
aient été attaqués par les rats, qui auraient rompu la suite 
du fil, soit parce que le papillon aurait commencé à les 
bouchonner intérieurement, comme on le voit à l’article 
Baba, ou bien encore que le fil serait bouchonné naturelle- 
ment (Voy. Troumpéto), ou enfin que le fil soit tellement 
inconsistant qu'il casse à chaque instant. 

Dér. de Bassis. 

Bassina, v. Bassiner, chauffer avec une bassinoire ; bas- 
siner, fomenter en mouillant avec un linge imbibé ou avec 
une liqueur tiède. — Sé bassina l'éstouma, se réconforter 
le cœur par la boisson, se réchauffer par quelques rasades. 

Dér. de Bassino. 

Bassinado, s. f. Contenu d’une bassino, plein une bas- 
sino. — Bojo dé plèjo à bèlos bassinados, la pluie tombe 
à seaux. 

Dér. de Bassino. 

Bassiné, s. m. Bassinet d'un fusil, d’un pistolet ; partie 
creuse d’une arme à feu qui reçoit l’amorce. — Féou cra- 
cha dou bassiné, il faut payer d'avance, payer comptant : 
c’est d’un petit bassin, d’une sébille à quêter qu'il s'agit 
dans ce dicton, et non du bassinet d'une arme quel- 
conque. 

Dim. de Bassis. 

Bassino, s. f. Cuiller à seau pour puiser de l'eau. Elle 
est ordinairement en cuivre. Quelquefois, pour éviter le 
vert-de-gris, la queue seulement est en cuivre et le bassin 
en étain. 


98 BAS 


Depuis que le français s'est emparé de ce mot pour 
exprimer le vaisseau où l’on fait bouillir les cocons dans 
une filature, le languedocien l’a suivi dans cette voie ; 
mais sous cette dénomination il ne désigne que la bassine 
en poterie des nouvelles filatures. — Voy. Bassis. 

Bassis, s. m”. Au plur. Bassisses. Bassin ; vivier ; plat 
à barbe; particulièrement, bassine à filer les cocons. Le 
bassès était autrefois en fonte ou en cuivre pour résister à 
l'action directe du feu; dans les filatures à la vapeur ou 
à la Gensoul, ils sont simplement en poterie. 

Dér. du gaulois Bachinou, bassin; la bass. lat. avait 
bacinus, formé de l'allem. back, signifiant lac; dim., 
bassin. » 

Basso-cour, s. f. Cour, basse-cour. — Le lang. exprime 
l'une et l’autre acception. 

Emp. au fr. . 

Bassoù, s. f. Profondeur; ce qui est bas et profond. 

Dér. de Bas. 

Bastar, ardo, adj. Dim. Bastardoù, ouno. Bàtard, 
enfant naturel. En terme d'agriculture, sauvage, sau va- 
geon. 

Dans cette dernière application, on dit tantôt bastar, 
tantôt Vouscas ; l'usage seul indique les différents emplois. 
En général cependant l’adj. bastar s'accole aux simples et 
aux plantes potagères, et bouscas aux arbres et arbustes. 
On dit : api bastar, aïgréto bastardo, et castagnè bouscas , 
périè bouscas. Il ÿY a une distinction qui parait plus tech- 
nique encore : on dit bastar d'un végétal qui, quoique de 
la mème famille que celui qui lui sert de type, en diffère 
par sa nature et sa production; tandis que Douscas est pro- 
prement le sauvageon, qu'on peut assimiler au type en 
l'entant. 

Le dim. Bastardoù, ouno, ne se prend jamais qu'en par- 
lant d’un enfant illégitime, naturel. 

Dér. du gr. Basodpz, femme prostituée. 

Bastardiè, ièïro, adj. Préposé des hôpitaux qui va 
conduire les enfants-trouvés en nourrice. 

Bastardièiros, s. f. pl. Comportes, grands paniers 
d'osier doubles, où l'on dépose les enfants-trouvés pour les 
transporter à dos d'âne chez leurs nourrices. 

Bastardije, s. f. Bàtardise; état de celui qui est bâtard ; 
signe de bâtardise. 

Bastarduégno, s. f. La gent bâtarde; les enfants-trouvés 
pris collectivement ; les bâtards en général. 

La dérivation du mot n’a pas besoin d'être expliquée, 
tant elle est naturelle. Au substantif est joint Je suffixe 
uègno, qui marque la collectivité ; il est peu fréquent et 
propre à notre dialecte. On le rencontre dans éfantuègno, 
trassuègno, avec la même idée collective. 

Baste ! adv. Plût à Dieu! A Dieu plaise! — Le fran- 
çais a également le mot baste, peu usité et familier, qui 
signifie : soit, passe pour cela, j'en suis satisfait. Dans le 
lang., Baste! exprime un souhait. Ce n’est donc que la 
différence du vœu, du désir à l'approbation : une nuance. 





BAS 


Les deux mots ont évidemment la mème origine. Baster, 
verbe neutre, impers., anciennement en fr., ne s’est con- 
servé qu’à l’impér., comme en lang. l’ancien verbe Basta. 
L'un et l’autre devaient être contemporains et procédaient 
d'une source commune avec l'ital. Bastare, sufire, qui 
fait basta, il suflit. La racine doit donc être la même pour 
tous, et elle ne peut être que dans le lat. bené stare, qui 
répond à toutes les acceptions dans les trois langues. 

Basté, s. m. Mantelet, sellette d’un cheval de trait, qui - 
supporte le brancard ou limonnière. 

Dim. de Bas, bM. 

Bastéja, v. Charrier à bât, à dos de mulet ou d'âne; 
transporter sur le bât ; porter le bât. 

Dér. de Bas, bât. 

Basti, v. Bâtir, construire en maçonnerie; établir ; battre 
violemment, frapper, jeter contre le mur. — Lou roussi- 
gnéou couménço dé bast}, le rossignol commence à bâtir 
son nid. Bastè sus lou davan, en parlant d'un homme, 
engraisser, prendre du ventre; d’une femme, être enceinte ; 
avancer dans sa grossesse. Bastirièi aquél drole, quand 
bado coumo aqud, je souffletterais cet enfant, quand il crie 
de la sorte. Quéow m'a bastà aquél qusas? qui m'a amené 
ce gueux-là? 

Dér. du gr. Bxstés, bâton, parce que dans les premiers 
âges on construisait les maisons avec des perches et des 
barres. 

Bastido, s. f. Maisonnette de campagne ; villa. 

En Provence, et à Marseille surtout, ce nom a été donné 
aux pavillons et aux maisons des jardins qui sont dans la 
banlieue des villes. Il ne s'applique qu’à des maisons 
d'agrément, et non aux fermes et aux bâtiments d’exploi- 
tation. 

Dér. de Basti. 

Bastiè, s. m. Bourrelier; ouvrier qui fabrique des bats; 
celui qui fait et vend tout l'équipage des bêtes de somme, 
bâts et gros harnais. 

Dér. de Bas, hât. 

Bastimén, s. m. Navire, vaisseau. — Il est impropre 
de s’en servir pour désigner un bâtiment sur terre, un 
édifice. 

Dér. de Basti. 

Bastisso, s. f. Bâtiment, construction en maçonnerie ; 
toute chose bâtie; action de bâtir ; frais de construction. 
— Aïimo la bastisso, il a la manie de faire bâtir, la maladie 
de la truelle. Aquélo acdou faï dé bono bastisso, ce mortier 
fait une excellente prise. La bastisso la arouina, la manie 
de bâtir l’a ruiné. 

Dér. de Bast. 

Bastoü, s. m. Dim. Bastouné, péj. Bastounas. Bâton ; 
canne ; long morceau de bois, brut ou travaillé, que l’on 
porte à la main pour se soutenir, pour parader, pour con- 
duire des animaux, pour se défendre, etc. — Séras moun. 
bastoù dé vidièsso, tu seras mon bâton de vieillesse; mon. 
appui, mon soutien dans mes vieux ans. Tour ddou bastoù, 








BAT 


tour de bâton, pour dire profits casuels et illicites d’un 

emploi. 

Dér. du gr. Bastés. 

Bastounado, s. f. Bastonnade ; 
bâton. 

Batacla, v. Bâcler une affaire, la terminer rondement, 
promptement; finir un ouvrage rapidement, tambour-bat- 
tant. — Séra lèou batacla, ce sera bientôt troussé. 

Dér. du lat. Baculare, fermer avec un bâton. 

Bataclan, s. m. Avoir, mobilier d’une maison; nippes 
et argent ; équipage; étalage; batterie de cuisine ; attirail 
de ménage. — À éseudéla tout soun bataclan, il a dissipé 
tout son saint-frusquin. Empourtas tout voste bataclan, 
emportez tout votre attirail, tout ce qui vous appartient. 

En provençal, on dit Pataclan, c'est évidemment le 
même mot. Cette homonymie ne pourrait-elle pas mettre 
sur la voie de l'étym. ? Ne dériverait-il pasalors de Pato, 

“chiffon, tiré du gr. Mérnux, chose vile, et de Kkéw, rompre, 
briser, Kiéoua, éclat, morceau ? 

Batado,'s. f. Dim. Batadéto, péj. Batadasso. Empreinte 
de la patte d'un animal. 

Dér. de Bato. 

Bataïa, v. Bavarder ; brailler ; babiller; batailler en 
paroles. 

Dér. du lat. Batuere, combattre, se disputer. 

Bataïaïre, aïro, adj. Péjor. Bataïairas, asso. Babillard ; 
braillard; bavard qui aime la discussion. 

Dér. de Bataïa. 

Bataïo, s. f. Bataille; batterie, querelle entre des com- 
battants. — Faïre la bataïo, jouer à la bataille, à coups de 
fronde. C'est une sorte de petite guerre qui a été fort en 
vogue chez les enfants et jusque chez les gars de quinze à 
dix-huit ans, sous le Directoire et le Consulat. Les diffé- 
rents quartiers d'une ville se formaient sous des bannières 
différentes. Ce jeu avait fini par donner lieu à des études 
de stratégie et de ruses de guerre fort savantes. La police 
alors se montrait peu répressive aux développements de 
cette science, et les enfants avaient d'autant plus de zèle 
et de loisir pour cet exercice qu'on trouvait peu d'écoles 
de ce temps. Pendant l'Empire, il y avait ailleurs trop 
d'occasions sérieuses de batailler pour chercher des amuse- 
ments dans limitation. Plus tard, la police mit bon ordre 
à des jeux qui avaient voulu reprendre leurs anciennes 
proportions. Sous le nouvel empire, ces divertissements 
enfantins seraient moins tolérés que jamais. La paix n'est- 
elle pas son principe ? 

Emp. au fr. 

Bataïoun, s. "”. Bataillon; grand nombre, multitude ; 

* foule. 

Emp. au fr. 

Batanlul, s. m. Espèce de coiffe, de bonnet de femme, 
dont la dentelle descend sur le front-et les Yeux: comme un 
demi-voile. 

Dér. du fr. Battant-l'œil, terme que la mode consacra 


volée de coups de 





BAT 99 


dans le temps, et qui a passé avec elle. L'expression, qui + 
est restée générique en languedocien, a survécu. 

Batéiè, ièiro, adj. Dér. de Batèou. — Voy. Barquié. 

Batéire, éiro, adj. Qui aime à battre, qui cherche 
noise ; querelleur ; disputeur. 

Dér. de Batre. . 

Batéja, v. Baptiser, donner, conférer le baptème; donner 
un sobriquet à quelqu'un ; asperger d'eau la tête de quel- 
qu'un par plaisanterie ; tremper, arroser d’eau.— Batéja lou 
vi, tremper le vin. Couro batéjes ? Quand feras-tu baptiser 
ton enfant ? c'est-à-dire quand ta femme accouchera-t-elle ? 
L'an batéja émbé d'aïgo dé mérlusso, c'est un mauvais 
chrétien, un mal-baptisé. Batéja souto'n cade; quand les 
protestants n'avaient point le libre exercice de leur culte, 
c’est dans les champs, au désert, qu'ils accomplissaient 
toutes leurs cérémonies religieuses, et que par conséquent 
ils donnaient le baptême ; de là, pour indiquer un protes- 
tant, le dicton : és ésta batéja souto'n cade, il à été bap- 
tisé sous un genévrier. Ce dicton, par extension, tend bien 
aussi à prendre la signification du précédent. 7 fariè batéja 
un téoulé, il lui inspire tant de confiance, il a tant d'em- 
pire sur lui, qu'il lui ferait baptiser une tuile, qu'il lui 
ferait croire que les enfants se font par l'oreille, Té véou 
batéja coumo sé déou, je vais t'asperger comme il faut. 

Lou Batéja, cérémonie; escorte ; fète de baptème. 

Dér. du gr: Béxzeuv, plonger dans l’eau. 

Batéjado (La), s. f. n. pr. de lieu. La Batéjade, quar- 
tier voisin du hameau de Larnac, dans la commune 
d’Alais. Son nom lui vient-il de ce que, au moment de 
l'introduction du christianisme dans les Gaules, ce lieu 
fut témoin de la prédication de la foi nouvelle par un des pre- 
miers apôtres et de la conversion des plus anciens habitants 
de nos contrées? Nous ne le pensons pas. Il semble plutôt 
ne dater que de l’époque de nos dissidences religieuses où 
les cérémonies du culte, les assemblées et l'administration 
du baptème se faisaient, comme on disait, au désert. 

Batèmo, s. m. Baptème, sacrement qui efface le péché 
originel et rend chrétien; le premier des sacrements. — A 
pas qué lou batèmo dé trop, il a le baptème de trop : c’est 
une brute. Téni én batémo, être parrain d'un enfant. 

Dér. du lat. Baptisma. 

Batén, s. m. Vanteau de porte, de croisée, d'armoire. 

Dér. de Batre. 

Bat-én-goulo (Dé), adv. Tout grand-ouvert ; ouvert à 
deux battants ; béant. 

Formé de Bat ou batén, vanteau, èt de Gdoule, jable, 
mortaise ; c’est-à-dire battant ou vanteau à mortaise. 

Batèou, s. m. Bateau, petit vaisseau qui va à rames, et 
qui est particulièrement destiné à naviguer sur les rivières 
ou dans les ports. 

Emp. au fr. Dans la bass. lat. Batellus. 

Batèsto, s. f. Batterie ; rixe ; combat à coups de poings, 
de bâton ou de pierre. 

Dér. de Batre. 


La 


100 BAT 


Batioù, s. m». Pied de cochon, de mouton, spécialement ; 
pince d’un cheval. Par ext. péton d’un petit enfant. 

Dim. de Bato. 

Batisto, n. pr. d'homme. Dim. Batistoù, souvent abré- 
gés l’un en Tisto, l'autre en Tistoù. Baptiste : nom insépa- 
rable de Jean, qui vient de saint Jean-Baptiste. — Tran- 
quinle coumo Batisto, tranquille comme Baptiste ; on dit 
de même proverbialement en français : un père tran- 
quille. 

Batistouèro, s. #». Constatation du baptème sur le 
registre curial ; l'acte lui-même. On disait autrefois l'extrait 
baptistère ou de baptème, ce qui équivalait à l'acte de 
naissance d'aujourd'hui, lorsque les curés étaient ch r:és 
de la tenue des actes de l’état civil. En languedocien, 
malgré ce changement dans nos institutions, on nomine 
encore un acte de naissance : batistouèro. — Régarde lou 
batistouèro d’aquélo miolo, regarde l'âge de cette mule à ses 
dents. À pérdu soun batistouèro, dit-on d’une femme qui 
cache son âge. 

Dér. du lat. Baptisma. 

Bato, s. f. Dim. Batéto, batioù, péjor. Batasso. Pied; 
corne du pied des bœufs, des brebis, des porcs, des chè- 
vres ; sabot d’un cheval, d’une mule, d'un âne. — Dalica 
coumo uno bato d’ase, douillet comme le sabot d’un âne; 
par contre-vérité. À vira las batos, il a tourné les pieds 
en l’air ; il est mort, ou il est crevé. 

Bato dé bidou, espèce de grosse figue, assez fade et 
aplatie. 

Voy. Pato. 

Dér. de Batre, par la raison que c’est avec cette partie 
que les animaux battent ou foulent le sol. 

Bato-quioulo, s. f. Casse-cul, selle ; contre-coup sur le 
derrière, comme lorsqu'on tombe en glissant, ou qu'on 
vous enlève une chaise sur laquelle vous comptiez vous 
asseoir. — Douna la bato-quioulo, est un jeu d'enfants 
(cet âge est sans pitié) qui consiste à prendre le patient, 
ordinairement le plus faible de la bande, et en le soule- 
vant par la tête et par les pieds, à lui faire, par saccades 
régulières, donner du derrière contre une pierre ou sur le 
sol. 

Sauvages rapporte que « a selle est en Lombardie le 
supplice des banquerouliers, et la pierre sur laquelle on 
les fait tomber en les hissant et en les lâchant de fort 
haut, au moyen d'une corde et d’une poulie, est appelée : 
pierre d'ignominie. » C'est de l’histoire du moyen âge, et 
peut-être du temps du roi Didier. Ces sortes de supplices 
spéciaux sont aujourd'hui abolis partout. 

Formé de Batre et de Quiou. 

Batre, v. Battre; frapper; donner des coups; frapper 
fortement. — Batre dé las dos mans, terme d'agric., 
bècher des deux côtés, de manière à rejeter la terre sur un 
mème point pour niveler le terrain et combler un bas-fond. 
Batre la pavano, vagabonder. Batre uno marcho, suivre 
un plan de conduite, entrer dans une voie : il se prend 





BÈ 


d'ordinaire en mauvaise part. Chacun ba sa marcho, cha- 
cun tire de son côté. Batre atoùs, jouer de l’atout. Batre 
las cartos, mèler les cartes. Batre la campagno, battre la 
campagne ; radoter ; chercher des faux-fuyants. Batre l'a 

émbe un bastoù, battre l'eau avec un bâton, perdre son 
temps. Batre d'idous, brouiller des œufs. Ména un bèl 
batre, faire étalage de sa fortune ; mener grand train; faire 
un commerce sur une grande échelle. 

Dér. du lat. Batuere, battre. 

Batu, udo, part. pass. de Batre. 
et batu, les battus paient l'amende. 

Batudo, s. f. Battue, terme de chasse et de louveterie; 
battue, terme de filature, quantité de cocons mise en une 
fois dans la bassine à filer et à battre avec le petit balai; 
séance de travail sans désemparer; quantité de travail que 
fait un ouvrier entre un repas et l’autre. 

Dér. de Batre. 

Batuma, v. Enduire; cimenter; empoisser ; goudronner. 
Par ext. enduire un mur, terme de maçon. — Batuwmo, 
dit-on d’un ivrogne qui s’en va battant les murailles. 

Dér. du lat. Bitumen. 

Baturèl, èlo, adj. Péj. Baturélas, asso. Bavard; babil- 
lard; caqueteur; causeur ennuyeux. 

Métathèse de Barutèl. 

Bavar, ardo, adj. Dim. Bavardé, bavardoù, né. Bavar- 
das. Bavard, babillard ; effronté, impertinent; sot, insolent. 

Dér. de Baba. 

Bavardije, s. f. Bavarderie ; impertinence ; effronterie. 

Mème étym. que le précéd. 

Bé, s. m. Dim. Béné, augm. Bénas. Domaine ; immeuble 
rural, quelle que soitson importance ; génériquement, for- 
tune, avoir, biens, possessions, richesses. — À foço bé dou 
sourél, il est riche en fonds de terre. Pér tout lou bé qué 
sé souréio, voudrièi pas... pour toute la fortune du monde, 
je ne voudrais pas... Un bé de dous coubles, un domaine 
de deux charrues. 

Dér. du lat. Benè. 

Bé, adv. Bien; beaucoup; considérablement. Cette 
expression est prise explétivement comme en fr., pour 
synonyme de : en effet, certainement, à la vérité ! Devant : 
une voyelle, on y joint un » euphonique. Elle prend aussi 
quelquefois la forme substantive. — Bé talamén, très-cer- 
tainement! Y soui bén-ana, j'y ai bien été. — Gna bé 
foço, il y en a en effet beaucoup. Dé bé s'én fdou, il s'en 
faut bien, il s’en faut de beaucoup. Tout sé faï pér un bé, 
rien ne se fait sans raison. Ou fasiè pér un bé, il le faisait 
dans de bonnes intentions. Ou a tout fa hormi lou bé, il a 
fait toutes sortes de choses excepté le bien. Fasés dé bé à 
Bértran, vous ou réndra én cagan, prvb., Graissez les” 
bottes d’un vilain, il dit que ça les brûle; chantez à l'âne, 
il vous fera un pet, ce qui revient au vieux prvb. fr. : Oignez 
vilain, il vous poindra ; qui ajoute de plus que le nôtre: 
Poignez vilain, il vous oindra. 

Dér. du lat. Benè. 


Battu, ue. — Coucu 


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BEC 

Bè, s. m. Dim. Béqué, béquoù, péj. Béquas. Bec, partie 
cornée qui tient lieu de bouche aux oiseaux; nez; pointe 
en forme de bec; au fig. babil, langue, caquet. — A un 
pouli bè, il a un fameux nez, fam. un fameux pif. Taïo ta 
piolo ? dé bè! dé bè! expr. prvb., mot à mot : ta hache 
coupe-t-elle? de la pointe seulement; mais cela s'applique 
à une personne qui n’a que du jargon, à un faux brave. 
Un co dé bè, un coup de langue, un trait satyrique, un 
sarcasme. Manquo pas dé bè, il ne manque pas de babil. 
Tène lou bè din l'aïgo, payer par)de belles paroles, faire 
attendre. 

Dér. du gaulois Becq, ou du celto-breton bak ou beg. 

Bèbo; s. f. Moue, mine ou grimace de mauvaise humeur, 
de bouderie. — Faïre la bèbo, faire la moue, bouder. 

Dér. de Be. 

Bécar, s. m. Goujon, bouillerot, Cyprinus gobio, Linn. 
C'est un petit poisson de rivière (bien qu'on cite un pècheur, 
un seul, qui en prit un de 250 grammes ou demi-livre pour 
ètre clair), d’un bleu noirâtre sur le dos et le ventre blan- 
châtre à filets jaunes. Son nom de Bécar lui viendrait-il de ce 
qu’il mord, ou bèquo, facilement à l'hameçon des pècheurs- 
amateurs, dont il est la grande ressource ? 

Bécaru ou Bécharu, s. ». Flamant, bécharu, phéni- 
coptère, Phænicopterus ruber, Linn., oiseau de l'ordre des 
Échassiers. Son nom lui vient de la grosseur de son bec. 

Bécasso, s. f. Bécasse; bécasse ordinaire, Scolopax rus- 
ticola, Linn., oiseau de l'ordre des Échassiers et de la fam, 
des Tenuirostres. Sa chair est très-estimée; gibier d’un 
fumet supérieur. Son long bec effilé lui a fait donner son 
nom. 

Bécasso s'applique au fig. à une personne niaise; sot, 
butor. — Ch coumo uno bécasso, stupide comme une 
bécasse. Tout aqud sés foundu ën mèrdo dé bécasso, tout 
cela est venu à rien. : 

Les deux dim. Bécassoù, s. m., Bécassino, s. f., bécas- 
sine, Scolopaæ gallinago, Linn., sont des oiseaux du même 
genre et de la mème famille que la bécasso, plus petits 
comme, leur nom l'indique, mais de mème fumet et de 
pareille délicatesse de chair. 

Béchar, s. m. Dim. Béchardé. Houe fourchue, houe à 
deux becs, binette, qui est l'instrument le plus usité dans 
ce pays pour travailler la vigne, les müriers, et pour toute 
espèce de travail à bras, là où la pierraille empèche d'em- 
ployer le louchet. — Voy. Luché. 

Dér. de la bass. lat. Besca ou becca, bèche. 


Béchérino, s. f., ou Réïné. Roitelet, le plus petit des 


oiseaux d'Europe. Il y en a de deux espèces également 
communes dans nos contrées et que le languedocien con- 
fond sous le même nom ; ce sont le roitelet ordinaire, Re- 
gulus cristatus, et le roitelet triple-bandeau, Regulus igni- 
capillus, Term. Le second ne diffère que par le dessus de 
sa tête, orangé couleur de feu, du premier, dont les parties 
supérieures sont olivâtres nuancées de jaune, gorge et 


poitrine roussâtres, etles parties inférieures blanchâtres. 





BED 101 


Bèchos, s. f.plur. Lèvres ; grosses et laides lèvres. Ne 
se prend qu'au péjoratif, en terme de mépris. Autrement 
on dit : las bouquos. 

Dér. de Bé. : 

Béchu, udo, adj. Péj. Béchudas, asso. Lippu ; qui a de 
grosses et vilaines lèvres ; bec-de-lièvre. 

Dér. de Be. 

Bécu, udo, adj. Dim. Bécudé, péj. Bécudas. Qui a un 
bec, une pointe en forme de bec. Au fig. babillard ; rai- 
sonneur; qui se rebèque, qui réplique à tout. — Péses 
bécus, pois pointus, pois-chiches. Sièto bécudo, écuelle à 
bec (Voy. Crouséludo). Es uno bécudo, elle a la langue 
affilée. 

Bèdaïne, s. m. Bec-d’âne, outil de menuisier, espèce de 
rabot destiné à vider les mortaises. 

Emp. au fr. 

Bédé, s. m. Petit agneau, terme d'amitié qu'un berger 
donne à un agneau favori. Lous bédés, les moutons ou les 
brebis, dans le dictionnaire des petits enfants. 

Onomatopée tirée du bèlement des brebis ; le gr. avait 
aussi B%, et le latin Dee, pour exprimer le bèlement. 

Bédigano, s. f. Sarment, liane de vigne sauvage dont 
on fait des cannes. 

Formé et corrompu de Védil et de cano. — V. c. m. 

Bédigas, s. m. Bédigasso, 8. f. Dim. Bédigassé, péjor. 
Bédigassas. Agneau d’un an, mouton de l’avant-dernière 
portée. Au mois de septembre, les agneaux de l’année com- 
mencent à s'appeler Bédigas, nom qu'ils conservent jus- 
qu’au mois de septembre suivant, où ils deviennent Dou- 
blén. À 
Bédigas, au masc. et Bédigasso, au fém. se disent des 
bonnes personnes, sans fiel et sans malice. Bédigas est 
aussi un terme de commisération. — Es un bédigas, un 
bédigassas, un bédigas sans lano, c'est un bonhomme, une 
bonne pâte d'homme, une bête du bon Dieu. Pdoure bédi- 
gas ! pauvre homme ! le poverazzo des Italiens. 

Augment. de Bédé. 

Bédigo, s. f. Brebis de l'année; brebis maigre, malingre, 
éclopée. — Voy. Bédigas. 

Bédin-Bédos, s. m. Jeu des osselets; osselets. — Les 
enfants, pour jouer à ce jeu, se munissent d’osselets, qui 
font le plus souvent l'enjeu, quand il n’est pas autrement 
intéressé ; chacun des joueurs doit en avoir au moins trois. 
L'adresse consiste à placer les osselets dans un trou 
creusé dans la terre, à une certaine distance. Au premier 
coup celui qui joue dit : Bédin ou bédà ; au second, bédès 
ou bédà, et au troisième, sdauto din lou crès. L'incantation 
et le jet doivent être rapides ; le gain de la partie appar- 
tient, comme de raison, au plus adroit, qui fait rafle. Ce 
jeu est fort ancien ; l’histoire raconte qu'Auguste, empe- 
reur, s’y divertissait beaucoup. 

Les osselets avec lesquels on joue, sont la rotule du 
genou des moutons. Le nom du jeu ne viendrait-il pas, 
pour cette raison, de Bédé, mouton, agneau? 


102 BEL 

Béfa, s. m. Bienfait ; bonne œuvre; bonne action. 

Dér. du lat. Benefactum. 

Bèfi, io, adj. Péj. Béfias, asso. — Voy. Bof. 

Bégatagno, adj. des deux genres. Bègue, qui bégaie. 

Péjoratif de Bègue. 

Bégu, udo, part. pass. du v. Béoure. Bu, bue. — Y-a 
bégu, il a donné dans le panneau. 

Bégudo, s. f. Bouchon, petit cabaret de route, où l'on 

s'arrête pour se rafraichir. Ce mot est devenu nom propre 
pour une foule de maisons et de lieux où cette industrie 
ne s'exerce plus, mais où elle existait autrefois. 

Dér. de Bégu. 

Bègue, bèguo, adj. Bègue, qui bégaie. 

Dér. du gaul. Bec, d'où le lat. beccus. 

Bégui, s. m. Dim. Zéguiné. Béguin, bonnet d’enfant de 
naissance; têtière ou coiffe de toile, qu'on attache sous le 
menton au moyen d’une bride; béguin en velours ou en 
soie qu’on leur met un peu plus tard par-dessus la têtière. 
— L'a prés dou bégui, lou quitara dou couïss, c'est un 
défaut qu'il à pris au berceau et qu'il ne quittera qu’au 
tombeau. 

Ce mot, comme son correspondant français, dérive évi- 
demment du mot Béguine, parce que sans doute les reli- 
gieuses de ce nom portaient une coiffure à peu près sem- 
blable dans l’origine. Elles formaient un ordre fort ancien 
et qui est resté fort populaire en Belgique, où elles exer- 
çaient une œuvre de miséricorde. Ce nom, d’après un 
auteur anglais, vient de la première fondatrice de l’ordre, 
Bégué, fille de Pépin de Landon, mère de Pépin d’Héristal 
et grand'mère de Charles-Martel, qui fonda la première 
maison à Gand, au VII siècle. 

D'autres le font dériver d’un chanoine de Liége, nommé 
Lambert dit Le Bègue, qui aurait fondé cet ordre en 4477. 
A cette époque les surnoms avaient plus d'importance que 
de nos jours, ils devenaient l'appellation vulgaire, et il 
n’est pas élonnant que ce Le Bègue ait pu donner son 
nom à un monastère dé sa fondation. 

Un mot allemand pourrait aussi intervenir dans l’étym. 
C’est Beginn, commencement, origine; bonnet qu'on met 
aux enfants nouveau-nés. 

Bèjâoune, s. m. Béjaune. Les deux acceptions du fr. 
au prop. et au fig. ne sont point admises en lang. Cette 
expression n’a cours que dans cette phrase ; Paga lou 
bèjdoune, payer la bienvenue, la mise hors de page, la 
sortie du noviciat. 

Bèl, bèlo, adj., au plur. Büles, bèlos ; dim. Bélé, péjor. 
Bélas. Grand; gros ; vaste. — Gardoù és bèl, la rivière a 
grossi. S'és fa bèl, il a grandi. On dit aussi : És un bol 
éfan, c'est un bel enfant; mais ce n’est que par euphonie, 
bèl est pris là pour bèou, beau. 

Dér. du lat. Bellus, beau, bien fait. Il parait que dans 
les premiers Ages de notre idiome, âges éminemment guer- 
riers, la beauté était inséparable d’une belle taille. Bellus 
était évidemment la qualité d’un homme fort et propre à 





BEL 
la guerre, bellum. En fr. encore, on‘ne dira pas bel homme, 
ni belle femme, d’un individu mignon et de courte sta- 
ture; c'est pour ce dernier qu'a été inventé le mot : 
joli. 

Bèl-Bèl, locution au mase. qui n'est employée que 
comme suit : Faïre lou bèl-bèl, flagorner ; accabler de pré- 
venances ; flatter l’amour-propre; faire tout beau à un 
chien; montrer une friandise ou un joujou à un enfant, 
sans vouloir le lui laisser prendre. 

Bül est pris ici pour synonyme de beau. 

Bélèou, adv. Peut-être; il est possible. — Qué dis 
bélèou, n'és pas ségu, dire peut-être, n'est pas affirmer, 
donner ni avoir l'assurance. 

Bèles (A), à bèlos, adv. Un par un; un après l’autre. 
— A bèles sôous, un sou après l’autre. À bèlos fés, à plu- 
sieurs reprises. A bèlos palados, par pelletées. A bèlos 
avéngudos, par accès, par crises. À bèlos troupélados, par 
pelotons. À bèles flos, un morceau après l’autre, par petits 
morceaux. À bèles us, un par un. À bèles dous, deux à 
deux, deux par deux. A bèles dès, à bèles douje, par 
dizaine, par douzaine ; dix, douze à la fois. À bèlos houros, 
parfois, quelquefois. 

Bélétos, s. f. pl. Petites pièces de monnaie; argent 
mignon. — Foudra bé qu'apounche sas bélétos, il faudra 
bien qu'il délie les cordons de sa bourse. 

Dér. de Bèou. 

Bélicoquo, s. f., ou Piquo-poulo. Fruit du micocou- 
lier, qui est une petite baie à noyau, noire quand elle est 
mûre, sèche, doucetre, et qui n’a presque qu'une peau 
ridée sur son noyau ; on en fait une tisane béchique. 

Bélicouquiè, s. m., ou Fanabrégou, ou Piquo-pouiè. 
Micocoulier, Celtis australis, Linn., arbre de la fam. des 
Amentacées, qui vient très-grand et très-vieux. Son, bois, 
qui a les fibres longues, fortes et flexibles, compacte et 
dur, est très-estimé pour le charronnage. Dans les Céven- 
nes, on le recépait comme les saules, et de ses pousses, 
quand elles étaient arrivées à l’âge de trois ans, on faisait 
des cercles de tonneau, qui duraient fort longtemps. Cette 
industrie s’est perdue, soit par la rareté de ce bois que les 
défrichements ont singulièrement éclairei, soit par l'emploi 
très-répandu des cercles en fer laminé. Cet arbre est soi- 
gneusement ménagé en taillis à Sauve (Gard), où lon en 
fabrique des fourches à trois becs, les seules dont on se 
serve dans tout le pays pour remuer et tourner les pailles 
et les foins. 

Béloio, s. f. Bijou, parure, affiquets de femme. 

Dér. de Bèou. 

Bèlos (Dé), s. f. pl. Terme de jeu. Ne se dit que dans 
la phrase : Faïre dé bèlos, parier en dehors du jeu prin- 
cipal, comme les paris de la galerie à l’écarté. C’est sur- 
tout au jeu de dés, au passe-dix, que ce terme était em- 
ployé. Ce jeu, qui était fort usité parmi les gamins, il-y a 
quarante où cinquante ans, s'établissait en plein air et sur 
les places. On formait une masse ou poule des mises de 


COS PS RE 





BEN 
tous les joueurs, et celui qui amenait le plus gros point on 
la plus forte rafle, gagnait la poule. Mais le joueur le plus 
hardi, ou qui voulait jouer plus gros jeu, au moment où il 
avait les dés en main, proposait à la galerie de parier 
qu'il ne dépasserait pas tel nombre ; s’il dépassait ce nombre, 
il avait perdu. C'est ce pari d'extra qu'on nommait dé bèlos. 

Dér. de Bou. 

Béloun, n. pr. Dim. Bélouné. C'est un dim. du nom 
de femme Isabelle ou Elisabeth. — Voy. Babèou. 

Bélouso, s. f. Blouse, un des six trous du billard. — 
Ficha din la bélouso, blouser; duper; tromper ; mettre 
dans l'embarras. 

Emp. au fr. 

Bélugo, s. f. Dim. Béluguüéto. Bluette, étincelle qui 
s'échappe du feu. — Es tout fid, tout bélugo, il est vif 
comme la poudre, il est plein de zèle et d’ardeur. 

Dér. du lat, Lux, lumière, précédé de la particule 
rédupl. bé. 

Bélugué, éto, adj. Vif; léger ; alerte, éveillé ; 
tillé ; fringant ; sémillant. 

Béluguéja, v. Etinceler; pétiller ; briller ; éclater. — 
Tout li béluguéjo, il est pétillant de vivacité ou d'esprit. 
La fidio couménço dé béluguèja, les bourgeons des müriers 
commencent à poindre et à prendre un reflet doré. 

Dér. de Bélugo. 

Bèmi, bèmio, adj. Péjor. Bémias. Bohème, bohémien, 


émous- 


. truand, qu'on appelle Gitanos en Espagne, Zingari en 


Italie, Zigenner en Allemagne et Gypsi en Angleterre ; au 
moyen âge, le fr. les nommait Bèmes ou Besmes ; peuplade 
errante, tribu vagabonde, que chaque peuple fait sortir 
d’une origine différente. Ceux que l’on voit dans notre 
pays, nous arrivent des frontières de l’Espagne et du Rous- 
sillon. Aussi les appelle-t-on vulgairement Catalans. Ils se 
rendent par bandes à nos foires, vendant des Anes et des 
mules, disant la bonne aventure, et exerçant souvent des 
industries moins légales. Ils marchent ainsi en tribu com- 
posée d'hommes, de femmes et d'enfants, ne logent jamais 
dans les hôtelleries, mais bivouaquent sur une grève, 
campent sur les bords d’un chemin ou sous l'arche d'un 
pont, se nourrissant d'animaux morts où de débris de 
légumes qu'ils ramassent par les rues. Ils sont très-friands 


On dit adjectivement Bèmi, d'un homme de mauvaise 
mine ou de mauvaise foi. — Franc coumo un bèmi, franc 
comme un Bohème : cdd edge 
vérité. 

Sous la Ligue, on a donné le boul 46 Bho-au meur- 
trier de l'amiral de Coligny, qui était de la Bohème et se 
nommait Charles Dianowitz. — Voy. Bigoro (bando dé). 

-Corrupt. de Bohème. — Voy. Catalan. 

Bémian, ano, ou ando, adj. Bohémien. — Voy. Bèmi 

Bénda, v. Bander, envelopper d'une bande ; lier avec 


une bande. — Bénda uno rodo, embattre une roue. 


Dér. de Béndo. 


À 
Bi 





BEN 103 


Béndaje, s. m. Bandage de herüie, exclusivement. Les 
autres acceptions s’'arrangent avec Béndo, qui suit. 

Béndèou, s. m. Dim. Béndèlé, péj. Béndèlas. Bandeau ; 
bande pour ceindre le front ou pour couvrir les yeux; 
plus spécialement bande de toile, bordée d’une petite den- 
telle, dont les femmes du peuple se servaient autrefois pour 
se serrer la tête et les cheveux par-dessous la coiffe, et 
qu'on met encore aux enfants au maillot sous leur béguin. 

Dim. de Béndo. 

Béndo, s. f. Bande d'étoffe , pièce de linge, plus longue 
que large, destinée à entourer quelque partie du corps, une 
plaie, un membre; bande de fer pour renforcer les jantes 
d'une roue; bandage de roue. 

Le radical de ce mot se trouve dans beaucoup de lan- 
gues : en persan, bend, lien ; en allem. anc., band, aujour- 
d’hui %enden, lier, bind, lien; en lat., pandere, déplier, 
étendre; dans la bass. lat. bandum, bandellus ; d'où le 
roman benda. 

Bénédiciou, s. f. Bénédiction, cérémonie par laquelle 
on bénit ; vœux favorables; abondance, bienfaits du ciel. 
— Ana à la bénédiciou, aller au salut. Pldou qu'és uno 
bénédiciou, il pleut à seaux. Gn'avié qu'èro uno bénédiciou, 
il y en avait à foison. 

Dér. du lat. Benedictio. 

Bénézé, n. pr. d'homme, fort répandu dans ce pays: 
au fém. Bénézéto. C’est un dim. de Bénouë, Benoit, et 
tous, en lang. et en fr., dér. du lat. Benedictus, béni. 

Bénhuroüs, ouso, adj. Dim. Bénhurousé. Un bienheu- 
reux, un saint-homme, un innocent ; une personne sans 
malice, sans vice. — Voy. Bénura. 

Dér. de Bé et Huroùs. 

Béni, v. Bénir, consacrer au culle divin ; donner la 
bénédiction ; louer, remercier ; faire prospérer. — Diou té 
bénisque ! Dieu te bénisse ! expression qu’on adresse à celui 
qui éternue. Cièrge béni, cierge bénit. Aïgo-bénito, eau- 
bénite. Dé pan-béni, du pain-bénit. 

Dér. du lat. Benedicere. 

Bénissiadiou ! interj. Littéralement : 
béni ! Merci ! Grâces à Dieu! 

Dér. de Béni, siègue contracté en sia, et Diou. 

Bénitiè, s. m. Bénitier, vase à l’eau-bénite, placé à 
l'entrée des églises catholiques, où au chevet de lits, ou 
au-dessus d’un prie-Dieu. 

Dér. de Béni. 

Bénobre, s. m.n. pr. de lieu, ou Vénobre. Vézenobres, 
chef-lieu de canton dans l'arrondissement d’Alais. 

La tradition rapporte que le vieux château de Véze- 
nobres, dont il ne reste plus que quelques pans de murs, 
et dans l'enceinte duquel est bâtie la plus grande partie du 
haut village, fut attaqué par les Sarrazins après leur 
déroute à Poitiers, due à Charles-Martel. C'était sans doute 
une forte position, qu’ils convoitaient pour un de leurs 
postes de défense. Ils en furent repoussés par les habitants, 
qui délivrèrent par là tout le pays d’un semblable voisinage. 


que Dieu soit 


104 BÉN 


Une autre tradition, moins glorieuse, est rapportée par 


l'historien Ménard. A la fin du XIVe siècle, pendant les 
troubles de la minorité de Charles VI, une troupe de 
rebelles des environs de Nimes, excédés sans doute du 
poids des impôts et provoqués par le désordre des guerres 
civiles, avait pris les armes et commettait toutes sortes de 
brigandages chez les nobles et les riches. Ces bandes étaient 
désignées sous le nom de Touchis. On prétend que les 
habitants de Vézenobres favorisèrent ces pillards; peut- 
être ne firent-ils que leur donner asile à contre-cœur; tou- 
jours est-il que le surnom de Touchà dé Bénobre leur fut 
donné en souvenir de ces faits. Ce sobriquet est venu 
grossir ainsi la nomenclature de surnoms, d'ordinaire 
peu flatteurs, que les localités rivales et voisines se don- 
naient entre elles au moyen âge. 

Le nom de Bénobre est arrivé au languedocien après de 
nombreuses variantes. Le latin du moyen âge l'écrit dans 
un titre de 4050 Vezenobrium ; en 4052 et 4054 Vinedo- 
brium ; en 4060 Vidanobre et Vinadobre dans le même 
acte; en 4077 Vinezobre ; en 11400 Vedenobrium ; en 1125 
et 1128 Vezenobre; en 1142 Vedenobrium ; en 1144 et 
1150 Vesenobre ; en 1151 et 4162 Vedenobrium; en 1166 
Vicenobrium; en 1167 Vedenobrium; en 1174 Venedo- 
briwm ; en 1193 Vedenobre , en 1219 Vicenobrium et Veze- 
nobrium, sans parler des variations plus récentes. 

Sur ce thème l’étymologie ne se montre pas clairement. 
Le savant Ménard a voulu la voir dans le mot Virinn, un 
des noms de lieux du territoire des Volces Arécomiques, 
inserit sur un petit piédestal antique conservé au musée 
de Nimes. Ce nom aurait été abrégé à cause des dimen- 
sions du monument ; mais restitué en son entier, il serait 
Virinno ou Virinnum , se rapprochant beaucoup des 
formes que nous citons. L'interprétation a été contestée. 
Cependant qu'on nous permette une analogie, si éloignée 
qu'on voudra. La ville de Bergues, arrondissement de 
Dunkerque (Nord), était anciennement dénommée Gruono- 
Berg, Groenberg, nom tudesque composé de groen, gruen, 
vert, et berg, hauteur, éminence, et le latin le rendait par 
wiridis mons. Soit à cause de cette origine, soit à cause de 
la venue de saint Winoc, qui fit en ce lieu bâtir une église, 
le nom dans les chartes latines se transforma en celui de 
Winociberga. Le rapprochement est facile à saisir : ici la 
forme tudesque domine ; pour nous, c’est la celtique qui 
survit ; mais la traduction latine est de nature à faire im- 
pression et a bien pu se conserver dans une inscription de 
la province romaine, en adoptant le mot Virinn qui s’est 
si bien altéré dans la suite. 

Quoi qu'il en soit, les chartes disent Viceno, Videno, 
Vidano, Veceno, et ajoutent le radical bri, rendu par le 
neutre lat. brium ou bre. Bri est caractéristique de la 
situation, comme suffixe ; il signifie hauteur, colline, élé- 
vation. Vicæn est traduit dans Du Cange par habitatio, 
domus, demeure, maison, et il ajoute : Saæonibus vicæn 
esl pagus, vicus; en saxon vicæn veut dire bourg, village. 





BEN 


Le nom entier signifierait par conséquent demeure élevée, 
bourg ou village, sur une colline : ce qui est exact pour 
Bénobre. 

Le glossaire de Du Cange peut fournir une autre indica- 
tion. On y trouve le mot Vinoblium, — et la ressemblance 
avec notre nom latin n’est pas contestable, — pour vigne, 
champ planté ou propre à être planté de vignes, dont le 
fr. a fait vignoble. Puis, et à l’article suivant : Vinobre, 
eodem intellectu, avec le mème sens. Il y a concordance. 

La dernière forme surtout a le mérite de reproduire le 
mot actuel sans le décomposer : on sait en effet que les 
deux lettres F et B se substituent volontiers l’une à l’autre. 

L'application dans les trois modes, soit éminence verte, 
verdoyante, soit village sur une hauteur, soit lieu planté 
de vignes, est du reste également juste. 

Encore une interprétation, qui pour être la dernière 
n’est peut-être pas la bonne, mais qui prouvera au moins 
que nous avons cherché, si nous n’avons pas trouvé. 

Sur le monument du musée de Nimes, parmi les noms 
inscrits, se trouve celui de Briginn, abrégé plus tard en 
Brinno, qui est devenu le Brignon actuel. Briginn, à 
l'époque la plus ancienne, était une localité, centre de 
population sans doute assez important dans un certain 
rayon. Une voie romaine, celle de Nemausus à Gabalum, 
n’était pas éloignée de Briginn, Brinno, et venait traver- 
ser le Gardon à Ners, en vue du village actuel de Véze- 
nobres. Quand ce village se fonda, peut-être à l’époque 
gallo-romaine, aurait-on voulu que son nom, tout latin 
däns sa première partie, traduisit on exprimât sa situation 
dans le voisinage de l’oppidum le plus considérable alors 
de la contrée, vwicinus, vicino, de Briginn, Brinno, qui 
nous est parvenu avec les abréviations et les altérations 
d'usage. Cette conjecture vient de bien loin, de si loin 
même, qu'on peut sans lui faire le moindre tort, préférer 
les autres; mais elle n’était pas à négliger. ÿ 

Bénoûù, s. m. Auge, sorte de mangeoire pour les brebis. 
Elle se compose de deux planches posées de champ et réu- 
nies par des chevilles d'environ un pied de longueur, ce 
qui laisse entre elles un vide de même dimension, qu'on 
remplit de fourrage ou de regain. Cette mangeoire, aïnsi 
disposée, a pour objet d'empêcher les brebis de mettre les 
pieds dedans et de fouler et de gâter leur provende. 

Dér. du celt. Benn, benne. 

Bénoubrén, énquo, adj., ou Vénoubrén, énquo. 
Habitant de Vézenobres; qui appartient à Vézenobres. 

Bènouri, s. m., ou Fourniguiè, ou Pi-col-dé-sèr. 
Torcol, torcou, turcot ; torcol ordinaire, Yunæ torquilla, 
Linn. Oiseau de l'ordre des Grimpeurs, de la fam. des 
Cunéirostres. Cet oiseau, qui est une espèce de pie, s’ac- 
croche anx troncs d'arbres et se pose sur les grosses bran- 
ches; mais il préfère se tenir à terre où il cherche des 
fourmilières. Sa langue est longue, rugueuse et gluante; 
il l'introduit bravement dans les trous de fourmis, dans 
l'interstice qui se forme entre l'arbre et l'écorce; les four- 


BÉO 


mis, qui y habitent, grimpent sur cette langue, croyant y 
trouver pâture; alors l'oiseau-chasseur la retire et avale 
ses ennemis. Le torcol est curieux à voir de près : il 
retourne sa tête et son cou par des mouvements onduleux 
semblables à ceux des serpents; il ouvre sa queue en 
éventail, tourne ses yeux et redresse les plumes du haut 
de sa tête. Il devient extrèmement gras aux premières 
pluies de l'automne. Les diverses habitudes de cet oiseau 
lui ont valu ses trois noms languedociens ; il est pourtant 
plus habituellement dénommé par le premier. — Voy. 
Fourniguiè, et Pi-col-dé-sèr. 

La prononciation du nom de cet oiseau est l'indice de 
son étymologie. La première syllabe est en effet fortement 
sentie par l'accent grave sur lé, ce qui lui donne aussitôt 
sa filiation de Bè, bec, faisant allusion à la manière ingé- 
nieuse que ce volatile emploie pour se procurer une pro- 
vende de son goût. Si un accent aigu se fût rencontré sur 
le mot, sa signification eùt été changée et il aurait voulu 
dire : bien nourri. Ce qui était moins pittoresque et se 
serait appliqué à bien d’autres. Le caractère et la descrip- 
tion exacte du volatile sont bien mieux représentés par la 
prononciation et l'orthographe de son nom. 

Bénura, ado, adj. et part. pass. Heureux, bienheureux ; 
favorisé du Ciel; à qui tout réussit. 

Bénura comme verbe, signifiant rendre heureux, est peu 
usité, quoique le terme soit bien fait et pittoresque. Mais 
dans le sens de l'adj. ou du part. pas., il est élégant et 
expressif. — Ta bénurado planéto, ton heureux destin. 
Diou l'a bénura, Dieu la béni, l’a rendu heureux. 

Ce mot, d'après Sauvages, paraît être formé du lat. Bona 
et Hora, qui a une bonne heure ou qui l’a eue. On sait en 
effet que les anciens distinguaient les heures favorables et 
les heures funestes : traditions qui se sont conservées dans 
le vieux mot fr. heur, et qui sont passées dans ceux de bon- 
heur et malheur, contraction de bonne heure et male heure. 
A ce titre le lang. devrait écrire notre mot avec un h, 
comme nous avons fait pour Bénhuroùs, qui a la mème 
origine; mais nous supprimons ici la lettre parasite, qui 
n’est qu'étymologique, et dont le retranchement ne nuit en 
rien à la prononciation, par raison de nos règles d'ortho- 

. graphe, et pour avoir d’ailleurs une variété de plus con- 
forme à notre mot à la malouro, où elle ne parait pas 
d'avantage. 

 Bèou, adj. m. sans fém. Beau. — Faï bèou, il fait 
beau. À bèou faïre, il a beau faire. 

Ce mot, dans sa formation, dans sa signification natu- 
relle et dans toutes ses acceptions elliptiques, est d'origine 
française ;: même emploi, mêmes acceptions. 

Béoucaire, s. m.n. pr. de lieu. Beaucaire, ville renom- 
mée par sa foire du 22 juillet. Aussi son nom est-il devenu, 
pourun vaste rayon de pays autour de lui, une date, un point 
important dans l'année. Autrefois les marchands en détail, 
les artisans, les fournisseurs de toute espèce, allaient faire 

_—urs achats en foire de Beaucaire, et pour cela ils avaient 





BÉO 


besoin de réaliser les crédits qu'ils avaient faits dans 
l'année. Quoique aujourd’hui les boutiques et magasins 
se fournissent ailleurs qu'à Beaucaire, l'usage d'arrêter les 
comptes des fournitures à crédit et de réclamer le montant 
des mémoires s'est conservé. Aussi pleut-il à cette époque 
ce qu’on appelle les comptes de Beaucaire : c'est un mau- 
vais quart d'heure pour les débiteurs et un temps fort 
occupé pour MM. les huissiers. — Pér Béoucaïre, ou à 
Béoucaïre à l'époque de la foire de Beaucaire, à la mi- 
juillet. 

Béoucaïre remonte aux temps les plus anciens. Le géogra- 
phe Strabon l'appelle Oÿyépvov, Yyéovov et l'épvov, que les 
auteurs latins Pline, Sidoine Apollinaire, les Tables théodo- 
siennes traduisent par Ugernum ou Ugerno; que l'Anonymede 
Ravenne écrit Ugurnum; qui devint au VIe siècle Castrum 
Odjerno, et dans la bass. lat. Castrum de Ugerno, en 
1020; Belcayra, en 4121 ; Bellicadrum, en 4160, 4178, 
4209; Belloquadra, Bellumquadrum, Belli-quadrum, en 
1226 et plus tard ; en même temps que la langue vulgaire 
disait, en 4125, Belcaire; en 129%, Bauquaire; en 1302, 
Bieuchayre, et en 4435, Belcayre; ce qui a donné enfin le 
nom actuel. 

La première partie du mot, en lang., en fr. et dans la 
latinité du moyen âge, ne présente aucune difficulté. La 
seconde partie cayra, quadra, quadrum ou cadrum, est une 
altération ou une syncope du substantif de la bass. lat. 
cité par Du Cange, quadraria, quadrataria. Cayra a fait 
directement caire, comme quadra et quadrum, dérivant de 
quadraria où quadrataria , en lat. lapidicina, le tout a 
produit carrière, en fr. L'affinité est incontestable ; et tous 
ces dérivés descendent d’un primitif commun, le vieux 
mot celtique cair, pierre, qui se retrouve du reste dans 
une infinité de noms locaux. Nous avons dans nos envi- 
rons, en grand nombre, lous Caïrols, comme désignation 
de quartiers pierreux, ou de carrières de pierres communes. 
La liste serait longue des lieux ayant la mème origine d’ap- 
pellation : Cayrac et Cayrol, dans l'Aveyron; Cayres 
(Haute-Loire); Cayrols (Cantal); Carole (Gers); Carrole 
(Hautes-Pyrénées) ; Carolles (Manche) ; Charolles (Saône- 
et-Loire ; Queyrac (Gironde); Queyras (Hautes-Alpes) ; 
Caralp (Ariége); Carrouge et Carouge (Orne, Seine-et-Oise, 
Suisse); Cayrouse (Aveyron); Quiers (Seine-et-Marne); 
Carrare, en Italie, et autres. 

Sauf tout le respect dû à une opinion assez accréditée, 
qui voudrait que le nom de Belliquadrum où Bellumqua- 
drum eût été donné à Beaucaire à cause d'une tour carrée 
qui dominait l'emplacement sur lequel la ville s’est cons- 
truite, l'étymologie tirée du gaulois cair nous parait préfé- 
rable et plus naturelle. D'ailleurs la même raison appella- 
tive devrait se rencontrer dans les homonymes assez nom- 
breux ; et l’on n’a pas remarqué des traces de la moindre 
tour de forme carrée à Belcaire (Aude), arrondissement de 
Limoux ; à Beaucaire (Aveyron), commune Noviale; à 
Beaucaire (Charente), commune Saint-Amand-de-Nouère ; 

4 


105 


106 BEO 


à Beaucaire (Cher), commune Herry; à Beaucaire (Gers), 
commune Valence, et autres encore ; non plus qu'à Bel- 
caire (Dordogne); à Bellicaire, province de Gerona, et à 
Bellicayre, province de Lerida (Espagne). Ce qui commence 
à donner beaucoup de crédit à notre version. 

Mais il y a plus : le nom grec de Béoucaïre latinisé me 
semble un argument nouveau. Le lieu désigné par Strabon 
existait avant lui et était connu. On a dit que sa forme 
celtique devait être Wern ou Guern, qui veut dire en 
gallois et en bas-breton : aune, aunaie, lieu planté d’aunes; 
vèr, lang. L'application à un castrum sur un grand fleuve 
est juste; mais la dérivation serait-elle moins exacte, si 
Yon admettait que le celtique cair a été le parrain du Fég- 
voy de Strabon, qui se trouvait sans doute précédé d’une 
épithète significative, exprimant en gaulois ce que dit le 
bellum de la bass. lat., Béou du languedocien, et que, dans 
la variante Yyépvov, Strabon aurait traduite et exprimée? 
Ainsi, la première syllabe de Ugernum où Ugerno, lat., ne 
serait-elle pas la diphthongue adverbe Eb, bien, reproduite 
euphoniquement par le latin w? La prononciation du y 
grec et du g latin devant e est dure et se rapproche sen- 
siblement de celle du celtique : ce qui ne met pas à une 
grande distance cair et guer. Le gaulois a encore cairn, 
appliqué aux monuments de pierre, dolmens, qui introduit 
une lettre de plus dans la ressemblance graphique des mots. 
Mais une permutation identique se fait remarquer sur le 
nom d’un ancien oppidum purement celtique, signalé dans 
le savant ouvrage de M. Germer-Durand, Diction. topogr. 
La petite commune de Garn, ancien évèché d'Uzès, aux 
limites du Vivarais, a conservé intacts sa forme et son 
nom celtique, Cairn. Le g s'est substitué au c, inverse- 
ment à ce qui est arrivé dans le roman pour Belcaire, qui 
reprend sa forme primitive; mais par un procédé sem- 
blable à celui employé par le latin et le grec, Ugernum, 
Yyépvoy : preuve que nos déductions sont vraisemblables. 
_La terminaison en o, si commune dans les appellations 
celtiques, ne doit pas être négligée. On sait que nos pères 
les Gallo-Romains employaient les deux langues, celtique 
et romaine, et quand, au moyen âge, on voulut désigner 
l'antique localité, la traduction devint précise et fidèle en 
substituant à Y'yépvov, le mot Belcayra, Bellicadrum, Bel- 
lumquadrum. 

Tous ces noms seraient donc synonymes; mieux que 
cela, ce serait le même nom, sous différentes formes, grec- 
que, latine, languedocienne et française. L’antiquité qu'on 
attribue à Beaucaire, les belles carrières qui touchent la 
ville, et qui ont été connues dès les premiers âges, ne s’op- 
posent point à cette origine de son appellation et semblent 
la justifier. Le géographe Strabon a traduit autant que le 
grec le permettait, sans trahir le vieux gaulois. 

Béou-l'oli, s. m., ou Damo, Suito, Nichoulo. Effraie; 
frésaie , chouette-effraie, Strix flammea, Linn., dé l’ordre 
des Rapaces et de la fam. des Nocturnes. Cet oiseau de 
proie nocturne, qui atteint jusqu'à 35 centimètres de lon- 





: BÉO 


gueur, a le dessus du corps jaunâtre, ondé de gris et de 
brun, parsemé d’une multitude de petits points blancs ; le 
dessous est d’un blanc soyeux, éclatant. Il habite les vieux 
édifices, les clochers et les toits des églises. On croit vul- 
gairement qu’il y entre la nuit pour boire l’huile des lam- 
pes; de là son nom de Béou-l'oli. Par celui de Suito sous 
lequel il est connu aussi, on a sans doute essayé de rendre: 
le soufflement ou sifflement qu’il pousse pendant la nuit. 
Il à la réputation d’être l'oiseau de mauvais augure par 
excellence. — Voy. Damo, Suito, Nichoulo. 

Béoure, v.. Boire; avaler un liquide, labsorber. — 
Aquél home béou, cet homme est adonné à la boisson, à 
l'ivrognerie. Mous sowiès bévou, mes souliers laissent trans- 
pirer l'eau. Béoure das ièls, manger des yeux, couver du 
regard. Béoure coumo un sablas, boire beaucoup, sans fin, 
comme un champ de sable, qui absorbe l’eau et la pluie 
en telle quantité qu’elle y tombe. Y-a pas qu'un grand 
béoure qué pogue té tira d'aqui, ce n'est qu'à force de 
boire de la tisane que tu peux te tirer de cette maladie. 
Mais les ivrognes ou les plaisants qui veulent les imiter 
dans leurs propos, tournent la chose dans le sens du vin, 
et c’est le vin qu’ils conseillent, quand ils adressent cette 
phrase à ceux qui se plaignent d’un malaise. Low béoure 
li lèvo pas lou manja, la soif ne lui Ôte pas la faim, boire 
ne l'empêche de manger. Un ase à béourië, le cas n’est pas 
difficile, un âne s’en tirerait. Fénno qué noun manjo, lou‘ 
béoure la mantèn, à petit-manger, bien boire. Béoure pâouw 
et souvén, boire peu et souvent : bonne hygiène. 

On dit d’un homme qüi s’est ruiné: Ou @ pas tout 
manja, n'a bé bégu dé flès, il n’a pas mangé tout son 
bien, il en a bu une partie. Aquélo aïgo sé béou, cette 
source se perd dans la terre ou dans le sable. Béoure lous 
cos, endurer les coups sans se plaindre. Crésès aqud et 
bévès d’aïgo, croyez cela et buvez de l’eau par-dessus, 
phr. prvb. pour dire que vous ne croyez pas un mot de ce 
que l’on raconte, ou que ce mensonge est difficile à avaler. 
et qu’il faut boire pour le faire descendre dans le gosier. 
C'est dans le mème sens qu'on dit d'un hâbleur : Faï-lou 
béoure, fais-le boire, pour que son mensonge ne s'arrête 
pas au gosier. Las tèros an prou bégu, les champs sont 
suffisamment abreuvés. Faïre un béoure, faire un temps de 
repos pour les journaliers, pendant lequel ils vont boire 
un coup à leur gourde pour. reprendre haleine. I ne faut 
pas confondre un béoure avec un répas, un repas : le repas 
est un temps déterminé par les usages, où les travailleurs 
mangent commodément assis; low béoure n’est qu'un 
simple temps d'arrêt, pendant lequel ils cassent simple- 
ment une croûte et boivent un coup. Ce temps est de 
durée arbitraire, et soumis au plus ou moins de zèle de 
ouvrier, ou au plus ou moins de sévérité du chef d’ate- 
lier, ou baïle. Quant sé faï dé béoures d'aquésto sésoù? 
combien doit-on faire de poses au travail dans cette 
saison ? s 

Dans cette acception, low béoure est subst. mase. IL 





BÉQ 
signifie encore : le boire, le liquide que l’on boit; la ration 
de breuvage aux animaux, mais dans ce dernier sens on 
emploie : Abéoure. — Lou béoure et lou manja, le boire et 
le manger. Aqud mé lévo lou béoure et lou manja, cette 
émotion, cette nouvelle m'a coupé la soif et l'appétit. 

Dér. du lat. Bibere. En ital. Bevere, boire. 

Béouta, s. f. Beauté, qualité de ce qui rend aimable ou 
admirable, au physique et au moral. — Es pa’no béouta, 
ce n’est pas une beauté. 

Emp. au fr. 

Béqua, v” Becqueter; mordre avec le bec; battre à 
coups de bec; donner des coups de bec; manger seul, en 
parlant d’un oiseau ou d’un poussin; brouter ; mordre à 
lhameçon; avaler crédulement un mensonge. — Aquél 
passéroù couméngço à béqua, ce petit moineau commence à 
manger seul. Lou péissoù bèquo pas, le poisson ne mord 
pas. Tout lou bèquo, tout le monde le dupe, le houspille; 
tout le monde l’accuse; se moque de lui : on l'accable à 
coups de bec. Lous faguère toutes béqua, je leur fis avaler 
à tous cette bourde. 

Dér. de Bè, bec. 

Béquado, s. f. Dim. Béquadéto. Becquée, pâtée que les 
oiseaux portent à leurs petits dans le nid; coup de bec; 
raillerie ; sarcasme, insulte. — Espéra la béquado, attendre 
la becquée; attendre que la manne tombe du ciel ; ne se 
donner aucune peine, aucun souci, pour obtenir ce qu'on 


Béquaduro, s. f. Blessure causée par un coup de bec; 
accroc; déchirure ou piqüre causée par un conp de bec ou 

par quelque chose de pointu. 
pee de Bé, bec. 
Béquaje, s. m. Herbage d'automne, qu'on fait brouter. 
C’est l'herbe dernière qui pousse dans un pré, après en 
avoir enlevé le foin et le regain. 
Dér. de Béqua. 
+ - Béquo-figo, s. m. Becfigue, oiseau du genre gohe- 

mouche, Motacilla ficedula, d’après Linn.; Muscicapa luc- 
tuosa, suivant Temm. Le becfigue a le dessus du corps 
noir, le front et toutes les parties inférieures blanches ; la 
queue et les ailes noires; celles-ci ont leur couverture blan- 
che. Arrivé en France vers la fin d'avril, ilrepart dans les 
premiers jours de septembre. D'après l'ornithologie mo- 
derne, il se nourrit de mouches et d'autres petits insectes 
ailés, qu'il enlève de dessus les feuilles et les fruits mûrs; 
aussi la science l’a dénommé Gobe-mouche. Le vulgaire, en 
le voyant fréquenter de préférence nos figuiers, car c'est 
là qu'il fait la chasse la plus abondante, a cru qu'il se 
nourrissait de leurs fruits et lui a donné le nom de Bèguo- 
figo. Les latins, qui en avaient la même opinion, l’appe- 
laïent Ficedula. Peut-être ce gobe-mouche, en becquetant 
la figue pour y saisir sa proie vivante, se laisse-t-il aller à 
goûter un peu-du fruit et mérite-t-il ainsi ses divers noms; 
en tous cas, dans quelque genre ou famille qu'on le range, 





BÉR 107 


son nom est évidemment un emprunt du fr. au langued. 
La figue est trop un fruit du Midi pour ne l'avoir pas ins- 
piré ; Becfigue, double subst. fr., ne significrait rien s'il 
n'était la traduction du verbe et du régime employés par 
la langue d'Oc.— Gras coumo un bèquo-figo, gras comme 
un becfigue. Sa chair est en effet très-délicate et très-esti- 
mée. Un grand professeur en gastronomie, Brillat-Savarin, 
a dit: «Parmi les petits oiseaux, le premier, par ordre 
d'excellence, est sans contredit le becfigue; si cet oiseau 
privilégié était de la grosseur d’un faisan, on le paierait 
certainement à légal d’un arpent de terre. » 

Bèquou, s. m. dimin. Baiser, en style mignard et 
enfantin, comme on dit en fr. famil. Bécot. 

Dér. de Péqua, becqueter. 

Bérbéquin, s. m. Villebrequin, outil de menuisier, qui, 
au moyen d'une mèche, sert à faire des trous en emportant 
la matière qu’il traverse. 

Formé probablement de Vira, tourner, et de bréquin, 
nom ancien de la mèche, du lat. Veru, veruum. 

Béré, s. m. Berret; espèce de bonnet d'enfant, en ve- 
lours ou en soie, coupé à côtes de melon, qu'on attache 
sous le menton ; bonnet plat et tricoté des paysans du 
Béarn. — Voy. Béréto, . 

Dér. du lat. Birrus ou birrum, nom d’une espèce de 
coiffure en usage chez les anciens ; d’où la bass. lat. bar- 
retum où birretum, berret, barette ; en esp. birreta; en 
ital. barreta. 

Bérénguèri, s. m. nom pr. d’un terroir d’Alais, près 
la route d’Alais à Nimes, dit Bérénguèri, que des archéo- 
logues, d’après un passage de Sidoine Apollinaire, pré- 
tendent être Voroangus, habitation d’Apollinaire, voisine 
de Prusianus, Brésis aujourd'hui, demeure de Tonance 
Ferréol, préfet des Gaules au Ve siècle. 

Béréto, s. f. Bonnet d'enfant ; calotte de prêtre; bonnet 
rond et juste à la forme de la tête, tel que la calotte qu'on 
voit au théâtre aux Cassandres, à Bartolo et aux rôles à 
manteau de la comédie française et italienne. 

Même étym. que Béré ci-dessus. 

Bérgadiè, s. m. Brigadier, commandant d’une brigade, 
grade de cavalerie ou de gendarmerie correspondant à celui 
de capcral dans l'infanterie. 

Emp. au fr. 

Bérgado, s. f. Brigade, division d'un corps d'armée; 
section de gendarmerie commandée par un bérgadiè. En 
gén., troupe, bande armée. 

Emp. au fr. 

Bérgan, ando, adj., ou Brégan, ando, péjor. Bérgan- 
das où Brégandas. Brigand, voleur de grand chemin ; le 
plus souvent, épithète injurieuse donnée à celui qui com- 
met des vexations ou d'étranges concussions. Souvent en- 
core, c'est une sorte d'interjection : © Bérgan/ neutrale- 
ment employée; en ce sens, le péj. Bérgandas/ est surtout 
admis 


Dér. du lat. Brigantes, peuples d'Hibernie qui, sous la 


108 BÉR 
domination romaine, ravagèrent souvent les provinces sep- 
tentrionales de la Grande-Bretagne. 

Bérgandaje, s.m.,ou Brégandaje. Brigandage; action 
violente; volenie; concussion. 

Mème étym. que le précéd. 

Bérgandéija, v., ou Brégandéja. Se livrer au brigan- 
dage, dans la double acception, étendue ou restreinte, mais 
également peu recommandable. 

Bérgè, s. m. Dim. Bérgèïré. Berger, pâtre, expression 
toute française, qu'on ne peut employer qu’en poésie. 

Bergéireto, s. f., ou Couacho, Bergeronnelte, hoche- 
queue, lavandière, petit oiseau du genre des becs-fins ; il 
vient se mêler au milieu des troupeaux de moutons, et 
mange familièrement avec eux : ce qui lui a valu son 
nom. Quant au mot lui-même, c’est du français tout pur 
comme le précédent et le suivant, et dans le mème ordre 
d'idées et d'emploi. Aussi ne devrait-on donner droit de 
cilé et de classification qu'à Pastouréléto; Car le languedo- 
cien n'appelle ses bergers que pastres, ainsi qu'on le voit 
dans le mot de meilleur aloi de la bergeronnette, Gala- 
pastre. 

Voy. Couacho, Galapastre, Brando-quuio. 

Bérgèiro, s. f. Dim. Bérgtiréto. Bergère. — Voy. Bérgè. 

Bérigoulo, s. f. Barigoule; manière d'apprôter les arti- 
chauts, qui consiste à les placer crus sur le gril, avec du 
sel, du poivre et de l'huile, qu’on introduit dans les inter- 
stices des feuilles. C’est un emp. au fr. Barigoule, sauce 
bien plus compliquée d’ailleurs que notre bérigoulo. 

Bérlénqué, s. m. Jeu d'enfants, qui ne pourrait être 
traduit et exprimé en fr. que par le mot lui-même. Il con- 
siste à placer quelques sous ou même des épingles, debout 
derrière une petite pierre carrée et mince, posée de champ. 
Les joueurs, placés à une certaine distance, lancent chacun 
deux palets contre cette pierre; quand ils peuvent la 
chasser assez loin pour que l'un de leurs palets soit plus 
rapproché que la pierre de l'enjeu ou d’une pièce de cet 
enjeu ; l'enjeu ou la partie d’enjeu leur est acquis. Comme 
on le voit, le bérlénqué est le premier rudiment du jeu de 
bouchon. 

Dér. peut-être de Bèrlo, à cause du petit caillou qui 
sert de but, ou de ceux avec lesquels on joue. 

Bèrlo, s. f. Dim. Bérlé, bérléto, péj. Bérlasso. Eclat de 
pierre ou de bois, souche d’arbre ébréchée ; grosse branche 
morte; bord d’un vase. 

Bérloquo, s. f. Breloque. Ne s'emploie que dans la 
phrase : Batre la bérloquo, battre la campagne, divaguer, 
déraisonner. La bérloquo, breloque, en terme de théorie 
militaire, est la batterie de tambour qui annonce l'heure 
des corvées. 

Dér. du lat., soit Veriloquium, langage vrai, naïf; parce 
que, quand on déraisonne par folie ou par ivresse, on 
laisse souvent échapper des vérités qu'il eût été sage de 
retenir ; soit de breviloquium, laconisme, langage coupé ; 
soit de varia loqui, parler sans suite, 





BÉR 

Bérna, s. m., n. pr. d'homme ; au fém. Bérnado ; dim. 
Bérnadé. Bernard. Nom qui a servi de racine à beaucoup 
d’autres dans le pays : Bérnadèl, Mâoubérna, Bernardin, 
et la syncope familière de ce dernier : Nadin. — T'a tou- 
qua, Bérna? J'espère qu'on l’a touché, l'ami? Express. 
prvb. qu'on adresse à celui qui vient de recevoir une 
correction méritée, ou bien un quolibet piquant qu’il av it 
provoqué. Bérna din la luno ; on fait croire aux enfants 
que les diverses taches qu'on aperçoit dans la lune, quand 
elle est pleine, et qui donnent l’apparence d’une face 
humaine, ne sont autre chose que la figure d’un bücheron, 
nommé Bérna, que Dieu a placé dans la lune pour le punir 
d’avoir fait des fagots un jour de dimanche. 

Dér. du lat. Bernardus, formé de l’allem. beer, ours, et 
de hart, génie. 

Bérna-pésquaire, s. m., ou Guiräou-Pésquaïre. Héron 
cendré, héron ordinaire, Ardea cinerea, Linn., nom com- 
mun à plusieurs variétés de héron. Oiseau de l'ordre des 
Echassiers et de Ja fam. des Cultrirostres, remarquable 
par la longueur de ses jambes, de son cou et de son bec; 
il vit de pèche et tire de là son nom. Dans nos environs, 
on l'appelle Bérna-pésquaïre, et dans d’autres localités voi- 
sines aussi, Guirdou-pésquaire. Reste à savoir quel Ber- 
nard et quel Guiraud, qui ont toujours été assez nombreux 
dans le pays, étaient assez forts pêcheurs devant la langue, 
ou assez mal bâtis, pour qu'on ait donné leur nom au dis- 
gracieux oiseau-pècheur, aux si longs pieds et au si long 
bec, emmanché d’un si long cou. La Fontaine, qui l'a si 
bien peint, ne l’a pas dit et ne le nomme que le héron; 


‘nous n’en savons certes pas plus que lui. — Voy. Guirdou- 


péscaire. 

Béroù, s. m. Dim. Bérouné. Terme de berger, Robin- 
mouton, mouton favori; celui qui conduit le troupeau ; 
petit agneau privé qui mange dans la main. 

Dér. du lat. Vervez, mouton. 

Béroù, s. ». Ver blanc, qui vit dans les fruits, princi- 
palement dans les cerises et dans les pois. 

Ce mot parait dérivé du fr. ver, dont il ne serait qu'un 
dim. Dans le rom. beron ou berou, ver qu'on trouve dans 
les cerises nommées guignes. 

Bérouia, v. Verrouiller; fermer au verrou. 

Dér. de Béroul. : 

Béroul, s. m. Dim. Bérouïé, péjor. Bérouias. Verrou; 
fermeture de porte; tige de fer ronde et mobile, glissant 
entre des crampons, ou anneaux. En lat. Pessulus. « C’est 
de ce mot, dit Sauvages, que certains auteurs font dériver 
le nom de Montpellier (Monspessuli), mont ou colline du 
verrou, à cause de la célébrité du verrou de l’église de 
Saint-Firmin, dans cette ville. » 

« Les banqueroutiers y faisaient, dit-on, cession de 
biens, en présence des magistrats et du peuple assemblés 
un dimanche à l'issue de la messe. Le patient, debout, nu- 
pieds et nu-tête, appuyait les deux mains sur le verrou de 
l'église, et, dans le moment marqué, il en détachait une 








BER 


qu'il portait sur son derrière en disant à ses créanciers 
d’une voix haute : Pago-té d'aquà, dicton qui a passé en 
proverbe, » 

Il prétend encore que c'est de là qu'est venu cet autre 
dicton : Moustra lou quiou, montrer le derrière, qu'on dit 
de ceux qui ont manqué à leurs engagements. 

L'anecdote est assez curieuse et peut être vraie; mais il 
est absurde de supposer, comme ces savants auteurs qui ne 
sont pas d’ailleurs cités par Sauvages, que de là vient le 
nom de Monspessulanus, Montpellier, attendu que ce nom 
existait certainement avant l'invention de cet usage, et sur- 
tout avant qu'on y parlât le languedocien, tel qu'il est 
cité dans la phrase sacramentelle : Pago-té d'aqui. — Voy. 
Mounpéiè. 

Empourtaras pas low béroul, tu n'emporteras pas la 
crémaillère quand tu quitteras cette maison, est une expres- 
sion proverb. fort usitée de nos jours. Lorsqu'un domes- 

‘tique prend vivement l'intérêt de son domaine vis-à-vis 
d'un maraudeur, d’un grapilleur, celui-ci l’apostrophe par 
cette phrase, comme pour lui dire que sa fidélité ne lui 
procurera pas une fortune. 

Dér. de Baro, dim. baroul, béroul. 

Bérqua, v. Ebrécher ; écorner ; entailler ; édenter. 

Dér. de Bèrquo. 

Bérquaduro, s. f. Brèche; écornure ; entaille; l’action 
d’ébrécher. — Voy. Bèrquo. 

Dér. de Bèrquo. 

Bèrque, bèrquo, adj. Spécialement mouton, brebis ou 
chèvre, qui a perdu ses dents. 

Bérquièiro, s. f., ou Vérquiéiro, s. f. Dot d’une fille 
en la mariant; constitution dotale; bien apporté par la 
femme en mariage. 

 Dér. de la bass. lat. Vercheria. 

Bèrquo, s. f. Brèche ; écornure ; entaille; coche. 

Dér. de l’allem. Brechen, rompre, casser, briser. 

Bèrquo-dén, adj. des deux genres. Brèche-dent, à qui 
il manque une ou plusieurs dents; ne s'applique qu'aux 
personnes. 

Formé de Bèrquo et de dén. 

Bértèlo, s. f. Sangle, courroie, pour soutenir un sac 
sur le dos; bretelles pour soutenir les pantalons. 

4 Emp. au fr. 

Bértoul, s. m., ou Bértoulo, s. f. Dim. Bérioulé, bér- 
touléto. Cueilloir, petit panier à anse, fait d'éclisses tres- 
sées ; son usage principal est de servir à ramasser des chà- 
taignes. — Aquèl castagnè frucho bièn, las bojo à plén 
bértoul, ce châtaignier produit beaucoup, à plein panier. 

Formé par corrupt. peut-être de Bridoulo, éclisse, scions 
refendus; mais mieux dér. de brett, celt., en lat. lignum, 

bois, planche. — Voy. Bréthmas. 

 Bértoulado, s. f. Contenu d'un Bértoul, plein un bér- 
toul. : 

Bérugo, s. f. Dim. Béruguéto, péj. Bérugasso. Verrue; 

poireau, excroissance dure et indolente, qui vient ordi- 





BÉS 


nairement aux mains. — Un remède de bonne femme contre 
les verrues consiste à les frotter journellement avec un 
bouchon de bourre prise dans un bät. On n'a pas ouf dire 
que cela ait guéri personne ; mais comme cela ne saurait 
faire empirer le mal, il n'y a aucun-inconvénient à conti- 
nuer la friction jusqu’à ce qu’elle ait usé la calosité. 

Dér. du lat. Verruca, verrue. 

Bésâou, s. m. Dim. Bésalé. Canal d'irrigation, biez de 
moulin; prise d’eau. 

Ce mot doit avoir une origine commune avec le fr. Biez. 
En roman, besal, besaliere, canal, conduit des eaux, rigole 
d'arrosage, mème sign.; celt. beal; bass. lat. bedale, en lat. 
via aqueæ; en gr. B{n. : 

Béscle, s. m. Terme de boucherie ; rate de mouton ; 
fressure. 

En v. fr. Bascle. 

Béscui, s m. Biscuit: pâtisserie faite de la fleur de 
farine, de sucre et d'œufs, cuite au four de pâtissier. — 
Paprè-béscui, papier sur lequei on enfourne la pâte de 
biscuit, et sur lequel il reste des traces de sa substance 
quand on le détache. Les enfants achètent ce papier chez 
les pâtissiers et rongent à belles dents cette friandise à 
très-bon compte. 

Dér. du lat. Bis et coctus, cuit deux fois. 

Béségno, s. f. Gousse-d’ail; amande d'ail; un des 
caïeux dont la réunion forme la tête, qu'on appelle Bous- 
sèlo. 

On dit, et c’est possible, que ce mot a pour étym. Véno 
d'aïè, à la vérité par altér. 

Béségudo, s. f. Besaigüe, instrument de charpentier, 
taillant par les deux bouts. — Escld à la béségudo, sabot à 
la cévenole, dont la pointe est recourbée comme les anciens 
souliers à la poulaine. 

Dér. du lat. Bis et acutus, à deux pointes, soit qu'il 
s'applique à l'instrument des charpentiers, soit à la chaus- 
sure de nos montagnards, qui portait sans doute, dans 
l'origine, une seconde pointe à l'arrière, comme une sorte 
d’éperon. 

Bésougna, v. Travailler, s’occaper ; faire une affaire ; 
faire ses affaires. — A bièn bésougna, il a bien spéculé. 

Bésougno, s. f. Dim. Bésougnéto, péj. Bésougnasso. 
Chose; affaire; besogne, travail, ouvrage. Dans ce dernier 
sens : Laïsso mé faïro ma bésougno, laisse-moi faire ma 
besogne, mon travail, mon ouvrage. Faï fosso bésougno, il 
fait beaucoup d'ouvrage. Faïre bésougno, réussir dans ses 
affaires, être rangé; augmenter progressivement son avoir. 
Avec la première acception, Bésougno a la mème extension 
que le fr. chose et le lat. negotium. Il sert à désigner une. 
foule d'objets dont le technique ne vient pas immédiate- 
ment à la mémoire; il veut tout dire et désigne tout. — 
Moussu Bésougno, monsieur Chose, monsieur un tel. 
Bésougno en dit autant, en supprimant monsieur. 

Dér. de l’ital. Bisogna, affaire. 

Bésoun, s. m. Besoin; manque; misère, disette, indi- 


109 


110 BES 

gence ; nécéssité naturelle. — Aqud li faï bésoun, cela lui 
est nécessaire, il ne peut s'en priver, ou s’en passer, Es bé 
besoun qué… il faut bien que, il est bien nécessaire que... 
Es lou bésoun qué i-ou fai faïre, c’est la misère qui le 
conduit là. S'éro dé bésoun, s'il le fallait. Faïre sous bésou- 
nas, Vaquer à ses nécessités naturelles. 

Dér. de l’ital. Bisogno, manque, nécessité. 

Béssédo, s. f. Taillis de bouleaux. 

Ce mot est dér. de Bès, bouleau, qui a vieilli, mais qui 
s’est conservé dans le breton bez, pris du celt. bess, mème 
sign. Iln'est plus qu’un nom prop. et entre dans la com- 
position de plusieurs ; la désinence édo, qualificative et col- 
lective, répondant à aie fr. ou ay : La Béssédo revient à 
La Boulaye ou La Boulay, ou Boulay. Cette finale édo est 
caractéristique et propre au midi de la France; elle repré- 
sente la terminaison lat. etum, qui a varié souvent en 
eium, eyum, et a fait idwm et edum, d’où édo procède 
plus directement; mais sous toutes ces formes, elle porte 
en soi un sens de collectivité, qui s'attache aux mots dans 
æsquels elle apparaît : Cérièirédo, Nougarédo, Pinédo, 
Vérnédo, etc., lieux plantés de cerisiers, de noyers, de 
pins, d’aunes, etc. Ses similaires sont en lang. ier, ières; 
en fr. aie, ay, aye, ei, ey, ée, eis, eis, eix, ès, et, ex, os, 
oi; mais le radical commun est dans l’ancien gaulois, au- 
quel il faut toujours remonter, en fait surtout d’étymologie 
des noms propres de lieux. 

Bésséjo, s. f., n. pr. de lieu. Bessèges, commune 
érigée nouvellement en chef-lieu de canton, arrondis- 
sement d’Alais. L'importance et la prospérité des mines de 
houille et des fonderies et forges établies dans cette loca- 
lité lui ont donné un développement considérable. 

Dans l’étymologie des noms, il y a toujours à distinguer 
le radical, qui forme le corps du mot et leur signification, 
de la désinence, qui n’est souvent qu’explétive. Ici éjo 
semble être un suffixe marquant la collectivité, la quan- 
tité ; le radical reproduit le celt. bess, vess, bouleau, et le 
nom signifierait un lieu planté de bouleaux. Il pourrait 
cependant aussi avoir 6té formé par la bass. lat. bessæ ; 
Bésses dans le dialecte limousin et auvergnat. a le sens du 
lat. pascua, pâturages, prairies. Les deux acceptions sont 
applicables. 

Béssina, v. Vesser ; rendre par le bas un vent muet. 

Béssino, s. f. Vesse, vent muet par en bas. — Pardou- 
los dé fénno, béssino d'ase, propos de femme, le vent l’em- 
porte. Pér un pé, pér uno béssino réfuses pas ta vésino, 
pour un petit défaut sans gravité, ne refuse pas en mariage 
ta voisine. La moralité de ce proverbe est qu’il vaut mieux 
épouser une femme que l'on connait bien, malgré quelques 
petits défauts, qu'une étrangère qui peut en cacher de 
beaucoup plus grands. Le proverbe ajoute en effet : Né 
vréndras uno détras low pioch qué n'daura fach sept ou 
hioch. 

Béssino-dé-loù , vesse-de-loup, plante de la fam. des 
Fungus, Bolets; qui se remplit d'une poudre noire, quand 





BES 


elle esten maturité. Sous la pression elle éclate, et sa pous- 
sière se répand. 

Dér. du lat. Vesica, petite vessie, globule. 

Bésso, s. f. Abbesse, supérieure d'un monastère de filles 
où de femmes. — Tèros où Mas dé las Bessos, métairie où 
champs de l'Abbaye ou des Abbesses. 

Dér. du lat. Abbas, par apocope de l’a initial. 

Béssoü, béssouno, adj. Dim. Béssouné. Jumeau, elle; 
en parlant soit des personnes, soit des animaux ou des 
arbres, produits d’une même souche, ou bien des fruits 
adhérents l’un à l’autre. | 

Dér. du lat. Bis et de la part. on, contraction de homi- 
nes : deux hommes, où homme double. La désinence soù, 
qui est la même que soun, et qui, dans le principe, était 
ainsi, puisque son féminin est encore souno, peut avoir été 
empruntée à l'angl. son, fils. La longue occupation des 
provinces inéridionales par les Anglais rend cette hypo- 
thèse plausible. Béssoù reviendrait alors à bis-son, deux 
fois fils, ou double-fils. 

Béssounado , s. f. Accouchement de jumeaux ou de 
jumelles ; les jumeaux eux-mêmes pris collectivement. — 
Aquo faï uno bravo béssounado, c’est un joli couple. À fa 
trés béssounados, elle est accouchée trois fois de ju- 
meaux. 

Béstialén, énquo, adj. Qui lient de la bête, bestial ; 
qui aime les animaux, qui se plaît à lesélever, à les soigner. 

Dér. de Béstio. 

Béstiâou, s. m. Dim. Béstialé, péj. Béstialas. Bétail ; 
ensemble des animaux domestiques d’une ferme; la gent 
animale en général. — Lous magnans soun un brave bés- 
tialé, les vers à soie sont un charmant peuple-animal! 
Ariba lou béstidou, donner la ration aux animaux dela 
grange, chevaux, mules, bœufs où moutons, non comprise 
la volaille. Laïssas pissa lou béstidou, laissez pisser le mou- 
ton ; laissez faire ; laissez couler l’eau. 

Dér. de Bastio. 

Béstiassado, s. f. Grosse bêtise; balourdise ; gaïllardise 
grossière. 

Béstiasso, s. f. Gros et vilain animal. Au fig., grosse 
bête; butor; grand imbécile; grossier. 

Augm. et péjor. de Béstio. 

Béstiéja, v. Faire l’imbécile, le nigaud; dire ou faire 
des gaillardises grossières. 

Béstiéjaire, aïro, adj. Qui fait des niches grossières et 
gaillardes ; qui fait des lazzis indécents. 

Béstiéto, s. f., ou Béstiolo, s. f. Bestiole, petite bête; 
insectes en général. Au fig., petit esprit, personne bornée, 
sans intelligence et sans instruction. 

Béstiouno s'emploie dans le mème sens. 

Dim. de Béstio. 

Bèstio, s. f. Dim. Bestiéto, béstiolo, béstiouno, péj. Bés- 
tiasso. Bête, animal, en général, particulièrement une 
mule où un cheval. Au fig., sot, idiot, imbécile ; ES 
butor; mauvais plaisant; vicieux. 





BIA 


— Aï éscampa uno bèstio, il m'a crevé un cheval, une 
mule. Es pu bèstio qué nèci, il est plus coquin que sot. Mé 
diquè pas soulamén : bèstio, siès aqui? il ne fit nulle atten- 
tion à moi ; il ne me demanda pas seulement : que fais-tu 
là ? Aquo's la bèstio dâou bon Diou, c'est un pauvre inno- 
cent, un crétin inoffensif. 

Dér. du lat. Bestia. 

Béstidou, olo, adj. Dim. Béstioulé. Nigaud ; imbécile; 
ignorant; stupide. 

Béstiu, udo, adj. Dim. Béstiudé, péj. Béstiudas. Bes- 
tial, qui a les instincts de la bête ; brute ; abruti. 

Dér. de Bèstio. 

Bésuquariès, s. [. plur. Dim. Bésuquarièirétos. Vé- 
tilles; niaiseries ; bagatelles. 

Dér. de Bésuqué. 

Bésuqué, éto, adj. Vétilleur; cogne-fétu; tatillon ; 
qui fait une grosse affaire de niaiseries; qui se tue et se 


tourmente de minuties, les crée et les cherche à plaisir; 


qui épluche ce qu’il mange. 

Dér. de Bésuquo, vieux mot hors d'usage, qui signifie 
une espèce de jeu de fainéant, consistant en une chaine 
dont les anneaux sont enchevêtrés de manière qu'ils sont 
très-difficiles à dénouer. C'est cet instrument ou quelque 
chose d’analogue qu'on vient de renouveler sous un nom 
de circonstance : da question romaïne. L'allusion a été 
saisie; cet exercice a amusé sans rien résoudre, bien 
entendu ; mais l'inventeur y a fait sa fortune. 

Dér. du Jat. Bis et uncus, double crochet. 

Bésuquéja, v. Vétiller; baguenauder; s'amuser à des 
riens; pignocher ou manger à petits morceaux et en éplu- 
chant. 

Bésuquoüs, ouso, adj. Vétilleux ; minutieux en parlant 
des choses. — Un ouvraÿe bésuquoùs, un ouvrage minu- 
tieux, qui exige de la patience ; travail de détail minu- 
tieux. 


Béto-rabo, s. f. Betterave, Beta vulgaris, Linn., plante | 
potagère, partout cultivée, qui a trois variétés principales : | 


blanche, rouge et jaune. 
- Emp. au fr. 

Bétorgo, s. f. Cerise courte-queue; gobet ; la meilleure 
“espèce pour confire à l’eau-de-vie. 

Bétourguib, s. m. Cerisier courte-queue. 

Serait-il dér. du lat. Bis tortus, qui serait une allusion | 
NRRRRE ER Aie de ie us be | 
tordue? 

Bia, v. Serrer la corde d’un ballot, ou la charge d'une 
voiture, en la tordant avec la bille ou avec le garrot ; 
biller. 

Dér. du lat. Bis et de Lia, lier ; lier deux fois. 

Biaï, s. m. Dim. Biaissé. Biais; adresse, habileté; 
savoir-faire ; tournure; esprit; inclinaison ; manière d’être. 
— Jean sans biaï où Péâou-dé-biaï, un maladroit, Préne 
lou bia, prendre la bonne manière de faire quelque chose. 


Aqud's soun biaï, c'est sa manière de faire ou d'être. Cha- 


| 
| 
| 
| 
Î 
| 
| 





BID 11 


cun soun biaï, chacun a sa façon d'agir. Préne qudouquus 
dé soun biaï, prendre quelqu'un par son faible, s'accom- 
moder à son humeur. Aqud's toujour d'un biaï, c'est tou- 
jours la même chose, ni mieux, ni plus mal. Douna lou 
biaï à quicon, donner une bonne inclinaison à quelque 
chose ; lui donner de la tournure. À bon biaï, il paraït 
adroit, habile. De quinte biaï qué mé vire, de quelque côté 
que je me tourne, quélque tournure que je prenne. D'un 
biaï ou d'un doutre, d’une façon ou d'autre. Siès pas dé 
biaï, tu n’es pas bien placé. A fosso biaïssé, il a beaucoup 
de dextérité, d'adresse ; il est plein de savoir-faire. Aquô's 
pas dé biaï, ce n'est pas d’aplomb; cela n’a pas de tour- 
nure. 

Dér. du gaulois Bihay, obliquité. 

Biaissu, udo, adj. Dim. Riaïssudé. Adroït ; ingénieux + 
plein de savoir-faire. 

Dér. de Biaï. 

Biala, ». Bèler. — Se dit des brebis, des moutons, des 
chèvres, des agneaux, et par extens. de tout cri forcé. — 
Fédo qué bialo pèr un moucèl, brebis qui bêle perd sa gou- 
lée, c'est-à-dire qu'un bavard est toujours en arrière dans 
ses affaires. 

Dér. du lat. Balare, bèler, ou du gr. Brkv, brebis. 

Bialaïre, aïro, adj. Qui bèle; au fig., pleurard; qué- 
mandeur ; poétiq., mouton, chèvre, agneau. 

Bialamén, s. m. Bélement, cri naturel des brebis, etc. 

Biar, s. m. Dim. Biardé. Billard ; table sur laquelle on 
joue à ce jeu. 

Emp. au fr. 

Biasso, s. f. Dim. Biasséto. Besace; panetière de berger ; 
sac des mendiants; sac ouvert dans le milieu, ayant üne 
poche de chaque côté.— À sa biasso coufido, pléno, il a du 
foin dans ses bottes. Chacun prècho pér sa biasso, prvb., 
chacun prèche pour sa besace, dans son intérêt. 

Dér. du lat. Bisaccium. 

Biblo, s.f. Bible; livre ou recueil des Saintes Ecri- 
tures. 

Dér. du lat. Biblia, livre par excellence. 

Bicarèou, s. m. Mercier ambulant; porte-balle. 

Dér..du lat. Vicatim, de bourg en bourg, de éne en 


- Village. 


Bichè, s. m. Dim. Bichéiré. Petit broc; eruche à vin 
qui, au lieu d’avoir un goulot, a un large bec. 

Dér. du gr. Bfxos, vase ou urne à anses. En îital. dic- 
chiere, verre, gobelet ; mesure à vin. 

Bidé, s. m. As au jeu de dés. — À fa raflo dé bidé, il 
a fait rafle d’as; il a tout gagné, tout ramassé. 

Ce mot a la même étym. que le fr. Bidet; comme l'as 


au jeu de cartes se nomme aussi ase en langued., âne, 


bidet. 

Bidoun, s. m. Bidon; barillet en hois, où les journaliers 
portent leur ration de vin pour la journée, et les cantiniers 
de l’eau-de-vie. 

Emp. au fr. 


112 BIG 


Bièïos, s. f. pl. Péjor. Bièiassos. Effiloques ; effilures ; 
franges d’une étoffe usée et qui s’effile. 

Corrup. du mot Vièios. 

Bièn, adv. Bien; beaucoup; à merveille; grandement; 
heureusement ; largement. -— Ce mot est une richesse de 
la langue d'Oc, qui distingue entre les deux acceptions du 
fr. bien, sans confusion possible. On dit en français : je 
l'aime bien, et l’'amphibologie est embarrassante. On doute 
si cette petite phrase signifie : oui, je l'aime, ou si elle 
exprime : je l’aime beaucoup. En lang. on dirait dans le 
premier cas : L'aïme bé, je l'aime, certainement ; et dans 
le second : L'aïme bièn, je l'aime extrêmement. 

Dér. du lat. Zene. 

Biènfasén, énto, adj. Bienfaisant ; qui prend plaisir à 
faire du bien; qui fait de bonnes œuvres. 

Formé de Bièn et de fasén. 

Bièro, s. f. Bière, boisson spiritueuse produite par la 
fermentation degraines céréales et particulièrement de l'orge. 

Dér. de l’allem. Bier. 

Bièro, s. f. Brancard à claire-voie dans lequel on porte 
les morts au cimetière, qu’ils soient déjà renfermés dans 
le cercueil ou seulement dans leur suaire. On ne doit 
jamais dire la bièro, dans le sens de cercueil, bière, qui se 
disent caïsso. 

Dér. du celt. Baer ou baar, cercueil, ou de bar, bran- 
card, caisse portative. 

Bièto, s. f. Citation; billet d'avertissement à compa- 
raitre devant le juge de paix; extrait du rôle des contri- 
butions ou avertissement. 

Dér. du fr. Billet. 

Biga, v. Colloquer; se défaire; troquer; échanger; 
vendre; marier. — À bièn biga sa fio, ila bien placé sa 
fille ; il Jui a fait faire un bon mariage ; il l’a bien collo- 
quée. Coumo quicon la bigarén, de manière ou d'autre 
nous nous en débarrasserons. 

Dér. du lat. Bis et jugare, ou vices, échange 
muture. 

Bigara, ado, adj. Bigarré; peint, nuancé, mêlé de plu- 
sieurs couleurs disposées par bandes. 

Dér. du lat. Bisjugare, atteler, joindre, et radius, rayon, 
raie; ou bien de variegatus ou virgutus. 


: invicem 


Bigaraje, s. m. Bigarrure; bariolage; mélange de plu- 


sieurs couleurs tranchantes. 

Dér. de Bigara. 

Bigarouno, s. f. Bigarreau, grosse cerise en forme de 
cœur. 

Formé du lat. Bis et du mot garo, lang. adjectivé. 

Bigô, s. m. Hoyau à deux dents; bident; binette : 
moins fort et emmanché plus court que le béchar. — V. c. 
m.— C’est l'outil dont on se sert dans les hautes Cévennes 
et le Vivarais pour les vignes et toutes sortes de binage. 

Dér. du lat. Bicornis. 

Bigô, oto, adj. Bigot; faux dévot; hypocrite. 

Dér. de l’allem. Bey Gott, ou de l’angl. by god, par 





BU 


Dieu ! parce que les bigots sont censés répéter souvent cette 
oraison jaculatoire. 

Bigo, s. f., ou Bigoun. Pièce de bois courte et équarrie; 
poinçon; étai. — Voy. Bigoun. 

Dér. de la bass. lat. Biga. 

Bigorno, s. f. Enclume à deux cornes ou à deux 
pointes arrondies pour tourner le fer en rond; compagnies 
du centre de la garde nationale ; ancienne milice. 

Dér. du lat. Bicornis, à deux cornes. 

Bigoro (Bando dé), s. f. Bande, troupe de Bohème ou 
de Gitanos, qu'on appelle aussi dans le pays Catalans, 
parce que leur domicile, s’ils en ont un, est dans les mon- 
tagnes frontières de la Catalogne et de la France. On les a 
appelés dans le temps bando dé Bigoro, parce qu'il en 
venait beaucoup du Bigorre, pays limitrophe de la Cata- 
logne. Par ext. on dit bando dé Bigoro comme terme inju- 
rieux, pour : tas de voleurs, tas de brigands. — Voy. 
Bèmi. 

Bigoun, s. m., ou Bigo. Bigue; petite poutre longue et 
grèle, ou courte et équarrie quand elle sert de poinçon ou 
d’étai. — Voy. Bigo. 

Bigournu, udo, adj. Milicien ; garde national du centre; 
biset. 

Dér. de Bigorno. 

Bigoutariè, s. f. Bigoterie; fausse piété; fausse dévo- 
tion. 

Dér. de Bigo. 

Bigoutéja, v. Faire le bigot; se livrer habituellement à 
des actes de dévotion puérile. 

Dér. de Bigo. 

Bigre, bigro, adj. Dim. Bigratoù. Synonyme radouci 
et dimin. de Bougre. I] n'entraine aucune idée ficheuse 
ni insultante : ce n’est guère qu'une plaisanterie. Bigre 
s'emploie aussi comme interj. : diable! C’est un nom qu'on 
donnait autrefois aux riverains des forêts nationales ou 
seigneuriales, qui étaient des espèces de gardes spéciaux, 
chargés de la surveillance et de la recherche des abeilles, 
pour en recueillir le miel. Un privilége de leur charge les 
autorisait à couper l'arbre sur lequel l’essaim venait se 
poser. De là ils furent nommés dans la bass. lat. et les 
actes de notaire bigrus ou bigri, par corrup. du lat. api- 
ger, apicurus, apicuri, ce qui a fait le mot actuel. On 
pourrait peut-être aussi tirer cette épithète légèrement 
moqueuse du nom des habitants du Bigorre, en lat. Biger- 
riones, que l’on confondait avec les Bohèmes. — Voy. 
Bigoro. 

Bijare, aro, adj. Bizarre; bourru; d'humeur peu so- 
ciable; fantasque ; capricieux. 

Emp. et corrup. du fr. 

Bijou, s. m. Dim. Bijouné. Bijou, parure, jolie pets 
chose en général. Bijouné, joli petit enfant. 

Dér. du lat. Bis et jours. 

Bijoutariè, s. f. Bijouterie; toute espèce de bijoux; 
magasin et profession de bijoutier. 


I 





BIO 


Bijoutiè, s. m. Bijoutier, marchand qui vend des bijoux ; 
fabricant de bijoux. 

Bijoutièiro, s. f. Marchande de bijoux ; femme d’un 
bijoutier ; boite vitrée où s'étalent les bijoux dans un 
magasin de bijouterie. 

Bingoi (Dé), adv., ou Dé guingoï. De guingois; de 
travers ; de côté; en faux-équerre; bistourné. — Marcho 
tout dé bingoï, il marche obliquement. Y véi dé bingoï, 
il est louche. — Voy. Dé guingoï. 

Dér. du gr. Tv, boiteux, estropié. 

Binlo, s. f. Bile; mais particulièrement pituite. C’est ce 
qu'on entend d'ordinaire quand on se plaint de la binlo ; 
on veut désigner par là un épaississement des glaires sur 
la poitrine, qui deviennent visqueuses, muqueuses et diffi- 
ciles à expectorer. 

Dér. du lat. Bilis. 

Bio, s. f. Bille de billard, exclusivement. 

Dér. du lat. Bulla, bulle ou boule, ou de pila, balle à 
jouer, boule. Le mot n’est pas ancien en lang. avec cette 
sign. et vient du fr. 

Bio, s. f. Garrot; bille; bâton court et fort dont on 
serre les cordes d'emballage en les tordant ; trique, tricot ; 
gros bâton; court bâton des bâtonistes. — Garo, La bio ! 
gare, la trique, le bâton ! 

Dér. de Bio. 

Biô, s. m. Billot; grosse canne brute; tricot; gourdin. 

Augm. de Bio. 

BiGou, s. m. Dim. Bioulé, péjor. et augm. Bioulas. Bœuf 
domestique, Bos taurus domesticus, Linn., mammifère de 
la fam. des Ruminants. Le taureau se nomme Brdou. — 
Bioulé, s. m. Bouvillon, jeune bœuf ; en v. fr. bouvelet 
ou beuvelet. Lou Bidou bramo, le bœuf beugle, meugle ou 
mugit. — Aquél home és un bidou, cet homme est fort 
comme un bœuf. Bidou dé la Palu, taureau sauvage des 
marais /palus) de la Camargue, très-propre aux combats. 
Fla coumo la bano d’un biéou, antiphrase, c’est-à-dire 
raide comme une barre. Volo-bidou, sobriquet ancien des 
habitants de Saint-Ambroix. On prétend qu'un charlatan, 
au moyen âge, annonça qu'il voulait faire voler un bœuf 
du ran dé Jèsu, rocher de Jésus qui domine la ville au 
midi, jusqu’au ran dé Manifaciè, rocher qui se trouve de 
l'autre côté du pont. Jour pris pour cette expérience, on 
ne sait trop comment s'en tira l'empirique : probablement 
le bœuf ne voia pas; mais les drogues et les onguents 
eurent bon débit, et les malins du voisinage firent subir 
aux Saint-Ambroisiens les conséquences de leur crédulité. 
Ce sobriquet tient encore dans toute sa force. 

Voici une autre version : les habitants de Saint-Am- 
broix avaient une foire à laquelle jamais personne ne 
venait. Une année, ils s’avisèrent de faire publier dans 
tous les environs (les affiches-programmes n'étaient pas 


connues, non plus que l'imprimerie inventée dans ce 


temps), qu'on verrait à leur prochaine foire un spectacle 
extraordinaire : un bœuf qui volerait, en parcourant dans 





BIS 113 


son vol le trajet ci-dessus indiqué. On laisse à penser si au 
jour dit les curieux abondèrent dans la ville; pendant 
toute la journée, les boutiques non plus que les cabarets 
ne purent suffire aux chalands. ]1 va bien sans dire que le 
bœuf ne vola pas non plus; mais la foire fut bonne, et 
cette fois les mystifiés ne furent pas ceux de Saint-Am- 
broix. 

On peut choisir entre les deux origines du sobriquet : à 
coup sùr, elles ne partent pas du même auteur. 

Bato dé biôou. — Voy. Bato. 

Léngo dé bidou, espèce de feuille de mürier, dure, gri- 
sâtre et sans müres; elle est plus clair-semée que les autres 
espèces ; aussi est-ce la moins productive et doit-on l’éviter 
à la greffe, mais en revanche, elle est moins sujette à la 
tache par les brouillards et la miélée. 

Biôou, s. m. Coccinelle, Coccinella punctata, Linn., de 
la fam. des Trimérés, insecte, genre de scarabées, dont les 
élytres sont rouges, tigrées de sept points noirs. On le 
trouve principalement dans le calice des lys. Il est connu 
aussi sous le nom de Bèstio_ ddou bon Diou, ou Galinéto 
dâou bon Diou. 

Lorsque Bidou est un nom propre d’homme, ce qui est 
fort commun dans le pays, il fait au féminin Biolo. 

Dér. du lat. Bos, ou mieux du gr. Boës, même sign. 

Bioù, s. m. Dim. Biouné. Bigue de bois équarrie pour 
être sciée en long. — Aquél doubre fara trés bioùs, cet 
arbre fournira trois longueurs de sciage. 

Dér. de Bio. 

Biquo, s. m. Gaillard; bon compagnon. — Un bon 
biquo, un bon drille. Trasso dé biquo, mauvais garçon, 
mauvais diable. Sères un biquo à faïre aqud, si tu étais 
homme à faire telle chose. Ah / lou biquo! ah! le luron ! 

Ce mot pourrait bien dér. de Vicanus, villageois. 

Bisa, ado, adj. HAlé, gercé par la bise. 

Dér. de Biso. 

Bisbil, s. m. Bisbille; mésintelligence; discorde; que- 
relle ; rixe; dispute. 

En ital. Bisbiglio. 

Biscaïre, s. m. Biais ; côté; obliquité ; travers; angle. 
— Dé biscaïre, de travers, en faux équerre. Coupa dé bis- 
caïre, couper de biais. Cantoù dé biscaïre, encoignure en 
faux équerre. 

Dér. du lat. Bis et du lang. caïre. 

Biscarlo, s. m. Bidet ; petit cheval de montagne, ordi- 
nairement de race lozerotte. 

Ce mot ne serait-il pas dans sa finale une contraction ou 
une altération de cavald, petit cheval? La syllabe bis, de 
la bass. lat. bisus, brun, noir, déterminerait la couleur la 
plus ordinaire de ces poneys de montagnes. 

Biscountour, s. m. Zig-zag; faux-fuyant ; course pleine 
de contours et de détours, en décrivant divers arcs de 
cercle inverses les uns des autres. 

Dér. du lat. Bis et contorquere, tourner deux fois au- 
tour. 

15 


114 BIS 

Bisé, s. m. Pigeon biset; ramier; pigeon sauvage, 
Columba livia, Linn. —11 se distingue par deux bandes 
ñoires qu'il a sur chaque aile. Son plumage est d'un gris 
de fer foncé, et lui a valu-son nom, tiré de la bass. lat. 
bisus, brun. 

Bisècle, s. m. Bizègle, instrument de cordonnier en 
buis, ayant une sorte de mortaise aiguë à chaque bout, 
qui sert à lisser la tranche des semelles et à effacer la ligne 
de suture. 

On ne sait trop pourquoi on donne quelquefois, chez le 
peuple, le nom de Bisècle aux enfants qui ont le prénom 
de Louis. 

Dér. du lat. Bis acutus, aigu des deux côtés. 

Bisèl ou Bisèou, s. m. Biseau, talus pratiqué à l'extré- 
mité d’un outil, d’un instrument. On le dit des bords à 
facettes d’une glace, de l’arète adoucie d’un bois équarri, 
du dos d'un couteau, etc. 

Dér. comme Biaï, du gaulois Bihay, obliquité. 

Bisés, s. m. pl. Coup de bise; autans; vents froids et 
fréquents. 

Dér. de Biso. 

Bisèto (En), adv. De biais; en biseau ; obliquement. — 
Biséto est le dimin. de Bisèou, mais ne s'emploie qu'ad- 
verbialement. On dit encore : éscaïè én biséto, escalier en 
colimaçon. Il semblerait cependant que cette dernière 
expression viendrait de avis, une vis, dim. viséto. 

Biso, s. f. Bise; vent de bise; vent sec et froid qui 
souffle du N.-E. au N.-0.— La biso és folo, il fait un 
vent fou. Touqua dâou vén dé biso, il est un peu timbré. 
Aquésto és né siès touqua déâou vên dé biso, pour le coup, 
tu peux t'en frotter les moustaches. 

Juste-Lipse fait venir ce mot de l’ancien teutonique, bisa, 
tourbillon de vent. En tous cas, il est remarquable que la 
racine de notre biso, prise du celt. bis, signifiant noir, 
réponde au grec Mekavéopéas, vent noir, et au lat. aguilo, 
même sign., dér. de aquilus, noirâtre. 

Bisouèr, s. m». Dimin. Bisouèrné. Vent-coulis; courant 
de bise à travers une porte, une fenêtre, une ouverture 
quelconque. 

Dér de Biso. 

Bisqua, v. Bisquer ; être vexé; enrager ; s’impatienter ; 
s'inquiéter; rechigner. 

Dér. du lat. Vexare, vexer. 

Bisquo, s. f. Colère; fàcherie. — A prés la bisquo, il a 
pris la mouche. Aqud's mdou préne sa bisquo, Voilà qui 
est mal prendre son temps, se facher mal à propos. 

Dér. de Bisqua. 

Bissès (L'an dé), s. m. L'année bissextile, celle où se 
rencontre le bissexte, c’est-à-dire le jour qu'on ajoute au 
mois de février tous les quatre ans. — Lou pagaraï l'an 
dé bissès, je le paierai aux calendes grecques. 

Un lourdaud, nommé Jean ddou Fés, qui avait pris 
femmé, trouva mauvais que celle-ci accouchât au bout de 
trois mois de mariage. 11 consulta sur cette affaire son 





BLA 


curé, qui, en homme d'esprit et de conciliation, voulut pré- - 
venir les suites fâcheuses d’un évènement irrémédiable 
d'ailleurs. Il compulse son Ordo, et voyant que l'année 
est bissextile, après des calculs qui commencent à calmer 
l'imagination du pauvre mari, il en tire enfin l’oracle où 
solaleur suivant : 
Jean dâou Fés 
Fénno n’a prés 
L'an dé bissès qué né vôou trés ; 
Trés et trés fan sièi et trés fan nôou, 
L'éfan és vostre pérqué Diou-z-ou vou. 

Jean du Fés a pris femme dans l’année bissextile, qui 
compte triple ; trois et trois font six, et trois font neuf; l’en- 
fant est à vous puisque Dieu le veut ainsi. 

Notre homme se retira satisfait, dit l’histoire. 

Dér. du lat. Bissextus. 

Bistour, s. m. — Voy. Biscountour. 

Bistourtiè, s. m. Bistortier, terme de pâtissier ; cylin- 
dre, rouleau, pilon de bois pour travailler la pâte, la pétrir 
et la mettre en feuille sur une table. 

Dér. du lat. Bis et torquere. 

Bitaïo, s. f. Victuaille; provision de bouche ; spéciale- 
ment, ration de vivres qu'apporte un ex aeres dans son 
bissac. 

Dér. du lat. Victualia, vivres. 

Biva, s. m. Bivouac, garde qui est sur pied pendant la 
nuit. 

Emp. au fr., qui dér. de l’allem. Bey, guet, étæwacht, nuit. 

Bivaqua, v. Bivaquer ou bivouaquer ; par ext. passer 
la nuit en plein air, à la belle étoile. 

Dér. de Biva. 

Bla, s. m. Dim. Bladé. Blé, nom générique qui com- 
prend toute espèce de céréales propres à la nourriture de 
l'homme. Dans beaucoup d’endroits, le mot bla ne désigne 
que le froment et ses variétés. — Lou bla a fa d'un "sidi, 
d'un dès, le blé a sextuplé, décuplé, il a produit six ou” 
dix pour un. Téro négro faï bon bla, la terre noire pro 
duit de bon blé; on dit cela souvent d’une femme très- 
brune, qui doit produire des enfants robustes. Manjarén 
pas grand bla énsémble, nous ne vivrons pas longtemps 
ensemble; il y a incompatibilité entre nous. Sa fénno té 
fara manja lou bla chèr, sa femme le ruinera. Bla carga, 
blé chargé de mauvaises graines. Bla dé barquo, blé étran- 
ger, qui vient par eau et qui est souvent avarié. Bla dé 
péis, blé indigène. Chaque pays a une prédilection pour les’ 
produits de son sol, ici surtout. Le fait est que le blé des 
environs d’Alais est de fort bonne qualité; il se vend tou- 
jours plus cher que le blé étranger. Bla dè séméngo, blé 
du premier choix, réservé pour renouveler la semence. 
Bla vést, grains qui n'ont pas été dépouillés de leur 
balle. Un bla est ordinairement un blé en herbe. Un for 
bla, un blé bien fort et bien épais. ue : 

Dér. de la bass. lat. Bladum, qui vient lui-même du 
vieux Saxon blad. 








BLA 


_Bladiè, èïro, adj. Qui concerne le blé; blatier, mar- 
hand de blé, moins usité cependant en ce sens que mar- 
chan dé bla. 1 est quelquefois nom prop. ; les enfants alors 
se nomment : Bladièiré, Bladièiréto. — Mouli bladiè, 
moulin à blé. 

Dér. de la bass. lat. Bladarius où bladerius, moulin à 
farine. 

Blagua, v. Bavarder; hâbler ; parler inconsidérément ; 
mentir. 

Dér. du lat. Blaterare, caqueter, babiller. 

Blaguo,.s. f. HAblerie; bavardage ; babil importun ; 
menterie; blague, qui est passé en ce sens dans le fr. fam. 
et pour signifier : sac à tabac. — Taïso ta blaguo, cesse 
ton. babil. Nous a pas fa qué dé blaguos, il ne nous a dit 
que des bourdes, des häbleries, des mensonges. 

Dér. de Blagua. 

Blagur, urdo, adj. Blagueur; häbleur; parleur sempi- 
- ternel ; indiscret. 

Mème dér. que le préc. 

Blaïme, s.m. Calomnie, ou tout au moins grosse médi- 
sance. — Léva un blaïme, inventer une calomnie, calom- 
nier. 

Dér. du gr. Blépyx, lésion, injure, dommage. 

Blaïsa, v. Biaiser; agir avec nonchalance, sans entrain, 
sans conviction. 

Dér. du nom pr. Blèso, Blaise, synonyme de noncha- 
lant. 

Blaïséja, v., et Blésséja, v. Grasseyer, parler gras, 
comme font les Provençaux, à l'encontre de Ja lettre r qui 
s’embarrasse dans leur gosier, et qui a quelque rapport 
avec le g. 

Ce mot est encore plus spécialement applicable à un léger 
défaut de langue, qui se produit pour certaines consonnes, 

comme si on les glissait entre les dents ; ce qui fait pro- 
noncer le ch comme un s, le j comme un z, et « comme si 
d la précédait. 

Le premier est le grassaiement et le second le zézaie- 
ment, que le lang. confond dans Blaïséja ou Blésséja. 
taDér. de Blé. j 
- Bla-maré, $. m. Maïs; blé d'Inde on de Turquie; gros 
-millet des Indes; Zea mays, Linn. Plante de la fam. ps 
*Graminées, originaire de l'Amérique, d’après certains 
auteurs, tandis que d’autres soutiennent qu'elle est venue 
des Indes-Orientales, opinion que semblerait confirmer son 
nom fr. En tous cas, la dénomination langued. Bla-maré, 
indique qu’elle nous est arrivée par la mer. 

Blan, s. m”. Blanc, monnaie du moyen âge qui valait 
cinq deniers. — Sièï blan, deux sous et demi, où 425 mil- 
lièmes. C'est là le seul cas où le mot est employé. 

Son nom dérive de sa couleur, c'est-à-dire que cette 

monnaie était blanchie ou étamée ; en argent, elle eût été 
trop petite pour la valeur représentée. 

_  Blan, quo, «dj. Dim. Blanqué, péjor. Blanquas. Blanc; 
couleur de la neige ; pâle; propre. — Drapèou. blan, dra- 





BLA 115 


peau de la monarchie française. Pèro-blan, frère-prècheur 
dominicain dont il existait un couvent à Alais. Abéoura 
dou blan, mêler de la farine dans le breuvage d'un animal. 
Mé faï véni lous pèous blans, il me fait blanchir les che- 
veux, dit-on de quelqu'un qui nous tourmente, nous im- 
portune jusqu'à l'impatience. Camiso blanquo, chemise 
propre. Faïre un viaje blan, faire un voyage inutile, se 
déplacer pour rien. Vénguè tout blan, il pälit tout à coup. 

Dér. de l'allem. Blank, brillant, éclatant. 

Blan, s. m. Cible, but où l'on tire. — Aï fa blan, j'ai 
mis dans le blanc, j'ai touché le but. Tira dou blan, tirer 
à la cible. 

Le point où l'on vise est marqué ou tracé en blanc au 
centre d’un espace noir : de là le nom. 

Blan-bè, s.m. Blanc-bec, jeune homme sans expérience, 
ironique et méprisant. 

Formé de Blan et de bè. 

Blanchi, v. Blanchir; passer au lait de chaux ; faire 
prendre une couleur blanche. — Faïre blanchi, faire blan- 
chir, en terme de cuisine, donner une première ébullition 
à la viande, aux légumes, les passer à l'eau bouillante. 

Dér. de Blan. 

Blannavo, s. f. n. pr. de lieu. Blannaves, commune du 
canton de Saint-Martin-de-Valgalgues, arrondissement 
d’Alais. 

Ce nom se divise en deux parties. La dernière ne pré- 
sente aucune difficulté : nave, nove, noue, en v.fr., nava, 
en esp., signifie prairie. Dans la première, pour avoir un 
sens raisonnable, ban ne pouvant s’allier au sens de nave, 
il faut admettre, pour l'euphonie et la signification, que 
r primitif s’est transformé en Z actuel; ces deux consonnes 
ont d’ailleurs des dispositions particulières à permuter 
ainsi. Or ärana est rendu dans la bass. lat. par juvenca, 
vacca junior, Vache jeune. Ce qui donne pour le nom entier: 
prairies ou pâturages pour l'élève des vaches. Cette inter- 
prétation se fonde par assimilation sur le nom d’un hameau 
de cette commune de Blannaves, où la mème étymologie se 
trouve très-marquée. Branoùs, Branoux, est représenté par 
le lat. branus, masc. de brana, id est juvencus, junior 
bos (Du Cange), dont nous avons fait en langued. avec la 
mème signification brdou, jeune taureau. 

Blanquäou, s. m., ou Blanquäoudo, s. f. Guigne 
blanche, espèce de cerise de couleur de cire, légèrement 
teintée de rose, du côté exposé au soleil. Le fruit est indif- 
féremment masc. ou fém., l'arbre n'a que le masc. Cérièire 
blanquéou, cerisier qui produit la guigne blanche. 

Dér de Alan. 

Blanquas, asso, adj. Blanchâtre, qui tire sur le blanc; 


d’un blanc sale. 


Péj. de Blan. 
Blanqué, s. m. Cérat de Galien, pommade résolutive, 
détersive et dessicative; onguent connu aussi sous Je nom 


de blanc Rhasis, par corrup. blanc raisin, d’une couleur 


blanchâtre. 


116 BLA 


Blanquéiras, s. m. Terre schisteuse et argileuse, d'une 
teinte jaunâtre pâle ; terrain à maigre végétation. Pour le 
mettre en produit, il faut le défoncer profondément. 

Dér. de Blan, et du celt. cair, pierre, quier et autres. 

Blanquéja, v. Paraître blanc; avoir de loin une teinte 
blanchâtre ou lumineuse; tirer sur le blanc: devenir 
blanc. — Lous sères acouménçou dé blanquéja, l'aurore 
commence à blanchir le sommet des montagnes. Adéjà 
blanquéjo, il devient blanc, il vieillit, en parlant d’un 
homme qui commence à grisonner. 

Dér. de Blan. 

Blanquéto, s. f. Blanquette, espèce de fricassée, de 
gibelotte d'agneau, de chevreau ou de rogatons de rôtis de 
veau ou de mouton, à la sauce blanche. 

Blanquélo dè Limoùs, Blanquette de Limoux, nom que 
le fr. a emprunté au lang. comme le précédent. C’est un 
vin clairet et mousseux, de même natnre mais plus piquant 
que la clairette de Die. 

Blanquinoùs, ouso, adj. Dim. Blanquinousé, péjor. 
Blanquinousas. Blanchâtre; tirant sur le blanc; d'un 
blanc sale. Peut-être est-il d’un degré supérieur à Blan- 
quas, déjà péjor. — VF. c. m. 

Blanquoü, s. f. Blancheur ; couleur blanche. 

Blaquarédo, s. f. Chènaie ; taillis de chênes blancs. 

Ce mot est formé de la finale caractéristique, méridio- 
nale essentiellement, éZo, qui est le signe de la collecti- 
vité, et qui répond à la terminaison lal. etum, et armori- 
caine ek : le radical, ou mieux les deux syllabes qui pré- 
cèdent, se décomposent en blak, celt. blanc, et quar qui 
égale quere, celt., d'où le lat. a fait quercus, chène; et en 
voulant désigner un lieu planté de chènes, une chênaie, il 
s’est servi de son collectif etum, traduit dans la langue 
d'Oc par édo. Ainsi s’est formé quercetum, mème ques- 
noltum, exprimé en fr. par chênaie et en lang. par blaqua- 
rédo, où blanche chênaie, ou taillis de chènes blancs. 

La première syllabe est indicative de la qualité ; la seconde 
représente le radical celtique, caractérisant le sujet, l'arbre 
lui-même. Mais il n’est peut-être pas de syllabe qui ait 
subi autant de transformations, qui ait été plus défigurée 
que le nom du chêne, l'arbre des Druides, le vieux gau- 
lois tann. On le retrouve en Armorique, et il est syno- 
nyme de dero; le latin l'avait altéré en quercus, avec la 
désinence propre au génie de sa langue. Il est toujours 
reconnaissable et le changement graphique devait avoir été 
produit par la variété de prononciation. Tann ou dero 
sonnaient indifféremment comme tsann, chann, sann, ou 
chero, chesro, æero, quero ; quand la voyelle finale, muette 
sans doute, est tombée, on voit facilement comment ont 
pu se former et le mot latin et les variantes romanes. Si 
bien que, d'après les plus anciens titres, tann primitif est 
exprimé par tasnus comme par casnus, d'où leur collectif 
tasnetum et casnetum, ce dernier donnant quesnetum, le 
mème que quercetum, plus rapproché du latin, et employés 
tous deux également dans la traduction ou la reproduction 





BLA 


des noms communs ou de localités, tels que chénaie, écrit 
autrefois chesnaie comme chesne, et Chesnei (Eure), Quesnay 
(Calvados), Chenay (Sarthe), Cheney (Yonne), Chenaye 
(Deux-Sèvres), Chenois (Meurthe), Chesnaye (Seine-et-Oise), 
Tannois (Meuse), Chanoy (Haute-Marne), Xenois (Vosges), 
Sannois (Seine-et-Oise), Thenay (Indre), Quenay (Calvados), 
Casneuil (Lot-et-Garonne), identiques à Thenailles (Aisne), 
Chenailles (Loiret), Thenneil (Indre-et-Loire), et Quesnay 
(Nord), Lous analogues, et tous rendus par la forme inva- 
riable latine, Quercetum où Quesnetum. Le lang., en em- 
ployant édo, as, ièro, iètro, comme désinences, n’a fait 
qu'approprier au génie propre de sa langue et de sa pro- 
nonciation, ce que dans d’autres dialectes on entendait et 
on prononçait avec une autre inflexion. Mais la dérivation 
est évidente; elle se fait mieux sentir dans La Blaquièiro, 
La Blachère (Ardèche), qui confirme la filiation — Voy. 
les articles Cassagno, Édo et Iéiro, suffixes. 

Blaquas, s. m. Dim. Blaquassoù. Jeune chène blanc. 

Blaquassino, s. f. Jeunes pousses du chêne blanc qui 
se convertissent en buisson faute d’être élaguées, ou pour 
avoir été broutées à leur naissance. 

Blaquièiro (La), s. f., nom pr. de lieu. La Blaquière, 
hameau de la commune de Cendras, près Alais, probable- 
ment dans l’origine un taillis de chènes blancs. Mème 
forme et même étym. que Blaquarédo. — Voy. Blaquas. 

Blaquo, s. f. Jeune ramée du chène blanc, dont les 
moutons sont très-friands, et dont on fait des fagots pour 
leur nourriture d'hiver. 

Blasa, v. Faire de la blaso, premier travail des vers à 
soie qui veulent filer leur cocon. 

Dér. de Blaso. 

Blasi, s. m., nom pr. d'homme. Blaise. Au fig., noncha- 
lant, mou, bonhomme. — Voy. Blèso. 

Dér. du gr. BAÆ, lâche, imbécile. 

Blasi, v. Faner; flétrir; froisser, meurtrir. — Blasi, 
part. pass., flétri; fané; meurtri. Il a formé Ablasiga qui 
a la mème sign. — V. c. m. 

Dér. du gr. BAG, comme le nom pr. précéd., qui n’a 
avec lui que la seule différence de l'accent, placé dans le 
premier sur la pénultième qui est longue et rend l'£ muet, 
tandis que la syllabe est brève dans celui-ci, comme le 
note du reste l'accent que prend là final et le fait sonner. 

Blaso, s. f. Bave, bourre des cocons du ver à soie : ce 
sont les premiers fils qui servent d'échafaudage à ce petit 
édifice et qui le tiennent à la bruyère où il est suspendu. On 
dépouille Je cocon de cette bave avant de le filer ; elle est. 
grossière et n’est pas chargée de l'humeur visqueuse, 
répandue par le ver, qui donne de la force et de la consis- 
tance au fil de soie. 

Dér. du gr. BX&, subst. de Bu, être mou, flasque. Le 
mot blasi existait dans la langue ; il a suffi d’un rappro- 
chement pour appliquer l'épithète et faire le mot, au 


“moment de l'importation des vers à soie, moins ancienne 


évidemment que le mot lui-même. . € 








BLO 


Blassa, v. Blesser. N'est pas admis avec son acception 
active, et serait une injure adressé à une femme. 11 n'est 
reçu que comme verbe, sé blassa, se blesser, avorter, en 
parlant d’une femme enceinte qui accouche avant le terme 
naturel; faire une fausse couche. 

Dér.du gr. Dose, frapper, ou Baérteuv, offenser, blesser. 

Blatiè, s. m., au fém. Blatièiro. Blatier ; marchand, ou 
plutôt revendeur de blé. Il a beaucoup d’analogie avec 
Bladië, s'il n’est toutefois le mème. 

Dér. de Bla. 

Blé éto, adj. Blet, blette, peu usités; mou, comme le 
deviennent certains fruits en muürissant; mince, plat. — 
Péro bléto, poire blelte. Bousso bléto, bourse plate. Il est 
des fruits qui ne sont mangeables que lorsqu'ils ont atteint 
un certain point de maturité, tels que la nèfle, la cor- 
nouille, la corne. Pour les poires et les autres fruits, quand 
ils arrivent à ce degré de blé, ils sont à demi pourris et 
perdent tout leur prix. 

Dér. du gr. BA&, lâche, mou. 

Blé, adv. En grasseyant, avec blésité. — Parla blé, 
grasseyer, bléser. — Voy. Blaïsséja. 

Dér. du lat. Blæsus, bègue. 

Blédo, s. f. Blette, bette ; poirée; Beta vulgaris, Linn. 
Plante potagère de la fam. des Chénopodées. — Costos ou 
coustétos dé blédo, cardes de poirée. 

Dér. du lat. Blitum, ou du gr. Bhérov, m. sign. En ital. 
Bieta, en esp. Bledos. 

Blèmi, adj. m. sans fém. Blème, pâle. 

Dér. du gr. Blépyuzx, aspect, visage. 

Blèso, s. m., nom pr. d'homme. Blaise. Au fig., niais ; 
nigaud. — Kaïre dé soun Blèso, faire l’innocent, le bon 
apôtre, la chatte-mitte. — Voy. Blasi. 

Dér. du lat. Blasius, du gr. BX&. 

Bléste, s. m., ou Blésto, s. f. Tale, sorte de mica- 
schiste, concrétion de mica; pierre talqueuse, commune 
dans nos Cévennes, opaque, feuilletée en lames minces, 
flexueuses, jaunâtres ou grises, facilement pulvérulentes ; 
elle se trouve en amas ou en filons dans les différentes 
roches de cristallisation ou dans les calcaires qui lui sont 
subordonnés. 

Le roman avait le mot Bleste, bourbier, chose sale. 
Dériverait-il du lat. Bliteus, vil, pour signifier un terrain 
de peu de valeur ou qui se convertit aisément en boue ? 

Blétou, s. m. Dim. Blétouné. Clou rivé d’un couteau, 
de ciseaux, elc., qui est accompagné d'ordinaire d’une 
rosette d'argent ou de cuivre. 

Corrup. de Boutoù. 

Blétouna, v. Clouer la lame d’un couteau à son manche, 
y mettre un clou rivé. 

Blo, s. m. Total, assemblage en bloc de différentes choses 
de nature et de valeur diverses. 

Dér. de l'allem. Block, tronc, souche ; gros morceau de 
métal brut. 

Blodo, s.f. Blaude; blouse; sarrau de toile, le plus 





BO 


souvent bleue, que les charretiers et les cultivateurs, dans 
beaucoup de départements, portent par-dessus leurs habits. 

Dér. de la bass. lat. Blialdus, bliaudus, venant de 

blavus. 
. Bloun, mieux Blounde, do, adj. Dim. Bloundé, bloun- 
din, bloundiné, bloundind, bloundinoùs; péj. Bloundas, 
bloundinas. Blond, onde; d’une couleur moyenne entre le 
doré et le châtain-clair. — Bloundin est souvent un sobri- 
quet, que l’on donne rarement à un blond, maïs bien par 
antiphrase à un noireau, à un teint presque mulâtre. 

Nombreuses variétés d'étym. : les unes prises du saxon 
Blond, mêlé; d'autres du lat. apluda, couleur de la graine 
de millet, ou de ablunda, paille, couleur de paille; ou 
bien de bladum, couleur de blé; ou encore de blandus, 
agréable. 

Blouqua, v. Boucler; serrer avec une boucle. — En 
parlant des cheveux, le lang. dit frisa, dans le sens de 
boucler ; mais bouqua serait impropre. 

Blouquo, s. m. Dim. Blouquéto, augm. Blouquasso. 
Boucle, anneau de métal, muni d’un ardillon, et qui sert 
de fermeture à bien des objets divers. — S'emploie dans 
toutes les acceptions, sauf boucle de cheveux. 

Dér. du lat. Buccula, anneau du bouclier par où on 
passait le bras. 

Blouquo, s. m. Clou de soulier, court, à tête ronde et 
plate, dont on sème la semelle par lignes régulières. 11 ne 
faut point le confondre avec la tacho, petit clou, à tête 
grosse et ronde, comme les clous de fauteuil, pour fixer 
toute sorte de choses délicates, et qu'on appelle en fr. 
broquette. Métathèse de Broquo, en esp. broca, clou. 

Dér. de Blouquo, parce que cette espèce de clous sert à 
relier les différentes assises de la semelle, comme si elles 
étaient serrées par des boucles. 

Blu, uio, adj. Dim. Bluïé, péjor. Bluïas. Bleu, bleue; 
violet; de couleur bleue ; une des sept couleurs primitives 
— Blu dé cièl, bleu céleste. Vénèi tout blu, prendre un 
teint pourpre de colère, de frayeur-ou de froid. Estre passa 
dou blu, être désappointé, désabusé de ses prétentions. 

Il se prend quelquefois comme substantif; mais il se 
rapproche alors de l’argot. Un blu signifie un mauvais 
bidet, une rosse, un äne, et par ext. au jeu de cartes, un 
as. — Au pl. m. lous blus, les bleus, désignation de parti. 

Dér. de l’allem. Blauw, azur, bleu de ciel. 

Bluïastre, astro, adj. Bleuâtre; violacé; tirant sur le 
bleu ou le violet ; d’un bleu sale. 

Bluïéja, v. Paraitre bleu; jeter de loin une teinte bleue, 
azurée ou violacée. 

Dér. de Blu. 

Bo, bono, adj. Dim. Bouné, péj. Bounas. Bon, bonne; 
qui a de la bonté; parfait ; qui a toutes les qualités dési- 
rables selon sa nature ou pour sa destination, ou pour son 
état ; en parlant des personnes et des choses, excellent, 
fort, vigoureux, vrai, heureux, humain, franc, véritable. 
— Lorsque cet adjectif précède immédiatement le sub- 


117 


118 BON 


stantif auquel il se rapporte, il se dit : bon; un bon home, 
dé bon pan. H fait de même, lorsque le mot suivant com- 
mence par une voyelle dans un mème membre de phrase : 
Aqud’s bon à sdoupre, c'est bon à savoir. — Faïre soun bon 
jour, faire sa communion eucharistique. 

Faï-bo, il fait bon : le temps est doux. Lorsque cette 
expression faï-bo est suivie immédiatement d’un infinitif, 
on dit bon. Faï-bon marcha, il fait bon cheminer. Faï-bon 
sdoupre quicon, Il est utile d’avoir quelque instruction. 

Sé faïre bo pér quéuoquus, se porter fort pour quel- 
qu'un, le cautionner. Faïre bo dé cén frans, s'obliger sur 
parole de cent francs ; les jouer sur parole. 

Un bon home ne veut pas dire comme en fr. un bon- 
homme, un peu niais; mais un homme solide au travail, 
soit pour l'adresse, soit pour la force, — Aqud’s dé bon 
faïre, dé bon dire, cela est aisé à faire, à dire. Esocrituro 
dé bon légi, écriture très-lisible. Aquo's dé bon véire, c'est 
clair, évident. Lou bo ddou jour, le bon du jour. Faï bon 
èstre riche, parlez-moi d'être riche. Ou dises dé bo? Tu 
parles sérieusement ? Y vaï dé bo, il ne plaisante pas. Y-a 
uno bono lègo, uno bono houro, il y a encore une forte 
lieue, une bonne heure. Low bon Diou, Dieu, le bon Dieu; 
se dit quelquefois pour crucifix. 

Dér. du lat. Bonus. 

Bocho, s. f. Boule, ordinairement en buis, servant à 
jouer. — Jouga à las bochos, jouer au jeu de boule. Tira 
uno bocho, débuter une boule. 

En ïital. Zoccia, en esp. bocha. 

Bofi, iô, adj. Péj. Boufias. Bouffi ; gros joufflu; enflé ; 
difforme de figure ; boursouflé. 

Dér. de Boufa. 

Bojo, s. f. — Voy. Saquo. 

Bolo, s. f. Borne; limite ; frontière; ligne divisoire quel- 
conque entre deux territoires, comme entre deux. héri- 
tages, deux champs, qu’elle soit déterminée par la nature, 
un cours d’eau par exemple, une chaîne de rochers, les 
eaux versantes d’une montagne, ou par un canal et un 
chemin public, soit par des bornes conventionnelles entre 
parties. — Faïre bolo, servir de point ou de ligne de déli- 
mitation. 

Le plur. as bolos est d'un emploi plus fréquent. 

Dér. de la bass. lat. Bola : bolas seu metas plantare, 
planter des bornes, venu sans doute du gr. B&xos, motte, 
tertre. 

Bomi, s. m., ou Vomi. Vomissement; action ou envie 
de vomir; haut-le-cœur. — Aqud faï véni lou bomi, cela 
soulève le cœur. 

Dér. du lat. Vomere. 

Bon, bono, adj. — Voy. Bo. 

Bonafoüs, ousso. Dim. Bonufoussé, éto, n. pr. d'homme, 
qui répond à bonne fontaine : Bonafous, Bonefoux ou Bon- 
nafoux, L'ancienne langue d'Oc disait fous pour fontaine. 

Dér, du lat, Bonus, et fons. 

Bonamén, adv. Bonnement; sans fie], sans malice; sans 





BOR 


arrière-pensée. C’est souvent un adv. explétif, sans portée: 
Bonamën dé que vous dirai? Au fait, que voulez-vous que 
je vous dise ? 

Dér. de Bonus, bond mente. 

Bonhur, s. m. Bonheur; félicité; état Dire pros- 
périté; chance heureuse. — Estre dâou bonhur, être heu- 
reux au jeu; avoir bonne ehance. Sé lou bonhur m'énvôou 
dire, si le hasard veut me sourire. Low bonhur gn'én. vou, 
le bonheur le suit, s'attache à lui. Y-a pas bonhur qué dé 
canaïo, il n’y a de bonheur que pour la canaille. 

Dér. du lat. Bona et hora. 

Bonjour, s. m. et interj. Dim. Bonjourné. Le bonjour 
et Bonjour! En langued. plus qu’en fr. on distingue le 
bonjour du bonsoir ; on s’y trompe bien quelquefois, mais 
rarement. On dit bonjour toute la matinée jusqu'à midi, 
et bonsouèr de midi au soir. Bonjour et bonsouèr se disent 
soit en accostant quelqu'un, soit en passant à côté de lui, 
sans s'arrêter. On ne les dit guère pour prendre congé, ce 
qui se fait par adiou, adiou-sias, où bien vôtro, auquel on 
répond : amaï à vous, je vous en dis autant. — Low:bon- 
jour à vosto fénno, vous présenterez mes salutations à 
votre femme, et l’on réplique invariablement : Y manqua- 
raï pas, dé vosto part, je n'y manquerai pas, de votre 
part. 

Formé de Bon et de jour. 

-Bonsouèr, s. m. et interj. Dim. Bonsouèrné. Le bon- 
soir, bonsoir! salutation du soir. — Voy. Bonjour. — 
Aça anën, bonsouèrné. Çà, nous partons, bonsoir! Dire 
bonsouèr, dire adieu ; renoncer à. 

Formé de Zon et de souèr. 

Bôou, s. m. Ocre; terre bolaire. On emploie l'ocre en 
pain ou en motte pour marquer d'une couleur rouge ou 
jaune foncé les moutons qui sont destinés à la boucherie. 
Les bergers s'en servent aussi par coquetterie pour farder 
leurs plus beaux moutons, concurremment avec le Nash 
de-gris. 

Dér. du lat. Bolus, bol, terre bolaire. ñ 

Bor, s. m. Dim. Bourdé. Bord; lisière ; extrémité; rive. 
— Préne sus lous bors, prendre vers les extrémités, supls 
lisière. Siès bién dou bor, tu es bien sur le bord. 

Dér. du lat. Ora et dugr. “Opos, par l'addition du B. 
En allem. bord, m. sign. 

Bordo, s. f. Dim. Bowrdéto. Fétu, brin de paille ; saleté; 
atomes surnageant dans un liquide. — Tiro mé aquélo 
bordo, tire-moi cette paille de l'œil, dit-on à quelqu'un 
qui avance une grosse hablerie. Y-a bé dé bordos dinc aquél 
afaïre, cette affaire est bien sale, bien louche. 

Dér. comme le v. fr. Ord, orde, du lat. sordidus; laïd, 
sale. 

Borgne, gno, adj. Dim. Bourgné, péj. Bourgnas. Bor- 
gne, privé d’un œil. — C’est par le frottement du fr..qu'on 
a restreint le mot Borgne à ce sens. I] paraît certain qu'en 
lang. il signifie proprement : aveugle, privé de lawue, 
comme cela se démontre par les phrases proverbiales : 








BOR 


Borgne d'un il ; il est clair que borgne s'entend là pour 
aveugle. Une chanson fr. dit bien aussi : 12 était borgne 
des deux yeux. L'argén fai canta lous borgnes, argent 
fait chanter les aveugles et non les horgnes. D'aïci à cént 
ans sérén toutes borgnes, dans cent ans nous serons tous 
aveugles, nous n'y verrons plus. On appelle aussi les vers 
à soie lous borgnes, à cause du préjugé général qui veut 
qu'ils soient privés de l'organe de la vue. Enquiè coumo 
un ca borgne, ne peut s'entendre que d’un chat aveugle; 
les animaux ne pouvant beaucoup s'inquiéter de la perte 
d’un seul œil, qui ne fait que diminuer faiblement leur per- 
ceplion visuelle. Bado coumo un borgne qu'a pérdu soun 
bastoù,il crie comme un aveugle qui a perdu son bâton ; 
crierait-il s'il lui restait un œil? Siès borgne qué y véses 
pas, tu es donc aveugle pour n’y pas voir? 

Dér. du bas-breton Born, m. sign. 

Borgno, adj. fém. de Borgne. Dim. Bourgnéto ; péj. 
Bourgnasso. Borgne; aveugle. Au fig. obscure. — Ma 
grand-la-borgno, ma mère-l'oie ; la traduction est exacte, 
mais incomplète. En fr. comme en lang., il s'agit d'une 
bonne vieille grand'mère, qui charme et endort les enfants 
par ses longs contes. Notre gran a la mème spécialité que 
la Mère-l'Oie. Cependant il y a pour nous quelque chose 
de plus ; nous n'avons pas seulement recours à notre con- 
teuse, comme on fait à l’autre, pour nous amuser ou appe- 
ler le sommeil. Lorsque quelqu'un nous poursuit ou fatigue 
de billevesées, de promesses auxquelles on ne croit pas, 
de contes à dormir debout pour tout dire, on lui jette à 
la figure : ma gran-la-borgno! ou contractivement : ma 
gran ! C'est une expression d'incrédulité, de dédain, de 
reproche, de colère. On voit qu'il est toujours question de 
contes, sans quoi l’ellipse ne s’expliquerait pas, c'est comme 
si l'on disait : vous me débitez des sornettes, je n’en crois 
pas un mot. En fr. on n'emploie pas ainsi le nom de la 
Mére-l'Oie, c’est une lacune. Resterait maintenant à savoir 
quel malheureux accident rendit borgne où pour mieux 
dire aveugle, notre pauvre gran. L'infirmité lui vint sans 
doute avec l’âge, et elle a toujours été si vieille ! Mais que 
de plus clairvoyants décident à quelle époque de sa vie ma 
gran-la-borgno perdit la vue. 

» Borgno, s. f. Canal d'entrée ou d'amont, canal de fuite 
où d'aval d'un moulin à eau. C'est généralement ce pas- 
sage voüté et obscur, qui commence à la première vanne 
de chute et se términe au canal couvert de fuite. 

Dans le bas-bret. Born ; en ital. Bornio, m. sign. 

Borio, s. f. Dim. Bouriéto; péj. Bouriasso. Métairie ; 
ferme ; closerie ; domaine dépendant d'une seule et mème 
exploitation. Comme ce mot est propre aux Hautes- 
Cévennes, où la propriété est fort divisée, il ne représente 
guire qu'un petit domaine. Le mot Mas, plus particulier 
e vennes, et à un pays de plaines et de larges 
e | éntraine l'idée d’une plus large exploitation. + 

— Borio est devenu nom pr. et s'applique à tout un quar- 
tier, où se trouvait sans doute et où il existe encore un 








BOS 119 


manoir ou une ferme principale, On le traduit en fr. par 
La Borie, et quelquefois on en a fait un nom d'homme. 

Dér. de la bass. lat. Boria, fonds de terre, maison de 
campagne ; du lat. boaria, étables à bœufs. 

Bos, s. m. Dim. Bousquè; péj. Bouscarasso. Bois, en 
général, substance ligneuse dure et compacte des arbres 
et des arbrisseaux ; forêt ; taillis; futaie. — Apara un bos, 
défendre l'entrée d’un taillis aux troupeaux. Bo$ dé luno, 
bois coupé dans la lunaison favorable ; dans le sens de ce 
préjugé qui veut qu'on coupe après la pléine lune tout le 
bois qui perd annuellement ses feuilles, et en nouvelle 
lune celui qui les conserve toute l’année /Voy. Bartassoù). 
Bos coumun, communal ou communaux, pâturages où les 
habitants d’une commune ont droit de pature; dans les 
Hautes-Cévennes et la Lozère, communaux sur lesquels les 
habitants ont droit d'affouage, c'est-à-dire le droit de 
prendre du bois pour leur chauffage, fixé par répartition 
des feux. Sèn dinc tn bos ? Sommes nous dans une forêt, au 
milieu des voleurs? Au fig. Porto bièn soun bos, il porte 
bien son âge, il est vert pour son âge. Es dé bon bos, il 
est bâti de bon bois, il durera longtemps. Faïre fid dé tout 
bos, faire flèche de tout bois. Laïssas faïre lou bos, loc. 
prvb., ayez patience ; laissez pisser le mouton; mot à mot 
cela signifie : attendez que le bois ait travaillé tout ce 
qu'il doit, qu'il ait pris le degré de sécheresse néces- 
saire. 

Le radical Bos, ses composés et ses dérivés, ses dimi- 
nutifs ou ses péjoratifs ont donné naïssance à une famille 
très-nombreuse de noms propres de personnes et de lieux. 
Pour bien saisir les variantes des appellations modernes, 
il faut connaitre les changements par lesquels a passé le 
primitif qui se trouve dans la langue celtique Bos, bose, 
dans le germanique Buse, ou dans le gothique Busche. 
Suivant l'influence dominante, la bass. lat. fit : Boscus, 
boscum, buscus, buschus, avec les dim. Boschetus, buske- 
tus, busquetus. Le roman disait : Bos, bose, boc, boisc, 
bosche, bou, busche, et les dimin. Boscal, bosquet, buchet, 
bosquina, boscatge, boisson, boyssada; en esp. portug. 
Bosque, bosquete; en ital. Bosco et boschetto. 

De ces éléments se sont formées, disons-nous, bien des 
dénominations locales; mais le fonds était si riche, dans 
un pays couvert de forêts, et il prêtait si bien à une dési- 


-gnation, qu'il ne faut pas s'en étonner. Les altérations de 


langage s'en mêlant ensuite ét venant à modifier les mots 
et lessons, à les amoindrir ou à les renforcer, il n'est pas 
surprenant non plus que la véritable racine des vocables 
soit souvent difficile à distinguer, ‘et puisse être confondue 
dans ces broussailles. Nous essaierons de les retrouver sous 
léurs formes diverses, et sous chacun des composés ou 
dérivés, diminutifs et autres. — Voy. Bruèl, Bruguiè. 

* Ici notons les nuances qui retracent dans notre langue 
celles du primitif lui-même. Dans les noms d'homme et de 
lieu, se conservent très-rapprochées : lou Bos, lou Bose, le 
Bosq (Hérault) ; dèl-bos, Delbos, Dalbos, Dalbosc, Dubosc 


120 BOU 

ou Dubois, tous identiques et faits du mème bois; les 
composés Chalbos, Chdoudobos, Chäoudoboï, Méäoubos , 
Malbos, Malbosc. — Voy. ces mots, et autres, sans oublier 
ceux où la désinence particulière à notre territoire se 
montre, comme dans les noms : Boussargue, qui est 
identique aax premiers, et Bussargue. . 

Bosso, s. f. Dim. Bousséto, Boussignolo, péJ. Boussasss. 
Bosse, déviation de l'épine dorsale ou du sternum; enflure 
causée par une contusion ; en général, toute excroissance 
contre nature. — Rounla sa bosso, rouler sa bosse, voya- 
ger de tous côtés en exerçant différentes industries inter- 
lopes. Faïre ou sé ficha uno bosso, manger et boire avec 
excès. Sé ficha uno bosso déou rire, rire à ventre débou- 
tonné, ou mieux dans le même sens : Créba ddou rire ; ces 
trois locutions sentent fortement la langue verte. Sés fa 
uno bosso dou front, il s'est fait une contusion au front, 
qui s’enfle. 

Dér. du celt. Boss, ou du gr. Péoox, enflure. 

Boto, s. f. Péj. Boutasso. Botte, chaussure de cuir qui 
couvre le pied, la jambe et quelquefois le genou. — Coumo 
vaï la boto ? comment va votre santé ? 

Emp. au fr. En celt. Bot, pied. 

Bou, s. m. Dim. Bouté. Bout; fin, extrémité, reste de 
quelque chose; brin. — Fiou à dous bous, à trés bous, fil 
à deux ou trois brins. Sèn pa’'ncaro dou bou, nous ne 
sommes pas encore au bout, à la fin; nous n’avons pas 
fini. Tout sé véira dou bou, nous verrons bien à la fin du 
compte. Lou téne pér un bon bou, j'ai mes süretés avec lui; 
je le tiens par un bout qu’il n’essaiera pas de rompre. 

Lou bou dâou mounde, terme de charcutier, l'intestin 
cœæcum, boyau fermé naturellement d’un côté, dans lequel 
on ensache de la viande de porc hachée dont on fait une 
sorte de mortadelle : c’est cette mortadelle qu’on appelle 
bou dâou mounde. 

Dér. du celt. Bod, fond, extrémité, ou du gr. Bués, 
fond, profondeur. 

Bou, s. m. Papillon mâle des vers à soie. Plusieurs 
femelles pouvant être fécondées par un même mâle, il y a 
intérêt à prendre pour le grainage plus de femelles que de 
mâles ; à cette fin, lorsqu'on choisit les cocons qui doivent 
servir, on donne la préférence à ceux qui sont bien formés, 
qui sont les plus durs, parce qu’il est à supposer qu'ayant 
plus de soie, il faut admettre que les papillons qui en 
proviendront seront plus robustes; on reconnait ensuite ou 
on croit reconnaître les mâles dans les cocons à forme plus 
allongée, plus pointue aux extrémités, mais souvent on se 
trompe à ce triage dont les données sont peu précises. 
C'est du reste un mauvais procédé et une économie mal 
entendue que de choisir trop peu de mäles pour le nombre 
des femelles que l’on élève; car le plus souvent la mau- 
vaise qualité de la graine est due à sa provenance de mâles 
épuisés. Il est prudent de calculer seulement deux femelles 
pour un mâle; mais l'usage contraire est malheureusement 
suivi par les spéculateurs, surtout depuis l'extension que 





BOU 


cette industrie a prise. Quand il sera possible d'échapper à 
tous les inconvénients des grainages faits au hasard, et 
que chaque éducateur éclairé par l'expérience et soigneux 
de ses intérôts, voudra lui-même avec intelligence surveiller : 
cette opération délicate, en y mettant l'importance qui 
convient, peut-être la solution du problème si intéressant 
pour nos contrées aura-t-elle fait un pas de plus. 

Bou, s. m. Figue-fleur, ou figue précoce, que le préjugé 
donne pour mâle à la figue franche. C'est cette idée qui 
lui a fait donner le nom de Bou, bouc, qui est typique du 
genre mâle. 

Bou, s. m. Péj. Boucas, Boucaras. Bouc, mâle de la 
chèvre, Capra hireus, Linn. Mammifère de la fam. des 
Ruminants. Se prend aussi pour : outre à vin faite d’une 
peau de bouc, dont le poil est tourné en dedans. — Es 
coufle coumo un bou, il est enflé comme une outre; ou au 
fig. il a le cœur gros, de colère ou de chagrin. 

Dér. du celt. Buch, d'où le bas-bret. bouch, le gallois 
bwch, le saxon bock, dans la bass. lat. Puccus. 

Boubâou, s. m., n. pr. de lieu. Boubaux, Saint- 
Martin-de-Boubaux, hameau de la commune de Lamelouze, 
arrondissement d’Alais. 

Dér. de Bou, bon, dialecte lozerot, ou peut-être de bos, 
en lal. buschus, bois, avec apocope, et de bdou, baux, 
par substitution du v en #, lettres identiques, vaux, val, 
anc. fr., vdou, lang., vallon, vallée ; d’où bon vallon ou 
vallon boisé. Les noms analogues seraient : Belval, Bel- 
leval, Beauvalon, ou Bonval, Bonneval , noms d'homme ; 
Bonnevaux, canton de Génolhac, arrondissement d’Alais. 

Boubo, ou Bouboü! interj. Dim. Boubéto, bouboù. 
Terme d'enfant ou de nourrice. C’est le baragouinage de 
l'enfant qui demande à boire. On sait qu’à cet âge où peu 
de syllabes sont encore connues, on ne s'attache qu’à quel- 
ques consonnes qui frappent davantage la mémoire, en y 
joignant nne voyelle quelconque, et on en fait une rédu- 
plication de la syllabe retenue pour la rendre plus, sen: 
sible. L'enfant ne se rappelle pas de tout le mot Déoure, 
mais le B l’a frappé comme le son de la diphthongue ou, 
il en fait boubo et bouboù, de mème qu'il a créé papa, 
poupo, tété, etc. Les grands enfants qui sont auprès de 
lui, et qui devraient toujours le ramener à la prononcia- 
tion du mot propre pour l'y façonner, au lieu de cela, 
abondent dans son sens et se plient à son vocabulaire. La 
nourrice ne manque jamais de lui dire : Vos boubo, vos dé 
bouboù, au lieu de prononcer le mot béoure, qu'il compren- 
drait évidemment, puisque c’est lui qui a formé par ana- 
logie son bowbo. S'il ne le répète pas exactement, ce n’est 
pas faute de l’entendre ni d'en faire l'application, mais 
plutôt d'être exercé aux procédés labiaux et autres qui sont 
nécessaires à la prononciation. Il est bien entendu que, par 
cette raison, le dim. Bowbéto n’est jamais employé que par les 
nourrices et les bonnes, jamais par leur poupon lui-même, 
qui aurait aussitôt fait de dire béoure, s’il pouvait varier et 
articuler plusieurs syllabes avec changement de consonnes. 





BOU 


Boubourado, s. f.Péj. Boubouradasso. Vapeur chaude et 
étouffante qui s'exhale d’un endroit chaud et enfermé; étuve. 

Onomatopée exprimant le bruit d’une eau qui bout à 
gros bouillons: bou! bou ! répété. 

Boucan, s. m. Boucan; bruit; vacarme: tintamarre; 
bruit d’une rixe. 

Ce mot, qui est importé, comme son homonyme fr., de 
l'idiome des Caraïbes, signifie le mode et le lieu de la pré- 
paration des viandes qu'on boucane ou qu’on fume. Il a 
donné naissance au v. boucaner et au s. boucanier, appli- 
qués d’abord aux Indiens qui boucanaient à la fumée des 
viandes de bœufs sauvages, dont ils faisaient commerce. 
Plus:tard, ce commerce d'échange innocent et primitif fut 
délaissé par les sauvages, qui travaillaient plus directe- 
ment et qui se firent flibustiers. De toutes les nations leur 
vinrent des compagnons : c'étaient bien les plus grands 
tapageurs et les plus mauvais garçons du monde. Le mot 
originaire dévia de son acception primitive, et il reparut 
comme synonyme de tapage tumultueux, vacarme, et 
caractérisa ainsi les boucaniers, faiseurs de houcan, tapa- 
geurs et querelleurs. — Voy. Bousin. 

Après cela, comme l’étym. a des ressources, elle a fourni 
dans le celt. Bocan, impudique, qualification encore très- 
applicable à ce genre de tapageurs, et dans le gr. Buxévn, 
instrument de tapage par excellence, qui les caractérise aussi. 

_Boucariè, s. f., n. pr. de rue et de quartier, qui signi- 
fiait dans l’origine Boucherie, inscrit aujourd'hui sous le 
nom fr. de Bouquerie. 

Dans les premiers temps de l'émancipation des com- 
munes, les différentes corporations des arts et métiers adop- 
taient des rues et des quartiers particuliers, soit par ordre 
de leurs syndics, soit que l'autorité consulaire voulüt 
détruire tout privilége de quartier en obligeant tous les 
exploitants d’une même industrie à s'établir dans une 
même rue. — Voy. Fabrariè, Fruchariè, Péiroularie, 
Sabatariè, Téissariè, etc. 

Bouquariè, dérivant de bou, bouc, bocaria, dans la bass. 
lat., désigne le lieu où l’on tuait les boucs et où l'on en 
préparait la chair, où l'on tenait -boutique pour la vendre. 
- Or il semble extraordinaire que la viande des boucs et des 
chèvres füt le principal objet du commerce des boucheries; 
cependant le doute est difficile quand on se rend compte 
des mots boucher et boucherie, et quand on trouve dans la 
charte d’Alais de l'année 1200, écrite en langue vulgaire, 
ce curieux passage : 

Et nomnadamenz disem que en carreiras publigas o em 
plassas li boquier o li altre maselier lo sanc delz bocz non 
jeton ni escampon, ni las butladas o attras causas pudenz, 
ni aucizon Los bocz emplassas ; e aïizo vedam a totz homes. 

« Nons défendons expressément aux bouchers de jeter ni 
répandre le sang des boucs dans les rues publiques ou sur 
les places, non plus que les intestins ou autre chose fétide, 
qu'ils ne puissent non plus égorger les boucs sur les places; 
et ceci nous le défendons à tout le monde. » 





BOU 


Il paraîtrait cependant qu’au moyen âge il existait deux 
sortes de bouchers, les uns dits 3oquiers, les autresmaseliers, 
du lat. macellarius. Sauvages nous dit que ce dernier nom 
appartient à un autre dialecte. Néanmoins dans la charte 
de 4200 nous voyons les deux noms en usage à Alais, en 
rapprochant l’article que nous venons de citer de celui-ci: 

Establen que tuit li masellier una vegada en lan juron 
sobrelz quatre evangelis de Deu quezel masel defra la vila 
dalest lur etient en alcuna guisa carn de moria ni poirida 
o daltra guisa mortalz non vendran ; cant verre vendran 
0 aret o troia digon o al comprador, iasia aisso que non li o 
demant ; de feda si hom non li a demanda non son tengut 
de dire nomnadamenz. Creissem que las carnz non sion ten- 
gudas en aigo, en aici que las vendant poiridas per bonas ; 
e sien contra aizo fasion li seinnor metan lur pena. 

« Nous ordonnons que tous les bouchers, une fois par an, 
jurent sur les quatre Evangiles de Dieu, que dans la bou- 
cherie ou dans la ville ils ne vendront sciemment aucunes 
viandes passées, ni pourries, ni provenant de bêtes mortes 
de maladie. Quand ils vendront verrat, bélier ou truie, ils 
devront en prévenir les acheteurs, même sans qu'on leur 
demande; s’il s’agit de brebis, ils ne seront tenus de le 
dire qu’en tant qu'ils en seront requis expressément. Nous 
ajoutons qu’ils ne tiendront point les viandes dans l’eau 
afin de vendre ainsi pour bonnes celles qui seraient pour- | 
ries, et s'ils se mettent en contravention ils seront punis 
par leurs seigneurs. » 

Il existait donc des états distincts et par le genre de 
leur commerce, et par le quartier de leur réunion en con- 
frérie, puisqu'à Alais il y avait une rue appelée Boucarid, 
et une autre nommée Mazèl-vièl. Il faudrait en conclure 
que les boquiers, bouchers, ne vendaient que de la chair de 
bouc, chèvre et chevreau, qui était sans doute plus estimée 
que de nos jours, et les maseliers toute autre espèce de 
viande, comme mouton et porc. 

On pourrait tirer une autre induction du rapprochement 
de nos deux citations. On y voit qu’il est défendu aux 
bouchers d’égorger les boucs dans les rues et places et d'y 
jeter le sang ; mais on ne retrouve pas la mème prohibi- 
tion faite aux maseliers pour les béliers, verrats ou truies. 
D'où on pourrait penser, à notre avis, que les boquiers 
égorgeaient toutes sortes de bêtes comprises dans l’expres- 
sion générique boues, et que les maseliers n'étaient que des 
espèces de revendeurs de viande de basse qualité, qu'ils 
auraient achetée des particuliers ou des gens de la cam- 
pagne. Ce qui confirme cette idée, c’est leur serment de ne 
pas vendre, à leur escient, de la viande de bêtes mortes ; 
il est évident que, s'ils avaient égorgé eux-mêmes, ils 
n'auraient pu être dans le doute si leur viande appartenait 
ou non à une bête morte. Une seconde considération, qui 
corrobore cette idée, est puisée dans l’étym. de maselier : 
macellarius signifie moins boucher que marchand de 
viande ; en outre macellum signifie halle, étalage de den- 
rées, étal de boucher; enfin macellus est le dim. de macer, 


16 


12 


122 BOU 


maigre. De lout cela on pourrait conclure que le maselier 
n'était que le revendeur, l'étalagiste de viandes maigres, 
de moindre qualité, et destinées à la classe la plus pauvre ; 
les boquiers, bouchers, étaient au contraire à peu prés ce 
qu'ils sont de nos jours. 

Boucaru, udo, adj. Péj. Boucarudas. Lippu ; qui a de 
grosses lèvres. Ce mot, qui n’est plus dans le dialecte, est 
resté nom pr. d'homme. 

Boucha, v. Tirer une boule, débuter une boule ; terme 
du jeu de boules. On lance de loin pour cet effet une boule 
contre celle qu'on veut débuter, éloigner du but; si elles 
sont d’un poids égal et qu'on tire juste, la boule lancée 
perd tout mouvement et le communique à l’autre, qui part 
au loin, tandis que la première occupe exactement la place 
qu'elle a usurpée, par droit d'adresse : c'est ce qu'on 
appelle : téra’n plago, qui s'emploie aussi au fig. — Voy. 
Tira. 

Boucha ne se dit au sens de boucher (tapa) qu'au part. 
pass. et figurat. : és boucha, il'est bouché, il a l’intéllect 
fort obtus. 

Dér. de Bocho. 

Bouchar, ardo, adj. 


Dim. Bouchardé, péj. Bouchar- 


das. Sale; malpropre; ‘barbouillé au visage; mouton | 


marqué de noir ou de brun sur le museau ; un bœuf où 
un mulet, portant au museau une couleur noire ou diffé- 
rente de celle du corps, reçoivent aussi cette dénomina- 
tion. 

Dér. de Boucho, ou de bouquo. 

.Bouchardije, s. f. Saleté; malpropreté ; crasse sur la 
figure. 

Bouchariè, s. f. Boucherie; abattoir public; ‘boutique 
où Ton vend de la viande. — Voy. Boucariè. 

Bouchè, s. m., au fém. Bouchèiro, dim. PAPE 
Boucher. — Voy. Boucariè. 

Bouchin-Cabro, s. m. Barbe-bouc, salsifis des prés, à 
fleur jaune, Trapopogon pratense, Linn., de la fam. des 
Composées chicoracées. Les gamins ‘sont très-friands au 
printemps de cette plante dont ils sucent chaque jointure 
au nœud de sa tige, qui a un goût douçâtre. 

Dér. du lat. Barbula-hirci, d'où bouchin-barbo, ét la 
Corrup. bouéhin-cabro. En ital. Barba-di-becco; en ‘esp. 
Barba-de-cabron. 

Bouchi-tè | interj. Cri ou plutôt commandement adressé 
à la chèvre. I équivant à Halte-là !'et s'emploie lorsque cet 
animal se dresse contre un arbre pour le brouter, ou quand 
il prend quelque direction dangereuse. Comme cet appel 
est toujours accompagné d'un coup de pierre, l'animal ne 
se trompe guère sur sa signification. 

Dér. de Boucho. 

Boucho, s. f. Dim. Bouchéto; péj. Bouchasso. Chèvre. 
(Voy. Cabro.) Boucho est le fém. de Bouc, et l’ancien nom 
de la chèvre en langue d’Oc. 

Boucouiran, s. m., nom pr. de lieu. Boucoiran, com- 


mune du canton de Lédignan, arrondissement d’Alais, sur ? 





BOU 


la route de Nimes à Alais, et sur le chemin de fer qui 
traverse sous un tunnel le rocher que domine son vieux 
château. 

Sauvages le fait dériver de deux mots gr., Boëe, bœuf et 
Koïpos, porc. On pourrait trouver une autre racine qui 
paraîtrait s’accommoder davantage aux allures du pays. 
Rarement on a emprunté chez les Grecs pour formuler le 
nom des bourgs qui se fondaient dans les Gaules, excepté 
peut-ètre pour quelques-uns qui pourraient remonter à la 
colonisation phocéenne. Il est plus naturel de supposer 
qu'on a pris dans l’idiome vulgaire, surtout alors que les 
racines s’en présentent si aisément dans deux mots de l'an- 
cien comme du nouveau languedocien : bou ou boue, qui 
signifie bouc, et ouire, outre de bouc. La désinence an, 
qui est la traduction littérale du lat. anus, anuwm, dérivée 
du suffixe celt., signe de la descendance, de la propriété, 
de la provenance, indique le sens et la signification à don- 
ner au mot qui lui est attaché; ici Bouc-owir-an veut dire: 
lieu des outres de bouc, où l’on fabrique des outres de 
bouc. — Voy. l'article Argue, et An, suff. 

Sauvages a commis une erreur en écrivant à la française 
le prétendu Céiros venant du gr. Le mot porc se dit bien 
côiros; mais en gr. l’orthographe veut qu'on metle Xofpas 
par un X.et non Kotpos, par un K: différence qui détermine 


le sens. Dans le mot Boucouïran, d’ailleurs, pas la moindre 


trace du ch, qui aurait été conservé, si la version de notre 
savant lexicographe eût été admissible. 

Boudéfla, v. S’enfler; se gonfler, se-boursoufiler. — 
Aqud faï -boudéfla las bouquos, cela fait enfler les lèvres. 
Las: figos boudéflou, les figues commencent à tourner «en 
maturité; elles se gonflent. 

Boudéfle, éflo, adj. Péjor. Boudéflas, asso. Enflé ; 
gonflé ; bouffi; boursoufflé; gros. Au prop. et au fig. 

Boudifla, v. S’enfler; former des vessies, des cloches, 


des ampoules; enlever. — Moun dé boudiflo, mon doigt 


s’enfle; il me vient au doigt une ampoule, une cloche: 

Boudiflo, s. f. Dim. Boudifléto, péjor. Boudiflasso. 
Vessie urinaire; vessie de-porc, qu’on conserve gonflée de 
vent pour l'appliquer comme dessiccatif; cloche; ampoule; 
élevures sur la peau; bulles formées par de grosses gouttes 
de pluie en tombant dans l’eau. 

Dér. comme les précédents, du celt. Bot, crapaud, bass. 
lat. botta, en ital. bodda ; et du lat. inflare, flare in, souf- 
fler dans. 

Boudignièiro, s. f. Boudinière ; charcutière qui va 
dans les maisons particulières faire l’assaisonnement des 
viandes salées de porc, qu’il est d'usage d'égorger pour la 
provision de l’année. 

Dér. de Boudin. 

Boudin, s. #. Boudin, boyau rempli d’un mélange de 


sang de porc, d'herbes et de graisse. — Nous pourtan pas 


dé boudin, nous n’en sommes pas aux civilités ensemble; 


nous sommes ‘brouillés; il y a des motifs d’inimitiéentte 
“nous. Cette loc. prvb.est fondée sur’l'usage local-qui: veut 


l 
: 





BOU 


que lorsqu’en égorge un porc, ce qui a lieu dans chaque 
maison de paysan et presque dans toutes les familles bour- 
geoïses, on envoie un plat de boudin à ses parents, à ses 
amis et à tous ceux auxquels on veut témoigner affection 
ou reconnaissance. Agud’s cla coumo dé boudin, c'est clair 
comme la bouteille à l'encre; tout cela est fort obscur. 

Dér. de la bass. lat. Botulus ou botellus. 

Bou-Diou! interj. Bon-Dieu! exelam. de surprise, 
d’étonnement, qu’on place à tout propos, et qui survient un 
peu partout, au commencement, au milieu où à la fin 
d'une phrase. — Bou-Diou ! qu'és bèl, Bon Dieu ! qu'il est 
grand. Dé qué voulés faïre, Bou-Dtou! Que voulez-vous 
faire, grand Dieu ! 

Altération de Bo, bon ; euphoniquement traduit en bou. 

Boudoli, s. #. Petit homme; bout d'homme; nabot ; 
enfant gros et court, replet et joufllu. 

Dér. de Bou, bout, et oli, huile, comme terme de com- 


. paraison à une outre à huile, qui a les mêmes dimensions 


et une sorte de ressemblance de conformation. 

Boudoufle, s. m. Péj. Boudouflas. Gros-bouffi; gros 
joufflu ou pansu ; bouffe-la-balle, dans l’argot populaire. 

Ce mot est synonyme de Boudèfle, proche parent de bou- 
doli, descendant plus ou moins direct de boudiflo pour 
l'étym. 

Boudougna, v. S'élever; s'enfler; grossir. La différence 


avec Zoudifla, est que l’enflure exprimée par ce dernier 


est censée remplie d’eau on d'air; dans celui-ci l’enflureest 
produite par une contusion, d'où résulte une bosse, une 
bigne, en v. fr. 

Dér. de Boudougno. 

Boudougno, s. f. Dim. Boudougnéto, péjor. Boudou- 
gnasso. Bosse, enflure, bigne, produites par un coup, par 
une contusion ou par l’engorgement d’une glande ; loupe, 
tumeur, excroissance charnue.—Il vient de pareilles tumeurs 
à certains arbres, au chène et au châtaignier principale- 
ment, 

Paraît un augm. de Bougno. — V. ©. m. 

Dér. du gr, Bovvés, élévation. 

Boudousquo, s. f. Epiderme de certains légumes; écale, 

-écorce, coque de certains fruits; pellicule qui reste sou- 
vent adhérente dans les rugosités de la ehâtaigne sèche ou 
blanchie; efflorescence du vin en bouteille ; dépôt de lie 
au fond d’un vase ; éclaboussure de boue. — Manquo pas 
se. din tout aqud, toute cette affaire est bien 


Dér. peut-être du gr. Bépéogos, bourbe. 

Boudroun, s. m. Terme de magon. Bigue de bois qui sert à 
soutenir.les planches d’un échafaudage, soit lorsqu'elle est 
posée transversalement aux poutres principales, soit Jors- 
qu'elle s'enfonce dans l'épaisseur des murs, ce qui arrive 
lorsqu'on est parvenu à une élévation telle qu'on ne peut 
plus échafander ni sur des poutres, maîtresses, ni sur des 


f Formé de -Bou-dé-roun. 





BOU 123 


Boudufo, s. f. Toupie, sabot, bourdat; jouet d'enfant. 
— Voy. Béoudufo. , 

Bouésaje, s. m. Charpente d’un couvert; boiserie, 
ouvrage de menuiserie ; boisage, tout le bois dont on s'est 
servi pour boiser ; parquetage. 

Dér. de Bos. 

Boufa, v. Soufller; être essoufilé ; sifiler; refnser avec 
dédain ; manger avec avidité, avec excès; dévorer. — 
Boufa coumo un lètrou, souffler comme un lézard, soufller 
de fatigue; le lézard, quand il est aux abois, rend une 
espèce de son comme le vent d'un soufflet, Laïssas un pdou 
boufa à la mountado, donnez le temps de soufller à la 
montée. Mé boufè d'uno lègo, il repoussa au loin mes pro- 
positions. Un pdoure diable tout lou boufo, un pauvre 
hère est mal accueilli partout. L'douro boufo, le vent 
souffle. Aguë lèou boufa tout soun féaure, il eut bientôt 
dévoré sa fortune. Boufes pas, ne souffle pas; chut! 
silence ! 

Onomatopée du bruit qu’on fait en soufilant; en allem. 
on dit puffen, gonfler les joues pour soufller. L'étym. pent 
s'appliquer à un homme qui est essoufflé, ou qui se gorge 
la bouche en mangeant avidement. 

Boufaire, s. m. Goinfre; gros mangeur; vorace; au 
fig. prodigue, mangeur. 

Dér. de Boufa. é 

Boufar (Gran), s. »”. Bouffard, maître-soufileur dans 
une verrerie, celui qui souflle les grands vaisseaux, tels 
que dames-jeannes, alambics, matras. 

Dér. de Boufa. 

Boufarèl (Anjou-), s. m. Ange bouffi, gros bouffi, par 
comparaison aux têtes d’anges isolées qui sont toujours 
jonfflues, et aux figures du vent, que les peintres repré- 
sentent comme les têtes d’anges et que le peuple confond 
avec elles. — Sémblo un anjou-boufarèl, il ressemble à un 
ange bouffi. 

Dér. de Boufa. 

Boufé, s. m. Dim. Boufétoù. Enfant joufllu et nabot; 
gros. petit joufflu ; fort ressemblant au boudoli. 

Dér. de:Boufa. 

Boufèlo, s. m.; au fém. Boufèlésso. Dim. Bouféloù. 
Gros-enflé; gros bouffe-la-balle, surnom familier que l'on 
donne aux hommes d'un embonpoint excessif. Le dimin. 
ne s'applique pas à un homme moins gros que le premier, 
mais d'ordinaire au: fils de celui qui est surnommé Boufèla, 
quelle que soit d’ailleurs sa eonstitution; de même pour 
le-fém. Boufèlésso. Cet usage de faire participer les femmes 
et les enfants aux sobriquets de leur mariet de leur père 
est très-fréquent chez le peuple, surtout chez celui des 
communes rurales. 

Dér. de Boufa ou de boudifla. 

Boufés, s. m. plur. Dim. Boufétés ; péjor. Boufétasses. 
Soufflet. à feu, instrument pour souffler. 

Dér..de Boufa. 

Boufiga, v. Se boursoufller ; se couvrir d’ampoules ; 


124 BOU 


s'élever en pustules, en vessies, avec inflammation, telles 
que les produisent les piqüres d’abeilles, de moucherons, et 
le frottement des orties, ou les brûlures. 

Dér. de Boufa. 

Boufigo, s. f. Dim. Boufiguéto, péjor. Boufigasso. Vessie ; 
cloche ; ampoule ; pustule; échauboulure ; boursouflure. 

Dér. de Boufa, boufiga. 

Boufo, s. f. Balle du blé; gousse ou pellicules des 
légumes. 

Dér. de Boufa. 

Boufo, adj. fém., inusité au masc. Boufe. Creuse ; ver- 
moulue; stérile, appliqué à une femme. — Nose boufo, noix 
vide, qui chante creux, parce que l’amande est desséchée. 
Fénno boufo, femme stérile. 

Dér. de Boufa. 

Boufo-fiô, s. m. Petit bonhomme ; enfant chétif et petit, 
toujours au coin du feu; gratte-cendre : le pendant au 
masc. de Cendrillon. 

Boufo-la-balo, s. m. Bouffe-la-balle. Il a beaucoup de 
rapport avec Boufèlo ; seulement celui-ci exprime plus 
particulièrement l'embonpoint de la figure, de grosses joues 
et une petite bouche; celui-là est instantané d'application 
et ne sert jamais de sobriquet. Le fr. d’argot pop. et fam. 
dit bouffe-la-balle, qu'il paraît avoir emprunté au lang. ; 
car que signifie en fr. le mot bouffe ? tandis que boufo, 
3me pers. indic. prés. du v. Boufa, indique quelqu'un qui 
soufile et qui, pour ce faire, enfle ses joues. 

Boufoun, s. m. Bouffon; plaisantin; gaudrioleur ; facé- 
tieux ; farceur; goguenard. — Boufoun coumo un céndriè, 
loc. prvb., mot à mot : bouffon, plaisant, farceur comme 
un cendrier. Voilà un de ces dictons capable de déjouer les 
plus subtiles et les plus sagaces explications. Est-ce une 
antiphrase? c’est probable, car on ne dit cela que de quel- 
qu’un passablement refrogné, nullement rieur ou qui plai- 
sante à la façon des fossoyeurs d'Hamlet. Mais le cendrier 
est-il l'emblème de la tristesse, l’image de la morosité ? 
peut-être; surtout lorsqu'on se le représente avec ses débris 
de charbon noirci et sa couleur grise, sans étincelles, sans 
flamme. Puis n'est-ce pas de cendres qu'on se couvrait 
dans les jours de-deuil ; et le premier mercredi du Carème, 
le Memento homo, avec ses cendres, ne vient-il pas rappeler 
les pensées graves et solennelles de notre néant ? La locu- 
tion peut avoir été créée par toutes ces comparaisons. Le 
contraste serait parfait. Le fr. a dans le même sens : gai 
comme les portes d’une prison. Les deux phrases, en lang. 
et en fr., veulent dire : aussi peu gai que possible, ce qui 
approche beaucoup de triste, et le dépasse souvent quand 
il s’y mêle tant soit peu d’ironie. Donc contre-verité. 

Boufoun, comme son correspondant fr.et l'ital. bufo, 
vient du nom des anciens bouffons de cour, dont le premier 
emploi a été celui de grimacier ; la principale de leurs gri- 
maces consistait à s’enfler les joues et à rouler les yeux, 
ce qui donne au mot la même dérivation qu’au verbe 
doufa. 





BOU 


Boufouna, v. Bouffonner; dire ou faire des plaisante- 
ries; mais particulièrement railler, amuser les autres aux 
dépens de quelqu'un ; goguenarder. 

Dér. de Boufoun. : 

Boufounado, s. f. Bouffonnerie; plaisanterie presqu 
toujours mauvaise ; farce qui excite à rire. 

Dér. de Boufoun. 

Boufounaïre, aïro, adj. Péj. Boufounaïras. Railleur ; 
mystificateur ; mauvais plaisant. 

Bougéroun, ouno, adj. Matois; luron, petit coquin. 
Dimin. et lénitif d’une expression plus énergique; comme 
qui dirait en fr. d’argot mitigé : un bigre. C’est là un de 
ces mille mezz0-termine que le lang. emploie volontiers pour 
faire accorder ce qu'il doit à l'énergie d’une qualification 
avec son respect pour la pudicité du langage. Dans bougé- 
roun, du reste, l’adoucissement n’est pas seulement dans 
le terme, il est aussi dans la pensée : il n’y a rien d’insul- 
tant dans cette épithète, et la signification que nous lui 
donnons est exacte. Les Italiens disent aussi en langage 
trivial bugiarone, évidemment un dim. de bugiardo, men- 
teur. Il est d'autant plus probable que notre bougéroun est 
emprunté à l’ital. que nous le croyons vulgarisé chez nous 
depuis seulement que les chaudronniers napolitains, les 
tabrasaïres (V. c. m.), nous ont apporté leur bugiarone. Il 
a été au surplus très-bien accueilli comme lénitif du gros 
mot que nous n'écrivons pas ici, et qui a bien quelques 
autres variantes, toutes en dimin. classés et usuels. 

Bougnas, s. m». Vieux tronc d'arbre noueux, tels que 
ceux qui sont charriés et délaissés par les inondations. Au 
fig. grosse et vilaine tête. 

Augm. et péjor. de Bougno. 

Bougné, s. m. Débris noueux d’un arbre; petite 
souche. 

Dimin. de Bougno. 

Bougnéto, s. f. Beignet, sorte de pâtisserie cuite à la 
poêle avec de l'huile ; tache produite par un corps gras: 

Dér. de la mème source que l’ital. Bugna, tumeur, 
enflure, parce que les beignets sont une pâte boursouf- 
flée. | 

Bougno, s. f. Dim. Bougnéto, péj. Bougnasso. Souche 
d'arbre, particulièrement la partie noueuse du tronc où 
sont attachées les racines; bigne; bosse; enflure ; glande; 
contusion ; meurtrissure. — Voy. Boudougno. 

Dér. de l’ital. Bugna, bosse. 

Bouï, s. m. Buis, Buœus semper virens, Linn., arbris- 
seau de la fam. des Euphorbiacées, commun dans nos 
montagnes. Cet arbuste, qui fournit un très-bon engrais, 
est fort en vénération dans le pays. On prétend qu'il fume 
un champ pour trois années, suivant ses divers degrés de 
putréfaction : il fume la première année avec ses feuilles, 
la seconde avec l'écorce, la troisième avec le bois. s… 

Dér. du lat. Buxus, du gr. Ié£os, buis.—Voy. Bouissiètro. 

Bouïargue, s. m.,n. pr. de lieu. Bouillargues, commune 
dans le canton et l'arrondissement de Nimes. IL est fait 





BOU 
‘mention de ce village dans de vieilles chartes sous le nom 


de Bollanicæ et Bolhanicæ, villa de Bolhanicis. 


Nous aurions à répôter, à propos de l'étymologie de ce 
nom, ce que nous avons dit dans l'art. Baïargue. (V. c. m.) 
Tous ces villages ou hameaux, si nombreux dans le Gard 
et dans l'Hérault, ne nous semblent pas avoir eù nécessai- 
rement pour parrains des Romains d’origine auxquels on 
attribue leur fondation, sans autre preuve qu’une ressem- 


- blance de noms et sur une fausse interprétation de la finale 


argue. Parce qu'un Romain inconnu se sera appelé Bolanus, 
qu'un certain Vettius Bolanus aura été consul avec Cal- 
purnius Piso, en l'an HE de l'ère chrétienne ; que même 
Cicéron aura eu un ami de ce nom, et qu'il parle dans une 
lettre à Quintus, son frère, d’un domaine près de Rome 


qu'il nomme Bouillanus, ce n'est pas une raison pour 


‘admettre que Bouïargue, Bouillargues, Bolhanicæ, tire sa 
* dénomination de cet illustre personnage, non plus que de 


quelqu'un de ses clients ou descendants établi dans les 
environs de la colonie nimoise. Il est moins superbe, mais 
certainement plus sùr, de prendre l’origine du nom dans 
le lat. bovilia, étables à bœufs, de bos, bovis, qui a donné 
à notre dialecte bidou, bœuf, bouïè, bouvier; au prov. 
bubou ; au roman bouières, bouvières, bovières, terres lais- 
sées en jachère pour servir de pâturage aux bœufs. Ainsi 
on trouverait à ranger dans la même famille, comme l’a 


- faitle latin, qui se connaissait en traduction, en les dési- 


gnant par le nom analogue Bovilhacum où Boviliacum, les 
identiques correspondants à Bouïargue, Bolhanicæ : Bouil- 
lac (Aveyron, Dordogne, Gironde, Tarn-et-Garonne) ; Bouil- 
las (Gers, Lot-et-Garonne); La Bouille (Seine-Inférieure) ; 
Bouillé (Maine-et-Loire) ; Bouilly (Aube) ; Bouvine (Nord) ; 


* Bovelles (Somme); Boves (Somme); Bova, en Calabre; 


même Bovaca, dans la Colombie ; car la racine, la même 
pour tous, est tirée du nom de l'animal le plus utile à 
l'agriculture. A 7 es ce nom est parfaitement en 
situation. 

. Bouïda, v. Vider; faire écouler d’un lieu, d’un vaisseau, 


- d'un sac ce qui le remplit ; enlever ; dter; éloigner. 


Dér. du lat. Viduare. 

Bouïde, bouïdo, «dj. Vide; qui ne contient rien; qui 
n'est rempli que d'air. 

Dér. du lat. Viduus où viduatus. 

Bouïén, énto, part. prés. du v. Boul. Bouillant, qui 
bout ; au fig. qui a beaucoup de vivacité, d’ardeur ; colé- 
rique ; prompt ; violent. — Aigo bouïénto, de l'eau bouil- 
lante. Ase-bouïén. (Voy. Ase.) Sés re sp vous ôtes 
trop vif, trop pétulant. : 

Dér. de Bouli. 

Bouïno, s. f. La gent bovine, l'esphce bovine ; viande 
de bœuf ou de vache. — Léngo-bouïno. — V, €. m. 

Dér. du lat. Bovis, génitif de bos. 

Bouio-baïsso, s. f. Matelote à la provençale; espèce de 
ragoüt ou de potage que l'on fait avec du poisson bouilli, 
assaisonné à l'ail. 





BOU 125 


Les étymologistes provençaux, les plus compétents pour 
un mot qui leur appartient, lui donnent une dérivation 
du sens mème des mots dont il est formé : il bout, baisse ; 
c'est-à-dire : descends la marmite, le potage bout. Et 
servez chaud ! 

Bouïoù, s. m. Peson d'une balance; boulon, contre- 
poids mobile d’une romaine. 

Dér. du lat. Bulla. 

Bouïoun, s. m. Bouillon; décoction de viandes ou 
d'herbes ; consommé. — Un bon bouïoun, aqud remonto, 
un bon consommé, rien de mieux pour restaurer. 

Dér. de la bass. lat. Ebullium, fait du lat. bullire, parce 
que c’est par l’ébullition qu'il se prépare. 

Bouïoun-blan, s. m. — Voy. Alapas. 

Bouira, v. Bourrer, charger de coups; frapper quel- 
qu'un à coups redoublés, comme Von fait sur le corps 
soufflé d’un bœuf pour en détacher la peau. 

Dér. du gr. Boës, bœuf. 

Bouiril, s. m. Ventre ; bedaine ; grosse panse; panse de 
bœuf. 

Mème étym. que Bouira. 

Bouïssèl, s. m. Boisseau, mesure de capacité qui con- 
tient le quart de la carte, le huitième de l’émine, le soixante- 
quatrième de la salmée, d’après nos anciennes mesures ; 
en mesure métrique, il contient 3 litres 125. Il est aussi 
mesure de superficie et vaut 4 are 25 centiares. 

Dér. de la bass. lat. Bussellus. 

Bouïssièiro, s. f. Terrain couvert de buis ; taillis de 
buis. 

Ce mot est un nouvel exemple de l'analogie qui existe 
entre les désinences celtiques et les finales latines et plus 
tard romanes, ou en langue vulgaire qui les traduisait. Le 
primitif final était certainement ac ou ec, marque de la 
collectivité, que le lat. a rendu par efum, et que le lang. 
exprime par ièÿro : beuzac, beuxek, buæiacum, forme celtique; 
buxetum, forme latine ; bouïssièiro, forme languedocienne, 
signifient également lieu couvert de buis, comme le fr. 
bussaie, bussières, Buxières, n. pr., et Bussières (Seine-et- 
Marne), Bussiares (Aisne), Boussières (Nord), Bouxières 
(Meurthe). (Voy. l'art. Argues, An, Ieïro, etc., suff.) Ces 
affinités sont les plus directes ; mais la prononciation de 
l'u en ou, l'altération de la voyelle double elle-même ou et 
celle de la voyelle o de bos, boïs, les traductions employées 
dans la bass. lat. passées dans le roman et enfin dans le 
languedocien, rendent souvent très-mal aisée l'application 
pour distinguer s'il s’agit d’un lieu couvert de bois ou seu- 
lement couvert de buis. Il faut toujours citer, d’après Sau- 


‘| vages, les n. pr. Boissier, La Boissière, Monthoissier, etc., 


comme dérivés de bouï, buis, qui a formé le masc. bouïssiè 
et le fém. bouïssièiro. I est certain que dans notre dialecte 
la prononciation mène droit à cette étymologie. Il faut en 
dire autant de La Bouwissièiro, La Boissière, communes de 
Bez et Esparon, et communes de Malons et Elze, de Bouïs- 
sièiros, Boissières, commune du canton de Sommières, 


126 BOU 


arrondissement de Nimes, et sans doute du nom de Bowïssé, 
Boisset, Buæetum, commune du canton d'Anduze, et 
hameau de la commune de Saint-Sébastien. En composition, 
Bèlbuis, de la commune de Rochegude, sera également à 
citer. On est ainsi conduit à trouver comme similaires : 
Boissières (Sarthe), et peut-être La Boisselière (Sarthe), et 
Boissi (Seine et-Oise) ; et même le nom prop. Boissy, avec 
la désinence familière aux dialectes du Nord, et chez nous 
Boissin, représenté par Bowissé; à moins toutefois qu'ils 
n’aient été inspirés par le mot suiv. bouïssoù, qui est une 
sorte de péjor. venant encore de bouï, et qui a donné 
comme noms de lieu et d'homme : Boisson, Bouïssoù, Bois- 
sonade, Bouïssounado, le Buisson, Boyssonum (Gevaudan). 
— Voy. Bos. 

Bouiïssou, s. m. Dim. Bouïssouné, péj. Bouïssounas. 
Buisson, en général; toute touffe d’arbustes épineux et 
piquants, particulièrement le prunier sauvage ou prunelier. 
— Voy. Agrunas. 

Dér. de Bou. 

Bouja, v. Verser, répandre ; à proprement parler, verser 
d’un sac ou dans un sac. 

Bouja, se vider, rendre tout ce que l’on a dans le corps, 
se dit iron. d’une fille qui est accouchée depuis peu. — 
Vèn dé lou bouja, elle vient d'accoucher. En parlant d’une 
pluie torrentielle : N'én bojo à plés féras, il en tombe à 
seaux. 

Dér. de Bojo. 

Boul, s. m. Bouillon; ébullition; action de bouillir ; 
mouvement des bulles soulevées ; bruit d’un liquide qui bout. 
— Prén lou boul, il commence à bouillir. Dinc un boul 


aquù séra quiè, dans un, seul bouillon ce sera cuit. Fo || 


pas qu'un boul, c’est l'affaire d’un bouillon. 

Dér. du lat. Bulla. 

Boulado, s. f. Jet d’une boule au jeu de boules. — 4% 
éncaro uno boulado , il me reste encore une boule à jouer. 

Dér. de Boulo. 

Boulanjariè, s. f. Boulangerie; profession, atelier, bou- 
tique de boulanger. 

Dér. de Boulanÿe. 

Boulanjè, s. »m. Boulanjèiro, s. f. Boulanger, houlan- 
gère; qui fait et vend le pain. 

Dér. du lat. Polentarius, de polenta, farine de froment. 

Boular, s. m. Péj. Boulardas. Grosse boule ; gobille, plus 
grosse que les autres. — Un boular d'équipé, une grosse 
gobille pour jouer à ce jeu d’enfant que La Fare décrit 
dans ce charmant Hab) dé Sagatides Castagnados. — Voy. 
Boulo. 

Augm. de Boulo. 

Bouldrado, s. f. Crevasse ; action de crever, de se cre- 
vasser, de s’entr'ouvrir, de répandre par là son contenu. 
Au fig. tour de maladresse, sotte équipée. Dans ce dernier 


sens ce mot paraïtrait n'être qu’une altération de bdou- 
drado. 


Dér. de Bouldro. 


BOU 


Bouldro, s. f. Boue; vase ; dépôt de limon d’alluvion; 
lie, crasse, fèces que dépose un liquide; effondrilles d'un 
bouillon, d’une infusion ; bourbe. Bouldro et surtout son 
péjor. Bouldras, entraînent l’idée d'un plus grand épaissis- 
sement dans ces matières et d’un amas plus considérable 
que la Zoudro. — V. c. m. 

Dér. du gr. B6p60ç0s, bourbe. 

Boulé, $. m. Dim. Boulété, péj. Boulétas. Bolet; cham- 
pignon; agaric; fungus; cryptogame en chapiteau. On 
peut diviser en deux classes les champignons comestibles 
dont on fait usage dans ce pays, savoir : les laminés et les 
poreux. et fistuleux. Dansla première se rangent : {ou dorgue 
(boulé rouge), l'é èl, lou capélan, lou souquarèl, lou 
vinoùs ; dans la seconde, l'arcialoùs, la léngo-bouino, la 
sabatèlo et la galinolo. X1 est rare que chacune de ces 
espèces n'ait pas un analogue dans la classe des champi- 
gnons malfaisants. Les plus communs sont le pissago, 
variété de l'arcialoùs, et le féou-dorgue qui ressemble 
beaucoup à celui-ci. — V. €. m. 

Les principaux diagnostiques des champignons vénéneux 
se reconnaissent : 4° lorsque la cassure qu'on fait au cha 
piteau devient en quelques secondes d’une couleur violagée 
et livide; 2° lorsqu'en les rompant il en suinte une humeur 
laiteuse; 3° lorsqu'ils ne portent pas vers le milieu de eur 
tige une sorte de collet ou de couronne, qui n’est autre 





. chose que la membrane liant le chapiteau au pédonenle, 


avant que celni-là ne fùt développé; 4° lorsque l’épiderme 
du chapiteau ne se détache pas nettement en ruban, en.le 
pinçant du bord au centre; 5° lorsque la coupole est par- 
semée de petits flocons de matière laiteuse et spongieuse: 

Dér. du lat. Boletus. 

Boulé, s. m. Boulet; boule de fer dont on charge les 
canons. 

Dér. du lat. Bulla. Dim. de Boulo. 

Bouléga, v. Bouger; remuer; se remuer; changer-de 


place ; tant à l'actif qu'au passif. — Vole pas jamaï \bou- 





légæ d'aïci s'és pas vrai, je veux ne jamais bouger. descette 
place si je mens. Bouléques pas, ne bouge ni ne remue. 
Bouléga lou véspiè, remuer le guêpier; réveiller le chien 
qui dort. 

Dér. de l’allem. Wogen, voguer, ou du lat. bulla, but- 
lam agere, pousser, agiter une boule. 

Boulégadis, s. m”. Remue-ménage ; démangeaison de 
remuer ; frétillement. 

Dér. de Bouléga. 

Boulégado, s. f. Foule; troupes tas ; fourmilière. 

Dér. de Bouléga. 

Boulégaïre, aïro, adj. Dim. Boulégaïré, péjor. Baulé- 
gaïras. Remuant; frétillant; qui s'agite, qui remue:tou- 
jours; mauvais coucheur. 

Dér. de Bouléga. 

Boulégamén, s.m.Remuement; mouvement perpétuel ; 
frétillement. 444 

Dér, de Bouléga. 





BOU 


Bouléja, v. Confiner; être limitrophe ; être contigu ; se 
toucher, en parlant des propriétés. — Nous bouléjan, nos 
champs, nos propriétés se touchent. 

Dér. de Bolo. 

Boulétièiro, s. f. Terre à champignons; proprement, 
champignonnière, c’est-à-dire un endroit particulier où les 
champignons viennent de préférence. Une fois que cet 
endroit est connu, on est à peu près sûr d'y en trouver plu- 
sienrs années de suite, jusqu'à ce que le sol soit épuisé. Cela 
ne s'applique guère qu'aux dorgues, aux arcialoùs, aux 
capélans,; les autres espèces viennent au hasard, ou bien 
au-pied des souches de certains arbres. 

Dér. de Boule. 

Bouli, +. Bouillir; s'élever en bulles et à bouillons par 
l'effet, dela chaleur ou de la fermentation ; fermenter ou 
cuyer, en parlant du vin,— Aquél vin a prou bouli, ce vin 
a assez, cuvé. Moun sang mé boul, la colère me fait monter 
le sang :au cerveau, j'en ai la fièvre. — Faïre bouli l'émi- 
ndou, verser de très-haut et avec force le blé dans la 
mesure, (le manière qu'il n'ait pas le temps de s’y tasser, 
et qu'il forme par conséquent une plus grande quantité de 
vide.C'est ce qu'on reproche aux revendeurs de blé qui 
veulent faire maigre mesure. 

Dér. du‘ lat. Bullire, qui vient de bulla, bulle, bouil- 
lon. 

Bouli, s. m. Bouilli; viande bouillie ou cuite dans l’eau. 
— Mätre lou bouli, mettre le pot-au-feu. Es pas bo ni pér 
bouli ni pér rousti, il n'est bon àien; il n’est bon ni à 
pendre ni à dépendre. 

Dér. du Jat.  Bullire. 

Boulidoù, s. m. Tourbillon dans l'eau ; bas-fond qui se 
forme dans. une rivière par le tournoiement des eaux causé 
par la rencontre de deux courants, ou d’un rocher qui 
l'oblige,à.changer de direction, ou encore par des ouvrages 
d'art-qui-ont le même effet. C'est également toute espèce 
de xaisseau supplémentaire dans lequel on fait cuver la 
vendange, quand la grande cuve est insuffisante ; celle-ci 
ne prend jamais le nom de boulidoù, qui est un dimin. 

Dér. de Boul. 

Boulnado, s. f. Dim. Bowlnadéto, péjor. Boulnadasso. 
Proprement, panse ; la poche gastrique où se rencontrent 
les aliments à moitié digérés ; en général les intestins et Je 
bas-ventre. 

Dér. du lat. Bolutus, boyau, intestin. 

Boulo, s.f. Dim. Bouléto, augm. Boular, boulasso. Boule ; 
bille; gobille;-tout. corps rond ; au fig. la tête. — Boulo 
d'équipè, sobille d’un jeu d'enfant qui se nomme équipe. 


(Vay. Boular.) À pérdu la boulo, il a perdu la tête. Tira’no 


boulo, terme du jeu. de boule, viser à déloger une boule, la 
débuter, en lançant fortement la sienne contre elle. — Foy- 
Bocho. 

Dér. du lat. Bulla. 

Bouloun, s. m. Dim. Boulouné. Boulon, cheville en: fer 





BOU 127 


passe une clavette ou une mèche taraudée qui est vissée 
par un écrou. 

Boulzes, s. m. plur. Soufllet de forge ; mais particuliè- 
rement soufllet double des chaudronniers ambulants, qui 
consiste en une poche terminée par un tuyau, et qu'on 
élève et comprime successivement de chaque main. Ce 
genre de forge s'établit en plein vent, sur la première place 
venue, en creusant une petite fosse de trois ou quatre pouces 
de profondeur, où viennent aboutir les tuyaux des toulxes, 
et par-dessus on place une très-petite quantité de charbon 
de bois. 

Boulze, s. m. sing., est encore un nom pr. très-répandu 
dans le pays, dont le fém. est Boulzésso et le dim. 
Boulzé. Il est rendu en fr. par Boulze. 

Boum! interj. Onomatopée qui exprime le bruit sourd 
produit par la chute d’un corps pesant. — Voy. Chinnanano. 

Dér. du lat. Bombus. 

Boumba, v. Battre; frapper un coup sourd; heurter 
avec force. — Boumbo-quiou, casse-cul; coup sourd qu'on 
se donne en tombant sur le derrière. 

Dér. du lat. Bombus. 

Boumbanço, s. f. Bombance; gala; grande et bonne 
chère ; festin pompeux. 

Dér. de la bass. lat. Pompantia. 

Boumbarda, v. Bombarder; jeter, lancer des bombes; 
canonner; par ext. tirer des coups de fusil, mème lancer 
des coups de pierre. 

Dér. de Boumbo. 

Boumbé, éto, adj. Petit homme court, ramassé, gras- 
souillet, rondelet, nabot tout rond de graisse. — Voy. 
Boumboti, Coufloti. 

Dér. de Boumbo, arrondi comme une bombe. 

Boumbe, s.m”. Augm. Boumbas. Bruit sourd ; celui que 
fait un corps lourd en tombant. 

Dér. du lat. Bombus. 

Boumbi, v. Rendre un son sourd en tombant ; au fig. 
mourir; crever. — Né boumbigué, il en creva. 

Dér. du lat. Bombus. 

Boumbo, s. {. Bombe, gros boulet de fer creux qu'on 
remplit de poudre pour le faire éclater. — Tira las boum- 
bos, tirer des boîtes en signe de réjouissance et faute de . 
canon. Boumbo, grosse femme, courte et replète. 

Dér.-du lat. Bombus. 

Boumboti, s. m.— Voy. Boumbé, m. sign. 

. Boumbourido, s. f. Bourdonnement ; ne s'emploie qu'au 
fig» caprice ; boutade ; transport. — Foy. Grdoule. 

Boumbourina, v. Bourdonner, comme font les taons, les 
abeilles, les hannetons; au fig. murmurer; marmotter ; 


 grogner ; bougonner ; corner, aux oreilles. 


Dér..du lat. Zombus, bourdonnement. 
Boumbourinéja, v. frég. de. Boumbourina. 
Boumi, v., où Voumi, Vomir; jeter par la bouche ce 


|; qui était dans. l'estomac. 
quia unettête d'un: côté, et de l'autre une ouverture où l'on | 


Dér. du lat. Vomere. 


128 BOU 


Bounas, asso, adj. Bonhomme, trop bon, sans malice, 
avec une légère teinte de stupidité. 

Aug. de Bo. 

Boundoù, s. ». Bonde ; bondon; trou rond d’un ton- 
neau par où on le remplit; bouchon, tampon qui ferme ce 
trou. — Voudrièi qué ma gorjo sérviguèsse dé boundo®, je 
voudrais que mon gosier servit d’entonnoir: souhait d’ivro- 
gne. Métre lou boundoù, bondonner. 

Dér. du gr. Béetv, boucher. 

Bouné, s. m. Dim. Bounété; péj. Bounétas. Bonnet 
d'homme, génériquement, ou bonnet de femme, par em- 
prunt au fr. Le bonnet de coton, qui est la coiffure habi- 
tuelle de travail pour les cultivateurs et la plupart des 
artisans, se nomme particulièrement bounéto, ainsi que les 
bonnets de laine rouge ou brune des auvergnats ou loze- 
rots. — Le n. pr. Bouné, en fr. Bonnet, est assez porté. 

Bouné signifie encore : bonnet carré, bonnet que portent 
les gens d'église. — Un curé des hautes Cévennes, qui fai- 
sait ses prônes en patois, dit un jour en chaire : Il y a une 
personne dans ma paroisse qui scandalise tout le monde 
par sa conduite plus que légère ; voulez-vous que je vous 
la nomme, que je la désigne? Je vais lui jeter mon bonnet 
carré. Le geste : yant suivi la parole, l’histoire ajoute que 
toutes les femmes simultanément baïissèrent la tête, chacune 
ayant bien quelque petite chose à se reprocher. Ah / fouriè 
bé dé bounés, Ah! qu’il faudrait de bonnets carrés, reprit 
le malin curé, en voyant ce mouvement. 

Un co dé bouné, une salutation, un coup de chapeau. 
On l'arapariè à cos dé bouné, on le prendrait avec un cha- 
peau. — On croit vulgairement qu'un bonnet crasseux 
d'homme calme les affections histériques d’une femme, 
quand on lui en frotte le haut de la poitrine ou qu'on le 
place à nu sur son sein. 

On n'est pas d'accord sur l’étym. : les uns la tirent du 
celt. Boned, bonnet ; d’autres de l'angl. bonnet ; quelques- 
uns enfin du nom d’une espèce de drap dont on faisait 
anciennement les bonnets. 

Bounétado, s. f. Coup de bonnet; salutation, révérence ; 
salut du bonnet. 

Dér. de Bouné. 

Bounéto, s. f. Dim. Bounététo, péj. Bounétasso. — Voy. 
Bouné,. 

Bounta, s. f. Bonté, qualité de quelqu'un ou de quelque 
chose qui est bon ; obligeance. 

Dér. du lat. Bonitas . 

Bounto, s. f. Ce mot ne s'emploie qu'en se joignant 
avec cabro, ou en la désignant directement et quand il est 
déjà question d'une chèvre dans la phrase : Uno bounto. 
— Cabro-bounto, chèvre franche, sans cornes. 

Dans d’autres dialectes, au lieu de bounto, on dit mouto 
pour la mème qualification. L'étym. donnée alors est prise 
du lat. Mutila cornubus, à qui on a coupé les cornes, où 
du gr. Méukos, qui n'a pas de cornes. Nous n’avons pas 
moulo : il n’y a rien à dire. Bounto serait-il une altération ? 





BOU 


Ces deux mots ne paraissent pas se prêter à une commu- 
nauté d’origine. Mais pourquoi le nôtre ne viendrait-il pas” 
aussi du gr. Bouvés, mamelle ? Ù 

Il peut sembler extraordinaire, au premier abord, que 
ce mot grec, qui a une acception générique, soit employé 
pour désigner adjectivement une espèce particulière de: 
chèvre, Pour que la déduction fût logique, il faudrait sans 
doute que le radical étymologique indiquât l'absence de: : 
cornes. Cependant si on veut remarquer la manière dont 
les langues se sont formées, il ne serait peut-être pas diffi- 
cile, dans l'espèce, de se rendre compte de la possibilitéet 
de la justesse d'une pareille racine. Les divers dialectes. 
méridionaux ont puisé alternativement dans la langue des 
colons phocéens et dans celle des colons romains. Dans le 
mot que nous étudions, une moitié est empruntée au lat. 
capra, cabro; l’autre moitié vient du gr. Bouvée, qui a fait 
Bounto, c'est-à-dire l'animal aux mamelles. Ces deux 
idiomes s'étant confondus dans le roman lang., il en est 
résulté deux mots divers pour rendre l'idée de la chèvre. 
Dès lors on a bien pu profiter de cette richesse pour dési- 
gner par l’un des deux une espèce particulière. Or la chèvre 
sans cornes parait le type de l'espèce ; la chèvre encornée 
est l'exception, puisque, en fr., on désigne la première 
espèce par le nom de chèvre franche, au témoignage de 
Sauvages, la chèvre-type. On l’a appelée dès lors cabro- 
bounto, comme on dirait chèvre-chèvre, et cabro-banardo; 
la chèvre à cornes. 

Bouqua, »., ou Boulqua. Verser les blés ou les foins ; 
les coucher, ce qui est d'ordinaire l'effet d’une grosse 
averse, lorsque les blés et les foins étant fort épais et fort 
orgueilleux, les tiges en sont tendres et faciles à s’age- 
nouiller. Ce même effet est produit quand une personne ou 
un animal les foule en les traversant ou en s’y vautrant. 
— S'aquél bla sé bouquo, y-doura dé paño, si ce blé vient 
à être versé, la paille sera abondante cetle année: Cela” 
veut dire que ce blé en herbe est bien maigre, et s’il vient” 
à être assez fort, assez dru pour ètre versé, c'est une 
preuve que tous les autres, qui sont de plus belle venue, - 
réussiront merveilleusement. Locution ironique pour expri- 
mer un champ de blé étiolé et clair-semé. : 

Dér. du lat. Volvere, rouler. 

Bouqua, v. Terme de magnanerie, couvrir, féconder la 
femelle du papillon du ver à soie. 

Dér. de Bou, papillon mâle. 

Bouqué, s. m. Dim. Bouquété, bouquétoù. Bouquet, 
réunion de fleurs liées ensemble; mais il se dit plus com- 
munément d'une fleur isolée. — Ah / qué de bouqués! Ah! 
que de fleurs ! dira-t-on en entrant dans un parterre. Bou- 
qué de péiros, pierre d'attente. Bouqué dé pèous, une 
mèche de cheveux, un toupet, un flocon de cheveux. 

Dér. de la bass. lat. Boscetum. 

Bouqué, s. m., n. pr. de lieu. Bouquet, commune. ét. 
canton de Saint-Ambroix, arrondissement d’Alais. C'est. 
le nom d'une montagne vers le nord-est d’Alais, Sère dé 1 





BOU 


Bouqué, au sommet de laquelle, dit le guidon, on a érigé 
récemment une statue colossale de la sainte Vierge. L'alti- 
tude de la montagne, au guidon, est de 631 mètres. 

Ce nom est d'évidence un dimin. de Bos (V. €. m.), tra- 
duit de la bass. lat. Bosquetum, boscetum, boschetum. H à 
pour analogues Bousché, Bouschet, communes de Ponteils 
et de Brésis ; lou Bousqué, le Bousquet, hameau de la com- 
mune de Saint-Romans-de-Codière; lous Bousqués, les Bou- 
quets, commune de Soudorgues, et les noms de personne 
Bouchet, Bousquet, Bosquet, communs dans nos pays. Sa 
signif. indique la présence de petits bois, ou clair-semés, 
ou de médiocre hauteur. 

Bouquéto, s. f. Petite bouche, bouche mignonne. — 
Faïre bouquéto, faire la petite bouche; ne manger ou ne 
parler que du bout des lèvres ; faire le dédaigneux, au fig. 

Dim. de Bouquo. 

. Bouquo, s. f. Dim. Bouquéto, péj. Bouquasso. Bouche, 
partie inférieure de la tête par où on parle et on mange ; 
ouverture. — La bouquo dé l'éstouma, le creux de l'esto- 
mac. (Voy. Paléto.) La bouquo d'un four, la gueule d'un 
four. Bouquo-fino, un gourmand, ou un beau parleur. 

. Bouqguo s'emploie rarement au positif pour bouche, qui 
se dit Gorjo. — V. ©. m. 

Las bouquos, les lèvres. 

Dér. du lat. Bucca. 

Boura, v. Casser des pierres ou des rochers avec une 
masse de carrier qu'on appelle bouro. Au fig. Bourrer ; 
frapper rudement ; maltraiter ; travailler avec assiduité el 
employer toute sa force. — Fôou boura aquél ro, il faut 
casser ce rocher à coups de masse.. Nous bourarén, nous 
lutterons ensemble. Zou ! bouras, allons, ferme, forcez, 
poussez. 

Dér. de Bouro, masse de fer. 

. Boura; v. Bourrer; au prop. garnir ou remplir de bourre; 
presser la charge d’un fusil. 

Sé boura, se bourrer de vivres ; se gorger d'aliments ; 
prendre double fourrure contre le froid; se rembourrer, au fig. 
+ Dér. de Bouro, bourre. 

. Boura, v. Bourgeonner, se dit principalement de la 
vigne quand elle commence à pousser ses bourgeons. 

Dér. de Boure, bourgeon. 

_Bourado, s. f. Effort; épaulée: reprise d'un travail, 
d'un ouvrage. — Y véou faire uno bourado, je vais don- 
ner encore un coup de main à cet ouvrage. Y-avèn fa uno 
bravo bourado, nous avons donné un bon coup de collier. 
 Dér. de Bouro, masse de fer. | 

Bouraïè, s. m. Bourrelier, celui qui fait les colliers de 
labour et harnais de roulage, parce qu'il emploie beaucoup 
de bourre pour rembourrer. 

Bourajo, s. f. Bourrache, Borrago offcinalis, Linn. 
Plante de la fam. des Borraginées, diaphonétique et bé- 


chique. 
« Dér. du lat. Borrago, altér. da, œrsgtl Salons Apalte, 
mot qui dans La Lithuanie sgnifait coria. 





BOU 129 


Bouras, s. m. Péj. Bourassas. Lie, boue, que dépose 
l'huile soit dans les fosses du pressoir, soit au fond des jarres. 

Dér. du gr. Bépéopos, boue, bourbier. 

Bouras, s. m. Péj. Bourassas. Etofle de laine grossière; 
bure ; grosse toile d'étoupe dont on fait les sacs et draps de 
la campagne, bourén. 

Dér. de Bouro, bourre. 

Bourasso, s. f. Dim. Bowrasséto. Lange en laine gros- 
sière, espèce de bure dont on enveloppe les enfants, au 
maillot par-dessus le lange de toile, drapé ou drapël, etau- 
dessous du lange de parade, — Estre à la bourasso, ètre au 
maillot. 

Dér. de Bouras. 

Bourbouïado, s. f. Hachis d'herbes, ragoüt, fricassée, 
macédoine composée de légumes, d'herbes et de viande 
hachée, d'œufs brouillés, apprètés comme les épinards ; plat 
assez commun et qui n'est pas du goût de tout le monde. 
— Vèou manja aquélo bourbouïado, dit, surtout un jour 
maigre, quelqu'un qui n'a qu’un très-mince ordinaire. 

Dér. du gr. Bépécpos, bourbier. 

Bourbounés, s. m. Au plur.f Bourbounéses. Bourbon- 
nais, province de France; habitant du Bourbonnais, qui 
lui appartient. On désigne ainsi une espèce de porcs tout 
blancs qui viennent du Bourbonnais. 

Bourboussado, s. f. Curoir de l’aiguillon; petit fer 
plat en forme de pelle, au bout du manche de l'aiguillon à 
bœufs, pour détacher la terre, les herbes, les ronces qui 
s'engagent dans le soc de la charrue en labourant. — Voy. 
Curéto. 

Dér. du gr. Bépéopos, boue, fange. 

Bourdaléso, s. f. Débris fangeux de menu bois et de 
végétaux de toute espèce, que les inondations déposent 
dans les oseraies et qui marquent le plus haut point qu'a 
atteint le niveau des eaux. — Voy. Bourdinchè. 

Ce mot parait directement issu de bordo; la place où 
sont déposés ces débris sur les bords des rivières, la trace 
qu'ils laissent comme bordure, pourraient avoir auss; 
influencé sur sa dénomination. 

Bourdas, s. m. Péj. Bourdassas. Au plur. Bowrdasses. 
Rustre ; gros lourdaud. Epithète injurieuse donnée aux 
montagnards de la Lozère, parce qu'ils voyagent avec un 
gros bâton nommé bourdo. De là ce nom; mais ne vien- 
drait-il pas du lat. Burdo ou burdus, mulet engendré par 
un àne? 

Bourdé, s. f. Sabot, espèce de toupie qu'on fait tourner 
en la frappant avec un fouet. Ce mot n’est plus usité que 
par comparaison : Escarabia coumo un bourdé, vif comme 
une toupie. 

Bourdèou, n. pr. de lieu. Bordeaux, ville, ancienne 
capitale de la Guyenne, maintenant chef-lieu du départe- 
ment de la Gironde. 

Dér. du lat. Burdigala. Isidore de Séville dit que ce nom 
lui vient de ses premiers habitants, qu'il appelle Burgos 
Gallos. 

17 


130 BOU 

Bourdérèou, s. m. Bordereau; facture des différentes 
livraisons d’une marchandise ou d’une denrée vendues. 

Emp. au fr. 

Bourdifaïo, s. f. Fétus et brins de quoi que ce soït-qui 
surnagent dans un liquide ou qui vont au fond; brous- 
sailles; rejetons ravalés qui croissent au pied d'un arbre. 
— Y-a bé dé bourdifaïos, c'est une affaire sale ou em- 
brouillée. 

Dér. de Bordo. 

Bourdifèl, s. m. Péj. Boudifélas. Amas embrouillé de 
fils entrenoués, de racines enchevêtrées. 

Dér. de Bordo. 

Bourdinchè, s. m. Péj. Bourdinchèiras. Débris fangeux, 
détritus de bois, de racines, mêlés de limon, déposé dans 
une cruede rivière sur les rives où dans les oseraies. — 
— Voy. Bourdaléso. 

Dér. de Bordo. 

Bourdo, s. f. Péj. Bourdas, bourdasso. Bas-bout noueux 
d’une souche; long bâton renflé à une extrémité, qui se 
termine par une sorte de boule, bougno. — Pè-dé-bourdo, 
pied-bot. 

En v. fr. bourde, bâton ; d’où bourdon, bâton de pèle- 
rin. 

Bourdo, s. f. Bourde; menterie; fausse nouvelle. — 
Débita dé bourdos, débiter des mensonges. 

Dér. de la bass. lat. Burda, mensonge. 

Bourdouïra, v. Ravauder; farfouiller ; mettre sens des- 
sus dessous ; fouiller; retourner en tous sens. — Dé qué 
bourdouïres pér aqui? que vas-tu ravauder là ? 

Formé de Bordo, balayures, débris, et de vira, ou de 
bordo, v. m., maison des champs, et vira, tourner la 
maison. 

. Boure, s. m. Dim. Bourioù. Bourgeon qui commence à 

pousser ; plus particulièrement œil de la vigne. — Pouda 
à boure et bourioù, taïller la vigne en ne laissant au scion 
restant que deux bourgeons ou deux yeux. — Voy. Bou- 
rioù. 

Dér. de Bouro, bourre, parce que le bourgeon, quand il 
commence à gonfler, est couvert, entouré d’une sorte de 
duvet cotonneux. 

Bouré, éto, adj. Brun, couleur de la bourre de bœuf 
où de vache. — Vi-bouré, vin blanc rosé, clairet et dou- 
ceâtre. 

Dér. de Bouro, bourre. 

Bourèio, s. f. Bourrée, bourrée d'Auvergne ; rigaudon ; 
danse qui s’est effacée déjà devant le galop et la contre- 
danse, détrônés eux-mêmes par la polka et la mazurka. — 
Voy. Bourigal. À 

Bourèl; $. m., au fém. Bourèlo. Péj. Bourélas. Bour- 
reau; exécuteur des hautes-œuvres; au fig. cruel, inhü- 
main, féroce. — Pago dé bourèl, paiement d'avance. Avédre 
un fron dé bourèl, être déhonté comme un valet de bour- 


reau. Lou bourèl l'a manqua, c'est-à-dire il s’est échappé 
de la corde qu'il a méritée. 


BOU 


On n’a qu'à choisir entre les diverses étym. proposées. 
Ce mot, dit-on, vient du celt. borrev ; Caseneuve le tire du 
| gr. Bopés, qüi dévore: Gui-Patin, du lat. burrus, roux, 
parceque les rousseaux sont ordinairement violents; le 

P. Labbe, du v. fr. boucheriau, petit boucher ; Ménage, du 
lat. buccarus, boucher, passant par buccarellus, burellus, 
bourel; Eusèbe de Salverte et Roquefort, du bourguignon 
buro, lance; Villaret, du nom d'un clerc, possesseur en: 
1260 du fief de Bellem-Combe, à la charge de pendre les 
voleurs du canton. En langue romane et en ital. on dit 
boya, en bas-breton bourreo. J'incline pour ce dernier. 

Bourén, s. m. Dim. Bourénqué, péj. Bourénquas. Drap 
de grosse toile qui sert à porter du foin, de la paille, etc. 
— Voy. Bouras. 

Dér. de Bouwro. 

Bourétaïre, s. m. Au fém. Bourétairo. Cardeur, car- 
deuse de fleuret et de bourre de soie. Ils cardent les côtes 
et ce qu'on appelle lous éstrasses de cocons de filature. Ils 
en tirent dans les premières barbes ce qu’on appelle la fan- 
taisie, et du reste le fleuret, qu'on nome bouréto, 

Bouréto, s. f. Fleuret ou bourre de soie, provenant des 
débris grossiers des cocons. C’est une étoffe qui fait un 
très-long usage, et dont les femmes de la campagne étaient 
exclusivement vètues, il y a quelques années, excepté dans 
les grands froids. Aujourd’hui les jeunes filles ont des ten- 
dances marquées à s’émanciper de la servitude de cette 
mode antique. L’étoffe était très-solide à la chaîne, mais de 
mauvais teint et peu élégante d’ailleurs. 

Dér. de Bouro, bourre. 

Bourgadiè, ièiro, s. et adj. Habitant d’un bourg, d'une 
bourgade ou gros village; plus généralement, habitant d'un: 
faubourg de ville; qui appartient au faubourg d’une ville. 

Dér. du lat. Burgus. 

Bourgado, s f. Dim. Bourgadéto. Bourg, bourgade, 
petit bourg ; faubourg. 

Dér. du lat. Burgus. 

Bourgal, alo, adj. Franc, loyal, La franchise et la 
loyauté étaient censées les vertus particulières aux bourgeois 
affranchis, par comparaison aux serfs de la glèbe, dont les 
compliments et les offres de service étaient entachés d'une 
arrière-pensée de servilisme. 

Ce mot dérive évidemment de- bourg, qui a fait bour- 
geois ; l'idée qu'il exprime est l’honneur de la bour- 
geoisie. 
 Bourgalamén, adv. Loyalement; franchement ; carré- 
ment ; sans arrière-pensée; avec indépendance. Il répon- 
dait autrefois à bourgeoisement, qui, dans l’acception fran- 
çaise, comme subst. et comme adv., a bien dégénéré de 
notre temps, où bourgeois est devenu une expression de 
mépris et synonyme de homme vulgaire, sans esprit, sans 
délicatesse et sans goût. 

Bourgés, s. m. Au fém. Bourgéso ; au pl. m. Bourgéses. 
Bourgeois; habitant d'une ville, qui vit sans travailler; le 





peuple entend par là les riches. Il signifie encore : patron, 





BOU 


chef d'atelier, dans le langage des ouvriers; maitre et-hôte- 
lier, dans celui des domestiques ou des voyageurs. 

“Dér. du lat. Purgus, bourg. 

Bourgnoù, s. m. Ruche à miel; tronc Fo «#23 
caisse oupanier dans lequel.on met les abeilles. 

Dér. de Borgne, obscur. 

Bourgougno, s. f. La Bourgogne, ancienne province de 
France. — Pégo dé Bourgougno, importun qui s'attache à 
vous avec obstination et dont on-peut se débarrasser plus 
difficilement que de la poix de Bourgogne, qui est la meil- 
leure et la plus adhérente. 

Dér. du lat.  Burgundius. 

-“Bourguignoun, s.m. Porc, cochon. C'est là un des 
nombreux déguisements que l’urbanité languedocienne im- 
pose-àcet animal immonde pour.le produire là où il doit 
du-respect. Môme alors n'est-il désigné qu'en accompagnant 
son:surnom de précautions oratoires, comme : parlan-t-én 

. réspè, pardoulos-pudou pas. Elle fait de même, quand elle 
parle du fumier, d'un‘âne, etc. Cet usage se perd cepen- 
dant,-soitpar le contact du fr..qui se moque de ces locu- 
tions, soit par l'extension des idées d'égalité. — Voy. 
Lachén, Vésti-dé-sédo. 

Uest-probable que les premières races de nos pores nous 
sont venues de la Bourgogne, ce qui leur a donné ce nom. 

Bourigal, s. m.Dim. Bourigaïé. Rigolon, bourrée, sorte 
de danse. 

Dimin. de Bourdio. — V..c. m. 

‘Bouril, s. m". Dim. Bourïoù. Bouchon; duvet; -coton ; 
éraillures de fil qui dépassent sur la trame d'une étoffe, 
qui la déprécient et qu’il faut éplucher ; bouchon ou caillot 
qui se forme à un fil en le filant. — Tiro aquél bouril éndé 
tas\déns;tire-toi d'embarras si tu peux; dénoue cette diffi- 
culté. 

Dim. de-Bouro. 

Bourioù, s. m. Petit bouchon de fil; petit bourgeon ; 
contre-bourgeon qui pousse à côté du principal ; le plus 
bas œil d'un sarment de vigne. — Voy. Boure. 

«Dim. de -Bouril et de boure. 

 Bourioùs, ouso, adj. Dim. Bouriousé; péj. Bouriousas. 
Cotonneux ; bouchonné ; plein de duvets et.de bouchons. 

“Dér. de Boure. 

-#Bourisquado, s. f. Dim. -Bourisquadéto, péj. Bourisca- 
dasso. Anerie, faute grossière, ignorance crasse. 

« Dér. de Bourisquo. 

Bourisquo, s. f. Dim. Bowrisquoù, Bourisquéto, éj. 
Bourisquasso. Bourrique, ânesse,, ou même âne générique- 
ment. Au masc. Bourisquou, avec la diphthongue finale 
muette, ce qui le distingue de son dim. Ts où elle 
pe — Voy. Bourou. 

- Bourisquou, baudet, âne ; bourrique ;-ausfig. nes 
Vial; ignare; bourrique, qui a aussi les deux accep- 
RE EMA cet longs il ms :Bourisquoù. 

Dér. du gr. Hégétyos;rroux. 


= Bourisquoü, s. m. Anon, Loniets petit âne. "La 





BOU 131 


nuance entre les diminutifs, bourisqué, m., bourisquéto, f., 
et bourisquoù, est seulement que celui-ci est un petit âne 
qui commence à porter le bât, les autres des Anons qui 
têtent-encore leur mère. 

Bourja, v. Fouiller profondément la terre avec la trén- 
quo, lou béchar ou lou coutriè, — V.ie. m. 

Augm. de, Bouléga. 

Bourjoù, s.m. Tisonnier; fourgon pour atiser le feu; 
tout-bâton de bois ou de fer, propre à fouiller, à remuer. 

Altér. pour Fourjoù, dér. du lat. Furca. 

Bourjouna, v., et Bourjounéja, frég. Fourgonner; 
remuer ; fouiller dans un trou avec les mains, un fer ou un 
bâton. — Bourjouna lou fid, fourgonner le feu, le remuer 
avec les pincettes; tisonner. Bourjouna las sèrvos, fouiller 
les remises du poisson avec une perche pour le faire sortir. 
Déqu'anus bourjouna aqui? qu'allez-vous farfouiller là? 

Formé de Bourjoù. 

Bourjounaïre, aïro, adj. Remuant, qui s'agite, qui - 
fouille partout et sans cesse. 

Dér. de Bourjoù. 

Bourlis, s. m. Trouble ; 
agitée. 

Dér. de l'ital. Burlana, tourbillon. 

Bournal, s. m». Cendrier d'un four. 

Ilest dit pour Fournal, altér. fréquente de F en 8. 

Bournèl, s. m., ou Bournèou. Dim. Bournélé, péy. 
Bournélas. Conduit d’eau souterrain ou extérieur, en 
plomb, en zinc, en fonte ou en poterie; tuyau de poële. 

Dér. du celt. Born, fontaine. 

Bourniquèl, èlo, adj. Dim. Bourniquélé, péj. Bourni- 
quélas. Myope; qui a la vue basse, faible, mauvaise vue; 
qui cligne les yeux ; louche. 

Dim. de Borgne. 

Bouro, s. f. Masse de fer montée sur un manche long et 
flexible pour briser les rochers; masse de mineur ou de 
carrier. pour rompre les pierres. 

Bouro, s. f. Péj. Bourasso. Bourre ; poil des animaux ; : 
duvet qui recouvre certains fruits et certains végétaux ; 
bourre d'un fusil, bouchon fait de bourre ou de papier 
pour presser la charge. — Bouro dé sédo, bourre de soie. 
Quan-t-on faï mérca énd'él féou toujour y laissa dé bouro, 
on ne-peut traiter une affaire avec lui sans y laisser du 
sièn. Æmib'él féou toujour y laïssa péou ou bouro, on ne 
peut se tirer de-ses mains les braies nettes. Féou qué la 
bouro né sdoute, il.ne faut pas s'y épargner quand vous 
devriez y laisser-de la peau. Tira pèous et bouro, tirer d'une 
affaire, d’une spéculation, tout ce qu'il est possible de Jui 
faire rendre. Y-a dé bouro, cela s'entend sans qu'on soit 
obligé de compléter le dicton qui est : Y-a dé houro à batre. 
Pour le rendre, on trouvé la phrase toute faite : il y a-du 
fil à retordre. En -vérité, -si l'on voulait positivement et 
sans'velléité même d'antiphrase qui n'y est-certainement 
pas, si l'on voulait, par une image, par une comparaison, 
exprimer une très-grande difficulté à vainere, on pourrait 


confusion; tumulte; foule 


132 BOU 


sans peine trouver plus juste et plus vrai. En effet, rien 
n’est au contraire plus facile que de tordre, même de 
retordre du fil et de battre de la bourre comme de la laine. 
Le français a donc bien décidément déraillé, quoique les 
chemins de fer ne fussent pas inventés à cette époque ; 
mais qu'il s'arrange. Quant au languedocien, qui nous tient 
en ce moment davantage au cœur, il n’y aurait pas moyen 
non plus de sauver sa locution en la prenant comme on la 
ditet surtout comme on l'entend communément. I en serait 
tout autrement si, au lieu de battre, il y avait comme dans 
le français et plus à propos que chez lui tordre ou filer; 
car le poil si court de la bourre se prèterait difficilement à 
cette opération. I n’est pas impossible que notre dicton soit 
parti de là pour arriver où il est, par une oblitération quel- 
conque. Mais il est plus probable encore qu'il ait été fait dans 
un autre ordre d'idées, et qu'il ne dise pas ce que l’on croit. 

Bouro signifie aussi la masse de fer, au bout d’un long 
-manche, dont se sert le mineur ou le carrier pour rompre 
les blocs de rocher et les réduire en moellons. Frapper de 
cette masse est à coup sûr un travail des plus pénibles. 
N'est-ce pas cela qui a donné naissance au dicton ? Notons 
d’abord que batre est pris de mème pour frapper. On dit : 
batre lous piqués, frapper les pieux pour les enfoncer avec 
le moutoù, le bélier ou la sonnette, qui les bat comme la 
masse bat la pierre. Notre locution a dü ètre primitivement 
avec une inversion : Y-a dé la bouro à batre pour y-a à 
batre dé la bouro, autrement dit : éndé la bouro, ainsi 
qu'on dit en français : jouer de la prunelle, des couteaux, 
pour avec la prunelle, avec les couteaux. Cela équivalait à : 
il y à à frapper de la masse, ce sera aussi rude que de frapper 
avec la masse. Dans cet ablatif, l’article la a disparu, parce 
qu'il n'était pas indispensable ni même nécessaire à la clarté 
de la phrase, qu’il allongeait inutilement, ce dont la langue 
a horreur. Dans nos proverbes si nombreux, des irrégula- 
rités, des ellipses bien autres abondent. Cette suppression de 
partie de l’article, créant un calembour, a donné ouverture 
à cette double interprétation par les deux sens qui se présen- 
taient; mais dans le choix à faire il faut se garder de toute 
préoccupation du français. A chacun sa responsabilité, à 
chacun selon ses œuvres : parce que dans cette circonstance, 
le fr. a mal dit, ce n'est pas une raison pour que le lang. 
en ait fait autant; lorsque surtout il est si facile de voir 
qu'il a autrement et mieux dit, qu’il a dit ce qu'il fallait. 

Dér. du lat. Burra, bourre, fait de burrus, roux, cou- 
leur de la bourre, ou du gr. Isgéés, roux, rougeître. 

Bouro, s. f. Jeu de cartes, espèce de bête-ombrée ou de 
mouche, — Estre à la bouro, faire la bôte à ce jeu-là, faire 
la remise. 

Bourou, s. "=. Ane, baudet, bourrique; as, au jeu de 
cartes. — Voy. Bourisquo. 

Bourtoulaïgo, s. f., ou Pourtoulaïgo: Pourpier, Por- 
tulaca oleracea, Linn., de la fam. des Portulacées, plante 
potagère et grasse. 

Dér. du lat. Portulaca. 





BOU 


Bourtoumiou, s. m. Barthélemy, prénom d'homme, qu 
est devenu nom de famille fort commun. Il fait au fém. 
Bourtoumigo, et au dim. Bourtoumigué. — Sén-Bowrtou- 
miou , la Saint-Barthélemy, jour de la foire principale 
d’Alais, qui commence le 24 août et dure huit jours. C'est 
une date fort intéressante pour tout le pays, parce qu'elle 
sert de terme aux baux à loyer et à ferme, à la location des 
domestiques des champs, et à la plupart des transactions 
et des échéances de rentes foncières. Quouro qué vèngue 
Sén-Bourtoumiou y-doura dous ans, il y aura deux ans, 
vienne la Saint-Barthélemy : formule générale de comput 
de date pour les paysans, qui prennent ainsi pour point 
de départ, tantôt une fête, tantôt une récolte, tantôt l'époque 
d’un travail qui se fait à temps fixe : quouro qué vèngou 
las prunos, lous Avéns, lous cabusses, vienne la saison des 
prunes, l’Avent, l'époque des provins. Finès sous ans pér 
Sén-Bourtoumiou, il compte ses années à partir de la Saint- 
Barthélemy ; il est né aux environs du 24 août. La Fare, 
dans ses Castagnados, a fait de la Fièiro dé Sén-Bourtou- 
miou, un tableau du genre des plus gais et des mieux 
réussis. 

Dér. du lat. Bartholomeus. 

Bouru, udo, adj. Dim. Bourudé, péjor. Bourudas, asso. 
Velu; couvert de poils ou de bourre. Au fig. bourru, 
inquiet avec grossièreté. Au jeu de la bouro, celui qui a 
fait une mauvaise affaire, une spéculation ruineuse. — 
M'a fa bouru, il m'a mis dedans. Estre bouru émbé lou rèï, 
perdre avec beau jeu; en effet, au jeu de la bouro, quand 
on ne fait pas de levée on est bouru, et il est par trop fort 
de n’en pas faire, quand on aen main le roi, qui est la plus 
forte carte. 

Bousa, v. Fienter; mais il ne se dit que du gros bétail 
domestique, dont les excréments se nominent bouso. 

Bousado, s. f. Augm. Bousas. Fientée; tas de bouse 
que les bœufs ou les vaches ont rendue en une seule fois. 

Dér. de Bouso. 

Bousanqué, éto, adj. Homme ou femme de très-petite 
taille ; bamboche ; nabot. Il est devenu n. pr. — Voy. Bou- 
sérlé. 

Dim. de Bousas. 

Bousas, s. m. Péj. Bousassas. Fientée énorme. Au fig. 
homme ou enfant de taille basse et large, à la fibre lâche 
et molle. 

Augm. de Bouso et de bousado. 

Bouscarasso, s. f. Bois fort épais et mal entretenu, où 
les ronces et les plantes sauvages abondent ; fourré sau- 
vage. } 

Péj. de Bouscas. 

Bouscardiè, s. ”m. Bücheron, qui coupe et qui dépèce 
les arbres sur face ; qui habite les bois. 

Dér. de Bos. ‘ 

Bouscardièiro, s. f. Bücher; hangar au bois ; lieu où 
l’on serre le bois de chauffage. — Voy. Piolo. + 

Dér. de Bos. EL 








BOU 


* Bouscarido, s. /. Dim. Bouscaridéto. Fauvette ; bec-fin 
à tête noire, Sylvia atricapilla, Temm., de la fam. des 
Passereaux. Ce charmant oiseau, le seul qui puisse riva- 
liser avec le rossignol par son chant, qui dure plus long- 
temps s'il est un peu moins parfait, est fort commun à 
son double passage d'automne et de printemps ; il en reste 
aussi beaucoup en hiver dans le pays. IL vit d'insectes et 
de larves, ainsi que des baies du sureau et du grosciller, et 
fait son nid dans les buissons d'aubépine et d’églantier. II 
a le dessus de la tête d’un noir profond, le corps cendré, 
légèrement nuancé d'olivatre à la queue et aux ailes, le 
ventre et la gorge inclinaht au blanchtre. Le nom de 
Bouscarido, qui vient évidemment de 6os, habitant, ama- 
teur des bois, s'applique bien particulièrement à cette fau- 
vette, mais il se donne également aux autres espèces de ce 
genre, qui sont nombreuses. C'est que le languedocien n’est 
point une langue de savant; il se contente de tracer à 
grands traits et abandonne les détails. Ce n’est point par 
pénurie, car il donne souvent plusieurs noms au même 
individu, mais il est frappé surtout de la différence des 
genres et néglige ou dédaigne les nuances, insignifiantes 
souvent, qui distinguent lès variétés. Nous le verrons ainsi 
confondre sous le nom de tartano et de mouïcé la plupart 
des oiseaux de proie, de sèr, de Zusèr ou lètrou, de ratopé- 
nado, de grapdou, toutes les espèces de ces animaux, qui 
sont très-nombreuses et qui ont chacune un nom ou une 
épithète différents dans la science. On pourrait citer bien 
d’autres exemples de ce genre qui se retrouveront. 
Bouscarido, et par abrév. Bouscar, est un sobriquet que 
l'on donne à quelqu'un de frèle, maigre et fluet. 
Bouscarido (Grosso), s. f. Sitelle où Torchepot, Sitta 
Europea, Linn. Cet oiseau, qui a les plus grands rapports 
avec les pies, vit sédentaire chez nous. Il a les parties supé- 
rieures du corps d’un-cendré bleuâtre, la gorge blanche, les 
flancs et les cuisses d'un roux marron. — Voy. Raté. 
Bouscarlo, s. f. Fauvette ; variante de Bouscarido, qui 
a la même racine et s'äpplique aussi aux mêmes variétés 
de fauvettes. — Voy. Bouscarido. 
Bouscas, s. m. Gros bois ; grande forêt ; forèt solitaire ; 
bois qui brüle difficilement; mauvais bois. — Voy. Bous- 


“ane. a et péj. de Bos. 


Bouscas, casso, s. el adj. Sauvage ; sauvageon ; branche 
non greffée; bâtard; faux. — Léva lou bouscas, enlever les 
pousses de sauvageon d'un arbre. Pèro bouscas, père nour- 
ricier. Fraïre bouscas, frère utérin où consanguin. Cousis 
bouscas, cousin bâtard, parent fort éloigné. Las litanïos 
bouscassos, des chants obscènes, grivois ; la mère Gaudi- 
chon. Fron bouscas, front très-étroit, où les cheveux sont 
très-bas plantés. 

_ Péjor. de Bos. 
* Bouscassino, s. /. Généralité des Drag 


de sauvageon qui sortent tout le long de la tige 
«fau arbre greffé à la tête, qui forment souvent comme des 





BOU 133 


buissons, et qu'il faut se hâter d'enlever pour ne pas affa- 
mer le bourgeon de la greffe. 

Dér. de Bouscas. 

Bousérlé, s. m. Enfant tout petit de taille, menu, 
mignon. Il est, comme bousqnqué, un dim. de bousas, mais 
il n’entraine pas, comme lui, une idée de ridicule; il ne 
s'attache qu'aux enfants, tandis que tousanqué s'attache à 
des individus de tout âge. — Voy. Bousanqué. 

Bousiga, v. Fouiller, remuer, soulever la terre avec le 
grouin, à la manière des pourceaux et des sangliers. Par 
exl. gâter un ouvrage, bousiller, le gâcher, le faire à demi 
et sans régularité ; rabâcher ; ressasser. — Bousiga lou tété, 
est ce que fait un enfant à la mamelle, quand il donne des 
coups de tête au sein de sa mère pour faire venir le trait 
ou le jet de lait. 

Dér. de Bouso et du lat. agere, remuer, agiter, parce 
que tout le monde sait que c'est surlout dans la fiente que 
les porcs aiment à fouiller. 

Bousigado, s. f. Trace laissée dans un champ par le 
fouillement des pourceaux; barbouillage, mal-façon. 

Dér. de Bousiga. 

Bousigadoù, s. m. Fouillis ; endroit hanté par les porcs 
et surtout labouré par leurs œuvres; groin ; gros nez qui 
ferait croire que le propriétaire pourrait s'en servir à bou- 
siga, iron. 

Bousigaïre, s. m. Mauvais ouvrier; .celui qui gâte un 
travail. Au fig. rabâcheur. 

Dér. de Bousiga. 

Bousigaje, s. m. Bousillage; ouvrage, travail mal fait ; 
œuvre donnée à un champ, peu profonde, inégale, toute de 
trous et de bosses, comme si elle était faite par le groin 
d'un porc. 

Dér. de Bousiga. 

Bousin, s. m. Tapage; tintamarre; train; rumeur. — 
Voy. Boucan. Par ext. mauvais lieu, lieu de débauche. 

Emp. au fr. mais le lat. Buccinare semble ne pas être 
étranger à sa formation. 

Bouso, s. f. Fiente, crottin des bœufs, vaches, ânes, 
chevaux et mulets. — Ramassaïre dé bouso, le dernier 
degré sur l'échelle sociale, ou plus académiquement sur la 
roue de la fortune; ce métier, consistant à ramasser du 
crottin sur les routes, est sale et donne de petits bénéfices; 
aussi n'est-il exercé que par les enfants, les vieilles femmes 
et les hommes hors d’état de travailler. Deux jeunes enfants 
se rencontrent ; le plus grand dit à l'autre : Dé qué fas? 
— Ramasse dé bousos, ct tus ? — Oh! iéou, sou à las bro- 
ques. Et le plus petit d'envier son camarade qui avait fait 
son avancement; car, quittant son premier métier, il était 
passé ramasseur de buchettes. — Fara bé la bouso pér la 
gorjo, expression fort sale, mais très-énergique, pour dire 
qu'une personne, vivement contrariée, irritée, va finir par- 
exhaler sa colère, vomir sa bile et son venin. 

Dér. du gr. Bovotastx, venu de Boÿs, bœuf. 

Boussa, v. Former une bosse, s'élever en protubérance ; 


134 BOU 


se dit surtout des plantes tubereuleuses ou bulbeuses, 
comme les pommes de terre, lesraves, les aulx, etc. lors- 
qu'elles commencent à développer leurs tubercules ou leurs 
caïeux. 

Dér. de Bosso. . 

Boussado, s. f. Dim. Boussadéto. Contenu d’une bourse ; 
plein une bourse; magot d’un avare ; pécule d’une femme, 
qui se dit mieux fatéto. 

Dér. de Bousso. 

Boussar, ardo, adj. Péj. Boussardas. Vilain bossu; 
mauvais bossu; se prend toujours en mauvaise part. 

Péjor. de Boussu. 

Boussargue, s. m. n. pr. de lieu. Boussargues, village, 
dans la viguerie de Bagnols, Brossanicæ, dans le dénom- 
brement de la sénéchaussée de Nimes. 

V. pour l’étym. l’article Bos. 

Boussèlo, s. f. Dim. Boussèléto; péjor. Boussélasso. 
Oignon de fleurs; tête d'ail, qui est composée d’un assem- 
blage de plusieurs caïeux ou gousses, béségnos. 

Dim. de Bosso. 

Boussi, s. m. Dim. Boussiné. Morceau; bribe; petit Las. 
— Voy. Flo, Tèfle, Tro. 

Dim. de Bosso. 

Boussignolo, s. f. Dim. Poussignouléto. Petite bosse; 
bosse au front; excroissance; protubérance; bosse de cha- 
meau; tuméfaction quelconque. 

Dim. de Bosso. 

Boussignoula, ». Enfler ; se former en bosse; tuméfier. 
— Soun fron boussignoulè tout dé suito, l'œdème se forma 
tout de suite sur son front. 


Bousso, s. f. Dim. Bousséto, péj. Boussasso. Bourse; 


petit sac de peau, de fil, ou de soie, où l’on met de l'argent. 


par ext. l'argent que l’on a, dont on peut disposer. —"%Æs 
élo qué gardo la bousso, c’est la femme qui tient les.cor- 
dons de la bourse. À bono bousso, c'est un richard. Véou 
maï amis én cour qu'argén én bousso, exp. :prvb:, la 
faveur en justice vaut mieux que l'argent. Tant qué vou- 
ras ami, mais qué la bousso noun toques, prvb. ami.jus- 
qu’à la bourse. 

Dér. du gr. Bipsx, ou Bupoke, peau, cuir, parce que les 
premières bourses en étaient faites. 

Boussd, s. m. Gousset, petite poche placée près de la 
ceinture dela culotte, où autrefois on tenait l'argent pour 
porter avec soi. 

Curo-boussd, Vide-gousset, est le nom d’un village sur la 
route de Nimes à Beaucaire, qui autrefois n’était qu'une 
taverne de route. Ce nom lui fut-il donné parce qu’on y 
faisait bonne chère et qu’on y buvait du bon, ce qui allé- 
chait les voyageurs à y vider leur gousset, ou bien cette 
taverne avait-elle mauvais renom, et supposait-on que le 
gousset s’y vidait un peu contre le gré de ceux qui étaient 
forcés de s’y arrêter ? La première version est.plus-chari- 
table, la seconde est mieux dans les mœurs du temps -où 
le surnom a été donné. — Par ext. on appelle .curo-boussd 





BOU 


tons les objets de dépense habituelle et les ‘enfants -qui 
font des appels fréquents à la bourse de leur père ou qui 
leur coûtent beaucoup pour leur éducation. — Gratas un 
pdouvoste boussd, mettez la main à votre gousset, dit à son 
père un fils qui demande de l'argent. 

Dér. de Bousso. 

Boussu, udo, adj. Dim. Poussudé, péj. Boussulas. 
Bossu, qui a une bosse; montueux; inégal; contrefait, — 
Faoï nous vêtre sé siès boussu, tourne sur tes talons et va- 
t-en. S'ou wos pas créire, véndras boussu, si tune Veux 
pas le croire, tu deviendras bossu, c’est-à-dire Dieu te 
punira. Dé jouïne médéc}, céméntèri boussu, le jeune méde- 
cin peuple le cimetière. 

Dér. de Bosso. 

Boussuduègno, s. f. La gent bossue ; la race des bossus ; 
express. collective, avec le suffixe #ègno : à conférer à 
Bastarduègno, Éfantuègno, etc. —-V. ©. m. 

Dér. de Bosso. 

Bouta, v. Mettre, poser, placer. 

Ce terme est très-élastique; ses diverses acceptions 
s'étendent à beaucoup d'actes. Quelques exemples aideront 


à en bien comprendre les sens divers. — Boutas qu'ague 


pas rés di, faites comme si je n'avais rien dit. £ous cabnès 
boutou dé banos, les cornes commencent à pousser aux 
chevreaux. Las fédos boutou dé pièi, les brebis commencent 
à avoir les mamelles gonflées, preuve qu'elles mettront bas 
bientôt. Aquél éfan bouto dé déns, les dents commencentà 
percer à cet enfant. Bouta davan, faire marcher quelqu'un, 
un troupeau devant soi. Boutas-y la man, meutez la main 
à cette affaire. Bouta coire, mettre le pot au feu, ou-en 
terme de boulangerie, enfourner le ‘pain. "Bouta fiù,reom- 
mencer une chose que d’autres feront après; attacher de 
grelot. Boula lou lévan, mettre le levain, pour faire lepains 

au fig. semer des ferments de discorde. 

Dér. de la bass. lat. Butare. | 

Boutado, s. f. Ecluse, réservoir d'un moulin; lepre- 
mier lait qui vient aux mamelles après l'accouchement," 

Dér. du gr. Bu06<, fond, profondeur. 

-Boutar, s. »m. Gros tonneau ; tonne; foudre, 

Augm. de Bouto. 

Boutas! interj. Sorte de locution explétive, qui n'a 
rien de commun avec le v. bouta. Quand elle est prise inter- 
jectivement, elle répond suivant les cas à : Allez donc! 
Allons donc ! Mon Dieu, non! Je vous en prie! Allez! 
Attendez, attendez! Bon ! — Boutas / fasè-m'aquél plèsi, 
ah! rendez-moi ce service, je vous en supplie. Ah/vboutas! 
mon Dieu, non, vous n'y pensez pas !-Est-ce possible? Bou- 
tas, boutas ! és pas tan nèci, allez, allez, il n’est pas si sot 
qu'il en a l'air. Boutas! laïssa-lou dire, ne Vous tourmentez 
pas, laissez-le dire. Boutas! n'agués pas poou, allez, .ne 
craignez rien. Ah / bouta-vous, ah ! laissez-donc! Vousm'y 
pensez pas! Ce sont des balivernes. — Ce dernier exemple 
présente un idiotisme qu'il faut remarquer. L'interj.aspris 
ici tout à fait, pour ainsi-parler, la forme verbale, :c'est-à- 





BOU 


dire que boutas est considéré comme un temps du verbe 
bouta. Il entre alors dans une règle générale et invariable 
qui veut que, lorsqu'un verbe à la 2me personne plur. de 
l'impératif est suivi immédiatement du pronom pour régime, 
on supprime ls final : Aima-vous, régarda-mé, réscoundè- 
lou. Ainsi bouta-vous, laissez donc. Dans ce cas, comme 
dans les précédents, ikreste une observation : boutas est la 
forme respectueuse et plurielle; au sing., avec la mème 
acception, on emploie : Bouto! bouto! va! va! Bah! pas 
possible! Bon, bon ! que dis-tu là? Bowto/ vèngues pas, 
va, je t'en prie, ne viens pas. Bouto! té troumpes, bien vrai, 
tu testrompes. Boulo! save cé qué tènes, Va, Va, je sais ce 
que tw vaux. Bouto! qu'ou faras bé, j'en suis sûr, tu le 
feras. 

Bouté, s. m., ou Siblé. Tuyau de greffe, pour enter en 
flûte ; virole d’écorce prise à un scion franc, qui a un ou 
deux œilletons et qu'on insère dans un scion écorcé de 
sauvageon. Il faut faire attention que cette virole soit juste 
à la place qu’elle doit occuper : trop large, elle perdrait la 
sève et laisserait l'air circuler entre elle et le sujet ; trop 
étroite, elle se fendrait avant d’arriver à sa place. 

Dim. de Bou, bout. 

Boutéia, ado, adj. Qui a de gros mollets. — Bién bou- 
téia, qui à de forts mollets, bien pris, bien tournés. 

Dér. de Boutél. 

Boutéiè, s. m. Plant, semis de courges, de toute espèce 
de cucurbitacées. — Voy. Cougourliè. 

Dér de Boutéio, courge. 

Boutéio, s. f. Dim. Boutéréto ; augm. et péj. Boutéiasso. 
Bouteille ; vase de verre ou d’autre matière, à long col et 
àlarge ventre, propre à contenir les liquides ; quantité de 
liquide contenu dans la bouteille. —Sour coumo uno bou- 
téio, sourd comme un pot. Béowre boutéio, boire chopine. 
La bo téio l'a més aqui, le vin l’a tué. 

Dér. de B uwto, dont boutéio est un dimin. 

Boutéio, s. f: Courge de toute espèce, la famille appelée 
cucurbitacée; potiron. — Boutéio-énvinadouiro, espèce de 
courge, étranglée par le milieu, renflée par les extrémités, 
dont on fait les gourdes à vin. (Voy. Gourdo.) Les autres 
espèces sont : la cougourlo, lou pastès, lou courné, la 
couasso. Ù 

Dér., comme le précéd., de Bouto, parce que la courge 
sert aussi de vaisseau à vin.  . 

Boutéiou, s. m. Graine ou pépin de courges et des 
cucurbilacées en général. 

Dér. et dim. de Boutéio. * 

.Boutél, s. m. Dim. Boutéié, boutéioù, péj. Boutéias. 
Mollet, gras de la jambe. — À miè boutél, à mi-jambe. 
Long d’esquino, prin dé boutél, rasclo m'aquél, mot à mot : 
long d'échine, fluet de mollets, n’est pas redoutable, atta- 
que-le; longue taille et jambes grèles annoncent la faiblèsse 
de la constitution, qui rendent propre à recevoir une raclée. 
Faïre lous boutéls énd'un éfan, fèter à table le baptème d’un 
enfant. L # À, 





BOU 135 


* Ce mot paraît avoir la mème étym. que le fr. bo tte, fais- 
ceau d'herbes, parce que le mollet est un faisceau de mus- 
cles et tendons. 

Boutigna, v., ou mieux Réboutigna, Bouder; rechi- 
gner ; répondre avec aigreur; revenir sans cesse sur un 
grief passé; se montrer capricieux, mutin, chagrin. 

Boutignaïre, aïro, adj. Péjor. Boutignaïras. Mieux 
Réboutignaïre. Boudeur; rechigné; capricieux ; mutin; 
chagrin. 

Boutigo, s. f. Dim. Boutiquéto ; péj. Boutigasso. Bou- 
tique. 

Ce mot, en fr., s'étendait autrefois aux industries et 
aux professions les plus libérales, de l'échoppe du savetier 
aux brillants magasins de nouveautés et à l'étude ou plutôt 
au cabinet du notaire ; il ne s'élève pas plus haut aujour- 
d’hui que la boutique du regrattier. Le lang., qui ne veut 
pas être en reste, a suivi la progression de la mode; mais 
il lui a fallu emprunter au fr. les appellations plus pom- 
peuses pour lesquelles il n’a pas été consulté, attendu 
qu'elles lui sont arrivées toutes formulées de Paris. Aussi 
est-il obligé de se faire patois, quand il entre chez le bot- 
tier à la mode, pour appeler sa boutique un atéiè, Cepen- 
dant il a conservé l’ancien vocable, sinon dans toutes ses 
applications, au moins avec certaines acceptions caracté- 
ristiques dont il use encore. 

— Faïre boutigo, tenir une boutique, tenir un tout petit 
commerce de détail. Faï bièn boutigo, il est achalandé ; il 
est gracieux et prévenant pour les chalands. Bara boutigo, 
fermer boutique ; faire banqueroute ; au fig. se taire. Léva 
boutigo, commencer un commerce; au fig. se battre, se 
quereller; susciter une rixe. 

Dér. du gr. Axoüxn. 

Boutiguiè, s. m. Au fém. Boutiguièiro. Boutiquier, bou- 
tiquière ; celui ou celle qui tient boutique; petit marchand 
en détail. ' 

Dér. de Boutigo. 

Bouto, s.f. Dim. Boutéto ; augm. Boutar, péj. Boutasso. 
Tonneau; fût; futaille. Lorsque le tonneau de ce pays est 
pris pour mesure de capacité, il contient 360 litres, ou six 
barraux. — Béoure à la barbo dé la bouto, boire à même 
le tonneau, en plaçant la bouche à la canelle. Bouto-trém- 
pidiro, tonneau à piquette, trempo, que l'on tient à part 
pour cet objet, parce que le vin pourrait en être détérioré. 
Bouto-carétièiro, petit tonneau qu'on place debout et 
défoncésur une charrette pour charrier la vendange. 

Dér. de la bass. lat. Buta; en allem. butte, barrique, 
cuvier, 

Bouto! interj. 2me pers. sing. impér. de Bouta. Terme 
de menace, qui s'emploie dans toutes les acceptions, quand 
on tutoie l'interlocuteur. — Voy. Boutas. 

Boutoù, s. m. Dim. Boutouné; péj. Foutounas. Bouton 
d'habit ; de fleur ; bubon, élevure sur la peau ; bourgeon 
d'arbre; moyeu de voiture, de charrette ; testicule d'animal. 
+ Dér. de la bass. lat. Botonus, bouton, que Roquefort 


136 BRA 


fait venir de bouta, mettre; botonus signifie également 
bout, extrémité, ce qui le rend applicable à toutes les 
acceptions. 

Boutougnèiro, s. f. Dim. Boutougnèiréto, péj. Boutou- 
gnéïrasso. Boutonnière, petite entaille faite à un habille- 
ment quelconque pour y passer un bouton. Au fig. estafi- 
lade à la peau, blessure. 

Dér. de Boutoù. 

Boutouna, ». Boutonner, attacher, fixer avec des bou- 
tons. Boutonner, bourgeonner, pousser des boutons, en 
parlant des plantes à fleurs, des arbres. 

Boutouna, part. pass. Bourgeonné, couvert de bubons; 
au fig. boutonné, discret, caché, dissimulé, 

Sé boutouna, se boutonner; être discret , dissimuler. 

Dér. de Boutoù. 

Bouvé, s. m. Bouvreuil, pivoine ou pivète. Pyrrhula 
vulgaris, Temm Ce joli oiseau a le dessus du corps d’un 
noir lustré de violet et le dessous d’un beau rouge minium, 
excepté le bas-ventre et les couvertures inférieures de Ja 
queue qui sont blancs. Il se nourrit de baies, de bourgeons 
des Arbres et de graines. Il s’apprivoise facilement, retient 
les airs qu’on lui siffle et apprend à parler. 

Bouvé, s. m. Bouvet, terme de menuiserie, rabot destiné 
à faire des languettes et des rainures. 

Bouviè, s. m. Bouvier, celui qui conduit les bœufs; 
valet de charrue. La planète Vénus, lorsqu'elle paraît 
avant l'aurore, est désignée sous le nom de Bouvië. 

Ce mot a servi à former le n. pr. Bouïè, en fr. Boyer. 

Dér. du lat. Bos, bovis, bœuf. 

Bracana, adj. Dim. Bracanadé, bracanadoù, péj. Bra- 
canadas. Bariolé ; moucheté, tigré; tacheté; tavelé; mar- 
qué de bandes, de taches, de zig-zags, en couleurs tran- 
chantes sur le fond. 

Dér. de l’ancien lang. Brac, tache de boue. 

Bracougnè, s. m. Braconnier, chasseur par contrebande; 
celui qui chasse furtivement. 

Dérive-t-il du gaulois Brac, boue, bourbier, parce que 
les braconniers s'exposent à traverser des flaques d’eau, à 
séjourner dans des mares, ou du lat. bracca, chausses, sorte 
de vêtement de la Gaule dites Braccata? Il est fort possible 
que les premiers braconniers aient été des soldats licenciés, 
comme on en voit tant dans le moyen âge, qui étaient 
obligés de chercher des moyens d'existence dans le pillage 
et le braconnage. 

Braîfa, vw. Bäfrer; manger goulument; goinfrer. — À 
tout brafa, il a dévoré tout son patrimoine. 

En bas-bret. Dibriff, m. signif. 

Brafado, s. f. Dim. Brafadéto, péj. Brafadasso. Bâfre; 
repas abondant; coup de dent solide. 

Dér. de Brafa. 

Brafaire, aïro, adj. Dim. Brafaïré, péj. Brafaïras. 
Bâfreur; goinfre; gros mangeur. 

Dér. de Brafa. 

Brafo, s. f. Bäfrerie; goinfrerie ; la gueule. — La brafo 





BRA 


li fariè faïre fosso cdousos, il n’est rien qu'il ne fit pour 
un bon repas. 

En bas-br. Dibriff, manger. 

Bragassargue, s. m.n. pr. de lieu. Bragassargues, com- 
mune dans le canton de Quissac, arrondissement du 
Vigan. ‘ \ 

Ce village est connu dans les titges sous le nom lat. 
Bracassanicæ. Dans la première syllabe, par un accident 
très-fréquent, il y a eu mutation des consonnes : L est 
devenu r. La substitution étant.certaine, on obtient blacas 
pour radical tiré de blac, celt., jeune chène, et fort bien 
employé dans notre langued. avec l'orthographe Blaquas. 
(V. c. m. et Blaquarédo.) Quant à la finale lat. explétive 
anicæ, représentée par argue, nous renvoyons aussi à nos 
explications. L'analogie amène immédiatement les noms 
similaires répandus dans nos environs : Blaquéiras, La 
Blaquièiro, hameaux de la commune de Cendras, de Pom- 
miers, de Peyroles, de Savignargues, et autres, et Blacoùs, 
dans la commune de Cardet. LÉ 

Braïa, v. Culotter; mettre une culotte ou un pantalon. 
— Sé braïa, mettre sa culotte, le pantalon aujourd’hui. La 
gradation est sensible ; le lang. est resté gaulois avec les 
brayes ; la traduction fr. est obligée de se servir du mot 
qui ne s'applique plus à l’objet désigné, et pour se faire 
comprendre, d'adopter le mot nouveau qui n’est pas encore 
devenu un verbe. — Es braïa bièn juste, au fig. il a tout 
juste ce qu'il lui faut pour vivre. Sé braïo bé ndou, il a 
bien de la morgue pour sa condition. Un amouriè bièn 
braïa, un mürier bien fourni en feuille dans l’intérieur de 
ses grosses branches. Un por bièn braïa, un porc dont les 
jambons sont bien fournis en gräisse. Un braïo-l'ase, un 
nonchalant, un niguedouille; ou bien un homme qui veut 
se mêler d’un ouvrage de femme, ou de ce qui n’est pas 
dans ses attributions. | 

Dér. de Braïo. , 

Braïa, v. Brailler; babiller sans mesure; criailler ; 
chanter. gu 

Dér. de la bass. lat. Bragulare, criailler, faire du bruit. 

Braïar, ardo, adj. Dim. Braïardé, braïardoù; péj. 
Braïardas. Braillard, qui parle haut, sans cesse, hors de 
propos ; brailleur ; tâtillon; qui se mêle de ce qui ne le 
regarde pas ; qui fait l'important. — Dé qué sé mélo aquél 
braïar? que veut donc ce braillard? que vient-il ici four- 
rer son nez? 

Dér. de Braïa, brailler. 

Braïardije, s. m. Importance, manie de se mêler des 
affaires des autres. 

Dér. de Braïar. 

Braïasso, s. m. Qui est mal culotté ; qui laisse tomber 
sa culotte en marchant ; par ext. qui a les jambes courtes 
et le derrière bas. Péjor. de braïar, importun, curieux, 
tâtillon. 

Dér. de Braïo. \éwipva 

Braïéto, s. f. Primevère des prés à fleur jaune, Primula 


BRA 


officinalis, Linn. Plante de la fam. des Primulacées. Oreille 
d'ours, primevère des jardins à fleur rouge; variété. 

Dér. de Braïo, et dim. probablement parce que sa fleur, 
en forme de calice, est recouverte, à moitié de sa longueur, 
par une enveloppe verte, ressemblant à un canon de 
culotte. 

Braïo, s. f. Dim. Braïéto, péj. Braïasso. Culotte, pan- 
talon ; brayes, braie ; chausses.— Douna las braïos, culotter 
un enfant pour la première fois. Un cago-braïo, terme de 
mépris, un chie-en-lit, un lâche, un poltron. S'én tira las 
braïos nétos, s'en tirer les braies nettes, se tirer adroite- 
ment et sans pertes d’une mauvaise affaire. Quito pas mas 

- braïos, il m'est toujours après, c’est un importun dont je 
ne peux me débarrasser. 

Dér. du celt. Brag, d'où le lat. Braca, bracca, braccæ. 

Brama, v. Braire, comme les ânes; crier, brailler ; pleu- 
rer comme font les enfants; pleurer en général. — Lou 
diable té brame! peste soit du pleurard! Cette locution 
‘revient souvent sans que le diable serve de nominatif au 
verbe; on dit de même : lou diable té rigue! peste du 
rieur! Lou diable té démore! peste soit du Jlambin qui 
n'est jamais prêt! Un bramo-fan, un prèche-misère, un 
crie-famine, qui crie famine sur un tas de blé. Laïsso lou 
brama as ases, laisse le braire pour les ânes, dit-on de quel- 
qu'un qui pleure sans sujet. Bramo coumo un bidou, il ne 
crie pas, il beugle. Quan douras prou brama, quand tu 
auras assez pleuré. À brama soun sadoul, aro sé pâouso, 
il a pleuré tout son soûl, maintenant il se repose. 

Dér. du gr. Bpéueuv, frémir, braire, gronder. En bas-bret. 
Bram, en ital. Bramare. 

Bramadis, s. m., ou Bramadisso, s. f. Pleurs continus; 
criaillerie soutenue d’un enfant; manie de pleurer; naturel 
d’un enfant pleurard; braiement prolongé de plusieurs 
ânes, soit à la fois, soit par dialogues. 

Dér. de Brama. 

Bramado, s. f. Dim. Bramadéto, péj. Bramadasso. 
Durée du braiement d’un âne ou des pleurs d’un enfant ; 
interruption jusqu'au temps d'arrêt qui les sépare d’une 
reprise. 

Dér. de Brama. 

Bramadoù, s. m. Gosier, au fig.; l'instrument par 
lequel un enfant pleure. 

Dér. de Brama. 

Bramaïre, aïro, adj. Dim. Bramaïré ; péj. Bramaïras. 
Pleurard ; braillard ; brailleur; qui pleure ou crie conti- 
nuellement. 

Dér. de Brama. 

Bramovaquo, s. f. Gratiole, Gratiola ofjicinalis, Linn. 
Plante dé la fam. des Personnées, médicinale, employée 
souvent par les indigents comme émétiqne et purgative. 

Brancu, udo, adj. Dim. Brancudé; péj. Brancudas. 
Branchu; qui a beaucoup de branches; qui se termine en 

* forme de fourche. — Voy. Branquaru. 


Dér. de Branquo. 





BRA 137 


Branda, v. a. et n. Branler, ébranler; agiter en divers 
sens; remuer fortement; secouer; pousser decà et delà; 
branler; être peu solide, branlant; chanceler; balancer, — 
Aquél iôou brando, cet œuf cloque, il a du vide. Branda 
las cambos, battre le pavé, faire le fainéant. Tout cé qué 
brando tombo pas, tout ce qui menace ruine ne tombe pas. 
Branda las campanos, sonner les cloches; au pr. et au fig. 
Branda-nicouldou, être faiseur de bas au métier. Brando- 
pinto, ivrogne, amateur de la dive bouteille. C’est le surnom 
qu’on donnait aux habitants du Collet-de-Dèze. Branda un 
doubre, secouer un arbre. Branda dou manche, branler au 
manche. Aï uno dén qué brando coumo uno sounaïo, j'ai 
une dent qui branle comme une sonnette. À toujour 
qudouque fère qué li brando, il a toujours un fer qui loche, 
au fig. il a toujours des entraves ou quelque affaire qui 
cloche. Téoulo qué brando, table qui chancelle. 

En ital. Brandire, brandir. 

Brandi, v. Secouer avec force; branler: ébranler rude- 
ment. — Vou lou brandiguèrou coumo sé déou, on vous le 
secoua, on le pelota comme il faut. 

En esp. Brandir. 

Brandido, s. f. Secousse ; saccade; branle; remuement. 
Au fig. reproche, mercuriale; semonce. 

Dér. de Brandi. 

Brandimar, ardo, adj. Péj. Brandimardas. Grand 
vaurien; fainéant; grand flandrin. 

Ce mot vient évidemment de Brandimart, l’un des per- 
sonnages de l’Arioste. Un grand nombre de ces person- 
nages sont passés proverbialement dans le fr. et le lang., 
comme rodomont, sacripant, etc. Mais si Rodomont a con- 
servé son caractère en s’adjectivant, il n’en a pas été de 
mème pour Sacripant et Brandimant, car dans le poème 
italien leur caractère est à peu près l'opposé de celui que 
leur donnent le fr. et le lang. 

Brandin, ino, adj. Brandinas, asso. Fainéant; batteur 
de pavé; flandrin; dégingandé. 

Dér. de Branda. 

Brandin-Brandan, adv. Sorte d’onomatopée de mouve- 
ment ; bras ballants, balançant de droite et de gauche, 
comme un pendule ; démarche dégingandée. 

Rédupl. de Branda. 

Brandinéja, v. Faïnéanter ; battre le pavé; gueuser. 

Dér. et fréq. de Brandi. 

Brando-quuio, s. f. Bergeronnette, — Voy. Bérgëiréto, 
Couacho, Galapastre. 

Brandouïa, v. Brandiller; branler ; secouer vivement. 
Sé brandouia, se balancer, se dandiner. 

Dér. et fréq. de Branda. 

Brandussa, v. Secouer rudement; branler ; brandiller. 
Sé brandussa, se dandiner en marchant; suivre des épaules 
le mouvement des jambes. — Brandussavo sa tèsto, il 
branlait la tête. 

Dér. et fréq. de Branda. 

Branle, s. m. Branle; danse; ronde. — Anan faïre lou 

48 


138 BRA 


branle, nous allons danser la ronde. Low branle dé Pala- 
dan, lou pu nèci és lou pu gran, chanson qui accompagne 
une ronde d'enfants, au dernier mot de laquelle chacun, 
pour ne pas être pris ou donner un gage, se pelotonne et 
se fait petit ; le plus grand est le sot qui paie. 

Branoüs, s. "”., n. pr. de lieu. Branoux, hameau de la 
commune de Blannaves. — Voy. Blannavo. 

Branquado, s. f. Dim. Branguadéto. Branche chargée 
de fruits ou de feuilles de müriers, qui s'éloigne assez du 
tronc pour qu'on ne puisse les cueillir sur l'arbre sans 
échelle; rameau hors de portée couvert de fruits; grain de 
folie. 

Dér.'de Branquo. 

Branquaje, s. m. Branchage ; ensemble des rameaux et 
branches d’un arbre; bois-menu produit des branches. 

Dér. de Branquo. 

Branquar, s. m”. Brancard, espèce de litière pour trans- 
porter un malade, sorte de civière pour porter des far- 
deaux, des pierres; les bras d’une charrette entre lesquels 
on attelle le cheval. 

Dér. du lat. Brachium. 

Branquaru, udo, adj. Branchu, qui a beaucoup de 
branches. — Voy. Brancu. 

Dér. de Branquo. 

Branquas, s. m., ou Branquasso, s. f. Grosse branche ; 
longue et grosse branche considérée comme une arme. 

Augment. de Branguo. 

Branquo, s. f. Dim. Branquéto, péj. Branquasso. — 
Branche d'arbre; branche de rivière ; brin ; division ; por- 
tion; racine ou germe d’un mal ou d’un défaut. 

Dér. du celt. Brane, d’où le lat. brachium, et la bass. 
lat. branca, branche. 

Brâou, s. m. Dim. Bréoudé, Brâoudoù, péj. Bréoudas. 
Taureau, bœuf entier. — Brama coumo un bräou, beugler. 
Aquè’s un brdou; for coumo un brâou, il est fort comme 
un taureau. 

Dér. du bas-bret. Braw, qui a fait aussi l’adj. brave, et 
le fr. brave. En lat. bravium, et en gr. Bpaéetoy voulaient 
dire : prix des jeux, prix de la bravoure et de la force. 
Fortis aussi signifiait brave et fort : les deux qualités 
suprèmes. Le taureau était chez tous ces peuples le type 
adopté de la vaillance et de la force. 

Braqua, v., mieux Abraqua. Braquer, tourner wers ; 
fixer un but. — 1 braquè sous dous ièls déssus, il braqua 
ses yeux sur lui. — Voy. Abraqua. 

Emp. du fr. 

Bras, s. m. Dim. Brassé, brassoù ; augm. Brassas. Au 
plur. Brasses ; dim. plur. Brassés et Brassoùs. Bras, membre 
du corps humain qui tient à l'épaule; ce qui en a la forme, 
la figure, l'usage; au fig. action, force, puissance. — À pas 
qué sous brasses, il n’a que ses bras pour le nourrir. Sèn 
prou brasses aïci, il y a bien assez de bras ici. Brasses 
d'uno caréto, brancard d’une charrette, timons. En bras dé 


camiso, en manches de chemise. Lou bras dé Diou, la! 





BRA 


puissance, le bras, la main de Dieu. À lou bras long, il a 
les bras longs ; il peut beaucoup. 

Dér. du lat. Brachiwm. 

Brasa, v. — Voy. Abrasa. 

Brasas, s. m. Au plur. Brasasses. Grand brasier ; gros 
tas de braise; foyer bien garni de braise et qui ne flambe 
plus. 

Augm. de Braso. 

Brasièiro, s. f. Dim. Brasièiréto. Brasier, récipient à 
braise, en fer ou en terre, pour chauffer un appartement. 

Dér. de Braso. 

Braso, <. f. Braise, charbon allumé ou portion de bois 
brûlé qui ne donne plus de flamme. 

Dér. du bas-bret. Bras, braise, du gr. Bpéçw ou Bpécow, 
bouillir; en allem. Brasen, brûler. Esp. Brasa, ital. 
Bragia. 

Brassado, s. f. Dim. Brassadéto, péj. Brassadasso. 
Brassée, ce que peuvent enceindre les bras étendus en 
cercle; embrassement ; embrassade ; accolade; mème sim- 
plement baiser. — À brassado, à pleins bras. —Uno bras- 
sado dé bos, une brassée de bois; uno brassado dé gavèls, 
dé païo, une brassée de sarments, de paille. Faï uno bras- 
sado, un baiser, s’il te plait. Arapa à brassado, prendre à 
foi de corps. 

Dér. de Bras. 

Brasséja, v. Gesticuler, remuer les bras avec vivacité 
en parlant; travailler des bras. 

Dér. de Bras. 

Brasséjaïre, aïro, adj. Gesticulateur; travailleur à 
bras. 

Brassiè, s. m. Journalier, cultivateur qui travaille la 
terre seulement à bras, et non avec un instrument ara- 
toire ou le secours des animaux de labour. 

Dér. de Bras. 

Brassièiro, s. f. Lisière pour soutenir les enfants qui 
commencent à marcher, — Efan à la brassièiro, enfant à 
la lisière. 

Dér. de Bras. 

Brasucado, s. f. Dim. Brasucadéto. Grillade de chà- 
taignes sous la braise. — Dans une partie des Hantes- 
Cévennes, ce mot est pris pour la châtaigne elle-même, 
quand elle est rôtie. — Voy. Afachado. 

Dér. de Braso. 

Bravamén, adv. Beaucoup; à foison ; ni trop, ni trop 
peu; raisonnablement ; médiocrement. — Bravamén, Sui- 
vant l’intonation, a tous ces sens divers : preuve nouvelle 
que le ton fait la chanson. 

Brave, avo, adj. Augm. Bravas. Se dit généralement 
de beaucoup de qualités du corps ou de l’esprti. Selon les 
cas, il signifie : honnète, intelligent, leste, adroit, robuste, 
bien portant, sage, de bonne mine. Il se :dit aussi des 
choses inanimées pour : bon, avantageux, beau. —:Un 
brave home, un honnôte homme. Uno bravo fénno, une 
honnête femme. Uno bravo fio, fille sage, de mérite. Sès 








BRÈ 


brave coumo un s6ou, vous vous portez comme le Pont- 
Neuf. Sérias bé brave sé..., vous seriez bien aimable si. 
Sès brave? vous allez bien? Uno bravo tèro, un champ 
assez considérable. Un brave oustdou, une maison confor- 
table. Sé sén pas riches, séquén braves, si nous ne sommes 
pas riches, soyons honnêtes. 

Brave n'a jamais l’acception de brave en fr. Cependant, 
fauted’un mot qui réponde à bravoure dans le sens de 
courage ou d'exploit guerrier, on dit par exception et en 
ajoutant un nom pour qualifier et justifier cette extension : 
Brave coumo César, brave comme César. Mais l'exception 
confirme la règle, et elle est rare. 

Dér. du bas-bret: Braw, ou du lat. Bravium. — Voy. 
Bréou. 

Bravé, éto, adj. Dim. Bravoù, bravouné, bravounéto. 
Joli; gentil; mignon. C’est là un exemple frappant de la 
dégénérescence des mots, quand ils passent par différentes 
filières et après un long laps de temps. Celui-ci a la même 


origine que le précédent, et voilà leur radical brdou, tau- | 


reau, qui finit par différentes cascades à l’adj. bravouné, 
gentillet, qui semble la qualité la plus antipathique, avec 
lui. 

Bravén, s. m. Nature particulière de terrain assez fer- 
tile et bon surtout pour la vigne, mais difficile à labourer 
en bonne saison ; car il est très-dur avec la sécheresse et 
argileux par la pluie. Ilest composé d’un mélange de limon 
et:de schiste. 

Bravouro, s. f. Honnèteté ; probité. Ne signifie jamais 
bravoure ou courage. 

Dér. de Brave. 

Brégadiè, s: m. — Voy. Bérgadiè. 

Brégado, s. f. — Voy. Bérgado. 

Brégan, s. m. — Voy. Bérgan. 

Brégandaje, s. m. — Voy. Bérgandaje. 

Brégandéja, v. — Voy. Bérgandéja. 

Brégo, s: f. Noise; chicane; querelle d'Allemand. — 
Cérqua brégo, chercher noise. 

Dér. dugallois Breg, rupture. En esp. Brega; en ital. 
Briga, dispute. 

Brégoùs, ouso, adj. Dim. Brégousé; péj. Brégousat. 
Querelleur ; hargneux ; tracassier. — Chi brégoùs. a las 
douréïos vérménousos; chien hargneux à les oreilles déchi- 
rées:: le dicton se comprend de reste et ne s'applique pas 
seulement aux animaux. 

Dér: de Brégo. 

Brén, s. »m. Son, partie la plus grossière du blé moulu. 
— Déstré dou brén et larje à la-farino, économe de bouts 
de chandelle; il ménage la paille et prodigue le grain. 

Dér. du bas-bret. Brenn, même sign. Il a formé le fr: 
bran, excrément, bran de son, qui est le son véritable di 
bréneau. Tous ces mots n'ont aucune espèce d’analogues ni 
endat. nien gr, ni dans les langues modernes qui ont 
puisé à-cette source. La racine celtique est forcée: 

Brénoûs, ouso, adj. Qui contient trop de son, en par- 





BRÈ ” 139 
lant du pain ; défaut de toute autre préparation culinaire 
qui n’est pas liée, ou qui est graveleuse. 

Dér. de Brén. 

Brès, s. m. Dim. Brèssé,. Au plur. Brèsses. Berceau 
d'osier; barcelonnette d'enfant. Au fig. jeune âge; commen- 
cement, lieu où une chose a commencé. — Ou a prés dou 
brès, c'est un défaut qu’il a pris au berceau. Gna’n plén 
brès, loc. prvb., il remplit son berceau, en parlant d'un 
gros enfant, quelquefois même d’un adulte. On dit d'une 
femme qui désire ardemment des enfants : Ah boutas! lou 
fariëe én tout lou brès, ah! mon Dieu ! elle consentirait à 
accoucher d'un enfant tout botté, tont éperonné. La grano 
dé brés, les petits enfants. 

Dér. du lat. Versus, part. pass. de versare. Cependant 
quelques-uns le tirent du gr. BpKeuv, dormir, ou de Bpésoztv, 
agiter. 

Brés (Sén-), s. m., n. pr. Saint-Brès, commune dans 
le canton de Saint=Ambroix (Gard). Brés est la traduction 
du nom pr. Brice, Saint-Brice, disciple de saint Martin de 
Tours, vers le milieu du Ve siècle ; du lat. Brictius. 

Bréscan, s. m., ou Brisquo, ou Briscan. Brisque, bris- 
can, nom qu'on donne aux as et aux dix du jeu de mariage 
ou de biscambille. 

Brési, s. m., n. pr. de lieu. Brésis, quartier du terri- 
toire d’Alais, au midi et sud-ouest de la montagne de Saint- 
Germain-de-Montaigu, et que l'abbé Teissier, notre compa- 
triote, ainsi que d’autres après lui, soutiennent avoir été 
Prusianus, l'habitation de Tonance Ferréol, préfet des Gau- 
les:au Ve siècle, décrite par Sidoine-Apollinaire. 

Brési serait une altération du nom lat. Prusianus: 

Brésil, s. m. Brin; fétu; résidu en poussière; petite 
parcelle; débris de charbon qui restent au fond d'un sac. 

Dér. de Briso. 

Brésquo, s. f. Rayon de miel; gauffre ou gâteau de 
cire; cire avec ses alvéoles pleines, telle qu’elle est ou 
qu'elle sort de la ruche: — Bâtonnet; jeu du bâtonnet ; 
jeu d'enfant. 

Dér. du bas-bret. Brec, cassant. En allem. Brechen, 
rompré, briser. 

Bréssa, v. Bercer, donner le branle à un berceau; 
balancer un enfant dans son berceau pour l'endormir. — 
Sé bréssa, se dandiner, se balancer lourdement en mar- 
chant; comme font les bergers et les gens chaussés de gros 
sabots. 

Dér. par métathèse, du lat: Versare, agiter. 

Brèsso, s. f: Lit en planches d'un valet d'écurie dans 
l'écurie mème; cabane: de-berger portative pour coucher 
dehors, couverte le plus souvent en paille. 

Augm. de Brès; 

Bréssolo, s.f. Dim, Bréssouléto. Lit d'enfant. à bar- 
reaux ;. table à rebords, avec des pieds en bateau, sur 
laquelle-on pose le berceau d’un enfant, pour l'élever au 
niveau du lit-de la nourrice et lui imprimer au besoin 
le-balancement qui le berce et l'endort. 


140 BRÉ 


Bréthmas, s. ”., n. pr. de lieu. Brethmas, écart de la 
commune de Saint-Hilaire, à laquelle il donne son nom, 
Sént-Alari-dé-Bréthmas, canton et arrondissement d’Alais. 
D'antiques ruines découvertes dans ce quartier, des restes 
de tuiles et de poteries gallo-romaines, sans doute, font 
remonter assez loin son origine et son nom. 

Ce village est mentionné dans une ancienne charte qui 
mérite d'être rapportée. — Hist. gén. de Lang., t. Ier, pr. 
p. 35. — C'est une donation faite vers l’an 810 à l’abbaye 
d’Aniane. Trademus res quæ sunt in terrilorio nemausensi 
suburbio castro andusianensi, sive infra ipsum pagum, villa 
cui vocabulum est Berthomates..……, hoc est cum mansis, 
campis, curtis et horlis, cum exeis et regressis, cum ecclesia 
Sancti Hilarii constructa, necnon aliis ecclesiis quæ infra 
terminum de ipsa villa fundata fuerint, cum oblatis et 
mansionibus ad Berlomates aspicientibus. 

Le nom porté dans cet acte avec une légère variante se 
trouve au dénombrement de la sénéchaussée, en 1384, 
S. Ylarius de Bretomanso. 

Il n’y a rien à dire de la dernière portion du mot Mates, 
identique à Mazes et Mages, traduit par le latin mansus 
et abrégé selon les règles par le lang. et le fr. en mas. Sa 
forme au pluriel parait moins l'indice d’une agglomération 
que la réunion ou la proximité d’un certain nombre de 
mansi dans sa dépendance. La première partie jouit d’une 
possession d'état fort respectablé, et Bertho, Breto pour 
signifier breton ; par où on arrive à Mas du Breton. 

En contestant cette facile interprétation, je ne voudrais 
pas me faire une méchante affaire avec ce Breton breton- 
nant, qui, à une époque assez reculée, nous aurait laissé le 
nom de son pays, plutôt que son nom propre, ce qui est 
étrange d’abord. Mais l'existence mème de cet étranger 
transplanté aux bords du Gardon ne me semble pas encore 
suffisamment attestée par une simple dénomination, à 
laquelle on peut assigner dans notre langue vulgaire une 
origine et une raison plus naturelles. En effet, si Bertho- 
males, Bretomansus, Bréthmas a eu pour parrain un Breton 
quelconque, le droit d’invoquer pareille descendance au 
même titre appartient à une petite place de la ville d’Alais, 
appelée en fr. Berthole aujourd’hui, en lang. Brétolo, et 
dans une proclamation de l’an 4388, — Mss. de l’Hôtel-de- 
Ville, — trivium de Berthola. C'est la même racine et le 
même mot. Or cette place, au moyen âge, à proximité du 
Marché, était le lieu spécial où se cantonnaient et s'éta- 
laient les denrées apportées des Cévennes avec la bréto, la 
hotte montagnarde, ou dans le bértoul, brétoul, panier fait 
de minces lames de bois; peut-être aussi y avait-il là une 
industrie de fabrication de brétos et de bértouls. Elle en a 
retenu le souvenir. Les deux noms, en tous cas, qui ont 
contribué à faire celui de Brétholo, Bérthole, dérivent du 
gaulois brett, en lat. lignum, bois, planche, éclisse, ser- 
vant à faire brétos et bértouls. Mais les analogies nous 
viennent encore en aide. Le nom propre Breteuil n’est pas 
plus breton d'origine que notre Bréthmas et que notre 





BRI 


Brétolo, son correspondant direct, avec la différence du 
dim. roman euil au dim. lang. ol ou olo. Et l’on sait que 
le nom de cette ancienne famille était autrefois Tonnelier, | 
changé depuis en Breteuil, son équivalent synonyme, plus 
noble et plus sonore peut-être mais sorti de la même souche, 
exprimant la même idée, fait du mème bois, brett. Pareil- 
lement pour Bretche, vieux mot fr. signifiant fortifications 
de bois, dans Du Cange Bretechiæ, castella lignea. Dans 
tout cela pas la moindre trace d’un Breton. 

La dérivation pour Bréthmas nous paraît donc fort pro- 
bable, en y faisant entrer brett, soit que le mansus pri- 
mitif fût construit en planches, soit qu'il ait été établi 
dans un pays couvert de bois; les deux hypothèses peuvent 
être également soutenues. 

Brévé, s. m. Brevet, privilége ; acte portant concession 
d’une grâce, d’un don, d’une autorisation. 

Emp. au fr. 

Brévéta, ado, adj. et part. pass. Breveté; qui est 
pourvu, muni d’un brevet. 

Emp. au fr. 

Bria, v. Briller; reluire ; jeter une lumière étincelante ; 
avoir de l'éclat. 

Emp. au fr. 

Brian, anto, adj. Brillant, qui a de l'éclat; qui reluit. 

Emp. au fr. 

Brida, v., mieux Embrida. Brider, mettre la bride ; 
lier, arrêter, attacher. — M'an bièn brida et séngla, on 
m'a joliment lié et garrotté, dit-on proverbialement, quand 
on vient de passer un acte qui vous lie fortement. Sén bri- 
das, nous sommes arrêtés, liés. Sauvages traduit : nous 
jeünons. Très-juste : la loi est la bride. Brida l’ase pér la 
quuño, prvb., prendre une affaire à contre-pied; agir à 
contre-sens. 

Les étym. paraissent nombreuses : d’abord le celt. bride, 
puis le vieux saxon bridel, bridl, mème mot et même signi- 
fication, le gr. éolien Bevrée, pour évte, tirer, parce que la 
bride sert à tirer. En ital. briglia; en esp. brida, bride. 

Bridèl, s. m. Dim. Bridélé ; péj. Bridélas. Bridon; filet 
à mors brisé, sans branches ni bossettes. 

Dér. de Brida. 

Brido, s. f. Dim. Bridéto, péj. Bridasso. Bride; partie 
du harnais d’un cheval qui sert à le conduire; petite bande 
de toile ou d’étoffe, attachée au béguin d’un enfant, aux 
bonnets et aux chapeaux de femme, destinée à passer sous 
le menton, pour retenir ces coiffures. — Trépa émbé la 
brido, ou émbé lou cabéstre, jouer avec sa queue à la 
manière des jeunes chats ; se dit des gens très-jeunes qui 
ne prennent nul souci et se font un jeu de tout. — Voy. 
Cabéstre. 

Dér. de Brida. 

Brido-mousquo, s. m. Cogne-fétu; tatillon; qui fait de 
grands embarras de petite chose; homme fluet, frèle, débile. 

Bridoulo, s. f. Dim. Bridouléto. Bois de jeunes scions 
refendu en lames fort minces, que l’on tresse pour faire les 





BRI 


païarons, bértoulos et campanèjes. (V. c. m.) Les jeunes 
pousses de châtaignier sauvageon sont considérées comme 
les plus favorables ; à cet effet, on les aménage en taillis et 
on les coupe tous les trois ans. 

Dér. de Brido. 

Brignoü, s. m. Brignole; prune de mirabelle, la plus 
petite de toutes les espèces. Elle est d'un assez beau jaune 
quand elle est müre. 

Comme son nom, et surtout son représentant fr. l'in- 
dique, ce fruit vient de Brignoles, en Provence, où il est 
cultivé avec succès, et où l'on fait des conserves de prunes 
très-renommées. 

Brignoun, s. m. n. pr. de lieu. Brignon, commune du 
canton de Vézénobres, arrondissement d’Alais. La tradi- 
tion donne à ce village une origine fort ancienne. 

Le nom de Brignoun sous la forme Briginn, est un de 
cœux qui sont inscrits sur un petit monument du musée 
.de Nimes, portant les noms de onze localités du territoire 
des anciens Volces Arécomiques. I1 occupe le second rang 
dans le deuxième groupe, qui paraît avoir pour chef-lieu 
Ucetia, Uzès. L'attribution de Briginn à Brignoun, Bri- 
gnon, n’esi pas douteuse. Dans l'inscription le mot est évi- 
demment abrégé de la dernière syllabe à cause des dimen- 
sions du piédestal; il devrait se terminer en o, Briginno, 
simple nom de localité avec la finale celtique si commune, 
ou en ones, au plur., si on veut l'appliquer à une peuplade, 

. Briginnones. La traduction latine du moyen âge donne 
raison à cette désinence. La basse latinité des Cartulaires 
disait, en effet, en 4207, Brinnonum, en 1273 Brinno, en 
4381 et 1384 Brinhonum, en 4435 Brinhon, dont le lan- 
guedocien a fait Brignoun et le fr. Brignon. Ici se remarque 
la transformation du g entre deux voyelles, dont la pro- 
nonciation était mouillée, ce que le latin rendait en plaçant 
un À ou un i après n, et que nous avons repris par notre 
gn qui produit le même effet; les exemples sont nom- 
breux. 

Dans le voisinage on a découvert des restes d’antiquités 
romaines ou gallo-romaines ; un monticule où l’on prétend 
que l’ancien village était établi, porte le nom de Sère dé 

. Brièno, colline de Brienne, et un ruisseau est aussi appelé 
Brdouno, Braune; ce sont autant de dérivations du celtique 
Briginn. | 

Quant à l'étymologie du mot, on trouve en gallois Bri- 
gynn, cime, sommet, extrémité, bout, où l'on reconnait la 
racine bri, brin, bren, colline, élévation, hauteur, qui a 
donné avec le même sens dans diverses langues ber, bir, 
berg, bern, birn. La situation de Brignoun justifie cette 
dénomination, et son ancienneté d'origine est également 
établie : village sur une élévation. 

Brin, s. m. Brin de fil ; fil de la soie sans être doublé et 
tel qu'il se dévide sur la roue à filer; brins de chanvre 
dont est composée une corde, ou un fil redoublé et tordu. 
— Floundo à quatre brins, fronde à quatre bouts. 

Ce mot parait dérivé de Prin dont il est la métathèse. 





BRI 141 


Il ne faut pas perdre de vue que le mot prin vient évi- 
demment du lat.-primus. Le fil dont on fait les étoffes est 
doublé, triplé, quadruplé; lorsqu'il est simple, il se dit 
brin, ce qui revient à premier ; ce sont bien là dès-lors ces 
premiers filaments qui restent dans la main de celui qui 
sérance, les brins premiers, par excellence. 

Bringo, s. f. Dim. Bringuéto, péj. Bringasso. Bringue ; 
rosse; cheval maigre; femme maigre, déhanchée, mal 
bâtie. — Métre én bringo, mettre en pièces, en désarroi. 

Emp. au fr. 

Briou, s. m. Dim. Brivé, brioulé. Certain temps; petit 
intervalle de temps. — Y-a un bon briou, il y a longtemps. 
N'avès pér un pouli briou, Vous en avez encote pour long- 
temps. Espérarés un briou, vous attendrez un peu. Y-a’n 
brive, il n’y a qu'un petit instant. 

Dér. du lat. Zrevi, bientôt. 

Briqué, s. m. Dim. Briquétoù. Briquet à feu, outil 
d'acier pour tirer du feu d’un caillou ; sabre-briquet court 
à l'usage de l'infanterie; jeune gars, blanc-bec; homme 
sans valeur et sans consistance; petit homme, au physique 
et au moral; petit et mauvais cheval, criquet. — Batre 
dâou briqué, au fig. être cagneux, avoir les genoux qui se 
heurtent en marchant. 

Emp. au fr. 

Briquo, s. f. Dim. Briquéto ; péj. Briquasso. Brique, 
terre argileuse pétrie, montée et cuite, qu’on emploie dans 
les constructions. — Briguo énvérnissado, brique vernissée. 
Briquo canéludo, brique à crochet, qui sert à faire des 
voûtes. 

Dér. de la bass. lat. Brica. 

Brisa, v. Briser; casser; rompre, mettre en pièces; 
réduire en poudre. 

Dér. de la bass. lat. Brisare, presser. 

Brisal, s. m. Dim. Brisaïé. Menus débris de pierres; 
petits fragments, réduits en poussière, de tout corps dur 
très-divisé. 

Dér. de Briso. 

Briso, s. f. Dim. Briséto, s. f. Brisouné, s. m. Miette ; 
brin ; parcelle ; morceau détaché d’un plus grand; miette 
de pain. — Douna-mé n'é'no briso, donnez-m'en un petit 
morceau. Né rèsto pa’no briso, il n’en reste pas un fétu, il 
n’en reste rien. N'avédre dé las brisos, en avoir des écla- 
boussures. Aou foun ddou sa s'atrobou las brisos, prvb., 
au fond du vase la lie; au dénouement les angoisses. Las 
brisos né sdoutavou dou capèl, on mangeait de si grand 
appétit, on cassait si vivement la croûte, que les éclats, 
les miettes en volaient au loin. 

Las brisos, châtaignes sèches qui ont été brisées en les 
battant pour les dépouiller. Cette espèce de châtaignes a 
un peu moins de valeur au marché que les autres, parc 
qu'elle se met en marmelade en cuisant ; mais elle est aussi 
bonne, préférable même, si on veut la moudre en farine 
pour l’abreuvage des porcs, parce que généralement ce sont 
les châtaignes de meilleure qualité et les plus sèches qui se 


142 BRO 


brisent le plus; celles qui sont avariées, moisies où ver- 
moulues contenant une humidité qui les préserve de se 
concasser. 

Dér. de Brisa. 

Briso-baro, s. m. Ecervelé; indompté; tranche-mon- 
tagne ; qui se met au-dessus des lois. 

Comp. de Briso, brisa, et baro. 

Brisqué! interj. intraduisible, qu’on adresse à quelqu'un 
qui commet une incongruité en parole ou en action sales. 

Ce mot paraît la contraction et un sous-entendu de : 
brusquez la politesse. 

Brivado, s. f. Dim. Brivadéto. Séance, durée d’un tra- 
vail entre ses diverses interruptions; séjour. — Y-avèn fa 
uno bono brivado, nous avons fait une bonne séance de 
travail. — 11 a aussi toute la portée de Brtou; on dit bien 
et également : Y-a un bon briou et uno bravo brivado, 
pour : il y a un long espace de temps. 

Dér. de Briou. 

Brocho, s. f. Dim. Brouchéto, mieux : Haste. Broche 
de cuisine; espèce de longue aiguille. 

Dér. de Broguo, parce que les premières broches étaient 
un pieu de bois, une büche. Sauvages prétend qu'il y a 
des bâtons d’un certain bois dont les fibres sont de leur 
nature tellement torses que la chaleur les fait détordre, et 
que les viandes qu'on y embrochait autrefois, tournaient 
d’elles-mèmes. Probablement ce n'étaient que des moineaux 
ou tout au plus des grives, avec lesquels on pouvait se 
permettre cette économie de tourneur ou de tourne- 
broche. 

Brodo, s. f. Paresse ; fainéantise ; mollesse; indolence ; 
produites par l'ennui ou par une certaine disposition d'es- 
prit ou de corps semblable au spleen anglais. Ce n'est pas 
une paresse habituelle, mais accidentelle, un entrainement 
irrésistible et momentané au far-niente, qui donne du 
dégoût pour le travail et par conséquent de l’inapti- 
tude. 

Les ouvriers de Paris appellent cette disposition : avoir 
la:flême, ce qui veut dire : avoir la brodo, être plus en 
train de flâner que de travailler. — La brodo mé gagno, 
l'ennui, le dégoût me gagnent; je ne ‘suis bon à rien. Aquél 
tén faï véni la brodo, ce temps lourd donne des vapeurs, 
de la lassitude dans les membres, de la’ mélancolie dans 
l'esprit. Mé dones la brodo, tu m’ennuies. 

Dér. du gr: Bpaôbs, lent, Bpédos, lenteur. 

Broquo, s. f. Dim. Brouquéto;, péj. Brouquasso. Bûche: 
bâton brut; scion d'arbre sec. — Lou touquarièi pas énd'uno 
broquo, je ne le toucherais pas avec des pincettes. Porto uno 
broquo, lou fid s'amousso, apporte une büche, le feu va 
s'étemdre: S'arrape uno broquo! si je prends un bâton, 
gare! 

Dér. de la bass: lat: Broca, branche d'arbre, échalas, 
broussaille: 

Broquo-quiou (A), adv: Tout de travers; à la diable. 
— Travdia à broquo-quiou, gMter l'ouvrage, en se hâtant 





BRO 


trop et ne faisant nulle attention : va comme je te pousse. 
Aqu s’apèlo juja à broguo-quiou, voilà qui s'appelle jugé 
à la diable, dit un plaideur qui perd son procès, dans les 
vingt-quatre heures bien entendu, et quelquefois, avec plus 
de raison, après ce délai de tolérance. 

Dér. d’un jeu d’écolier qui porte cenomet qu'on nomre 
en fr. broche-en-cul. 

Brou, s. m. Dim. Brouté. Jeune pousse des arbres; brin 
détaché d’une plante; trochet de fleurs ou de fruits; bour- 
geon. — Un brou dé sdouvio, dé vidouiè, dé basali, une 
branche de sauge, de giroflée; un brin de basilic. 

Dér. du celt. Brout ou Brot, brin, d’où la bass. lat. 
Brogilum, Bruillum, Brolium, petit bois, broussailles; ou 
du gr. Bxw, bourgeonner. 

Brou, s. m. Terme de boucherie, pièce du poitrail d’un 
mouton, qui répond au grumeau du bœuf; haut côté de la 
poitrine. 

Dér. du v. m. Brutz, sein, poitrine. 

Broucanta, v. Brocanter; acheter, revendre ou troquer; 
vendre par échange; vendre du bric-à-brac, des marchan- 
dises d'occasion. 

Dér. du lat. Recantare, se dédire, parce que ce genre de 
revendeurs avaient autrefois vingt-quatre heures pour se 
dédire, et rompre leurs marchés. 

Broucantur, urdo, adj. Brocanteur; celui qui sans être 
marchand, a la manie de brocanter, d'échanger, de troquer 
ce qui lui appartient, comme chevaux, voitures, meubles. 

Dér. de Broucanta. 

Brouchado, s. f. Dim. Brouchadéto. Brochée; hâtelettes; 
enfilade de petits-pieds à la broche. 

Dér. de Brocho. 

Brouda, v. Broder. 

Emp. au fr. 

Broudariè, s. f. Broderie. 

Emp. au fr. 

Brouduso, s. f. Brodeuse. 

Emp: au fr. 

Brouéto, s. f., ou Brouvéto. Brouette. — Voy. Barioto. 

Brouïa, v. Brouiller, semer la discorde; mettre le dé- 
sordre. — Sé browia, se brouiller avec quelqu'un; d'ami 
devenir ennemi: 

Dér. de l'ital. Progliare, imbroglio. 

Brouiadisso, s. f. Brouillerie, mésintelligence. 

Dér. de Brouïa. 

Brouiar, s: mi. Dim. Brouiardé ; péj. Brouiardas. Brouil- 
lard ; nuage. — Lou brouïar a mouqua las vignos, la gibou: 
lée'a fait périr les bourgeons de la vigne. 

Brouiar, en style d’écolier, est le brouillon, cahier où 
écrit qui n’est pas mis au nêt: — Papiètbroïard, papier’ 
gris, qui boit. 

Dér. du lat. Pruina, ou de la bass. lat: Brolhardus, m. sig: 

Brouiarda, ardado, adj. Couvert de brume, chargé de’ 
brouillards: 

Dér. de Brouïar . 





BRO 


Brouio, s. f. Brouille; mésintelligence légère; petite 
brouillerie. Le mème que Brouïadisso, mais avec une 
nuance un peu plus foncée. 

Dér. de Brouïa. 

Broun-broun, s. m. el adv. Hurlu-berlu; étourdi; 
étourdiment, en renversant tout. Onomatopée. Viendrait-il 
du gr. Beovr/, tonnerre? 

Broundas, s. m. Dim. Broundassoù ; péj. Broundassas. 
Rameau de chène-vert avec toutes ses feuilles, dont on se 
sert, en guise de balai, pour amonceler les feuilles mortes 
et les hérissons de châtaigniers; brandes, bourrée. 

Dér. et augm. de Broundo. 

Broundio, s. f. Ramilles, émondilles, broutilles; débris 
de menu bois qui reste après qu’on a dépécé des arbres, ou 
ébranché. 

Dim. de Broundo. 

Broundioù, s. m. Brindille, petit morceau, petit éclat de 

bois. 
‘Dim. de Broundio. 

Broundo, s. f.Bourrée; brandes ; fagots de menu chène- 
vert ou de broussailles, dont se servent les boulangers, les 
potiers de terre et autres pour chauffer leur four. 

Dér. du lat. Frons, Frondis, ramée, feuillage, qui, par 
apocope et changement de f en b, avait fait dans la bass. 
lat. Bronda, menues branches. 

Brounqua, v. ou Bruqua. Broncher, faire un faux pas 
en heurtant du pied contre quelque chose. — Qué bruquo 
el noun tombo avanço camà, prvb. qui bronche sans tomber 
accélère ses pas; c’est-à-dire on apprend en faillant. 

Dér. de l'ital. Bronciare, broncher, et Bronco, tronc, 
souche, heurter contre une souche. 

Brounquado, s. f. ou Bruquado. Bronchade; action de 
broncher; faux pas d'un cheval. 

Dér.de Broungua. 

Brouncaire, aïro, adj. ou Bruquaïre, aïro. Qui 
bronche; qui est sujet à broncher; cheval qui n’a pas les 
jambes solides. 

Dér. de Brounqua. 

Brounza, v. Bronzer ; donner au fer une couleur bleuâtre 

pour le préserver de la rouille, ce qui se fait à un feu très- 
vif. Au fig., cuirasser contre les douleurs de l'âme et du 
<orps; aguerrir, rendre insensible à la souffrance; devenir 
dur comme le bronze. 

Brounza, part. pass. Bronzé, couleur de bronze; teinten 
noir. — Souïès brounzas, souliers de peau teinte en noir, 
présentant le velouté de la peau, à l'extérieur. 

Dér., disent aucuns, du celt. Bronez, m. sig. 

Brounzi, v. Se rôtir outre mesure, se dessécher au feu ; 
noircir comme bronze; bronzir par le froid, qui produit le 
même effet. 

Dér. de mème que Brounxa. 

‘Broumi, v. Sifller, bruire, en passant comme font les 
balles, les boulets, une pierre lancée avec une fronde. Au 
fig., murmurer, grogner, marmotter, gronder. — Las balos 





BRO, 143 


brounzissièou, les balles nous sifflaient aux oreilles. Dé qué 
brounzisses din toun cantoù? qu'as-tu à murmurer, à gro- 
gner dans ton coin ? — Voy. Brounzina. 

Dér. du gr. Beuy#, hurlement. 

Brounzidou, s. »". ou Rouflo. Loup, instrument de jeu 
pour les écoliers, fait d’une petite planche fort mince atta- 
chée au bout d’un cordon. Ils le font tourner très-vivement 
au-dessus de leur tête, et produisent par ses vibrations dans 
l'air un frémissement sourd, un brounzimén, qui imite le 
hurlement du loup. 

Dér. de Brounzi. 

Brounzimén, s. m. Bruissement ; sifflement d'un projec- 
tile ; frémissement de l'air produit par le frôlement d'un 
corps quelconque; frôlement d’une robe, d’une étoffe. 

Dér. de Brounzi. 

Brounzina, v. — Voy. Brounzi, sifiler, bruire. 

Brounzinaïire, aïiro, adj .Péj. Brounzinaïras. Grondeur; 
grommeleux ; qui marmotte, qui aime à gronder; qui mar- 
ronne. 

Dér. de Broun:zi. 

Brouqua, v. Planter des oseraies, des saulsaies. L’osier, 
le saule, le peuplier se plantent par simples boutures dans 
les graviers les plus secs, et ils y réussissent toujours pour 
peu qu’ils trouvent de l'humidité à la profondeur où l’on 
enfonce leur extrémité inférieure. I1 faut, en général, les 
planter après que la sève s'est retirée; cependant lorsqu'on 
les plante dans l'eau ou dans des terrains marécageux, ils 
prennent en toute saison, même en juillet et août. 

Comme ces plantations se font très en grand dans le pays, 
au bord des rivières, soit pour en défendre les bords, soit 
pour bonifier les graviers inertes en arrêtant les depôts 
d’alluvion, on prend très-peu de soin pour ce travail de 
brouquaje. On a des scions de toute grosseur, on les coupe 
à la longueur d’un mètre, et l'on amincit en pointe leur 
gros bout; ensuite on.fait un trou dans-les graviers avec 
un instrumènt de fer pointu, appelé Aguïo, et l'on y place 
trois ou quatre scions à la fois, en se contentant d'écraser, 
d’ébouler le sable avec le pied pour remplir le vide du trou. 
Il est rare qu'aucun de ces plants reste sans pousser. 

Brouqua s'applique à toutes les espèces de boutures, 
comme celles de la vigne, du figuier, etc. 

Il se dit aussi, pour repiquer des plantes que l’on a 
semées d’abord sur couches et qu’on repique à distance dans 
les jardins potagers, comme l'oignon, la betterave, la poi- 
rée, la laitue, la chicorée, le céleri, etc. 

Dér. de Broguo, dans la première acception, à cause des 
scions qu'on emploie et qui se nomment Broguo; dans la 
seconde, à cause de la bûche qui sert de plantoir dans cette 


-opération. 


Brouquaje, s. m. Action de planter des oseraies; la 


:saison de ce travail, et surtout la masse des bois qu'on y 


emploie. — Agud's dé brave brouquaje, éstén bièn, c'est du 
bois très-favorable à planter en oseraies, il foisonne beaucoup. 
+Dér.de Zrouqua. 


144 BRO 


Brouquéto, s. /. Allumette. 

Toutes les allumettes se faisaient avec des brins de che- 
nevotte coupés à quatorze ou quinze centimètres de lon- 
gueur, soufrés simplement aux deux bouts et mis en paquets. 
De là leur nom de Brouguétos, dim. de Broguo, parce que 
ce n'était en effet que de minces büchettes. Il est bien 
entendu qu'aujourd'hui on ne peut plus par cette raison 
appeler Brouquétos, les allumettes en cire de Roche et 
autres. Aussi le lang. a-t-il été forcé d'adopter l’AZuméto. 
Les gamins qui vendent les allumettes à la Congrève, ont 
même fait disparaître à peu près entièrement les marchans 
dé brouquétos, qudou né vôou, dont le cri est remplacé dans 
nos rues par celui d'alumétos à la Congrè, dous cén pér un 
sou. C’est du bien bon marché, mais c’est du bien mau- 
vais lang. — Voy. Aluméto, Luquéto. 

Brouquiado, s. f. Dim. Brouquïadéto. Fagot ou brassée 
de broutilles ou de bûchettes; ramassis qu’on en fait dans 
un bois ou au fond d’un bûcher. Au fig., feu de paille, de 
peu de durée. 

Dér. de Broquo. 

Brouquiè, s. m. Boisselier; artisan qui fabrique des 
futailles de bas-bord, telles que seaux, baquets, cornues, 
cuves à lessive, barillets, etc. Les mêmes font les patins à 
semelle de bois pour les femmes. 

Dér. de Broquo, bois refendu. 

Brousén, s. #”., n. pr. de lieu. Brouzen, quartier du 
territoire d’Alais, en amont sur la rive droite du Gardon, 
où quelques étymologistes placent le Prusianus du préfet 
des Gaules, Tonance Ferréol. — Voy. Brési et Berén- 
guèri. 

Broussa, v. Tourner, caillebotter, grumeler ; faire tourner 
le lait, une crème, une sauce ; c’est-à-dire que la partie 
butireuse ou onctueuse se sépare de la partie séreuse et se 
grumelle par caillots. — Moun la sés broussa, mon lait a 
tourné. À broussa sa crèmo, elle a laissé tourner la crème. 

Brousso-sâouço, s. m. Gâte-sauce, mauvais cuisinier 
qui manque ses sauces. 

Dér. de Brousso, parce que le lait tourné forme de petits 
caillots assez semblables à la graine de bruyère. 

Brousso, s. f. Touffe de bruyère de la petite espèce, basse 
et rampante. 

Dér. du bas bret. Proust, buisson, broussaille. Dans la 
bass. lat. Bruscia. 

Brousso-pèou (A), adv. A contre-poil; en sens contraire 
du poil; à rebours; de travers; au pr. et au fig. — Voy. 
Cronto-pèou. 

Broustio, s. f. Petite boite de sapin, à lames minces, 
refendues. 

En bas bret. Broustet, branche aisée à refendre. Dans la 
bass. lat. Brustia. 

Broutél, s. m».Dim. Broutélé. Trochet ou glane de fruits ; 
jet d'arbre qui porte une certaine quantité de fruits ramassés 
en bouquet. 

Dim. de Brou; en celt. Brout ou Brot, traduit dans la 





BRU 


bass. lat. par Brogilus, Bruillus, Brolius, qui signifie comme 
dimin. petit bois, broussailles qu'on fait brouter. 

Broutélado, s. f. Quantité de fruits qui se trouve réunie 
dans un seul trochet ou sur une même branche. 

Dér. de Broutél. 

Bru, s. m. Bruit, son ou mélange de sons, tapage, 
vacarme; bruissement; rumeur; nouvelle qui circule; 
dicton ; renommée; renom. — N'és pas bru qué d'acd, on 
ne parle que de cela. Né coure un bru, on en murmure bien 
quelque chose dans le public. Faï fosso bru, il fait beaucoup 
de tapage. Crén pas bru, il ne se laisse pas intimider. Un 
home sans bru, un homme paisible, qui ne fait pas parler de 
lui. S'én-és douna lou bru, la nouvelle, le bruit en a couru. 

Dér. du bas bret. Brud, Brut, bruit, rumeur, ou du gr. 
Bovéwv, rugissement, murmure. 

Bru, adj. masce. — Pan-bru, pain-bis. N'a pas d'autre 
application. 

Dér. du lat. Brutus, grossier; il pourrait être aussi une 
altération ou une contraction de Brun. 

Bruël, s. m. et n. pr., ou Bruëil. En v. lang. petit bois; 
un fourré; jeune taillis. 

I y à dans l'Aveyron un village et commune de Saint- 
Jean-du-Bruel, qui a pris cette épithète de sa position dans 
les bois. 

En v. fr. on disait : breuil, brouil et brel, auquel le mot 
lang. répond très-exactement; et dans la bass. lat. on avait 
dit : broilus, broilum, brolium ; brogilus, brogilum, bruillus. 
Cette diversité de désinences, attachées à un radical inva- 
riablement le mème, donne clairement le sens dans lequel 
il faut les entendre dans les différents idiomes. La termi- 
naison lang. é! est diminutive, comme le sont en fr. ses 
correspondantes directes en el, el, euil, uil, qui traduisent 
ou que traduit le lat. oilus, olium, ogilus, uillus. Par con- 
séquent comme règle générale, tous les mots-racines, affectés 
d’une de ces finales égales entre elles, auront une signification 
diminutive. De plus les désinences en ol, ols, 6ou, jol, jols, 
j6ou, du languedocien, rendues par oilus, olius, ogilus latin, 
seront identiques à è/ et également diminutives, comme dans 
le fr. eul, euil, el, oil et eau, eaux, ège, elles, eiles, ailles, 
eilles, oilles, parfaitement équivalentes. De sorte que Bruël, 
en étymologie, sera le même que Brueilet, du Breuil, Brue- 
joul, Brucjols, Bruèges, Broglio, Brouelles, Bruailles, 
Brueiles, Brouxelles, Breaux; et que de la même source 
dériveront, à part les noms communs, les noms propres 
Bruyère, La Bruyère, Bruguiè, lang. Bruguëirole, Brugas. 
Le gaulois Bru, où Brou, Brout, bois, branche, brin, est 
atténué par sa désinence qui prend toute sorte d’inflexions; 
mais l'élément primitif reste immuable et toujours recon- 
naissable. 

Brugas, s. m. Lande couverte de bruyères. 

Péj. de Bruguiè. 

Bruguèirolo, s. f., n. pr. d'homme et de lieu. Bruguei- 
rolle. Petit champ couvert de bruyères. — Voy. Bruël. 

Dim. de Bruguie. ” 


| 
| 





BRU 


Bruguiè, s. m. Taillis de bruyères à balais que l'on met 
en coupe réglée. — N. pr. d'homme : Bruguier. Avec la 
désinence féminine, iéiro, il est encore n. pr. de lieu, et 
très-commun. 

Ainsi que nous l'avons déjà remarqué, les anciens radi- 
caux signifiant bois ou forêt ont dù nécessairement donner 
naissance à de nombreuses dénominations dans nos pays 
couverts de forêts, de landes de bruyères, de hautes et 
basses futaies : de là aussi les diminutifs ou les péjoratifs 
caractéristiques d’une situation ou de l'état des lieux et des 
propriétaires. Aussi le primitif celtique brug, adouci en bru 
ou brus, bruyères, broussailles, que nos ancêtres gaulois 
prononçaient peut-être broug, et dans lequel certainement, 
en latin, l’u sonnait ou, s'est-il reproduit dans nos appella- 
tions locales et dans les noms d'homme avec des variétés 
nombreuses, tantôt en conservant sa consonnance simple, 
tantôt en adoptant l’euphonie latine. 

A propos du mot qui nous occupe, la plus ancienne forme 
connue du radical est tirée d’une inscription gravée sur un 
petit piédestal conservé au Musée de Nimes, malheureuse- 
ment tronqué, mais où se lisent encore onze noms de loca- 
lités des Volces Arécomiques. À la seconde ligne de ce 
monument est porté le nom de Brugetia. Nous n'avons pas 
à chercher ici la certitude d'attribution entre les diverses 
localités qui auraient, chacune, des raisons égales à la 
réclamer : les savants ne sont pas d'accord sur la vraie 
position indiquée. Cependant le mot nous reste, et la 
divergence des opinions ne fait ressortir qu'une chose : 
c'est que le nom Brugetia est aussi bien représenté par 
Bruget, hameau de la commune de Cornillon, que par La 
Bruguière, canton de Lussan, arrondissement d'Uzès, ou 
par La Bruyère près d’Anduze, ou par Bruyés de la com- 
mune d'Aigaliers; comme il pourrait l'être par Brugèdes, 
commune de Sénéchas, par Bruèje, commune de Saint- 
Privat-des-Vieux, par Bruguier, commune de Monoblet et 
Méjeannes-lés-Alais, et par tous les autres noms de La 
Bruguière répandus dans le département du Gard. Ce qui 
amène à reconnaitre que toutes ces appellations ont une 
commune racine, el que, si elles se distinguent par leurs 
suffixes en ef, yès, ède, té, iètro, elles n'en représentent pas 
moins des localités où les bruyères étaient abondantes, ce 
qui donne la signification ; et ces nuances prouvent que ces 
désinences sont égales entre elles et équivalentes, ce qui 
donne raison à ce que nous disons des suffixes et de la 
composition des noms. 

Mais il y a plus : la différence de prononciation dans le 
radical multiplie les analogies. Zru étant identique à Brou, 
il s'ensuit que les noms de Brouxén près d’Alais, Brouxet, 
commune, Broussoùs, près de Portes, dans notre arrondis- 
sement, Broussan, commune de Bellegarde (Gard), devront 
être ramenés à la mème signification désignant des lieux 
anciennement remplis de broussailles, couverts de bruyères. 
La variété ethnique des terminaisons n’empêcherà pas de 
les reconnaitre et de les rapprocher; elle ne servira qu'à 





BRU 145 


démontrer la fécondité de la langue qui se prète harmo- 
nieusement à ces modulations diverses, à prouver la 
richesse de notre idiome et sa souplesse à diversifier la 
forme sans altérer ni compromettre le sens des mots. 

Dér, de Brus. 

Brula, »v. Brûler; consumer par le feu; être en état de 
combustion; brouir, se dit des effets produits par le froid 
sur les fleurs et sur les premiers bourgeons des arbres. — 
Fato-brulo, jeu d'enfant qui consiste à cacher un objet de 
petite dimension et à le faire chercher par un patient. A 
mesure qu'il se rapproche de l’objet, or lui crie : fato-brulo! 
et quand il s’en éloigne : brulo pas; par ce moyen on le 
conduit petit à petit à l’objet lui-même. Par suite, le mot 
Brula, dans le langage ordinaire, est devenu synonyme de 
se rapprocher, être prêt à deviner. — Brules bièn, tu es 
sur la voie, tu te rapproches singulièrement du but. 

Brula, s. m. et part. pass. — Es un brula, c'est une 
tête brülée. 

Dér. du lat. Perustulare. 

Bruladuro, s. f. Brûlure; action du feu; sa trace, sa 
marque. 

Dér. de Brula. 

Brulaïre, s. m. Potlon à brüler le café; brûloir; instru- 
ment ou ustensile servant à cette torréfaction. 

Dér. de Brula. 

Brun, bruno, adj. Dim. Bruné, éto; péj. Brunas, asso. 
Brun, brune; noirâtre; d'une teinte foncée, sombre; obs- 
cur; bis. — Mouli brun, moulin destiné à fabriquer le 
pain bis, parce que les meules en étant plus serrées donnent 
un degré de plus de trituration à la farine, ce qui rend 
impossible sa séparation d’avec le son au tamis. — Il est 
aussi n. pr. d'homme, Brun : d’où son dim. Brunél. 

Dér. de l’allem. Braun, en ital. et en esp. Bruno. 

Bruqua, v. — Voy. Brounqua. 

Bruquaïre, aïiro, adj. — Voy. Brounquaïre, aïro. 

Brus, s. m. Dim. Brussé. Au plur. Brusses. Bruyère à 
balais, Erica scoparia, Linn. Arbuste de la fam. des Eri- 
cacées. C’est celle qu'on emploie pour ramer les vers à soie, 
et dont on fait des balais, éscoubos dé brus. — Ana as 
brusses, aller à la provision de bruyère pour les vers à 
soie. Capoula dé brusses, couper les brins de bruyère de la 
longueur nécessaire pour les échalasser entre les rangs des 
tables. Plégarias lou proufi dinc uno fièio débrus ; la feuille 
de bruyère étant sans largeur aucune, que pourrait-on plier 
avec? Aussi cette phrase équivaut à celle-ci : le bénéfice est 
venu à rien. 

Dér. du celt. bas-bret. Bruc; Bruscus en lat., dans la 
bass. lat. Bruscia et Brueria, broussailles. 

Brutäou, talo, adj. Péj. Brutalas. Brutal; grossier; 
féroce ; emporté; sans égard, sans politesse, sans ménage- 
ment. 

Dér. du lat. Brutus. 

Bu, s. m. Dim. Buqué; péi. Buquas. Chicot d'arbre; 
ergot de branche; bout mort et desséché d’un scion d'arbre 


19 


146 BUQ 


qui a été taillé et qui n’a repoussé qu'à quelques pouces 
au-dessous de la taille; éclat de bois, écharde ou picot qui 
est entré dans la chair. — M'és éntra un bu din l'ounglo, 
il m'est entré une écharde entre l’ongle et la chair. 

Dér. de la bass. lat. Buca, tronc, tige. 

Bu, s. m. But; intention; point où l’on vise, fin qu'on 
se propose. — Y-anavo énd'un bon bu, il se présentait pour 
le bon motif, en vue du mariage. 

Dér. de la bass. lat. Butum. 

Bubo, s. f. Bubon; pustule qui se forme sur la tête des 
enfants mal soignés; boutons qui s'élèvent aux lèvres ; 
échauboulure. — Rénouvéla las bubos, au fig. renouveler 
de tristes souvenirs, une ancienne douleur. 

Dér. du gr. Bovéwv, tumeur. 

Bufadèl, s. m. Mets du pays composé de raves et de 
châtaignes bouillies ; celles-ci à demi-cuites, qu'on nomme 
calossos. — Bufadèl est l'expression gounèlo et alaïsienne ; 
les Cévénols, chez lesquels ce metsest surtout en honneur, 
le nomment Picourèlo. 

Dér. de Bufa, ou Boufa, qui veut dire souffler ou man- 
ger, deux acceptions également applicables à un mets qu'il 
faut manger chaud, et souffler. 

Bugada, v. Faire la lessive; blanchir au moyen de la 
lessive; faire boire à grands verres de l’eau ou de la tisane. 

Etym. nombreuses et variées : du celt. Bugad, lessive et 
abreuver, d’où le bas-bret. Bugat, m. s.; dulat. Zuca, trou, 
parce que la lessive s'écoule par un trou; du gr. Bovyéèz, 
cuve, grand bassin ; du lat. Buo où Imbuere, imbiber. 

Bugadièiro, s. f. P6j. Bugadièirasso. Lessiveuse; lavan- 
dière ; blanchisseuse; buandière. — Un froun dé bugadiètro, 
une effronterie de harangèré. Le prvb. dit : Las soubros 
dâou flascou dé las bugadièiros garissou las fèbres; c'est 
comme si l’on disait : le vin pur guérit les fièvres, car ce 
qui reste au fond de la gourde d’une lessiveuse est assuré- 
ment du vin pur, ou bien peut-être : la fièvre est un mal 
sans remède, qu’on guérirait cependant avec les restes d’une 
gourde de lessiveuse, mais impossible de s'en procurer 
jamais une goutte de surabondance. Quinto bugadièiro! 
quel bavard ! des deux genres. 

Dér. de Bugada. 

Bugado, s. f. Lessive; quantité de linge encuvé, lessivé, 
blanchi. — Métre la bugado, mettre à cuver le linge dans 
la lessive. Faïre bugado, faire la lessive. Esténdre la bugado, 
étendre le linge lessivé pour le faire sécher. Au fig. Bugado, 
perte considérable au jeu, une lessive, dans ce sens. Dé 
léssiou sus la bugado, ajouter une dette à une autre, une 
maladresse, une sottise sur une autre, faute sur faute. 

Mème dér. de Bugada. 

Buqua (sé), v. Se blesser, se faire une déchirure à la 
peau en se piquant à un éclat, bu, à un chicot de bois. 

Dér. de Bu. 

Buquado, s. f. Dim. Buguadéto. Déchirure à la peau; 
accroc à un habit, à une robe; procurés par un chicot de bois. 

Dér. de Bu. 





BUT 


Burataïre, s. m. Au fém. Buratairo. Tisserand de 
burate. Aujourd’hui cette étoffe de laine, plus fine que le 
cadis, ne se fabrique plus; on appelle Burataïres les tisse 
rands de fleuret ou bouréto. 

Ce mot vient peut-être du portug. Burato, gaze, parce 
que la burato était beaucoup plus claire que le cadis. 

Bure, s. m. Beurre; crème du lait épaissie en l’agitant. 
— Un bure, un pain de beurre. Aqud's un bure, ce fruit 
est fondant comme du beurre. Faïre soun bure, faire ses 
orges, ses choux gras; bénéficier dans une spéculation ; 
expression qui entraine toujours l’idée d’un gain illicite ou 
peu délicat. À foundu soun bure, il a dissipé tout son bien. 
M'én coustè moun bure, il m'en a coûté fort cher. 

Dér. du gr. Botépov, formé de Boÿ, vache, et de Tupés, 
fromage; d'où le lat. Butyrum, beurre. 

Burèl, èlo, adj. Dim. Burélé; péj. Burélas. Brun ; lirant 
sur le brun. — Cadis-burèl, cadis fait de la laine de moutons 
noirs, sans teinture, avec la couleur naturelle; on dit aussi 
couloù dé la bèstio, de la couleur de la bête qui l’a produit. 

Dér. du lat. Burrus. 4 

Burèou, s. m. Bureau, table destinée au travail des 
affaires; pupitre, secrétaire; lieu où l’on expédie les affaires. 
— Lou burèou dâou vi, le bureau du receveur des contri- 
butions indirectes. Escriou dinc un burèou, il est employé 
dans un bureau administratif. ‘ 

Empr. du fr. 

Burina, ». Buriner, graver au burin; avoir une belle 
plume, une écriture élégante; bien peindre. 

On le dit dér. du celt. Burin, ou de l’allem. Boren, creuser. 

Bus, s. m. Dim. Busqué. Buse, lame de baleine, de fer 
ou de bois, qui sert à tenir en état un corps de jupe. On 
disait autrefois busquièiro; mais ce nom, comme l’objet 
qu'il représente, n'était connu que de l’aristocratie. Aujour- 
d’hui que l'usage du Busc est devenu populaire dans toutes 
lès classes, on a emprunté le nom au fr. qui fournissait la 
chose. 

Busqua, v. Echancrer une jupe, un corsage, pour dessi- 
ner le galbe de la taille. — Sé busca, Se cambrer; creuser 
les reins et développer la poitrine en marchant. 

Dér. de Bus. 

Busquaïa, v. Ramasser du menu bois, des broutilles ; 
couper des branches d’un arbre. 

Dér. de Busquaïo. 

Busquaïo, s. f. Büche à brüler; broutilles; menu-bois 
refendu ; éclat de bois. 

Busquaïo est évidemment pour bousquaïio, bosquaïo, dér. 
de Bos. 

Buta, vw. Pousser; heurter; serrer contre; soutenir ; 
affermir; germer. — Buta lou tén, pousser le temps avec 
l'épaule. A pas bésoun qué lou butou, il n’a pas besoin 
d'être poussé, d’être excité. La Jan lou buto, la misère 
pousse. Butas la porto, poussez la porte. Butas fèrr 
heurtez Wivement. Mé butarés un pâou, Vous me soutien- 
drez un peu. Butés pas! ne poussez pas! Aguél doubre b 








bièn, cet arbre pousse avec vigneur. Lou bla a buta, le blé 
a commencé à germer. Fou qué quâouquus lou bute, fariè 
pas aqub, il faut que quelqu'un l’excite, il ne ferait pas cela 
de lui-même. 

Dér. de la bass. lat. Butare. 

Butado, s. f. Dim. Butadéto; péj. Butadasso. Secousse ; 
heurt; poussée; coup d'épaule. — A bèlos butados, par 
secousses: par épaulées. M'a fougu douna uno bono butado, 
il a fallu donner un bon coup de collier pour terminer cette 
affaire, pour mener cet ouvrage à bonne fin. 

Dér. de Buta. 

Butaroü, s. m. Chasse roue. — Mème sign. que buto- 
rodo, dont il n’est qu’une syncope et peut-être une corrup- 
tion. — Voy. Buto-rodo. 





C 147 


Butavan, s. m. Boutoir, outil de maréchal, espèce de 
pelle tranchante pour parer le sabot d'un cheval avant d'y 
placer le fer. 

Formé de Buta, pousser, et Avan, en avant. 

Butin, s. m. Butin ; provisions de bouche et autres. fl 
ne se prend guère qu'en mauvaise part — Manguo pas 
butin, il y a franche-lippée. 

Empr. au fr. 

Buto-rodo, s. m. Borne, en pierre, en fer ou en fonte, 
en forme de cône tronqué, placée soit au coin d’une maison, 
à la porte d’une remise, à l'entrée d'un pont, pour empè- 
cher que l'essieu des roues d’une voiture ou charrette 
n'écorne les murs; soit à l’entour d'une place, pour inter- 
dire la circulation des voitures. 


C 


C 


C, troisième lettre de l'alphabet; elle a la même pronon- 
ciation qu'en fr. et subit les mêmes modifications, c’est-à- 
dire qu'elle a la prononciation du K devant les voyelles a- 
o-u, et celle de l’s double devant e et à. 

Le C est la deuxième des consonnes ; il appartient à l’ordre 
des Palatales, parent de la famille des Gutturales. Les gram- 
mairiens le classent ainsi en expliquant la manière dont se 
fait son émission, forte ou faible, par l'organe buccal : très- 
bien; nous n’insistons pas autrement. Son histoire est plus 
curieuse et présente plus d'intérêt : nous lui devons une 
mention. — Les Romains, qui avaient adopté l'alphabet 
des Grecs, l'appelèrent d'abord Gamma et le figuraient par 
le signe  : ce qui cependant n'empècha pas d'employer la 
forme arrondie en croissant, C, d'où lui vint le nom de 
Luna, surtout quand il prenait le son adouci. Tout cela 
est formel, et il est bon de citer à ce titre, Varron disant : 
« Antiquis enim C quod nunc G; » et Festus Avienus : 
«€ # G frequenter ponebant Antiqui, » et dans un autre 

e: « Quæ nune C appellatur, ab Antiquis G vocaba- 
sur. » Cest ce qu'écrivait aussi Ausone dans ce vers, 
De literis : 

Prævaluit postquam ganmaæ vice functa prius C. 

Cependant l'opinion contraire était soutenue par d’impor- 
tantes autorités : en latin, Tacite, Pline et Juvémal en par- 
lent, et appuient le nom lunaire: en grec, Suidas et Plutar- 
que penchent aussi pour la forme du cappa au lieu du 
gamma. Mais on sait par Isidore de Séville, De originibus, 
que le K prévalut et fut introduit définitivement par un 
maître d'école, nommé Sallustius. 

Puérilités, dira-t-on. Nullement. La conclusion à tirer 
est que, si la forme a eu quelque influence, au point de 
faire confondre uné lettre avec l'autre, il y a certainement 


. 





C 


rapprochement d’articulation quand la lettre et le son se 
produisent, ce qui tient à leur nature et au procédé 
d'émission ; mais ceci explique encore que le C latin tenait 
de son origine grecque la force et la dureté devant toutes 
les voyelles, comme le T ou G grec, et que, par suite aussi, 
leur permutation est naturelle et facile, C'est ce qu'a trans- 
mis le latin aux langues romanes, et celles-ci au languedo- 
cien. Par où on ne sera plus étonné, dans la recherche des 
étymologies, des substitutions fréquentes des deux signes, 
et par exemple, des changements de cavea, lat., en gabio, 
lang., cage, fr.; cicada en cigalo ; crassus en gras; crotalum 
en grélù; acus, acucula en aguño; ecclesia en glèïso; ficus 
en figo; vicarius en viguiè; ete., etc. Et encore, par des 
variantes caractéristiques plus remarquables : le lat. canis, 
du gr. Küwv, Kuvés, qui donne au fr. chien, à notre dial. 
chi pour chin, au toulousain, gous et cos; de plus, le lat. 
catus, en gr. Karl, donne au fr. chat; à notre dial. ca; au 
prov. gat; au cat. gat; à l'esp. et au port. gato; à l'ital. 
gatto. 

Mais dans la formation du roman, la permutation ne 
s'arrêta pas là : la réaction continuant amena d’abord 
l'adoucissement de l’intonation sur les voyelles e et à, par 
lequel le C dur, romain ou grec, se convertit en deux SS; 
puis, pour les voyelles éclatantes et fortes, a, 0, u, les 
mêmes tendances firent introduire la combinaison primitive 
et celtique sans aucun doute du C avec H, flexion chuin- 
tante inconnue au latin. Ce CH est gaulois pur-sang, il ne 
vient pas d'importation germanique. Les peuples tudesques 
né le prononcent qu'avec une articulation fortement guttu- 
rale aspirée, et leur langue en général ne montre aucune 
aptitude pour les mouillures adoucies du roman. Nos dia- 
lectes au contraire, et le français lui-même, l'ont repris à 


148 C 


sa source; et en particulier, notre dialecte cévénol, comme 
preuve d’origine ancienne, lui qui a mieux conservé les 
traditions du langage, l’emploie partout et invariablement 
et dit cha pour ca, chéou pour cdou, et mème où nous 
disons fdou : châou ana sé jaïre; chabro, pour cabro; etc. 

Nous signalons ici un des phénomènes de l'élaboration 
de l’idiome, comme nous l’avons fait à la lettre B. En pas- 
sant du celtique au latin, du latin au roman, en dérivant 
ensuite vers le languedocien et ses dialectes, la langue ne 
s’annule pas plus qu’elle ne se crée, elle se modifie suivant 
les latitudes et suivant les dispositions propres aux groupes 
de chaque zone. C'est pourquoi les permutations n’ont pas 
de règles absolues, invariables, savantes, en vertu desquel- 
les tous les mots se seraient transformés et qu'on devrait 
nécessairement retrouver dans leur composition nouvelle. 
A part le radical à peu près immuable, toutes ces lois de 
transformation et de permutation varient à l'infini dans 
l'intérieur d’un idiome, et à plus forte raison dans un dia- 
lecte comme le nôtre, qui se distingue par un caractère 
si particulier : nous en saisissons seulement les principaux 
accidents. Ce qui est à bien constater, c’est que, à toutes 
les époques où le langage s’est modifié, il a obéi partout à 
des tendances spéciales, et que, sans se dépouiller d’une 
manière complète de ses formes, ila cherché en tout temps 
et partout à ressaisir ses propriétés primordiales; et que 
toujours, cédant ou à la puissance de l'habitude ou à des 
influences organiques et climatériques, appropriées au pays 
où il était reçu, il suivait dans ses innovations un certain 
plan uniforme, sans secours de la science ni souci de la 
grammaire, mais sous l'inspiration d’aptitudes innées et de 
facilités de prononciation, dont le peuple, peu instruit 
d’ailleurs, restait le souverain juge. Aussi nous contentons- 
nous de prendre notre dialecte sur le fait, et laissons-nous 
de côté les classifications scientifiques. 

Le languedocien n’admet pas le C final, non plus que le 
C devant une consonne autre que les fluides Z et R. Lors- 
qu'il emprunte au gr. au lat. ou au fr., qui tous admettent 
cette rencontre, il supprime net le C et le considère comme 
non avenu. C'est une délicatesse d’acoustique qui lui est 
commune avec l'ital. Une seule exception a été faite pour 
la propos. din, dans, précédant une voyelle; on dit : dine 
un an, dans un an. 

Dans une langue dont l'orthographe n’a rien de précis, 
rien d'arrêté, qui n'a jamais eu de grammaire et qui ne 
pouvait en avoir à cause de ses variations d’une localité à 
l'autre, qui n’a eu que des lexiques partiels et à principes 
divergents, chaque écrivain, chaque glossateur surtout doi- 
vent se créer des principes, des règles et une orthographe à 
leur usage, faute de type à imiter, de loi unanimement 
acceptée et reconnue ou d'académie autorisée qui impose 
ses décisions. Au milieu de ces incertitudes, un principe 
semble bien surnager, celui de l'orthographe auriculaire ; 
et cependant, son application absolue a présenté des diffi- 
cultés si nombreuses que tous les essais ont échoué. Sauva- 





CA 


ges, qui a été plus loin qu'aucun autre peut-être dans cette 
voie, s’y est fourvoyé lui-mème, et plus d’une fois. L'ori- 
gine de certains mots, leur étymologie l'ont entrainé; et 
c’est ainsi qu'il nous donne jusqu’à trois signes différents 
pour rendre la prononciation du C, en se servant tour à 
tour du C, du Æ et du Q. 

Certes, en suivant la règle de l'orthographe auriculaire, 
le Cet l’S auraient suffi à exprimer les diverses prononcia- 
tions combinées que nous offrent les lettres €, Æ, Q, S, et 
nous y aurions gagné l'économie de deux signes ; mais nous 
l'avons dit, nous faisons de l’éclectisme; et il est prudent, 
avec une certaine mesure, de respecter, dans chaque mot, 
sa physionomie étymologique. Nous avions d’ailleurs des 
traditions qui obligent, et mieux encore les notes et les 
formules de l’éminent poète des Castagnados, qui, dans tout 
ce travail, sont notre guide, notre loi et notre inspiration. 
Nous conserverons donc chacune de ces consonnes, en don- 
nant toutefois congé définitif au Æ intermédiaire, qui nous 
paraît tout à fait anomal au languedocien et que le fr. 
lui-mème n’adopte que dans quelques emprunts exotiques. 

On s'étonnera peut-être d’après cela de rencontrer quel- 
quefois le Qu, là où le C aurait été parfaitement suffisant, 
où mème il aurait eu plus de convenance étymologique : 
nous l'avons employé ainsi parce que notre premier besoin, 
en cette affaire, a été de faire concorder orthographiquement 
chaque mot avec ses composés, avec ses dimin. et ses péj., 
chaque verbe avec les divers membres de sa conjugaison. 
Si, par exemple, nous avions écrit broco, — saco, — touca, 
il aurait fallu écrire brouciè pour brouquiè; sacéto pour 
saquélo; toucère pour touquère; l'on comprend bien que 
cette orthographe n’était pas abordable. 

Ca, s. m. Dim. Caté, catoù, catouné; augm. Catas ; péj. 
Cataras. Chat, felis catus, Linn. Mammifère de la fam. des 
Carnivores. — Le chat sauvage, la véritable souche de 
notre chat domestique, existe dans nos cantons montagneux 
et boisés; gris plus ou moins brun, avec des ondes plus 
foncées sur le dos et transversales sur les flancs; dedans 
des cuisses un peu jaunâtre; les lèvres et la plante des 
pieds noires, la queue annelée terminée en noir. — Voy. 
Chaïné. — Lou ca midoulo, le chat miaule. Es saje coumo 
lou ca âou froumaÿe, il est sage, tranquille comme un chat 
qui tient sa provende, c’est-à-dire jusqu'à ce qu’elle soit 
achevée. Sdouta coumo un ca maïgre, sauter comme un 
chat maigre, comme un cabri. Lou més das cas, le mois de 
février, temps des amours des chats. Au fig. Faïre lou ca, 
faire la chatte-mitte, patte de velours ; baisser le ton; baisser 
pavillon; ramper devant plus fort ou plus puissant que soi. 
Empourta lou ca, vider un loyer sans prévenir le maitre, 
décamper à la sourdine; partir sans prendre congé, sans 
faire ses adieux. Achéta un ca dinc un sa, acheter chat en 
poche; faire marché sans voir la marchandise. Soun coumo 
lou ca et lou ra, ils vivent ensemble comme chien et chat; 
ils vivent très-mal d'accord. Y-a pa’n ca, il n'y a per- 
sonne, personne! Fariè d'ièls énd'un ca, exp. prvb., il 





CAB 


est si adroit qu’il ferait des yeux à un chat. Manjo ca qué 
roumiaras, loc. prvb. pouvant se traduire par : tel qui rit 
vendredi, dimanche pleurera. 

Dér. de la bass. lat. Catus, mème sig. Quant à l’étym. 
de celui-ci, on est loin d’être d'accord : le gr. Kaxks, furet; 
l'hébreu Chatoul, peuvent y avoir contribué; le lat. y a 
pris part : Catare, ou Cattare, voir clair; Catum ab eo quod 
catat, id est videt ; Catos id est acutos; et encore, Si origo 
ejus adferri possit, à caveo dici maæximè probatur, pense 
Vossius. On n’a que le choix. 

Cabala, v. Cabaler; intriguer pour quelqu'un ou pour 
soi; comploter; se liguer avec quelqu'un. 

Emp. au fr. 

Cabalo, s. f. Cabale, complot, coalition d'ouvriers. 

Emp. au fr. 

Cabanèl, s. m., n. pr. Au fém. Cabanèlo; dim. Caba- 
nèlé, Cabanéloù. Cabanel. 

. Dér. de Cabano, chaumière, ou du béarn. Caban, formé 
de Cab, tète, en v. lang., manteau des pâtres béarnais et 
navarrois, pourvu d’un capuchon. 

Cabanis, s. m., n. pr. d'homme. Au fém. Cabanisso; 
dim. Cabanissé. Cabanis. 

Dér. de Cabano. 

Cabano, s. f. Dim. Cabanéto ; péj. Cabanasso. Cabane ; 
chaumière, hutte. — Cabano dé pastre, hutte de berger. 

Il est aussi n. pr. d'homme, Cabane. Au fém. Cabanésso ; 
dim. Cabané. 

Dér. de la bass. lat. Capanna; du gr. Kamävn, tugurium. 

Cabâou, s. m. Bétail gros et menu qui fait partie d’une 
ferme d'exploitation rurale, et que le code civil désigne 
sous le nom d'immeubles par destination. Par ext. ce mot 
s'applique à fortune, avoir, héritage, possession, trésor. — 
Y-a un for cabdou dinc aquél mas, il y a un bétail consi- 
dérable dans ce domaine. Aqud’s tout moun cabdou, c'est 
tout mon avoir. Las fénnos soun un michan cabàou, les 

sont une mauvaise engeance dans une maison. Qué 
s'aquito, faï cabdou, prvb., qui paie ses dettes s'enrichit. 

On emploie aussi famil. le dim. Cabalé, pour dire toute 
sorte de famille d'insectes et de petits animaux, comme 
les rats, les fourmis, les sauterelles, etc. 

Dér. du lat. Caballus, mauvais cheval, rosse. 

Cabaré, s. m. Cabaret; logis; hôtellerie ; auberge ; lieu 
où l’on donne à boire et à manger. — Faïre cabaré, tenir 
une auberge; vendre du vin en détail. 

Les étymologistes français, qui ne peuvent se décider à 
devoir quelque chose au languedocien, tandis qu'ils vont 
fouiller dans les patois les plus sauvages des Gaulois et des 
Germains, font dériver cabaret du gr. Karmketov, mème 
sig. Le mot nous paraît, à nous, d'origine purement lan- 
guedocienne. En fr. il était peu connu au moyen âge; il n’a 
guère commencé à paraître qu'au temps de la Ligue, et il 
était synonyme alors de taverne : c'était les rendez-vous de 
l'aristocratie comme les cafés de nos jours, à la seule diffé- 


. rence qu'au lieu de liqueurs et de café, on y buvait du vin. 





CAB 149 


Le lang. Cabaré semble bien plus ancien, car son acception 
est plus large : il signifiait autrefois logis, hôtellerie, et il 
n’a pris que plus tard la synonymie de taverneet bouchon. 
Le nom du château de Cabaret, dans le département de 
l'Aude, fameux dans les fastes de la guerre des Albigeois, 
était une corruption de Cab - aré, caput arietis, tête de 
bélier. N’est-il pas probable que le nom commun de Cabaré 
a la même origine? peut-être parce qu'une tête de bélier 
était l'enseigne commune des logis à l’époque et dans la 
localité où ce nom a pris son origine. Il est bien évident 
dès-lors que le fr. nous aurait fait cet emprunt, comme en 
mille autres circonstances, sans qu'il veuille en convenir. 

Cabarétéja, v. fréq. Hanter les cabarets, les tavernes. 

Dér. de Cabaré. 

Cabarétéjaire, adj. m. Pilier de taverne; habitué des 
cabarets. 

Cabarétiè, ièiro, s. Cabaretier, cabaretière; aubergiste; 
hôtellier. 

Cabas, s. m. Dim. Cabassé; péj. Cabassas. Cabas; panier 
de sparterie, dont se servent les cuisinières pour aller à la 
provision d’herbes, de légumes, et mème à la boucherie. 
Au fig. une femme sale, mal fagotée, très-négligée dans sa 
tenue; un torchon. — Voy. Acabassi. 

D’après les étym. fr. le gr. Ké6os, ancienne mesure de 
froment, aurait donné naissance au mot cabas. Nous le 
croyons plutôt tout méridional et formé du lat. Caput, qui 
avait fourni à l'esp. Cabessa, comme au lang., pour dire 
tête, sans doute parce que cette sorte de panier se portait 
autrefois sur la tête. La quantité de mots lang. qui ont la 
syllabe cab pour racine, et qui sont tous relatifs à la tête, 
apporte une nouvelle probabilité à cette origine. 

Cabasso, s. f. dim. Cabasséto; péj. Cabassasso. Tronc 
d'arbre étêté, qu'il soit mort ou vivant; maitresse branche 
de la tête d’un arbre. Lorsque les müriers ou les châtai- 
gniers sont étiolés et menacent de périr par les branches, 
on rase celles-ci tout près du tronc : s'il arrive que les 
racines soient encore saines, l’arbre reprend toute sa vigueur 
et pousse de nouvelles branches, qui atteignent vite leur 
première dimension. 

Dér. de Cab, pour tête, Cabasso augm. En esp. Cabessa ; 
en ital. Capo, tête. 

Cabassu, s. m. n. pr. d'homme. Au fém. Cabassudo; 
dim. Cabassudé. En fr. Cabassut ou Chabassut. Il est très- 
répandu, indifféremment avec les deux intonations à la 
première syllabe. Qu'il dérive de Cabésso ou de Cabasso, le 
mot adjectivé a voulu dire en principe forte têle ou grosse 
tête, au moral ou au physique, avec Cab pour racine. 

Cabassudo, s. f. Jacée des prés, Centaurea jacea, ou 
Centaurea nigra, Linn. Plante de la fam. des Synanthérées, 
commune dans les prairies. — Voy. Carouje. 

Cabés, s. m. Chevet d’un lit; côté du lit où l'on met la 
tête; oreiller ; traversin. 

Dér. de Cab, tête. 

Cabésso, s. f. Péjor. Cabéssasso. Tête ; au fig. savoir, 


150 CAB 


jugement, esprit, bon sens. — Uno forto cabésso, une bonne 
tête; une tête bien meublée et à jugement sûr. 

Dér. de Cab, tête. En esp. Cabessa, Cabeza; en port. 
Cabeca; en b. bret. Cab. Le lat. Caput n’est pas étranger 
à tous ces mots, non plus que le gr. Kepak, si on voulait 
bien. 

Cabéstre, s. m. Licou ou licol; lien que l’on met à la 
tête des hôtes de somme pour les attacher au moyen d’une 
longe. — Trépa émbé lou cabéstre, où émbé la brido, se dit 
des jeunes gens,. qui s'amusent de tout, sans nul souci, 
fringants et dissipés, qui ont la bride sur le cou. — Voy. 
Brido. 

Dér. du lat. Capistrum, formé de caput stringo, capitis 
stringium. En bas-bret. Kabestr. 

Cabi, v. Serrer un objet, le ranger, le mettre à l'abri des 
voleurs ou des curieux, le cacher. — Cabè uno fio, marier 
une fille, la colloquer. Coussi quicon la cabirén, de manière 
ou d’autre nous l’établirons bien. 

Dér. du lat. Cavum ou Cavus, cavité, cachette, enfonce- 
ment. 

Cabiïè, s. m. Ruban de fil dit Chevillère, dans toutes les 
localités de France, quoique non enregistré par l’Académie. 

Sauvages le fait dér. de Capilli, les cheveux, parce que, 
dit-il, les femmes, peu avant lui, se servaient de ce ruban 
pour tresser leurs cheveux ; il aurait pu ajouter que, de son 
temps, il servait à tous les hommes du peuple pour rouler 
leurs cheveux en queue. Aujourd’hui, comme cordon, il 
entre dans beaucoup d'ouvrages de couture. 

Cabiné, s. m. Dim. Cabinété; péj. Cabinétas. Armoire ; 
bahut; garde-robe; jamais cabinet. C’est le meuble essen- 
tiel pour tout nouveau ménage : une fille des plus pauvres 
ne consent guère à se marier, quand elle ne peut pas se 
donner un cabiné; elle attend, s’il le faut, avec une rési- 
gnation méritoire, jusqu’à ce que son pécule arrive au pair 
de cette dépense. 

Ce mot vient évidemment du précéd. Cabi : cependant 
il est singulier que le lat. barbare se soit rencontré avec 
lui dans son emploi relatif au mariage. Dans la bass. lat. 
Cabimentum veut dire établissement. 

Cabô, s. m. Chabot, meunier, chevane, poisson de 
rivière à grosse tête; ce qui lui vaut sans doule son nom. 
— Voy. Aréstoù. 

Cabosso, s. f. Dim. Caboussélo; péj. Caboussasso. Clou 
de fer de cheval à grosse tête carrée; clou de même forme, 
mais de plus grande dimension, avec lequel on fixait les 
bandes de fer sur les jantes de charrette, et où ils étaient 
autrefois en si grand nombre que la roue portait sur les 
clous et non sur la bande. Aujourd’hui qu'on ne ferre plus 
les roues à bande, mais en cercle, on n’emploie que des 
boulons à tête plate. — Voy. Clavèl dé caréto. 

On appelle aussi Cabosso, certains gros clous dont les mon- 
tagnards garnissent leurs sabots et souvent leurs souliers. 

Dér. de Cabésso. 

Cabra, s. m. Troupeau de chèvres, génériquement ; mais 





CAB 


il n’est employé qu'en parlant des chèvres qu'on envoie au 
bouc pour les faire saillir. C'est là une branche d'industrie 
agricole, qui consiste pour toute mise de fonds dans l'achat 
d’un bouc. On amène là toutes les’ chèvres du canton, et 
elles y restent jusqu'à un mois ou deux. En attendant, le 
propriétaire du bouc profite d’un restant de lait que les . 
chèvres ont conservé, se fait payer la nourriture, et quand 
le lail tarit, il a grand soin de renvoyer les chèvres à leur 
maître. Téni cabra, c’est garder un bouc pour cet usage. 

Cabra, v. Dresser une échelle, une planche, une poutre 
contre un mur, dans la position d'une chèvre qui se dresse 
contre un arbre. 

Sé cabra, se cabrer; se dresser, se révolter contre; s’em- 
porter, se brouiller avec quelqu'un. — Sé soun cabras, ils 
sont en opposition. 

Dér. de Cabro. 

Cabri, s. m. Dim. Cabridé, Cabridoù. Chevreau, cabri, 
petit de la chèvre, Hædus; petit côté d’une échelle double, 
qui, dans certains pays, n’est composé que d’une barre 
ronde. — Séouta coumo un cabri, sauter comme un cabri. 
Uno tèsto dé cabri, au fig. un étourdi, un écervelé. Quan 
la cabro vaï pér hor, sé lou cabrè séouto n’a pas tor, prvb., 
quand la chèvre va dans le jardin, si le chevreau y saute, 
il n’a pas tort ; pour signifier que les parents doivent seuls 
rester responsables des mauvais exemples qu’ils donnent à 
leurs enfants. 

Dér. de Cabro. 

Cabrida, v. Chevroter, mettre bas des chevreaux; faire 
le chevreau. Se dit encore d’une échelle double, qui, étant 
dressée, s'ouvre entièrement, parce que la partie qui sert 
de support vient à glisser en arrière; par ext. et de là, 
cabrida, signifie dégringoler, tomber. 

Dér. de Cabri. , 

Cabridado, s. f. Portée d’une chèvre, quantité de che- 
vreaux qu’elle met bas. Par ext. dégringolade, chûte de 
haut. 

Dér. de Cabri 

Cabridan, s. m. Frelon, guèpe frelon, Vespa crabro, 
Linn. Insecte du genre de la guêpe. — Voy. Grdoule. 

Cabriè, s. m. Au fém. Cabriéiro, Chevrier; celui ou 
celle qui garde les chèvres. Est devenu n. pr. d'homme et 
fait en fr. dans le Midi, Chabrier, et dans le Nord, Che- 
vrier. 

Dér. de Cabro. 

Cabro, s. f. Dim. Cabréto; péj. Cabrasso. Chèvre, 
femelle du bouc. — Cabro-bounto. Voy. Bounto € 
Boucho. Mé farias vén) cabro, Vous me rendriez fou, 
vous me feriez perdre patience. La cabro dé moussu Sagnè 
sé batéguè touto la gnuè émbé lou loup, mais dou jour lou 
loup la manjè, phrase proverbiale qui exprime de longs 
et vains efforts pour se défendre, surtout au jeu; on syÿn 
cope souvent ét l'on dit : Faï coumo la cabro dé moussu 
Sagnè, et cela signifie : il finira par être enfoncé; il va tout 
perdre. : 


CAB 


Il s'agit, comme on le voit, de toute défense longue, 
obstinée, désespérée, mais inutile, contre plus fort, plus 
habile ou plus beureux que soi. Un joueur qui perd la 
partie après l'avoir disputée pied à pied; un malade qui 
meurt après avoir longtemps et péniblement résisté au 
mal; un négociant, un particulier qui voit s'accomplir sa 
déconfiture après l'avoir retardée autant que possible en 
faisant flèche de tout bois; nos éducations de vers à soie 

| depuis vingt ans, commençant bien pour finir par un 
i désastre; tout cela fait como la cabro dé moussu Sagnè. 
D'où vient qu'une chèvre est devenue le parangon de tous 
ces braves malheureux ? 
… C'est, cé qu'explique suffisamment le complément du 
| dicton, qu'on scinde parce qu'il serait trop long et que 
tout le monde le sait assez pour pouvoir l'abréger. J'ai 
| mème vu les gens en pareille occasion. se permettre une 
ellipse bien autre en disant seulerhent : {a cabro! Mais 
c'était un peu des argotiers. L'entier dicton est comme 
dessus : Faïre coumo la cabro dé moussu Sagnè, qué sé 
batégquè touto la gnuè émbé lou loup et lou matà lou loup la 
manjé, faire comme la chèvre de monsieur Sagnier, qui se 
battit toute la nuit avec le loup et le matin le loup la 
Mangea. — Cette fin était prévue, mais celle des Spartiates 
} aux Thermopyles l'était aussi; et la chèvre ne méritait 
pas moins de passer à la postérité et d’y entrainer son 
maître, qui sans elle serait fort peu connu, et avec elle 
risque mème de ne survivre que dans le proverbe. 
* Dér. du lat. Capra. 
Cabro, s. f. Echelle double; chevalet des scieurs de 
long, qui soutient le baudet ou ase. 
ro, s. f. Mante, mante religieuse. — Voy. Prègo- 
Diou. 
Cabro, s. f. Papillon femelle du ver à soie; morpion, 
vermine qui s'attache aux endroits couverts de poils. 
Cabros, au pl., les deux poutres principales qui soutien- 
nent l'apparei d'une sonnette à piloter, où moutoù; la 
troisième, qui est garnie d’échelons pour grimper à la 
poulie, se nomme éscalo. 
Cabréto, s. . Chevrette, meuble de l'âtre d'une cuisine, 
gt 2 ET les pots dans les cendres. 
. du lat. Capra.. 
jou, s. m. Chevreuil ; chamois ; isard; toute espèce 
de ëvre sauvage ; Capreolus, Linn. Quadrupède de gr 
des Cerfs; brun ou roux, à cinq andouillers au plus. — 
n. pr. Chabréou, en fr. Chabrol, NE AD à 
fr. encore Chebreuit et Chevreau. La seule différence est 
dans la désinence, suffixe diminutif en lang. exprimé par 
dou, traduit par of, rendu par le fr. ewil. — Voy. Oou 
ce A conférer avec Bagndou, Cassagnolo, Plagnôou, 


© Dér. de Cabro. 
* Cabroü, s. m. Dim. Cabrouné. PT pièce de char- 


Lo te pied droit et de deux arbalétriers. 


ut 



























CAC 151 


Cabus, s. m. Action de plonger dans l’eau, ou de tomber 
de haut la tête la première; de faire un plongeon. 

Dér. du lat. Caput, parce que la tète porte la première. 

Cabus, s. m. Au pl. Cabusses. Provin, branche de vigne 
que l'on couche dans la terre pour qu'elle prenne racine et 
remplace un cep qui manque. — Ddou tn das cabusses, 
dans le dernier quartier de la lune de mars. 

Cabus, adj. m. Cdou ou Cdoulé cabus, Chou blanc, 
chou cabus ou chou pommé. 

Dér. du lat. Caput, parce que cette espèce de chou forme 
une grosse tète ronde. 

Cabussa, v. Plonger dans l'eau ; faire le plongeon; tom- 
ber de haut la tête la première. Il est quelquefois actif : — 
Cabussa quéouquus, plonger pour sauver quelqu'un qui se 
noie. Cabussa un sôou, aller chercher un sou au fond de 
l'eau, en plongeant : exercice qu'on s'amuse à faire exécu- 
ter aux enfants en jetant un sou dans l’eau. 

Dér. du lat. Caput, tête; en esp. Cabessa. 

Cabussa, v. Provigner la vigne; marcotter toute espèce 
de plantes ou d’arbustes. Au fig. inhumer, enterrer quel- 
qu'un. 

Cabussaïre, aïro, adj. Plongeur; qui a coutume de 
plonger. 

Dér. de Cabus. 

Cabussâou, s. m”., ou Cassdou, où Sacol. — Voy. Cas- 
sou. 

Cabussé, s. m. Rale d'eau, Rallus aquaticus, Linn. Ce 
nom est aussi donné à la poule d'eau marouette, gallinula 
porzana, dont les habitudes tiennent beaucoup de celles 
du Rale, — Voy. Rasclé. 

Cabussèl, s. m. Dim. Cabussélé; péj. Cabussélas. Cou- 
vercle; ce qui sert à couvrir. — Lou cabussèl dé la tèsto, 
le crâne, l'os supérieur de la boite du cerveau. 

Dér. du lat. Caput; en esp. Cabessa. 

Cabusséla, v. Mettre un couvercle; couvrir un plat, un 
pot, une huche, de son couvercle. 

Cabussèlo, s. f. Couvercle d'un pot au feu, uniquement. 
— Chaquo toupè trobo sa cabussèlo, chaque cheville a son 
trou ; chaque fille trouve un mari. 

Las cabussèlos, au pl. les cymbales, parce que cet ins- 
trument a effectivement la forme d’un couvercle à pot. 

Mème étym. que les préc. 

Cacaï, s. m. Caca; selle d’un enfant; ordure, saleté ; 
terme de nourrice qui, pour détourner un enfant de tou- 
cher à quelque chose, lui dit : Cacaï! C'est par suite de la 
mème idée qu’on met une décoction amère au bout du sein 
de la nourrice quand on veut sevrer son nourrisson, et 
quand il y porte la bouche, il se retire en s'écriant : Cacaï/ 
— Aquèd's dé cacaï, c’est sale. 

Dér. du gr. Kéxxn, excrément. 

Cacalaca! interj. et s. m. Coquerico, chant du coq; 
onomatopée. Gosier, au fig; par ext. cou, Col, — Li coupè 
soun cacalaca, il lui coupa le cou. 


” Cacalaca, s. m. où Pantoufléto, s. f. Digitale pourprée, 


152 CAC 


mufle de veau, Antirrhinum majus, Linn. Plante de la 
fam. des Personnées, qui croit sur les vieilles murailles, à 
fleurs irrégulières et pourprées, auxquelles il ne manque 
que d’être plus rares et exotiques pour être recherchées. 
Cacalaca, en terme de coiffure, toute espèce de nœud de 


rubans, de pouf, posé sur le haut d’une coiffure de femme, * 


en guise de la crête d’un coq : d’où le nom. 

Cacalas, s. m. Au pl. Cacalasses. Eclat de rire. — Faguè 
un bèl cacalas, il partit d’un grand éclat de rire. 

Ce terme vient-il du gr. Keyyahdo, rire à gorge déployée; 
ou bien n'est-il qu’un rappel du cacalaca du coq, avec 
lequel l'éclat de rire a un rapport d’onomatopée ? 

Cacalassa, v. ou mieux S'éscacalassa. Eclater de rire ; 
tire à gorge déployée, bruyamment, rire aux éclats. 

Dér. de Cacalas. 

Cacha, v. Serrer; presser; meurtrir; casser, briser en 
serrant fortement, avec les dents, ou en frappant; mâcher, 
broyer avec les dents. — Cacha dé noses, casser des noix. 
Moun éscld mé cachavo, mon sabot me blessait le pied. Un 
ase dé soun tén cachariè pas la païo; c’est ce que l’on dit 
de quelqu'un qui veut se faire ou que l’on croit plus jeune 
qu'il n’est, et qui a cependant largement atteint ou dépassé 
l'âge où un âne, faute de dents, ne pourrait plus broyer ou 
mâcher la paille. 

Sé cacha lous dés, se meurtrir les doigts; au fig. être 
dupe de son propre stratagème. 

Dé froumaje cacha, du fromage qui adépassé le degré de 
fermentation qui lui convient, vieux, fort et rance. 

Dér. du lat. Quassare, briser. 

Cachaduro, s. f. Meurtrissure ; pinçon ; blessure produite 
par une forte pression. — Aou débasta sé vésou las cacha- 
duros, exp. prvb., quand on enlève le bât à un âne, on 
aperçoit ses blessures ; au fig., c’est à fin de compte qu'on 
juge de son mal. 

Dér. de Cacha. 

Caché, s. m Cachet; sceau; pain à cacheter. 

Dér. de Cacha. 

Cachéta, v. Cacheter; appliquer un cachet; fermer avec 
un pain à cacheter. 

Dér. de Cacha. 

Cacho, s. f. Cachette; cache; lieu secret où l’on cache 
quelque chose. 

Emp. au fr. 

Cachô, s. m. Dim. Cachouté; péj. Cachoutas. Cachot ; 
prison basse et obscure. 

Emp. au fr. 

Cacho-foué, s. m. Chambrière de charrette ; gros bâton 
suspendu par une douille mobile au tablier d’une charrette, 
qui sert à soutenir les bras en équilibre lorsqu'elle est 
dételée, et à soulager le limonier lorsqu'elle est attelée 
chargée, mais au repos. 

Comp. de Cacha et de Foué, fouet. 

Cachomoure, s. m. Coup de poing sur la mâchoire, sur 
le nez. 





CAD 


Comp. de Cacha, meurtrir, êt Moure, visage. 

Cadabre, s. m. Péj. Cadabras. Cadavre, corps mort ; 
plus particulièrement en parlant du corps humain ; au fig. 
homme maigre et décharné, ou seulement livide. 

Dér. du lat. Cadaver, qui serait la syncope de caro data 
vermibus, à ce qu'on assure et qui est vraisemblable et 
ingénieux. 

Cadacu, n. pr. de lieu. Cadacu, petit hameau dans la 
commune de Laval, arrondissement d’Alais. 

Dér. du lat. Caput et Acutum, chef pointu. 

Cadaï, s. m. — Voy. Calaï. 

Cadansa, v. Balancer; remuer en équilibre; pencher; 
branler. — La téoulo cadanso, la table n’est pas solide; 
elle branle sur ses pieds. 

Dér. du lat. Cadere, tomber, et de Danso. 

Cadäoula, v. Fermer au loquet; fermer une porte avec 
le loquet. 

Cadäouléja, v. Loqueter; agiter, faire aller le loquet 
d’une porte pour ouvrir, ou pour indiquer qu’on se dispose 
à entrer. 

Cadäoulo, s. f. Dim. Caddouléto; péj. Caddoulasso. 
Loquet; cadole; languette de fer, avec son appareil en 
bascule qui la soulève, et le crochet-gache qui la retient, 
pour fermer une porte. En terme de charcuterie, verge du 
porc, y compris son fourreau et la longue membrane qui le 
lie à l'abdomen. — Es toujour én l'air coumo uno cadäoulo, 
au fig., il est sémillant, actif, agité; il ne saurait rester en 
place. Fino cadäoulo, loc. prvb., fin matois, rusé et actif. 

Le fr. s'est emparé de ce mot dont il a fait Cadole, qui 
a la même acception, mais qui ne s'emploie que comme 
technique de serrurerie. 

Dér. du lat. Cadere, tomber. 

Cadarâou, s. m., n. pr. d'un torrent qui borde à l'ouest 
la ville de Nimes : Cadarau. 

Dans le dialecte nimois, ce mot est synonyme de voirie, 
gémonies. Cela tient peut-être à ce que le lit de ce torrent, 
sur lequel est aussi situé l’abattoir public, servait à cet 
usage; et que cette destination était ancienne. Mais ne 
pourrait-on pas prétendre avec autant de fondement que 
c'est de cette circonstance même que le torrent tire son nom? 
Il n’est pas hors de probabilité que l'expression, soit qu’elle 
s'applique génériquement à tout emplacement de voirie, 
soit à l'emplacement particulier de ce torrent, ne dérive du 
lat. Cadaver, cadavre; si l’on se rappelle surtout que des 
fourches patibulaires, véritables gémonies, dont on voit 
encore quelques piliers sur la route de Sauve, dominaient 
le cours de ce ruisseau. Cependant Sauvages, en consultant 
sans doute quelque dialecte voisin, applique ce nom de 
Cadardou aux ruisseaux d'écoulement des rues, et lui 
donne pour origine le verbe grec Karàgéw, couler de haut 
en bas. D’autres veulent le faire venir du catalan cataranco, 
torrent. Le mot n'appartient pas à notre langue; et nous 
y voyons plutôt une redondance réduplicative de notre 
Cardou, qui a la mème signification. — Voy. Cardou. 


en 


LA 
r 


CAD 


Cadastre, s. m. Cadastre; anciennement registre de 
capitation; plus tard terrier des propriétés imposées à la 
taille; aujourd’hui registre public où sont marquées l’éten- 
due et la valeur des terres. 

Dér. de la bass. lat. Capitastrium. Godefroi dit : In 
Gallia, aliquibus in locis, à capilibus vel capitatione cap- 
dastra, vel cataïtre, vocatur capitationis scilicel registrum, 
in quibus singulorum nomina a@notata erant. 

Cade, s. m. Grand genévrier à baies rouges, Juniperus 
oæycedrus, Linn. Arbrisseau de la fam. des Conifères. C'est 
la grande espèce dont la racine fournit l'huile empyreuma- 
tique de Cade, qui est d'un usage très-fréquent en agricul- 

“ture pour Je traitement des animaux, el principalement 
contre la gale des moutons. La tige de cet arbuste fournit 
par incision la résine appelée Sandaraque, base des plus 
beaux vernis. — Es davala ddou cade, il a dégringolé; il 
est en déconfiture; ou ikest mort. 

- Cade-mourvis, s. m. — Voy. Mourvis. 

Cade-sabà, s. m. — Voy. Sabino. 

On regarde ce mot comme dér. du celt. 

Cadè, s. m. Dim. Cadété; péj. Cadétas. Cadet. Surnom 
qu'on donnait beaucoup dans le peuple au fils puiné d’une 
famille, au second enfant mâle, n'importe le nombre des 
frères subséquents. Ce nom était tellement incarné à l’indi- 
vidu qui en était affecté dans son enfance, qu'il ne le per- 
dait pas même par la mort de son frère aîné, quoiqu'il 
devint par là le chef de la maison. Lorsqu'on voulait y 
ajouter le nom de famille, on faisait précéder celui-ci de la 
partic. dé; on disait donc : cadè dé Martà et non cadè- 
Marti. Il en est de même encore assez généralement pour 
les prénoms; on dit plutôt : Jean dé Brunèl que Jean 
Brunèl. Dans les races vraiment populaires et autochtones, 
il n’est pas rare qu'on ajoute au prénom et au surnom de 
Cadè la désignation de la mère, surtout lorsque cette mère 
est plus connue que le père, ou lorsqu'elle est veuve. On 
dira plus volontiers par ext. cadè dé Martino, Jand dé 
Brunèlo, que cadè dé Martà où Jand dé Brunèl. Cette 
tournure prend un caractère plus original et plus local 

encore, si l’on féminise pour la mère le surnom du père. 

Un homme était surnommé Zon Diou, son fils était connu 

sous le nom de cadè dé Bon Dioulo. Ce nom de Cadè est 
resté dans le génie de la langue, mais l'usage se perd de le 
donner aux enfants. — Un bon cadè, un hon drille. Lous 
cadès dé las Matèlos, qué lous dous fan cént ans ; loc prvb., 
de beaux jouvenceaux ! la paire fait un siêcle ! dicton qui 

a été importé de Montpellier : les Matèles est un village au 

bord de l'étang de Mauguio. 
Cadè, qui se disait autrefois Capdë, est un dim. de Caput, 
chef, petit chef, second chef de la famille. 

_ Cadèl, s. m. Dim. Cadélé, Cadéloù; péj. Cadélas. Au 

fém. Cadèlo. Jeune chien, petit de la chienne; par ext. 
jeune homme sur les confins de la puberté. — Un cadélas, 
un jeune gars, robuste et un peu niais. 

 Dér. du lat. Catellus. 


2 


A Y  — 









































CAD 153 


Cadèl, s. m. Chaton ou folles fleurs des arbres que les 
botanistes distinguent sous le titre et rangent dans la fam. 
des Amentacées, comme le chêne, le noyer, le châtaignier, 
le coudrier, le peuplier, l'orme, le saule, etc. 

Cadéla, v. Chienner, mettre bas, en parlant d’une 
chienne; pousser des chatons, en parlant de certains 
arbres. 

Cadélado, s. f. Portée ou ventrée d'une chienne; laitée, 
en fr., se dit également d’une chienne de chasse. 

Dér. de Cadël. 

Cadénas, s. m. Cadenas; serrure mobile et portative, 
qu'on adapte par un anneau à un autre anneau fixe, com- 
me fermeture. — Lou cadénas dou col, les vertèbres du 
cou; les clavicules qui joignent les deux épaules en fermant 
l'orifice supérieur de la poitrine. 

Dér. du lat. Catena, chaine. 

Cadénéto, s. f. Cadenette, longue tresse de cheveux. 
C'était la coiffure des incroyables du Directoire, qui se 
nommaient aussi Muscadins. Cette mode était renouvelée 
d'autrefois, et remontait, dit-on, à Henri Albert, seigneur 
de Cadenet, maréchal de France, qui lui aurait donné son 
nom. Il est bien aussi probable que ce nom lui vient de ce 
qu'elle consistait à relever les cheveux en tresse plate, en 
chaine, qu’on fixait au haut de la tête avec un peigne. 

Cadéno, s. f. Chaine, suite d'anneaux ou chainons 
entrelacés. — Cadéno dé coulas, mancelle, chaîne qui tient 
au collier d’un cheval de charrette. Fré coumo la cadéno 
d'un pous, froid comme une chaine de puits. 

Cadéno est le nom d’une rue du vieil Alais. Est-ce un 
souvenir du moyen-àge, pour rappeler les précautionsd'une 
bourgeoisie toujours jalouse de ses libertés et priviléges à 
l'encontre de ses seigneurs, qui faisait placer des chaînes à 
l'entrée de ses rues contre les incursions des gens du chà- 
teau dominant la ville sur ce point, ou contre les attaques 
extérieures? Ou bien, cette rue en pente était-elle si difi- 
cile, qu’autrefois il avait été nécessaire d'établir une chaine 
dans toute sa longueur pour servir de main-coulante aux 
passants? Le nom se retrouve dans les plus anciens titres 
des archives municipales : les attaches des chaines se dis- 
tinguaient encore aux deux extrémités et indiquaient leur 
position en travers de la rue; la première origine nous 
paraît donc préférable. Le lat. Catena est en tous cas le 
radical du mot. 

Cadièïraïre, aïro, s. Fabricant, tourneur, faiseur de 
chaises; rempailleur de chaises. 

Dér. de Cadiëiro. 

Cadièïro, s. f. Dim. Cadièiréto ; péj. Cadiëirasso. Chaise, 
siége à dossier où l'on s'asseoit ; chaire à prècher. — Empaïa 
uno cadièiro, rempailler une chaise. L'an tracho dé la 
cadiëiro én bas, on a publié en chaire les bans de son 
mariage. 

Dér. du lat. Cathedra, qui a les deux mêmes signif. 

Cadis, s. m. Cadis; étoffe de laine grossière, espèce de 
gros drap gris ou brun, sans teinture, qu'on fabrique dans 

2 


154 CAG 


les campagnes, surtout dans la Lozère. — Faïre un cadis|, 
faire faire une pièce de cadis dans la maison, ce qui pro- 
cure une meilleure qualité que de l'acheter en foire ou chez 
les marchands. 

Dér. sans doute de la ville de Cadix, d’où cette étoffe 
doit avoir été importée dans l'origine. 

Cadissaïre, aïro, s. Tisseur de cadis; marchand ou 
fabricant de cette étoffe. 

Dér. de Cadis. 

Cadissariè, s. f. Hardes et habits de cadis de toute une 
maison, qu'on lave à la fin de l'hiver et qu'on suspend dans 
la cave pour les préserver des vers. 

Dér. de Cadis. 

Cadiuèïsso, s. f. ou Gadôousso, ou Dôousso. Cosse de 
pois, de fèves, de haricots et autres légumes qu'on écosse; 
au fig. forte tape, causant contusion et douleur. — Voy. 
Déousso. 

Cadra, v. Cadrer; convenir; s’ajuster, s'assortir avec. 
— Aquè cadro bièn, cela vient juste à point. 

Dér. du lat. Quadrum, carré. 

Cadran, s. #. Cadran, surface sur laquelle sont marquées 
les heures. Au fig. homme ou femme effronté, aux allures 
hardies, qui s'affiche avec affectation et mauvais goût. 

Dér. dans sa première acception du lat. Quadratum ; dans 
la seconde, par comparaison peut-être avec le cadran, qui 
étale et marque les heures. 

Cadre, s. m. Cadre, bordure de bois en baguettes dont 
on entoure une glace, un tableau, une gravure; chambranle 
d’une porte. 

Dér. du lat. Quadrum, carré. 

Cafè, s. m. Café; nom commun à la graine du cafier, à 
l'infusion qu'on en fait, et au lieu où on le vend préparé. 
— Faire cafè, tenir un café; être cafetier, limonadier. Au 
fig. préne soun cafè, jouir silencieusement et paisiblement 
d’un spectacle qui amuse. Cette phrase se prend d'ordinaire 
en mauvaise part, c’est-à-dire qu'on jouit malicieusement 
d'une mystification que l’on fait subir à quelqu'un, ou 
d’une querelle à laquelle on ne prend part que pour juger 
des coups et en rire. 

Dér. comme le fr. de l'arabe Gahouhah. 

Cafétiè, ièïro, s. Cafetier ; limonadier ; le maître ou la 
maitresse d’un café. 

Dér. de Cafe. 

Cafétièiro, s. m. Dim. Cafétièiréto. Cafetière; vase à 
faire le café, ou toute autre infusion. 

Dér. de Cafè. 

Cafiô, s. m. Chenet; landier; ustensile de cheminée qui 
soutient le bois dans le foyer. 

En bas-bret. Kafuner, chenet; en ital. Capi fuocco. 

Cafour, s. ”m. Enfourchure d’un arbre; le point où les 
grosses branches se séparent du tronc; carrefour; embran- 
chement de plusieurs rues qui forment une sorte de petite 
place. 

Dér. du lat. Quadrum el Forum, place carrée. 





CAG 


Caga, v. Chier; aller à la selle; s’ébouler, en parlant 
d'un mur, d’une tranchée, ou d’une bobine, d’une fusée, 
d'une toupie, dont le fil ou la corde est enroulée trop 
lâche. 

Notre Dictionnaire s'est fait un devoir d'enregistrer tous 
les mots et de chercher l'explication de toutes les locutions 
populaires. 11 suffit de le rappeler. « En mouchant une 
expression mal propre, on s'expose à lui arracher le nez — 
c'est-à-dire le caractère, l'originalité, » a dit un glossateur 
de beaucoup d'esprit : il n’y a donc pas à faire les délicats 
avec une langue qui professe hautement et avec raison que 
pardoulos pudou pas. Un empereur d'assez bonne maison 
disait la mème chose de l'argent; nous pouvons bien le 
dire de la monnaie courante du peuple. Nous toucherons 
donc au passage deux dictons fort usités, et sans aucun 
scrupule. 

Caga dâou pichù quiou : inutile de donner le mot à mot; 
mais l’argot de la langue verte nous fournit un correspon- 
dant : chier de petites carottes; mème signification. C’est 
mener petit train, vivre de peu, se serrer le ventre; cette 
dernière expression, plus académique, nous mène tout droit 
à la nôtre, comme on va le voir. Quand on est obligé 
d'économiser jusque sur son manger, l'estomac n'a pas 
beaucoup à faire. Dans cet atelier de fabrication, comme 
dans les autres, la matière première faisant défaut, les pro- 
duits diminuent nécessairement; et l'importation manquant, 
l'exportation doit être peu de chose : d'où il suit qu'une 
petite voie suffit pour l’opérer. L'effet est dit pour la 
cause dans notre locution, qui, par une bizarrerie à 
noter, indique beaucoup moins le fait d'économiser sur sa 
cuisine, avec les conséquences de l'espèce, que celui de se 
restreindre, par nécessité aussi, et de faire petitement toute 
autre chose, quoique les mêmes conséquences n’y soient plus. 

Caga méléto. Le melet est un poisson de mer assez long 
mais surtout très-mince. C'est cette conformation qui à 
donné lieu à notre dicton qui signifie : avoir grand peur: 
On sait qu’un des effets de la peur est de resserrer singu- 
lièrement chez l’homme certain conduit sécréteur; bien 
d’autres dictons dans toutes les langues viennent, avec la 
science, témoigner de ce fait. Or, il doit résulter de cet 
élat que les produits ne peuvent être que fort minces, 
comme la mélélo, par exemple, et c’est encore dire la cause 
que de dire l'effet. 

Dér. du lat. Cacare. 

Cagado, s. f. Cacade; excréments. Au fig. éboulis; 
imprudence, entreprise manquée; ânerie, pas de clerc. — 
As fa aquà uno bèlo cagado, tu as fait là une lourde sottise, 
une énorme imprudence. Dé cagados dé mousquos, chiüres 
de mouches. 

Dér. de Caga. 

Cagarâoulé, s. m. Très-petit pot à bouillir; le plus petit 
pot, dans lequel on fait chauffer le bouillon d’un malade, 
la soupe d’un enfant. 

Dér. du lat. Cacabulus, dim. de Cacalus, pot au feu. 





CAG 


Cagaräoulo, s. f. Dim. Cagardouléto. Escargot, limaçon 
à coquille; hélice aspergé, Heliæ aspersa, Linn. Mollusque 
Gastéropode. En fr. moyen-âge, on disait Caguerole, qui 
signifiait à la fois un escargot et une espèce de marmite 
à trois pieds et à longue queue. Cette dernière acception 
semble annoncer sa dérivation du lat. Cacabus, pot au feu; 
et l’escargot y aurait participé par analogie de forme. Le 
limaçon, quand on l'irrite ou qu’on l'approche du feu, rend 
une écume comme le pot au feu. — Lou tambour dé las 
cagardoulos, le tonnerre. Aïço és la casso dé las cagardoulos, 
tan dé vis tan dé prés; dicton pour exprimer un succès 
complet en quoi que ce soit, comme au jeu, par exemple, 
quand on gagne toutes les parties. Ordinairement on ne dit 
que le premier membre de la phrase, le second restant 
facilement sous-entendu. Il est inutile, pour expliquer ce 
dicton, de dire que lorsqu'on va à la recherche des escar- 
gots, ce qui se fait après une pluie de printemps ou un 

. orage, on en prend tout autant qu'on en trouve; ce gibier, 
dont on est généralement friand dans le pays, étant peu 
propre à dépister ou à fair le chasseur. 

Cagarèl, Picarèl ou Suscle, s. m. Mendole, Sparus 
Mana, Linn. Petit poisson de la Méditerranée, de l’ordre 
des Holobranches; bon quand on le mange frais, mais qui, 
ainsi que l'indique son nom lat., peut imiter l'anchois, 
Mana, et qui en effet se conserve dans la saumure; c’est 
le goût piquant qu'il en tire qui l’a fait appeler Picarèl. 
— Voy. ©. m. 

Cagarèlo, s. f. Mercuriale, foirelle; Mercurialis annua, 
Linn. Plante de la fam. des Euphorbiacées, purgative et 
laxative : elle est un poison pour plusieurs animaux et 
entr'autres pour les lapins. 

Son caractère éminemment émollient lui a valu son nom. 

Cagarocho, s. f. Dim. Cagarouchéto. Très-petite mai- 
son, cahutte étroite, taudis, où l'on est logé à pli de corps. 
Au fig. bamboche, très-petit homme, nabot, avorton. 

Il peut, dans les deux sens, pr. et fig., dériver par com- 
paraison de la posture accroupie exprimée par le verbe. 

Cagasso, s. f. A-bé-c6, alphabet, croix de par Dieu. — 
-Voy. Crous. 

Cagnar, s. m. Dim. Cagnardé. Cagnard, abri exposé au 
soleil; c'est le foyer d'hiver des pauvres gens, des vieil- 

- lards.et des fainéants ; la cheminée du roi Réné à Aix. 

Dér. du lat. Canis, chien, ou de l’ital. Cagna, chienne, 
parce que les chiens aiment à se coucher au soleil. 

Cagnarda, ». Exposer au soleil et à l'abri du vent. 

Dér.de Cagnar. 

Cagno (Faïre la), v. Faire la mine, la grimace; dédai- 
gner; refuser d'un air dédaigneux. 

Dér. du lat. Canis, c'est-à-dire faire une mine de chien. 

Cagnè, oto, adj. Dim. Cagnouté, éto ; péj. Cognoutas, 
asso. Sot, imbécile; poltron. 

Dans l’ancien lang. Cagnd signifiait chien : on dit encore 
un: foutrassdou dé cagnè, un gros diable de chien. 

Dér. du lat. Canis; en ital. Cagnolino, petit chien. 





CAI 155 


Cagnoto, s. {. Dim. Cagnoutéto ; péj. Cagnoutasso. Cor- 
nette de femme en indienne, sans dentelle ni avance, qui 
emboîite la tête et les oreilles. C'est la coiffure exclusive 
des femmes du peuple et de la campagne dans leur négligé 
de travail. Les étrangers conspuent cette coiffure, qui n'est 
pourtant pas sans grâce, et qui ressemble beaucoup au 
bonnet phrygien. Tout dépend du plus ou moins de coquet- 
terie dans la manière de l'arranger. 

Ce mot paraît encore dér. du lat. Canis, parce que, dans 
le principe, cette coiffure descendait sur le cou en oreilles 
de chien. 

Cagnouta, v. Mettre la Cagnoto à quelqu'un; coiffer une 
femme de sa Cagnoto. y 

Dér. de Cagnoto. 

Cago-chi, s. m. Bon-Henri, épinard sauvage, Chenopo- 
dium bonus-henricus folio triangulo, Linn. Plante de la 
fam. des Chénopodées; commune dans les lieux gras. 

Son nom lang. lui vient de ce que les chiens aiment à 
déposer sur elle leurs excréments. 

Cago-prin, s. m. Pince-maille, fesse-Mathieu; ladre 
d’une avarice sordide; vilain; taquin. — Sauvages donne 
à ce mot pour équivalents : cago-dignès, cago-du, cago-séc, 
cago-maños : c’est la même idée, que nous avons expliquée 
dans le verbe servant à la formation de tous ces subst. — 
Voy. Prin, Dignè, Maïo, etc. 

Cago-trépo, s. f. Chausse-trappe ou chardon étoilé, 
Centaurea calcitrapa, Linn. Plante de la fam. des Compo- 
sées Cynarocéphales, qui vient le long des chemins. La 
même que l'douriolo. — Voy. c. m. 

Çaï, adv. de lieu. Ici, céans. Il a la même portée que 
Aïci, avec cette différence que ce dernier suit d'ordinaire 
le verbe auquel il sert de régime , tandis que le premier le 
précède. — Çaï séra lèou, ou séra lèou aïci, il sera bientôt 
ici. Ça sèn, nous y voilà. Diou çaï siè! que Dieu soit 
céans! exp. prvb., quand on entre dans une maison. 

Çaï a quelque chose de plus technique, de plus syncopé 
et partant de plus poétique que Aüci. 

Dér. du lat. Ho, par ici. 

Caïa, v. Cailler; coaguler; figer. — Lou carboù dé la 
Gran’ Coumbo és lou mioù, parça qué caïo lou maï, la 
houille de la Grand'Combe est de la meilleure qualité, 
parce qu’elle se caille, elle fait prise, c'est-à-dire que le 
soufre et le bitume qu'elle contient se mettent en fusion et 
en vitrification à l’action du feu; ce qui cimente les mottes 
entr'elles. 

Dér. du lat. Coagulare; en ilal. Quagliare. 

Caïado, s. f. Caïllé; du lait caillé. 

Dér. de Caïa. 

Caïäou, s. m. Dim. Caïalé; péj. Caïalas. Caillou; galet; 
pierre de pleine main et de la dimension dont on se sert 
pour la fronde ou pour le jet à la main. — L'abataïavo à 
cos dé caïdous, il le poursuivait à grands coups de pierre. 
S'arape un caïdou, si je prends une pierre. 

Dér. du lat. Calculus, on Cautes. 


156 CAI 


Caïas, s. m. Caillot de sang, grumeau de sang caillé. 

Dér. de Caïa. 

Caïé, éto, adj. Bigarré; pie; de deux couleurs. Ce mot 
ne se dit guère que des bœufs dont la robe est de deux 
couleurs. Pour les porcs, on dit Gardl, dans le mème sens. 

Ra-caïé, s. m. Lérot, espèce de loir ou de gros rat, 
tacheté de gris et de blanc, qui niche sur les arbres. — 
Voy. Ra. 

Caïé signifie aussi mollet, à moitié sec, en parlant de 
certains fourrages et de quelques céréales, comme la luzerne, 
le sainfoin, le seigle et l’avoine, qu’il faut couper et entas- 
ser, avant une parfaite dessication, pour éviter que la 
feuille des premiers et le grain des seconds ne se détachent 
en les remuant et ne se perdent. 

Caïèjro, s. f. Ventricule ou estomac des agneaux, veaux 
et chevreaux, que l'on conserve par une préparation, pour 
cailler le lait. La première opération digestive de ces ani- 
maux étant de cailler le lait, le viscère qui sert à cette 
opération, est saturé de certains acides, qui produisent le 
même effet après la mort de l'animal et la dessication du 
viscère. — Voy. Cal. 

Dér. de Caïa. 

Caïn, ino, adj. Tatillon; importum; inquiétant; qui se 
plait à tourmenter; incommode. 

Dér. du nom de Caïn, race de Caïn. 

Caïna, v. Tourmenter; inquiéter; importuner ; piquer à 
coups d’épingles. 

Mème dér. que l’adj. préc. 

Caïo, s. f. Caille, Perdix coturniæ, Temm. Oiseau de la 
fam. des Alectrides. Les cailles arrivent dans notre pays 
vers le commencement d'avril. On les appelle alors cailles 
vertes, parce que la campagne est déjà couverte de verdure ; 
elles sont peu grasses à cette époque, qui est celle de leurs 
amours. Vers le mois d'août et de septembre, elles font un 
second passage; on les chasse dans les luzernes et dans les 
vignes, et comme elles sont fort grasses, elles sont faciles à 
tirer; leur chair alors est un manger délicieux. 

Rèi dé caïo, s. m. Râle de genèt, Rallus crex, Linn. 
Oiseau de la mème famille que la caille, un peu plus gros; 
il vit solitaire, ce qui lui a valu sans doute d’être traité de 
majesté. 

En ital, Quaglia. 

Caïo, s. Jeu d'enfants qui ressemble à celui de cligne- 
musette, mais dont il est le contre-pied : car celui qui est 
caché doit prendre celui qui le cherche avant qu'il ait 
touché le but, tandis qu'ici celui qui se cache fait ses efforts 
pour ne pas être découvert d’abord, et une fois éventé par 
le chercheur qui l'annonce en criant : caïo pér un tèl, tâche 
de toucher le but avant d'être saisi sous peine d’interver- 
sion des rôles. 

Caïradé, s. m. Gesse domestique; pois carré, Lathyrus 
sativus, Linn. Plante de la fam. des Légumineuses, cultivée 
soit comme fourrage, soit pour en cueillir la graine. 

Dim. dér. du lat. Quadrum, carré. 





CAI 


Caïre, s. m. Dim. Caïroù. Côté; carré; coin; angle; 
côté d’un angle. Au fig. endroit; canton; quartier. — Cara 
dé tout caïre, carré dans tous les sens. Cérqua détout caïre, 
chercher de tous côtés. Y-a un brave caïre dé trufos, il y 
a un beau carré de pommes de terre. Es réscoundu din 
quéouque caïre, il est caché dans quelque coin. Rèsto pas 
én d'aqguéste caïre, il n’habite pas dans ce quartier. 

Dér. du lat. Quadrum. 

Caire, s. m. Carreau, une des couleurs du jeu de cartes. 
— Joguo caïre, quâou n'a pas né po pas traïre, c'est un.de 
ces mille dictons que les joueurs inventent pour entretenir 
la conversation, quand le jeu absorbe toutes leurs pensées 
au point de ne pouvoir causer de sujets étrangers à ce qui 
les préoccupe exclusivement. Le besoin de rimer est parti- 
culier au génie du dicton, surtout en languedocien. Copo 
caïre et jogo caïre, il triche; au fig. il plaide le faux et le 
vrai; il fausse sa parole. 

Ficha’n care pour ficha én caïre ou ficha un caïre. Cela 
veut dire : fatiguer, ennuyer, scier le dos, et aussi contra- 
rier, vexer, ficher malheur, ce dernier verbe mis par amen- 
dement, bien entendu, comme dans notre languedocien. 
Maintenant, d'après ce que nous venons de dire, Caïre a 
plusieurs significations, selon l'occurrence : coin, sens, côté 
et carreau du jeu de cartes. Il n’est pas absoluïnent impos- 
sible que la locution vienne d’une partie de cartes dans 
laquelle un joueur aurait été obstinément poursuivi et battu 
par la couleur carreau ; cependant il y a une autre explica- 
tion assez simple, assez naïve, si ce n’est davantage, pour 
être la bonne. Lorsqu'un enfant n’est pas sage, on l'envoie 
en pénitence dans un coin de la chambre où il doit rester 
jusqu’à l’expiration de sa peine, debout, sans bouger, et 
tourné vers le mur; il est clair que cela doit l’ennuyer, le 
vexer, lui ficher malheur, si vous voulez. Ces souvenirs 
d'enfance restent en grandissant et, quoique plus sage alors, 
si l'on éprouve quelque contrariété, quelque ennui, quelque 
vexation, on a pu les assimiler à ceux du jeune temps, 
quand on vous flanquait dans un coin pour punition, etles 
appeler du même nom en salant tant soit peu l'expression. 

Mais il ne faut rien garder sur la conscience. Cette der- 
nière explication, qui me revenait assez, je dois convenir 
qu’elle ne peut être acceptée que sous bénéfice d'inventaire. 
Le dicton est exclusivement languedocien et de vieille date. 
Ceux qui font les dictons étaient, en matière d'éducation, 
pour l’ancienne méthode de M. Cinglant, et je crois mème 
qu'ils le sont toujours. Comment auraient-ils fait celui-ci 
sur une nouvelle pénalité qui n’a été édictée que depuis et 
seulement dans le code des salons? C’est assez difficile à 
arranger, et il faudra sans doute revenir à notre partie de 
cartes au risque de la perdre encore. | 

Dér. du lat. Quadrum. 

Caïre (dé), adv. De travers, obliquement; de côté; en 
diagonale. — Ana dé caïre, marcher de côté; au fig. être 
gèné dans ses affaires; ne pas aller franchement. Coupa dé 
caïre, couper de biais. 


 . 








CAL 


Dér. du lat. Quadrum; ou du gr. Xslp, la main. 

Caïssa, v. Terme d'agric. Equarrir une fosse, une fosse 
d'arbre, tailler ses berges perpendiculairement, les ragréer; 
taller, pousser plusieurs rejetons de la racine. Au fig. sé 
caïssa, se remplumer;®rajuster ses affaires; s'arrondir ; 
prendre de l'embonpoint. — Lou bla caïsso, le blé talle, 
lorsque sa fane s'épaissit et forme plusieurs plantes avant 
que sa tige s'élève. Un home, un chival bièn caïssas, un 
homme ou un cheval ragotés. S'és bièn caïssa, il a bien fait 
ses orges; il a remonté ses affaires; se dit aussi d’un jeune 
homme dont les membres se sont renforcés, qui a pris du 
corps. Aguélo fénno s'és bièn caïssado, cette femme s’est 
bien meublée, bien nippée; ou elle a pris de la carrure. 

Dér. de Caïsso. 

Caïssâou, s. m. Dim. Caïssalé; péj. Caïssalas. Dent 
molaire ou mâchelière. — M'a déraba dous caïssdous, il 
m'a extirpé deux grosses dents. Dérabo aquél caïssdou, au 


” fig., tire toi de cet embarras; tire toi cette grosse épine du 


pied; trouve une solution à cette affaire difficile. 

En lang. romane Caïs, mâchoire, dent. 

Caïsso, s. f. Dim. Caïsséto ; péj. Caïssasso. Caisse de bois 
propre à renfermer toute sorte d'objets; coffre; bière, cer- 
cueil. — Caïsso dé cabus, fosse à provigner. — Voy. Cros. 

Dér. du lat. Capsa, coffre. 

Caïssoù, s. m. Caisson de charrette; petite armoire placée 
sous le brancard et fermant à clé, où les rouliers renferment 
leur argent et ce qu'ils ont de plus précieux. 

Dim. dér. du lat. Capsa. 

Caïtiviè, s. f. Chétiveté; misère; infortune; pauvreté ; 
mésaise; saleté, crasse, squalidité qui suivent la misère ; 
maigreur, mauvaise santé provenant d'une nourriture mau- 
vaise où Lrop peu abondante. — Es mor dé caïtivié, il est 
mort de pénurie, de misère. Tira soun véntre dé caïtiviè, 
manger goulument, avec avidité, comme quelqu'un qui a 
longtemps jeûné, et qui est à bonne table pour se refaire. 
Y vaï pas dé caïtivië, il n’y va pas de main morte. 

Dér. du lat. Captivus, captif, esclave; en ital. Cattivo, 
malheureux, chétif. 

 Caïtivoüs, ouso, adj. Chétif, malingre ; cacochyme; qui 
végète languissamment. 


Cajoula, v. Cajoler; courtiser; tenir à quelqu'un des 
propos flatteurs, agréables, séduisants. 

Emp. au fr. 

Cal, s. m. Présure; matière acide qui sert à faire cailler 
le lait. La substance que l'on emploie le plus souvent, 
provient de la macération de la caïètro, caillette, ou estomac 
des chevreaux, qu'on fait tremper longtemps dans l'alcool. 
Une cuillerée à café de cette liqueur, ainsi pénétrée des 
acides de la caïèro, suffit pour faire coaguler trois litres de 
lait. — Voy. Caïdiro. 

Cal se dit au prop. de cette sorte de matière gélatineuse, 
ressemblant à du caillé, qui forme le noyau de certains fruits 
au commencement de leur maturité, l’intérieur des grains 





CAL 157 


à enveloppe dure, et se prend pour jointure, calus, nœud 
des os fracturés; au fig. il exprime la verdeur, la sève, le 
défaut de maturité, dans le sens de jeunesse. — Lou bla és 
én cal, le blé commence à former son grain; le moment où 
le grain n’est encore qu'une pâte blanche, laiteuse, comme 
le caillé. Nose én eal, noix, lorsque son amande n'est 
encore qu’une gelée. Aquè's pas qué dé cal, cela n'a point 
de consistance encore. Préne cal, en parlant d'un os cassé 
qui commence à se souder par la coagulation de la substance 
gélatineuse qui lubréfie ses pores : former calus. Aqwélo 
Jjouïnèsso és éncaro din soun cal, cette jeunesse n'est pas 
formée, fam., si on lui pressait le nez, il en sortirait du 
lait. 

Dér. de Caïa. 

Cala, v. Céder; baisser pavillon; lâcher ; se taire; mettre 
les pouces. 

Dér. du gr. Xakéw, céder, faiblir. 

Calada, v.Paver; carreler; couvrir, revêtir de pavés, de 
carreaux ; joncher. — La tèro èro touto caladado dé poumos, 
le sol était couvert de pommes. Low cièl és calada d'éstèlos, 
le ciel est semé d'étoiles. Féou avédre lou gousiè calada pér 
béoure aqud, cette liqueur est-si forte, qu'il faut avoir le 
gosier pavé, le palais bronzé, pour la boire. 

Dér. de Calado. 

Caladaïre, s. m. Paveur, celui qui pave. Au fém. Cala- 
daïro. 

Calado, s. f. Pavé des rues; chemin pavé; l’ensemble, 
l’espace pavé, recouvert de pavés. 

Dér. du celt. Kaled, dur; en bas-bret. Kaled, ou Kalet. 

Caladoù, s. m. Pavé; pierre équarrie qu’on appelle pavé 
d’échantillon. Par ext. pavé des rues, des cours, des corri- 
dors intérieurs. — À couja sus lou caladoù, il a couché par 
terre. 

Mème dér. que Calado. 

Calaï, s. m., ou Cadaï. Sorte de colle claire dont la 
farine est la base. Les tisserands en oignent les fils de leur 
chaine, pour leur donner plus de fermeté, les empècher de 
s'érailler ou de se détordre, ce qui leur procure une sorte 
d’apprèt ou de raideur. 

Dér. du lat. Catena, où Cadeno, chaine, dans Cadaï, ou 
de Cal, pour calus, callosité, dans Calaï. 

Calaman, s. m., ou Caraman. Arètier, faitage d'une 
toiture; pièce de bois qui s'étend d’une ferme à l’autre et 
qui supporte les chevrons ou traverses, sur toute la longueur 
du toit. 

Dér. du gr. Kakéun, chaume, parce que dans l'origine 
les maisons étaient couvertes en chaume ; ou de K2ov, bois. 

Calamandriè, s. m. Germandrée ou Chênette, Tencrium 
chamædrys, Linn. Plante de la fam. des Labiées, qui croît 
de préférence sur les côteaux. 

Calandra, v. Calandrer ; passer une étoffe à la calandre. 

Dér. de Calandro. 

Calandriè, s. m. Calendrier, almanach, livre ou table 
qui contient la suite de tous les jours de l’année. 


158 CAL 


Dér. du lat. Calendarium, parce qu'on écrivait autrefois 
en gros caractères en tête de chaque mois le mot Calendeæ, 
calendes, premier jour du mois, nouvelle lune. 

Calandro, s. f. Calandre, presse où machine cylindrique, 
qui sert à lisser, à donner du lustre, du moiré à une étoffe. 

Nodier fait dér. ce mot du gr. Kaïéovrss, rouleau, et 
Roquefort de Kÿkuwèpos, cylindre. 

Calandro, s. f. Grande alouette, non huppée; calandre, 
Alauda calandra, Temm. Oiseau de l’ordre des Passereaux 
et de la fam. des Subulirostres. C'est l'espèce qui supporte 
ie mieux la captivité; elle vit longtemps, chante agréable- 
ment d'une voix éclatante et répète les airs qu'on lui 
apprend. 

Dér. du gr. Kéhavôox, alouette. 

Caléndâou, s. m. Büche de Noël; grosse bûche qu'on 
met au feu pendant la veillée de la messe de minuit, à la 
Noël. Les gens de la campagne lui attribuent une foule de 
qualités superstitieuses. En Provence, on l'appelle Cacho- 
fuèc. 

Caléndäou est le titre du second poème provençal de 
Frédéric Mistral : une nouvelle et magnifique épopée après 
la charmante épopée de Miréïo. Le récit des amours et des 
aventures du jeune et beau Caléndäou, le héros du poème, 
sert de cadre aux tableaux de mœurs, aux descriptions des 
vieux usages, des fêtes, des gloires de l’ancienne Pro- 
vence. 

Dér. de Caléndos. 

Caléndos, s. f. pl. Fête de Noël; jour de la fête de Noël. 
— Pér caléndos, à Noël, à fin décembre. Caléndos jalados, 
Pasquos mouwiados, éspigos carados, prvb., de la gelée à 
Noël, de la pluie à Pâques, promettent une riche moisson. 

Dér. du lat. Calendæ, les Calendes : terme de comput 
pour la division du mois chez les Romains. Les Calendes 
étaient le premier jour de chaque mois; les jours qui pré- 
cédaient se comptaient en ordre rétrograde. Ainsi le 
34 décembre était le second jour des calendes ou avant les 
calendes de janvier, secundo calendas, sous-entendu antè ; 
le 30 décembre tertio calendas, le 29 quarto calendas, et 
ainsi de suite en remontant jusqu’au 43e jour où commen- 
çaient les ides, que l’on comptait aussi en rétrogradant 
jusqu'au 5me jour, qui était le jour des Nones. La fête de 
Noël se trouvait donc à peu près au milieu de cette série 
des Calendes, et comme cette fête occupait plusieurs jours, 
on appelait tous ces. jours-là les Calendes de janvier; et la 
fête de Noël étant une des plus grandes solennités de l’année, 
on l’a appelée Calendos par excellence. 

Le mot lui-même en lat. Calende, vient du gr. Kat, 
appeler, parce que le jour des Calendes, à Rome, on convo- 
quait le peuple pour lui annoncer le nombre des jours du 
mois, la nouvelle lune et quel jour tomberaient les Nones. 

Calibo, s. m. Caiïllebotte, masse de lait caillé; du lait en 
grumeaux qu'on obtient du petit-lait en le faisant bouillir. 
On en fabrique plusieurs mets, entr'autres l’éscarassoù, qui 
est une sorte de rhubarbe, et la réquiècho, recuite, sorte de 





CAL 


crème qu'on prépare avec du sucre et de la fleur d'orange, 
et qui a quelque rapport avec la crème à la Chantilly. 

Dér. de Cal, venu du lat. Coagulare. 

Calibre, s. m”. Calibre, diamètre intérieur d'un tube, 
comme fusil, canon, conduit de fontaine, tuyau, etc. Au 
fig. constitution physique, valeur individuelle, — Quinte 
calibre! quel calibre! dit-on en voyant un individu forte- 
ment constitué, surtout une femme aux formes puissantes 
et developpées. 

Dér., dit un auteur, de l'arabe Calib, moule. 

Calice, s. m. Calice, vase où l'on fait la consécration de 
la messe. Il s'applique seulement dans cette acception. — 
Propre coumo un calice, très-propre, très-net, comme un 
calice. 

Dér. du lat. Caliæ, coupe, tasse. 

Calicô, s. m. Calicot, tissu ou toile de coton, moins fine 
que la percale. 

Emp. au fr. 

Caligna, v. Courtiser ; flatter; coqueler, faire l’aimable 
auprès des fefhmes; faire sa cour, faire l'amour; mugueter; 
convoiter. — Caligna à cos dé poun, faire l'amour à coups 
de poing. 

Ce mot parait être une corruption de Galina, qui n’est 
pas dans la langue, mais qui, en l’admettant, signifierait 
faire le coq. Les mots fr. galant, galanterie, de Gal, ont 
la même étymologie, de mème que coqueter, coquetterie, 
coquet, dérivant de coq. 

Calignaïre, s. m. Dim. Calignaïroù. Le galant, l'amou- 
reux d’une fille, celui qui lui fait la cour. 

Mème étym. 

Calimas, s. m. Au pl. Calimasses. Chaleur forte et 
humide; air chaud, lourd, étouffant; vapeur chaude. 

Dér. du lat. Calidus, chaud. 

Calin, ino, adj. Dim. Caliné, éto. Calin; flatteur; qui 
fait le doucereux, qui s’insinue hypocritement dans les 
bonnes grâces; patelin. 

Dér. du lat. Callidus, rusé. s 

Caliou, s. »m. De la cendre chaude, de la braise qui se 
conserve sous les cendres; au fig. feu, verve, inspiration. 

Dér. du lat. Calidus, chaud. 

Calo, s. f. Abri proprement dit. — Ne s'emploie guère 
qu’adverbialement au dat. à la calo, à l'abri du froid et du 
vent. - 

Dér. de Caloù. 

Calds, s. m. Au pl. Calosses. Dim. Caloussé; péj. 
Caloussas. Trognon de chou; grosse tige d’une plante légu- 
mineuse. — Calès dé brus, chicot de bruyère que l'on 
coupe quand on rame les vers à soie. Catès dé fidio, la tige 
de nouvelle pousse des müriers, qui est verte et tendre, 
mais que les vers ne mangent pas. An pas laïssa qué lous 
calosses, ces vers ont bien mangé, ils n’ont laissé que le 
bois de la feuille. | 

On dit au fig. un calès dé fénno, une femme très-grasse. 

Dér. du lat. Cawlis, tige, ou du gr. Käov, bois. 





CAM 


Calossos, adj. f. pl. N'a d'emploi que dans Bajanos 
calossos, châtaignes sèches, qu'on ne fait cuire qu'à demi et 
qu'on mange d'ordinaire avec de la salade. 

Dér. du lat. Callosus, calleux, durci. 

Caloto, s. f. Calotte, petit bonnet hémisphérique qui 
couvre le sommet de la tête ; calotte de prêtre; taloche, tape 
du plat de la main sur la tête. — Dans ce dernier sens : 
Jjouga à la caloto, jouer en prenant une taloche pour enjeu; 
on comprend que c’est le gagnant qui paie et le perdant qui 

it. 
eubsis est aussi une réunion d'habitués, qui font cercle 
et causent assis en public, ou debout, sur une place, devant 
un café, etc. 

Un auteur fait dér. ce mot du celt. Calota : nous n'avons 
pas le moyen de le vérifier: D'autres du lat. Callus, 


couverture de tête, que nous ne trouvons pas, mais qui 


viendrait du gr. Kaÿoætw, couvrir, voiler : à la bonne 
heure ! 

Caloù, s. f. Dim. Calounéto; péj. Calounasso. Chaleur; 
au fig. ardeur, feu, véhémence, activité. — Estre én caloù, 
entrer dans la saison des amours, en parlant des animaux. 

Dér. du lat. Calor, chaleur. 

Calourado, s. f. Echauffaison; bouffée de chaleur. Au 
fig. concupiscence, passion de l'âme. 

Dér. de Caloù. 

Calourén, énquo, adj. 
caractère chaud et bouillant. 

Caloussu, udo, adj. Dim. Caloussudé et Caloussudà ; 
péj. Caloussudas. Robuste; bien membré; ragot, gros et 
court; qui a de gros membres. 

Dér. de Calès. 

Calouta, v. Donner du plat de la main une tape sur la 
tête; souflleter. — Té vas faïré calouta, tu vas recevoir une 
taloche. . 

Dér. de Caloto. 

Calu, udo, adj. Dim. Caludé; péj. Caludas. Myope, qui 
a la vue basse; presque aveugle. Par ext. se dit des moutons 
où brebis atteints du vertige ou Lournis, sorte de maladie 
qui leur rend la tête lourde et les fait tourner sur eux- 
mêmes jusqu’à ce qu'ils tombent. Elle est occasionnée par 
des vers qu'une mouche dépose dans leurs naseaux et qui, 
pénétrant jusque dans les sinus frontaux, y font de grands 
ravages. 

Dér. du lat. Caligo, obscurcissement, venu du gr. 
Kakiorw, couvrir, voiler. 

Camar, ardo, adj. Dim. Camardé et Camardoù; péj. 
Camardas. Camard; camus, qui a le nez plat, gros et 
écrasé. Dans le peuple, on donne volontiers le surnom de 
Camar par antiphrase aux gens porteurs d'un gros nez. — 
Dé souiès camars, des souliers à pointe large et carrée. 

Lou camar, substant. se prend pour le nez. 

Son étym. est-elle dans le gr. Kapdpz, voûte, arcade, qui 
a donné le lat. Camurus, tourné, courbé en dedans, parce 
que les nez camards ou camus sont courbés en dedans? Ou 


Chaleureux, échauffé; d'un 





CAM 159 


bien serait-elle tirée de Camelus, chameau, qui à le nez 
très-aplati, mais qui porte aussi une bosse et a l'épine 
dorsale fortement en arcade eten voûte? Les unes ont sans 
doute formé les autres : tout se tient. 

Camba, ado, adj. Dim. Cambadé ; péj. Cambadas. Jambé; 
qui a la jambe bien faite ou de longues jambes, suivant le 
qualificatif qui précède, ou mème seulement l'inflexion et 
le ton. — Camba coumo un gal, qui a des jambes de coq. 

Dér. de Cambo. 

Cambado, s. f. Dim. Cambadéto; péj. Cambadasso. 
Enjambée; gambade. — Foudra bé né dansa uno cambado, 
il faudra bien essayer de cette danse, y danser une enjam- 
bée. 

Uno cambado, en termes d’agric. l'enjambée de terrain 
que fait un ouvrier avec la houe, c’est-à-dire la largeur 
qu'il peut atteindre autour de lui sans changer de place ses 
jambes, qu'il est obligé d’enfouir dans la terre. 

Dér. de Cambo. 

Cambaïa (sé), v. Mettre ses jarretières. 

Dér. de Cambo et de ïa, lier. 

Cambaïè, s. f. Dim. Cambaiëiréto. Jarretière. 

Mème étym. 

Cambajou, s. =". Jambon, cuisse de porc salé. — Tirarén 
d'aqui coumo d'un cambajoù, ce sera là notre plat de 
résistance, qui doit servir pour plusieurs jours. Tiro d'iéou 
coumo d'un cambajoù, il me prend pour banquier, il tire 
sur moi comme si son crédit ne devait jamais s'épuiser. 

Ce mot a toute l'apparence d’un dim. de Cambo, de 
mème que son correspondant fr. jambon, dim. de jambe : 
nous ne savons pourquoi, car c'est la cuisse et fort grosse 
encore qu’il désigne. Sauvages fait la même remarque, et 
cite plusieurs mots fr. ayant leurs analogues en lang. 
qui offrent la même anomalie, comme : caisse, caisson, 
caïsso, caïssoù ; salle, salon, salo, saloun ; saucisse, saucis- 
son ; sdoucisso, sdoucissd, etc. 

Cambaloto, s. f. Dim. Cambaloutéto ; péj. Cambaloutasso. 
Culbute; cabriole; saut périlleux. — Faïre la cambaloto, 
faire la culbute, tomber cul par dessus tête. Faïre dé 
cambalotos, faire des cabrioles. 

Quoique ce mot semble avoir pour racine le mot Cambo, 
il est probable qu'il dér. de l’ital. Tombolata, qui a la 
mème signif.; seulement le lang. en l'empruntant l’a trans- 
formé de manière à lui donner une physionomie plus locale 
par la métathèse de Cambo. Il est certain qu'en prenant ce 
dernier pour racine du mot Cambaloto, on ne sait trop que 
faire de la désinence aloto, qui ne présente aucun sens ni 
aucune analogie. 

Cambalouta, v. Faire la culbute; faire des cabrioles; 
tomber la tête en bas. ! 

Cambalu, udo, adj. Qui a de longues jambes; c'est la 
tournure du héron voyageant sur ses longs pieds. 

Dér. de Cambo. 

Cambarô, s. m. Douleur vive au poignet à laquelle sont 
sujets certains artisans par le fréquent exercice de cette 


160 CAM 


partie du bras, ou plutôt par la reprise d’un travail de 
main ou de bras dont on avait perdu l'habitude. Les 
faucheurs y sont très-sujets au commencement de la saison, 
parce qu'ils étaient déshabitués depuis plusieurs mois d’un 
travail qui intéresse presque exclusivement les nerfs et 
ligatures des poignets. On prétend, sans doute par préjugé, 
qu'un bracelet ou cordon d’écarlate est le remède de cette 
incommodité. 

Dér. de l’ital. Gamba rolta, qui a la même signif. Pro- 
bablement on a appliqué au bras un terme qui avait été 
trouvé dans le principe pour une douleur de mème nature 
à la jambe. 

Cambéto, s. f. Petite jambe; mancheron d’un araire, 
qui est surmonté et terminé par le manche où manipou.— 
Faïre la cambéto, donner un croc-en-jambe. 

Dé sdouto-cambéto, loc. adverb., à cloche-pied. 

Dim. de Cambo. 

Cambi, s. m»., ou Candou. Abonnement avec un maré- 
chal pour ferrer les chevaux d’une ferme, et réparer les 
outils aratoires. — Féra à cambi, ferrer par abonnement. 

Dans le principe Cambi signifiait échange; c’est par un 
excès d'extension de sens qu'il en est venu à ne plus signi- 
fier qu'abonnement. 

Dér. du lat. Cambium, échange. 

Cambo, s. f. Dim. Cambéto; péj. Cambasso. Jambe, 
partie du corps du genou jusqu’au pied ; tronc d'arbre, tige 
de plante. — Douna las cambos à un éfan, donner la 
liberté aux jambes d’un enfant, c’est-à-dire lui ôter le 
maillot et le vêtir d’une robe pour la première fois. Cambo 
dé pastièiro, surnom qu’on applique à un cagneux, à cause 
de la ressemblance de conformation de ses jambes avec 
celles d'un banc de maie-à-pétrir qui ont la même dériva- 
tion. Cambo falèto, jambe à moitié paralysée, qu'on traine 
ou qu’on jette en avant; celui qui est affligé de cette infir- 
mité. Sémblo qu'un chi mé pisso à la cambo, phrase faite, 
pour exprimer le mépris ou le peu de cas qu’on fait de 
vaines paroles, ou d’une sotte fanfaronnade. 

Dér. de la bass. lat. Camba, même sig., ou du gr. Kay, 
courbure, jointure. En ital. Gamba. 

Camboï, s. m. Cambouis, vieux oing d’une roue de 
charrette, ou d'une machine, devenu noir par suite du 
frottement et par le mélange des parties métalliques. 

Dér. du celt., dit Honnorat. Je lui crois plutôt une 
parenté naturelle avec Cambajoù , à cause de la graisse de 
porc qui en est la base. — Voy. Cambajoù. 

Cambovira, v. Faire la culbute; culbuter, renverser, 
mettre sens dessus dessous. Au fig. trépasser. 

Formé de Cambo et de Vira. 

Cambra, ado, adj. Cambré; arqué; courbé; voûté, 

Dér. du gr. Kapépa, voûte. 

Cambrado, s. f. Dim. Cambradéto ; péj. Cambradasso. 
Chambrée, en terme de magnanerie, la quantité de vers ou 
de cocons compris dans une magnanerie. — Faire uno 
cambrado, élever des vers à soie; ména la cambrado, diri- 





CAM 


ger leur éducation. Manqua sa cambrado, ne pas réussir 
sa chambrée. 

Dér. de Cambro. 

Cambrioù, s. m. Dim. Cambriouné. Petite chambre; 
chambrette ; cabinet. 

Dim. de Cambro. 

Cambro, s. f. Dim. Cambréto, cambriou ; péj. Cambrasso. 
Chambre; plus particulièrement, appartement où l'on 
couche. — Mounta uno cambro, meubler une chambre 
pour des nouveaux mariés. 

La eambro, la chambre des députés. Acception nouvelle 
prise du fr. et introduite dans le langage politique. 

Dér. du lat. Camera, même sign., ou du gr. Kaydpæ, 
vote. 

Cambroul, s. m. Échauboulure, éruption de boutons, 
efflorescence de l'épiderme, maladie commune aux enfants. 

Caméld, s. m. Camelot, grosse étoffe de laine, originaire 
du Levant, où elle était tissée de poils de chameau ; ce qui 
lui a valu son nom. 

Dér. du gr. Kaurmlorf, peau de chameau. 

Camèou, s. m. Chameau, Camelus bactrianus, Linn. 
Mammifère de la fam. des Ruminants; il porte deux bosses 
sur le dos. Au fig. un grand nigaud, badaud; une grande 
femme mal charpentée et sans grâce. — Les armoiries de 
Béziers sont un chameau. Des malins lui ont affecté pour 
devise : Sèn foço, nous sommes fort nombreux. 

Faïre lou camèou, se courber, se voûter; faire le dos de 
chameau. 

Dér. du lat. Camelus, ou du gr. Kéurmhos, même 
sign. 

Cami, s. m. Dim. Caminé. Chemin, route, voie, sentier. 
— Cam méssadiè, chemin qui conduit à la messe, à 
l'église. Cam das éndéoutas, chemin des débiteurs : chemin 
de traverse, mauvais chemin, plus long que la voie directe. 
Tout cami méno én vilo, prvb., tout chemin conduit à Rome. 
Es à la fin dé soun cami, il est à la fin de sa course. 

Plusieurs étymologies ont été proposées : d’abord, du 
cell, Cam, marche; ou d’un mot égyptien Cham ou Chem, 
signifiant incendie, feu; parce que les premières voies 
auraient été frayées par le feu; ou de l’ancien gothique 
Uamen, Quiman, ou du teuton Komen, avec le sens de 
chemin; ou de l'allemand Kommen, aller et venir; enfin, 
selon Ménage, de Caminare, tiré de Campinare, dimin. de 
Campare, formé du gr. Kay#, jambe. En ital. Cammino; 
en esp. Camino; en portug. Caminho; en cat. Cam. La 
vraie source parait être dans la première indication «on 
trouve en effet Caman en kymri, Cewm en gaël, Kamen en 
armoricain : Kam y signifie Pas, comme le Kymri Camre; 
dont l'anglais a fait to come, venir. 

Camina, v. Cheminer, faire route, marcher, aller, faire 
son chemin. — Camino, tron dé l'air! as pôou qué la tèro 
té manque? fais ton chemin, morbleu! tu as peur que la 
terre te manque? C’est une phrase faite qu'on accuse les 
provençaux d'adresser aux personnes qui leur demandent 





CAM 


leur route. Ce ne peut être qu'une calomnie motivée par 
leur brusquerie native : si elle a quelque chose de vrai, ce 
défaut s’efface chaque jour par les progrès de la civilisation. 
Faï bon camina lou mati, il fait bon marcher le matin. 
Camino, camino! marche, marche : sorte d’interjection, 
pour faire avancer, ou pour chasser quelqu'un. 

Dér. de Cami. 

Caminaïre, s. m. Cantonnier, ouvrier employé à l’entre- 
tien où à la réparation des chemins; marcheur. 

Dér. de Cami. 

Caminarèl, èlo, adj. Voyageur, qui fait beaucoup de 
Chemin; marcheur, qui marche beaucoup, longtemps. 

Dér. de Cami. 

Caminolo, s. f., ou Caréiroù. Petit sentier; chemin de 
travèrse; chemin rural. 

Dim. de Cami. 

Camisar, ardo, adj. Qui est en chemise; qui va en 
chemise. 

Lous Camisards, les Camisards, bandes armées de calvi- 
nistes cévenols dans la guerre religieuse du commencement 
du XVIlmwe siècle. Ce nom leur fut donné de ce qu'ils por- 
taient sur leurs habits une chemise, camiso, ou_un sarrau 
- où blouse de toile blanche. 

Camiso, s. f. Dim. Camiséto. Chemise, vêtement de 
linge avec corps et manches, qui se porte sur la peau. — 
En cor dé camiso, sans autre vêtement que la chemise et le 
pantalon, ou la jupe. En mancho dé camiso, sans habit, de 
manière à montrer les manches de la chemise. La car és pu 
prèchi qué la camiso, où és pu près la car qué la camiso, la 
chair est plus près du corps que la chemise : cette phrase 
est employée pour exprimer qu'on porte plus d'intérêt à 
soi-même ou à sa famille qu'aux étrangers. 

Dér. de la bass. lat. Camisia. - 

Cammas, s. m. Hameat, manoir principal d’un domaine. 

Dér. de Cap, chef, tête, et de Mas, métairie. 

Camouflé, s. m. Camouflet, insulte, affront; mystifica- 
tion. Dans l’origine, cette sorte d'affront consistait à souffler, 
au nez de quelqu'un qui dormait, de la fumée avec une 
paille, un chalumeau ou un cornet de papier allumé. 

Dér. du lat. Calamus et Flatus, chalumeau et souffle, 
Calamo flatus. 

Campagnar, ardo, adj. cit. qui habite la 
campagne. On dit mieux Péisan. 

Campagnè, s. m. Sonneur de cloches, celui qui est 
chargé de sonner les cloches. 

Dér. de Campano. 

Campagno, s. f. Campagne, grande étendue de pays; 
lieux en dehors de la ville où sont les champs, cultivés où 
non cultivés; expédition militaire et sa durée. — Ana én 
campagno, faire un voyage. 

Dér. du lat. Campus, champ. 

Campanéja, v. frég. Sonner les eloches; brimbaler les 
cloches; sonner à coups redoublés. 

Dér. de Campano. 





CAN 161 


Campanéjado, s. f. Contenu d’un clayon; plein un 
clayon. 

Dér. de Campanèje. 

Campanèje, s. f. ou Lévadoü. Clayon, sorte de panier 
plat, plus long que large, avec un étroit rebord, formé et 
tressé d'éclisses en bois refendu. On l'emploie à faire sécher 
les fruits au soleil, pour transporter le linge sec du lavoir, 
et pour élever les vers à soie dans le premier âge. 

Campanéto, s. f., ou Couréjolo. Liseron ou volubilis, 
Convolvulus arvensis, Linn. Plante de la fam. des Convol- 
vulacées ; sa fleur blanche ressemble à une clochette, d'où 
Jui vient son nom. — Voy. Couréjolo. 

Campano, s. f. Dim. Campanéto. Cloche; clochette, 
sonnette. — Bé dé campans, se disait autrefois d'une pro- 
priété cléricale. 

Dér. du lat. Campana, nom pris de la contrée d'Italie 
où les premières cloches furent connues, et dont saint Pau- 
lin, évèque de Nole, en Campanie, fut le premier à intro- 
duire l'usage dans les églises, en 400. 

Campéja, v. Poursuivre, courir après quelqu'un; chas- 
ser, dissiper. — La fan lou campéjo, la faim, la misère le 
talonne. — L'aï campéja tout lou jour, je l'ai poursuivi 
toute la journée. — Lou son té campéjo, le sommeil t'ac- 
cable, te poursuit. 

Dér. du lat. Campus et Agere. 

Campèstre, s. m. Terrain inculte, sauvage; propriété de 
peu de valeur et de mauvaise culture; pays montueux. 

Dér. du lat. Campestris, champètre. 

Camus, uso, adj. Camus, camard, qui a le nez court et 
aplati. Se dit mieux Camar. { V. c. m.)—Qu'a un pan dé nas 
n'és pas camus, prvb., qui par une inversion du physique 
au moral, du propre au figuré, s'applique ironiquement 
à quelqu'un qui, recevant une juste mystification, échouant 
dans une entreprise, n’en ayant qu'un pied-de-nez, voudrait 
encore se faire passer pour habile ou pour avoir réussi. — 
Voy. Camar, mème étym. 

Can, s. f. Plaine sur une haute montagne. — Avec Ja 
même signif. et sans toutefois que cette différence puisse 
être expliquée, si ce n’est par un usage local, on dit pour 
certaines désignations /a chan, en faisant sentir le ch, pour 
la can, synon. Ainsi la chan ddou Tor, plaine sur la mon- 
tagne du Taur (Ardèche), et Za can dé l'Éspitalé, plaine 
d'une montagne de la Lozère, n. pr. de lieu, ayant appar- 
tenu aux chevaliers hospitaliers de St-Jean de Jérusalem, 
qui possédaient plusieurs commanderies dans nos pays. 

Il n’est pas douteux que ce monosyllabe Can pourrait 
être une altération orthographique dérivant soit du latin 
campus, soit de cantus, selon qu'il serait orné à sa der- 
nière lettre de la consonne indicative p ou t; mais il est à 
remarquer que le mot n'est reçu, dans notre dialecte, qu’au 
féminin, dans l’acception qui précède, avec la flexion du 
C dur, qu'il a retenue du latin; il n'existe pas au masculin 
isolé, avec aucune des flexions du C. Seulement il entre 
volontiers en composition dans les deux sens de champ ou 


162 CAN 


de chant, et alors, bien qu’il préfère le chuintement du Ch, 
il admet aussi l’intonation latine, au moins dans le parler 
gounèl; car le raïdou n'emploie partout que le ch. Le fr. 
conserve au contraire, pour les deux emplois, l'adoucisse- 
ment chuintant. — Voy. Chamboù, Canta, etc., etc. 

L'observation est importante au point de vue de notre 
purisme lexicographique, qui ne doit donner droit de cité 
qu'aux mots véritablement reconnus pur-sang, el proscrire 
le mélange franchiman et fantaisiste, qui ne nous appartient 
pas. Notre nomenclature a ses rigueurs ; c’est le respect de 
la langue qui les a inspirées et dictées. La langue avait ses 
raisons pour choisir ou adopter telles ou telles formes plutôt 
que d’autres, et nous nous inclinons toujours devant elle; 
ce que le sentiment général et l'usage ont consacré, nous 
parait avoir plus de cachet, plus de droit à être maintenu 
que les prétendus perfectionnements de notre vieil et bon 
idiome cévenol mis en vogue par les novateurs. — Voy. 
Franchiman. 

Dér. du lat. Campus. 

Cana, ». Mesurer à la canne; mesurer en général. Ce 
terme s'emploie principalement au jeu de boules, pour 
mesurer la distance des boules des joueurs au but. 

Dér. de Cano. 

Canabas, s. m. Canevas, grosse toile, toile de chanvre. 

Dér. du lat. Cannabis, chanvre. 

Canabassariè, s. f. Toilerie, toute sorte de marchandise 
de toile, ou de tissu de chanvre. 

La Canabassariè était le nom d’une rue à Alais, dans les 
environs du Marché, le quartier des Canabassiers, qui 
représentaient dans les corporations du moyen-âge les 
commerces de chanvrier, de filassier et de toilier; là sans 
doute se faisait l’étalage de ces marchandises. 


Canabassiè, s. m. Tisserand, ou marchand de grosse 


toile; marchand chanvrier-filassier. 

Dér. de Canabas. 

Canabièïro, s. f. Chènevière, champ où croit, où est 
semé le chanvre. 

Le nom de la fameuse rue de Marseille, la Canebière, tire 
de là son origine. 

Dér. du lat. Cannabis, chanvre, ou du gr. Kévaoc, 
canne, roseau. 

Canaboü, s. m. 
chanvre. 

Mème étym. 

Canaïo, s. f. Canaille, nom collectif pour désigner tous 
les gens sans aveu, sans honneur, ni probité, ni délicatesse; 
souvent aussi, en l’adoucissant, pour troupe d’enfants 
brayants, tapageurs. 

Dér. du lat. Canis, c’est-à-dire race de chiens; ou plus 
probablement du lat. Canalicolæ, espèce de lazaroni de 
Rome qui se tenaient sur les bords d’un des canaux de 
cette ville. 

Canäou, s. m., ou mieux Acanâou. Cheneau, conduit 
des eaux d’un toit de maison: tronc d'arbre creusé pour 


Chènevis, semence ou graine de 





CAN 


conduire des eaux d'irrigation. Ce mot dans notre dialecte 
ne correspond nullement au mot fr. Canal, bien que tous 
deux aient la mème étym. dans le lat. Canalis; mais quand 
on parle, par ext., du canal du Languedoc ou de tout autre, 
on francise le mot et l’on dit : ou canal dâou Léngadd, 
lou canal das pras dé Sén-Jan, ou à Alais simplement, lou 
Canal; et l'on s'entend. — Voy. Acandou. 

Canar, s. m. Canard, Anas, Linn. Oiseau domestique ou 
sauvage, de l’ordre des Palmipèdes, dont les espêces et les 
variétés sont nombreuses. — Tira as canars, Ôtre très-peu 
vêtu par un temps froid, grelotter de froid. Cette locution 
provient sans doute de la chasse aux canards, qui se fait à 
l'affût et dans la saison la plus rigoureuse de l’année : quand 
on est peu vêtu en hiver on grelotte, comme lorsqu'on est 
à l'affût des canards. 

Canar, s. #. Chien caniche, barbet. 

Dans la première acception, ilest possible que Canar soit 
une onomatopée tirée du cri de cet oiseau, Can, Can, 
comme quelques-uns l’ont voulu. Il se peut aussi que son 
nom vienne du lat. Anas, qui semble cependant un peu 
bien éloigné; mais, dans. le second sens, la dériv. du lat. 
Canis, chien, est très-indiquée. 

Canarda, v. Canarder, tirer au fusil un animal ou un 
homme ; le tirer comme un canard. 

Dér. de Canar. 

Canari, s. m. Serin des Canaries, Fringilla canaria, 
oiseau de l'ordre des Passereaux, remarquable par son beau 
plumage jaune, par sa facilité à apprendre des airs, très- 
susceptible d’attachement et d'éducation. 

Canastèl, s. m., ou Canastèlo, s. f. Dim. Canastèlé, 
Canastèléto, Canastèloù. Corbeille, panier d’osier ou d’é- 
clisses, de forme ronde ou oblongue, moins profond que 
large ordinairement; corbillon, petite corbeille, suivant les 
dimensions que suivent les dim. 

Dér. du lat. Canistrum, ou du gr. Kévaotoov, Vase en 
forme de corbeille, fait de Kévns, corbeille. 

Cancagnè, èiro, adj. Cancanier; médisant; faiseur de 
cancans. 

Cancan, s. m. Cancan, commérage; vacarme, tapage.— 
Faïre gran cancan, faire grand bruit, grand étalage. 

Dér. du lat. Quamquèm, quoique, parce que, formule de 
début de bien des discours quand on parlait latin à l’école: 

Candéiè, s. m. Dim. Candéièiré. Chandelier, flambeau, 
ustensile destiné à supporter les chandelles, bougies, etc:; 
fabricant de chandelles, qui fait ou vend des chandelles 

Dér. de Candèlo. 

Candéïèiro, s. m. Fabrique de chandelles. 

Candèl, s. m. Peloton de fil, de soie. 

Corruption de Cap dèl, dim. de Cap, petite tête. 

Candéla, v. Dévider. mettre en peloton. 

Dér. de Candël. 

Candèléto, s. f., ou Aoubre-dré. Arbre droit, arbre 
fourché. — Faïre la candèléto, faire l'arbre droit ou l'arbre 
fourché : jeu d'enfant qui consiste à se tenir en équilibre 


Te — 








CAN 


sur la tête, les pieds en l'air, droit comme une chandelle, 
dont Candèléto est le dimin. En espag. on dit de même 
Hazer la candelilla. - 

Candèlo, s. f. Dim. Candèléto. Chandelle, petit cylindre 
de suif dont une mèche de fil de coton occupe le centre 
d'an bout à l’autre; stalactite qu'on trouve dans les caver- 
nes et les souterrains en forme de cierges, ou celles formées 
par la glace suspendues l'hiver au bord des endroits par où 
l'eau coule. 

Dér. du lat. Candela, formé de Candeo, être blanc de feu. 

Candélouso (Nosto-Damo-la), s. f. Chandeleur, fête de 
la Purification de la Sainte-Vierge, qui est célébrée le 
2 février. Ce nom lui vient de la bénédiction des cierges 
qui a lieu ce jour-là. — Quan la Candélouso lusèrno, 
cranto jours après hivèrno, prvb., quand le soleil brille le 
jour de la Chandeleur, l'hiver dure encore quarante jours. 
On prétend que l'ours rentre dans sa tanière s’il fait beau 
ce jour-là. Le prvb. lat. dit aussi : 


Si sol claruerilt Marid Purificante, 
Majus friqus erit poste quam antè. 


Candi, s. f. Chanvre, Cannabis sativa, Linn. Plante de 


. Ja famille des Urticées, que l'on cultive partout pour en 


retirer la filasse connue sous le même nom. Il se faisait 
autrefois un assez grand commerce de chanvre dans notre 
pays, cette industrie a beaucoup perdu de son importance. 

- Aï déma candi! l'aïgo l'émméno! locution prvb., qui 
n'a pu passer dans le langage et devenir le type d’une 
exclamation de détresse, qu’à cause du prix qui s’attachait 
à la culture et à la récolte du chanvre. La phrase doit avoir 
une origine anecdotique. Un individu avait mis du chanvre 
à rouir dans un ruisseau; un orage grossit le ruisseau, 
l'eau entraina le chanvre, et notre homme, voyant son bien 
se perdre, de pousser piteusement cette exclamation. Quel- 
qu'un l’entendit, la répéta en racontant la scène, elle devint 
le cri de désappointement, d'alarme, de déploration pour 
toute autre chose que pour du chanvre emporté : trope, 
figure, dicton pittoresque et populaire, qui a mainte appli- 
cation. Quand une position critique se complique et s'ag- 
grave, que les choses se gâtent, s'en vont à vau-l'eau; que 
la débâcle arrive, commence; que miséricorde se perd; 
qu'un danger menace, qu’une catastrophe est imminente; 
que tout annonce une ruine inévitable : c’est ce que signifie 
et le cas de crier : Aï dé ma candi! l'aïgo l’'émméno! 

Dér. du lat. Cannabis, reproduisant le gr. Kévvaéx, 
chanvre. 

Candia, s. m., n. pr. de lieu et de personne. Candiac, 
sur la rive gauche du Vistre, ancien château et seigneurie 
dans le diocèse de Nimes, village du Gard, cité dans le 
dénombrement de la sénéchaussée de 4394 sous le nom de 
Candiacum. 

Candiargue, s. m., n. pr. de lieu. Candillargues, com- 
mune et canton de l'Hérault, à dix-sept kilomètres de 
Montpellier, situé sur la rive septentrionale de l'étang de 





CAN 163 


Maguelonne. Dans un acte de donation de 960, il en est 
parlé : dono villam indominicatam quam vocant Candiani- 
cas. En 985, son nom est un peu différent; un titre porte : 
in suburbio castri substantionensis, in terminio de villa 
Candianicus, etc., et in terminis de Montepestellario. Depuis, 
la forme Candianicæ a été seule employée; elle est devenue 
par les procédés ordinaires Candiargue, Candillargues. — 
Voy. Argue. 

Ce n'est pas tout à fait à cause de l'importance, du reste 
fort médiocre, des deux localités dont les noms précèdent, 
que leur étymologie mérite d'être particulièrement étudiée; 
mais bien à cause des variétés intéressantes qui se sont 
attachées à cette famille nombreuse d'appellations locales, 
et qui font ressortir ce que nous disons de la formation et 
de la composition des noms propres. 

D'abord l'élément constitutif du mot, ce qui fait sa 
signification, le radical, pour Candia et Candiargue, est 
évidemment le même que celui de Cande, de Candé, de 
Candat, de Candan, de Candaillac. Cande, qui parait être 
l'expression la plus simple, est le nom de la ville de Tou- 
raine où mourut saint Martin, le grand apôtre des Gaules : 
la latinité du moyen-âge l'appelle Condate, Condate Turo- 
num, Condatensis vicus. Expilly, Diction. géog., cite en 
France trente-un hameaux, villages ou villes du nom de 
Condé, trois Condes, onze Condat, et ils sont rendus en : 
latin, sans exception, par Condate, ou par les variantes 
Condatum, Condœum, Condetum, Condata, qui ne sont que 
des accords de genre. 

Ainsi, devant la traduction, point de différence entre 
Cande et Conde; ils sont égaux : la même identité existe 
au fond. En effet, Kant, en armoricain, signifie : coin, 
angle; en gallois, Kand, Kind, Kend, Cond, confluent, 
rencontre de deux rivières, embouchure traçant un angle ; 
de même que le mot celt. Kon, .Cuneus, lat., veut dire : 
coin, encoignure, angle. Du premier nous avons fait Cantèl, 
Cantoù, peut-être Cantal, et leurs composés; du second 
Cougna, Cougné, mème Couga et autres; { V.c. m.), par le 
changement ordinaire en lang. de on en ou, o en w, ou 
peut-être en « lat. prononcé ou, de cuneus. Nous verrons 
comment tous ces noms à base identique répondent à la 
même idée. Voilà pour la première syllabe, la plus certaine 
affinité établie. 

Une fois la racine étymologique dégagée, le reste est 
affaire de terminaisons. On sait que le gaulois était riche 
en suffixes : pour faire des noms d'hommes ou de lieux, 
pour adjectiver un substantif qui désignait l'objet, et 
marquer la propriété, la provenance, la possession, l’état, 
la qualité, les attributs, la configuration de la chose, il 
employait des formules précises, qu'il redoublait même 
quelquefois pour l’euphonie, ou pour leur donner plus de 
force; et il les variait avec une merveilleuse fécondité, La 
langue latine vint ensuite exercer son génie pour s’appro- 
prier les dénominations existantes. À son tour le roman les 
modifia, et enfin le languedocien moderne s’est emparé de 





D 


164 CAN 


toutes ces altérations, en conservant tantôt leur tournure 
primitive, en la remaniant tantôt à sa manière. 

Essayons, pour arriver aux deux mots qui nous occu- 
pent, de remonter cette longue échelle de variantes. Nous 
avons parlé des suffixes a, ac, argue, au; dans l'espèce il 
en apparait de nouveaux sur la plus ancienne forme, 
Cande, Conde, Condate. Par les exemples on arrive aux 
plus claires démonstrations. La grammaire celtique de 
Zeuss en fournit de nombreux : dia, deus, dia-de, divinus; 
doin, homo, doin-de, humanus ; dal, forum, dal-de, foren- 
sis; Deo, Vita, beo-de, vivus; bi, pix, bi-de, piceus; nem, 
cœlum, nem-de, cœleslis; dam, cervus, dam-de, cervinus; 
trab, traba, trab-da, trabeatus; rig, rex, rig-da, regius ; 
fag, fagus, fag-de, faginus; — cis, fiscus, census, cis-te, 
censorius; mis, mensis, mise, menstruus; ros, TOSa, ros- 
te, rosarium ; brot, momentum, ambrot-te, momentaneum ; 
gut, VOX, gut-te, vocalis; — briv, pons, briv-ate, pontilis ; 
dun, castrum, arx, dun-ate, castrensis; #aes, Campus, 
mMai-ate, campestris ; nant, vallis, nant-uate, vallestris; etc., 
etc. Par où, il résulte que de = da = te — ate, finales 
adjectives, sont identiques. 

De plus, si l’on veut remarquer que de et di sont deux 
syllabes fort sujettes à se confondre, ou, comme dit Zeuss, 
qui alternent souvent ensemble; — nous les avons en effet 
retrouvées dans le gallois ; — si l’on tient compte de l’intro- 
duction du génitif en à, imposé par le latin au celtique, 
dans les dénominations locales, et des procédés au moyen 
desquels la désinence gauloise ak, ek, était conservée à la 
condition de s’adjoindre la finale caractéristique latine en 
us, a, um; il sera facile de constater une parenté très- 
rapprochée entre Cande, Candate, et notre Candia, Can- 
di-ac-um, Candiac. L’assimilation avec Candiargue, Can- 
dianicus, Candianicæ, Candillargues, ne sera pas moins 
évidente. . 

Cependant les termes de l'équation que nous venons de 
poser sur les désinences adjectives se sont multipliés. La 
finale gauloise primitive ac = ec — de = te = ate, s'est 
modifiée, combinée tantôt avec elle-même, tantôt avec les 
suffixes latins; par suite d’influences agissant sur les orga- 
nes de la voix et de la prononciation, selon les climats; 
suivant le mélange et le contact de divers idiomes, elle a 
pris les formes les plus bizarres, elle admet les variantes les 
plus disparates en apparence. Si bien qu’elle se trouve 
aujourd'hui représentée par a, as, at, argue, e, ey, ergue, 
orgue, ex, ies, eu, ieu, y, et une infinité d’autres suffixes 
simples, sans compter ceux produits par redoublement, par 
l'adjonction du latin ou du tudesque. Ici la raison de ces 
variétés est sensible. 

Le radical Kant — Kon s'étant adjectivé pour faire un 
nom de lieu, pour désigner une propriété d’après sa posi- 
on, a donné Kan-de — Kon-de — Kon-ak — Kon-ek, et 
les autres, latinisés en Condate, Condatum, Condetum, tra- 
duits par Cuneatus, angulaire, pour signifier un lieu, un 


terrain, une maison, Mansio, Villa, Predium, Castrum, 





CAN 


situés dans un angle, formant un angle, au confluent de 
deux rivières, dessiné par la jonction, la rencontre de deux 
cours d’eau, le plus souvent, ou encore et par extension, 
dans un angle terrestre formé par des vallées ou par tout 
autre accident de terrain remarquable. On comprend pour- 
quoi le radical Kant, Kon, se trouve dans tant de noms de 
lieux et est devenu si commun en France : aussi toutes les 
localités que les anciens titres désignent par le mot Condate, 
sont-elles toutes posées au confluent de deux rivières. 
Expilly le remarque à propos de Condé et Condat, en disant 
« que ces noms sont synonymes et signifient la mème chose 
que confluent ou jonction de rivière.» Evidemment, Candia 
sur le Vistre, et Candiargue sur l'étang de Maguelonne, et 
formant angle, n’ont pas d'autre raison dénominative : ils 
la prennent dans leur situation, comme leurs analogues : 
Candes, Condate, Condata, Touraine, Indre-et-Loire; 
Candé, Condetum, Loir-et-Cher, Maine-et-Loire, Charente- 
Inférieure, Vienne; Candilly, Oise; Condac, Condate ad 
Carantonum, Charente; Condac, Vienne; Condal, Saône-et- 
Loire; Condat, Condato, Condatum, Cundatum, Cundadum, 
Lot, Corrèze, Lot-et-Garonne, Puy-de-Dôme, Haute-Vienne, 
Cantal, Dordogne; Candas, Aveyron; 27 Condé, Condate, 
Condatum, Condœum, Condetum, Condatus, Condete, Cone- 
dacus, Conadacus, Condeïum, par toute la France; Condes, 
Tarn, Jura, Haute-Marne; Condesaygues, Lot-et-Garonne ; 
Coñdel, Calvados, Tarn; Condette, Pas-de-Calais; Condillag, 
Drôme; Condeau, Orne; Condrieu, Conderate, Condriacum, 
Rhône. 

Ces analogies pourraient se multiplier ; adjoignons-y 
seulement trois appellations qui nous touchent : Coundamino, 
terre autrefois seigneuriale, désignation très-répandue don- 
née à la terre principale d’un domaine, comme on dirait : 
le coin du seigneur, du maître. L'élément Conde, Conda, 
lui donne cette signification, qui est complétée par l’abré- 
viation euphonique de Domini, au gén.; le mot est ensuite 
devenu le nom pr. d'homme La Condamine. — Voy. Coun- 
damino. 

IL faut encore remarquer deux noms de hameaux dans 
le Gard, Canduzorgue, dans la commune de Saint-Roman- 
de-Codière, et Conduzorgue, Condusonice, commune de 
Montdidier, qui peuvent être conférés à Condansargue, 
Condansanicæ, dans le territoire du Caylar. Les variantes 
sur le radical ne font que confirmer ce que nous avons 
établi sur l'identité de Cande et Conde : mème configuration 
dans les mots, mème signification; la voyelle w, qui parait 
au milieu du nom, nous l'avons également trouvée danses 
traductions de Condé et Condat, dans la bass. lat. 

Le même thème primitif, dans sa pureté, suivant que 
l'influence gauloise ou romaine a agi sur la dénomination, 
se montre encore dans Lou Cun, Le Cun, hameau de la 
commune de Pommiers, Cuneus latin, et dans Coundou, 
Connaux, commune de Bagnols, où l'élément celtique Kon- 
ak, est plus apparent. 

Les termes de comparaison augmenteraient si l'on voulait 








CAN 


suivre la racine dans ses transformations : Condate, ancien 
nom de ville dans la Gaule entre Nevirum et Brivodurum, 
est aujourd’hui Cosne, Nièvre; Condate, vers le confluent de 
l'Ille dans la Dordogne, se nomme Condat, près Libourne, 
Gironde; Cognac, dans la Charente, dans la Haute- 
Vienne ; tous sont appelés au moyen-àge Condate. On voit 
d’un coup-d'œil la nouvelle série d’appellations locales qu'a 
fait naître le premier radical : Cognan, Cognat, Cogne, 
Cogners, Cognes, Cognières, Cognin, Cogny, Coin, le Coin, 
Coinces, Coinches, Coincy, Coing, Coigne, Coigneux, Coi- 
gnières, Coigny, etc. Concordance de racine, variété ethni- 
que des terminaisons, qui se rencontrent dans bien des noms 
communs et des noms propres, en lang. et en fr. de même 
origine, dont le sens se rattache par là à une idée de coin, 
d'angle, d'encoignure, de confluent. 

Mais si ces déductions sont vraies, de tous ces rappro- 
chements il faudra conclure au moins, sans trop de témé- 
rité, que les noms ainsi formés à désinence en argue, ou 
orgue, ne représentent nullement des noms historiques 
complétés par le lat. ager, mais des localités que leur situa- 
tion, leur emplacement seul a fait dénommer. 

Candou, s. m. — Voy. Cambi. 

Cané, s. m., n. pr. de lieu, Canet. 

Ce mot est plutôt un nom collectif qu’un dim. Il vient 
de la bass. lat. Cannetum, cannaie, comme le suivant, lieu 
abondant en roseaux et: même en joncs, la canne des ter- 
rains bas et humides, riassos. 

Canéiè, s. m. Lieu planté de roseaux, qu'on coupe tous 
les ans : cannaie. 

Dér. du lat. Canna, roseau, dont le rad. celt. est Can, 
même sign., auquel s'ajoute le suffixe de collectivité 2, 
similaire à tètro, édo, et autres, répondant au fr. aie, ay, ei, 
eiæ, etc.; dans le bas lat. Cannetum. 

Canéla, v. Canneler ; en parlant du blé, se former en 
tuyau, monter en tige. 

Dér. du lat. Canna, roseau. 

Canèlo, s. f. Roseau, plante aquatique. Se dit aussi du 
tuyau de bois où même de cuivre qu’on ajuste à un ton- 
neau, à une cuve, pour en tirer la liqueur, la faire écouler : 
robinet, cannelle. Mais on dit mieux en bon lang. Enquo, 
dans ce dernier sens. — V. c. m. 

Dér. du lat. Canna, roseau. 

Canélu, udo, adj. Cannelé; creux intérieurement; qui 
forme le tube. 

Dér. du lat. Canna. ‘ 

-Canfigoüs ou Canfiégoùs, s. #., n. pr. de lieu, dans la 
commune de Soustelle, arrondissement d'Alais. — Sauvages, 
prenant la seconde version, qui est cependant peu usitée, 
donne à ce mot la sign. de terre brülée; champ où le feua 
passé et a tout embrasé : il le décompose sans doute en 
Can pour Camp, et Fiégoùs pour Fuéëgoùs, de Fuec, ancien 
mot, feu. On pourrait peut-être aussi le faire venir de 
Campus fici, champ du figuier, lieu planté de figuiers, qui 
d’ailleurs se rapproche davantage de la première appella- 





CAN 165 


tion ; mais l'autorité d'un maitre tel que Sauvages, qui 
possédait si bien la connaissance de la langue et le senti- 
ment des étymologies, mérite la plus grande considération. 

Cangard, s. m. Blé de Crimée; par extension tout blé 
étranger qui arrive par mer et dont le peuple fait peu de 
cas. 

Ce mot est la corruption de Tangarok ou Taganrok, ville 
de la Crimée. 

Canio, s. f. Chenille. — Ce mot ne s'emploie que pour 
désigner ces sortes de chenilles microscopiques qui arrivent 
en masse et détruisent certains végétaux et la feuillaison 
des arbres, et qui meurent sans transformation, au bout de 
quelques jours : ce sont à proprement parler des vers à 
pattes. Par là on les distingue de l'Érugo, qui est la che- 
nille ordinaire et qui passe par les mêmes métamorphoses 
que le ver à soie. Il est une sorte de Canïo qui s'attaque à 
la luzerne et en dissèque chaque feuille sans en altérer les 
fibres les plus tenues, de manière à la réduire en dentelle. 
Ces chenilles s’abattent en telle quantité qu'en une matinée 
un champ de luzerne est quelquefois entièrement dévoré. 
Après trois jours de vie, cet insecte se dirige en colonne 
serrée vers le cours d'eau le plus voisin, qu'il devine avec 
un instinct merveilleux, et où il termine sa courte et mal- 
faisante existence en se noyant; il en périt aussi beaucoup 
en chemin, et leurs cadavres forment une trace noire dont 
on distingue à peine les individus. 

Traduit du fr. Chenille. 

Canisso, s. f. Petite et même espèce de roseaux de 
marais; le clayon lui-mème, fait de ces roseaux, qui sert 
de plancher aux tables de vers à soie. Ces claies en treillis 
sont préférables à des planches pour cet usage, parce qu'elles 
laissent mieux pénétrer et circuler l'air dans leurs inters- 
tices, et qu'ainsi la litière mieux aérée est préservée de 
toute fermentation. Lorsque les vers sont jeunes et qu'ils 
pourraient passer à travers le clayon, on le tapisse d’un 
papier gris qui est connu sous le nom de papier-magna. 

Le fr. nous a emprunté ce mot; mais comme chaque 
langue a sa pelite vanité, il a fait comme le lang., il a défi- 
guré son emprunt, qu'il nomme Cunis. Quand je dis le fr., 
je ne dis pas celui de l'Académie et des savants, mais bien 
celui de l’école séricicole, qui recherche et fabrique au 
besoin tous les techniques à son usage. 

Dér. du lat. Canna, dont il est un dim. 

Canisso, s. m. Petit homme chevelu et crèpu. C'est un 
surnom fort répandu. 

Corr. du fr. Caniche. 

Cano, s. f. Canne, bâton; jonc, pour s'appuyer en mar- 
chant. 

Dér. du lat. Canna, roseau. 

Cano, s. f. Cane, femelle du canard, Anas, Linn. 

Cano, s. f. Canne, mesure de longueur. Elle varie beau- 
coup suivant les pays. La canne d’Alais est de huit pans, 
elle vaut 1m 989; la canne carrée vaut 3" 956 mil. 
carrés. 


166 CAN 


Mesure de capacité pour le vin : l'ancienne canne était 
de 18 litres, la nouvelle en vaut 20. 

Mesure de capacité pour l'huile : l’ancienne canne valait 
9 litres 52, la nouvelle vaut un décalitre. 

Cano est souvent pris génériquement pour mesure de 
toute espèce. — Es pas dé cano, c’est indubitable, c'est une 
assertion qui n'a pas besoin de preuve ; une dimension qui 
peut se passer d’une mesure exacte. 

Encore une de ces locutions dont le système métrique est 
en grand train d’oblitérer l'origine. La cano était une 
mesure de contenance, pour l'huile surtout, à très-peu près 
le décalitre actuel; mais du mème nom, nous venons de le 
voir, il y avait aussi une mesure de longueur, qui équiva- 
lait à la toise; et l’on disait Cana comme toiser et aujour- 
d'hui métrer. C'est de cette dernière mesure seulement qu'il 
est ici question. Notre locution s’usitait surtout au jeu de 
boules ou à d’autres jeux analogues que les enfants avaient 
en grand nombre : lors donc qu'il s'agissait de décider si la 
boule, la gobille ou le palet du joueur étaient plus près du 
but que celui d’un autre, on disait en examinant des yeux 
d’abord : Es dé cano, ou bien : Es pas dé cano, Selon que 
le cas était ou paraissait douteux ou non. Es pas dé cano 
signifiait par conséquent : il n’y a pas à mesurer, il n’est 
pas besoin de mesurer pour décider ce qui se voit, qu'il y 
en a de reste. Et cela se dit toujours de ce qui est évident, 
hors de discussion, incontestable; et par extension ou 
exagération, de tout individu, de toute chose dont les qua- 
lités ou les défauts atteignent largement ou dépassent mème 
la mesure, sans que toutefois ni Cano, ni mêtre aient rien 
à mesurer en tout ceci. 

Cano, s. f. Chancissure blanche, espèce de moisissure 
qui surnage en paillettes blanches sur le vin mal bouché, 
ou lorsque la bouteille a été mal égouttée au lavage. C’est 
ce qui sort le premier d’une bouteille et le dernier d’un 
tonneau. On dit au fig. és à las canos, il est à sec, il est à 
son dernier sou. 

Dér. du lat. Canus, blanc. 

Canobas, s. m. Mauve sauvage, alcée. 

Canoû, s. m. Dim. Canouné. Canon, longue pièce 
d'artillerie, canon de fusil, de pistolet. 

Dér. du lat Canna. 

Canoû, s. m. Tuyau; tube; conduit ; plumes en tuyau 
d’un jeune oiseau : ce sont les grosses plumes des ailes qui 
poussent les premières, tandis que celles du corps ne sont 
encore qu’un duvet. Ce mot s'applique en général à beau- 
coup de choses en forme de tuyau : Lou canoù dé la chimi- 
nèïo, le tuyau de la cheminée; Lou canoù d’uno fon, le 
tuyau, le robinet d’une fontaine, d’uno bouto, la canelle 
d’un tonneau; un canoù dé ploumo, un tuyau de plume. 

Dér. du lat. Canna. 

Canouna, v. n. Monter en tuyau, comme toutes les céréa- 
les, les oignons et autres plantes bulbeuses; être en forme 
de tuyau. Dans le sens actif, canonner, battre à coups de 
canon; il est reçu, mais par imitation du fr. 





CAN 


Canounado, s. f. Canonnade, décharge de coups de 
canon; conduite d'une fontaine soit en bois, en fonte ou en 
poterie, lorsqu'elle est dirigée sous terre : quand elle est à 
ciel découvert, on emploie le mot Acandou. 

Dér. du lat. Canna. 

Canouné, s. m., ou Manouné. Terme de triperie : 
boyaux d'agneau, de chevreau, de mouton et même de 
veau, qu'on lie par petites bottes, et dont on est friand 
surtout à Alais, où l'on dit mieux Manouné. — V. c. m. 

Dim. de Canoù. 

Canounge, s. m. Chanoïine, celui qui possède un canoni- 
cat. — Il est devenu n. pr. d'homme, rendu par Canonge. 

Dér. du lat. Canonicus. . 

Canourgo (La), s. f.,n.pr. de lieu. La Canourgue, ville 
et canton du département de la Lozère, mentionnée dans les 
titres les plus anciens sous le nom de villa de Canonica. A 
Montpellier, une place est aussi appelée La Canourgue, à 
cause de son origine canoniale, voisinage ou dépendance 
d’une propriété canoniale. 

Les deux mots Canounge, Canonicus, et la Canourgo, 
Canonica, dérivent évidemment de la même source : leur 
radical commun se trouve dans le gr. Kavv, règle, ordre, 
que le lat. a simplement adopté dans le même sens Canon, 
onis, et qu'il a adjectivé en Canonicus, a, um, régulier, 
chanoine régulier. Dans le principe, il est probable que 
cette unité d’origine en avait fait deux menechmes; depuis, 
ils se sont un peu déformés; mais, malgré la différence de 
physionomie, l'air de famille persiste et les rapproche. 
Seulement, le premier, subst. masc., a gardé les contours 
émoussés, le ton sourd, qui sont peut-être plus fréquents 
dans le Nord ; tandis que le second, nom propre féminin, 
a revêtu cette forme rude, accusée, particulière à notre 
Midi. Mais, la parenté une fois établie, ces ressemblances et 
ces variétés, les altérations mêmes des deux mots, que nous 
prenons pour lypes, présentent un assez curieux sujet 
d'étude sur ces fameuses finales languedociennes en argues, 
ergues et orgues, dont on s’est tant occupé. 

L'importation grecque ou latine de Canonicus date de 
l'époque où, dans les Gaules, l’ancienne langue nationale 
était encore comprise et parlée, au moment où commençait 
à se former, du mélange avec le latin, l'idiome rustique 
vulgaire. Des besoins nouveaux, une civilisation plus avan- 
cée, surtout la nécessité de se reconnaître avec les dénomi- 
nations locales débaptisées ou en voie de se modifier au 
goût des conquérants, des traditions indestructibles et des 
influences impérieuses avaient fait subir au langage des 
changements considérables; mais une langue ne procède 
pas au hasard, bien qu’il soit difficile d’avoir toujours rai- 
son de ses variations, et, dans la conjoncture, les analogies 
ne manquaient pas : elles sont même si frappantes qu'on 
dirait une loi régulière, systématique, uniforme, dont on 
va saisir les applications. 

Le mot arrive tout fait, tout d’une pièce, purement 
latin. Quand le roman, qui se créait, le rencontre et qu'il 





CAN 


veut s’en emparer, il n'a garde de toucher au radical; mais 
sa finale en icus n'allait pas à ses aptitudes vocales : à 
d'autres semblables, à des noms de lieux ainsi terminés; il 
avait fait subir une altération conforme à son génie, et il 
appliqua à Canonicus sa méthode habituelle de transforma- 
tion. La voyelle la plus souple devait d'abord être atteinte : 
l'i disparait de la désinence, ou il se change en e plus ou 
moins ouvert, qui le rappelle; la palatale C est remplacée 
par sa correspondante G, la consonne celtique de prédilec- 
tion, sur laquelle nous revenons souvent; enfin la termi- 
naison devient muette et s'éteint. L'intrusion de R, qui se 
substitue à M, est particulière au Midi. On ne peut expli- 
quer sa présence que par le désir instinctif du peuple, ce 
maitre souverain de sa langue, de donner à certains mots, 
à des noms propres de lieux, plus de consistance, plus 
d'énergie, et de faire peut-être un accord mieux lié avec le 
son guttural fortement accentué qui la suit presque tou- 
jours; ce que l'organisme méridional ne dédaigne pas, 
quand celui du Nord y semble moins porté. 

Ces procédés de recomposition se révèlent clairement 
dans: les diverses évolutions du mot Canonicus. Notre 
langue romane en a fait Canonge, Canonègue et Canorgue. 

. Un exemple de chaque forme : la chanson de geste de 
Gérard de Roussillon dit : Ni monge, ni canonge, ni cape- 
lan. Dans un titre de 1174 on trouve : La claustra des 
canonègues ; dans Pierre Rogiers, troubadour du XII: siècle : 
Peire Rotgier si fo d'Alvernhe, canorgues de Clermon. L'abbé 
de Sauvages cite Canonèjhe { Canonège), comme appartenant 
au.vieux langage. Enfin le languedocien moderne dit 
Canounge. Le subst. féminin suit la mème marche : Cano- 
nica est représenté par Canorgua, Canorguia. Dans Pierre 
Rogiers : Laïsset la canorgua et fes se joglars ; dans Pierre 
Cardinal : Son païre lo mes per canorgue en la canorguia 
del Pueï. Nous arrivons naturellement à La Canourguo; et 
pas n’est besoin de faire remarquer que dans notre dialecte 
où égale o roman. 

La preuve maintenant qu'il s’agit ici d'une loi générale, 
au moins en ce qui concerne la substitution du G gaulois 
au C latin dans ces désinences ; c'est que les idiomes celo- 
latins l'adoptent de même. Canonicus a donné en cat. 
Canongo, en esp. Canonigo et Canongia, en port. Cano- 
nego. L'anglais lui-mèmé à Canongate, faubourg d'Edim- 
bourg, qui accuse pareille filiation; l'italien seul Canonico 
s’est conservé absolument latin. 

Mais la règle s'applique encore aux noms propres et aux 
noms communs, dans lesquels la présence du même suffixe 
latin a dù amener une pareille combinaison dans le roman 
et dans le languedocien. Sans citer Monachus, qui faisait 
en roman Monge, Mongne, Monègue, Morgne, Moyne; en 
cat. Monjo, en esp. et en port. Monje; prenons le subst. 
fém. Monica, religieuse. Le roman avait Monja, Monga, 
Morga, Moyna; en cat., esp., port. Monja; comme pour 


monastère on disait Mongia et Morgia; et notre languedo- | 


cien Moungeo (Mounjo), el Mourgo : la carïèiro dé las 





CAN 


Mourgos, la rue des Mourgues à Alais; et les diminutifs 
Mounjéto, Mourguéto, petite religieuse, et Mounjétos, nom 
des haricots à enveloppe blanche ou noire, féveroles sèches. 

11 faut voir comme le roman, au nord et au midi, en fr. 
et en lang., s'exerce sur ces syllabes icus, ica, toutes les 
fois qu’il les rencontre : Carrica, de la bass. lat., donne 
Carguo, charge; Granica, Granÿjo, grange; Lanica, lange ; 
Serica, sarjo, serge; Fabrica, Forjo, forge; Pautrica, 
Fango, fange; Manica, Marque, Manche, manche; Porti- 
cus, Porge, porche; Medicus, Mèje, médecin. 

Les noms de lieyx suivent la mème voie. Pour ne citer 
d’abord que les plus rapprochés par la consonnance finale 
avec notre type, dans le Gard, Colorgues, commune de 
Saint-Chaptes, était, dans un dénombrement de 1394, Colo- 
nicæ; comme un lieu détruit de la commune de Langlade, 
Colonges ou Colongres, commune de Verfeuil. Coloures, 
commune de Marguerittes, s'appelait en lat. Colonicæ, 
Colonices; Coulorgues, commune de Bagnols, Colonice ; 
Colonges, dans la Côte-d'Or, Cologne sur le Rhin, Cotonire. 
Santonicus est devenu Saintonge. Conduzorgues, commune 
de Montdardier (Gard), vient de Conduzonicæ; Montuzor- 
gues, de Montusonicæ; Solofgues, de Savaronicæ ; Soudor- 
gues, de Sardonicæ et Sordonicæ, etc. 

Ces rapprochements indiquent une marche constante vers 
le mème effet à produire. Les termes de comparaison sont 
abondants pour démontrer que cette désinence latine, nicus, 
nica, nicæ, au sing. ou au pl., au masc. ou au fém., se 
reproduit dans notre langue vulgaire, et même dans le fr., 
par les combinaisons nge, nègue, nège, rqua, rquia, rgue, 
rguo, qui toutes sont équivalentes, égales entr'elles. 

Mais ce n'est pas seulement alors que le mot porte o = 
ou comme voyelle dominante à l'antè-pénultième, onicus, 


167 


. onicæ, que la permutation a lieu; les voyelles a, e, à, dans 


les mêmes conditions ont le même privilége. Armasanice a 
donné Armasanègues, Aimargue, Aimargues; Caxanicus, 
Caxanicæ, Cairanègues, Caïssargue, Caissargucs; Domes- 
sanicæ, Domessanègues, Domessanengues, Domensan, Dou- 
méssarque, Domessargues ; Rutenicus, Rodinigus, Rouergue. 
Enfin notre mot Diménche, dimanche, en lat. dies Domi- 
nica, et le nom propre Dominique, du masc. Dominicus, 
offrent une autre preuve à l'appui. Le roman traduisait 
Diemence, Diemenche, Dimoinge, Dimenge, Dimenche; dans 
les coutumes d’Alest, on lit Dimentge. Le verbe était, 
d’après Sauvages, Endimérga où Endiménga ; aujourd'hui 
Endiméncha. De son côté, le nom propre a passé de Domi- 
nicus en Doumèrjhe, Doumènjhe, Doumènghe ; il est Dou- 
mèrgue, en fr. Domergue; en esp. Domingo. Ce sont 
toujours et partout des formes identiques; mais les derniers 
exemples donnent plus d'extension au procédé et introdui- 
sent de nouvelles désinences pour représenter le même 
suffixe : ce qui ne laisse pas que de jeter le plus grand jour 
sur la composition des mots et des noms propres. 

D'où vient cependant cette constance à repousser une 
telle finale, cette espèce de parti-pris des langues néo-latines 


168 CAN 


de n'admettre que des combinaisons qui s’éloignent tant 
en apparence de la construction ancienne? D'abord, si grand 
que soit l'écart entre les formes actuelles et la forme primi- 
tive des mots que nous relevons, il faut remarquer que, dans 
la plupart des cas, les désinences seules sont atteintes. Dans 
nos idiomes néo-latins l'inconvénient n'est pas grave : car 
l'influence de la terminaison est à peu près nulle sur là 
signification des mots. Tout se réduit donc le plus souvent 
à une question d’euphonie, et dépend de la manière dont tel 
ou tel son est rendu ou perçu, suivant certaines préférences 
de flexion naturelles à chaque peuple, selon une disposition 
particulière des organes ou la différence des tempéraments. 
On sait en effet quelle action exercent sur le langage les 
habitudes, les influences locales et climatériques. C’est que, 
il faut le bien dire, dans toutes les langues, dans tous les 
pays, dans tous les temps, le peuple a une propension innée, 
irrésistible à la contraction : il y est poussé et entretenu 
par son dédain de Ja correction classique, par une négli- 
gence naturelle de prononciation, par l'ignorance des flexions 
qu'il abandonne volontiers aux savants et aux rhéteurs ; 
mais à tout prix la syncope et l’ellipse doivent s'adapter à 
ses instincts et à sa diction. On comprendra dès lors com- 
bien les licences du latin vulgaire, usuel, tel qu'il fut 
transporté dans les colonies par les soldats de Rome, en se 
mêlant aux idiomes gaulois, rencontrèrent de facilité à 
faire accepter leurs incorrections, et comment la nouvelle 
langue, en train de se former, éprouva peu de gène, peu de 
résistance à fondre ses propres éléments dans le moule 
accrédité, à se façonner sur le modèle sans trop grandes 
concessions, sans perdre son caractère et son génie. 

Mais nous ne faisons qu'indiquer en passant ce mouve- 
ment de transformation et de recomposition, et il n'est pas 


de notre sujet de remonter aux causes. Il suffit d’en cons- - 


tater l'activité et l'énergie, et de saisir quelques-uns de ses 
effets isolément, pour avoir une idée du travail général et de 
l'esprit de notre langue. 

Maintenant, en présence des altérations, des divergences, 
des variétés de prononciation et de structure, par lesquelles 
ont passé quelques mots, que nous étudions, avant de par- 
venir à leur forme actuelle, nous nous demandons S'ils 
n’ont pas obéi à une loi générale de compositions diverses ; 
et il nous semble impossible de ne pas reconnaître que 
toutes ces disparités sont plus superficielles que réelles , 
qu'elles se confondent et se balancent; qu’au fond le nom- 
bre des mots et surtout celui des noms propres, quoique 
très-varié, est beaucoup plus réduit qu’on ne pense. Il res- 
sort de là avec évidence que chaque pays, presque chaque 
localité adopte de préférence une formule, qui ne lui est 
peut-être venue que par une disposition propre, particulière, 
de son organisme vocal à prononcer plus ou moins facile- 
ment telle ou telle articulation, tel ou tel rapprochement 
de lettres; et les exemples nous paraissent ici saisissants. 

Ainsi, à propos de Canonicus, Canounge, Canonica, la 
Canourguo, nous voyons les finales orgue et èrgue corres- 





CAN 


pondre exactement à onge, ènge, èngue, énche, one, par 
onèqgue, onège, onènche, reliées par contraction à own, on, 
en, et au fém. ono, ouno : pourquoi la désinence argtes, qui 
a été anègues, aniches, oniches, n'aurait-elle pas aussi 
quelque affinité avec an, anges, anche? Pourquoi énges, 
ignes, ignies, igné, igni, igny, n'auraient-ils pas une atta- 
che par in, ine, inies, ein, eine, èje, ije; et'ne seraient-ils 
pas affiliés à cette communauté dénominative, qui, pour 
englober tant d’appellations locales en France, part d’une 
source unique? Pourquoi tous ces suffixes ne reconnai- 
traient ils pas pour auteur le celtique ac — ee, qui s'est 
transformé au contact du latin, tantôt faisant fonction 
d’adjectif, tantôt servant à donner certaines attributions 
ethniques et patronymiques? Ces conclusions nous semblent 
solidement établies. 

Mais alors que devient le système laborieux qui voulait 
trouver une signification, dans la désinence explétive argue, 
des noms propres de lieux de nos contrées, en en faisant la 
traduction du lat. Ager? 

Nous nous en sommes expliqué ailleurs : cech est un 
nouvel argument. — Voy. Argue. 

._ Cansoù, s. f. Dim. Cansounéto. Chanson; pièce de vers 
par couplets, que l’on peut chanter. Au fig. sornettes, 
contes frivoles. — Agud's la cansoù de l'agnèl blan ; c'est 
toujours la même chanson; c’est un thème qui ne finit an 

Dér. du lat. Cantio, même sign. 

Canta, v. Chanter, former un chant par une suite de sons, 
d'accords. Au fig. célébrer, louer; sonner, résonner. — 
Canta clari, rendre un son clair comme un vase vide. Il se 
dit aussi pour : rendre un son fèlé Cantarén pas mésso, 
loc. prvb. pour dire : nous ne serons pas longtemps 
d'accord, nous ne nous entendons pas. C’est sans doute une 
allusion aux chants du lutrin. Té foura canta pu nâvu, 
dit-on à quelqu'un qui marchande avec la prétention 
d'obtenir à bas prix ou à des conditions très-modérées une 
chose quelconque, une marchandise, qu'on estime davantage 
qu'il n’est offert : il te faudra chanter une autre gamme, 
un ton plus haut. 

Dér. du lat. Cantare. 

Cantaïre, aïro, adj. P6j. Cantaïras, asso. Chanteur; qui 
fait profession de chanteur. — En terme de magnanerie, on 
appelle un cantaïre, un cocon faible, qui cède à la pression 
du doigt et rend un son quand la coque reprend sa première 
position. 

Dér. du lat. Cantare. 

Cantarèl, arèlo, «dj. Chanteur sempiternel et ennuyeux; 
qui aime à chanter, ou qui a des dispositions à chanter. 

Cantarèlo, s. f. Chanterelle ; sorte de bouteille en verre, 
dont le fond très-mince est percé d'une petite ouverture. On 
chante contre ce fond pour amuser les enfants, et le souffle, 
qui fait vibrer fortement les parois, augmente très-singulié- 
rement le volume de la voix en lui donnant une qualité 
métallique et frémissante. 

Dér. du lat. Cantare. 








CAN 


Cantèl, s. m. Chanteau ; premier morceau taillé en coin 
sur un grand pain; pointes supplémentaires d’un manteau, 
d'une robe, d'une chemise de femme; pièce du milieu d’un 
fond de tonneau, qui est terminée des deux côtés par un 
segment de cercle. 

Dé cantèl ou pér cantèl, posé de champ. On le dit d’un 
corps plat, d'une brique, d'une pierre de taille, posés sur 
leur tranche, c'est-à-dire sur leur face la plus étroite, 
comme les livres dans une bibliothèque. 

Dér. de la bass. lat. Cantellum, dim. de Cantum, coin. 

Canto-pérdris, s. m. Garou ou Saint-bois, Daphne lau- 
reola, Linn. Arbrisseau de la fam. des Thymélées ; à feuille 
étroite, commun dans les landes arides. 

Par extension, on appelle Canto-pérdris, un terrain sec 
et infertile, une propriété de peu de valeur, serait-elle 
ornée d’une chétive masure, parce que c’est là que l’arbuste 
de ce nom croit de préférence. 

Les botanistes assurent que les: fruits du garou, rouges 
à leur maturité, sont avidement recherchés par les oiseaux, 
surtout par la perdrix : de là sans doute le nom lang. 

. Canto-plouro, s. f. Chante-pleure. Ce mot, qui est imité 
du fr. chante-pleure, ne représente pas le même objet. 


.Celui-ci est proprement un grand entonnoir pour remplir 


les futailles, ou bien un tuyau de fuite pour les eaux plu- 
viales pratiqué dans l'épaisseur d’un mur. 

La Canto-plouroest un outil de moulin à huile. Ce qu'on 
appelle l'Enfer dans ces moulins est un récipient où l’on 
rejette les eaux qui ont servi à échauder la pâte d'olives, 
après qu'on a écrèmé l'huile sur leur surface. Cet enfer est 
composé de trois cuves superposées l’une à l'autre et qui 
déversent successivement l’une dans l’autre. Quand Ja plus 
haute est pleine, elle verserait par le haut et entrainerait 
l'huile qui surnage dans la seconde et de là dans la troi- 
sième, résultat qu'il faut éviter, puisque cette huile doit 
rester autant que possible dans la cuve supérieure, et tout 
au plus dans la seconde. Pour y parvenir, on place dans 
chacune de ces deux premières cuves un tuyau de fer blanc 
plus ou moins recourbé, qui fonctionne comme un siphon 
et vide les cuvées par le bas. Par ce moyen l'huile baisse 
avec l'eau, mais surnage toujours jusqu’à complète vidange 
de l’eau. C'est ce tuyau qu'on nomme Canto-plouro. 

Cantoù, s.m. Dim. Cantouné. Coin; carrefour; quartier 
d'une ville; quignon de pain; coin du feu; recoin d’un 
appartement; angle d’un mur; canton, division territoriale. 
En terme de maçon, pierre angulaireà faces perpendicu- 
laires l’une à l’autre, dont on forme les angles saillants d'un 
mur. — Résta à soun cantoù, garder le logis, demeurer 
dans son coin; ne pas se mêler des-affaires des autres. Vira 
lou cantoù d'un air, prendre la ritournelle, saisir les 
reprises d’un chant. Vira lous cantoùs, tourner les diffi- 
cultés. À un brave cantoù, il possède un bon coin de terre, 
il a un petit domaine bien productif. Aèsto dou cantoù dé la 
Téissarië, il demeure au coin de la rue Tisserie. 

Le mot ést riche en interprétations étymologiques : nous 





CAO 169 


en avons dit quelque chose indirectement à l'art. Candia, 
Candiargue. Les uns le tirent de l’allem. Kant, bord, 
extrémité, marge, angle, coin. D'autres le font dériver du 
gothique Cant, même signif.; ou du gr. Xavè6ç, le coin de 
l'œil, l'angle, le coin. 

Cantounado, s. f. Hameau; amas de maisons formant 
une ile dans une commune rurale. Ce mot est dit par 
opposition aux maisons isolées, dont se composent en 
grande partie la plupart des communes des Cévennes. 

Dér. de Cantoù. 

Cantourléja, v. frég. Fredonner, marmotter une chanson 
entre les dents; gringotter un air. 

Dér. du lat. Cantilare. 

Canturlo (Vira-), ». Perdre la tête; battre la campagne. 
Se dit plutôt de la perte de la raison par maladie ou acci- 
dent, que d'une folie passagère par ivresse. 

Dér. du lat. Cantilare. 

Câou ou Câoulé, s. m. Chou, Prassica oleracea, Linn. 
Plante potagère, alimentaire, de la fam. des Crucifères. — 
Le proverbe dit : 


Entre Sén-Pière et Sén-Pâou, 
Planto lou pore et lou céou. 


— Y-a céous et cdous, distinguons, il y a choux et choux. 
Une anecdote est attachée à ce dicton, et en explique l'ori- 
gine présumée. Un pauvre diable se confessait à son curé 
d'avoir volé des choux: celui-ci lui fit une légère répri- 
mande et voulait passer outre. Le pénitent ajouta alors : 
Mais ces choux-là étaient à vous. — Ah! reprit le curé, 
y-a cdous et câous, c'est bien une autre affaire. Et la 
semonce ainsi que la pénitence furent doublées. 

Sganarelle, dans le Médecin malgré lui, dit dans la même 
acception : il y a fagots et fagots. 

L'étymologie prise du lat. Caulis, tige, semblait toute 
naturelle; mais on a dit contre elle que le chou Cdou, 
Câoulé, était précisément une des plantes les moins remar- 
quables par la tige; et ceux qui n'étaient pas satisfaits du 
dér. lat. ont trouvé dans le celtique le mot Chaulx, Cawl 
ou Caul, qui signifie légume, et qui leur a paru de beau- 
coup préférable. Leur raison s'appuie de ce que de Cawl, 
les Italiens ont fait Cavolo, les Espagnols Col, les Allemands 
Koel, les Belges Koole. Cal est de notre vieux langage, mais 
il est encère usité dans les Cévennes; la plaine emploie 
Cdou et Cdoulé plus adouci. — Voy. Cdoulé. 

Câou, Câoudo, adj. Chaud, chaude: qui a, qui procure, 
qui fait éprouver la sensation de la chaleur. Se prend quel- 
quefois adverbialement : Sé tène cdou, se tenir chaudement. 
Béoure cdou, boire chaud. 

Dér. du lat. Calidus, mème sign. 

Il faut observer que dans le dialecte des basses Cévennes, , 
on change fréquemment la lettre Z en la voyelle composée 
ou; cela tient au goût particulier de cette population pour 
les polyphthongues, qui sont en général plus euphoniques. 
A mesure qu'on s'éloigne vers le levant du Languedoc, les 


170 CAO 


consonnes se multiplient de proche en proche, les poly- 
phthongues s’effacent, les syllabes deviennent plus labiales 
ôu plus gutturales, ét par là se rapprochent davantage du 
français. Le génie originaire semble mieux conservé dans 
le premier mode, car il n’a pu l'emprunter à aucune autre 
langue ; aucune ne faisant une telle dépense de voyelles, et 
n'étant aussi avare de consonnes. 

Nous avons donné des exemples de cet harmonieux agen- 
cement de voyelles au mot Acén. Les diphthongues et les 
triphthongues se rencontrent, se mêlent, se croisent dans 
le mème mot, sans se heurter, sans choc discordant, grâce 
à leurs ingénieuses compositions , faites pour ménager tou- 
jours l'oreille. Ce mécanisme appartient tout entier à notre 
langue, et donne la preuve de sa souplesse ét d'une sensi- 
bilité musicale très-développée. 

Câouciou, s. f. Caution; celui qui répond ou s’oblige 
pour un autre. — Pdoure, câouciou et malaïroùs noun sou 
sujes à l'énvéjoùs, prvb., être pauvre, caution et malheu- 
reux ne sont pas sujets d'envie. 

Dér. du lat. Cautio, formé du verbe Cavere, part. Cau- 
tus. 

Câouciouna, v. Cautionner; se porter garant; s’obliger, 
se rendre caution pour quelqu'un. 

Câoudéja, v. fréq. Couler la léssive à chaud, en y jetant 
fréquemment de l’eau bouillante, qu’on laisse écouler par 
la bonde de la cuve. On verse de l'eau bouillante ou du 
moins très-chaude pour dégager plus facilement les alcalis 
contenus dans la cendre et les unir au corps gras du linge 
sale, ce qui les change en véritable savon. Ces corps gras 
eux-mêmes ont besoin de cette chaleur pour se fondre, se 
détacher du linge et s'unir aux alcalis ou sels lixiviels. La 
lessive, Bugado, est purement une opération chimique d’un 
ordre relevé. Les ménagères ne s'en doutent guère. 

Dér. de Cdou. 

Câoudéjado, s. f. Action de réchauffer une lessive en y 
jetant une nouvelle ondée d’eau lixivielle chaude. — Zi 
fôou éncaro trés céoudéjados, il faut donner encore trois 
réchauds à cette lessive, c’est-à-dire renouveler trois fois le 
mème manège. 

Gâoudéto, s. f. Châtaigne bouillie, qu’on sert sous un 
linge pour lui conserver sa chaleur; de là elle tire son nom. 
— Voy. Této. 

Câoudo, s. f. Battue; reprise de travail; chaude, en 
terme de forgeron. Il s'emploie surtout pour les ouvrages de 
forgeron, et pour les travaux de pilotage, soit au maillet, 
soit à la sonnette, où les ouvriers doivent mettre de 
l'ensemble dans le battage du fer ou des pilotis, et s’arrôter 
ensemble à un signal donné. La céoudo est l'intervalle de 
travail continu entre deux repos. 

Dér. de Cdou. 

Câoufa, v. Chauffer, échauffer; exposer à la chaleur du 
feu. — Lou sourél câoufo, le soleil est ardent. Aïgo cdoufo, 
l'affaire devient chaude. 

Dér. du lat. Calefacere, mème sign. 





CAO 

Câoufaje, s. m. Action de se chauffer; quantité de bois 
ou de houille qu'il faut à une famille ou à un individu. 

Câouféja, vo. frég. Réchaufler; chauffer à plusieurs 
reprises, comme on le fait pour une personne ou un animal 
malade, par l'application de linges chauds, ou au moyen 
d'une bassinoire. 

Câou-flori, s. ». Chou-fleur ; Brassica oleracea botrytis, 
Linn. Variété de chou commun, selon quelques botanistes; 
espèce distincte, d'après les autres. 

Côoulé, s. m. Dim. Céoulichoù. Chou. C’est un dim. de 
Câou, mais plus usité que lui pour exprimer le genre dans 
sa généralité. — Voy. Cdou. 

Cdoulé-cabus, s. m. Chou cabus ou pommé, Brassioa 
oleracea capitata, Linn. 

Câoulé à l'oli, s. m. Brocoli, variété du chou-fleur. 

Câoulé-bru, Câoulé-vèr, chou vert, Brassica oleracea 
viridis, Linn. Espèce qui ne pomme jamais. Elle a un grand 
nombre de variétés. — Voy. Cdou. 

Câouléja, v. frég. Effeuiller un chou sur sa tige, sans 
l'arracher, afin qu'il puisse pousser de nouvelles feuilles. 
On n’enlève que les feuilles les plus vieilles et extérieures, 
sans toucher au cœur. On dit Cdouléja, par extension, de 
toutes les plantes légumineuses auxquelles on fait subir la 
même opération, comme la blette, la betterave, etc. 

Câoulichou, s. m. Dim. de Céoulé. Petit chou, et rnieux 
un cœur de chou, et les jeunes pousses du chou-vert ou du 
chou-brocoli. 

Câoulichoù, s. m., est aussi le nom du Carmillet, compa- 
gnon-blanc, Lychnis Sylvestris alba simple, Linn. Plante 
de la fam. des Cariophyllées, dont on mange les jeunes 
pousses. La même que Této-lèbre. — Voy. ©. m. 

Câoupisa ou Câoussiga, v. Fouler aux pieds; mettre le 
pied sur le pied de quelqu'un, ou sur quelque chose. — 
M'avès câoupisa, Vous m'avez marché sur le pied. 

Dér. du lat. Calx, talon, chaussure, pied, ou de Calcare, 
fouler, uni à Pes, pied. En ital. Piggiure et Calpestare ; en 
esp. Pizzar, fouler aux pieds. 

Câoupre, v. Conténir; tenir; être contenu dans. — Zi 
pode pas coupre, je n’y puis tenir plus longtemps, ma 
patience est à bout. Aqud poura pas jamaï câoupre din ma 
tèsto, cela n'entréra jamais dans ma tête. Po pas céoupre 
din sa pèl, ilne peut plus tenir dans sa peau, il est trop gros. 

Dér. du v. pass. lat. Capi, capior, être contenu. 

Câouqua, ». Fouler le blé avec des chevaux; quand on 
lé bat avec le fléau, on dit Escoudre. Au fig. fouler aux 
pieds, presser fortement sous les pieds. — La païo né voou 
pas lou câouqua, prvb., le jeu n’en vaut pas la chandelle. 

Dér. du lat. Calcare, fouler aux pieds. 

Câouquado, s. f. Airée; reprise de foulage ; quantité de 
gerbes qu’on foule en une reprise. 

Las câouquados, s. f. pl. La saison où l’on foule le blé. 

Câouquasou, s. f. Action de fouler le grain; foulage ; 
saison de ce travail. 

Dér. de Cdouqua. 


CAO 


Câouquièiro, s. f. Tannerie; atelier où l'on tanne; 
maison garnie de galeries couvertes pour faire sécher les 
peaux tannées. 

Le nom d'une ancienne rue d’Alais, désignée ainsi dans 
les vieux titres, a été francisé en rue des Calquières, 

Dér. d'Acdou, parce que c'est principalement avec une 
lessive de chaux qu'on apprôte les cuirs et qu'on en fait 
tomber le poil. 

Câouquio, s. f. Coquille, partie dure qui recouvre ou 
renferme le corps des mollusques testacés; trompe, voûte 
en saillie, propre à soutenir un angle de mur, le coin d’une 
maison. 

Dér. du lat. Concha, même sign. 

Câouse, s. m. Chose; mot que l'on applique à une per- 
sonne, à un objet dont on ne se rappelle pas le nom, ou 
qu'on veut éviter de nommer. — Moussu edouse, monsieur. 
chose; monsieur un tel. 


Câouso, s. f. Chose, ce qui est, ce qui existe; toute 


chose inanimée; cause, motif. — Né sièï cdouso, j'en suis 
cause. On dit mieux : Né soui l'én-cdouso, qui n’est qu'une 
altération de la première forme plus régulière, mais moins 
usitée. — Sé siès bono cdouso parlo, sé qué dé noù, Diou té 
rétire, si tu es bonne chose parle, sinon que Dieu te fasse 
disparaitre : phrase de conjuration quand on croit voir ou 
entendre quelque chose de surnaturel, un revenant, un 
esprit familier, etc. 

Dér. du Jat. Causa. 

Câoussa, v. Chausser; mettre une chaussure, des bas ou 
des souliers; buter, chausser un arbre, ramasser de la terre 
au pied. En terme de forgeron ou de taillandier, rechanger 
an outil, une boue, un soc, etc., en y appliquant, lorsqu'il 
est usé, de nouveau fer pour l'élargir, l’allonger et l'acérer 
une seconde fois. — Sé cdoussa d'un pè'n doutre, se chaus- 
ser à rebours, mettre par exemple le pied droit dans le 
soulier ou le sabot du pied gauche. 

Dér. du lat. Calæ, chaussure. 

-  Câousse, s. m. Causse, haute montagne ou chaine de 
hautes montagnes terminées en haut par une vaste plaine. 
Les parements extérieurs des Causses sont fort escarpés 

et présentent dans leur tranche l'épaisseur des diverses 
assises dont ils sont composés et qui sont en général de 
nature calcaire. C'est. ce qui les distingue dans le pays de 
ce qu'on appelle la montagne, terrain de seconde formation, 
composé de schiste et de mica la plupart du temps. La 
haute chaine de la Lozère est de la première nature; les 
chaînes inférieures et parallèles à cette chaine sont de la 
seconde espèce, surtout dans les versants méridionaux. 

Cette série de Causses règne en are de cercle dans le 
centre du département de la Lozère et se poursuit dans la 
chaîne de l'Aveyron. Ce sont les Cansses de ce dernier 
département qui fournissent ces excellents-fromages de lait 
de brebis qui, en passant par la fermentation des célèbres 
gaves de Roquefort, acquièrent nne renommée européenne. 
Les meilleures qualités sont produites dans l'arrondissement 





Cao 171 


de Saint-Affrique, et surtout dans le canton qu'on appelle 
le Camarès. 

Ce nom de Céousse peut fort bien dériver de la 
calcaire des rochers dont ils sont composés; Sauvages 
tire du lat. Cautes, rochers. 

Câoussésouù, s. f. Action de rechanger un outil; quan- 
tité de fer qu'on y ajoute; point de jonction du vieux fer 
au nouveau. 

Dér. de Céoussa. 

Câoussétariè, s. f. Bonneterie; chaussetterie; fabrique 
ou magasin de bas et de bonnets. 

y a à Alais une rue de ce nom, qui est bien la plus 
petite de toutes celles que le métier ou l'industrie qu'on y 
exerçait eût dénommées; car elle n’a pas plus de vingt 
mètres de long sur trois de large. Cela indiquerait-il que, 
dans le vieux temps, on allait beaucoup plus les jambes 
nues et que le bonnet de coton était moins en vogue? 

Câoussido, s. f. Chardon épineux ou hémorroïdal, Ser- 
ratula arvensis, Linn. Civium arvense, plante de la fam. 
des Composées Cynarocéphales, très-commune dans les 
champs. 

Dér. de Céoussiga. 

Câoussiè, s. m. Chaussure de quelque espèce qu’elle 
soit. Ce mot ne s'emploie guère que lorsqu'il s'agit de la 
dépense que fait un individu pour sa chaussure. 

Câoussiga, v. — Voy. Cdoupisa. 

Câoussignè, s. m. Chaufournier; faiseur, fabricant de 
chaux. 

Dér. de Acdou. 

Câoussina, v. Passer le blé de semence à l'eau ou à la 
fleur de chaux, le chauler, pour détruire le germe du char- 
bon ou de la nielle, qui est une sorte de carie on de fungus. 
Aujourd'hui on emploie plus souvent la soude et l’eau de 
vitriol pour cette opération, sans cesser pour cela de dire 
Câsussina et chauler. 

Dér. de Acdou. 

Câoussinar, s. m. Habitant des Causses; mouton de 
petite espèce qu’on nourrit dans les Causses, et principale- 
ment dans les Causses de l’Aigoual. 

Dér. de Cdousse. 

Câoussos, s. f pl. Chausses, haut de chausses, vêtement 
de la ceinture aux genoux, propr. culotte. Les deux mots 
et les deux modes ont vieilli. Le pantalon, /as Braïos (YF. €. 
m.), règne seul. Cependant Cdoussos s'est conservé dans une 
locution qui revient souvent : Coumo y farén las câoussos? 
C'est la question que l'on se pose devant un problème à 
résoudre, en présence d'un embarras qui se dressé inopiné- 
ment, dévant un coup de partie difficile à jouer, dans an 
écart au jeu de piquet, dans une situation dont on ne voït 
pas le moyen de sortir; quand en se grattant le front on se 
demande : comment nous y prendrons-nous? Quel biais 
emploierons-nous? Comment sortir de ce pas? Comment 
nous.tirer de là? Ou autrement : Eh bé/ aro, coumo y farén 
das céoussos ? 


172 CAP 


Ce dicton confirmerait ce que j'ai entendu dire mainte fois, 


que les pantalons sont très-difficiles à faire, plus difficiles 


que toute autre partie de l'habillement ; car autrement com- 
ment serait-on plus en peine pour faire chausses et haut de 
chausses que pour un gilet ou un paletot, et enfin pour une 
règle de trois, une mortèse ou une paire de souliers? J'aime- 
rais bien aussi de savoir, pour vous le dire, à quel tailleur 
on doit le dicton. 

Câoussoù, s. m. Chausson; chaussure de toile, de tricot, 
de flanelle, de lisières, qu'on met aux pieds. 

Dér. de Céoussa. 

Câouto-à-Câouto (Dé), adv. En lapinois; à pas de loup; 
en marchant avec précaution, en catimini. — Y vai dé 
cdouto-à-céouto, il y va tout doucement, sur la pointe du 
pied. ? 

Dér. du lat. Cautus, avisé, prévoyant, rusé. 

Capable, blo, adj. Capable; qui est en état de..... Ne 
s'applique que, par une extension franchimande et réprou- 
vée, à celui qui a de la capacité, de l'intelligence. — Siès 
pas capable, tu n'as pas la force, le courage, l'audace de. 
Es capable dé tout... hors lou bé, il est capable de tout 
hormis du bien. 

Dér. du lat. Capax. 

Capéïè, s. m. Chapelier; celui qui vend ou fabrique des 
chapeaux. 

Dér. de Capèl. 

Capéiroù, s. m. Sorte de filet de pèche à double manche, 
en forme d’entonnoir. Il est beaucoup plus grand que le 
Vignoù, dont le manche est en forme de fourche. 

Dér. du lat. Capere, prendre. 

Capèl, s. m. Chapeau; coiffure extérieure des hommes 
et des femmes. 

Dér. de la bass. lat. Capellum , même sign., qui vient 
lui-même de Caput, tête, qu'avait retenu notre vieux lang. 
Cap, resté dans beaucoup de composés. 

Capélado, s. f. Salut du chapeau ; coup de chapeau. — 
Li dévèn la capélado, nous lui devons le salut. Emb'uno 
capélado C'én véiras, tu t'en tireras avec un coup de cha- 
peau. 

Capélan, s.m. Prêtre; celui qui a reçu les ordres sacrés ; 
abbé, ecclésiastique. — On appelait autrefois Capellani les 
cleres qui gardaient la chape de saint Martin, à Tours, 
relique que nos anciens rois faisaient porter devant eux à 
la guerre. On appliqua ce nom au petit édifice où était 
renfermée cette relique, qu’on nomma Capèlo, chapelle. Ce 
dernier nom passa par extension à toutes les autres cha- 
pelles, et celui de chapelain et Capélan à ceux qui les 
desservaient. Le lat. Cappa, chape, désignation de la relique 
et du vêtement que portent les prêtres dans les cérémonies, 
n'est pas étranger non plus à l'appellation. 

— Mounta dâou cousta das capélans, monter à cheval 
du côté droit. 

Capélan, s. m. On appelle ainsi les vers à soie morts sur 
la bruyère avant d'avoir filé leur cocon, et qui restent sus- 





CAP 


pendus aux branches. Ce nom leur vient sans doute de ce 
qu'ils deviennent tout noirs. 

Capélan, s. m. Sorte de champignon très-commun dans 
le pays et qui nait dans les oseraies et les prairies humides. 
Il est fait en pain de sucre comme les morilles, maïs il est 
beaucoup plus grand. Il est laminé et noir en dessous quand 
il est un peu fait; le dessus est d’un blanc cendré. C'est ce 
mélange de noir et de blanc qui lui a valu sans doute son nom. 

Capélan, s.m. Capelan ou officier, Gadus minutus, Linn. 
Poisson de mer de la fam. des Jugulaires et de l'ordre des 
Holobranches. Sa chair est peu estimée. 

Capélan, s. m. Carthame ou safran bâtard, Carthamus 
tinctorius, Linn. Plante tinctoriale, de la fam. des Iridées. 
Sa semence est connue sous le nom de graine de perroquet. 

Capélané, s.-m., est le dim. très-bien reçu dans toutes les 
acceptions précédentes. 

Capéléto, s. f. Nombril de Vénus, Cotyledon umbilicus, 
Linn. Plante grasse, de la fam. des Crassulacées, qui pousse 
dans les vieux murs humides. Elle a la forme d’un cham- 
pignon, dont la concavité serait en dessus; au centre exté- 
rieur de sa circonférence se trouve un renfoncement qui 
ressemble à un nombril humain. Elle est connue aussi sous 
le nom de Coucarèlo. — Voy. c. m. 

Son nom est dù probablement à sa ressemblance assez 
éloignée avec un chapeau, Capèl. 

Capélino, s. f. Têtière; petite coiffe des enfants nouveau- 
nés; espèce de capote de femme, en étoffe, dont l’usage’est 
récent dans nos campagnes pour préserver contre le soleil. 

Dér. de Capèl. 

Capèlo, s. m. Dim. Capèléto. Chapelle; petite église, 
petit oratoire consacré à Dieu. — Aïço és pas la capèlo das 
hégandous, dit un joueur de cartes en voyant beaucoup de 
figures dans son jeu : on sait qu'il QE a point d'images 
dans les temples protestants. 

Le mot venu du lat. Capella, mème sign., se rattache à 
ce que nous avons dit de l'étym. de Capélan. 

Capélu, udo, adj. Huppé, ée; qui a une huppe sur law 
tête. Il se dit des poules ou de certains oiseaux, qui ont sur 
la tête une touffe de plumes, comme l’alouette huppée‘et la 
huppe ou pupul. 

Capéssulo, s. f. Capsule, amorce au nitrate d'argent, 
fulminate, pour les fusils à piston. — Ce mot d'invention 
nouvelle est une simple corruption du français. on 

Capéto, s. f. Dim. de Capo. Manteau de femme; man- 
telet de femme ou d'enfant. 

Capigna, v. Chercher querelle; quereller; taquiner, Cela 
répond principalement aux picoteries et petites querelles 
des enfants entr'eux, qui ne vont pas plus loin que de se 
prendre aux cheveux ou à la tête. 

Dér. du lat. Caput, d'où Cap, et Pigna, peigner. 

. Capignaïre, aïro, adj. Enfant taquin; qui cherche que- 
rellé, noise. S'applique aussi aux grandes personnes. 

Capignoùs, ouso, adÿ- Hargneux, querelleur d'habitude; 
pointilleux. 








CAP 


Capitani, s. m. Capitaine, chef d'une compagnie de soldats. 

Dér. de la bass. lat. Capitanus, et autant fr. que lang. 

Capitâäou, s. m. Capital, somme principale, principal 
d'une dette; peine capitale. — L'an jugea dou capitéou, on 
l’a condamné à mort. 


Capitèlo, s. f. Hutte, maisonnette de vigne, non habitée, . 


où l'on renferme les outils, et où l'on peut se mettre à l'abri 
d'un orage. 

Dér. du lat. Caput, chef; ou bien parce que ce petit 

édifice terminé en cône a la forme d'un chapeau, ou parce 
que la Capitèlo est en quelque sorte le chef-lieu de la vigne. 
Peut-être aussi faut-il chercher sa dériv. dans l'ital. Capi- 
tello, chapiteau, parce que la Capitèlo n’est souvent et n'était 
surtout autrefois qu'un appentis, un petit toit, une sorte de 
chapiteau sous lequel on mettait à l'abri la cuve vinaire. 
De nos jours, malgré la cour d'assises et le luxe des garde- 
vignes, il ne serait pas prudent de laisser la vendange ainsi 
à portée des passants et des vagabonds. 
- Capitolo, s. m. Capitole; hôtel-de-ville de Toulouse. Ce 
nom n'est point une imitation de celui du Capitole de Rome. 
I vient du lat. Capitulum, chapitre, assemblée. 1 fut donné 
au chapitre des consuls de Toulouse par une lettre de la 
reine Blanche qui portait en titre : Dilectis de Capitulo. 

Capitoul, s. m. Capitoul, nom que portaient les consuls 
de Toulouse, et qu'ils prirent au commencement du 
XIVme siècle. Cette dignité conférait de droit la noblesse 
à ses titulaires avant 1789. 

Capitula, v. Calculer, spéculer. Ce mot qui d'évidence 
est un emprunt au fr. s'éloigne complètement de lui par sa 
signification, — Aqud's biën capitula, c'est bien calculé, 
combiné. 

Capo, s. f. Cape, espèce de manteau de drap grossier, que 
portent les paysans et surtout les bergers pour se parer de la 
pluie. Les bergers, qui conduisent les troupeaux dans la mon- 
tagne en été, couchent sur la terre nue pliés dans leur cape. 

Dér. de la bass. lat. Cappa, chape. 

Capô, s. m. Chapeau de femme en paille ou en étoffe ; 
capote de femme. 

Dér. du lat. Caput. 

Capô, oto, adj. Honteux, confus, qui a un pied de nez; 
interdit, attrapé. 

Ce mot dérive du fr. Capot, terme de jeu de piquet. Celui 
qui est capot à ce jeu est honteux et désemparé : on a fait 
sur lui toutes les levées, il est pris, en lat. Captus, capere : 
ou bien, il a perdu du commencement, à capite, jusqu’à la 
fin du coup. Le point de départ est un peu éloigné; et nous 
ne sommes pas d’ailleurs chargé d'expliquer les étym, fran- 


çaises. 

- Capoü, s.m. Chapon; jeune coq coupé ou châtré; croûte 
de pain frottée d'ail, dont on assaisonne la salade dans ce 
pays et qu'on nomme aussi en fr. chapon. Il ÿ a là sans 


doute une ironie : la croûte à l'ail dans la salade est la 


poule au pot du pauvre. 
Dér. du lat. Capo, eunuque. 





CAP 173 


Capouchin, s. m. Capucin, religieux de l’ordre de Saint- 
François, portant ordinairement une longue robe brune et 
un capuchon. — Le mot est une corruption du fr. 

Grano dé capouchin, Cévadille, Veratrum sabadilla, 
plante de la fam. des Colchicacées, originaire du Sénégal. 
On prétend que sa graine fait mourir les poux. Ce préjugé 
remonte sans doute à la même source que ces mauvaises 
plaisanteries sur la barbe et la saleté des capucins, que l'on 
disait se servir de la semence de cévadille pour se débar- 
rasser de la vermine qui nichait sous leur menton. 

Capoula, v. Hacher menu, couper à morceaux ; découper 
avec des ciseaux. : 

Dér. de la bass. lat. Capulare, couper, trancher, déca- 
piter. 

Capoulado, s. f. Hachis; abattis; massacre. 

Capoulaïre, aïro, adj. Qui bache, qui coupe à mor- 
ceaux. 

Capoun, ouno, adj. Capon; lâche, poltron; traître, de 
mauvaise foi, vaurien; gueux. Terme injurieux. 

Selon Roquefort, ce mot viendrait du fr. Capot, qui fait 
son adversaire capot, qui lui prend tout; selon le P. Puget, 
il serait tiré de Capo, chapon, parce que, dit-il, les capons 
d'ordinaire sont gras comme des chapons. 

Capouna, v. Chaponner, châtrer un jeune coq; caponner, 
lâcher pied, montrer de la lächeté. 

Capounadoü, adj. m. seulement. En âge d'être cha- 
ponné; poulet assez fort pour subir cette opération. 

Capounaïiro, s. f. Femme qui chaponne les poulets. 

Capounariè, s. f. Polissonnerie; action méprisable ; 
lâcheté; trait de capon. 

Capounéja, v. frég. Vagabonder, polissonner; faire le 
galopin. 

Capound, oto, s. m. f. Petit vaurien; jeune effronté ; 
petite libertine. 

Capourâou, s. m. Caporal, chef de la plus petite subdi- 
vision d'une compagnie d'infanterie. 

Dér. de l'ital. Caporale, dim. de Capa, chef. 

Caprice, s. m. Caprice ; boutade d’un enfant qui pleure 
et crie pour une folle idée qu’on contrarie; entètement ; 
engouement amoureux. 

Dér. du lat. Capra, chèvre, dont le caractère est capri- 
cieux et volontaire. 

Capricioùs, ouso, adj. Capricieux ; qui a des caprices ; 
qui est sujet aux caprices. 

Capriciousé, éto, adj. Dim. du précédent. Petit capri- 
cieux. Se prend quelquefois comme expression de câlinerie, 
de gentillesse : mais suivant le ton la chanson. 

Capriço, s. f. Fantaisie, caprice; désir déraisonnable ; 
goût particulier et capricieux. 

* Capucho, s. f. Capuce, capuchon; chaperon d'une cape 
ou d’un manteau de berger. 
* Dér. du lat. Caput, tête. 

Capusa, v. Charpenter, menuiser; couper du bois en 

menus morceaux, soit avec la hache, soit avec un couteau 


174 CAR 


ou tout autre instrument tranchant; mais non point avec 
le rabot ou la varlope. Au fig. inquiéter, tourmenter à coups 
d'épingles; faire endèver. 

Dér. de la bass. lat. Capulare, couper, trancher. 

Capusadoü, s. m. Espèce de banc sur lequel on amenuise 
le bois. 

Capusaïre, s. m. Equarisseur, charpentier, bûcheron ; 
ouvrier qui menuise le bois sans autre outil que la hache, 
la plane, le ciseau et les tarières. C’est ainsi que l’on fabri- 
que les échelles, civières, rateliers et la plupart des outils 
aratoires. 

Capusaje, s. m. Action de menuiser le bois, de l’équar- 
rir, de dégauchir une pièce. 

Capusios, s. f. pl. Copeaux, petits morceaux, gros ou 
menus, que l'instrument du Capusaïre détache d’une pièce 
de bois. 

-Caqué, s. m. Caquet ; bavardage ; intempérance de langue. 

Onomatopée du caquetage des poules. 

Caquéta, v. Caqueter; bavarder; jacasser. 

Car, s. f. Péj. Carnasso; dim. Carnéto. Chair, viande. 
— Car dé cavio, chair d'un animal dont on a Ôté la tête, 
la peau, les viscères intérieurs et les pieds, et réduit à la 
seule viande qui a cours à la boucherie. Véndre car décavïo; 
quand on vend au poids un animal de boucherie, on ne le 
pèse que quand il est réduit à l'état ci-dessus; tout ce qu'on 
a enlevé ainsi passe sur le marché au profit de l'acheteur : 
on appelle cela Car dé cavïo, parce que l'animal dans cet 
état, à l’abattoir, est suspendu à l’étal particulier du bou- 
cher par une cheville, et pesé. Estre car dé cavio, au fig., 
être réduit au strict nécessaire, être sans le sou. Es pu près 
la car qué la camiso; ma peau est plus proche que ma 
chemise ; je tiens plus à ma peau qu’à son vêtement : pro- 
verbe d'égoïste, dira-t-on, mais qui peut si bien se justifier 
dans ses diverses applications! 

Dér. du lat. Caro, chair. 

Car, conjonce. Car. 

Dér. du gr. Yép, ou du lat. Quare, c'est pourquoi. 

Cara, s. m. Oreiller, coussin carré pour soutenir la tête 
quand on est couché. Il tire son nom de sa forme. 

Cara, ado, adj. Carré; qui à la figure, la forme carrée. 
Au fig. large d’épaules. — Cara coumo un chafre, mot à 
mot : carré comme la pierre à aiguiser des faucheurs. — 
Voy. Chafre. Cette comparaison répond à l'acception figurée ; 
elle signifie : bien râblu, vigoureux; mais quel est le rap- 
port avec la pierre qui donne le tranchant à une faulx? Je 
ne sais. Sauvages traduit par : panader comme un coq. Je 
ne l'explique pas mieux. La phrase est très-nsitée : il 
suffit. 

Cara, v. Donner le bras à quelqu'un ; lui prendre le bras. 
Sé cara, se carrer, faire le gros dos, se pavaner, se prélasser, 
faire l’homme d'importance; se mettre à l'aise, s'accom- 
moder. — Cara uno poulido fio, marcher en donnant le 
bras à une jolie fille. Aguélo pièpo mé carariè bé, -ce champ 
arrondirait bien mon domaine. 





CAR 


Carabacho, s. f. Cravache, fouet court d’une seule pièce, 
pour les chevaux de selle. 3 

Corr. du fr. 

Carabagnado, s. f., ou Caramagnado. Quantité prodi- 
gieuse; une batelée. 

Serait-ce une corrupt. du vieux fr. Carabinade, décharge 
générale de carabines? 

Carabata, v. Mettre la cravate à quelqu'un. Sé carabata, 
se cravater; mettre, arranger sa cravate à son cou, 

Carabato, s. f. Cravate; linge qu'on met et noue autour 
du cou. 

Corr. du fr. 

Carabignè, s. m. Carabinier à cheval; grenadier de 
l'infanterie légère. 

Emp. au fr. 

Carabinéja, vw. frég. Transporter quelque chose, on 
promener quelqu'un d’un lieu à un autre et à plusieurs 
reprises; porter d'ici et de là, çà et là. 

Dér. peut-être du genre de guerre que font les çarabiniers 
ou tirailleurs, qui vont de çà et de là, sans ordre de bataille; 
et mieux peut-être du lat. Currus, char, qui a fait charrier, 
et de Binus, double, double charriage. 

Carabino, s. f. Carabine, petite arquebuse qu'on portait 
à cheval. 

En ital. on dit Carabina, mot altéré de Canabina, canne 
double, soit parce que le canon de cette arme était double, 
soit parce que le canon de fer est accompagné d'une canne 
ou d’une monture en bois, 

Caral, s. »m. Machefer; scories qui se détachent du fer 
ou de la gueuse quand on les forge; balle coupée en quatre 
ou plomb carré, dont on se sert pour la chasse au loup et 
aux bêtes fauves, dont la peau très-dure est quelquéfois 
impénétrable aux balles rondes. 

Caral, s. m., se dit aussi pour l'ornière, la trace que 
laissent les voitures sur la terre. — La Fare l'a poétiquement 
appliqué à la voie ferrée, lou caral dé fère, pour les œails 
qui forment la voie. 

Caramèl, s. m. Longue trompette faite d'écorce d'arbre 
roulée en rubans, ou d’un tuyau d’oignon, dont les enfants 
s'amusent. Par extension, flageolet, chalumeau. 

Dér. du lat. Calamus, chalumeau. 

Carâou, s. m. Ruisseau des rues; ornière de charrette, 
de voiture; espace contenu entre les ornières. — 4oupa 
cardou, traverser quelqu'un dans ses projets. 

Caral et Cardou ne sont, dans cette acception, queule 
même mot : al correspond à dou. — Foy. Aou. 

Dér. du lat. Carrus, Char. 

Caravira, v. Défigurer, décomposer les traits; troubler, 
étourdir ; bouleverser l'esprit et les sens ; causer unepénible 
émotion. — Es tout carawira, il.est tout interdit. Agud d'a 
caravira, cette nouvelle l’a troublé, bouleversé. Caravira 
l'oustéou, mettre la maison sens dessus dessous. 

Dér. du gr. Képa, tête, figure, et de Wira, tourner : faire 
volte-face. 





CAR 


‘Caravirado, s. f. Subite et pénible émotion ; bouleverse- 
merit dans les traits et dans l'esprit. 

Carboü, s. m. Charbon de bois; houille; braise éteinte. 

Dér. du lat. Carbo, mème sign. 

Carbougnè, s. m. Charbonnier ; fabricant de charbon de 
bois; mineur de houille. — Sa carbougnè, sac à charbon. 
D'un sa carbougnè po pas sourti farino blanquo, prvb., 
d'un sac à charbon on ne sort pas de la farine blanche : on 
ne tire d’un sac que ce qui y est contenu. Les applications 
du dicton sont nombreuses. 

Carbougnèiro, s. f. Mine de charbon ; houillère; grande 
fosse creusée en terre où l’on fait brüler le bois pour le 
convertir en charbon. 

Le plus ancien titre qui mentionne les mines de houille 
de notre pays, et qui prouve que leur exploitation, si infé- 
fieure à ce qu’elle est aujourd'hui, comptait cependant 
pour une certaine valeur, remonte à l'année 4345. Dans la 
vente faite par Humbert, dauphin de Viennois, à Guillaume 
Roger, vicomte de Beaufort, de tous les droits qu'il possé- 
dait comme seigneur d'Alest et dépendances, l'estimation 
ést donnée de chaque propriété, et après l’article concer- 
nant la forêt d’Abylon, dans la baronie de Portes-Bertrand, 
. il est ajouté : Hem, carboneria lapidum, que est in dicta 
foresta, cujus emolumentum ex ipsa proveniens valere apre- 
ciätum est, pro redditu annuo, quatuor libras Turon. ren - 
duales. — Et l'article suivant pour les minerais de Palme- 
salade : Item, menerie ferri site in tenamento de Palma- 
Salada, cum explecha nemorum foreste de Portis et de Escha- 
leriis, apreciata valere, pro redditu annuo, sexies viginti 
libras Turon. renduales. Enfin, pour ne pas négliger le 
droit régalien sur les mines ni les renseignements sur leur 
périmètre de concession, cette autre clause : Ztem, census 
seu servilutes quas idem dominus Dalphinus habet et perci- 
Pit, dictusque dominus rex habere et percipere consuevit, pro 
éxplecha carboneriarum lapidum mandamenti castri de 
Porlis, ab hominibus de Portis, de Cambono-Rigaudo et quo- 
rumdam aliorum locorum, valentes seu ascendentes in et ad 
reddilum annuum quindecim solidos Turon. 

IL est curieux, au moins en étymologie et en industrie, 
de savoir quel chemin ont fait les mots et les choses depuis 
six cents ans environ. 

Carbounado, s. f. Étuvée de mouton ou de veau. C'est 
d'ordinaire une rouelle prise dans la cuisse de l'animal et 
qu’on pique de gros dés de lard. C'était jadis le plat mignon 
du dimanche chez la petite bourgeoisie, qui s’en régalait en 
famille ou avec ses amis et voisins. Aujourd’hui le luxe 
répandu dans toutes les classes l’a fait reléguer dans le 
service le plus journalier et le plus usuel. 

Dér. de Carboù, parce que c’est avec un feu doux de 
charbon de bois qu’on apprôtait ce mets autrefois. 

Carbouncle, s. m. Charbon, maladie inflammatoire des 
hommes et des animaux, et presque toujours mortelle si on 
n'y apporte un prompt remède. Le plus efficace est la cau- 
térisation. Autrefois les paysans superstitieux n’osaiént 





CAR 175 
appeler cette maladie par son nom, parce qu'ils croyaient 
que ce nom portait malheur et donnait la maladie elle-mème 
à celui qui le prononçait. On l'appelait la michanto, la 
mauvaise. C'est par suite d'un pareil ordre d'idées qu'on 
nomme les vers à soie muscardins, aquélo michanto méno, 
et la grêle, lou michan tén. 

Dér. du lat. Carbuneulus, petit ulcère enflammé, bubon 
de peste. 

Carbounèl, s. m. Blé niellé, charbonné, touché par un 
brouillard appelé la nielle, qui le rouille et le noircit. — 
Voy. Câoussina. 

Carbounio, s. f. Braise éteinte; poussier, débris de 
charbon; cendre de houille, mêlée de charbon non consumé. 

Dér. de Carboù. 

Carcan, s.m. Carcan, pilori; peine infamante; collier de 
fer fixé à un poteau et avec lequel on attachait par le cou 
les malfaiteurs qui y avaient été condamnés. 

Dér. du gr. Kaprtvos, cancre, écrevisse de mer, parce que 
les branches du collier, appelé carcan, ressemblent aux 
pinces de cet animal. 

Carchofle, s. m. Artichaut, cardonnette, cardon bon à 

ger. — Voy. Artichdou. 

Carchofle d'ase, chardon aux ânes, cardon sauvage, 
Cynara cardunculus sylvestris, Linn. 

Carcul, s. ”». Calcul, supputation. 

Corr. du fr. ' 

Carcula, v. Calculer, supputer, compter. 

Carculaïre, aïro, adj. Calculateur, celui qui aime à 
supputer, qui est près de ses intérêts, qui compte minutieu- 
sement ses intérèts. 

Carda, v. Carder; peigner la laine avec la carde. Au fig. 
s'emploie avec le mot faire, faire, et comme verbe n. : Aqud 
mé faï carda, pour dire : cela me fait trépigner de dépit, 
de colère, à peu près comme si on me peignait avec la 
carde. — Voy. Cardo. 

Cardaïre, aïro, s. m. f. Cardeur de laine, d’étoupe, de 
fleuret de soie, etc. 

Cardé, s. m. n. pr. de lieu. Cardet, canton de Lédi- 
gnan (Gard). 

La désinence en é, éto, en fr. et, ette, formée par le suf- 
fixe lat. etwm, indique la collectivité, plutôt qu’elle n'est 
un dim. Nous citerons de nombreux exemples (F. E, 
désin.) et ses variantes : Cardé, Cardet, lieu où se trou- 
vent beaucoup de chardons, lat. carduus, ou bien où 
s'exerce l’industrie des cardeurs. — Voy. Cardo. 

Cardèlo, s. f. Laiteron, Sonchus, Linn. Plante de la 
fam. des Chicoracées, laiteuse, bonne aux lapins; chicorée 
jaune. 

Cardéto, s. f. Séneçon, Senecio vulgaris, Linn., plante 
de la fam. des Composées Corymbiféres, commune, à fleurs 
à aigrettes blanches, qui a quelque ressemblance avec celles 
de La cardo, d'où lui vient son nom dim. 

Cardinal, s. m. Cardinal, ua des soixante-et-dix prélats 
du Sacré-Collége. — Rouje coumo un cardinal, rouge comme 


176 CAR 


un coq, parce que les cardinaux sont vêtus de rouge en 
habit de cérémonie. 

Cardo, s. f. Cardon, cardonnette. Cynara cardunculus, 
Linn., plante de la fam. des Cyranocéphales, cultivée dans 
les jardins, ressemblant à l'artichaut, dont les côtes sont 
tendres et estimées dans l’art culinaire. On assure que 
cette plante a été introduite en France, en 1536, par Rabe- 
lais, curé de Meudon. 

Dér. du lat. Carduus, chardon, dont {a cardo est une 
spécialité cultivée. 

Cardo, s. f. Carde à carder, espèce de peigne à l'usage 
des cardeurs, dont la forme varie suivant les matières à 
carder. — Sapa coumo uno cardo, se dit des semailles qui 
naissent drues et épaisses comme les pointes d’une carde. 

Dér. du lat. Carduus, chardon, dont une espèce, à tête 
hérissée de pointes, est employée pour carder. 

Cardounio, s. f. Chardonneret, Gros-bec chardonneret, 
Fringilla carduelis, Temm., oiseau de la fam. des Cunéi- 
rostres et de l'ordre des Passereaux. « Le chardonneret, 
dit Crespon dans son Ornithologie du Gard, est un de nos 
plus beaux oiseaux d'Europe; à l'éclat de la parure il joint 
d'excellentes qualités : il se plie facilement à l’esclavage, 
devient familier, reconnait la voix de ses maitres, et comme 
il veut de l'occupation dans son étroite demeure, on peut 
lui apprendre divers petits exercices très-amusants. Je ne 
parlerai pas de son chant que tout le monde connait et 
que chacun aime à entendre; j'ajouterai qu’il ne manque 
vraiment à cet oiseau que d'être plus rare pour en faire 
désirer vivement la possession. » — Le proverbe dit : Pés- 
caïre dé ligno, cassaïre dé cardounïo, noun achélèrou jamaï 
ni tèro, ni vigno, pêcheur à la ligne, chasseur au filet ne 
firent jamais fortune. 

Dér. du lat. Carduelis, m. sign., qui, à son tour, vient 
de carduus, chardon, dont cet oiseau recherche la graine; 
de ce rapport, qui ressemble à celui qui existe entre le 
loup et l'agneau, est venu le nom de la cardounïo. 

Cardousses, s. m. plur. Épine jaune, Scolyme d’Es- 
pagne, Scholymus, Linn., plante de la fam. des Composées 
Cynarocéphales, qui pousse aux bords des champs. 

Caré, s. m. Charroi; voiture; frais de voiture. — Quan 
mé coustara lou caré? combien me coûtera la voiture ? quel 
sera le prix du charroi? 

Dér. du lat. Currus, char. 

Caréïado, s. f. ou Säoupignano, s. f. Jusquiame ou Hane- 
bane, Hyoscyamus niger, Linn., plante de la fam. des 
Solanées. La jusquiame, comme la cigüe, selon comme on 
l'administre, peut être un excellent remède on un violent 
poison. Elle est un narcotique puissant. 

Caréiè, s. m. Sorte de cadre en avant d’un tour à filer 
la soie, où sont encadrées plusieurs bobines tournantes des- 
tinées à tordre le fil de soie avant qu'il se dévide sur la roue. 

Caréïirôou, s. m. Dim. Caréiroulé. Viol; petit sentier 
pour les piétons et tracé seulement par l'usage. 

Dim. de Curiètro. 





CAR 


Caréja, v. Charrier, voiturer, transporter. — Las four- 
nigos couménçou dé caréja, les fourmis commencent à 
emmagasiner. L'aïgo caréjo, la rivière est bourbeuse, elle 
charrie du limon. 

Dér. de Caré. 

Caréjadis, disso, adj. Qui a été souvent transporté; 
qu'on a souvent changé de place, comme le vin de Bor- 
deaux, retour des Indes, qui gagne au transport. — Oki 
caréjadis, huile étrangère, par opposition à l'huile du pays. 
Soui pas caréjadis, dit un podagre, je ne suis guère 
allant. 

Caréjaïre, aïro, adj. Qui charrie, qui dépose; qui 
entasse. ; 

Caréjaje, s. m. Action de charrier, de transporter, de 
voiturer, de changer une chose de place. 

Caréjè, s. m. Sédiment, dépôt d’une liqueur; bourbe 
déposée après avoir soutiré; par ext., le tonneau même. 

Carél, s. m. Carrelet, sorte de filet à poisson; il est 
carré et soutenu aux quatre coins par deux bâtons en 
croix, dont le milieu est fixé à une longue perche. 

L'acception donnée à ce mot par l'abbé de Sauvages de : 
petite lèchefrite dans laquelle on fait cuire de la saucisse, 
s’est perdue depuis que les cuisinières parlent français. Il 
en est de même de celle par laquelle il affirme aussi qu'on 
désignait ces carrés de gros papier servant à placer les 
vers à soie sortant d’éclore. Depuis l'invention des méthodes 
perfectionnées, ce technique a disparu; on ne fait pas 
mieux que du temps de notre savant sériciculteur cévenol, 
au contraire; mais le progrès parle français, et en atten- 
dant, notre industrie des vers à soie en souffrance et en. 
danger de mort, désespère ceux qui cherchent les remèdes 
et ceux qui ont encore confiance. 

Carémo, s. f. Carème; espace de quarante jours de 
pénitence, dans l’église catholiqne, pour se préparer à la 
fète de Pâques. — Faïre carémo, observer le jeûne; faire 
maigre Chère. Sèn à la fi dé la carémo, nous sommes à la 
fin du carème. Y-aï précha sèt ans pér uno Carémo, j'y ai 
été sept ans prècher le carème 

Dér. du lat. Quadragesimus, quarantaine. 

Carèou, s. m. Carreau, gros fer à repasser des tailleurs. 

Fran-Carèou, jeu d'enfant, qui consiste à lancer en l'air 
une pièce de monnaie qui retombe sur le carreau; celui 
dont la pièce est le plus au centre du carreau, et la plus 
éloignée des joints, a gagné. 

Caréssa, v. Caresser, faire des caresses; traiter avec 
des démonstrations de tendresse, d’attachement, d'amour; 
faire l'amour. 

Dér. du gr. Kafféw, m. sign. 

Caréssan, anto, adj. Caressant, qui aime à caresser; 
mielleux, doucereux. 

Carésso, s. f. Caresse, baiser; geste qui approche de 
la trop grande familiarité, à demi indécent. 

Dér. du lat. Carus, cher. 

Caréstiè, s. f. Cherté, disette, misère. — Jamaï lou 


dite lle dé 


CAR 


michan tén noun éngéndro caréstiè, la grèle n'engendre pas 
la disette ni la cherté, parce que,stout en ruinant la con- 
trée qu'elle frappe, ce ne sont que quelques individus qui 
en souffrent, sans faire augmenter en général le prix des 
denrées. 

Dér. du lat. Carere, manquer, souffrir de disette. 

Caréstioùs, ouso, adj. Pauvre, misérable; chétif ; qui 
manque du nécessaire ; maigre, rabougri. 

Carétado, s. f. Charge d'une charrette: charretée ; la 


quantité qu'une charrette porte ou peut contenir. 


Dér. du lat. Carrus, char. 

Carétéja, v. frég. Voiturer d'habitude; exercer la pro- 
fession de roulier, sans suivre une route habituelle. 

Carétéjaire, s. m. Roulier ; qui voiture toute sorte de 
marchandises et de denrées, sans service régulier. 

Carétiè, s. m. Charretier ; celui qui conduit une char- 
rette ; roulier. 

Caréto, s. f. Dim. Carétouno. Charrette, voiture à deux 
roues destinée à porter de lourds et gros fardeaux. — La 
caréto méno lous bidous, la charrette conduit les bœufs, 
loc. prvb., qui s'emploie lorsqu'un chef de famille se laisse 
gouverner par toute sa maison. 

Dér. du lat. Carrus, char. 

Carétoun, s. m. Petite charrette; camion; charriot ; 
haquet. 

Carga, v. Charger, mettre une charge, un fardeau sur. ; 
prendre, se vêtir; attaquer l'ennemi, donner la charge ; 
déposer contre, rendre un témoignage accablant; mettre 
de la poudre et du plomb dans une arme à feu. — Zou/ 
cargo la miolo, allons ! charge la mule. Cargo mé un pdou, 
porte-moi un peu. Carga lou déou, prendre le deuil. Carga 
l'éstiou, prendre des habits d'été. Lou tén sé cargo, le temps 


se couvre. Carga sus lou davan, prendre du ventre; être 


enceinte. Carga la mounino, s'enivrer, se griser. Té véou 
carga, je vais fondre sur toi. Lou cargo à fâou, il dépose 


. faussement contre lui. Carga soun fusil, charger son fusil. 


Carga tro, tro carga, surcharger. 
Dér. de la bass. lat. Caricare, charger un char. 


_ Cargadou, s. m. Chargeoir ; toute espèce d’engin pour 


aider quelqu'un à charger un fardeau; spécialement, gros 
billot de bois qu'on pose debout et sur lequel les manœuvres 
des maçons posent et garnissent leur planche à mortier, 
pour la charger sur leur tête sans aide et sans avoir besoin 
de la soulever de terre. 

Cargadouïros, s. f. plur. Corde à charger un mulet 
lorsqu'il porte à bât. Elle est faite exprès et très-peu tordue 
pour pouvoir supporter une plus grande torsion quand on 
la garrotte, qu'on la serre avec le garrot, bio. 

Cargaïre, aïro, adj. Chargeur; celui qui charge-ou qui 
aide à charger. 

Cargamén, s. m. Chargement; charge d'une voiture ou 
d'un mulet; quantité qu'on transporte en un voyage soit 
en voiture, soit à dos de mulet; chargement, reconnais- 
sance d’un dépôt. : 





CAR 177 


Cargassèlo, s. f. Manière de porter quelqu'un sur les 
épaules, en le mettant à califourchon sur son cou. — Faïre 
cargassèlo, faire la courte échelle à quelqu'un, le hisser 
sur ses épaules pour l'aider à atteindre à un point plus 
élevé ; lui servir d'échelle. 

Dér. de Cargo et de Sèlo, parce que celui qui grimpe 
ainsi est placé comme sur une selle. 

Cargastièiros, s. f. plur. Cadre de bois fixé à un bât et 
garni de cordes, sur lequel on transporte à dos de mulet 
les gerbes à l'aire. Ce procédé est peu usité de nos jours, à 
cause du progrès de la grande et petite voirie qui permet 
aux voitures d'aller dans presque tous les champs. On ne 
le rencontre guère que dans les pays de montagnes. 

Cargo, s. f. Dim. Carguéto. Charge, fardeau, faix ; obli- 
gation onéreuse, permanente; impôt; ce qu'on met pour 
charger une arme à feu. — Pourta à cargo, porter à dos 
de mulet. 

Cargos, s. [. plur., en lerme de vigneron, une viette, 
un sarment qu’on taille plus long que les autres et qu'on 
fixe en arc au tronc de la souche, pour obtenir une plus 
grande quantité de raisins; mais l'excédant que produit 
cette branche à fruit forcée, n’amène le plus souvent d'autre 
résultat que de fatiguer le cep et une prompte mortalité, si 
l'expérience se renouvelle longtemps. On emploie cepen- 
dant le procédé pour une vigne vieille qu'on a le projet 
d’arracher au bout de quelques années. Il est toutefois des 
espèces de cépages qui ne se trouvent pas mal de ce trai- 
tement et qui même, sans lui, ne produiraient que médio- 
crement; le raisin dit de la Madeleine est de ce nombre. 

Cargo-péio, s. m. Bruine, petite pluie. — Tombo dé 
cargo-péio, il bruine, il fait une pluie fine et menue, qui 
pénètre et alourdit les vêtements. 

Le mot est composé de Carga, charger, et de Péro, 
habits; en général, mauvais habillons portés par les pauvres 
ou gens sans asile, qui sont plus exposés à la pluie. — 
Voy. Péio. : 

Cargué, s. m. Étui à mettre les épingles et les aiguilles 
à coudre. 

Cariaje, s. m. Charriage ; action de charrier ; salaire du 
voiturier. Au fig. train de maison; train de grand seigneur. 

Dér. du lat. Carrus, char. 

Carièiro, s. f. Péjor. Carièirasso. Dim. Cariëiréto. Rue; 
grande, longue ou vilaine rue; petite rue, ruelle. — Es à 
la cariiro, il est réduit à la mendicité. Dès éscus sé trobou 
pas à la cariètro, dix écus ne se trouvent pas sous le sabot 
d'un cheval. ANèci à coure cariéiro, fou à courir les rues. 
Escampa-mé aqud à la carièïro, jetez-moi cela à la porte, 
à la rue. 

Dér. du lat. Carrus, char; dans la bass. lat. carreria ; 
en esp. carera; en port. carreira; en ital. carriera. 

Cariolo, s. f. Cariole; en agricult. petite charrette; 
espèce de petite voiture assez légère, montée sur essieu, à 
deux roues, couverte de toile et garnie de bancs; fourgon ; 
patache. 

23 


178 ‘CRT - 

Carioun, s. m. Carillon; tapage; brouhalia ; battement 
des cloches à coups précipités et dans une sorte de me- 
sure. 

Caritadoüs, ouso, adj. Charitable, aumônier ; qui aime 
à faire la charité, à distribuer dés aumôûnes. 

Dér. du lat. Caritas, charité. 

Carmantran, s. ”. Carème-prenant; jours-gras, der- 
nière semaine du carnaval. 

Corr. du fr. Carème-entrant. 

On appelle Carmantran le mannequin qui représente le 
carnaval dans les mascarades du mardi-gras, sous la figure 
de Silène. Par ext. on donne ce nom à une femme débraillée, 
sale et un peu déhontée. 

Carmantréto, s. f. Dim. de Carmantran. Quelques 
personnes donnent ce nom à la semaine de la Sexagésime, 
l’avant-dernière du carnaval; les autres au dimanche des 
Brandons, la Quadragésime, le premier dimanche du 
Carème. 

Carnabiôou, s. m., ou Cornobiôou, s. m. Vesce sau- 
vage des prés et des blés, à fleur jaune, Vicia lutea, Linn., 
plante de la fam. des Légumineuses. 

Dér. de Car et de Bidou, viande à bœuf, parce que ces 
plantes les engraissent. 

Carnaduro, s. f. Carnation ; teint du visage; ton de la 
chair. 

Dér. de Car, chair. 

Carnaje, s. m. Carnage ; abattis d'hommes ou d’ani- 
maux ; ensemble des chairs d’un animal de boucherie. 

Dér. de Car, chair. 

Carnassiè, sièiro, adj. Carnassier ; carivore ; en par- 
lant des hommes, qui aime la viande, qui s’en nourrit de 
préférence. 

Carnassièiro, s. f. Carnassière ; garde à manger ; caisse 
garnie de canevas que l’on suspend dans un lieu frais pour 
conserver la viande et la préserver des mouches ; gibe- 
cière, sac de chasse. 

Dér. de Car, chair. 

Carnavaïas, s. m. Péjor. de Carnaval. Femme laide, 
sale, débraillée, mauvaise langue, déhontée; mal embouchée. 

Carnaval, s. m. Carnaval ; temps consacré aux amuse- 
ments, divertissements, danses et bals. Le peuple fait partir 
le carnaval de la fête des Rois, mais seulement jusqu'au 
mardi-gras. Le carnaval n’est mème à proprement parler que 
le mardi-gras, lorsqu'on se sert du mot pour désigner une 
date : Lou jour dé carnaval signifie le mardi-gras. Car- 
naval est aussi une épithète injuriéuse comme Carman- 
tran el Carnavaïas. — V. ç. m. 

Dér. de Car, chair, et Aval, en bas, c’est-à-dire que 
c’est l'époque où le règne de la viande va finir. Cette éty- 
mologie semblerait prouver qu'en effet le carnaval dans 
son origine ne comprenail que les derniers jours ; car si on 
l'eùt fait remonter à l'Épiphanie, il était absurde de dire 
que la viande est à bas, puisqu’au contraire c’est le temps 
de l’année où l'on en fait la plus grande consommation. 





CAR 


D'autres étymologistes tirent ce mot de la phrase latine : 
Caro, vale! Adieu la viande; ce qui pour le sens revient 
absolument à l'idée ci-dessus. 

Rien n’établit quel est l'idiome, du fr. où du lang., qui 
eut l'initiative de la formation de ce mot. La première éty- 
mologie semblerait l’accorder au lang., la deuxième au fr. 
Cela cependant ne préjuge rien ; car la section carn, prise 
du lat., convient aussi bien à l’un qu'à l’autre: le mot 
aval est aujourd'hui plus lang. que fr., mais il était fr. 
jadis ; il est encore comme technique un terme de ponts- 
et-chaussées. Quant à vale provenant du lat., il a appar- 
tenu au premier occupant, quelle que soit celle des dèux 
langues qui a puisé à cette source, et aucune ne s'en est 
fait faute. 

Carnifès, s. m. au pl. Carnifèsses. Chagrin cuisant; ver 
rongeur; malaise, inquiétude; remords; souci. — Aÿ un 
carnifès qué mé charquo, j'ai quelque chose qui me ronge, 
qui me tourmente. 

Dér. du lat. Carnifex, bourreau. 

Carnio, s. f. Viande ; viandaille ; expression de mépris 
ou de satiété, à propos d’un repas qui est trop fourni en 
viandes. 

Carnivas, s. m. Carnosité ; excroissance charnuë. Se 
dit surtout des mamelles de femme et des animaux, dont 
les glandes laiteuses sont peu spongieuses et alvéoliques et 
ne rendent que peu de lait. 

Péjor. de Car. 

Carnu, udo, adj. Charnu ; fourni en chair ou en pulpe, 
comme un fruit. Au fig. épais, volumineux. 

Caro, s. f. Carre ; carrure de la taille, des épaules ; mine, 
air du visage. — Aqud’'s uno bèlo caro, voïlà une bëlle 
carrure, une bonne mine! Uno bono caro, une heureuse 
physionomie, un bon air, prévenant et affable. Bon pañ, 
bon vi el bono caro d’oste, bon pain, bon vin et bonne 
figure d'hôte. 

De ces deux acceptions diverses, la première dér. de 
Cara, carré, et la seconde du lat. cara, masque. 

Carogno, s. et adj. f. Dim. Carougnéto; péjor. Carou- 
gnasso. Charogne; carogne, dans Molière. Pris adjectiv. 
comme injure à une personne : femme de mauvaise vie, 
de mauvaise foi; hypocrite. 

Péjor. de Car. 

Carosso, s. m. Dim. Caroussélo, s. m. Carrosse. Se dit 
génériquement de toute voiture de luxe, à quatre roues et 
suspendue. Le lang. éminemment populaire a dédaigné 
toutes les appellations spéciales que la mode aristocratique 
attribue à chaque espèce de voiture. 

Dér. du lat. Carrus, Char. 

Carougnado, s. f. Charogne ; de la chair de bête morte 
à la voirie. Par ext. toute sorte de viande de mauvaise 
qualité, ou trop coriace ; même une bête vivante quand 
elle est extrèmement maigre. g 

Dér. et péjor. de Car. 

Carouje, s. m. — Voy. Cabassudo. 


CAS 


Caroussado, s. f. Carrossée; les personnes contenues 
dans un carrosse. 

Caroussiè, s. m. Carrossier ; qui fait et vend des car- 
rosses et voitures. 

Carpan, s.m. Bonnet ou toquet d'enfant; coiffure de 
luxe, à côtes de melon, dont les arêtes étaient souvent bor- 
dées d'un cordonnet d’or ou d'argent, ou de clinquant. Ce 
bonnet était d'ordinaire en velours. La mode en est passée 
chez les gens riches; le peuple la conserve encore pour les 
plus jeunes enfants. 

Diverses étymologies se présentent, toutes également 
savantes. D'abord on le ferait dér. du lat. Carpere, parce 
que le carpan prend, embrasse toute la tête; puis de l’hé- 
breu Carpas, fin lin, dont on faisait ce toquet; enfin du 
gr. Kapxe, bonnet grec des ilotes de l’Archipel. 

Carpan est pris aussi dans le sens de soufllet, tape sur 
la joue ; coups. 

Dans cette dernière acception, l'étym. pourrait être prise 
du gr. Kapxéc, carpe, poignet, d’où le lat. Carpus et carpere. 

Carpéloüs, ouso, adj. Chassieux ; qui a les yeux pleins 
de chassie. — Voy. Ciroùs. 

Cartable, s. m. Portefeuille propre à contenir des 
papiers, fort en usage aujourd’hui parmi les jeunes écoliers. 
© Dér. du lat. Cartobolus. 

Cartazèno, s. f. Liqueur alcoolique composée avec de 
l'esprit et du moût qui tient lieu de sucre. C’est une liqueur 
grossière dont le peuple use seul dans les cafés borgnes et 
sur l’établi des marchandes d’anisette. 

Corr. de Carthagène, ville d'Espagne, d'où sans doute 
cette liqueur a été primitivement importée. 

Carto, s. f. Carte à jouer ; carte de géographie; géogra- 
phie. — Tira ou faïre las cartos à qudouquus, faire les 
cartes, tirer l’horoscope de quelqu'un par le jeu des tarots. 
Aï pas qué.de cartos. blanquos, ou dé cartos noblos, je n'ai 
dans mon jeu que des cartes blanches, c’est-à-dire point de 
figures, ou des cartes nobles, c’est-à-dire des figures seule- 
ment. .Counouï la carto, il est expert en géographie. Au 
fig. pèrdre la carto, perdre la tête ; être troublé; se brouiller; 
s'égarer. 

Dér. du lat. Charta, papier. 

-Cartatoucho, s. f. Cartouche, petit cylindre creux, de 
papier roulé, renfermant la charge ordinaire d’un fusil. 

Ce mot est une corruption du fr. ou plutôt un raffine- 
ment pour s'éloigner de lui. On l'étend jusqu'au nom 
propre du célèbre voleur, Cartouche, qui est très-popu- 
laire, et qui sert souvent de terme de comparaison. 

- Cartoü, s. m. Carton; carte. — Aïmo bièn lou cartoù, 
dit-on d’une personne qui est passionnée pour les jeux de 
cartes. 

1 Dér. du lat. Charta. 

.Caruro, s. f. Carrure; taille carrée ; PERTE 
embonpoint. 

Dér. de Caro. 

«Gas, s. m. Cas; événement, aventure ; conjoncture ; fait; 





cas 


action; estime. — Pér cas d'asar, par hasard, par aven- 
ture. Es pa'qui lou cas, au fait; ce n'est pas l'embarras. 
En cas qué vèngue, si par événement il venait; au cas 
qu'il vienne. N'én faï fosso dé cas, il l'a en grande 
estime. En cas dé cas, en cas que, dans le cas où ; idiotisme 
avec une forme adverbiale. 

Dér. du lat. Casus; par apocope cas. 

Casâou, s. m. Dim. Casalé. Péjor. Casalas. Masure ; 
petite maison à moitié ruinée ; ruines d’une habitation quel- 
conque ; cahute. 

I est lui-même péjor. du lat. Casa, chaumière. 

Les noms propres Casal, Casalis, Chazel, Chazelle, sont 
dérivés de Casdou, casal, en suivant les différentes pronon- 
ciations des divers dialectes. L'abbaye de la Chaise-Dieu, 
dans le Velay, qui, dans le langage du pays se dit Za Chaso- 
Diou, vient de la même origine et répond au lat. Casa Dei, 
La rue des Cazaux, lous Casdous, du vieil Alais, nom 
encore conservé, était autrefois Casalia in suburbio, les 
chétives et pauvres maisons du faubourg, à l'extrémité 
sansdoute de la ville, quand elle prit naissance sous la Roque. 

La série de noms propres formés par cette nouvelle con- 
sonnance, se modifiant encore suivant les fantaisies ortho- 
graphiques, est nombreuse, et laisse apparaître sa constitu- 
tion primitive : Chazaux, Casaux, Cazot, Chazot, Chasa- 
lette, ont une commune dérivation avec les précédents. 

Casaquin, s. m. Casaquin, espèce de vêtement, de 
spencer de femme, d’une éloffe et d’une couleur différentes 
de la jupe, que les dames portaient au XVIIIe siècle, et que 
les paysannes ont conservé longtemps au XIX°*. Cette mode 
a disparu même chez ces dernières qui portent la robe d’une 
seule pièce. Mais on ne peut encore jurer qu’il n’y aura pas 
de retour aux anciennes formes. 

Dim. de Casaquo. 

Casaquo, s. f. Casaque; espèce de large veste dont on 
couvre les autres habits pour les préserver et se préserver 
soi-même de la pluie et du froid : terme générique de toute 
espèce de surtout. — Vira casaquo, tourner casaque, chan- 
ger de parti politique, ordinairement pour prendre celui 
du plus fort. 

Au rapport de Ménage, ce mot ne serait qu’une corr. 
de Cosaque, peuple de qui nous viendrait cet habillement. 

Cascaïa, v. Glousser comme les poules; gazouiller; 
jacasser; jaboter; clapoter comme l'eau d'un ruisseau ; 
sonner creux comme les noix sèches. 

Ce mot est une onomatopée du cri de la caille et forme 
comme lui une mesure semblable au dactyle latin composé 
d’une longue et de deux brèves. 

Cascaïaïre, aïro, adj. Qui glousse; qui gazouille ; jacas- 
seur. 

Cascaïaje, s. m. Gazouillement; babil; jacasserie. 

Cascaïéja, v. frég. de Cascaïa. 

cavèl, s,. m. Hochet d'enfant garni de grelots et d'un 
SLA d'ivoire ou de cristal que les enfants à la mamelle 
sucent et mâchent quand leurs gencives se gonflent et que 


179 


180 CAS 


leurs dents commencent à pousser; quand ils sont un peu 
plus grands, ils continuent à se plaire à ce carillon du 
cascavël ; mais alors le bout est garni d’un sifflet. Quelque- 
fois ce hochet est composé d’une espèce de petit tambour, 
garni de parchemin, emmanché d’un petit bâton et rempli 
de pois secs qui font un roulement monotone en l'agi- 
tant. 

Sa dérivation paraît être de Cascaïa, dans le sens du 
bruit des noix sèches qu’on remue et dont l’harmonie res- 
semble assez à celle du cascavèl; mais Ménage prétend qu'il 
a été pris du lat. Scabellum, scabillum, espèce d'instru- 
ment qui avait de grands rapports avec les castagnettes. 
D’autres le tirent du gr. Kapzxlpw, résonner. La bass. lat. 
disait Cascaviellum. En esp. Cascal. 

Casèrnos, s. f. plur. Caserne; bâtiment pour loger les 
troupes en garnison. 

Ce mot ne se prend qu’au plur. en lang. 

Dér. du lat. Casa, logis. 

Casqué, s. m. Casquette d’enfant ; bonnet à visière. 

Dim. de Casquou. 

Casquéto, s. f. Casquette, coiffure pour tous les âges, 
avec ou sans visière. 

Dim. dér. de Casquou. 

Casquou, s. m». Casque, armure défensive qui couvre la 
tète. — De La Fare a dit, dans la Bdoumo dé las Fados, 
d’un croisé tué en combattant en Palestine : 


Laïssè soun casquou et lou dédin 
Entre las mans d’un Sarazin. 


Dér. du lat. Cassis, mème sign. 

Cassa, v. Chasser; aller à la chasse, poursuivre le 
gibier ; prendre, attraper, gagner un mal ; au jeu, détourner, 
interrompre un Coup. — Bon chi casso dé ragço, bon chien 
chasse de race. Cassa un réoumas, gagner un rhume. Faï 
pas qué mé cassa, il ne fait qu'arrèter, que détourner mon 
coup, m'empècher de jouer. 

Le radical de Cassa est fort controversé. On le prend 
dans le lat. Casses, rèts, filets de chasse, dont se servaient 
les anciens. On le fait venir de Casnar, mot gaulois pour 
désigner celui qui pourchasse, qui poursuit quelque chose. 
On cite aussi un mot celtique, lequel aurait fourni Caciare, 
chasser, aux capitulaires des rois carlovingiens. Ménage 
pense qu'il vient du lat. Captare, et Ch. Nodier, du vieux 
fr. Sacher, formé du lat. Sagittare, lancer une sagète, une 
flèche. Les probabilités me paraissent en faveur de Casses. 

Cassagno, n. p. de lieu et de personne. Augm. Cassa- 
gnas. Dim. Cassagnéto, Cassagnolo. Cassagne, Cassagnas, 
Cassagnette, Cassagnoles. 

Ce mot est un de ceux que leur radical et leur finale 
recommandent spécialement à un Dictionnaire étymolo- 
gique raisonné. Il est des plus propres à mettre sur la trace 
de la formation et de l'emploi des suffixes dans notre dia- 
lecte, et par là ce que nous avons à en dire se rattache aux 
observations générales présentées à l’art. Agno, désinence. 





CAS 


(V. ©. m.) Ainsi chaque portion de notre travail essaie de 
se relier à une pensée d'ensemble, sans la moindre pré- 
tention à faire un traité didactique et complet, et surtout 
sans autre engagement que la variété, sans autre méthode 
que de ne pas abandonner le fil conducteur tout en le repre- 
nant à nos heures. 

Nous le rappellerons donc : les désinences, ces syllabes 
jointes au radical pour lui donner plus d'extension signi- 
ficative, forment une des parties les plus originales de la 
physionomie de notre langue. Elles lui viennent du latin, 
qui n'avait fait cependant qu'accommoder à son génie des 
finales antérieures. Leur emploi ne pouvait pas varier et 
les modifications dans leur structure, amenées par des 
causes diverses, dénonçant une articulation plus ancienne, 
n’ont pas empêché de reconnaître leur parenté à l'air de 
famille, de s'assurer de la régularité de leur succession 
généalogique et d'établir leur égalité de valeur à la manière 
dont elles affectent les radicaux. Ici se présente un nouvel 
exemple de cette équipollence dans la diversité des formes, 
sur laquelle nous avons tant insisté. Nous aurons de plus 
à remarquer les tendances que nous signalions à l’adoucis- 
sement des inflexions, qui s'introduisit dans la langue 
romane à mesure qu’elle se dégageait de la gravité romaine 
quelquefois un peu rude. Notre mot, soumis à la question, 
ne résistera pas à rendre bon témoignage de ces phéno- 
mènes. 

Cassagno est formé du radical celtique Cass et du suffixe 
collectif agno : il signifie Chénaie. Le chène, cet arbre 
typique du culte des Druides, si commun dans les forêts 
dont notre sol était couvert, a dù laisser son nom à une 
infinité de lieux et de personnes, et il est naturel que ces 
dénominations se retrouvent sous des formes nombreuses, 
en tenant compte des modifications que la langue et ses 
dialectes ont subies à toutes les époques. Cass, racine, 


. voulait dire chène. Le roman l’avait conservé : le lexique 


de Raynouard le confirme par cette citation : Casser (r 
muet) es arbre glandier. Dans la Guienne, on dit encore : 
Casso; mais notre dialecte n’a pas retenu le primitif ancien ; 
seuls, ses dérivés augm. ou dim. ont persisté,. dans la 
composition de noms propres. 

Sur ce radical bien déterminé, les formules adjectives ne 
pouvaient manquer de se répandre. Or nous savons que le 
signe celtique de la collectivité, le plus en usage, était 
AC—EC ; il est donc probable que pour désigner une ré- 
union de chênes, un lieu abondant en chênes où quelque 
provenance du chène, une propriété remarquable par ses 
chènes, ou mème le possesseur de ce domaine, la première 
forme d'appellation dut être cass-ac où cass-ec. Le latin 
trouva d’abord commode d'ajouter sa propre désinence la 
plus simple en us, a, um, qui ne changeaïit pas la signifi- 
cation; mais il avait aussi ses finales particulières, et plus 
la Gaule se latinisait, plus aussi l'introduction des formes 
romaines se multiplia; par où survinrent les terminaisons 
en anus, enus, aneus, anius, alus, elus, a, um, qui s’al- 





CAS 


longèrent ensuite en anicus, enicus, et en anicæ, enicæ, 
onicæ, etc. de la mème catégorie, ainsi que nous l'avons 
indiqué. 

Il s'agit de retrouver ces métamorphoses successives 
dans les dénominations adoptées à l'époque où le latin était 
parlé dans les Gaules, et de suivre leur dégénérescence 
dans la basse-latinité jusqu'à la formation de la langue 
romane rustique et de notre languedocien. Rien ne prou- 
vera mieux que toutes ces terminaisons s'appliquent à un 
mème radical, sont égales entr'elles et qu'elles ont voulu 
les unes et les autres lui imprimer une signification équi- 
valente. Si elles se reproduisent exactement dans les vieux 
cartulaires, titres ou instruments, dans les anciennes 
nomenclatures géographiques, à côté des appellations en 
roman ét dans la langue vulgaire, données comme une tra- 
duction et leur représentation fidèle, et si on les voit ainsi 
se perpétuer dans notre idiome moderne par une généalogie 
non interrompue, attachées toujours à la tige radicale, il 
en résultera de plus fort cette certitude que le sens adjectif, 
collectif, possessif ou patronymique ne s’est pas altéré à la 
suite de transformations purement euphoniques de suffixes 
dont l’équivalence substantielle est certaine. 

IL faut remarquer cependant que les différences d’in- 


flexion, auxquelles les finales ont été soumises, devaient 


avec une certaine intensité beaucoup moindre, atteindre 
les radicaux eux-mêmes. Aussi n'y ont-ils pas non plus 
échappé dans l'élaboration nouvelle. Le C qui commence 
le mot Cass, se prononçait toujours durement en latin, 
même devant les voyelles e eti; la première innovation fut 
de lui donner le son chuintant du CH, quand il précédait 
une voyelle quelconque. Nous en avons cité de nombreux 
exemples, parmi lesquels notre mot aurait pu entrer. En 
s'adoucissant, le C fait souvent aussi infléchir l'a qui le 
suit et le change en e, surtout en fr. : furca, fourche ; 
arca, arche; musca, mouche; peccare, pécher ; vacca, 
vache, etc. De Cass il a fait sans difficulté Ches, qui d’abord 
avait élé Cais, aujourd’hui Ché pour Ches. Une fois sur cette 
pente les permutations se multiplient : le son S s'applique 
au C dur latin ; dans quelques dialectes, le C—S devient 
égal au P, et par réciprocité, surtout en fr., le T se trans- 
forme en S. De son côté le CH est attiré dans le même 
orbite, et, variant du C=S à T=S, il prend ce dernier 
son de la dentale ou se complique de doubles lettres, comme 
SCH, SH, TSH, DS. Mais ce changement du T est plus 
rare dans notre dialecte. Il devait cependant se rencontrer 
dans le celtique, et si, dans des mots que nous allons citer, 
cette assimilation se produit, c'est plutôt à la base radi- 
cale du mot qu'à la permutation qu'elle doit être attribuée : 
ex. Tannetum et ses dérivés comparés avec Casnetum et 


‘autres. 


Tous ces principes, ces changements dans la prononcia- 
tion du radical, ces altérations dans les désinences, l’occa- 
sion se présente de les prendre de nouveau sur le fait. 11 
faut voir comme ils se vérifient et s'appliquent. 





CAS 181 


Du Cange semble avoir tracé en quelques lignes cette 
histoire des transformations, quand, au mot Casnus, em- 
ployé au moyen-âge, il donne ces variantes ethniques : 
« Casni sunt quercus ; nostris Chesnes, Picardis Quesnes, 
Occitanis Casses et Cassenate. » L'assimilation entre les 
deux derniers mots est certaine. Cassenat, d'après Sau- 
vages, n'est autre que Cessenat, taillis de chènes, devenu 
n. pr., comme Cassano, noix de chène, est la reproduction 
du lat. Cassana, par adjonction au radical Cass du suffixe 
de provenance ana. De tout cela on peut faire presque 
sortir cette équation : Cass = cais = ches = ques = chas 
= cess. Maintenant sur les variantes, les suffixes apporte- 
ront leur contingent de variétés et viendront se former 
suivant les dialectes, les mots analogues et équivalents, 
dont nous allons voir les séries. 

D'abord, le radical Cass, traduit par Casnus, chène, n'in- 
dique qu'une individualité. Il fournit comme analogues les 
noms propres de lieux et d'hommes : Casse, Chas, Caisne, 
Le Kain, Duchône, Duquesne; Chassac (Gard); Chasse 
(Basses-Alpes et Jura) ; Chasse (Sarthe); Chasne (Ile-et- 
Vilaine), et plus de trente bourgs ou villages où le mot 
chêne entre seul en composition ou comme qualificatif sin- 
gulier. 

Quand il s'agit de pluralité, de collectivité, de prove- 
nance, de propriété, le latin fait sien le radical et y adapte 
la richesse de ses suflixes; à côté du subst. casnus, on 
trouve les adj. cassaneus, nius, a, um ; Cassetum, casnetum, 
formés sur le modèle de quercus, quercenus, quernetum, 
quescetum. 

Pour sa part, la langue vulgaire, qui se forme, se sou- 
vient aussi du radical, et voulant écarter le latin dégénéré, 
elle écourte le mot de sa finale trop romaine ; puis chaque 
clan, chaque ville plie radical et suffixes à ses aptitudes de 
prononciation, et alors les variations dialectales croissent à 
l'infini sur le même mot, sans que pour cela sa significa- 
tion ait changé et que le sens ait été détourné. 

Voilà comment s'expliquent les affinités et les différences 
dans la formation des noms, les influences de l'organisme 
et l'action des climats sur leur prononciation. Suivant les 
zones diverses, telle forme est répandue ou se montre rare- 
ment, au Midi comme dans le Nord. Nous l'avons déjà 
rémarqué à propos de la finale caractéristique argues ; nous 
y reviendrons sur bien d'autres. 

Comme il apparait, notre mot Cassagno, chargé de sa 
terminaison caractéristique languedocienne, appartient à 
tous les titres, par son origine et par sa configuration, à la 
nombreuse famille dont nous parlons : sa parenté n’est pas 
douteuse. L'analogie et sa signification le placent au mème 
rang et en font le même mot que les noms d'hommes : La 
Chassagne, La Chesnay, Duchesnois, etc., et ceux de loca- 
lité : Chanac (Corrèze, Lozère); Chanas (Isère) ; Chanay 
(Ain, Vendée); Channay (Côte-d'Or, Indre-et-Loire) ; Cha- 
nät (Puy-de-Dôme); Chanet (Cantal, Isère); Le Chanet 
(Jura); Le Chaney (Ain); Chanois (Vosges); Chesnei (Eure); 


182 CAS 


Chasnay (Nièvre); Chenay (Marne): Chenois (Meurthe); 
Sannois (Seine-et-Oise); Xenois (Vosges); Quesnay (Cal- 
vados); Quesnoy (Nord) ; Quennois” (Belgique), etc., dont 
l'identité ne résulte pas seulement de la conformation, mais 
surtout de leur représentation presque invariable en Jatin 
par quercetum, quesnelum, Où casnetum. 

La nomenclature pourrait s'étendre encore et l'on trou- 
verait à y ajouter dans notre voisinage, avec une évidente 
concordance, Sénéchas, canton de Génolhac, appelé en 
4211 villa de Chaneschas; en 1620, Channeschas; et d’au- 
tres appellations où le .C est remplacé par un T, moins 
pour l’euphonie, avons-nous dit, que pour répondre à un 
synonyme celtique de chêne; car l’arbre druidique s’appe- 
lait aussi Thann, tann, dont le lat. fit Tasnus, et toutes les 
variations, très-rapproché de Casnus, au point de, se con- 
fondre. De là naitraient les homonymies de Thenay (Indre) ; 
Tannois (Meuse); Tagnac, commune de Chamborigaud 
(Gard); et Tanargues, montagne de l'Ardèche, avec la.dési- 
nence qui nous est familière. Les concordances atteignent 
les dérivés augm. et dim., et la formule ethnique spéciale 
à chaque pays n'empêche pas de les reconnaitre. Cassagnolo 
aura par conséquent pour identiques  Casseneuil ou . Cas- 
neuil (Lot-et-Garonne); Theneuil (Indre-et-Loire); The- 
neuille (Allier) ; Seneuille (Haute-Loire), comme . Chenaïlles 
(Loiret), est identique à Thenailles (Aisne), par le moyen 
de procédés pareils. 

Toutes ces dénominations, qu’elles s’appliquent aux per- 
sonnes ou aux localités, auront donc pour principe et pour 
base la même racine, remonteront à une source commune. 
Pour tenir ainsi à l’idiome celtique, sont-elles contempo- 
raines de la première occupation de notre territoire par les 
Celtes? Je ne le mettrais pas en doute pour certaines d’en- 
tr'elles qui sont des désignations générales ou géographiques 
de contrées, de montagnes, de régions ; quant aux noms 
propres d'hommes, qu’elles soient suffisantes à établir une 
généalogie, la déduction est peut-être possible, la descen- 
dance probable, mais je n'ai pas charge de vérifier, non 
plus que de certifier autrement leur lignée. En tous cas, il 
est certain que l’origine radicale de notre mot et deses ana- 
logues se trouve dans l’idiome parlé en Gaule avant la 
conquête romaine, et que le chêne, «arbre, était nommé 
cass et tann ; qu'une terminaison collective, formée sur le 
modèle latin, variable d’un pays. à l’autre, communiqua à 
ce radical primitif un sens de pluralité, de provenance, de 
propriété, le transforma en adjectif, et qu'il aété ainsi trans- 
mis à notre dialecte actuel, avec une signification assez 
positive pour pouvoir affirmer que les noms qui en sont 
affectés tiennent au chène par quelque branche ou.par leur 
racine. Ce qui autorisera, si l’on veut, les villes, villages 
ou individus, désignés par quelqu'une des. variantes. qui 
précèdent, à prendre pour armes parlantes un chêne de sino- 
ple, fûté de sable, avec:iglands d'or.semés sur l’éeu, avec 

“garantie-que leur nom se-prête à cette fantaisié héraldique. 

Cassaïre, aïro, adj. Chasseur, chasseresse ; celui qui 





cas 


chasse habituellement ou qui aime à chasser. — Cassaire 
dé cardounios, péscaïre à la ligno, noun crompè ni tèro, ni 
vigno, prvb., chasseur de chardonnerets, pêcheur à la 
ligne, n’achelèrent jamais ni terre, ni vigne : trop petits 
profits des deux côtés. | 

Dér. de Cassa. 

Cassana, v. Attacher, coudre, ajuster la ceinture d’une 
jupe, d’uné culotte, d’une robe, d'un tablier. 

Cassano, s. f. Ceinture de culotte; coulisse d'une jupe ; 
cordon de ceinture. 

Cassäou, s. m.Sac à demi-plein de paille dont se servent 
les manœuvres, les gens de la campagne pour porter les 
fardeaux. Ils-mettent sur la tête le fond qui est vide en 
guise de capuchon, le haut, qui est plein et fermé par un 
cordon, forme sur leurs épaules un coussinet sur lequel 
repose le fardeau. — On né pourtariè bé tan sans cassdou, 
on pourrait bien en porter autant sans coussin, dit-on 
prvb. d’une faible somme ou d'une mince fortune. 

On disait autrefois Cabussdou, et le mot est encore usité 
dans quelques localités voisines. IL dérivait probablement 

de Cabésso, tête. Cassäou, qui n’est qu'une contraction, 
est seul admis de nos jours. 

Il est impossible ici de ne pas remarquer l’analogie,, au 
moins dans la forme, qui existe entre le mot p: tet 
celui-ci; ne se rapprocheraient-ils pas aussi par le Sens ? 
Cassano, qui est pris pour ceinture, a signifié encore capu- 
chon, cape, chaperon, et Michel, dans l’'Embarras de la 
foire de Beaucaire, dialecte nimois, l’emploie avec cette 
orthographe pour Céoussano, écrit ailleurs Coussano. Ne 
pourrait-on pas voir,là des altérations dont la base primi- 
tive et commune aurait été cap, cab, cabésso, col, et dont 
le sens aurait été détourné ensuite pour exprimer aujour- 
d’hui et d’une part la ceinture d’une jupe, d’une robe, et 
d'autre part cette espèce de sac, serré aussi par un, cordon, 
qui est le coussinet placé sur la tête et descendant sur le 
cou et les épaules? —Voy. Sacol. 

Cassarèlo, s. f., ou Vèsto cassarèlo. Espèce de frac à 
basques très-courtes qui fait encore l'habit des dimanches 
des raïols-proprement dits. Il est ordinairement de cadis et 
doublé de serge écarlate. La coupe du Veston de nos petits- 
crevés à la mode ressemble beaucoup à celle de, la. Cassa- 
rèlo. Cet, habit était probablement, autrefois une veste.de 
chasse, et, il a.tiré son nom de cette idée. On supprime 
-ordinairement dans la conversation le mot vèsto,. et on.dit 
-simplement uno cassarèlo. 

: Casséirolo, s.. f. Dim. Casséirouléto., Casserole, ,usten- 
sile de cuisine.en forme de bassin, en terre le plus souvent, 
«muni d’une, queue ou manche. 

Dim. du lat. Capsa. 

Cassérd, s. m. Étameur de casseroles dont le,cri 
-est : Cassérol'éstama.. Un. Casséro est aussi un chapeau 
-pointu, parceque. ces industriels, surtout ceux, qui vien- 
«nent de la Calabre, portent, des chapeaux. très-pointus. de 
forme. 








CAS 


Cassibraïo, s. f. Canaille; racaille; race de bohème ; et 
marmaille, en parlant des petits enfants. 

Son étym. est-elle tirée de Briaïo, canaille, troupe, trou- 
peau, péut-être formé ou altéré de Brébial, par contract., 
ancien motsignifiant troupeau de brebis, venu de Berg, qui 
à fourni Vérvez ; où bien de Braïa, brailler, crier, auquel 
on' aurait ajouté le rad. Cass, de casses, filets, qui a donné 
cassd, casso, et lés composés ? 

Cassino, s. f. Cassiné; mauvaise hôtellerie ; cabaret sale 
ét à mauvais renom; maison mal famée. 

Dim. du lat. Casa, chaumière, loge. En ital. Casino, qui 
ést devenu français et très-employé. 

Cassio, s. f. Produit de la chasse; le gibier, gros ou 
menu, tué dans une seule chasse. Il est pris le plus sou- 
vent én mauvaise part, en parlant d’une mauvaise chasse 
qui n'a produit que dés petits-pieds. 

Dér. dé Casso. 

Cassiou, s. f. Chatouillement; action de chatouiller ; 
sensation produite par le chatouillement. — Faïre la cas- 
siou, Chatouiller, causer une contraction nerveuse en Cha- 
toüillant une personne au genou, à la plante des pieds ou 
à la taille. Crén pas gaïre la cassiou, il ne craint guëré le 
chatouillement, dit le prvb., en parlant d'un mari qui ne 
‘s'émeut pas des galanteries de sa moitié. 

Il semble que Cassiou n'est que la corruption de Catiou, 
ou l'application de la règle française, qui chañge en € ou 
en double SS, la lettre T, quand elle est suivie d'un à ou 
d’une autre voyelle. Le mot Catiou lui-môme parait dérivé 
de Ca, parce que cette espèce dé chatouillement ressemble 
aux carésses des petits chats. Peut-être est-ce aussi la cor- 
ruption de Gratiou, également usité et tiré de Grata. De 
Gratiou la dégénérescence s'établirait par gatiou, catiou, 
cassiou. D'autres cependant veulent voir son origine dans le 
lat. Catulire, qui avait produit le vieux mot français Catiller. 
— Voy. Catiou et Gratiou. 

Casso, s. f. Chasse, action de chasser ; partie dé chasse, 
poursuité du gibier. 

Dér. du lat. Casses, filets. 

Casso, s. f. Fois, une fois; tour, ronde, au jeu. — 
Auésto casso, cètte fois-ci. Séroi la casso, tenir tête au 
jeu jusqu'au bout de la partie. Pas qu’aquésto casso, rien 
que cette ronde, que cette partie; ce fob au wisth. 

Ce mot dans l'usage revient parfaitement à l'ital. Volta, 
à l'esp. Vegada, que la langue romane avait aussi. 

Dér. peut-être du lat. Casus, sort, incident. 

Cassô, cassoto, adj. Ladre, porc atteint de ladrerie au 
dernier degré, qui tombe en pièces, en dissolution. 

Dér. du lat. Cassus, vain, inutile, bon à rien. 

Cassô, s. m. Sorte de cuiller faite d'un baril d’anchois 
emmanché d’un bâton, pour arroser d'eau bouillante la 
pâte d'olives dans le pressoir d'an moulin à huile. 

Dér. du lat. Capsa, cassette, cassolette. - 

Casso-gnèiro, s. m. Surnom qu'on doarie-& Fiféériet 
tous ses accessoires, parce qu'ils chassent les puces. 





CAS 183 

Cassolo, s. f. Grande terrine à deux anses; soupe, 
potage, cuit au four dans la terrine de ce nom, compost 
de riz ou de gruau, assaisonné de petit salé ou d’andouille 
appelée missoù. C'est un mets fort en honneur chez le 
peuple, qui en fait le régal de son souper du dimanche, 
depuis un temps immémorial. Sauvages y rapporte cer- 
taines locutions proverbiales telles que {éva dé cassolo, ère 
dégoté au jeu. N'és pas dé cassolo, il n'est pas de la 
fête, de la partie. Ces expressions doivent avoir vieilli, car 
on ne les rétrouve pas de nos jours. Tout au contraire, és 
dé cassolo, signifie : il est dégoté au jeu, il est déçu de ses 
espérances ; l'an més dé cassolo, on l'a renvoyé, on a 
repoussé sa demande en mariage. Il n'est pas impossible 
que ces dernières acceptions ne soient la corruption des 
premières, employées par des personnes qui ne se sont pas 
rendu compte de leur origine: le fait est que l'usage a fait 
loi. Il ne serait pas impossible non plus que cette formule soit 
un mauvais jeu de mots amené par des rapports de physio- 
nomieentre le mot cassoloet le verbe cassa, Chasser, renvoyer. 

Cassolo est aussi l'auget d’un moulin placé au-dessous 
de la trémie et qui, mis en mouvement par le cliquet, verse 
peu à peu le grain dans la meule. 

Dér. du lat. Capsula, petit coffre. 

Cassôoudo, s. f. Prèle des prés, Equisetum, Linn. 
Queue de cheval, plante de la fam. des Prèles, rude au 
toucher, dont on fait des pelotes pour écurer la vaisselle 
de cuisine. Cette plante vient en abondance et naturelle- 
ment dans les prés fraichement renouvelés, ce qui nuit à 
la qualité du foin. Les chevaux en sont friands, mais elle 
leur agace les dents et les lime singulièrement à cause de 
sa rudesse, qui produit l'effet de la pierre ponce. Cette 
herbe ne résiste pas à l’action de la faulx : elle périt dès la 
seconde année. 

Cassoulado, s. f. Contenu d’une terrine, d'une soupière ; 
plein une terrine appelée cassolo. 

Cassouléto, s. f. Julienne, Cheiranthus maritimus, Linn., 
ou Hesperis matronalis, plante de la fam. des Crucifères, 
siliqueuse, cultivée comme plante d'ornement. 

Castagna, v. Ramasser les châtaignes qui tombent d'elles- 
mêmes à leur maturité, en faisant éclater le pe met qui 
les renferme. 

Castagnados, s. f. plur. Action ou saison de ramasser 
les châtaignes. Cette récolte, comme toutes celles qui ont 
quelque importance, sert de date dans les divisions de 
l'année, aux paysans des Cévennes. — Pér castagnados, 
eñviron le mois d'octobre. C'est un temps de longues veil- 
lées où l’on emploie les ramasseuses à filer de la laine ou 
des débris de filature de soie. Ces ramasseuses sont des 


: jeunes filles, et comme elles sont souvent très-nombreuses, 


ces soirées attirent les jeunes gens des environs qui s'y 
rendent quelquefois de très-loin. C'est là que se débitent 
ces jolis contes et ces légendes superstitieuses qui tien- 
nent une si grande place-dans l'imagination des gens de la 


- campagne et surtout des montagnards. 


184 CAS 


Las Castagnados est aussi le titre de ces charmantes 
poésies Janguedociennes de La Fare-Alais. Le théâtre était 
bien choisi au gré de l’auteur : c'était celui qui allait le 
mieux à Ja taille de son dialecte jovial, causeur, conteur 
et narquois par goût et par nature, en mème temps que 
mélodieux, élégant et noble, quand le sujet grandit et que 
la pensée s'élève. Ce livre restera comme le plus pur mo- 
dèle de notre langue. 

Castagnaïro, s. f. Ramasseuse de châtaignes. Il n'y à 
que les femmes et surtout les filles qui se livrent à ce tra- 
vail trop minutieux pour les hommes, et pour lequel ils 
seraient moins propres peut-être. 

Castagnè, s. m. Dim. Castagnéiroù. Châtaignier, Fagus 
castanea, Linn. Arbre de la fam. des Amentacées. Cet 
arbre, en état de sauvageon, Bouscas, grandit plus vite et 
devient plus fort; mais son fruit, assez gros du reste, est 
de mauvaise qualité et fade; il est d’ailleurs peu abon- 
dant. Ses variétés d'espèces sont nombreuses : nous les 
indiquons sous leurs noms spéciaux. 

Lou castagnè amarés, où simplement amarés, au plur. 
amaréses, est le marronnier d'Inde. Cette épithète lui vient 
du lat. Amarus, à cause de l’amertume extrême de son 
fruit. 

Le nom de l'arbre qui est la richesse de nos pays de 
montagnes devait naturellement fournir beaucoup de noms 
propres d'hommes et de lieux. Ils sont communs en effet 
dans nos contrées, et présentent des variétés d'orthographe 
suivant leur provenance de terroir ou de dialecte; ainsi : 
Castanier, Chaslanier, Castagnier, Chastaigner, Chastei- 
gnier, etc. 

Castagno, s. f. Châtaigne, fruit du châtaignier. — C'est 
la providence de quelques localités en France, telles que 
le Périgord, le Limousin et les Cévennes, comme le fruit 
de Parmentier l’est pour tous les pays pauvres et pour l’Ir- 
lande en particulier. On mangela châtaigne bouillie d’abord, 
quand elle est très-fraiche; elle senomme Této, parce qu'on 
mord dessus et qu’on la suce comme un enfant qui tête; 
on appelle cette manière de la manger, Téta, lèter. Quand 
elle commence à se dessécher un peu, on enlève la pre- 
mière écorce en lui laissant la pellicule intérieure, on l’ap- 
pelle alors Ploumado, pelée. Quand on la fait griller dans 
une poèle percillée, elle se nomme Afachado. Enfin, lors- 
qu'on la fait sécher à la fumée, qu’on la dépouille après de 
toutes ses enveloppes, on la mange bouillie et on la nomme 
Bajano. — V. 6. m. 

Dér. du lat. Castanea, que l’on dit venir du nom grec 
Kavréoa, ville de Thessalie, dont le territoire produisait 
beaucoup de châtaignes. Certains auteurs ont prétendu que 
le mot latin avait 6té formé de Casta et Nata, née chaste, 
allusion au hérisson très-piquant qui protège la châ- 
taigne. 

Castané, s. m. Châtaigneraie, lieu complanté de châtai- 
gniers. Il est devenu aussi n. pr. Castanet, en fr. 

Castèl, s. m. Dim. Castélé, castélou. Augm. Castélas. 





CAT 


Château, maison de plaisance d'un seigneur; forteresse ; 
fort. 

Dér. du lat. Castellum, m. sign. 

Castélas, s. m. Péjor. de Castèl. Château ruiné; ruines 
d'un vieux château. 

Castélé, s. m. Dim. Châtelet, petit château : jeu d’en- 
fant mentionné par Erasme dans ses Colloques latins et 
qui consiste à disposer leurs noix, trois châtaignes, trois 
noyaux d’abricot en triangle, avec un quatrième super- 
posé, c’est le châtelet. Le joueur cherche à abattre le petit 
édifice avec un projectile de même nature, et à distance il 
les lance jusqu’à ce qu’il y parvienne. Au plus adroit appar- 
tiennent les débris du fortin. 

Castélé, s. m. Se dit encore de ces petits coffres, ressem- 
blant à une maisonnette en planches, à compartiments éta- 
gés et percés de trous, dans lesquels on mettait à éclore la 
graine de vers-à-soie ; la chaleur était produite et ménagée 
à l’entour par une lampe à esprit de vin où même par la 
température un peu plus élevée de l'appartement. 

Castéléja, v. frég. Fréquenter les châteaux; aller d'un 
château ou d’une maison de campagne à l’autre, ce qu'on 
appelait autrefois cousiner. Par ext. faire le parasite; 
vivre d'aventures, de franches lippées. 

Dér. de Castel. ; 

Castéléjaïre, aïro, adj. Parasite ; tondeur de nappe. 

Castia, v. Châtier ; corriger, punir ; reprendre. 

Dér. du lat. Castigare, m. sign. 

Castio-fol, s. m. Porte-respect; martin-bâton. 

Castro, s. m. Retranchement, petit parc fait dans l’in- 
térieur d’une bergerie ou d’une vacherie, avec des claies, 
où l’on renferme les agneaux, les chevreaux et les veaux 
pour les séparer de leur mère et les empêcher d’en absorber 
tout le lait; long râtelier pour les brebis et moutons; 
agneau ou chevreau chatré. 

Dim. dér. du lat. Castrum, retranchement, camp re- 
tranché. 

Catalan, s. m. Catalan; Bohémien, race nomade qui 
nous vient des montagnes de la Catalogne et de Roussillon. 
— Voy. Bèmi. 

Cataplame, s. m. Cataplasme, médicament mou qu'on 
applique à l'extérieur. 

Dér. du gr. Katémaoux. 

Cataras, s. m., péjor. de Ca. Gros chat mâle, matou; 
gros et vilain chat. 

Catarassos, s. f. plur. Cataracte, maladie des yeux, 
excroissance cornée qui se forme et adhère sur le cris- 
tallin de la pupille et occasionne la cécité. 

Empr. au fr. 

Catari, s. m. Catarrhe, inflammation aiguë ou paca mb 
des membranes muqueuses, avec secrétion; gros rhume.— 
Bouné dé catari, laid et grand bonnet de nuit. 

Dér. du gr. Karé, en bas, 6sw, couler. 

Catarino, s. f. n. pr. de femme. Catherine. Au fig. 
femme babillarde, médisante. 





CAT 


Catarinô, s. m. Hypocrite; chattemite; tartufe; fin 
matois. Ce nom fut donné à des religionnaires séditieux de 
Montpellier, en 4617, parce qu'ils se rassemblaient dans le 
cimetière de Sainte-Catherine. 

Catas, s. m. Gros chat, matou. Au fig. homme fin, très- 
rusé, très-souple et dissimulé. 

C'est l'augm. de Ca, dont cataras est le péjor. 

Catéchime, s. m. Catéchisme, instruction élémentaire 
sur les principes et les mystères de la foi; livre qui les 
contient. 

Dér. du gr. en hcttle instruire , enseigner de vive 
voix. 

Catétos, s. f. plur. Chatteries; caresses ; mignardise. 

Dér. de Ca. 

Cat-évès, s. m. Phrase faite. Chat renversé sur le dos. 
Cette expression n'est usitée que pour terme de compa- 
raison : S'apara coumo cat-évès, se défendre comme un 
chat acculé, renversé sur le dos, c'est-à-dire des dents et 
des griffes. 

Catin, s. f. n. pr. de femme. Péjor. Catinasso. Variante 
de Catherine, au propre et au fig., avec l'aggravation du 
péjor. 

Catin-Farnèlo, s. f. Phr. faite. Bégueule; superstitieuse, 
bigote. — Voy. Pèpio. 

Cette expression, comme une foule d’autres prises dans 
le sens proverbial ou comme simples dictons, a eu sans 
doute son type primitif dans une femme de ce nom et de 
ce caractère dont le souvenir n'est pas resté. 

Catiou, s. m. Chatouillement. — Voy. Casstou. 

Cato, s. f. Dim. Catéto, Catounéto. Chatte, femelle du 
chat. 

Cato, s. f. n. pr. de femme. Variante de Catherine. 

Cato-Bagnado, adj. des deux genres. Poule-mouillée; 
chattemite; sainte-nitouche; poltron, qui a toujours peur 
de se compromettre. 

Cato-Borgno, s. f. Phr. faite. Ne se dit que par compa- 
raison : Enquiè coumo uno cato-borgno, inquiet, fâcheux 
comme un chat borgne. 

Cato-Cho, s. m. Couvre-sot, couvre-chef, chapeau ou 
bonnet: Cela se dit ironiquement à l'égard de celui à qui 
la coiffure appartient. 

Le mot est formé de Cato, contract. de acato, couvre, et 
Chà, chouette, sot. 

Catogan, s.m. Catogan; mode de porter les cheveux 
longs, qui fut en concurrence avec la bourse et la queue. 
Elle consistait à laisser les cheveux de derrière la tête 
découverts et natés dans la moitié de leur longueur; la 
partie inférieure se roulait en un nœud très-court et très- 
gros, ficelé par un ruban, et dûment poudré et pommadé 
en forme d’andouille; des deux côtés extérieurs de la 


partie natée, on pratiquait une tresse dont l'extrémité | 


venait se rattacher dans le nœud. Telle était, avant 4789, 
la coiffure de l'armée. Sous le Directoire, les muscadins | 
adoptèrent le catogan. Plus tard, cette mode est tombée 





} 


CAV 185 


dans le domaine des rouliers, des farots el des postillons 
de haute volée. 

Ce mot vient d'un anglais nommé Cadogan, qui, le pre- 
mier, a importé cette coiffure en France. 

Catogan, s. m. S'emploie pour désigner ces inscriptions, 
devises, petits-vers, madrigaux, compliments, qu'il est 
d'usage de placer sur la porte de nouveaux mariés ou de 
fonctionnaires municipaux nouvellement élus, pour célé- 
brer leurs vertus et pour leur exprimer des souhaits. 

Cato-Mâoucho, s. m. Sournois, dissimulé; rusé. 

Cato-Miâoulo, s. m. Chattemite; doucereux; miel- 
leux ; hypocrite; patte-pelue ; bon apôtre. 

Les habitudes sournoises, câlines, de la race féline jouent 
un grand rôle dans toutes ces dénominations et ont pro- 
duit ces allusions. 

Catou, s. m. Chaton de certains arbres, comme les chA- 
taigniers, les aulnes, les coudriers, etc.; espèce de floraison 
qui apparaît chez quelques-uns de ces sujets avant la 
pousse des feuilles. 

Ce nom est venu, disent certains glossateurs, de ce que 
ces folles fleurs sont cotonneuses et présentent quelque 
ressemblance avec la queue ou la peau d’un petit chat. 

Catougnè, èiro, adj. Qui aime les chats, qui les caresse 
volontiers et s'en fait caresser. 

Catougnèiro, s. f. Chatière, ouverture qu’on laisse aux 
portes des greniers ou des chambres de provision, pour 
que les chats puissent y pénétrer, quoique la porte reste 
fermée, afin de faire la guerre aux rats. 

Catouli, iquo, s. et adj. Catholique, qui appartient à la 
religion romaine, qui professe le catholicisme. — On dit 
d'un marchand ou d'une marchandise : és pas catouli, il 
n'est pas franc, il n’est pas chrétien; c’est fraudé. 

Dér. du gr. Kalokx6e, universel. 

Catouna, v. Chatter; mettre bas, en parlant d'une 
chatte; pousser des chatons, catoùs, en parlant des arbres. 

Catounado, s. f. Chatée; portée d’une chatte. 

Catouné, s.m. Dim. de Ca. Petit et jeune chat, chaton. 
— Voy. Minouné. 

Catuègno, s. f. La gent féline, la race des chats. 

La désinence uègno emporte de soi un sens collectif : 
c'est un sufixe particulier à notre langue. Elle entraine 
aussi une idée de mépris et de dédain. — Voy. Bastar- 
duègno, Efantuègno, etc. 

Caturo, s. f. Capture; prise; trouvaille. 

Corr. du fr. ou plutôt accommodement du fr. au génie 
du lang., qui proscrit radicalement la rencontre, le contact 
de deux consonnes, lorsque la première est sèche et heurtée. 

Catussèl , s. m. Dentelaire; malherbe ; Plumbago euro- 
pæa, Linn. Plante de la fam. des Plombaginées, qui abonde 
dans les haies. 

Cava, v. Caver ; creuser; miner ; arracher; crever. — 
. Cava lous ièls, crever les yeux. Cava dé AT extraire, 
arracher des pommes de terre. 


Dér. du lat. Cavare, creuser. Re 


186 CAV 


Cavado, s. f. Contenu d'une cave; quantité de vin 
qu'on récolte, qu'on met en cave. 

Cavaïé, s. m. Cavalier, homme à cheval. On dit d’une 
femme solide à cheval : és cavaïèiro. Au plur. lous cavaïès 
s'emploie pour désigner la cavalerie en général, les cava- 
liers de la maréchaussée, les gendarmes. 

Dans notre langue romane on employait le mot Cavaër 
pour rendre le mot lat. miles, homme d’armes. Nous tra- 
duisons aujourd'hui miles par soldat ; mais au moyen-àge, 
la guerre se faisant presque toujours à cheval, à l’excep- 
tion des archers, la cavalerie étant la force des armées, 
miles répondait à cavalier, cavaër, dont le synonyme était 
chevalier. 

Lous Cavaïès, les chevaliers du vent : nom par lequel 
on désigne les derniers jours d'avril et les premiers du 
mois de mai. Le proverbe compte : Jourgé, Marqué, Crousé, 
amaï qudouquo fès Jané. Des remarques, superstitieuses 
peut-être, font croire que les jours de fête de ces saints 
gouvernent le vent et qu'il souffle toujours ces jours-là. 
Ces fêtes sont celles de saint Georges, le 45 avril, de saint 
Marc, le 25, de l’Invention de la Croix, le 3 mai, et de 
saint Jean-Porte-Latine, le 6 mai. Dans d’autres pays, lous 
cavaïñès sont appelés les Saints-Grèleurs. — Voy. Vachèi- 
rious. 

Dér. du lat. Caballus, cheval. 

Cavaïè, ièiro, adj. Cavalier, ière ; dégagé; résolu ; rond 
en affaires. 

Cavaïoù, s. m. Vigne en échalas. — Dans ce pays, on 
distingue les vignes én cavaïoùs, et les vignes adéré. Cette 
dernière occupe tout son périmètre, les ceps placés à la 
même distance et plantés en quinconce. En cavaïous, elle 
est espacée, c’est-à-dire que l'on place une rangée de ceps 
sur deux ou trois rangs au plus qui sont rapprochés; on 
laisse ensuite une espace vide doubie en largeur de celui 
occupé par les files de souches, pour pouvoir y semer du 
blé ou des légumes, et ainsi de suite jusqu'aux termes du 
champ. Les ceps sont élevés plus haut que dans la vigne 
en quinconce, mais au lieu de les échalasser avec des écha- 
las perpendiculaires, comme cela se fait dans le nord de la 
France, on lie toute une ligne de souches par une suite de 
perches en saule ou en roseau, horizontalement placés, 
comme on fait pour les treilles, et on y fixe les scions de 
cep par une ligature faite avec de l'osier. La vigne ainsi 
espacée, plus riche en bois et trouvant à ses côtés un ter- 
rain vide et souvent fumé, produit peut-être plus de raisins ; 
mais elle donne un vin moins spiritueux et plus vert, et 
elle est plus coûteuse parce qu'elle ne peut être. labourée 
que dans les. intervalles, le reste ou l'intérieur des rangs, 
das cavaïous, ne pouvant être cultivé et travaillé qu'à bras. 

Cavaire, aïro, adj. Qui creuse; qui approfondit; qui 
mine en dessous. Au prop. et au fig. 

Dér. de Cava. 

Cavalariè, s. f. Cavalerie; milice, à cheval ; troupes de 
cavalerie. 





CAV 


Ce nom a été donné à une foule de localités et de métai- 
ries, sans doute pour avoir servi de campement à quelque 
corps de cavalerie dans les diverses et fréquentes guerres 
civiles, dont notre pays a été le théâtre. 

Cavalcado, s. f. Chevauchée; cavalcade; troupe de 
bourgeois à cheval, soit pour la promenade, soit pour une 
marche pompeuse en l'honneur d’un prince ou de quelque, 
grand personnage. Avant 4789, et sous le premier empire, 
l'usage des cavalcades de réception était fort en crédit. On 
en à fait de très-nombreuses, dont le souvenir s’est con- 
servé, mème pour des préfets; et l’escorte d'honneur se 
portait jusqu'aux limites de l'arrondissement, à l’arrivée 
et au départ. De nos jours, nos plus grands fonctionnaires - 
sont reçus avec moins de façons. Le pouvoir a-t-il perdu 
de son prestige, ou sommes-nous plus indépendants? Les 
chemins de fer ont fait mettre d’ailleurs bien des berlines 
préfectorales sous la remise, et les entrées solennelles se font 
par la gare commune et par les trains ordinaires, et mème 
aujourd'hui sans privilége gratait de circulation. 

Au moyen-âge, ce qu'on appelait Cavalgada était une 
espèce de guèt à cheval que faisait la milice bourgeoise 
autour et dans l’intérieur de la cilé ; c'était aussi le droit 
qu'avait le suzerain de se faire suivre à la guerre par ses 
vassaux à cheval. Les grands feudataires avaient dans cer- 
tains cas ce même droit sur les bourgeois de cité. La caval- 
gada était distinguée de la cavalerie en ce que celle-ci était 
une troupe régulière et exercée, presque entièrement com- 
posée de gentilshommes qui seuls avaient droit de cheva- 
lerie et de porter l’armure de fer. 

Cavalé, s. »m. Forme particulière du gerbier sur l'aire, 
qui le distingue de la Garbièïro. Celle-ci est conique, tandis 
que le Cavalé est un carré long, terminé en arête comme 
Je toit d’une maison. 

Ce mot vient évidemment du lat. Caballus ; mais il est 
difficile de bien saisir sa ressemblance avec un cheval, à 
moins que ce ne soit son arèête qui figure l'épine dorsale, 
la croupe de l'animal, et ses pentes qui. représentent les 
flancs. 

Cavalé, s. m. Chevalet, en terme de dévideuse, chevau- 
chement d’un fil ou eroisure produite par une erreur qui à 
fait prendre une broche de dévidoir pour l’autre, ce qui 
mêle et brouille l'écheveau; chevalet, pièce de bois sur 
laquelle les tanneurs étendent leurs peaux pour les tra- 
vailler en les sortant de la chaux; baudet ou tréteau sur 
lequel les scieurs de long posent leur bois pour le scier, 

Cavalindro, interj. Pouah ! Fi! Fi donc! 

Ce mot est la corruption ou la variante de Cavalisquo!. 
qui a la même signification. Or celui-ci est. le subjonctif 
présent du verbe avali, faire disparaître, perdre, abimer, 
faire évanouir, et qu’il serait plus rationnel d'écrire qu'ava- 
lisquo, qué avalisquo; c'est comme si l’on disait : que 
Dieu le fasse disparaître ; qu’il l'anéantisse. 

Cavalino, s. f. Race chevaline, en général; express. col- 
lect. qui comprend leschevaux et juments, mais encore ane, 


CÉB 


| la mule et le mulet; les bêtes chevalines en général. La 
| désignation est synonyme de Roussaïo, autre nom collectif, 
| et plus étendue que Mioulaïo, qui est plus spéciale. 
| Cavalisquo ! interj, — Voy. Cavalindro. 
Cavalo, s. f. Cavale; jument ; femelle du cheval, Equa. 
Par ext. on le dit d'une femme découplée et hardie, bru- 
| tale, mal embouchée. Le dim. est Cavaloto, jeune jument ; 
1 Cavia, v. Cheviller, mettre des chevilles pour jointer 
| des pièces de menuiserie; trafuser un écheveau de soie à la 
E cheville du trafusoir pour le démêler à la main et le dis- 
| poser à être dévidé; couronner un arbre, l'étêter. 
| Dér. de Cavio. 
| Gaviaïre, s. m. Ouvrier qui a pour fonction de tra- 
| fuser la soie en écheveau et de la disposer à être dévidée. 
.Cawio, s. f. Cheville, morceau de bois ou de fer destiné 
à remplir an trou, pour le boucher, pour faire des assem- 
blages ; cheville du pied. — La pu pichoto cavio déou chari 
méno lou maï dé bru, la plus petite roue d’un char est 
celle qui crie le plus : variante de la mouche du coche. 
Y-a d'aïgo jusqu'à la cavio, il y a de l'eau seulement à la 
hauteur de la cheville. Mé vèn pas à la cavio, il n'arrive 
| pas à la hauteur de ma cheville. Cavïo dé jardiniè, plan- 
toir, grosse cheville dont les jardiniers se servent pour 
piquer les jeunes plants de salade, etc. Planta caviïo, s'in- 
cruster, se fixer, rester en place comme une cheville 
plantée. 

Dér. du lat. Clavicula, dim. de Clavus, clou, ou de 
Clavis, clé. 

Cavo, s. f. Cave, sellier ; creux, trou. 

Dér. du lat. Cavus, creux, profond. 

Céba, s. m. Jeune plant d'oignon venu de semis et qu’on 
repique en terre. 

Cébé, cébéto. Nom qu'on donne à Nimes aux journa- 
liers travailleurs de terre, parce qu'ils vivent en partie 
d'oignon et d'ail. Cette classe, qui habite particulièrement 
le faubourg des Bourgades, se prononça énergiquement, en 
4792, en faveur des idées contre-révolutionnaires et souf- 
frit beaucoup dans l'émeute qui fut connue sous le nom de 
Bagarre de Nimes. C'est de cette époque que date le nom 
de:Cébé que leur donnèrent leurs adversaires comme terme 
de mépris; et qui resta dans le pays comme synonyme 
d’aristocrate. 

Gébièiro, s. f. Planche d'oignons; oignonnière ; champ, 

terre plantée ou semée d'oignons. 
= Cébiou, s. m. Poireau de chien, Pérum agreste, Allium 
vineale, Linn., plante potagère de la fam. des Liliacées ; 
petit oignon qui vient par touffes dans les vignes, où il. 
Cébious, s. m. plur. Civette ou ciboulette, grande 
ciboule; appétits ou fausses échalottes, Atlium schænopro- 
_ sum; Linn:, variété cultivée de la précédente plante, et 
dont la fane est bonne comme fourniture de salade. 
Gébo, s:/. Oignon, Alium cepa, Linn., plante potagère 













le 





CÉB 187 


de la fam. des Liliacées. — Cébo réinardivo, oignon de 
l’arrière-saison ; on l'obtient en mettant en terrre un vieux 
oignon qui pousse de nouveaux caïeux, tendres et bons à 
manger, mais impuissants à former une tête. Réinar- 
divo, qui serait mieux appelé Réinadivo ou Réinativo, 
signifie : qui renait, remonté; mais ce terme n’est employé 
que dans cette seule locution et avec le mot cébo. Cébo 
granadivo, gros oignon qu’on plante comme l'espèce précé- 
dente, mais pour le faire monter en graine ; c’est là le seul 
moyen qu'on ait pour reproduire ce légume. L'oignon qu'on 
obtient de semis ne saurait monter en graine; dès qu'il 
s’est formé en tête d'oignon, sa fane se dessèche et meurt 
sans monter. 

Crida cébo, c'est demander grâce, crier merci! Dans une 
lutte, le vainqueur dit : crido ou digo cébo, et le vaincu 
s'écrie : cébo! Je ne sais si du temps des quatre fils Aimon 
les chevaliers languedociens, dans leurs terribles joûtes, se 
servaient de cette formule, toujours est-il qu'aujourd'hui 
elle n’est plus employée que dans des occasions beaucoup 
moins sérieuses, par exemple, quand denx gamins se don- 
nent une petite peignée; lorsque, par une plaisanterie plus 
ou moins bonne, on tire, à faire quelque mal, les oreilles 
où les cheveux de quelqu'un, ou bien qu'on lui serre un 
peu trop fort les doigts, etc., etc. 

Dans tous les cas on ne voit guère comment l'oignon 
figure en cette affaire. A moins cependant que ce ne soit 
par une allusion éloignée, et pour dire qu'à pareils jeux de 
main, les larmes viennent souvent aux yeux, comme 
quand on épluche ou que l'on coupe des oignons. 

Plutôt que de hasarder cette explication du mot Cébo, je 
serais tenté de croire qu'il a été substitué à un autre mot 
à peu près pareil, en d’autres termes qu'il y a corruption 
de l'expression primitive. — Celui qui est vaincu par la 
force ou la douleur crie: Grâce! Je me rends! Assez, je 
me soumets, je cède! Et dans la langue qui a donné nais- 
sance à la nôtre, il s’écriait : Cedo! que l'on prononçait 
en appuyant, moins qu'on ne le fait maintenant sur la 
seconde syllabe et davantage sur la première, qui était 
longue. Nos pères prirent le mot et l'employèrent tant 
qu’ils surent ce qu’il voulait dire; mais quand ils ne 
le comprirent plus, — et cela ne dut pas tarder par l’alté- 
ration, la décomposition que subit bientôt le latin pour 
arriver au roman, — ils le remplacèrent par son paronyme 
Cébo. Is n’y auraient guère gagné; car s'ils comprenaient 
maintenant le mot, il n’en devait pas être de même pour la 
phrase; mais sa signification était conservée, tout fut 
pour le mieux. 

En français, ne manquent pas non plus ces additions, 
suppressions, changements de lettres, qui satisfont l'oreille 
sinon le sens dénaturé ainsi, et qui ont été amenés par les 
mêmes motifs. À Paris, il y a une vieille rue qu’on appelle 
lacrue aux Ours, qui sont fort étonnés de se trouver là. 
C'était très-anciennement la rue aux Oues. Dans le vieux 
langage les Oues étaient des oies, et l'on appela ainsi la rue 


188 CEB 

parce que là étaient principalement les rôtisseurs d'oies, 
qu'on prisait fort à cette époque. Si le mot Oue était resté 
français, on n'aurait pas la rue aux Ours. De mème si nos 
anciens avaient continué à comprendre le latin Cedo, ils ne 
lui auraient pas substitué le mot Cébo, qui ne signifie rien à 
cette place, mais qui du moins était compris, tandis que 
l'autre ne l'était plus et que d'ailleurs ressemblant fort à 
son prédécesseur, on pouvait croire qu'on avail toujours 
voulu dire ainsi et qu'il était à propos de rétablir le 
texte. 

Je voudrais bien que de mon explication du mot Cébo on 
püt dire au moins : Se non e wero e ben trovato. Mais que 
voulez-vous ? Je n’ai pas trouvé mieux. Sé rés noun vwéses, 
atiaquo t'as péses, selon un proverbe trop peu juste envers 
les pois, car cela veut dire : faute de grives on mange des 
merles, autrement dit : il faut se contenter de ce qu'on 
trouve. Pour moi qui, dans ce mince repas, n'ai qu’un plat 
d'oignons à offrir, assez mal accommodé par parenthèse, je 
ne demande pas mieux qu'on trouve autre chose, ceci par 
exemple : 

Les Hébreux perdus dans le désert, exténués de fatigue, 
mourant de faim, regrettaient amèrement la chère d'Égypte : 
ollas carnium et panem in saturitate. Ils ne pouvaient 
non plus, dans cette extrémité, oublier les oignons, si bons 
au pays qu'ils venaient de quitter qu’on les y adorait, et 
ils les réclamaient, les appelaient aussi de toute leur voix 
à leur aide. La Bible traduite, expliquée, commentée en 
langue vulgaire, enseignait à tous les détails de l’histoire 
du peuple choisi, et le cri de détresse, de miséricorde des 
Hébreux, dans cette notable circonstance, devint pour une 
situation analogue, notre locution populaire. 

Dér. du lat. Cepa, dont Isidore de Séville dit : Cepa, 
ità dici videtur à capitis magnitudine, la grosseur et l'abon- 
dance des racines qui donnent à la bulbe quelque ressem- 
blance avec une tête, lat. Caput, en celt. Ceb, cep, cap, tête 
à longue chevelure. 

Le latin avait donc Cepa, qu'il l'eût pris dans son fond ou 
qu’il lui fût venu du celte. Mais le latin populaire préférait 
Unio, que l’aristocratique rival du languedocien a été cher- 
cher dans le patois de Rome. A ce propos une citation 
curieuse de M. de Chevallet : 

« Columelle nous apprend que les paysans appelaient 
Unio, onis, un oignon d’une certaine espèce; il était sans 
doute nommé de la sorte parce que sa forme et sa couleur 
le faisaient ressembler à une perle. 

Nunc que per æstatem circa messem, vel eliam exactis 
jam messibus, colligi et reponi debeant, prœcipimus, Pom- 
peianam vel ascaloniam cepam, vel etiam marsiacam sim- 
plicem, quam vocant unionem rustici, eligito. (Columelle, 
liv. xx, chap. 5.) 

« Les personnes qui se piquaient de science désignaient 
cet oignon sous le nom de cepa marsiaca simpleæ, mais le 
peuple trouva sans doute l'expression un peu longue; unio 
était plus tôt dit. L'acception populaire de ce mot ne fut 





CEN 


pas agréée par les gens instruits; aussi l'expression res- 
ta-t-elle pour eux un barbarisme de signification. Ce bar- 
barisme passa du latin rustique à la langue d’oïl, en prenant 
un sens plus général, et c’est à # que nous devons notre 
mot Oignon. » 

Franchement, il n’y a pas de quoi pour le français être 
si fier. J'aime mieux, avec les vieilles gens instruits de 
Rome, et en bon languedocien, notre Cébo réinardivo ou 
marsénquo. 

Céiïè, s. m. Cellier, cave, lieu où l’on serre le vin et 
autres provisions. Ce qui le distingue de la cave, c'est que 
celle-ci est creusée dans la terre et en contre-bas du sol; le 
cellier est placé au rez-de-chaussée. 

Dér. du lat. Cella ou cellarium, remontant sans doute à 
Celare, cacher. 

Céloüs, s. m., ou Arcialoüs, s. »”. Bolet comestible, 
champignon gris, Boletus edulis, esculentus, bovinus. Le 
mème que l’Arcialoùs, dont son nom est une contraction. 
Nous avons donné sa description sous cet article. 

Dans le midi de la France, et surtout dans les Cévennes, 

au nord d’Alais, cet excellent champignon se récolte abon- 
damment lorsque le printemps est chaud et pluvieux; on 
le rencontre aussi en mai et en juin, mais il est moins 
sapide qu’en automne, époque à laquelle il possède ses 
meilleures qualités. 
- Il atteint souvent des dimensions considérables. On en 
voit dont le chapeau a plus de trente centimètres de diamè- 
tre et quinze à vingt centimètres d'épaisseur, Cette espèce 
est européenne et toutes ses variétés sont délicieuses. La 
pulpe en est fine, délicate, d’un parfum agréable surtout 
dans les jeunes individus qu’on doit toujours préférer. 

Les meilleurs Céloùs croissent sur les coteaux boisés, 
dans les taillis de châtaigniers, Jourguièiros, et de chônes, 
dans les bruyères, Broussos, au bord des prés montueux et 


-un peu ombragés. — Voy. Arcialoùs. 


Céméntèri, s. m. Cimetière, lieu consacré à enterrer les 
morts. — Dé jouine médéci céméntèri boussu, un jeune 
médecin peuple le cimetière. 

Dér. du lat. Cœmenterium, m. sign., ou du gr. Kotuntà- 
pu, dortoir, lieu de repos. 

Cén, n. de nombre. Cent, dix fois dix. Il se dit indéfini- 
ment pour un grand nombre de choses et substantiv. pour 
les choses qui se vendent au cent. 

Dér. du lat. Centum. 

Céndraïo, s. f. Cendrée, frésil, résidu des fourneaux + 
houille ; grenaille la plus menue. 

Céndras, s. m. Péjor. de Céndres. Cendrier d'un four- 
neau; gros tas de cendres ; les cendres d’un foyer. 

Céndras, s. m. n. pr. de lieu. Cendras, commune du 
canton d’Alais, qui tire son nom d’une abbaye de Béné- 
dictins, brûlée et ruinée pendant la guerre civile dite des 
Camisards. Cette abbaye, fort riche et puissante, était suze- 
raine de toute la contrée. Sa juridiction s’étendait sur vingt- 
trois paroisses. Dans le dénombrement de la sénéchaussée de 








CÉN 


Beaucaire et de Nimes de 4384, ce nom est écrit Sandras- 
sium; en 4435, on trouve Sandras, ce qui induit à penser 
qu'il n’est qu'une contraction et une altération de Sanctus 
Andræas. Saint André n'était pas cependant le patron de 
l'abbaye, qui était sous l’invocation de saint Loup; mais 
le nom qui préexistait au monastère était probablement 
celui de l'ancienne paroisse sur le territoire de laquelle il 
fat bâti. Ce qui corrobore cette explication, c'est que non 
loin de Cendras et sur la même commune, dans le village 
de Malataverne, il existe une petite église ou chapelle 
dédiée à saint André, qu'on nomme dans la langue du pays, 
Sént-Andriou, dim. évident de André. 

Céndre, s. f. Cendre, poudre ou poussière qui reste de 
matières brûlées. 

Las Céndres, s. [. plur. Les Cendres, le jour des Cendres ; 
cendres bénites dont le prêtre marque le front des fidèles, 
le premier mercredi de carème; la cérémonie de leur distri- 
bution. 

Dér. du lat. Cinere, abl. de Cinis. 

Céndréja, v. frég. Remuer les cendres, tisonner le feu, 
sans sujet, par désœuvrement; se briser, s'émietter, être 
friable, en parlant d’un terrain trop léger et pen: peu com- 
pacte. 

Céndriè, s. m. Cendrier d’un potager, d'un fourneau ; 
lieu où la cendre tombe et où on la ramasse. Le cendrier 
d’un four se dit Bournal. (V.c. m.) — Boufoun coumo un 
céndriè, plaisant comme un cendrier. Voy. au mot Bou- 
foun l'explication de ce dicton, qui nous parait un abus 
flagrant du style comparatif, mais qui est familier au génie 
languedocien comme au génie oriental. Il n’est pas rare 
que l'usage consacre des comparaisons aussi excentriques 
avec une richesse étonnante. C’est en quelque sorte une 
protestation de sa part en faveur d’une figure qu'il veut 
absolument employer coûte que coûte, alors même que la 
raison et la logique la condamnent. Mais l’usage est bien 
le maitre et il le prouve. 

Céndroüs, ouso, adj. Couvert de cendres, blanchi de 
cendres ; terrain léger et friable comme la cendre, comme 
le sont en général les vignobles des environs de Montpel- 
lier. 

Dér. de Céndre. 

Céndrouséto-Bachassou, phr. faite. Cendrillon ; jeune 
fille peu aimée, peu importante dans la maison, et qu'on 
délaisse au coin du feu. Cette expression est-elle due au 
conte bleu de Perrault, qui existe en effet dans notre idiome, 
avec quelques variantes, entr’autres le nom de l'héroïne, 
ou bien le charmant et naïf conteur aurait-il pris le sujet 
de Cendrillon dans la sornette de nos veillées cévenoles de 
Céndrouséto-Bachassoù? Je ne sais, et qu'importe? si le 
a opte amenant y 
l'autre. 

Cénténa, s. m. Centaine, nombre de cent; cent environ, 
sans préciser le chiffre. a 
il y avait là une centaine de femmes. 





CEO 189 


Cénténo, s. f. Centaine, même sens que le précédent. 
Se dit surtout pour centaine, brin de fil ou de soie qui lie 
l'écheveau. On sait que dans les écheveaux de fil ou de 
soie, chaque cent tours sont séparés et marqués par un 
nœud ; pour pouvoir les dévider, il faut couper ce nœud 
qu'on appelle La cénténo. — Pèrdre la cénténo, perdre le 
fil d'un discours. Trove pas la cénténo, je ne puis trouver 
le nœud de la question. L'histoire du nœud gordien n'est 
autre que celle d’un écheveau célèbre dont Alexandre ne 
trouva pas la cénténo, et que son impatience à chercher 
lui fit trancher net, d’un seul coup. 

Dér. de Cén. 

Céntimèstre, s. m. Centimètre ; centième partie du 
mètre. 

Emp. au fr. 

Céntimo, s. f. Centime. C'est un de ces mots, comme le 
précédent, que la marche du siècle a forcé d'emprunter au 
fr., parce que l'usage en est populaire. Seulement le lang. 
en a changé le genre, qui n’est jamais que féminin. Le fr. 
lui-même l'a pris du lat. Centesimus, centième partie. 

Céntura, v. Ceinturer ; mettre une ceinture: entourer; 
environner. 

Dér. du lat. Cinctus, part. pass. de Cingere, ceindre. 

Cénturo, s. f. Ceinture; cordon, ruban, qui sert à 
ceindre le corps; bas de la taille, partie du corps où la 
ceinture s'attache. — Fio maduro porto l'éfan à la cénturo, 
prvb., fille müre porte l'enfant à la ceinture, c'est-à-dire : 
une fille déjà sur le retour quand elle se marie, est plus 
prête qu’une autre à devenir enceinte. 

Céoucla, v. Cercler, relier, mettre des cercles à un ton- 
neau, à une cuve, etc. — Es mdou céoucla, au fig., il a la 
tête mal cerclée, mal timbrée ; il a la tête fêlée. 

Céoucle, s. m. Cercle, cerceau; circonférence, ligne 
circulaire. — Faï lou céoucle, il se ploie comme un cer- 
ceau, il est courbé en cercle, ratatiné par la vieillesse ou 
par la maladie. 

Les cercles on cerceaux de cuve et de tonneau sont le 
plus souvent en fer, surtout pour les grosses pièces qui 
restent à poste fixe dans les caves ou celliers. Ce procédé 
plus dispendieux n’est qu'une avance de capital, qui se 
trouve bien compensée d’ailleurs par la facilité du reliage 
et du défonçage et par la durée presque éternelle du cer- 
ceau. Quatre cercles suffisent pour les pièces ordinaires, 
six au plus pour les plus longues; les foudres en compor- 
tent douze. 

Autrefois les cercles de tonneau étaient faits avec de gros 
scions refendus de châtaignier sauvage ou de micocoulier 
qu'on pliait et qu’on assujettissait avec de minces scions 
d’osier jaune dit amarino; on en plaçait dix à chacun des 
bouts du tonneau. C'est pour cela qu'on aménageait dans 
les Cévennes de nombreux taillis de châtaignier sauvage et 
de micocoulier dont on fabriquait des cercles expédiés 
ensuite dans tout le Languedoc. Ces taillis se nomment 
| Jourguièiros. Ce procédé est encore employé dans les pays 


190 CËR 

de grands vignobles pour les futailles qu’on expédie et qui 
n'ont pas besoin de durée. Les cerceaux des cuves étaient 
une sorte de charpente en forme de jantes, soit de mico- 
coulier, soit de chène, et reliée au moyen de chevilles. Ce 
genre de ligature se nomme aussi éncastre et aréscle. { V. c. 
m.) Les bandes de fer, aujourd'hui, sont une simplification 
et un perfectionnement. 

Dér. du lat. Cireulus, dim. de Circus, m. sign. 

Céouclièiro, s. f. Bois taillis de châtaignier sauvage ou 
de micocoulier, destiné à la fabrication des cerceaux, des 
claies à faire sécher les châtaignes, et de notre temps à la 
confection des treillis ou palissades bordant et clôturant 
les talus de nos chemins de fer; maie disposée pour faire 
rouir les scions. de ces mêmes arbres afin de les rendre 
plus doux et plus flexibles. — Voy. Jourguièiro. 

Cé qué, pron. démonstr. Ce qui, ce que. — Cé qué sé 
faï, cé qué sé dis, ce qui se fait, ce qui se dit. Cé qué 
dévigno lou tén, ce que présage le temps. 

Cérémougnè, s. f. Cérémonie ; pompe; courbettes hypo- 
crites ; civilité, politesse gènante et affectée. — Faire dé 
cérémougnès, faire des façons; se faire prier. 

Certains glossateurs font dériver ce mot du lat. Cereris 
munia, oblations à Cérès, parce que les offrandes de gerbes 
à cette déesse étaient accompagnées d’un rit très-solennel. 
D'après Valère-Maxime, il vient du lat. Cera, ville d'Italie, 
et munia, offrande. Cette ville, proche de Rome, est citée 
par les offrandes qu'y firent les Romains avec une pompe 
inouïe par la crainte que leur inspiraient alors les Gaulois. 
Selon d’autres, il vient des mêmes deux mots, mais dans 
ce sens que, lors de la prise de Rome par les Gaulois, les 
Vestales fugitives et sauvant le feu sacré, furent conduites 
par Albanius, qui fit, en témoignage d’honneur et de res- 
pect, descendre de son char sa femmeet ses enfants pour y 
placer ces prêtresses. Enfin l'Elucidari de las proprietates, 
en langue romane, dit : De ceras prendon nom ceremonia, 
car ceris antiquamen hom ofria, de cire prennent nom les 
cérémonies, car anciennement on offrait des cierges. 

Cérièïre, s. m. Cerisier, Cerasus vulgaris, Linn., arbre 
de Ja fam. des Rosacées, qui porte la cerise. — Cousè qué 
cousi, davalo dé moun cérièire, prvb. Le mot.à mot est: 
cousin que cousin, descends de mon cerisier. Le dicton 
tient sans doute à quelque anecdote dont les acteurs sont 
restés anonymes : quelque parent qui fut surpris par un 
sièn cousin, croquant ses cerises, et qui, sur l'arbre, invo- 
quait sa parenté pour excuser son méfait, dont le cousin 
ne parut pas vouloir tenir compte. Cela ne se borne pas 
aux cerises, et les applications sont nombreuses. Le fr. 
rend la même chose par un dicton équivalent : Ami jus- 
qu'à la bourse. 

Dér. du lat. Cerasus, venu lui-même de Cerasonte, nom 
d’une ville du Pont, d’où furent apportés par Lucullus, en 
Italie, les premiers cerisiers. 

Cérièiro, s.f. Cerise, fruit du cerisier. Les variétés sont 
nombreuses; les principales de ce pays sont : la loumbardo, 





CÉS 


la blanquéou, la bétorgo, l'agrioto, la bigarono, la durélo. 
— Voy. c: m. 

Cérqua, ». Chercher, se donner du soin pour trouver; 
aller quérir; provoquer ; attaquer. — Cérqua la gnué pér 
lous armasis, chercher midi à quatorze heures; prendre 
des détours; faire des phrases dilatoires. Dé qu'anas cérqua 
aqui? Que nous chantez-vous là? Quelle anicroche allez- 
vous chercher ? Cérqua soun pan, mendier. Cérqua sa vido, 
a le même sens, mais il s'étend aux animaux domestiques 
ou autres, quand ils sont obligés de chercher eux-mêmes 
leur provende. Cérqua dé nisados, dénicher des oiseaux. 
M'és véngu cérqua, il m'a provoqué. Qué cérquo trovo, 
prvb., A bon chat, bon rat. 

Dér. de la bass. lat. Circare ou Encercare. 

Cèrquo, s. f. Recherches; perquisition; visite domici- 
liaire pour découvrir un malfaiteur ou un contrevenant, ou 
bien encore une chose volée : dans ce dernier. cas, on dit 
plus techniquement : fa fur. 

Cèrquo-brégo, s. m., phr. faite. Hargneux ; qui.cherche 
querelle; brouillon. Synon. de Cérguo-réno. 

Cèrquo-nisados, s.m., phr. faite. Dénicheur de merles; 
jeune gars vagabond, va-nu-pieds. 

Cèrquo-pous, s. m. Croc à puits; crochet à double ou 
triple bec propre à pècher les seaux ou autres objets qui 
sont tombés dans un puits. — Fran coumo un cèrquo-poès, 
bonne foi de Bohème. 

Cèrquo-réno, s. m. — Voy. Cèrquo-brégo, m. sign. 

Cértèn, tèno, adj. Certain ; assuré; sûr; ferme. Il ne se 
prend guère que négativement, — Es pas bièn cértèn, en 
parlant d’un objet, signifie : ce n’est guère solide ou.de 
bon aloi: en parlant d’un homme, il n’est pas très-franc 
ou de bonne foi, ou bien son crédit n'est pas très-solide, 
Es pas bièn cértèno, en parlant d’une femme, on.ne peut 
guère répondre de sa vertu. 

Dér. du lat. Certus, m. sign. 

Gértifica, s. m. Certificat; témoignage donné ms écrit; 
attestation écrite; passeport. 

Emp. au fr. 

Cèrto, adv. interpellatif. Certes! Oui vraiment! Ah 
dame! — Cèrto! m'én dirés tan, dame ! vous m'en dires 
tant. 

Cérvèl, s. m. Cerveau, substance molle contenue dans 
le crâne. 

Dér. du lat. Cerviæ, tête. 

Cérvéla, s. m. Fromage de cochon, fait avec Mr re 
parties charnues.de la tête, et non cervelas, sorte d’andouilles 
qui se vend cuite et qu'on ne connaît pas dans le pays. : 

Cérvèlo, s. f. Cervelle, partie molle et blanche du cer: 
veau. Le lang. emploie plus volontiers ce mot au plur. 
las cérvèlos. — Mé faï séouta las céruèlos, il, me casse la 
tête. x 

Dér. de Cerviæ, tête. 

Cése, s. m. Dim. Céséroù. Pois-chiche, gl ee 
Linn., plante de la fam. des Légumineuses, cultivée. dans : 





CÉS 
tout le Midi. On dit aussi par dérision Couflo-couqui, parce 
que ce légume est farineux et gonflant ; cependant il n’est 
pas indigeste comme les autres espèces de farineux, parce 
qu'il ne fermente pas comme eux dans l'estomac. On le 
mêle avantageusement avec le gruau dans la confection de 
la Cassolo. (V. €. m.) Ce légume est difficile à cuire; cela 
ne tient pas à une variété de l'espèce, mais à la nature du 
terrain qui l’a produit. Les fonds limoneux et schisteux 
sont ceux qui sont les plus contraires; les meilleurs, les 
grès et les calcaires. Cependant il se rencontre de nom- 
breuses exceptions, et souvent cette dureté, que le pois- 
chiche conserve après une longue ébullition, provient de 
mille circonstances diverses de sa végétation. En général 
aussi les eaux battues, comme celles de rivière ou de pluie 
immédiate, sont les plus favorables à sa caisson et sont 
préférées à celles de puits, de source ou de citerne. Cette 
dernière, quoique provenant de la pluie, a contracté par 
un long séjour dans l’immobilité une mollesse saumâtre 
qui la rend impropre à cette cuisson. Sauvages donne une 
recette pour les cuisinières à ce sujet. Il prétend que les 
Céses les plus rebelles s’attendrissent et cuisent très-bien 
avec l’eau où l'on a fait blanchir les épinards, ou avec de 
l'eau de pluie acidulée par une pincée de sel de tartre. Il 
est à craindre que ce procédé, un peu trop pharmaceutique, 
ne trouve d’obstinés opposants dans le peuple, principal 
consommateur des Céses. 

Tout le monde sait l'usage local qui veut qu’on mange 
la soupe aux pois-chiches et à l'huile au diner du dimanche 
des Rameaux. Le populaire attribue cet usage traditionnel 
à une commémoration pieuse, parce que Jésus-Christ aurait 
traversé un champ de ces légumes lors de son entrée triom- 
phale à Jérusalem le mème jour. Il est plus raisonnable de 
penser que cet usage vient de ce que le dimanche des 
Rameaux étant le seul dimanche de Carème où le maigre 
soit ordonné, mème pour ceux qui ne font maigre que trois 
jours de la semaine, on mange de préférence une soupe 
aux pois-chiches, parce que c'est là un des meilleurs 
potages à l'huile, et qu'il est moins indigeste que tout autre 
potage aux légumes. 

Dér. du lat. Cicer, m. sign. 

Césé, 5. m.n. pr. d'homme. Altération contractée de 
Francésé, qui est lui-même un dim. de Frangçouès, Fran- 


çois. 

Céséro, s. f. Draïne, grosse grive, grive de gui, Turdus 
viscivorus, Linn., oiseau de l’ordre des Passereaux et de la 
fam. des Crénirostres. C'est l'espèce de grives la plus grosse 
et la moins délicate. Cette variété est sédentaire dans le 
pays, ou du moins elle s’y fixe plus longtemps que les 
autres, et niche deux fois dans la saison. Son chant, qu’on 
entend surtout avant le lever du soleil, est agréable et très- 
éclatant. 

— Tèsto dé céséro, étourdi; tête légère, éventée ; tête de 
linotte. ) 

Le nom lang. Céséro, dans lequel entre le mot Cése, en 





CÉV 
lat, Cicer, et peut-être Edo, je mange, correspond à la mème 
idée qui la fait nommer Turdus viscivorus, parce que cet 
oiseau fréquente surtout les champs semés de vesces ou de 
pois, dont il se nourrit. 

Céséto, s. [., n. pr. de femme. On croirait volontiers 
que ce mot est le fém. de Césé, et qu'il représente par con- 
séquent Françoise ; il n’en est rien cependant. Céséto est la 
reproduction de Suzette, et représente en dim. Suzanne. Il 
devrait donc s’écrire mieux par un s initial, Séséto ; nous 
le plaçons ici seulement pour le rapprocher de Césé el faire 
ressortir davantage la différence. — Voy. Séséto. 

Césièiro, s. f. Champ de pois-chiches, terre semée de 
pois-chiches. 

Dér. de Cése: 

Cévénôou, Cévénolo, adj. Cévenol; cévennois ; habi- 
tant des Cévennes. C’est le nom générique et commun à 
tous les habitants de ces contrées montagneuses, qui se 
subdivisent en Raïdous, Gavès et Vivaréses. — Voy. ces 
différents mots. 

Cévénos, s. f. plur. Cévennes, montagnes du Bas-Lan- 
guedoc, dont la chaïne se suit par la grande arête de Ja 
Lozère, du Tanargne et du Mésince, de l’ouest à l’est, et 
forme en contre-bas diverses autres chaines inférieures tant 
au nord qu’au midi de la première. La contrée à laquelle 
ces montagnes avaient donné leur nom, se divisait autre- 
fois en quatre subdivisions : 4° les Cévennes proprement 
dites dont Alaïs était la capitale; 2° le Gévaudan, capitale 
Mende ; 3° le Vivarais, capitale Viviers; 4° le Velay, capi- 
tale le Puy. Aujourd’hui la première de ces subdivisions 
porte encore le nom de Cévennes et ses habitants celui de 
Cévenols. Elle occupe le nord et l’ouest de l'arrondissement 
d’Alais, sans dépasser cette ville au midi ni à l'est; elle 
comprend encore presque tout l’arrondissemént du Vigan 
et les communes occupant les versants méridionaux et 
orientaux de la Lozère et la chaine inférieure de cette 
montagne appelée le Bougès ; elle embrasse la plus grande 
partie de l’arrondissement de Florac (Lozère), et elle se sub- 
divise elle-même en Cévenols proprement dits et en Raïdous. 
— F. c. m. 

Le nom de Cévennes est un de ceux dont on peut le 
moins douter qu’il n'existât dans la langué dés Gaules 
avant la conquête romaine ; car il n’a pas en lat. ni en gr. 
de radical équivalent qui offre une signification applicable, 
condition première de tout nom propre de lieu. Le latin et 
le gr. l'ont pris en lui conservant sa consonnance origi- 
nelle et n'y ont ajouté que la términaison conforme à leur 
génie. César nomme cette chaîñe Mons Cebenna; Pline et 
Lucain, Gebenna; Pomponius-Mela, Gebennæ, Gebennici 
Montes ; Strabon, Té Képyevov 6pos, traduits par Cemmenice, 
Cemmeni Montes. Tous ces vocables sont évidemment em- 
pruntés an langage du pays, et ils appelaient les récherches 
des commentateurs sur leur origine. Bochard a cru en 
trouver là racine dans le syriâque Gebina, sommet d’une 
montagne, et ajoute qu'en hébreu Gab veut dire dos. Astruc 


191 


192 CHA 


soutient que le mot vient du celtique Æebenn, haut d’une 
montagne. Dans le pays de Galles on dit encore Eefen pour 
colline. Astruc pourrait bien avoir raison. 

Chabrolo, s. f. Framboise, fruit du framboisier, Rubus 
Idæa, Linn., ronce du mont Ida. Le framboisier, arbuste 
de la fam. des Rosacées, abonde dans nos montagnes et 
croit naturellement dans les bois. Les chèvres sont 
friandes de sa feuille, et c'est ce qui a valu à son fruit le 
nom de Chabrolo, dér. de Cabro, qu'on dit chabro dans 
les Hautes-Cévennes. — Voy. Faragousto. 

Chabrôou, s. m. n. pr. d'homme. Au fém. Chabrolo, 
qu'on traduit en fr. par Chabrol et Chabrole, femme de 
Chabrol. 

Ce nom est évidemment d'origine lang. et il signifie 
chevreuil dans le dialecte des Cévennes. Ici on dit Cabrôou 
en parlant de l'animal. Quant au nom propre, il arrive 
tout formé du pays où il a été imaginé et on a dû le res- 
pecter dans sa prononciation. La finale est, en tous cas, la 
même. 

Dans plusieurs articles nous avons eu occasion d’expli- 
quer cette différence de prononciation du ca et du cha : 
celle-ci peut être plus celtique, celle-là est toute latine. 
(Voy. lettre C.) Le suffixe dou donne aussi au mot une 
physionomie et un caractère qui méritent d’être remarqués. 
Oou, comme Aou, parait être une contraction : il a dû 
sonner © lou, ou en lat. Olum, Olium, avant d’être diphthon- 
gué en dou, comme Aou est descendu de 47, À lou. Le plus 
souvent encore il affecte le mot d’un sens diminutif, comme 
le faisait la désinence latine ous, a, um, nous en citerons 
des exemples nombreux. Ses analogies en noms d’hommes 
et de lieux se signalent par les influences ethniques qui ont 
pesé sur la finale et la traduisent : au Midi Cabréou ou 
Chabrôou représentés par Cabrol ou Chabrol, sont au Centre 
ou au Nord Chevreau, Chreveul, Chevreuil. — Voy. Oou 
suffixe. 

Chabuscla, v. Flamber ; passer à la flamme; échauder ; 
tremper rapidement dans l’eau ‘bouillante. C’est le mème 
mot que Uscla, sauf que ce dernier se borne à la première 
partie de la définition, et ne convient pas à la dernière. La 
syllabe Chab qui précède celui-ci ne peut étymologiquement 
s'expliquer qu'en l'interprétant par Chab, dialecte des mon- 
tagnes, Cab, cap, extrémité, sommet, et Uscla, brûler 
l'extrémité, la superficie. 

Chacun, chacuno, pron. indéfini. Chacun, chacune. 

Ce mot, qui se disait autrefois et se dit même encore 
Cadun, semble formé des deux mots ca et d’un, un par 
tête, tête d’un. Le fr. aurait alors la même origine, ou 
aurait pris la sienne dans notre idiome. Mais n'est-il pas 
plutôt une corruption du lat. Quisque, encore reconnais- 
sable, quoiqu'il ait bien changé en route? 

Chadénédo, s. f., ou Cadénédo. Lieu, champ planté de 
cades ou genévriers. 

La variante que nous donnons après Sauvages est peu 
usitée. La manière dont nous le prononcons et la forme 





CHA 


dans laquelle il a passé dans notre dialecte et a servi de 
base à la composition de noms propres d'homme et de lieu, 
démontrent clairement que le mot est emprunté aux Hautes- 
Cévennes ou au Vivarais. S'il eût pris naissance ici, on 
eût ditet on dirait Cadénédo, comme l’on dit Cadéné de 
plusieurs quartiers de terrain, ainsi nommés dans les 
cadastres, et qui ont la même racine, le cade. 

Chafaré, s. m. Bruit; tapage; tintamarre; grabuge. — 
Méno un for chafaré, il fait grand tapage. 

Chaîfre,s. m. Pierre à aiguiser, sorte de grès finet tendre 


dont on se sert pour aiguiser à sec les faucilles, les serpes . 


et serpettes. La queux des faucheurs n’a pas la même 
forme ni la mème nature; elle est d’un grès beaucoup plus 
dur, aussi s’appelle-t-elle pètro dé daïo et non point chafre, 
malgré l'autorité de Sauvages. — Cara coumo un chafre, 
enflé, bouffi d'embonpoint ou d'importance; au prop. ou au 
fig. 

Chagrin, s. m. Chagrin; afiliction; peine morale; 
humeur; dépit; colère. 

Des étymologistes le disent dérivé de l'arabe Chakrain, 
malheureux, pénétré de douleur; d’autres du fr. Aigrir, et 
remarquent que dans certains endroits, on dit aigrain pour 
chagrin. 

Chagrina, v. Chagriner; donner, causer du chagrin; 
tourmenter, inquiéter. 


Chaïne, s. m., ou Rouve. Chène blanc, Quercus robur, 


Linn., arbre de la fam. des Amentacées. « Le chène, a dit 
Loiseleur de Long-Champ, domine en roi parmi les arbres 
de l'Europe; c’est le plus beau comme le plus robuste des 
habitants de nos forêts; c’est son image qui s'offre d’abord 
à la poésie quand elle veut peindre la force qui résiste, 
comme celle du lion pour exprimer la force qui agit. » 
Chaïne et Rouve, dans l'usage ordinaire, sont parfaite- 
ment synonymes ; dans le langage technique, le Chaïne est 
le mot générique pour toute espèce de chène blanc; le 
Rouve est le robre ou rouvre, espèce dont le bois est rouge 
en dedans et la feuille cotonneuse en dessous; il est plus 
flexible, moins cassant, plus imperméable : aussi est-il plus 
difficile à fendre et à équarrir, comme bois de service, à 
cause de ses fibres fortes et entrelacées; il brûle mal au 
feu, où il noircit sans donner de la braise. — Voy. Rouve. 
On trouvera sur l’étym. du mot et sur sa formation 
quelques éclaircissements au mot Cassagno. 
Chaïné, s. m. Genette, espèce de chat sauvage, Vivera 


ginetta, Linn., mammifère onguiculé de la fam. des Carni-. 


vores. 

La genette, la fouine, dit Sauvages au mot Chaïné; ce 
n’est pourtant pas la même chose, bien qu’il y ait quelque 
analogie dans les habitudes des deux animaux. Du reste la 
description qu'il en donne s'applique assez bien, à la pre- 
mière et nullement à la seconde ; le Chaïné n’est donc pas 
la fouine. s ; 

Il est tout simple de faire venir le mot de genette; en 
rendant dure la prononciation du g (dge ou tge) on atteint 








CHA 


à peu près celle du ch suivi d'une voyelle ; dés lors Chaïné 
ou genette sont le mème vocable, le Chaïné est en effet la 
genette commune, La description d'ailleurs se rapporte 
exactement au Chaïné, qui n'est pas rare dans notre pays : 
pelage gris, agréablement tacheté de brun ou de noir; ces 
taches, tantôt rondes, tantôt oblongues; la queue aussi 
longue que le corps, annelée de noir; le museau noirâtre ; 
des taches blanches aux sourcils, aux joues et de chaque 
côté du bout du nez. Cet animal laisse échapper une forte 
odeur de muse, ce qui l'a fait classer dans un sous-genre 
de civettes. Cette propriété lui est commune avec la hyène, 
dont le pelage présenterait avec le sien quelque ressem- 
blance, la mème distance que celle entre le chat et le tigre. 
Le Chaïné se prive vite en domesticité; on le dresse pour 


la chasse aux rats; aussi lui donne-t-on quelquefois le nom : 


de chat de Constantinople. Il est probable que dans nos 
contrées on le confond souvent avec le chat sauvage, quoi- 
que celui-ci soit un autre animal. 

Chalo, s. m. Châle, schall. — Encore un de ces mots 
que la mode a importés du fr. Il ne saurait rester étranger 
au lang. aujourd'hui que le châle, qui n'était pas dans le 
costume national, est descendu aux classes populaires. 

Chamas, s. m. Gros tison allumé. On s'en sert l'hiver à 
‘la campagne pour s'éclairer au sortir de la veillée : c’est la 
torche de pin des montagnards écossais. 

Dér. du gr. KéuaË, pieu, échalas. 

Chambou, s. m., n. pr. d'homme et de lieu. Chambon, 
c’est-à-dire bon champ. 

La moyenne latinité a fait passer le mot au roman, qui 
Fa transmis au lang. et au fr. Du Cange cite un ancien 
titre qui en fait foi : Cambo, terra arabilis quam rustici 
Cambonam vocant. Cambo, lalin et-roman, Camboù et 
Chamboù, lang., signifient donc une terre en culture. Et 
remarquons, en passant, que le campus lat. ne s’est con- 
servé dans nos dialectes qu'avec l'addition d'une épithète ; 
camp ni champ seuls ne sont pas du pur lang. mais du fr. 
véritable, bien que ficha soun can soit toléré et usité. 

Le vocahle qualifié s’est fort répandu, d'abord en se 
tenant dans la généralité, puis en spécialisant ce qu’il vou- 
lait mieux caractériser. Les champs arables, c’est-à-dire en 
plaine, étant fort rares, étaient par suite hautement prisés 
dans un pays aussi montagneux et escarpé que les Cévennes, 
à cause de la. facilité de leur culture, et en second lieu, 
parce que ar placés au pied des montagnes, ils rece- 
vaient les alluvions que les pluies et les inondations y 
charriaient. C'est. pour cela que ces noms sont plus mul- 

dans les contrées hautes. On compterait, dans le 
seul département du Gard, plus de quinze localités, com- 
munes ou hameaux, dont les désignations varient du simple 
au diminutif, de Cambè, Camboù, Cambon, lous € 





Fm 


Chamboù, Chambon, à Cambouné, Chambouné, m- 


bonnet, Chambounas, toutes formées du lat. Campus bonus. 


. Cette tion donnée, d'abord aux 
venons de parler, s'étendit ensuite pau ju 





CHA 193 
hameaux et villages qui se formérent dans leur voisinage 
fertile. Da sol à l'homme qui le cultive la transition fut 
aisée et naturelle. De ce nom pris pour racine il s'en forma 
mille autres, qui, à la qualification générale existante , en 
ajoutérent une autre caractéristique, ou bien, sur le pri- 
mitif Campus, appliquérent une particularité significative. 
Ainsi les noms propres de lieux et d'hommes : Chambou- 
rédoun, Chamboredon, champs en plaine et de forme ronde; 
Chambou-rigdou, Chamborigaud, plaine arrosée, campus- 
irriguus ; Chamboverno, Chambovernes, plaine verdoyante 
ou plantée de vernes. Et dans la seconde catégorie : Cam- 
bargnè, Chambarnier, commune de Méjanes-le-Clap, terre 
en vasselage; Camboulan, commune de Saint-Marcel et de 
Saint-Martial, champ servant de limite; Canférén, com- 
mune de Bernis, champ fertile; Chamcldou, Chamclaux, 
commune de Sainte-Cécile-d'Andorge, Mansus de Clauso- 
Claustri, enclos du cloitre; Champrläousoù, Champélauson, 
commune de Ja Grand'Combe, de campo clauso, champ 
fermé; Champdourous, Champorus, commune de Génolhac, 
champ venteux, qui a un dim. dans Champdouridou, Cham- 
pauriol, commune de Laval, de la Rouvière et de Montmirat; 
Camfigoùs, Camphigoux, communede Soustelle, campus fici, 
champ planté de figuiers; Camplagnè, champ en plateau; 
Campérigoùs, commune de la Calmette, champ pierreux ; 
Campméjè, commune de Saint-Jean-du-Pin; Camp-méjan, 
commune du Caylar, campus meianus, champ moyen ou 
mitoyen; Canrédoun, Campredon, commune de Nimes, de 
Langlade, de Sumène, de Valleraugue, campus rotundus, 
champ arrondi ; Camriou, Camprieux, commune de Saint- 
Sauveur-des-Pourcils, campus rivus, champ près d’un ruis- 
seau; Campsèvi, commune d’Arre, champ ensemencé; 
Camplong, Camviël, ete. IL n’est pas nécessaire d’insister 
sur d’autres dénominations dans lesquelles est intervenu le 
nom du propriétaire, qui ont aussi la même racine et se 
sont formées avec le mot campus, traduit par cam ou champ, 
comme Camarti, Campmartin; Changarnier; Champ-Ber- 
nard; Champ-Bertin; Champ du Four; Champ du Roussin, 
etc., etc., qui n’ont pas besoin d'explications. 

Chambourdo, s. f. Péj. Chambourdasso. Chambrière ; 
servante épaisse et grossière ; maritorne. 

Gorr. de Chambriëiro, emportant une idée de mépris ou 
de ridicule. 

Chambranle, s. m. Ce mot ne signifie pas chambranle, 
cadre en pierre ou en bois d’une porte, mais une longue 
règle de maçon. Ce technique est-il une imitation du 
français? Cela parait naturel, et cependant il n'existe 
aucune relation, aucune similitude entre les deux signifi- 
cations. 

Chambre, s.m. Écrevisse de rivière, Uancea astacus, 
Linn. Crustacé de l'ordre des Astacoïdes. 

Le nom de Chambre est usité à quelques lieues d'Alais, 


Le 


au levant, dans le canton de Saint-Ambroix, surtout aux 
| bords de la fontaine d’Arlinde qui en fournit beaucoup. 
Ailleurs on se sert du mot Escarabisse. — V. €. m. 


194 CHA 


Chambre parait une corruption, une variante de chancre, 
qui traduit le lat. cancer, cancre, écrevisse; signe du 
Cancer. On l’a fait aussi dér. du lat. Carabus, m. Sign, ou 
de l’allem. Crebs. En ital. Gambero et Granchio; en esp. 
Cangréjo. 

Chambrièiro, s. f. Femme de chambre, et par ext. ser- 
vante, n'importe la nature de son service. — Faï coumo la 
chambrièiro dé Pilato, c'est-à-dire elle va fort au delà de ce 
qu'on lui commande. Las chambriciros n'an qu'un mâou, 
disou lou sécrè dé l'oustéou, prvb., les domestiques n'ont 
qu'un défaut, c'est de dire les secrets de la maison. 

L'anjounénquo chambriéiro, l'angélique servante, a dit 
La Fare de la sœur de charité, servante des pauvres. 

Chambrièiro, s. f. Trépied pour soutenir la poêle sur le 
feu; quelquefois cet outil est une anse en fer et sans pied 
qu'on suspend à la crémaillère. 

Dér. de Cambro, qu'on dit Chambro chez les Raïols et 
les Vivarais. 

Champouirâou, s. m., n. pr. Champoiral, traduit le fr. 
sans autre façon. Il vient. sans doute du lat. Campus em- 
porii, champ de marché ou de foire. 

Chancre, s. m. Chancre; ulcère; aphthe; petit bouton 
transparent et douloureux qui vient à la bouche des hommes 
et des animaux, surtout chez les enfants à la mamelle 
quand ils tètent un lait échauffé et vicié. — Aqud's un 
chancre, dit-on d’un importun opiniâtre et dont on ne peut 
se débarrasser. 

Dér. du lat. Cancer, m. sign. 

Chanifès, s. m. Malaise; inquiétude vague; cauchemar 
éveillé, ce que Mme de Sévigné appelait un dragon. 

Corr. du lat. Carnifex, bourreau. 

Chanja, v. Changer, échanger; quitter une chose pour 
en prendre une autre; céder une chose pour une autre ; 
substituer ; passer d'un état à un autre; déménager, prendre 
un autre logis; permuter. — Sé chanja, changer de loge- 
ment; changer de vêtement, prendre ses habits de dimanche. 
— Ai chanja dé las quatre, mes vers à soie sont sortis de 
quatrième maladie ou mue. Ma grano a chanja, ma graine 
de vers à soie a changé de couleur; elle devient, blanchâtre 
vingt-quatre heures avant d’éclore. Es bièn chanja, la 
maladie l’a changé, pâli, amaigri. La luno chanjo aquéste 
souèr, la lune prend ce soir un nouveau quartier. Mé véou 
chanja; je vais changer de linge, d’habillement. Vous sès 
chanja, vous avez changé de logement. 

Dér. de l'ital. Cambiare, m. sign. 

. Chanjaïre, aïro, adj. Changeant; inconstant ; qui aime 
à changer; qui change aisément; d'humeur mobile. , : 

Chanjamén, s. m. Changement; passage d’un état à un 
autre; mutation: | 

Chanje, :s..m. Intérêt d'un capital, — Amaï qué. mé 
pague saun change, pourvu qu'il me paie les intérêts. 
Métre dou chanje, placer de l'argent à intérêt. î 

Chanjur, s. #1. Changeur; prèteur sur gage; banquier. — 
Pago coumo un chanjur, il paie comptant, très-exactement, 





CHA 


Chantiè, s,. m. Chantier; grand emplacement à ciel 
découvert où l'on emmagasine des bois. Par extension, 
emplacement où un certain nombre d'ouvriers travaillent, 
n'importe à quel ouvrage; réunion d'ouvriers travaillant 
de concert sous l'inspection d’un piqueur pour les ouvrages 
d'art, ou d'un baïle, pour les travaux des champs. 

Dér. de la bass. lat. Cantherius, m. sign. 

Châoucha, v. Patrouiller; marcher dans la boue, dans 
un gâchis; fouler aux pieds quelque matière mouillée ou 
onctueuse ; fouler aux pieds une personne, — La fachi- 
gnèiro l'a châoucha, la sorcière lui a pesé sur l'estomac, il 
a eu le cauchemar. A chdoucha tout lou long dé la curiètro, 
j'ai patrouillé dans toute la longueur de la rue. 

Ce mot est le mème que Cdouca dans quelques-unes de 
ses acceptions ; il a la même origine du lat. Calcare. 

Chäouchimèiïo, s. f., ou Chichoumèïo. Ripopée; 
mélange de plusieurs vins; ragout sale et Ling 24: salmi- 
gondis de viande ; galimafrée. 

Châoucholo, s. f. Soupe au vin; tranches de pain 
trempé dans le vin. 

Châäouchouia, ». frég. de Chdoucha. Patrouiller; tri- 
poter ; remuer ou marcher dans un bourbier épais ou dans 
un liquide malpropre. 

Chôouchouïaïre, aïro, adj. Qui aime à patrouiller, au 
pr. et au fig. tripotier, qui aime à se mêler derce qui ne le 
regarde pas, à mettre salement les doigts dans une sale 
affaire. 

Châoucho-vièio, phr. faite. Le cauchemar, l'incube. La 
superstition populaire attribue ce malaise à la pression 
d’un démon sous la forme d’une vieille femme qui pèse 
sur la poitrine. 

Châouma, v. Chômer ; se reposer, rester oisif. Se dit 
particulièrement du bétail qui cherche l'ombre et y dort 
sans manger quand la chaleur commence à se faire sentir. 
Les brebis, au lieu de chercher l’air dans ce cas, se tiennent 
pressées les unes contre les autres et placent leurs têtes les 
unes sous les autres, pour les mettre à l'ombre. 

Dér, probablement de Câou, chaud, qui se dit chdou 
dans quelques localités. Cette origine peut bien avoir servi 
au fr. chômer, quoique certains glossateurs, qui ne veulent 
pas que le fr. puisse être redevable au lang., prétendent le 
faire dériver de l’allem. Saumen; s'arrêter, négliger. Le 
lang. Chdouma et le-fr. chômer, qui sont évidemment le 
mème mot, paraissent plutôt tous deux venir du gr. Koïyue, 
chaleur étouffante, et la preuve, c’est que-chdoumasso, à 
qui l'on ne peut contester le droit de consanguinité avec 
ces deux infinitifs, ne signifie autre chose que grande cha- 


leur, figurant là en superlatif d’un positif perdu, qui 
devait être chdoume, traduction littérale du gr. Kaÿua, et 


qui.est devenu la racine de chdouma et de chèmer. 
Chäoumadis, s. m. Tue chaud et AE Te invite à 
la paresse. 
Châäoumadou, s. #. Lieu dis par les vi pour faire 
chômer le bétail; endroit propice et commode pour cet acte. 





CHA 


Châoumasso, s. f. Chaleur lourde, étouffante et mate, 
sans un souflle d'air. 

Voy. Châouma pour l'étym. 

Châoupi, v. Fouler aux pieds; trépigner avec les pieds, 
particulièrement" un végétal quelconque. 

Il a sa racine dans le lat. Calx, plante des pieds, chaus- 
sure, qui à fait calcare. 

Châouri, s. m”. Sabbat des sorciers, leur assemblée noc- 
turne. — Aou chdouri! allez au diable! Manjariè lou 
diable amaï lou ch prvb., il avaleraitgle diable et ses 
cornes. 

Dans l'étym. de ce mot Lan découvrir dans la 
syllabe Chdou où cdou, chaleur, quelque allusion à la cha- 
leur infernale, ou bien peut-être une contraction ou inver- 
sion du mot chdou-ma, parce que ces prétendues réunions 
se tenaient le jour du sabbat, jour de repos des Juifs, jour 
de chômage? Ce ne sont là que des conjectures très-hasar- 
dées. 

Châourima, v. Faire blanchir des légumes dans l'eau 
bouillante; mitonner; : flétrir par la chaleur ou la séche- 
resse. 

Châouta (Sé), v. Se soucier; s'inquiéter, s'embarrasser. 
— M'èn chéoute coumo dé mous vièls souïès, j'en fais cas 
- comme de mes vieux souliers: Qudou s'én chdouto? qui 

donc s'en soucie? N'a pas l'air dé s'én chdouta gaïre, il 
n'a pas l'air de s'en inquiéter beaucoup. 

Dér. du lat. Calere, désirer ardemment. 

Chapélé, s. m. Chaperon, couronne de mariée. Symbole 
de virginité qui, dans le principe, était un petit cha- 

- peau. , 

Chapélé, s. m. Chapelet; grains enfilés, sur chacun des- 
quels on dit un Ave Maria, à chaque dizaine se trouve 
un grain plus gros sur lequel on récite un Pater. 

Le chapelet sé nommait dans l'origine couronne de la 
Vierge; de ce rapprochement de couronne avec petit cha- 
peau est tiré le nom. 

Chapélé se dit aussi de plusieurs choses enfilées les unes 
à côté des autres. 

Chapla, v. Hacher; couper menu, en très-petits mor- 
ceaux; briser en éclats; dépecer. — Lou michan tén a tout 
chapla, la grèle a tout haché. 

La bass. lat. disait avec la même sign. Capulare. Cham- 
pollion pense que ce mot est celtique, et le P. Puget qu'il 
pourrait bien venir de l'hébreu Æapad, couper. 

Chapladis, s. m:: Abattis; débris de. choses brisées ou 
cassées ; cab dtarbres par r Re ou la cognée des büche- 
rons. 

Chaplun, s. m. Mens débris: (Cobeux de bois menuisé 
à la hache; épluchure des légumes ; chapelure de pain-dont 
la croûte est pilée ; recoupes de la pierre de taille. 

Chaquo, adj. des deux genres. Chaque; sert à désigner 
tout individu de même espèce ; toute chose individuelle de 


«même nature.— Chaguo moucël, TRE re 


. fés, chaque Fée 





CHA 195 


Chara, v. Gronder; faire des reproches de supérieur à 
inférieur. 

Fnital. Ciarlare signifie babiller, causer ; Sauvages même 
donne à Chara cette acception, que nous croyonserronée. 
Cependant, quoique les deux mots aient un sens différent, 
ils paraissent sortir d'une même origine. 

Charado, s. f. Gronderie ; réprimande ; mercuriale; en 
style fam. un savon. 

Charaïre, aïro, adj. Grondeur; qui n'est content de 
rien, d'humeur grondeuse; qui poursuit toujours de re- 
proches. 

Charavari, s. m.Charivari; concert ridicule avec accom- 
pagnement de poêles, chaudrons, sonnettes et cris, souvent 
avec chanson de circonstance, dont on régale les mariages 
des veufs et des veuves; plus généralement crierie, bruit 
tumultueux, querelle populaire, Cependant les charivaris 
politiques ne sont pas du ressort de l'idiome. 

Dér. du gr. Kapn6apelz, pesanteur de tête, migraine, parce 
que c’est l'effet produit par cette cacophonie, surtout sur 
celle des mariés. 

Charcutariè, s. f. Charcuterie, magasin, boutique de 
viandes de porc. 

Ce mot, ainsi que son correspondant fr., est formé de 
chair et de cuite, parce qu'autrefois surtout on débitait 
dans la chareutariè toute espèce de chair de porc cuite. 

Charcutiè, tièiro, s. et adj. Charcutier, charcutière, 
qui vend de la chair de cochon crue ou cuite, fraiche ou 
salée. 

Chartièl, s. m. Cerfeuil, Scandiæ cerefolium, Linn., 
plante de la fam. des Ombellifères, potagère, indigène du 
Midi, cultivée pour l’usage de la cuisine, 

Dér. du lat. Chærofolium, qui vient de deux mots gr., 
Xalpw, je me réjouis, et PEXkcv, feuille, à cause de l'abon- 
dance de ses feuilles. 

Chari, s. m. Char à bœufs; charriot. Ce mot, en lang., 
est consacré aux. seules voitures trainées par les bœufs ; 
toute autre voiture différemment attelée ne prend point 
ce nom. — Métre lou chari davan lous biôous, mettre la 
charrue avant les bœufs. 

Lou chari se dit pour le charriot de David, la grande 
Ourse, constellation. 

Dér. du lat. Carrus, ou plutôt du celt. karr, disent les 
étymologistes, d'où l’allem. karr, char, charrette. 

Chariado, s f. Charge ou contenu d’un chari: On dit 
uno chariado dé mounde, n'importe dans quelle voiture ils 
soient transportés, et même aujourd’hui quand il s’agit de 
wagons du chemin de fer : toute une charretée de monde. 

Charita, s. f. Charité, amour de Dieu et du prochain; 
plus usité dans le sens de aumône. — Prémiètro charita 
coumengo pér sé, charité bien ordonnée commence par’ soi- 
mème. Démanda la charita, demander l'aumône. Fasès-mé, 
douna-mé la charita dou noun dé Diou, faites l'aumône, 
donnez-moi la charité au nom de Dieu. 

Dér. du lat. Caritas. 


196 CHA 


Charitable, blo, adj. Charitable ; aumônier, qui aime à 
faire la charité, l'aumdne; qui a l'amour de son prochain. 

Charlatan, s. m. Charlatan ; marchand d'orviétan, ven- 
déur de drogues sur les places publiques; hâbleur, van- 
tard. — Vèngues pas faïre aïci dé toun charlatan, ne viens 
pas ici nous conter des sornettes, des häbleries. 

Dér. de l’ital. Ciarlare, babiller. Il est bien fort, comme 
nous l'avons vu quelque part, dé le faire venir du celte 
Charlataria, bavardage. 

Charlô, s. m. Courlis, courlis commun ; grand courlis 
cendré; Scolopax arcuata, Linn. Oiseau de l’ordre des 
EÉchassiers et de la fam. des Ténuirostres. Ce courlis, qui 
peut atteindre deux pieds de longueur, vit sédentaire dans 
notre département. Charlà s'applique aussi au petit courlis 
ou corlieu, Scolopax phæopus, Linn., espèce plus petite et 
que nous n'avons guère que de passage. 

Charnègou, s. ». Acariâtre ; difficile à vivre ; hargneux ; 
bourru. — Voy. Rébroussiè. 

Sauvages prétend que c’est le nom que l’on donne à une 
espèce de chiens métis, engendrés de deux espèces difé- 
rentes et qui sont toujours hargneux. D’après cette donnée, 
on pourrait supposer que Charnègou serait formé de chi et 
de arnégou, chien hargneux. Ce dernier mot à son tour, 
suivant certains auteurs, viendrait de Hernieux, vieux mot 
qui veut dire atteint de hernie, parce que cette infirmité 
rend hypocondriaque. — Voy. Ernugou. 

Charoun, s. #. Chaïron, qui fabrique et vend les char- 
rues, charretles et voitures, et tout ce qui les concerne. 

Dér. du lat. Carrus, char: 

Charpa, v. Gronder; grogner; faire des reproches ; que- 
reller; crier après quelqu'un; se fàcher. 

Ce mot et celui de Chara, qui ont beaucoup d’analogie, 
sont indifféremment employés dans notre dialecte. Au-des- 
sous et à l’orient d’Alais, on dit de préférence Charpa ; à 
Alaïs et au-dessus on aime mieux Chara. Cependant il peut 
y avoir quelqué différence dans l’acception : Chara signifie 
plus proprement gronder quelqu'un, et Charpa, grogner, se 
plaindre de tout, n'être content de rien. 

Dér. du lat. Carpi, carpor, bre tourmenté, affligé. 

Charpado, s. f. — Voy. Charado, m. sign. 

Charpaïre, aïiro, adj. — Voy. Charaïre. 

Charpigna (sé), v. frég. Se chercher noise ; se picoter ; 
se quereller. — Voy. Capigna. 

Charpinoüs, ouso, «dj. Rabougri. Se dit d’un arbre 
plein de chicots, hérissé de pointes et d’ergoits. 

Dér. de Charpis. 

Charpis, s. m. Charpie, filament de linge usé pour méttre 
sur les plaies; menus $cions morts d’un arbre qu'on élague. 

Charqua, v. Inquiéter; molester ; importuner ; chercher 
noise. — Aguél afaïre mé charquo, celte affaire me tour- 
mente. 

Dér. du lat. Calcare, fouler aux pieds, épéronner. 

Charquaïre, aïro, adj. Importun ; querelleur; brouillon, 
qui tourmente sans répit. 





CHI 


Charuro, s. f. Charrue. 

Ce mot, que le lang. a emprunté au fr. en lui faisant 
subir la petite inversion qui est dans ses habitudes, n'était 
pas connu autrefois où l’on ne labourait guère qu'à Paraire. 
La grande culture s'étant davantage impatronisée dans le 
pays, il a fallu distinguer par un technique les diverses 
espèces d'outils aratoires. 

Chasso, s. f. Mèche d’un fouet, ficelle déliée placée au 
bout du fouet pour le faire claquer; grand coup de fouet 
bien appliqué® 

Chatisiè, isièiro, adj. Qui aime à faire des niches, à 
jouer un mauvais tour. 

Chatiso, s. f. Niche grossière ou indécente; mauvais 
tour, mauvaise plaisanterie. 

Ce mot est-il une corruption du fr. sottise, ou bien 
vient-il d’un vieux mot lang. Chatoù, fripon? 

Chi, s. m. Dim. Chiné; péj. Chinas. Chien, Cunis fami- 
liaris, Linn., mammifère onguiculé de la fam. des Garni- 
vores. Au fig. avare, pince-maille. — Un chi régardo bén 
un avésque, amaï li lèvo pas lou capèl, un chien regarde 
un évêque sans le saluer, répond-on à quelqu'un qui se 
fâche de ce qu'on le fixe. Mounté lou chi japo, y a qicon 
dé travès, prvb. qui répond à celui-ci : il n'y a pas de 
fumée sans feu. Chi canar, chien barbet, caniche. Chi bré- 
goùs a l'éouréio vérménouso, prvb., chien hargneux à 
l'oreille déchirée. Quéou aïmo Marti, aimo soun chi, prvb., 
qui m'aime aime mon chien. Ddou tén qué lou chi pisso, la 
lèbre fu, p'vb., du temps que le chien pisse, le lièvre s'en- 
fuit; c’est-à-dire : il ne faut pas laisser pérdre l’occasion 
quand on la tient. Es tro chi pér aquà, il est trop avare 
pour cela. . 

Chi est aussi le nom d'une brouette sans roue, dont ôn 
se servait autrefois pour sortir le chagbon de la galerie 
dans nos houillères, et encore de la pièce de fer adaptée à 
la platine d'une arme à feu, mue par un ressort, autrefois 
portant la pierre, aujourd'hui en forme de marteau creux 
pour écraser la capsule ; en fr. chien. 

Dér. du gr. Küwv, Kuvés, m. sign. 

Chibâouqua, v. Chevaucher; aller à cheval; par méta- 
phore, ilse dit de deux objets qui devraient être assemblés 
et dont l’un dépasse ou surmonte l’autre. 

Dér. du lat. Caballus, Cheval. 

Chicana, v. Tricher au jeu; chicaner; ergoter ; poin- 
tiller; chercher un procès de chicane; chercher noise. 

On fait venir ce mot du gr. txavos, Sicilien, fourbe; fri= 
pon, ou de Zxybs, difficile à vivre, morose. 

Chicanaïre, aïro, adj. Tricheur ; chicaneur ; chicamier; 
qui cherche chicane, qui fait de mauvaises querelles. 

Chicanéto, adj. des deux genres./Chicanier, tricheur ; 
technique du tricheur au jeu. | 

Chicano, s.f. Tricherie; chicane; procédure artifi- 
cieuse; subtilité captieuse; contestation mal fondée. 

Chichoumèio, <. f. — Voy. Châouchiméio. 

Chicouta, v. Entailler une pièce de bois pour mieux 





CHI 


faire prendre l'enduit de plâtre ou de mortier; la rendre 
raboteusé en hachant la surface. Au fig. persécuter ; impor- 
tuner ; vétiller; contrarier ; impatienter. 

Chicoutaire, aïiro, adj. Importun ; tatillon ; inquiétant ; ; 
qui prend plaisir à vous dire des choses facheuses. 

Chifra, v. Chiffrer; calculer par le moyen des chiffres, 
la plume ou le crayon à la main. 

Chifro, s. f. Chiffre, caractère représentant les nombres ; 
calcul; arithmétique. — Counouï bièn la chifro, il est bon 
calculateur; il connait son arithmétique. Aprén la chifro, 
il étudie l’arithmétique. Un quatré dé chifro, un quatre de 
chiffre. 

- Dér: de l'hébrèu Siphr, compter, En arabe Saphar, écri- 
ture; livre; en ital. Cifera, chiffre 

Chifrur, urdo, adj. Chiffreur; calculateur; arithméti- 
tien, mème mathématicien. 

Chignèïro, s. f. Chenil, lieu où l'on renferme les chiens 
de chasse; loge à chien. Par ext. mauvais gite; taudis ; lit 
mal étoffé et en désordre ; lit de chien. 

Formé de Chi, chien, et du suffixe collectif iètro. 

Chignoun, s. m. Chignon, derrière du cou ; cheveux 
relevés en nattes par derrière et se montrant en dessous de 
la cornette. Par ext. les cheveux et mème le crâne. 

Dér. du fr, Chaine. 

Chima, v. Boire à petits coups, Joeaiet, avec sensua- 
lité; siroter en gourmet. 

Dér. du gr. Xoyés, suc, où Küux, flot, liquide. 

Chimara, v. Barbouiller du papier, charbonner une 
muraille ; chamarrer ; griffonner en écrivant. 

Chimaraduro, s. f. Barbouillage; griffonnage; trait 
vague de plume où de charbon sur une surface blanche. 

Chimaraïre, aïro, adj. Barbouilleur; griffonneur de 
papier. 

Chimarage, s. m. Grifianage, écriture ou signature 
mal formée et salement conduite. 

Chinarédo, s. f. Meute; troupe de chiens, telle que celle 
qui suit une femelle en humeur. Au fig. bande de gens 
mal famés, dévergondés. 

Dér. de Chi, chien, avec le suffixe collectif édo. 

Chinchourlo, s. f. Ortolan, Emberiza hortulanus, Linn., 
oiseau de l'ordre des Passereaux et de la fam. des Coni- 
rostres, au plumage jaune et brun, dont la chair est très- 
délicate 


. On nommé encore ainsi le Verdier où Bruant, Bruant 
commun, jaune, ÆEmberisa citrinella, Linn., oiseau de la 
_ mème famille que l’ortolan. Le mile à la tète, les joues et 
Ja gorge d'un jaune fort Me # la partie supérieure 
ne 

sf. Brut tint épi impor 
s À pe eds er Qu 
| Corr. du fr. symphonie, dent on prend le sens en 
gr NÉ F ù» 
_ Chin-nanano. Onomatopée itraduis, Les gamins 
‘test ii ootaloote. pour Gas le son des eym- 





CHI 197 


bales et de la grosse caisse, que l’on frappait jadis à tour 
de bras d'un côté, pendant que de l'autre, en, caressant 
avec un petit balai, ce qu'en terme de métier on appelle le 
timbre, on formait une espèce d'écho au bruit principal. 
Ils cherchèrent donc à imiter de la voix la combinaison de 
ces divers sons, et ils dirent : Boum / boum / Chin-nanano / 
Un mot était créé. Pour les enfants qui aiment le tapage, 
le chin-nanano, qui l'exprime surtout, représente et 
dénomme toujours toute musique militaire. 

Chino, s. f. Chienne, femelle du chien. Au fig. avari- 
cieuse. — Voy. Chi. 

Chiou-chiou! Onomatopée du cri de certains oiseaux 
piailleurs ; pipi de ces oiseaux et des jeunes poussins. 

Chipouta, v. Chipoter; vétiller ; lanterner ; marchander ; 
chicaner sur une vétille; gâcher un ouvrage, le gâter. 

Dér. de Chi, chiqué, peu, avec l’action verbale, ou du 
verbe lat. Possum. 

Chipoutaïre, aïro, adj. Chipotier; qui vétille; qui 
marchande trop. 

Chipoutous, ouso, adj. Chipotier; vétilleur d'habitude ; 
barguigneur ; processif; chicanier. 

Chiqua, ». Chiquer; mâcher du tabac. Par ext. manger 
et boire. 

Chiqué, s. m., ou Souqué. Morceau de viande qu'on 
donne à la boucherie de surplus au poids livré; en fr. 
réjouissance; tout supplément à un marché fait; petit coup 
de vin. — À soissanto ans amaï lou chiqué, il a la soixan- 
taine et quelque chose par-dessus, et le pouce. 

Dér. de l'esp. Chico, chica, petit, petite. On soutient 
que le gaulois aurait pu fournir l'étym. : il avait Chic pour 
dire petit morceau, parcelle, finesse, subtilité, chicane, 
qui pourrait bien venir aussi de là. — Voy. Souqué. 

Chiquo, s. f. Chique, pelotte de tabac qu'on mâche ; 
soie de qualité inférieure, faite avec le rebut de cocons tels 
que les fondus et les peaux. — Voy. Foundu et Pèl. 

Chiquo (Faire) phr. faite. Sorte d’onomatopée du bruit 
que fait le chien d’un fusil en s’abattant à vide, c'est-à- 
dire sans que l'amorce prenne feu; faire fausse queue au 
billard. — Moun fusil a fa chiquo, mon fusil a raté. Cette 
expression s'emploie mème au fig. pour signifier l’avorte- 
ment d’une entreprise dont on attendait beaucoup et an- 
noncée pompeusement d'avance. 

Chivaïè, s. m. Chevalier. 

Avant 4789, dans les familles nobles, quelle que füt la 
qualité du chef, on donnait ce titre au puiné de la maison, 
et cela dès son enfance. Aussi les nourrices et les bonnes, 
suivant l'usage invariable des dim, les appelaient Chivañèiré. 
Aujourd'hui personne ne s'intitule plus chevalier ; les. 
puinés prennent le titre imnédiatement inférieur à celui de 
l'ainé et on épuise la série jusqu'au dernier. C'est plus 
commode, et si innocent d’ailleurs, que personne ne songe 


_äs’en fâcher, pas même une loi récente dont les suscepti- 
bilités ne prêtent plus qu’à rire et tombent en désuétude ! 


Voyez plutôt les lettres de faire-part, cartes de visite et pan- 


198 CHO 


nonceaux armoriés. Quant au titre de Chivaï, par lequel 
on distinguait aussi les anciens militaires, il était donné aux 
chevaliers de Saint-Louis et précédait simplement le nom 
de famille; mais cet ordre du mérite militaire est presque 
éteint aujourd’hui, et celui qui le remplace, en s'étendant 
au civil, avec la profusion qu'on lui connait, s’il a main- 
tenu dans l’idiome le mot Chivaïè, et même son dim. Chi- 
vaïdiré, ne l'a fait, hélas ! qu'au préjudice de son acception 
ancienne; car le peuple le rend souvent synonyme d'intri- 
gant. 

Chival, s. m. Dim. Chivalé; péjor. Chivalas. Cheval, 
Equus caballus, Linn., mammifère de la fam. des Soli- 
pèdes, animal domestique. — Chival dé carrosso, homme 
brutal et grossier, ou simplement chival, au fig. homme 
dur, robuste, laborieux. Chival dé troumpéto, bon cheval 
de trompette; personne qui ne craint pas le bruit, que les 
menaces n’effraient pas. D'à chival, à cheval, à califour- 
chon. Mounta d'à chival sus la fénèstro, enjamber à cali- 
fourchon l'appui d'une fenètre. 

Dans quelques dialectes, al final se convertit en dou, on 
dit chivdou. 

Cavald, dim. comme Chivalé, indique la jeunesse de 
l'animal, sa petite taille, mais avec un sens moins restreint 
peut-être; c’est une bonne petite bête bien roulée, qu'il 
désigne. 

Dér. du lat. Caballus. 

Chivalé, s.m. Danse du chevalet ou du petit cheval, en 
usage dans les réjouissances publiques du Midi. Un danseur 
est entouré d’un cerceau sur lequel il. étale une sorte de 
large jupe en drap qui figure une housse de cheval; au 
devant est ajustée une tête de cheval en carton, dont la 
bride est tenue par le cavalier ; par derrière est fixée une 
véritable queue de cheval. Ainsi équipé, il exécute une 
sorte de danse de caractère appropriée à la circonstance et 
qui imite les gambades d’un cheval, la housse fort longue 
empèchant d’ailleurs qu'on ne s’aperçoive trop qu'il ne 
marche que sur deux jambes ; l'illusion est parfaite. Huit 
danseurs ou danseuses, en costume moyen-âge, distingués 
par des couleurs différentes par, couples, exécutent autour 
du centaure danseur des rondes et des passes variées et 
entrelacées, tandis qu’un neuvième danseur, à reculons 
devant la tête de l’animal, lui présente des dragées pour 
avoine dans un tambour de basque. 

Cette danse, à peu près nationale dans le Midi, rappelle 
celle des jeux de la Fête-Dieu, à Aix, en Provence, connue 
sous le nom de Chivdou-frus, chevaux fringants. Elle est 
passée de mode de nos jours; sa dernière représentation a 
eu lieu, à Alais, en l'honneur de la naissance du roi de 
Rome. La tradition n'a conservé de tout cela que le sou- 
venir et le nom. 

Cho, s. m. Péjor, Choutaras. Hibou, hibou commun, 
hibou moyen-duc, S/rix otus, Temm. Ce nom est aussi 
celui du petit-duc, Strixæ scops, Temm. — Voy. Machoto, 
Duganèl, Tuqué. 





CHO 


Le Cho, hibou moyen-duc, est un oiseau de proie noc- 
turne, vivant de rats et de souris; il a 35 cent. de lon- 
gueur, fauve ou jaunâtre, avec des taches allongées brunes 
et grisätres, bec noir, iris des yeux jaune. Les hiboux 
portent deux petits bouquets de plume sur leur front, 
qu'ils peuvent redresser à volonté, caractère qui n'existe 
pas chez la chouette proprement dite; ce sont ces aigrettes, 
semblables à de petites cornes, qui ont fait donner au Cho 
le surnom de ban. 

Cho, choto se prend adjectivement pour sot, borné, idiot, 
qui ne sait rien dire. Cho banu est le superlatif des 
défauts précédents. 

Ce mot est l'onomatopée du cri de cet animal, qui est 
bref, accentué, triste et lugubre. 

Chou, interj. Cri qu’on adresse aux cochons pour les 
appeler au dehors de leur loge, en le répétant : Chow! Chow! s 
chou! 

En bas-breton, Oucx signifie porc. 

Chouché, s. m. Nom d'amitié que les gardeuses de porcs 
donnent à leurs élèves et dont elles les appellent dans 7 
champs : t, chouché ! ' 

Ce mot est le dim. du précédent. 

Chouës, s. m. Choix; option; préférence. Il n'est guère 
employé qu'à l'occasion des baux à ferme qui donnent à 
chacune des deux parties la faculté dé rompré ou de ton- 
server le bail au bout de deux, trois ou six années. — À 
dous ans dé chouès, il peut résilier au bout de deux 
ans. 

Dér. du lat. Colligere. 

Chouqua, v. Laisser tomber la tête sur la poitrine, 
quand le sommeil commence à gagner dans une longue 
veillée. — Voy. Choura. 

Chouqué, s. m. Hoquet, mouvement convulsif du dia- 
phragme. 

Les glossateurs français et le Dictionnaire de Trévoux, 
en tête, font dériver hoquet du flamand Hick, malgré son 
peu de rapport de consonnance. L’anglais CAhoked, suffo- 
cation, aurait certes une analogie bien. plus remarquable 
avec le fr. et le lang. à la fois; mais comment lé français 
irait-il reconnaitre ou la paternité, ou seulement la confra- 
ternité de son frère d'Outre-Loire? Pourquoi ici ne s'en 
serait-il pas inspiré, ou ne pas avouer au moins qu'il a 
trouvé cette onomatopée en même temps que lui? 

Choura, v. Chômer; rester dans le silence et l'engour- 
dissement, comme les brebis qui chôment / Foy. Chäouma), 
ou les lazzaronis qui se couchent au soleil, dans le far- 
niente. Au fig. faire l’imbécile, le niais. Il se prend aussi 
pour sommeiller, être engourdi, rèver creux. Toutes ces 
acceptions se ressemblent; cachent-elles au fond une ori- 
gine commune avec Chdouma, qui a le même sens, 
Chouqua, qui a de plus le mouvement involontaire ? 

Ghourla, v. Boire à longs traits, en aspirant ; se gorgèt 
de boisson; lamper. — Chourla soun fasquou, boire sa 
bouteille de vin. PIE 


CIC 


| Chourlado, s. “c Larges et nombreuses lampées. 

Chourlé, s. m. Nom propre devenu générique pour les 
chiens roquets, qui sont les chiens du prolétaire, le suivent 
au travail et gardent sa veste et son bissac; on les appelle 
aussi Gardo-biasso. 

Chourou, s. M. Péjor. Chouras. Diablotin d'un moulin 
à huile; ouvrier employé aux plus bas et plus pénibles 
offices; valet de pressureur de vendanges ; tisonneur de 
fourneau de chaudière des filatures. Au fig. idiot, hébété, 
-crétin. 

Dér. de Choura. 

. Chouso, s. m. ‘Un tel. Moussu Chouso, Monsieur. chose. 
Terme dont on se sert pour désigner une personne dont on 

__ne se rappelle pas le nom, ou que l'on ne veut pas nom- 
mer devant des tierces personnes. Quelquefois c'est une 
formule proverbiale : Coumo dis moussu chouso, comme dit 
cet autre. 

Chouso est une corr. du fr. chose, ou plutôt une trans- 
figuration goguenarde : c'est assez l'usage languedocien 

vis-à-vis de son heureux rival. 

Chu! interj. Chut! Silence! Doucement! Expression 
souvent explétive pour : Attendez donc! nous allons 
voir, etc. 

Chu-Chu, s. m. ef [. Silence; discrétion; secret. — 4 la 

. Chu-chu, à la muette, à la sourdine. Gardou lou chu-chu, 
ils restent muets, discrets. 

… Cibiè, s. m. Civet, étuvée de lièvre ou de lapin, coupés 
par morceaux et éuits avec du bouillon, un bouquet d'her- 

. bes et un assaisonnement de vin, de farine, d'oignons, de 
quelques feuilles de laurier et un filet de vinaigré; et servez 
chaud. 

... Dér. du lat. Cepa, où cébo, oignon, parce que ce légume 
est le principal assaisonnement de ce ragoût. 

Cibièiro, s. f. Civière, sorte de brancard sur lequel deux 

“hommes portent à bras divers fardeaux. 

_ Dér: du lat. Cænovoturium ; cænum, fumier, et vehere, 


| 
) 
| 
| 
| 
| 













+: 


fs. Rte 
Giblo,s.f. ‘Cible; point de mire pour le tir au füsil où 


d'à C'est aujourd'hui une planche fixée sur un 
. potea ‘où l'on trace un cercle avec un point noir où blanc 


. au à le principe ce devait êtré un tertre. 
in Dér.. lat. Cippus, cippe. F 
, ,.  Gicouréio, s. f. “tas Re inlybus, Linn., 


2 plante sauv e de la far Composées Chicoracées, com- 
© mune le pe les champs 'inéultes. La 
Éñdivio {Voy. c! m.). 


à ci des j nou 
dé chicorée qui croit dans les 





î 





are 


temps sous fente, où/elle reste 


LEve 
ë qu'élle : a monté l'añnée précéden 

tte buchétte où 
la jeune pousse, qui est fort bonne en salade. Une fois 


dans le _. mème. Comme le soleil 


‘tendre. PE Roque ce 
te; * 
Broquo, ét elle eriträine avec elle” 





CIG 199 


poussée hors de terre, cètte chicorée devient verte, dure, 
amère et laiteuse; elle n’est plus bonne à manger. 

Dér. du gr. Ken, m. sign. 

Cièl, s. m. Ciel, la partie supérieure du monde; firma- 
ment; paradis, demeure de Dieu, des anges et des bien- 
heureux. 

Dér. du lat. Cœlum, m. sign. 

Cièrje, s. m. Cierge, chandelle de cire à l'usage des 
églises: bougie. 

Cièrje-pascdou, cierge pascal, cierge que l'on bénit et 
que l’on allume le jour de Pâques. 

Dér. du lat. Cereus, m. sign. 

Cigalado, s. f. Accès de folie ; acte d'étourderie ; coup 
de tôte; redoublement de fièvre; élancement d'une dou- 
leur. 

Dér. de Cigalo. 

Cigalé, éto, adj. Léger, étourdi, évaporé ; jeune homme 
fringant et sémillant. 

Cigalé est le sobriquet donné aux habitants de Saint- 
Hyppolite-le-Fort (Gard). 

Cigaléja, v. frég. Aller à l'étourdie ; faire le fringant; 
causer ou éprouver des élancements douloureux, comme il 
arrive dans les panaris ou les maux d'aventure. — Moun 
dé mé cigaléjo, j'éprouve des élancements au doigt. 

Cigalo, s. f. Cigale, Cicada, Linn., genre d'insecte de 
l'ordre des Héminoptères et de la fam. des Collirostres. Le 
frottement d’une membrane sonore que la cigale mâle porte 
dé chaque côté de l'abdomen, près du corselet, produit le 
bruit qu'elle fait entendre et qu’on appelle chant. 

Cigalo signifie encore caprice; étourderie ; légèreté. 
— Tèsto dé cigalo, tète légère, éventée; étourdi. A dé 
cigalos din la tèsto, il a des rats, des caprices. Pér faire 
passa las tignos, fôou lus faïre canta uns cigalo déssus, 
prvb., pour guérir les engelures, il faut leur faire chanter 
uné cigale dessus, c’est-à-dire que le retour de la chaleur 
est le meilleur remède. Quan la cigalo canto én sétémbre, 
noun croumpes bla pér révéndre, prvb., si tu entends chanter 
la cigale en septembre, n’achète pas du blé pour le reven- 
dre : la spéculation serait mauvaise; les blés ne seront pas 
chers. 

Dér. du lat. Cicada, m. sign. 

‘Cigalo, s. f: Cigare, petit rouleau de tabac propre à 
fumer. 

Le mot est d'importation nouvelle et vient de l’esp. Noël, 
Dict. des orig., rapporte que ce sont les sauvages qui ont 


l appris à famer les cigares, mais ils aspirent la fumée par 


le nez et la font sortir par la bouche. — En Europe, on 
fait l'inverse, au moins avec la cigarette. Ét nous nous 
vantons d'être en progrès et de tout perfectionner ! 
Cigâoù,s. m. Cigale qui ne chante pas, c’est-à-dire 
tigale femelle d'après la science, mais d'après les notions 
pôpuülxires le cigdou est la cigale mâle. Sauvages affirme 


Que c'est la femellé qui est privée des organes du chant, 


c’est-à-dire des deux écailles vibrantes que la cigale a sous 


200: CIN 


le ventre. Le mot n’en reste pas moins masculin et désigne 
la cigale dénuée de cette faculté. 

Cigdou, étourdi comme une cigale; mêmes acceptions que 
cigalé. 

Cigogno, s. f. Cigogne, Ardea ciconia, Linn., de l'ordre 
des Echassiers et de la fam. des Cultirostres, oiseau de 
passage qui perche sur les cheminées et est une garantie 
de prospérité dans les idées populaires de la Hollande et de 
la Belgique. Au fig. femme haut-montée, au cou et aux 
membres trop longs ; dégingandée. 

Dér. du lat. Ciconia, m. sign. 

Cigougna, v. Remuer ses membres ; ne pouvoir rester 
en place, comme lorsqu'on éprouve des inquiétudes aux 
jambes ; branler comme un meuble déjointé par la séche- 
resse; secouer dans tous les sens, tirailler, étirer. Au fig. 
inquiéter, importuner. 

Cigougnado, s. f. Ébranlement ; secousse ; redoublement 
d'un mal. 

Cigougnaïre, aïro, adj. Remuant ; qui ne peut rester 
ni rien laisser en place; mauvais coucheur; importun ; 
ennuyeux; inquiet et inquiétant. 

Cigougnéja, v. frég. de Cigougna, exprimant à un 
degré supérieur et avec redoublement les acceptions de 
Cigougna, au pr. et au fig. 

Cimbèl, s. m. Appeau des oiseleurs; chanterelle; oiseau 
que l’on attache à un filet d’oiseleur pour appeler par son 
chant ou ses cris les autres oiseaux. — Prénes moun bras 
pér un cimbèl? prends-tu mon bras pour une enseigne? 

Dér. du lat. Cymballum, sonnette, clochette, parce que 
le Cimbèl appelle comme une sonnette. 

Cimbéla, v. Se servir de l’appeau, Cimbel, le placer pour 
Ja chasse aux oiseaux et le faire manœuvrer. Au fig. appeler, 
attirer par signes, par une démonstration qui flatte, qui 
séduit, comme pour les oiseaux que le chant du Cimbèl ou 
le sifflet amènent au piége de l’oiseleur. 

Cimèrlo, s. f. Extrème cime d’un arbre; d’une mon- 
tagne. 

Dér. de Acimérla. 

Cimo, s. f. Dim. Ciméto. Cime; haut; extrémité supé- 
rieure d’un corps terminé en pointe; sommet aigu. — A {a 
finto cimo, au plus haut sommet. 

Dér. du lat. Cyma, pointe des herbes. 

Cincérisi, s. m., ou Trido. Proyer, bruant proyer, 
Emberiza miliaria, Linn. Cet oiseau tire son double nom 
lang. de son chant, qu'on a essayé de traduire par cin-cé- 
ri-zi, où bien tri-tri-tri-trii, car, comme dit Sauvages, on 
écrit différemment le cri des oiseaux et le son des cloches, 
selon qu'on est affecté et que l'imagination s'y prête. Le 
proyer a les parties supérieures brun cendré, queue noi- 
râtre, milieu du ventre d'un blanc jaunâtre, gorge blan- 
<hâtre marquée de petites taches noirâtres. 11 est trés-com- 
mun dans nos contrées où il vit sédentaire. I est difficile 
de l'élever en cage ; il se brise la tête contre les barreaux, 
où s'il vit, ilest bien rare de l'entendre chanter. N'est-ce 





CIN 


point cette tristesse et ce dépérissement que l'on remarque 
chez le proyer captif qui ont donné naissance à cette locu- 


tion familière faïre la trido, que l'on applique à quelqu'un. 


qui se traine, malingre, sous le _poids de la maladie? — 
Voy. Trido. Fra 

Cindra, v. Cintrer; poser les cintres d’une voûte ; 
courber.en cintre. 

Dér. du lat. Cinctus, cinctura, de cingere. 

Cindre, s. m. Cintre ; arc de charpente pour établir les 
voûtes en construction; arc de cercle; courbure en arc: 

Dér. du lat. Cinctura, ceinture. 

Cinq, s. m., n. de nombre. Cinq, nombre impair, com- 
posé de deux et trois, ou de quatre et un. 

Dé cinq én quatre. Quelle est cette singulière alliañce 
de nombre qui se trouve à la fois dans le lang. et dans le 
fr.? D'où vient cette locution ? D’après Genin, le maitre en 
recherches et en trouvailles philologiques, il faut dire en 

r. : de cent ans quatre, ou mieux : de cent tems (temps) 
quatre ; cette expression de temps étant prise pour fois, 
ainsi que le faisaient nos pères et que font toujours les 
Anglais, chez qui le mot fimes signifie temps et fois. Cette 
version adoptée, je préférerais la dernière forme. Pourquoi 
ans pour dividende plutôt que siècles, que jours? L’expres- 
sion indéterminée de fois me semble plus à propos. Ce 
dicton, ainsi formulé, s'applique à une chose qui se fait 
rarement, mot à mot quatre fois sur cent. 

Cette interprétation est elle la bonne ? Il semblerait:que 
cela ne doive pas nous regarder; mais le lang. étant un 
peu intéressé dans la question, il faut bien qu'il essaye 
d'intervenir. 

Le dicton de cinq en quatre existe donc en fr., cela 
n'est pas douteux. Génin lui-même le constate en Je citant 
une fois ainsi. Il est vrai qu'après cela il ne s'en occupe 
plus ; d’où l’on doit conclure qu’il le considère comme inu- 
sité, relégué peut-être dans quelque localité, mais en tout 
cas comme une corruption à dédaigner de la forme qu'il a 
adoptée. Une corruption, en effet, n’est pas impossible ici 
par suite de la consonnance, de la prononciation assez rap- 
prochée des deux textes, qui aurait causé facilement une 


confusion, une méprise. Mais s’il y a eu corruption, n'a-t-elle 
pas été faite en sens inverse de celui que propose Génin, 


c'est-à-dire n'est-ce pas au contraire la version qu'il admet 
qui serait corrompue de celle qu’il condamne? Aux lexi- 
cographes français à rechercher et à débattre ce point. 

Le languedocien dit carrément : Dé cinq én quatre, et 


ici point de confusion, point de méprise possible ; nulle 


consonnance dans la prononciation de ces mots avec le 
texte Génin, s’il était traduit. D'ailleurs il ne l’est pas, ne 
l'a jamais été; cette forme nous est entièrement inconnue ; 
notre dicton est seul, unique, sans la moindre variante. Si 
nous l'avons inventé, le français, ayant la même idée à 
rendre, a pu l'inventer de son côté; il a pu aussi nous le 
prendre. Dans les deux cas, il a existé, ila été répandu 
chez lui plus sans doute qu'on ne veut le croire. Si nous 





CIR 


l'avons emprunté à nos voisins, nous l'avons pris sur un 
patron connu, à la mode. Nous l'aurions de même taillé 
sur un autre si nous l’avions trouvé meilleur, si nous 
l'avions trouvé seulement, quitte à en avoir deux; mais 
nous n’en avons qu'un. — Il reste à savoir si la version de 
Génin est réellement usitée, je l’ignore, et il se pourrait 
que ce ne fût qu'une correction qu'il a essayée. Pour nous 
il n'y a qu'à s'en tenir à notre dé cing én quatre, qui est 
le vrai texte ancien, sans altération ni compromission. 

Sans compter la difficulté qu'on trouverait à changer de 
vieilles habitudes, il y aurait, à mon avis, un désavan- 
tage à accepter la correction. Sous la forme qui nous appar- 
tient, je crois sentir quelque autre chose qui n’est pas dans 
la nouvelle. Nous voulons sans doute, avec dé cinq én 
quatre, dire aussi que le fait dont il est question a lieu 
rarement, mais de plus qu'il a lieu irrégulièrement, à inter- 
valles inégaux. Telle est la vraie signification pour nous 
de ce bizarre idiotisme. Or, ce rapprochement des deux 
nombres cinq et quatre, dont l’un n’est pas divisible par 
l’autre, dont le second n'est pas contenu d'une manière 
exacte dans le premier, ne semble-t-il pas faire entendre 
cette irrégularité? Maintenant que cette division soit plus 
difficile à faire que l'autre, que la construction de la 
phrase s'accommode très-mal aux exigences de la syntaxe, 
je le veux bien; ce n’est pas une raison pour déposséder, 
en perdant plus qu'on ne gagnerait, un dicton qui, de 
longue date, s'est toujours très-bien fait comprendre de 
nous et de bien d’autres, j'imagine. 

Dér. du lat. Quinque, cinq. 

Cinquanto, n. de nombre. Cinquante, dix fois cinq. 

Dér. du lat. Quinguaginta, m. sign. 

Cinquanténo, s. f. Cinquantaine, nombre de cinquante 
personnes ou choses ; cinquante ans. 

Cinquanténéja, v. frég. Approcher de la cinquantaine ; 
avoir près de cinquante ans. 

Cinquantièmo, adj. des deux genres, nombre ordinal, 
s. m. Cinquantième, 50me partie, 4/50. 

Cinze, s. m. Punaise domestique. — Voy. Pénnaïso. 

Dér. du lat, Cimea, m. sign. 

Cipriè, s. m. Cyprès, Cupressus, Linn., arbre de la 
fam. des Conifères, toujours vert, droit, élevé en pointe. 
Il est l'emblème de la mort et de la tristesse. Son bois est 
regardé comme incorruptible. 

Cira, v. Cirer; enduire de cire; appliquer le cirage ; 
cirer les bottes, le pavé, un fil. — Ciro, le vent soulève la 
neige en poussière. Sur les hautes montagnes, le vent en 
soulève une si grande quantité que l'air en est obscurci, 
que bêtes et gens en sont aveuglés. Des masses de neige 
ainsi transportées comblent les fondrières, effacent la trace 

_des routes et exposent la vie des voyageurs. A-t-on voulu 
comparer cette action du vent, qui aplanit les plus hautes 
-erètes sous une couche unie de neige miroitante, à une sur- 
face, à un pavé ciré, brillant de cire? 

Ciraje, s. m. Cirage pour les bottes et les souliers. 





CIT 201 


Ciro, s. f. Cire, matiére jaune, grasse et ductile, pro- 
duite par les abeilles ; chassie des yeux ; poussière de 
neige soulevée par le vent. 

Dér. du lat. Cera, m. sign. 

Ciroùs, ouso, adj. Chassieux ; qui a les yeux chassieux. 
— Voy. Carpéloùs. 

Cirusièn, s. m. Chirurgien. 

Le lat. Chirurgus a bien évidemment formé le lang. et 
le fr. Les deux mots sont-ils contemporains et jumeaux ? 
On sait que ces questions de priorité, de conception et 
d’ainesse ont longtemps embarrassé les docteurs in utroque. 

Cisampo, s. f. Bise froide ; froid vif et rigoureux ; vent 
glacial. 

Ce mot pourrait bien venir du lat. Cisalpinus, dont il 
serait la corruption, parce que la bise la plus froide nous 
vient de l'aspect des Alpes. 

Cisèl, s. m. Ciseau, instrument d'acier, plat, tranchant 
d'un bout, avec une tèle ou un manche, servant à tailler 
la pierre ou le bois. — Cisèou én pèiro. ciseau de sculp- 
teur, de tailleur de pierre. 

Dér. du lat. Scissum, supin de scindere, tailler, couper, 
fendre, 

Cisèous, s. m.'plur. Ciseaux de couturière, de tailleur; 
instrument d'acier composé de deux branches, terminées 
chacune par une lame et un anneau, et fixées par un clou 
ou pivot. 

Cistèrno, s. f. Citerne, réservoir d’eau de pluie. 

Dér. du lat. Cis{erna, m. sign. 

Cistras, s. m. Tuf et schiste; rocher friable qui n’est 
guère que de l'argile durcie, qu'on tire par dalles, mais 
qui se décompose et devient terre par l’action de la pluie, 
du soleil et surtout de la gelée. Le terrain dont la base 
est le cistras est le plus maigre et le moins accessible aux 
émanations de l’air et de la rosée. 

Dér. du gr. Zytotés, qui se brise, qui s’enlève par écailles. 

Cita, v. Citer ; donner ou faire donner une citation; 
assigner ; faire des frais de justice à quelqu'un. 

Dér. du lat. Citare, m. sign. 

Citaciou, s. f. Citation ; exploit d’assignation ; ajour- 
nement en justice. 

Citouièn, èno, adj. Citoyen, ne; particulier. Quand on 
s'en sert adjectivement, il se prend en mauvaise part, 
comme quand on dit : Oh! c’estun particulier qui... C'est 
un diable d'homme : Aguo vous és un citouïèn! 

Dér. du lat. Civis; du gén. civitatis. 

Citro, s. f. Sorte de pastèque, melon d'Amérique, Cucur- 
bita citrullus, Linn., plante de la famille des Cucurbita- 
cées, dont le fruit, Cifro, est de moyenne grosseur, d'un 
beau vert, écorce lisse, tailladé de bandes et de tigrures 
d'un jaune serin. Cette espèce de melon, sans saveur ni 
douceur, n'est bonne qu’à mettre en confiture. — Voy. 
Pastèquo. 

Ce mot vient évidemment du lat. Citrus, citron, quoi- 
qu'on n'aperçoive aucune aflinité entre ces deux fruits, 


202 CLA 


que leur forme sphérique. La Cifro est éminemment 
fade. 

Civadio, s. f. Cévadille, graine qui réduite en poudre et 
mélangée avec de l'huile, a la propriété, dit-on, de faire 
périr les poux de tète, ainsi que leurs œufs ou lentes. Il 
est certain qu’elle contient un principe actif, un acide par- 
ticulier, qu'on range parmi les poisons; mais la propriété 
que le peuple lui accorde pourrait tenir aussi à l'huile 
qu'on y met et qui est un vrai poison pour les animaux 
qu'on veut détruire. — Voy. Grano dé capouchin. 

Civado, s. f. Avoine, Avena sativa, Linn., plante de la 
fam. des Graminées. Outre les services que rend l’avoine 
comme nourriture des chevaux, on en fait encore du gruau, 
qui est un aliment très-sain pour l’homme. — Douna 
civado, s’arrèter en route pour donner l’avoine. aux che- 
vaux. Gagna civado, sauter, gambader ; faire une marche, 
un exercice pour se donner de l’appétit. Préne civado, se 
régaler; prendre sa provende. 

Civado-folo, folle avoine, averon, Avena fatua, Linn., 
plante sauvage, qui ressemble à l’avoine, mais dont l’épi 
ne contient qu'une graine apparemment imperceptible, 
puisqu'on ne peut la voir ni la recueillir. Elle croit spon- 
tanément dans les blés, où elle étouflé le bon grain. — 
Voy. Couguioulo. 

Dér. de la bass. lat. Civada, m. sign., que Ménage dit 
venir du chaldéen Sevada, aliment. 

Cla, s. m. Pierraille; cailloutage; terre mélangée de 
pierrailles. 

Deux observations importantes se présentent : une qui 
touche à la signification du mot, l’autre qui concerne son 
orthographe. 

Sauvages le traduit par : une pierre. Nous pensons qu'il 
exprime une idée de collectivité, un amas, un tas de pier- 
res; pierraille nous a paru le rendre plus justement. 

Sauvages l'écrit Clap; il a raison si l’étymologie est prise 
pour règle : la famille assez nombreuse de dérivés et de 
composés qui suivent et dont aucun ne peut renier sa 
parenté, le prouve suffisamment. Mais si le mot doit être 
prononcé, s’il est fait pour être compris à l'audition autant 
qu’à la lecture, il est nécessaire de l'écrire sans le p final, 
qui ne se fait jamais sentir. 

Dans le nom français de Méjanes-le-Clap, commune du 
canton de Barjac, que la lettre terminale soit maintenue 
puisqu'elle sonne, nous n’y faisons pas d'opposition; mais 
que, dans notre dialecte qui dit Méjano-lou-Cla, il s'intro- 
duise à l'écriture une consonne inarticulée, on ne s’aurait 
l'admettre, tant que subsistera le principe qu’en languedo- 
cien il n’y a point de lettres inutiles et de non-valeurs, et 
que toutes doivent se faire entendre. 

En composition ces retranchements de lettres ne sont pas 
rares : le mot Cap se passe toujours volontiers de sa finale, 
et nous disons couramment : Ca-dé-Rioussé, commune de 
Soustelle; Ca-dél-Pra, commune de Peyroles; Sén-Witoù- 
dé-Malca, canton de Saint-Ambroix ; comme dans le juron 





CLA 


Cadédis ou Cadédiou, et pour celui-ci la connivence du 
français nous y aide un peu. 

Nous en agirons de mème avec bien d’autres, surtout 
parmi les monosyllabes, et par exemple un des plus rappro- 
chés Co, en fr. coup, qui donne cependant Copo, Coupa, 
etc., mais dont le radical primitif ne fait pas sonner la 
consonne, et plus loin Trop et autres, auxquels nous pis 
vons aussi des explications. 

L’adjectif suivant Cla au masculin se rangerait pe cette 
catégorie, à propos de la suppression de sa finale », qui a 
disparu également de tous les infinitifs. 

Nos observations seront mieux à leur place quand nous 
traiterons, sous chaque lettre, de la méthode d'orthogra- 
phe, dont nous avons commencé l’exposé au mot Aou. Il 
suffit, au passage, d'avertir et de signaler les homonymies 
qui poussent à chaque ligne, pour éviter toutes confusions. 

Quant au radical lui-mème Cla pour Clap, vient-il du 
gr. Kidouæ, éclat, morceau, formé de Kizw, briser, rompre; 
ou bien le latin Lapis, pierre, par apocope Zap et par 
adjonction d’un €, lui aurait-il donné naissance? Raynouard 
soutient cette dernière étymologie. Sauvages remarque que 
l'addition ou la suppression du € a fourni tour à tour Clo- 
dovicus pour Lodovicus, ramenés ensuite à Clovis pour 
Louis, dernière forme du nom qui est restée. 

Avec les suflixes extensifs, Cla pour Clap donne à notre 
dialecte Clapus, Clapassino, Claparédo, Clapiè, Clapier, 
noms propres ou noms communs, entraînant tous à divers 
degrés un sens de tas de pierres, monceau ou amas de 
pierrailles, de lieux voisins ou abondants en pierres entas- 
sées ou dispersées. 

De là, si l’on cherche les analogies, on trouve, seulement 
dans notre département du Gard, La Claparédo, commune 
de Pompignan; La Claparouso, commune deRevens; Zous 
Clapéirdous, Les Clapayrols, bois dans la commune de 
Domessargues; La Clapéirolo, commune de Gaujac; Las 
Clapéirolos, commune d'Euzet; Clapisso, commune de 
Saint-André-de-Valborgne; Las Clapissos, commune de 
Combas; La Clapouso, ruisseau et bois, communes de 
Bonnevaux, de Génolhac et de Quissac; Clapissos; Clap- 
pices, mansus de Clapissis, en 1466, dans la commune 
d’Aulas. Dans tous ces noms se rencontrent les formes de 
la moyenne latinité, très-pures, comme Clapa, Clapusdans 
Clapas et Clapous, ou avec leurs suffixes traduisant Clapei- 
rada, Où Claperia, où Claperius, où Clapiceum, ow avec 
leurs diminutifs en of et‘olo; que Du Cange, à l'aide de 
citations d'actes et de chartes, rend par : Congeries, acer- 
vus lapidum, Clapié de peyre, clapier ou tas de pierre. 

Puis, si l’on voulait se rendre compte du chemin qu'ont 
fait les transformations, dans les noms propres de lieux, 
sous certaines influences ethniques inappréciables, on aurait 
à prendre les noms anciens de la géographie du moyen-âge 
qui répondent à cette forme, et l’on trouverait par exemple : 
Clichy-la-Garenne, doublement significatif, appelé autrefois 
Clipiacus ; Cleppé dans la Loire nommé Clipiacus ; et tou- 


CLA 


jours avançant, un lieu dit aujourd'hui Pierreclos, dans le 
Rhône, autrefois Clipiacus. Par où il faudrait conclure que 
Clichy = Cleppé = Clapier = Clapas, Clapisse, Clapière, 
Claparède = Pierreclos, qui n’est qu'une traduction fidèle : 
| tous rendus par Clipiacus — Claperius = Clapiceum = 
; Clapa. Mais le fr. Pierreclos — Clapouse, dans le Gard : 

par conséquent Clapouse est le même nom que Peyrouse 

(Hautes-Pyrénées), que Cheyrouse (Cantal), que Panouse 
| (Lozère), que Rochouse (Indre-et-Loire); et il a pour cor- 
| respondants Clapière (Hautes-Alpes), similaire à Perrière, 
F à Queyrière, à Rochière, qui sont les mêmes que Perosa et 

Sassoso en Italie, et que Queiroso en Espagne, et en com- 
munauté avec La Peyrouse, et Cayrouse, et Carouse, 
et Caire, Cayrats, etc. 

Comme pour prouver que le fond de la langue reste par- 
tout le même, que l’origine des dialectes est une source 
| commune, et que les différences de climats, d'habitudes ont 
| pu faire dévier la prononciation, l'impressionner et l’influen- 
| 
} 


cer, de manière à créer des variétés qui ne sont pas des : 


dissemblances réelles, à donner aux mots des physionomies 
diverses, sans faire disparaitre entièrement l'air de famille 
et les signes de reconnaissance. 
Cla, claro, adj. Dim. Claré, éto. Clair, aire; lumineux ; 
transparent; qui jette, reçoit, transmet beaucoup de 
lumière ; qui n’est pas trouble; peu épais; peu serré ; clair- 
semé ; rare. — Faï cla, le temps est clair. Faï cla dé 
luno, il fait un beau clair de lune. D'aïgo claro, de l'eau 
limpide. Aquélo tèlo és bièn claro, cette toile est peu serrée. 
Y vése pas cela, je n'y vois pas clair. Parla cla, parler 
clair. Séméno cla, culiras éspés, prvb., le grain clair-semé 
donne une moisson abondante. Cla d'én bas, mountagno 
éseuro, plèjo séguro, prvb., clair vers le midi, montagne 
couverte de nuage, présage certain de pluie : orientation 
d’Alais bien entendu. Las castagnos soun claros, les chà- 
taignes sont rares, clair-semées. 
Dér. du lat. Clarus, m. sign. 
Clañi, vw. Remplir outre mesure ; farcir; gorger. — Lou 
sôou és elafà dé poumos, le sol est jonché de pommes. Es 
clafi dé pésouls, il a la tête farcie de poux. 
Sauvages donne pour variante le terme Cldoufi, inusité 
aujourd'hui; mais l'étym. ne serait-elle pas là pour elafi un 
peu syncopée? Clausus fieri, du lat., aurait pu la fournir : 
devenir clos, très-plein ; le sens serait juste. 
Cläou, s. f. Dim. Clavéto. Clé, instrument de métal 
_ pour ouvrir ou fermer une serrure ; petite clé, clavette. — 
_ Téstamén à cldou, testament mystique. Drowvi sans cléou, 
enfoncer une porte; forcer une serrure. 
… Dér. du lat. Clavis, m. sign. 

 Clâou, s. m. Dim. Cldousé, Cldousèl, Cldousélé. Clos ; 
enclos; closeau; closerie; petit jardin. — Il est devenu nom 
propre avec la variante dialectale en Duelaux, Duclos, 
Laclos et même Lenclos, et les dim. Clausel, Duclansel : 


tous de même origine. Mais il est remarquable que le pre- 
mier Du Claux, qui devait être traduit en lang. par déou 









CLA 


clâou, garde sa teinte française et se dise couramment 
Ducldou, comme font au reste les noms Du Mas, Du Gas, 
et autres. — Voy. Dalmas. 

Dér. du lat. Clausum, m. sign. 

Cläousado, s. f. Enceinte; certaine étendue de terrain 
ou mème de pays, entouré de clôtures ou de limites fixes, 
telles que collines, ruisseaux ou rivières. 

Clâousi, v. Clore; clôturer ; entourer de murs ou de 
barrières; fermer; enfermer. 

Dér. du lat. Clausum, supin de claudere, m. sign. 

Clâäoutriè, s. m. Cloutier, fabricant de clous ; marchand 
de clous. 

Claparédo, s. f. Terrain couvert de tas de pierres rou- 
lantes et détachées et non de rochers ; car alors il s'appelle 
Rancarédo. — Voy. Cla. 

Clapas, s. m. Dim. Clapassoù. Augm. Clapassas. Au 
plur. Clapasses. Tas de pierres, et par ext. tas de toute 
sorte d'objets; monceau; amas. — Las pèiros van as cla- 
passes, dit le prvb., lorsqu'un heureux événement arrive à 
une personne déjà fort heureuse, et surtout lorsqu'un héri- 
tage échoit à une personne riche : c'est-à-dire le bien 
cherche le bien; un bonheur ne vient pas sans l’autre; 
l'eau va toujours à la rivière. — Y-aviè un clapas dé 
mounde, il y avait foule, un grand encombrement. — F. Cla. 

Clapassino, s. f. Terre très-pierreuse; qui peut fournir 
beaucoup de blocaille. 

Clapéto, adj. fém. Ne se dit que de l’eau : aïgo elapéto, 
eau à peine tiède, dégourdie au feu, telle qu'on s’en sert 
pour abreuver le bétail malade. 

Clapisso, s. f. Dim. à la fois de Clapas et de Claparédo, 
petit coin de terre rempli de pierraille. — Voy. Cla. 

Clapo, s. Sonnette de mouton, dont les flancs sont 
aplatis et parallèles; sonnaille, grosse cloche de mulet con- 
ducteur dans les convois de mulets. Elle a pour objet de 
rappeler les mulets qui pourraient s’égarer de la file pen- 
dant la nuit et dans les sentiers méconnaissables par la 
neige ou les éboulis. 

Claquo, s. f. Claque; taloche; coup frappé avec le plat 
de la main. C'est probablement une onomatopée du bruit 
que fait un pareil coup en frappant sur la joue et surtout 
sur certaine autre partie du corps à nu. 

Capèl à la claquo, claque, chapeau plat qu’on porte sous 
le bras. 

Clarénsoü, n. pr. d'homme. Clarenson. 

L'origine de ce mot est bien évidemment anglaise. Il 
signifie fils de Clarence, tout comme Fitz-Clarence. 

Claréto, s. f. Clairette; vin clairet; raisin blanc qui 
produit ce vin. La claréto est une des espèces de raisin 
qu'on choisit de préférence pour la conserver sur la paille; 
son grain est menu, clair-semé et très-sain. 

Clari (Canta), phr. faite. Sonner creux, comme fait un 
vaisseau quelconque, soit quand il est vide, soit quand il 
est fèlé. 

Clarin, s. ». Sonnette à brebis, la plus petite de celles 


203 


204 CLA 


qu'on emploie; elle est à peu près cylindrique; ainsi nom- 
mée parce qu'elle rend un son clair. 

Clarjas, s. m. Ce mot n’est employé qu’en terme de 
comparaison et sous cette seule formule : un fid coumo un 
clarjas, un feu à mi-cheminée, un feu de reculée. 

Sauvages le traduit par gueuse, lingot de fer fondu qu'on 
coule dans le sable, au sortir du fourneau de fusion. Je ne sais 
sur quoi il appuie cette opinion, puisque ce terme n’est jamais 
employé en parlant de la gueuse nominativement. En sup- 
posant même cette origine, Clarjas serait plutôt le creuset 
dans lequel s'opère la fusion, le haut-fourneau tout entier. 

Ne serait-il pas trop simple de chercher l'étym. du mot 
dans la description même de l'opération au moment où la 
coulée se fait et où la gueuse incandescente, rouge à blanc, 
court se répandre dans son lit de sable et s'étend dans son 
clar jas, sa couche claire ou en feu? Ceci dit en admettant 
que la sign. donnée par notre devancier soit juste. 

Claro d’idou, s. f. Blanc d'œuf; glaire d'œuf. 

Dér. du lat. Clarum ovi. 

Clarou, s. f. Lueur ; faible clarté; se dit de la clarté de 
la lune ou même des étoiles. 

Dér. de Cla, clarus. 

Clarta, s. f. Clarté ; lumière ; éclat ; splendeur. 

Dér. du lat. Claritas, m. sign. 

Classes, s. m. plur. Glas de mort; sonnerie de cloches, 
lorsqu'une personne vient d’expirer, et lorsque commence 
la cérémonie des funérailles. — Lous grans classes, son- 
nerie à grande volée pour les enterrements de première 
classe. Sonou sous classes, on sonne pour son enterrement. 
Dé qudou soun aquéles classes? pour qui sonne-t-on le glas 
de mort? Sonou tous classes, tu as perdu, tu es dégoté, tu 
ne peux pas t'en relever. 

Dér., d’après quelques auteurs, du lat. Classicum, son 
de la trompette, parce que sans doute dans les premiers 
temps et avant l'introduction des cloches dans les rits reli- 
gieux, on annonçait la mort avec une trompette; suivant 
d’autres du lat. Clango, faire retentir, ou clamo, appeler à 
grands cris, ou bien du gr. Kat, pleurer, ou de KA&w, 
faire un bruit aigre et perçant. Le bas-breton a Glas, qui 
a passé au fr. et qui indiquerait aussi l’origine de classes 
avec la m. sign. 

Classo, s. f. Classe ; salle d'école; classe de jeunes sol- 
dats. — Faï la classo dé lat}, il fait ses études de latin. À 
fini sas classos, il à fini ses études. Vaï à La classo, il va 
à l'école. Es pas d’aqguésto classo, il ne doit pas tirer au 
sort cette année. La classe est distinguée par l’année dans 
laquelle a eu lieu le tirage au sort, on dit : Zu classo trénto- 
trés, trénto-quatre. On s’en sert aussi dans ce sens pour 
indiquer son âge : couscri dé trénto-trés, est né vingt ans 
avant la date de sa classe. 

Dér. du lat. Classis. 

Clastréja, v. frég. Aller d’un presbytère à l'autre, pour 
y faire le parasite; fréquenter les curés. — Voy. Castéléja. 

Clastro, s. f. Presbytère; maison curiale. — Autrefois 





CLA 


ces maisons étaient habitées par une réunion ou collége de 
prêtres qui y vivaient claustralement et étaient les conseils 
des évèques. Plus anciennement encore, elles étaient occu- 
pées par des moines qui desservaient de là un grand 
nombre de paroisses, dans un lemps où le clergé séculier 
inférieur était peu nombreux et fort peu rétribué. — Bé dé 
clastro, propriété de main-morte, bien d'église. 

Dér. de la b. lat. Clastra, du lat. Claustrum, clôture, cloitre. 

Clava, v. Fermer à clé; renfermer; poser la clé à une 
voüte, assujettir les voussoirs de moellon au moyen de 
coins ou d’une pierre principale qui forme la clé ; séques- 
trer. Au fig. achever, accomplir. — Sé clava dédin, s’en- 
fermer, fermer la porte sur soi. Clava uno croto, mettre la 
clé à une vote. À las déns clavados, il a les dents serrées 
convulsivement. 

Dér. de Cldou, lat. Clavis. 

Clavèl, s. m. Dim. Clavélé. Clou, morceau de fer allongé 
et pointu servant à fixer une chose à une autre ; petit clou, 
broquette. — Clavèl dé caréto, clou de jante. — Voy. 
Cabosso. Clavèl dé tapissarié, clou à crochet, pour fixer 
les tentures d’un appartement. Aujourd’hui les tapisseries 
en papier en ont diminué l'usage. Clavèl doubla, clou tortu, 
tordu ou crochu. Clavèl mouru, déspouncha, elou rebouché 
ou épointé. Clavèl dé girofle, clou de girofle. On dit d’un 
mauvais payeur : N'aï pas pougu déraba ni fère, ni clavël, 
je n’en ai pu tirer ni sou, ni maille. 

Dér. du lat. Clavus, m. sign. 

Clavéla, v. Clouer; attacher, fixer avec un ou plusieurs 
clous. — Es clavéla dé pigoto, il a la figure toute semée 
de bubons de petite vérole. 

Clavélado, s. f. Raie, raie bouclée, Raia clavata, Linn., 
poisson de mer de l’ordre des Trématopnés et de la fam. 
des Plagiostomes. Il parvient à une grande grosseur ; sa 
chair est agréable et savoureuse. Il est plat et large, sans 
écailles. Les aiguillons qu’il porte sur le dos, espèce de 
cartilages ou d’osselets qui ressemblent à des têtes de clous, 
lui ont fait donner le nom de Cavélado. 

Clavélé, s. m. Détente d’un fusil ou d’un pistolet. 

Dér. et dim. de Clavël. 

Claviè, s. ». Crochet de femme, ordinairement en argent, 
garni d’une chaîne, à laquelle les femmes suspendent, à la 
ceinture, leurs ciseaux et les clés les plus importantes. 
C'était, il y a cinquante ans, une parure pour les ména- 
gères du peuple un peu huppées. Elles ne le portaient que 
dans leur grande toilette, et il était alors sans clés ni 
ciseaux. Ce bijou se transmettait de mère en fille, et on le 
constituait en dot dans le contrat de mariage. Les filles 
n’en portaient jamais. Il était le signe de l'autorité en mé- 
nage. Aujourd'hui le Claviè est un crochet à ciseaux com- 
mun à toutes les classes. 

Dér. de Cldou, lat. Clavis. 

Clavièiro, s. f., n. pr. delieu. Clavière ; closerie; champ 
entouré de murs ou de haies. 

Dér. de Cidou, clos, avec le suffixe collectif adjectif éètro. 





CLE 

Clè,s. f., ou Païo dé clè. Glui; gerbée; paille de 
seigle dont on a fait tomber le grain au fléau et mieux 
encore avec un rateau, afin de lui laisser toute sa longueur. 
Elle sert à garnir les chaises, à faire des paillassons, à 
rembourrer les colliers de labour, à lier les ceps aux écha- 
las, à couvrir les toitures en chaume. s 

Ce mot est tiré sans doute du fr. Claie. 

Clédado, s. f. Récolte de châtaignes sèches ; quantité 
comprise dans un séchoir appelé Céédo. 

Clédanço, s. f. Crédence ; buffet à tenir les provisions ; 
bahut. — La clédango, dans ce pays, est d'ordinaire un 
meuble d'utilité, et meuble meublant dans la cuisine des 
paysans cossus. C'est extérieurement un buffet bien ciré, 
bien luisant, quelquefois ciselé, sculpté, et en l'ouvrant, au 
lieu d'un buffet, on trouve une huche à pain. 

Ce mot, comme le fr., vient de l'allem. Kredentz, buffet. 

Clédo, s. f. Claie d'un parc à brebis, composée de trois 
montants et de quatre traverses; claire-voie ; porte à bar- 
reaux ; ridelle d'une charrette ; cadre sur lequel est tendu 
un treillis en fil de fer pour passer le sable ou la terre : on se 
sert de ce châssis en le soutenant de champ avec une légère 
inclinaison, et à l'aide d’une pelle on jette contre ce que 
l'on veut passer; séchoir à châtaignes. Dans cette dernière 
‘ acception, la Clédo est un bâtiment, qu'on isole autant que 
possible des habitations à cause des dangers d'incendie : il 
est bas et tout d’une pièce ; à la hauteur de deux mètres 
environ du sol, un rang de solives soutient un plancher 
composé soit de minces chevrons joignant l’un à l’autre, 
qu'on nomme sétoùs, soit de clayons faits de scions de chà- 
taigniers sauvages, qu'on nomme panèls. C’est là qu'on 
dépose les châtaignes fraiches, sur une épaisseur qui peut 
aller jusqu’à 75 centimètres. Au-dessous on entretient un 
feu continuel et lent au moyen de grosses souches, de 
vieux troncs d'arbres ; lorsqu'il donne trop de flamme, on 
l'étouffe à moitié avec de la cendre et avec les épluchures 
de châtaignes de l’année précédente que l’on conserve dans 
ce but. Par ce procédé on obtient un feu calme et qui 
donne beaucoup de fumée. C'est cette fumée qui n’a d’au- 
tre issue que le plancher superposé, qui, filtrant à travers 
les interstices, commence à faire suer les châtaignes, à 
volatiliser toute leur humidité, et finit par leur donner ce 
degré de dessication qui permet de les dépouiller et les 
durcit sans arriver jusqu’à la coction. 

C’est souvent dans le séchoir que se passent les veillées 
dites Castagnados. Comme l'on a besoin de surveiller le 
feu, il faut que quelqu'un y veille à tour de rôle, même 
la nuit. La veillée s'assied par terre, sur une pierre, ou 
sur une souche, et toujours le plus bas possible, parce 
que le local est plein de fumée qui n’a point de conduit 
direct et que l’on en souffre moins dans la zone inférieure. 

Dér. de la bass. lat. Cleda, formé du grec KAïÿèos, clô- 
ture, haie, de KActw, je ferme. 

Cléna, v. Incliner; plier; baisser. — Cléna las éspanlos, 
plier, hausser les épaules, en signe de soumission ou de 


- 





co 205 


dédain. Cléna lous ièls, baisser les yeux ; clignoter ; fermer 
les yeux à demi. Cléna la tèsto, courber la tête; se pros- 
terner; s’incliner de respect; s'humilier. Sé cléna, se cour- 
ber; s’abaisser; se ratatiner. 

Dér. du lat. Clinare, pencher, incliner. 

Clèr, s. m. Clerc d'église, sous-sacristain ; servant ; clerc 
de notaire; étudiant en pratique, qui travaille sous un 
homme de pratique ; et en général, dans le langage fami- 
lier, tout individu qui se trouve dans une position secon- 
daire relativement à un autre, comme un commis, un 
compagnon, un domestique. 

Dér. du lat. Clericus. 

Clèrci, s. m. Quercy, ancienne province; porc de l’es- 
pèce qui nous vient du Quercy. Au fig. cochon; pares- 
seux. 

Corr. du fr. Quercy. 

Cliquétos, s. f. plur. Cliquette, instrument de gamin, 
composé de deux galets longs et plats ou de deux petites 
douves en bois, qu'on fait battre en les tenant et les agi- 
tant entre les doigts, et qui rend à peu près le même son 
que les castagnéttes. — Au fig. et par ironie, se dit de 
jambes dépourvues de mollets; dans le même sens qu'on 
dit en fr. des flûtes. — Batré dé las cliquétos, grelotter de 
froid, quand il fait claquer des dents et flageoler des 
jambes. 

Autrefois on obligeait les lépreux de nos maladréries à 
battre des cliquettes ou à agiter des crécelles, pour avertir 
les passants de ne pas les aborder. 

Ce mot est une onomatopée. 

Cloucha, v. Glousser. — Se dit du chant ou du eri de la 
poule qui couve. — La galino cloucho, la poule demande, 
ou se prépare à couver. 

Dér. du lat. Glocire ou Glocitare, m. sign. 

Clouchado, s. f. Couvée; troupe de poussins; tous les 
œufs qu’une poule couve à la fois; les petits qui en pro- 
viennent. Au fig. engeance, famille. 

Clouchè, s. m. Clocher; bâtiment ou espèce de tour 
élevée qui soutient et renferme les cloches d’une église. 

Dans la bass. lat. Clocarium, formé de Cloca, cloche, 
avait la m. sign. En allem. Æloke, cloche; en angl. Clok, 
horloge, heure, dér. du vieux teutonique Kecoken, frapper. 

Cloucho, s. f. Poule couveuse. — Métre la cloucho, 
mettre une poule à couver, lui donner des œufs à couver. 

Ce mot, comme le v. Cloucha, en lat. Glocire, est une 
onomatopée du gloussement de la poule, durant la couvée 
et l’éducation des poussins. 

Cluta, v. Cligner, fermer à demi les yeux, comme font 
les myopes, afin de diminuer l'ouverture de l'angle visuel, 
ce qui le rend plus aigu et plus impressif sur la cornée 
qui est trop épaisse et trop peu diaphane chez les myopes. 
— Au fig. Cluta lous ièls, s'éteindre, mourir. 

Dér. du gr. KAkvw, plier, ou du lat. Clusus, fermé; ou 
encore du gr. K<ÿ0w, cacher, enfermer. 

Co, s. m. Dim. Coupé; augm. Coupas. Coup; choc; 


206 COI 


heurt; mouvement impétueux; décharge et bruit d'une 
arme, du tonnerre; tour subtil: geste; fait; tentative; 
entreprise ; but; trait de raillerie, de médisance. — Un co 
dé vi, un verre de vin. À bégu soun coupé, il a bu son 
petit coup. 4ow co dé mièjour, midi sonnant; mot à mot : 
quand midi frappe son coup. Un Co dé san, attaque d’apo- 
plexie. Un co dé sourél, coup de soleil; insolation. Co dé 
fusil, dé vén, dé tounèro, coup de fusil, de vent, de ton- 
nerre. Z a fa lou co, il lui a joué un tour. — Aro séri 
bièn lou co, maintenant ce serait bien le cas; l’occasion est 
belle; c'est le moment. À manqua soun co, il a échoué 
dans son entreprise. T'aouraï vis aqud d'un co d’ièl, j'au- 
rai vu cela d’un coup d'œil. Douna un bon co dé dén, 
faire un bon repas. Un co dé man, un peu d'aide. Co dé 
bè, médisance, Faïre lou co dâou lapin, donner le coup 
du lapin, c’est-à-dire un coup de main derrière la nuque, 
parce que c’est là la manière de tuer les lapins domes- 
tiques ; au fig. duper quelqu'un, lui tendre un croc en 
jambe. 

Tout d’un co, adv. Tout à coup. Tout énd’un co, Ou tout 
émb'un co, tout à coup; soudain ; subitement. 

Dér. de Cop, qu'on dit celtique; ou de la bass. lat. Col- 
pus, corr. du grec Kékapos, soufflet. 

Co, s. m. Fois. Syn. de Fés. — Y aviè un co, il y avait 
une fois. M'ou fagues pas dire dous cos, ne me le fais pas 
répéter, dire deux fois. Un co l'âoutre nou, une fois et 
l'autre non, alternativement. Un co qué l'éouraï vis, une 
fois que je l'aurai vu. Toutes dou co, tous à la fois. Tout 
d'un co, tout en une seule fois. 

Co, s. m. Vanne; écluse. — Toumba lou co, abaisser 
la vanne ; éva lou co, lâcher l’écluse; au propre et au fig. 
se dit de ces moulins à paroles, qui, une fois en train de 
discours, ne s'arrêtent plus. 

Cobre (dé), adv. De surplus; en réserve; par dessus le 
marché; au-delà du nécessaire ; de relais; de reste. — 
Fôou toujour avédre quicoumé dé cobre, il faut toujours 
avoir quelque peu de chose en réserve ; il faut se garder 
une poire pour la soif. 

Dér. du lat. Cooperire, couvrir, mettre en réserve. En 
esp. Cobro, à couvert. 

Codou, s. m. Caillou; galet; pierre isolée; celle que l'on 
lance à la fronde. — Abataïa à co dé codou, poursuivre 
à coups de pierre. 

Dér. de la bass. 
Cautes, caillou. 

Cofre, s. m. Dim. Coufré; péj. Coufras. Coffre; bahut; 
meuble en forme de caisse, propre à serrer des hardes, de 
l'argent, etc. Au fig. poitrine, estomac. — Agué! home a 
un bon cofre, cet homme a une excellente constitution, 

Coïè, s. m. dim. Couïètré. Collier, seulement dans l'ac- 
ception de bijou, ornement autour du cou; jamais dans 
celle de collier de trait, de labour, qui se dit : Cowlas. 

Dér. du lat. Collum, cou. 

Coïfo s./. Coiffe bonnet de femme: cornette. — Un 


lat. Codulus, m. sign., formé du lat. 





CON 


prvb. irrévérencieux pour le sexe, et qui n'est pas tou- 
jours vrai, a dit: Un capèl vou maï qué cén coïfos, un 
chapeau vaut mieux que cent coiffes; métonymie. 

Dér. de la bass. lat. Cufa on Cuphia, m. sign. 

Coire, v. Cuire; préparer les aliments au feu; faire cuire, 
spécialement faire cuire du pain. — Quouro cousès? quand 
faites-vous du pain? Bouta coïre, mettre le pot au feu. 
Aqud vou pas dé coïre, cela ne demande que fort peu de 
cuisson. | 

Coïre, v. Brüler; havir; cuire; faire éprouver de la 
cuisson : au fig. être en danger de mort, de perte. — La 
barbasto a quiè la fartaïo, la gelée blanche a flétri V'hor- 
tolaille. Fas trop coïre aquélo car, tu brûles cette viande. 
Souï quiè, je suis cuit, je suis perdu. Mous ièls mé cosou, 
les yeux me cuisent. T'én couïra, il t'en cuira, tu t'en 
repentiras. 

Dér. du lat. Coquere, m. sign. 

Col, s. m. ou Couol. Cou, col : partie du corps qui sou- 
tient la tête. — Pourta dou col, porter un fardeau sur les 
épaules. Col dé péro, col-tort, qui porte le cou de travers : 
au fig. cagot; hypocrite; torticolis. Col dé pe, cou-de-pied 
ou coude-pied. Col d'uno boutéio, goulot d’une bouteille. 

Dér. du lat. Collum, m. sign. 

Colis, s. m. Colis; ballot de marchandise; terme de 
roulage; caisse; barrique; paquet. 

« Importation nouvelle du fr. 

Colibè, s. ». Quolibet ; sarcasme; plaisanterie grossière 
et méchante; pointe; équivoque. 

Dér. du lat. Quod libet, tout ce qu'on veut, c’est-à-dire 
que ceux qui lancent des quolibets disent tout ce qui leur 
passe par la tête sans égard ni réserve. 

Colo, s. f. Colle; matière gluante et tenace qui sert à 
joindre deux surfaces. — Colo forto, colle forte, faite de la 
coction des parties gélatineuses des animaux; ainsi carac- 
térisée à cause de sa grande ténacité. 

Dér. du gr. KéXkæ, m. sign. 

Colo, s. f. Bande; troupe; association d'ouvriers tra- 
vaillant ensemble ; multitude. — Colo dé réssaïres, scieurs 
de long qui sont associés par bande de trois. Sèn pas dé 
colo, nos chiens ne chassent pas ensemble. 

Dér. du lat. Collatus, assemblé, joint, et du gr. Ko}mtés, 
uni, rapproché. 

Comotivo, s. f. Locomotive. 

C'est encore un emprunt au langage scientifique par son 
côté populaire. Mais le lang., fidèle à cette antipathie de 
rivalité dont le fr. a pris l'initiative envers lui, a voulu 
marquer cette adjonction au cachet de son génie en défi- 
gurant son modèle. 

Conquo, s. f. Dim. Counquéto. Bassin ou bassine de 
cuivre sans anse, dont on se sert dans les cuisines pour 
faire tremper certaines provisions et pour d’autres usages ; 
au fig. terrain creux ; bas-fond formant comme un bassin. 

Dér. du lat. Concha, conque, vase, coquille, venant du 


gr. Kéyyn, conque, coquillage. 





CON 


… Consou, s. ». Consul; échevin, officier municipal dans 
l’ancien régime. Dans les chartes, on les désignait sous le 
nom de consuls modernes, sans doute par comparaison aux 
consuls romains. Ils portaient la robe et le chaperon. Pius 
tard, et dans les campagnes surtout, ils se dispensaient de 
la robe; leur insigne était le chaperon cramoisi bordé 
d'hermine, — Aourian fa un consou, nous aurions fait un 
pape, disons-nous, lorsqu'un autre émet une idée que nous 
allions émettre nous-mème dans l'instant. Cette formule 
proverbiale, tant en fr. qu'en lang., est une allusion au 
système également suivi pour les papes et les consuls. C’est 
comme si l'on disait: avec cette communauté d'idées, on 
peut faire réussir toute candidature : il ne s'agit que de 
s'entendre. Mais ce qui était autrefois praticable et qui a 
donné naissance au dicton, pourrait-il aujourd'hui être 
également vrai et juste? Nos pères avaient des franchises 
qui passaient en proverbe pour attester leurs libertés com- 
munales; nous avons le progrès, et si quelque dicton 
se conserve jamais de nos mœurs électorales, de ce temps 
de suffrage universel, il est douteux qu'il exprime une 
idée pareille, qui répond à une autre locution plus étendue 
encore sur la nécessité de l'accord : Enténdè-vous et farés 
pléoure} entendez-vous et vous ferez pleuvoir. 

Conte, s. m. Compte; supputation; nombre; calcul; 
facture ou note de fournitures, contenant l'addition et le 
doit. — Faïre soun conte, faire son compte à un domes- 
tique, le congédier : au fig. tuer, assassiner. Conte dé 
” Béoucaïre, mémoire des fournisseurs que l'on doit solder à 
l'époque de la foire de Beaucaire. C'est une époque bien 


critique pour tous les consommateurs dans les pays voisins | 


de Beaucaire, pour lesquels la foire de cette ville est un 
terme de rigueur. Le peuple des campagnes surtout renvoie 
tous ses paiements à cette époque, ce qui est pour beaucoup 
de gens une cause de ruine et d'expropriation, le crédit 
qu'ils obtiennent dans le cours de l’année les alléchant 
souvent à dépenser plus qu'ils ne peuvent payer. Aussi, la 
quinzaine qui suit cette foire est-elle abondante en exploits 
d'huissier. 

Dér. du lat. Computum, calcul. 

Conte, s. m. Conte ; sornette. — Conte dé ma gran la 
borgno, conte de ma mère l'Oie. — Voy. Borgno. 

Conte, s. m. Countèsso, s. f. Comte, comtesse, sei- 
gneur d’un comté. 

Dér. du lat. Comes, compagnon. Ce titre, d'après Dom 
de Vaines, Dict. diplom., remonte au moins aux premiers 
empereurs, qui nommaient leurs conseillers, comites. Au- 
guste avait déjà les siens, comites Augusti. Plus tard, et en 
France, les comtes étaient les compagnons, les aides de 
camp des rois. 

Contoronle, s. m. Enregistrement; bureau du receveur 
de l'enregistrement ; marque sur l'or et l’argenterie qui ont 
le titre. 

Corr. du mot fr. Contrôle, ancien nom de l'enregistre- 
ment. - 


- 





COR 207 


Contorounla, v. Enregistrer; soumettre un acte à l'en- 
registrement, le déposer au bureau de l'enregistrement; 
marquer l'or et l'argent au titre. 

Contorounlur, s. "m. Receveur de l'enregistrement ; con- 
trôleur des matières d'or et d'argent. 

Copo, s. f. Dim. Coupéto. Coupe ; certaine étendue de 
bois que l’on coupe régulièrement; coupe de fourrage ; 
coupe au jeu de cartes, séparation du jeu en deux parties. 
— Y doura éncaro une bono coupélo dé révioure, nous 
aurons encore une pelite provision de regain à couper. 

Dér. de Coupa. 

Copo-jaré, s. m. Coupe-jaret ; brigand; scélérat; mau- 
vais drôle. Se dit souvent, dans le langage familier, en 
supprimant le derajer mot: és un trasso dé copo, c'est un 
mauvais gueux, un très-pauvre sire. Frimousso dé copo, 
figure de coupe-jaret. 

Formé de Coupa et de Jaré. — Voy. &. m. 

Copo-roso, s. f. Couperose, vitriol en sel, nom géné- 
rique qui convient autant à la couperose bleue, sulfate de 
cuivre, qu’à la couperose verte, sulfate de fer, dont l'ex- 
ploitation était si connue aux environs d'Alais, à Saint- 
Julien-de-Valgalgues. 

Dér. du lat. Cupri ros, rosée ou eau de cuivre, nom que 
portait le vitriol dans l’ancienne nomenclature chimique. 

Coquo, s. f. Châtaigne; poulette; mot du dictionnaire 
des nourrices et des bonnes d'enfant. 

Coquo, s. f. Brioche, gâteau ou patisserie fait de fleur 
de farine, de jaunes d'œufs et de sucre. — Voy. Rous- 
tido. 

Dér. du lat. Coctus, cocta, cuit, cuite. 

Coquo, s. f. Coque du levant; petit fruit à baies noirà- 
tres de la grosseur d’un gros pois. Il fait périr les poux et 
enivre les poissons, qui viennent mourir bientôt sur le 
sable. On ne s'en sert guère que pour empoisonner le 
poisson de rivière. 

Dér. du gr. Kôxxos, grain. 

Cor, s. m. Corps; corps humain ; cœur, organe principal 
de la circulation ; affection; mémoire; affection de l’Ame ; 
courage; cor, instrument à vent, tourné en spirale; corps 
de jupe, corset. — Y a pas un pèou dé moun cor, il n'y a 
pas un poil, une veine de mon corps. — Mdou dé cor, 
mal de cœur, faiblesse, évanouissement. Apréne dé pér cor, 
récila dé pér cor, apprendre, réciter par cœur. Ou save dé 
pér cor, je le sais par cœur. L'aïme dé tout moun cor, je 
l’aime de tout mon cœur. Cor dé casso, cor de chasse. La 
paouroto, a lou cor gros, la pauvrette, elle a le cœur gros, 
elle est très-affectée. — Foy. Cur. 

Dér. du lat. Corpus pour corps, de Cor pour cœur, et de 
Cornu pour cor. 

Corcomaire, n. pr. d'une rue de Nimes. 

Ce mot parait venir de la corroyerie qui se faisait dans 
cette rue située le long du canal de l'Agau. D'après cela, 
Corcomaïre signiferait en vieux langage du pays, corroyeur, 
et serait composé de Corcom, corruption du latin Corium, 


208 cos 


cuir, et de la désinence aïre, commune aux adjectifs d'ac- 
tion, correspondant à la désinence fr. eur. 

Du reste, Sauvages traduit, comme nous, Corecomaïre, 
qui est le même mot, par corroyeur, tanneur, et le fait 
venir de la bass. lat. Corraterius, sans entrer dans la dé- 
composition de cette origine. 

Cordo, s. f. Dim. Courdéto; péjor. Courdasso. Corde, 
tortis fait de chanvre, de lin ou de boyau. — Cordo fino, 
ficelle employée pour mèche à fouet.— Voy. Lignéto. Cordo 
dé faï. — Voy. Séngloù. 

Dér. du lat. Chorda, corde d'instrument de musique, 
cordeau. 

Cordos, s. f. plur. Maladie des pores, des chevaux, 
ainsi que des agneaux, chevreaux et veaux de naissance. 
C'est une contraction nerveuse des articulations, qui les 
empêche de plier les membres, et rend leurs jambes raides, 
comme si elles étaient tendues avec des cordes. 

Corfali, v. S'évanouir, tomber en défaillance, dispa- 
raitre; se pàmer. 

Formé de Cor et de Fali, manquer du cœur. 

Corgno, s. f. Fruit du cornouiller, en forme d'olive, 
d’un rouge vermillon, quand il est mûr. — Véou pa'no 
corgno, c'est un pauvre homme, un mauvais ouvrier, qui 
ne vaut pas une pipe de tabac. N'én dounarièi pa’no cor- 
gno, je n’en donnerais pas un sou vaillant. 

Dér. du lat. Cornum, m. sign. 

Coronlo, s. f. Tresse de cheveux entortillés sur la tête 
des femmes, en forme de couronne. « Cet usage, dit Sau- 
vages, subsiste en Italie chez les femmes du peuple, et il 
a passé de mode depuis longtemps dans nos provinces, où 
les têtes de femmes sont plus changeantes. » Mais on y 
revient : ce qui ne prouve pas que le spirituel abbé n'ait 
pas eu raison. 

Dér. du lat. Corolla, contraction de Coronula, petite 
couronne. 

Cor-san, s. m. Corps saint ; reliques d'un saint; corps 
sacré de Jésus-Christ. — L'aï préga coumo un cor-san, je 
l'ai supplié comme Dieu lui-même. Ména plan coumo un 
cor-san, conduire comme un Corps saint, avec précaution 
et sollicitude, comme si l’on portait des reliques. 

Costi, s. m. Coût; dépens; dépenses; frais. — Crén pas 
lou costi, il ne craint pas la dépense. Y doura fosso costi, 
il y aura bien des frais. 

Dér. de Cousta. 

Costo, s. f. Dim. Coustéto. Côteau, côte, penchant d'une 
montagne, d’une colline; côte, os long et courbe des par- 
ties latérales de la poitrine de l’homme ou de l'animal. — 
À las coslos én long, il a les côtes placées verticalement; 
il ne peut se courber; c’est un fainéant qui fuit tout tra- 
vail. 

Dér. du lat. Costa, m. sign. 

Costos, s. f. plur. Nervures des feuilles d'une plante ; 
parties proéminentes d'un melon ; membrure latérale d'un 
vaisseau, d’un clayon, d’une manne ; côtes de cocons de 





COoU 


tirage; fleuret de soie. — Costos dé blédo ou Coustélos, 
cardes de poirée. — Les côtes de cocons sont ces filasses 
dont on les purge dans la bassine, avant d'arriver au brin 
de soie. Comme l'enveloppe extérieure du cocon est la 
première travaillée, les premiers brins en sont grossiers, 
baveux; c'est pour cela qu'on bat les cocons au bassin 
dans l’eau bouillante pour décoller ces premiers brins; on 
dévide ainsi les cocons jusqu'à ce qu'ils deviennent fins et 
purs. La filasse qu'on retire de cet ensemble de cocons à 
la battue, sous forme d'un gros cordon, se nomme Costos. 
On la carde et on en fait du fleuret grossier. 

Coua, v. ou Gouga. Couver en parlant des oiseaux qui 
se tiennent sur leurs œufs pour les faire éclore; choyer, 
mitonner un enfant. Au fig. préparer, caresser, surveiller. 
— Sé coua, rester longtemps au lit. Laïssa coua la bugado, 
laisser une lessive s’imbiber longtemps. Laïssa coua 
un'afaïre, laisser chômer une affaire ; la calculer avec soin, 
en soigner les détails. 

Dér. du lat. Cubare, être couché. 

Couacho, s. f. Lavandière, hoche-queue, bergeronnette, 
petit oiseau qui fréquente le bord des rivières, se mêle aux 
troupeaux de mouton et porte une queue longue, toujours 
en mouvement : toutes circonstances qui lui onfvalu les 
différents noms fr. que nous citons. Quant au lang. Cou- 
acho, dans lequel on voit poindre un bout de queue, guoud 
ou quoua, il est bien à peu près l’équivalent du fr. hoche- 
queue; aussi a-t-il pour syn. Brando-quuo. Bérgèïréto est 
également usité; mais celui-ci est du fr. tout pur, et dans 
lé mème ordre d'idées. on ne devrait donner droit de cité 
qu'à Pastourèlélo, car le lang. n’appelle les bergers que 
pastres. Aussi sommes-nous ramenés vers le vrai mot, qui 
traduit le fr. bergeronnette, en appelant cet oiseau Gala- 
pastre. — Voy. C. m. 

Couado, s. f. Couvée des œufs; action de faire éclore la 
graine de vers à soie; temps de l’incubation. — An prés 
méou à la couado, ces vers ont été trop échauffés pendant 
l'éclosion. Ou a manqua à la couado, dit-on au fig. d'un 
individu qui manque de certaines qualités : c'est un vice 
de naissance. 

Dér. de Coua. 

Couaïos, s. f. plur. Derniers vers à soie, ceux qui sont 
tardifs à éclore. Il est rare que cette arrière-garde vienne à 
bien et qu’elle prospère, soit parce que ce sont les vers les 
plus malingres et les moins actifs, soit parce que leur re- 
tard provient de ce qu'ils ont été trop pénétrés par la cha- 
leur, soit enfin parce que leur mauvaise réputation et leur 
paresse les fait négliger, comme de pauvres élèves. Au 
reste, on fait bien de les délaisser. Mais les magnaniers, 
les femmes surtout, qui se sentent une tendre compassion 
pour ce qui souffre et pour tout ce qui appartient à la gent 
magnane, les conservent et les font réussir quelquefois. Il 
est plus sage et d'une bonne pratique de ne conserver ni 
les vers trop hâtifs, ni les retardataires, mais seulement 
ceux qui éclosent à trois jours de distance les uns des autres. 





Cou 


Couaïre, Couaïro, «dj. Couveur, couveuse; l'individu ! 
qui fait éclore les vers à soie à la chaleur de son corps. Ce 
qui se fait en portant la graine dans des sachets sur le 
corps, entre les habits et la chemise, ou en la mettant au 
lit et se couchant auprès. Ce procédé, qui a été le seul en 
usage autrefois, avait du bon; mais il ne pouvait s'exé- 
cuter sur une grande échelle. On y a substitué générale- 
ment l’éclosion dans un appartement bien fermé { Voy. Espé- 
lidouïro) et où l'on entretient un feu régularisé par le 
thermomètre, C’est là le mode le plus usité. L'éclosion au 
moyen du Castélé (Voy.c. m.), est d'invention relativement 
récente; mais cette méthode n'est guère suivie que par les 
éducateurs à théorie. Cependant on emploie encore, dans 
quelque coin des Cévennes, la chaleur humaine. 

Couar, s. m. — Voy. Quouar. 

Couasso, s. /. Gourde faite d'une calebasse ; calebasse 
fendue en deux et verticalement, dont les fileuses de soie 
se servent comme d’une écope pour vider leur bassine 
quand elles veulent en renouveler l’eau; cuiller à arroser 
(Voy. Asaïgadouïro); écuelle de bois; sébille. 

Couble, s. m. Couple; paire; altelage de deux bêtes de 
labour; deux choses de mème espèce, prises ou considérées 
ensemble. — Un couble dé fés, deux fois, une couple de 
fois. Un bé dé dous coubles, une ferme de deux charrues. 

Dér. du lat. Copula, lien, couple, lesse dont on couple 
les chiens. 

Coublé, s. m. Traverses; solives: add de bois de 
brin ou de sciage qu'on fixe transversalement sur les 
grosses poutres d'un couvert ou d'un plancher pour sup- 
porter les tuiles ou le parquet. — Voy. Jaséno. 

Coublo, s. f. Troupe de mulets appartenant au même 
maitre. Il ne se dit que des mulets qui portent à bât et qui 
ont été longtemps Je seul moyen de transport des marchan- 
dises dans les pays de montagnes. Ce nom ne se donne pas 
aux mulets de trait et d’attelage. 

Coucaraïo, s. f. Canaille; truandaille ; réunion de gueux 
et vagabonds. 

Dér. de Coucarou. 

Coucarda, »v. Mettre une cocarde à quelqu'un ; attacher 
une ganse de ruban sur sa coiffure; mettre un nœud ou 
un pompon sur la tête d’un agneau ou d’un robin-mouton. 

Coucardiè, s. m. Soldat, militaire, porte-cocarde. 

Coucardo, s. f. Dim. Coucardéto; péj. Coucardasso. 
Cocarde, nœud de rubans ou pièce d'étoffe, plissée et ronde, 
qu'on porte au chapeau : insigne national que les militaires 
portent à la coiffure, et que, dans les révolutions, les divers 
partis prennent comme signe de reconnaissance, — Préné 
la coucardo, S'enrôler. Chanja dé coucardo, être transfuge 
d'un parti dans un autre. 

La cocarde nous a été importée par les soldats croates, 
hongrois et polonais, chez qui elle était une touffe de 
plumes de coq attachée à leur coiffure; ce qui la fit d'a- 
bord nommer coquarde, se rapprochant davantage de sa 
racine Coq. 





COU 209 


Nose-coucardo, s. [. Noix de la plus grosse espèce qui 
s'ouvre très-facilement. C'est cette espèce que l'on emploie ” 
pour en faire de petits nécessaires en miniature, ou des 
boites à une paire de gants de femme. 

Coucarèlo, s. f. ou Capéléto. — Voy. c. m. 

Coucarou, s. m. Péjor. Coucaras. Gueux; truand: 
mendiant dépenaillé, pauvre diable sans argent ni consi- 
dération. — Méno uno vido dé coucarou, il mène une vie 
de bohème, de gueux et de paresseux. 

Ce mot a des assonnances avec Trutanus, trudamus, 
truand, de la bass. lat., et le même sens; il peut s'être 
formé de là, comme il a probablement servi lui-même à 
former Couqui, coquin, et certainement Acoucara, acoqui- 
ner. En esp. Cucaro, bohème, truand. 

Coucha, v. Chasser, pousser devant soi ; chasser un animal 
devant soi, le toucher, le frapper pour le faire avancer. — 
Coucha las mouscos, chasser les mouches. Coucho ta bèstio, 
touche ta bête. Couchas aquél chi, chassez ce chien. 

En ital. Cacciare, chasser. Les deux mots viennent-ils 
du lat. Cogere, forcer à ? 

Couchè, s. m. Cocher, celui qui conduit une voiture, 
un carrosse, un coche. 

Ce mot est le subs. de notre verbe Coucha; il ne faut 
pas lui cherchér d’autre étym. Le fr. nous en parait rede- 
vable au lang. 

Coucho-cha, s. m. Litorne, grive de génevrier, Turdus 
pilaris, Linn., connue aussi sous le nom de Grivo dé moun- 
tagno; oiseau de l'ordre des Passereaux et de la fam. des 
Crenirostres. Cette grive, presque de la taille de la drame 
(Céséro), tient son nom de son chant, ché, chà, seul cri 
qu'on lui connaisse. Les baies de génevrier dont elle se 
nourrit donnent à sa chair un goût fort prisé de certains 
amateurs, mais qui n'est pas apprécié par d’autres qui la 
trouvent amère. La livrée de cet oiseau, comme celle de 
ses congénères, est un gris cendré, tacheté de points plus 
ou moins foncés, avec les parties inférieures du corps 
tirant sur le blanc. Mais on sait que l’âge, le sexe et au- 
tres circonstances peut-être modifient souvent le plumage ; 
et il en est du reste ainsi, par les mêmes raisons, de la 
couleur des autres animaux. 

Coucho-chi, s. m. Bedeau. Avant l'introduction des 
suisses dans le personnel de la gent d'église, c'était le be- 
deau qui était chargé de la police des chiens, d’où lui 
vient son nom lang. Il est vêtu d’une robe noire ou rouge 
et armé d’une baguette ou masse surmontée d’une lanterne 
ou d’une boule. 

Coucou, s. m. Dim. Coucouné. Cocon de ver à soie; 
œuf cuit ou cru, dans l’argot des nourrices ; bouton de rose; 
champignon oronge en boule, à demi développé. — Y. Fousél. 

Dér. du lat. Concha et du gr. Kéyyn, coquille, conque. 

Coucougnè, s. n. Péj. Coucougnétras. Sale-pot; homme 
qui se mêle des détails de ménage; qui usurpe les fonc- 
tions de la femme. 

Dér. de Coucoù dans l'acception d'œuf, parce qu'un 


27 


210 COU 


homme de celte espèce s'occupe particulièrement des poules 
et des œufs. 

Coucouiado, s. f. Cochevis, alouette huppée, coquillade ; 

Alauda cristata, Linn., oiseau de l'ordre des Passereaux et 
de la fam. des Subulirostres. Une huppe de plumes placée 
.sur la tête et qu’elle peut redresser à volonté, représente 
grossièrement une coquille, c’est ce qui lui a fait donner le 
nom de Coucouiado; peut-être sa huppe a-t-elle plus de 
ressemblance à un capuchon, ét Cucullata la caractérise 
mieux ? 

Coucoumar, s. m. Dim. Coucoumardé. Coquemar, 
bouilloire en terre et à bec, pour faire chauffer l’eau, faire 
les décoctions et les tisanes. 

Dér. du lat. Cucuma, vase, qui répond au Coucoumar par 
ses attributions. 

Cucuma est formé Jui-mème de Cucumer, concombre, 
parce qu’il était autrefois de la forme de ce légume. 

Coucoumé, s. ». Champignon en boule, tel qu'il sort de 
la terre et non encore développé. C'est dans cet état que 
l'oronge est le plus délicat. 

Dér. de Coucoù, œuf, dont Coucoumé est le dim. 

Coucourèlo, s. f. Dim. Cocourèléto. Petite figue violette, 
fort douce, qui mürit au milieu de l’été. C’est une de celles 
qu’on fait sécher en les exposant au soleil, ou.en les piquant 
une par une sur un buisson desséché. 

Les nourrices donnent ce nom, en terme d'amitié, à leur 
poupon : Ma coucourèlo! ma coucourèlélo ! mon chou, mon 
petit cœur ! 

Coucu, s. m. Coucou, Cuculus canorus, Linn., oiseau de 
l'ordre des Grimpeurs et de la fam. des Cunéirostres, de la 
grosseur de la grosse draine, le dessus du corps cendré 
bleuâtre, le dessous blanc sale avec des raies transversales 
d’un brun noirâtre. Il se nourrit d'insectes ainsi que d'œufs 
d'oiseaux. Vers la fin d'août, il est gras, et sa chair est un 
bon manger. 

On prétend que cet oiseau étant le seul à avoir les intes- 
tins superposés à l'estomac, il lui est impossible de couver 
ses œufs sans nuire à sa digestion. C'est pour cela qu'il va 
pondre un seul œuf dans le nid de certains autres oiseaux, 
parmi lesquels il donne la préférence à la fauvette, au rap- 

+ port de notre savant ornithologue du Gard, Crespon. Quel- 
quefois c’est à la couvée de l’alouette, du rossignol, ce la 
pie-grièche, etc., qu'il vient apporter ces intrus. Bien que 
l'œuf de la fauvette ait quelque ressemblance avec celui du 
coucou et qu'il soit comme lui d’un blanc sale et tacheté, 
on ne conçoit pas trop que cette couveuse ne puisse s’aper- 
cevoir de la supercherie par la différence de grosseur. Dans 
la nichée d’une grive, d’un merle, cela s’expliquerait mieux. 
Faudrait-il expliquer cette anomalie par une destination 
spéciale de la nature? 

Quoi qu’il en soit, cette version parait plus plausible que 
celle que nous offre Sauvages. Celui-ci prétend que le cou- 
cou ne place son œuf dans le nid de la fauvette qu'après 
avoir dévoré la progéniture légitime de cet oiseau. Mais il 





COU 


parait bien’ plus singulier que la mère consente à cet échange 
meurtrier, qui ne peut lui échapper dans cette hypothèse. 

C'est par antiphrase de cette donnée qu'on appelle Coucu, 
en lang. et par le mot correspondant en fr... le mari dont la 
femme manque à la fidélité conjugale. Cette expression, qui 
est une injure sanglante, n'est plus usitée dans les deux 
langues que dans le style libre et bas. I n'en était pas ainsi 
du temps de Molière, ni encore du temps de l'abbé de Sau- 
vages, qui cite le mot comme un terme de dérision un peu 
libre, seulement. 

Coucu-toupè! est l’onomatopée qui représente le chant de 
cet oiseau, avec une légère variation sur la dernière syllabe : 
c'est un cri que les enfants poussent en s'amusant. — En. 
abriou canto lou coucu s’és viou, prvb. agricole, au mois 
d'avril le coucou chante s’il est en vie : c’est en effet au 
printemps qu'arrive cet oiseau, et son chant l'annonce. 

Dér. du lat. Cuculus, onomatopée de son chant. 

Coucu, s. m. Pain de cour; muscari, Hyacinthus muscari, 
Linn., plante de la fam. des Liliacées, sauvage, bulbeuse, 
qui donne un bouquet de fleurs d’un bleu foncé, disposées 
en grelots le long de sa tige. 

Coucudo ou Jäouvèrtasso. — Voy. c. m. 

Coudasquéja, v. freg. Caqueter. — Se dit du eri de la 
poule qui vient de pondre. 

Le mot est probablement une onomatopée. 

Coudasquo, s. f. Poule. Au fig. caqueleuse; mauvaise 
langue; caquet-bon-bec. 

Coudénas, s. m. Péjor. de Coudéno. Grosse et vilaine 
peau; grosse couenne, au prop. Au fig. croûte d’un ulcère; 
spécialement parcelle de terre aride et peu ou mal cultivée. 

Coudéno, s. f. Couenne de porc, peau dure qui couvre 
son lard. Au fig. on le dit d’une personne ou d’un animal 
fort maigres. — Ari coudéno et l'ase qué té méno, prvb., 
avance, baudet, et l'âne qui te conduit; c’est-à-dire l’ânier 
qui est aussi âne que sa bète. Es tout coudéno, il n’a que 
la peau et les os. 

Coudéno se dit aussi de la crasse qui, à force d'intensité, 
finit par se former en écailles et par avoir toute l’adhérence 
et la consistance d’une peau. 

Dér. du lat. Cutis, peau, et Cutena, peau de porc. 

Coudèr, s. ”#. Dim. Coudèrqué. Petit pré sec qu'on voit 
communément à la campagne devant les maisons de ferme 
et qui produit plutôt du gazon que du foin. C’est là que les 
enfants vont jouer, lesagneaux gambader et les poules gratter. 

Il est probable que le fr. coudrette dérive du lang. Coudèr. 
Les glossateurs français en font un dim. collectif de coudraie; 
mais son acception résiste à cette origine. 

Dér. du lat. Codetum, champ en friche, ou de la bass. 
lat. Coderum, place au devant d'une maison de campagne. 

Coudiou, s. #. Étui de faucheur, dans lequel il met à 
tremper sa pierre à aiguiser. Il a presque la forme d’un 
sabot, se termine en pointe vers le bas et il est fixé à la 
ceinture des faucheurs par une lanière. 

Dér. du lat. Cos, cotis, queux, pierre à aiguiser, donnant 


COU 


Cotaria, carrière de ces sortes de pierres, et peut-être Codou, 
caillou. 

Coudis-coudasquo! Imitation du cri de la poule qui 
vient de pondre. Il se prend substantivement, au fig. comme 
augm. de Coudasquo, pour caqueteuse, mauvaise langue, 
qui ne sent pas la portée de ses paroles. — Es uno coudis- 
coudasquo, c’est une bavarde, une babillarde, une méchante 
langue. 

Coudougna, s. m. Cotignac; confiture de coings; eau de 
coings, mélange d'eau-de-vie, de sucre et de coings infusés, 
cordial fort employé dans la clinique populaire. 

Ce mot, qui n'appartient pas au dialecte des Cévennes, 
mais au gascon, à été adopté et s’est généralisé par les 
poésies de Jasmin, qui l'a chanté dans sa charmante épopée 
intitulée : Mous soubénis. 

“Coudougnè, s. m. Cognassier, Pyrus cydonia, Linn., 
arbre de la fam. des Rosacées, cultivé et sauvage dans nos 
pays. Le cognassier sauvage sert à marquer les limites des 
prés et jardins, à cause de sa facilité à venir par bouture. 
Dans les terrains bas et susceptibles d'alluvion, les bornes 
en pierre tendent sans cesse à Ôtre recouvertes ; c'est pour 
en reconnaitre toujours la place, alors mème que la terre 
les recouvrirait entièrement, qu’on plante sur le point mème 
des boutures de cognassier qui s'élèvent concuremment avec 
le niveau du sol et indiquent toujours le point où il faut 
chercher la borne. Pour plus grande süreté,'on multiplie 
ces boutures sur toute la ligne divisoire à courte distance 
les unes des autres. 

© Dér., d'après le plus grand nombre des étymologistes, du 
nom de Cydon, ville de Candie, aujourd’hui la Canée, en 
gr. Kiôwv, d'où le lat. Cydonia. Mais le lat. appelait le 
coing, Malus cotonea, sans doute à cause du duvet dont ce 
fruit est recouvert; la bass. lat. en fit Coterum. Il pourrait 
bien nous être arrivé aussi par ce chemin. 

Coudoumbre, s.m. Concombre, Cucumis sativus, Linn., 
plante de la fam. des Cucurbitacées, fruit potager, raffrai- 
chissant, mais aliment indigeste et lourd mangé cru. 

Coudoumbre-d'ase, concombre sauvage, concombre d'âne, 
Momordica elaterium, Linn. 

Dér. du lat. Cucumis, cucumeris ; par substitution du b 
à l'e, Cucumbris, dont le primitif est Cucc, chose creuse, 
en celt. 

Coudoun, s. m. Coing, fruit du cognassier. Ce fruit, sto- 
machique et sain quand il est cuit, est, à l'état de crudité, 
âpre et rèche, et ne se laisse pas facilement avaler. C’est 
par allusion à cette qualité sans doute qu'on a fait de Cou- 
doun le synonyme de chagrin, inquiétude, qui causent un 
poids sur l'estomac. — Aï lou coudoun, j'ai un souci pro- 
fond, une crainte qui m’empèche de respirer, comme si je 
venais d'avaler un coing. 

Dér. de Coudougne. 

Coué, adj. m., sans fém. Coïi; silencieux ; muet d’éton- 
nement ou de terreur; frappé de stupeur. — Résta coué, 
rester court, ou bien sans mouvement. Pris ainsi adverbia- 





COU 211 


lement, Coué s'applique aux deux genres. Coi, en fr. est 
adv., autrefois il était adj., coi, coite. 

Dér., du lat, Quietus. 

Couéto dé lapin, s. f. Lagurier ovale, Lagurus ovalus, 
Linn., ou Gramen alopecouros spicâ rotundiore, graminée, 
que la forme de son épi a fait nommer. 

Coufi, ». Confire, faire cuire des fruits, etc., dans un 
suc, une liqueur, avec du sucre, du miel, du moût, qui les 
pénètre; mitonner; choyer; dorloter; remplir jusqu'aux 
bords. — Coufi d'ourguièl, bouffi d'orgueil. Coufi dé mali- 
cio, plein de malice. À coufi sas pochos, il a rempli ses 
poches. 

Sé coufi, languir dans une chambre sans sortir; se 
séquestrer dans son intérieur: se mitonner chez soi. 

Dér. du lat. Conficere. 
Coufin, s. m. Cabas; corbeille ou panier en sparterie, ro 
ou ovale, avec deux anses, propre à porter des provisions. 

Ce terme est originaire du dialecte provençal, qui n’a 
pas d'autre désignation pour cabas. Son importation a 
commencé depuis quelques années. 

Dér. du lat. Cophinus, petite corbeille, venant du grec. 
Kégvos, panier d'osier, corbeille. 

Coufla, ». Enfler; gonfler; causer un gonflement ; 
augmenter, prendre un plus grand volume; tuer, frapper 
avec violence, atteindre quelqu'un d’un coup de pierre ou de 
fusil; animer quelqu'un contre un autre, l'exciter à la ven- 
geance, à la haine; lui remplir les oreilles. 

Sé coufla, se rengorger, s’énorgueillir; être prêt à pleu- 
rer, commencer à avoir le cœur gros. 

La pasto sé couflo à la pastièiro, la pâte renfle et se dilate 
dans la huche. Aquélos bajanos couflou bièn, ces châtaignes 
renflent beaucoup à la cuisson. Aqud couflo l'éstouma, cela 
gonfle l'estomac, lui donne des flatuosités. Sé coufla dé 
bitaïo, dé soupo, se gorger, s'empiffrer de mangeaille, de 
potage. Gardoù couflo, la rivière grossit. Aguésto plèjo fara 
coufla lous rasins, cette pluie fera gonfler les raisins. L'an 
bièn coufla cronto iéou, on lui a bien monté la tête contre 
moi. 

Dér. du lat. Conflare, souffler, gonfler, exciter. 

Couflaïre, aïro, adj. Boute-feu; mauvaise langue, qui 
souffle la discorde. 

Couflaje, s. m. Crevaille; autant de vivres que l'estomac 
peut en contenir. — Aï manja moun couflaje dé prunos, 
je me suis gorgé de pruneaux. Gn'aviè un couflaje, il y en 
avait de quoi se rassasier. N’aï moun couflaje, je n'en puis 
plus. — Voy. Tibaje, Ramplimén. 

Coufle, couflo, adj. Enflé; gonflé; plein; dodu; qui a 
le cœur gros de larmes ou de colère. — Coufle coumo un 
pésoul, fier comme un pou, bouffi d'orgueil comme la gre- 
nouille de la fable. Sièï coufle, j'ai le cœur bien gros. A ous 
ièls coufles, il a les yeux gros, pleins de larmes. 

Couflije, s. m. Gonflement d'estomac; ventosité ; météo- 
risation; grosse panse. Au fig. orgueil ; chagrin ou colère 
concentrés. 


212 COU 


Couflo-couqui, s. m., phr. faite. Tout mets grossier et 
farineux, qui fermente dans l'estomac et le fait gonfler, et 
particulièrement les pois-chiches et les haricots. Dans le 
même sens et plus cavalièrement on dit Couflo-b....e. 

Coufloti, s. m. Bout-d'homme fort gros, pansu, ventru. 
— Voy. Boumbé, Boumboti. 

Couga, v. Couver. . 

Ce mot, qui semble le mème que Coua,a un sens moins 
positif. Ainsi on ne dit pas Couga pour couver des œufs et 
de la graine de vers à soie, mais on dit très-bien : — Couga 
la pigoto, ètre menacé de la petite vérole; entrer dans la 
fièvre par où elle commence. Couga dé poumos, conserver 
des pommes sur la paille. Couga la bugado, faire mitonner 
la lessive. Faïre couga las oulivos, faire fermenter les olives, 
avant de les fouler. D'oulivos cougados, des olives pochées. 
: Sé couga, ou couga sas gnèiros, rester au lit la grasse mati- 
née, — Voy. Coua. 

Dér. du lat. Cubare, être couché. 

Cougna, cougnado, s. Beau-frère, belle-sœur. S'applique 
également au frère et à la sœur de la femme, au mari ou à 
la femme de la sœur ou du frère, au père et à la mère du 
gendre et de la bru. 

Dér. du lat. Cognatus, parent, allié. 

Cougné, s. m. Coin, pièce de bois ou de fer, servantsoit 
pour fendre du bois, soit pour déliter un banc de pierre 
dans la carrière, soit pour assujettir un outil à son manche : 
cale, — Issarta âou cougné, greffer en fente. 

Dér. du lat. Cuneus, m. sign. 

Cougnèiro, s. f. Fondrière, terrain bas et creux où la 
neige, chassée par le vent, s’amoncèle à une très-grande 
hauteur et se nivelle avec le sol adjacent. Dans les routes 
des hautes montagnes, ces fondrières offrent un grand dan- 
ger aux voyageurs, parce que la neige, nivelant les chemins 
et les champs, si un voyageur égaré manque la route et met 
le pied sur la fondrière avant que sa surface ne soit durcie 
par la gelée, il disparait abimé, avec cheval et voiture. Le 
passage est surtout dangereux quand il règne de ces bou- 
rasques qu'on appelle Cira ({Voy. c. m.), parce qu’alors la 
neige aveugle et empèche de voir ou de calculer la direction 
de la route. 

Dér. probablement du ,gr. luvla, angle, coin, ou du 
cet. Kon, Kan, mème sign. — Voy. Candiargue. 

Cougnéta, v. Mettre un coin à un outil pour en assujettir 
le manche, et le rendre solide; caler un meuble, une table. 

Cougourliè, s. m. Terrain ou lieu planté de courges; 
pied de courge, la plante elle-mème. — Aquélo fio réstara 
dou cougourliè, cette fille restera fille : comme une courge 
qu'on laisse sur piéd sans l’employer; elle restera pour 
coiffer sainte Catherine. 

Cougourlo, s.f. Dim. Cougourléto; péjor. Cougourlasso. 
Courge; citrouille; potiron; Cucurbita, Linn., nom géné- 
rique qui comprend toute la fam. des Cucurbitacées, dont 
les variétés sont nombreuses. La citrouille proprement dite, 
melonnée et musquée, s'appelle Pastis; le potiron, la grosso 





COU 


Cougourlo; la gourde de pélerin, Énvinadouïro ; le girau- 
mont, poire à poudre, fausse orange, Cougourléto; les 
trompettes, Courné, etc. La généralité des courges à manger 
se nomme aussi Boultéio. ; 

Cougourlo est souvent employé, au fig., pour dire : une 
sôtte, une niaise. 

S'émbrassa coumo dos cougourlos, s’embrasser comme 
pain, de tout son cœur, avec bonheur et empressement. 

Dér. du lat. Cucurbita, m. sign. 

Couguioulo, s. f. Primevère jaune, Primila veris, Linn., 
plante de la fam. des Primulacées, qui fleurit aux premiers 
jours du printemps. 

C'est le mèmenom, Couguioulo, que porte la folle avoine, 
averon, Avena fatua, Linn. — Voy. Civado-folo. 

Couïandro, s. f. Coriandre, Coriandrum sativum, Linn., 
plante de la fam. des Ombellifères. Sa graine est employée 
dans la confiserie. — Voy. Grano dé boudin. 

Couïasso, s. f. Nom d’une espèce d’olive : la plus grosse 
et la plus arrondie; c’est celle que l’on fait confire de pré- 
férence. 

Couïda, v. Agenouiller; faire décrire un angle, un coude, 
à une branche, à un provin, à une marcotte ; courber un 
sarment en terre, pour lui faire prendre racine; bifurquer; 
décrire un angle. — Lou cami sé couïdo énd'un tèl éndré, 
le chemin forme un angle, se dévie, change de direction à 
tel endroit. . 

Couïde, s. m. Coude, partie postérieure de l'articulation 
du bras avec l’avant-bras ; angle plus ou moins aigu formé 
par la rencontre de deux lignes; changement de direction 
d’un chemin. — Léva lou couïde, hausser le coude; chopi- 
ner; se griser. Ai moun couïde trâouqua, mon habit est 
percé au coude. Aquè faï lou couïde, cela est courbé. 

Dér. du lat. Cubitus, m. sign. 

Couidéja, v. frég. Coudoyer; heurter avec le coude; 
donner des coups de coude ; pousser avec le coude. 

Couïdéjado, s. f. Coup de coude. 

Couïfa, v. Coiffer ; mettre une coiffe, une coiffure; arran- 
ger les cheveux. 

Sé couïfa, se coiffer, s’'amouracher; prendre une fantaisie. 

Couïfé, s. m. Dim. Couifétoù. Coiffe particulière aux 
paysannes en dessous d’Alais et de La Vaunage; sorte de 
calèche à longues barbes de dentelle qui, après s'être croi- 
sées sous le menton, viennent se fixer sur le haut de la tête. 
La mode nouvelle efface peu à peu tous ces costumes natio- 
naux. Cette coiffure n’est plus portée que par les femmes 
de la génération précédente de la nôtre. Le type s'en con- 
serve particulièrement dans le village de la Calmette, — 
Voy. Coïfo. 

Couïoun, s. m. Dim. Cowiouné; augm. Couiounas. Sot; 
imbécile; bénêt; nigaud; lourdaud; butor; triste sire; 
animal. 

Tous les dictionnaires français, sauf sans doute celui des 
Précieuses, mais y compris celui de l'Académie, enregistrent 
le subst. masc. Coïon; et ils font bien. S'il fallait mettre 





Cou 


au rebut tous les mots qui ont avec certains autres une 
consonnance entière ou partielle dont on peut abuser, les 
dictionnaires diminueraient bien d'épaisseur et le calem- 
bourg de ressources : ce qui serait un grand malheur. 
L'orthographe de ce mot, qui défend de toute méprise 
écrite ou parlée, sa signification qui est exclusivement 
en fr. lâche, poltron, sans cœur, ce que confirme son 
étymologie, car on le fait venir du lat. Quietus, paisible; 
fuyant la peine; ami de la paix; en voilà bien assez pour 
le faire, en sûreté de conscience, admettre à sa lettrine, en 
avisant toutefois, ce qui n'est pas de trop, qu'il n’est pas 
du style très-noble. 

On ne doit avoir aucun scrupule d’en faire autant pour 
son correspondant languedocien, qui a mème un avantage, 
puisque son orthographe et sa prononciation l'isolent plus 
encore et empêchent de le confondre et de le compromettre 
avec qui que ce soit. Cela dit, pour les besoins de la cause, 
aussi clairement qu'il m'était possible si ce n’est autant 
qu’il l'aurait fallu, rentrons dans notre spécialité. 

Notre vocable n'a pas du tout la signification de lâche, 
couard, que lui donne le français, — et il mé semble du 
reste que ce dernier a tout à fait abandonné cette acception, 
qu'on ne trouve plus que dans ses dictionnaires, pour 


“adopter dans l'usage la nôtre, que l'Académie fera bien 


d'ajouter si ce n'est de substituer. — Couïoun, qui se fémi- 
nise selon les exigences, signifie, nous venons de le dire : 
sot, niais, imbécile, lourdaud et butor; animal; triste sire; 
quand il est prononcé sérieusement ou dans la colère; mais 
dit en riant, dans l'usage commun, il n’a aucune applica- 
tion insultante et il n’est qu'une épithète qui correspond 
tout au plus au fr. nigaud, employé dans les mêmes cir- 
constances. Ainsi adoucie, cette appellation n'est devenue 
que trop parasite dans les dialogues libres et familiers, et 
mème les personnes du sexe, un peu fortes en gueule, il est 
vrai, ne s’en font pas faute. Aussi, an pu lèou dit couïoun 
qué moussu, On à plutôt dit Couïoun que monsieur, remar- 
quait quelqu'un à propos de ces formes de discours un peu 
bien sans gène. C'est ce qui fait qu'après avoir assisté à une 
de ces conversations animées, où assez de monde avait pris 
part, et qui par conséquent avait été abondamment lardée 
du bannal vocatif qu'on se renvoyait à l’envi, un étranger 
se prit à dire, moitié figue et moitié raisin : Il parait qu'il 
y a beaucoup de coïons dans ce pays-ci. — Mais honni soit 
qui mal y pensait! D'ailleurs, vdou maï èstre couïoun 
qu'avugle, exclama un jour un combattant qui se trouva 
un peu trop exposé aux balles dans une de ces escarmou- 


_ches. On cessa le feu et on lui demanda le pourquoi de 


cette bizarre proposition. Péreé qu'on né véi d'doutres, 
répondit-il, c’est qu'on en voit d'autres; et cela est devenu 
le consolant dicton dont on ne manque jamais d'user en 
pareil danger, sans se fâcher autrement. 

On voit qu’à regarder de près quelques-uns de ces mau- 
vais garçons, ils ne sont pas aussi méchants qu'ils en ont 
l'air de loin. Certes, je n'engage pas pour cela à les fré- 





COU 213 


quenter : ils sont suspectés, c'est assez et il faut faire d'eux 
comme César de sa femme. Mais quand l'occasion se pré- 
sente de les défendre, et il n'est même pas mal de la cher- 
cher, alors qu'on en a fait son état, il y a utilité et justice 
à le faire. J'ai cru d'autant plus à propos de le tenter encore 
pour ce mot-ci qu'il entre dans un dicton qu'il eût été assez 
difficile d'accueillir sans s'être bien expliqué, et assez ori- 
ginal pour qu'on n’eùt pas regretté de l'avoir mis en retenue. 
— Trés cowiouns manjavou’n api, él sugavo lou grél, mot 
à mot : trois imbéciles mangeaient un céleri, et lui suçait 
le bout ou la feuille. On dit cela de quelqu'un qu'on veut 
dépeindre tellement bête que le premier idiot venu en sau- 
rait plus que lui. Dans le céleri, — ceci est élémentaire en 
gastronomie, — le pied seulement est bon, {ou calès; le 
commencement des côtes, tant qu'elles sont blanches, est 
admissible; l'extrémité de la tige, les feuilles surtout ne 
valent rien, on les supprime. Dans une salade tout au plus 
et pour achever de remplir le saladier, on peut laisser un 
peu de ces extrémités avec quelques feuilles nouvelles, 
gréls; mais elles ont toute chance de rester au fond du 
plat. — Il est certain que si trois individus minces d'esprit 
se trouvent attablés autour d’une telle salade et que deux 
de ceux-là, visant à se garder les bons morceaux, peuvent 
persuader le dernier que la mauvaise part, lou grél, vaut 
autant et peut-être mieux et le lui laissent à manger, c’est 
qu'ils sont plus fins que lui ou plutôt qu'il est plus hôte 
qu'eux encore, bête par conséquent au dernier degré de 
l'échelle. 

Un sot trouve toujours un plus sot qui l’admire. Notre 
troisième convive est le plus sot; et c'est ce qu'a voulu 
faire entendre notre proverbe, et ce qu'il signifie dans 
l'usage fréquent qu'on en fait. 

Cowioun coumo l’abè Lati, plus bète que celui qui inventa 
la bêtise. Notre.lang. a-t-il trouvé dans cette phrase faite 
quelque consonnance ressemblant à la traduction française, 
une sorte de calembourg, pour mettre en scène un person- 
nage de fort sotte mémoire, qui n'est pas d’ailleurs autrement 
connu? Nous ne saurions le dire; mais notre goguenardise 
en est bien capable. 

Couiouna, v. Tromper, duper; attraper, mystifier quel- 
qu'un; plaisanter, häbler, railler, goguenarder et goailler; 
dire des fariboles, des gaudrioles. 

Ce mot, comme les deux suivants, n'a pas plus que 
leur chef de file, qui les a formés, une figure qui prévienne 
dès l’abord en leur faveur : il serait inutile de le dissimuler. 
Ils sont mal vus dans la bonne compagnie. Malgré tout, 
ceux-ci, bien plus que le premier, s'ils comparaissaient de- 
vant un jury, auraient droit aux circonstances atténuantes. 
Le fait est qu'il ne s’agit pour eux que de plaisanterie, que 
de häbleries au gros sel le plus souvent, et pas davantage. 
C'est dans cette acception que ces termes, qui ne sont pas 
si diables que noirs, sont employés, et c’est là leur excuse 
pour les faire admettre ici. C'est avec ce caractère que le 
verbe ci-dessus se présente dans le dicton proverbe : 


214 COoU 


Couïounan ou manjan d’agriotos? est-ce pour plaisanter 
ou sérieusement, dit-il, que vous faites cela? Est-ce pour 
rire où tout de bon? — C'est bien là le sens du languedo- 
cien, dans lequel se remarque aussi une opposition, une 
alternative. Le premier mot, c'est entendu, signifie : plai- 
santons-nous? rions-nous? Comment le second membre de 
phrase peut-il représenter le sens du français? C’est bien 
simple. Les cerises-griottes, — &yptc, du grec, ma foi! 
agrioto, aigre, fort bien conservé pour son âge, — sont 
assez aigres en eflet pour faire faire à qui en mange une 
grimace qui ressemble assez au rire, comme le rire ressemble 
parfois à la grimace, témoin le rire sardonique. C'est donc 
comme si l'on demandait : Est-ce rire où grimace ? lorsqu'il 
y a lieu de douter. Un dicton qui s'exprime ainsi est bien 
capable de faire innocenter les mots les plus verts. Couiouna 
quéouquus, tromper, duper quelqu'un; le plaisanter. Sans 
couïouna? interr.: Sérieusement? Sans plaisanter? Sou 
ésta bièn couiouna, j'ai été bien attrapé. 

Couïounado, s. f. Tromperie; badinerie, plaisanterie 
grossière, d’un goût douteux, trop libre, impertinente; 
goaillerie ; hâblerie; gaudriole; coglionerie dans le sens de 
celles de l’Arioste; sottise; maladresse. — Quinto couïou- 
nado! quelle farce! quelle häblerie! Agud's pa’no couiou- 
nado, ce n’est pas une plaisanterie. Y a dé couïounado dou 
jo, il y a quelque dessous de carte; ceci n’est pas bien clair. 
Pas dé couïounado, pas de plaisanterie; sérieusement. 
Couïounado à part, plaisanterie à part. Tout aqud’'s dé 
couiounado, tout cela ne signifie rien; ce ne sont que des 
bêtises. Aimo à dire, à énténdre dé couiounados, il aime à 
dire, à entendre des gaudrioles, des hâbleries. Éntén pas la 
couiounado, il n'entend pas la plaisanterie. À fa uno pou- 
lido couïounado, il a fait une fameuse sottise, une fière 
maladresse. 

Couïounaïre, aïro, adj. Railleur; plaisant; moqueur; 
goailleur; goguenard; mystificateur. 

Couïre, s. m. Cuivre; métal rougeâtre, sonore, dur, 
ductile, fusible et malléable. 

Dér. du lat. Cuprum, formé du gr. Kéxpos, nom de l'ile 
de Chypre, d'où le premier cuivre a été importé. 

Couïssi, s. m. Dim. Couissiné. Coussin; carreau de lit, 
de siège, de sopha, etc.; oreiller ; traversin, oreiller long 
qui s'étend de toute la largeur du lit. — Ox a prés dou 
bégui, ou laïssara dou couässi, c'est un défaut, un vice qu'il 
a pris au berceau, et qui le suivra au tombeau. Low couïssà 
porto tout, l'oreiller est un remède à tous maux, dit-on d’un 
ivrogne en l’envoyant au lit cuver son vin. Lou couïss) 
éndor lou sagan, le lil conjugal étouffe toutes les querelles 
de ménage. Un co dé couïsst, un long sommeil. 

L'étym. de ce mot n'est pas sans être discutée, Du Cange 
le dérive du lat. Culcita, matelas, oreiller; Hottman et 
Ménage de l'all. Küssen, coussin ; Ferrari de l'ital. Cuscire, 
coudre, puis de Coæa, cuisse, parce qu’on met des coussins 
sous les cuisses; ce qu'approuvent fort Covarruvias et 
Court de Gebelin, à cause, dit celui-ci, que l’oreiller relève 





COU 


la tête, comme les jambes relèvent le corps. Perrault penche 
pour le lat. Pulvinus, matelas, coussin ; Roquefort les cite 
tous et ne prend point parti. Nous imiterons sa réserve. 

Couître, s. m. Coutre, fer de charrue, tranchant ; instru- 
ment tranchant, à manche, à l'usage des boisseliers, pou: 
refendre le bois d’une manière régulière. s Fe 

Dér. du lat. Culter, couteau. » 

Couja, v. Coucher, mettre dans un lit; étendre horizon- 
talement; étendre par terre; renverser. Sé couja, se mettre 
au lit; se coucher par terre. — La luno sé cojo, ou sé couÿo, 
la lune se couche. Vaï té couja, va te coucher : tu m'en- 
nuies, va te promener. La plèjo a couja lous blas, la pluie 
a fait verser les blés. Lou coujè dou sôou, il le renversa par 
terre. 

Dér. du lat. Collocare, placer, mettre en place. 

Coujado, s. f. Couchée; gite, lieu où les voyageurs 
s'arrêtent pour passer la nuit; ce que l’on paye pour souper 
et coucher dans une auberge; fin d’une journée de route: 
— Sérén lèou gandis à la coujado, nous serons bientôt 
rendus à la couchée; nous touchons au terme de la route 
pour aujourd'hui. Çai sès dé coujado? Couchez-vous ici? 

Coujan, s. m. Couchant, endroit du ciel où le soleil 
parait se coucher; ouest. — Vèr lou coujan, à l'ouest, au 
couchant. 

Coujan, adj. m. Couchant, qui se couche. — À sourél 
coujan, au soleil couchant. 

Coula, v. Couler; suivre sa pente, en parlant d'un 
liquide; passer quand il est question du temps; suinter; 
transpirer; glisser; décuver son vin, tirer la cuve. — 
Aquélo bouto coulo, @e tonneau transpire, ou perd par 
quelque fissure. La coulavo dougo, il passait la vie gaiment. 
Couro coulas? Quand décuvez-vous votre vin, quand sou- 
tirez-vous le vin de votre cuve? Coula la bugado, abreuver 
la lessive. Afaïra coumo un pâoure home qué coulo sa 
trémpo, affairé comme un pauvre homme qui décuve sa 
piquette; parce que le pauvre n'ayant pas ow peu de vin, 
sa piquette est une grande affaire pour lui. 

Dér. du lat. Colare, couler, filtrer. 

Coula, v. Coller; joindre et faire tenir avec de la colle; 
placer contre, appliquer, rendre adhérent. — Y és coula, 
il y est collé; il est forcé de passer par là. 

Dér. de Colo, colle. 

Coulado, s. f. Coulée, le temps ou l’action de décuverle vin. 

Couladoù, s. m. Couloir, espèce d’écuelle de boïs, ou 
d'entonnoir court, en fer blanc, dont le fond percé est 
garni d’un linge pour passer un liquide, particulièrement le 
lait; crible pour le blé, en couenne de porc, percé de trous 
ronds à travers lesquels passe le grain et qui retient les 
pierres, les débris de paille et les fragments d’épis non 
dépouillés. — Voy. Cruvil. 

Dér. de Coula. 

Coularivo, s. f., ou Coulérivo. Collier d'attelage de 
bêtes de labour, disposé pour les tenir parallèlement à une 
certaine distance : cette manière consiste à atteler deux 


>. fumn bots dE à ST St 








Cou 


bètes à un araire qu'elles tirent au moyen des colliers de 
labour portant sur un cadre en bois qu'on nomme jouatos ; 
ce mode s'appelle aussi : Ldoura dou doublis. : 

La Coularivo est encore un terme de maçon pour dési- 
gner la manière de porter, à deux, quatre ou même six, un 
lourd fardeau, comme poutre ou pierre de taille. On entoure 
la pièce de plusieurs tours de corde lâche, à distance les uns 
des. autres; on passe transversalement dans ces espèces 
d'anneaux un fort rondin de bois, dont chaque extrémité 
doit poser sur l'épaule d'un des porteurs, par couples : le 
nombre de ces porteurs de deux à deux varie suivant le 
poids ou la longueur de la pièce. 

Dér. de Col, cou. 

. Coulas, s. m. Collier de labour, de charrette; collier de 
chien de berger, de sonnette de brebis. — Aguél chival prén 
bièn lou coulas, ce cheval tire avec ardeur ; il mord bien 
au collier. Préne lou coulas, au fig. s’atteler au char du 
mariage; se marier. 

Dér. de Co. 

Coulé, s. m. Colline, petit côteau; monticule; collet 
d’habit; petit manteau court qui couvre le cou et les épaules. 
— Pér valouns et pér coulés, par monts et par vaux. Lou 
Coulé dé Vilofort, le Collet de Villefort, n, pr. comme lou 
Coulé dé Brin, commune de Concoules, le Collet de Brin; 
désignations locales, traduit directement en fr. Collet, 
dim. de Cot, colline. Pichô-coulé, pelit-collet, ecclésiastique. 
Réde coumo lou coulé dé Roubèr, empesé comme un pédant. 

Dér. et dim. de Col. 

Coulèje, s. m: Collége, lieu où se fait l'enseignement des 
lettres, langues et sciences. — A passa davan lou coulèje, 
c'est un ignorant; il a passé devant le collége, c’est-à-dire 
qu'il n’y est pas entré. 

Dér. du lat. Collegium, assemblée. 

Coulérèto, s. f. Collerette; collet de femme, soit mon- 
tant, soit retombant sur les épaules. 

Emp. au fr. 

Coulérivo, s. f. — Voy. Coularivo. 

Coulèro, s. f. Colère; emportement; vive indignation. 

Dér, du gr. Xékos, bile : les anciens attribuaient la 
colère à l'agitation de ce liquide. 

. Coulétoù, s. m. Percepteur des contributions; collecteur 
des tailles : personnage fort connu et fort important pour 
toutes les classes. 

Dér. du lat. Collector, quèteur, qui lève les impôts. 

Coulina, v. Glisser; s'ébouler sur un plan incliné, lente- 
ment ; s’en aller sans bruit et sans secousse brusque. 

Dér. du lat. Colis, colline, plan incliné, proclivité. 

Coulino, s.f. Ce mot, qui semble synonyme du français 
colline, est au contraire son opposé; car il signifie : bas- 
fond, comparativement aux bords plus élevés qui l'entou- 
rent. C’est la partie la plus basse d’une terre, d'un pré, à 
condition qu'elle ait des bords relevés; car une terre qui 
finit en proclivité continue ne peut s'appeler Coulino. C’est 
en petit cè qu'est en plus grand une vallée. 





COU 215 


Couliquos, s. f. Colique; tranchées dans le ventre. — 
Mé faï véni las couliquos, il me donne le cauchemar, le 
spleen, des vapeurs, par l'ennui qu'il me procure, ou par la 
sottise de ses propos. 

Dér. du lat. Colina, venu du gr. Kwkwés, formé de 
KüAcv, intestin colon, qui est d'ordinaire le siége de la 
colique inflammatoire. 

Coulitor, s. m. Espèce de raisin blanc, peu agréable à 
manger, mais qui donne de très-bon vin blanc. 

Coulobre, s.m. Couleuvre, dragon, serpent ailé, suivant 
la superstition populaire. Le peuple des campagnes est 
persuadé que la couleuvre se raccourcit en vieillissant, 
prend des ailes.et augmente beaucoup de méchanceté : c’est 
ce qu'on appelle s'acouloubri, et par conséquent aussi 
s'acouloubri, c'est grandir en malice, en méchanceté. 

Au fig. un coulobre, une fille effrontée, garçonnière; un 
dragon. 

Dér. du lat. Coluber, couleuvre. 

Couloubrignè, s. m”. Sureau, Sambucus nigra, Linn., 
arbre de la fam. des Caprifoliacées, commun partout. Sa 
fleur joue un grand rôle dans la pharmacie populaire : elle est 
employée surtout en décoction comme puissant sudorifique. 

Le nom lang. véritable de sureau est Sambu, on ne 
l'appelle Cououbrignè que par relation avec le mot Coulou- 
brino, ci-après. — Voy. Sambu. 

Couloubrino, s. f. Couleuvrine; instrument d'un jeu 
d'enfant. C’est un tube formé d’un bout de tige de sureau 
coupé entre deux nœuds et vidé de sa moëlle. On place aux 
deux extrémités deux tampons de filasse ou de papier 
mäché et humecté qui interceptent l'air hermétiquement ; 
puis, au moyen d'une baguette taillée en forme de piston, 
on force l'entrée d’un de ces tampons dans le tube, jusqu’à 
ce que la compression de l'air soit assez forte pour chasser 
le second tampon, ce qui a lieu avec un bruit pareil au 
claquement d’un fouet : c’est en petit une sarbacanne. 

Ce mot est emprunté au fr. couleuvrine, grosse pièce 
d'artillerie qui a quelque rapport de fonction avec la Cou- 
loubrino des enfants; sa forme d'abord, ensuite le bruit et 
le projectile lancé. Le fr. vient de Couleuvre, avec qui il a 
quelque ressemblahce par sa forme allongée et cylindrique. 

Coulouèr, s.m”. Sorte d’ustensile ou d'outil en fer-blanc, 
en forme de tuile, dont les épiciers, les regrattiers et les 
grainetiers se servent pour puiser certaines marchandises du 
sac ou du tiroir qui les contient, et les faire tomber peu à 
peu dans la balance, jusqu’à ce que le plateau ainsi chargé 
retombe au niveau de celui qui porte les poids. 

Dér. de Coula. 

Couloumbasso, s. f. Espèce de feuille de mürier qui est 
une des plus estimées pour sa qualité et sa quantité. Elle 
est large, faite en cœuret porte une seule dentelure vers le 
milieu de sa circonférence. Cette feuille n’est pas plus 
épaisse qu'une autre, mais son arbre pousse plus de bois et 
surlout intérieurement où il garnit son enfourchure de 
menus scions. 


216 COU 


La Couloumbasso est encore une variété de la graminée 
appelée fenasse ou herbe à foin. Sa tige s'élève três-haut et 
porte au sommet un épi en forme sphérique. Elle donne un 
foin grossier et dur. 

Coulse, s. f. Lit de plumes; matelas de plumes. 

Dér. du lat. Culcitra, m. sign. 

Coumaire, s. f. Dim. Coumaïréto. Joujou, jouet d'enfant. 
— Faïre coumaïüre, jouer à la madone, au ménage; jeu 
dans lequel l’un des enfants fait le mari, l’autre la femme, 
les autres les enfants ou les domestiques, et où chacun des 
acteurs apporte sa portion de joujoux, tels que petites 
pièces de ménage, des poupées, de petits meubles, des 
chevaux et des chaïs, ainsi que toute cette bimbeloterie 
que nous expédie Nuremberg, et qu’on appelle proprement 
et génériquement dé Coumaïres, ou Coumaïrétos. — M'a prés 
toutos mas coumaïres, il m'a pris tous mes joujoux. Cou- 
mare, et faïre coumaïre, se dit aussi pour amusettes, 
enfantillages, occupations peu sérieuses, qu'on se permet à 
tout àge. 

Coumaïiréja, v. frég. Jouer au ménage, en parlant des 
enfants, ou à la manière des enfants ; faire des commérages, 
s'occuper de fadaises, de babioles. 

Coumanda, ». Commander, donner des ordres ; comman- 
der à un ouvrier les objets de son art; fixer, arrêter le 
bout d'une corde ou d’un garrot de manière à ce qu'il ne 
puisse se détordre, se dérouler. — M'ou coumandë, il me 
l’ordonna. Coumanda dé souïès, commander à un cordon- 
nier de vous faire des souliers. Sans vous coumanda, est 
une formule de politesse lorsqu'on demande à quelqu'un un 
léger service, ou un dérangement momentané : c’est comme 
si on lui disait : ceci n’est pas un ordre, mais une prière. 

Dér. du lat. Commendare, recommander, confier. 

Coumandamén, s. m. Commandement, ordre donné; 
droit de commander. — Lous coumandaméns, les comman- 
dements de Dieu et de l'Église. 

Coumandan, anto, adj. Celui qui commande, qui a le 
droit de commander; impérieux ; un chef de corps, de troupe 
quelconque, sans égard pour le grade de celui qui l’exerce. 

Coumando, s. f. Commande, ordre à un ouvrier d’exé- 
cuter un objet de son art. — Marchandiso dé coumando, 
ouvrage exécuté par commande, par opposition à celui qui 
est fait de pacotille, à l'avance, ou pour magasin, et qui 
n'est jamais aussi bien confectionné que celui qui l’est par 
commission spéciale. 

Coumbla, v. Combler, remplir autant qu'il est possible; 
remplir un vide, un bas-fond quelconque jusqu'aux bords. 

Dér. du lat. Cumulare, où Complere, m. sign. 

Coumble, s. m. Comblement, remblai, la matière qui 
sert à combler. — Aquô démando un bèl coumble, il faut 
beaucoup de matériaux pour combler cela. À un for 
coumble, ce vide est fort grand à remplir. 

Coumbho, s. f. Dim. Coumbéto; péjor. Coumbasso. Vallée 


étroite, ou mieux gorge entourée de collines, resserrée entre 
des montagnes. 





cou 


C'est de ce mot qu'ont été formés les noms propres 
d'homme : Coumbo, Combe; La Coumbo, Lacombe; Las 
Coumbos, Lascombe. Il entre aussi dans les noms de lieu : 
Coumbo-bâoudo, augm. de Coumbas; Coumbo-rédoundo, 
vallée arrondie; la Gran-Coumbo, la Grand'Combe, com- 
mune et canton, arrondissement d’Alais, notre grand centre 
bouiller. Les dim. et augm. ont fourni les noms de Coumbé, 
Combet, las Coumbétos, et Coumbas; d'où Coumbalusié, 
vallée luisante; et probablement Coumbiè, Combier; Dés- 
coumbiè, Descombiers ; Coumbal, Combal ; qui tous ont été 
francisés. 

Dér. du gr. KôuËcs, enfoncement, cavité; en bas-breton 
Komb, vallon, vallée. 

Coumédièn, s. m. Comédien; batteleur, baladin, jon- 
gleur, n'importe le genre de spectacle qu'il donne. Au fig. 
hypocrite, qui joue toute sorte de rôle pour tromper la 
confiance. — Au fém. Coumédièno, m. sign. 4 

Coumédio, s. f. Comédie; curiosité de la foire; toute 
sorte de spectacle et de jonglerie; hypocrisie, faux-semblant; 
larmes ou déclamations simulées. 

Dér. du lat. Comædia, formé du gr. Kwyn, bourg et 
Q3f, chant. 

Couménça, v. — Voy. Acouménça. 

Couménçanço, s. f. Commencement d’un livre, d'un 
chant, d'un spectacle. — Voy. Acouménçango. 

Couméssari, s. m. Commissaire de police. 

Emp. au fr. 

Couméssiou, s. f. Dim. Couméssiounéto. Commission. 
On appelle Couméssiou toute allée et venue que fait un 
domestique, un commis, un subordonné quelconque dans 
l'intérèt de son maitre; et les diverses courses que l'on fait 
soi-même dans un but d’ulilité personnelle. C'est aussi un 
terme générique sous lequel on désigne l’objet d’une course 
qu'on veut cacher. — Aï fa vosto coumissiou, j'ai rempli 
l'objet dont vous m’aviez chargé. 

On remarquera la différence d’accentuation entre le mot 
Couméssiou et son dim. Couméssiounéto : la prononciation 
de la diphthongue iou, ici et là, est en effet très-différente. 
Dans le premier, à est marqué d’un accent circonflexe pour 
indiquer la lettre tonique et dominante, sur laquelle la 
tenue se fait; dans le second, les deux voyelles sont privées 
d’accent, la voix les fait entendre sans appuyer sur lune 
plus que sur l’autre. La distinction entre ces diphthongues 
homographes est que l’une, accentuée, est masculine, grave; 
l’autre sans accent, est féminine, muette. — Foy. Acën." 

Dér. du lat. Commissio. 

Coumo, adv. Comme, de même que, ainsi que; comment, 
de quelle manière. — Cowmo qué n'ane, de quelle manière 
que la chose tourne. Coumo farén? comment ferons-nous ? 
Coumo qué sièque, quoi qu'il en soit. Prvb.: Coumo lous géns, 
l'éncén, selon les gens, l'encens. Save pas coumo n'as pas 
vérgougno, je ne sais pas comment tu n’en as pas honte. 

Coumo prend encore diverses acceptions qui produisent 
des idiotismes propres au languedocien. — Arivè coumo 





COU 


m'én-anave, il arriva au moment où je partais. Es michan 
coumo tout, il est horriblement mauvais. És véngu coumo 
él, il est venu en même temps que ni. És pas gaïar coumo 
vous, il n’est pas aussi bien portant que vous. 

Dér. du lat. Quomodo, m. sign. En ital. Come, espag. 
port. Como. 

Coumode, odo, adj. Facile, traitable, d'une société 
douce; qui jouit d'une honnête aisance, aisé dans une 
condition un peu inférieure. Se dit des personnes, et moins 
bien des choses, quoique la ressemblance du mot avec le 
fr. l'ait soumis à quelque déviation. 

Dér. du lat. Cum, prép. et Modus, mesure, mode. 

Coumodo, s. f. Commode, meuble à plusieurs tiroirs pour 
le linge et les hardes. 

Emp. au fr. 

Coumoul, oulo, adj. Comble ; comblé, plein au-dessus 
des bords. Se dit des mesures de capacité de matière sèche, 
comme les grains, les châtaignes, les noix, les glands, etc., 
dans lesquelles on peut entasser la denrée en cône. Un 
décalitre comble ou comblé est l'opposé du décalitre ras on 
rasé, quand on fait passer le rouleau sur ses bords pour 
faire tomber tout ce qui dépasse ce niveau. — Séméno ras 
et culis coumoul , il cueille fort peu de grains au delà de la 
semence, seulement la différence de la mesure raso à la 
coumoulo ; ce qui est peu de chose. 

Dér. du lat. Cumulus, dim., tas, monceau, comblement. 

Coumoula, v. — Voy. Acoumoula. 

Coumoulun, s. m». Comble; tas; monceau; le par dessus. 

Dér. du lat. Cumulus, subs. de Coumoul. 

Coumpagnè, s. f. Compagnie de soldats. — Coumando 
uno coumpagnè, il est le commandant d’une compagnie. 

Dér. du lat. Cum, et Panis, qui mange le pain avec un 
autre. D'autres soutiennent qu'il vient de l’ancien mot 
teutonique Kompan, compagnon, ou de Coumpagn, Com- 
pagn, d'origine incertaine. Peut-être serait-il aussi simple 
de chercher son étym. dans le lat. Compages, assemblage, 
liaison. 

Coumpagno, s. f. Compagnie, société, assemblée de plu- 
siéurs personnes; compagne, mari el femme, ou bien de 
jeune fille à jeune fille. — Une femme dit de son mari : 
ma coumpagno. Adioussias amaï à la coumpagno, bonsoir 
(à la personne à qui l'on s'adresse en particulier), ainsi 
qu'à toute la compagnie. 

Mème étym. que pour le précédent et tous les composés 
qui suivent. 

Coumpagnoü, s. m. Compagnon, ouvrier en sous-ordre 
du maitre; compagnon de route; frère d'armes; compagnon 
du devoir. — La trilogie des scieurs de long se compose 
dâou mèstre, dâou coumpagnoù et dé l'apéndris, du maitre, 
du compagnon et de l’apprenti. Le premier et le dernier 
tirent la scie d'en bas; le second, debout sur la bique, n'est 
chargé que d'élever la scie quand elle est descendue, ce qu'il 
fait à vide, la scie ne mordant que de haut en bas et non 
de bas en haut; mais il dirige le trait. 





cou 217 


Coumpagnounaje, s. m. Compagnonnage, société d'ou- 
vriers; un devoir de compagnon, — Dé quinte coumpa- 
gnounaje siès? à quel devoir appartiens-tu? 

Coumpaïre, s. m. Compère ; gaillard éveillé, réjoui; fin, 
gai, adroït. — Es un coumpaire, c'est un fin compère; un 
luron, un bon drille. Coumpaïre et coumaïüre ne sont plus 
usités pour signifier ceux qui ont tenu un enfant sur les 
fonts baptismaux. Pér coumpaïre et pér coumaire n'est que 
du franchiman. 

Formé du lat. Cum, avec, et Pater, père. 

Coumparésoù, s. f. Comparaison; supposition, hypo- 
thèse; exemple. — Pér uno coumparésoù, en supposant. 
Vôou vous faïre uno coumparésoù, je vais vous poser une 
hypothèse. Métèn, pér uno coumparésoù, qué sès moun frèro, 
admettons un instant, supposons pour un moment que vous 
êtes mon frère. Sans coumparésoù est une formule polie, une 
précaution de civilité, dont on se sert quand on compare 
les bôtes aux gens : Bramo coumo un ase, sans coumpa- 
résoù, il crie comme un äàne, pardon de la comparaison. 

Dér. du lat. Comparatio. 

Coumpés, s. m.Compois, anciens cadastres des commu- 
nes, où chaque propriété était désignée et confrontée, non 
d’après les numéros d'un plan, comme aujourd'hui, mais 
en réunissant, sous l'avération de chaque propriétaire, 
toutes les parcelles de propriété qu'il possédait. Quelques- 
uns de ces registres sont faits avec une précision qui étonne 
de nos jours, surtout lorsque l’on compare la modicité du 
prix dont ce travail était payé avec le luxe de dépense 
qu'entraine le cadastre moderne, qui, malgré tout cela, est 
souvent inexact. Aussi, dans une foule de discussions 
judiciaires, à défaut de titres contraires, les tribunaux 
attachént-ils avec raison une certaine importance aux 
renseignements donnés par ces registres. 

Dans les archives municipales, il existe un cadastral 
communal de 4642, qui porte en tête le verbal d’adjudica- 
tion des frais de sa confection, y compris le ‘coût de la 
transcription au net de ce registre qui est un gros in-folio 
de 4,500 pages. Il fut adjugé au prix de 470 livres. 
Aujourd’hui un copiste ferait payer ce prix de sa seule 
transcription. 

Dér. probablement du lat. Compositus, mis en ordre. 

Coumplaïre, v. Chercher à plaire à quelqu'un, le 
caresser ; aller au devant de sa volonté, de ses désirs, de 
ses caprices. — Té fou bièn coumplaïre à toun ounecle, il 
faut cajoler ton oncle, capter son affection. 

Dér. du lat. Complacere. 

Coumplasén, énto, adj. Complaisant, qui cherche à être, 
à se rendre agréable. 

Coumplimén, s.m. Compliment; paroles civiles, obli- 
geantes, affectueuses; félicitations ; éloges; politesses ; flat- 
terie; cérémonies. — Farés dé mous coumpliméns à tout 
lou mounde dé l'oustéou, vous présenterez mes civilités à 
toutes les personnes de la maison. Mous coumpliméns à ma 
tanto, mes respects à ma tante. Faïre un coumplimén, 


218 COU 

débiter une harangue de félicitations, ou en parlant d'un 
enfant, réciter son compliment de jour de l'an ou de fète à 
ses parents. 

Coumpliménta, v. Complimenter, féliciter, congratuler. 

Coumpliméntous, touso, adj. Complimenteur, adula- 
teur, flatteur, prodigue de civilités et de révérences. 

Coumplo, s. m. Complot, dessein criminel formé en 
communauté. 

Coumplouta, v. Comploter, conspirer; former un mau- 
vais dessein en compagnie. 

Dér. du lat. Cum, avec, et Pila, balle à jouer, pautne. 
C’est l’avis de Ménage et du P. Labbe; mais celte étym. 
demanderait confirmation. 

Coumpourta (Sé), v. Se comporter, se conduire bien ou 
mal; tenir bonne ou mauyaise conduite. 

Coumprénable, ablo, adj. Compréhensible; intelligible; 
convenable; imaginable. — Aqud's coumprénable, cela se 
comprend. Agud's pas coumprénable, on ne croirait jura 
cela, on n'imagine pas cela. 

Coumpréne, v. Comprendre; interpréter; concevoir; 
contenir, renfermer. 

Dér. du lat. Comprehendere. 

Coumprénésou, s. f. Intelligence, compréhension ; enten- 
dement. 

Coumprés, és0, part. pass. du v. Coumpréne. Compris, 
entendu; contenu, renfermé. 

Coumugna, v. Communier, recevoir le sacrement de 
l'Eucharistie, chez les catholiques; le pain et le vin de la 
Cène chez les protestants. Coumugna , recevoir la commu- 
nion, quand c’est du fidèle qui s'approche de la Sainte- 
Table, il est pris neutralement ; il a le sens actif, quand on 
parle du prètre qui donne, distribue la communion. 

Coumugnoun, s.f. Communion, réception de l'Eucharistie. 

Dér. du lat. Communio. 

Coumun, s. m. Lieux d’aisance, latrines. 

Coumun, uno, adj. Commun, de qualité inférieure, en 
parlant de marchandise ou d’étoffe. Quand on parle des 
personnes, affable, populaire, de facile abord pour ses infé- 
rieurs. — Uno fénno coumuno, une femme mariée sous le 
régime de la communauté : expression de nouvelle impor- 
tation dans nos pays de droit écrit, et qui ne date que du 
code civil sans doute, mais bien faite selon le génie de la 
langue. Bos coumun, bois commun, ne doit pas être con- 
fondu avec Bos coumundou : celui-ci appartient à la com- 
mune qui l'administre, qui l’aménage en coupes réglées, 
comme un particulier; celui-là est un bois où tous les 
habitants ont droit de dépaissance, et souvent d’affouage. 
Four ou pous coumun, four ou puits banal. 

Coumunâou, s. ”m. Communal; bien, propriété apparte- 
hant à une commune; pâturages en communauté. 

Coumuno, s. f. Commune, division territoriale adminis- 
trée par un maire, faisant partie d'un canton ; hôtel-de-ville 
ou de la mairie. 

L'étym. de ce mot et de ses composés précédents vient 





COU 


du lat. Cum, avec, ensemble, et du radical Mun, qu 
donné Munus, charge, don, emploi. 

Councha, v. Salir avec des ordures; gâter, tacher, 
embrener. Au fig. compromettre ; salir la réputation, accu- 
ser d’une action déshonorante, infamante. — Sé sén councha, 
il se sent coupable, il n’a pas le cœur net, la conscience 
nette. Qué sé sén councha qué sé torque, prvb., qui se sent 
morveux se mouche. 

Contract. du v. fr. Conchier. 

Counciénço, s. f. Conscience, sentiment intérieur du 
bien et du mal; vérité. — Aqud’s uno counciénço, il y a 
conscience à faire cela. En counciénço, en conscience, en 
vérité. À sa counciénço pér dariès, il n’a pas de conscience, 
il la porte par derrière. 

Counciénço, s. f. Outil de hoisselier, sorte de plastron 
en bois qu’il place sur sa poitrine pour y appuyer la pièce 
de bois qu’il rabote à la plane. 

Coundamino, s. f. Nom propre d’un champ. Il est rare 
que dans un grand domaine il n'y ait pas une terre qui 
porte ce nom-là, surtout dans un domaine jadis seigneurial. 
C'est d'ordinaire un champ fort étendu et qui est attenant 
au manoir. 

Sauvages dit qu'il paraît être dér. du lat. Campus domini, 
champ du maître, du seigneur. — Voy. cependant au mot 
Candia, étym. 

Coundanna, vw. Condamner, prononcer un jugement 
contre quelqu'un ; improuver, blàmer; murer une porte, 
une fenêtre, ou la clouer de manière à ce qu’elle ne puisse 
s'ouvrir. — És coundanna, ce malade est perdu, il est 
condamné par la faculté. 

Dér. du lat. Condemnare, m. sign. 

Coundannaciou, s. f. Condamnation; jugement, sen- 
tence, arrêt qui condamne. — Agud's sa coundannaciou, 
c'est ce qui le condamne. 

Coundiciou, ou Coundéciou, s. f. Condition; clause 
d’un pacte, d’un marché, promesse; état, qualité, situation 
et position des personnes et des choses ; naissance, noblesse, 
gentilhommerie;" condition de la soie. 

La soie, contenant toujours une portion quelcorique 
d'humidité par son séjour plus ou moins long dans des 
coffres ou dans les ballots qui la serrént hors du contact 
de l'air, à cause de sa nature spongieuse, il est de condition 
sous-entendue dans tous les marchés qu’on ne doit la peser 
pour la vente que lorsqu'elle à perdu cette moiteur. Sur 
certains marchés, on résout cette différence par une retenue 
sur le poids total, qui varie de quotité sous le nom de dôn ; 
dans d'autres villes, surtout celles de manufactures comme 
Lyon et Saint-Étienne, la condition s'exécute littéralement. 
On a établi une vaste salle, qu’on nomme /a Condition, où 
la soie est exposée à nu et par écheveaux et soumise à une 
chaleur donnée par l'action d’un calorifère : chaleur quiest 
ménagée de mauière à enlever à la soie l'humidité qui lui 
est étrangère, sans lui enlever celle qui lui est naturelle et 
nécessaire à sa ductilité el à sa souplesse. 








COU 


Chaque ballot de soie qui se vend à Lyon est ainsi exposé 
à la condition, marqué d'un numéro qui se couche sur un 
registre; les feuilles du commerce rendent compte journel- 
lement du nombre des numéros exposés à la condition ; ce 
qui annonce la fluctuation de cette marchandise mieux que 
tous les bulletins de la bourse. Plus il y a de numéros, plus 
ily a eude ventes, et l'on voit par là si l’article est recherché 
et offert. 

Dans ce pays-ci, quoiqu'on vende d'ordinaire la soie sans 
la passer à la condition, il s'en présente quelquefois qui a 
un degré d'humidité trop grand pour que l'acheteur puisse 
l'accepter. Dans ce cas il réclame la condition, qui consiste 
à la détailler et à l'exposer à l'air extérieur ou dans un 
magasin ouvert et bien aéré. 

Coundu, udo, part. pass. de Coundure. 

Coundure, v. Ranger, serrer dans une armoire. 

Sé coundure, v. S'établir, se marier. 

Dér. du lat. Condere, cacher, serrer. 

Counégu, udo, part. pass. de Counouïsse. 

Counégudo, s. f. Connaissance ; amis. — Qudouquus dé 
counégudo, quelqu'un de connaissance. Agud's dé bla, dé 
grano dé cotnégudo, c'est du blé, de la graine de vers à 
soie de confiance, parce qu'on connait d'où ils viennent. 


‘Vous dounaraï dé counégudos, je vous offrirai le témoignage 


de gens de connaissance qui répondront de moi. 

Counéissable, ablo, adj. Reconnaissable, facile à recon- 
naître. — Éro bé counéissable qu'èro un couqui, il était aisé 
‘devoir que c'était un fripon. Es pas counéïssable, c'est à 
ne pas le reconnaitre. 

Counéisse, v. — Voy. Counouïsse, plus usité. 

Counéissénço, s. f. Connaissance ; savoir, intelligence; 
raison. — Las counéissénços soun pas d'amis, autre chose 
les familiers et les amis. Aguél éfan x foço counéissénço, 
cet enfant a une intelligence précoce. À garda sa counéïs- 
séngo énjusquo dou darniè, il a conservé sa raison Jusqu'à 
ses derniers moments. 

Counférénço, s. f. Conversation, entretien. — Tène 
counférénço, soutenir la conversation. 

Dér. du lat. Conferre, conférer. 

Counféssa, v., ou Couféssa, Confesser; se confesser; 
entendre une confession et faire sa confession. — Es ana 
counféssa, il est allé se confesser. Dé qudou counféssas? à 
qui vous confessez-vous? Counféssa un à, faire un lit à la 
hâte, sans remuer la paille ou la plume, se contenter d'en 


“arranger les draps et les couvertures. 


_Counféssiou, s. f. Confession, déclaration de ses péchés 
à un prêtre; aveu. 

Counféssiounal, s. m. Confessional. 

Counfèsso, s. f. Confesse, déclaration qu'un pénitent fait 
de ses péchés à un prêtre; confession. 

Counféssur, s. m. Confesseur, prêtre qui confesse. 

Counfiénço, s. f. Confiance, assurance en:la probité de 
quelqu'un, en la bonté d'une chose, en la réussite d'un acte. 

Counfirma, v. Confirmer, rendre plus ferme, assurer de 





COU 219 


nouveau; être confiemé, recevoir la confirmation; donner 
un soufflet. — Véou counfirma, je vais recevoir la confir- 
mation. Té vdou counfirma, je vais te souflleter. 

Counfirmaciou, s. f. Confirmation; sacrement de la 
Confirmation. 

Dér. du lat. Confirmatio, m. sign. 

Counfisqua, v, Confisquer; s'emparer de... 
biens au fisc. 

Counfissur, s. m. Confiseur, qui fait et vend confitures 
et sirops. 

Counfituro, s. f. Confiture; fruits confits. 

Counfroun, s. m. Confins; tenants et aboutissants d'un 
champ; nom des propriétaires confinant une propriété; 
objets matériels qui en forment les limites, comme un 
cours d’eau, une route, les eaux versantes d’une montagne. 
— Gardoù és un michan counfroun, le Gardon est un 
mauvais voisin. Démandarièï pas qu'aquélo tèro sans coun- 
froun, je ne demanderais pour tout bien que ce champ, 
pourvu qu'il n’eût point de limites, c’est-à-dire que ce serait 
le continent tout entier. 

Les limites ou bornes, Bolos, entre les héritages, ne sont 
pas ce qu'on appelle lous counfrouns; elles ne font que 
déterminer la ligne divisoire d’un champ d'avec celui qui 
le confine, et ces deux champs sont Counfrouns, confins, 
l'un de l’autre, Lorsque ces confins sont des limites natu- 
relles, les bornes deviennent inutiles, il suffit que les titres 
mentionnent cette délimitation. 

Counfrounta, v. Confiner, être limitrophe, toucher aux 
confins l’un de l’autre. — Nous counfrountan, nos terres 
se touchent, elles sont limitrophes. Counfrounte un tâou ou 
émbe un tdou, mon champ touche, se tient avec celui d'un 
tel. Counfrounte dé l'âouro lou vala dé...., mon domaine 
aboutit du nord au ruisseau de... 

Dér. du lat. Cum, avec, et Frons, frontis, tête, face; 
c'est-à-dire face à face, côte à côte. 

Counglaça, v. n. Tomber du verglas; glacer; engourdir 
de froid. 

Dér. du lat. Congeliare, se congeler. 

Counglas, s. m. Verglas, givre; frimat. 

Coungria, v. Engendrer, produire par génération où par 
germination; pulluler; multiplier. 

Le préjugé populaire accorde à certains animalcules et à 
certaines plantes la faculté de se reproduire spontanément 
et sans semence ni marcotte. Nous n'avons pas à discuter 
la question des générations spontanées, et nous laissons aux 
naturalistes le soin de chercher à expliquer la reproduction 
de vers, d'insectes, de végétaux, comme les champignons 
et les truffes; mais nous combattons cette croyance popu- 
laire relativement à une foule d'objets, qui se reproduisent 


.; adjuger des 


‘par des moyens très-naturels, quoique les agents de cette 


génération ne frappent pas immédiatement les sens, tels que 


| les poux, puces, punaises, et bon nombre de végétaux dont 


la semence est imperceplible, ou importée par les vents ou 
les eaux. C'est cette faculté présumée de se reproduire que 


220 COU 


le peuple désigne par ie verbe sé coungria, et qui lui à fait 
dire : as fénnos coungriou las nièiros, les puces s'engen- 
drent ou se reproduisent dans les jupes des femmes. 

Dér. du lat. Congressus, accouplement. 

Counièiro, s. f., n. pr. de lieu. Conillère, monticule 
près d'Alais, dominant la grande route et le chemin de 
fer, au bout de la Chaussée. Signifiait autrefois garenne, 
lieu habité et fréquenté par les lapins, en v. lang. Counil, 
du lat. Cuniculus, lapin. L'étym. est directe. 

Counio, s. f. Sotte, prude, nicette: terme moqueur et 
injurieux, suivant le ton, mais expression qui ne peut être 
sans injustice suspecte de malhonnèteté, et nous lenons à 
la réhabiliter si les apparences l’avaient fait mal juger. Le 
mot signifie une prude, une femme qui joue la timidité, une 
pudeur trop chatouilleuse, quand on le dit d’une tierce 
personne; mais il est aussi une de ces appellations interjec- 
tives qui émaillent les conversations féminines, aussi com- 
mune que nècio, foutralo, et au besoin ma mio, avec qui 
elle alterne indifféremment, équivalant à ces vocatifs fran- 
çais : folle, nigaude et tout autre de ce genre qu'il ne faut 
pas prendre au pied de la lettre, car ce ne sont que des 
termes d'amitié familière. Les femmes emploient cette 
expression plus souvent que les hommes, et ce sont surtout 
les matrones les plus intraitables en fait de prudhomie qui, 
malgré ce qu'en veulent dire les malins, s’en servent sans 
songer le moins du monde à mal, et elles ont raison : le mot 
a en effet la plus innocente origine. 

Counil, qui nous a laissé Ramo-counil et Counïéiro, vient 
du lat. Cuniculus : il a pour féminin Counio. Counio est 
donc tout bonnement l'épouse très-légitime de Jean Lapin. 
Cette brave Jeanne est bien une de ces matrones faciles à 
effaroucher, et en étendant cette disposition à un autre 
ordre d'idées, elle est devenue ainsi le type de la bégueule, 
mot qui rend assez le sens de Counio, qui cependant, comme 
on l’a vu, selon les besoins, l'application ou le ton, est 
souvent modifié. — Quod erat demonstrandum, car il ne 
faut pas, quand on le peut, laisser calomnier personne ni 
mème en médire, comme on n’y aurait été peut-être que 
trop disposé sur la seule forme graphique du mot. 

Cette démonstration était facile ; il ne faut pour la faire 
et pour la comprendre qu’un peu de réflexion et la moindre 
connaissance de la langue. Pour achever de l’assurer, il n’y 
a qu'à citer La Fare qui, dans sa Bono annado, met ce vers : 


Dé qué dises, Muso counio? 


Cette pièce est imprimée, l’avant-dernière, dans la seconde 
édition des Castagnados, après avoir paru dans les journaux. 
Ce recueil, qui peut être mis dans les mains de tout le 
monde et dont la mère permet sans crainte aucune la 
lecture à sa fille, n'aurait pas admis une expression qui eût 
fait tache. Si cependant l’auteur s'en est servi sans scru- 
pule, sans craindre mème qu'elle fût mal sonnante et püt 
ètre soupçonnée, c'est un incontestable certificat de mora- 
lité qu’il lui a dûment délivré. 





Cou 


Counjè, s. m. Adieux en se retirant; congé militaire, 
permission de se retirer, fin du service. — Sans counje, 
sans adieux, au revoir. À fa un counjè à Touloun, il a fait 
son temps de forçat, c’est un forçat libéré. 

Dér. du lat. Commiatus. . 

Counlèvo, s. f. Bascule; position, mouvement, machine 
dans lequel un bout se lève quand on pèse sur l’autre. — 
Faïre counlèvo, faire la bascule, jeu où deux enfants, 
placés à chaque bout d’une planche, se balancent. La pos 
fagué counlèvo, et za! pér sou, la planche fit bascule, et 
patatras à terre! 

Dér. du lat. Cum et Levare. 

Counouïsse, v. Connaitre ; comprendre; discerner; dis- 
tinguer. — Sé counouisse, avoir sa connaissance, conserver 
le sentiment et la perception au lit de mort. Sé counouï bé, 
on voit bien, on reconnait bien que. Sé counoui pas quante 
és lou pu nèci, on ne pourrait discerner quel est le plus sot. 

Dér. du lat. Cognoscere, m. sign. 

Counséiè, s.m. Conseiller; celui qui donne des conseils. 

Dér. du lat. Conciliarius, m. sign. 

Counsél, ou Coussél, s. m. Conseil, avis; celui dont on 
prend conseil dans une affaire; réunion, assemblée où l'on 
délibère. — Lou counsél, le Conseil municipal. Quéou dono 
lous counséls, dono pas las ajudos, prvb., les conseilleurs 
ne sont pas les payeurs : c’est la fable de l'Enfant et du 
Maitre d'école. Counsél dé mouïè és pichd, qué noun lou prén 
és un chô, prvb., ce n'est pas grand’chose qu'un conseil de 
femme, mais qui ne l'écoute point est un sot. En parlant 
d’un pauvre avocat, on dit : dounariè pas un bon counsél 
pér sièïi frans, parço qué lou sa pas, il ne donnerait pas un 
bon conseil pour six francs, parce qu’il ne le sait : quel- 
quefois le dernier membre de phrase reste sous-entendu 
comme inutile pour compléter le sens. 

Dér. du lat. Concilium, m. sign. 

Counsén, énto, adj. Consentant; qui consent, qui ac- 
quiesce; qui approuve. — Y sès counsén? Y consentez-vous? 

Counsénti, v. Consentir, donner son consentement; 
approuver. — Counséntà uno véndo, uno doubligaciou, 
passer une vente, une obligation à quelqu'un. En terme 
d'argot de notaire, on dit aussi, en fr., consentir une 
obligation. 

Dér. du lat. Consentire, m. sign. 

Counsérva, v. Conserver; préserver; avoir soin d'une 
chose. 

Sé counsérva, v. Se bien porter; prendre soin de sa 
santé. — Aguélo fénno és bièn counsérvado, cette femme 
est bien fraiche pour son âge. Counsérva-vous, phrase 
d'adieu : portez-vous bien, conservez votre santé. Diow mé 
lou counsérve, Dieu me le préserve, me le sauve, me le 
maintienne en bon état! 

Dér. du lat. Conservare, m. sign. 

Counsinna, v. Consigner, retenir par ordre; mettre en 
dépôt. 


Dér. du lat. Consignare, m. sign. 


-—S 


LL 





Cou 


Counsinno, s. {. Consigne, ordre supérieur; ordre donné 
à une sentinelle. 
Counsoula, v. Consoler, donner des consolations ; apaiser 


les cris et les pleurs d’un enfant. 


Dér, du lat. Consolare, m. sign. 

Counsoulaciou, s. f. Consolation; soulagement; satis- 
faction. 

Counsulta, v. Consulter, prendre conseil, avis, instruc- 
tion de quelqu'un. 

Dér. du lat. Consultare, m. sign. 

Counsulto, s. f. Consultation verbale ou par écrit d'un 
juriste ou d’un médecin. 

Counta, ». Compter, faire des comptes; calculer; payer; 
épeler les lettres. — Dé qué contes à ta fio? Quelle dot 
feras-tu à ta fille? Que lui compteras-tu en la mariant? 
Aquélo fénno sé conto pas pus, cette femme ne compte plus 
les jours de sa grossesse, elle est prête à accoucher. M’a 
counta touto ma soumo, il m'a intégralement payé. 

Counta, v. Conter, faire un conte; raconter. — Dé qué 
mé countasvaqui? Que me contez-vous là? Dé qué countas 
dé ndou ? Que dites-vous de nouveau? 

Counta (La), s. f. Comté, terre possédée par un comte. 
Autrefois ce mot en fr. était féminin : il s’est maintenu tel 


‘en lang. On l’a même appliqué avec ce genre dans une 


appellation locale anciennement connue : La Counta, quai 
de la Comté, quartier, terres au nord de notre ville, appar- 
tenant aux comtes d'Alais; comme La Barougnè, la 
baronnie, à l’est, appartenait aux barons. — Lou Counta, 
au masc., désigne spécialement le comtat Venaissin. 

Dér. du lat. Comes, Comitis, comte. 

Countaire, aïro, adj. Conteur, narrateur; auteur. 

Countan, adj. Comptant. — Argén countan, argent 
comptant, qui est compté immédiatement après le marché. 

Countén, énto, adj. Content, satisfait. 

Dér. du lat. Contentus, m. sign. 

Counténénço, s. f. Contenance, étendue d’un champ, 
d'un domaine; capacité d’un vase; pose du corps, posture, 
maintien; sang-froid, dignité. — Avès vosto counténénço, 
votre terre à la superficie vendue, indiquée. Mé farés ma 
counténéngo, Vous parferez ce qui manque à la contenance 
de mon champ. Ténè sas counténénços, garder contenance. 

Dér. du lat. Continentia, m. sign. 

Counténta, v. Contenter, satisfaire, rendre content. 

Sé counténta dé. …, se contenter de....., contenter ses 
désirs. + 

Counténtamén, s. m. Contentement, satisfaction, joie. 
—N'aguërou à lus counténtamén, ils en eurent à cœur-joie. 

Countra, s. m. Contrat ; acte par lequel une ou plusieurs 


: personnes s’obligent, le plus souvent devant notaire; titre 


de la convention. 

Dér. du lat. Contractus, m. sign. 

Countrari, rio, adj. Contraire, opposé; nuisible ; adver- 
saire; rival. Se prend subst. au masc. — Lou countrari, le 
contraire, l'opposé d’une chose. Aou countrari, au contraire, 





COU 221 


tout autrement. Dise pas l'én countrari, idiotisme de notre 
diaiecte, je ne dis pas le contraire. 

Dér. du lat. Contrarium, e contrario. 

Countrèio, s. f. Contrée, certaine étendue de territoire; 
région, pays. 

Dér. de la bass. lat. Contrata, Contrada, m. sign. 

Countugna, v. Continuer; durer; persister; prolonger. 

Dér. du lat. Continuare, m. sign. 

Countugno (Dé), adv. Continuellement, sans cesse: 
journellement ; d'habitude. 

Counvéngu, udo, part. pass. de Counvéni. 

Counvéni, v. Convenir, faire une convention: être 
conforme ; partager le même sentiment; plaire. 

Sé counvéni, s'accorder, avoir les mêmes inclinations: 
vivre bien ensemble. 

Dér. du lat. Convenire, m. sign. 

Counvérti, ». Convertir, changer; amender; faire aban- 
donner une fausse croyance. 

Sé counvérti, se convertir, revenir d'une erreur, abjurer 
une fausse croyance pour la vraie; changer de mœurs; 
revenir aux principes et à la pratique de la religion. 

Dér. du lat. Convertere, m. sign. 

Counvouèta, v. Convoiter ; désirer ardemment; dévorer 
des yeux. 

Dér. du lat. 

Counvouqua, ». Convoquer; rassembler; faire assembler 
les membres d’un corps, les appeler à une réunion. 

Dér. du lat. Convocare, m. sign. 

Coupa, v. Couper, trancher, diviser; casser; séparer ; 
châtrer; dévier; séparer en deux un jeu de cartes, couper 
avec l’atout; mélanger, en parlant de liquides, tremper 
le vin; trancher, en parlant de couleurs; rompre des 
accords de mariage ; à la danse, remplacer; canceller des 
conventions. Sé coupa, se contredire, se démentir soi-même. 
— Coupa dé pan, couper du pain. Sé coupa la cambo, se 
casser une jambe. On copo lous doubléns, on châtre les 
moutons à leur deuxième année. Cope dé caïre, je coupe 
avec l'atout qui est carreau. Cope ddou rèï, je coupe avec 
le roi, Anén, coupas, allons, coupez. Coupa l'aïgo, dévier 
un ruisseau, l’eau torrentielle d’un ravin. Coupa lou vi, 
tremper d’eau le vin. Lous novis an coupa, ces fiancés ont 
rompu leurs accords. Escusas sé vous cope, excusez-moi si 
je vous interromps, si je vous coupe la parole. Coupa lou 
créi, arrêter la croissance. Coupa las taïos, faire la réparti- 
tion de la contribution mobilière et transcrire sur la matrice 
cadastrale les mutations de la contribution foncière. Coupa 
lou pris, arrêter, fixer le prix. Coupa lou visage, affronter, 
injurier en face. Coupa cour, roun, couper court, rond, 
dire en peu de mots. Coupa à la bouréïo : la bourrée et le 
rigaudon sont des danses pèle-mèle, où chaque danseur au 
milieu de la cohue n'a affaire qu’à deux danseuses, avec 
lesquelles il figure tour à tour; comme cette danse dure 
sans interruption et sans repos pour tous les danseurs à la 
fois, il n’y a d'autre moyen de les faire reposer que de les 


222 COU 


remplacer. Aussi y a-t-il toujours des danseurs et des danseu- 
ses de rechange, qui remplissent cet office en venant se placer 
devant la personne à remplacer et en figurant avec:son par- 
tenaire ; alors le dépossédé va se défatiguer, jusqu'à ce qu'il 
aperçoive un autre figurant harrassé, ou un nouveau partenai- 
re qui lui convienne. C’est cette évolution de remplacement 
qu'on appelle Coupa.— Vène mé coupa, viens me remplacer. 

Dér. du gr. Kérretv, m. sign. 

Coupado, s. f. Espèce de raisin qu’on distingue en Cu- 
pado négro, grosso Coupado négro et Coupado blanquo. La 
Coupado négro est trèsfertile ; elle donne de grosses grappes 
dont les grains sont noirs, peu fleuris, ovoïdes, assez gros, 
croquants et sucrés. C'est peut-être le meilleur, le plus 
délicat raisin de table. 11 donne un vin très-fin; mais le 
propriétaire dont la vigne ne serait plantée que de cette 
espèce, devrait vendanger quelques jours plus tôt, autrement 
son vin aurait trop de liqueur. Les sarments de ce cep sont 
longs et faibles, noirâtres et très-tendres à la taille; la feuille 
est d’un très-beau vert, lisse et peu découpée. La grosso 
Coupado négro ne diffère de la précédente que par ses grains 
plus gros; elle est encore plus productive. Ces deux espèces 
demandent un bon terrain. La Cowpado blanquo, plantée 
dans un terrain bas et de première qualité et taillée court, 
ne produirait rien; tandis que dans une terre médiocre, 
taillée plus long, elle fournit de belles grappes. Ses grains 
sont blancs, ovoïdes, un peu musqués; mais ils ne sont 
point fermes comme ceux de l'espèce noire. Ce cep donne 
beaucoup de bois blanchâtre et dur; sa feuille est grande 
et peu découpée. 

Coupé, s. ». Dim. de Co, coup. Petit coup de vin. 

Coupèlo, s. f. Coupelle, instrument de pesage qui tient 
à la fois de la romaine et de la balance. C’est une romaine 
véritable dont le crochet de suspension est un plateau de 
balance. Les marchands qui vont vendre à domicile s’en 
servent de préférence à la balance, qui est d’un transport 
moins commode. La romaine ne pourrait servir à une foule 
d'objets qu'on ne peut suspendre à un croc, comme les 
légumes, les fruits, le beurre, le fromage, etc. 

Dér. du lat. Cupa, coupe, dont il est dim. 

Coupèou, s. m. Copeau de menuisier, ruban de bois que 
détache la varlope ou la plane. 

Dér. de Coupa, qui vient du gr. Kértetv, couper. 

Coupia, v. Copier, faire une copie; imiter, contrefaire; 
transcrire un passage d’un livre, une page d'écriture, 
reproduire un dessin. 

Coupio, s. 
n'importe sa nature. 

Coupoun, s. m. Coupon, restant d’une pièce d’étoffe que 
l'on donne à meilleur marché, parce qu ‘il est trop court 
pour nombre d'usages. 

Couquèto, s. f. Coquette, femme qui cherche à être 
courtisée; coiffure de femme dans l'ancien régime, quiétait 
un bonnet à dentelles, serré et appliqué sur le front. 

Dér. du fr. Cog, avec le dim. éto. 


f. Copie; assignation; exploit d’huissier, 





COoU 


Couqui, ino, a1j. Dim. Couquiné, nélo : Couquind, noto; 
péjor. Couquinas, nasso. Coquin, ine; voleur, fripon; 
débauché; au fém. femme de mauvaise vie, prostituée. — 
Lous couquis, les voleurs, les brigands. Jouga as couquis, 
sorte de jeu qui était fort en vogue parmi les écoliers, il y 
a quelques années. 11 consistait à diviser les joueurs en 
deux bandes, l’une appelée lous couquis, l'autre lous gén- 
darmos. C'était une sorte de guerre pour laquelle on choi- 
sissait de préférence un champ de bataille accidenté, 
montueux, Coupé de ravins, de murs, de rochers, qui 
prêtait à tous les calculs de la stratégie. Il est à remarquer 
que le parti des coquins était toujours le plus recherché. 

Les mots Couqgui et Coquin fr. ont évidemment une 
origine commune, si toutefois ils n’ont pas été formés l’un 
de l’autre. Les glossateurs français font dériver coquin du 
lat. Coquinus, de Coquina, cuisine; et comme on ne voit 
pas bien la relation entre un servant de cuisine et un 
malfaiteur, on a ajouté que le Coquinus était un des plus 
bas officiers de bouche, état méprisé et qu’on donnait/par 
dérision à tout ce qui était méprisable et wil. Si cette 
déduction n’est pas très-logique, convenons du moins que 
la ressemblance de famille entre le fr. et le lat. serait 
merveilleuse. Dans ce cas, le lang. serait débiteur envers 
le fr. 

D'autre part, Sauvages nous laisse apercevoir une autre 
origine ; mais comme malgré son titre de chef de clan langue- 
docien, il professe un respect systématique pour le français 
vainqueur, il ne hasarde sa donnée qu’indirectement et se 
garde bien d'inscrire son hypothèse sous la rubrique du mot 
Couqu?, parce qu’alors on en aurait déduit la conclusionque 
le mot fr. coquin n’était qu'une dérivation de ce dernier, 
ce qui n 'arrangeait pas le hant et puissant seigneur d'Outre- 
Loire. Nous qui n'avons pas les mêmes raisons de ménager 
ce rival, nous allons droit au but. - 

Vers la fin du XIVe siècle et pendant les troubles de la 
minorité de Charles VI, des bandes de campagnards des 
environs de Nimes, excédés du poids des impôts que le bas 
peuple supportait seul alors, se réunirent en armes, pillé- 
rent les maisons des riches et des seigneurs, et étendirent 
leurs ravages presque par toute la France. On les appela 
Touch dans le pays et Touchins en langue d'oïl. L'origine 
et la raison de cette dénomination sont restées inconnues ; 
mais l'histoire la consacre. 

Le nom advint comme surnom aux habitants de Wézeno- 
bres, dans ce temps où les’ sobriquets de village à willage 
étaient fort répandus. On les accusait d'avoir reçuchezeux 
ces brigands et de favoriser leurs pillages. 

On conçoit très-bien que dans les diverses métathèses 
qu'a dù subir la langue d'Oc depuis cette date, le mot 
Touchà ait pu se changer en celui de Couqui, comme la 
variante Touchin a fait celle de Coquin. Quant à la res- 
semblance morale, elle nous semble parfaite. D'après: cela 
ce serait le languedocien qui serait l'inventeur, le or 
Tl'imitateu r. 


COU 


- Couquiè, s. m. Coquetier, petit vase en terre ou en por- 
celaine, en forme de verre à pied, qui sert à tenir debout 
“un œuf à la coque. 

En langage enfantin, les œufs s'appellent des Coucoùs : 
ils viennent de la femelle du coq; ils sont cuits, Cocta, du 
lat, Coquere : tout cela peut être entré par quelque bout 
dans l’étym. 

Couquinariè, s. f. Friponnerie; astuce, ruse, qui est 
souvent prise plus ironiquement que sérieusement : c'est 
plutôt la ruse d'un faiseur*de niches, d'un séducteur, d'un 
plaisantin, que celle d’un vrai malfaiteur. — A pas qué dé 
couquinariès én tèsto, il ne songe qu'à des espiègleries, des 
… Couquinas, asso, adj. Gros coquin, coquin fieflé; quel- 
: quefois expression amicale, suivant le ton et l'occasion. 
Couquinb, oto, s. et adj. Petit coquin ; espiègle, enfant 
malin : terme d'amitié. 

- Dim. de Couqui. . 

Cour, s. m. Dim. Cournéto. Cour, lieu où est un souve- 
rain avec ses principaux officiers; siége de justice; cour ou 
basse-cour d'une ferme. — Faïre la cour, faire la cour, 
ne se dit guère de celle qu'on fait à une femme, locution 
qui nous vient de Scudéri, de La Calprenède ou de Durfé, 
‘assez mal à propos importée dans notre langage; mais on 
s’en sert pour signifier la flatterie à l'adresse d’une personne 
riche et puissante. 

* Dér. du lat. Curia, dans les premières acceptions, et de 
Chors, Chortis, du gr. X6pzos, haie, clos de basse-cour, pour 
la dernière. 

Cour, courto, adj. Court, qui a peu de longueur. Cour, 
pris adverb. court. — Tout cour et tout né, sans détour, 
sans phrase, en un mot comme en mille. Tout y és cour, 
rien ne répond à ses désirs, il n'a jumais assez de rien. 
Quéouquuno li séra courto, à force d'en faire, il finira mal; 
tant ira la cruche-à l’eau, qu’à la fin elle s’y cassera. Souï 
cour, dit un joueur dont la boule ou le palet reste en deçà 
du but: Tout fougue cour, se dit de la réception d'un 
amphytrion qui traite ses hôtes avec une grande abondance 
et presque un excès de soins et de bonne chère. Coupa cour, 
être concis, abréger. Un cour émb'un lon, l'oste sé sdouvo, 
prvb. Système des compensations : ici avec un morceau 
écourté, là avec une portion plus copieuse, l'hôte se tire 
d'affaire et de perte. 

Dér. du lat. Curtus, m. sign. 

+ Couraje, s. m. Courage; constance; force. — A bon 

_ couraje, il a bon espoir; ou il a une santé robuste. Coumo 

: vai aquél couraje? Comment va cette chère santé? 

Dér. de la bass. lat. Coragium, formé du lat. Cor et Ago. 

__ Courajoüs, ouso, adj. Courageux, brave, résolu. 

_ Coural, ou Pébéroù, s. m. Dim. Couraüé; péjor. Cou- 

* raïas. Poivron, piment, Capsicus annuus, Linn., plante 
potagère de la fam. des Solanées. Le poivron jeune et vert 

__ joue un assez grand rôle dans la culinaire des campagnes. 

On le mange en salade avec un fort assaisonnement de 
















































COU 223 
poivre. On le confit également au vinaigre eton le conserve 
ainsi toute l'année. Lorsqu'il est mûr, il devient d'un rouge 
corail et prend une causlicité si violente qu'un zeste suffit 
pour mettre le feu à la bouche; la main mème qui l'a touché 
communique une inflammation à toutes les parties délicates 
du corps où elle se porte, surtout aux yeux. Néanmoins les 
Espagnols en assaisonnent la plupart de leurs mets et le 
mangent même dans l'état naturel. — Aowje coumo un 
coural, rouge comme un coq. 

Dér. du lat. Coralium, ou Corallum, corail, à cause de 
son analogie de couleur dans sa maturité. 

Couratéja, v. frég. Exercer le courtage; faire le courtier. 
— Couratèja un bé, offrir l'acquisition d'u domaine par 
l'entremise d’un courtier ou agent d'affaires. 

Couratiè, Couratièïro, s. m. et f. Courtier, agent 
d'affaires, entremetteur de marché ou d'affaires. 

Dér. du lat. Cursitare, courir çà et là, ou bien du vieux 
verbe lang. Goura, qui veut dire à la fois errer çà et là et 
tromper, duper. Il pourrait bien se faire qu'il y eùt un peu 
de toutes ces étym. et de leurs diverses acceptions dans le 
fait du Couratiè. 

Courba, v. Courber; recourber; ineliner; plier en arc de 
cercle. — Sé corbo bièn, il devient bien courbé, il prend la 
taille courbée. Courba-vous un pâou, Laissez-vous un peu, 
inclinez la tête, ou courbez le dos. 

Dér. du lat. Curvare, m. sign. 

Courbatas, Courpatas, ou Croupatas, s. m. Corbeau, 
corbeau noir, Corvus corax, Linn., oiseau de l’ordre des 
Passereaux et de la fam. des Plénirostres. Sa couleur est 
entièrement d'un beau noir avec des reflets pourprés et 
bleuâtres sur le dessus du corps; il a jusqu’à deux pieds de 
longueur. Courpatas et Croupatas sont des variantes locales 
de Courbatas, qui est lui-même, par le changement com- 
mun de v en b, un augmentalif ou plutôt un péjoratif du 
lat. Corvus; on se croit en effet obligé, en parlant de lui, 
d’enlaidir son nom. Son cri rauque, son plumage lugubre, 
sa voracité ignoble inspirent jusqu'à l'horreur et le font 
regarder comme un oiseau de mauvais augure. Les enfants 
se sont inspirés de cette idée de terreur superstitieuse dans 
une sorte de refrain injurieux qu'ils lui adressent lorsqu'ils 
l’aperçoivent et où reviennent sans cesse ces mots : Cour- 
batas! Diablatas! 

Le scepticisme du XVIIe siècle nous a légué une sorte 
de dédain pour l’habit ecclésiastique. Les esprits forts, 
grands dépréciateurs du clergé, et les solidaires libres- 
penseurs se plaisent à nommer un prêtre Courbatas, et ils 
expliquent cette ingénieuse assimilation par la couleur de 
la robe et par l'instinct commun, disent-ils, au prêtre et au 
corbeau, qui les appelle l’un et l'autre auprès des morts ou 
des mourants. Cela prouve la mauvaise foi et l'absurdité 
d'une prétendue philosophie, qui ne sait pas comprendre 
que la présence du prêtre à l’agonie du chrétien est un des 
actes les-plus sublimes de son ministère; que la religion est 
plus belle représentée par un de ses ministres consolateurs 


224 COU 


au chevet d’un pauvre mourant; et qu'il y a au moins 
maladresse à l'attaquer par l'ironie de son côté le plus 
noble et le plus populaire. 

La corneille, qu a quelques points de ressemblance avec 
le Courbatas, est souvent aussi, mañs improprement, con- 
fondue dans le mème nom. — Voy. Graïo. 

Courbo, s. f. Ligne courbe; bois qui fait une courbe, en 
cintre, par lui-même ou par nature. — Sé tirariè dé pou- 
lido courbo d'aquél âoubre, cet arbre fournirait de belles 
pièces pour jantes de roue ou de puits à roue. 

Dér. du lat. Curvus, Curva, m. sign. 

Courchâou, Courchäoudo, adj. À courte queue, qui à 
la queue coupéc ou raccourcie. — Chival courchâou ; Galino 
courchdoudo, etc., cheval écourté; poule sans queue. 

Dér. de Cour, Courto. 

Courcho, s. f. Raccourci, chemin le plus court, sentier, 
chemin de traverse, pour les gens à pied, qui abrège le 
trajet. — Coupa dé courcho, prendre le raccourci, la tra- 
verse, pour arriver plus tôt. C’est surtout dans les côtes 
longues, où la route décrit des circuits, en faisant des 
lacets pour arriver au bas par une pente ménagée, que les 
piétons tracent une ligne directe fort scabreuse, qui sert de 
corde au grand arc décrit par la route. Au fig. Coupa dé 
courcho, signifie abréger, arriver vite et droit au but. 

Courcho, s. f. Ver à soie court. C’est un ver qui com- 
mence à se métamorphoser en chrysalide, avant d'avoir 
grimpé sur la bruyère et d’avoir filé : son état de faiblesse 
et de maladie ne lui permet pas d'escalader ni de jeter les 
fils de sa trame. Quelquefois il fait un mauvais cocon dans 
la litière, mais informe et fondu. Cette maladie est souvent 
épidémique, et une partie de la chambrée tombe en court, 
tombo én courcho, au moment de la montée. Ces accidents 
proviennent aussi quelquefois d’un excès de maturité, lors- 
qu’on n’est pas assez prèt à donner le bois aux vers. 

La flacherie ou maladie des morts-flacs, dans la nouvelle 
dénomination séricicole, n’est pas autre chose. 

Toumba én courcho s'applique figurativement à tout 
projet annoncé qui avorte, à une belle promesse mal 
tenue. 

Courcoussoü, s. m. Charançon, calandre, bruche, cha- 
rançon des blés et des légumes, Curculio, Linn., de l'ordre 
des Coléoptères; petit ver blanc qui se change plus tard en 
scarabée. Ce dernier pond un œuf dans l'épi encore vert; il 
en nait un ver qui se nourrit dans le grain et l'accompagne 
au grenier, d'où il ressort en scarabée pour continuer ainsi 
sa malfaisante rotation. Au fig. rabougri, ratatiné de vieil- 
lesse, comme est ce ver dans son alvéole. En fr. on le 
nomme aussi Cosson. — Voy. Coussoù, dont Courcoussoù 
est la redondance. 

Dér. du lat. Cureulio, m. sign. 

Courcoussouna, ado, adj. Piqué des vers; vermoulu. — 
Voy. Coussouna. 


Courda, s. m. Cordat, grosse toile à trame croisée qui 


sert à faire du gros linge de table. 





CoU 


Courda, v. Corder ; ficeler; entourer de cordes ; emballer 
avec une corde. 

Courdaje, s. m. Cordage de navire, toute sorte de cordes 
servant à la manœuvre d'un vaisseau. : 

Courdéiè, s. m. Cordelier, moine, religieux de l'ordre de 
Saint-François, de l’un des quatre ordres mendiants. — Vèr 
lous Courdciès, du côté du couvent des Cordeliers. Lou chival 
das Courdéiès, c'est aller à pied, autrement dit avec un jeu 
de mots pareils : par la voiture du comte de la marche. 

Dér. de Cordo, parce que les frères de cet ordre portent 
une corde pour ceinture. 

Courdéja, ». Tracer, comme le fraisier et certaines espè- 
ces de graminées, qui étendent à fleur de terre leurs fils 
dont chaque nœud prend racine et forme une plante nou- 
velle; en terme de boulanger, filer, comme la pâte qui 
s’allonge en cordes quand on la soulève. — Faïre courdéja, 
donner de la corde, laisser courir la corde du côté où son 
bout est trop court, lorsqu'on corde un ballot, la charge 
d’une charrette ou d’un bàt, ou même un fagot. 

Courdèl, s. m. Cordeau de maçon ou de jardinier, corde 
mème servant à prendre des aplombs ou des alignements. 
— Tira dou courdèl, aligné au cordeau. 

Courdéla, v. Lacer ; lacer un corset, passer un lacet dans 
les œillets d’un corset. 

Courdélado, s. f. Chapelet d'objets de même sorte enfi- 
lés. — Courdélado dé coucoùs, chapelet de cocons de graine: 
Les cocons qu’on réserve pour la graine sont choisis parmi 
les plus forts et les plus réguliers de forme. On les enfile 
avec une aiguille, en ayant soin de ne prendre que l’épi- 
derme pour ne pas piquer la chrysalide; on les suspend 
ainsi par chapelets dans une position aérée et isolée : ce 
qui donne de la facilité au papillon pour percer sa coque. 

Courdélado dé péissoùs, brochette de poissons, que les 
pêcheurs à la ligne enfilent comme un chapelet. 

Courdèlo, s. f. Lacet, cordon de fil ou de soie dont les 
femmes se servent pour lacer leur corset, et qui est garni 
d'un bout métallique pour passer facilement dans les 
œillets. 

Courdia, s. m. Grosse toile d'emballage; treillis. 

Courdiè, s. m». Cordier, fabricant ou marchand de cordes. 

Courdil, s. m. Dim. Courdié. Cordon, petit tissu, tressé 
comme la corde, de fil, de soie, de laine, de coton, decrins, 
etc. Lorsque le cordon est en cuir, il se nomme Couréjoù. 
(Voy. c. m.)— Plôou coumo dé courdils, il pleut à seaux. 
Quand il pleut ainsi, la pluie ne se présente pas comme une 
suite de gouttes, mais par continuité, comme un filet d’eau 
sous la forme et de la grosseur d’un cordon; ce que repré- 
sente assez bien notre expression pittoresque. 

Courdoù, s. m”. Ruban d'attache, comme ceux d'un 
chapeau de femme ; cordon, décoration. 

Inutile de faire remarquer que tous ces mots, depuis 
Courda, et quelques-uns des suivants, augmentatifs ou 
diminutifs, ont pour racine et pour principe, Cordo. — 
Voy. c. m. 


COU 


Courdougnè, èiro, s. m. et f. Cordonnier, femme du 
cordonnier; celui qui fait des souliers. — Notre mot, ainsi 
que son correspondant français, est d'origine assez moderne 
et ne remonte guère qu'au XVe siècle, L'un et l’autre sont 
la corrupt. de Cordouanier, c'est-à-dire ouvrier qui emploie 
du Cordouan, ou cuir de Cordoue. L'ancien confectionneur 
de chaussures s'appelait Sabatiè. La corporation de ces 
artisans a donné à une rue d'Alais son nom qu'elle porte 
toujours, Sabatariè. I y a beaucoup de noms propres, 
partout, qui ont cette étym. — Voy. Sabatiè. 

Courdougnè, s. ». Punaise à aviron, Hydrometra sta- 
gnorum, Linn., insecte de l'ordre des Hémiptères, connu 
sous la qualification de Notonecte ou Hémiptère rémitorse. 
Cenomigr. Nürovwzrns, de vüros, dos, et véztns, nageur, 
indique une singularité de cet insecle qui nage en effet à la 
+ renverse. Deux de ses jambes lui servent d'avirons pour 
s'élancer en avant par secousses ; mais tout son corps est si 
frèle, si léger que le moindre courant qu'éprouve l'eau où 
il navigue, lui fait perdre tout l’espace qu'il avait gagné 
par sa brassée; de sorte qu'il fait deux pas en avant, deux 
pas en arrière, et qu'en résultat il demeure presque à la 
même place. Admirable disposition et merveilleux instinct 
que Dieu a déposé dans la plus infime créature! En appa- 
rence, ce petit insecte, avec ses mouvements automatiques 
et sa position renversée, passerait pour un animal stupide, 
si l'on ne savait que tout ce manége sur l'eau n’est point 
un voyage qu'il veut tenter à contre-sens, mais une chasse 
des plus fructueuses qu'il fait aux moucherons microscopi- 
ques qui voltigent à sa portée et qu'il happe au passage. Ses 
enjambées ne sont donc point un moyen de cheminer, mais 
bien de regagner l’espace que le courant lui a fait perdre; 
ses exercices de natation sur le dos n'ont d'autre but que 
de lui faire apercevoir et saisir facilement sa pâture. On ne 
se doute guère non plus que cet insecte a des ailes qu'il 
dissimule tant qu'il a affaire à un élément où elles ne sau- 
raient lui être utiles; mais dès que le gibier manque sur 
un point, il les déploie, les ressuie à terre et vole plus vite 
qu'il ne nageait vers une autre mare ou quelque cours d’eau 
‘pour se remettre à faire la planche et recommencer sa 

Ou l'appelle Courdougne parce que ses enjambées ressem- 
blent assez au mouvement des bras du cordonnier, quand 
il tire le ligneul. 

Courdouna, v. Border d'arbres un champ; planter des 
js comme un cordon autour d'une terre. 

Courdouné, s. m. Cordonnet, petit cordon d'or, d'argent, 

’ | de soie de fil, de coton ou de laine, pour border un habit, 
; une robe, etc.; passepoil. 

_ Courdura, v. Coudre; Ps deux choses aû moyen 
Mie aiguille et de fil; au fig. faire des zigzags, passer à 
travers des objets quelconques disposés en ligne, en passant 
2 alternativement de la gauche de l’un à la droite de l’au 
* comme lorsqu'on tresse une natte, opération du reste 
pareille à celle de l'aiguille qui coud et qui passe tantôt 























































COU 225 


dessus, tantô! dessous l'étoffe. — Courdura lou cami, faire 
des zigzags sur la route, comme font les ivrognes. Dé qué 
faï aquélo fio? — Courduro : quel métier fait cette fille ? 
— Elle s'emploie à la couture. 

Dér. du lat. Consuere, m. sign. 

Courduro, s. f. Couture; profession de couturière. — 
Répassa las courduros, aplatir les coutures d'un habit avec 
le carreau du tailleur : au fig. donner une volée de coups 
sur le dos. Résta pér las courduros, demeurer pour les 
gages : cela se dit d’une mauvaise dette dont on est obligé 
de faire l'abandon : Aqu la y és résta pér las courduros. 

Coure, ou Couri, v. Courir, aller, marcher avec vitesse ; 
ne pas rester chez soi; glisser; en parlant des liquides, 
couler; circuler; parcourir, — Coure, coure, cours, 
marche, file! Faï pas qué coure, il ne reste jamais en place. 
Coure qué t'aï vis, Va t'en vite, je te connais, je t'ai vu. 
Faïre coure un nous, faire glisser un nœud. L'aïgo qué 
coure faï pas mdou dou moure, prvb., l'eau courante est 
toujours saine. Coure sus lou mérca dé quéouquus, aller sur 
le marché de quelqu'un, faire des offres à un objet qu'il 
marchande. Laïssara bé coure quicon, il donnera bien quel- 
que chose sur le marché, il laissera bien courir quelque 
chose sans le faire payer. L'annado qué coure, l'année cou- 
rante. Coure qué t'éspère, prvb., va t'en voir s'ils viennent, 
Jean. N'én coure lou bru, la nouvelle en circule. 

Dér. du lat. Currere, m. sign. 

Courédis, isso, adj. Qui court, qui roule; propre à 
courir. — Un iè courédis, un lit à roulettes. 

Courédoù, s. m. Corridor; galerie; allée de maison : 
c'est particulièrement une galerie à ciel ouvert qui conduit 
à la principale entrée. 

En espag., cat. et port. Corredor, en ital. Corridore. 

Couréire, éiro, adj. Coureur; léger à la course; qui 
court très-vite. 

Dér. du lat. Currere. 

Couréjo, s. f. Courroie; lanière de peau, de cuir; fouet 
du berger, qui n'est pas tressé, mais qui se compose d'une 
lanière assez large et d’un bâton court et blanc; par ana- 
logie, champ, terrain long et étroit en forme de lisière. 

Dér. du lat. Corium, cuir; dans la bass. lat. Corrigia. 

Couréjolo, s. f. Liseron des champs, volubilis sauvage; 
clochette; Convolvulus.arvensis, Linn., plante de la fam. des 
Convolvulacées, rampante et parasite, qui ne peut s'élever 
qu'en s’entortillant aux plantes ou aux arbres voisins. Elle 
produit une fleur blanche en forme de clochette, et elle est 
extrèmement difficile à extirper; le tranchant de la faulx la 
fait périr. 

Dim. de Couréjo, 

Couréjoù, s. m. Cordon de souliers en cuir; cordon de 
bourse en cuir. — Voy. Courdil. 

Dim. de Couréjo. 

Couréjouna, v. Serrer les cordons des souliers; fermer 
les cordons de sa bourse. 

Courén, s. m. Plateau; pièce de bois, planche longue, 

- 29 


226 COU 


large et épaisse, qui sert de plancher pour ce que l'on peut 
appeler le second étage d’une magnanerie. Il faut se rappeler 
que la magnanerie est un grand appartement, qui d'ordi- 
naire s'élève du plat sol jusqu'à la toiture sans division 
d’étages. Vers les deux tiers de sa hauteur, il règne un rang 
de poutres transversales, destinées à fixer les pieds-droits 
ou montants qui soutiennent les tables. On donne à manger 
aux plus basses tables de pied ferme jusqu'à la quatrième 
au plus ; au-dessus de celle-ci, on a recours à des échelles 
courtes, légères et faciles à manier; mais s’il fallait en 
employer de très-longues pour atteindre aux plus hautes 
tables, ce serait à la fois très-pénible et très-dangereux. 
Pour y obvier, on dispose, tout le long des couloirs supé- 
rieurs de l'appartement, une file de longs plateaux posés 
et cloués sur les poutres dont il a été question ; et les aides 
magnassiers trouvent dans ce nouveau plancher un second 
rez-de-chaussée, qui leur permet d'atteindre aux tables les 
plus élevées, dont le nombre nes’élève pas à plus de quatre 
au-dessus de ces plateaux. 

Courén, énto, adj. Coulant, ante; courant; qui glisse; 
qui circule. — Nous courén, nœud coulant. Aïgo courénto, 
eau courante. Pris courén, prix Courant. Man Courénto, 
main-coulante, pièce de menuiserie sur une rampe d’esca- 
lier; main-courante, registre journalier d'un commerçant. 

Courgnè, s. ». Cornouiller, arbre. — Voy. Corgno. 

I est devenu n. pr. en fr. sous la forme : Cornier, 
Ducornier, etc. 

Couri, v. Courir. — Voy. Coure. 

Couriè, s. m. Courrier; messager; qui fait le service de 
la poste; qui porte les dépèches d’un bureau à un autre. — 
Lou Couriè, le journal; les lettres qu'on prépare pour 
envoyer. 

Courija, v. Corriger; donner une correction; amender ; 
réformer; châtier; reprendre; améliorer. 

Dér. du lat. Corrigere, m. sign. 

Couriolo, adj. f. Fille trotteuse, et non pas coureuse. 
Notre expression lang. est loin d'avoir cette dernière accep- 
tion. Elle signifie seulement une fille un peu légère, qui 
n'aime pas à garder le logis, et qui suit les promenades, les 
fêtes villageoises, etc. 

Couriôou, adj. m. Dim. Courioulé. Qui aime à courir, 
à trotter ; batteur de pavé; éventé; dissipé. 

Couriôou, s. m. Dim. Courioulé. Roulette d'enfant: 
espèce de charriot à quatre roulettes, où l'enfant est placé 
debout, les pieds portant à terre et le corps enfermé dans 
un cercle qui l'empêche de tomber. Comme cet appareil est 
facile à mettre en mouvement, l’enfant le fait aisément 
rouler, ce qui l’oblige lui-même à suivre et à changer ses 
pieds de place à mesure que la machine roulante avance. 
Cet exercice, qui tient tout à fait de la gymnastique, quoi- 
qu'il soit fort antérieur à cette science dans l'éducation 
puérile, apprend à l'enfant à se tenir sur ses pieds, à mar- 
cher, et développe ses forces. 

Cournal, adj. m. Terme injurieux, qui ne s'applique 





COU 


qu'au masc. et pour cause : mari dont la femme est peu 
fidèle, et que Molière appelle : cocu. 

Dér. du lat. Cornu, corne. : 

Cournarédo, s. f. Plantation de cornouillers; lieu, ter- 
rain, bois planté de cet arbre. 

Formé de Courgnè, radical, avec le suffixe collectif édo. 
— Voy. Édo. ‘ 

Courné, s. m. Cornet à bouquin ; sorte de trompette faite 
en terre ou de la corne d'un bœuf, avec laquelle les bergers 
et les vachers appellent le bétail qui est dispersé au loin. 

Courné, s. m. Courge-trompette, sorte de calebasse, 
Cucurbita lagenaria, Linn., plante potagère de la fam. des 
Cucurbitacées, longue de trois pieds environ, qui a cer- 
taine ressemblance pour la forme, sinon pour les dimen- 
sions, avec l'instrument du mème nom. 

Dér. du lat. Cornu. 

Cournélu, udo, adj. Péjor. Cournéludas. Cornu, qui à 
de longues cornes. — Voy. Banu. 

Cournudo, s. f. Cornue, vase de bois à deux anses laté- 
rales servant à porter des liquides. Se dit mieux Sémédou. 
— Voy.c. m. 

Couro, adv. de temps. Quand; à quelle époque; quel 
jour; à quelle heure; tantôt; en quel temps. — Cowro vén- 
drés? quand viendrez-vous? Cowro aquà s'és fa? à quelle 
époque cela s'est-il fait? Couro qué siègue, en quel temps 
que ce soit. Couro qué vèngo, li parlaraï, lorsqu'il viendra, 
je lui parlerai avec les dents. Couro qué vèngou las prunos, 
y-doura un an, vienne la saison des prunes, il ÿ aura un 
an. Couro ris, couro plouro, tantôt il rit, tantôt il pleure. 

Dér. du lat. Quota hora, quelle heure. 

Couroubiè, s. m». Caroubier, gainier visqueux, arbre 
de Judée, Cercis siliquastrum, Linn., arbre de la fam. des 
Légumineuses, naturalisé dans nos pays. 

Couroubio, s. f. Caroube, fruit du caroubier. C’est une 
large gousse, noirâtre quand elle est müre, assez semblable 
de forme à celle des pois dit goulus, mais beaucoup plus 
grosse. Elle renferme une pulpe charnue et douceätre, qui 
tient à la fois de la datte et de la manne. Les enfants en 
sont friands, comme de tout ce qui est sucré. Elle est un 
excellent engrais pour les chevaux. On leur en donne beau- 
coup en Espagne, où ce fruit est très-abondant. 

L'arbre de Judée, à fleurs roses, est de la mème famille, 
mais ses gousses sont petites, sèches et sans saveur. 

Courounèl, s. m. Colonel, chef d’un régiment. 
 Emp. au fr. : 

Coursé, s. m. Dim. Coursioù, Coursiouné.Corset; corps 
de jupe, lacé ou non; camisole de femme; habillement du 
buste. On dit Coursioù, quand il s’agit de la camisole d’un 
enfant au berceau. 

Courto-haléno, s. f. Asthme ; essoufflement. — És mort 
dé la courto-haléno, il est mort faute de respirer : mauvaise 
plaisanterie pour dire : je ne sais de quelle maladie il est mort. 

Courtouès, ouèso, adj. Courtois, poli; affable. 

Emp. au fr. 


COU 


Couruciou, s. f. Odeur de corrompu; infection. — 
Quinto couruciou! quelle odeur, quelle infection ! 

Ce mot n'est l'équivalent du fr. dont il est formé, que 
sous le rapport de l'odeur. 

Cous, s. m. Cours, promenade, allée plantée d'arbres, 
dans une ville; cours, taux d'une marchandise. — Fou 
1 [aire lou cous, ou fou faïre coumo sé faï, il faut suivre le 

cours. 
Dér. du lat. Cursus, ou Curtus. 

Couscri, s. m. Conscrit, qui est soumis à la conscription 
militaire. Par ext. novice; neuf, sans expérience. 

On conçoit très-bien l'emprunt de ce mot fait au fr. depuis 
les lois sur le recrutement, le point le plus important pour 
la population de la politique intérieure. 

Couségu, udo, part. pass. du v. Coïre, cuire, dans 
l'acception de douleur inflammatoire seulement. 

Cousésoù, s. f. Cuisson; action de cuire au feu; degré 
de cuisson; cuisson, inflammation légère mais cuisante. 


fe hs] à 


Dér. de Coïre. 
Cousi, Cousino, s. m. et f. Dim. Cousiné, Cousinéto; 
péjor. Cousinas, asso. Cousin, cousine. — Cousi qué cousè 


davalo dé moun cérièire, dicton devenu prvb. que lefr. a 
: rendu par : ami jusqu'à la bourse. 

“Dér. du lat. Consanguineus. 

Cousignè, Cousignèiro, s. m. et f. Cuisinier, cuisinière : 
domestique à gages, homme ou femme, qui fait la cuisine 

dans une maison, un hôtel, une auberge. — Cousignè 
. macari, Un empoisonneur. { Voy. Macari.) Cousigné lam- 
-  bréto, sé y-a un bon moucël, lou fréto, cuisinier lambin, le 
meilleur morceau est pour lui. 

Dér. de Cousino. 

Cousignèiros (Las), s. f. pl. Les Pléïades, constellation 
située dans le signe du Taureau et composée de sept étoiles 
jadis, dont une a disparu. 

Ce mot parait une corruption du fr. la Poussinière, nom 
qu'on donne quelquefois à cette constellation, qui par son 
assemblage ressemble à une couvée de poussins pressés 
autour de leur mère. 

Cousina, s. m. Potage de châtaignes sèches. — Voy. Ba- 
jana. 

Cousinaje, s. m. Cousinage, parenté entre cousins; manie 
de traiter tout le monde de cousin. 

Cousinéja, v. frég. Faire la cuisine; se dit particulière- 
ment, en ce sens, d’une personne dont ce n’est pas la pro- 
fession, qui met la main à la pâte par occasion ; se cousiner, 
traiter tout le monde de parent pour s’en faire le parasite. 

-Cousino. s. f. Dim. Cousinéto ; péjor. Cousinasso. Cui- 
sine; chère. — La cuisine est la salle à manger et le salon 
d'honneur pour les paysans. Pichoto cousino faï l'oustéow 
. gran, prvb., petite cuisine enrichit la maison. 

_ Dér. de la bass lat. Cocina, qui est la corrupt. du latin 
classique Coquina, cuisine. 

Cousségal, s. m. Méteil, mélange de froment et de seigle. 
Formé du lat. Cum, avec, et Ségal, bas-breton, seigle. 






















COU 


Cousséia, v. — Voy. Acousséia. 

Cousséja, v. frég. Poursuivre, courir après; chasser 
devant soi quelqu'un qui fuit. 

Dér. de Cousso. 

Coussél, s. m. — Voy. Counsél. 

Coussi, adv. Comment, comment donc; eh! quoi! — 
Coussi quicon, d'une façon où d'une autre; aussi bien que 
nous pourrons. Coussi vaï la santa? comment va la santé? 
Coussi vous pourtas? comment vous portez-vous? Coussi/ 
m'ou avias pas dit, est-il possible! vous ne m'en aviez pas 
parlé. Coussi m'ou avias pas dit? comment se fait-il que 
vous ne m'en ayez pas dit un mot? Coussi quicon sèn 
arivas, à la longue nous voilà arrivés, mais ce n'est pas 
sans peine. Véjo coussi camino, vois comme il marche. 
Coussi! vous maridas! Eh! quoi! vous prenez femme! 

Dér. probablement du lat. Quod et Sie, cela, ainsi. 

Cousso, s. f. Course, marche précipitée; voyage; espace 
parcouru. — À cousso, en courant, à la course. Foura bé 
y-ana faïre uno cousso, il faudra bien y aller faire un 
voyage. Y séraï d'uno cousso, j'y arriverai d'une enjambée. 
Gnavès pér uno bono cousso, Vous en avez pour un bon bout 
de chemin. — Voy. Escousso. 

Dér. du lat. Cursus, m. sign. 

Coussoù, s. m. Aruson, insecte ou ver, de l'ordre des 
Coléoptères, qui ronge le bois; charançon du blé; vermou- 
lure ou débris du bois rongé par ce ver, dont il à absorbé 
toutes les parties aqueuses et nutritives : cette poussière est 
un excellent dessiccatif. 

Il est singulier que le fr. ait appelé cosson, l’artison, le 
charançon qui ronge le blé /Cureulio), plutôt que celui-ci 
(Cossus), dont la traduction était toute naturelle. Du reste, 
en lang. Coussoù et Courcoussoù sont souvent confondus. 
— Voy. Courcoussoù. 

Dér. du lat. Cossus, Cossonus, m. sign. 

Coussouna, ado, adj. Vermoulu; piqué des vers; ne se 
dit que du bois. Lorsqu'il s’agit de hardes, d’étoffes de 
laine, on dit Arna. 

Coussu, udo, adj. Cossu, en parlant d'une personne 
riche et opulente; en parlant des choses, confortable, élé- 
gant, riche, bien étoffé. — M'én fichas uno coussudo, vous 
m'en donnez une bonne. Aquè po sé dire coussu, voilà qu'on 
peut appeler cossu, élégant, riche. 

Cousta, s. m. Au pl. Coustasses. Côté, partie droite ou 
gauche d’un animal, d’une chose; envers ou endroit d'une 
étoffe ; face, aspect ; parti; hanches vraies ou factices d’une 
femme. — Dé cousta, de côté, séparément. Pér cousta, par 
côté, obliquement, de biais. Dédou cousta dé Nime, aux 
environs de Nimes. Viras-ou dâou bon cousta, tournez cette 
étoffe à l'endroit; prenez ceci du bon côté, sous son bon 
aspect. Mé méte dé loun cousta, je me range de votre parti. 
Marchavo à sous coustasses, il marchait à côté de lui. À pas 
gés dé cousta ou dé coustasses, elle n’a point de hanches, 
point de tournure. Les femmes tirent vanité de la protu- 
bérance de leurs hanches; serait-ce pour faire ressortir 


27 


228 COU 


davantage, par constrasie, la finesse de leur taille, ou pour 
tout autre chef de coquetterie? Il importe peu de pénétrer 
le secret de ces artifices que la mode impose et qui sont de 
tous les temps et de tous les pays. Autrefois les paniers 
ont eu leur vogue; puis on a appelé ces appareils, ou coussi- 
nets adaptés à la taille, tantôt tournure, tantôt polissons ; 
puis est venue la crinoline et son ampleur. Le siècle de 
Périclès et le règne du Directoire ont fait exception; les 
tailles en guèpe étaient proscrites. Sur l'ancien modèle grec, 
les élégantes de la fin de 4700 paraissaient sous forme de 
tube, ce qu'on appelait alors taille d’asperge. Après les 
exagérations bouflies des modes de notre second empire, on 
a semblé revenir aux lignes droites et raides du Directoire, 
qui sont déjà remplacées aujourd’hui par les polissons res: 
suscités ; et il en sera toujours ainsi. suivant les charmants 
caprices de ce tyran, mailre du monde. Une seule chose ne 
change pas ici; ce sont les mots de notre langue déjà fixée, 
mais qui peut cependant s'appliquer à toutes les inventions. 

Dér. de Costo. 

Cousta, v. n. Coûter; être acheté à un certain prix; être 
difficile à acquérir, au prix de soins, de peines, de fatigues. 
— Qué qué coste, coûte que coûte. Sé mé coustavo pas qué 
dous sbous, s'il ne m'en coûtait que deux sous... Saves pas 
dé qué mé costes, tu ne sais pas ce que tu me coûtes. 

Dér. du lat. Coustare, m. sign. 

Comme remarque générale, il est à observer que la plu- 
part des verbes dans- lesquels se rencontre la syllabe ow à 
l'infin., présentent des irrégularités de conjugaison à diffé- 
rents temps : ainsi Cousta, infin. prés., fait Coste à l'ind. 
prés., Coustère au fut.; de mème Trouva, Atrouba, Acou- 
mouda, Couja, infin., donnent à l'ind. prés. Trove, Atrobe, 
Acoumode, Coje, etc., etc. 

Coustéléto, s. f. Côtelette, petite côte de mouton, 
d'agneau, de veau, de bœuf, destinée à être mangée. 

Dér. de Costo. 

Coustéto, s. f. Côtes de poirée, qu'on mange comme les 
cardes. 

Dér. dim. de Costo. 

Coustiè (Dé ou pér), adv. De côté, par côté; de travers; 
de biais, obliquement. — Vaï tout pér coustiè, il marche 
tout de travers. 

Dér. de Cousta, côté. 

Coustioüs, s. m. pl. Côtelettes de porc salé. — 11 ne faut 
pas oublier que les os de porc sont décharnés pour faire de 
cette viande de l’andouille, de la saucisse, du saucisson, ete.; 
ce qui reste après les côtes n’est qu'un résidu de cartilages, 
de tendons, de membranes adhérentes. C'est là le Coustioù, 
proprement dit, qui assaisonne bien un potage, et qui passe 
encore pour un mets délicat à ronger, après qu'une forte 
ébullition a ramolli tous ces cartilages. 

Dim. de Costo. 

Coustoulado, s. f. Volée de coups de bâton; volée de 
bois vert. 


Que le mot vienne du suivant, exprimant l'instrument 





COU 


qui sert à l'opération, qu'il soit tiré de la partie soumise 
à la correction, son radical est à peu près le même et tout 
aussi énergique. 

Coustoulo, s, f. Écote, éclisse; scion d'osier ou de chà- 
taignier sauvage refendu, un peu plus épais que la Bridoulo 
(Voy. ©. m.); batte d’arlequin. 

Dér. de Costo. 

Coustoüs, ouso, adj. Coûteux, qui entraine des frais, 
qui cause de la dépense. 

Dér. de Cousta, coûter. 

Coustré, Coustrécho, adj. Contraint; réservé; gèné; 
mis à l’étroit; malaisé sous le rapport de la fortune. 

Dér. de Coustrégne. 

Coustrégne, v Contraindre, forcer, obliger ; resserrer, 
pressurer, mettre à l'étroit, comprimer; mettre à la gène; 
restreindre la liberté. 

Sé coustrégne, se restreindre; diminuer sa dépense, son 
train de vie. 

Dér. du lat. Constringere, resserrer. 

Coustumo, s. f. Coutume, usage; habitude contractée 
dans les mœurs, les manières, les actions. — Uno fés és pas 
coustumo, une fois n'est pas coutume. 

Modo, qui a la même acception, est plus technique. — 
Voy. c. m. 

Dér. du lat. Consuetudo, m. sign. 

Couté, s. m. Nuque; fosse occipitale derrière laquelle se 
trouve le cervelet abrité par l'occiput. 

Sauvages en fait une corruplion ou une variante du mot 
Coupé, qui a la mème signification dans quelqu'autre dia- 
lecte du Languedoc; et d'après lui, ce dernier mot Coupé 
serait une déviation de Capet, petite tête. Cela parait un : 
peu tiré par les cheveux. Capet d'ailleurs ne nous semble 
pas un dim. de Cap, tète, témoin Hugues-Capet, ainsi sur- 
nommé, dit-on, à cause de la grosseur de sa tête, ou à 
cause de la cape dont il se couvrait. Notre Couté ne vien- 
drait il pas plus naturellement du gr. Kôttn, tète? 

Coutéiè, s. m. Coutelier, qui fabrique ou vend des cou- 
teaux, ciseaux, rasoirs et autres petits instruments tran- 
chants. 

Dér. de Coutèl. 

Coutèl, s. m. Dim. Coutélé; augm. Coutélas. Couteau, 
instrument tranchant composé d’une lame et d’un manche; 
coutre de charrue, lame placée au-dessus du soc, pour 
trancher la terre. — Coutèl sannadoù, couteau long, mince 
et très-pointu, dont se servent les égorgeurs de pores, de 
moutons, de bœufs. C’est une sorte de couteau-poignard 
qu'ils tiennent renfermé dans un étui en cuir. Fdou pas 
lan li planta lou coutèl, il ne faut pas lui faire payer cela 
si cher, il ne faut pas lui surdemander; il ne faut pas le 
ruiner de frais pour ce qu’il doit, ou exiger rigoureusement 
tout ce que la loi vous accorde. 

Coutèl dé mariage, couteau volé. Il est d'usage dans les 
noces de villageois que les convives au festin de noces 
cherchent à se voler réciproquement leurs couteaux : la 





COU 


gloire est de voler celui d'une fille, surtout si elle est jolie 
et qu'elle joue un rôle important dans ! assemblée. I! n'est 
sorte de ruse que l'on n'emploie pour arriver à ses fins, car 
chacun est fort sur ses gardes. Les couteaux des mariés sont 
seuls exceptés : il n'est pas non plusde bon jeu de se voler 
entre gens de mème sexe; ce serait alors un véritable larcin ; 
entre gens de sexe différent, cette soustraction est considé- 
rée comme une simple niche que l'usage rend de bonne guerre. 

Coutélés, au pl. haricots verts, quand les cosses sont 
encore jeunes et fort minces, imitant la lame d'un petit 
couteau. — Soun pa'nearo qué dé coutélés, ces haricots sont 
trop jeunes; ils ne sont encore que des fils. On dit aussi 
Coutèls, en parlant des cosses de pois-verts. Aï aléja vis 
dé coutèls à mous péses, j'ai déjà vu de jeunes cosses aux 
pois de mon jardin. Ce nom vient aux uns et aux autres de 
la forme de ces cosses plates et légèrement recourbées 
comme la lame d’un sabre ou d'un couteau. 

Passo-passo coutélé, jeu innocent, qui consiste à cacher 
un petit couteau, un dé ou tout autre objel aussi menu, 
dans la main de l’un des joueurs réunis en cercle, tandis 
qu'un patient cherche à le saisir au passage. Les joueurs 
font la chaine avec leurs mains et font tous semblant de se 
passer l’objet, de sorte qu'il est difficile de distinguer la 


‘main qui recèle le Coutélé d'avec celles qui manœuvrent à 


vide : celui qui le laisse prendre dans sa main remplace le 
patient. 

Dér. du lat. Cutter, cultri, m. sign. 

Coutèlo, Anédo ou Alédro, s. f. Grand narcisse des prés 
à fleur blanche, Narcissus poeticus, Linn., iris flambe, 
Iris germanicus, Linn., glaïeul, Gladiolus communis, 
plantes de la fam. des Irisées, qui se confondent sous le 
nom de Coutèlo, à cause de la ressemblance de la fane avec 
la lame d’un couteau ou d'un stylet. — Les enfants sont 
très-curieux de la fleur de Coutèlo, qui vient par masses 
dans les prés, surtout dans ceux abondamment arrosés. Ils 
en font des bottes énormes qu'ils vendent à leurs camara- 
des citadins. Autrefois la monnaie courante de ces marchés 
était des épingles. Aujourd'hui ce billon est démonétisé et 


. déprécié tout autant que défunts les assignats ou les cou- 


pons d'actions mexicaines. 

Coutèlou, s.m. Alouette des bois, lulu, cujolier, Alauda 
arborea où nemorosa, Linn., oiseau de l'ordre des Passe- 
reaux et de la fam. des Subulirostres. Les plumes de la tête 
de cette espèce sont un peu alongées, ce qui lui fait une 
sorte de huppe; elles sont tàchées de noir et de roux ; les 
parties supérieures sont rousses avec une large tâche noire 
au milieu de chaque plume; queue carrée et courte, Le 


mâle se perche quelquefois et fait entendre alors un ramage 
_ agréable. Le nom de Lulu lui vient du eri lu, lu, lu, que 


cet oiseau dit souvent avec douceur. Le nom de Mauviette, 
que Sauvages donne au Coutéloù, est plutôt un nom géné- 
rique que la gastronomie donne à toutes les alouettes gras- 
ses et qui doit s'appliquer surtout à l’alouette ordinaire des 
champs, ‘Alauda arvensis, Linn., la plus commune, la 





COU 229 


meilleure et dont la chasse au miroir fournit abondamment 
nos tables. 

Il est peut-être un peu hardi de vouloir faire dériver ce 
mot du gr. Kwtdw, babiller, caqueter, gazouiller; cepen- 
dant la ressemblance et l'analogie ne manquent pas d'at- 
traits, surtout si l’on considère que le grec a lui-même tiré 
de ce verbe un nom pour l’hirondelle, qu'il appelle, à cause 
de son chant, Korn. 

Coutéto, s. f. Jeune poule, poulette. Au fig. jeune fille. 

Ce mot vient du cri Coto! Coto! qu'on adresse sux poules 
pour les rassembler : ce n'est qu'une onomatopée de leur 
cri ordinaire, cot! cot! cot! 

Couti,s. m. Coutil, sorte de toile croisée dont on fait les 
matelas et les lits de plume. Cette dernière espèce de coutil 
s'appelle spécialement Fldousino : pour les autres ondit Couti. 

Emp. au fr. 

Coutinfloun (Madouméisèlo dé), qué pisso l'uïgo roso, 
loc. prvb. qu'on adresse à une précieuse, à une mijaurée, à 
une femme qui se donne de grands airs et affecte de super- 
bes allures, quoique peu riche et de condition inférieure. 

Coutioun, s. ”. Cotillon, jupe, jupon de femme, qui se 
met d'ordinaire en dessous de la robe. — A fa un acrd à 
soun coulioun, elle a fait un faux pas, une tache à sa répu- 
tation. 

Emp. au fr. Cotillon, qui vient de Cotte, et celni-ci, 
disent certains, du teutonique Kutten, couvrir, cacher, et 
d’autres, du lat. Crocotula, petite robe de femme, dim. de 
Crocota, robe couleur de safran. 

Coutouù, s. m. Coton, duvet floconneux, long et fin, qui 
provient des capsules du cotonnier, dont on fait des étoffes, 
des cordons, etc. — Coutoù én ramo, coton non filé. 

Dér. de l'arabe A/kotonn. m. sign. 

Coutounado, s. f. Cotonnade, toile de coton assez gros- 
sière mais forte; gros basin. 

Coutounino, s. f. Cotonnine, toile de coton légère, dont 
les femmes font des jupes de dessous en été. 

Coutréja, v. Labourer avec la charrue appelée coutrier. 

Coutriè, s. m. Coutrier, sorte de charrue sans roues et 
sans avant-train. Il est aussi facile à conduire que l'araire, 
et il fait de meilleur ouvrage, parce qu’il coupe les racines 
et tourne complètement la terre sens dessus dessous, tandis 
que l’araire ne fait guère que la déchirer. Le soc du cou- 
trier est précédé d’un coutre, Coutèl, pour trancher, tout 
comme la charrue; ce qui lui a valu son nom. 

Dér. du lat. Culter, couteau. 

Coutrio (Dé), s. f. et adv. Associé, lié; de conserve ; 
d'intelligence. — Se prend d'ordinaire en mauvaise part. 

Contract. du fr. coterie. 

Couvén, s. m. Couvent; maison religieuse d'hommes ou 
de femmes; communauté dans son ensemble. — Pér un 
mouïne, lou couvén sé pèr pas, prvb., pour un moine, 
l'abbaye ne faut pas. 

Dér. du lat. Conventus, assemblée. 

Couvèr, s. m. Toit, toiture, couverture d’une maison ; 


230 CRA 

couvert de la table, tout ce qui couvre la table, les mets 
exceptés; cuillère et fourchette d'argenterie. — Couvèr à 
dos aïgos, toiture à deux pentes. Couvèr à l'émpérialo où à 
quatre aïgos, toit à pavillon. Couvèr à téoule vis, toit où la 
charpente et les tuiles s’aperçoivent du plafond, comme 
celui de nos magnaneries, que l'on fait ainsi pour obtenir 
plus de relation avec l'air extérieur. Répassa lou couvèr dé 
quévuquus, rosser quelqu'un, ou tout-au moins lui dire 
verlement son fait en reprenant un à un tous ses défauts. 
Quäou rèsto souto soun couvèr, sé rés noun gagno rés noun 
pèr, prvb., s'il n'y a rien à gagner à rester chez soi, du 
moins ne risque-t-on pas de perdre : conseil d’extrème 
prudence auquel répond cet autre dicton : Quéou és fouträou 
qué rèste à soun oustéou, que le sot resteenfermé chez lui, 
l'homme habile trouve toujours avantage à se produire, 

Dér. de Couvri. 

Couvèr, èrto, adj. Couvert; sombre, nébuleux ; obscur; 
jonché. — És couvèr ou faï couvèr, le temps est couvert, 
sombre. Gn'a lou couvèr s6ou, la terre en est jonchée, le 
sol en est couvert. 

Ce mot est dér. de Couvrè, mais il n’en est pas le part. 
pass., qui se dit Couvri, couvrido. 

Couvérta, v. Mettre une couverture à un livre, ou plutôt 
cette espèce d’enveloppe en papier, dont les écoliers recou- 
vrent leurs livres classiques pour les conserver. 

Couvèrto, s. f. Couverture de lit; couverture, enveloppe 
d'un livre. — Voy. Flassado. 

Couvértou, s. m. Lange de dessus d'un enfant au ber- 
ceau; lange de parade; couvre-pied. 

Couvi, s. m. Invitation; attrait; ce qui attire; ce qui 
invite et convie. —— Sès ddou couv? Êtes-vous de la fôte? 
Y êtes-vous invité? 

Dér. de Couvida. 

Couvida, v. Convier; inviter; engager à un banquet, à 
une fête. — Nous a pas couvida d’un véire dé wi, il ne 
nous a pas offert un verre de vin. Couvides pas dé quicon ? 
Tu ne nous payes pas quelque chose à manger ou à boire? 

Dér. du lat. Cum, avec, et Invitare, inviter. 

Couvri, ». Couvrir; recouvrir; couvrir une maison, y 
poser le toit; saillir, en parlant de certains animaux. — 
Lou couvriguère, et l'oustâou mé réstè, je .couvris son offre, 
je renchéris sur son offre, et la maison me fut adjugée. 

Dér. du lat. Cooperire, m. sign. 

Craïoun, s. m. Crayon. 

Emp. au fr. 

Craïouna, v. Crayonner; dessiner; écrire au crayon. 

Cran, s. m. Cräne, boîte osseuse qui recouvre le cerveau. 

— Lou cran dé la tèsto, le crâne. 

Dér. du gr. Kpavlov, m. sign. 

Cran, s. m., ou Cranco, s. f. Crabe, cancre, Cancer, 
Linn., animaux du genre des Crustacés, qui sont à peu 
près les mèmes aux yeux du vulgaire. 

Cranéja, v. Faire le crane, le freluquet, l'incroyable ; 
afficher une mise et des airs de petit-maitre. 





CRA 


Cranéto, s. m. Jeune petit-maitre, freluquet, beau-fils. 

Crano, a/j. des deux genres. Crane; fier; petit-maitre ; 
en parlant de choses, fameux, de première qualité. — 
Faire lou crano, faire le beau-fils, poser en bravaclie. 
Pourta soun capèl à la crano, porter le chapeau sur 
l'oreille, en fanfaron. Aquél vi és dâou crano, ou aqud's un 
crano vi, c’est du fameux vin. 

Dér. du gr. Koævlov, crâne de la tête. 

Crantén, éno, adj. Quarantain; qui revient tous les 
quarante jours, comme les roses de Bengale, les artichauts 
quarantains, les fraises quarantaines, etc.; bien entendu 
que cetle faculté de reproduction est suspendue en hiver. 

Cranto, n. de nombre. Quarante. — Lou iè dé cranto, 
le grenier à foin; le lit pour qu’rante. 

Dér. et contr. du lat. Quadraginta, m. sign. 

Crâäou (La), n. pr. de lieu. La Crau d'Arles : vaste 
plaine entre Arles et Salon, toute couverte de cailloux 
ronds et blancs de la grosseur d’un œuf. On croit qu'elle a 
été formée par une inondation du Rhône, dans un temps 
rapproché du déluge. Quand on considère l'élévation de ce 
vaste plateau au-dessus de toutes les plaines et les bas-fonds 
qui l’environnent dans toute sa longueur, on sent qu’il n’a 
pu suffire d’un simple débordement du Rhône pour élever 
les graviers à cette hauteur : il a fallu un cataclysme 
véritable. Cette plaine est nue et ne présentait d’abord 
aucun signe de végétation, entièrement recouverte qu'elle 
est de ce cailloutage sans interstices. Cependant, dans la 
partie la plus rapprochée d'Arles, elle a été mise en culture, 
et on y récolle d’excellent vin et de riches pâturages, grâce 
au canal de Craponne qui l’arrose. On retrouve cette mème 
culture dans quelques coins particuliers; mais la plus 
grande partie est infertile et déserte. Du reste, entre ses 
cailloux, il pousse une herbe fort délicate et nourrissante 
qui sert à l'élève de grands troupeaux de moutons d’excel- 
lente qualité. 

Diverses étym. se présentent avec une autorité à peu près 
égale, qui conviennent à ce nom : le celt. Crai, Craig, Crag, 
Carreg, pierre; le gr. Koavaés, raboteux, pierreux, ou 
Kpxÿpos, sec, aride, brülé. 

Crâoumo, s. f. Crasse de la tête et des mains; viscosité 
qui se forme sur l’épiderme de la viande de boucherie, 
qu'on lui enlève en la faisant blanchir à l’eau bouillante 
avant de la mettre à cuire dans la casserole, où qui s'en va 
dans le pot-au-feu en l'écumant. 

Dér, du gr. Xpüyx, peau du corps. 

Craqua, v. Craquer; onomatopée du bruit que fait le 
bois en éclatant, en se rompant. Au fig. mentir, hâäbler, se 
vanter faussement. 

Craquéja, v. frég. Craquer, craqueter. — Se dit principa- 
lement d'un meuble dont le bois travaille et craque de lui- 
même ; des souliers et bottes dont le cuir trop sec fait du 
bruit en marchant; d’une branche d'arbre que le vent ou 
le poids de la neige fait craquer. 

Fréq. de Craqua. 











CRE 
Craquo, s. /. Craque; mensonge; hâblerie. 


Craquo! interj. Crac! soudainement. Onomatopée pour | 


exprimer le bruit d'une chose qui se rompt. : 

Craquur, s. ”. Craquurdo, s. f. Meuteur, hàbleur; 
vantard. 

Crassi, v. Salir; encrasser; rendre crasseux ; couvrir de 
urasse. 

Crasso, s. f. Crasse; saleté; lie; ordure; rebut. — 
Crasso dé la tèsto, crasse baptismale des enfants, qu'il faut, 
dit-on, se garder d'enlever dans le premier âge, parce que 
c'est un exutoirenaturel aux humeurs / Foy. Lésso.); Crasso 
d'oli, sédiment de l'huile au fond des jares. Aï tout véndu, 
mé rèsto pas qué la crasso, j'ai vendu toute ma marchan- 
dise; il ne me reste que le rebut. 

Dér. à choisir, du gr. Lpésos, ordures, suint de la laine 
des brebis, ou du lat. Crassus, gras, épais. 

Crassoüs, ouso, adj. Crasseux, sale, sordide; avare à 
l'excès. 

Créanciè, s. m. Créancier. Dans le style des paysans, il 
signifie plutôt débitear. 

Emp. au fr. 

Créaturo, s. f. Créature, ètre créé, en général; mais se 
prend le plus souvent en mauvaise part pour mauvaise 


“femme, femme mal famée, ou d'humeur revèche. — Sèn dé 


créaturos dâou bon Diou, Dieu nous a tous créés. Aguélo 
créaturo mé fai danna, cette méchante espèce me fait faire 
mon purgaloire en ce monde. 

Dér. du lat. Creatura. 

Créba, v. Crever; rompre ou se rompre avec eflort; 
percer; aboutir; mourir, en parlant des animaux. Sé créba, 
»., faire de grands et vains efforts. — Lou Gardoù a créba, 
le Gardon a renversé la digue. Un créba, un hernieux; 
atteint d’une descente. Huroùs coumo un créba, heureux 
comme un crevé. Moun dé a créba, mon abcès au doigt 
a percé. Crèbo-vèsto, qui fait crevasser ses habits : anti- 
phrase ironique qui s'applique à un homme très-maigre. 
Aquù crèbo lou cor, cela fend le cœur. À créba, il est mort, 
se dit des animaux ; mais on le dit aussi des hommes, quand 
on se dispense de révérence à leur égard. 

Dér. du lat. Crepare, m. sign. 

Crébadisso, s. f. Hernie, descente de boyaux par la 
rupture du péritoine; mort; bonheur insolent. — Faguè sa 
crébadisso lou quinze, il creva ou il fit sa première mort 
le 15. 

Crébaduro, s. m. Hernie; crevasse, fente d’une chose 
qui s’entr'ouvre; accroc. 

Crébiou! interj. Sacrebleu! 

Contr. de Sacrédiou. 

Crébluro! interj. Sacrebleu ! 

Contr. de Sacrébluro. 

Crèbo-bachas, s. m., phr. faite. Littéral : qui marche 
dans les bourbiers. Surnom qu'on donne aux habitants 
d'Anduze, sans doute parce que leur ville étant arrosée de 
fontaines; l'eau circule dans la plupart des rues qui sont 


CRE 231 


| fort étroites; et il est difficile d'éviter les petites flaques, 
Bachas, qu'on rencontre à chaque pas. 

Crèbo-sa, s. m. Crève-sac, sorte de graminée ou de foin 
grossier, dont la graine est dure, sèche, piquante, un peu 
semblable à l'avoine, mais bien plus mince et bien plus 
actrée. Elle perce à travers les sacs et les draps dont on se 
sert pour la transporter, et finit par les déchirer en peu de 
temps : circonstance qui lui a valu son nom. 

Crèdi, s. m. Crédit; délai pour payer; réputation de 
solvabilité. — Faire crèdi, faire crédit. Véndre à erèdi, 
vendre à crédil. S'aï pas bono bousso, aï bon erèdi, si je ne 
suis pas en argent comptant, j'ai bon crédit, on me connait 
pour solvable. Merchandiso dé crèdi, marchandise de man: 
vaise qualité, frelatée, avariée, celle qu’on vend aux ache- 
teurs à crédit, aux mauvais payeurs, auxquels on ne donne 
pas le choix. 

Dér. du lat. Creditum, dette. 

Crédiou! interj. Sacredieu! Dans la langue verte, le 
peuple de Paris dit aussi : crédieu ! et crécoquin ! 

Contr. de Sacrédiou. 

Crédunle, unlo, adj. Crédule; qui croit trop facile- 
ment. 

Dér. du lat. Credulus. 

Crègne, v. Craindre, éprouver du dégout, de l'aversion, 
de l'horreur; redouter. — Aqud's dé crégne, c'est dégoütant 
de malpropreté. Souï pas dé crégne, je ne suis pas un pes- 
tiféré. Uno bèstio dé crégne, une bête dangereuse, un animal 
venimeux. On dit és dé crégne de tout ce qui offre du dan- 
ger, fait éprouver du dégoût, soit à s'en approcher, soit à 
manger, soit à s'en servir. Té crégne pas, tu ne me fais 
pas peur. Aquélo couloù crén bièn, cette couleur est de 
mauvaise teinture; elle n’est pas solide; elle craint l'eau et 
le soleil. Crégne la cassiou, être sensible au chatouillement. 
Aquél jardi crén la sécarésso, ce jardin éprouve plus qu'un 
autre les effets de la sécheresse. Crégne pas bru, ne pas 
s’effrayer des menaces, êlre courageux. On dit prvb. d'un 
objet fragile : Crén pas lou bru, sibé lous cos, cela ne 
craint pas le bruit, mais bien les coups. 

Emp. au fr. craindre, dont le subj. prés. fait : que je 
craigne. 

Crégnén, gnénto, adj. Fantasque, qu'un rien dégoûte, 
et non craintif. — És tant crégnén qué manjo pas dé rés, 
il est tellement fantasque pour son manger, qu'il ne mange 
de rien. Souï un pâou crégnén, s'ou voulès, mais també m'én 
passe, je suis un peu bizarre, si vous le voulez, mais tout 
aussi bien je me passe de toucher à cela, ou de faire cela. 

Créï, s. m. Croit d'un troupeau; accroissement qu'il 
éprouve par la reproduction; accroissement; croissance; 
action de grandir ; quantité dont on a grandi. — À fa soun 
créi tout d'un co, il a pris toute sa taille en peu de temps. 
La maldoutiè li coupé soun créi, la maladie arrêta sa crois- 
sance. 

Dér. du lat. Crescere, croître. 

Créire, v. Croire, estimer une chose vraie; avoir la foi. 





232 CRÉ 


— Crése qué! interj. de ménace à un enfant, sorte de Quos 
ego, qui est aussi le commencement d'une phrase interrom- 
pue. Éstre dé crêire, mériter la confiance pour ses paroles, 
être digne de foi. S’én créire, se croire un personnage, avoir 
de l'orgueil. S’én faïre én crére, s'en faire accroire, tirer 
vanité de quelque chose. Aqud's pas qué dé pér én crèire, 
cela parait plus que ça n'est, il n'y a là que du clinquant 
et point de fond. Crésès aquù et bévès un co, croyez cela et 
buvez après : loc. prvb. usitée lorsqu'on entend une häble- 
rie ou quelque fanfaronnade gasconne, c'est-à-dire que pour 
avaler un morceau de difficile digestion, il faut boire par- 
dessus. Fou créire qué. .…., il est à croire, à présumer que. . 
Créire soun pèro, soun mèstre, obéir à son père, à son 
maitre, avoir foi en leurs avis, en leurs remontrances. 
Cr& pas déngus, il n'obéit à personne, il n'écoute per- 
sonne. 

Dér. du lat. Credere, m. sign. 

Créisse, Croitre; augmenter de nombre, de ‘aille, de 
dimension quelconque; grossir. — Gardoù créï, le Gardon 
grossit; il commence à se gonfler. Ni noun créi, ni noun 
crèbo, il ne veut ni croitre, ni mourir : cela se dit d'un 
enfant qui ne profite pas, d’un jeune arbre qui ne pousse 
que maigrement, qui végète péniblement. 

Dér. du lat. Crescere, m. sign. 

Créisséns (Lous), s. ». pl. Douleurs de croissance 
qu'éprouvent les enfants aux glandes de l’aine, quand les 
tendons se dislendent pour s’allonger. 

Créma, v. Bruler, flamber, dans l'acception neutre et 
non active. Ainsi on dit : Aquél bos crèmo bièn, ce bois 
brüle bien, et non : Créma foço bos, brüler beaucoup de 
bois. — Aqud crèmo dou lun, prvb., c'est une chose abo- 
minable, criante; c’est par trop raide, par trop fort. M'én 
a fa uno qué crèmo dou lun, il m'a joué un tour pendable. 
M'én a di uno qué crèmo dou lun, il m'a tenu des propos 
horriblement injurieux. Aquélo crèmo dou lun, Voilà une 
gaillardise par trop inconvenante, par trop grossière, qui 
passe la permission. 

Dér. du lat. Cremare, brüler. 

Crémal, s. m. Dim. Crémaïoù. Crémaillère. 

Les anciennes crémaillères consistaient en une tige de fer 
dentelée de coches ou de crans pour graduer la hauteur du 
vase qu'on exposail au feu. De nos jours, cette tige est 
courte et composée d’une série d’anneaux qu'on accroche à 
la tige : on peut aussi graduer de même la hauteur de la 
marmite où du chaudron sur le feu. Enfin, dans les Hautes- 
Cévennes, où l’on se sert d'énormes chaudrons contenant 
jusqu’à 60 litres pour cuire la provende des porcs qu’on 
élève en grande quantité, il serait difficile de manier à Ja 
main d'aussi grands vaisseaux ; alors la crémaillère consiste 
en une longue et forte tige qui descend jusqu’au foyer et y 
pivote ; vers le milieu de sa hauteur, la tige porte un bras 
de fer qui soutient le chaudron. On fait pivoter la tige qui 
entraine le bras et décrit un arc de cercle jusqu’au milieu 
de l'appartement; quand le chaudron est rempli, il pivote 





CRÉ 


de nouveau et va se poser de lui-même sur le feu. La mème 
manœuvre s'exécute pour le retirer : on le vide à l'aise grâce 
à celle suspension sans s'exposer à se brüler, et on ne 
retire le récipient qu'à vide et très-allégé. — Planta lou 
crémal, pendre la crémaillère, fixer son domicile. Féou 
faire uno osquo âou crémal, il faut faire une croix à la 
cheminée, prvb. qui exprime l'étonnement que cause une 
chose extraordinaire, la vue d'un événement agréable et 
inattendu ; ou lorsqu'une personne fait un acte qui semble 
sortir de son caractère. 

Dér. de Créma, ou du gr. Kesuastie, qui suspend. 

Crémasoù, s. f. Acreté, aigreur au gosier; ardeur d’es- 
tomac; soda; fer chaud ; acrimonie provenant des saburres 
et gaz acides de l'estomac, occasionnée par une fermenta- 
tion trop forte d'aliments lourds et farineux. L'oignon etla 
châtaigne particulièrement procurent cette incommodité, 
qui est combattue efficacement par une prise d’yeux d’écre- 
visse en poudre, de la magnésie sèche, ou autres absor- 
bants. 

Dér. de Créma, brüler. 

Crémèsi, Crémésino, adj. Cramoisi; qui est teint en 
cramoisi ou en rouge foncé. — Sédo crémésino, soie cra- 
moisie. Trougno crémésino, trogne enluminée, visage cra- 
moisi. 

On remarquera sur ce mot une application bien différente 
de l'accent tonique du masc. au fém. L'intonation change 
d'une manière notable. Ainsi au masc. Crémèsi, la voix 
porte et s'arrête sur la pénultième, syllabe forte qui est 
marquée de l'accent grave; dans le fém. Crémésino, la 
pénultième est aussi le siége de l'accent tonique, et c’est l'x 
qui est le point d'appui de la voix, par où l’accentuation 
de l'é qui précède a dû se modifier, et de grave devenir 
aigue, c’est-à-dire ne former qu'une syilabe faible et brève. 
On voit combien ces nuances sont essentielles à noter et à 
observer à la prononciation. — Voy. Acén. 

Dér. de l’arab. Kermesi, de Kermes, insecte qui po 
la couleur écarlate. 

Crèmo, s. f. Crème, mets composé de lait, de sucre et 
d'œufs, ayant une certaine consistance. 

Dér. du celt. Crema, m. sign. 

Crénto, s. f. Crainte, timidité; honte; vergogne. — A 
crénto, il n'ose pas, ilest intimidé. Pourta crénto, imposer; 
inspirer du respect. Faïre crénto, intimider, faire honte. 

Dér. du lat. Tremor, m. sign. 

Créntoùs, ouso, adj. Dim. Créntousé ; péjor. Créntousas, 
Craintif; timide, non point dans le sens de poltron ou lache, 
mais le contraire d’effronté. 

Crépi, ou Grépi, v. Crépir, enduire un mur de mortier, 
de plâtre. 

Emp. au fr. 

Crépissaje, ou Grépissaje, s. m. Crépi, enduit au mor- 
tier, au plâtre; action de crépir. 

Créscu, cudo, part. pass. de Créisse { Voy.c. m.). Crû 
crue; accrû ; grandi. 








CRÉ 


Créségu, udo, part. pass. de Crére [Voy. ©. m.). — 
Lou pâoure mounde és pas gaïre créségu, les pauvres gens 
sont peu écoutés. _ 

Crésénço, s. f. Orgueil, amour-propre, confiance en soi; 
fierté ; le défaut de se croire au-dessus des autres. 

Dér, de Créire. 

Créspa, v. Crêper, friser les cheveux. 

Un créspa, s. m. Un crêpé, un retapé, un pouf, frisure 
courte et mêlée, sorte de coiffure qui remonte au temps des 
incroyables du Directoire. - 

Dér. du lat. Crispare, friser. 

Créspi (Sén), s. m., n. pr. Saint Crépin, patron des 
cordonniers, qui doit sans doute ce choix, moins à cette 
circonstance qu'il avait été cordonnier lui-même avec son 
compagnon saint Crépinien, que par l’analogie de ces deux 
noms avec le lat. Crepida, chaussure. — A manja soun 
sén Créspi, il a prodigué tout son avoir : c'est ce qu'on 
traduit en fr. par la phrase triviale : il a mangé son Saint- 
Frusquin. 

Créspino, s. f. Taie, épiploon des jeunes animaux ; 
membrane graisseuse et transparente qui enveloppe les 
intestins. — És nascu émbé la créspino, il est né coiffé. Il 
est de préjugé populaire que les enfants qui naissent la 
tête couverte d’une portion de l’amnios et du chorion dont 
ils étaient enveloppés dans le sein de la mère, sont prédestinés 
à d’heureuses chances. Sur cette croyanceest fondé le dicton. 

Dér. du lat. Crispus, crépu, frisé. , 

Créspou, s. m. Crèpe, étoffe claire et légère, de couleur 
noire, dont on porte une bande en signe de deuil. 

Crésta, vw. Châtrer; hongrer un cheval; châtrer une 

“ruche, en lui enlevant le miel qu’elle a de superflu pour 
passer l'hiver. — Crésta uno rodo, enlever aux jantes d'une 
roue leurs extrémités usées et les rejointer, ce qui, en dimi- 
nuant la circonférence , resserre et raccourcit les rayons, 
auxquels cette opération donne plus de solidité. Crésta dé 
trufos, dé cougourlos, etc., châtrer les pommes de terre, 
les courges, en coupant l'extrémité de leurs pousses, ce qui 
a:rôte la sève et la fait tourner au profit du fruit. Le pin- 
cement des plantes, qui est une manière de les bistourner, 
produit le mème effet. 

Il est probable que Crésta vient du lat. Crista, crête, 
parce que lorsqu'on châtre les coqs, on leur coupe la crête. 
Ce mot a donc dù être inventé pour les coqs, auxquels il 
ne s'applique plus cependant aujourd'hui, depuis qu’on a 
adopté pour eux le v. Capouna. — Voy. ©. m. 

Créstaïre, s. m. Châtreur, coupeur; qui exerce la pro- 
fession de châtrer les animaux. Cette classe d'opérateurs, 
qui se fait reconnaitre par une veste rouge, est une espèce 
de paria parmi le peuple. [existe pour eux un peu de cette 
défaveur qui s'attache aux bourreaux et aux équarisseurs. 
La veste rouge est bien pour quelque chose dans cette 
répulsion qui serait moins prononcée sans cet uniforme, 
qu'ils tiennent à conserver comme enseigne. Ces gens-là 
courent les campagnes pour exercer leur art, et on les voit 





CRI 233 


dans toutes les foires de bestiaux, où ils servent d'entre- 
metteurs dans les marchés. — Un créstaire se dit aussi 
pour une flûte de Pan, un chalumeau, instrument de 
musique triangulaire, formé de l'assemblage de plusieurs 
tuyaux en roseau d'inégale longueur et disposés en grada- 
tion descendante de la gamme; chaque luyau donnant une 
note. On l'appelle ainsi parce qu'autrefois les châtreurs 
s'annonçaient dans les campagnes par la musique de cet 
instrument. ARouje coumo un créstaïre, rouge écarlate; 
allusion à la couleur de la veste des châtreurs. 

Créstél, s. m. Dim. Créstéloù. Chaperon d'un mur; 
encrêtement d'un mur ou d’une fosse mortuaire; sommet 
et forme d’un tertre de terre, s'élevant en prisme. 

Dér. de Crésto. 

Créstian, ano, «dj. Chrétien, ienne.— Ne se prend qu'en 
mauvaise part. — Aquél créstian ! diable d'homme. 

Dér. du lat. Christianus. 

Crésto, s. f. Crête, excroissance charnue et rouge qui 
vient sur la tête du coq et de la poule; huppe. Au fig. partie 
la plus élevée d’une montagne. — Léva la crésto, lever la 
tête; faire le fier, le fanfaron; s’énorgueillir. 

Dér. du lat. Crista, m. sign. 

Crésto dé gal, s. f. Crête de coq, cocriste, Rhinanthus 
cristagalli, Linn., plante de la fam. des Rhinantacées. Elle 
est nuisible aux moissons et aux prairies. 

Crétièn, èno, adj. Chrétien, qui professe la foi du 
Christ, — Lou crétièn se dit pour l’homme en général. 
Est-ce par un sentiment élevé, par ignorance ou par mépris, 
que le peuple renferme l'humanité entière dans la chré- 
tienté? Le fait est qu’il ne fait que deux parts parmi les 
êtres vivants, ou crélièn et las bèstios. Pour lui, lou crétièn 
est l'homme générique; lorsqu'il est pris dans l'acception 
religieuse, et seul, il est en bonne part. Créstian, au con- 
traire, est d'ordinaire pris en mauvaise part ou sous le côté 
ridicule. 

Dér. du lat. Christianus. 

Cri, s. m. Cric. instrument à crans pour soulever de gros 
fardeaux. 

Son nom est peut-être une onomatopée prise du bruit que 
fait cette machine en agissant. 

Crida, v. Crier; jeter, pousser des cris; gronder, donner 
une mercuriale; publier. — Ma mèro m'a cridado, ma 
mère m'a grondée. Crido énd’aquél chi, fais sortir ce chien. 
Dé qué crides tant? Qu'as-tu donc à tant crier? Dans cette 
dernière acception, le v. Fada est plus technique Crida las 
anouncies, publier les bans de mariage. L'an cridado 
diménche-passa, on a publié ses bans dimanche dernier. 
Crida las véndimios, publier le ban des vendanges. Crida 
soun vi, publier sa propre honte; rendre publique une 
action déshonorante de quelqu'un des siens. 

Dér. du gr. Kp&w, en Dorien Kplèèw, crier. 

+ Cridado, s. m. Mercuriale, gronderie; reproche; cri que 
l'on adresse de loin à quelque malfaiteur, à un maraudeur, 
à un pillard, pour l'éloigner. 


234 CRO 


Cridaïre, airo, s. et adj. Péjor. Cridaïras. Criard, gron- 
deur; qui crie beaucoup et très-haut; pleurard; erieur public. 

Crido, s. f. Publication de mariage, du ban des vendan- 
ges; bruit publie, nouvelle. — La crido sé nés sounado, la 
chose s’est ébruitée. 

Crime, s. m. Crime, infraction grave aux lois de la 
morale; mauvaise action. 

Dér. du lat. Crimen, m. sign. 

Criminèl, èlo, adj. Criminel, condamné. — Ne s’appli- 
que pas à l’acception morale de criminel. 

Criouda, v. Marquer au visage, y imprimer une cica- 
trice. — És tout criouda, il:a le visage criblé, marqué de 
la petite vérole. 

Crioudo, s. f. Cicatrice; marqué, trace de plaies, ulcères 
ow blessures guéris. 

Criquo-lardé, phr. faite. Jeu d'enfants, qui consiste à 
éparpiller sur une table une quantité de menus fruits, ou 
de petits carrés de pomme ou de gâteau; après quoi l’un 
des acteurs, les yeux bandés et armé d’un couteau ou d’une 
épingle, pique à l’aveuglette et croque le morceau, jusqu'à 
ce qu'il arrive à celui que son adversaire a touché du doigt. 
A ce coup, il cède sa place aveé son bandeau et le couteau 
ou l’épingle, et le manège recommence jusqu'à épuisement 
de l'enjeu. 

Cris, s. m. Cri; clameur; exelamation; action d'appeler 
quelqu'un de loin. 

Cristal, s. m. Cristal. — Né coumo un cristal, pur 
comme le cristal. 

Dér. du lat. Crystallum. 

Cristôou, n. pr. d'homme. Christophe. — Sén Cristéou, 
u. pr. de lieu, Saint-Christol, commune du canton et 
arrondissement d’Alais. 

Critiqua, v. Critiquer, blâmer, censurer ; médire ; trouver 
à redire. 

Critiquo, s. f. Critique; blâme. — La critique déou 
mounde, le blâme général. Aquélo fio és bièn à la critiquo 
dâou mounde, le public médit beaucoup de cette fille{ la 
voix publique est prononcée contre elle. 

Dér. du gr: Kprrw6s, qui censure. 

Cro, s. m. Dim. Crouqué; péjor. Crouquas. Croc, cro- 
chet; instrument de bois ou de fer recourbé-servant à 
suspendre ou à saisir quelque chose; hameçon. — Lous cros 
dâou bos, espèce de crochets en bois qu'on suspend à l’arçon 
d'un bât et dans lesquels on place bâche à bûche du bois à 
brûler pour le transporter. Cro dé roumano, crochet d’une 
romaine. Sémblo un cro, il est maigre comme un croc. Vièz 
cro; vieux homme : cette expression est ironique-et mépri- 
sante. On dit aussi en fr. vieux croc. Pénja dou cro, 
remettre quelque chose au crochet pour ne plus s’en servir; 
mettre sous la remise; donner les invalides. Pénja sas déns 
dou cro, mettre ses dents au eroc, garder la diète, non par 
régime, mais de misère. Faïre lou cro, ètre recourbé, se 
courber comme un croc. 

Dér. du celt. Croc, m. sign. 





CRO 


* Cronto, prép. Contre; près, contigu, opposé; appuyé 
contre. — Jouga. la cronto, jouer la contre-parties; jouer 
quitte ou double. Dé cronto, à côté; vis-à-vis; proche. Low 
cronto partè, le parti opposé : cela se dit en politique; 
malheureusement cela se dit aussi en politique religieuse. 
Les catholiques en parlant d’un protestant disent : És ddow 
cronto parti, et vice vers4. Pourta cronto, porter préjudice, 
faire tort, nuire. Aqud m'és cronto, cela m'est contraire, 
cela me ferait mal. 

Dér. du lat. Contrà, par métathèse, 

Cronto-bandiè, s. m. Contrebandier, qui fraude les 
droits, n'importe sous quelle forme. 

Cronto-bando, s. f. Contrebande; fraude de droits léga- 
lement établis. —Ne se dit que d’une fraude habituelle, et 
presque parétat. 

Dér. de l’ital. Contrabbando, m. sign., formé de la 
prép. Contrà, et Bando, ban, publication de défense, pro- 
hibition. 

Cronto-cara, v. Contrecarrer, contredire; s'opposer on 
nuire aux projets de quelqu'un; se mettre à la traverse. 

Cronto-co,s.m. Contre-coup; heurt; répercussion d’un 
corps qui heurte sur un autre. — Aquél cami & fosso 
cronto-cos, ce chemin est rempli de trous et de bosses. 

Cronto-danso, s. f. Contre-danse; air de danse. 

Cronto-faire, vw. Contrefaire, imiter; fausser, altérer; 
défigurer, déformer. 

Sé cronlo-faïre, dissimuler, feindre; se rendré difforme. 

Emp. au fr. 1 

Cronto-marcho, s. m. Contre-marche; ruse de guerre ; 
feinte. 

Cronto-marquo, s. f. Contre-marque, billet de rentrée 
délivré au théâtre. 

Cronto-pèou, s. m. Contre-poil, sens contraire à celui 
dans lequel le poil est couché. — Faïre lou cronto-pèou, 
enlever la seconde peau, au fig. 

À cronto-pèou, adv. À contre-poil, à rebours du poil, en 
sens contraire du poil, au pr. et au fig. — Féow pas lou 
pénchina à cronto-pèou, à brousso-pèou, il ne fait pas bon le 
contrarier, il ne faut pas le prendre à rebours de poil. — 
Voy. Brousso-pèou (à). 

Cronto-pés, s. m. Contre-poids; poids qui sert à en 
balancer un autre. 

Cronto-pouisoù, s. #. Contre-poison; antidote; moyen, 
remède pour combattre l'effet du poison. s 

Cronto-sinne, s. #. Contre-seing; visa approbatif. 

Cronto-tén, s. m. Contre-temps; difficulté; obstacle; 
accident imprévu ; opposition providentielle; mauvais temps, 
intempérie. — Aquél pdoure éfan a agu fogo cronto-tén, ce 
pauvre enfant a été arrôté dans sa croissance par nombre de 
maladies. 

Cronto-vén, s. m. Contrevent, volet extérieur. 

Cros, s. m. Dim. Crousé; augm. Crousas. Creux, trou; 
fossette; creux à planter quelque chose; fosse d’un mort, 
tombeau; creux à fumier; vallon. — Lou vi l’a més dou 


—  , 


ue. 


PR OP NT D ET 








CRO 


eros, C'est le vin qui a creusé sa fosse; le vin l’a mis au 
tombeau. Cros, blouse, fosselte du jeu d'équipé { Voy. c.m.), 
qui est un petit trou dans la terre. Cros d'amouriè, creux, 
trou pour planter un mürier. Il est ordinairement carré, de 
2m 50 sur chaque face et de 0® 65 de profondeur. Le plan 
est placé au milieu, et on le fixe dans cette position en 
formant autour de ses racines un petit tertre de la terre la 
plus sèche et la plus meuble possible. C’est cette opération 
qu'on nomme Souta ( Voy. ©. m.). On répand ensuite le 
fumier dans tout le périmètre de la fosse. Ces précautions 


” sont prises afin que, dans les premiers temps de la pousse, 


les radicules tendres et les plaies des racines qu'on a dû 
couper à une certaine longueur, ne soient pas trop échauf- 
“fées par le contact immédiat du fumier. Dans notre arron- 
dissement, la terre classique de la culture du mürier, les 
soins donnés à cet arbre précieux ont assuré longtemps sa 
prospérité et sa richesse : aujourd'hui les conditions sont 
changées peut-être; mais il n'y a pas à désespérer, et tout 
ce qui est utile, dans les pratiques et les traditions de notre 
agriculture, ne doit pas être mis en oubli ni dédaigné. 
Dér. du lat. Serobs, fosse pour provigner les vignes. En 
lang. cette fosse se nomme Caïsso, parce qu’elle est en forme 
de long parallélogramme comme une caisse ou bierre de 


‘mort. 


Crosso, s. f. Dim. Crousséto. Béquille, long bâton à 
traverse pour les boiteux ou les personnes qui ont les jambes 
faibles; crosse, bâton pastoral d'un évêque, qui, dans 
l'Église grecque, a la forme d’une béquille; crosse, partie 
courbe et inférieure d’un fusil; en terme de maçon, queue 
de jambage : c'est une de ces pierres de taille, dans les 
jambages des portes ou fenêtres, qui s’enfoncent dans la 
maçonnerie par leur partie brute, et sont destinées à sup- 
porter les gonds, celles qui ne forment qu’un tableau et 
n'ont point de queue se nomment Laneë { Voy. €. m.). — 
Quan pourtaraï las erossos, tus pourtaras lou bastoù, pour 
dire : il n'y a-pas une grande différence d'âge entre nous; 
mot.à mot, quand je porterai la béquille, tu porteras le 


“bâton. 


Dér. dulat. Cruæ, erucis; en ital. Croce, croix, parce 
que les béquilles sont en forme de æroix sans haut bout, 
comme un T majuscule, ainsi que les premières crosses 
d'évèque. 

‘Croto, sf. Dim. Croutéto; péjor. Croutasso. Grotte; 
cave; voûte; pièce souterraine votée. 

Dér. du lat. (Crypta, caverne, venu du gr. Kpÿxtn, 
m. sign. 
= Crouché, s. m. Crochet; agrafe. — Faïre un crouché, 
faire un détour. 

Dim. de Cro. 

Crouchéta, v. Accrocher; agrafer; éeaner une porte, 
ane fenêtre au crochet; décrire un crochet, former un 
‘lacet; en-parlant d'une route. 

:Crouchoù, s.m. Quignon de pain. Crsimnhestncios 
-de Croustéchoù, dim. de Crousté. — Voy. ©. m. 





CRO 235 


Croucintèlo, s. f. Cartilage, partie souple qui termine 
certains os; membrane à demi osseuse comme les oreilles, 
les tendons, etc. ; 

Dér. sans doute de Crouqua, parce que les cartilages 
craquent sous la dent quand on les mange. 

Croucu, udo, adj. Crochu; recourbé en forme de eroc 
ou de crochet. 

Dér. de Cro. 

Croumpa, ». Acheter, acquérir à prix d'argent. 

Ce mot n’est pas parfaitement du dialecte cévenol ; mais 
il est très-usuel dans tout le Languedoc et s'emploie ici 
sans barbarisme. — Qué té counouï pas, qué té croumpe, 
celui qui ne te connait pas peut t'acheter, dit-on à celui 
qui a mille défauts cachés. Qué bo lou croumpo, bo lou 


béou, prvb., qui l'achète bon, le boit bon. Dans notre 


idiome du XI®e siècle, on disait : Compra palmada, mar- 
ché conclu par main touchée. — Voy. Pacho. 

Dér. du lat. Comparare, m. sign. 

Croupatas, s. m1. — Voy. Courbatas. 

Croupi, v. Croupir; rester en stagnation, dans l'insou- 
ciance ou la honte. 

Dér. du lat. Corrumpi, être corrompu. 

Croupièiro, s. f. Croupière, longe de euir roulée qui 
passe sous la queue d’une bête de trait ou de selle. 

Croupo, s. f. Croupe, hanches et fesses des animaux de 
monture ou de charge. — Porto bièn én eroupo, ce cheval 
porte bien en croupe. Pourta sa fénno én croupo, mener sa 
femme en croupe. 

Dér. de l’allem. Grub, gras, épais. 

Crouqua, v. Croquer; accrocher, saisir avec un €roc; 
suspendre à un crochet; emporter, enlever, escamoter. — 
Lou diable té croque, le diable t'emporte. .Croguo t'aquà, 
attrape. 

Dér. de Cro. 

Crouquarèl, èlo, adj. Agaçant, qui croque les cœurs. 
— Vous a un parèl d'ièls crouquarèls, elle vous a deux 
yeux fripons, coquets. 

Crous, s. f. Dim. Crouséto. Croix; figure de la croix ; 
croix que les femmes portent au cou; croix de Malte qui 
figure.en tête des alphabets /Voy. Cagasso). — Faïre sa 
crous; autrefois les notaires faisaient faire une croix pour 
signature aux parties qui ne savaient pas écrire. Lou sinne 
dé la crous, le signe de la croix. M'an més à la santo- 
erous, je commence à apprendre l'alphabet, la croix de 
par Dieu. Poudès bé faire la crous, vous n'y reviendrez 
plus; vous pouvez y renoncer, rayer cela de vos papiers. 

Dér. du lat. Cruæ, m. sign. 

Crousa, v. Croiser; disposer quelque chose en forme de 
croix ; rayer, bâtonner un compte. — M'avès crousa, Vous 


-avez acquitté mon compte. 


“Crousado (à la), .adv. En quinconce, en terme d'agri- 
culture; en croisant les fils, en terme de dévidage et 
ouvraison de la soie. — Séména à la crousado, semer en 
faisant croiser les sillons. 


236 CRO 


Crousadoù, s. m. Bivoie; carrefour où aboutissent 
divers sentiers, où l'on plantait autrefois une croix. On dit 
aussi Camè crousadoù : la bivoie est proprement l'endroit 
où deux chemins se rencontrent pour se confondre et n'en 
former qu'un seul; le carrefour est le point de section de 
deux chemins qui se croisent sans se confondre et dont 
chacun suit une direction différente; l’un et l'autre se 
nomment Crousadoù. 

Crousé, s. m. Fossette; petit creux; petit trou. 

Dim. de Cros. — Voy. c. m. 

Crousélu, udo, adj. Creux, creuse; profond ; enfoncé. 
— Sièto crouséludo, sorte d'assiette creuse et profonde en 
guise d'écuelle, qui sert d’assiette à soupe aux paysans. On 
la distingue de l’écuelle en ce que celle-ci a des anses ou 
oreilles, et que l'assiette n'en a pas, mais seulement un 
petit bec par où on écoule le potage à sa fin. — Voy. Sièto 
bécudo. 

Dér. de Cros. 

Crousio, s. f. Croisure; opération, figure, forme dans 
laquelle deux choses se croisent, sont placées, disposées en 
croix. — Croto én crousio, voûte croisée, c’est-à-dire com- 
posée de quatre arêtes ou nervures qui se croisent par le 
milieu et forment quatre voussures sur les côtés, de sorte 
que la clé de voüte occupe le point d’intersection des qua- 
tre arêtes. 

Dér. de Crous. 

Crousta (Sé), v. Se couvrir d'une croûte; s’escarifier ; 
se durcir à la surface, en parlant du terrain. 

Dér. de Crousto. 

Croustado, s. f. Tourte de pâtisserie au gras; pâté chaud 
ou froid; vol-au-vent. 

Dér. du lat. Crusta. 

Croustas, s. m. Grosse et large croûte; grande escarre 
qui se forme sur une plaie ou une blessure. 

Augm. et péjor. de Crousto. 

Crousté, s.m. Dim. Croustéchoù. Petit quignon de pain; 
crouslille coupée en triangle dans un pain rond, afin qu’il 
y ait plus de croûte que de mie. — Mé lèvo lou crousté dé 
la man, il m'ôte le pain de la bouche; il détruit mes 
moyens d'existence. Qué crousté/ est une formule usilée 
dans le style familier, qui signifie :-Eh! qu’en dis-tu? ou 
plus trivialement : Ca te le coupe, mon garçon! 

Dim. de Crousto. 

Croustéja, w. Croustiller; manger de grand appétit. — 
Aquél pan croustéjo bièn, ce pain a beaucoup de croûte. 
Aquè s'apèlo croustéja, voilà qui est bien fonctionner à 
table. 

Crousto, s. f. Dim. Croustéto; péjor. Croustasso. Croûte 
du pain; partie extérieure et dure du pain, d'un pâté; 
croûte d'ulcère, escarre; surface de terrain durcie par 
l'effet des pluies et l’action du soleil, ou: par 16 foulement 
des pieds. 

Dér. du lat. Crusta, m. sign. 

Crousto-léva (Sé), v. n. Se dit du pain gras-cuit, 





CRU 


morfondu, surpris par une forte chaleur du four; ce qui a 
pour effet de séparer la croûte de la mie, et de laisser un 
intervalle entre elles, comme l'exprime notre mot. — 
Visage crousto-léva, visage couperosé, bourgeonné, soulevé, 
sur lequel il se forme des boursouflures et des pellicules 
qui se détachent. 

Crouta, v. Voüter, jeter une voûte; courber ou arrondir 
en forme de voûte. 

Dér. de Croto. 

Croutou, s. m. Dim. Crsutouné. Caveau, petite cave; 
cachot; cul de basse fosse. 

Dim. de Croto. — Voy. c. m. 

Crouvél, s. m. Coquill; coque; écale ; enveloppe exté- 
rieure et dure d'un œuf, d’une noix, d’une amande, de la 
châtaigne. — Sor déou crouvél, il sort de l'œuf, il vient de 
naitre. 

Ce mot viendrait, dit-on, du Ligurien; mais d’autres le 
tirent du gr. Koërtw, cacher; n'aurait-il pas été fourni par 
le lat. Curvus, courbé, fait en voûte? 

Crouvéludo, s. f. Châtaigne dans sa coque; celle qui, 
après avoir passé au sichoir, se détache difficilement de sa 
coque, ce qui provient d’une tare qui amène une adhérence, 
ou quelquefois d’un feu trop vif. 

Cruci, v. Grincer; imiter le bruit que fait la lime sur le 
fer ; ronger avec les dents, comme font les vers et les rats 
dans le bois, les grains, les légumes secs. — Kaïre crucèsas 
déns, grincer des dents. Aquélo civado és touto crucido, 
cette avoine à été rongée par les rats, qui n'ont laissé que 
l'enveloppe. 

Dér. du celt. Cruscir, craquer, ou du lat. Cruciare, 
tourmenter, ronger. 

Cruëlos, s. f. plur. Écrouelles; vice scrofuleux, qui 
affecte particulièrement les glandes cervicales. 

Dér. du lat. Scrofulæ, m. sign. 

Crus, cruso, adj. Cru, qui n’est pas cuit, pas apprèté; 
écru. — Dé fiou crus, dé sédo cruso, du fil écru, de la 
soie écrue. Uno fièio bièn cruso, feuille de mürier qui a de 
la fermeté, de la crudité au toucher. Tèlo eruso, toilequi 
n'a pas été décruée. És crus; a uno mino cruso, il a un 
abord sec, hautain, peu liant. 

Dér. du lat. Crudus, m. sign. 

Cruséja, ». frég. Craquer, être rude et ferme au toucher== 
Se dit principalement de la soie écrue, qui semble grincer 
quand on la manie; de la toile écrue, non lavée, gardant 
un apprèt; de la feuille de mürier qui n'a pas été remuée. 

Dér. de Crus, écru. 

Crusije, s. f. Crudité, manque de flaccidité ; état exprimé 
par le v. Cruséja. 

Cruvèl, s. m. Dim. Cruvélé. Crible, sas. — Fm crible à 
blé est fait d'une peau de pore percillée de petits trous 
ronds {Voy Couladoù); celui des châtaignes blanches, 
Bajanos, est tissu de menus cotons ou lames de bois 
refendu très-minces qui laissent entr’ eux des intervalles 
carrés où ne passent que les bris des châtaignes et la pous- 


CUL 


_sière des enveloppes. Cet outil est le mème qui sert pour le 
blé sous le nom de Pisso-paio ( Voy. &. m.). Le crible à 
terre ou À sable est un treiilis de fil de fer. 

Le dim. Cruvélé, petit crible, devait sans doute être 
employé autrefois dans les divinations. La phrase faire 
vira lou cruvélé, faire tourner le sas, s'est conservée pour 
exprimer quelque œuvre de sorcellerie. 

Dér. du lat. Criblum, m. sign. 

; Cruvéla, v. Cribler; passer au crible. 

} Cuga, v. Cligner; clignoter ; fermer les yeux à demi. — 

E: Ne s'emploie qu'en parlant des yeux. 

Dér. du gr. Kw, plier, ou Kebtw, cacher. 

Cuïè, s. m. Dim. Cuüéiré. Cuiller, ustensile de table ou 

| de cuisine, — Un cuïè d'argén, dé bos, d'éstan, une cuiller 

d'argent, de bois, d'étain. 
Dér. du lat. Cochlear, m. sign. 
Cuiïèiras, s. m. Canard souchet, Anas clypeata, Linn., 


ee - ne Éd bre : 
. £ 



















| canard à bec à palette, à cuiller, à spatule; oiseau de l'ordre 
| des Palmipèdes, qui passe l'hiver dans nos pays : ainsi 
À nommé de la forme de son bec. 


Cuièiré, s. m. Cueilleron de chätaigne, ou châtaigne 
avortée dont il ne reste que les panneaux de la peau collés 
l'un à l’autre et sans pulpe. La châtaigne se forme d'ordi- 
uaire dans le hérisson au nombre de trois ; lorsqu'un de ces 
hérissons manque de nourriture pour amener à bien les 
trois châtaignes, ou bien lorsqu'une des trois plus active 
prend la substance des autres, cellés-ci restent à l'état de 

. -cuéillerons. Le plus souvent c’est la châtaigne du milieu 
qui résiste et devient alors ronde et beaucoup plus grosse. 
| Le nom est tiré de la forme ressemblant à une petite 
cuiller, Cuïciré. 
Cuièiro, s. f. Cuiller à soupe; grande cuiller à ra- 
goût. 
Guirassiè, s. m. Cuirassier, cavalier portant cuirasse. 
‘Emp. au fr. 
Cuirasso, s. f. Cuirasse. 
Emp: au fr. 
Guja; v: Faillir, être sur le point de... — A cuja 
* mouriijaiefailli mourir. Cujère véni, je fus sur le point 
de venir. 

Sauvages et quelques glossateurs qui lui ont emprunté 
cette opinion; pensent que Cuja est le mème verbe que 
Cuider, en N: fr: penser, croire, imaginer. Leur racine 
commune serait dans: le lat. Cogitare. Mais le sens doit 
être restreint, croyons-nous, à la seule acception que nous 
lui donnons : être sur le point de... Il n'y a ici qu'une 
étym. figurative. Aÿ euja mouri, aï cuja véni, j'ai pensé 
vi venir, pour j'ai failli, j'ai été sur le point. 

- Guli, v. Récolter; prendre, saisir. — A culà fogo vi, il a 
récoliéibesicoup de vin. Culis un pâou dé tout, il a un peu 
de toutes les récoltes du pays. Lous géndarmos low soun 
ana culà din soun iè, les gendarmes pren nee le ere 
dans son lits. 

+ Dér. du lat. Colligere, ramasser. 








| CUR 237 


Culido, s. /. Récolte; quantité récoltée eve mème 
denrée. 

Cur, s. m. Dim. Curné. Cœur, organe sinciplé de la 
circulation dans le corps humain; affection, mémoire, 
courage; couleur des cœurs au jeu de cartes; coulant de 
la croix que les femmes portent au cou et qui le plus sou- 
vent a la forme d'un cœur; chœur d'une église. Se dit dans 
plusieurs acceplions Cor {Voy. €. m.). — Apréne dé pér 
cor, apprendre par cœur. Ou save pér eur, je le sais par 
cœur. Un éfan dé cur, un enfant dechœur. Las éstalos déou 
cur, les stalles du chœur. Un cur dé camiso, triangle de 
toile qu'on met au bas des chemises de femme pour en 
augmenter le fond, sans quoi elles seraient gènées dans 
leur marche ( Voy. Simoùs). C'est aussi une petite pièce de 
toile ou contrefort qu'on place aux chemises d'homme au 
bas de l’ouverture sur l'estomac, pour empècher la toile de 
se fendre. 

Trad. du fr. Cœur. 

Cura, v. Curer, vider, nettoyer quelque chose de creux, 
comme un puits, une fosse, un Canal. — Cura un poulé, 
un péissoù, vider un poulet, un poisson, leur enlever les 
intestins et les viscères. Cura soun nas, se fouiller dans le 
nez. Té curaraï lous iéls, je te crèverai les yeux. Un curo- 
bouss, un mange tout, qui ruine ses parents et vide leur 
bourse. On le dit aussi du fisc et de toute sorte de gens qui 
légalement ou par importunité vous soutirent de l'argent. 
An cura lou pous, lou bésdou, on a curé, nettoyé le puits, 
le canal. Mé souï bièn eura ou éscura, je me suis bien 
nettoyé l'estomac, je l'ai bien vidé par quelques vomitifs 
ou purgatifs. 

Dér. du lat. Curare, soigner. 

Cura, s.m. Curé; desservant succursaliste d’une paroisse 
lorsqu'il est chef de son église. — Ana véire lou cura, 
aller à confesse. Espéras un pdou qué lou cura sé moque, 
attendez un peu que le curé se soit mouché, loc. prvb. 
qu'on emploie quand on suspend un instant une narration 
écoutée avec intérêt. Cela doit avoir trait à quelque anec- 
dote dans laquelle un curé aurait usé de cette précaution 
oratoire pour se reposer un instant dans son sermon. 

Le mot est sans doute une contr. du lat. Curator, 
tuteur, gardien des âmes: Dans la bass. lat. on avait 
cependant Curio, qui indiquerait un sens de chef ou prè- 
tre d’une curie. 

Curaïo, s. f. Action de curer, de vider ; curage; balayu- 
res, restes, fumier qu’on sort en une fois des élables. 

Curio, s. f. Menus débris d'un petit objet que l’on vide, 
que l'on nettoie intérieurement; intestins des animaux, de 
la volaille, du poisson curés. 

Curéto, s. f. Fourgon en fer d'un fourneau à houille; 
outil tranchant du sabotier pour évider l’intérieur du sabot; 
curoir d’un aiguillon de laboureur / Foy. Bourboussado). 
C'est aussi un triangle en fer recourhé en forme de cuiller, 


‘dont les mineurs se servent pour sortir la boue et les débris 


de pierre du trou qu’ils forent, à mesure qu'ils avancent. 


238 D 


Curioùs, ouso, adj. Curieux, qui a grande envie de 
savoir, de voir, d'entendre, de découvrir; qui étonne à 
voir, à our; frappant, intéressant. 

Dér. du lat. Curiosus, m. sign. 

Curiousitè, s. f. Curiosité, petit spectacle de la foire, 
principalement la lanterne magique et les optiques portatifs. 

Curo-âouréio, s. m». Perce-oreille, forficule, Forficula 
auricularia, Linn., insecte de l'ordre des Orthoptères, 
ayant l'abdomen terminé par des pinces à double branche, 
en forme de tenaille. Un préjugé absurde prétend que ces 
animaux, en s’introduisant dans l'oreille, peuvent en percer 
la membrane répereussive des sons el rendre sourd. De là 
le nom fr. et le nom lang. Mais d'autres, ses défenseurs, 
blanchissent le Curo-douréio de ce méfait. Le plus sage est 
toujours de ne pas s’y fier. 





D 


Curo-nis, s.m. Culot; le plus petit et le dernier éclos des 
oiseaux d'une couvée. Au fig. le dernier né d'une famille. 

Formé de Cura et de Nis, parce que c'est celui des oisil- 
lons qui vide le dernier le nid maternel. 

Curo-péro, s. m. Capricorne ou cerf-volant. — Voy. 
Manjo-péro. 

Curun, s. m. Curures, boues, vase, vidanges qu'on 
retire des puits, des fossés, etc., qui sont un amendement 
pour les terres; débris, restes, rebuts retirés des choses 
qu’on nettoie. 

Cusqua, v. Parer, arranger; soigner un malade ou un 
enfant au berceau, les servir, les faire manger, les vêtir, 
les déshabiller, les coucher; faire pour eux tout ce qu'ils 
sont incapables de faire par eux-mêmes. 


D 


D, s. m. D, quatrième lettre de l'alphabet, troisième 
consonne, Se prononce dé comme en ilal., puisque notre 
langue ne connaît pas l’e muet, ni sa consonnance sourde. 

Le D est une des consonnes les plus douces et les plus 
euphoniques de notre alphabet. Il appartient à l’ordre des 
Dentales; et son articulation se produit par une explosion 
mécanique de l'organe buccal assez heureusement décrite 
par Piis dans son poème de l’Harmonie imitative : 


Il faut entre les dents que la langue le darde. 


Les grammairiens rangent dans la catégorie des Dentales 
les consonnes T, S doux ou entre deux voyelles, et Z; ce 
qui veut dire que ces lettres, dont l'émission met en jeu 
les mèmes organes, la langue et les dents, d’une manière 
presque identique, éprouvent des propensions, dans les 
langues dérivées comme la nôtre, à se substituer les unes 
aux autres, ou du moins ne font aucune difficulté à entrer 
dans la composition d’un mot où se trouvait primitivement 
une consonne de leur ordre. C'est pourquoi Cadéno ne 
s'étonne pas de descendre du lat. Catena; Cadiiro de 
Cathedra; Nada de Natare; Nadäou de Natalis; Nous de 
Nodum; Nousa de Nodare; Madu de Maturus; Rodo de 
Rota; Courdura de Consuere; Courduro de Sutura;Dinda 
ou Tinta de Tinnitun; Toundéire de Tonsor ; Endorto où 
Rétorto de Retorta; Tourdu où Tourtu de Tortus; Endivio 
de Intibum; Aciou de Actio; Crémasoù de Crematio: etc. 


C'est la loi des permutations, dont nous avons déjà | 


parlé à la lettre B, et qui, en étymologie, a une importance 


notable : on le comprend sans peine. Mais cette-règle n'a | 


rien d’absolu et n'est pas d’une application constante :-äl 
n’y a pas à l'exagérer; on le saisit de suite. 





Les permutalions ont en effet pour base l'harmonie : et 
chaque peuple, chaque groupe entend l'harmonie à sa 
manière. Les sons et les flexions doivent beaucoup à.des 
convenances inexplicables, à des aptitudes organiques qu'il 
est souvent impossible de déterminer : l'usage est le maître. 
Nous ajouterons seulement à ce que nous avons dit.ailleurs, 
à propos de la formation et du caractère de la langue d'Oc, 
que notre idiome, étant resté plus fidèle à ses origines 
latines, et peut-être des influences climatériques pareilles 
le rapprochant davantage du latin, procède avec plus de 
régularité à ses permutations que le français, qui tend au 
contraire à s'écarter de son type romain, ou qui cède à 
l'empire des influences du Nord: Les deux dialectessétaient 
jumeaux, nés le mème jour dans le même berceau, le 
roman; mais la Loire sépara leurs domaines, et depuis, ils 
vivent en frères ennemis. Le français est le plus fort, sa 
prééminence est incontestable : le languedocien ne vit plus 
que de son originalité indestructible. 

De là il résulte que leur vocabulaire doit avoir mécessai- 
rement beaucoup de mots communs, contemporains, que 
ne différencie pas la permutation; mais il est arrivé aussi, 
souvent, que le français, poussé par son génie propre, s'est 
éloigné de sa forme primitive en secouant la règle, et qu'il 
a introduit des changements de consonnes d’un tont antre 
ordre dans certains mots, et qu'il a voulu ensuite les 
imposer au languedocien, Toutes les fois que celui-ci a 
cédé à cette pression, il a dévié, il est sorti de sa nature, 
pour devenir un patois. C’est ce que les permutations met- 
tent-surtout en évidence. 

Ainsi notre substantif Cadéno provient, par un change- 
ment de la dentale médiane, du lat. Catena : mais le 


LÉ 





D'AI 


fr. Chaine en dérive également, par la suppression de la 
dentale. Or si le lang. s’oublie à adopter Chèïno, il fait du 
pur franchiman. Pour Cadièiro, il sort en ligne directe de 
Cathedra, lat.; le fr. chaire et chaise ont la même origine; 
si un puriste beau diseur s'avise cependant d'employer 
Chèro, dans ces phrases par exemple : L'an tracho dé la 
chèro én bas; és mounta én chèro pér précha; il sera 
malhéureusement compris par certains, mais il aura parlé 
patois au lieu de parler languedocien. 

Les exemples pourraient se multiplier; c'est pour cela 
que les permutations sont utiles à observer. Elles admettent 
certes des exceptions; mais elles servent en général de 
piérre de touche pour éprouver les mots de bon aloi. Quand 
elles se font sur les dernières consonnes S ou Z, la corrup- 
tion a bien pu opérer de seconde main sur un mot déjà 
modifié ow permuté; mais dans ce cas, il est facile de les 
ramener au primitif. — Voy. Franchiman, Patouès, et 
lettre T. 

Selon les principes de notre orthographe, qui n’admettent 
pas les lettres nulles à la prononciation, le D ne figure 
jamais à la finale d'un mot; mais il reparait très-bien, 
comme en français du reste, dans les composés, dans 
l'adjectif féminin ou dans les temps du verbe où il est suivi 
d'une voyelle; nous disons : Bavar, Bavardo; Segoun, 
Segoundo; Vèr, Vèrdo; Pèr, qué pèrdio, pèrdre. 

Da, s. m. Dé à jouer, petit solide cube d'os ou d'ivoire 
à faces marquées de points de un à six; cube de pierre de 
taille en forme de dé, quelle que soit sa dimension. 

Dabor, adv. D'abord; en premier lieu ; de suite; incon- 
tinent; avant tout. — Dabor qué, puisque, dès que. Dabor 
qu'ou voulès, puisque vous le voulez. Dabor qué lou véguère, 
dès que je le vis. Quelques raisonneurs franchimans 


emploient assez volontiers : Primd dabor et d'uno, locution’ 


redondante, emp. au fr., qui donne de la force à une 
démonstration qui commence et promet d’être longue. 

Daïa, v. Faucher ; couper avec la faux. 

Dér. de Daïo. 

Daïaïre, s. m. Faucheur; celui qui coupe le foin. 

Daïaje; s. m. Fauchage ; fauchaison ; action de faucher; 
salaire du fauchage ; saison, temps de la fenaison. 

D'aïçamoun, adv. De la hauteur qui est de ce côté-ci; 
de là-haut. 

Formé de Aïcaï et du lat: Moun, hauteur. 

D'aigamoundâou, &dv. Mème acception que pour Aïça- 
moun, dont il n'est que l’explétif pléonasmatique. 

Formé des trois mots : D'aïgaï, d'ici; Moun, hauteur, et 
Ddou, haut. 

D'aïçalin, adv. D'ici-bas; de ce côté en bas. Suppose 

une relation avec un endroit plus élevé. — Voy. Atin. 

D'aïçaval, ado. Mème acception que le précédent. — 
Voy. Aval. 

D'aïci, adv. D'ici; de ce point-ci; de ce lieu-ci. — 
D'aïci! interj. Hors d'ici! dehors! apostrophe qu'on 
adresse à-un chien où à une personne, que l’on voit avec 





DAL 239 


colère ou avec dégoût, et que l'on veut chasser ou éloigner. 
— Voy. Aiïci. 

D'aïci'n-foro, «dv. Contr. D'aïci-én-foro. Sans désem- 
parer; toute affaire cessante; dorénavant. — Y wdou 
d'aïci'n-foro, j'y vais de ce pas. 

Formé du lat. Æic, ici, et Foräs, dehors. 

D'aïci'n-laï, adv. Contr. D'aïci-én-laï. D'ici-là; doréna- 
vant; mais ce dernier mot, dorénavant, dont la traduction 
littérale est D'houro-én laï, a une portée moins longue que 
notre D'aïcin-laï, qui s'étend à une année, à une saison. — 
D'aïeŸn-laï las véiados s'alongou, à partir d'aujourd'hui 
les soirées sont plus longues. 

Formé du lat. Hice, et Illae, ici et là. 

D'ailai, adv. De l’autre côté, de là. — Soun partis 
d'añei d'aïlaï, ils se sont enfuis de côté et d'autre, d'ici et 
de là. — Voy. Aïlaï. 

D'aïlamoun, adv. De là-haut, de par amont. — És 
d'aïlamoun dé las Cévénos, il est de par là-hant dans les 
Cévennes. 

Formé du lat. ÆUac, ad montem, par à , vers le haut. 

D'ailamoundäou, «dv. Mème acception que le précédent, 
avec réduplication. 

D'ailaval, adv. De là-bas, de vers l'aval. — És d’aïlaval 
vèr Mounpéiè, il est de là-bas, du côté de Montpellier. — 
Voy. Aïlaval. 

Daïo, s. f. Faux; instrument pour faucher. — Piqua sa 
daïo, rebattre sa faux pour lui donner le morfil. C'est ce 
que fait le faueheur lui-même sur une petite enclume 
appelée Airéto { Voy. €. m.). Aqud's lou piqua dé la daïo, 
voilà la difficulté, voilà le hic : loc. prvb., qui s'applique à 
toutes les situations difficiles. 

En esp. Hadalla, m. sign. 

Dalican, s. m. Alicant; espèce de raisin sans doute 
originaire d’Alicante, dont le nom lang. est évidemment 
une corruption. Le bois de ce cep est gros, court, tendre, 
jaunâtre. Il porte assez de grappes de médiocre grandeur, 
dont les grains sont ronds, bien serrés, très-fleuris; ses 
feuilles sont assez grandes : il donne un bon vin. 

D'alin, adv. Mème acception que D'aïlaval. — V. ©. m. 

Dér. du lat. Zlline, de ce côté. 

Dalmas, n. pr. d'homme, Dalmas. 

Sous la rubrique de ce mot, Sauvages donne une disser- 
tation toute philosephique sur l’origine des noms accompa- 
gnés de la particule de. Cet article est trop remarquable 
pour que nous ayons la prétention d'y toucher une syllabe : 
on nous permettra de le reproduire en entier. 

« Dalmas, n. pr., en fr. Dumas, qui est une partie de 
nom, ou plutôt un surnom séparé, par exemple du nom 
Pierre, avec lequel Dumas a un rapport d'appartenance : 
Pierre du mas, Petrus de manso; Pierre de la métairie, et 
par contr. de la Métrie. 

e Le n. pr. Dal-mas ou Del-mas, nous fournit l’occasion 
de parler des articles du, de la, de, des, ete., dont bien des 
personnes sont jalouses de parer leur nom, comptant par 


240 DAL 


cette petite addition de se donner une apparence de no- 
blesse. 

« Ces articles ne marquaient dans leur origine d'autre 
dessein, dans ceux qui les plaçaient au-devant de leur nom, 
que de désigner le rapport de leur personne au lieu où ils 
avaient pris naissance, ou à celui qui leur appartenait, ou 
dont ils étaient voisins. 

« Un homme, par exemple, appelé Jean, avait un mas, 
ou métairie; on l’appela Jean dal mas ou du mas, pour le 
distinguer d'un autre Jean son voisin, qui n'avait pas un 
pouce de terre, et avec lequel on aurait pu le confondre. 
Un autre nommé Jacques habitait près d’une porte de ville 
qu'il était chargé d'ouvrir et de fermer ; on l’appela Jacques 
de la Porte. Un troisième appelé Pierre, né au village de 
Maubos, était venu habiter la ville ; il était tout simple que 
ses voisins, qui avaient parmi eux d’autres Pierres, appe- 
lâssent celui-ci Pierre de Maubos, et que lui-même, dans la 
suite, allongeñt ainsi son nom, pour se conformer à un 
usage reçu, et sans plus de prétention qu'un bon capucin 
qui, étant né à Rémorantin, signe, sans penser à mal, frère 
Jean Pancrace de Rémorantin. 

« I était convenu jusque-là qu'il n’y avait dans les 
articles du, de la, de, rien qui dût flatter la vanité de ceux 
qui en faisaient précéder leur nom; et si le petit-fils de 
Jean dal mas, devenu riche. sembla vouloir faire oublier 
son grand-père, fort honnèle paysan, en mettant son nom 
en français, et signant Jean de la Métairie, ou en le défigu- 
rant autrement par le retranchement ou l'addition de quel- 
que lettre, c'était une vanité blâmable qui faisait causer; 
mais elle était d’un autre genre, dont nous parlerons ail- 
leurs. 

« Les nobles, qui avaient de simples fiefs, ou des terres 
titrées, ajoutèrent à leur nom de baptème le surnom de ces 
terres, et l'on voit dans les actes latins du XIIe siècle, 
Armandus de Andusa, Johannes de Alesto, Bernardus de 
Duroforti, sans d'autre dessein que de dire : un tel d’un tel 
lieu, ou seigneur d'un tel lieu. 

« Mais comme on abuse de tout, les articles de, du, de 
la, que les nobles ont continué de prendre en français, ont 
passé peu à peu dans le préjugé vulgaire pour un signe 
distinctif de la noblesse. Et dès lors il n’y a eu si petit 
bourgeois qui n'ait voulu décorer son nom de quelqu'un de 
ces articles : et cela, sans aucun prétexte, ou quoique ce 
nom ne désignât aucune propriété de fief, ni aucun rapport 
d'habitation, d'origine, ou de voisinage entre la personne 
et la chose nommée par le surnom : ce qui eût mis les 
articles à l'abri de toute critique. 

« Cependant cette mode a pris, et l'usage a fait dispa- 
raître ce qu'il y avait de contraire même aux règles du 
langage, en mettant quelquefois l’article de (qu’on regarde 
sans doute comme le plus noble), là où il n’en faudrait 
point du tout, même pour les personnes les plus qualifiées, 
et où tout au plus, l'on aurait dû mettre les articles du, de 
la, le; en sorte qu'on signât, par exemple : Pierre du 





DAM 


Rocher, Jean du Bois, Jacques de la Rive, François le 
Roux, etc., et non Pierre de Rocher, Jean de Bois, Jacques 
de Rive, François de Roux, etc.; et encore moins qu'on 
écrivit simplement de Rocher, de Rives, de Roux, etc., ce 
qui choque autant le bon sens que le langage. 

« Autre usage reçu qui n'y est pas moins contraire, et 
qui ne remonte pas bien loin : on ne se borne pas à l'article 
qui précède le surnom, et qui sera, si l'on veut, celui d'une 
seigneurie; on en place un autre devant le vrai nom, ou 
celui de famille, qui n’en est pas susceptible, puisqu'il ne 
marque ordinairement aucun rapport de propriété, de sei- 
gneurie, de demeure, de voisinage; et qu'il cesserait même, 
ce semble, d'être nom de famille, s'il marquait aucun de 
ces rapports : ainsi tel qui s’appellera, par exemple, Jacques 
Sabatier de Valorio, signera sans façon dans un contrat, 
Jacques de Sabatier de Valorio, comme si son nom de 
famille, Sabatier, était, comme celui de Valorio, un nom 
de terre : il ne manquerait, pour ajouter aux prétentions 
de noblesse, que de signer, par un renfort d'articles, de 
Jacques de Sabatier de Valorio, etc., etc. M. de Petit- 
Jean, ah! gros comme le bras, dit Racine. 

« On a d'autant plus de tort en cela, que ces petites 
vanités, le plus souvent sans fondement, ou sans le pré- 
texte même d’un petit fief, sont tôt ou tard punies : le 
public ne manque guère d'en faire justice; il remonte aux 
ancètres de ces nouveaux nobles, et il ne va pas bien loin 
pour trouver une naissance obscure ou fort commune, qu'il 
leur aurait pardonnée, sans la faire connaitre, si, au lieu 
de courir après une chimère, par une suite de l’opulence 
que leurs pères ont laissée, ils s'étaient contentés, comme 
eux, d'être de modestes honnêtes gens; ou bien, s'ils 
avaient aspiré à s’illustrer par des talents et surtout par 
des vertus. » 

Qu'aurait ajouté Sauvages s’il eût vécu de notre temps? 
Depuis M. de la Souche, de l'École des femmes, depuis les 
Plaideurs, et le Monsieur du Corbeau du bon-La Fontaine, 
malgré le ridicule qui s’est attaché à tous ces anoblisse- 
ments de contrebande, la manie d'ajouter la particule à des 
noms qui n’en sont point susceptibles et qui jurent avec 
elle, soit par leur physionomie, soit par leur sens étymo- 
logique, s'est généralisée de la façon la plus plaisante. H 
est mème assez remarquable que pendant la pénultième 
république cette maladie avait redoublé d'acerbationet la 
contagion s'était beaucoup aggravée. Une loi spéciale, sous 
le dernier empire, ne l’arrêta guère : elle est probablement 
endémique et incurable. 

Ah!si Sauvages revenait. 

Daméjano, s. f. Dame-jeanne; grosse bouteille, recou- 
verte ou revêtue ordinairement d'un panier d'osier, dans 
laquelle on conserve le vin en cave. —Sé musqua én damé- 
jano, se griser, se remplir de vin comme une dame-jeanne : 
sorte d'euphémisme plaisant. Son étymologie est à coup sûr 
anecdotique. 

Damo, s. f. Dim. Damélo; péjor. Damasso et aussi au 





DAN 


mase, un Damas. Dame; titre d'honneur, donné à la femme 
d'un homme considérable; hie ou demoiselle de paveur, 
sorte de masse à oreilles pour enfoncer les pavés; batte de 
jardinier, pour briser les mottes ou pour battre le gazon; 
pion du jeu de dames; figure, au jeu de cartes, représentant 
les dames. — Faïre la damo, sortir de son état par sa toi- 
lette; porter des parures au-dessus de sa condition. La damo 
dé moussu un tdou, la femme de monsieur un tel, madame 
un tel. Nosto-Damo, la sainte vierge, Notre-Dame. 

Damo dâou clouche, s. f: Effraie, fressaie, Striæ, Linn., 
oiseau nocturne, espèce de chouette ou de chat-huant blanc. 
L'effraie se loge exclusivement dans les vieux et grands 
édifices, surtout dans les clochers, qu'elle trouve partout; 
elle en est la principale habitante : c'est la dame du lieu; 
de là elle a été appelée Damo ddou elouchè où simplement 
Damo, en supprimant le nom de son fief. — Voy. Béou- 
l'oli. 

Damo dé miséricordo, s. f. Nom familier et même un 
peu goguenard que le populaire donne à une espèce de 
hareng salé, appelé Haréneado ( Voy. c. m.). Cela viendrait- 
il de ce que ce hareng n'entre guère que chez le pauvre, 
comme font les bonnes sœurs ou dames de miséricorde ? 

Dér. du lat. Domina, dame, seigneuresse. 

Danjè ou mieux Langè, s. m. Danger, péril. — 
YVoy. Langè. 

Dér. du lat. Damnum, dommage, dont la bass. lat. fit 
d'abord Damniarium, et plus tard Damjerium. 

Danjéïroùs, ouso, adj. Dangereux, qui offre un danger, 
qui est en danger de mort. — Ma fénno és bièn dangéëi- 
rouso, ma femme est en grand danger de mort. És pas 
dangéiroùs, il n’inspire aucune crainte; il n'en mourra 
pas. 

Danna, v. Damner ; juger digne de l'enfer. — Sé danna, 
se damner, mériter la damnation éternelle; s'inquiéter; 
s'impatienter. Faïre danna, faire enrager, faire donner au 
diable. Ës danna coumo uno rabo, il est damné comme 
Judas; cette loc. prvb. est une corruption de : Danna 
coumo un Arabo, damné comme un Arabe, un Sarrasin, 
ces peuples qui ont laissé de si vifs et si longs ressentiments 
dans les provinces de la langue d'Oc. 

Dér. du lat. Damnare, condamner. 

Dannaciou (Ma)! interj. Juron; je jure par ma damna- 
tion; Dieu me damne! 

Dannarèl, rèlo, adj. Qui damne, qui est un leurre de 
dammnation, qui provoque à se damner. 

Danno, s. f. L'enfer, le séjour des damnés, la geôle 
infernale, la géhenne. — La danno és pa’ncaro pléno, dit- 
on plaisamment et sceptiquement, quand on vous menace 
de l'enfer. 

Danrèio, s. f. Denrée; toute sorte d'objets récoltés, de 
produits, qui sont susceptibles de vente. 

Dér. du lat. Denarius, denier; parce que dans le prin- 
cipe on appelait Dénrèio la quantité de provision de bouche 
qu'on pouvait obtenir pour un denier. 





DAO 21 


Dansa, v. Danser; exécuter des danses; se mouvoir en 
cadence ; sauter. — Né dansaras uno bèlo, tu recevras une 
belle danse, une bonne frottée. Hè bé! coumo la dansan? 
Eh bien! comment réglons-nous ce compte-là? Dansa sus 
las barjios, sauter de joie / Voy. Barjios). Dansa das pèses, 
être pendu. Danse din mous souïès, mon pied danse, est 
trop au large dans mes souliers. 

Dér. de Danso. 

Dansaïre, aïro, adj. Danseur, qui fait métier de Ja 
danse; qui cherche les occasions de danser. 

Dansarèl, rèlo, adj. Péjor. Dansarèlas. Qui aime à 
danser; qui appartient à la danse; qui engage à danser. — 
Lou prusé dansarèl, la frénésie de la danse. Lou galoubé 
dansarèl, le galoubet qui provoque à la danse. 

Danso, s. f. Danse, pas mesurés ou cadencés, au son des 
instruments ou de la voix; par ext. ou par comparaison, 
correction verbale ou manuelle. 

Dér. de l’ital. Danza, qui lui-même vient de l'allemand 
Dantzen, m. sign. 

Dansur, suso, s. Cavalier d'une danseuse; dame d'un 
cavalier, en termes de danse. 

Dâou, art. m. Du. — C'est une contraction pour dé low, 
comme Dal, forme employée dans le dialecte montagnard, 
de même que le fr. du est contracté pour de le, primitive- 
ment prononcé do ou del. Devant un substantif commen- 
çant par une voyelle, cet article redevient dé lou, en élidant 
sa dernière syllabe et fait dé l” : dé l'doubre, dé l'home. 

Dâou, s. m. et adv. Haut, le haut. — Lou ddou, le haut, 
dans une maison, par rapport au rez-de-chaussée; la hau- 
teur, relativement à la plaine. Mounta dâou, monter au 
premier étage, au grenier, en haut. Gagna lou dâou, 
gagner la hauteur. Ddou/ ddou! interj., là-haut! en haut! 
montez, je vous l’ordonne. Dé qué fasès ddou ? Que failes- 
vous là-haut ? Aouro-ddou, vent du nord. — Voy. Aouro. 

Dér. du lat. Altus, haut, élevé. 

Dâoudè, n. pr. d'homme. Daudet, qui est formé du 
lat. Deus det, que Dieu donne, ou Dieudonné, correspon- 
dant à Déodat, le même que Donnadieu et Donnedieu. 

Dâoufinén, s. m. Marronnier, châtaignier qui produit le 
matron proprement dit. — L'aï issarta dé ddoufinén, j'ai 
greffé ce sujet avec une ente de marronnier. 

Son nom lui vient certainement de ce que les premières 
greffes furent apportées du Dauphiné. 

Dâoufinénquo, s. f. Chätaigne-marron, qu'Olivier de 
Serre appelle Sardones, parce qu’il pense que l'espèce nous 
est venue de la Sardaigne, tandis qu'il est plus probable 
qu'elle nous vient du Dauphiné. A Paris, on appelle Mar- 
rons ou marrons de Lyon toutes les grosses châtaignes, et 
bien qu'à Lyon il n'existe pas l'ombre d'un châtaignier. 
Sans doute, celles qu'on expédie viennent des montagnes 
du haut Vivarais, qui fournissent en effet d'excellentes 
qualités et très-précoces. 

La déoufinénquo est la première châtaigne par le goût, 


| la grosseur et la beauté de la forme. Elle a des reflets 


242 DAO 


fauves: elle est zébrée, pansue, légèrement ensellée par le 
sommet où elle adhère au hérisson, dans lequel elle se 
trouve souvent au nombre de trois; mais presque toujours 
il n'y a qu'un fruit bien nourri et convenable. L'arbre 
demande une culture soignée et alors il produit beaucoup. 

Dâoumaje, s. »m Dommage, préjudice; perte, détriment. 
— Aquè's déoumaÿje, c’est bien dommage ; il est fâcheux. 
Ës déoumaje d'ou éstrassa, c'est dommage de perdre cela. 

Dér. de la bass. lat. Damnagium, qui est lui-mème la 
corruption de Damnun, M. sign. 

Dâounis, n. pr. d'homme. Denis. — Sauvages et d’au- 
tres lexicographes représentent ainsi en fr. notre mot 
Dâounis, et les statistiques, comme la géographie du dépar- 
tement, leur donnent raison, car Sén-Ddounis, commune du 
canton de Saint-Ambroix, arrondissement d'Alais, est 
nommée Saint-Denis. Mais nous avons aussi, comme nom 
propre, Ddounis, en fr. Daunis, au mase., dont la femme 
s'appelle Déounisso. Il y a si loin de là à la traduction de 
Sauvages qu'un scrupule lexicographique pourrait bien en 
naitre. 

N'en serait-il pas de ce nom comme de queiques autres, 
où se rencontre l’art. de, du, dou, dal, dèl, qui se sont 
altérés par des transformations, en restant trop français 
dans la moitié de leur composition? Exemple Dumas, qui 
devrait être Ddoumas; Ducldou, qu’il faudrait aussi pro- 
noncer Dédou clâou; Dubouës, issu de Dâou bos, en français 
Dubois, qui sonnerait régulièrement Delbos, Dubosc, etc., 
etc.; formes mêlées où se fait sentir l'influence du français. 
Il n’en est pas de même pour Déounis, dont l’art. et le 
subst. sont bien tous deux purs languedociens ét devraient 
être traduits par Du nid ou par De nid. 

Une sorte de ressemblance a amené la traduction Denis ; 
mais y a-t-il bien identité d'étymologie entre Denis et 
Däounis? Le fém. lang. Ddounisso, quoique très-régulier 
en sa forme rude et sèche, démontrerait le contraire. Mais 
l'usage a prévalu ici comte dans les autres noms cités 
plus haut; cependant la raison étymologique proteste, et 
l'euphonie n'est pas en faveur du languedocien, ce qui est 
plus rare. 

Que Denis vienne du lat. Dionysius, et Denise de Dio- 
nysia, tirés du grec, et que la multiplicité de leurs voyelles 
et leurs flexions si douces et si harmonieuses, soient bien 
rendues dans le féminin surtout : il faut le reconnaitre. 
Que notre mot reproduise cette douceur de consonnance 
ionique : c’est ce qui est à regretter. D'où il faut conclure 
que la dérivation indiquée par Sauvages n’est pas exacte: 
et nous lui préférons de beaucoup la mélodie redoublée de 
la dérivation grecque ou latine, modulée dans le doux nom 
français. 

Dâou-pâou-pâou, adv. Petitement; petit à petit; tant 
soit peu. Si nous avons peu, nous ferons peu, ou nous 
donnerons peu, est la traduction presque fidèle dé cet 
adv. intraduisible par un mot équivalent fr. C'est là toute 
l'histoire du dfachme de la veuve. 





DAR 


Dâoura, v. Dorer; enduire ou couvrir d’or ou de jaune, 
au fig. enrichir; farder. Au part. pass. Ddoura signifie : 
excellent, précieux ; qui vaut son pesant d'or. — Aquél 
por a’no maïsso déourado, ce porc a une gloutonnerie 
admirable, il dévore tout ce qu’on lui présente, sans 
regarder à la qualité. Cette faculté est précieuse pour l'éle- 
veur, qui peut le nourrir et l'engraisser à peu de frais, 
puisque l'animal se paie de tout. 

Dér. du lat. Aureus, doré, couleur d'or. 

Dâourado, s. f. Dorade; Awrata vulgaris, Linn. — Ce 
poisson, du genre cyprin, est fort commun dans la Médi- 
terranée. Sorti à l'air, il perd de ses brillantes couleurs; 
mais dans l'eau il paraît couvert d’or sur un fond vert 
azuré, et c'est sans contredit un des plus beaux habitants 
de la mer. La Dorade atteint jusqu’à un mètre de long; les 
jeunes et plus petites s'appellent Sdouquéno, celles d’une 
taille intermédiaire Méjano, qui veut dire moyenne. 

Il est évident par l’étymologie toute naturelle de ce mot 
que c’est ici le fr. qui a emprunté au lang.; cette désinence 
en ade, ado, étant toute dans le génie de notre idiome : le 
fr. l'eût appelé sans cet emprunt : Dorée. 

Dâoururos, s. f. pl. Joyaux en or ou en argent; bagues, 
bijoux et chaines. Les filles du peuple ne manquent jamais 
de faire reconnaître dans leur contrat de mariage ces joyaux 
comme apport dotal. 

D'aquin-foro, adv. Contraction de D'aqu én foro: À 
partir de là; après cela; ensuite. — D'aqui'n-foro y ana- 
ra, j'irai au sortir de là. 

Formé du lat. Hac et Foras, là et dehors. 

D'aqui'n-laï, adv. Contraction de D'aqui én-laï. De ce 
point-là jusqu'à cet autre; de ce jour-là en avant. 

Formé du lat. Hac et Ilac. 

D'aquë, pron. génit. de Aquo. De cela. — Il se prend 
souvent d’une manière absolue et nominative, pour expri- 
mer une chose dont on ne se souvient pas, ou dont on veut 
éluder le nom. Présta mé voste d'aqud, prètez-moi votre, …. 
cela : phrase que l’on appuie d'ordinaire en indiquant 
l'objet. À dé qué sèr aquél d'aqud? À quoi sert cet outil, 
cet instrument ? 

Darboussièiro, ou Endourmidouiro, ou Hèrbo dé las 
tôoupos, s. f. Pomme épineuse, datura, Datura stramo- 
nium, Linn., plante annuelle de la fam. des Solanées, dont 
la semence disposée en alvéoles est renfermée dans une 
gousse épineuse, semblable aux hérissons du marron d'Inde. 
L'infusion de cette semence est un violent narcotique : sa 
fleur est blanche, en forme de cloche. Elle a la propriété 
d'éloigner les taupes; il suffit pour cela d'en conserver 
quelques plantes dans les coins d’un jardin. 

Darda, ou Dardaïa, v. Darder, frapper comme un dard. 
— Lou sourél dardo, le soleil darde ses rayons. 

Dér. du gr. ’Apèc, dard, aiguillon. 

Dardèno, ou Piastro, s. f. Pièce de deux liards ou de 
six deniers; monnaie qu'on battait à Aix en Provence sous 
le règne du roi Réné. 








DAV 


Dariè, ièiro, adj. Dernier; tardif; retardé. — L'ase 
fiche lou dariè ! phrase proverbiale que les enfants emploient 
lorsqu'ils s'excitent à courir vers un but quelconque : 
Malédiction à celui qui arrivera le dernier! C'est le moyen 
de donner de l'émulation à la course. Zous magnas soun 
bièn.dariès aquéste an, cette année, les vers à soie sont 
plus retardés que de coutume. Souï bièn dariè, je suis bien 
en arrière de mes travaux, ou toutes mes récoltes sont 
arrièrées. Avan-dariè, avant-dernier, pénultième. Dé-s'én- 
dariè, ady., en dernier lieu, vers la fin. És à soun dario, 
il va mourir, ilest à son dernier soupir. Féou pas régarda 
lou dariè digne, il ne faut pas être si méticuleux dans un 
marché, on exiger si strictement tout ce qui est dû. 

Dér. de Dariès. 

Darièiraïio, s. f. Récoltes d'arrière-saison, qui ne sont 
jamais très-productives, étant toujours rabougries et mal 
servies par la température. 

Darièirén, énquo, adj. Fruits ou récoltes qui de leur 
nature viennent plus tard que les autres, en opposition à 
Prémidirén. 

La différence entre ce mot et le précédent consiste en ce 
que Darièiraïo ne s'entend que des fruits arrivés trop tard 
parce qu'on les a semés tard, ou bien des rebuts de récolte 


‘qui ne sont venus en maturité qu'à l’arrière-saison : cela 


s'entend encore des derniers fourrages ou régains d'automne 
qui sont peu abondants, fort difficiles à apprèter et toujours 
de qualité inférieure, parce que les pluies et les premières 
gelées leur enlèvent la saveur. Dariéirén, au contraire, 
s'entend d'espèces de fruits ou de récoltes qui, par nature, 
ne Viennent à maturité qu'après les individus de Ja même 
famille. 

Dariès, s. m., adv. et prép. Derrière, arrière; la partie 
postérieure d’un animal, d’une maison, etc. — Un dariès 
dé cabri, la moitié postérieure d’un chevreau, les deux 
quartiers de derrière. Dariès dé boutigo, arrière-boutique. 
Y-a dariès! crie-t-on à un cocher pour lui indiquer que le 
talon. de sa voiture est garnie de gamins. Régarda pér dariès, 
regarder par derrière soi. 

Dér. du lat. Retrè. 

Data, v. Dater; mettre une date. — Agud dato dé iuëèn, 
cela remonte à une date ancienne. À pas data soun conte, 
il n’a pas daté sa facture. Datan pas dé hièr, nous ne 
sommes pas d'hier. 


Dato, s. f. Date; mention du jour et de l’année où une. 


lettre a été écrite, un acte passé, un événement arrivé, un 
monument commencé. 

Dér. du lat. Data, datum, à cause de la formule finale 
des ordonnances ou des édits royaux, qui se lerminaient 
tous par ces mots : Datum où Data, donné en tel ou tel 

Datus, s. f. Datte, fruit du palmier dattier, qu'on ne 
connait guère chez nous que sous la forme de conserve. 

Dér. du lat. Dactylus, m. sign. 

Davala, v. Descendre; décroitre; baisser; déchoir. — 





DAV 243 


Lou sourél davalo, le soleil descend, baisse: il se rapproche 
de l'horizon; il va bientôt se coucher, Davala dâou cade, 
déchoir; perdre sa position de fortune ou d'honneurs. 
Davalo chaquo jour, il dépérit chaque jour. Mas forços 
davalou, mes forces diminuent. 

Davalo se dit aussi activement pour descendre, déplacer 
une chose élevée pour la mettre plus bas; porter en bas. — 
Davala d'un co dé fusil, abattre d'un coup de fusil. Low 
davalè d'un co dé codou, il le jeta à bas d'un coup de 
pierre. Davala lous éscaïès, descendre les degrés, ou dégrin- 
goler. 

Dér. de la bass. lat. Devalare, formé du lat. Ad vallem 
tre, aller dans la vallée, 'vers le bas / Foy. Aval). En bas- 
bret. Davalem, m. sign. 

Davalado, s. f. Descente; rampe, chemin ou pente, qui 
est une montée en sens inverse. 

Davaladou, s. m. Dim. de Davalado, qui a lui-même 
son dim., Davaladouné. Petite rampe; ruelle fort étroite 
qui conduit d’une maison à la rue, ou d'une terrasse à la 
terrasse inférieure. 

Dér. de Davala. 

Davan, s. m., adv. et prép. Devant, la partie antérieure : 
avant, auparavant; plus tôt.— Lou davan d'uno boutigo, la 
devanture d’une boutique: Aou bèou davan dé ma porto, 
tout au-devant de ma porte, et très-visiblement. Lou davan 
d'un cabri, les deux parties de devant d’un chevreau. L'én- 
davan d'uno porto, le devant d’une porte. Ana à soun én- 
davan, aller au-devant de lui : au fig. aller au-devant de 
ses désirs, de ses goûts; le prévenir. Faï té davan, passe 
devant; prends les devants. Davan vous, devant vous, à 
vos yeux voyants. Qudouques jours davan, quelques jours 
auparavant. Davan qué vous, plus tôt que vous. Davan qué 
l'y torne! avant que j'y remette les pieds! Dé davan, 
autrefois. Davan Diou siè/ Puisse Dieu l'avoir reçu dans 
son paradis! phrase votive et pieuse dont on accompagne 
toujours la mémoire d'un défunt qui nous est cher et véné- 
rable : Moun pâoure pèro, davan Diou siè/ 

Dér. du lat. De ab antè, qui nous parait préférable 
comme étymologie, à celle Lirée aussi du lat. Ad ventum, 
vers le vent. 

Davan-antan, «dv. de temps. L'année avant-dernière. 
— Voy. Antan. 

Davan-c'houro, adv. de temps. Avant l'heure; avant le 
temps prescrit; prématurément. — Mé fara mouri davan- 
c'houro, il hâtera ma fin, il abrégera mes jours. 

Il est formé de Davan et de Houro : le C interposé est 
purement euphonique, et remplit le même office que cer- 
taines lettres en français: comment va-t-il, entre quatre-z- 
yeux. Toutefois cette consonnance chuintante du ch paraît 
bizarre; mais l'usage le veut ainsi. 

Davanciès, s. m. pl. Aïeux; anciens; ancêtres; ceux 
qui nous ont précédé dans notre famille. 

Dér. de Davan, ceux qui sont venus avant. 

Davantäou, s. m. Tablier de femme. — Voy. Fanddou. 


244 | DÉB 


Ce mot n’est pas proprement du dialecte des Cévennes ; 
mais il a été importé, et s’est fait adopter. On s’en sert 
aujourd’hui surtout dans le style badin et ironique. 

Dér. de Davan. 

Davantièirasso, adv. de temps. Naguères ; il y a peu de 
jours. — C’est un augmentatif de Davan-:-hièr, dont 
l'effet est d’en éloigner la date, c’est-à-dire un temps plus 
reculé qu'avant-hier. 

Davan-trin, s. m. Avant-train d'une voiture à quatre 
roues. On appelait aussi Davan-trin une sorte de fourgon 
qu'on suspendait sur l’avant-train de certaines diligences, 
coupés ou berlines, où le cocher se plaçait et recevait à côté 
de lui deux autres places : ce qu'on nommerait aujourd’hui 
la botte. Ces sortes de voitures n’existant plus maintenant, 
cette place avait été remplacée par celles du coupé; mais 
les diligences elles-mèmes disparaissant, ce perfectionnement 
a eu le même sort. 

Davan-z-hièr, adv. de temps. Avant-hier. — C'est une 
variante euphonique de Avan-hièr. 

Davi, n. pr. d'homme. David. — Au fém. il fait Davio ; 
dim. Davioù et Daviéto. 

Davi, s.m. signifie aussi un sergent, outil de menuiserie, 
tout en fer, composé de deux crampons, dont un mobile, 
qui sert à tenir rapprochées et serrées les parties d’une pièce 
d'assemblage, pour qu'elles ne puissent se disjoindre pen- 
dant qu'on les cloue ou qu'on les cheville. 

Dé, art. qui correspond, selon les circonstances, aux 
art. fr. de, du, des, de la, de l’, elc.; et en mème temps 
prép. qui se rend par de, à, aux, des, etc. — Douna-mé dé 
vi, dé poumos, dé car, d'oli, un moucèl dé pan, donnez-moi 
du vin, des pommes, de la viande, de l'huile, un morceau 
de pain. Vèn dé Paris, il arrive de Paris. Oou! l’home däou 
sa! la fénno das idous! Holà! l’homme au sac! la femme 
aux œufs! Agud’s dé moun cousè, c’est à mon cousin, cela 
appartient à mon cousin. 

Dér. de la prép. lat. De. 

Dé, s. m. Dim. Dété; augm. Détas. Doigt, partie longue 
et mobile de la main ou du pied. — Lou dé déou pous, le 
pouce, mot à mot le doigt du pouls. Un travè dé dé, 
l'épaisseur d'un doigt et non sa longueur : c’est une mesure 
un peu idéale, qu'on emploie souvent par évaluation approxi- 
mative. On dit Travè au lieu de Travès par pure euphonie : 
les lettres $ et D ne se rencontrent jamais côte à côte dans 
notre idiome. Un dé dé quicon, un doigt de large ou 
d'épaisseur, une très-petite quantité, un rien, un œil de 
poudre. Cdous? dou dé, choisi, trié au doigt, c’est-à-dire 
choisi sur un très-grand nombre, avec soin, et par consé- 
quent qui offre toute sorte de garanties sur sa qualité. Ma 
mostro vaï dou dé, ma montre marche bien parce que je la 
règle à chaque instant du doigt. Dé dé pa, doigtier, doigt 
de peau formé d'un doigt de gant, dont on fait un étui pour 
un doigt malade ou blessé. 

Dér. du lat. Digitus, par une forte contr. 

Débana, v. Dévider, au pr.; au fig. dépôcher, — Zi 





# 


DEB 


débanarièï las tripos! menace d'horrible vengeance, comme 
si l’on faisait vœu de dévider les beyaux d’un ennemi après 
les avoir arrachés. Débana uno histouèro, raconter une 
histoire, un conte, avec volubilité. Bé n'avès D ct: vous 
en avez joliment dégoisé. 

Ce mot vient-il de l'esp. Devanar, de l’ital. ausd 
ou du bas-bret. Dibana, qui ont la m. sign.; ou bien sa 
racine est-elle simplement dans notre propre idiome? La 
Bano signifie l'aile ou le volant d’un tour à filer la soie; et 
le dévidage ne consistant qu’à enrouler sur le roquet la soie 
qui est sortie du tour ou de la Bano, le verbe pour expri- 
mer cetle opération ne s’est-il pas foriné de là? 

Débanaïre, s. m. Dévidoir, mstrument qui est de diffé- 
rentes formes suivant l'œuvre de dévidage auquel il est 
destiné. Lorsque c’est du fil en fuseau qu'il s’agit de dévi- 
der en écheveau, il est composé d’un bâton de deux pieds 
environ, pointu par le haut-bout, traversé par une broche 
vers chaque bout; les deux broches formant angle droit 
l'une-à l'autre : on fait courir le fil de l’une à l’autre de 
ces broches, en tournant le dévidoir de la main gauche, 
pour que chaque broche le reçoive à son tour, tandis que 
la droite dévide le fuseau et accompagne le fil sur chacune 
des quatre branches. Cet outil s'appelle proprement Esca- 
vêl. 

Lorsqu'il s'agit de dévider un écheveau en peloton, on le 
dispose dans une espèce de charpente de forme presque 
circulaire que l’on élargit à volonté à la largeur de l'éche- 
veau. Ce dévidoir tourne sur un pivot ou tringle en fer, et 
il est mis en mouvement par le seul tirage du fil qui se 
dévide sur le peloton qu’on tient de la main gauche, tandis 
que la droite manie le fil et l'y dispose régulièrement. On 
donne différentes formes à cette charpente, qu'on replie 
quelquefois comme un parapluie; mais le mécanisme est 
toujours le mème. Cette dernière espèce de dévidoir se 
nomme Guindre. — Voy. C. m. 

Un proverbe a dit : Tout home qué noun vôou gaïre, on 
lou bouto dou débanaïre; on met au dévidoir un homme 
qui n’est pas propre à grand’chose. Celte opération méca- 
nique n’exige pas en effet un fort déploiement de forces 
musculaires ni de combinaisons intellectuelles. Mais la 
complaisance ou d'autres raisons peuvent amener à se 
prêter à ces fonctions; et le proverbe ne préjuge rien. v 

Débanaïro, s. f. Dévideuse. C’est une profession dans 


. les pays de fabrique et d'ouvraison de la soie. Au fig. bavarde, 


qui en dégoise. 

Débanage, s. m. Dévidage; action de dévider; profession 
de dévideuse; frais du dévidage. 

Débanaduro, s. f. Le fil ou la soie qu'on a dévidé, ou 
qui est à dévider. 

Débas, s. m. el adv. de lieu. Le bas, ce qui est en bas; 
bas, en bas; au-dessous. — Zou débas d’un oustdou, le 
rez-de-chaussée d’une maison. Dé qué fasès débas? Que 
faites-vous en bas? — Voy. Bas. 

Débas, s. m. Dim. Débassé ou Débassoù ; au pl. Débasses. 


ee, 1 


DÉC 


Bas, vètement des jambes. — Un parél dé débasses, une 
paire de bas. Prén toun débas, tricote. À uno maïo a soun 
débas, elle a une maille qui a filé à son bas; son bas est 
percé; au fig. sa renommée a reçu un échec. 

Ce mot, comme son correspondant fr., vient de cette 
expression : bas-de-chausses, comme les culottes se nom- 
maient haut-de-chausses ; ou a seulement supprimé chausses. 
_ Débassaire, aïro, s. plutôt qu'adÿ. Faiseur de bas, et 
non point bonnetier, chaussetier ni fabricant de bas; car 
ces trois derniers mots désignent le commerçant qui fait 
confectionner des bas, des bonnets, etc.; tandis que le 
Débassaïre est simplement l’ouvrier qui les tisse lui-mème, 
avec un métier à bas. — Voy. Brando-nicouldou , 
Branda. 

 Débasta, v. Dévaster; casser; briser. — Ce mot n'en- 
traine qu'une idée de fureur, mais non de rapine; celui qui 
accomplit cet acte n'emporte rien au dehors. 

Dér. du lat. Vastare, dévaster. 

Débita, vw. Débiter sa marchandise; vendre en détail; 
s'en défaire couramment; débiter un sermon, un discours 
quelconque; débiter, diviser, subdiviser en parties menues, 
surtout du bois, en terme dg menuisier. 

Dér. du lat. Debito. 

Débito, s. f. Débit; vente au détail, surtout du vin. — 
On dit aussi : Soun vi a bon débi, son vin a du débit; mais 
c'est sacrifier à l’idole franchimande : le vrai mot conservé 
par les vrais languedociens est Débito, au fém 

Dér. du lat. Debitor, débiteur, parce qu'autrefois ce mot 
x io ne s'appliquait qu'à la vente à crédit, vrai et seul 

4 pour le petit commerce de détail de vendre beau- 
coup, vite et cher. 

Débitou, Débitouno, s. Débiteur. — Encore une con- 
cession au fr.; le véritable languedocien dit Créanciè, qui 
convient aussi bien au titulaire d'une dette passive qu’à celui 
d’une dette active. C'est sans doute la nécessité de distin- 
guer le créancier du débiteur qui a entrainé à cet emprunt. 

Débuta, v. Débuter; entrer en matière; faire son pre- 
mier pas dans une entreprise, dans une affaire, dans une 
carrière. — Lou véirén à soun débuta, nous verrons à sa 
manière d'entrer en conversation, où il en veut venir. 

Ep. au fr. sans adopter ses autres acceptions. 

Décado, s. f. Décade; le jour de décadi ; jour de repos, 
dans le calendrier républicain ; assemblée que les autorités 
tenaient ce jour-là. — Déou tèn dé La décado, du temps où 
l'on tenait les assemblées décadaires, c'est-à-dire sous la 
Convention et le Directoire, et non tout le temps que le 
ier républicain a eu une existence légale; car il a 
duré jusqu'en 1806, et cependant depuis le 48 brumaire 
4799 et la constitution de l'an VAN, ces ridicules parodies 
des solennités chrétiennes du dimanche étaient tombées 
sous les sifflets du peuple et le dégoût du premier consul. 
Ana à la décado, aller aux assemblées décadaires. 

Le mot Décado était familier au peuple et il est resté 
dans ses souvenirs, soit parce qu'on le forçait à chômer ce 



















































DEC 245 


jour-là, soit à cause des assemblées de ce nom où sou 
destin était souvent discuté. Il n'en était pas de même pour 
la nomenclature arithmétique des autres jours de la semaine 
décennale, primidi, duodi, tridi, ete., qui ne lui apparais- 
saient que sous forme de numéros. Aussi ne les connais- 
sait-il pas alors, et il n’a pu ouvrir un crédit dans sa 
mémoire pour eux. Ainsi ont été oubliés les noms des mois 
qui sont de l'hébreu pour lui, moins encore ceux des légu- 
mes qui remplaçaient les saints qu'il vénérait et qui ser- 
vaient de patrons à ses enfants. La décade seule l'a frappé 
et est restée dans ses souvenirs. Nous, les interprètes de 
son langage, nous l’imiterons en cela. 

Décado est évidemment un emprunt forcé du fr. qui l'a 
pris lui-mème au gr. Asxée, àexddos, dixaine, parce que la. 
décade ou la semaine décadaire était composée de dix jours, 
dont le décadi était le dernier. 

Décagramo, s. m. Décagramme, poids de dix grammes, 
dans le nouveau système. 

Emp. au fr. qui l’a tiré du grec. 

Déçaï, adv. de temps. D'ici à; en deçà. — Déçaï qué 
vêngo, avant qu’il arrive. Lou tène pas quite déçaï qué 
m'ague paga, je ne le tiens pas quitte qu'il ne m'ait payé. 

Déçaï et délai, adv. de lieu. De çà et de là. 

Décalitre, s. m. Décalitre, mesure de capacité de dix 
litres. 

La nouvelle nomenclature décimale s'est impatronisée 
dans le langage populaire. Nous prenons la langue en l’état 
où elle se trouve. 

Dér. du gr. Aëza, dix, et Atpa, livre. 

Décémbre, s. m. Décembre, le douzième mois de l'année; 
autrefois, le dixième seulement dans l’année des Romains. 
En conservant son ancien nom, il est devenu le dernier de 
la nôtre, qui commence en janvier, à partir de l'édit 
donné par Charles IX, en 1564. 

Dér. du lat. December, m. sign. 

Déciala, v. Décéler; découvrir; divulguer; trahir un 
secret; dénoncer; dénoncer un complot. — Déciala soun 
ami, trahir son ami en divulguant le secret qu'il nous a 
confié. Déciala la mécho, éventer la mèche. 

Formé de la part. négative De et du lat. Celare, cacher. 

Décida, v. Décider; déterminer; résoudre; porter un 
jugement. — Sé décida, se.délerminer à. .., se décider, se 
résoudre. 

Dér. du lat. Decidere, m. sign. 

Décida, ado, adj. Dim. Décidadé. 
hardi; résolu. 

Découpa (Sé), v. Se couper; se contredire dans ses 
paroles, dans ses déclarations. 

Formé de Coupa. 

Découra, v. Décorer d'un ordre, de la Légion d'honneur 
ou de la croix de Saint-Louis. 

Emprunt politique au fr. 

Décrè, s. m. Décret; loi; ordonnance émanant d'un 
pouvoir exéculif suprême. Les lois faites sous la Conven- 


Décidé; délibéré ; 


246 DÉD 


tion et le Directoire portaient le nom de décrets, soit 
qu'elles eussent une portée organique générale, soit que 
leur objet fût temporaire ou particulier. Le mot était en 
parfaite analogie avec la chose; car c'était l'expression de 


la majorité d'une assemblée, et il dérive du lat. Decretum, , 


de Decernere, donner son avis, son suffrage. Sous l'Empire, 
le mot resta, mais non la chose; car ce n'était là que l'opi- 
nion du bon vouloir. Depuis la Charte, ce mot avait été 
banni et remplacé par ceux de loi et d'ordonnance, dont on 
connaît la distinction. Avec 4848 et la suite, le décret est 
revenu. 

Le mot lang. est encore un emprunt politique: le peuple 
a eu trop à faire avec les décrets, et ils se sont trop multi- 
pliés, pour n'avoir pas emprunté une expression qui en 
rende le sens. 

Décrouta, v. Décrotter: ôter la crotte; enlever la boue 
de la chaussure; cirer les bottes. 

Emp. au fr. 

Décroutur, s. m. Décrotteur. 

Dé d'aïçaï, adv. de lieu. De ce côté-ci, avec mouvement 
d'un lieu à un autre; c’est-à-dire qu'il est relatif à une per- 
sonne qui se trouverait dé d'ailaï, séparée par un mur, un 
cours d'eau, un fossé, etc. — Vène dé d'aïcaï, passe de ce 
côté-ci. 

Dé d'aïlaï, adv. de lieu et de temps. De ce côté, de 
l'autre côté; au-delà; par-delà. C'est le contre-pied de 
l'article précédent. — Démoro dé d'aïlaï, il habite de 
l’autre côté de la rivière, de la montagne. L'an dé d’aïlaï, 
l’année avant-dernière. La gnuè dé d'aïlai, V'avant-dernière 
nuit. Dé d'ailaï l'aïgo, de l’autre côté de l'eau, de la 
rivière. 

Dédâou, s. m. Dim. Dédalé; augm. Dédalas. Dé à 
coudre. 

Dér. du lat. Digitale. En esp. Dédal; en ital. Ditale. 

Dédénta, v. Édenter; rompre, casser les dents. — Low 
diable té dédénte, le diable te casse la mâchoire. 

Dédénta, ado, part. pass. Édentée, qui n'a plus de 
dents. 

Formé de la part. négative De et du lat. Dens, dentis, 
dent. 

Dédin, s. m. et prép. Le dedans, la partie intérieure 
d'une chose; dans, dedans, au-dedans. — Lou dédin, Vin- 
térieur. Garda lou dédin, rester assidûment chez soi, ne 
pas sortir. Faïre lou dédin dé l'oustéou, avoir soin du 
ménage, faire le travail intérieur d’une maison, ce qui est 
l'apanage d'une ménagère, par opposition dou déforo, qui 
est le lot du mari et des hommes. 

Il est difficile de préciser une distinction entre les diffé- 
rents usages de ce mot et ceux de la prép. Din, qui sont 
parfaitement synonymes dans certains cas: ainsi on dit 
également : Din ma pocho et dédin ma pocho, din soun 
oustäou et dédin soun oustäou. A1 faut seulement remarquer 
que Din est plus générique, qu'il se plie à presque toutes 
les acceptions du Dans fr. et du An lat. Dédin a le privi- 





DEG 


lége de pouvoir figurer à la fin d’une phrase comme le 
Dedans fr., ce que ne peut faire son concurrent ; il peut 
encore se substantiver, lou dédin. Exemple : On y és pas 
dédin, on n’est pas dedans, répondrait-on à quelqu'un qui 
vous reprocherait d’avoir acheté un mauvais melon. Laïssè 
soun casquou et lou dédin, il laissa son casque et le con- 
tenu, a dit La Fare. L'un et l’autre mot prennent un C 
final lorsqu'ils se heurtent avec une voyelle au mot qui 
suit : toutefois Dédin ne prend pas cette consonne lorsqu'il 
devient substantif. On dit Dédine uno houro, dans une 
heure, et Lou dédin és bièn propre, l'intérieur est très- 
propre. 

Formé du lat. De intus, en dedans. 

Dé-fè, adv. De fait; en effet; par le fait. 

Défés, adv. de temps et de nombre. Parfois; quelque- 
fois. — Voy. Fés. 

Défila, v. Défiler; marcher par file; s'en aller l’un après 
l’autre. 

Formé de la prép. Dé et de Fila. 

Défléciou, s. f. Ne s'emploie qu’en y joignant dé péitrino, 
pour signifier : fluxion de poitrine. 

Le mot n’est au reste qu'ung corruption du fr. à l'usage 
seulement du populaire. 

Déforo, s. m. et adv. de lieu. Dehors, qui n'est pas 
dedans ou à l’intérieur; dehors. — Lou déforo, l'extérieur, 
par opposition dou dédin. Aimo lou déforo, il aime à 
prendre la clé des champs. Lous homes fan lou déforo, les 
hommes font le travail des champs. Ana déforo, s’absenter, 
aller en voyage. Déforo Franço, hors de la France. Déforo! 
interj.: Hors d'ici! Sortez. Dé pér déforo, adv., du dehors: 

Dér. du lat. Foras, m. sign. 

Dégas, s. m. Dégât; ravage; ruine: perte; destruction . 

Dér. du lat. Devastare, dévaster. 

On remarquera ici une de ces permutations assez fré- 
quentes dans le lang. et que la moyenne latinité et le roman 
avaient déjà consacrées, le changement de V en &, comme 
dans Vasco, Gascoun, gascon; Vardo, Gardoù, Gardon. La 
loi n’est pas sans exception, puisque les exceptions confir- 
ment la règle au contraire. L'euphonie en a décidé ici 
comme en beaucoup d’autres cas. 

Dégatia (Sé), v. Se disputer une chose; n'être jamais 
d'accord; vivre en mauvaise intelligence avec quelqu'un 
qui est dans notre intimité; se quereller. 

Ce mot, qui correspond à Sé capigna, n’aurait-il pas aussi 
quelque rapport étymologique avec lni? Dans quelques 
dialectes, Ca et Ga sont synonymes pour signifier chat : Sé 
dégatia viendrait donc de la façon de vivre des chats, qui 
s'agacent et s'égratignent, comme le fait entendre notre 
verbe. 

Dégavaïa, ». Détruire; gâter ; laisser perdre par sa faute ; 
dissiper sa fortune. 

Dér. de Dégas. 

Dégavaïaïre, aïro, adj. Dissipateur; prodigue; dépen- 
sier; en parlant d’une femme, mauvaise ménagère. 


tn Re. À 





DÉG 


 Déglési (Sé), v. Se disjoindré; s'entr'ouvrir; bâiller; 
se dit des futailles, cuves ou vaisseaux en bois, dont les 
douves, après qu'ellés sont restées quelque temps vides, se 
déjoignent et bäüllent par la sécheresse, et que, pour être 
employées de nouveau, on a besoin d'imbiber, Émbuga.— 
Déglési quéouquus, c'est ce qu'on appelle, en argot, démolir 
un homme. 

* Déglési, ido, part. pass., au fig. défait, exténué par le 
besoin ou la maladie / Voy. Adéli); rompu des coups que 
l'on s'est donnés où que l'on a reçus. 

Formé du lat. Glis, glaïse, parce qu'on enduisait autre- 
fois de terre glaise les futailles pour les empêcher de couler 
et de suinter; et de la part. privalive De. 

Dégoù, s. m. Dim. Dégouté. Goutte; gouttelette; suinte- 
ment de l'eau pluviale à travers les rochers, on du vin à 
travers les douves d'une futaille; eau des toits qui tombe 
goutte à goutte. — Voy. Té. 

Dér. du lat. Gutta, m. sign. 

Dégoubia, v. Dégobiller, vomir. 

Emp. au fr. 

Dégouïado, adj. f. Grasse; réjouie; un peu hardie, un 
peu débraillée ét assez lurée: 

Dér. du vieux mot Gouïo, jeune fille, féminin de Gouïa, 
dont on a formé Goujar, c'est-à-dire qui a perdu la timi- 
dité et la pudeur du premier âge. 

Dégourdi, v. Dégourdir; tirer de l'engourdissement; 
réveiller; raviver; rendre tiède, — Faïre dégourdi l'aïgo, 
faire légèrement chauffer l’eau, la dégourdir. Dégourdis tas 
cambos, donne de l'exercice à tes jambes. Couménço bé dé 
sé dégourdi, il commence à prendre de l'usage, à se faire 
aux habitudes sociales, à prendre de le ruse, de la finesse ; 
il se dégourdit. 

Dégourdi, dido, adj. et part. pass., éveillé; rusé; luron. 

Formé de la part. privative De et de la bass. lat. Gurdus, 
lourd, stupide. 

Dégoüs, s. m. — Voy. Désgoùs, qui est plus technique. 
 Dégousta, v. — Voy. Désgousta. 

” Dégouta, v. Dégoutter; couler goutte à goutte. — Sé 
noun pléou dégouto, prvb., s'il ne pleut pas, il bruine; 
dicton dont on se sert pour dire qu'on gagne toujours 
quelque chose où qu'il vient toujours quelque chose, si 


peu que ce soit, du travail ou de la patience qui sait atten- | 


dre l’ondée et se contente de la plus légère pluie. 

Le sens mème s'étend un “pen plus ou exprime encore 
autre chose : ro. 
Le pècheur qui remplit peu sa gibecière, mais qui peut 
: he de temps en temps”come Sancho” péche toujours qui 
en prénd un ; 

LRmarchand que quelques p'AtqReS) rater ion oo: 
solent de la vogue de ses concurrents; | 

Le dévot à la loterie qui vivote d'éxs et 14 dpi 
jamais l'ambe ; 
 L'agriculteur à qui la grèle a laissé une demi-récolte 
quand il la croyait perdue tout entière; 





DÊJ 


Le collégien qui rate de nouveau le prix d'excellence et 
va chercher son troisième accessit; 

L'avocat des petites causes qui pelote en attendant partie; 

Le poursuivant du gros lot ou du lingot d'or dont le 
numéro gagne quelques couverts Ruolz ; 

Le modeste employé qui touche son mois de cent francs 
immédiatement après son chef de bureau qui vient d’émarger 
le sien de mille; 

Tous ceux enfin à qui échoît une chance au-dessous de 
leurs prétentions sans doute, mais passable encore, peuvent 
dire : Sé noun pléou dégouto, qui est le mot de satisfaction 
ou de résignation du gagne-petit en tout genre. 

Formé de De et du lat. Gutta. 

Déguisa (Sé), ». Se masquer; prendre un déguisement 
au carnaval ; se travestir. 

Formé de De privatif, et Guiso, manière. 

Dégus, s. pron. et udj. — Voy. Déngus. 

Déima, v. Lever la dime. — On le dit ironiquement 
d'un grapilleur qui lève en pillant un grave impôt sur les 
récoltes. 

Déimaje, s. m. Collecte de la dime; temps où elle se 
levait; la viguerie ou le territoire sur lequel le bénéficiaire 
avait droit de l'exercer. 

Dèime, s. m. Dime : droit qu'avaient autrefois les hauts 
bénéficiers du clergé sur certaines récoltes dans toute 
l'étendue de leur bénéfice ou de leur dimerie. Ce droit était 
quelquefois du dixième de la récolte brute, sans prélève- 
ment des frais de culture; d'autres fois, et le plus souvent, 
il était du quinzième et même du vingtième. La levée ou 
collecte s’en faisait à l'époque mème de chaque récolte et 
en nature. Ordinairement ce droit était affermé à un fermier, 
qui l'exerçait toujours avec sévérité, souvent avec extor- 
sion, comme certains fermiers des octrois actuels; tandis 
que lorsque ce droit était exercé par les agents directs du 
bénéficier, il l'était plus paternellement. Du reste, il est 
aisé de voir combien il était facile d'éluder la rigueur d'un 
pareil exercice et d’y soustraire une partie de la récolte: Le 
lien moral et religieux était la plus sûre et à peu près la 
seule garantie du titulaire : à la vérité l'Église avait mis 
l'obligation de payer dans ses commandements, et dans ces 
temps de foi, cela suffisait. 

Dér. du lat. Decima, sous-entendu Pars. 

Dèïmiè, s. m. Collecteur ou fermier de la dime. 

Déjouqua, v. Déjucher; dénicher; faire dégringoler; 
déloger ; dégoter. — Voy. Jouqua. 

Déjuna, v. Déjeuner; rompre le jeûne. — Pour les cul- 
tivateurs, le déjeuner est le second repas de la journée; le 
premier, qui suit immédiatement le lever el précède tous 
les travaux, s'appelle Twio-vèrme {Voy. c. m.). Dans 
l'hiver et l'automne où l'on supprime un repas, c'est le 
déjeuner qui est élagué. Le repas qui suit le Tuïo-vèrme, et 
qui se prend sur les neuf heures du matin, se nomme Low 
dina. 

Dér. du lat. Jejunium, jeûne. 


247 


248 DÉM 


Déléouse, n. pr. d'homme. Au fém. Déléouso où Déléou- 
sésso; dim. Déléousé, Déléouséto; traduit aujourd'hui par 
Deleuze. — Dans les vieux actes écrits en lat. on le ren- 
dait par de illice, de l'yeuse, du chène vert. On voit évi- 
demment que le mot lang. est tout à fait la traduction 
littérale du nom latin, et que ce mot a pris naissance dans 
le terroir de notre idiome. Le français a été embarrassé 
pour ce nom comme pour beaucoup d’autres; il n’a pas 
voulu remonter à l’étymologie qui l'aurait conduit à de 
l'yeuse, de peur de n'être pas compris; d’autre part, il ne 
pouvait imposer à son génie la diphthongue éou qui ne lui 
va pas; il en a fait lout bonnement le barbarisme Deleuse, 
qui ne répond à rien, mais qui a le mérite de s'éloigner le 
moins possible de l’idiome originaire, tout en conservant la 
consonnance française. 

Déli, s. m. Joint d'un lit de pierres; la fissure qui sépare 
une assise de rocher de celle qui lui est superposée et par 
où on peut détacher celle-ci par le moyen d’un levier. 

Dér. de Déslia. 

Délia, ado, adj. Délié; adroit; subtil. 

Déliado, s. f. Mème sign. que Déli. — Es pas que dé 
déliado, ce terrain n’est composé que de couches de pierres 
superposées qui peuvent facilement se disjoindre. 

Délibéra, ado, adj. Décidé; hardi; sans timidité. 

Délinqua, v. Fuir; vider le plancher; s'esquiver; man- 
quer à l'appel. — Se dit surtout de quelqu'un qui s’est 
sauvé préventivement à toute recherche de sa personne pour 
l'arrêter ou le châtier. 

Dér. du lat. Delinquere, faire une faute, manquer ; aban- 
donner; quitter; fuir. 

Délivranço, s. f. Délivrance; débarras. — Bèlo déli- 
vranço! dit-on, lorsqu'on est débarrassé d’un fàcheux, 
d’un importun, ou de quelqu'un qui est à charge, soit par 
sa mort, soit par son départ. 

Dér. du lat, Liberare, m. sign. 

Déluje, s. m. Déluge; le déluge universel; grande pluie 
d'inondation. 

Dér. du lat. Diluvium. 

Délura, ado, adj. Luron; subtil. — Se dit particulière- 
ment, au fém., d’une femme qui a de la finesse et certaine 
hardiesse qui lui donne la conscience de son savoir faire; 
tandis que, au masc., Lura ne signifie guère autre chose 
que rusé, matois. 

Déman, adv. de temps. Demain, le jour qui suit immé- 
diatement celui où l'on est. — Après-déman ou passa- 
déman, après-demain. Déman mat}, demain matin. Déman 
dou souèr, demain soir. 

Dér. de la bass. lat. De mane pour Manè. 

Démanda, v. Demander; questionner; s'enquérir ; exiger. 
— Quâou démando? Qui frappe à la porte? Démanda 
quant'houro és, s'informer de l'heure. Aqud démando dé 
coïre, cela exige d'être bien cuit. Démanda soun pan, ou 
simplement Démanda, mendier. Qué mé déou mé démando, 
celui qui me doit me demande paiement : phrase prvb. qu'on 





DÉM 
emploie contre quelqu'un qui nous fait un reproche qu'il 
mérite plus que nous. 

Dér. du lat. Mandare, donner ordre, commission. Dans 
la bass. lat. ce verbe et son composé Demandare signifiaient 
aussi demander. 

Démandaïré, aïro, adj. Queslionneur; quémandeur; 
solliciteur; mendiant ; qui aime à emprunter. 

Démando, s. f. Demande; question; interrogation ; 
demande en mariage. — Ma fio a foço démandos, ma fille 
a beaucoup d’aspirants à sa main. Faïre uno démando, 
commissionner un achat de marchandise; déclarer le prix 


qu'on demande d’une chose. La sédo a fogo démandos . 


aquéste moumén, la soie est fort recherchée en ce moment; 
on a reçu force commissions d'achat. 

Déména (Sé), v. Se débattre; s'agiter; se démener, 
comme fait quelqu'un que l’on conduit par force; résister 
à la force qui vous emmène. — Sé déméno coumo lou diable 
dinc un bénitiè, il se démène comme le diable dans un 
bénitier. 

Formé de la particule oppositive De et du v. Ména. 

Déménésconte, adj. — Voy. Ménésconte. 

Dé miè, dé mièjo, adj. À demi-plein, à moitié. — És 
toujour pléno ou dé mièjo, cette femme est toujours enceinte, 
elle n’accouche que pour recommencer. 

L'adj. Miè a la même acception. La différence entre ces 
deux mots, c'est que le dernier précède le substantif auquel 
il s'accorde, tandis que Dé miè le suit : on dit Un mi 
véire, un demi-verre, et Moun véire és dé miè, mon verre 
est à moitié ou mi-plein. Une autre différence entr'eux, 
c'est que Miè a une acception plus large et signifie demi 
dans presque tous les cas; tandis que Démiè n’est employé 
que pour les objets de capacité et se renferme dans le sens 
de demi-plein. 

Dér. du lat. Dimidius, moitié. 

Démoun, s. m. Dim. Démouné où Démound. Démon. — 
Ne se dit qu'en poésie ou dans le genre grave, sérieux, phi- 
losophique : le lang. alors appelle le diable ou démoun ; 
mais le mot est fort usité au fig. — Aquél éfan és un 
démoun, cet enfant est un vrai démon. 

Dér. du gr. Acluuwv, génie, intelligence. 

Démounta, v. — Voy. Désmounta : meilleur. 

Démoura, vw. Demeurer; habiter, loger; rester; rester 
tranquille. — Démoro à Nime, il habite Nimes. Démoro don 
Mérea, il est logé au Marché. Mounté as tant démoura? Où 
es-tu tant resté? As hé démoura, tu as bien tardé. Sé vos 
pas véni, démoro, si tu ne veux pas venir, reste. Démouras, 
finissez donc, restez en repos. Aquél éfan démoro émbé quâou- 
que sièquo, cet enfant s’habitue avec tout le monde, il se 
laisse garder par le premier venu. Manjaras d'aquè ou 
démouraras, tu mangeras de cela ou tu jeüneras. 

Dér. du lat. Morari, tarder; attendre; mettre de la len- 
teur. 

Démpièi, ou Désémpièi, adv. ét conj. Depuis; depuis ce 
temps-là; depuis que. — És maldoute démpiài lous magnas, 


DEO 
il est malade depuis la saison des vers à soie. Démpièr 
qu'anère à la fiètro, depuis que je suis allé à la foire. Marche 
démpièi Nimes, j'ai marché de Nimes jusqu'ici. Démpièi 
Anduso jusqu'à Sén-Christéou a pas fa qué pléoure, il n'a 
pas cessé de pleuvoir d'Anduze à Saint-Christol. 

La différence entre Démpièi et Désémpièi, qui pourtant a 
la même portée, c’est que le premier ne se place jamais à la 
fin d'une phrase ou d’un membre de phrase, position qui 
convient parfaitement au second : cela tient sans doute à 
quelque délicatesse d'acoustique difficile à saisir. On dit : 
Y-anère l'an passa, y soui pas tourna désémpiéi, et non pas 
démpië; j'y fus l'an dernier, je n’y suis pas retourné 
depuis 


Dér. de la bass. lat. De post, m. sign., tiré du lat. clas- 

sique avec la prépos. 
+ Dén, s.f. Dim. Déntéto, Déntioù ; péjor. Déntasso. Dent, 
chacun des petits os recouverts d'émail, implantés dans la 
mächoire, servant à mâcher. — Faï dé déns, les dents lui 
poussent, lui percent. Gn'a pas pér ma pichoto dén, il n'y 
en aurait pas là pour mon déjeuner, pour une dent creuse; 
ce travail est une bagatelle pour moi; ou bien : cet ennemi 
est trop faible pour moi; je l’avalerais d'une bouchée. Mdou 
dé dén, mal aux dents. Soubrédén, surdent { Voy. c. m.). 
Dounèn un for co dé dén, nous fimes grande chère. Y-a un 
co dé dén à douna, il y a un régal à faire. Faï cruci 
sas déns, il grince des dents. Garda uno dén, garder ran- 
cune. Aï/ dé ma dén! Aïe! ma dent! expression qui s’em- 
ploie également comme un cri de douleur, dans une rage de 
dents, ou comme exclamation de crainte, de pitié, de com- 
patissance. 4h/ povero! 

Dén, s.[., siguifie aussi une pointe de rocher, un chicot, 
qui s'élève à fleur de terre. 

Dér. du lat. Dens, m. sign. 

Déngus, ou Dégus, ou Dingus, pron. indéfini, masc. 
Personne. Quoique ce mot ne s'applique qu'à une phrase 
négative, il n’entraine pas la négation avec lui et il faut 
toujours l'y joindre. — Y-a pas déngus, il n’y a personne. 
Déngus dousara pas où noun dousara, personne n'osera. 

En espag. Dalguno, aucun ou d'aucun, qui vient lui-même 
du lat. Aliquis unus, quelqu'un. 

Déntado, s. f. Coup de dent, morsure; empreinte que 
laisse la dent sur le corps qu'elle a mordu. 

» Déntâou, s. m. Sep d’un araire : c'est une langue en bois, 
terminée en pointe, sur laquelle est établi le soc aux deux 
tiers de sa longueur, et à DE fixe par le moyen 
des Téndios. — Voy. c. m. 

_ Déougu gudo, part. pass. Fsrcine  Dù, due. 

Déoure, v. Devoir, avoir des dettes : être redevable; être 
obligé. — Coumo sé ‘déou, comme il faut. Dans les temps 
où le préjugé de la naissance était dans toute sa vigueur, on 
“appelait les nobles les gens comme il faut; le lang. disait : 
Dé mounde coumo sé déou , c'est comme si l’on disait : des 
gens comme il les faut, comme ils devraient être tous. Cette 
phrase beaucoup trop exclusive, est encore employée par les 





DÉQ 249 


gens riches entr'eux en parlant de leurs consorts. Y-aï parla 
coumo sé déou, je l'ai tancé d'importance. Qudou mé déow 
mé démando, quiest mon débiteur me demande de le payer. 
Jouga à déoure, jouer sur parole. 

Dér. du lat. Debere, m. sign. , 

Déoute, s. m, Dette; ce que l'on doit; créance, ce qui 
est dù. — Un michan déoute, une créance véreuse. Tout és 
dé sous déoutes, ses dettes absorbent son avoir; son bien 
appartient tout entier à ses créanciers. És manja das 
déoutes, il est criblé de dettes; il est dévoré par ses dettes. 
Dourmi coumo un vièl déoute, dormir comme une mar- 
motte : traduction par équivalent. 

Dér. du lat. Debitum, m. sign. 

Dépäousa, v. Déposer, témoigner en justice; faire une 
déposition en justice. — Dans le sens de dépôt, Dépdousa 
serait du pur franchiman. 

Dér. du lat. Deponere. 

Dépäousiciou, s. f. Témoignage, déposition en justice. 

Départamén, s. m. Département, division territoriale, 

Emp. au fr. 

Dé-pér-él, adv. De lui-même ; de son propre mouvement; 
volontairement; par ses seules forces; sans l'aide d'autrui. 
— Aquél âoubre és véngu dé-pér-él, cet arbre a poussé 
naturellement, sans. avoir été planté ni semé. Ou a fa dé- 
pér-él, il l'a fait de lui-même, il n'a été ni poussé, ni aidé, 

Dé-pér-én-créire, ado. Pour plaisanter, pour rire; pas 
tout de bon; par jeu. — Voy. Crévre. 

Dé-pér-énsin, adv. Ainsi; en conséquence; par consé- 
quent; comme ainsi soit. 

Députa, s. m. Député; membre de la Chambre des 
députés. 

Emp. au fr. 

Dé-qué, s. m. et pron. interr. Le nécessaire; de quoi 
vivre; que? quoi? à quoi? de quoi? qu'est-ce que? — Low 
dé-qué, le nécessaire. Y manquo pas qué lou dé-qué, ilue lui 
manque que l'argent nécessaire. À bièn dé-qué, il estfort 
dans l’aisance. Dé-qué voulès? Que voulez-vous? Dé-qué 
pénsas? À quoi pensez-vous? Dé-qué sé mèlo moun ca? De 
quoi veut se mêler le petit chat? phrase prvb., fort usitée 
lorsqu'un enfant, une personne faible ou peu capable veut 
se mêler à un acte, à une conversation, au-dessus de sa 
portée. Sa pas dé-qué dis, il ne sait ce qu'il dit. Sdoupéquè 
pas dé-qué dire, il fut interdit, il ne sut que répondre. Sabe 
pas dé-qué mé tèn, je ne sais ce qui me retient de... Dé- 
qué sèn quan sèn mors, ce que c'est que de nous, quand 
nous sommes morts. Dé-qué? Qu'est-ce que c'est? De quoi 
s'agit-il ? 

Dé qué-z-és qué-z-és? Qu'est-ce? Qu'est-ce que c'est? 
Phrase faite, formule générale dont on fait précéder l'expo- 
sition d'une énigme. On sent que le Z qui reparait deux fois 
dans la contexture de cette phrase, n’est qu'explétif et 
seulement dans l'intérêt de l'euphonie; le heurtement 
redoublé des quatre é qu'il sépare ne serait pas supportable. 
— Si dé qué-z-és qué-z-és est l’entête obligé de toutes les 

32 


250 DÉS 

énigmes et charades que les sphinx villageois proposent à 
la veillée, la terminaison, le refrain ordinaire en est : Dévi- 
gnas-ou sans pénsa mou, cherchez, devinez sans songer à 
mal. C'est qu’en effet, si le mot de l'énigme est d'habitude 
très-innocent, la définition dont il est couvert est, autant 
que faire se peut, à double sens et tourne peu ou prou à la 
gaudriole, fort leste souvent. De là l'usage de la précaution 
oratoire, avertissement assez charitable du reste pour vous 
faire parfois songer à une malice qui sans cela vous aurait 
échappé. 

Déraba, v. Arracher; extraire; détacher avec force; 
déraciner. — On po pas né rés déraba, on n’en peut rien 
tirer, pas une parole de sa bouche. Déraba-né cé qué pourés, 
tirez-en denier ou maille. Aquél vièl és pas dé bon déraba, 
ce vieil avare est dur à la desserre. Déraba uno dén, arra- 
cher, extraire une dent. Déraba un agaci, extirper un cor. 
Déraba un éoubre, arracher, déraciner un arbre. 

Dér. du lat. Deripere, m. sign. 

Dérabado, s. f. Arrachis; quantité de choses que l’on 
arrache en une seule séance. 

Dérabaïire, aïro, adj. Qui arrache. — Dérabaïre dé déns, 
dentiste; arracheur de dents. Y-vaï adéré coumo un déra- 
baïre d’èsses, il ramasse tout minutieusement comme un 
homme qui cueille de la vesce ; parce que ce grain est très- 
menu et qu'on n’en fauche pas la tige; mais on l’arrache à 
la main, ce qui est un travail minutieux. 

Dérbése, s. m. Dartre, maladie de la peau, souvent avec 
ulcération. — Voy. Endérvi. 

Dér. du gr. Aépux, peau, cuir, épiderme. 

Dérénja, v. Déranger; interrompre; importuner. — 
Estre dérénja, ètre incommodé, avoir la santé dérangée. 

Dér. de‘Rénja et la part. privative. 

Dérévéia, v. Éveiller; réveiller. — Sé dérévéia, s'éveil- 
ler, se réveiller. 

Dér. du lat. Vigilia, veille, et le réduplicatif Re, de 
nouveau. 

Dérusqua, v. Oter l'écorce des arbres, principalement 
des chènes verts pour en faire du tan. Au fig. éreinter; 
frapper sur quelqu'un à lui enlever au moins l’épiderme. — 
Sé dérusqua, se déchirer; s’écorcher; se meurtrir en tom- 
bant; s’éreinter l’un l’autre. ‘ 

Dér. de Rusquo. 

Dérusquado, s. f.Volée de coups de bâton, de bois-vert; 
éreintement. 

Désacrouqua, v. Décrocher. — Voy. Acrouqua. 

Désagréable, ablo, adj. Désagréable; fàcheux; ennu- 
yeux. — Voy. Agréable. 

Désaméchi, ». Débrouiller les cheveux qui sont mêlés 
en mèches poisseuses. — Voy. Améchi. 

Désana, ado, adj. Défait; pâle, exténué, en parlant des 
personnes; usé, élimé, hors de service, en parlant des 
choses. 

Formé de Ana, pris substantivement pour allure, habi- 
tude du corps, et de la part. privative De, 





DES 


Désanqua, ado, adj. Déhanché, qui a la hanche dé- 
boïtée, 

Dér. de Anquo. 

Désâoubéi, v. Désobéir; ne pas obéir à un comman- 
dement, à un ordre; contrevenir à une loi. 

Dér. de Aoubé?. 

Désäoubéissén, énto, adj. Désobéissant; qui a l’'habi- 
tude de désobéir. 

Désâoubéissénço, s. f. Désobéissance; habitude, action 
de désobéir. . 

Désaparia, v. Dépareiller; séparer des objets qui sont 
faits pour aller ensemble; désappareiller. 

Dér. du lat. Disparare, m. sign. 

Désapésa, v. Faire perdre pied. — Voy. Apésa. 

Désarma, v. Désarmer, enlever à quelqu'un ses armes; 
déposer les armes; mettre au repos la batterie d’un fusil, 
d'un pistolet. — Voy. Arma. 

Désarta, v. Déserter; abandonner son corps, son ser- 
vice, en parlant d’un soldat; abandonner un lieu. 

Dér. du lat. Deserere, m. sign. 

Désartur, s. m. Déserteur; soldat qui déserte ou qui a 
déserté. 

Désassésouna, v. Dessaisonner un champ, une terre; 
l’épuiser : ce qui vient d’un labour fait mal à propos et 
hors de saison, ou du dérangement de l’ordre des assole- 
ments. Les champs ainsi dessaisonnés perdent la semence 
et ne produisent souvent que de mauvaises herbes. 

Dér. de Sésou. 

Désatala, vw. Dételer; détacher les bêtes de trait d’une 
voiture, d’une charrette, d’une charrue, d’un char. — Voy. 
Atala. d 

Désavantaja (Sé), v. Perdre l'équilibre du corps; perdre 
l'avantage de la position qu’on occupait : c’est ce qui 
arrive quand on est en équilibre sur un arbre, sur une 


hauteur quelconque et qu’un faux mouvement vous fait 
perdre l’aplomb. 


Dér. de Avantaje. 

Désbadäoula, v. Ouvrir une porte à deux batlants. — 
Sé désbadäoula, se crevasser; bâiller; s'entr'ouvrir comme 
une figue que la pluie fait ouvrir. 

Dér. de Badal. 

Désbala, v. Déballer; ôter, défaire l'emballage; étaler 
sa marchandise. — Sé désbala, se précipiter. Désbala un 
fusil, tirer la balle d’un fusil. 

Dér. de Balo, ballot, dans le premier sens; dans le 
second, de la bass. lat. Devallare, descendre, formé de ad 
vallem, vers le bas, vers la vallée; dans le troisième, de 
Balo, balle de plomb, et De privatif. 

Désbana, v. Couper ou arracher les cornes. 

Dér. de Bano. 

Désbanado, s. f. Petite hache à main : terme du dia- 
lecte de Montpellier qui s'étend dans les localités occiden- 
tales des Cévennes. On appelle ainsi cet instrument parce 
que c’est une hache sans tête ni marteau. 








DÉS 


Désbarba, v. Arracher la barbe à quelqu'un, lui arra- 
cher la moustache; le dévisager. 

Désbarqua, v. Débarquer; arriver au gite; sortir de 
voiture quand on est arrivé. 

Désbata, v. Dessoler; enlever la sole à un cheval. — 
Sé désbata, presser sa marche; courir à toutes jambes; 
s'essouffler et se fatiguer à marcher. 

Dér. de Bato. - 

Désbérouia, v. Déverrouiller; tirer le verrou, l'enlever. 
— La porto és désbérouïado, on a Ôté le verrou de la porte, 
ou elle a perdu son verrou. 

Dér. de Béroul. 

Désbia, v. Dégarrotter une balle ou une charge de mulet, 
de charrette ; défaire le garrot qui la serrait. 

Dér. de Zio. 

Désbiaïssa, ado, adj. Gauche; maladroit; sans tour- 
nure; sans maintien. 

Dér. de Biaï. 

Désblasa, ». Oter la bave des cocons, l'espèce de bourre 
blanche appelée Blaso (Voy. ©. m.) qu'on enlève avant de 
les’filer, parce qu’elle ne ferait qu’augmenter le déchet des 
premiers fils grossiers dont on purge les cocons avant d’ar- 
river au brin pur de la soie. C’est le résidu de cette opé- 
‘ration qu'on appelle Costos. — Voy. c. m. 

Désblasairo, s. f. Ouvrière, fille ou femme, employée 
à l'opération ci-dessus. 

Désblétouna, v. Enlever le clou rivé d'un couteau. — 
Coutèl désblétouna, couteau qui a perdu son clou rivé. 

Dér. de Blétoù. 

Désblouqua, v. Déboucler; dégraffer; ôter la boucle ou 
les boucles d’une ceinture ou de courroies. 

Dér. de Blouquo. 

Désbouchina, ado, adj. Échevelé; qui a les cheveux 
épars et en désordre. 

Dér. de Bou, Boucho, bouc et chèvre, qui servent de 
terme de comparaison à tout ce qui est sale et en désordre. 

Désbounda, v. Débonder ou débondonner : ôter la bonde 
d'une cuve, d'un tonneau. — Lou tindou s'és désbounda, 
la cuve a fait partir sa bonde. 

Au fig: Sé désbounda, se débonder; lâcher l’écluse à sa 
colère, à ses secrets chagrins; se dégonfler; exhaler son 
chagrin par les larmes et la confidence entière de ses in- 
fortunes. 

Dér. de Boundoù. 

Désboutouna, v. Déboutonner, faire sortir les boutons 
de leurs boutonnières. — Sé désboutouna, au fig. se dé- 
boutonner; faire part de ses sentiments, de ses secrets; se 
livrer avec confiance. 

Dér. de Boutoù. 

Désbraïa, v. Oter la culotte à quelqu'un. — Se dés- 
braïa, se déculotter, se dévêtir; aller à la selle. Es tout 
désbraïa, il est tout débraillé; salement ou indécemment 
vêtu; mal ajusté. 

Dér. de Braïo. 





DÉS 251 


Désbrida, v. Débrider:; ôter la bride à un cheval, à un 
animal. 

Dér. de Brido. 

Désbroussa, w. Enlever, extirper les bruyères, qu'on 
nomme Broussos. Dans les châtaigneraies, les arbres souf- 
frent beaucoup de la présence de ces arbustes, qui y crois- 
sent en abondance, 

Désbura, v. Écrèmer le lait, en enlever la crème ou le 
beurre. 

Dér. de Bure. 

Déscabéstra, ado, adj. Délicoté; qui a perdu son licou, 
qui a rompu sa chaîne; au fig. évaporé; violent; sans 
frein, comme un cheval échappé. 

Dér. de Cabéstre. 

Déscadäoula, v. Hausser le loquet; ouvrir une porte à 
loquet. 

Dér. de Cadäoulo. 

Déscadéna, v. Déchainer; délier la chaine; rendre la 
liberté. 

Dér. de Cadéno. 

Déscagnouta, v. Décoiffer une femme, une fille; lui 
enlever sa coiffe. — Voy. Déscouïfa. 

Dér. de Cagnoto. 

Déscaï, s. m. Déchet, diminution qu'éprouve une mar- 
chandise ou une denrée, soit par la manipulation, soit par 
avarie, soit par la dessiccation. 

Déscaïssa, ». Éprouver du déchet; diminuer de volume. 
Opposé de Caïssa, qui signifie taller, multiplier. 

Déscalada, v. Dépaver, enlever les pavés d'une rue. — 
Au fig. manger gloutonnement, avec un vorace appétit. — 
On dit : Manjo qué déscalado, où simplement déscalado, 
en parlant de quelqu'un qui dévore, d’un goinfre. 

Dér. de Calado. 

Déscaladaïre, s. m. Dépaveur, qui n’est pas très-fran- 
çais mais qui passa dans Ja langue politique après les jour- 
nées de 4830, comme synonyme de révolutionnaire. 

Déscambaïa, v. Oter les jarretières à quelqu'un. — Es 
déscambaïa, les jarretières lui manquent ou elles sont 
tombées. 4 

Dér. de Cambaïe. 

Déscambarloùu ou Déscambarlous, ado. A califour- 
chon, à cheval sur quelque chose. 

Dér. de Éscambarla. 

Déscampa, v. Décamper; prendre la fuite; s'en aller 
précipitamment. 

Dér. du lat. Campus, champ. 

Déscampéto, s. f. Ne s'emploie que de la manière sui- 
vante : Préne la déscampéto, Où préne dé poudro dé dés- 
campéto, s'enfuir; prendre la poudre d'escampette; pren- 
dre la clé des champs. 

Déscandalisa, ». Scandaliser; couvrir quelqu'un de 
honte, le faire rougir. 

Dér. du lat. Scandalum, scandale. 

Déscâou, âousso, adj. Déchaux, déchaussé; qui n'a 


952 DÉS 


pas de chaussure; qui a ou marche les pieds nus. — Mar- 
cha déscäou, aller nu-pieds. Es tout déscou, il n’a pas de 
quoi acheter des souliers. Un pè-déscdou, un va-nu-pieds, 
un vagabond. Es fach émb'aqud coumo un chi d'ana dés- 
céou, il est habitué à cela comme un chien à aller nu-tête. 

Dér. de Céoussa. 

Déscäouquia, v. Dévaliser; mettre quelqu'un à sec, en 
lui gagnant au jeu lout son argent. 

Dér. de Cdouquio. 

Déscâäoussa, v. Déchausser; Ôter la chaussure. — Ou 
faraï bé sans mé déscdoussa, je le ferai, et sans grande 
peine. Li parlarai bè amaï mé déscéoussaraï pas, je lui 
parlerai sans mettre des gants, sans prendre de grandes 
précautions de politesse. 

On dit aussi: Déscdoussa un âoubre, Ôter la terre au 
pied d’un arbre à une certaine profondeur pour lui enlever 
les fils ou radicules, et lui donner du fumier plus profon- 
dément. 

Dér. de Céousso. 

Déscaréma (Sé), v. Manger de la viande après le ca- 
rême, ou même pendant les jours maigres; rompre l’abs- 
tinence ou le jeune; par ext. faire une chose dont on est 
privé depuis longtemps. 

Dér. de Carémo. 

Déscarga, v. Décharger; Ôter un fardeau, enlever une 
charge; absoudre, acquitter. — Mé souï fa déscarga, j'ai 
obtenu un dégrèvement d'impôt. Déscarga lou planche, 
vider la place, se retirer. 

Déscargo, s. f. Décharge, quittance; soulagement; dé- 
charge d'armes à feu. — Bèlo déscargo, heureuse délivrance, 
dit-on quand on se débarrasse d’un fâcheux. Témouèn à 
déscargo, témoin à décharge. 

Dér. de Cargo. 

Déscarna, v. Décharner; Ôter la chair qui est autour 
des os. — Un âoubre déscarna, un arbre que les pluies 
ont déchaussé et qui montre ses racines. Un déscarna, un 
homme qui n'a que la peau et les os. 

Dér. de Car. 

Déscassana, vw. Découdre, arracher la ceinture d’une 
culotte ou d’une jupe. 

Dér. de Cassano. 

Déscastra, v. Chasser; détruire; extirper. — Déscastra 
lous pésouls, lous ras, las michantos hèrbos, détruire com- 
plétement les poux ou les rats, extirper les mauvaises 
herbes. Pode pas mé déscastra d'aquél home, je ne puis me 
débarrasser de cet importun. 

Dér. du lat. Castrum. 

Déscata, v. Découvrir; ôter la couverture d’un lit; en- 
lever tout ce qui sert de couvert et d'abri. — Sé déscata, 
perdre la couverture de son lit, la faire tomber en s’agi- 
tant; se découvrir. 

Dér. de Acata. 

Déscatalana, adj. m. Ne s'emploie guère que pour : 
Capèl déscatalana, chapeau rabattu, dont les bords ne sont 





DÉS 


pas agrafés ou relevés; et cela ne peut s'entendre que des 
diverses formes de tricornes, comme en portaient tous les 
hommes des champs, il y a quelques cinquante ans. Cette 
mode des tricornes retroussés nous venait probablement 
des Catalans. Autrefois on appelait ces chapeaux : Capèl 
catalana, chapeau à la catalane. Le mot se perdit: ‘on les 
appela plus tard : capèl gansa. L'expression déscatalana 
seule est restée. On désignait aussi sous le nom de catala- 
nos, les agrafes qui soutenaient les troussis. ‘ 

Déscato, s. f. Tranchée qu'on ouvre pour mettre à nu 
un rocher, un lit de carrière. 

Dér. de Déscata. 

Déscavia, v. Enlever les chevilles. — Déscavia un à, 
ôter les clés d’un lit. 

Dér. de Cavio. 

Déscindra, v. Décintrer; enlever le cintre ou la char- 
pente qui soutient une voüte nouvellement construite. 

Dér. de Cindre. 

Désclava, v. Ouvrir avec la clé; détacher; ouvrir. 

Dér. de Cléou. 

Désclavéla, v. Déclouer; arracher les clous; détacher 
une chose clouée. 

Dér. de Clavéla. 

Déscoucouna, v. Déramer les cocons, les détacher de la 
bruyère, opération qu'op doit faire quatre jours au moins 
après la montée des derniers vers, et quinze jours au plus 
depuis que les premiers sont montés. Dans le premier cas, 
en se pressant trop, on risquerait d'arrêter le travail des 
retardataires, qui mourraient avant d’être transformés en 
nymphes et resteraient sous leur forme première qui les a 
fait nommer Douméisèlos; dans le second cas, les vers les 
plus précoces pourraient s'être transformés en papillons, 
parpaïouna, et avoir percé leur cocon, ce qui est une com- 
plète avarie pour ce dernier. 

Dér. de Coucoù. 

Déscoucounaïro, s. f. Dérameuse de cocons : ce travail 
est fait ordinairement par des femmes. 

Déscoucounaje, s. ». Action de déramer les cocons. 

Déscoufès, èsso, adj. Sans confession. — Mowri (dés- 
coufès, mourir sans confession. Autrefois cela signifiait : 
mourir ab intestat, c’est-à-dire sans avoir eu le temps de 
faire des legs pieux, ce qui était considéré comme un 
péché. Aujourd’hui cette acception est sans portée, et la’ 
phrase n’est connue que sous la première acception. " 

Déscoufla, v. Désenfler; dégonfler. — Sé déscoufia, se 
dégonfler, décharger son cœur d'un poids moral qui Pop- 
presse, soit en s’ouvrant à un ami, à un confident, soit en 
s'exhalant en pleurs ou en reproches. 

Dér. de Coufla. 

Déscougnéta, v. Enlever ou perdre la cheville ou le 
petit coin de fer qui assujettit un outil à son manche. 

Dér. de Cougnéta. 

Déscouifa, v. Décoiffer; ôter la coiffe d’une femme; dé- 
ranger sa coiffure. — Voy. Déscagnoula. 


eds à à id GÉÈRS 





DES 
_Dér. de Coïfo. 
+ Déscoula, v. Décoller; détacher ce qui était fixé avec 
de la colle. 


Dér. de Coula, coller. 

Déscouléta, v. Décolleter; rabattre le col de son habit, 
de sa chemise. — Aquélo réoubo déscouléto trù, cette robe 
est trop décolletée, elle découvre trop les épaules ou la 
poitrine. Au fig. donner de l'air, de la liberté. 

Dér. de Couté. 

Déscoumanda, ». Contremander; retirer une commis- 
sion où une commande; décrocher, dénouer un lien quel- 
conque dont l'extrémité est arrôtée, Par ext. on dit : sé 
déscoumanda, de tout objet qui de lui-mème se dénoue, 
se désunit, ou se déplace de la position où il était fixé. 
Ainsi: Aquélwro sé déscoumando, ce rocher perd son équi- 
libre, il se détache. 

Sé déscoumanda signifie encore : perdre l'aplomb, la 

* tramontane; ne savoir plus ce qu’on fait. 

Dér. de Coumanda. 

Déscounsoula, ado, adj. Inconsolable; aflligé; désolé. 

Dér. de Counsoula. 

Déscountugna, v. Discontinuer; cesser; suspendre un 
travail, une entreprise. 

Dér. de Countugna. 

Déscouraja, v. Décourager; détourner de faire; abattre 
le courage; faire perdre l'envie de. 

Dér. de Couraje. 

. Déscourda, v. Décorder, enlever les cordes d'emballage. 

Dér. de Courda. 

Déscourdéla, v. Délacer un corset. 

Dér. de Courdèlo. 

Déscourdura, v. Découdre; défaire une couture. 

Dér. de Courdura. 

Déscourduraduro, s. f. Décousure, qui ne doit pas être 
confondue avec une déchirure, ni un accroc; mais la 
rupture du point de couture. 

Déscouvèr, s. m. Lieu découvert, sans ombrage ; lieu 
exposé au soleil. 

Dér. de Couvèr. 

Déscouvèrto, s. f. Vide; perte; manque; fuite, — Aquél 
home faï uno bèlo déscouvèrto, la mort de cet homme laisse 
un grand vide dans sa famille. Faire la déscouvèrto d’un id, 
enlever la courte-pointe d’un lit et faire déborder le drap 
sur la couverture, ce qui se dit : faire la couverture du lit. 

. Déscouvri, v. Découvrir; she es toiture d’une mai- 

son pour la remanier. 

A Son part. pass. ot ee Mél ain déscouvri, 

_ Le part. pass. de tous les verbes réguliers en à accentué 
_ est pareil à l’infinitif : règle générale. 

… Dér. de Couvri. 

Déscrouchéta, v. Décrocher; diese dal: 
défaire un crochet ; détacher une agrafe. … 

- Dér. de Crouchéta. 

Déscrouchouna, v. Couper le quignon d’un pain.—Il y 





DÉS 253 
a de l'indiscrétion d'enlever ainsi la croûte tout autour de 
ces grands pains de ménage qu'on appelle Tourtos, en ne 
laissant que la mie du milieu. 

Der. de Crouchoù. 

Déscrousta ou mieux Escrousta. — V. c. m. 

Déscrusa, v. Écruer du fil ou de la toile; leur enlever 
cet apprêt, cette raideur qu'ils ont contractés dans le 
filage, ou l'espèce de colle qu'on donne au tissage. 

Dér. de Crus. 

Déscrusado, s. f. Décrusement; lavage de viande; 
bouillon dans lequel la viande n'a cuit qu'à demi, clair et 
sans suc. — Lou bla crén la déscrusado, le blé ne réussit 
pas bien sur des couches de terre trop fraichement renou- 
velée et que l'air atmosphérique n'a pas eu le temps de 
pénétrer. Uno descrusado, une volée de coups de bâton; 
une perte éprouvée au jeu, ce qui se dit une lessive. 

Désdénta, ado, adj. Édenté, qui a perdu ses dents, qui 
n’a plus de dents. 

Dér. du lat. Edentatus, m. sign. 

Désdire, v. Dédiré; contredire; désavouer; affirmer 
contre l’assertion d’un autre; démentir. — Sé désdire, se 
rétracter ; retirer sa parole. 

Dér. de Dire. 

Désdoubla, v. Dédoubler; enlever la doublure. 

Dér, de Doubla. 

Désémbanasta, v. Oter les paniers d'un bât, ce qu’ on 
nomme les Banastos. 

Dér. de Émbanasta. 

Désémbarassa, v. Débarrasser; vider un ustensile 
quelconque, dont on a besoin, des objets qu’il contient 
déjà. 

Dér. de Émbarassa. 

Désémbasta, v. Oter le bât d’un cheval. — Sé désém- 
basta, terme de jeu, se décharger sur un nouveau joueur 
de consommations perdues avec un précédent. 

Dér. de Émbasta. 

Désémbouia, v. Débrouiller; démêler les cheveux, des 
écheveaux mêlés et entortillés; débrouiller une affaire, 
l'élucider. 

Dér. de Émbouïa. 

Désémbriaïga, v. Dégriser, désenivrer. 

Dér. de Émbriaïga. 

Désémpacha, ». Débarrasser. — Voy. Désémbarassa et 
Despacha. 

Dér. de Émpacha. 

Désémpégoumi, v. Laver, nettoyer quelque chose. de 
poisseux ; démêler des cheveux collés par la sueur ou par 
tout autre corps gras. 

Dér. de Émpégoumi. 

Désémpéita, v. Dépètrer; délivrer, dégager. 

Dér. de Émpéita. 

Désèémpésa, v. Désempeser; enlever l'empois du linge 
en le faisant tremper, 

Dér. de Émpésa. 


954 DÉS 


Désémpésouli, v. Délivrer, débarrasser quelqu'un de 
ses poux ; en désinfecter ses habits. 

Dér. de Émpésouli. 

Désémpouisouna, v. Guérir quelqu'un du poison; 
désinfecter; extirper les mauvaises herbes d’un champ, 
l'en purger. 

Dér. de Émpouisouna. 

Déséndourmi, v. Dégourdir; tirer quelqu'un de sa lan- 
gueur, de sa torpeur, de l’engourdissement. — Déséndourmi 
soun pè, dégourdir son pied. 

Dér. de Éndourmi. 

Désénfanga, v. Débourber, désembourber; tirer du 
bourbier, d'un mauvais pas, d’une position fàcheuse et 
presque désespérée. 

Dér. de Énfanga. 

Désénfiala, v. Désenfiler; dépasser le fil d’une aiguille; 
dépouiller une quenouille du chanvre prêt à filer. 

Dér. de Fiala. 

Désénfièira ou Désénfièiréja, v. Sortir, retirer le 
bétail du champ de foire, soit pour livrer celui qui est 
vendu, soit pour ramener celui qui ne l’est pas. Par ext. se 
dit de toute marchandise qu’on emballe pour quitter la foire. 

Dér. de Énfièira. 

Désénfounça, v. Défoncer; enlever le fond d’une futaille. 

Dér. de Founça. 

Désénfourna, v. Défourner; sortir du four le pain ou 
autres objets mis à cuire. 

Dér. de Énfourna. 

Déséngaja, v. Dégager; retirer un objet mis en gage; 
donner la liberté, l’espace nécessaire à un objet gêné dans 
ses mouvements, lrop resserré, pris et retenu à la gêne; 
rompre l'engagement d’un soldat. 

Dér. de Éngaja. 

Déséngavacha, v. Dégager le gosier de ce qui l’obstrue; 
faire passer la suffocation provenant d'un corps quelcon- 
que qui a pénétré dans la trachée-artère, ou qui a picoté 
la luette; dégager une clé de la serrure où elle ne tourne 
pas; au fig. dégager, tirer d’embarras. 

Dér. de Éngavacha. 

Déséngourja, vw. Dégorger un conduit ou une bonde 
engorgée. 

Dér. de Éngourja. 

Déséngrana, v. Écosser des pois et toute sorte de légu- 
mes à cosse : par ext. délivrer des poux, de la vermine. 

Dér. de Gran. 

Déséngrava, v. Enlever le gravier que les eaux ont 
entrainé sur un champ. 

Dér. de Éngrava. 

Déséngruna ou Éngruna, v. Égrainer, égrapper des 
raisins. 

Dér. de Grun. 

Déséniassa, v. Désaccoupler du linge qu'on met en 
liasse pour le passer à la lessive. 

Dér. de Éniassa. 





DÉS 


Désénjassa, v. Déliter les vers à soie; leur enlever la 
vieille litière qui, en se mêlant à leurs excréments, fer- 
mente et peut leur causer de graves maladies. On doit 
renouveler cette opération aussi souvent que possible; 
mais elle est toujours indispensable au moment où les vers 
entrent dans une de leurs mues, parce qu'alors ils restent 
cachés dans la litière pendant le travail de ce dépouille- 
ment, et si elle était échauffée par la fermentation, elle 
augmenterait leur malaise, qui est une sorte de fièvre, et 
leur constitution en serait très-sensiblement altérée. 

Dér. de Jas. 

Désénjassaje, s. m. Délitage; opération de déliter les 
vers à soie. 

Déséntéra, v. Déterrer; exhumer. — Sémblo un désén- 
téra, il a la figure livide et terreuse comme celle d'un 
déterré. 

Dér. de Éntéra. 

Déséntourtivia, v. Détorliller; détordre une corde, un 
cordon. 

Dér. de Éntourtivia. L 

Désèr, s. m. Désert; solitude; lieu inhabité. — Ana 
dou désèr, aller'au prèche, aux assemblées religieuses pro- 
testantes qui se tenaient autrefois dans les champs et dans 
les lieux les plus déserts et les moins fréquentés, à cause 
de la persécution. 

Dér. du lat. Deserere, abandonner. 

Désèr, èrto, adj. Désert; inhabité, solitaire. Au fig. qui 
est aux abois, qui ne sait plus où donner de la tête; aban- 
donné. 

Déséspéra, v. Désespérer; perdre l'espérance; cesser 
d’espérer. 

Dér. de Éspéra. 

Déséspéssési, v. Allonger un liquide trop épais; éclair- 
cir des plantes trop serrées. 

Dér. de Espéssési. 

Déséspouèr, s. m. Désespoir; perte de toute espérance. 

Dér. de Éspouèr. 

Déséstaja, v. Démonter les tables des vers à soie qui 
sont disposées en étages les unes sur les autres. 

Dér. de Éstaja. 

Désfa, acho, adj. et part. pass. de Désfaïre. Défait : le 
contraire de fait; démis, disloqué, luxé. 

Désfaire, v. Défaire; détruire ce qui est fait. — Désfaire 


lou fi, déranger le feu; l’éteindre en détisant les büches: | 


Désfaïre las oulivos, pressurer les olives, faire de huile : 
pour ce dernier objet, on dit simplement : désfaïre, tout 
court. 

Désfaïre dé favos, dé péses, elc., écosser des fèves, des 
pois, etc. Désfaïre lous coucoùs, déramer les cocons. 11 en 
est pour les cocons comme pour les olives : quand on dit : 
désfaïre, tout court, cela veut dire, suivant la saison ou 
suivant les précédents de la phrase, tantôt déramer les 
cocons, tantôt presser les olives; cependant désfaïre est 
plus technique pour ce dernier objet qui n’en a pas d'autre. 











DÉS j 


. Désfaïre soun bras, se disloquer, se luxer le bras. Sa pas 
ni faïre, ni désfaïre, il ne sait ni lier, ni délier; il est 
toujours indécis. 

Dér. de Faire. 

Désfaséire, séiro, s. m. et f. Dérameur des cocons ; pres- 
seur des olives. 

Désfata, v. — Voy. Ésfata. 

Désfato, s. f. Défrichement partiel; champ nouvelle- 
ment défriché. 

Dér. de Désfaire. 

Désfèci, s. m. Ennui; chagrin concentré; dégoût; mal 
au cœur. — L'amouroùs désfèci, l'amoureuse langueur, 
défaillance amoureuse. Aqud faï véni lou désfèci, c'est hor- 
riblement dégoûtant. Lou désfèci m'arapo, le décourage- 
ment me prend; l'ennui m'assomme; le mal au cœur me 
gagne. Mé fasès véni lou désfèci, vous me donnez le cau- 
chemar. 

Dér. du lat. Deficere. 

Désféndre, v. Défendre; prohiber; interdire. 

. Désfénso, s. f. Défense, prohibition. — Métre soun bé 
én désfénso, défendre aux voisins le pacage dans ses pro- 
priétés; renoncer à la compascuité : ce qui s'indique en 
marquant avec du lait de chaux des pierres ou des troncs 
d'arbres qui servent de bornes au champ mis en défense. 

Dér. du lat. Defendere, defensus. 

Désféra, v. Déferrer, Ôter les fers; détacher un fer de 
cheval, ou la ferrure d’une fermeture quelconque, d’une 
charrette, etc. — Moun chival sé désfèro, mon cheval est 
déferré. 

Dér. de Fère, fer. 

Désfèto, s. f. Rixe qui a de nombreux acteurs; bagarre 
tumultueuse. — Aqud's uno désfèto, ce fut une fameuse 
mêlée. 

Ce mot vient du fr. défaite, dont l'acception est détour- 
née. 
Désfièia, v. Effeuiller; enlever les feuilles à un arbre, 
à une plante : cela se dit de presque tous les arbres, ex- 
cepté du mürier. On l'emploie surtout pour la vigne qu'on 
effeuille quand le raisin commence à mürir, dans le but de 
hâter et d'augmenter sa parfaite maturité. 

Dér. de Fièio. 

Désfigura, v. Défigurer quelqu'un; lui meurtrir le 
visage; le rendre méconnaissable. 

Dér. de Figuro. 

Désfisa (Sé), v. Terme de jeu d'enfants : suspendre une 
partie; se mettre un instant hors la loi du jeu; espèce 
d’armistice pendant lequel les adversaires ne peuvent rien 
entreprendre contre vous. 

Dér. de Fisa, parce que par l’acte que désigne ce verbe, 
on rend sa foi ei l'on rompt la sienne relativement aux 
conditions du jeu. Le joueur qui veut faire ainsi dit: M’én 
désfise; c'est à peu près comme le j'adoube aux jeux de 
trictrac ou des échecs. 

Désfounça, v. — Voy. Désénfounça. 





DÉS 255 


Désfourtuno, s. f. Malheur; accident malheureux; in- 
fortune. — Diou nous garde dé désfourtuno, Dieu nous 
préserve de malheur. Dé péou dé désfourtuno, crainte 


* d'accident. 


Dér. du lat. Fortuna. 

Désfrisa, v. Défriser, défaire la frisure. Au fig. con- 
trarier, dépiter; désenchanter; désappointer. — Agud mé 
désfriso, cela me défrise, me contrarie, change ma joie en 
tristesse. La frisure étant un signe de fête, de gala, la per- 
dre, l'abattre est un signe de deuil et de désappointement. 

Dér. de Frisa. 

Désgâouchi, v. Dégauchir; dresser à la hache un bloc 
ou une pièce de bois, c’est à dire lui enlever tout ce qui est 
irrégulier et gauche. — On dit par ext. triviale et badine 
d’un appétit solide : désgdouchis pas méou un moucdl, 
comme dans le même style, en fr. on dit : il ne décrotte 
pas mal. 

Dér. de Gdouche. 

Désgâoula, v. Détruire, effacer le jable d'un tonneau, 
c'est à dire la mortaise des douves dans laquelle se jointe 
la pièce de fond. 

Dér. de Gdoule. 

Désgarni, v. Dégarnir; détaler; ôter ce qui garnit. 

Dér. de Garni. 

Désgouïado, s. f. Péj. Désgouïadasso.Commère débraillée 
et libre dans ses paroles et ses gestes. — Voy. Dégouïado. 

Désgous, s. m. Dégoüt; manque d’appétit; aversion, 
répugnance pour un aliment. — Lou désgoùs m'arapo, je 
commence à éprouver du dégoût; tout ce que je mange me 
parait insipide ou amer. 

Dér. de Gous. 

Désgousta, v. Dégoüter; inspirer du dégoût. Au fig. 
détourner d’un projet, dégoûter de ce qu’on a. 

Désgroussa, v. Dégrossir; ébaucher un ouvrage. 

Dér. de Gros. 

Déshabia, v. Déshabiller; ôter à quelqu'un ses habits. 
— Déshabia Pière pér habia Jan, déshabiller Pierre pour 
habiller Jean, dépouiller l’un pour vêtir l’autre. 

Dér. de Habïa. 

Déshabiè, s. m. Déshabillé, sorte de spencer de femme 
d’une étoffe différente de la jupe, connu aujourd'hui sous 
différentes dénominations que la mode a multipliées, mais 
désignant toujours un négligé du matin, comme le mot le 
dit assez. 

Désia, ado, adj. Déjoint. —Se dit d'un vaisseau formé 
de douves, lorsque la sécheresse les déjoint. — Voy. Adéii. 

Dér. de Za ou Lia, lier. 

Désjala, v. Dégeler : activ. fondre la glace, la neige; 
neutre, cesser d'être gelé. — Désjalo, le dégel est arrivé. 

Dér. de Jala. 

Désjaladou, s. m. Ne s'emploie que dans Je sens et sous 
la forme de un bon désjaladoù, pour dire un bon et grand 
feu. 
Désjougne, v. Dételer les bêtes de labour. — As désjoun 


256 DÉS 
tro lèou, tu as dételé trop tôt; 
séance de labour trop courte. 

Dér. de Jougne. 

Désjoun, cho, part. pass. de Désjougne. Dételé. 

Déslassa, ». Délasser; ôter la lassitude; reposer d’une 
fatigue; récréer. 

Dér. de Lassa. 

Déslia, vw. Délier; défaire ce qui lie; détacher un 
nœud, un lien. Au fig. absoudre, dégager d'une parole 
donnée. 

Dér. de Zia. 

Désmaïra, v. Enlever d'auprès de sa mère. — Désmaïra 
dé pasturo, éparpiller sur le pré du fourrage qui s’est agglo- 
méré en séchant, ou par la pluie qui a collé les tiges les 
unes aux autres. Désmaïra dé trufos, couper la plante des 
pommes de terre pour les faire mürir plus vite. 

Désmaira, ado, part. pass. Dépaysé: triste et inquiet 
de ne plus retrouver ses habitudes, qui sont aussi chères 
qu’une mère. 

Dér. de Maire. 

Désmaïssa, ado, adj. Qui a la mâchoire cassée; par 
ext. édenté. 

Dér. de Maïsso. 

Désmama, v. Terme de magnanerie. 

Après que la plus grande partie des vers à soie sont 
montés à la bruyère, il ne reste sur les tables que les plus 
paresseux ou les derniers venus et les invalides. Trois 
jours après que la bruyère a été donnée, on enlève tous 
ces vers : on sépare les valides des invalides et l’on réunit 
les premiers sur une ou plusieurs tables réservées à cet 
effet. On trouve un avantage à cette opération. D'abord les 
vers ainsi isolés de leurs confrères maladifs, éloignés de 
cette litière infecte qu'on ne peut plus renouveler une fois 
qu’on a ramé, se portent mieux et achèvent leur œuvre 
avec plus de chances de santé. Ensuite, il faut une moins 
grande quantité de feuille, et moins de perte de temps, 
pour leur donner à manger, que lorsqu'ils sont épars sur 
toutes les tables. Si d'ailleurs on attendait que ces relar- 
dataires montassent sur la bruyère où déjà leurs confrères 
plus hâtifs ont commencé leurs cocons, ceux-ci seraient 
achevés bien avant les lents et courraient risque de par- 
païouna avant que l'on püt déramer, ou les autres ne 
seraient que des dowméisèlos, si on hâtait le déramage — 
Voy. Douméisèlos et Parpaïouna. 

C’est cetle opération qu'on appelle Désmama. 

Dér. de Mamo, mère. 

Désmamaduros, s. f. plur. La portion des vers à soie 
retardataires qu’on a séquestrés par l'opération ci-dessus 
décrite; les cocons produits par ces vers et qu'on dérame 
ordinairement plus tard que les autres. 

Désmancha, v. Démancher; ôter le manche à un outil 
où à un instrument; détraquer; déranger. — Ma piolo s’és 
désmanchado, le manche de ma cognée s’est détaché; ma 
cognée s'est démanchée. Aguélo partido s’és désmanchado, 


tu as fait ton attelée, ta 





DÉS 


celte partie de plaisir a manqué : elle s’est démanchée, 
dit-on familièrement en fr. 

Dér. de Manche. 

Désmantia, v. Démantibuler, en parlant d'un mésihe 
ou d’une pièce d'assemblage; détraquer. 

Dér. du lat. Mandibulum, mächoire. 

Désmahouna, v. Décarreler; enlever le carrelage d’un 
appartement. 

Dér. de Mahoù où Mao. 

Désmarida, v. Démarier; déclarer un mariage nul; 
séparer judiciairement. — Sé désmarida, divorcer. 

Désmaridaïre, s. m. C'est un être de raison, un per- 
sonnage hypothétique; un dicton est resté sur lui : Sé 
lou désmaridaïire passavo, douriè fosso pratiquos, si le dé- 
marieur passait par ici.…., il aurait de nombreux chalands. 
La phrase ne dit pas la proportion entre les hommes et les 
femmes qui en seraient le plus satisfaits. 

Désmémouria, v. Faire perdre la mémoire; rendre fou. 

Dér. de Mémouèro, qu'on disait autrefois mémorio. 

Désméscoula, v. Casser, enlever la hoche d'un fuseau. 

Dér. de Méscoulo. 

Désmounta, v. Démonter; désassembler; démonter une 
charrue, une horloge, un meuble, etc. Au fig. calmer, 
apaiser; troubler, déconcerter. — S'és mounta qué sé dés: 
monte, s’il est en colère, s’il a la tête montée, qu'il se calme 
de lui-même. Aqud mé désmonto, cela me met hors de moi. 

Dér. de Mounta. 

Désmoura, v. Couper la figure; casser le museau, le 
nez, le groin d’un porc; égueuler un broc, une cruche. 

Dér. de Moure. 

DéSäsa, v. Couper le nez à quelqu'un. — Sé désnasa, 
se casser le nez en tombant ou en se heurtant contre un 
corps dur. 

Dér. de Nas. à 

Désnougaïa, v. Ecaler des noix. Par ext. disloquer, 
luxer, désarticuler. — Sé désnougaïa lou bras, lou pougné, 3 
la caviïo, etc., se DEEE se disloquer le bras, le poignet, 
la cheville, etc. 

Dér. de Nougaïo. 

Désnousa, v. Dénouer, défaire un nœud. 

Dér. de Noùs. 

Désoungla (Sé), v. S'arracher les ongles, soit en ser- 
rant fortement un corps dur, soit en forçant où en les 
rongeant. Au fig. travailler avec ardeur. 

Dér. de Ounglo. 

Désoula ($é), v. Se désoler, être pris d'une afiction 
extrème. 

Dér. du lat. Desolare, m. sign. 

Désoussa, v. Désosser; décharner. 

Dér. de Os, osses. 

Déspacha, v. Débarrasser; dégager de ses entraves /Voy. 
Désempacha, Désémharassa). — Sé déspacha, se dépècher ; 
se hâter; se débarrasser de ce qui entrave { Voy. S'én- 
tancha). 











DÉS 


Dér. de la bass. lat. Depedicare, corrup. de Expedire, 
m. sign. 

Déspaïa, v. Enlever la paille ou le jonc qui forme le 
siège d'une chaise. 

Dér. de Païño. 

Déspampa, Déspampana ou Éspampa, Éspampana, 
v. Epamprer la vigne, ébourgeonner les pousses sauva- 


. geonnes d'un jeune plant nouvellement greffé. — On le 


dit surtout pour la vigne et le mürier. — Voy. Pampa. 

Dér. du lat. Pampinus, pampre, bourgeon. 

Déspampanaduro, s. f. Pampres ou bourgeons déta- 
chés de la tige. 

Déspampanaïire, s. m. Epampreur, ébourgeonneur. 

Déspantouïia, v. Démaillotter; dépouiller ; débrailler. — 
Sé despantouia, se débrailler, se mettre à l'aise dans ses 
vêtements; quitter des habits qui gènent ou les lâcher. 

Dér. peut-être du lat. Spoliare, dépouiller, ou du grec 
Iavrée, tout, avec la particule privative. Cependant la pre- 
mière racine parait plus naturelle. Déspantouïa n'est qu'une 
sorte d'augmentatif de Déspouïa, qui vient évidemment de 
Spoliare. N'y aurait-il pas aussi quelque rapprochement à 
faire avec Pannus, étoffe, combiné avec la particule abstrac- 
tive et l’action du verbe? Il est assez difficile de se pro- 
nôncer sur ce mot d'ailleurs pittoresque. 

Déspäoupa (Sé), v. Se démettre, se disloquer, se luxer 
un membre. 

Dér. du lat, Palpa, le plat de la main. Ce verbe ne 
s’appliquait sans doute qu'à la luxation de la main ou du 
poignet; il a étendu son acception à toutes les articula- 
tions. 

Déspäoupérla, v. Arracher les cils des paupières : au 
fig. éblouir au point de faire perdre la vue; brüler les 
yeux, arracher les yeux. — Faï un sourél qué déspdou- 
pèrlo, le soleil est si fort qu’il brüle les paupières. Plouro 
qué sé déspdoupèrlo, il pleure à chaudes larmes, à en per- 
dre les yeux. 

Dér. de Pdoupèrlo. 

Déspar (A), adv. A part; de côté; séparément. — Métre 
à déspar, mettre de côté, en réserve. 

A déspar d'aqud, à l'exception de cela. Déspar aquo, 
outre cela. 

Dér. du lat. Dipartire, diviser, partager. 

Désparäoula, v. Couper la parole à quelqu'un, le rendre 
muet, le réduire au silence, l’interdire. — Sé déspardoula, 
perdre haleine à force de parler; s'enrouer à babiller; par 
ext. se hâter, se presser. Aquél toupà boul qué sé déspa- 
rdoulo, ce pot bout à grosses ondes. 

Déspardoula pris adjectivement signifie : prodigieux, qui 


passe ce qu'on en peut dire. C'est le mot lat. inefabilis, 


ou infandum. 
Dér. de Pardoulo. 
Désparla, v. Déraisonner; parler hors de propos; extra- 


vaguer. 
Dér. de Parla. 





DÉS 257 


Déspassa, v. Défiler; dépasser une aiguille enfilée, une 
aiguille à tricoter. 

Dér. de Passa. 

Déspéça, v. Découper; dépecer une volaille, un quartier 
de viande. On se sert de ÆEspéga (Voy. c. m.) pour dire: 
dépecer, détailler du bois. 

Dér. de Péço. 

Déspécouïa, v. Casser, rompre les barreaux d'une 
chaise, les pieds d'un siége ou d'un meuble. 

Dér. de Pécoul. 

Déspéitrina (Sé), v. Se découvrir la poitrine; se dé- 
brailler. 

Déspéitrina pris adjectivement, débraillé, qui a la gorge 
et la poitrine découvertes. 

Déspén, s.m. Dépense; coût; frais. — Lous magnas 
portou bièn, mais fan fogo déspén, les vers à soie sont un 
bon produit, mais ils exigent beaucoup de frais. 

Dér. du lat. Dispendium, m. sign. 

Déspénja, ». Décrocher ce qui est pendu ou suspendu. 
— Sémblo un déspénja, il a une figure patibulaire. 

Dér. de Pénja. 

Déspénsa, ». Dépenser; employer son argent à..., en 
général, mal à propos. 

Dér. du lat. Dispendere, m. sign. 

Déspénsiè, sièiro, adj. Dépensier; prodigue; qui en- 
traine de la dépense. — Lous boulés soun pas chèrs, mais 
soun bièn déspénsiès, les champignon ne sont pas chers, 
mais ils le deviennent par l'assaisonnement qu'ils exigent. 

Déspénso, s. f. Dépense, ce que l'on débourse; l'opposé 
de la recette; argent dépensé; dépense, lieu où l’on serre 
les provisions de table; garde-manger. — La déspenso est 
pour la cuisine du petit bourgeois et du paysan, ce qu'est 
l'office ou la salle à manger d’une grande maison, c'est-à- 
dire un appartement de décharge pour certaines provisions 
de table. Aquél oustdou faï fosso déspénso, cette maison 
fait beaucoup de dépense. 

Déspésqua (Sé), v. Se dépêtrer d'un bourbier, d'une 
mare; au fig. se débarrasser d’un fâcheux; se tirer d'une 
affaire mauvaise ou dificile. 

Dér. de Pésqua, mettre le pied à l’eau. 

Déspéstia, v. Dépouiller ses habits un à un; au fig. Sé 
déspéstia, sortir d'embarras, se désenchevtrer, se dépètrer. 

Dér. de Espés, se tirer de quelque chose d'épais. 

Déspichous, chouso, adj. Quinteux; tatillon; boudeur; 
dédaigneux; qui se fâche de rien; qui a trop de suscepti- 
bilité; difficile pour son manger comme le rat d'Horace. 

Dér. du lat. Despicere, mépriser, dédaigner. 

Déspièi, adv. — Voy. Démpièi et Désempiët. : 

Désplaïre, v. Déplaire, mécontenter; être désagréable, 
le devenir. 

Le v. fr. n’a qu'un régime indirect : il a déplu au public; 
le lang. a son régime direct : fou pas désplaïre toun pèro, 
il ne faut pas mécontenter ton père. 

Dér. de Plaïre. 


258 DÉS 

Désplanta, v. Déplanter; transplanter un arbre, un 
arbuste; repiquer une plante. 

Dér. de Planta. 

Déspléga, v. Déployer; étaler sa marchandise; déplier, 
étendre ce qui était plié; décoiffer, enlever la coiffure 
d’une femme, car celle d’un homme n’est jamais serrée et 
ployée autour de la tête. 

Sé déspléga, quitter sa coiffe pour se recoiffer, ou quitter 
son bonnet de jour pour celui de nuit. 

Dér. de Pléga. 

Désplissa, v. Déplisser; défaire les plis; chiffonner. 

Dér. de Plissa. 

Déspluga, v. Oter le bandeau qui couvre les yeux; en- 
lever les lunettes des chevaux qui foulent le grain { Voy. 
Plugos). — Déspluga sous dèls, ouvrir les yeux. 

Dér. de Pluga. 

Déspoio, s. f. Dépouille, défroque; vêtements que l'on 
quitte; mobilier; bien qui compose une succession. 

Dér. du lat. Spolia, dépouilles. 

Déspougne (Sé), v. Cesser de pondre : ce qui arrive 
aux poules dans les grands froids et dans leur temps de mue. 

Dér. de Pougne. 

Déspouia, v. Dépouiller; déshabiller; exproprier. = 
S’és déspouïa dé tout, il a fait cession générale de ses biens 
à'ses créanciers; ou bien il en a fait donation à ses enfants 
par un partage anticipé. Aquéles fouséls sé déspouïou qu'és 
un plési, ces cocons se dépouillent, se dévident que c’est 
ün charme. — On ditdes cocons qu'ils se dépouillent, lors- 
qu'ils dévident toute leur soie et qu'ils laissent bien à nu 
la chrysalide, sans cette pellicule souvent trop déliée pour 
être filée et qui produit cé qu’on appelle l'Éstras.—V. c. m. 

Dér. du lat. Spoliare. 

Déspouncha, v. Épointer; émousser la pointe, la casser. 

Dér. de Apouncha. 

Déspouténcia, mieux Espouténcia, v. —Voy. c. m. 

Désprouvési (Sé), v. Se dessaisir, se dégarnir; vendre 
ses hardes ou son linge, les donner ou ne pas les renou- 
veler quand ils sont usés; se laisser au dépourvu. 

Dér. de Prouvési. 

Dès qué, conj. Puisque; du moment que. — Dès qué 
aquù és coumo aqud, du moment qu’il en est ainsi. Désqué 
ou voulés pas, sé fara pas, puisque vous ne le voulez pas, 
ça n'aura pas lieu. 

Désqué, s. #. dim. Corbillon; petite corbeillé d'ouvrage 
en osier. 

Dim. de Désquo. 

Désquia, v. Abattre des quilles au jeu de ce nom. Au 
fig. abattre ce qui est perché ou droit; tuer. — Désquia 
un doussèl, un home, abattre un oiseau, un homme, d’un 
coup de fusil ou d’un coup de pierre. 

Dér. de Quio. 

Désquo, s. f. dim. Désquéto. Grande corbeille en osier 
dont on se sert pour porter du linge à blanchir à la rivière, 
ou des fruits et des denrées. 





DÉS 


Dér. du lat. Discus, disque, plat. 

Désquoua, v. Couper la queue à un animal; casser la 
queue ou anse d’un ustensile. 

Dér. de Qud, queue. 

Désrénqua, v. Éreinter; casser les reins. — Es désrén- 
qua, il a l’épine dorsale déhoïitée. 

Dér. de Réns. 

Désribla, v. Dériver ; casser ou redresser la rivure d'un - 
clou, d'une pointe. 

Dér. de Ribla. 

Désrouvia, v. Dérouiller; enlever, effacer la rouille ; 
nettoyer, polir un instrument en fer. 

Dér. de Rouvia. 

Déssabranla ou Sabranla, v. Ébranler en secouant 
fortement. 

Ce mot est une corruption ; il devrait être en effet : Des- 
soubranda, secouer par dessous, car sa racine est sous, 
sou, et branda. 

Déssala, v. Dessaler ; ôter le sel; faire tremper un mets 
salé pour lui faire perdre le sel. 

Dér. de Sala. 

Déssaparti, v. Spécialement séparer des combattants, 
soit qu'ils se battent à des armes honorables, soit à coups 
de poings, soit en se prenant aux cheveux. 

Dér. du lat. Dispartiri, diviser. 

Désséla, v. Enlever la selle d’un cheval. 

Dér. de Sèlo. 

Déssèr ou Dissèr, s. m. Dessert; fruits servis sur la 
table après les viandes; moment de les servir. Le prvb. 
dit : Entre Pasquo et Pantécousto, lou déssèr és uno 
crousto; entre ces deux fètes la saison des fruits n’est pas 
encore arrivée, il n’y a qu’à grignoter une croûte de pain 
pour dessert. 

Déssoustéra, v. Déterrer; creuser sous terre; creuser 
sous un arbre, sous un mur pour le renverser. Au fig. 
réveiller des querelles, des difficultés depuis longtemps 
éteintes ou enfouies. — Déqué vai déssoustéra? Pourquoi 
aller réveiller, faire revivre des questions irritantes, des 
propos oubliés? 

Formé de Déssouto, sous, et de Tèro, terre. 

Déssouto, adv., prép.et s. m. Sous; dessous ; au dessous; 
le dessous. — Quéou aguè lou déssouto? Qui eut le dessous? 
Lou déssouto d'un doubre, le dessous d’un arbre. 

La différence entre Déssouto et Souto, c'est que ce der- 
nier est toujours préposition simple et ne marche 
sans régime. Déssouto est tantôt préposition, tantôt adverbe, 
tantôt substantif, Souto ne figure jamais à la fin d'un 
membre de phrase, parce qu’il est toujours suivi d’un 
régime; Déssouto s'y rencontre souvent adverbialèement ou 
substantivement. — Voy. Souto. 

Dér. du lat. De et Sub, de dessous. 

Déssubre, ou Déssus adv., prép. et s. m. Sur; dessus; 
par dessus; le dessus, — Voy. Sus. 

Dans les hautes Cévennes on dit: Déssoubre. 





DÉS 


Dér. du lat. De super, m. sign. 

Déssus, adv., prép. et s.m, Le mème que le précédent. 

Dé-sus-én-sus, adv. En effleurant la surface, le dessus; 
en écrémant; en Ôtant la superficie seulement. 

Déstanqua, v. Débâcher une porte; enlever la barre à 
coulisse qui la ferme intérieurement. 

Dér. de Tanquo. 

Déstapa, v. Déboucher; débonder; découvrir un vais- 
seau fermé par en haut, par un bouchon. 

Dér. de Tapa. 

Déstaqua, v. Détacher; délier; enlever les liens. 

Dér. de Éstagua. 

Déstégne, v. Déleindre.—Se dit d’une mauvaise teinture 
qui s’efface en lavant, ou qui déteint sur le linge ou le 


Dér. de Tégne. 

Déstégnigu, udo, part. pass. de Déstégne. Qui a déteint. 

Déstérmina, v. Exterminer, détruire; faire périr entiè- 
rement, — Sé déstérmina, se déchirer, se blesser griève- 
ment en tombant ou en se battant. Es tout déstérmina, il 
est tout meurtri. 

Un déstérmina, un déstérminadas, un évaporé; un 
homme violent, emporté, que rien n'arrête. 

. Dér, du-lat. Exterminare, bannir, exiler ; défigurer. 

Déstésta, v. Étôter; couper la tête à un arbre, le cou- 
ronner. — Voy. Éscabassa. 

Dér. de Tésto. 

Déstéta, vw. Sevrer un enfant, l’éloigner de sa nourrice. 
— On dit d'un gros mangeur: Pouran lou déstéta quan 
vouran, qué manjo tout soul, on peut le sevrer, il se nour- 
rit suffisamment. 

Dér. de Tété. 

Déstétadoù, douno, adj. Qui est en âge d'être sevré; 
qui peut se passer de sa nourrice. 

Déstimbourla, v. Détraquer le cerveau; troubler l’es- 
prit. — Un déstimbourla, un écervelé, une tête éventée; 
un cerveau timbré. 

Dér. de Timbourle. 

Déstosse, v. Détordre; dégarotter une corde d’embal- 
lage. 

Dér. de Tosse. 

Déstourba, w. Interrompre quelqu'un dans son occu- 
pation; distraire l'attention ; détourner d’un projet.— Dés- 
tourbo té d'aqud, éloigne ces idées de ta tête. S'és déstourba 
d'aquélo fo, il a cessé ses relations avec cette fille, il s’est 
distrait de cette inclination. 

Dér. du lat. Deturbare, chasser, renvoyer. 

Déstourbe, s. m. Interruption; contre-temps; empêche- 
ment; obstacle; incident; embarras; sujet de distraction ; 
 dérangement. — Manquo pas déstourbe, ce ne sont pas les 
contre-temps qui manquent. Sans déstourbe y-anaraï 
déman, sans empèchement j'irai demain. Sans déstourbe 
véndra dé cént ans, s'il ne lui arrive quelque fâcheux acci- 
dent il vivra jusqu’à cent ans. 





DÉS 259 

Déstraire, v. Distraire; détourner, dans le même sens 
que Déstourba. — Sés déstra d'aquélo fio, il a oublié sa 
maitresse. 

Dér. du lat. Distrahere, arracher, faire sortir, distraire. 

Déstrantaïa, v. Détraquer, démantibuler.— Se dit par- 
ticulièrement d'un ouvrage mécanique, comme une hor- 
loge, une serrure, etc. 

Dér. de Trantaïa. Cette fois le composé n’est pas le con- 
traire du simple, malgré la particule dés. Trantaïa veutdire 
branler, vaciller. 11 est l'effet, et Déstrantaïa la cause. La 
partic. dés est explétive ou plutôt coactive, Déstrantaïa 
étant proprement faïre trantaïa. 

Déstrâou, s. f. Grande hache de charpentier. 

Il semble que cette acception est toute contraire à son 
étymologie, qui annonce une hache qu'on manie de la 
main droite, c'est-à-dire d’une seule main, tandis que la 
hache de charpentier exige l'emploi des deux mains, Mais 
la déstrdou a 66 autrefois la hache d'armes, la fameuse 
besaiguë des Sicambres, qu’on ne maniait que d'une main, 
puisque c'était une arme de cavalier, quoiqu'elle fût forte 
et très-lourde. 

On serait presque tenté de voir dans ce mot Déstrdou 
la racine du fr. Destrier, cheval de bataille des anciens 
guerriers, en opposition au palefroi, qui était la monture 
des dames et des voyageurs paisibles. Certains glossateurs, 
et Vossius entre autres, veulent bien le dériver de Dexte- 
rities, adresse, dextérité; mais cette analogie est bien 
flasque pour une époque où l'on ne donnait guëére pour 
racine à des objets frappants et usuels, de simples qualités 
morales et peu déterminées. Il n’y a pas moyen non plus 
d'attribuer cette origine à la main droite, dextera; car à 
coup sûr on ne manœuvrait pas un destrier de la main 
droite, qui était indispensable pour combattre, et nous ne 
sachons pas que les Francs et les Sicambres fussent gau- 
chers. Il ne serait donc pas impossible que Destrier signi- 
fiät le cheval qui porte la hache d'armes, la désträou. I] ne 
faut pas que le français s’effarouche de cette prétention; il 
avait peut-être lui aussi un terme analogue pour désigner 
cette arme, et ce terme peut s'être oblitéré. 

On sentira que ceci n’est point une assertion, mais une 
simple induction que nous a fait tirer le rapport de l'arme 
au cheval, et le manque d'origine positive du mot destrier, 
qui, au fond, ne nous regarde pas. Cependant, pour être 
juste avec tout le monde, nous conviendrons qu'à Nimes, 
par exemple, Déstrdou est le lerme générique de la hache 
de quelle espèce qu'elle soit ; car, dans son dialecte, le mot 
Piolo n’existe pas. A Alais, bien des personnes attribuent 
ce nom à la hache du menuisier, Piolo dé man. Peut-être 
est-ce la solution de Sauvages qui a entrainé cet usage. 
Toutes-les opinions-sont libres. Nous livrons la nôtre à la 
discussion individuelle, en faisant toutefois remarquer qu’il 
serait singulier que la hache d'armes et la hache de char- 
pentier n'aient pas reçu un technique spécial. Aujourd'hui 
la hache de charpentier est celle qui se rapproche le plus 


260 DÉS 

de la hache d'armes, soit par son poids, soit par la lon- 
gueur de son manche. C'est cette particularité d'étymo- 
logie qui a induit en erreur Sauvages, qui a cru n’y voir 
qu'un de ces outils de menuisier qu'on manie de la main 
droite; la Déstrdou est proprement cette énorme hache de 
scieurs de long dont le fer pèse jusqu’à sept ou huit kilo- 
grammes. — Voy. Piolo dé man. 

De tout quoi, pour conclure, il parait évident que Dés- 
trdou dérive du lat. Dextera, main droite. 

Déstraqua, v. Détraquer, déranger un mécanisme quel- 
conque; au fig. déranger la santé. 

Ce mot parait formé de la particule disjonctive des et du 
vieux mot Track, qui n'est plus usité, mais qui signifiait 
trait, jet, distance. C'est de Track qu'on a fait Tracan, 
tracané. Déstraqua, d'après cette origine, signifierait pro- 
prement : tirer de la voie, faire cesser son allure, sortir de 
l'ornière, de la piste ordinaire. 

Déstrassouna, vw. Réveiller en sursaut, réveiller avant 
le temps; interrompre le sommeil. — On dit d’un enfant 
és déstrassouna, quand il ne peut reprendre son sommeil 
à l'heure accoutumée. Estre déstrassouna, ètre mal réveillé, 
être dans un état de somnolence qui n’est ni la veille ni le 
sommeil, comme quelqu'un qu'on a réveillé trop subite- 
ment ou qui à mal dormi la nuit. 

Dér. du lat. Extra somnum, hors du sommeil. 

Dèstre, s. m. Dextre, terme d’arpentage: mesure de 
longueur de 2"50c linéaires. Le Dèstre carré de Montpel- 
lier répond à 20m carrés. Cette unité de surface n'était 
guère employée que pour mesurer le plat sol des maisons, 
cours et jardins, et tout ce qui exigeait une minutieuse 
exactitude, comme l'espèce de décamètre dont se servent 
les architectes et qui se nomme roulette. 

Ce mot vient certainement du lat. Decem, comme les 
pierres miliaires des routes romaines et certaines bornes 
d’héritages qui étaient marquées d’un dix romain, X. C'était 
probablement la décuplation d’une unité de mesure que 
nous ne connaissons pas. 

Le dextre ou l’arpent avaient la même dimension longi- 
tudinale. Seulement le premier était une corde marquée 
par des divisions pour mesurer les objets minutieux, et 
l'arpent une sorte de compas en bois pour mesurer de 
grandes longueurs. — Voy. Arpan. 

Déstré, s. m. Pressoir à vin. — Vi dé déstré, vin pro- 
duit par le pressurage, qui est de couleur plus foncée, mais 
plus plat et plus bourbeux. — Voy. Déstrégne. 

Déstré, déstrécho, adj. Dim. Déstréché. Étroit, serré, 
étranglé, retréci ; au fig. avare. — Nose déstrécho, noix 
angleuse, espèce de noix dont l'amande est tellement serrée 
dans les angles de l’écale, si enchevèêtrée dans son zeste, 
qu'on ne peut l’extraire qu’en la tirant par morceaux. C'est 
du reste l'espèce la moins sujette aux vers et qui fournit la 
meilleure huile. Es déstré dou brén et larje à la farino, il 
fait des économies de bouts de chandelle; il est avare dans 
les menus détails et prodigue dans les dépenses importantes. 





DÉT 

Dér. du lat. Strictus, serré, mis à l’étroit. 

Déstrécési, v. Retrécir; rendre plus étroit, moins large; 
devenir plus étroit. , 

Déstrégne, v. Retrécir; restreindre; serrer; pressurer 
la vendange. 

Dér. du lat. Stringere, serrer, presser. 

Déstrégnéire, s. m. Pressureur de vendange. — Dans 
les pays de vignobles, les grands propriétaires ont des 
pressoirs dans leurs celliers et font pressurer la vendange 
par des ouvriers à leurs gages ; mais les petits propriétaires 
et les grands eux-mêmes, dans les contrées où la vendange 
est une récolte secondaire, ont recours à des pressureurs 
publics, qui viennent exercer leur industrie à domicile au 
moyen d'un pressoir à roues qu'on transporte facilement. 

Déstrémpa, v. Détremper, délayer; enlever la trempe 
à un fer aciéré. — Déstrémpa l'acdou, délayer la chaux, 
l’abreuver avant de la corroyer. 

Dér. de Trémpa. 

Déstréna, v. Détresser; défaire une tresse de cheveux; 
détordre la mèche d’un fouet; détresser les nattes d’une 
fascine, d’un batardeau qu'on appelle Pagnè. 

Dér. de Tréna. 

Désvérdia, v. Cueillir du fruit avant sa maturité; dé- 
florer un fruit, lui enlever, en le maniant, cette fleur qui 
est une transsudation farineuse qui se fige sur son épiderme : 
au fig. marier une jeune fille avant l’âge nubile. 

Dér. de Vér. 

Désvérnissa, v. Enlever le vernis; effacer le lustre, le 
brillant d’un objet vernissé; l’écailler. 

Dér. de Vérnissa. 

Désvira, v. Dévier; détourner. — Désvira l’aïgo, dé- 
tourner un ravin, un biez de moulin, un canal d'irriga- 
tion. 

Dér. de Vira. 

Désvisaja, v. Dévisager; couper la figure; insulter en 
face ; faire baisser les yeux; couvrir de honte. 

Dér. de Visaje. 

Détado, s. f. Coup de doigt; trou fait avec le doigt; 
empreinte d’un doigt. 

Dér. de Dé. 

Détaïa, v. Vendre en détail; détailler, couper sur la 
pièce ou prendre sur un tas et céder par parties. 

Dér. de Taïa. 

Détaïaïre, aïro, s. m. et f. Marchand ou marchande au 
détail; qui vend en boutique, nous dit Sauvages, par oppo- 
sition au marchand en gros qui vend en magasin. Cette 
différence n'existe plus : la boutique même n’est plus guère 
connue; tout s'appelle magasin. 

Détal, s. m. Détail; vente au détail. 

Dér. de Détaïa. 

Détras, alv. Derrière; de l’autre côté. — Détras la 
muraïño, derrière le mur. Détras lou sère, sur le versant 
opposé de la montagne. 

Dér. du lat. Trans, au delà. 





DÉV 

Dévaria, v. Troubler l'esprit; obséder; chagriner quel- 
qu'un; bouleverser les meubles; mettre une maison sens 
dessus dessous. — Souï tout dévaria, je ne sais où j'en 
suis ; je fais tout de travers. Mé dévario, il me persécute, 
me tourmente; il m’obsède, il me fait perdre la tête. À 
tout dévariïa, il a tout bouleversé. 

Un dévarïa est un évaporé, un cerveau mal timbré ; un 

Dér. du lat. Variare, varier; divaguer; changer; mêler. 

Dévariaire , aïro, adj. Qui obsède ; qui bouleverse tout; 
qui dérange tout le monde; un hurluberlu. 

Dévé, s. m. Devoir; tâche d'un écolier. — Faïre soun 
dévé, faire son bon jour, recevoir la communion eucha- 
ristique. Faï toun dévé, fais ce que dois. 

Dér. du lat. Debere, debitum. 

Déve, {re pers. sing. prés. de l'indic. du v. Déoure. Je 
dois 


Dévéngu, udo, part. pass. du v. Dévéni. Devenu. 
Dévéni, v. Devenir; commencer à être ce qu'on n'était 


pas. 

Dér. de la bass. lat. Devenire, m. sign. 

Devèr ou Vèr, prép. Vers, du côté de...; aux environs 
de... — Démoro dévèr Anduso, il habite aux environs 

. d'Anduze. Véou dévèr moussu tdou, je vais chez monsieur 
un tel. Marchan dévèr la gnuè, nous nous approchons de 
la nuit; la nuit nous trouvera en chemin. Aqud éro dévèr 
la Sén-Jan, c'était aux environs de la Saint-Jean. Y-anèn 
dévèr las vounze houros dé gnuë, nous y allâmes vers les 
onze heures du soir. Mounté gagnes dévèr? De quel côté 
te diriges-tu? Dounte vénès dévèr? D'où venez-vous? Ces 
deux derniers exemples présentent des idiotismes fort ori- 
ginaux de construction. 

Dér. du lat. Versus ou Versum, vers. 

Dévérgougna, ». Faire honte; faire rougir en public. 

Uno dévérgougnado, effrontée, dévergondée ; qui a perdu 
toute pudeur, toute retenue. 

Au masc. le même part. pass. dévérgougna est moins 
usité; mais la langue fournit de nombreux équivalents. 

Dér. de Vérgougno. 

Dévés, s. m., au plur. Dévéses. Bois ou paccage mis en 
défense ou en réserve, et sur lequel le propriétaire seul a 
droit de dépaissance. 

Dans la bass. lat. on donnait les noms de Defensum, de 
Defecium et plus tard enfin celui de Devesium à ces bois en 
défense. Ce dernier mot ne semble qu'un barbarisme lati- 
niste de Dévés, qui préexistait déjà en roman. Or il est ra- 
tionnel de faire dériver Dévés de Devedar, ou Vedar, roman, 
“défendre, prohiber; et alors il aurait son origine dans le 
lat. classique Vetare, m. sign. que défendre, qui aurait 
moins contribué à sa formation. 

Dévigna, v. Deviner, prédire, présager. — Quan lous 
grapdous cantou dévignou la plèjo, quand les crapauds 
sifflent, ils présagent la pluie. Las graïos dévignou lou fré, 
quand les corneilles descendent, elles annoncent l'appro- 





DÉV 261 


che du froid. Lou diable té dévigne! Ah! tu ne dis que 
trop vrai! Qué dévigno gagno, prvb., un sorcier ferait bien 
ses affaires. Dévignas-ou, devinez. 

Dér. du lat. Divinare, m. sign. 

Devignaïre, aïro, s. m. et [. Qui devine, qui prévoit, 
qui trouve la solution d'une difficulté, et non point devin 
ni sorcier. — Aqud's un dévignaïre dé Mountélimar, il 
devine tout ce qu'il voit: c'est ce qu'on dit de celui qui 
annonce la découverte d'un secret qui est celui de la co- 
médie, et connu par conséquent de tout le monde. 

Voici à peu près quelle serait, d'après de mauvais plai- 
sants, l'origine de ce dicton, qui place la scène dans une 
ville du Midi. Un étranger arriva un jour à Montélimart, 
et, à grand renfort de trompette et de grosse caisse, con- 
voqua tout le populaire, annonçant qu'il enseignait à de- 
viner et cela pour la bagatelle d'un sou par tête. Ce n'était 
pas cher : les pratiques se pressèrent à la porte; mais il ne 
pouvait recevoir qu'une personne à la fois : on se soumit à 
la condition. Aussitôt que quelqu'un était entré, le pro- 
fesseur lui présentait un petit vase, bien fermé, sauf un 
trou comme à une tire-lire, dans lequel il Jui faisait intro- 
duire l'index. — Sortez votre doigt, disait-il alors. Que 
sentez-vous? — C'était à ne pas s'y tromper; l'odeur était 
assez prononcée pour que l'élève n’hésität pas à dire ce que 
c'était. — Vous avez deviné, ajoutait le professeur avec 
un imperturbable sang-froid. Sortez par cette autre porte, 
ne dites à personne le secret et laissez-moi l'apprendre à 
d'autres. — Et comme en effet beaucoup d'habitants de 
Montélimart l'apprirent de mème, c'est depuis ce temps que 
les gens du pays, où la leçon n’a pas été sans doute perdue, 
passent pour des sorciers infaillibles qui devinent tout ce 
qu’ils voient et surtout tout ce qu'ils sentent. — Credat 
Judœus Apella. 

Dévignarèl, èlo, adj. Devin, sorcier; devineresse, sor- 
cière. — La dévignarèlo, la donneuse de bonne fortune, 
infâme métier que la crédulité populaire soutient encore de 
nos jours, malgré les peines que la loi prononce contre lui. 
Il y a à la fois escroquerie, parce que ces prétendues 
sybilles font payer fort cher les oracles de leurs tarots; 
diffamation et calomnie, parce que, consultées la plupart 
du temps pour connaitre l’auteur d’un vol, elles font planer 
à leur gré le soupçon sur la tête des personnes à qui elles 
ont quelque motif d'en vouloir. Il s’y joint presque tou- 
jours une autre industrie plus infâme encore et dont leur 
clientèle de jeunes filles leur rend l'exécution plus facile. 

Dévignarèl se dit aussi adjectivement de tous les outils 
et ingrédients qui servent à l'œuvre des devins anciens et 
modernes, comme à tous les insignes de la puissance sur- 
naturelle. 

Déviso, s. f. Papillote, sorte de bonbon enveloppé de 
papier de couleur et frisé, contenant, outre la sucrerie, un 
rébus ou une charade, ce qui lui a fait donner son nom 
francisé. 

Dévista, v. Découvrir, apercevoir le premier; aperce- 


262 DIA 
voir de loin. — Lous aguère lèou dévistas, je les eus bien- 
tùt découverts. 

Dér. de Visto. 

Dévo, oto, s. et adj. Dim. Dévouté, dévoutéto ; péj. Dé- 
voutas, dévoutasso. Dévot; pieux; qui suit avec zèle, 
quelquefois avec superstition, les exercices de la religion, 
dont il dépasse même les injonctions. 

Dér. du lat. Devotus, voué, dévoué. 

Dévoura, v. Dévorer; manger avec voracité. 

Dér. du lat. Vorare, m. sign. 

Dévouran, s. m». Dévorant; compagnon du devoir de la 
secte des Dévorants, par opposition au devoir dit de Salo- 
mon, qu'on appelle en fr. les Loups, et en lang. {ous Gavwès. 

Emp. au fr. Devoir. 

Dévouri ou Débouri, v. Dévorer.—S’applique surtout à 
la manière de manger des animaux carnassiers; par ext. 
aux personnes qui mangent gloutonnement. Au fig. même 
acception que le fr. dévorer. — À tout dévouri, il a tout 
fricassé. 

Dér. du lat. Vorare. 

Di, dicho, part. pass. du v. Dire.—Se prend aussi subst. 

Diablamén, adv. Diablement; beaucoup; très-fort; Ler- 
riblement. — Es diablamén bèl, il est étrangement grand. 
Gn'a diablamén, il y en a une énorme quantité. 

Diablariè, s. f. Diablerie, tour de lutin, d’espiègle; 
niche; bruit, tumulte que font les enfants entre eux en 
jouant. — Y a quéouquo diablariè aqui déssouto, il y a 
quelque malice, quelque intrigue, quelque noirceur sous 
jeu. 

Diable, s. m. Au fém. Diablésso; dim. Diablatoù, dia- 
blatouno; péj. Diablatas. Diable; démon; esprit malin et 
surnaturel; diable-à-quatre, étourdi, tapageur; mauvais 
garnement. — Es lou diable pér lou traval, c'est un vrai 
démon au travail. 

Comme il est impossible de citer toutes les phrases où 
l'esprit malin entre comme superlatif, et tous les rôles 
qu'on lui fait jouer depuis un bon diablas jusqu’ddu pdoure 
diable, et ïls sont nombreux et variés, par cette raison 
peut-être qu'on ne prête qu'aux riches : il faut se borner à 
quelques locutions les plus fréquentes. 

Diable! Juron, qui, comme en fr., annonce la colère, la 
stupéfaction, la joie ou la douleur. Lou diablé té fariè bé 
lun sé... le diable t’emporterait bien si... Lou diable té 
dou cure, le diable puisse-t-il t'enlever ton trésor! Ou 
peut-être avec plus d'énergie, selon le ton: le diable te 
vide le ventre, t'arrache les boyaux! Lou diable-luno, 
Diâoussi-luno, Didouquo-luno, jurons mélangés de païen 
et de chrétien : Par le diable et par Hécate! Lou diable 
siè, sé. Je jure par le diable que... Low diable ta pignas- 
trije! Peste soit de ton obstination! Lou diable ta plèjo! 
Au diantre soit la pluie! Dans cette dernière sorte d’im- 
précation, on substitue le pronom possessif tour où ta aux 
articles lou ou la, quoiqu'on ne s'adresse à personne et 
même qu'on soit seul.—Voy. Diantres, Didoussi, Didouquo. 





DIG 


Dér, du lat. Diabolus. 

Diaman, s. m». Diamant, pierre précieuse. 

Emp. au fr. 

Diantres, s. ”. Diable, mais il n'est employé que dans 
les phrases imprécatives, ainsi que Didouquo et Didoussi : 
on le dit seul aussi : Diantres! Diantre! Toutes ces varié- 
tés du mot Diable tiennent au langage argotique et à la 
diversité des dialectes qui les ont employées, sans qu’on 
puisse y apercevoir autre chose qu’une corruption du type 
primitif, et le désir d’adoucir, de gazer le mot erù, qui 
jadis entrainait une sorte d'idée immonde et blasphéma- 
toire qui s’attachait à sa seule prononciation. 

Diâouquo, s. m. Variante du mot Diable. 

Diâoussi, s. m. Autre variante du mot Diable. — Voy. 
ci-dessus. 

Diféra, v. Différer; être différent. 

Dér. du lat. Differere, m. sign. 

Diférémmén ou Diféréntomén, adv. Autrement;sinon; 
différemment. — Sé plou pas y-anaraï, diférémmén rés- 
taraï, s’il ne pleut pas j'irai, dans le cas contraire je res- 
terai. Dans ce sens, il s'emploie quelquefois d’une manière 
absolue : Sé vous décidas à paga, tammièl, diférémmén… 
si vous vous décidez à payer, tant mieux, sinon... 

La variante Diféréntomén ne laisse pas que d'être em- 
ployée avec le mème sens par les gens qui parlent bien. Sa 
composition, qui s'écarte un peu plus du fr., est tout à fait 
dans le goût languedocien. 

Diférèn, énto, adj. Différent, dissemblable; qui se dis- 
tingue d'un autre. 

Diférénço, s. f. Différence; distinction; dissemblance. 
— Aqui la diférénço qué y-a, voilà la différence : c’est une 
phrase explétive et de pur remplissage, que les paysans 
emploient souvent dans leur verve loquace, parasite et 
hérissée de pléonasmes. Ils s’en servent surtout pour ré- 
pondre à une objection: c'est une préparation oratoire à 
un argument contraire au vôtre. Y-anaraïi bé sé voulès, 
mais aqui la diférénço qué troubaraï pas déngus, j'irai si 
vous voulez, mais je n’y trouverai personne. 

Dificinle, inlo, adj. Difficile; mal aisé. — Es pas difi- 
cinle qué plogue, il n’est pas étonnant qu’il pleuve. 

Dér. du lat, Dificilis. 

Digéri, v. Digérer. Ne se prend que dans le sens figuré: 
digérer un affront; supporter patiemment. — Pode pas 
digéri aquél home, je ne puis supporter cet homme. Agud’s 
quicon qu'on po pas digéri, c'est là une de ces avanies 
qu'on ne peut avaler; pâtir; digérer. 

Dér. du lat. Digerere, cuire, digérer. 

Dignè, s. m. Dim. Dignéiré, dignéiroù. Denier; douzième 
partie d’un sou ou les 5/12mes d’un centime. — Fou pas 
régarda lou dariè dignè, il ne faut pas être si minutieux 
dans un marché, ou exiger strictement son dù juqu'au 
dernier denier. 

Dér. du lat. Denarius, m. sign. 

Dignéirolo, s. f. Tire-lire, sorte de pot de terre qui n'a 














DIM 

pas d'autre entrée qu’une petite ouverture horizontale, 
comme celle d'une boite aux lettres en diminutif, par la- 
quelle on glisse des pièces de monnaie provenant d’un 
pécule quelconque et qu'on ne peut retirer qu'en brisant 
le vase. C'est un moyen d'éviter les emprunts journaliers 
pour les dépenses de fantaisie que l'on ferait si ce pécule 
était à découvert et disponible dans une bourse ou une 
armoire. Ce n’est que pour une dépense importante que la 
tire-lire se casse : elle force en attendant à l'économie. 

Dér. de Dign. 

Dijôou, s. ». Jeudi, cinquième jour de la semaine, — 
La sémmano das quatre dijôous, la semaine qui aura quatre 
jeudis, c’est-à-dire jamais. 

Dér. par contr. du lat. Dies Jovis, jour consacré à Ju- 
piter. Nous avons la mème division de la semaïne que les 
Romains; nous leur avons emprunté la dénomination des 
jours. Le fr. n’a fait que renverser la syllabe di, qu'il place 
à la fin du mot. L'Olympe antique a tout fourni à l'excep- 
tion du samedi, dissate, et de diménche. 

Dilus, s. ”m. Lundi, deuxième jour de la semaine. — 
Faïre lou dilus, chômer le lundi; usage assez répandu 
parmi les ouvriers artisans. Lou bon dilus, le lundi avant 
la fète de Noël, qui est une sorte de foire à Alais, ou plutôt 
an marché plus suivi que les autres et plus abondant en 
marchandises et en bétail, surtout en porcs. Dilus dé Pas- 
quos, le lundi de Pâques, renommé dans tout le Midi pour 
ses omelettes et ses parties de campagne. 

Dér. du lat. Dies lune, le jour d'Hécate, de la lune. 

Dimar, s. m. Mardi, troisième jour de la semaine. — 
Lou dimar dé carnaval, le mardi-gras, qu'on dit aussi 
Carnaval tout simplement. 

Dér. du lat. Dies Martis, jour de Mars. 

Dimècre, s. m. Mercredi, quatrième jour de la semaine. 

Dér. du lat. Dies Mercurii, jour de Mercure. 

Diménchäou, châoudo, adj. Du dimanche, qui sert au 
dimanche. Ne s'applique qu'aux habits et aux parures : 
Lou capèl diménchäou, la manto diménchdoudo. 

Diménche, s.m. Dimanche, premier jour de la semaine. 
—Lou diménche das Rampans, le dimanche des Rameaux. 
Lou diménche dé Carnaval, le dimanche gras ou la Quin- 
quagésime. La vèsto, la rdoubo das diménches, l'habit, la 
robe de fête, c'est-à-dire le vêtement le plus neuf. 

Le mot, Diménche, dimanche, dans notre dialecte et en 
fr, poutarriver à sa forme actuelle, a traversé bien des 
fortunes et des altérations. Le latin lui a donné naissance, 
et c'est en se contractant de Dominica dies, ou de dies 
Domini,en se pliant aux propensions organiques de chaque 
groupe de population et de chaque contrée, qu'il s'est 
enfin fixé. Nous avons signalé sous plusieurs articles et 
notamment aux mots Canounje et La Canowrgo, les péri- 
péties des transformations de mots où se rencontraient ces 
désinences latines repoussées avec une sorte d'horreur par 
le roman, analogues à celle qui a servi 4 composer dimén- 
che : nous n’y révenons que pour en rappeler la série. Do- 





DIN 263 


minica, lat., se changea en Dimèrgue, roman; la charte 
romane d’Alais de 4200 disait: Diméntge; notre dialecte 
en a fait Diménche; le gascon a conservé Dimèrque; d'au- 
tres variantes dialectales du Midi ont encore : Diaumergue, 
Dimerge, Dimeche, Dimes, Desmengea, Dismengea, Dimer- 
que, Diminergue, Deminche, cités par Honnorat. L'ital. 
s’est tenu seul au lat. Dominica; mais l'espag. et le port. 
ont adopté Domingo; et l’ancién cat. avait Digmenge. 

Partout, on le voit, c'est la proscriplion de la désinence 
antipathique en inicus, inica, ou mieux nicus, nica; car la 
voyelle antécédente aime à se reproduire tantôt en argques 
et ergues, tantôt en orgue Où ourgue, glissant en ange, 
énge ou onge, puis permutant quelquefois le G doux en la 
consonnance chuintante du Ch. Cette unanimité de flexions 
sur la même syllabe indique certainement des prédisposi- 
tions organiques remarquables. Le mot n'est pas isolé, et 
nous avons cité bien des exemples qui donnent un certain 
poids à l'observation. Nous aurons occasion d'y revenir. 

Dimini, v. Diminuer; baisser; amoindrir; rendre où 
devenir moindre, plus petit. 

Dér. du lat. Diminuere, m. sign. 

Din, prép. Dans. — Voy. Dédin. 

Dér. du lat. In, m. sign. 

Dina, s. m. et v. Diner. 

Lou dina est pour le peuple le repas du milieu du jour : 
les citadins le prennent à midi; les paysans en varient 
l'heure suivant la saison. Les premiers y placent le potage; 
les derniers le renvoient au repas du soir, au souper. — 
Voy. Déjuna. 

Certains glossateurs, et Ménage particulièrement, font 
dériver le mot du lat. Desinere, cesser, sous prétexte que 
l'heure des repas est une suspension du travail. Cette déri- 
vation parait bien tirée par les cheveux. Ne serait-il pas 
plus rationnel de l'attribuer au verbe gr. Asxvéw owan 
s. Aëtrvov, qui signifient souper et le repas du soir? 

Dinado, s. f. Gala; repas invité; auberge de ronte où 
les voyageurs s'arrêtent pour diner; coût de ce repas: 

Dinamoun ou Dénamoun, ad». de lieu. De là-haut: 
du côté d'en haut; vers là-haut. 

Formé de Dé, En, Amoun, par contract. 

Dindar, s. m. Dindon, coq d'Inde; dindon commun, 
Meleugris Gallapavo, Temm:, de l’ordre des Gallinacés; 
mâle du dinde. 

Dindo, s. f. Dinde; poule d'Inde; femelle du Dindar: 

Dindouiè, s. m. Jujubier, Zysiphus vulgaris, Linn., 
arbre de la fam. des Frangulacées. 

Dindoulo, s. f. Jujube, fruit du jujubier, si commun et 
si populaire à Nimes qu'on avait autrefois établi une foire, 
à la Saint-Michel, pour la vente de ce seul article. Cette 
foire a pris plus d'extension de nos jours, mais la jujube 
y figure encore en masse, comme l'héroïne de la solennité. 
Elle s’y vend en quantité incalculable. Les jeunes gens et 
les jeunes filles font ce jour-là la petite guerre avec celte 
curieuse espèce de projectile sur les promenades : ce qui 


264 DIR 


ne contribue pas peu à sa prodigieuse consommation. Les 
environs de Nimes et de Montpellier produisent autant que 
tout le reste de la France de ce fruit, qui du reste est ori- 
ginaire des pays méridionaux et ne se plait pas dans les 
températures plus abaissées que le Languedoc. 

Dingus, pron. indéfini, masc. Personne.—Voy. Déngus. 

Dio, interj. C'est la syncope de Diou-6/ Mon Dieu, oui! 
— Diou-si! Diou-nou! Mon Dieu, si! Mon Dieu, non ! Deux 
autres interj. du même genre, particulières à notre dia- 
lecte, reproduisent,comme celle-ci, les formes les plus ancien- 
nes; toutes trois, souvent précédées de l’exclamation Ah/ 
ou Oh! comme pour appuyer sur l’affirmation ou la néga- 
tion, et leur donner plus de force, sont des invocations du 
nom de Dieu. Il est à remarquer que la vieille affirmation 
romane o et si, empruntée par l’ital., se retrouve ici dans 
toute sa pureté. — OA! Did {saiqué, Oh! mon Dieu, oui! 
Sans doute. Y-anaras?... Oh! Did; Tu iras?.. Oui, certes! 

Diou, s. m. Dieu, le premier et le souverain être : au 
fig. divinité, sujet ou passion qu’on adore. 

Ce mot ne s'emploie guère ainsi seul que dans le style 
poétique ou soutenu, ou pour parler d’une divinité païenne. 
Ordinairement on dit: Lou bon Diou. — Voy. Bou-Diou. 
L'idée de Dieu se représente en languedocien dans une 
foule de locutions souvent explétives : Diou vous douse! 
Que Dieu vous écoute! J'en accepte l’augure. À La gardo 
dé Diou! Dieu soit béni! A la bonne heure! Diou-mécis! 
Grâces à Dieu! Bénissia-Diou! Dieu merci! Sé Diou-z-ou 
vôou, S'il plait à Dieu. Plét-à-Diou! Plût à Dieu! Diou té 
crésque! Dieu te fasse grand et sage: souhait qu'on fait 
à un enfant qui éternue. Davan Diou siè! Dieu ait son 
âme! /Voy. Davan.) Diou vous lou done! Dieu vous 
donne le bonsoir : formule pour prendre congé. Diou vous 
n'én bonjour, contraction de : Dieu vous donne le bon- 
jour; forme usitée dans les environs d’Anduze. Il est 
évident que dans cette phrase, done est supprimé complé- 
tement et sous-entendu, comme dans la précédente le s. 
Bonsouèr. Le mot n’én n’est que le prolongement eupho- 
nique de né én; c’est comme si l’on disait : Dieu vous en 
donne, du bonjour. Géns dé Diou! Juron (Voy. Géns). 
Diou m'ajude! Dieu me soit en aide: phrase explétive 
pour donner du nombre et de la vigueur au discours, qui 
indique toujours une contrariété. Diou-çaï-siè/ Que Dieu 
soit avec vous, dit-on en entrant dans une maison, et on 
réplique : Amaï à vous. Tout cela répond au Dominus 
vobiscum du prêtre à la messe et au répons du clerc : 
EU cum spiritu tuo. — Diou-si! Diou-nou! — Voy. Did. 

Dér. du lat. Deus. 

Dire, v. Dire. — Aquù fai bon dire, c'est fort aisé à 
dire. Aqud's un bèl dire, c'est un grand avantage; il y a 
bien de quoi se vanter. M'ou sdouprés à dire, vous me le 
ferez savoir; vous m’en donnerez des nouvelles. Sa cé qué 
né vôou dire, il sait ce qu’en vaut l’aune. Sé lou tén né 
vôou dire, si la saison veut être propice. Nés pas pér dire, 
mais. ce n'est pas pour s’en vanter, mais... Véou pas qué 





DIS 


siègue lou di, il ne veut pas en convenir. Dé qué vôou dire 
qué sièque pas ana à la mésso? Pour quel motif a-t-il 
manqué la messe? Dire dé nou, refuser une proposition; 
se dédire. Aquélo bouto couménço à dire dé nou, ce tonneau 
est sur sa fin de coulaison. Aqud's pér dire qué.… ou dé…., 
c’est pour qu'il soit dit que. Sou-dis, dit-il. Digas/ Dites 
donc! formule vocative qui doit être suivie du nom de 
l'individu ou de sa désignation plus ou moins explicite 
(Voy.Vouë). Mais, digas, l'avès visto coumo sé caravo! Dites 
donc, l'avez-vous vue comme elle se rengorgeait! formule 
familière au comérage féminin. Aïci digan, entre nous soit 
dit. Aqud's pas pér dire, mais. ce n’est pas l'embarras, 
mais... Es dé dous dire, il a deux paroles; il soutient le 
pour et le contre; il a son dit et son dédit. Coumo disiè 
l'âoutre (Voy. Aoutre). Tèn pas gaïre à soun di, il ne 
tient pas à sa parole. Entre lou fa et lou di, y-a trés 
tègos dé cami, prvb., entre la promesse et l'exécution il 
y a loin. Disou, on dit. Sé fouiè éscouta lou di dâou 
mounde, s'il fallait s'arrêter aux cancans. Qué li diguère, 
lui dis-je. Et sé mé disias qué.…, vous me direz peut- 
être que... Quoucon mou disi, j'en avais le pressentiment. 

Dér. du lat. Dicere, m. sign. 

Discounforme, ormo, adj. Informe; démesurément 
grand ou gros ou large; hors de toute proportion. 

Il est la négation du mot : conforme, semblable, propor- 
tionné, relatif. 

Discour, s. m. Dim. Discourné. Discours, harangue; 


sermon. 
Dér. du lat. Discursus, course çà et là. 


Dispénsa, vw. Dispenser: exempter; faire une exception 
en faveur de... — Sé iéou ère un ase, qué Diou m'én dis- 
pénse! Si j'étais un âne, que Dieu m'en préserve! 

Emp. au fr. 

Dispénsos, s. f. plur. Dispense d’une ou deux publica- 
tions de mariage, ou d’un ou deux bans à l'église. 

Disputa, v. Disputer; contester. — Disputan pas qu'un 
séou, nous ne sommes en désaccord que d’un sou. 

Sé disputa, discuter; se quereller; se battre. 

* Dér. du lat. Disputare, m. sign. 

Disputaïre, aïro, adj., péj. Disputaïras. Querelleur; 
disputeur; qui cherche noise. 

Disputo, s. f. Rixe, querelle; dispute. 

Dissate, s. m. Samedi, septième jour de la semaine. — 
Lou dissale és un jour cour, le samedi est un jour où l’on 
n’a le temps de rien. Dé pouns dé dissate, couture à longs 
points, parce que les couturières étant fort pressées pour 
rendre leur ouvrage le dimanche, se dépêchent tant qu’elles 
peuvent sans tenir à la perfection. Y-a pas dé dissate din 
l'an qué lou sourél noun végan ; dicton devenu une croyance 
populaire, fondée sur je ne sais quelle observation, qui 
veut que, par les temps les plus couverts, le soleil se mon- 
tre toujours le samedi, ne fût-ce qu'un instant. Faïre lou 
dissate, chômer, fêter le samedi, comme les Juifs. 

Dér. par contr. du lat. Dies sabbati, jour du sabbat. 


ÿ 





DOR 


DOR 265 


Divéndre, s..m. Vendredi, sixième jour de la semaine. | sortant de terre; mais bientôt son chapeau déchire le voile 


— Lou divéndre és lou pu fol ou lou pu téndre; encore 
une croyance populaire qui Le que dans le temps de 
grand vent, de froids rigoureux, le vendredi est le plus 
mauvais ou le plus doux des jours de la semaine. Faïre lou 
divéndre et lou dissate, observer l’abstinence le vendredi et 
le samedi. 

Dér. du lat. Dies Veneris, jour de Vénus. 

Divérti, v. Divertir; amuser ; égayer. 

Sé divérti, se divertir, se réjouir, se récréer ; prendre du 
plaisir. 

Dér. du lat. Divertere, détourner, distraire. 

Divèrtissan, anto, adj. Divertissant, amusant; facé- 
tieux, bouffon. 

Divèrtissanco, s. f. Réjouissance, fète publique; fête 
patronale; récréation. 

Dogou, s.m. Dogue, chien de forte race, à grosse tête, mu- 
seau court, lèvres pendantes. Le boule-dogue est une variété. 

Dér. ‘de l'anglais Dog, chien. 

Dôou, s. m. Deuil: affliction, tristesse; convoi funèbre; 
habits de deuil. — Lou dôou li counvèn, le costume noir 
dui sied. Pichè-déou, demi-deuil; noir et blanc. Dé quéou 
[as déou? Pour quel parent portes-tu des habits de deuil? 
Faïre soun déou, se consoler d’une perte quelconque, même 
d'objets matériels de la plus mince importance. N'aï fa 
moun déou, j'ai passé condamnation; m'en voilà consolé. 
Vous rigues pas dé moun dôou, quan lou miou séra vièl lou 
vostre séra nôou; tel qui rit vendredi, dimanche pleurera. 

Dér. du lat. Dolor, douleur, chagrin. 

Dooure, v. Douloir; faire mal; causer une douleur. — 
Ma tèsto mé déou, j'ai mal à la tête; j'éprouve une douleur 


- 


* à la tête. Moun dé fai pas qué mé déoure, j'ai un mal au 


doigt qui ne me laisse pas un moment de repos. M'én dôou 
d'y èstre ana, il m'en cuit d'y être allé. Qu'iè! noun véi, 
cor noun dôou; prvb., le mal qu’on ignore est comme non 
avenu; en vieux fr.: ce que euls ne voit cuers ne duet. — 
Fénno sé plan, fénno sé déou, fénno és maläouto quan-t-ou 
véou; prvb., femme geint, femme se plaint, femme est 
malade à volonté. 

Dér. du lat. Doere, souffrir d’une douleur. 

Dôousso, s. f. Cosse de légumes. — Voy. Cadéousso. 

Dorgue ou Boulé rouje, s. m. Oronge; agaric-oronge, 
Agaricus aurontiacus cæsareus ; fungus orleicularis aureus ; 
champignon de la tribu des Amanites. — Chaque année, 
au mois d'août et dans les premiers jours de septembre, 
l'apparition des champignons sur nos marchés fait évène- 
ment : elle est aussi le signal de quelques accidents funestes. 
IL ne sera donc pas sans intérêt de résumer ici les notions 
fournies par les mycologuss ies plus autorisés sur le Dorgue, 
Boulé rouje, oronge vraie, comestible, pour empêcher dele 
confondre avec l’autre espèce vénéneuse qui lui ressemble. 

Ce beau champignon, si renommé par son goût exquis, 
par son parfum délicat, est d'une forme ovoïde, entière- 
ment enveloppé d’une membrane blanche, ou volva, en 





qui le couvre, sans emporter de lambeaux, et acquiert 
jusqu’à onze et quinze centimètres de diamètre. Ce chapeau 
est alors presque plane, orbiculaire, d'un jaune orange, 
d'une teinte plus vive vers le centre ; sa surface est douce, 
unie partout, excepté sur les bords, qui sont sensiblement 
rayés et quelquefois incisés. 

Ses feuillets sont larges, épais, inégaux et d’un jaune 
d’or. 

Le pédicule, à peu près de la mème couleur, est plein, 
bulbeux, haut de dix centimètres et quelquefois plus, en- 
touré à sa partie supérieure d'un anneau jaune, large et 
rabattu; chair blanche, épaisse, offrant seulement une 
légère teinte jaune près de la surface ; odeur agréable, 
saveur douce. 

On regarde, et avec raison, l’agaric-oronge, Dorgue, 
comme le plus fin et le plus délicat des champignons. 

Il était connu des Romains sous le nom de Boletus; les 
Grecs le nommaient Béune, et le préféraient à tous les 
autres champignons. Leur amanite était le cèpe que Gallien 
place au second rang. 

Apicius, le plus fameux gastronome de l'antiquité, ou 
comme l'appelle Pline, nepotum omnium altissimus qurges, 
a tracé avec détail le mode de sa préparation. Horace, 
Sénèque, Pline, Juvénal, Martial, Suétone, en font men- 
tion. 

Juvénal en parle comme d’un mets recherché que les 
riches faisaient placer devant eux, tandis qu'on servait de 
mauvais champignons aux parasites qu'ils voulaient bien 
admettre à leur table : 


Vilibus ancipites fungi ponentur amicis, 
Boletus domino... 


Mais c'est surtout Néron qui a rendu ce châmpignon 
célèbre. 11 l’appelait cibus deorum, mets des dieux; mais 
il faut dire que c’était par reconnaissance d'avoir envoyé 
dans l’Olympe son prédécesseur, quelque temps avant 
l'heure naturelle. 

L'empereur Claude, en effet, fut empoisonné avec un 
plat d’oronges qu’il aimait passionnément. Locuste et Agrip- 
pine avaient présidé à la préparation du ragoût; et comme 
il n’agissait pas assez vite, le médecin Xénophon se char- 
gea, sous forme de contre-poison ou de vomitif, d'ajouter 
la dose nécessaire qui acheva l'impérial malade. 

Lou dorgue, oronge, a beaucoup de ressemblance pour 
le port et la couleur du chapeau avec la Fausse oronge, 
Agaricus muscarius. Il faut bien se garder de confondre 
ces deux espèces si différentes par leurs qualités. 

Voici les principaux caractères qui les distinguent : l'une, 
la véritable oronge, a un volva ou une espèce de bourse qui 
la recouvre entièrement dans sa jeunesse, l'autre a un 
volva incomplet. La première porte un chapeau d'un jaune 
orangé, uni, sans verrues; le chapeau de la seconde est de 
couleur écarlate, plus ou moins moucheté de petites peaux 


2%6 pou 

blanches ou dorées, citrinss, écailleuses.. Los dorgue a un 
doux parfum, des lames couleur d'or, un pédlicule jau- 
nâtre : la fausse oroage exhale une odeur désagréable et 
non pas une odeur de champignon; ses lames sont d'as 
blanc de neige, ainsi que le pédicule qui est plus épais, 
cflindrique, un peu écailleux, bulbeux à la base : la bulbe 
du pédicale répand plus particulièrement une odeur forte 
et muséaboude. Dans l2 variété à taches dorées ou citrines 
les bonds de l'anneau qui entoure le pédicule sont fine- 
ment dentés. : 

Autant lou Boulé rouje est délicieux au goût eksain, 
autant la fausse oronge est malfaisante et un poison vio- 
lent, presque loujours mortel. C'est pourquoi nous avons 
insisté sur leurs différences et sur leur description. 

Dos, n. de nombre; fém. de Dous, deux. — Aquè. far 
las des; et de deux. Sou chanjas dé las dos; les vers à 
soie sont sortis de leur deuxième maladie; ils sont à leur 
troisième âge. Fañre las dos mans ; dire le pour et le con- 
tre; servir deux partis à la fois, ou plutôt les trahir tous 
deux en ayant l'air de les soutenir. 

Dér. du lat. Duo. 

Doto, s- f- Dot, apport dotal. — Voy. Bérguièiro. 

Dér. du lat. Dos, dot. 

Doubla, s. Doubler, mettre en double; ployer en deux; 
joindre et tordre deux fils ensemble; mettre une doublure ; 
fausser, tortuer; plier en arc.— Doubla la journado, faire 
um double journée, en travaillant la nuit. Doubla un 
clavèl, tortuer un clou. Doubla wno cléou, fausser une clé. 
A doubla, il à augmenté du double. 

Sé doubla, se plier en deux. — Sé doublo coumo uno 
amarino, il s plie comme un brin d’osier.— On dit mieux 
en ce s0s Gimbla. — Voy.C. 1m. 

Dér. du lat, Duplicare, 19. sign. 

Doublaïro, s. f. Doubleus, ouvrière employée à dou- 
ler la soie ou tout autre fil. 

Doublaje, s. m. Action de doubler un fil quelconque; 
frais de ce travail; provision de fil doublé ou à doubler. 

Double, doublo, s. afr. et adj. Double; le double; 
une fois autant; acle écrit en deux copies. — Aquélo fénno 
és doublo, cite femme est enceinte. Jouga la doublo, jouer 
une partie en doublant le premier enjeu. Féou sinna lou 
double, il faut signer l'acte en double original. L’énvals 
tout double, il l'avala sans hésiter. 

Un double, un cocon qui contient deux chrysalides et 
qui est l'œuvre simultanée de deux vers : ce qui fait que 
leurs fils sont enchevètrés et qu'ils ne produisent qu'un 
brin gros, fort et bourilleux. Aussi sépare-t-on ces cocons 
des simples pour les filer à part, et ils produisent une soie 
grossière el terne qu'on nomme doublo, employée à faire de 
L soie à coudre, des tissus, des lacets, des galons et autres 
produits qui demandent de la force et non de la finesse : 
en terme de commerce, elle se nomme Doupion. 

Depuis l'introduction des races chinoises et japonaises 
dans nos éducations séricicoles, la proportion des doubles 














































pou ; 
ns bi . ns. t-il © 


fléau qui éco) 
des cocons s'en ressent d'une manière | 





tous ceux où entre le mot mille, implique la pluralité « 
dieux, et par conséquent ressemble fort à un legs de l'an- 
tiquité. La racine de ce juron est Müo-Dious! mille-dieux ! 
Par un reste de respect pour le nom de Dieu qu'on remie 
en quelque sorte, on Re 7 M 
sous-entendu : Double-Milo est donc le duplicaüf de. 

Diou! Il faut faire observer cependant que ce juron à 





Sn CS 
Diea, ils sont moins hétérodoxes que ceux qui disent ou- 
vertement : Milo-Dious, parce qu'ils savent tous que test 
mes ateinie Sapin ents JE PROS 
ligue. 

Doublén, doublénquo, s. "=. et f. Agnes me où 
femelle de deux ans. — Foy. Bédigas. rt are 
Doublis, «. mn. Aie de RSR 
— Léoura dou doublis, labourer avec deux bêtes, par op- 
pe a eee En 
la limonnière, c'est-à-dire avec une seule bite. 

Doublaro, s. f. Doubluse, étoile: dust. eus 10 
est doublée. — On donne plaisamment ce nom à la peau 
humaine, qui est en quelque sorte la doublure de nos habits. 
— Fi eronlo fi, véou pas rés pèr doubluro, prvb., fin contre 
fin ne vaut rien pour doublure; à bon chat, bon rat: tu 
as à faire à quelqu'un d'aussi rusé que toi. 

Douçamén, adv. Dim. Douçaméné. Lo pe: à petit 
bruit; délicatement; avec douceur. 

Dér. de Dous, du lat. Dulcis. | 

Doueinoûs, ouso, adj. Douerâtre ; qui est d’une 
œur fade, presque nauséabonde. — — On emplois 
Doucinas, D. sign, qe eue een ASE 


faire un plafond plat garni en plâtre. 
Dér. de la bass. lat. Dogella, petite douve. 
Dougan, s. m. Douvain, bois refenda 


fort belles douves. « 
Dougo, s. f- Bo dm 
psp mag meer à 2 é 
en bois de mürier s : 
donner une certaine po qu 





DOU 

deux ‘traits qui commenceat par les deux Bouts oppcs 
sur deux lignes qui ne sont pas la prolongation l'une de 
l'autre, mais qui se coupent en angle excessivement obtus 
vers le milieu de la douve. 

Dér. de la bass. lat. Doga, m. sign. 

Donié, douïéto, adj. Douillet; délicat: qui se dorlote:; 

peut supporter la plus légère douleur. 

-Dér. du lat. Dolens, dolent ; qui se plaint. 

Douiétariè, s. f., ou Douiétije, s. m. Délicatesse ; gâte- 
rie ; susceptibilité excessive pour la plus petite douleur. 

| Ge qui constitue une différence entre ces deux. mots, qui 
cependant s'emploient à peu près indistinctement, c'est que 
Douïétarid est un acte de délicatesse, et Dowiétije est ce 
défant lui-même, l'habitude passée à l'état chronique. 

Douïre, s. m. Buire; jarre à huile; urne de cuve; 
grand vaisseau en terre cuite. 

Dér. du lat. Dolfum, vaisseau, tonne. 

Douje, n. de nombre. Douze; deux fois six ou dix et 
deux. 

-Dér: du lat. Duodecim, m. sign. 

Doujéno, s. {. Douzaine, nombre de douze. — Les œufs 
s vendent par douzaines; la plupart des fruits se ven- 
daïent de même autrefois; c'est ce qui a amené cette 

proverbiale : Gn'a pas tréje à la doujéno, en par- 

d'une jolie femme où d'un homme de mérite; €’est-à- 

dire que c'est un objet d’une trop grande valeur pour 

qu'on puisse ajouter une unité de plus par dessus le mar- 

ché, comme cela se fait presque toujours pour les ventes à 
douzaine. : 

Doulo, s. f. Coup de poing donné sous le menton, ou à 
Îa nuque où dans les côtes, avec l'angle des phalanges fer- 
mées. Le mot à voulu exprimer l'effet toujours douloureux 
et en a fait le suprème du genre. 

Dér. du lat. Dolere. 

Douloù, s. f. Dim. Dowlounéto. Douleur rhamatismale 
ou nerveuse, et non la douleur, la souffrance générale, que 
fait éprouver un mal physique quelconque, encore moins 
fx douleur morale. 

_Dér. du lat. Doler.. 









pe ve pee rer 


| groisie qui seules avaient droit au titre de madame. 





DOU 267 


Douméisilo est encore un insecte de la classe des Né- 
vroptères, appelé Libellule où Demoiselle, Libelisiæ, Linn., 
portant des ailes de gaze, qui vole au-dessus des ruisseaux 
et des petits cours d'eau. 

Dér. de la bass. lat. Domicella, dim. dé Domina. 

Douméisélun, s. m«. Terme collectif : ensemble des de- 
moiselles ou des filles d'une ville où d'un village. 

Doumèrgue, n. pr. d'homme. Domergue. 

Ce nom, comme le remarque très justement Sauvages, 
est devenu n. pr. de famille après avoir été d'abord un 
simple nom de baptème. Il fut en effet Dominique, que le 
roman languedocien Cansforma en Doménge, et l'esp. en 
Domingo, maintenu en Domingue pour l'appellation d’ane 
ile des Antilles. H a done subi les mèmes métamorphoses 
que ses similaires dérivés de la même source, que nous 
avons déjà rencontrés. C'est encore cetle finale en iniess 
où inieæ de la bass. lat. que le roman ne tolère pas. Le 
latin donnait ines, ina, ümem, qu'on avait redouhlé ou 
allongé; et ce sont ces consonnances sur lesquelles le roman 
se plaisait à s'exercer. Aussi lous ces noms à base com- 
mune prèésentent-ils les plus bizarres variantes. 

Douméssargue, n. p. de lieü. Dommessargues, canton 
de Lédignan, arrondissement d’Alais. 

Variété de mème famille, avec la désinence plus par- 
ticulière à nos contrées. Le principe est dans le latin Do- 
minus. Pour en faire un nom de lieu, le suffixe onlinaire 
vieñt l'approprier et dans la bass. lat. on appelle ce do- 
maine, appartenant à quelque seigneur, au moyen-âge, 
Domensanice, en 41235; le roman vulgaire, en mème temps, 
1237, dit Domenssanègues, puis Domenssanengues, qui 
arrive À notre Douméssærgue par le chemin que nous avons 
indiqué sous les noms en Argue. 

Doummai, conjonc. C'est la traduction du fr. Plus, pris 
pour conjonction et lorsqu'il sert à établir une relation 
entre deux verbes. — Doummaï vaï, dowmmaï déelino, 
plus il va, plus il décline ou diminue. 

Formé de Maï, plas, et du lat. Dum, tandis que. 

Doummén, conjonce. Moins, dans l’acception inverss de 
Doummeï. Tout ce qui est dit pour celui-ci peut s'appli- 
quer à celui-là. 

Doun, conj. Done, par conséquent. Le pronom fr. Dont 
n'est pas connu dans le lang. et c'est un gros solécisme ou 
plutôt un gallicisme que de l'employer. De qui Où duquel 
ne sont pas admis davantage : lacune fâcheuse sans doute 
à qui veut traduire le français; mais pour ceux qui peñt- 
sent en lang. en écrivant dans cet idiome, la pensée ne 
leur vient pas même d'employer cette formé. — Foy. 
Adoun. 

Dér. du lat. Tune, alors. 

D'oun, ade. de lieu. D'où, de quel côté? Contraction de 
D'ounté, mais avec cette différence que D'eun ne s'emploie 
qu'interrogativement. 

Douna, v. Donner; faire un éadeau, une donation; bi 
| vrer, vendre, accorder; causer; ruer; frapper; atteindre. 


268 DOU 

Cependant une singularité : dans cette dernière acception, 
la 4re et 3me pers. sing. de l'indic. prés. du verbe Douna, 
n'ont pas la mème forme de conjugaison. Ainsi Douna, 
donner, fait : Done, dones, dono; et le mème verbe, lors- 
qu'il signifie ruer, fait aux mèmes temps: Doune, dounes, 
douno. 

Douna se dit d'un mur ou d'une construction quelcon- 
que qui s'affaisse sur sa base et perd son aplomb. — Sé 
douna à quâouquus, émb'un oustâou, se donner corps et 
bien à une personne, à une famille : ce qui arrive souvent 
parmi le peuple des célibataires, qui, n'ayant ni famille, 
ni bonne santé, ni capacité suffisante pour gérer leurs 
affaires, s'établissent dans une famille à laquelle ils aban- 
donnent leur avoir, à charge de pourvoir à tous leurs be- 
soins. Cette situation est la contre-partie de la tutelle offi- 
cieuse et pourrait se dénommer pupillarité officieuse. 
Aquélo récolto dono bièn aquéste an, cette récolte produit 
beaucoup cette année. 

Douna veut dire encore : avoir vue; traiter; et faire 
l'aumône. — Sa fénèstro dono sus lou céméntèri, de sa 
fenêtre on a vue sur le cimetière. Aquél hoste don0 bièn, ce 
traiteur donne bien à diner. Dounas quoucon dou pdoure 
avugle, faites l'aumône au pauvre aveugle. 

Dér. du lat. Donare, m. sign. 

Douminargue, n.p. de lieu. Dominargues, canton de 
Connaux, arrondissement d’Uzès. 

Autre variante des deux noms propres qui précèdent. 
Celui-ci vient encore du lat. Dominus, c'est une terre 
-dominicalo au moyen-âge, inféodée, qui, pour cela, était 
désignée par Dominanicæ, et que la langue vulgaire a fini 
par plier au Douminargues actuel. 

Des origines communes apparentent toutes ces dénomi- 
nations, qu'il faut conférer avec ce que nous avons dit de 
Diménche, d'une consanguinité fraternelle, et qui a passé 
par des transformations parfaitement identiques. Tous ces 
rapports doivent encore être rapprochés des noms analo- 
gues, et rien n’est plus curieux que ces diversités sur les 
mêmes racines. Ainsi sont appelés : Domassan, Domessan, 
Domenec, Domenech, n. pr., et Domme (Dordogne); Dom 
(Aveyron); Daumaize (Puy-de-Dôme); Domezac (Cha- 
rente); Daumazan (Ariège); Domazan (Gard); Domezain 
(Hautes-Pyrénées); Domenac (Lot); Domilhac (Lot-et- 
Garonne) ; Dominon (Nièvre). 

La composition ethnique des noms est féconde et fournit 
un intéressant sujet d’études, dont nous essayons de donner 
quelques éléments. ‘ 

Dounaciou, s. f. Donation; don par acte public: acte 
qui établit la donation. 

Dounaïre, aïro, adj. Libéral; aumônier; charitable ; 
qui aime à rendre service. 

Doun-Doun, s. f. Dondon; grosse gagui; femme ou fille 
qui a un embonpoint excessif. 

Dér. du roman Dondaine, ballon à jouer. 

Dounéto, adj. des deux genres. Variante de Dounaïre, 





DOU 


mais qui ne s'emploie que négativement: És pas dounéto, 
il n’est pas généreux ; il n'aime pas à donner; il est avare, 
serré. La fournigo és pas dounélo, la fourmi n'est pas 
prèteuse. 

Douno, s. f. Donne, la main aux différents jeux de 
cartes; distribution d’aumônes à jours fixes, qui sont usi- 
tées dans certaines maisons charitables. — Hiuï és jour 
dé douno encù dé moussu.…, C'est aujourd'hui jour d'au- 
mûne chez monsieur. 

D'ounté ou D'ounte, adv. de lieu. D'où, de quel côté? 
— Voy. D'oun. 

Dér. de Ounté. 

Dourda, v. Frapper, heurter de la corne; cosser. — Sé 
dourda, se cosser; lutter à coups de cornes; au fig. se 
heurter, se cogner la tête contre un corps dur quelconque. 
— dJadis dans les fêtes publiques on faisait lutter deux 
béliers ensemble. On trouve dans des comptes municipaux 
de Nimes cet article de dépenses : Pro uno mutone qui fuit 
luctatus ad luctas Sancti Laurentii V denarii. 

Sauvages prétend que ce mot est d’origine celtique : il 
est difficile de. prouver le contraire. 

Dourdo-moucho, adj. de tout genre. —Voy. Dourdo- 
mouts, dont il n’est qu’une corruption. 

Dourdo-mousquo, adj. de tout genre, m. sign. que le 
précédent et le suivant, dont il est une variante. Tous trois 
s'appliquent fort bien à un butor, un bélitre. 

Dourdo-mouto, adj. de tout genre. Sournois, taciturne; 
songe-creux. Au prop. qui se heurte du pied en marchant 
contre les mottes de terre, tant il est préoccupé de ses 
sombres et sottes rèveries. 

Dans l'usage, Dourdo-moucho a pris le dessus, et il est 
plus usité. 

Dourmar, aïro, adj. Péj. Dourmaïras. Grand dormeur; 
roupilleur. ; 

Dourméire, éiro, adj. Dormeur, qui aime à dormir. 
Dourmar est son péjoratif. 

Dourmi, ». Dormir; reposer; être dans le sommeil; être 
calme et sans mouvement, comme l’eau dormante. — On dit 
d'une toupie, térubin qué dor, lorsque, vers le milieu de 
ses évolutions, elle se met à tourner sur sa pointe sans 
changer de place et avec une telle régularité d'équilibre 
qu'on n’aperçoit pas ses mouvements de rotation. — Lous 
magnas dormou à las trés, à las quatre, les vers à soie sont 
dans leur troisième ou quatrième mue. 

Dér. du lat. Dormire, m. sign. 

Dourmido, s. f. Méridienne, sieste; somme. C'est undes 
repos qui sont dûs aux journaliers depuis le 4° mai jus- 
qu'au 4er août: il a lieu immédiatement après le repas de 
midi. 

Dourmiouso, s. f. Torpille, Torpedo ou Torpilla, Linn., 
poisson de l'ordre des Trematopnées et de la fam. des 
Plagiostomes, à bouche transversale, plat, cartilagineux, 
à peu près de la figure de la raie. La plus grande torpille 
a deux pieds de long. On sait la faculté qu’elle a d'engour- 

































DOU 


dir ou endormir le bras de celui qui la touche, comme par 
une décharge électrique. De là son nom. 

Dourquado, s. f. Dim. Dourquadéto. Plein une cruche ; 
contenu d'une cruche. — Vaï cérqua uno dourquado d'aïgo 
frésquo, va remplir ta ruche d’eau fraiche. 

Dourqué, s. m. Petit broc; pot à eau ou à vin; cru- 
chon. — S'amoura dou dourqué, boire à mème au broc. 

Dim. de Dourquo. 

Dourquièiro, s. f. Violette-longue; espèce de figue d’un 
noir violet en dehors et rouge en dedans. Elle a le cou 
allongé et la base large et plate, ce qui lui donne certaine 
ressemblance avec quelque ancienne forme de cruche, 
Dourquo, d'où elle tire son nom. 

Dourquo, s. f. Dim. Dourquéto; péj. Dourquasso. Cru- 
che de terre ou de grès.— Les gens de la campagne s’en ser- 
vent comme d'un broc pour le vin; mais pour cela cette 
cruche à vin doit avoir un bec ou canal: lorsqu'elle n’a 
qu’une évasure à son rebord, on l'appelle Biche. 

Dér. du lat. Orca, jarre, vaisseau de terre. 

Dous, n. de nombre. Au fém. Dos. Deux. — Dé dous 
én dous, deux à deux : terme de jeu, quand on est associé 
deux contre deux ; se dit aussi des choses et des individus 
divisés par paires ou par couples. Sèn dous, nous sommes 
deux, c’est-à-dire je partage tout à fait votre manière de 
Voir. Proumétre et tène soun dous, promettre et tenir sont 
deux choses fort différentes. 

Dér. du lat. Duo, m. sign. 

Dous, douço, adj. Dim. Doucé ; péj. Dougas. Doux ; 
suave; agréable au goût, à l'odorat; fade; qui manque 
d’assaisonnement : au fig. paisible; d'humeur douce; tran- 
quille; humain; pliant; flexible; velouté. — Zou pan és 
tro dous, le pain manque de sel ou de levain; il est fade. 
On le dit aussi du vin qui, sans être liquoreux, n’a aucune 
pointe, par opposition dou vi for, celui qui commence à 
aigrir; mais il faut que ce soit dans une phrase corrélative, 
sans quoi lou vi dous est simplement le vin doux qui n’a 


! pas encore cuvé. La passo dougo, il passe la vie douce. 


Dér. du lat. Duicis, m. sign. 

Dousil, s. m. Dim. Dousié. Fausset de tonneau; bro- 
chette qui ferme une petite ouverture pratiquée soit au 
haut du fond pour donner de l'air à l'intérieur quand on 
le remplit, soit au milieu pour en déguster le contenu, soit 
au bas quand on le soutire à la brochette; ouverture mème 
où se place le fausset. Au fig. petit trou, blessure étroite. 

La racine de ce mot peut bien être dans le lat. Dolium, 
tonneau; mais elle pourrait bien peut-être se trouver dans 


… Ducere, ductus, conduire, conduit, où Duæ, ducis, chef, 


, v. Douter, tre dans le doute; soupçonner. Se 
prend presque toujours en mauvaise part. — Doura sus 
qudouquus, soupçonner quelqu'un. 
Dér. dulat. Dubitare, m. sign. , 
Doute, s. m. Doute; soupçon; hésitation; incertitude. — 
Léva un doute, élever un soupçon. 





DRA 269 


Douvèr, èrto, adj. et part. pass. de Douvri. Ouvert; 
franc; sincère; qui a le cœur sur la main. — Un chival 
douvèr, un cheval à large poitrine, dont les jambes de 
devant sont largement espacées. Un home douvèr, un 
homme qui a les cuisses arquées et dont les genoux sont 
fort éloignés. 

Douvri, v. Ouvrir. — Voy. Drouvi. 

Dra, s. m. Drap, étoffe ordinairement en laine; grand 
châle en mousseline blanche dont les femmes cossues s'en- 
veloppaient surtout quand elles étaient en grand deuil. Cet 
usage est passé de mode : le châle est noir en grand deuil. 
— Dra dé mor, drap mortuaire. Dra d'hounoù, poële 
d'honneur qui se porte devant le cercueil. 

Le mot Drappus avec la m. sign. se trouve dans les Ca- 
pitulaires de Charlemagne : le celtique ayait Drap; le gr. 
donne Kaoos, trame. 

Dra, s. m. Dim. Draqué. Lutin, diable; mauvais génie; 
esprit follet. On l'appelle aussi Jan-lou-Dra ou lou Draqué. 

Dér. du lat. Draco, dragon. 

Dragas, s. m. Dragon; nom que l'on donne souvent à 
une femme ou à une fille effrontées, hardies au-delà de 
toute pudeur. C’est une contraction du péj. Dragounas. — 
Aqud's un dragas, c'est une Virago, un démon d'effron- 
terie. 

Dragoun, s. "”m. Dim. Pragouné; péj. Dragounas. Dra- 
gon, soldat appartenant à une arme de la cavalerie; lutin, 
esprit ou serpent fantastique. — Aqud's un dragouné, c'est 
un petit lutin. 

Draïo, s. f. Chemin affecté aux troupeaux et qui a une 
plus grande largeur que les autres. — Il se dit surtout de 
ceux que suivent les troupeaux qui vont passer l'été sur 
la montagne et sur lesquels on croit qu'ils ont prescrit 
le droit de passage, quoiqu’ils ne soient pas frayés et qu'on 
ne distingue guère à l'œil leur périmètre. C'est sans doute 
un préjugé qui ne repose sur aucun droit, bien que les 
anciens cadastres les appellent quelquefois comme tenants 
et aboutissants de délimitation. Du reste le nombre de 
routes et chemins vicinaux qui se multiplient chaque jour 
rendent ces Draïos inutiles. 

Dériverait-il du gr. Apéw, s'échapper, s'enfuir, ou de 
Teéyw, courir, passer ? 

Draïôou, s. m. Petit sentier; chemin étroit, à peine 
tracé. 

Dim. de Draïo. 

Draja, v. Cribler; passer au crible. 

Dér. de'Dral ou Drajé. 

Drajaire, s. m. Celui qui crible le blé. 

Drajé, s. m. Crible. — Voy. Dral. 

Drajèio, s. [. Dragée; amande, pistache, nélsntte;” ou 
autres petits fruits enveloppés de sucre durci. — Quouro 
nous fas manja dé drajèïos? Quand te maries-tu? Bada la 
drajèio, au fig. cette locution signifie : Bayer aux corneilles , 
ouvrir la bouche de stupéfaction ; au prop. elle est devenue 
proverbiale et prend son origine dans un jeu du carnaval 


270 DRA 


Dans les mascarades des jours gras, on voit toujours un 
masque habillé en Cassandre et monté sur un âne, sens 
devant derrière; il tient à la main une baguette : à cette 
baguette pend un fil : à ce fil est accrochée une dragée que 
le Cassandre fait sautiller, en frappant avec une seconde 
baguette sur la première, au-dessus d’une foule de gamins 
qui suivent, la bouche grande ouverte, pour happer le 
bonbon, qui leur échappe par ses sautillements, car il est 
prohibé d’y porter la main. 

Cette définition, explication, description du mot et de la 
chose est empruntée aux Castagnados, et nous n'avons pas 
cru pouvoir mieux faire. 

L'étymologie, nous le savons, est, d’après les glossa- 
teurs. tirée du gr. Toxyuate, dessert; de là dragée, disent- 
ils. Nous ne nous y opposons pas. Mais pour qui a vu 
confectionner cette charmante et nuptiale friandise, une 
autre dérivation se présente. Les amandes, pistaches ou 
noisettes sont jetées dans un poëlon de confiseur, au milieu 
d’une poudre de sucre, et soumises à un mouvement con- 
tinu d’agitation, de rotation, d'oscillation, jusqu'à ce que 
les molécules de sucre les ait entièrement et également 
revêtues et enveloppées, de manière à leur former une 
nouvelle écorce, cette délicieuse écale durcie au frotte- 
ment, lisse et égale, qui distingue la dragée. Cette opéra- 
tion de confiserie n'est autre que la manœuvre du crible à 
blé appliquée à une friandise. Or le crible se nomme en 
lang. Drajé. Pourquoi les amandes, criblées aussi, ne rap- 
pelleraient-elles pas dans leur dénomination le moyen par 
lequel elles sont devenues Drajéïos? Cette origine nous 
semble valoir autant qu’une autre plus savante. 

Dral, s. »m. Dim. Drajé. Crible à blé, en peau de pore 
et à trous ronds, ce qui le distingue du Moundaïre. 

Le mot Dral est un terme générique dont celui de Cou- 
ladoù est la spécialité relativement au blé. Lou Drajé ou 
Pisso-païño est un crible dont le fond est tissu en cottons 
de châtaignier, servant à séparer le grain et la balle d'avec 
un résidu de paille. 

Dér. du gr. Apéw, s'échapper, s'enfuir. 

Drandaïa, v. — Voy. Trantaïa. 

Drapé ou Drapèl, s. m. Drapeau d'enfant, linge carré 
dont on enveloppe immédiatement le corps de l'enfant au 
maillot. 


Dim. de Dra. 
Drapèou, s. m. Dim. Drapélé. Drapeau, étendard, en- 
seigne militaire. . 


Dér. de Dra. 

Drapiè, s. m. Drapier, marchand ou fabricant de drap. 
— "Dans un acte du 40 des Kalendes de janvier 1294, qui 
règle le rang des corporations à Alais, il est fait mention 
des drapiers et marchands de drap, faisant commerce avec 
Paris et en France: Draparü, utentes officio draparie et 
omnes illi qui Parisüs aut in Francia mercaturas suas 
exercent. Ms font partie de la deuxième échelle pour former 
le conseil municipal de la commune, avant les avocats, les 





DRE 


notaires, les médecins, les apothicaires et les épiciers, qui 
ne sont classés ensemble qu'au troisième rang. 

Draqué, s. m. — Voy. Dra. 

Dré, s. m. Droit; jurisprudence; justice; loi; ce qui est 
juste; liberté; faculté. — Faïre lou dré, faire bonne jus- 
tice, rendre à chacun ce qui lui appartient légalement ou 


consciencieusement. À fa lus drés à sous éfans, il a par- 


tagé son bien à ses enfants avec une stricte probité. Lous 
drés, les droits légitimaires d’un enfant de famille, ce que 
la loi lui accorde obligatoirement. 

Dér. du lat. Directum pour rectum, justice, équité. 

Dré, drécho, adj. Dim. Dréché. Droit; direct; qui est 
debout ; escarpé; qui a une pente rapide. — Tèn-té dré, 
suivant les cas, signifie : tiens-toi debout ou tiens-toi droit. 
Dré-t-én-dré, vis-à-vis, en face de. Marcho tout dré, mar- 
che droit devant toi. La mountado és bièn drécho, la mon- 
tée est bien rapide. Dré dé tus, vis-à-vis de loi, en ligne 
directe de ta position; faisant face à la direction de tes pas. 
Soun mas és dré dé Larna, sa métairié est près et dans Ja 
direction de Larnac. Touf és én dré, tout est régulièrement 
disposé. L'douro drécho, le vent du nord. Faïre l'éoubre 
dré. (Voy. Aoubre.) — Aqui dré, de ce côté, dans cette 
direction. C’est une phrase explétive fort usitée dans la 
région orientale d’Alais, chez ce qu’on appelle les Gounèls, 
qu'on y emploie à tout usage, sans le moindre rapport avec 
la phrase antécédente ou subséquente. À man drécho, 
du côté droit, à main droite. 

Dér. du lat. Directus, droit. 

Dréchè, dréchèiro, s. m. et f. Droitier, qui se sert 
particulièrement de la main droîte pour tout exercice ét 
travail d'adresse. — La nature a donné une égale force, 
une même dextérité à chacune des deux mains; ce ne sont 
que les habitudes d'enfance ou d'apprentissage qui modi- 
fient cette disposition naturelle, en faisant passer par un 
exercice journalier la force et l'adresse dans celui de ces 
membres qui est le plus mis en exercice. 


Dans notre état de civilisation, nous avons donné là 


préférence au bras droit, et dans tous les actes que nous 
apprenons théoriquement, c'est lui qui joue le principal 
rôle, non pas qu'il y ait été prédestiné par la nature, mais 
bien parce qu'il faut, dans tout apprentissage régulier, 
adopter une unité de principes. L'exercice des armes a dû 
être un des premiers rudiments de l'éducation des peuples 
et c'est un de ceux qui exigent le plus d'ensemble et d'u- 
nité de principes. L# 

La droite a été préférée on ne sait par quel motif; mais 
quand on a vu que cette main avait acquis dans cet 
exercice plus d'habileté et de vigueur, on a dû penser que 
ce membre était privilégié de la nature à quelques excep- 
tions près. 

Cependant quand on considère combien sont nombreux 


les gauchers dans les classes populaires; lorsqu'on voit que, : 


dans ces travaux agricoles qu'on apprend par la seule 
imitation, les gauchers sont aussi communs que les droi- 


| DRO 


tiers; lorsqu'on voit ceux-ci continuer à manier la houe, 
la bôche, la hache, à jeter des pierres, de la main gauche, 
mème après qu'on a exercé leur main droite à l'écriture et 
au maniement des armes; lorsqu'on voit la nature lutter 
victorieusement contre l'éducation dans certains individus 
qui restent gauchers malgré les leçons, les exemples et les 
punitions, il faut convenir que le privilége de la droite 
n'est qu'une convention purement sociale. 
| Cette prédisposition, qui crée les gauchers et les droi- 
tiers, remonte aux premiers mouvements de l'enfance au 
| maillot. Ces | premiers gesles, ce premier exercice des arti- 
. eulations, sont toujours spontanés. Qu'un enfant soit un 
| peu plus ou un peu moins serré dans ses langes d'un côté 
que d'un autre, le membre resté le plus libre agira le 
premier; sisa nourrice en lui donnant le sein lui présente 
plus souvent un côté que l'autre, le bras placé en dehors 
aura plus de liberté et c'est celui dont il se servira d'ins- 
tinct pour saisir ou pour gesticuler. Au bout de quelques 
jours ce membre se renforcera, et au moment où ces mou- 
vements devront prendre plus d'intensité et de régularité, 
la nature quiest en suspens pour décider de la suprématie 
de ses membres, l'accordera de préférence à celui qui aura 
montré plus de dextérité et d'aptitude. 
* Du reste ce qui prouve que les gauchers ne sont point 
une exception de Ja nature, mais bien une contravention 
des lois sociales, c'est qu'ils ne sont point rares dans les 
classes populaires et agricoles, où l’on n'a rien fait pour 
combattre cette prédisposition. 
 Drésèli (Sén), n. pr. de lieu. Saint-Dréséri ou Saint- 
Didier. 

Dér. du lat. Sanctus Desilerius. 

Drinda ou Dinda, v. Tinter; rendre un son aigre et 
métallique comme des grelots. . 

Dér. du lat. Tinnire, m. sign. 

Inutile de faire remarquer, après ce que nous avons dit 

- lett. D, la permutation des dentales du dérivé au primitif 
Jai, Le fr..et le lang. suivent leur marche parallèle. 

… Drin-drin! énterj. Tin-tin; onomatopée d'un son aigu 
ét métallique. 

_ Dringo-drango, phr. faite, sorte d'adv. pour exprimer, 
par imitation, un branlement de gauche à droite, pareil au 
brimballement des cloches. — Faïre dringo-drango, se 

… balancer de droite à ge Se dit surtout des personnes 


































Druggs, drogue. à 

@, s. m. Dim. Droule; augm. Droulas. Jeune gar- 
. — Se dit d'un enfant qui marche déjà, Pronl à 
DRRine, au commencement de la puberté. Ce mot 





MR Dre, als Son ay 





DU 271 


n'entraine avec lui aucune idée défavorable, comme le 
Drole, Îr. — Dé qudou és aquél pouli drole? à qui est œ 
joli enfant, ce gentil mignon d'enfant? surtout avec le 
dim. Droulé. Moun brave droulas, mon cher petit et gros 
poupon : expression caressante, avec l'augin. 

Son étym., ainsi que celle de l'adj., parait avoir été tirée 
du danois ou saxon Trole, démon. 

Drole, drolo, adj. Plaisant, drole; singulier; facétieux.. 
— Trobe un pdou drole que m'aguës [a aquél tour, je trouve 
fort plaisant, fort mauvais que vous m'ayez joné ce tour- 
là. 

Drolo, s. f. Dim. Drouléto; péj. Droulusso. Jeune fille: 
dans la mème acception que Drole; cependant on en pro- 
roge la portée au delà de l’âge nubile. — Uno bravo drolo, 
une gente bachelelte. Aqud faï uno bravo droulusso, c'est 
vraiment une fille appétissante. 

Drouguistariè, s. f. Droguerie, terme générique pour 
exprimer les drogues en général; épicerie ; profession ou 
commerce d'épicier. — Faïre drouguistariè, tenir magasin 
d'épiceries. 

Dér. de Drogo. 

Drouguisto, s. m. Droguiste, épicier. — Le premier de 
ces mots a presque disparu de la langue, comme terme 
qualificatif de profession : il est remplacé en fr. par épicier. 
On ne voit pas bien ee qu'il y a gagné. La mème réforme 
s’est opérée pour apothicaire, qui n’est plus qu'un phar- 
macien. 

Droulé, s. m. Sorte de basquine ou casaque de femme, 
particulière aux provençales d'Arles et de Tarascon, qui 
parait avoir une origine ancienne. Le Droulé était un jus- 
taucorps à basques étroites descendant à mi-jambe et ouvert 
à la taille, ordinairement en soie, de couleur tendre et 
tranchante sur celle de la jupé. Cette mode a disparu, em- 
portant avec elle ce cachet de costume national, que mème 
dans leur coiffure les Arlésiennes ont commencé à modifier. 

Drouvi ou Douvri, vw. Ouvrir; le contraire de fermer. 
— Sé drouvi, au fig. développer son intelligence. 

Douvri serait plus correct, mais l’usage a adopté Drouvi, 
qui n’est qu'une corruption cependant. 

Dér. du lat. Aperire, m. sign. 

Drubi, v. Ouvrir. — C'est le mème mot que le précé- 
dent dont il est une variante usitée dans les hautes Céven- 
nes. 

Druje, drujo, adj. Dru; robuste; vigoureux. — La 
plèjo és druo, il pleut dru. 

Dér. du lat. urus, ferme, solide. 

Drujije, s. f. Vigueur; bonne santé; sève forte et abon- 
dante. 

Du, duro, adj. Dim. Duré; péjor. Duras. Dur; durci; 
ferme; solide; insensible; rude. — Avèr cava sièi pans 
sans atrouba lou du, nous avons creusé à un mètre et 
demi de profondeur sans rencontrer le terrain ferme, soit 
Je rocher, soit l'argile vierge. 

Dér. du lat. Durus, m. sign. 


272 E 


Du, s. m. Espèce de raisin qu'on peut confondre avec le 
Dalican; mais son bois est rougeûtre et très-dur; ses 
feuilles sont aussi plus grandes. 

Duèio, s. f. Douille, partie creuse et cylindrique d’un 
outil, dhun instrument, destinée à recevoir un manche. 

Dér. du lat. Doliolum, petit vaisseau, baril ; parce que 
la douille est effectivement comme un barillet où s'enfonce 
le manche d’une arme ou d'un outil. 

Duga, v. Être pensif; être rêveur; rester dans le far- 
niente; songer ou rêver creux; bayer aux corneilles; se 
plonger dans ses rèveries, moitié sommeil, moitié paresse. 

Dér. de Dugou, grand-duc, parce que cet oiseau est dans 
un état pareil pendant tout le jour, avec ses grands yeux 
qui ne supportent pas la lumière et à demi-clos. 

Duganèl, s. m. Au fém. Duganèlo. Duc, grand-duc, 
hibou, Striæ hubo, Linn. Le plus grand des oiseaux de 
proie nocturnes, il a deux pieds de longueur. Sa nourri- 
ture se compose de lièvres, de lapins et de perdrix, ainsi 
que de rats et de scarabées. Couleur fauve, pommelée de 
brun; plumes de la face mélangées de roux, de noir et de 
gris; gorge blanche. Sa chair est, dit-on, tendre et d'un 
goût agréable. Son nom lang., qui se dit aussi Dugou, est 
une traduction de Duc et peut-être une onomotapée de son 
cri effrayant, qui est d’une consonnance exprimée par son 
nom. Le fr. ne pourrait-il pas venir aussi de cette imita- 
tation, et ne point signifier Duc, Dux, chef de son espèce ? 

Dugou, s. m. Le même que le précédent : variante plus 
imitative dans sa prononciation. 





E 


Dupa, v. Accuser; incriminer; se concerter pour faire 
tomber une faute sur quelqu'un. 

Dér. du fr. Duper, mais avec une légère déviation dans 
l'acception. 

Dura, v. Durer; continuer d’être; persévérer; persister; 
faire un long usagè. — Lou rouve duro din l'aïgo, le chène 
se conserve dans l'eau. Mès qué dure, pourvu que cela 
dure ainsi. La plèjo m'a dura tout lou tén dâou cami, la 
pluie ne m'a pas quitté pendant tout le temps de la route. 
Tout mé duro, mes habits me font un long usage. 

Dér. du lat. Durare, m. sign. 

Durado, s. f. Durée; espace de temps qu’une chose dure; 
long usage. — La plèjo séra pas dé durado, ce n’est pas 
une pluie qui doive durer. Aguélo tèlo fara durado, cette 
toile sera d’un long usage. 

Durbè, s. m. Gros-bec, pinson-royal, Fringilla Cocco- 
thraustes, Temm. Cet oiseau, remarquable par la force de 
son bec conique, pointu et assez dur pour casser les noyaux 
de l’alisier entr’autres, dont il mange l’amande, n’est sus- 
ceptible d'aucune éducation. Il est sauvage et silencieux. 
Il est dur d'oreille, dit Buffon, ce qui peut-être contribue 
à rendre son intelligence bornée. Ce caractère connu a fait 
donner le nom de Durbè, au fig., à un sot, un butor, un 
lourdaud. 

Durioü, s. m. Durillon, callosité qui se forme à la plante 
des pieds et à la pomme des mains, par suite de la com- 
pression de l’épiderme occasionnée par la marche ou par 
le maniement d’un outil. | 


E 


E, s. m. Cinquième lettre de l'alphabet, deuxième 
voyelle. E voyelle a diverses prononciations, qui doivent 
être notées par l'écriture. Tantôt muet, tantôt fermé ou 
ouvert, tantôt aigu ou grave, les accents correspondants 
le distinguent. L'absence d'accent, qui désigne l’e muet, 
ne Jui imprime pas cependant la consonnance de l’e muet 
français, qui est assourdi en eu bref. L’e muet langue- 
docien se prononce à l'italienne, comme un e fermé bref, 
c’est-à-dire que la voix appuie légèrement sur la pénul- 
tième dans les mots qu’il termine. — Voy. le mot Acén. 

I nous est impossible d'adopter, au sujet de la pronon- 
ciation de l'E et de son orthographe, le raisonnement et la 
division de Sauvages. 

On s'étonne, quand on considère la haute intelligence 
de cet auteur et son esprit d'analyse, de le voir sur cette 
question s'éloigner si visiblement de notre vocalisation. 
Peut-être faudrait-il attribuer cette déviation à une muta- 
ion dans la prononciation de ce pays survenue depuis 





l'époque où écrivait Sauvages, ou bien à des types qu'i 
aurait choisis dans un autre dialecte que le nôtre. Car il 
est certain que les théorèmes qu'il établit sont en com- 
plète contradiction avec notre prononciation actuelle. 

Ainsi il n’admet que deux divisions de la voyelle Æ, 
savoir l'e fermé et l’e très-fermé, qu’il qualifie par imita- 
tion de l'italien, Stretto. 

Or, ce qu'il appelle l’e fermé, celui qu'il marque d'un 
accent aigu, est précisément celui que nous nommons l'e 
ouvert et que nous caractérisons par l'accent grave. Que 
l'on observe les mots qu’il donne lui-mème pour exemples 
de l’e fermé: Miraïè, miroitier, Rès, chapelet d'oignons, 
Pèses, pieds, Zrangè, oranger: il est évident que nous pro- 
nonçons tous ces e là, comme le ouvert français, et sans 
aucune différence avec la prononciation des mots suivants : 
procès, commère, lumière, grève, etc. On opposera peut- 
être que dans le nord et.dans l’est de la France, on appuie 
davantage sur cet e ouvert et l'ouverture de la bouche est 








ve 













E 


un peu plus grande; mais ce n’est là qu'un mode d'accen- 
tuation particulière à certaines localités : comme on voit à 
Lyon peser beaucoup plus qu’à Paris et ailleurs sur certai- 
nes voyelles, surtout sur l'o, et prononcer par exemple 
cariole comme s'il y avait un accent circonflexe sur lé, 
ou s'il y avait deux o, carioole. 1 est certain que, dans 
tout le Midi, les personnes qui ont l'accent le plus pur ne 
prononcent pas l'e ouvert français d’une autre manière que 
notre e languedocien dans rangé, pèses, ete. 

Dans tous les cas, il est tout à fait irrationnel d’assi- 
miler ce dernier e à l’e fermé français. 

Arrivons à l’e très-fermé ou Stretto: Sauvages prétend 
que ce dernier e s'écarle autant de l'e fermé français que 
celui-ci s'éloigne de l'e ouvert. Voilà une assertion que 
l'exemple ci-dessus détruit complétement. Nous demandons 
à tous ceux qui ont quelque connaissance, quelque usage 
de notre langue, s'ils aperçoivent une différence saisissable 
entre la prononciation de l’e lang. et de l’e fr. dans les 
mots suivants : 


Rrd Pit... … Lang. Paté, lambin. 
RE nr rene Couté, nuque. 
CAE ME Paré, muraille. 
Pécheur........ Pécadoù, pécheur. 
4 TS AE Sédo, soie. 


Sauvages a cru voir dans le mot italien Stretto, l'an- 
nonce d’une vocalisation plus étroite, plus fermée que 
l'e fr., et il l'a appliquée au lang. Mais la désignation de 
Stretto n’a pas d'autre portée que celle de l'application à 
l'e fermé; l'italien n'a pas d'autre terme pour l’exprimer 
et la différencier de l’e ouvert : cette épithète est positive 
et non superlative, comme la traduction qu'en fait Sau- 
vages. 

Notre glossateur n'admet pas en lang. l'existence de l’e 
muet : cela est vrai, si par là nous devons entendre la 
consonnance brève et muette eu du fr.; cela est faux au 
contraire, si par e muet nous entendons une consonnance 
en e brève, inarticulée, qui s'échappe plutôt qu'elle ne se 
prononce après une pénultième grave et prolongée, et qui 
s'élide devant une voyelle. IL range cette sorte d’e dans la 
catégorie de l’e stretto. 

Nous convenons que cette sorte d’e a une consonnance 
fugitive qui ressemble assez à l’e fermé; mais si on suivait 
cette analogie, il faudrait en fr. assimiler l'e muet à la 
voyelle composée eu et l'appeler eu bref. I] est assez étrange 
du reste que Sauvages n’ait pas senti la nécessité de dis- 
tinguer et de classifier à part les syllabes iuarticulées que 
nous nommons muettes, soit qu'elles se terminent en E, 
en I, O, OU. 

C'est l'oubli que nous relevons en dénommant voyelles 
ou diphthongues muettes celles qui à la fin d'un mot sont 
précédées d’une syllabe longue et prolongée et s'échappent 
inarticulées comme l’e muet final en fr., comme dans les 
mots : manje, gari, broquo, aïmou. Nous distinguons ces 





ÉDO 273 
voyelles finales de leurs correspondantes toniques, en les 
privant de tout accent, tandis que ces dernières reçoivent 
un accent grave. — Voy. Acén. 

Il est à remarquer que ce genre de voyelles muettes ne 
se trouve qu'à la fin d'un mot, et jamais au commence- 
ment ni dans l'intérieur. Il devient donc inutile d'accen- 
tuer celles qui ne sont pas finales, puisqu'elles sont 1on- 
jours toniques dans ce cas, et que d'ailleurs cette multi- 
plicité d'accents deviendrait fatigante à l'œil. 

Nous établissons par conséquent en règle absolue : 4°que 
au commencement et dans l'intérieur d’un mot, chaque 
voyelle a sa valeur et garde le son qui lui est propre; 
2° que les voyelles a et u, qui ne sont jamais muettes, 
n'ont aucun besoin d’accent, quelque place qu’elles occu- 
pent; 3° que les voyelles e, à, 0, et la composée ou, quand 
elles sont finales, doivent avoir un accent grave ou aigu, 
si elles sont toniques, et rester sans accent, si elles sont 
muettes. 

Nous avons dit qu'au commencement ou à la fin d’un 
mot, les voyelles n'étaient jamais muettes, et qu'il deve- 
nait dès lors oiseux de les marquer d’un accent. La 
voyelle e fait exception à cette règle, parce qu'ayant deux 
vocalisations différentes, l’e fermé et l’e ouvert, il était 
nécessaire de les distinguer par l'accent qui leur est propre. 
Tous les e doivent donc être accentués, hors l'e muet final. 

Échantioun, s. m. Échantillon, partie d’une chose, 
morceau d’une étofle ou d'une marchandise pour servir 
de montre ou faire apprécier son mérite. 

Emp. au fr. L 

Édo, sufiire, qui, en s’ajoutant en composition à un 
radical, lui imprime une idée de provenance et surtout un 
sens collectif. 

Cette terminaison est particulière aux idiomes méridio- 
naux, et si le français s'en est emparé pour former quel- 
ques-uns de ses mots, partout où il la conserve, on est 
presque assuré de reconnaitre à ces vocables une attenance 
avec le Midi. Seulement le français donne à la finale fran- 
cisée une modulation différente de celle du languedocien. 
Dans notre dialecte, Édo final est invariablement doux et 
bref sur l’É pénultième tonique, que pour cela nous mar- 
quons par un accent aigu : en français, l'É, tonique aussi, 
est toujours grave, ouvert et long. Laquelle des deux pro- 
nonciations se rapproche davantage de la vocalisation pri- 
mitive de cette syllabe? nous ne saurions le dire ni en 
noter autrement la nuance; mais l'espagnol et l'italien, qui 
ont gardé, comme nous, la consonnance brève et douce 
dans les mêmes cas, pourraient bien reproduire fidèlement 
aussi la prononciation gauloise ou latine de cette désinence 
partitive qui n’a pas beaucoup varié. Quoi qu'il en soit, la 
présence dans un nom propre de la finale Édo ne viendrait- 
elle queprouver que les appellations où elle se trouve appli- 
quée à des noms de famille, indiquent que ces familles 
sont certainement originaires du Midi, qu'il y aurait quel- 
que intérêt à relever le caractère et l'emploi du suffixe. 

35 


274 EDO 


Dans la formation des noms, ce cachet de race n'était pas 
inutile à remarquer. Toujours est-il que le Nord et le 
Centre affectionnent pour leurs terminaisons de collectivité 
une autre formule, comme nous l’allons voir, bien que 
provenant de la même source. 

On cohnait déjà l'emploi et le fonctionnement des suf- 
fixes, ces syllabes adjonctives imaginées pour donner aux 
mots une extension caractéristique de sens. Nos ancêtres 
avaient ek = ak, qu'ils ajoutaient quand ils voulaient ex- 
primer la réunion, la pluralité de mêmes objets dans un 
lieu; nous avons donné de nombreux exemples; Cass, 
Casn désignait un chène, une individualité; Casnek signi- 
fiait une collection de chènes, et ainsi de bien d'autres 
noms. ( Voy. Agno et passim.) Les arbres, les pierres , les 
rochers sont naturellement les objets qui se présentent le 
plus souvent en collection : et l'office de la terminaison 
collective trouvait là à s'appliquer avec plus de fréquence 
et de précision. C’est pourquoi ces dénominations ont pris 
en général pour base le ve de l'arbre qu’il fallait dé- 
signer. 

Le latin avait des procédés de suffixes tout pareils : 
quand il régna en vainqueur dans les Gaules, quelquefois 
il se prit à imposer ses importations, d’autres fois il se 
contenta des mots tout faits; mais toujours il les marqua 
au cachet de son génie linguistique, qu'il prenait dans 
ses finales propres, surtout quand le radical se rapprochait 
suffisamment d’un mot qui lui était familier et usité chez lui. 

Ce mécanisme, que nous avons expliqué, se retrouve ici. 
La moyenne latinité, qui s’imprégnait des anciennes tra- 
ditions et qui tendait en même temps à ne pas trop se 
séparer du romain, forma ainsi son vocabulaire de noms 
propres de lieux, puis de personnes. On avait donc, par 
exemple, en gaulois Cass, Casn, et Casnek; le latin faisait 
Casnetum, correspondant à Quesnetum, à Quercetum, pour 
dire : un lieu planté et abondant en chènes, dont le roman 
du Nord fit Chesnaie où La Chesnaye, qui est devenu 
notre Chadénédo. 

Plus tard, la différence des climats, les aptitudes de 
prononciation et mille autres causes créèrent les variétés 
ethniques : et de là, quand le suffixe primitif était ek = ak, 
transformé en etum latin, au moyen-âge, on disait, en 
employant le latin, etum — edum — idum —eïum, et en 
façonnant le roman au Nord et au Centre, on préféra les 
finales en ai, aye, ais, ait, ei. eye, eis, et, es, éx, eïx, oi, 
ois, oy, oye, et autres désinences équivalentes, tandis que 
l'italien gardait eto, l'espagnol eda, et la langue d'Oc édo, 
comme signe de la collectivité. Par l'effet de la permuta- 
tion des lettres, dont nous avons aussi indiqué quelques 
règles, la substitution du 4 au € ést un changémért na- 
turel. Il en résulte par conséquent que notre suffixe Édo— 
ch = ak = etum, et edum, ainsi que toutes les autres ter- 
minaisons équipollentes du roman et du français actuél, 
ont des bases communes et se substituent l'une à l'autre 
sans autre motif que l'effet de certaines prédispositions 





EFA 


organiques, dont il n’est pas possible de se rendre compte. 
Par où on est amené sans surprise, après avoir dégagé la 
racine, à suivre la composition des mots et des noms, et 
à saisir cependant, à travers leurs variétés, leur généalogie et 
leurs formations successives : Clapas, Rancas, Blaquas, 
racines secondes et individualisant un objet, conduisent à 
Claparédo, Rancarédo, Blaquarédo, noms collectifs, comme 
le lat. Pinetum a donné Pinay —Piney = Pinet = Pinaye, 
noms de lieux, qui sont identiques à notre Pinédo : Ver- 
netum, lat. = Verney (Suisse) — Vernex — notre Vérnédo, 
de Vèr radical; et de même pour nos mots Aoumédo, 
ormoie, Figarédo, Oulivédo, Nougarédo, Poumarédo, Pru- 
narédo, Vérnarédo, Sdouzarédo, Cérièirédo, Sdouzédo, 
lieux plantés d’ormeaux, de figuiers, d’oliviers, de noyers, 
de pommiers, de pruniers, de saules, de cerisiers, et d'une 
infinité de similaires, que le français a également traduits 
suivant ses propensions. 

Ce suffixe Édo n’est pas seul à exprimer la collectivité, 
mais il est certainement un des plus originaux, et il a ce 
mérite que sa descendance est si nette, si régulière, qu'il 
était bon de nous y arrêter, afin de bien marquer des alta- 
ches de notre dialecte. D'autre part, ses affinités sont 
encore tellement précises, son caractère si bien indiqué, et 
son rôle dans la langue si bien défini, que, s’il garde une 
physionomie à part et qu’il la communique à notre idiome, 
il importait de lui consacrer aussi un article spécial, qui 
fera corps dans l’ensemble de l'étude sur les noms. 

Éfan, s. m. Dim. Éfanté, éfantoù, éfantouné; péjor. 
Éfantas. Enfant, garçon ou fille, jusqu’à l’âge de dix ou 
douze ans. — Soun éJ'ans dé dos maïres, ou dé dous païres, 
ils sont frères consanguins ou utérins. Éfan dé naïsséngo, 
enfant nouveau-né. Faïre l'éfan, accoucher. À séntà soun 
éfan, elle a senti remuer l'enfant qu'elle porte dans son 
sein. Moun éfan! mon enfant! terme de familiarité affec- 
tueuse fort usité en languedocien, non-seulément par des 
supérieurs ou des gens plus âgés que l'interlocuteur, comme 
cela se pratique en français, mais même parmi les gens de 
même classe et de même âge, surtout parmi les jeunes 
filles liées entr’elles : Ah/ moun éfan/ est lexorde et le 
garde à vous de tous leurs comérages. Pdoure éfan! terme 
d'amitié, de pitié ou de commisération affectueuse. Éfan 
dé lou! Éfan dé por! sont des épithètes injurieuses que les 
gamins se jettent et se rendent sans que leur susceptibilité 
s'émeuve beaucoup. 

On dit Éfan adjectivement et pour les deux genres 
comimne en français. — Aquo's un éfan, c'est un innocent: 
És éfan, il est enfant, il est plus jeune que son âge. 

Dér. du lat. Infans. 

Éfantas, asso, adj. Grand enfant; adulte qui a les 
mœurs et les goûts d’un enfant; qui fait des enfantillages. 
— Es un éfantas, il agit, il se conduit, il parle ie E 
s’il n'avait pas dépassé l’âge de raison. 

Éfantougnè, gnèiro, «dj. Qui aime les enfants, qui se 
plait à les caresser, à badiner avec eux. 





nl né | 



















ÉGO 
Éfantounéja, v. fréq. Faire l’enfant; s'amuser d’enfan- 


”tillages; caresser les enfants, jouer avec eux. 


Éfantuègno, s. f. La gent puérile; les enfants considérés 
en masse et comme classe. 

Le suffixe Uègno, particulier à notre dialecte, indique 
la collectivité; nous l'avons remarqué déjà sous l'article 
Bastarduègno. — Voy. ©. m. 

Éfè, s. m. Effet de commerce, lettre de change, billet à 
ordre, simple promesse de paiement; domaine, métairie, 
terre, bien. —Aqud's un poulit'éfè, c'est une belle propriété. 

Dér. du lat: Effectus, production. 

Éfla, v. Enfler, se gonfler; devenir plus volumineux. 
Au fig. S'éfla, s'énorgueillir, faire le gros dos. 

Dér. du lat. Inflare, m. sign. 

Éfle, éflo, adj. Enflé, bouffi, gonflé, boursoufflé. — 
Moun dé és tout éfle, mon doigt est tout enflé. Tapo toun 
ièl qué ta gdouto és éflo, phr. faite, sorte de dicton dont 
le mot-à-mot est : ferme l'œil, ta joue est enflée, et dont 
le sens peut être rendu par: laisse faire, laisse aller, ou 
bien : attrape, voilà, le mal est fait, la farce est jouée. 

Éflije, s. f. Enflure; gonflement, tuméfaction, ædème. 

Égalita, s. f. Égalité, mot que les idées nouvelles ont 
rendu familier au peuple. Du reste, il se disait autrefois, 
mais seulement dans l'acception de la phrase suivante : 
Fou l'égalita pértout, il faut de l'équité en tout. 

Éganâou, âoudo, s. Dim. Égandoudé, égandoudoi ; péj. 
Égandoudas. Huguenot, calviniste; protestant. 

Le mot est une corrup. du fr. Huguenot, dont l'étym. 
certaine est encore à trouver. 

Égâou, égalo, adj. Égal. — Cet adj. n’est guère usité 
pour égal, semblable, qui se traduisent par Pariè. On 
l'emploie fort ordinairement au neutre: Es égdou ; aqud 
m'és égdou, c'est égal; cela m'est indifférent. 

Dér. du lat. Æqualis, égal. 

Êgo, s. f. Jument, cavale; rosse de quelque sexe qu’elle 
soit.— L'accent grave tonique doit être très-marqué dans 
ce mot et le suivant sur l'e initial. 

« Dér. du lat. Egua, m. sign. 

Égou, s. m. Yèble ou hièble, petit sureau, sureau her- 
bacé, Sambucus ebulus, Linn. Plante de la fam. des Capri- 
foliacées. Cette plante, qui vient spontanément, ne se plait 
que. dans les bons terrains, et les paysans la regardent 
comme un indice certain de fertilité. On raconte à l'appui 
l'anecdote suivante : Un aveugle, voulant acheter un 
champ, s'y rendit à âne pour le visiter. On riait de sa 
simplicité, car il paraissait difficile qu’il s’assurât par’ ses 
yeux des qualités du champ. En arrivant sur le terrain, 
notre aveugle demanda qu’on lui indiquât un égou, une 


- plante d'hièble, pour attacher son âne. On lui répondit qu'il 
n’y en avait pas trace : lui de remonter aussitôt sur sa bête, 


en disant qu'il n'achetait pas un champ où cette herbe 


ne it pas; et les rieurs passèrent de son côté. 
22m en n..pr. Aigoual; au nord du Vigan, la 
montagne Ja plus élevée du département du Gard : son 





ÉLO 215 


altitude au point appelé l'Hort-de-Dieu, est de 4562 mètres 
au-dessus du niveau de Ja mer. Elle fait partie de Ja 
chaine-qui, par la Lozère, s'unit aux Pyrénées; par Ja 
Lozère, le Vivarais et le Dauphiné, aux Alpes; et par le 
Lévézon, dans l'Aveyron, au Cantal et au-delà. Elle est 
boisée jusqu'à la hauteur de 4250 mètres; son sommet, 
cependant très-accessible, est dans nos pays le plus long- 
temps et le plus tôt couvert de neige. 

La forme française du nom, qui a une affinité très- 
grande avec ceux d'Aigues-Mortes, Aigues-Vives, Aigal- 
liers, etc.,. ne Jaisse aucun doute sur son étymologie, et 
représenterait mieux peut-être la racine prise du lat. Aqua, 
du celt. Aa, Ag, et autres, que ne le fait notre orthogra- 
phe languedocienne, si l’on ne se souvenait que le roman 
disait et écrivait de même Eve, eveuæ, etc., en adoucis- 
sant la première syllabe. La descendance est directe, quelle 
que soit d'ailleurs la manière d'écrire et de prononcer. La 
signification indique un lieu, un terrain aqueax, abondant 
en eaux : c'est ce qu'exprime la première partie du mot, 
et la finale en A7 sert sans doute à marquer la hauteur, — 
Voy. Aïgoùs et Aïgo. 

Éido, s. m. Un aide; aide-meûnier; tout individu qui 
aide un artisan chef, et non point une aide, quisedit : Ajudo. 

Corrup. du fr. 

Éïdo-de-can, s. m. Aide-de-camp. 

Emp. au fr. 

Éitiquéto, s. f. Étiquette, dans le sens de celles que l'on 
met sur un dossier de papiers, sur une préparation phar- 
maceutique, etc. 

Corrup. de la phrase latine : est hèc questio, c'est ici la 
question, que l'on inscrivait autrefois sur chaque dossier 
de procédure, dossier qui était alors enfermé dans un petit 
sac. 

Él, élo, pron. pers. Au plur. Éles, élos. Il, lui; eux, 
elles. — 11 est bon d'expliquer cependant que É! ne peut 
jamais se traduire par i{, quoique ce soit là véritablement 
sa portée et sa signification, attendu que le pronom # ne 
s'emploie que joint à un verbe, soit avant, soit après : & 
aime, dit-il, ete., et qu'en languedocien comme en latin, 
on ne met jamais le pronom personnel avant ou à la suite 
d'un verbe. On dit en effet aïmo, amat, soudis (inquit), 
pour traduire comme ci-dessus. É/ ne peut donc être ex- 
primé que par: lui. Toutefois, si on peut toujours tra- 
duire él par lui, on ne peut admettre le vice versd ; car lui 
au datif s'emploie tel quel, sans l'article à : je lui donne; 
et-pour rendre cette phrase, nous disons : li done. — Voy. Li, 

Dé pér él, de lui-même, par lui-même, sans l'aide ou le 
secours de personne, de son plein gré, de son propre mou- 
vement. — És tout én él, il est tout en lui-même, il garde 
toute-sa pensée, il n’est pas expansif. 

Élo, elle, est un terme par lequel un mari désigne sa 
femme, lorsqu'il est question d'affaires du ménage, sans 
avoir-besoin de la nommer autrement. — #s élo qué mé 
lavo, qué m'éstiro, c'est ma femme qui lave et qui repasse 


276 EMB 


mon linge. La femme ne se permettrait pas une pareille 
licence réciproque en parlant de son mari : quand elle en 
use, ce qui est certainement l'exception, Æ{ pour la cir- 
constance a toujours une certaine intention de mépris ou 
au moins d’ironie. 

Dér. du lat. Zle, illa. 

Élécious, s. f. plur. Élections. — On sent comment ce 
mot et le suivant, si actuels aujourd'hui pour le peuple, 
sont tombés du français dans son domaine. 

Élétur ou Élétou, s. m. Électeur. 

Ëli, s. m. Lis, Lilium candidum, Linn. Plante de la 
fam. des Liliacées, bulbeuse, à fleurs grandes et odorantes. 
Elle a plusieurs variétés; la blanche est la plus belle, Au 
fig. Blancheur extrème, emblème de la pureté virginale, de 
la candeur innocente et de la grandeur. — Le lang. ne le 
confond pas comme le fr. avec les fleurs de lis, qui ont été 
si longtemps les armoiries des rois de France. Il appelle 
celles-ci Las flourdalis, par une corrup. toute française. 

Dér. du lat. Lilium. 

Éliou, s. m. Éclair; éclat subit et passager de lumière, qui 
précède le coup de tonnerre; lumière étincelante et fugitive. 

Dér. du gr. #kws, soleil dont l'éclair imite le rayon- 
nement et l'éclat. 

Élioussa, v. Éclairer:; étinceler; faire des éclairs. — 
Éliousso, il éclaire, il fait des éclairs. 

S'élioussa, s'irriter, monter aux nues de colère; dis- 
paraitre tout à coup; s'enfuir subitement et précipitam- 
ment. — S’és élioussa, il à disparu, il s’est échappé, dit-on 
de quelqu'un qui étaitl à et qui s’est évanoui comme un éclair. 

Élo, pron pers. fém. Elle. — Voy. Él. 

Émbaïma, v. Embaumer, dans le sens de répandre une 
bonne odeur. — Sén qu'émbaïmo, il répand une odeur 
qui embaume l'air. 

Dér. du lat. Balsamum, baume. 

Émbala, v. Emballer; empaqueter, faire des disposi- 
tions de départ. — Émbalo tant qué po, il fait ses paquets 
pour l’autre monde; il dépérit chaque jour. 

Dér. de Balo. 

Émbaladouiro, s. f. Ne s'emploie qu’ajouté au mot 
Aguïo : Aguio émbaladouïro, grosse aiguille où poinçon 
pour coudre l'emballage avec de la ficelle. 

Émbalaje, s. m. Emballage, action d’emballer; ce qui 
sert à l'emballage. 

Émbanasta, v. Charger sur une bête de somme les 
paniers à bât, les mannes où banastos. Au fig. charger à 
un autre son fardeau : dans ce sens, se dit mieux cepen- 
dant Émbasta. 

Dér. de Banasto. 

Émbâouma (S’), ». S'encaver, s'enfoncer dans un ter- 
rier, dans une grotte, dans un bouge. 

Dér. de Bdoumo. 

Émbara, v. Serrer; renfermer une chose; enférrier les 
ètres vivants, le bétail, par ext. enrayer une voiture, une 
charrette, ce qui se faisait par une barre cordée fortement 





EMB 


contre la roue, et qui a été remplacée par ce qu'on appelle 
la mécanique, qui est véritablement un sabot. — Lou 
tén s'émbaro, le temps se couvre; les nuages s’abaissent et 
semblent nous enfermer dans un horizon plus étroit et une 
atmosphère plus basse. Sentè l'émbara, avoir une odeur 
de renfermé. Crégne l'émbara, aimer sa liberté; craindre 
les chaines et les verroux de toute espèce. 

Dans ces derniers exemples, le mot est pris substanti- 
vement. 

Dér. de Baro. 

Émbaragna, v. Enclore un champ de haies; entourer 
de buissons un passage, une issue. 

S'embaragna, s'embarrasser dans une haie; s’accrocher 
à des buissons; au fig. s’enchevètrer dans quelque affaire 
épineuse. 

Dér. de Baragno. } 

Émbaras, s. ». Au plur. Émbarasses. Embarras; gène; 
imbroglio; difficulté d'agir; obstacle; timidité; irrésolu- 
tion. — Faïre dé sous émbarasses, faire ses embarras; faire 
l'important. Agud's pas l'émbaras, ce n'est pas pour dires 
cela importe peu: phrase explétive qui répond au fr. au 
surplus. Fôou bièn aïma lous émbarasses, il faut en vérité 
bien aimer les peines, les soucis, les procès. 

Dér. de Baro. 

Émbarassa, v. Embarrasser; gêner; causer de l’eni- 
barras. — Embarassa coumo un ra éntre dos noses, prvb., 
embarrassé comme un rat entre deux noix, ou autrement, 
la position de l’âne de Buridan. Es un émbarassa, c'est un 
irrésolu, un indécis; il ne sait lier ni délier. Aquél home 
és émbarassa, cet homme a de mauvaises affaires, beaucoup 
de dettes; il est gèné; ses affaires sont embrouillées. Uno 
fénno émbarassado, une femme enceinte. 

Émbarassaïre, airo, adj. Péj. Émbarassaïras. Impor- 
tun ; fàcheux; qui fait l'important; qui aime et recherche 
l'embarras des affaires et qui s'en surcharge à plaisir. 

Émbarqua, v. Embarquer; mettre dans une barque, un 
bateau ; ou seulement mettre en chemin, en marche. Au 
fig. S'émbarqua, se lancer dans une affaire, une entreprise. 

Dér. de Barquo. 

Émbartassa, v. Fermer, avec des buissons morts, les 
entrées d’une propriété, une brèche ou la crête d'un mur, 
pour en empècher l'accès au bétail et aux gens. . 

Dér. de Bartas. 

Émbas, s. m. et adv. de lieu. Le bas; en bas; la bi 
qui s'éloigne des montagnes et s’abaisse vers la mer par 
rapport à nous : l'émbas est au-dessous de Nimes et sur le 
littoral de la Méditerranée, et l’énndou, les hautes Céven- 
nes et la Lozère. — Vaï séga émbas, il va moissonner vers 
Saint-Gilles, Aigues-Mortes, Aimargues, etc. L'émbas d'un 
oustäou, le rez-de-chaussée d’une maison. 

Dér. de Bas. 

Émbasséga, v. Proprement, mettre un timon, une flèche 
à un araire. Au fig. arranger de travers; faire quelque 
chose avec mystère, ou plutôt mettre des mystères à ce 





ÉMB 
qui n’en vaut pas trop la peine. — Dé qué m'émbasségas 
dilai? Que tramez-vous là-bas? 

Dér. de Basségou. 

Émbasta, v. Bâter un mulet, lui mettre le bât. Au fig. 
charger quelqu'un d'un embarras (V. Émbanasta); en 
style de joueur, charger son adversaire de la perte qu'on 
a éprouvée auparavant avec d'autres joueurs. — Aguélo 
fusto és émbastado, cette poutre est déjetée; elle s'est 
arquée en cintre, soit parce qu'elle était de bois vert, soit 
à cause de la surcharge qu'elle supportait; c'est-à-dire 
qu'elle a pris la forme d'un bât. Part pas chaquo fés 
qu'émbasto, locution prvb., qui se dit d’un lambin qui met 
un très-long intervalle entre ses préparatifs de départ et 
son départ lui-même, ou bien d'un indécis qui souvent 
contremande ses projets. Notre dicton revient au prvb. fr. : 
il ne cuit pas du premier bouillon. 

Dér. de Bas, bât. 

Émbasto, s. f. N'a pas d'autre acception que l'acte de 
jeu défini à l’article précédent. — Jouga à l'émbasto, jouer 
à la décharge; c.-à-d. que le perdant payera autant de 
consommations qu'il en perdra, à la décharge et sur le 
compte du vainqueur. 

Émbé, prép., ou Éndé. Avec; ensemble; en compagnie 
de; conjointement; par, dans, en, à, suivant certains 
cas. — Partès émb'aquél tén? Vous partez par le temps 
qu'il fait? Déqué dirén émb'aquéste home? Que dirons- 
nous à cet homme? Déqué métès émb'aquéste sa? Que 
-mettez-vous dans ce sac? Conto émbé lous dés, il compte 
sur ses doigts, avec les doigts. Marche émb'él, je marche 
avec lui, en sa compagnie; nous allons ensemble. Émb’a- 
qud, pourtant, avec cela, en cela. Émb'aqud n'aï pas tort, 
en cela, malgré tout, je n'ai pas tort. 

Nous plaçgons sur la même ligne Émbé et Éndé: c’est 
dire qu'ils sont synonymes ou à peu près. Il faut ajouter 
cependant que, bien qu’ils puissent être substitués l’un à 
l'autre sans inconvénient, Émbé est plus propre dans l’ac- 
ception de Avec, et Éndé dans toutes les autres que nous 
indiquons, et qui sont moins directes. 

Émbé dérive évidemment du lat. Ambo, deux: cela se 
sent encore mieux dans le dialecte gascon qui dit: Amb 
ou Damb. Quant à Endé, il ne paraît autre chose que la 
corrup. ou la variante de Émbé. 

Émbégu, udo, part. pass. du v. Émbéoure. 

Émbéguina (S'}, v. S'emmitoufler ; s'embéguiner ; s'en- 
velopper là tête de coïffes et de bonnets l’un sur l'autre. 
Au fig. se coiffer de quelqu'un, d’une idée; s’entêter ; s’a- 
mouracher. 

… Dér. de Zégui. 

— Émbèl, s. m. Terme de cordonnier : se d'empeigne, 
bat cuir avec lequel on rapièce une crevasse- à 
l’empeigne d’un soulier ou d’une botte, et qui n’a rien de 
commun. avec les pièces de rapport d’un ressemelage de 
chaussure. Au fig. lanière d’étoffe, de cuir, ou de peau hu- 
maine, qui se détache par une écorchure ou une déchirure. 





ÉMB 277 
Par ext. s'applique à un pan de mur écroulé, et autres 
avaries du mème genre. Mais l'Émbél n'est pas l'avarie, la 
déchirure elle-même : c’est le lambeau détaché. 

Dér. du lat. Limbus, bord, bordure, frange. 

Émbéli, v. Embellir; rendre on devenir plus beau : 
augmenter en beauté. 

Dér. de Béou. 

Émbélousa, v. Faire tomber dans le piége; blouser ; 
tromper; faire prendre ke change. 

Dér. de Blouso. 

Émbémia, v. Enjôler; attrapper par des séductions et 
de belles paroles. 

Dér. de Bèmi. 

Émbèougna, ». Contrefaire; imiter les paroles, les 
gestes, la physionomie de quelqu'un pour le tourner en 
ridicule. Dans le style soutenu, on l'emploie pour: Être 
semblable à. ; 

Émbèougnaïre, aïro, adj. Celui qui aime à contrefaire; 
bon mime; qui a un talent d'imitation. 

Émbéoure, v. Terme de lingère ou de couturière : faire 
boire une étoffe, coudre ensemble deux bords ou lisières 
d'étoffe qui n’ont pas la même longueur, de manière ce- 
pendant à ce que les bouts correspondent l'un à l'autre et 
arrivent juste, l’un joignant l’autre : c'est ce qui se dit 
Faïre émbéoure. Cela se présente lorsqu'on veut coudre 
ensemble deux pièces dont l'une est à droit fil et dont 
l'autre est à fil en biais; cette dernière étant naturelle- 
ment plus élastique et s’allongeant quand on l'étire dans 
le sens de sa longueur. 

Ce mot d’ailleurs ne s'emploie qu’à l'inf. et précédé du 
V. faïre. 

Émbéruga (S'), v. Se couvrir de verrues; prendre, 
gagner des verrues. 

Dér. de Bérugo. 

Émbéstia, v. Ennuyer; rendre bète à force d’ennui; 
importuner; abètir; hébéter. 

S'émbéstia, s'ennuyer; éprouver de l'ennui, du dégoût; 
trouver le temps long. 

Dér. de Béstio. 

Émbéstiaje ou Émbéstiamén, s. m. Ennui; dégoût ; 
fatigue; importunité. — Quinte émbéstiaje! Quel ennui! 
Quelle importunité ! 

Émbéstian, anto, adj. Ennuyeux ; importun. — Se dit 
plutôt des choses que des personnes. — Aqui un tén 
émbéstian, Voilà un temps ennuyeux. Émbéstian coumo la 
plèjo, ennuyeux comme la pluie. 

Émbiassos, s. f. plur. Espèce de châssis à bât, d'où * 
pendent deux sacs ouverts par en haut et seulement serrés 
par un cordon au bas, pour charrier du sable, etc. Quandon 
veut vider les sacs, on n'a qu'à lâcher les cordons par en bas. 

Émbiassos, signifie aussi ces larges cabas en sparterie 
qu'on place de même sur une bête de somme des deux 
côtés du bât. — Voy. Énsarios. 

Dér. de Biasso. 


278 ÉMB 


Émbloui, v. Éblouir; donner la berlue; jeter de la 
poudre aux yeux; séduire, fasciner par un grand éclat. 

Formé de Blu, bleu, parce que l'effet de l’éblouissement 
est de teindre les objets en bleu; d’où est venue l'expression 
prvb. On n’y voit que du bleu. 

ouèsa, v. Tromper par des flatteries; entrainer, 
séduire par de belles promesses dans un marché onéreux 
ou une entreprise fàcheuse; séduire une femme ou une 
fille, la tromper. 

Formé de Bos, bois, comme l'ital. Zmboscare, tendre des 
embüches, comme les voleurs qui cherchent à entraîner 
les voyageurs dans les bois par de belles promesses pour 
les dévaliser à l'aise. 

Émbouèta, v. Terme de charronnerie : mettre une boîte 
en fonte dans les moyeux de roue dont l'ouverture serait trop 
élargie par le frottement de l’essieu. Autrefois cette boîte 
était en bois, qu'on ne forait que lorsqu'il était en place; 
mais la fonte l’a remplacé. 

Dér. de Bouèto. 

Émbouia, v. Brouiller ; embrouiller; enchevêtrer; mêler 
un écheveau, des fils, des cheveux; obscurcir, compliquer 
une affaire, une question. — Es tout émbowia, sa chevelure 
est toute mêlée. 

S'émbouïa, s'embarrasser dans ses propos, ne pouvoir en 
retrouver le fil et le raisonnement. 

Dér. de l’ital. Imbrogliare, embrouiller, formé lui-mème 
de la bass. lat. Brolium, bois épais, fourré, dont on a fait 
le mot fr. Breuil et les noms propres Dubreuil, correspon- 
dant à Broglie. 

Émbouïissouna, v. Entourer la tige d’un jeune arbre de 
buissons, pour le préserver de la dent des animaux brou- 
tants. 

Dér. de Bowissoù. 

Émboul, s. »”. Brouillis de fils mêlés, tortillés. Au fig. 
embarras ; affaire litigieuse et embrouillée; trouble; mêlée, 
bagarre; mélange confus; remue-ménage. 

Dér. de l’ital. Imbroglio, m. sign. 

Émboulna ou Émbourna, v. Éventrer; étriper. Au fig. 
maltraiter et particuliérement renverser un corps lourd, 
comme un mur ou un rocher, en lui faisant perdre pied, 
de sorte qu’il s'éboule et tombe en débris. 

Dér. de Zoulnado. 

Émboulnadoù ou Émboulnèri, s. m. Éboulement, 
éboulis; amas de ruines; action de saper, de faire écrouler, 
ébouler. 

Émbounigou, s. ». Nombril; ombilic. 

Dér. du lat. Umbilicus, m. sign. 

Émbouqua, ». Donner à manger aux petits enfants, aux 
vieillards, aux malades, aux perclus et à toutes personnes 
qui ne peuvent faire usage de leurs mains; appâter une 
volaille, lui faire avaler de la pâtée ou du.grain par force, 
en les enfonçant dans son gosier, pour l’engraisser plus 


vite. On appâte les dindons avec des noïx entières sans les 
écaler. 





EMB 
Mâou-émbougua, mal embouché; grossier, sale +) 
propos. 
Dér. de Bouquo. 


Émbourdado, s. f. Plein un tamis à farine; quantité 
de farine que l’on met en une fois dans le tamis pour la 
sasser. P 

Émbourdiè, s. m». Marchand ou fabricant de tamis. 

Émbourdo, s. f. Tamis, sas, de la forme d’un crible, 
dont le tissu est en soie, lorsqu'on ne veut obtenir que la 
fleur de farine, et en crin pour fabriquer du pain-bis. On 
sasse la farine chez les particuliers dans la huche même 
en promenant le tamis sur un chassis en forme de croix, 
qu'on appelle passadouïro. — On dit au fig. passa à l'ém- 
bourdo, éplucher les qualités et les défauts de quelqu'un; 


passa à l’émbourdo fino, éplucher minutieusement; faire 


subir un sévère examen ; passer à l’étamine. 

Émbourgna, v. — Voy. Abourgna. 

Émbourna, v. — Voy. Émboulna. 

Émbousqua, v. Mettre un affüt ou un bois nouveau à 
un fusil. 

S'émbousqua, s'enfoncer dans un bois; se cacher dans 
une forêt. 

Formé de os, bois. 

Émboutéia, v. Entonner un liquide dans une bouteille; 
mettre du vin en bouteille. Au fig. se gorger de vin. — 
Lou tén émboutéio, les nuages se chargent d’eau; le ciel va 
fondre en eau. 

Dér. de Boutéio. 

Émbouti, v. — Voy. Énglouti. 

Émbouti, ido, adj. Boursoufflé; bouffi; bossué; renflé ; 
gonflé. — Fialouso émboutido, quenouille en roseau re- 
fendu qui est très-ventrue et sur laquelle on file surtout 
les cocons dits de graine, et ceux dits Bassinas. 


Dér. de Bouto, qui est le type de ce qui est ventru et. 


rebondi. 

Émboutiga, v. Renfermer dans une boutique. — Se dit 
des céréales et autres denrées qu’on a transportées sur les 
halles et que, faute de pouvoir les vendre, on rentre dans 
un magasin. - 

Dér. de Boutigo. 

Émbranqua, v. Accrocher quelqu'un en passant: l’en- 
trainer. 


S'émbranqua, s'accrocher à une branche; se dtsaie É 


plusieurs branches. Au fig. s'embarrasser de quelque chose 
qui est à charge ; s'engager dans une affaire douteuse, 
Dér, de Branquo. 
Émbriaï, aïgo, adj. Ivre, soûl : qui a trop bu. 
Dér. du lat. Ebrius, m. sign. 
Émbriaïga, v. Enivrer; soùler; faire trop boire. - _— 
S'émbriaïigo én parlan, il s’enivre de paroles. 
Émbriaïgo-cabro, s. f.Lotier corniculé, Lotus corni- 


culatus, Linn. Plante de la fam. des Légumineuses. Les 


Latins la nommaient Lotus dorycnieum, formé du gr. 


Aopézviov, de Adpu, tige, lance, parce qu'elle forme une 





| 

















ÉMI 
quantité de tiges qui s'élèvent sans former de tronc. On 
prétend qu'elle donne des vertiges aux animaux qui la 
broutent : de là son nom lang. 

Émbrida, v. — Voy. Brida. 

Émbroucha, v. Embrocher; mettre à la broche. 

Dér. de Zrocho. 

Émbruda, v. Ébruiter; divulguer un secret; semer 
des bruits vrais, mais fâcheux pour celui qui en est 
l'objet: 

Dér. de Bru, bruit. 

Émbruga, v. Ramer les vers à soie; former entre les 
tables de petits berceaux en bruyère, qu'on appelle Caba- 
nos, sur lesquels les vers grimpent et tendent les fils des- 
tinés à échaffauder leurs cocons. 

Les vers à soie ayant commencé à paraitre en France 
dans les Cévennes et le Vivarais où l’on les rame avec de 
la bruyère, il n’est pas étonnant que ce verbe ait sa racine 
dans le mot Brus, bruyère. Ce mot est devenu typique 
mème pour les pays où l'on rame avec d’autres arbrisseaux 
ou d’autres branchages, comme le chène. 

Émbrugaje, s. m. Bruyère propre à ramer les vers à 
soie lorsqu'elle est coupée de la longueur voulue et débar- 
rassée de ses chicots. — Aprésla l'émbrugaje, préparer la 
bruyère, la couper de même longueur, la disposer dans un 
même sens et en petites bottes pour la commodité de ceux 
qui la placent. 

Émbu, s. m. Dim. Émbuqué; péjor. Émbuquas. Enton- 
noir; vase, instrument pour entonner, pour remplir de 
liquide un vaisseau quelconque. — Æmbu das boudins, 
boudinière, petit entonnoir de fer-blanc, qui sert à farcir 
le boyau du boudin, de la saucisse, de la mortadelle, etc. 
Émbu dé fièio, entonnoir à futaille, qui est une petite auge 
en bois percée d’un trou an milieu, auquel est adapté un 
gros tuyau de fer-blanc. C'est celui qu'on emploie pour 
remplir les futailles lorsqu'il n’y a pas de pompe pour cet 
objet. 

Au fig. Émbu signifie : ivrogne, biberon. — És un pouli 
émbu, c’estun biberon distingué. Faï émbu dé la boutéio, 
il boit au goulot de la bouteille. 

Dér. du lat. Zmbuere, abreuver, verser dedans : 
l'esp: Embudo, et l'ital. Embuto, entonnoir. 

Émbuga, v. Combuger; abreuver, imbiber, humecter 
les douves d'une cuve, d’une futaille, déjointes par la sé- 
cheresse. Se dit également du linge de lessive qu'on abreuve 


d'où 


dans Ja cuve. Au fig. S'émbuga, boire avec excès; s'im- 


biber de vin. 
Dér. du lat. Imbuere, imbiber. 
_Éminado, s. f. Mesure de superficie ou de contenance, 


qui équivaut à dix ares. — Voy. Arpan. 
s. [. Mine, mesure de capacité pour les solides : 


elle équivaut à 2 décalitres 5 litres. Cette mesure ainsi que 
la Quarto existait en réalité sur nos marchés, et n'était pas 


une quantité nominale comme le setier et la salmée. On la 


nommait aussi et mieux Æmindou; mais cé dernier mot ne 





ÉMM 279 
s’appliquait pas théoriquement dans les comptes. On ne 


disait pas : Aï achéta dès émindous dé bla, mais bien dès 
éminos. 


L'émino valait 8 boisseaux, 
— 2 cartes, 
— 4/2 setier, 
— 4/8 de salmée. 


On dit aussi £mino pour une mesure de superficie, mais. 
Éminado est plus technique et plus usité. 

Dér. du lat. Hemina, mesure de liquide qui équivalait 
à une chopine. : 

Émmaïgrési, v. act. Faire maigrir, rendre maigre; 
amaigrir. Au fig. diminuer lé volume, l'épaisseur d’une‘ 
pièce de charpente, d’une pierre de taille, etc. 

S'émmaïgrési, maigrir, devenir maigre ou se rendre 
maigre. 

Dér. de Maïgre. 

Émmalicia (S'),v. n. S'irriter, se courroucer; semettre 
en colère, en fureur. — Lou tén s'és émmalicia, le temps 
est à la tempète. 

Dér. de Maliço. 

Émmanda, ». Renvoyer, congédier; éconduire; jeter 
une pierre à quelqu'un. Émmanda un co dé fusil, tirer 
un coup de fusil. Æmmanda la man, lancer un soufflet. 
Émmanda las floundos, ruer. Émmanda lou bou, terme de 
fileur de soie, lancer le brin de soie qu'on tient à la main 
et provenant des cocons qu'on vient de battre, de manière 
qu'il se lie et se confonde avec les brins qui se dévident 
déjà et auxquels le nouveau se soude par le seul effet de la 
torsion très-vive du premier. 

Dér. du lat. Mandare, envoyer. 

Émmanquable, ablo, adj. Immanquable; infaillible; 
assuré. — La plèjo és émmanquablo, la pluie est certaine; 
nous ne pouvons l'éviler. Émmanquable qué véndra 
déman ; il est plus que probable qu'il viendra demain: 

Émmanquablamén, av. Immanquablement; assuré- 
ment; sans nul doute. 

Émmarina (S’), ». Tourner au vent du midi, au marin. 
— Lou tên és bièn émmarina, le vent du midi soufile avec 
violence; ce qui dans ce pays annonce d'ordinaire les 
inondations à la suite de grandes pluies danÿ la région des 
montagnes. 

Dér. de Marin. 

Émmasqua, v. Ensorceler; jeter un sort; fasciner : par 
ext. ennuyer, importuner; être insupportable. — Æs ém- 
masqua d'aquélo fio, il a la tête tournée par cette fille. 
Quéouquo ganto l'a émmasqua, quelque sorcière lui a jeté 
un sort. Garo té d'aqui, qué m'émmasques, Va l'en, tu 
m'ennuies, tu me fatigues. : 

Ce verbe, ainsi que le mot'Masquo son correspondant, 
et le Masque fr. paraissent tous dériver d'une même ori- 
fe, lé gr. Baoxabw, je fascine, j'ensorcèle, Bécxavo, 
sorcier, qui fascine. 


280 __ EMP 

Les Goths et plus tard les Lombards ont tiré de la 
mème source leur Masca, sorcière; et c'est probablement 
de ceux-ci que le lang. et le fr. ont tiré le mot Masquo et 
Masque : ce dernier par analogie, soit que les faux visages 
représentent la hideur des sorcières, soit parce que ces 
dernières prenaient un faux visage dans leurs opérations 
magiques. 

Émmasquaciou, s. f. Sortilôge ; enchantement ; sort jeté. 
— Aqud's uno émmasquaciou, c'est un malheur donné ; 
cela ne peut arriver qu'à moi. 

Émmasquaire, aïro, adj. Enchanteur; séducteur; qui 
sait attirer dans ses filets par de belles paroles. 

Émmasquan, anto, adj. Ennuyeux au superlatif; fas- 
tidieux jusqu’au dégoût ; contrariant à l'excès. 

Émména, v. Emmener; conduire avec soi; entrainer.— 
Gardoù a émména lou pon, le Gardon a entrainé, renversé 
le pont. 

Dér. de Ména. 

Émmoustousi, v. Engluer; oindre de moût:; enduire 
d’un corps poisseux quelconque. Au fig. S'émmoustousè, se 
compromettre dans une sale affaire. 

Dér. de Mous. 

Émpacha, v. Empècher; embarrasser; entraver. — 
Soui émpacha, je suis occupé d’une autre affaire. Aquél 
pagnè és émpacha, ce panier est plein ; il n’est pas dispo- 
nible. Émpacho pas est une locution explétive qu'on met 
à tout propos dans la conversation, et qu'on peut rendre 
par : cependant, nonobstant. Émpacho pas qu'aquél bla és 
bièn poulà, quoi qu'on en puisse dire, il faut convenir que 
ce blé est fort beau. 

Dér. du lat. Impedire, ou du gr. "Eurodeuwv, empècher : 
la racine de celui-ci est Ioëés, génit. de os, pied : en- 
traver les pieds. 

Émpachamén, s. "m. Empôchement; obstacle; opposition. 

Émpañfa, v. Empiffrer; gorger de vivres, de boisson. 
S'émpafa, se gorger, s'en donner jusqu'au menton. Dans 
la langue verte, se paffer, c'est boire avec excès; être paf, 
se remplir l'estomac de nourriture. Le verbe lang. est-il 
une traduction, ou bien a-t-il inspiré l’argot faubourien ? 

Émpaia, v. Empailler, garnir de paille; empailler ou 
remonter des oiseaux, des animaux. — Sémbles émpaïa, tu 
es là raide et empesé comme un homme de paille. 

Dér. de Paio. 

Émpancéla, v. Ramer des pois, des haricots, etc.; leur 
donner des tuteurs où ils grimpent et se soutiennent, et 
à l’aide desquels ils projettent de nouvelles branches. 

Dér. de Pancel. 

Émpancéladoù, adouno, adj. Qui est de nature à 
grimper sur la rame; qui est assez grand pour être ramé: 
qui demande à être ramé. — Favidous émpancéladoùs, 
espèce de haricots grimpants. Vostes péses soun émpan- 
céladoùs, Vos pois demandent à être ramés. 

Émpäouma, ». Empaumer; saisir avec la main. Au fig. 
se rendre maitre de l'esprit de quelqu'un, pour lui faire 





ÉMP 
faire tout ce qu'on veut; l'entrainer, le capter, le captiver 
par des séductions. — La pou l'émpdoumo, la frayeur 
le saisit. 

Dér. du lat. Palma, paume de la main. 

Émpara (S'), v. S'emparer, se saisir. 

Ce mot est plus restreint qu’en fr.; c'est s'emparer d’une 
place ou d’un objet, qu'un autre vient d'abandonner. 

Émparga, v. Renfermer le bétail dans le pare; clore les 
claies. Au fig. encaisser un cours d’eau, le tenir renfermé 
dans son lit par des bordures d’oseraies et des bâtardeaux. 

Dér. de Pargue. 

Émpéga, v. Coller; poisser; enduire de poix, de glu. Au 
fig. embarrasser, empètrer. 

S'émpéga, se prendre à quelqu'un ou même à quelque 
chose, un travail, un ouvrage; s'installer auprès de quel- 
qu'un qu'on ituportune; ne pas vouloir ou savoir s’en 
détacher. Par ext. s'enivrer, parce qu’un homme ivre 
perd tout mouvement, comme s’il était collé avec de la poix. 

Dér. de Pégo. 

Émpégno, s. f. Empeigne, le dessus du soulier. 

Dér. du lat. Impilia, sorte de chaussure de feutre, selon 
Pline, brodequins de poil foulé. 

Empégoumi, ido, adj. Poisseux; poissé; sali, noir de 
poix. 

Dér. de Pégo. 

Émpéira, v. Empierrer un chemin, le garnir de pierres. 

Dér. de Péiro. l 

Émpéita, v. Embarrasser; entraver; empêtrer. — Es un 
émpéita, c’est un empètré, il ne sait ni lier, ni délier. 

Dér. du lat. Impeditus, qui est embarrassé, entravé par 
les pieds. 

Émpèito, s. f. Embarras; obstacle; empêchement; acci- 
dent qui dérange un projet; pierre d’achoppement,. 

Émpéri, ido, adj. Obéré, insolvable; un homme qui 
n’a rien à lui, surtout un homme sans crédit, sans consi- 
dération, sans position financière. 

Ce mot est même accompagné d’une idée de déconsidé- 
ration morale; car on ne le dirait pas d’un honnête homme 
tombé dans la misère. 

Dér. du lat. Imperitus, ignorant, maladroit : la tradue- 
tion languedocienne a dévié de l’acception latine, ce qui 
lui est assez ordinaire. 

Émpérouina, v. Goudronner; enduire de poix-résine; 
cacheter des bouteilles; oindre ou luter avec la poix-résine. 

S'émpérouina, se barbouiller, se tacher, se salir les 
mains ou les habits avec du goudron ou de la poix résine. 

Dér. de Pérouino. 

Émpérquaïra (S'), v. Se blouser, se mettre dans de 
mauvais draps; s'engager, se fourrer dans des affaires dou- 
teuses ou du moins embrouillées. — Dé qué s’anavo ém- 
pérquaïira énd'aquél home? qu'allait-il enchevètrer ses 
affaires avec celles de cet homme? És bièn émpérquaïra, 
ses affaires sont fort dérangées, il est très-obéré, très- 
endetté. 








- ÉMP 


Dér. du lat. Precarius, précaire, titre précaire : c'est 
comme si l'on disait, il s'est enfoncé dans le précaire, ce 
qui, en terme de pratique, signifiait en lat. un bien en- 

agé. 
x Émpésou ou Émpésoulina, v. Garnir de poux ; donner 
des poux à quelqu'un. 

S'émpésouli, se laisser gagner par les poux. 

Dér. de Pésoul. 

Émpésoulina, v. Le même que Empésouli. 

Émpésta, v. Empester, empuantir; répandre où com- 
muniquer une odeur fétide. — Pu qu'émpèsto, il pue à 
infecter; il pue comme un rat mort. Émpèsto lou boù, il 
‘sent le bouc. La vilo èro émpéstado dé boulés, la ville 
regorgeait de champignons. 

Dér. du lat. Pestis, pesle, fléau. 

Émpéstiféla, v. fréq. de Æmpésta. 

Émplastra, v. Engluer, salir d’un corps humide et 
pâteux ; souffleter. Au fig. S'émplastra, s'établir en para- 
site chez quelqu'un, avec la tenacité d’un emplâtre. 

Émplastre, s. m. Dim. Émplastroù. Emplâtre; onguent 
étendu sur du linge ou une peau; large tache de corps 
gras; soufllet appliqué sur la joue; parasile, importun 
dont on ne peut se débarrasser; personne inutile, infirme, 
impropre à tout, qui est à charge à quelqu'un. — Siès un 
émplastre dé Bourgougno, lu es un ennuyeux, un impor- 
tun, par allusion à la poix de Bourgogne dont on fait des 
emplâtres. Issarta à l'émplastre, greffer à l'écusson. Cette 
greffe consiste à fendre l'écorce du sujet avec la lame du 
greffoir, à en écarter les deux lèvres et y introduire une 
plaque d’écorce franche qui porte un œil. On lie forte- 
ment le tout, de manière à empêcher toute infiltration 
extérieure de la sève, en ayant soin d'écarter le lien sur 
l'œil qui doit rester libre. 

Dér. du gr. *Eurhaotpov, emplâtre, formé du v."Eurkasostv, 
appliquer sur, coller à. 

Émpoucha, v. Empocher; mettre dans sa poche. — Ce 
mot entraine une certaine idée d'avidité : c’est faire des 
provisions dans sa poche, quand on est invité hors de 
chez soi; ou subtiliser adroïtement et peu honnêtement 
quelque chose. 

Dér. de Pocko. 

Émpougna, v. Empoigner; saisir avec la main; s’em- 
parer de; dérober. 

S'émpougna, en venir aux mains, lutter corps à corps; 
s'empoigner, se battre. 

Dér. de Pougno. 

Émpouisouna, +. Empoisonner; donner du poison, faire 

par le poison. Au fig. infecter, exhaler une odeur 
éfétide. — Téraïr empouïsouna pér lous amouriès , terrain 
empoisonné par les müriers. On prétend que les racines 
_pourries des müriers morts font périr les nouveaux plants 
qu'on sur le mème terrain avant de l'avoir bien 
purgé des débris de ces racines. Il est fort possible que la 
matière phosphorique qui se procrée des émissions du bois 





ÉMP 281 


pourri produise cet effet; mais cette dégénérescence n'a 
pas pour cause exclusive le mürier seul, dont la décom- 
position des racines répandrait ainsi des sucs délétères, on 
en accuse aussi le chène, anciennement trés-commun dans 
nos pays. Les théoriciens expliquent qu'une plantation 
antécédente de müriers, ou la préexistence de chènes sur 
un terrain, pendant un assez long temps, ont dû arriver à 
l'épuisement des sels propres et nécessaires à l'arbre le 
plus précieux de nos contrées, car les deux essences pa- 
raissent se nourrir les mêmes sucs. L'expérience, d'autre 
part, est venue démontrer maintes fois que, dans les terres 
d'où l'on a extirpé avec soin les racinages pourris, la mor- 
talité se fait peu sentir; tandis qu'au contraire, dans celles 
où l'expurgation n'a pas ét& complète, les jeunes müriers 
font des pousses magnifiques, quelquefois pendant huît ou 
dix ans, puis périssent tout à coup en pleine végétation, 
comme frappés d’empoisonnement. Si l'explication scien- 
tifique était vraie, ne serait-ce pas surtout dans les pre- 
mières années que les nouveaux plants souffriraient de ce 
manque de substance nutritive, tandis que plus tard, les 
sucs naturels se renouvelant, leur rendraient peu à peu 
l'alimentation normale? alors, ce serait de marasme, de 
rachitisme que périraient le’ nouveaux sujets, et non de 
mort subite, d’apoplexie foudroyante , si l’on peut ainsi 
dire, comme ils font généralement. 

En présence des faits, les causes restent incertaines; 
mais des deux hypothèses, la première est la seule adoptée 
par le peuple des campagnes. Elle peut n'être pas fondée; 
elle peut tenir d'autre chose que d'une dégénérescence 
amenée par une trop grande diffusion phosphoreuse; elle 
peut dériver d'autres germes morbides; mais, à notre 
avis, l'observation des agriculteurs, peu familiers avec la 
chimie, pourrait bien avoir rencontré juste, et le sys- 
tème scientifique ne se trouver exposé qu'aux démentis 
donnés chaque année par l'expérience et la pratique. 
IL était donc très-intéressant, dans une question si 
grave pour nos régions séricicoles, de tenir note et bon 
compte des dictons anciens et de leur raison d’être et d'avoir 
cours. 

Émpoulo, s. f. Ampoule; cloche, vessie, sorte de pus- 
tule pleine d’eau qui se forme sur la peau, principalement 
aux pieds el aux mains, par suite d'un exercice forcé, ou 
du frottement continu d’un corps dur comme le manche 
d’un outil, où une chaussure qui blesse et entame la peau. 
Vider cette vessie par une incision est un moyen insufi- 
sant, parce que l'ouverture se referme bientôt et la cloche: 
se remplit de nouveau. Le remède le plus simple et le 
plus efficace est d'y placer un petit séton, c'est-à-dire une 
aiguillée de fil qu'on y passe de part en part avec une 
aiguille et qu facilite l'évacuation successive, jusqu'à 
complète cicatrisation. — Acampo pas d'émpoulos à las 
mans, il ne prend pas le travail trop à cœur, ou il fait un 
travail peu fatigant. 


* Dér. du lat. Ampulla, m. sign. À 


282 ÉN 

Émpourta, v. Emporter, enlever, ôter d’un lieu; porter 
avec soi; entrainer. 

Dér. de Pourta. 

Émprégna, v. Engrosser; rendre une femme enceinte; 
féconder une femelle. — Aguélo fénno és émprégnado, 
cette femme est grosse; elle a conçu. 

Dér. du lat. Progigno, concevoir. 

Émpudicina, v. Empuantir, infecter. 

Dér. de Pudicino. 

Émpura, v. Attiser le feu; fourgonner; rapprocher les 
tisons; raviver les tisons couverts de cendres. Au fig. 
attiser la discorde ; exciter une querelle déjà allumée; 
jeter de l'huile sur le feu. 

Dér. du gr. Nüp, œupés, feu. 

Émpuraïre, aïro, adj. Brouillon, boute-feu; qui fo- 
mente et excite des querelles. 

Én, Ën, Éno, Ëno, sufires au masc. et au fém. 

Nous avons essayé déjà à l’art. Agno, suff. et dans quel- 
ques autres, de donner une idée générale du rôle des suf- 
fixes et des formes particulières qu’ils affectent dans notre 
langue d'Oc : nous n’y reviendrons, à propos de celui qui 
se présente maintenant, que: pour rappeler ce qui en a été 
dit, et le rattacher comme type à la famille qui s’est créée 
sur sa voyelle pivot ou tonique. 

Ces désinences, on le sait, s'adaptent à un radical, et 
elles ont pour objet d'en modifier la signification. Syllabes 
par elles-mêmes dépourvues de sens, elles donnent au mot 
primitif des qualités diverses et y ajoutent une idée acces- 
soire qui conslitue ses dérivations. Du substantif au verbe, 
les terminaisons marquent la personne, le temps et le 
mode : du substantif à l'adjectif, elles servent à distinguer 
le genre, le nombre et le cas. Ce n’est pas tout à fait à ce 
point de vue que nous voudrions les considérer en ce mo- 
ment : la déclinaison et la conjugaison rendent compte 
d’ailleurs à chaque instant de leurs fonctions et des chan- 
gements qui en sont le résultat. Mais les suffixes font plus 
encore, et leur véritable emploi, le plus intéressant, est 
plus étendu. S'agit-il, en effet, de généraliser le sens d’un 
mot ou de le restreindre, de le diminuer ou de l’augmen- 
ter, de spécifier la substance dont il provient, l’action qu’il 
remplit, la source dont il découle, ses relations et ses con- 
cordances, sa manière d'être; alors interviennent ces dési- 
nences adjectives qui déterminent tous ces rapports, par 
des nuances d’inflexions et de composition qui semblent 
systématiques et pour ainsi dire uniformes. Comme nos 
idiomes méridionaux se sont formés en majeure partie de 
radicaux venus du latin, ou du moins d'éléments que le 
latin s'était appropriés, il est évident que, par tradition, 
la langue nouvelle, héritière directe du latin et qui n'en- 
tendait point perdre, même dans son nom, ses souvenirs, 
a mis en œuvre les procédés de la latinité, toutefois sans 
abdiquer l'originalité de son esprit et sans chercher à les 
rendre méconnaissables. Elle a done pu, en obéissant à ses 
instincts, innés peut-être, mais longtemps comprimés, 





ÉN 

adoucir des consonnances, préférer la concision à l'am- 
pleur, accommoder à ses aptitudes organiques des into- 
nations et sa prononciation qui amenaient forcément les 
mots à une autre structure; mais le fond n’a été ni changé, 
ni dénaturé, et certaines règles de convention n'ont pas 
été abolies. Ce sont et ces origines et toutes ces transfor- 
mations, indispensables à étudier pour arriver à l'étymo- 
logie et au sens vrai des mots, que nous tentons de déga- 
ger, de noter au passage, en suivant leurs phases souvent 
obscures et en rapprochant leurs nombreusés variantes, 
qui sont la richesse de notre langue. 

La fréquence de cette forme de suffixe Én, En, mase., 
Ëno, Éno, fém., n'est pas précisément ce qu’il offre de 
plus remarquable; mais il est la base d'une infinité de 
combinaisons curieuses, qui viennent à l'appui de ce que 
nous avons dit du travail de la langue, au moment de sa 
rénovation. Il n’est pas douteux d’abord que la désinence 
actuelle ne corresponde directement au suffixe latin Enus, 
a, um = Anus, a, um. La différence même d'accentua- 
tion de la voyelle euphonique, tantôt avec é fermé, tantôt 
avec à ouvert, pourrait bien n'avoir été produite que par 
la variété latine enus où anus; alors surtout que la portée 
du suffixe et sa valeur significative n’ont point été par là 
sensiblement altérées : Paganus à donné Pagan, paysan, 
ainsi que Païèn, païen; Vilanus, vilèn, vilain; Christia- 
nus, crétièn, créstian, chrétien ( V. ©. m.). Mais en mème 
temps cette affinité de consonnance ramène à la terminai- 
son celtique adjective Ec — Ac, qui tient toujours au sol. 
Il n’y aura donc pas à s'étonner du rapprochement et de 
la confusion de ces voyelles, non plus que de leur équi- 
pollence. Ce doit ètre par ce mécanisme que la terminai- 
son enus = anus latine a suppléé et reproduit la gauloïse 
ec — ac, comme les autres variétés. Peut-être le celtique 
était-il moins riche; mais le roman et puis la langue d'Oc 
s’assimilèrent tout ce que la moyenne latinité, cette dégé- 
nérescence du latin vaincu, qui était déjà le renouvelle- 
ment du langage, avait entrepris de réformer, de rendre 
plus vif, plus serré, plus concis, par la contraction et par 
la suppression des finales, le déplacement de l’accent toni- 
que, et l’adoucissement de certains sons. Cette méthode 
est indiquée par les exemples pris surtout dans les noms 
propres d'hommes et de lieux : et là, en effet, doit'se ren- 
contrer sa meilleure démonstration. 

Comme Ec = Ac, comme le latin Enus, a, um = Anus, 
a, um, qui le rappelle, notre suffixe En, Eno, quel que soit 
son accent, est destiné à marquer l’habitation, la relation 
avec une société, un pays, une contrée, une secte, une 
école, un culte, quelque idée de provenance, d'apparte- 
nance, d'affiliation : alaisièn, vilèn, païèn, crétièn, langue- 
doucièn, ete., sont des noms, ou plutôt des adjectifs, pro 
pres où communs, dont les primitifs latins, alesia, villa, 
pagus, christus, ont été adjectivés au moyen de la termi- 
naison caractéristique. Quand donc il fallait, sur ce mo- 
dèle, désigner plus spécialement la propriété d'un individu, 
































EN 
le lieu où il habitait, la contrée d'où il venait, l'agréga- 
tion à laquelle il appartenait ; les Gaulois avaient leur ter- 
minaison pour adjectiver, soit le nom de l'homme, pour 
l'appliquer à sa terre, à sa demeure, à sa propriété, à son 
lieu d'origine, ete., soit le nom régionol, pour le même 
effet : les Latins employaient ou leur génitif, ou leur 
suflixe de même valeur, et les accumulaient quelquefois, 
surtout pour les noms propres; le roman, après eux, 
s'attacha à maintenir les mêmes désignations, en suppri- 
mant les finales us, a, um, purement latines, en conser- 
vant avec soin les formes primitives. De là les prove- 
nances Alaisièn, Andusèn, Sén-lanén, Saléndrén, etc., 
les noms de nombre, céntén, masc. inusité, cénténo, cin- 
quantèno, crantén, cranténo, etc., et les adj. marsén, ésti- 
vén, ribidirén, hivèrnén, etc.; et sur la terminaison au fém. 
en éno, où éno, s'appliquant à des propriétés, à des maisons, 
à des terres appartenant à des personnes du nom de Jules, 
primitif abrégé de Julius faisant Julianus, transformé en 
Julièn et en la Julienne; du primitif Lucus, coupé de Luc ou 
Luæ, fournissant Zucanus, ou la forme génitive Luci, ou bien 
Lucius, mème racine, donnant au génitif Lucii, traduit en 
Lucien qui en provient et en Lucienne, terre, propriété, 
habitation de Lucius ou de Luc; arrivant probablement par la 
suite à notre nom de Lussargue où Lugargue; Martin donnant 
la Martinienne, se transformant en Martigny, campus, cas- 
trum Martini, de même que Martignac, Martignan, Marti- 
nenche, Martignargues; Cornu, lat., Courniènno, Cournéïam, 
Corneilhan (Hérault), etc., qui ont subi d’autres métamor- 
phoses encore, et dont la nomenclature serait trop longue. 

I suffit, d'ailleurs, de mettre sur la voie du procédé 
général : les différents mots donneront raison, autant que 
possible sera, du mode et de l'agencement particulier des 
variantes sur les noms propres. Nous ne saisissons ici 
qu’une des formes qui durent être les premières intro- 
duites dans nos dialectes romans et languedociens, parce 
que ses affinités sont plus rapprochées du suffixe latin 
Enus, a, um, et que l'impression faite sur le mot est iden- 
tique de sens et de valeur. 

Avec ces données, sur lesquelles il eût été facile de mul- 
tiplierles exemples, on peut relier ce qui a été dit aux 
articles Agno, An, et autres, au sujet des propensions qui 
se manifestèrent au moment où le latin s'effaça pour faire 
place aux nouveaux idiomes. Comment s'opéra le chan- 
gement et par quelles phases il fut conduit, sans autre 
science que l'instinct euphonique du peuple, sans système 
savant et préconçu autre que de rendre l'accentuation plus 
-commode et plus adoucie, et l'expression égale à la rapi- 
dité de la conception, pour Le pet entrer dans le génie 
national; il est possible peut-être d'en avoir le sentiment, 
d'en ‘les effets, mais il est mal aisé d'en aperce- 
voir et 


mun: il n'ya pas à insister sur les différences qui sépa- 
rent la langue d'Oc de Ja langue d'Oil. A chacune ses for- 


enexpliquer les motifs. Le langage au nord, dans 
le centre êt au midi, s’est construit dans. un moule com- 





EN 283 


mes, ses attributs, ses préférences. Mais ce qu'il y a de 
général en principe, au fond, dans la racine, appartient à 
l'une et à l'autre comme un héritage et au même titre. Et 
c'est pour cela que dans le languedocien et dans le français, 
bien des règles grammaticales et des aperçus lexicogra- 
phiques doivent demeurer communs; et la correspondance 
de ces remarques parailra toute naturelle. 

Ce qui est particulier à notre dialecte et qu'il est néces- 
saire de relever pour notre sujet est spécial aux transfor- 
mations par lesquelles a passé le suffixe En, dont. nous 
venons d'indiquer l'origine, l'emploi et la signification. 
Comme on le voit par ce qui nous en reste, En doit être 
la plus simple traduction du Enus latin, qui s’infecte peu 
à peu du similaire Anuws, avec la prononciation plus forte 
sur la tonique, et par la même raison qui rendait le cel- 
tique ec égal à ac. Il devenait donc à peu près indifférent 
d'employer l'a ou l'e comme syllabe sonnante, alors que le 
même effet était produit dès que le suflixe se joignait au 
radical. Ici le caractère particulier se trouvait dans la 
nasale N. 

Il pourrait se faire cependant que l’ancien celtique 
ec — ac eût aussi voulu laisser, dans la composition nou- 
velle des mots, son empreinte propre. On remarque, en 
effet, que le féminin de quelques-uns des vocables cités 
en exemple, porte comme un souvenir de cette intona- 
tion: Andusérquo, marsénquo, Saléndrénquo; ce qui per- 
mettrait de supposer que le masculin se terminait par un 
C, souvenir d'origine. Mais notre dialecte, dans sa pronon- 
ciation et par conséquent dans son orthographe, repousse 
toujours le C final, nous l'avons vu Lettre C, bien que 
d’autres l’admettent encore dans la langue d'Oc. La preuve 
de cette filiation de suffixes n'en existe pas moins. 

Pour en revenir à l'introduction de la nasale N, se com- 
binant avec le C et le gén. en à, il est encore probable qu'elle 
a amené les finales enicus, inicus, onicus, a, um, pris au plur. 
fém. enicæ, inicæ, onicæ, si fréquentes dans la moyenne 
latinité pour les noms de lieux, et sur lesquelles nous 
nous sommes longuement expliqué. Ce sont ces conson- 
nances qui élaient sans doute antipathiques à l'euphonie 
du roman, qu'il adoucit en Enche, inche, onche, avec le 
chuintement traditionnel du gaulois. — Voy. à l'art. Di- 
ménche et autres. 

D'autre part, le génitif latin en à dut intervenir aussi 
dans la modification : c'était peut-être une redondance qui 
augmentait l'énergie du suflixe. En tous cas, il servit à 
donner une mouillure sur M inconnue encore au génie du 
latin. L'expression en fut rendue par le Gn, consonnance 
nasalisée et mouillée. / Foy. Agno, sufixe.) L'inversion 
par le xg avec les voyelles a, e, à, o, plus conforme aux 
aptitudes de la prononciation germanique, se répand da- 
vantage au nord et redescend par importalion dans quel- 
ques formes méridionales : ainsi Vèn, qué vènguo, ou qué 


vêgno, de veniat; tèn, tèngo ou tègno, de teneat. — Voy. aux 


mots Canounje, Canourgo, etc. 


284 EN 


Telle est la série et la diversité de cette famille de suf- 
fixe en Én et Ën, mase., Éno et Eno, fém. Dans les recher- 
ches étymologiques, il est indispensable de remonter par 
cette chaine non interrompue jusqu'à la racine des mots, 
et de les dépouiller de toutes les adjonctions qui leur ont 
été imposées, pour avoir et comprendre le sens des dérivés. 
Quand les mots affectés de ce signe se présenteront d'ail- 
leurs, nous ne laisserons pas échapper l’occasion de nous 
en référer à ces observations qui ne comportent pas de 
plus amples développements dans cet article, si mème ceux- 
ci ne semblent pas déjà trop longs. 

Én, prép. En, dans, à, avec. — Æn Camargo, en Ca- 
margue ; éx Aouséro, dans la Lozère. Lorsqu'il s’agit d’une 
contrée prise vaguement et dans sa généralité comme ci- 
dessus, on emploie la prép. Én; mais quand il s’agit d'une 
ville ou village spéciaux, on dit À : Véou à Nime, je vais 
à Nimes; démoro à Uzès, il réside à Uzès. Cependant si le 
nom propre de lieu commence par la voyelle a, la délica- 
tesse de notre acoustique répugne à celte rencontre dont 
l'hiatus est trop heurté, et nous avons recours à notre 
prép. Én: Vaï én Alais, én Arle, én Alzè; vèn d'én Avi- 
gnoun : il va à Alais, à Arles, à Alger; il revient d’Avi- 
gnon. Dé dous én dous, dé quatre én quatre, deux à deux, 
quatre à quatre, ou deux contre deux, quatre contre quatre. 
Barunlè lous éscaïès dé quatre én quatre, il roula les degrés 
quatre à quatre. Én tan dé péno, avec tant de peine; én 
tan d’éfans, avec tant d'enfants. Uno mostro én or, une 
montre d'or. Un cuïè én arjén, une cuiller d'argent. £n 
fè d'aqud, quant à cela. Ën fè d'ubésti, n’és un, pour un 
butor, c'en est un. Anan én quicon, nous allons quelque 
part: danscette phrase, Ën est simplement supprimé par le fr. 

Én ne répond pas au pron. relatif fr. en, comme dans 
cette phrase: j'en veux : on le traduit par Né; né vole 
(Voy. c. m.). Il s'emploie aussi en particule comme en fr. 
pour former le gérondif, en l’ajoutant au part. prés. masc. : 
én marchan. Cependant comme ce participe est peu dans 
les allures du languedocien, et qu’il est peu harmonique à 
son génie, il est bon d'éviter cette forme que nous avons 
empruntée au fr. Mais il est une autre composition de 
gérondif que nous adoptons volontiers et qui se raccorde 
très-bien à l'allure elliptique de notre langage; elle con- 
siste à remplacer le part. prés. par l’infinitif, et nous 
disons très-bien : ér véire, én faïre, én dousè, én éscrioure, 
én èstre, én avédre; én préne lou café, en voyant, en 
faisant, en entendant, en écrivant, en étant, en ayant; 
en prenant le café, Ces phrases sont éminemment langue- 
dociennes : mais il est à remarquer que cette formule ne 
s'emploie jamais envers les verbes qui font A à l'infinitif. 
On ne peut dire: én manja, én parla, én davala. I est 
difficile de se rendre compte de cette différence, qui semble 
un scrupule capricieux de l'oreille. Cela tient peut-être à 
ce que les verbes en A, qui correspondent aux verbes lat. 
en Are, sont les plus nombreux et les plus réguliers de 
tous : dès lors le part. prés. s’en déduit naturellement ; 





ÉNC 
tandis que la plupart des autres conjugaisons sont irrégu- 
lières et donneraient un part. prés. difficile à déduire et 
souvent très-long à prononcer. Nous ne pouvons guère 
trouver d'autre motif plausible à cette anomalie, ou à cette 
délicatesse. 
. Dér. du lat. 7n, ou du gr. “Ev, m. sign. 

Énaïga, v. Inonder; imbiber d’eau. — Ce terme implique 
l'idée d’un excès dans l'imbibition : on dit Enaïga des 
légumes qui ont poussé par un temps trop pluvieux, d’un 
potage trop étendu d’eau, comme de prairies inondées et de 
terres abreuvées outre mesure. 

Dér. de Aïgo. 

Énaïra, v., ou Énâoura. Acrer; essorer ; donner de l'air; 
exposer à l'air. — Les deux mots, que nous plaçons sur 
la mème ligne, sont quasi synonymes. Mais Éndoura in- 
dique un acte plus explicite : il signifie, non pas seulement 
exposer à l'air, mais à l'air agité, douro, le vent, et en 
remuant l'objet qu’on veut aérer, en le secouant pour le 
faire mieux pénétrer par l'air ambiant dans tous les sens. 
Enaïra a moins de mouvement, moins d'extension active. 
On énaïro un appartamén, on l'ouvre pour lui donner de 
l'air, et on ne l’éndouro pas. Au contraire on érdouro du 
fourrage, en le séparant et l’agitant avec la fourche, pour 
que le vent le sèche plus vite, et on ne va pas l'énaira. 
La nuance est parfaitement saisissable. “ 

Dér. de Air. 

Én-ana (S'), v. — Voy. Ana. 

Énäoura, v. — Voy. Énaïra. 

Éncabéstra, v. Mettre le licou. 

Dér. de Cabéstre. 

Éncadéna, v. Enchainer; lier, attacher avec des chaines; 
cadenasser; fermer avec une chaine. Au fig. captiver; 
retenir dans les liens de l'amour. 

Dér. de Cadéno. 

Éncadra, v. Encadrer; mettre, placer dans un cadre; 


“entourer. — On dit ironiquement : Té farén éncadra, 


c.-à-d. nous ferons exposer ton portrait, comme monu- 
ment historique ou d'intérêt public. 

Dér. de Cadre. > 

Éncafourna, vw. Cacher avec soin; enfoncer profondé- 
ment; mettre au fond d’un antre, d’un lieu obscur et 
caché, comme le tronc caverneux d’un arbre. 

Dér. de Cafour. 

Énçaï, ado. de lieu. Vers ici; de ce côté; plus près de 


(moi. — Fasè-vous énçaï, rapprochez-vous d'ici: cela se 


dit particulièrement à des personnos rangées en file ou en 
cercle, lorsqu'on veut faire de la place à un nouveau sur- 
venant. 

Éncaïssa, v. Ne se dit qu’au fig. pour: mettre dans sa 
tête, enregistrer dans sa mémoire; concevoir, comprendre. 
— Pode pas éncaïssa aquélo, en parlant d’une hablerie 
trop forte, je ne puis laisser passer celle-là; je ne puis 
l’adopter. 

Dér. de Cuïsso. 





ÉNC 


Éncamba, v. Enjamber; enfourcher; se mettre à cali- 
fourchon, jambe d'ici, jambe de là; franchiren enjam- 
bant. — Éncamba lou fid, enjamber le feu, écarter les 
jambes sur les chenets, de manière à occuper toute la 
largeur du foyer. Éncambè soun chival, il enfourcha son 
cheval. Éncambo low vala, il pose une jambe sur chaque 
bord du ruisseau. 

Dér. de Cambo. 

Éncambra, v. Renfermer dans une chambre, tenir dans 
une chambre. — S'éncämbro tout lou jour, cette femme 
s'occupe peu de son ménage ou des affaires du dehors, elle 
reste renfermée dans sa chambre. 

Dér. de Cambro. 

Énçamoun, adv. de lieu. En haut de ce côté; vers l'in- 
terlocuteur, quand celui-ci est placé relativement au haut 
de quelque chose, comme par ex. vers le haut bout d’une 
table à manger. — Voy. Amoun. 

Énçamoundâou, adv. de lieu, aug. et variante de Én- 
çamoun. 

Éncan, s. m. Encan, vente publique aux enchères. 

Formé du lat. In quantèm? À combien? À quel prix? 
qui est Ja formule des criées publiques. 

Éncanaia (S'), v. S'encanailler; se mésallier; avoir des 
relations avec de la canaille; s'unir à personnes ou à 
familles mal famées. 

Dér, de Canaïo. 

Éncanta, v. Enchanter; charmer; séduire par des en- 
chantements et des tours de magie; captiver; ravir. 

r. du lat. {ncantare pour cantare, parce que les ma- 
giciens accompagnaient leurs charmes de chants magi- 
ques. 

Éncantaire, aïro, adj. Enchanteur, magicien; séduc- 
teur; qui exerce une fascination magique, qui charme et 
ravit. 

Éncapriça, v. Irriter, agacer, augmenter l'irritation, 
l'obstination de quelqu'un. 

S’éncapriça, s'obstiner; s'opiniätrer. — Lou tén és bièn 
éncapriga, le temps est bien à la bourrasque. 

Dér. de Caprice. 

Éncaréira, v. Mettre en route; mettre sur le chemin; 
donner un courant et de la pente à un ruisseau, aux eaux 
pluviales. Au fig. mettre en train, mettre sur la voie. 

S'éncaréira, se mettre en route, se diriger vers. 

 Dér. de Carièiro. 

_ Éncaro, adv. Dim. Éncaréto. Encore; une autre où une 


seconde fois; de plus; en outre. — Pa’ncaro, pas encore; 


un moment ; dans un instant. 

_ Éncaréto ne se dit que négativement. Pa’ncaréto, pas 
‘encore, mais peu s’en faut. 

. Dér. du lat. In hac hord ou de l'ital. Ancora fait de 
| Anche ora, m, sign. 

Éncarougna, v. Sentir, puer la charogne; par ext. 
exhaler une odeur fétide quelconque. — Pu qu'énoarou- 
gno, il pue à infecter. 





ÉNC 285 


S'éncarougna, s'allier avec une femme de mauvaise vie. 

Dér. de Carogno, Carougnado. 

Éncastra, v. Mettre les agneaux dans un petit pare, les 
séparer de leur mère pour les sevrer. Au fig. emboiter; 
assembler; joindre ensemble. 

Dér. du lat. Castrum, lieu fermé. 

Éncastre, s. m. Encadrement: toute enceinte en char- 
pente. — Éncastre dé pous, parquet ou grillage de ma- 
driers, sur lequel on établit la base d'un mur de puits. 
Éncastre dé mouli, châssis en charpente qui entoure le gite 
d'un moulin à farine. Éncastre d’un cièl dé iè, châssis 
d'un ciel de lit. Éncustre dé tindou, cercle en charpente 
de cuve vinaire qui consiste en jantes de chêne, épaisses 
de trois pouces et larges de six, qui chevauchent avec 
leurs voisines, qu'on fixe et qu'on assujétit par des che- 
villes. Ce mode, qui est trop lourd et trop pénible quand 
on veut défoncer la cuve, est généralement abandonné 
aujourd'hui pour les rubans de fer battu, tout comme les 
cercles en scions de châtaigniers sauvageons, ou de mico- 
coulier. Au fig. on dit Éncastre de toute sorte de clôtures. 

Dér. du lat. Castrum. 

Énçaval, adv. de lieu. En bas, du côté du bas, vers le 
bas, par rapport à l'interlocuteur, lorsqu'il est placé rela- 
tivement plu sbas ou au bas, bout d'une table par exemple. 
— Voy. Aval. 

Éncavala, v. Entasser les gerbes de paille, former les 
meules qu'on appelle Cavalé. —Voy. c. m. 

Éncén, s. m. Encens, parfum; gomme résine aroma- 
tique. Au fig. flatterie, louange. — Sé parfuma émbé 
d'éncén, s'appliquer des fumigations de Carabé, ambre 
jaune qui a une forte odeur d'encens. Coumo las géns, 
l’éncén, prvb., selon les gens, l’encens. 

Dér. de Incensum, m. sign. Formé de Incendere, brûler. 

Éncénsa, v. Encenser, jouer de l’encensoir. — Ce mot 
ne participe pas de l’acception figurée du fr.: Encenser, 
pour louer, glorifier. 

Énchéina, v. Enchainer. — Le même que Æncadéna 
(V.c. m.), qui est plus pur. 

Énchivoquo, s. f. Équivoque, ou plus proprement, 
anicroche, dérangement, pierre d’achoppement ; subtilité; 
chicane. 

Ce mot est évidemment une corrup. du fr. Équivoque, 
avec une différence assez sensible d'acception. 

Éncho, s. f. Spécialement, anche d'un instrument à 
vent, d'un hautbois, d'un basson, etc. — Mouïa l’éncho, 
arroser l’anche; boire un coup. 

Dér. du gr. ’Ayyos, de Ayysiv, serrer, étrangler. 

Énclâousi, v. Clore, enclore; enfermer dans une en- 
œæinte; entourer d’une clôture. Au fig. charmer; jeter un 
sort; fasciner; ce qui consiste à retenir les objets charmés 
comme s'ils étaient enfermés dans un cercle magique. — 
On dit d’un vieux berger qu'éncldousis sas fédos, quand, 
sans le secours de son fouet et de ses chiens, il retient ses 


| brebis dans un endroit assez resserré, où elles paissent 


286 ÉNC 
sans s'écarter, ce qui est dù sans doute à un certain savoir- 
faire, soit à la crainte ou à la confiance qu'il leur inspire. 

Dér. de Cldousi. 

Énclume, s. ». Enclume, masse de fer sur laquelle on 
bat le fer et les autres métaux. 

Dér. du lat. Incus, udis, m. sign. 

Éncluso, s. f. Écluse; martellière; clôture et pertuis 
garni de vannes, pour retenir et lâcher à volonté l'eau d’un 
canal. 

Suivant certains auteurs, le mot fr. vient du lat. Exclu- 
dere, exclure, rejeter, parce que l'écluse rejette les eaux 
qu'elle barre. Suivant d'autres , il est dér. du teuton 
Schluse, m. sign., dont les Hollandais ont fait Sluys, et les 
Anglais Sluice. 

Quoiqu'il en soit de ces diverses hypothèses, le lang. 
parait venir plus rationnellement du lat. Ancludere, ren- 
fermer, enclore; car l’écluse forme plutôt une inclusion 
qu’une exclusion. Le fr. nous aurait-il fait cette fois un 
emprunt? C'est peu probable; mais il peut avoir puisé à 
la même source en s’éloignant davantage du type latin. 
Le teuton Schluse pourrait bien aussi avoir la même 
origine. Cependant, pour ne pas nous montrer trep fiers et 
trop entichés de nos origines, nous admettons comme possible 
que Éncluso soit une corrup. d'Écluse, comme tant d’au- 
tres termes qui appartiennent à la nomenclature des arts 
et métiers. 

Éncô dé, prép. Chez. — Éncd dé moussu, chez monsieur. 
Vène d'éncù dé moun ouncle, je viens de chez mon oncle. 

Éncoulassa, ». Mettre le collier à une bête de trait ou 
de labour. 

S'éncoulassa, prendre le joug matrimonial. 

Dér. de Coulas. 

Éncouléri, v. Mettre en colère, irriter; aigrir, exciter, 
provoquer, augmenter la colère de quelqu'un. 

Dér. de Coulèro. 

Éncoulo, s. f. Contre-fort; contre-mur; pilier butant; 
éperon, — te terme est en général appliqué à la maçonnerie 
purement agricole, et non à la haute architecture. C'est 
un contre-mur qu’on établit principalement au bas du 
mur de soutènement d'une terrasse, soit lorsque sa fonda- 
tion est décharnée, soit lorsqu'il surplombe par suite de 
la poussée des terres, soit lorsqu'il menace ruine par des 
lézardes ou tout autre élément de destruction. 

Dér. peut-être du lat. Ancon, coude de mur, console. 

Éncouqua, v. Empoisonner le poisson au moyen de la 
coque du Levant /Voy. Coguo). Au fig. ennuyer, para- 
lyser d’ennui; porter guignon. 

S'éncouqua, s'enivrer. 

Éncournaïa, v. Encorner: planter des cornes sur le 
front. — Ne se dit que dans le sens fig. et injurieux. 

Dér. de Cournal. 

Éncrésta, v. Chaperonner un mur de clôture, le ter- 
miner par un encrêtement ou un chaperon. 

Dér. du lat. Crista, crête, cimier d’un casque. 





ÉND 

Éncréstaduro, s. f. Encrêtement, chaperon d'un mur. 
— Voy. Crésto. 

Éncrouqua, v. n. Tomber de dépérissement; être d'une 
maigreur effrayante. 

Dér. de Crouqua, accrocher, par catachrèse, comme si 
les os étaient devenus si saillants qu'ils pussent servir de 
crocs. 

Énculpa, v. Inculper; accuser d’un fait; faire retomber 
une faute sur quelqu'un. 

Dér. du lat. Culpa, faute. 

Éndâoumaja, v. Endommager; causer du dommage; 
blesser ; faire une écorchure, une avarie qui porte un pré- 
judice. — Aquél doubre és bièn énddoumaÿja, cet arbreest 
gravement ébranché, soit par le vent, soit par la malveil- 
lance. 

Dér. de Dâoumaje. 

Énd'aqud, adv. Proprement, avec cela, au surplus. C’est 
aussi une locution explétive fort usitée dans une narration, 
pour en lier les divers membres. Elle remplit à peu près 
le mème office que le fr. Cependant ; c’est une formule que 
les paysans emploient avec une grande profusion dans leurs 
discours. — Y-avièi bièn récoumanda dé gai èstre, énd'aqud 
és pas véngu, je lui avais fort recommandé de se trouver 
ici, malgré cela, il n’est pas venu. Laïssa-mé béoure un co, 
énd'aqud vène, laissez-moi boire un coup, après cela je 
suis à vous. Énd'aquo qué s'én passo, attendez done qu'il 
s'en prive, avec cela qu'il s'en passe. 

Formé de Éndé, avec, et Aqud, cela. 

Éndaréira, v. Faire perdre du temps, faire restér en 
arrière. — S’éndaréira, demeurer en arrière; laisser arré- 
rager les termes d’une ferme, d’une rente, les intérêts d’un 
capital. — Las courchos éndaréirou, les chemins de tra- 
verse font perdre du temps, parce que celui qu'on gagne 
en abrégeant le trajet, on le perd par les difficultés dela 
route et les obstacles qu'on rencontre. Moun drole s'én- 
daréiro, mon fils s’est laissé devancer par ses condisciples, 
il est resté en arrière. 

Dér. de Dariès. 

Éndaréïrajes, s. f. plur. Arrérages d’une ferme, d’une 
rente, etc.; arriéré d’une dette, — Quouro qué morie pla- 
niraï pas mous éndaréirajes, lorsque je mourrai, je n'aurai 
pas de regrets sur l’arriéré de ma jeunesse; je l'aurai bien 
employée. d 

Éndavala, v. Avaler, engloutir, absorber. — Éndava- 
lariè un bidou émbé sas banos; l'éspitäou amaï lous pdoures; 
lou diable amaï lou châour?; toutes locutions proverbiales 
qui répondent à un gros mangeur qui avalerait la mer et 
les poissons, à un prodigue qui dévorerait le royaume de 
France et de Navarre, le diable et ses cornes. 

ll se prend aussi pour : faire descendre, faire tomber. 
— La paré s’és éndavalado, le mur a croulé, ou il a donné 
du pied, M'a éndavala l'éspanlo, il m'a disloqué l'épaule. 
Un moure éndavala, une figure avalée, amaigrie. És tout 
éndavala, il a le visage défait. Ç 



























END 


Ce mot, comme Aval et Davala, est formé du lat. Ad | 


vallem, vers le bas. 

Éndé, prép. Avec. (Voy. Émbé.) — La différence entre 
les deux formes de cette préposilion a été déjà notée. 
Mais dans quelques locutions d'un idiotisme très-original 
il n'ya pas non plus à les confondre et Éndé est seul 
admis dans les tournures pittoresques des phrases suivantes, 

où il prend Ja signification de en, avec, à, prép. : Es-ti 
poussible qu'un ase sible énd'avédre lou moure tan lon? 
Est-il possible qu'un ane siffle avec un museau si long? 
Aqud y-és véngu éndé naïsse, il a pris cela en naissant, 
cela lui vient de naissance. 

Éndémési, ido, adj. Dim. Éndémésidoù. Pauvre hère, 
sans portée d'esprit, qui tremble au moindre vent, qu'un 
vien abat; qui s'embarrasse des moindres difficultés; qui 
ne sait jamais conclure une affaire. 

Sauvages donne à ce mot une tout autre acception, et le 
traduit par : arrêté, ordonné, fixé. Cette signification peut 
appartenir à un autre dialecte qui n'est pas à notre con- 
naissance. Dans nos pays, il veut dire, au physique, un 
homme sans force, sans adresse; au moral, sans esprit, 
sans initiative, sans valeur : c'est un demi-homme, et c'est 
ce qu'exprime son étymologie du lat. Dimidius, demi. 

. Éndémési (S'), v. Diminuer peu à peu; devenir à rien. 

Dér. du précédent ou du lat. Demere, Ôter, faire subir 
une diminution. 

Éndéouta (S'), v. S'endetter; faire des dettes; s'engager 
dans des dettes, en contracter beaucoup. — Prén lou cami 
das éndéoutas, il prend le chemin de l'école, c.-à-d. le 
plus long, le plus scabreux et le moins utile, comme les 
débiteurs qui veulent éviter la rencontre des huissiers ou 
de leurs créanciers. 

Dér. de Déoute. 

Éndéqua, v. Estropier, donner ou causer un vice, une 
tare; rendre maladif; affliger d’un rachitisme qui arrête le 
développement du corps. — Un drole éndéqua, un enfant 
rachitique, noué. Un doubre éndéqua, un arbre entiché. 
És tout éndéqua, il est tout contrefait. És éndéqua pér sa 
vido, il est estropié pour la vie. 

‘Ce mot serait celtique, d'après Astruc, et le primitif 
sans doute Entecou Endee, tare,vice. D’autres le font déri- 
ver du gr. 'Aveümxa, aor. tiré de ’Avar{Onut exposer, imposer. 

Éndèquo, s. f. Tare; défectuosité; rachitisme; défaut; 
langueur; vice intérieur. 

Éndéquoüs, ouso, adj. Qui a une tare; rachitique; 
languissant; malsain ; maladif; chétif. 

un, s. n. Cacochymie, rachitisme; enfant noué 

A à anni eu ia mali 
,s.m. Dim. Éndèrvioù. Dartre; maladie, in- 
mation de la peau couverte de vésicules blanchâtres, 


avec. ulcération. — Moure épadè, visage bour- 





bas Denis SE DU 
réel. Derui où Deruit, m. sign. 





ÉND 287 


Éndévénable, ablo, adj. Affable; d'un caractère facile 
à vivre, avec lequel tout le monde est d'accord ; sociable. 

Éndévéngu, udo, part. pass. de Éndévéni. 

Éndévéni, v. Atteindre; frapper juste et de loin; ren- 
contrer à point. 

S'éndévéni, se convenir; sympathiser; s'accorder. — 
L'éndévénguère ddou prémiè co, je l'atteignis du premier 
coup. Endévénguën, nous convinmes. En parlant d'un 
portrait : Vous an bièn éndévéngu, on a bien saisi votre 
ressemblance. Mas miolos s'éndévènou, mes mules s'accor- 
dent très-bien pour labourer ensemble. En parlant de vers : 
Aquélo cansoù s'éndévèn bièn, cette chanson rime bien. 
Éndévéni un air, saisir et rendre bien un air de musique. 
Faïre éndévéni uno courduro, dous lès, égaliser les lisières 
d’une couture, les bords d'un lé. Sé s'éndévèn, le cas 
échéant; s'il plait à Dieu; suivant toute probabilité ; s’il 
arrive jamais. Nous éndévénguèn, nous eùmes la même 
pensée, nous nous rencontrâmes dans la mème idée. 

Dér. de Éndé, avec, et Véni, venir avec; ce qui revient 
au lat. Convenire, convenir. 

Éndia, v. Hennir; faire un hennissement, en parlant du 
cheval. 

Dér. du lat. Hinnire, m. sign. 

Éndiabla (Faire), v. Endiabler; faire donner au diable 
tourmenter quelqu'un pour obtenir de lui ce qu'on désire ; 
faire enrager ; dépiter. 

Éndiférén , s. m. Différend; discussion; contestation ; 
maille à partir. — Partaja l'éndiférén, partager le diffé- 
rend. 

Ce mot vient évidemment d'une corruption du fr, 

Éndiférén, énto, adj. Ne s'emploie que négativement. 
On dit: és pas éndiférén, pour : il est assez beau, assez 
bon, pas trop désagréable, pas dépourvu de bon, tant des 
personnes que des choses. Aquél bla és pas éndiféren, c'est 
d'assez beau blé. 

Éndil, s. m. Dim. Éndié. Hennissement. — Voy. Éndia. 

Éndiméncha (S'}, v. S'endimancher, mettre ses habits 
de fète ou de gala. — Voy. Diménche. 

Éndinna, ». Irriter; envenimer une plaie; redoubler la 
colère, l’exaspération ; réveiller, surexciter une douleur. 

S'éndinna, redoubler de fureur; se surexciter; s'exas- 
pérer; s’obstiner avec rage. — S'éndinna dou traval, re- 
doubler d'ardeur au travail. 

Dér. du lat. Indignari, s'indigner, s'irriter. 

Éndiuèl, s. m. Andouille; espèce de saucisson qui se 
mange cuit, et qu'on nomme également Missoù.— V.c. m. 

Dér. du lat. Edulieum, tout ce qui est bon à manger, 
oubien de Indusia, indusiola, chemise, camisole, parce 
que l’andouille est recouverte d'un boyau qui lui sert de 
chemise. 

Éndivio, s. f. Endive, chicorée potagère, qu'on mange 
en salade, Chicorium Endivia, Linn. Plante de la fam. des 
Composées chicoracées. 

Dér. du lat. Intybum, où Intubum, m. sign. 


288 ÉND 

Éndoulénti, v. Endolorir; rendre douloureux, plus 
sensible que de coutume. — Éstre éndoulénti, avédre lou 
bras tout éndouléntà, avoir le corps, le bras tout endoloris, 
soit par suite de coups ou de fatigue, soit par une cour- 
bature. 

Dér. de Déoure. 

Éndourméire, s. m. Magicien; magnétiseur; discou- 
reur qui endort son auditoire. 

Éndourmi, v. Endormir, procurer le sommeil; faire 
bäiller d'ennui; engourdir; flatter, amuser, caresser; 
charmer, calmer une douleur. — Moun pè és éndourmi, 
mon pied est engourdi. Cet engourdissement, qui com- 
mence par une privation complète de sentiment dans la 
partie et qui est suivi d'un fourmillement quand cette vive 
impression est dissipée, vient d’une compression des neifs 
qui, d'après Sauvages, gène le cours du fluide nerveux, 
mais qui pourrait bien suspendre et oblitérer pour quel- 
ques instants la circulation du sang elle-même, source de 
toute sensation dans la fibre nerveuse. Aqud m'éndor ma 
dén, ce remède calme mon mal aux dents. On dit: un 
doubre éndourmi d'un jeune plant qui, sans être mort, 
tarde à pousser; ce qui provient sans doute de quelque 
gène dan; la circulation de la sève. 

Dér. du lat. Dormire, m. sign. 

Éndourmidouiro, s. f. Jusquiame, Hischiamus mniger, 
Linn., ou Hanebane, plante de la fam. des Solanées. Ses 
semences, administrées en fumigations, dégagent une va- 
peur qui a, dit-on, le pouvoir de calmer les maux de 
dent les plus douloureux. 

C'est aussi le nom de la pomme épineuse, l’herhe aux 
taupes : autre narcotique assez puissant de la mème famille. 
— Voy. Darboussièiro. 

Éndourmidouiros, s. f. plur. Toute espèce de narco- 
tique, en général. — A pas bésoun dé préne las éndour- 
midoäros, il n’a pas besoin d’opium, dit-on d’un dormeur 
sempiternel. 

Éndré, s. m. Dim. Endréché, éndréchoù. Endroit, lieu, 
place; pays. — És dé moun éndré, il est de mon village, de 
mon canton, de ma commune. Sèn toutes dâou mèmo éndré 
nous sommes du mème pays. Dans cette acception, le mot 
Éndré est relatif comme celui de pays, près de chez soi : 
on ne dit: ddou mèmo éndré, que lorsqu'on est au moins 
de la mème commune; à mesure que l'on s'éloigne, le 
cercle de cette communauté s’élargit : à cinquante lieues, 
il suffit d’être du même arrondissement ; hors de France, ou 
même à l’armée. le Nimois et le Raïo! sont compatriotes. 

L'éndré, l'endroit d’une étoffe, le côté opposé à l'envers. 

Ce mot est formé évidemment comme le fr. endroit, du 
lat. in directum où in directo, sans qu'on puisse trop saisir, 
pour l’un comme pour l’autre, l’analogie ou la divergence 
du sens : la dernière acception ci-dessus répond seule à 
cette étymologie. 

Éndura, v. Endurer, supporter avec patience; souffrir. 

S'éndura, se supporter réciproquement, se plier à l'hu- 





ÉNF 
meur l’un de l’autre; ce qui se dit surtout en ménage. — 
Po pas s'éndura, il ne peut se supporter lui-même; il est 
d’une humeur si peu sociable, que, quand il est seul, il se 
cherche querelle à lui-mème. Pourièi pas m'éndura dinc 
aquél péis, je ne saurais m'habituer dans ce pays, j'y 
mourrais d’ennui. 

Dér. du lat. Durare, endurcir. 

Énduran, anto, adj. Endurant, qui supporte patiem- 
ment une insulle, un mauvais traitement. Ne s'emploie 
guère que négativement. — És pas énduran, il est fort 
irascible, très-susceptible, ombrageux. 

Énduro (Mâou d'), phrase faite. Mal qui n’a d'autre 
remède que la patience. Il signifie aussi : mal non dange- 
reux, qui ne présente que de la douleur et n’exige que de 
la patience, sans danger de mort. Aqud's dé mâou d'énduro, 
c'est un mal, une douleur à laquelle il n’y a pas d'autre 
remède que la patience, qu'il faut endurer, supporter 
patiemment. 

Énémi, Énémigo, adj. Ennemi, ie: celui ou celle qui 
hait quelqu'un, qui lui veut du mal. C'est Hostis, lat. 

Dér. du lat. Inimicus, ennemi personnel. 

Énfachina, v. Ensorceler; jeter un sort. Par ext. puer, 
exhaler une odeur fétide. C’est un superlatif de puanteur. 

Dér. du lat. Fascinare, m. sign. 

Énfachinaïre, aïro, s. el adj. Sorcier, jeteur de sorts; 
charmeur. 

Énfaïssa, v. Fagoter; lier en bottes, en fagot; disposer 
toute espèce d'objets menus qu'on transporte sur les 
épaules, comme de la paille, du foin, etc. 

S'énfaïssa, se dit d’une poutre, d’une charpente, d’un 
plancher, qui, par trop de surcharge ou faute de solidité 
et d'étançons, décrivent une courbe vers le milieu. C'est 
alors üne corrup. du fr. S’affaisser. 

Dér. de Faï, faix, poids. 

Énfaïssaje, s. m. Fagotage; action de mettre de la rame 
en fagot, ou d’embotteler de la paille, du fourage; frais de 
cette opération. 

Énfanga, v. Embourber; jeter ou laisser tomber dans 
un bourbier ; salir avec de la boue. Au fig. S'énfanga, se 
mettre dans quelque sale ou mauvaise affaire, spéculation 
ou entreprise. — És bièn énfanga, il est embourbé dans 
une mauvaise affaire; il est perdu de dettes. És énfanga 
dé milo éseus énd'un tou, il s'est enfoncé de mille écus 
avec un tel, c.-à-d. il s’est endetté avec un tel jusqu'à 
mille écus. 

Dér. de Fango. 

Énfanço, s. f. Enfance, âge de l'enfance. — On ne dit 
pas Éfanço, comme dans les autres composés d’Éfan ; il est 
probable que ce subst. n'existait pas dans l'origine et qu'on 
l'a emprunté plus tard au fr. 

Énfarina, v. Au pr. enfariner, poudrer de farine, qui se 
dit mieux Énfarna. Au fig. S’énfarina, s’enticher, s'en- 
fariner d'une idée, d’une opinion. — S'és énfarina d'aquélo 
l'io, il a la tête tournée par cette fille : il en est éperdûment 





ÊNF 


amoureux. Cette expression toute figurée prend son ori- 
gine dans l’idée des pales couleurs, maladie qui tire aussi 
son nom d’une idée de farine, une monomanie qui donne 
à la figure une couleur de farine. Ce mot est l’acception 
métaphysique de Énfarna, qui ne se prend qu'au sens po- 
sitif. à 

Dér. de Farino. 

Énfarna, v. Rouler dans la farine, comme certains 
poissons, certains mets préparés pour la friture; enfariner 
le visage, les mains, les habits. 

Dér. du lat. Far, faris, farine. 

Énféra (S'), v. S'enclouer, comme fait un cheval; se jeter 
sur le fer, se percer soi-même. Au fig. se nuire; se couper, 
se contredire; s'engager dans une impasse en affaires. 

Dér de Fère. 

Énféria, v. Entraver un cheval avec les entraves qu'on 

‘ nomme Énférios. 

Énfèrios, s. f. plur, Entraves qu'on met à un cheval, 
lorsqu'on le laisse paitre dans un pâtis sans autre atlache, 
et qui suffisent pour l’empècher de s'écarter trop loin. Cet 
instrument consiste en deux colliers de fer qu'on place 
aux deux jambes de devant de l'animal, un peu au-dessus 
du sahot, et qui sont joints par une chaine très-courte, soit 
par un boulon mobile à deux têtes qui joue entre les an- 
neaux des colliers. Il est semblable à celui que les acro- 
bates se mettent aux pieds dans certains de leurs exercices 
sur la corde roide : il oblige les chevaux à tenir les jambes 
de devant rapprochées et à sauter à pieds joints, quand ils 
veulent changer de place. 

Dér. de Fère. 

Énférnal, nalo, adj. Infernal; de l’ enfer; qui appartient 
à l'enfer; diabolique. 

Énfiala, v. Enfiler une aiguille. 

Dér. de Fiou. . 

Énfialousa, v. Charger une quenouille de matières à 
filer. 

Ce mot, portant dans sa contexture le subst. fialouso, et 
étant actif, a pour régime direct la matière à filer. 

Dér. de Fialouso. 

Énfièira, v. Conduire à la foire; introduire au champ 
de foire le bétail ou la marchandise qu’on a à vendre. 

Dér. de Fièiro. 

Énfioula, v. Enfiler, mais seulement dans le sens de 
tromper, duper; engager dans une affaire douteuse. 

Dér. de Fiou. 

Énfiouqua (8). S'enflammer d’amo 
feu; se passionner. 

_ Dér. de Fio. 

Énfougna, ado, adj. Rechigné; boudeur; grognon; qui 
fait triste mine. 

Dér. de Fougna. 
| Énfounga, v. Enfoncer; pousser, mettre, faire pénétrer 

au fond, plus avant; forcer une porte, une serrure. — On 
dit d’un faux brave, d'un fanfaron : Énfoungo las portos 


; de colère; prendre 





ENG 289 


douvèrtos, c’est un enfonceur de portes ouvertes, c'est un 
pourfendeur de naseaux. 

Dér. du lat. Infundicare, m. sign. 

Énfourna, v. Enfourner; mettre le pain au four. Au 
fig. avaler gloutonnement; remplir ses poches. 

S'énfourna, s'engouffrer ; s’introduire, s'engager dans. 
— À l'énfourna sé prén lou pan cournu, prvb., à mal en- 
fourner, on fait les pains cornus. L'douro s'énfourno din 
la chiminèïo, le vent s’engouffre dans la cheminée. 

Dér. de Four. 

Énfourqua, ». Enfourcher; piquer, embrocher avec une 
fourche; monter à cheval. 

Dér. de Fourquo. 

Énfourquaduro, s. f. Enfourchure d'un arbre, l'angle 
du tronc où se divisent les maîtresses-branches; enfour- 
chure d’un pantalon; enfourchure du corps humain, le 
sommet de l'ouverture de compas que forment les jambes. 

Énfu (S’), 3m° pers. sing. indic. prés. du v. Énfuÿà (S'). 

Énfuji (S'), v. S'enfuir, prendre la fuite; déguerpir; 
s’esquiver. 

Dér. du lat. Effugire, m. sign. 

Énfuma, v. Enfumer; noircir avec de la fumée; rem- 
plir de fumée, comme on fait pour le terrier d’un renard; 
entourer de fumée, comme pour un essaim d’abeilles. 

Dér. de Fun. 

Énfurouna, ». Transporter de colère; irriter à l'excès, 
rendre furieux ; animer contre quelqu'un. 

Dér. du lat. Furor. 

Éngabia, v. Encager: mettre en cage; par ext. empri- 
sonner; détenir en charte privée. 

Dér. de Gabio. 

Éngaeha, v. Regarder dans. — On dit : Éngacho, 
regarde, de quelque chose dont on montre l’intérieur ou 
qu'on fait voir de près; Agacho, pour quelque chose qu'on 
adevantsoi; Arégacha, regarder derrière. — Voy. Agacha. 

Éngaja, v. Engager, mettre en gage; promettre par en- 
gagement; obliger; enrôler un soldat. 

S'éngaja, s’obliger ; hypothéquer ses biens; promettre; 
prendre volontairement du service dans les armées. — 
Éngaja sa mostro, mettre sa montre en gage, emprunter 
sur ce nantissement. Éngaja uno clou din la saraïo, em- 
barrasser une clé dans la serrure. S'éngajè pér soun frèro, 
il s’obligea pour son frère; il lui servit de caution hypo- 
thécaire. 

Dér. du lat. Vas, vadis, caution, qui a fait dans la 
basse lat. Vadium, d'où Gaje. 

Éngajantos, s. f. plur. Espèce de manchettes que por- 
taient les dames sous Louis XV et qui étaient placées au 
coude, les manches de la robe ne descendant pas plus bas. 

, dans l’idée du peuple, le nec plus ultrà de la grande 
toilette. Lorsqu'elles parurent, on leur donna en fr. le 
nom d'Engageantes, comme la plupart des modes de l'épo- 
que, à qui on prêtait une portée morale dans l'idiome de à 
galanterie. Le nom fr. a disparu depuis longtemps : 

37 


ÉNG 


lang. l'a conservé, et aujourd’hui peut-être bien des per- 
sonnes qui se servent journellement du mot et de la chose, 
seraient fort embarrassées de donner l’origine de cette ex- 
pression et la description de cette mode. 

Éngambo, adj. de tout genre. N'est qu'une traduction 
du fr. ingambe, employée seulement comme sobriquet et 
par antiphrase. Le caractère narquois et gaulois se montre 
toujours mème dans les mots en apparence les plus insi- 
gnifiants. 

Éngana, ». Tromper, abuser, duper; ou mieux : rogner 
la portion. C’est proprement le tort que fait une nourrice 
quand elle devient enceinte avant d'avoir sevré son nour- 
risson : elle fait tort aux deux enfants à la fois, qui se 
rognent réciproquement leur portion. On dit de l’un et de 
l’autre: Soun énganas, et ces enfants viennent rarement 
à bien, ou du moins ils restent malingres et étiolés. — 
S'és pas éngana, il ne s’est pas oublié dans un partage; il 
s’est adjugé la plus grosse et la meilleure part. — L'a én- 
gana, il l’a dupé. Aoumén nous énganén pas, je vous le 
recommande, ne nous trompons pas à notre préjudice. 

Dér. de l’ital. Ingannare, tromper, frauder. 

Énganaïre, airo, adj. Rogneur de portion; écornifleur ; 
trompeur; hypocrite. 

Éngâoubi ou Gâoubi, s. ». Maintien ; tournure du corps. 
Au fig. plus usité, esprit; adresse; savoir-faire. — N'a pas 
gés d’éngâoubi, il est gauche; maladroit; sans savoir-faire. 

Empr. probablement du fr. Galbe. 

Éngâoubo, s. f. Pierre à foulon; pierre à détacher les 
étoffes et qui agit en poudre comme absorbant: les dé- 
graisseurs s’en servent pour enlever les taches. 

Éngâouta, v. Mettre en joue un fusil; appliquer contre 
la joue. Par ext. donner un soufflet. 

Dér. de Géouto. Û 

Éngarafata (S’), v. S'emmitoufler; se surcharger la 
tête et le cou, les entourer comme font les personnes prises 
d'un rhume, d’un torticolis, ou de fluxion. 

Dér. de l’ital Calafatare, formé du gr. Palapaxeu, cal- 
fater un bâtiment, parce qu'en s’emmitouflant on ferme 
toutes les voies ouvertes à l’air, comme le calfat toutes les 
voies ouvertes à l’eau. 

Éngarbièira, v. Dresser les gerbes en gerbier; dresser 
un gerbier. 

Dér. de Garbièiro. 

Éngarouna, v. Éculer ses souliers; en affaisser, en ava- 
chir les quartiers, de manière que le talon est déboité; 
déchausser quelqu'un en marchant sur ses talons. 

S'éngarouna, faire une mauvaise spéculation, une fausse 
démarche; se mettre dedans. 

Éngavacha (S’),v. Étoufier; s’étrangler pour avoir avalé 
une arète ou autre chose qui obstrue le gosier, un simple 
fétu ou une goutte d’eau qui entre par la trachée-artère; 
s’engouer, s'engorger, en parlant d’un tuyau qui s'embar- 
rasse, se remplit, s'obstrue de matières qui empêchent 
l'écoulement du liquide. — Éngavacha uno cldou, engager 


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ÉNG 


une clédanssaserrure, sans pouvoir la faire jouer, ni laretirer. 

Dér. de Gavaï, en dial. provençal, jabot des oiseaux 
granivores, gosier, gorge, gésier; formé lui-même très- 
probablement du lat. Cavus, creux, profond. 

Éngéndra, ado, adj. Engendré; procréé, produit. — 
Dans ce sens, ce mot est admis en languedocien; mais il 
est plus usité comme dérivé de Géndre. — Aquél home és 
bièn mâou éngéndra, ce pauvre homme n’est pas rs 
en gendre. 

Éngipa, v. Plaquer du plâtre ou du mortier contre un 
mur avec la truelle; fouetter un mur, l’enduire au balai : ce 
qui produit l’enduit qu’on nomme unorustiquo ( V. c.m). Par 
ext. éclabousser; couvrir de boue, d’eau. Au fig. soufileter. 

Dér. du lat. Gypsum ou du gr. Tüÿos, plâtre. 

Éngipado, s. f. Éclaboussure; boue qui rejaillit sur 
quelqu'un ou sur quelque chose. 

Énglouti, v. Bosseler; bossuer un vase en métal quel- 
conque, un ustensile, un chaudron: 

Dér. du roman Clot, fosse, trou. 

Éngouïssa, v. Causer du chagrin ; donner des angoisses; 
donner du souci. 

Éngouisso, s. f. Angoisse; afiliction; douleur amère 
d'esprit et de corps; gène de l’âme; dure nécessité. 

Dér. du lat. Angustia. 

Éngouissoùs, ouso, adj. Angoisseux; qui se plaint 
toujours; qui aime à se plaindre; qui soupire sans cesse. 

Éngouli, v. Avaler goulument; engloutir; boire d’un 
seul trait. 

Dér. du lat. Gula. 

Éngoulidoù, s. m. Gouffre; tourbillon qui forme un 
entonnoir renversé, provenant d'une communication in- 
férieure au niveau de l’eau avec un contre-courant. Au 
fig. large gosier, grand avaloir. 

Éngounsa, v. Enfoncer; engouffrer; engoncer en parlant 


‘d’un habit, d’une robe trop montants, dans lesquels le cou 


s'enfonce et qui gène les mouvements. 

Dér. du lat. Abscondere, cacher. 

Éngourdi, v. Engourdir; causer une pesanteur dans uné 
partie musculaire du corps qui le prive de mouvement ou 
de sentiment. — S’applique aussi au moral. 

Emp. au fr. m. sign. 

Éngourga, v. Engorger ; obstruer le passage d’un liquide, 
un canal, un tuyau; faire engorger un moulin.— Un 
moulà s'éngourgo, lorsque la fuite a un niveau trop élevé, 
soit par l'élévation des eaux, soit par les dépôts de’ sable 
au-dessous qui diminuent sa chute et gênent le mouve- 
ment de sa roue. — Voy. Patouia. 

Dér. de Gour, du lat. Gurges. 

Éngourgoubia (S'), v. Se recroqueviller; se replier sur 
soi-même, comme fait le charançon du blé, lou Gourgout, 
dans son alvéole. 

Éngraï, s. m. Bétail qu'on engraisse pour la boucherie. 
En terme d'éducation de bétail, on distingue l’Engraï de 
la Nourigo : celle-ci est le bétail que l'on entretient pour 








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la multiplication de l'espèce; celui-là le bétail que l'on 
engraisse pour le vendre quand il est parvenu à son point. 
— És coumo un por à l'éngraï, il en a à gorge que veux-tu 
comme un cochon à l'engrais. 

Dér. de Graïsso. 

Éngraïssa, v. Engraisser; rendre gras, c.-à-d. donper 
aux animaux une nourriture qui les engraisse; aux terres, 
des engrais qui les fertilisent; oindre avec de la graisse; 

graisser. 

*  S'éngraïssa, s'engraisser; prendre de l'embonpoint; s'ar- 
rondir; s'enrichir. — Éngraïssa lou béstidou, engraisser le 
bétail. Éngraïssa las rodos, oindre l’essieu d’une voiture. 
S'éngraïssa las babinos, s'oindre les lèvres, c.-à-d. faire 
chêre-lie. L'id dâou méstre éngraïsso lou chival, prvb., 
allusion à la fable de l'œil du maitre. Éngraïssa lou 
martèl dé la porto, graisser le marteau, graisser la patte 
aux valets pour avoir entrée auprès du maitre. Éngraïsso- 
té, pérlé : aqui' n aménloù, engraisse-toi, avare, voilà un 
denier ; ou engraisse-toi goinfre, voilà une amande : pbr. 
prvb. qu'on emploie lorsqu'il s'agit d’un dédommagement 
infime à une perte éprouvée. — Voy. Aménloi. 

Dér. de Graïsso. 

Éngrana, v. Faire moudré son grain. — Lou prémiè 
qu'és dou mouli éngrano, le premier au moulin engrène : 
prvb. qui renferme une leçon d'égalité, et qu'on emploie 
lorsque quelqu'un veut user d'un privilége pour avoir la 
primauté ou la priorité. 

On dit aussi : Éngrana lou béstidou, donner du grain au 
bétail, soit avoine, soit blé, soit maïs, ete.; çe qui le 
rend gourmand et l'empêche de trouver goùt à la nourri- 
ture ordinaire. Et encore : Lou moulà s’éngrano, lorstque la 
quantité d'eau n'est pas suffisante pour faire tourner la 
roue avec la vélocité requise, et que le blé tombant de la 
trémie se ramasse sous la meule, sans pouvoir être broyé. 
Cette expression s'emploie au fig. pour se plaindre de la 
soif à table et demander à boire: Zou mouli s'éngrano, 
c.-à-d. le solide a besoin de liquide. 

S'éngrana, se laisser gagner par la vermine. — Éngrana 
dé manjanço, couvert de poux. Zè éngrana dé cinzes, lit 
infecté de punaises. 

Dér. de Gran ou de Grano. 

Rayrhenfigua, v. Égratigner. — Voy. Engrdouta, m 
sign. 

-Dér. dl'spapuiliinnr, m. sign. 

Éngrâoufignaire, airo, adj. Égratigneur ; qui égratigne ; 
qui fait des égratignures. — Cette forme de l’adj. est plus 
usitée que celle de Éngrdoutaïre, qui n’est guère admis, 
tandis que le verbe dont il est formé, est pour le moins 
aussi souvent employé que Le provençal et 
l'espagnol, dans le même mot, suppriment la “es - 

explétive Én. 
= Éngrâonta, ». Égratigner; déchirer légèrement la gran 
avec les. ex das une épingle ou tout autre objet 





ENJ 291 

Dér. probablement de l’allem. ÆKratzen, gratter, ou 
peut-être du gr. Ayxihos, crochu, recourbé. 

Éngrâoutado, s. f. Égratignure, déchirure faite avec les 
ongles. 

Éngrava, v. Couvrir de gravier. — Voy. Agrava. 

Éngruna, v. Mettre en pièces, briser de coups; assom- 
mer; éreinter, — Uno bouto éngrunado, une futaille 
dépecée, dont les douves sont déjointes et tombent en 
pièces. ; 

Évidemment, les acceptions de ce mot sont le figuré de 
égrener ou arracher, séparer les grains du raisin ou d’un 
épi de blé, ce qui se disait autrefois Désgruna et aujour- 
d'hui Déséngruna. 

Dér. de Grun. 

Énguéfia, fiado, adj. Difforme; contrefait; qui a les 
membres noués. 

Énguën, s. m. Onguent, médicament externe, mou, 
onctueux. — Enguén gris, onguent gris, onguent mer- 
curiel. 

Dér. du lat, Unguentum, m. sign. 

Éngusa, v. Enjoler; cajoler; attirer, tromper par des 
cajoleries, des séductions. 

Dér. de Gus. 

Éniassa, ». Mettre des papiers en liasse; accoupler du 
menu linge en le donnant à blanchir, pour qu'aucune pièce 
ne s’égare. 

Formé du fr. Liasse. 

Énjiméra, v. — Voy. Énjiméri. 

Énjiméri, v. Mieux que Énjiméra. Rechigner; enticher; 
redoubler l’obstination de quelqu'un. 

S'énjiméri, s'obstiner; rechigner; agir par caprice, avec 
mauvaise humeur. — Agud faï pas qué l'énjiméri, cela ne 
fait qu'accroîitre son humeur et son obstination, Lou tén 
s'énjiméris, le temps se brouille, redouble de bourrasque. 

Dér. de Jimère. 

Énjin, s. m. Adresse des mains; dextérité; génie par- 
ticulier qui s'attache aux ouvrages purement manuels, et 
qui consiste à trouver toujours les meilleurs moyens et un 
remède à tout. Il ne s’applique point à l'adresse d'esprit, 
à la subtilité. 

Dér. du lat. Ingenium, esprit, génie. 

Énjinquoüs, ouso, adj. Dim. Énjinquousé. Adroit des 
mains ; doué de cette espèce de génie qui s'applique exclu- 
sivement aux ouvrages des mains. — Si souvent le lang. 
dans les mots ne bravait l'honnêteté, nous ne citerions pas 
le prvb. très-énergique et fort pittoresque : Énjinquoùs 
coumo lou quiou d'un por qué sé baro sans couréjoù; mais 
par accommodement avec le devoir de tout dire, nous ne 
traduisons pas. 

Énjouliva, ». Enjoliver; rendre plus joli ou seulement 


| joli. 


Empr. au fr. 
_Énjuèla, v. Enivrer avec de l'ivraie, qui, mêlée dans le 


pain.à une assez forte dose, porte à la tête. C'est un pro- 


292 ÉNL 

cédé’ employé, dit-on, par les maquignons, qui enivrent 
ainsi, ou plutôt étourdissent les chevaux rétifs ou vicieux 
et les rendent par là plus calmes et comme frappés de 
stupeur : il leur suffit pour cela de mêler de l'ivraie à 
l'avoine. Au fig. étourdir; assoupir. 

Dér. de Juël. 

Én-jun, adv. À jeun; sans énergie; sans force ni cou- 
rage. — Soui éncaro én-jun, je suis encore à jeun, je n'ai 
rien mangé de la journée. 

Dér. du lat. Jejunium, jeûne. 

Én-laï, adv. de lieu. En delà; de ce côté-là. — Fasès- 
vous én-laï, rangez-vous; faites place; poussez du côté 
opposé à celui-ci. D'aïc)'n-laï, contract. de Aïcè én-laï, à 
partir de ce jour; dorénavant. Un viro-t'en-laï, un soufllet. 

Dér. du lat. Ilac, par là. 

Énlamoun, ad». de lieu. Là-haut, de ce côté. — Voy. 
Amoun. 

Énlamoundäou, adv. de lieu. Le mème que le précé- 
dent Énlamoun. 

Énlapa, v. Embourber; enfoncer dans la vase, dans la boue, 

Dér. de Lapo. 

Énlaval, adv. de lieu. Là-bas; de ce côté. — Voy. Aval. 

Énléva, v. Enlever; lever en haut; emporter; dérober; 
ravir. — Lou diable t'énlève! ou par contract. simplement : 
T'énlève! Le diable t'emporte ! Peste! 

S'énléva, enlever une fille, ou plutôt enlever un garçon. 
— S'és énlévado émb'un tâou, elle a décampé avec un tel; 
elle a consenti à un enlèvement avec un tel. Ce verbe 
s'emploie ainsi neutralement pour faire disparaitre l’idée 
d’un rapt, d’après un préjugé assez enraciné dans les classes 
populaires, qui tient sans doute à quelque loi du moyen- 
âge fort sévère à cet endroit. Il est de tradition parmi le 
peuple que, pour éviter l'accusation de rapt au complice 
masculin, il faut que la fille déclare devant témoins au 
moment de la fuite que c’est elle qui enlève son amant; ce 
qu’elle fait par cette formule généralement adoptée : A 
vdoutres vous én souvèngo qué iéou énlève un téou, soyez 
témoins que c’est moi qui enlève un tel. Tout cela serait 
vain, d’après le code pénal (car, malgré la formule, il n’y 
a pas moins rapt), s’il y avait violence ou menaces anté- 
rieures à cette déclaration, ou si la fille séduite n’a pas 
atteint l’âge de discrétion. D'autre part, quand l’enlevée 
est maitresse de ses actions, ou d’âge à en connaître toute 
la portée, cette forme n’a rien d’obligatoire; car ce serait 
à l'action publique à prouver la violence réelle ou morale 
qui constitue le rapt des adultes, et quand il ÿ a accord 
entre les parties, la morale seule en souffre, la vindicte 
publique reste sourde et aveugle. 

Ce mot, au reste, n’a aucune autre des acceptions du fr. 
enlever: le lang. ne le lui emprunte que pour ce seul 
usage dans les deux circonstances citées. 

Énliga, v. Embourber, enfoncer dans la vase : le même 
en ce sens que Énlapa (V. c. m.). Il signifie aussi: jeter 
du limon; couvrir, remplir un objet de limon. —Voy. Aliga. 





ENQ 


Ce dernier mot signifie répandre la vase, le limon sur la 
surface; celui-là veut dire en remplir un lieu, un objet 
creux et profond. Une inondation atigo un pré; elle énligo 
un puits, un fossé, l’intérieur d'une maison. 

Dér. de Ligo. 

Én-nâou, adv. de lieu. En haut; vers la contrée haute; 
du pays des montagnes. — És d'én-ndou, il est du côté 
des montagnes, il est des hautes Cévennes ou de la Lozère; 
d’un pays élevé ou seulement au nord de celui de l’inter- 
locuteur. 

Dér. de Néou, haut. 

Énnégrési, v. Noircir; salir de noir; obscurcir ; assom- 
brir ;.barbouiller de noir. Au fig. noircir la réputation. — 
Lou tén s'énnégrésis, le temps s’obscurcit, il devient noir. 

Dér. de Mégre. 

Énnévouli (S’), v. Se charger de nuages; s rchebtittles 
devenir nébuleux, sombre. — Se dit du temps. 

Dér. de Nivou. 

Én-odi, phr. faite, qui s'emploie quelquefois substan- 
tivement : Mé vénès én-odi, vous m’ennuyez; la car mé 
vèn én-odi, la viande m'ennuie, me dégoûte; j'ai du rebut 
pour elle. L'én-odi faï véni las cabros nècios, l'ennui fait 
perdre la tête aux chèvres; sorte de prvb. qu'on cite pour 
exprimer que l'ennui finit par rendre fou quand il se pro- 
longe. 

Dér. du lat. In odium, en haine. 

Énqué, phr. faite, qui se traduira mieux par des exem- 
ples que par une définition, comme tous les idiotismes. — 
S'ère énqué vous, si j'élais vous, si j'étais à votre place. 
Cette locution ne s'emploie jamais qu'avec cette formule et 
précédée du verbe S’ère; et toujours à la 4re pers. sing. de 
l'indic. prés. Lorsque le régime est le pronom é/ ou élo, 
éles ou élos, on fait suivre énqué de l’art. dé: S'ère énqué 
d'éles; et cela par un simple motif d’euphonie. Il en est de 
mème pour quelques substantifs tels que dans ces phrases : 
S'ère énqué dé moussu tdou; dé moun pèro. L'usage seul 
détermine cette différence, qu'aucune exigence euphonique 
d’ailleurs ne motive, au moins dans la prose. 

Én-quèsto, phr. faite. En quète, en poursuite, en re- 
cherches. 

Dér. du lat. Quæsitum, supin de Queærere, chercher. - 

Énquèsto, s. f. Enquête; recherche judiciaire; infor- 
mation. 

Énquicon ou Énquoucon, ou Énticon où Éntoucon, 
ado. de lieu. Quelque part; en quelque lieu; en un certain 
endroit. 

Énquicon-mäï, quelque autre part; ailleurs. 

Dér. du lat. Quocumque, m. sign. 

Énquiè, s. =. Trou de la canelle ou du robinet d'une 
futaille ou d’une cuve. 

Dér. de Énguo. 

Énquiè, èto, adj. Dim. ÆÉnquièté, Énquiètoù. Inquiet; 
chagrin; d'humeur morose; grognon; qui aime à se 
plaindre. — Énquiè coumo un ca borgne, prvb. Inquiet 











ENR 


comme un chat hong, ce qui veut dire aveugle. — Voy. 
Borgne. 

. Dér. du lat. Inquietus, inquiet, agité. 

Énquiéta, v. Inquiéter; donner du souci, du chagrin, 
de la sollicitude, 

S'énquiéta, se chagriner; prendre de l'humeur; se mettre 
en colère. — Faïre énquiéta, donner de l'humeur; faire 
mettre en colère. 

Énquiétudo, s. f. Inquiétude ; chagrin; humeur. — Ai 
uno bèlo énquiétudo, anas; allez, j'ai un violent motif de 
chagrin; je suis bien en souci. 

Énquo, désinence adjective féminine. — Ce suffixe avait 


sans doute pour masculin Énc, qui n'est pas resté avec 


cette forme dans notre dialecte, qui n’admet dans aucun 
mot le C final. Aujourd'hui, ce masculin est Én, Ën, qui 
marque, en s'ajoutant au radical, à un nom de lieu, le 
voisinage, l'habitation, l'appartenance, et que des analogies 
rapprochent des autres suffixes dont il a été traité. — Foy. 
Én, En, suffixes. Énquo au féminin adjective les noms 
dans le même sens : son origine et ses transformations sont 
expliquées dans l’article auquel nous renvoyous. 

Énquo, s. f. Canelle, d'une cuve d’un tonneau, qui n'est 
qu’un tube fermé par une broche. — Ana coumo uno 


_énquo, aller fréquemment à la selle, avoir le dévoiement; 


aller comme un robinet. Lou faï ana coumo uno énquo, il 
le mène grand train; il ne le ménage pas; il le plie à ses- 
moindres volontés. On dit aussi : Vaï.coumo uno énquo, 
d'un outil, d’un appareil, d'un individu même, qui fonc- 
tionnent parfaitement, qui font vite et bien. , 

Énquoucon, adv. de lieu. — Voy. Énquicon. 

Énraja, ado, adj. Enragé; qui est atteint d’une douleur 
extraordinaire, d'un mal violent, d'une colère furieuse. — 
Dans le sens de rage, hydrophobie, on dit mieux, Fo: 
un chi fol, un chien enragé: on ne se servirait pas de 
Énraja, qui est une acception française. 

Dér. du lat. Rabies, rage. 

Énrâoumassa, v. Enrhumer; causer un rhume. 

S'énrdoumassa, s'enrhumer, gagner un rhume.— On dit à 
un enfant qui n'ôte pas son chapeau devant une personne 
à qui il doit du respect : As saïqué pdou d’énrdoumassa 
tous pésouls? tu crains sans doute d'enrhumer tes poux ? 

Dér. de Réoumas. 

Énrâouqua, v. Enrouer, causer de l'enrouement. 

+ Dér. de Rdou, ” 

Énraqua (S'), v. Se dit du vin qui pour avoir trop cuvé 
dans le marc, prend l’Apreté et le goût de la rafle; et aussi 
de la canelle d’une cuve qui est obstruée, ou bouchée par 
la rafle, faute d'avoir mis un filtre quelconque à l’inté- 
rieur. Au fig. S’énraqua, s'enivrer, 8e gorger de vin. — 
Éstre énraqua dé quicon, être fatigué, dégoté de quelque 
chose ; en avoir par dessus les yeux. 

Dér. de Raquo. 

Pre (S'}, v. Se raidir; devenir raide. 

de Réde. 





ÉNR 293 


Énréga, v. Semer, planter à raies ou en sillons faits à 
la houe une planche de jardin. — Énréga dé favidous , 
semer des haricots en raies. , 

S'emploie aussi pour dire : tracer le premier sillon, la 
première raie. Par ext. commencer, entreprendre une 
œuvre, un labeur, une tâche. — Énréga un coumplimén, 
enfiler un compliment. 

Dér. de Régo. 

Énrégaire, s. m. Ouvrier qui exécute l'œuvre ou l'action 
du verbe précédent. 

Énrégistra, v. Enregistrer, — Cela ne se dit point des 
actes de l'administration de l'enregistrement, qu'on nomme 
Contoronle, et Contourounla; mais bien de l'inscription 
sur les registres de l'état civil. — S'és pas trouva énré- 
gistra, sa naissance n'a pas été constatée sur les registres 
de l'état civil. 

Énréia, v, Piquer, blesser une bête de labour avec la 
pointe du soc. 

Dér. de Réïo. 

Énréssa, v. Mettre en chapelet les oignons ou les aulx. 
Par ext. appareiller, ranger régulièrement et par rang de 
taille ou de dimension. 

Dér. de Rès. 

Énrougna, v. Donner, communiquer la gale. — 
Un troupèl énrougna, uu troupeau atteint, infecté de la 
gale. 

Dér. de Rougno. 

Énrounza (S'), v. S'embarrasser, s'empêtrer dans les 
ronces. — La différence de ce mot avec S'arounza est 
que celui-ci signifie : être accroché par une ronce, être la- 
bouré par une épine de ronce; tandis que S'énrounza 
suppose un champ de ronces dans lequel on est pris et 
embarrassé. 

Dér. de Arounsze. 

Énruga (S'), v. — 11 existe un préjugé populaire que 
représente ce verbe, qui n’a pas de correspondant français, 
et qu'il est nécessaire de traduire et d'expliquer par les 
faits. 

Lorsqu'une personne a la peau couverte instantanément 
d’une éruption de petits boutons cuisants et à forle déman- 
geaison causée par une ébullition quelconque du sang, on 
suppose qu'elle provient de la déjection d'une sorte de 
chenille, animal microscopique qui vient sur les chônes, 
déjection qui atteint les personnes passant sous l'arbre. 
Cette croyance a toute la fixité et l’obstination d’un théo- 
rème, el les paysans se moquent de tous les raisonne- 
ments contraires qu'on leur oppose. On a beau leur dire: 
que l'individu atteint de ce mal n’a point passé sous un 
chène; que les chenilles n'ont qu'une vie très-courte, el 
qu'en toute saison elles ne peuvent exister; qu'il est 
absurde de supposer que des animaux puissent se donner 
le mot pour répandre à la fois leurs déjections sur les 
passants, et plus absurde encore qu'ils puissent les répan- 
dre constamment, de manière à ce que le passant en 


294 ÉNS 

reçoive l'averse dans la seconde qu'il met à parcourir le 
diamètre de l'ombre d'un arbre. On a beau leur faire 
observer que quand mème tout cela serait vrai, la déjec- 
tion ne pourrait agir que sur les parties du corps laissées à 
découvert et en contact immédiat avec elle, tandis que les 
éruptions dont s’agit se produisent sur les parties les plus 
couvertes, comme l’épine dorsale, le ventre et les cuisses ; 
tout cela ne peut en rien altérer la crédulité de ces bonnes 
gens. IT faut remarquer ici que les gens de la campagne 
veulent voir à tout une cause naturelle ou surnaturelle ; du 
moment que leur intelligence ne leur montre pas immé- 
diatement cette cause, ils s'en créent une fantastique 
plutôt que d’avouer leur ignorance ou de s’en rapporter 
aux définitions de la science, chose pour laquelle ils ont 
toujours une extrême défiance. C'est ce prétendu effet de 
la chenille qu'on appelle Énruga : mé souï énruga, j'ai 
une éruption de boutons. ; 

Dér. de Arugo. 

Énsabla, v. Recouvrir de sable; déposer une couche de 
sable. — C'est ce qui arrive souvent aux terrains exposés 
à la submersion des rivières et des torrents. Lorsque la 
crue est moyenne; elle ne dépose sur les terres riveraines 
qu'une légère couche de limon et les bonifie; le même 
résultat s'obtient encore, même dans les grandes crues, 
lorsque les bords sont fourrés et garnis d'épaisses lisières 
d’oseraie, parce que le courant étant alors brisé par ces 
obstacles, les sables plus pesants que le limon et qui occu- 
pent une zone inférieure dans le courant, sont obligés de 
s'arrêter ou de se laisser entraîner dans le courant prin- 
cipal, tandis que les oseraies laissent pénétrer les eaux 
chargées de particules plus grosses et plus légères qu'elles 
y déposent en se retirant. 

Dér. de Sablo. 

Énsaja ou Assaja, v. Essayer, tenter, éprouver; faire 
l'essai d’une chose; tâcher; se disposer à faire; essayer un 
vêtement. 

En ital. Assagiare, m. sign. 

Énsalado, s. f. Salade; mets composé de légumes ou 

d'herbes assaisonnées avec du sel, de l'huile et du vinaigre. 
— Il se dit à la fois comme en fr. de la salade assaisonnée 
et de tout légume qui sert à la composer. Cependant, 
lorsque l'on prononce ce mot d’une manière absolue et 
sans l'accompagner du nom de l'espèce, il ne s'applique 
guère qu'aux différents genres de chicorée ou de laitue. 
On dira très-bien à une personne qui tient à la main une 
chicorée où une laitue : Pourtas aquè uno poulido énsalado; 
mais si c’est du céleri, du cresson, etc., il faut ajouter le 
nom de l'espèce. Tria, éspoussa, garni, vira l'énsalado, 
éplucher, égoutter, assaisonner, tourner la salade. 

En ital. Insalata, m. sign. 

Énsaladiè, s. m. Saladier, espèce de panier en fil d'ar- 
chal pour égoutter la salade. — On dit aussi : Souï énsa- 


ladiè, énsaladièiro, adjectivement, pour : j'aime beaucoup 
la salade. 





ÉNT 

Énsannousi, v. Ensanglanter; tacher, souiller, salir de 
sang. 

Dér. de Sang. à 

Énsaqua, v. Ensacher; mettre dans des sacs; tasser; 
presser en secouant le sac. — Énsaqua lou bla, mettre le 
blé en sac. Énsaqua lou sa, soulever le sac et le secouer 
quand il est presque plein pour que le.contenu s’entasse 
et tienne moins de place. Ænsaqua lou boudin, la stou- 
cisso, ete., farcir le boyau du boudin, de la saucisse, etc. 
Énsaqua lou dina, faire de l'exercice pour abattre les 
morceaux dans l'estomac, c.-à-d. pour faciliter la digestion 
après diner. És tout énsaqua din sas braños, il a la taille 
engoncée, entassée, lourde, épaisse. Agad's bla-t-énsaqua, 
farino môouto, loc. prvb. C’est marché conclu; c’est chose 
entendue ; c'est comme si vous teniez. 

Dér. de Sa. 

Énsarios, s. f. plur. Double cabas en sparterie. Sr à 
Embiassos. 

Dér. du lat. Sarcina, paquet, bagage. : 

Énségna, v. Indiquer; montrer; apprendre; mais non 
dans le sens du lat. Docere, enseigner. — Énségna-mé lou 
cam, indiquez-moi, montrez-moi le chemin. 

Dér. de la bas. lat. Insignare, faire une mvr-mnibes 
signe, du lat. Signum. 

Énségno, s. f. Enseigne; marque, indice; atiesté 
écriteau d’un magasin, d’un cabaret, d’une auberge, etc. 

Énsémble ou Énsém, adv. Ensemble; de compagnie, 
l'an avec l’autre, les uns avec les autres. 

Le premier n’est pas bien indigène, mais il est fort reçu, 
le second est plus pur. 

Dér. du lat. Insimut, m. sign. 

Énsible, s. m. Ensouple; rouleau autour duquel est 
roulée la chaine d’une étoffe qu’on tisse. 

Dér. de la bas. lat. Insabulum, m. sign 

Énsin ou Éusindo, adv. Ainsi; de cette manière; cela 
étant. — Il ne signifie pas : ainsi que. 

Formé de deux adv. lat., Sie et Inde, qui ont à peu près 
la mème portée en ce sens. 

Énsourcéla, v. Ensorceler; jeter un sort. — Aquélo 
fénno l'a énsourcéla, cette femme lui a jeté un charme; il 
est amoureux d'elle comme si elle lui avait donné un 
philtre d'amour. 

Dér.-de Sourciè. 

Énsourda ou Assourda, v. Assourdir; rendre sourd à 
force de crier, de faire du bruit; abasourdir. — Hrapti 
sourdes, tu m’ennuies de tes propos. 

Dér. de Sour. 

Énsupourtable, ablo, adj. imsupportable sens: 
intolérable; assommant. 

Empr. au fr. 

Énsuqua, v. — Voy. Assuqua. 

Énta, v. Greffer; faire l'opération de la greffe. 

Dér. du lat. Intùs, dedans : mettre la greffe ou scion 
d’un arbre dans un autre. 





ENT 


Éntancha;, v. Dépêcher; hâter; avancer un ouvrage. — 
S'éntancha, se dépècher; faire quelque chose avec hâte, 
avec dextérité; se presser de finir un ouvrage, un travail. 
Éntanchén, dépèchons-nous; avançons notre ouvrage. La 
bouto s'éntancho, le tonneau sera bientôt au bas; on se 
presse de le vider. Lou vi éntancho lou traval, le vin fait 
avancer l'ouvrage, c.-à-d. qu’en donnant du vin aux 
ouvriers, on leur donne du cœur et du zèle. S’éntancho 
dé plôoure, il-pleut dru, ou la pluie redouble. 

Formé sans doute du gr.'Ev et Toy, vite, promptement. 

Éntanche, s. m. Ne s'emploie qu'à l'ablatif d'éntanche, 
et seulement sous forme négative. — Aqud's pa’n traval 
d'éntanche, ce n'est pas un travail qui puisse marcher 
rondement, qu'on doive mener trop vite : c'est un ouvrage 
minutieux. 

Éntanchivou, adj. des deux genres et des deux nom- 
bres. Il a à peu près la même signification que d'éntanche. 
— Aquéles péses soun pas énlanchivou, ces pois sont menus 
et longs à écosser : on avance peu l'ouvrage. 

Éntavéla, v. Empiler; mettre en pile; ranger en couches 
superposées, comme cela se fait pour du bois à brüler, des 
fagots, des gerbes, des bottes de foin, etc. 

Dér. de Tavël. 

. Énte, s. m. Greffe d'un arbre; le scion qui a été greffé; 
le point de soudure qui reste sur la branche greffée et 
qu'on y remarque longtemps après l'opération. 

Pour l'étym. v. Énta. 

Éntéména, v. Entamer; Blain faire une écorchure, 
une entaille, une blessure ; commencer à couper, à diviser; 
entreprendre, commencer. — Éntéména la tourto, entamer 
la miche de pain. Éntéména uno bouto, mettre un tonneau 
en perce. A moun talou éntéména, j'ai une écorchure au 
talon. Dé qu'éntéménan pret Quel travail entreprenons- 
nous demain ? 

Dér, du gr. Évréuvew, couper, tailler, dépécer. 

Énténciou, s. f. Ce mot, qui est fr., n’est employé que 
. dans le sens des phrases suivantes : Aï énténciou d’un bé, 

j'ai intention d'acheter un domaine. Mais ici le langue- 
docien est plus explicite que le français; il signifie: j'ai 
un domaine en vue, et non l'intention générale et indéter- 
minée d’une pareille acquisition. S'a énténciou d'aguélo 
l'io, [éou qué s'anounce, s’il a réellement intention d'épou- 
ser cette fille, il faut qu'il se déclare. 

Énténdémén, s. m. Connivence; collusion; entente de 
deux fripons pour duper quelqu'un. — Y-a d'énténdèmén 
dou jo, il y a quelque dessous de carte : cette phrase se 
dit par catachrèse de toute autre affaire que le jeu. 

_ Dér. de S'énténdre. 
Énténdre, v. Entendre; ouir; comprendre; deviner. 
= S'énténdre, s'entendre; être d'accord: convenir; être de 

connivence comme deux larrons en foire; s'appliquer à. 
 —Pér énténdre dire; pour l'avoir entendu répéter. Sé y-éntén 

prou, il a assez de savoir-faire, il s'y entend assez bien. 
Dér. du lat. ntendere, considérer avec attention. 





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ÉNT 295 


Énténdu, udo, adj. Entendu, intelligent; savant et 
habile dans son art; qui voit bien les choses. 

Éntéra, v. Enterrer; mettre en terre; ensevelir, inhu- 
mer; cacher en terre; enfouir; couvrir de terre. — Aguél 
doubre és éntéra jusqu'âou cafour, cet arbre est enterré 
jusqu’à l'enfourchure des branches. Moun pèro m'éntérara, 
mon père vivra plus longtemps que moi. Vène dou cabaré, 
Jjogue dé t'éntéra, allons au cabaret, je parie de te mettre 
sous la table. 

Dér. de Tèro. 

Éntérado, s. f. Convoi funèbre; inhumation ; funé- 
railles. — L'éntérado est proprement le convoi, la pro- 
cession des assistants. Ana à l’éntérado dé quâouqus, suivre 
le convoi de quelqu'un. Y-aviè uno poulido éntérado, le 
convoi était très-pompeux. Le languedocien est une langue 
naïve qui, en fait de convenance, le cède au fr. : celui-ci 
ne dirait point un joli convoi funëbre. Le provençal va 
encore plus loin que nous dans ce cas; il dit : Uno galanto 
éntérado. 

Éntéraire, s. m. Fossoyeur, seulement pour les fosses 
mortuaires, et non l’ouvrier qui creuse des fossés. 

Éntésta, v. Entôter; porter à la tête; donner des étour- 
dissements, la migraine. Par ext. étourdir par le bruit; 
casser la tête en parlant trop, ou d'affaires trop sérieuses 
ou ennuyeuses; étourdir par la vapeur de charbon ou autre; 
faire tourner la tête. 

S'éntésta, s'entèter, s'opiniâtrer; ne vouloir pas démor- 
dre d'une opinion. — És éntésta coumo un ase, il est entêté, 
obstiné comme un mulet. 

Dér. de Tèsto. : 

Énticon, ado. de lieu. — Voy. Énquicon. 

Éntiè, Entièiro, adj. Entier; qui n’a pas été entamé; 
auquel il ne manque rien. Au fig. entêté, opiniâtre. 

Dér. du lat. Integer, m. sign. 

Éntina, v. Encuver la lessive; mettre le linge dans le 
cuvier : ce qui est la première opération de la lessive, — 
Aï éntina dé matà, c'est ce matin que j'ai commencé. la 
lessive. Éntino émbé la nivou, séquaras éndé lou sourél, il 
faut encuver avec le temps couvert, si l’on veut sécher son 


‘ linge par un beau soleil. 


Dér. de Tino. 

Éntissa (S’), v. Se dépiter contre quelqu’ un, s'opiniätrer 
dans son humeur contre lui : ce qui ne va pas cependant 
jusqu'à la haine. 

Dér. de Tisso. 

Éntoucon, adv. de lieu. — Voy. Énquicon. 

Éntouèlaje, s. m. Dentelle sans dessin et sans picot, 
qui est en pièce et qu'on peut coudre sur ses deux lisières. 
Il sert de monture à la dentelle elle-mème. 

Empr. au fr. 

Éntouna, v, Entonner; commencer le chant d'une 
hymne, d'un psaume d'église; par ext. d’une chanson. 

… Emp. au fr. 

_ Éntour,s. m. Entours, environs; proximité; voisinage; 


296 ENT 
intimité. — És toujour à moun éntour, il est sans cesse 
autour de moi, près de moi. 

A l'éntour, adv. À l’entour; aux environs. — À l'én- 
tour dé Pasquos, près de la fête de Pâques. 

Tout l'éntour, adv. Tout autour, tout à l’entour. 

De l'ital. Intorno, m. sign. 

Éntoura, v. Entourer; ceindre; entortiller; environner; 
enrouler. 

Éntourna (S'), v. Retourner; revenir sur ses pas; s'en 
retourner. 

Dér. du lat. Tornare, tourner en rond, parce qu’en re- 
venant sur ses pas, on décrit une demi-circonférence, un 
demi-tour. 

Éntourtivia ou Entourtouvia, v. Entortiller; tortiller; 
entrelacer, comme font les plantes parasites autour de 
leur tuteur. 

Rédupl. du lat. Tortum, supin de Torquere, tordre, tordre 
plusieurs fois, à plusieurs volutes. 

Éntra ou Intra, v. Entrer; passer du dehors au dedans; 
pénétrer ; commencer. — Pode pas éntra din moun souïë, 
mon pied ne peut pas entrer dans mon soulier. Éntro et baro 
la porto, entre et ferme la porte. Éntro din sous quinze ans, 
il entre dans sa quinzième année. Éntro pér la Sén-Bour- 
toumiou, il commence sa ferme à la Saint-Barthélemy. 

Dér. du lat. Intrare, m. sign. 

Éntraîfouira, v. Embrouiller; mettre en désordre. — 
S'éntrafouira, s'ingérer, s’entremettre, fourrer son nez 
partout, mal à propos et sans y être appelé. És tout éntra- 
fouïra, il est tout entrepris, tout empêtré, comme une 
personne qui aurait lâché dans sa culotte. 

Formé de Éntre, dans, et du fr. Fourrer. 

Éntramén, adv. Cependant; en attendant; quoiqu'il en 
soit. — Éntramén qué, tandis que, pendant que, puisque. 

Dér. du lat. Interim, pendant ce temps. 

Én-tranto, sorte d’adv. qui ne s'emploie qu'avec le verbe 
Éstre, en balance, en suspens. — Ëstre én-tranto dé faire, 
être en suspens, indécis; sur le point; entre le zist et le 
zest. 

Dér. sans doute de Trantaïa, balancer, branler. 


Éntrapacha, ado, adj. Dim. Éntrapachadé, éto; Éntra- 


pachadoù, ouno. Bantroche; qui a les jambes torses, nouées; 
qui est gêné dans sa marche par l’enchevêtrement de ses 
jambes. Au fig. embarrassé; entravé; qu'un rien arrête ; 
entrepris. 

Formé de Éntre et de Pas, qui a les pas entremblés. 


Éntrava, v. Entraver; mettre des entraves à la marche: 


de quelqu'un, mettre des liens aux jambes des animaux; 
donner un croc-en-jambe pour faire broncher quelqu'un. 
Au fig. croiser les démarches; susciter des obstacles. 

Dér. du lat. Trabs, poutre qui servait à entraver les 
chevaux. - 

Éntravaqua, v. Entraver ; embarrasser ; pate: ou plutôt 
avoir placé un objet dans quelque coin dont on ne se 
souvient plus. — Lou chival s'és éntravaqua din soun 





ÉNT 
cabéstre, le cheval s’est enchevêtré dans son*licol. Entra- 
vaqua uno saraïo, mèler une serrure. Qudou sa mounté 
s'és éntravaqua? Qui peut savoir où il s’est égaré? 

I a la même racine que Éntrava, dont il est un aug- 
mentatif. - 

Éntravaquaire, aïro, adj. Qui égare toujours ce qu'il 
tient à la main; chercheur de difficultés, qui ne fait 
qu’embrouiller les questions. 

Éntravaquoüs, ouso, adj. Dificilé à débrouiller, à 
démèêler. 

Éntravéssa, v. Mettre en travers; faire croiser une chose 


{| sur une autre. Au fig. traverser les projets de quelqu'un, 


lui mettre des bâtons dans les roues; contredire, contre- 
carrer. — Un éntravéssa, un esprit de travers, caractère 
rebours. 

Dér. du lat. Transversus, en travers. 

Éntre, prép. Entre; parmi; au milieu: dans; en. — 
Pourta éntre brasses, porter à bras. Éntre aïci et uno houro, 
d'ici à une heure. Éntre paga el mouri on y-és toujour à 
tén, prvb., payer et mourir sont deux extrémités qu'on 
retarde autant qu'on peut. Éntre fios et capélans Sabou pas 
mounté manjaran lus pan, prvb., les filles et les prêtres 
ne savent pas d'avance où se fixera leur domicile. Véndraï 
éntre tout déman, je viendrai dans la journée de demain. 

Dér. du lat. Inter, intrà. 

Éntre, conj. Dès que; aussitôt que. — Éntre véni dé 
dina, d'abord après diner. Éntre y-avédre parla, vous 
réndraï résponso, dès que je lui aurai parlé, je vous ren- 
drai réponse. Éntre lou véire, en le voyant; aussitôt que 
je le vis. Éntre vira lou cantoù, en tournant le coin. Éntre 
qué li séguère, à peine arrivé; aussitôt que j'y fus arrivé. 

Éntrébouïa, v. Embrouiller; brouiller; mêler; entre- 
mêler. 

Rédupl. de Émbouia. 

Éntrébouïiaire, aïro, adj. -Brouillon ; qui ne fait qu'em- 
brouiller les questions, comme tout ce qu'il touche; qui 
ne sait rien démêler. 

Éntrébouli, v. Troubler l'eau; obscurcir une glace. — 
On diriè qu'éntréboulès pas l'aïgo, il a Fair si sage, si posé, 
qu'il ne troublerait pas l’eau en la passant à gué; il a Hair 
de ne pas y toucher. 

Dér. de Trébou. : 

. Éntréboulimén, s. m. Trouble de l’eau agitée et salie 
par la vase qui remonte à la surface. 

Éntrédi, icho, «dj. et part. pass. de Éntrédire. Interdit; 
déconcerté; confus; interloqué. — Séguè tout éntrédi, il 
fut tout interdit. D’uno pardoulo l’éntrédiguère, d'un mot, 
je l’interdis. 

Dér. du lat. Znterdictus, m. sign. 

Éntrédire (S'), v. Dire à part soi; faire un à-parte; 
se dire à soi-même. — M'éntrédisièi qué tout aqud n’èro 
pas vraï, je pensais à partmoi, que tout cela n’était pas vrai 

Éntrédourmi (6), v v. Sommeiller; être entre la veille 
et le sommeil. 





4 ENT 


| Éntrédoüs, adv. Entre-deux; en balance; ni oui, ni 
; non; ni bien, ni mal. 
Éntréfièl, s. m. Petit trèfle des près à fleurs jaunes, 


Trifolium pratense, Linn. Plante de la famille des Légu- 


mineuses; excellent fourrage. Les variétés de trèfles sont 
nombreuses : la plus commune est à fleurs rouges, le grand 
trèfle artificiel. 
Dér. du lat. Trifolium, trois feuilles, parce que chacune 
| des feuilles de cette plante est composée de trois folioles. 
Éntréfoire, v. Serfouir la terre, y faire un second et 
léger labour avec la houe ou la serfouette. Proprement, ce 
| travail ne s'applique guère qu'aux Plantes potagères, pour 
aérer la terre que les pluies ou l’arrosage ont durcie et 
{ caillée à la surface; lorsqu'il s'agit des müriers, de la 
Ê vigne, ete., on dit: Maginqua. 
Formé de Éntre et Foïre, c.-à-d. entre les plantes. 
| Éntrélusi, ». ». Luire; luire à travers; entre-luire ; 
éclairer à demi, à peine, faiblement. — Lou sourél tout- 
| éseas éntrélusis, le soleil se montre à peine, de temps en 
| temps, entre les nuages. 
; Dér. de Lusi. 

Éntre-miè ou Éntre-mitan, adv. Entre-deux; entre 
une chose ou une personne et une autre. — L'éntre-mië, 
pris subst. l’entre-deux ; une chose placée entre une autre; 
l'espace entre les deux. 

Dér. de Mie. 

fntrémièlo, » s. {. Trémie de moulin, de bluteau, etc. ; 
auge en bois en forme de pyramide tronquée et renversée, 
qui laisse échapper le grain par son extréinité inférieure, 
petit à petit et sans s'encombrer. 

Dér. du lat. Trimodium, mesure de trois boisseaux, 
parce que la trémie de moulin contenait autrefois à peu 
près cettequantité : elleest beaucoup plus grande de nos jours. 

Éntréna, v. Tresser; entrelacer; natter. — Voy. Tréna. 

Éntrénousa, vw. Faire des nœuds l'un sur l’autre, et 
particulièrement de faux nœuds qui deviennent très-diffi- 
ciles à démèler. 

Rédupl. de Nousa. 

Éntrépâou, s. m. Entrepôt; lieu où l'on met en dépôt 
momentané; position provisoire. — Aï més aqu aqui pér 
éntrepdou, ce n'est pas la place de cet objet, je l'ai placé 
là provisoirement et en attendant de lemettre à sa destination. 

Dér. de Pdousa, Pdouso. 

‘Éntrépäousa, v. does; poser provisoirement; 
poser en se. 

_ Dér. de Pdouso. | 

_Éntrépréne, v. Entreprendre; commencer à faire; s'ap- 

à un travail; entreprendre quelqu'un, le quereller, 

le sémondre. 
_S'éntrépréne, se disputer, ‘attaquer, se chercher n noise. 
jaro, sé l'éntrépréne, gare à toi, si je te pose les » mains 


à Fe. n iuèï? Quel travail PIRE 
nous PitietS 
Dér. de Préne. 




















ENT 297 
Éntréprénén, énto, adj. Entreprenant; hardi; qui se 
lance dans des spéculations avec hardiesse ou avec loyauté. 
Éntréprénur, s. m. Entrepreneur, qui se charge d'un 
ouvrage, d’un travail à certaines conditions. 

Importation nouvelle, empruntée au fr., qui s’est facile- 
ment impatronisée. 

Éntréprés, éso, adj. Entrepris; embarrassé; gauche; 
qui ne sait de quel côté se tourner, ni comment s'y 
prendre. 

Éntrépréso, s. f. Entreprise. — Ne se dit que dans le 
sens d'un ouvrage pris à forfait et par entreprise, c.-à-d. 
aux périls, risques et bénéfices de l'entrepreneur. 

Éntre-Ségnos (Las), s. f. plur. La ceinture d'Orion ou 
les Rois Mages, constellation composée de trois étoiles de 
la première grandeur, parmi lesquelles est Sirius, la plus 
belle de notre hémisphère, disposées à égale distance l'une 
de l’autre. C’est une horloge de nuit pour les paysans qui, 
suivant la saison, savent toujours quelle heure il est en 
examinant sa position sur l'horizon. 

Corrup. de Trés ségnos ou trois seigneurs, pour désigner 
les Rois Mages. 

Éntrétène ou Éntréténi, v. Entretenir; fournir le né- 
cessaire; conserver en bon état; raccommoder une chose 
pour augmenter sa durée. 

S'éntrétène, s'entretenir; discourir; causer de quelqu'un; 
fournir, soigner son vestiaire. — Vous éntréténguès dé iéou, 
vous vous êtes entretenus de moi; vous en avez médit. 
S'éntrétèn bièn, sa mise est toujours soignée, propre. Féou 
bé gagna pér s'éntrétène, il faut bien gagner au moins son 
vestiaire. ‘ 

Empr. au fr. 

Éntréténénço, s. f. Dépense de vestiaire; soin pour 
entretenir en bon état. — La vaïssèlo démando foço éntré- 
ténénço, la vaisselle vinaire exige un entretien journalier. 

Éntréténéncios, s. f. plur. Entretien; conversation; 
causerie confidentielle ; médisance. — Aïme pas tout aqué- 
los éntrélénéncios, tous ces entretiens particuliers ne me con- 
viennent guère. 

Éntréténgu, qudo, part. pass. de Éntrétène. 

Éntréténi, v. — Voy. Éntrétène, m. sign: 

Éntrévéire, v. Entrevoir; apercevoir un instant, d'une 
manière fugitive; voir à demi; pressentir. 

S'éntrévéire, se visiter, se voir en passant. 

Éntrévije, s. m. Herbe aux gueux, viorne à feuille 
étroite, Clematis vitalba, Linn., ou Viorne à large feuille, 
vigne blanche, autrement appelée Aoubovi (V. c. m.). Plante 
de la fam. des Renonculacées, sarmenteuse, dont la feuille 
a un goût piquant et caustique. On s’en sert dans les Cé- 
vennes pour envelopper les petits fromages de chèvre non. 
més Péraldoùs ou Pélardoùs, auxquels elles communi- 
quent un goût piquant et poivré. Cette plante, pilée et 
employée en applications sur la peau, la cautérise et y 
produit une plaie factice, mais facile à guérir: c'est là le 
secret que nos mendiants actuels tiennent des anciens 


298 ENV 


truands, et qui lui a valu son nom fr. d'Herbe aux gueux. 

Éntrévis, visto, part. pass. de Éntrévèire. 

Éntrévisto, s. f. Entrevue de mariage. — Ne s'emploie 
absolument que dans ce sens. 

Empr. au fr. 

Éntriga, v. Agacer les dents. — N'a pas d'autre accep- 
tion. 

Dér. du lat. Intricari, embarrasser, rendre difficile : 
l'agacement des dents en embarrasse le jeu. 

Éntrigoüs, gouso, adj. Industrieux; qui se donne du 
mouvement pour réussir, qui y emploie mille moyens bons 
ou mauvais. — Il parait bien ètre emprunté à la mème 
source que le fr. Intrigant et Entrant, qui lui ressemblent 
d’ailleurs par le sens et la forme. 

Éntrin, adv. En train, en bon train. — Éntrin dé rire, 
en disposition de rire. És un pdou éntrin, il est un peu 
dans les vignes du Seigneur. Lou tiraje és éntrin, la fila- 
ture est en train de marcher, elle a commencé de fonc- 
tionner. Sès tan éntrin, vous êtes si éveillé, si dispos, si 
affairé. Souï mou éntrin ou pas bièn éntrin, j'éprouve du 
malaise. 

Empr. au fr. En train. 

Éntrinqua, v. Mettre en train; exciter; encourager. 

S'éntrinqua, se meltre en mouvement; se mettre au 
travail avec ardeur; se griser légèrement. 

Éntrinquaire, aïiro, adj. Boute-en-train; qui provoque 
au plaisir, à la joie; qui excite et met en train. — Lou 
bourigal, lou galoubé, lou tambourin éntrinquaïre, l'air de 
la bourrée, le galoubet, le tambourin qui invitent à la 
danse. 

Énvala, v. Avaler. — Voy. Éndavala. 

Énvalaire, s. ou adj. m. Sobriquet du Gripé {V.c. m.), 
qu'on nomme souvent Gripé l’énvalaire, probablement 
parce qu'on en fait un objet de terreur pour les enfants en 
leur contant qu'il avale ceux de leur âge. 


Énvaraïra, v. Empoisonner avec du Varaïre ou de l’el-. 


lébore blanc. Au fig. empester, empoisonner par une odeur 
fétide. — Pu qu'énvarairo, il pue comme une charogne. 

Dér. de Varaïre. 

Énvéira, ado, adj. Envenimé; irrité; enflammé. — Se 
dit d’une tumeur, d'un aposthème lorsqu'il bleuit ou qu’il 
prend une teinte violacée. 

Dér. de Féri. 

Énvéjo ou Évéjo, s. f. Envie; intention; besoin: ca- 
price; désir, mais non point jalousie. — À toujour milo 
énvéjos, il a mille fantaisies capricieuses, comme les ma- 
lades chroniques. — Aquô’s uno énvéjo dé fénno grosso, 
c’est une fantaisie de femme grosse, c.-à-d. une fantaisie 
musquée, un désir ridicule et fantasque. 


On appelle aussi Énvéjo, envie, les signes que les en-* 


fants apportent en naissant, et qu'on prétend causés par un 
désir inexaucé de la mère pendant sa gestation. 

Énvéjo, envie, pellicule qui se forme ou plutôt qui se 
détache du doigt à la naissance des ongles. 





ÉNV 

Pour ces deux dernières acceptions, la variante Ævéjo 
n’est pas reçue. 

Dér. du lat. Invidia, envie. 

Énvéjoüs, ouso, ou Évéjoùs, ouso, adj. Qui désire 
tout ce qu'il voit; qui a mille désirs capricieux; qui ne 
sait pas se passer d'acquérir tout ce qui lui convient; qui 
se crée des besoins factices, et chez qui le désir passe à 
l'état de besoin. 

Énvéla (S), v. Se déjeter, se voiler, se tourmenter, se 
déverser, comme fait le bois employé trop vert. Au fig. il 
se dit des membres humains ou de la colonne vertébrale 
qui se contractent par une courbure, une déviation quel- 
conque et perdent leur forme et leur direction naturelles. 
— És tout énvéla, il est tout bistourné, tortu. 

Dér. du lat. Velare. 

Énvénciou, s. f. Mensonge; calomnie; diffamation. 

Empr. au fr. avec aggravation d'acception, et jamais 
dans un sens favorable. 

Énvénta, ». Inventer une calomnie, répandre des bruits 
fâcheux; se complaire à découvrir et à conter les défauts 
des autres. 

Énvénta (S'), v. S'éventer; se gâter à l'air, prendre du 
vent. — Se dit particulièrement du vin mal bouché. 

Dér. de Vén. 

Énvéntari, s. »m. Inventaire; rôle, mémoire, état, dé- 
nombrement par écrit et par article d'objets, d'effets, de 
papiers, de titres, etc. 

Dér. du lat. Invenire, inventum. 

Énvérda, v. Faire la toilette d’un robin-mouton, en 
colorant sa laine. — Les bergers sont jaloux de la toilette 
de leurs plus beaux moutons. Un de leurs objets de luxe 
consiste à leur laisser, lors de la tonte, trois ou quatre 
flocons de laine sur le dos, dont le dernier vient former un 
toupet sur le front: et, pour ajouter encore à cet ornement, 
ils le teignent ordinairement en vert. C’est ce qu'on 
nomme Énvérda. 

Énvérina, ado, adj. — Voy. Énvéira, m. sign. 

Énvérnissa, v. Vernisser, vernir; passer une couche de 
vernis de quelque nature que ce soit et quel: que soit 
l’objet auquel il s'applique. 

Dér. de Vérnis. 

Énvinadouiro ou Boutéio énvinadouiro, s. f. Grande 
calebasse étranglée par le milieu, en forme du. chiffre 8; 
gourde des pélerins, Cucurbita lagenaria. C'est l'espèce que 
l'on prépare pour servir de bouteille à vin, en la laissant 
longuement sécher à la fumée sous le manteau de Ja 
cheminée : sa coque devient alors très-dure. On la perce 
par l'endroit où elle tient à la tige; on en extrait avec soin 
tous les pépins et les résidus de pulpe desséchée ; après 
quoi, on y verse à plusieurs reprises du vin ou du vinaigre 
bouillant, qu’on y laisse reposer environ quinze jours. Les 
ouvriers et travailleurs de terre n'ont pas d'autre amphore 
pour contenir leur provision de la journée. 

Énvinassa, ». Préparer, apprèter une gourde au mo- 











































LT 


EOU 


ment de l'ébullition du vin de la cuvée; aviner; plonger 
ou faire macérer dans le vin. — Énvinassa, ado, adj. et 
part. pass. Qui a la figure couleur de vin. 

Dér. de Vin. 

Énviroun, adv. de temps. Environ; à peu près; appro- 
chant; un peu plus ou un peu moins. — Ës énviroun 
mièjour, il est midi ou environ. Énviroun la Sén-Jan, aux 
approches de la Saint-Jean. As énviroun dé milo francs, 
mille francs ou à peu près. 

Dér. du lat. Gyrus, tour, circuit; dont la bass. lat. 
avait fait in girum, environ. 

Énzina, v. Arranger, raccommoder; mettre un objet, un 
outil, en état de remplir l'usage auquel il est destiné. — 
Voy. Asénga, m. sign. 

_Éou, Éou, diphthongue, syllabe à deux sons, prononcée 
par une seule émission de voix. 

Aucun dissentiment n’a pu s'élever sur la prononciation 
de cette diphthongue, dont la consonnance est seulement 
modifiée par la lettre initiale tantôt surmontée de l'accent 
aigu qui l'adoucit, tantôt portant l'accent grave qui la 
renforce. On convient encore par toute la langue d'Oc que 
le son composé ou doit s’y faire entendre, qu'il se pro- 
nonce et qu'il en est partie essentielle, Mais comment faut- 
il l'écrire, d'après quelle orthographe, avec quels signes? 
Voilà la question qui s'est posée tant pour les dipht. ou 
tripht. qui ont l'E à leur base, que pour celles qui le pren- 
nent avec les autres voyelles À, 7, O0. Nous en avons parlé 
à l’art. Aou: le sujet n'est pas épuisé, el nous ne préten- 
dons pas que le problème soit résolu aux yeux de tous, 
bien que nous persistions à croire notre système ortho- 
graphique le seul logique et soutenable. Et l'occasion se 
présente de l'appuyer par de nouveaux exemples, sans rien 
rabattre de nos premières observations. — Voy. Aou. 

‘SAUVAGES sera toujours considéré comme le législateur 
par excellence de notre langue d'Oc; et c’est à lui qu'il 
faut encore revenir. S'il n’est pas permis de le suivre dans 
toutes les formules qu'il propose, son système d’ortho- 
graphe ne laisse rien à désirer ni à reprendre quand il 
traite de la liaison des voyelles 4, E, I, O, de la concor- 
dance et de l'expression des sons géminés des diphthon- 
gues ou des triphthongues dans une seule syllabe. Le pre- 
mier entre les lexicographes languedociens, il comprit la 
nécessité pour tous nos dialectes méridionaux d'établir un 
rapport exact et direct entre l'écriture et la prononciation. 
De là cette règle, sur laquelle nous ne cesserons d’insister 
par des redites fréquentes, que, dans un mot écrit, toute 
lettre sonne avec la valeur que lui accorde l'alphabet usuel; 


et son corollaire obligé, qu'aucune lettre ne s'écrit si elle 


ne se prononce, et ne se prononce que comme elle est 


écrite, selun les liaisons et les inflexions que les signes 


alphabétiques et l’usage lui impriment. Avec une langue 
dont: le génie réside particulièrement dans son accentua- 


tion, qui a pris tous ses éléments idéologiques dans la mo- 


dulation et l'euphonie, la seule orthographe rationnelle et 





ÉOU 299 


possible est en effet celle qui se rapproche le plus de la 
prononciation, qui figure la parole par le caractère d’écri- 
ture, qui représente la voix par la lettre. Si, dans ces con- 
ditions, l'alphabet usité, courant, est jugé suffisant à ren- 
dre tous les sons, à les faire sentir, il n’y a pas à avoir 
recours à d’autres combinaisons, à s'évertuer à ressusciter 
des méthodes surannées, tombées en désuétude, pour le 
seul plaisir de faire de l'érudition rétrospective. On ne 
peut qu'accepter les notions reçues comme l'alphabet et les 
conventions du langage les ont faites, sous leur point de 
vue le plus positif et sous leur forme la plus matérielle. 
Une fois le principe de Sauvaces édicté, tout alla de 
soi : sa haute raison suffit à le généraliser. On en trouve 
de nombreuses applications. Mais, il faut le dire, il y a un 
siècle, sa manière d'orthographier les dipht. et les tripht. 
languedociennes ne s'était pas encore répandue, et les an- 
ciennes habitudes persistaient. Par une bizarrerie assez 
singulière, l'A fut la voyelle la plus difficile à se plier à 
cette méthode. D'Astros, dans lou Trimfe de la lengovo 
Gascovo, employait la forme Au, et en même temps eou, 
iou, oou; le prieur de Pradinas, Peyrot, dans ses Géorgi- 
ques rouergates, écrit tantôt au, tantôt aow, et toujours 
eou, iou, oou. Le P, Pallas reste aussi dans ce terme moyen; 
son dictionnaire met au et ou à côté de eou et iou. Quel- 
ques auteurs plus modernes, sans s'en expliquer, consa- 
crent la même anomalie : on trouve dans les fables de 
D'Astros, d'Aix, dans celles de Gros, de Marseille, dans les 
poésies de Diouloufet, ax et invariablement eou, iou, oou. 
Goudouli lui-même, bien plus ancien, a reconnu oow, 
bien que dans son époque le son ow se traduisit encore par 
un « simple, et que, pour les autres voyelles, il mette au, 
eu, iu. Mais les auteurs qui se rallient pleinement à l'or- 
thographe de Sauvaces, sont nombreux jusqu'à nos jours : 
parmi les glossateurs, Achard, Garcin, Avril, Nicolas Bé- 
ronie, Couzinié ; parmi les poètes, Peyrol, Jacynthe Morel, 
Auguste et Cyrille Rigaut, Auguste Tandon, Aubanel, 
Coye, Pierre Bellot, Carvin, Jasmin, et notre La Fare- 
Alais, pour ne citer qu'un petit nombre de ceux qui ne 
sont plus. Toutes les publications, dans les divers dialectes 
du Midi, se conformaient à la règle : les œuvres du prieur 
de Celleneuve, Fabre, le maître en esprit et en connais- 
sance de son idiome; les proverbes provençaux de 1824, 
les cantiques des Missions d'Aix, leis juechs de la Fèsto 
de Diou, les Géorgiques provençales ; les pièces du théâtre 
provençal, les Recueils de poésie, les Journaux en vers, les 
Chansons, les fables et les contes; la Bouïabaïsso, lou 
Tambourinaïre, l'Abeilho prouvençalo, lou Rambaïaïre, ne 
faisaient pas autrement, et personne n'avait à s'en plaindre. 
La liste est loin d’être complète des auteurs qui se ser- 
vaient de cette orthographe : celle de quelques-uns qui 
persévéraient dans les vieux us, fournirait aussi ses 
noms et sa protestation : et l'on pourrait sans désavantage 
se compter, si une question grammaticale devait être dé- 
cidée par les gros bataillons. Mais on peut s'en tenir à cet 


300 ÉOU 

aperçu un peu historique, pour constater l'état des choses 
jusqu'au moment où une école récente est apparue pour 
entreprendre la réforme de l'orthographe, en la ramenant 
à celle des troubadours. 

Cette reprise des anciens errements de l'écriture eùt été 
plus louable, si elle se fût moins annoncée comme une 
fantaisie d’érudits, et qu’elle eùt commencé par prouver 
que tant d'œuvres excellentes, qui font la gloire de la 
langue d'Oc, n'avaient pu être goütées et appréciées par la 
faute d’une orthographe vicieuse; ou bien encore si elle 
avait convaincu les populations languedociennes que ce 
qu'on se proposait de substituer étant meilleur où supé- 
rieur, elles trouveraient la mème facilité et le mème 
plaisir à lire les compositions de leurs poètes favoris habillées 
à la mode nouvelle, avec des ajustements qui ne leur étaient 
pas familiers. Mais si le besoin de cette rénovation d'or- 
thographe ne se faisait pas sentir, pourquoi s'attacher tant 
à lui trouver des prétextes et des raisonnements pour la 
représenter comme un progrès? Et ce qu'ont fait des hom- 
mes d’un vrai talent pour la mettre en vogue, ce qui ne 
s'établit pas heureusement sans résistance, ne sera-t-il pas 
plus nuisible qu'utile au développement de notre littéra- 
ture méridionale, qui peut se ressentir de ces vaines dis- 
putes d’école et s'amoindrir au choc de certaines suscep- 
tibilités d'amour-propre de novateurs? Deus omen avertat! 

Ce qui a troublé les eaux jusqu'ici limpides de l'Hippo- 
crène languedocien, ce n’est pas une grosse avalanche, 
bien qu’il soit tombé par-ci par-là quelques pierres et que 
certaines rives fleuries aient été entamées par l'irruption 
et dans la tempète. Simplement et sans figure, il s’agit, on 
le sait, de la façon d'écrire les diphthongues ou triphthon- 
gues formées sur les quatre voyelles a, e, à, o qui prennent 
le son ow à leur finale. 

On vient de voir comment il avait été procédé et les 
préceptes qu'enseignait SauvaGes. Les lauriers de notre 
spirituel et docte glossateur cévenol avaient assez bien 
verdi : de modernes Thémistocles en grammaire n’en dor- 
maient plus cependant. Les vieux manuscrits consultés 
durant ces pénibles insomnies, on y avait découvert que 
les troubadours, ces vénérés maitres, n'avaient jamais 
employé que l'orthographe connue et usitée de leur temps, 
dans laquelle, à la mode latine, la lettre w se pronongçait 
invariablement ou, et que par conséquent ils l'avaient écrite 
seule quand ils faisaient entendre cependant ou très-dis- 
tinctement. Et là-dessus, on s’étayait des citations d’abord 
d'anciennes poésies dans leurs formes originelles, puis des 
méthodes suivies avant la réformation orthographique qui 
introduisit la voyelle composée de deux signes ox, pour 
l'empècher de se confondre avec w simple. 

L'argument n’était pas fort, et mieux valait imiter ou 
même surpasser les troubadours dans leurs inspirations et 
par leurs beaux côtés que S’attacher à une défectuosité de 
leur écriture et ramener notre orthographe en arrière. Car 
le système de l’agencement des lettres pour produire les 





ÉOU 

sons, une fois adopté tel qu'il existe actuellement, tel qu'il 
doit être dans les dialectes de la langue d'Oc, la combi- 
naison par la voyelle composée ou est seule admissible, 
puisqu'elle doit seule être entendue. Pas n’était besoin, 
quand on l’acceptait ailleurs, de faire une exception pour 
dire que, partout où ce signe apparaissait, son épellation 
ne devait pas causer une hésitation, mais qu’alors que ou 
articulé serait précédé d’une autre voyelle, il suffisait de 
poser la simple lettre « pour lui imprimer la consonnance 
obligée. Nous avons donné des exemples nombreux de 
l'impossibilité de cette application. 

Vouloir donc écrire au, eu, iu, ou pour faire articuler 
aou, eou, iou, oou, était exiger un tour de force dont tout 
le monde n'était pas capable, et créer une de ces subtilités 
d’érudition que la masse des lecteurs comprendrait diffici- 
lement. On pourrait mettre au défi un habitant de la cam- 
pagne, quelque peu frotté du syllabaire de l’école primaire, 
de traduire les diphthongues ainsi figurées autrement qu'il 
n'a appris à les épeler, c.-à-d. à la française, parce qu'il 
n'est imbu que des règles de l’alphabet français. Pour se 
souvenir de l'exception, il aura besoin d’un effort; et pour 
l’observer à la lecture, il risquera souvent de tomber dans 
la confusion. Cet inconvénient seul méritait d’être pris en 
sérieuse considération avant de se décider à rapprocher des 
formes françaises, des syllabes qui devaient rester dans 
leur originalité caractéristique et dialectale. 

Qu'au contraire un lecteur quelconque, avec l'alphabet 
en usage, dans l’état des conventions reçues et enseignées, 
rencontre ces syllabes diphthonguées écrites en dou, éou, 
èou, iou, 6ou, il sera au moins obligé d’articuler claire- 
ment, et le son juste se trouvera reproduit, le sens lui 
arrivera et lui deviendra instantanément intelligible. C’est 
tout ce qui est nécessaire, et ce qui est indispensable dans 
notre idiome qui n’obéit qu’à l'harmonie. 

La méthode de Sauvaces et de LA FARg-ALAIS n’aurait- 
elle que l'autorité de ces deux esprits si versés dans la 
connaissance de notre langue, que c'en serait assez pour 
nous engager à suivre la voie tracée par nos devanciers. 
Nous ne courrions pas le risque de nous égarer après eux : 
la route est tracée droit, bien éclairée, point bordée de 
précipices qui donnent le vertige, ni de fondrières qui 
trompent et dans lesquelles on se perd : nous la préférons 
de beaucoup aux nouveaux chemins, qui ne sont que les 
vieux sentiers d'autrefois, abandonnés et dangereux pour 
leurs ornières. — Voy. Aou, dou, lettre U.  ? ’ 

Retourner à l'antique manière pour le seul avantage de 
faire croire que l’on connait ses auteurs et qu'il y a raison 
de faire comme ils ont fait, semble un peu puéril et peut- 
être grandement irréfléchi à la fois. Ce que les troubadours 
né pouvaient s'empêcher de faire de leur temps en em- 
ployant la méthode seule pratiquée et enseignée par l'al- 
phabet, le feraient-ils aujourd’hui que le progrès a amené, 
non pas l'usage de nouveaux signes, mais une notation qui 
est plus vraie et plus rationnelle, pour exprimer logique- 



























(27 


ÉOU 

ment des consonnances qui ont toujours existé dans la 
langue? Voilà ce qu'il fallait se demander avant de con- 
damner ou de rénover. Et on ne se serait pas étonné de 
voir les partisans de l'orthographe auriculaire, — et lout 
le monde convenait qu'il fallait écrire en la langue d'Oc 
comme on entendait, — se rapprocher, pour rendre les 
diphthongues et les triphthongues, dont chaque nuance 
vocalisée se faisait sentir, de la traduction par les lettres 
qui en définitive les reproduisaient le plus clairement. 

I n’y a pas plus raison de maltraiter et d’accuser la 
pauvre voyelle © de s'entremèler aux autres pour former 
un son qu'on n'a pas appris à voir autrement représenté, 
qu'il n°y aurait motif à exiger qu'on n’entendit plus le son 
"ou dans certaines diphthongues, et qu'on se servit du ca- 
ractère u à l'instar des ftaliens et des Espagnols. En France, 
nos conventions alphabétiques sont autres : elles ont mar- 
ché et changé quelque peu depuis les troubadours : pour- 
"quoi ne ferions-nous comme le français, puisque nous 
avons le même alphabet, et que nous lisons et apprenons 
à lire sur le même syllabaire qui nous sert à écrire dans 
nos dialectes? 

D'après Cela, comme personne ne s'est trouvé embarrassé 
en entendant une syllabe sonnant ou rendue par deux 
signes de convention, comment s'expliquerait-on la bizar- 
rerie qui transforme le son à prononcer et à articuler par 
un signe unique et différent, alors qu'il s'agit d'une 
diphthongue? Comment- admettre surtout que cette con- 
sonnance, se trouvant en contact dans la diphthongue avec 
d'autres voyelles, ne profitera cependant du privilège d'être 
exprimée par un seul signe « au lieu de deux, qu'alors 
seulement qu'elle suivra une autre voyelle? Dans ce cas, 
pour®distinguer l'exception, faudra-t-il faire intervenir 
l'accent qui prévienne du changement d’intonation? mais 
encore ici quels étranges préceples va-t-on professer? Il 
convient de tenir en garde le lecteur naïf, peu au courant 
des innovations et qui n’a pas étudié l'épellation dans les 
anciens troubadours : or toutes les fois que la lettre u devra 
sonner comme ow, dans les diphthongues ou les triphthon- 
gues , pour appeler l'attention sur elle, on marquera la 
woyelle lawplus proche voisine à gauche d’un accent. — 
Qu'on se"ledise! — De mieux en mieux. De telle sorte 
que si jusqu’iéion avait pu croire que les accents étaient 
destinés en certaines circonstances à modifier le son de la 
voyelle qu'ils” surmontaient : de par l'école nouvelle, l'ac- 
cent, pour concorder ‘avec son système, devra jouer un 
rôle entièrement contraire à celui qui lüi avait été toujours 

donné, et ne servira de rien à la dettré qui le porte, tandis 
qu'il fera de la voyelle le suivant, une composée sous son 
apparence de voyelle simple. 
+ En vérité, prétendre que le son ou éérétffsamment repré- 
_ senté par un «, et que les diphthongues et triphthongues 
peuvent s'en contenter, c’est prècher la confusion 
. phique au lieu de se faire l’apôtre de l'unité dans les dia- 
lectes de Ja langue d'Oc : c’est le renversement de toutes les 





ÉOU 301 


lois et règles de l'alphabet et de l'orthographe rationnelle. 
C'est pourquoi nous persistons à écrire, comme l'ont fait 
SauvaGes, La Fare-Arais et les autres maitres, dou, éou, 
éou, tou, dou, et les tiphthongues sidou, iéou, bidou, ete, au 
lieu de au, eu, iu, ou, accentués ou non sur la lettre-pivot. 

Les raisons ne manqueraient pas, s'il y avait à résumer 
ce que nous avons dit dans tout ce lexique et ce qu'il met 
en application ; mais ce qui nous frappe est cette pensée 
que nous sommes en présence d’une langue originale, d'une 
vocalisation particulière, qui n'a cependant à son service 
qu'un alphabet en communauté d'usage avec le français, et 
qu'en somme, en France et par tout le pays où les dialectes 
de cette langue sont encore parlés, tous ceux qui les par- 
lent ne connaissent que l'alphabet français, n'ont appris à 
lire qu'avec lui et que par lui la liaison des lettres pro- 
duisant des sons. De telle sorte qu'en apportant ces con- 
naissances acquises dans la lecture ou dans l'écriture de la 
langue d'Oc, si ingénieuses précautions qui soient prises, 
il ne pourra résulter qu’un trouble ou des confusions, si 
l'orthographe employée n'est pas la représentation sonore 
et exacte du mot; car l'intonation, la prononciation, font 
et donnent le sens. Il faut donc de nécessité se séparer de 
ses habitudes de lecture à la française ou bien, avec l'al- 
phabet français, ne présenter à l'œil, pour être articulé par 
la langue, que des combinaisons dans le ton juste et dans 
la clé propre à l’idiome. Que le premier lecteur venu ne 
soit pas exposé, par exemple, à prononcer à la française 
les mots écrits comme le voudraient les réformateurs : Peu, 
leu, meu, etc., à confondre avec peu, le, me: landis que 
le plus ignorant doit, pour comprendre, rencontrer comme 
il prononce couramment en épelant : Péou, lèou, mèou, et 
il aura la certitude de comprendre et de se faire com- 
prendre. 

Nous ne trouvons aucun motif plausible d'adopter une 
orthographe plus savante que celle qui remplit toutes ces 
conditions et qui suffit à la plus complète intelligence de 
notre langue, dont le premier besoin, toute harmonie et 
mélopée qu’elle est, doit être dans sa notation exacte. Ce 
qui sonne et se cadence doit ètre entendu, il faut donc 
l'exprimer et le traduire en signes, suivant les règles adini- 
ses : c'est de ce principe que nous ne croyons pas urgent de 
nous départir. 

Au reste, les adeptes les plus convaincus eux-mêmes du 
système nouveau, Honnorat par exemple, et d’autres encore 
que nous ne nommons pas, ne laissent pas que de se per- 
mettre maintes infractions surtout avec la diphthonque 
éou et dou. Is jugent cette forme plus claire et ils ont de 
bonnes raisons pour cela sans doute quand ils éditent leurs 
œuvres; mais s'ils professent, la rigueur des principes tirés 
de la manière d'écrire des troubadours, les détourne de 
leur voie : ces contradictions se jugent seules. 

Éoufo, s. f. Hièble. — Voy. Égou. 

Éounas, s. m. Grande et large plante de lierre qui cou- 
vre tout un mur ou toute la tige d'un arbre et ses bran- 


302 ÉQU 


-ches. I ne nuit nullement à la sève de l'arbre sur lequel 
il grimpe. Quant aux murs, il les soutient sans doute, 
mais il en corrode le ciment, dans lequel il pénètre, et 
quand il meurt, le mur s'écroule. 

C'est le péjoratif de Éouno. 

Éouno, s. f. Lierre, lierre grimpant; Hedera heliæ, Linn. 
Arbrisseau de la fam. de Caprifoliacées, qui croit spon- 
tanément dans nos pays. 

Éouse, s. m. Dim. Éouséroù. Yeuse, chène-vert, Quer- 
eus ileæ. Arbre de la fam. des Amentacées. — C'est l’es- 
sence de bois la plus recherchée pour le feu, car il dure 
plus longtemps et donne une chaleur plus intense. C'est de 
l'écorce des jeunes chèneaux qu'on tire le tan pour les 
tanneries. 

Ce mot a évidemment la même racine que le fr. Yeuse, 
dont la conformation et la consonnance annoncent une 
origine celtique; il n'est pas emprunté au fr. mais bien au 
moins son contemporain. Le lat. avait, à la vérité, Ilez; 
mais la question serait de savoir s’il ne l’a pas pris à la 
Gaule, pour mettre à côté de son Quercus. 

Éousièiro, s. f. Taillis de chènes-verts; chênaie. 

Formé de Éouse, radical, désignant l’essence, et de Zètro, 
suffixe de collectivité, marquant l'agrégation. — Voy. Ièiro. 

Éousino, s. f. Gland du chône-vert. — Car d'éousino, 
chair ferme et de qualité supérieure, comme celle des 
pourceaux nourris de glands.— Voy. Aousino, m. Sign. 

Équipa, v. Équiper, mais seulement avec la signification 
de fournir des vêtements. — És bièn équipa, il est bien 
nippé, bien fourni de hardes. 

Il est aussi un terme technique propre au jeu d’Equipè. 
— V. ce mot. 

Équipaije, s. m. Attelage de charrette. 

Empr. au fr. avec une tout autre acception. 

Équipè, s. m. Nom d’un jeu d'enfant ou plutôt d'é- 
colier, qui se joue avec des gobilles. Voici la description 
qu’en donne La Fare-Alais dans ses notes des Castagnados. 
On fait en terre trois petits trous ou blouses de la dimen- 
sion tout au plus suffisante pour recevoir les gobilles, et 
disposés en triangle. Les deux joueurs débutent en pous- 
sant leur boule vers le premier trou, et le premier des deux 
qui touche la bille de l’autre, est ce qu'on appelle équipa 
pour le premier trou, c.-à-d. qu'il est apte à faire ce pre- 
mier trou ou à y loger sa bille. Alors tout le jeu de celui- 
ci consiste à se rapprocher de ce trou et à s'en emparer ; 
la finesse de l'adversaire est au contraire de l’en empôcher 
en le forçant à tirer sur la boule, ce qu'il est obligé de faire 
toutes les fois qu’il la rapproche de la sienne de moins de 
deux empans ou deux ouvertures de main, depuis l’extré- 
mité du pouce jusqu’à celle du médium, qu'on allonge à 
cet effet autant que l’on peut. À chaque bille touchée on 
recommence à jouer, comme au billard quand on fait des 
points. Enfin, le joueur a-t-il atteint le premier trou, il 
recommence à s’équipa pour le second, à y arriver, et de 
même pour le dernier. Celui qui le premier a fini ses trois 





ÉRN 

trous, lève sa bille, et l’autre est obligé de les faire à son 
tour, mais alors sans s'équipa, puisqu'il n’y à pas d'autre 
bille que la sienne sur le tapis. Le vainqueur s'applique à 
faire bonne garde, et pour cela à chaque coup il tire sur 
la bille adverse pour l’écarter, en se plaçant prés du trou 
convoité, et s'il est adroit, la corvée du second est fort 
Jongue et fort ennuyeuse, car à chaque instant sa boule 
est repoussée. Cette corvée se nomme Trima. 

En terme d’argot, des trois trous, le premier est appelé 
lou prumio, le second, lou sègo, et le dernier, lou dario. 
Souï équipa pér moun dario, je suis en passe de faire ma 
dernière blouse. 

Ce mot d'Équipè annonce clairement, par sa désinence, 
une origine française. Probablement ce jeu a été inventé 
par des écoliers de la langue d’Oïl; mais il s’est oblitéré 
chez ceux-ci. Il est venu s’établir outre-Loire où il a eu 
une destinée brillante et longue; cependant, comme toutes 
les choses humaines dont on se lasse, surtout quand elles 
ont atteint du premier coup tout leur perfectionnement, 
l'inconstance de la gent écolière aidant, l'équipè est un 
peu négligé de nos jours. 

Équipèio, s. f. Équipée; acte d'étourderie; fausse dé- 
marche, imprudente, indiscrète; entreprise téméraire. 

Empr. au fr. à 

Érénto (à touto), adv. De toutes ses forces, de manière 
à s’éreinter. 

Érmas, s. #. péjor. de Ërme. — V. c. m. et Armas, 
m. sign. 

Érme, s. m. Dim. Érmassoü; péj. Érmas. Hermes; 
terrain en friche, sans culture; vaine pâture. 

Dér. du lat. Eremus ou du gr. ’Epnuos, désert inculte, 
d’où sont venus en fr. Ermite et Ermitage, que notre dia- 
lecte reproduit en Armito et Armitaje. — V. c. m. 

Érnugou, s. m». Hargneux; homme taciturne; bourru, 
d’humeur sombre et défiante, insociable. 

Deux étymologies se présentent : on n’aura que le choix 
à faire de celle qui paraîtra la plus satisfaisante, toutes 
deux présentant certaines probabilités. 

Quelque ressemblance rapproche d’abord ce mot de celui 
des frères Hernutes, premier nom que portaient les frères 
Moraves, secte religieuse qui vivait en communauté. Cette 
communauté est célèbre par le noviciat qu'y fit Pierre-le- 


! Grand. Il n’est pas étonnant que ces sectaires, qui con- 


trariaient ouvertement toutes les idées reçues, fussent 
mal vus et méprisés, et que leur nom soit devenu un 
surnom fâcheux, dont le sens du reste se rapporte aux 
mœurs austères et à l’insociabilité de ces frères, qui n’a- 
vaient que des relations fort rares et peu affables avec le 
reste du genre humain. 

D'autre part, par sa configuration seule, Érnugou n'est 
pas éloigné non plus du fr. Hargneuæ, et comme sa dési- 
nence est l'indice d'une origine ancienne, il est possible 
que les deux mots soient contemporains et qu'ils aient 
l’un et l’autre leur racine dans le mot Hernie, c.-à-d. qu'ils 

























ÉSB 


aient voulu, l'un comme l'autre, représenter la situation 
morale d'un herniaire, qui, avec une pareille infirmité, 
doit ètre un peu déclassé, et partant d'humeur sombre et 
peu sociable. Cela était surtout vrai avant qu'on eût trouvé 
les moyens curatifs : heureuse réduction qui a fait que la 
classe de cette sorte d'infirmes n'est plus soumise qu’à une 
simple incommodité, incapable d'assombrir leur esprit et 
leur caractère! — Aujourd'hui, grâce aux progrès de la 


science et des lumières, on ne ferait pas le mot avec les 


mêmes éléments pour exprimer ce que dit celui-ci, dont 
la signification est toujours applicable; mais le terme étant 
donné, et l'étymologie étant à trouver, il fallait bien re- 
monter à la source la plus probable. 

. Érugo, s. f. Chenille : nom que l’on donne à toutes les 
chenilles qui passent par l'état d'œuf, de ver, de chrysa- 
lide et de papillon, excepté toutefois au ver-à-soie, bien 
qu'il ne soit que la chenille du mürier; mais on lui porte 
trop d'amour et de considération pour le regarder comme 
une Érugo, qui est toujours un objet de dégoût et souvent 
de crainte. 

Le mot Érugo ne s'applique pas non plus à ces chenilles 
microscopiques qui vont par myriades et causent tant de 
dégâts dans les champs et aux arbres. Celles-ci se nom- 
ment Canïos { V. ©. m.). — Pati coumo las érugos, souf- 
frir, être misérable comme une chenille, sans doute à cause 
des vicissitudes et des métamorphoses auxquelles elles sont 
soutnises. Michan coumo uno érugo, méchant comme la 


“gale : s'entend sans doute des chenilles de chou que le 


préjugé fait regarder comme malfaisantes. C’est peut-être 
aussi un rapprochement de la chenille et de la gale, amené 
par la superstition mentionnée à l’art. Bérugo. — V. c. m. 

Dér. du lat. Eruca, m. sign. 

És, 3me pers. sing. indic. prés. du v. Éstre. 

És-ariès, ado. de lieu. En arrière. — La carélo cargo 
és-ariès, la charrette est trop chargée sur le derrière. Faï- 
té és-ariès, recule-toi. — Voy. Dariès. 

És-avan, adv. de lieu. Par devant; en avant. — L'a- 
troubarés és-avan, vous le trouverez en avant, il a pris 
les devants, S'és toumba és-avan, il est tombé en avant, 
sur la face. Aguélo muraïo trésploumbo és-avan, ce mur 
surplombe sur le devant. És és-avan din sous afaïres, il 
est au-dessus de ses affaires. 

Quelquefois le mot est substantivé pour dire : avances ; 
den: agililé, —= Quand a léva boutigo, aviè bé’n pou 

d'és-avan, quand il à commencé son petit commerce, il 
avait bien quelques avances. Aquél home a pas gés d’es- 
avan, cet homme n’est ni assez leste, ni assez fort. — Voy. 


— Dér. du lat. Ad ventum, du côté d'où vient le vent. 


- Ésbadâoula, v. Entr'ouvrir ; laisser une ouverture grande 


ouverte. 

_ S'éshaddoula, s'entr'ouvrir; se crevassers bäiller comme 
une figue gercée, comme une chaussure décousue. 
 Dér. de Badal. 





ÉSC 303 

Ésbalâousi, ido, adj. Ébaubi; surpris, étonné ; étourdi ; 
stupéfait; émerveillé; tombé des nues; abasourdi. 

Ésbérla, v. Écorner; ébrècher; égueuler un broc; ébran- 
cher un arbre. 

Dér. de Bèrlo. 

Ésbouiénta, v. Échauder; faire passer par l'eau bouil- 
lante; asperger ou immerger d'eau bouillante. 

Dér. de Boutén. 

Ésbouldra (S'), v. Se crevasser; crever; s'ouvrir par le 
ventre comme une pomme fondante qu'on met sur la 
braise, comme une andouille qu'on fait bouillir. 

Dér. de Bouldro ou du lat. Botulus, boyau. 

Ésbourassa, v. Houspiller; arracher la bourre ou le 
poil. 

S'ésbourassa, se houspiller; se battre comme font les 
chats et les lapins. 

Dér. de Bouro. 

Ésbouséna ou Ésbousouna, v. Ébouler:; faire crouler 
un mur, une maison, la berge d’un fossé ou d’une tran- 
chée. 

Ce mot vient probablement de Bouso, qui a donné nais- 
sance au fr. Bouse de vache, dont on a fait aussi Bousiller, 
bâtir en torchis, parce que les premiers torchis étaient 
composés de bouse de vache, et que les murs de clôture, 
dans certains pays de pâturages, sont encore construits 
ainsi. Ésbouséna, dans ce cas, serait renverser, ébouler ces 
murs de bouse : l'acception s’est étendue. 

Éscabardatudo, s. f. Ecart, divagation, au physique et 
au moral. 

Éscabarta, v. Chasser loin; écarter; perdre; égarer. — 
Aï éscabarta moun coutèl, j'ai égaré mon couteau. Ésca- 
barta lou pérpdou, se permettre des gaillardises trop fortes 
ou obscènes. 

S'éscabarta, s'égarer; s'éloigner; se dissiper; se disper- 
ser au loin. — Las nivous s'éscabartou, les nuages se dis- 
sipent. Soun la s'és éscabarta, elle a perdu son lait. T'és- 
cabartes pas, ne t'éloigne pas; ne t'écarte pas du droit 
chemin. 

Dér. de la bass. lat. Expartiri, se séparer, prendre de 
son côté. 

Éscabartado, s. f. Écart, échappée. — Le même que 
Éscabardatudo, et plus usité. — Voy. c. m. 

Éscabassa, ». Étêter un arbre, le couronner, le réduire 
au tronc : remède héroïque qu'on applique aux arbres ma- 
lades dont on suppose que les branches seules sont atta- 
quées et les racines restées saines. Cette opération réussit 
quelquefois, mais rarement aux müriers, plus souvent aux 
châtaigniers. 

Dér. de Cabasso, ou de l’esp. Cabesso, tête. 

Éscabour, s. m. Crépuscule du soir; la brume; le déclin 
du jour. 

C'est une corruption ou une métathèse un peu forte du 
lat. Obscurus, dans laquelle cependant on voit se repro- 
duire la plupart des lettres du type. 


304 ESC 


Éscacalassa (S'), ». Éclater de rire; rire à gorge dé- | 


ployée et à haute voix. 

Dér. de Cacalas. 

Éscachoù, s. m. Petite partie, résidu d’une marchan- 
dise; ce qu'il en reste d'invendu : si c’est le restant d'une 
pièce d’étoffe, on dit Cowpoun où Éscapouloun: 

Éscachoù est le dim. d'Éscach, vieux mot hors d'usage 
que mentionne Sauvages et qui aurait eu la même signi- 
fication. 

Éscafouia, v. Écraser; écacher dans la main ou sous 
les pieds quelque chose d’humide ou de juteux comme un 
fruit. — Aquéles rasins sé soun toutes éscafouïas, ces rai- 
sins sont tout meurtris, à moitié écrasés. 

Éscafouiun, s. m». Gàchis produit par des choses ju- 
teuses écrasées; mélange informe de ces matières avec le 
jus qu'elles répandent. 

Éscagassa, ». Affaisser; écraser ; déprimer; rendre épâté. 

S'éscagassa, se plier en deux, s'affaisser, s’accroupir. Par 
ext. se pàmer de rire, parce qu'on fait le mouvement de 
s'accroupir. 

Il a quelque ressemblance avec Acougassa et s’acou- 
gassa. — V. €. m. 

Éscagnéto, s. f. Terme de fabrique de soie écheveau de 
soie à coudre que l'on dévide avant de la décruser et de la 
tordre. 

Dim. de Éscagno. 

Éscagno, s. f. Dim. Éscagnéto. Écheveau de fil, de 
laine, de coton, de soie. 

Éscaïè, s. m. Dim. Éscaïèiré; péj. Éscaïètras. Au plur. 


Éscuïèsses. Escalier; degré; marche d'escalier. — Éscaïè 
én biséto, escalier en colimaçon. 
Éscaïè est aussi n. pr. Escalier. — Fran coumo Éscaïè 


est un dicton qui prouverait peu en faveur de la franchise 
et de la loyauté d’un individu de ce nom, car il signifie 
un homme faux, un quasi fripon, une lame à deux tran- 
chants. Mais peut-être n'est-ce qu'une sorte d’allusion à la 
prestation du serment dans lequel on lève la main, tandis 
que l'escalier fait lever le pied, ce qui n'engage pas et 
n'est qu'une manière de prêter un faux serment. Quelque- 
fois il n’en faut pas tant pour faire un mot qui passe pour 
spirituel et malin, et qui ne repose que sur un rapproche- 
ment fort peu raisonnable et se conserve néanmoins comme 
une énigme, à laquelle les malins découvrent un sens qui 
n'existe pas. 

Dér. du lat. Scala, Scalaria, qui a donné Echelle et 
Escalier. 

Éscaïèrna, v. Éblouir; donner la berlue. 

Formé du gr. Zxävcs, gauche, faux, et du lat. Eucerna, 
lumière, flambeau; fausse lumière, parce que l'effet de 
l’éblouissement est de présenter une fausse image au sens 
intérieur de l'œil. 

Éscaïnoun, s. m”. Sobriquet, surnom; épithète burles- 
que et dérisoire appliquée à quelqu'un, et même à tous les 
habitants d’une contrée. 





ESC 

L'usage des sobriquets est très fréquent chez les classes 
populaires. 11 est peu d'enfants qui n'en reçoivent un dans 
leur famille où dans leur camaraderie; et ce surnom les 
accompagne souvent toute leur vie; bien plus, il se trans- 
met au fils, quoiqu'il n'ait rien des qualités on du défaut 
qui l'ont valu à son père. Ajoutons que le sobriquet se 
féminise aussi pour passer du mari à sa moitié : ainsi, la 
femme ddou vicioùs s'appelle sans gêne La viciouso, bien. 
qu'il n’y ait rien à dire d'elle. Passe encore; car au moins 
il n’y a pas là de barbarisme. Mais tout le.monde a connu 
un nommé B.,., dont le surnom était {a ZLouè (façon 
Jlanguedocienne de prononcer le fr. la loi), parce que, lors 
du régime de celle-ci, B... avait fait usage ou abus du 
mot : eh bien! sa femme s'appelait {a Louëto. 

Les surnoms du peuple sont rarement flatteurs ou rému- 
nérateurs comme ceux que la courtisannerie a imaginés 
pour les princes et pour les barons férailleurs du moyen- 
âge. L'Escainoun est d'ordinaire tiré d’un défaut person- 
nel, d’un vice moral ou physique, d’un ridicule ou de 
quelque fait anecdotique, tournant fort peu à la gloireet 
à la Jouange de celui qu'on en affuble. Il est souvent 
donné par antiphrase, comme Bloundin à un individu très- 
brun, Camar à un très-gros nez, etc. 

Sous le système fédératif qui commença à l’émanci- 
pation des communes, il s'établit une sorte de rivalité 
entre les communautés et villages voisins les uns des 
autres : rivalité souvent pacifique et ne consistant qu'en 
une guerre de quolibets et de jeux de mots. De là cette 
foule de surnoms moqueurs ou méprisants que les loca- 
lités se lançaient l’une à l’autre au moyen-âge et dont le 
souvenir est resté dans le pays, quoiqu’on n'y attache de 
nos jours aucune pensée de haine ou de dérision. C'est 
ainsi qu'on dit encore : 

Tripiè d’Alais. — Crèbo-bachas d'Anduso. — Volo-biéou 
dé Sént-Ambrièi. — Fégnan ou Touchà dé Bénobre. — Assu- 
quo-bèmi dé Sén-Rouman. — Plaïdéjaïire dé. Sént-Andrè- 
dé-Valborgno. — Braîéto dé Ménde. — Éscorjo-truêjo dé 
Sén-Jan-dé-Gardounénquo. — Piquo-céses dé Mialé. — 
Sdouto-rouqué où Diamané dé Sdouve. — Brounsidoù dé la 
Sulo-dé-Sén-Pèire. — Cigéou dé Sént-Hipoulite-dé-Dusfor. 
— Touqua dâou Sént-Espri. — Brando-pinto dâou Coulé. 
— Baraban dé Sén-Chèli. — Targaire où Targués dé 
Maruèje (Marvéjols, Lozère). — Ésfouiro-bari d’Aoubénas. 
— Couflo-tripo dé l'Argéntièiro. — Foutralé dé Baies. — 
Biaïre dé Vilofor. — Piquo-sécal dé Méjano. — Galinéto 
dé Bagnéou. — Toundur dé napo dé Ginouia. — Trabas- 
tairé dé Lu. — Fâou témouèn d'Aimargue. — Passéroù dé 
Soumèire. — Manjo-méléto d'Uzès. — Pélachoù d’Avignoun. 
— Barbo-fourcudo dé la Gardo. — Éspaséto dé Cavaïoun. 
— Viro-gâou dé Béoucaire. — Souréié dé Bouléno. — Las 
Oros dé Malatavèrno. — Véiaïre dé Soustélo. — Noublèsso 
dé Chambourigâou. — Banastaire das Apéns. — Couqui dé 
Porto. — Pésquaire où Aoubouissaire dé Nèr. — Pésquo- 
luno dé Lunèl. — Badäou dâou Pour. — Manjo-blédo dé 


Sén-Pdou. — Manjo-céoulé dé Lusiès. — Dansaire dé Sén- 





ÉSC 


Juiè.— Coucho-péras dé Roussoù.— Jasiou dé Carpéntras. 
— Dévignaïre dé Mountélimar, ee. 

Éscaïinoun est formé de Noun et de Escaï, qui paraît 
avoir existé autrefois dans la langue et qui, dérivé du gr. 
Ex, faux, du mauvais côté, donnait au mot entier la 
signification de faux nom. 

Éscaio, s. f. Écaille, substance dure, laminée, cornée 
et luisante qui recouvre le corps des poissons et des tes- 
tacés; éclat de bois qui se casse et se sépare d'un meuble. 

Dér. du lat. Squamma; dim. Squamula, m. sign. 

Éscaire, s.m. Équerre, instrument de géomètre pour 
tirer des lignes droites et perpendiculaires, et tracer des 
angles droits. — À l'éscaïre, à angle droit. Planta à l'és- 
caïre, disposer une plantation en quinconce. 

Dér. du lat. Quadrare, rendre carré. 

Éscaïroü, s. m. Petit coin de terre; angle de terrain 
clos de murs. 

Dér. aussi bien, comme dim. de Escaë, morceau, que de 
Éscaïre. 

Éscala, v. Monter par une échelle; grimper sur un 
arbre; escalader un mur; gravir une côte, une montagne ; 
en général, monter, par degrés, peu à peu. 

Dér. de Éscalo. 

. Éscalabrina, v. Grimper sur une hauteur scabreuse et 
rapide; monter avec difficulté et en employant toute son 
agilité. 

Dér, de Éscalabroùs. 

Éscalabroüs, ouso, adj. Scabreux ; ardu ; rapide; dif- 
ficile à monter; raboteux. 

Formé du lat. Scala, échelle, ou de Scabrosus, àpre, 
raboteux. 

Éscalada, v. Escalader un mur avec ou sans échelle. 

Augm. de Éscala.* 

Éscalado, s. f. Escalade; action d’escalader un mur. — 
Intra pér éscalado, s'introduire par escalade, en franchis- 
sant les clôtures. 

Éscalaïre, aïro, adj. Qui grimpe; habile à grimper au 
haut des arbres. 

Éscaléto, s. f. Squelette; carcasse du corps d’un animal 
et particulièrement de l'homme, réduit aux os. Au fig. 
personne maigre et décharnée. 

Dér. du gr. Zxchetéy, corps desséché. 

Éscaléto ou Tourtioù dé fère, s. f. Sorte de gauffre 
faite au moule, plate et carrelée par l'empreinte du moule, 
ce qui donne à son dessin la forme d’une série de petites 
échelles juxtaposées. 

Dim. de Éscalo. 

Éscalo, s. f. Dim. Éscaléto; augm. Ésealasso. Échelle, 
instrument composé de deux montants, traversés, d'espace 
en espace, par des bâtons nommés Éscaloù, échelon, ser- 
vant à monter et à descendre. — Mé farias mounta dou 
cièl sans éscalo, vous me feriez prendre la lune avec les 
dents, c.-à-d. vous me pousseriez à des extrémités fâcheu- 

L'éscalo ddou moutoù, l'une des trois solives qui sou- 





ÉSC 305 
tiennent la machine à planter les pilotis, appelée sonnette; 
c’est celle qui sert d'échelle pour grimper jusqu'à la poulie. 
Elle est composée d'un seul montant traversé de chevilles 
débordant d’un pied de chaque côté, qui servent d'éche- 
lons. Dans le Vivarais, on se sert d’une échelle du mème 
genre pour cueillir la feuille de mürier et pour élaguer ces 
arbres: bien entendu que la forme seule est semblable, et 
non la dimension, ni surtout le poids. Téni l'éscalo à 
quéouquus, ètre complice de quelqu'un, l'aider à com- 
mettre quelque mauvaise action. 

Dér. du lat. Scala, m. sign. 

Éscaloù, s. m. Échelon, chacun des barreaux d’une 
échelle. — M'én souï fa pér un brave, un poulit éscaloù, 
j'ai payé un fameux écot : au fig. dans ce sens, pour dire : 
c'est un fameux degré que je viens de monter ou de des- 
cendre. 

Éscamandre, s. m. Dim. Éscamandroù; péj. Ésea- 
mandras. Fille ou femme sale, laide, déguenillée ; effrontée; 
garçonnière. 

La ressemblance de ce nom avec celui du fleuve Sca- 
mandre semble annoncer que c'est ce ernier qui lui a 
donné naissance; cependant il est difhcile de saisir un 
rapport quelconque d’acception entr'eux. Toutefois est-il 
impossible que la manière mythologique et allégorique de 
peindre les fleuves qu’on représentait à demi-nus, les che- 
veux épars, la barbe mêlée et gluante de vase, soit venue 
servir de type au genre de saleté et de désordre que nous 
offre le mot languedocien? Mais, en admettant même l'hy- 
pothèse, pourquoi choisir de préférence un fleuve phrygien, 
dont la représentation ne se trouve guère que dans les 
hautes peintures classiques et le nom dans la haute litté- 
rature?.…. Concluons que si réellement le fleuve a prêté 
ainsi son nom au populaire, cela ne peut tenir qu'à quel- 
que fait anecdotique oublié aujourd’hui. Les étymologistes 
qui ne seraient point satisfaits par cette conjecture, pour- 
ront trouver l’origine du mot dans sa substance même en 
le décomposant. Nous avons déjà vu que le mot, ou plutôt 
la racine Escaï signifie faux et gauche; on pourrait y 
joindre la corruption du lat. Matrona, dame, femme de 
qualité, femme considérée et de haute position sociale. 
Dans ce cas, le mot Éscamandre rendrait l'idée d’une 
fausse dame, c.-à-d. dame de bas étage, dame dont la mise 
sale et dégoûtante est le contrepied de la mise sévère, 
digne et recherchée de la véritable matrone. Ce qui ferait 
pencher vers cette dernière déduction, c’est la circonstance 
des mots Mandro et Mandrouno, qui existent également 
en languedocien et dérivent bien évidemment de Matrona 
( Voy. c. m.), quoique dans une acception presque opposée 
et qu'on peut regarder comme une ironie ou une antiphrase. 
Malgré toutes ces probabilités, je ne sais quelle ressem- 
blance de configuration nous fait encore revenir vers 
l'étymologie phrygienne, sans partager néanmoins les 
motifs qu'en donne Sauvages, qui lui paraissent cependant 
si peu plausibles; mais pour ne rien négliger dans toute 

39 


306 ESC 


cette histoire fabuleuse et fort obscure. D'après lui, ce 
fleuve, fils de Jupiter et de la nymphe Doris, fut méta- 
morphosé en fleuve dans le seul but de le rendre immortel. 
Son père lui accorda en outre le privilége de donner une 
fête à toutes les jeunes filles qui allaient se marier. La 
veille de la noce, elles venaient se baigner dans ses eaux. 
Scamandre sortait de ses roseaux, les prenait par la main 
et leur faisait les honneurs de son palais. Nous ne voyons 
pas, dans toutes ces cérémonies, un point quelconque qui 
rattache notre Éscamandre au fleuve Escamandre; et 
Sauvages, tout en donnant cet aperçu, le juge lui-même 
et trouve toute allusion bien au-dessus de la portée du 
vulgaire. Nous citons seulement à titre de curiosité, et 
nous nous confirmons davantage dans Ja pensée qu’il y a 
ici, plutôt qu’un fleuve, quelque anecdote sous roche. 

Éscambarla, v. Écarquiller les jambes, soit assis, soit 
debout; ouvrir beaucoup l'angle qu’elles décrivent entre 
elles. — És éscambarla, il a les jambes arquées ou voûtées 
outre mesure; il est bancal. 

Dér. de Cambo. 

Éscambarlado, s. f. Plus usité au fig. Étourderie de 
jeunesse; propos grivois ou obscène. 

Éscambarloù, adv. — Voy. Déscambarlo. 

Éscamouta, v. Escamoter; jouer des gobelets. Au fig. 
faire disparaître subtilement; dérober adroitement; voler, 

Éscamoutaje, s. m. Escamotage, tour de passe-passe ; 
larcin; escroquerie. 

Éscamoutur, s. ”. Escamoteur ; larron; escroc. 

Pour l’étym. des trois mots qui précèdent, en espag. 
Camodar veut dire : changer des choses de face, jouer des 
gobelets : dér. du lat. Commutare, m. sign., qui pourrait 
bien certainement avoir formé l’un et l’autre mot. 

Éscampa, v. Jeter; rejeter ; répandre; dissiper. — Aquél 
lun éscampo l'oli; aquélo bouto éscampo, cette lampe a une 
fuite par où l'huile se répand, ce tonneau perd le vin. À 
éscampa la broquo, dit-on d'une femme enceinte, elle ne 
compte plus, elle est à son terme; on suppose par là que 
pour le compte des mois de sa grossesse, elle se sert d’une 
büchette qu’elle marque d'une coche à chaque mois, 
comme cela se pratique pour mille calculs populaires; et 
que, le dernier mois étant expiré, la taille lui devient 
inutile. Éscampa d'aïgo, pisser : l'expression, par pudeur 
de langage, s'étend mème à tous les besoins naturels. 4 
éscampa sas fèbres, il s’est débarrassé des accès de fièvre. 
Éscampa lou bla, répandre le blé de semence, semer. 4 
éscampa soun ase, il a perdu son âne; il a été obligé de le 
jeter à la voirie. Éscampo tout pér éscudèlos, c'est un pro- 
digue; il jette son bien par la fenêtre. Lou cadis éscampo 
la plèjo, le cadis rejette la pluie; il est imperméable. 

Dér. du lat. Campus, champ. 

Éscampadouiros, s. f. plur. Versoir, oreilles d’un 
araire : les deux petits ais plats, attachés au soc, qui ont 
pour destination d'écarter la terre à droite et à gauche et 
de vider les sillons. 





ÉSC 

Éscampaire, airo, adj. Prodigue; dissipateur. — Après 
un acampaïre vèn un éscampañre, prvb. Après un acca- 
pareur, un dissipateur; après un avare, un prodigue. — 
Voy. Acampaire. 

Éscampia, v. Disperser; éparpiller; répandre en détail, 
un peu partout. 

Dim. de Éscampa. 

Éscandaïa, v. Étalonner une mesure de capacité, de 
longueur, etc., une balance, une romaine; c.-à-d. les 
comparer à une mesure type que l'on nomme étalon, et 
les rectifier s’il y a lieu. L’étalonnage est la fonction prin- 
cipale du vérificateur des poids et mesures. 

Ce mot vient du lat. Scandere, scander, réciter des vers, 
en marquant la mesure, en faisant sentir la division des 
pieds et vérifiant ainsi s'ils sont justes. 

Éscandaïaire, s m. Étalonneur; romainier: vérifica- 
teur des poids et mesures. 

Éscäouda, v. Échauder; passer à l’eau bouillante, en 
verser dessus; faire blanchir la viande en y versant de 
l'eau bouillante pour la nettoyer d’un certain empâtement 
blanc qui se forme dessus, quand on la laisse mortifier. 

S'éscéouda, se brûler avec un liquide bouillant.— Moun 
vin s'és éscéouda, mon vin à tourné. Frucho éscéoudado, 
toute espèce de fruits avortlés, qui sèchent avant leur ma- 
turité. Cat éscéouda l’aïgo fréjo l'y faï péou, prvb. Chat 
échaudé craint l’eau froide. 

Éscâoudun, s. ". Pousse du vin; goùt du vin tourné. 
— Sén l'éscéoudun, ce Vin à un mauvais goût de pousse. 

Éscâoufa, v. Échauffer ; réchauffer ; donner de la chaleur. 
Au fig. animer, exciter. 

S'éscdoufa, se réchauffer; s’animer; s'échauffer la bile. 

Dér. de Céoufa : celui-ci signifie chauffer au feu; 
Éscäoufa est plus générique et plus large, il s'étend à 
toutes les manières de réchauffer. 

Éscâoufado, s. f. Échauffourée; situation périlleuse et 
pénible; saisissement de terreur. — Éndurère uno poulido 
éscdoufado, je fus un moment dans une cruelle passe. 

Éscâoufamén, s. "m. Échauboulure ; veus éruptions 
qui viennent sur la peau. 

Éscâouféto, s. f. Réchaud; fourneau de potager. Au 
fig. zèle,‘ ardeur; empressement. — Jouga d'éscéouféto, 
loc. fig., s'animer, s'appliquer au jeu, ce qui dans la plu- 
part des jeux d'adresse rend le coup d'œil plus sûr et la 
main plus adroite : cela se traduirait en fr. Jo 
d'inspiration, si cette phrase était reçue. 

Éscâoufo-iè, s. m. Bassinoire, ustensile ee 
le lit. — Moure d'éscdoufo-iè, visage plein, rebondi, 
animé, respirant la vivacité, qui ressemble à-une bassi- 
noire. 

Éscâouquia, ado, adj. Se dit d’une figure qui est: bien 
mise à découvert, dont toutes les lignes sont bien appa- 
rentes, débarrassée par conséquent de dentelles tombantes, 
de demi-voiles, mème de mèches de cheveux tombants. — 
Moure éscdouquia, minois éveillé et même un peu effronté. 


7 





ÉSB 

Dér. de Céouquio, comme si le visage était débarrassé 
de sa coquille. 

Éscâoutoù ou Candèl, s.m. Dim. Éscdoutouné. Pelo- 
ton de fil, de soie, de coton, de laine. 

Éscâoutouna, ». Pelotonner; dévider en peloton; ra- 
masser en peloton. 

Éscapa, v. Échapper, fuir; se sauver; éviter; échapper 
d'une maladie; sortir, se tirer d'un danger. — M'éscapavo 
dé gn'én parla, la langue me démangeait de lui en parler. 
Sémblo éscapa dé la quiéisso dé Jupitér, il est si fier qu'on 
le croirait sorti de la cuisse de Jupiter : par allusion à la 
naissance de Bacchus que Jupiter, pendant un temps, 
logea dans sa cuisse, après la mort de Sémélé. 

+ Dér. du lat. Capere, prendre, avec la particule extrac- 
tive És; en ital. Scappare. 

Éscapado, s. f. Escapade; l’école buissonnière; fre- 
daine; évasion; échappée; course que fait un troupeau où 
partie d'un troupeau sur un terrain défendu où il peut 
faire du dégât, ou bien sur la propriété du voisin. 

Éscapadoü, s. m. Échappatoire; défaite; subterfuge. 

Éscapadoù, ouno, se prend aussi adjectivement pour : 
capable de se sauver, prèt à s'envoler, à fuir du nid, en 
parlant des jeunes oiseaux; et par ext. des personnes qui 
sont en voie d'échapper à un danger, de garçons ou de 
jeunes filles qui cherchent à s'émanciper, à échapper à la 
( tutelle. 
= Éscapouloun, s. m. Coupon d'étoffe; restant d'une 
pièce; reste d’une marchandise. 

Formé avec la partic. privative És, et de Cap, tête; 
sans tête; avec la désinence diminutive. 

Éscar, s. m. Écart; changement de direction; dévia- 
tion; désarticulation du pied d'un cheval par suite d'un 
accident; cartes que l'on rejette à certains jeux pour en 
prendre d’autres. 

Dér. de Éscarta. 

Éscarabia, v. Réveiller; dégourdir; donner de l'activité. 
— Aquél tén éscarabio, ce temps vif donne des forces, de 
la santé, de l'entrain. És éscarabia, il est vif, alerte, dé- 
gourdi, sémillant. Vas véire sé te vôou éscarabia, tu vas 
voir si je vais te dégourdir, te secouer. 

S'éscarabïa, se donner du mouvement; s'évertuer; se 
réjouir; s'égayer. — Aquél tén s’éscarabio, le temps tourne 
au vif. Couménço dé s'éscarabia, se dit d'un convalescent 
qui commence à reprendre des forces. 

Les vieux auteurs français, qui empruntaient peut-être 

au languedocien, disaient aussi Éscarabillat pour vif, 
alerte, guilleret. 
+ Éscaräougna, v. Égratigner; écorcher la peau; écrouter 
__ Dér. de Car, avec la particule extractive És, ou du lat. 
Ercoriare, enlever la peau, formé de la mème manière, de 
Ex, privatif, et de Corium, cuir, peau. : 

Éscaräougnado, s. f. Égratignure; déchirure de la 
peau; sa marque. 






























ÉSC 307 

Éscaras, s. m. Porte-clayon: meuble de magnanerie 
composé de deux montants dont chacun est armé de che- 
villes pour supporter les clayons les uns sur les autres. 
C'est sur cet échafandage qu’on élève d'ordinaire les vers- 
à-soie dans leur premier âge, On les soigne en enlevant 
successivement chaque clayon et les mettant tour à tour 
à la portée de la main. 

Ce mot est une corrup. et un péjor. de Éscalo, dont il 
a un peu la forme et la pose. 

Éscarassoù, s. m. Sorte de caillebotte fermentée. C'est 
le résidu du petit lait bouilli à petit feu, qu'on roule en 
pelottes et qu'on épice de poivre, de vinaigre et d'eau-de- 
vie. 

La forme diminutive du mot qui est patente, n'impli- 
querait-elle pas, pour son étymologie, la pensée de Je tirer 
de Éscaï, éscach, morceau, dont le dim. direct lui-même 
est Éscachoù? C'est un doute encore, mais on vient de 
plus loin. 

Éscaravisse, s. m. Écrevisse. — Voy. Chambre. 

Dér. du gr. Zxépaboc, m. sign. 

Éscarcaïa (S'), v. Écarquiller les jambes, soit en mar- 
chant, soit assis : se gonfler; se crever. Au fig. faire le 
gros dos, l'important. — Éscarcaïa sous ièls, ouvrir les yeux 
comme des portes cochères; se crever les yeux à regarder; 
les tenir grands ouverts, Marcho éscarcaïa, il marche les 
jambes écartées. 

Éscardassa, v. Tirer les cheveux à quelqu'un, les lui 
arracher; étriller quelqu'un. 

S'éscardassa, se prendre aux cheveux; se battre; se 
peigner; se donner une peignée. 

En ital. Scardassare, carder de la laine. 

Éscarlato, s. f. Écarlate, couleur d’un rouge vif. 

Dér. de la bass. lat. Scarlatum, m. sign. En ital. Sear- 
latto, en angl. Scarlet. On croit le primitif dérivé du cel- 
tique. 

Éscarlimpa, ». Grimper; gravir à grandes enjambées, 
étourdiment et sans mesurer ses pas. 

Formé de Éscar, tiré du fr.et du roman Limpa, glisser. 

Éscarlimpado, s. f. Grande enjambée; glissade; faux 
pas. Au fig. faux pas; coup de tête; étourderie; acte 
irréfléchi. 

Éscarnaïsse (Faïre), v. Vexer quelqu'un, lui donner 
de l'inquiétude ou de l'impatience en lui tenant le bec 
dans l'eau; faire endèver. Proprement, causer de l'effroi, 
de l'horripilation. 

Ce mot semble formé de Car et de Naïsse, c.-à-d. causer 
une efflorescence sur la peau, donner chair de poule. Ce 
verbe, ne s'employant qu'après le v. Faïre, n'est usité 
qu'à l'infinitif : c'est le premier seul qui le conjugue. 

Éscarni, ». Inspirer à une personne ou à un animal un 
effroi qui l'empêche de retomber dans la même. faute 
qu'il vient de commettre, par le souvenir du châtiment 
infligé, ou par la crainte d'une correction nouvelle, ou par 
la peur d'un danger imminent. Proprement, enlever la 


308 ESC 
peaü ou la chair. — Le chat échaudé craint jusqu’à l'eau 
froide, parce qu'il est éscarni. 

Dér. de Car, avec la partic. privative. 

Éscarnimén, s. ». Correction; crainte de châtiment. 

Éscarpia, v. Éparpiller ; répandre ça et là. — Le mème 
que Ésparpaïa, ou du moins dans la plus grande affinité 
de sens / Voy. ©. m.). 

Dér. du lat. Carpere, ramasser, mettre en tas, et de la 
part. privative És. 

Éscarpin, s. m. Escarpin, soulier à semelle légère; 
soulier de danse; chaussure des dimanches pour les villa- 
geois. — Jouga das éscarpins, jouer des semelles, se sau- 
ver; prendre la course. 

Dér. du lat. Carpisculum, m. sign. 

Éscarpina, v. Courir légèrement; jouer des jambes; 
marcher vite. — Éscarpina d'ésclès, chaussé de sabots : 
phrase ironique qui sert à mieux faire ressortir la gros- 
sièreté et la pesanteur de cette chaussure. 

Éscarpinéja, v. fréq. et augm. de Éscarpina. 

Éscarpo, s. f. Carpe, Cyprinus carpio, Linn., poisson 
de l'ordre des Holobranches et de la fam. des Gymno- 
pomes, qui vit dans les eaux douces et dans les lacs. Les 
carpes, qui deviennent fort grosses et, dit-on, fort vieilles, 
sont recherchées des gastronomes pour leur délicatesse. On 
les engraisse pour les améliorer encore. À ce propos, un 
de nos vieux amis racontait un épisode d’un voyage qu’il 
fit à Paris. Il y a longtemps de cela, et à cette époque, où 
l'on n'avait pas encore inventé les locomotives et les 
buffets, on donnait largement aux voyageurs le temps de 
diner. À un relai quelconque, notre ami, au sortir de 
table où il avait très-magistralement officié et mangé sur- 
tout avec abondance d’un plat de carpes fraiches et dodues 
qu'il avait trouvées excellentes, s’en fut dans le jardin de 
l'hôtel commencer sa digestion et attendre le départ. Dans 
ce jardin était un bassin vers lequel il se dirigea, et en 
avançant, il aperçoit certains objets de forme indécise qui 
s'agitaient par petils bonds au-dessus de l’eau. Il s’ache- 
mine et croit reconnaitre que ce sont de petits chiens venant 
de naitre qui semblaient se débattre contre la noyade. 
«Oh! les barbares! s’écrie-t-il, ne pas les avoir assommés 
ayant de les jeter à l’eau! » et il s'approche tout à fait 
pour les secourir. peut-être... C'étaient bien de petits 
chiens; mais ils étaient morts depuis longtemps, et des 
carpes, les compagnes de celles qu'il venait de manger 
avec tant d’appétit, les avaient dévorés à moitié. C'étaient 
elles qui en les becquetant leur faisaient faire ces bonds 
qui simulaient leur agonie, L'hôte engraissait ainsi les 
carpes de son vivier, à la façon du Romain qui jetait des 
esclaves à ses murènes. On peut imaginer l'effet que ce 
spectacle produisit sur l'estomac de notre voyageur : il 
paya son diner et n'emporta rien, au contraire, se pro- 
mettant bien de s'assurer dorénavant de l'ordinaire des 
carpes qu'on pourrait lui servir. 

Éscarta, v. Écarter; éloigner; séparer; mettre de côté 





ÉSC 

certaines cartes pour les remplacer par d'autres — Vous 
éscartés pas, ne vous éloignez pas, je vais revenir. Éscarta 
la granaïo, au fig. se permettre des propos par trop égril- 
lards. Aquél fusil éscarto, ce fusil écarte, éparpille le 
plomb; et au fig. on dit : Soun fusil éscarto, il écarte la 
dragée, de quelqu'un qui laisse échapper de petites parties 
de salive en parlant. Éscarta vous, faites votre écart, dit- 
on à quelqu'un dans certains jeux. 

Dér. du lat. Expartire, enlever de sa part, de sa posi- 
tion un objet. 

Éscartaïra, v. Écarteler; tirer à quatre quartiers; divi- 
ser; Couper en Morceaux. 

S'éscartaïra, prendre un écart. 

Éscas (Tout-) ou Tout-Ésca, adv. Dim. Tout-éscasséto. 
Tout à l'heure; il n’y a qu'un instant; à peine; non loin. 
— Çaï y-èro lout-éscas, il était ici il n’y a qu'un moment. 
Sor tout-éscasséto, il vient de sortir à l'instant mème. 
Tout-éscasséto l'y vêse un pou, j y vois à peine, à peine. 

Dér. probablement du grec Oÿy éxès, non loin, tout près. 

Éscassa, v. Échalasser; échafauder; élever au moyen 
de supports. 

S’éscassa, monter sur des échasses; au fig. monter sur 
ses grands chevaux; se hausser. 

Éscasso, s. f. Échasses; longs bâtons munis d’une sorte 
d'étrier sur lequel se pose le pied, et dont on se sert pour 
s'élever, pour passer une rivière. 

Dér. de la bass. lat. Scalacia, m. sign. péj. de Scala, 
échelle. 

Éscava, v. Évider; échancrer, terme de tailleur et de 
couturière; tailler, couper en dedans. 

Dér. de Cava. 

Éscavaduro, s. f. Échancrure; coupure faite en dedans, 
en forme de demi-cercle. 

Éscavèl, s. m. — Voy. Débanaïre, m. sign. 

Éscavéla, ». Dévider avec l’éscavel. 

Éscharpo, s. f. Écharpe; ceinture de soie, insigne de 
fonctions publiques. 

Corrup. du fr. 

Éschirpe ou Taïo-cébo, s. »”. Taupe-grillon, courtillère, 
Gryllo talpa, Linn. Cet insecte, orthoptère, à peu près de 
la longueur et de la grosseur du doigt, quelque peu sem- 
blable à l’écrevisse, hideux à voir, vit presque toujours 


| sous terre. Il est fort connu et fort redouté pour les dégâts 


qu'il cause dans les jardins, où il coupe la racine de beau- 
coup de plantes polagères. Nos paysans ne manquent jamais 
de dire, avec un grand sérieux, qu’on les tue en soufilant 
dessus. Ils en donnent la preuve au premier témoin qui se 
trouve là quand, en bèchant, ils trouvent un taupe-grillon. 
Ils le saisissent délicatement par le corselet entre le pouce ‘ 
et l'index, soufflent dessus à deux ou trois reprises, et en 
même temps ils le serrent fortement à l’étouffer; ce double 
procédé est infaillible. Le fait est que, avec ou sans 
témoins, il est rare qu’un paysan, rencontrant un pr 
le tue sans souffler dessus. 








ÉSC 


Ésclafi, v. Dégorger; lâcher la bonde d'un réservoir. 
Au fig. mettre à découvert; publier un secret; déceler un 
complot. — S'ésclafi dé rire, éclater de rire, rire à gorge 
déployée; crever de rire. 

Dér. par opposition de Clafi. 

, #. m. Épanchoir; ouverture d'une vanne. 

, v.— Ce mot, qui est emprunté au fr. Éclairer, 
ne participe point de ses diverses acceptions. Il n’est guère 
employé en languedocien que comme synonyme de Éclair- 
cir, et devient surtout un terme technique de magnanerie 
pour exprimer l’action de disséminer les vers-à-soie qui 
ont grossi et sont devenus plus serrés, sur un plus grand 
nombre de tables. On le dit également des plants de légu- 
mes qui sont semés trop drus et dont on arrache une partie 
pour donner plus de distance aux autres. Cependant, dans 
cette dernière acception, on dit plus souvent Ésclaïrè. 

Jamais on ne se sert de ce dernier verbe par rapport 
aux vers-à-soie. 

Ésclaïra est admis quelquefois substantivement dans 
pareille locution : un home ésclaïra, un homme éclairé, 
instruit; mais c'est du languedocien un peu francisé. 

Ésclaïrado, s. f. Clairière; lieu découvert au milieu 
d'un bois; action d’éclaircir les vers-à-soie; diverses repri- 
ses de ce dernier travail. — À fa trés ésclaïrados; il a fait 
trois levées de vers. 

Ésclaïre ou Éliou, s. m. Éclair; clarté éblouissante. — 
Ésclaïre ne s'emploie que dans le style soutenu ou en 
poésie. — Voy. Éliou. 

, ©. — Voy. Ésclaïra. — Lou tén s'ésclaïris, le 
temps s’éclaircit. 

Ésclairido ou Lucado, s. f. Intervalle de temps serein 
par un temps de pluie; rayon de soleil, jet de lumière à 
travers les nuages. 

Ésclandre, s. m. Esclandre; scandale public; accident, 
événement qui fait de l'éclat et qui est toujours fâcheux 
et honteux. 

Dér. du grec Zxéävôahov, scandale. 

Ésclanti, ». Retentir; éclater; résonner; produire un 
son éclatant. 

Dér. du lat. Clangere, m. sign. 

Ésclapa, v. Fendre du bois, le dépecer, le détailler en 
gros quartiers; briser. Au fig. battre, meurtrir une per- 
sonne, Jui casser bras et jambes. 

Dér. de Clap, cla; tas, monceau de pierre, avec la part. 
disjonctive És; c.-à-d. diviser une pierre. 

Ésclapaïre, s. m. Fendeur de bois; charpentier. 

 Ésclapéto, s. f. Petite vérole volante, qui consiste en 

une éruption de pustules rarés, clair-semées et qui ne 
paraissent pas simultanément, comme dans la petite vérole 
ordinaire. Les nouveaux boutons ot souvent Lpi 
que les premiers sont déjà secs. 

Ésclapo, s. f. Grand quartier de bois, de büche; jus 
de bois refendue. Au fig. taille, conformation humaine. 
— Uno fio dé bèlo ésclapo, un beau brin de fille; une fille 





ÉSC 309 


bien charpentée et de belle venue. Un por dé bèlo ésclapo, 
un pourceau à laille allongée, bien développé et qui annonce 
de devenir grand et gros. 

Ésclato, s. f. Engelure; gerçure; crevasse à la peau 
causée par le froid, ou par une humeur scrofuleuse. — 
Médéci dé las ésclatos, médecin d'eau douce; avocat des 
petits procès. 

Dér. de Elatum, supin de Ezferre, produire au dehors, 
ouvrir. 

Ésclavaje, s. m. Esclavage; servitude; soumission ; 
dépendance ; occupation assujétissante, 

Ésclavo, adj. des deux genres. Esclave; celui dont la 
profession ou l'occupation le tient à l’attache et l'empêche 
de sortir de sa maison. 

Dér. du lat. Sclavus, m. sign. — Ce dernier mot peut 
être tiré de sa substance même et dériver de Clavis, clef, 
c.-à-d. enfermé sous clé. Il peut venir aussi du latin clas- 
sique Sclavi, les Esclavons, parce que peut-être ces peu- 
ples perdus et subjugués par les Romains ou les Germains 
étaient tous réduits à la condition d'esclaves ou de serfs. 
Peut-être encore cela tient-il aussi à quelque anecdote 
historique où ces peuples figurent comme le type de l’es- 
clavage. 

Ésclô, s. m. Dim. Éscloupé; péj. Éscloupas. Sabot, 
chaussure de bois, creusée tout d’une pièce, pour y loger 
commodément le pied avec ou sans chaussons, que l'on 
garnit souvent de paille à l’intérieur. — Éscld à La bésé- 
gudo (Voy. Béségqudo). Las sèlétos d'un éscid, le double 
talon d’un sabot, dont l'un est placé au talon et l'autre 
sous la naissance des orteils. Ce ne sont que les sabots les 
plus grossiers, ceux des gens de peine et des montagnards 
qui ont de doubles talons élevés pour mettre le pied à 
l'abri de la boue et de la neige. Lou moure d'un ‘ésclà est 
la partie de devant qui se recourbe au-dessus comme les 
souliers à la poulaine, et présente quelquefois un angle 
saillant en avant, comme le taille-mer d’une proue, afin 
de mieux résister au choc des pierres. € 

Ce mot paraît dérivé du latin barbare Clopus, pied 
boiteux, formé lui-même du gr. Xw6xo%<, m. sign., parce 
que le sabot fait marcher lourdement comme un pied-bot ; 
peut-être aussi parce qu'avec cette chaussure, le pied est 
informe et ressemble assez au sabot d’un cheval ou à un 
pied-bot. Ce qui paraît d’ailleurs donner encore raison à 
cette étymologie, c'est le P final, que le mot porte dans 
ses composés Éscloupé, Éscloupiè, Éscloupéja, qui était 
certainement dans son orthographe, mais que dans le pri- 
mitif notre dialecte, qui ne le fait pas sentir à la pronon- 
ciation, a dû supprimer en l'écrivant. 

Éscloupé, s. m. Dim. de Éseld. Petit sabot, sabot d’en- 
fant; petit haricot blanc, qui nous vient des montagnes 
du Velai, et qui est plus délicat que le nôtre. On l'appelle 
ainsi par un dim. parce que son grain, qui est plus petit 
que les autres, est aussi plus arrondi et un peu dans la 
forme d’un sabot. 


310 ÉSC 


Éscloupéja ou Éscloupinéja, v. fréq. Saboter, faire du 
bruit en marchant avec des sabots; se faire entendre de 
loin avec des sabots ; marcher lourdement avec des sabots, 
comme les scieurs de long auvergnats, qui n'ont jamais 
d'autre chaussure dans nos pays. 

Éscloupiè, s. m. Sabotier, qui fabrique ou qui vend des 
sabots. 

Éscloupinéja, v. Double fréq. de Éscloupéja ( V. c. m.). 

Ésclurci,s. m. Éclipse; disparition, obscurcissement 
Lotal où partiel d’un astre, par l’interposition d’un autre. 

Ce mot vient-il de Éscu, obscur, ou du lat. Ex, parti- 
cule privative, et Luæ, lucis, C.-à-d. sans lumière; ou bien 
n'est-il qu'une corruption du fr. Échipse? Toutes ces opi- 
nions sont soutenables et rationnelles. 

Éscoïre (S'), ». S'écorcher naturellement; s’entamer la 
peau par un frottement continu. — Les enfants au maillot 
qui ont beaucoup d’embonpoint sont sujets à s’écorcher 
dans les plis que forme leur chair. On dessèche ces écor- 
chures en les saupoudrant de vermoulure de bois qui est 
un absorbant et un dessicatif. Comme ils ont naturelle- 
ment la tête engoncée dans les épaules, faute d’avoir les 
vertèbres du cou assez fortes pour la soutenir, ils s'écor- 
chent souvent dans les plis de cette partie; on prévient 
cet inconvénient en leur passant autour du cou un petit 
collier de menue verroterie qui empêche l’adhérence et le 
frottement des parties qu'il sépare. 

Dér. de Coïre. 

Éscolo, s. f. École, classe où l’on enseigne la lecture, 
l'écriture, etc.; local lui-même de l'école; ensemble des 
enfants qui la fréquentent. — Moun pèro mé fai l'éscolo, 
mon père est mon professeur, mon maître d'école. 

Dér. du lat. Schola, m. sign. 

Éscondre, v. — Voy. Réscondre. 

Dér. du lat. Condere, cacher, voiler. 

Éscorfi, s. m. Avorton; enfant malingre; personne 
sèche, maigre, décharnée, rachitique. 

Ce mot est-il une corruption d’un composé de la partie. 
privative És et de Car, par le changement de l’a en o, ce 
qui signifierait: sans chair; ou bien serait-il, par imita- 
tion, par mépris de ce qu’il représente, tiré de l’ital. Scor- 
zone et Scorza, en cat. serpent, vipère? 

Éscorjo-rosso, phr. faite. Écorcheur de voirie, équar- 
risseur. — C'est un état généralement méprisé, et ce terme 
devient une injure grossière donné comme sobriquet qui 
n’est usité que dans les dernières classes du peuple. 

Dér. de Éscourja et Rosso. 

Éscorso-dé-sèr, s. f. Proprement, écorce de serpent; 
ce qui semblerait en indiquer la peau, mais qui en est au 
contraire la chair, la pulpe lorsqu'elle est débarrassée de 
la peau, des intestins et de la tête. Les gens du peuple 
salent et conservent cette pulpe à laquelle ils attribuent 
de merveilleux effets médicinaux, principalement pour 
l'hydropisie et les affections de vessie. Inutile de dire que 
la science se refuse à lui reconnaitre les mêmes vertus. 





ESC 


C'est un préjugé fondé sur l'espèce de terreur superstitieuse 
qu'inspire cet animal qu'on regarde comme cabalistique, 
La médecine et la cabale se tiennent par la main, dans 
l'esprit des classes ignorantes : nos médecins et nos char- 
latans, qu'elles assimilent et confondent volontiers, ne 
sont encore pour elles que des mires. Par suite de cette 
mème prévention, la graisse de serpent est également re- 
cueïllie avec soin et respect même, comme antidote des 
douleurs rhumatismales et des simples courbatures. L'an- 
guille et la lamproie, sœurs innocentes de la couleuvre, 
n'ont sans doute ni plus ni moins de propriétés curatives, 
il ne leur manque que cette horreur traditionnelle qui date 
de la Génèse, Peut-être aussi des espèces venimeuses de 
serpent, dont la couleuvre est restée solidaire, malgré son 
innocuité, mais par ressemblance de conformation, ont-elles 
valu à plus juste titre à la sèr la répulsion qu'elle inspire 
et le crédit superstitieux qu'on à fait à sa graisse et à sa 
peau par un enchainement d'idées assez singulier et qui 
irest pas rare dans les préjugés populaires. 

Éscorto, s. f. Escorte; troupe qui accompagne, qui fait 
la conduite, pour rendre honneur ou pour veiller à la 
sureté de quelqu'un. 

Dér. du Jat. Cohors, m. sign. 

Éscoto, s. f. Latte; mairin de châtaignier-sauvageon 
refendu en lames peu épaisses, qui sert, dans nos pays, à 
relier les futailles de bas-fond. 

Ce mot, d'après Sauvages, parait dériver du lat. Excu- 
tire, parce que les broyeuses de chanvre pour espader 
la filasse, se servent d'Éscotos comme espadons. 

Éscouba, ». Balayer; nettoyer avec un balai; enlever 
tout, tout emporter. 

Éscoubal, s. m. Écouvillon de boulanger; longue perche 
au bout de Jaquelle sont assujétis quelques chiffons qu'on 
imbibe d'eau pour balayer les cendres du four après 
qu'avec le fourgon, Rédable, on a tiré la braise. Au fig. 
femme sale, déguenillée. 

Éscoubéto, s. f. Dim. de Éscoubo. Petit balai de bruyère 
avec lequel les fileuses de soie battent les cocons dans la 
bassine. L 

Éscoubia, ». fréq. ou dim. de Æscouba. Balayer les 
boues d’une ville; exercer la profession de balayeur de 
rues.- Au fig. chasser; disperser; dissiper, faire dispa- 
raitre. 

Éscoubiaïre, s. m. Balayeur de rues; celui qui est 
chargé du balayage, boueur. | 

Éscoubios, s. f. plur. Balayures; immondices ramas- 
sées en balayant. 

Éscoubioun, s. ». Cendrillon; petite fille sale, mal 
peignée, négligée par ses parents et qui n'est employée 


qu'aux travaux les plus humbles de la maison, travaux | 


dont le balayage fait partie. 

Éscoubo, s. f. Dim. Éscoubéto; péj. Éscoubasso. Balai ; 
poignée de verges, de bruyère, de genêt, de crin, de plu- 
mes, ele, pour balayer. — Éscoubo dé brus, balai de 





A TE, LS 1. à 











ÉSC 


bruyère. Éscoubo dé sagno, balai fait avec les tiges du ! 
millet aquatique. 

Éscoubo est aussi le nom de ce long filet à pêcher, appelé 
en fr. Seine, Deux pêcheurs le tiennent chacun par une 
extrémité, et, en suivant le cours de l'eau, le tranent sur 
le lit de la rivière qui en est ainsi balayée. 

Dér. du lat. Scopæ, m. sign. En bas-bret. Skubéter. 

Éscoudén, s.m. Dim. Éscoudénqué ; péj. Éscoudénquus. 
Dosse, terme de scieur de long, première planche qu'on tire 
d'une bille, et la dernière, qui est sciée seulement d'un 
côté et-de l'autre équarrie : elle est toujours prise dans 
l'aubier du bois. Cette planche est toujours mal faite, 
maigre sur certains points et renflée sur d’autres. Au fig. 
personne maigre, longue, plate et mal charpentée, 

Sauvages lui donne pour étymologie le gr. “Esyate, 
dernier, qui est à l'extrémité. Cette dérivation s'éloigne 
beaucoup par la forme au moins du mot, si ce n'est par 
le sens. N'aurait-il pas pu être trouvé dans Je grec aussi 
une autre racine qui semblerait mieux réunir les deux 
conditions? Par exemple Zxÿros, cuir, peau, puisque la 
dosse est l'enveloppe ou la peau du tronc. De là s'est formé 
probablement notre mot Coudéno, couenne, qui se rap- 
proche sensiblement par sa configuration et présente la 
plus grande analogie d'acception. Nous nous en tiendrons 
là sans chercher dans le latin, qui demanderait peut-être, 
comme toujours, à intervenir par quelque bout. 

Éscoudre, v. Abattre des noix avec une gaule; les 
gauler; faire tomber avec une gaule tout autre fruit qu'on 
ne peut cueillir que par ce moyen. Au fig. appliquer une 
volée de bois-vert à quelqu'un. 

Sauvages donne à ce verbe l’acception de battre le blé 
au fléau, : cela peut être vrai dans d'autres districts de 
notre idiome, puisqu'il prétend qu'on employait l'expres- 
sion Excodare bladum dans la bass. lat., qu'il confond 
sans doute avec le barbarisme tabellionesque des vieux 





actes; mais dans notre dialecte, l'opération dont s'agit se 
dit Éscoussouna et non autrement. | 

Dér. du lat. Excutere, secouer, faire sortir en secouant. 

Éscoufia, v. Confisquer; faire disparaître: arrêter nue 
personne, l& mettre en prison; tuer. 

L'argotide la langue verte s'est emparé du mot pour en 
faire Escoffier avec le mème sens. 

Éscoufigna, v. Serrer; presser; entasser. 

- S'éscoufigna, se presser les uns les autres ; se rencogner. — 
S'éscoufigna dé rire, rire malgré soi, rire tout en se retenant. 

Dér. de Coufi et de És, part. explétive. 

Éscoufignaire, s. m. Qui serre, qui presse; qui aime 
dans une presse ou dans une veille à pousser, à presser 
les gens, surtout les jeunes filles, les uns contre les autres, 
oucontre une barrière, ou dans un angle d'un appartement : 
sorte d’amusement ou de niche fort usité à la campagne. 

-Éscoufo, sf. Écrou d'une vis de pressoir: e'est cet 
écrou que les pressureurs tournent avec leur M et qui 
agit sur la-presse. 








ESC 


Éscougassa, v. Aplatir; renverser quelqu'un sur son 
derrière, — S'éscougassa, s'aplatir en tombant. Un nas 
éscougassa, un nez écrasé, épaté, écaché. 

Dér. de Couga, c.-à-d. donner la position d'une poule: 
qui couve. 

Éscouïè, Éscouïèiro, s. et adj. Écolier, écolière; celui 
ou celle qui va à l'école. 

Dér. de Schola; Éscolo. 

Éscoula, v. Écouler; égoutter; vider; mettre à sec. 

S'éscoula, voir le fond de sa bourse, vider son sac. — 
M'an éscoula, on m'a gagné tout mon argent au jeu. 

Dér. du lat. Colare, couler. 

Éscoulouèr, s. m. Écouloir où envidoir, outil de dévi- 
deuse de soie pour envider sur un rochet ou grosse bobine 
la soie en flotte : c’est une broche de fer qui tourne hori- 
zontalement sur deux poupées portées sur un plateau de 
bois. Le rochet est enfilé dans la broche qui à l'autre 
extrémité porte une roue en fer qui lui sert de volant : on 
fait tourner cette bobine en frappant dessus avec un petit 
outil en cuir rembourré de crin qu'on nomme Manéto. 

Éscoumoussa, v. Terme d’aire, égréner les gerbes au 
fléau sans les délier. On ne fait par cette œuvre que dé- 
florer la gerbe, dans le but d'obtenir du blé dont on a 
besoin promptement ou plutôt du blé de semence, parce 
qu'on ne recueille par ce moyen que le grain des plus 
longs épis, qui est toujours plus beau et mieux nourri, et 
que d’ailleurs il n'est ni mêlé, ni chargé de graines étran- 
gères dont les tiges montent moins haut et sont renfer- 
mées dans le corps de la gerbe. Cette défloraison opérée, 
on mêle ces gerbes avec les autres pour le battage ou le 
foulage généraux. 

Dér. du lat. Excussum, supin de Excutere, secouer, 
battre. 

Éscoumoussun, s. ". Blé qu'on obtient par l'opération 
décrite dans le précédent article. 

Éscoundu, udo, part. pass. de Éscondre /Voy. €. m.). 
Caché. 

Éscourja, v. Écorcher, enlever la peau; excorier; ra- 
viner une terre, en enlever la superficie par l'effet des 
grosses pluies. Au fig. déchirer quelqu'un par des médi- 
sances ou des calomnies ; faire surpayer ; parler mal sa fangue. 

Dér. du lat. Excoriare, m. sign. 

Éscourjadoù, s. m. Écorchoir; voirie; abattoir. 

Éscourjaduro, s. f. Écorchure; déchirure, éraflure de 
la peau. 

Éscournifla, v. Écornifler ; faire le parasite ; être alléché 
par l'odeur d'un repas; chercher des franches lippées. 

Formé de És, part. privative, du lat. Cornu, corne, et 
de Nifla, flairer ; ce qui rappellerait une idée d'£corner et. 
de flairer, double étude des parasites. Sauvages prétend 
cependant que le mot intermédiaire devrait signifier Cour, 
par où : flairer aux cuisines des cours. 

Éscourniflaire, aïro, adj. Écornifleur; parasite; pique- 
assiette. 


31# 


312 ÉSC 

Éscourpiou, s. m. — Voy. Éscroupiou. 

Éscousso, s. f. Course; traite de chemin; course pour 
prendre élan. — Préne l'éscousso, prendre son élan. Y-séraï 
d'uno éscousso, j'y serai d'un saut. 

Dér. de Cousso. 

Éscoussoù, s. m. Fléau à battre le blé. 

Dér. du lat. Excutum, supin de Excutere, battre, se- 
couer. 

Éscoussouna, v. Battre le blé avec le fléau; par 
ext. s'applique à toute correction de bois-vert bien condi- 
tionnée, 

Éscoussounaîïre, s. m. Batteur de blé; ouvrier chargé 
de battre le blé. 

Éscouta, v. Écouter, prêter l'oreille pour ouir; suivre 
les conseils qu'on vous donne. — Se dit aussi de la part 
d'une fille pour agréer la cour que lui fait un garçon. 

S'éscouta, s'écouter; se dorlotter; s'occuper à l'excès de 
soi; faire trop d'attention à la moindre incommodité, à sa 
santé; parler avec affectation et lentement. — Aquél home 
és bièn éscouta, cet homme est fort bien en cour, il a du 
crédit auprès des puissants du jour, ou seulement chez les 
hommes du pouvoir. 

Dér. du lat. Auscultare, m. sign. 

Éscoutado, s. f. Reprise; intervalle; boutade. — Pldou 
à bèlos éscoutados, il pleut par ondées, par averses inter- 
mittentes, à diverses reprises. Partirén à la prémièiro 
éscoutado, nous partirons au premier intervalle de beau 
temps. Dourmi à bèlos éscoutados, dormir à bâtons rompus, 
d’un sommeil intermittent. 

Éscoutaïre, aïro, adj. Curieux; qui écoute aux portes. 

Éscoutéla, v. Égorger à coups de couteau; poignarder; 
éventrer. 

S'éscoutéla, se battre à coups de couteau; jouer des cou- 
eaux. 

Dér. de Coutl. 

Éscouti, v. Amener à bien ; élever, faire.éclore heureu- 
sement. — On le dit des petits enfants, des poussins, des 
petits des animaux domestiques, des vers-à-soie à la couvée, 
qui exigent beaucoup de soins et de peines pour les pré- 
server des maladies et des accidents fächeux ordinaires à 
ce premier âge. On le dit aussi d’un malade qu'on amène 
à la santé. 

Éscoutous, s. m. plur. ou mieux sorte d’adv. Écoutes, 
aux écoutes, en est la traduction. — Ana d'éscoutos, 
aller aux écoutes, écouter aux portes. Qué vaï pér éscou- 
toùs, éscouto sas douloùs, prvb. Qui se tient aux écoutes, 
entend souvent son fait; celui qui écoute aux portes en- 
tend souvent des choses fort déplaisantes pour lui. 

Dér. de Éscouta. 

Éscrafa, v. Effacer: biffer; raturer. — Poudès bouta 
aquù âou libre das éscrafas, dit-on en parlant d’une mau- 
vaise dette : vous pouvez la considérer comme un compte 
biffé. Cette locution proverbiale se dit d'une manière plus 
générale pour toute sorte de choses qu'il est sage d'oublier: 





ESC 
c.-à-d. vous pouvez mettre cela au rang des péchés oubliés 
(en confession s'entend). 

Formé de la partic. privative És et du gr. Ppégew, 
écrire. 

Éscrafaduro, s. f. Ratture; effaçure. 

Éscramacha, v. Écraser; écacher; écarbouiller. 

Éscramachado, s. f. Abattis d'objets écarbouillés; 
action d’éraser. 

Éscranqua, v. Éreinter; harasser: accabler de fatigue. 
— Un éscranqua, un estropié; qui a la hanche déboïitée. 
On le dit aussi des meubles qui sont désassemblés et pi 
jouent par vétusté dans leurs joints. 

Formé de la part. privative És et de Anquo, hanche : 
le C qui précède R n’est là qu’explétif et par euphonie, la 
rencontre de s et de r étant peu facile à lier. 

Éscräouma, v. Échauder; jeter de l'eau bouillante 
dessus, comme l'on fait aux pourceaux égorgés pour les 
dépiler, et à la viande qu'on fait blanchir avant de. la 
mettre dans Je pot au feu. 

Dér. de Créoumo. 

Éscrapouchina, ». C'est là le technique languedocien 
qu'on cite le plus volontiers par la difficulté d’en traduire 
toute la portée. C'est quelque chose de plus fort que És- 
cramacha et Éspouchiga, qui participe cependant à ces 
deux verbes et signifie : écraser, aplatir un corps juteux 
par un coup violent ou une forte pression. Il ne s'applique 
en général qu'à l'encontre d’un animal qu'on écrase, et 
dont le crapaud est le type; car il se joint à ce verbe une 
idée d'horreur et de dégoût, et d’une humeur sanguino- 
lente qui s'échappe sous la pression. Nous pensons donc 
que la racine de notre mot est Grapdou, crapaud, et qu'il 
veut dire: Écraser comme un crapaud. 

Éscrasa, v. Écraser; briser et aplatir au moyen d'un 
poids, d’un effort; harasser de fatigue; ruiner par des - 
impôts ou autrement. 

S’éscrasa, s'ébouler, se démolir. — Aqud m'éscraso, cela 
me ruine, cela complète ma ruine. 

Emp. au fr. 

Éscrase, s.m. Grande quantité d’une chose; abondance 
extrème d’une récolte. — Aquéste an y-doura dé poumos 
un éscrase, comme si l'on disait : il y aura cette année 
des pommes à écraser l'arbre et ceux qui les emporte- 
ront. 

Éscrébassa, assado, adj. Crevassé, entr'ouvert; fen- 
dillé. Au fig. personne qui marche les jambes écarquillées 
comme les oies et les herniaires. 

Péjor. de Créba. 

Éscri, part. pass. de Éscrioure et s. m. Écrit; acte, 
mémoire; convention; imprimé quelconque et en général. 

Dér. du lat. Scriptus, m. sign. 

Éscrioure, v. Écrire; tracer des lettres; mander par 
lettre. — L'éscrioure li lèvo pas lou légà, prvb. La soif ne 
lui Ôte pas la faim. 

Dér. du lat. Scribere, m. sign. 








| ÉSC 


Éscritèou, s. m. Écriteau; affiche; cartel; devise. 

Éscritori, s. m. Écritoire: encrier; vase pour contenir 
l'encre. à 

Éscrituro, s. f. Écriture, caractères écrits. — La Sénto- 
Éscrituro, la Sainte-Écriture; les livres sacrés. Se dit 
aussi au plur. et absolument : las Éscrituros, les Saintes- 
Écritures. À l'éscrituro, il sait écrire. Légis touto méno 
d'éscrituro dé man, il sait lire toute espèce d'écriture, 
terme d'école, par opposition avec ce qui est imprimé, 
lithographié ou gravé. 

; , s. m. Écrivain public; clerc d'avoné, de 
notaire, ete. ; auteur. — És din lous éscrivans, il est dans 
la classe des écoliers qui apprennent à écrire. 

Éscrô ou Éscrouquur, s. m. Escroc; filou; homme de 
mauvaise foi. — Voy. Éscrouqua. 

Éscroù, s. m. Écrou; pièce de fer on de bois, taraudée 
en dedans, qui entre dans une vis et sert à la serrer ou à 
la fixer. 

De l’allem. Scranbe, vis. 

Éscroupiou, ou Éscourpiou, s. m. Dim. Æseroupioulé ; 
péj: Éserouptoulas. Scorpion, Scorpio ou Scorpius, Linn., 
insecte aptère, de la fam. des Acères, habitant surtout les 
lieux humides. Sa description est inutile : sa figure se 
trouve dans tous les almanachs, en sa qualité de signe du 
zodiaque présidant au mois d'octobre. Quoi done lui a 
valu tant d'honneur? car il n’a rien que de très-laid, 
aucune bonne qualité, et s'il est méchant il n’a pas assez 
de puissance pour faire le mal. On peut donc conseiller 
aux personnes qui en trouveraient dans leur lit, — et il 
est vrai qu'elles pourraient y trouver mieux, mais cela 
arrivé, — de ne pas mourir de peur : elles ont longtemps 
à vivre, si elles ne doivent mourir que de la piqûre du 
scorpion: — Sémblo un éscroupiou, dit-on d'un homme 
contrefait, bancal ou bancroche. 

Dér. du lat. Scorpio, m. sign. 

Éscrouqua, v. Escroquer; filouter; obtenir par fraude 
plus que par adresse, mais par une manœuvre illicite et 
peu honnête. 

Dér: de la bass. lat, Excrustare, m. sign., ou formé de la 
part.abstractive És. et de Cro, c.-à-d. tirer avec un croc. 

c , Œuuso, s. et adj. Escroc; voleur, filou.— 
Voy Éscrd. 

Éscrousta, v. Écrouler; enlever la croûte d’une gale, 
l'escarre d’une plaie, le vieux enduit d’un mur, un lit de 
pierre extérieur; écrouter la terre durcie ou gelée. 

Dér. de Crousto. 4 

Éscruncèl, s. m. Archét de berceau, cercle que l'on 
met sur le berceau d'un enfant pour soutenir les langes ou 
Ja couverture en guise de rideau lorsqu'il dort, et les em- 
pêcher de s'appliquer sur la figure. Se dit aussi de l’archet 
placé sur une jambe malade pour soutenir les couver- 
tures. 

Ce mot, qui a dû suivre de nombreuses transformations 

ou métathèses pour arriver à sa prononciation actuelle, 





ÉSC 313 


parait avoir pour racine le Jat. Arcella, berceau, tonne, 
arceau de verdure; ainsi que le mot Arésele qui a à pen 
près la mème signification, mais plus généralisée. 

Éscu, s. m. Dim. Éscupé, augm. Éseupas. Écu, an- 
cienne pièce de monnaie d'argent. — Comme en français, 
cette désignation ne représente plus qu'une valeur nomi- 
nale, empruntée à l'ancien système de numération, dont 
le type était la pièce de trois livres ou petit écu, quoiqu'on 
dise fort bien un éscu dé cin frans, pour désigner la pièce 
de cinq francs : la valeur qu’on énonce par le mot éscu, 
comme valeur abstraite, est de trois francs. Autrefois il y 
avait une foule d'objets dont le marché se traitait par écns, 
comme les mules, les porcs, ete. Aujourd'hui, il n'ya 
guère que les gages des domestiques qui ont conservé ce 
type; mais aussi pour les gens de nos pays ce mode de 
calcul est à peu près exclusif : dès, vint, cént éscus, expri- 
ment toujours trente, soixante, trois cents francs. 

Dér. du lat. Scutum, bouclier, écu, venu du gr. Zxütos, 
cuir, peau, dont étaient faits les premiers boucliers. L'écu 
monnaie prenait ce nom de ce que l'écn de France y était 
gravé. ‘ 

Éscu, Éscuro, adj. Obseur; noir; sombre. 

Corrup. du lat. Obseurus, m. sign. 

Éscudéla ou Éscunla, v. Dégoiser; divulguer ; dévoiler 
par le menu, du fil à l'aiguille; déceler un complot ; avouer 
tous les détails d’un secret; mettre au jour. — Éscudéla, 
dans le principe, a signifié verser d’une écuelle dans un 
autre vase, et par ext. verser le potage. De cette opération 
s'est formé le sens figuratif; parce qu’en dévoilant un 
secret, on verse, on fait paraître au grand jour ce qu'on 
avait dans l'âme, comme en versant le potage, on met à 
jour tout ce que renfermait le pot au feu. Éscunla n'est 
qu'une corruption ou une contraction de Æscudéla. La 
racine est donc Éscudlo. 

Éscudélado, s. f. Écuellée, plein une écuelle; le contenu 
d’une écuelle. 

Éscudèlo, s. f. Dim. Éscudèléto. Écuelle; vase d'argent, 
d'étain, de bois, de terre, destiné à contenir du bouillon, 
du lait, du potage, etc., pour manger; assiette à soupe des 
paysans, qui a la forme d’une écuelle, sans oreilles. On 
l'appelle aussi Assièto bécudo, parce qu'elle a un petit bec 
comme les brocs, pour faire égoutter le potage sans le ré- 
pandre. — Pléou à bèlos éseudèlos, il pleut comme si on 
versait de l’eau par écuellée; il pleut à seaux, appartient 
au mème ordre d'idées. 

Dér. du lat. Seutella, m. sign. 

Éscudéloù, s. m. Dim. de Æscudèlo. Vaisselle, petit vase 
en forme d'écuelle et percé de petits trous dans le fond, où 
l'on met égoutter le lait caillé et où il prend cette forme 
de fromage à la crème, qu'on appelle dans notre pays 


Toumo. 

Éscuma, v. Écumer; ôter, enlever l'écume du pot au 
feu, d’un liquide qui bout. Au fig. enlever la fleur; écrè- 
mer; s'approprier ce qu'il y a de meilleur et de plus net; 

40 


314 ESC 

ne laisser aux autres que de l’eau claire. — Éscuma est 
quelquefois verbe neutre : l’aïgo, la sabounado éscumou; 
mais ce n’est là qu'une phrase française dont on doit se 
préserver en pur languedocien, bien qu’elle soit usitée. La 
véritable expression technique dans ce cas, est Éscuméja. 

Éscumadouiro, s. f. Écumoire, grande cuiller percillée 
de trous pourécumerle potage ou enlever la graisse d’un coulis. 

Éscuméja, v. fréq. — Voy. Éscuma. Écumer; produire, 
jeter de l’écume, pris dans un sens neutre. Au fig. écumer 
de colère, rendre l’écume comme font les chevaux par les 
pores quand ils suent fortement, soit par la bouche quand 
ils sont fougueux et que le mors les fatigue; baver comme 
les chiens enragés ou les personnes épileptiques. 

Dér. de Éseumo. 

Éscumèl, s. m. Cluseau, champignon de l'espèce des 
Laminés, d’un blanc de lait, très-bon à manger. Il a au- 
dessous du chapiteau une sorte de mousse ou plutèt de 
peluche : il porte un anneau au collet au milieu de sa tige. 
Il a beaucoup de rapport avec l’oronge, Dorgue, Boulé 
rouje, pour la forme et le goût : il est même plus délicat 
et d’une conformation plus régulière, parce qu’il pousse 
sur des terrains plus meubles, où il ne trouve que peu 
d'obstacles à son développement. Il vient d'ordinaire dans 
les près, les terrains d’alluvion récente et les bruyères, 
broussos, et surtout en automne. 

Voici du reste la description donnée par les micologues, 
qu’ilest bon de reproduire en cette matière délicate à tous 
les points de vue pour bien reconnaitre ces champignons : 

Éscumel, agaric élevé, Agaricus procerus, calubrinus, 
Roques. Taille élancée, atteignant souvent 48 ou 20 centi- 
mètres, quelquefois jusqu’à 40. Son chapeau, d’abord. de 
forme ovoïde, s'étale ensuite peu à peu en forme de parasol, 
mais il est toujours plus ou moins mamelonné au centre, 
d'un rouge panaché de brun, couvert d’écailles imbriquées, 
formées par l’épiderme qui se soulève : feuillets blanchâtres, 
libres, inégaux, très-retrécis à leur base, se terminant à 
une certaine distance du pédicule, lequel est panaché de 
blanc et de brun, cylindrique, fistuleux, muni au sommet 
d’un collier mobile et persistant : chair d’une odeur et 
d’une saveur agréables. 

Son nom est dû sans doute à sa couleur qui le fait res- 
sembler à un flocon d’écume. 

Éscumo, s. f. Écume; bave; mousse blanche qui s'a- 
masse sur un liquide en ébullition; bave mousseuse qui sort 
de la bouche de certains animaux irrités ou échauffés; sueur 
blanche qui s’amasse sur un cheval après une course pénible. 

Dér. du lat. Spuma, m. sign. : 

Éscumoüs, ouso, adj. Écumeux; écumant; qui jette, 
qui rend, qui produit de l’écume. 

Éscunla, v. — Voy. Éscudéla. De plus que Éscudéla, il 
signifie : accoucher; mettre bas. Au fig. accoucher d’une idée. 

En bas bret. Éscullar, verser. ‘ 

Éscupagnas, s. m. Augm. de Éscupagno. Gros crachat. 

Éscupagno ou Éscupigno, s. f. Salive; espèce d'écume 





ESC 


qu'on aperçoit au printemps sur certaines herbes et qui 
provient, suivant quelques naturalistes, d’une multitude 
de petites bulles d’une liqueur visqueuse que rejetterait 
un insecte blotti dans la tige, et suivant d’autres, de l’ex- 
sudation de la plante elle-même ou de l’ébullition de la 
sève. — Aquél oustéou és basti én d'éscupagno, cette maison 
est bâtie peu solidement, ses murs sont de boue et de crachat. 

Éscupagnoüs, ouso, adj. Imprégné de salive; fait avec 
de la salive; qui salive beaucoup. 

Éscupi, v. Cracher; rejeter la salive ou les crachats de 
la bouche; rejeter. — Aquélo éstofo éscupis la plèjo, cette 
étoffe est imperméable. Éscupà d'émbas ou pér débas, aller 
à la selle. 

Dér. du lat. Spuere, supin Sputum, venant du gr. [tiw, 
m. sign. 

Éscupignéja, ». fréq. de Æseupi. Crachoter, cracher 
peu et souvent, 

Éscura, v. Écurer; nettoyer la vaisselle de cuivre, ce 
qui se fait avec du sable et un torchon de laine, ou avec 
des tiges de prèle, la Cassboudo. — En style peu révé- 
rencieux, éscura soun péirôou signifie : aller à confesse : 
on le dit surtout de quelqu'un qui n'y est pas habitué et 
qui y va dans une grande occasion. 

S'éscura, expectorer; purger la pituite. 

Dér. du lat. Curare, soigner. 

Éscuré, s. m. Épithème; sorte de topique, d’amulette, 
qu’on applique sur la poitrine des personnes malades, sur- 
tout des enfants, pour faire diversion à une affection et la 
déplacer. La composition de ces sortes d'emplâtres diffère 
suivant la nature de la maladie. Le plus souvent c'est un 
composé d’ail et de persil écrasés ensemble, contre les dou- 
leurs produites par les vers; quelquefois c’est simplement 
du suif étendu sur un papier gris contre les quintes de la 
coqueluche. Quoique ce soient là des topiques d'empirique 
ou de bonne femme, et que leur vertu repose sur un pré- 
jugé peu rationnel, il ne faut pas trop les confondre avec 
l’amulette des anciens et du moyen-âge, dont la vertu ne 
reposait que sur des croyances superstitieuses comme celle 
des talismans. L'éscuré, pour ne pas mériter trop de con- 
fiance, n’est qu'un topique naturel dans l’idée de ceux qui 
l'emploient et ne se rattache à aucune croyance surnatu- 
relle. 11 est aujourd’hui certains papiers, préparés à pen 
près de même, fort savamment recommandés dans des ré- 
clames de journaux, et dont l’efficacité est aussi souve- 
raine, qui ont les mêmes principes et la même. efficacité 
curative, et qui doivent peut-être à l'Escuré le secret de 
leur vogue et de leur composition. 

Dér. sans doute de Éscura, nettoyer. 

Éscurési (S'), v. S'obscurcir; devenir obscur, sombre; 
se rembrunir, s’assombrir. — Lou tén s'éscurésis, le ciel 
s’obscurcit, il se couvre, il menace d'orage ou de pluie. 

Dér. de Éscu, obscur. 

Éscurésino, s. f. Obscurité; ténèbres. 

Éscuréto, s. f.— Voy. Casséoudo. Prèle, plante. 


PNR, Pr EN 





RAR, à À nt 





ÊSF 


Ce nom lui vient de l'usage qu'on en fait pour écurer la 
vaisselle. 

Éscusa, v. Excuser; pardonner. — Éseusas/ Pardon! 
terme dont on se sert comme de son correspondant fran- 
çais pour tout dérangement qu'on occasionne à une per- 
sonne qui a droit à nos égards. Maï qué m'éscusés, veuillez 
m'excuser : formule de politesse dont on accompagne une 
négation, une contradiction, une opinion contraire. 

Dér. du lat. Eæcusare, m. sign. 

Éscuso, s. f. Excuse; pardon; raison ou prétexte que 
l'on donne pour se disculper. — À toujour quéouguo éscuso, 
il a toujours quelque justification, quelque subterfuge pour 
colorer ses fautes. Démanda éscuso, demander pardon, faire 
des excuses : ce qui n'est souvent qu’une formule de civilité. 

Ésfata, v. Défricher; effondrer un terrain; mettre une 
lande, une friche, une vaine pâture en état d’être cultivées. 

Ésfata, n'est que l'extension d’un vieux mot hors usage, 
qui signifiait dépecer, déchirer du vieux linge. 

Dér. de Fato. 

Ésfatriméla, v. Déchirer une étoffe en lambeaux; dé- 
pecer en loques. 

S'ésfatriméla, tomber en loques, s'émietter en bribes, en 
morceaux. 

. Dér. de Fatrimil. 

Ésfor, s. m. Tour de reins; courbature; maladie ou 
lésion qui résulte d’un effort. — Le peuple est fort porté à 
attribuer la plupart des maladies internes à quelque rup- 
ture intérieure, à quelque anévrisme contracté par un travail 
trop forcé ou à un effort subit dû à l'emploi instantané de 
toutes ses forces, Quand on a dit un fré et un ésfor, on 
parcouru à peu près toute l'échelle pathologique des paysans : 
il faut pourtant y ajouter Za binlo, qui complète la trilogie. 

Dér. de És et de For, de Forgo. 

Ésforces, s. m. plur. Forces, grands ciseaux à ressort 
pour tondre les brebis et les draps. 

Dér. du lat. Forceps, m. sign. 

Ésfougassa, v. Aplatir; écraser. — Nas ésfougassa, nez 
épaté. — Voy. Éscougassa. 

Dér. de Fougasso, c.-à-d. aplatir comme un gâteau ou 
fougasse. 

Éstouia ou Fouiïa, v. Écraser à demi du fruit. Ce n’est 
pas le presser au point de lui faire rendre son jus; mais 
lui faire perdre sa fleur, le meurtrir légèrement par la 
pression ou le cahotement, de manière à le polluer, à le 
rendre glüant, poisseux par le peu de jus qui s'en échappe. 

Dér. de la bass. lat, Fullare, fouler, qui vient du lat. 
classique Fullo, foulon. 

Ésfouira (S'), v. Proprement, foirer; avoir le dévoie- 
ment. — Se dit principalement des animaux domestiques 
qui ont le dévoiement, soit par maladie, soit pour avoir 
brouté de l'herbe fraiche et trop aqueuse. Par ext. s’effon- 
drer, se relâcher. 

Dér. de Fouïro. à 

Ésfoulissa (S'), v. S'ébouriffer; se hérisser. — Au fig. 





ÉSG 315 


se courroucer; se gendarmer ; se mettre en colère; monter 
sur ses grands chevaux. — És tout ésfoulissa, il est tout 
ébouriffé, il a les cheveux en désordre. Pér pas rés s'ésfou- 
lisso, il prend feu pour un rien. 

Ce mot à coup sûr prend sa racine dans Fol: les fous 
en général ont les cheveux hérissés et en désordre, 

Ésfraï, s. m. Effroi; terreur; épouvante; peur; saisis- 
sement produit par une frayeur subite. — Dé l'ésfraï né 
boumbigu, de l'effroi il en mourut. Porto-ésfrai, effrayant 
ou mème seulement porte-respect. 

Dér. du lat. Fragor, terreur; grand bruit qui effraie. 

Ésfraïa, v. Effrayer ; inspirer de la crainte, de la frayeur, 
de la terreur. 

S'ésfraïa, s'effrayer; s'épouvanter; éprouver de la frayeur. 

Ésfraïaire, aïro, adj Porteur de manvaises nouvelles; 
qui peint tout en noir; médecin tant-pis. 

Ésfringoula, v. Déchirer en loques, par bandes; faire 
un accroc, une estafilade. 

Dér. de Fringo. 

Ésfringoulado ou Ésfringouladuro, s. f. Déchirure en 
long; estafilade dans le sens du droit fil. Par ext, tout 
aceroc d'une longue dimension. 

Ésgalina (S') on Ésgalissa (S'), v. Se mettre en colère, 
se gendarmer; répondre ou riposter vertement à une in- 
sulte ou à une moquerie; se hérisser comme une poule qui 
défend ses poussins. 

Dér. de Galino. 

Ésgalissa (S'), v. —Voy. S'ésgalina. Cette fois c’est le 
coq qui sert de type de comparaison, lorsqu'il hérisse ses 
plumes pour le combat. 

Dér. de Gal. 

Ésgargaméla (S'), v. S'égosiller; crier à perdre la voix, 
à se luxer le larynx. 

Dér. de Gargamilo. 

Ésglaja, v. Effrayer par ses cris; alarmer le public par 
ses cris, ses pleurs, ses lamentations, 

Dér. du vieux mot Ésglaï où Ésglari, frayeur, trouble, 
épouvante, peur ; alarme ; désastre; accident fâcheux. 

En esp. Aglaya, m. sign. 

Ésglâäousa, v. Fendre une branche dans sa racine, dans 
sa soudure avec le tronc; ce qui arrive aux arbres fruitiers 
par l'affaissement causé par le poids du fruit, et aux 
mûriers par le poids des ramasseurs de feuille. 

Dér. du lat. Clavula, scion, surgeon, greffe. 

Ésgläousaduro, s. f. Fente; blessure d'un arbre causée 
par l'acte de l’article ci-dessus. 

Ésgousia (S'), v. S'égosiller; crier à tue-tête; s'épou- 
monner. 

Empr. au fr. Cefmot qui a la m. sign. que Ésgargaméla 
est plus usité dans le langage ordinaire : le dernier appar- 
tient au style pittoresque et poétique. 

Ésgouta, v. Faire égoutter; faire tomber goutte à goutte 
lé liquide qui reste au fond d'un vase. 

Dér. de Gouto. 


316 ESP 


Ésgrâouséla, v. Déchausser un pied d'arbre, pour y 
placer du fumier; faire la mème opération aux ceps de 
vigne, non pour les fumer, mais pour attirer dans cette 
fosse les eaux de pluie et les infiltrations d’un terrain 
supérieur, ce qui les préserve de la sécheresse. — Cette 
œuvre, qui se fait en mars, est détruite par le binage de 
l'été qui nivelle le terrain et comble ce petit fossé. 

Ce mot parait une corruption de Déscdousséla, qui 
n'existe plus, du moins dans notre dialecte, et qui dérivait 
de Céoussa. 

Ésmoulina, v. Faire ébouler peu à peu la terre d’une 
berge, d'une tranchée, comme fait une rivière enflée sur 
ses bords qui sont élevés. 

Dér. de Moulina, moudre. 

Éspadéla (S’), v. S'étendre en s’applatissant, comme il 
arrive au pain en pâte lorsque la pâte est trop liquide. Par 
ext. tomber à plat ventre, s'étendre tout de son long. — 
On le dit aussi d’une chaussure qui s’élargit par l'humidité, 
d’un chapeau que la pluie a déformé. 

Dér. de Padèlo, par imitation de ce que fait la pâte 
d’une friture dans la poële à frire. 

Éspadouna, v. Espadonner; jouer de l’espadon ; faire le 
moulinet avec un sabre. Au fig. s’escrimer; faire blanc de 
l'épée; férailler. 

Éspagno, s. /. n. pr. Espagne, royaume d'Europe, borné 
au Nord par les Pyrénées; à l'Ouest par l'Océan et le Por- 
tugal; au Sud et à l'Est par la Méditerranée. 

Dér. du lat. Hispania. 

Éspagnôou, olo, adj. Espagnol, qui est d’Espagne. 

Éspagnôous, s. ». plur. Gendarmes, bluettes, étincelles 
qui s’élancent hors du feu en se divisant plusieurs foistet 
s’éparpillant en différents sens, avec des éclats plus ou 
moins pétillants. 

Ce mot a été créé sans doute du temps où les Espagnols 
faisant la guerre dans nos contrées, on a comparé à leur 
mousquetterie ces bluettes qu’on nomme en fr. gendarmes. 

Éspagnouléto, s. f. Espagnolette, tigede fer, longueet cro- 
chue à chaque extrémité, servant à la fermeture des fenêtres. 

Emp. au fr. qu’il traduit littéralement, et dont le nom 
vient de ce qu'on croit que l’usage de l’espagnolette a été 
importé d'Espagne. 

Éspaiè, s. m. Espalier, suite d'arbres fruitiers étalés le 
long d’un mur en forme d’éventail. 

Dér. de Pal, pou, pieu. 

Éspaïma, v. Effrayer; épouvanter; produire un serre- 
ment de cœur par l'effroi; faire tomber en pamoison. — 
Un éspaïma, un ahuri qui s’effraie de tout; qui s'émeut 
du moindre danger. 

Dér. du gr. Zxéoua, spasme, agitation, convulsion. 

Éspaime, s. Spasme; pamoison causée par la frayeur; 
effroi; terreur; épouvante subite. 

Éspalanqua, v. Éreinter; briser; déboiter, disloquer les 
épaules et les hanches. — Marcho tout éspalanqua, il 
marche tout de travers comme un éreinté. 





ESP 

Ce mot parait dérivé à la fois de É£spanlo, épaule, et 
Anquo, hanche. 

Éspampana, v. — Voy. Déspampana. | 

Éspandi, . Étaler; étendre; épanouir. — S “éspandi dou 
sôou, tomber, s'étendre tout de son long. En parlant des 
fleurs, s’éspandi, s'ouvrir, s'épanouir. 

Dér. du lat. Expandere , m. sign. 

Éspangassa, s. m. Brome stérile, Gramen arenarum ; 
Panicula sparsa, Linn. Plante de la fam. des Graminées, 
commune le long des chemins et dans les champs. 

Éspanla, v. Casser, démettre, disloquer l'épaule; rouer 
de coups. — Un éspanla, un pauvre hère, obéré, insol- 
vable : ce que des Italiens appellent Spiantato. 

Dér. de Éspanio. 

Éspanléto, s. f. Dim. de Éspanlo. Éclanche de mouton 
ou d'agneau. — C'est là la pièce de gala pour les paysans, 
ou plutôt c'était, car ils commencent à se faire très-bien 
à la gigue et aux côtelettes. Sa popularité tenait sans, 


doute à l'infériorité du prix, car dans les. boucheries de * 


campagne il y a une différence du quart ou du cinquième 
entre les pièces du devant et celles de derrière. 

Éspanlo, s. f. Épaule, partie supérieure et latérale du 
dos. — Cléna las éspanlos, courber les épaules. Léva las 
éspanlos, lever les épaules de dédain. 

Dér. du lat. Spatulæ, omoplate. 

Éspanlu, udo, adj. Large d'épaules; qui a les épaules 
carrées et saillantes. 

Éspâouri, Éspâouruga ou Éspayvourdi, v. Effrayer; 
épouvanter; faire peur d’un châtiment si l’on retombe 
dans la même faute.— Un éspdouri, un poltron, un effrayé, 
un abhuri, un trembleur surtout en politique. 

Éspâouruga et Éspavourdà, tous synonymes, appartien- 
nent au style pittoresque. 

Dér. de Péou, peur. 

Éspâousa, v. Exposer, faire courir un danger.— Ré- 
gardo un pâou éndéqué m'éspouses, considère à quel péril, 
à quel malheur tu m’exposes. 

S’éspâousa, s'exposer à un danger; oser.— Sé t’éspdouses 
à mé mêtre las mans déssus, si tu as la hardiesse de,me 
toucher, de jouer des mains contre moi. 

Empr. au fr. 

Éspâoutira, v. Tirailler; tirer dans tous les sens: 

Formé de Tira et de Pa. 

Éspar, s. m. Sorte de raisin noir, hâtif, à grains petits, 
ronds et serrés, qui donne une des meilleures qualités de 
vin, très-coloré et fort spiritueux. 

Ésparcé, s. m. Esparcette, sainfoin, Hedisarum onobry- 
chis, Linn. Plante de la fam. des Légumineuses; un des 
meilleurs fourrages artificiels connus. 

Cette fois, c’est bien évidemment le languedocien qui a 
prêté ce mot au français. L'Académie l’emploie sans trop 
connaître la nature de ce fourrage; tantôt elle le considère 
comme un sainfoin particulier au Dauphiné, tantôt comme 
un fourrage méleil d'orge et d'avoine. L’esparcet du Dau- 


ÉSP 


phiné, tout comme le nôtre, sont certainement la même 
plante que le sainfoin de Paris. 

Dér. du lat. Sparsus, part. pass. de Spargere, répandre, 
éparpiller. 

Éspardios, s. f. plur. Espadrille; espèce de sandale, 
chaussure dont la semelle est en corde tressée, en usage 
chez les Espagnols et les Basques. 

Dér. du lat. Sparta, de spart: en gr. Zxépros, sorte de 
chiendent ou plutôt de genêt aquatique dont on faisait 
autrefois des cordages et dont on fabrique encore les cordes 
rs on Tridou, et tous les ouvrages de spar- 


pe 4 dm ou Éspragna, v. . Épargner; économiser; mé- 
nager son bien; ménager quelqu'un, le traiter doucement. 
— T'éspargnaraï pas, je ne te ménagerai pas. Éspargnè 
bièn quicon, il se forma un bon petit pécule à force d'éco- 
nomie. Éspargna soun foure, épargner ses habits, en avoir 
grand soin, les faire durer. 

Dér. de la bass. lat. Exparcinare, formé du lat. clas- 
sique Parcere, m. sign. 

Éspargnan, gnanto, adj. Économe; avare; qui s'appli- 
que à faire des épargnes dans sa dépense, dans son mé- 
nage. 

. Éspargne, s. m. Binet; gâte-tout; sorte de bougeoir 
dont la bobèche est armée de trois pointes de fer où l'on 
pique des bouts de chandelle pour les user jusqu’au bout ; 
sorte de bidon en fer-blanc où l’on ramasse les reliquats 
d'huile de friture pour s’en servir à la lampe. 

Æn général, signifie : économie; épargne dans le ménage, 
dans Ja dépense. — Lou pan cdou és pas d'éspargne, le 
pain chaud n’est pas économique. C'est dans le même sens 
qu'a été fait le proverbe qui résume ces principes d'éco- 
nomie domestique : Pan frés, prou fios et bos vèr, boutou 
l'oustdou én désèr. 

Éspargue, s. m. Asperge, Asparagus officinalis, Linn. 
Plante de la fam, des Asparagées, cultivée dans les jardins 
potagers; aliment sain et agréable. — Éspargue séouvaÿje, 
+  asperge sauvage, Asparagus acutifolius, Linn., du même 

genre que l'asperge ordinaire, qui croit naturellement. 

Le mot lang. qui vient du lat. Asparagus, m. sign., a, 
disent les étymologistes, son origine dans le gr. Aox:puog, 
formé de & privatif et de oxtpux, semence, parce que, selon 
Athénée, les plus belles asperges ne sont pas celles qui 
viennent de graine. 

- Ésparnal, s.#. Épouvantail; homme de paille qu'on 
place dans les chenevières et les semis de plantes potagères 
pour éloigner les oiseaux. Au fig. personne déguenillée et 
de mauvaise mine, comme les vagabonds et gens sans aveu 
qui entrainent à la fois une idée de misère pour eux et de 
terreur pour les autres. 

Ce mot semble une contraction de Éspdournal où Éspa- 
 vournal, qui n'ont jamais sans doute existé, et il dérive- 
rait alors du lat. Pavor, frayeur. 

Ésparo, s. f. Un des deux madriers qui soutiennent-en 


sans di té Mt motte Éd D Éd 6 
















ÉSP 317 


long le plancher d’une charrette et qui ne font qu'une 
pièce avec les bras. La partie qui forme les bras est cylin- 
drique, celle qu'on nomme Ésparo est carrée. Les échelons 
transversaux qui lient ces deux madriers se nomment 
Ésparoùs, et l'ensemble total des deux Ésparos, des bras 
et des échelons, se nomme Éscalo. Ce sont là les appella- 
tions techniques; mais dans l'usage vulgaire on appelle 
Brasses les bras dans toute leur longueur jusques et y 
compris le talon, et Ésparos les échelons. C'est à l'Ésparo 
de devant et de derrière que l'on passe les cordes pour 
fixer et garrotter le chargement : c’est à l'Ésparo de devant 
qu'est fixée la chambrière ou Cacho-foué. 

Ésparpaia, v. Éparpiller; étaler; épandre; disperser. 

S'ésparpaia, s'écarquiller; se mettre À l'aise; s'étendre 
en tenant autant de place que possible. Au fig. faire le 
gros dos. — Æsparpaïa sas alos, étendre les ailes, les 
ouvrir. 

En ital. Sparpagliare, augm. du lat. Spargere, semer, 
répandre. 

Ésparsoü, s. m. Goupillon ; aspersoir d'église. 

Dér. du lat. Aspersum, supin de Aspergere, asperger. 

Éspasiè, s. m. Porte-épée; officier militaire; bretteur; 
fourbisseur; fabriquant d’épées; hurluberlu : dans ce der- 
nier sens il a un féminin : Éspasidiro. 

Éspaso, s. f. Dim. Éspaséto. Épée, arme offensive. — 
Nosto-Damo dé las éspasos, Notre-Dame-des-Sept-Douleurs. 

En gr. Zré0n, spatule, épée, glaive court et large du 
bout. 

Éspavourdi, v. — Voy. Éspdouri. 

Dér. du lat. Pavor, effroi. 

Éspé, s. m. Étincelle qui s'élance avec explosion, ou 
plutôt explosion du gaz interne renfermé dans le bois et 
que le feu dégage tout d'un coup en lançant des éclats de 
braise enflammée; pétard; éclat, tout ce qui fait du bruit 
en éclatant. — Voy. Éspéta. 

Éspéça, v. Dépecer; rompre; briser; mettre en pièces; 
débiter du bois; fendre; couper. 

Dér. de Pèço. 

Éspécéja, v. fréq. de Éspéça. Dépecer menu ; détailler 
du bois. 

Éspéia, v. Écorcher ; ôter la peau; déchirer; mettre en 
pièces. — És éspéia, il est déguenillé, vêtu de haillons. 

Dér. dans les premières acceptions de Pèl, peau, et dans 
la dernière de Péio, haillons, qui du reste provient de la 
même racine. 

Éspéiandra, drado, adj. Augm. de Éspéia. Déguenillé; 
dépenaillé, déchiqueté; déchiré en pièces, en loques. 

Éspéio-dindo, s. m. Déguenillé; gueux en haillons; 
dépenaillé. 

Éspéiriga, v. Épierrer un champ; enlever les pierres 
d'une terre. 

Dér. de Péiro. 

Éspèito, s. f. Trotte, traite, course, espace de chemin; 
temps de marche sans se reposer. — Tout d’uno éspäto, 


318 ÉSP 


ÉSP 


d'une seule traite. Y-a wno bono éspéito, il y a un long ! temps est bien long. Espèro, éspéro! Attends! attends-moi ! 


trajet, un bon temps de marche. 

Dér. du lat. Expeditio, marche, campagne. 

Éspéla, ». Peler; écorcher; enlever la peau; entamer la 
peau. 

S'éspéla, s'écorcher; se faire une large écorchure. — Lou 
mou m'a tout éspéla, la maladie m'a fait changer de peau. 

Dér. de PA. 

Éspéli, v. Éclore et faire éclore, également en parlant 
des fleurs qui entr'ouvrent leurs boutons et des animaux 
qui naissent d'un œuf ou d’une graine, comme les oiseaux, 
les vers-à-soie, ete. Éspéli est génériquement verbe neutre, 
on dit: uno roso éspélès, un i6ou éspélis, lous magnas 
éspélissou ; faïre éspélà d'idous, uno clouchado; mais on dit 
aussi activement : éspéli dé magnas; cette exception est 
exclusive aux vers-à-soie; c’est une sorte de licence, de 
solécisme consacré par l'usage. 

Sauvages fait dériver ce mot du lat. sigle) pousser 
dehors ; peut-être est-il aussi rationnel de le faire dériver 
de Pel et de la part. Es, c.-à-d. sortir de sa peau. 

Éspélido, s. f. Éclosion; action d’éclore. — Ce mot est 
employé principalement comme terme de magnanerie. 
Aquéles magnas an prés mâou à l’éspélido, ces vers-à-soie 
ont pris leur mal à l’éclosion, soit par une trop forte cha- 
leur, soit par une intermittence de chaud et de- froid. 
Mous magnas an fa trés éspélidos, mes vers sont éclos à 
trois reprises différentes. On dit au fig. : À prés aqud à 
l'éspélido, ou bien ou a manqua à l’éspélido, c'est un défaut 
qu'il a contracté au berceau, ou bien c’est une qualité, une 
science qu’il a manqué d'apporter en naissant. 

Éspélidouiro, s. f. Cabinet, petit appartement où l'on 
fait éclore les vers-à-soie, soit au feu, soit à la vapeur, et 
où on les soigne dans les premiers âges. 

Éspéloufi, ido, adj. — Voy. Éspialoufi. 

Éspéoutièiro, s. f. Champ semé d’épautre; par ext. 
terrain maigre, sec et propre seulement à l’épautre. 

Éspèouto, s. f. Épautre, Triticum spelta, Linn., grande 
épautre; ou petite épautre, Triticum monococum, Linn., 
plantes de la fam. des Légumineuses, ne différant guère que 
par la grandeur. C’est une espèce de froment monocoque, 
uniloculaire, à épi barbu, dont le grain à demi adhérent à 
sa balle ne s’en détache qu’en le mondant au moulin à 
monder /V. Gruda). Ainsi mondé, ce blé est délicat et 
sert à faire un excellent potage. C’est une des semences 
qu’on nomme blé de mars. 

Dér. du lat. Spelta, m. sign. 

Éspèr, s. m. Expert-géomètre, celui qu'on nomme pour 
faire une prisée, un rapport, une vérification. 

Dér. du lat. Expertus, part. pass. de Expertiri, expé- 
rimenter. 

Éspéra, v. Attendre; patienter. — Éspéra-mé, atten- 
dez-moi. M'éspérarés bé jusqu'à la fin déou més, vous 
voudrez bien m'attendre pour ce paiement jusqu’à fin 
courant, Qu'éspèro languis, prvb., à celui qui attend le 





que je te châtie suivant tes mérites. 

Dér. du lat. Sperare, espérer. 

Éspéranço, s. f. Espérance, longue attente. 

Éspérlounga, v. Prolonger; prolonger le terme d'un 
paiement par l'effet de la volonté du créancier; le différer, 
le renvoyer d'un jour à l'autre de la part du débiteur. — 
Un éspérlounga, une longue échine, un homme long et 
maigre. 

Dér. du lat. Perlongus, très-long. 

Éspéro, s. f. Aguets; guet; affût. — Ana à l'éspéro, 
chasser à l’affüt. Vaï à l'éspéro dé las manèflos, il est à 
l'affût de tous les cancans. Low ca és à l'éspéro, lè chat est 
aux aguets, il fait le guet; il guette les souris. 

Éspéroü, s. m. Dim. Æspérouné. Éperon; ergot d’un 
coq. Se dit aussi d’un petit ouvrage, épi de pieux, au 
devant et en éperon d’un ouvrage plus fort, dit Pagné, 
contre les invasions des rivières sur les bords plantés d’o- 
seraie. 

En ital. Sprone; en allem. Sporn, m. sign. 

Éspérouna, v. Chausser des éperons; donner de l'épe- 
ron ; éperonner. 

Éspérta, v. Faire une expertise; faire une estimation, 
une prisée comme expert. 

Éspés, éspésso, adj. Dim. Éspéssé; péj. Éspéssas. 
Épais; dense; dru; consistant. Au fig. lourd, épais; gros- 
sier; sans tournure et sans vivacité d'esprit. — A% séména 
trop éspés, j'ai semé mon blé trop dru. Qué séméno trop 
éspés, euro soun gragnè dos fés, prvb. Qui sème trop épais 
vide deux fois son grenier, ou s'expose à le laïsser vide 
deux fois, d’abord pour sa semence, puis par le défaut de 
récolte qui, trop serrée, s'étouffe et donne moins. Zspés 
coumo lous pèous dé la tèsto, épais comme les cheveux. 

Dér. du lat. Spissus, m. sign. 

Éspési, v. Démèler; débrouiller; charpir; prendre aux 
cheveux; éplucher; regarder de près; examiner avec soin 
pour trouver le moindre défaut. — Éspésè lous pèous, dé- 
mêler les cheveux. Éspési dé fouséls, charpir, carder avec 
les doigts(ies cocons de graine, afin de les rendre propres 
à être filés à la quenouille. Éspés? uno afaïre, débrouiller 
une affaire litigieuse, la tirer au clair. Avès pas bésoun 
d'ou tant éspési, vous n’avez pas besoin d'y regarder de 
si près, d'éplucher avec tant de minutie. 

S'éspési, se prendre aux cheveux, se donner une peignée. 
— S'éspésiguèrou coumo sé déou, ils se prirent aux cheveux 
comme il faut. 

Dér. de Éspés, c.-à-d. détailler quelque chose d'épais, 
de confus, le désépaissir. D'après cette acception origi- 
nelle, on devrait dire Éséspési ou Déséspésà, mais l'usage a 
préféré la contraction. 

Éspésido, s. f. Raclée; volée de coups. 

Éspésouia (S'), v. S'épouiller; chercher ses poux, les 
enlever; s’en délivrer. 

Dér. de Pésoul. 


NT 











ESP 
Éspéssési, v. Épaissir; rendre plus épais, plus gras; 
condenser 


Dér. de Éspés. 

Éspéssoù, s. f. Épaisseur; profondeur d'un corps solide ; 
qualité de ce qui est épais. 

Éspéssu, s. m. Dim. Éspéssugué. — Voy. Péssu. Pin- 
çon, meurtrissure sur la peau qui a été pincée. 

Éspéssugna ou Péssuga, v. Pincer, serrer entre le 
pouce et l'index ; rogner du pain, du fromage, ou un mets 
quelconque en le pinçant avec les doigts. — Éspéssugno 
toutes sous vésis, il empiète journellement et peu à peu sur 
les propriétés de ses voisins. —Voy. Péssuga. 

Éspéssugnaire, aïro, adj. Qui aime à pincer: espèce 
de niche galante fort en usage chez les beaux fils de la 
campagne. 

Éspéta ou S'éspéta, v. Éclater; crever. Au fig. crever 
d’embonpoint. — Faï éspéta dâou rire, il fait mourir de 
rire. 

Dér. de Péta. 

Éspétacle, s. m. Esclandre; extravagance; grande dé- 
monsiration de douleur. — Faguë d'éspétacles, il fit toutes 
sortes d’extravagances dans son chagrin. Aqud’s uno céouso 
d’éspétacle, c’est une chose épouvantable, inouïe. 

. Corrup. du fr. pour le sens. 

: Éspétacloüs, ouso, adj. Prodigieux; énorme; mon- 
strueux ; extraordinaire. 

Éspéti, v. Crever; se crevasser; s'entr'ouvrir; germer. 
— Lou bla és éspéti, le grain est crevé pour germer. Faïre 
éspétà dé bla-maré, faire faire explosion à des grains de 
maïs en les approchant du feu, où ils se gonflent d'abord 
et éclatent ensuite avec bruit en épanouissant leur pulpe 
intérieure qui prend mille formes, quelquefois en décu- 
plant son volume primitif. C’est une sorte de dragée que 
les enfants mangent avec plaisir, surtout à cause de la 
peine qu’ils ent prise et du succès qu'ils obtiennent quand 
un de ces grains acquiert un beau développement. 

Dér. de Pé ou de Éspé. 

Éspétiduro, s. f. Gerçure; crevasse; entamure; éclats 
des grains de maïs dans le jeu dépeint au précédent 
article. 

Éspi, s. m., ou Badafo / V. c. m.). Brins ou paille de 
lavande. — Les gens aisés dans le peuple se servent de 
cette paille quand elle est sèche pour faire chauffer, en 
hiver, leur linge à sa flamme odorante. 

. Oli d'éspà, huile de lavande et esprit de térébenthine. On 
appelle ce dernier Oli d'éspè par ignorance de son origine 
et à cause de son odeur fort aromatique. Il est fort en 
pe ne la campagne pour délivrer le bétail de la ver- 

mine. Brulo coumo d'éspi, il brûle comme des allumettes, 
de la paille. 

Dér. du lat. Spica, épi, parce que les tiges fort nom- 
breuses et hautes forment des épis. 

Éspialoufi, ido, ou Éspéloufi, ido, adj. Rs: 
hérissé; mal peigné; échevelé. 





ÉSP 319 


La racine de ce mot est Pèou, que dans quelques loca- 
lités on dit Pidou. 

ÊÉspiècle, adj. des deux genres. Dim. Éspiècloù. Espiè- 
gle: lutin; éveillé; rusé; malin. 

Ce mot, comme son correspondant fr. dérive de l'allem. 
Ulespiegel, n. pr. d'un personnage saxon, célèbre dans le 
quinzième siècle par ses tours de malice, comme Polichi- 
nelle, et dont la vie a été traduite dans la bibliothèque 
bleue. Ce nom est formé de l’allem. Eule, chouette, et 
Spiegel, miroir : miroir de chouette. 

Éspiga, v. Épier, monter en épi. — Se dit des blés lorsque 
l'épi commence à sortir du fourreau — Éspigo bé, jamaï 
noun grano, dit-on proverbialement d'une personne qui 
promet beaucoup et ne tient pas, qui a beaucoup de clin- 
quant et point de fond. 

Dér. du lat. Spicare, m. sign. 

Éspigal, s. m. Épis encore pleins qui n'ont pu se dé- 
pouiller au foulage et qui se retrouvent quand on nettoie 
le blé. On les bat de nouveau au fléau pour en tirer le grain. 

Éspigna (S'), v. Se piquer à une épine; s’enfoncer une 
épine dans la chair, — On dit ironiquement à une petite 
maitresse ou à un fainéant qui semble prendre tout du 
bout des doigts et avec dégoût : Prénès gardo dé vous 
éspigna, prenez garde, cela vous gâtera la laille. 

Éspignas, s. m. Augm. de Éspigno. Buisson d'épines; 
tas de ronces et d’arbustes épineux, qu'on met pour défen- 
dre l'entrée d'un enclos ou la brèche d'un mur. 

Éspignéto, s. /. Dim. de Éspigno. Au fig. épine, pie- 
grièche, esprit mordant et satirique. — Il se dit d'un homme 
comme d'une femme. 

Éspigno, s. f. Épine; toute espèce de piquants produits 
par un végétal, même arête de poisson, c.-à-d. ces aiguilles 
transversales qui sont en tous sens dans la chair des pois- 
sons d’eau douce et particulièrement de l'alose. Au fig. 
buisson épineux, esprit méchant, piquant. — És uno fièro 
éspigno, c'est un homme terriblement contrariant el diffi- 
cile à aborder; un vrai fagot d'épines. 

Dér. du lat. Spina, m. sign. . 

Éspignoüs, gnouso, adj. Dim. Éspignousé. Épineux, 
hérissé d’épines. Au fig. acariâtre, hargneux, d’un carac- 
tère difficile ; hérissé de difficultés, en parlant d'une affaire. 

Éspigo, s. f. Épi, tête de tuyau de blé, etc., qui ren- 
ferme le grain; épi de poil ou de cheveux, c.-à-d. touffe 
dont la direction est inverse aux autres : c’est une preuve 
de santé et de race pour les chevaux, lorsqu'ils les ont aux 
flancs ou au poitrail. 

Dér. du lat. Spica, m. sign. 

Éspinar, s. m. Épinard, Spinacia oleracea, Linn. Plante 
de la fam. des Chénopodées, cullivée dans les jardins, 
estimée en cuisine. — Éspinar sdouringua. {Voy. ce der- 
nier mot). 

Son nom lui vient de ce que la cosse qui renferme la 
semence est ferme, anguleuse et piquante ou épineuse. 


Éspincha, v. Regarder du coin de l'œil; épier; guigner; 


320 ÉSP 

lorgner ; regarder en dessous; regarder à travers un trou, 
une fente; génériquement, fixer son regard ; regarder avec 
attention et fixité; faire les doux yeux; techniquement, 
regarder comme fait un espion, un curieux. 

S'éspincha, se parler des yeux, correspondre du regard ; 
s’entre-regarder. 

Dér. du Jat. Aspicere, regarder devant soi, apercevoir. 

Éspinchaïre, airo, adj. Curieux; qui aime à voir ce 
qui se passe chez le voisin ; qui fait les doux yeux. 

Éspinga (S'), v. Se piquer avec une épingle. 

Éspinguéja, v. fréq. Causer des fourmillements; faire 
éprouver des piqüres dans les chairs, deS élancements, des 
douleurs aiguës comme des piqüres d'épingle. — Moun dé 
m'éspinguéjo, j'éprouve des élancements dans le doigt. 

Éspinguéto, s. f. Camion, épingle de coiffure. 

Éspingo, s. f. Dim. Éspinguélo; augm. Éspingasso. 
Épingle, petite tige en fer ou laiton, munie d’une tête et 
d'une pointe, servant à attacher et à fixer. — Né dou- 
narièi pas la tèsto d'uno éspingo, je n’en donnerais pas 
une tête d’épingle. Jouga à las éspingos, jouer avec des 
épingles pour enjeu. Longtemps l’épingle a été une monnaie 
pour les enfants non-seulement dans leurs jeux, mais dans 
leurs marchés et transactions. Elles sont démonétisées 
aujourd’hui, ainsi que les coups de poing, qui étaient 
aussi une valeur pour les plus jeunes écoliers. 

Dér. du lat. Spinacula, m. sign., qui est le dim. de 
Spina, épine. 

Éspioun, s. m. Espion; mouchard; rapporteur. 

Éspiouna, v. Espionner; épier; observer; servir d’es- 
pion. 

Dér. du lat. Inspicere, regarder, inspecter. 

Éspiounaje, s. m. Espionnage, action d’espionner. 

Éspira, v. Suinter; transsuder; prendre de l'air par 
quelque fissure imperceptible, comme fait un tonneau qui 
perd. 

Dér. du lat. Spirare, respirer. 

Éspiroù, s. m. Dim. Éspirouné. Évent d'une futaille, 
petit trou percé dans le haut du fond extérieur pour donner 
de l'air au liquide qui sans cela, lorsque la pièce est 
pleine, ne viendrait que difficilement par la canelle. On 
bouche l’éspiroù avec le dousil. 

Ésplanado, s. f. Esplanade, grande place; terrain 
aplani et nivelé. 

Dér. du lat. Planus. La désinence du mot fr. paraît 
annoncer qu'il a été emprunté aux contrées méridionales. 

Éspliqua, v. Expliquer; interpréter; développer; arti- 
culer; faire comprendre. 

Éspliquaciou, s. f. Explication ; démêlé qu’on explique. 
— Avédre d'éspliquacious émbé quéouquus, avoir des ex- 
plications, expliquer un malentendu; par ext. avoir un 
différend. 

Dér. du lat. Explicatio, eæplicare, M. sign. 

Ésploumassa, ». Arracher les plumes; plumer. Au fig. 
maltraiter; donner une volée. 





ÉSP 


S'ésploumassa, se déplumer pendant la mue, en parlant 
des oiseaux; se prendre aux cheveux ; se battre. 

Dér. de Ploumo. — , 

Éspouchiga, v. Ecarbouiller; écraser; écacher quelque 
chose qui a du jus. — S’éspouchiga ddou rire, se pàmer 
de rire. 

Ce mot, comme le fr. Pocher, pourrait bien venir du 
lat. Pungere. 

Éspoudassa, v. Péjor. de Pouda. Tailler grossièrement 
et à grands coups de serpe, comme le fait un mauvais 
ouvrier et un vigneron apprenti. — Aquél doubre és éspou- 
dassa, cet arbre semble taillé à coups de hache. 

Éspoudra, v. Saupoudrer et époudrer; répandre, secouer 
la poussière. — Ce verbe rend à peu près la double action, 
toute différente, de couvrir légèrement de poudre quel- 
conque, et de la secouer pour la faire disparaître. 

Éspoudra (S’), v. Avorter. — Ne se dit que pour les 
animaux et ne s'entend que des premiers temps de leur 
gestation, lorsque le félus n’est pas encore formé. 

Ce mot pourrait bien dériver du lat. Ex et Pondus, 
dont la bass. lat. a pu faire Exponderare, se délivrer, se 
débarrasser d'un poids. 

Éspouèr, s. m. Espoir, espérance. 

Dér. du lat. Sperare. 

Éspoufa (S'), v. Se sauver; s'enfuir; gagner du pied ; 
s'évader; pouffer de rire; éclater de rire involontairement, 
comme si le rire retenu s’échappait, ou s’il partait comme 
une explosion. C’est là sans doute ce qui rapproche le 
sens des deux acceptions. 

Éspouila, ado, adj. Dim. Éspouïladoù. Éreinté; épuisé; 
écloppé. Au fig. obéré; criblé de dettes; sans crédit. 

Dér. du lat. Spoliatus, dépouillé. 

Éspoumpi, ido, adj. Dodu; mollet; potelé; renflé; 
rebondi ; jouflu. 

S’'éspoumpi, se gonfler; devenir rond, dodu, mollet. Au 
fig. s’enfler ; se bouffir de fierté, d'orgueil. 

Dér. de Poumpo ou Poumpe, ancien mot signifiant 
gâteau, galette, qui se gonfle au four en cuisant. 

Éspouncho, s. f. Terme de nourrice, trait ou jet du 
lait qui, dans les premiers jours de l’accouchement, fait 
sentir une piqüre au sein. — Fa véni l'éspouncho, faire 
venir le lait en suçant et aspirant fortement, ce qui est 
difficile quelquefois dans les premiers temps parce que les 
voies en sont obstruées; quand cette obstruction est trop 
forte, ou l'enfant trop faible, on emploie des moyens arti- 
ficiels, tels que la bouche d’une personne adulte, un jeune 
chien, ou une sorte de pompe aspirante que la chirurgie 
a inventée spécialement pour cet objet. 

Dér. de Pouncho. 

Éspousa, v. Épouser, prendre en mariage; marier, 
donner la bénédiction nuptiale. 

Dér. du lat. Spondere, promettre, fiancer. 

Éspousado, s. f. Épousée ; la mariée. 

Éspousivou, adj. des deux genres. De noce, d'épou- 











ÉSQ 


saille, — La coïfo éspousivou, le bonnet d'épousaille.— Voy. 
Nouvidou. 

Éspousqua, ». Saupoudrer; poudrer.avec du sel ou de 
l'eau sale; asperger; jeter de l’eau avec la main où avec 
la bouche pour humecter le linge qu'on veut repasser, de 
façon à imiter la pluie: jeter de l'eau avec les doigts à la 
figure de quelqu'un pour l’agacer ou lui faire une niche.— 
Éspousqua l'énsalado, secouer, égoutter la salade. 

Ce mot est une variante de Éspoussa. 

Éspoussa, v. Secouer; faire tomber la poussière; 
épousseter. Au fig. battre; maltraiter; étriller; donner 
une volée de coups dé houssine. — Æspoussa las douréios, 
secouer les oreilles, prendre un air mécontent. On dit 
plaisamment à quelqu'un qu'on va vertement corriger : Té 
véou éspoussa tas gnèïros, je vais joliment secouer tes puces. 

Dér. de Pous, poussière. 

Éspoussado, s. . Volée de coups; coups de bâton ou 
de verges. 

Éspousséta, v. Épousseter; brosser; vergelter; net- 
toyer, Oter la poussière. — Semblerait un diminutif, avec 
un certain mouvement de fréquence, de Éspoussa. 

Éspousséto, s. f. Époussettes; brosse; vergette; brosse 
d’habits, de tête, de peigne, de soulier, de table, de tapis, etc. 

Éspouténcia, v. Couronner un arbre, lui enlever trop 
de bois en le taillant, le réduire à ses maitresses-branches, 
finalement en faire une forme de potence. 

Dér. de Pouténcio. 

Éspoutriga, v. Écarbouiller. — Voy. Éspouchiga. 

Ésprès, s. m. Exprès, commissionnaire, messager mandé 
spécialement pour un but déterminé. 

Dér. du lat. Express. 

Ésprès ou Ésprèssi, adv. Exprès; à dessein; expres- 
sément; pour cela ; pour un objet spécial. — Ou faguè pas 
ésprès, il ne le fit pas par malice, en mauvaise intention. 
Ou fai ésprès, il le fait exprès, à dessein, volontairement. 

Dér. du lat. Expressè, m, sign. 

Éspri, s. m. Dim. Ésprigqué. Esprit, jugement, imagi- 
nation; sens; motif. — Pérdre l'ésprà, perdre le sens; 
devenir fou. És touqua dâou Sént-Éspri, il a un grain de 
folie: expression proverbiale qui répond à cette pieuse 
pensée que les idiots, les innocents, sont des êtres protégés 
et privilégiés de la Providence, comme si l'Esprit-Saint 


. leur imprimait une marque particulière. C’est de la mème 


idée que naît cette sorte de culte qu’on accorde aux crétins 
et aux gens à seconde vue en Écosse. 

Éspri signifie aussi alcool, ou esprit de vin, liquide 
obtenu par la distillation. 

Dér. du lat. Spiritus, m. sign. 

Ésqualancio, s. f. Esquinancie; angine; inflammation 
des amygdales, de la trachée-artère ou du larynx, qui 
peut se terminer par la suffocation. 

En gr. Euvaéyn, m. sign. 

Ésquialassa (S’), v. Augm. dé Quiala. Pousser des 
cris aigus; forcer sa voix en criant; gueuler. 





ESQ 321 

Ésquicha, v. Serrer; presser: exprimer ; épreindre. — 
Un ésquicha, un avare, un cuistre, serré, trop parcimo- 
nieux. 

S'ésquicha, s'efforcer ; faire des efforts. 

Dér. et augm. de Quicha. 

Ésquichado, s. f. Serrée; violente étreinte. 

Ésquicho-grapäou, s. m. Engoulevent, tette-chèvre, 
crapaud-volant ; engoulevent ordinaire, Caprimulgus euro- 
pœus, Temm. Oiseau de l'ordre des Passereaux et de la 
fam. des Planirostres ou Omaloramphes. — Cet oiseau, 
qui a plus de dix pouces de long, par son plumage sombre, 
sa tête disgracieuse, est loin d'offrir un aspect agréable. 
Le fr. l'a appelé Tette-chèvre, parce qu'on a cru supersti- 
tieusement qu'il tettait ces animaux; crapaud-volant, de 
Ja ressemblance qu'on trouve entre un de ses cris et celui 
du reptile. C’est le lang. qui aurait dû le nommer Engou- 
levent, de Éngouli, avaler, engloutir le vent; en le déri- 
vant d’une origine commune, Gula, et c'est encore le fr. qui 
lui a donné ce nom, à cause de son bec, petit quand il est 
fermé, mais qui, en s'ouvrant, présente une ouverture 
immense où viennent s’engloutir les insectes qu'il chasse 
pendant la nuit ou le crépuscule, car on ne voit jamais 
cet oiseau en plein jour. Pour nous, nous l'avons appelé 
Ésquicho-grapdou, croyant qu’il tue et dévore le crapaud, 
en le pressant cramponné sur son dos et lui perçant la 
tête à coups de bec. En automne, la chair de l'engoule- 
vent, qui est fort gras alors, est, dit-on, un excellent mets : 
c'est possible. 

Ésquicho-l'oli, phr. faite. Jeu de veillée qu'on nomme 
en fr. Boute-dehors. Il consiste à se placer sur un banc en 
aussi grand nombre que possible, et par places alternées 
de garçons et de filles. Les joueurs aux deux extrémités 
poussent chacun de leur côté en dirigeant la force de 
coaction vers le centre, jusqu’à ce que l’un de ceux placés 
à ce centre soit rejeté hors du rang; alors celui-ci va re- 
prendre place à l’un des bouts de la file, et pousse à son 
tour sur ceux qui l'ont rejeté. 

Ésquichoù, s. m. Pelotte de cire dont on a exprimé le 
miel, en la pressurant entre les mains. 

Ésquièl, s. m. Génie; intelligence; bon sens; jugement: 
instinct de l'animal poussé à un degré de développement 
supérieur. 

Ésquifa, v. Esquiver; éviter avec adresse. — Lou bara- 
can ésquifo l'aïgo, le bouracan rejette l’eau. 

S'ésquifa, s'esquiver, se subtiliser, disparaitre; s'enfuir 
adroitement. 

Ce mot, comme son correspondant fr., dérive du lat. 
Scafa, nacelle, dont le fr. a fait encore Esquif. Æsquifa 
serait donc proprement : éviter un écueil sur un esquif; 
mais ce sens originaire a disparu quant à l'application. 

Ésquifo (Ën), adv. De biais; obliquement; en biseau. 

Ésquina, v. Échiner; éreinter; assommer; rompre l’é- 
chine. Au fig. ruiner, mettre en déconfiture. 

Dér. de Ésquino. 


322 ESS 

Ésquinado, s. f. Volée de coups; raclée; bastonnade, 
éreintement. 

Ésquinaje, s. m. Grande fatigue; charge trop lourde; 
éreintement ; perte considérable au jeu. 

Ésquinla, v. Sonner; tirer le cordon d’une sonnette pour 
appeler le portier ou les domestiques. 

Ésquinlo, s. f. Dim. Ésquinléto. Sonnette d'apparte- 
ment ou de porte; clochette d’autel; clochette de mouton, 
de mulet. 

Dér. du tudesque Ske/, m. sign. 

Ésquinloù, s. m. Petite clochette; grelot. 

Dim. de Ésquinlo. 

Ésquino, s. f. Échine; dos.— À bono ésquino, il a bon 
dos, phr. prvb. qu’on applique à toute personne ou même 
à toute chose qu'on charge des fautes d'autrui, ou sur qui 
on rejette la responsabilité. On dit : Lous magnas an bono 
ésquino, les vers-à-soie ont bon dos, c.-à-d. que les paysans 
rejettent sur le succès de leur chambrée toutes les dépen- 
ses, folles quelquefois, qu'ils se permettent dans l'année : 
espérance dont la déception est un élément de ruine presque 
certain. Faï l’ésquino d’ase, il est fait en dos d’äne. 

Dér. du lat. Spina, épine du dos. 

Ésquinsa, v. Déchirer une étoffe dans le sens de Ja 
chaine; lacérer. 

Dér. du gr. Zyleuw, fendre, diviser. 

Ésqüinsaduro, s. f. Déchirure, accroc dans une seule 
direction. 

Ésquirôou, s. m. Dim. Ésquiroulé. Écureuil, écureuil 
commun, Scirius vulgaris, Linn., petit marmmifère de la 
fam. des Rongeurs. Ce petit animal fait son nid au sommet 
d'un arbre élevé, et le construit d’une manière si ingénieuse 
qu'il met ses petits à l'abri de la pluie. Vif, alerte, éveillé, 
il se prive facilement, et apprivoisé, vit en cage en se don- 
nant de l'exercice à faire tourner incessamment un cylin- 
dre mobile. 

Dér. du gr. Xxlovpos, m. sign. formé de Zxé, ombre et 
Opé, queue, c.-à-d. qui se fait de l'ombre avec sa queue. 

Ésquirounèl, s. m. Martinet; martinet noir, martinet 
de muraille, Hirundo apus, Linn. Oiseau de l'ordre des 
Passereaux et de la fam. des Planirostres ou Omaloramphes : 
plumage entièrement noir, queue très-fourchue. IL arrive 
après toutes les autres hirondelles et part le premier. La 
brièveté extraordinaire de ses pattes lui avait fait donner 
son nom latin de Apus, sans pieds; aussi a-t-il bien de la 
peine, lorsqu'il est tombé à terre, à reprendre son essor. 
Mais en revanche on admire son vol facile et infatigable. 
Il parait qu'on appelait autrefois du nom générique de És- 
quirounèl, les petits oiseaux de proie composant la faucon- 
nerie; Sauvages le leur a conservé et appelle Aoubaléstrië, 
le martinet. Pour nous, il n’est connu aujourd'hui que sous 
le nom de Ésquirounèl, et il est si commun à Alais, en été 
et en automne, qu'il est étonnant que Sauvages ait ignoré 
un nom qui ne s'applique pas à d’autres qu’à cet oiseau. 

Ésses, s. m. plur. Ers, Ervum hirsutum, Linn., plante 





ÉST 
de la fam. des Légumineuses; espèce de vesce noire ou de 
lupin dont les pigeons sont très-friands, mais qui est un 
poison pour la volaille de basse-cour et tous les animaux 
non ruminants. 

Éssuga, v. Essuyer; sécher; épuiser. — Aquélo tro. és 
bièn éssugado, cette terre, ce champ a été épuisé, on ne l’a 
pas assez laissé reposer. Fait Éssu, au part. pass. — Plous dé 
lénno soun lèou éssus, prov., larmes de femme sèchent vite. 

Dér. de l’ital. Asciugare, m. sign. 

Ésta, éstado, part. pass. du verbe Éstre. Été, allé. — És 
ésta un diable dé soun tén, il a été un vrai démon dans sa jeu- 
nesse. Sès ésta à Paris? Êtes-vous allé à Paris? Quan éséstado 
novio, s'és dédicho, quand elle a été fiancée, elle a retirésa 
parole. Y sèn éstas, nous y sommes allés. — Voy. Éstre. 

Ésta, s. m. État, métier, profession. — A pas gés d’ésta, 
il n’a point de profession, d'état. 

Corrupt. du fr. qui se rapproche encore davantage quand 
on dit : Éta et qui ne vaut pas mieux. En lang. on se sert 
de Méstiè. 

Éstabla, v. Recevoir des chevaux à l’attache dans une 
écurie d’auberge, sans leur donner la provende. Il se dit 
aussi du maître du cheval qui le loge ainsi à l’attache; 
mais, dans ce cas, on l’emploie. même quand on lui four- 
nit l’avoine et le foin. — Ounté éstablarén ? à quelle au- 
berge donnerons-nous l’avoine, où nous arrèterons-nous 
en route pour faire souffler nos chevaux? 

Au fig. Éstabla va jusqu'à s'appliquer aux personnes. 

Éstablado, s. f. Fumier d’écurie; ensemble des ani- 
maux, des bestiaux logés dans une écurie, ou mème des 
personnes qui passent la soirée dans une auberge de route, 

Éstablaje, s. m. Droit d'attache que prend l'hôtelier 
pour le simple logis donné à un cheval, 

Éstable, s. m. Dim. Éstabloù. Étable, écurie: nom 
générique qui se divise en diverses dénominations, techni- 
ques suivant les espèces de bétail qu'on y loge : pris spé- 
cialement il signifie écurie; pour les moutons, il se dit 
Jasso; pour les porcs, Pouciou. — Varlé d'éstable, valet 
d’écurie. 

Dér. du lat. Stabulum, m. sign. 

Éstabli, s. m. Établi, grande table sur laquelle ou à 
côté de laquelle certains artisans travaillent de leur état, 

c.-à-d. qu'ils y forment leur établissement, comme les 
tailleurs, les orfèvres, etc. 

Éstabli (S'), v. S'établir; prendre domicile; former un 
établissement industriel. Il a été étendu, par quelques fran 
chimans à la vérité, jusqu'au mariage. 

Dér. du lat. Stabilire, assurer, rendre solide. 

Éstabourdi, v. Étourdir; faire perdre connaissance par 
un coup violent. Au fig. abasourdir; srapéfier; frapper 
d’étonnement. 

Dér. du lat. Stupor, stupeur, élourdissement. 

Éstabousi, v. n. S'évanouir; se pâmer; tomber en dé- 
faillance. — Voy. Éstavani, 

Éstaciou, s. f. Station, gare de chemin de fer. 








EST 
* Mot que de nouveaux besoins ont introduit dans le lan- 
gage et qui s’y est impatronisé. 

Éstadis, isso, adj. Calme; tranquille, pacifique; sans 
vigueur; sans énergie; flegmatique. Au fig. et par ext. à 
demi-passé, en parlant des viandes, des mets; flétri, qui a 
perdu sa fraicheur et sa crudité, en parlant des fruits et 
des légumes verts conservés trop longtemps; pain rassis et 
miollet, pour avoir été trop longtemps renfermé. 

Dér. du lat. Statutus, a, um, qui reste en place. 

Éstagnè, s. m. Dim. Æstagnëïroù. Dressoir; étagère à 
148 la vaisselle qu on y étale par luxe chez les paysans 


pe de Éstan, étain, parce qu'autrefois, dans les mai- 
sons les plus cossues, on étalait ces sortes de dressoirs dont 
la vaisselle était d'étain. 

Éstaja, v. Échafauder, à la manière des maçons qui 
dressent leurs échafaudages à mesure que la bâtisse s'élève; 
dresser les tables des vers-à-soie qu'on appelle Téowiès 
(V: 0. m.). Cette espèce d'échafaudage se compose de pieds 
droits, Mountans, qui, posant sur le sol, vont se fixer à 
des poutrelles transversales dites Tirans. Ces montants 
sont garnis d'autant de chevilles qu'on vent dresser de 
rangs de tables ou d'étages et qui sont distantes l'une de 
l'autre de cinquante centimètres. Ces chevilles supportent 
des traverses, soit équarries, soit en bois rondin, sur les- 
quelles on place trois planches dans la longueur et deux 
dans la largeur destinées à supporter les clayons ou canis 
(pour parler l’argot des magnaniers modernes). C'est ce 
canis, en lang. Canisso, qui forme la table servant de 
théâtre au drame plein de péripéties et d'intérêt de ces 
troupes de précieux insectes. — Voy. Baroù, Canisso, 
Mountan, Téouïè, etc. 

Éstajan, anto, adj. Important; orgueilleux; qui parle 
et agit én maitre; arrogant, qui fait ses embarras. 

Ce mot signifiait en vieux langage, habitant, locataire 
et propriétaire de maison. Le sens actuel est tiré de cette 
idée de l'importance d’un bourgeois qui a pignon sur rue. 

Éstaje, s. m. Étage d'une maison. — Lou prémié, lou 
ségoun éstaje, le premier, le second étage. 

"Dér. de la bass. lat. S/agium, habitation. 

Éstajèïro, s. f. Tablettes composées de montants et de 
plusieurs rayons, comme celles d'une bibliothèque, où de 
chevilles placées dans le mur et d'une seule planche, 
comme celles qui, dans les cuisines, supportent les chau- 
drons, marmites et mille autres ustensiles. C’est l'ensem- 
ble de plusieurs tablettes ou Ésfajos, qui compose uno 
Éstaÿarro. s 

” Éstajos, s. f. plur. Tablettes diverses qui composent 
l'Éstajèiro, prises isolément. * 

Éstama, v. Étamer une glace, une casserole, toute espèce 
d'ustensile en cuivre ou en fer; enduire d'étain. 

Dér. de Éstan, étain. 

Éstamaibrasa, phr. faite. Cri de rue des étameurs de 
casserole, de cuillers, de fourchettes. — Voy. Abrasaïre. 





ÉST 323 


Éstamaîre, s. m. Étameur de casserole. —Voy. Abrasaire. 

Éstamaje, s. m. Étamage; action d'étamer; enduit, 
couche d'étain qu'on applique sur le cuivre pour l'em- 
pêcher de prendre du vert-de-gris. 

Éstan, s. m. Étain, métal d'un gris blanc, malléable, 
facile à rayer; le plus léger de tous les métaux. — Éstan 
dé miral, nom qu'on a donné longtemps au bismuth. 

Dér. du lat, Stannum, m. sign. 

Éstan, s. m. Fil d'étaim: laine la plus fine, la plus 
légère, qu'on obtient au premier trait de la carde. C'est 
avec le fil de cette laine, qui est à la fois le plus fin et le 
plus fort, qu'on fait la chaine des draps êt des bas tricotés. 

Dér. du lat. Stamen, chaine du fil, chaîne de tisserand. 

Éstan, s. m, Étang, grand amas d'eau douce ou salée. 

Dér. du lat. Stagnum, m. sign. 

Éstandar, s. m. Augm. de Éstan, étang. Grande étendue 
d'eau de pluie ou d'inondation. 

Éstanla, v. Installer; mettre en possession, en évidence, 
en une place apparente. 

S'éstanla, s'installer ; prendre position; s'établir. Au fig. 
s'étaler; se pavaner; se prélasser. 

Dér. du lat. In, dans, et Siallus, siége, stalle. 

Éstaqua, v. Attacher; lier; garotter. 

S'éstaqua, s'attacher à quelqu'un par sentiment; s'é- 
prendre; tenir à...; s'appliquer. — Vous éstaquas à dous 
sous, Vous vous arrêtez à deux sous pour conclure un 
pareil marché! És trop éstaqua, il est trop intéressé, trop 
parcimonieux. Té sou éstaqua dé bo, je l'affectionne tout 
de bon. 

Dér. de la bass. lat. Staca, pieu; 
pieu. 

Éstaquadoü, douno, adj. Fou à lier; par ext. furieux, 
en colère, qu'on ne peut contenir. 

Éstaquamén, s. m. Altachement; inclination ; affection; 
lésinerie: parcimonie. 

Éstaquo, s. f. Lien; lesse; cordon; tout ce qui sért à 
attacher; jeune plant ou plantard d'olivier, arraché de la 
souche avec son drageon, et qu'on lie en le plantant à un 
tuteur : on l'appelle en esp. Estaca de olivas. 

Éstarlô, s. m. Dim. Éstarlougué. Astrologue ou plutôt 
astronome, que le peuple est fort énclin à confondre dans 
une même catégorie, ne pouvant ou ne voulant pas sup- 
poser que l'on puisse arriver à un pareil degré de divina- 
tion, comme celle des éclipses par exemple, sans autre 
agent que les sciences humaines. 

Ce mot est purement une corruption du fr. Astrologue. 

Ésta-Siâou, phr. faite, interjective. Taisez-vous, restez 
tranquille. On la prend aussi substantivement : Garda 
l'ésta-sidou, rester muet et immobile. 

* Formé du lat. Sta, sois, reste, et Sidou, tranquillé, coi : 
sois calme. 

Éstavani, v. S'évanouir; tomber en syncope; faire éva- 
nouir; causer de la stupéfaction. — Voy. És{abousi. 

Dér. du lat. Evanescere, disparaitre. 


c.-à-d. attacher à un 


324 EST 


Éstéia (S’), v. Se gercer; éclater; se fendre; se réduire 
en esquilles, en parlant du bois. Par ext. se piquer avec 
une esquille de bois, se l'enfoncer dans le doigt. 

Éstéiado ou Éstéiaduro, s. /. Piqüre faite avec une 
esquille, avec un éclat de bois. 

Éstéïo, s. f. Esquille; écharde; menu éclat de bois qui 
entre dans la chair. 

Dér. du lat. Squidilla, m. sign. 

Éstéious, ouso, adj. Bûche, pièce de bois, qui, étant 
refendue, est hérissée de petites esquilles qui ne sont autre 
chose que les nervures du bois rompues. On le dit aussi 
d’une viande dure et filamenteuse qui est comme de la 
charpie. 

Éstéla, v. Couvrir d'étoiles ; briller comme une étoile.— 
L'infinitif est peu employé: le part. pass. ou l'adj. Éstéla, 
ado, étoilé, semé d'étoiles, est nécessairement plus fré- 
quent. — Lou tén és éstéla, la nuit est étoilée; bien que 
l’on dise aussi : Éstèlo, il fait un temps couvert d'étoiles. 

S'éstéla, s'étoiler; briller comme une étoile; prendre un 
regard ou un aspect rayonnant et miroitant. 

Éstéléja, v. frég. de Éstéla. Rayonner; miroiter; luire 
comme une étoile; se parsemer d'étoiles. 

Éstèlo, ». Étoile; astre, corps lumineux la nuit. — M'a 
fa vêire las éstèlos, il m'a donné un tel soufflet que j'en ai 
eu un éblouissement, que j'ai vu mille chandelles. Vous 
fariè véire las éstèlos, il vous éblouirait par ses belles pa- 
roles, il vous ferait croire l'impossible. 

Éstèlo se prend aussi, en style poétique, pour : influence 
heureuse, dans le sens de Planéto, planète { V. c. m.). 
Signifie encore : marque blanche au front d’un cheval; 
éclat de bois obtenu par la hache. 

Dér. du lat. Stella, étoile : la dernière acception pour- 
rait avoir la même racine que Éstéio ( V. ©. m.). 

Ésténaios, s. f. plur. Tenaille, instrument de fer propre 
à saisir, prendre, arracher, etc. — On dit: Un parél d'és- 
ténaïos, une paire de tenailles, quoiqu'on ne parle que 
d’un seul de ces outils, parce qu’il est composé de deux 
branches, comme on dit : Un parél dé boufés, dé cisèous, etc. 

Dér. du lat. Tenacula, m. sign. 

Ésténdre, v. Étendre; allonger; déployer; étendre du 
linge. 

S’ésténdre, tomber; s'étendre; se déployer; se dévelop- 
per; s'agrandir. — S'ésténdre dé tout soun long, tomber de 
toute la longueur de son corps. Lou vou ésténdre, se dit 
plaisamment et d’une manière absolue pour : je vais me 
coucher. 

Dér. du lat. Extendere, m. sign. 

Ésténdudoù, s. m. Étendoir; séchoir; lieu où l’on met 
le linge à sécher. 

Éstérnu, s. m. Dim. Éstérnudé; péj. Éstérnudas. Éter- 
nûment, mouvement subit et convulsif des muscles expi- 
rateurs, qui chasse avec effort et bruit l’air contenu dans 
les poumons. 

Ce n’est pas un Dictionnaire comme le nôtre, destiné 





ÉST 

à recueillir les vieux mots de notre vieux langage, qui 
pourrait négliger de relever les anciennes formes, souve- 
nirs et traditions des usages et des mœurs d’autrelois. A 
propos du subst. qui se présente, dans cette coutume d'a- 
dresser un souhait à une personne qui éternue, il nous 
semble distinguer quelque chose de touchant et de respec- 
table comme formule et comme sentiment, qu'il serait 
peut-être fàächeux de voir perdre ou de trop mépriser. On 
sait que le grand monde ne trouve plus aujourd’hui de bon 
ton de faire intervenir un vœu qui appelle la protection 
de la Divinité en pareille occurence : on se contente d’une 
légère inclinaison de tête, et encore est-il mieux d’être 
distrait; ainsi le veut l'étiquette d’une société gourmée et 
prétentieuse, et la mode. Il n’en est pas de même dans nos 
campagnes, où la politesse consiste toujours, comme au 
bon vieux temps, à faire suivre un éternüment d’un Dieu- 
vous-bénisse bien accentué : et le populaire a raison de 
tenir à ses bonnes coutumes et à ses formules de civilité, 
qui remontent assez haut et se sont conservées assez long- 
temps pour valoir qu’on s’y attache et qu’on les aime. 

Quelle est l’origine de cet usage de saluer celui qui éter- 
nue et de faire des souhaits en sa faveur? Les recherches 
de la science ne sont point parvenues à la découvrir, non 
plus qu’à lui donner une date précise. Il est certain néan- 
moins que, dès la plus haute antiquité, il est fait mention 
d’une coutume semblable. 

On a bien dit que, vers la fin du VIe siècle, sous le pape 
Pélage I, une maladie pestilentielle ravageait Rome et 
l'Italie et qu’un de ses principaux symptômes était l’éter- 
nüment. De là serait venue et se serait répandue la cou- 
tume de dire en pareil cas : Dieu vous bénisse! Dieu vous 
vienne en aide! Diou vous bénisque! Diou vous ajude! 
Mais bien plus anciennement l'usage existait. Aristote le 
constate, Homère en parle dans l'Odyssée comme d'un 
signe de bon augure. Les Grecs disaient, quand ils éter- 
nuaient: Zeù ouXov, Jupiter sauve-moi, et les assistants 
répondaient à celui qui éternuait : Zäür, vivez. Après eux, 
les Romains traduisirent ces vœux par leur Sale; et ils 
regardaient l’éternüment comme le troisième des présages 
domestiques : heureux, si on éternuait à droite, fâcheux 
si c'était à gauche. 

La tradition a ainsi amené jusqu'à nous la formule de 
ces souhaits, sans nous en dire autrement la cause. L'é- 
branlement convulsif que produit l’éternüment sur le cer- 
veau a-t-il fait craindre quelque accident? Une certaine 
superstition s’est-elle mêlée à ce phénomène naturel et 
fréquent? On ne saurait le dire; mais au milieu de la wie, 
à chaque instant, il est un moyen de sociabilité, de bonnes 
relations entre individus, et il élève en même temps l’es- 
prit vers un Dieu protecteur, dont l'assistance est réclamée : 
il est évident que l’usage a eu raison de s'établir et qu’il a 
raison de se conserver. 

Éstérnuda, v. Éternuer; faire un éternüment. 

Dér. du lat. Sternuere, m. sign. 








EST 
 Éstérpa, v. Éparpiller ; répandre; disperser ; séparer.— 

nous, séparons-nous, gagnons Chacun d'un côté 
différent. Éstérpa lou fumiè, étendre, éparpiller, répandre 
le fumier sur un champ. 

: Dér. du lat. Stirps, tronc, souche, parce que probable- 
ment ce mot a eu pour première acception la pousse des 
racines et des branches d’un arbre qui, en s’éloignant du 
tronc, s'étendent en mille directions diverses. 

… Éstérvéia, véiado, adj. Arbre, branche, rameau, étiolés, 
dépouillés de feuilles par l'effet d'un tourbillon. 

 Éstérvéiado, s. f. Maladie causée à un arbre par un 
tourbillon. Par ext. on le dit aussi de toute maladie, n’im- 
porte la cause, qui, n’atteignant que les branches, est rare- 
ment mortelle. 

Éstérvél, s. m. Dim. Éstérvéié. Tourbillon, vent follet, 
qui, dans sa plus grande extension, se nomme trombe, et 
produit des sinistres extraordinaires. — Ces phénomènes, 
qui ne se distinguent que par leur intensité, ont proba- 
blement le mème agent, l’électricité. 

On appelle aussi Éstérvél, par analogie, un petit moulin 
que les enfants composent d’une noix évidée et percée, 
dans laquelle tourne un pivot surmonté de deux petites 
ailes en bois posées horizontalement et en croix, Un fil, 
qui se dévide intérieurement autour du pivot, est l'agent 
du mouvement de ce jouet. On dit d’un étourdi, qui est 
dans une perpétuelle agitation : Sémblo un éstérvél, il res- 
semble à un tourbillon. 

Ne. dériverait-il pas du lat. Extrà, hors, dehors, et 
Evellere, arracher, extirper? 

Éstève, s. m. Ancienne traduction du n. pr. lat. Ste- 
phanus, Étienne, que nous disons aujourd'hui Éstièine. La 
première forme ne s’est conservée que pour un n. pr. de 
lieu, précédé de Sént: On appelle Sént-Éstève, tous les 
lieux qui se disent en fr. Saint-Étienne. 

Éstève est aussi une sorte de galette ou de fouace sucrée, 
ayant la forme d'un marmouset plaqué en bas-relief sur 
une feuille de papier gris qui lui a servi de berceau au 
four. Cette galette est fort à la mode dans la semaine de 
Noël et du jour de l'an. C'est une étrenne généralement 
* adoptée pour les enfants du peuple. Aussi son nom lui 
vient-il de saint Étienne, dont la fête arrive le lendemain 
de la Noël. Autrefois les parrains envoyaient ce cadeau à 
leur filleul le.jour de la Saint-Étienne, et il avait dans le 
principe la forme d'une couronne, en commémoration de 
la couronne que mérita ce premier martyr. 

On dit d'un homme grossier et brutal : Æs fi coumo un 
éstève dé pan bru, il est fin comme pain d'orge. És aqui 
coumo un éstève, il est tout ébaubi, il reste là planté comme 
une figure de cire. 

Éstévo, s. f. Pièce courbe qui sert de manche à un 
araire et qui est surmontée du mancheron ou Manipou. 

Dér. du lat. Stiva, m. sign. 

Éstiblassa, v. Éreinter, rosser, M A 
donner une volée de coups de bâton, 





ÉST 


En gr. Zr64çw, battre, fouler. 

Éstiblassado, s. f. Volée de coups de bâton; râclée. 

Éstido, s. f. Idée; croyance, pressentiment, — Avèdre 
bono éstido, avoir bon augure. 

Éstièine, s. m. n. pr. d'homme. Étienne. — Voy. 
Éstève. 

Éstiganço, s. f. Projet; dessein; intention; prévision: 
intelligence. 

Dér. du lat. Instigatio, impulsion, instigation. 

Éstignassa, ». Tirer, arracher les cheveux ; trainer par 
les cheveux. 

S'éstignassa, se prendre aux cheveux. 

Dér. de Tignasso. 

Éstignassado, s. f. Action de tirer, d'arracher les che- 
veux; châtiment qui consiste en cet acte ; lutte entre deux 
personnes qui se prennent aux cheveux. 

Éstima, v. Estimer ; priser; évaluer; juger de la qualité, 
du poids ou de la valeur d’une chose par un simple calcul 
d'esprit ou la comparaison avec des types dont on conserve 
le souvenir. 

Dér. du lat. Estimare, m. sign. 

Éstimaïre, s. "”. On ne donne guère ce nom aux ex- 
perts géomètres qui ont des bases fixes et presque mathé- 
matiques d'appréciation, mais bien à ceux qui évaluent à 
vue d'œil la quantité de feuille de mûriers que portent une 
ou plusieurs plantations. Cette denrée se vendant souvent 
à l'estime et sans peser, le métier d’estimeur est une 
profession. L'habitude et diverses expériences contrôlées 
par le pesage, jointes à la justesse d'esprit ou de coup- 
d'œil, rendent ces jugements en général dignes de con- 
fiance. 

On donne aussi le nom d’Éstimaïre à des espèces de 
prud'hommes qui estiment le bétail et les agrès d'une 
ferme entre les fermiers et les propriétaires. 

Éstimo, s. f. Estimation; prisée; évaluation. — Achéta 
à l'éstimo, acheter sans prix déterminé, mais à celui qui 
sera fixé par un ou plusieurs hommes de l'art. Aquélo fièio 
és pas d'éstimo, cette feuille de mürier n’est pas encore 
assez développée pour être évaluée. Il faut observer ici que 
l’on n'évalue jamais la feuille de mürier d'après le poids 
qu'elle est censée avoir à l'époque de la cueillette ou de 
son estimation, mais bien d’après celui qu’elle aurait réel- 
lement lorsqu'elle serait parvenue à tout son développe- 
ment ou toute sa maturité. Cela est si vrai que lorsqu'on 
a acheté de la feuille au poids, le propriétaire n’est obligé 
de la peser que quand elle a atteint ce degré d’accroisse- 
ment. Si toutefois l’acheteur est pressé, pour les besoins de 
sa chambrée, de cueillir tout ou partie de cette feuille 
achetée, on ajoute un cinquième, un quart, en sus du 
poids réel pour représenter le poids qu'elle aurait pu ac- 
quérir encore. C'est ce qu'on appelle dans le peuple : Faire 
lous quintéous dé sètanto-cin, dé quatre-vin liouros, c.-à-d. 
qu’on compte chaque soixante-et-quinze, ou quatre-vingts 
livres pour un quintal. 


325 


326 ÉST 


Éstinla, ». Styler quelqu'un, le dresser, lui donner l'in- 
telligence ou la ruse des affaires. 

Corrupt. du fr. 

Éstinlé, s. m. Stylet, poignard à lame Lien 54 et très- 
étroite. 

Corrupt. du fr. 

Éstiou, s. m. Dim. Éstivé; péj. Éstivas. Été, la plus 
chaude des quatre saisons de l’année, qui commence du 
49 au 22 juin et finit, astronomiquement parlant, vers le 
21 septembre. 

Dér. du lat. Æstas, m. sign. 

Éstira, ». Étendre; allonger; étirer; tirer quelque chose 
d’élastique dans le sens de sa longueur pour l’allonger; re- 
passer le linge. 

S'éstira, s'étendre; allonger les bras en bâillant; étendre 
les bras; ce qui fait dire proverbialement en pareil cas : 
Lou quièr séra pas chèr aquést'an, lous védèls s'éstirou, le 
cuir ne sera pas cher cette année, les veaux s’'allongent. 
Aquél droulas s'éstiro bièn, ce jeune gars s’allonge bien, il 
grandit beaucoup. 

Dér. de Tira. 

Éstirado, s. f. Longue traite de chemin; traite, trajet, 
distance à parcourir. — N'avès pér uno bono éstirado,vous 
en avez encore pour un bon bout de chemin. 

Éstiragna, v. Enlever les toiles d'araignées; housser un 
appartement. 

Dér. de Zrugnado. 

Éstiragnaïre, s. m. Houssoir; brosse emmanchée d’une 
perche pour enlever les toiles d’araignée d’un appartement. 

Éstiraïre, s. m. Établi de repasseuse; tapis composé de 
plusieurs doubles étoffes sur lequel elle repasse le linge. 

Éstirairo, s. f. Repasseuse de linge. 

Éstiraje, s. m. Linge à repasser ou déjà repassé; pro- 
fession ou apprentissage de repasseuse. 

Éstiva, v. Passer l'été; faire passer l'été au bétail sur 
les montagnes. — Éstivo lontén aquést’an, les chaleurs se 
prolongent longtemps cet été. 

S’éstiva, prendre les habits d’été, se mettre en vêtements 
légers d'été. 

Dér. de Éstiou. 

Éstivado, s. f. Saison de l'été; le temps, la durée des 
chaleurs; le gain des manouvriers pendant la saison des 
foins ou des moissons; le pécule des montagnards qui vont 
faucher ou moissonner dans les pays aux environs de 
Nimes ou de Montpellier et qu'ils appellent, eux, propre- 
ment lou Languédd. — Aï fa uno bravo éstivado, j'ai faît 
une bonne saison d'été, j'ai gagné beaucoup d'argent dans 
cette saison. 

Éstivaje, s. m. Action de conduire les troupeaux dans 
la montagne; temps qu'y passent les moutons; frais de 
conduite et de pacage des troupeaux; réserve de ces paca- 
ges pour le propriétaire du sol; gages des bergers ou gain 
du maître-berger pendant cette saison. 

Éstivé, s. m. Dim. de Éstiou. Petit 616. — L'éstivé dé 





ÉST 
Sén-Michèou où dé Sén-Marti, le petit été de la Saint- 
Michel, du 29 septembre, on de la Rien du "1 
novembre. 

Éstivén, énquo, adj. D'été; qui concerne l'été; qui se 
produit en été. — Nosto-Damo éstivénquo, Notre-Dame d'été, 
l’Assomption de la Vierge, le quinze août. 

Éstofo, s. f. Dim. Æstouféto; péj. Éstoufasso. Étofre; 
tissu de laine, de soie, de fil, de coton. 

Dér. de la bass. lat. S/uffare, garnir, équiper. En allem. 
Stoff, m. sign. 

Éstôs, s. m. Au plur. Éstosses; dim. Éstoussé. Étau, 
outil de serrurier ou de menuisier, pour fixer la pièce qu’ils 
passent à la lime ou à la rape. ” 

Dér. du lat. Sto, je reste en place, immobile. 

Éstosse, ». Tordre. — Voy. Tosse. 

Éstosso, s. f. Dim. Éstousséto. Entorse; torsion, frois- 
sement violent, donnés à un membre ou à un arbre, soit 
par accident, soit plutôt par une violence étrangère et vo- 
lontaire. 

Dér. du lat. Extorsum, supin de Ezxtorquere, tordre, 
donner une entorse. 

Éstoufa, s. m. Dim. Éstoufadé. Étuvée de viande cuite 
sans eau et à la braise. — À manja foco éstoufa, se dit de 
quelqu'un qui a beaucoup souffert moralement et qui par 
position a été obligé de concentrer sa peine, sans pouvoir 
ou oser l'épancher, de l’étouffer pour aïînsi dire. 

Éstoufa, »v. Étoufler; suffoquer; asphyxier. — Éstoufa 
lous fouséls, étouffer les chrysalides des cocons pour pou- 
voir les conserver sans laisser éclore les papillons. Cette 
opération se faisait autrefois au four avec où sans ther- 
momêtre, ce qui présentait bien des inconvénients et des 
pertes : dans les filatures à la Gensoul, elle se fait à la 
vapeur et au thermomètre. 

Dér. de la bass. lat. Stuffa, étuve. 

Éstoulouira (S'), v. S'épanouir au soleil; se mettre à 
Vaise devant un bon feu; s'étendre, se vautrer dans une 
position commode, avec un sentiment de sensualité. 

Du gr. Zropévwu, aor. Éctépesa, coucher, étendre. 

Éstouma, s. m. Dim. Éstoumaqué; péj. Éstoumaquas. 
Estomac, principal organe de la digestion ; le cœur, la 
poitrine, que le languedocien confond volontiers avec l'es- 
tomac proprement dit. — Un baramén d'éstouma, Suffo- 
cation, serrement de cœur. Mowrimén d'éstouma, défail- 
lance, évanouissement. Aqud crèbo l'éstouma, cela vous 
fend le cœur, c’est un crève-cœur. À bon éstouma, il a la 
poitrine bonne, ou une forte voix. Au fig. cette expression 
est proverbiale en parlant de quelqu'un qui supporte très- 
bien les reproches de sa conscience, qui ne s'émeut pas de 
sa propre improbité, ou qui est loin d’exagérer la sensi- 
bilité. À un éstouma dâou diable, il a un estomac d'au- 
truche. Un éstouma dé fato, un tempérament débile, qui 
digère mal, qu'un rien incommode. La bouquo dé l'éstouma, 
le creux de l'estomac. 

Dér. du lat. Stomachus, m. sign. 





Te 





ÉST 


Éstoumaqua, v: Causer du saisissement, une stupéfac- 
tion douloureuse. Au fig. étonner vivement, causer une fà- 
cheuse surprise; afliger ; annoncer une mauvaise nouvelle. 

Éstouna, v. Étonner; surprendre; causer dans l'âme 
une forte impression de crainte, d'admiration, d'étonne- 
ment; frapper; émouvoir; ébranler. — On dit proverbia- 
lement : M'éstoune! par contre-vérité d’une chose toute 
simple et qui n’a rien d'étonnant. 

S'éstouna, s'étonner; se troubler; s'effrayer; être surpris. 

Estoupado, s. f. Etoupée, sorte de topique répercussif 
pour les entorses et les échymoses produites par contu- 
sions. C’est ordinairement une glaire d'œuf battue et épais- 
sie en cataplasme par l'adjonction de l’alun qui s'y mêle, 
qui fait la base du remède, On étend cette pâte sur un 
plumasseau d'étoupe, par où lui est venu son nom, et on 
fait une application souveraine. 

Sauvaces ajoute que l'Éstoupado est encore un excellent 
remède contre la brûlure. Au surplus, ces recettes popu- 
laires sont connues et fort employées. Le proverbe: A 
mdou dé tèsto, éstoupado dé vi, n’a pas peu contribué sans 
doute à donner crédit au topique. 

Éstoupo, s. /. Étoupe, premier rebut de la filasse du 
chanvre ou du coton. — Éstoupos dé san dé por. « On ap- 
pelle, dit Sauvages qu'il est toujours bon de citer, Étou- 
pes du sang des cochons, une pelotte charnue et spon- 
gieuse qu'on forme dans la bassine où l'on reçoit le sang 
de cet animal qu'on égorge; on la forme, disons-nous, en 
maniant le sang et en le remuant circulairement tandis 
qu'il coule de la plaie et qu'il est chaud. 

« Le but de ce mouvement de la main qui tourne en 
rond et qui, à mesure, s'ouvre et se ferme pour assembler 
les brins épars de l’étoupe qui se forme, est d'empêcher 
le sang de se figer, lorsqu'on le destine à faire du boudin. 

« C’est un phénomène remarquable, qu’il se forme, par 
cette seule manipulation, de vraies fibres charnues bien 
distinctes et organisées, que le mouvement circulaire ra- 
mène au milieu de la bassine, et qui s’enlacent et s'amas- 
tomosent mème entre elles, par la pression alternative de 
Ja main, et forment cette masse spongieuse appelée étoupes. 

« La matière de ces fibres est la lymphe, le premier 
des éléments du sang, qui, dans l'animal vivant, se con- 
vertit en chair; et qui, lorsqu'elle se refroidit sans qu'on 
y touche, comme dans la palette des chirurgiens, sert 
comme de présure à cailler le sang, sans y former de fibres, 
et d'où résulte le caillot qui se sépare de la sérosité, autre 
élément du sang, dans laquelle le caillot nage. 

« La pelote d'étoupes d’un rouge foncé, qui a la con- 
sistance de Ja chair ordinaire, en prend la couleur, lors- 
qu'on J'a fait dégorger dans plusieurs eaux, et qu'on a 
séparé par ce moyen les globules rouges, ce troisième élé- 
ment du sang dont il fait la couleur : éléments qu'il est 
facile de séparer l’un de l’autre par les procédés ci-dessus. 

« C'est la lymphe qui, dans le corps humain, forme les 
excroissances charnues contre nature, telles que les lou- 





ÉST 327 


pes, les polypes et les caillots des vaisseaux sanguins tron- 
qués ; elle s'y organise d’elle-mème, le sang y circule, elle 
devient sensible et animée, par une régénération sans 
germe, au moins connu, ou bien allégué gratuitement, et 
dont nous avons vu des exemples dans la sève extravasée 
de certains arbres ; telle est celle du chêne vert écorcé, qui 
a une tendance pareille à s'organiser de même. » 

Éstoura, v. on Éstouri. Essuyer; sécher, rendre sec; 
dessécher et mettre à sec. 

Éstourdi, ido, adj. Étourdi; inconsidéré; léger; qui 
agit étourdiment. 

Éstourdi, v. Étourdir; causer un étourdissement: faire 
perdre connaissance par le fait d’un coup violent sur la 
tête qui cause un ébranlement au cerveau. Au fig. fatiguer 
par le brdit; ennuyer par un babil incessant; distraire 
d’une occupation par des éclats de voix. 

S'éstourdi, s'étourdir; se donner une violente commotion. 
à la tête; se faire illusion. 

Dér. de l’ital. Stordire, m. sign. 

Éstouri, v. Essuyer. — Voy. Éstoura. 

Éstouris ou Éstourisses; s. m. plur. Jaunisse, ictère; 
deux maladies qui différent peu par leurs diagnostics : 
leurs symptômes les plus saillants sont la couleur jaune de 
la peau, du blanc des yeux, des urines, et la blancheur 
des excréments. Le populaire a cent topiques plus plai- 
sants et plus ridicules les uns que les autres contre cette 
maladie. Il n'est pas impossible que la crédulité du malade, 
réagissant sur le moral, n'ait pu amener des cures qui ne 
sont dues réellement qu'à cette action morale dans une 
maladie qui, produite par la bile et ayant son siége dans 
les hypocondres, a une connexité avec le moral pareille à 
celle du spleen, qui, comme on le sait, agit dans la même 
région. — Lous éstourisses blans, les pâles couleurs. 

Il semble de prime abord que ce mot vient du lat. Ez- 
torris, banni, exilé; car la ressemblance graphique est 
parfaite; mais comment allier les acceptions si différentes 
des deux termes? Est-ce que, dans le temps, on fuyait.les 
individus atteints de la jaunisse à cause de cette couleur 
affreuse, répandue sur leur face, qui les faisait ressembler 
à une race maudite? Étaient-ils bannis de la société comme 
les ladres et les lépreux? Nous ne le savons, et nous hasar- 
dons simplement une induction. 

Éstournèl, s. m. Étourneau, sansonnet; étourneau vul- 
gaire, Sturnus vulgaris, Linn., oiseau de l'ordre des Passe- 
reaux et de la fam. des Conirostres ou Conoramphes, à 
bec conique. Cet oiseau de passage, de la grosseur d'un 
merle, ayant tout le corps d'un noir lustré, chatoyant de 
vert et de pourpre foncé, souvent tacheté de blanc, se prive 
fort bien, apprend à répéter des airs et même à parler. 

Au fig. Éstournèl se prend pour nigaud, homme sans 
jugement et sans tête. — Lous éstournèls én troupo soun 
pas grasses, prvb. Cela se dit des familles trop nombreuses 
ou du bétail trop considérable pour le pâturage. 

Dér. du lat. Sturnus, m. sign. 


328 - ÉST 

Éstrado, s. f. Estrade; tréteau; trottoir. — Batre l'és- 
trado, tenir la campagne; courir les grands chemins. 

Dér. de l'ital. Strada, chemin. 

Éstragoun, s. m”. Estragon, Artemisia dracunculus, 
Linn., plante de la fam. des Composées Corymbifères, po- 
tagère, à vertu anti-scorbutique, dont on aromatise le 
vinaigre en l'y faisant macérer. 

Dér. du lat. Dracunculus, de Draco. 

Éstrangla, v. Étrangler; presser le gosier au point d’in- 
tercepter la respiration; étouffer ; suffoquer. — Ës huroùs 
coumo un chi quan s'éstranglo, il est heureux comme un 
chien qui s’étrangle, dit-on d'un pauvre hère à qui rien ne 
réussit. 

Dér. du lat. Strangulare, m. sign. 

Éstrangladoù, s. »m. Chemin fort étroit; ruelle à pli de 
corps; coupe-gorge. 

Éstranglo-chi, s. ”m. Colchique, safran bâtard, Cofchi- 
cum autumnale, Linn., plante de la fam. des Colchicacées. 
On l'appelle vulgairement : Tue-chien ou mort aux chiens. 
Sa racine est un poison violent surlout pour les chiens. De 
là son nom. 

Éstrangoula, v. Dim. de Éstrangla. Se dit d’un vête- 
ment quelconque trop juste qui met le corps à la torture, 
ou d’un animal qui avale une bouchée de travers. 

Éstranje, anjo, adj. Étrange, extraordinaire; qui est 
contraire à l'usage, au sens commun, aux convenances. 

Éstranje, au masc. seulement et pris substantivement, 
signifie aussi : pays étranger. — És ana din l'éstranje, il 
est allé en pays étranger, hors de France. 

Dér. du lat. Extraneus, étranger. 

Éstranjè, jèiro, adj. Étranger; qui est d’un autre pays 
que celui où il se trouve actuellement; qui n’a aucun rap- 
port avec la société, avec l'endroit dont il est question; 
qui est étranger à la conversation, à l'affaire dont on traite. 
— Lous éstranjès, les troupes étrangères de l'invasion. 

Dér. du lat. Extraneus, m. sign. 

Éstras, s. m. Au plur. Éstrasses. Dégât; débris; reliefs 
d’étoffe, ou de mets, qu'on laisse perdre. — Laïsso tout à 
l'éstras, il laisse tout se perdre, se gâter, s’avarier. Baïla 
à éstras dé mérea, donner à vil prix, gâter le marché; 
mévendre. 

Dér. de Éstrassa. 

Éstras, s. m., au plur. Éstrasses. Capiton: résidu des 
cocons qui reste avec les chrysalides quand on en a filé la 
soie; résidu trop peu consistant pour fournir un brin. Pour 
profiter cette substance, chaque fileuse, à la fin de la jour- 
née, fait bouillir à gros bouillons dans sa bassine les chry- 
salides revètues de cette légère pellicule qui les recouvre : 
en les battant avec son balai, elle en fait tomber les chry- 
salides ; il en résulte un réseau de filasse grossière qu’on 
appelle Éstras, que l’on carde et dont on fait un fleuret 
grossier. 

Éstrassa, v. Perdre; gâter ; gaspiller; laisser se perdre, 
se gâter. — Aquél ouvrage és éstrassa, c'est un ouvrage 





EST 

gâté, gâché. Éstrassa lou pan, laisser perdre le pain. Cé 
qué s'éstrasso, proufito pa'n déngus, dicton plein d’une 
sage et charitable économie : le bien qui se gâte, qui se 
perd, ne profite à personne, pas même aux pauvres. Au 
fig. Éstrassa sa marchandiso, vendre à vil prix, gâter le 
métier. Aquélo fio s'és bièn éstrassado, cette fille a bien gâché 
son avenir par son mariage, elle pouvait trouver beaucoup 
mieux : cela se dit seulement par rapport à la fortune et 
à l'alliance. Æstrassa lou mdou, se distraire d’une souf- 
france, soit par une occupation agréable, soit par un travail 
sérieux et qui préoccupe entièrement l'esprit. Éstrassa un 
lagui, tromper le chagrin, s’étourdir sur ses malheurs. 
Anën, anén! fôou éstrassa tout aqud, allons, allons! il 
faut oublier ce sujet de discorde, mettre cette injure sous 
les pieds. Y-a pas rés qué s'éstrasse, il n’y a pas tant à se 
récrier, il n’y a rien de trop. Æs bravéto, pamén y-a pas 
rés qué s'’éstrasse, cette fille n’est pas mal, mais il n’y a 
pas de quoi tant crier : venez-y voir. 

Dér. de l'ital. Etraziare, maltraiter, outrager; prodi- 
guer. 

Éstrassaïre, aïro, adj. Péjor. Ésfrassaïras, asso. Pro- 
digue; dissipateur; qui n’a pas d'ordre; qui laisse tout 
perdre, tout gâter. 

Éstrasso-lénçôou, s. m. Paresseux; qui passe son 
temps au lit; qui se lève tard. 

Éstrasso-parâoulo, s. m. Diseur de riens; qui parle 
toujours pour ne rien dire. 

Éstrasuia, v. Éblouir; fatiguer la Vue; appesantir la vue; 
donner cette espèce de berlue ou de lourdeur de paupières 
que l’on éprouve le soir quand on succombe au sommeil, 
et lorsqu'on vous réveille en sursaut. 

Formé du lat. Extrà, dehors, au-delà, et du fr. OEt, 
qui d’après le génie languedocien devrait se prononcer UL : 
c’est proprement, aveugler. 

Éstravagan, ganto, adj. Extravagant ; fou, bizarre. 

Ce mot, qui nous vient du fr., est formé du lat. Extrà, 
en dehors, et Vagari, être errant, vagabond. Peut-être a- 
t-il été pris tout fait du lat. Extravagantes, qui étaient 
des lois romaines, jetées çà et là dans la jurisprudence et 
non contenues dans le Corpus juris de Justinien? Ces lois 
et ordonnances dont la bizarrerie les aurait fait exclure, 
auraient bien pu former l'adj. Extravagant, dans son ac- 
ception plus étendue. 

Éstravaganço, s. f. Extravagance; état de l'âme qui 
extravague; action ou discours hors de raison. — Dis pas 
Ou faï pas qué d'éstravaganços, il ne dit ou ne fait que des 
extravagances. 

Éstre, v. Être. — Parfois il fait aussi Rèstre. L'intro- 
duction de RÀ, consonnance forte et rude, est fréquente 
dans la langue d'Oc: elle ne déplait pas à son génie, On la 
remarque dans la formation de bien des noms propres 
dans des mots où rien ne semblerait devoir l'appeler, puis- 
qu'ils ne traduisent que des formes romanes ou de la 
moyenne latinité qui ne l'avaient pas admise, et par ex. 








ÊST 


dans les reproductions des désinences en anicæ, enicæ, 
onicæ, latines, pour anègues, énèques, onèques, devenues 
ensuite ange, enge, onge, anche, enche, agné, ègne, ogne, ete., 
et enfin fixées en argue, ergue, orgue. Ce doit Ôtre en vertu 
des mèmes propensions qu'elle apparait ici, avec cette 
circonstance qu'elle se place au commencement du mot et 
d'un verbe très-fréquent. Serait-ce pour éviter un hia- 
tus quand le mot qui précède finit par une voyelle non 
élidée? Serait-ce pour imprimer une sorte d'énergie plus 
sentie à la phrase? Toujours est-il qu'elle ne peut être 
considérée que comme euphonique et n'appartenant en 
propre qu'à notre langue; et sa présence n’en est pas moins 
très-remarquable et originale. Au reste il faut remarquer 
encore que cette forme avec R initial n'existe qu'à l'infinitif : 
elle ne produit dans aucun autre temps du verbe. 

Éstre ou Rèstre est un des verbes auxiliaires en lang. 
comme en fr. Il est irrégulier, a dit un savant grammai- 
rien, dans la plupart des langues indo-européennes, c.-à-d. 
qu'on emploie plusieurs verbes différents, défectueux, 
chacun dans quelques-uns des temps, pour composer le 
système général de conjugaison de ce verbe. — Dé qué li 
sès? Qu'êtes-vous pour lui? A quel degré êtes-vous parents? 
Li souï pas rés, je ne suis pas parent avec lui. 

-, Dér. du lat. Esse, sum, fui. 

Éstré, éstrécho, adj. Dim. Éstréché, éto; Éstréchoù, 
ouño. Étroit. — Voy. Désiré. 

- Dér. du lat. Strictus, m. sign. 

Éstrécési, ». Rétrécir. — Voy. Déstrécési. 

Éstréma, ». Renfermer; serrer; mettre à l'abri; mettre 
dedans les récoltes et tout ce qui souffrirait au dehors des 
intempéries ou des voleurs. — Éstréma-vous, rentrez, 
mettez-vous à l'abri. Éstréma un chival, faire rentrer un 
cheval à l'écurie. Las cagardoulos éstrèmou lus banos, les 
escargots rentrent leurs cornes. Low sourél s'éstrèmo, le 
soleil se cache dans les nuages. On dit d’un gros mangeur : 
Patira pas aquéste hivèr, éstrèmo fogo pasturo, il ne souf- 
frira pas de besoin cet hiver, il fait bonne provision de 

 Dér.du lat. Extremus, dernier, le plus reculé; parce 
qu'au sens propre, Éstréma signifie serrer avec soin, ren- 
fermer dans le coin le plus secret, le plus reculé de la 

Éstréna, v. Donner des étrennes au jour de l'an; donner 
le pour-boire ou les épingles aux servantes d’auberge, aux 
postillons, aux garçons d'hôtel; mettre pour la première 
fois un objet d' habillement ou de toilette; donner l'étrenne 


à un marchand, être le premier à lui acheter un article ou 


le premier chaland de la journée; avoir le premier usage 
d’une chose. 

= Éstréno, s. f. Étrenne; libéralité, gratification aux gens 
. que l'on emploie ordinairement; premier argent que reçoit 
un marchand; premier usage que l'on fait d'une chose. — 
Las éstrénos, les étrennes du jour de l'an. N'aï agu l'és- 
_ tréno, j'en ai eu les prémices. Diou vous done bono éstréno, 





ÉST 329 


dit-on à un marchand : que Dieu vous envoie des cha- 
lands. 

Dér. du lat. Strena, m. sign. — Ce mot lat. vient du 
nom Strenua, déesse de la force; parce que des branches 
coupées dans une forêt consacrée à cette divinité, furent 
offertes le premier jour de l'an à Tatius, roi des Sabins, 
qui partagea le trône de Rome avec Romulus. Ce prince 
les reçut comme un heureux augure, et en autorisant cette 
coutume pour l'avenir, il voulut que le nom du présent 
qu'on se ferait à cette époque de l’année en rappelât l'ori- 
gine. 

Éstria, v. Étriller un cheval, le frotter avec l'étrille. Au 
fig. battre; rosser; rouer de coups; étriller les épaules de 
quelqu'un. 

Dér. du lat. Strigilare, m. sign. 

Éstriado, s. f. Raclée; volée de coups; correction ma- 
nuelle. 

Éstricado, s. f. Traite; parcours; temps de marche, — 
Y-a’no bono éstricado, il y a une bonne traite, Y anaraï 
d'uno éstricado, j'irai tout d'une traite. 

Dér. du lat. Extricare, dépècher une affaire; s'en dé- 
barrasser. 

Éstrigougna, v. Tirailler; trainer; tirer par les habits 
ou par le bras; secouer; houspiller. — Voy. Trigoussa. 

Dér. peut-être du lat. Extringere, serrer fortement : 
Éstrigougna est d'évidence un réduplicatif qui augmente 
l’action. 

Éstrigougnado, s. f. Tiraillement; action de tirailler, 
de déchirer les habits de quelqu'un en le tiraillant. 

Éstriou, s. m. Étrier, anneau de métal suspendu de 
chaque côté de la selle et servant d'appui au pied du cava- 
lier. — Tène l'éstriou à qudouquus, tenir l'étrier; servir 
de marche-pied; aider quelqu'un à parvenir, lui prêter la 
main; être son complice. 

Dér. de la bass. lat. Strivarium ou Streparium, m. sign. 

Éstripa, o. Déchirer; mettre en pièces, en loques; essarter 
un champ; défricher; étriper; arracher les entrailles à un 
animal, éventrer. — On dit par antiphrase, Éstripo- 
vèsto, d'un homme très-maigre qui ne peut remplir ses 
habits. 

Ce mot peut venir de la particule extractive Es et de 
Tripo, boyau, c.-à-d. extraire, arracher les boyaux. Dans 
le sens de défricher, il peut venir du lat, Ex et Stirps, sou- 
che, arracher les souches. Il reste à savoir dans les diver- 
ses acceptions quelle est celle qui a été usitée la première. 
- Éstripaduro, s. f. Déchirure ; accroc. 

-Éstrivièiro, s. f. Étrivière, courroie double qui soutient 
l'étrier. — Douna las éstriviètros, donner les étrivières, 
frapper, fustiger avec les étrivières ou autrement. Cette 
expression vient sans doute du moyen-âge où les chevaliers 
corrigeaient les fautes de leur pages et varlets à coups d'é- 
trivières. 

Éstron, s. m. Dim. Éstrouné; péj. Éstrounas. Étron, 
matière fécale. — Se dit aussi comme terme injurieux et 

4. 


330 ÊST 


très-bas, appliqué à un enfant, à un jeune homme qui fait 
des embarras, des traits méprisables. 

Éstrouncha, v. Étronçonner les branches d’un arbre; 
couper la cime d’une plante ou l'extrémité supérieure de 
tout autre objet. — És/rouncha lous pèous, diminuer la 
longueur d’une mèche de cheveux. 

Dér. du lat. Truncare, rogner, couper par le bout. 

Éstroupia, v. Estropier; casser un membre, le blesser, 
l'atrophier; gâcher un ouvrage; altérer un mot, une pensée, 
la langue. 

Dér. de l'ital. Stroppiare, m. sign. 

Éstru, s. m. Félicitation; compliment à l'occasion d’un 
heureux évènement. 

Éstruciou, s. f. Instruction pastorale, sermon familier 
à la portée du peuple; instruction analytique que les caté- 
chistes font sur le catéchisme aux enfants. 

Il y a telles personnes grossières qui vont jusqu'à faire 
de ce mot celui de Déstruciou : c'est de l’'hydrophobie 
archi-franchimande, que nous n’adopterons jamais : rien 
ne compromettrait plus sûrement la cause si belle du lan- 
guedocien, que d'insérer dans sa nomenclature ces variantes 
barbares. 

Éstruga, »v. Complimenter, féliciter quelqu'un sur un 
évènement heureux. — Vous éstrugue d'un fil, je vous 
félicite sur la naissance de votre fils. 

Ce mot et sa racine appartiennent au dialecte provençal ; 
mais ils ont percé jusqu'à nous. La popularité des poésies 
de l'abbé Favre et des Noëls plaisants de Saboly nous l’ont 
importé. 

Sa racine parait être le lat Strues, sorte de gateau dont 
on faisait oblation en actions de grâce. 

Éstrui, éstruicho, adj. Instruit; habile; savant; qui 
a de l’acquis. 

Corrupt. du fr. Instruit. 

Éstrumén, s. m. Instrument de musique. — Ce mot, 
emprunté au fr., ne s'emploie guère que dans cette phrase 
ironique : La lénguo és un poulit éstrumén, la langue est 
un instrument bien habile, que l’on adresse à un individu 
gascon et vantard : c’est lui dire que toutes ses bravades 
ne vont pas plus loin que le propos. 

Éstudia, v. Étudier; tâcher d'apprendre par cœur; ap- 
pliquer son esprit aux sciences; penser; réfléchir. — Dé 
qu'éstudies aqui, choutaras? qu'as-tu à bayer aux corneilles, 
nigaud ! 

Dér. du lat. Studere, m. sign. 

Éstudian, $. m. Étudiant ; écolier; jeune garçon qui fait 
ses études. 

Éstudie, s. m. Étude; cabinet d’un notaire, d’un avocät, 
d’un avoué, d’un homme de lettres, etc. 

Éstui, s. m. Étui. — Nous n’ajoutons rien pour une 
définition, et ce n’est qu’à regret que nous insérons ici et 
seulement pour mémoire, un mot que désavouerait un vrai 
languedocien, mais que le français a imposé à nos nova- 
teurs, parmi lesquels il a cours journalier. Pour nous, nous 





ET 


nous renfermerons, pour notre usage, dans son correspon- 
dant pur-sang Cargué. 

Néanmoins, qu'il soit bien entendu que, dans cette objur- 
gation, il ne s'agit que d’étui de couturière, qui ne peut 
avoir d'autre nom que Cargué; quant aux autres accep- 
tions du mot Étui, il faut bien l’accepter du fr., ne serait- 
çe que pour rendre Éstui dé lunétos. 

Éstuvo, s. f. Étuve; lieu qu'on échauffe pour faire 
suer. 

Dér. de Atuba, allumer. 

Et, conjonction copulative. Et. — En lat. Et; en ital. E, 


\ ed; en ancien esp. Ë, aujourd'hui Y;en port. E. Dans le 


plus vieux des titres de notre Hôtel-de-Ville, la charte 
romane d’Alais de 4200, cette conjonction est écrite E; les 
troubadours l’écrivaient de même par un E seul; Sauvages 
et bien des auteurs anciens et modernes de la langue d'Oc 
n’emploient pas d'autre forme. On prononce Ë, é grave, 
ouvert, sans jamais faire sentir le T final, quine sonne 
point et ne fait aucune liaison, non plus que dans le fr: 
avec le mot suivant, même commençant par une voyelle. 

Pourquoi cependant adoptons-nous une orthographe 
contraire à ce principe qu'en languedocien il n’y a point 
de lettre inutile, qui ne doive se prononcer, qui ne garde 
sa valeur? Pourquoi ne pas suivre tant de modèles : assu- 
rément fort recommandables et qui font autorité? 

C'est une exception pour laquelle nous 'n'attendions que 
le moment de demander grâce ; et elle a, nous l’avouons, 
d'autant plus besoin d’indulgence que, si notre conjonction 
Et eût été soumise à la configuration romane par Æ simple 
surmonté d’un accent grave, sa consonnance était main- 
tenue et sa signification ne perdait rien. Voici pourtant les 
raisonnements auxquels nous nous sommes laissé prendre. 

Dans de précédents articles nous avons déjà expliqué 
comment nous entendions l'orthographe languedocienne, et 
d'après quels principes il lui était imposé de se diriger. 
Nous faisons ici encore de l’éclectisme, et nous nous gar- 
derions bien de rompre avec les traditions. Mais, avant 
tout, la manière d'écrire les mots qui nous parait préfé- 
rable sera toujours celle qui, sans blesser le génie parti- 


culier de notre idiome, s'écarte le moins des habitudes der 


lecture et d'écriture familières dès l'enfance au plus grand 
nombre, par conséquent la plus accessible à tous. 

Notre langue n'entend point sans doute descendre au 
rang de patois du français, elle qui, même pour consentir 
à entrer quelquefois en commerce avec lui, prend un soin 
si minutieux d'imprimer à ses emprunts sa marque propre 
et originale. Néanmoins, nous avons beau protester, elle 
n'en subit pas moins les influences et l'invasion. Faute 
d’avoir pu rester maitresse d’elle-mème et se gouverner 
par son génie; faute d’une législation et d’une charte, 
c.-à-d. d'une orthographe et d’une syntaxe incontestées, 
auxquelles les dissidences pussent être toujours ramenées 
et soumises, elle s'est abandonnée et s’est laissée souvent 
entrainer hors de ses voies; si bien qu'un usage sans sanc- 


nn. 


UE SU EST 





ET TE ES 





ET 


tion est devenu le seul maitre et l'unique règle. Mais encore - 


ce tyran capricieux, qui procédait plus d’instinet que de 
logique, était-il toujours bien saisissable dans ses volontés ? 
Nullement : chaque auteur avait son système et en préco- 
nisait l'excellence avec un droit égal. Force est donc aujour- 
d'hui, sans autre autorité que l'usage mal défini, pour se 
maintenir dans une certaine régularité rationnelle, d'adopter 
d’abord bien des procédés orthographiques de notre voisin, 
puis de représenter les mots comme nous les articulons au 
moyen de signes et de combinaisons qui n’appartiennent 
point en propre à la langue d'Oc, admise seulement au 
partage. Notre méthode d'écrire trouve là une première 
justification. : 

Mais tout n'est pas dit. Les dialectes de la langue d'Oc 
sont nombreux, et quelles facilités ils ont eues de prendre 
leurs franches coudées, il est plus naturel de le concevoir 
que d'en mesurer la licence. Chacun a apporté sa pierre 
à l'édifice, et personne n'était là pour apprécier la qualité 
des moëllons et diriger la pose. Tout est entré un peu 
pêle-mêle; et là où manquait un contrôle sévère pour 
vérifier la légitimité des droits, la possession devait finir 


évidemment par valoir titre. 


Ce travail d’envahissement n’a jamais cessé ; le purisme 
des fidèles à crié à la profanation : ces apports, malgré 
tous les scrupules, ont fini par s'impatroniser. Nos con- 
structions de phrase, par exemple, à quelques rares excep- 
tions près, et nous ne nous épargnons pas à les relever, 
ont abandonné leur originalité romane qui, mieux que le 
français, rappelait le type latin, et elles se sont formées 
sur l'étalon d'outre-Loire. C’est cette similitude de con- 
structions qui nous a forcé d'emprunter au français tous 
ces liens, tous ces ciments de la phrase que l’on nomme 
adverbes, prépositions et conjonctions surtout. Les trois 
quarts en effet de nos conjonctions sont purement et stric- 
tement françaises : Et, Ni, Coumo, Quand, Mais, Pas, etc. 
De mème pour un autre genre de mots, substantifs ou 
temps de verbes, la plupart monosyllabiques, qui ont 
amené des liaisons inconnues au languedocien, et dont il 
est nécessaire de tenir compte : nous les signalerons. 

Nous aurons à revenir là-dessus à mesure que la cir- 
constance le fera, et aussi peut-être à réclamer en leur 
faveur des exceptions et des tolérances. Abrégeons, en 
attendant, le douloureux chapitre des concessions pour 
rester en présence de l'obligation imposée à notre lexique, 
et des perplexités qui ont dù l'assaillir, au moment de se 
faire un système orthographique au milieu de tant de di- 
vergences. 

Tout d’abord, avec un idiome dont la mélodie est l'âme 
et la base, chaque mot doit être figuré par une notation si 
précise qu'elle contraigne à l'épeler comme il doit être 
entendu pour avoir et représenter le sens vrai: l’ortho- 
graphe auriculaire, phonétique s’érige donc en principe. 
Puis, si l'on considère les circonstances, le milieu dans 
lesquels un lexique de cette langue va apparaître, où il est 





. ET 331 


appelé à vivre, n'est-il pas évident qu'il est destiné surtout 
à des lecteurs qui ont fait toutes leurs études de lecture 
dans le français et sur le syllabaire et l'alphabet français ? 
Il ne s’agit pas ici d'abdication pour la langue d'Oc, ni de 
faire acte d'humiliant vasselage envers un rival : toute 
la question est de la maintenir dans son rôle littéraire, et 
de donner à ses compositions, à son langage usuel, les 
moyens les plus sûrs de se faire comprendre et de conser- 
ver son caractère original. IL importait encore à ce point 
de vue de ne pas contrecarrer des habitudes venues de 
l'école à la grande masse de ceux qui ont à consulter des 
livres languedociens. Tous ces intérêts expliquent suffi- 
samment notre méthode. 

Or, nous avons dû conclure de là que notre lexique, 
pour être au courant du mouvement linguistique dans 
notre pays, était tenu de reproduire les innovations et les 
apports qui ont enrichi la langue, en plus grand nombre 
que n’a fait et n’a voulu faire l'abbé de Sauvages, soit 
parce qu'il fallait être plus complet, soit parer que la 
foule des vocables, nouveaux venus depuis Sauvages, est 
plus considérable que de son temps. Mais nous avons été 
amené à cette autre déduction que la prononciation de 
chaque mot, pour en obtenir l'intelligence, devait être 
représentée par les lettres admises partout, avec leur 
valeur consacrée par la pratique, constituant le son et la 
cadence, ces principes essentiels de notre idiome musical. 

Les risques que courait notre dialecte à se rapprocher 
en cela de l'orthographe française ne nous ont point frappé. 
Il semble qu'il n’y a pour lui au contraire que des avan- 
tages à recueillir et que son génie n'en est nullement 
blessé. 11 demande à être bien lu pour être bien compris, 
à tre bien épelé pour être bien prononcé et cadencé : 
la configuration visuelle, saisissante, facile de ses vocables 
par l'alphabet français, le seul connu, ne leur enlève ni le 
signe, ni le cachet du crü, ne les dénature point: ily a 
convenance à se servir des moyens les plus simples et en 
même temps les plus commodes. | 

Ces considérations devaient nous décider, La première 
des conjonctions dont nous avons à traiter, et la plus fré- 
quente sans contredit, appelait ces remarques générales qui 
préviendront les redites, et leur raison fera comprendre 
leur utilité. 

Comme en français, notre conjonction Et s'écrira en 
deux lettres et se prononcera sans faire sentir le T final: 
comme en français aussi, ce dernier T ne formera point de 
liaison avec le mot qui suivra. Cette configuration ne sur- 
prendra pas le lecteur, et une fois expliquée ne peut 
porter aucun trouble, ni causer la moindre hésitation, 
pour être prononcée comme en français. Dans l'intérêt 
d'une prompte intelligence de la phrase écrite, l'exception 
nous parait devoir être acceptée, et elle sera tout à fait 
légalisée, quand nous aurons rappelé qu'elle a été intro- 
duite, sans soulever un reproche, dans les Castagnados. Le 
modèle est toujours bon à suivre. 


332 F 


Évangile, s. m. Évangile; partie de l'évangile qu'on 
récite à la messe. 

Dér. du lat. Evangelium. 

Évéia, évéiado, adj. Éveillé; vif, alerte; gai; espiègle. 

Évéjo, s. f. Envie. — Voy. Énvéjo. 

Évéjoüs, ouso, adj. Dim. Évéjousé, éto; Évéjousd, oto. 
Envieux. — Voy. Énvéjoùs. 

Évès, évèsso, adj. Couché sur le dos; à la renverse. 
— Ne s'emploie guère que dans ce dicton : S'aparo coumo 
un cat évès, il se défend des griffes et des ongles. 

Dér. du lat. Eversus, renversé. 

Ézan, adj. mase. Exempt; exempté du service militaire 
par le conseil de révision. 

Mot nouveau : mais il est facile de voir comment cette 





FA 


idée et beaucoup d’autres du même genre ont pris place 
dans le langage populaire. 

Ézanciou, s. f. Exemption; cas, motif d'exemption. 

Ézanti, v. Exempter, dans le sens du recrutement : dans 
tout autre, préserver; défendre. — Sé moun ‘capèl m’aviè 
pas ézantè lou co, si mon chapeau n'avait pas paré le 
coup. 

Ézate, ézato, adj. Exact; parcimonieux; qui exige ri- 
goureusement tout ce que la légalité lui accorde; qui par- 
tagerait un poil en deux pour en avoir sa quote-part. 

Ézémple, s. »m. Exemple; modèle d'écriture. 

Pr'ézémple, par exemple. — Se dit quelquefois interjec- 
tivement : Ahk/ pr'ézémple! Ah! pour le coup! 

Ézinla, ado, adj. Exilé; proserit ; banni. 


F 


F,s./f. F, sixième lettre de l'alphabet et quatrième 
des consonnes. Se prononce dans l’épellation languedo - 
cienne Éfo, et prend le genre féminin. 

La classification grammaticale des consonnes range F 
parmi les Labiales, aspirée forte, parce que, pour la pro- 
noncer, dit un savant grammairien, « la lèvre inférieure 
se retire sous les dents incisives supérieures qu'elle presse 
avec quelque force, et ne laisse qu’une très-petite ouver- 
ture des deux côtés de la bouche vers les dents canines ; 
l'air, chassé des poumons avec une certaine énergie, s’é- 
chappe avec vitesse par ces deux issues, en produisant 
une sorte de souffle assez fort, dont le bruit est tout à fait 
semblable à celui que fait entendre un chat qu’on irrite. » 

La disposition de l'organe buccal reste à peu près la 
même, quoique avec un amoindrissement sensible et plus 
de faiblesse, pour la labiale aspirée faible V; et c'est ce 
qui explique pourquoi entre lettres ou consonnes de même 
organe, la permutation se fait assez volontiers, Mais comme 
nos dialectes n'ont pas, comme le fr., des mots terminés par 
F, cette permutation n'apparaît qu'au féminin ou dans les 
composés, où une terminaison adoucie peut trouver place ; 
et de plus, comme il est rare qu’une forte se change en 
faible, tandis que la permutation contraire est plus fré- 
quente, il en est résulté que, dans les recherches étymo- 
logiques, on n’est pas surpris, à propos de notre consonne, 
de rencontrer, par exemple, le lat. Vivus, donner vif au 
fr. m., et au lang. Viou, faisant Vivo au fém., et de voir 
Nôou, de Novus ou Novem, en fr. neuf, donner au fém. 
Novo ; bidou de bos, bovis, en fr. bœuf; etc., et aussi 
vices, lat. faire en lang. Fés, en fr. Fois; Vervex, lat. 
Fédo, lang. etc. Mais une autre transformation de F se 





rencontre encore dans quelques mots de notre dialecte : 
elle est très-répétée dans l'espagnol, et dans le béarnais et 
l'armagnac : c’est celle de F en H, et vice versd. Les dis- 
positions de prononciation l’amènent naturellement par- 
tout où l'aspiration de H est plus recherchée. Nous, qui 
la cultivons moins qu'ailleurs, nous n’en pouvons offrir 
beaucoup d'exemples : cependant les mots Fartaïo, Fardos, 
Fénno, et autres que nous relevons au passage, présentent 
de curieux spécimens. 

Fa, v. Faire. Contraction de l'infinitif Faïre; dans 
d’autres dialectes Far. — Ne s'emploie pas indistinete- 
ment pour le verbe qu'il représente, mais seulement dans 
certaines locutions, sous certaines conditions, qu'il est 
impossible de préciser et de citer en règle. Pode pas fa dé 
mén qué dé.…., je ne puis me dispenser de... Ou vole pas 
fa, je ne veux pas le faire. Y vouièi pas fa mou, je n’a- 
vais pas l'intention de lui faire du mal. T'ou véow fa 
véire, je vais te le faire voir. Fa /io dé tout bos, faire feu de 
tout bois. Fa l'ase pér manja dé brén, faire l'âne pour 
avoir du son. Féou fa jo qué dure, il faut faire jeu qui 
dure. | : 

Fa, facho, part. pass. Qu v. Faïre. Fait, faite ; achevé, 
exécuté. — Ce participe n'a point de dim. ni d’augm.; 
mais quand il est pris adjectivement par une adjonction 
comme bièn fa, méou fa, il est susceptible de prendre 
l’un et l’autre : Aguël drole és bièn faché din touto sa pér- 
sounéto, cet enfant est très-bien pris dans toute sa petite 
personne. Aquél home és mdou fachas, cet homme est 
vilain et mal fait. 

Le prvb. dit: Éntre lou fa et lou di y-a cént lègos dé 
cami, entre la promesse et l'exécution, entre la parole et 








CT ES 7 Ve 317 








FAB 


J'action, il y a cent lieues de chemin. Ni fa ni fa, rien de 


fait; je retire ma proposition ; tout marché est rompu entre 
nous : espèce de formule sacramentelle. 

Dér. du lat. Factus, facere. 

Fabiargue, s. m. n. pr. de lieu. Fabiargues, hameau 
de la commune de Saint-Ambroix (Gard). Autrefois, dans 
un cartullaire de la seigneurie d’Alais, en 4345, il était 
appelé Mansus de Fabayranicis. Le roman lang. était 
conduit par là à Fabayranèques, qui a donné le mot actuel 
par les transformations déjà expliquées sous le suffixe 
Argue. Ce nom est le même avec évidence que celui de 
Favédo; mème racine, même origine, mème signification. 
— Voy. Favédo. 

Fablo, s. f. Fable; apologue. — Le languedocien cite 
souvent des traits pris dans les fables de La Fontaine : 


_+Aqud’s éscri din la fablo, c'est écrit dans le fabuliste. La 
. Fontaine a un tel crédit dans l'opinion du peuple, non 


pour les faits qu'il rapporte, mais pour la leçon morale 
qu'il en déduit, que ses maximes sont citées comme arti- 


cles de foi, et qu'on dit de ses œuvres comme de la Bible : 


. c’est écrit. 


Dér. du lat. Fabula, m. sign. 

Fabrariè, s. f. n. pr. La Fabrerie, nom d’une rue 
d’Alais, parallèle à la Grand’rue . 

Ce nom, comme tant d’autres noms de rues, dérive de 
l’époque où les différents métiers étaient cantonnés chacun 
dans un quartier spécial ( V. Bouquariè); celui-ci était le 
quartier des forgerons, qui se nommaient Fabres. 

IL est singulief qu'on dise: Démoro én Fabrariè, véou 
én Fabrariè, il habite la rue Fabrerie, je vais à la rue 
Fabrerie; tandis qu'on ne se sert pas également de la prép. 
én pour les autres rues qui ont une origine semblable. 
Ainsi on dit : à la Téïssariè, à la Bouquariè, et non én 
Téïssariè, ên Bouquariè; on dit aussi: ér Sabatariè et 
non à la Sabatariè; én cariètro Drécho, én cariètro Bâou- 
bèlo, et non à la carièiro Drécho, à la carièiro Béoubèlo. 
Ce sont là de ces anomalies dont on ne saurait rendre 
compte, mais que l'usage prescrit impérativement . 

Fabre, n. pr. m. Au fém. Fabrésso; dim. Fabroù, 
Fabrouno. Fabre et Favre. 
Ce nom n'est plus qu'un n. pr. : il signifiait autrefois 
taillandier, dér. du lat. Faber, artisan. Le for- 
geron se disait en lat. ferrarius faber; on à supprimé 
mas et cet ouvrier est resté faber par excellence. 

Fabrégo, n. pr. d'homme et de lieu. Au fém. Fabré- 
guésso; dim. Fabrégoù, Fabrégouno. Fabrègue. 

Dér. du lat. Fabrica, fabrique; nom qui plus tard à 
signifié exclusivement Forge, atelier de forgeron. 

Fabriqua, ». Fabriquer ; faire certains ouvrages manuels . 
Au fig. et par ext. inventer; imaginer; intriguer; tatil- 
lonner; tramer quelque chose en cachette. 

Fabriquan, quanto, adj. Fabricant, celui qui fabrique 
ou fait fabriquer. Au fig. tatillon; intrigant; qui aime à 

se mêler de tout, à fourrer le nez dans tous les secrets. 





FAC 333 


Fabriquo, s. f. Fabrique; manufacture; principalement 
dans ce pays, moulin à soie. — És à la fabriquo, elle est. 
occupée au moulinage de la soie. Aquélo histouèro és dé la 
fabriquo, c'est un conte de votre fabrique, de votre inven- 
tion. 

Dér. du lat. Fabrica, Fabricare, m. sign. 

Facha, ». Fâcher; faire de la peine; donner de l'hu- 
meur; choquer; chagriner. 

Sé facha, se fâcher; se mettre en colère; témoigner de 
l'humeur; se chagriner. 

Dér. du lat. Fascis, charge, fardeau. 

Fachignè, ignèiro, s. m. et f. Sorcier, magicien, qui 
donne ou jette des sorts, et non devin : c’est le Jettatore: 
ital. — Quelquefois on l’adjective : Un régar fachignè, 
un regard qui fascine; un mauvais œil. 

Dér. du lat. Fascinare, fasciner, ensorceler. 

Facho, fém. du part. pass. Fa. — Voy. Fa. 

Fachoüs, ouso, adj. Fàcheux, en parlant des choses et 
non des personnes; désagréable; malheureux. — Aqud 
mé séquè dé fachoùs, cela me fat très-désagréable, ce fut 
un soufllet pour moi. Cette part. dé, qui est là une com- 
plète superfétation, est tout à fait du génie particulier du 
languedocien, el comme elle se reproduit en mille circon- 
stances où elle joue un rôle à peu près aussi inutile, on 
peut la considérer comme une constante protestation contre 
le fr., alors qu’on est obligé de lui emprunter une locu- 
tion. 

Facinle, inlo, adj. Péj. Facinlas. Facile, aisé, qu'on 
peut faire sans peine, sans efforts, en parlant des choses : 
lorsqu'on parle des personnes, on ne s’en sert qu'au péjo- 
ratif : Aquélo drolo és facinlasso, cette jeune fille prête 
une oreille trop docile, trop facile aux amoureux; elle est 
aisée à séduire, à amener à mal. 

Dér. du lat. Facilis, m. sign. 

Facios, s. f. plur. Figures d’un jeu de cartes, roi, dame 
et valet; faces des cheveux, c.-à-d. cheveux au-dessus des 
tempes. 

Dér. du lat. Facies, face, figure. 

Faço, s. f. Face; visage; partie antérieure de la tête, 
d'un édifice. — Dé faço, en face. Soun oustéou mé faï 
fago, sa maison est vis-à-vis la mienne. 

Autrefois on disait Facio, mot qui n’est plus consacré 
que dans l’acception de l’article précédent : c'est une des 
nombreuses dégénérescences que nous fait subir le fr. 

Dér. du lat. Facies, m. sign. 

Façoun, s. f. Façon; manière de faire une chose; 
manière dont elle est faite: façon d'agir, de parler, de 
vivre; tour convenable: prix de la main d'œuvre sans 
égard à la nature de la matière. — Dé façgoun qué…, de 
sorte que. Sans fagoun, sans façon, naturellement, sans 
gène, sans hésitation. Y-més bièn la façgoun, il tourne 
agréablement la chose, il la présente convena blement, ou 
il y prend peine. 

Au plur. Façouns se prend comme en fr. pour : façons, 


334 FAD 


manières affectées, un peu minaudières; civilité, recherche 
dans les procédés. — Fagués pas tant dé fagouns, ne faites 
pas des façons, ne vous faites pas prier. Ak/ qué diable 
tant dé fagouns ! C’est assez faire de façons et de grimaces! 

Dér. du lat. Factio, action, manière d'agir. 

Façouna, v. Façonner; donner un tour gracieux à un 
ouvrage; le charger d’ornementations. Au fig. façonner; 
habituer quelqu'un, lui donner de l'usage; le styler. 

Sé façouna, être maniéré ; prendre des airs, des manières 
affectées de fatuité, de minauderie, de coquetterie. 

Façounoüs, ouso, adj. Cérémonieux; qui aime à se 
faire prier; qui met trop d’apprèt et d'étiquette dans ses 
manières; affecté; qui craint toujours de paraître indis- 
cret. 

Fada, v. — Voy. Fadia, qui est mieux. 

Fade, fado, adj. Péj. Fadas. Fade; insipide; fat en- 
nuyeux et plein de roideur. 

Dér. du lat. Falcius, m. sign. dans les deux acceptions. 

Fadéja, ». fréq. Badiner; folätrer; faire l’imbécile; per- 
dre à demi la tête, extravaguer. 

Dér. de Fado, fée, dont le caractère était badin et folà- 
tre, et qui jetait des sorts : cette dernière faculté répond à 
la dernière acception de Fadéja. 

Fadéjaïre, aïro, adj. De fée, qui tient aux fées, qui fail 
comme les fées; badin, folâtre, qui aime à s'amuser. 

Fadia, ». Charmer; ensorceler, jeter des sorts; enchan- 
ter. — Quéouquo fachignièiro l'a fadia, quelque sorcière 
lui a jeté un sort. És tout fodia, il est pétrifié, il semble 
sous l'empire d'un charme. 

Dér. de Fado. 

Fado, s. f. Dim. Fadéto. Fée, être fantastique, du sexe 
féminin, qu'on suppose doué d’un pouvoir surnaturel. 

Cette fiction des fées est sans contredit la plus originale 
et la plus gracieuse des créations mythologiques du moyen- 
âge. Ces sortes de divinités jouent un grand rôle dans les 
contes, les légendes et les veillées du peuple qui en con- 
serve encore le souvenir. Il est peu de contrées qui n’aient 
leurs légendes de fées : notre charmant poèle des Casta- 
gnados à consacré à celles de nos environs, dans la Béoumo 
dé las Fados, la grotte des fées, une de ses plus touchan- 
tes, comme de ses plus mélodieuses inspirations. 

Quand on admire un ouvrage d’un fini exquis et d’une 
merveilleuse délicatesse d'exécution, on dit : Sémblo qué las 
fados y-an bouta las mans, c'est un ouvrage de fées; mais 
quand on dit: Quéouguo fado l'éoura vis, quelque fée lui 
aura jeté un sort, un mauvais coup-d’œil; ce n’est pas des 
fées de la légende dont on entend parler : c'est un retour 
vers les sorcières qu'on traduit là par Fado, à cause de la 
parité de pouvoir surnaturel de ces deux espèces si diffé- 
rentes d'ailleurs dans leurs attributs et dans leurs actes. 

Dér. de la bass. lat. Fata, m. sign. 

Quelques étymologistes font dériver ce dernier mot lat. 
du v. Fari, parler; mais il semble plus rationnel de le 
faire descendre de Fatum, destin, au plur. Fata, dont l’a- 





FAI 


nalogie avec le pouvoir et l'influence des fées est plus na- 
turelle. 

Fagô, s. m. Dim. Fagouté. Fagot; faisceau de menu 
bois, de branches, etc., charge, paquet. 

Dér. du lat. Fagus, hètre. 

Fagoutiè, tièiro, ou Faïssiaire, aïro, s. m. et f. Fago- 
teur; faiseur ou ramasseur et vendeur de fagots. — S’ap- 
plique surtout aux pauvres gens de la ville qui, les jours 
où l'ouvrage manque, vont faire des fagots de menu bois, 
soit dans les bois communaux, soit même chez les partieu- 
liers où le service des gardes-champètres n’est pas bien fait. 

Fagoutièiro, s. f. Fagotière; grenier, galetas où les bou- 
langers renferm ent leur provision de fagots. 

Faï, s. m. Au plur. Faïsses. Dim. Faïssé ; augm. Faïs- 
sas. Faix; charge; poids; fagot; paquet. — N'aï moun faï 
dé tout aqud, j'en ai par-dessus la tête. Pichà faï et bièn. 
dia, prvb. qui re vient à : Qui trop embrasse mal étreint. 
Caréja à bèles fais, transporter à dos d'homme. 

Dér. du lat. Fascis, fagot, charge. 

Faï, 3me pers. sing. prés. de l’indic. du v. Faïre. Il ou 
elle fait. — Voy. Faïre. 

Faï, s. m. Hôtre. — Voy. Faïar. 

Faïa, v. Fêler; fendre légèrement. — Uno carto faïado, 
une carte retournée dans le jeu. 

Dér. du lat. Fallere, faillir, manquer. 

Faïanço, s. f. Faïence, poterie de terre fine, émaillée et 
ordinairement blanche. 

De l'ital. Faenza, ville de la Romagne où cette poterie 
fut inventée, vers l’an 4299. + 

Faïar ou Faï ou Fâou, s. m. Dim. Faïardé. Hêtre, fau, 
fayard, fouleau, Fagus sylvatica, Linn., arbre de la fam. 
des Amentacées. — Cet arbre joue un grand rôle dans la 
poésie bucolique, soit parce que c’est sous son ombre que 
le père des bergeries place la scène de sa première pasto- 
rale, soit aussi, je m'en doute, parce qu'en fr. il rime 
admirablement à champêtre. Il est vrai que de nos. jours, 
pour cause d'abus, cette rime n’est plus admissible, au 
mème titre que celle de guerrier et de laurier. 

Ce mot est un de ceux qui se sont le mieux prêtés à des 
appellations de localités et de personnes : les variantes 
mêmes les indiquent. La raison en est simple: cet arbre 
était commun, d’une venue remarquable, d’une grande 
utilité pour les divers usages de son bois; il était naturel 
qu'il servit sous différentes formes aux désignations loca- 
les, comme le chène, le châtaignier, le frène, etc. Son 
nom celtique parait avoir été Fao, qui se rapprochait du 
lat. Fagus; aussi, sur ce radical similaire, quand il s’agit 
de dénommer un lieu, un domaine où il se trouvait en 
abondance, le suffixe collectif celtique ec = ac serrencon- 
trait au bout de concert avec le suffixe latin de collecti- 
vité acus, acum, etum, qui le représentait exactement; et 
dans la moyenne latinité se trouvent naturellement les 
noms géographiques Faiacus, Faiacum, Fagetum, traduits 
par le roman, par le languedocien et par le français en 





Es ny sd 


FAI 


Fay, Faï, Fays, Fey, elc., qui signifient, pour peu que le 
signe partitif s’y joigne, une réunion de hètres, une fou- 
telaie, lieu planté de hètres, et plus tard le nom du pro- 
priétaire de ce domaine. Les altérations, sans s’'écarter 
beaucoup, ont créé des variantes; les aptitudes ethniques 
ont fait préférer certaines formes au Nord ou au Midi, 
comme on le remarque dans tous ces noms collectifs; l'in- 
- fluence latine a plus ou moins imprimé son cachet sur telle 
ou telle dénomination à la désinence; mais la racine ap- 
parait avec une identité constante. Nous n’en citerons que 
les exemples le plus près de nous, et quelques analogues, 
pour rappeler ce que nous avons dit de la composition des 
noms propres. 

Dans le département du Gard seulement, comme noms 
de localités, montagnes ou hameaux, la Fajo, La Fage se 
trouve dans les communes de Cambo, de Cruviers-Lascours, 
de Mialet, d'Anduze, de Cézas et Cros, de Sumène; La 
Fajé, La Faget, commune de Malons-et-Elze; Lou Fâou, 
Le Fau, communes d'Aujac, de Saint-Sébastien d’Aigre- 
feuille; Lous Fdous, Le Faus, commune de Martin de 
, Corconac; et comme noms d'homme très-répandus, Faÿje, 
Fage, Fages, Faïé, Fayet, Fagé, Faget; donnant naissance 
à La Fayette, Fayel, Fayelle, Fajon, Fageon, Fayon, Fa- 
yollat, Fayolles; et sans doute à Faugières, Falguières, 
même Fargeau, d'où aussi Farjon et Fargeon; remontant 
tous également à notre Faï, Fdou, Faïar, fayard, hêtre, 
du lat. Fagus ou du celt. Fao, avec la marque plus ou 
moins profonde du suffixe de collectivité. 

De mème en fr. Fay (Sarthe), en lat. de cartulaire Faia- 
eus; Fays (Vosges), Fagetum; Les Faix (Doubs); et les 
nombreux Faux, Le Faux, Les Faux, Fay, Faye; Fey, 
Feys; noms propres de lieu, el les noms communs Foute- 
laie et Fouteau, pour la pluralité et le sujet isolé. 

Faïno, s. f. Fouine, Mustela foina, Linn.—Voy. Martro. 

Faïoü, s.m. Brandon; botte de foin, de paille ou de 
toute autre matière menue inflammable, dont on se sert à 
la campagne, après l'avoir allumée, pour transporter du 
feu d’un endroit dans un autre, pour s’éclairer pendant la 
nuit en guise de torche, et pour écarter par la fumée les 
abeilles dont on châtre les ruches ou dont on enlève le 

La pèche aux brandons, qu'on dit Pésquo à la luminado, 
se fait à la lueur de brandons composés de brins de 
bruyère sèche ou de roseaux dits Canisses : ces torches 
s'appellent Faïoù, sorte de dim. de Fat. 

Dér. de Faï, hètre, parce que c'était en général de menu 
bois de hêtre, dans nos pays où cet arbre est: por qe 
se faisaient les brandons. L 

Faire, v. Faire; agir; créer, Peine lies fabri- 
quer; composer; opérer ; exécuter, ete. — Sa signification, 
comme .en fr., est très-étendue : des exemples peuvent 
donner une idée des formes qu’il prend à ses divers temps, 
comme de l'emploi varié qu’en fait notre langue. — Fasès- 
wous-én-laï, reculez un peu; poussez-vous par côté, Faï- 





335 


t'én-gaï, rapproche-toi d'ici; serre-toi plus près. Chaguo 
jour qué Diou a fa, tous les jours de la vie. Sou-faï, sou- 
fasiè, dit-il, disait-il. Déman fara hiuè jours, il ÿ aura 
huit jours demain. Fasès voste cami, passez votre chemin. 
M'a pas soulamén di: Bèstio, dé qué fas? I n'a pas pris 
la peine de me demander si j'étais chien ou loup. Qué té 
faï faï-li, c'est le Par pari refertur des latins : œil pour 
œil, dent pour dent. À pas rés fa qué noun siègue dé faire, 
il n’a rien fait de mal; rien que de très-convenable. Aquél 
méssaje faï foço mèstres, ce valet change souvent de con- 
dition. Faï dé soun home, il fait l'important, l'entendu, le 
fier-à-bras. Faï damo, elle s'habille comme les dames. 
Faï capù, faï tartan, elle porte des chapeaux et des chäles 
comme les dames. Sé faïre émbé, hanter, fréquenter, faire 
sa compagnie de... Fat michan éstre péoure, tout vous 
bèquo, la pauvreté est une fâcheuse condition; tout le 
monde vous marche sur le pied. Faï bon pas rés séoupre, 
qu'on aprén toujour quicon, il est bon d'être ignorant, on 
apprend toujours quelque chose de neuf. Aqud mé fariè 
gdou, voilà qui me ferait plaisir. Vouè/ sé fasias lun, 
holà! si vous éclairiez un peu. Lou bla a fa d'un dès, le 
blé a rendu dix pour un. M'a fa coumo un méloun, il m'a 
trompé, flibusté comme an juif. Aquél méloun és trop fa, 
ce melon est trop fait, il est passé. L'ase d’Aoubarno sé 
faguè én manjan dé pousses, l'âne du Gascon s'engraissa 
avec de la paille. Nous fasèn bièn tard pér séména, la sai- 
son est bien avancée pour semer, je crains qu'il ne soit 
bien tard. Sé faï din l'aje, il avance en âge, vers la vieil- 
lesse. Pode pas faïre dé mén, impossible de me dispenser 
de... Dé qué faïre aqui? Que faire à cela? Faire dé mita 
partager, être de moitié. Faï uno, la lune éclaire. 

Dér. du lat. Facere, m. sign. 

Faïsséja, v. fréq. Porter à plusieurs reprises des char- 
ges à dos d'homme, le faire habituellement; exercer cette 
industrie illégale indiquée à l'art. Faïssiaïre, — Voy. €. m. 

Faïssèlo, s. f. Écuelle sans anses et percée de petits 
trous au fond, où l'on met le caillé à égoutter, et qui donne 
au fromage frais cette forme sous laquelle nous l'appelons 
Toumo. 

Dér. du lat. Fiscellus, forme à faire les fromages. 

Faïssiaire, aïro, s. ". et f. Fagotier, faiseur de fagots; 
celui ou celle qui exerce l’industrie plus ou moins licite de 
ramasser du bois mort ou vif, gros où menu, et d’en faire 
des fagots pour vendre, sans en rendre compte au pro- 
priétaire du bois. — Voy. Fagoutiè. 

Faïssiâou, s. m.ou Pagnè-lon ou Païaron, qui semble 
une corruption du précédent. Panier long, sorte de manne 
faite de côtes de châtaigners sauvages, deux fois plus lon- 
gue que large, à bords relevés, propre à porter différentes. 
charges sur les épaules. 

Dér. de Faï, faix. 

Faïssiè, s. m. Porte-faix, crocheteur, dont le métier est. 
de porter d’un lieu dans un autre les ballots de marchandise. 

Dér. de Faï, faix. 


FAI 


336 FAL 


Faïssino, s. f. Fascines pour les vers-à-soie. — On sait 
que pour ramer les vers, on emploie des brins de bruyère 
qui, s'appuyant sur la table inférieure, s’arrondissent par 
la cime et forment le berceau au-dessous de la table supé- 
rieure. Mais lorsqu'on est arrivé au dernier ou au plus 
haut étage, on ne peut suivre le même procédé, puisqu'il 
n'y a plus rien au-dessus pour fixer le haut bout de la 
bruyère. Alors on prend des fagots de sarments, ou de 
vieux élagage de müriers que l’on relie en bottes de la 
grosseur de la jambe et d’une longueur égale à la largeur 
de la table. On les place sur celle-ci à la distance d'envi- 
ron soixante-et-quinze centimètres l’un de l’autre, après 
avoir piqué dans leurs interstices des brins de bruyère qui 
s'y fixent ainsi en se tenant debout. Ce sont ces fascines 
ainsi disposées et garnies de leur bruyère qu'on appelle 
Faïssino. 

Dér. du at. Fascis, dim. Fasciculus, dans la bass. lat. 
Fazxina, botte, fagot. 

Faïsso, s. f. ou Bancèl. Terrasse ou bande de terrain 
soutenue par un mur de revêtement; plate-bande de jar- 
din. — C’est par ce procédé, fort coûteux et fort pénible 
du reste, qu'on parvient à transformer un terrain en pro- 
clivité, les flancs d'une montagne, en parcelles nivelées, 
s'étageant pour ainsi dire les unes sur les autres: seul 
moyen de retenir la terre de nos plantations et de nos vi- 
gnes, qui sans cela serait constamment ravinée et balayée 
par les grandes pluies, le terrain en étant toujours meuble 
à cause des œuvres qu'on est obligé de lui donner. La plu- 
part des montagnes de nos Cévennes sont coupées ainsi en 
terrasses disposées en amphithéâtre. 

Le mot Bancèl tient au dialecte cévenol ou raïol. Faïsso 
est plus usité dans les environs d’Alais. 

Dér. du lat. Fascia, bande, lanière. 

Falaï, falaïso, adj. Péjor. Falaïsas. Nonchalant; indo- 
lent; insouciant; qui ne s'émeut de rien, ou plutôt qui 
prend le masque de ces défauts pour faire des dupes. 

Dér. du lat. Fallax, trompeur. 

Falbala, s. m. Falbala; toute garniture au bas d'une 
robe; bande d’étoffe au bas d’une robe, d'une jupe. Au 
fig. pompons, fanfreluches ; tout ce qui constitue la toilette 
des dames du grand ton. 

Quélques étymologistes assignent une origine tout à fait 
fantaisiste à ce mot qui aurait été imaginé par hasard et 
accepté pour sa singularité insignifiante. Les antiquaires 
font remonter l’anciennelé de cet ajustement aux Parthes 
et aux Perses. D'autres le font venir de deux mots alle- 
mands Fald-plat, feuille plissée. Nous le tenons tel quel 
du fr. sans altération. 

Falèto, adj. f. Boiteuse, à demi-paralysée. — Ne marche 
qu'avec Cambo. — V. c. m. 

Fali, ». Faillir; manquer; s'évanouir. — Jour fali, cré- 
puscule du soir, entre chien et loup. 

Dér. du lat. Fallere, tromper, manquer. 

Faloupado, s. f. Grosse vague; masse d'eau torrentielle 





FAN 


ou d'inondation, qui arrive soudainement et se retire avec 
promptitude. 

Ce mot parait dérivé par corrupt. du fr. Envelopper. 
Dans certaines localités voisines on dit Valoupado, qui se 
rapproche davantage de cette origine : simple permutation 
d’ailleurs de la labiale F aspirée forte, en V aspirée faible. 
— Voy. lettre F. 

Falour, ourdo, adj. Péj. Falourdas. Gros lourdaud ; 
butor; grossier et inepte; sot renforcé. 

Formé, parait-il, par corrupt. de Fol et de Lour. 

Famiè, famièiro, adj. m. et f. Familier, qui se fami- 
liarise aisément; qui en use familièrement; privé, appri- 
voisé, en parlant des animaux. 

Dér. de Famio. 

Famino, s. f. Famine, disette générale de vivres, dans 
un pays, dans une ville, dans une place forte. Par ext. 
simplement, faim, grand'faim. — Bramo famino, il crie 
famine. ; 

Dér. du lat. Fames, m. sign. 

Famio, s. f. Dim. Famäüéto. Famille, tous ceux du 
même sang; race, lignée; les personnes d'une même mai- 
son. — Acampo dé famäo, sa famille augmente beaücoup. 

Dér. du lat. Familia, m. sign. 

Fanabrégou, s. m. ou Bélicouquiè ou Piquopouiè. 
Micocoulier, bois de Perpignan, Celtis australis, Linn., 
arbre fde la fam. des Amentacées. — Voy. Bélicouquiè: 
Ne pas le confondre avec l’alisier, quoique son nom lat. 
Celtis soit le même; mais ce n’est là sans doute qu'un 
nom générique. C'est avec les scions de cet arbre aménagé 
en taillis, que se fabriquent à Sauve (Gard), ces fourches 
à trois fourchons pour remuer la paille et le foin, qui sont 
supérieures à toutes les espèces fabriquées ailleurs. Autre- 
fois cet arbre était fort estimé dans ce pays parce qu'on 
en faisait des cercles de futailles préférables à ceux du 
châtaigner sauvageon. Les cercles de fer battu ont dépos- 
sédé. cette industrie. et les micocouliers tendent à dispa- 
raitre chaque jour de nos contrées. 

Dér. du celtique Fana-bren, m. sign. Bren ou Prenest 
le nom général des arbres en gallois et en breton: ones 
distingue par le fruit : arbre qui produit la micocoule. 

Fanâou, s. m. Fanal; falot; grande lanterne d'écurie, 
composée d'une cage de fer, recouverte d’une toile très- 
claire, au centre de laquelle se place une chandelle. à 

Dér. du gr. Pavés, de Palvw, luire. 

Fandalado, s. f. Plein un tablier. — Les femmes du 
peuple font volontiers de leur tablier un sac pour trans- 
porter du linge, des vêtements, de la soie, ete.; celles de 
la campagne en font leur cabas pour transporter les légu- 
mes et les herbes, sans pour cela le détacher de la ceinture. 

Fandâou, s. m. Dim. Fandalé. — Voy. Davantdou. 
Tablier de femme, grande pièce d'étoffe ou de toile, avec 
ou sans poches, que les femmes portent devant elles sur 
la robe, dont elle recouvre tout le devant depuis le cou, 
ou seulement depuis la ceinture; tablier de cuir pour cer- 





FAN 


tains artisans. — La novio porto milo éscus din soun fan- 
ddou, la future apporte mille écus comptant, au jour du 
mariage, dans son tablier. 

Ce mot semble une corrupt. du mot Fdoudäou, qui parait 
avoir existé autrefois avec la m. sign. et qui dérivait évi- 
demment de Fdoudo, giron : le tablier étant le vêtement 
propre de cette partie du corps. 

Fanfaro, s. /. Fanfare, air de trompettes martial. Par 
ext. tapage, bruit, train bruyant; éclat avec ostentation. 

Emp. au fr. 

Fanfaroû, s. m. ou Lanfaroü. Dim. Fanfarouné. Coupe- 
bourgeon, bèche, lisette, insecte du genre des Rynchytes. 
— Ces dénominations désignent, ainsi que Fanfaroù, un 
scarabée moins gros qu'une mouche ordinaire, revêtu d’une 
écaille verte, relevée d'un bout à l’autre par l'or le plus 
éclatant. Ce coléoptère porte au-devant de la tête une espèce 
de trompe, longue, armée de dents, avec laquelle il scie 
le pétiole de la feuille encore tendre de la vigne, qui se des- 
sèche; il la roule autour de lui comme un cornet et la 
tapisse d’une sorte de toile ou duvet pour y déposer ses 

, œufs. Le cultivateur ne s'émeut pas des dégâts qu'il peut 
ainsi causer, car un de ses prvb. dit: L'annado déou fan- 
faroù, lou péisan béquè prou; c.-à-d. l'année où cet insecte 
est abondant, la récolte du vin l’est aussi. 

Quelquefois Fanfaroù s'applique au hanneton, melolon- 
tha, Linn., coléoptère lamelliforme. 

Dér. probablement de Fanfaro, à cause du bourdonne- 
ment de cet insecte en volant. 

Fangas, s. m. Dim. Fangassoù. Grand bourbier; large 
creux plein de bourbe. Au fig. mauvaise affaire; gâchis; 
embarras. — És din lou fangas, il est dans le pétrin. 

Dér. et augm. de Fango. 

Fangastièiros, s. /. plur. Pare-crotte des charrettes, qui 
consiste pour elles en une bande de cuir ou de feutre qu'on 
cloue au-dessus de l'ouverture intérieure au moyeu de la 
roue pour empêcher.que la boue, qui tombe des jantes, ne 
pénètre dans la boite. 

Fango, s. f. Dim. Fanguéto; augm. Fangasso. Fange; 
boue; crotte; vase; limon; matières corrompues des rues 
et des chemins, délayées par l’eau de la pluie ou des ruis- 
seaux. 

Dér. sans doute du lat. Fimus, d'où la bass. lat. Fan- 
gus, m. sign. 

Fangous, ouso, adj. Fangeux; boueux; couvert de 
crotte; bourbeux. 

Fanguè, s. m. — Voy. Patroun-fanguë. 

Fantasquariè, s. /. Bizarrerie fantasque de goût et d’hu- 

meur. “ 

Fantasque, asquo, adj. m. et f. Fantasque; capricieux ; 
bizarre; extraordinaire; bourru; qui est fort délicat pour 
son manger; qui n’a que des goûts bizarres. 

Dér. du lat. Phantasma, fantôme, illusion, chimère. 

Fantasti, s. m. Farfadet; lutin ; esprit follet; être ima- 
ginaire; génie, démon familier ; être fantastique, qui, dans 








337 


les idées du peuple, est cependant encore plus malfaisant 
que le Gripé, mais moins redoutable que le Dra, Draqué, 
et surtout que la Roumèquo et la Babarogno. — Voy. €. m. 

Dér. du lat. Phantasticus, fantastique. 

Fantastissiè, ièiro, adj. Fantastique; quitient du Fan- 
tasti; ensorcelé; qui ensorcèle. 

Fâou, s. m. Hôtre. — Voy. Faïar. 

Fâou, fâousso, adj. m. et f. Faux; contraire à la 
vérité; supposé; altéré ; de mauvaise foi: traitre; discor- 
dant; qui manque de justesse. — Æs pas fdou, phrase ha- 
bituelle pour confirmer un fait, ou une opinion d’une autre 
personne : c’est bien vrai. 

Dér. du lat. Falsus, m. sign. 

“Fâou ou Fôou, v. impers. Il faut. — Fdow faire, féou 
dire, féou marida la Jano, il faut faire, il faut dire, il 
faut marier Jeanne. C'est le lat. Oportet, avec le mème 
sens. Fdou bé qué sièguo vous, il faut bien que vous soyez 
de mes amis, 

Fâoucio, s. f. Faucille; petite faucille qui sert à couper 
des herbes, du fourrage en vert, et non du blé. 

Fdoucio, par un jeu de mot, se dit aussi d’une personne 
un peu fausse, qui caline les gens pour les duper, qui dit 
blanc et pense noir. — Ce mot devrait s'écrire préféra- 
blement Fdoussio, eu égard à son origine de Fdow, féousso : 
nous le plaçons ici pour faire sentir le jeu de mot. 

Dér. du lat. Fatcicula, m. sign. 

Fâoudéto (Faire), v. Au jeu de la main-chaude ou de 
cligne-musette, c'est recevoir sur ses genoux la tôte du 
joueur qui doit deviner, en lui mettant son tablier sur la 
tête pour lui ôter la vue de ce qui se passe. 

Fâoudo, s. j. Dim. Féoudéto. Giron; espace de la cein- 
ture aux genoux d'une femme quand elle est assise; géné- 
riquement, les genoux d’une femme assise. C’est l'espèce 
de siége à angle droit que décrit ainsi sa taille avec ses 
jambes. Cependant on dit : Pourta din sa fâoudo, porter 
dans son tablier retroussé, en parlant d’une femme qui 
marche. — Sus la féoudo, sur les genoux. Fdoudo dé 
caréto, tablier de charrette, intervalle entre la caisse et 
l'ouverture du brancard : place que prend le conducteur 
quand il voyage à vide, contrairement aux règlements de 
police. 

En esp. Falda, jupe de dessous. 

Fâoufila, ». Faufiler; bâtir les pièces d’un habit, d'une 
robe, d'un ouvrage de couture, à longs points, pour les 
assembler avant de leur passer le point de couture. 

Fâoufilo, s. /: Faufilature; fausse couture à points 
espacés. 

Formé de Fdou et de Fiou. 

Fâou-fio (Faïre), ». Faire faux-feu; râter, ne brüler 
qu'une amorce sans que le coup parte; ne pas réussir. 

Fâouquièiro, s. /. Bacule d’un bât; croupière de bois 
courbée en arc, fixée au bât par des courroies, ce qui l’em- 
pêche de retomber sur le cou aux descentes. Elle ne porte 
pas sous la queue comme la croupière ordinaire, mais sur 


43. 


FAO 


338 


les deux cuisses de l’animal qu'elle entoure complètement. 

Formé de Fdou et de Quuio, faux-cul, ou bien de Fdousso 
et de Quiou, fausse queue, ou fausse croupière. 

Fâoussa, v. Fausser; faire plier; faire courber. Au fig. 
nier : fausser sa foi, son serment, sa parole; les enfreindre, 
les violer. * 

Dér. du lat. Falcare, plier comme une faux. 

Fâoussio, s. des deux genres. — Voy. Fdoucio. 

Fâousso-coucho, s. f. Fausse-couche; avortement; 
accouchement prématuré. 

Fâousso-mounédo, s. f. Fausse-monnaie; monnaie 
contrefaite. 

Fâousso-quuio, s. f. Queue postiche; allonge d’une 
queue de cheveux, fort en usage pour les hommes, quand 
il était de bon ton et de mode de porter la queue, et un 
point de vanité de la porter longue et fournie : aujourd’hui 
les femmes usent fort du mot et de la chose avec l’ampli- 
tude de leurs chignons. Au jeu de billard, fausse queue. 

Fâousso-sièfro, s. f. Sous-ventrière d'un cheval de 
charrette, qui est la contre-partie de la Sièfro {V. c. m.). 
Dans le langage usuel des charretiers, on la nomme sim- 
plement {a Fdousso. 

Fâoutèrno, s. f. ou Pantèrno. Aristoloche champètre, 
Aristolochia clematitis, Linn., plante de la fam. des Aris- 
toloches, fort commune dans nos vignes, et qui, dit-on, lors- 
qu'elle n’est pas extirpée avec soin, communique au vin 
une saveur amère et désagréable. — Comme nous ne fai- 
sons pas ici un Cours de botanique médicale, nous nous 
abstiendrons, comme pour toutes ses sœurs, d’énumérer 
ses vertus curatives qui paraissent nombreuses, 

Son nom, d'après Sauvages, est formé d’une des appel- 
lations latines que la nomenclature lui donne, Fel terre, 
fiel de la terre, à cause de sa grande amertume. 

Fâouto, s. f. Faute; manquement contre une loi, une 
règle; imperfection, manque ; absence de jugement, d'or- 
dre, d'économie; maladresse, sottise, bêtise, imprudence, im- 
prévoyance. — Se prend souvent adverbialement pour mar- 
quer la privation, le manque. Aï /a la fâouto, faraï la péni- 
téngo, j'ai commis la faute, je ferai la pénitence, je la répa- 
rerai. És dé ma fâouto, c'est ma faute, tant pis pour moi. 
Véndraï sans fdouto, je viendrai sans manquer. És mort 
féouto dé préne, il est mort d’inanition, faute de soutenir 
ses forces par une nourriture quelconque. Té véou métre én 
fâouto, je vais te mettre dans ton tort. Aquél home fara 
bièn fâouto, la mort de cet homme fera un grand vide dans 
sa famille. 

Dér. du lat. Fallere, manquer. 

Fâoutul, s. m. Dim. Fdoutulé; péj. Fdoutulas. Fauteuil ; 
siége à bras avec un dossier. 

Corrupt. du fr. 

Faquin, quino, adj. m. et f. Petit-maitre; élégant; 
recherché dans sa mise. 

Ce mot est un emprunt évident au fr.; mais avec un 
singulier adoucissement de signification. 


FAQ 


FAR 


Faquino, s. f. Redingote, vêtement. — Ne se dit que 
d’un habit un peu fringant, d’un habit de dimanche : c'est 
le costume à peu près habillé. Mais le languedocien l’em- 
ploie dans un sens ironique, comme pour se moquer d’un 
artisan endimanché, qui sort du costume ordinaire de sa 
classe. 

Fara, farado, adj. m. et f. Qui a le teint très-rouge; 
haut en couleur. Au fig. effaré; animé. 

Viendrait-il de Faro, ou bien peut-être du lat. Fera, 
bête fauve, exprimant toute l'extension du sens? 

Faragousto, s. f., ou Chabrolo. Framboise, fruit du 
framboisier. — Ce nom n’est pas usuel dans nos plaines 
où la framboise est rare et exotique; il lui est donné dans 
les hautes Cévennes où le framboisier vient spontanément 
dans les bois. — Voy. Chabrolo. 

Dér. du lat. Flagrare, sentir bon. 

Farandèl, èlo, adj. Péj. Farandélas. Niguedouille; dé- 
gingandé; sans tournure, sans manières; gauche et décon- 
tenancé; sans gène et un peu niais. 

Farandouna, ». Danser, sauter la farandole, 

Farandouno, s. f. Farandole, sorte de danse d'origine 
provençale : c’est une longue file de jeunes gens des deux 
sexes qui se tiennent par la main, ou plutôt par le bout 
d’un mouchoir, et sautent en cadence par les rues et les 
champs, au son du tambourin, en exécutant mille figures 
et passes différentes. C'était surtout dans les réjouissances 
publiques et politiques que cette danse avait lieu. L'usage 
s’en perd aujourd'hui et pour cause. 

La racine de ce mot parait être le vieux lang. Faro, 
phare, torche, brandon, parce que probablement cette 
danse s’exécutait jadis aux flambeaux, ou que les acteurs 
portaient un brandon. Le fr. nous a évidemment emprunté 
ce mot qu'il a accommodé au génie de sa prononciation. 
L'étymologie du gr. Péhxyé, phalange, et Aoëlos, esclave, 
assujéti, parce que la Farandouno où Farandoulo repré- 
sente une troupe de danseurs liés ensemble, a été aussi 
proposée. Nous la relevons pour ne rien laisser perdre. 

Farcéja, v. fréq. Faire des farces; folâtrer ; faire le badin, 
le railleur; faire des niches bouffonnes. 

Farcéjaire, aïro, adj. Farceur; jovial; qui aime à faire 
ou à dire des farces. — Il a un sens un peu plus étendu 
que Farceur, dont il est en quelque sorte l'augm., et ne se 
prend d’ailleurs qu’en bonne part. 

Farci, v. Farcir; bourrer; gorger; remplir jusqu'aux 
bords; remplir d’un hachis. 

Dér. du lat. Farcire, m. sign. 

Farço, s. f. Farce, bouffonnerie, niche; plaisanteries.— 
Mélange de viande hachée menu, avec ou sans herbes. 
— On le dirait pris adjectivement dans ces Jocutions : 
Aqud's bièn fargo, c'est bien drôle, bien plaisant. Qué siès 
farço, péraqud! Pourtant, que tu es plaisant, comique! 

Dans la première acception, l’étym. du lat. Farsum, 
supin de Farcire, farcir, est aussi certaine que dans la 
1 seconde. La bass. lat. avait fait le mot Farsa, tiré du 











FAR 


même verbe, pour désigner certaines pièces dramatiques 
où se môlaient non-seulement les lazzis burlesques et les 
facéties les plus hasardées, mais aussi toute sorte de lan- 
gages et d’idiomes. C'étaient là des pièces qu’on appelait 
farcies, par ressemblance et par comparaison avec les pièces 
de cuisine dans le hâchis desquelles entre un peu de tout. 
De là le rapprochement des deux mots et des deux sens. 

Farcin, s. ”. Farcin, maladie cutanée des chevaux. 

Dér. du lat. Farciminum, m. sign. 

Farçur, çurdo, adj. Farceur; plaisant; bouffon; qui 
aime à faire des farces. 

Farda, v. Habiller; équiper; parer; ajuster; faire enra- 
ger ; frissonner. 

Sé farda, mettre ses habits de dimanche; s’atifer; soi- 
gner sa mise; se laver la figure comme font les chats qui 
se débarbouillent le museau du bout de leur patte. 

Ce dernier sens du v. est emprunté au fr., le premier 
dérive de Fardos. 

Par une extension singulière, l'idée du mot Fard, qu'on 
dit venir au reste du celtique fard, m. sign., semble avoir 
déteint sur une signification du v. Farda, par ext. dans 
la phrase suivante très-bien reçue: Aquù mé faï farda, 
cela me fait enrager, me met hors des gonds. Il est évident 
que c’est le rouge de la colère qui monte au visage. Cette 
association d'idées et de mots est curieuse. 

Fardétos, s. f. plur. Layette, trousseau d’un enfant nou- 
veau-né; linge, lange, maillot, béguins, etc. 

Fardos, s. f. plur. Hardes de toute espèce, habits, linge, 
robes; bagage; trousseau d'une nouvelle mariée. — És- 
poussa las fardos, au fig. secouer les puces, étriller quel- 
qu'un. 

Ce mot paraît emprunté au fr. Hardes, en changeant 
H en F, métaplasme fréquent dans le dialecte gascon, 
ainsi que le vice-versa. 

Farèlo, s. /. dim. Petite tour. — Voy. Faro. 

Farfantaïre, s. m. Charlatan; batteleur; tout individu 
de cette gent nomade, qui hante les foires et les places 
publiques pour montrer un spectacle quelconque. 

Ce mot est sans doute un réduplicatif formé du lat. Fari, 
parler, donnant au part. prés. inusité Fans, fantis, comme 
pour désigner un grand parleur, un braillard. L'ital. Far- 
fante, qui signifie fripon, doit avoir la même origine. 
Comme en fr. juifest synonyme d'usurier, en ital. char- 
latan peut bien s'étendre à fripon, faiseur de dupes. 

Farfantéja, v. fréq. Faire le charlatan, l’empirique; 
hâbler; faire le discoureur. 

Farfantèlo, s. f. Berlue, éblouissement passager, qui 
semble faire danser et sautiller les objets devant les yeux. 
— Mous ièls mé fan farfantèlo, j'ai la berlue, j'éprouve 
un éblouissement. 

Il n’est pas impossible que ce mot vienne de Farfan- 
taïre, ou du moins qu'il ait une racine commune avec lui; 
cet éblouissement étant pareil à celui que procurent cer- 


_ tains empiriques qui font voir les objets différents de ce 





FAR 339 


qu'ils sont au naturel au moyen de quelque procédé phy- 
sique et que le vulgaire appelle la poudre de perlinpinpin. 
Dans ce pays on appelle l'action de sortilége Émblout, 
éblouir. Dans cette hypothèse, Farfantèlo aurait été l'é- 
blouissement fantastique produit par le charlatan Far/fan- 
taïre; et son acception se serait plus tard élargie. 

Fargnè, fargnèïro, adj. Qui sert à la farine. — Sa 
fargnë, sac à farine. 

Faribolo, s. ;. Faribole; parole légère et oiseuse; choses 
vaines et frivoles; niaiserie; sornettes, 

Dér. du lat. Fari, parler, et Bulla, bulle de savon. 

Faribouléja, v. fréq. Dire des fariboles; s'amuser de 
niaiseries; folâtrer : fariboler. 

Farignèiro, s. f. Grande caisse, coffre à tenir la pro- 
vision de farine et de blé suivant le cas. 

Farinèl, èlo, adj. Dim. Farinélé; péj. Farinélas. Fari- 
neux ; de la nature de la farine; blafard. Au fig. niais, 
niguedouille, Gille, Jean-farine. — Péro farinèlo, poire de 
la vallée, espèce à pulpe grossière, pre et farineuse. 

Son acception figurée vient évidemment de l'usage admis 
dans la comédie italienne de barbouiller de farine la figure 
des pierrots et des gilles. 

Farinéto, s. . Bouillie faite de farine de maïs, assai- 
sonnée d'huile, quelquefois de sel seulement, comme la 
Polenta des Italiens. 

Farino, s. /. Farine, grain réduit en poudre, principa- 
lement pour faire le pain. — Passa la farino, bluter, 
sasser la farine. 

Dér. du lat. Far, faris, nom d’une sorte de blé qu'on 
employa d'abord pour faire de la farine. 

Farloquo, s. /: Faribole. — Voy. Faribolo. 

Dér. du lat. Fari et Loqui, m. sign. redoublés l’un et 
l’autre : parler. 

Farluqué, quéto, adj. Freluquet; petit-maitre, petite- 
maitresse. 

Emp. au fr. 

Farna, s. m. Breuvage épaissi par la farine, surtout 
par la farine de châtaignes blanches, dont on empâte les 
porcs que l’on engraisse; buvée de farine. 

Farnoüs, ouso, adj., au plur. Farnouses. Dim. Far- 
nousé; péj. Farnousas. Blanc de farine; sali par de la 
farine, comme un sac ou l’habit d’un meunier; couvert de 
farine. — Éndèrvi farnots, dartre farineuse. 

Lorsque les vers-à-soie sortent de leurs mues, leur nou- 
velle peau est plissée, blafarde et d’une couleur farineuse, 
Cette dernière qualité est un signe de santé; au contraire 
une peau lisse, tendue et luisante, dénote une constitution 
adémateuse qui tourne bientôt à la dissolution. C'est donc 
très-bon signe quand ous magnas sorlou toutes farnouses. 

Faro, s. f. du vieux lang. Dim. Faréto. Phare; tour de 
signal. — Le Languedoc était semé de ces tourelles, qui 
étaient destinées à prévenir le pays de l'approche de l’en- 
nemi. Vers le milieu du XIVe siècle, et durant la captivité 
du roi Jean, le vicomte de Narbonne, capitaine général de 


340 FAT 


la Langue d'Oc, fit construire un grand nombre de ces 
tours dont quelques-unes subsistent encore et ne parais- 
sent pas, par leur isolement, avoir servi à d’autres usages. 

Beaucoup de noms pr. de lieux et de personnes ont con- 
servé ce nom, et mème son diminutif : La Fare, La Farelle 
avec ou sans l’article. 

Dér. du gr. Pépos, nom d’une ile d'Égypte proche d’A- 
lexandrie, où Ptolémée Philadelphe fit élever une tour 
servant de phare, qui prit le nom de l'ile et fut classée au 
nombre des sept merveilles du monde. 

Faro, s, f. Figure rubiconde; face enluminée; visage 
réjoui, haut en couleurs. 

Dér. de Fara, adj. 

Far, roto, adj. Dim. Farouté. Qui a une mise élégante, 
à la mode ; élégant d’une toilette campagnarde; petit maître 
de campagne, endimanché. 

Farouche, s. m. Trèfle à fleur pourpre, Trifolium 
rubens, Linn. Plante de la fam. des Légumineuses; bon 
fourrage artificiel. 

Ce mot est probablement une altération de Farouge, 
venant de Farrago, foin sauvage, donnant Féraje. 

Fartaia, v. Cucillir et parer les herbages, les légumes 
verts d’un potager ; les laver et les disposer pour la vente. 

Fartaïo, s. f. Herbes; réunion de plusieurs sortes d’her- 
bes et de légumes verts; jardinage. — Ne s'emploie que 
relativement à la vente de ces mêmes objets, ou à leur 
consommation dans une ferme ou un ménage. Par ext. on 
l’applique à la réunion de toute sorte de menus ustensiles 
en bon et mauvais état et pris collectivement. 

Au sens posilif, ce mot est le même que Hourtoulaïo, 
que nous employons indifféremment; mais ils ont dù ap- 
partenir à deux dialectes différents. L'un et l’autre ont 
leur racine dans le lat. Hortus : les changements de Æ en 
F, comme nous l'avons remarqué, étant très-communs et 
dans le génie propre du dialecte gascon proprement dit. 

Fasti, s. m. Dégoüt; répugnance. — N'est guère em- 
ployé que dans la phrase suivante : Faï véni lou fasti, ou 
dono lou fasti, cela est dégoûtant, cela soulève le cœur. 

Dér. du lat. Fastidium, m. sign. 

Fasti, v. Dégoüter; répugner; causer de l’aversion, de 
l'horreur, de la répulsion. — Il a un peu plus d'extension 
que le subst. précédent, dont il n’est que le composé, et 
signifie au besoin : indigner, exciter le mépris. — Aqud 
mé faï fastà, cela me répugne. Lèvo-té d'aqui qué fas fasti, 
va t'en, tu fais peur et horreur. On dit proverbialement : 
Aquù fuï fasti et régoulije, cela soulève le cœur, lorsqu'une 
personne se conduit ridiculement, ou qu’elle veut prendre 
des airs qui ne conviennent ni à son rang ni à sa fortune. 

Il n’est pas nécessaire de faire remarquer le déplacement 
de la syllabe tonique dans le substantif et dans le verbe, 
l'un sans accent sur l'i final, l’autre portant l'accent grave, 
qui a pour effet immédiat à la prononciation de rendre 
brève ici la première syllabe, et là de la faire longue. 

Fastigous, ouso, adj. Au plur. Fastigouses. Fastidieux ; 





FAT 


dégoütant; ennuyeux ; importun. — Se dit d'un mets trop 
gras ou trop sucré; mème d’une terre trop humide ou trop 
molle pour pouvoir être travaillée. 

Fata, v. Envelopper d’un linge ; faire une poupée à un 
doigt qui a quelque bobo; étouper, calfater, étancher une 
futaille qui fuit. 

Dér. de Fato. 

Fataïre, aïro, s. et adj. Chiffonnier; crieur de vieux 
drapeaux, de chiffons; qui les achète pour les revendre aux 
papetiers. — Bada coumo un fataïre, crier comme un 
aveugle, parce que les chiffonniers font leurs criées à grands 
éclats de voix, quand ils crient par les rues : Dé fatos, dé 
fère vièl, dé véire rou. 

Fatamol, s. m. Laurier-thym. — Voy. Favéloù. 

Fatéto, s. f. Dim. de Fato. Petit chiffon. C’est aussi le 
pécule secret d’une femme, ramassé à l'insu du mari, parce 
que d'ordinaire elle le cache dans un peloton de chiffons, 
afin que si on le découvre on ne se doute guère du magot 
qu'il renferme. — Amassa sas fatétos, faire son paquet, et 
au fig. être à l’agonie, faire son paquet pour l’autre monde. 

Fatigo, s. f. Fatigue; lassitude; préoccupation. — És 
én grand'fatigo , il fait de grands préparatifs, il est en 
grand travail. 

Le verbe est Afatiga ( V. c. m.), et non Fatiga, barba- 
risme /ranchiman. 

Dér. du lat. Katigatio, m. sign. 

Fato, s. f. Dim. Fatéto. En provençal, on dit Pato, qui 
est aussi, dans quelques-uns de nos cantons cévenols, adopté 
comme variante. Chiffon; vieux drapeau; linge à panser 
une plaie; petits couporis d’étoffe dont les enfants habillent 
leur poupée. — Eato dé magnaguiè, nouet ou sachet de 
magnassier : petit sac où l'on tient au large la graine du 
ver-à-soie pendant la couvée. On en emploie un grand 
nombre pour que la graine soit plus divisée, et qu'il soit 
plus facile en la remuant souvent de la faire participer 
également à un même degré de chaleur. On ne met guère 
que deux onces de graine par chaque sachet. Acampa sas 
fatos, ramasser ses guenilles. À dé mans dé fato, il a des 
mains de beurre; tout lui échappe des mains. És un home 
dé fato, c’est un homme délaissé, sans force, sans courage. 
A toujour uno fato qué trémpo, l'éoutro qué sé bagno, il est 
toujours empêtré; il trouve des anicroches à tout; il n'a 
jamais le temps de rien. À pér dous iars dé mâou, pér cinq 
sôous dé fato, il fait grand bruit pour peu de mal. Fato 
crémado, linge brülé, de la mèche, sur laquelle on bat le 
briquet pour avoir du feu. Fato-brulo, jeu innocent, où 
celui qui cherche un objet ou un gage caché, est dirigé 
par un des joueurs en suivant l'indication fato-brulo, ou 
brulo pas, suivant qu'il approche ou s'éloigne du but, 
jusqu’à ce qu'il l'ait découvert. 

Chaquo fato a soun sén : dicton qui revient trop souvent 
pour mériter une explication. Le mot à mot est : chaque 
chiffon a son sens; la signification : rien ne se fait sans 
motif, tout à un secret motif; et cela se dit quand on voit 








FAT 


quelqu'un faire quelque chose dont on ne saisit pas bien 
là portée. 

Si l'on pouvait supposer que le mot Fato, à cause de sa 
grande ressemblance de configuration, vient du lat. Fatum, 
l'antique Destin, formé lui-mème de Fari, parce qu'il était 
fort bavard, on dirait que ses oracles qui avaient le mème 
nom, Fata, et dont il s'agirait ici, quelque obscurs qu'ils 
fussent d'habitude, n'en avaient pas moins un sens, une 
signification ; car le Destin ne parlait pas pour ne rien dire : 
alors l’'étymologie serait toute trouvée, et elle sonnerait 
assez bien; mais Fato n'a pas de si hautes prétentions : les 
modestes industriels, Fataïres, qui crient dans nos rues le 
chant qu'on sait, ne débitent point d'oracles, pas mème 
la bonne aventure, et leur inharmonieuse mélopée avertit 
seulement qu’ils achètent des guenilles, du vieux fer et du 
verre cassé. Prenons donc Fato dans son humble condition, 
sans nous occuper de son étymologie, qui n’est nullement 
nécessaire pour expliquer notre dicton. 

Un chiffon, — je ne parle pas de ceux auxquels les 
dames attachent si justement une grande importance, — un 


. Chiffon ordinaire est de bien mince valeur, sans impor- 


tance aucune, une vétille, un rien, et qui dit l’un dit l'au- 
tre. Chaquo fato a soun sén doit donc s'interpréter, se 
traduire ainsi : la moindre chose a sa portée, la plus futile 
en apparence peut avoir et a souvent son utilité. Suit le 
commentaire : vous ne comprenez pas ce que je fais, ni 
pourquoi je le fais; vous le jugez insignifiant et inutile, 
mais dans une affaire, aucun détail ne doit être négligé 
pour la faire réussir, tout concourt à l’ensemble, tout con- 
tribue à la faire marcher : une montre s’arrêterait si la plus 
petite aiguille n'était pas à sa place : Chaquo fato a soun sén. 

Quant à la dérivation du mot, nous sommes fort ‘tenté 
de considérer Fato comme une corruption de Pato, et 
celui-ci comme de même origine que l'anglais Patch, pièce, 
morceau. Il en est de mème du mot Pétas qui est évidem- 
ment de la mème famille et que le fr. nous a à coup sùr 
emprunté comme racine du verbe Rapetasser. Cet emprunt 
ne peut être douteux pour nous qui connaissons le mot 
Pétas et qui ne pouvons faire aucun état des étymologies 
qui prétendent faire descendre Rapetasser du gr. Pérrew, 
coudre, ravauder, rapiécer. Il nous semble donc plus ra- 
tionnel de croire Pato formé d'une racine commune avec 
l'anglais Patch. Après cela, les uns et les autres pourraient 
bien venir vraiment du gr. Iaréw, fouler aux pieds, d'où 
Hétu, chose vile et abjecté, sans consistance, comme un 
chiffon, une guenille, du vieux linge. 

Fatou, s. m. Facteur de la poste; facteur de camion, 
de roulage; agent; intendant. 

Emp. au fr. 

Fatras, s .m. Dim. Fatrassoù. Mauvaise pièce de linge ; 
grande loque déchirée, mise en pièces; écouvillon de four 
de boulanger; haillon. Au fig. avec le sens à peu près du 
fr., chiffon, personne mal mise, mal tenue; indolente ; 
malingre. 





FAV 341 


Ce mot est un angm. de Fato, et il est probable que 
c'est de lui que s'est formé le mot fr. Fatras, quoiqu'il 
ait aujourd’hui une signification plus métaphorique. 

Fatrassado, s. f. Tas de vieux haillons, de vieilles har- 
des, de loques usées, en lambeaux. Par ext. quantité con- 
sidérable d'objets réunis pêle-mêle, en désordre. — Fatras- 
sado dé papiès, gros fatras de paperasses. Fatrassado d'hèr- 
bos, brassée d'herbes. 

Fatrassariè, s. f. Fatrasserie; médisance; niaiseries; 
tracasserie; le défaut d'un tatillon, d'un homme qui se 
mêle de tout ce qui ne le regarde pas. 

Ce mot, ainsi que les deux suivants, nous viennent du 
fr. Fatras, qui lui-même est emprunté à notre idiome. 

Fatrasséja, v. fréq. Baguenauder ; dire des niaiseries ; 
semer des cancans; faire des paquets; s'occuper beaucoup 
des autres dans ses propos; mettre la main à tout, mème 
au pot au feu. 

Fatrassiè, ièiro, adj. Dim. Fatrassièiré; péj. Fatras- 
siètras. Faiseur de paquets; commère; cancanier; chipo- 
tier; tatillon; tracassier. 

Fatrimèl, èlo, s. et adÿ. Péj. Fatrimélas. Longue loque 
de linge déchirée; harde quelconque en lambeaux et qui 
perce de tous côtés; dégingandé, mal vêtu; mou, indolent, 
avachi. 

C'est l'augm. de Fatras, au pr, et au fig., qui même par- 
ticipe un peu quelquefois au sens de Fatrassiè, toutes ces 
significations se ressentant les unes des autres par com- 
munauté d'origine. 

Favarôous, s. m. plur. Fèves sèches de haricots dits 
mounjétos. — Voy. ©. m. 

Favédo, n. pr. masculin ou féminin, suivant qu’il est 
porté par un homme ou qu’il s'applique à une localité, et 
fort usité dans notre pays : en fr. traduit par Favède ou 
La Favède. 

Ses analogues se trouvent dans Fabiargue, Fabiargues, 
hameau de la commune de Saint-Ambroix (Gard), dit Fa- 
bayranicæ, en 4345, par une transformation de désinence 
dont nous avons cité beaucoup d'exemples; et dans les n. 
pr. d'homme, Fabier, Favier; et de lieux, Le Favarol et 
Le Faveirol, ruisseaux, Faveirolles, hameau, commune de 
Saint-Marcel de Fontfouillouse; Favet, commune d'Aigues- 
mortes; Favier, de Saint-André de Majencoules; Les Fa- 
vières, de la Rouvière; auxquels la différence des suffixes 
n’a point enlevé les signes de parenté qui les font tous re- 
monter à la même souche. Ici la forme du suffixe de col- 
lectivité Édo est parfaitement saisissable, pour indiquer 
un champ de fèves. — Voy. Édo, suffixe, et passim. 

Favéloù ou Fatamol ou Tassignè, s. m. Laurier-thym, 
Viorne-laurier-thym, Viburnum tinus, Linn. Arbrisseau 
de la fam. des Caprifoliacées, commun dans nos jardins, 
toujours vert, donnant des fleurs vers la fin de l'hiver. 

Favéto, s. f. Fèverolle, gesse tubéreuse, Lathyrus tube- 
rosus, Linn. Plante de la fam. des Légumineuses ; petite fève. 

Dim. de Favo. 


342 FAV 


Favièiro, s. f. Champ semé de fèves, abondant en fèves. 

Dér. de Favo, avec le suffixe collectif #iro. — Voy. Fa- 
védo. : 

Favidou, s. m. Dim. Favioulé. Haricot, Phaseolus, Linn. 
Plante de la fam. des Légumineuses. 

Faviôou est le nom générique qui s'applique à plusieurs 
variétés et espèces : {ou favidou rouje, dont la plante n’est 
pas grimpante et qui forme les meilleurs haricots en vert; 
las mounjétos, haricot blanc ou haricot proprement dit; 
favidous garèls, le haricot bigarré, grossier à manger en 
fève, mais en très-grande estime à la campagne, parce qu'il 
produit énormément en vert; favidous prountes, haricots 
hâtifs, qui donnent des cosses bonnes à manger au bout de 
quarante jours après la semaille : ils sont de couleur olive, 
roux et aplatis par les bouts; favidous sans fiou, ainsi 
nommés parce que la cosse n’a pas comme dans les autres 
espèces une fibre épaisse et dure sur la jointure de Ja cosse, 
ce qui les rend plus délicats en vert : leur fève est peu 
estimée. 

Au fig. Faviôou, qui s’adjective très-bien en Fawiolo, 
signifie : nigaud, bénêt, niais, imbécile, simple. 

Dér. de Favo, dont il est un dim. et une variété. 

Favo, s. f. Dim. Favéto; péj. Favasso. Fève, fève des 
marais, Vicia faba, Linn. Plante de la fam. des Légumi- 
neuses. — Manjo-favos, bredouilleur, qui a toujours la 
bouche empâtée. À% ou avès prou manja dé favos, est un 
de ces dictons qui se répètent à chaque instant, qui se 
comprennent aussi vite, mais dont l’origine n’est pas facile 
à trouver. Dans le jeu que nous entreprenons à la piste 
des origines, — je suppose la partie acceptée — plus d’une 
fois, après avoir longtemps et vainement cherché une 
énigme qu’on appelle étymologie, il m'arrivera de dire, si 
je ne l'ai déjà fait trop souvent, non point je jette ma 
langue au chat, ce qui serait tout à fait la même chose, 
mais aÿ prou manja dé favos. Je crains mème, sans aller 
plus loin, d'être obligé de le dire justement à propos de 
l'origine de ce dicton. S'il s'agissait de fèves sèches et 
crues, qui doivent être aussi peu faciles à mâcher, à avaler 
et à digérer que les pois de frère Tuck, je comprendrais 
qu'on en eût bientôt assez. Mais il n’est pas question dans 
cette circonstance de les manger ainsi, car on l'aurait dit: 
et assaisonnées à la manière ordinaire, si je ne m'explique 
pas l’antipathie de Pythagore, je ne vois pas non plus qu’il 
y ait à les préférer aux lentilles et aux haricots. Il faut donc 
chercher ailleurs que dans nos potagers, et je pense qu’une 
locution vulgaire, qui vient d'être rappelée, nous viendra 
en aide. 

On appelle manjo-favos, mange-fèves, un bredouilleur, 
celui qui en parlant semble avoir la bouche pleine : on 
suppose que c'est de fèves, crues cette fois, ce qui n’est 
pas commode pour bien articuler. Or, on a dû remarquer 
que si l'on donne un problème à résoudre, une charade à 
deviner, par exemple; le chercheur, machinalement, tandis 
que son esprit est occupé ailleurs, parle entre ses dents, 





FE 


marmotte, répétant, scindant, essayant d’arranger des 
chiffres, des mots, et semble en effet bredouiller ou man- 
ger des fèves. Un jour un sphinx, voyant son OEdipe faire 
ainsi, et voulant lui donner enfin le mot qu'il ne trouvait 
pas, dut lui dire : As-tu assez mangé de fèves, comme cela à 
mâchonner à vide entre les dents, à bredouiller? Et depuis, 
d’une manière générale, qu’il y ait ou non bredouillement, 
As prou manja dé favos? signifie : as-tu assez cherché, 
donnes-tu ta langue au chat? et 4% prou manja dé favos, 
j'ai assez cherché, je ne trouve pas, j'y renonce; dites ce 
que c’est. L’anecdole s’est répandue, et la locution est restée. 

Dér. du lat. Faba, m. sign. 

Favou, s. f. Faveur; action, bienveillance purement 
gratuite, en accordant à quelqu'un plus qu’il n’a mérité. 

Ce mot est un pur emprunt au fr. que notre langue 
n’admet qu’assez difficilement, et dont il n'est pas bon 
d’abuser : aussi at-elle repoussé le verbe et l'adjectif com- 
posés. 

Favouri, s. et adj. m. Favori. 

C’est encore une exception franchimande, proscrite au 
fém., à peine tolérée au masc. dans le sens du fr. 

Fazéiïre, fazéiro, adj. Faiseur; grand faiseur; qui fait 
et sait faire un peu de tout. 

Dér. de Faïre. 

Fazéndos, s. f. plur. Industrie; savoir-faire. — Mot du 
vieux lang. qui ne s'est conservé que dans cette phrase 
prvb. assez souvent citée : Fôou réndos ou fazéndos, il 
faut être riche ou être industrieux, il faut avoir ou savoir 
faire. 

Dér. de Faïre, ou du lat. Faciendus. 

Fé, s. f. Foi; vertu théologale, croyance, confiance en 
Dieu; bonne foi, sincérité, confiance; croyance. — Pér 
ma fé! sur ma foi! Y-aï pas la fé, je n’y ai pas confiance, 
je n’en crois rien. 

Dér. du lat. Fides, m. sign. 

Fé,s. m. Péj. Fénas. Foin, herbe fauchée et séchée, qui 
sert à la nourriture des animaux. — Vira lou fé, faner le 
foin, le retourner avec la fourche pour le faire sécher. 
Cacho pas lou fé, dit-on d’un vieux cheval qui se fait 
rosse, et n’a plus de dents pour mâcher. 

On remarquera à propos du rapprochement de ces deux 
mots, Fé, foi, et ré, foin, que les homonymes parfaits, 
tant pour la prononciation que pour l'orthographe, sont 
fort rares en languedocien : ce qui est une preuve de ri- 
chesse qui manque bien à son rival. — Quant au mot sui- 
vant, quoique avec les mêmes lettres, son accentuation le 
distingue suffisamment. 

Dér. du lat. Fenum, m. sign. 

Fè,s. m. Fait; action; chose faite, accomplie. — Aquo’s 
un fà, c’est un fait, c'est évident, hors de doute. Dé 2, de 
fait, par le fait, en effet. Pér fè d'aqud, à l'égard de cela, 
pour ce qui est de cela. Én fè dé .. en matière de. Aqud's 
pdou fè, aqud’'s pichd fè, c'est une bagatelle, une vétillle, * 
un fait de peu d'importance. Surtout dans l'appréciation 





FÈG 


d'un marché, cette locution est fort employée : Aïçè’s 
pichà fè, c'est une petite différence qui nous sépare, cela 
ne vaut pas la peine de marchander. 

Dér. du lat. Factum. 

Fèbre, s. f. Fièvre; mouvement déréglé, circulation 
accélérée du sang avec fréquence de pouls, chaleur et fris- 
son. — Las fèbres, fièvre intermittente; accès de fièvre. 
Trambla las fèbres, avoir des accès de fièvre. Coumo van 
aquélos fèbres? comment va cette fièvre? dit-on familière- 
ment et par antiphrase à une personne très-fraiche et d’une 
santé incontestable. Fèbre gaïoufardo, fièvre goulue est une 
expression prvb. de même nature que la précédente, et qui 
a la mème portée, Toumba dé fèbre én mdou cdou, prvb., 
tomber de fièvre en chaud mal, de Carybde en Scylla. 

Dér. du lat. Febris, m. sign. 

Fébriè, s. m. Février, second mois de l’année, composé 
de 28 jours, et de 29 dans les années bissextiles. — Miè 
fébriè, journdou éntiè, prvb., à la mi-février, la journée 
d’un journalier est entière, c.-à-d. que les jours sont assez 
longs pour pouvoir remplir sa journée autant qu'en été et 
. &u printemps, époque où s'il travaille plus longtemps, le 
nombre des repas, des repos et la sieste compensent la lon- 
gueur du temps. - 

Dér. du lat. Februarius, m. sign. 

Fébroûs, ouso, adj. Fiévreux, tant pour les personnes 
quiont la fièvre que pour les choses ou les pays qui y 
prédisposent. 

Fédairo (La), s. j. La gent des brebis prise collective- 
ment et par comparaison ou plutôt par distinction d'avec 
les autres espèces de bétail. 

Dér. de Fédo. 

Fédo, s.f. Dim. Fédéto; péj. Fédasso. Brebis, femelle du 
bélier. — Fédo countado, lou loup l’a manjado, prvb., bre- 
bis comptée le loup la mange. 

Dér. du lat. Feta, pleine, qui porte des petits. 

Fédoù, s. m. Sauvages prétend que ce mot signifie petit 
agneau, comme son nom diminutif semble l'indiquer. Ce- 
pendant un agneau ne se dit jamais ainsi. Fédoù est au 
contraire un jeune poulin, une jeune pouliche, cheval ou 
mule, tiré des pâturages natifs de la montagne, pour le 
former et l'élever. Au reste, son nom est entré dans une 
seule locution, qui ne fournit pas de grands éclaircisse- 
ments et dont l'intelligence est difficile quoiqu’elle soit 
très-usitée. On dit : Péta dou sou coumo un fédoù, pour 
tomber à terre lourdement et avec bruit. A coup sür, ce 
terme de comparaison ne désigne pas un agneau, mais il ne 
caractérise pas davantage la lourdeur de la chûte d’un 
poulin, si tant est même qu'il tombe plus lourdement 
qu'autre chose. Nous ignorons de la manière la plus com- 
plète à quoi peut tenir le mot et son acception dans cette 
phrase 


Fégnèiro, s. [. Fenil, grenier à foin; grande meule de 
foin construite avec art pour le préserver de la pluie et 
qu'on laisse passer l'hiver sur le pré pour le vendre au 





FÉN 343 
commencement du printemps; usage pratiqué en Provence. 

Féjes, s. m. plur. Foie, organe secréteur de la bile, 
situé sous le diaphragme, au-dessus de l'estomac. — Sé 
manjarièou lous féjes, ils sont toujours prêts à se dévorer, 
ils se mangeraient le blanc des yeux. À lous féjes ataquas, 
il a un vice organique quelque part : il se dit bien qu'il ne 
s'agisse pas du foie. À lous fèjes dou diable, dit-on d'un 
homme très-robuste et qui résiste soit à une fatigue, à un 
travail ou à un effort surhumain, soit à une maladie ter- 
rible. 

Fémélan, s. m. La gent, l'espèce femelle, surtout en 
parlant des femmes. — C'est un terme de dérision qui ne 
se prend qu'en mauvaise part, ou en faisant le détracteur 
du beau sexe : tout à fait style narquois. 

Fémèlo, s. f. Femelle d’un animal; femme; mais dans 
ce dernier cas c’est un terme de dérision ou de mépris. 

Dér. du lat. Fæmina, m. sign. 

Fén, s. m. Fumier; excrément des animaux, et en gé- 
néral tout ce qui sert d'engrais aux terres.— Li faï vèire lou 
[én énd'uno floundo, il engraisse sa terre bien faiblement, 
il y jette le fumier avec une fronde. — Voy. Fumië. 

Dér. du lat. Fimus, m. sign. 

Fénaira, v. Faire les foins. — Voy. Afénaira. 

Fénairaire, aïro, adj. — Voy. Afénaïraire. 

Fénassa, v. Mettre un champ en pré. — Voy. Afénassa. 

Fénassiè, s. m. Fenassier, celui qui reçoit chevaux et 
mulets dans son écurie, et leur fournit le foin, sans loger 
les voyageurs. 

Fénasso, s. f. Graine de foin; qui se traduit volontiers 
par Fenasse, mais qui n'emprunte pas pour cela le sens 
du fr. 

Dér. de Fé, foin. 

Féndascla, v. Fendre; fendiller; diviser, séparer. — Au 
part. pass. fèlé, crevassé légèrement, fendu. 

Féndasclo, s. f. Petite fente; crevasse; fèlure. 

Formé de deux mots qui ont à peu près la mème portée : 
Féndo et Asclo. — V. c. m. 

Féndo, s. f. Fente; crevasse; fêlure. 

Féndre, v. Fendre; diviser, disjoindre sans couper, mais 
avec des coins ou par un effort. — Sé féndre, se fendre, 
s'entr'ouvrir, se gercer, se fendiller. 

Féndu, udo, part. pass. de Féndre. Fendu, ue. 

Dér. du lat. Findere, m. sign. 

Fénéstrièiro, adj. fém. Qui aime d'être, ou qui est 
souvent à la fenêtre. — Fio troutièiro ou fénéstrièiro, ra- 
ramén bono méinajètro, prvb., fille qui aime à courir et à 
rester à sa fenêtre fait rarement une bonne femme de mé- 
nage. 

Je crois que ce proverbe est le seul où ce mot soit em- 
ployé. Les proverbes inventent souvent ainsi des mots 


pour donner plus de concision à la phrase; quoique étran- 


gers à l’idiome, s'ils sont accommodés à son génie et d’une 
facile intelligence, ces créations sont toujours d'un effet 
pittoresque et se retiennent aisément. La Fontaine et 


344 


Molière ont enrichi le fr. de bien des locutions qui sont 
restées; notre langue d'Oc a bien le droit d’user du mème 
privilége que les maitres. 

Fénèstro, s. f. Dim. Fénstrélo, fénéstroù. Fenêtre, 
croisée ; ouverture faite dans un mur pour donner du jour 
dans une maison, un bâtiment. — Se dit à la fois de Ja 
baie ou ouverture, et de la fermeture, bois ou vitrage, qui 
la garnissent. 

Dér. du lat. Fenestra, m. sign., qui vient lui-même du 
gr. Pawvés, diaphane, de Palvo, luire, briller. 

Fénéstroù, s. m. Dim. Fénéstrouné. Lucarne; petite 
fenêtre. — 11 est lui-même un dim. de Fénèstro. 

Féni, v. Finir.— Voy. Fini. — Féniras lèou? Auras-tu 
bientôt fini? 

Fénna, s. m. Le sexe féminin, la gent féminine, en gé- 
néral; mais c’est plus particulièrement l’ensemble des fem- 
mes d’un pays, d’un lieu déterminé. Le mot n’est pas très- 
révérencieux. — Voy. Fémélan. 

Fénno, s. f. Dim. Fénnéto, fénnoù; péj. Fénnasso. 
Femme, compagne de l'homme; femme mariée, qui se dit 
aussi Mouie, en lat. Mulier, épouse, moitié {V. c. m.); 
femme, en général ; dame, autrefois Dono, Domina, inusité. 
— Lorsqu'on appelle une femme dont on ignore le nom, 
on lui crie: Fénno! Digas, fénno! et pour qu'elle com- 
prenne que c’est à elle qu’on en veut, on la désigne par ce 
qu'elle porte ou ce qu’elle vend : fénno ddou pagnè, fénno 
das ious, hé! la femme au panier, la femme, aux œufs! 
Fénnéto et surtout fénnoù se disent moins d’une femme de 
très-petite taille que commetermes d'amitié, ou pour dési- 
gner une très-jeune femme qui est mariée fort jeune et qui 
a encore les allures, la vivacité ou la mignardise d'une 
jeune fille. Fénnasso, péj., grosse et laide femme, sans trop 
d'égard à la taille, le plus souvent. 

Dans toutes les langues, par tous les pays, de tous les 
temps, les femmes ont été le sujet le plus riche, le plus 
fécond de proverbes, d’aphorismes, de maximes, de sen- 
tences : c'est hommage rendu à la place et au rôle qu’elles 
occupent dans le monde, Mais on croirait que partout on 
a voulu le leur faire payer chèrement, tant on leur a mé- 
nagé la flatterie et les éloges et insisté au contraire sur le 
dénigrement et la moquerie. La plupart des proverbes s’en 
vont donc répétant, depuis que le monde est monde, plus 
de mal que de bien sur la plus belle moitié, comme on 
dit, et la meilleure moitié du genre humain. 

S'il y a injustice ou abus, ce n’est pas à ce point de vue 
psychologique que nous avons à examiner le fait : il faut 
s'en tenir à constater que le fonds se trouve partout le 
même, la tendance générale partout uniforme et constante, 
sans en. rechercher la cause. Il serait facile d'en avoir la 
preuve en rapprochant des citations où même seulement 
en traduisant. Nous ne l’essaierons pas ici, peut-être l’avons- 
nous fait et le ferons-nous encore sous le mot principal de 
chacun; mais pour le moment notre but a été de réunir 
les dictons populaires qui ont le plus de cours. L'expres- 


_FÊN 





FÉN 

sion en appartient tout entière à la langue et ressort du 
dictionnaire : ce sont ces formules vives, ce tour pittores- 
que que nous voulons faire remarquer : l'esprit, la malice, 
le bon sens, la raison de ces proverbes viennent presque 
toujours d’ailleurs; la langue ne répond que de ses œuvres, 
et c’est pour cela qu'on excusera plus aisément le défaut 
de galanterie et de délicatesse qui pourraient parfois s’y 
faire trop sentir; nous n’y voulons voir que le moyen de 
donner une plus juste idée du langage qui a mis là son ca- 
chet le plus original. 


Proverbes sur les femmes. 


— Aïgo, fun, michanto fénno et fo, fan fugi l’home dé 
tout id. 

— Aï! qué vaï mâou, quand la galino faï lou gâou ! 

— À la candèlo la dono és pu bèlo. 

— À la fénno coumo à la barquo toujour y-a à faire 
quäouquo rén. 

— À la tèsto et as pès sé counouï, dono, quäou sès. 

— Amour dé courtisan, caréssos dé p..., bé dé vièlan, 
et fé dé fémélan noun durou pas passat un an. 

— Aou més dé juiè, ni fénno ni câoulé. 

— Après trés jours l’on s’anuiïo dé fénnos, d’hostes et dé 
plèjo. 

— Aqui ount'és lou gâou füou pas qué la galino cante. 

— Argén dé fénno et bé dé campano noun flouris ni grano. 

— Bèlo à la candélo, lou jour ou gasto tout. 

— Bèlo fénno, michanto éspigno. 

— Bèlo fénno, miral dé nècis. 

— Bèouta dé fénno, miral dé fol. 

— Bèlo fénno, fachoùs révéio-mati. 

— Bono fénno, marido tèsto; bono miolo, michanto 
bèstio; bono tèro, michan cami. 

— Coussél dé mouïè és pichd, qué noun lou prén &h un 
cho. 

— Coutèl qué noun taïo, fénno qué noun vaïo, sé lous 
pèrdes noun t’én chaïo. 

— Däou tén qué la fénno és malàouto, y-a dos pôous à 
l'oustâou, l’uno qué morie, l’âoutro qu'éscape. 

— Dé bèlo fénno et dé flou dé maï, én bu jour la béouta 
s'én vaï. 

— Dé dos fénnos dins la méïsoù, dé la mita gn'a bien 
proù. 

— Dé marido fénno gardo-té et dé la bono noun 'én fises. 

— Dono fougassiètro al cap dé l'an manjo sa bérquièïro. 

— Dono gaïo mé plaï bé, mais qué jamaï noun mé 
siègue ré. 

— Dono qué noun manjo, lou béoure la mantèn. 

— Dono viano qué faï lous éfans sans home. 

— Doulou dé fénno morto passo pas la porto. 

— Doulou dé mouïè, doulou dé couïde. 

— Dous bèous jours à l’home sus tèro, quan prén mou, 
et quan l'éntèro. 


FR is. Rd 





FÊN 


— Éfan nouri dé vi, fénno qué parlo lati, faguèrou 
jamaï bono fi. 

— Émb'un home riche sa fénno li mouris, émb'un 
pâour’home sa miolo. 

— Én grans caloùs, sé m’én vos créïre, quito la fénno et 
prén lou véire. 

— Fénnos éncéntos et poulé, âou més d'aoùs an toujour 
fré. 

— Fénno dâourado és lèou counsoulado. 

— Fénno dé bé et dé bono mino, noun vaï pu iuèn qué 
la galino. 

— Fénno et vi émbria ïgou lou pu fi. 

— Fénno faï ou désfaï l'oustiou. 

— Fénno malâouto et qué siè grosso, a un das péses din 
la fosso. 

— Fénno mudo fouguë jamaï batudo. 

— Fénno qu'a un bon mari âou visaje ou porto pér 
éscri. 

— Fénno qué coï et faï bugado és miéjo folo ou énrajado. 

— Fénno sé plan, fénno sé dôou, fénno és malâouto quan- 

.t-ou vôou. 

— Grando sartan pér fricassa, émbourdo primo pér 
tamisa, uno mouiè déspénsiètro, an lèou vouida uno 
pagnèiro. 

— Las fénnos soun coumo las coustélétos, dounmaï on 
las bat, dounmaï soun téndros. 

— La mort d'uno fénno és coumo un co Aou couide. 

— La bousso fournido faï la dono éstourdido. 

—- La dono pot et äouso quan soun mari la louso. 

— La fénno et la tèlo mâou sé caousis à la candèlo. 

— La fénno et lou ris én aïgo sé nouris. 

— La fénno és coumo la castagno, bèlo déforo, dédin és 
la magagno. 

— La fénno és un mâou nécéssari dinc un oustäou. 

— L'aïgo gasto lou vi, las carétos lous camis et las fénnos 
l'home. 

— Las fénnos et lous éfans soun tâous qué lous homes 
lous fan. 

— L'home és éndigne d'home rèstre qué dé sa fénno noun 
és mèstre. 

— L'home n'a résoù ni bon-sén qu'à sa fénno faï tout 
sabén. . 

— L'home, quan-t-6s pla marida, sa pas cé qué Diou i-a 
douna. 
— Limassos et fénnos à véndre, mièl courou, mièl sé 
fan préndre. 
— Luno mèrcrudo, fénno bécudo, dé cént én cént ans 
gn’a trop d'uno. 

— Maridas n’an qu'un més dé bon tén. 

— Mourgo qué danso, tâoulo qué brando, fénno qué 
parlo lati, faguèrou jamaï bono fi. 

— Näou et fénno, y-a toujour à réfaïre. 

— Noun sé podou counouïsse dé iuèn lous mélouns et 

las fénnos. 





FÊN 345 


— Noun sé podou counouïsse bèn bon méloun et fénno 
dé bèn. 

— Home dé païo vôou fénno d'or 

— Home rous et fénno barbudo jamaï dé près noun lous 
saludes. 

— Oumbro d'home vôou cént fénnos. 

— Parñoulos dé fénnos, béssinos d’ase 

— Pér avé l'oustâou né tout l'an ni fénnos, ni capé- 
lans. 

— Pér vioure bé ségu, préngues pas pu grando qué ta. 

— Plous dé fénnos soun lèou éssus. 

— Qu'a grando padèlo et prin tamis et fénno déspén- 
sièfro, mostro lou quiou nus pér cariètro. 

— Quan-t-uno lèbre prén un chi és contro naturo, quan- 
t-uno fénno faï bé és pér avanturo. 

— Qué fénno et säoumo méno és pas sans péno. 

— Qué pérd sa fénno et quinze sôous 6s gran dhoumaje 
dé l’argén. 

— Qué sa mouïè noun honoro 61 mèmo sé déshounoro. 

— Qué vôou réloje mantène, viël oustäon éntrétène, 
jouïno fénno counténta et pâoures paréns ajuda, és toujour 
à récouménça. 

— Sajo fénno, ournamén d’oustiou. 

— Sé flatéjas fénnos et goutos, boutas lou fid à las éstou- 


— Toutes lous maris qué soun counténs dansarièou sus 
lou quiou d’un véfre. 

— Trénto cabros et:trénto fénnos soun dos tréntanios. 

— Un fiô dé fénno véouso, uno brouquéto et dos païos. 

— Un home qu’és mâou marida voudriè maï qué fou- 
guès néga. 

— Uno bono fénno, uno bono cabro, uno bono miolo, 
soun trés maridos bèstios. 

— Vôou maï un capèl qué dos coïfos. 

— Voulès arésta un fol, carga-li uno fénno âou col. 

— Y-a gés dé vices qué las fénnos et las mouninos noun 
sachou. 

Dér. du lat. Femina, m. sign. Court de Gebelin et 
Nodier pensent, non sans raison très-plausible, que le mot 
Femina est dérivé de Homo, hominis : on a dû dire homina 
au fém., delà Femina, par la permutation ordinaire de 
H en F. En ilal. Femmina; en catal. Femna; en esp. 
Hembra, m. sign. 

Fénoudéio, s. f. n. pr. Fenoudeille, par traduction lit- 
térale en fr. Nom d’un quartier au territoire d'Alais : il 
signifie lieu couvert de fenouil ; et cette circonstance lui a 
valu sa dénomination. C'est la corruption de l'ancien lan- 
gage Fénouïado, qui avait la même acception, tirée de 
Fénoul. 

Fénouièiro, s. f. ou Fèou dé tèro ou Fumotèro. Fa- 
meterre, Fumaria officinalis, Linn., plante de la fam. des 
Papavéracées, commune dans les champs. 

Pline dit que le suc de cette plante appliqué sur les 
yeux les fait larmoyer, undè nomen, de là son nom lat. 


#4. 


346 FER 


et gr. Capnos et Kanvés, fumée, à cause du même effet 
produit par la fumée; mais elle a aussi un goùt de fumée 
assez prononcé, ce qui peut avoir contribué à la faire dé- 
nommer. Quant à la variante Fèou dé tèro, fiel de la terre, 
elle lui vient de son amertume. 

Fénoul, s. m. Fenouil, anet doux, anis sauvage, Ane- 
thum fœniculum, Linn., plante de la fam. des Ombelli- 
fères, qui croit dans les terrains pierreux. 

Dér. du lat. Fœnum, à cause de son odeur de foin. 

Fénta, v. Fienter, jeter son excrément, en parlant sur- 
tout des animaux. 

Fèou, s. »”. Fiel, vésicule où se secrète la bile. — Il 
sert comme en fr. de terme de comparaison très-usité de 
toute saveur amère. Ama coumo lou fèou, amer comme le 
fiel. 

Dér. du lat. Fe, s. m. En ital. Fele; en esp. Hiel. 

Féouse, s. /. Fougère, Polydium filix, Linn., plante de 
la fam. de Fougères; cryptogame. L'alcali contenu dans 
les cendres de ce végétal entrait dans la fabrication du verre 
blanc et vert. — Ana à Las fèouses, aller à la recherche ou 
à la cueillette de la fougère, qui croît en grande quantité 
dans les châtaigneraies et fournit une litière saine et fraiche 
en mème temps qu'un bon engrais. 

Féousièiro, s. f. Lieu couvert de fougères. 

Formé du radical Féouse avec le suffixe de collectivité 
sètro. 

Féra, s. m. Dim. Fératé; augm. Fératas. Seau à puiser 
l'eau, ordinairement en bois relié par des cercles de fer. On 
donne aussi ce nom au seau à anses qui est en cuivre étamé, 
dans lequel les femmes portent l'eau sur la tête. Ce dernier 
ustensile se nomme également Jérlo ou Séïo (V. c. m.); 
mais ces deux derniers noms s'appliquent au même usten- 
sile quand il est en bois, tandis que celui de Féra ne con- 
vient dans ce cas qu'au seau de cuivre. — Né bojo à plés 
féras, il pleut à seaux. 

Dér. du v. Féra, parce qu'il est cerclé en fer. Par la 
permutation constante et fréquente dans”les langues où 
l'aspiration est plus sensible comme en esp., on dit Herada, 
seau, 

Féra, v. Ferrer; ferrer un cheval, une charrette, un 
meuble quelconque; cercler en fer; marquer un animal 
avec un fer rouge. 

Dér. du lat. Ferrum, 

Férado, s. f. Ferrade, fête agricole fort en honneur en 
Camargue et sur le littoral de la Méditerranée, dans le dé- 
partement du Gard. L'objet en est la marque au fer chaud 
des jeunes taureaux sauvages qui paissent dans les marais. 
Comme ces animaux sont fort sauvages, difficiles à con- 
duire et à terrasser, cette fête est un second spécimen de 
la course des taureaux. Des jeunes gens, enrôlés volon- 
taires, vont à la recherche des taureaux dans les marais, à 
cheval et armés du trident; à force d'adresse et d'évolu- 
tions, ils parviennent à les acheminer vers un point dési- 
gné où toutes les populations voisines se rassemblent. Une 





FER 


enceinte en fer à cheval s'ouvre devant les arrivants. On 
ménage une eutrée au moyen d'une barrière pour laisser 
passer un seul bœuf à la fois : il s'y précipite, et l’un des 
toréadors qui l'attend à l'extrémité opposée, l'abat en le 
terrassant par les cornes. Sitôt l'animal abattu, on lui 
applique le fer rouge avec dextérité et sans remise, car il 
se remettrait bientôt sur pied. A peine touché, il s'élance 
par l'issue qu'on tient ouverte à cet effet, et court se pré- 
cipiter dans le premier courant, la première flaque d’eau, 
d'où il regagne bientôt et sans guide ses pâturages pater- 
nels. 

Féraje, s m. Action de ferrer les chevaux; frais de 
mise et d'entretien de ces fers. 

Féraje, s. m. Fourrage vert, produit par des plantes 
fromentacées, comme orge, avoine, vesce, escourgeon. — 
On l'appelle ainsi mème lorsqu'il est mangé sec, pourvu 
qu'il soit produit par les plantes ci-dessus coupées en vert. 
Ce mot n’a donc pas la portée générale du fr. Fourrage, qui 
s'étend à toute sorte d'herbes sèches ou vertes servant à la 
nourriture des chevaux. Les plantes qu'on emploie le plus 
dans ce pays pour produire lou féraje, sont un mélange 
d'orge et de vesce noire, si l’on sème avant l'hiver, d'avoine 
et de vesce blanche, en mars: 

Dér. du lat. Farrago, mélange de plusieurs céréales 
coupées en herbe. 

Féraménto, s. f. Ferrure, garniture de fer; tout ce qui 
compose la ferrure d’un meuble, d’une porte, d’une fenètre, 
etc.; vieille ferraille. 

Féramio, s. f. Bôte fauve, dans le principe; aujour- 
d’hui, fantôme, loup-garou. 

Ce mot, qui est d'origine gasconne, dér. du lat. Fera, 
bête fauve. | 

Férâou, s. m. n. pr. d'homme. Féraud. 

Ce nom, originaire du Velay, signifie dans le dialecte 
de ce pays, une sorte de basalte ou pierre volcanique d'un 
gris d'ardoise, et que sa couleur et sa consistance font 
ressembler à du fer. Cette pierre, qui est extrèmement com- 
mune dans les montagnes du Vivarais, du Velay et de la 
haute Auvergne, est taillée par les mains de la nature en 
prismes pentagoniques, et conserve cette forme dans ses 
subdivisions à l’infini. 

Le nom provient sans doute de Fère, fer, avec lequel 
cette pierre offre tant d’analogie. 

Fératado, s. /. Contenu d’un seau, plein un seau. 

Dér. de Féra. 

Fère, s. m. Dim. Fèré. Fer, en général, métal fort dur, 
compacte, peu malléable, d’un gris argenté ou noirâtre; 
fer à cheval; fer à repasser. — És un bon fère, se dit iro- 
niquement et par antiphrase pour : c'est un homme de peu 
de consistance et de valeur, un homme peu loyal et peu 
franc, un piètre sujet. 

Dér. du lat. Ferrum, m. sign. 

Fère-blan, s. m». Fer-blanc, fer en feuilles minces qui 
a été recouvert d’étain. 


PE 








FÈS 


Fère-blantiè, s. m. Ferblantier, ouvrier qui travaille 
en fer-blanc. 

Fèrèn, énquo, adj. Ferrugineux; qui contient du fer. 
— Ne se dit que des terrains, des couches minérales. 

Fère-vièl, s. "=. Vieux fer, ferraille. — Se joint d'or- 
dinaire à were rou, pour former le cri des chiffonniers 
autochtones qui achètent les vieux chiffons, de la ferraille 
et du verre cassé. Au fig. on donne ce nom à toutes sortes 
de vieilleries, de loques, d'oripeaux et à d’antiques raba- 
cheries. 

Fèrme, adv. interjectif. Ferme! Allons, courage! frap- 


fort! 
Dér. du lat, Firmus. 


Férnétégo, s. f. Frénésie; impatience; démangeaison, 
envie démesurée de dire ou de faire. — Aï dé férnétégos 
din mas cambos, j'ai des inquiétudes dans les jambes. 

Corrupt. du fr. Frénésie. 

Férnétégoùs, ouso, adj. Chatouilleux; irritable; qui a 
des tics nerveux. — Se dit d’un jeune chien, d’un jeune 
chat, d’un jeune cheval, qui ont l'impatience, l'inquiétude 
de leur âge, qu'ils traduisent par des passes, des voltes 


‘ nerveuses. 


Fèrni, v. Frémir; éprouver une horripilation; trembler 
dans sa peau; avoir chair de poule de frayeur. — Mé fa 
férni, il m'effraie par sa hardiesse, par le danger auquel 
il s'expose, par l'histoire qu'il me raconte, par l'entreprise 
où il se hasarde. 

Dér. du lat. Fremere, m. sign. 

Férnimén, s. #. Frémissement; émotion; tremblement 
de frisson; horripilation. 

Féroù, s. m. Dim. Férouné. Ferret d’aiguillette ou de 
lacet, ordinairement de fer-blanc, de cuivre ou même d’ar- 
gent. . 

Dér. de Fère, dont il semble un dim. 

Féruro, s. f. Ferrure; toul le fer qui entre dans la gar- 
niture d’un meuble ou d’une fermeture. 

Fés, s. f. Fois, qui désigne le nombre, la quantité, le 
temps des choses, des actions. — À bèlos fés, de temps à 
autre; un après l'autre. Dé fés, parfois, quelquefois. À La 
fés, à la fois, en mème temps. La fés qué vénguë, le jour 
où elle vint. Y-aviè uno fés, il était une fois. Agud faï las 
dos fés, ceci fait la seconde fois. 

Dér. du lat. Vices, m. sign. 

Féstadiè, ièiro, adj. De fête; qui appartient aux fêtes; 
qui court, qui aime les fêtes; qui prend des airs de fête. 

Dér. de Fèsto. 

Féstéja, v. fréq. Festoyer; fêter; chômer; faire fête à 
quelqu'un; se régaler; festiner. 

Dér. de Fésto. 

Fèsto. s. f. Fête; solennité; jour consacré au culte, 
mémoire d'un mystère ou en l'honneur d’un saint; réjouis- 
sance püblique ou particulière dans les grandes occasions. 
— Faïre fèsto, fêter, chômer une fête. Pér las fèstos, sui- 
vant l'époque de l’année, signifie : au temps des fêtes de 





FIA 347 


Pâques ou de Noël, qui duraient trois jours chacune avant 
le concordat. Passa las fèstos, fèter les fètes de Pâques ou 
de Noël en famille. Il est assez ordinaire que les membres 
d'une famille qui sont dispersés, à une distance peu éloi- 
gnée, se réunissent à cette époque dans la maison pater- 
nelle. Lou jour dé sa fèsto, le jour de sa fête. Après la fèsto 
lou fol rèsto, prvb., après la joie, l'ennui. Moun chi mé 
faï bé dé fèstos, mon chien, par ses caresses, fête mon 
retour. 

Dér. de lat. Festum, m. sign. 

Fésuso, s. f. Tailleuse de robes; couturière en robes. 

Empr. au fr. Faiseuse de robes: on retranche le mot 
robe, comme si c'était la faiseuse par excellence. 

Féta, ado, adj. Futé; rusé; adroit. 

Corrupt. du fr. 

Fétiblamén, adv. Effectivement; en effet ; réellement. 

Corrupt. du fr. Effectivement. 

Fi,s. f. Fin; bout; extrémité; par ext. mort, fin de la 
vie. — À longo fi, à la longue. À La fin finalo sès arivu, 
enfin, à la fin des fins vous êtes arrivé. Cette expression a 
dû être empruntée au vieux fr., chez lequel elle était reçue : 
cela se voit au mot Fin qui n'est pas languedocien : la 
locution a été prise en bloc. Vole faïre fi dé iéou, je veux 
mettre fin à mes jours, me tuer. À fa pdouro fi, il a fait 
une triste fin, une fin misérable. À La fi, té taïsaras saïque? 
te tairas-tu enfin? 

Dér. du lat. Finis, m. sign. 

Fi, fino, adj. Dim. Finé; péj. Finas. Fin; délié; rusé 
en affaires; adroit; subtil; menu; lisse; poli; doux au 
toucher; soyeux; délicat. — Pésa fi, peser extrêmement 
juste sans que la balance trébuche : ce qui annonce de la 
parcimonie et peu de loyauté chez le vendeur. És pas d'a- 
quéles tant finasses, il n’est pas des plus lurés. Faire finé 
à quéouquus, cajoler quelqu'un, lui faire patte de velours. 

Dér. du lat. Finis, fin. En teuton Fein; en angl. Fine; 
en ital. Fino. 

Fiala, v. Filer à la quenouille ou au rouet, et non filer 
de la soie, qui se dit Tira, ni filer pour marcher, décamper. 
— Marida-mé, ma mèro, qué tant prin fiale, prvb., mariez- 
moi, ma mère, Car je file assez fin pour cela. Cette locu- 
tion prvb. se rapporte à l’époque où la quenouille était 
l'occupation presque exclusive des femmes après les soins 
du ménage. L'habileté à ce travail était donc une des qua- 
lités requises pour former une bonne ménagère; et quand 
une jeune fille était arrivée à filer assez fin pour se passer 
de professeur, elle était apte à se marier. 

Dér. de Fiou, fil. 

Fialaduro, s. f. Action de filer; profession de fileuse; 
frais du filage; matière à filer et matière filée. — Prén 
vin sous dé fialaduro, elle fait payer son filage vingt sous 
la livre. Autrefois on disait d'une servante : la fialaduro 
és pér élo, pour exprimer qu'en sus de ses gages tout ce 
qu'eile gagnait en filant était pour elle. 

Fialaire, aïro, adj. Fileur, fileuse : ce qui ne s'applique 


348 FIA 


ni aux fileuses de soie, qui se disent Tiraïros, ni à l'in- 
dustriel qui fait marcher une filature de soie à ses risques 
et fortune, qui se dit Filur. 

Fialandièiro, s. /. Filandière; fileuse de profession au 
rouet ou au fuseau. 

Fialas, s. m. Filet de chasse ou de pêche; réseau, fils 
enlacés pour prendre des animaux ou des poissons. 

Dér. de Fiou. 

Fialousado, s. /. Quenouillée, matteau de chanvre ou 
de lin dont on garnit en une fois une quenouille ; quantité 
de matière à filer dont peut être chargée une quenouille. 
— A acaba sa fialousado, elle a achevé sa tâche, sa que- 
nouillée. 

Fialousèio, s. f. Filoselle; soie grossière et commune, 
qui provient des côtes ou des cocons de graine cardés et 
filés au rouet ou à la quenouille. 

Fialouso, s. f. Quenouille; bâton ou roseau auquel on 
atlache la filasse qu'on veut filer. — Fialouso émboutido, 
quenouille pansue, ventrue, faite en roseau refendu pour 
filer les cocons de graine en filoselle. 

Dér. de Fiou, fil: 

Fian, s. m. La gent fillette; les filles considérées en 
masse, collectivement. 

Dér. de Fio, fille. 

Fianço, s. f. Confiance; süreté; foi; assurance. — Vous 
ou done à fianço, je vous le donne en ami, en toute con- 
fiance. Prénès aquél cadis à fianço, prenez ce cadis en 
toute sûreté, je vous le garantis. Dé grano à fianço, de la 
graine de vers-à-soie de confiance, c.-à-d, celle qui a été 
soignée et confectionnée par quelqu'un qui présente des 
garanties tant pour la sélection et la qualité des cocons 
destinés au grainage, que pour l'attention scrupuleuse et 
consciencieuse donnée à leur bonne éclosion et à ce travail 
délicat. Hélas! depuis bien des années que l'invasion de 
maladies inconnues ravage nos chambrées de vers-à-soie, 
que les importations et la spéculation ont envahi l'indus- 
trie des grainages, la graine de confiance est devenue un 
mythe : c'est le rara avis in terris. Cependant des expé- 
riences poursuivies avec science, intelligence et succès ont 
enfin appris quelques procédés qui relèvent un peu l'espoir 
de nos contrées séricicoles : quand ces procédés se seront 
vulgarisés davantage, il n’est pas douteux que le mot 
oublié dans la langue des éducateurs de grano dé fiançgo ne 
revienne etne trouveencore comme autrefois sonapplication . 

Grammaticalement on aura remarqué que Æianço ne 
forme que deux syllabes comme tous les autres mots où se 
rencontre la diphthongue ia, prononcée en une seule émis- 
sion de voix, à cause de l’accentuation imprimée par li. 
Partout où se rencontre au contraire là tréma avant la 
voyelle a ou autre, il y a séparation. Nous rappelons ce 
qui a été dit à l’art. Acén (V. ©. m.). 

Dér. du lat. Fidentia, confiance. 

Fiastre, s. m. Fillâtre; beau-fils; fils de la femme. 

Dér. de Fü, fils. 





FIC 


Fiastro, s. f. Belle-fille; fille d’un autre lit. 

Roquefort dit que les deux mots qui précèdent sont for- 
més du lat. Filius, ou Filia alterius; leur terminaison se 
prête à cette interprétation étymologique. | 

Fibla, v. Faiblir, fléchir; lâcher; plier; mollir; s’affai- 
blir. 

Fible, fiblo, adj. Faible; qui manque de courage onde 
nerf; qui n'a pas de force, au physique comme au moral. 

Il est quelquefois subst. au masc. pour: défaut princi- 
pal, mauvais penchant, passion irrésistible, côté faible. — 
Préne pér soun fible, prendre par son faible. À un fible, 
il a du penchant, une faiblesse, un faible ou du faible. 

Fiblèsso, s. f. Faiblesse; faible; défaillance; action in- 
délicate; manque de force, de caractère, de conduite; 
mauvais penchant. 

Dér. du lat. Flebilis, employé dans la bass. lat. dans le 
sens de Debilis. 

Ficéla, v. Ficeler; entourer, lier avec de la ficelle. Au 
fig. équiper; organiser avec soin, avec élégance. 

Ficèlo, s. f. Ficelle; petite corde formée de deux brins- 
tordus. — Alounga la ficèlo, au fig. différer, prolonger. 

Dér. du lat. Fidicula, petite corde à boyau. 

Ficha, v. Donner; jeter; lancer; mettre; appliquer. — 
Ficha un co dé poun, donner un coup de poing. Mé sou 
ficha dou sôou, je me suis laissé tomber. Æicha lou camp, 
décamper, s'enfuir. 

Ficha’n caïre pour ficha én caïre, veut dire: fatiguer, 
ennuyer, scier le dos, et aussi contrarier, vexer, ficher 
malheur, ce dernier verbe mis par amendement, bien 
entendu, comme dans le lang. Maintenant Caëre a plusieurs 
significations, selon l'occurence : coin, sens, côté et car- 
reau du jeu de cartes. — Il n’est pas absolument impos- 
sible que la locution vienne d'une partie de cartes, dans 
laquelle un joueur aurait été obstinément poursuiviet battu 
par la couleur carreau. Cependant, il y a une autre expli- 
cation, assez simple, assez naïve, si ce n'est davantage, 
pour ètre tout aussi vraisemblable. Lorsqu'un enfant n’est 
pas sage, on l'envoie en pénitence dans un coin de la 
chambre, où il doit rester, jusqu'à l'expiration de sa peine, 
debout, sans bouger et tourné vers le mur. Il est clair que 
cela doit l’ennuyer, le vexer, lui ficher malheur, si vous 
voulez. Ces souvenirs d'enfance restent en grandissant, et, 
quoique plus sage alors, on a pu, si on éprouve quelque 
contrariélé, quelque ennui, quelque vexation, les assimiler 
à ceux du jeune temps, quand on vous flanquait dans un 
coin pour punition, et les appeler du même nom en salant 
tant soit peu l'expression. 

Mais il ne faut rien garder sur la conscience. Cette der- 
nière explication, qui me revenait assez, je dois convenir 
qu'elle ne peut être acceptée que sous bénéfice d'inven- 
taire. Le dicton est exclusivement languedocien et de vieille 
date. Ceux qui font les dictons étaient, en matière d'édu- 
cation, pour l’ancienne méthode de M. Cinglant, et je crois 
mème qu'ils le sont toujours : -comment auraient-ils fait 








FIÈ 


celui-ci sur une nouvelle pénalité qui n’a été édictée que 
depuis et seulement dans le code des salons? C'est assez 
difficile à arranger, et il faudra sans doute revenir à notre 
partie de cartes, au risque de la perdre encore. 

Sé ficha, se moquer; brav er; mépriser. — M'én fiche bé, 
je m'en soucie fort peu; je m'en fiche. Sé ficha dé quéou- 
quus, se moquer de quelqu'un , le narguer, en faire peu de 
cas. C’est le lénitif du verbe malséant F ... qu'on emploie 
dans les mêmes acceptions en fr. 

Dér. probablement du lat. Fixare ou Figere, mais sin- 
gulièrement détourné dans quelques-unes de ses acceptions. 

Fichan, anto, adj. Fichant; contrariant ; désagréable ; 
fâcheux ; qui cause du dépit, du désapointement . — Il est 
encore un lénitif. 

Fichouiro, s. f. Fichure, espèce de bident ou de trident 
avec lequel on darde le poisson dans l’eau. 

Dér. du lat. Fivorius clavus, fiche. 

Fidèl, dèlo, adj. Fidèle; exact à garder sa foi, à rem- 
plir ses engagements. — Se dit principalement de la fidélité 
ou plutôt de la probité des domestiques ou gens de con- 
fiance, dans le sens de l'attachement; probe et intègre. — 
És fil, il est probe, il ne toucherait à rien de ce qui ne 
lui appartient pas. 

Dér. du lat. Fidelis, m. sign. 

Fidèou, s.m.Vermicelle, sorte de macaroni pour potage. 
On le fabrique avec la farine de riz qu'on teint le plus 
souvent avec une décoction de safran. On lui donne cette 
forme de fils ou de petits vers en le faisant passer, à l'aide 
d’un piston, à travers les trous d'une filière. On dit en 
esp. Fideos. 

Dér. du lat: Fides, corde d'instrument de musique. 

Fièïa, ». Pousser des feuilles; se garnir, se couvrir de 
feuilles, en parlant des arbres. 

Fièiaje, s. m. Feuillage; quantité de feuille de müriers 
que contient un domaine. — Y-a un for fièaje dinc aquél 
mas, il y a une grande quantité de feuille de müriers dans 
cette métairie. 

Fièïas, s: m. Amas de feuilles sèches pour litière. — 
Coucha douvfiéias : dans les Cévennes les valets de ferme 
couchent dans des amas de feuilles sèches de châtaigniers, 
comme ailleurs dans la paille. 

Fièio, s. f. Dim. Fidiéto, péj. Ficiasso. Feuille, en géné- 
ral. — Fièio, tout court, signifie, dans nos contrées séri- 
cicoles, la feuille par excellence, celle du mürier. Or, le 
mürier, pris ainsi au singulier, ne signifie pas seulement 
un individu de l'espèce, mais la récolte en entier: c'est 
pour cela que Fiëio participe à cette extension. La fiéio és 
déjà bèlo, la feuille est déjà développée. La fidio a prés 
mou, la feuille a souffert; elle est tachée ou brouie par 
la gelée. Achéta à fiéio morto, acheter de la feuille en hiver 
et sur l'estimation qu'on fait des arbres; c'est aussi la 
retenir et arrher en hiver sur l'estimation où pesage qui en 
seront faits à l'époque de sa maturité. Faïré manja sa fièio, 
c’est faire une éducation de vers-à-soie avec la feuille qu'on 





FIÈ 349 


possède : c'est dit par opposition à celle qu'on vend en 
tout ou en partie; dans ce cas, on emploie aussi: Faïre 
touto sa fièio. Ana à la fiéio, aller cueillir de la feuille de 
mürier. Ana à las fiéios, aller ramasser des feuilles sèches 
pour litière. 

Fiéio dé rèsso, allumette, lame d’une scie. 

Fièio d'hdouboï, anche de haut-bois. 

Fidio dé papié, feuille de papier. 

Dér. du lat. Folium, m. sign. 

Fièiräou, s. m. Champ de foire pour le bétail gros et 
menu. — Ne s'applique pas aux lieux où s'étalent les au- 
tres marchandises en temps de foire. 

Fièiréja, v. fréq. Acheter à la foire, y faire des em- 
plettes; fréquenter les foires.— Crèse qu'éouraï bien fièiréja, 
je crois que j'aurai fait un bon marché. Au fig. a bièn 
fiètréja, il a eu un bon lot en mariage; il a rencontré une 
femme de mérite. 

Fièiro, s. f. Foire, grand marché public qui se tient à 
des époques fixes. — C'étaient autrefois certains jours de 
féries ou de fêtes patronales, pendant lesquels tous les droits 
de lods, d'entrée, de péage étaient suspendus, ce qui attirait 
la foule des acheteurs et partant celle des vendeurs. Faïre 
fièiro, acheter à la foire. Té dounaraï ta fiètro, je V'achè- 
terai un cadeau à la foire : les cadeaux à l'époque des foires, 
comme les étrennes du jour de l'an, sont d'un usage ancien 
qui commence à s’effacer ; on les fait aux enfants, aux amis 
intimes, aux domestiques un peu anciens dans la maison. 
Pér un éscu né véirés la fiètro, pour un écu vous en serez 
quitte, ou vous pourrez vous satisfaire. À Alais, lorsqu'on 
dit: Pagaraï à la fiéiro, cela signifie : je paierai à la foire 
de Saint-Barthélemy, le 24 août, qui est la plus considé- 
rable, la foire par excellence. 

Dér. du lat. Feriæ mundinæ, m. sign. On n’a fait que 
supprimer le dernier mot. ‘ 

Fièl, s. m. Feuillet d'un livre; feuille de papier. —Viro 
fièl, mèstre Grabièl, passons à autre chose, à un autre dis- 
cours : tournons la page : loc. prvb. 

Dér. du lat. Folium, feuille. 

Fièr, fièro, adj. Fier; superbe; orgueilleux; arrogant ; 
hautain ; altier. — Faï dé soun fièr, il prend des airs. 

Fièr, fièrto, adj. Grand; considérable; fort; d'une 
fameuse dimension; bien étrange. — Aqud's uno fièrto 
cdouso, voiià qui est bien étrange, bien extraordinaire ; 
c'est une bien singulière affaire. Un fièr home, un terrible 
homme. Un fièr malhur, un bien grand malheur. Una 
fièrto"michantiso, une cruelle malice. 

Cet adjectif ne s'emploie que de vant le substantif avec 
lequel il s'accorde, 

Dér. du lat. Ferus, fier, intrépide, 

Fièramén, adv. Fièrement; avec orgueil ; beaucoup; en 
grand nombre; très; fort. — És fléramén bo, c'est bien 
bon, d'une très-grande bonté. Fièramén iuèn, excessive- 
ment loin. Siès fèramén abéstè, tu es grandement sot, 
ignare, grossier, impoli. 


350 FIG 


Figaré, s. m. Espèce de châtaignier hâtif. 

Ce mot vient sans doute de Figo, figue, sans qu'on 
puisse déterminer le motif de cette origine. 

Figaréto, s. f. Fruit du Figaré, châtaigne hâtive, bonne, 
fine, de moyenne grosseur. Elle tombe des premières; elle 
est de vente facile, et se dépouille bien lorsqu'elle est 
sèche. 

Fignoula, v. Fignoler; faire le petit-maitre, faire le 
beau; se pavaner; prendre des manières affectées, un ton 
prétentieux. 

Dér. de Fi, fin, avec la terminaison réduplicative et 
augmentative. 

Fignoulur, urdo, s. et adj. Petit-maitre; prétentieux, 
affecté; beau-fils; muscadin populaire; élégant vulgaire. 

Figo, s. f. Dim. Figuéto; péj. Figasso. Figue, fruit du 
figuier. Au fig. nez d'homme ou de chien. — Dé figos pér 
toun nas, des figues pour ton nez : ce n’est pas pour toi 
que le four chauffe. C’est par contraction de cette phrase 
qu'on dit interjectivement : Figos! Nenni! 

Les variétés sont nombreuses : nous les indiquons sous 
leur dénomination spéciale. 

Dér. du lat. Ficus, figue. 

Figo-lôouriôou, s. m. Loriot, Oriolus galbula, Linn., 
oiseau de l’ordre des Passereaux et de la fam. des Coni- 
rostres. C'est par son plumage un de nos plus beaux 
oiseaux : d'un jaune d’or; une tache entre le bec et l'œil, 
les ailes et la queue noires, mais celle-ci terminée de jaune; 
bec rougeâtre; iris d’un beau rouge; longueur 24 centi- 
mètres. Sa chair est fort estimée, surtout à l’époque de 
son second passage, dans les premiers jours de septembre. 
Le loriot vit en cage, mais plus difficilement que le merle 
et l'étourneau. 

Ce nom de Léouridou, comme celui lat. Oriolus, que lui 
donne la nomenclature scientifique, dér. du lat. Aureolus, 
couleur d’or, à cause de la couleur de son plumage. Le 
mot Figo a été ajouté en lang. parce que cet oiseau est 
très-friand de ce fruit, et qu'on l'aperçoit souvent sur les 
figuiers. 

Figuièiro, s. f. Dim. Figuièiréto; péj. Figuièirasso. 
Figuier, figuier commun, Ficus carica, Linn., arbre de la 
fam. des Urticées, cultivé de temps immémorial. — Fi- 
guièiro-Cabrôou, figuier sauvage, dont les fruits avortent 
sans mûrir. La figuièirasso est une expression tout alai- 
sienne pour désigner le fort d’Alais qui sert de prison. On 
voyait, il y a quelques années encore, un immense figuier 
sur le préau de la citadelle, au-dessus de la porte qu'on 
appelait le petit poste : de là l'allusion. Mounta à la 
figuièirasso, c'était simplement aller en prison. 

Dér. du lat. Ficaria venu de Ficus. 

Figuièirou, s. m. Arum, ou pied de veau, ou verge 
d'Aaron, Arum vulgare, Linn., plante de la fam. des 
Aroïdes. Sa racine est caustique quand elle est fraiche; 
sèche, elle est un bon cordial. La colocase d'Égypte et le 
chou caraïbe sont des variétés de l’arum, bonnes à manger. 





FIO 


Le nom de Figuiéïroù lui vient probablement de sa sève 
laiteuse et caustique comme celle du figuier. 

Figuro, s. f. Dim. Figuréto; péj. Figurasso. Figure; 
visage; forme extérieure d'un corps. 

Dér. du lat. Figura, m. sign. 

Fil, s. m. Dim. Füé, fioù; péj. Fias. Fils; enfant mâle; 
garçon. — Pichè-fil, petit-fils, le fils du fils ou de la fille, 
par rapport à l’aïeul ou à l'aïeule. És un brave fl, c'est un 
brave garçon. 

Dér. du lat. Filius, m. sign. 

Fila, v. Filer; décamper; cheminer; marcher vite. 

Dér. du lat. Filum, fil, par métaphore dévider son fil, 
fuir. Filer à la quenouille se dit Fiala ; mais l’'étymologie 
est la même. 

Fin, finto, adj. Extrème; jusqu'à la fin. — Ne s'em- 
ploie guère que joint aux mots Foun ou Soun, Cimo où 
Cimélo. Aou fin foun, au plus profond. A La finto cimo, à 
la cime extrême. Fin-x-et un dignè, jusqu'au dernier 
denier, sans rabattre une obole. 

Dér. du lat. Finis. En ital. Fino, jusque. 

Finablamén, adv. Finalement; en dernier résultat; 
enfin ; à la fin. 

Dér. du lat. Finalis, de Finis. 

Finamén, «dv. Délicatement; tendrement; doucement. 
— Se prend souvent ironiquement en antiphrase: Y-vai 
finamén, émbé touto la banastado, il n’y met ni délicatesse, 
ni finesse, ni précaution : il n’y va pas de main morte. 

Dér. de Fi, fino. 

Finanço, s. f. — Ce mot n’a rien de commun avec le 
mot fr. Finance. C'est une espèce de jeu de mots pour dé- 
signer la finesse, l’élégance de manières. Vaï sus la finanço, 
il est vêtu comme un prince, comme les personnes de haut 
rang, de haute position. Canta sus la finanço, chanter 
comme les messieurs et les dames, chanter l'ariette et la 
romance et non les airs et chansons populaires. 

Dér. de Fi, fino. 

Finèsso, s. f. Finesse ; astuce; ruse; artifice. 

Fini, v. Finir; achever; terminer; cesser; prendre fin. 
— Finissès, cessez, assez, laissez donc. — Voy. Fénà 

Dér. du lat. Finire, de Finis. 

Finissanço, s. f. Fin d’un livre, d’un écrit, d'une 
scène. 

Fino, finoto, adj. Finaud; rusé; qui finasse. 

Finocho, s. m. Finasseur; madré compère ; rusé. 

Dér. de Fi, fino. 

Finto, s. f. Feinte; ruse; emploi d’un moyen apparent 
pour masquer le but occulte qu’on poursuit. — Finto ca- 
ludo, ruse de guerre à certains jeux d'enfants : traduit du 
lat. Callida, rusée. Ana pér finto, employer la feinte, la 
fourberie; ne pas aller droit son chemin. 

Dér. du lat. Fingere, au supin Fictum. 

Fi0, s. m. Dim. Fiouqué; augm. Fioucas. Feu, principe 
de la lumière et de la chaleur; chaleur. — Faï fô, allume 
le feu, fais du feu. Y-a fù éncd dé.…., il y a un incendie 











FIO 


chez... Fi dé joïo, dé Sén-Jan, feu de joie, de PO: 
Y-a lou fid dou bla, le blé est d'une grande cherté. És él 
qué y-a més lou fi, c'est lui qui a fait renchérir cette 
marchandise. 

Dér. du lat. Focus. 

Fio, s. f. Dim. Füiéto, Fioù; péj. Fiasso. Fille; enfant, 
personne du sexe féminin par rapport à ses père el mère ; 
femme non mariée. — Bélo-fio, belle-fille, bru. Pichoto- 
fïo, petite-fille, fille du fils ou de la fille par rapport à 
l'aïeul ou à l'aïeule. Fio dé cambro, femme de chambre. 

Comme nous l'avons fait à l'art. Fénno, nous réunissons 
sous le mot Fio les principaux dictons que la malice, l’es- 
prit d'observation, la sagesse aussi des âges passés leur a 
consacrés. Ces petits proverbes n’ont point de date : ils ne 
sont pas non plus particuliers à notre dialecte, ni même à 
la langue d'Oc, qui n’y ont mis le plus souvent que le 
tour et la vivacité de l'expression. On rencontre leurs 
équivalents dans les autres langues et dans le français, qui 
se pique cependant de rafliner la galanterie. Ils ne repré- 
sentent donc pas la civilisation d'une époque ou d’un pays. 
Mais, puisqu'ils se sont reproduits et qu'ils se conservent, 
puisqu'ils sont encore souvent cités et appliqués, il sera 
peut-être curieux de les rassembler à peu près tous dans 
la mème page, et de les apprécier au moins au point de 
vue de la linguistique, sans y mettre autrement de malice 
ni de commentaire. 


Proverbes relatifs aux filles. 


— Bé vèn quan garçoü naï, s'uno fio vèn, bé s'én 
vai. 
.— Cièl pouméla, fio fardado, soun dé courto durado. 
— Entre fios et capélans sabou pas ounté manjaran lus 


— Éntre fios et éscoubios, pourièn pas êstre trop iuèn 
dé l’oustäou. 

— Fio, léntio et pan câou soun la ruino dé l’oustiou. 

— Fio troutiëïro et fénéstrièiro raramén bono maïnajëïro. 

— Fios d’hoste et figos dé cami, sé noum soun tastados 
dé vèspré ou soun dé mati. 

— Fio d’hoste et dé bouchè, agués pas gâou qué rés 
noun té siè. 

— Fio d'hoste et nd 8 cantoù soun pu lèou maduros qué 
dé sésoù. 

— Fio és coumo la roso, és bèlo quan-t-6s éscloso (pour 
éncldouso). 

— Fio maduro porto l’éfan à la cénturo. 

— Fio pâou visto és dé réquisto. | 

— Fio poulido sans habis, maï dé calignaïres qué dé 
maris. 

— Fio qu'agrado és mita maridado. 

— Fio qué prén, sé vén. 

— Fio qu'éscouto, vilo qué parlaménto, soun lèou présos, 

— Fios qué soun à marida, michan cabâou à garda. 

— Fio qué vôou êstre présado, ni visto, ni visilado, 





FIO 351 


— Fio sans crénto vôou pa'n brou dé ménto. 

— Fio à marida, chival à véndre. 

— Fio coumo és élévado, éstoupo coumo és fialado. 

— Fio laïdo, bièn parado. 

— Fio maïgro émbé dot gras, à cade jouïne-home plas. 

— Fios et véires soun toujour én dangè. 

— Las fios fou pas qué parlou qué lou fid noun siègue 
acala. 

— Ni trop fios, ni trop vignos. 

— Nose, fio, castagno, sa râoubo cubris la magagno. 

— Pan frés, prou fios et bos vèr boutou l'oustäou én 
désèr. 

— Päou vignos, pâou fios, et bé téngudos. 

Dér. du lat. Filia, m. sign. 

Fiolo, s. f. Fiole, petite bouteille de verre blanc. 

Dér. du gr. Diéha, m. sign. 

Fiolo, s. f. Filleule, celle dont on est le parrain ; œille- 
ton ou filleule d’artichaut; drageon enraciné du talon d'une 
plante qu'on arrache pour transplanter. 

Dim. de Fio, dans l’un comme dans l’autre sens : l'œil- 
leton étant à vrai dire la fille, la pupille de la souche-mère. 

Fiou, s. m. Dim. Fioulé. Au plur. Fiousses. Fil; filasse 
du chanvre, du lin, du coton, de la soie, de la laine, etc., 
tordue en brin délié et continu; tranchant d’un outil; 
fibre de certaines plantes; courant d'eau; fil, cours, suite 
de choses, d'une affaire, d’un discours. — Low fiou dé 
l'aïgo, le fil, le cours de l'eau. Aquè vaï à fiou d’aïgo, 
cette affaire marche que c'est un charme; elle va d’elle- 
même comme le courant de la rivière. À trop lou fiou, il 
est trop rusé, trop fin. Douna lou fiou, aiguiser, émoudre 
un instrument tranchant, lui donner le morfil. Li coupè 
lou fiou, il l'interrompit, il l'interloqua. Tèn pas qu'émb'un 
fiou, cela ne tient qu'à un fil, à rien, à presque rien. 
Dé fiou én aguïo, d’une chose, d’un propos à un autre, de 
fil en aiguille. 

Fiou dé richar, fil d'archal, de laiton, passé à la filière : 
en lat. Auricalchus. 

Fiou dé fère, fil de fer; fiou d'aran, fil d'archal. 

Fiou dé vigno, vrilles où mains de la vigne. 

Fiousses dé majoufo, trainasses des fraisiers, par où ils 
se provignent d'eux-mêmes. 

Dér. du lat. Filum, m. sign. 

Fioucado, s. f. Feu de paille; feu passager et de courte 
durée, tel que celui qu'on produit avec une bourrée. Au 
fig. vivacité; mouvement passager de colère. 

Dér. de Fi, feu. 

Fioula, v. Sifller la linotte; boire à longs traits; siroter. 

Ce mot nous vient peut-être de Fiolo, fiole, peut-être aussi 
du gascon Fioula, sifler. 

Fioun, s. m. Adresse; biais; habileté; manière de s'y 
prendre. — À lou /ioun, il sait donner la tournure con- 
venable. 

Peut-être n'est-il qu'une corrupt. de Fiou dans une de 
ses acceptions. , 


352 FLA 
Fiqua, v. Placer dedans; faire entrer adroitement quel- 
que chose. : 


Dér. du lat. Figere, piquer, fixer. 

Fisa, v. Fier; confier une chose à quelqu'un. 

Sé fisa, avoir confiance; se reposer sur quelqu'un avec 
sûreté. — Li fisarièi pas la quuïo dé moun ase, dit-on en 
parlant d’un médicastre, d’un empirique : je ne lui con- 
fierais pas la vie de mon chien. Mé /ise sus él, je me repose 
sur lui en toute confiance. 

Dér. du lat. Fisum, supin de Fidere, m. sign. 

Fisable, ablo, adj. Qui mérite toute confiance; à qui 
on peut se fier; personne süre et fidèle. 

Fiso-té-li, phr. faite interjective. Ah! bien oui! va t'en 
voir s'ils viennent, Jean ! Fiez-vous à lui, à cela. 

Fissa, v. Fixer ses regards; fixer les yeux sur quel- 
qu'un; piquer, enfoncer un aiguillon. 

Dér. du lat. Fixus de Figere. 

Fisso, s. f. Gardes de la houille ; pierre noire, le plus 
souvent feuilletée comme l’ardoise, qui forme les assises 
supérieures et inférieures des filons de charbon, et quel- 
quefois se trouve intercalée dans le bloc lui-même. Elle 
est de la nature du charbon; mais elle est peu poreuse et 
brûle mal. Sauvages la nomme en fr. Fisse, mot qu’on ne 
rencontre pas dans les dictionnaires, et c'est sans doute 
un emprunt qu’il fait à l’idiome local; mais dans la lan- 
gue parlée aux mines de houille même, on emploie le mot 
Ficho, qui s’est francisé en Fiches, lesquels n’ont certai- 
nement pas d'autre origine que le vrai languedocien Fisso, 
plus ancien et meilleur, venant du lat. Fixa, plantée, en- 
foncée. 

Fissoü, s. m. Aiguillon d'abeille, de guèpe, de frelon. 

Dér. du lat. Figere, piquer. 

Fistra, v. Filtrer; distiller goutte à goutte; suinter; 
s'écouler comme en passant par un filtre, où par une fuite 
insensible. 

Corrupt. du fr. 

Fistre, interj. Juron. Fichtre! certes! peste! dame! 
diable! — Ressemble fort à l'adoucissement d'un mot 
grossier, un juron aussi de plus belle maille. 

Fiun, s. m. La gent fille, la généralité des jeunes filles 
d'un endroit donné. — Ne se prend qu'en mauvaise part, 
c.-à-d. en style narquois. 

Fla, flaquo, adj. Dim. Flaqué ; péj. Flaquas. Flasque; 
mou; sans vigueur; lâche; sans force; indolent. — Dé 
cars flaquos, Chairs flasques, molasses. Fla coumo la 
bano d'un biôou, par antiphrase pour exprimer une vigueur 
à toute épreuve. Fla coumo uno tèlo, coumo uno simousso, 
sans force, mou comme de la chiffe. 

Dér. du lat. Flaceus ou mieux Flaccidus, m. sign. 

Flaïra, v. a. Flairer; sentir par l'odorat : au fig. pressentir, 
prévoir; et v. n. Fleurer; avoir de l'odeur; exhaler une 
odeur. — Flaïras aquél bouqué, sentez cette fleur. Agud 
flaïro pas bo, cela ne sent pas bon. 

Dér. du lat. Flagrare, m. sign. 


FLA 


Flaïre, s. m. Flair; odorat. 

Flama, v. Flamber, produire ou donner de la flamme.— 
Flamber, pris activement, ne se dit pas Flama, maïs bien 
Uscla où Chabuscla. — Voy. c. m. 

Flamado, s. f. Flamme; feu vif et clair, tel que celui 
qu'on produit avec de la bourrée, des sarments, du menu 
bois, etc. — Coïre à la flamado, faire rôtir à la flamme. 

Flamba, v. Flamber, jeter de la flamme, des flammèches 
Au fig. perdre; ruiner. — Souï flumba, je suis flambé, 
perdu, ruiné. 

Dér. du It. Flamma. 

Flambéja, v. fréq. Flamboyer; jeter de la flamme, un 
vif éclat. 

Flaméja, v. fréq. Flamber, commencer à flamber; pro- 
duire des flammes. Au fig. être irrité, enflammé; donner 
une vive ardeur, causer une inflammation, — Moun dé 
flaméjo, mon doigt est brülant d'irritation. 

Flame-nôou, flame-novo, adj. Tout neuf, entière- 
ment neuf; tout battant neuf; qui n’a jamais servi. 

En esp. on dit dans le même sens Flamante; cela signi- 
fie : qui est dans tout son lustre, qui flamboie de lustre et 
de nouveauté. 

Flamo, s. f. Dim. Flaméto; augm. Flamasso. Flamme, 
partie subtile et lumineuse du feu. 

Dér. du lat. Flamma, m. sign. En bas-breton, Flam. 

Flan, s. m. Crème faite avec du lait et des œufs, qui a 
la’ consistance d’une gelée. 

Flana, v. Flaner; ne rien faire; se promener par dé- 
sœuvrement; perdre son temps par les rues, en déambu- 
lant. — C'est, avec un résultat identique, presque l'op- 
posé de Duga, qui suppose la flanerie sans la locomotion. 

Flandrin, drino, adj. Péj. Flandrinas. Flandrin; grand 
eflanqué, paresseux et indolent. Plus usité au fém., grande 
femme sans maintien, sans grâce; lâche; nonchalante; à 
qui tout traine par indolence ou maladresse; une marie- 
chiffon. 

IL est probable que ce mot est dérivé de Flandre, et a 
désigné autrefois ses habitants. 

Flandrouio, s. f. Péj. Flandrouïasso. C'est un augm. 
de Flandrino, avec une certaine aggravation de mauvaise 
tenue. 

Flanqua, v. Flanquer, donner un coup, jeter. — Lénitif 
d’un mot plus énergique, comme Ficha. 

Flanur, urdo, s. et adj. Flaneur; musard; paresseux ; 
qui se promène par désœuvrement. 

Dér. de Flana. ; 

Fläougnar, gnardo, adj. Flagorneur; enjoleur; cajo- 
leur; courtisan; patelin; chien-couchant. 

Dér. du lat. Flare, souffler, enfler de vent, parce que 
les flatteries enflent la vanité. 

Fläougnardariès, s. f. plur. Flatterrie; flagornerie; 
chatteries; patelinage. 

Flâougnardéja, v. fréq. Flatter: faire des chatteries; 
| flagorner. < 











. Flâougnardije, s. m. Caractère flatteur, patelin, flagor- 
neur, complimenteur doucereux. 

Flâoujos, s. f. plur. Contes, sornettes dans un but de 
flatterie, tels que les propos hyperboliques d'un séducteur. 

Flâäousino, s. f. Coutil, toile croisée à larges raies, dont 
on fait les lits de plume et les taies d'oreiller. 

Ce mot doit sans doute son origine à une circonstance 
anecdotique ou à quelque nom fr. de cette étofle, qui a 
disparu. 

Flaqua, v. Faiblir; fléchir de faiblesse; manquer de 
force; mollir; devenir flasque. — Mas cambos mé flaquou, 
les jambes faiblissent sous moi. 

Dér. du lat. Flaccidus. 

Flaquéja, v. fréq. Manquer de force, de courage; lâcher; 
fléchir; flageoler, en parlant des jambes. 

Flaquéto, s. f. Ne s'emploie qu'avec le v. Faïre, — 
Faïre flaquéto, faiblir ; s’affaisser ; flageoler. 

… Flaquije, s. m. Faiblesse; indolence; mollesse; lassitude. 

Flaquo-lamo, pAr. faite. Lâche au travail; sans éner- 
gie; nonchalant ; indolent; poltron ; lâche. 

Flasquo, s. f. Poire à poudre, exclusivement. 

* Flasquou, s. m. Flacon, bouteille de verre blanc à large 
goulot terminé en entonnoir; génériquement, toute bouteille 
à vin qui est en verre blanc. — Flasquou païa, flacon 
clissé. 

Dér. de la bass. lat. Flasceus ou Flasca, Flasco, n1. sign. 
En ital. Fiasco. 

Flassado, s. /. Couverture de laine. Au fig. homme 
faible, sans énergie morale; poule-mouillée, qui, cédant à 
toute pression, se laisse facilement aller et retourner. La 
couverture aussi est essentiellement molle, flasque. — Flas- 
sado vient en effet du lat. Flaccida, et son radical lang. 
Fla a la même signification; — elle se laisse aisément 
plier, rouler, tourner et retourner, et l’on comprend que, 
par une juste comparaison, pour l’homme en question l'on 
dise : és uno flassado, lorsque c’est son caractère habituel, 
et a fa la flassado, lorsqu'il a fait comme elle dans une 
occasion particulière. 

Dans la bass. lat. Flassada ou Flasciata, m. sign., con- 
traction de Filassata. En esp. Fracata. 

Flata, v. Flatter; caresser de la main; traiter avec dou- 
ceur, et non dire des flatteries. — Flata l'aïgo, ne pas trop 
contrarier le courant d’une rivière en faisant des digues ou 
fascines pour la réparation des propriétés riveraines. Flata 
jo, jouer lâchement, sans application : ce que font les 
fripons pour allécher leurs adversaires. — Cependant on 
le dit bien dans un certain sens de dissimuler, leurrer; 
vanter : Vous ou flate pas, je ne vous le dissimule point. 

. Sé flata, se dorlotter, se choyer à la moindre incommo- 
dité. 

Dér. peut-être du lat. Flare, Flatare, souffler, donner 
du vent. 

Flèoume, s. m. Flegme, impassibilité; lenteur; indo- 
lence. — Ne s'emploie qu'au fig. 





FLO 353 


Flèoumo, s. {. Flegme, pituite; glaire; humeur qui est 
qualifiée de froide, et qui, dit-on, joue un grand rôle dans 
l'économie animale. 

Les deux mots m. et f. ont la même origine du lat, 
Phlegma, du gr. Péyuæ, piluite, parce qu'on croit que 
l'abondance de cetie humeur est la cause du tempérament 
flegmatique. 

Fléquo, s. f. Paquet de chanvre ou de laine cardée, tel 
qu'il est posé sur la quenouille: boucle, mèche de cheveux. 

Flétoù, s. m. Boulet d'un cheval : la jointure qui sépare 
le tibia du paturon. 

Dér. du lat. Flectere, plier, tourner. 

Fli-fla, s. m. Terme de danse, jeté-battu. 

Flin-flan ! interj. Flic-flac : onomatopée pour imiter le 
bruit d’un soufflet qu'on applique sur l'une et l'autre joue. 

Flisquo-flasquo, interj. Augm. du mot précédent, plus 
énergique et plus imitatif que lui. — S'applique encore au 
bruit que fait un liquide secoué dans un vase à moitié 
plein, des vagues sur le rivage. 

Flo, s. m. Dim. Flouque; augm. Flouquas. Morceau, 
lopin, pièce de quoi que ce soil; flocon de soie ou de laine; 
houppe de bonnet, bouffette. — Au moyen-àge, c'était un 
luxe d'orner les équipages et les haquenées de main d'un 
nombre infini de houppes, surtout en Italie chez les car- 
dinaux et les princes de l'Église, en très grande cérémonie : 
de là l'expression italiecne in fochi, qui est passée telle 
quelle dans le fr. 

On appelle particulièrement Flo, la houppe de laine 
qu'on laisse sur les plus beaux moutons et les agneaux 
lors de la tonte et qu'on teint en rouge ou en vert: c'est 
le luxe des bergers. — fou fou émporto lou flo, la couture 
emporte ou déchire la pièce. Aquélo éstofo s'én vaï à bèles 
fes, cette étoffe s'en va par loques. Un flo de pan, un mor- 
ceau de pain. 

Très-certainement le primitif s'écrivait Floc, conservé 
encore dans quelques dialectes, que le nôtre, qui a horreur 
du € final dans la prononciation, ne peut admettre que 
l'étymologie indique et qui se retrouve d'ailleurs dans les 
composés. 

Dér. du lat. Floccus, flocon de laine. 

Fléousouno, s. f. Espèce de tarte à la crème, qui n'est 
autre que du fromage frais de ceux qui sont nommés Toumo, 
qu'on renferme dans une légère pate de farine et qu'on fait 
cuire au four sans sucre. 

C'est un mets et un nom qui appartiennent à la Lozère 
et à l'Aveyron. 

Floto, s. /. Dim. Floutéto. Grand écheveau de soie écrue 
telle qu'elle est dévidée à la filature sur la roue du tour à 
filer; poignée de chanvre prignée; mèche de cheveux. 

Dér. de la bass. lat. Flottu, m. sign., pris du lat. Fluctus, 
flot, parce que la Floto est ondée lorsqu'elle est libre, 
comme les flots de la mer. 

Flou,s. f. Dim. Flouréto; péj. Flovrasso. Fleur : terme 
générique comme en fr. et qui prend la plupart de ses ac- 


45. 


354 FLO 


éeptions figurées. Cependant lorsqu'il s'agit d'une indivi- 
dualité du genre des fleurs, on dit plutôt un Douqué 
(V.c. m.): un jardi plé dé bouqués, un jardin, plein de 
fleurs. Coumo apélas aquél bouqué? Comment nommez- 
Vous cette fleur ? — Au fig. la fleur; Ja crème; la partie 
H plus précieuse d'un tout. La flou dé la pruno, le duvet, 
la petite poussière qui se forme sur la prune à l'état na- 
turel, et qui se déflore au contact. 

Dér du sat. Flos, m. sign. 

Floundéja, ». fréq. Gambiller; jouer des jambes, en 
ayant le corps renversé sur le dos, comme font les enfants 
au maillot, lorsqu'on leur enlève momentanément les en- 
traves de leurs langes. — Se dit aussi : léva las floundos, 
jouga dé las floundos ; tout à fait synonymes. 

Floundo, s. f. Fronde à lancer des pierres. — Longtemps 
les enfants d’Alais se sont battus à la fronde, et il se faisait 
ainsi des campagnes fort curieuses, souvent très-savantes 
en stratégie, quelquefois sanglantes. Uno floundo dé'quatre, 
une fronde tressée à quatré brins, était alors la plus re- 
cherchée. 

Dér. du lat. Fünda, m. Sign. 

Flouqua, +. Garnir de houppes; orner, parer de houp- 
pes ; tondre un mouton en lui laissant des houppes de laine. 

Dér. de Flo. 

Flouquaran, arando, adj. Péj. Flouquarandas. Très- 
ÿrand, très-élevé, mais sans tournure, sans grâces. 

Dér. de Flo, c.-à-d. un très-grand morceau d’homme : 
tune très-grande taille n'étant pas toujours le type dé la 
grâce. 

Ce mot peut venir aussi du n. pr. Fulérand, qui est 
celui d'un saint évêque de Lodève, patron de l’église de 
cette ville. Il n’est pas impossible qu'à Montpellier on 
désignät les Lodéviens sous le nom de Fulcrans, comme 
épithète ironique : d’où ce sobriquet aurait été formé. 

Flouquariè, s. f. Loquettes, crottins ou flocons de rebut 
d’une toison, qui ne font pas corps avec la toison entière : 
c’est la laine du ventre et des cuisses, toujours chargée de 
crottins. 

Dér. de Flo, flocon de laine. 

Flouquéja, ». fréq. Couper menu, en petits morceaux ; 
morceler; déchiqueter. 

Floura, ado, adj. Fleuri; vermeil; velouté comme un 
fruit qui a conservé son duvet, sa fleur. — És floura, il à 
un teint de lys et de rose, comme on disait. 

Flourado, s. f. Premier choix; fleur d'une marchandise 
quelconque; élite de ce qu’il y a de meilleur, de plus fin, 
de plus délicat. — Y-an léva la flourado, on a déjà enlevé 
la fleur, ce qui avait le plus de prix. Aï prés pas qué la 
fourado dé sous moutoùs, j'ai acheté tous ses plus beaux 
moutons. 

Flouré, s. m. Padou, ruban de fil ou de coton. — Voy. 
Cabiè. 


Flouréto, s. . Dim. de Flou, Petite fleur ; fleurette. — 
Voy. Flou. 





| 


FOL 
Flouri, ». Fleurir; être en flou: pousser des fau 


orner de fleurs. 

Sé flouri, moisir, chancir. — Cette expression rend 
d'une manière plus explicite que le fr. cette opération de 
la décomposition des corps; la moisissure indique l'efflo- 
rescence qui se forme en poussière blanche et ressemble 
à une végétation; dans tous les cas, elle à beaucoup de 
rapport avec celle de toutes les espèces de fungus, qui 
n’est aussi qu'une efflorescence causée par l'humidité et un 
commencement de décomposition dans les corps ligneux. 

Flourido, s. f. Fléuraison; saison, époque de la forma- 
tion des fleurs. 

Flouridun, s. m. Moisissure, chancissure. 

Flourië, s. m. Charrier; drap de toile grossière qu'on 
étend sur le linge rangé dans le cuvier d’une lessive, et 
qu'on charge de cendres pour séparer le linge de leur 
contact immédiat. 

Flouroun, s. "”. Furoncle, clou, flegmon enflammé, 
abcès très-douloureux. 

Flurdalis, s. f. Fleur de lis, considérée comme armes 
de France. Altération en un seul mot de Flou dé lis. 

Flurdalisto ou Frâoudulisto, s. m. Féodiste, qui exer- 
çait la profssion, aujourd’hui perdue, de lire, de déchiffrer, 
de traduire, d'expliquer les vieux titres, les anciens actes. 

La variante, dérivant de Fréaudo, est inspirée par une sorte 
de jeu de mots avec le premier qui n’est qu'une corr. du fr. 

Flus, flusso, adj. Fil qui.n'est point tors. — Sédo 
flusso, soie plate, non tordue. 

Dér. du lat. Fluæus, mou, lâche. 

Fluté, s. m. Dim. de Fluto. Flageolet; octavin. 

Fluto, s. f. Flüte, instrument de’ musique à vent, en 
forme de tuyau. 

Foço, adv. Beaucoup; en grande quantité; en grand 
nombre ; extrèmement. 

Contraction de Forço. —V. ©. m. 

Fogo, s. f. Fougue; presse; ardeur ; empressement. — 
La fogo das magnas, l'époque où les vers-à-soie occupent 
le plus activement, c.-à-d. quand ils sont en fraise. La 
fogo dâou mâou, au fort de la maladie. Laïssa passa la 
fogo, laisser ralentir le prenrier empressement. 

Dér. du lat. Focus, feu, foyer. 

Foire, v. Marer, houer, fouir la terre, la remuer à la mare 
ou à la houe et non à Ja bèche, luché; car on dit alors luchéta. 
Au fig. prendre quelqu'un dans tous les sens, le tourner et 
le retourner pour le décider à quelque chose. — Aimariès 
maï ana foire, j'aimerais mieux bècher avec les dents. 

Dér. du lat. Fodire, fouir, bècher. 

Fol, folo, adj. Dim. Foulé; augm. Foulas. Fou; en- 
ragé; atteint de la rage; insensé, qui fait des folies. — Un 
chi fol, un chien enragé. Un foulas n'est point un fou, 
mais un écervelé; les femmes appellent Foulassas, celui 
qui se porte envers elles à quelques privautés dont elles 
aiment mieux rire que se fâcher. 

Dér. du lat. Follis, ballon à vent. 





FOR 


Fon,s. f. Dim. Fountéto. Fontaine, source; eau yive 

qui sort naturellement de la terre ou d'un rocher. 
… Les dénominations de lieux et ensuite de personnes sont 
très-nombreuses, dans lesquelles est entré ce mot, soit 
simple avec la forme latine au nomin. précédé ou non de 
l'article, ou celle de l'accus. marquée du T, soit com- 
posée et s'ailiant à des situations caractérisées par l'ad- 
jeetif. JL en est résulté des variétés dont nous indiquerons 
quelques-unes des principales, et qui, pour ne former 
qu'un seul mot, n'en laissent pas moins apercevoir leur 
origine. — Fons, commune de Saint-Mamert; Fons-sur- 
Lussan; Las Fons, commune de Molières; la Fons, ruis- 
_seau, à Saint-Julien de Valgalgues ; à la Salle; et La Font, 
dans les communes d’Arre, de Cambo, de Laval, de Rogues; 
La Fous, près le pont du Gard; sans compter les noms 
propres d'hommes : Lafont, Fontanes, Fontaine, La Fon- 
taine; puis, en composition, avec ou sans séparation, 
Fountarano, ruisseau, Fons arenæ; Fountarécho, Fonta- 
-rèche, Fons erectus, fontaine élevée; Fountâoubo, Fon- 
taube, Fons albus; Fon-bouïén, Font-Bouillant, Fons 
ebulliens; Fon-cdoudo, Font-chaude, Fons calidus; Foun- 
cluso, Font-Cluze, Fons Fclausus; oncouvèrto, Font-Cou- 
verte, Fons coopertus ; Founfrédo, Fonfrède, Fons frigidus; 
Founfouïouso, Font-Fouillouse, Fons foliosus, feuillue, 
.ombragée; Founmagno, Fonmagne, Fons magnus ; Fonvivo 
Fonvive, Fons vivus, etc, 

Fôou, v. impers. 3me pers. indic. prés. de Foudre. Il 
faut. — Fou dire, il faut dire. 

Füou est aussi la Are pers. indic. prés. du v. Faïre. Je 
fais. — FÜou pas qu'ana et véni, je ne fais qu'alleret venir. 
. Fôoure, s. m. Provisions; hardes; bagage, ustensiles de 
ménage, d'une maison; Je nécessaire, ce qu'il faut. — 
ÆRécata soun féoure, soigner, renfermer ses provisions, ses 
hardes. 

Dér. du v. Fondre ou Foure, falloir. 

For, s. m. Fort; citadelle; lieu fortifié. — A Alais, où 
l'ancienne citadelle a été convertie en maison d'arrêt et de 
justice, il signifie prison. Mounta dou for, mettre en pri- 
son, parce que le fort est élevé au-dessus de la ville. 

Dér. du lat. Fortis, fort. 

For, forto, adj. Dim. Fourté; péj. Fourtas. Fort; 
robuste; qui a de la force, de la consistance; de haut- 
goût, àcre, piquant; extraordinaire. —Se prend quelquefois 
substant., le fort, la partie principale, le plus haut degré. 
— Dé vi for, du vin tournant à l’aigre. Aquélo cébo és 
forto, cet oignon est d'un goût fort et piquant. dan for dé 
«l'éstiou, au plus fort de l'été. 

Sé faïre for, se prévaloir; s'engager à; cautionner; ré- 


pondre pour quelqu'un. — Sé faï for qu'és cousi d'un t4ou, 


il se prévaut de la parenté d'un tel. 

Forço,. s. [. Force du corps; vigueur ; énergie; solidité ; 
puissance. — Forgo mé ségu, force me fut, je fus bien 
forcé de. Forgo dé né faïre, à force d'en faire. Fous séra 

\forgo, force vous sera. 


à: 





FOU | 355 


Pér forço, adv. Forcëment, par force, par contrainte. — 
Pér forgo lous pénjou, par force on les pend; que voulez- 
vous y faire? 

Dans la bass. lat. Fortia ou Forcia, m. sign. 

Forço, adv. cu Foço. Beaucoup; extrèmement; en 
gr and nembre; en grande quantité. — Voy. Fogo. 

Forjo, s. f. Dim. Fourjelo; péj. Fourjasso. Forge, lieu 
où l'on fond le fer; atelier de forgeron. 

Dér. de la bass. lat. Forgia, m. sign., venant de Fabrica. 

Formo, s. {. Dim. Fourmeto; pej. Fourmasso. Forme, 
configuration des corps; manière d'être d'une chose; forme 
de soulier, morceau de bois façonné de manière à repré- 
senter le pied; embouchoir de bottes. 

Dér. du lat. Forma, mn. sign. 

Foro, adv. Dehors; hors d'ici; loin d'ici, — Ou vése 
d'aïcin foro, je vois cela d'ici. Y-anarén d'aïcin [oro, 
nous irons en sortant de là et sans désemparer. D'oïci'n 
foro, de ce pas ci. D'hiucï én foro, à partir de ce jour. 
Aquô's foro man, cela est hors de portée, en dehors de la 
main. Foro visto, hors de vue. 

Dér. du lat. Foràs, dehors. 

Fos, Fosso; au plur. Fosses, Fossos, part. pass. du 
v. Foire. Labouré, creusé, foui. — Foy. Fotre. 

Fosso, s. f. Fosse, lieu creusé das la terre pour ense- 
velir un corps mort. — Nous n'eurcgistrons ce mot que 
par souvenir d'un prvb. cité à propos des femmes : il 
n'est pas de notre dialecte, qui dit Cros ou Trdou; mais il 
est reçu en provençal, d'où nous vient aussi le pryb. 

Dér. du lat. Fossa, m. sign. 

Fouchol! interj. Dim. Fouchéto! Peste! Diantre! Foin! 
Malpeste! — Juron qui est aussi un déguisement anodin. 

Fouchouira, v. Ravauder; mettre sens dessus dessous, 
sans but, sans nécessité ou à contre-temps. 

Foudre ou Foure, v. imp. irrég. Falloir, être de néces- 
sité, d'obligation. — Foudre mouri, ètre obligé de mourir. 

Foué, s. m. Fouet, lauières de cuir tressées et attachées 
à un baton pour fouetter; verges à châtier. -— Vaï coumo 
un foué, il va comme le vent; il tait vite et bien. Faïre 
péta soun foué, faire claquer son fouet, au prop. et au fig. 
faire l'important; faire grand brut. 

Dér. peut-être du lat. Fagus, qui a donné le vrai mot 
Fouteau, Fau, hêtre, parce que c'etait, dans l'origine, des 
verges ou houssines de Lètre dent on se servait pour fouet. 

Fouétéja, v. fréq. Jouer du fouet, le faire cliquer sou- 
vent; agir plus du fouet que de la voix pour conduire un 
atelage. 

Fougasso, s. f. Dim. Fougassé/o; augm. Fougassasso. 
Fouace; gateau; galette; espèce de pain trés-aplati, cuit au 
four; morceau de pâte très-mince et découpé en différentes 


_figures qu'on place dans le four avant d'y mettre le yain, 


afin d'en éprouver.le degré de chaleur : pâte mal cuite, 
| indigeste et peu économique. Aussi le prvb. dit il: Fénno 
| fougassièiro, péouro méinajïre, lenime qui fait des ga- 
lettes est une pauvre femme de ménage. Par ext. Fougasso 


356 FOU 


s'applique à toute sorte de gâteaux au beurre, au gras et 
au sucre. — Fougasso dé rèis, gâteau des Roïs. Dé la 
pasto dé moun coumpaïre, bono fougasso à moun fiôou, 
prvb., du cuir d'autrui large courroie. Vous réndrat pan 
pér fougasso, je vous rendrai la pareille avec usure. Futre 
dé fougasso, en terme d'agriculture, effleurer seulement la 
terre avec la houe, ou en laisser une certaine longueur 
sans la fouiller, et la recouvrir ensuite avec de la terre 
remuée pour qu’il n’y paraisse pas. Faïre fougasso, c'est 
éprouver une averse de pluie perdant les travaux de l'aire, 
après qu'on a foulé le blé et avant que le grain soit nettoyé. 

Dér. du lat. Focus, foyer, parce que, dans le principe, 
cette galette se cuisait sous la cendre. 

Fougna, v. Bouder; faire la moue à quelqu'un; être 
de mauvaise humeur. — On dit d'une souche, d'un arbre, 
Fougno, il boude, lorsque, sans être mort, sa sève est 
engourdie, et qu'il pousse des bourgeons beaucoup plus 
tard que les autres de son espèce : il se dit également d’une 
ente paresseuse. 

Astruc prétend que le mot vient du celtique. 

Fougnadisso, s. f. Bouderie; mauvaise humeur appa- 
rente; mécontentement manifesté. 

Fouguaïre, aïro, a/j. Boudeur; renfrogné; qui fait la 
moue; qui fait mauvaise mine. 

Fougno, s. f. Mine boudeuse; grise mine; moue. — 
Faï la fougno, il ou elle me regarde de mauvais œil; me 
boude. 

Fougu, udo, part. pass. du v. Éstre, et du v. Foudre. 

Fouguè, 3m pers. sing. prété. défini du v. Éstre. Il ou 
elle fut. 

Fouguë, v. impers. prêt. déf. du v. Foudre. I fallut. 

Fouguéirou, s. m. Foyer d’une cheminée; âtre; four- 
neau. 

Dér. du lat. Focus, dont 1l est un dim. 

Fouguéja, v. fréq. Cuire, ressentir une cuisson, des 
élancements de douleur; éprouver ou causer une douleur 
âpre, aiguë, brülante. — Ma gorjo mé fouguéjo, j'ai la 
bouche en feu. 

Dér. du lat. Focus ou de Fogo. 

Foui, fouisso, adj. Trouble, louche. — Voy. Fous. 

Fouia, v. Fouler; écraser; enlever la fraicheur et la 
fleur d'un fruit délicat en le maniant ou le transportant 
sans précaution, comme les raisins, les fraises, les fruits 
très-mürs. — Ne se dit que d’un acte involontaire : lors- 
qu’on veut parler d’un frait qu'on écrase à dessein, on se 
sert de Ésfouia — V. c. m. 

Dér. de la bass. lat. Fullare, fouler, fait du lat. clas- 
sique Fullo, foulon. 

Fouiè, s. f. Folie; démence; extravagance; passion 
excessive. — Faïre dé fowiès, faire des folies, des extra- 
vagances. Éstre én foutè, être en chaleur, en rut, en par- 
lant de certains animaux dans la saison de leurs amours. 
És bé fout), c'est peine perdue, c’est inutile. 

Dér. de la bass. lat. Follicia, fait de Follis. 





FOU 


Fouiè, 3m pers. sing. de l’imp. du v. Foudre. Il fallait, 

Fouiétéja, v. fr. Chopiner; siroter; hanter les cabarets, 
les bouchons. 

Dér. de Fouïéto. 

Fouiétéjaire, airo, adj. Ivrogne; qui aime à gobelotter; 
qui aime et fréquente les tavernes. 

Fouïéto, s. f. La quatrième partie d’une pinte du pays, 
qui équivalait à la double pinte de Paris. — La fouïéto 
répond à la chopine de Paris et contient en mesure métri- 
que de litre 0,48. 

Ce mot est emprunté au fr. Feuillette, qui est aussi une 
mesure de capacité du vin, quoique les deux mesures 
soient fort différentes d'importance : cette dernière conte- 
nant 444 pintes de Paris, soit 438 litres 25. 

Fouiïna, v. S'enfuir làächement; reculer devant un dan- 
ger, une menace; fuir; s’esquiver. — Fovwiner est pop. 
en fr., mais l’Académie l’enregistrera. 

Le mot pourrait avoir été formé du lat. Fugere; mais 
il est plus probable qu’il descend de Fouine, imiter la 
fouine. 

Fouio-mèrdo, s. m. Escarbot, scarabée stercoraire, 
pillulaire, fouille-merde, Scarabœus pillularis, Linn., in- 
secte de l’ordre des Coléoptères, et de la fam. des Lamel- 
licornes. — On connait ce scarabée, assez désigné par son 
nom, qui fait de si singulières boulettes pour loger sa pro- 
géniture, et qui, dit-on, déteste la rose, dont l'odeur le fait 
mourir. Il est vrai de dire cependant que si son goût est 
certain, son antipathie l’est beaucoup moins. 

Fouira, v. — Voy. Ésfouïra, s'ésfouira. 

Fouiralado, s. f. Produit d’une décharge de ventre 
liquide et en diarrhée. 

Fouiro, s. /. Foire, diarrhée; cours de ventre; selles 
fréquentes et liquides. — On dit d’une personne malingre 
et d’une santé chancelante : À toujour pét où fouiro. On 
emploie la même expression au fig. en parlant d'une per- 
sonne qui a toujours quelque mal en poche, un faux: pré- 
texte pour se dispenser d’une corvée. 

Dér. du lat. Foria, m. sign. 

Fouïita, ado, adj. Terme de tailleur et de couturière, 
étriqué; affamé; qui manque d’ampleur. 

Fouïita, v. Fouetter; battre de verges; fesser ; donner le 
fouet. Au fig. agiter, purifier. — Fouita uno bastisso, 
crépir avec un balai. Aqud fouïlo lou sang, cela fouette et 
purifie le sang. 

Dér. de Foué. 

Fouïitado, s. /. Coups de fouet; correction à coups de 
fouet ou de verges; fessée. — Ne s'applique guère qu'aux 
enfants. 

Fouitéja, v. fréq. de Fouïta. Fustiger; fouetter rude- 
ment et à plusieurs reprises. 

Fouito, s. f. Le même que Fouïtado, avec un peu de 
lénitif peut-être. — Voy. €. m. 

Foulas, asso, adj. Augm. de Fol. Folâtre; qui aime 
à folètrer; plaisant grossier, Jlourdaud et maussade, en 


s ns Ci JS 


: 
L uù à s 2h 


| 
. 





FOU 


mauvaise part; mais suivant le ton, badin, — Qué siès 
foulas ! que tu es sot! 

Foulastrado, s. /. Balourdise; bêtise; ânerie: incar- 
tade; trait d’étourderie, de folie. 

Foulastréja, v. fréq. Folâtrer; batifoler. — Voy. Fou- 
digdoudeja . 

Foulastrije, s. /. Étourderie; habitude de folâtrer, de 
batifoler . 

Foulé, s. m. Tourbillon de vent; petite trombe d'air 
qui tourne en volute et enlève le sable, la -poussière et les 
feuilles sèches. 

Dér. de Fo, dans le même sens que esprit-follet, feu- 
follet, etc. 

Fouligâou, âoudo, adj. Folàtre; écervelé; étourdi ; 
volage; enjoué. 

Dér. du lat. Volaticus, léger, insouciant : permutation 
de Ven F, assez fréquente. 

Fouligâäoudariè, s. f. Jeux folâtres ; acte d'étourderie. 

Fouligäoudas, asso, adj. Augm. de Fouligäou. Le 
superlatif de Folâtre; volage; enjoué; souvent flatteur, 

surtout adressé à un jeune homme par une femme qui ne 
hait pas les folies. 

Fouligâäoudéja, v. fréq. Faire le fou; sauter; gambiller; 
foltrer ; batifoler. 

Fouligäoudije, s. f. Étourderie; folàtreric; caractère 
léger et turbulent. 

Foumme, interj. Juron qui ressemble à Fichtre! — C'est 
encore un voile sur le mot grossier. 

Foun, s. m. Fond; la partie la plus basse d'une chose 
creuse; mais dans cette acception on dit mieux Soun 
{V. c. m.). Fond ou enfonçare d'un tonneau, d'une cuve; 
ampleur d’une robe, d'un habit; fond de terre; propriété; 
nature du terrain. — À four, adv., à fond, en allant jus- 
qu’au fond. Aqui lou foun dé l'afaïre, voilà le point im- 
portant de la question, le fond de l'affaire. Aqud's dé bon 
foun, c'est du terrain excellent. Dé bé foun, du bien fond, 
un fond de terre. Sièt din moun foun, je suis chez moi, 
dans ma propriété. 

Dér. du lat. Fundus, m. sign. 

Foun, 3®e pers. sing. indic. prés. du v. Foundre. I ou 
elle fond. 
 Founça, ado, adj. De couleur foncée, sombre, chargée. 

Founça, v. Creuser profondément; foncer, mettre un 
fond à un tonneau, le démonter pour reformer le jable ou 
réparer les douves, où seulement pour le nettoyer et res- 
serrer les cercles; donner, mettre des fonds, contribuer de 
son argent; débourser. 

Dér. de Foun. ) 

Founciè, cièiro, a/j. Propriétaire foncier ou d'immeu- 
bles. — Ne s'emploie guère qu'en parlant d'une femme 
mariée dont la fortune ne consiste pas en constitutions 
dotales, mais en biens fonds, en immeubles, ou d’une 

rente, d'une pension. L yep 
- Dér. de Foun. s Re 





FOU 


Founciou, s. f. Fonction; profit; usage; volume, — 
Aquél pan fui foçgo founciou, ce pain est très-nourrissant : 
par sa bonté et ses qualités nutritives il épargne beaucoup 
d’autres aliments. Moun cadis m'a bièn fa founciou, ce 
cadis m'a fait un long usage. L'oli dé peis fai maï dé foun- 
ciou qué l'oli d'én bas, l'huile de pays foisonne, se gonfle 
davantage dans la poële que l'huile du pays bas. 

Empr. au fr. : 

Founçuro, s. f. Enfonçure d’une futaille; ensemble des 
pièces qui en composent le fond; mairin, bois scié et des- 
tiné aux enfonçures de futaille. 

Founda, v. Faire fond: compter sur; se fier; donner de 
l'ampleur à un vêtement. — On po pas li founda, on ne 
peut pas faire du fond sur lui, compter sur lui. Té foundes 
pas aqut, ne te fie pas à cela, ne compte pas là-dessus. 

Foundaménta, ». Creuser, établir, bâtir les fondements 
d'une construction en maçonnerie, lui donner un bon pied. 

Foundaménto, s. f. Fondement d'une bâtisse, la partie 
qui est bâlie sous terre en assises sur la rue. 

Dér. du lat. Fundamentum, m. sign. 

Foundre, ». Fondre ; faire fondre; mettre en fusion; 
faire liquéfier. — Au fig. ruiner, se ruiner; démolir, dé- 
truire; dissiper. — À tout foundu, il s'est ruiné, il a tout 
dévoré. À foundu soun bure, il a mangé son avoir. 

Sé foundre, fondre; se liquéfier; se consumer. — La 
candèlo sé foun, la chandelle fond. 

Foundre, interj. Juron édulcoré et mal déguisé du mot 
grossier F.,. 

Foundu, udo, part. pass. du v. Foundre. Fondu. 

Foundudo, s. /. Fondue, œufs brouillés, préparation 
culinaire. 

Foundur, s. m. Fondeur d’étain; potier ambulant, qui 
refond les cuillers d’étain. Par ext. et par un jeu de mots 
ironique on appelle ainsi celui qui mange son blé en herbe, 
qui fond son beurre. 

Fountagnè, s. m. Fontainier; qui cherche ou qui creuse 
les sources; particulièrement, cette espèce d’empiriques 
qui courent les campagnes avec la prétention de découvrir 
les sources cachées à l'aide d’une branche fourchue de 
coudrier ou de figuier sauvage. Ils ont, à l'appui de leur 
sortilége de baguette divinatoire, une sorte de théorie bà- 
tarde sur les courants magnétiques qui n’a rien de com- 
mun avec la belle théorie géologique de l'abbé Paramelle. 

Dér. de Fon. 

Fountaniou, s. m. n. pr. d'homme. Fontanieu. — Ce 
mot porte évidemment la marque diminutive du radical 
Fon, de mème que Fontenelle, Fontenille, Fontettes, Fon- 
tanvuille, qui indiquent tous une petite fontaine. Ils ap- 
partiennent à la mème famille que lesn.pr., communs dans 
notre pays, de Fountano, Fontanes; Fountagna, Fontagnac; 
Founsanjo, Fonsange autrefois Fonsanche; Fontaine; 
Fountanés, Fontanès; Fountaré, Fontaret; Fountanaï, 
Fontenay; Fontézy ; elc., tous formés des mêmes éléments 
primitifs, dont les conditions, les situations diverses ont 


357 


358 FOU 


amené les variétés de désinences. Ce sont de nouveaux 
exemples à joindre à l'étude des noms, de l'action et de la 
transformation des suffixes. 

Founzâou, s. ». Dim. Founzalé; augm. Founsalas. 
Fond, lieu bas; bas-fond; fond d'un vallon; terre plus 
basse que les autres. 

Augm. de Founzo. 

Founzélu, udo, adj. Creux; profond; ventru; qui a 
une certaine profondeur, en parlant d'un ustensile, d’un 
engin. — Sièto founzéludo où erouséludo, assiette creuse, 
assiette à soupe. 

Dim. de Founzu, qui a plus d'extension. 

Founzio, s. f. Eflondrilles du vin ou de tout autre 
liquide; lie, mare qui tombe et reste au fond d’un vase; 
sédiment, dépôt d’une liqueur. 

Founzo, s. f. Bas-fond; terrain creux, plus bas que 
ceux qui l’avoisinent. — Voy. Founzdou. 

Founzu, udo, adj. Creux, profond, qui a de da profon- 
deur. — Se dit génériquement de tout ce qui a un fond 
bas et profond. — Voy. Founzélu. 

Fouquo, s. f. Fouique, Morelle, Foulque, Mairoule, Fu- 
tica atra, Linn. Cet oiseau est aqualique, quoiqu'il n’ait pas 
les pieds entièrement palmés; il est sédentaire et très-abon- 
dant dans les étangs de notre département. On peut le 
conserver en domesticité dans une basse-cour. Sa chair 
est, à ce qu'on dit, réputée aliment maigre par les Canons. 
On en fait des chasses vraiment royales, où il s’en tue 
quelquefois au-delà de deux mille dans une journée. Ces 
expéditions renommées s'appellent chasse à la macreuse, 
mais à tort: la macreuse, canard macreuse, Cinas nigra, 
Linn., est un oiseau différent, rare dans notre pays, de 
dix-huit pouces de longueur, ayant le bec à sa base sur- 
monté d'une protubérance arrondie, et dont tout le plu- 
mage sans exception est d’un beau noir profond et velouté. 
La Foulque, au contraire, plus petite, a la tête et le cou 
d'un beau noir, la queue et le dessus du corps ardoisés, le 
dessous d’un cendré verdâtre avec une plaque blanche 
sur le front. La Foulque ne doit pas être non plus confon- 
due avec la Poule-d'eau. — Voy. Poulo-d'aïgo. 

Dér. du dat. Fultigo, noir de fumée. 

Four, s. m. Dim. Fourné; augm. Fournas. Fourà pain; 
lieu voûté en rond et ouvert par devant, où l’on fait cuire 
le pain. — La gorjo ddou four, la bouche, l'entrée du 
four. Lou fandâou dâou four, la tablette, l'autel du four, 
la porte-bouchoir ; c'est la pierre qui en forme le seuil et 
sur laquelle s'appuie la pelle lorsqu'on enfourne le pain. 
On dit d’une personne très-grosse : Sémblo un four; le 
point de similitude n’est pas facile à saisir, si ce n’est par 
rapport à la rotondité de d’une et de l’autre forme. 

Four d’acâou, four à chaux. Four à briquo, à patè, four 
à briques, à tuiles, etc. 

Dér. du lat. Furnus, m. sign. 

Foura ou Foudra, 3° pers. sing. fut. du v. impers. 
Roure où Foudre. M faudra. 





FOU 


Fourbia, ». Éviter; esquiver; changer de route, de 
direction pour éviter un danger, un importun. — Fourbia 
quéouquus, éviler quelqu'un, esquiver sa rencontre. Fa 
fourbia toun ase, détourne ton âne. 

Formé du lat. Foràs viam, hors la route, qui a donné 
paissance aussi au fr. Fourvoyer. 

Fourça, ». Forcer; contraindre; appuyer avec force; 
employer ses forces à un ouvrage. — Fourça uno cléou, 
tordre les dents d'une clé. Un outis fourça, un outil quel- 
conque en fer qui a été faussé par un effort. 

Dér. de Forço. 

Fourcado. — Voy. Fourquado, et de mème pour les 
autres mots où se trouve le C dur, exprimé par Qu. 

Fourçamén, adv. Forcément ; par force; obligatoirement. 

Fourchétado, s. f. Quantité d'aliments qu'on peut 
prendre en une fois avec la fourchette, 

Fourchéto,s /. Fourchette, ustensile de table, en forme 
de petite fourche. | 

Dim. de Fourquo. 

Fourçu, udo, adj. Taillé en force; bien membré; qui a 
beaucoupde force, soiten parlantdes personnes, soit de choses 
solidement établies et qui présentent une bonne résistance. 

Dér. de Forgço. 

Foure ou Foudre, v. impers. Falloir. — Voy. Foudre. 

Fourèje, èjo, adj. Farouche; intraitable; peu civilisé; 
mal apprivoisé; sauvage. 

Dér. du lat. Fera, bête fauve; ou de Furor, fureur. 

Fourél ou Fousél, s. m. Cocon de ver-à-soie. 

Ce terme tient à l'idiome vivarais, qui s'étend aux pays 
circonvoisins, les cantons de Saint-Ambroix et de Barjac. 
— Voy. Fousél. 

Fourés, s. m. n. pr. de lieu. Le Forez, ancienne pro- 
vince de France. — Ne s'emploie que dans ce sens : Mar- 
chandiso où Traval dé Fourés, marchandise de pacotille, 
peu solide et fabriquée en masse à bas prix; tels sont les 
ouvrages de serrurerie, de coutellerie, qu'on fabrique à 
Saint-Étienne et dans la plupart des viliages du dépar- 
tement de la Loire. ’ 

Fourés, s. m. Foret, outil d'acier servant à percer.des 
trous dans des corps durs. ; 

Dér. du lat. Forare, percer. 

Fouréso, adj. fém. Grosse femme ou fille robustement 
et grossièrement charpentée, aux formes carrées.et puis- 
santes. — C'est un terme de comparaison pris sans doute 
chez les habitants du Forez. 

Fourfouia, v. Farfouiller; fouiller en mettant tout sens 
dessus dessous; brouiller avec désordre en furelant. 

Fourfoul, s. m. Fouillis; plus particulièrement, foule 
en désordre; cohue; grand rassemblement tumulineux; 
pèle-mèle d'individus ou d'animaux, comme les abeilles, 
les insectes, etc., en masse compacte et embrouillée. 

Fourgnè, ièiro, s. et a/j Fournier; boulanger, .qui 
tient un four public pour cuire le pain des particuliersset 
qui n’en vend pas. — Sa fourgnè, Sac à pain. + 





FOU 


Il a donné naissance à quelques noms propres, tirés de 
cette profession : Fornier, Fournier. 

Dér. du lat. Furnarius, ouvrier de four. 

Fourjoù, s. m. Remuant inquiet et inquiétant; tatillon ; 
qui fourre le nez et les doigts partout. 

* Fourjouna, v. Fouiller avec un bâton ou un outil quel- 
conque là où la main ne peut atteindre, ni pénétrer. — 
Au fig. remuer; brouiller; mettre sens dessus dessous. 

Corr. et ext. du fr. 

* Fourlèou, s. Mercuriales; registre municipal où sont 
constaués par des préposés les divers prix des denrées dans 
les marchés publics. 

Fourma, v. Former. — Ce mot qui serait du mauvais 
languedocien dans cette acception générique, est tout à fait 
technique pour désigner, chez le ver-à-soie, le moment où, 
après avoir jeté les premiers fils d'attache de son cocon, 
il commence à former son orbe et à tracer sa forme. Cette 
premiére enveloppe, étant encore fort légère, est assez 
transparente pour qu'on voie l’architecte travailler inté- 
tieurement, quoiqu'on juge très-bien extérieurement de la 
formedu vaisseau Couménçou à fourma, les Vers commen- 


“’éent à former leurs cocons. Fourma est absolu et se dis- 


pense fort bien du régime cocon, qui reste le plus souvent, 
sinon toujours, sous-entendu. 

Fourmén, s. m. Froment barbu, à épi gris et à longue 
barbe. Il ne faut pas le confondre avec le froment propre- 
ment dit, qui s'appelle ici Tousèla { V. c. m.). Le premier, 
qui a le grain plus gros et plus grossier, sert particulière- 
ment à faire ce qu'on nome lou Gruda. — V. c. m. 

Dér. du lat. Frumentum, m. sign. 

Fourmo, s. f{. Dim. Fourmélo. Grand fromage d'Au- 
vergne qui est pétri en très-gros pains pesant jusqu'à 25 
kilog. — Ce fromage, qu'on appelle aussi Froumaje dé 
péoure, parce qu'il est grossier, débeurré et d’un prix très- 
modique, est le dessert de la classe ouvrière dans nos pays. 
La fourméto dé Baro est un fromage de forme beaucoup 
plus petite qui se fabrique dans une partie de la Lozère : 
il a la prétention d’imiter le Roquefort, dont il a à peu près 
la forme, mais non la qualité. Il est sec, friable, débeurré, 
fait avec du lait de vache, tandis que le Roquefort est le 
fromage rouergat, tout fait de lait de brebis. 

Fourmo est une corrupt., du fr. Forme, à cause du vais- 
séau où il prend sa forme et qu'on appelle Formo. Au 
surplus, le mot Fromage a la mêtne origine. 

Fournado, s. f. Fournée de pain; cuite; quantité de 
pains qu’on enfourne à la fois, ou celle que peut contenir 
le four. — Faï trés fournados pér jour, il fait trois cuites 


‘de pain par jour. 


* Fournaje, s. m. Droit du fournier sur le pain qu’il fait 
tuire; prix qu’il est en droit d'en exiger. 
: Fournéja, v. Cuire le pain au four; enfourner. — Couro 


fournejas? Quand faites-vous cuire du pain; quand faites- 
vous votre fournée de ménage ? 


En terme de magnanerie ou de filature de soie, Fournéja 





FOU 359 


signifie : étouffer au four les chrysalides dans leurs cocons. 
Autrefois c'était le seul procédé connu pour cette opéra- 
tion. Aujourd'hui l'étouffage à la vapeur est un procédé à 
la fois plus prompt, plus économique, et il éloigne le dan- 
ger de brüler le brin de soie par une chaleur trop forte et 
trop sèche, qui se produisait souvent par l'ancienne pra- 
tique à la moindre étourderie, oubli ou inadvertance de 
celui qui présidait à l'opération. 

Fourné, s. m. Fourneau, principalement celui qui des- 
sert les bassines de filature de soie. — C'est un procédé 
qui n’est plus usité que chez les particuliers et les paysans 
qui font filer le produit de leur propre récolte. Dans les 
filatures à la Gensoul, qui sont généralement adoptées dans 
Ja fabrication en grand, la vapeur a remplacé lou Fourné. 
Celui-ci est un petit fourneau carré en maçonnerie, placé 
sur une grille et surmonté d’une bassine en fonte ou en 
cuivre : au fond du fourneau s'élève une cheminée coni- 
que, haute d'environ trois mètres. Dans les campagnes, 
dans les Cévennes, on rencontre partout autour des habi- 
tations, ces grossières constructions ou la trace de leurs 
ruines. 

Fourné est encore le fourneau, œil de bœuf, où l'on 
brüle la houille dans les appartements. 

Dim. de Four. 

Fournèl, s. m. Fourneau de gazon écobué. 

Fournéla, v. Écobuer; construire des fourneaux, Four- 
nèls, en forme de voüte avec des mottes de terre garnies 
de gazon, séchées au soleil, et qu'on garnit intérieurement 
de bourrée sèche. Ces fourneaux brülent très-lentement, le 
feu ne trouvant pas d’issue ni de courant d'air et consu- 
mant pelit à petit la terre du gazon, qui réduite ainsi en 
cendre volcanique, fertilise singulièrement le terrain où 
elle est répandue. 

Fourni, ido, a/j. Au propre, personne qui a un embon- 
point raisonnable, dont les membres sont bien fournis en 
chair. Au fig. nipé; équipé; pourvu. — Voy. Prouvési. 

Fournigo, s. /. Dim. Fourniguéto. Fourmi, Formica, 
Linn., insecte de l’ordre des Hyménoptères et de la fam. 
des Formicaires ou Myrmèges, dont il y a beaucoup d'es- 
pèces. 

La société des Fourmis parait constituée à peu près à 
l'instar de celle des abeilles. Il y a les fourmis mâles et 
les fourmis femelles, qui toutes deux sont ailées et ne s'oc- 
cupent que de voler et de reproduire l’espèce. Puis vient 
le peuple nombreux des fourmis ouvrières; celles-ci n’ont 
point d'ailes et ce sont celles qu'on nous propose comme 
des modèles de diligence et de prévoyance. Les fourmis, 
restant engourdies pendant l'hiver, n'ont point besoin de 
faire des provisions pour le temps où vient la bise; les 
grands convois de vivres qu'on les voit continuellement 
charrier, ne sont que la nourriture d'un jour, d'elles et de 
leurs sœurs dispensées de travail. Voilà donc leur mérite 
réduit de moitié : diligentes, elles le sont pendant la belle 
saison; prévoyantes, inutile qu’elles le soient si ce n’est 


360 FOU 

quelques jours au plus en cas de mauvais temps acci- 
dentel. Ainsi l'on voit que si la cigale était venue, pendant 
l'hiver, emprunter à sa voisine le plus petit vermisseau, 
dont par parenthèse elle n'avait nul besoin, attendu qu’elle 
ne mange point, elle l'aurait trouvée endormie et aussi 
dépourvue qu'elle même. 

Dér. du lat. Formica, m. sign. 

Fourniguéja, ». frég. Fourmiller; démanger; faire 
éprouver des fourmillements; picoter entre cuir et chair. 

Dér. de Fournigo. 

Fourniguiè, s. m. Fourmillière; retraite des fourmis. 
Au fig. foule innombrable; multitude de personnes. 

Fourniguiè, s. m. Torcol, oiseau. — Voy. Bénouri. 

Fournimèén, s. ». Fourniment d’un soldat, ses armes, 
ses vêtements; tout ce qui constitue l’ameublement d’un 
appartement; trousseau d’une fille à marier. 

Fourqua, ». Donner un coup de fourche; frapper, pi- 
quer avec une fourche. 

Sé fourqua, se diviser en fourche, en deux branches; se 
bifurquer. 

Fourquado, s. f. Coup de fourche; fourchée, quantité 
de fourrage ou de paille que l'on peut piquer et emporter 
en une fois avec la fourche. 

Fourquaduro, s. f. Fourchure des branches d'un arbre; 
bifurcation. — Voy. Énfourquaduro, m. sign. 

Fourquas, s. m. Charrue à brancard, tirée par une 
seule bête; fourchure d’un arbre; fourche en fer à deux 
pointes, emmanchée d’un très-long manche, avec laquelle 
on charge le foin sur une charrette ou sur une meule, et 
on garnit de fagots un four déjà allumé; étai de bois ter- 
miné en fourche pour supporter une branche qui menace 
de s'écuisser ou de rompre sous le poids de son fruit 
(V. Fourquèlo); pieu fourchu, dont on se sert pour fixer 
les claies d’un pare à moutons. — V. Gudos. 

Fourquéja, v. fréq. Remuer à la fourche; faner le foin 
en le retournant à la fourche; piquer avec les pointes 
d’une fourche. 

Fourquèlo, s. f. Étançon fourchu qu’on emploie pour 
soutenir les branches d'un arbre que les fruits surchar- 
gent et font plier; étai de bois en forme de fourche. 

Fourquo, s. f. Dim. Fourquélo; augm. Fourquasso. 
Fourche, instrument de bois ou de fer, composé d’un 
manche et terminé par deux ou trois pointes, nommées 
fourchons. — La fourche à fourrage, dans ce pays-ci, est 
un trident en hois à branches recourbées, fait d’une seule 
pièce avec une pousse de micocoulier; elles viennent 
toutes de Sauve ou de ses environs / Voy. Fanabrégou). 
La fourche à fumier est un trident en fer, garni d’une 
douille où s'emmanche un manche en bois légèrement 
incliné. 

Dér. du lat. Furca, m. sign. 

Fourtéja, v. fréq. Tourner à l'aigre; prendre une saveur 
acide. — Ne se dit que du vin. 

Dér. de For, forto. 





FOU 


Fourtou, s. f. Aigreur, acidité du vin; rancissure de 
l'huile; piquant de l'oignon ou du radis. 

Fourtuna, ado, udj. Riche; qui vit dans l’aisance; qui 
est au-dessus de ses affaires; qui a de la fortune. 

Dér. du lai. Fortunatus. 

Fourtunéja, ». fréq. Chercher fortune, aventure; s'in- 
génier à gagner quelque chose. — 11 se prend en mauvaise 
part pour : faire un commerce de gagne-petil; vivre au 
jour le jour d’expédients. 

Fourtuno, s. f. Fortune; richesse; biens; hasard; bon- 
heur; état, condition où l’on est. — La bono fourtuno, la 
bonne aventure. Pér fourtuno, par hasard; par bonheur. 
En ital. Fortunache... heureusement que... 

Dér. du lat. Fortuna, m. sign. 

Fous, fousso, adj. Louche, qui n'est pas clair; trou- 
ble; nébuleux; couvert. — Se dit du vin et de la vue. 

Dér. du lat. Fuscus, sombre, obscur. 

Fouségu, udo, part. pass. du v. Foïre. Cultivé; tra- 
vaillé. — Voy. Foïre. 

Fouséia, v. Faire un cocon, terme technique dans ce 
seul sens. — An émbruga tro cla, an fouseïa din lou jas, 
on a mis la bruyère trop clair-semée, les vers ont fait leur 
cocon dans la litière. 

Dér. de Fousél. 

Fouséire, s. m». Journalier qui travaille à la mare, à la 
pioche, à la houe. 

Dér. du v. roire. 

Fousél, s. m. Dim. Fouséïé; péj. Fouséias. Cocon du 
ver-à-soie.— Dans ce pays-ci, on dit indifféremment Fousél 
et Coucoù; cependant on emploie ce dernier plus généri- 
quement et lorsqu'il s’agit de la récolte entières on se sert 
du mot Fousél en parlant d'un individu ou de l'espèce, ou 
d'un grand nombre considérés comme individus. £ous 
coucoùs séran chèrs, les cocons seront chers; agud's uno 
poulido formo dé fouséls, c'est une belle forme pour les 
cocons. 

Fousésou, s. /. Œuvre, labour à la pioche, à la houe; 
différentes façons qu'on donne à la terre; saison de ces 
œuvres. 

Dér. du v. Foire. 

Foussaje, s. ”. Action de labourer la terre à la houe ou 
à la pioche; frais de ce travail. — Y-a dès journalos dé 
foussuje, il y a dix journées de travail. , 

Foutèso, s. f. Minutie; niaiserie; chose de peu d'im- 
portance ou de peu de valeur; bêtises. 

La racine de ce mot et des suivants, sur lesquels il fan- 
dra bien s'expliquer, est certainement de celles qu'on doit 
traiter avec le plus de réserve et de circonspection; mais 
il ne faut pas la tenir, sur la simple étiquette, pour aussi 
abominable que de méchantes allusions l'ont faite. Notre 
langue vulgaire l’a fait entrer dans beaucoup d'expressions 
pittoresquement composées et énergiques sans peut-être 
trop songer à mal; et notre lexique, sans vouloir Jes réha- 
biliter absolument, ni en conseiller l'usage trop répété, ne 


FOU 


pouvait néanmoins les passer sous silence par une affec- 
tation trop timorée qui eût donné lieu à des interpréta- 
tions plus compromettantes que n'en doit être le vrai et 
simple commentaire. — Voy. Foutrdou. 

Foutésqué, ésquo, ésquéto, adj. Dim. Foutriquet; 
cogne-fétu ; trotte-menu; qui s'occupe de vétilles, de petits 
détails et exagère leur importance. 

Foutésquéja, v. fréq. Vétiller; s'occuper de niaiseries, 
de minuties; perdre son temps à des bagatelles; bague- 
nauder. 

Foutimar, ardo, adj. Indécis, chancelant dans ses 
idées; qui ne sait jamais prendre une décision tranchée. — 
Ne se dit guère que négativement : Souï pas foutimar, je 
suis très-décidé; je ne vais pas par quatre chemins. 

Foutimassa, v. Déranger; mettre sens dessus dessous; 
inquiéter; tourmenter. Au passif : être inquiet, malingre, 
indisposé. — Souï tout foutimassa, je suis mal à l'aise, 
mal en train. 

Foutimasséja, v. fréq. Baguenauder; niaiser; s'amuser 
à des riens. — 11 a la même acception que Foutésquéja, à 
la différence qu'il est actif et prend souvent un régime. 
Dans ce cas, il se rapproche davantage de Foutimassa et 
signifie : déranger, bouleverser; tarabuster. 

Foutrâou, s. m. et adj. Dim. Foutralé, éto; péj. Fou- 
tralas, asso. — Adj. disons-nous, au simple et dans ses 
composés dim. et péjor., qui, comme bien d’autres, passe 
substantif dans l’occasion. 

Ce mot signifie simplement : niais, nigaud, niguedouille, 
imbécile, pauper spiritu, et pas autre chose. Nous avions 
bien raison de remarquer que ce mauvais garçon n'était 
pas aussi diable qu'il en avait l'air; tant est vrai, comme 
on dit encore, que rien ne ressemble plus à un fripon 
qu'un honnête homme. Ce vocable fort bien porté est, 
cela va sans dire, très en usage; mais parmi ceux qui 
l'emploient il n'en est pas un peut-être qui ne croie dire 
une sottisé en s'en servant; c'est c& qui fait son malheur. 
Ce que voyant, un dictionnaire est là, à éprouver toujours 
une certaine hésitation pour l’admettre dans ses colonnes : 
Sauvages n'en fait pas mention et c’est grand tort : que 
l'on ne nous en veuille point de ne pas partager ces scru- 
* pules. Car tout cela parce qu’on croit que l'expression 
appartient, et elle semble en effet appartenir à une famille 
de mots grossiers que repousse la bonne compagnie. Ce- 
pendant je suis sûr qu’il n’en est rien. 

Les choses ne se passent pas différemment entre mots 
qu'entre gens : une ressemblance physique n'établit pas 
seule une parenté entre eux. Ici cette ressemblance existe 
sans doute, mais c’est tout. Je crois même que le fr. nous 
a gâté celui-ci et en a perverti le sens pour son compte 
d'abord, puis en l’aggravant d'une fâcheuse allusion. La 
signification précise du mot en lang., qui ne peut être, qui 
n’est. jamais déterminée, exclut en effet toute possibilité 
pour lui d'une origine compromettante. Mais d'où vient-il 
alors s’il ne vient pas de là, d'où vous pensez peut-être? 





FOU 361 


Genin ne serait certainement pas de trop pour nous aider 
à débrouiller cette généalogie, lui qui, dans ses Récréations 
philologiques, a si habilement et si heureusement réhabilité 
quelques expressions analogues. Son succès dans cette 
œuvre réparatrice doit encourager à en tenter une pareille. 
Je souhaite pour la justice qu'elle réussisse aussi bien. 
Pour moi, qui ne suis ni si heureux, ni surtout si habile, 
il faut que je me contente de protester contre une médi- 
sance, de signaler une injustice, en appelant un autre 
vengeur. 

La preuve, en tous cas, qu'aucun sens honteux ne se 
cache, ni de près ni de loin, derrière la locution traduite 
du latin, classique ou barbare, Fatuus, peut-être, et tant 
soit peu déformée à la vérité, c'est son application même. 
Si elle était autre chose qu'une ironie, aurait-elle servi 
dans cette phrase par exemple : ddou pu foutrdou n’an fa 
lou baïle, du plus sot on a fait le commandant, qu'on 
prétend avoir été souvent si bien méritée? Puis encore, 
le diminutif aurait-il trouvé place dans ce surnom de 
Foutralé dé Bésiès, sobriquet donné aux habitants de 
Béziers, que leur sottise ne distingue nullement et qui ne 
l'accepteraient pas sans doute même avec l’atténuation des 
malins du moyen-àge? 

Ce que je dis de l'adjectif regarde également le subs- 
tantif devenu et restant invariablement masculin dans une 
autre acception. On dit : un foutréou dé co, un foutrdou 
dé gigù, un foutrâou dé miracle, un foutrâou d'home et 
même un foutrou dé fénno, ce qui se rend exactement par : 
un terrible coup, un énorme gigot, un étonnant prodige, 
un colosse d'homme et un colosse de femme; car le fr. 
applique aussi sa désignation masculine aux deux genres. 
Ce sens n’a rien de commun, ce semble, avec le premier, 
à moins qu'on ne suppose qu'on veut exprimer ainsi une 
grosseur, une grandeur, une forme hors de l'ordinaire, 
exagérée, excessive, folle, insensée, déraisonnable en un 
mot et qui n'a pas de bon sens, comme on dit vulgaire- 
ment, Fatua, dirait le latin. 

Bien que ce soit un peu tout cela que l'on veut dire, je 
ne sais pas si mon explication paraîtra satisfaisante et sera 
suffisante; mais je ne crois pas non plus qu'il y ait moyen 
de donner davantage à ce dernier mot la fameuse racine 
dont il est question. I faut donc aussi lui en chercher une 
autre si mon étymologie latine n'est pas la bopne; et il en 
a été dit assez pour indiquer au moins la voie et rétablir 
la réputation d’un terme, à tort ou à raison, fort répandu. 

Foutrassäou, s. m. Péj. Foutrassdoudas, asso. — C'est 
l'augmentatif du précédent dans toute son étendue, qui a 
lui-même son amplificatif également usité. Celui-ci seule- 
ment n'a cours qu'adjectivement, tandis que le premier 
et son correspondant restent le plus souvent substantifs. 

Mais Foutrassdou a encore une acception, que prend au 
réste quelquefois Foutrdou, surtout employés l'un et l’autre 
au pluriel, et il signifie : coups, coups de bâton, de poing; 
volée. — Y-a agu dé foutrassäous pér toutes, il y eut des 


362 FRA 


coups, des éclaboussures pour tous. Quintes foutrassdous/ 
Quelle distribution de bois vert! Et zou! foutrassäou où 
foutrâou sus sa fénno ! Et en avant! de rosser sa femme: 
ce sont les procédés caressants de Sganarelle. 

Ce dernier sens des deux mots est de nature, parait-il, 
à lever les doutes sur leur radical, qui n’est point tel que 
le fr. le ferait croire, et à réconcilier avec lui, sinon tout à 
fait la bonne compagnie et sa langue un peu prude, au 
moins le parler vulgaire et courant. 

Foutre, s. m., vw. et interj. Mot, juron grossier et bas, sur 
lequel il a été assez. et même, trop dit pour n’y plus reve- 
nir. C’est le radical de la famille plus ou. moins honnète 
qui précède. 

Foutringuèlo, interj. Juron diminutif ou plutôt con- 
centratif de Foutringo. 

Foutringo, interj. Juron qui correspond à Diantre ! 
Peste! Malpeste ! 

Foutu, udo, adj. Perdu; déconfit; mort. 

Fracha, v. Rompre; briser; casser; fendre; ébrècher. 

Dér: du lat. Frangere, briser. L 

Fracho, s. f. Dim. Frachéto. Brèche; fente; fissure; 
cassure; défaut dans une pièce de menuiserie ou de char- 
pente; trou, cavité; scorie dans une pierre de taille; écor- 
nure; crevasse dans un mur. Au fig. fente; accroc à l'hon- 
neur, à la probité; frasque. 

Dér. du lat: Fractus, de Frangere. 

Fraï, s. m., ou Fraïsse: Frêne, Fraxinus excelsior, Linn. 
Arbre de la fam. des Jasminées. — Cet arbre, commun 
dans nos pays, fournit d’excellent bois de charronage. C'est 
d’une variété de cette famille que, dans la Calabre et aux 
maremmes de la Toscane, on tire la manne des pharmaciens 
par une incision faite à l'écorce. 

Dér. du lat. Fracinus, m. sign. 

Fraïrastre, s. m. Frère d’un autre lit; frère utérin ou 
consanguin. 

Fraïre, s. m. Frère, qui est né du même père et de la 
même mère. Par ext. pareil, semblable, 

Ce terme, qui n’est usité exclusivement que dans les 
hautes Cévennes, dans son acception usuelle, est encore 
ici employé dans le style pittoresque et poétique, surtout 
en genre goguenard. On dit dans le style ordinaire, Frèro. 
— Voy. c. m. 

Dér. du lat. Frater, m. sign. 

Fraïssiné, s. m. Frênaie, lieu planté, couvert, abon- 
dant en frènes. — Ce mot, qui a-existé longtemps avec 
cette acception dans la langue d'Oc, n’est plus employé 
que comme nom propre d'homme ou de lieu, rendu par 
Fraissinet. En l’analysant, il est facile de.se rendre compte 
des procédés et des combinaisons qui ont servi à former 
les dénominations. Nous venons de voir le radical Fraï ou 
Fraïsse, abrégeant le lat. Fraæinus et le reproduisant, qui 
veutdire Frêne, écrit autrefois Fresne, Maintenantil s’agit 
d’une collection de ces arbres, d’un bois où ils sont plantés 





FRA 


en grand nombre : le suffixe latin etum s'ajoute au radical 
et donne Fraæinetum. Celte marche du mot est bien 
simple. Dans le roman, les deux idiomes du Nord et du 
Midi restent longtemps confondus; mais la séparation en 
langue d'Oil et en langue d'Ocs’accuse peu à peu-et devient 
tout à fait tranchée; celle-ci reste plus fidèle au type latin 
et sa déformation parait moins sensible : de là Fraïssiné et 
Frénaie. Sans vouloir insister davantage, cette succession 
ou mieux les divergences se dessinent nettement sur le mot 
qui nous sert d'exemple. Nous avons au surplus indiqué 
ailleurs par quels procédés rapides de contraction et de: re- 
tranchement des finales latines, notre langue était arrivée 
à se donner des formes et à imaginer des combinaisons 
propres à son génie, à ses aptitudes de prononciation. 

lei c'est le suffixe collectif latin qu'elle adopte dans sa 
simplicité: Fraæinetum répond à Fraïssiné, comme Fraæi- 
nus lui avait donné Fraïet Fraïsse : la désinence romaine 
disparait, mais le caractère tonique et collectif du mot se con- 
serve. La langue d’Oilet le français suivent la mème voie : 
au-delà de la Loire, à l’est et à l’ouest, la consonnance dus 
suffixe rappelle quelquefois son origine, d’autres fois elle 
s’en éloigne davantage; la forme surtout, ou mieux l'or- 
thographe obéit à d’autres tendances. Ce que, au midi, 
nous:exprimons par les finales 6, ié, iè, édo, itiro,ete., 
signes de collectivité, est représenté, au nord, par-ai, aïe, 
ay, ée, ei, ey, où, oie, ois, oy, elC.; nous avons signalé 
déjà ces différences. Elles sont peut-être plus frappantes 
sur le mot actuel, parce que sa composition est plus simple 
et plus directe. 11 résulte donc de là, d’abord, une nou- 
velle preuve de l'équipollence des suflixes de même ordre 
dans les deux langues; puis, que les mots terminés par 
une de ces syllabes, en lang. comme en fr., représentent 
presque toujours une idée collective, alors surtout qu'ils 
dérivent d’un nom d'arbre, les arbres étant de leur nature 
les objets qui se montrent le plus fréquemment en collec- 
tion; enfin, qu'il est possible de déterminer par la dési- 
nence l'origine régionale de bien des noms de famille, 
quaud ces mots deviennent noms propres d'homme. C'est 
en définitiv le profit le plus intéressant de ces curieuses 
études sur fa composition des noms, sur les suflixes et sur 
les étymologies. Il n’y à pas à s’y tromper : une ressem-= 
blance de physionomie existe sans doute entre tous ces 
mots, frères d'origine, mais le cachet de race les distingue: 
et les fait reconnaitre, les uns pour être nés sous le ciel du 
Midi, les autres comme élevés dans le Nord. Les désinences 
servent, pour ainsi dire, à chacun d'acte de naissance etn 
les localisent. 

Quant à l'orthographe du corps du mot lui-même, 
elle offre aussi ses variétés : si elle est fixe en lang.,iln’en 
est pas tout à fait de même dans les reproductions en fr. 
Peut-être trouverait-on encore là quelque indication; mais 
elle nous parait un peu subtile et pas assez certaine pour 
être autre chose qu’une altération dialectale. On jugera 
mieux au surplus de ces observations en mettant en paral=. 








FRA 


lèle des appellations identiques, avec leurs formes diverses 
et leurs altérations ethniques. 

* Ainsi, pour nous et dans le Gard, Lou Fraïssiné se ren- 
contre dans cinq où six communes; dans celle de Borde- 
zac, il est nommé, en 4251, Fruissenetum, lat.; dans celle 
du Vigan, en 4381, Mansus de Fraysseto ; en 1444, Frays- 
sinetum ; en 1513, Mansus de Fraxineto : le fr. les écrit 
aujourd'hui uniformément Le Fraissinet ; mais il n'est pas 
rare de voir, quand les noms propres d'homme s'en sont 
emparés, les traductions fantaisistes Fraycinet, Fressinet, 
Freyssinet, Freycinet, et autres. Malgré ces nuances qui 
ne changent pas la prononciation, la formation méridio- 
nale est trop saisissable, pour ne pas apporter la pleine 
certitude que tous ces noms désignent des localités, des 
individus, des familles originaires du Midi. Au contraire, 
on peut être assuré que jamais ne lui ont appartenu, 
comme noms de lieux ou d'hommes, les appellations ana- 
logues qui suivent, bien que signifiant aussi une frènaie 
ou le propriétaire d'un domaine remarquable par ses frènes : 
Franoïs (Doubs), Frenai (Orne), Fresnay (Seine-Inférieure), 
Frenay (Loiret), Freney (Savoie), Frenois (Côte-d'Or), 
Frenoit (Belgique), Frenoy (Doubs), Fresnais (Ile et Vilaine), 
Fresnay (Aube), Fresnaye (Sarthe), Fresney (Calvados), 
Fresnoy (Aisne), répondant au lat. par le même mot Fraxi- 
nelum. 

Et, parmi les noms d'hommes, Fray, Du Fray, Fraisse, 
Dufraïsse, comme Fraissinet, viennent de source méridio- 
nale : du Nord, sont sortis les Dufrêne, Du Fresne, Du 
Fresnoy, Du Fresny, Frenée, La Frenay, Lafrenais, Freney, 
et une foule d'autres. 

Ces distinctions par zones, qui établissent la démarca- 
tion de l'idiome, en remontant à la source commune, nous 
ont paru utiles à noter : elles pourraîent être reproduites 
sur une foule de dénominations semblables, mais il suffira 
d'indiquer les analogies et les concordances sans revenir 
sur les détails. 

Fraïssinéto ou Pimparèlo, s. /. Pimprenelle, plante. 
— Voy. Pimparèlo. 

Fran, s. ”. Franc, monnaie. — Ce mot n’a pas attendu 
la promulgation du système décimal pour être national et 
exclusivement employé dans son acception actuelle. On ne 
s'est jamais servi du mot Livre à sa place; toujours on a 
dit: milo frans, un éscu dé siëi frans, et non milo liouros, 
un éscu dé sièi liouros, comme en fr. 

Fran, franquo, adj. Dim. Franqué; augm. Franquas. 
Franc; sincère; loyal; de bonne foi. — Fran coumo un 
bèmi, fran coumo un cèrquo-poùs, franc comme un bohème, 
franc comme un croc à puits, contre-vérités; on comprend 
facilement la première; la dernière est plus difficile à 
expliquer, 

Dér. du lat. Francus, Franc, peuple de Germanie, qui 
signifiait libre. 

Fran-carèou, s. m. Jeu d'enfant qui consiste à jeter en 
l'air une pièce de monnaie qui retombe sur un pavé de 





FRA 363 
grandes dalles. Le joueur dont la pièce se rapproche le 


- plus du centre de la dalle, et est le plus éloignée de ses 


lignes de jointure, a gagné une mise ou un point. 

Francés, és0, s. el adj. Français, habitant de la France, 
né en France; qui appartient à la France; langue fran- 
çaise. — Lou parla francés, où simplement lou francés, 
le français, le langage français. 

Dér. du lat. Francus. 

Franchiman, ando, s. et adj. Français d'outre-Loire, 
soit l'habitant, soit le langage : nom, épithète un peu iro- 
nique, subst. ou adj., que nos Languedociens donnent à la 
fois à ce français dont le peuple du Nord a fait une sorte 
de jargon et qui est son patois, et à celui que nos com- 
patriotes rapportent de leurs voyages ou de leur séjour 
dans les garnisons d'outre-Loire et qu'ils affectent au 
retour de mêler, non sans emphase, à l'idiome natal. 
L'expression s'applique également à ceux qui parlent cêt 
argot défiguré soit par leur ignorance, soit par leurs pré- 
tentions au beau langage. 

En consatrant un terme particulier au parler qui n’est 
pas le sien, notre langue d'Oc a voulu, semble-t-il, mar- 
quer plus expressément sa séparation avec la langue d’Oïl. 
Quand on la qualifie de patois, elle riposte par l’épithète 
de franchiman; et ce mot a, dans son vocabulaire, une 
pareille signification : c’est l’altération, la corruption de 
sa langue par l’immixtion de la langue étrangère qui cher- 
che le plus à l'envahir. Ces distinctions entre les deux 
idiomes rivaux et leurs patois, trouveront à se développer 
davantage aux articles Lénguo et Patouès, auxquels nous 
renvoyons et qui nous paraissent le complément nécessaire 
de ce que nous avons à dire du Franchiman. Nous vou- 
drions ici reprendre quelques-unes de nos observations 
préliminaires, appuyer sur certains traits du tableau, et, 
puisqu’enfin il passe en force de chose jugée que les dia- 
lectes méridionaux ont mérité l’ostracisme, apprécier les 
motifs de la sentence et avoir le signalement des cou- 
pables. 

Il n’y a pas d'illusions patriotiques à se faire ni à exa- 
gérer : pour être une langue contemporaine du français, 
issue de la mème source que lui, pour avoir partagé l'em- 
pire avec lui, notre langue d'Oc est loin d’avoir eu d'aussi 
brillantes destinées; mais elle en est entièrement distincte. 
Si la perte de sa nationalité l’a laissée quelque peu ä 
l'écart et en arrière, elle ne lui a rien Ôté au fond de son 
caractère et ne lui a point fait abdiquer son génie. Elle a 
été moins favorisée par les circonstances; elle est déchue 
de sa condition sociale; et cependant, avec le sentiment de 
son infériorité, elle n'a pas voulu rester immobile, parce 
qu'elle n’entendait point mourir; et, quand il lui a été 
donné de prendre la parole et de se faire entendre, elle a 
protesté de son éternelle jeunesse, de sa verve harmonieuse, 
de sa vigueur, de son abondance, avec tant de vitalité et 
d’entrain, qu’elle a étonné la littérature et fait envier ses 
richesses et ses réssources. Elle s’est classée au moins: et, 


364 FRA 


maintenant, bien qu'elle n’aspire point à reprendre son 
sceptre provincial, elle restera dans sa dignité et méritera 
encore d'être étudiée et conservée comme un monument 
historique, toujours debout, de notre gloire nationale. 

A part le rôle littéraire qu'elle remplit et qui lui a valu 
tant de faveurs dans ces derniers temps, la langue d'Oc, 
avec la variété infinie de ses dialectes, est toujours parlée 
et comprise dans le tiers de la France. L’attachement du 
peuple méridional à son vieux langage prouve au moins 
qu'il le croit bon et suflisant à ses besoins : il en vit et il 
s’en sert. Sa persistance démontre encore que cette langue 
ne s’est pas plus immobilisée que l'esprit même des popu- 
lations, et qu’elle a mesuré sa marche à celle des idées 
qu'il leur convenait d'exprimer. Une foule de termes nou- 
veaux sont devenus nécessaires : il fallait les prendre où 
ils se trouvaient et s'enrichir de ces emprunts forcés. 
Elle n’a point hésité; et ce n’est pas de cet accroissement 
qu'il y a à se plaindre; seulement elle a voulu en appro- 
prier les formes à son génie : elle leur a imprimé le sceau 
de l'adoption en les façonnant suivant ses aptitudes; elle 
les a naturalisés languedociens en les soumettant à ses 
règles d’accentuation et leur imposant son cachet de race 
et de famille. Ce n’est pas non plus d’avoir usé de ce droit 
souverain qu'elle peut être blàmée, tant elle y apportait 
d’ailleurs de réserve et de discernement et mettait de déli- 
catesse à en ménager l’exercice et les procédés. Ce n'était 
pas là faire du patois ou du franchiman, mais simplement 
monter au niveau du progrès qui amène toutes les langues 
à se transformer, et se tenir au courant des idées nouvelles 
en s’emparant de mots nouveaux, qu'elle s’assimilait. 

Cette élaboration naturelle se faisait à bon escient; alors 
que la langue d'Oc était la bienvenue dans toutes les 
classes de la société, admise à tous les foyers, reçue dans 
toutes les relations. En plein crédit dans sa province, ses 
emprunts n’éprouvaient aucune peine à être légalisés et 
à prendre cours. A tous les degrés et dans tous les rangs, 
tout le monde s’entendait avec le même idiome, et l’in- 
troduction ou la mise en circulation d’un vocable étaient 
soumises au contrôle de tous, des lettrés et des ignorants, 
des grands seigneurs, des bourgeois et du peuple; de telle 
sorte qu'aucune innovation n'aurait. pu s’impatroniser, 
pour si peu qu’elle eût été en désaccord avec l'esprit 
général et l'instinct natif qui maintenait et caractérisait la 
langue. Ce fut cet état de choses que vint sanclionner 
SAUVAGES dans son Dictionnaire avec l'autorité de sa 
science de linguiste et d'observateur judicieux. Il fixa Je 
pur languedocien de son temps, tel que le mouvement des 
idées ef des besoins l'avait fait, dans son individualité 
propre et originale; et il le fit avec le dessein arrêté de ne 
pas le laisser confondre avec le français, dont il voulait 
surtout protéger et sauvegarder la diction. 

Mais une langue vivante ne s'arrête point au milieu de 
populations vivantes et indépendantes, puisqu'elle repré- 
sente nécessairement leurs mœurs, leur esprit, leurs ten- 





FRA 


 dances. L'ordre social, le régime politique, les divisions 


territoriales ont éprouvé de profonds changements : la 
langue a suivi l'impulsion. A ne les considérer qu'au seul 
point de vue de la linguistique, les révolutions qui ont 
passé sur notre pays, ne pouvaient manquer d'exercer la 
plus grande influence sur l’idiome. Le français est devenu 
le maitre : il a commencé par se rallier les hautes classes 
et la bourgeoisie; le peuple l'a subi et force lui a bien été 
d’en adopter aussi une certaine nomenclature d'expressions 
techniques, sous peine de rester en dehors de tout mouve- 
ment et de se taire sur des matières portées à chaque 
instant à l’ordre du jour, et qui remuaient toutes les âmes 
et tous les intérêts. 

De là sont venues ces concessions à la politique, à 
l'organisation administrative, au système décimal, à la 
procédure, qui ont créé ces séries de mots, d’abord 
comme patrioto, assigna, aristocrato, sans-culolo, émigra, 
massimoun, distri, etc.; puis préfé, sous-préfè, couscri, 
ézantà, réformo, otrouè, azouèn, etc., et après charto, 
députa, prougramo, éléciou, las cambros, et lou mèstre, un 
litre, un kilo, cami vicindou, sustitu, etc. I] fallait s'en- 
tendre à toutes les époques; et le languedocien ne dérogeait 
pas, ne se convertissait pas, en imitant le français Jui- 
même et en lui prêtant en mème temps ses termes d'agri- 
culture, par exemple : magnanerie, canisse, mort-flac, 
flâcherie, araire, etc. 

C'était bien encore; car la langue d'Oc, abandonnée 
depuis longtemps comme langue officielle, avait cependant 
conservé assez de son prestige pour se mêler, disions-nous, 
aux relations privées et familières du grand et beau monde 
qui n’en connaissait guère d'autre, et à celles du populaire 
et des villageois qui n’entendaient que ce langage. Sans 
doute, elle n’avançait pas vers les perfectionnements et 
n'y tendait par aucun sérieux effort littéraire; pourtant 
son culte n’était pas tout à fait délaissé. Franchiman, au 
témoignage de SauvAGEs, il y a une centaine d'années, ne 
désignait que la différence d'accent entre le langage du 
Nord et celui du Midi. 

Le mot garde loujours ce sens, mais il a pris plus d'ex- 
tension; car il signifie aussi une altération de la langue 
méridionale par un autochtone même qui affecte, en se 
servant du parler maternel, de le prononcer à la mode 
française, dans l'intonation et dans le tour de phrase. 

Cette définition n'est malheureusement que juste. Le 
mal à empiré et il attaque le fond mème, la substance de 
l'idiome, par une mixtion informe et inintelligente. des 
anciennes racines romanes et des déformations du français 
qui s'infiltre insensiblement dans ses veines; et cela sans 
regarder aux antipathies qui les séparent. Le Franchiman 
actuel est une corruption du languedocien et du français à 
la fois; il est produit par une alliance journalière, par un 
frottement incessant des intérêts et des rapports des deux 
langages ; il pense en français, il traduit oralement en lan- 
guedocien, et il apporte dans celui-ci la physionomie, la 





FRA 


construction, le génie du premier, et jusqu'à la plupart de 
ses formules parasites; à peine même si les désinences 
conservent leur cachet d'origine. 

La dégénérescence était peut-être fatale : elle a pris de 
notre temps une intensité sans frein et sans vergogne, 
contre laquelle il ne faut cesser de s'élever. Depuis que le 
français est devenu la langue universelle, depuis qu'il s'est 
vulgarisé davantage, qu'il passe pour ètre seul de bonne 
compagnie, et qu'à ce titre il est reçu parmi les classes 
élevées et la bourgeoisie, qui veulent faire preuve par là 
d'instruction et d'éducation, il est de bon goût de renier 
l'idiome natal comme un des patois barbares du français 
et de n’en faire qu'une de ses corruptions viciées, au lieu 
d’une langue originale. Sur cette idée fausse, le dédain et 
l'abandon : et c'est ce qui nous rappelle une de ces spiri- 
tuelles boutades du maitre, quand il représentait au vif les 
causes de la décadence de sa langue tant aimée et faisait le 
portrait de nos franchimans. Ce qu'il y a de plus fâcheux 
en cela, disait-il, c’est que l'exemple est donné de haut en 
bas; de bas en haut la séduction serait moins à craindre. 

Ce sont, parmi le peuple, les hommes qui ont reçu ce 
commencement, j'allais dire cette fausse couche d'éduca- 
tion, qui est le type particulier de notre siècle; ce sont les 
militaires voyageurs qui ont puisé à toutes les sources, à 
tous les jargons, à tous les baragouins; ce sont les demoi- 
selles de magasin qui se pincent la bouche en cœur et 
lèchent leurs paroles sur leurs lèvres, pour ne pas être 
confondues avec la classe des taveleuses, race vive, alerte, 
un peu débraillée, andalouse du pied jusqu’à l'œil; ce 
sont les demi-savants des campagnes, tribuns du conseil 
municipal, qui ont appris le français dans le code de pro- 
cédure; c'est toute cette petite aristocratie populaire qui 
déforme notre pur languedocien pour en faire le laquais 
brodé du français. 

Aussi distingue-t-on deux classes bien tranchées de 
puristes franchimans dans notre idiome. La variété dont 
il vient d'être question, forme ce que le bas-peuple appelle 
très-logiquement d'avoucas. Ceux-ci reculent devant un 
technique pur languedocien et font des détours risibles 
pour tourner la position; ils craindraient, par l'emploi 
d’un terme authentiquement du crü, de déroger à leur 
dignité de citadins et d'être salués de l'épithète de raïdous, 
la plus flétrissante des injures à leurs ÿeux ; ils sont heu- 
reux quand ils peuvent amener à bien et colloquer conve- 
nablement un technique bien français qu'ils ont recueilli 
dans leurs rapports avec les gens de science et de bon ton; 
ils appuient glorieusement dessus, ils le renflent d'une 
accentuation sentencieuse, et semblent n’y accoler qu'à 
regret la désinence languedocienne. Inutile de dire que la 
construction est toujours française ou à peu près. Qu'ils 
tombent, par hasard, sur un technique bien local, ou 
mieux éncore sur une de ces phrases faites et proverbiales 
qui abondent dans l'idiome, ils ne les lächent alors qu'en 
les accompagnant d’un sourire sardonique ou dédaigneux, 





FRA 365 


qu'avec une rudesse affectée de prononciation ; ils ont l'air 
de les souligner oralement, pour qu'on ne les confonde 
pas avec le reste de leur phraséologie; et quand ils revien- 
nent à celle-ci, ils ont grand soin de signaler la différence 
par un redoublement de siffloterie, de syllabes susurrantes 
et de vocalisation emmiellée. 

La seconde espèce de puristes est plus logique et plus 
patriote : elle tient à conserver à l'idiome sa pureté ori- 
ginelle et le cachet de son indépendance; elle se compose, 
quoiqu'en petit nombre, de gens instruits, mais ils doi- 
vent être du crù, c’est là une condition exclusive, car 
l’homme du terroir peut seul avoir la chaleureuse affection 
qui pousse à défendre une cause juste, mais condamnée 
d'avance. C’est là le bataillon sacré. 

Viennent ensuite les vrais autochtones du pays : culti- 
vateurs ou petits propriétaires, et les habitants, non dé- 
classés, des communes rurales. Les puristes dans cette 
classe sont particulièrement ceux que leurs voisins grati- 
fient aussi du titre, d’avoucas. Bien différents des premiers 
que nous avons déjà signalés par cette appellation, ceux-ci 
s préoccupent quelque peu de codes, de législation et de 
politique générale; ils sont surtout un recueil vivant des 
théorèmes, des apophthegmes de la sagesse du vieux temps. 
Leurs codes sont : Pierre Larrivay, Mathieu Lansberg; leur 
doctrine, les recueils des dictons ou proverbes agricoles, as- 
tronomiques et météorologiques ; leur politique, la diplomatie 
municipale, ou quelque boniment en vue d'élection. La race 
menaçait de s’en perdre;. mais les évènements ont formé 
quelques élèves non moins prétentieux, qui s'exercent dans 
les clubs ruraux. Ceux-là sont les savants de Fendroit, les 
fortes têtes, les importants, les discoureurs diserts, frottés 
de lecture et d'instruction primaire. C’est par eux que 
l'antagonisme du français se maintient vif et constant, 
comme entre Rome et Carthage. Grands parleurs d'ordi- 
naire, leur verbe a une certaine énergie, leur pensée de - 
l'image, leur phrase de la métaphore; la forme compara- 
tive est dans leur génie particulier, comme dans celui de 
la langue elle-même; ils n'évitent pas sans peine tout 
retour vers la pensée française inculquée par leur journal, 
et lorsque les besoins du moment les contraignent à l'em- 
prunt de quelque expression inévitable, ils mettent une 
sorte de coquetterie maligne, de raffinement inslinetif à la 
torturer, à la défigurer, à la rendre méconnaissable pour 
des oreilles françaises. Quelquefois mème ils l'étendent 
sur le lit de Procuste, la mutilent ou l’étirent, suivant les 
cas, pour le seul plaisir de faire affront à l'académie; c'est 
ainsi que des mots bibliothèque, locomotive, cartouche, 
pour ne parler qué des plus innocents, ils ont fait bléotèquo, 
comotivo, cartatoucho. 

A un degré un peu plus élevé, se rencontrent les puristes 
écrivains, praticiens émérites, rédacteurs de correspon- 
dances d’affaires, de pétitions et même de mémoires; et au- 
dessus les poètes de l'endroit, faisears d'épithalames ou de 
chansons charivariques, aux locutions fantaisistes et sou- 


366 FRA 


vent originales comme leur orthographe. Toutes ces caté- 
gories professent au fond le respect de la langue. 

Or, comme tout purisme est toujours entaché de fana- 
tisme, il s’en est suivi quelquefois des excès que le bon 
goùt doit condamner, quand ils s’avancent sur le terrain 
littéraire, mais qui n'en restent pas moins liés indissolu- 
blement aux destinées de l’idiome. Montrer trop de sévé- 
rité pour leurs créations déformées ou dissimulées aurait 
bien pu n'être pas toujours justice. Le français n’a-t-il pas 
fait pire quelquefois dans ses emprunts grecs ou latins 
pour ses classifications scientifiques, et dans son anglo- 
manie pour toutes ses industries depuis ses vêtements jus- 
qu'aux chemins de fer, pour sa Jangue parlementaire et 
son argot commercial? L’omnipotence et l'impunité, l'exem- 
ple et l'initiative ne sont pas des droits, mais on s’en est 
toujours servi depuis qu'il y a au monde des forts et des 
faibles; et en dernière analyse, il faut bien accepter, sous 
bénéfice d'inventaire toutefois, quelques-unes de ces locu- 
tions qui ne heurtent pas trop le génie de la langue. 

Les néologismes de cette sorte ne sont pas les plus à 
redouter; et ce n’est pas contre eux que l’auteur des Cas- 
tagnados eùt dégainé, comme il disait, son grand sabre pér 
sé garda dâow franchiman. Dans la nomenclature qu'il à 
laissée et que nous suivons, il en a été enregistré un cer- 
tain nombre : c’est l'acte de leur légitimation. A l’article 
Patouës nous signalerons les motifs qui leur ont fait trou- 
ver grâce et les raisons qui ont dù faire proscrire, les autres. 

Ce qui a jeté les premiers et les plus dangereux ferments 
de décomposition dans l’idiome méridional, est venu de 
cette erreur qui a fait imaginer que deux langues, coexis- 
tant sur le même sol, gardant certaines affinités d'origine, 
avaient cependant la même nature et le même caractère; 
que l'une, n'étant que l’altération de l'autre, la plus vul- 
gaire et la plus pauvre devait prendre modèle sur la plus 
élégante et se vêlir deses ajustements; que forcer les rappro- 
chements serait avoir raison d’anlipathies inconciliables. 
Mais par le mélange on n'est arrivé qu’à la confusion : les 
plus habiles ne savent plus ni la langue française ni la 
langue d'Oc: certes, il n'y a pas à se vanter du résultat. 
On a été plus loin : du langage courant, qui se livrait à 
tous ces amalgames inconscients et souvent inintelligibles, 
le mal est passé et s’est propagé dans les livres, les traités, 
les compositions écrites, où l’on n'a pas craint de professer 
hautement l'assimilation du français et du languedocien. 
C'est contre ce débordement qu'on ne saurait trop pro- 
tester, en creusant plus profondément que jamais la ligne 
de démar ‘ation qui sépare les deux langues. 

Des principes, des natures, des types disparates et oppo- 
sés ne peuvent évidemment se concilier et se fondre. On 
ne l'a point vu, on n’y a point songé : le même vocabu- 
laire ne saurait être commun aux deux idiomes. Mais la 
langue d'Oc dépérit, dit-on : soit; et cela ne l'empêche pas 
de servir encore d’instrument de relations à huit ou dix 
millions d'hommes; elle est pauvre et inféconde dans sa 





FRA 


sénilité : cependant elle n'en a pas moins enrichi la litté- 
rature nationale d'admirables et harmonieux chefs-d'œu- 
vre de poésie. Mais n'est-ce pas là ce qui lui donne le 
droit d’être fière de sa pénurie, de refuser l’aumône en 
fausse monnaie qu’on lui jette, de repousser la livrée et le 
yvasselage qui l’humilient, de vouloir être rendue à elle- 
mème? Ces levées en masse chez le voisin, qu'on lui con- 
seille et qu'on lui amène de force, ne feraient que la trabir 
et hâter sa déchéance. Il est sans doute des auxiliaires 
dont le concours lui a été utile et qu’elle a accueillis; maïs 
ces recrues exotiques, hybrides, à constitution peu saine, 
raccolées un peu partout, au hasard, que, pour ia vanité 
du nombre, on essaie d'affubler de quelque lambeau de 
costume provincial, et qui se croient déguisées sous la cocarde 
d'une désinence caractéristique, une consigne inexorable 
doit les bannir à jamais des rangs où ces intrus font tache. 

Que peut donc en ces circonstances se proposer notre 
lexique? Rien de plus que faire de l'histoire. La langue 
d'Oc et ses dialectes n’ont pas pour eux l'avenir, en ce 
sens que l’avenir ne peut rien leur donner et qu'ils en ont 
tout à craindre. Ils vivront en se souvenant d'avoir vécu : 
leur raison d’être est d’avoir été. C'est pour cela qu'il y a 
un si grand intérêt, non pas à tenter un impossible rajeu- 
nissement en leur insufilant un esprit nouveau, antipa- 
thique à leur génie natif, mais à revivifier leurs éléments 
d'origine et leurs principes vitaux en les retrempant à 
leur source pure et vraie. 

A deux époques critiques dont nous venons d'indiquer 
l'influence, notre dialecte a eu cette rare bonne fortune 
que deux maîtres, SauvaGEs et La FARE-ALAIS, ont dressé 
l'inventaire de son entier et légitime patrimoine. Le der- 
nier contrôle a dù nécessairement écarter les archaïsmes 
hors d'usage, atteints de désuétude, comme il a dû con- 
sacrer les acquêts récents, avec un savoir et une autorité 
inconteslables. Dans cette classification se trouve la règle, - 
et elle est si bien la loi, que tout ce qu’elle embrasse et ce 
qu'elle sanctionne est l'état de notre langue, son seul 
avoir, sa propriété véritable; tout le reste ne serait pour 
elle que du bien mal acquis, dont elle ne veut pas. Notre 
lexique, qui l’a adoptée, sera donc à ce titre pur langue- 
docien et non franchiman; sa devise sera : parlons notre 
langue et non son patois. — Voy. Lénguo et Patouës. 

Franchimandéja, ». fréq. Imiter grotesquement la pro- 
nonciation française : ce qui arrive au peuple du Midi 
quand il veut se mêler de parler français, surtout aux 
militaires du terroir, retour des garnisons d'outre-Loire, 
qui prétendent faire croire avoir oublié l'accent natal. 

Françouès, ». pr. m. Au fém. Françouèso. François, 
Françoise. 

Françoun, n. pr. de femme. Dim. Françounéto. Fran- 
çoise, dont il est lui-même un dim. 

Franja, ado, adj. Frangé, orné de franges; bordé d'une 
frange. 

Corrupt. du fr. 





FRÈ 

Franjo, s. f. Bord; bordure; frange, tissu d’où pendent 
des filets servant d'ornement. 

Corrupt. du fr. qui vient lui-même dulat. Fimbria, m. sign. 

Franquéta, s. [. Franchise; loyauté. 

Dér. de Fran, adj. 

Franquo-païardo, s. /. Espèce de figue hätive et de 

Frâouda, v. Frauder; employer des moyens détournés 
pour frustrer quelqu'un de ce qui lui appartient, pour 
éviter les droits de régie ou d'octroi; sophistiquer le vin 
ou autre marchandise. 

Frâoudo, s. /: Fraude; tromperie cachée à l'effet de 
soustraire certains objets soumis aux droits à la connais- 
sance des employés à la perception ; contrebande. 

Dér. du lat. Fraus, fraudis. 

Frâoudulisto, s. m. Féodiste. — Voy. Flurdalisto. — 
Ce mot est une corruption du vieux terme fr. auquel le 
peuple a voulu attacher ironiquement une racine injurieuse 
tirée du mot Frdoudo. Le peuple et les interprètes du droit 
féodal n'étaient pas fort amis. 

. Frâoudur, s. m. Fraudeur, celui qui fait et pratique 
habituellement la fraude, surtout en matière de droits 
d'octroi ou de régie. 

Corrapt. du fr. 

Frâoumina, v. Havir, brüler, dessécher, brouïr par le 
brouillard, en parlant des feuilles des arbres; rendre ver- 
moulu, quand il s’agit du bois, du fromage, etc. 

Fré, s. m. Froid, froidure; hiver. — Fai un fré qué 
ploumo, il fait un froid à faire tomber les ongles. Un paro- 
fré, un vêtement bien chaud, un manteau. Un pisso-fré, 
un homme sans vigueur, sans énergie; flegmatique; indif- 
férent; indolent. Un fré, un catarrhe, un rhume, toute 
espèce d'indisposition causée par une transpiration arrêtée. 
Fré dé pèses, froid aux pieds. 

Fré se prend aussi adverb. pour froidement, d’une 
manière froide, sèche, glaciale. — Batre fré, battre froid, 
recevoir froïdement, sans démonstration amicale. 

Fré, fréjo, adj. Dim. Fréjé; augm. Fréjas. Froïd, qui 
a perdu sa chaleur, qui est à une température peu élevée. 
Au fig. froid, indifférent pour ceux qui l'aiment; qui n’a 
pas d’entrailles ni de chaleur de cœur. 

Dér. du lat. Frigidus, m. sign. 

Fréchan, s. m., ou Fréchio, s. f. Fressure d'agneau ou 
de chevreau; ensemble du cœur, des poumons, de Ja rate 
et du foie de ces animaux. C’est un friand morceau pour 
les campagnards, qui mangent rarement de la viande. 

Dér. du lat. Frizum, supin de Frigo, fricasser. 

Fréchio, s./f.,ou Fréchan, s. m. Mème mot que le pré- 
cédent. 

Fréjäou, âoudo, adj. Qui est d'une température, d'une 
exposition de site froide, glaciale. — Aquélo cambro és 
bièn fréjdoudo, cette chambre est glacée. Pètro-fréjdou, 
pierre froide, pierre calcaire. C'est par une exception bizarre 
qu'ici l’adj. ne s'accorde pas en genre avec son subst. 





367 


Fréjou, s. j. Au propre, douleurs rhumatismales, ca- 
tarrhe causé par le froid; au fig. froideur, indifférence; 
air froid, sérieux et composé. 

Dér. du lat. Frigus, frigoris. 

Fréjoulado, s. /. Redoublement de froid; froid plus 
intense; recrudescence de l'hiver qui se fait ressentir sou- 
vent aux premiers jours du printemps. 

Frèro, s. m. Frère, né du mème père et de la même 
mère. — Voy. Fraïre. 

— Lous Frèros, les frères de la Doctrine chrétienne. Lou 
Frèro, le frère qui dirige spécialement ou l’école ou la classe. 

Il est probable que, avec l'établissement des frères de la 
Doctrine chrétienne dans nos pays, a commencé la substi- 
tution du mot Frèro à celui de Fraïre, du moins l'habitude 
de ne parler que français aux enfants, de n’employer que 
le français dans leurs classes, a-t-elle contribué pour une 
grande part à ce changement tout à fait passé dans la langue. 

Frés, frésquo, adj. Dim. Frésqué, élo; augm. Frésquas, 
asso. Frais, fraiche, dans toutes ses acceptions, soit pour 
la témpérature, le vent, l'eau, le vin, soit pour la fraicheur 
des fruits, légumes, viandes, poissons, étoffes, et pour le 
teint des personnes. — Frésquasso, en parlant d'une femme, 
une grosse mère bien fraiche et pourvue d'embonpoint. 

Pris subst. où adv. au masc. Frais; froid agréable; 
fraicheur.— Faï frés, le temps est frais. Préne lou frés, se 
mettre à la fraicheur, au frais. 

Dér. du Jat. Frescum, supin de Frigeo.. 

Frésia, siado, adj. Crèpé; crêpu; frisé comme les 
feuilles d’un certain chou qu'on appelle chou frisé. 

Dér. de Frisa. 

Frèso, s. f. Fraise, fruit du fraisier, qui 6e dit techni- 
quement Majoufo (V. c. m.); ris de veau, fraise; fraise 
de collet, ornement du cou, plissé et empesé. 

Dér. du lat. Fraga, m. sign. 

Frèso, s. f. Frèze, temps du plus grand appétit des 
vers-à-soie. — Ce redoublement d’appétit, qui précède 
chaque mue, croît à chaque àge proporlionnellement à la 
grosseur du ver. 

Frésquairoùs, ouso, adj. Frais, humide, en parlant 
d’un site, d’une maison, d’un appartement, où l'on respire 
la fraicheur. 

Frésquéja, v. fréq. Réverdir; être verdoyant; se cou- 
vrir de verdure, de fraicheur. 

Frésquièiro, s. f. Fraicheur; temps frais. Au fig. froi- 
deur; indifférence. — Prène la frésquièiro, prendre le 
frais. Las frésquièiros arivou, les premières fraicheurs de 
l'hiver arrivent. Faï frésquièrro, il fait frais, presque froid, 
humide. 

Frésquoû, s: f. Fraicheur; froidure ; fraicheur de l'eau ; 
fraicheur du teint. 

Frésquun, s. m. Odeur de viande fraiche. + Cette 
odeur est insupportable. aux habitants des Cévennes, qui, 
accoutumés à une vie frugale et aux assaisonnements au 
pôre salé, ont du dégoût pour la viande fraiche et le potage 


FRÈ 


368 FRI 


de cette viande, en même temps qu'ils font grand cas du 
porc un peu rance, qu’ils nomment sabourun. 

Fréta, v. Frotter; essuyer; oindre; enduire. Au fig. 
battre, rosser quelqu'un; lui gagner son argent au jeu. 

Sé fréta, hanter; fréquenter; avoir à faire; se faire des 
frietions; se battre. — Sé fréta dé quéouquus, fréquenter 
quelqu'un. Sé soun bé frétas, ils se sont bien houspillés, 
pelottés, battus. 

Dér. du lat. Fricare, m. sign. 

Frétado, s. f. Coups; rixe; volée de coups de poings ou 
de bâton. 

Frétadoù, s. m. Frottoir; linge qui sert à frotter, à 
essuyer; essuie-main. 

Fréto, s. f. Terme de charronnerie, frette, lien de fer 
ou virole autour du moyeu d’une roue. 

Fricandèou, s. m». Hachis ou godiveau de viande maigre 
du porc, mêlé du ris et des caillettes, quelquefois avec 
la fressure et le foie, et qui n’a rien de commun avec ce 
qu'on entend en fr. par Fricandeau. Lou fricandèou se 
façgonne en boules de la grosseur d’une pomme, qu'on 
recouvre avec une enveloppe de cette membrane graisseuse 
que les anatomistes appellent épiploon, et qu'on nomme 
ici en terme de ménage créspino. Ces sortes de godiveaux, 
que l'on fait cuire dans la graisse et quelquefois en terrine, 
se conservent longtemps et sont fort estimés. 

Fricäou, fricâäoudo, adj. Dim. Fricéoudé. Gentil; 
éveillé; friand; ragoütant; délicat. — Un moure fricdou, 
un minois friand. 

Ce mot est plus usité au dim. fém. Fricdoudéto.—Friquet, 
le nom du moineau, n’aurait-il pas une origine commune 
à cause de ses qualités? 

Dér. du lat. Fricatus, frotté, nettoyé. y 

Fricassa, vw. Fricasser; accommoder; frire; faire cuire 
à la poële. Au fig. manger son bien en folles dépenses. — 
À tout fricassa, il a tout dévoré, tout flambé. 

Fricassèio, s. f. Fricassée, gibelotte. 

Fricasso, s. f. Ragoût de viande en morceaux, cuit à 
la poële; galimafrée. 

Dér. du lat. Fricare. 

Fricô, s. m. Dim. Fricouté. Ragoût; mets cuit; régal; 
repas de gourmand. 

Fricoutéja, v. fréq. Fricotter; fréquenter les guinguettes ; 
avoir l'habitude des repas de tavernes. -- S’entend aussi 
des petits repas d'amis et de gourmands, 

Fricoutiè, s. m. Gargotier ; cuisinier de taverne. 

Fricoutur, s. ». Gourmand; qui aime les bons mor- 
ceaux ; qui fréquente les gargotes. 

Frigoulous, s. m. Terre en friche remplie de thym. 

Frigoulo, s. /. Dim. Frigouléto. Thym, Thymus vul- 
garis, Linn., plante de la fam. des Labiées, aromatique et 
fortifiante, dont on parfume les agrès de magnanerie, soit 
en en frottant les planches et les traverses, soit en la fai- 
sant brüler dans l'atelier. 

Dér. du gr. Pakäyyuv, plante salutaire contre les venins. 





FRI 


Frimo, s. f. Frime; semblant; mine; feinte. — Tout 
aquÿ's uno frimo, dé frimo ou pér la frimo, tout cela n’est 
que semblant, que jeu, que vaine apparence; bon pour la 
frime. 

Frimousso, s. /. Mine: air du visage; trogne. — Té 
cope ta frimousso, je vais te souffleter. 

Fringa, v. Faire l'amour; faire la cour; avoir des fré- 
quentations en vue du mariage. — Se prend en général en 
bonne part et pour le bon motif, du moins en apparence : 
c'est une fréquentation qui s'opère en public et la plupart 
du temps sous les yeux des parents. Le terme Parla à... 
est encore plus explicitement consacré à la recherche pour 
le bon motif. 

Dér. du lat. Fringultire, frétiller, jaser, coqueter. 

Fringadisso, s.f., ou Fringaje. Action de faire sa cour; 
temps où l'on se fréquente avant le mariage. 

Fringaïre, s. m. Au fém. Fringaïro, subst. Amant; 
amoureux ; galant; soupirant. — Woy. Calignaïre. 

Fringaje, s. m. — Voy. Fringadisso. 

Fringarèl, èlo, adj. Qui a le cœur disposé à l'amour; 
qui aime à coqueter auprès des femmes; d'humeur amou- 
reuse; l’'amoureux des onze mille vierges. 

Fringo, s. f. Dim. Fringuéto. Bande; lanière d’étoffe 
prise sur une grande pièce. — Fringo dé tèro, lisière, lan- 
gue de terre. 

Dér. du lat. Fimbria, frange, ou mieux de Frangere, 
diviser, déchirer. 

Fripa, ». Friper; gâter; chiffonner ses hardes, ses habits; 
gaspiller, dissiper sa fortune. 

Fripariè, s. f. Friperie; magasin de vieux habits; bou- 
tique de bric-à-brac; commerce de friperies. 

Fripiè, s. m. Au fém. Fripièiro. Fripier; marchand de 
bric-à-brac; qui fait commerce de vieux meubles, de vieux 
habits. 

Fripoun, ouno, adj. Dim. Fripouns, oto. Fripon; 
trompeur; qui vole avec adresse; fourbe. — On ne se sert 
guère que du dim. Fripound, oto, dans le sens de galant 
ou coquette, éveillé ou luronne, appliqué à une personne 
jeune ou à son air et à ses manières. 

Fripouna, v. Friponner; escroquer; dérober par adresse; 
attraper par fourberie. 

Fripounariè, s. f. Friponnerie; action, manœuvre de 
fripon. 

Frisa, w. Friser; crèper; boucler en parlant des che- 
veux; raser, toucher superficiellement; broyer, pulvériser, 
ameublir la terre; émietter. 

Frisa, ado, adj. et part. pass. Frisé, crèpu; émietté. 

Frisos, s. f. plur. Frisure; cheveux bouclés par le fer. 

Frisoun, s. m. Terme de filature de soie, frison; filasse 
de soie mêlée et brouillée que l’on tire en mèche avant 
d'obtenir le brin pur soie. Plus la soie qu'on file est fine, 
plus elle doit être purgée du frison. ( 

Le frison diffère des côtes en ce que celles-ci sont for- . 
mées de la bave du cocon, qui s'enlève par longues filasses, 


nds ‘À 





FRO 


qu'on carde ensuite et dont on fait du fleuret grossier; au 
lieu que le frison contient beaucoup de bonne soie à la- 
quelle il est mêlé et qu'on ne peut purger à cause d’un 
agglutinement trop considérable. 

Fron, s. ”. Dim. Frounté; péj. Frountas. Front, partie 
du visage qui s'étend d’une tempe à l’autre et depuis le 
cuir chevelu jusqu'aux sourcils. — Lorsque le mot Front 
fr. est au fig. pour exprimer hardiesse, effronterie, notre 


* dialecte le rend par Froun. — V. ©. m. 


Dér. du lat. Frons, frontis, m. sign. 

Froumaje, s. m. Dim. Froumajoù. Fromage, lait caillé, 
égoutté et salé. — Le fromage des Cévennes est le plus 
souvent fait de lait de chèvre; il est du volume et de la 
forme du fromage du Mondor. Quand il est frais, on l’ap- 
pelle Toumo; quand il est demi-sec et gras, Froumaÿe 
adraqua; quand il a subi une opération de fermentation 
particulière, on le nomme Péraldoù, espèce très-appréciée 
et fort estimée, mais des indigènes seuls. 

Au surplus la réputation du fromage de nos montagnes 
date de loin : Pline, dans son Histoire naturelle, affirme 
que le fromage le plus vanté et le plus recherthé à Rome, 


ce rendez-vous général de tous les produits du monde, 


provient de la contrée de Nimes, de la Lozère et du pays 
des Gabales, le Gévaudan, bien que son mérite supérieur 
ne dure qu'autant qu'il est frais et que sa préparation 
gauloise lui donne une saveur médicamenteuse : Laus caseo 
Romeæ, ubi omnium gentium bona cominùs judicantur à 
provinciis, Nemausensi præcipua, Lesuræ Gabalicique pagi : 
sed brevis, ac musteo tantèm commendatio... nam Gallia- 
rum sapor medicamenti vim obtinet. 

Froumaÿe cacha se dit d’une sorte de préparation de lait 
caillé fermentée, assaisonnée fortement de poivre, d'eau-de- 
vie ou de vinaigre, qui se conserve dans les campagnes en 
pots comme une bouillie, d’un goût très-piquant, et qu'on 
appelle aussi Rubarbo {V. c. m.). Viro-froumagje, espèce 
de saut périlleux qui s'exécute en se tenant suspendu par 
les poignets. 

Les étymologistes donnent des origines diverses à ce 
mot, qui, selon les uns, viendrait du celt. Fourmaich, 
m. sign.; suivant d'autres, du gr. Dopués, naîte, panier 
de jonc où l'on met égoutter le fromage et qui lui donne 
sa forme, d'où la bass. lat. aurait tiré Formaticum, For- 
mago, changé en Fromago, par métathèse, du lat. 
Forma. 

Froumajèiro, s. f. Fromagerie, lieu où l’on fait et où 
l'on conserve le fromage; grand panier en forme de cône 
où l'on met sécher et égoutter le fromage du pays: fro- 
magère, femme de la campagne qui vient vendre journel- 
lement en ville Jes petits fromages frais dits Toumos. 

Froun, s. m. Front; hardiesse; effronterie; andace; 
impertinence. — Voy. Fron. 

Frounzi, v. Froncer; rider; plisser; faire un froncis. 

Dér. du lat. Frons, fronts, front, par imitation des 
rides et plis qui s’y forment lorsqu'on fronce les sourcils. 





FUM 369 


Frounziduro, s. /. Froncis; ride; plis; rides de la 
peau. 

Frucha, ». Fructifier; porter du fruit. — Za vigno a 
bièn frucha aquést'an, la vigne a fait beaucoup de raisins 
cette année, 

Dér. du lat. Fruges ou Fructus. 

Fruchè, s. m. Arbre fruitier; fruitier, jardin planté 
d'arbres à fruits; lieu où l'on serre le fruit. j 

Fruchè, fruchèïro, adj. Qui porte beaucoup de fruits; 
qui aime beaucoup le fruit; fertile. — On le dit aussi par 
ext. et ironie de qui aime le fruit défendu. 

Frucho, s. /. Fruit en général; les fruits pris collecti- 
vement. — Souï pas for à la frucho, je ne suis pas très- 
amateur de fruits. 

Frui, s. ”. Fruit, production des végétaux, arbres et 
arbustes, servant à leur reproduction. 

Emp. franchiman au français. 

Fu, 3we pers. sing. du prétér. défini. Il ou elle fuit. Va- 
riante ou contraction du v. Fugi, Fugis. — Déou tén qué 
lou chi pisso, la lèbre fu, prvb., pendant que le chien ba- 
guenaude, le lièvre fuit. On dit aussi : S’en-fu pour : il s'en 
fuit. 

Fugi, v. Fuir; prendre la fuite; courir pour se sauver; 
passer rapidement. 

Dér. du lat. Fugere, m. sign. 

Fugidis, isso, adj. Fugitif; proscrit; qui est obligé de 
se cacher; qui passe vite. 

Fugido, s. f. Fuite ou déchargeoir d'un moulin; canal 
de fuite. 

Fulobro, adj. de tout genre. Dim. Fuloubréto. Paresseux; 
fainéant; qui craint la peine toutes les fois qu'il faut la 
subir dans un but utile. 

Composé des deux mots Fu, il fuit, et l'obro, le travail. 

Fuma, v. Fumer, jeter de la fumée; engraisser la terre 
avec du fumier; fumer du tabac. Au fig. s'impatienter; 
être vexé, ce qu'on appelle vulgairement, fumer sans pipe. 
— À las câoudétos qué fumou, vite, aux châtaignes bouil- 
lies toutes chaudes, qui fument. 

Dér. de Fun. 

Fumado, s. f. Dim. Fumadéto; augm. Fumadasso. 
Fumée, vapeur épaisse que le feu ou la chaleur fait exbaler. 
— Las Fumados, les Fumades, n. pr. d'un hameau et 
de sources minérales dans la commune d'Allègre, où l’on 
a découvert une piscine antique, des monnaies romaines, 
des vases, patères, tuiles gallo-romaines. Ce nom est encore 
celui de plusieurs localités dans le Gard, ruisseaux, mon- 
tagnes ou quartiers. 

Fumadisso, s. f. Grande fumés, persistante, incommode. 

Fumarésto, s. f. Grande et épaisse fumée, comme celle 
d’un four ou des fourneaux d'écobuage, des herbes et des 
racines qu’on fait brüler sur la terre. 

Fumé, s. m. Hirondelle de mer, mouette, oiseau de 
l'ordre des Palmipèdes et de la fam. des Longipennes. — 
Les espèces de ce genre d'oiseau, qui vit autour des étangs, 


a. 


370 FUR 

sur l’eau desquels il se repose sans nager, sont assez nom - 
breuses. Fumé désigne principalement, tout en s'appliquant 
aussi aux autres, l'espèce la plus commune qui est l’hi- 
rondelle de mer à tête noire ou Gachet, hirondelle de mer 
épouvantail, Sterna nigra, Linn., tête et partie postérieure 
du cou d’un noir profond, poitrine d’un blanc pur, le reste 
du corps noir cendré ou bleuâtre, bec noir, vingt-quatre 
centiniètres de longueur; ainsi nommée à cause de sa cou- 
leur enfumée. — Voy. Gabian. 

Fuméiroü, s. m. Fumeron ; flambart; petit charbon à 
demi consumé qui jette de la fumée. 

Fumélan, s. m. Femme, femelle, ou plutôt femmes en 
général. — Se dit ironiquement et en mauvaise part. — 
Voy. Fémélan, qui est le même mot. 

Fumèlo, s. /. Femelle, compagne du mâle; qui appar- 
tient au sexe féminin. — Appliqué à la femme, c’est un 
terme de mépris ou d’ironie. — Voy. Fémèlo. 

Fuméto, s. f. Camouflet, bouffée de fumée; niche qu'on 
fait à un dormeur, en lui soufflant de la fumée dans le nez. 

Fumiè, s. m. Fumier, mieux dit Fén { V. c. m.); trou, 
fosse à fumier. — Fou traïre aqud dou fumië, il faut jeter 
cela au fumier, dans la fosse à fumier. 

Dér. du lat. Fimus, m. sign. 

Fumièiro, s. f. Fumée qui se répand dans un appar- 
tement; celle qu'on voit dans les claies ou séchoirs à 
châtaignes ; fumée déviée de son cours ordinaire et qui 
incommode. 

Fumotèro, s. {. Fumeterre officinale, Fumaria offici- 
nalis, Linn., plante de la fam. des Papavéracées, com- 
mune dans les champs. — Voy. Fénoudéio, qui est un de 
ses noms. 

Fun, s. ”m. Fumée, vapeur plus ou moins épaisse qui 
s'élève d'un corps brûlant. — Faire foço fun, faire l'im- 
portant, faire claquer son fouet. D'aqu? mounté déou sourtà 
lou lun, sor lou fun, prvb., ceux qui devraient donner le 
bon exemple sont les premiers à scandaliser. Un fun dé 
mounde, une foule, une infinité de personnes. Un fun dé 
tèslo, un étourdissement, un éblouissement . 

Dér. du lat. Fumus. 

Fur, s. m. Fouille; recherche dans une maison opérée 
par l'autorité municipale ou de police pour découvrir un 
Vol. — Faïre fur, faire des recherches: 

Dér. de Furga. 

Fura, v. Ronger en dedans, comme font les vers ou les 
fourmis. — Fura d'acdou, faire fuser la chaux, c.-à-d. 
la réduire en poudre en y jetant une petite quantité d’eau . 
Pèiro furado, pierre gercée, calcinée, rongée en dedans . 

Dér. du lat. Forare, percer, faire un trou, forer. 

Furé,s. m. Au fém. Furéto. Furet, Mustela [uro, Linn., 
marmmifère onguiculé de la fam. des Digitigrades ou Car- 
nivores. Il est trop connu des chasseurs (et qui n’est pas 
chasseur?) pour le décrire. Le furet ne peut subsister 
chez nous qu’en domesticité; c’est ce qui le distingue no- 
tamment du Putois, Pudis, avec qui on pourrait lui trou- 





FUS 
ver d’autres rapporis soit de forme, soit quelquefois de 
pelage, mais qui ne vit qu'à l’état sauvage. 

Dér. du lat. Furo, m. sign. 

Furé, s. m. Souris de la plus petite espèce. — C'est 
en quelque sorte une classification par taille, de manière 
qu'une souris qui grossirait un peu trop deviendrait Ra, 
qui est le nom générique de ces rongeurs; celui-ci qui 
s'appelle le plus ordinairement Furé est le rat souris, Mus 
musculus, Linn. 

Furé, s. m. Furet, pris au fig., curieux; qui s’enquiert 
de tout dans l'intérieur des familles; qui fourre son nez 
partout, 

Furétéja, v. fréq. Faire la chasse au furet. Au fig. 
fureter; chercher à découvrir; courir partout pour savoir 
des nouvelles; s’introduire partout. 

Furga, v. Fouiller; chercher dans les poclies, au fond 
d’un trou, d’un lieu bas et où l'on ne peut pénétrer qu'avec 
les mains ou un outil quelconque. 

En espag. Hurgar, m. sign., permutation de F en H. 
En bas-bret. Furguein. 

Furgaïre, aïro, adj. Fouilleur; fureteur; qui aime à 
fouiller partout, à mettre la main à tout; tatillon. 

Furoù, s. f. Fureur; emportement violent; violente 
agitation; passion excessive; rage. 

Empr. au fr. ou du lat. Furor, m. sign. 

Fus, s. m. Dim. Fusé; péj. Fusas. Fuseau, instrument 
qui sert à filer à la quenouille. — Tout aqud apouncho 
pan fus, dicton, mot à mot: tout cela n'apointisse pas 
un fuseau; ce qui signifie: tout cela est bien inutile; 
c'est en vain que vous cherchez, que vous vous escrimez, 
que vous voulez démontrer quelque chose, tout cela ne 
prouve rien. La corrélation entre ces idées et cette locu- 
tion, qui revient souvent, est difficile à saisir: ce qui 
n'empêche nullement de comprendre. 

Dér. du lat. Fusus, m. sign. 

Fusa, v. Terme de chasse ou d’armurerie, faire long 
feu ; fuser; brüler lentement, en parlant d’une amorce. SL 
Sé fusa, se consumer à petit feu, se calciner. 

Dér. du lat. Fusum, supin de Fundi, se répandre, s'é- 
tendre. 

Fusado, s. f. Fusée; quantité de fil qui peut se dévider 
sur un fuseau; épi de maïs; pièce d'artifice. 

Fusia, v. Fusiller; passer par les armes. Au fig. tirer 
aux jambes; ce que fait un vendeur de mau vaise foivis- 
à-vis d’un chaland qui ne peut se passer de l'objet qu'il 
demande, ni se le procurer ailleurs. 

Fusiado, s. f. Fusillade ; plusieurs coups de fusil tirés à 
la fois, soit dans une bataille, soit à la chasse par amusement. 

Fusil, s. m. Dim. Fusié; péj. Fusias. Fusil; arme à 
feu composée d’un canon allongé, d'une platine ou batte- 
rie, d’un fût et d’une baguette. — Avant l'invention de 
Ja poudre, le fusil n'était qu'un briquet, et ce mot était 
emprunté à l'ilal. Focile qui a la mème acception. Lors- 
qu'on donna ce nom au mousquet, au fusil à chien, c'était. 








pour indiquer la manière identique d’y mettre feu, par 
opposition à l'arquebuse qu'on allumait avec une mèche. 
Le fusil à percussion, à piston, le chassepot du nom de 
l'inventeur, à longue portée, le fusil à double canon, sont 
des perfectionnements successifs qui n'ont pas encore dit 
leur dernier mot. 

Fusté, s. m. Petite cuiller en bois, et par extension 
toute cuiller d'enfant ou à café, qu'elle soit en étain ou en 
argent. 

Dér. du lat. Fustis, bâton, baguette de bois. 

Fustiè, s. m. Au fém. ÆFustièiro. Charpentier, artisan 
qui travaille le gros bois; tonnelier. — I] est devenu n. pr. 
d'homme, rendu littéralement en fr. par Fustier. 

Dér. de Fusto. 





G 371 


Eusto, s. f. Dim. Fustéto; augm. Fustasso. Poutre; 
solive; grosse pièce de bois de charpente qui sert à sou- 
tenir les toitures, les planchers, à former les échafau- 
dages. 

Dér. du lat. Fustis, m. sign. 

Futa, futado, adj. Futé; rusé; adroit, plus que ne le 
comporte la probité. 

Dér. du lat. Fustis, bâton, par allusion aux oiseaux qui 
perchent et fréquentent les bois, et qui sont plus rusés, 
plus difficiles à attraper que ceux qui n’ont pas encore 
quitté leur nid. 

Futur, uro, s. et adj. Futur, future; futurs époux et 
l'un d’eux. 

Emp. au fr. 


G 


G, s. m. G, septième lettre de l'alphabet, cinquième des 
consonnes. Isolément se prononce Gé. Les grammairiens 
le rangent dans la classe des Palatales, qui comprend aussi 
le CetleJ 

Le G n'existait pas dans l’ancien alphabet latin; il 
n'avait pas, avant la première guerre punique, de carac- 
tère spécial qui le distinguât du €, et ce fut Spurius Car- 
vilius qui inventa la figure par laquelle il est représenté; 
ce qui toutefois n’empècha pas les deux lettres d'être sou- 
vent confondues dans leur prononciation. Au contraire les 
idiomes celtiques l'avaient toujours admis, et il était une 
de leurs articulations naturelles. Cette prédilection se 
manifeste dans les langues néo-celtiques, et dans notre 
dialecte comme dans le français, ce qui prouverait une fois 
de plus leur primitive et originelle attache. Le bas breton 
et le gallois, en effet, ne trouvant pas dans leurs aptitudes 
de facilité à articuler le V, lui ajoutent un G pour adou- 
cir une aspiration trop forte: du lat. Velum, ils font Guwél; 
de Vinum, Gwin} de Ventus, Gwent; de Viridis, Gwer; 
de Vanus, Gwan; de Vacuus, Gwag; de Verus, Gwir, etc.; 
comme nous avons fait, sur une pareille flexion, Gas, 
Gué, fr., du lat. Vadum; Gardoù et ses dérivés, Gardon, 
du lat. Wardo ou Vardo. A la vérité, l'effet inverse se 
rencontre : le lat. Gyrare est devenu pour nous Vira, et 
en fr. Virer; Gyrus, en fr. Virole; etc., etc. 

. Comme le C chez les Grecs, les Romains et les Gaulois, 
le G avait toujours le son dur devant toutes les voyelles. 
Mais quand la langue se renouvela, le roman, qui cher- 
chait à se dégager de l'oppression du latin, tout en utili- 

t ses débris et ses altérations devenues barbares, obéit 
à un désir instinctif d’adoucissement dans la prononciation, 





autant qu'à des préférences d'organisme vocal, à des in- 
fluences climatériques peut-être, que rien ne comprimait 
plus. La force ou la faiblesse des voyelles agit sur la nature 
des articulations et particulièrement sur celle du G et du 
€, selon qu'ils étaient suivis d'un À, d’un © ou d’un w, 
voyelles au son grave et plein; on les prononçait différem- 
ment que suivies d’un £ ou d’un Z, voyelles faibles; et le 
G doux, prononcé comme J, n’imprima plus à l'E et à V'£ 
de consonnance rude qu’à la condition d'interposer un # 
(Gu), entre lui et ces dernières voyelles. 

Cette affinité des deux Palatales les portait facilement à 
se substituer l’une à l’autre /Y. lettre C); mais les per- 
mutations qui amènent le G, de beaucoup mieux connu, 
sont aussi plus fréquentes. N'est-ce point pour cela que 
les désinences de tant de noms propres et de noms com- 
muns en anicus, enicus, inicus, onicus, presque toujours 
au pluriel fém. anicæ, enicæ, inicæ, onicæ, sonnant en kæ 
à la finale, furent changées des premières par la langue ro- 
mane en anègues, énèques, inègues, onègues, d'où le € latin 
avait disparu ? Cependant cette combinaison présentait en- 
core deux flexions antipathiques au nouveau langage, celles 
de Net de G durs; mais elle mettait presque en contact les 
déux lettres séparées seulement par un 1 faible. Il est per- 
mis de croire que ce rapprochement rappela une ancienne 
articulation celtique qui manquait au latin et que le roman 
se hâta de reprendre par une mouillure nasalisée avec l'al- 
liance du Gn; et l'on voit en effet les appellations latines 
Martinianice, répondant en roman Martinianègues, deve- 
nir en lang. Martignargues, en fr. Martignae, Martignan, 
Martigny ; Salvinianicæ, Salvanègues, Savignargues, Salva- 
gnac, Sauvigny, Savigné, etc. Si l'idiome méridional affecte 


372 G 


ces terminaisons d’une forme particulière, rude encore, ce 
n’est peut-être qu'un souvenir étymologique du latin dans 
la Narbonaise, où il fut plus cultivé que dans le reste de la 
Gaule; mais la permutation ne s’en fait pas moins sentir ; 
et ce n’est pas notre dialecte qu’on peut accuser de négliger 
cette vocalisation caractéristique du Gn gaulois. 

Au reste, il est probable que cette forme amena, par 
une légère inversion, celle du WG avec toutes les voyelles, 
sur laquelle l’adoucissement du G fut encore plus marquée 
par les finales en ange, enge, inge, onge, ounge, qui n'é- 
taient que des variantes identiques aux précédentes, et 
qui passaient par une permutation déjà expliquée, en 
anche, enche, inche, onche, dérivant toutes du même prin- 
cipe. — Voy. Agno, suff., les mots Canounge, La Ca- 
nourgo, et la lettre AN. 

Tel est le chemin qu'a parcouru le G et les transfor - 
mations par lesquelles il a passé pour venir dans notre 
alphabet. Le son qui lui est propre est guttural devant les 
voyelles fortes a, o, u, ou, Gani, Gonle, Gulo, Gounil . 

Devant les voyelles faibles e et à, il se modifie comme 
en fr. et prend la même prononciation que le J, c.-à-d. à 
peu près comme le J fr. précédé d’un D : Géngivo qui se 
prononce Djéndjivo, et en ital. Geronimo, Gurgio . 

Devant la consonne NW, lorsque celle-ci est suivie d’une 
voyelle, le G ne se fait pas sentir, mais il mouille l’x 
comme en fr., c.-à-d. qu'il lui donne la prononciation 
qu'elle aurait si elle était suivie d’un J se liant avec elle, 
sans former deux syllabes. On prononce Gagna, Pagnè, 
Cougné, Mignd, Ségnur, Vignoù, comme s'il y avait 
Gania, Paniè, Counié, Minid, Séniur, Vinioù, tous dis- 
syllabiques, et comme en ital. Agnello, Ignado, Ogni. 

Dans beaucoup de mots, le G doit conserver l’articu- 
lation dure et gutturale, mème devant les voyelles e et à : 
en ce cas, on place un « entre cette voyelle et le g, ce qui 
est usité aussi en fr., Langue, Guerre, Guider, et on écrit 
Guèto, Guiché, Guènche, Guingoï, etc. 

D'après ce principe, il faudrait absolument bannir la 
voyelle # de tous les mots où le g serait suivi des lettres 
a, 0, u; Car pour eux le g n’a nullement besoin de cette 
intercalation pour être guttural. Le fr. la supprime le plus 
souvent; mais nous avons éprouvé quelque hésitation à 
appliquer cette règle générale. Le languedocien, qu'on lit 
moins et dont l'orthographe est moins familière aux yeux, 
a besoin, pour l'intelligence de certains mots, de rappeler 
leur racine, leur étymologie, et leurs rapports de famille. 
Dans les divers temps d'un même verbe, par exemple, on 
pourrait ne pas saisir de prime-abord la parenté entre 
l'infinitif terminé en a et le prétérit défini au milieu du- 
quel intervient un e-avant ces terminaisons, comme Carga 
et Carguère. I1 en serait de mème de la plupart des mots 
qui ont des dimin. en éto : Fournigo, Fourniguéto, etc. 

Ces considérations nous ont frappé, sans nous détermi- 
ner absolument. Nous n'adopterons donc l’intrusion de cet 
u parasite que comme une exception et toutes les fois que 





GAB 


la clarté du sens ou le besoin de mieux in diquer la déri- 
vation d’un mot nous paraitront nécessiter cette combi- 
naison, sans l'ériger en principe d'orthographe. | 

Gabiaïre; s. m. Fabricant où marchand de cages. 

Dér. de Gabio. 

Gabian, s. m. Hirondelle de mer; mouette; goëéland; 
petite mouette des rivières; nom commun à un certain 
nombre d'oiseaux aquatiques du genre Larus, Linn., de 
l'ordre des Palmipèdes et de la fam. des Longipennes ou 
Macroptères. — Voy. Fumé. 

Autrefois, le peuple donna, comme appellation de déni- 
grement qui s’est conservée, le nom de Gabian aux pré- 
posés de la gabelle, commis. aux fermes, douaniers de 
l'époque, qui exerçaient sur nos côtes de la Méditerranée. 
Pour se mettre à l'abri des injures du temps, sur une 
plage déserte, comme aussi pour surveiller la fraude de 
plus loin, ces employés avaient des cahutes élevées, sortes 
de hunes ou gabies, ou bien gabios, cages, d’où leur nom 
fut tiré. — Le fr. a de même ses matelots gabiers, et en 
terme populaire le mot Gabeloux, pour désigner les mêmes 
préposés. — L’analogie fut facile entre eux et ces oiseaux 
que l'on voyait, comme les commis, sans cesse allant, 
venant sur la plage, et Gabian devint le nom générique 
de ces hirondelles de mer, de ces mouettes dont les espèces 
sont très-nombreuses et qu'on appelle encore Æumé, Vanèlo 
ou Guféto, appliqués à peu près indifféremment à toutes. 

Une autre étymologie, la contre-partie de la première, 
se présente aussi naturellement. Mouette se dit en lat. 
Gavia ; de là à Gabian il n’y a qu'un pas. Ce serait alors 
l'oiseau qui aurait donné son nom au douanier qui venait, 
concurremment avec lui, s'établir sur le bord de la mer. 

Cette étymologie est sans doute la bonne; mais il est 
certain qu'à son défaut l’autre aurait pu utilement la 


remplacer, et dans aucune troupe il n’est pas ordinaire de 


voir une utilité approcher autant du premier rôle, 

Gabio, s. f. Dim. Gabiéto; augm. Gabiasso. Cage, ‘petite 
loge en fil de fer ou d'osier pour les oiseaux, en fer pour 
les animaux et les captifs. — Gabio dé manéchal, travail 
de maréchal, espèce de cage où l’on enferme une bête 
rétive pour la ferrer ou pour lui faire subir une opération 
douloureuse. 

Dér. du lat. Cavea, m. sign., par la permutation du € 
en G et du v en b. En ital. Gabbia. | 

Gabre, s. m. Dim. Gabroù; péj. Gabras. Jeune fille 
effrontée, garçgonnière et étourdie. Par ext. le mot Gabre 
s'applique indifféremment aux deux sexes et aux choses 
inanimées pour : folâtre, étourdi, effronté. — Autrefois on 
appelait Gabre les vieilles perdrix mâles. L’épithète actuelle 
pourrait bien avoir là pris naissance. 

En syriaque Gaber signifie force, virilité; homme : 
Gabriel, homme ou puissance de Dieu. Tout cela annonce 
que notre mot Gabre actuel tient à l’idée de Virago, de 
fille ressemblant à un mäle. Ce que nous avons dit des 
permutations du G ne fait pas obstacle à ce que ce mot 











GAI 


latin ne soit le patron exact sur lequel le lang. s'est 
formé. 

Gafarô, s. m. Glouteron, plante, de la mème fam. que 
le Grateron, auquel il ressemble beaucoup, Arapo-man. — 
Voy. Lampourdo et Tiro-pèou. 

Gaféto, s. /: Mouette, hirondelle de mer. — Voy. Fumé, 
Gabian. 

Gafo, s. /. Tirtoir de tonnelier, composé d’un manche 
en bois et d’un fer mobile et recourbé, avec lequel on tire 
le cercle d’une futaille pour le faire entrer au-dessus des 
douves. 

Dér. du vieux nom Gaf, crochet. 

Gafou, s. m. Dim. Gafouné. Gond, morceau de fer qui 
soutient la penture d’une porte, d’une fenêtre. 

Dér. du gr. léuyos, coin, clou, d'où le lat. Gomphus, 
m. sign, ou de Kuygës, courbé. 

Gagna, v. Gagner; faire un gain; attraper; obtenir; se 
diriger vers... — Dé qué gagno aquél varlé? quels sont les 
gages de ce valet? Aï gagna un fré, j'ai attrappé un rhume. 
. Gagna lou sère, se diriger vers la montagne. Gagna lou 
grés, se sauver, décamper pour éviler un danger ou la 
prison: c’est ce que font les déserteurs, les proscrits, les 
repris de justice. Qué gagno tén, gagno tout, prvb., avec 
le temps on vient à bout de tout, 

En v. 1. Gazagnar ; en ital. Guadagnare. 

Gaï, gaïo, adj. Dim. Gaïé, éto. Gai; réjoui; joyeux; 
frais; plaisant; libre, pas trop serré. — Lou més dé maï 
frés et gaï, le mois de mai frais et vif. Un tén gaï, un temps 
serein, un air frais. On és gai dinc aquélo vèsto, on est au 
large, on a les mouvements libres dans cet habit. 

On dit Gaï d’un ressort, d’un tenon, d'un crochet, qui 
jouent librement. 

Dér. du lat. Gavisus, m. sign. 

Gaïamén, adv. Gaiment, de bon cœur; joyeusement ; 
en pleine liberté; sans gène. 

Gaïar, gaïardo, adj. Robuste; vigoureux; bien por- 
tant; qui a le teint frais. Par ext. beau et joli. 

Ce mot employé au subst. répond au Gaillard, fr. — 
ÉS un guiar, c'est un gaillard, un franc luron. 

- Augm. de l'adj. Gaï. Le lat. Validus, par la permuta- 
tion connue du G substitué au VF, pourrait bien ne pas y 
être étranger. 

Gaïéto, s. /: Riz de veau, d'agneau; la partie glandu- 
leuse qui se trouve sous la gorge au haut de la poitrine des 
animaux de boucherie. 

Ce mot ne s'emploie qu'en terme de cuisine ou de bou- 
cherie. 

Gaïo, s. f. Barbe de coq, petites membranes rouges que 
les coqs et les poules ont suspendues sous la tête. Par ext. 
menton à double étage; trogne; embonpoint ; visage frais . 

Dér. de Gal. 

| Gaïo dé nose, s. /. Quartier de noix, cuisse de noix. 
Contraction de Nougaïo, qui a dù exister autrefois, 





GAL 373 


comme on le voit par son dim. Nougaïoù, qui est resté. — 
Voy. c. m. 

Gaïofo, s. m. Gros réjoui; viveur; bélitre. s 

Dér. de Gaïo. — Sauvages se demande s’il ne pourrait pas 
ètre une corruption de Guelfe, parti politique fameux dans 
l'histoire. En esp. Gallofa signifie : menewune vie de men- 
diant ; en port. Galhafa, joie, réjouissance : les deux sens 
de notre mot se trouvent là reproduits. 

Gaïoufardo (Fèbre), s. f. Fièvre goulue, maladie feinte 
ou légère qui n'ôte rien à l'appétit. 

Ce mot parait dérivé de Gaïofo. Sauvages répète, dans 
une tradition, qu’il est composé de deux mots de l'ancien 
roman, Galiou, avale, et Fardo, victuaille. Nous revien- 
drons volontiers aux termes esp. et port. cités à l’article 
précédent, qui nous paraissent fournir une origine tout 
aussi probable. 

Gaïre, adv. Guère, peu, pas beaucoup, presque point. 
— Gn'a pas gaïre, il n’y en a guère, il n’y en a pas beau- 
coup. Sou gaïre? Sont-ils nombreux? Gaïre bé, presque. 
S'èn manquo pas dé gaïre, il ne s'en faut pas de beaucoup, 
il s'en manque de peu. 

On est loin d'être fixé sur l'étymologie : les plus savants 
la tirent de l’ancien haut-allemand pour arriver à lui faire 
signifier : beaucoup ; exactement le contraire de l'acception 
actuelle. Autant vaudrait, et micux peut-être, faire déri- 
ver Gaïre de Caïre par permutation : Caïre, quartier, 
morceau, partie de quelque chose, fraction, fragment, plus 
petit qué*le tout, moins, c.-à-d. pas beaucoup, ou peu. 
Avec de la bonne volonté, ce rapprochement est admis- 
sible. 

Gaïroutos, s. f. plur. Gesse cultivée à fleur rouge, La- 
thyrus cicera, Linn., plante de la fam. des Légumineuses, 
bonne pour fourrage. 

Gaja, v. Imposer sans jugement une amende ou une 
indemnité à quelqu'un surpris en maraude ou qui a com- 
mis un dégât quelconque; dresser procès-verbal contre lui 
en qualité de garde-champètre. 

Dér. de Gaje. 

Gaje, s. m. Gage, ce qu'on livre pour süreté d’une 
dette, d’une promesse, d’un engagement; nantissement, 
dépôt; objet déposé au jeu comme punition; salaire; ap- 
pointement; gages d'un domestique, qui s'emploie au sing. 
en lang. — Gagno un bon gaje, il reçoit des gages con- 
sidérables. Métre én gaje, engager, déposer en nantisse- 
ment. 

Dér. de la bass. lat. Vadium, venu du lat. Vas, vadis, 
caution. 

Gajé, s. m. Dim. de Gas, Geai, petit geai ou petit du 
geai. Cependant il s'emploie peut-être plus communément 
encore que Gas pour signifier l'oiseau adulte. — Voy. Gas. 

Gal, s. m. Dim. Gaïé ou alé; péjor. Gaïas. Coq, mâle 
de la poule, Phasianus Gallus, Linn., oiseau de l'ordre des 
Gallinacés et de la fam. des Domestiques ou Alectrides. 
— Lou gal cantè, séguè jour, iéou m'én anère, au point 


374 GAL 


du jour le coq chanta et je m'en fus : c'est la formule 
terminale des sornettes et contes de veillées, qu’on suppose 
durer toate la nuit et finir à l’aube comme les contes de 
Shéérasade. On emploie cette formule également et par 
ironie, quand on entend un récit quelconque, pour témoi- 
gner qu'on le croit fabuleux et qu'on le tient pour sor- 
nette. 

Gal, comme en fr., s'applique au fig. pour : Coq de vil- 
lage. Au pr. il signifie encore la panne d’une pioche qui est 
tranchante et sert à couper les racines et les souches 
mortes. 

Dér. du lat. Gallus, m. sign. 

Gala, v. Cocher, se dit de l'acte du coq qui couvre une 
poule. — Un idou gala, un œuf fécondé et susceptible 
d'éclore, ce que ne font point les œufs des poules renfer- 
mées dans les maisons sans commerce avec le coq, et qu'on 
appelle Glatiè. —Y. c. m. 

Galabountan, s. m. Roger-Bontemps; un réjoui, un 
sans-souci, qui fréquente les cabarets et les tavernes. 

Ce mot est composé comme son correspondant fr. de 
Bon-temps, qui s’est conservé dans son intonation, auquel 
on a ajouté Gala, qui dans le vieux roman signifiait : se 
réjouir. 

Galan, s. m. Galant ; amant; soupirant; amoureux d’une 
fille. — On le prend indifféremment en bonne et en mau- 
vaise part, tandis que le Fringaïre est presque toujours 
supposé amené par le bon motif. Les nourrices et les 
bonnes d'enfant appellent leur poupon : moungalané, 
terme d'affection et de caresse. 

Dér. de Gal. 

Galanga, s. m. Baudroie, raie pécheresse, poisson de 
mer. — Voy. Béoudroi. 

Galantino, s. f. Ancolie; églantine, Aquilegia vulgaris, 
Linn., plante de la fam. des Renonculacées, commune dans 
les terrains pierreux, cultivée comme plante d'ornement 
pour l'élégance de sa fleur. 

Galapastre, s. m. Bergeronnette, oiseau.—Voy. Couacho. 

Le languedocien a purement formé ce nom : son père, 
le vieux roman, disait Gala, pour se réjouir, et le latin, 
son grand-père, lui a transmis de Ja main à la main Pastre, 
de son Pastor. Par ses jolies couleurs, sa gentillesse, sa 
familiarité, la Bergeronnette-Lavandière, qui aime les 
troupeaux, ne réjouit-elle pas le berger, à qui elle fait une 
fidèle et aimable compagnie? 

Galariè, s. f. Dim. Galarièiréto. Galerie, terrasse cou- 
verte attenant à une maison. Au fig. lieu que l'on fré- 
quente, où l’on fait ses tenues habituelles. — Lou cafè et 
lou cabaré, aqud soun sas galariès, le café et le cabaret 
sont ses galeries habituelles, il ne fréquente que ces en- 
droits-là. 

Les étymologistes le font dériver de l’allem. Wallen, 
marcher, se promener : permutation fréquente du W en G 
sur le subst. Walleria. f 

Galatras ou Pus-âou, s. m. Galetas; les combles d’une 





GAL 


maison sous le toit. Par ext. logement délabré et mal- 
propre. 

Dér. suivant les uns, de l’hébreu, Galisath, selon les 
autres de l'arabe Valata, chambre haute. 

Galavar, ardo, adj. Dim. Galavardoù, ouno; péj. Ga- 
lavardas. Gourmand; goinfre; goulu; glouton. — Péses 
galavars, pois goulus. Las trufos soun bièn galavardos, 
les pommes de terre sont fort gourmandes; elles exigent, 
absorbent une quantité d’assaisonnement. 

Le lat. Gula doit avoir servi de base à la composition 
du mot. En esp. Galavardo, prodigue. 

Galavardéja, v. fréq. Goinfrer; manger beaucoup et 
avidement, sans délicatesse. 

Galavardije, s. f. Gourmandise sans goût; goinfrerie. 

Galé, $. m. Garrot d'un cheval; cochet, jeune coq : dim. 
de Gal. Par ext. du premier sens, cou, nuque. 

Dér. de l’hébreu Gharon, gosier. 

Galéja, ». fréq. Coquéter; lever la crête; faire le galan- 
tin; plaisanter; badiner. 

Dér. de Gal : gallum agere, faire le coq. 

Galéjaïre, aïro, s. et adj. Galant; plaisant; badin; 
moqueur; goguenard. 

Galérièn, ièno, s. et adj. Galérien; forçat; condamné 
aux galères. 

Galèro, s.f. Galères; peine des travaux forcés. Au fig. 
condition désagréable; situation pénible, tourmentée. — 
Comme le fr. s'emploie souvent au plur. Coundanna à las 
galèros, condamné aux galères. Sourtè d'én galèro, libéré 
des galères. Éscapa d’én galèro, injure grossière : échappé 
des galères; vaurien; mauvais sujet. Soun oustâou és uno 
galèro, il est au supplice dans sa maison, c'est une vraie 
galère. 

Galèro est aussi le nom de cette sorte de ratelier double 
dont on se sert dans les bergeries pour donner à manger 
aux brebis et agneaux : les barreaux en sont plus serrés 
qu'aux rateliers ordinaires, et on les place au niveau du 
sol. S’applique également, en terme d'agriculture, à cet 
instrument nommé du même nom en fr., qui est un grand 
rateau ou ratissoire employé, après le fauchage, pour re- 
cueillir tout le foin. — Ces deux dernières acceptions 
nous paraissent avoir fourni la dénomination d’une des 
rues du vieil Alais, La Galèro. Au temps où la ville n’a- 
vait pas encore toute l'étendue qu’elle a acquise depuis, 
c'était là peut-être que les troupeaux, au retour du pacage 
communal, venaient se remiser, et que se trouvait, comme 
le four banal, le moulin banal, la Galèro banale dans la 
bergerie commune. Il se pourrait encore que, à cette épo- 
que où les corporations avaient chacune leur quartier, il 
se trouvât là des fabricants de ces sortes de rateliers, ou 
l’un d'eux plus habile que les autres ou plus achalandé, 
qui eussent donné le nom des instruments agricoles en 
question à une rue qui éprouvait le besoin d'être connue 
et d'être remarquée. Les choses ont bien changé depuis, 
mais le nom rappelle toujours les traditions. 


* 





| _ gran dé gald, au grand gal 


Galignè, s. m. Galignèïré. Poulailler ; lieu où les poules 
se couchent, se juchent et pondent. — Propre coumo la 


baro dou galignè, antiphrase, sale comme un juchoir à 


poules. 

Dér. du lat. Gallinarium, m. sign. 

Galiné, s. m. Coquet: qui fait le galantin auprès des 
femmes; petit-maitre. 

Galinéto dâou bon Diou, s. f. Bète à Dien ou vache à 
Dieu : en terme de naturaliste, Coccinelle, Coccinella, Linn., 
insecte de l’ordre des Coléoptères et de la fam. des Tri- 
mérées; petit scarabée hémisphérique, de la grosseur 
d’une lentille, dont les élytres sont rouges et marquées de 
sept points noirs. Il a des frères semblables à lui, excepté 
pour la couleur, qui est jaune ou brune, ou tachetée de 
blanc; mais le rouge est le plus joli et le préféré des enfants, 


” qui én font leur jouet et non point leur victime cette fois, 


car ils ne cherchent qu’à le faire envoler au refrain d’une 
chanson qui est composée pour lui. 

Galino, s. f. Dim. Galinélo; péj. Galinasso. Poule, 
femelle du coq en général; en particulier, poule qui a 


.déjà pondu; la jeune poule se nomme Poulo. — Émbé las 


galinos on aprén à grata, prvb., avec les poules on apprend 
à gratter. Sé couja coumo las galinos, se coucher de bonne 
heure, quand les poules se couchent. 

Dér. du lat. Gallina, m. sign. 

Galino ou Dourmiouso, s. f. Torpille, poisson. —Voy. 
Dourmiouso. 

Galinolo, s. f. Coralloïde, champignon de la tribu des 
Clavariées ou Clavaires coralloïdes. Son tronc est épais et 
se divise en un grand nombre de rameaux glabres, cylin- 
driques, pleins, fragiles, taillés en branches de corail et 
dont la surface est comme ondulée. Sa couleur est d’un 
jaune pâle. On en distingue de plusieurs variétés ou sous- 
espèces, dont la couleur est tantôt flavescente, jaune, blan- 
châtre, tantôt incarnat ou d'un rouge orangé, améthyste. 
Ce champignon se trouve en automne dans les châtai- 
gneraies, surtout dans les bruyères /Broussos) ; sa chair 
est blanche, cassante, d’une saveur agréable, d'une odeur 
légère de champignon; elle fournit une nourriture très- 
saine, et devient, pour les paysans qui savent la conserver 
ou dans la piquette ou dans l'eau salée souvent renou- 
| velée, une ressource précieuse pour l'hiver. 

Galipian, ando, adj. Écervelé; indiscipliné; un polis- 
son ; un bélitre. 

Galo, s. m. Galop d'un eval ; allure précipitée. — A 
» ventre à terre; au fig., avec 
- la plus grande rapidité. 

Dér. du gr. Kékmn, trot du cheval. 

ï, galoïo, adj. Réjoui, de Has er: plaisant 
‘divertissant ; aimable. 

En fr. on disait dans le mème sens Gallois, déri- 

vés sans ute l'un | et l'autre du gr. l'éw, rire, se ré- 


jouir; ou du lat. Gallus, coq, galant. 


Galoubé, s. m. Galoubet; flageolet de Provence, qui 





GAM 377 


s'accorde avec le tambourin. Il n’a que trois trous et 
monte quelquefois à la dix-septième, parce qu'on subdi- 
vise ses sons en fermant chacun de ses trous à moitié, au 
tiers ou au quart. 

Dér. du gr. l'akepés, gai, joyeux, et Oubé, dim. ou cor- 
rupt. de Aouboï, haut-bois. 

Galoun, s. m. Din. Galouné. Galon, passement de soie, 
d'or, d'argent, de laine. — Dé galoun, du fleuret, galon 
de fil ou de coton. 

Galouna, v. Galonner, orner on border de galons. 

Galoupa, v. Galoper, aller au galop. Par ext. aller 
très-vite; courir çà et là. 

Galoupado, s. f. Temps de galop; course précipitée; 
course déréglée. 

Galoupaïre, aïro, adj." Qui aime à courir; qui ne reste 
jamais en place; qui va constamment d’un pays à un autre 
sans s’y arrêter. 

Galoupin, ino, adj. Dim. Galoupind; péj. Galoupinas. 
Galopin; batteur de pavé; polisson. 

Galoupina, v. Battre l’estrade; courir çà et là; vaga- 
bonder. Par ext. fainéanter par les rues et places. 

Galoupinéja, v. fréq. du précédent . 

Gama, v. Donner des goitres; rendre goitreux. — Aqud 
té gamara pas, tu n’en tâteras pas, cela ne te fera pas mal 
aux dents. 

Gama, ado, adj. et part. pass. Se dit d'un mouton ou 
d’une brebis dont le foie est attaqué et qui menace de dis- 
solution. Ce vice n’est point rédhibitoire, parce qu'il est 
sensible et apparent pour les connaisseurs : la laine des 
individus attaqués est plus blanche et plus matte, l'orbe 
de l'œil est pâle et sans reflet, et privé absolument de ces 
filets de sang qui y sont toujours injectés dans l’état nor- 
mal. — És gama, en parlant des personnes, il a un goïtre. 

Ce mot dériverait-il, comme on l’a dit, du lat. Camelus, 
chameau, à cause des bosses que cet animal porte sur le 
dos? Allusion par similitude. 

Gamachado ou Gamatado, s. f. Augée, plein une auge 
de mortier; contenu d'une auge de maçon. 

Gamacho ou Gamato, s. f. Auge de maçon, espèce de 
caisse non couverte dans laquelle les manœuvres viennent 
déposer le mortier qu’ils apportent sur la planche ou dans 
l'oiseau. et où les maçons gâchent aussi le plâtre. 

Dér. du lat. Gabata où Camella, jatte, écuelle. 

Gambéja, v. fréq. Gambiller; remuer les jambes de côté 
et d'autre; aller clopin-clopant. 

Dér. de Cambo, par permutation. 

Gambio, adj. de tout genre. Boïteux ; bancal; cagneux ; 
qui marche à cloche-pied . 

Gamé ou Larda, s. ”. Espèce de raisin blane hâtif: à 
part sa précocité, il est très-fertile et donne beaucoup de 
belles grappes ; ses grains, très-serrés, sont blancs, ronds, 
assez croquants; il se conserve longtemps. La feuille est 
assez grande, pas trop découpée; le bois rond et tendre. 
On fait rarement du vin de Gamé seul, parce qu'on en tire 


376 GAN 


meilleur parti en vendant cette espèce comme raisins de 
table. 

Le Gamé négre, variété, est un cep des plus robustes. 
Il demande un bon terrain. Il est bon de le connaitre à la 
taille et de le charger beaucoup en bois; alors il donne de 
très-belles grappes; les grains sont gros, noirs, ronds, bien 
fleuris. 11 donne un vin très-foncé. Beaucoup de bois, ten- 
dre, très-condé : les yeux sont gros, feuille grande aussi, 
peu découpée et d’un vert très-foncé. 

Gamégno, s. f. Grive rouge-aile, mauvis, roselle, Tur- 
dus iliacus, Linn., oiseau de l’ordre des Passereaux et de la 
fam. des Crénirostres. Cette grive, la plus petite de la 
famille, est une des meilleures à manger. Le dessus du 
corps gris olivâtre ; couverture inférieure des ailes et flancs 
rougeatres; ventre blanc pur; vingt-deux centimètres de 
long; n'arrive qu’en automne pour disparaitre en novem- 
bre. Cette espèce voyage par bande et par vols. 

Gamèlo, s. f. Gamelle; grande soupière de paysans. — 
Manja à la gamèlo, puiser au même plat comme les sol- 
dats; être à l'ordinaire des soldats. 

Dér. du lat. Camella, grand vase de bois. 

Gamije, s. f. Gamme ou game, goïtre des moutons; 
maladie du foie chez les moutons; commencement de dis- 
solution. 

Dér. de Gama. É 

Gamo, s. f. Gamme, échelle des notes, des tons et des 
sons en musique. — Se prend au fig. dans quelques locu- 
tions qui existent aussi en fr. — Té vôou dire ta gamo, tu 
vas entendre tes vérités. Li cantè uno gamo, il lui chanta 
une gamme, il lui débita des injures. À pas la gamo, il n’a 
pas le fil, il manque de savoir-faire, il n’a pas de ruse. 
Avédre la gamo, connaître la rubrique, avoir la clé, le 
truc. 

Empr. au fr. Gamme, m. sign.; mais bien reçu et bien 
vu. 

Gan, «. m. Dim. Gané. Gant, vêtement qui couvre la 
main et les doigts séparés. 

Dér. du lat. Vagina, gaine. 

Ganacho, s. f. Longue robe de laine ou de tricot, sorte 
de chemisette, que les femmes portent par-dessous, et les 
enfants de paysans par-dessus, jusqu'à un âge souvent 
avancé et ridicule pour les petits garçons. 

Dér. de la bass. lat. Guanacum, la tunique des anciens 
Gaulois. 

Ganaro, s. /. Dim. Ganaréto; péj. Ganarasso. Ivresse ; 
état d'ivresse, de délire, de demi-aliénation que produisent 
des libations prolongées. 

Dér. d'1 lat. Ganea, cabaret. 

Gandaïa, ». Battre le pavé; faire le fainéant, le marau- 
deur. 

Dér. probablement de l’ital. Andare, aller. 

Gandar, s. m. Dim. Gandardé, Gandardoù; pejor., 
Gandardas. Batteur d’estrade; gamin renforcé; dévergon- 
dé; maraudeur. 





GAO 


Gandi (Sé), v. Arriver; être rendu au but d’un voyage, 
d’une course; se rendre; toucher au but. 

Gandolo, s. f. Terrain plus bas et à bords relevés, 
comme le serait le lit d’un torrent desséché; gondole, en 
terme de ponts-et-chaussées, rigole pavée et fort adoucie 
qui coupe à angle droit une route, pour le déversement 
des eaux pluviales dans les fossés latéraux. 

Gandouèso, s. f. Faribole; sornette; gaillardise; dis- 
cours un peu graveleux. 

Se ressent dans son étym, de l’idée de Gandar. 

Gandré, adv. Assez; en assez grande quantité; passa- 
blement. — És gandré iuën, c’est assez loin. 

Gangassa, v. Secouer ; ébranler; agiter fortement. 

Dér. du lat. Conquassare, m. sign., par la permutation 
de l'articulation € en G. 


Gangassado, s. f. Secousse ; ébranlement; frottée; mau- . 


vais traitements. 

Gani, s. ». Canif, instrument tranchant, à lame étroite, 
qui sert à tailler les plumes. 

Corrupt. du fr. 

Gansa, ». Faire une ganse; retaper les chapeaux tri- 
cornes, seuls portés autrefois, à qui on faisait prendre et 
tenir cette forme au moyen de petites agrafes et ganses 
intérieures. Par ext. empoigner; saisir; arrêter. — L'an 
gansa, on l’a arrêlé, écroué. 

Ganso, s. f. Ganse, nœud de ruban, boucle ou anneau 
d’un cordon, d’une agrafe. 

Dér. du lat. Ansa, anse, poignée. 

Ganto, s. f. Oie sauvage, Anser segetum, Temm. Oiseau 
aquatique, de l’ordre des Palmipèdes et de la fam. des 
Serrirostres; plumage cendré; vivant par troupes dans le 
Nord, de passage rapide dans nos contrées. — Ce nom 
s'applique aussi à la grue et à la cigogne. — Vôou maï un 
âoussèl à la man qu'uno ganto én l'air, prvb., mieux vaut 
moineau dans la main qu’une grue qui vole. 

Ganto, qui n’est plus guère connu sous cette acception, 
l’est encore beaucoup dans le style bas et ordurier comme 
synonyme de femme de mauvaise vie. 

Pline dit que les Germains appelaient les oies Ganzæ ou 
Hante. En allem. Ganz, oie. 

Gâou, s. m. Envie; joie; plaisir; aise; hasard heureux. 
— Aqud té faï gâou, cela te donne envie. L'arjén mé faï 
pas gâou, l'argent ne me tente pas. Rés mé faï pas gâou, 
je suis dégoûté de tout; rien ne me sourit; les meilleurs 
morceaux me sont fastidieux. Aguèn gran gâou dé n'èstre 
déforo, nous fûmes fort heureux d’en être dehors. Manjan 
dé pan bru et grand gdou dé n'avé, nous mangeons du 
pain bis et fort heureux d’en avoir! 

Dér. du lat. Gaudium, joie. 

Gâoubi, s. m. Biais; adresse; maintien. — Voy. Én- 
gâoubi. 

Gâouche, gâoucho, adj. Gauche; maladroit gêné; 
contraint; taillé de travers; un corps sphérique ou cylin- 
drique dont la circonférence est fausse. — La géoucho, 


bete 











. 


GAO 


la main gauche. À gdoucho, à gauche. À man gdoucho, du 
côté gauche. 

Dér. du gr. l'avsée, oblique. 

Gâouchè, gâouchèiro, adj. Gaucher; qui se sert de 
préférence de la main gauche au lieu de la droite, dans les 
exercices des bras et des mains. — Voy. Dréchè. 

Gâougno, s. f. Ouïes des poissons; glandes derrière les 
oreilles de l'homme; les parties latérales des joues, les 
parotides. Par ext. trogne, visage. 

On a dit que ce mot était ligurien, et d’autres celtique; 
mais le grec a l'évus, menton, mâchoire, et Tvéfos, joue, 
mâchoire, bouche; et le lat. Gena, joue. Viendrait-il 
aussi de là; et ne l’avons-nous que de troisième main ? 

Gâouja, s. m.n, pr. de lieu. Gaujac; nom commun 
dans le Gard à plusieurs localités, notamment dans les 
cantons d'Anduze, de Bagnols, de Beaucaire, de Vézeno- 
bres, du Vigan. Le latin des cartullaires anciens désignait 
uniformément ces quartiers, ces agglomérations devenues 
des communes, par le nom de Gaudiacum. La forme Géou- 
jargue, Gaujargues, hameau du canton de Cavillargues, 
représentée par le lat. en 924, par Ananica, et en 965, par 
Villa Agnaniga, est une variante remarquable à rapprocher 
de Gdouja. — Ce que nous avons dit du mode d'emploi et 
des fonctions des désinences suffixes simplifie beaucoup ce 
qu’il y aurait à rappeler au sujet de la transformation des 
noms quand ils ont passé du latin au roman et du roman 
au languedocien. Ici l'identité est sensible et les terminai- 
sons offrent de frappantes analogies. Le radical Gdou tra- 
duisant le lat. Gaudium, que vient adjectiver la finale a, 
argue ou ac, du lat. Gaudiacum, Gaudianica, formés de 
Gavisus, Gaudiosus, indique le caractère significatif des dé- 
nominations. Mais ces variétés de désinences se confondant 
dans la signification, il semble que l’ingénieuse interpréta- 
tion de argue par le lat. Ager, et toutes ces origines patri- 
ciennes qu'on en voulait déduire, se trouvent singulière- 
ment écartées. Nous en citerons d'autres exemples : celui-ci 
méritait qu'on s’y arrètât. Nous nous contenterons même 
de la remarque, sans chercher les analogies avec d'autres 
noms propres qui paraissent aussi venir de la même source, 
et que représente au moins la même appellation latine 
Gavisus ou Gawdiosus, comme Gdoussén, Gaussen, Gaus- 
saint; Jaujac, Gaiïac, Gaïlhac, etc. 

Gâoujé, s. m. Souci des champs, Caltha arvensis, Linn., 
plante de la fam. des Composées Corymbifères, commune 
dans les champs. 

Son nom est sans doute une altération dimin. de Gdou- 

che, qui n’est pas droit, parce que les semences du centre 
de sa fleur sont courhées en are. . 
- Gâoujouno ou Gâoujouso, s. f. Sorte de châtaigne, la 
plus abondante et la plus productive dans les basses Cé- 
vennes, mais la plus retardée : moyenne grosseur; a besoin 
d'humidité et aime les vallons, près des ruisseaux; ne 
craint pas les brouillards; se dépouille facilement lors- 
qu'elle est sèche : feuilles arondies ou ovales. 





GAR 377 


Gâoujoùs, s. m. Espèce de châtaignier qui produit la 
châtaigne dite Gdoujouso. 

En vieux lang. ce mot était adj. formé de la bass. lat, 
Gaudiosus, joyeux, enjoué, gai, agréable; il est devenu 
nom propre rendu en fr. par Gawjouæ. 

Gâoujouso, s. f. — Voy. Gdoujouno. 

Gâoula, v. Jabler un tonneau; faire le jable des donves. 

Gâoule, s. m. Jable d’un tonneau, d’une cuve; rainure 
des douves dans laquelle le fond s’enchâsse. 

Ce mot est une corrupt. du fr. Jable, ou il a une origine 
commune avec lui. 

Gâoutaru, udo, adj. Joufllu, moufllard; qui a de 
grosses joues rebondies. 

Dér. de Gdouto. 

Gâoutas, s. m. Soufflet; coup sur la joue. 

Gâoutiè, n. pr. d'homme. Au fém. Gdoutiètro. Gautier. 
— En langue romane, signifiait bucheron, forestier : de la 
bass. lat. Galterius ; en v. fr. Gaultier, homme des bois, 
venant de Gault on Gaude, forêt, qui était chez nous 
Gâoudo. On voit la pépinière qui s'est formée et les va- 
riétés analogues, Gaulthier, Gauthier, Gautier, Galtier, 
Gaude, Waltier, Walter, etc. Le radical primitif est dans 
le saxon Gaud ; en allem. Wald, en angl. Wood, bois, 
forêt. 

- Gâoutimas, s. m. Gros soufflet sur la joue. — Appar- 
tient au dialecte gascon; mais très-bien reçu comme augm. 
de Gdoutas. 

Gâouto, s. f. Dim. Gdoutéto; péj. Géoutasso. Joue, partie 
latérale de la figure; aspect d’une montagne d’un certain 
côté ; penchant particulier d’une terre. 

Dér. du gr. vos, mâchoire, bouche, ou du lat. Gena, 
joue. En ital. Guancia, m. sign. 

Gâoutu, udo, adj. Joufllu; qui a de grosses joues; 
moufflard. 

Gara, s. m. Dim. Garaché; augm. Garachas. Guéret, 
jachère; terrain labouré pour être ensemencé; terrain en 
jachère. — Li fou douna un bon gara, il faut donner un 
labour bien profond. Aquél doubre a pas prou dé gara, cet 
arbre n’est pas labouré assez au large, c.-à-d. le rond, le 
carré ou l'allée de terrain qui doivent être labourés autour 
de son pied ne sont pas assez larges. Laïssa én gara, 
laisser une terre en jachère. 

Dér. du lat. Varatrum, m. sign. 

Gara, v. Oter; enlever; tirer; prendre garde; garantir. 
— Garo-té d'aquà, Ôte-toi de là. Garo davan/ Gare devant, 
prends garde à ce qui est devant. 

Il est évident que l’impér. fr. Gare, gare, comme le 
nôtre Garo/ garo! vient de Gara et non de garer ni de 
garde, ainsi que le prétendent certains académiciens. 

Garacha, v. — Voy. Agaracha. 

Garafata, v. — Voy. Éngarafata. 

Garafo, s. f. Carafe, bouteille de verre blanc, à large 
gouleau, destinée à contenir de l'eau. 

Empr. au fr. 


378 GAR 


Garavésso, s. f. Expression populaire et fort ancienne, 
qui est usitée seulement pour dire : Péès dé garavésso, pays 
sec, aride, stérile. 

Corrupt. de Gallovèse, canton de la Champagne Pouil- 
leuse, dont le terrain est de craie et les habitants misé- 
rables. 

Garbéja, v. fréq. Être abondant en gerbes; engerber ; 


ramasser les gerbes, les apporter du champ. — Aguélo 
tèro a bièn garbéja, cette terre a fourni beaucoup de 
gerbes. 


Dér. de Garbo. < 

Garbèlo, s. f. Résille, réseau dans lequel en Espagne, et 
aujourd’hui en France comme autrefois, paraît-il, les fem- 
mes renferment leurs cheveux; nasse, espèce de filet ou 
de poche à double capuchon dont l’un entre dans l’autre 
et qu'on place à l'issue de ia rigole de fuite d'un ruisseau 
après qu'on l’a endigué au moyen de ce qu’on nomme une 
Tarido, pour faire passer toute son eau par cette ouver- 
tare assez étroite, fermée entièrement par ce filet. 

Garbièiro, s. f. Dim. Garbièiroù. Gerbier en général ; 
spécialement ceux qui sont montés en forme de pyramide . 
Les gerbiers construits sous forme de prisme se nomment 
Cavalé. — Voy. ©. m. 

Garbil, s. m. Grabuge; querelle; noise. 

En ital. Guarbuglio, m. sign. 

Garbo, s. /. Dim. Garbéto. Gerbe, petit faisceau de blé 
coupé et lié. 

Dér. de la bass. lat. Garba, m. sign. 

Garbuje, s. m. Grabuge. — Garbil est mieux et, très- 
pur. 

Empr. et corrupt. du fr. que son inversion franchimande 
déguise mal et qui a cependant trouvé grâce auprès de 
quelques-uns. 

Garço, s. f. Dim. Garcéto. — Expression injurieuse 
pour une femme, sans qu’elle spécifie cependant contre 
elle une accusation déterminée. Ce mot, dans l’origine, 
n'était que le fém. de Garçoù, et il avait la même dériva- 
tion; mais, comme en fr., il a perdu son innocence et sa 
première signification . 

Garçoù, s. m. Dim. Garçouné; péj. Garçounas. Gar- 
gon, enfant mâle; fils; garçon de café, d'hôtel ou d’au- 
berge. — Faïre lou garçoù, faire le viveur. Un tâou ma- 
rido soun garçoù, un tel marie son fils. Bé vèn quan gar- 
goù vèn, S’uno fio naï, bé s'én vaï, dicton qui fait consister 
la richesse et la fortune des paysans à avoir plus de 
garçons que de filles. 

L'étymologie est très-contestée : on a invoqué le celti- 
que Garcio, m. sign.; l'allem. Kart, grand, fort, vigou- 
reux; l'espag. Varo, homme, formé du lat. Viro, ablatif 
de Vir. Autrefois on écrivait Warçou, la permutation s'est 
faite depuis. L'arabe dit Gar, gari, pour jeune homme 
vaillant, audacieux, d’après Court de Gébelin; en persan, 
Garan signifie fille et femme; en bas-breton, Guerc'h, 
jeune fille. En vieux fr. le nominatif était Gars, conservé 





GAR 


encore en style fam., et le régime Garçon. Toute difficulté 
n’a pas disparu : l'incertitude reste. 

Garçounéja, ». fréq. Garçonner, en parlant d’une jeune 
fille; fréquenter, aimer les garçons. 

Garçounièïro, s. /. Garçonnière; se dit d’une jeune 
fille qui fréquente les garçons, qui en a les manières. 

Garda, ». Garder; tenir, avoir, prendre sous sa garde; 
conserver; préserver; garder un troupeau; surveiller, gar- 
der une propriété en qualité de garde-champôtre; ne pas 
quitter; ne pas perdre; ne pas se dessaisir; ne pas révéler; 
rester. 

Sé garda, se conserver; se donner de garde; s'abstenir, 
s'éloigner. 

Garda las cabros, au jeu de la balançoire, c’est être au 
haut de la partie qui est élevée, et y être retenu par votre 
associé, qui pèse sur le bas pour vous faire garder cette 
position : au fig. faire sécher d’impatience; tenir la dragée 
haute. Garda l'éscampi, avoir la clé des champs, être 
fugitif. Aï garda un an las fèbres, j'ai eu la fièvre d'accès 
pendant une année. Diou vous én garde, Dieu vous en 
préserve. Dé marido fénno gardo té, et dé la bono -noun 
t'én fises, prvb., de mauvaise femme garde-toi et à la bonne 
ne te fie. La péou gardo las vignos, prvb., la défiance est 
mère de la sûreté. T'én gardarai bé, je saurai bien t'en 
faire passer. Æ 

Dér. de la bass. lat. Wardare, m. sign. 

Gardaje, s. m. Action de garder un troupeau; frais de 
cette garde; particulièrement, pâturage, paccage. 

Gardéja, v. fréq. de Garda. Faire le guet; avoir l'œil 
au guet; surveiller. 

Gardian, s. m. Gardien; qui garde aux pâturages com- 
muns les chevaux, les mules d'un village; gardien des 
chevaux et bœufs sauvages des marais; gardeur. 

Gardiano, s. f. Dim. Gardianéto. Bonne ou garde d’en- 
fant. 

Gardio, n. pr. de lieu et de personne. Gardies en fr. traduc- 
tion littérale. — Le mot prend presque toujours en fr. cette 
forme du pluriel; le lang. au contraire fait la distinction 
des deux genres. Quoi qu'il en soit, il appartient à cette 
famille qui a donné le suivant et ceux qui précèdent, qui 
se retrouvent dans la bass. lat. avec la variante de Garda 
et Warda, Gardia, Guardia, Wardia, Wardum, qui ont 
fourni le verbe et les divers composés subst. ou adj. 

Comme n. pr. il désigne donc les localités, assez nom- 
breuses partout et dans notre département en particulier, 
appelées encore : La Garde, Les Gardelles, La Garde-Mage, 
La Gardette, La Gardie, Les Gardies, La Gardiole, qui 
devaient être des postes d'observation, auxquels cette dis- 
tinction et leur situation élevée avaient fait appliquer ce 
nom significatif. On sait que très-anciennement c'était par 
de semblables établissements sur les hauteurs que le pays 
veillait à sa défense : on ne pouvait choisir que des éléva- 
tions pour correspondre ou observer de plus loin. Les deux 
idées de garde et de hauteur devaient se confondre, et 


PT. 


dé Hé 





GAR 


elles s'exprimaient par le mème radical. Ce radical pri- 
mitif devait d'abord représenter la situation, avant de s’in- 
fléchir à ce que comportait cette situation même. En effet, 
Gart ou Garth en celtique veut dire : sommet, cime, lieu 
escarpé et élevé ; dans les idiomes néo-celtiques, il en est 
de même: War, sur, dessus; Bar, Barr, sommet, en bas 
breton; Garth, Gart, mont, roc, en gallois. L'élévation 
est le point le plus favorable pour observer et pour 
garder. 


: Mais on va remarquer dans un autre nom propre, celui 


. de Gardoù, Gardon, les mêmes nuances de composition, 





en lat, Guardo, Wardo, Gartum, Gardo. Le mot est évi- 
demment identique et trahit la même origine radicale. 
D'où cette affinité a-t-elle pu lui venir, sinon de Gart, 
Garth, Ward, celtique, sommet, hauteur, roc, montagne; 
et de l'indication caractéristique des lieux élevés où le 
Gardon prend ses sources? Ces rapprochements sont assez 
autorisés par la similitude des noms et très-rationnels. 

Gardo, s. m. Garde; garde-champôtre; tout fonction- 
naire préposé à la garde de quelque chose; sentinelle; 
gardien. 
= Gardo, s. /. Garde; conservation, protection, surveil- 
lance; guet; défense; force armée qui fait la garde; milice 
à ce préposée, — Se prend dans presque toutes les accep- 
tions multiples du fr. — À {a gardo dé Diou, Dieu merci; 
grâces à Dieu; va, j'y consens. Aasins dé gardo, raisins 
qui se conservent. Chi dé gardo, chien de garde. À la 
gardo! au secours! Souna la gardo, appeler la garde, le 
guet. Mounta la gardo, faire le guet, attendre, être de 
faction, surveiller, guetter. Mounta sa gardo, faire son 
service de milice citoyenne. Davala la gardo, descendre 
la garde; mourir, trépasser. Li mountè uno gardo, il lui 
fit de vifs reproches. Prén gardo! prends garde! fais atten- 
tion. 

Gardo-manja, s. m. Pot de terre, bas et large, dont un 
couvercle emboite l'orifice, et ayant ordinairement des 
pieds, comme une marmite, à qui il ressemble beancoup, 
pour pouvoir être chauflé par-dessous ; il sert à faire des 
étuvées de viande, du bœuf à la mode, que l’on appelle 
Éstoufa. Ce n'est qu'en déviant de sa vraie et légitime 
signification que Gardo-manja en est venu à se dire aussi 
pour Garde-manger, qui s'entend d'une espèce de cage ou 
chassis garnis de canevas pour conserver les aliments. 

Gardo-râoubo, s. f. Armoire, grande ou petite, en forme 

de buffet, destinée à serrer les hardes, le linge; sorte de 
fourreau de toile, ou de robe par-dessus, que l’on met aux 
enfants sur leurs habits pour les protéger. 
… Gardoù, s. m. n. pr. de rivière. Le Gardon ou Je Gard, 
qui a donné son nom à notre département. I] se compose 
de divers affluents, partant tous des Cévennes, qui, sous 
la désignation de Gardon de Mialet, Gardon de Saint-Jean, 
Gardon d'Anduze et Gardon d'Alais, se trouvent réunis 
au pont de Ners et vont se jeter dans le Rhône sur le ter- 
ritoire de la commune de Comps. 





GAR 379 


Pour la plupart des Cévenols, Gardon est devenu syno- 
nyme de rivière. — Ana én Gardoù veut dire : aller à la 
rivière ; low vala sémblo un Gardoù, le ruisseau semble une 
rivière. Ces expressions sont employées par les indigènes 
alors même qu'ils sont dépaysés et qu'ils veulent parler 
de rivières fort éloignées du Gardon. Sauvages nous a 
transmis une naïveté assez curieuse d’un domestique céve- 
nol qu'il avait emmené à Rome, et qui, élant resté dehors 
plus qu’il ne devait, répliqua pour sa justification : Avië 
toumba moun capèl din Gardoù, j'avais laissé tomber mon 
chapeau dans le Gardon, tandis qu'il était sur un pont du 
Tibre. 

Il est inutile de parler du Pont du Gard à propos du 
Gardon. Personne n'a besoin de nouvelle description de 
cette merveille archéologique et personne n’ignore qu'il est 
placé sur le Gardon. - 

Ce nom a subi plusieurs variantes dans son orthographe. 
Sidoine Apollinaire l'appelle Vardo; Ruricius Guardo; 
Théodulphe, Gardo et Wardo; Catel, le grand Guerdon. 
M. Germer-Durand cite un cartullaire de Notre-Dame de 
Nimes qui porte, en 984, Quardones; en 1096, Galdone, 
dans l'Histoire du Languedoc, Vardo, en 4450; Gartum, 
en 4456, Gardo, en 1262, dans la Gall. christ. C'est cette 
dernière forme qui a prévalu.— Voy. pour l’étym. Gardio. 

Gardounado, s. f. Inondation, débordement du Gardon. 
— Les inondations du Gardon sont malheureusement très- 
fréquentes : il ne se passe presque pas d'année sans qu'une 
crue subite, à la suite d’un orage ou de pluies dans les 
montagnes au nord d’Alais, ne fasse déborder ses eaux qui 
envahissent et ravagent les riches prairies sur ses rives. 
Mais le torrent ne cause pas toujours des désastres; et on 
ne conserve la mémoire que des plus terribles Gardou- 
nados, qui ont le caractère de malheurs publics. Dans cette 
liste sinistre, il faut inscrire celle du 40 septembre 4604, 
qui, au rapport des chroniques municipales, dura environ 
cinq heures, et par lequel « déluge, ravage et desborde- 
ment d'eaux, les habitants de la ville ont plus souffert de 
pertes qu'ils n’ont fait durant les guerres civiles, prise et 
reprise d’icelle et peste qui y a esté. » 

L'invasion de la rivière qui a laissé le plus profond sou- 
venir dans toute la population, fut celle du 45 septembre 
4744. On la désigne encore sous le nom de Déluge d’Alais. 
Les eaux alteignirent les premières marches de l'escalier 
du perron, sous le clocher de l'église cathédrale. 

Dans la nuit du 3 au 4 octobre 4768, la ville et ses 
faubourgs furent encore envahis. 

Du 29 au 30 septembre 4845, le fléau fut plus terrible, 
et si le débordement des eaux n’atteignit pas tout à fait le 
niveau de 4744, les ravages dans la ville furent plus con- 
sidérables, car la prospérité y était plus grande; les pro- 
priétés rurales souffrirent beaucoup. 

Les crues de 4826, 4827 et 4834 ont offert à peu près 
le mème niveau. Elles ont été dépassées par l’inondation 
du 20 septembre 4846, dont le souvenir néfaste ne s'effa- 


380 GAR 


cera pas de longtemps. Dans la Grand'Rue, les eaux attei- 
gnirent le premier étage de beaucoup de maisons. Le pa- 
rapet du Quai des États fut emporté sur une longueur de 
près de cent mètres, et par cette large brèche, le torrent 
furieux se précipita dans le Marché et dans la moitié de la 
ville. Les pertes et les malheurs à déplorer furent énormes; 
et tous les dommages ne sont pas encore réparés. 

Gardounéja, v. fréq. Laver du linge; aller à la rivière. 
— Cette expression est prise dans un sens générique. 

Gardounénquo, s. f. Vallée du Gardon: c’est le nom 
particulier qu'on donne à la vallée du Gardon d’Anduze, 
depuis Saint-Jean du Gard jusqu'au dessous de Ners ou de 
Brignon. Ce territoire comprend environ vingt-cinq com- 
munes, et à peu près douze mille habitants. 

Garèl, èlo, adj. Dim. Garèlé; péj. Garélas. Bigarré, 
marqué de plusieurs couleurs, noir et blanc. — Se dit par- 
ticulièrement des pourceaux. 

Dér. du lat. Varius, m. sign. 

Garéno, s. f. Clapier; petit clos où l’on nourrit des 
lapins domestiques; le trou, le terrier que creuse cet 
animal. 

Dér. de l’allem. Warende, lieu gardé ou clos, où l'on 
enferme des animaux . 

Gargaïado, s. f. Fretin du blé; blé fort chargé qui reste 
sous le crible; les mauvaises graines, le blé enveloppé, 
qui déprécient le beau grain lorsqu'ils s'y trouvent 
mêlés. 

Gargaïariè, s. f. Babioles; fretin; niaiseries; bagatelles. 
— Voy. Rafataïo. 

Gargalisa, v. Gargariser et se gargariser; se laver la 
bouche, le gosier avec un liquide quelconque, un garga- 
risme. — Le lang. emploie volontiers le mode actif. 

Gargamèl, s. m. Crieur public; crieur de rue. — Ce 
mot a vieilli comme l'usage des crieurs eux-mêmes, qui 
ne font plus, hormis dans quelques villages, leurs pro- 
clamations qu’à son de trompe. à 

Gargamèlo, s. /. Gorge, gosier; trachée-artère; œso- 
phage; conduit par lequel les aliments et les boissons pas- 
sent de la bouche dans l'estomac. 

Gargaté, s. ”. Entrée du gosier; luette. 

Dér. ainsi que les trois précédents et le mot suivant, du 
gr. l'apyapewv, gorge. 

Gargato (à la), ado. Ne se dit qu'accompagné du v. 
Béoure; c'est boire au galet, à la régalado (VW. c. m.), 
c.-à-d. faire tomber le liquide d’un vaisseau dans la 
bouche sans toucher à celui-ci, à la différence de la manière 
qu’on traduit par s'amoura et qui consiste à appliquer les 
lèvres en adhérence à l'ouverture du pot ou du vase quel- 
conque ou au goulot mème : ce qui n’est ni propre, ni 
convenant. 

Un des avantages de boire à {& gargato, est de mieux 
satisfaire sa soif et de rafraichir plus complètement l'inté- 
rieur du palais. 

Gargoto, s. f. Dim. Gargoutéto; péj. Gargoutasso. Gar- 





GAR 


gote; mauvaise taverne; cuisine détestable; mauvais petit 
cabaret, où l'on sert à boire et à manger. 

Dér. du jat. Gurgustium, m. sign. 

Gargoutiè, s. m. Au fém. Gargoutièiro. Gargotier; 
cabaretier; tavernier; mauvais cuisinier. 

Garguil, s. m. Barguignage; hésitation; irrésolution ; 
embarras; grabuge. 

Gari, s. m. Large lampée. — Béoure soun gari, boire 
son sàoul. , 

Gari, s. ». Gros rat; rat de grenier, Mus rattus, Linn., 
mammifère onguiculé de la fam. des Rongeurs, bien connu 
par ses ravages dans les greniers et dans les magnaneries. 

Ce mot n'est pas de notre dialecte local, il nous vient 
de la Provence; mais il a pris ses lettres de naturalisation 
et est devenu l'équivalent de Ra. — V. c. m. 

Gari, v. Guérir; rendre la santé; être délivré d’un mal, 
d’une infirmité. — Gari, gari! passo pér aqui, formule 
qu'on emploie avec les enfants qui poussent de grands cris 
pour un léger bobo; on leur passe la main sur la blessure 
en soufflant dessus, et il est rare qu’ils ne s’apaisent en 
entendant cette incantation lénitive et caressante, 

Dér. du lat. Curare, dont la bass. lat. avait fait, par 
permutation, Garire, qui nous a été transmis. 

Garïas, s. m. Bourbier; flaque d'eau bourbeuse; mare 
bourbeuse; gâchis boueux. 

Garigo, s. f. Lande; vaine pâture; friche ; terre inculte 
composée de collines et de légères gorges. 

Dér. du celte Gari, d’où la bass. lat. avait tiré Garigia, 
m. sign. 

Garijes, s. /. plur. Inflammation aux glandes et aux 
amygdales. 

Dér. de Garo. 

Garipou, s. m. Baloire, morceau de vieux feutre dont 
les journaliers couvrent leur cou-de-pied et l'entrée de 
leurs souliers ou sabots pour empêcher la terre d'y pé- 
nétrer. 

Ce mot ne semble-t-il pas formé de Gara, préserver, et 
d’une corrupt. de Pé, pied, à propos de laquelle, même 
pour l’assonance, nous nous garderons bien de rappeler 
le gr. Ioës, xod6s, pied? } 

Garito, s. f. Guérite, petite loge où se place une sen- 
tinelle à couvert. 

Dans la bass. lat. Garita, m. sign. 

Garlopo, s. f. Varlope, grand rabot de menuisier, pour 
polir et unir le bois. 

En esp. Garlopa, m. sign. 

Garloupa, v. Varloper; polir, unir avec la varlope. 

Garni, v. Garnir; remplir; assortir; préparer; fournir. 
— Garni l’énsalado, assaisonner la salade. Garnè sa fa- 
louso, coiffer sa quenouille. Garnè dé cadièiros, empailler 
des chaises. Garni lou lun, remplir d'huile la lampe. 

Sé garni, s'habiller ; s’endimancher; se vêtir. 

En ital. Guarnire, m. sign. 

Garnimén, s. ». Garniture de lit; tenture, rideaux, 





GAS 


courtines, ciel de lit, ete. — Ne se dit point des matelas, 
draps et couvertures. 

Garnimén, s. m. Garnement, mauvais sujet; libertin ; 
méchant garnement. 

Garnos, s. f. plur. Tranches de pommes ou de poires 
séchées et conservées l'hiver pour tisane. 

Garo, s. f. Mächoire; grosse et large mâchoire: joue 
enflée par inflammation des amygdales; bajoue, partie de la 
tête depuis l'œil jusqu'à la mâchoire. —Se dit d'un cochon. 

Garo, interj. Gare : prenez garde, laissez passer. 

Contraction de Gara-vous, Ôtez-vous de là, où impér. 
du v. Gara. 

Garos, s. f. plur. Écrouelles, humeurs froides avec 
tumeurs à la gorge, aux glandes. 

Par allusion tirée de Garo, grosse joue enflée. 

* Garu, garudo, «dj. Fort; robuste; grossièrement, mais 
solidement charpenté. — Ne se dit que des personnes. 

Garussièiro, s. f. Terre ou bois garni de buissons, de 
broussailles, qui ne s'élèvent pas : c’est ce qui arrive d’or- 
dinaire aux terrains maigres, dont on abandonne la eul- 
ture et qu’on livre au pâturage des bestiaux. 

Dér: du celt. Gari, qui a formé Garigo, dont celui-ci 
est une sorte de variante. 

Gas,s. m. Gué d’une rivière, endroit où elle est guéable. 
— À manqua lou gas, au fig. il a fait fausse route; il est 
empêtré, embourbé. 

Dér. du lat. Vadum, m. sign. 

Gas, s. m. Dim. Gajé; péj. Gajas. Geai, Geai glandi- 
vore, Corvus garrutus où glandivorus, Linn., oiseau de 
l'ordre des Passereaux et de la fam. des Plénirostres. — 
Le geai est le cousin germain de la pie, dont il a toutes 
les habitudes : son plumage est roux, vineux et cendré; 
deux rangées de plumes bleues sur l'aile; tête huppée ; 
gorge et couverture de la queue d’un blanc pur; longueur 
trente-cinq centimètres. 

Dér. de la bass. lat. Gaius, gaïa, gay; onomatopée de 
son cri. 

Gasa, v. Passer à gué; traverser à pied en guéant. 

Gasaïre,s. m. Qui passe à gué; qui fréquente les eaux ; 
qui a de longues jambes. 

* Gasétaïire ou Gasétié, s. m. Gazetier, journaliste; ré- 
dacteur d’un journal. 

Gaséto, s. j. Gazette; journal. — Aqud's din la Gaséto, 
on lit cela dans les journaux. 

Mot nouveau dans le lang., mais qui est devenu une 
nécessité, puisque ce qu’il représente est une puissance. 

Gaspéja, v. fréq. Fournir une certaine quantité de petit 
lait. — N'a que cette acception. ï 

Gaspièiro, adj. fém. seulement. Chèvre ou vache dont 
le lait contient trop de petit lait. 

Gaspo, s. . Petit lait; sérosité du lait qui s’en sépare 
lorsqu'on le fait cailler. 

Dans le bas-bret. Guipad, lait; en port. Cool; crade, 





GAV 381 


Gasquièl, s. m. n. pr. d'homme. Au fém. Gasquidio ; 
dim. Gasquidié. Gascuel. — Ce nom est assez répandu 
dans notre pays : il est certainement ancien, et sa racine 
ne peut que se trouver dans la première langue. En bas- 
bret. Gwaskall, pressoir à vendange. 

Gasta, v. Gâter; dégrader; endommager; user; dété- 
riorer; corrompre; gâter un enfant, avoir trop d'indul- 
gence, le trop caresser. — Gasto un parél dé souïès pér 
més, il use une paire de souliers par mois. Sé gasto fogo 
bos dinc aquél oustdou, il se consomme beaucoup de bois 
dans cette maison. Gasta lou méstiè, gâter le métier; livrer 
à trop bon compte une marchandise. Un éfan gasta, un 
enfant gâté, trop dorloté, trop flatté. 

Gasta, ado, dans ce dernier sens, part. pass. ou plutôt 
adj., a son dim. Gastadé, et son augm. Gastadas, le plus 
souvent termes de cajolerie caressante. 

Dér. de lat. Vastare, pour les premières acceptions. 

Gastadije, s. f. Gâterie; caprice, défaut d'enfant gâté. 

Gasto-lénsôou, s. m. Paresseux; fainéant; qui se lève 
tard; qui reste longtemps et volontiers au lit. 

Gasto-pénche, s. m. Personne chauve, par antiphrase 
ironique. 

Gasto-sâousso, s. m. Gâte-sauce, mauvais cuisinier; 
marmiton. 

Gavèl, s. m. Sarment; fagot de sirments. — Le 
sarment ne désigne guère en fr. la pousse d'une vigne que 
quand elle a acquis la consistance du bois; avant, elle se 
nomme pampre. En lang. Gavèl signifie à la fois cette 
pousse et les fagots qu'on en forme après qu'on a taillé la 
vigne. — Lou bon Diou a més un gavèl dé maï : c'est ce 
que l'on dit un jour d'été où le soleil chauffe un peu plus 
fort que la veille; on feint de croire ainsi que Dieu entre- 
tient son vaste foyer comme nous nos humbles cheminées 
et qu'il y jette simplement quelques sarments pour l'ac- 
tiver. Émpuro lou gavèl, amorce, pousse le sarment sous 
les bûches. 

Ce mot passe pour celtique Gavella, m. sign. En esp. 
Gavillia, javelle. Le fr. Javelle est certainement de même 
dérivation. 

Gavéla, v. Javeler, fagoter des sarments, les mettre en 
javelle. 

Gavélaïro, s. f. Javeleuse ou fagoteuse de sarments. — 
Les femmes seules sont employées à ce travail. 

Gavô, gavoto, s. et adj. Dim. Gavouté; péj. Gavoutas. 
Lozérien ou Lozerot; habitant du Gévaudan. — C'est un 
surnom de dénigrement ou plutôt de rancune de voisinage; 
car les habitants de la Lozère ne le prennent pas eux- 
mêmes, le supportent plus onu moins patiemment et s’en 
fâchent quelquefois. Cependant l'origine n'en paraît nulle- 
ment offensante : elle vient du lat, Gabalum, Gabalitanus, 
habitant du Gévaudan. Il est vrai que les Espagnols qui 
donnent le nom de Gavacho à ces mêmes individus qui, 
autrefois, allaient faire la moisson jusqu'en Espagne, en 
avaient fait un terme de haïne et de mépris qui existe 


382 GEN 


encore chez eux, et que, même dans nos contrées, pour 
exprimer une certaine grossièreté de manières et d’allures 
en général, on se sert de cette épithète; mais ce sont des 
déviations dont la racine du mot n’est pas responsable et 
qui ne préjugent rien sur le caractère et les mœurs des 
habitants des montagnes. Il ne faut point, quoi qu'il en 
soit, comprendre dans cette dénomination de Gavwd, les 
Lozériens des versants sud de la chaîne de la Lozère : ceux- 
ei sont Raïdous. — V. C. m. 

Gavoto, s. f. Gavotte, nom d’une espèce de danse, dont 
l'air a deux reprises, chacune de quatre, de huit ou de 
plusieurs fois, quatre mesures à deux temps. — On croit 
que l'air et la danse ont été inventés par les montagnards 
Gavès. 

Gazaï, n. pr. d'homme. Au fém. Gazaïsso; dim. Ga- 
zaïssé. Gazaix, en fr. — Signifiaiten vieux lang. métayer à 
cheptel. Ce bail de bestiaux qui consistait en la nourri- 
ture et entretien pour la moitié des profits, s'appelait 
Gazaïo, de la bass. lat. Gasalia, dérivant du lat. Gaxa, 
biens, richesse. Par où se font apercevoir les analogies des 
noms propres : Gazan, Gazagne, Gazagnon, etc. 

Géïna, v. Gèner; serrer; presser; comprimer; ennuyer; 
importuner ; embarrasser. 

Sé géina, se gèner; se mettre à la gène. — És géina, il 
est géné, embarrassé dans ses affaires. Vous géinés pas, ne 
vous dérangez pas; ne vous gènez pas. 

Gèïino, s. f. Gêne; contrainte; incommodité; peine 
d'esprit; ennui; torture; question en parlant d’un criminel. 

Dér. du lat. Gehenna, gône. 

Géndarmariè, s. f. Gendarmerie; troupe; quartier 
occupé par les gendarmes. 

Géndarmo, s. m. Gendarme, soldat du corps de la 
gendarmerie. 

Emp. au fr. 

Génébrouso, s. f. — Ce mot ne s'emploie que dans un 
seul cas et comme terme de comparaison : Couqui coumo 
la génébrouso. 

Il est par trop évident par la composition du mot, par 
l'acception qu'on lui donne dans la phrase ci-dessus, qu’il 
signifie les Juifs, la gent hébreuse ou hébraïque, gens 
hebræa. On ne conçoit pas qu’une déduction si simple n'ait 
pas frappé Sauvages, ni comment il à pu poser un point 
d'interrogation pour savoir si l’étymologie ne venait pas 
du mot Ginèbre, génevrier, champ de génevriers. C’est une 
faiblesse de grand homme. 

Général, s. m. Général, officier supérieur de l’armée. 

Emp. au fr. 

Généralo, s. f. Générale, batterie d'alarme au son du 
tambour. 

Gengivo, s. f. Gencive, chair qui entoure les dents. 

Dér. du lat. Gengivia, m. sign. 

Géns,s. f. plur. Gens; la famille, les personnes qui 
composent la maison; habitants d’un pays. — A la diffé- 
rence du fr., où le mot gens signifie les domestiques d’une 





GIA 


grande maison, d'un grand seigneur, en lang. on désigne 
par le mot Géns toutes les personnes qui tiennent à la 
famille, quelque chose comme la Gens romaine. — Las géns 
d'énndou, les habitants de la Lozère, de la montagne. 
Mas géns! espèce d’interj., de juron innocent, qui revient 
à Dam! Cowmo las géns, l'éncéns, prvb., selon les poissons, 
la sauce. Dans ce proverbe, le sens du mot semble plus 
généralisé, et voudrait dire les hommes, l’homme. Las 
hounèstos géns, les honnêtes gens. 

Dér. du lat. Gens, nation. 

Génte, génto, adj. Gent, gentil; gracieux; joli; mignon; 
aimable; agréable. 

Selon le Dictionnaire de la Crusca, le mot viendrait de 
la langue provençale : Voce anticha venuta dal provensale. 
La désignation est comprise : provençal, langue de la pro- 
vince romaine. 

Gèou, s. f. Gelée, glace. — Fré coumo la gèou, froid 
comme glace. 

Dér. du lat. Gelu, m. sign. 

Gério, s. f. Espèce de champignon. — Voy. Girbouléto. 

Gèrlo, s. f. Seau ou baquet de cuivre, étamé intérieu- 
rement, avec lequel on va puiser l’eau à la fontaine où au 
puits. — Les femmes le portent sur la tête sans le tenir et 
par les chemins les plus scabreux.. 

Ce terme est du haut raïol; ici on dit Séio (V. c. m.), 
qui est plus générique. 

Dér. du lat. Gerere, porter. 

Gérma, v. Germer; pousser un germe. 

Dér. du lat. Germinare, m. sign. 

Gèrme, s. m. Germe, principe de reproduction du vé- 
gétal. Au fig. origine; semence; cause principale et pre- 
mière. 

Dér. du lat. Germen, m. sign. 

Gés, négat. explét. et adv. Point; aucun; nullement; 
aucunement; point du tout. — On pourrait l'appeler une 
négation de nombre. On l’emploie rarement sans la par- 
ticule négative : Pas gés. Cependant il se place de préfé- 
rence ainsi à la fin d’une phrase. Dans le style elliptique 
et vif, Gn'a gés vaut mieux que Gn'a pas gés. N'êm vole 
gés, je n’en veux pas. 

Dér. du lat. Gens, gens, personne, et revient à l’expres- 
sion lat. minimè gentium, pas une seule personne. D'après 
cette donnée, il devrait ne pouvoir se passer de la part. 
nég.; mais l'usage l’en a dispensé pour la fluidité et la 
rapidité de la langue. 

Gi, s. m. Plâtre; gypse; chaux sulfatée ou sulfate de 
chaux. — Gi bastar, plâtre avec lequel on gâche une 
partie de mortier. 

Dér. du lat. Gypsum, m. sign. En bas bret. Gyp. 

Gia, v. Fuir; décamper; s'enfuir; faire Gille; tromper 
son monde. 

L'origine de ce mot si court, traduit par cette petite 
phrase française, faire Gille, et l’un rendant l’autre, n’est 
pas chose facile à débrouiller. Qu'on nous permette d'en 





GIA 


dire ce que nous en avons découvert, et d'éclairer peut- 
être le problème à la lueur d'une autre expression qui a 
un sens tout pareil. Voici donc ce qu'on raconte, ou à peu 
près, dans le Dictionnaire de Trévoux et autres gros in- 
folio, sur la locution française. 

Ægidius, dont on a fait Gillon et puis Gilles, — on ne 
sait trop comment ni pourquoi — était, selon les uns, un 
prince languedocien qui s’enfuit plutôt que d'accepter une 
couronne qu'on lui offrait; — on n’ajoute pas de quel 
royaume — selon d'autres, il était d'Athènes, d’une 
famille illustre, qu'il quitta pour se mettre à la recherche 
d’autres biens préférables à ceux qu’il abandonnait. Il vint 
débarquer non loin de Marseille et s'établit dans un lieu 
où plus tard fut bâtie une ville qui prit son nom. Les 
commencements de la vie de saint Gilles, car c’est de lui 
qu'il s'agit, nous ont paru quelque peu incertains et 
obscurs, ce qui se comprend à la distance de treize ou 
quatorze siècles. Mais qu'il ait renoncé aux richesses et 
aux honneurs, à un trône même, ou à la plus simple vie 
mondaine, pour se réfugier dans la vie religieuse; comme 
l'idée d’une fuite quelconque est restée attachée à son 


" souvenir, histoire ou légende à la main, on a fait en fr. le 


dicton Faire Gille, pour dire : s'enfuir précipitamment, 
s'esquiver, se dérober. Le languedocien a aussi le verbe 
actuel Gïia pour exprimer la mème chose. Il se sert sur- 
tout de son impératif Gio comme exclamation rendant 
tour à tour: eh! vite, vite! cours donc, détale, file! ou 
bien quand on raconte : el de courir, et de jouer des jam- 
bes. 

Gia s'écrivait autrefois Gikia, dont nous avons dû sup- 
primer Z, qui ne se fait plus entendre chez nous, bien 
qu'elle se prononce encore dans un dialecte voisin un peu 
plus rude. Cette vieille orthographe indique de plus fort 
que le languedocien a puisé à la même source que le fran- 
çais; mais dans le principe il n'avait fait probablement 
qu'un simple verbe, s’il ne l'avait déjà;. tandis que le fr. 
se servait d’une petite phrase, que le souvenir légendaire 
d’un saint consacrait. Or, nous trouvions que le langue- 
docien, qui sans doute ne tenait pas à rester en arrière, 
avait également introduit un nom d'homme dans une 
locution synonyme; pour lui, faire Gille était faïre Gui- 
rdou. Quels traits de ressemblance pourraient avoir 
deux personnages différents pour avoir laissé dans le vo- 
cabulaire la mémoire d'un trait de leur vie qui en rappe- 
laït une particularité identique? Nous étions à bout de 
conjectures et de recherches, quand un de nos amis, très- 
érudit sur notre histoire méridionale et auteur d'un remar- 
quable travail sur la maison d'Uzès, voulut bien venir à 
notre aide. Ses explications ne laissent aucun doute sur 
Yorigine et le sens du mot. 

Gérard, Gérald, Géraud, Guiraud ou Guiraudet Amic, 
plus connu sous le nom de saint Gérard, était fils de Gé- 
raud ou Guiraud Amic IV et de Thérèse Gaucelin d'Uzès, 
héritière par substitution de la moitié de la baronnie de 





GIB 383 


Lune]. Cette seigneurie fut, en 4295, l'objet d'un échange 
entre Philippe le Bel et Géraud, qui reçut en contr'échange 
les seigneuries de Rochefort, Fournès et autres lieux situés 
dans le diocèse d'Uzès, et vint se fixer à Rochefort. — 
C’est à ce moment que son fils Gérard, alors âgé d'environ 
vingt-quatre ans, quitta furtivement sa famille, comme 
avait fait saint Gilles, pour embrasser la vie monastique. 
H se retira, disent les Bollandistes, dans une grotte située 
à proximité d’un pont d'une structure remarquable, dans 
lequel tous les historiens s'accordent à reconnaitre le Pont 
du Gard. — Bientôt après, saint Gérard voulant se déro- 
ber à l’empressement des populations qui assiégeaint sa 
retraite, entreprit le pélerinage des Lieux-Saints et mourut 
en 4296, en Italie, avant d'avoir pu l’accomplir. 

La locution était faite et le nom trouvé en languedocien 
pour correspondre au français. La situation était la même : 
c'était aussi un homme remarquable par sa naissance qui 
se dérobait à l'éclat de sa fortune et aux pompes terres- 
tres, qui fuyait le monde pour entrer dans la solitude et 
la contemplation des choses du ciel. Ce spectacle devait 
frapper le peupleet le souvenir s’en est perpétué. Le temps 
a bien apporté quelque déviation à l'expression, qui ne se 
prend pas toujours dans une acception favorable, mais il 
parait évident qu'elle vient de ces circonstances — Foy. 
Guirdou (Faïre). 

Giba, v. Souflrir: avoir grande peine à accomplir une 
œuvre où un travail quelconque; trimer ; faire effort.—Se 
dit particulièrement d’un voiturier ou d’un attelage qui 
ont peine à sortir d'un mauvais pas. — Gibou, ils ont 
entr'eux des différents, des procès, des incompatibilités 
d'humeur. 

Gibadisso, s. f. Longs efforts pour venir à bout d’une 
œuvre difficile; différend ; difficulté; procès. 

Gibaïre, aïro, adj. Hargneux ; d'humeur difficile, pro- 
cessive, inquiète. 

Dér. de Gibo. 

Gibäoudan, s. =. n. pr. de lieu et d'homme. Le Gévau- 
dan, aujourd’hui département de la Lozère. 

Dans l’antiquité, pays des Gabales, Gabalicus pagus, qui 
a formé le nom. 

Gibéloto, s. f. Gibelotte; blanquette; fricassée de viande, 
ordinairement d'agneau de lait ou de chevreau. 

Gibèrno, s. f. Giberne, boite dans laquelle le soldat met 
ses cartouches. 

Eumpr. au fr. 

Gibiè, s. m. Gibier; animaux bons à manger pris à la 
chasse. 

Dér. du lat. Cibaria, aliments, par la permutation très- 
répétée du € en 6. 

Gibo, s. f. Difficulté; mauvaise entente; différend; 
procès. — Ëstre én gibo, n'être pas d'accord. 

Gibourna, v. Grésiller; par ext. faire un froid très- 
piquant. — S'applique surtout à cette variation d’atmos- 
phère si fréquente au mois de mars, et à la petite pluie 


384 GIM 


froide qui tombe alors par intervalles. — Gibourno, il tounbe 
du grésil; il fait un froid très-vif. 

Dér. du fr. Givre, ou du moins de la mème racine que 
lui. 

Gibournado, s. /.,Coup de vent mêlé de pluie et de 
grésil, tel qu'on en voit souvent en mars; giboulée; guilée; 
mauvais temps. 

Gibournaje, s. m. — Ce mot a à peu près la même 
acception que le précédent : seulement, c’est plutôt une 
situation particulière de l'atmosphère que l’accident ou le 
grain produit. On le dit communément pour un froid très- 
vif, ce que n'exprime pas Gibournado. 

Giboüs, ouso, adj. Contrefait; bossu et tortu, rachi- 
tique; qui a les membres et surtout les jambes, tordus. 

Dér. du lat. Gibbus ou Gibbosus, bossu, voüté, con- 
vexe. 

Gie, n. pr. d'homme. Au fém. Güiésso; dim. Güioù, 
Giouno. Gilles, en lat. Ægidius. 

Gifla, v. Soufileter avec force : dans la langue verte, 
Giffler. 

Giflo, s. f. Soufllet bien appliqué : en argot, Gife ou 
Giffle, qui rappelle sans doute que ce mot signifiait autre- 
fois Joue. 

Gignèi (Sén-), n. pr. de lieu, Saint-Genest, aujour- 
d'hui Saint-Geniès, assez commun dans le Gard, traduit 
du lat. Sanctus Genesius. 

Gigo, s. f. Gigot; quartier d'agneau ou de mouton avec 
la longe. 

Gigô, s. m. Dim. Gigouté; augm. Gigoutas. Gigot coupé 
exprès et régulièrement sur sa rouelle. 

L'accent tonique fait la différence de quantité dans la 
prononciation, et la différence de genre, dans les deux 
mots qui précèdent, 

Dér. du lat. Coxa, cuisse, d’après Ménage, ou de Zschium, 
os de la hanche, suivant Borel. 

Gimbéléto, s. /. Gimbelette; petite pâtisserie du genre 
des échaudés, qu'on enfile à un fil comme un chapelet. 

Gimbla, v. Tordre; plier; courber; rendre courbé, 
bombé, convexe. — Au part. pass. adjectivement, Clavèl 
gimbla, clou tordu; cléou gimblado, clé forcée; cambo 
gimblado, jambe crochue. 

Sé gimbla, ». Se plier; se courber en arc. — Po pas sé 
gimbla, il n’est plus assez souple pour se plier. 

Dér. du lat. Gibbus, courbé, bossu. 

Gimère, èro, adj. Dim. Giméroù; péj. Giméras. Têtu; 
entêté; obstiné; opiniâtre; hargneux; contrariant; diffi- 
cile à vivre. — És pas gimère, il n’est pas crâne, il plie 
sans peine. 

Ce mot, qui est un subst. dans certaines contrées, no- 
tamment en Gévaudan, y signifie un jumart, sorte de 
mulet produit du croisement de l'espèce chevaline et bo- 
vine. Cet animal, dont la provenance n’est nullement cons- 
tatée, fort laid de formes, est très-fort et très-vicieux. 
Nous avons emprunté sa qualité sans adopter le substantif. 





GIN 


Gimérije, s. /. Entètement; obstination; opiniâtreté 
capricieuse; caractère revêche. 

Ginèbre, s. m. Petit genévrier, à baies noires, Juni- 
perus communis, Linn., arbrisseau de la fam. des Conifères. 
— Cet arbrisseau, dont les différents genres se confondent 
dans une mème dénomination en fr., se distingue dans le 
lang. en Ginèbre et Cade. Celui-ci, qui devient un arbre et 
non un arbuste comme le premier, fournit un fruit ou 
baie de la grosseur d’une petite cerise, d’où l'on tire l'huile 
de Cade. — Voy. c. m. 

Dér. du lat. Juniperus, m. sign. 

Ginès, s. m. Au plur. Ginèsses. Genêt, nom commun à 
plusieurs espèces et qui désigne le Genêt des teinturiers, la 
Genestrole, Genista tinctoria, Linn.; le Genèt d’Espagne, 
Genista juncea, Linn.; dont les jets ressemblent à du jonc. 
On fait confire les boutons de ses fleurs dans le vinaigre 
comme les capres. Aux environs de Lodève et dans le 
Camarès, on aménage le genêt d'Espagne, qui couvre des 
montagnes entières; ses tiges, rouies comme le chanvre, 
fournissent une’ toile grossière, mais très-solide pour l’u- 
sage. 

On distingue encore lou Ginès où Gruas ou Sabagol, 
Genèt Cytise, grand Genèt à balais, Genista scoparia, Linn., 
et lou Ginès-Réboul, Genêt à touffes basses, Spartium- 
complicatum, Linn., Cytise à feuilles pliées; tous arbris- 
seaux communs, de la fam. des Légumineuses. 

Les avis sont partagés sur la dérivation du nom: les 
uns veulent qu'il soit tiré du lat. Geno ou Gigno; quia 
spontè genatur, hoc est gignatur ; d'autres lui donnent pour 
radical le celtique Gen, arbuste, arbre. 

Ginéstièïro, s. f. et n. pr. d'homme et de lieu. Champ, 
quartier abondant en genêts. — Quand il devient n. pr. 
le fr. traduit par Ginestière. 

Ginéstoüs, s.m. n. pr. d'homme et de lieu. — Variante 
du mot précédent, avec une signification identique. — 
Tous les deux sont au reste régulièrement formés. 

Gingla, v. Sangler des coups de verges, de baguette, de 
houssine.— Voy. Giscla. 

Dér. de Ginguëlo. 

Gingoula, v. Geindre; piauler; se plaindre; gémir; 
pousser des soupirs ou des cris plaintifs, mais à petit bruit. 
— Voy. Jangla et Jangoula. 

Il est ingénieux, comme on l’a fait, de trouver à ce mot 
une dérivation tirée du Gin, pour Chin ou Chi, par la 
permutation connue, et de Gulo, gueule, pour exprimer 
des gémissements ressemblanis à ceux des jeunes chiens. 

Gingoulino, s. f. Ripopée, mélange de vin sans force 
ni vertu, plat et fade; breuvage quelconque qui n’a ni 
goût, ni saveur, ni qualité. 

Ginguëlo, s. /. Scion d’un arbre; jet d’une seule pousse 
et sans nœuds, comme ceux des müriers, qui, étant taillés 
chaque année, sont longs et vigoureux; baguette, gaule à 
battre les habits. 

Dér. du celt. Gen, arbre : forme diminutive. 








GIN 


Ginouïa, s. m. n. pr. de lieu. Génolhac, chef-lieu-de 
. Canton, arrondissement d'Alais. — Son nom est cité dans 
les cartullaires ou les vieux titres et dénombrements : en 
4169, Junilhacum ; en 1176, Ginolacum ; en 4499, castrum 
de Genouillac; en 1243, Genolhacum; en 438%, Junilha- 
cum; en 4426, Jinoliacum; depuis 1433 jusqu'en 4721 et 
. aujourd’hui, avec des variantes d'orthographe, de Genolhac, 
Ginolhac et Genouillac, il est arrivé à sa forme actuelle 
et à la prononciation que nous représentons en lang. et en fr. 

Sauvages pense que le nom lat. de Juniliacum, où il 
trouve quelque chose du romain Junius, doit être con- 
sidéré comme ayant formé le mot Génolhac. Un tel parrain, 
noble où non, n'a rien qui nous séduise, et nous n'avons 
.nulle foi en ses reliques. En général, toutes ces dénomi- 
. nations géographiques, tirées du nom d'anciens possesseurs 
* vainqueurs de la Gaule, nous inspirent une médiocre con- 
fiance : nous les avons combattues, et l'occasion se pré- 
sente ici d'apporter un nouvel argument à l'appui de la 
thèse que nous soutenons. 

A la place de ce chimérique Junius, qui n'a pas fait les 
"noms Communs Ginès et Ginèbre que nous venons de voir 
et où il aurait eu quelque raison d'entrer, il faut substi- 
tuer un radical pris dans l’ancienne langue nationale, qui 
soit significatif et en rapport direct avec le lieu à désigner. 
Pour l'obtenir, ici comme ailleurs, la première opération 
est de dégager le mot de toutes les adjonctions complé- 
mentaires qui sont venues en modifier le sens et la forme. 
Ainsi l'on doit être fixé sur les désinences appliquées aux 
substantifs dans le but de les adjectiver, de les transfor- 
ner en noms propres, en noms patronymiques ou géogra- 
phiques, en des noms de propriété ou de quartiers, de 
provenance ou de collectivité, de situation ou d'aspect; de 
même que l'on connaît les formules par lesquelles sont 
exprimés les diminutifs et les augmentatifs, qui affectent 
en général des règles systématiques peu variables. Ces 
procédés de composition se trouvent dans la langue la 
plus anciénnement parlée dans les Gaules, celle d'où sont 
sorties sans contredit la plupart des appellations régiona- 
les, et dans les idiomes qui se sont succédé, le latin en 
première ligne dont l'influence s’est continuée par la basse 
latinité, son altération, et par le roman qui lui est encore 
si redevable. Les diverses phases par lesquelles ont passé 
à peu près tous les mots, ont déposé certaines couches sur 
le noyau primitif auquel il faut arriver; et l'élément on 
le radical, débarrassé de cette espèce d'enveloppe, donnera 
la raison, c.-à-d. l'étymologie de la dénomination. 

I n'y a qu'à suivre cette analytique sur le 
sujet vivant; et d’abord la comparaison de sa structure 
ancienne avec celle qui nous reste fait apparaître à la finale 


le suffixe adjectif gaulois ac, latinisé en acum, par l'accord | 


avec castrum, réduit ensuite ou ramené à la chute dé la 
forme latine en ae fr. et en a simple, lang. Ce suffixe n’a 
rien ici que la condition ordinaire dont nous avons déjà 
parlé bien des fois. Il est lié par la mouillure à la syllabe 





GIN 385 


précédente de la voyelle à, du génitif, ou de /h, qui la 
remplace et est équivalent, de manière à donner comme 
désinence iacum, normal, La provenance, la descendance 
se trouve déterminée. 

Reste Junil, Ginol où Jinol : la forme est identique, elle 
ne présente de remarquable que la présence de l'o à la 
dernière syllabe, consonnance qui a persisté et s'est con- 
servée non sans motif. Ol est en effet la reproduction du 
lat. Olus, comme Olo, au fém., celle de Ola, qui ne sont 
autres que des terminaisons diminutives, qui ont la pro- 
priété de se convertir très-diversement suivant les dia- 
lectes, comme leurs similaires en al et el, et de donnér dou 
le plus souvent, et ouï, et les autres dou et éou, avec les 
variantes. Le mème phénomène se retrouve dans le fr. ét 
dans l’espag. et l'ital. : Filiolus, lat., Fidou et Fiol, lang. 
Filhol, Fülhoù, prov. Fiolo, Fülholo ; Filleul, Filleule, fr., 
Figliulo, ital., Hijuelo, esp.; Linteolum, Lénsôou, Linsdow, 
Lanséou, Lenzuelo, Lensol ; linceul, etc. Sauvages cite au 
mot Brueil, en v. fr. Breuil, Brouil et Brel, bois, forêt, 
de la bass. lat. Broilum, brotium, broglium, bruillus, et 
Bruguëïrolo, dim: de Bruguidiro : nous trouverions encore 
Cassagnolo de Cassagno, el Maruéjdou, Marvéjols, de 
Maruèje; Lanuèjoou, Lanuéjols, de Lano ou Lanu, etc. 
Nous les mentionnons à cause de l'analogie de la forme 
diminutive existant dans notre mot et dans une foule 
d’autres, composés de même. 

De telle sorte que, disparaissant la désinence adjective, 
suffixe sans signification par lui-même, s'il ne restait ici 
que Ginol où Jinol, Ginouï, Ginoulh où Génol, la finale 
aurait grande chance d'être prise pour un diminutif du 
radical auquel elle aurait été attachée. 

Or ce radical se rencontre précisément dans le mot que 
nous venons de citer, Ginès, Genêt, et c'est le celtique 
Gen, arbuste, arbrisseau. En bas-breton, Giwézen, Gwéen, 
arbre. 

Il semble donc très-probable que le nom de Génolhac a 
suivi le mème chemin d’abord que Ginès et vient de la 
fnème racine, et par suite qu'il a été approprié, par le di- 
minutif et par les suffixés ordinaires, à ce qu'il était des- 
tiné à représenter et à signifier. Que ce soient de petits 
arbustes simplement, ou des genêts communs, qui crois- 
sent en abondance sur ce revers de la Lozère où est em- 
placé aujourd'hui Génolhac, la dénomination est également 
justifiée : elle veut dire : quartier, lieu abondant en genôts, 
et elle dépeint exactement le sile, ce qui est la prenière 
condition des noms propres, bien entendu en se reportant 
à l'époque où le baptème se fit. 

Ceci ne signifie donc point que la petite ville actuelle 
remonte aux Gaulois, ni même au temps des colonies ro- 
maines : son ambition sans doute, malgré Sauvages, ne 
revendique pas une Si lointaine origine; et nous n'avons 
pas fait de généalogie, en trouvant à son nom, comme 
pour bien d’autres, une racine celtique. La ville est née 
quand elle à pu; mais elle s'est emplacée dans un quartier 


49. 


386 GIP 


anciennement désigné : voilà tout. Les noms propres et 
locaux, et les noms communs appartiennent en très-grand 
nombre à la langue ancienne, qui n’a jamais été oubliée; 
etc’est pour rattacher nos traditions de langage à leur vraie 
source, que nous avons insisté sur cette nouvelle preuve. 

La prononciation du mot en lang. ne peut offrir la 
moindre difficulté ; on ne comprendrait pas qu’elle en püt 
présenter en fr. Sa dernière syllabe est essentiellement 
mouillée : 4h est le signe équivalant aux deux à ou à 
tréma entre voyelles, et correspond d’ailleurs au lat. liacum, 
dont il importe de conserver la consonnance. 

Ginoul, s. m. Dim. Ginouié; péj. Ginouias. Genou, ar- 
üculation qui unit la jambe à la cuisse, le fémur au Libia. 
— D'a-ginouls ou D'ayinouioùs, à genoux; sur les genoux; 
en posture de suppliant. 

Malgré certaine ressemblance graphique, le mot précé- 
dent ne peut descendre de celui-ci, et il y a pour cela 
deux raisons : d'abord, il n'aurait aucun sens ‘applicable 
et le dimin. si caractérisé en lat. et en fr. disparaîtrait 
complétement, comme le suffixe de la désinence; puis, en 
languedocien, celui-ci ne se prêterait nullement à la for- 
mation; car, en vieux langage, il était Dénouï, écrit Dé- 
noulh. C'est par une corruption franchimande qu'on dit 
aujourd'hui Ginoul, bien qu'il dérive en droiture du latin 
Genu, M. sign. 

Ginoûs, n. pr. d'homme. Au fém. Ginouso;dim. Ginousé, 
éto. En fr. Ginous ou Ginoux. 

Ce nom de famille, assez répandu dans ce pays, a été 
un prénom autrefois, qui avait pour patron saint Genou 
ou Genus, évêque de Cahors, vers le milieu du Ie siècle. 
Le n. pr. Ginouié, Genoyer, nous parait avoir la même 
origine plutôt que le nom de saint Janvier. 

Ginousclo, s. f. Tithymale, Galactis Euphorbia, Linn., 
un des noms de cette espèce de plantes de la fam: nom - 
breuse des Euphorbiacées, — Il paraït que le premier nom 
lat. est générique : Euphorbia ne désignerait qu'une espèce 
particulière, salutaire dans les ophtalmies et qui doit son 


nom à Euphorbe, médecin du roi Juba. Son lait est extrè -: 


mement caustique; il tue ou étourdit le poisson dans les 
viviers et les flaques d’eau non courante : aussi-son usa ge 
est-il sévèrement défendu par la police, soit parce que 
l'empoisonnement des rivières au moyen de drogues est-un 
mode de pèche prohibé, soit parce que ce laït:est fort dan- 
gereux pour le bétail qui pourrait aller s’abreuver, au- 
dessous du point où il a été répandu. 

Ginqua, v. Viser; mirer; viser en lançant un projec - 
tile quelconque. — Ginques à mé troumpa, tu vises à me 
tromper. —Voy. Guincha. 

Ginquo-gal, s: ». Fronde à deux brins et à une seule 
maille : la plus simple et celle qui a le moins de portée. 
Son nom l'indique; il a l'air de supposer qu'elle n’est bonne 
qu'à viser et qu'à atteindre un animal faible et que la 
domésticité rend fort accessible. 


Gipas, s. ». Au plur. Gipasses. Plâtras, débris de ma- 





GIR 


çonnerie, Par ext. large éclaboussure de boue compacte; 
soufilet appliqué sur la joue, dans le sens de Émplastre, 
qui est avec cette acception une francisation. 

Dér. de Gi, plâtre. e 

Gipiè, s. m. Plâtrier; ouvrier qui travaille aux car- 
rières de plâtre; marchand ou fabriquant de plâtre. 

Gipièiro, s. /. Platrière, carrière et four à plâtre. — 
Maléïroùs coumo un ase dé las gipièiros, malheureux 
comme un àne de jardinier, dit-on en fr; comme un àne 
des pltrières, devrait-on traduire littéralement. L'appli- 
cation est toule locale et commence mème à se perdre. Il 
y a quelques années le plâtre gris n’arrivait à Alais des 
plâtrières de Pleoux que sur le dos d’une. caravane d’ânes 
dont chacun avait pour conducteur un gamin armé d’un 
grand bâton. Les gamins montaient sur la croupe du bau- 
det, le sac de plâtre était placé sur l'échine; et le bâton de 
jouer et l'âne d'aller grand train, quoique sous un double 
fardeau, mais sans bât ni bride. Aujourd’hui que les voitures 
arrivent partout, l'âne des plâtrières est peu connu, son 
rôle et ses malheurs ont cessé,-et le dicton, sans tomber 
en désuétude, pourrait n'être pas bien compris, si la tra- 
dition historique s’en était perdue. 

Girbas, s. m. Au plur. Girbasses; péj. Girbassas. Ter- 
rain envahi par le gazon, le chiendent et toute sorte de 
plantes rampantes, et réduit à l’état de friche; francs- 
bords et talus d’une terre élevée sur ses voisines où sur 
son fossé d'écoulement. 

Augm. de Girbo. 

Girbo, s. f. Gazon; motte de gazon; terrain gazonné de 
lui-même. 

Ce mot semble évidemment emprunté au fr. Gerbe, dont 
il est une corruption, quoiqu'il n’y ait aujourd’hui aucun 
rapport entre les objets que chacun représente. M 

Girbouléto ou Jargouléto ou Gério, s. f. Chanterelle 
comestible, Cantharellus cibarius, Agaricus cantharellus, 
Merulius cantharellus, Linn., Pers., Roq. Champignon de 
la tribu des Agarics. — C'est un joli champignon tout 
jaune ou couleur d’or, qui croit abondamment dans les bois, 
les pelouses, les châtaigneraies, où il se fait remarquer par 
un petit chapeau d’abord arrondi et convexe, qui prend 
ensuite en se développant la forme d'un petit entonnoir 
dont les bords sont diversement contournés et comme frisés. 
ou festonnés. La face inférieure de ce chapeau est marquée 
de nervures une ou deux fois bifurquées et décurrentes 
sur un pédicule ordinairement court, plein et charnu. La 
chair est ferme, blanche, un peu fibreuse; elle ne change 
point de couleur à l’air. Ce champignon est très-salubre, 
et son usage est sans aucun danger. 

Giroîle, s. m. Girofle, clou de girofle. — Ce que nous 
appelons ainsi,.et que nous; ne connaissons que sous. le 
nom de Clavèl dé girofle n'est autre que le calice de la 
fleur du giroflier, arbre originaire des Molusques, Caryo- 
phyllus aromaticus, Linn. de la fam. des Myrtoïdes . 

Le mot est une abréviation du nom lat. 


# 
21 








GLA 

Girouflado, s. f. Œillet, et plus particulièrement œillet- 
plume, Dianthus plumarius, Linn., fleur ou plante de la 
fam. des Caryophyllées, à odeur de girofle. — Il ne faut 
pas la confondre avec la Giroflée en fr., pour nous Vidouïé, 
qui est une fleur totalement distincte, quoique l'odeur de 
girofle l'ait fait aussi dénommer. 

” Giroufliè, s. m. Pied ou plante d’æillet. 

Girouio, s. /. Carotte sauvage, faux chervis, Dancus 
cärottà, Linn., plante de la fam.'des Ombellifères, com- 
mune dans les champs. On la nomme aussi Pasténargo 
saouvaÿo. — Voy. cc. m. : 3 

ne v. Sangler à Co es de house de gaule ou de 
fouet. 

"Variante de Gingla, même formation et m. sign. 

Gisclas, s. m. Au plur. Gisclasses. Houssine, baguette, 

* gaule; mais ne représentant ces objets qu'en tant qu'ils 
servent à frapper, à châtier. — S'emploie aussi pour le 

"coup de houssine, le fouet lui-même, et l’action de frap- 
per. — Y fichère un gisclas, je lui sanglai un coup. Garo! 
s'arape un gisclas, gare, si je prends le fouet, un bâton. 
Récassaras lqudouque gisclas, tu attraperas quelque coup 

* de gaule. d 

Gisclassa, ». augm. et fréq. de Gisela. 

po 71e md s. f. Volée de coups de verges; gaulade 
bien sanglée. 

‘| Gistèl ou Listèl, s. m. Petite tringle de He toute 
espècé dé règle en bois, mince, étroite et longue, qui sert 
à divers usages, en menuiserie, souvent pour fermer un 
vide ou niveler une ligne qui n'est pas à angle droït avec 
ses voisines, et en plâtrerie pour clouer à petits intervalles 

“entre les solives d’un plafond, les revêtir de plâtre qui 
fait mieux prise et former les lambris. s 

Ce mot, quoi qu’en dise Sauvages, se traduit très-correc- 
tement en fr. par Liteau, en terme de ménuiserie; c’est 
le Lambris, en terme de maçonnerie. 

Gistèl est très-usité; il ne nous parait cependant qu’une 
us de List. — V. c. m. 

Glacièiro, s. f. Glacière: lieu où l’on conserve la glace 
en été. Au fig. lieu, appartement très-froid; exposition 
_glaciale. 

"Glago, s. . Glace, eau glacée ; miroir. 

Empr. au fr. 

” Glaçoü, s. m. Glaçon; morceau de glace. 

Glando, s. /. Glande, tumeur enflée. Dans l'usage, si- 
gnifie purement l’engorgement d’une sante: — À uno 
® glando, il a une glande engorgée.. 

1 Glâoujôou, s. m. Calmar, cornet, Loligo, poisson de 
mer, cephalopède, du genre des Sèches et des Polypes. 

Comme les poissons de cette fam. il à une sorte de réser- 
voir d'une liqueur noire qu'il répand autour de lui dans 
le danger, pour échapper à la vue d’un'ennemi. t 

*Dér. du lat: GZadiolus, petit gldive, parce que ce pois- 
son a sous la peau de l'échiné un os mince et ny 

‘de la forme d’un glaive. 





fort employée par et pour les enfants. 


GNA 387 


Glatiè, adj. masc. seulement. — Ne se joint jamais à 
aucun autre, subst. que Jd0u: — Un idou glatiè, un œuf 
couvé dont le jaune et le germe sont tombés en sérosité et 
en dissolution, et qui par conséquent ne peut éclore. 

‘Glèïso, s. /. Dim. Glïséto. Église; lieu où les fidèles 
s’assemblent pour assister aux offices divins. — A /a gran 
gléiso, à la cathédrale, à l'église principale. Encore un 
exemple où l’adj. ne s'accorde pas en genre avec le subst.; 


‘c'est l'effet d’une élision faite sur le lat. d'où vient le mot. 


Aquél cura faï bièn gléiso, ce curé officie avec beaucoup 
de dignité, ou il prêche bien; on encore, remplit bien les 
fonctions de son ministère à la satisfaction des fidèles. 

Dér. du lat. Ecclesia, m. sign. 

Gléjoù, s. m. Dim. Gléjouné. Chaume; mais seulement 
tant qu'il tient encore à la terre. 

Gléna, v. Glaner; ramasser les épis restés sur la terre 
après la moisson. Au fig. cueillir après les autres. 

Glénaïro, s. f. Glaneuse; qui glane, qui ramasse les 
épis après les moissonneurs. Au fig. il peut s’employer au 
masculin, Glénaïre. 

Gléno, s. f. Glane; glaneuse; petite gerbe ramassée 
après la moisson; action de glaner ; au pr. et au fig. 

Dér. de la bass. lat. Gelina, m. sign. 

Globo, s. m. Globe, corps rond et solide; ballon; 
aérostat. 

Dér. du lat. Globus, m. sign. 

Glorio, s. f. Orgueil; vanité; et non gloire, dans le 
sens du fr. — És pas pér glorio, ce n’est point par vanité, 
par luxe, mais par nécessité et besoin. 

Dér. du lat Gloria, avec une certaine modification d’ac- 
ception. 

Glouriéto, s. f. Fournil; petit réduit dans l’arrière- 
boutique d'un boulanger et près du four, où la pâte se 
manipule et lève à un certain degré de chaleur. En v. fr. 
Gloriette était un cabinet de verdure. 

Glourioùs, ouso; adj. Au plur. Glouriouses; dim. 
Glouriousé. Glorieux ; vain; superbe; vaniteux, principa- 
lement dans sa mise. 

Gn'a, contraction de la phrase Né y-a, il y en a, qu’on 
mouille euphoniquement par l’adjonetion de la lettre G:; 
par conséquent Gn’a n'est autre que le verbe avédre, avoir, 
précédé du Gn qui l'accompagne dans toute sa conjugai- 
son lorsque la construction de la phrase l'exige. — Gn'a 
pas qué gn'ague, Ou pér gn'avédre, mais gn'a, ce n'est pas 
pour dire, mais il y'en a. 

Gn'a est pris quelquefois interjectivement. Gn'a/ dit- 
on, il en tient, lorsqu’en jetant des pierres, on atteint juste 
le but visé, ou qu'on atteint une personne. 

Gnâou! Onomatopée du cri du chat. Pris interjective- 
ment, il est une formule mignarde et agaçante de refus, 
— Faï mé un 
poutouné. — Gndou! Fais-moi un petit baiser. — Nenni.— 


- Dono mén un pdou. — Gndou! té fara pas mdou, Donne 


m'en un peu.— Nix! ça ne te fera pas mal. 


388 GON 


Gnèiro, s. f. Puce, Pulex irritans, Linn., insecte de 
l'ordre des Aptères et de la fam. des Parasites ou Rhinap- 
tères, trop connu et qui aurait pu se passer de sa défini- 
tion scientifique. — Manjado dé gnèïro, piqüre de puce : 
ce petit cercle rouge avec un point plus foncé au centre, 
qui indique la petite inflammation que procure cette pi- 
qüre. Tria las gnèiros, épucer. Li boulégaraï sas gnéïros, 
je le tancerai d'importance . 

Gnéïro est aussi un terme d'amitié très-employé. — Ma 
gnèiro! mon chou, mon petit cœur ! 

Les uns le font dériver du ligurien, d’autres du celtiqu e 
Nyer, m. sign., ou plus simplement du lat. Niger, nigra, 
noir, noire, 

Gnèiroùs, ouso, adj, Au plur. Gnèrouses ; dim. 
Gnéirousé. Mangé de puces; qui est couvert de traces de 
piqüres de puces. 

Gnuë, s. f. Nuit; temps pendant lequel le soleil est sous 
notre horizon; obscurité. — A gnuè ou d'agnué, ce soir, 
cette nuit. La gnuè passado, la nuit dernière. Bono gnuë, 
bonsoir, bonne nuit. És gnuë ou faï gnuë, il est nuit close, 
ou l'obscurité est profonde. Faï un an dé gnuè, les nuits 
durent une année dans cette saison. Passa la gnuë, ne pas 
dormir, veiller; passer la nuit blanche. 

Chaque petite circonscription en Languedoc a une ex- 
pression différente pour rendre le mot Nuit. A Montpellier, 
on dit Gnoch, qui semble plus primitif en ce qu’il se rap- 
proche beaucoup de la racine commune, le lat. Noæ. Les 
autres formules ne seraient en ce cas que la corruption de 
celle de Montpellier. En provençal et en gascon, on em- 
ploie Nuech, Neit, Not, Nieu, Nueyt, Gniu, Net, Ney, et 
quelques autres variantes. 

Gnuèchado, s. /. Nuitée; durée d’une nuit. 

Go, s. m. Gobelet; verre à boire. — Voy. Gouvélé. 

En bas-bret. Gob et Goblet, m. sign. Contr. de Gobelet, 
fr., dér. du lat. Cupelia, dim. de Cupa, coupe. 

Godo, s. /. Vieille brebis édentée et maigre, qui n'est 
plus bonne à porter ni à engraisser. 

Goïno, s. f. Femme de mauvaise vie; prostituée. 

Dér. du gr. Kotvés, commun, indivis. Il est probable que 
c'est ici le lang. qui à prèté au fr. dans l'adoption du mot 
Gouine, M. sign. 

Golfe, golfo, «dj. Gonflé; bouffant; raide d’apprêt, 
comme une étoffe qui, au lieu de s’aplatir, se tient gonflée 
d'elle-même en se courbant en rond ou en angles. 

Dér. de l'ital. Gofo, lourdaud, grossier, sans grâce; 
parce que l’étoffe, à cet état de raideur, ne forme que des 
plis disgracieux. 

Gome,s.m. Goitre, et plus particulièrement signes diag- 
nostiques de la maladie des animaux qu'on nomme Gamije 
CV. c. m.). — Mostro lou gome, on commence à distin- 
guer, à reconnaitre le goitre, 

Gonle, s. m. Cuilleron de la châtaigne qui n’est autre 
chose qu'une châtaigne avortée, puisqu'elle a la même 





GOU 


forme et loutes les parties entièrement semblables : la 
pulpe seule manque à l’avorton. — Voy. Cuitiré. 

Gonle, gonlo, adj. Gauche; mal arrondi; de travers. 
— Se dit d'un corps sphérique ou cylindrique dont la 
ligne de circonférence est irrégulière. 2 

Gorgo, s. f. Gouttière des toits ; conduit d’une fontaine, 
en pierre ou en toute autre matière; tout déversoir des 
eaux pluviales. 

Dans la bass. lat. Gorga, canal, dér. du lat. Gurges, 
gouffre. 

Gorjo, s. f. Dim. Gourjéto; augm. Gourjasso. Bouche; 
intérieur de la bouche; gueule; gosier. — Précha pér sa 
gorjo, tre sur sa bouche. La gorjo li fumo, la gueule lui 
pèle d’impatience de manger. La gorjo dâou four, l'entrée, 
la porte du four. És cla coumo la gorjo dâou four, il fait 
noir comme dans un four. 

Dér. du lat. Gurges, abime, gouffre. 

Gorjo-vira, ado, adj. Qui a la bouche de travers; dif- 
formité de la bouche. 

Gormo, s. f. Morve, maladie terrible des chevaux. 

Le lang., peu fort sans doute en hippiatrique, a em- 
prunté ce mot au fr.; mais en changeant son acception. La 
gourme proprement dite est las Poujolos. — V. ©. m. 

Goubélé, s. m. — Voy. Gouvélé. 

Goubio, s. f. Gouge; outil, ciseau de menuisier, d’é- 
béniste, de tourneur, de charpentier, etc, dont la lame 
est plus ou moins courbée sur le plat, et forme une por- 
tion de cercle, une sorte de canal. ; 

Dé:. du gaulois Guvia ou Gugia, m. sign. 

Goudoumarou, s. m”». Malotru, selon Sauvages; mais 
dans l’acception usuelle, il signifie homme peu civilisé, 
ours mal léché, un de ces gens qui ne disent rien et n’en 
pensent pas davantage. Nous croyons donc que Sauvages 
a poussé l'extension de ce mot jusqu'à la signification de 
malotru pour mieux justifier l’origine qu'il lui donne. 
D'après notre spirituel glossateur, il serait la corruption 
de la phrase anglaise Good morow, bonjour. Pendant l'oc- 
cupation anglaise des provinces méridionales de la France, . 
sous Charles VI et Charles VII, on subissait ce joug odieux 
avec impatience, et les envahisseurs étaient appelés ironi- 
quement d’un surnom pris dans une de leurs phrases 
habituelles : bonjour. Plus tard, quand on voulut désigner 
un malotru, un être déplaisant, on le nomma Goudous 
marou, comme l’on aurait dit : un Anglais. 

A côté de cette interprétation s'en présente une seconde, 
moins ingénieuse sans doute, mais plus naturelle et plus 
en harmonie avec le vrai sens du mot aujourd'hui. Gau- 
demar est un prénom très-commun, très-familier au moyen 
âge, un individu de ce nom a bien pu servir de type à 
cette appellation ironique, comme l’on dit : un Blaise, un 
Gille, un Basile. 

Goujar, s. m. Dim. Goujardé; péjor. Goujardas. Au 
fém. Goujardo. Goujat; aide-berger, qui aide à conduire 
les troupeaux; jeune garçon qui garde les cochons dans 


PET SU RE - 
TENTE SONT de El 32 EU 


GOU 


une ferme. Par ext. et injurieusement, polisson , petit 
drôle; vaurien. 

Goujè (La), s. f. n. pr. de rue. La Gougé, rue de la 
ville d’Alais. Elle est nommée dans un titre de 4393 a 
Gougia, le nom n'est pas alléré. En vieux lang. Goujo 
voulait dire servante, puis jeune fille. Existait-il dans ce 
quartier anciennement quelque auberge dont une servante 
eût été assez remarquée pour donner son nom à une rue; 
ou s'y trouvait-il une ou plusieurs de ces filles que le vieux 
fr., aggravant l'acception par dénigrement, appelait gou- 
ges? La question n'est pas résolue, non plus que celle de 
la vraie étymologie du mot qui l'éclairerait peut-être. 

Goulamar, ardo, adj. Paresseux; vaurien; batteur 
d'estrade; ce que sont les lazzaroni à Naples. 

Parait un augm. péj. tiré de Gulo, Goulu. 

Goulu, gouludo, adj. Goulu; glouton; goinfre; qui 

_ mange avidement. 

Dér. du lat. Gulosus, m. sign., de Gula. 

Gouludije, s. f. Gloutonnerie; goinfrerie. 

Gouma, v. Regorger; abonder; foisonner, — En terme 
d'agriculture, se dit de la sève d’un arbre qu'on greffe en 

. flûte, lorsqu'elle remonte au-dessus de la virole de la greffe; 
ce qui prouve que l'opération est bien faite, puisque la 
sève, après avoir rempli hermétiquement l'espace entre la 
greffe et la branche dénudée, se répand au dehors. 

Gouma signifie aussi former calus au-dessus d’une plaie, 

Goumo, s. f. Gomme de tonte espèce; substance col- 
lante, qui est un des principes des végétaux; sève des 
arbres. 

Dér. du lat. Gummi, m. sign. 

Gounèl, s. #1. n. pr. Au fém. Gounèlo. — Sobriquet que 
Yon donne aux habitants des communes de l’arrondisse- 
ment d'Alais au levant et au midi de cette ville, dans la 
direction de Nimes et d'Uzès. Ce n’est point là une appel- 
lation géographique comme Raïol et cévenol; mais un 
surnom railleur que les intéressés répudient, ou que leurs 
voisins leur donnent par dérision : il prend son origine 
dans. cet esprit de rivalité qui se montra si fécond au 
moyen âge dans cet échange piquant de sobriquets. Ce nom 
au reste, qui porte en lui-même le cachet de son ancien- 
neté, doit venir nécessairement d’un vêtement particulier 
qui distinguait ces populalions. Les sources qui peuvent 
l'avoir fourni ne manquent pas : l’ancien fr. Gone ou 
Gonne, robe, et Gonelle, casaque d'homme pour la chasse, 
étaient au moins de mème provenance, et le lang. Gounèl 
avait emprunté, comme lui, et en même temps, sa signi- 
fication de tunique ou longue chemise, à la. bass. lat. 
Gonela, tunica, palla, qui venait du lat. Gunna; en cam- 
brique Gwu, en saxon Guwon, en gr, oïvæ, ont une pa- 
reille signification. Le mot remonte loin : le vêtement qu'il 
désignait était connu partout. Dans nos contrées la mode 
de ces longs sarraux de laine ou de toile grossière, par- 
dessus tout, pour hommes et pour femmes, s’était-elle plus 
longtemps conservée qu'ailleurs? avait-elle été reprise et 





389 


distinguait-elle les habitants des quartiers dont nous avons 
parlé, à l'époque où l’on imagina d'en faire un sobriquet 
plaisant ou injurieux? Il importe peu d'en connaitre au 
juste la raison, quand il suffit de savoir que l'appellation 
est due à une singularité de costume : la racine du mot 
le dit et c'est tout ce qu'il en faut. 

Gour, s. m. Dim. Gourdé ou Gourgué ; augm. Gourguas. 
Fosse d’eau dans une rivière ou un ruisseau; flaque d'eau 
de pluie ou d'inondation; mare. — Susa coumo un gour, 
être tout en nage. Un gour dé sang, une mare de sang. 
Aquélo vigno és un gour dé vi, cette vigne produit un fleuve 
de vin. 

Dér. du lat. Gurges, gouffre. 

Goura, v. Gourer; attraper; tromper; duper. 

Gourdo, s. f. Gourde; calebasse; courge servant de 
bouteille. 

Probablement, contraction de Cougourdo où Cougourlo, 
du lat. Cucurbita, courge. — Voy. Cougourlo. 

Gouré, $. m. Goret, petit cochon; porc; et par ext. en 
terme injurieux, Juif. 

Dér: du gr. Xoïpos, porc. 

Gourga, v. Regorger d'eau; être abreuvé, imbibé à 
l'excès; tremper. — Aquélo tèro gourgo, ce champ est trop 
imbibé d’eau, l’eau ne peut s'y écouler ou y être absorbée. 

Dér. de Gour. 

Gourgnè, n. pr. et adj. m. Gournier. — Mouli gour- 
gnè, moulin entouré de fosses d'eau. C’est le nom que 
portait un vieux moulin dont les ruines existent encore, 
sur l'emplacement duquel sont bâties quelques maisons en 
face de celle de l'administration de l'usine des Fonderies 
et Forges d’Alais. Il a donné son nom à tout ce territoire. 

Gourgo, s. f. Bassin, réservoir d’eau de pluie ou de 
fontaine, pour servir à l’arrosage d'un jardin, d'une 
prairie. 

Dér. du lat. Gurges. 

Gourgouia, v. Grouiller; produire des borborygmes, des 
flatuosités dans les intestins. — Un co déou jour las tripos 
gourgouïou, littéralement, une fois le jour, les boyaux 
grouillent, c.-à-d. au fig., il n’est pas de caractère si doux, 
si calme, qui ne murmure, qui ne se fâche quelquefois. 

Ce verbe paraît dérivé de Gour, par suite de la fausse 
idée que ce sont des amas d’eau qui clapotent dans les 
intestins, au lieu de gaz qui sont la véritable cause de ce 
grouillement. 

Gourgoul, s. m. Chalançon, calandre, qui ronge le blé, 
Curculio, Linn., insecte de l’ordre des Coléoptères et de la 
fam. des Rostricornes. — Voy. Courcoussoù. 

Dér. du lat. Curculio, m. sign. 

Gourgouli ou Léngasto, s. m. Hippobusque du mouton, 
moustique des brebis, Hippobosca ovina, Linn., insecte de- 
l'ordre des Diptères et de la fam. des Hanstelles ou Sclé- 
rostomes. Il est plat, rouge et de la forme d’une punaise; 
armé de crocs très-acérés et très-forts, qui pénètrent dans. 
la peau ; il vit sur le mouton et la brebis. 


GOU 


390 GOU 


La Léngasto et le Gourgouli sont à peu près le même 
insecte : quelque différence doit probablement les distin- 
guer cependant, mais les deux noms sont également fami- 
liers aux bergers du pays. —Voy. Léngasto. 

Gourgoulina, v. Siroter, boire à petits coups et long- 
temps; boire à la régalade; gargariser; proprement, boire 
au gouleau d’une gourgoulino. 

Gourgoulino, s.f. Cruchon ; petite gourde; biberon. 

Gourin, ino, adj, Vagabond; libertin ; débauché; ruffian; 
fille de joie, coureuse; gourgandine. 

Dér. de Gouré. 

Gourina, v. Vagabonder, battre le pavé; courir les mau- 
vais lieux; courir après les femmes débauchées; faire le 
mauvais sujet. 

Gourjado, s. f. Gorgée; bouchée; quantité de liquide 
qu'on peut avaler. en une fois. — A bèlos gourjados, à 
gorgées. 

Dér. de Gorjo. 

Gourjè, èiro, adj. Qui a une large ouverture; qui a un 
grand avaloir. — Un sa gourjè, un sac large d'entrée. Un 
moundaïre, gourjè, un crible à blé dont les trous sont fort 
larges et laissent passer trop de bons grains. 

Dér. de Gorjo. 

Gous, s. m. Goût; saveur; celui des cinq sens dont la 
langue est le principal organe. 

Dér. du lat. Gustus, m. sign. 

Gousiè, s. m. Dim. Gousièiré. Gosier, partie intérieure 
du cou; canal de la voix et des aliments. 


Emp. au fr. 
Gousta, s. m. Dim. Goustadé. Goûter, petit repas entre 
le diner et le souper. —. Les travailleurs de terre à Ja 


journée font trois repas sur le chantier à partir du 45 
février jusqu'au 4° novembre : le déjeuner qui a lieu, à 
8 heures du matin et plutôt mème dans les grands jours ; 
le diner, invariablement à midi; le goûter à 4 heures. 
Pendant le reste de l’année, le déjeuner est supprimé, le 
diner a lieu à 9 heures et le goûter à 4 heure après 
midi. 

Gousta, v. Goûter, c:-à-d. faire le repas dit Goûter, et 
non point Goûter pour déguster, qui se dit Tasta. 

Dér. du lat. Gustare. 

Goustado, s. f. Goûter, lorsqu'il entraine l’idée d'un 
petit régal, d’un gala, d’un extra quelconque, hors de l'or- 
dinaire. C’est ordinairement un gala d'enfants, et aussi ce 
gala de certains artisans aisés qui se réunissent dans un 
cabaret où chacun apporte son plat. Ce mot enfin com- 
porte l’id e d’un extra, mais modeste, L’habitude s’en perd 
dans la classe moyenne : les mœurs ne sont plus à cette 
simplicité. 

Gousto-soulé, phrase faite, s. m. Avare; égoïste; qui 
n'aime pas à faire part de son beurre. 

Goustous, ouso, adj. Qui a du goût; qui a bon goût; 
savoureux; appétissant; qui flatte le goût. — S'emploie 
surtout en parlant du pain de ménage, en opposition aux 


GOU 


| dernières qualités du pain de boulanger, dont on a retiré 
la fleur et qui est fade. 

Dér. de Gous. 

Goutéja, v. fréq. Suinter; dégoutter; tomber goutte à 
goutte. 

Dér. de Gouto. 

Goutièiro, s. f. Voie d’eau à travers une toiture, causée 
par la fente d'une tuile ou son déplacement, par un trou. 
— Le chèneau ou conduit sur les bords des toits appelé 
en fr. Gouttière se dit Acandou. — V. c. m. 

Gouto, s. j. Dim. Goutéto. Goutte, pelit globule d'un 
liquide ; roupie ; par ext. et multiplication, petit verre 
d’eau de vie. — Béoure la gouto, boire la goutte, un petit 
verre de liqueur alcoolique quelconque. 

Dér. du lat. Gutta, m. sign. 

Gouto-miougrano, s. f. Migraine, douleur, souvent 
périodique, qui affecte un côté de la tête. 

Dér. pour la seconde partie du mot, de son nom lat. 
Hemicranica, du gr. ‘Hywoavlx, moitié du crâne. 

Goutos (Las), s. /. plur. La goutte; maladie; fluxion 
àcre, douloureuse, avec gonflement, qui attaque les join- 
tures, les articulations, les nerfs. — Las goutos éstacados 
à l'os, durou jusqu'âou cros, à la goutte point de remède; 
elle dure jusqu’au tombeau. 

Gouto-séréno, s. f. Goutte-sereine; amaurose, maladie 
des yeux qui entraine la cécité. 

Goutoun, s. f. n. pr. de femme. Goton : dim. de Mar- 
goutoun, Margoton, qui sont eux-mêmes une variété fami- 
lière et caressante de Marguerite ou Margarido. 

Gouvélé, s. m. Mieux et plus usité que Goubélé. Dim. 
Gouvéleté. Gobelet, vase rond à boire; verre à boire. — 
Voy. Go. 

Dér. du lat. Cupella, petite coupe. 

Gouvélétéja, v. fréq. Gobelotter; buvotter; boire sou- 
vent et à petits coups; fréquenter les cabarets, y faire de 
longues séances. 

Gouvèr, s. m. Gouvernement; direction, maniement'des 
affaires; économie domestique; reine ou mère-abeille d’une 
ruche, qu'on dit mieux Maïstro; maîtresse-branche d'un 
arbre; principal rejeton d'une plante. — Y-a pas gés dé 
gou vèr dine aquél oustdou, il n’y a pas d'ordre dans ce 
mé nage. Aquél midou és dé michan gouvèr, ce mulet est 
mal aisé à gouverner. 

Dér. du lat. Gubernatio, de Gubernare, gouverner. 

Gouvérna, v. Gouverner; commander ; diriger. — Quand 
un étranger entre dans une maison dont il ne connait pas 
les habitants, il dit, par phrase faite : Qudou gaï gouvèrno? 
Qui est le maitre ici? 

Gouvérnamén, s. m. Gouvernement.— Depuis le régime 
constitutionnel, ce mot a dû descendre dans tous les idio- 
mes, comme tant d’autres appartenant à cette politique qui 
est à la portée de tous. 

. Gouvèrno, s. {. Gouverne; règle, principe de conduite. 





— Pér ta gouvèrno, pour te fixer, pour ta règle. 


DR SE à 





Gra, s. m. Gré; volonté; bon plaisir; reconnaissance. 
— Sdoupré gra, savoir gré, être reconnaissant. Dé bon 
gra, volontiers; volontairement, de bon cœur. Mé save 
bièn gra, je me félicite, je suis heureux, content de... 
| Vous én save gra, je vous en remercie. 

Dér. du lat. Gratum, qui agrée. 

Gracio, s. f. Grâce, faveur volontaire; remise de peine; 
| grâce, agrément dans les personnes ou les choses, manières 

agréables, bonne tournure. 

Gracioùs, ouso, adj. Dim. Graciousé. Gracieux ; affa 
ble; riant; poli; obligeant. 

Dér,. du lat. Gratia, grâce. 

Gragnè, s. m. Dim. Gragnéré; augm. Gragnèiras. 

* Grenier à blé et autres provisions; non point grenier à foin 
et paille, qui se dit Pañe. 

- Dér. du lat. Granarium, m. sign. de Grana, Grano, 
Gran... 

Graïo, s. f. Corneille, nom sous lequel se rangent plu- 
sieurs espèces : la Corbine ou Corneille noire, Corvus 
corone, Linn.: le Freux, Fragonne ou Grolle, Corvus fru- 

& … gilegus, Linn:; et au besoin la Corneille mantelée, Corvus 

“corniæ, Linn.; celle-ci plus rare et bien reconnaissable par 
le gris cendré qui recouvre le dessus et les parties infé- 

L rieures de son corps et tranche sur la robe commune tou- 

jours noire à divers reflets bleuàtres ou pourprés. Toutes 

s ces corneilles, y compris le Freux malgré son épithète de 

Frügilegus, sont omnivores. Il n’est donc pas étonnant 
qu'avec tant d’autres points de ressemblance encore, elles 
puissent ètre souvent appelées Courbatas où Croupatas, la 
première surtout qui est la plus grande et dont les appétits 
N se rapprochent davantage de ceux du corbeau. — En v. fr. 
on disait aussi : Graille, tiré du lat. comme Graïa, Gra- 
cula, .m. sign. 

« Graïoù, s. m. Graillon: odeur de la graisse fondue ou 
* de_celle.qui tombe sur les charbons ardents; goût que con- 
î servent les ustensiles de cuisine qui ont servi à la prépa- 

ration d'aliments gras et qui se communique à d'autres 
aliments maigres. 
| Dér.et sorte de dim. de Graïsso. 
Graïssé, s. m. Farlouse, alouette des prés, pipi des 
buissons, Anthus ‘arboreus, Linn., oiseau de l'ordre des 
_  Passereaux a la fam. de Subulirostres où Raphioram- 
bes, plus connu sous le nom, de Graisset ou Grassel, quoi- 
que Sauvages dise que < c'est un. barbarisme ; car comment 
pourrait-on mieux nommer ce petit pied, si rond, si fon- 
dant, si, délicat, si apprécié des gourmands, auxquels il 
_ faut d'ailleurs renvoyer, pour. le décrire a surtout en 
vanter l'excellence ? si ce nom “n'existait p pas, ne faudrait- 
il pas l l'inventer? 

Graisso, s. /. Péjor. Graïssasso. Graisse, substance ani- 
male, onctueuse, molle, huileuse. Au fig. embonpoint ; 

excès ; gras. — Sé plan dé tro dé graïsso, il se plaint q 
la mariée est trop 

il est mort avec tout son embonpoint. Ës maldou dé tro 








le. És mort émbé toutos sas graïssos, 





GRA 391 


dé graïsso, il est malade de trop d'aise; il se meurt de gras 
fondu. Aquélo roumano, aquélo mésuro an tro dé graïsso, 
cette romaine, cette mesure (de longueur ou de capacité) 
font trop forte mesure, trop fort poids, c.-à-d. pèsent, me 
surent ou contiennent plus que leur valeur nominale. 

Graïsso-blanquo, saindoux, graisse de porc fondue. 

Dér. du lat. Crassus, crassa. 

Graïssoü, s. m. Cresson des fontaines, à petite fleur 
blanche et cruciale, Sisymbrium nasturtium, Linn., plante 
de la fam. des Crucifères siliqueuses. 

Dér. du lat. Crescere, croître : permutation ordinaire 
du Cen G. 

Graïssoüs, ouso, adj. Dim. Graïssousé; péj. Graïssou- 
sas. Graisseux ; poisseux ; gluant; enduit de graisse; taché 
de corps gras. 

Grame, s. m. Dim. Graméné. Chiendent, Triticum 
repens, Linn., plante de la fam. des Graminées, commune 
dans les terrains gras et humides, dont la racine sucrée est 
employée en tisane, mais dont la présence dans un champ 
est une pésle et le désespoir des agriculteurs, tant il est 
difficile de l'extirper et d'en purger la terre. 

Dér. du lat. Gramen, gazon. 

Gramécis, phr. faite, tantôt s.m. ddj. ou interj. Grand 
merci! Grâces à Dieu! merci; remerciement. — Gramécis 
à iéou qué vous sès pas toumba, grâces à moi, si vous 
n'êtes pas tombé. Gramécis qué l'âoubre èro paÿ ndou, qué 
mé sérièi ésquina, fort heureusement que larbre n'était 
pas haut, sans cela je me serais cassé les os. Aquô's lou 
gramécis, voilà le remerciement que vous me faites, la 
reconnaissance que vous me témoignez. Mé digue pas sou- 
lamén gramécis, il ne me dit pas seulement merci. 

Graménas, s. m. Augm. de Grame, mais encore avec 
un séns plus étendu, car il signifie : une partie de terre, de 
champ, de pré, envahie et labourée par le chiendent qu'on 
ne peut extirper qu’à grañd'peiné. — Voy. Grame. 

Gramo, $. mm. Gramme; terme d’unilé dans le nouveau 
système des poids et mesures, valant un peu moins de 
19 grains. 

Il n’est pas nécessaire de relever cette importation fran- 
çaise ou grecque, introduite dans la langue, par de nou- 
veaux besoins. 

Gran, s. de tout genre. Dim. Grané, Granéto. Aïeül, aïeule. 
— Moun gran, ma gran, Mon grand-père, ma grand'mère. 
— Ma gran la borgno, ma mère l'Oie. — Voy. Borgno. 

Il y a aussi comme dim. terme de familiarité et de 
caresse : Moun grané et ma granéto, mon petit bon papa, 
ma bonne petite maman. 

Gran, s. m. Dim. Grané. Grain; nom générique, mais 
qui ne se dit guère qu'en parlant des céréales. Le grain 
de raisin se dit Grun. 

 Dér. du lat. Granum, m. sign. 

‘Grana, v. Grener; monter en graine; produiré beaucoup 
‘de grain; en terme de magnanerie, poñdre. — Lous par- 
‘païoùs an bièn grana, les papillons de vers-à-soie ont pro- 


392 GRA 


duit beaucoup de graine. Lous pélousses soun granas, les 
hérissons des châtaigniers ont déjà formé leur fruit. Las 
éspigos soun granados coumo dé sdou, les épis sont bien 
grenus. Argén dé fénno el bé dé campano, noun flouris ni 
noun grano, où avec la variante, sé flourès noun grano, 


prvb.-qui ne témoigne aucune confiance en la prospérité 


de biens provenant de femmes ou de prètres : il sous- 
entend sans doute les biens spirituels qui leur reviennent 
à plus juste titre, au moins comme compensation. 

Granadiè, s. m. Grenadier; soldat appartenant à la 
premiére compagnie d'un bataillon. Au fig. intrépide; 
audacieux ; délibéré : se prend alors adjectiv. 

Empr. au fr. 

Granaïo, s. f. Grenaille; le plus menu plomb de chasse, 
cendrée. — Éscarta la granaïo, se permettre des propos 
grivois, licencieux, surtout devant les femmes et les en- 
fants. 

Granâou, s. m. Grandin, graneau, gurnau, gronau ou 
bellicant, Trigla gurnardus, Linn., poisson de la Méditer- 
ranée, de l’ordre des Holobranches et de la fam. des 
Dactylés. 

Son nom fr. lui vient sans doute du bruit qu'il fait en- 
tendre quand on le prend : le lang. ne serait qu'uné sorte 
d’altération à sa manière. 

Grané, s. m. Pois ou haricots cossés et secs. — Soupo 
dé granés, soupe aux haricots. Fégnan, vos dé granés? — 


Où! — Porto ta sièlo. — Né vole pas gés; paresseux, Veux- 
tu manger? — Oui! — Avance ton assiette. — Je n’en 
veux pas. 

Granéto d'Avignoun, s. /. Grain du Nerprun. — Voy. 
Avignoun. 


Grangala, v. n. — Ne s'emploie qu'à l'infinitif et pré- 
cédé de Poudre pas. On ne dit pas: Grangala dé fré, dé 
sé, dé fan, mais bien : Pode pas grangala dé fré, dé sé, dé 
fan, ete., je meurs de froid, de soif, de faim; ou mieux, 
le froid, la soif, la faim paralysent mes forces, je ne puis 
mettre un pied devant l’autre. — Sauvages admet à la fois 
Grangala et Poudre pas grangala, l'affirmative et la néga- 
tive, avec la même signification, ce qui nous parait une 
erreur. Dans ce pays, on ne l’emploie qu’à la négative. 

Granivou, adj. des deux genres. Terre à blé très-pro- 
ductive, où les céréales réussissent très-bien et produisent 
beaucoup de grain. 

Grano, s. f. Dim. Granéto. Graine, semence des plantes, 
des herbes, des fleurs ou des fruits; graine ou œufs des 
vers-à-soie. Métre la grano, mettre à couver, à incubation 
la grainc des vers-à-soie. Mounta én grano, se dit des 
plantes potagères qu’on laisse monter pour porter et re- 
cueillir leur graine. On dit encore d’une jeune fille un peu 
mûre : Réstara pér grano, elle restera pour graine; ce qui 
n'est cependant qu'une contre-vérité flagrante : les filles, 
vouées à coiffer sainte Catherine, ne laissent pas souche. 
Michanto grano, mauvaise race, famille tarée. 

Dér. du lat. Granum. 





GRA 


Grano dé boudin, s.f. Coriandre, plante. — Voy. 
Couiandro. 

On met ses feuilles dans le boudin pour l'épicer : de là 
le nom. 

Grano dé capouchin, s. f. Cévadille, plante. — Voy. 
Cévadio. 

Grano dé chapélé, s. f. Larme de Job ou larmille des 
Indes, Coyx lacryma Jobis, Linn., plante de la fam: des 
Graminées, exotique mais bien acclimatée, dont la semence 
est en forme de perle allongée vers ses pôles et dela gros- 
seur d'un haricot. Cette graine est d’un gris perle veinéet 
luisant; en la perçant d'un bout à l'autre, on en faitide 
jolis chapelets. De là son nom. 

Grano dé por, s. f. Grains de ladrerie : petite vessie où 
aphte qui se manifeste dans d'intérieur des ‘muscles du 
porc. Les languéyeurs les reconnaissent sur l'animal vivant 
à la racine de la langue et à l'intérieur des paupières. 
Sauvages prétend que cette maladie n'altère envrien la 
qualité de la viande et qu’elle peut être mangée:sans in- 
convénient ; cependant l'opinion générale lui est contraire, 
ou du moins le préjugé. Toujours est-il que c’est cette 
opinion qui a créé la profession de languéyeur; car celui 
ci n'a pas d'autre utilité que de signaler ce vice. Et cette 
constatation a paru tellement importante à nos pères que 
de leur temps les languéyeurs étaient des fonctionnaires 
assermentés et on leur octroyait le titre de Conseillers du 
roi. Au surplus, la loi, après les coutumes, a fait de la 
ladrerie un vice rédhibitoire. 

Granouïo, s. f. Dim. Granouïéto. Grenouille, Rana, 
Linn., reptile de l’ordre des Batraciens et/de la fam.1des 
Anoures. Il en existe plusieurs variétés qui sont confon- 
dues sous ce nom. 

Granowïo signifie encore : Crapaudine, pièce de fer ou 
de fonte, en forme de dé, sur laquelle porte et tourne le 
tourillon ou le pivot d’une porte cochère, ou celui d'un 
joug de cloche. 

Las granouïos se dit du râle qui se fait entendre dans 
le gosier des moribonds, et qu'on à comparé au coasse- 
ment des grenouilles. 

Dér. par une formation régulière, du lat. Ranula, dim. 
de Rana, m. sign.; avec le G paragogiqne. 

Grâou, s. m. Le Grau: nom que l’on donne auxeme 
bouchures par lesquelles le Rhône se déverse dans la mer: 
— Lou Gréou, n. pr., désigne plus particulièrement le 
Grau du roi, le Grau d'Aigues-mortes, lou Grâou dâourèi, 
tout récemment érigé en commune, et qui acquiert €ba- 
que jour plus d'importance à cause de l'affluence des bai- 
gneurs. Se relie à la ville d'Aigues-mortes par le canal 
Saint-Louis, sur lequel ce roi de France s'embarqua pour 
sa dernière croisade. 

Le mot Grdou pourrait n'être qu'une forme analogue à 
Gravo, Gravas, qui a donné Gravier et Grève au fr., ou 
une permutation, comme il s'en produit beaucoup, de 
Crdou, la Crau /V. c. m.); on propose aussi de le faire 











GRA 





dériver du lat. Gradus, emportant le sens de rade, baie, 
port. Ces diverses interprétations peuvent convenir. 

Grâoufigna, v. Égratigner. — Voy. Éngrdoufigna et 
Engrdouta. 

Grâoufignado, s. /. Égratignure; coups de griffe. — 
Voy. Éngrdoutado. 

Grâougnäou, s. m., ou Bécar. Goujon, Bouillerot, Cy- 
prinus gobio, Linn., petit poisson de rivière de l’ordre des 
Holobranches et de la fam. des Gymnopomes, à opercule 
lisse. — Voy. Bécar. 

Grâoula, v. Miauler comme un chat en colère ou en 
humeur; rouler la voix; geindre fortement; bourdonner. 

Ce mot est probablement une onomatopée du. miaule- 
ment du chat en colère, comme Midoula est celle de son 
cri mignard et caressant. 

Grâoulaire, aïro, adj. Enfant pleurard; grognon, qui 
ne cesse de grogner et de geindre. 

Grâoule, s. m., ou Cabridan. Frelon, la plus grosse 

* espèce de guèpes, Crabro, Linn., insecte de l'ordre des Hy- 
ménoptères et de la fam. des Ptérodiples. — Il y en a un 
‘jaune et un autre noir; ce dernier est le plus venimeux. 
Ces insectes sont forts et carnassiers et détruiraient un 
grand nombre de mouches, d’abeilles surtout, si leur vol 
lourd et bruyant n’avertissait leur proie de l'approche du 
danger. 

C'est sans doute ce bourdonnement incommode qui a 
inspiré les acceptions et les locutions dans lesquelles il 
intervient au fig. — À la tèsto pléno dé gréoules, c'est un 
brise-raison, un querelleur, il a mille rats dans la tête; 
par suile, un grdoule est un caprice, un accès de frénésie; 
une lubie. 

Dér. du lat. Crabro, frelon. 

Grâouléja, v. fréq. Perdre la tramontane; faire le fou, 
l'étourdi, la mauvaise tête. 

Grâoulije, s. f. État de celui qui a des lubies, des ca- 
prices ; Caractère étourdi, tapageur, brise-raison, 

Grâouloüs, ouso, adj. Dim. Grdoulousd. Capricieux; 
querelleur, tapageur; écervelé; évaporé; qui a des lubies. 

Grâouméto, s. f. Gourmette, chainette de fer qui tient 
au mors de la bride. 

Emp. au fr. 

Gräoumia (Sé), ». Se gratter à la manière des gueux et 
des pourceaux, en se frottant contre un mur ou contre un 
arbre la partie qui démange, ou en faisant un tour d'épaule 
qui déplace et distrait la vermine qui cause cette déman- 
geaison. 

Grâouséiè, s. m. Groseillier, Ribes uva crispa, Linn., 
arbuste épineux de la fam. des Groseilliers, dont on con- 
nait plusieurs variétés : le Groseillier à maquereau, fruit 
blanc, Ribes grossularia, Linn.; le Groseillier à fruits 
rouges, Ribes rubrum, Linn. 

Dér. du lat. Grossularia. 

Gräousèio, s. /. Groseille, fruit du groseillier. — On sait 
quelles confitures on en fait. 





GRA 393 


Grâoutoù, s. m. Cretons; petits morceaux de viande 
maigre de la panne du pore qui est le résidu de la graisse 
fondue. Avec ces cretons racornis et rissolis, on assaisonne 
une fouace ou galette, Fougasso dé grdoutoù, dont on est 
friand dans le pays. 

Formé d’un dimin. de l'adj. Gras. 

Grapado, s. /. Poignée de grains, autant que la main 
peut en contenir. 

Grapâou, s. m. Dim. Grapdoudé; augm. et péj. Gra- 
paias. Crapaud, Bufo, Linn., famille assez nombreuse des 
Auoures, de l'ordre des Batraciens, plus laide que veni- 
meuse, qui ressemble beaucoup à la grenouille, avec la- 
quelle on peut les confondre. 

Grapdou et son dim. Grapaïoù s'appliquent à un jeune 
polisson, un drôle, incommode, insolent, qui se démène et 
prend des airs d'importance, un Gavroche, un jeune voyou. 

Dér. du lat. Crepare. 

Grapasses, s. m. plur., ou Grapiè. Criblures du blé; 
grains non dépouillés de leur balle, qu'on fait venir à la 
superficie par le mouvement de rotation du crible appelé 
Moundaïre, parce qu'ils sont plus légers que les autres eu 
égard à leur volume. Le cribleur les enlève à petites poi- 
gnées, à grapados. De là le nom de Grapasses. 

Grapiè, s. m., ou Grapasses. Quantité, ensemble des 
criblures du blé, pris et considéré en masse et comme 
résidu de récolte. 

Grapil, s. ». Grapin, outil en forme de pelle à douille 
et à branche recourbée, armée de trois larges dents à son 
extrémité, pour creuser les graviers dans l’eau. 

Dér. de l'allem. Greifen, prendre, saisir, 

Grapos (Las), s. f. plur. Maladie de la race chevaline, 
sorte de dartre croûtée, qui se forme au-dessus du sabot, 
entre le sabot et la naissance du poil. 

Gras, grasso, adj. Au plur. Grasses, grassos. Gras; qui 
a beaucoup de graisse; qui a de l’embonpoint; ‘enduit, 
couvert de graisse; trop large, excédant une certaine pro- 
portion, un certain degré; en parlant d'un terrain, fertile, 
argileux; subst. gras par opposition à maigre; jours où il 
est permis aux catholiques de manger de la viande. — 
Mésuro grasso, pés gras, mesure, poids trop fort /Voy. 
Graïsso). Acdou grasso, chaux hydraulique /Voy. Acdou). 
És gras dou lard, il est rond de graisse. Parla gras, gras- 
seyer. Manja gras, faire gras, manger de la viande. 

Gras, en parlant des vers-à-soie, se dit d’une maladie 
dont ils sont atteints et qui n’est autre chose qu'une disso- 
lation, c.-à-d. que la liqueur visqueuse qui leur sert 
quelque sorte de sang se transforme en sérosité. On appelle 
le sujet ainsi malade Gras ou Jéoune, aujourd'hui mori- 
flac, et le mal qui répand tant de terreur et fait tant de 
ravages dans nos éducations séricicoles, la Flacherie. 

Dér. du lat. Crassus, m. sign. 

Grasäou, s. m. Dim. Grasalé. Petite auge en bois ou 
en pierre pour servir d’abreuvoir aux poules. C'est ordi- 


394 GRA 


nairement une pierre de grès carrée et creusée dans le 
milieu, en forme de mortier. 

Dér. de Grés : aussi dans certaines localités, on dit 
Grésdou, dont Grasdou n’est qu’une variante ou une cor- 
ruption. 

Grasia, ». Griller; faire rôtir sur le gril. 

Grasiado, s. f. Grillade; tranches de viande cuites sur 
le gril. 

Grasio, s. f. Gril, ustensile de cuisine, petite claie en 
minces lames ou baguettes de fer propre à faire rôtir la 
viande. 

Dér. du lat. Craticula, m. sign. 

Grata, v. Gratter; râcler; frotter avec les ongles; ratis- 
ser. — Grata la tèro, égratigner la terre, l’effleurer seule- 
ment, lui donner un labour trop léger. Qué sé grato ounté 
sé prus, fai pas tor én déngus, prvb., pour se gratter à 
l'endroit qui démange, ce n’est offenser ni faire tort à 
personne. 

Dér. de l’allem. Kratzen, gratter. 

Gratadisso, s. f. Démangeaison; action de gratter. 

Gratassa, v. fréq. de Grata. Gratter; remuer la terre à 
la manière des poules. 

Gratèlo, s. f. Gratelle, petite galle; démangeaison opi- 
niâtre. 

Grati (A), adv. Gratis; gratuitement, sans qu'il en 
coûte rien; de pure grâce. 

Dér. du lat. Gratis, m. sign. 

Gratiou, s. ». Chatouillement. —Voy. Cassiou. 

Grato-Quiou, s. ». Gratte-cul, Cynorrhodon, fruit du 
rosier et de l’églantier. On en fait des conserves estimées. 

Gratusa, v. Chatouiller; raper du sucre; chapeler du 
pain. 

Dér. de Grata. 

Grava, ado, adj. Marqué par la petite vérole; qui a la 
figure grèlée. 

Dér. du gr. lodgetv, écrire. 

Gravas, s. m. Au plur. Gravasses; dim. Gravassod, 
Gravéiroù. Large étendue de grève sur les bords d’une 
rivière. 

Augm. de Gravo. 

Gravéiroù, s. m., ou Gravéirolo, s. f. Dim. de Gravo 
et de Gravas. 

Gravénas, s. m. Augm. de Gravo et de Gravas. Au 
plur. Gravénasses. 

Ce mot n'est pas employé à désigner les larges grèves 
d’une plage, mais bien les dépôts de graviers que les inon- 
dations font sur le littoral fertile qu’elles changent en 
lande stérile. 

Gravéto, s. f. Dim. de Gravo. — Ne s'emploie guère 
que pour désigner un coin de grève uni, couvert d'un 
sable fin, propre et argenté, tel qu'en choisissent les les- 
siveuses pour établir leur atelier et pour étendre le linge. 

Graviè, s. m. Large grève; gravier; sable. 


Gravièiro, s. f. Grève, mais seulement dans le sens de 
Li 





GRÈÉ 


voirie, parce que c’est sur les grèves qu'on jette commu- 
nément les charognes des équarisseurs. 

Gravo, s. . Grève; gravier; gravois; terrain mèlé de 
sable gros et menu, de cailloux et de petits galets, aux 
bords d’une rivière. 

Du mot simple aux composés et dérivés, diminutifs, 
augmentatifs ou péjoratifs assez nombreux, les variétés 
devaient aussi être fécondes en noms propres soit d'hom- 
mes, soit de lieux. Pour notre seul département, plusieurs 
communes, villages, hameaux, ruisseaux, dans toutes les 
directions, se rattachent à cetle forme par La Grave, les 
Graves, le Gravas, Les Graventes, Le Graveron, Le Gra- 
veson, Le Gravil, Gravillargues. Partout, comme noms de 
personnes ou de famille, ont pris naissance par une inspi- 
ration semblable, ceux de La Grave, de Graves, Dugra- 
vier, Graveirole, Gravezon, qui portent un cachet méri- 
dional, et Lagrève, Grève, Grevin et Grévy, qui ont dû 
ètre donnés au nord au delà de la Loire pour nous, et qui 
sont identiques. 

Dér. de la bass. lat. Graveria, m. sign., du lat. Glarea. 

Grè, s. m. Grec, espèce de raisin, — Lou grè est peu 
fertile; ses grappes ne sont jamais bien fournies en grains, 
qui sont blancs, ovoïdes et les plus gros que l'on con- 
naisse. On le met ordinairement en bocaux avec de l'eau 
de vie pour faire du ratafiat. Il ne doit pas être confondu 
avec lou musca grè, qui est une variété. 

Gréfiè, s. m. Greffier; secrétaire; clerc de notaire, 
d’avoué; scribe. 

Grâce à son origine sans doute du gr. Vpapeds, écrivain, 
de lpégetv, écrire, ce mot a pris plus d'extension que son 
correspondant fr.; mais il n’est pas allé jusqu'à Greffe, 
pour ne pas dévier de sa racine. 

Gréfuio, s. m. Houx, arbre, — Voy. Agrévou. 

Gréia, v. Germer; bourgeonner; pousser, lever en par- 
lant des plantes, des semailles. — Mous pèses mé gréiou, 
J'ai les pieds gelés. 

Dér. probablement du gr. Agtéw, pousser, croître. 

Gréié ou Grié ou Gril, s. ». Grillon, cricri, Gryllus, 
Linn., insecte de l'ordre des Orthoptères et de la fam. des 
Grilloïdes. — Le grillon domestique et le grillon des 
champs sont la mème espèce, mais la manière de vivre 
a modifié leurs goûts et changé leurs habitudes; de plus 
l'habitant de la campagne que devrait brunir le soleilest 
moins noir que l'hôte du foyer. Tous deux ont cette espêce 
de chant aigu et monotone qu'on leur connaît; mais le 
mâle seul a cette faculté et il le produit en imprimant une 
vibration rapide à ses élytres, qui frappent deux -mem- 
branes tendues en forme de timbales. 

Le nom lat. Gryllus, qui semble une onomatopée, a fait 
le nom lang. 

Gréïé, s. m. Dim. de Grél., — Voy. Grel. ; 

Gréio, s. f. Taillis coupé depuis moins de cinq ans et 
dans lequel le parcours des troupeaux est fort domma- 
geable, et très-sévèrement prohibé. 











GRE 


Grél, s. m. Dim. Gréié. Bourgeon qui s'épanouit; jeune 
pousse, rejeton; germe d’ognon; cœur de chou, de céleri, 
de salade. — Léva lou grél, au fig. se redresser; s’énor- 
gueillir après une disgrâce; reprendre vie et vigueur après 
une forte maladie, comme un jeune rejeton flétri par 
l'orage ou la gelée se redresse par un beau soleil ou une 
pluie salutaire. 

Dér. de Gréïa. 

Gréla, ado, adj. Marqué de la petite vérole: grèlé; qui 
a été frappé, gûté par la grêle. Au fig. qui a un aspect 
misérable; qui manque de tout confortable ; qui dans toute 
sa tenue présente les signes du malaise. 

Dér. du lat. Gracilis, grêle, ou Fragilis, frèle. 

Gréla, v. impers. Grêler, quand il tombe de la grêle; 
v. a., frapper par la grêle, gâter par la grèle. 

Grèlo, s. f. Grêle, pluie gelée, tombant en grains plus 
ou moins gros. Au fig. personne méchante; misère. — Ce 
météore désastreux inspire une telle terreur superstitieuse 
parmi les habitants agricoles, qu'ils n'oseraient prononcer 
son vrai nom, et qu'ils le désignent par la périphrase de 
michan tén. Il en est de même pour la maladie des vers- 
à-soie, la muscardine : ils ne disent pas dé muscardins, 
mais aquélo michanto méno. 

Se dit en lat. Grando, grandinis, que l'on soutient être, 
comme notre mot lang., une onomatopée du bruit que fait 
la grêle en tombant sur les toits. 

Grélô, s. m. Dim. Grélouté. Grelot, boule de métal 
creuse et bruyante. 

Grèou, grèvo, adj. Lourd; pesant. Au fig. rude; diffi- 
cile; pénible; fâcheux; chagrinant; insupportable. — 
Aqud m'és bièn dé grèou, cela m'est un grand crève-cœur. 

Dér. du lat. Gravis, m. sign. 

Grèpi, s. m. Onglée, engourdissement des doigts causé 
par le froid. / 

D'après Astruc, le mot est celtique. 

Grèquo, s. /. Chignon de femme très-relevé sur la tête 
et qui donne au bonnet qui la couvre la forme d'un cimier 
de casque. — Cette coiffure, qui ressemble assez à la coif- 
fure grecque ancienne, fut un instant à la mode en France 
où on la nomma la grecque. La mode passée, le lang. n'en 
a pas moins continué à appeler Grèquo toute protubé- 
rance de cheveux en forme de crête. 

Grès, s. m. Grès, pierre composée de très-petits grains 
de quartz, agglutinés par un ciment, qui fait feu sous le 
briquet. — Téraïre dé grés, terrain graveleux : c’est celui 
qui produit le meilleur vin et qui a le plus de chaleur 
intérieure, aussi la germination y est-elle plus précoce. 11 
y a plusieurs natures de ce terrain dit &rés; la plus com- 
mune dans notre pays, où elle est en général employée en 
vignobles, est un pudding rouge composé d'un gluten d’ar- 
gile et de cailloux blancs et ronds. Gagna lou grés, pren- 
dre la fuite, se cacher comme un malfaiteur ou un déser- 
teur. LT 

Dér. du celtique Craig, caillou. 





+ GRI 395 


Grésa (Sé), v. Se candir; se cristalliser; se tartariser, 
se garnir de tartre comme font les confitures, le miel, 
toutes les substances sucrées, ainsi que les futailles. — 
Grésa, ado, pris adj. ou comme part, pass. Aviné, telle- 
ment adonné au vin qu'il semble gagné par le tartre. — 
À l'éstouma grésa, dit-on dans ce sens, d'un ivrogne, en 
supposant par hyperbole que les parois de son estomac se 
sont enduites de tartre, comme celles d'un tonneau. 

Grésil, s. m. Dim. Grésié. Grain de sable ou de gravier, 
pris dans son unité, tel que ceux qui entrent dans les yeux 
par un grand vent, ou qui pénétrent dans la peau des pieds 
quand on marche sur le sable ou qu'on passe une rivière 
à gué. 

Ce mot n'a rien de commun avec le fr. Grésil, menue 
grêle, quoique l’un et l’autre dérivent de la même racine 
et soient des dim. de Grés, lou grés 

Grèso, s f. Tartre, acide cristallisé du vin. — Cette 
concrétion est due plutôt au long séjour du vin dans une 
même futaille qu'à sa qualité. C'est le défaut général de 
nos vins du crà qu'on soutire rarement, ce qui leur pro- 
cure une äpreté qui nuit beaucoup à leur qualité. — Dé 
vi for dé gréso, du vin tartareux. Aïçd's un pdou for dé 
gréso, dicton, celle-ci est difficile à avaler, en parlant 
d’une histoire que l’on vous conte, sans doute comme un 
vin qui est for dé gréso. 

Le tartre qu'on détache des tonneaux sert à fabriquer 
la crème de tartre qui est employée en teinturerie et en 
pharmacie. 

Cette incrustation cristallisée a quelque ressemblance 
avec la composition du caillou, Grés, dont la base est le 
quartz; le nom pourrait bien avoir pris là sa dérivation. 

Gria, v. Griller, enclore de grilles; poser une grille, un 
grillage; et non faire une grillade, qui se dit Grasïa. 

Gribouïia, v. Gribouiller; faire un gribouillage, soit par 
une mauvaise écriture, soit en traçant toutes sortes de 
figures, de traits ou de lignes sans forme ni sens. 

Gribouïiaje, s. m. Gribouillage, action décrite par le 
verbe précédent. 

Gribouio, s. m. Sot, niais; qui gribouille; qui confond 
et brouille tout. — És fi coumo gribouïo, rusé comme gri- 
bouille, qui se jette dans l'eau pour éviter une ondée, qui 
se met nu pour se garder du froid. 

Grié, s. m. Grillon, insecte. — Voy. Grété. 

Grifa, ». Frotter ou gratter avec la main, fortement 
et à plusieurs reprises; griffer, égratigner, donner un 
coup d'ongle ou de griffe; battre quelqu'un, en combinant 
les deux acceptions. 

Dér. du fr. Griffe. 

Grifado, s. f. Égratignure, coup de griffe ou d'ongle; 
volée de coups; correction manuelle. 

Grifaire, aïro, adj. Qui frotte, qui gratte fortement 
avec la main; qui lime. 

Grifou, s. m. Bigarreau, espèce de cerise à chair ferme, 
grosse, croquante et bariolée de blanc et de rouge. 


396 GRI 


Grimaga, v. Grimacer, faire des grimaces; faire de faux 
plis; avoir de fausses tournures, en parlant des vètements, 
draperies ou chaussures. 

Grimaciè, ièiro, adj. Grimacier; qui fait ordinaire- 
ment des grimaces; qui se contrefait, se contorsionne ; 
dissimulé: hypocrite, au fig. 

Grimago, s. f. Grimace, contorsion du visage; mauvais 
plis. Au fig. feinte, dissimulation; affectation maniérée. 

Griméou, s. m». Au fém. Grimdoudo. Sorcier, jeteur de 
sorts, comme le préjugé en attribue le pouvoir aux vieux 
bergers. 

Ce mot a une racine commune avec le fr. Grimoire, qui 
peut fort bien être ou du moins se rapprocher beaucoup 
du bas-lat. Rimare ou Rimaria, rimer et livre rimé, parce 
que, au moyen-âge, les grimoires ou livres de. prophéties 
s'écrivaient en vers et en octaves, témoin Nostradamus et 
autres, à l'instar des oracles sibyllins. Grimdow peut aussi 
dériver de l’ital. Grimo, vieux, ridé, grime de théâtre. Qui 
sait même si le mot précédent Grimago n'aurait pas dans 
ces deux interprétations quelque chose à prendre? Charles 
Nodier voulait le tirer de Rima, ride, par l'addition du G 
paragogique, comme de Ranula on a fait Granouwio. 

Grimouèno, s. f. Aigremoine, Agrimonia cupaloria, 
Linn., plante de la fam. des Rosacées, médicinale, com- 
mune dans nos pays et qui croit de préférence dans les 
lieux humiles et ombragés. 

Son nom lat., par apocope, a donné le nom lang. 

Grioule ou Ra-grioure, s. m. — Voy. Ra-grioule. 

Griou, s. m. Recoupes ou son gras qui contient encore 
beaucoup de farine après qu'on en a tiré la fleur pour faire 
le pain de première qualité. 

Gripé, :. m. Dim. Gripétoù. Lutin badin, farfadet, être 
imaginaire de la mythologie féérique du moyen-âge. C'est 
le Trilby cévenol, qu’il faut se garder de confondre avec 
lou Fantasti, lou Draqué et surtout {a Roumèquo. Les 
vrais languedociens ne commettent pas cette erreur. Low 
Gripé est un être essentiellement malicieux, mais non 
méchant, plutôt serviable que faiseur de noirceurs; tan- 
dis que lou Fantastà, dont le nom rappelle les fantômes, 
les revenants qui reviennent de l’autre monde pour faire 
peur; lou Draqué, qui signifie l'antique dragon de la Fable 
ou de l'Écriture; l& Rouméquo, espèce de Némésis hideuse 
qui personsifie le remords, la ronce, l'épine de la çon- 
science, roumèc, vieux mot; toutes ces créations imagi- 
naires, et encore {ou Babdou, la Babarogno, inspiraient 
une superstitieuse terreur aux grands et aux petits enfants 
des montagnes, comme leurs noms seuls, inventés pour les 
mieux enlaidir, et semblaient être les symboles de la plus 
noire méchanceté. Lou Gripé apparaissait au contraire 
dans cette capricieuse hiérarchie comme un petit génie 
souvent bienfaisant et toujours folâtre dans ses malices, se 
plaisant à faire des niches aux jeunes filles, familier pres- 
que et accompagnant ses métamorphoses ou ses bons tours 
d'un bruyant cacalas, et se moquant des paniques qu'il 





GRO 


causait. Le théâtre de ses exploits, c’étaient les campagnes, 
les fermes, le foyer rustique : l'histoire de ses apparitions 
charmait les veillées. Son nom est devenu synonyme d'en- 
fant espiègle, éveillé, jeune et aimable lutin. 

La légende populaire du farfadet raïol est, dans las 
Castagnados, une des plus poétiques et des plus heureuses 
inspirations de LA FARE-ALAIS. 

Gripio, s. f. Crèche; mangeoire des chevaux et des 
bœufs. — On dit au fig.: À sa gripio bièr garnido, il a du 
foin dans ses bottes. 

La bass. lat. avait Greppia, m. sign.; mais d’où venait 
ce mot qui fournissait le nôtre? Quelques-uns pensent du 
lat. Crates, ratelier; d'autres, du gr. Kpatéw, contenir, ou 
de Ppalvw, manger. 

Gris, griso, adj. Dim. Grisé; augm. Grisas. Gris; cou- 
leur grise, cendrée; mélangée de noir et de blanc. Quant à 
toutes les autres nuances fondues, le gris prend mille dif- 
férents noms par suite de cet esprit de confusion qui règne 
en lang. sur l'appréciation des couleurs: gris-blu, gris- 
Jjâoune, gris-nêgre, gris-rouje, gris-vèr, etc., mème dans 
les demi-teintes. Au fig. et au fém., chose déplaisante, 
mauvais trait. — M'én a fa uno griso, il m'a fait une 
avanie. — N'aï vis dé grisos, j'en ai vu de cruelles. 

Dér. de la bass. lat. Griseus, m. sign. 

Grisé, s. m. Nom familier qu’on donne à l'âne, dont le 
fr., pour la même cause de la couleur de son pelage, a 
fait aussi Grison. 

Griséja, v. Tirer sur le gris, avoir une teinte grisâtre. 

Grisèl, èlo, adj. Grisâtre, qui tire sur le gris. — Est 
devenu n. pr. 

Griséto, s.f. Grisette, jeune fille, jeune ouvrière. 

Grisou, s. m. Grisou, gaz inflammable, explosible et 
détonnant qui s’infiltre dans les mines et prend feu sou- 
vent à la lampe des ouvriers en causant de grands ravages 
et de graves.accidents. 

Ce mot semble une corrupt. de Brisoù, qui est aussi un 
des noms de ce gaz, parce que ses, explosions brisent et 
renversent tout. Serait-il ainsi appelé peut-être parce que 
sa présence dans la mine donne aux lumières une teinte 
grisâtre ? 

Grivo, s. f. Grive. — Ce mot, pur fr. inconnu au lang. 
de Sauvages, est aujourd'hui de mise pour désigner les 
diverses espèces de Tourdre : celui-ci est plus particulière - 
ment la Litorne, Turdus musicus, Linn. — Voy. Tourdre. 

Grivouès, ouèso, adj. Grivois; éveillé, alerte. — Ne se 
prend pas dans le sens de grossier, licencieux, mais dans 
celui de bon drôle. 

Gros, grosso, adj. Dim. Groussé; péj. Groussas. Gros ; 
épais; enflé; qui a beaucoup de volume. — Kénno grosso, 
femme grosse, enceinte. Lou Gardoù's gros, la rivière. est 
enflée. Faï la grosso, il grossoie, il écrit en gros,en par- 
lant d'un écolier. Lous grosses, les notables d’un endroit, 
les gros personnages. 

Dér. du lat. Grossus, M. sign. ' 





GRO 


Gros, adv. Gros; fort. — Gagna gros, gagner gros. 
Fiala gros, filer du gros fil. Én gros, en gros, en bloc. Dé 
gros én gros, Sans eXaminer, sans peser ; En gros. 

Grosso, s. /. Grosse, douze douzaines d'une marchandise 
qui se comple; écriture grossoyée, en gros caractères; ex- 
pédition d'acte, en terme de pratique. 

Grouga, v. Frayer, féconder en parlant des poissons, 
pour désigner l'acte par lequel le mäle féconde le frai de 
la femelle. Au fig. muser; rester tranquille; bayer aux 
corneilles, comme fait le poisson qui en stationnant, im- 
mobile, semble endormi quand il fraie. 

Racine très-incertaine : on le prétend celtique. 

Grougadis, isso, adj. — Se dit de la place favorable 
aux poissons pour frayer, pour déposer leur frai ou leurs 

œufs; plus directement, qui grouille, qui fourmille. 
” … Grougna, ». Grogner; grommeler comme certains ani- 
maux. Au fig. murnurer; gronder; être de mauvaise hu- 
+ meur. — Moun véntre grougno dé fan, la faim donne des 
borborygmes à mon estomac. 

Dér. du lat. Grunnire, grogner comme les pores; d’où 
le fr. a fait Grouin, groin. 

Grougnadisso, s. f. Grognerie prolongée; grognement, 
au pr. el au fig. 

Grougnaïre, aïro, adj. Péjor. Grougnaïras. Grogneur; 
d'humeur grogneuse. 

Grougnoun, adj. des deux genres. Grognon, qui grogne; 
qui aime à gronder. 

Grouiè,.s. m. Savetier; mauvais cordonnier en vieux ; 
rapelasseur. 

Comme ceux de presque toutes les professions, ce mot a 
donné naissance à quelques noms propres : Grollier, Grou- 
lier, Groulard, Groulart, Grolée. 

Groulo,.s. f. Dim. Groulélo; péj. Groulasso. Savale; 
vieux soulier éculé et déformé. — Métre soun souiè én 
groulo, porter ses souliers en pantoufle, c.-à-d. en abattant 
le quartier, ce qui est une preuve de mal au pied, et par 
ext. de maladie vraie ou fausse. Rabala la groulo, trainer 
la savates au fig. être tombé dans la misère. 

…Dér. dusgr. Toërn, vieux soulier. 

Grouman, ando, s. et adj. Péj. Groumandas. Gour- 
mand; qui aime, apprécie et recherche la bonne chère, les 
bons morceaux; friand. — Las trufos soun groumandos, 
les pommes desterre demandent beaucoup d'assaisonne- 
ment. tt ne 
L'étymologie de ce mot n'a pas été sans donner beau- 
coup d'embarras aux chercheurs. Ménage est porté à la 
prendre dans.ie celtique, ainsi que Caseneuve.. Saumaise 
le prétendait originaire du persan Gour où Chour, signi- 
fiant Mangeaille, et Mand, addition atiributive : d'où 
Kourmand, manger. Camdem le fait dériver du breton 
Gormod; trop mangeur ; ie Kimri Guyar, et le gallois 
Gaor auraient fourni la racine : l’assertion de Ménage 
pourrait donc être juste. 

.Groumandije, s. /. Gourmandise, péché capital. 





GUE 397 
Groumandiso, s. /. Friandise; bonbons; mets délicat. 
— Ne signifie pas Gourmandise. 


Groumèl, s. m. Morve épaisse et en grumeaux, telle 
qu'elle pend au nez des enfants mal soignés. 

Dér. du lat. Grumus où Grumellus, grumeau, caillot. 

Groussiè, ièiro, adj. Grossier; mal élevé; qui a des 
manières rudes, des airs communs; rustre; rude au tou- 
cher; épais. — Éstofo groussièiro, étoffe grossière, dont la 
trame est grosse. Groussiè coumo pan d'ordi, poli comme 
les portes d’une prison. 

Dér. de Gros. 

Groussoù, s. f. Grosseur; état, volume de ce qui est 
gros. 

Gru, s. m. Corroi de mortier, composé de chaux bien 
éteinte et de sable bien grenu, dont on fait des pavés 
grossiers, mais d’une grande consistance quand ils sont 
bien manipulés ; espèce de glacis. Plus le corroi est grossier 
plus il a de chances de durée. 

Gruda, s. m. Gruau, froment mondé, c.-à-d. dépouillé 
de sa pellicule au moyen du moulin à gruau. — On en 
fait d’excellent potage, et il est la base de ce mets local 
appelé Cassolo.— Voy. c. m. 

Dér. de la bass. lat, Grutum, m. sign. 

Gruda, v. Monder du froment, du riz, ete., pour en 
faire du gruau; égrapper la vendange dans les cornues 
pour séparer le grain de la rafle; ce qui se fait au moyen 
d’un bâton disposé en forme de trident. Cette opération a 
pour objet de préserver le vin de l'âpreté qu'il contracte- 
rait dans la cuve si la rafle était mêlée au moût pendant 
son ébullition. 

Grudaïre, s m. Moulin à gruau. Sa meule est un cône 
tronqué, qui tourne sur elle-même et autour d'un pivot où 
elle est fixée. 

On appelle aussi Grudaïre, l'égrappeur de vendange, 
d’après le procédé indiqué à l'article précédent. 

Grumèou, s. m. Trumeau de bœuf, terme de boucherie : 
la partie du devant de la poitrine, entre les jambes, mor- 
ceau très-gras et délicat. 

Grumo, s. /. Grains de raisin, pris dans leur ensemble 
à la vendange. — Aqud's dé poulido grumo, voilà de belle 
vendange. 

Dér. du lat. Grumus, grumeau. 

Grun, s. »”. Grain de raisin, grain de chapelet. — 
Toumba un grun, boire un coup ou plutôt plusieurs. 

Gudos, s. /. plur. Petites fourches pour soutenir st arc- 
bouter les elaies d’un parc à brebis. 

Parait être une altération de Ajudo, aide, soutien. 

Guèëino; s. /. Gaine, coulisse de jupe ou de tout autre 
vèterment. 

Dér. du lat. Vagina, m. sign. 

Guènche, èncho, onu Guinche, incho, adj. Louche, qui 
a les yeux de travers : affecté de strabisme. 

Guénla, v. Chevrotter; bèler comme la chèvre. 

Guéréja, v. fréq. Guerroyer, faire la guerre. 


398 GUI 


Guèriè, ièiro, s. et adj. Guerrier; soldat; qui aime la 
guerre; qui a l'humeur guerrière. 

Guèrle, guèrlo, adj. Dim. Guérlé. Bigle, qui a l'angle 
visuel tourné en dedans vers le nez; équarri gauchement, 
en parlant d’un meuble; maladroit, gauche, en parlant des 
mains. — Émbé sa pato guèrlo, avec ses doigts maladroits 
qui font tout de travers. 

Guèro, s. f. Guerre, querelle; inimitié; dispute.— Soun 
toujour én quèro, ils ne cessent de se quereller. De quèro 
lasso, de guerre lasse. T'douraï dé quèro lasso, je finirai 
par obtenir, par te vaincre, par arriver jusqu'à toi, à force 
de sollicitations, d’importunité, de poursuites sans repos 
ni trève. 

Dér. du celtique Wer, guerre. 

Guéta, v. Guetter; épier; faire le guet; briguer une 
place, un emploi. 

Guèto, s. f. Guèêtre, sorte de chaussure qui couvre le 
bas de la jambe et le cou-de-pied, remontant souvent au- 
dessus du genou. — Tira sas guèlos, tirer sa révérence, 
s'enfuir. 

En bas-bret. Gueltron, m. sign. 

Guëétra, v. Mettre des guêtres à soi ou à un autre. 

Guiäoume, n. pr. d'homme. Guillaume. — Le dim. en 
lang. Guïdoumé est la forme la plus simple : en fr. il pré- 
sente plus de variantes, qui sont devenues n. pr.: Guilhe- 
mia, Guilleminot, Guillemot, et peut-être Guyot, se rap- 
prochant de notre Guïèn, variante. En lat. Guillelmus; 
en allem. Wäilhelm; en angl. William; en esp. Guellelmo; 
en ital. Guglielmo. 

Guïäoume, s. m. Guillaume, outil de menuisier; espèce 
de rabot employé pour faire les moulures, et dont le fut 
est fort étroit. — Faïre Euïdoume, en terme de maçon, 
faire l'échelle, en se plaçant à distance l’un de l'autre, 
pour se faire passer à la main les objets que l’on veut 
monter ou transporter d’une place à l’autre. 

Formé du nom d'homme. 

Guigna, ». Guigner; lorgner; viser en fermant un œil; 
indiquer quelque chose du doigt; faire signe, menacer de 
l'œil ou de la main. — Le prvb. dit: Qué té faï, faï-li; 
qué té quigno, guigno-li, bienfait pour bienfait, menace 
pour menace. 

La permutation signalée du V en G autorise à faire dé- 
river ce mot du lat. Videre, voir, regarder. 

Guignardo, s. f. Visée; menace de l'œil ou de la main. 

Guiïléri, s. m. Probablement c'était dans l’origine un 
n. pr. dont le porteur était un maitre-fripon. On ne l’em- 
ploie aujourd'hui que dans la périphrase : Un tour dé Gui- 
lérè, un tour de Jarnac, un tour de passe-passe, une fri- 
ponnerie mêlée de ruse et d’hypocrisie. Cela n’a rien de 
commun avec la vieille chanson de Guilleri, mais c’est 
bien toujours le mème nom et sans doute le même person- 
nage. 

On sait que, après les troubles de la Ligue, les Guilleris, 
bande de coupeurs de bourse et de filous, infestèrent Paris 





GUI 


et plusieurs provinces de la France. Peut-être ne descen- 
dirent-ils pas jusque dans le Midi, mais le récit de leurs 
exploits mis en chansons y parvint avec leur nom, qui 
s’est maintenu dans la langue populaire. 

Était-ce une dénomination purement de fantaisie, et un 
vieux mot fr. qui se retrouvait en lang.? était-il venu na- 
turellement s'adapter à l’industrie de ces hardis fripons ou 
à leur chef? On peut l’admettre. Guiller, v. fr., signifiait 
tromper : l’ancien proverbe le consacre : Tel croit guiller 
Guillot, que souvent Guillot guille. Dans la langue d'Oc, 
on avait Gïa, écrit Gilha, un synonyme de même pronon- 
ciation, en donnant seulement au G devant i le son dur 
qu'il avait autrefois. Le loup en bas-breton s'appelle Guil- 
lou, et le diable, ce vieux trompeur, Gaillou-cox. En pressant 
tant soit peu les déductions, le lang. se souviendrait encore 
qu'il a eu le mot Guirdou, faux poids, et cette locution 
Faïre guirdou correspondant au fr. faire Gille. Si Gille a 
une origine commune avec Guirdou par Guiller où Guilha 
(dur), et que le sens les rattache, ne faudra-1-il pas ratta- 
cher tous ces mots à une même famille, et y faire entrer * 
également Guilhérè, en v. fr. Guilleri (4 mouillées), qui a 
tant de liens avec eux? Ainsi et non sans probabilités, 
pourraient s'expliquer ces étymologies et ces locutions. 

Guincha, v. Viser; mirer; tâcher; regarder d’un seul 
œil. — Guincha dré, viser droit. Guinchavo én d’aqud, il 
tàchait d'arriver là. 

Ce mot est formé de l’adj. Guënche ou Guinche, parce 
qu’en visant on ferme un œil et on a l’air d’être louche. 
Son étym. doit se rapprocher beaucoup de celle de Guigna. 

Guinche, incho, adj. —— Voy. Guènche. 

Guindre, s. m. Guindre ou tournelle, instrument pour 
dévider la soie dont on fait les rubans. —Voy. Débanaïre. 

Guingoï (Dé), adv. De travers; obliquement; de guin- 
gois; de côlé. — Voy. Dé Bingoi. 

Dér. du gr. luw, boiteux, estropié, dont le provençal a 
fait Goï, m. sign.; que le lang. et le fr. se sont approprié 
en y ajoutant une idée de Guigna, ou Guigner, où de 
Guincha et Guinche, par le changement du W Ilat., de 
Videre, en B, pour Bingoï, son correspondant. Toute cette 
série de mots, qui ont des airs de famille si marqués, et 
tant de rapports de signification, ne viendraient-ils pas de 
la mème provenance? On se ressemble de plus loin. 

Guirâoudé, s. m. Faux-poids des bouchers, dit Sauva- 
ges ; le gain qu'ils font par cette volerie. — Le mot n’est 
plus en usage : la médisance prétend qu'il n’en est pas de 
même de l’habitude. 

Guirâoudé, s. m. Dim. de Guirdou, désigne aussi le 
petit Héron, et s'applique au Blongion, autre variété, Butor 
brun-rouge ou Butor roux, Héron Blongion, Ardea minuta, 
Temm. 

Guirâou (Faïre), pr. faite. Faire Gille; s’esquiver; 
s'enfuir précipitamment, en se dérobant. — Voy. Giïa, 
Selon Sauvages, Faïre guirdou signifierait faire faux-poids, 
c.-à-d. tromper. Bien que cette acception ne soit plus usitée 








OR US, D 


H 


aujourd'hui, le sens indiqué laisse cependant apercevoir 
une certaine relation d'idées entre la signification ancienne 
et celle actuelle : c’est tromper que fausser compagnie à 
quelqu'un, et par conséquent s’esquiver. En tout cas, 
faire faux-poids laisse au moins supposer que celui qui se 
rend coupable de ce méfait a tout intérêt à faire Gille : 
autre rapprochement qui peut mettre sur la voie, et que 
nous avions pressenti au mot Gta, auquel nous renvoyons . 

Guirâou-péscaire, s. m». Héron cendré, principalement 
Ardea cinerea, Temm.; mais aussi d'autres variétés de 
héron. — Sa description se trouve au mot Bérna-péscaire, 
le mème exactement, à la différence du prénom. Pourquoi 
cette préférence ici en faveur de Guirdou, dont nous ve- 
nons de signaler un autre exemple pour Gilles? Tout rap- 
port nous échappe avec l'inusité Guirdou; ce qui n'expli- 
querait pas d'ailleurs pourquoi on lui a substitué Bérna : 
nous laissons à de plus érudits à deviner l'énigme, qui 
n'est peut-être insoluble que pour nous. — Voy. Bérna- 
péscaire. 
… Gula, v. Gueuler; crier à tue-tête; appeler à toute gueule. 
© Dér. du lat. Gula, gueule, gosier. 

Gulado, s. f. Coup de gueule, grand cri; franche lippée, 
ample réfection; gorgée, si l’on boit, bouchée, quand on 
mange 





HAB 399 


Gular, ardo, adj. Gueulard, qui parle beaucoup et très- 
haut; enfant pleurard, criard. 

Gulo, s. f. Gueule; grande bouche. 

Gulo dé lou, s. m. Muflier à grande fleur ou mufle de 
veau, Antirrhinum majus, Linn., plante de la fam, des 
Personnées, qui croit dans les vieux murs, et qui est cul- 
tivée comme fleur d'ornement. — Voy. Cacalaca et Pan- 
toufléto. 

Son nom lui vient de la ressemblance de sa fleur avec 
la gueule d’un animal. 

Gus, guso, adj. Dim. Gusé, Gusd; péi. Gusas. Gueux; 
vaurien; mauvais sujet ; libertin; homme de mauvaise foi. 
—Ne s'emploie pas dans l’acception de mendiant, en lang. 
— Uno guso, fille de joie, une dévergondée, débauchée. 

Gusaïo, s. f. Canaille; las de mauvais sujets; marmaille 
mal élevée et malfaisante. 

Gusariè, s. f. Haillons; vieux linge; vieilles hardes et 
guenilles qui encombrent les galetas. 

Gusas, s. m. Péjor. de Gus. Grand coquin; vaurien 
fieffé; gredin ; chenapan. 

Guséja, ». fréq. Guesailler; gueuser; faire le débauché, 
vivre dans la crapule. 

Gusô, s. m”. Jeune voyou, petit vaurien; Gavroche, au- 
jourd’hui que le mot a passé. 


H 


H, s. /. Huitième lettre de l'alphabet; s'appelle Acho. 

Cette lettre n'est point à proprement parler dans le génie 
du languedocien, et elle n'aurait aucun droit à faire 
nombre dans notre nomenclature; car elle ne peut y inter- 
venir d'une manière absolue que pour former, comme en 
fr. la consonnance ch. Mais pour rester fidèle à notre 
système orthographique, et bien qu'elle ne soit point indis- 
pensable, le respect de l'étymologie nous impose une 
exception facile à comprendre et à justifier. Ainsi, il nous 
a paru utile de l’employer dans tous les mots d'origine 
française où elle figure soit comme initiale, soit comme 
dérivée du grec, et nous écrivons par exemple Hérbo, 
Habia, Haréncado et Philipo, Philosopho. Sans cette pré- 


_ Caution, nous deviendrions d’une difficulté extrème pour 


la lecture, mème aux personnes les plus familiarisées avec 
notre idiome. 

Cette consonne n'est en effet qu'un signe de convention, 
sans valeur par elle-même. A part deux ou trois mots 
comme Hièr, hier, et Hiwe, huit, et ses composés, l’aspira- 


tion gutturale qu'elle représentait en latin et qui s'est 
conservée en français, n'existe pas et nous disons : /’ j 





l'hâousar, l'halo, l'hégandou, pour le hasard, le hussard, 
la halle, le huguenot, que nous aurions pu écrire l'asar, 
l'alo, etc., comme on prononce, si nous n'eussions redouté 
des confusions et si avant tout nous ne nous étions fait 
une règle de la clarté graphique qui facilite l'intelligence 
de l'expression. 

Dans l’ancien languedocien, pour figurer la prononcia- 
tion du gn mouillé, on faisait intervenir une h après n, 
en supprimant le g, et l'on trouve écrit en langue vulgaire 
besonha, gazanha, senhor, etc., qu'aujourd'hui on prononce 
et on écrit plus exactement besougno, gazagna, ségne, en 
donnant aux lettres et à leur combinaison leur vraie 
valeur. L'espagnol admet encore l’ancienne orthographe. 

Il en était à peu près de même de l’h pour mouiller 2: 
on mettait Ginoulhac, aginoulha, etc., que le fr. conserve 
dans le n. pr. Génolhac et que nous remplaçons par 1x, 
faisant fonction entre deux voyelles de 17 mouillée fr. pré- 
cédée d’un i, fille, famille, pour nous /ïo, famio : Ginouïa. 

Habi, s. m. Dim. Habiqué ; péj. Habiquus. Habit, frac; 
vêtement de cérémonie. — Faïre habi, porter un frac, un 
habit habillé : se dit d’un homme du commun qui prend 


400 HAI 


le costume d’une classe supérieure. Coupa un habè ou uno 
vèsto à quéouquus, au fig. tailler des croupières à quel- 
qu'un, médire de lui, le tourner en ridicule. 

Dér. du lat. Habitus, vètement. 

Habia, v. Habiller ; mettre, fournir un vêtement à quel- 
qu'un. Au fig. critiquer; tourner en ridicule; gourmander; 
réprimander. 

S'habïa, s'habiller; se vôtir; mettre ses habits; se parer; 
se mettre en cérémonie. 

Habiaje, s. m., ou Habiïamén.Vètements de toute sorte; 
habillement: mais surtout habit, veste et culotte.— Carga 
sous habiajes, se vêtir. Faïre un habiaje, a le même sens 
que Coupa un hab où uno vèsto, tailler des croupières. 

Habinle, inlo, adj. Dim. Habinlé; augm. Habinlas. 
Habile; doué d'adresse, de dextérité; qui dépêche beau- 
coup d'ouvrage. 

Dér. du lat. Habilis. 

Habinlèsso, s. /. Habileté; adresse; dextérité. 

Dér. du lat. Habilitas, m. sign. 

Habitan, s. »m. Habitant: qui habite, qui réside dans 
un endroit. 

Habitudo, s. f. Péj. Habitudasso. Habitude, coutume, 
disposition acquise par des actes réitérés. — N'est guère 


employé qu’au péjor.: Uno habitudasso, un défaut, un ‘ 


vice d'habitude, invétérés et incorrigibles. 

Dér. du lat. Habitudo, m. sign., 

Hacha, v. Hacher de la viande, des fines herbes ; couper 
avec le hachoir. — Se dit mieux Capoula. 

Empr. au fr. 

Hachadoù, s. m. Hachoir, couteau à large lame pour 
hacher les viandes. 

Hai, v. Haïr; répugner à faire quelque chose; éprouver 
du mécontentement; souffrir du malaise. — Haisse bièn 
dé travaña, le travail m'est en horreur. Haissiè dé parti, 
pamén sé décidé, il avait de la répugnance à s'éloigner, il 
se décida cependant. 

Dér. du lat, Odire. 

La notation qu'emploie notre Lexique est essentielle à 
observer dans les mots surtout comme ceux-ci et les deux 
suivants, dérivés du verbe, où la différence de l'accen- 
tuation sur l’i produit une si grande différence sur la pro- 
nonciation prosodique. 

Nous rappelons nos remarques au mot Acén et à la lettre Z. 
L'accent grave sur 2? le rend tonique, fait porter par con- 
séquent la tenue de la voix sur lui et le détache de la 
voyelle qui le précède, de manière à en faire une syllabe 
distincte : Hai, dissyllabique. L' tréma, précédé de la 
voyelle, forme diphthongue et se prononce, en s’y joignant, 
par une seule émission de voix, Haïssablo, trois syllabes; 
si au contraire l’# tréma était placé avant la voyelle, il ne 
se confondrait pas avec elle, Fian, deux syllabes. Quand 
l'i simple se rencontre en contact avec la voyelle a le pré- 
cédant, par exception, avons-nous dit, il sonne à, comme 
en français mais, fais; lorsque l’a suit à simple, il se 





HAO 


diphthongue : Fianço, monosyllabe. Comme on le voit, 
l'accent fait la quantité, la mesure, et l'on ne saurait trop 
insister sur son influence comme sur sa position, si nôces- 
saires à connaître pour bien prononcer. 

Haïssable, ablo, adj. Dim. Haïssabloù; péi. Huïssa- 
blas. Haïssable; qui se fait haïr; disgracieux ; fastidieux. 

Haissiou; s. f. Haine ; aversion ; répugnance; anti- 
pathie. — L'aï prés én haïssiou, je l'ai pris en grippe, en 
aversion. 

Dér. du lat. Odium, m. sign. 

Halabardo, s. f. Hallebarde; pique garnie par le haut- 
bout d’un fer large et pointu. 

Dér. de l’allem. Hallebard, m. sign. 

Halabardiè, s. m. Hallebardier; garde, soldat armé de 
la hallebarde. 

Halé, s. m. Haleine; souffle; respiration. Au fig. liberté; 
hardiesse; courage. — Garo l'halé, il pue à enlever la res- 
piration. M'a léva l'ha!é, il m'a coupé la respiration, il 
m'a suffoqué. Tèn l'halé coumo un cabussaïre, il retient 
son secret comme un plongeur son souffle. Préne d'halé, 
reprendre courage. Dounas tro d’halé à vosl'éfan, vous 
donnez trop de liberté, de licence à votre enfant. Aqud & 
dounè d’halé, cela lui remit du cœur au ventre, ou bien 
cela a enflé son orgueil. 

Dér. du lat. Halitus, m. sign. 

Haléna, v. Aspirer, respirer; prendre haleine, se repo- 
ser; prendre du vent ou suinter, en parlant d’un vaisseau 
qui doit être hermétiquement fermé. — Déngus n'a pas 
haléna, personne n’en a soufflé le mot. Sé fasiè tén d'ha- 
léna, il était temps de se reposer un peu. Aquélo bouto 
haléno, ce tonneau fuit, suinte. 

Halénado, s. f. Halenée, bouffée d'haleine; halenée de 
vin, d'ail, etc.; respiration des punais. 

Halénadoü, s. m. Dim. Halénadouné. Soupirail de cave; 
fausset d’une futaille que l'on ouvre en haut de son fond 
pour donner l'avant au vaisseau; toute espèce d'ouverture 
étroite qui ne sert qu'à donner de l'air à un intérieur 
quelconque. 

Halo, s. f. Halle au blé; place publique, couverte, pro- 
pre à tenir les marchés ou foires. 

Dér. du gr. “Alws, aire : le celtique avait Hala, un: sign: 
En bas-bret. Hall. 

Häouboï, s. m. Dim. Héoubouïssé. Hautbois, instru- 
ment à vent et à hanche, à sons aigus et nasillards: — Lo 
hautbois et le tambourin sont l'orchestre obligé de toute 
fête villageoise dans la contrée des Counèls. Les joueurs 
de hautbois donnent une telle vivacité à la mesure de 
leurs quadrilles et contredanses, que les danseurs sont 
obligés de dédoubler cette mesure dans Jeurs pas ou d’imi- 
ter celle de la gigue. Mais les danseurs Gounèls ont heu- 
reusement du jarret. 

Häoubouïssaïre, s. »m. Ménétrier joueur de hautbois. 

Hâäouménas, s. m. Péj. et augm. de Home. Grand et 
vilain homme. — Voy. Home. 











HAR 


Hâäouméné, s. m. Dim. de Home. Petit homme; petit 
bonbomine.— Voy. Home. 

. Häcumérén, énquo, adj. D'homme, qui tient à 
l'homme. — Un parla héouménén, une voix d'homme, 
une voix mâle et rude. Au fém. Hdouménénquo, Glle gar- 
çonnière, qui aime trop à se trouver parmi les hommes, 
qui les agace volontiers. 

Dér. de Home, du lat. Homo, hominis. 

Häâousar, s. m. Hussard, soldat du corps de cavalerie 
légère de ce nom. 

Ernpr. au fr. 

Eâousardo (à l'), adv. A la housarde; crânement, 
lestement, cavaliérement, sans se préoccuper du qu'en 
dira t-on. 

. Hâoussa, v. Hausser. — Voy. Ndoussa. 
 Hâoussé, s. m. Troussis. — Voy. Aoussé. 

Eéoussuro, s. f. Hsuteur; colline: simple tertre ou le 
haut d'un 1tertre en pente, lorsqu'il est composé et en 
rapport avec un bas-fond. — Foy. Aoussuro. 

Hardi, ido, Dim. Hardidù, oto. Haidi, courageux ; 


. Héméraire, cffronté. — Dé qué véou aquélo hardidoto? Que 


veut cette jeune effrontée? 

Der. de l'allem. Hart, audacieux. 

Eerci, interj. Courage! en avant! sus! or sus, allons ! 
— C'est Eta! des latins. 

Harén, s. m. Hareng. — Ne s'entend que du hareng- 
saur ou fumé, Huarén-sdouré. 

Faréncado, s. . Hareng plus petit et qui a subi une 
eutre préparation que le précédent. — Le populaire lui a 
donné le nom familier et tant soit peu goguenard de Dcmo 
dé miséricordo ; mais sa dénomination sérieuse et scieuti- 
fique est en lat. Haleæ ou Clupea arengus, Linn., poisson 
de mer, de l'ordre des Holobranches et de la fam. des 
Gymnopomes, en fr. Hareng; en lang. Haren et Ifarén- 
cado : ce qui veul dire pour ce dernier mot ce hareng 
blanc salé, plus petit et autrement préparé que le hareng- 
saur où fumé, très-proche parent de la sardine, Sardo. Celui- 
ci est salé seulement, et il est encaqué dans des barils, bari- 
quos, d'où on le tire un à un pour le vendre en détail au 
peuple, qui ne le dédaigne pas parce qu'il est piquant, fait 
manger force pain et excite à boire, Aussi un de ces phi- 
losophes.de position disait qu'il n'était pas mécontent du 
tout du menu que lui servait sa ménagère, attendu que 
bien souvent dans la semaine il avait à son diner un pois- 
son de mer et un poulet : c'est un hareng et un œuf qu'il 
entendait. — C'est donc une très-grande ressource pour 
le pai vre, et quoiqu'il en soit aujourd'hui du sens légère- 
ment railleur qu'on attache à son surnom de Damo dé 
miséricordo, il est probable qu'il lui a été donné par allu- 
sion à cette haute et puissante Dame, celle qui vient tou- 
e au secours de ceux qui ont besoin, ou plus hum- 

blement parce que ce harerg n'entre guère que chez le 
pauvre, comme font les bonnes sœurs de charité qu’on 


» appelle justement aussi Dames de la miséricorde. 





HR 401 

Harnèi, s. m. Harnais, équipage de selle on de trait. — 
Carga l'arnéï, signifie plaisamment : se marier. 

Dèr. de l'allem. Harniseh, m. sign. 

Harnéiïssa, v. Harnacher; mettre le harnais à une bôte 
de somme, Au fig. et au passif, s'arnéissa, se harnacher, se 
vêtir; s'habiller; se parer; s'ajuster. 

Hasar, s. m. Hasard; évènement fortuit; rencontre; 
fortune. — Pér co d’hasar, par bonne fortune. l'ér co 
d'hasar, âourias pas un luché à mé présta? Pourriez-vous 
me prêter une bôche? Co d'hasar, dans cette phrase, n'est 
qu'explétif et comme formule. On <a gas l'hasur, on ne 
sait pas le bonheur. L'hasar és tan bd, le hasard est si 
grand. - 

Hasarta, v. Hasarder, risquer; exposer au hasard; 
essayer la chance. — Dises qué Jan és tan for, vos qué 
l'h asarte? Tu dis que Jean est si fort, veux-tu que j'essaie 
de me mesurer avec lui? Ha:arta un gas, lâter un passage 
à gué; Ôtre le premier à oser l'entreprendre : au pr. et au 
fig. s'il s'agit d'une affaire, de quelque proposition délicate. 

Easartoës, cuso, adj. Hasardeux:; qui aime à risquer 
ou à affrcnter le danger; hardi; téméraire. 

Hastado, s. f. Brochée ; quantité de viande ou de gibier 
enfilée à la fois dans une broche. 

Easto, s. m. Brcche tournant à la main, verge de fer 
pointu pour embrocher et faire rôtir la viande. 

Dér. du celt. Asta, ou du lat. Hasta, m. sign. 

Easté,s. f. Brechette; Lattelets; brochée de petits-pieds. 

Dim. de Haste. 

Héganâcu, hégeräovdo, s. m. et [. Dim. Hégantoudé, 
hégandoudcù; péj. ITégandoudas. Huguenot; proteslant ; 
calviniste. 

Ce mot est un empr. au fr.: son étymologie a élé vaine- 
ment cherchée jusqu'ici. Pasquier, D'Aubigné, Ménage et 
autres ont our à tour proposé des solutions inadmissibles. 
Ampère a vait tranché la question, en décidant que le mot 
Huguenot venait certainement d'Ei/gnoten, confédérés, 
eu bas allemand. Littré vieut de ruiner cette opinion, et 
il laisse la controverse ouverte et non Cpuisée, sans indi- 
quer la racine certaine et vraie. 

Hélaïsse, v. Geindre; gémir; se plaindre; pousser des 
soupirs, des liélas. 

Tiré du fr. Ielas. 

Eérbaïo, s. f: Mauvaises herbes qui sont à sarcler. 

Hèrbaje, s. m. Herbage; prairie d’herbager, dont les 
herbes se mangentsur pied par les bestiaux ; herbes d'hiver, 
c.-à-d. les dernières pousses des prairies après qu'on 
a fauché le regain, et qu'on fait aussi brouter sur place. 

Hèrbétos, s. f. plur. Dim. d'Hèrbo. Fines herbes pour 
le potage ou la salade, pour l'assaisonnement en général, 

C'est aussi, à Alais, le nom d’un quartier à proximité 
de la ville, {as Hèrbétos, promenade autrefois fréquentée, 
dont le nom désignait les fraiches et petites prairies du 
Tempéras. ‘ 

Eèrbo, s. f. Dim. Hèrbéto; péj. Hérbasso. Herbe, plan 


402 HER 

de faible consistance, qui perd sa tige en hiver; gazon. — 
Soupo d’hèrbo, soupe aux fines herbes. Las hèrbos, les 
herbes d'hiver, Hèrbo qué poun quan naï, toujour duro, 
prvb., l'épine en naissant va Ja pointe devant. 

Dér. du lat. Herba, m. sign. 

Hèrbo apéganto, s. f. Pariétaire. — Voy. Panataïo ou 
Hèrbo dé Nosto-Damo. 

Hèrbo batudo, s. /. Flomis, Phlomis herbaventi, Linn., 
plante de la fam. des Labiées, à fleur labiée, dont les 
feuilles sont couvertes de duvet. 

Hèrbo däou cor, s. f. Ambroisie, Ambrosia, Linn., de 
la fam. des Corymbifères, apétalée, annuelle, sudorifique ; 
très-aromatique, qui croit dans les sables et graviers; elle 
est originaire du Mexique, ce qui l’a fait appeler en fr. 
Thé du Mexique. Son nom semblerait annoncer quelque 
propriété confortative. 

Hèrbo dâou féje, s. f. Hépatique de fontaine, Anemone 
hepatica, Linn., de la fam. des Renonculacées; fleurs bleues 
ou blanches; folioles de l’involucre entières, très-rappro- 
chées de la fleur; sépales ovales; habite les haies et les 
bois : vulnéraire, astringente, .apéritive, lonique. 

Une autre plante est encore connue sous le même nom 
d'Hèrbo dâou féje, Hépatique; c’est une sorte de crypto- 
game, qui tient le milieu entre les lichens et les mousses : 
on l’emploie dans les maladies du foie, ce qui lui a valu 
son nom. Elle est acotylédone, formée d’une membrane 
herbacée et rampante, elle croit au bord des fontaines et 
dans les lieux humides. 

Hèrbo dâou lagui, s. f. Myrte. — Voy. Murtro. 

Son nom lang. lui vient de ce qu'on couronnait de 
myrte le chapeau des nouvelles mariées, et que l’Hèrbo 
dou lagui était un symbole ou une allusion aux soucis 
et aux chagrins du ménage. 

Hèrbo dâou mèou, s. f. Caïlle-lait à fleur jaune, Ga- 
lium luteum, Linn., de la fam. des Rubiacées, commune 
dans les champs. 

Hèrbo dâourado, s. f. Cétérac, doradille, espèce de 
capillaire, Asplenium, Linn., de la fam. des Fougères ; 
croit à l'ombre sur les vieux murs; l’infusion de ses feuilles 
est un excellent diurétique. 

Hèrbo dâou sièje, s. f., ou Bouènsèdi. Herbe du siège, 
scrofulaire aquatique, bédoine d’eau, Scropularia aqua - 
tica, Linn., de la fam. des Personnées : bonne contre les 
scrofules et les hémorroïdes : ses feuilles sont employées 
comme vulnéraire par application pour déterger les ulcères. 
Elle tire son nom, dit-on, du siège de Troie où les guer- 
riers s’en servaient pour panser leurs blessures ; mais cela 
pourrait aussi bien convenir à tous les sièges qui ont eu 
lieu depuis. N'importe; si ce n'est lui c'en est un autre, et 
l'origine de Troie est plus noble et plus antique, mais 
beaucoup moins sûre. 

Hèrbo dôou tal, s. f. Cynoglosse. — Voy. Léngo-cano. 

Hèrbo dâou tron, s. f., ou Barbajôou. Grande jou- 
barbe. — Voy. Barbajéou. 





HÈR 


On a ainsi nommé cette plante en lang. par suite de 
l'idée ridicule qu’elle préserve du tonnerre. 

Hèrbo das agacis, s. f. Un des noms encore de Ja 
Grande joubarbe, parce que le suc de cette plante est em- 
ployé pour détruire les cors. — Voy. Barbajoou. 

Hèrbo das canaris, s. /. Mouron, morgaline, Anagal- 
lis arvensis, Linn., de la fam. des Primulacées. 

Hèrbo dé l'abéïo, s. /. — Voy. Hèrbo dâou mèou. 

Hèrbo dé la gravèlo, s. f. Turquette, herniaire glabre 
et velue, Herniaria glabra et hirsuta, Linn., de la fam. 
des Chénopodées : passe pour astringente, diurétique, anti- 
herniaire, anti-calculeuse : habite les terrains sablonneux. 

Hèrbo dé la loquo, s. f. Morelle douce-amère, vigne de 
Judée, Solanum dulcamara, Linn., de la fam. des Solanées : 
sarmenteuse, grimpante, à fleurs violettes et à baies. 
rouges : sa tige en décoction est un excellent dépuratif du 
sang. 

Hèrbo dé la rato ou dé la ratèlo, s. f. Scolopendre, 
Scolopendrium ofjicinale, Linn., de la fam. des Fougères, 
croit dans les lieux humides et couverts; dans les puits : 
bonne probablement pour les affections de la rate. 

Hèrbo dé la roumpéduro, s. f. Sceau de Salomon, 
Convallaria polygamatum, Linn., de la fam. des Aspara- 
gées; espèce de muguet dont la racine bulbeuse est em- 
ployée contre l'ophthalmie et pour résoudre les ecchymoses 
produites par une fracture ou une contusion ; de là son nom. 

Hèrbo dé las alouètos, s. f. Filipendule, Spirea fili- 
pendula, Linn., de la fam. des Rosacées : fleurs blanches, 
rougeâtres en dehors, un peu odorantes ; ses racines sont 
astringentes et nourrissantes, recommandées contre la gra- 
velle : les fleurs donnent un petit goût agréable au lait : 
habite les bois, les garrigues et les prairies. 

Hèrbo dé las bérugos, s. f. Héliotrope d'Europe, He- 
liotropium Europæum, Linn., de la fam. des Boraginées; 
agreste, sa fleur roulée ressemble de loin à une chenille 
ou à une verrue un peu développée. 

Hèrbo dé las cardounios, s. f. Séneçon, Senecio vul- 
garis, Linn., de la fam. des Composées Corymbifères. Cette 
plante est appelée en fr., à part Séneçon, du nom vulgaire 
d’Herbe au charpentier ; nous ne trouvons là aucun rap- 
port avec celui que lui donne le lang., qui est au moins 
justifié parce que les serins et les chardonnerets sont très- 
friands de ses graines. Elle vient dans les lieux cullivés et 
partout. 

Hèrbo dé las cin costos, s. f. Plantain à feuille étroite, 
Plantago minor, Linn., de la fam. des Plantaginées ; croit 
sur le bord des chemins et dans les champs; à fleurs in- 
fundibuliformes; vulnéraire et résolutive. 

Hèrbo dé las déns, s. f:, ou Éndourmidouiro. Jus- 
quiame. — Voy. Éndourmidouïro. 

Hèrbo dé las fèbres, s. f: Petite centaurée des prés à 
fleur pourpre, Centaurea centaurvïdes, Linn., de la fam. 
des Gentianées : c'était, avant l'importation du quinquits, 
le meilleur fébrifuge connu en Europe. 


Hèrbo dé las gnèiros, s. . Herbe aux puces, plantain 
des sables, Plantago psyllium, Linn., de la fam. des Plan- 
taginées. Pline le nomme simplement Psyllion. Les graines 
de cette plante, quand on les fait bouillir dans l'eau, 
donnent un mucilage abondant. 

Eèrbo dé les tâoupos, s. f. Jusquiame, et pomme 
épineuse. — Voy. Endourmidouïro et Darboussiètro. 

” Hèrbo dé las tétinos, s. j. Herbe aux mamelles, Lam- 
psana communis, Linn., de la fam. des Cumposées Chico- 
racées ou Synanthérées : amère, laxative, rafraichissante ; 
on s'en sert pour guérir les gerçures du sein, comme son 
nom l'indique : se mange crue, en salade, dans sa jeunesse; 
habite daus les lieux cultivés et les haies. 

Hèrbo dé l'énréiaduro ou dé l’énréiaje, s. f. Herbe 
à Gternuer, Achillea ptarnica, Linn., et Mille-feuilles ou 
Herbe au charpentier, Achillea millefolium, Linn., deux 
variétés d'Achillées, de la fam. des Composées Corymbi- 
fères ou Synanthérées. Les fleurs et les feuilles de la pre- 
mière, qui croit dans les prairies, mises en poudre, sont 
sternutaloires, La seconde, agreste, vivace, à fleur radiée, 


. est vulnéraire, astringente, résolutive et antihémorrha- 
gique. On s'en sert par application, après l'avoir écrasée 


et réduite en pâte comme un cataplasme. Son nom vient 
de cette propriété, parce qu'on l'applique fréquemment 
pour les piqüres que se font les bètes de labour avec le soc 
de ia charrue, réïo, ce qu'on appelle S’énréïa.—Voy. Énréïa. 

Eèrbo d'éstan, s. f. Girandole ou Lustre d'eau, Chara 
vulgaris, Linn., de la fam. des Naïadées : se trouve dans 
les ruisseaux et les eaux stagnantes : elle n’a pas d'usage 
connu. 

Hèrbo dé Nosto-Damo, s. /. Pariétaire. — Voy. Pa- 
nataïo. 

Hèrbo dé Sénto-Clèro, s. /. Chélidoine ou Éclaire, 
Chelidonium vulgare, Linn., de la fam. des Papavéracées. 
Cette plante rend un suc jaune, âcre, que l’on emploie 
pour détruire les verrues et les dartres: elle passe pour 
diurétique. apéritive, fébrifuge et anti-hydropique. Son 
nom du reste, qui est une corruption du mot Éclaire, est 
prétentieux et peu employé : on l'appelle habituellement 
Saladuègno, travestissement du mot Chelidonium, Chéli- 
doine. 

Hèrbo dé Sént-Éstève, s. f. Circée blanche, herbe de 
saint Étienne, herbe aux magiciens, Circæa alba, Linn. 
de la fam. des Onagrariées : plante grimpante, qui s'at- 
tache aux habits au point d'arrêter la marche d’un homme, 
comme le faisait Circée par ses enchantements. 

Hèrbo dé Sén-Jan, s. f. Caille-lait, jaune ou blanc, 
Gaillet jaune, Galium verum, Linn., de la fam. des Rubia- 
cées : dessicalive, astringente, vulnéraire et anti-spasmo- 
dique; ses sommités fleuries font cailler le lait : habite 
les prairies et les bords des champs. 

On la nomme aussi, mais rarement, Hèrbo ddou mèou 
(V. c. m.). Sauvages désigne aussi par le nom d'Hèrbo dé 
Sén-Jan, une autre plante, le Mille-pertuis, {ou Trascalan 





HT 403 


jéoune : il n'est pas impossible que dans d'autres contrées 
ou dans d'autres temps, le mille-pertuis n'ait été désigné 
ainsi; mais il est certain que les deux variétés ici connues 
de Caille-lait, jaune ou blanc, sont nommées Æèrbo dé 
Sén-Jan. 

Hèrbo dé Sén-Ro, s. f. Herbe de saint Roch, inule 
dyssentérique, Pulicaire, nula dysenterica,Inula Pulicaria, 
Linn., de la fam. des Synanthérées, deux variétés confon- 
dues dans le même nom lang. que l'on trouve sur le bord 
des eaux ou des fossés. Leur racine est mucilagineuse, 
d'une saveur âcre et amère. Le peuple les croit salutaires 
contre les maladies pestilentielles ou épidémiques, et c'est 
pour cela qu'il les place sous l'invocation de saint Roch. 

Hèrbo grépo, s. f., ou Tèro-grépo. Picridie, Pricri- 
dium vulgare, Scorsonera picroides, Linn., de la fam. des 
Synanthérées. On mange, en salade, les jeunes pousses du 
printemps. Elle est connue sous le nom de Laitue de lièvre, 
et habite les lieux pierreux, les vignes, contre les rochers. 

Hèrbu, udo, adj. Herbu, herbeux; où l'herbe abonde, 
où elle croit épaisse et drue. — Uno ribo hérbudo, un 
gazon épais, un talus de gazon bien garni. 

Héirita, v. Hériter; recueillir une succession ; succéder. 

Héiïritaje, s. m. Héritage; succession; patrimoine. 

Héiritiè, s. m. Héiritièiro, s. f. Héritier; héritière; 
successeur ; qui hérite. 

Dér. du lat. Heres, hæredis, m. sign. 

Hérmas, s. m. Augm. de Hèrme. Dim. Hèrmassoà. 
Lande, friche; terre vague et vaine, qui ne sert qu'au 
parcours des troupeaux. 

Dér. du lat. Eremus, désert. 

Hèrme, s. m. Mème sign. que Hérmas. — On dit un 
Hèrme et non une Tèro hèrme. : 

Hérû, s. m. Héros. — M. sign. qu'en fr. sans aspiration 
de l’h. — Quelquefois employé, mais pur franchiman. ” 

Héspitaïè, ièiro, adj. Habitant d’un hospice; hôte 
d’un hôpital. 

Héspitäou, s. m. Dim. Héspitalé. Hôpital; hospice où 
sont reçus les pauvres et les malades. Par ext. une maison, 
une chambre où se trouvent plusieurs malades ou même 
des personnes dolentes de la famille. — Héspitéou faï té 
bèl ! s'écrie-t-on quand on voit un prodigue marcher à sa 
ruine, et par suite à l'hôpital. 

Le n. pr. l'Héspitalé, qui est resté à plusieurs localités 
ou quartiers, n’est pas un dim. : il désigne une possession 
ancienne des chevaliers de Saint-Jean de Jérusalem ou de 
Malte, un domaine des Hospitaliers, qu'ils y eussent une 
maison ou simplement des terres. 

L'héspitou est encore le nom que donnent les enfants à 
un jeu de cartes qui ressemble beaucoup à la bataille. I ne 
serait pas étonnant qu'il y eùt là un souvenir des che- 
valiers hospitaliers, qui s'amusaient peut-être à ce jeu dans 
leurs loisirs, quand les cartes furent inventées. 

Dér. du lat. Hospitium, hospitalis, m. sign. 

Hétaro, s. m. Hectare, cent ares. —Voy. Sdoumado. 


404 HIR 


Héto, s. m. Hecto, cent fois plus que l'unité indiquée. 
Hétogramo, s. m. Hclogramme, cent grammes. 
Hétolitre, s. m. Hretolitre, cent litres. — Voy. Litre. 
Tous ces mots, appirlenant au nouveau système décimal, 
se sont introduits dans la langue, avec une légère modifi- 
catiun de prononciation imposée par son génie, et par des 
nécessités faciles à comprendre : ils sont donc languedo- 
ciens comme ils sont fr., c.-à-d. que le gr. les a tous fournis. 

Hièr, adv. de temps. Hier, le jour qui précède celui où 
l'on parle, la veille du jour où l'on est. — Dans ce mot, 
H est aspirée : on dit dé hièr et non d’hièr. Cependant on 
dit Dav.n-z-hièr et davan-hièr. Peut-être une suscepti- 
bilité d eu phonie a-t-elle amené ces adoucissements, comme 
exceptions à la règle géaérale : des exemples pareils se 
retrouvent en fr. 

Dér. du lat. Heri, m. sign. 

Himcà, s. /. Hu ueur, substance fluide dans les corps 
organisés: tumeur, concrétion d'humeurs; par ext. humeur, 
disposition du caractère, de l'esprit, du tempérament. — 
Féau mainja uno émino dé sâou énsén, pér counouïsse 
l'himoù Cas gens. prvb., on ne peul dire ami celui avec 
qui on n'a pas mangé quelques minots de sel. 

Dér. du lat. Fumor, m. sign. 

Himpoutéqua, ado, adj. Maladif; rachitique; qui a 
plusicurs maux à la fois; par ext. embarrassé, empètré. 

Il est évident que ce mot est emprunté au fr. qui l'avait 
pris du Jat., lequel le tenait du gr., et qu'il a toujours 
signifié ypothèque, ou affectation du droit d'un créancier 
sur les biens de son débiteur, comme garantie de sa 
créance. D: tout temps aussi il a existé des créanciers et 
des débiteurs; mais de tout temps la propriété immobi- 
Bière n'élait pas entre les mains du peuple, qui fait la 
langue, de iuanière à l’oblizer à employer un mot applicable 
à une situation très-accidentelle. Cependant, comme il en 
connaissait le sens et les effets, et que certains rapports 
étaient de nature à le frapper, il lui donna une acception 
elliptique, en le mettant au figuré plus souvent qu'au 
propre, et il le conserva pour désigner un individu frappé 
de divers nnux, affecté de différentes tares, par assimila- 
tion à l’homme frappi et épuisé d'hypothèques. C'est 
pour cela que notre définition à fait également de l’acces- 
soire le princinl, sins vouloir toutefois inéconnaître quo 
le sens fr., comme terme de droit et de pratique, ne soit 
aussi usité. 

Hiround, s. f Dim. Iiroundéto. Hirondelle, oiseau de 
Vordre des Passereaux et de la fam. des Planirostres. En 
lag. comme en fr. c'est un nom générique qui peut se 
donner à toute la famille, anis qui s'applique principale- 
ment à l'hirondelle dé chesninée ou domestique, Iirundo 
rustica, Linn. Elle a Ie frontet la gorge d’un marron roux, 
le dessus Ju 6rps entiérement noir à reflets violets, de 
ème sur la pohrine; ventre et abdomen d'un blanc terne 
ou roussitre. Elle est un peu plus grande que le Barbajôou. 
— Voy. c. m. 





HOC 


Dér. du lat. Hirunto, m. sign. 

Hisso! interj. Hisse! Pousse! Tire! Courage! Cri des 
manœuvres et manouvriers quand ils veulent soulever un 
fardeau de bas en haut, pour s'encourager et agir ensemble. 
C’est aussi l’encouragement qu’on donne à une personne 
qui grimpe: Æisso! qué t'hdousse / Grimpe, que je te pousse, 
dit-on, en faisant la courte échelle à qui grimpe, ou en le 
soutenant et le poussant par les jambes. à 

En bas-bret. Issar, pousser. 

Histouèro, s. f. Récit de faits : rarement, histoire, dans 
le sens relevé du fr., mais narration, conte; difficultés; 
façons; complications; chose, affaire. — Counta d'his- 
touèros, faire des contes, raconter des sornettes. Zou/ pas 
tan d'histouèros, allons! pas tant de façons, de lambine- 
ries, d'équivoques, d'embarras. Dé qu’anas cérqua d'his- 
touèros? qu'allez-vous inventer tant de choses, tant de dif- 
ficultés ? 

Dér. du lat. Historia. 

Hiuè, s. m. n. de nombre. Huit. — L’'H est aspirée. 

evant une voyelle ou une À, on dit Hiuèch. — És hiuèch 
houros, il est huit heures. A Hivèch ans, il a huit ans. 
D'hiuëï én hiu?, d'aujourd'hui en huit jours, en comptant 
le premier et le dernier jour. On compte ainsi d’un jour 
de la semaine au même jour de la suivante, d’un mardi à 
l'autre par exemple, quoiqu'en réalité il n’y ait que sept 
jours d'intervalle. 

Dér. du lat. Octo, m. sign. 

Hiuèï, adv. Aujourd’hui, le jour où l'on est, où l'on 
parle. — L’ZX est tantôt élidée, tantôt aspirée. On dit : Dé 
pan dé hiuëï, du pain du jour, et L'aï pas vis d'hiuët, je 
ne l'ai pas vu d'aujourd'hui. Hiuèï fai hiuè jours, il y a 
aujourd'hui huit jours, c.-à-d. il y a sept jours de cela; 
car, dans le comput, on compte le premier et le dernier 
jour (/Voy. Iliuè). — Sémblo tout hiuèï, il est énorme, 
gros comme un tonneau; long comme un jour sans pain. 
D'hiuèi én foro, dorénavant. 

Dir. du lat. Hodiè, m. sign. 

Hivèr, s. m. Hiver; saison la plus froide de l’année, 
commençant le 22 décembre selon le calendrier et finissant 
le 22 mars. 

Dér. du lat. Hibernus venu de Hyems. 

Hivérna, vw. Hiverner; prendre ses quartiers d'hiver; 
choisir un local ou une contrée plus chauds pour y passer 
l'hiver; passer l'hiver. — Hivèrno bièn aquést'an, Vhiver 
est rude et long cette année. 

Hivérnaïre, s. m. Pourceau de l’année, ou de l'année 
précédente, qu’on entretient seulement pour l’engraisser et 
l'égorger l'hiver suivant. 

Hivérnaje, s. m. Hivernage; quartier d'hiver; saison 
d'hiver: provisions de bétail en hiver. 

Hivèrnén, énquo, adj. D'hiver; plantes potagères ou 
fruits d'hiver. 

Hocho, s. f. Clavette en fér qui retient l’essièu dan D 
moyeu d’une roue de voiture. 





ni. d 








HOU 


_ Homo, s.m.Dim, Héuméni; augm. et péj. Hdouménas. 
Hume, être humain du sexe mâle; mari.—S'emploie 
du reste comme dans le fr. et dans presque toutes les 


mèmes acceplions. — Moun home, ou mieux Nosl'home, 


dit une femme en parlant de son mari. Ës un bon home, 
c'est un bon ouvrier; c'est un homme fort, robuste, adroit. 
Et b:! moun home, de qué dises de ndou? Eh bien! mon 
cher ami, que contes-tu de nouveau? Faïre dé soun home, 
se vauter, faire le vaniard, jouer l'homme fort ou l'homme 
valcureux ; se donner du galon. Vous dounarcï mièjo pér 
home, je vous donnerai uv lite de vin par tête. Jouin- 
home, garçon, jeune. howme / Voy. ©. m.). Un brav'home, 
un honnête hoinme. À gasta trés homes, elle a eu trois 
maris, où mieux, elle est veuve du troisième. Voué l'home! 
Holà hé! un tel... crie-t-on pour appeler un homme £'ont 
on ignore le nom. Vous, sès moun home, vous êtes l'homme 
qu'il me faut. Véndraï “éman émbë moun home, je vien- 
drai demain avec mon compagnon, mon associé. Aqud's un 
home, Voilà qui est un homme! És adija un home, ce 
n'est plus un enfaut, il a grandi et a pris la raison d'un 
homme. Maïs, visès bé, moun pépur'hime, mais vous 
vous Voyez bien. mon ami. Aë/ péur'home, ah! pauvrecher ! 
És lou co cé fu l'home, Cest le moment de se montrer. 
Fagrè l'home, il fit voir qu'il avait du cœur, du courage. 

Dér. du lat. Homo, mi. sign. 

Horamén, a{v. Horriblement; cruellement; beaucoup. 

Dér. de Ilore. 

Hore, h:ro, adj Affreux; horrible; vilain; laid; abo- 
minable. — Zas horos de Malatavèrno, cst le sarnom 
ancien donné à Malataverne : comme il se pratiquait dans 
le moyen-âge de village à village. S'appliquait-il aux 
femmes de cette localité, ou bien à quelque particularité 
de site, de choses quelconques? Nous ne prenons aucune 
responsabilité sur celte origine. — Vo. Éscaïnoun. 

Dér. du lat. Horror, horreur, effroi. 

Hort, s. m. Jardin potager. 

Ce mot est du haut raïol. — Quan la cabro sdouto pér 
hort, sé lou cabrà ly sduto n'a pas tor, prvb., quand les 
pires où mères donnent mauvais exemple, si les enfants 
“ourneut mal, la faute en est aux parents. 

Dèr. du lat. Hyrtus, w. sign. 

Hosto, s. m. Au fon. Howsésso. Hôte, hôtelier; auber- 
giste; cabaretier; logeur. 

Dér. du lat. Husper, hosp'is. 

”  Hounèstamën, av. Inaètement; PAARRRIER ; : 
avec civililé, avec politesse, 

Empr. au fr. 

Hounèsto, èsto, a ‘j. Hinaële; poli; bienséant. 

Hounèst$ta, «. f. Houaèloié, politesse, civilité:; présent 


fait par conveunnce: prévenances. — Mé fuguè fogo hou- 


nèsteias, 11 ou elle me fit Free politesses . 
Ces trois mots, bien que reproduits du pur latin, ont 
une nuance Lrès franchmande, qui les fait mettre en 


réserve par le vrai languedocien. 





HUR 405 


Hounoù, s. m. Honneur; probité; réputation; bonne 
renommée. 

Dér. du lat. Honor, m. sign. 

Houro, s. /. Dim. Houréto. Heure; douzième partie du 
jour. — Midj'houro, demi-heure. D’houro-én-lux, doréna- 
vant; à parür de ce moment. Quan piquo d'houro:? Quelle 
est l'heure qui sonne? Quan és d’houro? Quelle heure est- 
il? Y-a pértout uno houro ou uno lègo dé michan cam, 
prvb., chaque entreprisé à ses difficultés, chaque position 
ses embarras, chaque profession ses désagréments, chaque 
affaire son mauvais côté. Li vdou d'aquést’houro, j'y vais 
de ce pas. D'aquést'houro soun gandis, à présent ils sont 
arrivés. Vésiè pas l'houro et lou moumén dé parti, il brülait, 
il trépignait d'impatience de partir, Dinc un'houréto vène, 
dans une petite heure j'arrive. À quant’houro ? à quelle 
heure? Qu'houro? Quand? contr. de À quanto houro.—Voys 
Couro. 

Dér. du lat. Hora, m. sign. 

Hourtéto, s. f. Potage maigre aux fines herbes. Dans 
un pot d'eau, où l'on met cuire une petite poignée d'oseille, 
d'épinards, de cerfeuil, hachés à grands coups, et que l'on 
assaisonne avec du sel, et, quand on veut mieux faire, 
avec un peu de beurre, on délaie, au moment de servir, 
un ou plusieurs jaunes d'œufs, et l'on verse le tout sur 
des tranches de pain très-minces arrosées d’un peu d'huile : 
telle est la recette. 

IHourtéto devrait se dire jardinière; car ce mot vient du 
lat. Hortus, jardin. 

Hourtoulaio, s. f. Toute sorte de légumes frais; her- 
bes potagères ; hortolage. 

Dér. du lat. Hortulus, dim. de Hortus. 

Houstésso, s. f. Hôtesse, femme de Vhôte; aubergiste; 
cabaretière. — Voy. Hoste. 

Houstio, s. /. Hostie, pain consacré ou qui est destiné 
à l'être; mais plus communément, pain à cacheter, à 
cause de sa ressemblance avec le premier. 

Dér. du lat. Hostia, m. sign. 

Huitanto, n. de nombre. Huitante, quatre-vingts. 

Dér. du lat: Octoginta, m. sign. 

Eupo, s. /. llouppe; huppe; crête; col. — Ne se prend 
guère cependant en ce sens que dans la phrase suivante : 
Po pas léva l'hupo, il ne peut remuer ni bras, ni jambes, 
bouger ni pieds, ni pattes ; mais s'emploie aussi interjec- 
tivement : Hupo lenlèro! dit-on à un enfant en le soule- 
vant en l'air pour le faire sauter entre les bras. 

A peu près l'interj. Houp! en fr. — En armoricain, 
Iopa signifie Aller. 

Hur, s. m. Hour; bonheur; bonne fortune; heureuse 
chance. 

Dér. du lat. Hora, heure, parce que les anciens admet- 
taient les heures prospères et les heures funestes, qui, en 
lang. et en fr., se sont caractérisées par l'épithète, à la 
malo houro, à la mal'heure, à la bon’houro, à la bonne heure . 

Hurois, ouso, alj. Ileureux; qui a du bonheur; qui 


406 I 


jouit du bonheur; qui donne le bonheur, qui ÿ contribue ; 
qui est de bon augure. 

Hurousamén, adv. Heureusement; par bonheur; d’une 
manière heureuse. 


I, s. m. I, troisième voyelle et neuvième lettre de l'al- 
phabet. 

Cette voyelle est de toutes la plus harmonique et la plus 
déliée; c’est pour cela sans doute que, par un raffinement 
d’acoustique, dans ces trilles mélodieux, particuliers à 
notre seul idiome, où doivent se faire entendre trois sons 
distincts en une émission de voix, dans toutes nos triph- 
thongues, l’i est comme la base de l'accord et se trouve 
tonjours le premier : iaï, idou, üèï, téou, idou, iuè. Sa 
combinaison avec les autres voyelles ou avec les conson- 
nes, le rôle qu’il joue suivant la place qu’il occupe, font 
varier son intonation, ou pour mieux dire sa mesure pro- 
sodique; il devient dès lors plus nécessaire de marquer ces 
nuances de tons ou de quantité par des signes distincts. 

Notre langue d'Oc, musicale avant tout, si délicate 
d'oreille et d’accent, a besoin d'être solfiée pour être com- 
prise; c'est donc à son orthographe qu'il appartient d’in- 
diquer nettement la valeur de chaque note et presque de 
chaque lettre, surtout de chaque voyelle, car pour elle il 
n’y a pas, comme en français, de sons muets. Cette diffé- 
rence est essentielle à rappeler au sujet de la lettre I. 

En français, l'E qu'on nomme muet, reste en effet com- 
plètement sourd et inarticulé : à la fin des mots, il ne se 
fait pas plus entendre que s’il n'existait pas, et la voix 
appuie sur la lettre ou la syllabe qui le précède. Au con- 
traire, nos idiomes du Midi n’admettent, à proprement 
parler, aucune syllabe muette : l’I terminal lui-même, la 
voyelle la plus fluide, se fait toujours sentir, plus légère- 
ment là où il n’est pas tonique, mais il ne s’efface jamais 
à la prononciation, non plus que l'E, même sans accent. 
Aussi peut-être conviendrait-il mieux d'appeler ces syl- 
labes brèves que muettes, ou de les distinguer en fortes ou 
faibles, en féminines ou masculines. Ce sont au moins ces 
degrés de force ou de faiblesse, d'ampleur ou de ténuité 
qu'une exacle notation par les accents doit indiquer; car 
leur observance est devenue une des conditions indispen- 
sables de la vraie prononciation comme de l'intelligence 
et du sentiment mélodique de la langue. Après tout ce qui 
en a été déjà dit, nous insistons sur ce point pour faire 
mieux comprendre l'importance des signes employés qui 
modifient le caractère de la voyelle où ils apparaissent et 





I 


Hussiè, s. m. Huissier, officier de justice qui ajourne, 
fait les significations et fait la police de l'audience. — En 
bon languedocien, on dit mieux Sarjan, sergent: Hussid 
est un empr. au fr. Huissier. 


l'impressionnent de la valeur spécifique qu'elle doit prendre: 
nous nous arrêtons sur l’Z, qui est la voyelle la plus fré- 
quente, pour étudier de plus près ses diverses positions. 

L’I dans un mot, entre deux consonnes, garde con- 
stamment le son naturel qui lui est propre : binlo, difi- 
cinle, rasin, trin. A la différence du français, qui le con- 
vertit le plus souvent en en, il se prononce comme dans 
inique, innocent, immense. 

A la fin des mots, s’il forme à lui seul la syllabe, avec 
ou sans s signe du pluriel, il est tantôt bref et tantôt long, 
c.-à-d. tonique ou muet, masculin ou féminin. Il est bref 
dans Zaguis, chari, charis, grèpi, céméntèri, sètis, ordi; il 
est long dans bégu?, matà, cami, camis, loup}, émpéri, 
éspavourdà, etc. Dans ce dernier cas, nous le marquons 
d’un accent grave pour appeler sur lui le repos et l’insis- 
tance de la voix; tandis que, dans le premier exemple, 
nous le laissons simple, parce que l'absence d’accent l'as- 
soupit et le rend bref, la tenue se faisant sur la syllabe 
antécédente. 

Un peu plus de précision est nécessaire alors qu’il s'agit 
de diphthongues, et pour le cas où l’i se trouve en contact 
avec des voyelles qui ne doivent pas faire alliance avecJui. 

Nous venons de voir qu'il se place toujours en tête des 
triphthongues; nul besoin de Jui donner là un signe spécial. 
Mais pour les diphthongues, au commencement, au milieu 
ou à la fin d'un mot, l'I qui s'allie d’ailleurs avec toutes 
les voyelles, est premier ou dernier. Or, les voyelles À et 
U exceptées, parce qu’elles sont graves et pleines de leur 
nature, toutes les autres, y compris la composée au, peu- 
vent être masculines ou féminines, sonores ou muettes; 
leur qualité ne dépend que de l'accent, 

Quand l’i précède une voyelle accentuée quelconque, il 
est sonnant, mais faible et l'effort de la voix est entrainé 
par l'accent. Aussi en écrivant mi, bièn, piéla, fio, bioùlé, 
nous indiquons deux sons qui n’en font qu'un, mais où 
le dernier est dominant, et celui donné par l’i naturel est 
presque éteint et confondu dans la voyelle sonore et mar- 
quée. Par voie de conséquence, si la voyelle que l'i simple 
précède, n’est point elle-même accentuée, la liaison qui se 
fait ne change pas son caractère de syllabe féminine, et les 
deux sons diphthongués sont pour ainsi dire égaux. Ainsi 





réndie, que je rende; véndie, que je vende; glorio, gloire; 
borio, ferme; énsarios, paniers de bât; gripio, crèche; 
bèstios, bêtes; etc.; les désinences ie et io, privées d'accent, 
sont féminines, et, voyelles diphthonguées, se prononcent 
d'un jet avec leur valeur normale. Il en est autrement 
dans les terminaisons en mêmes lettres réndiè, rentier; 
éscarid, traitre; pid, dindon; caf, chenet, etc., qui por- 
tent avec l'accent la force du son sur la seconde 
voyelle. 

Lorsque l'inverse se présente dans la diphthongue, c.-à-d. 
que l'i termine la syllabe, pour éviter tonte confusion avec 
“le français, qui a des combinaisons graphiquement sem- 
blables sans les diphthonguer, il convenait de revêtir l'é 
d'un signe spécial qui, sans rien ajouter au son naturel, 
permit cependant de le distinguer en ne transformant pas 
la syllabe en une voyelle composée. Une seule exception 
a été faite pour cinq ou six mots; elle est expliquée à l'art. 
Ai. Nous avons donc orthographié pantaï, rèï, créï, créire, 
vêtre, galoï, souï, elc., pour avertir que la tonique repose 
sur la voyelle qui précède li, en l'appelant néanmoins à 
ellé pour n’en faire qu'un son. 

L'i, au commencement de la diphthongue formée par la 
composée ou, n'a pas à suivre d'autres principes que ceux 
applicables aux voyelles non accentuées, et par là même 
féminines, comme énténdiou, qu'ils entendent, véndiou, 
qu'ils vendent, counéissiou, qu'ils connaissent, pérmétiou, 
qu'ils permettent, etc. Mais, avec la mème composée ou, 
il entre souvent dans une diphthongue essentiellement 
masculine, et il devient très-tonique et long; par ex. dans 
Diou, miou, siou, tiou, léssiou, liouro, éscrioure, etc. Ce 
caractère plus marqué, nous le notons d’un accent circon- 
flexe, qui oblige à prolonger plus longuement le son. 

Enfin, à cause de la multiplicité des cadences sonores 
qu'affectionne notre langue, l'Z se prodigue volontiers 
entre les voyelles simples et les diphtongues et il en adoucit 
le contact. Cette position est des plus difficiles à figurer, 
parce que lé impressionne en même temps d'une mouillure 
la voyelle qui le précède et celle qui le suit. La clarté de 
là vocalisation exige alors une marque particulière qui 
isole les syllabes et permetle de les scander sans confusion : 
c'estle tréma sur l'x qui remplit cet office. Le tréma est 
d'une nécessité absolue pour indiquer cette séparation : 
sans lui les voyelles qu'il précède ne manqueraient pas de 
se lier avec celles qui ne doivent pas faire corps ensemble, 
et il serait impossible de se reconnaitre, d’épeler et de 
prononcer cerlains mots tels que vidout, giroflée; tdouïo, 
“banc de pierre; rouïdou, royal; raïdou, rayol ; viéio, vieille : 
- en s'interposant, là tréma établit la distinction des syllabes , 
détache chaque partie du mot par une mesure presque 
insensible et lui sert en même temps de liaison. Cet effet 
se sinplifie lorsque l'? tréma se place entre deux voyelles 
simples dont la seconde est diphthonguée, comme païo, 
_joïo, céiè, cuïè : là toutes les lettres sonnent séparément 
pour ainsi dire, seulement x, qui se fait sentir, ne forme 








L 407 


pas une syllabe, mais adoucit la voyelle qui le suit en 
mouillant sa consonnance, et en lui laissant son caractère 
masculin ou féminin suivant qu’elle a ou non l'accent. 

Enfin, notre dialecte a une sorte d’J initial, qui produit 
le même effet sur la syllabe précédente que l’Æ aspirée, et 
que pour cela nous nommerons Z aspiré. Quelle que soit 
la voyelle qui le rencontre, muette ou tonique, il n'y a pas 
d’élision et point d'hiatus avec elle : la consonnance placée 
avant lui ne fait pas non plus de liaison. 

Quelques exemples feront mieux comprendre cette sin- 
gularité : on dit dé iuèn, de loin, lou ian, le lien, èro iéou, 
c'était moi; quatre iards, quatre liards; un iè, un lit; uno 
téchoto, une couchette; et l'on ne peut prononcer d'iuën, 
l'ian, èr'iéou, quatr'iards, un'iè, un'iéchoto, etc. 

Quand nous en viendrons à étudier les élisions et les. 
syncopes, nous signalerons d’autres cas également curieux, 
qui s’éloignent des règles établies dans la prosodie française, 
et que chez nous l'usage a adoptés et consacrés. Pour le 
moment, nous avons à dire que cette bizarrerie nous 
semble tenir à l'étymologie des mots cités en exemple et de 
leurs consorts. En effet, iuèn, iard, ian, ié, et les autres 
viennent du français loin, liard, lien, lit; dans quelques 
localités, d'où s’est inspiré Sauvaces, on leur conserve 
encore l’L initiale, qui disparait complètement dans notre 
dialecte local; mais comme on croit encore sentir sa pré- 
sence, l'oreille et l'usage se refusent à la liaison ou à l'éli- 
sion de la syllabe précédente. 

Cependant le mot iéou est comme une exception dans 
l'exception elle-mème. Mais aussi est-il bon de remarquer 
le chemin qu'a suivi notre langue pour arriver jusqu'à la 
forme actuelle dans les versions dialectales usitées et sou- 
vent très-diverses. Il est probable que nous avons du dire 
et écrire Jou et Jéou, comme font encore quelques-uns de 
nos voisins, et cela à cause de la confusion dans l'alphabet 
du J ou Z consonne avec I voyelle, et aussi parce que le 
pronom venu du lat. Ego, passé dans le fr. Je, avec le 
changement du G dur en G doux ou J, avait apporté cette 
modification dans le languedocien. Ces deux motifs ont 
influencé certainement l'orthographe et la prononciation, 
et ont fait maintenir l’aspiration. Elle ne peut pas être 
figurée, mais personne ne s’y lrompera; ici l'oreille, le 
goût et l'usage sont souverains, et il n’y à point de heurt 
choquant dans ces rencontres que la nature même de notre 
voyelle explique et justifie : Émbé téou, tus et iéou, sont 
aussi doux et aussi faciles à articuler que Lou iè, un for 
tan, uno iéchoto; sans hiatus, sans rudesse, l'i se main- 
tient de même qu'il le fait en poésie, où on l'entend et où 
il ne compte pas dans la mesure et le nombre des pieds. 
La prose a le mème privilége et dit par ext. : lou cémen- 
tèri és bèl ; lou chari anavo plan, où en scandant on trou- 
verait sept sons divers, mais qui ne formeraient que six 
temps, à cause de l'élision insensible. Ce ne sont pas des 
licences de poètes que le quidlibet audendi absout, mais la 
prose elle-même, comme on le voit, en use sans hésiter, 


408 IBR 


par le seul sentiment inné et harmonique de sa diction 
ordinaire. 

I ou Li, pron. relat. et adv. Lui, à lui, à elle; y, là, à 
cela, en cela. — I dounère, je lui donnai. Z diguës, vous 
lui dites. Moustras-i, montrez-lui. Anas-i, allez-y. Fdou à 
gasu, il faut passer par là. Qué vos à faire? que veux-tu 
faire là, à cela? 

Dér. du lat. Zi, ou du datif de Jlle. 


I! inter. Va! en avant, marche! c’est le cri avec lequel 


on excite l'allure d’un cheval et particulièrement d'un âne. 

Impératif pur lat. du v. re, à, va. 

Ja, »., pour Lia, Lier, mettre un lien; serrer avec une 
corde, avec un lien quelconque; joindre; unir; engager, 
au pr. et au fig. 

Dér. du lat. Ligare, m. sign., ou du fr. Lier. 

Taïre, s. m. Au fém. faïro. Lieur de gerbes, de fagots; 
enjaveleuse, femme qui lie les gerbes, les sarments, etc. 

Ian, s. m. Lien, cordon ; scion d’osier qu'on tord pour 
lier des fagots; tout ce qui sert à lier. — Un ian dé 
rasins, plusieurs grappes de raisins réunies en faisceau par 
un lien, qu'on suspend au plancher pour les conserver en 
hiver. 

Dér. du lat. Ligamen, lien. 

Iard, s. m. Dim. Zardé. Liard, petite monnaie de cuivre 
valant trois denicrs. — Un iardé, un pauvre petit liard, 
la plus chétive aumône. Féou pas régarda dou dariè iard, 
il ne faut pas regarder le dernier denier, c.-à-d. il faut ètre 
coulant en affaires et ne pas s'arrêter à une misère de dif- 
férence sur un marché. 

Il est bien entendu que le d final, qui ne se prononce et 
ne se lie jamais, n'est conservé que pour l’étymologie et 
en faveur des composés qui le reproduisent. 

Les savants ne sont pas d'accord sur la dérivation de ce 
mot. Ménage, Génin, Ampère y voient un nom propre, 
celui de l'inventeur de cette piécette, en 1430, Guigues 
Liard, d’une famille de Crémieu en Dauphiné, où les dau- 
phins de Viennois, dont un, Humbert II, avait été sci- 
gneur d’Alais, battaient monnaie. D'autres prétendent que 
la fabrication des liards remonte au temps de Philippe le 
Hardi, et prit de lui son nom. Quelqjues-uns pensent que 
cette monnaie a été ainsi appelée de argentum arsum, 
argent brülé, noir, {i ars, à cause de sa couleur et par 
oppsition à celle qu’on nommait Z blancs, les blancs, au- 
tres pièces de couleur blanche. On a invoqué le basque qui 
dit Ardita, sorte de monnaie de valeur aussi de trois 
deniers. 

“Tardäou, s. m. Don du prix d'un liard; maigre et mince 
libéralité. 

Tardéja, v. Liarder; se faire payer les plus petites frac- 
tions du prix d’un marché; marchander minutieusement; 
demander l'aumône. 

Ibrougno, a1j. des deux genres. Ivrogne, ivrognesse; 
qui est ivre d'habitude. 

Dér. du lat. Ebrius, ivre. 





I 


Idèïo, s. f. Dim. Flèïélo; péj. Kdéïusso, Idée; pensto 
réfléchie, méditée; dessein; envie; projet; représentation 
qu'on se fait d’une chose existante ou chimérique; imagi- 
nation; conception; parcelle, molécule, brin, petite quan- 
tité de quelque chose. — Aqud's moun tdio, c'est là mon 
idée arrêtée; ma volonté précise; ma manière de voir. A% 
idèïo d'aquélo fio, j'ai des vues matrimoniales sur celte 
jeune personne. Aï bièn idéïo dé y-ana, j'ai grande envie 
d'y aller. Quinto idéïo té prèn ? quelle ité», quel projet vous 
est venu là? A idèïo qué..., je présume, je pense, j'ai dans 
l'idée que. Uno iditéto d'oli, dé vinaïgre, dé jiouvèr, une 
goutteleite d'huile, un filet de vinaigre, une pincée, un 
tantinet de persil. Zdèïassos, mauvaises pensées, projets 
déshonnêtes. 

Dér. de lat. Idea, m. sign. 

Idèïoës, ouso, a’j. Faiseur de projets, chercheur do 
plans; fantaisiste; capricicux. 

Idoul ou Idoula, s. m». Hurlement du loup; cri plaintif 
du chien. 

Dér. du lat. Ululatus, m. sign. 

Idoula, v. Hurler; pousser des cris plaintifs, des gémis- 
sements. 

En bas-bret. Yudal, m. sign. 

Idouleïre, aïro, a. Pleurard; qui hurle; qui geint. 

Iè, ièiro, suflixes. 

Nous rapprochons à dessein ces deux désinences à cause 
de leur communauté d'origine, et bien que la seccnde ne 
soit pas toujours le féminin de la première. Elles provien- 
nent du suffixe latin Arius, aria, arium; et sont expri- 
mées en français par ter, ière. Une loi de notre orthogra- 
phe nous fait supprimer la finale r qui ne se prononce pas 
et qui a dû cependant exister dans le principe; le fr. la 
maintient sans la prononcer non plus; et il se prive, 
comme le provençal, de l’adoucissement de li euphonique 
sur la féminine. 

Le suffixe iè, dont il est ici question, ne doit pas être 
confondu avec une autre finale en ie, très-commune aussi, 
et issue du lat. Aria ou Eria. Ceile-ci ne s'attache qu'à des 
subst. fém. et reproduit invariablement dans son intégrité 
son généraleur latin par Arie, que le français rend par 
Erie. Elle désigne la profession, le métier, le lieu où 
s'exerce l'industrie, où est établie la corporation exprimée 
par le radical; à ce titre elle était appelée à fournir bien 
des noms de rues et de quartiers, an moyen-âge; elle 
marque encore un exercice habituel, répété de la profes- 
sion, la fréquence de l'action avec une sorte d'idée de 
petitesse, de détail spécial amoindri. En voici quelques 
applications diverses : Drapariè, Bouguariè, Fabrariè, 
Téïssariè; Boulanjariè, Révéndariè, Manjarié; Bésuqua- 
ri, Néciardariè, Gusariè; etc.: Draperie, Bouquerie, Fa- 
brerie, Tisserie; Boulangerie, Revenderie, Mangerie; Niai- 
serie, Gueuserie, etc. ; À 

Au contraire, la terminaison ie de cet article est _atta- 
chée à un subst. masc, et en fr. elle est représentée par 





IË 


ter ou er. Elle sert à désigner, au lieu du métier, de l'état, 
celui qui l'exerce; non pas l'action elle-même, mais celui 
qui agit, comme-Capéï?, Saraïè, Téissiè, Sabatiè, Tounaïè, 
Éscloupiè, Carétiè, Drapiè, Télatiè, ete.; et encore la fonc- 
tion, l'usage, l'emploi de la chose, Candéiè, Éscaïé, Bénitiè, 
Pasto-mourtiè, ete.; la réunion, l'habitation des êtres ou 
des objets indiqués par le radical : Couloumbiè, Pijougné, 
Poulaï, Viviè, Fruitiè, Païè, etc. Elle marque dans ce der- 
nier sens, la collectivité, l'ensemble de certaines choses 
réunies, le lieu où elles se trouvent et ce qui les produit, 
arrivant par là naturellement à former des noms d'arbres, 
de fleurs et de plantes; exemples : Apiè, rucher, Abéïe, 
troupeau, Canéiè, cannaie, Boutéiè, semis de courges, 
Plantiè, plant de vignes; Plantouï?, semis d'oignons, de 
choux, de poireaux, pépinière de châtaigniers, de müriers; 


_ Périè, gésier, à cause des petites pierres qui le remplissent, 


et Grdouséiè, Rousiè, Giroufliè, Dindouïè, Nouguiè, Cou- 
gourliè, Ldouriè, Majoufè, Bélicouquiè, Aménliè, Casta- 
gné, Ouliviè, Fiquiè, etc. 

On peut mème remarquer que, dans beaucoup de ces 


* dernières désignations, c'est la forme neutre Arium qui a 


servi de base : Columbarium, Vivarium, Apiarium, Rosa- 
rium, et autres. Le masculin Arius a cependant fourni le 
plus grand nombre. 

Notre désinence iètro, en fr. ière, qui provient du lat. 


- Aria, Eria, au fém., et se montre souvent au plur. Ariæ, 


Eriæ, Ièiros, Ières, a des rapports naturels avec le masc. 
Arius, et par suite avec la finale 70. Comme lui, elle est 
entrée dans beaucoup de noms propres de lieu; car sa fonc- 
tion est de désigner les endroits de réunion de certains 
animaux, les quartiers abondants en certains arbres ou 
plantes, en objets particuliers de certaine nature, les ate- 
liers où se rencontrent certains travaux, ouvrages ou pro- 
duits fabriqués ou exploités. Dès lors, les dénominations 
collectives de tout ce qui se fait remarquer en masse, en 
pluralité comme ensemble, comme production, devaient 
être marquées à ce signe. Dans ces différentes catégories 
de dérivés, c’est à ceux qui sont restés noms propres de 
quartiers que nous nous attacherons de préférence, en 
citant surtout les appellations locales, et en rappelant 
quelques analogies. Ainsi, la Cabriètro, Capraria, les 
chèvres; las Galignèiros, Gallinariæ, les poules; la Gra- 
nouièiro, Ranuncularia, les grenouilles; la Loubièiro, Lu- 


-pariæ, Louvières, Louviers, les loups; la Réinardièiro, la 


Renardière, et Véoupéiètro, Volpelière, les renards; la Ta- 
bagnèïro, les frelons; la Tartuguiètro, les tortues; Va- 
quièiras, Vaquières, Vaccariæ, les vaches, etc. 

Las Avignèïros, Avenariæ, les avoines; la Blaquiètro, 
la Blaquière, la Blachère, de Blaquas — Blaquarédo: las 
Bouïssiètros, Buæeriæ, les Buissières — la Boissière — 
Bussières — Bouïssounargue, Bouïssonargues ; Broussièiros, 
Brogariæ, — las Broussos — Broussoùs — Boussargue, 
Brossanicæ, les Bruyères; Canabièiro, Cannetum, Cane- 
bière; Canéiè, Cannaie, les roseaux ; Évuzièiro, Helzaria, 





IGN 409 


Elzière, Euzière, de Elze, Iex, chènaie, les chênes; Fal- 
guiètro, Féouguièiro, Falguière, Falgère, Faugère, de Fdou, 
Fagus, hêtre, Foutaie, les frènes; Jounquiètros, juncariæ, 
Jonquières — Jonchères, les joncs; Nouziètro, Nuxerie, 
Nozières, Nougaré — Nougarédo, Noyelle = Noueilles = 
Nouguiès, de Nouguiè, de Nux, nucis, noix, nose, nouse, 
les noyers; la Rouvièiro, Roubière, Rouvière, Roveria = 
Rouvéiran — Rouvéiréou, Rouveirol, dim. — Rouvéira, 
Rouveirac = Rouvéirolo, Rouvayrolle, de Robur, Rovariæ, 
les rouvres, etc. 

Aourièiros, Aureriæ, les Aurières, — Aureillac, Auril- 
lac — Auriasses = Auriols, Aurioul, dé Aurum ou Aura; 
l'Argéntiètro, Largentière, = Argentan — Argental = Ar- 
genson, de Argentum; Gipièiro, platrière, de Gipsus, le 
plâtre; Mouiëiro, Molieyrie, Molière — Moulières, Molerie, 
= Moulézan = Moulézargues — Molariæ, les meulières, 
les moulins, les terrains bas, détrempés, arrosés d'eaux ; 
Péirièros, Perrières = Peyrouse = Peyrolles, Peyrols — 
Queyrières; Cadrariæ, — Carrières = Clapières, Clip- 
pariæ, de lapis, lat., de Cair, Cairn, celt., des pierres; 
Poulvièïiros, Polvières, Polvereriæ, — Polveriegras, Pol- 
veriès, de Pulvis, les poussières; Sablièiros, Sableriæ, les 
sablières — Sablons — Sablonières, de Sabula, les sables ; 
Téouiéiro, Tegulariæ, = Taulières, la Teulière — Tuileries, 
les tuiles; Vérièiro, Vedraria, une verrerie, etc. — Voy. 
Léngo, Rouman. 

Iè, s. m. Dim. Jèché; augm. Jèchas. Lit, meuble pour 
y coucher, y dormir; lit d’une pierre, côté sur lequel elle 
repose dans la carrière; couche de quelque chose super- 
posée à une autre; en anatomie, arrière-faix ou placenta. 
— Soubre-iè, ciel de lit. Zè courédis, lit à roulettes. Lou 
iè ou porto tout, le lit est un spécifique excellent, dit-on 
à un ivrogne qu'on engage à se coucher. 

Dér. du lat. Lectus, m. sign. 

Ièchoto, s. f. Dim. de Ze. Petit lit; couchette. 

Ièl, s. m”. Dim. Jèïé; augm. Ièïas. OŒil, yeux, organe 
de la vision; vue. — À mous ièls vésens, à ma vüe, sous 
mes yeux, à mon nez. À visto d'ièl, à vue d'œil, à première 
vue. La pruno dé l'ièt, la prunelle. Hdou d'ièl, mal aux 
yeux. Li tombo un ièl chaquo co qué dis uno vérita, amaï 
n'és pas borgne, il perd un œil à chaque vérité qu'il dit et 
il n'est pas borgne. Jè! dé bidou, œil de bœuf, jour en 
forme de segment de cercle ou de demi-lune, dont on 
éclaire un escalier, un grenier, etc.; lucarne. 

Dér. du lat. Oculus, m. sign. 

Iéou, pron. pers. Moi, et non pas je. — Ce dernier pro- 
nom, ni un analogue, n'existe pas en languedocien, cha- 
que verbe s'y conjuguant sans les pronoms je, tu, il, etc. 
— Noun faraï iéou, non ferai-je moi. És iéou, c'est moi. 
Jéou tabé, mieux que fambé, moi aussi, moi de même. 
Iéow tapdou, mieux que tant pdou, moi non plus. 

Dér. du lat. Ego. À 

Ignoura, v. Dédaigner; ne faire aucune attention à 
quelqu'un, comme s’il n'existait pas, ou si l’on ne se 


410 100 


doutait pas de son existence; mépriser. — Vous ignore, je 
ne sais qui vous êtes. 

Dér. du lat. Jgnorare, ne pas savoir. — Le subst. ou 
l’adj. formés en fr. de Zgnarus, in privatif et gnarus, igno- 
rant, ne sont pas admis en languedocien. 

Imaje, s. m. Image, estampe; gravure enluminée, à 
sujet religieux ou profane. — Planta coumo un imaÿe, 
immobile comme une statue. 

Dér. du lat. Imago, m. sign. 

Ime, s. m. Idée; sens; discernement; imagination; 
jugement. — A bèl ime, approximativement, à vue de 
pays. Avès bén ime qué.…, vous pensez bien que... Aï pas 
gés d'ime d’aqud, je n’ai aucune souvenance de cela. At 
pas ime d'y ana, je n’ai aucune envie d'y aller. Travaïa 
d'ime, travailler de tête, d'imagination; faire un ouvrage 
sans modèle et sans leçon. Avièï ime qué véndrias, j'avais 
un pressentiment de votre venue. Achata à ime ou à 
bèl ime, acheter sans mesurer, par estimation ou plutôt 
par approximation. M'én'a douna sans ime, il m'en a 
donné sans mesure et sans raison. 

Abréviation du lat. Animus, esprit. 

Imouï, imouïisso, adj., ou Moui, mouisso. Humide; 


moite ; légèrement imbibé d’eau; trempé par la brume ou 


le serein. 

Dér. du lat. Humor. 

Impoquo, s. /. Empèchement; pierre d’achoppement ; 
accident fâcheux qui entrave, qui arrête ce quiestcommentcé. 

Incan, s. m. Vente de meubles à l’encan, à l’enchère. 
—Voy. Éncan, m. sign., m. étym. 

Inlo, s. f. Ile, terre entourée d’eau de tous côtés. 

Dér. du lat. Insula, m. sign. 

Inoucén, énto, adj. Innocent, faible, simple d'esprit; 
idiot; crétin. — Inoucén d'Agnano. — Voy. Agnano. 

Intra, v. a. et n. ad libitum. Entrer, pénétrer dans, en- 
foncer. — Pode pas intra moun pè din moun souï, je ne 
puis faire entrer mon pied dans mon soulier. Intras aquél 
éfan, qué vai plôoure, rentrez cet enfant, il va pleuvoir. 
Intras voste capèl, enfoncez votre chapeau. 

Dér. du lat. Intrare, m. sign. 

Intrado, s. f. Entrée; endroit par lequel on entre; 
action d'entrer; commencement ; début. 

Intran, anto, adj. Hardi; entreprenant; qui se faufile 
partout; entrant ; insinuant; intrigant. 

10, s. m. Lieu; endroit; place; occasion; moment op- 
portun. — Pa’n-iù, nulle part. Én’id maï, autre part, 
dans un autre endroit. 

Dér. du lat. Locus. 

Ioou, s. m. OŒuf, corps organique que pondent les fe- 
melles des oiseaux, des poissons, etc.— Caro d'idou, glaire 
d'œuf. Cruvél d'idou, coquille d'œuf D'ious dou platé, des 
œufs au miroir. D'idous issanlas, des œufs pochés, cuits à 
la poële. D'idous d'acdou, les biscuits, les rigaux de Ja 
chaux, pierres mal calcinées qui ne fusent pas. 

Dér. du lat. Ovum, m. sign. 





IOU 


lou, diphthongue. 

On aura peut-être remarqué, et nous redirons, que toutes 
les diphthongues où intervient là initial, autres cepen- 
dant que celles formées avec l'a ou l’u, sont masculines 
ou féminines, fortes ou faibles, selon que la présence où 
le défaut d’accent vient modifier leur son ou leur genre : 
ex. : réndiè, fermier, rèndie, que je rende; drapariè et 
aparie; papiès et répapies; fd, cafi, et bofio, sofio, etc. 

La voyelle composée ou, se joignant à un à antécédent, 
se conforme à la règle, mais elle offre une autre particula- 
rité. Quand elle se diphthongue, tantôt la tonique porte 
sur l’i, et si alors elle est finale, la syllabe est masculine ; 
tantôt les deux voyelles sont égales, unies dans leur son 
propre, et la syllabe est féminine : ainsi dans le premier 
cas : boudiou, coudiou, éscroupiou, roumiou, et une foule 
d’autres; dans le second cas, {oundiou, foundiou, éstrou- 
piou, roumiou, etc., à terminaison féminine. 

Lorsqu'il n’y a pas diphthongue, les voyelles à et ou, à 
la finale d'un mot, ont pareïllement leur diversité de genre 
déterminée cette fois par l’accent sur la composée, ce qui 
la rend masculine, tandis que sans accent la syllabe est 
naturellement féminine : par ex. ardioù et roudiou ; cébioù 
et rébiou; coustioù et réboustiou, etc. 

Cette distinction a son importance en versification; mais 
elle est aussi essentielle à observer pour bien prononcer et 
souvent pour arriver au sens dans les mots homographes. 

Enfin ce rapprochement de voyelles se rencontre dans 
l'intérieur d’un mot, et suivi d’une consonne; là, il n’est 
plus question bien entendu de genre; mais, suivant les 
cas, li et lou sont égaux ou inégaux en quantité, et leur 
inflexion diffère, comme dans tiouno et béstiouno ; miouno 
et miouno; carioun et Marioun; sioulo et maliciouso; 
piouta et éspiouna, etc. 

De bon compte, voilà donc la combinaison de deux 
mêmes voyelles qui produit quatre modulations différentes; 
en ne prenant qu’un exemple de chacune, boudiou sonne 
autrement que foundiou, ardioù que roudiou, tiouno que 
béstiouno, carïioun que Marioun, Sioulo que graciouso, et 
ainsi d’une foule d’autres. 

1 faut pouvoir distinguer ces différences. Nous les re- 
présentons à l'œil autant et aussi clairement que possible 
par les accents orthographiques et le tréma. L'accent 
donne la valeur, rend la note longue ou brève, aiguë ou 
grave : son absence la laisse avec le son naturel et propre; 
le tréma détache le plus souvent la voyelle, adoucit le son 
en le doublant presque ou en le mouillant en quelque sorte; 
c'est pourquoi la diphthongue seule a besoin d'être accen- 
tuée sur l’i qui est la voyelle-pivot, et l'accent circon- 
flexe lui est réservé; pour la dissyllabe, la tonique étant 
transportée sur ou, c'est celle-ci qui doit être marquée du 
signe quand elle est finale et masculine, car, suivie d’une 
consonne au milieu d'un mot, elle est suffisamment ren- 
forcée. 

Après cela, il est difficile de comprendre que notre lan- 





IOU 


gue d'Oc, avec ces variétés de vocalisation et d'intonation 
qui exigent une précision assez rigoureuse, puisse se trou- 
ver bien d’être compliquée encore par le renversement des 
notions orthographiques reçues, alors qu'il n’y a pas né- 
cessité. C'est là pourtant ce qui a été proposé et presque 
imposé par des novateurs, sous prétexte de ressusciter l'an- 
cienne et défectueuse orthographe de leurs devanciers. 

Nous persistons à croire et à soutenir que l'alphabet 
adopté suffit; et du moment qu'il est convenu que l'on 
doit écrire comme on prononce, s’écarter des règles qui, 
par le contact des lettres, leur position et leur agencement, 
représentent tel ou tel accord à rendre, telle consonnance 
à exprimer, c'est évidemment faire de la fantaisie et arri- 
ver au trouble et à la confusion, en revenant aux méthodes 
délaissées par l’enseignement. 

La diphthongue qui nous occupe n’a pas échappé plus 
que les autres aux prétendues réformes d’une école nou- 
velle : ce ne sera pas perdre notre temps que d'essayer de 
la ramener à l'orthographe véritable qui lui appartient. 

Nul ne saurait contester, après l'esquisse succincte qui 
vient d’être tracée, que les sons ou et w n'existent dans 
la langue d'Oc, et qu'ils ne soient représentés, l’un par 
deux signes et l’autre par un seul : défectuosité sans doute 
de nos alphabets, mais insuffisance admise, si regrettable 
qu'elle soit, et passée dans la pratique et l'usage; ce qui 
n'empêche point que ou et w ne soient l’une et l'autre de 
simples voyelles, reconnues comme telles dans tous les 
traités et les nomenclatures grammaticales. 

Ceci posé, il est encore incontestable que nos idiomes 
ont adopté, dans beaucoup de mots, le son double i-u et 
tou, l'un et l’autre tantôt joints, c.-à-d. diphthongués, 
prononcés d'un jet, tantôt séparés, c.-à-d. dissyllabiques. 
Par suite, la conclusion forcée est que, si la consonnance 
existe, elle doit être figurée; si elle est distincte, le mème 
caractère alphabétique ne doit pas l'exprimer: et notre 
lexique s’est cru obligé par une conséquence contre laquelle 
aucune objection raisonnable ne semblait devoir s'élever ; 
suivant en cela les préceptes des maitres, l'abbé DE Sau- 
VAGES, JAsMIN, LA FaARE-ALaïs et les autres. 

Pourquoi cependant certains traités professent-ils en 
règle absolue que « la voyelle u se prononce comme en 
français, excepté, lorsqu'elle suit immédiatement une autre 
voyelle; dans ce dernier cas, elle prend le son ou? » 

Nous avons déjà exposé, en parlant des diphthongues 
Aou et Éou, les raisons qui rendaient inadmissible une 
pareille proposition; nous aurons occasion, sous la voyelle 
0, de renouveler nos protestations contre cette hérésie 
historique et grammaticale; ici, sans autre autorité, nous 
l'avouons, que celle de la logique et de l'amour de notre 
langue, affirmons de plus fort qu'avec à voyelle, comme 
avec a, e, 0, si la voyelle ou, sonnant ou, se fait entendre 


. à la suite, il convient d'écrire ou, et que la substitution 


de l’u simple ne peut être un équivalent toléré, raison- 
nable et satisfaisant. Puis, contentons-nous de prendre sur 





IKA ait 
le fait quelques-unes des contradictions des réformateurs 
eux-mêmes. 

Si la règle tant préconisée est vraie et juste, ils ont 
raison, par exemple, d'écrire le n. pr. Marius, à la con- 
dition de le prononcer Marious. Disent-ils ainsi ? Ce serait 
bien romain : mais ils ne vont pas jusque-là. L'u cepen- 
dant suit immédiatement l'i. 

Grâce au principe, l'inverse aurait droit aussi à réclamer. 
Avec un autre nom propre, très-commun, Marioun, il 
suffirait d'écrire Mariun : voilà, se réalisant, cette écono- 
mie bien entendue de l'o qu'ils traitent si mal, en concours 
avec l’u, quand une voyelle le précède. Si l’on s'avisait, 
pour l'honneur du système, de cette orthographe, serait-il 
bien certain que le mot fût correctement épelé comme il 
demande à être prononcé? Il est quelque peu permis d'en 
douter. 

Il y a mieux encore : à les croire sur parole, en écrivant 
lis iuë, niuë, aniud, liuèn, dé liuèn én liuèn, etc., ne pré- 
tendent-ils pas obliger, et ne se soumettent-ils pas les pre- 
miers sans doute, à prononcer lis iouè, niouè, aniouë, 
liouèn, dé liouèn én liouèn, etc. Que leur orthographe soit 
régulière, la prononciation devra se conformer au principe : 
le fait-elle? Non, certes : ils se gardent bien d’articuler 
autrement qu'ils n'écrivent. Mais s’il faut ici prononcer 
nettement iu et là très-distinctement iou, leur formule et 
leur exception mêlent tout, brouillent et confondent tout : 
pour qui donc sont-elles bonnes? à quoi servent-elles? 
L'orthographe dite des troubadours est jugée. 

Sur une base si malheureuse, que l’on cesse donc de 
rèver l'unité orthographique de la langue d'Oc. Que le 
provençal soit maitre chez lui, rien de mieux; mais qu’il 
soit satisfait, et son lot est magnifique, de nous imposer 
l'admiration pour ses chefs-d'œuvre en poésie, sans vouloir 
nous soumettre à ses préceptes de grammaire. Le langue- 
docien lui refuserait ses suffrages. Il a déjà assez à faire 
à lutter contre le franchiman d'outre-Loire, sans avoir 
encore à se défendre contre les importations de contrebande 
d'outre-Rhône, si séduisante que soit l’estampille. Et il 
dira et écrira toujours : ©h/ sdouvérdiou/ lèou, lèou, 
chacun pér sé et pér lou siou; és cé qué fôou, énd’aqud pas 
maï. 

Iragnado, s. f. Araignée, ou plus correctement toile 
d’araignée. — Dans le pays on appelle, par corruption 
peut-être, l’araignée plus souvent iragnado que iragno. Ce 
dernier mot est plus technique et doit ètre préféré. 

Iragnas, s. m. Augm. d’Iragnado. Large toile d'arai- 
gnée; cette multiplicité de toiles qu'on remarque aux plan- 
chers des remises et écuries d’auberge, où l’on prend rare- 
ment la peine de les enlever et où elles se multiplient. 

Iragno, s. /. Araignée, nom générique qui s'applique à 
toutes ses nombreuses variétés, Aranea, Linn., insecte de 
l'ordre des Aptères et de la fam. des Aranéïdes ou Acères. 
— L'araignée n'est point un poison pour l’homme, à preuve 
l'astronome Lalande qui suçait volontiers l'animal vivant : 


412 ISS 


les singes en sont très-friands. Mais sa morsure, inoffensive 
dans nos pays, est dangereuse et procure de vives douleurs 
dans d’autres contrées. 

Dér. du lat. Aranea, m. sign. 

Iragnoüs, s. m. Espèce de raisin noir, à grains serrés, 
ronds, assez gros. Il ne donne pas une grande quantité de 
grappes, mais elles sont très-belles. Ce raisin se conserve 
longtemps : le cep en est propre, les yeux bien espacés, la 
feuille bien découpée. 

Son nom lui vient de ce que ses grappes logent une mul- 
titude de petites araignées jaunes. Cependant cette parti- 
cularité n’est pas exclusive à cette espèce, mais on y ren- 
contre plus souvent ces insectes, le rapprochement des 
grains leur fournissant un abri plus sûr pour s'établir. 

Iragnoüs, ouso, adj. Couvert, embarrassé de toiles 
d'araignées. Au fig. qui est de mauvaise humeur; inquiet; 
et cettte acception vient sans doute du rapport de conson- 
nance avec Argnoùs, mauvaise traduction de Hargneux, 
dont le franchiman a fait faire une sorte de jeu de mots. 

Iranjariè, s. f. Orangerie, serre où l’on renferme les 
orangers en hiver. 

Iranje, s. m. Orange, fruit de l’oranger. 

Iranjè, s. m. Oranger, Citrus aurantium, Linn., arbre 
de la fam. des Hespéridées, cultivé en pleine terre dans 
quelques parties de la basse Provence, à Hyères. Les pre- 
miers orangers furent apportés en 4547 de la Chine en 
Portugal : de là ils se répandirent aux iles Majorques, en 
Italie et en Afrique. 

Dér. du lat. Aurantium, m. sign. 

Irèje, irèjo, adj. Capricieux; difficile à vivre; bourru; 
revèche; rèche; quinteux. 

La racine du mot parait être le lat. Zra, colère : Irèje, 
colérique. 

Issama, ». Essaimer, former de nouveaux essaims, pro- 
duire un essaim, comme font les plus jeunes abeilles qui 
sortent de leur ruche-mêre, une jeune reine en tête, pour 
aller coloniser ailleurs. 

Issama, en parlant des abeilles, multiplier. Activement, 
éparpiller, disposer, dissiper, répandre, comme un essaim. 

Dér. du lat. Examinare, m. sign. 

Issan, s. m. Essaim, peuplade de jeunes abeilles qui 
quittent la ruche-mère, trop étroite pour toute sa popu- 
lation. Une ruche bien entretenue essaime deux fois et jus- 
qu'à trois fois dans l’année. 

Issan se dil aussi dans le sens de multitude serrée, 
compacte, remuante. — Un issan dé mounde, une foule de 
monde ; — d’éscouïès, une troupe d’écoliers;-— dé grdoules, 
d'âoussèls, de frelons, d'oiseaux. 

Dér. par corrupt. du lat. Examen, m. sign. D'autres 
disent du celt. Eczaim, m. sign. ou du lat. Exire, sortir, 
qui avait donné au vieux fr. Eissir. 

Issanla, ». Pocher des œufs, les faire cuire à la poële, où 
il se forme attour du jaune une pellicule qui Je recouvre 
comme s'il était dans une poche, — Jssanla, qui n’a 





ZE 


pas du reste d'autre acception, est une fioriture variée du 
V. Sanla, envelopper. — V. c. m 

Issar, s.m. Dim. Issarté; augm. Issartas. Essart; lande; 
garrigue; bois nouvellement défriché. C'est un terrain dont 
on n’a fait qu'effleurer la croûte, dont on a arraché les 
souches, les ronces, les épines, et seulement enlevé les 
pierres de la surface pour les réunir en tas de distance en 
distance. On y sème du blé qui y réussit très-bien d’or- 
dinaire pendant trois années, sans autre culture, sans 
engrais, ni jachères. i 

Ce mot a donné naissance à quelques noms pr.: 
Issartel, Des Essarts, Des Issarts. 

Dér. du lat. Sartus, réparé, rapiécé, remis à neuf; essarté. 

Issarta, v. Greffer, enter un arbre; essarter; remettre 
à neuf. — Jssarta un débas, refaire à neuf le pied d'un 
bas, ce qui se pratique en faisant un tout du neuf et du 
vieux, qui sont joints ensemble sans suture comme la 
greffe d’un arbre. Issarta un râoumas, prendre un rhume 
sur l’autre; — uno mounino, s'enivrer de nouveau avant 
d'être dégrisé d'une première ivresse. Zssarta dow cougné, 
à l’émplastre, dou siblé, greffer en fente, en écusson, en 
sifflet. 

En esp. Enæestar, M. sign. 

Issartaduro, s. f Ente, greffe; joint de suture entre 
l'ente et le sujet, qui se remarque encore sur l'arbre long- 
temps après l'opération et quelquefois toujours. 

Issartaïre, s. m. Qui greffe, qui ente; qui fait sa pro- 
fession de greffer. 

Issartéja, v. fréq. Faire un essart, défricher un ter- 
rain comme il fest expliqué à l’art. Issar. — Il ne faut 
point confondre Zssarta et Issartéja, non plus que Issar et 
Issèr ; leurs acceptions sont tout à fait disparates. 

Issèr, s. »m. Jeune arbre nouvellement greffé, ou qui ne 
l'est pas encore et qu’on destine à être enté. 

Issèrques, s. m. plur. Sentiers tortueux et difficiles, 
qui allongent souvent le chemin au lieu de l'abréger 
comme las courchos, et qui ont pour but de suivre les sinuo- 
sités d’un torrent, d’un ruisseau, d’une rivière, sans les 
traverser. Sauvages les appelle Fschirpos ou Fschirquos. 

Issoulén, énto, adj. Dim. Issoulént. Insolent; orgueil- 
leux; effronté; qui manque de respect. 

Issoulénço, s. /. Insolence; effronterie; parole hardie, 
irrespectueuse et provoquante; outrage. 

Dér. du lat. Insolentia. 

Istanço, s. f. Distance d'un point à un autre. 

Corrupt. du fr. Distance, 

Iuèn, adv. Loin; à une grande distance. — Dé iuèn én 
iuèn, de loin en loin, par longs intervalles. Sé vér dé iuèn, 
on l’aperçoit de loin. Po pan'a pu iuèn, il est au bout de 
sa course, il ne peut plus vivre au-delà. 

L'i initial est aspiré; il ne s'élide pas et ne fait pas 
hiatus. 

Dér. du lat. Zongè, m. sign. 

Izèto, s. f. Z, nom de la dernière lettre de l'alphabet. 


Issarte, 





J 


3, s. m. Consonne, dixième lettre de l'alphabet : se 
nomme et s'épelle Ji. 

La consonne J se classe comme aspirée palatale faible. 
L'articulation qu'elle représente était inconnue dans les 
langues anciennes, et le signe n'en existait pas; ii resta 
mème longtemps confondu avec I, celui-ci considéré tou- 
jours voyelle, et 3 ou I long pris comme consonne. Au- 
jourd'hui encore, les langues qui ont la même origine que 
la langue d'Oc et la langue d'Oil, l’expriment d'une ma- 
nière différente : l'ital. écrit Giamma, Giardino, Giallo; 
que le fr. écrit jamais, jardin, jaune, comme le lang. 
jamaï, jardà, jdoune. L'esp. adopte le caractère, mais le 
confond avec l'æ et le prononce avec une forte aspiration 

- gutlurale, sonnant presque comme K, ÆKota écrit Jota. 
Nous sommes plus près de la vocalisation italienne, douce 
et sifllante; et c'est pourquoi, tout en conservant le signe, 
sa dénomination et son articulation la rappellent. 

Ainsi nous employons le J : 

4° Dans tous les mots où nous avons à faire sentir la 
prononciation du G doux, c.-à-d. devant les voyelles a, 
o,u; 

2° Dans les mots, qui semblent communs avec le fr., où 
l'on pourrait placer le G sans inconvénient de pronon- 
cialion, seulement dans le but de leur conserver la phy- 
sionomie de leurs correspondants: ex.: jante, jénto; jeton, 
jütoù ; jumelle, jimélo ; jeter, jéta, etc.; 

3° Dans des mots et divers temps de verbe où le J est 
suivi des lettres e ou à, lorsque ces mots sont les com- 
posés ou les co-composés d’autres mots chez lesquels le G 
deviendrait dur et guttural. Nous écrivons Viluje, car si 
nous mettions Vilage, comme la terminaison française, 
nous obliendrions au dim. et à l’augm. Vilagoù et Vilagas. 

Or, il nous a paru impossible d'avoir deux orthographes 
différentes sur des mots d'une origine identique. Ceci est 
encore plus sensible dans les conjugaisons : les verbes en 
ja à l'infinitif sont très-nombreux, il nous a paru néces- 
saire de laisser subsister ce ÿ dans tous les temps où il est 
suivi des voyelles e, à, ou : chanja, chanÿe, chanjou, chan- 
jamén, chanjin, chanjèrou, ete. 

Ja! inter. Dia, cri ou plutôt commandement des char- 
retiers pour faire aller ou tourner les chevaux à gauche, 
comme Audou, et en fr. A hue, où à hurau, à hurant, si- 
gnifie : à droite. — L'un tiro à ja, l'âoutre à rudou, l'un 
tire à dia, l'autre à hurant; au fig., ils ne sont nullement 
d'accord, ils agissent en sens contraire; quand l'un veut 
blanc, l'autre veut noir. 





JAL 413 


Jabô, s. m. Dim. Jabouté; augm. Jaboutas. Jabot, or- 
nement de mousseline plissée ou de dentelle à la fente du 
haut d'une chemise d'homme. Par ext. estomac, poitrine. 
— Faïre jabè, se pavaner, s'enorgueillir; prendre plaisir 
à la louange. 

Jacoù, ou Jacoupé, éto, dim., s. m. et f. Niais; dadais, 
imbécile. — Le fr. emploie dans le même sens : Jaquinet, 
composé de même. 

Dér. du lat. Jacobus, Jacques. 

Jaïé, s. m. Jais, bitume, fossile d'un noir très-brillant 
et solide, qui prend un très-beau poli; sorte de verre teint 
en noir, qui en est une imitation. 

Jaire, v. Coucher; être couché; reposer à plat. — Se 
dit d'une pierre qui pose bien sur sa base. Faï-la jaïre, 
pose cette pierre de manière qu’elle touche hermétique- 
ment sur son assise. 

Sé jaïre, se coucher; se lenir couché. — Vaï t6 jaïre, 
va te couche’, tu m’ennuies. 

Dér. du lat. Jacere, coucher. 

Jaïsso, s. f. Gesse, espèce de lupin ou de féverolle, 
Lathyrus sativus, Linn., plante de la fam. des Légumi- 
neuses, cultivée partoat. 

Jala, v. Geler, glacer; endurcir par le froid; faire périr 
de froid. — Sé jula, mourir de froid. Aquô's un mariaÿe 
jala, dit-on ou disait-on de celui où l'amour ne joue qu'un 
faible rôle : dans notre siècle positif, où l'on a changé tout 
cela, cette phrase siguifie aussi un mariage où il y a plus 
d'amour que d'argent. 

Dér. du lat. Gelare, m. sign. 

Jalado, s. f. Gelée; action de la gelée, froid qui la pro- 
duit; saison des frimas. 

Jaladuro, s. f. Gelée, dans le sens de l'impression qu'elle 
fait sur les êtres vivants et inanimés: gelivure. 

Jalarèio, s. f. Gélatine, gelée animale, suc cu jus coa- 
gulé. 

Jalibra, v. Verglacer; faire du givre; faire de la gelée 
blanche, du verglas. — Fos jalibra, bois roulé, dont quel- 
qu’une des couches circulaires manque d’adhérence et se 
sépare quand on le travaille, ce qui le rend impropre à 
tout ouvrage. Ce vice provient de ce qu'à la formation de 
cette couche la sève a été surprise par une forte gelée qui 
l’a glacée et a empêché l'adhésion successive des couches 
superposées. 

Jalibre, s.m.,ou Barbasto. Givre, gelée blanche; ver- 
glas. — Ce météore est formé par les vapeurs qui s'élèvent 
de la terre et que le froid surprend la nuit et condense à 


414 JAN 


la surface du sol et sur les plantes, en s'y formant en cris- 
tallisation. 

On donne de préférence le nom de Jalibre au givre 
d'hiver, et celui de Barbasto aux gelées blanches du prin- 
temps, qui sont si funestes aux bourgeons et mème à la 
feuille épanouie du mürier et de la vigne. 

Jalo-fré, adj. des deux genres. Frileux, transi de froid, 
qui craint le froid. Au fig. personne difficile à émouvoir, 
d'un tempérament froid et insensible à l'amour; un pisse - 
froid. # 

Jaloùs, ouso, adj. Jaloux; envieux ; désireux; attentif 
à conserver une chose acquise, à garder, à maintenir, à 
accroitre un bien, une satisfaction. — És jaloùs dé sous 
doubres, dé sous bouqués, il tient fortement à la belle venue 
de ses arbres ou de ses fleurs; il en prend un grand soin. 

Jalousiè, s. f. Jalousie; envie; chagrin de voir possé- 
der par un autre ce qu'on désire avoir pour soi-même; 
treillis, sorte de volet de fenêtre à claire-voie. 

En ital. Gelosia, m. sign. 

Jamaï, alv. de temps. Jamais, dans aucun temps /Voy. 
Jamès). — Jamaï fôou dire d'aquélo aïgr noun béouraï, 
prvb., il ne faut pas dire, fontaine, je ne boirai pas de ton 
eau, Jamaï amouroùs vérgougnoùs noun aguèê bèlo amigo, 
prvb., jamais honteux n'eut belle amie. 

Deux proverbes qui se trouvent anciennement dans les 
deux langues, avec leur expression particulière qui n’est 
pas tout à fait une traduction mot à mot, mais où l'iden- 
tité de sens est reproduite. Est-ce le lang. ou le fr. qui 
doivent en revendiquer la primauté ? Ni l'un ni l’autre, 
sans doute; car la sagesse des nations n'avait pas attendu 
leur formation pour mettre ces vérités en axiomes; mais 
chaque idiome les a rendues à sa manière. 

Dér. du lat. Jam magis. 

Jambar, ardo, «dj. Bancroche, bancal, qui a les jambes 
tortues. 

Jamès, adv. de temps. Jamais, en aucun temps. — 
S'emploie plus rarement que Jamaï; mais il semble avoir 
quelque chose de plus énergique, de plus virtuel, de plus 
tranché; il appartient au dialogue plus qu'à la narration. 
Bien qu'il soit plus identique au fr., il est fort dans le 
génie du languedocien. 

Jan, s. m. n. pr. d'homme. Dim. Jané, Jand. Jean, 

Dér. du lat. Joannes où Johannes, venu de l’hébreu 
Jchohhanan, grâce de Dieu. En v. fr. Jehan; en ital. Gio- 
vanni; en esp. Juan. 

Nous avons dù placer ici alphabétiquement ce mot, ses 
dérivés et ses composés, pour nous conformer à la règle 
de notre orthographe, qui supprime toutes les lettres qui 
ne se prononcent pas. 

Jan (Sén), n. pr. Au masc., n. pr. de lieux en grand 
nombre partout : au fém. fête de Saint-Jean Baptiste, le 
24 juin. — La Sén-Jan où pér Sén-Jan, le 24 juin. C'est 
une des époques principales de l'année pour les termes de 
paiement et autres affaires. Cette échéance de la fête de 





JAN 


Saint-Jean Baptiste vient sans doute de ce qu'à cette date 
on a fini et réalisé la récolte des cocons, et que tout le 
monde est censé avoir de l'argent. Elle divise aussi l'année 
également en deux semestres. Ces cisconstances concou- 
rent à en faire un terme remarquable. 

Sén-Jan das anèls, Saint-Jean de Maruéjols, .commune 
du canton de Bafjac (Gard), ainsi nommée parce qu'au- 
trefois il s'y fabriquait une quantité de bagues, anèts, en 
crin avec chiffres et devises. Il s'y tenait une foire exprès 
pour cette industrie. 

Sén-Jan dé Gardounénquo, Saint-Jean du Gard, chef- 
lieu de canton, arrondissement d'Alais. 

Sèn-Jan dé las cébos, Saint-Jean de Valériscle, commune 
du canton de Saint-Ambroix (Gard), renommée pour sa 
production d'un petit oignon délicat, espèce d'échalotte, 
dont elle fait commerce et exportation : de là dérive son 
surnom. 

Nous ne rapportons pas un plus grand nombre de ces 
localités qui ont le nom de Saint-Jean, bien que notre dé- 
partement et l'arrondissement d’Alais en fournissent beau- 
coup d’autres, parce qu'en lang. elles-conservent le mème 


surnom distinetif qu’en fr. Nous avons cité les trois coma 


munes ci-dessus à cause de la différence de leur appella- 
tion française avec leur désignation usuelle et populaire. 

Jané, s. m. Dim. de Jan. Fils de Jean, quand il-est 
n. pr.; mais, subst. m., il signifie : un jeannot, un niais, 
un imbécile, qui se laisse mener par le bout du nez; qui 
se laisse insulter, molester; ou encore un Jocrisse. 

Janén (Sén), Sén-Janénquo, a/j. De la Saint-Jean; 
qui vient à la Saint-Jean, en parlant des fruits et produits 
de la terre; habitant de l’une des communes qui portent 


le nom de saint Jean; membre de la confrérie de Saint- : 


Jean, qui existe à Alais, dont la cathédrale est sous l'in- 
vocation de saint Jean Baptiste. 

Janénquo (Sén), s. f. Territoire de l’une doi communes 
nommées Saint-Jean, ou de plusieurs communes dont un 
Saint-Jean serait comme le chef-lieu. 

Janéto, s. f. n. pr. de femme. Dim. de Jano: Jean- 
nette. 

Janétoun, s. f. n. pr. de femme. Dim. de Jano, qui a 
lui-même un dim., Janétouné. Jeanneton. 

Jan-fénno, s. m. Homme qui se mèle des ouvrages 
réservés aux femmes, des menus soins du ménage; un 
tâte-poule. 

Jangla, vw. Glapir; crier comme un chien qu'on frappe: 
— Jangla dâou fré, grelotter, trembler de froid. 

Dér. du lat. Gemere, gémir. 

Jangladisso, s. f. Glapissement d’un chien qu’on 
châtie. 

Jangoula, v., ou Gingoula. Geindre, gémir; se plaindre 
languissamment, à diverses reprises, comme par habitude. 

Dér. du lat. Ululare. 

Jangoulaïre, aïro, adj. Pleurard; qui se plaint d’ha- 
bitude; qui ne cesse de se lamenter. 











JAO 


Jangoulino, s. /. Ripopée, boisson sans saveur ni vertu: 
— Voy. Gingoulino. 

Jano, s. f. n. pr. de femme. Dim. Janéto, Janoù, Jané- 
toun, Janctouné. Jeanne. 

Jan, s. m. n. pr. d'homme. Dim. de Jan. Jeannot. — 
Cette variante touche de prés à notre dim. Jané; mais Janû 
a un peu moins le caractère de cetle ingénuité niaise que 
celui-ci représente. Le fr., au contraire, son correspondant, 
en. est devenu le type, depuis la fin du siècle dernier. Une 
pièce de Durvigny lui donna une vogue extraordinaire, el 
le Janotisme, longtemps de mode, fit fureur. Les calem- 
bredaines et le langage de Janot, après un succès fou, sont 
aujourd’hui abandonnés et ne font plus rire le public, qui 
se prend au charme d'autres farces, ni plus ni moins spi- 
rituelles peut-être, mais qui le sont autrement et l'amusent 
davantage. 

Jansono, s. f. Gentiane, Gentiana luteo, Linn., à fleurs 
jaunes, plante de la fam. des Gentianées, commune dans 
le Midi. Sa racine, tonique et stomachique, est employée 
avec succès, dit-on, contre la goutte. 

Pline assure que son nom lat., dont le nôtre parait 
formé avec quelque inversion, lui vient de Gentius, roi 
d'Ilyrie, qui, environ 150 ans avant Jésus-Christ, décou- 
vrit les vertus de cette plante. 

Janviè, s. m. Janvier, premier mois de l’année suivant 
notre calendrier actuel, composé de trente-un jours. 

Dér. du lat. Januarius. 

Jâoune, s. ». Jaune, la couleur jaune. 

Dér. du lat. Galbinus, vert pale. 

Jâoune, jâäouno, adj. Dim. Jéouné; péj. Jdounas. 
Jaune, qui a la couleur du safran, du citron; livide; pâle. 
— Le jaune foncé se dit Rouge. 

Jäoune, s. ”. En terme de magnanerie, désigne le ver- 
à-soie, magnan, atteint de cette maladie, qui est une dé- 
composition véritable, et une variété où un symptôme de 
ce qu'on nomme aujourd'hui /a Flacherie. 

Jâounéja, v. fréq. Jaunir; tirer sur le jaune; paraitre 
ou devenir jaune. 

Jâounije, s. /: Couleur jaune, celle que prennent les 
feuilles en l’arrière-saison, et non jaunisse, qui se dit ous 
Éstouris. — Voy. ©. m. 

Jäoussémi, s. m., ou Jâoussémin. Jasmin, Jasminum, 
Linn., arbrisseau de la fam. des Jasminées. Il est origi- 
naire du Malabar. Sa fleur blanche, étoilée, à suave odeur, 
et la flexibilité de ses rameaux en font l'ornement et le 
charine des berceaux et tonnelles de jardin. 

Jâouvèr, s. m. Persil, Apium petroselinum, Linn., plante 
de la fam. des Ombellifères, cultivée pour les usages de la 
cuisine. 

On a dit que son nom était une corrupt. du fr. Jus vert. 

Jäouvèrtasso, s. f., ou Goucudo ou Joubèrtino.Ciguë, 
Conium maculatum, Linn., plante de la fam. des Ombel- 
lifères qui croit dans les lieux humides et gras. C'est le 
suc de cette plante qui fournit le poison de Socrate. 


or ac 0. À Goes Se ni ZT es rit) lc ESS £. 
K A p Tr D ue y f  - ue 





JAQ 415 


Son nom lang. lui vient de sa ressemblance avec Je 
persil, et il en est le péjor. à cause dé sa vertu malfaisante, 
ILest prudent en cucillant le persil de ne pas faire con- 
fusion, ce que l'on prévient en remarquant que la ciguë a 
la feuille plus large, qu'elle exhale une odeur désagréable 
et différente du persil, et que sa tige est parsemce dé taches 
noiràtres. 

Japa, v. Japper; aboyer; pousser des aboïiements; aver- 
tir par ses cris; crier beaucoup. — És péoure qué japo, il 
est au dernier degré de misère, au point de manquer de 
paio et de crier famine. 

Formé par onomatopée. 

Japadis, s. m., ou Japariè. Aboi ; aboïiement de plusieurs 
chiens à la fois. 

Japaire, aïro, adj. Aboyeur; clabaudeur; qui se plaint 
de tout et de tout :e monde. 

Japariè, s. f. — Voy. Japadis. 

Jaquas, s. m. n. pr Augm. de Jaque. Gros Jacques; 
gros et vilain homme du nom de Jacques. — Pdoure 
coumo Jaquas, pauvre comme Job. Faïre Jaquas, faire le 
chien couchant; caresser, flatter l'homme ou plus fort on 
plus puissant que soi. 

Le n. pr. vient certainement du lat. Jacobus; mais à la 
dernière acception, le lat. Jacere, se coucher, pourrait 
bien avoir quelque peu participé. 

Jaque, s. m. n. pr. d'homme. Dim. Jaqué. Jacques. 

A propos de ce prénom, il convient de faire une obser- 
vation qui s'applique à tous les autres: c'est qu'en dési- 
gnant un individu par nom et prénom, on les sépare d'or- 
dinaire par la particule dé, de, non point par aucune pré- 
tention nobiliaire, mais comme si le nom était pris là pour 
appellation de race, de famille, dans la personne du pére. 
Ainsi l'on dit: Juque dé Bédos, c.-à-d. Jacques, fils de 
Bédos. Quelquefois la chose se pousse plus loin : c'est la 
mère que l’on prend pour type de la famille, et l'on dit: 
Jaque dé Bédosso ; ce qui arrive soit lorsque cette mère, 
restée longtemps veuve, a été regardée comme chef de 
famille, soit lorsque la mére, un peu -maitresse-femme, 
plus connue du public que son mari, est réputée, come 
on dit, porter les culottes. 

Jaqué, s. m. n. pr. d'homme. Dim. de Jaque. Petit 
Jacques.—Faîïre Jaqué, faire le poltron; mettre les pouces; 
s'enfuir devant un danger ou une rixe. Un jaqué est 
une coiffure, ou plutôt une manière de tailler les cheveux 
en brosse : le toupet ainsi taillé se nomme jaqué. 

Jaquéli, s. m. n. pr. d'horime. Sorte de dim. de Jaque, 
qui se rapproche par le sens de cet autre dim. Jané et 
implique aussi une idée de niaiserie candide et ingénue; 
un Nicaise, un Nicodème, un Janot. 

Jaquélino, s. f: n. pr. de femme. Jacqueline. — Comme 
le précédent, son masc., également formé de Jaque, et rap- 
pelant une certaine synonymie avec Nicetle, d'une sim- 
plicité un peu sotte. 

Jaquéto, s. f. Corps de jupe; habillement court de 


16 JAS 


femme ou d'enfant, sorte de spencer qui lient à la jupe 
sans Ôtre de la même étoffe. 

Ce mot, qui a été francisé pour désigner un vêtement 
d'homme qui tient le milieu entre la veste et la redingo te, 
est un dim. de jaque, nom passé de mode d’une sorte de 
pourpoint et de cotte d'armes au moyen-âge. Le fr. Ja- 
quette est donc fort de mise. Jaque élait une sorte d’an- 
cienne casaque à l'usage des gens de guerre. Dans le mème 
sens l'esp. dit Jaca et l’ilal. Giaco. En holl. Juk, casaque, 
cape; en island. Jacka; en angl. Jacke; en allem. Jack- 
chen, surtout, jaquette. 

Jardi, s. m. Dim. Jardiné; augm. Jardinas. Jardin, 
lieu clos où l'on cultive des fleurs, des légumes, des arbres. 

En gallois Gard; en allem. Garden, m. sign. 

Jardignè, s. m. Jardinier; maraicher. — Barbo dé jar- 
dignè, barbe clair-semée : l'origine ou l’allusion de ce 
dicton n’est pas assez propre pour pouvoir être expliquée. 

Jardignèiïro, s. f. Jardinière, femme d’un jardinier ; 
marchande d'hortolage. 

Jardinaje, s. m. Hortolage; légumes et herbes de toute 
espèce cultivés dans un jardin potager; plantes potagères. 

Jardinéja, v. fréq. Jardiner; s'occuper aux travaux de 
l'horticulture; arranger, travailler un jardin. 

Jaré, s. m. Jarret: partie postérieure du genou; endroit 
où se plie la jambe des animaux à quatre pieds; jarret de 
cochon. 

En bas-breton, Garr, jambe; Jaritel, jarret; en gallois, 
Gar, jambe et jarret; en irlandais, Cara, jambe. 

Jarétiè, ièiro, a2j. Cagneux, dont les genoux se tou- 
chent ou chevauchent en marchant; jarreté, en parlant 
d'un cheval dont les jarrets de derrière frottent et se 
croisent. 

Jarétièiro, s. f. avec la signification de jarretière, est 
du pur franchiman : on dit Cambaïë. — V. c. m. 

Jas, s. m. Gile: couche, endro% où on a demeuré et 
couché; limon, bourbe, dépôt au fond d'un vase, d'un 
tonneau. — Jas dé mouli, gile d’un moulin, la meule 
gisante et immobile. Lou jas ddou fé, la fane inférieure du 
foin qui ne monte pas et qui reste druéet touffue : celte 
herbestoujours plus verte et plus tendre, donne beaucoup 

“de volume et de qualité au foin. Lou jas d'un méloun, la 
couche d'un melon, le côté sur lequel il repose et qui 
mürit plus vite. Lou jas dâou vinaïgre, le sédiment qui 
reste au fond d'un tonneau à vinaigre et qu'on y laisse 
déposé. On trobo pas dos lèbres dou mèmo jas, on ne prend 
pas deux lièvres au même gite : c'est un heureux hasard 
qui ne se répète pas deux fois. 

Dér, de Juïre, formé du lat. Jacere,  , 

Jasén, énto, part. prés. du v. Jaïre. Qui est couché, 
qui pose horizontalement. — Aoubre jasén, madrier hori- 
zontal qui forme l’essieu, l'axe de la grande roue d’un 
puits à roue. 


Jasén, s. f. En provençal signifie : femme en couches, 
nouvelle accouchée, 





JAS 


Jaséno, s. f., ou Coublé. Chevron; pièce de charpente 
de couvert qui pose sur les pannes et supporte elle-même 
la tuile sans autre intermédiaire. — Las jasénos doivent 
avoir huit centimètres d'équarissage et 2m25 ou 4m12 de 
longueur; dans le premier cas, elles portent sur trois pan- 
nes et mesurent deux intervalles; dans le second, elles ne 


portent que sur deux pannes et n'occupent qu'un inter-. 


valle. Celles qu'on emploie pour l’échafaudage d'une ma- 
gnanerie doivent avoir en longueur 2"25 et quelquefois 
davantage, suivant la distance des montants : elles posent 
sur les chevilles ou les mortaises du montant et supportent 
les tables. - 

Dér. de Jasén. 

Jasiôou, jasiolo, s. et adj. Dim. Jasioulé; péj. Jasiou- 
las. Juif, Israélite; qui professe le judaïsme. Au fig. usu- 
rier; qui prête à usure; qui vend trop cher; àpre au gain. 
— Les juifs avaient, au quatorzième siècle, des synagogues 
dans les plus petites villes du Languedoc, et déjà même 
pendant la première moitié du IXme siècle, leur nombre 
était considérable; un de leurs rabbias les plus célèbres, 
Benjamin, fit un long séjour à Lunel, où de nombreux 
disciples suivaient son école et ses enseignements publics 
de la médecine. Notre ancienne Charte d'Alais, en 4200, 
contient des dispositions relatives au costume qui doit Jess 
distinguer et à la condition sociale à laquelle ils étaient 
soumis. Comme monument de notre ‘ancienne langue et 
des mœurs de cette époque, il n'est pas sans intérèt ide 
rapporter cet article des vieilles coutumes alaisiennes : 

Derrecap establem que entre christians e iusieus, lascalz 
sofrem per sol umanitat, en habite de vestir sion manifest, 


e sia talz la deferentia quel iusieu leugieiramenz sion co-. 


negut de celz quelz veiran; e mandam que porton habite 
dessemblan a lhabite delz cristians. Oltra aizo-velam des- 
treilament e mandam quel iuzieu per aleua maneira non 
auson obrar alz ditmenges nien-las autras granz festas 
nostras davan los oilz delz cristians que il o puescun veser; 
mas lur portas clausas arescost obron aquo que lur les 
obrar. Plus fort empena de lur cors velam que non auson 
aparer en publege lo ioux nil mercres sainz nil venres nil 
sapte denant la nostra pasca. 

Jasses, s. m. plur. de Jas. Litière de vers-à-soie, com- 
posée des débris de la feuille rongée et des crotins de ces 
animaux. Ce mélange nécessairement humide entre facile- 
ment en fermentation, à cause surtout de la chaleurdu 
local ; il est donc prudent de la prévenir en délitant sou- 
vent, c.-à-d. en enlevant cette litière, surtout au moment 
où l'animal va entrer dans une de ses mues, et au moment 
de la fraise : dans le premier cas, parce que dans le pa- 
roxisme de sa mue, le ver se tient enfermé sous la litière 
et qu'il périrait si cette litière entrait en fermentation; 
dans le second cas, parce que, la feuille étant fournie plus 
abondamment, Ja litière est plus épaisse et que les déjec- 
tions des vers sont plus volumineuses. 


On emploie cette litière, après l'avoir fait sécher pour. 


… ini M. 








_ JOB 


la conserver, en la donnant bouillie aux pourceaux. On la 
donne sèche aux vaches et aux moutons, souvent même à 
l'espèce chevaline; mais c'est un tort grave, car les cas 
morbides qui résultent de cette nourriture sont très-fré- 
quents. Pour les porcs et les animaux ruminants au con- 
traire, cet aliment n’a aucun danger, et ils en sont trés- 
friands. 

Jassino, s. f. Couche; couchette; empreinte qu'un 
corps laisse sur la paille ou la litière où il a couché; ac- 
couchement, action de mettre bas. — És dé michanto jas- 
sino, c'est un mauvais coucheur; un camarade de lit in- 
commode. 

Jasso, s. f. Bergerie, étable à moutons, spécialement. 

Jénto, s. f. Jante de roue, pièce de bois de charronnage 


-courbée, qui fait partie du cercle de la roue d'un char, 


d'une charrette. 

* Jimèlo, s. f. Jumelle, la bigue ou plutôt les deux 
bigues de bois qui servent de coulisse à ce qu'on nomme 
mouton ou sonnette pour enfoncer les pilotis. Ces jumelles, 
retenues par en baut au moyen d'un boulon, sont libres et 
flottantes par le bas; le contre-maitre chargé de la direc- 
tion des ouvrages, les tient dans ses deux mains par le 
petit bout, et suivant qu'il les dévie légèrement, il dirige 
la chute du mouton sur la tête du pieu. 

Jita, v. Vomir, rejeter par la bouche ce qui est dans 
l'estomac; pousser des jets, bourgeonner, en parlant des 
arbres. — N'a pas toutes les acceptions du v. fr. jeter, mais 
seulement le sens restreint et spécial ci-dessus : les autres 
ressemblent fort à des licences franchimandos. 

» Dér. du lat. Jactare. 

«Jitou, s. m. Jeton, pièce de métal, d'os ou d'ivoire, 
pour compter ou pour marquer au jeu. — Fdou coumo un 
jitoù, faux, menteur, trompeur comme un jeton de jeu, 
qui favorise souvent les tricheries. 

Jo, s. m. Dim. Jouqué. Jeu, en général; la chose que 
l'on joue, l'enjeu. — Tène jo, tenir l'enjeu. Faï toun jo, 
mets ton“enjeu, fais ta mise. Flata jo, ne pas jouer à la 
rigueur, ne pas surmonter la carte de son adversaire lors- 
que la règle l'exige: en général, ce n'est pas tricher au 
jeu, mais c'est employer certaines feintes ou ruses non 
licites. Té fut bou jo, il te fait beau jeu, il joue largement 


- etloyalement, de manière à te faire prendre ta revanche. 


Més lou jo trop iuèn, il éloigne trop le but, le lieu où il 
faut jouer. 
+ Dér. du lat. Jocus, m. sign. 

Jo, s. m. n. pr. d'homme. Au fém. Joto; dim. Jouté. 
Job. | 
» Jobi, s. m. Nigaud, benût; musard ; badaud. 

Ce nom provient probablement de celui du saint homme 
Job de l'Écriture, ce modèle devenu proverbial de la pa- 
tience, dela résignation, de la mansüétude, surtout envers 
sa femme; ce qui pouvait bien, aux yeux de nos pères, le 
faire assimiler à un niais. La langue d'Oil et puis le fran- 
çais aux XIVe et XVe siècles, avaient fait aussi sur le même 





JOU 417 


patron Jobet, Jobelin, Jobelot et Jobard, fort communs, 
signifiant niais. Jobard seul a passé avec ce sens dans les 
noms communs et correspond très-bien à notre Jobi; plu- 
sieurs de ceux qui le portaient comme nom propre ont 
oblenu de se faire débaptiser. 

Joïo, s. f. Joie; contentement; satisfaction; réjouis- 
sance. — Fiù dé joïo, feu de joie, qu'on allume en signe 
de réjouissance. 

Joïo! interj. Au revoir! Dieu vous maintienne en joie! 
soubait que l’on forme en quittant quelqu'un. 

Les étymologistes sont partagés sur sa racine : quelques- 
uns indiquent le lat. Jocus, jeu, mot pour rire; Ménage 
préfère Gaudium, gaudia, joie, qui nous a déjà fourni 
Gâou. 

Jor, s. m. Dim. Jourgué; augm. Jourgas. Houssine; 
gaule; propr. scion de mürier, d'osier, etc., de la pousse de 
l'année. — Ramassa lous jors, ramasser les scions d’éla- 
gage de müriers pour en faire des fagots. Ces scions sont 
quelquefois si longs et si gros que les enfants en font des 
fouets. Pour cela ils les écorcent en long, en laissant seu- 
lement un pied où un pied et demi du gros bout pour 
servir de manche; les lanières écorcées et qui tiennent au 
manche sont tressées à trois brins, et l’on oblient un fouet 
très-long et très-gros, dans la forme de celui des muletiers. 
Comme les fibres de cette écorce sont très-ductiles et ner- 
veuses, ces sortes de fouet dureraient assez longtemps en 
les faisant tremper chaque jour dans l'eau pour prévenir 
leur dessiccation. 

Jou, s. m. Joug, pièce de bois, garnie à chaque extré- 
mité d’attelles ou de courroies propres à la fixer sur la tête 
des bœufs ou animaux de trait. Au fig. servitude. 

Dér. du lat. Jugum, m. sign. 

Joubértino, s. f. Ciguë. — Voy. Jéouvértasso. 

Jouga, v. Jouer; s'amuser, se divertir; s'occuper au 
jeu; mettre au jeu; parier; faire une gageure, un pari; 
jouer d'un instrument de musique. — Jogue qué pléoura 
déman, je parie qu’il pleuvra deinain. Té jogue dous séous, 
je joue deux sous contre toi, je parie deux sous. Nous jou- 
guè un air, il joua ou exécuta un air. 

Dér. du lat. Jocure, jouer, badiner. 

Jougadoù, douno, adj., ou Jougaïre, aïro. Joueur de 
profession; qui a la passion du jeu. 

Ce mot est plus technique pour marquer l'habitude, la 
passion du jeu, que celui de Jougaïre, qui n'indique sou- 
vent que les membres d'une partie de jeu, sans entrainer 
une idée de passion. 

Jougaïo, s. f. Joujou, jouet d'enfant. — Voy. Cou- 
maire. 

Jougaire, aïro, adj. Péj. Jougaïras. Joueur. — Voy. 
Jougadoù. 

Le péj. Jougaïras implique toujours la passion du jeu. 

Jougne, v. Accoupler des bœufs; atteler des chevaux 
ou des mules, deux à deux, pour le labourage; atteindre; 
unir; rapprocher. — Anan jougne, nous allons accoupler 


418 JOU 


les bœufs. Nous jougniquè én cam, il nous atteignit en route. 

Dér. du lat. Jungere, joindre. s 

Jougué, s. m., ou Sucé. Bimbelot; hochet d'enfant; 
jouet d'argent ou d'or, orné de grelots, dans lequel est 
emmanché un morceau de cristal, d'ivoire ou de corail, 
qu'on suspend au cou des enfants à la mamelle et qu'ils 
portent volontiers à la bouche en le serrant avec leurs 
gencives, ce qui charme en partie la douleur de la den- 
tition, facilite la salivation et ramollit la gencive. 

Joui, v. Jouir; éprouver un sentiment général de 
bouheur, de jouissance; se délecter; avoir l'usage, la pos- 


session, l’usufruit. — On po pas jou d'aquél éfan, on ne | 


peut être maitre de cet enfant, on ne peut le retenir à la 
maison, l'empêcher de courir et de polissonner. Mé sou- 
véndraï qué m'as fa joui, je me souviendrai du bonheur 
que tu m'as donné. Jouis d'aquél oustäou, il a l'usufruit 
de cette maison. 

Dér. du lat. Gaudere ou Gaudire. 

Jouiè, s. m. Au fém. Jouiiro. Gedlier; femme d’un 
geôlier; concierge d’une prison. 

Jouine, jouino, adj. Dim. Jouiné; augm. Jouinus. 
Jeune, qui n’est pas avancé en âge; qui a de la jeunesse; 
étourdi, évaporé. — Sé tournave jouïne, si je redevenais 
jeune. Aqud's jouïnas, c'est un grand enfant. Ma pu jouino, 
Ja plus jeune de mes filles. 

Dér. du lat. Juvenis, m. sign. 

Jouinèsso, s. f. Jeunesse, âge qui suit l'adolescence; la 
gent juvénile; les jeunes gens d’une contrée, d’un village, 
d’une ville. — Voy. Lou jouvén. 

Jouin’home, s. m. Jeune homme; garçon; célibataire. 
— À maï dé cranto ans, amaï és éncuro jouïin'home, il à 
passé la quarantaine et il est encore garçon. 

Jouïoùs, iouso, adj. Joyeux; gai; qui a ou donne de 
la joie. — Maï lou jouïoùs, le mois de mai gai et riant. 

Dér. de Joïo. 

Jouissénço, s. f. Jouissance; usage et possession de….; 
plaisir, délice de la passion. — À pas laïssa qué la jouis- 
sénço à sa fénno, il n'a légué à sa femme que l’usufruit 
de ses biens. Lou bonhur dé la jouïssénço, le bonheur de la 
jouissance, pléonasme expressif, qu'une femme seule pou- 
vait trouver, je ne saurais dire à quelle occasion ni dans 
quelle des deux acceptions. 

Dér. de Joui. 

Joun, s. m. Jonc, Juncus, Linn., genre de plante qui a 
fourni le type de la fam. des Joncées, qui comprend un 
assez grand nombre d'espèces, croissant presque toules 
dans les endroits marécageux. 

Joun se dit encore de toute sorte de canne, bâton, ba- 
guette, badine ou rotin. 

Joun, jouncho, part. pass. du v. Jougne. Joint, accou- 
plé pour le labour en parlant des bœufs; joint, rapproché 
et les doigts entrelacés, en parlant des mains. — À mans 
Jounchos, vous n'én prègue, mains jointes, je vous en prie. 
Säowa d'à pè joun, sauter à pieds joints. 





JOU 


Jounchado, s. f. Jointée de grain ou d’autres objets 
menus, ©.-à-d. autant qu'en peuvent contenir les deux 
mains jointes, rapprochées et ouvertes. 

Jouncha et jounchado, dans le sens de Joncher et Jon=. 
chée, ne sont pas de notre dialecte. 

Jounchis, isso, adj. Jointif; parfaitement joint, her- 
métiquement fermé. 

Dér. du lat. Junctus, de Jungere. 

Jouncho, s. f. Temps de labour; durée d'une attelée; 
séance de labourage sans dételer. Par ext. tout travail fait 
de suite sans désemparer. — Les laboureurs font d'ordi- 
naire deux attelées par jour. 

Jounchuro, s. f. Jointure, articulation des membres; 
point où deux os se touchent l'un l'autre au moyen de 


ligaments. " 
Jounquas, s. m. Terrain aqueux, marécageux et rempli 
de joncs. 


Dér. de Joun. 

Jounquino, s. f. Mauvais pré qui ne produit guère que 
des jones et des herbes de marécage; les joncs pris en 
général et en masse pour servir de litière. 

Joupi! interj. Cri ou commandement des muletiers pour 
faire rentrer dans les rangs le mulet qui se dévie. 

Jouqua, v. Jucher, percher sur le juchoir ou sur une 
branche, comme font les oiseaux pour dormir. 

Dér. probablement du lat. Jacere, par de changement 
de Jac en Jouc. 

Jouqué, s. m., ou Chouqué. Hoquet, mouvement con- 
vulsif du diaphragme. 

L'élément germanique paraît dominer dans la formation 
de ce mot, reproduit en lang.eten fr. En islandais, Hiæta, 
avoir le hoquet; anc. allem. Hixen, m. sign.; en hollan- 
dais et en danois, Hikken, avoir le hoquet; en anglais, 
Hiccough, en allem. Huckup, hoquet. — Voy. Chouqué. 

Jour, s m. Dim. Journé. Jour; clarté, lumière; espace 
de vingt-quatre ou de douze heures; époque indéterminée 
du passé ou de l'avenir; baie, fenêtre, ouverture par où la 
clarté passe; vide entre deux choses mal unies; facilité, 
moyen de pénétrer. — Se prend à peu près dans toutes les 
acceptions du français. — Jour fal, au déclin du jour. 
Faï jour, le jour se lève. Un jour et l'âoutre nou, de deux 
jours l’un. Qudouque jour, bélèou y véndras, peut-être un 
jour, tu y parviendras. Jour créïssén, fré cousén, à mesure: 
que les jours commencent à croitre, en décembre «et, jan- 
vier, le froid augmente de rigueur. Mous magnas vènou 
as hiuè jours, mes vers-à-soie arrivent à la mue au hui- 
tième jour. Mé tapo mous jours, il ferme mes jours de 
souffrance ou d'aspect, il m'oblige à les supprimer. Faïre 
soun bon jour, recevoir la sainte communion. Dé ma vido 
et dé mous jours! excl. de surprise : de ma vie ou jamais} 

Dér. du lat. Diurnus. 

Jourga, ». Donner des coups de houssine; sangler un 
coup de gaule. 

Dér. de Jor. 





= Dec à 7 de" ” 
A 


JUE 


Jourguièïro, s. f. Taillis de châtaigniers sauvageons, 
qu'on aménage par coupes réglées tous les cinq ans, pour 
faire avec les jeunes rejetons des cercles de futaille, des 
élaies à sécher les châtaignes et toute sorte d'ustensiles 
tressés d'éclisses. 

Jouriflado, s. /. OEillet. — Voy. Girouflado. 

Journado, s. f. Dim. Journadéto. Journée ; espace d’un 
jour employé au travail des champs; travail ou chemin 
qui se fait dans un jour; temps depuis le lever jusqu'au 
coucher. Ana'n journado, aller travailler chez un pro- 
priétaire à la journée. Saïqué és trop fort pér ana’n jour- 
nado, sans NT ee se croit trop excellent ouvrier pour se 
« dé la journée ordinaire, il ne veut tra- 

/ rfait, à ses pièces. À pas qué sa journadelo, 
le pauvre homme n'a que le prix de sa journée pour nourrir 
sa famille; il n’a d'autre gagne-pain que ses bras. Vigno 
dé dès journados, vigne de dix journaux de piochage. 
N'avès pér bono journado, vous avez pour une bonne 
journée de marche. Sèn à fi dé journado, nous arrivons à 
la fin de la journée, au bout du travail. 

- Journâou, s. "”. Journal de labour, quantité de terrain 
qu'un seul homme peut labourer à la mare ou à la pioche 
en un jour. 

Journdou, journal, gazette périodique, quotidienne, est 
une imporlation franchimando que les besoins nouveaux 
ont fait admettre. 

Jouve, s. f. Jeune fille. — Ma jouve, ma bonne amie, 
celle que je fréquente en vue du mariage. 

On dit aussi : la jouve dé moussu un » tdou, la maitresse 
en titre de monsieur tel. 

Dér. du lat. Juvenis, jeune. 

Jouve, adj. des deux genres. Dim. Jouvéné; augm. 
Jouvénas. Jeune, qui a de la jeunesse; jouvenceau, ado- 
lescent; jeunét, presque enfant, pour le dim.; et à l'augm. 
grand garçon qui fait encore l'enfant. — Voy. Jouïne. 

Jouvén (lou), s. m. La gent juvéniie, la jeunesse d'un 
endroit spécial, prise dans son ensemble.— Foy. Jowinèsso. 

Dér. du lat. Juventus. 

Juël, s. m. Ivraie, Lolium perenne, Linn., ivraie vivace, 
ét Lolium temulentum, Linn., ivraie enivrante, plante de 
la fam. des Graminées, qui vient dans les blés, et pro- 
duit une petite graine noirâtre qui altère la qualité du 
pain et peut même causer l'ivresse, dit-on. Toujours est-il 
que cette opinion est fort ancienne et générale, puisque 
c'est elle qui a valu à la plante son nom fr. Juraie, tra- 
duction évidente du lat. Ebrius, où Ebrietas, ivre ou 
ivresse. Une opinion encore très-répandue, quoique peu de 
personnes en aient vu la justification, c’est que les ma- 
quignons qui ont quelques bêtes rétives ou vicieuses, les 
enivrent avec de l’ivraie avant de les exposer à la vente, 
un jour de foire, afin dadissimuler leurs vices; car, pré- 
tend-on, dans cette ivresse, elles deviennent douces comme 
des agneaux. Mais on comprend difficilement cotnment ces 
trafiquants peuvent se procurer une quantité suffisante 









JUR ds 


d'ivraie, ou qui la leur fournit, qui s'amuse à ce commerce 
et à ce triage; et comment le maquignon, en achetant 
celte ivraie, ce qui doit revenir souvent fort cher et tou- 
jours suspect, ne craint pas les mauvais propos du public 
et de la rivalité. 

En allem. Lolch; en esclavon, Lyuuly, m. sign. Sau- 
vages et autres citent Ye, celt. m. sign., comme la racine 
première. 

Jui, s. m. Au fém. Juivo; dim. Juité. Juif. — Voy. 
Jasiôou. 

Jui est du patois ; Jasibou, du languedocien. 

Juiè, s. m. Juillet, septième mois de l’année actuelle, 
composé de trente-un jours. 

Dér. du lat. Julius, m. sign. 

Juja, v. Juger, rendre la justice, prononcer un juge- 
ment, une cofidamnation: apprécier; conjecturer. — Juyjas 
un pdou, réfléchissez, voyez un peu. L'an juja dou capi- 
tdou, on l'a condamné à mort, on a prononcé contre lui 
la peine capitale. 

Dér. du lat. Judicare, m. sign. 

Jujamén, s. #1. Jugement, arrèt de justice. — Ne s'em- 
ploie que fort mal et improprement dans le sens de faculté 
d'appréciation, esprit judicieux. 

Juje, s. m. Juge, magistrat préposé pôur rendre la jus- 
tice; arbitre; celui qui juge de quelque chose. 

Jun, s. m. Juin, sixième mois de l'année, de trente jours. 

Dér. du lat. Junius, m. sign. 

Jun (én), adv. À jeun, sans avoir mangé de la journée. 
— Voy. Ën-jun. 

Dér. du lat. Jejunus. 

Juna, v. Jeüner, se priver d'aliments pendant un certain 
temps: manger peu; observer les jeunes prescrits par 
l'Église. Au fig. se priver de. s'abstenir forcément. 

Dér. du lat. Jejunare, m. sign. 

June, s. m. Jeüne, abstinence de viande ou d’un repas; 
jour de jeûne; abstinence commandée ou volontaire d’ali- 
ments ou de plaisirs. 

Dér. du lat. Jejunium, m. sign. 

Jura, v. Jurer; prèter serment; affirmer par serment; 
prendre le nom de Dieu ou des choses saintes à lémoin, 
comme le prohibe l'article 2 du Décalogue; proférer des 
paroles obscènes; blasphémer. — Jura Diou, jurer par le 
nom de Dieu. 

On appelle encore un jura, un prêtre qui avait prêté 
serment à la constitution civile du clergé par l’Assemblée 
constituante : les orthodoxes refusaieut d'entendre leur 
messe et de recevoir les sacrements administrés par eux. 

Un jura est aussi un membre du jury institué près les 
cours d'assises ou pour l'expropriation pour cause d'utilité 
publique. 

Dér. du lat. Jurare, m. sign. 

Juraïre, aïro, adj. Péj. Juraïras. Qui a l'habitude des 


| blasphèmes, des jurons, des mots obscènes. 


Juramén, s. m. Jurement; serment prêté en justice. — 


420 


N'est pas bon lang., qui préfère dans la seconde acception 
Séramén, et qui sait se passer d'employer le mot dans la 
première. 

Jus, s. m. Jus; suc: sauce; suc qu’on tire d'une chose 
par expression, par ébullition ou par infusion. 

Dér. du lat. Jus, m. sign. 

Jusclos, s. . plur. Longes de joug, longues lanières de 
cuir ou cgurroies au moyen desquelles on fixe le joug sur 
la tête des bœnfs. 

Dér. du lat. Jugalia, m. sign. 

Jusquo, prép.. ou Énjusquo. Jusque, pour désigner le 
terme, le but, la fin du temps; adv. marque l'excès, le 
terme, le degré, le but. 

Justamén, adv. Justement; précisément; c’est cela même. 

Juste, s. m. Corsage de jupe qui ne tient pas avec elle 
et juste à la taille et aux manches : ce qui lui a valu son nom. 


KIL 





KIR 


Juste, justo, adj. Juste, équitable, qui est suivant la 
justice; conforme au droit et à la raison; exact; trop 
étroit. — Pris comme subst., un juste, un bienheureux, 
celui qui a bien observé la loi divine. — Coumo dé juste, 
comme de raison, comme il convient. Juste, y toumbas, 
vous devinez juste. Mourè juste, mourir sinon insolvable, 
du moins ne laisser aucune fortune. És l'houro justo, c'est 
l'heure exacte. Aquélo vèslo és bé justo, cette veste est 
bien étroite Juste coumo un mantèl, dicton ironique en 
parlant d’un vêtement qui n'est pas précisément à pli de 
corps, qui #st trop large. 

Dér. du lat. Justus. 

Juste, adv. Tout juste; justement; précisément. 

Justiço ou Justicio, s. f. Justice, droit, raison, équité; . 
la justice, ordre judiciaire; les gens de justice. 

Dér. du lat. Justicia, m. sign. | 


K 


K, s. m. K, onzième lettre de l’alphabet, huitième con- 
sonne ; s'appelle Ka. 

Cette lettre serait rigoureusement à supprimer; mais il 
convient de lui ouvrir un compte pour lui attribuer quel- 
ques mots qu'on ne pourrait écrire autrement qu'avec elle 
sans déconcerter l'œil, et qui, comme d'autres termes du 
système décimal, ont bien aussi le droit de bourgeoisie, 
depuis que la lieue de pays s'est raccourcie et qu'on ne 
peut plus vendre à la livre sans être à l'amende. Il est 
vrai que tous les membres de cette famille tant soit peu 
barbare n’ont point été également accueillis : le stère et 
ses composés ne sont point connus; l’hectomètre, le déca- 
mètre, le centiare, le kilolitre, le décilitre, sont des divi- 
sions inusitées, et toute la mince hiérarchie des grammes 
jusqu'au déca est trop peu de chose pour qu'on s'en 
occupe. 

Kilô, s. m. Nom générique et qui signifie mille fois la 
chose. — Ne s'emploie, ainsi qu'en fr., que comme abré- 
viation nouvelle de kilogramo. — Lou miè-kilo, le demi- 
kilo, représente notre livre ordinaire. Rabala soun kild, 
locution nouvelle, devenue synonyme de Rabala soun 
lagui, trainer le poids, le boulet de son chagrin. 

Kilogramo, s. m. Kilogramme, mille grammes; moins 
en usage que son abréviation Kio. — Les nouvelles me- 
sures dont le rapport avec les anciennes était exact et 
clair, furent assez aisément adoptées; mais il n'en fut pas 
de même pour le kilogramme, dont le rapport avec l'ancien 
poids ne se rend que par des fractions indéfinies, et est 
par conséquent difficile à saisir. Aussi, jusqu'à ces der- 
niers temps, les paysans avaient persisté à n'acheter et 





vendre, surtout leur principale récolte, les cocons, qu'à la 
livre, ancien poids du pays. Vint 41848; alors cette 
livre de cocons ne valut plus que 75 ou 80 centimes. 
C'était un crève-cœur de livrer à ce prix-là, la moitié à 
peu près de ce qu'ils vendaient de coutume; ils cédèrent à 
4 fr. 90 c. le kilo. C'était la mème chose, la bourse n'y 
gagnait rien; mais, comme en rentrant chez eux ils sont 
dans l'habitude d’énoncer le prix de leur vente sans 
parler de l'unité de poids, qui va desuile, cette fois encore 
ils purent dire un chiffre assez rond, et l'honneur fut sauf: 
Depuis on n'a plus traité ces marchés, ainsi que tous les 
antres, qu'au kilogramme; et c'est de celle époque que 
date son adoption définitive. Du reste on a bien fait, car 
les acheteurs patentés, qui étaient tenus de peser avecune 
romaine étalonnée et par conséquent au nouveau système, 
devaient ensuite traduire le rendement en petit poids, et 
la traduction était rarement à l'avantage du vendeur: — 
Foy. Liouro. 

Kilomèstre, s. m. Kilomètre, mille mètres. — Ainsi 
que nous l'avons dit, l'abréviation kid ne serait passici 
de mise, car elle s'applique exclusivement au kilogramo 
et n’exprime que ce mot. 

Kirièleïson, s. m. Kyrie-eleison, partie de la messe où 
l'on invoque la miséricorde de Dieu; commencement des 
litanies. 

Cette prière, chantée ou prononcée à haute voix et sou- 
vent répétée, en a rendu la formule populaire : l'expres- 
sion en est rendue comme le pouvait la langue. 

Dér. du gr. Küpæ, seigneur, et "Ecioov, impér., ayez 
pitié. 





LA 4 


L 


L, 5. f. L, neuvième des consonnes et douzième lettre 






de l'alphabet. 

Cette consonneest classée parmi les Linguales à cause 
de son : on produite par un mouvement particulier 
de la langue; et on la qualifie aussi de Liquide, pour 


exprimer la facilité avec laquelle elle se coule et s'allie au 
milieu des autres consonnes. 

Ælle se nomme et se prononce Énbo; et cette prononcia- 
tion se reproduit dans presque tous les mots que le fr. ter- 
mine en ale, alle, ile, ille (non mouillé), olle, oule ; soit que 
notre dialecte les lui emprunte, soit qu'il les prenne comme 
Jui à une source commune : ex. : binlo, panle, sanle, inlo, 
Bazinlo, tranquinle, facinle, coronlo, monle, utinle. Serait- 
ce par suite de cette propension, qui leur viendrait du 
nom et de la nature de la lettre elle-même, que les méri- 
dionaux mériteraient le reproche adressé à leur façon de 
parler, par SauvaGEs, de prononcer les mots français où 
se trouve cette articulation en y intercalant un NW, et de 
dire vicieusement inlustre, inlumination, inlégitime, au 
lieu de illustre, illumination, illégitime? I y a faute sans 
doute au regard du langage d'outre-Loire; mais le Midi 
se souvient peut-être que dans la moyenne latinité on 
disait de même vir inluster pour vir illuster ; et le nom de 
sa lettre, comme son usage et son articulation, ne seraient 
alors qu'une tradition d'assez bonne origine, qui, pour ne 
pouvoir être transposée d’un idiome à l’autre, serait loin 
d'être condamnable dans le nôtre. C’est une différence de 
plus à noter. 

Il en est une autre que nos remarques sur la lettre Zont 
pu faire pressentir, et qui touche à l'orthographe, cette 
représentation de la prononciation. Le français emploie, 
pour figurer certains sons, deux 4 précédés d’un à, et 
appelle cette combinaison Z mouillée : notre dialecte 
n’admet pas cet agencement de lettres ni les variations qui 
tantôt les laissent simples et tantôt les redoublent. Pour 
ui, dans les cas pareils, la labiale ne se fait pas sentir; 
il n'avait donc pas à l’introduire ; mais la mouillure existe 
et elle a dû ètre représentée par là tréma, qui produit le 
même effet sans complications : ainsi nous écrivons famio, 
fio, bataïio, émbrouïo, qui correspondent au fr. famille, 
fille, bataille, il embrouille. Notre orthographe obéit par là 


à deux règles également essentielles : écrire comme on | 


prononce et ne pas redoubler des lettres qui ne sont pas 
articulées. 
Sur ce point, SauvaGes a fait quelques observations 





qu'on nous saura gré certainement de recueillir : nous 
nous sommes attaché, plusqu'il ne fait peut-être lui-même, 
à sa leçon, qui est l'anatomie, comme il le dit, ou le dé- 
veloppement de cette espèce de prononciation : 

« On voit dans les plus anciens manuscrits langue- 
dociens, une orthographe particulière dont on était con- 
venu pour mouiller l’{, qui consistait à faire suivre cette 
lettre d’une h, sans y joindre la voyelle &, quoiqu'on la fit 
sonner dans la prononciation; c'est ainsi qu'on écrivait: 
ulh, falha, nuvalhos, ovelha, malha nigra, et bien d'autres: 
orthographe qui ne subsiste plus que dans les n. pr. tels 
que Troulhas, Verdelhan, Ventalhac, Salhen, Péoulhac, 
Grefulho, Lagulhon, etc., qu'on prononce Troulias, 
Verdelian, Ventaliac, etc. Les gens sensés qui portent ces 
noms, ont été d'autant plus jaloux de retenir cette ancienne 
orthographe, que les altérations qu'ils s’y seraient per- 
mises, pour se rapprocher du français, auraient pu donner 
des atteintes à leurs propriétés, et devenir matière à 
procès. 

« Cette orthographe, au reste, pour mouiller V4, était 
aussi peu naturelle que celle qui est usitée en français 
pour certains mots, tels que fille, famille, etc., qu’il 
serait plus simple et moins sujet à équivoque d'écrire 
comme filie, familie : c.-à-d. en mettant un à après une 
seule 4, et ne faisant qu'une diphthongue des deux der- 
nières voyelles ie, afin qu'on ne prononçât pas, comme on 
le ferait en français, famili-e, en séparant ces voyelles qui 
devraient être jointes en une vraie diphthongue. 

« Pour mouiller l'? en français, il faut nécessairement 
prononcer comme nous, mais faiblement, nos diphthongues 
aï, di, où, ouï et ui, et ainsi dans bouilli, par ex., il faut 
prononcer notre diphthongue oui comme nous la pronon- 
çons dans ouïre, bouïras. » 

La, pron. relatif et article fém. sing. La; elle. — Le 
masc. est Lou; au plur. Las. — La fénno, la femme. La 
véguère, je la vis. Aïmo-la, aime-la. 

Dér. du lat. Ia ou Ea. 

La, s. m. Dim. ZLachoù. Lait, liqueur blanche des 
mamelles; suc blanc de certaines plantes. — Agnèl dé la, 
agneau de lait, qui n’a encore été nourri qu'en têtant sa 
mère. — On disait autrefois Lach, et l'inflexion ch s'est 
conservée dans ses composés. 

Dér. du lat. Lac, lactis, m. sign. 

La, adv. Assez, suffisamment; arrêtez-vous. — C'est 
une locution que n'oublie jamais celui à qui l’on verse à 

54. 


422 LAG 


boire. Mais son acception ne se borne pas là, et on l’em- 
ploie ainsi interjectivement pour arrêter la continuation 
d’un acte quelconque. 

Laboù, s. m. Labour; labourage; œuvre de charrue ou 
d’araire. — Aquélo tèro a agu dous laboùs, cette terre a 
reçu deux œuvres de labourage. 

Dér. du lat. Labor, travail, œuvre. 

Lacha, vw. Lâcher; abandonner; laisser; lâcher pied; 
faire le lâche; mettre les pouces; détendre; relàcherlesliens. 

Dér. du lat. Lazare, m. sign. 

Lachassouü, s. m., ou Lachéirou ou Lachéto. Laiteron, 
lauron, laitue sauvage, Senchus oleraceus, Linn., plante 
de la fam. des Chicoracées, cultivée et commune. 

Son nom lui vient de ce qu'en la coupant elle répand 
une liqueur qui a la consistance et la couleur du lait, 
Lach, dit autrefois pour La. 

Lache, lacho, adj. Péj. Lachas. Lâche; mauvais 
ouvrier, sans force ou sans bonne volonté; mou, amolli ; 
détendu; desserré. — Aquél courdil és tro lache, ce cordon 
n’est pas assez serré. 

Dér. du lat. Laæus, m. sign. 

Lachèïro, s. f. Marchande de lait; laitière; qui donne 
du lait. —Vaquo lachèïro, vache laitière. És bono lachèro, 
elle a beaucoup de lait. 

Lachéïroù, s. m. Laiteron. — Voy. Lachassoù. 

Lachén, s. m. Porc, cochon de lait, jeune pourceau. — 
Dans le principe, c'était cette dernière espèce que l’on 
appelait spécialement Lachén ; aujourd’hui, par ext., on 
donne ce nom aux porcs de tout âge. 

Dér. de Zach, vieille dénomination de lait. 

Lachéto, s. f. Laiteron. — Voy. Lachassoù. 

Lachugo, s. /. Dim. Lachuguëto. Laïtue, Lactuca sativa, 
Linn., plante de la fam. des Chicoracées, dont on cultive 
plusieurs espèces et de nombreuses variétés : se mange en 
salade. 

Dér. du lat. Lactuca, venu de Lac, lait. 

Ladre, ladro, adj. Ladre, lépreux; atteint de ladrerie; 
au fig. avare, fesse-mathieu; insensible. — Un por ladre, 
un cochon ladre. — Voy. sur cette maladie de la race 
porcine, l’article Grano dé por. 

Ladrije, s. . Ladrerie, maladie des porcs; au fig. ava- 
rice sordide, cuistrerie; vilenie. 

Lagagno, s. /. Ophtalmie, maladie des yeux; humeur 
à peu près semblable à de la cire qui coule des yeux; 
chassie. 

En celtique Zaig; en bas-bret. Lagad, œil; et encore en 
bas-bret. Lagen, bourbier. 

Lagagnoüs, ouso, adj. Chassieux ; qui a mal aux yeux; 
qui a les yeux larmoyants. 

Lagaïno, s. f. Renoncule des champs, Ranunculus 
arvensis, Linn., plante de la fam. des Renonculacées. — 
On donne aussi ce nom au pissenlit. 


Lagrémuso, s. f. Lézard gris des murailles. — Yoy. 
Réngloro. 





LAM 


Lagui, s. m. Chagrin; inquiétude; souci rongeur, 
incessant; ce que Horace appelle Atra cura.— Rabala un 
lagui, trainer avec soi un chagrin qui monte en croupe et 
galope avec nous. Aquélo éstofo duro à lagui, cette étoffe 
est d’une telle durée qu'on s'ennuie à la porter. 

Dér. du lat. Langor, langueur, tristesse, ennui. 

Laguia, v. Causer de la peine; donner du chagrin; 
tourmenter; inquiéter. 

Sé laguia, se chagriner ; s'inquiéter. 

Laguia, ado, part. pass. et adj. Chagrin; inquiet; tour- 
menté de noires préoccupations ; triste. 

Laï, laïdo, adj. Dim. Laïdé, Laïdoù; péjor. Laïdas; 
péjor. rédup. Laïdassas. Laïd; difforme; déplaisant; hor- 
rible, abominable; vilain gros laid. Au fig. laid; honteux; 
sordide. NAT 

Laïde, laïdo, adj. Laïd, au pr. et au fig. 

Ces deux adjectifs sont absolument identiques et s'em- 
ploient indifféremment; s’il peut y avoir une légère diffé- 
rence dans l'usage, c’est que Laïde ne se place guère qu'à 
la fin d’un membre de phrase. On dit : Zaï coumo lou péca, 
laid comme le péché,{et non Zaïde. Cependant le second ne 
serait pas une faute. Il y a là une nuance imperceptible. 

Dér. du lat. Lœdere, blesser, gâter, endommager 

Laïssa, v. Laisser; délaisser; quitter; abandonner; 
céder; permettre. — Vos pas véni, laïsso l’én, tu ne veux 
pas venir, demeure, tu peux t'en dispenser. Laïssén aqud- 
ilaï, laissons cela, brisons là-dessus. ZLaïssas un pdou, 
permettez un moment. 

Dér. de la bass. lat. Laæare, m. sign. 

Laïsso-m'ista, s. m. Indolence; mélancolie; douillet- 
terie; l’état d’une petite maitresse’, à l'air dolent et 
inquiet, qui a ses nerfs ou des vapeurs. 

Ce substantif est une sorte de phrase faite, correspon- 
dant en fr. à Laisse-moi ici ou laisse-moi tranquille. Le 
mot Jsta est du vieux lang. pris des adv. lat. Zstac ou 
Istic, ici ou par ici, ou plutôt du verbe Stare. L'ital. dit 
de mème Lasciare star. 

Laïsso-m'istous, ouso, adj. Indolent; maladif; qui a 
l'humeur dolente. 

Lalo, s. m. Dim. Lalouté; augm. Laloutas. Dada; nom 
du cheval dans le langage des nourrices et des enfants qui 
commencent à baragouiner. — Il est à remarquer que 
presque tous les mots du lexique enfantin ne sont que des 
doublements d’une même consonne, ce qui les rend plus 
accessibles à l'oreille et à la langue de l'enfant, qui, de 
lui-même, dans la composition de ces mots, n’emploie 
guère qu'une consonne -à la fois: boubo, papa, mama, 
tété, etc. 

Lambourdo, s. f. Masse d’eau, roseau des étangs, Typha 
palustris, Linn., plante de la fam. des Thyphacées, qui 
habite dans tous les lieux marécageux. 

Lambrusquo, s. f., ou Rimièiro. Lambrusque, vigne 
sauvage, Vitis vinifera, Linn., plante de la fam. des Sar- 
mentacées, qui produit des raisins à grains très-petits et un 


LAN 


vin un peu Apre, mais susceptible d'une certaine bonifica- 
tion en vieillissant. 

Dér. du lat. Lambrusca, m. sign. 

Lamo, s. f. Lame, table de métal, mince, tranchante; 
lame de couteau, d'épée, etc. — Fino lamo, au fig. homme 
fin et rusé; grand diseur; enjoleur. Flaquo-lamo, indolent, 
molasse, apathique; lâche au travail. 

Dér. du lat. Zamina où Lamna, m. sign. 

Lampa, ». Lamper; boire; siroter; soiffer. 

Dér, du lat. Lambere, lécher. 

Lampèse, s. f. Lamproie, sorte d'anguille de mer, Pe- 
tromizon, Linn:, poisson de l’ordre des Trématropnés et de 
la fam. des Cyelostomes. On en connait de plusieurs 
espèces : la grande lamproiïe a jusqu’à un mètre de long 


et habite principalement la mer; on en trouve dans la 


Méditerranée, La plus petite, qui ne dépasse pas vingt- 
cinq centimètres, se rencontre dans le Gardon. 

Son nom scientifique lat. tiré du grec Tlérpos, pierre, et 
Miw, je suce, Lambo petras, qui a formé le nom fr. et 
par altération le lang., lui vient de ce que la lamproie 
s'attache aux pierres avec la bouche comme ferait une 
sangsue, 

Lampourdo, s. f. Bardane, glouteron; hérisson, tête ou 
fruit de la bardane; Arctium lappa, Linn., plante de la 
fam. des composées Cynarocéphales. — Le hérisson qui 
contient sa semence, est formé de petits dards qui s’accro- 
chent au poil des animaux et aux cheveux, et s’y enche- 
vêtrent en un instant de telle façon qu'on ne peut plus 
les arracher qu'en coupant. SAUVAGES remarque que cette 
faculté de s'accrocher au poil des animaux doit être une 
prévision du Créateur pour porter au loin la semence de la 
plante, comme toutes ces semences emplumées que le vent 
transporte et multiplie. 

C'est pour cela que la Lampourdo est encore connue vul- 
gairement sous le nom de Tiro-pèou. On l'appelle aussi 
Gafard et Arapo-man.—Voy. ©. m. 

Dér. du gr. Aaéstv, prendre, ou selon Théis, du celt. 
Liap, main. 

Lana, ado, adj. Lainé, laineux, fourni en laine. 

Lanaje, s. m. Toison; lainage; qualité de la toison des 
moutons et des brebis; récolte de la laine.— Aqué! troupel 
a un poulà lanaje, ce troupeau a une belle qualité de 
Lancè, s.m. Lancis, terme d'architecture, pierre de taille 
longue et étroite mise en parement au jambage d’une porte, 
d’une fenêtre, reposant sur une autre plus large qui s’en- 
fonce dans l'épaisseur et se nomme Crosso. — V, ©. m. 

Lancéja, v. fréq. Donner ou éprouver des élancements 
douloureux. — Moun dé mé lancéjo, j'éprouve au doigt 
des élancements douloureux, comme dans l'inflammation 
d'un apostume. 

Dér. de Lanço, parce que cette douleur ressemble à celle 
que causerait un coup de lance ou d’une lame quelconque 
en pénétrant dans les chairs. 2 





LAN 423 


Lancéjado, s. /. Élancement douloureux qu'on éprouve 
au foyer d’une inflammation ou apostume. 

Lancéto, s. f. Lancette, instrument de chirurgie, com- 
posé d'une lame à deux tranchants, montée sur une chasse 
à plaques mobiles, servant à saigner les veines; en terme 
de filature, va-et-vient d'un tour à filer la soie, qui est un 
liteau ou une règle de bois mince, ayant un mouvement 
direct de droite à gauche, et qui, portant une petite fiche 
à anneau où passe le brin de soie, le distribue dans toute 
la largeur de l’écheveau et l'empêche de s'appliquer deux 
fois de suite au même endroit, ce qui ferait coller les 
divers tours du brin l’un à l’autre et nuirait au dévidage. 
— Voy. Maréla. 

Lanciso, s. f. n. pr. de lieu commun à plusieurs loca- 
lités. Lancise, — Signifie dans l'origine un rocher ou un 
terrain taillés à pic. 

Dér. du lat. Incisus, coupé, tranché. 

Lancisolo, s. f. n. pr. de lieu et d'homme. Lancisole. 

La désinence du mot en fait évidemment un diminutif 
du précédent Lanciso. Appliqué à une localité, il désigne 
une coupure, une anfractuosité moindre; à une personne, 
c’est un habitant de l'endroit dénommé. 

Landa, v. Ouvrir une porte à deux battants. — Dans 
ce sens, il est identique à Alanda. — V. c. m. 

Sé landa ou Sé landra, s'étendre au soleil à rien faire 
comme les lazzaroni; prendre ses aises ; fainéanter. —Voy. 
Alanda. 

Landiè, s. m. Landier, gros chenet de cuisine en fer qui 
supporte la broche. 

En allem. Handeiren, en angl. Handiron, pied de fer, 
de Andes, jambage. Landiè serait-il pris pour Jambier, ou 
bien l’article se serait-il joint tout simplement au radical 
Andes? 

Landoro, s. m. Fainéant, batteur de pavé. 

Landra (Sé), v. Fainéanter.— Voy. Sé landa. 

Landrin, s. ». P6j. Landrinas. Grand flandrin; propre 
à rien ; fainéant. 

Les trois mots précédents, formés par le même généra- 
teur, ont d'intimes rapports pour la signification et une 
parenté évidente avec Flandrin et Gandar. — Voy. ©. m. 

Landuro, s. f. Sorte de jeu de mot qui n’a d'autre 
emploi que dans la phrase suivante : Aqud’s dé mdou dé 
landuro, c’est un mal auquel il n’y a rien à faire que de 
l'endurer. Il n’y a ici qu'une reproduction, avec une légère 
variante, de la phrase faite déjà citée: Mdou d'énduro. — 
Voy. Énduro. 

Lanéja, v. Porter, produire de la laine.— Se dit des mou- 
tons et brebis qui fournissent plus ou moins de laine. — 
Lous bédigasses an pas gaïre lanéja aquést'an, les moutons 
d’un an n'ont guère produit de laine cette année. 

Dér. de Lano. 

Lanfios, s. f. plur. Futilités; sornettes; simagrées; 
mignardises affectées dans les manières et dans les paroles. 

Langè, s. m. Danger, péril. — Se dit mieux que Danÿé 


424 LAN 


(Ve: m.).— Lanjè d'y laissa moun nas, au péril de mon 
nez; danger de me casser le nez; je devrais m'y casser le 
nez. Langè! crie-t-on au jeu de colin-maillard ou de cli- 
gne-musette, quand celui qui a les yeux bandés s'approche 
d’un obstacle ou d’un danger quelconque. 

Corrupt: du fr. Danger. 

Langéïroùs, ouso, adj. Dangereux, périlleux; qui 
menace d’un danger; qui est en danger de mort. — És bé 
langéiroùs qué l'atroubarés pas, il est bien à craindre que 
vous ne le trouviez pas. Aquél maldoute és langéiroùs, ce 
malade est en danger de mort. Crésès qué sièque lan- 
géiroùs? vous croyez qu'il est dangereusement malade, en 
danger de mort? —Voy. Danjéiroùs. 

Langui, v. S'ennuyer; dépérir d’ennui, de tristesse; 
éprouver le mal du pays. — Les habitants de la campagne, 
les femmes. et les enfants surtout sont sujets plus que 
d’autres à cet ennui, à ce dégoût nostalgique lorsqu'ils 
changent de domicile et qu’ils ne rencontrent plus sous la 
main tous leurs objets d'habitude et ne voient que des 
sites, des horizons, des meubles nouveaux, des figures 
nouvelles. Sé garda dé langui, se désennuyer, se parer 
contre l'ennui, s'amuser, se distraire. Languisse dé vous 
véire, il me tarde de vous voir. Mé faï langu? pér moun 
argën, il me fait attendre mon paiement. Mé languisse, je 
m'ennuie à périr : je ne sais que devenir. 

Dér. du lat. Languere, m. sign. 

Languidouïro, s. f. Séjour triste et ennuyeux; mo- 
ments d’ennui et de découragement. — Y-aï fa dé bravos 
languidouïros, j'y ai éprouvé de longues heures d’ennui: 

Languimén, s. m. Ennui, abattement; tristesse, C’est 
une variante de Zanguitudo. 

Languino, s. /. Mélancolie; tristesse; découragement. 

Languissable, ablo, adj. Ennuyeux, qui porte à l’en- 
nui, aux regrets, en parlant d’un séjour, d’une localité, — 
Lou pêis és pas languissable, le pays n’est pas désagréable ; 
on ne doit pas s’y ennuyer. 

Languitudo, s. f. Ennui; langueur causée par la maladie 
du pays. — La languitudo m'arapo, la tristesse me saisit, 
la nostalgie me gagne. 

Lanla, adv. Coussi-coussi; ni trop ni trop peu; parci 
par-là; là là; tout doucement. 

Lanlèro, terme enfantin, sans signification précise, quand 
ilse joint à Hupo! interj. (V. c. m.), mais qui semble 
avoir plus de portée dans la bouche des grandes personnes 
et dans cette phrase : L'aï manda fa lanlèro, je l'ai envoyé 
paitre. Il dissimule alors un mot plus énergique; qui n'est 
pas de bon goût. 

Lano, s. f. Laine, toison des brebis; des moutons, des 
agneaux. — Lano surjo, laine surge, crue, laine en suin. 
Débas dé lano, bas de laine. 

Dér. du lat. Lana, m. sign. 

Lansoman, s. m. Grand escogriffe; homme de haute 
taille; mal charpenté. — C’est un sobriquet que: nous 





LAN 


donnons volontiers aux Allemands et que nous avons 
emprunté à leur langue, Landsman, homme du pays. 

Lantérgnè , s. m. Ferblantier, et plus spécialement 
fabricant où marchand de lanternes, qui parcourt lés rues 
et les chemins en colportant toutes sortes d’ustensiles de 
fer-blanc et de fil d’archal. 

Lantèrnéja, v. Lanterner, muser; lambiner; faire atten- 
dre; retarder; différer; s'occuper de bagatelles lorsque des 
affaires plus importantes vous appellent. 

Lantèrno, s. f. Lanterne, boite transparente pour en- 
fermer une lumière. 

Dér. du lat. Laterna, de Latere, cacher, qui cache le 
feu. 

Lanu, lanudo, adj. Laïneux, couvert de laine; qui a 
beaucoup de laine. — Lou béstidou lanu, les bêtes à laine, 
en général. 

Lanuéjôou, s. m. n. pr. de lieu. Lanusiols; commune 
de Trève, arrondissement du Vigan (Gard). — Il ne saurait 
y avoir aucun doute sur la signification diminutive que la 
désinence en dou pour ol, ols, imprime au radical : il 
s'agit certainement d’un objet, d'un lieu, représenté en 
petite quantité, de petite dimension, de moindre abon- 
dance. Mais le radical lui-même, quel est-il? L'appellation 
au moyen-àge peut fournir des éclaircissements. M. Ger- 
mer-Durand donne les dates des anciens titres où cette 
localité est mentionnée: elle avait nom, en 4450, Faissæ 
de Lanejol; de Lanoyol, en 1163; de Noculis, en 4467, de 
Lanogo, en 1474; la forme Lanueÿolz, Lanuejol et Lanie- 
jol se trouve dans le roman de 4229 à 4257; puis le latin 
reprend Villa de Nuogolis, en 1314, de Nuyolo en 1321, 
de Nugulo en 1332; la dénomination revient à Lanuejolis 
en 438%, pour redonner de Nujulo en 4446, et dire La 
Nueiols en 4582; qui ont produit en tout un mot la forme 
actuelle. On aurait pu croire d’abord que la laine, Zana, 
pouvait entrer dans la composition du nom; mais le dimi- 
nutif se prète peu à cette combinaison pour s’allier avec ce 
sens de laine. 

On remarque d’ailleurs dans le latin l'affectation de 
s’écarter de cette signification de Lana, en écrivant le mot 
sans la première syllabe caractéristique; par où on est 
amené à une autre racine, qui est suffisamment indiquée 
et ne peut être que Nuces, les noix, les noyers; ce qui 
voudrait dire, pour faire raison au diminutif, un petit 
lieu planté de quelques noyers, où se trouvait peut-être un 
seul noyer, ou bien un lieu dans lequel les noïx étaient 
plus petites. IL suivrait de là que l’article La serait venu 
faire corps avec le mot lui-même, ce qui n'est pas rare 
dans la formation des noms. 

Quant aux analogies, il y aurait identité parfaite avec 
une dénomination d’une ville d’Espagne, Llanuejelo, et 
l'on arriverait aux représentations du lat. Nucetum et de! 
la bass. lat. Nugaretum, Nogaredum, champ de noyers, 
passés dans le lang. avec Nougaré, Nougarédo, ete. 

Cependant un autre radical pourrait peut-être encore 


ee IT 


préméditation, i 


LAO 


ètre proposé, dont la consonnance au moins se rapproche ; 
et’ sa signification où sa raison appellative ne manquerait 
pas de justesse d'application. En gaulois, Now signifie 
Prairie, comme Noue en roman : un grand nombre de 
noms de lieux, ayant des rapports avec le nôtre, tirent de 
là leur origine : Noailles, Noaillac, Noyelle, Neuilles, ete 

Notre première interprétation nous parait préférable. 

Lôoujd, jèiro, adj. Léger, au physique et au moral; 
plus particulièrement au moral, étourdi, qui ne sait s'oc- 
cuper de rieñ de sérieux; inconséquente, en parlant d'une 
fille. 

Dér: sans doute du lat. Levis; m. sign., mais non sans 
avoir subi des altérations. 

Lâoujèiramén, adv. Légèrement, avec légèreté, sans 
inconsidérément. 

Lâoujèirije, s. /. Légèreté; inconséquence ; marque 
d’aplomb, de bon sens. 

Lôoura, v. Labourer à la charrue ou à l’araire, et non 
à là mare où à la bèche. — Ldourou pas dé col, ils ne 
vivent pas en bonne intelligence; ils sont mal d'accord; 
ils sont comme deux bêtes de labour qui ne peuvent pas 
s'accoupler. 

Dér. du lat. Laborare, travailler. 

Lâourado, s. f. Égratignure longitudinale, comme celle 
que fait uné ronce sur la peau humaine; estafilade à la 
peau. 

Läouraïre, s. m. Laboureur, c.-à-d. celui qui Jaboure 
lui-même ; valet de charrue, dans le sens de son savoir- 
fairéret de son adresse. — N'a rien de commun avec le 
laboureur en fr., qui est un chef de ferme, exploitant en 
grand. 

Léouraje, s: mi. Labourage; manière dont une terre est 
labourée ; quantité de terrain labourable dans un domaine. 
— Ÿ-a pas gran ldouraje, il n’y a pas une grande étendue 
dé térrain susceptible d’être labourée. 

Lâäouréja, v. fréq. Labourer légérement; effleurer la 
terre. 

Lâouriè, s. m. Dim. Zdourièiré. Laurier, laurier franc, 
laurier commun, Laurus nobilis, Linn., arbre de la fam. 
des Lauriacées, naturalisé depuis longtemps dans le Midi 
avec ses nombreuses variétés. 

Le laurier est en grande aflection ou vénération parmi 
la population rurale, soit comme fournissant un assaisonne- 
miénit et servant d'épices à presque tous les ragoüts, soit parce 
qu’il lui offre des palmes pour le dimanche des Rameaux, 
qui en fait un laurier bénit, conservé au chevet du lit. — 
Émpourta lou ldouriè, oblenir la palmé. Émpourtara pas 
lou lâourid d'aquélo afaïre, il n'aura pas le dessus dans ce 
procès. Planta lou léouriè, couronner d’un laurier où d’une 
branche enguirlandée, Je faite d’un e construction qui vient 
d’être achevée : petite fète ou cérémonie que l'on arrose en 
payant aux ouvriers une étrenne. 

Dér. du lat. Laurüs, mi, sign 

Lâouriolo, s. /. Lauréole, garou, Daphne thymalæa, 





LAP 425 


Linn., plante de la fam. des Thymelées. — Le laurier- 
thym des jardins est de la même famille; peut-être le 
garou, £douriolo, n'a-t-il d'autre différence avec lui que 
d’être sauvageon et agreste. 

Lâouriôou (Figo-). — Voy. Figo-Léouriéou. 

Lâousas, s. #. Augm. de Ldouso. Grande pierre plate; 
grand pertennement de schiste à la superficie d’un terrain, 
qui s’exfolie ou se lève par couches. 

Lâouséro ou Aouséro, s. f., n. p. de lieu. Lozère ; 
montagnes, pays de la Lozère, au nord d'Alais. — Voy. 
Aouséro. 

Cette variante du nom nous parait en être la forme pri- 
mitive dérivée de Zdouso. On dit très-bien sus Ldouséro, 
sur les montagnes de la Lozère ; dévèr Lédouséro, vers la 
Lozère, sans l’article et en un seul mot, comme £Ldouso; 
mais le nom était connu des anciens. Strabon, César, Pline, 
citent les Lesuræ montes ; c'est de là que Rome tirait les 
fromages tant appréciés des gourmands /Voy. Froumaÿe). 
Des dénominations encore existantes en divers lieux attes- 
tent le passage des légions à la suite du grand vainqueur 
des Gaules. Le mot ZLeswra était donc répandu, et son 
rapprochement de celui de Lozère prouve qu'il s'est con- 
servé; mais les Romains n'avaient pas inventé l’appellation 
géographique; ils n'avaient pu la prendre que dans la 
langue nationale et ils l’avaient latinisée. Il devrait done 
se trouver dans le celtique un mot ressemblant de forme 
ét de consonnance appliqué à ces hautes montagnes, adopté 
dans le pays, que les conquérants firent passer dans leur 
langue. Ce mot était-il le gaulois £awr, pavé, répondant 
à Ldouso, dalle, actuel? C’est possible; mais le latin 
aurait quelque peu défiguré peut-être la prononciation en 
remplaçant l’a par un e, et le lang. l’aurait ramené au son 
primitif et à sa signification ancienne. A la vérité, on 
trouve dans le grec AGos ou Xésoç, pierre, rocher, qui 
pourrait avoir donné Zdouso êt Ldouséro. 

Lâouséro ou Aousérd, s. m. et adj. Au fémm. Zdouséroto; 
Lozerot, Lozérien, habitant des montagnes, du pays de la 
Lozère. — Voy. Aousérô. 

Lâouséto, s. f. Alouette des champs, Alanda arvensis, 
Linn. — Voy. Alouèto, dont le nom ZLéousélo n’est qu'une 
corrupt. 

Lâousisso, s. f. Amas, dépôt, tas de /dousos. 

Lâouso, s. f. Dim. Ldouséto; augm. Ldousas. Pierre 
plate et mince, relativement à sa surface. — Dans les 
hautes Cévennes, on en couvre les maisons comme avec 
l'ardoise; mais l'épaisseur est beaucoup plus considérable, 
ce qui surcharge excessivement les couverts et exige l’em- 
ploi d'un: bois très-fort pour la charpente. Ces sortes d’ar- 
doisés, qu'on devrait appeler plutôt dalles, sont en général 
en mica-schiste. 

Les étymologistes font dériver ce mot du celt. Lawr, 
pavé, ou de la bass. lat. Lastrum; mieux encore peut-être 
du gr. Años où Xéoûs, pierre, rocher, contr. dé Xëaé, m.sign. 

Lapas, s. m. Augm. de Lapo. Large bourbier; large 


426 


dépôt de limon au bord d’une rivière, où, après une forte 
pluie ou une inondation, gens et bêtes s'enfonceraient quel- 
quefois jusqu'à moitié du corps, et cela d'autant plus aisé- 
ment qu’il se forme à la surface une croûte sablonneuse 
qui a une certaine apparence de solidité, 

Lapignèiro, s. f. Clapier, enclos couvert ou découvert 
où l'on nourrit et l’on fait multiplier des lapins. 

Lapin, s. m. Dim. Lapiné, Lapin; augm. Lapinas. 
Lapin, sauvage ou domestique, Lepus cuniculus, Linn., 
mammifère unguiculé de la fam. des Rongeurs. — Il con- 
vient de dire en passant que ce qu'on appelle communé- 
ment ici un lapin de garenne n’est autre chose qu'un lapin 
de clapier, réduit étroit et infect où le pauvre animal est 
condamné au chou à perpétuité. En empruntant le mot au 
fr. le languedocien en a tout à fait modifié le sens, et c’est 
aux dimensions du clapier qu’il a réduit la garenne, vaste 
enclos, bois menu fermé de murs, où le lapin, prisonnier 
sans s’en douter, a toutes les facultés, la nourriture, les 
habitudes et ce qui vaut mieux encore, le goût du lapin 
sauvage. 

On dit: un lapin, un bon lapin, pour un fameux luron, 
un bon compagnon, hardi, solide. — Uno lapino, lapine, 
une femme féconde, qui fait beaucoup d'enfants. Lou co 
déou lapin, le coup du lapin, coup sur la nuque qui abat 
son homme, dans le genre de celui qu’on applique aux lapins. 

Lapina, v. Mettre bas, en parlant des lapins. 

Lapinado, s. f. Portée d’un lapin femelle; quantité de 
petits qu’elle met bas dans une portée. 

Lapino, s. f. Dim. Lapinéto; augm. Lapinasso. Femelle 
du lapin, lapine. Au fig. femme très-féconde. 

Lapo, s. f. Boue provenue d’une alluvion, du déborde- 
ment des eaux d’une rivière, d’un torrent, composée de 
menu sable et de limon, ce qui la distingue de la Fango, 
qui est produite par toute sorte de matières triturées et 
délayées, comme celle des rues et des routes. 

Laqua (Sé), ». Se vautrer dans la boue liquide, à la 
façon des pourceaux; barboter, se crotter dans la fange. 

Lar, s. m. Dim. Lardé; augm. Lardas. Lard, graisse 
ferme du porc, entre la chair et la peau; en général, graisse, 
partie adipeuse de la chair, appliqué à l’homme comme 
au cochon. — Sé laïsso pas manja soun lar, il] sait tirer 
son épingle du jeu. Ésténdre soun lar, s'étendre, se coucher 
pour fainéanter ou pour dormir. Faïre dé lar, s'engraisser 
à ne rien faire. 

Dér. du lat. Lardum, m. sign. 

. Lar, adv. du v. lang. Largement; libéralement. — N'est 
guère usité que dans ce vieux dicton, toujours employé 
tant il est juste : Lou bon Diou pago tar, mais pago lar, 
la justice de Dieu se fait quelquefois attendre, mais alors 
elle est sévère. 

Larda, v. Larder; mettre des lardons; piquer de lar- 
dons; habiller une volaille, en terme de cuisine. Au fig. 


percer de coups; piquer ; embrocher, traverser comme avec 
une lardoire. 


LAR 





LAS 


Larda, s. m., ou Gamé. Espèce de raisin. — Voy. Gamé. 

Lardièiréto, s. f., ou Lardièiro. Mésange. — Voy. Lar- 
guiètréto. 

Lardoù, s. m. Lardon; morceau, aiguillette de lard. Au 
fig. mot piquant, brocard. 

Lardouiïro, s. f: Lardoire, instrument pour barder et 
piquer la viande, 

Largan, anto, adj. Généreux, libéral; qui rend large- 
ment un service. 

Dér. du lat. Largus, m. sign. En ital. Largo. 

Larguiè, s. m. n. pr. d'homme. Au fém. Larguièiro; 
dim. Larguièiré. Larguier. — Est, d’après SAUVAGES, une 
corrupt. de Larquiè, par la liaison de l’article, mot du 
v. lang. signifiant archer, dér. du lat. Arcarius. 

Larguièiréto, s. f., ou Sénsérigaïo. Mésange bleue, 
Parus cœruleus, Linn., oiseau de l’ordre des Passereaux 
et de la fam. des Subulirostres : tête noire et blanche avec 
calotte azurée ; le dessus du corps cendré olivâtre, le des- 
sous d'un beau jaune; gorge et ailes blanches. — Le lan- 
guedocien à voulu par des diminutifs exprimer la petitesse 
de ce joli oiseau qui n’est guère plus grand que le roitelet; 
du catalogue de ses noms on peut enlever Lardiëïro où 
Larguièiro, pour le donner à la grosse mésange qu'on 
appelle aussi Séraïè. — Voy. c. m. 

Larje, larjo, adj. Large; ample; qui n’est pas étroit. 
Au fig. libéral, généreux. — À 74 mancho larjo, il est 
facile, tolérant, bon, complaisant; il a la manche large. 

Dér. du lat. Largus, m. sign. 

Larjoù, s. f. Largeur, dimension d’un côté à l’autre 
d’une chose. 

Larméja, v. fréq. Pleurnicher; larmoyer; pleurer sans 
grosses ni bien vraies larmes. Au fig. suinter, laisser 
tomber des gouttes d'humidité. 

Dér. du;lat. Lacrymare. 

Larmo, s. f. Larme, pleurs; goutte d'eau qui sort de 
l'œil; goutte d’un liquide, d’une liqueur. 

Dér. par contract. du lat. Lacryma. d 

Las, art. fém. plur. de La. Les. ; 

Las, s. m. Lac, lacet ou collet, piège pour prendre des 
oiseaux, formé d’un fil ou d’un lacet. 

Dér. du lat. Laqueus, m. sign. 

Las, lasso, adj. Las, fatigué; accablé de fatigue, — Sa 
bièn préne las lèbres lassos, il sait prendre les lièvres par 
lassitude : on le dit d’un usurier qui tend ses filets aux 
gens obérés, qui ne trouvent plus de crédit que dans 
l'usure. És las dé bièn faïre, il s'ennuie de bien faire. 

Dér. du lat. Lassus, m. sign. 

Lassa, v. Lasser, fatiguer ; ennuyer, importuner à force 
d’assiduités. 

Sé lassa, se lasser, se fatiguer; prendre du dégoût pour 
une chose, se dégoüter. 

Dér. du lat. Lassare, m. sign. 

Lassije, s. f. Lassitude, fatigue, état d’une personne 
lasse ; dégoût; abattement. 


TRS 


VTT 


ve afin 


LÉ 


Latas, s. m. Augm. de Lato. Grande et longue latte, 
pièce de bois longue, mince, étroite et plate. 

Lati, s. m., ou Latis. Latin, le latin, langue latine, parler 
ou langage latin. 

Latinisto, s. m. Écolier, collégien arrivé aux classes 
de latin. 

Lato, s. f. Dim. Latéto; augm. Latasso. Gaule, perche, 
brin de bois de trois ou quatre mètres, dont on se sert soit 
comme échalas, soit pour la vigne plantée en Cavaïoùs. — 
V. c. m. 

Ce terme ne doit pas être confondu avec le mot fr. Latte, 
qui se dit Douèlo. — Y. ©. m. 

En gallois, Lath, m. sign. Mais ne viendrait-il pas aussi 

bien du part. pass. du v. lat. Fero, Latus, porté, qui 
porte ? 
* Lava, v: Laver, nettoyer avec de l'eau; purifier.— Lava 
un goubélé, rincer un verre. Lava lou péissoù, la viando, 
faire dégorger le poisson, la viande. Lava dé linge, laver 
du linge; simplement Lava, sous-entend le plus souvent la 
pensée de laver du linge. Lava sas mans, se laver les 
mains. 

Lava signifie encore : vendre à perte un objet que l'on 
‘avait acheté pour le garder ; dissiper étourdiment son bien 
en l’engageant, en le vendant. — A Java sa mostro, il a 
mis sa montre à la lessive, c.-à-d. il l'a vendue et en a 
mangé le prix. À tout lava, il a mangé tout son avoir. 
Cette acception, qui n’est pas cependant récente, nous 
parait une importation de l’argot français. 

Dér. du lat. Lavare, m. sign. 

Lavadoü, s. m. Lavoir public; endroit sur le bord d’une 
rivière, non disposé particulièrement à cet usage, mais 
commode pour laver le linge. 

Lavagna, v. Flatter; caresser; amadouer; adoucir une 
personne chagrine ou irritée. 

Lavagnaïre, aïro, adj. Caressant ; flatteur, enjoleur. 

Lavaïro, s. /. Laveuse; blanchisseuse. 

Lavaje, s. m. Lavage; linge fraichement lavé et non 
encore sec; breuvage trop étendu d’eau; vin trop trempé, 
ressemblant à de la rinçure de bouteille; potage beaucoup 
trop allongé. 

Lavamén, s. m. Lavement; clystère, remède. 

Lavarido, s. 7. Boue occasionnée par le dégel. 

Lavassi, s. m. Pluie torrentielle, qui lave tout à grande 
eau. Par restriction, et plus expressif que Lavaÿe, vin, 
bouillon, tisane, sauce, où l'on a mis trop d'eau.— Lavassi 
dé plous, torrent de pleurs, déluge de larmes. ; 

Lavo-pè, s. m. Grand vase de terre où de métal servant 


"à se laver les pieds. 


Lé, s. m. Cochonnet, but; terme de jeu de boules ou de 
palets; boule plus petite que les autres {qui sert de but ; 
petit palet.qui fait le même office. — Avédre ou tène lou 
lé, tenir le haut du pavé, le dé dans la conversation; être 


le premier personnage d’une réunion. Cela vient de ce que 
au eu de boules, celui qui tient le but ou cochonnet, le 





LED 427 
jette ainsi qu’il l'entend, près ou loin, et oblige les aûtres 
joueurs à faire ce qu'il veut, à lui céder. 

Lébrâou, s. m. Dim. Lébrdoudoù. Levreau, jeune lièvre; 
petit du lièvre. 

Lèbre, s. f. Dim. Lébréto; augm. Lébratas, 8: m. Lièvre, 
Lepus, Linn., mammifére onguiculé de la fam. des Ron- 
geurs, trop connu pour être plus amplement décrit. — 
Tèsto dé lèbre, tète éventée et sans mémoire. Uno lébréto, 
une jeune fille fort éveillée, égrillarde. 

Dér. du lat. Lepus, leporis, m. sign. 

Lébriè, s. m. Levrier, chien-levrier:; chien de chasse 
pour les lièvres. — Afama coumo un lébriè, affamé comme 
un chasseur. 

Lédignan, s. m. n. pr. de lieu. Lédignan, chef-lieu de 
canton dans l’arrondissement d'Alais. 

Ce n’est pas tout à fait l'étymologie de ce nom qui 
appelle particulièrement notre attention : elle est du reste 
assez difficile et peu claire. Serait-elle prise du vieux mot 
Lédo ou Zèoudo, en lat. Leudum, Leude, droit de hallage, 
ou péage payé aux seigneurs pour un passage; ou viendrait- 
elle d’un nom d'homme; ici désignant un propriétaire 
appelé Zedus où Ledinus, où ZLedinius, possesseur d’un 
domaine devenu plus tard un centre d'agglomération; là 
signifiant peut-être le lieu où se percevait un droit de 
leude, à la limite de deux héritages seigneuriaux? La 
question est indifférente à la composition du mot, qui 
indique par sa désinence un sens de provenance, d’appar- 
tenance ou d'attribution; et c’est cette finale surtout qui 
nous fait insister. 

Sur la première partie du mot, si les conjectures sont 
permises, si même l'incertitude domine à propos de sa 
véritable racine significative, sur sa terminaison il ne 
saurait y avoir doute. Disons-le donc tout de suite, ce qui 
dans ce nom mérite d'être remarqué, c'est sa forme d'abord 
qui, bien que témoignant d'une provenance purement 
latine, garde cependant, par le gn mouillé, une saveur 
très-franche du vieux crà celtique; puis ce sont les ana- 
logies que sa désinence fait naître avec les suffixes déjà 
étudiés, et qui doivent la faire classer par droit de parenté 
dans cette grande famille issue des primitifs Ac — Ee, 
s’alliant avec le latin qui s'impose, déclinant et se contrac- 
tant avec la moyenne latinité, et par les variantes romanes 
arrivant à la langue d'Oc, sans avoir trop perdu des 
anciennes empreintes au point d'être entièrement mécon- 
naissable. 

Lédignan est mentionné pour la première fois, à notre 
connaissance, dans une donation faite par deux frères, 
seigneurs de Sauve et d’Anduze, en 4042, où il est écrit 
de Laninhan; il se retrouve, en 4052, dans le testament 
de l'un desdits seigneurs, avec la variante de Zedinhano; 
du XIIe au XVe siècle, il reparait en ZLadinanum, de 
Leodinhaco, de Ledinhano, et Ledinhanum, pour se fixer 
en Ledignan, en 4435 et 1539, comme aujourd'hui, sans 
autre changement important. 


498 LÉD 


On le voit, la terminaison latine en anus, anum, est la 
plus persistante; mais elle n’a pas empêché le gaulois Ac 
latinisé de se montrer sous la forme de Zeodinhaco. La 
consonnance originelle d'ailleurs persévère à tous les âges 
du mot, qu’elle s'exprime par le nk qui mouille la syllabe, 
ou qu'elle prenne le gn, sa forme la plus ordinaire : les 
deux modes d'orthographe et de prononciation étant éga- 
Jement usités, comme on sait. 

Le nouveau suffixe se dégage avec netteté: c'est une 
variété caractéristique pour désigner la provenance, pour 
donner au radical un sens de propriété, d'appartenance, 
pour l’adjectiver, ou faire d’un nom d'homme le nom d’un 
domaine qu'il possédait. C’est à cet emploi que servait 
chez nos ancêtres leur suffixe Ac, dont un ressouvenir se 
décèle ici, et ce que faisait aussi le suffixe latin anus, 
anum, traduit par an, ane, et se métamorphosant ensuite 
par l'intervention du génitif et de la syllabe Ni, en une 
cadence nasalisée ou adoucie par la mouillure du g gaulois, 
et passant, suivant certaines prédispositions ethniques, en 
Agne, Egne, Igne, Igné, Igny, transformés en Ange, Inge, 
et Anigue, Anègues, Aniche, Anche, Enche, avant d'at- 
teindre dans les régions méridionales Argues, Ergues, Or- 
gues, qui en définitive correspondent à toutes ces variantes 
et dont la filiation est certaine. Zgnan appartient à la 
même catégorie de suffixes. La conséquence forcée est 
donc que cette terminaison imprime au radical qui la 
porte la mème signification adjective qui est donnée par 
ses congénères: 

La vérité de cette déduction se démontre mieux par le 
rapprochement de quelques noms à finale identique, et sur 
lesquels la succession des variantes se laisse mieux aper- 
cevoir. À part Zicinianus, lat., qui a donné Lézignan, dans 
l'Aude, Zesignana et Lesignano, en Italie; Zucinianus, 
Lusignan; Pompeianus, Pompignan, commune de Saint- 
Hippolyte du Fort (Gard): Pompignas, de la commune de 
Valleraugue; Pompeano et Pompejana, en Italie; on peut 
citer encore comme reproduisant des combinaisons de finales 
analogues à côté desquelles d’autres se sont greffées, du 
lat. Albinianus où Albanacus, Aubignan et Albanhac = 
Albignac — Albigny et Aubigny et Aubigné — Aubignar- 
gues — Albignano (Italie) = Albinana (Espagne); Cavinia- 
cum et Cavilhanicæ traduits par Cavignan, et Cavignac, et 
Cauvignac, et Cavaniac, et Cavagnac, et Cavigny, et 
Cauvigny, et Cavillargues; Marinianus, faisant Mari- 
gnano en Jalie, et pour nous Marignan; comme Marti- 
nianus et Martinacum étaient rendus par Martignan, 
Martignas, Martignac, Martignat, Martigny, et Martignar- 
gues, et Martinenche, etc., suivant la situation au midi, 
au nord, à l'est ou au centre; puis, et toujours dans de 
semblables conditions, Mayrinanum où Mayrinacum, lat., 
dans la basse lat. Mayrinanicæ, qui produisent Mérignan 
et Mérignargues (Gard), — Mérignac (Charente, Gironde), 
Merignas (Gironde), Merignat (Creuse), Meyrignac, Mey- 
rinhac (Corrèze, Lot) ; — Meyrannes et Meyrargues (Gard), 





LED 
et se syncopent en Meyrac, Mayran et Maires, ete,; de 
mème pour Sérignan et Sérignargues (Gard), du lat. Seri- 
nacum, à côté de Sérignac (Gard); et le lat. Synanum, 
rendu par Signan et Signargues (Gard), ailleurs par Signac, 
Signes, etc. 

En donnant ces exemples, qu’il serait facile de multiplier, 
nous ne prétendons pas expliquer la raison qui a fait 
accorder la préférence à telle forme plutôt qu'à telle autre 
dans la composition de noms dont le radical est similaire 
au fond et dont le suffixe doit représenter une idée et nn 
sens identiques. Pour remplir le même office, le gaulois 
avait son Ac — Ec le plus fréquent, qui s’employait.avec 
peu de variantes; le latin diversifia davantage ses finales; 
mais les langues romanes s’enrichirent de toutes les in- 
flexions qui les avaient précédées et y ajoutèrent deilleur 
fond propre, suivant leurs aptitudes et leurs propensions 
que des conventions ou des règles faites d'avance ou im- 
posées ne gênaient plus: ce fut le génie nouveau du lan- 
gage qui se donnait carrière. J1 est peu probable qu’en 
créant des dénominations on ait à aucune époque procédé 
au hasard, surtout dans le principe où toute appellation 
devait ètre significative; les allérations sont venues après, 
et chaque groupe a entendu et prononcé à sa manière, ense 
rapprochant assez du primitif reçu pour se reconnaître et 
être compris. La diversité des climats, qui agit sur les 
organes, a fait naître les différences de dialectes, et, comme 
par zones, le langage s’est nuancé ou altéré dans des cir- 
conscriptions à peu près fixes. Et l’on comprend combien 
en pareille matière l'exception devait tenir de place, et 
comme il était facile, par exemple, au moyen d’une syn- 
cope qui favorisait la rapidité de la pensée, d'une inflexior 
qui flattait davantage l'oreille ou se prêtait mieux à Ja 
flexibilité de l'articulation, d'arriver à des variantes et de 


les laisser s’impatroniser même à côté les unes des autres. | 


De là ces ressemblances et aussi ces transformations dans 
les noms. Le fond reste; la désinence tantôt s'allonge, 
tantôt est abrégée; elle s’adoucit ou devient rude; elle est 
sourde ou éclatante; elle obéit à des propensions inconnues, 
inexplicables, mais le mot garde presque toujours l'em- 
preinte de son origine. Et il est remarquable comme cer- 
taines sympathies de sons el de formes se font jour et 
affectent de se produire sous les mêmes latitudes. Comme 
nous venons de le dire, c’est ce qui fait la particularité ou 
l'étrangeté pour les gens du Nord de quelques-unes denos 
terminaisons méridionales. I n’y a pas exclusion systé- 
matique, puisque dans les appellations toutes les finales se 
rencontrent et se cotoient; mais des préférences évidentes 
apparaissent et répondent très-certainement à dés aptitudes 
organiques toujours persistantes. Nous avons signalé 
ailleurs ces sortes de;divergences de prononciation, quine 
constituent point des déviations ou des altérations du sens. 
C'est ce qui peut-être fait l'accent de la langue d'Oc et 
de la langue d'Oïl; et aujourd’hui que cette distinction 
s’efface de plus en plus, et que le français se généralise, 











LÉG 


tandis que le langnedocien persisle et se maintient, c’est 
ce qui rendra toujours une fusion ou une assimilation 
impossible entre les deux langues, car les noms propres de 
lieux et d'hommes seront toujours là pour soutenir les 

Quoi qu'il en soit de cette observation, elle devait 
trouver place dans nos études des suffixes. Dans la re- 
cherche des étymologies, leur classification, leurs évolutions, 
tout leur rôle, sont d’une extrême importance : ils déter- 
minent en quelque sorte le payset le dialeete d’où provient 
an mot ou un.nom propre et auxquels il appartient. Si la 
terminaison fgnan ne fournit point par elle-même tous les 
degrés de sa descendance et ne trahit directement qu'une 
source latine, ses analogues la ramènent au moins au 
centre commun, et les rapprochements établissent son vrai 


‘caractère. Il faut la rattacher aux autres et reconnaitre 


J'emploi de procédés pareils pour affecter un radical. Zgnan 
est le, signe adjectif destiné à lui communiquer une idée 
de propriété, comme le font les finales en Agne, Igné, 
Igny, Ac, Ange, Anche, Argues, Ergues et les autres. 
Léga, s. . Legs, donation testamentaire. 
 égi, v. Lire; faire une lecture; parcourir des yeux un 
écrit. — Lou légè li lèvo pas l'éscrioure, dicton très-sou- 
vent employé comme allusion; savoir lire ne lui ôte pas le 
savoir écrire, c'est ce qu'il dit; ce qu'il entend et veut dire, 
c’est : la soif ne lui Ôte pas la faim; il à faim et soif à la 
fois, et l’un ne nuit pas à l’autre tant il s'en acquitte bien. 
Comme on le voit, le sens littéral ne suffit pas à expri- 
mer toute la pensée; on ne peut y arriver que par une 
inversion. Il ne s'agit guère en effet, dans cette petite 
‘phrase, de grade à prendre, d'examen à passer, pour 
constater qu'un jeune lauréat de l’école primaire mérite 
un bon point de lecture et un prix d'écriture, deux cou- 
ronnes qui prouveraient que pour savoir lire couramment, 
il serait parvenu mème à apprendre à écrire. C’est bien à 
“une tout autre mention honorable que s'applique notre 
dicton, et notre traduction ne le trahit pas. Formule 
d'admiration, de félicitation, elle n’a jamais été employée 
‘à vanter des succès scolaires, quoi qu'elle en dise. C’est 
“un de ces euphémismes, assez fréquents du reste, dont 
notre langue use volontiers pour faire compliment à quel- 
qu'un de ce qu'il fait également bien deux choses où la 
decture et l'écriture ne sont pour rien. Voici, par exemple, 
un joyeux compagnon à table, qui hoit sec et qui mange 
à l'avenant : lou légè li lèvo pas l'éscrioure, bienfboire ne 
l'empêche pas de mieux manger, au contraire; il est digne 
de cet éloge. 
Le mot n’est pas fait d'hier. Il est d’évidence que cette 
locution remonte à une époque où savoir lire et écrire 
“pouvait passer. pour une merveille de science, si bien qu’on 
en fit un terme de comparaison pour exprimer un prodige 
de capacité, pour caractériser une supériorité non intel- 
‘lectuelle mais physique, non point un esprit cultivé, mais 
“un brillant appétit servi par un bon estomac. Rien n'est 





LEI 429 


plus simple et à la fois plus délicat. Ce n’est pas aujour- 
d'hui qu'on eût trouvé cette tournure; ce n'est pas notre 
siècle, qui se moque du fort en thème, en mème temps 
qu'il aspire à inventer l'instruction gratuite et obligatoire 
et le progrès, qui songerait à s'étonner de la multitude. des 
forts en lecture, voire en écriture anglaise, ronde, bâtarde 
et courante, et en ferait une fine allusion. Mais en ce 
temps-là, où l'on trouvait ce dicton, une instruction si 
complète, au point de savoir lire et écrire, était prodige, 
et la phrase.était juste : c'est pourquoi elle s’est conservée. 
A la vérité, on assure que la poule au pot se prôtait au 
rapprochement des deux idées; mais depuis. le niveau de 
l'appétit n’a pas baissé, pas plus que celui des études et les 
lumières, et cette espèce de proverbe familier a besoin de 
commentaire pour en faire sentir toute la justesse. Aurons- 
nous réussi? Nous le voudrions, et surtout, pour nos 
lecteurs et nous, de quelque façon qu’on le prenne, que 
de longtemps lou légi nous lève pas l'éscrioure! 

Dér. du lat. Legere, m. sign. 

Légno, s. f. Bois à brûler. 

Ce mot n'est pas parfaitement indigène, mais haut- 
cévenol et vivarais; il est très-bien employé dans notre 
pays. 

Dér. du lat, Lignum, m. sign. 

Légo, s. f. Envie; convoitise; désir, — Faïre légo, faire 
montre, faire parade de quelque chose, pour exciter l’envie, 
pour faire venir l’eau à la bouche, sans permettre d'y tou- 
cher: imposer ainsi le supplice de Tantale. Légo-légo! est 
le terme dont on accompagne ironiquement ou mécham- 
ment la montre de l’objet. Tout aqud mé faï pas légo, 
toutes ces belles choses ne me sourient nullement, n'excitent 
pas la plus petite convoitise, ne me tentent pas. 

Étymologie au moins incertaine, sinon inconnue. 

Lègo, s.f. Dim. Lèguélo ; augm, Lègasso. Lieue, mesure 
de distance.—ÆEn Languedoc, la lieue usuelle, qui est encore 
dans l'usage vulgaire, était de 5,837 mètres ou trois mille 
toises. — Y-a pértout uno lègo dé michan cami, en toute 
chose il y a un revers de médaille; en toute entreprise, 
quelque heureuse qu'elle soit, on rencontre des embarras, 
des difficultés. Y-a uno lèguéto, il y a une petite lieue, an 
peu moins d’une lieue; ce qui veut dire le plus souvent 
qu'on en a encore pour deux heures de marche. Uno 
lègasso, une grosse lieue, de celles qu'on trouve intermi- 
nables. 

Dér. du lat. Leuca, m. sign. 

Légumaje, s. m. Ensemble des légumes secs de diffé- 
rentes espèces. — És un péès dé légumaÿje, c'est un pays 
qui produit tonte espèce de légumes. 

Légun, s. m. Légume sec, on plutôt celui qui vient en 
gousses, en cosses, comme fèves, haricots, pois, etc. 

Ce mot a moins d'extension qu’en fr. et ne s'applique 
pas aux légumes verts et aux plantes potagères. 

Dér. du lat. Legumen, mn. sign. 

Lèi, s. j. Loi, règle établie par l'autorité divine on 

55. 


430 LÉN 

humaine; foi religieuse, croyance, culte, dans sa compa- 
raison ou sa rivalité avec un autre; règlement, disposition 
législative ; droit, justice. — Sèn pas dé la mèmo lëï, nous 
ne sommes pas de la même religion. Aquélo marchandiso 
és pas dé lèï, cette marchandise n'est pas de recette, elle 
n’est pas recevable en justice. Té véou apliqua la là, je 
vais te faire le droit que tu mérites. 

Dér. du lat. Leæ, legis, m. sign. 

Lén, lénto, adj. Légèrement humide; qui commence à 
moisir.—Se dit surtout des herbes fourragères qui ne sont 
pas parfaitement sèches et qu'on pourrait tordre en corde. 

Dér. du lat. Lentus, flexible, ramolli. 

Lénçôou, s. ». Drap de lit; linceul. — C'est avec le 
drap de lit que se font la plupart des transports de paille, 
de fourrage, de feuilles et de mille autres récoltes, pour les 
renfermer à la ferme; lorsqu'ils sont fort grands et de 
grosse toile grise, on les nomme Bourén.—V. ©. m. 

Dér. du lat. Linteolum, linge, drap de lit. 

Lénçoula, s. »#. Plein un drap de lit, ce qu'il peut 
contenir. 

Lénçoulado, s. f. — Mème sign. que Lénçoula, mais 
moins bon languedocien que lui. 

Lénde, s. m. Lente, œuf de pou. — On les détruit, 
comme les poux eux-mêmes, avec de la poudre de céva- 
dille.— Voy. Grano dé capouchin. 

Dér. du lat. Lens, lendis, m. sign. 

Léngado, s. j. Coup de langue; médisance ; quolibet. 

Plusieurs fois l’occasion s’est présentée de citer ce subst. 
et le suivant comme exemples de prononciation. Il y a entre 
eux identité de lettres : la mesure est tout à fait différente, 
et l'accent suffit pour déplacer la tonique et changer la 
quantité. Le premier, à terminaison féminine, est composé 
de deux longues et une brève finale : la voix appuie et 
s'arrête sur sa syllabe médiane ga. Le second a une brève 
entre deux longues : la voix glisse sur sa médiane ga 
pour tomber fortement sur l’à final, masculin, éclatant et 
accentué. La mesure, la cadence ou l'accent font en défi- 
nitive la signification et le sens: la prononciation donne 
l'intelligence des mots, et l'orthographe ne saurait trop 
s'attacher à la reproduire et à la figurer. 

Léngadô, s. m. n. pr. Languedoc, province de l'an- 
cienne division de la France. Elle formait le plus grand 
gouvernement du royaume, après celui de Guyenne-Gas- 
cogne; il était borné au nord par le Forez, à l'est par le 
Rhône, au sud-est par la Méditerranée, au sud-ouest par le 
Roussillon et le Comté de Foix qui leséparaient de l'Espagne, 
à l'ouest par le Cominges, la Gascogne, le Quercy, le 
Rouergue, et au nord-ouest par l'Auvergne. Il était divisé 
en Bas-Languedoc, comprenant les diocèses d'Uzès, de 
Nimes, d’Alais, de Montpellier; en Haut-Languedoc, formé 
des diocèses de Toulouse, du Cominges languedocien, du 
Lauraguais, du Sault, du Carcassez et du Rasez; en littoral 
méditerranéen, où se trouvaient les diocèses d'Agde, de 
Béziers et de Narbonne; et en provinces annexes, qui 





LÉN 
étaient, vers le nord, le Vivarais, le Velay et le Gevau- 
dan, au sud-est le Quercy languedocien el l’Albigeois. 
Cette circonscription comprend aujourd’hui les départe- 
ments de l'Ardèche, de l'Aude, du Gard, de la Haute- 
Garonne, de l'Hérault, de la Haute-Loire, de la Lozère et 
du Tarn. 

Le Languedoc correspond en grande partie à la Narbo- 
naise première des Romains, habitée par les Volces Tecto- 
sages et Arécomiques et quelques autres peuplades ou tribus 
de race celtique. Il fut appelé Septimanie, puis Gothie, 
lorsqu'il passa sous la domination des Visigoths. Ceux-ci, 
dépossédés par les Franks de Clovis, gardaient encore quel- 
ques lambeaux de territoire et leur passage vers le siége de 
leur royaume d’Espagne, mais les Sarrasins les rempla- 
cèrent et furent à leur tour expulsés par Charles-Martel et 
Pépin-le-Bref. Charlemagne réunit la Septimanie au 
royaume d'Aquitaine : elle en fut ensuite séparée pour former 
Comté et Duché, s’annexant la Provence, étendant sa 
puissance, sa domination par la force de ses armes et le 
prestige des arts, de sa culture, de sa langue et de sa civi- 
lisation sur tout le Midi et sur la France et l’Europe. La. 
quasi-royauté des comtes de Saint-Gilles et de Toulouse, 
à l’apogée de leur grandeur, touchait d’un côté aux Alpes 
et de l’autre aux Pyrénées : c’est en son état le plus floris- 
sant qu’elle fut réunie à la France au XIIIe siècle, en 4270, 
sous Philippe-le-Hardi, et que, de ce moment, le paysentier 
prit le nom de Languedoc. 

On sait que le mot Langue s'employait autrefois dans 
l'acception de pays : on disait la langue de France ou la 
langue d'Oïl, et la langue d'Oc, l’idiome méridional, à 
cause de la différence de prononciation. Le Languedoc, Lou 
Léngadà, est donc le pays de la langue d'Oc; tout ce qui 
est compris entre la Loire et les Pyrénées, qui ne parlait 
pas la langue d'Oïl, l’ancienne province romaine, le vieux 
territoire des Volces, Gaulois ou Celtes. 

Lou Léngadd désigne le pays : pour son idiome, on dit: 
la léngo d’O, dont nous allons avoir à parler. On entend 
quelquefois employer le mot Languédd; ce n’est là que du 
patois, c.-à-d. du français accommodé aux désinences du 
languedocien. Notre mot Léngadù n'est guère lui-même 
qu'une corruption, qui sent son latin du moyen-âge, mais 
elle a pour elle la priorité, l’ancienneté d’origine; et c'est 
ce qui nous la fait distinguer dans l'application. Quant à 
la question d’idiome, voy. Léngo d'O, O et Oc particules. 

Léngasto, s. f., ou Gourgouli. Hippobosque du mouton, 
insecte.— Voy. Gourgouli. 

Léngo, s. f. Dim. Lénguéto; péj. Léngasso. Langue, 
partie charnue, musculeuse, mobile dans la bouche; organe 
du goût et de la parole; langage, idiome d’une nation, 
d'un peuple, d'un pays. — Faïre la léngo, servir d’inter- 
prète, parler pour un autre; haranguer au nom d’une 
assemblée, d’une troupe, d’une collection quelconque d'in- 
dividus. Faïre la léngo à quéouquus, styler quelqu'un, lui 
soufller ses réponses, lui faire la leçon, en lui dictant ce 








LEN 


qu’il doit dire. À uno léngo de pétar, il a la langue bien ; 


affilée; il manie très-bien l'ironie ou la médisance. Mous- 
sigo dé la léngo, il mord de la langue, c.-à-d. il a la parole 
mordante, incisive. Ma léngo mé prus, j'ai une déman- 
geaison de parler. Moussiga sa léngo, se retenir de faire 
une réponse indiscrète ou compromettante. À pas qué dé 
léngo, il n'a que du babil. Avès La léngo trop longo, vous 
parlez beaucoup trop; se dit d'un bavard ou d'un indiscret. 
Préne léngo, prendre langue; s'informer. Ma léngo m'a 
vira, la langue m'a fourché; je me suis trompé. Énvala sa 
léngo, mourir, rendre le dernier soupir; métaphore éner- 
gique et en même temps ironique. És uno lénguéto, c'est 
une langue dorée; une fine mouche; un doucereux diseur, 
calin et insinuant. Uno léngasso, une mauvaise langue. 

Dér. du lat. Lingua, m. sign. 

* Léngo-bouino, s. f. Langue de bœuf, Hypodrys hépa- 
tique, Boletus hepaticus, Boletus buglossum, Linn., Roques; 
champignon du genre des Agarics, fistuleux, dont les 
micologues donnent ainsi la description : chapeau d’un 
rouge-brun, d'autant plus foncé que le sujet est plus Agé, 
parsemé à la surface supérieure de papilles de mème cou- 
leur; surface inférieure couverte de tubes allongés, accolés 
les uns aux autres, d’un jaune blanc ou jaune rougissant ; 
chair mollasse, fibreuse, zone, ressemblant au tissu de la 
betterave rouge lorsqu'elle est cuite ; saveur un peu acide, 
odeur nulle. 11 croît sur les vieilles souches, le plus sou- 
vent au pied des vieux chênes et des vieux châtaigniers. 
On le désigne en fr. sous les noms de Foie de bœuf, lan- 
gue de bœuf, glu de chêne; en Toscane Lingua di cas- 
tagno, rassa buova. 

Par son volume et sa saveur agréable, ce champignon 
doit être mis au nombre des espèces alimentaires les plus 
utiles. Mais, pour ceux qui se trouvent dans les châtai- 
gneraies, il arrive qu'ils sont tellement saturés de la sève 
âpre et acerbe de l'arbre, en s’attachant à son tronc ou 
aux maitresses-branches, qu'il faut les faire tremper long- 
temps et blanchir à l'eau bouillante pour leur enlever cette 
Acreté. 

La composition du mot ne présente aucune difficulté : 
Bouino est là comme traduction de bovine. 

Léngo-cano, s. f., ou Hèrbo dâou tal. Cynoglosse, 
Cynoglossum offcinale, Linn., plante de la fam. des Bora- 
ginées. Sa feuille est légèrement veloutée et douce au 
toucher comme la langue du chien, dont elle a du reste la 
forme et pris le nom. Sa racine est adoucissante et somni- 
fère : sa feuille est employée par application contre les 
dartres. 

Dér. du lat. Lingua canis, langue de chien. 

 Léngo d'O, s. f. Langue d'Oc; languedocien; langage, 
idiome languedocien ; langue parlée dans le pays de Lan- 
guedoc, par opposition à la Langue d'Oïl, parlée dans le 
nord de la France. k 

La dénomination seule de Zéngo d'O, la langue d'Oc, 
trace les limites dans lesquelles doivent se renfermer ces 





LÉN 431 


observations. Nous reviendrons à rechercher nos origines 
dans la langue romane /Voy. Rouman), et, sous le mot 
Troubadour, à exposer sa marche et son développement ; 
nous en sommes, le mot l'indique, au moment où l'idiome 
méridional a déjà conquis la plénitude de son individualité 
propre, où il est si bien fixé par le caractère particulier 
de son euphonie que son accent et sa prononciation ser- 
vent à le classer par une démarcation territoriale. — Voy. 
Léngadà. 

Il doit être accordé une assez large part aux influences 
climatériques sur le langage pour faire admettre en prin- 
cipe que, de tout temps, des différences dialectales ont 
distingué les groupes de populations d'un vaste pays, de 
même race et de mème langue. Ce que nous voyons au- 
jourd’hui permet d'affirmer ce qui a été avant nous. Dans 
l’ancienne Gaule, où les divisions par tribus furent si 
nombreuses, ces différences existaient : la conquête romaine 
constitua une sorte d'unité sous sa domination; mais elle 
laissa forcément vivre ce qu'elle ne pouvait atteindre, le 
génie national dans son sentiment intime et dans la parole, 
sa manifestation la plus persévérante. 

La Narbonaise première s'était donnée plutôt qu’elle 
n'avait été soumise. Entre les mains des vainqueurs du 
monde, elle était devenue la plus florissante et la plus 
riche de leurs provinces transalpines. Peut-être cette pros- 
périté était-elle due à ce qu'ils avaient su conserver chez 
elle plus de son esprit natif d'indépendance, en lui appre- 


* nant à se gouverner elle-même dans ses municipes, et parce 


qu'ils avaient été amenés aussi, par calcul ou par néces- 
sité, à respecter ses habitudes et ses traditions de langage, 
en conservant toutes ses dénominations géographiques, en 
latinisant beaucoup de ses locutions usuelles qu'ils s’ap- 
proprièrent, à mesure qu'ils lui imposaient, dans les lois et 
les affaires, la langue officielle, et dans leurs relations 
privées, le charme de leur littérature. C'est au moins ces 
caractères de la politique romaine qui ont survécu pour 
attester les traits les plus saillants de notre nationalité. Ce 
double courant s’est creusé un lit profond à travers les 
contrées méridionales. 

Dans un intervalle de trois ou quatre siècles de l’éta- 
blissement des colonies romaines, le flot commence à se 
troubler, où plutôt une nouvelle ère s'annonce. La Gaule 
comprend qu’elle n’a plus besoin de maitres : elle a donné 
des empereurs au monde, des sénateurs au Capitole, des 
orateurs à la tribune, des rhéteurs et des grammairiens 
aux écoles; elle a un instant disputé à Rome même le 
siége de l'empire; un effort encore, elle va s'appartenir. 
Mais à ce moment les irruptions des Barbares recommen- 
cent; les Wisigoths viennent occuper le Midi, les Sicam- 
bres ravagent le Nord : partout se montrent les signes pré- 
curseurs d'un grand déplacement de puissance et de réno- 
vation d'idées et d'idiomes. 

Le christianisme se propageait. Les Wisigoths admiraient 
les institutions romaines et ils conservèrent beaucoup de 


432 LÉN 


l'organisation administrative : le latin était la langue de 
leur cour de Toulouse, et celle dont ils se servaient dans 
les édits et dans leurs codes : et le latin n'avait jamais 
entièrement effacé le celtique. 

A leur tour, les Sarrasins s'étaient répandus dans le 
Midi : ils tenaient Nimes, Carcassonne et Narbonne: les 
Francks de Clovis, de Childebert, de Pépin, y avaient été 
appelés. Comment les traces de tous les envahisseurs, re- 
connaissables sur notre sol, n’auraient-elles pas laissé quel- 
ques empreintes dans la langue? Cependant, ni le gothique, 
qui avait légué son nom à la province romaine, ni l'arabe, 
que les dévastations des bandes sarrasines, l’antipathie des 
croyances et l'épouvante rendaient odieux, ni le franci- 
que ou le tudesque aidé même de toute la puissance de 
Charlemagne, n'avaient pu s’acclimater sous notre soleil 
et sur cette terre où le vieux tronc gaulois gardait ses 
racines vivaces et qu'avait si merveilleusement fécondée 
la culture latine. 

Mais l’ébranlement et la chute de l'empire, les guerres et 
les invasions, tous ces chocs de peuples divers ne pouvaient 
manquer de produire des bouleversements, des perturba- 
tions dans les esprits et une étrange confusion dans les 
rapports habituels et nécessaires des populations. Au milieu 
de ces conflits et de la diversité d’idiomes qui se heurtaient 
et se repoussaient, l'unique moyen de s’entendre et de se 
comprendre était de composer, presque d’instinct, sans se 
soucier des règles et de la syntaxe, un langage courant, 
populaire, dont le fond, comme la forme, se füt généralisé 
et qui ne pouvait avoir pour base que le latin, la langue 
la plus répandue. 

Alors, en effet, dans la nuit intellectuelle de ces âges 
troublés et malheureux, apparaît la langue romaine rus- 
tique, le roman, comme une transaction éclatante entre 
la civilisation décrépite de la vieille Rome, et une société 
rajeunie, turbulente, presque sauvage encore, pleine de 
ses traditions nationales, exubérante d'ardeur, nouvelle- 
ment retrempée aux sources du christianisme. Tous les 
peuples qui s'étaient disputés l'héritage lacéré de la gran- 
deur romaine, furent appelés à apporter leur moellon à 
l'édifice de régénération. Bientôt le roman était en posses- 
sion de toute la Gaule, de la Méditerranée au Rhin; et, né 
dans la province latine, comme on appelait la Gaule nar- 
bonaise, il régnait au nord de la France au IX£ siècle, et 
formulait, en 841, les serments réciproques de Louis-le- 
Germanique et de Charles-lé-Chauve, son frère. 

Cependant, si le roman était universel et commun à 
tout le territoire des Gaules, les éléments divers dont était 
composée la population, réagissaient naturellement contre 
l'unité d’un langage dont le lien fondamental, le latin, 
déjà miné et altéré, ne trouvait plus ni sanction ni con- 
trôle, et tendait chaque jour davantage à se dissoudre. Des 
propensions ou des aptitudes opposées, du midi au nord, 
dirigeaient d’ailleurs le mouvement en sens contraire. Par 
une convention tacite et instinctive, partout il y avait un 





LEN 

accord unanime pour donner à la diction la rapidité et la 
clarté, pour supprimer les inversions, pour abréger les 
finales, pour répudier les redondances : c'était le travail, 
la recherche, l'instinct de l'esprit nouveau et son affaire. 
Mais la mécanique du langage et l'oreille avaient aussi 
leurs droits : ici, la sonorité et l'éclat des voyelles, quel- 
quefois mème la rudesse affectée de certaines consonnes 
rappelant le vieux gaulois, l'harmonie surtout étaient dans 
les prédilections natives et semblaient mieux servies par 
la souplesse et la dextérité de l'organe obéissant à la 
promptitude de la pensée ; là, le son ne redoutait pas de 
s'assourdir, la voix de s’effacer et de tomber avec les 
désinences et les inflexions, comme pour se soumettre à 
une conception plus lente, qui ne demandait pas à faire 
explosion; et l'expression devenait lourde, traîuante, em- 
barrassée et incolore; mais la phrase et les mots, aw prix 
de la mélodie sacrifiée, prenaient une ferme netteté et une 
concision qui n'étaient pas sans forces ni sans charmes. Ces 
différences, que la nature, les dispositions organiques, 
l'influence des climats, les impressions d'origine avaient 
mises entre les dialectes du Midi et du Nord, ne s’effacè- 
rent jamais, et plus le défaut du trait d'union qui les 
reliait à la source principale se relàcha, par l'oubli ou 
le mépris de la littérature romaine, plus aussi les tendances 
divergentes prenaient d’empire et accusaient leurs anti- 
pathies. 

De ce tableau de l’état de la Gaule après la chute de 
l'empire romain, trop imparfaitement esquissé, qu'on nous 
permette de reprendre quelques-uns des traits les plus saïl- 
lants. 

Les provinces du Midi, plus cultivées et plus fières de 
leur culture intellectuelle, moins exposées aux incursions 
germaniques, vivaient dans leur prospérité pleine des sou- 
venirs de Rome; mais toujours impatientes du joug, elles 
ne l'avaient souffert dans leur langue que par une sorte 
d’accommodement et à la condition de prêter aw vainqueur 
presque autant qu'elles consentaient à en recevoir. Elles 
s'étaient identifiées avec le latin, et l'avaient pour ainsi dire 
attaché à leur fortune.Les Barbares apportèrent le premier 
élément dissolvant sans parvenir à substituer leur idiome 
à celui des Gallo- Romains. Les nouveaux conquérants 
d’ailleurs s'entendaient dans la même langue que ceux 
qui avaient envahi le Nord et toutes les bandes qui 
franchissaient continuellement et sans obstacle le-Rhin à 
la recherche d'une autre patrie. L'ancienne province roma- 
nisée pressentait vaguement que la force qui avait renversé 
l'empire la dominerait un jour, et bien des fois elle l'avait 
regardée et avait recherché son alliance et son secours. 
Quand le flot menaçant des Arabes était venu inonder les 
Gaules, c'est au nord que s'était élevée la digue qui le 
repoussa jusqu'au -delà des Pyrénées. Chaque jour la 
puissance franque s'était accrue, et au milieu des secousses 
et de ces terribles tremblements de terre, sa prépondérance 
ne fit que grandir. Sous les rois de la première race, les 


LÉN 


habitants des contrées méridionales n'étaient connus que 
sous le nom de Romains. La loi salique consacrait cette 
distinction de peuples; et la terre des Franks ne se con- 
fondait pas, pour les- priviléges que la possession y atta- 
chait, avec les provinces de la Gaule méridionale. La 
langue commune était la basse latinité dégénérant déjà, s'im- 
prégnant au nord de tudesque et de teuton, et elle ne per- 
sévérait au midi que sous le nom un peu méprisé de langue 
romaine rustique. Durant cette longue période de guerres et 
de déplacements continuéls de peuples, toute culture intel- 
lectuelle avait:été abandonnée, les écoles publiques, autre- 
fois si renommées, n’existaient plus; les esprits troublés 
marchaient au hasard et sans règle dans les terribles inquié- 
tudes d'un présent sans fixité, mais avec des aspirations 
d'avenir à reconstruire sur d’autres bases. Le génie de 
Charlemagne avait un moment essayé de reconstituer 
l'unité de l'idiome et de l'empire : entre les mains de ses 
débiles successeurs, son œuvre s'était démembrée. Mais 
dans lé morcellement, lorsque la Gaule méridionale eut 
reconquis sa part, elle commença à respirer; et sur elle 
une ère nouvelle allait se lever, en lui redonnant, avec 
l'indépendance et le repos, l'amour des arts et des lettres. 
De petits états s'étaient formés qui relevèrent en droit plus 
qu’en fait de la souveraineté royale établie au nord, et qui 
s'érigèrent bientôt en gouvernements héréditaires sous leurs 
seigneurs locaux : ils furent le berceau de la rénovation 
politique et de celle du langage. 

Ce fut au moment où la seigneurie suzeraine atteignait 
son plus haut degré d'importance, que la délimitation du 
domaine féodal, tracée par la possession, se manifeste et se 
fait par le nom du dialecte qu’on y parle. La langue dési- 
gne et caractérise le territoire; et alors on choisit, pour 
diviser la Gaule en langue d'Oc et en langue d'Oïl, le mot 
d’affirmation le plus usuel, suivant la manière dont il était 
articulé au midi et au nord. — Foy. O et Oc. 

Cette dénomination n'était en réalité que la reconnais- 
sance et la sanction des faits. Comme nous venons de le 
voir et de le redire, des deux côtés de la Loire, prise pour 
limite, le langage n'avait pas attendu jusque-là pour 
prendre sa voie et suivre ses tendances; mais il n'avait 
fait que traverser une phase de préparation et placer ses 
jalons. Seulement alors l'unité du roman se dédoublait, et, 
sortis dela même source, les deux dialectes, qui avaient 
longtemps suivi une marche parallèle, se séparaient en un 
cours différent. 

La langue d'Oïl n'était pas encore parvenue à se 
débrouiller des langes grossiers de son enfance, que la 
langue d'Oc, plus fidèle à ses traditions, s'était organisée 
d’après des règles savamment étudiées. Elle avait ses gram- 
mairiens et surtout ses poètes; et elle était devenue la 
langue politique, la langue légale, la langue des traités de 
commerce et d'alliance qui unissaient les cités industrieuses 
du Midi aux plus puissantes républiques ilaliennes, avec 
Gênes, Pise, Florence et Venise, la langue dans laquelle se 





LEN 433 


réveillaient les formules et l'esprit des vieux municipes 
romains de la Gaule méridionale, lorsque les communes 
naissantes obtenaient de leurs seigneurs féodaux leurs 
chartes d’affranchissement. 

Dans le XIe siècle, l'époque où les comtes de Saint- 
Gilles et de Toulouse réunirent sous leur sceptre la Pro- 
vence au Languedoc, fut l’époque où cette langue prit 
toute l'extension, toute la richesse, toute la régularité que 
les troubadours lui avaient données / Voy. Troubadour). 
Son influence ne s'était pas amoindrie par la cession de 
la Provence au comte de Barcelone : la maison de Tou- 
louse régnait toujours dans ses états indépendants qui 
s'étendaient du Rhône aux extrèmes Cévennes, et de la 
baute Dordogne aux Pyrénées ; et les comtes de Provence 
en même temps comtes de Barcelone et rois d'Aragon, lui 
conservaient sa primitive aflinité avec le catalan. — Voy. 
Prouvénçdou. 

Longtemps encore après que la comté de Toulouse fut 
passée dans le domaine de la couronne, sous Philippe-le- 
Hardi, la langue d'Oc conserva sa portée et sa valeur 
politique. Philippe-le-Bel et ses successeurs, par divers 
édits, ordonnèrent la publication des lois et l'instruction 
des procédures dans chacun des idiomes qui divisaient Ja 
France. La légalité de la langue d'Oc, son authenticité 
juridique s’affirmaient ainsi, et l'unité se maintenait dans 
les diverses circonscriptions de son vaste territoire, tant 
que l'institution politique générale faisait tout ressortir du 
centre commun. Mais la cause qui, dès le principe, avait 
amené la grande division en deux langues, ne pouvait pas 
cesser de les suivre dans leur développement : c'était l'in- 
dépendance originelle de chaque groupe de population qui 
se faisait jour. 

Les seigneuries vassales du pays de la langue d'Oc 
rendaient foi et hommage à leur suzerain, avec la même 
soumission à peu près que celui-ci en usait avec le roi: 
l'hérédité des fiefs passée en principe, la force et l'impor- 
tance de la terre constituant le droit, sans troubles trop 
violents pour la hiérarchie, dans les subdivisions, des 
compositions étaient devenues souvent d'impérieuses et de 
légitimes nécessités. Du peuple au seigneur les rapports 
étaient relativement les mêmes, et des concessions étaient 
également forcées en tout ce qui relevait du peuple serf ou 
vassal, où formé en commune. Le parler, dont il était le 
maitre, et qu'il faisait, se pliait à ses aptitudes et obéissait 
à ses téndances: là aussi il avait à prendre librement ses 
franchises. De là les dialectes de Ja langue d'Oc, ralliés 
par une sorte de fédération ou de vassalité à sa constitu- 
tion centrale et souveraine, mais se nuançant en indivi- 
dualités distinctes et se multipliant par fractionnements qui 
correspondaient à ceux des domaines particuliers, sans. 
méconnaître jamais leur génie natal. 

Aussi, quand le centre dominant, qui imposait aux. 
autres son esprit et ses habitudes, vit amoindrir sa pré- 
pondérance et qu'elle se déplaça, quand une littérature: 


434 LÉN 

acceptée également par tous cessa d’être accueillie et favo- 
risée par les cours princières, et que ce foyer, d’où jaillis- 
saient la lumière et tant d'éclat, s'éteignit, le prestige de la 
langue d'Oc commença aussi à décroître. A mesure que se 
fit l'unité française, et que les provinces ne formèrent plus 
que le royaume, en restant encore pays d'états, de plus 
en plus s’abolit la division tracée autrefois par la Loire, 
qui n'était que nominale. Le français s'était constitué dans 
ses formes définitives : la langue d'Oc avait perdu son 
privilége de centralité et de métropole; et, sans autre 
règle que ses intérêts ou ses besoins, ses souvenirs ou ses 
propensions, plus que jamais, dans ses anciens domaines, 
chaque généralité, chaque baillage, chaque paroisse même, 
morcelèrent à l’envi son héritage, et chacun l’appropria à 
son génie particulier, à son accentuation locale, à l'in- 
fluence de son voisinage immédiat, de son organisme ou 
de sa température. 

A ce point semblerait terminée l’histoire de la langue 
d'Oc: il n’en est rien cependant; si l’avenir est fermé 
pour elle, elle peut vivre de son passé et se consoler. La 
nouvelle division de la France a effacé sa dénomination 
provinciale; depuis longtemps avant, elle n'était plus 
langue officielle; mais une langue ne s’anéantit point et 
n’a pas à disparaître ni à se renier devant un décret 
de proscription. Notre langue d'Oc, que nous affectons 
d’appeler ainsi pour ne pas la réduire à un de ses dialectes, 
mérite mieux. Comme nous l'avons dit dans quelques 
considérations préliminaires, elle est restée populaire et 
c’est être quelque chose; à ses chefs-d'œuvre anciens, sa 
renaissance, retrempée à ses sources, vient en ajouter de 
nouveaux; quatorze millions d'habitants l’entendent, la 
parlent et la chantent encore dans tous ses dialectes; pour 
le monde savant, son étude et sa connaissance sont indis- 
pensables à tous les travaux de linguistique et de philo- 
logie; elle fait partie au meilleur titre de notre gloire 
nationale; et c’est ce qui nous fait aimer et entourer 
d’un culte patriotique et fervent ses autels délaissés. 

Son nom même est, en effet, devenu une généralisation, 
qui s’est encore restreinte en transformant le nom de l’an- 
cienne province romaine. Le parler d'Oc résiste toujours, 
mais chacun de ses dialectes a une vie à part : le toulou- 
sain, le gascon, le provençal, l’auvergnat, le cévenol ou 
raïol n’en sont point des branches détachées, mais des 
pousses vigoureuses sorties du même tronc, que la même 
sève alimente et que distingue cependant une floraison 
différente. Ces dialectes ont eu et gardent encore l'empreinte 
du type primitif que leur frottement avec le français n’a 
point effacée ; et c’est pour cela, pour conserver à la langue 
sa physionomie vraie, que, de toutes parts, dans Je Midi, sa 
terre natale, la poésie rajeunit ses traits et ses couleurs. 

Nous ne rallumerons pas son flambeau, nous le savons, 
et peut-être cette flamme ravivée n'aurait que des ardeurs 
factices ; mais ne fit-elle que rappeler son premier éclat, il 
était bon de suivre à travers les âges ces longues trainées 





LEN 
de lumière venues du Midi. La langue d'Oc est dépossédée 
de sa souveraineté : elle décline vers une décadence fatale, 
qui ne doit pas cependant s’accomplir de sitôt, pour si 
peu qu'elle veuille rester elle-même. Le français peut la. 
remplacer et se substituer à elle; mais une fusion ou une 
alliance est impossible. Le danger est là: le mélange ne 
serait qu'un patois informe; et quelle que füt la livrée 
dont cette transformation se revêtirait, elle ne représen- 
terait ni le français, ni le languedocien / Voy. Patouës). 
C’est à cet abaissement qu'elle ne doit pas descendre, si, 
blessée au cœur, elle doit mourir. Elle doit rester une dans 
ses variétés dialectales propres, sans se laisser déshonorer 
et défigurer par des raffinements prétendus qui la corrom- 
pent, vulgaire dans sa forte vitalité, simple, harmonieuse, 
originale sans les atours, les sophistications et les ajus- 
tements qui la déparent. Elle est assez riche pour se passer 
d'emprunts, trop fière pour recevoir l’aumône, de race+et 
d'extraction assez nobles et assez anciennes pour avouer 
ses origines. Pour cela, nous avons voulu dire son histoire, 
et nous faisons effort pour la maintenir dans ses traditions. 

Léngoù, s.m. Dim. de Léngo. Petit bout de la langue; 
dans le langage des nourrices, langue d’un enfant. 

Léngousto, s. f. Langouste, Astacus, Palinurus locusta, 
Linn., crustacé de l’ordre des Astacoïdes et de la fam. des 
Longicaudes ou Macroures, grosse écrevisse de mer, com- 
mune dans la Méditerranée. Ce qui la distingue du homard, 
c'est qu’elle manque des deux formidables pinces dont 
celui-ci est armé : ils ont d’ailleurs assez de ressemblance 
pour qu'on ne leur ait pas donné des noms différents : 
celui de Léngousto suffit et s’applique à tous les deux. 

Léngu, udo, adj. Dim. Léngudé, éto; péj. Léngudas, 
asso. Babillard; bavard; parleur; qui a la langue trop 
longue; qui ne sait pas se taire sur ce qu'il doit garder 
secret. — Taïso-té, léngudo, tais-toi, bavarde. 

Lénguéja, v. fréq. Languéyer; examiner la langue 
des porcs pour reconnaitre les grains de ladrerie. — Voy. 
Grano dé por. 

Lénguéjaïre, s. m. Languéyeur; qui fait métier de 
languéyer les porcs dans les foires et marchés. — Woy. 
Grano dé por. 

Lénguéta, v. Terme de menuiserie, évider en boudin, 
ou en languette le bord d’une pièce d'assemblage pour le 
faire entrer dans la rainure ou canal de la pièce à joindre. 

Léntio, s. /. Lentille, lentille commune, Ervum lens, 
Linn., plante de la fam. des Légumineuses. 

Lénto, s. f. Luzerne sauvage, luzerne faucille, Medi- 
cago falcata, Linn., plante de la fam. des Légumineuses, à 
feuilles menues, à fleurs jaunes, qui se propage d'elle- 
même dans les champs de blé. Comme elle est vivace, 
qu’elle se marcotte et se multiplie, ses racines très-fortes, 
très-ligneuses, arrêtent quelquefois la charrue et font même 
briser le soc. Elle est fort gourmande et fort nuisible au 
blé et en outre difficile à extirper. 

Dér. du lat. Lentus, flexible, ou lent, qui ralentit. 


sans ie it. tm née, 


TT 


Land 


LÉS 


Léntou, s. /. Humidité; flexibilité causée par l’humi- 
dité; moisissure. — Voy. Lén. 

Lèou, s. m. Péj. Lévatas. Terme de boucherie, mou ou 
poumon des animaux; morceau peu recherché, dont les 
pauvres gens seuls font usage. Le mou du porc est plus 
délicat; on le mêle à la viande des andouilles et saucis- 
sons, on l’alterne avec le foie, et ces carrés de viande 
maigre qu'on nomme poupo, dans les garnitures que l’on 
fait au boudin. 

Dér. du lat. Levis, léger, parce que la substance spon- 
gieuse et fistuleuse du poumon le rend léger et le fait sur- 
nager sur l’eau. 

Lèou, adv. Bientôt; promptement; vite. — Lèou, lèou/ 
Vite, vite! dépêchons. Pu Zèou qué, plutôt que. 

Dér. du lat. Levis, léger : l’analogie entre léger, leste et 
vite explique facilement la signification. 

Léquo, s. [. Piège pour les oiseaux ou les rats, com- 
posé ordinairement d’une pierre large et plate, placée de 
champ et inclinée en angle de 45 degrés, soutenue dans 
cette position par une charpente de bûchettes si légère, si 
délicatement montée que la moindre pression d’un animal 
qui s’y hasarde pour manger l'appât semé au-dessous, fait 
crouler brusquement l'échafaudage, qui écrase presque 
toujours le téméraire. En général, piège, traquet, traque- 
nard, trébuchet, quatre de chiffre. 

On l’a dit dér. du celt. Laische ou Lech, pierre, ou 
figurativement du lat. Laqueus. 

Lès, s. m. Lé, largeur d'étoffe; longueur quelconque 
d’étoffe prise dans toute sa largeur d’une lisière à l’autre. 
Lésarda (Sé), v. Se lézarder; se couvrir de lézardes. 

Lésardo, s. f. Lézarde; fente, crevasse; fissure qui se 
produit dans un mur quelquefois par vétusté, mais qui 
date d'ordinaire de sa construction et provient le plus 
souvent d’un affaissement dans une partie des fondations. 

Dér. du lat. Læsum, supin de Lædere, offenser, léser. 

Lésé, s. m. Loisir; temps disponible et suffisant pour 
faire une chose. — Souï pas dé lésé, je n'ai pas le temps. 
Quan séras dé lésé, quand tu y seras; quand tu seras 
dispos; quand tu auras le temps. 

Dé lésé, à loisir, à son aise. 

Dér. du lat. Licet, il est permis. 

Léséno, s. j. Alène, outil de cordonnier pour percer le 
cuir; poinçon courbe emmanché. 

En espag. Alesna, m. sign. 

Lésquo, s. f. Dim. Lésquéto. Tranche de pain ; mouillette. 
— Voy. Lisquo. 

Léssiou, s. m. De la lessive, eau imprégnée des sels 
lixiviels de la cendre. 

Dér. du lat. Livivium, m. sign. 

Léssiou, s. m. Essieu de voiture, pièce de fer qui passe 
dans le moyeu des roues. 

Dér. du lat. Axis, aæilium, m. sign. 

Lésso, s. j. Crasse de la tête, pellicules qui s’amassent 
sous les cheveux; crasse qui se forme en petites écailles 





LEV 435 


sur d’autres parties du corps par une habitude de mal- 
propreté, surtout aux genoux: cette dernière se nomme 
aussi Péréso (Voy. ©. m.). — Vous lèvo la lésso, au fig. il 
emporte pièce dans ses quolibets. 

Lèste, lèsto, adj. Leste; agile; qui a de la légèreté; 
dispos; préparé; prêt; prompt; vif; éveillé. 

Létro, s. f. Lettre, caractère de l'alphabet; lettre- 
missive. — Counouï la létro, il sait lire et écrire. Fasès-y 
uno létro, écrivez-lui. Li mandaraï uno létro, je lui écrirai. 

Dér. du lat. Littera, m. sign. 

Lètrou, s. m., ou Lusèr. Lézard, Lacerta, Linn., reptile 
de la fam. des Sauriens, dont les variétés sont nombreuses. 
— Au-dessous du plus grand de nos lézards qui dépasse 
deux pieds de longueur, on en trouve bien d’autres diffé- 
rant de taille et de couleur, ce qui tient peut-être autant 
à l'âge qu'à l'espèce; et par une gamme descendante, on 
arrive au lézardeau de muraille, qui atteint à peu près 
cinq pouces dans son plus grand développement. En thèse 
générale, les plus gros de ces reptiles, tous conformés de 
mème, s'appellent ZLètrou ou Lusèr; ceux de moindre 
dimension ont des noms divers; mais à quel degré de 
l'échelle faut-il s'arrêter pour que le Lètrou devienne Rén- 
gloro (V. c. m.)? Ce point de démarcation n’est pas bien 
déterminé. Disons toujours néanmoins que le lézard ocellé, 
Lacerta ocellata, Linn., et le lézard vert, Lacerta viridis, 
un peu moins grand, tous deux remarquables par leur 
belle couleur verte se modifiant quelquefois par du brun 
et du jaune, communs dans notre pays, où ils sont les 
plus grands du genre, sont essentiellement le Zètrou ou 
Lusèr : on s'arrange avec les autres et on leur donne l’épi- 
thète de pichô, pour arriver au nom spécifique de Réngloro. 

Léva, v. Lever, en général; mais les nombreuses et 
variées acceptions de ce verbe ne peuvent être bien con- 
nues que par des exemples. — Zéva, pousser en parlant 
du blé qui germe en terre, des plantes qui sortent de terre; 
lever, fermenter, en parlant du levain. Zéva un éfan, 
accoucher une femme, recevoir l'enfant. Zéva uno maïo, 
relever, reprendre une maille à un tricot, à un bas. Zéva 
la tdoulo, desservir, enlever le couvert. Zéva lou capèl, - 
ôter son chapeau; saluer quelqu'un, le reconnaitre pour 
son supérieur. Zéva las taïos, percevoir les contributions, 
être percepteur; par ironie, mendier. Léva lou nas, lou 
moure, être orgueilleux, porter la tête haute. Zéva, quèter, 
faire une collecte. Zéva la man, prêter serment. Zéva 
boutigo, commencer à tenir un magasin, à faire un com- 
merce; ou par ext. entrer en danse, se disposer à en venir 
aux mains, se battre. Zéva, faire un rabais : Mé lévarés bé 
quicon, vous rabattrez quelque chose. Aqud vdou pas lou 
léva dâou s6ou, cela ne vaut pas la peine de se baisser 
pour le ramasser. M'ow lévarias pas dé ma tèslo, Vous ne 
me feriez jamais croire autre chose. Jamaï noun mé lève: 
d'aïci s'és pas vraï, je consens à ne jamais bouger de place 
si je ne vous dis pas la vérité; formule d'imprécation ou 
de protestation fort usitée. Léva las nisados, chercher des. 


456 LEV 


nichées, dénicher des oiseaux. Té vdou léva dâou séména, 
je vais te relancer d'importance. Zéva dé cassolo, dégoter 
quelqu'un du jeu, prendre sa place. Aouriè pas qu'à léva 
Jou dé, il n'aurait qu'à faire un signe. 

Sé léva, se lever, en parlant d’une personne couchée, 
sortir du lit; se mettre debout; monter, paraître sur l’ho- 
rizon. — Zou sourél, la Luno sé lèvo, le soleil, la lune 
parait, se lève. Lou tén sé lèvo, le temps se hausse, il 
commence à s'éclaircir, à faire beau. Sé léva dé davan, 
disparaitre, quitter la partie, s’en aller, s'esquiver. 

Dér. du lat. Zevare, venant de Zevis, léger. 

Lévadéto, s. f. Dim. de Zévado. Fressure d'agneau, de 
chevreau. — Voy. Lévado. 

Lévadis, disso, adj. Qui peut se lever, s’enlever, se 
hisser facilement ; aisé à lever; à remuer; mobile, muable. 
— Pon lévadis, pont-levis. 

Dér. de Zéva. 

Lévado, s. f. Dim. Zévadéto. Terme de boucherie, fres- 
sure d’un porc, d'un mouton, etc. Elle se compose du foie, 
du poumon et du cœur, qui tiennent ensemble et que le 
boucher enlève à la fois, en dépeçant l'animal. 

Ce mot vient-il de cette dernière action et parce que la 
fressure ne compte pas comme viande, ou bien du mot 
Lèou, qui donne à son péj. Zévatas, d’une grande ana- 
logie, et parce que le poumon, qui est une partie essen- 
tielle de la Zévado, pourrait bien avoir servi de racine à 
l’ensemble de la fressure? 

Lévado, s. f. Digue; chaussée; déversoir d'un moulin; 
barrage quelconque en travers d’un cours d'eau pour le 
dévier dans un canal de moulin ou d’arrosage. 

Lévado, s. f. Levée; action de lever, d'enlever. En 
terme de magnanerie, c'est une certaine quantité de vers 
qu'on enlève des tables où ils sont trop serrés et trop 
nombreux, pour les disposer sur des tables nouvelles, ce 
qui arrive après chaque mue par le développement de 
leur volume. — Au jeu de cartes, levée, cartes qu'on lève 
en gagnant. 

Lévadoü, s. m. Levier d’une meule de moulin à farine, 
composé, dit Sauvages, de deux pièces, l’une verticale, 
appelée l'épée, l’autre horizontale, qui fait l'office de 
levier et qu'on appelle la trampure : l'une et l’autre servent 
à hausser la braie, et par ce moyen la meule tournante. 

Lévado signifie aussi un clayon, sorte de panier plat, 
plus long que large.— Voy. Campanèje. 

Ce mot, qui n’est pas connu à Alais en ce sens, est tout 
à fait technique à nos portes, dans la Gardonenque et 
l'arrondissement du Vigan. 

Lévan, s.m. Levain, morceau de pâte aigrie qui sert à 
faire fermenter la pâte du pain. — Métre loulévan, opé- 
ration préparatoire à la manipulation du pain, qui consiste 
à détremper un morceau de levain avec une petite quantité 
de farine dans la huche, qu'on laisse fermenter quelques 
heures ensemble et qui augmente le volume du levain en 





LIB 


même temps que la force de fermentation; on mêle le tout 
ensuite avec la pâte nouvelle. 

Dér. de la bass. lat. Zevamen, m. sign. 

Lévan, s. m. Levant, Orient, Est, partie du ciel où le 
soleil se lève; pays situés au levant de la Méditerranée. 
— Sourél lévan, lever du soleil ; soleil levant. 

Lévandièiro, s. f. Sage-femme, accoucheuse. 

Dér. de Zéva ; léva un éfan, prendre ‘un enfant du sein 
de la mère, accoucher une femme. 

Lévatas, s. m. Péj. de Zèou. Terme de boucherie, 
poumon, principalement de bœuf : ce qui est toujours un 
mauvais mets. — Voy. Lèou. 

Lévito, s. j. Lévite, redingote, sorte d'habit long, croisé 
par devant. 

Empr. au fr. 

Lèvo, s. f. Terme de palemardier, lève, cuiller d’un 
mail, sa face taillée en biseau et qui sert à enlever la 
boule, tandis que la face opposée, la masse, la fait rouler 
terre à terre. — Jouga dé lèvo, enlever la boule pour la 
porter à une plus grande distance, sans être arrêtée dans sa 
course par des ricochets ; par ext. au fig. agir hardiment, 
avoir de la vigueur, de la verdeur, de l’entrain. 

Lèvo, s. f. Levée; quête; collecte. — Faïre uno lèvo, 
faire une quête. 

Dér. de Zéva. 

Lèvo-quiou, s. m. Fourmi rouge, fourmi à tête rouge, 
qui va toujours en procession le long des vieux murs ou 
des vieux troncs d'arbre. Elle passe pour méchante et sa 
morsure cause une légère inflammation. On l'appelle Lèvo- 
quiou de ce qu’elle relève volontiers son abdomen. 

Lévuro, s. f. Tranche extérieure de panne de porc, qui 
est devenue rance et qu'on enlève pour ne pas laisser ce 
goûtaux assaisonnements. On donne ces reliefs aux pauvres 
mendiants. 

Li ou I, pron. relat. et adv. Lui, à lui. — Voy. I. 

Lia, »., ou Ia. Lier. — Voy. Ia. 

Lian ou Ian, s. m. Cordon, ce qui sert à lier; lien; 
cordon de sac. — Voy. Ian. 

Liardo, s. f., ou Piastro. Pièce de deux liards, depuis 
longtemps démonétisée, hors d'usage dans la circulation 
comme en dénomination. — Voy. Iard et Piastro. 

Liasso ou Jasso, s. f. Liasse; paquet de menu linge, 
lié ensemble; trousseau de elés réunies. — Le fr, Liasse 
ne s'entend que de papiers; le lang. a presque une autre 
signification et ne s'applique qu’à de menus objets. Il dit 
au reste beaucoup mieux Trousso. — V..c. m. 

Libérta, s. f. Liberté; indépendance; état d'une per- 
sonne libre. 

Dér. du lat. Zihertas, m. sign. 

Libértin, ino, adj. Dim. Zibértind; péj. Libértinas. 
Libertin. — Cet adj. au masc. n'entraine pas l'idée de 
mauvaises mœurs comme le fr. Libertin: c’est plutôt un 
coureur de cafés et de cabarets; un homme qui pense-peu 


V+Y 


LIG 


à ses affaires et vit dans le vin et le jeu. Au fém. c'est 
différent, le mot Zibertino ne porte que sur les mœurs. 

“Libraïre, s. m. Libraire; marchand de livres. 
© Dér. du lat. Librarius, m. sign. 

Libramén, adv. Librement; sans contrainte; sans gène. 

Empr. au fr. 

‘Libre, s. m. Dim. Zibré; péj. Zübras. Livre; volume, 
feuilles imprimées reliées où brochées; ouvrage d'esprit 
qui fait un volume. — Zibre dé dous iars, la croix de par 
Dieu. Parlo coumo un libre, il parle d’or. 

* Dér. du lat. Ziber, gén. dibri, m. sign. ‘ 

Libre, libro, adj. Libre; exempt de contrainte, de 
gène, d'embarras, de liens, d'obstacles. 

© Dér. du lat. Ziber, m. sign. 

®\ ‘Liéol, s.m. Licol ou Jicou, lien autour du cou du cheval, 
mule ou mulet: — Le vrai mot est Cabéstre, mais celui- 


*. ci, qui n’est peut-être qu’un empr. au fr:, s’est facilement 


Es 


\ 


.impatronisé. 

Liçoù, s. jf. Dim. Ziçounéto. Leçon, instruction; ce 
qu'un maitre donne à apprendre et ce qu'apprend par cœur 
un écolier. — As pas di ta digoù, tu n'as pas récité ta 
leçon. Té dounaraï uno ligounéto, je t'appliquerai une 


” légère correction pour t’apprendre. 


Dér. du lat. Zectio, m. sign. 

Lidor, s. m. Louis d'or, pièce de vingt-quatre francs. 
— Malgré l'adoption presque générale du système décimal, 
il y a encore certains marchés qui persistent à se faire sur 
le type des anciennes monnaies, parmi le peuple; dans les 


” foires, celui des chevaux et des mules se fait en louis d’or. 


Il'est encore certains nombres dans les sommes d'argent 
qui ne s’énoncent qu'en ces vieilles dénominations, en fr. 
comme en lang., ainsi: dès éscus, cént éseus, milo éscus, 


l'winto-cin lidors, cinquanto lidors, cént lidors, malgré le 


Changement de valeur de ces différentes pièces, signifient 
toujours trente, trois cents, trois mille, six cents, douze 
cents, deux mille quatre cents francs, puisqu'il n’y a plus 
de livres. 

Liè, s. m. Lit.—Voy. 1è, seul usité dans notre dialecte. 

Lièchoto, s. f. Dim. de Ziè. Petit lit, couchette. — Se 
dit mieux Zèchoto. — Voy. €. m. 

Liéto, s. f. Layette; petit coffre en forme de bahut, en 
carton où en bois très-mince, qui sert aux jeunes femmes 
et jeunes filles à renfermer leurs objets de toïlette, bonnets, 
cols, collerettes, et tous les atours qui craignent d'être 
aplatis ou chiffonnés. C’est là aussi que sont serrées leurs 
dorures et chaînes. 

Lifré, lifréto, adj Gai; éveillé; coquet;  accort; 
‘détone 

! Liga, v., ou Aliga. Limoner; couvrir de lie, de limon, 
ji vase. — Voy. Énliga. 

"7 'Ligas, s. m. Gros amas où dépôt de limon,.où:le pied 
| enfane, dans les premiers temps de sa Ft: 

Augm. de Zigo, lie, boue. : :: 

_ Lignéto, s. f. per bitord; corde dfouet. 


ph eh mé 





LIM 437 


Ligno, s. f. Ligne, instrument de pèche; canne, perche 
légère en roseau d'ordinaire, à laquelle est attaché un fil 
ouune mince corde et un bout de crin blanc qui porte le 
hameçon. 

Dans le sens du fr. Ligne, trait simple, le lang. ne 
connait que Régo, et pour Rangée, file, rièn que la variante 
Rén. — Voy. ©. m. 

Dér. du lat. Linea, fil, ficelle. 

Lignôou, s. m. Ligneul des cordonniers, fil ciré avec 
de la poix, doublé plusieurs fois, qui sert à coudre les 
souliers. 

Dér. du lat. Linetum, de Zinum, lin. 

Lignoto, s. f. Linotte, Gros-bec linotte, Fringilla can- 
nabina, Temm., oiseau de l'ordre des Passereaux et de la 
fam. des Conirostres ou Conoramphes. — Ce joli oïseau 
vit longtemps en, cage et rivalise avec le chardonneret pour 
le chant et l'intelligence. 

Ligo, s. f. Lie du vin; dépôt, sédiment, vase des 
rivières. 

Ligo, s. f. Acabit, qualité bonne ou mauvaise d’une 
chose, des fruits, des productions de la terre ; race, origine, 
source, en parlant des personnes. — Il est probable que 
c'est mème dans cette dernière acception que le mot a été 
imaginé d’abord, et qu'il ne s’est étendu que par analogie 
aux objets inanimés. L'homme ayant été formé de limon, 
la ligo a été sa source, son origine; quand on dit: És dé 
la bono ligo, il est de la bonne souche, de la vieillé roche, 
on semble supposer que le Créateur se servit de diverses 
qualités de limon pour former les diverses races. 

Dér, sans doute du lat. Zigare, lier. 

Ligousso, s. f. Brette; épée longue; sabre. 

Lima, »v. Limer; polir; couper; amincir, user avec la 
lime, par le frottement. Au fig. perfectionner par un 
travail assidu, attentif. 

Dér. du lat. Zimare, m. sign. 

Limaio, s. f. Limaille, partie de métal en poudre, que 
la lime enlève. 

Limâouchoüs, ouso, adj. Péj. Limdouchousas. Gluant; 
poisseux; visqueux, mucilagineux; baveux, comme l'hu- 
meur qui couvre le corps de la limace. 

Dér. d'Alimase, limace, limaçon. 

Limase ou Alimase, s. m. Limace, limaçon sans 
coquille, Zimaæ, Linn. — Voy. Alimase. 

Limbardo, s. j. Limbarde, inule, perce-pierre, Inula 
chrithmoïdes, Linn., plante de la fam. des Corymbifères, 
qui croît dans les lieux marécageux, au bord de la mer. 

Limborou, s. m. Varaire, plante. — Voy. Varaïre. 

Limo, s. f. Lime, carrelet d'acier, de fer, à raies, pour 
polir, user, couper les corps durs. — Zimo dougo ou limo 
sourdo, au fig. sournois, hypocrite; homme qui vous 
mine, qui vous ruine en vous caressant, qui agit - 
ment avec de mauvais desseins. 

Limougnè, limougnèiro, adj. Cheval, mule ou mulet, 
attelés au limon d’une voiture, c.-à-d. au brancard, par 


56. 


438 LIO 
opposition à ceux qui sont attelés devant, et qu’on dit: 
Atalas én cavio. 

Limoun, s. m. Limon, dépôt de terre détrempée; boue ; 
bourbe, vase; limon, fruit du limonier, plus petit que le 
citron, avec lequel on le confond cependant ; limon, bran- 
card d’une voiture, d'une charrette; pièce de bois qui 
soutient les marches d’un escalier. 

Dér. du lat. Zimus, limon, vase, boue. 

Limouna, v. Limonner une terre, l’engraisser de dépôts 
de limon. — Se dit d’une prairie couverte par une inon- 
dation qui y a déposé du limon. 

Limounado, s. f. Limonade, boisson du jus du limon 
ou du citron, avec de l’eau et du sucre. 

Limounéto, s. /. Mélisse, citronnelle, plante. — Voy. 
Abéiano. 

Limpa, v. Vieux et hors d'usage. Glisser. — Est entré 
dans Éscarlimpa, V. très-usité. — Voy. ©. m. 

Dér. de Zimpo, boue, en v. lang. 

Limpéto, s. f. Pierre mince et plate, galet; caillou plat, 
rond, sur une grève: ce sont ces galets avec lesquels les 
enfants s'amusent à faire des ricochets dans l’eau. — Voy. 
Soupéto. 

Lin, s. m. Lin, lin commun, ZLinum usitatissimum, 
Linn., plante de la fam. des Caryophyllées ; dont l’écorce 
se file et fait des tissus, et dont la graine possède des qua- 
lités émollientes fort appréciées en pratique. 

Linde, lindo, adj. Clair; transparent, limpide, comme 
l'eau de roche ou celle qui court sur une grève unie et 
argentée. — Lou cièl és linde, le ciel est pur, sans nuage, 
ni brume. Un jouïn’home linde, un jeune homme à taille 
svelte. — Ainsi pris au fig. dans ce dernier sens, Zinde a 
contracté une extension qui semble participer de celle du 
vieux mot Zinje, ou n’en être plutôt qu’une corruption : 
car il revient à Fluet, efflanqué, effilé, élancé; se rappro- 
chant de la signification du mot en espag. et en port. 

En espag. Lindo, beau, net, pur; en port. Zindo, joli, 
gentil. : 

Linja, ado, adj. Nippé; qui est bien fourni en linge; 
pourvu de linge. 

Linjariè, s. f. Ensemble du linge d’une maison, d’un 
ménage, et non lingerie, qui est un appartement réservé à 
la conservation et à la réparation du linge, en fr. 

Linje, s. m. Linge, toile employée aux besoins du 
ménage; linge pour le corps. 

Dér. du lat. Linium pour Lineum, transformé en Linjum, 
linjeum, et par suppression de la finale, Linge. 

Linla, s. m. Lilas, Lilas vulgaris, Linn., arbuste de la 
fam. des Jasminées, originaire des Indes, à fleurs mono- 
pétales, tubulées, disposées en grappes. 

Lio, s. f., ou Rédorto. Lien formé d’un jeune scion 
d'arbre ou d'arbrisseau, où même de jonc ou de tige her- 
bacée, qui est tordu par les bouts et assez flexible pour 
lier un fagot. 

Dér. du lat. Ligamen, lien. 





LIR 


Lio ou 16, s. m. Lieu, endroit; place; occasion. — Est 
plus dans le dialecte montagnard que dans celui de la 
plaine. — Voy. 1è. 

Liourèio, s. f. Livrée. — Voy. Livréio. 

Liouro, s. f. Livre, unité de poids d'après l'ancien 
système, qui se divise en 46 onces, 420 gros, 384 scru- 
pules, 9,316 grains, et qui variait suivant les localités. 
Celle d’Alais valait 415 grammes 89 centig. — La liouro 
dé déssouto, retenue de un pour cent que les acheteurs de 
cocons font subir à leurs vendeurs en certaines localités : 
c'est pour tenir compte du déchet que peut avoir éprouvé 
la marchandise, soit dans le transport, soit par défaut 
d’un triage préalable assez exact. Cette retenue n’a rien de 
commun avec la proportion, qui n’est qu’un escompte. — 
Voy. Proupourciou. 

Dér. du lat. Zibra, m. sign. 

Lipa, v. Lécher. Au fig. manger son bien. — À tout 
lipa, il a tout achevé. — Voy. Liqua. 

Dér. de l’allem. Zippe, lèvre. 

Lipado, s. f. Lippée; bouchée; coup de langue d'un 
animal qui lèche; franche lippée, repas copieux et gratuit. 

Lipaire, aïro, s. et adj., ou Liquaïre. Qui lèche, qui 
aime à lécher; et au fig. écornifleur, parasite; gourmand, 
moins délicat que Lipé. 

Lipé, lipéto, adj. Dim. Lipétoù. Friand; raffiné gour- 
mand ; délicat mangeur; qui est sur sa bouche. 

Liqua, v., ou Lipa. Lécher avec la langue; effleurer avec 
la langue. Par ext. et au fig. enlever, emporter; effacer; 
faire disparaître. — Gardoù a liqua las castagnos, le 
Gardon a emporté la récolte des châtaignes, bien entendu 
dans une inondation après orage, qui charrie les produits 
et la terre des montagnes. L'éouro-dâou, la liquo-fango, 
le vent du nord, qui sèche la boue. 

Dér. du gr. Aslyw, je lèche. 

Liquado, s. /. Bouchée; action de lécher. — Voy. 
Lipado. 

Liquaïre, aïro, adj. Qui lèche. — Voy. Lipaire. 

Liquofroio, s. f. Lèchefrite, ustensile de cuisine pour 
recevoir le jus du rôti. 

Liquo-sièto, s. m. Gourmand; parasite; ce qu'on pour- 
rait traduire mot à mot en fr. par lèche-plat, lèche-assiette. 

Liquoù, s. . Liqueur; liquide en général; boisson dont 
l’eau-de-vie est la base. — Un véire dé liquoù, un petit 
verre d’eau-de-vie ou d'autre liqueur. 

Dér. du lat. Liquor, m. sign. 

Lirgo, s. f. Glaïeul, iris ou flambe, Zris Germanicus, ou 
Gladiolus communis, Linn., plantes de la fam. des Irisées, 
qui se confondent avec la Coutèlo. —V. c. m. 

Liroun, s. m. Loir, rat des Alpes, loir commun, Myoxus 
glis, Linn., petit mammifère de la fam. des Rongeurs. 

Ce nom n’est point très en usage; et comme le Loir, 
plus rare que le Lérot, lui ressemble beaucoup, on lui 
donne, ainsi qu'à ce dernier, le nom de Ra-caïé. — 
Voy. c. m. 


Rs 





LIU 


Lis, liso, adj. Poli; lisse; usé par le frottement; mince, 
fluet. — Bago-liso, jonc, bague unie, sans chaton ni guil- 
lochage. Soupo liso, potage sans garniture, eau bouillie 
sans grand assaisonnement. Péço-liso, pièce de monnaie 
usée, élimée, mais conservant encore quelque valeur. 

Dér. du gr. Al, Atocés, m. sign. 

Lis, adv. En courant, sans bruit, comme en glissant. — 
Passa lis, passer sans s'arrêter, sans saluer, en voulant 
être inaperçu. 

Liséto, Liso, Lisoun, s. /. n. pr. de femme. Lisette, 
Lise, Louison, dim. de Louise ou de Elise. 

Lisièiro, s. f. Lisière, bord d’une étoffe, d’un champ. 

Dér. de la bass. lat. Lisiera, du lat. Licium, trame; 
mais importé du fr. 

Lisquo, s. j., ou Lésquo. Dim. Lisquéto. Lèche, tranche 
de pain fort mince; tranche de viande, de saucisson, etc.; 
tartine de beurre, de fromage frais. — Lisquo ddourado, 
friandise dont on fête un heureux accouchement chez le 
peuple, en la distribuant aux personnes qui viennent faire 
visite à laccouchée et à celles qui assistent au baptème. 


. Elle consiste en de larges tranches de pain blanc, trempées 


à diverses reprises dans une pâte faite de lait, d'œufs et de 
sucre, et cuites ensuite à la poële. Les pâtissiers ont per- 
fectionné cela et en ont fait ce qu’ils appellent des mi- 
nerves. 

Lissandro, s. m. n. pr. d'homme. Alexandre. — Alté- 
ration par apocope. 

Listèl, s. m., ou Gistèl. Liteau. — Voy. Gistèl. 

Listo, s. . Bande de toile ou de mousseline claire dont 
les femmes en grand deuil garnissent leurs bonnets, en 
guise de dentelles. Elle doit ètre empesée, lisse et sans 
aucun pli. 

Listo, dans le sens du fr. Liste, est du pur franchiman 
réprouvé. 

En angl. Zist, bande, lisière. 

Litièiro, s. . Litière. — Ce mot comprend, en lang., 
non-seulement la litière dont on fait le lit des chevaux, 
bœufs, porcs, etc., mais toute autre substance qu'on mêle 
au fumier dans les cours, pour servir de véhicule aux 
déjections des animaux, comme buis, hérissons de chà- 
taigniers, mauvaises herbes, etc. 

Litre, s. m. Litre, mesure de capacité du système déci- 
mal. C'est un des termes de la nomenclature nouvelle qui 
est devenu plus tôt et plus généralement familier dans le 
peuple. — Toumba’n litre, boire, vider un litre. Toumba 
soun litre, boire une bouteille de vin d'un litre en un 


repas, déjeuner ou diner. 
Litur, liturdo, adj. Lecteur, lectrice; celui ou celle qui 
lit, qui fait la lecture. 


Lituro, s. f. Lecture; savoir, étude. — À a lituro pér 
él, il’a l'avantage de savoir lire: A dé Lituro, il a de l’in- 
struction, du savoir, il sait lire et écrire. 

— Dér. du lat: Lectura, du v. Legere, lire. 
Liuèn, adv. de lieu et de temps, ou Iuèn. Loin, à grande 





LON 439 


distance. — Dé liuèn én liuèn, à intervalles espacés, à 
distance l’un de l’autre, de loin en loin. — Voy. Iuëèn. 

Livrèio ou Liourèio, s. [. Livrée; uniforme; signe dis- 
tinctif comme drapeau, cocarde, etc. 

Logo, s. f. Dim. Louguéto. Espèce de foire ou plutôt de 
rendez-vous, où l’on loue des ouvriers pour la moisson, la 
vendange, l'éducation des vers-à-soie, et surtout pour les 
travaux d'hiver. Ce sont en général des ouvriers de la 
Lozère qui se présentent le jour dit, qui est toujours un 
dimanche : ils se réunissent en masse sur quelque petite 
place autour de l'église, et les enchères commencent à 
l'issue de la messe. 

Dér. du v. Louga. 

Logo (A), adv. Au lieu, tout au contraire. — A logo 
d'un chi, mé mandè un lou, au lieu d'un chien, il m'en- 
voya un loup. As agu bèou din ta campagno? — A logo, 
a plougu tout lou tén, as-tu eu beau temps dans ton 
voyage? — Bien au contraire, il a toujours plu. 

Dér. du lat. Loco, au lieu. 

L'on, particule, ou mieux pronom personnel indéfini. 
On, l'on. 

Ce mot est le même que On, et l’euphonie seule règle 
les cas où chacun doit être employé de préférence, absolu- 
ment comme dans le fr. On et l’on. 

Comme en fr. contraction de Homines, les hommes. 

Long, longo, adj. Dim. Loungué; péjor. Loungas. 
Long; qui a de la longueur, de la durée, de l'étendue; 
tardif; lent. — Dé long péis longo nouvèlo, a beau mentir 
qui vient de loin. S'ésténdre dé soun long, tomber de tout 
son long. Sès bièn long, vous tardez bien; vous êtes bien 
lambin. 

Dér. du lat. Longus, m. sign. 

On a compris que le G final, au masc. sing., ne se fait 
pas sentir : il n'aurait donc pas dû être écrit, d’après les 
principes de notre orthographe. Mais dans ce mot, et dans 
quelques autres monosyllabes surtout, conjonctions ou 
adverbes, une exception à la règle était nécessaire, moins 
peut-être en faveur de l’étymologie, qu'à cause de la for- 
mation des composés qui prennent presque toujours la 
lettre caractéristique du primitif. 

Long, adv. Le long; amplement; d'une manière diffuse. 
— Long dé l'aïgo, tout le long de la rivière, sur les bords 
de l’eau. Long ddou jour, tout le long de la journée. N'én 
sa long, il en sait long, il est très-expert. À la longo, à la 
longue, avec le temps. Tout ddou long, en longueur, en 
long. 

Longamén, adv. Longuement; durant un long temps. 

Longo-maï, adv. ou mieux interj. Souhait, vœu, féli- 
citation de politesse que l'on adresse à une personne en la 
complimentant sur un vêtement neuf, sur une maison, sur 
un domaine nouvellement acquis. La phrase entière usitée 
en ces circonstances ou en occasions semblables, est : 
longo-maï, én bono santa, c.-à-d. puissiez-vous en jouir 
longtemps encore en bonne santé. La syncope abrège, et 


440 LOU 


se fait suffisamment comprendre. La mème formulé simple 
Longo-maï s'emploie aussi comme adieu, lorsque deux per- 
sonnes se quittent pour quelque temps et se prennent la main. 

Longos (Las), s. f. plur. — Ne s'emploie spécialement 
qu’en terme de vigneron : Douna las longos, laisser de très- 
longues vieltes au bout des sarments de la vigne en la 
taillant. Comme le nombre des bourgeons laissés est beau- 
coup plus considérable, la vigne a beaucoup plus de raisins; 
mais la quantité ne s'obtient qu'aux dépens de la qualité 
du vin et de la vitalité du cep. Aussi n'est-ce guère qu'à 
une vigne vieille, rabougrie et destinée à être arrachée que 
Von fait subir cette épreuve. — Voy. Cargo. 

Longo-vuio, s. f. Longue-vue, lunette d'approche. 

Trad. du fr. 

Lonjo, s. f. Longe, bande, lanière de cuir, ou corde, 
qui tient au licou des bêtes de somme; échine du veau ou 
sa moitié, depuis les épaules jusqu’à la queue. 

Empr. au fr. 

Lontén, adv. Longtemps; durant un long espace de 
temps. — Té parle dé. lontén, je te parle de longtemps. 
Y-a lontén, il y a longtemps. 

Loquo, s. f. Dim. Louquéto. Loche, loche des rivières, 
loche franche, Cobitis barbatula, Linn., poisson de l’ordre 
des Holobranches et de la fam. des Cylindrosomes : dessus 
du corps d’un brun olivâtre; côtés jaunâtres nuagés et 
pointillés de brun; six barbillons aux mâchoires; longueur 
de 12 à 45 centimètres, quand Dieu leur prête vie. Ce 
petit poisson, fort commun dans le Gardon, reste au fond 
de l’eau, caché dans l'herbe et les pierres; sa chair est 
d’un bon goût. 

Lou, art. et pron. m. Le. — S'élide devant une voyelle : 
l'éoubre, l'arbre, comme en fr. Au gén. dé lou, contracté 
en dèl, dal, aujourd'hui déau ou dé !’ devant uné voyelle, 
équivalent au fr. de, du / Voy. Ddou). Au dat. à lou, con- 
tracté en dou ou à l’, au. Le plur."masc. nomin. et accus: 
est lous, les; gén. das, des; dat. et abl. as, aux. Son fém. 
sing. fait a, la; gén. dé la; dat. à la; au plur. nom. et 
accus. las, les; gén. dé las, des; dat. à las, aux. 

Lou capèl, le chapeau; ddou capèl, du chapeau; dou 
capèl, au chapeau; l'éoubre, l'arbre; dé l’âoubre, de l'arbre; 
à l'âoubre, à l'arbre ; ous capèls, lous doubres, les chapeaux, 
les arbres; das capèls, das doubres, des chapeaux, des 
arbres; as capèls, as doubres, aux chapeaux, aux arbres. 
La fénno, la femme; dé la fénno, de la femme; à La fénnd, 
à la femme; las fénnos, les femmes; ‘dé las fénnos, des 
femmes; à las fénnos, aux femmes. 

Dans le sens pronominal, Lou, m. sing., le; f. sing. La, 
la; au plur. m. Lous; f. Las, les. — Aïma -lou, aimez-lé; 
low vése, je le vois. Lous aïme, je les aïe; vwésè-lous! 
voyez-les. Aimo-la, aime-la; la vwése, je la vois; las aïman, 
nous les aimons; vésè-las, voyez-les. Lou qué, célui qui, 


celui que; la qué, celle que. Lou qué vèn, celui qui vient?" 


lou qué vése, celui que je vois; la qué ’aimo, celle qui 
t'aime; Za qué préne, celle que j'épouse. 





LOU 


Dans la région montagneuse, au nord d’Alais, où les 
raffinements du français ont moins pénétré, il s'est conservé 
une formule habituelle de langage et d'emploi de l’article 
que nos pays de plaine ont presque perdu. Pour désigner 
une personne dont on parle, on fait précéder de l'article 
son nom où son prénom; on dit : {ou Dumas, low Rocho, 
lou Jan, lou Polito, lou Pièré; la Bdoudano, la Mièrguésso, 
la Béloun, la Jano, la Mariouné, etc. Dans quelques noms 
commençant par une voyelle, on euphonise par une liaison 
la rencontre mal sonnante à l’oreille, ou-z-Idoro, le Isidore, 
ou bien d’autres fois on compose le nom en supprimant la 
voyelle initiale, lou Lissandro, le Alexandre. 

Ce sont là, me parait-il, les anciennes traditions qui se 
perpétuent, les tendances harmoniques de l’idiome qui se 
maintiennent, même avec des mots de forme relativement 
récente et plus recherchée. C'est le mème esprit qui a créé 
l'élision et qui, à la place de la contraction au gén. déou, 
du, substitua le dé {’ avec l’apostrophe. C’est encore ce qui 
amena la prosthèse ou addition de l’article au substantif et 
au nom propre commençant par une voyelle, avec lesquels 
il s’est si souvent confondu. 

Pour se rendre complètement raison de cette dernière 
particularité si essentielle à noter dans la recherche des 
étymologies, il faut se reporter à l’époque. où la langue 
aspire à se renouveler et prépare ses voies. Sa grammaire 
viendra plus tard; en attendant son vocabulaire, se forme ; 
il retient tous les mots qui suffisent à se comprendre; mais 
les expressions et les tournures sont empruntées à tous les 
idiomes qui courent dans le pays. Le latin en est toujours 
la base, le latin dégénéré, corrompu d’abord par son mé- 
lange avec l’idiome des provinces romanisées, et par la 
prononciation gauloise toujours persistante, puis descendant 
encore dans la basse lalinité rustique, et plus que. jamais 
laissant dénaturer son caractère. La fixité lui manque; une 
ordonnance régulière n'avait ni les moyens, ni le témps de 
se formuler en lois assez précises pour discipliner des 
esprits différents d'habitudes et indépendants les uns des 
autres, l'autorité magistrale du latin ayant disparu. De 
loin on pouvait déjà pressentir que le roman, issu de cette 
latinité sans cohésion et sans règles, arriverait bientôt à 
se diviser lui-même en dialectes qui, sans se séparer ! tout à 
fait de leur ‘principe commun, s’en affranchiraient assez 
pour être distingués en deux langues, la langue d'Oïl et la 
langue d'Oc. — Voy. Rouman. 

Aussi, au moment de la-rénovation,, disons-nons, la 
langue, qui ne désertait pas son vocabulaire, 1 manifestait- 
elle une irrésistible tendance à lui donner une autre forme. 
Les modes de déclinaison et de, conjugaison, ayaient com- 
mencé par s'éloigner du pur latin classique : par la sup- 
pression des désinences et de la quantité, l'accent, tonique 
se déplagçait et la prononciation modifait le sens et l'ortho- 


‘graphe des mots selon de nouvelles exigences, ; les flexions 


n'avaient aucune valeur grammaticale; tous les cas dispa- 
rurent, et l’article détermina la relation et les genres, en 





LOU 


précédant invariablement tous les substantifs, mème les 
noms propres, qui ont fini cependant par le supprimer. 

Avant tout, la nouvelle langue vise un but et ne semble 
préoecupée que du besoin de rendre sa forme plus brève, 

plus adoucie et plus commode, 

Nous ne voulons saisir au passage qu'un des phénomènes 

de ce mouvement qui amène le roman à modifier les prin- 

* cipes et le caractère de l'idiome générateur dont la déca- 

! dence ne suffit plus aux besoins intellectuels. Nous avons 
précédemment indiqué les procédés dont on avait usé envers 

les finales latines et les suflixes / Foy. Agno, suff.), il est 
évident que, les cas et les genres une fois supprimés, la 

* désinence avait dù tomber, puisque sa [portée était nulle 
“et qu'elle devenait un embarras à la prompte expression de 
t'la pensée. Mais en mème temps devait intervenir un signe 
sensible pour suppléer aux genres et donner aux mots une 
détermination précise, et leur acception, nécessaires à la 
clarté du discours : et l'article se posa en avant de tous les 
noms, au masculin et au féminin, au singulier et au pluriel. 

“A1 fut pris au Jatin ile, illa, son pronom démonstratif le 
“plus usuel: son rôle et son emploi étaient fixés. De la basse 

M Iatinité, où son usage n'élait pas inconnu, il se transmit 
au roman, et advint à la langue dOïl et à la langue d'Oc. 
L'idiome, qui arrivait ainsi à se simplifier en secouant 

+ Ja gène des règles grammaticales et des flexions trop variées 

ettrop diverses, représentatives du genre, du nombre, des 

cas, de la personne, des temps et des modes, avait encore 

à obéir aux instincts d’euphonie qui convenaient le mieux 

” à l'oreille et d’une plus facile articulation. La contraction 

et l’adoucissement. modifièrent donc la forme latine : en 

07 ‘roman, comme dans les langues d'Oîl et d'Oc, l’article faisait 

au masc. sing. nom. El, do; gén. del, de lo; dat. al, el, a lo; 

W au plur: nomin. els, los, li; gén. dels, de los, de li; dat. 

M als, a los, a lis; le féminin, au sing. et au plur., était en 
+ tout conforme au nôtre, sauf au nomin. qui disait La et à, 

+ Ce n'était pas suffisant pour le français et le languedocien 

” modernes : leet Z’ fr. remplacent ez et Lo, au sing. masc., et 

” ainsi desuite pour les autres cas; pour nous, la conson- 
‘"nancé est aussi amortie par lou, ddou, dou; lous, das, as, 

"1 n Mais l'introduction de l'article précédant tous les noms 
* devait avoir un résultat également notable. Lo, le et lou, 

“de formation ‘identique, se terminaient par une voyelle 

+ ou moins sourde, et qui était exposée à rencontrer un 

++ mot portant une voyelle initiale. L'élision eût sauvé un 

1°: heurtement désagréable: le-roman, plus dominé par l'in- 

+ *‘fluence latine, ne s'en préserva pas toujours ; le français et 

Je languedocien en redoutèrent le choc, et la combinaison 
LS la première lettre de l'article avec l'apostrophe, La 

* déguisa l'inconvénient à l'oreille. Mais peu à peu cette 


ie formé, qui était purement orthographique, fut impuissante | 


‘5 1 adistinguer le substantif auquel elle. s'adaptait, et elle fut 
# © absorbée par ce substantif. I s'en suivit un écart qui 
je < * transfgu rait lé primitif, puisque l'article accessoire de 

le mot lui-même, et de là des obscurités étymologiques 





‘ LOU +41 


souvent difficiles à débrouiller. Ce qui même augmente 
l'embarras, c'est que ces incorporations d'articles constituant 
un mot ne sont qu'un accident qui n'a rien de systéma- 
tique ni de régulier : elles se sont impatronisées dans le 
vocabulaire par l'usage et sans parti-pris d'application 
générale; car on peut remarquer souvent, à côté dlun 
substantif dans lequel l’article s'est agrégé, un autre nom 
dans les mêmes conditions qui a résisté à l'amalgame. 

Dans le vieux français les exemples ne manquent pas : 
on cite Lierre, du lat. Hedera, qui fit primitivement eure, 
puis ierre, ière, avec l’art. l'ière, et enfin par la confusion 
Lierre, et qui est pour nous Éouno; Loriol, qui reste, après 
avoir été Oriol, l'oriol, du lat. Oriolus où Aureolus, notre 
Figo-Léouridou ; Luette, de la basse lat, Uveta ; Landier, de 
Anderia ; Lendemain, dans le principe endemain ou demain ; 
Liard, que nous avons gardé avec sa forme si particulière 
de l'i initial aspiré; ete., etc. 

Dans le domaine de la langue d'Oc, de semblables trans- 
formations se sont produites, sans s’assujettir à celles 
qu'opérait la langue d'Oil ou le français; ce qui est une 
nouvelle preuve de son indépendance et justifie sa préten- 
tion d'être considérée comme une langue à part, de mème 
origine que le français et non un de ses patois corrompus. 
Nous ne relèverons pas les différences ou les similitudes 
dans les substantifs communs autrement que par ce qui 
ressort de la nomenclature; nous ne voulons ici nous 
attacher qu’à certaines dénominations locales, territoriales, 
et aux noms propres qui en peuvent dériver, sur lesquels 
ont agi les influences dont nous parlons. Le nombre des 
mots appartenant à cette catégorie est nécessairement assez 
restreint, bien que les agrégations de l’article se soient 
étendues au masculin et au féminin, au singulier et au 
pluriel; mais ces accidents, et nous ne les signalons pas 
tous, ont dû nous arrêter, si peu considérables qu'ils 
semblent en apparence, car ils intéressent l’histoire des 
noms propres et ne peuvent être négligés dans la recherche 
de leurs étymologies. 

Voici quelques-uns des exemples à l'appui des indications 
qui précèdent et qui leur serviront ‘de commentaire. Il 
suffira le plus souvent de placer à côté du nom actuel la 
plus ancienne de ses formes mentionnée par les vieux titres, 
pour avoir raison de celle dans laquelle il s'est fixé et des 
adjonctions parasites qui lui donnent une nouvelle physio- 
nomie, sans qu'il se prive cependant aujourd'hui de: l'ajus- 
tement pléonastique de l'article. 

Lacan, n. pr. de lieu, dit Mansus de Campo. 

” Lafoùs, Mansüs Fontium. — Voy. Fon. 

Lagriniè, Mañsus de Agrinerio. 

. Lanciso ‘du lat. Incisus, incisa. 

Tail: appelée en 4425 Anglata, én 4244 de Anglada. 

PES ñoï partitif, lieu planté d'ormes, formé du 
lat. Uimus, Uilmetum, en fr. Ormoie, dit en 4460 de 
Ulmeto, en 4554 l'Olmède, aujourd’hui Laumède, commune 


‘de Roquedur (Gard); le n. pr: d'homme Lomède, avec le 


442 LOU 


simple Lolm n. pr. de lieu, commune de Saint-Christol- 
lès-Alais, L'hom, variante; d'où les noms d'hommes Aou- 
méssas, Aouméras, lang., et les analogues Almessas, Omes- 
sas, et Ormoy (Eure), lous venus de l’ancien lang. Ome, 
Oume, en fr. Orme, sans compter les composés Delorme, 
Dormoy, comme les autres en un seul mot. 

Léouriéou, Lauriol, n. pr. de lieu et de personne, du 
lat. Aura ou Aurum, donnant Aureolus, dimin., dit en 
4237, ad ripariam d'Auriol ; en 1463, Vallatum de Auruol ; 
Loriol plus tard, et enfin en fr. Lauriol. 

Larna, s. m. n. pr. de lieu. Larnac, hameau près Alais, 
de la commune de Saint-Hilaire de Brethmas, mentionné 
en 1314 Ecclesia de Arnaco. — Le mème nom est commun 
à d’autres hameaux, notamment dans les communes des 
Mages et de Montaren, pour le Gard. Il est devenu aussi 
n. pr. d'homme. 

L'ancienne désignation donne la clé de l’étymologie. Il 
s'agit évidemment du nom tudesque ou goth Arnald, 
devenu Arnaud, Arnal, abrégé en Arna, tous assez répandus 
dans notre pays, auquel s’est ajouté l’article lou, le, élidé 
et syncopé avec la première syllabe du mot, comme on le 
trouve fréquemment. 

Larza, s. m. n. pr. de lieu. Larzac, plateau fort élevé 
dont une partie se trouve à l'extrémité du département du 
Gard, commune de Trève, et forme la ligne de séparation 
entre la Dourbie (Gard) et la Jonte (Aveyron). 

Le même mode de formation par la fusion de l’article nous 
paraît avoir, comme pour le précédent, fait le mot actuel : 
lou Arza, l'Arzac, Larza, Larzac. Le primitif dégagé serait 
Arzac, forme romane, conservée par le fr. mais réduite 
dans notre dialecte qui supprime toujours le c final, en 
Arza, provenant du lat. Arsacus, avec l’adoucissement 
euphonique du z pour s et la modification ordinaire du 
suffixe caractéristique; de sorte qu’il se présenterait deux 
étymologies également probables et justes. L'une, tirée du 
lat. Aræ, arcis, forteresse, venue du gr. ’Apzxx, sommet, 
sormmité, prise dans ce dernier sens; l’autre, du lat. Arsus, 
arsa, brûlé, indiquant un lieu qui aurait été ravagé par 
les flammes : circonstance assez fréquente, soit pendant les 
invasions des Barbares, soit à la suite des guerres de reli- 
gion, pour perpétuer le souvenir de ces calamités à la place 
qu'elles avaient le plus frappée. Comme analogues les n. pr. 
Larcy, Darcy, etc., malgré la variante des désinences, sont 
trop rapprochés pour n'avoir pas une des deux racines à 
s'appliquer : c’est toujours l’incorporation de l’article au 
radical, 

Lascours, du canton de Vézenobres, qu'on trouve, en 
1003, Curtes, en 129% Mansus de Curtibus, et en 1547 
Las-Cours; comme dans la commune d'Aulas, le roman 
écrivait en 4074 Las Cors, le latin de 4447 Mansus de 
Curtibus, et en 4513 territorium de las Cortes. 

Laval, commune de la Grand'Combe, de Colias, de Nimes 
et autres lieux, d’abord mentionné, en 4099, pour la pre- 
mière indication sons le nom de Vadlis, et en 4344, 4345 





LOU 


et 4561, Parrochia ou Ecclesia de Valle, traduit en 4620, 
avec la séparation de l'article par Notre-Dame de La Val, 
et enfin avec la réunion par Notre-Dame de Laval. 

Dans cette série pourraient encore être compris des noms 
propres, qui, à divers degrés, par la prosthèse ou par apo- 
cope, ont donné lieu à des variantes singulières, comme : 
Leyris ou Lairix, n. pr. de lieu dans les communes de 
Castillon de Gagnère et de Quissac, et nom d'homme; 
Leyrollo, Leyrolles, commune de Génolhac, dimin. formés 
sans doute de Aïro, aire à blé, du lat. Area, m. sign., que 
la bass. lat. rendait par Laïranicæ, donnant ensuite Lai- 
rargues (Hérault), et Alairargues (Hérault), Alairanicæ, 
dont les analogues pourraient amener Alleirac, Alleyrac, 
Olérargues, Oulérargues, comme Oleyra et Lerrac (Cha- 
rente), et encore une nombreuse famille; à moins cependant, 
ce qui n’infirmerait en rien notre thèse, que ces derniers 
commençant par o, ou, n’eussent leur primitif dans le lat. 
Olla, qui a donné par la même addition, à côté de nous et 
dans le Gard, le n. pr. Loulos, Loules, commune de Tornac, 
dans lequel l’article avait plus de facilité à se confondre. 

Léousièiro, Leuzière, la Leuzière, les Leuzières, dans 
plusieurs de nos communes, de Éousé, chène, en lat. Ne, 
ayant pour analogues La Lauzière, Lozière, et peut-être 
Luziès, et Luziers, commune de Mialet, seraient toujours 
dans le même cas. 

Lou, s. m. Dim. Loubé, loubatoù; péj. Loubatas. Loup, 
Canis lupus, Linn., mammifère unguiculé de la fam. des 
Digitigrades ou Carnivores. C'est l'animal le plus dan- 
gereux de nos contrées. I] habite les montagnes au nord 
de notre département; mais quelquefois la faim le chasse 
de ses bois et il vient visiter nos plaines; on organise alors 
de grandes battues officielles : on y fait bombance, on tue 
quelques lièvres ou quelques perdreaux qui n’en peuvent 
mais, le plus souvent rien, et le loup s’en retourne chez lui. 
— À las coslos én long cowmo lous lous, c’est un faïnéant 
qui ne veut pas se baisser pour travailler : ce dicton tient 
à un préjugé d'autant plus sot que tout le monde est à 
même d'en vérifier la fausseté, quand on tue un loup, ce 
qui arrive et n’est pas même bien rare, en dehors des 
battues. D’après cette croyance, le loup aurait les côtes 
placées en long, parallèlement à l’épine dorsale, ce qui 
l'empècherait de faire des voltes et des mouvements 
ondulés dans le torse. Le fait est qu'il a un peu moins 
d’élasticité et de souplesse que les chiens; mais il wen est 
pas moins agile, et le dicton s’applique sans doute à sa 
paresse que le besoin seul lui fait secouer au point de le 
rendre féroce. És counégu coumo lou lou blan, il est connu 
comme Barabas à la passion. Grano dé lou, race biscaïne, 
maudite, vagabonde. À vis Lou lou, il est pris par le gosier, 
il ne peut parler, articuler un son : d’après un préjugé 
vulgaire et très-ancien, puisque Platon lui-même le rap- 
porte, la vue de l’homme sur le loup, et réciproquement 
celle du loup sur l’homme, a une influence telle, que si 
c’est le loup qui aperçoit le premier l’homme, celui-ciest 





LOU 


frappé d'une extinction subite de voix ; que si au contraire 
c'est l'homme qui voit d'abord l'animal, le loup perd 
complètement sa force. Le dicton perpétue cette ridicule 
croyance. 

Dér. du lat. Lupus, m. sign. 

Lou, s. m. Loup, lubin, bars commun, Labrax lupus, 
Linn., poisson de mer, de l'ordre des Holobranches et de 
la fam. des Acanthopomes, qui atteint une grande taille, 
et dont nos gastronomes font, ainsi que les anciens Romains, 
beaucoup de cas. Son nom lui vient de sa voracité. A 
l'approche du printemps il cherche à remonter dans les 
eaux douces et pénètre en quantité dans les étangs de la 
Méditerranée, d’où il regagne la mer en septembre. 

Lou, s. m. Dim. Loubé. Louve, petite fenêtre, lucarne, 
pour communiquer des combles d’une maison sur les toits. 
!-Loubäou, adj. des deux genres. — S'emploie comme 
qualificatif pour désigner certains sols : tèro ou téraïre 
loubdou, terrain friable, léger, semé de rocailles à fleur de 
terre toutes percillées. Les racines des plantes et des 
arbres y pénètrent et y trouvent toujours de la fraicheur 
et de l'humidité. 

Ce nom a été imaginé sans doute à cause de l'aspect 
étrange et hérissé de ces pierres et rochers. 

Loubatado, s. f. Portée d'une louve; nichée de louve- 
teaux. Au fig. famille mal famée. 

Loubatas, s. m. Augm. et péjor. de Lou. Gros loup, 
dangereux et redoutable. Au fig. homme avide, sauvage, 
dur. 

Loubatièiro, s. f. Lieu hanté, habité par les loups; site 
escarpé, sombre et sauvage. 

Loubatou, s. m. Dim. de Lou. Louveteau; petit de la 
louve; jeune loup. 

Loubé, s. m. Dim. de Zou. Petit ou jeune loup, et n. 
pr. de chien; petit chien-loup. — C'est cette espèce parti- 
culièrement qui fournit aux journaliers le chien qu’ils ap- 
pellent Gardo-sa, garde-sac. 

Loubièiro, s. f. el n. pr. de lieu et de personne. Lou- 
bière, la Loubière. — Cette appellation est commune et 
comme celle de ZLoubatièiro { V. c. m.), a été inspirée ou 
par l'aspect sauvage du site lui-mème, ou par ce qu'il était 
fréquenté par les loups : ce qui se tient. Le masc. Loubiè, 
en fr. Loubier, Louviers, ses analogues, ont la même 

Loubo, s. . Louve, femelle du loup. 

Loubo est aussi un terme injurieux pour une femme: 


“une réminiscence du mot fr. Louve, traduisant le lat. 
 Lupa, qui était jadis donné aux femmes de mauvaise vie. 


Cependant cette injure ne comporte point dans notre 
dialecte cette ancienne acception : Loubo veut dire plutôt 


une méchante, une cruelle, une brutale femme. 


Loudro, s. f. Bourbe; débris ou détritus pourris et 
délayés; tout dépôt d’un liquide épais, croupissant, entrai- 
nant l’idée de la saleté et du méphitisme. 

Dér. du lat. Lutum, m. sign. 





LOU 443 


Loufo dé lou, s. . Vesse de loup, sorte de champignon 
de la tribu des Lycoperdonés, très-facile à reconnaitre : 
forme arrondie, surface lisse, chair homogène, et transfor- 
mation de sa partie intérieure en une poudre brune ou 
noire d'une excessive ténuité. La production de cette 
poussière noire à l’intérieur n'arrive que peu à peu et par 
les progrès de la végétation; dans le jeune âge, la chair est 
d’un blanc pur. Cette espèce est suspecte, quoique certains 
auteurs affirment qu’elle soit comestible. Roques ne partage 
point cette opinion. Le mieux est de se priver d'en pré- 
parer et d'en manger. 

Louga, v. Louer; prendre ou donner à loyer; affermer, 
donner ou prendre à ferme; louer un domestique à gages. 
— Aï louga moun drole pér manobro, j'ai loué mon jeune 
garçon pour servir de manœuvre. S'és lougado pér cham- 
brièiro, elle s'est mise en service. Louga un varlé, prendre 
un valet. Louga un chival, louer un cheval. 

Pour les immeubles, il vaut mieux dire Arénta (V. c. m.) 
un bé, un oustéou, uno cambro. Dans cette acception, 
Louga et Arénta, comme le fr. Louer et Affermer, se 
disent du propriétaire et du fermier, du bailleur et du 
preneur. 

Dér. du lat. Locare, m. sign. 

Lougaje, s. m. Louage, location d’un meuble, d’une 
chose. — Un chival dé lougaje, un cheval de louage, un 
locati. Lougaje d'uno cadiètro, location d’une chaise. 

Louïro, s. f. Loutre, loutre commune, Mustela lutra, 
Linn, mammifère unguiculé de la fam. des Digitigrades ou 
Carnivores. — Cet animal, aux pieds palmés, ne s’écarte 
jamais de l’eau, car, marchant difficilement, il deviendrait 
une proie aisée pour ses ennemis, s’il s’éloignait de son 
refuge. Il vit uniquement de poisson, et comme il est très- 
adroit pècheur, il suffit d'un seul de ces animaux pour 
dépeupler une grande partie de rivière. Il est d’un naturel 
très-sauvage. Il atteint soixante centimètres de longueur. 
Sa fourrure, assez prisée dans Je temps, a beaucoup servi 
depuis à confectionner des casquettes qui ornèrent le chef 
des conducteurs de diligences, quand il y avait encore des 
diligences. 

Dér. du lat. Lutra, que Pline affirme être venu du gr. 
Aoveuw, détruire, ou laver, par cette double raison que cet 
animal coupe et détruit les racines des arbres au bord des 
rivières, ou qu'il est presque toujours dans l’eau. 

Louiso, s. f. n. pr. de femme. Louise. — Le dim. 
est Louisoun, Louison. Le fr. Louis, au masc., a fourni 
son similaire Louis au lang., qui fait au dim. masc. Louisé, 
Luisé. — Voy. Luis et Luiso. 

Dér. du lat. Ludovicus, formé lui-même de l’ancien 
frank ou tudesque ZLuit, illustre, et Wich, vaillant guerrier. 

Louja, v. Loger; donner à loger; héberger. — Dans 
l’acception de Habiter, Démoura et Résta sont de meilleur 
aloi. 

Dér. du lat. Locare, placer. 

Loujamén, s. m. Logement, habitation, gite. 


44 LOU 


Loujis, s. m. Hôtellerie; auberge; maison où on loge 
les voyageurs et qui porte encore souvent pour enseigne : 
Bon logis. 

Loumbar, s.m. Lombard, établissement où l'on prêtait 
sur gages ; espèce de mont-de-piété. — Des Italiens, sortis 
particulièrement de la Lombardie, vinrent en France où 
ils se firent prêteurs, banquiers et surtout usuriers; ils 
durent créer les premiers établissements de ce genre, qui 
prirent leur nom. Lowmbar désigne donc la maison de 
prêt fondée par les Lombards, et aussi l’individa qui exer- 
çait leur profession. Il est devenu nom,propre. 

Loumbardo, s. f. Espèce de cerise, grosse guigne, ainsi 
nommée parce que probablement elle fut apportée de la 
Lombardie. 

Loungamén, adv. Longuement, pendant longtemps. — 
Variante de Longamén. 

Loungano, s. f., ou Loungagno. Longueur; lenteur ; 
retard; musardie; lambinerie. 

Loungaru, udo, adj. P6j. Loungarudas, asso. D'une 
longueur exagérée et disgracieuse, comportant aussi, pour 
certaines choses, l’idée de mince qui semble ajouter encore 
à la longueur. C’est un péjoratif capricieux de ZLoungas 
qui est déjà un augm. de Zong. 

Loungoü, s. f. Longueur; étendue d’une chose d’un 
bout à l’autre; durée de temps. — Réssa dé fustos dé 
loungoù, scier des poutres à la même longueur, les débiter 
à la longueur voulue. Faïre uno batudo dé loungoù, faire 
une séance qui compte. 

Lounguëto, s. f. Nom d’une châtaigne de très-bonne 
espèce, grosse, en cœur, productive. 

Lounjèiro, s. f. Enseigne qu’un particulier suspend 
accidentellement à sa porte pour annoncer qu'il vend au 
détail le vin de sa récolte; elle resle en permanence au 
contraire à l'entrée du cabaret, qui en reçoit son nom; 
taverne, bouchon, cabaret. — Achata soun vi à la loun- 
jéiro, acheter son vin à pot et à pinte dans un de ces 
endroits. En fr. le cabaret s'appelle Bouchon, de son 
enseigne composée ordinairement dans le Nord de plusieurs 
bouchons de bouteille enfilés. La lounjètro est un paquet 
de verdure ou de linge. ; 

Dér. de la bass. lat. Longieria, m. sign. 

Loupio, s. f. Loupe, tumeur enkistée sous la peau; 
excroissance charnue, ronde, indolente. 

Dér. du lat. Lobus, m. sign. 

Lour, lourdo, adj. Lourd, non pas de poids, mais 
d'esprit; grossier; épais; lourdaud. 

Dans l'acception de Pesant, nous employons Grèou. — 
Voy. c. m. 

Dér. de la bass. lat. Zurdus, m. sign. 

Lourdije, s. m. Lourdise; grosssièreté ; épaisseur, pe- 
santeur d'esprit. En parlant des animaux et spécialement 
des moutons, vertige, tournis, maladie qui leur est par- 
ticulière. 

Louta (Faire), ». Faire une loterie d'une chose, la 





(RS, 


LUC 


mettre en loterie. — Quouro tirou aquélo mostro qué fan 
louta? Quand tire-t-on la loterie de cette montre? 

Empr. au fr. Lot. af 

Loutariè, s. f. Loterie, sorte de tirage au sort de divers 
lots ou objets. 

Loutoü, s. m. Laiton, cuivre jaune; métal d’un jaune 
pâle, résultant de l'alliage du cuivre et du zinc... =" 

En gallois, Lœtum, m. sign.; en flamand, Laœtéon; en 
angl. Zatten. 

Lu (Sén), s. m.n. pr. Saint Luc, dont la fête est le 
48 octobre. — Pér Sén-Lu séméno mol ou du, à la Saint- 
Luc, sème la terre molle ou desséchée, dure: c'est: le 
temps des semailles, et il n’est pas bon de les retarder 
quel que soit l’état du terrain. 

Dér. du lat. Lucas, Luc. 

Lucado, s. f. Éclaircie, court intervalle de beau temps 
pendant une pluie continue; rayon de soleil ou jour plus 
clair qui luit à travers les nuages qui s'ouvrent.un 
moment. 

Dér. du lat. Lux, lucis, lumière. 

Lucha, v. Lutter; combattre à la lutte, corps à corps. 
Au fig. chercher à l'emporter dans une lutte quelconque. 

Dér. du lat. Zuctare, m. sign. 

Luchaïre, s. m. Lutteur; qui fait sa profession de lutter 
dans les jeux publics. — La lutte et la course de taureaux 
sont toujours fort en vogue parmi les populations du midi 
de notre département. Pour figurer. comme: acteur! dans 
une de ces courses, il suffit d’un peu de hardiesse et 
d’agilité dans les jambes au besoin; il n’en est pas de 
même pour la lutte. Il y a là des règles €t un cart dans 
l'attaque et la parade à l'aide duquel un adepte abattra un 
homme deux fois plus fort s’il n’en sait pas autant que 
lui. Aussi dans ces localités, dès leurs plus jeunes-ans,' les 
enfants s'exercent à ce jeu, et c'est de là que l'on voit 
sortir cette foule d’athlètes qui vont se disputer le prix 
dans nos cirques romaïns ou de fabrique plus moderne et 
plus modeste qui s'impro visent dans toutes fètes de village. 
Mais parmi ces lutteurs combien peu atteignent Ja gloire 
des Vénitien, des Mazard, des Rabasson! N'importe : ce 
n’en est pas moins devenu une profession; il est vrai de 
dire qu'elle ne mène guère à la fortune, et comme on s’y 
use vite, bien moins encore par les efforts qu'on yfait que 
par les habitudes de cette singulière vie d'artiste, il wyau- 
drait mieux faire autre chose. is 

Luché, s. m. Louchet, espèce de bèche, outil d'agri- 
culture et de jardinage. — La forme dela bêche varie 
dans les diverses localités; le louchet se compose invaria- 
blement d'un manche de bois, ayant à son extrémité 
supérieure une main ou petite traverse en forme de T : 
l'autre extrémité, sur le mème plan, formant la pelle, du 
même morceau de bois, est recouverte ou chaussée d’un 
fer large, aplati et tranchant, parallélogramme de. 33 cen- 
timètres sur 48 environ, au-dessus duquel est un éperon 
en fer en marchepied. On enfonce verticalement le louchet . 

: t AL] 








+R 


LUC 


en appuyant les deux mains sur la petite traverse et en 
forçant vigoureusement du pied sur l'éperon. La tranche 
de terre ainsi coupée est détachée tout à fait en faisant 
levier avec le manche de l'outil; l'ouvrier l’enlève comme 
une pelletée et la jette sens dessus-dessous devant lui. 
Dans les terrains trop caillouteux où le fer plein du lou- 
chet ne peut pénétrer, on se sert d’un louchet à trois 
pointes, sorte de trident, qu'on manœuvre de la mème 
manière. Le travail au louchet est le meilleur de lous; car 
il est profond, uni, et la terre en est complètement retour- 
née; mais c’est celui qui va le moins vite et qui par con- 
séquent est le plus cher: néanmoins, ici, dans toutes les 
terres où ne peut aller la charrue, le premier labour se 
fait au louchet de préférence au béchar (V. c. m.), qui le 
remplace aussi dans les sols caillouteux. 

Luchéta, v. Travailler au louchet; bècher au louchet, 
puisque le Dictionnaire de l’Académie ne nous permet pas 
encore de nous servir du verbe Loucheter, après avoir 
cependant adopté le louchet, qu'il définit du reste fort mal. 

Luchétado, s. . Coup de louchet; sa profondeur; la 
portion de terre qu’il remue ou qu'il enlève. — Émb'un 
parél dé luchétados lou trdou séra prou bèl, encore deux 
coups de louchet, et le trou sera assez grand. À dos ou 
trés luchétados trouvas l'aïgo, à la profondeur de deux ou 
trois coups de louchet, vous trouvez l'eau. Trasès aïci 
qudouquos luchétados, jetez ici quelques pleins louchets de 
terre. 

Luchétaïre, aïro, adj. Ouvrier qui travaille au louchet. 

Lucho, s. f. Lutte, exercice gymnastique. Au fig. com- 
bat d'esprit, d'énergie, d'argent, contre un adversaire 
quelconque; effort, résistance. — Y-a cént francs à la 
lucho, le prix de la lutte est de cent francs. Soun pas 
pariès énd’aquélo Lucho, ils ne sont pas d’égale force dans 
cètte lutte. La trouèsiémo és lucho, ou mieux à las trés 


_sou luchos, prvb., ce qui correspond au lat. Tertia solvet. 


Cette locution vient d’une règle de la lutte qui veut que 
les deux adversaires qui se disputent en dernier lieu le 
prix, aient déjà renversé chacun deux hommes: c'est ce 
qu'on appelle Éstre din lou rampèou (V. c. m.). Cette 
troisième lutte est donc la bonne ou la belle, celle qui 
décide tout. C’est bien la signification du dicton langue- 
docien, que le fr. avait anciennement rendu aussi par: 
A la troisième voit-on la lutte. | 

Dér. du lat. Lucta, m. sign. par apocope. 

Lucièn, s. m. n. pr. d'homme. Lucien. 

Lucio, s. f. n. pr. de femme. Lucie. 

Lugo, s. f. n. pr. de femme. Luce. — Ce dernier, par 
une altération familière, est devenu aussi n. pr. d'homme, 
abrégeant Lucièn. 

Ces trois noms du reste paraissent avoir le même radical 
lat. Lux, lucis, Lucere, qui a donné Lu, Luc, Lucas. 

Lucre, $. m. Lucre; gain; bénéfice; profit d’une indus- 
trie, d’un négoce, d’un travail. 

Dér. du lat. Lucrum, m. sign. 





LUN 5 


Lucre, s. m. Cabaret, petite linotte; gros-bec-sizerain, 
Fringilla linaria, Temm., oiseau de l’ordre des Passereaux 
et de la fam. des Conirostres ou Conoramphes. Sommet de 
la tête d'un cramoisi foncé; la gorge et la poitrine d’un 
cramoisi plus clair; ventre blanc-rosé; parties supérieures 
roux-brun avec des taches noires; deux pennes d’un blanc 
roussâtre traversant l'aile. Son cri d'appel ressemble à 
celui du tarin et ses allures sont celles de la mésange; 
lorsqu'il est en cage, on le voit toujours en mouvement et 
sa gaité ne se dément jamais. 

Lugar, s. m.— Ce mot qui, dans l'origine, s'appliquait 
à toutes sortes d'étoiles, surtout aux plus brillantes et 
notamment aux planètes qui sont plus apparentes, ne 
s'emploie guère que dans cette phrase : lou lugar ddou 
pastre, l'étoile du berger; c’est la planète Vénus qu'on 
appelle aussi. l'étoile du soir ou du matin, selon l'heure à 
laquelle elle se lève. 

Dér. du lat. Lucere, luire, briller. 

Luis, s.m. n. pr. d'homme. Louis. — Son dim. est 
Luisé et par fantaisie Lisaïo; Louisé est presque franchi- 
man. — Voy. Louiso. 

Luisan, s. m. OEil. — Ce terme est de pur argot cita- 
din, inconnu dans la campagne, où il n'a été importé que 
par quelque loustic revenu de l’armée ou de son tour de 
France; il ne s'emploie guère qu'au plur. {ous luisans, les 
yeux. | à 

Luiso, s. f. n. pr. de femme. Louise. — Son dim. est 
Lisoun où Louisoun, mème Léséto, qui pourrait cependant 
venir de Élise ou Lise, en fr. 

Luiténén, s. m. Lieutenant. 

Empr. au fr. qui, pour le même besoin, a dù prêter 
sou-luiténén et luiténén-courounèl, etc. 

Lun, s. m. Lampe en fer et quelquefois en fer-blane, 
composée d’un petit récipient où est l'huile, dans laquelle 
nage une mince mèche qui sort par un bec pour brüler 
sans verre, et d’une queue verticale, dont la première 
moitié est fixe et la seconde, mobile au moyen d'un anneau 
qui les joint, est terminée par une pointe et un crochet : 
cette mobilité sert à maintenir le récipient de niveau, la 
pointe et le crochet à porter et à suspendre la lampe. Il 
est bien cerlain que le mot Lun ne s'applique qu'à cette 
lampe primitive ct que toutes celles d'invention moderne 
s'appellent Lampos. Le lun, qui ressemble beaucoup à la 
lampe antique, est léger, peu embarrassant, commode; 
c’est ce qui le conserve -obstinément dans l'usage domes- 
tique. Cependant comme sa lumière, qui n’est point pro- 
tégée, éclaire assez peu, qu'elle s'éteint au moindre cou- 
rant d’airet qu’elle peut aisément mettre le feu, justement 
par la facilité dont on abuse d’accrocher le Zun partout, il 
serait à désirer de le voir remplacer par quelque lampe 
perfectionnée et surtout par la lanterne, là où il offre du 


danger. 
Lun se prend aussi en général pour lumière, la lumière 
d’une chandelle, d'une lampe, etc. — Fasès-mé lun, 


517. 


446 LUN 


éclairez-moi, mot à mot, faites-moi lumière. Amoussas 
lou lun, éteignez la chandelle, la bougie. Pourtas dé lun, 
apportez de la lumière. Pourias pourta sèt candèlos qué 
j'amaï noun mé farias Lun, quand vous auriez sept Chan- 
delles allumées, ce n’est pas à vous que je demanderais de 
m'éclairer; c.-à-d. je n’ai pas confiance en vous, ni en vos 
conseils; je n’ai pas foi en vos reliques. Ounté vaï sans 
lun? où va-t-il ainsi à l'étourdie, en aveugle, pour se 
casser le nez? Lou més p'dou lun, il n’en fait pas fi, dit-on 
de quelqu'un soupçonné de hausser le coude, en comparant 
le vin à de l'huile qu’il aime mieux boire que mettre à la 
lampe. Lou diable vous fariè bé lun sé, le diable vous 
pousserait bien, vous inspirerait bien, si... M'én fiche coumo 
dé pissa sans lun, je m'en moque comme de coucher nu-pieds . 

Lun sans doute plus anciennement s'écrivait Lum; notre 
dialecte fait sentir très-nettement la finale n et nous la 
maintenons comme à bien d’autres, tels que issan, essaim, 
noun, nom, fun, de fumus, etc.; il dérive du lat. Zumen, 
lumière. 

Lunar, ardo, adj. Lunatique; capricieux; fantasque; 
d’humeur inégale; quinteux. 

Dér. de Luno. 

Lunardiè, ièiro, adj. — Mème sign. que Lunar. — 
Jamaï lunardiè noun rampliguè soun gragnè, prvb., jamais 
capricieux, inconstant, ne fit fortune. 

Lunèl, s. m. n. pr. de lieu. Lunel, ville, départ. de 
l'Hérault. — Le sobriquet ironique, donné au moyen-àge 
aux Lunellois, Pésquo-Luno, qui pèche la lune, était-il une 
allusion au nom de leur ville, ou à l'esprit sottement avan- 
tureux et préoccupé de chimères impossibles de ses habi- 
tants? — Voy. Éscuinoun. 

Lunétos, s. f. plur. Lunettes à deux branches qui 
serrent les tempes, plutôt que celles qui tiennent en pin- 
gant le nez, qu’on appelle Méricles. — Lunétos! liuèn 
f'iétos, bonjour lunettes, adieu fillettes. 

Dér. de Zun. 

Luno, s. f. Lune, planète satellite de la terre; lunaison; 
quartier de la lune. — Faï luno, la lune éclaire, il fait 
clair de lune. Son aspect, sa clarté ou sa pâleur, la lim- 
pidité ou la brume de l’atmosphère qui l'entoure ont donné 
lieu à des observations passées en proverbes. Le latin 
disait en un hexamètre : 


Pallida luna pluit, rubicunda flat, alba serenat. 
Le languedocien traduit, en rimant : 
Luno panlo, l’aïgo davalo; 
Luno roujo, l’âouro sé boujo. 
Le français dit à son tour : 
La lune pâle fait la pluie et la tourmente, 
L’argentine, temps clair et la rougeâtre vente. 
L'influence de la lune sur les divers travaux de l’agri- 
culture est encore une croyance fort répandue, et la lune 
nouvelle et la vieille lune jouent toujours un “très-grand 
rôle, dont les nombreux dictons en cours parmi les agri- 





LUS 


culteurs rendent témoignage. Couper le bois, planter, 
semer, tailler ér luno vièio où én luno jouino, sont loin 
d’être une chose indifférente pour les cultivateurs. IL n’y 
a pas grand mal à observer pour tout cela les phases de 
la lune, mais il y en aurait si l'on renvoyait un travail 
pressant, lorsque d’ailleurs toutes les conditions de l’at- 
mosphère et du terrain sont réunies, pour attendre la lune 
favorable qui n'offrirait pas ces mèmes conditions. Bos 
coupa dé luno, bois coupé dans le quartier favorable de la 
lune. Quan ténèn dé luno? Quel est le quantième de la 
lune? Pléoura tout aquésto Luno, il pleuvra tout ce quartier. 
Ës pas dé luno, il n’est pas disposé, il n’est pas dans son 
bon jour. Aou quiou d'aquésto luno, réponse évasive pour 
renvoyer aux calendes grecques. Quan la luno doura trés 
bès, quand le croissant de la lune aura trois becs, trois 
pointes, c.-à-d. jamais. Low diable luno, imprécation appro- 
priée aux nouvelles croyances, du lat. Me diva luna, 
sous-entendu adjuvet. Luno mérerudo, fénno bécudo, dé 
cént ans én cént gn'a trop d'uno, lune qui commence au 
mercredi et femme bavarde, c'est trop d’une tous les cent 
ans. 

Dér. du lat. Luna, m. sign. 

Lupégo, s. f. Huppe, puput, Upupa epops, Linn., 
oiseau de l’ordre des Passereaux et de la fam. des Ténui- 
rostres où Leptoramphes. — Une belle huppe, formée par 
deux rangées de longues plumes rousses terminées de noir, 
a fait donner son nom à ce joli oiseau. Il est dommage 
qu'on ne réussisse que diffirilement à l'élever en cage: Sa 
taille est celle d’un merle, et sa chair est délicieuse à son 
passage de septembre et d'octobre ; il est insectivore. 

Luquétaïre, aïro, adj. Vendeur d’allumettes appelées 
Luquétos; modeste industriel qui vendait ordinairement 
ce qu'il fabriquait, détrôné aujourd’hui sans espoir de 
restauration et dont le nom mème sera oublié, car il n'y 
a plus de luquétos ni brouquétos. — Voy. ©: m: 

Luquéto, s. f. Allumette en chènevotte, qui se dit aussi 


| Brouquéto. — Ces anciennes allumettes, remplacées par 


les nouvelles qui, tout en offrant quelques dangers, valent 
infiniment mieux et sont meilleur marché, n’ont pu mème 
léguer leurs noms qui s’appliqueraient parfaitement aussi 
à leurs héritières, puisque Zuquéto vient de Aluqua, de ce 
qu’elles sont destinées à allumer ou à s’allumer facilement, 
et Brouquéto veut dire menu bois, buchette. On dit eom- 
munément aujourd'hui Aluméto. — Voy. Brouquélo: 

Lura, ado, adj. Luron; rusé; subtil; hardi; habile avec 
finesse. — Voy. Délura. 

Luro, s. f. Allure; manière d'agir; ruse; manigance. 
— Boutas! counowisse vosto luro, allez! allez! je connais 
votre affaire; je vous vois venir ayec vos gros sabots. 

Corrupt. du fr. Allure. 

Lus, pron. pers. des deux genres, sing. et plur. Leur, 
à eux, à elles. — Douna lus quicon, donnez leur quelque 
chose. Lus part séra lèou facho, leur part sera bientôt 
faite. Aqud’s lus, c'est à eux ou à elles. 


ä 





Lusèr, s. m. Lézard, — Voy. Lètrou. 
-Dér. du lat. Lacerta, m. sign. 
Lusèrno, s. /. Luzerne, Medicago sativa, Linn., plante 


de la fam. des Légumineuses, qui fournit un fourrage très- 


bon et très-abondant. 

Dér. selon Bullet, du celt. Lus, herbe; herbe par excel- 
lence. 

Luséto, s. f. Lusette, ver-à-soie qui fait son cocon bien 
avant ceux avec qui il vit et dont il semble être un 
avorton. On attribue cette précocité à ce qu'il n'aurait 
accidentellement que trois mues. Si cela était, ce serait en 
effet un accident, car les vers provenus de sa graine ou de 
son papillon rentrent, dit-on, dans l'espèce ordinaire de 
cinq âges et de quatre mues. Peut-être aussi les lusettes 
sont-elles soumises aux phases régulières de l’insecte, que 


‘seulement des causes inconnues leur font accomplir avec 


plus de rapidité. Quoi qu’il en soit, on considère comme 
d'un bon augure ces avant-coureurs qui sont ordinaire- 
ment en petit nombre dans une chambrée, et on ne s’avise 
que par la petitesse, de leurs cocons qu’on voit paraître 
lorsque la masse des vers n’est encore qu'à la quatrième 
rue. 

On donne aussi le nom de ZLuséto à ces vers petits, 
maigres, sans force et sans vigueur, qu’on voit dresser et 
balancer machinalement leur tête transparente et qui ne 
sont qu'une variété de la pernicieuse engeance des Passis. 

L'Académie, qui enregistre dans son Dictionnaire mainte 
expression provinciale lorsqu'elle a mieux ou tout aussi 
bien, adoptera sans doute Zusette ou le reste, comme il 
lui plaira, et tant d’autres techniques de la langue séri- 
cicole, pour lesquels elle n’a point d'équivalents et que le 
languedocien lui offre tout faits et bien faits. 

Dér. de Zusi, à cause de la transparence de ces vers, 
provenant chez les uns de maladie et chez les autres d'une 
maturité hâtive. 

Luséto, s. 7. Ver-luisant, lampyre luciole, Lampyris 
nocticula, Linn., insecte de l'ordre des Coléoptères et de 
la fam. des Apalytres ou Mollépennes. La femelle est 
aptère, c.-à-d. sans ailes, et jette une clarté phosphorique 
et brillante qui, dans les nuits d'été, fait le charme des 





M 447 


promeneurs champêtres; le mâle est ailé et beaucoup 
moins brillant, et la nature se montre ici admirable dans 
ses dispositions : la luciole, qui ne peut voler, se laisse 
découvrir dans l'herbe, grâce au phare amoureux qui 
trahit sa présence. 

Dér. de Lust, Lucere, briller. 

Luséto, s. j. Vesce sauvage ou vesceron, Vicia segetum 
parva, Linn., plante de la fam. des Légumineuses, qui 
croit entre les blés, aux tiges grèles et rameuses, aux 
feuilles étroites, vertes, opposées par paires le long d'une 
côte qui finit par une vrille avec laquelle elle s'attache aux 
plantes voisines; ses fleurs sont blanches et les gousses qui 
leur succèdent sont velues. Cette vesce est résolutive ap- 
pliquée extérieurement. 

Luséto, s. /., ou Nivouléto. Luette, dont ce mot est une 
corruption. — Foy. Nivouléto. 

Lusi, . Luire; briller; étinceler; éclairer: répandre de 
la lumière, de la clarté, un brillant éclat. 

Dér. du lat. Lucere, m. sign. 

Lusido, s. j. Rayon; jet de lumière; lueur accidentelle; 
éclaircie en parlant du temps brumeux, pluvieux; inter- 
valle lucide dans le délire de la fièvre. — Faguè uno 
lusido, la pluie cessa un moment, eut un instant de répit. 
À bé quéouquos lusidos, ce malade a bien quelques inter- 
valles lucides. 

Dér. de Lusi. 

Lustre, s. m. Lustre, appareil pour éclairage; lustre 
d’une étoffe est du pur fr. — Sauvaces définit Lustre, 
crépuscule, clarté de l'aurore, et Lustres au plur., mouches, 
morceau de tafletas noir que les femmes mettaient sur 
leur visage pour faire paraître leur teint plus blanc. Ces 
deux acceptions ne sont point de notre idiome, ou se sont 
oblitérées. 

Lustro, s. f. Huitre. 

Ce mot, hors d'usage, est remplacé sans façon par 
Huitro, franchiman qui ne le vaut pas. 

Dér. du lat. Ostrea, m. sign. 

Ly ou Y, adv. Y, en fr. — Selon les besoins de l’eu- 
phonie ou le caprice, on dit l’un ou l'autre: Vaï-ly ou 
Vaï-2-y, Vas-y; ly vÜou où y véou, j'y vais. 


M 


M, s. f. M; s'appelle Émmo, treizième lettre de l’al- 
phabet, dixième des consonnes. 
M est classée grammaticalement parmi les labio-nasales, 


_à cause de l'intervention simultanée des lèvres et du nez 


dans son émission. Elle est une des articulations que l’en- 
fant réussit le mieux et le plus vite à former, et se pro- 


duit presque par la seule commissure des lèvres qui oblige 
l'air et le son à remonter et à ressortir : ma mamo, mama, 
maïre, mèro, sont les premiers mots prononcés el les plus 
faciles. Aussi, dans toutes les langues, M sert-elle à dé- 
signer l’idée de maternité, de mère. 

L'orthographe et la prononciation des mots où intervient 


448 M 


l'Émmo, M, appelle une observation. Quand elle précède 
une voyelle, elle la saisit de sa vraie articulation: point 
de difficulté. Mais quand elle est suivie d’une consonne, 
le B ou le P particulièrement, et complétant une syllabe, 
ou qu’elle se redouble, par exemple : cambo, poumpo, 
témpouri, toumple, simple, simbèl, émmasqua, émpéita, 
émmaïgrési, etc, alors, comme en fr. elle prend le son 
de l’n. Le français et quelques-uns de nos lexicographes 
vont plus loin : à la fin de certains mots dans lesquels M 
se rencontre, ils l’écrivent pour ne pas la prononcer et 
font entendre nettement un n, comme dans essaim, par- 
fum, nom, renom, etc., et à la première personne plur. 
des verbes aimam, aïmaviam, avèm, énténdiam, etc. Il y 
a là une anomalie à laquelle nous n’avons accédé qu'à 
regret et à demi : dans les cas de redoublement et devant 
le B et le P, nous suivrons l'orthographe usitée; mais 
nous n'avons pu nous résoudre à placer l’èmmo finale, 
comme fait le français, au bout des mots où le son nasalisé 
est si distinctement accentué, dans les subst. et dans les 
verbes; nous la refusons encore aux noms venus de lan- 
gues étrangères, comme Jérusalem, Mathusalem, Bethléem, 
qui, pour notre dialecte, ont une très-franche terminaison 
par èn grave. Ces réserves faites, l'explication est aisée. 
Cette orthographe n’est qu'une concession étymologique 
au latin; mais elle ne s’imposait pas avec la même force 
aux idiomes issus du latin, qui la conservent en l’altérant 
au moins dans beaucoup d’inflexions. Le latin faisait pres- 
que toujours suivre m d’une voyelle, excepté dans quel- 
ques nominatifs neutres, à l’accusatif et au génitif plu- 
riels, et il l’articulait distinctement, comme signe carac- 
téristique des cas et des genres. La moyenne latinité 
n'avait pas à enfreindre ces règles : elle attaquait autre- 
ment la langue. Peu à peu le roman, qui était aussi une 
dégénérescence si l'on veut, et une rénovation, se montra 
plus hardi dans ses procédés. Une de ses principales pré- 
occupations fut de donner à la parole la rapidité et la 
concision ; il y arriva par les syncopes, les retranchements 
de finales et par ses méthodes d’abréviation des mots et 
des syllabes; il se reprit aux consonnances et aux tradi- 
tions de prononciation longtemps oubliées, et se plia aux 
nécessités que lui faisaient subir les importations de nou- 
veaux conquérants. De ce travail, aidé par les instincts 
pationaux et par un esprit différent, sortirent la langue 
d'Oc et la langue d’Oïl, qui ne répudiaient pas la suc- 
cession : qui gardaient l’alphabet latin avec toute la valeur 
de ses lettres, mais qui arrangeaient leur prononciation à 
leur manière et la combinaient suivant leurs dispositions. 
Les troubadours, auxquels nous sommes redevables des 
plus sérieux efforts de transformation et qui furent les 
interprètes et les initiateurs du génie de la langue, étaient 
imbus de la diction latine, de sa syntaxe et de son ortho- 
graphe : ils transposèrent tout cela dans la langue écrite, 
peut-être dans la langue parlée : ainsi, par respect pour le 
romain, les infinitifs de leurs verbes s’écrivaient par r 





MAC 


final avec la simple suppression de la voyelle : amar, légir, 
far, pour amare, legere, fari, ete.; les substantifs se débar- 
rassaient de leurs désinences : templum, tempus, fames, 
lumen, nomen, fumus, pour faire temple, temps, faim, 
nom, fum, lum, etc.; les temps des verbes amamus, 
habemus, venimus, sûmus, elc., s'écrivaient amam, avèm, 
vénèm, som, etc. Ils écrivaient avec les lettres étymolo- 
giques; il est douteux qu'ils les fissent entendre à la pro- 
nonciation : le temps au moins est-il venu y apporter de 
sensibles modifications. Un seul exemple encore: Hom, 
roman, homme, tiré du lat. Homo, hominis, est représenté 
par ces trois lettres originaires dans les vieux manuscrits; 
il est devenu Om, dégagé de l’H parasite; il est aujour- 
d’hui le pronom indéfini On, ét le son nasal se fait sentir 
comme il est écrit. 

La lettre M a passé par tous ces degrés; et les mots qui 
la portaient, en arrivant dans la langue d'Oc et dans la 
langue d'Oïl à travers le roman et la basse latinité, n’ont 
pas su se dégager suffisamment de son empreinte en écrivant, 
alors qu’elles retournaient à leurs véritables tendances 
organiques en la prononçant comme un #. La nasale N est 
en effet gauloise, une consonnance que le celtique recherche 
et affectionne ; M est une lettre plus latine, essentiellement 
latine. La langue d'Oc et le français redoutent également 
cette inflexion à vide que produit M dans un mot ou à sa 
finale, puisqu'ils la transforment, ce que ne faisait pas le 
latin. 

Nous n’apercevons donc pas bien pourquoi notre ortho- 
graphe ne représenterait pas aussi exactement que possible 
une articulation si précise. Si, cependant, nous avons 
voulu concilier toutes choses, en redoublant les m comme 
en fr., et en les conservant devant le b et le p, nous nous 
révoltons contre les exagérations et les tyrannies étymo- 
logiques, en la remplaçant par la lettre réellement son- 
nante et à la finale de certains mots; nous croyons par là 
nous rapprocher davantage de la prononciation eupho- 
nique, qui est le vrai génie de la langue d'Oc. 

Ma, pron. poss. f. Ma. — Le masc. est Moun, mon; 
cependant comme en fr., devant les mots qui commen- 
cent par une voyelle, on dit Moun, quoique au fém. : 
Moun amigo, mon amie. 

Contr. du lat. Mea, m. sign. 

Ma,s m. Mt. — Ma dé cocagno, mât de cocagne, que 
nos fètes publiques ont tant vulgarisé. 

Ma, en entrant dans ce composé, doit être ainsi écrit 
d’après la rigueur de notre orthographe; mais peut-être 
vaut-il mieux lui conserver sa forme française et lui laisser 
le & étymologique final, puisque aussi bien c’est un mot 
tout français, seulement avec la désinence languedocienne. 
— Voy. Mat. 

Maca, v., et ses composés et dérivés. — Voy. Maqua. 

Macaroun, s. m. Macaron, massepain, pâtisserie de 
pâte d'amandes et de sucre. 

Ce mot est ancien: il existait dans la moy. lat. avec la 


7 


MAD 


MAD 449 


mème signification, témoins les Actes de la vie de Guil- | jourd'hui qu'une appellation polie qui se répand chaque 


laume l'ermite, qui rapportent que Ad prandium, ei 
apposuerunt maccarones seu lagana cum pastillis. 
Machoto, s. f. Chevèche, petite chouette, Strix passe- 
rina, Linn., oiseau de l'ordre des Rapaces et de la fam. 
des Nocturnes ou Nyctérins : c’est la chouette pour laquelle 
les petits oiseaux ont tous tant d’antipathie et qui sert à 


leur faire une chasse fort amusante. Elle est la plus petite 


de ses sœurs, 25 centimètres de longueur, et comme elle 
n'est guère plus grande que le hibou petit-duc fou Cho ou 
Tuqué), on peut facilement les confondre et échanger leurs 
noms. — On appelle également Machoio, la Hulotte ou 
Chat-huant de Buffon, chouette hulotte, Striz aluco, 
Temm., quoique celle-ci soit plus grande et atteigne jus- 


qu'à quarante centimètres. — Nous rappelons ici que ce 


qui distingue surtout les chouettes des hibous, c'est que 
les premières n'ont point de plumes en forme de petites 
cornes que les seconds dressent à volonté sur leur tète; 
tous. deux ont d'ailleurs beaucoup de traits de ressem- 
blance qui peuvent faire confondre certains d’entr'eux. 


On devrait, au reste, mieux tenir compte aux uns et aux 


autres des services signalés qu'ils rendent à l’agriculture 
en détruisant les petits mammifères rongeurs qui causent 
tant de dégâts aux récoltes. 

Cho semble être entré dans la composition du mot 
Machoto. — Voy. Cho, Duganèl, Tuqué. 

Machou, s. m. Gros lourdaud, grosse bête; mauvais 
compagnon; vilain homme. — Il est d'ordinaire accom- 
pagné de cette épithète qui ajoute à sa portée : Vilèn 
machou, appellation injurieuse et méprisante, comme : sot 
animal, méchant voisin, difforme de visage et d'esprit. 

En espag. Macho, mulet. 

Machuga, v. Meurtrir ; causer, produire, faire des meur- 
trissures; mâcher; mâchonner; broyer. — Dans le premier 
sens, il renchérit sur Maqua (V. ©. m.). S'és machuga la 
man, il a eu la main écrasée, broyée. Aqud’s tout machuga, 
c’est tout abimé, tout charcuté. Machuga un crousté, 
mächonner un morceau de pain. — Voy. Machuguéja. 

Machugaduro, s. f. Violente meurtrissure. 

Machuguëja, v. fréq. de Machuga. Màcher négligem- 
ment et par petits morceaux ; mâchonner ; pignocher. 

Maçoü, s. m. Maçon, ouvrier ou artisan qui fait les 
bâtiments, les maisons, à chaux, pierres, ciment. 

Macoumèou, s. f: Ambrette; graine musquée, Bamia, 
nom des semences de la Ketmie musquée ou odorante, 
Ibiscus abelmoschus, Linn., plante de la fam. des Mal- 


vacées, qui croit dans les Indes, l'Égypte et l'Arabie. 


Maçouna, v. Maçonner; bâtiren pierre, brique ou moellon. 

Maçounariè, s. f. Maçonnerie, ouvrage du maçon; art 
ou profession de bâtir. 

Macruso, s. f. Macreuse, oiseau { Foy. Fouquo), avec 
laquelle celle-ci ne doit pas être confondue. 

Madamo, s. /. Madame : nom, titre qui ne se donnait 
jadis qu'aux femmes d’un certain rang. Ce n’est plus au- 


jour davantage : aussi que de Mas sont devenues Madamo! 
— Voy. Mas. 

Ma-dannaciou, s. . Par ma damnation! que ma dam- 
nation, sous-entendu arrive! — Bien des jurons ont été 
tellement adoucis ou masqués que ce ne sont plus même 
des paroles dénuées de sens, mais plutôt de simples sons. 
Quant à ceux qui ont conservé leur pureté primitive, ils 
sont ordinairement revètus d'une construction elliptique 
qui en rend l'intelligence assez difficile au premier abord, 
et, si l'on veut bien, la signification presque douteuse. Il 
ne faut donc pas croire que les personnes, et c'est heureu- 
sement le plus grand nombre, qui emploient ces tristes 
formules sans songer à toute leur portée, soient aussi cou- 
pables que si elles la complétaient par l'intention. Cepen- 
dant, s’il faut absolument à la colère des paroles qui sou- 
lagent en s'échappant, comme le vocabulaire des jurons 
est certes assez riche, que le choix des plus innocents 
prouve du moins que l'instruction que l’on répand sert à 
faire comprendre ce que l’on dit. 

Madéiréso, s. f. Espèce de pomme, calville blanc, 
bariolé de cramoisi. 

* En espag. Madera, bois. 

Madéléno (La), s. [. La Magdeleine ; jour de la fête de 
sainte Magdeleine, le 22 juillet; pris comme date. — Par 
singularité, la Madéléno qui, dans cetle acception, s'écrit 
et se prononce avec les deux é fermés, prend le dernier à 
ouvert lorsqu'il devient nom pr. de baptème, Madélèno. — 
Pér la Madéléno la nose és pléno, lou rasin véira, la figuo 
maduro, lou bla-t-éstréma, prvb., à la Magdeleine, la noix 
est pleine, le raisin tourné, la figue müre, le blé renfermé. 
Rasin dé la Madéléno, raisin de la Magdeleine, espèce 

_ précoce qui ne réussit bien que dans les bons terrains et 
en treille suspendue. En espalier, elle donne fort peu et 
en vigne basse encore moins; mème pour obtenir du fruit 
faut-il, en la taillant, ne lui laisser que des viettes, 
Cargos, qu'on courbe en les attachant. Si on ne lui laissait 
que des coursons, elle produirait peu. Elle donne alors 
beaucoup de belles grappes dont les grains assez serrés 
sont de moyenne grosseur, ovoïdes et assez fermes. Le bois 
est tendre, les yeux renflés, les feuilles bien découpées. La 
fiéiro dé la Madéléno ou dé Béoucaïre, parce qu’elle a lieu 
à cette époque, la fameuse foire de Beaucaire qui est une 
époque importante dans nos localités. C'est à ce moment 
que marchands, artisans, fournisseurs de toute sorte, qui 
donnent à crédit toute l’année, apportent leurs comptes à 

k payer. Deux raisons avaient introduit cet ancien usage : 

le vendeur tenait à toucher tout son argent à la fois pour 
aller à Beaucaire renouveler ses approvisionnements de 
douze mois, et le propriétaire consommateur n'avait guère 
d'argent qu'alors où il venait de vendre ses cocons. La 
facilité qu'ont maintenant les commerçants de s'approvi- 
sionner au jour le jour, et l'invasion des industriels qui 
n’attendent pas une seule époque dans l’année pour toucher 





450 MAG 


des fonds, doivent tendre à diminuer beaucoup les comptes 
de Beaucaire. 

Dér. du lat. Magdalena, m. sign. 

Madéloun, s. f. n. pr. de femme. Dim. ou variante de 
Madélèno. Madelon, formation française. 

Madoun, s. f. n. pr. de femme. Dim. et contraction de 
Madéloun, qui ne peut se rendre que par Madon, en fr. 

Madouno, s. f. Madone; représentation de la Sainte 
Vierge. — N'est pas tout à fait de l’idiome local; dans ce 
cas, on dit ordinairement la Sénto-Vièrjo, comme Nosto- 
Damo, lorsqu'il s’agit d’une dévotion, d’un lieu de pèle- 
rinage. 

Composé de Ma et du vieux mot Dono, traduit par Ma 
Douno, ma dame. 

Madu, maduro, adj. Mür, mûre; qui a acquis toute sa 
maturité; en parlant des fruits de la terre, quand ils n’ont 
plus de verdeur; d’un abcès, quand il est prèt à crever; 
d’une fille, quand elle arrive à un âge où elle est bonne à 
marier.— Magna madu, ver-à-soïe prêt à faire son cocon 
et qui devient alors quasi-transparent, d’une couleur jaune 
dorée. Fio maduro porto l'éfan à la cénturo, fille mûre a 
chance d’être bienlôt mère. 

Dér. du lat. Maturus, m. sign. 

Madura, v. Mürir. — Se dit mieux Amadura. — 
Voy. c. m. 

Madurun, s. ". Portion d’une quantité de fruits ayant 
atteint leur maturité que tous n'ont point encore. — 
Sapartà lou madurun, séparer le mûr de ce qui ne l’est 
pas. — Voy. Amadurun. 

Magagna, v. Tracasser; malmener; incommoder; gâter. 
— Lou magagnés pas, né le tourmentez pas. És tout ma- 
gagna, il est tout mal hypothéqué, il a bien des infirmités. 

Dér. de la bass. lat. Matignare, m. sign., dont le v. fr. 
avait fait aussi Méhaigner. 

Magagno, s. f. Malaise; tracas; incommodité; fatigue; 
défectuosité; vice, tare, défaut. — A toujour quéouquo 
magagno, il a toujours quelque dérangement, quelque in- 
commodité. Crén la magagno, il redoute la peine. La 
fénno és coumo la castagno, bèlo déforo, dédin és la ma- 
gagno, la femme est comme la châtaigne, belle au dehors, 
la tare est au dedans. 

Magagnoüs, ouso, adj. Malade; dolent; chétif; valé- 
tudinaire; tourmenté ; inquiet ; accablé. 

Magasin, s. m. Magasin, lieu où l’on tient, où l’on vend 
des marchandises. = Voy. Boutigo. 


Empr. au fr. qui avait pris le mot de l'arabe Maghaxzin, 


trésor, lieu où il est renfermé. 

Magna, s. m. Ver-à-soie, bombyx du mürier, insecte de 
l'ordre des Lépidoptères et de la” fam. des Filicornes. On 
sait que c’est la chenille de cet insecte qui forme le pré- 
cieux cocon d'où on tire la soie. — Faïre dé magnas, 
élever des vers-à-soie, pour son propre compte, soit que 
le propriétaire en dirige lui-même l'éducation, soit qu'il 
la confie à un magnaguier. Faire lous magnas, élever les 





MAH 


vers-à-soie d'autrui, en qualité de magnaguier. Fasès dé 
magnas ou véndès vosto fièio? Élevez-vous des vers-à-soie 
ou vendez-vous votre feuille? Jan faï lous magnäs éncù 
dé moussu…, Jean élève les vers-à-soie, ou est magnaguier 
chez monsieur. 

En langue romane, Manger se disait Maniar; de là a dû 
venir Magna, à cause de la voracité du ver-à-soie à son 
dernier âge. Le vieux français l’appelait aussi Magnan, 
que le nouveau aurait dû garder. Magnan qui, du reste, 
commence à revenir dans la langue savante, finira par 
avoir cours partout ainsi que plusieurs autres termes de la 
sériciculture, que le français est bien obligé de prendre 
dans les pays séricicoles. 

Magnaguiè, s. m. Magnanier, ou magnagnier ou magna- 
guier, chef d’un atelier où l'on élève des vers-à-soie; celui 
qui les élève pour le compte d'autrui. Magnaguièïro est 
le fém.; celle qui remplit le même emploi. — Jéou sou 
moun magnaguiè, je dirige moi-même l'éducation de mes 
vers-à-soie. Quouro davalo voste magnaguiè?' Quand doit 
arriver celui qui élève vos vers-à-soie? — Les conditions 
auxquelles le propriétaire traite avec le magnaguier sont 
diverses : tantôt il le paie entièrement en argent, tantôt il 
diminue la somme fixe et l’intéresse dans la réussite, en 
lui donnant un tant pour cent du produit; enfin, et ceci 
est pour le magnaguier spéculateur qui doit avoir quelques 
avances, le propriétaire donne sa feuille, fournit la magna- 
nerie avec tous ses agrès et n’est plus chargé de rien : le 
magnaguier fait tous les frais de l'éducation et prend les deux 
cinquièmes ou le tiers des cocons. C'est ce qu’on appelle : 
Faire lous magnas el Douna sous magnas dé trés un ow dé 
cin dous. I] est bien entendu qu’en cas d’échec, l’un perd 
le prix de sa feuille et l’autre les dépenses qu'il a faites. - 

Magnaguièiro, s. f. Magnanerie, et tout aussi bien ma- 
gnaguière; coconnière; atelier où l’on élève des vers-à- 
soie ; femme qui dirige une éducation de vers-à-soie. 

Magnèrétos, s. f. plur. Petites façons; petites mines; 
minauderies. 

Dim. de Magnèro. 

Magnèro, s. f. Manière; façon d'agir, où de faire ou 
d’être; sorte, espèce; usage, coutume; habitude; affecta- 
tion. — Dé magnèro qué..…., de manière que..., de sorte 
que. espèce de conjonction. 

Mago-muôou, s. m. Jacée des prés, Centaurea jacea, 
Linn., plante de la fam. des Composées Cynarocéphales, à 
tige haute d'un mètre, cannelée, droite et rougeñtre, à 
racine ligneuse et vivace, à fleurs en tuyaux purpurins 
et serrés; excellent vulnéraire, bonne pour les hernies 
et pour guérir en gargarisme les aphtes, les maux de 
gorge, et en application, employée pour les contusions ou 
les écorchures que le bât ou les traits font aux mulets et 
aux bôtes de somme. ; 

Son nom lui vient probablement de cette circonstance, 
car il semble une altération de Maquo-mudou où Miou, 
mulet meurtri, blessé. 





MAI 


Mahoûù, s. m. Carreau en terre cuite. — Voy. Maoù. - 

Mahouna, v. Carreler. — Voy. Maoùna. 

Mai, s. m, Mai, cinquième mois de l’année, composé de 
trente-un jours; arbre orné de rubans et de banderolles, 
planté devant la porte de quelqu'un pour lui faire honneur, 
parce qu'originairement cela se faisait le 4er mai. — Lou 
més dé maï frés et gaï, le mois de mai frais et gai. 

Dér. du lat. Maïus, m. sign. 

* Maï. s. m”., adv. conj. Plus, le plus; davantage : se rend 
encore différemment selon qu'il est employé. — Lou maï 
et lou mén, le plus et le moins. Né vole pas maï, je n’en 
veux pas davantage. N'aï maï qu'él, j'en ai plus que lui. 
Né vos un pdou maï? En veux-tu un peu plus? Lou maï 
qué vou’n pièsque léva, és cin sôous, le plus que je puisse 

_vous en rabattre, c'est cinq sous. Aquô vou un éscu, lou 
maï, cela vaut un écu au plus. Né vos maï? En veux-tu 
encore? Dé qué voulès maï? Que voulez-vous de plus? 
Aquè véou maï, cela vaut mieux, cela vaut davantage. 
Aime maï y-ana, j'aime mieux y aller. L'haisse mai qué 
mañ, je le hais au possible, plus qu'il n'est possible de le 
dire. W farias maï el maï qué vous ou diriè pas, Vous 
auriez beau faire, il ne vous le dirait pas. Y pode pas dé 
maï, je n'y puis autre chose, ou faire autre chose. Né maï 
ni mén, quoi qu'il arrive, quoi qu'il en soit, de toute façon, 
quoique vous en disiez. Faguén un tour et pas maï, faisons 
un tour seulement, sans plus. És tus qu'aime lou maï, 
c'est toi que j'aime le plus. Dé maï én maï, de plus en 
plus: Tant et maï, autant que possible. 

Dér. du lat. Magis, m. sign. 
| Maïa, adj.m. Maillé. — Se dit du perdreau qui se maille 
| lorsqu'il devient adulte, c.-à-d. dont l'extrémité des pennes 
| prend de petites marques ou taches blanches, appelées 

mailles, qui disparaissent en vieillissant. Au fig. par ext. 
. on le dit d’un adolescent qui commence à se sentir, et par 
antiphrase d'un ci-devant jeune homme. 

Dér. de Maïo. 

Maïa, v. Terme du jeu de quilles pour exprimer que la 
boule passe au travers sans en renverser aucune. 

Maïdiou (Lou), s. m. n. pr. de lieu. Le Masdieu, vil- 
lage de la commune de Laval dans l'arrondissement d’Alais. 
— Les vieux titres donnent à ce lieu, en 4223, le nom de 
Mansus Dei, et aussi Mansa Dei. Le lat. Mansus, Mansa, 
Mansio, maison, demeure, à fait le lang. Mas; de là 
Mas-Diou, qui, par hyperbole d’euphonie, est devenu 
Maï-Diou. C'est une formation analogue à celle de Hôtel- 
Dieu, Lachaise-Dieu, ete. Il existe encore au Mas-Dieu 

une vieille église à laquelle était sans doute attachée quel- 
que Mense. Il est connu au surplus que le Mas-Dieu était, 
avant 4790, une communauté indépendante, faisant partie 
de la viguerie d'Alais et du diocèse d'Uzès, doyenné de 
Sénéchas. 

Maïgramén, adv. Maigrement, petitement; parcimo- 
nieusement. 


Maïgre, maïgro, adj. Dim. Maïgré ; augm. Maïgras. 











MAI 451 


Maigre, qui n'a point de graisse; aride; sec. — Acdou 
maïgro, chaux maigre. — Voy. Acdou. 

Maïgre, s. m. Maigre, partie de la chair où il n'y a 
point de graisse; le maigre, chère où l’on s'abstient de 
viande; ordinaire des jours maigres. — Faïre maïgre, ne 
pas manger de viande, s'abstenir du gras. 

Dér. du lat. Macer, macra, m. sign. 

Maïgri, v. Maigrir, devenir maigre. — On dit mieux 
S'émmaïgrési. — Voy. ©. m, ; 

Maïgrinèl, èlo, adj. Maigret, maigrelet. 

Dim. de Maïgre. 

Maïgroù, s. f. Maigreur; état de ce qui est maigre. 

Maïgroustèl, èlo, adj. Maigre; décharné; mince; sec. 

Variante ou péj. de l'augm. Maïgras. 

Maiïo, s. f. Maille, d’un bas, d’un filet, d’un tissu fait à 
l'aiguille ou au métier. — Toumba uno maïo, laisser tomber 
ou s'échapper une maille en tricotant. Y-a uno maïo à 
voste débas, il ÿ a une maille échappée, un trou à votre bas. 
Au fig. À uno maïo à soun débas, en parlant d’une fille, 
veut dire qu’elle a fait une tâche à sa réputation, un 
accroc à son honneur. Pérdéquén pas la maïo, ne nous 
embrouillons pas dans les feux de file; ne perdons pas la 
tête; ne perdons pas la tramontane; ne perdons pas la 
carte. És dé la bèlo maïo, se dit au pr. et au fig. pour une 
chose ou un homme d'importance, qui ne saurait passer 
inaperçu ni à travers maille, comme le frétin. 

Maïo, Maille, désignait aussi une petite monnaie de 
cuivre valant un demi-denier, une obole, dont le nom 
s'est perdu comme l'usage, en lang. et en fr. Cependant 
on entend encore dire quelque fois : À pas pus ni sdou ni 
maïo, qui traduit peut-être le fr, : il n’a plus ni sou ni 
maille, il n’a ni denier ni maille. [ 

Dér. du lat. Macula, tache, maille. 

Maïdou, s. m. Bande, morceau d'étoffe dont on enve- 
loppe l'enfant au maillot, — Ce mot comprend la couche, 
les langes, etc., qui servent à l'enfant au berceau et se 
rend par Bourasso. 

Dér. du gr. MaX6s, tresse de laine. 

Maïôou, s. ». Avantin, sarment que l'on plante pour 
obtenir un cep. — C'est une erreur de croire que la cros- 
sette, sarment auquel tient un peu du vieux bois, lou ca- 
vièl, prend mieux que le sarment qui n’en a pas : l'expé- 
rience a prouvé que ce dernier est tout aussi bon. Quant à 
l'avantin appelé Barbu, Barbudo, parce qu'il a du chevelu, 
il reprend un peu plus aisément bouture el a de l'avance 
sur elle. 

Dér. du lat. Molleocus, m. sign. 

Maioto, s. f. Maillet; petite masse en bois dont se servent 
particulièrement les memuisiers. : 

Maillet, contre les règles phoniques de la formation des 
mots, esten réalité un augm. de Mail ; il en serait de même 
de Maïoto, si on le faisait venir de Maïou, mail; mais il 
est plutôt le dérivé dim. de Mal, et s'écrivait originaire- 
ment Malioto, ou Malhoto, comme on le prononce encore, 


452 MAI 


ainsi que les mots analogues, en faisant sentir la labiale 
mouillée, dans des dialectes voisins. 

Maïou, s. m. Mail; jeu de mail; instrument dont on se 
sert pour y jouer, espèce de masse de bois ferrée, longue- 
ment emmanchée. 

Dér. du lat. Malleus, maillet. 

Maïoula, v. Envelopper l'enfant au berceau des langes 
appelés Maïdou. 

Maïrastro, s. f. Belle-mère, seconde femme du père à 
l'égard des enfants du premier lit. — Ne se dit point en 
mauvaise part comme en fr. Marâtre; il est clair pourtant 
que c’est un péjor. de Maire. 

Maire, s. f. Mère. 

SauvaGes dit sur ce mot : 

« La plupart des Languedociens de certains cantons disent : 
ma maïre où ma mèro, suivant leur fortune ou leur con- 
dition. Les paysans pauvres disent ma maïre, les honnêtes 
gens et ceux du peuple qui jouissent de quelque aisance 
disent, même en parlant languedocien, ma mèro. Il en est 
de même des noms paire, fraïre, sore où souore, au lieu 
de pèro, frèro ou sur. 

« L'origine de cette différence dans le langage remonte 
probablement au temps où la langue française commença à 
s’introduire dans nos provinces ; elle fut sans doute apportée 
par ceux que les dignités, les emplois ou la fortune rappro- 
chaient plus de la cour, et qui étaient dans le cas d’en 
parler la langue par nécessité (n’en sachant pas d'autre), 
ou par émulation, ou par air, 

« Le français devint par là comme le caractère distinctif 
de ce qu'on appelait les honnêtes gens. Le peuple, moins 
inconstant pour ce qui est de mode, continua à parler 
comme auparavant, soit par attachement pour l’ancien 
langage, soit par éloignement de tout ce qui sent le faste 
et pour ne pas affecter un usage qui semblait n’appartenir 
qu'aux personnes d’un étage supérieur; et cette coutume, 
ou cette façon de penser est si bien établie, mais seulement 
parmi les pauvres gens de la campagne éloignés des villes, 
que ceux qui sont sages et modestes disent à leurs enfants 
qui reviennent du service, que leur condition ne leur 
permet pas de parler français. En conséquence il ne leur 
arrive d’écorcher cette langue que lorsqu'ils sont pris de 
vin : ce délire, les mettant bien au-dessus de leur fortune, 
leur fait oublier leur misère ou leur condition présente. 

« Mais ceux qui jouissent de quelque aisance cherchent 
depuis quelque temps à se mettre de niveau avec ceux 
qu'on appelle les honnêtes gens, en mêlant dans leur 
idiome certains termes français qui flattent le plus leur 
amour-propre, parce qu'ils semblent affectés à cette classe 
d’honnêtes gens : tels sont les termes de pèro, mèro, frèro 
et sur, qu'ils prononcent de cette façon, comptant que 
c'est la même chose que père, mère, frère et sœur. » 

Ces altérations depuis SAUVAGES, on en comprend la cause, 
se sont étendues, mais surtout dans les villes et jusque 
parmi les artisans du plus bas étage. Et c’est ce qui donne 





MAI 


tant de piquant à une citation qu’il fait ailleurs sur le 
même sujet : 

« On trouve dans les actes du xmm siècle les expres- 
sions suivantes : Lo païre dèl viscomte dé Béziès; la sore 
dèl rèi d'Aragon. Moun païre lo donat à ma sore, dit le 
comte de Cominges, etc. On disait : {o san Païre, en parlant 
du Pape, et la santa Madre Gléia. Le Pater commençait 
ainsi : Lo noste Païre qué ès as cièls, et on faisait le signe 
de la croix, dans un autre dialecte, en disant : Én nun dèl 
Païre et dèl Filh, etc. Et un savetier de ville s'offensera si 
on lui demande : Ount'és toun païre? quéou és ta sore?» 

Cependant le raffinement franchiman ne s’est élevé que 
jusqu'aux personnes. On ne pouvait guère moins faire, en 
parlant de soi, de sa famille, de ses enfants, de Dieu même, 
que de se rapprocher servilement du français! Mais quand 
il s'agit des animaux, ou dans les mots homonymes qui 
suivent, l’ancienne forme s’est conservée. — Li vaï plan, 
coumo s'anavo préne la maïre dou nis, il y Va tout doux, 
comme un preneur de taupes. 

Dér. du lat. Mater, m. sign. 

Maire, s. f. Matrice, partie du corps de la femme où se 
fait la conception. — Ne s'emploie guère que pour : mal 
de mère, vapeur de mère. On dit en plaisantant, d’un 
homme qui est pris d'insurmontables bâillements : À 4a 
maire, il a le mal de mère. 

Maire, s. f. Lie, dépôt, formant un corps mollasse au 
fond du baril dans lequel la plupart des ménages tiennent 
leur provision de vinaigre; c'est ce qu'on fait aigrir, ce 
qu'on äjoute au baril de tous les fonds de bouteille, et qui 
sert comme de mère au vinaigre. 

Maïrino, s. f. Marraine, celle qui tient un enfant sur 
les fonds baptismaux. — Voy. Païri. 

Mais, ou Mès, conj. Mais, cependant; pourtant: marque 
la contrariété, l'opposition, la balance, la comparaison, la 
restriction, l'objection, — C'est un des emprunts faits par 
le lang. au fr. de ses adverbes, prépositions et conjonctions 
surtout, lorsqu'il abandonpa la construction romane pour se 
former sur l’étalon d’outre Loire. Mais ayant conservé 
sans altération aucune le sens et la prononciation qu’ila en 
français, nous lui avons laissé ainsi son orthographe, bien 
que la diphthongue ai, sonnant comme l’é ouvert, n'existe 
point dans les mots de pure formation languedocienne. Al 
en est de mème de quelques autres mots analogues de pro- 
nonciation, Air, Alais, etc., qui, ainsi, mieux et plus vite 
compris par l'œil, le seront aussi par l'intelligence. — 
Voy. l’art. Ai, diph. 

Maïssa, v. Donner un coup de mâchoire; jouer de la 
mâchoire ; par ext. bavarder, dégoiser. 

Dér. de Maïsso. 

Maïssaire, airo, adj. Bavard; qui parle sans discrétion 
et sans mesure. 

Maïsséja, vw. rédupl., de Maïssa. Bavarder; jabotter ; 
cancaner. 

Maïsso, s. f. Mâchoire; os dans lequel les dents sont 


MAJ 


implantées. — Mé mandè un co dé maïsso, il me lança les 
dents. Té cope la maïsso, fam., je te casse la gueule. És 
uno bono maïsso, se dit d'un porc à l’engrais qui a bonne 
dent, qui a bon appétit et n’est point difficile : de même, 
uno maïsso déourado, une mâchoire d’or. Par métaphore, 
uno maïsso, uno bono maïsso, S'entendent d'une personne 
fort bavarde et quelque peu mauvaise langue au besoin. 
Quinto maïsso! Quel caquet honbec! Vous prouméte qu'és 
uno bono maïsso, je vous assure qu’il ou qu'elle a la langue 
bien pendue. . 

Dér. du lat. Maæilla, m. sign. 

Maïssu, udo, adj. Qui a une forte mâchoire, une bonne 
mâchoire; une grosse ganache. Au fig. gourmand; fricot- 
teur. . 

Dér. de Maïsso. 

Maïstre, s. m. Maitre; chef; principal. — Se disait 
d'abord Magistre, du lat: Magister; mais il n’est plus 
guère usité, même avec la forme que nous inscrivons, et 
bien que, à la campagne, on l'emploie quelquefois pour 
désigner proprement le maître du domaine ou le maïtre- 
valet, le chef : Aïci lou maïstre qué vèn, voici le maitre 
qui vient. Il est d’un usage plus ordinaire pris adjective- 
ment dans cette expression : vala maïstre, ruisseau ou 
mieux fossé principal, car c’est ordinairement une tranchée 
faite de main d'homme, dans laquelle tous les petits ruis- 
seaux ou fossés des champs voisins viennent jeter leurs 
eaux. 

Maïstre est devenu un nom propre, et s'écrit en fr. 
Mahistre. Sa dérivation n’est pas douteuse. 

Maïstro, s. f. Féminin de Maïstre, avec la mème signi- 
fication. — Se dit encore de la reine abeille, et du châton 
femelle de certains arbres, particulièrement du châtaignier 
qui porte sur le même pied des châtons mâles et femelles. 
La maïstro est le maïître-châton qui décide de la bonne ou 
de la mauvaise récolte selon que le châtaignier en est plus 
ou moins fourni après la chute des châtons mâles. — La 
remarque est de SAUVAGES, qui s'y connaissait. 

Maje, adj. des deux genres. Grand; plus grand; aîné; 
plus Agé. — Aquéste és lou maje, celui-ci est le plus grand. 
Lou maÿe, V'ainé. La maje-part, la plus grande partie, la 
plupart. La maÿe-fèsto, la fète patronale. 

Dér. du lat. Major, majus, m. sign. 

Majéncoulo, s. m., n. pr. de lieu. Majencoule; Saint- 
André de Majencoules, commune de Valleraugue (Gard). — 
Cette désignation est évidemment antérieure à celle du 
patronage sous l'invocation duquel aurait été placé ce vil- 
lag et appartiendrait à la mythologie païenne, si l'on 
croyait à l'origine du nom de Majencoules que donne Sau- 
VAGES. « Majéncoulo, rapporte-t-il en effet, nom propre de 
lieu qu'on dit probablement pour Maïéncoulo, en prenant 
li voyelle pour un 7 consonne; et dès lors Majéncoulo res- 
semblerait au lat. Maiæ-incolæ, et signifierait les habitants 
d’un lieu consacré à Maïa, mère de Mercure, divinités, 
l'une et l’autre, des anciens Gaulois; en sorte qu'on pour- 





MAJ 453 


rait appeler ce lieu, Fanum Maiæ incolarum ; et pour dire : 
à Majéncoulo, on traduirait en lat. Ad Maiæ incolas : ce 
qui est une étymologie assez naturelle. 

« L'on remarquera à ce sujet que la prononciation de 
Majëncoulo par le j consonne, est plus récente que celle 
par l'é voyelle, Maïéncoulo ; puisque dans les plus anciens 
manuscrits languedociens , le ÿ consonne esl inconnu, 
comme il l’est dans l'italien, et comme il l'était probable- 
ment dans la langue des anciens Romains. » 

Nous ne disconvenons point que les déductions du glos- 
sateur ne soient ingénieuses et naturelles, et cependant, 
sans invoquer ce nom perdu de déesse gauloise, il nous 
paraitrait tout aussi naturel de prendre au plus près notre 
adjectif Maÿe, grand, de Maÿjus, lat., écrit ou prononcé à la 
romaine Maïus, pour la première partie du nom en la liant 
euphoniquement par un n à la seconde, en lat. aussi colis : 
colles, les cols ardus et élevés de ces montagnes justifient 
d’ailleurs l'application; et le mot aurait alors caractérisé 
un lieu aux pics élevés. Toutefois, dans cette hypothèse, 
la dérivation par incolæ serait sacrifiée, et il faut recon- 
naître qu’elle a son mérite, d'autant que le plus ancien 
titre où il soit fait mention du nom, en 4224, dit de 
Magencolis, ablatif pluriel qui laisse supposer la forme 
incolæ, nomin. Par comparaison, un autre nom de lieu 
dans notre département, Concoulo, Concoules, a une termi- 
naison identique. Si on élait tenté, à cause de sa situation 
sur le versant le plus élevé de la Lozère, de lui attribuer 
une dérivation du lat. cum collibus, se traduisant par : au 
milieu des montagnes, ce qui serait caractéristique, il fau- 
drait rappeler aussi sa forme appellative dans un cartulaire 
de 4476, qui le désigne par de Concolas, et dans le dénomi- 
brement de 4394 par Concolæ, ce qui ramènerait de plus 
fort vers l'étymologie de éncolæ, habitants, proposée par 
SAUVAGES pour Majéncoulo. 

Que si l'on voulait s’aventurer plus loin en ces rechéréhes, 
tenant la terminaison des deux mots prise dans le lat. 
colla, collis, dat. plur. de collum, cols, montagnes, ne 
trouverait-on pas le celt. Magen = Mage — Mag, qui est 
représenté en lat. par Mansio ou notre Mas, avec la signi- 
fication plus large de Lieu? (Voy. l'art. suiv.) Majéneoulo 
voudrait dire en ce cas : lieu des cols, des montagnes; et 
l'attribution serait aussi exacte que pour Concoulo, forme 
du radical celt. Kon, coin, ou du lat. Cum, avec, eupho- 
niquement lié à collis, signifiant coin sur les montagnes 
ou avec les montagnes, dans où au milieu des cols de 
montagnes, que l'aspect et l'emplacement justifient. 

Majes (Lous), s. m. plur., n. pr. de lieu. Les Mages, 
commune de Saint-Ambroix (Gard). — Le cartulaire de la 
seigneurie d’Alais, cité par M. Germer-Durand, appelle ce 
lieu, en 4337, locus vocatus als Malhs, désignation toute 
romane; prononciation mouillée par Zh. Près de Montpellier, 
les Mazes est le nom d’un village : l'appellation est la mème 
que la nôtre. 

En 4745, on trouve Les Mages, en 1789 Le Mage, et en 

58. 


454 


1842, Les Mazes. C’est cette dernière forme qui est la vraie 
et qui met sur la voie. Mazxes est en lang. le pluriel de 
Mas, qui répond au lat. mansio, mansus, lieu, demeure. 
Or Mag, avec le g doux équivalent au ÿ, traduit en lat. par 
Magus, dans les noms propres, correspondait au mot lat. 
Mansio, selon Adrien de Valois et d’après Zeuss, dans sa 
Gramm. celt. Par conséquent, Mag ou Mages = Mas ou 
Mazxes = Mansio : la forme et l’origine gauloises du mot 
ne sauraient être mieux accusées. Dans les langues néo-cel- 
tiques, en gaëlique Mag signifie champ; en breton, Mag 
représenté par Maes = Mages, avec le mème sens. 

Majinqua, v. Biner, donner un second labour, moins 
profond que le premier, aux vignes, aux müriers et à diverses 
récoltes. Cette façon, qu'on donne avec le Béchar (Voy. 
c. m.), détruit les mauvaises herbes que le printemps a fait 
croître en abondance. Aussi dit-on communément pour la 
vigne, par exemple, que le premier labour’est pour elle, et 
le second pour le propriétaire. En effet, si par suite du pre- 
mier, le cep végète vigoureusement, par le second la terre 
est débarrassée des plantes parasites qui la dessèchent et 
l'épuisent, et les racines, qui n'auraient pu grossir faute 
de l'humidité nécessaire à leur développement, se gonflent 
et fournissent un jus abondant qui remplit le cuvier. 

On a dit Majinqua pour Maïénqua, parce que le binage 
se fait en mai. 

Majinquaje, s. »m. Binage, second labour, seconde façon 
donnés à la terre. — Voy. l’art. précédent. 

Major, s. m. Major, désignation de divers grades de 
l’armée. — S'emploie comme en fr.; seulement si l'on 
s'adresse à la personne elle-même, en se servant sans plus 
de façon de cette appellation, il est probable qu'il s'agira 
d’un tambour-major ou d’un sergent-major: 

Major se dit aussi quelquefois, par extension, pour dési- 
gner le principal, le maître, le chef, le premier. 

Dér. du lat. Major. 

Majorto, s. f. et adj. — Évidemment le féminin du 
précédent Major, dans sa seconde acception; mais en tous 
cas et en tout sens, toujours un peu d’argot. — Uno cano 
majorto, est non-seulement la canne du tambour-major, 
mais toute autre canne de dimension quelque peu exagérée 
et dont on se sert avec une certaine affectation. 

Majoufiè, s. m. Fraisier, Fragaria vesca, Linn., plante 
de la fam. des Rosacées, commune dans nos bois et cultivée 
pour ses nombreuses et remarquables variétés, qui donnent 
en grosseur ce qu’elles perdent en parfum. 

Majoufo, s. {. Fraise, fruit du fraisier. 

Pourquoi faut-il que Majoufiè et Majoufo, mots du véri- 
table crù, cèdent insensiblement le pas à Frésiè et Frèso, 
qui ne sont que du jargon ? Ne pouvant mieux faire, con- 
statons du moins la légitimité, toutes les fois que l'occasion 
s’en présentera. — Voy. Frèso. 

Astruc soutient que le nom lang. de la plante et du fruit 


vient du celt. Mefus où Mefous, qui est conservé encore 
dans le pays de Galles. 


MAJ 





MAL 


Majourano, s. f. Marjolaine, Origanum majorana, 
Linn., plante vivace, cultivée dans les jardins, aromatique, 
bonne pour les nerfs, l'estomac. 

Dér. du lat. Majorana, par une meilleure traduction que 
le fr. Marjolaine. 

Majourano-fèro, s. f. Origan commun, marjolaine sau- 
vage, Origanum vulgare, Linn., plante médicinale, diuré- 
tique, histérique, stomacale, sudorifique, pour les maux de 
tête, les indigestions. — Voy Ménuguéto. 

Formé du lat. Majorana et Fera, sauvage. 

Majourâou, s. m. Maitre, chef; premier; ainé de la 
famille; maitre-berger; coq du village; le premier, le plus 
considéré, le plus important de l'endroit par sa fortune, 
son savoir, les services qu’il a rendus. 

Dér. du lat. Major, plus grand. 

Mal, s. m. Gros maillet ou masse en bois, avec un long 
manche, pour fendre le bois. — A uno tésto qué sémblo un 
mal, il a une tête énorme, difforme. 

Dér. du lat. Mallus, m. sign. 

Malabouséno, s. f., ou Malobouséno. Malheur; malen- 
contre; mauvaise chance ; guignon.— Pourta malabouséno, 
porter malheur, guignon. 

Composé de Mala ou Malo, du lat. Malus, mauvaise, et 
de Bouséno, dont l’exacte signification nous est inconnue 
et qui n’est pas employé isolément, mais qui rs à 
heur, encontre; de-là le sens du mot. 

Maladéstraciou, sorte d’interj. d'exclamation, qui est 
un adoucissement masquant l’imprécation Maladiciou, que 
l’on commence et dont on escamote la fin pour y substi- 
tuer des syllabes vides de sens qui.en font un tout.assez 
innocent, sinon bien intelligible ni suffisamment applicable 
peut-être. 

Maladéstréto, variante diminutive de Maladéstraciou, 
sans plus de sens. 

Maladiciou, s. f. Malédiction; action de maudire; mau- 
vaise dessinée; fatalité. — S'emploie aussi comme excla- 
mation, imprécation, mais, dans ce cas, l’usage ne Jui 
donne pas toujours la même gravité qu'en français— 
Maladiciou! quinte fré! Peste! quel froid il fait! Zow 
crésès riche? — Oh! maladiciou! Vous le croyez riche? 
— Oh! certes! 

Malagué, s. m. Cerisier sauvage. — Son écorce est un 
fébrifuge : son fruit est amer. 

Malaïrosos, s. f. plur. Rose de Provins, ainsi nommée 
en fr. parce que cette variété fut apportée dans ce pays par 
un comte de Brie revenant de la croisade. Le ton vigoureux 
de leur couleur pourpre dut les faire appeler d'abord Hates- 
roses; et c'est ce nom que le lang. s’est approprié. 

Malamén, adv. Beaucoup, extrèmement, extraordinai- 
rement, étrangement. — Gn'a malamén ? Y en a-t-il beau- 
coup ? Gn'a pas malamén, mais gn'a, il n’y en a pas d’une 
manière extraordinaire, mais il y en a passablement. 

Dér. du lat. Malè, parce que dans le principe Malamén 
dut exprimer l'excès d'une chose mauvaise. 





MAL 


Malamor, s. f. Male-mort; mort funeste, violente, tra- 
gique. — Mouri dé malamor, mourir de la main du bour- 
reau. Qué la malamor té vèngue quère! Puisses-tu faire une 
triste fin! 

Formé du lat. Malus, mala, mauvais, mauvaise, et 
Mors, mort. 

Malandro, s. f. Chétivité; état misérable de santé; ma- 
rasme; mal indéfini qui mine; maladie ayant un caractère 
épidémique; malaise, langueur qui consume. — Aï agu la 
malandro, j'ai eu la grippe, par exemple, ou la cholérine. 
Aï la malandro, je suis tout mal en train, tout chose, 


On appelait autrefois les lépreux Malandrins, du mal 
ladre ou de saint Ladre, corrupt. de saint Lazare qu'on invo- 
quait dans cette maladie; de là sont venus Ladrerie et 
Ladre, synonymes de lèpre et lépreux. C’est aussi l'origine 
de Malandro, quoique ce mot n’exprime plus le mème 
mal. — Sous pors crébèrou dé la malandro, ses cochons 
tombèrent dans le dépérissement et crevèrent. Cette ex- 
pression qui, de tous les animaux, ne s'applique guère 
qu’au porc sujet à la ladrerie, prouverait encore plus son 
origine. 

En fr. on appelle Malandres, un mal qui vient au genou 
du cheval, sortes de crevasses d’où découle une humeur 
fétide. 

Maläou ou Malâäoute, to, s. et adj. Malade; qui n'a pas 
de santé; qui n'est pas sain; celui dont les facultés sont 
altérées. — Maldoute, avec la m. sign. que Waldou, est un 
peu plus en usage dans la partie haute de notre contrée. — 
Féou pas démanda à maldoute sé vôou médécino, prvb., il 
ne faut pas demander à un malade s’il veut santé. 

Les dim. de l'adj. sont Maldouté, élo; Maldoutinà, 
inoto. 

Dér. de la bass. lat. Malatus, formé de Malo ou Malè 
aptus, apte ou prédisposé au mal, ou mal disposé. Henri 
Étienne le fait venir du gr. Mahæx6, mou, languissant. 

Malâoutas, asso, adj. Augm. de Maldou, maldoute. 
Très-malade ; malade qui se traine; malingre; cachec- 
tique. 

Maläoute, 0, adj. Malade. — Voy. Maldou. 

Maläoutéja, vw. Être malade; avoir une maladie; lan- 
guir, trainer par l'effet d’une maladie. — Maldoutéjè pas 
gaïre, sa maladie ne fut pas longue. Y-a lontén qué maldou- 
téjo, il y a longtemps qu'il traine. | 

Malâäoutiè, s. f. Maladie; privation, altération de la 
santé. — Faïre uno maldoutiè, avoir une maladie. — Las 
maldoutiès das magnas, les mues des vers-à-soie, qui sont 
au nombre de quatre, mais qu'on désigne par leurs numéros 
d'ordre sans ajouter maldoutiès : mous magnas jasou à la 
Prémidiro, à las dos; s'ajassou à las trés, sortou dé las 
quatre, mês vers-à-soie dorment à la première, à la seconde 
mue; ils vont s'endormir à la troisième; ils sortent de leur 
quatrième mue. Dans ces derniers temps, en agriculture et 
en parlant de la vigne surtout, et même des vers-à-soie, le 





MAL 455 


mot a pris toute son extension : il désigne pour la vigne 
l'oïdium et l'invasion désastreuse du philoxera vastatriæ, 
comme pour les magnas, la pébrine et la flacherie. 

Maläoutièiros, s. f. plur. Maladrerie, léproserie; hôpi- 
taux placés sous le patronage de saint Lazare, dont on 
avait fait saint Ladre, et destinés aux lépreux. — Le lang. 
donne à ces maisons une dénomination plus générale, parce 
que plus tard elles furent consacrées à recevoir d'autres 
malades que ceux pour lesquels elles avaient été fondées ou 
que ceux-ci étaient les malades par excellence. 

Il est, au surplus, peu de villes où, comme à Alais, le 
souvenir d’un de ces établissements ne soit resté attaché à 
quelque quartier à proximité. Mais la désignation est deve- 
nue tout à fait n. pr. pour quelques villages; comme La 
Maldoutiëiro, traduit en fr. par La Malautière, communes 
de Bellegarde, de Colias, de Montfrin, et las Maladièïros, 
plus francisé, les Maladières, commune de Nimes. 

Maläoutis, isso, adj. Maladif; sujet à de fréquentes 
maladies; malingre; valétudinaire ; infirme. 

Malatavèrno, s. f., n. pr. de lieu. Malataverne, village 
de la commune de Cendras, canton d’Alais (Gard). 

Ce nom, d'assez mauvais augure pour les voyageurs, est 
formé du lat. Mala taberna, par le changement du & en v; 
le fr. l’a pris tel quel du lang. Il a du reste quelques simi- 
laires dans le département, et on le trouve encore dans les 
communes du Garn, de Lussan et de Saint-Hippolyte du 
Fort. Partout était-il significatif pour désigner une halte 
dont il fallait se méfier à cause du peu de sécurité qu’elle 
présentait, ou de la mauvaise chère qu'on y faisait, ou 
simplement de sa chétivité misérable? On ne saurait trop 
le dire. En tous cas, ici, un ancien sobriquet renforçait 
l'appellation ; on disait au moyen-âge : las oros dé Malata- 
vèrno, les horreurs de Malataverne; mais à qui ou à quoi 
s’appliquait ce surnom ? Aux femmes du lieu, la méchan- 
ceté jalouse de quelques voisines en était bien capable; à 
la localité elle-même, cela peut être. Rien ne justifierait 
aujourd'hui un pareil dénigrement contre ce village qui 
proteste contre sa réputation d'autrefois. 

Malapéndiciou, s f. interj. Male-pendaison. — La 
malapéndiciou té vèngue! Puisses-tu être pendu ! Que male- 
mort t'advienne! 

Malapéndiciou, comme beaucoup de ses consorts, simple 
interjection à qui on n'ajoute aucun verbe, sans même le 
sous-entendre pour compléter le sens, n'est qu'un de ces 
maudissons sans portée qui échappent au dépit et à l’impa- 
tience; au besoin ce n'est même qu'une forme explétive 
correspondant au fr. Peste! mâtin! malepeste! 

Malé, s. m. Dim. de Mal. Maillet, petite masse, — Est 
devenu n. pr. reproduit en fr. par Mallet. 

Maléncho, s./f., n. pr. de lieu. Malenches, hameau de 
la commune de Sénéchas, arrondissement d’Alais. 

La terminaison de ce mot indique suffisamment un 
adjectif féminin faisant au masculin, inusité, Malénc, 
réduit à Malén, par la suppression ordinaire du c final, 


456 MAL 


mais qui a dù en reprendre la consonnance au fém., en 
donnant d’abord Malénco, adouci ensuite en Maléncho. 
Le nom n’a fait que suivre la marche indiquée sous les 
articles Én, Ën, suf., Énquo, et Diménche, etc. (Voy. c. 
m.). Cette désinence, adjectivant le mot, le transformait en 
nom propre, et l’épithète, ainsi ajoutée et isolée, sert à 
trouver sa signification. Malén veut dire mauvais; Ma- 
léncho devra donc se traduire par mauvaise : nous n’avons 
pas à savoir comment ni pourquoi ce petit village mérite 
la qualification. Tel est le sens étymologique qui se présente 
le premier. Son correspondant serait La Maléno, La Malène, 
n. pr. d’une autre localité, qui vient certainement de la 
mème provenance et d’une formation très-rapprochée. 

Cependant un scrupule peut naïtre au sujet d’une signi- 
fication assez mal sonnante. La première syllabe du mot, 
qui est seule la cause de l'interprétation, n’aurait-elle pas 
été altérée euphoniquement en changeant par un a sonore 
une primitif, qui eût donné alors Méléncho, dérivant du lat. 
Melleus, mellicus, mellicosus, de miel, produisant du miel? 
Une permutation semblable s’est bien faite sur le nom 
propre Malérargue, dans la commune de Saint-Bonnet -de 
Salindrenque, appelé en 4345 Mansus de Melarnicis, 
métairie des ruches d’abeilles /Voy. Bagar). On dit encore 
La Mialouso, avec un a, rendu en fr. par La Melouse. Ceci 
soit dit pour rétablir la bonne renommée de notre hameau. 

Maléncougnè, s. f., ou Mélancougnè, moins bien. 
Mélancolie; tristesse; chagrin; biie noire, en terme d’an- 
cienne médecine. 

Dér. du lat. Melancolia, m.sign., venu du gr: Mehxyyoklx, 
de M£x, noir, et Xok4, bile. 

Maléspèls, s. m. plur., n. pr. de lieu. Malespels, ferme 
dans la commune de Galargues. 

Nous ne relevons cette dénomination que pour son éty- 
mologie assez curieuse. À cause de sa forme au pluriel et 
du sens apparent des deux mots qui composent, on serait 
tenté de la traduire par mauvaises peaux. Ce serait une 
faute lourde. Le nom est mentionné dans les plus vieux 
titres, en 964, Villa Malum Expelle; en 965, In terminio 
de villa Malum Expelle, et encore, en 4007, Villa Malum 
Expellis in littoraria. Rien n’est plus clair.et ne peut être 
appuyé de meilleurs titres : c’est bien la villa. qui expulse 
et chasse le mal. Qu'en étymologie on se fie ensuite aux 
apparences et aux assonances. 

Malhéïroüs, ouso, adj. Malheureux, indigent, misérable ; 
qui est dans le malheur, dans une situation fâcheuse, ou 
qui amène le malheur et qui a des suites funestes. — És 
un malhéiroùs, c'est un mauvais homme, un homme perdu, 
qui a commis quelque mauvaise action; plutôt qu'un 
pauvre homme, indigent. Aqud's malhéiroùs, c'est bien 
fâcheux, c’est malheureux. Uno malhéïrouso, en parlant 
d’une femme, signifie aussi une femme perdue, une intri- 
gante, et s'emploie le plus souvent comme terme de blâme, 
de reproche, en mauvaise part. 

Ce mot et le suivant, dont il dérive, sont écrits avec une 





MAM 


h par une concession étymologique, contraire aux principes 
de l'orthographe romane qui posait » après / pour la mouil- 
ler : ici la mouillure ne se fait pas sentir, et ces mots ne 
devraient être séparés que par un trait d'union. L'euphonie 
de Mal est au reste toute française, ce qui en fait des 
expressions presque franchimandes. 

Malhur, s. m. Malheur; infortune; mauvaise chance; 
sort contraire, — Éstre déou malhur, être en malheur, 
jouer de malheur. — Voy. Hur. 

Maliciado, s. f. Malice; acte, tour de malice; quinte; 
mutinerie. Au fig. giboulée : ces intempéries ayant lieu le 
plus souvent en mars, mar, sont une malice, un tour de ce 
mois, et le languedocien, dans ce cas, a bien pu d’abord 
être aussi Mariciado, qui à été ensuite confondu avec 
Maliciado. 

Malicious, ouso, adj. Dim. Maliciousé. 
méchant ; enclin à faire des malices; colérique. 

Maliço, s. f. Méchanceté, plutôt que malice, qui est 
quelquefois moins odieuse et ne cherche qu’à faire des tours 
pour se divertir; colère. — Y vaï dé maliço, il y va mé- 
chamment. La maliço l'éstoufo, la méchanceté l’étrangle, 
l'empêche de parler. Mé faras vén? la malico, tu me feras 
mettre en colère. 

Dér. du lat. Malitia. 

Malingre, ingro, adj. Malingre ; infirme; chétif; maladifs 
épuisé. 

Malo, s. f. Malle; valise; coffre pour contenir des Hardes; 
voitures des courriers pour les lettres. 

Empr. au fr. 

Malofacho, s. f. Méfait; mauvaise action; contraven- 
tion; délit. — Es ana én malofacho, ilest allé en maraude, 
il est à marauder. 

Malo-fan, s. f. Faim dévorante; famine; misère. — 
Mouri dé malo-fan, mourir de faim, de misère. 

_ Malo-fi, s. f. Mauvaise fin. — Faïre malo-fi, mal finir, 
faire une triste fin. 

Comme tous ces mots dans la formation desquels entre 
l’adj. lat. Malus, Maladiciou, Malapéndiciou, etc., on em 
ploie aussi Malo-fà dans les phrases imprécatives contre 
quelqu'un à qui l’on souhaite qu'il mésarrive. 

Malous, malouso, adj. Qui a une humeur dartreuse;un 
ulcère, une lèpre à la figure ou sur le corps. 

Mama, s. f. Maman, terme enfantin, Mère. — Mama, 
papa, sont les premiers sons articulés que prononce l'en- 
fant; de sorte que l'on peut dire que c’est lui qui, pour 
nommer sa mère et son père, a créé ces deux mots que 
beaucoup de langues anciennes et modernes ont adoptés. On 
ne voit pas pourquoi le fr. ne les a pas pris sans y rien chan- 
ger, et ne dit pas Mama comme ildit Papa.— Voy. Papa. 

Mamäâou, s. m. Bobo; petit mal; petite douleur, dans 
le langage des enfants. — Faï véire tour mamdou; y-an 
fa mamäou à sa manélo, montre-moi ton bobo; on luia 
fait bobo à sa menotte. Ge 

Réduplicatif mignard de Médou, mal. y: 


Malicieux ; 


Mamé, s. f., ou Maméto. Grand'maman, bonne-maman ; 
aïeule. 

Dér. de Mama. 

Mamo, s.f. Variante de Mama, maman, à l'usage de 
l'enfant un peu plus grandelet. Mère, du vocabulaire enfan- 
tin comme les trois articles précédents. 

Mamour, s. f. M'amour, mon amour; ma chère amie; 
terme d'amitié, de mignardise, de caresse, envers une 
femme ou un enfant. — Mamours, au plur., faire dé ma- 
mours, signifie caresses, faire des caresses, combler de pré- 
venances. 

Contraction de Moun amour. 

Man, s. f. Dim. Manélo; augm. Manasso. Main, extré- 
mité du bras divisée en doigts. — Man drécho, man 
gdoucho, main droite, main gauche. Man cdoudo où manéto 
cdoudo, jeu de main-chaude. Man ouvèrto, mesure un peu 
arbitraire de la main étendue qui passait à peu près pour 
l'ancien pan. Faïre la man à qudouquàs, donnér, prèter 
la main à quelqu'un, l'aider dans une entreprise, ordinai- 
rement répréhensible. Éscrituro dé man, écriture, caractères 
écrits à læ main. Y-a bono man, il y a la main heureuse. 
Aqud's pas ma man, Où soui pas dé man, je ne suis pas du 
bon côté pour agir avec la main, pour porter avec l'épaule 
dont je me sers habituellement. Aqud's pas dé man, ou 
aquèd’s foro man, ce n’est pas commode, à portée, sous la 
main, ou cela est outre main. Avédre dé mans dé fato, avoir 
des mains de beurre, qui laissent tomber tout ce qu’elles 
tiennent. Faïre la man, jouer seul contre deux aux cartes 
où aux boules. A sous amouriès à sa man, il tient, il fait 
valoir ses müriers lui-même. Faire las dos mans, être un 
double-main, qui mange à deux rateliers, et crie selon les 
gens vive le roi! vive la ligue! À man révèsso, du revers 
de la main. Préne éntre mans, embrasser une affaire avec 
attention. Uno man dé papiè, une main de papier. Avéüre 
la man, au jeu de cartes, de boules, être le premier à don- 
ner, ou à jeter le but, jouer le premier. 

Dér. du lat. Manus, m. sign. 

Manado, s.f. Botte, poignée de légumes; ce que la main 
peut en serrer. — Aù déjuna dé matè émb'uno manado dé 
rabes, j'ai déjeuné ce matin avec une botte de radis. 

Manado, troupeau de bestiaux.— Uno manado dé pors, 
un troupeau de porcs, de cochons. 

"SAUVAGES prétend que, dans ce dernier sens, Manado est 
une altération de Ménado, d'un autre dialecte, conduite de 
troupeaux, quantité de bestiaux qu'on mène à la foire; 
mais il n’est pas nécessaire qu’il en soit ainsi puisque le 
lat. Manus, qui a formé le mot dans les deux acceptions, 
signifie main et en même temps troupe, bande. 

Mancéno, s. f. Mancelle, attache qui tient par un bout 
au billot fixé aux attelles du collier du cheval, et forme de 
l’autre bout un grand anneau dans lequel on passe le bout 
du timon de la charrette jusqu’au trou où elle est attachée 
par une cheville; c'est le trait par lequel tire le limonier. 
— La mancéno, qui était en cuir, est remplacée aujour- 





MAN 457 


d'hui par une chaine en fer qui ne s'attache plus de même 
et ne s'appelle plus ainsi; on la nomme Tiréto. — Voy. 
c, m. 

Altération de Mancelle, et, comme le fr. sans doute, dér. 
du lat. Manipula, petite main. — Voy. Mancioù. 

Mancha, v. Emmancher; mettre un manche à un outil. 
— Daïo manchado dé réboùs, faux emmanchée à rebours, 
c.-à-d. dont la lame est dans la même direction que le 
manche. Souï pas mancha dé véno, je ne suis pas en veine, 
je n'ai pas la main heureuse ou je n’ai pas bonne main. 

Manche, s. m. Manche, poignée adaptée à un instru- 
ment; à un outil, un couteau, une hache, une pioche, etc. 

Dér. du lat. Manubrium, m. sign. 

Mancho, s.f. Dim. Wanchéto ; augm. Manchasso. Manche, 
partie du vêtement pour le bras; sac pour filtrer; terme 
de jeu, partie gagnée quand on joue en parties liées ; espèce 
de filet en forme d’entonnoir. 

Dér. du lat. Manica, m. sign. 

Mancho, oto, adj. Manchot, estropié d'un bras, d’une 
main. — On dit plus purement Maniqué. — Voy. ©, m. 

Empr. au fr. 

Mancioù, s. m, Anneau en cuir, appelé billot, qui entoure 
l'attelle du collier du cheval de trait et tient au crochet 
auquel s'attache la mancelle qui est fixée de l’autre bout 
au timon de la charrette. — Voy. Mancéno. 

Dim. de Mancéno. 

Manda, ». Envoyer; mander; faire savoir; faire dire; 
lancer. — Mandas-i sdoupre dé véni, envoyez-lui dire ou 
mandez-lui de venir. Mandas éncd dé M..., envoyez chez 
M..1 mandè un co dé poun, il lui lança un coup de poing. 
Dans ce dernier sens, Émmanda, qui est un composé de 
celui-ci, est préférable. 

Dér. du lat. Mandare, m. sign. 

Mandamén, s. m. Mandement, en général, ordre par 
écrit émané d’une autorité quelconque; plus spécialement 
lettre pastorale d’un évèque à ses diocésains. 

Dér. du lat. Mandatum, m. sign. 

Mandian, mandiano, s. »#. et f. Mendiant, mendiante; 
qui mendie; qui demande l’aumône. 

Dér. du lat. Mendicus, m. sign. 

Mandianaio, s. f. Mendiants, en général; engeance des 
mendiants; race, troupe de mendiants. 

Man d’obro, s. f. Main-d'œuvre, façon d'un ouvrage; 
travail d’un ouvrier. 

Dér. du lat. Manus et Opera. 

Mandrasso (A la), adv. Gauchement; tout simplement; 
sans se gêner; mollement ; nonchalamment ; sans goût à la 
chose. — S'ên vaï à la mandrasso, il marche avec noncha- 
lance. 

En catalan, Mandra, paresse. 

Mandre, s. m. Tourillon de l'arbre horizontal de cer- 
taines machines qui tourne dans les crapaudines. — Voy. 
Mandrin. 
 Mandre, s. m. Mendiant, qui fait plus que son état de 


458 MAN 


mendier, et qui a la tournure et la mine d’un pire mendiant. 

Ce mat puisé à la même source que la catalan Mandra, 
paresse, désigne l’homme valide et paresseux qui se fait 
mendiant; ce qui suppose chez l'individu une certaine 
adresse pour soutenir son rôle et réussir dans son métier; 
c’est sans doute pour cela que Mandre, d'après SAUVAGES, 
voudrait dire en même temps fin et adroit. Cette acception 
est tout à fait hors d'usage et Mandre lui-même ne reste 
plus que pour indiquer la formation de quelques mots qui 
en sont dérivés. 

Mandrigoulo, s.f. Mandragore, Atropa mandragora, 
Linn., plante très-narcotique, purgatif violent, bonne, 
employée à l'extérieur, contre les squirres et les écrouelles. 
On en distingue deux espèces, la blanche ou la mâle, la 
noire ou la femelle. Sa racine, qui prend souvent une forme 
bizarre, se bifurque quelquefois et représente grossièrement 
les parties inférieures du corps humain. De prétendus sor- 
ciers achèvent de leur mieux la ressemblance et la vendent 
comme une amulette, ou l’enterrent avec des conjurations 
pour faire doubler l'argent que leurs dupes mettent 
auprès. Mais les sorciers commencent à avoir moins de 
pratiques. 

On a dit que le mot lat. et par suite le lang. et le fr. qui 
le reproduisent, avaient été formés par deux mots grecs, 
Mévôpa, étable, et Ayaupéc, nuisible, Mavdpæyépas, dange- 
reuse pour les bestiaux : ce qui est vrai de cette plante. 

Mandrin, s. m. Mandrin, pièce de tour en l'air sur 
laquelle on assujettit les ouvrages qui ne peuvent se tour- 
ner entre les ‘pointes; pièces que l'on place ordinairement 
dans d’autres qui sont creuses pour tenir celles-ci lorsqu'on 
les travaille. 

Ce mot et Mandre ci-dessus ont la même origine, et le 
lat. Manubrium, manche, y est sans doute pour quelque 
chose. 

Mandrin est aussi le nom du fameux chef de brigands 
qui rivalisa avec Cartatoucho, Cartouche, dans les légendes 
populaires. Il sert encore à désigner un malfaiteur, un bri- 
gand, qui ressemble beaucoup à Mandre (Voy. c. m.). Il y 
a des noms prédestinés. 

Mandro, s. f. Fém. de Mandre. Pauvresse rusée et ma- 
toise. — Uno viéio mandro, une vieille bohémienne, une 
vieille sorcière, 

Mandroun, s. ». De Mandre, par un dim. qui est loin 
d'être atténuant, car le Mandroun est un gars jeune, vigou- 
reux, ce qui le rend plus blämable, vagabond pour fuir le 
travail, maraudeur par instinct, qui demanderait au besoin 
mais qui trouve plus commode de prendre. 

Mandrounéja, v. frég. Mendier à la manière de ceux 
dont il est question dans les mots Mandre, Mandro, Man- 
droun, Mandrouno ; car les véritables pauvres, ceux qui 
sont dignes d'intérêt, lous péoures enfin, démandou et 
mandrounéjou pas. 

Mandrouno, s. f. Dim. de même nature que le précé- 
dent Mandro, mais qui indique moins une différence d'âge : 





MAN 


jeune ou vieille mendiante, valide ou qui l’a été, mais 
toujours paresseuse, avec bien d'autres défauts que com 
porte une telle profession ainsi comprise. — Voy. Mandre, 
Mandro, Mandroun, Mandrounéja. 

Mané ou Manè, s. m., n. pr. d'homme. Dim. de Ma- 
nuël, qui est l’abréviation ordinaire du prénom Emmanuel. 

Mané, subs., se dit de certaines choses dodues où il y a 
à manier. — Y-a dé mané, il y a de quoi prendre à pleines 
mains, à manéja. 

Faïre lou mané, autre acception pour désigner la ma- 
nœuvre dont se servent divers ouvriers et notamment les 
maçons pour changer de place un tas de tuiles, de briques, 
etc., en se les faisant tenir ou se les jetant de main en 
main, selon que les chainons de cette chaine sont plus ou 
moins éloignés. 

Manéchal, s. m. Maréchal-ferrant. — Altération ou 
adoucissement très-bien adopté de Maréchal. — Voy. c. m. 

Manéchalo, s. f. Maréchale : nom d’une place d’Alais, 
en plate-forme élevée, au devant de la citadelle. — Le mot, 
par le même principe que le précédent, est une corruption 
de Maréchalo : La Fare-Alais l'a employé sous cette forme 
dans ses Castagnados; c'est une consécration. Les notes 
ajoutent une explication que nous croyons devoir renvoyer 
au mot Maréchalo. 

Manéflariè, s. f. Flagornerie, flatteries, cajolerie, pour 
faire mieux admettre les rapports, les tripotages qui engen.- 
drent les brouilleries. 

Manèfle, s. m. Faiseur de cancans, de commérages; 
brouillon qui fait des tripotages; rapporteur qui flagorne 
ceux à qui il s'adresse pour s’en faire bien venir et leur 
inspirer plus de confiance par cette manière de faire. 

Le mot est formé du lat. Manu flectere, adoucir, flatter 
de la main. 

Manéfléja, v. fréq. Faire des cancans, des commérages; 
faire des paquets, des rapports vrais ou faux; flagorner. — 
Voy. Manèfle. 

Manèflo, s. f. Commérage; cancans; paquets; tripo- 
tages. — Il est aussi le fém. de Manèfle. 

Manéja, v. Manier; toucher, palper à pleine main. 

Dér. du lat. Manu agere, m. sign. 

Manèje, s. m. Mange, machine destinée à imprimer un 
mouvement de rotation suivant deux directions rectangu= 
laires, au moyen d’un engrenage à lanterne dont l'arbre 
vertical est muni d’un levier ou timon horizontal à course 
circulaire, sur lequel s'applique la force motrice. 

Dér. du lat. Manu agere, agir avec la main ou comme 
avec la main. 

Manéto, s. f. Dim. de Man. Menotte; petite main. — 
Faïre manéto, faire main morte pour en caresser douce- 
ment. Jouga à manéto, jouer au pied de bœuf. 

Manéto est le nom d’un petit instrument en cuir rem- 
bourré de crin, dans la forme d’un fer à repasser, dont se 
servent les dévideuses de soie pour frapper la bobine et la 
faire tourner. — Voy. Escoulouër. Li 


LEE LÉ SO à 


Manéto-cäoudo ou Man-càoudo, s. f. Jeu de la main- 
chaude. 

Manétos, s. f. plur., ou Pantacousto. Chèvre-feuille 
commun, Loniara caprifolium, Linn.., arbrisseau de la fam. 
des Caprifoliacées, cultivé dans les jardins. 

Le nom de Manéto lui vient de ce que ses pétales sépa- 
rés ressemblent un peu aux doigts d’une main demi-fermée. 

Man-forto, s. f. Main-forte, assistance donnée à la 
justice. 

. Mangougnè, s. m. Au fém. Mangougnèiro. Regrattier ; 
qui vend, au petit détail et de la seconde main, toute sorte 
de menues denrées. 

Dér. du lat. Mango, mangonis, maquignon; fripier, 
revendeur qui déguise sa marchandise pour en tirer plus 
d'argent. 

Mangounariè, s. f. Regrat; boutique ou vente de me- 
nuës denrées au détail. — Faïre mangounariè, être regrat- 
tier, faire le regrat; vendre de la regratterie. 

Mani, manido, adj. Dim. Manidé, éto, Manidoù, ouno. 
Petit; petit enfant. — Uno poulido manido, une jolie fil- 
lette, et mème une jolie fille. On en fait un superlatif en 
le répétant : mani, mani, très-pelit. Cette façon de faire 
des superlatifs est très-ordinaire en lang. Ce n’est pourtant 
pas ainsi que les gardeuses de cochons emploient cette 
expression et qu'elles disent mani, mani, pour appeler ces 
animaux : c’est dans leur bouche un terme d'affection, car 
ces manès, mans, petits, petits, sont fort souvent du plus 
énorme volume et pèsent au-delà de deux cents kilog. 

Dér. du lat. Minutus, moindre, petit. ” 

Manifique, iquo, «dj. Magnifique; superbe; splendide ; 
somptueux ; qui a beaucoup d'éclat. 

Empr. au fr. mais fort naturalisé. 

Manigança, v. Manigancer; tramer de petites, de mau- 
vaises ruses. 

Maniganço, s. f. Manigance; petites manœuvres cachées ; 
intrigue; mauvaise ruse. 

Dér. du lat. Manu agere, et dans la bass. lat. Manipu- 
lare; id est, dit Du Cange, manibus ludificare uti agunt 
præstigiatores, jouer adroitement des mains comme font les 
escamoteurs. 

Manio, s: f. Anse d'un vase, d’un chaudron, d’un 


-panier; portant d'une malle; anse ou corne de la tinette, 


sémdou, vulgaïrement connue dans nos pays sous le nom 
de Cornue que l'Académie n'accepte point pour cela, et 
qui sert à transporter des liquides et notamment la vendange. 
En espag. Manilia, m. sign. : 
+ Manipolo, s. f. Ruse; fraude; tromperie. — Faïre la 
manipolo, tromper, filouter. Le prestidigitateur qui monte 
ses cartes, le marchand en fraudant ses denrées, l'homme 
de mauvaise foi qui tripote les affaires, font également Za 
+ Dér. du lat. Manu où Manibus spolio, je dépouille avec 
les mains, ou simplement de la bass. lat. Manipulare, ma- 
nipuler, arranger avec les mains. 





MAN 459 


Manipou, s. »m. Mancheron, extrémité du manche de la 
charrue, que le laboureur tient dans la main. 

Dér. du lat. Manipulus, poignée, ce que l'on empoigne. 

Manivèlo, s. f. Manivelle, manche pour faire tourner 
l'essieu d'une machine ; machine quelconque elle: mème. 

Dér. du lat. Manibula, petit manche. 

Manja, v. Manger, mâcher et avaler des aliments ; 
prendre sa nourriture; prendre son repas; ronger, miner, 
détruire. — Lou iè cdou faï manja la soupo fréjo, prvb., 
le lit chaud fait manger la soupe froide, pour dire que la 
paresse n’enrichit pas. Qué manjo soun capitdou prén lou 
cam dé l'éspitdou, prvb., celui qui mange son capital prend 
le chemin de l'hôpital. Lou tro manja rèn abésti, trop 
manger abétit. Manja pér las gnèiros, piqué, dévoré par 
les puces. Manja pér lou rouvil, pér las arnos, pér un 
chancre, rongé par la rouille, par les teignes, par un 
chancre. Wanja, élimé, usé par le frottement. Dé qu'avès 
manja iuëï? Sur quelle herbe avez-vous marché aujour- 
d’hui ? dit-on à quelqu'un de mauvaise humeur sans qu'on 
sache pourquoi. Avès prou manja dé favos? Donnez-vous 
votre langue au chat? Lorsqu'on cherche le mot d'une 
énigme, la réponse à une question embarrassante, on peine 
comme un forçat, dont on sait que l'ordinaire frugal est 
composé en grande partie de fèves; la locution languedo- 
cienne ne serait-elle donc pas une paraphrase pour dire : 
avez-vous assez subi les galères ? voulez-vous que je vous 
en tire en vous disant le mot que vous cherchez ? Quant à 
son équivalent français : consenitez à donner votre langue 
au chat, c'est avouer qu'elle n'est bonne qu'à cela, puis- 
qu'on ne sait pas s’en servir pour répondre à la question 
posée. Au surplus, une autre explication du dicton a été 
essayée, qu'on peut consulter. — Voy. Favo. 

Dér. du lat. Manducare, m. sign. 

Manjadis, isso, adj. Mangeable ; qui est bon à manger; 
qu'on peut manger. 

Manjado, s. f. Mangeure. 
sign. 

Manjadoü, s.m. Auget, pelit vase, vaisseau quelconque 
où l’on met la mangeaille des oiseaux, de la volaille que 
l'on tient en cage. — Mangeoire, en fr., n’exprime, d'une 
manière directe, que la crèche des chevaux, en lang. Gri- 
pio; cependant, dans l'usage familier, on s'en sert pour 
rendre Manjadoù. 

Manjaduro, s. f. Mangeure; endroit d’un drap, d'une 
étoffe, d’un pain mangé, rongé par les souris, par les vers, 
par les chats. — Manjaduro dé gnèïros, piqüre de puces. 
— Voy. Manjado. 

Manjaïre, aïro, adj. Gros mangeur; qui mange beau- 
coup. Au fig. prodigue, dissipateur; exacteur; grugeur; 
mangeur de chrétiens. 

Manjamén, s. m. Démangeaison vive; picotement entre 


— Voy. Manjaduro, m. 


cuir et chair; prurit. 


.. Manjanso, s. f. Vermine; poux en général, qui attaquent 
la tête et les autres parties du corps. 


460 MAN 


Manijarël, èlo, adj. Qui aime à manger, dans le sens de 
grager quelqu'un. Qui est bon à croquer, dans l’acception 
d'agaçant, mais moins délicat que Crouquarèl. — Un 
amour manjarèl, un amour intéressé, mü par l'intérêt; 
uno géouto manjarèlo, une joue à dévorer de baisers. 

Manjariè, s. f. Mangerie, action de manger; exactions; 
frais de chicane; action de gruger quelqu'un. 

Manjio, s. f. Mangeaille; victuaille; vivres en général 
des hommes et surtout des animaux ; pâtée. 

Manjo-favo, s. des deux genres. Bredouilleur; qui parle 
d’une manière mal articulée et peu distincte, comme s’il 
avait la bouche pleine de fèves, par exemple; ce que les 
Romains, en employant la même figure, disaient d’un ora- 
teur empâté : versat in ore fabas. — Voy. Favo. 

Manjo-nèci, s. des deux genres. Parasite; attrape-lour- 
daud. — Le renard de la fable qui vit aux dépens du cor- 
beau qui l'écoute est un manÿo-nèci. 

Manjo-péro, s. m., ou Banar. Capricorne, capricorne 
musqué, Cerambyx moschatus, Linn., insecte de l'ordre des 
Coléoptères, et de la fam. des Lignivores ou Xilophages, 
genre des Scarabées, remarquable par ses antennes articu- 
lées aussi longues que le corps. Le plus grand de ces colé- 
optères, tout noir et qui a trois centimètres environ, reçoit 
le nom de Manjo-péro : ces poires qu'on trouve à demi- 
rongées seraient, dit-on, sa pâture; mais ici ne l’accuse-t-on 
pas du méfait d’autres insectes voraces, du gros frelon ou 
gréoule, par exemple ? Plusieurs scarabées, dont il est une 
variété, déposent leurs œufs dans l'écorce rugueuse ou 
dans le tronc de vieux arbres : en voyant le capricorne se 
poser sur des poiriers pour accomplir cette œuvre, on a 
pu mal juger ses intentions. 

Manjo-roso, s. m. Capricorne du même ordre, de la 
mème famille et de la même forme, moins la taille, que le 
précédent, scarabée, qui se. niche et s'endort sans doute 
dans le calice des roses, le sybarite! sans craindre que le 
pli d’une feuille blesse sa peau assez dure pour supporter 
de plus rudes atteintes. 

Manjuquéja, v. frég. Grignoter; pignocher; manger 
nonchalamment, sans appétit et à petits morceaux. — Le 
rat de ville qu'Horace nous peint mangeant du bout des 
dents, dente superbo, le maigre ordinaire de son ami des 
champs, manjuquéjavo : il est le type. 

Manjuquéjaïre, aïro, adj. Petit mangeur d'habitude; 
celui qui, par occasion, fait comme il est dit au mot pré- 
cédent du rat d'Horace. 

Manléva, v. Emprunter; demander et recevoir un prêt. 
— Vos arouina toun vési ? manlèvo-z-i dé matt et pago dé 
vèspre, prvb. Veux-tu ruiner ton voisin ? emprunte-lui le 
matin et rends-lui le soir. 

Dér. du lat. Manu levare, lever avec la main. 

Manno, s. f. Manne, nourriture miraculeuse que: Dieu 
envoya aux Israélites dans le désert. 

Ce mot est de toutes les langues puisqu'il est dans:la Bible, 
et le lang. l'emploie aussi pour désigner, par similitude, tout 





MAN 


alimen tabondant venu à propos, réparateur et de bon goût. 

Manno, pris pour la substance purgative, l’inséparable 
du séné, est un autre empr. obligé au fr. Manne. 

Manobro, s. »m. Manœuvre, ouvrier subalterne; exclu- 
sivement, aide-maçon, celui qui sert le maçon. — Cet em- 
ploi est d'ordinaire rempli par des enfants ou des adoles- 
cents à qui ce travail facile procure, en attendant autre 
chose, quelques ressources en les enlevant à l'oisiveté, mais 
c'est le noviciat obligé de ceux qui veulent devenir maçons. 
Les manœuvres sont les souffre-douleur des maçons, qui 
les radoient, les rabrouent sans cesse pour hâter leur 
paresse, qui les laisse manquer de tout et les force à l'inac- 
tion; mais les manœuvres pensent sans doute que la paresse 
qui a un tel résultat ne nuit guère à personne, car ils ne 
s'inquiètent pas autrement de menaces qui, il faut le dire, 
sortent rarement à effet. 

Lou manobro, le manœuvre de profession, és manobro; 
l’ouvrier qui en fait accidentellement le travail fai mano- 
bro; aussi le premier dira : Ëre manobro quan bastiguèrou 
aquél oustâou, j'étais manœuvre quand on bâtit cette 
maison; et le second : faguère manobro. — Faïre manobro 
se dit aussi d’un aide qui sert un ouvrier quelconque qui a 
besoin qu’on lui fournisse sur place les matériaux à em- 
ployer.— Éspèro, éspèro, té faraï manobro, attends, attends, 
je viens t'aider, dit-on à un maraudeur qu'on trouve sur le 
fait remplissant ses poches : offre qui n’est pas souvent 
acceptée, on le pense bien. Au fig. faire manobro à quéou- 
quàs, c'est, dans une dispute où l’on en vient aux coups, 
se servir activement de ses mains et ne se laisser manquer 
de rien de ce qu’il faut en ce genre. 

Dér. du lat. Manu opera, œuvre ou ouvrier de la main, 
Man et Obro. 

Manoul, s. ». Paquet; botte; poignée, — Ne s'emploie 
plus guère que dans le sens du mot suivant quoiqu'il soit 
bien moins usité. à 

Dér. du lat. Manualis, qu’on peut empoigner, tenir avec 
la main. 

Manouné, s. m., ou Canouné. Petit paquet, petite botte 
de tripes de certains animaux, tels que chevreau ou agneau. 
— Voy. Canouné. 

Ces deux mots, quoique ayant une racine différente, sont 
parfaitement synonymes; mais Manouné est beaucoup plus 
en usage à Alais. Il est le diminutif de Manoul, mais il 
reste dans son application toute spéciale de terme detriperie. 

Manqua, v. Manquer; faillir ; être de moins; faire défaut; 
ne pas atteindre, ne pas toucher. — Y-a maï d'un an qué 
soun frèro manquo, il y a plus d'un an que son frère est 
absent. S’én manquo bé qué y-aduse, il s’en faut bien qu'il 
y atteigne. S’én manquo bé! Tant s'en faut, bien loin de 
Ja! S'én manquè pas dé gaïre qué mouriguèsse, il s’en fallut 
peu qu'il mourût. N’agues pas lagui, té manquaraï pas, 
n’aie pas souci, je t'attraperai, je te trouverai. L’a pas 
manqua, il l’a bien touché. 

Dér. du lat. Mancus, manchot. 


si on? J 


e 


} 


MAO 


Manquamén, s. m. Manquement; omission; faute que 
l'on commet en manquant de faire ce qu'on doit; mais d'un 
emploi assez restreint. — Aqui faguère bé un manquamén, 
là je manquai bien de dire ou de faire ce que je devais. 
Aquélo fio a fa un manquamén, celte fille a eu une fai- 
blesse ; elle a manqué à son honneur. 

Manqué, éto, adj. Manchot; estropié d’un bras ou 
d'une main; à qui l’un ou l'autre manque. — Voy. 


Dér. du lat. Mancus, m. sign. 

Manquo, s. /. Manque; faute, déficit. — Lou manquo 
dé sén, le manque de bon sens. Manquo d'argén, faute 
d'argent. Aquéste an y-doura uno forto manquo din la 
récolto, cette année il y aura un grand déficit dans la 


. récolte. Quan avès agu dé manquo ? combien avez-vous eu 


de moins, quelle diminution avez-vous eue ? 

Man-révèsso, s. f. Revers de la main; main renversée. 
— Un co à man-révèsso, un revers, un coup d'arrière-main, 
du revers de la main. 

Mantèl, s. f. Dim. Mantélé; augm. Mantélas. Manteau, 
ample vêtement qui se met par dessus l’habit; manteau de 
la cheminée. — Juste coumo un mantèl, juste comme la 
manche d’un cordelier. 

Dér. du lat. Mantellum, m. sign. 

Mantélé, s. m. Dim. de Mantèl. Mantelet, mantille. — 
Faïre lou mantélé, se dit des oiseaux malades, vieux ou 
blessés, dont les ailes pendent comme un manteau; et au 
fig, d’un malade, qui se traine faible, languissant et 
amaigri dans ses habits devenus trop larges. 

Mantène, v. Maintenir; soutenir un poids; soutenir, 
affirmer une chose; parier pour quelqu'un au jeu, se mettre 
de son côté. — Manténès un pdou, soutenez un peu la 
charge. Mantène moun di, je persiste dans mon dire, 
j'affirme ce que j'ai dit. Vaï, té mantène, marche, avance, 
je suis avec toi, je te soutiens. 

Manténgu, udo, part. pass. de Mantène, Maintenu, sou- 
tenu; confirmé. 

Manto, s. f. Ancien mantelet, assez ample et d’étoffe 
commune, que portaient les femmes du peuple, à peu près 
abandonné aujourd’hui ou peu à peu remplacé par le man- 
telet de forme moderne et d'étoffe plus élégante. 

Mao, s:m. Carreau en terre cuite, servant au carrelage 
d’un appartement. 

L'italien appelle ce carreau Mattone, et le fr. Malons 
une espèce de briques. Maoù a-t-il une origine commune ? 
Est-il une imitation de ces mots ou vient-il de Mahon, lieu 
d’où l'on aurait importé son usage ? 

- Dans ce dernier cas, peut-être eût-il fallu Jui donner 
l'orthographe figurative quelquefois employée et écrire 
Mahoù. Mais d'abord cette origine n'était pas assez sûre 
pour nous faire introduire une À parasite et de pure super- 
fétation, et puis nous n'avions pas à craindre que notre 
accentuation ne füt point suffisante pour distinguer le mot 
du suivant composé des mêmes lettres et laisst quelque 


LÀ 





MAO 461 


hésitation sur la manière de l'articuler. C'est une occasion 
de rappeler ce que nous avons dit de l'accent et de son rôle 
aux articles Aou, dipht., et Aoùs, s. m., auxquels nous 
renvoyons. Il est bien évident ici que l'accent grave placé 
sur la voyelle double où signifie qu'elle est tonique et ne 
doit point se confondre ou se diphthonguer avec l'a précé- 
dent comme dans mdou, tout autrement orthographié. Dans 
maoù deux syllabes, deux temps, une brève suivie d’une 
longue : dans mdou, une seule émission de voix, une seule 
syllabe diphthonguée, dans laquelle l'appui du son se fait 
plus fort sur l'4 circonflexe et long, que sur ou qui tombe 
et est absorbé. Voilà l'accent et sa raison d'être. 

Mâou, s. m. et adv. Mal, le contraire du bien ou de 
bien; peine; travail; douleur; maladie; incommodité; 
dommage; perte; faute; péché; crime; mal, de mauvaise 
manière. — Mdou dé dén, dé tèsto, mal de dent, de tête. 
Aï mou dé dén, dé tèsto, j'ai mal aux dents, à la tête. Aï 
mou à moun éstouma, s'emploie ordinairement d'une 
manière impropre en le rapportant aux douleurs de poi- 
trine. Mdou d'éstouma, mal au cœur. Aï mdou à moun dé, 
j'ai mal au doigt. Sé faïre mdou, se blesser. Ma cambo 
mé faï mdou, j'ai mal à la jambe, ou la jambe me fait 
souffrir. Aqud mé fariè mou, cela m'incommoderait, me 
dérangerait. Avédre lous mdous, en parlant d'une femme, 
éprouver les premières douleurs de l’enfantement, avoir le 
mal d'enfant. Préne mdou, en général, contracter une ma- 
ladie; d'une femme, sn a accoucher avant terme. És 
plé dé mâous, il est plein d'ulcères, de pustules à la tête. 
Gardoù a fa fosso mdou, le Gardon a fait beaucoup de 
ravage, a causé de grands dommages. Mé fagues pas dire 
lou mou, ne me fais pas mentir ou dire de mauvaises 
choses. A fa lou mâou émbé moussu …, elle a eu des rap- 
ports coupables avec M. .… Qu'a fa lou mdou, fara la 
péniténgo, celui qui a fait le péché, fera la pénitence, en 
portera la peine. Aqud faï mdou dé vêire, cela fait mal à 
voir. Mdou vaï quan las cambos flaquou, mauvais signe 
quand les jambes défaillent, flageolent, fléchissent. Tan 
vdou bé batu qué mdou batu, tant pleure mal battu que 
bien battu. Sé sdoupre mdou, se fâcher, se piquer, se for- 
maliser {Voy. Sdoupre). Aoutre mdou noun y-ague, Dieu 
nous garde de pire! Aoutre mdou noun y-aguèsse, ce serait 
un petit mal s’il n’y avait que cela. Faï mdou ou michan 
èstre pdoure, il est triste, fâcheux, il n’est pas bon d'être 
pauvre. Pour établir une resssemblance, un rapport, on se 
sert de cette tournure : Avèdre lou mou d'aquéles qué.…., 
être comme ceux qui. És pas poulido, a lou mou dé 
téou, elle n'est pas jolie, elle a cela de commun avec moi. 
À lou méou dé la candi, la fémélo vou maï qué lou mascle, 
il en est comme du chanvre, la femelle vaut mieux que le 
mâle, dicton que le fr. a rendu par cet autre proverbe : 
mariage d'épervier, la femelle vaut mieux que le mâle. 

Dér. du lat. Malum, m. sign. 

Mäou-adré, écho, adj. Maladroit, qui n'a point 
d'adresse. 

59. 


462 MAO 
Mâou-adréchamén, adv. Maladroitement, sans adresse; 
gauchement. 


Mâou-aprés, és0, adj. Mal élevé; malhonnète; insolent; 
malotru,; — Ce dernier mot fr. a originairement la m. sign. 
que Maléstru, mal instruit, ignorant, vieux mot lang. 
peut-être encore en usage dans des localités voisines. 

Mâou-aquis (Dé), locution adverbiale, phrase faite, em- 
ployée seulement dans cette construction : Aqu'ôs dé bé dé 
méou-aquis, c'est du bien mal acquis, de provenance mau- 
vaise, illégitime. 

Môou-avisa, ado, adj. Mal avisé; imprudent; irréfléchi; 
étourdi. 

Mâou-avisamén, s. "”. Étourderie; imprudence ; mé- 
garde; irréflexion. 

Mâou-basti, ido, adj. Mal bâti, mal fait; mal tourné. 

Mâoubérna, s. m., n. pr. d'homme. Maubernard. — 
Signifiait autrefois Bernard-le-Mauvais, et devait s'écrire 
avec un trait d'union. Le fr. en fait Maubernard ainsi qu’il 
a fait pour beaucoup d'autres qui ont la même origine, et 
que Sauvaces cite et traduit, tels que Mau-bué, mal les- 
sivé; Mau-clerc, ignorant; Mau-duit, mal conditionné; 
Mau-piteux, inexorable ; Mau-pas, passage dangereux; 
Mau-pertuis, mauvais trou; Mau-pèou, mauvais poil; 
Mau-roi, mauvais-roi; Mau-vilain, mauvais paysan; et de 
même de Mau-bec, Mau-croix, Mau-ron, Mau-buisson, 
Mau-levrier, Mau-repas, Mau-voisin, etc. 

Tout cet article mérite d’être cité. Les judicieuses obser- 
vations du maitre, à propos de ces noms propres et de leur 
orthographe, sont d’une piquante actualité. Elles font jus- 
tice de ce prétendu progrès qu'une nouvelle école de réfor- 
mateurs préconise avec. ardeur en prêchant la croisade 
en faveur de l'orthographe des troubadours. 

SAUVAGES ajoute donc : 

« Nous l’avons déjà annoncé comme une conjecture, mais 
il est plus que probable que l’ancien mau français des noms 
précédents, est le même que notre mdow, et se prononçait 
de mème ou conformément à notre orthographe, qui est 
celle des sons ; et que l’u s’y faisait sentir dans son ancienne 
prononciation ow, avant qu’on eût fait de la diphthongue 
au, dans mau, un o long, et qu’on prononçât ce terme 
comme mo, sans que l’« y entrât pour rien. 

« Nous avons dit ailleurs que, dans l’origine des langues, 
la prononciation courante en a réglé l'orthographe, et qu'il 
n’est pas naturel qu’on ait commencé d'écrire d’une façon, 
et de prononcer d’une autre; cette contradiction ne s'est 
introduite que dans la suite; on prononçait l’«, puisqu'on 
l'écrivait : mais de plus, il est comme certain que, dans 
les premiers termes que le français avait imités du latin ou 
du roman, on retint d’abord la prononciation de l’& en où 
de ces anciennes langues; prononciation qui s’est perpétuée 
dans l'italien, l'espagnol et le languedocien, qui en descen- 
dent comme le français; et qu'ainsi on prononçait maw 
comme mdou, et non comme #0 dans Maupertuis, de la 
même façon que le mot latin autem, que les Français pro- 





MAO 


noncent aujourd'hui otem, est prononcé par les Italiens et 
les Espagnols, comme doutem. 

« Cette orthographe des sons que nous suivons était 
autrefois inutile lorsqu'il était généralement reçu de pro- 
noncer lu comme l'ou. On écrivait donc par un « simple 
dans mau; et cet usage s’est si bien établi que tous ceux 
qui ont écrit dans notre idiome, depuis les premiers trou- 
badours jusqu’à nous, n’ont pas orthographié autrement : 
ils n’ont mis qu’un « où il est bien certain qu'ils pronon- 
çaient ow, comptant bien de rendre par là leur prononcia- 
tion. Les anciens avaient raison, en ce que cette ortho- 
graphe ne contrariait point leur prononciation : les Langue- 
dociens modernes auraient dû en voir le vice, depuis les 
changements arrivés à la prononciation du français, dont 
l'orthographe a réglé la leur. » 

Mâoubos, s. #., n. pr. d'homme et de lieu. Mauvaise 
forêt; bois mauvais, dangereux ; Malbos en fr. ou Malbosc, 
plus ancienne forme. — Même formation que le précédent, 
Mdou et Bos, et devenu un seul mot. 

Mäâou-câou, s. ». Chaud mal, fièvre chaude, fièvre 
maligne, parce que cette fièvre est accompagnée d'une 
grande chaleur. — Toumba dé la fèbre n méou-câou, au 
fig. tomber de la fièvre en chaud mal, de Charybde en 
Scylla. 

Mâou-céoucla, ado, adj. Écervelé; cerveau mal timbré ; 
fou ; qui a la tête fèlée. — Se dit également d’un vaisseau 
en bois, d’un tonneau, mal jointé, imparfait, ou en mau- 
vais état, qui suinte et perd comme uno tèsto mdou-céouclado, 
qui laisse fuir le bon sens. 

Mâou dé la mort, s. m. Maladie fâcheuse, dangereuse 
ou mortelle. — Gn'a pér préne lou mdou dé la mort, il y 


‘| a de quoi périr ou gagner une maladie mortelle en s'expo- 


sant ainsi. 

Mâou dé la tèro, s. m. Epilepsie, mal caduc, haut-mal. 
— Toumba dâou mou dé la tèro, ou simplement dédou 
mdou, comme si les autres n'étaient rien en comparaison, 
être attaqué du mal caduc. On l'appelle ainsi de çe que 
ceux qui en sont atteints tombent par terre comme si-elle 
les attirait. 

Mâoudi, mâoudicho, adj. Maudit; chargé de malédic- 
tions; réprouvé. — Quante mdoudè drole! quel maudit 
garçon, quel coquin, quel jeune scélérat! Ah! lou mdoudi 
d’home! ah! le diable d'homme, ah! le vaurien d'homme! 

Mâou-émbouqua, ado, adj. Mal embouthé; qui a tou- 
jours à la bouche des paroles grossières, indécentes et sot- 
tisières. 

Mâou-ên-trin, adj. des deux genres. Indisposé; mal à 
l'aise; débiffé, dérangé. — Souï tout mdou-én-trin, je suis 
tout mal en train, 

Mâou-èstre, s.m. Mal-être, maladie de langueur ; indis- 
position vague; malaise; détresse; pauvreté; l'opposé de 
bien-être. 

Mâou-faire, v. Mal faire; faire du mal. — Sa pas qué 
méou-faïre, il ne s'applique qu’à mal faire. 


Le — 
N 


MAO 


Mâoufasén, énto, adj. Malfaisant, qui se plait à faire 
‘du mal; nuisible; dont la nature est de nuire. 

Mâou-fisa, ado, adj. Mal confié; mal gardé; qui n’est 
pas en sûreté. 

Mâou-gouvèr, s. m. Impéritie; mauvaise conduite dans 
le gouvernement, la direction, le maniement d'une affaire. 
— Lou jo dé capitani Mdou-gouvèr, jeu d'enfant où l'on 
se dépouille de ses habits qu'on jette pièce à pièce l’un 
après l’autre. 

Mâougrè, prép. Malgré; contre le gré de quelqu'un; 
nonobstant quelque chose. — Médougrè tus, malgré toi. 
Müougrè qué n'én vèngue, qué n'én digou, quoi qu’il en 
“advienne, qu'on en dise. Ow faï mdougrè soun pèro, ou 
mdougrè qué soun pèro y-ague déféndu, il fait cela contre 


- le gré, la volonté de son père, ou quoique son père le lui 


aît défendu. 

Mâoulo, s. f. Mauve ou grande mauve à feuilles rondes, 
Malvia sylvestris, Linn., plante de la fam. des Malvacées, 
commune partout, dont les fleurs et les feuilles servent 
également pour amollir et calmer, employées extérieure- 


“ment où intérieurement. — Ana fuma las mdoulos, aller 


prendre sa place au cimetière, où les mauves abondent sur- 


(t. 

Dér. du lat. Malva, m. sign., venu lui-même du gr. 
Moéyn, mauve, formé de Moaxle, mollesse, ou de Make, 
amollir. 

Mâoulo-blanquo, s. f. Guimauve, Althœa officinalis, 
Linn., plante de la même fam. que la précédente, qui a les 
mêmes propriétés émollientes et adoucissantes. 

Maoüna, v. Carreler; poser des carreaux de terre cuite 
appelés Maoùs. — Voy. c. m. 

On remarquera la différence de l’accent, qui a pour effet 
d’empècher la première partie de ce mot de se diphthonguer, 
qui détache par conséquent la syllabe où et force la pro- 
nonciation à scander le mot comme si un trait d'union 
séparaît ses syllabes, Ma-où-na. 

Nous avons expliqué cette orthographe aux mots Aoùs 
et Maoù. 

Mâou-parla, v. Médire; calomnier; critiquer mécham- 
ment; dire des injures. 

Mâou-parlan, anto, adj. et part. pass. du précédent. 
Médisant; insolent ; impertinent; sottisier. 

Mâou-quiè, iècho, adj. Indisposé; dérangé; mal bâti; 
tout je ne sais comment. 

Mâou-réjoun, ouncho, adj. Hors de place, détourné de 
sa place, dérangé; mal serré; mal ramassé; mal gardé. — 
Sé lou trove énticon mdou-réjoun, si je le trouve dans 
quelque coin à l'écart. 

Mâourèl, s. m., n. pr. d'homme. Maurel. — Savvaces 
donne encore Mourèl, lang., et Morel, fr., qui ne sont en 
effet que.des variantes d'orthographe, et il ajoute : « En 
vieux fr. Moreau, tanné, tirant sur le brun, en lat. Sub- 


fuscus. Le n. pr. Chan-mdourél est un de ses composés et 


Méouro est son féminin dans le n. pr. Roco-mdouro, mis 





MAO 463 


en fr. dans Roche-more. Autant valait-il le traduire en 
entier, et dire Roche-brune, ou plutôt le laisser dans’sa 
première intégrité, Roco-mauro. — Le nom de la localité 
sur les bords du Rhône est en effet aujourd'hui Roque- 
maure. 

« Les altérations dans les noms qui se font peu à peu 
deviennent de droit incontestables lorsqu'il s'est passé 
quelques générations, et que personne n’a eu aucun intérêt 
de les attaquer ou de les contredire. » 

Dér. du gr. Mavpés, obscur, sombre, qui a donné au lat. 
Maurus, m. sign:, d'où notre Morou, More et Maure, nègre. 

Mäouréla (86), v. Se rouiller, être attaqué de la rouille, 
en parlant du blé et de cette maladie. — La sève trop 
abondante des blés trop vigoureux s’extravase, couvre 
l'épiderme des tiges et des fanes et engorge les vaisseaux 
sécréteurs; le soleil achève d'épaissir cette sève, qui prend 
une teinte couleur de rouille. L'épi, ayant ses conduits obli- 
térés, ne reçoit plus de nourriture et son grain devient 
maigre et étique, tandis que la paille est grosse et trop 
nourrie. C’est ce qu'exprime ce verbe. 

Dér. du lat. Maurus, bistre, qui est la couleur de cette 
rouille. 

Mâouréléto, s. f. Morelle, crève-chien ou morelle noire, 
Solanum nigrum, Linn., plante de la fam. des Solanées, 
commune Île long des murs et sur le bord des chemins. 

Mâourèlo, s. f. Morelle, tournesol des teinturiers, Cro- 
ton tinctorium, Linn., plante de la fam. des Euphorbiacées. 
— De temps immémorial, les habitants de Gallargues, 
arrondissement de Nimes, après avoir cueilli cette plante 
chez eux ou dans les pays voisins, la broient, en exprimant 
le suc dont ils imbibent des chiffons qu'ils exposent à la 
vapeur de l'urine mêlée avec de la chaux vive, de l’alun et 
du fumier de cheval; c'est ce qu'on appelle tournesol en 
drapeaux dans le commerce. Cette plante est pourtant très- 
différente de celle qu'on nomme vulgairement tournesol ou 
Viro-Sourél. 

Mâouri ou Mâourin, s. m., n. pr. d'homme. Maurin. 
— Sauvaces le dit corrompu de Mdou-riou, mauvais ou 
dangereux ruisseau. 

Mâou-traïire, v. Faire mal; tourner à mal; se mal con- 
duire; être en peine pour quelqu'un, craindre pour lui; 
mal penser; mal augurer. — Cassaïre el jougaïre noun 
podou qué mdou-traïre, prvb., chasseur et joueur ne peu- 
vent que mal tourner, mal finir. És pas dé mdou-traïre, 
il n’est pas à plaindre, il ne faut pas être en peine de lui. 
Nous a fa méou-traïre, il nous a mis en peine, en souci. 
Aquÿ mé fa* mdot-traïre, cela me fait mal augurer. 

Mâou-trata, v. Maltraiter; malmener; faire éprouver de 
mauvais traitements; réprimander vigoureusement avec 
accompagnement de coups ou de très-dures paroles. 

Mâou-valé (Sé faïre), v. Se faire haïr, se faire méses- 
timer ou regarder de mauvais œil; se faire des ennemis. 

Mâou-valénço, s. f. Malveillance; inimitié; haïne. 

Altération du v. Voulé ou Voudre, vouloir. — Mdouvoulé, 


464 MAQ 


Mäou-vâougu, udo, adj. et part. pass. de Mdou-valé. 
Mal vu; qui n’est pas estimé; qui est regardé de mauvais 
œil. — Y souï pas méou-véougu, je n’y suis pas mal vu, 
on y a des bontés pour moi. Mdou-vdougu és miè péndu ou 
méou-vougu mia péndu, prvb., variante qui assure le 
même sort à celui qui est mal vu et à celui qui mérite 
qu'on lui en veuille; ce qui est à peu près même chose et 
aboutit à pareille fin. 

Mâouvès, èso, adj. Mauvais; méchant. 

Mot français prononcé et écrit à la languedocienne et 
qu'on pouvait se dispenser d'emprunter, puisqu'on avait 
Michan pour la même chose. Cependant, avec ses allures 
étrangères, Mdouvès a su se faire bien accueillir, et, em- 
ployé à propos, presque exclusivement au masculin, il a un 
certain cachet et ne manque pas d'énergie. 

Mäâou-vivén, énto, adj. Homme ou femme de mauvaise 
vie; mal-vivant. 

Mäou-voulé, s. m. et vw. Mauvais vouloir; inimitié; 
haine; en vouloir à quelqu'un, lui vouloir du mal; avoir 
de la rancune, de la haine contre lui. — Sous les deux 
formes, il est du reste l'équivalent de Mdou-valé et Mdou- 
valéngo, avec lesquels il est à peu près confondu.—Voy. c. m. 

Maqua, v. Meurtrir; contusionner; blesser ; cotir, meur- 
trir un fruit. — À lous ièls maquas, il a les yeux battus, 
pochés au beurre noir, comme on dit populairement. 

Dér. du lat. Maculare, tacher, maculer, noircir. 

Maquaduro, s. f. Meurtrissure; contusion livide; cotis- 
sure pour les fruits. 

Maquarèl, èlo, adj. Proxénète; maquereau, maquerelle ; 
entremetteur ou entremetteuse; qui débauche et prostitue 
des femmes et des filles. — Se prend le plus souvent subs- 
tantivement. 

On le fait dériver de l’allem. Mdkler, entremetteur, ou 
du vieux mot Maca, maque, qui signifiait vente, venant 
probablement de l'hébreu Maker, vendre. 

Maquarélaje, s. m. Métier de maquereau ou de maque- 
relle; métier d’un souteneur d’une maison de tolérance. 

Maquarèou, interj. Même acception que notre mot 
Maquarèl, et emprunt au dialecte provençal, qui prononce 
en èou nos finales qui sonnent chez nous en è/. — Ce mot 
pris, ainsi qu’il l’est en Provence, comme interjection, dis- 
simule pour nous sa vraie signification sous une prononcia- 
tion étrangère qui le défigure un peu; il est très-bon pour- 
tant d'en éviter l'usage. 

Maquari ou Macari, s. m. Employé seulement avec 
Cousignè, et encore dans une locution peu usitée: Cousignè- 
Macari où Maquari, cuisinier du diable, mauvais gâte- 
sauce, Coquus nundinalis. 

Maquéiroù, s. m. Ecchymose; petite meurtrissure noire, 
comme un pinçon. 

Dim. de Maquaduro. 

Maquigna, v. Tripoter, faire des tripotages; brouiller ; 
mêler; gâter; mettre de la confusion, en parlant d’affaires. 

Sorte de péj. de Maqua, meurtrir, gâter. 





MAR 


Maquignaje, s. m. Tripotage; mélange désagréable 
au goût, malpropre; intrigue ; tracasserie; confusion ; 
désordre. 

Maquignoun, s. m. Maquignon, qui vend et achète des 
chevaux, qui les revend et les troque. 

Dér. du gr. Méyyavoy, ruse, fard, d’où le lat. Mango, 
mangonis, Maquignon. 

Maquignouna, v. Faire le maquignon, ou comme les 
maquignons; user d'artifice pour dissimuler, déguiser, cou- 
vrir les vices d’une chose qu’on veut vendre. 

Mar, s. m. Marc, lie, résidu des fruits pressés, des subs- 
tances bouillies, d’un liquide qui dépose. — Mar dé cafè, 
marc de café; ou simplement mar, qui est suffisamment 
entendu et presque exclusif. 

Il est très-probable en ce sens que le mot vient, par 
apocope, du lat. Amarus, reproduit dans l'ancien lang. 
Amar, à cause de l'amertume du marc de café. 

Mar, s. m. Mars, troisième mois de l’année, composé de 
trente-un jours. — Mar douroùs, abriou pléjoùs, fan lou 
péisan ourguioùs, prvb., mars venteux, avril pluvieux, 
font le paysan orgueilleux. Mar martèlo, abriou coutèlo, 
prvb., mars martelle, avril coutelle. 

Mar (Pés dé), s. m. Poids de marc, qui était l’ancien 
poids usuel de nos localités, celui dont la livre avait deux 
marcs ou seize onces, ou bien aujourd’hui un demi-kilo- 
gramme. 

Mar, s. m., ou Péiroù. Maîtresse branche d’un arbre. 

Dér. du lat. Mas, maris, mâle, vigoureux. Le vieux fr. 
avait aussi Mar, qui signifiait grand, haut. 

Marano, s. f Ver, mite, insecte. — Voy. Arcisoùs. 

Marano, s. f. Espèce de phthisie ou de marasme, qui 
attaque les brebis; dépérissement du mürier dont les 
branches languissent, se dessèchent et meurent petit à 
petit. Quand ce mal est le résultat de la vieillesse, il est 
irréparable; mais le plus souvent, surtout quand il semble 
prendre un caractère épidémique, comme il provient alors 
d’une culture négligée, par des amputations à propos de 
branches et de racines, par des labours et des engrais, en 
rendant au sol appauvri les sucs nécessaires à l'arbre, 
on peut encore le rétablir, ce qui est plus avantageux que 
d'en planter de nouveaux. 

Dér. du gr. Mapalvw, dessécher, consumer peu à peu. 

Marcandéja, v. Marchander ; discuter le prix d'une 
chose; débattre le prix. Au fig. hésiter; balancer. 

Dér. du lat. Mercari, faire le marchand. 

Marcandéjaire, aïro, s. m. et f. Marchandeur; qui 
aime à marchander. Au fig. barguigneur, qui hésite, qui 
balance. 

Marcha, v. Marcher; cheminer; aller; avancer; faire son 
chemin. — Marchas qué vous démandou, dit-on à quelqu'un 
en lançant de son mieux un projectile, en jetant de toutes ses 
forces un objet quelconque, comme pour hâter sa marche 
en l’avertissant qu'on le demande; cela s'adresse aussi à 
quelqu'un qui vous importune, qui vous fatigue et dont'il 


MAR 


tarde d’être débarrassé. Marchas , trasso d’ , allez 
donc, triste sire ! 

Dér. de l’anc. allem. Marchieren, aller à cheval, che- 
vaucher, de March, marach, mark, cheval; qui, par inter- 
version, en est venu à signifier aller à pied, marcher, 
marcha. 

Marchaïre, aïro, s. m. et f. Marcheur, marcheuse: qui 
marche beaucoup, sans se lasser. — Ne se dit guère qu'avec 
une épithète pour signifier celui qui marche beaucoup ou 
qui marche peu : un michan, un bon marchaïre, un mau- 
vais, un bon marcheur. 

Marchamén, s. m. Démarche, allure, manière de mar- 
cher; le pas, le marcher de quelqu'un. 

Marchan, ando, s. m. et f. Marchand, marchande; 
celui qui vend; acheteur, chaland. — Marchan dé bla, 
marchan danna, prvb., marchand de blé, marchand 
damné. Sé vèn marchan, véndraï moun oustdou, si je 
trouve acquéreur, je vendrai ma maison. 

Dér. du lat. Mercator, m. sign. 

Marchandiso, s. f. Marchandise; toute chose qui se 
vend, en gros ou en détail. — Marchandiso préséntado, 
mita dounado, prvb., marchandise offerte vaut moitié 
prix. 

Marcho, s. f. Marche, action de marcher, chemin, 
route que fait celui qui marche ; distance à parcourir. Au 
fig, combinaison, mesure que l’on prend. — Chacun bat 
sa marcho, chacun marche, agit à sa guise, sans entente et 
sans ensemble, — Marcho d'Ancono, locution un peu 
argotique : un joueur de piquet embarrassé pour écarter, 
le fit d’une manière bizarre à étonner ses voisins : Dé qu’és 
aquélo marcho ? murmurèrent-ils ; et lui : Aqud's la 
d'Ancono, ajouta-t-il par un affreux calem- 
bourg, car il était un peu lettré. Depuis, l’expression est 
restée dans un certain rayon local pour signifier une 
manière de faire, une marche que personne ne comprend, 
pas même souvent celui qui la suit; mais on voit qu’elle 
est de pur argot, et elle ne doit pas remonter au-delà des 
premières guerres d'Italie de la fin du dernier siècle, où il 
était fort question dans les journaux de la marche d'Ancône 
occupée par les Autrichiens. 

Dér. de la bass. lat. Marca, marcha, frontière, limite, 
pays frontière : d’où est venu Marquis, en bass. lat. 
Marchio, gouverneur d’une province frontière, d’une 
marche. 

Mardiou, interj. Mort-Dieu, juron, qui peut être rendu 
aussi bien par Morbleu, qui est une autre altération léni- 
tive, avec cette différence que le lang. a formé le mot avec 
l'initial mar, substitué souvent à mal et entré en compo- 
sition de beaucoup de mots en mauvaise part, tandis que 
le fr. n’adoucit que la dernière syllabe en la convertissant 
avec un sens qui n’a pas de signification. 

Mardioune, interj. Variante du précédent, équivalent 
de Mordienne. 

Maréchal, s. m. Maréchal-ferrant, artisan qui ferre les 





MAR 465 


chevaux, les mules et mulets et les bœufs. — Voy. Mané- 
chal, qui est peut-être plus pur. 

Dér. de la bass. lat. Manescallus, m. sign. 

Maréchalo, s. f. Maréchale, place publique à Alais, en 
plate-forme, au devant de la citadelle, servant de prome- 
nade d'été. — Dans les notes des Castagnados, il a été 
inséré, sur cette place dont notre ville s'est toujours mon- 
trée assez fière, un article que nous recueillons avec plai- 
sir, en rappelant cependant que le trait final a été écrit 
en 4843 et qu'aujourd'hui la place est entièrement nette : 
le miracle attendu n'est pas encore accompli, et c'est ce qui 
manque seulement à notre belle promenade. 

«On varie sur l'origine de ce nom de Maréchale. Le 
doit-elle au maréchal de Vauban, qui changea le château 
comtal en citadelle royale ? Il aurait bieu pa donner son 
nom à une place qui n’en est que l’appendice et qui a pu 
figurer sur les plans de ce grand homme. Est-il dù, au 
contraire, au maréchal de Montrevel qui commandait à 
Alais à l'époque de la construction de la Maréchale, c’est à 
dire en 4702 et 4703 ? Cette dernière version parait plus 
fondée et plus conforme à la tradition. 

« Cette promenade, qui domine la ville et sa verdoyante 
banlieue, et qui rappelle, en miniature, le Peyrou de Mont- 
pellier, a subi bien des vicissitudes depuis sa naissance. 
Sous le règne des Montagnards de la Convention, on y 
éleva une montagne. Ce furent les dames principalement 
qui en firent les frais et y travaillèrent de leurs propres 
mains : le petit nombre par enthousiasme, le plus grand, 
crainte de pis. Depuis lors on y a fait des prolongements, 
des accessoires plus ou moins gracieux. Dernièrement on a 
voulu un trait de plus de ressemblance avec le Peyrou : 
un château-d’eau. On a déjà un bassin et le cippe d’un jet 
d’eau; quant à l'essentiel... Dieu seul est grand! » 

Maréla, v. Terme de fileur de soie, vitrer : c’est distri- 
buer le brin de soie sur l'écheveau de la roue du tour, de 
façon qu'il y fasse des losanges. 

Dér. du gr. Metgw, distribuer, partager. 

Marélaje, s. m. Vitrage d'un écheveau de soie, ou les 
losanges que le brin de soie y forme en se croisant sur lui- 
mème au moyen du va-et-vient. Lorsque ces losanges sont 
trop grands ou trop larges, le brin revient souvent au même 
endroit avant que celui sur lequel il s'attache ait eu le 
temps de sécher; c’est alors un vitrage vicieux qui a un 
double inconvénient : les brins, se collant l’un sur l’autre, 
rompent fréquemment au dévidage pour les décoller, et la 
dévideuse perd beaucoup de temps pour retrouver le 
bout de soie rompu qu’il faut nouer avec celui qu'elle 
tient. 

Marèlo, s. f. Mérelle et quelquefois Marelle, jeux d’en- 
fants; car il y en a deux de ce nom. Pour le premier, on 
trace sur un plan quelconque un petit carré traversé par 
quatre-autres lignes qui partent des coins et du milieu des 
lignes déjà tracées pour se croiser au centre; il s’agit, en 
posant chacun à son tour une marque, une petile pierre 


466 MAR 


sur l'endroit où se trouvent deux raies, de faire arriver 
trois marques sur la même ligne. Le malin, qui connaît 
les finesses de ce jeu, est sûr de gagner lorsqu'il pose le 
premier, ce qui s'appelle bouta fid. La seconde marelle con- 
siste à pousser à cloche-pied, entre des lignes circonscrites 
et dans un certain sens, un palet qui ne doit s'arrêter sur 
aucune raie et ne doit sortir du polygone que par le côté 
voulu, sous peine, pour le délinquant, d'avoir perdu. 

Maréso, s.f. Citrouille, plante dont les feuilles sont 
découpées et tachetées de blanc. — Voy. Boutéio, dont elle 
est une des nombreuses variétés. 

Son nom lui viendrait-il de ce qu'elle se sème au mois 
de mars, mar? C'est probable. 

Marti, v. Flétrir; faner; ternir, froisser; chiffonner. 

Marfi, ido, part. pass., qui fait aussi au masCc. Warfe, 
flétri; fané; chiffonné; bouchonné; froissé. 

Dér. du lat. Marcere, m. sign. 

Marfoundre (Sé), v. Se morfondre; se refroidir subite- 
ment lorsqu'on était en sueur; gagner une maladie par cela 
ou par un excès de fatigue. Au fig., s'ennuyer à attendre; 
perdre son temps à attendre; perdre sa chaleur. 

Marfoundu, udo, part. pass. de Marfoundre. Morfondu ; 
refroidi trop vite après avoir eu chaud. Au fig., dégoûté, 
fatigué d'attendre, de poursuivre un but sans succès. 

Margal, s. m. Herbe des prés, graminée, que les Anglaïs 
appellent Ray-grass, la meilleure et la principale, dont on 
recueille la graine pour ensemencer un pré, connue en 
botanique sous le nom de Lolium perenne, Linn. Une de 
ses variétés, du même nom, croît aussi, comme une sorte 
d'ivraie, sur le bord des chemins et dans les champs après 
qu'on a coupé le blé. 

Margaridéto, s. f. Paquerette, petite marguerite, Bellis 
perennis, Linn., plante de la fam. des Composées Corym- 
bifères, commune dans les prairies. On la nomme en fr. 
Paquerette parce qu'elle fleurit au temps de Pâques. 

Margaridéto, n. pr. de femme, dim. de Margarido. 

Margaridiè, s.m. Camomille romaine, Anthemis nobilis, 
Linn., plante de la fam. des Composées Corymbifères. Ses 
feuilles et ses fleurs, à odeur assez agréable, sont prises en 
infusion comme fébrifuges et stomachiques; en applications 
externes, elles sont très-résolutives. 

Margarido, s. f., n. pr. de femme. Marguerite. 

Margarido, s. f. Marguerite; grande paquerette, grande 
marguerite ; Chrysanthemum leucanthemum, Linn., plante 
de la fam. des Composées Corymbifères, qui croît dans les 
champs et les prairies. — A la franquo margarido, à la 
franche marguerite; franchement; simplement; bonne- 
ment. L'amoureux superstitieux, comme ils le sont tous, 
consulte la marguerite en l'effeuillant pour savoir s’il est 
aimé à son tour; si la dernière feuille arrachée lui dit : un 
peu ou pas du tout, il se désespère; mais qu'elle Jui 
réponde : passionnément, il s’enivre de joie et croit au 
bonheur: car la marguerite est trop franche pour le trom- 
per. De là l'origine de la locution que nous citons. 





MAR 


Margasso, s. f. Pie-grièche, oiseau. — Voy. Tarnagas. 

Formé de Mar et Agasso : Mar pris pour Mal ou 
Mdou, inversion ou altération assez fréquente, et Agasso, 
pie; mauvaise pie. 

Margô, s.f., n. pr. de femme, dim. de Margoutoun, 
qui l’est déjà de Margarido. Margot, Marguerite. 

Margô, s. f. Margot, nom donné à la pie surtout quand 
elle est privée; il se donne aussi à une femme bavarde, à 
une péronnelle. 

Margouia, v. Patauger, patrouiller dans l'eau bour- 
beuse; tremper, remuer dans l'eau. Au fig., être dans le 
margouillis, dans une mauvaise et sale affaire. 

Ne serait-il pas formé du radical Mar, presque toujours 
péjoratif au commencement d'un mot, pour Mal, mdou, 
et de Grouïa ou Grouga, grouiller ? 

Margoul, s. m. Margouillis; gâchis; désordre; fouillis 
de choses sales et dégoûtantes. Au fig., embarras d’une 
mauvaise affaire. 

Margoulin, s.m. Pauvre et mauvais ouvrier; petit mar- 
chand qui ne peut faire que des affaires étriquées; en ce 
sens, vrai regrattier du commerce. 

Margoutoun, s. f., n. pr. de femme. Variante et enlaï- 
dissement de Margarido, Marguerite, qu'on peut pr en 
fr. par Margoton. 

Mari, s. m. Mari; époux; conjoint par mariage. 210$ 
l’emploie surtout quand on parle des maris en général, 
afin de ne pas confondre, dans certains cas, les deux signi- 
fications d’home, qui veut dire homme et mari. — Toutes 
lous maris qué soun counténs dansarièou sus lou quiou 
d'un véêtre, prvb., tous les maris qui sont contents danse- 
raient sur le cul d’un verre. 

Dér. du lat. Maritus, m. sign. 

Mari, marido, adj. Mauvais; chétif; de peu de valeur; 
méchant par le caractère ou par le cœur. — Un mari 
capèl, un mauvais Chapeau. Uno marido bèstio, une mé- 
chante bête. Uno bôno fénno, uno bono cabro, uno bono 
miolo, soun trés maridos bèstios, prvb., une bonne femme, 
une bonne chèvre, une bonne mule, sont trois méchantes 
bêtes. Un mari mdou, un mauvais mal, dangereux, à 
craindre. Un mari récontre, ‘une mauvaise fortune, ‘un 
facheux malentendu, un malheur, une mésaventure. 

Dér. de la bass. lat. Marrire, mal agir, affliger. 

Mariaje, s. m. Dim. Mariajoù. Mariage, union légitime 
de l’homme et de la femme; dot; contrat, acte dressé par 
le notaire ou l'officier de l’état civil; solennité des noces; 
cérémonie; cortége, réunion de la noce; espèce de jeu 
de cartes. — Y-an fa un bon mariaje, on lui a fait une 
bonne dot. Avès pourta voste mariaje? dit l’homme d’af- 
faires consulté par un client, avez-vous apporté votre con- 
trat de mariage? Anan véire passa lou mariaje, nous 
allons voir passer la noce, les époux, les parents, les invités. 

Dér. de la bass. lat. Mariagium, m. sign. 

Mariano, s. f., n. pr. de femme. Marianne. 

Marias, asso, adj. Péjor. de Mari, ido. 


MAR 


napan; mauvais sujet; homme sans honneur et sans pro- 
bité, de conduite répréhensible. 

Le mot n’est pas tout à fait de notre dialecte; mais à 
cause du voisinage de la Provence, il s'est très-bien impa- 
tronisé. 

Marible, s.m”., ou Maruble, ou Bouènrubi. Marrube, 
marrube ordinaire, noir, puant, ou ballote fétide, Ballota 
nigra, Linn., plante de la fam. des Labiées, commune le 
long des chemins. 

Marida, v. Marier, unir légitimement par le mariage un 
homme et-une femme. Au fig., joindre, unir, rapprocher, 
allier, accoupler. — Sé marida, se marier, contracter 
mariage. Aï marida moun garçoù, j'ai marié mon fils. Ma 
sur s'és maridado, ma sœur s'est mariée. Fios qué soun à 
marida, michan troupèl à garda, filles bonnes à marier 
sont. un troupeau difficile à garder. Fio qu'agrado és mia 
maridado, fille qui plait est à moitié mariée. Qué sé marido 
pér amours a bonos gnuès et michans jours, qui se marie 
par amour a bonnes nuits et mauvais jours. Qué sé marido 
sébrido, qui se marie se bride. Qué sé marido pér amours 
sé péntis lèou pér doulours, qui se marie par amour se 
repent bientôt par douleurs. Qué sé marido dé coucho sé 
répéntis dé lésé, qui se marie en hâte à loisir se repent. 
Maridas n'an qu'un mês dé bon tén, les mariés n'ont qu'un 
mois de bon temps. 

Dér. du lat. Maritare, m. sign. 

Marida, s. m. et part. pass. Marié, épousé; nouveau 
marié; allié intimément. 

Maridado, s. f. et part. pass. Nouvelle mariée ; l'épou- 
sée; la mariée. 

Maridadoù, maridadouno, adj. m. et f. Nubile; en âge 
d'être marié; bon à marier. 

Maridaire, s. m. Marieur; faiseur de mariages; officier 
de l'état civil préposé aux mariages. 

Mariéto, s. f. Femme ou fille faisant partie de la con- 
grégation de la vierge Marie, fort nombreuses à Alais, où on 
les appelle communément en fr. Mariettes. 

Marin, s. m. Marin, homme de mer; officier, soldat ou 
matelot, appartenant à la marine. 

Marin, s. m. Augm. Marinas. Vent de mer, vent du 
midi relativement à Alais, où il donne ordinairement la 
pluie. — Marin blan, vent du sud-est, ‘sec et chaud, plus 
redouté encore pour les vers-à-soie que le vent du sud. 

Marino, s. f. Marine; ce qui concerne la navigation sur 
mer. 

Mario, s. f., n. pr. de femme. Marie, nom de la sainte 
Vierge, que portent beaucoup de personnes, femmes et 
hommes 


Marioun, s. m., n.pr. Dim. Mariouné, Mariounéto. 
Marion, Marionnette, nom dim. donné à presque toutes les 
femmes qui s'appellent Mario. 

Marmaïo, s.f. Marmaille ; les petits enfants en général et 
particulièrement ceux quisont incommodes et impatientants. 

Dér. du gr. Mupumué, fourmilière, de Mépuné, fourmi: 





MAR 467 


Marmando, s./f., n. pr. de lieu. Marmande, ville. — 
I est inutile de donner de plus amples renseignements sur 
une localité dont notre lexique, qui ne fait pas précisé- 
ment de la géographie, ne retient le nom que parce qu'il 
revient souvent dans le discours, et ne s'emploie d'ailleurs 
que dans cette locution : Aïgd’s pas Marmando. 

Le sens exact de ce dicton, si ce n'est sa traduction litté- 
rale, est celui du français : ce n’est pas le diable; ce n’est 
pas le Pérou. Du diable, nous n'en avons que faire. Mais 
un chef-lieu d'arrondissement du Lot et Garonne assimilé 
à l'empire des Incas! Cela sent un peu le terroir dont 
le fleuve inspirateur, qui arrose ce pays sans doute fertile, 
ne roule pas cependant l'or dont les imaginations avaient 
pavé et bourré le Pérou. Quoi qu'il en soit et sans pro- 
noncer sur leurs mérites comparalifs, toujours est-il que c'est 
la même pensée qui a fait choisir les deux pays pour types 
d’une excellence, d’une supériorité à laquelle rien ne peut 
atteindre. Le choix qu'on avait fait du Pérou s'explique 
assez par les succès récents de la Californie et ceux en voie 
d'aboutir de la Nouvelle-Calédonie; mais celui de Marmande 
donne plus à chercher. Si le dicton avait pris naissance 
dans l’Agenois, il serait dù aux regrets d'un indigène 
dépaysé et pris de nostalgie, dulces reminiscitus Argos, où 
mieux aux vanteries d’un autre, ce qui serait plus con- 
forme à l'humeur gasconne. Mais comme il semble particu- 
lier à notre localité, — je ne me rappelle pas l'avoir 
entendu employer ailleurs, — voici ce qui est pro- 
bable. 

On n'a pas toujours eu des chemins de fer, pas plus que 
des diligences. Il fut un temps où, faute même d'un coche, 
Racine partit à bidet de Paris pour Uzès, tout comme 
d’Artagnan s'était acheminé du Béarn à Meung sur son 
poney orange. Dans ces temps antédiluviens, où voyager 
était si grosse et si rare affaire, un Alaisien fut obligé 
d'aller à Marmande. Personne d'ici n’y était jamais allé, 
cela va sans dire. Il fallut sans doute un motif bien grave 
pour le décider à s’aventurer si loin. 11 partit cependant ; 
on ignore par quelle voie. Mais, dira-t-on, on ne va pas à 
Marmande. — On y va bien, puisqu'on en revient, comme 
d’Astrakan. Notre homme revint donc, et Dieu sait les 
merveilles que le nouveau Pizarre cévenol raconta de cet 
autre Pérou qu'il avait découvert. C'est depuis lors que 
pour nous, rien n'a valu Marmande. 

Marmito, s. f. Marmite; ustensile de cuisine, en métal 
ou en terre, dans lequel on fait bouillir la viande, ou sim- 
plement de l’eau. — Sé vira ddou cousta dé la marmito, 
se tourner du côté de la marmite, c.-à-d. de ceux qui font 
manger, comme faisait Sancho aux noces de Gamache; et, 
par extension, se tourner du bon côté, de celui où il y a 
quelque chose à gagner. 

Dér. du lat. Marmor, marbre, a-t-on prétendu, parce 
que les premières marmites étaient faites de marbre. 

Marmitoù, s. #. Marmiton, bas valet de cuisine. 

Marmoto, s.f. Marmotte, Mus alpinus, Linn., mammi- 


468 MAR 


fère unguiculé de la fam. des Rongeurs. — On ne connaît 
ici, bien entendu , que la marmotte apportée par les 
Savoyards de leur pays; ils en ont appris, dit-on, à 
monter dans les cheminées en Ja voyant grimper, par une 
manœuvre qu'ils ont imitée, entre deux parois de rocher. 

Marmoto est aussi comme le fr. Marmotte, le coffret 
plein d'échantillons que porte le commis-voyageur courant 
la pratique, nom qui lui a été donné sans doute par 
un rapprochement avec la boîte où le petit Savoyard tient 
sa marmotte en vie. 

En ital. Marmotta. 

Marmousé, s. m. Marmouset, petite figure d'homme ou 
de femme ; figurine, statuette ; petit homme mal fait; petit 
garçon. 

Dér. du gr. Mopu, masque. 

Marmoutoù, s. m. Bélier, mouton entier, Aries. 

Ce mot, dans la composition duquel entre évidemment 
le lat. Mas, maris, signifie mouton mâle, le mouton sans 
épithète ayant perdu cette qualité. Marmoutoù n’est point 
tout à fait de notre dialecte, qui dit Aré pour le même 
animal. — Voy. c. m. 

Marouquin, s. m. Marocain, espèce de raisin noir, à 
grains très-fermes, gros et peu serrés, cultivée dans le 
Languedoc, et qui sans doute a été importée d'Afrique, du 
Maroc; maroquin, peau apprêtée de chèvre ou de bouc, 
employée à la chaussure et à la reliure des livres. 

Marqua, v. Marquer, faire une marque, imprimer un 
signe; tracer des lignes apparentes; indiquer, désigner, 
noter par une marque quelconque; annoncer, pronostiquer, 
promettre; écrire; donner à connaître; imprimer une tache, 
une empreinte, la flétrissure en parlant d’un condamné à 
la marque par le bourreau; indiquer ses points, ou les 
parties gagnées au jeu. — À marqua sa plaço, il a marqué 
sa place. Ta ploumo marquo pas, ta plume ne marque pas, 
ne laisse aucune trace sur le papier, faute d'encre. Lou co 
marquavo, le coup était apparent. Aquélo nivou marquo 
dé vén, ce nuage annonce du vent, est un signe, un 
pronostic de vent. Marquas la pajo, faites un signe, un 
onglet à la page de ce livre. Marqua soun linje, mettre 
son chiffre, ses initiales à son linge. L'an marqua à 
l'éspanlo, le bourreau l’a marqué à l'épaule. Marquo tous 
pouns, marque tes points. Marquo pas pus, en parlant du 
cheval, il ne marque plus, on ne reconnaît plus son âge à 
la dent : par extension et iron. se dit de quelqu'un qui 
baisse, qui vieillit. 

Dér. de Marquo. 

Marquaïre, s. m. Marqueur; qui marque les points 
dans une partie de jeu. — Jéou séraï lou marquaïre, je 
serai le marqueur, je marquerai les points. 

Marquan, auto, adj. Remarquable; considérable; qui 
marque, qui produit des points. — Aqud’'s un home mar- 
quan, c’est un homme marquant, un personnage. La carto 
marquanto, l'atout, la carte qui fait le point; une 
figure. 





MAR 


Marquis, marquiso, s. m. et.f. Marquis, marquise, 
titre d'honneur et de distinction. 

Dér. de la bass. lat. Marchiones, officiers préposés à la 
garde des frontières, Marcho, marches, de l’allem. Mark, 
bord, frontière. 

Marquo, s. f. Marque; signe quelconque pour désigner, 
pour distinguer un objet; empreinte, indice; figure; im- 
pression; trace apparente, sensible; signe; chiffre, carac- 
tère, sur un ouvrage, une marchandise; jeton, fiche pour 
marquer où compter; instrument dont on se sert à cet 
effet; témoignage, preuve; présage; peine infamante de la 
flétrissure. — Marquo dé cè, idiotisme, de prononciation 
surtout, preuve de cela. 

Dér. de l’allem. Mark, marque, signe. 

Marquo, s. f. Craie, pierre blanche, calcaire et tendre, 
plâtre blanc, dont on se sert pour tracer des lignes, pour 
marquer. — Uno Sénto-Vièrjo én marquo, une statue de 
la Vierge en plâtre : métonymie. 

Marquo-mäâou, s. des deux genres. Qui marque mal; 
qui dénote mal; qui montre des intentions, des penchants 
mauvais. 

Mar-sâouse, s. m. Marseau, saule-marseau, Salix capra, 
Linn., arbre de la fam. des Amentacées, qui croît bien 
dans les terrains secs et craïeux; son bois est plus dur 
et plus plein que celui du saule aquatique; on s'en sert 
avec avantage pour faire des perches et des échalas. Le 
marseau donne aussi d'assez bon bois à brüler. 

Formé de Mar, du lat. Mas, maris, mâle, et Sdouse, 
saule. 

Marséiés, és0, s. m. et f. et adj. Marseillais, aise; 
habitant de Marseille; qui est, qui provient de Mar- 
seille. 

La Marséiéso, la Marseillaise, la fameuse chanson de la 
Révolution. 

Marséiïo, s. f., n. pr. de ville. Marseille, chef-lieu du 
département des Bouches du Rhône. 

Les opinions sont fort divisées sur l’étymologie du nom. 
Les analogies ne manquent point et s'appliquent à des 
localités d’une bien mince importance et de moindre 
ancienneté : ce qui ne diminue en rien l'embarras. Le 
prendre dans le lat. Massilia, qui traduisait le gr. MacoaAle, 
ne fait que déplacer la question. Où le grec et le latin 
l'avaient-ils pris eux-mêmes? Adrien de Valois indique 
comme radicaux Méooew, mollire, amollir, ow bien 
Maœdaxlx, mollities, calme de la mer, peu différent de 
Masoakla. Expilly et d'autres tirent des inductions du nom 
des Salyes ou Salyens, peuples qui occupaient ces rivages 
gaulois au moment où les Phocéens y abordèrent et vinrent 
bâtir la ville. Cette dernière interprétation pourrait faire 
intervenir l'élément celtique dans l'appellation, Mas, 
mansio, lieu, demeure, pour la première syllabe, Salyes, 
évidemment régional et pris sur les lieux et dans la langue 
du pays, ou dans le Ligurien. 

Marséja, v. impers. Faire un temps de mars, pour 











MAR 


exprimer les intempéries, les giboulées habituelles dans ce 
mois. — Marséjo, il fait un temps de mars. 

Marséjado, s. f. Intempérie, giboulée de mars. 

Marsén, marsénquo, adj. Du mois de mars; qui appar- 
tient au mois de mars; qui nait, pousse, est cueilli en 
mars. — Lous marséns, les mars, menus grains, orge, 
avoine, millet, ete., que l'on sème au mois de mars. 

Marsioure, s. m. Hellébore vert, rose de Noël, Helle- 

-borus viridis, Linn., plante rustique de la fam. des Renon- 
_culacées, qui fleurit pendant la gelée, et dont on emploie 
la racine, sous le nom d'hellébore noir, à faire des setons 
pour les maladies contagieuses des chevaux. 

Dér. de Mar pour Mal, mdou, mauvais, et Sioure, 
liège. 

.… Martèl, s. m. Dim. Martélé; péj. Martélas. Marteau, 
outil de fer, à manche et à une ou deux têtes, pour 
frapper; heurtoir d'une porte. 

Dér. du lat. Martellus, m. sign. 

Martéla, v. Marteler; battre, travailler avec le marteau; 
frapper à coups de marteau. 

Martélado, s. f. Coup de marteau. Au fig., inquiétude, 
souci imaginaire; folie, lubie : dans le mème sens, à peu 
près, le fr. emploie encore le v. m. Martèl, se mettre 
martel en tête. 

Martélaje, s. f. Martelage, marque que l’on fait sur les 
arbres que l’on doit abattre, ou sur ceux exposés à un 
cours d'eau torrentiel, pour que le propriétaire puisse les 
réclamer s'ils sont emportés ; coups de marteau répétés, 
leur bruit, leur roulement. 

Marti, s. "”., n. pr. d'homme. Dim. Martiné. Au fém. 
Martino. Martin. — Comme patron très-vénéré par sa 
sainteté, comme date du jour de sa fête, le 41 novembre, 
comme locution proverbiale, le nom de Marti, Martin, est 
entré dans beaucoup de locutions, d'appellations et de 
phrases faites, en lang. et en fr. — À Sén-Marti, tapo toun 
vi, prwb., à la Saint-Martin, bouche tes tonneaux. Manquo 
pas d'ases à la fièiro qué s'apèlou Marti, à la foire il y a 
bien des ânes qui s'appellent Martin, pour dire qu’en une 
foule de choses il ne faut pas se fier à la première appa- 
rence, non plus que se contenter d’un nom, même hono- 
rable, pour se confier et croire au premier venu sur cette 

_ seule étiquette. 

Dér. du lat. Martinus où Martius. 

Martignargue, s. m., n. pr. de lieu. Martignargues, 
dans le canton de Vézénobres (Gard). 

Nous ne relevons le nom de ce petit hameau inconnu 
-que parce qu'il représente dans sa forme un des spécimens 

- les plus authentiques des diverses altérations par lesquelles 
sont passés les noms propres revètus aujourd'hui de la 
fameuse désinence en argues,et parce qu'il sera plus facile 
ici de vérifier ce que nous avons dit à ce sujet par les 
. rapprochements et les analogies qui s’y rattachent. Il n’est 
. besoin pour cela que de suivre la série des dénominations 
successives, et. de placer en regard ou à la suite les simi- 





MAR 469 


laires, qui tous, comme celui-ci, ont eu pour parrain ou 
pour patron le nom du grand et saint apôtre des Gaules, 
évèque de Tours, mort à la fin du rv° siècle. L'identité de 
valeur significative des suflixes servant à adjectiver un 
substantif nom propre, pour en faire un nom de localité, 
de domaine ou de propriété, en sera mieux démontrée, 
depuis leur formule ancienne tirée du celtique, et ses chan- 
gements dans la moyenne latinité et le roman, jusqu’à leurs 
variantes ethniques adoptées par la langue d'Oc et la 
langue d'Oil. : 

Le nom de ce village est mentionné, en l'an 850, Mar- 
tiniacum colonica; Ecelesia de Martinhanicis, en 4344; 
le lieu de Saint-Martin de Martingnanges, en 4346; Mar- 
tinhanice, en 4384, dans le dénombrement ; Martinhargues, 
en 4547; Saint-Martin de Martinhargues, en A620; et 
enfin fixé en Martignargue, et Martignargues. 

Comme analogues, on trouve Martignac (Ariège, Lot); 
Martignas (Gironde); Martillac (Gironde); en latin, Mar- 
tinacum, notre plus ancienne forme; Martignan (Gard, 
Haute-Garonne); Martissan (Tarn et Garonne); Martinens 
(Gers), en lat. Martinanum, amenant dans la bass. lat. 
Martinhanicæ, el dans le roman Martinanges et Marti- 
néncho, Martinenche, que nous allons voir, produisant 
aussi Wartigné (Mayenne); Martigni, Martigny ou Mar- 
tinhac, dans le Valais; Martinengo, dans la Lombardo- 
Vénétie; Martinho, en Portugal. 

Tous se retrouvent dans Martignargue sous ses différents 
aspects, et avec les terminaisons que, au Midi et au Nord, 
ont modifiées les influences du climat, de la contrée et 
leur prononciation propre; mais tous adjectivant le mème 
nom propre et le convertissant en un nom de propriété, 
avec la signification de domaine de Martin ou lieu sous 
l'invocation de Martin et dont il est considéré comme 
maitre. 

Nous n'avons donc pas à redire que ces exemples con- 
firment de plus en plus cette opinion que la désinence 
argue, particulière à notre Midi, est purement adjective, 
équivalente aux suflixes ac, at, é, igny, et autres, et n'a 
point à revendiquer une racine dans le latin Ager. — 
Voy. Argues, An, En, elc., elc. 

Martiné, s. m. Martinet, gros marteau, müû par la force 
de l'eau et plus souvent aujourd'hui par une machine à 
vapeur; se dit en mème temps de la forge et de la fonderie 
elle-même. Aussi est-il devenu un nom de lieu pour plu- 
sieurs endroits où il existait des usines de ce genre. 

Il est encore le dim. du n. pr. Marti, Martin. 

Martinéncho, s. f., n. pr. de lieu et d'homme. Marti- 
nenche, hameau dans la commune de Sénéchas, arrondis- 
sement d’Alais. 

La forme féminine de ce nom le fait remonter au masc. 
Martinén, avec le suffixe chuintant éncho provenant de 
én, èn, ènc, énquo, variantes déjà étudiées, et établissant 
son analogie avec Martignargue ci-dessus et les autres. Sa 
signification est en tout semblable, le suffixe adjectif ne 


470 MAR 


changeant point le sens du radical. — Voy. Én, Ën, suff., 
et Martignargue. 

Martre, s. f., ou Martro. Marte, marte commune, 
Mustela martes, Linn., mammifère unguiculé de la fam. 
des Digitigrades ou Carnivores : pelage entièrement brun 
avec une tache jaune-clair sous la gorge; queue longue et 
bien fournie. — Cet animal, de la taille à peu près d’un 
chat ordinaire mais plus bas sur ses jambes, est rare dans 
le Midi, et l'on n’en trouve quelques-uns que dans les 
montagnes de l'Ardèche, de la Lozère et des Cévennes. La 
fouine au contraire est commune chez nous; elle ne diffère 
de la marte, d'une manière un peu distincte, que parce 
qu'elle a le. dessous de la gorge blanc; leurs mœurs sont 
d’ailleurs entièrement semblables : aussi ont-elles été con- 
fondues toutes deux, et, pour le languedocien, la fouine 
est aussi {a Martro. Du reste, les anciens naturalistes en 
avaient fait autant, et pour eux la fouine était la marte 
domestique, non qu'il fût bien facile et plus habituel alors 
qu'il ne l’est aujourd'hui de la réduire en domesticité, mais 
sans doute parce qu'on la voyait rôder plus volontiers que 
la marte autour des habitations. Lorsque les savants con- 
fondent ainsi, pourquoi le languedocien, qui n’est pas 
savant, eùt-il fait mieux ? La science a marché et classé 
distinctement la marte et la fouine; le languedocien per- 
siste à n’en pas faire la différence et à ne leur donner qu'un 
seul nom, celui de Martre ou Martro. 

Martro, s. f., n. pr. de femme. Marthe. — Ddou tén 
qué Martro fialavo, disons-nous pour exprimer ce que dit 
le français : du temps que Berthe filait; il n’y a que la 
filandière de changée. Mais tout le monde connaissait peu 
ou prou la reine Berthe, et l'on n'en peut dire autant 
de la Marthe qui l'a détrônée chez nous: à moins que ce 
ne soit la sœur de Lazare, et rigoureusement cela peut 
être. Comme il s’agit, dans les deux dictons, de remonter 
dans des temps très-reculés, où les choses se passaient 
autrement que du nôtre, où par exemple les rois épousaient 
des bergères, il est possible que le languedocien ait voulu 
renchérir sur son voisin; et, ne se contentant pas du moyen- 
âge, il est allé jusqu’à la Tarasque. Cependant il n’est pas 
à croire que cette course au clocher rétrograde ait eu lieu; 
et voici comment je soupçonne que, simplement et sans 
songer à la chronologie, à Berthe on a substitué Marthe. 
Le premier de ces noms n’était pas usité ni connu dans 
nos contrées; le second au contraire l'était beaucoup, et 
l'on disait Marto mieux peut-être que Martro, qui est 
cependant resté. En entendant prononcer le nom étranger, 
le languedocien crut que c'était le sien qu'on estropiait; 
l'assonance aida à son erreur; il corrigea ce qu’il avait mal 
dit, et la correction nous a été transmise. C'est là tout le 
secret. 

Cette marche me paraît évidente et la conservation de la 





quenouille est, à mon avis, la confirmation du fait. La 
reine Berthe filait, cela n’est pas douteux : l'histoire'et la | 
tradition avaient appris à tous ce modeste emploi du temps | 


MAS 


de la mère de Charlemagne; et il était assez excentrique 
en si haut lieu pour être rappelé comme contraste à ce qui 
s'est passé plus tard, car aujourd’hui et il y a longtemps 
les reines ne filent plus. Mais qu'importe que Marthe 
s’occupät à filer, à coudre ou à tricoter, ce qui devait être 
une partie des soins du ménage dont elle était chargée ? 
Dans sa position plus humble, cela n’avait rien que de fort 
naturel, de fort ordinaire, et elle filerait encore si le mi- 
racle qui ressuscita son frère se renouvelait en sa faveur; 
il n’y avait donc pas à le remarquer, à le relever, à en 
faire une opposition à nos usages. Il faut, en effet, bien 
reconnaître et constater que le proverbe n’a pas voulu 
seulement citer une époque reculée. Pour cela il n'avait 
pas besoin de s'arrêter en si bon chemin, et il pouvait 
remonter au déluge où, par parenthèse, s'il y tenait, il 
pouvait, sans trop de crainte de se tromper, faire filer et 
même tisser la femme et les brus de Noé qui ne devaient 
pas s’y épargner pour vêtir la famille, attendu qu'on man- 
quait un peu de magasins de confection. Mais il à voulu 
surtout parler d’un temps où les usages, les habitudes, les 
mœurs, les choses, meilleurs ou plus mauvais, étaient tout 
différents des nôtres, où l’on voyait ce qu'on ne voit plus. 
Le français a rendu cette pensée; le languedocien nella 
rend pas. Il me parait donc certain que ce dernier n’a 
point fait son proverbe qu'il aurait fait différemment, et 
qu'il l’a pris du français, en l'altérant, sans s’en douter, en 
effaçant même le sens qu'il doit avoir. 

Martroü, s. f., n. pr. de femme. Dim. de Martro. 
Marthe. 

Mas, s. f. Madame ou Mademoiselle. — ‘On dônnait 
autrefois le nom de Madame à la bourgeoïse mariée. Mas, 
abréviation de Madoumésèlo, s'appliquait de même, et 
descendait jusqu'aux femmes d'une condition bien infé- 
rieure encore. Ce mot n'allait jamais seul; on y joïgnait 
toujours le nom de la personne précédé lui-même de l’artiéle 
dé, qui n'était pas tout à fait la particule; ainsi l'on disait : 
Aï vis mas dé Sâouri; Coumo anas, mas dé Pièchégu?'etc. 
Aujourd'hui Madamo est venu égaliser toutes les femmes : 
aussi Mas ne reste que comme souvenir d’usages passés de 
mode, ou tout au plus pour servir quelquefois d'appella- 
tion plaisante. : 

Mas, s. m. Maison de campagne; ferme, métairie, habi- 
tation des champs; campagne, depuis la modeste demeure 
du paysan jusqu'au château exclusivement. Mas 
exprime en général l’ensemble de la propriété rurale, 
habitation, bâtiments d'exploitation et terres dépendantes ; 
mais quelquefois il peut s'entendre seulement de la maison. 

Dér. du lat. Mansus, m. sign. 

Masado, s./f. Tour du Mas, de la ferme, le vol du 
chapon, les champs les plus rapprochés et par conséquent 
les mieux cultivés. 

Masado est aussi l’agglomération de quelques Mas, et 
alors à peu près l’équivalent de petit hameau. De là le- 
nom du village de Maza, Mazac, aux environs d'Alais. 


de 


DEP ae 


. laide, défigurer; ce qui a lieu quand on la barbouille de 


-churée, charbonnée, barbouillée avec du noir. 


MAS 


Masäouri, s. m., n. pr. d'homme. Mazauric. — La 
traduction n'est pas heureuse, et le français y a rarement 
bonne main pour nos noms propres. Le e final qu'il a 
introduit dans celui-ci a l'inconvénient de le défigurer 
complètement. 

Le mot est une contraction de Mas dou riou, du lat. 
Mansus ad rivum, métairie près du ruisseau. 

Mascara, v. Mächurer; noircir; charbonner; barbouiller 
de noir. — Lou péirdou véou mascara la sartan, le 
chaudron veut noircir la poële, ou la pelle se moque du 
fourgon. 

Le languedocien Caro, mine, figure, de la bass. lat. 
Cara, m. sign:, précédé de Mas, altération de Mal, malo, 
mauvais, a formé Mascara, rendre la figure mauvaise, 


noir. De mème se sont formés par contraction Masquo et 
Masquéto, vilaine et fausse figure, faux visage par exten- 
sion, parce qu'aussi dans le principe pour se masquer, il 
suffisait peut-être de se noircir, sé mascara, le visage. 
Mascaraduro, s. f. Noircissure; état d’une chose mà- 


Mascaroü, s. m. Chaudronnier, mineur de houille, for- 
geron, ouvrier ou artisan que son travail ou son métier 
expose à avoir souvent la figure noircie; jeune ramoneur 
de cheminées. 

Mascle, s.f. Augm. et péj. Masclas. Mâle; qui est du 
sexe masculin; opposé de femelle. 

Dér. du lat. Masculus, m. sign. 

Mascloüs, s. m. plur. Crinons, dragonneaux ou dra- 
concules, petits vers microscopiques, de la grosseur d’un 
cheveu (Crinis), et longs en proportion, qui naissent de 
préférence sous la peau des enfants maigres et délicats, 
surtout de ceux qui manquent de soins de propreté, et se 
logent dans les parties musculeuses du corps où ils causent 
des démangeaisons continuelles et fàcheuses qui rendent 
l'enfant malade. On s’en débarrasse au moyen de frictions 
avec de l'huile ou d’une pommade légèrement mercurielle. 
Le ciron, type de la petitesse, est un insecte aptère qui a 
les mèmes aptitudes et doit être compris sous le même 
nom. é 1 
‘On remarquera que l'on n'emploie guère le mot Mas- 
cloùs qu'au pluriel, ces animaux étant si petits qu’il n’y a 
pas lieu de s'occuper d’un seul. 

Masé, s. m. Dim. de Mas. Maisonnette de, plaisance, 
pour lequel on a aventuré en francisant le mot : Mazet. — 
Les Mazets ont bien autant de droit que les Bastides, leurs 
sœurs germaines, à être nommés de leur nom en français : 
ils sont du reste en assez grand nombre pour faire valoir 
leurs titres, car les.campagnes qui entourent nos villes en 
sont couvertes. 

Masé est le dim. de Mas, diminutif s’il en fut jamais, 
car il se compose ordinairement d'une seule pièce au rez- 
de-chaussée servant à la fois de salon, de cuisine et surtout 
de salle à manger; une autre pièce au premier, où l'on , 





MAS 471 


grimpe par une échelle de meunier, accuse déjà beaucoup 
d’ambition, et quelque chose de plus lui ferait perdre son 
caractère et jusqu'à son nom pour atteindre celui de 
Mas. 

Masèl-Vièl, s. m. Mazel-Viel, nom d’un des quartiers de 
la ville d'Alais, auquel on a bien fait de conserver en 
français, en classant les.rues, sa forme originaire, quoi- 
qu'on püt cette fois le traduire d’une manière exacte par : 
vieille boucherie. 

Du lat. Macellum, boucherie, on avait fait Masèl, avec 
la m. sign., mais le mot est tombé en désuétude et ne sert 
plus que pour dénommer d'anciens quartiers ou des loca- 
lités où ont dù exister dans le temps des boucheries. 
Quelques noms propres d'homme sont sortis de là. 

Maséla, v. Terme de boulangerie, former le pain lors- 
qu'il est en pâte et levé, le marquer de la tranche de la 
main; presser, entasser la pâte, la condenser, la patiner, 
au lieu de la remuer largement ou légèrement, sans la 
presser ni l'aplatir, 

Maséla, ado, adj. et part. pass. Pressé, entassé; con- 
densé. 

Dér, du gr. Mésow, pétrir, exprimer en pressurant. 

Masiè, s. m. Métayer; qui habite et cultive un Mas.— 
Ne se dit que de celui qui est dans une métairie de peu 
d'importance. 

Masqua, v. Masquer; déguiser; cacher; dérober à la vue. 

Sé masqua, se masquer; mettre un masque sur la figure, 
un habit de masque; se déguiser. 

Dér. de Masquo, masquéto. 

Masquarado, s. f. Mascarade; troupe, cortége de car- 
naval, de gens masqués et déguisés. 

Masquéto, s. f. Masque; faux visage en carton avec 
lequel on se déguise en carnaval; personne masquée, 
déguisée. — S'abia én masquéto, se masquer, se déguiser. 
— Voy. Mascara. 

Masquo, s. f. Masque, sorcière; parce que les sorcières 
se cachaient sous un faux visage pour faire leurs conjura- 
tions. Aujourd'hui ce mot n'est plus qu'une injure dite à 
une femme pour lui reprocher sa vieillesse, sa Jaideur et 
surtout sa méchanceté. Cependant, comme beaucoup de ces 
termes injurieux qui ont perdu de leur signification pre- 
mière, celui-ci, dont l'application s'est fort étendue, change 
de valeur selon la personne à qui il s'adresse et le ton avec 
lequel on le prononce. Car il y a loin de Masquo/ dit à la 
fillette malicieuse, espiègle et un peu démon par sa mère 
qu'elle fait enrager, à Vièio masquo/ dont on apostrophe 
une femme vieille, laide, méchante, ayant enfin tous les 
défauts qu'on reprochait aux sorcières — Foy. Mascara. 

Massa, vw. Piler, écraser; assommer; frapper avec la 
masso, Masse. À 

Massacra, v. Massacrer; tuer; blesser fortement; char- 
cuter; travailler mal; massacrer, gâcher, barbouiller un 
ouvrage. 

Massacre, s. m. Attiseur, celui qui attise le feu dans 


472 MAS 
une filature de soie; dans les moulins à huile, on appelle 
l'attiseur lou Chourou. — S'entend aussi d’un ouvrier qui 


travaille mal, un massacre, qui gâte un ouvrage. 

Massacre, s. m., dans le sens du fr. Massacre, carnage, 
tuerie, est bien reçu, transmis qu'il a été directement par 
la bass. lat. Mazacrium, m. sign. 

Massano, s. f., n. pr. de lieu. Massanes, commune du 
canton de Lédignan (Gard). 

Deux autres localités, quartiers ou fermes, portent Ja 
même dénomination, le village du canton de Lédignan est 
le plus considérable; il a été chanté par Florian dans sa 
charmante idylle d’Estèle et Némorin : ce serait un titre 
pour ne pas être passé sous silence, mais pour le moment 
c'est aux noms seuls que nous en voulons. À décomposer 
le mot, on obtient sans effort pour la première partie Mas, 
abréviation connue et fréquente du lat. Mansus où Mansio, 
et pour la seconde, le lat. encore Sana ou Sane, au sing. 
ou au plur.; ce qui représente une ou plusieurs habitations 
saines, salubres, et se trouve parfaitement applicable, pour 
peu qu'on soit de l'avis de Florian, qui n’a fait que la 
description cependant, et non le baptème. 

Eh bien! cette interprétation étymologique, si naturelle 
semble-t-il, risquerait de ne pas être vraie. Le doute 
s'appuie des meilleures raisons; car aucune des deux par- 
ties du mot ne résiste à une analyse un peu sévère. D'abord 
Mas pourrait bien n'être que ce radical transformé dont on 
rencontre tant d'exemples, mis ici pour Mal, venu de 
Malè où Malum, et la signification serait l'inverse de ce 
qu'on croirait. Puis, la finale, à la bien considérer, n’est 
autre que le suffixe d'attribution lat. Anus, a, um, au 
nominatif sing. ou plur. féminin : par conséquent l’expli- 
cation par le lat. Sana ou Sanæ, saine, se détache absolu- 
ment. Et il est à peu près certain qu'il doit en être ainsi 
pour les deux fractions du nom, car sa syllabe initiale 
n’est qu'une altération adoucie; et sa désinence qu'un 
retour ou mieux qu'une restitution de forme du suffixe. 
La preuve en ressort évidente de l'appellation gallo-latine 
de Massano, Massanes, qu'un cartulaire cité par M. Ger- 
mer-Durand désigne, en 4038, par Villa que vocant Mar- 
sanicus, changé par le roman de 4435 en Marsane, devenu 
seulement, en 4582, Massanes et Massannes. De plus, il 
se rencontre que la forme rude s’est conservée dans le nom 
d'un autre lieu de la commune de Bellegarde, appelé encore 
Marsane; sans mème tenir note des analogues Marsan 
(Gers) et Massan (Aude), non plus que de Marsac (Cha- 
rente, Creuse, Dordogne, Lot, Lot et Garonne, Puy-de- 
Dôme, Hautes-Pyrénées, Tarn, Tarn et Garonne), corres- 
pondants à Massac (Aude, Charente-Inférieure, Tarn). 

Mais, par l'appellation dans la moyenne latinité, nous 
sommes amené à une autre identité plus rapprochée et plus 
familière à notre contrée : elle se trouve dans Massargue, 
Massargues, hameaux ou quartiers des communes de Car- 
nac, de Saint-Martin de Saussenac et de Saint-Quentin 
(Gard), ce dernier dit aussi, en 1245, Marsanice. 





MAS 


Voilà un nouvel exemple frappant de la similarité ou de 
l'équivalence des suffixes : la forme gallo-latine anicæ, 
représenté par le roman, le languedocien et le français en 
ano, anes, et argue, argues, se tenant avec an, ac et as. 
Nous verrons au reste les mêmes phénomènes d'inversion 
se reproduire dans Massillargue et Marsillargues, et bon 
nombre d’autres. — Voy. €. m. 

Il ne s’agit donc ici que d’une désinence suffixe : les 
variantes ne changent point l'attribution, le sens reste le 
même avec ac, an, ano, anes, argue, as; et, suivant la 
forme première ou plus ancienne du mot, si son radical est 
Mars, du lat. Mars, martis, ou du génitif du nom de 
Marcus on Maricus, avec une légère permutation, il est 
probable qu’il signifiera, par l’adjonetion du suflixe, le 
domaine de Mars ou de Marcus, un lieu dédié à Mars, divi- 
nité gauloise et romaine, ou appartenant à Marcus ou 
Marcius. 

De là il n’y a pas à inférer que tous ces villages ou 
hameaux remontent à une date perdue, comme on dit, 
dans la nuit des temps; mais il ne serait pas impossible 
qu'un souvenir du dieu Mars se fût peut-être conservé. Ce 
qui est pourtant plus vraisemblable, c'est le nom simple 
du propriétaire, ou bien le patronage de l’évangéliste 
Marc, sous l’invocation duquel une église, toujours le pre- 
mier étabissement fondé, aurait été placée. 

Massapan, s. m. Petite boîte en bois léger où l’on met 
des friandises, des confitures sèches; boîte aux graines 
pour les couvées de vers-à-soie. 

Massaparén, s. m., ou Pissagô. Potiron rouge, poly- 
pore bigarré, Polyporus versicolor, Linn., espèce de cham- 
pignon vénéneux, comme l'indique son nom qui signifie 
tue-parent, du lat. Mactare, tuer, en ital. Mazzare. — Ce 
champignon devient bleu ou violet lorsqu'on le casse, où 
simplement en y appuyant le doigt. Il cesse, dit-on, d'être 
malfaisant quand on l’a fait bouillir et dégorger ensuite 
dans l’eau fraiche; mais nous ne voudrions pas garantir 
l'efficacité du procédé. — Voy. Pissagd. 

Masséto, s. f. Maillet en fer de tailleur de pierre. 

Dim. de Masso, masse. 

Massiargue, s. m., n. pr. de lieu. Massillargues, dans 
le canton d'Anduze et dans la commune de Saint-Maximin 
(Gard). 

Ce nom et quelques-uns de ses analogues présentent des 
particularités de formation qui nous paraissent assez 
curieuses : leur orthographe s’est modifiée d’une manière 
si diverse avant de se fixer comme elle est aujourd’hui, 
qu'il en résulte une certaine incertitude sur leur véritable 
dérivation. 

Massiargue, d'abord, reproduit en fr. par Massillargues, 
était désigné, en 4345, dans deux titres différents par 
Parrochia Sancti Marcelli, et par Castrum et mandamentum 
de Massilianicis, devenu, en 4402, de Marcilhanicis, en 
4435, Massillargues en Anduze, forme romane, et encore, 
en 4437, de Marcilhanicis, en 4485, Marcelhanicæ; puis, 











MAS 


Masilharge, en 4525, et Marcilhargues, en 4868; pour 
flotter toujours entre ces variantes jusqu'à l'appellation 
actuelle qui parait définitive dans la langue vulgaire et 
dans le français. On sait à quoi s'en tenir sur la transfor- 
mation de la finale de la basse latinité anicæ en argue, 
languedocien : ici une complication du mot se produit sur 
ses premières syllabes avec la lettre r qui parait et dispa- 
rait au gré de je ne sais quel caprice. 

Pourquoi le même phénomène se montre-t-il dans le nom 
de Marseille, que le grec et le latin faisaient nettement 
sonner en Massalia, et qui a pris la forme rude en langue 
d’Oil et en langue d'Oc? 

Plus près de nous, l'appellation analogue Massia, Mas- 
sillac, commune de Bouillargues, était, en 9M, Villa que 
vocant Marceglago; elle devint, en 4146, Marciliachum et 
Marcellacum, en 4200, Marsillacum, en 4479, Massihac, 
pour finir en Massia, ou Massillac dans notre dernière 
orthographe. 

Par le rapprochement, sinon de la forme actuelle, au 
moins de celle donnée à notre Massïargue dans le moyen- 
âge, il faut reconnaitre la même composition non altérée 
dans Marsiargue, Marsillargues, autrefois Massillargues 
(Hérault), en lat. Marcellianicæ, Marcellianicus. Dans la 
mème catégorie viendront se confondre Marcilhac (Lot); 
Marcilhac (Aveyron, Corrèze, Dordogne, Gironde, Lot); 
Marseillac (Haute-Garonne) ; Massillac et Marcillat (Creuse, 
Puy-de-Dôme); Marsillat (Creuse) ; Marsellan (Gers) ; Mar- 
cellanges, n. pr.; Marséian, Marseillan (Gers, Hérault, 
Hautes-Pyrénées); Marsian, Marsillan (Gard); et de plus 
les Marcillé, et vingt-deux Marcilly, répandus sur tous les 
points, sans compter les Marsilly, qui sont aussi de la 
famille, et les Massilly, dans lesquels se retrouvent les 
formes latines Marcellus, Marcellianus et Marcellianicus. 

La question n’est pas de remarquer une fois de plus 

l'identité de dénomination malgré la différence des dési- 
nences. Il est bien certain qu’en ajoutant à un nom, à un 
substantif, le suffixe final, qu'il soit a, ac, an, at, anges, 
argues, 6 ou y, on a voulu, suivant une méthode que 
nous avons déjà exposée, et par des procédés connus el 
variés, faire de ce nom un nom de propriété, de localité. 
Mais quel est le mot générateur ? Est-il clairement précisé 
par la forme en Mass où Mas, ou bien par la consonnance 
en Mar, Mars, Marce? Deux voies ne se présentent-elles 
pas à l’étymologie à cause de ces variations ? 
. L'une, comme pour Marséïo, Marseille, venant de Mas- 
salia, adoptant cependant la consonne r, n’indique-t-elle 
pas, pour les analogues correspondants, un primitif égale- 
ment en Mas pris dans l'idiome gaulois et si fidèlement 
conservé ? 

L'autre ne mène-t-elle pas, avec autant de probabilité, 
vers le nom propre latin Marcellus, porté par un saint 
Marcel, évêque, sous le patronage et l'invocation duquel 
ces nombreux villages, qui ne remontent pas au-delà de 
Y'ère chrétienne, auraient été placés ? 





MAS 473 


Contre ce dernier aperçu s'élève une objection de quelque 
importance : pas une de ces appellations n’est précédée de 
l'adjectif qualificatif Sén, Saint, ce qui arrive d'ordinaire 
quand un patron religieux est adopté. Quant à l'origine 
par le nom romain de Marcellus, il est possible que ce 
nom ait été plus répandu au moyen-âge qu'il ne l'est 
aujourd’hui, mais elle ne peut être attribuée à la famille 
patricienne qui aurait laissé son souvenir dans la Gaule 
avec cette profusion. 

Faut-il revenir au Mas celtique, avec la signification de 
lieu, demeure, habitation, plus générale que l'acception 
restreinte de maison, avec laquelle nous le trouvons si 
souvent employé, soit seul, soit en composition ? Pour 
Marséio il semble qu'il n’y a pas doute /Voy. ç. m.). Mais 
pour la terminaison, qu’elle soit ceilla, cilhac, seillac, sïa, 
silhargue, sian, cilhy, silly, etc., il convient de la cher- 
cher ailleurs que dans le mot Salyes ou Saliens, nom d’une 
tribu gauloise. Mais les Salyes n'auraient-ils pas été eux- 
mèmes dénommés d'un radical de leur langue? Et dès-lors 
le primitif ne pourrait-il pas avoir été pris dans la racine 
Cal ou Chal, que l’ancien cornique rend par Kelli, et le 
gaëlique par Caï, transformé par le lat. du moyen-âge en 
Scyllæ, correspondant à Sylvæ, et par le roman en Seilles, 
Celles, avec la mème signification, métamorphosé encore 
en Salles, que nous gardons /Voy. Sallos), d’où sont sorties 
tant de variétés avec le sens de forêt, bois ? 

L'assemblage des deux racines donnerait par conséquent 
à tous ces noms de lieu, plus ou moins transformés, le 
sens de : lieu de la forèt ou dans les bois, au milieu des 
bois. La topographie ancienne du pays pourrait assurer à 
cette dérivation quelque vraisemblance; et nous n'avons 
pas le moyen de vérifier autrement nos conjectures et ces 
indications. 

Peut-être une interprétation plus simple s’ajouterait-elle 
à celle-ci, en admettant toujours pour la dernière partie 
du mot, à part les suflixes, le radical synonyme de Sylva 
ou de Nemus, ceille, celle, silly ou autres, mais en remar- 
quant le commencement du nom formé de Mar ou Mas, 
ce radical si fréquemment employé en composition pour 
imprimer la signification péjorative qui correspond au lat. 
Malum où Malë, dont nous avons cité beaucoup d'exemples. 
On sortirait ainsi de ces dénominations légendaires qui se 
justifient difficilement, et on serait ramené à des mots des- 
criptifs, inspirés par l'aspect de la contrée à laquelle ils 
s'appliquent, situation ou nécessité sans aucun doute com- 
mune dans la Gaule remplie de forêts. On voit dès-lors que 
ces appellations voudraient dire naturellement : petite, 
mauvaise forêt, bois mauvais; et cette signification aurait 
dans bien des lieux trouvé sa raison d'être. 

Massimoun, s. »m. Maximum, le plus haut degré, le 
prix le plus élevé que puisse atteindre une chose, une 
marchandise, — Ce mot, de physionomie assez étrange, 
est dù à la première révolution où la fameuse loi du maxi- 
munm frappa bien plus encore sur le peuple que les lois de 


474 MAS 


proscription et de sang : aussi adopta-t-il Massimoun, dont 
il était tant question et dont il souffrit, et le corrélatif 
Minimoun lui resta étranger. 

Massis, s. m. Jetée en maçonnerie, digue, boulevard, 
sur le bord d’une rivière torrentielle pour briser le cours 
de l’eau, le détourner et empêcher les terres qui sont der- 
rière d'être sapées et emportées. — Un massis plus consi- 
dérable dans un port de mer est un môle. 

Massis ou Massi, adj. m. Au fém. Massipo où Mas- 
sivo. Massif; matériel; ample et épais; lourd; grossier; 
matériel. 

La déviation singulière du mot au fém. Massipo n’est 
pas toute due à l'euphonie ; elle suppose à un masc. inusité 
là présence d'un p final. Il est difficile d'en voir et d'en 
savoir la raison. 

Masso, s. f. Masse; maillet de menuisier, de tonnelier, 
de chaudronnier, etc. 

Masso, s. f. Masse; fonds d'argent, d’une succession, 
d’une société. — Rapourta à la masso, faire rapport à la 
masse. Métre à la masso, mettre à la masse : c'était une 
assurance mutuelle entre quelques parents de jeunes gens 
souris à la conscription qui formaient, par part égale, un 
fonds commun : si le sort était favorable à tous, chacun 
retirait sa mise; sinon, le mauvais numéro prenait la 
masse entière, ou les mauvais se la partageaient, pour faire 
un remplaçant. Cet usage était un peu passé de mode 
depuis l'établissement des compagnies pour les remplace- 
ments militaires; mais traiter avec elles se disait encore 
souvent métre à la masso. L'intervention du gouvernement 
avait porté le dernier coup à la locution : la nouvelle loi 
sur l’organisation de l’armée, qui abolit le remplacement, 
la fera mettre tout à fait en oubli. 

Masso-bidou, s. m., n. pr. d'homme. Ancien nom des 
bouchers pour la viande de bœuf, et proprement Tue- 
bœuf, de l’ital. Mazxare, tuer; en esp. Matador, du lat. 
Mactare, mactator, d'où Matar, m. sign. 

Sur ce mot, SAUVAGES, qu'il fait bon toujours citer, dit 
dans un article plein de haute raison : 

« Ce dernier nom, ou tue-bœuf, serait préférable à celui 
de masse-bœuf, que nos notaires emploient constamment 
dans leurs actes, s’il était cependant permis de changer 
les noms propres en tout ou partie, sous prétexte de les 
franciser en les rendant méconnaissables : ce qui est con- 
traire aux bonnes règles. 

« Cet usage est d'autant plus extraordinaire, que lorsque, 
dans un ouvrage français, on cite un nom propre anglais 
où allemand, on ne s'avise pas d'en changer l'orthographe, 
quelque hérissée qu'elle soit de consonnes qui n'ont pas 
coutume de se trouver ensemble dans des mots français; 
encore moins les traduira-t-on dans cette dérnière angue ; 
on écrira, par ex., le nom propre Schenchzer, sans y chan- 
ger une seule lettre. 

« Et l'on se permet des changements dans les in. pr. 
languedociens , dont beaucoup ‘sont cependant du ‘haut 





MAS 


allemand, étant mis en parallèle à côté du français. N'est-il 
donc pas permis à un languedocien d'être de sa langue 
maternelle, la première qu’il a appris à bégayer, celle qui 
lui est la plus familière, et qu'ont parlée ses aïeux, pour 
qui le français fut longtemps une langue presque aussi 
étrangère que celle des peuples qui nous environnent ? 

« Cette manie d’altérer les n. pr. ou de les défigurer 
gagne tous les jours parmi nous; on signe différemment de 
ses ancôtres, soit qu'on imagine qu'il y ait quelque chose 
d’ignoble dans l'orthographe et la prononciation languedo- 
ciennes, soit peut-être que, rougissant de son origine, on 
cherche à la faire oublier par ce moyen et se rapprocher 
d'un nom ou plus illustre, ou qui sonne mieux à l'oreille, 
on se débaptiserait volontiers pour s'élever au-dessus de la 
condition de ses pères. Mais si l’on venait un jour disputer 
à ces franciseurs de noms leur héritage et leur filiation, 
quelle autre voie auraient-ils pour l'établir, que l’exacte 
conformation de leur nom avec celui de leurs aïeuls? 

« Il faudrait donc écrire en fr., sinon Massabiôou (ce 
qui serait le mieux), au moins Massebiou où Massebiol; 
comme on le trouve dans les anciens cadastres; et non 
Massebœuf. — Voy. Déléouxe et Méourèl. » 

Massoula, v. Assommer; abattre d’un coup de masse; 
battre avec un batloir. 

Le radical Masso entre certainement dans la composition 
de ce mot, comme il se trouve dans Massacre, Massabidou, 
etc., pour leur donner la signification. 

SAUVAGES cite immédiatement après Massouliè où Mar- 
souliè, du vieux lang. et n. pr. que nous aurions écrit 
Massouï, s’il eût été encore usité. Il lui donne la signifi- 
cation de Assommeur, garçon de boucher qui assomme les 
bœufs. Nous ne le relevons que pour indiquer quelques 
noms propres, assez répandus, tels que Maxollier, Mar- 
sollier, Mazoyer, qui se confondent presque avec Mazelier, 
Marsellier, venus du lat. Macellarius, boucher, et qui ont 
une singulière affinité de sens et d’origine avec notre verbe 
et le substantif n. pr. : ce qui confirmerait la dérivation 
et le sens. 

Masté, s. m. Mastic; composition pour joindre, coller 
ou enduire certains ouvrages. 

Mastéga, w. Mâcher; broyer avec les dents. Au fig, 
préparer, disposer un ouvrage pour le rendre plus facile à 
faire à quelqu'un; éclaircir une affaire pour la rendre plus 
facile à comprendre, à suivre. — Aqud’s tout mastéga, 
c'est tout préparé, tout mâché, comme si l’on ajoutait : il 
n'y a qu’à avaler. Y-ou aï pas mastéga, je ne le lui ai point 
mâché, je le lui ai dit crûment, je le lui ai servi tout 
cru. 
Dér. du lat. Masticare, m. sign. 

Mastiqua, v. Mastiquer, joindre, coller; fixer, boucher 
avec du mastic. ” 

Mastiqua, en languedocien tant soit peu excentrique, se 
dit aussi pour manger, officier, et vient alors du lat. Mas- 
ticare, dont le fr. a su faire du même coup Mastication et 


MAT 
puis Mâcher ; tandis que notre verbe dérive de Masté, subst., 
qui abandonne sa finale pour se rapprocher de la conson- 
nance française. 

Mastis, s. m., ou Masti. Mâtin, espèce de gros chien, 
de garde, de basse-cour, de berger. Canis loniarius, Linn. 
— Qu'a bon vési a bon masti, qui a bon voisin a bon 
mâtin. 

Dér., d'après les plus accrédités étymologistes, du lat. 
Massalivus, chien de la métairie, de la maison. 

Mat ou Ma, s. m. Mât, arbre d'un navire. — Mat dé 
cocagno, mât de cocagne, expression qui nous vient direc- 
tement du fr. — Voy. Ma. 

Dér. du lat. Malus, m. sign. 

Mata, v. Mâter; humilier, abattre; surpasser quelqu'un, 
l'effacer en esprit, en adresse, dit SAUVAGES, ce qui équi- 
vaut un peu à l'humilier. 

Dér. du lat. Mactare, immoler, sacrifier. En espag. 
Matar ; en ital. Mattare, tuer, dompter. 

Matable, s. m Battant de cloche, de sonnaille, de son- 
nette. 

:Dér.. avec une légère altération, de la bass. lat. Batal- 
lium, m. sign., qui a fait aussi Battant. 

Matado, s. f. Dim. Matadéto. Cépée ; touffe de tiges de 
bois sortant de la souche d'arbres récemment coupés. — 
Uno matado d'éouses, une cépée de chènes-verts. 

Augm. de Mato, ou plutôt réunion de plusieurs Matos. 

Matafa ou Matafan, s. m. Gros plat de résistance, quel 
qu'il soit, qui mâte ou mieux qui tue la faim. 

En esp. Mattar, tuer ; en gr. Marrew, dompter. 

‘Matalas, s. m. Dim. Matalassé. Matelas, sac plat et 
piqué, rempli de laine, de bourre, de crin ou de plumes, 
pour un lit. 

Les étymologies ne manquent pas : Ménage trouve la 
vraie dans le lat. Matta, natte; Roquefort est pour le lat. 
Materies; d'autres J'attribuent au celt. Matt, lit, et Ras, 
laine; la bass. lat. avait Matalacium ; et dans le bas-bre- 
ton, Matalaez, m. sign., existe toujours. Nous sommes 
‘Gaulois. 

Matalassaïre, aïro, s. m. et f. Matelassier ; ouvrier qui 
fait et qui rebat des matelas. 

* Matas, s. m. Buisson; hallier. 

Augm. de Mato. 

* Matéloto, s. f. Vètement de femme : camisole, che- 
“misette, “espèce de gilet ou mieux de corset sans ba- 
“eine et sans lacet, en étoffe chaude ou légère suivant la 


‘saison. 


"Probablement ce nom a été donné à ce vêtement de 


ce que, par sa forme aisée, il rappelle la jaquette du 


matelot. 
“Matéloto, s. f. Matelotte, ragoût, apprèt, manière 
d’accommoder le poisson à la façon des matelots. 
- Matèn, èno, s.m. etf.,etinterj. Mâtin; luron; matois ; 
rusé compère. — Se prend quelquefois en bonne part, plus 


souvent en mauvaise : sa valeur change du reste suivant 





MEC 475 


son emploi. Un bon matèn, un gaillard déterminé, qui a 
l'adresse et la force de se défendre et d'attaquer aussi. 
Aqud's uno matèno qué..…. C'est une luronne qui... Un 
matèn qué sé laïsso pas émbouësa, un fin matois qui ne se 
laisse pas mettre dedans. Sès un poulè matin dé vous faïre 
espéra, vous êtes un joli monsieur de vous faire attendre. 
Interjectivement, Matèn/ quinte fré, Mätin! quel froid! Le 
fr., en style familier ou populaire, se sert du même dans 
toutes ces locutions; le lang. le lui a bonnement emprunté 
sans songer qu'il avait lui-même Mastis pour rendre aussi 
le mâtin, chien fort et hardi, qui a donné lieu à cette 
expression figurée. 

Mati, s.m.et adv. Dim. Matiné. Matin, première partie 
du jour ; de bonne heure. — L'aï visto dé mati, je l'ai vue 
ce matin. Lou bon mati, de grand matin, de très-bonne 
heure. Sé léva mati, déman mati, se lever matin, demain 
matin, Qué pago dé vèspre déou pas rés dé mati, qui paie 
le soir ne doit rien le matin. Rouje dé mati éscoumpisso 
lou camà, prvb., le ciel rouge le matin verse l’eau sur 
le chemin. 

Dér. du lat. Matutinum, m. sign. 

Matignè, ignèiro, adj. Matinal; matineux. — Sès bièn 
matignè hiuëï, vous êtes bien matinal aujourd'hui. Souï 
toujour ésta matigné, j'ai toujours eu l'habitude de me 
lever matin, j'ai toujours été matineux. 

Matinado, s. f. Matinée, du point du jour jusqu'à midi. 
— La matinado faï la journado, prvb., la matinée fait la 
journée. 

Matino, s. f. Matin, matinée. — Variante de Mati- 
nado. 

Matinos, s. f. plur. Matines, première partie de l'office 
divin. — Aquû s'acordo coumo lou manificat à matinos, 
prvb., c'est chanter magnificat à matines. 

Mato, s. f. Toufle d’une ou plusieurs plantes, de celles 
dont la fane sort immédiatement de terre ou dont la tige-se 
garnit de feuilles à partir du sol. — Uno mato dé trufos, 
dé lusèrno, dé brus, une touffe de pommes de terre, de 
luzerne, de bruyère. 

Mato se dit aussi d’arbrisseaux ou d'arbres dont le pied 
a été coupé et dont la souche donne de jeunes pousses 
formant également une touffe. — Uno mato d'arbousiè, dé 
castagnè, une touffe d'arbousier, de châtaignier. — Voy. 
Matado. 

En cat. Mata, arbrisseau. 

Mé, pron. pers. Me, moi. — Ne s'emploie que comme 
objet ou régime du verbe. — Fouïè mé crêire; crésè-mé, il 
fallait me croire; croyez-moi. Douna-mé quicon, donnez- 
moi quelque chose. Qué mé déou mé démando, qui me doit 
me demande. 

Dér. du lat. Me, me. 

Méchas, ‘s.-m. Morveau, morve plus épaisse et plus 
recuite. 

Augm. et péj. de Mécho. 

Méchéiroù, s.m. Lamperon; principalement, bec creusé 


476 MËI 

en gouttière qui soutient la mèche de l’ancienne lampe 
appelée Lun; lamperon des nouvelles lampes; languette, 
petit canal pour contenir la mèche. 

Méchino, s. f. Fressure d'agneau ou de chevreau, com- 
prènant le foie, la rate, le cœur et le poumon. 

Dit pour Méjino, qui dérive de Méjan, comme si l’on 
disait : partie du milieu, du centre. 

Mécho, s.f. Augm. Méchas. Morve du nez, humeur 
visqueuse des narines, qui sort souvent sous forme de 
mèche. 

Mécho, s. f. Mèche, cordon de coton pour les lampes; 
mèche, corde préparée pour mettre le feu à une mine, au 
canon; mèche de vilebrequin, d'une vrille, d’une tarière ; 
pointe de fer d’un outil pour forer; touffe aplatie ou pen- 
dante, ou roulée de cheveux. 

Dér. du lat. Myœus, lumignon. 

Méchoüs, ouso, adj. Morveux, qui a de la morve au 
nez. 

Médaio, s. f. Médaille, pièce de métal portant une effigie 
et des inscriptions. 

Dér. du lat. Metallum. 

Médar, s. m., n. pr. d'homme. Médard. — La fête de 
Saint-Médard tombe le 8 juin, et le proverbe dit : 


Quan pléou pér Sén Médar, 
Pléou cranto jours pu tar. 


Un autre ajoute : 


Quan pléou pér Sén Médar, 

Dé la récolto émporto un quar ; 
Quan pléou pa, 
N'émporto la mita. 


Médéci, s. m. Médecin, docteur en médecine, qui exerce 
la médecine. — Dé jouine médéci céméntèri boussu, prvb., 
de jeune médecin cimetière bossu. Vié! médéci, jouïne 
barbiè, riche apouticari, prvb., vieux médecin, jeune bar- 
bier, riche apothicaire. 

Dér. du lat. Medicus, m. sign. 

Médécina, v. Médiciner; faire abus de médecines, de 
drogues, de remèdes de toute sorte dans le traitement des 
maladies. 

Médécino, s. f. Médecine; art de traiter les maladies; 
purgation employée dans ce traitement. 

Mégnè, s. m. Souche-mère du châtaignier franc, dont 
on recèpe annuellement les jets pour en greffer les châtai- 
gniers sauvages. 

Dér. de Méno, comme si l'on disait faiseur, producteur 
de Méno, ou porte-greffe. 

Mèïla (Sé), v. Se mêler; s’entremettre; s'occuper d’une 
affaire, d’une chose, bien ou mal à propos. — Dé qué sé 
mäïlo ? de quoi se mêle-t-il? Sé mêïlo pas dé trop, il s'en 
ürera, il n’entreprend pas au-dessus de ses forces. 

Mèila, avec la légère altération qui essaie de dissimuler 


l'emprunt au fr., a un peu plus de cachet que Méla, qui 





MËI 
s'emploie aussi dans les mêmes circonstances. — Voy. Méla. 

Méïnaja, v. Ménager; épargner; traiter avec égard, avoir 
soin de... — Méinaja soun co, frapper doucement, avec 
précaution. Adioussias, méinaja-vous, bonjour, ménagez 
votre santé. ; 

Méinaje, s. m. Ménage; économie, gouvernement domes- 
tique ; meubles; ustensiles d’une maison; vaisselle de cui- 
sine. — Sé boula din soun méinaje, se mettre en ménage. 
Lava lou méinaje, laver la vaisselle. Faïre lou méinaje, 
balayer, frotter, nettoyer, mettre tout en ordre dans un 
appartement, dans une maison. 

Dér. de la bass, lat. Mainagium, venu de Mansio, 
demeure. 

Méïnajè, s. m. Homme aisé qui vit de son bien qu'il 
travaille, et qui ne travaille point pour autrui; fermier, 
laboureur. 

Méïnajèiro, s. f. Ménagère, femme qui entend l’écono- 
mie et la conduite du ménage. — Fo troutièiro et fénés- 
trièiro raromén bono méinajèro, prvb., fille trottière et 
fenestrière rarement bonne ménagère. 

Méïrano, s. f., n. pr. de lieu. Meyranes, commune dans 
le canton de Saint-Ambroix (Gard). 

Nous ne voulons, à l'appui de notre thèse sur les dési- 
nences suffixes, que présenter la série des variantes de ce 
nom et des analogies qu’il attire. Ces rapprochements 
seront des conclusions suffisamment déduites et prou- 
vées. 

Le Dictionnaire topographique du Gard de M. Germer- 
Durand, si plein de savante érudition, nous fournit les 
citations. Méirano, Meyranes, est, en 964, Villa que vocatur 
Mairanichos; en 1037, Mairanègues; en 4A210, de May- 
ranis; en 4314, Ecclesia de Mayranicis; en A549, May- 
rannes; enfin, depuis 4634, Meyranes. 

Dans la même commune, un hameau se nomme Mairas, 
de Mayrassio, en 4463. 

Sous la forme gallo-latine, Mayranicæ, prononciation 
identique, représente Meyrargues (Hérault, Gard et Bouches 
du Rhône); la forme correspondante latine, Mayranum, 
Mayracum, Mayranæ, a donné, dans des départements 
divers, Mayran, Mayrens, Mayres, Mayrac, Meyrac, 
Mairac, Meyras, Meyriat, Meyrié, Meyries, Meyrieu, 
Meyrueis, etc. ' 

De même, les formes similaires Merinhanicæ, moy. lat. 
et Mayrinacum et Marignacum, lat., fournissent Méri- 
gnargues (Gard), dit aussi Müirignanicus, Merignanicus, 
de Marignanicis, Merinhanicæ et Marinhanicæ, comme 
les noms de Mérignan, Mérignac, Mérignas, Mérignat, 
Mérigneux, Mérignies, Mérigny, Mayrinhac, Mayrinhagues, 
Mayrignac, Meyrinhac. 

Par où il devient évident que tous ces noms, où la dési- 
nence reste indifférente pour le sens, dérivent du même 


“principe, ont la même racine, qui se rencontre dans le 


celtique Maer, chef, préposé, gardien ; d’où le gallois à fait 
au pluriel Mairi, fermier, métayer, gardien; en bas-breton 





MÉL 


Maer, maire; en roman, Mairin, Mérin, échevin, maire. 
La signification amène pour tous celle de domaine, pro- 
priété du gardien, du préposé, du fermier-chef, du métayer, 
du maïeur, maire, major. 

Méjan, méjano, adj. Moyen; mitoyen; ce qui est entre 
deux. — Un méjan, s. m., une allée ensemencée entre 
deux qui ne le sont pas. 

Cet adj. du reste devient facilement subst. masc. ou fém. 
et forme ainsi des noms propres, ou bien entre en compo- 
sition, en se déterminant suivant le genre du mot auquel 
il s'allie. 

Méjan, n. pr. d'homme. Méjan, a formé Masméjan, 
Méouméjan, Malméjan, Mauméjan, Camméjan, Camp- 
méjan, Cdousséméjan, etc. 

Méjano est devenu n. pr. de lieu, rendu en fr. par 

* Méjannes, qui signifie moyenne ou intermédiaire, sans 
doute de ce que l'habitation autour de laquelle se groupa 
le hameau ou le village, était à moitié chemin entre des 
agglomérations préexistantes. De la même manière et pour 
les mêmes raisons se sont produits les noms de Viloméjano, 
Saroméjano, etc. 

Méjano, 8. f., désigne également la dorade moyenne, de 
moindre taille, poisson. — Voy. Ddourado. 

Dér. du lat. Medius, media, m. sign. 

Méjanciè, ièïro, adj. Moyen; médiocre; de moyenne 

. grandeur; intermédiaire. 

Méjanèl, èlo, adj. Mitoyen; moyen. — Désigne aussi 
un habitant de Méjannes, village. — Voy. Méjan. 

Mél ou Mil, s. m. Mil, millet, Panicum miliacum, 
Linn., plante de la fam. des Graminées, dont la tige est 
terminée par une panicule ou de menues branches éparses 
et chargées de grains. — Avédre lou gran dé mél, expres- 
sion figurée, sorte de phrase faite, qu’il n’est pas difficile 
de traduire mot à mot : avoir le grain de millet. Voilà qui 
est fait. Mais il n'est pas aussi commode d’en donner 
l'explication. Nous essaierons cependant de faire comprendre 
un dicton qui revient assez souvent. 

La peur, dit-on, grossit les objets; c’est possible, mais 
pas tous, car il en est qu’elle diminue notablement. Pour 
exprimer jusqu'où cela peut aller chez quelqu'un frappé 
par cette divinité à laquelle sacrifiait l’intrépide Romain, 
— la Peur avait un temple à Rome, — le languedocien 
inventa cette phrase pittoresque : I lou taparias émb'un 
gran dé mél; taparias du verbe tapa, boucher, émb’un 
gran dé mél ou dé mil, avec un grain de millet. On com- 
prend que le pronom Lou, le, fut, conformément à ses fonc- 
tions, mis plus tard pour couvrir le mot primitif lui-même, 
quand on le trouvait trop énergique. C'était traduire par 
une métonymie risquée sans doute, et un peu crue, mais 
juste, un des effets physiques causés par la frayeur; si 
bien qu’en suivant cette voie d’adoucissement et en cher- 
chant à réprésenter l’effroi, la terreur, cette crispation ou 
cet éréthisme nerveux donnés par la peur, par une singu- 
lière succession ou déplacement d'idées, le grain de mil est 





MÉL 477 


devenu lui-même synonyme de peur, et avédre lou gran dé 
mél, c'est avoir peur... Ah! quelle peur! 

Dér. du lat. Milium, m. sign., qui a été fait lui-même 
de Mille, pour exprimer la fécondité du millet, qui rend 
mille pour un. 

Mél-négre, s. m. Blé noir, blé sarrasin ou sarrasin, 
Polygonum fagopyrum, Linn., plante de la fam. des Poly- 
gonées, fromentacée dont le grain triangulaire est noir, ce 
qui lui a valu son nom, et la fleur blanche. On peut en 
faire du pain, mais il est indigeste et ne convient qu’à des 
estomacs robustes; aussi l’emploie-t-on surtout à engraisser 
les volailles. 

Méla, v. Mêler, faire un mélange; assortir; brouiller; 
particulièrement mêler les cartes, les battre. 

Sé méla, se mêler; s’entremettre ; s'occuper d'une chose, 
à tort ou à raison. — Qué copo et mèlo dé trop sé mélo, 
qui coupe et mêle de trop se mêle. Dé qué sé mèlo moun 
ca? de quoi se mêle mon chat? dit-on à quelqu'un qui 
essaie de dire ou de faire plus qu'il ne sait ou qu'il ne peut. 
— Voy. Sé mêila et Méscla. 

Empr. au fr. 

Méléto, s. f. Melet, joël athérine, Atherina hipsetus, 
Linn., poisson de mer de l’ordre des Holobranches et de la 
fam. des Gymnopomes, long et très-mince. — Voy. Caga. 

Dans nos environs, d’après Crespon, le nom de Méléto 
appartient véritablement au joël du Languedoc, variété, si 
c'en est une, qui se confond avec le melet. Les joëls habi- 
tent la Méditerranée, mais ils pénètrent dans nos étangs et 
y vivent en grande troupe. C'est aussi un très-petit 
poisson que les anciens nommaïent Aphia; ils pensaient 
qu'il naissait de l’écume de la mer. Sa chair est bonne en 
friture. 

Mélgouirés, éso, adj. Melgorien, enne; nom que l'on 
donnait à la monnaie de l'ancien comté de Melgueil ou 
Mauguio, qui, de 4432 à 4474, fut par suite d’une alliance 
possédé par Bernard Pelet, seigneur d’Alais. Le sol Melgo- 
rien, sol Mélgouïrés, qui était d'argent, valait huit sols 
tournois, et la livre Melgorienne, Mélgouïréso, huit livres 
tournois. 

Ce mot n’a survécu que pour servir de nom distinctif à 
un village important de l’arrondissement d'Uzès, Sén-Gignèt 
dé Malgouirés ou Mélgouürés, Saint-Geniès en Malgoirès, 
qui devait être une dépendance du domaine Melgorien. 
Dans le Bullaire de Saint-Gilles, cité par M. Germer- 
Durand, on le trouve, en 4449, appelé Sanctus Genesius de 
Mediogozes ; en 1381, dMe edio Guoto; en 4384, de Medio 
Goto; en 4464, de Malgorio et de Mandegoto; il n'arrive 
qu'en 4547 à Saint-Géniès de Malgoirès, dénomination 
actuelle. Il faut convenir que les plus anciennes formes 
s ’écartent beaucoup du primitif Melgueil et Melgorien, ce 
qui infirme nos conjectures sur son origine. Toules nos 
recherches ne remontent pas plus loin, et nous ajouterons 
ce pendant, toujours d’après le savant auteur du Dictionnaire 
to pographique du Gard, que le Malgoirès, pays du diocèse 

61. 


478 MEM 

d'Uzès, était un pagus formant, au x® siècle, une viguerie 
qui comprenait quinze villages, dont il donne les noms, et 
appartenait à la circonscription du doyenné de Sauzet. Ce 
pagus était désigné, en 943, sous le nom de Vallis Medio 
Gontensis in comitatu Uzetico; dans le dénombrement de 
4384, on trouverait Medium Gotum. Comme notre Saint- 
Géniès, un autre village de cette viguerie, Saint-Mamert, est 
nommé Sanctus Mametus de Medio Goxes, en 4204. La 
finale Goto, gotum, confondue avec le mot, se rencontre 
dans l'appellation d’un village éloigné de là, aujourd’hui 
Mandagout, dit, en 1088, Mandagot; en 4233, de Manda- 
gotio; en 1280, de Mandagoto; en 129%, Mandagotum. 
Comment la différence de traduction ou de reproduction 
s’est-elle faite? par quelle altération est-on arrivé à Mal- 
gouïrès ici, et là à Mandagoùs, un peu plus fidèle? Ces 
rapprochements amèneraient-ils à faire admettre une ori- 
gine wisigothe ou un souvenir d'appellation de ces anciens 
possesseurs de nos contrées ? Il est difficile de se prononcer 
sur ces indices; mais elles se présentent assez naturelle- 
ment à la pensée. 

Méloun, s.m. Melon, Cucwmis melo, Linn., plante de 
la fam. des Cucurbitacées, originaire de l’Asie, dont les 
variétés par la culture sont aujourd’hui très-nombreuses. — 
Un amateur, sans doute frappé de la difficulté de distinguer la 
bonté d’un fruit qui ne souffre pas la médiocrité, a consigné 
en latin les qualités qu’il doit avoir : Melo sit formosus, 
leprosus, rotundus et ponderosus, le melon doit être beau 
de forme, rugueux, rond et pesant. L'an fa coumo un 
méloun, on l'a joué, dupé, mis dedans : jeu de mot sur fa, 
fait à point, qui est une des qualités du melon. Noun sé 
podou counouïsse dé iuèn lous mélouns et las fénnos, prvb., 
femme et melon à peine les connait-on. 

Dér. du gr. Mÿov, pomme. 

Mémbra, ado, adj. Membru, qui a des membres gros, 
puissants, forts. 

Mémbre, s. m. Membre, partie extérieure et mobile du 
corps, la tète exceptée; chambre, pièce d’une maison. — 
Y-a trés mémbres d'un van, il y à trois pièces de plain-pied. 

Dér. du lat. Membrun, m. sign. 

Méméto (Aro), adv. Dim. de Mèmo. A présent mème, 
à l'instant mème. — Réduplication pour raccourcir encore 
l'intervalle, le moment dont on parle. Vèn dé m'ou dire 
aro-méméto, il vient de me le dire à pes à présent; il 
n’y a pas une seconde. 

Mèmo, pron. des deux genres et adv. Mème, qui n’est 
point autre, point différent; semblable, pareil; même; 
plus; aussi; encore. — Se met immédiatement après les 
personnes pour marquer plus expressément celle dont on 
parle. — Éstre én mèmo dé. être en état, en disposition, 
en mesure de. 

En ital. Medesimo, m. sign. 

Mémorio, s.f., ou Mémouèro. Mémoire; faculté de 
souvenir. 

Dér. du lat, Memoria, m. sign, 





MÉN 

Mén, s. m”. et adv. Le moins, la moindre chose, la 
moindre quantité; moins, pas tant, en plus petite quantité. 
— N'a pas mén, il n’en a pas moins. Ou laïssarés bé pér 
quicon dé mén, vous le laisserez bien pour quelque chose 
de moins. Ni maï ni mén, ni plus ni moins. Aow mén, au 
moins. À tout lou mén, pour le moins, à tout le moins. 
Gn'én dounère lou mén qué pouguère, je lui en donnai le 
moins que je pus. Pode pas faïre dé mén, je ne puis faire 
autrement, je ne puis me dispenser. Né voulé où né voudre 
dé mén, mot à mot, en valoir moins, c.-à-d. mourir. L'ita- 
lien a une expression analogue : Venir mèno, s'évanouir, 
tomber en défaillance. À mén qué..…., à moins que, si ce 
n'est que. À mén dé…, à moins de. À mén d'ou faire ésprès, 
à moins de le faire exprès. Aow mén qué vèngue pas, de 
grâce qu’il ne vienne pas. À mén qué lou sone, si ce n’est 
que je ne l'appelle. 

Dér. du lat. Minüs, m. sign. 

Ména, v. Mener; conduire; amener; diriger; donner 
accès. — Sa fénno lou méno, sa femme le mène. Ména 
uno carélo, conduire une charrette. Ména la caréto, ètre 
voiturier. Véndrés dilus et ménarès vosle cougna, Vous 
viendrez lundi et vous amènerez votre beau-frère. Ména 
d’aïse, manier, mouvoir un objet doucement, peu à peu, à 
petits coups, sans secousses. Ména carosso, rouler carrosse. 
Ména fosso fun, mener beau bruit, grand bruit, faire des 
embarras. Ména fosso rambal, faire beaucoup dé remue- 
ménage, grand bruit et surtout beaucoup de. bruit pour 
rien. Ména dé bru, faire du tapage. Chu, ménés pas tan dé 
bru, chut, ne faites pas tant de bruit. Sé voulès ména 
moun afaïre, si vous voulez vous charger de mon procès. 
Ménarés mous afaïres, Vous dirigerez mes affaires. Mdou 
ména, malmener, réprimander, maltraiter. Aqud lou ménara 
pas iuën, cela ne le mènera pas loin. Aquélo travèsso méno 
à la plago, cette rue conduit à la place. Méno soun bé à sa 
man, il fait valoir lui-même sa propriété. 

Ménaça, v. Menacer, faire des menaces; pronostiquer. 
— Aquélo muraïio ménago, ce mur menace ruine. Aquél 
tén ménagço dé plèjo, ce temps annonce la pluie. 

Dér. du lat Minari, m. sign. 

Ménaço, s. f. Menace; parole ou geste pour faire con- 
naître ou faire craindre à quelqu'un le mal qu’on veut lui. 
faire. 

Dér. du lat. Minaciæe, m. sign. 

Ménaïre, s. m. Valet de meunier; charretier des mou- 
lins à blé et à huile, qui va chercher le blé et les olives, 
et rapporte la farine et l’huile chez les particuliers. 

Ménaïre, s. m. Meneur; celui qui, à une noce et pen- 
dant toute sa durée, est le cavalier affidé d’une invitée. 
Chaque jeune fille ou femme a le sien, qui lui donne le bras 
dans le cortége de couples à la file qui accompagnent les. 
mariés à la mairie, à l’église et dans la promenade consa- 
crée où toute la noce va parader triomphalement dans les- 
endroits les plus fréquentés, ménétrier en tête et au son du 
violon qui la fera danser le soir. Il est bien évident qu'il: 





Fr: 


MËN 
ne s'agit ici que des noces du peuple, les autres vont en 
voiture, dédaignent la promenade traditionnelle, et n’ont 
plus besoin de Ménaïres. 

Ménaïre se dit aussi du mouton sonnailler, meneur ou 
conducteur du troupeau, et du mulet qui marche en tête 
de la bande appelée Coublo. 

Ménairos, s. f. plur. Les deux jeunes filles, amies, 
compagnes d’une nouvelle mariée, qui sont ses meneuses, 
parce que, dans la cérémonie des noces, elles la conduisent 
chez son époux et la mènent au lit nuptial. 

Ménar, s.m. Arbre moteur ou conducteur d'une ma- 
chine. Il est placé comme prolongement de l’axe de la roue 
motrice et porte aussi loin qu'on veut son mouvement 
qu'il distribue en même temps sur toute sa longueur. On 
_ appelle Chapoù l'appareil en fer qui relie bout à bout deux 

pièces de bois lorsqu'une seule n'est pas suffisante pour la 
longueur voulue du Ménar. 

Mén-dicho, s. f. Rabais; adjudication au rabais. — A 
la mén-dicho, adjudication d’un ouvrage, d’un travail, 
d’une construction, d'une entreprise au plus fort rabais. 

. Dér. de Mén, moins, et Dicho, dite. 

Méndre, méndro, adj. Moindre; plus petit; moins grand. 
— Lou pu méndre, le plus petit. Aqud's moun pu méndre, 
c’est le dernier, le plus jeune, le plus petit de mes enfants. 

Dér. du lat. Minor, m. sign. 

Méndrigoulé, éto, adj. Mingrelin, mince, fluet; de 
petite taille, avec de petits traits et sans vigueur. 

Dim. de Méndre. 

Ménéja, v. Produire de son espèce, s’il s'agit des végé- 
taux, et de sa race si c’est d’un animal. — Méno ménéjo, 
dit le prvb., l'espèce fait la mème espèce, la race se repro- 
duit, se continue par la même race : idée que l’on rend 
aussi par Zous chos fan pas dé canaris, un hibou ne fait 
point un canari, l'aigle n’engendre point la colombe, en un 
mot bon:sang ne peut mentir; ce qui se dit particulière- 
ment et par antiphrase de Méno. — Voy. c. m. 

Ménésconte, s. f. Mécompte; erreur de calcul. 

Dér. du lat. Minùs, moins, et Computare, compter. 

Ménéscor, s. m. Discord; désaccord. — Se dit des par- 
ties qui ne peuvent s'entendre pour conclure un marché. 

Formé du lat. Minàs, moins, pour mauvais, et Acor. 

Ménéscordi, s. m. Discord; désaccord. — Même mot 
que le précédent; la différence finale tient tout au plus à 
quelque délicatesse d'acoustique, selon la place que ce mot 
occupe. Ainsi l'on dira: Sèn én ménéscor dé quicon, et 
Y-aviè trop dé ménéscordi. 

Ménésfisa (Sé), v. Se méfier; se défier; ne pas se fier; 
avoir de la méfiance. 

Formé de Mén et de Fisa. 

Ménéspris, s. m. Mépris; dédain; dépréciation. 

Dér. du lat. Mints et Pretium. 

Ménésprisa, v. +: sh dédaigner; avoir du mépris; 





MÉN 479 


qualité, — Uno souquo, un doubre dé bono méno, Où dé 
michanto méno, un cep, un arbre de bonne ou de mauvaise 
espèce. Chi dé bono méno, chien de bonne race. On dit 
également d'un homme qu'il est de bonne race, dé bono 
méno. Trasso dé méno, mauvaise espèce et mauvaises gens, 
mauvaise engeance. Gn'a pas méno; il n'y en a pas trâce, 
il n’y en a pas un, pas la moindre chose. Éntra ou $é 
métre én méno, au pr. commencer à avoir d’une espèce 
pour la multiplier; au fig. c'est ce qu'on dit ordinairement 
d’un joueur malheureux qui marque un premier point 
longtemps attendu, d'une personne qui commence une 
série quelconque qu'il craint ou désire voir augmenter, Un 
pou dé chaquo méno, un peu de chaque espèce, de tout 
genre. Aquélo méno, cette espèce; locution restrictive et 
technique. — Voy. Muscardin. 

Méno, s. f. Scions, jeunes pousses d'arbres dont on veut 
propager l'espèce et que l’on coupe pour en tirer des greffes. 
On le dit surtout du mürier. A l’époque où l'on a coutume 
de le greffer, sa feuille est entièrement développée et sou- 
vent cueillie : on ne pourrait prendre de la greffe, dé méno, 
sur l'arbre; il faut donc s'en prémunir à l’avance,et quand 
la sève se met en mouvement, on coupe des jets, jingudlos, 
qu'on lie en bottes; on les enterre dans un endroit frais, 
on les met le pied dans l’eau. Les bourgeons restent ainsi 
sans se développer jusqu’au moment de greffer. 

Méntastre, s. m. Menthe sauvage, Mentha sylvestris, 
Linn., et Menthe àfeuillesrondes, Mentha rotundifolia,deux 
plantes du même nom en lang. de la fam. des Labiées, aro- 
matiques, communes dans les fossés et leslieux marécageux. 

Dér, du lat. Mentastrum, m. sign. 

Ménti, v. Mentir; affirmer comme vrai ce que l’on sait 
ètre faux; dire un mensonge; tromper. — Sé disès aqu, 
vous faraï ménti, si Vous avancez cela, je le dénierai, je 
soutiendrai que c'est faux, je vous donnerai un démenti: 
Aqui moussu qué mé gardara dé méntà, Voilà monsieur qui 
sera mon garant, qui attestera que je dis vrai. Badaï® po 
pas méntà, sé noun vou manja, véou dourmi, dicton, 
bailler ne trompe point, si ce n’est indice de la faim, c’est 
celui du sommeil: 

Dér. du lat. Mentiri, m. sign. 

Ménto, s. f. Menthe, non donné indistinctement en lang. 
eten fr. à la menthe verte ou baume vert, Mentha viridis, 
Linn., et à la menthe ou baume des jardins, Mentha gen: 
tilis, Linn., plantes de la fam. des Labiées, cultivées à 
cause de leur odeur forte et agréable. — Fio sans’créñto 
véou pas un brou dé ménto, dict., fille effrontée ne vaut 
pas un brin de menthe. 

Méntoù, s.m. Dim. Méntouné. Menton, partie du visage 


sous la bouche. 


Dér. du lat. Mentum, m. sign. 

Méntougnèiro, s.f. Mentonnière; bande d'étoffe ow 
simple cordon sur les-côtés d’un bonnet, d'une coiffe, d'an 
casque, qui passe et s'attache sous le menton. 

Empr: au fr. 


480 MËR 


Méntre, conj. souvent est l'équivalent de Éntre (Voy. 
©. M.). — Méntre qué, tandis que; pendant que; aussitôt 
que. Méntre qué dinaraï, pendant que je dinerai. Méntre 
qu'anaraï dina, aussitôt que j'irai diner. 

En ilal. Mentre, m. sign. 

Méntur, ménturdo, adj. Menteur. — Moins bon que 
Méssourguiè. — Voy. G. m. 

Ménu, ménudo, adj. Menu; délié; mince; qui a peu de 
volume. — Vous ou diraï tout pér lou ménu, je vous dirai 
tout par le menu, jusqu'aux plus petits détails. à 

Dér. du lat. Minutus, m. sign. 

Ménuda, v. Couper menu; diviser par petits morceaux, 
par petites parties. — Voy. Aménuda. 

Ménudaio, s. f. Menuaille; fretin; béatilles; menues 
choses délicates et friandes que l’on met pour garniture 
d’un plat ou qui composent le plat lui-même; toute sorte 
de petits objets. — Aï agu fosso ménudaïo, j'ai eu force 
menuaille, dit un magnagnier qui a eu beaucoup de petits, 
pichds, dans sa chambrée de vers-à-soie. 

Dér. du lat. Minùs, moindre, petit. 

Ménudos, s. f. plur. Fourniture de salade, menues 
herbes : cerfeuil, civette, estragon, etc. 

Ménugué, s. ». Menuet; sorte de danse à trois temps, 
grave et compassée, qui ne fut jamais bien populaire et 
dont le nom même est aujourd’hui presque oublié; air sur 
lequel on la dansait. 

Ménuguéto, s. f. Origan, espèce de mélisse, de thym 
ou de marjolaine, Mellissa nepeta, Linn., plante de la fam. 
des Labiées, aromatique, stomacale, sudorifique, commune 
dans les bois. On la confond avec la Majourano fèro. — 
Voy. c. m. 

Mèou, s. ». Miel, suc doux des abeilles. — Voudrias 
lou mèou amaï las brésquos, vous voudriez le miel et les 
rayons, c.-à-d. tout. 

Dér. du lat. Mél, mellis, m. sign. 

Mèr, s.f. Mer, amas des eaux salées qui environnent 
les continents. — La mèr brulo pas, la foire n’est pas sur 
le pont, il n’y a rien qui presse. La mèr fai dé riches et dé 
pdoures, la mer fait des riches et des pauvres, pour dire 
aussi qu'il n’y a pas le même bonheur pour tout le 
monde. 

Autrefois on disait Mar, plus près du lat. Mare; l'usage 
ou l’altération franchimande à fait prévaloir Mèr, comme 
en fr. 

Mérca, s. ”m. Marché; lieu public où l’on vend; vente 
dans le marché; assemblée de marchands et d'acheteurs; 
pacte; convention; prix d’un achat, d’une vente. — Lou 
mérca és trop pichà, le marché est trop étroit, trop petit. 
Y-aguè un for mérca dilus, lundi, il y a eu un très-bon 
marché. Faïre mérca, discuter, conclure un marché. Coupa 
lou mérca, rompre le marché. À éstras dé mérea, à marché 
donné : se dit d’une chose vendue à très-bas prix, au- 
dessous de sa valeur, à gâter, éstrassa, le métier. 

érca dé Soumèire, marché de Sommières, et l'on sous- 





MËR 

entend d'habitude comme complément du dicton devenu 
proverbe : tout d'un cousta, pas rés dé l'âoutre, tout d'un 
côté et rien de l’autre. Le mot est fait depuis longtemps et 
reçoit bien des applications variées et figurées : en voici 
peut-être l’origine. Plusieurs foires importantes de chevaux, 
notamment celle du dimanche des Rameaux, se tiennent à 
Sommières. Elles sont fort en renom dans nos contrées, et 
vendeurs, acheteurs, échangeurs, s'y rendent en foule de 
tous côtés. Or, on sait qu'autrefois du moins, maquignons 
de profession et maquignons par circonstance ne passaient 
pas pour priser très-bas leur marchandise et pour vendre à 
prix fixe. Aussi les chalands au courant, et tant pis pour 
ceux qui n’y étaient pas, ne se gènaient guère pour offrir 
cinquante pour cent de rabais sur le prix demandé, ce qui 
généralement, non sans force débats, finissait par être 
accepté. Cette manière connue de conclure les affaires 
donna lieu au dicton qui s'étend à bien d’autres choses 
qu'à un marché quelconque à débattre, et en tous cas 
l’apostrophe Mérca dé Soumèire signifie aussi : on ne peut 
croire que la moitié de ce que vous dites, rabattez donc 
d'autant. 

On voit que le caractère des habitants de Sommières 
n’est nullement compromis en ceci, et pas même en cause. 
De certains marchés scabreux qui se passaient chez eux, 
mais auxquels ils étaient étrangers, il n’y a pas à conclure 
à leur avidité mercantile, ou à leur déloyauté, que le 
proverbe reste dans sa concision où même avec son com- 
mentaire de supplément. Du temps que villes et villages 
s'infligeaient mutuellement des sobriquets souvent véri- 
diques et injurieux le plus possible, inspirés qu'ils étaient 
par les haines qu’enfantaient les guerres féodales, on n’eüt 
pas manqué d’infliger ce reproche, tandis qu’on n’a trouvé 
rien de pis contre les gens de Sommières que de les 
appeler Passéroùs, moineaux. Certes le moineau n’est pas 
parfait non plus, sans doute : il est tapageur, égrillard, un 
peu maraudeur et très-amoureux. Mais un défaut n’est pas 
tout à fait un vice : et si les dictons sont contemporains, 
ce qui paraît probable, on ne se fût pas fait faute de 
stygmatiser le vice pour peu qu’il eût été mérité. 

Dér. du lat. Marcatus, m. sign., de Merx, mercis, 
marchandise. 

Mércadén, énquo, adj. Du marché; qui appartient au 
marché, considéré comme place, quartier; qui habite le 
quartier du marché, ou qui s’y trouve; marchand qui y 
tient échoppe. 

Mércouïrôou, s. m., n. pr. de lieu. Mercoirol, hameau 
de la commune de Saint-Florent, arrondissement d’Alais. 
— Ce nom, comme ceux de Mércouli, commune de Saint- 
Martin de Valgalgues, de Méreouiro, Mercoire, communes 
de Peyremale, de Portes, de Saint-Martin de Corconac 
(Gard), et de Melcoire (Lozère), celui de Mércoù, dans le 
Gard encore, dit, en A124, Castrum de Mercorio, et, en 
1944, de Mercurio, avec la forme propre ou diminutive, 
désignent évidemment des endroits autrefois consacrés à 





MËR 


Mercure, une des principales divinités des Gaulois. Les noms 
analogues français, soit géographiques, soit noms propres, 
comme Mercour, Mercuire, Mercurol, Mercurin, etc., 
appartiennent à la mème origine. 

Mèrdo, s. f. Merde; excrément; matière fécale. — 
Mèrdo d'abéio, miel, bien qu'il ne soit pas un produit de 
cette nature. Dounmaï on boulégo la mérdo, dounmaï pu, 
prvb., la traduction n'est pas nécessaire; au fig., cette 
locution, sous une forme triviale et basse, fait entendre cet 
excellent conseil de ne pas ressasser une mauvaise affaire 
qui ne ferait que s’envenimer, en revenant sur les torts on 
l'indélicatesse de ceux qui y ont pris part. 

Dér. du lat. Merda, m. sign. 

Mérdoùs, ouso, adj. Dim. Mérdousé, éto. Merdeux, 


-bréneux. — Pris substantivement, au masc. ou au fém. 


surtout avec le dim., quoiqu'il puisse être rendu littérale- 
ment dans le langage populaire, il équivaut au fr. Mor- 
veux, qui se dit d'un enfant qui veut jouer l’homme 
entendu, et même d’une personne plus âgée qui affecte des 
airs au-dessus de sa capacité et de sa position. 

- Méricles, s. f. plur. Bésicles, dont il ne parait être 
qu'une altération. — Ce nom s’appliquait particulièrement 
à l'ancien pince-nez qui figurait assez bien le huit de 
chiffre, 8, et comme il a vieilli avec l'instrument qu'il 
désignait, il n’est plus que l'équivalent goguenard de 
Lunétos. 

Méricouqua, v. Émailler; peindre de diverses couleurs ; 
couvrir de fleurs. 

Si le mot, comme il le parait, est dér. du lat. Mirè 
coccus ou coccinatus, admirablement teinté, écarlate, il ne 
doit indiquer que les couleurs les plus voyantes. 

Mérlan, s. m. Merlan, merlan de la Méditerranée, Gadus 
merlucius, Linn., poisson de l’ordre des Holobranches et de 
la fam. des Jugulaires ou Auchénoptères, commun et abon- 
dant dans la Méditerranée . 

Dér. du lat. Merlangus, m. sign . 

Mérlato, s. f. Merle femellé; d’un brun noirâtre ou 


‘couleur de suie. — Voy. Mèrle. 


Mèrle, s. m. Merle, merle noir, Turdus merula, Linn., 
oiseau de l'ordre des Passereaux et de la fam. des Créni- 
rostres. — La finesse proverbiale du merle est souvent en 
défaut, car on voit beaucoup de ces oiseaux en cage où ils 
s’apprivoisent aisément et vivent de longues années. Il est 
vrai qu'ils y sont souvent enfermés au sortir du nid. Le 
merle est le chantre préféré dans la boutique de l'artisan, 
qu'il charme en sifflant les airs qu'on lui apprend. Aussi 
nous ne saurions dire pourquoi le lang. et le fr. ont pris 
cet oiseau au ramage charmant, quoique un peu triste, 
comme type de l’homme désagréable; car on dit : vilèn 
mère, vilain merle, et toujours ironiquement un pouli 
mèrle, un joli merle. 

On sait que le merle blanc n'est plus impossible, pas 
même difficile à trouver. Cette couleur ne semble pas créer 
“une nouvelle espèce et n’est sans doute qu’une exception, 





MER 481 


plus où moins rare, chez un individu. — Nous avons 
aussi, sédentaire dans le pays, le merle bleu, Turdus 
cyanus, Temm. Il a toutes les parties supérieures (excepté 
les ailes et la queue qui sont d’un noir profond) d'un beau 
bleu foncé, et toutes les parties inférieures d’un bleu plus 
clair. Ce bel oiseau, très-semblable au suivant par ses habi- 
tudes, n'a guère d'autre nom que lui. 

Mèrle-rouquiè, s. »m. Merle de roche ou Paisse solitaire, 
Turdus saæatilis, Linn., oiseau du même ordre et de la 
mème fam. La tête, le cou, la gorge et les petites couver- 
tures des ailes d'un bleu cendré; un espace blanc sur le 
milieu du dos; les ailes el les deux pennes de la queue 
brunes ; les autres pennes caudales et les parties inférieures 
d’un roux ardent. Cette espèce nous visite au printemps et 
nous quitte en automne. Ainsi que le merle bleu, il 
recherche les endroîits les plus pierreux et les plus solitaires 
des montagnes, et ni l’un ni l’autre ne supporte facilement 
la captivité. Le merle de roche est plus petit que le merle 
bleu, qui est lui-mème moins grand que le merle noir. 

Mérlé, s. m. Créneau ; ouverture de distance en distance 
au haut des murs des châteaux-forts ou des anciens rem- 
parts des villes. 

En ital. Merlo, m. sign. 

Mérléta, v. Orner de créneaux, créneler le haut d’une 
muraille, d’une tour. 

Mérlusso, s. f. Merluche, morue, Gadus morrhua, 
Linn., poisson de l’ordre des Holobranches et de la fam. 
des Jugulaires ou Auchénoptèrés. — La merluche est une 
morue qui a subi une préparation particulière : la morue, 
appelée verte ou blanche, que l’on ne connait guère que 
dans le Nord, est seulement salée et emportée ainsi. La 
merluche est salée et séchée, à l'air ou au vent, car le 
soleil chauffe peu dans le pays où l'on fait cette pêche. La 
morue est un poisson excessivement goulu; aussi a-t-il 
reçu le surnom latin de Merlucius, maris lucius, parce 
qu'on le compare au brochet, lucius, pour sa voracité : 
c’est le brochet de la mer. De là sont venues les dénomi- 
nations en lang. et en fr. Il faut avouer que si la morue 
mange beaucoup, elle est aussi considérablement mangée. 
Pour compenser l'énorme quantité qu'en dévorent journel- 
lement les hommes et les poissons, une morue femelle, au 
dire d’un fameux naturaliste, porte jusqu'à 9,344,000 œufs; 
il y a donc espoir que l'espèce ne se perdra pas. 

Mèro, s. m. Maire, premier officier municipal d'une 
commune. — Comme dans chaque commune il y a un 
maire et un ou plusieurs adjoints; que, dans les villages 
surtout, ces fonctions donnent à ceux qui les remplissent 
une certaine importance et peut-être quelques avantages: 
que dès lors, ambitionnées par plus d’un, elles sont le sujet 
de bien des conversations; low mèro et l’azouèn devaient 
prendre place dans le vocabulaire languedocien. Du reste, 
si le dernier mot est vraiment un nouvel intrus, l’autre a 
pu prendre rang depuis très-longtemps; car, sans remonter 
à l’époque reculée où des villes achetèrent de leurs seigneurs 


482 MÉS 


le droit d'élire des consuls ou des maires; sans parler de 
limitation que dut suivre cet exemple et des modifications 
successives que l'autorité royale apporta depuis, quant au 
fond et quant à la forme, à cette institution, nous rappel- 
Jlerons seulement, comme date de ce mot dans notre loca- 
lité, que, le 5 avril 1693, Louis des Ours de Mandajors, 
juge en la cour des premières appellations de la comté 
d’Alais, pourvu par le roi de la charge de conseiller du 
roi, maire perpétuel de cette ville, fut installé en cette 
qualité pour en jouir lui, ses hoirs et ayant-cause, hérédi- 
tairement, aux gages de 400 livres par an et exemption de 
taille, logement militaire, charges et toutes contributions, 
etc., etc. Même nomination eut lieu dans toutes les com- 
munes du royaume. 

Mèro, s.f. Mère; celle qui a donné naïssance à un 
enfant. — Bèlo-mèro, belle-mère, la mère de l’un des 
époux à l'égard de l’autre; deuxième femme du pêre à 
l'égard des enfants du premier lit : dans cette acception, 
lorsqu'il existe de bons on de passables rapports entre les 
alliés, bèlo-mèro est employé plutôt que maïrastro, quoique 
ce dernier mot n'ait pas tout le sens injurieux de Marâtre. 
Îl est bien entendu que ceux qui disent encore maïre pour 
mère, disent également bèlo-maïre; mais le nombre de 
ceux-là diminue chaque jour et l’on peut prévoir que bien- 
tôt maire, après avoir régné seul, sera rélégué dans les 
emplois que dédaignera méro, qui s’appliquera exclusive- 
ment et sans partage à la femme. — Sémblo qué vai préne 
la mèro, ou mieux La maïre dou nis, c'est marcher à pas 
de loup, doucement, dans le dessein de surprendre, aller 
comme un preneur de taupes. — Voy. Maïre. 

Méruïè, s. m. Amélioration ; soulagement; mieux dans 
une maladie, dans la douleur. — Y-a un pdou dé méruïè, 
il y a un peu de mieux, un peu d'amélioration dans son 
état. 

Dér. du lat. Melioratus, amélioré. 

Més, s. m. Mois, douzième partie de l’année. — Quoi- 
qu'on dise fort bien Més dé maï, més dé janvié, etc., on 
préfère souvent, pour rendre plus fluide la première syl- 
labe, mé dé maï, mé dé janvië, etc. 

Dér. du lat. Mensis, m. sign. 

Mès ou Mais, conj. Nous écrivons en effet Maïs comme 
en fr. par une exception dont il est rendu compte. — Voy. 
Mais et Ai. 

Més, mésso, partic. pass. de Métre, mettre. Mis, mise. 

Mésado, s. f. Durée approximative d’un mois; salaire, 
loyer d’un mois. — Véndraï dinc uno mésado, je viendrai 
dans un mois environ. Y réstère uno mésado, j'y restai à 
peu près un mois. Quan gagnères din ta mésado? combien 
as-tu gagné pendant ton mois? 

Mésadiè, ièiro, s. et adj. Ouvrier engagé pour un mois, 
à tant le mois. — C’est surtout pour l'éducation des vers- 
à-soie que l’on prend ces ouvriers supplémentaires. 

Méscla, v. Mèler; mélanger; réunir et confondre plu- 
sieurs choses ensemble; faire un mélange. 





MES 


Dér. du lat. Miscere; dans la bass. lat., Misculare, 
m. sign. qd 

Méscladis, s. m. De l'entrelardé, viande en F 
mêlée naturellement de gras et de maigre. — Dé lar més- . 
cladis, du lard entrelardé tel que celui de la poitrine, dit 
Véntrésquo. 

Méscle, mésclo, adj. MÈl6, mélangé. — Un taïoù dé 
boudin émbé quéouques flos dé poupo méscles, un morceau 
de boudin et quelques garnitures avec. 

Méscle, adv. Ensemble; pêle-mêle. — Boujas-ou tout 
méscele, versez tout ensemble, pêle-mêle. 

Mésclo, s. f. Mouture, méteil, mélange par tiers de fro- 
ment, de seigle et de paumelle; mélange de foin ou de 
luzerne et de paille pour les bestiaux. 

Méscoula, v. Entailler un fuseau par une coche, le 
marquer d’une cannelure. 

Méscoulo, s. f. Coche, cannelure en spirale d’un fuseau, 
an bout opposé au peson, vértél, qui sert à arrêter le fil 
pendant que, pour le tordre, on fait tourner le fuseau sur 
lequel on l’enroule ensuite. 

Méscounégu, udo, part. pass. de Méscounouïsse. Mé- 
connu. — Voy. Méscounouisse. 

Méscounéïssable, ablo, adj. Méconnaissable ; que l'on 
ne peut reconnaître; qui n'est pas facile à reconnaitre. 

Méscounouïsse, v. Méconnaître; ne pas connaitre. Au 
fig., désavouer ; oublier par ingratitude. 

Dér. de Més pour Mdou, mal, et Counouwisse, con- 
naître. 

Mésoulo, s. f. Moëlle, substance molle et grasse dans 
les os; substance molle dans le cœur du bois. 

Dér. du lat. Medulla, m. sign. 

Méspouiè, s. m. Néflier, Mespilus germanica, Linn., 
arbre de la fam. des Rosacées, qui produit la nëfle. 

Pourquoi le fr. s’est-il tant écarté du radical lat. que le 
languedocien à reproduit ? Un étymologiste a trouvé que 
le celtique avait Nesp où Nespl avec la signification de 
tronqué, coupé en deux, et que le grec Meoxln, d'où était 
venu le lat. Mespilus, et puis notre Méspouiè, était formé 
de Mésos, moitié, et de I£Aos, boule; par où sans doute le 
fruit du néflier assez ressemblant à une moitié de globe, 
avait mérité son nom gaulois représentant la particularité 
que notait le grec. Nous ne voyons pas mieux pour cela 
pourquoi le français aurait adopté la forme prétendue cel- 
tique, tandis que le:languedocien s’en serait tenu au grec 
et au latin. L 

Méspoulo, s.f. Nèfle, fruit du néflier, qui ne mürit 
jamais sur l’arbre et qui a besoin, pour être mangeable, de 
même que la sorbe, de blossir sur la paille. 

Mès qué, conj. Pourvu que; en cas; à condition que. 
— Mès qué n'y-ague, pourvu qu'il y en ait. Mès qué 
vèngue, à condition qu'il arrive. 

En vieux langage, on disait Mas qué, de Mas, pas plus, 
seulement : Mas un drap, un drap seulement. Mas qué 
s'amor m'anci, pourvu que son amour me tue. Le simple 








MES 
Mas s'est perdu; le composé Mas qué s'est altéré ou adouci, 
en gardant son ancienne acception. L'adverbe et la con- 
jonction ont évidemment une commune origine dans Maï, 
plus, provenu du lat. Magis. 

Méssajariè, s. f. Messagerie, voiture publique pour 
transporter les voyageurs, qui fut d'abord chargée aussi 
des messages ou des lettres, ce qui lui valut son nom. — 
Ces voitures, que les chemins de fer font maintenant 
prendre en pitié et un peu en haine, n'ont pas toujours 
marché aussi vite que dans leurs derniers beaux temps, 
poussées qu'elles étaient presque toujours par une rude 
concurrence. Au commencement de ce siècle, rapportent 
les chroniques, il y avait ici une messagerie qui, pour 
charrier diréctement les Alaisiens à Nimes, ne leur pre- 
naît pas moins de quinze à seize heures. Pour savoir com- 
ment elle pouvait parvenir à exécuter un pareil tour de 
force, il faut lire, dans les Castagnados du Marquis DE LA 
Fare-Azais, l’épopée de Rocho et Plagndou, ces deux 
automédons du Consulat et du premier Empire, dont main- 
tenant le nom vivra autant chez nous que celui de leur 
devancier. 

‘Méssaje, s. m. Domestique de fermier ou de paysan; 
messager; commissionnaire, envoyé; message, envoi, Com- 
mission. 

_ Dér. de la bass. lat: Messagium, m. sign., du lat. 
Missio. 

Méssajè, s. m. Messager; commissionnaire; envoyé; 
qui est chargé de porter les lettres d’un endroit dans un 
autre. — Avédre l'ésprit méssajè, avoir un secret pressen- 
timent; ce qui rappelle l’ancienne croyance aux esprits 
familiers. 

Mésso, s. f. Messe, sacrifice du corps et du sang de 
Notre Seigneur Jésus-Christ. — Mésso basso, messe basse 
ou petite messe. Mésso dé mor, messe des morts. Préne la 
mésso, recevoir la prètrise, èlre ordonné prêtre. À pas la 
mésso, il n'est pas encore prêtre. Pode pas èstre dou prèche 
et à la mésso, je ne puis être au prêche et à la messe, c.-à- 
d: partout en même temps; je ne puis sonner les cloches et 
aller à la procession. Au fig. Sans argén sé canto pas 
mésso, locution qui-s’emploie pour dire que sans argent, 
sans payer on ne se met pas en frais, on ne fait pas de 

Dér. du lat. Missa, m. sign. 

Méssorgo, s. f. Mensonge; menterie; fausseté; impos- 
ture. 

Méssorgos, au plur., signifie ces petites taches blanches + 
qui viennent sur les ongles de la main, parce que c’est sur 
leurnombre et sur leur forme, fait-on accroire aux enfants, 
que l'on reçonnait la quantité et la grosseur des mensonges 
qu'ils ont dits: 

Dér. de la bass. lat. Mentionia, du lat. Mentitia, dont 
le fr. a fait Mensonge, l'ital. SU et notre lang. avec 





MÉS 483 
trompeur ; qui dit un ou des mensonges; qui a l'habitude 
de mentir. — Méssourguiè se dit mieux et vaut mieux 
que Méntur, qui n’est qu'uné traduction franchimande. 
Méssourguiè coumo un lébriè, menteur comme un chas- 
seur. 

Méstiè, s. m. Métier; profession d'un art mécaniqe; 
profession qui exige l'emploi des bras; machine dont se 
sert l'artisan pour la fabrication de son ouvrage — Douna 
un méstiè, faire apprendre un métier, mettre en môtier. 
Sabatiè, fai toun méstiè, savetier, fais ton métier, c'est le 
Ne sutor ultrà crepidam, du latin; chacun son métier et 
les vaches seront bien gardées. 

Dér. de la bass. lat. Ministerium, office, occupation. 

Méstièiräou, s. m. Artisan; celui qui exerce une pro- 
fession mécanique ; corps d'artisans ; gens de métier. 

Mèstre, s. m. Maître; qui a des serviteurs; qui com- 
mande; instituteur; professeur; qui enseigne un art, un 
métier, une science; propriétaire; maitre, titre d'honneur; 
principal. — Sès bé lou mèstre? vous êtes bien le maitre ? 
vous pouvez commander. Ou diraï à toun méstre, je le 
dirai à ton précepteur, à ton maitre d'école. Véou pas pus 
as mèstres, je ne vais plus à l’école, au collége. Aquél chi 
a trouba mèstre, le propriétaire de ce chien est trouvé. 
Mèstre Blasi, Maître Blaise. Un mur mèstre, un mur- 
maitre. Un mèstre d'armos, se dit d’un maitre d'escrime, 
et au fig. d’un habile joûteur, d'un madré compère, qui ne 
craint personne en fait de ruses, de tours d'adresse, de 
finesses. Lou méstre-varlé, le maitre-ouvrier, le principal 
valet de ferme. 

Il se prend quelquefois au féminin, Méstro, pour Més- 
trésso, maîtresse, surtout en parlant de la femme d’un 
maitre-valet. 

Dér. du lat. Magister, m. sign. En ital. et en espag. 


- Maestro. 


Mèstre, s. m. Mètre, mesure de longueur. — Le mêtre 
a été plus facilement et plutôt vulgarisé que les autres 
mesures du système décimal, parce qu’il est continuelle- 
ment dans les mains d’une foule d'artisans, menuisiers, 
serruriers, maçons, charpentiers, qui sont un peu plus 
lettrés et d’ailleurs sans cesse en rapport avec des archi- 
tectes, des ingénieurs, hommes officiels; aussi depuis long- 
temps, avec ses subdivisions, a-t-il détrôné Za cano, la 
touèso, lou piè, lou pouce, la ligno, dont il n’est plus ques- 
tion. Un mèstre courén, cara, cube, sont fort de mise, car 
il faut bien être à la hauteur de la science et parler de 
mètre courant, carré ou cube, quand on en a besoin. On 
sait que le mètre, unité fondamentale du nouveau système, 
est la dix-millionième partie du quart du méridien terrestre, 
allant du pôle à l'équateur; il vaut, en ancienne mesure, 
3pieds, 44 lignes 296. — Voy. lettre K. 

Méstréja, v. Maitriser; dompter ; réduire; faire le maître; 
commander ou gouverner én maître. 

Méstrésso, s. f. Maitresse; celle qui commande dans 
une maison; institutrice, qui enseigne une science, un art, 


484 MÉS 


un métier; amante, bonne amie; pris adjectivement : prin- 
cipale. 

Mésura, v. Mesurer; déterminer une quantité, une 
étendue, un espace par une mesure. 

Dér. du lat. Mensurare, m. sign. 

Mésuraïre, s. m. Mesureur; celui qui mesure; préposé 
ayant droit et charge de mesurer. 

Mésuraje, s. m. Mesurage; action de mesurer; droit 
qu’on prend pour mesurer. 

Mésuro, s. f. Mesure; ce qui sert à déterminer la quan- 
tité, les dimensions; instrument pour mesurer; contenu 
d'une mesure de capacité; quantité mesurée. — Mésuro 
raso, coumoulo (Voy. Coumoul). Dé mésuro, à mesure, au 
fur et à mesure. Dé mésuro qué, à mesure que : sorte 
d’adverbe. Bono mésuro, évent, excédant donné en sus de 
la juste mesure; par ext. on l’emploie pour répondre à une 
personne qui, en parlant d'une chose quelconque, énonce 
une quantité, une dimension, un chiffre, que l’on sait ou 
que l'on croit bien au-dessous de la vérité : Aguélo fio a 
vin-t-ans. — Bono mésuro, réplique-t-on, si on lui en 
croit davantage. On dit aussi dans le mème cas : Mésuro 
dé Sént-Ambrièï, mesure de Saint-Ambroix. Et un mot 
d'explication ne sera peut-être pas de trop pour bien faire 
comprendre la synonymie de ce localisme. — On sait 
qu’autrefois, en France, les poids et mesures variaient d’une 
localité à l’autre, cause continuelle pour le commerce de 
difficultés dans les calculs, de malentendus, d'erreurs et de 
déceptions, auxquels l’uniformité du système décimal est 
heureusement venue mettre un terme : c’est la seule, la 
vraie égalité qu'aient fondée les faiseurs à qui nous le 
devons. A Saint-Ambroix, la mesure de capacité, sous une 
même dénomination, était plus grande que celle d’Alais. 
Dans cette dernière ville, qui alors comme aujourd'hui et 
à charge de revanche s’approvisionnait dans les marchés 
de sa voisine, on devait s'occuper beaucoup de la supério- 
rité de contenance de la mesure de Saint-Ambroix. Il en 
résulta qu'on appliqua l’idée qu’on en avait à toute autre 
chose; et lorsque quelqu'un avançait une appréciation qui 
paraissait insuffisante, on complétait sa phrase en ajoutant 
ces mots : mésuro dé Sént-Ambrièi, équivalents plus pitto- 
resques de bono mésuro; comme si l’on avait dit : soit, 
vous voulez parler de la grande mesure et non de la petite, 
sans quoi vous seriez au-dessous du vrai, mettez-en donc 
plus largement, etc., etc. Et en avant, par exemple dans 
le cas ci-dessus, citait-on l’âge d’une personne que l’on 
savait plus vieillotte, ou bien elle-même retranchait-elle 
quelques printemps de ses années, au lieu de glisser doucet- 
tement, comme de coutume, la petite réflexion : Et le 
pouce ! ou : Sans compter les mois de nourrice! on prenait 
un tour figuré également expressif en murmurant : Mésuro 
dé Sént-Ambrièi! 

Ce dicton, qui ne peut être que local, est sans doute 
d’ancienne date; mais il n’y a plus que les aînés du kilo- 


gramme ou du décalitre qui en connaissent l'origine, qu'ou- 





MIA 


blieront bientôt, si ce n’est déjà fait, ceux qui ne savent 
pas qu'il fut un temps où l’on n'avait pas besoin de tant 
de grec pour mesurer son blé et ses châtaignes. C'est pour- 
quoi notre Dictionnaire, à qui la tradition en est revenue, 
et qui, pour être de son époque, ne rougit pas du parler et 
des usages du bon vieux temps, en a cherché et donné 
l'interprétation. 

Dér. du lat. Mensura, m. sign. 

Métre, v. Mettre; placer; poser; établir; disposer. —Sé 
métre, se mettre, se placer; commencer; s'habiller. Métre 
dé pièi, prendre du pis, se dit des femelles des mammifères 
lorsque, étant pleines, leurs mamelles ou leurs pis com- 
mencent à se gonfler. Métre la grano, mettre à couver, 
mettre à éclore, à l’incubation, la graine ou les œufs de 
vers-à-soie. Métre lou lévan, mettre le levain {Voy. Lévan). 
Métre lou toupi, mettre le pot au feu. Métre bièn sus lou 
papiè, bien écrire, rédiger, composer. Métre lou pétas dou 
trdou, mettre le doigt dessus, deviner quelque chose de 
secret; mettre le doigt sur la plaie, sur l’enclouure. Métre 
uno réoubo, un capèl, mettre une robe, un chapeau. Métre 
la téoulo, mettre le couvert. Sé métre à téoulo, s'attabler, 
se mettre à table, Sé métre én trin, s'enivrer; commencer 
un ouvrage. Aquélo fénno sé més bièn, cette femme se met 
fort bien. Métre trémpa lous granés, faire macérer, tremper 
les pois-chiches. Més pas la man dou sé pér un pésoul, au 
fig., il ne se dérange pas pour peu qui vaille. 

Dér. du lat. Mittere, mettre. 

Mialada ou Miélado, s. f. Miellat, miellée, miellure; 
gouttelettes d’une substance visqueuse et sucrée assez abon- 
dante parfois pour former une sorte de vernis sur les 
feuilles de certains arbres et particulièrement sur celles du 
tilleul, de l’érable, du platane, du châtaignier, etc. On 
attribue la miellée soit à une espèce de rosée, soit à la 
transsudation même des feuilles, ou enfin à des pucerons. 
Elle apparaît dans la première sève du mois de mai et le 
lendemain d’une forte chaleur. Elle est purgative, et la 
feuille du müûrier, qui en est cependant moins attaquée, 
devient un poison mortel pour les vers-à-soie lorsqu'il y 
en a quelques restes que la pluie, la chaleur ou le vent 
n'ont point lavés ou fait disparaître. 

Dér. du lat. Mél, miel. 


Mialé, s. m., n. pr. de lieu. Mialet, commune dans le 


canton de Saint-Jean du Gard. — Nous ne relevons cette 
dénomination que pour signaler une variante semblable à 
celles dont nous avons parlé au mot Maléncho. Mialé, 
rendu en fr. par Mialet, s'appelait, en 4294, en 4345 et 
4384, de Meleto, Meletum; le roman en fit Mellet, et, en 
4545, Mialet, qui est resté. Son radical primitif est pris 
dans le lat. Mél, miel, comme celui de La Mialouso, en 


fr. La Melouse, et sans doute de Maléncho pour Méléncho. : 


Ces propensions se font jour dans le mot précédent Mia- 
lado plus usité que Miélado : c'est l'introduction de la con- 


sonnance éclatante a remplaçant e, tout à fait dans le génie. 


de la langue d'Oc et de la ce a d'Oil. PV à 








MIC 


Mialous, mialouso, adj. Mielleux; qui tient du miel; 
fade, doux ; doucereux. 

La Mialouso, La Melouse, village de l'arrondissement 
d’Alais, sur les confins de la Lozère, dit en 4092 jusqu'en 
4508, de Melosa, qui tire évidemment son nom du lat. 
Mel, à cause de la quantité de miel qu’on y récolte. 

Miâou. Onomatopée du miaulement du chat. — Ou 
voudrias?.… Midou! dit-on à quelqu'un à qui l'on présente 
une chose qu'on ne veut pas lui donner; ce qui répond à : 
Vous le voudriez 2... Je vous en souhaite, vous n'en cro- 
querez que d'une dent. 

Miâoula, v. Miauler : formé de l'onomatopée du cri du 
chat, Midou. 

Lou midoula, s. m. Le miaulement du chat. 

Miâoulaïre, aïro, adj. Miauleur, qui a l'habitude de 
miauler. — Jamaï ca midoulaïre noun fuguè bon cassaïre, 
prvb., jamais chat miauleur ne fut bon chasseur. 

Miâouquo, s. f. Millet sauvage; pied de poule ou chien- 
dent pied de poule, Gramen dactylon radice repente, Linn., 
plante de la fam. des Graminées, graminée de l'arrière 
saison, dont la racine sert au même usage que celle du 
chiendent ordinaire. 

Dér. de Mit ou M4, millet, du lat. Millium. 

Mias, s.m. Pain, ou plutôt gâteau de millet ou de maïs 
cuit au four. — Aromatisé avec quelques grains d’anis, 
quoique lourd et indigeste, il n’est pas encore trop dédai- 
gné par les enfants que les nouvelles friandises n'ont pas 
rendus trop gourmands et délicats. 

Dér. de Mit ou Mél, millet. 

Michan, michanto, adj. Méchant, mauvais; qui est 
par nature, par caractère, par tempérament, porté et 
enclin au mal; en qui les défauts dominent. — Bono miolo 
michanto bèstio, bono fénno michanto tèsto, bono tèro michan 
cami, bonne mule méchante bête, bonne femme mauvaise 
tête, bonne terre mauvais chemin. Pértout y-a uno lèguo 
dé michan cami, il y a partout une lieue de mauvais chemin. 
Dé michanto fénno gardo té et dé la bono noun l'én fises, 
garde-toi de méchante femme et ne te fie pas à la bonne. 
Bèlo fénno michanto éspigno, belle femme mauvaise épine. 
A michan-t-ouvriè gés dé bos outisses, mauvais ouvrier ne 
trouve jamais de bons outils. Michanto sésoù quan-t-un 
low manjo l'éoutre, mauvaise saison quand les loups se 
mangent entr'eux. Fios qué soun à marida michan troupèl 
à garda, filles à marier sont un troupeau difficile à garder. 
Douna un michan co, donner un mauvais coup, un coup 
dangereux. Un michan capèl, un mauvais chapeau, vieux, 
usé. Michan vi, michan pan, mauvais vin, mauvais pain. 
Michan tén, mauvais temps : se dit surtout d’un orage 
accompagné de grèle. Aï pôou qué tombe dè michan tén, je 
crains que nous ayons de la grêle. Michan mdou, charbon 
qui vient. au visage, ulcère cancéreux, que la superstition 
empêche, comme pour la grèle ou pour les maladies des 
vers-à-soie, de nommer par leurs noms. Aquélo michanto 
méno, michanto mêno, — Voy. Muscardin. 





MIË 485 


Michan se prend adverbialement : Séntè michan, sentir 
mauvais; faire michan, faire mauvais temps. Faï michan 
èstre maldou, il est pénible, triste d’être malade. Faï 
michan véni vièl, il est fâcheux de vieillir. Faï michan ana 
déscdou, il n'est pas bon, il est désagréable d'aller nu-pieds. 
— Faï michan est plus usité que Faï mdou, qui s'emploie 
aussi dans ces locutions. 

Lou michan, pris subst., le démon, le diable, pour ne 
pas l'appeler par son nom; comme on dit en fr. le malin : 
c’est en effet le méchant par excellence. 

Dér. du lat. Mis pour Malë, et Cadere, choir, Mis-cadens, 
mal échéant, méchant, méschant, v. fr. Michan. 

Michantiso, s. f. Méchanceté; malignité; inclination à 
faire le mal; calomnie. — A un enfant boudeur, obstiné, 
rageur, on dit : Michantiso! comme s’il était la méchan- 
ceté incarnée; cela revient à Méchant! vilain méchant ! et 
le reproche n'a point d'autre portée. 

Micho, s. f. Pain de brasse, pesant de vingt à vingt- 
cinq livres; petit. pain formant la ration quotidienne du 
berger pendant qu'il est aux champs. — Cette similitude 
de noms appliqués à deux pains si différents de taille est 
une singularité qui doit venir de ce que l'un et l’autre sont 
faits de la même pâte. 

Dér. du lat. Mica, mie et morceau. 

Miè, s.m. Muid, mesure de vin valant dans l'Hérault 
sept cents litres. — Se dit aussi spécialement pour une 
mesure de contenance de la chaux : un miè d'acdou, un 
muid de chaux. 

* Miè, s. m. Milieu; centre. — Coupa dou miè, couper au 
milieu. Aou miè déou jardi, au milieu, au centre du jardin. 

Dér. du lat. Medium, m. sign. 

Miè, mièjo, adj. Mi, demi; moitié; milieu. — Mièjour, 
mièjognuè, midi, minuit. Mièjo-houro, demi-heure. Miéjo- 
lèguo, demi-lieue. Uno houro et mièjo, une heure et demie. 
Mièjo journado, moitié journée. Un an et miè, un an et 
demi; mais on dit plutôt au masc. un an et démi, mièjour 
et démi. Gn'a jusqu'à müièjo cambo, il y en a jusqu’à mi- 
jambe. À miè-cami, à mi-chemin. Miè-nèci, demi-fou, 
demi-imbécile; écervelé; niais. Miè-moussu, demi-mon- 
sieur, demi-bourgeois, demi-manant. Manjo pas soun miè 
sadoul, il ne mange pas à demi son soûl. Y véï pas sa 
mièjo vido, locution bizarre en parlant d’une personne qui 
a mauvaise vue, qui n’y voit qu'à demi et à peine pour 
gagner sa vie ou ne pas se casser le cou. À mié-troùs, à 
peu près à moitié de la hauteur, à hauteur moyenne, à mi- 
tronc, du lat. Truncus. Un sa dé miè, un sac à moitié 
plein. La païèiro és pas dé mièjo, la cuve n'est qu'à moitié 
pleine, que demi-pleine. On dit cavalièrement d’une femme 
qui fait beaucoup d'enfants : És toujour pléno ou dé mièjo. 
Douna soun bé à mièjo, affermer son bien à moitié fruits, 
amodiation par laquelle le propriétaire prête sa terre et les 
produits sont partagés. Miè-fébriè journdou éntiè, prvb., à la 
mi-février, la journée du travailleurestentière.— Voy.Fébrié. 

Dér. du lat. Medius, a, um, m. sign. 


486 MIL 


Mièjo, s. f. Moitié de la pinte d’Alais qui équivalait au 
pôt ou à deux pintes de Paris. — La mièjo contient 0,90 
céntilitres, elle est donc à peu de chose près le litre. Anén 
béoure mièjo, allons boire un litre. Ma fénno és économo, 
d’un paqué dé brouquélos né faï sièt més et dé mièjo né faï 
pas qu'un co, ma femme est bonne ménagère, d’une botte 
d’allumettes elle fait six mois, et d’un litre une seule 
fois. 

Mièl, s. m. et adv. de comparaison. Mieux; le mieux. 
— Fasès-ou tout pér lou mièl, faites tout pour le mieux. 
Quan-t-on és vièl on danso pas mièl, quand On est vieux 
on ne danse pas mieux. Aïmne mièl véni, j'aime mieux, 
je préfère venir. Aqud vai mièl, la santé va un peu 
mieux. 

Dér. du lat. Meliùs, m. sign. 

Mièro, s. f. Ne s'emploie que dans cette locution : Sala 
coumo la mièro, salé comme la mer, dont Mrèro est proba- 
blement une altération. 

Miétou, s. m». Milan, oiseau. — Voy. Tartaño. 

Mignar, mignardo, adj. Mignard, gracieux et gentil 
avec un peu d'afféterie ; délicat; douillet. 

Dér. de Mino, mine. 

Mignardéja, v. fréq. Mignarder; dorloter; pouponner ; 
faire des mignardises, des coquetteries délicates. 

Mignardije, s. f. Mignardise; gentillesse un Fu affectée; 
délicatesse, coquetterie, caresses. 

Mignô, mignoto, s. et adj. 
terme d’amoureux et de nourrice. 

Mignounéto, s. f. Mignonette, mignardise, œillet mi- 
gnardise, œillet plume, Dianthus plumarius, Linn., plante 
de la fam. des Caryophyllées, cultivée comme fleur 
d'agrément, et qui croit naturellement sur nos mon- 
tagnes. 

Mignouta, v. Mignoter; caresser; flatter doucement; 
dorloter; traiter délicatement. — Il est aussi réciproque : 
Sé mignouta. 

Migou, s. ”#. Fumier ou crottin de brebis; fumier de 
bergerie. 

Dér. du gr. Mupés, pelit, d’où le lat. Mica, petit mor- 
ceau, miette, grain, à cause de la petite dimension du 
crottin de brebis. Ce qui donne raison à cette étymologie, 
c'est que, dans le mème ordre d'idées, ce crottin, pris 
isolément, s'appelle Pécolo, qui vient de Picho, en ital. 
Piccolo, petit. 

Mijè (Dé), adv. De moitié, par moitié. — Faïre dé 
mijè, faire de moitié; être de moitié au jeu; donner la 
moitié de son lit, de son diner, etc. L'ase dé mijè fuguè 
toujour lou pu mou émbasta, prvb., l'âne en communauté 
fut toujours le plus mal embâté. — Mijè est djt pour 
Mièjè ou Mièjo. 

Mil, s. #. Millet. — Voy. Mél. 

Milanés, s. =. el adj. Milanais, du pays lombard. — 
Ce mot désignait surtout, il y a quelques années encore, 
dans nos contrées cévenoles, une race de vers-à-soie prove- 


Mignot; mignon; gâté; 





MIN 


nant de la Lombardie, dont on distinguait plusieurs variétés 
de cocons : le milanais ordinaire, jaune, assez gros, coupé 
ou serré par le milieu; le petit milanais qui n’en différait 
que par son moindre volume, et enfin le milanais blanc, 
semblable au jaune par la forme, mais qui laissait quelque 
chose à désirer pour la couleur. Depuis l’invasion du fléau 
qui ravage nos chambrées, l’importation a amené et répandu 
d'autres races de la Chine, du Japon, de la Natolie, du 
Chili, du Caucase, qui n'ont pas fait oublier les belles 
réussites des milanais ; mais la confiance et l’ancien crédit 
ne leur sont pas encore revenus, car la Lombardie souffre 
des mèmes maladies que les Cévennes séricicoles. Espérons 
cependant une régénération prochaine que des expériences 
scientifiques promettent et font présager. 

Milanto, s. »”. Des millions, des milliasses; nombre 
indéfini et considérable de choses quelconques. 

Dér. du lat. Mille. 

Millimèstre, s. m. Millimètre, millième partie du mètre. 
— Voy. Méstre. 

Importation nouvelle et obligée du fr. 

Milo, s. m. Mille, nom de nombre, et Mil, lorsqu’ il sert 
pour une date. Notre langue ne fait pas cette distinction. 
— Milo résoùs, mille raisons. Milo hiuè cén sèlanto-trés, 
mil huit-cent soixante et treize. 

Milo reste toujours indéclinable. 

Dér. du lat. Mille, m. sign. 

Milo-flous, s. m. Boule-de-neige, arbuste. 
Toumiè. 

Mina, vw. Miner, faire une mine; creuser; caver. Au 
fig., consumer, détruire peu à peu par le chagrin, les 
regrets. 

Minable, ablo, adj. Minable; pitoyable; dont l’appa- 
rence, le costume, l’air font pitié. 

Miné, s. »”. Dim. Minouné. Minet, petit chat; nom 
caressant donné aussi à un vieux chat familier. — aire 
miné, manger plus de pain que de viande : ce qui doit être 
sans doute une antiphrase, car on dit également : Grouman 
coumo uno cato, gourmand comme une chatte, pour expri= 
mer le type de la gourmandise délicate et quelque peu 
recherchée. 

Minéto, s.f. Dim. de Mino. Minette; petite chatte. — 
Ainsi que le précédent, se donne aussi à une chatte favorite 
quel que soit son âge. 

Minganèlo, s. f. Minauderie; manières affectées pour 
plaire; petites façons de l'enfant gâté ou de la jeune fille 
minaudière, où perce une pointe naissante de coquetterie. 

En bas-breton, Mingan, simagrées. 

Mingre, mingro, adj. Chélif; un peu minable; piètre ; 
débile; qui n’a point de forces. 

Mino, s. f. Mine; air; apparence; expression de la phy- 
sionomie, de l'accueil; mine; métaux, minéraux à exploi- 
ter, de cuivre, de charbon, d'or, d'argent, etc.; mine de 
carrier, de mineur, pour faire sauter une roche à l'aide de 
la poudre; minette, chatte, femelle du chat. 


— Voy. 











MIO 


Dans le premier sens, en bas-breton Min, mine; dans le 
second, du lat. Minera, mines, minières. 

Minoù, s. ». Dim. Minouné. Minon, petit chat qui 
vient de naître, — Chanja sous minoùs, changer d'amour, 
porter ailleurs ses affections, en prenant métaphoriquement 
ce que fait au propre la chatte en changeant de place ses 
petits qui sont aussi ses affections. 

Minouna, v. Chatter, faire des petits en parlant de la 
chatte. 

Minounado, s. f. Chattée; petits chats qu'une chatte 
met bas d’une fois. 

Minuto, s. f. Minute, soixantième partie d'une heure; 
original des actes qui demeure chez le notaire, ou original 
des actes judiciaires, qui reste au greffe. 

Dér. du lat. Minutus, minuta, petit. 

Mio, s. f. Mie; amie; maîtresse. — Ana véire mio, aller 
voir sa bonne amie. Ma mio, mon amie, m’amie, est un 
de ces vocatifs que s'adressent les femmes dans leurs con- 
versations, qui la plupart du temps est moins une expres- 
sion d'amitié qu’un terme souvent indifférent et banal, fort 
semblable au fr. : ma chère. 

‘ Contraction de Amigo, moun amigo. 

Miolo, s. f. Dim. Miouléto; augm. Mioulasso. Mule, 
femelle du mulet, produit de l'âne et de la jument. — 
Bono miolo, michanto bèstio, bonne mule, méchante bête. 
Rendre l'argén dé la miolo, rendre gorge, reperdre ce qu'on 
a gagné; en général, tout revirement de fortune, tout revers 
de médaille. Faïre uno miolo, faire une sottise, une faute, 
une maladresse. 

Dér. du lat. Mula, m. sign. 

Miôou, s. m». Dim. Mioulé; augm. Mioulas. Mulet, bète 
de somme. — L’Ane et la jument produisent les grands 
mulets; le cheval et l'ânesse les petits que l’on appelle 
Bardôs. 

Dér. du lat. Mulus, m. sign. 

Miou, miouno, s. et pron. poss. Mien; à moi; qui est à 
moi ; qui m'appartient; le mien. — És miou, il est à moi. 
És miouno, elle est à moi. Démande pas qué lou miou, je 
ne veux que le mien, je ne réclame que ce qui m'appar- 
tient. 

Dér. du lat. Meus, mea, meum, m. sign. 

Mioù, miouno, s. et adj. Mieux, le mieux; meilleur. 
— La trémpo és bono, lou vi mioù, la piquette est bonne et 
le vin meilleur. Béoure bo et müioù, boire du meilleur. 
 Foste mioù sériè dé..., ce que vous auriez de mieux à 

, Yotre meilleur parti serait de. 

Dir. du lat. Melior, m. sign. 
| Miougragné, s. m., Où Miougragnèiro, s. f. Grenadier, 
Punica granatum, Lion, arbre de la fam. des Myrtes, qui 
produit la grenade. 

Son nom latin le suppose originaire du nord de l'Afrique, 
d'où il aurait été transporté en Italie pendant les guerres 
puniques; sa dénomination languedocienne et française lui 
vient de Grano, grain, à cause de son fruit. 





MIR 487 


Miougrano, s. f. Grenade; fruit du grenadier; en lat. 
Malum granatum, pomme grenue, pleine de grains. — Ce 
fruit, dont le malade suce avec plaisir la ‘pulpe, trop peu 
charnue d'ailleurs pour être un aliment qui fatigue son 
estomac, contient un acide agréable qui flatte le goût, 
nettoie, rafraichit la bouche et apaise l’ardeur de la soif 
excitée par la fièvre; ces précieuses qualités ont bien pu 
lui valoir aussi son nom languedocien qui serait formé de 
Grano, graine, grain, et de Mioù, la meilleure. 

Miougrano (Gouto), s. f. Migraine, douleur qui affecte 
ordinairement une moitié de la tête, un seul côté. 

En lat. Hemicrania, qui rend bien la localisation du 
mal, et qu'il semble que la langue d'Oc a voulu exprimer 
aussi, sans y réussir aussi bien. 

Mioulan, s. ». Mule ou mulet vieux, mauvais et laid, 
Rossinante du genre. 

Mioune, miouno, s. et pron. poss. Mien, le mien. — 
Variante de Miow, miouno, avec la m. sign. 

Miquèl, s. m., n. pr. d'homme. Au fém. Miquèlo. 
Michel. — Se dit aussi couramment Michél, Michèlo et 
Michèou. 

Miquélé, s. m. Miquelet, bandit des Pyrénées, dont le 
nom a été retenu dans cette seule locution : Arma coumo 
un miquélé, armé comme un miquelet. 

Mirabèlo, s. f. Mirabelle, sorte de prune ronde, jaune 
et sucrée. 

Dér. du lat. Mirabilis, m. sign. 

Miracloüs, ouso, adj. Miraculeux; prodigieux; qui 
tient du miracle; merveilleux; surprenant; extraordi- 
naire. 

Miraïa (Sé), v. Se mirer; se regarder dans un miroir ou 
dans une surface unie qui rend l’image. Au fig., se regarder 
avec complaisance; s'admirer. — Qué trop sé miraïo pdou 
fialo, fille qui trop se mire file peu. Sé miraïa din sous 
poulis habiages, s'admirer dans ses atours, se mirer dans 
ses atours. Quan réslarés aqui à vous miraïa ? dit-on à 
quelqu'un qui n’a pas l'air de comprendre ce que vous lui 
dites et reste là tout ébaubi, planté devant vous comme 
s’il ne songeait qu’à se mirer dans vos yeux. 

Miraïé, s.m. Dim. de Miral. Petit miroir; écusson d’un 
trou de serrure, de bouton de porte. — Cassa dou miraïé, 
faire la chasse au miroir. 

Miral, s. ». Miroir; glace de verre; surface polie, unie, 
qui rend les images. — Bèlo fénno, miral dé nècis, prvb., 
jolie femme, miroir de niais. 

Dér. du lat. Mirari, admirer, considérer avec admira- 
tion. 

Mirgaïa, ado, adj. Diapré, émaillé de diverses couleurs 
brillantes. 

Altération peut-être du mot Miraïa, mais avec une cer- 
taine extension. 

Mirgo, Murgo ou Mirguéto, s. f. Souris. — Ces déno- 
minations qu'on trouve dans SAUvAGES sont peu usitées. 
Le lat. Mus, muris, ou Musculus, rat, pourrait bien être 


488 MIT 


pour quelque chose dans leur formation. Nous disons Furé. 
— Voy. c. m. 

Miricoutoun, s. #”. Brugnon, espèce de pêche dont la 
pulpe adhère au noyau; sa peau est lisse, d’un blanc un 
peu jaunâtre du côté de l'ombre, et dan beau rouge violet 
du côté du soleil; sa chair est ferme, sucrée, et d’un jaune 
clair excepté auprès du noyau où elle est très-rouge. 

En espag. Malacoton. 

Miscarolo, s. f. Alouette calandrelle. Alauda brachi- 
dactyla, Temm., oiseau de l'ordre des Passereaux et de la 
fam. des Subulirostres, commune dans le pays. — Elle a 
les allures du cochevis, Couquiado, avec qui elle se mêle 
volontiers, ce qui peut les faire confondre, quoique celle-ci 
ne soit pas huppée. 

SAUVAGES, à ce mot Miscarolo, se contente de dire : 
Petite alouette. Cela signifie-t-il petite de taille, quelle que 
soit d’ailleurs l'espèce, ou s’applique-t'il à l’alouette la plus 
petite du genre, car elle ne dépasse pas douze centimètres ? 
Mais cette dernière n'a pas, comme les autres, de nom 
particulier que nous lui connaissions. Miscarolo ne semble 
pouvoir désigner que l’alouette calandrelle. 

Missard, s. f. Marmotte. — Elle n’est vulgairement 
connue que sous le nom de Marmoto. — Voy. ©. m. 

Missoü, s. m. Espèce de saucisson de ménage, de cer- 
velas, plus court que le saucisson ordinaire et fait avec de 
la viande moins choisie et coupée moins menue, que l’on 
ensache aussi dans des boyaux lisses ou non, de manière 
qu'il est souvent assez informe. On le mange cru ou cuit, 
et, dans ce dernier cas, chaud ou froid, et il est toujours 
également bon. Le missoù est, pendant toute l’année, la 
grande ressource de la plupart de nos modestes ménages, 
et comme son apprèt particulier et son emploi ne permet- 
tent pas de le désigner pour un équivalent français, on 
devrait bien franciser son nom et l'appeler Misson : nous 
le recommandons au Dictionnaire de l'Académie. 

Dér. de la bass. lat. Missonum, paquet, botte : le missoù 
étant une agglomération de petits morceaux de viande 
réunis en paquet ou faisceau. 

Missounariè, s.f. Confection, fabrication du Missoù 
(Voy. ©. m.). — Comme dans la plupart des ménages du 
pays, qui peuvent le faire, on est dans l'habitude d’égorger 
tous les ans un cochon, plus ou moins gros selon les 
moyens, on appelle Faïre missounariè, en faire la salaison, 
parce que confectionner les missoùs est la chose principale 
dans cette opération. 

- Mistrâou, s. m. Mistral, vent du Nord-Nord-Ouest, le 
plus froid et le plus impétueux de ceux qui soufilent en 
Provence, d’où ce mot a été importé. 

Contract. de Magisträou, du lat. Magister, le maître, le 
plus fort des vents. 

Mita, s. f. Moitié; une des parties égales ou à peu près 
du tout. — És dé Moussa, aïmo maï lou tout qué la mita, 
prvb., il est de Moussac, il aime mieux le tout que la 
moitié. Ase dé mita és toujour mâou émbasta, l'âne de la 





MOL 


communauté est toujours le plus mal bâté /Voy. Mijè). À 
mita cami, à moitié chemin. Mita quiè, à moitié cuit. 
Éstre dé mita, Ôtre de moilié. Faïre dé mita, partager. 
Mita mita, moitié chacun, part égale. Mita l'un mia 
l'doutre, moitié de chaque : équivalant de mila mita. À 
mita, ou mieux dé mita, à moilié, à demi. 

Dér. du lat. Medietas, moitié. 

Mitadiè, s. m. Qui fait de moitié avec quelqu'un; objet 
qui sépare par moitié, comme un mur, un fossé divisant 
un héritage. 

Mitau, s. m. Milieu, centre, point central. — En v. fr. 
popul. on disait aussi Mitan. — Y-a pas dé mitan, il n'y 
a pas de moyen terme, point de milieu, de tempérament. 
Éntre mitan, au beau milieu. 

C’est le synonyme plus usité de Mie et plus étendu. 

Dér. du lat. Medius, m. sign. 

Mitèno, s. f. Mitaine; long gant de femme qui recouvre 
le bras et n’a que le pouce et l’origine des doigts; gant qui 
n’a de distinct que le pouce. 

Mito, s. f. Mitaine; gant qui n’a que le pouce de dis- 
tinct, souvent fourré en dedans, dont se servent particu- 
lièrement les voituriers. — Il est synonyme de Mitèno 
dans sa dernière acception. 

Dér. de la bass. lat. Mitana ou Mite, m. sign., Lanea 
vel pellicea chirotheca, dit Du Cange. 

Mitouna, v. Mitonner; faire cuire lentement; dorloter; 


cajoler. 
Dér. du lat. Mitis, doux. 
Mo, s. m. Mot; expression; terme; parole. — Aqud's 


pas lou mo, ce n’est pas répondre; ce n’est pas là l'affaire; 
ce dont il s’agit. Té diraï un mo, je te dirai ton fait; je te 
parlerai. Z diguè soun mo, il lui parla comme il faut. Vôou 
i-éscrioure un mo, je vais lui écrire un petit mot, un bout 
de letire. Quinquè pas lou mo, il ne dit mot, il ne répliqua 
rien. 

Dér. du lat. Muttum. 

Moble, s. m». Meuble, tout ce qui sert à orner une 
maison, une chambre, et qui n’en fait point partie, n'y 
étant pas attaché à perpétuelle demeure. 

Dér. du lat. Mobilis, mobile. 

Modo, s. f. Mode, usage dans les vêtements, les plai- 
sirs, les mœurs ; vogue passagère; manière d'agir, de 
parler. 

Dér. du lat. Modus, manière, façon. 

Mol, molo, adj. Mou; tendre; qui n’est pas dur. Au 
fig., mou; lent; flasque et sans vigueur; sans énergie; 
indolent. — És trop mol pér ana ldoura, la terre est 
encore trop trempée pour être labourée. Boudiou/ qué siès 
mol! Bon dieu! que tu es indolent! À Zas cars bé molos, 
elle a les chairs bien flasques. 

Dér. du lat. Mollis, m. sign. 

Molo, s. f. Meule, cylindre plat pour broyer, pour 
aiguiser; meule de moulin, de coutelier. 

Dér. du lat. Mola, m. sign. 





MOR 


Molo, s.f. Terme de boucherie, cimier, partie de la 
cuisse du bœuf, qui contient plusieurs tranches de diffé- 
rentes qualités : la pièce ronde, la semelle ou bè-d'éouquo, 
le tendre ou din-dé-quidisso ; le derrière du cimier, depuis 
les tranches jusqu'à la queue, s'appelle Culotte. 

Molo, s. f. Relâche; intermission ; rabais. — Y-a molo, 
la presse n’y est plus pour louer à haut prix les journaliers 
lors des forts travaux agricoles ; y-a molo, quand le prix 
des denrées baisse par la concurrence des marchands ou 
l'abondance de la marchandise; quand il y a interruption 
dans les arrivages sur un marché. Par extension, on le dit 
toutes les fois qu il y a ralentissement dans l'animation 
d’une partie de jeu, d’un plaisir, d'un travail. 

Dér. du lat. Mollis, mou. 


. Monle, s. ”. Moule, instrument ou matière creusée pour 


donner une forme au métal fondu, au plâtre, à la cire, etc.; 
modèle. — Monte dé boutoù, moule de bouton, qu’on 
recouvre d’étoffe. 

Dér. du lat. Modulus, m.'sign. 

Môoure, v. Moudre, réduire le grain en farine au moyen 
des meules; par ext. broyer, réduire en poudre par un 
moyen quelconque. 

Dér. du lat. Molere, m. sign. 

Môouto, s. f. Mouture; action de moudre; ce que l’on 
moud à la fois; salaire que prend le meünier. 

Mouto, part. pass. fém. du v. Mboure, moudre. Moulue; 
broyée. — Bla énsaqua, farino méouto, littéralement, blé 
mis en sac, farine moulue; locution figurée employée sou- 
vent pour dire : affaire conçue, chose conclue; entreprise 
commencée, succès assuré, 

Mort, s.f. Mort; fin de la vie; mortalité; désastre; 
massacre; carnage. S. #., mort; cadavre; un mort; mort, 
morto, part. pass. et adj., mort, morte, qui a cessé de 
vivre. — Jouine qué véio, vièl qué dort, sinne dé mort, 
prvb., jeune qui veille, vieux qui dort, signe de mort. La 
mort d'uno fénno és coumo un co dou coude, prvb , la 
mort d’une femme est comme un coup au coude, douleur 
vive qui passe vite, à peu près comme celle qu'éprouve la 
matrone d'Ephèse. La mort das blas: quand éclate une 
catastrophe, qu'arrive ce qu'on appelle vulgairement le 
commencement de la fin, dans une débandade, une décon- 
fiture, une déroute, dans un sauve qui peut, on s’écrie : {a 
mort das blas! Le blé étant la chose la plus utile, la plus 
précieuse, sa destruction serait le plus grand malheur 
possible, et l’on ne peut déplorer davantage tous les autres 
désastres qu'en les assimilant à celui-là. Aïçd’s pas la 
mort dé Turèno, dicton conservé dans nos contrées, qui 
fait comprendre l'impression profonde que causa la mort 
du grand capitaine, et qui sert encore de comparaison pour 
témoigner que le malheur dont on peut avoir à se plaindre, 
si déplorable qu’il soit, n’est pas aussi grand que la mort 
de Turenne. Lou pdoure mort, locution ordinaire en par- 
lant d’une personne décédée depuis peu, emportant l'estime 
et les regrets. Un mort-dé-fan, un meurt-de-faim, un famé- 





MOU 489 


lique, un besogneux à genoux devant un écu. La morto- 
sésoù, la morte-saison, celle où le mauvais temps arrête les 
travaux, où un ouvrier ne trouve pas d'ouvrage. Douloù 
dé fénno morto passo pas la porto, prvb., deuil de femme 
morte dure jusqu'à la porte. Morto la bèstio, mort lou véri, 
prvb., morte la bête, mort le venin. Lou maï atrapa és 
lou mort, le plus dupe c'est le mort. Lou fiù és mort, le 
feu est éteint. D'argén mort, de l'argent qui ne rapporte 
rien. À mort, adv., à mort, mortellement, Travaïo à mort, 
il travaille rudement. Mort subito, mort subite. 

Dér. du lat. Mors, mortis, m. sign. 

Mor, s. "m. Mors; fer de la bride qui entre dans la bouche 
du cheval. — Préne lou mor à las déns, au prop. et au fig. 
prendre le mors aux dents, s’emporter. 

Dér. du lat. Morsus, parce qu'il est mordu par le cheval. 

Morço, s.f. Amorce, poudre dans le bassinet d’un fusil, 
sur la lumière d’un canon, à l'ouverture d'un trou de mine; 
appât mis à un hameçon, à un piège; pierre d'attente qui 
avance d'espace en espace à l'extrémité d'un mur pour faire 
liaison avec un autre mur qu'on doit y joindre; entaille 
faite au joint d’une pierre que l’on veut soulever ou arra- 
cher, pour y introduire la pointe d'une pince, d'un levier. 

Dér. du lat. Morsum, supin de Mordere, mordre. 

Morou, s. #2. Nègre, et non pas seulement Maure. 

Dér. du lat. Maurus, noir. 

Mostro, s. f. Montre, machine pour indiquer les heures; 
montre, marchandise exposée sur la porte d'un magasin; 
boite, étagères, vitrage, où elle est étalée; échantillon. — 
Mostro, échantillon pour les grains et autres denrées ana- 
logues, se dit Tasto{Voy. c. m.) lorsqu'il s'agit de liquides. 
— Dilus y-doura fosso mostros, lundi il y aura beaucoup 
de montres : sans autre désignation s'entend exclusivement 
des cocons à l’époque surtout où leur vente préoccupe tout 
le monde. Aqui la mostro et lou mouloù, voilà la montre et 
le magasin, la pièce avec l'échantillon, c.-à-d. tout œæ 
qu'on a, tout ce dont on peut disposer. 

Dér. du lat. Monstrare, montrer. 

Moubla, v. Meubler, garnir de meubles. 


Dér. de Moble. 
Mouchétos, s. f. plur. Pincettes pour tisonner le feu; 
mouchettes pour la chandelle. — Le mot languedocien 


semble la traduction de ce dernier et l'on ne comprend pas 
pourquoi le mème nom a été donné à deux instruments 
d'usage fort différent. Il est certain pourtant que Mouchétos 
est la bonne signification de pincettes, et si vous aviez 
besoin de mouchettes, il serait bon d'ajouter : pér mouqua, 
car autrement, dans le doute, il est probable que ce seraient 
des pincettes qu'on vous apporterait. 

Mouchoù, s. #”. Dim. Mouchouné; augm. Mouchounas. 
Peloton; bouchon; paquet de quelque chose ramassé en 
pelotte. — Un mouchoù dé pèous, dé fiou, dé graïsso, dé 
lano, etc., une poignée, un bouchon de cheveux, un paquet. 
de fil, un peloton de graisse, un flocon de laine, etc. 

En ital. Mocchio, tas, amas, monceau. 


490 MOU 


Mouchouèr, s. ». Mouchoir; fichu; cravate, qui se dit 
Mouchouèr dé col, fichu ou cravate, suivant qu'on parle 
d’une femme ou d’un homme. Pour mouchoir de poche, 
Mouquadoù est préférable. — Voy. c. m. 

Empr. au fr. 

Mouchounado, s. f. Tas, amas; monceau; réunion de 
Mouchoùs. — Voy. ©. m. 

Moude, s. m. Mouton qui n’a pas de cornes. 

Moude, adj. des deux genres. Émoussé, épointé, en par- 
Jant d'un outil tranchant. 

Dér. tous deux du lat. Mutilus, mutilé, à qui il manque 
quelque chose : on sous-entend Cornibus dans la première 
acception. 

Moudélas, s. m., où Moulédas. Gros morceau de mie 
de pain, ou plutôt gros morceau de pain où il y a beau- 
<oup de mie. 

Moudélas où Moulédas se dit aussi pour désigner l’en- 
droit le plus charnu du corps d’un animal. — Lou moulédas 
dé la cambo, le gras de jambe, le mollet. 

Augm. de Moudélo. 

Moudélo, s. f., ou Moulédo. Mie de pain. 

Dér. du lat. Medulla, moëlle : la mie étant la moëlle du 
pain, et la métathèse des deux mots Ci sé ag ne chan. 
geant rien à leur signification. 

Moudèlo, s. »m. Modèle; exemplaire; original d'écriture 
dont un écolier fait la copie. 

Dér. du lat. Modulus, mesure. 

Moudéloü, s. #. Petit morceau de mie de pain, ou petit 
morceau de pain où il y a surtout de la mie. 

Dim. de Moudélo. L 

Moufle, mouflo, adj. Maflé; maflu; dodu; potelé; 
rebondi ; épais; moëlleux ; gros; considérable. — Dé gdoutof 
mouflos, des joues potelées, rebondies, mañflées. Un iè 
moufle, un lit épais, moëlleux. Y-én faguè paga un pris un 
pou moufle, il lui en fit payer une somme un peu forte, 

Le fr. Moufle signifie un visage gras et rebondi : ce 
qui ne veut pas dire que nous lui ayons emprunté le mot. 

En esp. Mafleles, qui a les joues enflées comme Borée. 
Le lat. Flare, souffler, ne doit pas être étranger à tous ces 
mots, au moins pour une moitié. 

Mouflèti, s. m. Gros enfant joufilu, ange bouffi. — 
S’applique plus particulièrement au visage ou au corps, et 
aux enfants. 

Mouflije, s. f. État, qualité de ce qui est Moufle. — 
Voy. c. m. 

Mouflos, s. f. plur. Moufles, gants fourrés, sans doigts, 
n'ayant ordinairement que le pouce de distinct. 

Dér. de Moufle, à cause de l'épaisseur. 

Mougnè, mougnièiro, s. ». et f. Meunier, meunière; 
qui dirige un moulin à blé. — La carièiro dé la Mougniètro, 
la rue de la Meunière, une des vieilles rues d’Alais, qui 
conduisait et conduit encore au moulin appelé le Moulin- 
Neuf, depuis bien des siècles, déplacé ou reconstruit comme 
pour mériter toujours le même nom. 





MOU 


Mouia, v. Mouiller; humecter; tremper dans l'eau. 
— Sé mouïia, recevoir une averse de pluie ; se baigner. 

Mouiïaduro, s.f. Mouillure; action de mouiller; état de 
ce qui est mouillé, trempé. 

Mouïcé, s. m. Épervier, Falco nisus, Temm., oiseau de 
l'ordre des Rapaces et de la fam. des Plumicolles, dont le 
mâle est appelé en fauconnerie Tiercelet, Emouchet ou 
Mouchet, qui a bien évidemment engendré notre vocable 
Mouïcé. Néanmoins on donne également ce nom à plusieurs 
autres petits oiseaux de proie, qui n’en ont point de parti- 
culier en languedocien, tels que Je hobereau, falco subbuteo, 
l’émérillon, falco æsalon, la crescerelle, falco tinnunculus, 
Temm. Ces oiseaux du même genre à quelque différence de 
taille près, se ressemblent beaucoup entr'eux et avec l'éper- 
vier, et habitent de même nos contrées où ils sont seule- 
ment un peu moins connus que ce dernier. — Voy. 
Tartano. 

Mouiïè, s. f. Femme, épouse; moitié. — N'est pas pré- 
cisément de notre dialecte, 

Dér. du lat. Mulier, m. sign. 

Mouïèiro, s.f. et n. pr. de lieu et d'homme. Terre 
molière, grasse et marécageuse; Molière ou Molières, dési- 
gnation d’une dizaine de communes, seulement dans le 
Gard, dites, dans les anciens titres, de Moleria, de Mo- 
lieyriis, de Moleriis, Moleriæ, à cause de la nature des 
terrains sur lesquels l’agglomération s'était fondée. Des 
noms d'homme se sont formés de là, qui doivent se rendre 
en fr. par Molière, tout comme le fief de Poquelin. — És 
argénta coumo lou calice dé Mouïèiro, ilest argenté comme 
le calice de l’église de Molière; vieux dicton ironique, 
parce qu'on prétend que ce calice était de bois : cequi 
répond au fr. : chargé d'argent comme un crapaud de 
plumes. 

Dér. du lat. Mollis, mou. 

Mouïèn, s. m. Moyen; expédient; voie pour réussir ou 
parvenir à..…; facultés pécuniaires; talents naturels, au 
plur. — Tacha mouïèn, essayer, tenter, que le languedo- 
cien pur-sang ne manque guère de rendre par tâcher 
moyen. Fdou tacha mouïèn dé s'én tira, il faut tâcher, 
essayer tous les moyens de s’en tirer. Tachas mouïèn dé 
véni, faites en sorte de venir. Véjan sé y-a mouïèn dé 
mouïéna, voyons s'il y a moyen de s'arranger, de sortir 
de là; si l’on peut moyenner, ménager une bonne issue. 
AquÔ's un home dé mouïèn, cet homme a des moyens, 
quelque fortune. 

Empr. au fr. 

Mouïéna, v. Essayer de plusieurs moyens; tenter une 
voie, essayer d’un expédient, pour amener à bien. une 
affaire, une entreprise. 

Mouïéna, ado, part. pass. Qui a des moyens, des facultés 
pécuniaires, de l’argent à sa disposition. 

Mouïènan, prép. et conj. Moyennant; au moyen de. 
— Mouïènan aqud, au moyen, à l’aide de cela, mi a 
cela. Mouiènan qué, pourvu que. l 


EE 


MOU 


Ce mot, emprunté, comme les précédents, au fr., est 
aujourd'hui très-souvent et très-bien employé dans les 
divers dialectes de la langue d'Oc. 

Mouine, s. ”m. Moine, religieux d’un ordre monastique ; 
meuble pour chauffer les pieds dans le lit, en place 
d'ane chaufférette, à l'aide de charbon allumé ou d’eau 
bouillante. — L'abadiè sé pèrd pas pér un mouïne, prvb., 
pour un moine l'abbaye ne faut point, où pour un moine 
on ne laisse pas de faire un abbé. 

Dér. du lat. Monachus, m. sign. 

Mouïssäou, s. ». Dim. Mouïssalé. Moucheron; cousin ; 
Cuüle>, Linn., insecte de l'ordre des Diptères et de la fam. 
des Hanstelles ou Sclérostomes. — L'espèce la plus com- 
mune, parce qu'elle est la plus incommode, est le Culex 
pipiens, Linn. La femelle pond ses œufs sur le bord des 
eaux; elle en fait, selon Réaumur, plus de 850 qui éclosent 
dans deux jours. Il y a aussi entr'autres les moucherons 
du vinaigre, qui abondent surtout au moment de la ven- 
dange, ét ceux qui volent par essaims semblant ne vivre 
que d'air, car l'on voit souvent des promeneurs dans la 
cainpagne être entourés d’une nuée de ces insectes sans ên 
éprouver la moindre piqüre. Mais ces derniers sont de 


. petits êtres inoffénsifs au regard des premiers, chanteurs 


agaçants et enragés à piquer venimeusement, qui sont un 
vrai fléau, surtout dans les nuits d'été. 

Mouïsse, mouisso, adj. Moîte; un peu humide ; un peu 
mouillé. 

Dér. probablement, à l'aide d'une syncope, du lat. 
Hümiidus, m. sign. : 

Mouïssé, mouisséto, adj. Émoussé; écourté; qui a les 
oreilles courtes. — Fédo mouïsséto, brebis à courte oreille, 
qui est une variété et non une espèce différente. 

En ital. Mezzo, tronqué, écourté. 

Moulan, s. m. Espèce de raisin noir hâtif. — Le 
Moulän ne veut pas être placé dans un terrain bas et 
hümide; il s’y rouille et ne produit rien. Dans toute autre 
condition, en ayant soin de le bien charger à la taille, il 
donne de très-belles grappes; ses grains sont gros, ronds, 
ñoïrs, bien fleuris. Le raisin s’égrène beaucoup lorsqu'il 
ést mûr. Quand on en écrase un grain entre les doigts, sa 


» péau les noircit comme de l'encre : aussi fait-il un vin 


ñoir. Le bois est très-facile à reconnaitre, gros et long, 
rougeâtre, avec de raies longitudinales noirâtres; feuille 


Le hde, peu découpée. 
"Moulari, s. m., n. pr. d'homme. Au fém. Mowlario. 


Moulari. — Est resté seulement comme appellatif; le sub- 
stantif est inusité, ainsi que l'adjectif : Pierre à meule, 
oulari, et péiro moulari où moulario, pierre meulière, 
ou roche dont on tirait les meules, du lat. Molaris lapis, 
m. sign. | 
Moulas, asso, adj. Molasse, très-mou. Au fig., lambin 
renforcé, très-indolent. 
Augm. de Hol. 
Mouléire, s. m. Ouvrier de moulin à huile, celui, spé- 





MOU 491 


cialement parmi les ouvriers qui ont chacun leur emploi 
et leur nom distinct, qui est chargé du broiement des 
olives. 

Dér. du lat. Molere, moudre. 

Moulén, s. m. Espèce de terrain aqueux, humide. Uno 
tèro moulén fait la mouïètro, terre molière, grasse et maré- 
cageuse. — Voy. Mouïèro. 

Dér. de Mol. 

Moulésan, s.m., n. pr. de lieu. Moulézan, commune 
de Saint-Mamet (Gard). — Ce village et celui de Monta- 
gnac, annexe, ne forment qu’une seule commune dans 
l'arrondissement de Nimes. Ils sont situés sur un terrain 
montueux et aride, ce qui a valu directement à l’un le 
nom de Mountagna, Montagnac, et sans doute à l'autre 
celui de Moulésan, dérivé, non de Moulén, ét analogue à 
Mouñèiro, comme sa consonnance semblerait l'y porter, 
mais ayant pour radical significatif le lat. Hola, meule, 
qui a donné Molaris, roche meulière. Il est en effet cité, 
en 1419, sous le vocable de Molasano, en 1383 Molazanum, 
et varie peu dans la suite. Dans son territoire sont situées 
les carrières de Lens, qui ont servi à la construction de 
plusieurs monuments; et d'ailleurs sa contiguïté avec Mon- 
tagnac rend encore probable l’étymologie de Afola au lieu 
de Mollis. 

Moulésan, pris comme simple s. m., reprend cependant 
une signification qui en fait un synonyme de Mol, Moulas, 
Moulén, et veut dire : un musard, lent, nonchalant, indo- 
lent, au superlatif. 

Moulétoun, s.m. Molleton; étoffe croïsée de laine et de 
coton, dont le poil est tiré, ce qui le rend très-moëlleux et 
très-chaud. 

Dér. de ol. 

Mouli, s. »”. Dim. Mouliné, Moulissoù, et Moulinôto, 
s. f. Moulin, machine à meule pour moudre ; moulin à 
farine. — Mouli blan, moulin où l'on fait la plus belle 
farine. Mouli brun, celui où l'on fait la farine inférieure. 
Mouli d'âouro, moulin à vent. Houli d'oli, moulin, pres- 
soir à huile. Mouli dé la farino, bluteau. Mouli paradis, 
moulin à foulon. Mouli dé sédo, moulin à soie, pour ouvrer 
la soie. Lou prémiè qu'és dou mouli éngrano, prvb., le 
premier au moulin engrène : ce proverbe, usité poar dire 
que la diligence dans les affaires en facilite et en assure le 
succès, est basé sur les anciennes coutumes qui voulaient 
que la première personne arrivée au moulin, quel que füt 
son rang et son état, fût aussi la première à moudre. 

Dér. du lat. Molinum, m. sign. 

Moulignè , s. m. Moulinier, ouvrier qui travaille au 
moulinage de la soie, ce qui consiste à la tordre plus ou 
moins, à plusieurs reprises et de diverses façons, selon le 
besoin. 

Moulina, v. Mouliner la soie, la faire passer au motlin 
où elle arrive sur des bobines, rouqués, pour être tordue : 
c'est l'œuvre du Moulignè. 

Moulina, v. n. S’ébouler petit à petit; couler, en par- 


492 MOU 


lant des terres et du sable, comme coule de l’anche, pour 
tomber dans la huche, la farine sortant du moulin à blé. 
— En fr. Mouliner se dit, pour un effet à peu près pareil, 
des vers qui creusent la terre ou rongent le bois. 

Moulinaje, s. #. Moulinage, préparation que l’on fait 
subir à la soie au moulin. — Voy. Moulina. 

Mouliné, s. m. et n. pr. de lieu. Moulinet ; petit moulin. 
— Ce nom est commun à bien des localités et à des quar- 
tiers : à Alais, il désigne un des quatre moulins qui des- 
servent la ville et qui doit avoir grandi depuis son bap- 
tème, car il a aujourd’hui la même importance que les 
autres. 

Un autre diminutif de Mouli était Moulissoù, mot qui 
n’est plus en usage et ne sert plus qu’à dénommer une de 
nos places, Moulisson en fr., au bout de laquelle existait 
jadis un moulin sur le Gardon. — Voy. Moulissoù. 

— Faïre lou mouliné, au fig., a la m. sign. qu'en fr. : 
faire le moulinet, c’est faire tourner rapidement devant soi 
un sabre, un bâton, que l’on tient à la main, de manière 
à empècher que l'arme de l'adversaire puisse vous at- 
teindre. 

Moulino, s. f. Moulin à tourille ou à petite roue hori- 
zontale et découverte, d'après SAUVAGES. 

Le mot est devenu n. pr. d'homme, et se met au masc. 
Moulino, en fr. Moline, Moulines, et n. pr. de lieu restant 
fém. traduit en fr. par Moline, la Moline et Molines. Par 
une autre bizarrerie, Moulè, s. m., est rendu naturellement 
en n. pr. fr. par Moulin, mais le n. pr. en lang. affecte la 
consonnance finale française et l’on dit plus souvent Mou- 
lin que simplement moussu Moul : c'est une exception 
singulière. 

Moulinoto, s. f. Petit moulin. — Dim. de Mouli ou de 
Moulino. 

Moulissoü, s. #”., n. pr. d’un quartier. Moulisson. — 
On trouve dans un vieux titre aux archives de la ville 
qu'en 4388, une proclamation, faite par le crieur public 
dans tous les quartiers ordinaires, eut lieu aussi in trivio 
seu quantono de Montelissono, au carrefour ou au coin de 
Montelisson, littéralement. Il y a là une erreur ou une tra- 
duction fantaisiste du tabellion rédacteur de l'acte, peut- 
être du copiste; car Montelissonum ne répond à rien en 
latin. La langue vulgaire a mieux conservé la vraie déno- 
minalion que cette moyenne latinité barbare qui la défi- 
gure. En appelant ce carrefour, Moulissoù, comme on le 
nomme encore, on employait un diminutif représentant ce 
qui existait alors, c’est-à-dire un petit moulin, établi au 
bord du Gardon, dans cette partie de la rue du Bari, du 
rempart, dont les murs protégeaient la ville et formaient 
son enceinte sur l'emplacement même de la rue et place 
actuelles. — Voy. Mouliné. 

Mouloù, s.m. Dim. Moulouné; augm. Moulounas. Tas; 
monceau ; amas, de pierres, de blé, de fumier, etc. — Un 
mouloù dé fé, une meule de foin. Céousi dou mouloù ou 
din lou mouloù, choisir, prendre dans le tas. 





MOU 


Mouloù se prend aussi pour : groupe, attroupement; 
troupe. 

Dér. du lat. Moles, amas. 

Moulounado, s. f. Foule; troupe ; réunion nombreuse et 
pressée. — Se dit surtout des personnes et des animaux, 
et a la m. sign. que Mouloù. — A bèlos moulounados, par 
pelotons, par bande. Uno moulounado dé pâoures, une 
troupe, un attroupement, une foule, une multitude de 
pauvres. 

Dér. de Mouloù. 

Moulounéja, v. frég. Former une réunion pressée, un 
attroupement sans cesse croissant, uno moulounado; for- 
mer un tas, ur mouloù.—Répond également aux deux mots. 

Moumén, s. »m. Moment; instant; occasion propice. — 
Un moumên qué lou cura sé moque, un instant! laissez-moi 
respirer, me remettre, reprendre haleine. Allusion au mo- 
ment de repos que prend un prédicateur, entre les points 
de son sermon, pendant lequel il se mouche et tout son 
auditoire aussi. À tout moumén, à chaque instant, à tout 
moment. Pér mouméns, par intervalle. À cdousè soun 
moumén, il a saisi le moment favorable. 

Dér. du lat. Momentum, m. sign. 

Mouméné, s. m. Petit moment; très-court instant. — 
Quoiqu'un moment n’ait pas de durée précise, et indique 
rigoureusement le plus court espace de temps possible, le 
languedocien, avec sa propension et sa facilité à donner des 
diminutifs et des augmentatifs à presque tous les mots, a 
voulu encore raccourcir celui-ci en disant : #n mouméné, 
un tout petit moment, comme il a cherché d’autres fois à 
l’alonger par : #n bon mouwmén, un long moment. Tour- 
naraï dinc un mouméné, je reviens à l'instant. Y-a un bon 
mouméné qué vous éspère, j'ai pu compter les minutes à 
vous attendre. 

Moun, pron. poss. masc. Mon : son fém. est Ma. — 
Moun ami, moun capèl, mon ami, mon chapeau. Cepen- 
dant devant un mot féminin qui commence par une voyelle, 
comme en fr., il faut mettre moun : moun aguïo, moun 
éscalo, mon aiguille, mon échelle. 

Moun, n. pr. de lieu. Mons, commune dans le canton 
d’Alais, désignée, en 4156, par Villa de Montibus. — La 


forme plurielle du nom ne se reproduit pas en languedo- 


cien. L'emploi de ce radical dérivé évidemment du lat. 
Mons, montis, est du reste assez rare, seul; mais en com- 
position il est entré dans un grand nombre de dénomina- 
tions géographiques, dont plusieurs sont ensuite devenues 
des n. pr. d'homme; et l’aspect, la position, la culture des 
localités lui donnent des qualifications appropriées et signi- 
ficatives. 

Mountagu, Mountéqu, francisant Montaigu, traduit le 
latin de 4204 Castrum ou Mansus de Monte acuto. 

Mountéouri, Montaury, une des sept collines de Nimes, 
en 1080, In Monte Aureo. 

Mounclus, Montclus, canton du Pont Saint-Esprit, Mons 
Serratus. 


maté 


MOU 


Moundardiè, Montdardier, que nous croyons formé du 
lat. Mons Arduus, bien qu'en 1255, un cartulaire le nomme 
de Monte Desiderio. 

Mounmira, Montmirat, du canton de Saint-Mamet, Mons- 
Miratus. 

Mounrédoun, assez commun dans plusieurs communes, 
Montredon, Mons-Rotundus. 

Mounsdouve, Montsauve, dans la commune de Géné- 
rargues, dit : Locus de Monte-Salvio. — Voy. Séouve. 

Mounsèlque, Montselgues, hameau de la commune de 
Ponteils et Brésis, de Monte-Securo. 

Mounpeïroùs, Montpeirous, Mons petrosus. 

Moun-Véntoù, Mont-Ventou, Mont venteux, Mons ven- 
losus. 

* A cette liste s’ajouteraient, avec l'adjectif qualificatif, les 


‘noms de Montgrand, Montgros, Montjardin, Montlouvier, 


Montplan, Montferrand, Montferré, Montfaucon, Montfrin, 
Montval, etc., etc., dont on voit la formation. — Voy. 
Mountagna, Mountél, Mountéou, Mounpéiè. 

Mounastiè, s. m. Monastère, couvent de religieux ou 
dereligieuses.— Lou mounastiè és pâoure quan las mounjos 
van gléna, le monastère est pauvre quand les nonnes vont 
glaner; le fr. traduisait le même dicton par : l’abbaye est 
bien pauvre quand les moines vont aux glands. 

Ce subst. est devenu n. pr. de localité, à cause de quelque 
ancienne abbaye autour de laquelle se sont formées des 
agglomérations devenues villages. — Lou Mounastiè, Le 
Monastier, ancien monastère de Tornac. 

Dér. du lat. Monasterium, m. sign. 

Mounda, ». Cribler le grain au crible appelé Moun- 
daire. 

Dér. du lat. Mundare, nettoyer. 

Moundaïre, s. m. Grand crible de peau, dont les trous 
sont oblongs, pour monder, nettoyer le grain; cribleur, 
celui qui se sert du crible pour vanner, monder le grain. 

Moundaje, s. m. Action de monder ou cribler le grain, 
de le passer au moundaïre. 

Mounde, s. m. Monde; l'univers; la terre; l'espèce 
humaine; gens; personnes. — Dans ceite dernière accep- 
tion, qui est la plus commune, on voit souvent lappli- 
cation de la règle latine des noms collectifs; turba ruit ou 
ruunt ; ainsi on dit : ou mounde savou pas dé qué s'ima- 
gina, lesgens ne savent que penser : lou mounde sou bièn 
michans, le monde est bien méchant, les gens sont bien 
méchants. Aqud’s pér faïre tia lou mounde, cela est mis 
pour faire tuer les gens. Dé qué diriè lou mounde? Que 
dirait-on ? Lou bou ddou mounde?(Voy. Bou.) Manquo pas 
mounde, il y a foule. Mandas dé mounde, envoyez du 
monde, des gens. 

Dér. du lat. Mundus, m. sign. 

Moundio , s. f. Criblure de grains, tirée par le moun- 
daïre. — Voy. Moundaïre et Grapasses. 

.Mouné, s. m. Minet, minon; uom donné au petit chat 
et mème au chat. 





MOU 493 


Mounéda, ado, adj. Pécunieux ; qui a de la monnaie, 
pour de l'argent comptant ; riche. 

Mounédo, s. /. Monnaie; petites espèces d'argent ou de 
billon. — Rèndre la mounédo dé l'argén, au fig., rendre la 
monnaie de la pièce, c.-à-d. la pareille. 

Mounino, s. f. Dim. Mouninéto. Singe, mâle ou femelle; 
de la petite espèce seulement : pour désigner les grandes, 
on emprunte au fr. le mot Singe. — S'applique surtout 
aux espèces qui ont les fesses nues : mouninélo quiou 
plouma, petite guenon au cul pelé. Pagamén dé mounino, 
sous et gambados, paiement en monnaie de singe, en gri- 
maces. Doun pu nâou monto la mounino, doumaï mostro 
lou quiou, prvb., plus le singe s'élève, plus il montre son 
cul pelé : conseil de prudence et de modestie à ceux qui 
veulent sortir de leur sphère et risquent de montrer un 
petit bout d'oreille échappé par malheur. 

Mounino est une qualification donnée à une jeune fille 
effrontée ; une petite morveuse. 

En espag. Mona, singe. 

Mounino, s. f. Ivresse, état de celui qui est ivre, saoul 
ou gris. — Préne, carga la mounino, se griser. Avédre la 
mounino, être gris, être dans les vignes. On assure que les 
singes aiment beaucoup la soupe au vin et qu'ils s'enivrent 
en en mangeant. D'un autre côté, l’homme, que le vin 
prive de la raison, imite le singe par ses contorsions, ses 
gambades et ses grimaces ; à telles enseignes que nos anciens, 
désignant les diverses sortes d'ivresse, appelaient vin de 
singe celui qui faisait sauter et rire. Tout cela a donné 
naissance à l'expression languedocienne, qu'ont à peu près 
aussi les Espagnols, qui disent : dormir la mona, pour 
cuver son vin. 

Mounjéto, s. f. Variélé de haricots blancs à ombilie 
noir, qui se mangent secs. — En vieux langage, mounje 
signifiait moine ou chanoine régulier ; on appelait mounÿo, 
une religieus?, mais seulement celle qui était vêtue de 
blanc, de l'ordre de Citeaux, par exemple ; le dimin. était 
mounjéto, petite religieuse. Cette conformité dans la cou- 
leur de l’habit dût valoir au haricot, à la féverolle, dont 
il est ici question, le nom de Mounjéto, qui se donne 
généralement à tous les haricots blancs quand ils sont 
secs. 

On appelle aussi Mounÿéto une espèce de limaçon blanc, 
comme on nomme Mourguéto la variété de couleur foncée. 
— Voy. Mourguéto. 

Moujôou ou Mounjoï, s. m., n. pr., est évidemment 
le lat. Mons Jovis, mont de Jupiter ou consacré à Jupiter ; 
on le rend par Montjoie. C'est la manière d'écrire l’ancien 
cri de guerre des rois de France, qui remonte, dit-on, à 
Clovis. Mais s’il est vrai que, à la bataille de Tolbiac, 
Clovis, invoquant le dieu des chrétiens pour en obtenir la 
victoire, s’adressa aussi au patron de la France en l'appe- 
lant dans son langage encore païen : Mon jove, mon pro- 
tecteur, ma divinité, c'est Montjoie - Saint - Denis qu’il 
faudrait écrire pour rendre le véritable sens de ces paroles 

63. 


494 MOU 


devenues sacramentelles, — Notre languedocien a d’autres 
mots qui sont de même formation : Dijéou, Barbajôou, 
Castèljdou, etc., dies, barba, castellum Jovis. On voit, 
comme le remarque l'abbé ne SAUVAGES, que ces mots et 
bien d’autres, que nous rencontrerons, conservent des ves- 
tiges où l’on trouve, comme dans des médailles, le langage, 
les divinités et le culte de nos pères. 

Mounla, v. Moxler; jeter au moule; faire au moule. — 
Mounla, ado, part. pass. et adj. Moulé; fait au moule, 
accompli et parfait de forme. Aquél home és mounla, cet 
homme est fait au moule. Létro mounlado, lettre, carac- 
tères moulés, c.-à-d. imprimés. Agud's mounla, c'est moulé ; 
se dit d’une belle écriture, nette et propre. 

Dér. de Monle. 

Mounmar, s. "., n. pr. d'homme. Montmart, ou Mom- 
mar, ou Montemar. Tous dérivés en lang. et en fr. du lat. 
Mons Martis, montagne consacrée à Mars, dont le français 
a fait encore Montmartre. — Voy. Mounjéou. 

Mouno, s. f. Dim. Mounéto; augm. Mounasso. Chatte. 
chatte favorite ; mot dont on se sert surtout pour l'appeler, 
c'est une variété que la ménagère retourne de cent façons 
caressantes : Mino, Mounéto, et en fr. Minette, Mou- 
moute, etc. 

Mounpéiè, s. m. n. pr. de lieu. Montpellier, chef-lieu 
du département de l'Hérault. 

Monspestellarius, en 975. Monspistilla, en 1060. Mons- 
pislerius, en 1068: Monspistellarius, en 1076. Monspeller, 
Montpeslier, en 1090. Villa Montispessulani, en 1118, 
4118, 1132. Monspessulus, en 1119, 1162, Monspessulanus, 
au xue siècle. Her ghéss, Mons concussionis, montagne du 
tremblement, au xne siècle, dans l’Itinéraire de Benjamin 
de Tudèle. Monspelius, Monspellerius, en 1240. 

L'origine de Montpellier ne peut pas être ici en cause : 
c'est de son nom et de son étymologie seulement qu'il s’a- 
git; mais ces deux choses se tiennent. Les commencements 
de Montpellier touchent à la légende, et cette légende a été 
inspirée par le nom mème de la ville. C’est cet aperçu qui 
peut donner la clé de l’énigme. 

Nous l’avons assez répété : il n’est point contestable que, 
dans les temps les plus anciens, tout le littoral de la Médi- 
terranée n’ait été occupé par les tribus celtes ; que la lan- 
gue celtique ne s’y soit maintenue pendant des siècles, 
même après l'invasion romaine; qu'elle ne fût parlée en 
même temps que le latin, et que le gauloiset le latin, d'ac- 
cord ou séparément, n’aient servi à la désignation, à la 
dénomination des points les plus remarquables du territoire. 
N n'est pas douteux, non plus, que la tradition a gardé 
les traces de ces appellations plus ou moins altérées, mais 
souvent très-reconnaissables encore. 

L'emplacement sur lequel's’est bâtie la ville de Montpel- 
lier était connu ; il étail par conséquent nommé. Sa topo- 
graphie, le site, son aspect étaient assez remarquables pour 
mériter une qualification individuelle, comme tous les lieux 
environnants, à plus de titres peut-être. Les anciens géo- 





MOU 


graphes parlent de marécages entourant un monticule : celte 
particularité, il est naturel de le croire, avait dù provoquer 
une dénomination. Quand on songea vers le vrre ou le vire 
siècle, à établir des constructions sur cette colline située au 
milieu des marais, et qu'on voulut les désigner, leur situa- 
tion se présentait d’elle-mème et le baptême fut fait. Il suffit 
du simple contact d’un mot pris dans le langage gaulois, 
plus ancien, usuel, commun mème aux deux idiomes, mais 
signicatif, précis, appliqué à toute la contrée, pouvant 
caractériser l'établissement nouveau, et d’un mot latin qui 
était compris par tous, accepté par l'usage, qui détermi- 
nait et précisait le point culminant où se fondait un éta- 
blissement agricole. Celui-ci était le subs. Mons, éminence, 
colline, monticule, hauteur. Celui-là venait de pol, pël, 
pull, marécage, marais, palustre; pyllauc, marécageux ; 
dans la bass. lat. pabula, poël, traduit par palus, que la 
Belgique représente aujourd'hui par Puelle et Pevelle, plus 
fidèle à l’ancien roman, qui n’est autre que le sing. du gén. 
plur. puella rum 

La situation était à décrire; mons, éminence, colline se 
présentait d’abord; mais cette élévation était entourée de 
marais, poll, poël, pull, marécage, pyllauc, marécageux, en 
celt. traduits en latin par pabula et palus, était trouvé. La 
dénomination était simple et juste. Elle précéda peut-être 
toute agglomération d'habitants et toutes constructions : 
Mais le site attirait ; on s’y fixa ; il grandit, il prit de l’im- 
portance ; une ville y fut fondée. En même temps, la vieille 
langue était oubliée; un nouveau langage, formé de ses 
débris, mêlé de son souvenir, la remplaçait; ce n'était plus 
le celtique, ce n’était pas le latin, mais le roman qui se 
parlait parmi le peuple ; les savants, les tabellions usaient 
de la basse latinité et défiguraient à plaisir les deux langues 
anciennes, au profit de locutions hybrides. C’est certaine- 
ment à quelque érudit ingénieux de ce temps que nous 
devons la traduction du gaulois poll ou poël, ou du latin 
pabula, où puellarum, et l'arrangement de Monspuella- 
rum. Ce fut la première époque. De là, à la légende des 
deux sœurs, puellarum, qui viennent fonder la ville, il n'y 
a que la main. L'histoire sonnait bien et flattait des vani- 
tés : elle a fait son chemin dans le monde des étymolo- 
gistes, puis est venu Monspessulus et monspessulanus ; les 
verrous, les barricades verrouillées, fermant l'entrée de la 
ville, ont joué leur rôle, en méconnaissant leur véritable 
origine. Cette dernière forme est cependant aussi une autre 
corruption un peu plus éloignée et plus méconnaissable, à 
cause de la disparition de la source; mais elle se compose, 
je crois, des mêmes éléments, et il est facile de les retrou- 
ver par l'analyse. Cette dérivation pourrait bien être exacte 
et vraie : En tout cas, comme les autres n’ont pas paru 
jusqu'ici satisfaisantes, elle peut espérer de trouver grâce 
par sa simplicité même et parce qu'elle explique assez 
naturellement les autres. 

Mounta, v. a. et n. Monter; élever ; porter dans un lieu 
plus haut; monter; croitre; se transporter dans un lieu 


" 


MOU 


plus haut; s'élever ; disposer ; agencer ; préparer.— Mounta 
une muraïo, élever un mur. Mounta dé fé, monter du foin 
au grenier, Lous magnas montou bièn, les . vers à soie 
montent bien, quand ils grimpent sur la bruyère pour faire 
leurs cocons. On dit à Ajais : Mounta à Vilofor, monter, 
aller à Villefort, comme on y dit : Davala à Nime, descen- 
dre aller à Nimes, pour spécifier le voyage du pays bas au 
pays de montagne et viceversd. Quouro mountas à Ginouïa? 
ou seulemént Quouro mountas? Quand montez-vous ? dit 
à Alais, par exemple, un habitant de Génolhac à quelqu'un 
qui doit y aller ou y retourner. En changeant le rôle des 
interlocuteurs et le lieu de leur conversation, on dit : 
Quouro davalas én Alais? ou Quouro davalas? Quand 
descendez-vous ? Faï pas qué mounta et davala, il ne fait 
u'aller et venir, monter et descendre. L'aïgo monto, la 
rivière croit. Y-an mounta lou co, on lui a dressé une em- 
büche, monté un coup. 

Dér. de Ja bass. lat. Montare, m. sing., formé de Mons, 
montis, Montagne. 

Mountado, s. f. Dim. Mountadéto. Montée; côte; 
rampe; plan incliné qu'on suit en montant et qui devient 
descente en sens inverse; chemin qui va en montant ; 
action de monter. — Mountado d'éscaïè, escalier. Aï pérdu 
fosso magnas à la mountado, j'ai perdu beaucoup de vers à 
soie à la montée, au moment où ils grimpent sur la bruyère 
pour faire leurs cocons. Davalurén un pdou à la moun- 
tado, nous descendrons un peu à la côte, ce qu’on ne man- 
quait jamais de solliciter des voyageurs, du temps des 
diligences. La mountado faï tira, la montée, la côte est rude, 
le chemin montant fait trimer bôles et gens. 

Mountadou, s. m. Marche d'escalier ; montoir ; pierre 
ou élévation qui sert à monter, à s'élever ; montoir, côté 
gauche du cheval. — Dim. de Mountado. 

Mountagna, s.m.,n. p. de lieu. Montagnac, dans le canton 
deSt-Mamet, etdansles communes de Meyrannes et deSt-Cris- 
tol-lez-Alais (Gard), sous l'appellation latine Montanhacum. 

Il n'est pas peut-être de dénominations géographiques 
plus répandues que celles où est entré le radical Mons, 
montis, lat., mont, hauteur, éminence, caractéristique 
d’une situation. Et on se l'explique facilement par cette 
préférence de tous les peuples et dans toutes les époques de 
choisir les lieux élevés pour y former leurs établissements. 
Aussi était-il naturel, pour éviter les confusions, pour 
signaler un accident de position, pour mieux particulariser 
une localité de s'attendre à des variétés très-nombreuses 
sur lesquelless’est répandue la richesse des surflixes destinés 
à adjectiver ou à modifier le radical. Et c’est là ce qui n'a 
pas manqué d'arriver tant les circonstances s'y prêtaient ; 
mais c’est ce qui démontre avec une évidence plus sensible 
en même temps, on nous permettra de le remarquer, que 
toutes ces’ désinences, si variées qu'elles se rencontrent 
partout, en a, ac, argue, ergues, orgues, igny, etc., sont 
équivalentes entr'elles et n'affectent le radical que d’une 
manière uniforme. Les exemples que nous citerons ont pour 





MOU 495 


but de faire ressortir ces analogies et une parfaite identité ; 
ils ne sont qu'une application pour ainsi dire de ce que 
nous avons répété plusieurs fois au sujet de nos divers 
surfixes; il n'est donc nécessaire que d'en donner une 
simple nomenclature et d'indiquer les variantes par les- 
quelles ces appellations ont passé, en suivant les modifica- 
tions de la langue elle-même et sous les influences ethniques 
qui ont agi sur elle, 

Mountagna, Montagnac, Montanhacum correspond à 
Mountignargue, Montignargues, dit, en 4169, Montina- 
nègues, forme romane, et Montinhanicæ, en 4384, forme 
latine, et à Mountusorgue, Montuzorgues, commune de 
Durfort, dit, en 4280, Montusanicæ; et à Mountéirargue, 
Monteirargues, commune de Saint-Cristol-lez-Alais, dit-en 
1345, Montusanicis, et à Montésorgue, Montézorgues, 
commune de Saint-Jean-du-Gard, dit, en 4249, de Montis- 
sanicis, en 1277, Montusanicæ, en 1346, de Montuzanicis ; 
mêmes terminaisons, mêmes reproductions, mêmes signif- 
calions. Tous ces noms encore se rapprochent de ceux de 
Mountése, Montèze, commune de Verfeuil ; Lous Mountéses, 
les Montèzes, commune de Monoblet, et Mountéses, Mon- 
tèzes, commune deSaint-Christol-lez-Alais, appelé, en 1384 
Monthesie, en 1435, de Monteziis. 

Et s'il fallait sortir de notre département, les concor- 
dances abondent ; nous ne rappelons que les plus proches, 
sans parler des identiques Montagnac, en Franche-Comté, 
dans l’Agenois, en Guienne, en Provence, en Armagnac, et 
Montagnat, en Bresse, dans le Coudomois, en Périgord, 
Montignac (Aveyron, Charente, Dordogne, Gironde, Lot-et- 
Garonne, Lozère); Montagné, Montagney, en Franche- 
Comté eten Dauphiné, Montagny, en Normandie, en Bour- 
gogne, dans le Beaujolais, dans le Lyonais ; Montagnieux, 
en Dauphiné; Montenay, dans le Maine et la Lorraine, 
Monteynard, en Dauphiné; et, surtout ces points, les nom- 
breux Montigné et Montigny; comme sur les dernières 
formes, Montus, Montussan, Montussaints, elc., etc. — 
Voy. Moun, Mountél. 

Mountagnar, s. m. Soulcie, moineau des bois, gros-bec 
soulcie, Fringilla patronia, Linn., oiseau de l'ordre des 
Passereaux et de la fam. des Conirostres ou Conoramphes. 
— La soulcie a tout le fond du plumage d'un brun cendré 
mèlé de blanchâtre sur les parties inférieures, avec des 
taches blanches çà et là et une jaune-citron sur le haut de 
la poitrine. Cet oiseau nous arrive en bandes nombreuses 
des montagnes voisines quand le chasse la neige, ce qui l’a 
fait appeler Mountagnar. : 

Mountagnar, s. m. Au fém. Mountagnardo.Montagnard ; 
habitant dés montagnes; habitant des hautes Cévennes, de 
la Lozère et de l'Auvergne pour les Alaisiens. — On avait 
aussi pris au fr. ce nom pour désigner un parti politique 
qui, dans la secondeet la troisième république, a préféré 
s'appeler Rouge, mais qui a conservé le thym et le serpolet 
symboliques pour rappeler son origine. 

Dér. du lat. Mantanus, m. sign. 


496 MOU 


Mountagnè, s. m. Au fém. Mountagnéiro. Mème signi- 
fication que le précédent, sauf la dénomination politique, 
mais moins usitée que Mountagnar. 

Mountagno, s. f. Montagne, ou plutôt région monta- 
gneuse, car il ne s'entend qu’ainsi.— La mountagno, pour 
l'arrondissement d’Alais, est surtout la Lozère, qui est à 
son Nord. Y-a dé nèou én mountagno, il y a de la neige 
sur la montagne, sur la Lozère. Lous troupèls van ên moun- 
tagno, les troupeaux vont à la montagne, passer l'été sur 
Ja Lozère. Mountagno éscuro, plèjo séguro, prvb., montagne 
(Nord) obscure, pluie assurée, certaine. — Est aussi n. pr. 
de lieu et de personne, avec de nombreux analogues. 

Dér. du lat. Montana, de Mons, montis. 

Montagnu, udo, adj. Montagneux ; montueux ; entre- 
coupé de montagnes. 

Mountan, s. m. Montant total d’un compte; montant, 
poutrelle, bigue de bout dont on se sert pour dresser les 
tables des vers à soie /Voy. Éstaja) ; parties en saillie des 
côtés d’une porte, d’une fenêtre, qui en soutiennent la cor- 
niche; goût relevé, odeur forte et piquante. 

Mountäou, s. m., n. pr: de lieu. Montaut, dans la 
commun d’Anduze (Gard). — Synonyme de haute - mon- 
tagne. ! 

Mountarén, s. m.,n. pr. de lieu. Montaren, dans la 
commune d'Uzès (Gard). — 11 est dit, en 44514, Mons 
Helenus, qui doit être une altération, et qui est rétablie 
sans doute, en 4277, par Mons-Arenus, et dans la suite par 
Locus de Monte-Areno, du lat. Arenosus, de Arena, sable ; 
ce qui est plus conforme à son aspect et à la nature des 
terrains. 

Mounté ou Ounté, ad. de lieu. Où, en quel lieu, en 
quel endroit. — Ounté, du lat. Undë, est le mot original 
auquel on y ajoute quelquefois une M initial pour raison 
d’euphonie : l'oreille seule décide donc de l'emploi de l’une 
ou de l’autre forme. Mouté ou Ounté vaï? Où va-t-il? Dé 
mounté où d'ounté vèn? D'où vient-il? Li diguè mounté, 
vous diraï ounté, il lui dit où, je vous dirai où. Mounté, là 
où ; mounté qué, tandis que, au lieu de. Y mandè, mounté 
qu'douriè déougu y-ana, il ÿ envoya au lieu d'y aller, tandis 
qu'il aurait dù y aller. Lou charère mounté fouïà lou batre, 
Je le grondai là où il fallait le battre. Mounté et Ountéont 
quelque différence, peu sensible néanmoins, dans ces der- 
nières locutions, où Mounté parait préférable, quand Ounté 
n’est pas faute. 

Mountél, s. m., n. pr. de lieu et d'homme. Monteil, en 
fr. que la bureaucratie écrit Mouteils, sans aucune raison 
de cette s finale. — C'est un hameau sur une éminence, 
chef-lieu de la commune de ce nom, dans le"canton de 
Vézenobres, arrondissement d’Alais. Il est dérivé de la 
bass. lat. Montile, Montilæ, pelite montagne, monticule. 

Montilia est, d’après SauvaGes, le nom d’une ancienne 
petite ville où s’est tenu un concile. On n’en voit plus que 
des débris et pour ainsi dire que la place appelée Ciouta, 
ou Viè-ciouta, du lat. Civitas, vetus civitas, vieille cité. 





MOU 


Samson, dans sa cartes des conciles, place Montilia au 
même endroit où cette Ciouta est située, près du hameau 
de Monteil, à environ un kilomètre de distance. Des 
fouilles ont été tentées plusieurs fois sous ces ruines qui 
couvrent une surface d'au moins deux hectares; on a pré- 
tendu que deux beaux vases d’albâtre y avaient été trou- 
vés : nous ne les connaissons pas ; mais des visites plus 
récentes et des recherches heureuses ont déterminé le carac- 
tère de Viè-ciouta qui peut être considéré comme un des 
plus curieux restes de la forteresse gauloise dans notre pays; 
et elles ont fait découvrir, dans ses substructions, au 
milieu de divers tronçons de colonnes, des débris de pote- 
ries grossières, d’amphore, de poteries en terre de Samos, 
des fragments de mosaïque, des urnes funéraires, des 
fioles lacrymatoires en verre et des lampes en bronze, qui 
marquent les occupations successives de l'antique oppi- 
dum et son importance aux époques celtiques, romaine et 
gallo-romaine. 

L'habitude bien connue chez tous les peuples et dans 
tous les temps de s'établir de préférence sur les hauteurs, 
a singulièrement multiplié les dénominations que caracté- 
rise une désignation de montagne, d'éminence, soit au 
simple, comme un autre village peu éloigné de Viè-ciouta. 
nommé Mour, Mons (Voy. c. m.), soit en composition pour 
des localités, que nous avons citées, où est entré le mème 
substantif. Il ne s'agit ici que de la forme diminutive de 
Mountél, qui se présente également avec une longue série 
de variantes, dont nous avons à signaler seulement autour 
de nous les principales. 

Ainsi Mountél, ou lous Mountéls, au sing. ou au plur. 
en fr. Monteil, Monteils, Montels, est rendu uniformément 
dans la bass. lat. par Montilium, Montilius, Montille, de 
Montillis, de Montellis, forme diminutive correspondante à 
monticule; et la ressemblance devient frappante avec 
Mountio, Monlille, commune d’Aiguesmortes, las Mountios, 
les Montilles, canton de Beaucaire, en 1227, in loco dicto 
de Montillis. Mountalé, Montalet, commune de Meyranes, 
où se font remarquer les ruines d’un vieux château légen- 
daire, paraît être de même formation. — Voy. Moun, 
Mountagna. 

Mounturo, s. f. Monture : bête, mule, cheval ou âne sur 
laquelle on monte, destinée à ètre montée. 

Mounumén, s. »m. Monument; édifice public; tom- 
beau. 

Empr. au fr. 

Mouoi (Pér), Pérmouino ou Pér moï, ou Pér moid, 
adv. et interj. Par ma foi ! Peste!l Parbleu! certes, assuré- 
ment, sans doute. D'abord, sorte de serment, puis, jure- 
ment, n’est plus dans le discours, dénué qu'il est de tout 
sens, qu'un mot purement explétif. — Pér moi / ou dourièi 
pas créségu, Dame! parbleu ! par ma foi ! ma parole ! je ne 
l'aurais pas cru. 

Sauvaces le croit formé du lat. Per Maïam, par Maïa, 
mère de Mercure. 





MOU 

Motor, trois. pers. sing. de l'indice. prés. du ù. Mouri, 
mourir. Il où elle meurt. — Cette variante, de teinte un 
peü raïole, est néanmoins Commünément employée à trois 
où quatre kilomètres au-dessus d'Alais ; on y dit de préfé- 
rence : Aquél doubre mouor, cet arbre meurt. On va plus 
Join : dans cette circonstance on retranche l’r final : lou 
fiù moud, lou lun mou, le feu, la lampe s'éteint: 

Le part. pass. du mème verbe fait également Mouor, 
Mmouorto. — Aquél doubre és mouor, cet arbre est mort, 
Cependant les mêmes disent : La mor és un michan moussèl 
à énvala, la mort'est un mauvais morceau à avaler. Il est 
vrai que, là où ces mots se prononcent de cette manière, 
on dit aussi : lot couol, lou pouor, etc., pour lou col, lou 
por. IL est difficile dese rendrecompte de toutes cesnuances 
de langage ; notre intention n'est pas non plus de constater 
toutés les différences de prononciation qui se produisent 
d'une localité à un localité voisine ; nous avons voulu seu- 
lément en donner un spécimen dans un mot, en usage tout 
près de nous qui, en poésie surtout, peut remplacer d'une 
manière heureuse lé mort ou mouris, qui ont l'inconvénient 
de sé rapprocher un peu trop du français. 

Mouqua, v. Moucher le nez, la chandelle. Au fig., rebif- 
fer, river ses clous à quelqu’un.— Sé mouqua, se moucher, 
s'ôter la morve du nez. On en est venu aussi à dire Sé 
mouqua, pour Se moquer : locution, empr. au fr., vicieuse 
en languedocien. Moquo-té, mouche-toi, dit-on à un enfant : 
moquo, souffle, lui dit celui qui le mouche. La barbasto 
a mouqua lous gréls, la gelée blanche a broui les jeunes 
pousses. Lou mouquère bièn, je lui relevai bien la mous- 
tache, je lui rivai bien son clou. 

Dér. da lat, Muccare, m. sign. de Mucus, morve. 

Mouquadoù, s. m. Mouchoir. — Ce mot, dérivé de 
Mouqua, moucher, n'a dû d'abord s'appliquer qu'au mou- 
choir de poche, et ce n’est que par une ressemblance de 
forme qu'on a ensuite donné le mème nom au mouchoir de 
cou, servant de fichu ou de cravate. Mouquadoù semble 
revenir plus particulièrement à sa première signification 
depuis l'adoption du fr. Mouchouër, qui, tout en expri- 
mant la même chose, s'emploie aussi pour mouchoir de 
cou. 
Mouquariè, s. f. Moquerie ; risée; dérision ; acte pour 
tourner quelqu'un en ridicule. 

Mouqué, mouquéto, adj. Penaud ; confus; honteux ; 
attrappé ; interdit; trompé dans son attente. 

Dér. du gr. Moxaw, se moquer. 

Mouquéta v. Mortifier, confusionner ; rendre penaud, 
interdit ; rendre mouqué. 

Mouraïa, v. Museler; mettre une muselière à un 
animal. 

Dér. de Moure, museau. 

Mouraïos, s. f. plur, Morailles, sorté de tenailles, qu'on 
place à la lèvre supérieure des chevaux ou des mules, pour 
les empêcher de mordre, quand on les tond ou qu'on les 
ferre. 





MOU 497 


Mouräou, s. m. Sac à foin ou sac à avoine, le premier 
en sparterie à jour, le second en toile, que l'on suspend à la 
tête des mulets ou des chevaux de travail pour les faire 
manger lorsqu'ils s'éjournent hors de l'écurie ou qu'ils sont 
en route, — Métre lou pè din lou mourdou, au fig., dofner 
dans le piége, dans le panneau. 

Der. de Moure, museau. 

Mourça, v. Amorcer ; mettre une amorce à un fusil, à un 
hameçon, à un piége. 

Dér. de Morço, amorce. 

Moure, s. m. Museau ; mufle; groin ; par ext. figure; 
visage ; face. — Un pouli moure, un joli minois. Véro aïci 
toun moure, tourne ta façe de ce côté. Faïre lou moure, 
faire la moue, la mine; se renfrogner. Léva lou moure, 
lever le nez, porter haut la tête; prendre un air insolent, 
provoquant, 

Moure, se prend pour un gros quartier de rocher, qui sort 
de terre, pour un térrain en surélévation. 

Dér. du celt. Mourre, m. sign. 

Mouréja, v. Montrer le nez; commencer à paraître; 
rudoyer quelqu'un, lui faire la mine, lou moure; donner 
des soufllets. 

Mourga, v. Ravaler; raccourcir une branche d'arbre, 
un cep. de vigne; châtrer, écourter les pousses d'un abre, 
d'une plante trop orgueilleuse ; morguer ; narguer. 

Mourgo, s. f. ou Mounjo. Dim. Mourguéto. Nonne; 
nonnain ; religieuse. Avec cette différence que la Mourgo 
était vètue de noir, comme les Bénédictines, les Cla- 
ristes, les Ursulines, etc., et Za Mounjo de blanc. — Voy. 
Mounjélo. 

Co mot désigne encore à Alais une vieille rue, La carrièira 
dé las Mourgos, qu'on traduit : rue des Mourgués, sur 
laquelle était bâti un vaste couvent des Dames de Saint-Ber- 
nard. Au masc. inusité comme nom commun, Mourgues, 
est cependant nom propre d’hommeet de diverses localités, 
de hameaux dans les communes de Castillon-de-Gagnère, 
de la Rouvière, de Saint-Anastasie, de Vergèze et d'un 
quartier dans le canton de Nimes, dont le nom rapporté 
dans un compois de 4380, en lat., serait en contradiction 
avec ce que dit SAuvAGEs de l'application de Mourgo on 
Mourgue à une religieuse ou religieux vêtu de noir; car le 
vieux titre porte Ad Monacum Album, et, en 4479, Morgue- 
Blanc, pour Les Mourgues aujourd'hui. 

Mourguéto, s. f. Petit escargot. Hélice vermiculé, Heliæ 
vermiculata, Linn., mollusque de l’ordre des Gastéropodes 
et de la fam. des Adélobranches. — Comme l'indique son 
nom diminutif, il est en effet petite de taille, ce qui ne le 
rend pas plus beau. Il est en tous cas difficile d'établir 
un rapprochement entrè l'objet du présent article et celui 
du suivant; l'an est le type de la légèreté, l’autre de 
la laideur; et on leur a donné le même nom! Cela ne 
peut s'expliquer que par quélque rapport de couleur, 
trouvé dans leur robe, qui les a fait comparer tous deux 
à la Mourgo où Mourguéto, qui serait bien alors vrai- 


498 MOU 


ment la religieuse habillée de noir. Peut-être aussi est-ce 
à cause de la coquille de l’escargot, considérée comme son 
capuchon ou sa cellule, qu'on est arrivé par un autre chemin 
à en faire de même une Mourguéto. — Voy. le mot suivant. 

Mourguëto, s. f. Libellule, demoiselle, Zibellula, Linn., 
insecte de l’ordre des Névroptères et de la fam.des Libelles 
ou Ordonates, au corps allongé, à la taille fine, aux ailes 
de gaze, qni vole avec une grâce charmante sur le bord des 
eaux. Les libellules sont, suivant les espèces, bigarées de 
diverses couleurs, mais la plus commune, celle qui a donné 
son nom aux autres, a les ailes noirâtres ; c’est ce qui lui 
a valu d’être appelée Mourguéto, d'une religieuse du même 
nom dont le costume était noir; elle est cependant plus 
connue aujourd'hui par celui de Douméisèlo on Douméisé- 
léto, imité du français. — Voy. Douméïsèlo, et le mot pré- 
cédent. 

Mouri, v. Mourir, cesser d'exister, de vivre. Au fig. 
finir, souffrir beaucoup; éprouver un vive et douloureuse 
impression. — És mort dé La courto haléno, il est mort de 
la respiration arrêtée, ou faute de pouvoir respirer : mauvaise 
plaisanterie à propos d’un défaut sur la maladie duquel on 
discute. Aquélo tèro mourès én pouncho, ce champ finit, se 
termine en pointe. Mé fai mour? dâou lagui, elle me fait 
mourir de chagrin. 

Dér. du lat. Mori, m. sign. 

Mourimén s.m. Défaillance ; spasme ; syncope; éva- 
nouissement. — Mourimén dé cor, n’a pas d'autre signifi- 
cation. 

Mouriscâou, âoudo, adj, Moricaud, qui a le teint ou le 
poil noirâtre. 

Dér. du lat. Maurus, m. sign. 

Mournifle, s. ». Au fém. Mourniflo. Petit morveux, 
petite morveuse.— C'est comme si l’on disait : Moure qué 
réniflo, museau qui renifle. Taïsa-vous, mourniflo, taisez- 
vous, péronnelle. 

Mourtalén, s. m. La gent mortelle, les mortels. — Ex- 
pression qui n’a cours qu’en poésie. 

Mourtäou, alo ou Mourtèl, mourtèlo, adj. Mortel, elle. 
— Ne s'emploie, dans le sens du français, que pour péché 
mortel, péca mourtdou, car il faut pouvoir dire son caté- 
chisme dans toutes les langues : mais dans l'usage ordinaire, 
il signifie : dangereusement malade, qui est en danger de 
mort. — Sé créi pas mourtéou où mourtèl, il ne se croit 
pas en danger de mort. Low crésès mourtèl? croyez-vous 
sa maladie mortelle, qu’il ne peut en réchapper ? 

Dér. du lat. Mortalis. 

Mourtiè, s. m. Mortier, vase pour piler; pièce d'artillerie 
pour lancer une bombe, — Low mourtiè sén toujour l'aïé, 
le mortier sent toujours les aulx, proverbe qui se rend aussi 
en fr. par : la caque sent toujours le hareng. On l’applique 
à une personne qui, par quelque action on quelque parole, 
fait voir qu'elle retient encore quelque chose de la bas- 


sesse de son origine on des mauvaises impressions qu'elle a 
reçues. 





MOU 


Mourtiè, s. m. Mortier, mélange de chaux éteinte et de 
sable pour bâtir.— Mourtiè gras, mortier où il y a beaucoup 
de chaux ; mourtiè maïgre, celui où le sable domine. Mour- 
tiè bastar, mortier fait le plus souvent avec des platras et 
de la chaux. 

Dér. du lat. Mortarium, m. sign. 

Mourtigoùs, ouso, «dj. Malingre, languissant ; rabougri. 
— Se dit des arbres dont les feuilles sont petites, jaunes, 
flétries et dont quelques branches sont sèches, en un mot 
qui menacent de mourir. 4 

Mouru, mourudo, adj. Rebouché ; émoussé ; mousse, en 
parlant du tranchant et surtout de la pointe d’un outil ; 
lippu, qui a de grosses lippes ou lèvres, en parlant princi- 
palement de la lèvre inférieure. 

Mouru, s. m. Au fig. Se prend pour : bourru, rustre; 
incivil ; fâché ; de mine renfrognée et d’humeur sombre. 

Dér. de Moure, museau. 

Mourudo, s. f. ou Biäou ou Granâou. Groneau, Gran- 
din, poisson dè la Méditerranée.— Voy. Grandou, qui est 
une espèce de Muge, si ce n’est le Muge lui-même, déguisé 
sous ses divers noms locaux. Ses lèvres fortes, son museau 
court lui ont valu son appellation de Mourudo. 

Mourvis, s. m. ou Cade-mourvi, Génevrier dePhénicie, 
Juniperus Phæœnicea, Linn., arbrisseau de la fam. des Co- 
nifères, commun dans nos bois. — Voy. Cade. 

Mous, pron. pers. mas. plur. de Moun, Mes. — Mous 
éfans, mes enfants. 

Mous, trois. pers. sing. de l'indic. prés. du v. Mouse, 
traire. Il ou elle trait. 

Mous, s. m». Moût, jus de raisin qui n’a pas encore fer- 
menté : se prend, dans le style goguenard, pour le vin 
même.— Y-a dé mous, dit-on à quelqu'un ou de quelqu'un 
en pointe de vin, un peu dans les brindesingues. 

Dér. du lat. Mustum, m. sign. 

Mouscal, s. m. Émouchoir; queue de cheval attachée à 
un manche pour émoucher les chevaux pendant qu'on les 
ferre; lanière de papier autour d’un petit bâton pour 
chasser les mouches des enfants et des malades, ou dont 
se sert un marchand de sucrerie en plein vent, par 
exemple, pour garantir des mouches sa marchandises; par 
extension, pompon, panache, que l’on met à la tête des 
mulets, qui est un ornement après avoir été d'abord un 
chasse-mouches ; gland de bonnet, qui semble avoir le 
même emploi. 

Dér. de Mousquo, mouche. 

Mouse, v. Traire; tirer le lait des vaches, des chèvres, 
etc. — Au fig. Mouse quéouquus, obtenir de quelqu'an ce 
qu'on désire par des caresses, de calines instances; Jui 
gagner ou lui soutirer son argent par petites saignées douces. 

Dér. du lat. Mulgere, m. sign. 

: Mousi, mousido, adj. Moisi; qui est atteint, altéré par 
la moisissure. Au fig. És pas mous, se dit de quelqu'un 
remuant, retors, qui ne risque pas de se moisir par inaction 
de corps ni d'esprit. À 


TS 


MOU 


Lou mousi, s. m. le moisi ; odeur, goût de moisi ; moi- 
sissure ; partie d’une chose moisie. — Voy. Mousidun. 

Dé. dulat. Mucidus, m. sign. 

Mousidun, s. m. Moisissure; le moisi.— Exprime d'une 
manière plus générale que Mousi et Mousiduro, une partie 
de chose moisie sur une quantité ; ainsi on dira : fou tria 
lou mousidun d'aquélos poumos, il faut enlever les pommes 
moisies de ce tas, et : /évas lou mous) d'aquélo poumo, Ôtez 
la partie moisie de cette pomme. 

Mousiduro, s. f. Moisissure, altération d'une chose moi- 
sie. — Voy. Mousidun. 

Mousqué, s. #. Mousquet ; fusil dont le canon est court; 
ancienne arme à feu, en usage avant le fusil. 

Mousquéja, v. Émoucher ; chasser les mouches. — Un 
chival mousquéjo, se dit d’un cheval qui chasse les mouches 
à coups de pied et de queue, qui bat ses flancs de sa 
queue. 

Dér. du lat. Muscas agere, chasser les mouches. 

Mousquéto, s. f. Dim. de Mousquo. Petité mouche. 

Mousquo, s. f. Dim. Mousquéto; augm. Mouscasso. Mou- 
che, Musca, insecte classé en histoire naturelle dans l'ordre 
des Diptères et la fam. des Latérisèles ou Chetoloxes qui a 
d'innombrables variétés, toutes confondues sous le nom 
commun de Mousquo, sans classification savante. — L'hip- 
pobusque, Hippobosca equina, Lan. cette mouche si incom- 
modeaux chevaux, si tenace et si dure à écraser, est la seule 
qui ait reçu une qualification distinctive : on l'appelle 
Mousquo dé chival et surtout Mousquo d'ase. 

Dér. du lat. Musca. 

Mousquo, s. f. Mire; mouche, visière d’une arme 
à feu. 

Mousquo où Mousquéto, s. m. touffe de barbe sur le men- 
ton, qu'on a souvent appelée royale, puis impériale , et 
mouche qui n'a pas de couleur politique, quand un des 
mots précédents n’était plus de mise. 

Moussa, s. m., n. pr. de lieu, Moussac, commune dans 
le canton de Saint-Chaptes (Gard), nommé en 4469, Mozac, 
roman, et Mazacum, latin; en 1228, Mociacum, variant un 
peu plus tard en Mossacum et Mossiacum. Ce village, sur 
les bords du Gardon, exposé souvent à ses ravages, aurait- 
il pris son nom de cette situation ou de quelque accident 
causé par la rivière? Sa formation lui viendrait-elle de la 
même source ou de la mème idée que Moussèl, morceau, 
synonyme Bouci, dans un autre dialecte dérivant de Morsus, 
de mordere, mordre, qui nous a donné le verbe Mous- 
siga ? C’est probable ! 

— Sou dé Moussa : aïmou maï lou tout qué la mila, 
provb., ils sont de Moussac : ils aiment mieux le tout que 
la moitié. La Rouviëiro sansvi, La Cédoumélo sans couqui, 
Moussa sans bla, lou péisan és arouïina. La Rouvière sans 
vin, La Calmette sans coquin. Moussac sans blé, le paysan 
est ruiné : dicton ancien que les rivalités de village à vil- 
lage se jetaient volontiers et sans ménagement. — Foy. 
Éscaïnoun. 





MOU 399 


Moussa, v. Mousser, faire de la mousse, en parlant d'un 
liquide; Escuma est préférable dans ce sens. 

Fort ressemblant à un empr. au fr.; aussi, presque 
inconnu dans les campagnes et dans les endroits où le 
languedocien est resté plus pur. 

Moussèl, s. m. Dim. Moussélé ; augm. Moussélas. Mor- 
ceau, partie d’un tout et quelquefois le tout; bouchée, 
fraction d'une chose bonne à manger. — Moussèl énvala 
n'a pas pus dé gous, provb. qui ne manque pas et ne man- 
quera jamais d’applications, non plus que de traductions 
ou reproductions dans toutes les langues et dans tous les 
temps ; car il se rend en fr, par : service rendu est bientôt 
oublié; plaisir passé ne laisse pas de trace : bonheur 
savouré n’a ni goût ni souvenir. N'a pas fa qu'un moussèl, 
il n’en a fait qu'une bouchée. Aqud’s un pouli moussèl dé 
fio, voilà un beau brin de fille, un friand morceau. 

Dér. du lat. Morsus, part. pass. de Mordere, mordre : ce 
que l’on enlève en mordant. 

Moussiga, v. Mordre; serrer, entamer, diviser avec les 
dents, avec le bec, avec tout ce qui serre ou pince. 

Dér. du lat. Morsus. 

Moussigado, s. f. Dim. Moussigadéto. Morsure; action 
de mordre; meurtrissure ; empreinte, marque faite en mor- 
dant ou en piquant avec le bec. 

Moussigaïre, aïro, adj. Qui mord, mordant.— Au fig. 
n'est guère admis qu'en style poétique : la langue est avant 
tout positive. 

Mousso, s f., ou Moussi. Mousse, apprenti matelot. 

En esgag. Mogo, jeune garçon, jeune valet. 

Mousso, s. f. Traite des vaches, des chèvres, des bre- 
bis, etc. ; action de les traire; quantité de lait qui en pro- 
vient. 

Dér. de Mouse, traire. 

Mousso, s. {. Mousse, écume. — Se dit mieux Éscumo. 
— Voy. c. m. 

Mousso, s. f. Mousse, cryptogame, plante ou herbe 
parasite. 

Dér. du lat. Muscus, m. sign. 

Mousso d'araire, s. m. Versoir de charrue. 

Mousso dé mèr, s. f., ou Aoubo dé mèr. Algue de mer, 
algue marine, foin marin, dont on enveloppe le verre, les 
bouteilles, pour les transporter ; on en fait des matelas, des 
coussins et même du papier ; elle croît dans la mer et sur- 
tout dans nos étangs. 

Une autre plante du mème genre, le Mousso dé mèr, la 
mousse de mer, Fucus helminthocorton, Linn., de la fam. 
des Algues, qu'on trouve dans la Méditerranée, est un 
des meilleurs vermifages connus. 

Mousso (Fiou dé) s. m. Fil de moche, de Quibray ou 
de Bretagne, paquet de soies filées, disposées pour le pei- 
gnage. Le nom lang. n’est qu'une altération du fr. Moche, 
soie en moche, en paquet. 

Moussu, s. ». Monsieur ; titre donné par civilité, par 
respect ou par bienséance.— Un moussu, moussu un tdou, 


500 MOU 


un monsieur, monsieur tel. Au plur. il est toujours pré- 
cédé de l'art. lous ; lous moussus, les messieurs, en géné- 
ral, les gens qui ne sont pas du peuple; ous moussus un 
tdou, les messieurs tels; mais on ne l’emploie qu'en par- 
lant des personnes et non point en s'adressant à elles- 
mêmes. Ainsi l'on dit : Coumo anas, moussu ? et Coumo 
anas, méssius? Ce dernier n’est qu'une autre traduction 
plus moderne de messieurs. — Un miè- moussu, un demi- 
bourgeois, demi-manant, Moussu Chouso, monsieur Chose, 
dont le nom ne vient pas à la mémoire /Voy. Chouso). 
Moussu moun ami, phrase purement explélive : Ah! 
certes. — Voy. Ami. 

Dér. du vieux langage Moussen ou Mossen, formé du 
pronom poss. et du subst., abrégés ou transformés de 
Moun, du lat. Meus et du roman Seiner, Senher, Seinhor, 
donnant Sieur, Sire, Seigneur, venus du lat. Senior, plus 
àgé. 

Moussudé, s. m., ou Moussurdé, Jeune monsieur. — 
Dim. presque toujours respectueux, qu’il ne faut pas con- 
fondre avec ce que le fr. exprime par : Petit monsieur, 
qui est le plus souvent un terme de raillerie ou de mépris. 

Moussurô, s. m. Petit monsieur; jeune freluquet; arti- 
san qui veut se donner des airs de monsieur. 

Moustacho, s. f. Dim. Moustachéto; aug. Mousta- 
chasso, Moustache ; barbe qu’on laisse croître au-dessus de 
la lèvre supérieure ; longs poils autour du mufle, de la 
gueule de certains animaux. 

Dér. du gr. MSooteë, d'où le lat, Mystax, m. sign. 

Moustachou, s. m. Mornifle; petit soufflet ; coup de la 
main sur la figure. 

Moustachouna, ». Souffleter ; donner des mornifles, de 
petits soufflets, des moustachoùs. 

Moustachu, udo, adj. Qui a des moustaches, surtout 
de grandes moustaches. 

Moustardiè, s. m. Moutardier, petit vase dans lequel 
la moutarde est servie sur la table. — Sémblo lou prémiè 
moustardiè dâou papo, dicton qui s'applique à un homme 
qui prend des airs d'importance et d'autorité, qui veut 
trancher du grand seigneur ou du personnage très-entendu : 
et fondé sans doute sur ce que le peuple s'imaginait qu’au- 
près du Pape devait se trouver, à titre d'office, un ser- 
viteur de sa maison, ayant charge de Moutardier, et qu'on 
le supposait ironiquement jouissant d’une grande in- 
fluence. 

Moustardo, s. f. Moutarde, Sinapis, Linn., plante dela 
fam. des Crucifères, dont il y a deux espèces, la blanche 
et la noire. Ce n'est guère à la plante, peu connue, que 
l'on applique ce nom, mais au condiment fort en usage pour 
exciter l'appétit et faciliter la digestion des estomacs pares- 
seux, que l'on fait avec la graine réduite en poudre. Sous 
cette forme, elle est également vulgarisée par l'emploi qu’en 
fait depuis longtemps la médecine dans les bains de pied et 
les sinapismes ; pour cela la moutarde noire est préférable 
comme plus âcre et plus excitante. 





MOU 


Ce mot vient du la. Multum ardet, qu'en vieux fran- 
çais on rendait par Moult ard, il brûle beaucoup ; ou de 
Mustum ardens, parce que l’assaisonnement de table se 
composait quelquefois de cette farine délayée dans du moût 
de raisin. 

Moustardo, s. f. Raisiné ; moût de raisin cuit en conf- 
ture. — Comme on y mêle parfois quelques grains de 
moutarde pour le rendre piquant, il prendrait de là son 
nom. C’est à cette composition que s’appliquerait fort bien 
la seconde étymologie donnée à l'article précédent. Néan- 
moins ce mélange n’est point ordinaire,et Moustardo, con- 
fiture, est le plus souvent la même chose que Rasiné. — 
Foy. c. m. 

Moustas, s. m. Gros souflet, bien appliquésur la figure, 
sur la moustacho. 

Augm. de Moustachoù. 

Moustéja, v. Rendre du moût ; être juleux. — Au fig. 
on dit : Aiç maustéjo pas, ceci n’est pas brillant, d’une 
affaire qui s'annonce mal, qui ne rend pas ce qu'on espérait. 

Dér. du lat. Mustum agere, m. sign. 

Moustèlo, s. f. Belette, Mustela vulgaris, Linn., mam- 
mifère unguiculé de la fam. des Digitigrades ou Carnivores. 
La Belette, la dame au nez pointu, est beaucoup plus 
petite que la marte et le furet; mais elle leur ressemble par 
la forme. Son corps mince n’a que six à sept pouces de 
longueur ; sa queue, plus courte même en proportion, n’est 
aussi garnie que de poils très-courts. Son pelage est d’un 
roux vif, cendré en dessus et blanc en dessous. Malgré sa 
petitesse, elle est courageuse et forte, et ne craint pas d’at- 
taquer une proie plus grande qu’elle; elle n’épargne pasles 
poules et est très-friande surtout de leurs œufs et de ceux 
des perdrix et des cailles dont elle fait ample destruction. 
Dans les montagnes du nord du département on trouve, 
quoique rarement, l’Hermine, Mustella erminna, Linn., et 
comme elle est en tout semblable à la belette, à la couleur 
près, on l'a prise pour elle, et tout simplement appelée 
Moustèlo blanquo, belette blanche. 

On dit Moustèlo d’une fillette rusée, matoise, fine mouche 
et un peu effrontée. 

Moustoùs, moutouso, adj. Plein de moût; qui rend 
du moût; gluand ; juteux; visqueux ; douceâtre. 

Moustra, v. Montrer ; indiquer; faire voir; enseigner. 

Dér. du lat. Monstrare, m. sign. 

Moustre, s. m. Monstre ; production ou être contre na- 
ture; individu très-laid, très-méchant, dans l'usage ordi- 
naire; mais comme exclamation, ou apostrophe, il n’a pas 
toujours cette gravité et le ton peut l'adoucir jusqu’à un 
simple reproche de bouderie ou même d'affection. Dans la 
même acception, il devient aussi interjection. 

Dér. du lat. Monstrum, m. sign. 

Moustroüs, ouso, adj. Monstrueux; prodigieux ; exces- 
sif; effrayant; épouvantable. 

Moutas, s. m. Augm. de Mouto. Grosse motte, surtout 
de terre; gros grumeau, gros morceau. 


MOU 


- Moutèl, s. m. Grumeau; morceau d’une matière quel- 
conque, alhérente, coagulée, caillée. 

Dim. de Mouto. 

Moutifläou, âoudo, adj. Moufilard ; gros joufflu ; qui a 
de grosses joues. 

. Serait-il formé de Mouto, motte, et du lat. Flare, souf- 
fler, enfler ? ou bien un augmentatif, un peu capricieux, de 
Moufle ? 

Mouto, s. f. Dim. Moutéto; augm. Moutas. Motte ; mor- 
ceau de terre soulevé par la charrue ou tout autre outil ara- 
toire ; terre adhérente aux racines d’un arbre déplanté. — 
Mouto dé carboù, motte de houille, morceau d’un plus gros 
volume, par opposition au menu, Tris. On fait des Moutos, 
des mottes artificielles; en pétrissant et pressant en pains 
de la houille menue, du tan, rusquo, qui ne peut plus 
servir, et du marc d'olives ou grignon, osses d'oulivos : 
c'est le combustible des pauvres ménages, et là aussi est 
l'idée première et perfectionnée de la fabrication des agglo- 
mérés, l’utilisation des menus de mines, cette invention 
qui a été une si grande ressource dans nos grandes indus- 
tries houillères. Mouto dé nèou, boule de neige. 

‘Dér. de la bass. lat. Mota, m. sign. 

Dér. du Meus, a, um, m. sign. 

Moutou, s. m. Mouton, Verveæ, Linn., mammifère ungui- 
culé de la fam. des Ruminants ; mâle châtré de la brebis.— 
S’'emploie, de même qu’en fr., pour signifier les moutons, 
brebis et béliers, en troupeau, un troupèl dé montoùs, un 
troupeau de moutons. 

L'origine du radical qui a formé le mot Moutoù à lassé 
tous les étymologistes, dit Honnorat : « Jean Picard l’a fait 
venir du gr. Méduv, qui désigne une espèce de danse dans 
Pollux, à cause des sauts que font les moutons; Caseneuve 
pense qu'on pourrait le dériver du lat. Mutilus, employé 
dans le sens d'écorné; Bochart prétend qu'il vient de Mons, 
montis, d'où l’ital. Montone et._Monton, parce que les mou- 
tons se tiennent sur les montagnes. Ce qui paraît justifier 
cette étymologie, c'est le mot Montero, qui signifie chasseur 
en espag., et qui est bien évidemment dérivé de Montis ; 
Huet le prend de Mutus, muet, parce que cet animal est 
silencieux; enfin, selon d’autres, il viendrait de l’allem. 
Mutzen, couper, tronquer, parce. que le mouton, proprement 
dit, est un bélier coupé. » 

Littré résume à peu près ces anciennes opinions, et il 
constate que la forme primitive du mot portait un 4, en 
ital. etdans la bass. lat. Multonem, Moltonem, Mutlonem : 
Il trouve dans le celtique : gaël. Mult; Kimry, Mit; irl. 
Molt; bas-breton, Maoud, bélier ; il y voit une forte raison 
pour croireque le mot est indigène, et que l’étymogie incline 
vers le celtique. : 

Moutoù, s. m. Mouton ou sonnette, masse de fer, ou 
gros billot garni et armé de fer, qui se lève à bras ou à 
machine, et qui, en retombant, sert à enfoncer des pilotis. 
de pieux : ainsi appelée parce que le mouton, dont la ma- 
chine entière porte le nom, donne des coups avec la tête 





MUL 501 


et que la sonnette semble cosser, dourda, les pieux, comme 
l'animal. 

Moutoù se dit aussi des anses en bois dans lesquelles 
on fait entrer les anses d'une cloche, un moutoù dé cam- 


Moutougnè, èïro, adj. Moutonnier; qui suit l'exemple 
des moutons et fait comme les moutons de Panurge. 

Mu, mudo, adj. Muet; qui n'a pas l'usage de la parole; 
qui ne parle pas, ou qui reste sans parler. — ZLéngo ou 
fénno mudo fouguè jamaï batudo, prvb., langue ou femme 
muette ne fut jamais battue; excellent conseil à ceux ou 
à celles qui parlent trop. À la mudo, à la muette, sans 
parler. 

Dér. du lat. Mutus, m. sign. 

Muda, v. Remuer un enfant au maillot ; le nettoyer, le 
changer de langes. — Pèou-muda, muer, changer de poil, 
et par ext. changer de plumage. de peau. Aquél qué sé 
mudo, Diou l'ajudo, prvb., qui pèche et s'amende, à Dieu 
se recommande. 

Dér. du lat. Mutare, changer. 

Mudaïro, s. f. Remueuse, femme qui remue, mudo, un 
enfant, qui l'emmaillotte. 

Mudo, s. f. Mue; changement de poil, de plumes ou de 
peau, dans l'animal et particulièrement des vers à soie à 
chacune de leurs maladies. 

Dér. de Muda. 

Mugan, s. m. Ciste cotonneux à fleurs roses, Cistus 
albidus Linn., arbrisseau de la fam. des Cistes, qui croit 
spontanément sur les collines arides du Midi. 

Mugo, s. f. Ciste de Montpellier à feuille étroite et à 
fleur blanche, Cistus Monspeliensis, Linn., plante de la 
fam. des Cistes. — Il y a un grand Ciste, dans nos landes, 
qui est le même que celui sur lequel on récolte dans le Le- 
vant, dit SAUVAGES, la résine appelée Labdanum, drogue 
de pharmacie. 

Mugué, s. m. Jacinthe orientale, Jacinthe des jardins, 
Hyacinthus orientalis, Linn., plante de la fam. des Li- 
liacées, commune et dont on cultive des variétés très-nom- 
breuses. 

Mugué, est encore le nom d’une autre jolie plante, Con- 
vallaria majalis; Linn., de la fam. des Asparagées; qui 
vient naturellement dans les bois humides du Midi, et qui, 
par ses petites fleurs blanches en campanules, répandant une 
odeur suave, mérite aussi d’être comptée parmi les plantes 
des jardins. 

Mujou, s. m. Muje ou mulet, Muge de la Méditerranée, 
Mugil labeo, Cuvier, poisson de l’ordre des Holobranches 
et de la fam. des Lépidopomes.— Ce poisson, très-commun 
dans la Méditerranée et dans nos élangs, atteint 42 centi- 
mètres de longueur ; il a le dessus brun verdätre, les côtés 
et le bas-ventre blancs, les lèvres fortes et crènelées. F 

Mulatiè, s. m. Muletier; celui qui conduit des mules et 
mulets pour le transport du vin ou des marchandises. — 
Jusqu’aux premières années de ce siècle, le muletier a été 


64. 


502 MUS 


un personnage bien autrement important que ne le fut 
jamais un roulier, lorsqu’à la têtede quinze ou vingt mulets, 
et quelquefois davantage, dont chacun pour la plupart ne 
valait pas moins de mille francs, et qui tous lui apparte- 
naient, il était seul chargé du transport de nos marchan- 
dises dans toutes nos montagnes jusqu’au Puy-en-Velay. 
11 n'existe presque plus de muletiers et encore ne sont-ils 
que des grandeurs déchues qu’on rencontre par hasard dans 
un chemin écarté et difficile : l'ouverture de nouvelles 
routes et l'amélioration des anciennes leur firent céder la 
place aux rouliers qui, à leurtour, tendent à disparaitre, 
écrasés sous la concurrence plus redoutable encore des 
chemins de fer. 

Mur, s. m. Mur, muraille; rempart.— Mur est un fran- 
çais qui nous est arrivé avec son cortége franchiman de : 
Mur én briquos, gros-mur, mur-mèstre, mur dé réfén, mur 
milouïèn, mur d'appui, etc., qu'il faut bien accepter, faute 
de mieux, pour s'entendre. 

Dér. du lat. Murus, m. sign. 

Muraïa, v. Murer, clore, entourer, enceindre de mu- 
railles. 

Muraïo, s. f. Dim. Muraïéto; augm. Muraïasso. Mu- 
raille; mur. — Quoique Muraïo soit aussi une traduction 
du français, ce qui prouve en sa faveur c’est qu'on ne pour- 
rait la bien mettre à la place de Mur, dans les locutions 
citées à l’article de ce dernier mot. 

Murgo, s. f. Souris. — Voy. Mirgo. 

Murtro, s. f. ou Hèrbo dâou lagui. Myrte, myrte com- 
mun, Myrtus communis, Linn., arbrisseau de la fam. des 
Myrtes. — Cet arbrisseau toujours vert était consacré à 
Vénus; il devint le symbole de l'amour et de l’hymen aussi, 
car les nouvelles mariées en couronnaient leur front : On 
prétend qu’alors on lui donna son autre nom d’Æèrbo d'ou 
lagui, pour rappeler les soucis et souvent les chagrins qui 
suivent le mariage. — Voy. c. m. 

Dér. du gr. Mupros, d'où le lat. Myrtus, que notre dia- 
lecte a un peu altéré à sa manière. 

Mus, s. m. Musc, parfum.— Inutile de dire que le musc 
est fourni par une sorte de chevrotin ou de chevreuil; le 
languedocien ne connaît que son odeur : ila pris pour cela 
seulement le mot au français, en supprimant le c final qui 
Jui est antipathique. La Fare-Azaïs l’a heureusement appli- 
qué, dans les Castognados, dou basalà, le basilic, qu'il 
appelle mus dâau péisan et raïôou pachouli. 

Mus, s. m., n. pr. de lieu. Mus. — Il existe dans notre 
département deux localités qui portent ce nom : Mus, 
commune, canton de Vauvert dans l'arrondissement de 
Nimes, et ce qu'on appelle la ville de Mus, dans la com- 
mune de Durfort, arrondissement du Vigan, ruines d’une 
villa gallo-romaine. 

La commune de Mus est connue par ses carrières d'où 
l'on tire les dalles appelées Bars dé Mus. Ces pierres pren- 
nent un beau poli et l'on en pave les appartements, surtout 
ceux du premier étage, car au rez-de-chaussée elles se 





MUS 


détériorent facilement par l'humidité; mais c'est principa- 
lement au pavage des fours qu’elles sont employées parce 
qu'elles résistent bien à l’action du feu. 

« Quant à la ville de Mus, dit SauvAGess, elle paraît n’a- 
voir été qu’une maison de campagne, villa, appartenant à 
quelque grand seigneur. Elle était dans un endroit aride, 
élevé et resserré par des rochers d’un aspect affreux. L'on 
ne conjecture sa situation, et cet endroit n’est remarquable 
que par un aqueduc de bonne construction, qui aboutit à 
un petit espace susceptible de culture. Cet aqueduc, dont il 
y a de beaux restes, amenait par de longs circuits au 
milieu de ces rochers, l’eau d’une fontaine appelée Fon das 
Sarazis. 

« Mus, serait-il le même nom que celui d’un général des 
Sarrazins appelé Musa ? Ces infidèles avaient fait d'assez 
longs séjours dans la Septimanie pour y avoir construit ce 
monument peu connu, quoique digne des Romains, et le 
nom du général abrégé dans celui de Mus, serait en même 
temps resté au lieu de son habitation.» 

Musa, v. Muser; s'arrêter en chemin; être oisif; s’a- 
muser à des vétilles au lieu de faire son travail. — Doit 
signifier encore : se repentir, dans le sens au moins que la 
perte du temps ou de l’occasion peut donner lieu à se 
repentir; appert le proverbe : Qudou réfuso, muso, qui 
refuse, qui retarde, se repent. | 

Musaïre, aïro, s. et adj. Musard ; fainéant ; lambin ; lent; 
tardif ; qui muse. 

Musca, s. m. Muscat, raisin et vin dont tout le monde 
connaît le goût qui rappelle le parfum du musc. — On 
cultive dans le pays trois espèces de muscats : ou musca 
blan ; il ne réussit pas dans les plaines où le sol est humide; 
il s’y rouille et ne produit rien; il lui faut un terrain 
élevé; le sol siliceux, formé de débris de grès, grés, ou fer- 
rugineux, Jui convient très-bien. 11 donne de très-belles 
grappes; les grains sont blancs, ronds, très-serrés, de cou- 
leur dorée à la maturité. Son bois est un peu roux, ten- 
dre, et sa feuille assez grande. Lou musca négre, le muscat 
noir ne diffère du blanc que par sa couleur qui est très- 
noire. Lou musca grè, le muscat grec : ses grains sont gros, 
blancs, ovoïdes, croquants et légèrement musqués; ses 
grappes ne sont pas très-bien fournies. 

Muscadëèl, èlo, s. et adj. Musqué ; qui a le parfum du 
musc. — On donne ce nom à une espèce de poire appelée 
Muscadelle et l’on dit Péro muscadèlo ou seulement Musca- 
dèlo, subst. comme Muscadèl, s. m. ou Périè muscadil, 
adjectivé. 

Muscadin, s. m”. Muscadin; fat musqué; freluquet; 
damoiseau ; s'emploie aussi au fém. Muscadino : pour petite 
maitresse, élégante; muscadine. 

Muscado, s. f. Muscade, noix du muscadier aromatique, 
Myristica aromatica, Linn., employée assez communément 
comme épice et dans des remèdes. Quant à la muscade, 
une petite boule de liège qui parait et disparaît dans les 
doigts du prestidigitateur, le mot languedocien ne la désigne 


MUS 


point parce qu’il ne la connaît pas, et que, seuls, les fran- 
chimans ont pu l'emprunter au fr., si même il leur arrive 
de s'en servir dans de rares occasions. 

Muscardin, s. m. Muscadin, pastille, espèce de dragée 
que l'on faisait en enduisant une graine de coriandre d’une 
pâte sucrée, aromatisée avec du musc. Ce bonbon n'est 
guère plus connu, mais son homonyme ne l’est que trop. 

Muscardin, s.m». Muscardin, ver à soie mort de la mus- 
cardine. — Sa ressemblance avec le Muscardin de l'article 
précédent lui a certainement fait donner son nom : en effet, 
le ver, mort de cette maladie, se roidit, se dessèche et sem- 
ble couvert d'une couche de plâtre blanc ou plutôt semble 
être un plâtre de l’insecte. On le nomme même quelquefois 
Dragèio, dragée, lorsqu'il meurt, racorni en chrysalide 
ébauchée, dans le cocon qu’il a pu faire et qui tinte alors 
comme un grelot : ce qui achève de donner raison à cette 
étymologie en la complétant. 

De mème que bien des gens se gardent d'appeler le Diable 
par son nom, de crainte qu'il ne réponde à l'appel, de mème 
les magnagniers évitent avec le plus grand soin que le mot 
Muscardin soit prononcé dans leur magnanerie, et s'ils sont 
forcément amenés à en parler, ils ne le font qu'en disant : 
aquélo méno, cette engeance, la plus mauvaise, la plus à 
craindre de toutes : superstition bien innocente d'ailleurs 
si, après une éclosion attentivement soignée qui est une 





MUS 503 


première condition de succès. viennent une bonne nourri- 
ture, une température égale, des délitements fréquents 
autant que possible, et une aération bien entendue, qui 
forment l'ensemble indispensable des soins hygiéniques à 
donner aux vers à soie. C'est jusqu'ici ce qu'il y a de mieux 
à faire pour écarter la muscardine ou en arrèter les progrès 
lorsqu'elle a fait invasion; en attendant que la science, 
qui a découvert enfin d'une manière assurée le Botrytis, 
nous donne aussi un moyen également sûr de le chasser où 
de le tenir loin. 

Muscle, s. m. Moule, Mytilus, Linn., mollusque de 
l'ordre des Acéphales, coquillage bivalve de mer, de rivière 
et d’étang, dont les variétés abondent. — On ne connaît 
guère sous le nom de Muscle que la moule de mer, com- 
mune sur nos côtes et dont la couleur est d'un bleu foncé. 

Muso, s. f. Délai ; relardement; ce que fait le musard. 
— Faut-il dire que Muso, muse, a été pris quelquefois dans 
le sens du français pour une des neuf sœurs, divinités des 
arts et de la poésie ? C’est un de ces anachronismes qui ne 
vont pas cependant à la langue d'Oc; mais il est tout per- 
mis aux poètes ! 

Musqua, v. Musquer; parfumer de muse. 

Empr. au fr. 

Musquéja, v. frég. Sentir le muse; avoir le goût du 
muse ou du muscat. 


N 


N 


N,s. f. dans l’ancien système; s. m., dans le nouveau. 
N, quatorzième lettre de l'alphabet, onzième des consonnes. 
On la prononce ènno isolément. Correspond au nu des 
grecs, au #un Où noun des Phéniciens. Il est employé dans 
l'articulation spéciale gn que les espagnols écrivent au 
moyen d'un #n simple surmonté d’un signe appelé tilda d'où 
lui vient le nom d’n tifdé. Dans les anciens manuscrits 
cette consonne est souvent remplacée par un trait marqué 
sur la consonne précédente. Employée en abréviation, cette 
lettre suivie d'un S, N.-S. signifie Noste-Ségnou, N.-D., 
Nosto-Damo. En astronomie N. est mis pour nord. Dans 
les livres, N suivi de quelques points ou astérisques désigne 
une personne dont le nom est inconnu ou qu'on ne veut 
pas faire connaître. N. B. signifie nota bene. On n'est pas 
bien sûr de son ancienne valeur numérale; les uns lui 
attribuent la valeur de 90; les autres de 900. N était 
l'ancienne marque monétaire de Montpellier. Cette consonne 
ne se double pas en languedocien. Par une contradiction 
siagulière, les Cévenols qui n'articulent pas ln final dans 
certains mots Janguedociens tels que on, vin, fin, qu'ils 
prononcent bo, wi, fi, articulent au contraire cette con- 





NAB 


sonne dans les mots français équivalents bon, vin, fin, 
qu'ils prononcent bonne, vènne, fènne, ce qui produit un 
effet, on ne peut plus disgracieux, 

Au commencement d’un mot ou dans l'intérieur, lors- 
qu'elle est suivie d'une voyelle, cette lettre se prononce 
comme en français; mais au milieu, suivie d’une consonne, 
ainsi qu'à la fin des mots elle sonne comme dans examen, 
amen, bymen, abdomen : ainsi, autant que peut le rendre 
la prononciation figurée, antan, ancièn, éndiférén, printén, 
bouchin, son, lun, roundèlo, soun, etc.,se prononcent comme 
si l'on écrivait anetane, aneciène, éndiféréne, prineténe, 
bouchine, sone, lune, rounedèlo, soune; c'est la pronon- 
ciation latine conservée aussi par les Italiens. 

Naba, v. Gagner, plumer, dépouiller quelqu'un au jeu; 
lui gagner jusqu’à son dernier sou; dauber, battre à coups 
de poings. Soui naba, je suis enfoncé, j'ai perdu ; l'an naba, 
on l'a gagné. 

Nabé, s. m. Navet. Brassica napus, plante potagère ; du 
latin napus. Ës pas pu néou qu'un nabé, il n'est pas plus 
grand qu'un navet, se dit d'un enfant malingre, d’un 
homme de petite taille. Nabé se dit aussi de la racine de 


504 NAD 


diverses plantes pivotantes dont la racine charnue s'en- 
fonce verticalement dans le sol, comme le radis long, rabe, 
dont ce pivot porte aussi le nom. 

Nabé, to, adj. et subst. Nabot, de petite taille, pas plus 
baut qu'un navet. 

Nabisso, s. f. La fane de la rave, du navet; la partie 
herbacée et extérieure de la plante. On dit aussi Rabisso. 

Nabo, s. m. Nain ; du lat. Nanus ou plutôt Napus navet, 
qui n’est pas plus haut qu'un navet. /Voy. Nané.) — C'est 
le nom dont s'appellent entr'eux les petits ramoneurs et 
décrotteurs savoyards ; ila sans doute la mème origine que 
notre nabé et le français nabot, et correspond à petit, pitiot, 
gamin. Ce mot s’est naturalisé à Alais pour désigner un de 
ces jeunes artistes. 

Naciou, s. f. Nation, peuple, et dans un sens plus 
restreint : population, famille, assemblée, réunion ou asso- 
ciation d’un certain nombre d’invidus. Quinto sanlo naciou! 
Quinto tristo naciou! Les vilaines gens! Quelle mauvaise 
engeance! 

Dér. du lat. Natio. 

Nada, v. Nager. Nada à la révésséto, faire la planche, 
nager sur le dos. Savèn coumo nado! se dit d’un homme 
dont on devine les allures suspectes. 

Dér. du lat. natare, m.s. 

Nadado, s. f. L'espace que peut parcourir dans l’eau 
un nageur de force moyenne. Dans un sens plus restreint, 
l'espace parcouru par un seul effort des quatre membres, 
et que l’on désigne plus communément sous le nom de 
brassado, brasse. 

Nadadoù, s. m. Baignoir ; endroit d’une rivière propre 
à nager et à se baigner. On dit aussi bagnadoù; mais ce 
terme s'applique plus spécialement à une baignoire, à un 
cuvier destiné aux bains domestiques. 

Nadaïre, aïro, adj. et subs. Nageur.— Un bon nadaïre 
à la fi sé nègo, un bon nageur finit par se noyer; tant va 
la cruche à l’eau qu'à la fin elle se casse. 

Nadâou, s. m. Noël; francisé par Natal ou Nadal, du 
lat. Natalis. Ce terme est souvent donné comme nom de 
baptême à ceux qui naissent le jour de la Noël. Souc dé Na- 
dâou ou Nadalén ; Caléndäou, la buche de Noël. On dit pro- 
verbialement : À Naddou déou fio ; à Pasco dâou ro. — Qu'à 
Nadäou sé souréio, à Pasquos crèmo sa légno.( Voy. Caléndo.) 

On dit aussi Nouè ou Nowvè, dans le voisinage de la Pro- 
vence: Pér Nouë dou fio, pér Pasco, dou jo. A Noël, au balcon, 
à Pâques, au tison. 

Nadèlo, s. f. Sardine fraiche de la Méditerranée; nom 
peu répandu aujourd’hui. 

Nadièlou Nadiuèl, s. »”. L'orvet fragile, anguis fra- 
gilis, Linn., petit serpent couleur d'acier bruni, à la queue 
émoussée, court, tardif, ferme, lisse et très-fragile. 

Ce serpent mesure environ 40 centimètres. Quand on le 
touche, il se roïidit tellement qu'il se casse, ce quiluia 
fait donnerson surnom scientifique et l'appellation vulgaire 
de serpent de verre. Il est commun dans nos campagnes. 





NAI 


Suivant un préjugé populaire, l’orvet serait aveugle et 
très-venimeux ; deux accusations également erronées. Le 
nom languedocien de l'animal rappelle la première de ces 
deux erreurs : JV'a d'ièl qui n’a point d'yeux. On dit pro- 
verbialement : Sé lou nadièl à vésiè, sé la vipèro i’énténdiè, 
davalarièou soun cavaiè. Si l'orvet voyait, si la vipère en- 
tendait; ils démonteraient un cavalier. 

On dit aussi : Sé lou nadièl à vésiè, sé la talabréno 
i'énténdiè, etc. Si l'orvet y voyait, si la salamandre enten- 
dait, etc. 

Il est certain que l'orvet est tout-à-fait inoffensif et qu'il 
y voit fort bien. 

On donne aussi le nom de nadièl au Seps, Seps chalcides, 
Ch. Bonap.) qui ressemble beaucoup à l'orvet, par la forme 
de son corps allongé, mince et presque cylindrique, etaussi 
par la couleur, bien qu'en général elle soit plus cuivrée et 
que le noir y apparaisse davantage. Le seps est d'ailleurs 
muni de pattes qui ne l’empèchent pas de ramper, car elles 
sont attachées à la naissance du cou et à côté de l'anus, ce 
qui ne leur permet pas de soutenir le corps de l'animal au- 
dessus du sol. Tout imparfaites qu’elles sont, elles aident 
cependant le seps dans sa course qui est très-rapide, et elles 
l'ont fait aussi conserver dans la grande famille des Sau- 
riens comme transition pour arriver à celle des serpents. 
Ainsi que l’orvet, le seps, qui n’est pas plus rarechez nous, 
habite surtout la plaine, parmi les herbes des fossés, et 
s’abrite sous les pierres des vieux murs éboulés. En pre- 
nant le nom de nadièl, le seps devait être chargé de toute 
la mauvaise réputation de l’orvet : il est de toute justice de 
dire qu’il ne la mérite pas davantage. 

On voit par l'exemple de ce mot n'a-dièl, dit SAUVAGES, 
que le languedocien ne le cède point au grec pour la faci- 
lité de faire des noms, et des noms énergiques. 

Nado, s. f. La nage, natation, l’art et l’action de nager. 

Nadio, s. f. Anille, Plaque de fer en carré long, dont 
les deux bouts sont en queue d’aronde; elle est encastrée 
dans la partie inférieure et au centre de la meule tournante 
d'un moulin à farine, laquelle est soutenue par l’anille qui 
porte elle-même sur l'axe vertical qui fait tourner cette 
meule. 

Naîo.— Voy. Aïgo. 

Nafra, u. Blesser, balafrer, estafilader avec un instru- 
ment tranchant. 

En vieux fr. Mavrer, d'où ce mot parait être une çor- 
ruption. 

Nâfro, v. f. Blessure, balafre. 

Dér. du celt. Naf, couper, ou du catal. Nafra, bles- 
sure. 

Naï ou Naïs, v. m. Naïs dé cambe ou dé cande, routoir 
ou creux dans une rivière où l’on met à rouir le chanvre. 

« Que nulla persona aye faire nais de cambe en la rivieyra 
de Gardon sans licence desdi Consouls.» (G. Charvet. Cou- 
tumes de Remoulins, publiées dans la Revue des lang. Ro- 
manes. T. 1v, p. 226.) 


NAS 


Naïsse, v. Naitre, venir au monde. On dit aussi gréia 
en parlant des plantes. (Voy. &. m.) — En parlant d'un 
terrain où l’on voit sourdre l’eau on dit : l'aïgo y naï dé 
périout ; lous amouriès an bièn gréïa; lous blas naïssou 
bièn. 

Dér. du lat. Nasci, m. 8. 

Naïsséduro, s. f. Mal d'aventure; tourniole; sorte de 
panaris, moins grave que le panaris ordinaire et qui n'at- 
teint que le tissus sous-cutané. On dit aussi un roudaire, 
et près du Rhône, un lavouraïre. 

Nané, éto, subst. Nain; Nabot. — Dans un jeu d'enfant, 
où l’on énumère chaque doigt de la main en lui donnant 
une épithète, le petit doigt est appelé pichd nané. 

Dér. du lat. Nanus, m. 8. 

-Nanèto, s. f. Nom de femme diminutif dérivé d'Anne, 
On dit aussi en fr. Nanette, au lieu d'Annette. — Voy. 
Nanoun. 

Nani, adv. Nenni ; non ; pas du tout. Cette expression 
s'emploie par politesse de préférence à Nou, comme le pro- 
nom vous au lieu de tu. 

Nanoun, s. f. Nom de femme, dérivé d'Anno. — (Voy. 
Nanèto.) — On dit aussi Vèno, en languedocien. 

Nâou, s.m. Auge où les charcutiers échaudent les porcs; 
auge à pourceaux, ordinairement creusé dans un tronc 
d'arbre; fosse au tan où l'on fait macérer les peaux; auge 
de moulin à foulon; bateau, navire, vaisseau. 

Dér. du lat. Navis, du grec vads. On dit aussi au fém. 
Nâouquo. 

Nâou, to, adj. Haut, élevé. Ndou, ndou ! très-élevé. — 
Aquél ome és ndou, cet homme est grand. — Ce mot est 
aussi employé adverbialement : Dé ndou-én-bas; de haut en 
bas. — Toumbè dé gaïre ndou? Tomba-t-il de bien haut ? 
— Dé la cadièiro én ndou, du haut de la chaire. — És 
d'én ndou, il est du haut pays — highlander ; — de la mon- 
tagne. 

Nâou, n'est autre que dou du lat, Altus. 

Nâouquado, s. f. Plein une auge, une augée. 

Nâouqué, adj. Dim. de ndou, une petite auge. 

Nâouquo, s. f. Piso ou pièlo. — Voy. Ndou. 

Nâoussa, v. Exhausser, hausser, rendre plus haut; aug- 
menter de prix. 

Dér. de Ndou, haut, élevé. 

Nâousso, s. f. Hausse; lout ce qui sert à élever; aug- 
mentation de prix. 

Nâousso-pè, s. #7. Marche-pied. 

Nâontoù, s. f. Hauteur, élévation, És dé ma ndou- 
toù, il est de ma taille. 

Nâoutres, Nâoutros, pron. pers. plur. de iéou. Nous, 
nous-mêmes, et non pas nous autres. Contraction de nous 
doutres. 

Nario, s. f. Les narines des hommes et des animaux. 

Dér. du lat. Naris, m. s. 

Nas,s. m. Dim. Nasé, augm. Nasas. Le nez de l'homme. 
Acù n'a pas gés dé nas, cela n’a ni Lète ni queue, c’est insi- 





NÉB 505 


gnifiant. Aï agu bon nas, se dit lorsqu'on a eu le bon 
esprit d'éviter un mauvais pas, une mauvaise affaire. 

Dér. du lat. Nasus. 

Nascu, do, part. pass. de Naïsse. Né. És nascu émbé 
la créspino, il est né coiffé. Voy. Crespino. — On dit en 
jouant sur les mots : És bé nascu, d'un homme qui a un 
gros nez. 

Naséja, v. Montrer le nez; épier furtivement, à la déro- 
bée; flairer. Dé qué vèn naséja ? de quoi vient-il se mêler? 
où vient-il mettre son nez? 

Naturo, s. f. Nature; l'ensemble des créatures; les lois 
qui régissent l'univers ; la propriété de chaque être créé, sa 
complexion, son tempérament, sorte, espèce, affection, 
et parties sexuelles des femelles en général. 

Dér. du lat. Natura. 

Navacèlo, n. pr. de localité. Navacelle, commune du 
canton de Saint-Ambroix. En lat. Nova cella. Mème étym. 
que Celleneuve, commune de l'Hérault. — Pendant l'occu- 
pation romaine on appelait Cella une ferme, une grange 
isolée où l’on enfermait les récoltes. Au moyen âge on 
donna ce nom à une retraite de moine dépendante d’un 
prieuré. 

Né, pron. relat. ou particule relative. En. L'é de né s'élide 
devant une voyelle : Quan avès d’éfans ? —N'aï trés, Com- 
bien avez-vous d'enfants ? — J'en ai trois. Né vène, j'en 
viens. — Né vole pas, je n'en veux pas. — N'douras pas 
gés, tu n'en auras pas, — Né vos? Véjo-n'aqui, en veux-tu? 
en voilà. 

Né, Néto, adj. Net, propre, sain, poli, luisant. 

Du grec vite ou du lat. Nitere, nettoyer. — Aquél bla 
és né, aquélo civado és néto, ce blé, cette avoine sont nets, 
c.-à-d. sans mélange de corps étrangers. És révéngu né, il 
est revenu ruiné. 

Nébla, v. Bruiner. Se dit des fruits et surtout des blés 
gâtés par la bruine, épais brouillard qui est une des causes 
principales de la carie ou charbon. Au fig. obscurcir, voiler, 
couvrir de nuages, intercepter la lumière. Se dit de certains 
oiseaux ou insectes dont le grand nombre forme une sorte 
de nuage. Néblavou, il y en avait une nuée, une foule. 
— Nèbloupas, il y en à peu. À lous ièls néblas, se dit d'une 
personne dont la vue se trouble, s'affaiblit. 

Nèblo, s. f. Brouillard, brume. Du lat. Nebula. Vapeur 
épaisse dans l'air; Bruine, vapeur qui est une des causes 
du développement, de la maladie des blés appelée carie ou 
charbon, maladie contagieuse qui se reproduit par la semence 
quand elle en est attaquée; le chaulage du blé en est un 
remède efficace.— Voy. Cédoussino. 

Neboù, do, s. Neveu. Dim. Néboudé, to. Le diminutif 
ne concerne que l'âge; pour exprimer le fils du neveu, le 
petit-neveu, il faut dire picho-néboù. Qué nouris néboudos 
et néboùs, nouris loubos et loubétoùs, qui nourrit nièces et 
neveux, nourrit louves et louveteaux. 

Dér. du lat. Mepos, m. 8. 

Néboudé, to, s. Dim. de néboù. 


506 NEG 


Nèci, Nècio, s. Fou, sot, niais, nigaud, imbécile. Du 
lat. nescius, ignorant. És nèci dé sa fénno, il raffole de sa 
femme ; és nèci à coure cariètro, il est fou à courir les rues ; 
anés pas faïre lou nèci, n'allez pas faire la bête ; és pu nèci 
que l'aïgo és longo, il est plus fou qu’on ne saurait dire; 
nisado dé nèci, une couvée, une famille d’imbéciles. 

Un pâoure nèci, un pauvre innocent; un michant nèci, 
une méchante bête; sès bé nèci dé créire acd, vous êtes bien 
simple de croire à cela; sou pas tant nèci! je ne suis pas 
si sot! anés pas faïre lou nèci, n'allez pas faire la bête. — 
Voy. Bajanèl. 

Néciardariè, s. f. Niaiserie, sotlise, bagatelle, conduite 
ou action d’un sot. 

Néciardas, s0, s. homme simple, péjoratif de nécias, 
qui est lui-même une augm. de nèci. 

Nécias, asso, s. augm. de nèci, gros lourdaud, gros 
imbécile. 

Nécié, éto, s. dim. de MNeci. 

Nécije, s. f. Niaiserie, simplicité, bêtise, imbécillité, sot- 
tise, mauvaise plaisanterie, privauté. Ac és dé nécije, tout 
cela n’est pas sérieux ; finissès vostos nécije, CESSEZ VOS ges- 
tes, vos plaisanteries déplacées; quinto nécije! quelle folie! 
faï pas, dis pas qué dé nécije, il ne fait, il ne dit que des 
bêtises. 

Néga, v. Nier, déclarer faux ce qui est vrai ou considéré 
comme tel; du lat. negare. — Saique, ou négarias pas? 
Vous n’auriez pas sans doute le front de nier cela? Ou a 
néga, il l’a nié. 

Néga. v. Noyer, faire périr, étouffer dans l’eau, submer- 
ger, inonder, délayer dans une trop grande quantité d’eau. 
As néga ta soupo, tu as mis de l’eau outre mesure dans ton 
bouillon; ra néga démando pa qué d'aïgo, rat noyé 
ne demande que de l’eau, se dit de celui qui s’osbtine à Intter 
contre la mauvaise fortune, au risque de s’empêtrer de plus 
en plus. 

On dit d’un homme timide, irrésolu : a toujour péou 
dé sé néga pér quiou, il craint de se noyer dans un verre 
d’eau; poudèn néga lou chi, aro qu'avèn dé la méno, 
nous pouvons ncyer le chien, à présent que nous avons de 
la race; mauvaise plaisanterie adressée à un père À qui naît 
un premier garçon. 

Dér. du lat. necare, tuer, faire périr. 

Négadis, s. m. Un noyé. 

Négadisso, s. f. Noyade. Au fig., ruine, catastrophe. 
À tout pérdu din aquélo négadisso , il a tout perdu dans 
cette catastrophe. 

Négadoü, s. m. Endroit propre à se noyer, gouffre 
d’eau à bords escarpés. 

Négadoü, no, s. #”. et f. Celui qui nie une dette. 

Celui ou celle qui doit être noyé, qui mérite de l’être. 

Dér. de néga, noyer. 

Négôci, s.m. Négoce, commerce, trafic de marchandises 
ou d'argent; embarras, tracas; du lat. negotium, m. s. Lou 
Diable lous négècis! au diable les affaires enauyeuses! | 





NI 


Négo-fol, s. m.. Petit batelet qui chavire facilement, on 
dit aussi : nègo-chi. 

Négre, négro, adj. Noir de couleur noire. És négre coumo 
lou péca, il est hideux comme le péché. Négre-dé-fun, noir 
de fumée. 

Dér. du lat. niger, nigra, m.s. 

Négréja, ». tirer sur le noir, se rembrunir, prendre une 
teinte sombre. Couménço à négréja, le crépuscule com- 
mence à paraître, le jour commence à tomber. 

Négrâou, âoudo, adj. Moricaud ; noiraud ; personnage 
au teint très-brun, hâlé, à la peau tirant sur le noir. 

Négrou, s. f. Noircissure, taches de salissure, et non 
pas noirceur qui ne s'emploie qu'au figuré. Qualité de ce 
qui est noir, tache noire. 

Nèn, s.m. Nain, emprunt fait au français. Employé seul, 
ce mot signifie exclusivement mürier nain, mürier à basse 
tige qui se dit aussi nané. Pour désigner tout autre arbre- 
nain, il faut mentionner son nom : wn iranjè nèn, un 
oranger nain. 

Néné, subs. m. Nom d'enfant, dim. d’éfantouné ou de 
Jan, Jané. Faï toun néné, endors-toi, se dit en parlant à 
un petit enfant à la mamelle. — Nèno, nom d’une petite 
fille, dim. de Jeanne ou d'Anne. 

Nèou, subs. f. La neige. Sé n'és tira blanc coumo la nèou, 
il s'en est tiré blanc comme neige, en parlant d’une affaire 
facheuse. Tombo dé nèou, il neige. La nèou dé huiè jours, 
maïre dé la tèro; dé huiè jours én laï, maïrastro, neige 
de huit jours nourrit la terre, au-delà, c’est une marâtre. 

Dér. du lat. nix, nivis, m.s. 

Nère, et non pas Nèr, s. #. Ners, village du canton de 
Vézenobre. Le nom vulgaire et la situation de cette loca- 
lité pourraient en indiquer l'étymologie. Ners se trouve 
placé au point où l’ancienne voie romaine de Nimes à Ger- 
govie et le nord de la Gaule, par la vallée de l'Allier, fran- 
chissait le Gardon par un pont dont les vestiges subsistent 
encore. Un droit de passage était perçu sur ce pont, et ce 
droit était sans doute équivalentà un néret monnaie de 
bronze où monnaie noire équivalente à une maille. Une 
grant quantité demailles ou néretx, pesant le poix de soizante 
siæ livres pesant ou environ. — Lit. remiss. ann. 4462, in 
Reg. 198, ch. 372. 

Voy. Ducance. Glossarium, T. 1v. p. 624; col. 4, au 
mot Neretus. 

Nétéja, v. Nettoyer. L'an nétéja, l'an rascla, se dit d'un 
homme qui a tout perdu au jeu. 

Dér. du lat. Nitidum agere, faire net. 

Néviè, s.m. Grande quantité de neige tombée à la fois; 
grande surface de pays couverte de neige; tapis de neige. 

Dér. du lat. nix, nivis, neige. 

Ni, particule négt. et conj. Du lat. nec ; de l'ital. ni ou 
ne; de l'esp. cat., ni. Ni, en français. Acù és ni-tu-ni-vous, 
se dit d’une chose ou d'une personne insignifiante et sans 
conséquence. 

On dit aussi dans le même sens : És bo ni pér bouli ni 


NIS 


pér roustà, il n'est bon à rien. — Ou voulès pas? — Ni maï 
iéou, vous ne le voulez pas? — Ni moi non plus. — Ni pér 
aquélo, n'importe, peu importe, nonobstant cela. — Voy. 
Nitu-ni-vous. 

Nifla, v. Flairer, renifler, espionner au fig. 

Niflado, s. f.Reniflement; action de renifler, de flairer. 

Niflaïre, Niflaïro, s. Un homme qui a le défaut de reni- 
fler constamment ; renifleur. 

Niflan, s. m. Le nez. C’est un mot de fantaisie, imité de 
l'argot, qui est habitué à donner aux divers membres ou 
aux parties du corps un nom qui rappelle ou représente 
leurs fonctions. Ainsi, de même que l'on a appelé les yeux 
luisants où quinquets, parce qu'ils éclairent, on a fait du 
nez niflan parce qu’il renifle. — Un cù dé poun sus lou 
niflan, un coup de poing sur le nez. Douna un cà dé 
Pre , approcher son nez de quelque chose pour en sentir 


Niflard, s. ”. Un individu qui a le défaut d'espionner, 
d'épier furtivement, à la dérobée. 

Niflo, s: f. La morve qui pend au nez des enfants. Tira 
la niflo, Où nifla, ou nifléja, renifler. 

Nime, nom pr. m. Nimes, nom du chef-lieu du départe- 
ment du Gard, et de l'ancienne Civitas des Volkes- aréko- 
mikes. — Nimes (Nemausus en lat.) a la signification de 
source sacrée, céleste. » « Ce nom trouve son explication 
dans l’ancien irlandais nem, ciel, gén. nime. On trouve 
Nemesa (Auson. Mosel, v. 354) affl. de la Moselle appelé 
aujourd’hui la Nims, qui est le nom vulgaire de la ville de 
Nimes, articulé en faisant sonner l’s final. (Voy. G. 
CHARVET. — Les voies romaines chez les Volkes-arékomikes, 
deux. part. — ch. Ier, page 48.) 

Ninfro, s. f. Une petite effrontée. Ce mot ne serait-il pas 
une corruption de #info, la mythologie nous ayant rare- 
ment représenté ses nymphes comme des modèles de mo- 
destie et de retenue? 

Nipa, ado, adj. Nippé, ée ; pourvu d'habillements; És bé 

. nipa, il est bien pourvu de vêtements. 

Nipo, s. f.Hardes, nippes, vêtements, trousseau. Ce terme 
ne s'emploie qu’au pluriel, comme dans le français; mais si 
on ne le relève de quelque épithète, il signifie ordinairement 
une défroque de peu de valeur. 

Niquouès, adj. Narquois, goguenard, malin, nigaud, 
simple. Én dé soun èr niquouès, avec son air narquois ou 
badaud. 

Nis, s. m. Nid. du lat. Nidus. Petit réduit de diverses 
formes, ordinairement circulaire, composé d'élémentsdivers, 
dans lequel les oiseaux pondent leurs œufs et élèvent leurs 
pétits. Sémblo qué vaï préne la maïre dou nis, se dit d'un 

homme qui agit avec des ménagements, des précautions 
ridicules 


Nisa, o. Nicher. Qudou sa ounté niso? qui sait où il 
niche, où il perche? se dit en demandant où quelqu'un 
demeure. On dit aussi nisa; terme de jeu pour mettre sa 
mise, dont c’est sans doute alors une corruption. 





NIS 507 
Nisado, s. f. Nichée. Se dit familièrement pour désigner 


“une famille nombreuse. Vaqui uno bèlo nisado, voilà une 


belle famille. Léva dé nisados, dénicher des oiseaux. Par 
extension on dit : uno nisado dé rats, dé sèrs, une nichée 
de souris, une couvée de serpents. — Nisado dé cassibraïos, 
nichée ne canailles, nichée de racaille. 

Nisâou, s. ». L'œuf couvain, en v. fr. nicheul, l'œuf 
qu'on laisse dans un nid de poule pour engager la volaille 
à pondre d’autres œufs au même endroit. Nid de la poule 
qui pond et de celle qui couve. Nisdou de pijouniè, un 
boulin : trou pratiqué dans un colombier pour faire nicher 
les pigeons. 

Nisétaïro, s. f. Marchande d’anisette, de coco. Type qui 
disparait et que Lafare a si bien dépeint dans ces vers : 


L'aigo és fresquo, méssius, vène dé la tira ; 
Nisèto, cartazèno et sird, qu'âou voudra 
Sé sara dé ma tâoulo âoura bono mésuro. 


Il fallait la voir, les dimanches d'été, dans les promenades, 
triomphante surtout les jours de foire, portant, d'une main, 
sa crache pleine d'eau qu’elle n’osait tout-à-fait garantir 
comme étant à la glace, et de l'autre, un petit panier où 
étaient deux ou trois verres et l’intarissable fiole —1doupéto — 
contenant son anisette dont elle blanchissait, pour un sou, 
les verres d'eau qu’elle débitait à ses nombreux chalands. 
C'était-la son bon temps. Plus ‘tard, au lieu de courir, 
alerte et provoquante, dans la foule, elle s'établit, immobile, 
auprès d'une table où s'étalaient, à côté de l'anisette déjà 
dédaignée, des sirops et des ratafias ; et cette transformation 
mème n’a pu la sauver ! Les cafés l'ont tuée, et l’absinthe 
malfaisante et plus chère, a remplacé pour toujours peut- 
être la pauvre anisette qui n’est autre chose d’ailleurs qu'un 
équivalent du raki des Arabes. 

Nisèto, s. f. Anisette. Liqueur fabriquée avec de l'anis. 
Dans le midi on l'extrait du fenouil par la distillation, 
et elle n’arien de communavec cette liqueur moelleuse, onc- 
tueuse et parfumée connue sous le nom d’anisette de Bor- 
deaux. 

Nissôou, s. ”. Bunium bulbocastanum, plante de la 
famille des Ombellifères vulgairement appelée terrenoiz. 
Racine formée par un bulbe arrondi de la grosseur d’une 


cerise, bonne # manger, fournissant de l’amidon. On trouve 


cette plante dans les champs et prairies, au bord du Gardon, 
à La Baume, à Uzès, à Alzon, au Vigan. Elle fleurit en 
juin-juillet. 

Quelques-uns de ces bulbes ont la grosseur et mème la 
saveur de la châtaigne. 

Nista, v. Flairer, fureter; espionner; écornifler ; s'in- 
former avec curiosité; fourrer son nez; pressentir ; prévoir ; 
découvrir de loin. 

Nistéja, v. épier furtivement, fureter à la dérobée. Fré- 
quentatif de nista. 

Nistéjaïre, s. m. Homme curieux, indiscret, importun, 
facheux ; fureteur, qui fourre son nez partout. 


508 NOO 


Ni-tu-ni-vous, Voy. Ni. Mot à mot, ni toi ni vous, 
phrase-faite dans laquelle on supprime, par euphonie, l's 
final de us qui la prend toujours. Noun és ni-tu-ni-vous, 
il n’est ni chair ni poisson, en parlant d’une personne irré- 
solue, qui ne sait prendre un parti sur rien, ou qui nage 
entre deux eaux : On le dit également d’une chose qui 
n’est ni mauvaise, ni bonne, qui n’a ni vice ni vertu. 

Nivèl, s. m. Niveau, instrument de géodésie. État d’un 
plan qui n’a aucune inclinaison, qui est horizontal. 

Dér. du lat. Zibellum, pris pour Zibella, fléau d'une 
balance qui, pour être juste, doit être horizontal. 

Nivéla, v. Niveler, mettre de Niveau. 

Nivou, s. m. et f. Nuage, nuée. Lou tén és nivou; faï 
nivou, le temps est couvert, nébuleux. Low nivou gagno, le 
temps se couvre. Low nivou dé la nèou, temps qui menace 
de neige. Ndou coumo las nivous, haut comme les nuages.— 
Au fig, on le dit d’une personne qui se rembrunit, dont la 
mauvaise humeur couve et va éclater. 

Dér. du lat. Nubes, m. s. ou du celt. Nul. 

Nivoulado, s. f. Nuée d'orage qui donne une pluie de 
peu de durée. Agud's pa qu’uno nivoulado, ce n’est qu'une 
averse sans importance, un nuage qui crève. 

On dit aussi troussado, mais cette dénomination s’ap- 
plique à une pluie d'orage plus intense, accompagnée de 
tonnerres et quelquefois de grèle. 

Nivouléto ou Lucéto, s. f. luette; on dit aussi ntowléto, 
par contraction. Luette, appendice charnu à l'entrée du gosier 
dont il forme la communication avec le nez; cet organe est 
nécessaire à la prononciation et à la succion. Du lat. wva, 
m. s. à cause de la ressemblance de la luette avec un grain 
de raisin, et de son dim. wvula. Le français a fait uvette, 
uvulette, puis luetle, et le languedocien l’a imité par 
nivouléto et luséto. 

Nivouléto, s. f. dim. de nivou ou plutôt de nivoulado; 
celle-ci est une nue qui porte souvent le tonnerre et la 
grèle ; la nivouléto ne jette ordinairement qu’une ondée. 

Noço, s. f. Noce, festin. Anan faïre la nogo,nous allons 
festoyer, banqueter, faire ripaille. L'assemblée qui assiste à 
une noce. 

Nonanto, adj. numéral. Nonante, quatre-vingt-dix. Du 
lat. nonaginta, m. s. 

Nono, s.f. Dim. nounéto. Dodo, terme de nourrice, som- 
meil d’un enfant. Faï sa nono, se dit d’un enfant qui som- 
meille. Faïre nono, faire dodo, dormir. Nono-nounéto est le 
commencement d’une chanson sur un air monotone, très- 
propre à endormir un enfant. 

Nôou, Novo, adj. et s. Neuf, neuve. És ndou coumo un 
pifre, se dit d’un homme naïf, sans expérience. — Éscoubo 
novo faï l'oustâou né, balai neuf fait maison nette; c.-à-d. 
tous les commencements sont beaux. Flame-ndou, v. ce 
mot. Faïre dé nou, refaire, faire à neuf. 

Dér. du lat. novus, m.s. 

Nôou, nom de nombre. Neuf. Du lat. novem, m. s. 

Nôou! loc. prononcée sous forme d’interj. et dont on se 





NOU 


sert lorsqu'on décortique les châtaignes dans les Cévennes 
pour indiquer que le battage est suffisant. Cette expression 
signifie littéralement : elles sont assez battues; elles en ont. 

Noro, s. f. Belle-fille ou bru. Du lat. nurus. On dit prvb.: 
amour dé noro, amour dé géndre, és uno bugado sans céndre. 

Nose, s. f. Noix, fruit du noyer. Du lat. nuz. La 
nose d'âou ginoul, la rotule. Soun sa tèn pa las noses, son 
sac ne retient pas les noix, se dit d’une personne qui parle 
sans réserve, qui raconte indistinctement tout ce qu'elle 
sait, même ce qu'elle devrait cacher. On dit aussi nouse. 
(Voy. SAUVAGES.) 

Tèsto de nose, tête de linotte, étourdi, tête creuse. Nose 
boufo, noix creuse, vide. Quièïsso dé nose, quartier de 
noix; nose muscado, noix muscade, nose loumbardo ou 
nougo, noix de jauge, fruit très-gros dont l'amande n'est 
pas aussi volumineuse que Ja coque semble l'indiquer. Nose 
d'éstrécho, noïx anguleuse dont le fruit est petit, serré el 
très-difficile à casser; nose-coucardo.— Voy. ce dernier mot. 

Nostre, nostro, pr. poss. et subst. Qui est à nous, le 
nôtre, la nôtre. Low nostre, ce qui nous appartient. Lows 
nostres, les nôtres, nos parents, nos partisans. Sèx din lou 
nostre, nous sommes sur nos terres et non pas fermiers. 
Lou bon Diou té fague nostre! que le bon Dieu vienne te 
prendre! Démandan pas qué lou nostre, nous ne deman- 
dons que ce qui nous revient, ce qui est à nous. 

Noto, s. f. Note de musique. Facture de commerçant, 
mé dounarés ma noto, vous me donnerez facture de ce que 
je vous dois. 

Notos, s. f. plur. Les minutes d’un notaire. Ce mot ne 
s'emploie qu'au pluriel. Les notaires sont les gardes-notes 
des actes originaux déposés dans leur étude. 

Nou, part. négat. Non. Expression plus familière que 
nani, bien qu'ayant la mème signification. À di dé nou, il 
a renoncé à son idée, à son projet, il a reculé, il a caponé, 
il a fouiné (langue verte). Un jour et l'doutre nou, de deux 
jours l’un. {Voy. jour.) Ah! Diou nou! Ah! grand Dieu, 
non ! Ah! non pas certes ! 

Noublèsso, s. f. Noblesse, qualité de celui qui est noble, 
s'emploie au fig. comme qualité du cœur. 

Nouga, s. »”. Nougat. Sorte de gâteau fait avec du miel 
et des amandes. 

Nougaïo, s. f. Articulation. S'és désnougaïa l'éspanlo, lou 
ginoul, il s'est démis l'articulation de l'épaule, du genou. 
Cerneau, moitié d’une noix verte tirée de sa coque avec un 
couteau appelé cernoir, du lat. cernere, séparer. 

Nougarédo, s. f. Noiseraie, terrain planté de noyers. Ce 
terme s'emploie souvent comme nom de lieu ow nom 
d'homme. On dit aussi Nougaré, Nogaret, nom d'homme, et 
Nousièiro. — Voy. ce mot. 

Nouguiè, s. m. Noyer. Juglans regia, Linn., arbre de 
la famille des Juglandées qui produit le fruit connu sous 
le nom de noix. Nom propre rendu en français par Noguier. 

Nou’n, contr. de nous-én. Nou’n dounarés, Vous nous en 
donnerez. 


NOU 


Noun, part. nég. On ne l'emploie jamais isolément, car 
il n'est pas le même que l’adv. Non, opposé de oui, qui se 
dit toujours nou. Noun, dans une phrase, suivi ou non de 
pas, équivaut à ne pas, non pas, quelquefois à ne, seule- 
ment. Noun save, je ne sais pas, je ne sais, je n’en sais rien. 
Noun faraï, pardiou, je n’en ferai pardieu rien! Y-anaraï, 
noun pas pér acù, maï… J'irai, non pas pour cela, mais...— 
Cependant noun pas remplace nou, comme composé donnant 
même plus de force à la négation : Ou voulès? — Noun pas! 
Le voulez-vous ? non pas! non, certes ! 

Noun, s. ». Nom; terme dont on se sert pour désigner 
un être. Les noms propres, dans l’idiome Cévenol, comme 
dans les autres langues, sont tirés en général de la religion, 
des diverses professions, des qualités et des défauts moraux 
ou physiques, des habitudes, des mœurs, des noms de lieu 


‘d’origine et de choses qui nous entourent. Quelques exem- 


ples épars, que nous allons donner, indiqueront suffisamment 
le mode de formation et surtout les difficultés, les inconvé- 
nients d'une traduction de ces noms; quant à leur emploi, 
quelques tournures locales, tout-à-fait différentes des habi- 
tudes françaises doivent être mentionnées. 
: De même qu'en ftalie où l’on dit : l’Alighieri, l’Ariosto, 
il Boiardo, il Petrarca, il Tasso, il Boccaccio, le languedo- 
cien emploie volontiers le même article et l’ajoute indistinc- 
tement au nom de famille et au nom de baptème : lou Sa- 
batiè, l'Antouëèno, lou Rocho, la Jano. 11 est aussi d'usage de 
dire : Pière dé Déssaïén, Jan dé Rouvéïréou, Céséto dé 
Mdourin, César d'Arnavièio, la particule dé n'ayant, cette 
fois, d'autre prétention que d'indiquer la filiation; et lorsque 
la mère a été veuve de bonne heure ou que, maïitresse- 
femme, elle passe pour avoir, du vivant de son mari, une 
bonne part dans l'administration de la communauté, c’est 
elle qui donne son nom aux enfants, et l'on dit alors : 
Jané dé Roso, Luisé dé Rouvéirolo, Jâousè dé Miérquésso, 
Andrè dé Blanquo. 

C’est une politesse en languedocien, de nommer par son 
nom la personne que l’on salue en passant ou à laquelle on 


adresse la parole, ft-elle seule, et quoiqu'il n'y ait aucun 


risque d'équivoque. Cette coutume est usitée aussi en Italie, 
où on ne l'emploie cependant qu'avec le nom de baptème. 
On sait qu’en français il n’est point de bon ton de dire 
ainsi, et qu'il suffit, dans ce cas, de dire Madame ou Mon- 
sieur. 

Les noms de famille languedociens sont tous susceptibles 
de féminin ou de diminutifs. Comme on ne dit pas, pour 
le peuple, madamo uno tèlo, comme en français, il a fallu 
donner, à chaque nom propre, une désinence féminine 
pour l'épouse de tel et tel. On est souvent fort embarrasé 
pour former ainsi le nom des femmes; les principes suivants 
sont assez généralement reçus à quelques rares exceptions 
près : 

Les noms terminés au masculin par un e, un i, uno 
un ow muets, font ésso au féminin : 

Rouvièiro — Rouvièirésso — Dim. Rouviéiré. 





NOU 509 


Mièrgue — Mièrguésso — Dim. Mièrgué. 
Gardio — Gardiésso —Dim. Gardioù. 
Sdouvi — Sdouviésso — Dim. Sdouvioù, Sdouviéto. 


Basquou — Basquésso — Dim. Basqué. 
Les noms en a font ado : 


Priva — Privado — Dim. Privadé. 
Bérna — Bérnado — Dim. Bérnadé, 


Exc. cependant certains mots qui, en français, pren- 
nent un c final et qui font ago : 


Altéira — Altéirago — Dim. Altéiragué. 

Brassa — Brassago — Dim. Brassagué. 
Ceux en al font aïo : 

Rigal — Rigaio — Dim. Rigaïé. 

Guibal — Guibaïo — Guibaié. 


Ceux en an font quelquefois anto, quelquefois ando, 
quelquefois anquo, quelquefois ano : 


Paladan — Paladano — Dim. Paladané. 
Duran— Duranto — Dim. Duranté. 
Mdouran — Médourando — Dim. mdourandé. 
Blan — Blanquo — Dim. Blanqué. 


Ceux en dou font, suivant le cas, alo quand il fait a 
en français et doudo quand il fait aud : 


Pourtéou — Pourlalo — Dim. Pourtalé. 
Barnassâou — Barnassalo — Dim. Barnassalé. 
Arndou — Arnéoudo — Dim. Arnéoudé. 
Béréou — Bérdoudo — Dim. Béréoudé. 


Ceux en ar font ardo : 
Bérar — Bérardo — Dim. Bérardé. 


Gaïar — Gaïardo — Dim. Gaïardé. 
Foucar — Foucardo — Dim. Foucardé. 


Ceux en as font asso : 


Dumas — Dumasso — Dim. Dumassé. 
Dalgas— Dalgasso — Dim. Dalgassé. 


Ceux en é fermé font éto : 


Coulé — Couléto — Dim. Coulétoi. 
Bouné — Bounélo — Dim. Bounétoi. 


Ceux en è ouvert font èto : 


Déâoudè — Déoudèto — Dim. Ddoudété. 
Balè — Balèlo — Dim. Balété. 


Cependant : 

Andrè fait Andrèio — Dim. Andréné ou Andréssé. 
Ceux en iè font iètro : 

Cavaiè — Cuvaïèiro — Dim. Cavaièiré. 


Larguiè — Larguièiro — Dim. Larguièiré. 
Piè fait Piècho — Dim. Pièché ainsi que Dalpiè, Tié, etc. 


Ceux en él font éio ceux en èl èlo ; 


Dounzél — Dounzéio — Dim. Dounzéioù. 
Roussèl — Roussèlo — Dim. Roussélé. 


510 NOU 
Brunèl — Brunèlo — Dim. Brunélé. 
Ceux en én font énto : 


Sirvén — Sirvénto — Dim. Sirvénté. 
Clamén — Claménto — Dim. Claménté. 


Ceux en èou font èoudo : 


Chapèou — Chapèouno — Dim. Chapèoudé. 
Vèou — Vèoudo — Dim. Vèoudoi. 


Ceux en èr font erto : 


Roubèr — Roubèrlo — Dim. Roubèrloù ou té. 
Masèr — Masèrlo — Dim. Masèrté. 


Ceux en és font éso : 
Pagés — Pagéso — Dim. Pagésé. 
Courtés — Courléso — Dim. Cowrtésoù. 
Cependant : 
Brés fait Brésso — Dim. Bréssé. 
Ceux en ? accentué font ino : 


Baldi — Baldino — Dim. Baldiné. 

Sabouri — Sabourino — Dim. Sabouriné. 

Méourin — Mdourino — Dim. Mdouriné. 
Ceux en iow font ivo : 


Donadiou — Danadivo — Dim. Donadivé. 
Matiou — Mativo— Mativé. 
Fountaniou — Fountanivo — Fountanivé. 


Cependant : 
Fiou fait Fiousso — Dim. Fioussé. 
Cariou — Carioudo — Dim. Carioudé. 


Ceux en à accentué font oto : 


Ribd — Riboto — Dim. Ribouté. 
Mord — Moroto.— Dim. Morouté. 


Ceux en ol font olo : 


Ravassol — Ravässolo — Dim. Ravassoulé. 
Tréscol — Tréscolo — Tréscoulé. 


Ceux en dou font olo : 
Souléiréou — Souléirolo — Dim. Souléiroulé. 
Massabidou — Massabiolo — Massabioulé. 
Ceux en or font ordo : 
Itor — Itordo — Dim. Itourdé. 
Ceux en os font osso : 
Bédos — Bédosso — Dim. Bédoussé. 
Mâoubos — Mdoubosso — Méouboussé. 
Ceux en ox et en oun font ouno : 
Chapoù — Chapouno — Dim. Chapouné. 
Chardoù — Chardouno — Dim. Chardouné. 
Pièrédoun — Pièrédouno — Dim. Pièrédouné. 
Ceux en ou font owlo : 
Coumoul— Coumoulo — Dim. Coumoulé. 
Réboul — Réboulo — Réboulé. 





NOU 

Gourdoùs — Gourdouso — Dim. Gourdousé. 

Ceux en dus font tantôt owso, tantôt ousso À 
Rous — Rousso — Dim. Roussé. 
Ginoùs — Ginouso — Dim. Ginousé. 
Cahoùs — Cahousso — Dim. Cahoussé. 

Ceux en x font wdo : 
Téstu — Téstudo — Dim. Téstudé. 

Cependant : 
Cadu fait Caduquo — Dim. Caduqué. 


Ceux en ws font uso où wsso : 


Périus — Pértuso — Dim. Pértusé. 
Tabus — Tabusso — Dim. Tabussé. 


Ceux en un font no: 


Déoutun — Déoutuno — Dim. Déoutuné. 

Véirun — Véiruno — Dim. Véiruné. 

On sent que ce ne sont là que des noms usuels et com- 
munsdans le pays; il en est une foule d’autres qui n’ont pu 
suivre les règles générales, surtout ceux que le français à 
introduits parmi nous. A leur égard, on doit suivre, autant 
que faire se peut, les analogies et les étymologies, surtout la 
lettre finale du masculin dans le français. Quand aux dimi- 
nutifs, il est difficile de préciser ceux qui doivent être ter- 
minés en é et en où : l'usage et l'euphonie sont les seuls 
juges en cela. Le féminin des diminutifs se forme en ajou- 
tant la syllabe muette to à ceux en éet la syllabe muétte 
no à ceux terminés en où. 

Il ést bien entendu que les noms de baptème ont aussi 
leurs diminutifs ét c’est sous cette forme surtout qu'ils sont 
employés. Mais qui pourrait essayer de poser des règles aux 
capricieuses transfigurations qu'ils subissent ainsi ? L’inva- 
sion de prénoms nouveaux rendrait plus vaine encore cette 
prétention ; car s’il était possible, par habitude peut-être, 
de reconnaitre Alexis, François, Isabelle 6ù Élisabeth, Thé- 
rèse, voire Jacques sous le masque de Sissé, Césé, Béloun, 
Trésoù et Jacourlo, qui s'imaginerait que Fre, Dalè, Mané 
représentent Ferdinand, Edmond, Emmanuel? Mais ces 
diminutifs ne sont pas seuls méconnaissables : lorsque le 
beau monde français, ne voulant plus s'appeler Pierre, 
Paul ou Jean, comme ses pères, alla chercher ses patrons 
dans les légendes étrangères, le languedocien eut la vani- 
teuse pensée de le suivre dans cette voie. Mal lui en prit; et 
s'ilbaptise ses enfants des noms d’Oswald, d'Edwige, de 
Wilfrid, il est obligé de les appeler autrement; car ces noms, 
il ne peut pas les prononcer, qu'il revienne donc, pour ne 
plus les quitter, aux jolis prénoms Thérèse, Marie, Jeanne 
et tant d’autres du même genre, si propres à son fluide lan- 
gage, dût-il continuer à en faire des Frésoù, des Mariouné, 
des Janoù, Janétoù ; cela vaudra toujours mieux que Ci- 
tènnéstrélo, ou Brutusé, petits noms dont nous avons entendu 
une mère appeler ses enfants que l'on avait trouvé de bon 
goût de baptiser Clytemnestre et Brutus. — Voy. Escaï- 
noun, Dalmas, Déléouse, Masèl, Massabiôou. 


téianns ou 


NOU 


Noun-dé-noun, Nom de-nom ! juron qui était sur le 
point de transgresser le second commandement de Dieu et 
qui, étranglé à temps, finit en murmurant un vain son. 

Nouri, v. Nourrir. Du latin nutrire, alimenter ; four- 
nir les aliments nécessaires; allaiter; entretenir; élever. 
—Mé donou vin sôous et nourè, on me donne vingt sous par 
jour, plus la nourriture, 

Nouriço, s. [. Nourrice, femme qui allaite un enfant 
qui n’est pas le sien, 

Dér. du lat. nutriæ, où de nutricia, tie. 

Nouridoù, s. m. Cochon d’un an, cochon à engraisser, 
prèt à être mis à l'engrais. 

Dér. du lat. nutriendus. 

Nouris, s, m. Le nourricier, le père nourricier, Le mari 
de la nourrice. — Voy. Nouriçgo. On dit ordinairement : 
Païre où pèro-nouris. Cependant la mère, en parlant du 
mari de la femme qui allaite son enfant, le désigne fort 
bien ainsi : Moun nouris. L'enfant l'appelle plus tard de 
même, et il va plus loin encore car, du frère de cet homme 
il dit : moun ouncle-nouris. 

Nous, s. m. Nœud. Du lat. nodus, par la suppression 
du d, Protubérance, saillie, tubérosité. Nous-courén, nœud 
coulant. 

Nous, pr. pers. Nous, régime et jamais pluriel de je, le 
verbe se conjuguant toujours sans pronom. Fasès-nous un 
plési, faites-nous un plaisir. Nous ou dounè, il nous le 
donna. Faguén coumo lous sarjans : sé nous aimou pas, 
aïmén-nous éntre ndoutres, faisons comme les huissiers : 
si l'on ne nous aime pas, aimons-nous entre nous. 

Nousa, v. Nouer. Po pas nousa lous dous bous, il a de 
la peine à joindre les deux bouts de l’année pour subsister 
avec ses revenus. 

Nousa, do, adj. Nouée, 6e; chose fixée au moyen d’un 
nœud. On dit en parlant d’un enfant rachitique et qui ne 
grandit pas : és nousa. 





NUS 5ti 
Nouscléto, s. f. Sorte d'annean en métal qui fait partie 


| d'une agrafe. On dit aussi maïéto. 


Nous-courén, s. m. Nœud-coulant et non pas nœud- 


| courant — Voy. Nous. 


Nouse, s. f. Noix. — Voy. Nose. 

Nousièiro, n. pr. de lieu. Nozières, hameau de lacommune 
de Boucoiran, canton de Lédignan, près duquel se trouve 
une station du chemin de fer d'Alais à Nimes. Lieu plantéde 
noyers, noiseraie, synonyme de Nougarédo. — Voy. ce mot. 

Nouïso, s. f. Dim. de Nose, petite noix. Le roitelet, qui 
n'est pas plus gros qu'une noix: c'est le plus petit oiseau 
d'Europe. 

Nontäri, s. m. Notaire. 

Nouvèl, adj. Nouveau, nouvelle. 

Nouvèlo, s. f. Nouvelle, première annonce d’un événe- 
ment récemment arrivé, bruit, rumeur. Brebis qui a atteint 
sa seconde année. Nouvélos au plur. se dit surtout des nou- 
velles données par les journaux. Avès légi las nouvèlos ? 
avez-vous lu les journaux ? 

Nouvémbre, s.m. Novembre, nom du onzième mois de 
l’année Julienne et Grégorienne. Du lat. novembris, fait de 
novem, neuf, parce que ce mois était le neuvième de l’an- 
née romaine, lorsque cette année n'avait que dix mois. 

Nouviäou, do, adj. Nuptial. 4bà nouvidou, réoubo 
nouvidoudo, habit ou robe de noces. 

Nouzélu, do, adj. Noueux, euse. 

Dér. du lat. nodosus, m. sign. 

Novi, Novio, subs. Le fiancé, la fiancée, au plur. Nôvis, 
les fiancés. Sès préssa coumo un nôvi, vous tes pressé 
comme celui qui va se marier. 

Dér. du lat. novi. 

Novo, adj. f. — Voy. Nôou. 

Nus, uso, adj. Nu, nue, Ëro nus coumo un vèrme, il 
était nu comme un ver. M'an laïssa tout nus, on m'a 
dépouillé de tout. 


O 


0 


0; s. m. La lettre O. L'o final, même suivi de l's qui se 
fait toujours sentir qu’elle soit ou non la marque du plu- 
riel, est muet ou tonique. Muet, il est le pendant de l'e muet 
français et se perd, assez peu articulé, exactement comme 
dans l'italien meco, mio, petto ; tonique, il a toute sa valeur 
accentuée comme dans le français écho, numéro, zéro, ou 
le latin ergo, cicero. Pour le distinguer dans ce dernier cas, 
il prend un accentgrave. L'Italien encore procède de même, 
il écrit faro, phare, et fard, je ferai. Le languedocien a 
également besoin de différencier les deux valeurs de son o 
final, et l'accent qui indique la prononciation peut changer 





0 


en même temps la signification d'un mot : fio et fio, fille et 
feu, babo et babo, bave et chrysalide, tantos et tantès, tantes 
et tantôt. 

Dans la triphtongue, d'un usage très-fréquent, l'o, ainsi 
que l'a et l'é prendun accent circonflexe. Cet accent n'a point 
pour effet de changer le son de la lettre, mais d'indiquer 
quel est la tonique de la triphtongue c.-à-d. que celle-ci se 
prononce en forçant sur la voyelle accentuée et en coulant 
sur les autres, mais le tout par une seule émission de voix, 
sans l’allonger comme s’il formait deux syllabes : méoure, 
féoure, biou. — 6 prend encore le même accent, par ana- 


512 OH 


logie avec le français et pour le distinguer du suivant, 
lorsqu'il est particule précédant ou indiquant le vocatif : 6 
moun Diou ! à mon Dieu! — Voy. la lettre I. 

O, part. affirmative. Oui. Peu en usage et jamais qu'a- 
vec les personnes que l’on traite très-familièrement, o est 
l'ancien oc abrégé, adouci ou dégénéré. C'est encore le oui 
des Hautes-Cévennes. — Voy. Oc. 

Obro, s. f. Œuvre, travail, ouvrage. Y-a prou obro, y-a 
fosso obro aqui, il y a là beaucoup d'ouvrage, beaucoup de 
travail, de la difficulté. Y-dowra bé d'obro, il y aura bien 
du travail, el aussi bien des difficultés. Faïre dé l'obro lou 
vala, faire de la terre le fossé, c.-à-d: tirer de la chose 
les dépenses nécessaires pour l'agrandir, pour l’entretenir, 
ou bien faire de nouvelles dettes pour en payer d'anciennes, 
L'obro léouso low mèstre, l'ouvrage recommande l’auteur, 
autrement : à l’œuvre on connaît l’ouvrier. Fulobro. — 

Voy. ce mot. 

Dér. du latin opera, m. sign. 

Obro, s. f. Labour, façon. Douna uno obro, donner une 
façon, un labour à un champ. Y-a pa ‘ncaro l'obro, la terre 
est encore trop humide ou trop sèche pour être labourée, 
pour recevoir un bon labour. Y-a michanto obro, le travail 
est difficile, pénible. Y-a bono obro? le labour se fait-il 
aisément ? et, par extension, cette question s'adresse à une 
personne occupée d'un travail quelconque. Lou ban dé 
l'obro, le banc de l’œuvre, des marguillers. Bon jour, bon 
obro, phrase de salutation adressée à des gens qui tra- 
vaillent. 

Oc, particule affirmative dont se servaient nos provinces 
méridionales qui, pour cela, furent appelées la langue d'Oc, 
séparée par la Loire de la langue d'Oil ou d'Oui, parce que 
ces deux derniers mots élaient l'affirmation de cette autre 
moitié de la France. Oc n'est autre chose que le lat. hoc, 
ellipse de hoc est, cela est. Après avoir été l'expression 
caractéristique d’une langue au point de donner son nom 
au pays oùon la parlait, oc est complètement tombé en 
désuétude. I est encore employé dans les environs du Vigan ; 
mais pour nous, il n'existe plus; oï l'a depuis longtemps 
remplacé, et il ne reste qu’un souvenir presque effacé de 
lui dans o qui en est la corruption et dont on fait même 
peu usage.— Voy. Où. 

Ocho,s. f. Esse, clavette en fer que l'on met su bout de 
l'essieu pour retenir la roue. Ocho serait-elle une altération 
bien forte et bien gratuite du français esse ? — On donne 
aussi ce nom aux groseillers épineux communs dans les 
haies. * 

Odi, s. m. Ennui, dégoût. On ne l’emploie qu'ainsi : 
Véni én odi. La car mé vèn én odi, la viande me répugne, 
m'est devenue fastidieuse. Mé vènes én odi, tu m'ennuies, 
tu me fatigues, tu m'es insupportable. C’est du pur latin 
mi venis in odium, tournure que l'italien a aussi imitée en 
disant : venir a noia, ennuyer. 

Oh! interj. commune à toutes les langues. Oh! qui 
marque la surprise, l'admiration. On se sert aussi de cette 





ON 


exclamation, en prolongeant le son, pour appeler quel- 
qu'un de loin.— Oh/ hé! oh! vraiment, oh! bien. Oh! 
Did.— Voy. Did. 

Oï, partic. affirmative. Oui. Ainsi qu'on peut le voir aux 
articles nani, nou, o et voui, le languedocien a deux néga- 
tions et deux affirmations, l’une familière et l’autre respec- 
tueuse. Ces nuances sont scrupuleusement observées dans 
l'usage et l'on en verra l'origine à l'art. Vouè. Où est l’af- 
firmative familière; on en use seulement envers les per- 
sonnes que l’on tutoie ou avec qui l’on agit du moins très- 
familièrement si on leur dit vous; il est par conséquent 
le corrélatif de nou. Ilne parait pas être une altération du 
vieux oc aujourd’hui abandonné; c’est bien plutôt l’oil d’ou- 
tre-Loire, qui du reste devait se prononcer à peu près de 
même et qui est devenu l'oui français. Cet oil, dont le lan- 
guedocien fit oï, dût être adopté par imitation d’un langage 
plus élégant, et plustardil resta comme affirmation tutoyante 
lorsque le oui, qui parut encore plus raffiné, et dont on fit 
voui, lui succéda et s'établit définitivement comme affir- 
mation respectueuse que devaient employer les gens bien 
élevés. 

Oli, s. m. Huile. Dans un pays où la cuisine se fait à 
l'huile, il est bien entendu que si on n'indique pas une 
qualité particulière il ne s’agit que de l'huile d'olive. Dé 
bon àli, de la bonne huile. Ok for, huile forte. Oli d'anfèr. 
(Voy. Anfèr.) Oli d'éspi, dé cade. (Voy. ces deux mots.) 
Oli dé pè-dé-bidou, synovie, liqueur visqueuse, de la nature 
du blanc ou de la glaire d'œuf, qu’on trouve dans les join- 
tures des grands os des animaux et en plus grande quantité 
dans celles du bœuf, à raison de sa grosseur; on l’emploie 
pour la brülure. Aqud ’s taquo d'ôli, c’est tache d'huile qui ne 
s’efface pas, cela vaut contrat. Oli dé couïde, on le dit plai- 
samment d'un travail où il faut faire agir vigoureusement 
les bras, user de la graisse de coude. Déou et d'ôli ! Allons ! 
courage ! 

Dér. du lat. oleum, mème signification ou plutôt d'oli- 
vum, huile d'olive. 

On, pron. pers. indéfini ou l’On. On, l'on. C'est à la 
langue romane que le français a pris ce pronom qui n’est 
autre chose que l’abréviation du lat. homo où homines. Le 
roman disait : per tal que hom sapia, afin qu'on sache ou 
que homme sache; non volem que hom prendan las per- 
sonas des clerghes, nous ne voulons pas qu'on saisisse Ja 
personne descleres, etc. Mais il est à remarquer qu’alors que 
le français s’accommodait de la tournure romane, le Jan- 
guedocien l'abandonnait pour revenir à la tournure latine ; 
et s’il reprend parfois, avec quelque utilité, son bien passé 
en d’autres mains, comme dans : on po pas y tène, on ne 
peut y tenir, etc., etc. Par euphonie on rend souvent ox 
par don, dans le dialecte alaisien & « Don sé forço, doutramén 
vost’ éstouma sé bare. » (Leyris, poésie inédite.) Là où le fran- 
çais emploie on, le Janguedocien peut presque toujours 
rendre la phrase d'une manière différente et souvent préfé- 
rable : on dit, on fait beaucoup de choses, sé dis, sélfaï 


0SQ 


fosso cdousos; on vous le fera voir, vous ou faran véire ; 
on vous le dit, on vous l'a dit, vous ou disou, vous où an 
di, on va commencer, van acouménga; on ne prend pas les 
mouches avec du vinaigre, émbé fèou noun sé prénou mous- 
quos. 

Oouh! interj. qu'on peut rendre par ho là ! hé! Oouh! y-a 
pas dingus? holà ! hé!il n’y a personne dans la maison ? — 
Oouh ! en appuyant longtemps sur le premier 4, est aussi 
le commandement à la bète de somme ou de trait de s'ar- 
rêter et, dans ce cas, l'opposé de 5; le français le rend par 
oh! ou ho! que le languedocien emploie aussi. 

Ordi, s. m. Orge (hordeum), dont il y a plusieurs espè- 
ces; l'orge commune, orge carrée, grosse orge ou escourgeon, 
qui a quatre rangs de barbes, est la plus connue sous ce 
nom. Fe 

- Dér. du lat. hordeum, m. sign. 

Orgue, s. m. Orgue ; toujours du mème genre au pluriel 
comme au singulier. 

Dér. du lat. organum, m. sign. 

Orle, s.m. Bord, margelle d’un puits; bord d’un vase 
quelconque; ourlet, repli et couture au bord d’une étoffe, 
d'un tissu, pour qu'il ne s’effile pas. 

Dér. du lat. orula, dim. de ora, bord. 

Orviatan, s, m. ou bien Ourviatan. Orviétan, qu'un 
charlatan de la ville d'Orviète, en Italie, importa à Paris 
dans le xvne siècle. C'était un électuaire dans la compo- 
sition duquel il entrait, disait-on, 54 drogues et qu'on 
regarda longtemps comme un remède infaillible contre 
beaucoup de maux. Selon M. Magnol, on donne ce nom à 
Montpellier, à l'Anchusa monspeliaca. Il n’en reste plus que 
le nom, et le languedocien s'en sert en disant : marchan 
d'ourviatan, pour désigner un hableur, un charlatan qui 
débite toute autre chose que des électuaires; mais ce mot 
est aujourd'hui tombé en désuétude. 

Os, s. m. plur. Osses. Noyau de cerise, de pèche, de 
prune, ete., osses d'oulivos, marc d'olives pressuré. Piqua 
lous osses, casser les noyaux. Leur dureté, pareille à celle 
de l'os, a valu ce nom aux noyaux que le lat. appelait aussi 
Ossa, ium. 

Os, s. m. plur. Osses. Os, partie de l'animal dure, 
solide, qui forme comme la charpente de son corps. À bon 
chi bon os, à bon chien bon os. Os-pudén, os pubis; du lat. 
pudens, pudique où pudendus, que l'on cache par pudeur. 
Os-Bertran, l'os du croupion, l'os sacrum, la dernière des 
vertèbres, terminée par un petit os un peu recourbé appelé 
coccix. C'est là qu'aboutit une foule de nerfs dont la luxa- 
tion est toujours dangereuse et souvent mortelle, ce qui à 
fait donner par les anatomistes à cet os le surnom de 
sacrum parce qu'il n’y faut pas toucher. Quant à ce qui lui 
à Valu son nom languedocien, il serait difficile de le dire, et 
cela tient sans doute à quelque fait anecdotique oublié. Os 
dé supio, os de seiche que l'on met dans les cages d'oiseaux 
et qui leur sert à affiler leur bec. 

Osquo, v. f. Hoche, encoche, entaillure pour marquer 





OUI 513 


sur une taille le pain, le vin, la viande qu'on prend à crédit, 
ou pour tenir toute autre espèce de compte ; cran, entaille sur 
un solide, pour accrocher ou arrêter quelque chose, comme 
en ont notamment certaines crémaillères. Ndoussa d'uno 
osquo, hausser d'un cran. Féou faïre uno osquo âou crémal, 
il faut faire une croix à la cheminée, se dit lorsqu'il se pro- 
duit un fait extraordinaire, en dehors de toute prévision. 
Vous faraï uno osquo à l'éouréw, je vous couperai un petit 
bout de l'oreille pour vous en faire ressouvenir. Save cé qué 
né vôou l'osquo, je sais ce qu'en vaut la marque ou l'aune. 
À fa uno osquo, il s’est endetté. 

Dér. du lat. occare, couper. 

Osquo, part. affirmative qui répond à oui, assurément, 
certainement. C'est le mot précédent devenu affirmation 
familière et plaisante, en l’employant d'une manière ellip- 
tique, comme si l’on répondait : ce que vous dites est 
entendu, acquis au procès-verbal, marquons-le, enregis- 
trons-le, faguën uno osquo. Osquo dé ségù, se dit dans le 
mème sens. 

Otobre, s. m. Dixième mois de l'année actuelle qui n'é- 
tait que le huitième, comme ce nom l'indique, lorsqu'elle 
commençait le 4° mars. 

Dér. du lat. october, m. sign, 

Ou, pron. relat.Le. Vous ou dise, crésès-ou, ou créségués 
pas, aqud m'és égdou, je vous le dis, croyez-le, ne le croyez 
pas, ça m'est égal. Ou faraï, je ferai cela. M'ou a di, il 
m'a dit cela. 

Dér. du lat. hoc, m. sign. 

Ou, conj. alternative. Ou. Hiuëï ou déman, aujourd'hui 
ou demain. On le fait suivre aussi de bé : Véndraï dilus, 
oubé ow mandarés, je viendrai lundi, ou bien vous l'en- 
verrez ; c'est à l'habitude et au goût à décider de l'emploi 
de cette variante. 

Ou ! est un de ces sons, comme oh! ho! elc., qui appar- 
tient à toutes les langues pour exprimer, sans paroles, la 
surprise, l'admiration, la douleur, le dégoût, selon l’into- 
nation qu'on leur donne? Ou, que l'on fait ordinairement 
très-long, peut se rendre au besoin par fi! fi donc! Ou 
lou por! fi! le cochon ! fi done! le vilain! Ou/ n'dourièi bé 
vérgougno! fi donc! j'en aurais bien honte ! — On crie 
aussi aux pourceaux : Ou/ pour les chasser, comme on dit 
en anglais out, hors! dehors ! 

Dans la bass. lat. huesium signifiait huée. 

Oui, est une de ces intérjections ou exclamations, dont 
il est question à l’art. précédent, qui exprime la douleur, 
la souffrance : Ouï mé fasès mdou! aïe, vous me faites 
mal. 

Ouièirado, s. f. Le contenu d'un huilier plein, ouwüèro. 

Ouièiro, s. f. Huilier en verre et surtout en fer-blanc, 
ne se dit bien que du récipient qui contient l'huile pour 
l'usage courant ou journalier; ce serait donc plutôt une 
huilière ou cruche à l’huilé. Ouïèïro, pour huilier composé 
des burettes où l'on met l'huile et le vinaigre, est un galli- 
cisme. 


514 OUL 


Ouira ou Bouira, v. Frapper, meurtrir, briser les os, et 
proprement, faire une outre ou préparer pour cela la peau 
d'un vieux bouc, ce qui se fait de la manière suivante : 

Le boucher, après avoir égorgé animal, le frappe à coup 
de barre par tout le corps, pour ramollir les chairs et briser 
les os, qu’il détache ensuite par l'ouverture du cou dont il 
a séparé la tête. Quand tout le dedans est net, il fait à la 
peau les préparations nécessaires pour qu'elle puisse con- 
tenir le vin ou l'huile sans leur communiquer de mauvais 
goùt. 

On voit par là que l'expression lou Diable vous ouire 
serait une imprécation horrible si l'on savait la force du 
terme ou qu'on l’eût dans l'intention; mais ce ne sont le 
plus souvent que des expressions qu'on peut appeler explé- 
tives, qui ne signifient rien ou tout au plus que de l'im- 
patience dans la bouche de ceux qui les emploient. (SAu- 
VAGES.) 

Outre, peau de bouc accommodée pour y mettre. des 
liquides. Les outres faits avec une peau de vache cousue 
d’un bout à l’autre sont plus solides que ceux de bone. Ils 
sont beaucoup moins en usage depuis que les transports se 
font très-peu à dos de mulet. 

Dér. du lat. uter, m. sign. 

Oulado, s. f. Le contenu d’une marmite, oulo. 

Dér. du lat. olla, m. sign. 

Ouliva, v. Cueillir les olives dans nos localités où l’on 
récolte les olives avant qu'elles soient assez mûres pour 
tomber d'elles-mèmes, et où les oliviers n'atteignent pas 
des dimensions telles qu'il soit nécessaire d'en gauler le 
fruit. Ouliva doit se rendre par cueillir et non ramasser 
les olives. Ce mot peut être pris dans le sens de frucha : 
Mous ouliviès an bièn ouliva, ont donné beaucoup de fruit. 

Oulivados, s. f. plur. Olivaison, saison où l’on récolte 
les olives, la récolte elle-même ou l’action de cueillir ce 
fruit. Pér oulivados, à l'olivaison, au temps de l'oli- 
vaison. 

Oulivaire, Oulivairo, s. m. et f. Cueilleur, cueilleuse 
d'olives, qui fait la cueillette des olives; ici ce travail est 
ordinairement dévolu aux femmes, ce qui fait que le fé- 
minin oulivaïro est presque usité. On dit aussi ouli- 
varèlo. 

Oulivastre ou Aoulivastre-Bouscas, s. m. Troëne. 
Ligustrum vulgare, Linn., arbrisseau indigène, à fleurs 
petites et blanches et baies noires, dont on forme des palis- 
sades et des haies. C’est en parlant de lui que Virgile a dit : 


O formôse puer, nimium ne crede côlori : 
Alba ligustra cadunt; vaccinia nera leguntur. 


« © bel enfant, ne t'enorgueillis pas de tes fraiches 
couleurs : les blanches fleurs du troëne tombent; des baies 
noires leur succèdent. » 

Oulivédo, s. f. Olivette, champ planté d'olives. 

Dér. du lat. olivetum, m. sign. 

Ouliviè, s. m. Olivier, arbre qui produit l'olive, olea 





OUN 


luropea, Linn., l'olivier sauvage, olea sylvestris, Linn. — 
Oulivid dé toun gran, castagnè dé. toun, pèro, amouriè 
dé tus-mêmo, olivier de ton aïeul, châtaignier de ton père, 
mürier de toi-même. Très-lent à venir, l'olivier, coûteux à 
soigner, ne rend qu’en raison de ce qu'on lui donne, ainsi 
qu'il le dit lui-même dans cet autre dicton : Ouncho-mélou 
pè l'ouncharaï lou bè, graisse-moi le pied, je te graisserai le 
bec. Ajoutez que son produit, qui n’est point annuel, n'est 
que trop souvent détruit, pour de longues années, par les 
hivers rigoureux qui ravagent presque périodiquement no8 
olivettes. 

La culture de l'olivier semblerait donc peu avantageuse; 
mais comme il vient bien sur nos collines en terrasses, où 
il ne serait pas utilement remplacé, et qu’il fournit cette 
huile indispensable à tous nos apprêts culinaires, il partage 
toujours, avec le mûrier et le châtaignier, l'amour, les 
soins et la reconnaissance de notre pays. 

Dér. du lat. oleaster, m. sign. 

Oulivo, s. f. Olive fruit de l'olivier. À Toussan, l'oulivo 
à la man, à la Toussaint, l'olive à la main. 

Dér. du lat. oliva, m. sign, 

Oulo, s. f. Marmite de potin ou de fonte où l’on fait 
cuire toutes sortes d'aliments, Chacun sa cé qué boul din 
soun oulo, chacun sait ce qui bout dans son pot, chaçun 
sait où son soulier Je blesse. 

Dér. du lat. olla, m. sign. 

Oumbra, ». Ombrager, faire de l'ombre, défendre du 
soleil. 

Oumbraje, s. m. Ombrage, ombre que fait un corps 
opaque en interceptant les rayons du soleil et particulié- 
rement celle que font les arbres. 

Oumbréja, v. Variante d'oumbra. 

Oumbrén, quo, adj. Ombragé, couvert d’ombrage, qui 
est à l'ombre; soupçonneux, pour une personne; ombra- 
geux, pour une bête, un cheval surtout. 

Oumbro, s. f. Ombre, obscurité causée par un corps 
opposé à la lumière; espace privé des rayons du soleil. 
Oumbro d’home vôou cént fénnos, l'ombre d'un homme vaut 
cent femmes. 

Dér. du lat. umbra, m. sign. 

Oume, s. m. Orme, ormeau, ulmus campestris, Linn., 
on disait autrefois om et oum et c’est de là que sont venus 
plusieurs noms de lieux : Sént-Éstève dé Lon, lou mas dé 
Lon, que le languedocien prononce ainsi et que le français, 
plus respectueux cette fois pour l’étymologie, écrit Saint- 
Etienne-de-Lolm, etc. Le nom propre Delon Déloun, à 
sans doute la même origine, mais alors le languedocien et 
le français auraient repris leurs rôles. 

Ouncha, v. Oindre, enduire d'un corps gras, graisser. 
Ouncha las rodos, graisser les roues.— Salado mâou oun- 
chado, salade qui manque d'huile, affaire mal conduite. 

Dér. du lat. wngere, m. sign. 

Ounchuro, s. f. Graissage, action d'oindre; toute sorte 
de matières grasses et huileuses ; ce qu'on mange de gras 





OUR 
avec du pain. Faï michan manja soun pan sans ounchuro, 
il'est désagréable de manger son pain sec. An plagnégu 
l'ounchuro, on n'a pas employé assez d'huile dans cé ragoût, 
dans cette salade ; qudou manjo soun pan sans ounchuro, 
lou manjo sans mesuro. On dit aussi : ounchaduro. 

Ouncle, s. m. frère du père ou de la mère, mari de la 
tante : Dans le vocabulaire plaisant, ouncle signifie créan- 
diér, qu'on appelle aussi comme dans le Nord, anglès, 
anglais. 

Dér. du lat. avunculus , m. sign. 

Ounço, s. f. Articulation, nœud ou jointure des doigts 
de la main ; la phalange elle-même. 

Dér. du lat. uncus, croc, crochet. 

Ounço, s. f. Once; seizième partie de l’ancienne livre; 
elle vaut à Alais 25g. 99. soit en chiffre rond 26 grammes * 
L'once de Provence était équivalente à 31 g. 25, C'était la 
douzième partie de la livre romaine. L'once se subdivisait 
en 8 gros. Il y avait la petite once, comme la petite livre. 
Le quintal de 400 grosses livres contenait 424 livres 
petit poids. L'once d’Alais était la petite once de 26 gr. 

Dér. du lat, unoia, once, qui n'était contenue que douze 
fois, dans la livre romaine. 

Oundado, s. 7. Onde. flot, lame, vague, de la mer, d’une 
rivière débordée. L'aïgo sor à bèlos oundados, l'eau sort par 
lames, à flots pressés, par ondes : c'est un aug. dé oundo. 

Oundo, s. f. Bouillon, en parlant de l'eau qui bout. Zi 
fôou pas qu'uno ou dos oundos, il ne lui faut qu'un ou deux 
bouillons. Low toupi boul à bèlos oundos; le pot bout à gros 
bouillons. 

Dér. du lat. wndo, faire des ondes, bouillir. 

Ounglado, s. f. Coup d'ongle, de griffe, ounglo, égra- 
tignure. L 

Ounglo, s. f. Ongle ou griffe selon l'individu. D'oun- 
glos pounchudos, des ongles pointus ou des griffes 
pointues. 

Dér. Du lat. wngula, Sÿn. de unguis, m. sign. 

Ounté, ado. de lieu ou Mounté. Voy.ce dernier. Ount’- 
anas ? ounté vai? où allez-vous? où va-t-il ? 

Our,s.m. Ours. Ursus arctos, Linn., quadrupède plan- 
tigrade. Sémblo un our, se dit de quelqu'un à ia structure 
informe, agissant lourdement ou surtout velu comme 
un Ours. — Our est un nom propre commun dans le pays, 
qu'on est dans l'habitude d'écrire Hours en français; du 
reste, pour témoigner d'une même origine, son fém. fait 
Ourso et son dim. Oursé. 

Ourdre, s. m. Andain, espace que parcourt en largeur 
la faux d'un faucheur op la faucille d’un moissonneur, 
en avançant en droite ligne; bande de terre que chaque 
vigneron ou journalier laboure sans empiéter sur les rangs 
de ceux qui sont à ses côtés: rayon ou rangée de ceps de 
vigné. Suvè soun ourdre, suivre son andain, son rang. 
Tira un ourdre, faire un somme, — On dit aussi andano, 
andaïdo, où cambado. 





L'abbé pe Sauvaces pense que le terme andain est dit 


OUR 515 


pour ondain, parce que chaque coup de faux laisse sur un 
pré des ondulations pareilles à celles de l'eau agitée par le 
vent. Une rangée de ceps de vigne ne s'appelle pas un 
ourdre, commé paraît le croire l'abbé be Savvaces:; il 
porte le nom de cavaidou. 

Dér, du lat. ordo, rang, rangée. 

Ourgansin, s.m. Organsin, avec celte différence que le 
français se dit d'üne soie moulinée, tordue aü moulin, 
tandis que le languedocien s'entend de la soie la plus fine 
qu'on obtient à la filaturé, par opposition à tramo et tra- 
mélo, eét-qui n'a reçu encore aucun apprèt. 

Dér. de l'italien organsino. 

Ourguéno, s. f. Sirène, monstre fabuleux qui séduisait 
par le charme de sa voix. Canta coumo uno ourguéno, 
chanter comme une sirène. 

Dér. du lat. organum, organa, nom que l'on donnait à 
toute sorte d'instruments de musique. 

Ourjôou, s. #m. Dim. Ourjoulé. Orgeolet, orgelet, cri- 
the, orgueilleux, vulgairement grain d'orge, petit bouton, 
petite tumeur inflammatoire aux paupières. Le peuple dit 
que ces petites pustüles viennent en punition à ceux qui ont 
refusé quelque chose à une femme enceinte. — Une crache 
en poterie. 

Dér. du lat. hordeolum, Dim. d'hordeum , grain d'orge. 

Ourla, v. Ourler, faire un ourlet, orle. 

Ourno (l'),#. pr. Rivière qui prend sa souree à Saint- 
Félix-de-Pallières, traverse les territoires d'Anduze et de 
Tornac et se jette dans le Gardon sur le territoire de Mas- 
sillargues et Attuech. C'est l’ancienne VRNIA des Romains 
citée dans une inscription antique trouvée à Nimes. 

Ouroù, s. f. Erreur, méprise, erreur de calcul. Faguén 
pas ouroù, ne nous trompons pas, ne commettons pas de 
méprise. frouvère uno ouroù din soun compte, je trouvai 
une erreur dans son compte. Ce mot est une corruption du 
français poussée au point de le faire ressembler à la tra- 
duction d'horreur pour laquelle il ne faut pas commettre 
l'ouroù de l'employer. 

Ourqué, s. m. Blette vulgaire des jardins; espèce d'ar- 
roche, propre à lever les taches d'huile sur les étoffes de 
laine; on les frotte avec la feuille de cet herbe, on lave 
énsuile l'endroit de la tache. (SauvaGes.) 

Oursan, n. pr. de lieu. Orsan, village du canton de 
Bagnols-sur-Cèze, dans l'arrondissement d'Uzès. Orsanüm, 
en 4340 et 4485. 

Dans un mémoire adressé à Pierre-François Orsino, car- 
dinal de Gravina, qui fut pape de1724 à1730, sous le nom 
de Benoit XIE, M. de Mandajors a cru pouvoir admettre que 
cette localité doit son nom aux cardinaux Orsini, seigneurs 
de Bagnols, dont les possessions s'étendaient, dit-il, sur le 
territoire du village précité; mais cette opinion hasardée ne 
doit être accueillie que sous toutes réserves. 

Ourtéto, Voy. Hourtéto. 

Ourtiga, v. Ortier, piquer avec des orties, s'ourtiga, 
se piquer ainsi. : 


516 OUS 


Ourtigado, s. f. Piqüre d'ortie. 

Ourtigo, s. f. Ortie, plante dont il y a partout en 
abondance plusieurs variétés; la plus petite, l'ortie-grièche, 
est la plus piquante ; la grande ortie romaine ou pilulaire, 
urtica pilulifera, Linn., donne une filasse dont on peut 
faire de la toile ; ses semences sont excellentes pour les 
pertes et pour les crachements de sang.— Toutes les orties 
sont sudorifiques. Dans les environs de Nimes ont dit : 
outrigo. 

Ourtoulan, s. m. ou Sansanvi.— Voy. ce mot. 

Ousqua, v. Entailler, faire une hoche ou coche, osquo. 

Oustaïè, iro, adj. et s. Casanier, qui aime à rester 
chez lui. , 

Oustalado, s. f. Maisonnée, tous les habitants d’une 
maison, oustéou ; tous les membres d’une famille qui de- 
meurent ensemble. Touto l’oustalado, toute la famille. Uno 
oustalado dé mounde, une maison pleine de gens. 

Oustalariè, s. f. Agglomération de quelques habitations 
dans la campagne et, dans ce sens, à peu près le synonyme 
de masado, pouvant se rendre par petit hameau. On l’ap- 
plique aussi aux divers et nombreux bâtiments appartenant 
à la même exploitation rurale, à la même usine. On dit 
même d'une seule et vaste maison : Y-a fosso oustalariè, il 
y a beaucoup de logement dans cette maison. On dit aussi 
masaÿe. 

Oustâou, s. m. Aug. Oustalas. Dim. Oustalé. Maison, 
logis, bâtiment pour y habiter; maison, famille, ménage. 
Oustâou païrouläou, maison paternelle, celle où l’on est 
né et qu'ont habité nos ancêtres. Un oustéou és pas cabdou, 
mais lou câou, une maison n'est pas un avoir mais il en 
faut une. Qudou és foutréou qué rèste à soun oustéou, que 
le niais et maladroit croupisse chez lui ; l’homme habile se 
donne du mouvement, court après la fortune et l'attrape, 
car cela se dit à propos de l’un de ces derniers. Pér réfourma 





OUV 


cé qué vaï mâou couméngo tus pér toun oustéou, pour prècher 
la réforme, réforme d’abord ta maison, Bos vèr et pan câou 
fan la ruino d'un oustéou, bois vert et pain frais ruinent 
une maison. Faïre oustéou né, faire maison nette, congé- 
dier toute la maison. Lou fio n’és pas à l'oustdou, rien ne 
presse. 

Oustdou, pourrait venir du lat. stalio, demeure ; Sau- 
VAGES cite à Ce propos un passage d’un vieux titre où ilest 
dit : in stare comitis Bermundi, pour dans la demeure du 
comte Bermond. Cette étymologie, lorsqu'on sait la pronon- 
ciation languedocienne des lettres initiales : St,expliquerait 
et légitimerait même la variante éstéou dont se servent à 
tort cependant quelques personnes, car il est plus naturel 
de faire dériver simplement oustdou de la bass. lat. Aosta- 
laria, m. sign. dont on fit d'abord ostal et oustal. 

Outis, s. m. — Plur. Outisses, Outil, instrument d’arti- 
san, de laboureur, etc. 

Dér. du lat. utilis, utile. 

Ouvra, v. Ouvrer ne se dit que de la soie et signifie : lui 
donner, au sortir de la filature, soit aux tavelles, au dou- 
blage ou au moulin, les divers apprêts nécessaires, selon 
l'emploi qu’on veut en faire. Dé sédo ouvrado est donc de 
la soie ouvréeen opposition à la soie grège prise en sortant 
du tour. 

Ouvrésoù, s. f. Façon, apprèt donné à la soie ainsi qu’il 
est dit à l’art. précédent. Ouvraison, qui devrait être fran- 
çais car il est formé, selon l'esprit de la langue, de, son 
verbe ouvrer, est très-reçu en style de filateur et de mou- 
lineur de soie. 

Ouvriè, iro, s. m. et f. ouvrier, ouvrière. À michant 
ouvriè gés dé bos outisses, mauvais ouvrier ne trouve jamais 
de bons outils. — És un ouvriè, uno ouvriètro qué, c'est 
compère, une commère qui saura bien se tirer d'affaire. 
Trago d'ouvriè, mauvais ouvrier. — Emprunt au français. 


Fa 


PA 


P. Pé, s. m. La lettre P.; mêmes valeur et emploi qu’en 
français. 

Pa ou Pas, part. négat. Pas, point. En français, il est 
ordinairement précédé de la négative ne; en Janguedocien, 
il s'emploie seul et quelquefois se rend simplement par ne. 
Ou vole pas, je ne le veux pas. Dise pas, je ne dis pas. 
Y-anés pas, n’y allez point. Gouste pas jamaï, je ne goûte 
jamais. Y-a un an qué l'aï pas vis, il y a un an que je ne l'ai 
vu. Pas fosso, pas beaucoup. Noun pas, non pas, non, point 
du tout. 

Pas est un emprunt au français. Le roman employait la 
construction latine : Establem que nostres successors non 





PA 


dom ghisaje que quel que plaïgon no sidou greugat, ete. En 
délaissant cette tournure pour se servir de la particule 
française, le languedocien lui conserve souvent son orto- 
graphe; toutefois, contrairement à la règle générale qui 
veul que l’é final se fasse toujours sentir, même devant 
une consonne, celle de pas ne sonne jamais dans ce dernier 
cas. C'est un vice, car pas, démarche, qui s'écrit de même, 
se prononce différemment; mais en faisant ainsi, on évite 
beaucoup d’hiatus qui créeraient surtout trop de difficultés à 
nos poètes. Cependant on écrit également pa et il le faut 
bien pour expliquer certaines syncopes fort en usage : 
pa ’ncaro pour pa éncaro, pas encore; és pa quÿ, pOur és pas 


PAC s 


aquÿ, ce n'est pas cela, y-a pa 'n ca, pour pa un ca, iln'y a 
pas un chat, contractions où, par étrangeté, ce n’est point la 
première mais la seconde voyelle de l'hiatus qui est élidée. 
D'après Gébelin, la particule pas viendrait du lat. passus : 
iln'y en a pas; c'est comme si l’on disait : iln'y en a trace, 
vestige, 
Pachéja, v. Faire pacte, conclure une affaire, un marché, 


Dér. du lat. pactum, m. sign. 

Pacho, s. /. Pacte, traité, convention, accord, marché. 
Faïre-pacho, conclure un marché ou absolument, conclure. 
Aquà 's pas din nosto pacho, ce n’est pas dans nos conven- 
tions, dans notre traité. À fa pacho émbé lou Diable, il a 
fait pacte avec le démon; se dit d'un homme qui a une 
chance extraordinaire. 

Dér. du lat. pactio, m. sign. 

Pacholo,s. f. Pot-pourri, tripotage, ripoppée, mélange 
hétéroclite de choses diverses qui s'annoncent difficilement ; 
choses qui se voient rarement ensemble dans un mets; 
- mélange de différentes sauces, vins ou liqueurs, le tout peu 
agréable à l'œil et au goût, Pâtée pour la volaille faite avec 
du son et des herbes cuites à l'eau et pétries ensemble. 

Pachoquo, s. f. Margouillis, gâchis, flaque d'eau sale, 
de boue liquide. Femme minutieuse, tripoteuse, épilogueuse, 
bigote, ridiculement scrupuleuse, diseuse de riens. Pachà 
paraît en être le masc., comme si l'on disait brouillon, tri- 
poteur. 

Pachouqua, v. Patauger, marcher dans la boue liquide, 
s'y crotter; barboter comme un canard dans une mare; 
tripoter, brouiller, gâter, gâcher. 

Pachouqué, to, adj. ets. Tâtillon, vétilleur, lanternier, 
chipoteur, minutieux, barguigneur, qui ne sait se tirer 
d'affaire. 

La racine de Pachouqué semble être pachd, et l'adjectif 
serait un diminutif comme si l’on disait petit feseur ou 
feseur de petites affaires. On dit à un enfant : anén, pa- 
chouqué ! Allons, petit barbouilleur. 

Pachouquéja, v. Vétiler, tatillonner, être un pa- 
chouqué. 

Pacién, to. adj. et subst. Patient. Du lat. patiens, m. 
sign. — Un patient, une personne souffrante ou malade 
avec résignalion ; celui qu’on doit supplicier. 

Paciénço, s. f. Patience. Paciénçgo, médécino das 
péoures, la patience est la médecine des pauvres. Paciénço 
laïssè brula soun oustâou, Patience laissa brüler sa maison, 
se dit souvent proverbialement pour indiquer que la patience 
doit avoir des limites. 

D. du lat. patientia, m. sign. 

Pacoutio, s. f. Pacotille. Ce fut d'abord les marchandises 
que les officiers et les gens de l'équipage avaient le droit 
d'embarquer gratis pour leur propre compte; et comme elles 
étaient en petite quantité, on les appela pacotille, petit 
paquet. On donna ensuite le même nom à l'assortiment que 
de petits spéculateurs emportaient avec eux sur un navire 





PAG 517 


pour aller trafiquer au loin ; et les uns et les autres ayant 
à faire à des chalands ordinairement peu connaisseurs, 
ces marchandises étaient de qualité fort inférieure. De la, 
toute chose fabriquée sans soin ou de mince valeur, est 
dite de pacotille ou de balle. Le languedocien emploie pacou- 
tio dans le même sens. Foy. Fourés. Il dit aussi, comme 
le français, d'objets quelconques réunis en assez grand 
nombre : quinto pacoutio! quelle pacotille, quelle pro- 
vision ! 

Padélado, s. f. Poëlée, plein une poële, padèlo, ou sim- 
plement poële. Uno padélado dé péissoùs, d'afachados, plein 
une poële de poissons, de châtaignes. On dit aussi padé- 
nado et sartanado. ' 

Padéléjà, v. Frire, fricasser à la poële, passer à la poële. 

Padèlo, s. f. Poële à frire. Z6ous à la padèlo, œufs à la 
poële. Adouba uno padèlo, affriter une poële, c'est, lors- 
qu’elle est neuve et pour la rendre propre à s'en servir, lui 
donner un apprêt qui consiste ici à la chauffer presque au 
rouge et à la frotter fortement à l'intérieur avec un oignon 
puis avec du lard. Padèlo dé las afachados, poële où l'on 
fait rôtir les châtaignes et qui, pour cela, est percée 
d'un grand nombre de trous. — On dit aussi padéno ou 
sartan. 

Dér. du lat. patella, plat, assiette. 

Paga, v. Payer. Paga én mounédo dé singe, payer en 
grimaces, c.-à-d. pas du tout. À paga n'doustres dévèn, il 
a payé le tribut que nous devons; il est mort et nous 
mourrons. Éntre paga et mouri on és toujour à tén, à payer 
et mourir on est toujours à temps. Pago cé qué déves et 
gariras dâou mdou qu'as, paie ce que tu dois et tu guériras 
de ton mal. Quan dévès [6ou paga, quand on doit il faut 
payer. 

On le fait dériver du celt. paga, m. sign. ou du lat. 
pactare, traiter, accorder. 

Pagaïre, Pagaïro s. m. et f. ou Pagadoù ne s'emploie 
guère qu'avec la qualification de bon où michan, bon ou 
mauvais payeur. Pour désigner l'employé du Gouvernement 
qu'on appelle payeur, il faut dire péiur ; on dit de mème 
ouficiè péiur. 

Pagamén, s. m. Paiement d'une dette, d'une rente, 
salaire d’un ouvrier; honoraires d'un médecin, d’un avocat. 
Aquà ’s ésta moun pagamén, dit-on de quelqu'un qui vous 
a payé d'ingratitude. 

Page-dé-cour, s. m. Cette expression toute française ne 
sert qu'à rendre la comparaison : effronté comme un page 
de cour, hardè coumo un page dé cour. 

Pagèl, s. m. Pagel. Sparus erythrinus, Linn., Pagrus 
pagel, Dict. des sciences nat., poisson de mer, à nageoires 
épineuses, de l'ordre des Holobranches, de la famille des 
Léiopomes, dont le dos est roux en hiver, bleuâtre en été, et 
le ventre blanc. Sa chair est blanche, grasse et d’une saveur 
agréable. On le trouve dans la Méditerranée. 

Dér. du lat. pagellus. 

Pa-gés, négat. Qu'on peut écrire aussi pas gés, est un 

66 


518 PAG 


composé de ces deux négat. et signifie aucun, point. Né 
vése pas gés, je n'en voit point, aucun. On dit pa-gés, en 
parlant des choses et pa-rés, en parlant des personnes. — 
Voy. Gés. 

Pagés, 0, s. et n. prop. Vieux mot, hors d'usage chez 
nous, qui signifiait paysan, villageois ; métayer, fermier ; 
il est resté nom propre fort commun dans le pays. 

Dér. du lat. paganus, m. sign, 

Pagnè. s. m. Dim. Pagnèiré, aug. Pagnèiras. Panier. 
Ce mot, générique en français, l'est beaucoup moins chez 
nous où la plupart de ces engins ont un nom particulier : 
bértoul, banastoù, désquo, elc. Pagnè est le panier d'osier 
n'ayant qu'une anse en demi-cercle qui va d'un bout à 
l'autre et qui sert à le porter d’une seule main. Lorsque ce 
panier est fermé par un couvercle, on l'appelle pagnè-ba- 
radis. On dit aussi, pour le contenu : wn pagnè dé figos, 
dé rasins, un panier ou plein un panier de figues, de rai- 
sins.— Pagnè-lon. (Voy. ce mot.) Sot coumo un pagnè, 
se dit d’une personne qui vient d'éprouver un affront, une 
contrariété, un échec. 

Dér. de Pan, parce qu'on le fit d’abord pour contenir 
le pain, ou du lat. panarium, corbeille à pain. 

Pagnè, s. m. Sorte d’épi ou de batardeau, fait avec des 
pieux et des fascines, sur le bord d’une rivière pour dé- 
tourner les eaux ou en amortir le choc. La manière dont 
on entrelace les fascines dans les pieux, assez semblable 
à celle dont on tresse les joncs d’un panier, a fait donner 
le même nom à cet ouvrage. 

Pagnèïrado, s. /. Panerée, plein un panier de quelque 
chose. 

Pagnèiraïre, s. m. Vannier, fabricant de paniers. 

Pagnèiro, s. f. Panetière, huche, armoire au pain, 
lieu où l’on serre le pain; panier de boulanger. Véou 
m'aï pan à la pagnèiro qué bèl home à la carièiro, Vaï- 
sance vaut mieux que la beauté. 

Pagnè-lon. s. m. Pagnè-loungué, aug. Pagnè-lounguas. 
Panier long, manne ou mannequin, fait avec des scions 
refendus du châtaignier sauvage; il est deux fois plus long 
que large et sert à porter différentes charges sur l'épaule : 
c'est pour cela qu’on l'appelle encore faïssidou, de faï, 
fardeau, charge. 

Pagnoto, s. f. Pagnote, poltron, couard. és uno pognoto, 
c’est un trembleur. 

Pago, s. f. Paie. Dissate fan la pago, samedi est jour 
de paie. Pér la pago, en revanche, pour récompense. Dé 
qué mé daunarés pér la pago? que me donnerez-vous, en 
récompense, si c'est un service qu'on vous demande, en 
dédommagement ou en échange, s’il s'agit d’une espèce de 
marché qu'on propose? Pago dé bourèl, paiement fait 
d'avance : autrefois le bourreau percevait une contribution, 
en argent ou en nature, sur les denrées de la halle, le jour 
où il devait faire ane exécution. On dit même qu'en cer- 
lains lieux il attendait, pour se mettre à l'œuvre, qu'un 
officier de justice lui eût jeté sur l'échafaud, en présence 





PAI 


de la foule, la somme qui lui revenait. C’est sur cet nsage 
qu'est fondée la locution se faire payer en bourreau. Il y a 
une autre explication : du temps que l'on brülait et que 
l'on rompait, un condamné, redoutant avec raison les souf- 
frances d’un supplice beaucoup moins expéditif qu’aujourd’- 
hui, promit au bourreau une bonne somme s’il les lui épar- 
gnait en lui donnant promptement le coup de grâce; celui- 
ci accepta et tint parole, mais il perdit sa créance, car il n’est 
aucun moyen d’actionner son débiteur. Mieux avisé depuis 
lors, lui et ses collègues, qu’il informa de sa mésaventure, 
prirent l'habitude de se faire payer d'avance lorsqu'on leur 
proposa de pareils marchés. Diou pago tar maï pagô lar, 
Dieu paye tard, mais avec largesse. 

Dér. du celt. paga, m. sign. 

Pago-läougè, s. m. mot à mot : qui paie lentement, qui 
a bientôt payé, parce qu’il ne paie pas du tout. C'est une 
qualification qu’on donne à un mauvais payeur. 

Païa, v. Rempailler des chaises; clisser une bouteille, 
un flacon ; envelopper, garnir de paille un ballot, un paquet, 
une caisse 

Dér. de païo. 

Païado, s. f. Jonchée de paille, qu’on met sous les bes- 
tiaux, et dans une basse-cour ou dans une rue pour la faire 
pourrir et la convertir en fumier. 

Païado, s. f. Charivari donné à un homme qui se laisse 
battre par sa femme. Dans l’origine, cetteburlesque comédie 
avait de plus grandes proportions : on mettait sur un âne 
un complaisant qui jouait le rôle du mari quand on ne pou- 
vait pas l’y hucher lui-même. On armait le patient d’une 
qguenouille et, au milieu des huées et d’une musique appro- 
priée à la circonstance, on le promenait triomphalement. 
Comme, pour lui faire plus d'honneur, on jonchait de paille 
le chemin qu'il devait parcourir, cette cérémonie s’appela 
paiado. 

Païaron, s. m. Dim. Païarounqué, aug. païarounquas. 
C'est une variante et une corruption également usitée de 
pagnè-lon, dont on fit d’abord pagnalon, ainsi que le pro- 
noncent beaucoup de personnes.— Voy. Pagnè-lon: 

Païarouncado, s. f. Le contenu d’un païaron où pagne- 
lon. 

Païas, s. m. Grand tas de paille ; amas de balayures. 

Païasso, s. f. Paillasse, sac de toile rempli de paille pour 
servir à un lit; cesac, cette paille. 

Païasso, s: m. Paillasse, bouffon, bateleur de la foire. 
On l'appelle sans doute ainsi à cause de son vêtement de 
toile, large, informe comme le sac dont il est question à 
l’art. précédent. 

Païassoü, s. m. Dim. païassouné. Panneton, panier 
rond de paille, en forme de coupe ou de vasque, où l'on met 
la pâte qu’il faut pour faire un pain.— Ce mot peut rendre 
aussi celui de paillasson, couverture de paille longue sous 
laquelle les jardiniers abritent les plantes de la gelée ou 
nattes dont on se sert pour essuyer les pieds; mais alors 
c’est le français que l’on emploie. “ets 


fehs s. -— 


me ile nd À À 


PAI 


- Païè, s. m. Grenier au foin plus encore qu’à la paille, 
malgré ce que semblerait indiquer l'étymologie; mais la 
paille qui entre dans ces magasins y tient de toute façon 
une place moins importante que le foin : de sorte que fénil, 
qui.a son équivalent parfait dans fégnéiro, peut aussi 

Dér. du lat. palearium,, m. sign. 

Païè, s. m. Palier, repos, plate-forme sur le même esca- 
lier après plusieurs marches, sur lequel s'ouvrent plusieurs 
portes. Réstan sus lou mèmo païè, nous demeurons sur le 
mème palier, au même étage, porte à porte. 

Paièirés, s..m. Espèce de raisins dont les grappes sont 
grosses et divisées en grapillons. Ses grains sont gros, ronds, 
blancs et de couleur dorée à la maturité, légèrement mus- 

, sujets à se pourrir. Ïls donnent un bon vin blanc. 
Le cep n’est pas bien vigoureux, sans doute à cause de sa 
grande fertilité. Le bois est tendre, les feuilles assez grandes 
et pas trop découpées. Les sarments sont assez remarqua- 
bles ; quelquefois ils se fendent en deux et se pèlent. 

Païèiro, s. f. Cuve, vinaire en bois, moins grande que le 
tindou qui, de plus, est ordinairement en maçonnerie. Le 
vin blanc, se faisant en moindre quantité, devait se mettre 
dans la plus petite cuve qui prit son nom de païèiros, 
raisin qui fournit principalement à ce vin; ce qui n’em- 
pèche pas qu'on met aussi à cuver du vin rouge dans la 
païëiro. Le français paillet a beaucoup de rapports avec 
ces diverses expressions. 

Païèiro, n. pr. de lieu. Paillères, nom qui désigne plu- 
sieurs Jocalités du Gard, dans les communes de Laval, de 
Soustelle, le ruisseau de la Grande-Paillère qui prend sa 
source dans la commune de Thoiras, et surtout Saint-Félix- 
de-Paillères, commune du canton de Lasalle, désignée en 
959, sous le nom de Villa de Patellaco. Patellacum signifie 
le lieu où l’on fabrique les plats d’étain. C’est en effet dans 
le hameau de Paillères dépendant de la commune de Saint- 
Félix, quese trouvent les mines de plomb argentifère, exploi- 
tées par les Romains et dont l'exploitation continue encore 
‘de nos jours. 

Païéja, v. Remuer la paille, ce qui se fait surtout en la 
faisant sauter sur l'aire à l’aide d’une fourche, pour faire 


“tomber le grain qui y est mêlé. On le dit aussi du mouve- 


ment continuel des mains et des doigts d’un malade à l’a- 
gonie qui semble vouloir prendre ou arracher de la paille, 
délire qu’en terme scientifique on appelle carphologie, du 
grec Kapeñ, fètu, kcyw, je ramasse. 

Païéjaïre, s. m. Pailleur, qui vend ou qui voiture de 
la paille. 

Païéto, s. f. Clayon, éclisse pour faire égoutter le fro- 
mage frais, {owmo, en le sortant de l’éscudéloù ou faïssèlo. 
Elle est faite en paille ou en jonc. Brin de paille, fétu. 
Tira la païéto, tirer la courte-paille. 

Païo, s. . Paille, tige des graminées et particulièrement 
des céréales; défaut de liaison dans les métaux. Home dé 
paï véou fénno d'or, homme de paille vaut femme d'or. 





PAJ 519 


Faï d'uno paño un pañé, il fait d'une mouche un éléphant. 
Anén à la païo! allons nous coucher ! 

Dér. du lat. Palea, m. sign. 

Païo-dé-clè, s. f. Glui, paille longue de seigle qui sert 
à garnir les chaises, à faire les paillassons des jardiniers, à 
emballer les marchandises, à couvrir les chaumières, etc. 
On l'appelle gerbée lorsque, deuni-battue et contenant un peu 
de grain, on la donne à manger aux chevaux. — Voy. Clé. 

Corrup. de glui où du flamand gheluys, dont on le fait 
dériver. 

Pairastre, s. m. Partre, beau-père, second mari de la 
mère. Païrastre et Maïrastro sont des péjoratifs de paire 
et maïre, comme si l'on disait faux ou mauvais père, fausse 
ou mauvaise mère. 

Paire, s. =. ou Pèro. Voy. maïre et pèro. 

« Les noms païre, maïre, fraire, sorre, dit l'abbé px 
Sauvaces,... ne sont plus usités que parmi les pauvres 
gens du Bas-Languedoc et des Cévennes. Les artisans du 
plus bas étage qui habitent les villes et les paysans de la 
campagne, qui ont un peu de fortune, dédaignent ces noms 
comme avilissants et disent moun pèro, ma mèro, moun 
frèro, ma sur. Ce changement introduit dans notre langage 
ou celte affectation d'imiter ce qu'on appelle les honnêtes 
gens, qui parlent plus communément français, ne date pas 
de bien loin ; elle est une conséquence du luxe ou de la 
vanité qui gagne tous les rangs : elle a bien pénétré dans 
les provinces gasconnes méditerranéennes, éloignées des 
grandes routes et du commerce des grandes villes: L'ancien 
idiome y est bien moins altéré; les mœurs anciennes qui 
vont d'ordinaire de compagnie avec les bonnes mœurs, s'y 
sont mieux conservées. Dans le Rouergue, ajoute SAUVAGES, 
les personnes de la première qualité ne se distinguent point 
du bas peuple, pour le langage, et disent encore avec lui: 
moun paire, comme dans les siècles précédents, où Pon 
ignorait cette bigamie de termes français ou presque français. 

Nous devons ajouter que les poètes et les écrivains de la 
Renaissance provençale se sont bien gardés d'employer ces 
mots francisés que le marquis pe LA FARE a pourtant cru 
devoir adopter. 

Paire, s. m.Maitre-valet, qui, dans une ferme, a autorité 
sur les autres domestiques, comme le père de famille dont 
il tient la place. On l'appelle aussi baïte. 

Pairè-nouris, s m. Père-nourricier, le mari de la nour- 
rice. — Voy. Nouris. 

Païrè, s. m. Parrain. Le plus vieux parent, dans une 
maison. 

Païsse, v. Paître, Qué dé ca naï, dé ra sé paï, qui de 
chat nait de rat se pait. Qudou dono à naïsse, dono à païsse: 
celui qui donne la vie, donne aussi la subsistance! A. Ley- 
ris, Lous Quatres poutoùs. 

Dér. du lat. pascere. m. 

Pajo, s. f. Page, côté du fouiliet d'un livre, d'un cahier; 
l'écriture qu'elle contient. 

Dér. du lat. pagina. 


520 PAL 


Palado, s. f. Pelletée, pellée, pellerée, ce qui peut tenir 
sur une pelle, palo. Bouléguo l'argén à palado, se dit d'un 
homme qui a la réputation d’être très-riche. 

Palafargnè, s. m. Palefrenier, valet qui panse les che- 
vaux. 

Dér. du bas-lat. palafredus, palefroi, cheval de marche 
ordinaire. Court de Gibelin fait dériver le mot palefroi de 
pal en roman grand, et /red ou vred, cheval. 

Palafiqua, Perdre, égarer. Sé palafiqua, tomber rude- 
ment, tomber de haut, se précipiter, Palafiqua, do, impo- 
tent, perclus. 

Pal où Pdou, pieu, et fiqua, du lat. figere, ficher, faire 
entrer, semblent former ce verbe, lorsqu'il est réciproque; 
c’est comme si l’on voulait dire entrer, s’enfoncer comme 
un pieu; le participe impotent est la conséquence d’un tel 
accident. Quant à l’acception première, on ne voit pas le 
rapport qu'il peut y avoir entre ces idées, et nous donnons 
la définition d’après SAUVAGES. 

Palamar, s. m. Mail, du lat. pila, boule, dont l'italien 
a fait aussi palla et de mar, alt. de mal, dérivé de mal- 
leus, marteau, marteau de boule, ou bien de palus et de 
martellus, marteau emmanché d’un pal, bâton ou long 
manche. Le français procédant de mème, mais se servant 
de malleus, avait fait palemail. Ce mot, remplacé par maïou, 
n’est guère plus en usage, et il se trouve surtout ici pour 
expliquer l'origine du suivant, fort usité au contraire. 

Palamar, do, adj. et s. Lourdaud, gros lourdaud, qui 
parle et agit lourdement, par assimilation à l’objet précé- 
dent qui agit et frappe de mème. 

Palamardiè, s. m. Fabricant de mails; celui qui loue 
des mails et des boules à la journée. 

Palastraje ou Palastrajo, s. f. Penture, bande de fer 
qui sert à soutenir les portes et les contrevents et dont 
l'œil reçoit le gond. 

Palé, s. m. Palet, sorte de disque, pierre plate et ronde 
ou circulaire qu'on jette vers un but pour en approcher le 
plus possible, dans le jeu qui porte ce nom. 

Dér. du grec Bäkw, lancer. 

Paléja, v. Remuer avec la pelle, se servir de la pelle, 
palo. 

Paléjaïre, s. m. Ouvrier qui remue avec la pelle, qui 
travaille avec la pelle. Dans les greniers à sel on lui donne 
le nom de palayeur. 

Paléto, s. f. Férule, petite palette de bois ou de cuir 
avec laquelle les pédagogues frappent sur la main ou sur 
les doigts des écoliers en faute; un coup de férule. Paléto 
est le dim. de palo, pelle, l'instrument de correction ayant 
cette forme. 

Paléto, s. f. Lançoir, petite vanne ou pale, pelle de fer 
emmanchée qui bouche l’abée, par où l'eau s'élance de l'6- 
cluse sur la roue horizontale, rodo, d'un moulin. Dim. 
de palo. 

Paléto, s. f. Omoplate, os de l'épaule, mince, large et 
triangulaire. En terme de boucherie, c'est le paleron, pièce 





PAM 


de viande qui enveloppe l'omoplate et dans laquelle, si elle 
est de bœuf, on distingue le premier et le second travers 
et la joue de bœuf. Dans le premier travers est la veine 
grosse. 

La forme de cet os lui a valu son nom languedocien. 

Paléto-dé-l'éstouma, s. f. Brechet, extrémité inférieure 
du sternum ou os de la poitrine, qui correspond au creux 
de l'estomac. 

Pali, s. m. Dais ; poële, drap mortuaire. 

Dér. du lat. pallium, manteau, couverture. 

Pallissoù, s. #. Échalas, pieu, palis, qui sert de tuteur 
à un jeune cep ou que l’on plante de distance en distance 
pour soutenir les perches horizontales d'une rangée de 
vigne en cavaïoùs, car on n'a point ici de vigne entière 
échalassée. Palissoù est le diminutif de pdou, pieu, qui se 
dit aussi pour le même objet. 

Palmosalado, n. pr. de lieu. Palmesalade, ancienne 
chapelle ruinée dite de N.-D. de Palmesalade, dans la com- 
mune- de Portes, et située au bord de l’ancienne voie 
romaine appelée Régordane qui conduisait de Nimes à la 
Loire, par Gergovie et la vallée de l’Allier, On trouve, à 
proximité de cette chapelle, un point de la route appelé les 
Calades qui présente des traces de l’ancien pavé de la voie 
romaine, et un pont antique jeté sur le ruisseau de Palme- 
salade. Sur les terrains qui entourent la chapelle s’éten- 
dent les anciennes exploitations de minerai de fer, prati- 
quées à l'époque romaine, reprises à notre époque et récem- 
ment abandonnées. ! 

Suivant la tradition, le nom de Palmesalade, que porte 
ce quartier, lui aurait été donné à la suite d’un combat 
meurtrier livré aux Sarrasins, sur lesquels l’armée franque 
aurait remporté une victoire chèrement achetée. 

Palo, s. f. Pelle de toute sorte, en bois ou en fer. 

Dér. du lat. pala, m. sign. 

Paloumbo, s. f. Ramier, pigeon sauvage. (Colombe ra- 
mier, Columba palumbus, Temm.) Sous ce nom et celui 
de Bisé. (Voy. ce mot.) on confond facilement les diverses 
espèces de pigeons sauvages, ramiers ou bisets, il n'y a pas 
jusqu’à la tourterelle qui n’y puisse être comprise, quoique 
son vrai nom soit Tourtouro. 

Palun, s. m. Marais, marécage; en Provence, on appelle 
surtout ainsi un ancien marais desséché et mis en culture. 

Dér. du lat. palus, m. sign. ou du grec rakw, boue, 
marais. 

Pamén, adv. Cependant, néanmoins, pourtant, nonobstant 
cela. Formé de pas, négat. et de mén, moins, ce qui fait que 
de bons languedociens ne se gènent guère pour dire pas 
moins au lieu de cependant. 

Pamoulo, s. f. Paumelle, orge distique, petite orge, 
baillarge, orge à deux rangs sans barbes. Hordeum dis- 
tichum, Linn. 

Pampaligourno, n. de lieu. Nom de fantaisie d’un pays 
imaginaire, si loin qu'on n'en revient pas, auquel on.a 
coutume d'envoyer les gens qui vous ennuient. IL pourrait 


PAN 


se faire pourtant que ce füt un enjolivement de Pampelune, 
ville d'Espagne qu'on supposait fort éloignée autrefois; et 
en effet on dit encore : té mandaraï à Pampaligourno, je 
enverrai à Pampelune, aux grandes Indes, aux antipodes, 
voire au Diable. On dit aussi Pampaligousto où Pampa- 
ligosso. 

Pampe, s. m. ou Pampo, s. f. Pampre, jeune pousse 
franche ou sauvageonne qu'on doit enlever pour former la 
plante, empêcher qu'elle en soit fatiguée ou que la greffe en 
soit affamée. Voy. Déspampa. — De toute les ramées que 
l'on donne pour nourriture aux bestiaux, le pampre de 
vigne est sans contredit la plus mauvaise: c'est pour cela 
que, par métonymie, on appelle aussi pampo un cheval 
efflanqué haridelle ou Rossinante, qui semble n'avoir pas 
d'autre provende. Anara jusqu'as pampos, il ira jusqu'à la 
chüûte des feuilles, se dit d’un poitrinaire dont la mort pa- 
raît inévitable à la saison d'automne la plus rapprochée. 

Pan,s. m. Dim.pané. Pain, dont la forme et les qualités 
sont diverses. Pan d'oustdou, pain de ménage, de cuisson, 
de bourgeois. Pan-bru, pain bis. Pan émbé soun tout, pain 
à tout, dont on n'a point Ôté le son. Pan-séda, pain de 
seigle, dont la farine a été tamisée, sassée, sédado. Pan dé 
mouniciou, pain de munition. Pan dé cousino, pain de cui- 
sine ou plutôt pain de la cuisine, acheté chez le boulanger 
ou fait dans la maison pour les domestiques, plus grossier, 
par opposition au pain plus blanc de la table des maitres. 
Pan d'ordi, pain d'orge, lourd et grossier, ainsi que l’in- 
dique le dicton : groussiè coumo pan d'ordi. Le pain de 
boulager reçoit d'autres noms : Pan blan, pain blanc, de 
frequalité. Pan ségoun, pain second, de 2e qualité. Pan darié, 
pain dernier, de dernière qualité. Pan ou pané d'un s6ou, 
petit pain, pain wollet, valant un sou. Pan roussé, pain de 
recoupes, pain bis blanc. Pan réquiè, petit pain de luxe, 
de forme ronde : le pain de luxe n'étant point taxé pour le 
poids, les boulangers le font cuire davantage, de là Pan- 
réquié, recuit. Pan crousto léva, pan mâou apéloui, crousté 
dé pan, lisquo, pèço dé pan. Voy. ces mots. Ou aï fa én 
moun pan, én moun vi, je l'ai fait sans l’aide de personne, 
à mes dépens, de mes propres ressources. Avédre lou pan 
et lou coutèl, avoir le pain et le couteau, avoir une chose 
à sa discrétion, être dans toutes les conditions pour la faire 
à sa fantaisie. 

* Dér. du lat. panis, m. sign 

Pan, s. m. Empan, mesure linéaire qui avait été fixée à 
9 pouces, 8 lignes, pied-de-roi, soit 262 millimètres et demi. 
Lors de l'adoption du système métrique, on ne l’appliqua 
‘pas d'abord dans toute sa rigueur; tenant compte des 
vieilles habitudes, et dans l’idée erronnée de faciliter la 
transition, on conserva le nom de beaucoup d'anciennes 
mesures, et l'on se contenta de les modifier pour les mettre 
én rapport avec les nouvelles. C'est ainsi qu'on allongea le 
pied-de-roi, tandis que l'empan fut raccourci pour qu'ils 
fussent contenus d’une manière exacte dans le mètre : le pre- 
mier trois et le second quatre fois; le pan valut donc 9 pou- 





PAN 214 


ces du pied métrique ou 25 centimètres. Quoique proscrit 
aujourd'hui, on se sert toujours beaucoup de son nom et il 
est bien plus ordinaire d'entendre dire d’une étoffe : M'acousta 
cinq s0ous lou pan, que vingt sous lou mèstre, où bien : mous 
tdouïès an hiuè où nou pans, plutôt que dous méstres ou 
dous mèstres et quart, surtout dous mèstres vinto-cinq. C'est, 
en effet, une mesure fort commode, car chacun la porte tou- 
jours avec soi : c'est l'espace compris entre le bout du petit 
doigt et du pouce très-écartés; et les mains trop petites 
ajoutent la première phalange du pouce, en l'abattant pour 
compléter cette mesure, que chacun s'étudiait sur un 
étalon à rendre assez exacte et qui suffissait lorsqu'il ne 
s'agissait pas d’un mesurage rigoureux. — Le pan s'entend 
de la mesure elle-même comme de la chose mesurée. Mié- 
pan, demi-empan. Avédre un pan dé nas, avoir un pied 
de nez. 

Dér. dela bass. lat. spanna, qui était cette mesure ainsi 
formée. En allemand spannen, étendre, mesurer avec la 
main. 

Pan! s.m”.Onomatopée pour rendre le bruit d'une claque, 
d’un souflet, d’un coup que l'on donne ou que l’on reçoit. 
Y dounè uno anquado, pan ! il le fouetta, flan, vlan, pan ! 
ad libitum. 

Pana, do, adj. Qui a des taches de rounsseur sur la 
figure ; tacheté de rousseurs auxquelles les personnes blondes 
ou rousses sont plus sujettes. La sève de la vigne, au 
moment de la taille, est, dit-on, un excellent cosmétique 
pour faire passer les rousseurs. Ces taches, qui apparaissent 
aussi nombreuses que les mille petits yeux d'un pain bien 
apprèté, ont pu donner lieu à un rapprochement qui a eréé 
l'expression de pana. 

Panado, s. f. Panade, pain émietté et longtemps mi- 
tonné dans du bouillon ou simplement de l'eau dans laquelle 
on met ensuite du beurre ou de l'huile. 

Panar, do, adj. et s. Boiteux. 

Panardéja, v. Boiter, clocher, clopiner. 

Panari, s. m”. Panaris. Voy. Roudaïre. Inflammation 
phlegmoneuse des doigts qui provoque souvent la carie 
de l'os des phalanges. Du lat. panaritium, formé du grec 
rapovuyla, dont les racines sont xapa, auprès et ovuy, 
ongle. 

Panataio, s. f. Hèrbo-dé-Nosto-Damo. Pariétaire, casse- 
pierre, herbe de Notre-Dame. Parietaria officinalis, Linn., 
plante qui croit sur les vieux murs dont elle prend le uitre 
qui lui donne ses vertus : elle est émolliente et diurétique ; on 
l'emploie pour les tisanes, les cataplasmes et les lavements. 
Panataïo est une corr. de parélaïo, formé de paré, en lat. 
paries, muraille. On désigne aussi cette plante, dans plu- 
sieurs localités du Gard, sous le nom de Paraddou, dont 
l'étymologie du lat. paries est plus régulière. 

Panatièiro, s. f. Blatte/Blata); insecte orthoptère, très- 
vite, lucifuge, brun-noir, plat et large, à deux longues 
antennes, qui habite autour des cheminées et des fours. I 
est assez difficile de se débarrasser de cette blatte domes- 


522 PAN 


tique là où elle a établi son domicile. Sa préférence pour 
la farine et le pain lui a fait donner le nom de panatièïro; 
elle est plus connue sous celui de Babaroto. 

Pan-blanc-d'ase, s. m. Chardon-Roland, chardon à cent 
têtes, panicaut commun, ÆEryngium campestre, Linn. Sa 
racine faisait partie, avec celle du chiendent, du caprier, 
de la garance et de l’arrète-bœuf, des cinq petites racines 
apéritives; elle passe pour être diurétique, néphrétique, 
propre à provoquer les règles et à exciter à l'amour; tou- 
tefois la médecine en fait beaucoup moins usage qu’autre- 
fois. Le goût bien connu de l'âne pour le chardon, duquel 
il fait son pain blanc, explique suffisamment le nom 
languedocien du panicaut. Celui-ci n’est pas cependant l’es- 
pèce dont les ânes sont le plus friands, et le français, de 
son côté, appelle chardon aux ânes le chardon hémorrhoï- 
dal, Serratuba arvensis, Linn., qui est notre céoussido. 

Pané, s. m. Petit pain, dim. de pan. Pané d'un sou, 
pain mollet qui vaut un sou. Pané dou la, petit pain au lait. 

Panéja, v. On le dit du bléet de la farine qui fournissent 
plus ou moins de pain. Aquélo farino panéjo bièn, cette 
farine foisonne bien, et elle. fait ainsi lorsqu'elle boit 
beaucoup d’eau : ce qui arrive quand le blé qui la produit 
croit dans un terrain ou graveleux ou sec, tel que celui des 
côteaux ou des champs en pente. 

Panèl, s. ”. Claie à sécher les châtaignes. Foy. Clédo. 

Panèl, s. »m. Pan, basque d’un habit, d'un corps de jupe. 
Panèl dé camiso, le bas, les bouts inférieurs d’une chemise. 

Dét. du lat. pannus, drap, étoffe, qui, dans la bass. lat. 
signifiait aussi, portion, segment. 

Panéto, s. f. Pain de boulanger, par opposition au pain 
de ménage, qui est plus gros. 

Fém. de pané, dim. de pan. 

Pan-Froumén, s.m.Mâche, Doucette, Valeriana locusta, 
Linn., qui porte encore beaucoup d’autres noms : blanchette, 
clairette, poule-grasse, boursette, salade de-chanoïne. Cette 
plante croît naturellement et en abondance dans les champs, 


et on la cultive aussi dans les potagers. Elle fournit une | 


excellente salade, du moins d’après le goût de plusieurs de 
ses parrains qui l'ont nommée salade de chanoine et pan- 
froumén, parce qu’elle est au-dessus des autres comme le 
pain de froment est au-dessus des autres pains. On dit aussi 
Pan-fourmén. 

Panis,s. "”. Panis ou Panic, mil blanc, millet desoiseaux, 
Panicum italicum, Linn. Dans l'usage, ce millet est con- 
fondu avec le millet commun ou petit mil panicum milia- 
ceum; l'un porte son grain en panicules tandis que l’autre 
n'a qu'un épi ras, cylindrique où tout le grain est entassé : 
c'est là toute leur différence et ils sont d’ailleurs employés 
aux mêmes usages. — Voy. Mél. 

Panissièiro, s. f. et n. pr. de lieu. Champ de panis, 
devenu nom de lieu. 

Panle, panlo, adj, Päle, Panle coumo las céndres, pâle 
comme la mort. Voy. la lettre L. 

Dér. du lat. pallidus, m. sign. 





PAO 


Panléva, v. Soulever. Le languedocien prononce énlo la 
lettre /, et lui conserve cette prononciation dans beaucoup 
de mots quand elle est entre deux voyelles; il met alors 
une » qui précède l’£, ou qui, lorsqu'elle est double, rem- 
place la première : de sorte que panléva n'est autre que 
pal léva, ce qui équivaut à /éva avec un pal ou péou qui, 
dans ce cas, signifie levier ; il ne s'emploie par conséquent 
que pour rendre soulever au propre, élever quelque chose 
de matériel et de lourd. 

Panli, ». Pälir. Du lat. pallere, m. sign. 

Panloù, s. f. Päleur. ) 

Panos, s. f. plur. Rousseurs, taches de rousseur. Foy. 
Pana. 

Pan-réquiè, s.m. comp. Pain recuit. Voy. Pan. 

Pansèio, s. f. Pensée, violette tricolore, Viola tricolor, 
Linn., imit. du français. 

Pansèl, s. ». Rame, petite branche, branchage, pour 
ramer ou soutenir, énpanséla, des pois, des haricots. 

Var. de païssèl, d'un autre dialecte, dim. de péou, 
pieu. 

Pantaï, s. m. Rève, songe, qu’on fait en dormant. 

Dér. du grec oévraaux, fait de pau, fantôme, vision. 

Pantaïsa, vw. Rèver, songer, faire des rêves, des 
songes. 

Pantécousto, s. f. La Pentecôte, fète que célèbre l'Église 
cinquante jours après Pâques en mémoire de la descente 
du Saint-Esprit sur les apôtres. Éntre Pasquos et Panté- 
cousto, faï toun déssèr d'uno crouslo. 

Pantécoustos, s. f. plur. Un des noms du chèvre- 
feuille, qui lui a sans doute été donné parce qu'il fleurit 
vers la Pentecôte. Son autre nom est Manétos. 

Pantèrno, mieux Fâoutèrno, seul en usage ici. Voy. 
ce dernier. 

Panto, s. f. Bamboche, ribote, orgie. Faïre la panto, 
faire sas pantos, faire la débauche. 

Pantoufléto. s. f. Un des noms du mufle de veau. Voy. 
Cacalaca. 

Pâou, s. m. Échalas, quand on l'emploie pour palisser 
la vigne; pieu ou piquet, quand il sert à tout autre usage 
analogue. Dé qué fas aquè planta coumo un pâou, que 
fais-tu là immobile et tout étonné ? 

Dér. du lat. Palus, m. sign. 

Pâou, adv. de quantité. Peu, dont il n’est point cepen- 
dant l'équivalent ordinaire qui est plutôt pas gaïre. Il 
mange peu, se dit manjo pas gaïre et non point manjo pou ; 
il a peu d'argent, a pas gaire d'argén et non a pdou d'ar- 
gén. Pâou ne s'emploie donc guère que dans certaines 
phrases faites, et le plus souvent comme substantif, Douna- 
mé n'un pdou, donnez-m'en un peu. Pdou ou prou, peu 
ou prou, plus ou moins, et par ext. de manière ou d'autre, 
par bécarre ou par bémol. Pér pdou qu'ou digués maï, pour 
peu que vous le disiez encore, si vous le répétez. Dé péou à 
pou, peu à peu. Ddou pdou pou c'estleproverbe: petit à 
petit l'oiseau fait son nid, ou maille à maille se fait le hau- 





PAO 


bergeon. Laïssa-mé un pdou passa, laissez-moi passer, je 
vous prie. Douna-mé un pdou aqud, donnez-moi cela, s'il 
vous plait. Véire un pdou, Voyons, examinons attentive- 
ment. Ou voulès pas ? el iéou tan pdou, vous ne le voulez 
pas? ni moi non plus. Éntre trop et pâou, mésuro li câou, 
ni trop ni pas assez ; c'est le lat. est modus in rebus et 
la devise du juste-milieu : in medio virtus. Péou-vdou, 
un vaurien. Pdou-parlo, homme sournois, silencieux, qui 
parle peu. 

Dér. du lat. paucus, où paucè, peu, en petit nombre. 

Pâou (Sén). La Saint-Paul, fête de l'apôtre célébrée le 

29 juin. — Nom de lieu fort répandu que porte une com- 
mune du canton d’Alais, à qui l'on ajoute Lacosto, parce 
que le chef-lieu est sur une montagne, Saint-Paul-Lacoste.— 
1 faut observer que, lorsque ce nom devient nom de bap- 
tême, il se prononce comme en français et qu'il faut alors 
l'écrire Pol où Paul, si l'on veut conserver l’étymologie; 
son dim. est Poulé, Pouloù, Poulétoù. Sén-Poulé, désigne 
le village de Saint-Paulet-de-Caissons, localité du canton de 
Bagnols. 
-. Pâou-dé-Sén, s. des deux genr. Personne de peu de 
sens. Aqud ’s un pdou dé sén, c'est une petite tête, et 
l'on dit souvent le péjoratif pdou-dé-sénas, c'est un im- 
bécile. 

Pâoufère, s. m. Pince, levier, pour soulever une masse, 
ébranler ou détacher un bloc de pierre, etc. I est presque 
pointu par un bout; et l’autre, plus gros, est taillé en pied 
de biche. Planta uno vigne dou pdoufère, planter une 
vigne à l’avant-pieu et planter des oseraies à l'aguio, 
{Voy. ce mot, et brouqua), c’est faire en grand ce que fait le 
jardinier avec son plantoir; seulement le plantoir, appelé 
agüio où péoufère, qui n’est plus le levier, est une barre 
de fer pointue d’un côté. — En terme de meunier, pdou- 
fère est l'axe de fer vertical qui porte à son bout supérieur 
J'anille enchassée dans la meule tournante et dont le bout 
inférieur est encaissé dans une rainure de l'arbre de bois. 
(Voy. Candèlo.) 

Péoufère est'un composé de pdou et de fère, pieu de fer, 
barre de fer qui s'applique à toutes ses acceptions. 

Pâoumo, s. /. Balle pour jouer au jeu de courte et de 
longue paume; ce jeu lui-même. Drouvè d'ièls coumo dé 
péoumos, ouvrir des yeux grands comme des salières, 
comime des portes cochères. Pdoumo dé la man; paume de 
la main; cette dernière acception explique la première 
parce que c'est avec la paume de la main qu'on renvoie 
la balle quand on ne se sert pas de la raquette où du 
battoir. 

Dér. du lat. palma, paume de la main. 

Paoün, s. m. Voy. Pavoün. 

Pâouparlo, s. des deux genr. Mot à mot, qui parle peu, 
ce qui n'est pas toujours un défaut; aussi n'adresse-t-on 
guère ce reproche qu'à un sournois, à quelqu'un qu'on 
suppose avare de ses paroles par calcul. 

Pâoupèrlo, s.”, Paupière, voile membraneux et mo- 





PAO 523 


bile qui couvre l'œil, et cils où poils qui garnissent la pau- 
pière. On dit d'un avare : Viou pas qué dé pdoupèrlos 
d'agasso. 

Dér, du lat. palpebra. m. sign. 

Pâoupa, v. Manier, toucher avec la main. 

Dér. du lat. palpare, m. sign. 

Pâouqué, s.m. Bien peu, très-peu, une idée, un soupçon. 
Douna-mé n'un pdouqué, qu'on pousse quelquefois jus 
qu'au pdouquété, où péouquéné, donnez-m'en un tantinet. 
És un pdouqué maldou, il est indisposé. 

Dim. de pdou, peu. 

Pâouramén, adv. Pauvrement, misérablement, triste- 
ment, mesquinement; car ce mot, comme le suivant, a 
plus d’une nuance. Mouriguè péouramén, il mourut triste 
ment, mwisérablement. Mé toumbère bièn pdouramén, je 
tombai bien malheureusement. M'én dounè tan péouramén, 
il en donna si peu, si petitement, si mesquinement. 

Pâoure, Pâouro, adj. et s. Dim. pdouré, aug. pdouras. 
Pauvre, nécessiteux ; mauvais au physique et an moral; 
infortuné, qui est à plaindre ou à regretter; mendiant. Las 
glèisos sou pâouros : las vitros sou dé papië, les églises sont 
pauvres, les vitres sont de papier. Pdoure coumo Jaquas, 
pauvre comme Job. Mouririè pu lèou l'ase d'un pdour' 
home, l'âne d'un pauvre homme crèverait plutôt, se dit à 
propos de quelqu'un de mince valeur qui réchappe d'une 
maladie, et le français dit de mème : il mourrait plutôt 
quelque bon chien de berger. Aquél vi és bièn pdoure, bièn 
pdouras, ce vin est bien mauvais, bien piètre, détestable 

Dé pdouros résoùs, de mauvaises paroles, de vilains 
propos. Dé pdouros magnèros, de mauvaises, de tristes, 
d'inconvenantes manières. Pdoure iéou ou pdoure dé iéou ! 
malheureux que je suis! Pdoure dé vous! que je vous 
plains! Pdoure, vièl et maldou, souhait de malheurs que 
l'on adresse à un ennemi : {Je te souhaite pauvreté, vieil- 
lesse et maladies ! Zou pdoure mort, formule qu'on n'omet 
guère en parlant d’une personne décédée depuis peu, sur 
tout lorsqu'elle mérite l'estime et les regrets. Moun péoure 
pèro davan Diou siègue ! feu mon père, que Dieu absolve, 
ou devant Dieu soit son Ame! La seconde partie dévotieuse 
de celte phrase n'est pas toujours employée et ne se répète 
pas dans la même conversation; mais un languedocien, 
parlant de son père ou de sa mère qui n’est plus, ne manque 
jamais, et cela ordinairement toute sa vie, de se servir à 
leur égard de la première formule, respectueuse et tendre, 
qu'il traduit même littéralement au besoin sans s'éloigner, 
ce nous semble, de l'esprit de la langue française : Moun 
pdoure pèro disiè souvén, mon pauvre père disait souvent. — 
Un pdoure, uno pdouro, ui pauvre, une pauvresse, un 
mendiant, une mendiante. Batre lous pdoures, on dit cela 
de quelqu'un de fort pauvre et aux expédients pour expri- 
mer sans doute qu'il battrait les mendiants pour leur 
disputer et leur prendre l’aumône dont il a plus besoin 
qu'eux. 

Dér. du lat. pauper, m. sign. 


524 PAO 


Pâoure (rasin dé) s. m. qu’on appelle aussi simplement 
pdoure, raisin de pauvre ; aucune espèce ne donne d'aussi 
belles grappes, qui sont divisées en plusieurs grapillons, 
très-serrés, aux grains assez gros, de couleur rouge ou rose. 
IL n’est pas rare de voir des grappes qui pèsent deux kilo- 
grammes. Ce raisin donne un vin rose; sa peau est un peu 
coriace maïs il a bon goût, Sarments gros et tendres, feuille 
assez grande, pas trop découpée. 

La grosseur de ses grappes, dont une seule suffit pour le 
repas d’un pauvre à qui on le donne ou qui le prend, lui 
a valu son nom. 

Pâour’ home, interj. Cette expression n'est point de 
notre dialecte et a 6t6 importée chez nous du Gévaudan où 
elle est fort en usage; elle n’a point de rapport aux facultés 
pécuniaires, ni aux qualités du cœur ou de l'esprit; c'est 
simplement un terme d'affection familière qui répond à 
mon ami, mon cher, mon camarade. Maï pdour’ home, vésès 
bé, mais vous voyez bien, mon cher. Il en est de même de 
pdouro fénno. 

Pâourièiro, s. f. Pauvreté, misère, indigence. Pdou- 
rièiro méno lagno, de pauvreté fatigue et peine. Péourièiro 
fai l'home impourtun, pauvreté rend importun. Péouriètro 
faï coure carièiro, pauvreté fait courir les rues, fait perdre 
la tête. 

Pâourous, Pâourouso, adj. Peureux, craintif, poltron. 
Il serait mieux de dire péouroùs; puisqu'il vient de péou, 
peur, mais l’usage a consacré l’altération . 

Pâousa, v. Poser, placer, déposer, décharger, ôter. Péousas 
aquè sus la téoulo, mettez cela sur la table. Pdousa un fai. 
uno caréto, décharger un faix, une charrette. Péousa sa 
vèsto, Ôter sa veste. — Pdousa marquo, Voy. ce mot. — 
Sé péousa, se reposer, faire une pause. Vénès vous pdousa 
qué dévès èstre las, Venez vous reposer, vous asseoir, car 
vous devez être las. Péousén-nous un péou, suspendons 
un moment ce travail, reposons-nous un peu, prenons 
haleine. 

Le second du lat. pausa, pose, repos, et le premier de 
ponere, posui, positum, poser, mettre bas, quoique la 
prononciation s'éloigne du radical et se confonde avec 
l'autre. 

Pâousadis, Pâäoussadisso, adj. Tranquille, reposé, au 
propre comme au figuré. 

Pâousadou, s. m. Lieu où l'on se repose; endroit, objet 
où l’on dépose quelque chose. 

Pâousaire, s. m. Poseur. Lorsqu'on demande, d’un fai- 
néant qui ne sait ou ne veut rien faire, ce qu'il veut être : 
péousaïre, répond un tiers qui le connaît, et cette espèce 
de calembourg, tiré du verbe sépdousa, se reposer, est à peu 
près le seul emploi de ce mot que le français remplace 
assez drôlement par inspecteur... des pavés. 

Pâousado, s. f. Terme de chasseur pour le gibier ailé. 
Tira à la pâousado, c'est, pour les perdrix, tirer à la re- 
mise; mais on le dit surtout des autres volatiles pendant 
qu'ils sont posés sur une branche on par terre. On peut 





PAP 


rendre cela par : tirer au repos, par opposition à tira à da 
voulado, tirer au vol ou en volant. 

Pâouso, s. f. Pose et pause. En termes d'arts et métiers, 
il se dit surtout de la pose des pierres. Faguén uno pdouso, 
faisons une pause, reposons-nous un moment. La pdouso, 
proprement dite indique, pour les ouvriers, l'intervalle com- 
pris entre deux reprises de travail. 

Pâoutéja, v. Manier, patiner, remuer, toucher grossière- 
ment une chose avec les mains, pdoutos. 

Pâouto, s. f. Patte, mais on entend presque toujours par 
ce mot une grosse et vilaine main qui ressemble en effet à 
une patte. Marcha, camina dé quatre pâoutos, marcher à 
quatre pattes. 

Pâoutu, do, adj. Pattu; qui a de grosses ou vilaines 
mains, de gros vilains pieds. Au fig. grossier, lourdaud, 
pataud. Pijoun péoutu, pigeon pattu, variété de pigeon 
appelée aussi pigeon de maison ou jacobin. Ce pigeon a des 
plumes jusqu’au bout des pattes. 

Papa, s. m. Terme enfantin synonyme de père. Dans l'u- 
sage français, il n’est par rare de voir des hommes et sur- 
tout des femmes d’un âge avancé, dire à leurs parents papa 
et maman. Dans le languedocien et surtout parmi le peuple, 
il n’en est jamais ainsi : Le tout jeune enfant qui balbutie 
papa et mama, dit bientôt papo et mamo dès qu'il articule 
un peu mieux ;et, à peine est-il grandelet, qu’il ne dit plus 
que pèro et mèro, ou mème païre et maïre. Aussi serait-il 
parfaitement ridicule de demander à un homme fait et 
même à un jeune adolescent : Coussè vaï ta mama? Voy. 
Mama. Du grec rérxas, père en terme enfantin. 

Papa, s. m. Jabot, poche ou premier estomac des oiseaux 
dans lequel la nourriture est humectée et macérée, ce qui 
la dispose à recevoir la digestion dans le gésier; périé, 
second estomac où elle passe ensuite. 

Dér. du lat. pappare, manger des choses qu’il n’est pas 
besoin de mâcher. 

Papassar, s. »m. Augm. et péj. de papiè, papier qui est 
formé dans le même esprit que paperasse. On l’applique 
aussi bien à une grande affiche collée au coin d’une rue qu'à 
un long et ennuyeux manuscrit. 

Papé, s. m. Variante plus courte et plus facile à pro- 
noncer du mot suivant. 

Papéto, s. m. Grand-papa, bon-papa, dans le vocabu- 
laire des petits-enfants qui ne disent moun gran qu'un peu 
plus tard. Papéto et papé sont les dim. de papa ; et le fran- 
çais, par la même antiphrase câline, dit aussi au grand-père : 
petit papa. 

Papiè, s. m. Papier. Papiè-béseui, feuille de papier sur 
laquelle les pâtissiers disposent leurs biscuits vulgairement 
appelés langues-de-chat avant de les mettre au four. Les 
biscuits enlevés, les pâtissiers vendent ou plutôt vendaient 
ces papiers vides aux enfants qui en suçaient les em- 
preintes. 

Papiè-magna, qu'on appelle ailleurs papier d'emballage, 
grand papier gris, grossier, fort employé dans l'éducation 


PAR 


des versàsoie, pour couvrir le fond des clayons appelés cam- 
panèjes, où on les tient au premier âge, ou bien les tables 
sur lesquelles on les transporte encore petits, pour qu'ils ne 
passent pas au travers. Ce serait, dans les Cévennes, le plus 
connu de tous les papiers, si ce n'était le papié-marqua qui 
ne l'est que trop; sans compter lous papiès ou papiès-nou- 
vèlos qui cependant commencent à passer un peu de mode 
pour prendre le nom français de journal. — M'a fa un 
papië, il m'a fait un billet. Quan papiès parlou, barbos 
calou, quand le papier parle les hommes se taisent. A quel- 
qu'un qui veut dissimuler un état d'ivresse encore niable, 
on dit de prononcer : figo lignolo papiè blu ; mots qui n’ont 
aucun sens mais dont l'articulation est un effet assez dif- 
ficile pour qu'une langue qui commence à s’embarrasser ne 
puisse sortir de l'épreuve avec honneur. 

Papièiréja, v. Paperasser, remuer, feuilleter, arranger 
des paperasses ; en avoir les poches pleines, faire beaucoup 
d’écritures, le plus souvent inutiles. 

Dér. de papiè, papier, 

Papièiréjaire, s. nm. Paperassier, écrivassier, qui aime à 
papiétréja. 

Papo, s. m. Pape, le chef de l'Église catholique. 

Dér. du lat. papa, père et pape. 

Papo, variante de papa, pour père, etqui, comme mamo, 
est le second degré de cette dénomination enfantine. — 
Foy. Papa. 

Papogaï, s. m”. Perroquet. L'italien dit papagallo et le 
portugais papagajo, comme le français disait papagai ou 
papegai, aujourd'hui parouqué, seul nom en usage, est 
tout français. Papogaï n'est usité que dans cette phrase : 
Sémblo aqui lou Papogaï, il est là comme le pape Colas, 
qui est dit pour Nicolas. 

Paqué, s. m. Paquet, assemblage de plusieurs choses 
liées, ficelées, enveloppées, réunies ensemble. 

Par, s. f. Part, portion d’une chose divisée, partie d’une 
chose commune à plusieurs. Dé trés pars, uno, le tiers; 
dé trés pars, dos, les deux tiers; dé quatre pars, uno, le 
quart, ete. — Le français est ici plus concis; mais notre 
ancien langage, comme le fait observer SAuvAGES, n’était 
pas familiarisé avec les termes abstrails. — Ma par ! je 


* retiens ma part! dit-on à quelqu'un qui ramasse une chose 


perdue et que l'on retrouve en notre présence. Cette locution 
qui n’exprime plus aucun droit, à moins qu'on ne le fasse 
valoir par la force, vient du droit de part en vigueur dans 
certains pays où celui qui avait fait une trouvaille était 
obligé de la partager avec celui qui en avait été le témoin. — 
Y-ou dirés dé ma par, vous le lui direz de ma part. 

-Dér. du lat. pars, m. sign. 

Para, v. Parer, ragréer avec la serpette la place que la 
scie a faite à une branche d’arbre; enlever les chicots, le 
vieux bois de la vigne, d’un arbre, avec la serpe; parer le 
cuir ; enlever avec le couteau à deux manches appelé bou- 
toir, ce qui est resté de l'épiderme de l'animal attaché à la 
peau; en terme de sellier, ravaler, amincir le cuir; parer 





PAR 525 


le pied d’un cheval avant de le ferrer; couper la corne avec 
le boutoir, butavan ; fouler, dégraisser le drap dans les fou- 
lons. On le dit aussi pour parer, éviter un coup : paro aquél, 
pare celui-là. . 

Parabondo, s. f. Parapet, garde-fou, balustrade d'an 
pont, d'un quai, d'une terrasse, d'un balcon; rampe d'un 
escalier. — Un curé retraçait en chaire les difficultés du 
Paradis. On ne peut y arriver, disail-il, que par un pont 
jeté sur le gouffre de l'enfer, et ce pont est si étroit !...— 
A cette peinture émouvante qui ne laissait pas de l'in- 
quiéter, un paroissien s'écrie du milieu de l'église : Y-apas 
gés de parabondo; moussu lou cura ? — Nani, moun ome. 
— Alor, à bas mé vése. 

Parabondo est dit pour parabando, et c'est de cette der- 
nière manière que l'écrit SauvAGEs, malgré sa prédilection 
pour le dialecte rayol ; il paraîtrait, dès lors, que ce mot 
est formé de para, défendre, préserver, et de bando, troupe, 
foule; c’est dans ce sens qu'est formé le français garde-fou. 

Paradis,s. m. Paradis, séjour des élus, des bienheureux. 
* Dér. du grec rapéôeuos, jardin. Le premier paradister- 
restre était en effet un jardin. 

Paradis, s. m. Paradis; dernières galeries d'un théâtre. 
Ce n’est point parce qu'on y est mieux, mais parce qu'elles 
sont très-élevées que, par un rapprochement irrévérencieux, 
on a donné à ces places la dénomination de paradis que 
les voyous remplacent aujourd’hui par celui de poulailler, 
lieu où s’entassent les poules pour se jucher. 

Paradis, Paradoù et Paraïre, adj. et s. m. Mouli pa- 
radis, moulin à foulon, pour fouler et dégraisser les draps. 
— Ce nom est encore celui d'un moulin à blé et à huile 
d’Alais, bien qu'il ne serve plus à sa première destina- 
tion et souvent on retranche, en en parlant, le mot mouli : 
— Ounte anas môoure ? — Ên paradis. 

Paradouù, adj. et s. m. C'est le synonyme de Paradiset 
paraïare-: mais aussi, comme substantif, il signifie le foulon 
lui-même. 

Dér. de la bass. lat. paratorium, lieu où l'on prépare les 
draps. — Coutèl paradoù où seulement paradoù, paroir, 
couteau à parer dont se servent les sabotiers pour donner 
la dernière façon aux sabots. 

Paraïre, Foy. Paradis, dont il est le synonyme. 

Parâoulassos, s. f. plur. Paroles grossières, sales, ce 
que l'on appelle populairement gueulées, d'où l'on a fait en- 
gueuler, dans le même style, péjor. de pardoulo. 

Parâouli, s. m”. Parlerie, babil, caquet, bavardage, 
verbiage. 

Paräoulo, s. f. Parole. Parlan-t-én réspè, qué pardoulos 
pudou pas. sauf votre respect, car paroles ne puent point.… 
précaution oratoire dont on ne se dispense guère en parlant 
d'un animal immonde ou peu noble, ou de choses de même 
nature. Ploumos et pardoulos, l'ouro las émporto, plumes 
et paroles le vent les emporte. Pardoùlos volou, éscris démo- 
rou, paroles s'envolent, écrits restent ; c’est le mot-à-mot 
de l’adage latin : verba volant, scripta manent, idée que l'on 

67 


526 PAR 


rend encore par : les paroles sont des femelles, les faits sont 
des mâles. 

Parapèl, s. m. Parapet, garde-fou, murs à hauteur d'ap- 
pui sur un pont, un quai, une terrasse. Altération du mot 
français parapet qui est formé de l'italien parapelto, qui 
défend la poitrine, petto. 

Parapléjaire, s. m. Fabricant et marchand de parapluies, 
surtout le marchand ambulant, qui court la ville et la cam- 
pagne, sa boutique sur le dos, raccommodant plus de vieux 
qu’il ne vend de neuf. 

Paraplèjo, s. m. Dim. Paraplèjéto; aug. paraplèjasso, 
parapluie. 

Dér. de para ou apara, défendre, et de plèjo, pluie. 

Parasol, s.m. Dim. parasoulé ; aug. parasoulas. Para- 
sol, emprunté au français, mais pour signifier plulôt para- 
pluie plus soigné et d'étoffe plus coûteuse. 

Parasoulaïre, s. m. fabricant et marchand de para- 
pluies, et de parasols, comme le paraplèjaïire. — Voy. 
Parasol. 

Parço, conj. Abrév. de parço-qué, qui ne sert que pour 
faire une réponse fort usitée et la plus péremptoire de toutes. 
Pér dé qu'ou vos pas? — Parço. Pourquoi ne le veux-tu 
pas ? — Parce que. Dans la même circonstance pargo qué 
est aussi employé. 

Parço qué, conj. Parce que. Par pour par, qui se dit 
pér, n’est pas languedocien ; cela indique du reste que pargo 
qué est une de ces conjonctions empruntées au français, 
et il s'emploie dans les mêmes cas que parce que. 

Pardi, interj. Pardi, pris au français pour adoucir, 
comme lui, le juron pardiou, pardieu.. 

Pardinche, interj. Pardienne, parbleu. C’est une de ces 
nombreuses variations exécutées par une bouche timorée 
pour faire presque disparaître le thème original pardiou. 

Pardiou, interj. Pardieu ! Le languedocien devrait faire 
et dire pérdiou; ce mot est donc une copie servile-du fran- 
çaïis qui a prêté jusqu’à sa préposition par, qui n’est point 
Jlanguedocienne. Pardiou, comme ses atténuations, pardi, 
pardinche, est une sorte de jurementet d’affirmation. Par- 
diou! tou faraïvéire, pardieu! je te le ferai bien voir. Oh! 
pardiou, nou, non certes pas ! 

Paré, s.f. Paroi, mur, muraille. Parés blanquos, papriès 
dé fols; muraille blanche, papier de fou, d'imbécile; avis 
aux personnes qui y inscrivent leur nom : Nomina stulto- 
rum semper parietibus insunt. 

Dér. du lat. paries, m. sign. 

Parégu, do, part. pass. de Paréïsse. 

Paréiïsse, v. Paraître, se faire voir, se montrer; avoir 
l'air, l'apparence, sembler. Mé paré, il me semble. 

En esp. parecer, M. sign. 

Parél, s. m.Paire, couple. Paire, lorsqu'il s’agit de l’as- 
semblage de deux choses qui vont ordinairement ensemble 
et d’une chose unique essentiellement composée de deux 
pièces séparables : un parél dé bidous, dé souïès, dé pistou- 
lés, dé poulés, dé pijouns, une paire de bœufs, de souliers, 





PAR 


de pistolets, de poulets, de pigeons; un parél dé cisèous, 
d’ésténaïios, dé braïos, une paire de ciseaux, de tenailles ; un 
pantalon. Aqud’s un poulà parél, C’est un joli couple, en 
parlant de deux époux. Couple qui, dans ce cas, est mas- 
culin, redevient féminin lorsqu'il est considéré comme un 
certain nombre de choses à peu près indéterminé : un parél 
d'idous, dé lidors, dé jours, une couple d'œufs, de louis, 
de jours. — À bèles paréls, deux-à-deux. 

Dér. du lat. par, paris, pareil, égal. 

Parèn, to, s. m. et f. Parent, qui est uni par le sang. 
Aguën d'argén, manquara pas paréns, ayons de l'argent, 
les parents ne manqueront pas. Paréns sans amis, farino 
sans tamis, parents sans amis, farine sans tamis. Quant 
aux parents par alliance, ils sont encore plus mal traités 
par le proverbe : paréns dé ma fénno, paréns dé moun 
quiou. — Paréns, ceux de qui l’on descend et plus ordi- 
nairement le père et la mère. Sous parëns soun éstas dé 
Ginouïa, ses parents, ses ancêtres, ses ascendants, étaient 
de Génolhac. S'és brouïa émbé sous paréns, il s’est brouillé 
avec ses parents, avec son père et sa mère. On donne le 
nom générique de parén pour laisser dans le vague le 
degré de parenté qui est souvent plus éloigné : Coumo 
anas, parén ? Comment allez-vous oncle ou cousin ? 

Dér. du lat. parens qui s'entendait des ascendants directs. 

Paréntaje, s. m. Parentage, parenté. 

Paréntèlo, s. m. Parentelle, les parents en général; tous 
les parents. \ 

Pargado, s. f. Étendue de terrain parqué ou occupé 
par un parc, pargue, et amendé par le crottin et le pissät 
des moutons; SAUVAGES dit parquée. 

Pargue, s. m. Parc à brebis, clôture faite avec des claies, 
clédos, soutenues par des pieux auxquelles elles sont atta- 
chées. Vira lou pargue, changer le parc, ce qui se fait en 
laissant en place les claies, d’un côté du terrain circonscrit, 
et repliant les autres pour former une nouvelle enceinte 
pareille et contiguë à la première; opération bien mieux 
précisée par le terme vira, tourner, retourner. — Aÿ bé 
d'éoutres pargues à vira, j'ai bien d'autres affaires, d'au- 
tres chiens à fouetter. 

Parquéja ou Parga, v. Parquer ou faire parquer les bre- 
bis : pratique qui procure à ces animaux la santé, un bon 
engrais aux terres à blé, et un belle toison au propriétaire. 
(SAUVAGES.) 

Paria, v. Parier, faire tenir un pari, une gageure. 

Empr. au français : on dit mieux jouga. 

Pariè, iro, «dj. Pareil, égal, semblable. Lou pariè man- 
quo ou soun pariè és à naïisse, son pareil n'existe pas Ou 
son pareil est à naître, dit-on d’un original, d'un extrava- 
gant. Sou pariès, ils sont égaux, de mème force, du même 
âge, de même taille. Sow pas pariès, ils ne sont pas 
égaux de force, d'adresse ou d'intelligence. Sé féou 
faire émbé sous pariès, il faut se faire, se fréquenter avec 
ses égaux. M'én féou un pari, il m'en faut un eh 

Dér. du lat. per, paris, m. sign. 





PAR 


+ Pariuro, s. f. Pari, gageure. Faguén uno pariuro, pa- 
rions, gageons, faisohs une gageure, un pari. 

Parla, ». Parler. Parla coumo la bèlo Jano, babiller, 
bavarder, comme une commère, comme une pie borgne. Sé 
siès bono céouso, parlo ; sé qué dé nou, rétiro-té, si tu es 
bonne chose, parle; sinon retire-toi; ce qui veut dire: 
Si tu viens de Dieu, parle; si tu viens du démon, va-t-en ; 
sorte de conjuration que font les poltrons qui croient voir 
des spectres dans l'obscurité. — Aquû s'apèlo parla ! Voilà 
ce qui s'appelle parler! — Parla-mé dé Méjano, pér lou 
bon vi! vive Méjannes pour le bon vin! — Parla-mé qu'ou 
savièi, — Notez que je le savais, le bon de l'affaire c’est 
que je le savais. — Parla-mé qu'ou aï pas vis, je ne l'ai 
sans doute pas vu! se dit ironiquement pour montrer qu'on 
est au courant d’une affaire. — Eh bé, quan sé parlo! Eh 
bien qui l'aurait dit ! Parla dé tèsto, délirer. Parla coumo 
un libre, parler comme un livre, ex professo. Parlan-t-én 
réspè, sauf le respect que je vous dois, que je dois à la com- 
pagnie, sauf révérence, révérence parler, formules familières 
au français; mais le languedocien emploie la sienne dans 
toutes les occasions où il parle de quelque chose dont il 
craint que l’idée ou l'expression peut choquer ou blesser; 
etil complète souvent sa formule par : pardoulos pudou pas. 
— Voy. Pardoulo. 

Parla à uno fio ou émb'uno fio, faire la cour à une fille, 
la rechercher dans des vues honorables. Sé parla est plus 
réciproque et se dit des fréquentations souvent fort lon- 
gues, connues de tout le monde, autorisées, approuvées 
par les parents, qui ont lieu entre un garçon et une fille, 
et dont presque tous les mariages du peuple sont précédés. 
Sé parla, éveille l’idée d’une grande réserve dans ces rela- 
tions, réserve que n'indique pas tout-à-fait le terme fringa, 
qui laisse un peu plus de prise à la médisance, — Voy. 
Fringa. : 

Parladisso, s. /. caquets, parlage, longs propos, longs 
entretiens. 

Parlaïre, Parlaïro,s. m. et f. Parleur, causeur, bavard, 
indiscret. 

Parlamén, s. m. Entretien, causerie, conversation. Se 
prend aussi pour synonyme de parla, subst. : l'aï counégu 
àsoun parlamén, où à soun parla, je l'ai reconnu à sa voix, 
à sa manière de parler. 

Paro-fré, s. mn. mot-à-mot pare-froid qui devrait bien 
être françait au même titre que parapluie, paravent. On 
peut donner ce nom à une chose quelconque qui garantit 
du froid; mais on l’applique communément à tout vôtement 
chaud. 

Paro-mousquo, s. m. Émouchette, caparaçon à treillis 
ou réseaux avec des bouts de cordes pendantes, appelées 
volettes, pour garantir les chevaux des mouches. Comme 
nom générique on peut aussi donner ce nom à l'émouchoir 
ou chasse-mouches. — Voy. Mouscal. 

+ Parouassièn, 0, s. Paroïssien, habitant d'une paroisse. 
Parouassièn, livre qui contient les prières qu'on dit dans 





PAR 527 


la paroisse, Emprunt fait an français. És un parouassièn 
qué s'émbèstio pas, c'est un gaillard qui n'a pas de pous- 
sière aux yeux. 

Parouèsso, s. f. Paroisse, territoire d'une cure; ses 
habitants. 

Parouqué, s. m. Perroquet. Psittacus. Oiseau grimpeur, 
frugivore, à bec crochu, dont les variétés nombreuses sont 
remarquables par leurs riches couleurs. L'Italien dit Papa- 
gallo, et le Portugais Papagayo, comme nous disions 
Papagaï. Aujourd’hui Parouqué, nom tout français, a 
prévalu. 

Parpaïou, s. m. Papillon. Papilio. Tout le monde sait 
que les papillons, la plupart remarquables par leur robe 
brillante, ont été d’abord des chenilles, en général fort 
laides. C'est l'insecte arrivé à l'état parfait après avoir passé 
par ceux d'œuf, de chenille et de chrysalide. 

Parpaïouna, v. Lous fouséls parpaïounou, les cocons 
percent, les papillons éclosent; parpaïouna est dit ici 
pour faire des papillons. Au moment de la mue des vers à 
soie, quand Ja plupart sont endormis, pour préparer les 
retardataires, on jette quelques feuilles çà-et-là jusqu'à ce 
qu'on cesse tout-à-fait de donner à manger : cela s'appelle 
parpaïouna. Lorsqu'il tombe de ces flocons de neige rares 
eL assez gros, on dit encore : la nèou parpaïouno, Dans ces 
deux dernières acceptions, parpaïouna exprime papillonner, 
faire comme le ‘papillon. Parpaïouna, papillotter, remuer 
involontairement les paupières qui imitent le mouvement 
rapide des ailes du papillon. 

Parténço, s. f. Départ. Souï dé parténgo, je suis sur 
mon départ, à la veille de mon départ. 

Parti, s. m”. Parti, union de personnes contre d'autres 
qui ont un intérêt contraire; détermination, usage, utilité; 
personne à marier, considérée sous le rapport des avantages 
qu'elle apporte. Sèn ddou mèmo parti, nous sommes du 
même parti, de la même opinion politique. Aquél luchaïre 
faï soun parti tout soul, ce lutteur est seul de son parti, il 
est sans associés. Préne soun parti, prendre son parti, se 
décider. Tira parti, tirer parti. Aquélo fio fara un bon 
parti, celte fille sera un bon parti. Outre ces acceptions 
toules françaises, on dit parti pour exprimer une certaine 
quantité ‘ achatère un parti, un pichà parti dé bla. j'achetai 
une certaine quantité de blé. Y-a aqui un pouli parti dé 
fiéio, il y a là une belle quantité de feuille, un beau produit 
en feuille. 

Dér. du lat. partiri, partager, el pars, partis, partie. 

Parti, v. Partir, se mettre en chemin; prendre sa course, 
son vol; partir, pour un coup de fusil, de mine; fendre, 
partager, Partis pas lou jour qu'émbasto, il ne cuit pas du 
premier bouillon, se dit d’un Jambin. La tèsto mé partis, la 
tête me fend. Partiriè un pèu én dous, il partagerait un 
cheveu; il couperait un liard en quatre, se dit d'un 
avare. 

Dans les premières acceptions, du français partir ; dans 
la seconde, du lat. partiri, partager, séparer. 


528 PAS 


Particuiè , iro, s. "=. et f. Particulier. Ce mot français 
n'est emprunté que pour cette locution populaire : és un 
particuïd, uno particuïèiro qu'é n'én sa prou, C'est un 
gaillard, un malin qui en sait long, qui ne se gène pas, elc. 

Partido, s. f. Partie, portion, parlie de plaisir, de jeu. 
Purtido! gagné! cri de triomphe qu'on ne pousse pas seu- 
lement au coup qui donne une partie de jeu, mais encore à 
un accident ou un évènement qui décide d’un succès quel- 
conque et mème d’un revers, d’un échec. Seulement, dans 
ce dernier cas, l’intonation l'indique, et c’est le consum- 
matum. est! 

Pas, s.m. plur. Passes, dim. passé. Pas, déplacement des 
jambes en avant pour marcher; pris pour mesure, lou pas, 
équivaut à un mètre. Préne sous quinze passes, faire ses 
quinze tours. Véou davan mous passes, je vais tout droit 
devant moi, répond-on à un curieux indiscret. Régardo 
davan tous passes, fais attention où tu marche, regarde 
à tes pieds, recommandation adressée aux enfants qui 
marche à l'étourdie. Lèvo-té dé duvan mous passes, Ôte-toi 
de mon chemin. Pas-à-pas l’on vai iuèn, pas à pas l'on 
va loin. Après lou repas, lou fid ou lou pas, après le repas, 
il faut se chauffer ou marcher. — En terme de métier 
pa-dé-vis, pas de vis, distance comprise entre les filets 
d’une vis, et du français; il faudrait autrement dire : pas 
d'avis. — Le pas romain équivalent à la millième partie du 
mille romain, dont la longueur a été fixée par M. Aurès à 
148150, présentait donc un intervalle d’un peu ‘plus de 
1m48. Dans l’acception moderne, le pas proprement dit 
représente l'intervalle compris dans une enjambée, et peut 
être assimilé au gressus ou gradus des Romains, équivalent 
à deux pieds et demi (0"74); tandis que le passus romain 
représente deux enjambées (148), c’est-à-dire l’espace par- 
couru par un même pied, en mouvement de marche, 
pendant que l’autre pied, servant de point d'appui, reste 
immobile. 

Dér. du lat. passus, m. sign. 

Pas, part. nègat. Pas. — Voy. Pa. 

Pas-d’ase, s. #1. ou Pa-d'ase. Pas-d’âne ou Tussilage. 
Tussilago farfara, Linn., plante dont les fleurs jaunes 
qui paraissent avant les feuilles, sont employées en infusion 
contre les rhumes, ainsi que l'indique son nom français et 
latin, formé de tussim ago, je chasse la toux. Celui de pas- 
d’âne lui vient de ce que sa feuille a quelque ressemblance 
avec la trace qu'imprime sur le sol le sabot d’un âne. 

Pasquâou, adj. m. Pascal, de Pâques. Cièrge pasqudou, 
nom d'homme Pascal, dont le fém. est Pasqualo et le dim. 
Pasqualé. 

Pasquéja, v. Célébrer la fète de Pâques, mais seulement 
au point de vue mondain et gastronomique : c’est faire le 
premier repas où l’on retrouve le gras, si longtemps proscrit 
pendant toute la semaine sainte; se décarèmer, comme dit 
SAUVAGES. Pasquéja s'entend surtout des parties champêtres 
du lundi de Pâques ; et ount'anas pasquéja équivaut à ount’- 
anas faire ou manja l'éouméléto? — Voy. ce dernier mot. 





PAS 


Pasquétos, s. f. plur. Pâäques-closes, le dimanche de 
Quasimodo qui suit immédiatement celui de Pâques et elot 
le temps pascal. Pasquétos, dim. de Pâques, petite fête de 
Pâques. 

Pasquo, s. f. ou Pasquos, s. f. plur. Pâques, jour de 
la résurrection du Sauveur. Comme la fête de Pâques est la 
règle de toutes les autres fètes mobiles de l'année, le con- 
cile de Nicée, tenu l'an 325, fixa Pâques au dimanche après 
le 44 de la lune de mars, c.-à-d. après la pleine lune Ja 
plus proche de l'équinoxe du printemps. 

On dit {a Pasquo, si l'on parle de la Pâque des juifs ; 
mais quand il s’agit de la fête chrétienne, Pasquo ou Pas- 
quos, qui s'emploient également, ne prennent point l'art. 
la ou las. Pér Pasquos, à Pâques. Faïre sas Pasquos, faire 
ses Pâques, communier. La quinzéno dé Pasquos, la quin- 
zaine de Pâques, tout l'intervalle compris entre le dimanche 
des Rameaux et celui de Quasimodo, inclusivement, com- 
prenant ce que l’on appelle le temps pascal. La sémmano dé 
Pasquos, la semaine de Pâques, qui suit le dimanche, en y 
comprenant le dimanche suivant. Lou dilus dé Pasquos, le 
lundi de Pâques où la ville est déserte et morne, et les ma- 
sets peuplés et joyeux, parce que c’est le jour des repas de 
campagne où l’omelette joue un tel rôle qu'on appelle sou- 
vent ce lundi: lou dilus de l'éouméléto. Voy. Aouméléto. 
I n'ya pas un très-grand nombre d'années qu'il était une 
règle fort suivie de mettre, le jour de Pâques, les habits 
d'été, quelque temps qu'il fit, et fallèt-il endossér de nou- 
veau les habits d'hiver le lendemain. On en était quitte pour 
dire : füou moun dévé, qué lou tén fague lou siou. On est 
moins formaliste aujourd’hui, et l'on attend assez générale- 
ment que le tempscommence lui-même par faire son devoir. 
Pasquo mouiudo fai l'éspigo carado ; le vieux français 
disait : les Pàques pluvieuses sont souvent fromenteuses ; il 
est vrai qu'il ajoutait maintes fois la restriction : et souvent 
fort menteuses. 

Dér. De l'hébreu pesahh ou phasé qui signifie passage, d’où 
les Grecs avaient fait xéya et les Latins pascha ; les Hébreux 
célébraient dans la Pâque la commémoration du us 
de la Mer Rouge, à leur sortie d'Egypte. : 

Passa, v. Passer, dans tous ses emplois. Passa-lis, passer 
sans dire mot, sans s'arrêter, sans saluer. Passa un libre, 
lire un livre d’un bout à l’autre. Passa pér la plèjo, percé, 
mouillé jusqu'aux os par la pluie. Passa-hier, avant-hier. 
Passa-déman, après-demain. Passa-hiuèï, aujourd'hui passé. 
Passa dilus, y sérés pas pus à tén, après lundi prochain 
expiré, vous n’y serez plus à temps. Quan mé passarés 
aquo? Combien me comporterez-vous cela ? A quel prix me 
le laisserez-vous ? 

Dér. de pas et de la désinence active a pour ar, ancienne 
terminaison de l’infinitif emportant l’idée de faire, dérivé du 
lat. agere; lilléralement faire le pas. 

Passado, s. f. Dim. passadéto. Ce mot a, sans aucun 
doute, la même origine et avait primitivement le même 
sens que « passade » qui signifie passage dans un Jieu‘où 





. 


FIFT 


PAS 


J'on séjourne peu. Mais, de plus que le Français, passado 
exprime un intervalle, une durée de temps indéterminée, 
que l'intonation, un diminitif, une épithète allongent ou 
raccourcissent, sans néanmoins les préciser davantage. C'est, 
dans ce cas, le synonyme de briou, brivado, sassi, et sussi- 
gado. Y souï résta uno passado, j'y ai fait une passade. 
Aquél capèl mé fara éncaro uno passado. Ce chapeau me 
servira encore quelque temps. Y-a« uno bono passado qué 
l'aï pas vis, il ya déjà longtemps que je ne l'ai vu. Y-a uno 
passadéto qué gaï èro, il y a peu de jours qu’il était ici. Towto 
uquéslo passado, tous ces jours passés, pendant ces derniers 
jours. 
Passadou, s. ». Passage, brèche, trou ou trouée à tra- 
vers un mur ou une haie de clôture. 
 Passadouiro, s. f. Chassis pour passer la farine et sur 
lequel on fait aller et venir le tamis dans la huche.— Voy. 
Émbourdo. 
Passage, s. m. Passage, action de passer; lieu par où 
l'on passe; droit qu'on paie pour passer ; corridor. 
Passar, s.m. Nom donné au turbot, Rhombus et à la plie 
 Plya, poissons de mer, de figure rhomboïdale, larges, plats, 
à nageoires molles. Tous deux se trouvent sur nos marchés ; 
mais le turbot, comme partout, est préféré. 
Altér. de pansar, pansu, à cause de sa forme. 
Passa-rés, s. m. C'est l'interrogation ne passe-t-il rien ? 
In'y a personne qui remplace : Gare l'eau ! pour avertir 
les passants attardés dans les rues, qu'on va jeter d’une 
fenêtre quelque chose qui n'est pas toujours de l’eau; et, 
comme on a remarqué qu'en pareille circonstance, la menace 
et le coupétaient d'ordinaire une seule et même chose, quand 
la première n’arrivait pas après, passa-rés est devena sub- 
stantif, qui signifie : — passons vite — le contenu solide 
d'un vase de nuit. Ce n’est même que comme substantif que 
ce mot, qui nest point de notre dialecte, est connu et 
adopté dans le nôtre; car ici, un pareil avertissement, 
lorsqu'il. est donné, ce qui est rare, l’est dans d’autres 
termes. ! 
Passa-tén, v. Prescrire, acquérir la prescription. Voste 
papiè a passa-tén, votre billet a prescrit, la dette est 
“prescrite faute d’en avoir demandé le paiement en temps 
xtile. — On le dit aussi d'une chose passée de mode, hors 
didiagesa: va; 2 + 
Passa-tén, adv. autrefois, jadis au temps passé. 
… Passa-vala, ou Passavala, w. et s. m». Cette expression 
-est une contraction de passa-à-vala. Passavala, v. c'est faire 
Je travail agricole dont nous allons parler; Passavala, s. 
_estcemèmetravail fait. Passa signifie passer, etvala, ruisseau 
naturel et aussi fossé ou tranchée creusés de main d'homme. 
Pour rendre le mot de cette expression, on a dit d'abord 
- effondrer, défoncer, qui ne rendent pas le véritable sens. On 
a essayé dé dire alors : passer à fossé, passer à tranchée ; 
et, enfin, peu satisfaits de leur traduction, nos agriculteurs 
- lettrés ont, de guerre lasse, hasardé le français passavalat. 
Nous nous garderons bien d’en faire autant, et nous nous 





PAS 529 
contenterons de décrire l'opération à laquelle ce mot s'ap- 
plique. 

A l'extrémité d'un champ et du côté le plus élevé, s'il est 
en pente (car la terre tend toujours à descendre et on la 
remonte ainsi), parallèlement au franc bord et sur touté sa 
longueur, on ouvre avec le louchet /Voy. Luché) une tran- 
chée d'environ cinquante centimétres de largeur. A l'aide 
d'une pelle en fer. on achève ensuite de réjeter au dehors 
la terre détachée, mais non enlevée en entier par le lou- 
cbet. Sur ce second plafond, ainsi nettoyé, on recommence 
le même travail, en y revenant une troisième fois au 
besoin, selon la culture que l'on se propose de faire: car 
la profondeur, suffisante pour les plantes annuelles, ne . 
le serait pas pour des arbres. On appelle céla passer à dos 
Où très-pounchos, à deux ou trois longueurs de louchet. 
Cette première tranchée achevée, on en fait, de la mème 
manière, une seconde contiguë, avec cette différence que, 
cette fois et les suivantes, la terre que l’on enlève, au lieu 
d'être éparpillée sur le champ est rejetée, au fur et à mesure, 
dans la première tranchée restée vide et qui se trouve par 
conséquent comblée. On passe à une troisième tranchée et 
l'on continue ainsi jusqu'à ce que le champ entier soit 
retourné. Bien souvent le sous-sol est de telle nature 
qu'il ne permet plus l’usage du louchet : on trouve parfois, 
dans les couches inférieures, de l'argile durcie, du tuf, des 
poudingues, amenla (Voy. ce mot}, et même le rocher com- 
pact, dans les terrains qui n'ont jamais subi cette opération, 
Dans ce cas, la pioche, le pic, La trénqguo et lou piquoù, et 
mème l'emploi dela poudre de mine deviennent nécessaires. 
C’est alors que ce travail devient coûteux, au point que l’on 
achète véritablement le sol ; mais on donne ainsi à l'agricul- 
ture des terrains qui seraient restés improductifs; et les 
bons terrains mêmes sont améliorés par cette opération qui 
ameublit la terre, l'amende par les engrais qu'on y mêle 
ordinairement, et la renouvelle, pour ainsi dire, en ramenant 
à la surface celle qui était au-dessous. Aussi est-ce un des 
travaux d'hiver les plus usités, et les plus utiles pour l'ou- 
vrier qui en manquerait, et pour le propriétaire qui place 
bien son argent. 

Passègre, s. m. ou Péssègre. Pôche des vignes. Le 
français donne le nom de persique et persèque à des 
variétés de la pêche, en lat. persica, et c'est ainsi qu'a été 
formé passègre ou péssègre qui n'est qu'une variante. 

Passègriè s. m. ou Péssègriè. Ce fut d'abord le nom 
générique du pècher, amygdala persica ; aujourd’hui il s’ap- 
plique seulement au pècher des vignes qui paraît être du reste 
le type de toutes les espèces améliorées par la culture. Pour 
celles-ci on se sert des mots français pêché, et péché, où 
péchèiro. Quan lou passègriè és én floù, jour et gnuè dé 
mèmo léungoù, quand le pêcher est en fleurs, jour et nuit on 
mème longueur. 

Passéja, v. Parcourir. Aï passéja téw’ aquéles éndrés, 
j'ai parcouru, arpenté tous ces parages. — Passéja et sé 
passéja, se promener. — Low méndre vén qué fasiè, lous 


530 PAS 


passéjavé ounté vouïè, le moindre vent les promenait, les 
ballotait à son gré. Anén nous passéja, allons nous pro- 
mener. 

Dér. du lat. passus et agere, faire le pas. 

Passéjado, s. f. Promenade, action de se promener ; 
lieu où l'on se promène; parcours, espace à parcourir et 
action de parcourir. 

Passéjaire, Passéjairo, s. m. et f. Promeneur, qui aime 
la promenade. 

Passéria, v. Sécher des raisins, préparer les raisins secs 
appelés passério: flétrir, faner, vider, faire devenir comme 
ces raisins. C’est dans ce dernier sens surtout que ce terme 
. est employé. Un pdoure vièié tout passéria, an petit vieil- 
lard tout ridé, tout ratatiné. 

Passério, s.f. Passe ou panse, passerille ou passarilles, 
et plus communément raisins secs. Ces raisins cuits ou séchés 
au soleil ou au four, sont un des quatre fruits mendiants, en 
compagnie des figues, des noisettes et des amandes. 

Dér. du lat. passa uva ou passula, m. sign. 

Passéro, s. f. Si l’on demandait à la plupart des chas- 
seurs ce qu'ils appellent la passéro, ils répondraient proba- 
blement que c'est une espèce de grive ou de merle. Ils ne 
peuvent dès lors appliquer ce nom qu'aux femelles de 
genre, tous ceux des espèces étant pris, et ils le donnent 
communément, en effet, à la femelle du merle de roche. 
Mais un autre oiseau, sans autre nom languedocien, a par- 
ticulièrement droit à être appelé passéro, et c'est sans doute 
ainsi qu'il l'est le plus souvent : c’est le merle d’eau ou 
cincle, cincle plongeur, Cinclus aquatieus; Temm.; il est 
d’un brun foncé, teint de cendré en dessus, avec la gorge, le 
devant du cou et la poitrine blancs et le ventre roux ; sa 
longueur est de 20 centimètres. Il recherche les eaux dont 
le fond est pierreux ; et, quoique son organisation soit opposée 
à celle des oiseaux aquatiques, il ne craint pas de s’immer- 
ger, de marcher même au fond de l’eau qu'il coupe dans 
tous les sens pour y chercher les insectes qui font sa prin- 
cipale nourriture. Il aime à vivre solitaire, et son chant a 
quelque analogie avec celui du merle noir. 

Passéroü, s. m. Moineau, passereau, pierrol; du lat. 
passer. Le moineau, moineau franc on moineau domes- 
tique, gros - bec moineau, Fringilla domestica, et le friquet, 
(gros-bec friquet, Fringilla montana, Temm.,) qui aime 
beaucoup moins que l’autre le voisinage des villes, portent le 
même nom, distingués tout au plus, le premier par passéroù 
das téoules et le second par passéroù dé tréou, de ce que ce 
dernier, plus campagnard, niche dans les troncs des arbres 
ou des vieux murs, et l’autre sous les toits de nos maisons 
qui sont sa résidence habituelle. 

Passi, vw. Flétrir, faner. Sé .passi, se flétrir, se faner, 
passer, se rider. Dé fièio passido, de la feuille flétrie. Uno 
poumo passido, une pomme ridée ; #no flou passido, unefleur 
flétrie si elle est trop maniée ou séparée depuis longtemps 
du rameau, ou bien passée si elle a fait son temps. D'hèrbo 
passido, de l'herbe fanée. Un visaje passi, un visage flétri, 





PAS 


sec, décharné. On dit d’un enfant étique, quidépérit ou 
tombe en chartre : és passi. (Chartre, carreau ou atrophie 
mésentérique.) 

Dér. du lat. passus, a, um, cuit, séché, dont l’ital. a fait 
appassire, M. sign. que passi. 

Passi, s. m. La maladie des passis, (car, en terme de 
magnanerie, on appelle ainsi lous passis), est, d'après Sau- 
VAGES, une espèce de phtisie propre aux vers à soie qui fait 
que, bien qu'ils mangent, ils ne profitent point, sèchent et 
périssent. Cette maladie est souvent due à la chaleur trop 
forte et trop concentrée qu'on donne imprudemmentou qui 
survient par accidents à la graine pendant la couvée, ou aux 
vers qui viennent d’éclore. Lorsque la cause de cette maladie 
a eu plus d’intensilé dans ses effets, ce :sont les: prétendus 
brûlés, qu'on jette avec raison ; lorsqu'elle a agi.avec moins 
d'activité, elle produit les passis. Mais ce n’est pas seule- 
ment à l’origine que s’engendre et se développe cettemaladie: 
la maladresse ou l'ignorance du magnagnier y expose une 
chambrée à chaque nouvelle mue. Lorsqu'à ce moment le 
ver est enterré sous la litière, s’il survient du froid, le tra- 
vail de la mue est ralenti; le magnagnier impatient veut le 
hâter par la chaleur, et pour cela ik augmente le feu et 
ferme les ouvertures. Mais la maturité du ver ainsi obtenue 
est loin d’être de bonaloi; et comme le fruit trop hâtif ou 
le fruit cueilli avant l’heure se fane, se ride etmm'est jamais 
bon, de même le magnan, qui est sortiprématurément de 
sa mue, reste dans un état de langueur et ne tarde pas à 
périr. 

Il existe une autre espèce de passès qu'on appelle:aussi 
lusétos : ce sont des vers à tête transparente qui, au moment 
d'entrer en mue, n’ont pu se placer convenablement pour 
dormir, par l'effet de la trop grande chaleur. Ils ne peuvent, 
par suite, se dépouiller et par conséquent se développer et 
ils ne valent absolument rien. On a vu des chambrées 
avorter entièrement sous l'influence de-celte maladie. 

Passiduro, s. f. Flétrissure, altération de la fraicheur, 
de la vivacité de couleur, de la délicatesse des fleurs, des 
fruits, des couleurs, du teint, de la peau. 

Passiou, s.f. Passion de Notre-Seigneur Jésus-Christ, le 
récit de la Passion dans l'Évangile; sermon sur ce sujet: 

Dér. du lat. pati, passus, souffrir, 

Passiou. s. f. Passion, goût très-vif, penchant irrésistible. 
pour quelque objet ow quelque occupation. Ainsemployé, 
ce mot flaire un peu le français; mais il est de pur aloi 
dans cette locution-ci : préne uno passiou, se mettre uses 
une violente colère. 

Passo, s. f. Une de ces grosses pierres sur lesquelles les 
piétons traversent un ruisseau qui coupe un chemin. Las 
passos, qui désigne un de ces passages, est devenu presque 
un nom de lieu que le français rend par : les passes. — Éstre 
dine uno, michanto .passo, être dans une mauvaise passe ;: 
èstre én passo dé faïre, êtreen passe de faire ; passo, terme 
de jeu, sont des expressions françaises. ,.: : : : «1 

Passo-pértout, s. m. Passe-partont, clé qui ouvre plus 


PAS 


sieurs serrures; clé commune à plusieurs personnes pour 
ouvrir une mème porte. 

Passo-ros0, s. m. Passerose, rose trémière, guimauve, 
alcée, rose de Damas. Alcea rosea, Linn. , plante originaire 
de Syrie, d’où elle fut apportée par les croisés, bisannuelle 
et souvent vivace par ses racines. Sa grandeur, l'élégance de 
son port, la richesse de sa végétation, la prodigieuse quan- 
tité de ses fleurs, la longue durée de leur épanouissement, 
la variété de leur forme simple, semi-double ou parfaite- 
ment pleine et celle de leur couleur, depuis le blane le 
plus pur, jusqu’au pourpre presque noir, toutes ces bril- 
lantes qualités en font un des plus beaux ornements de nos 
jardins et l’ont fait appeler passerose, plus belle que la rose. 

Passo-soulitaris, s. f. Paisse solitaire, dit SAUVAGES, 
qui est probablement le mème oiseau quela passéro.— Voy. 
ce mot. 

Pass0-tén, s.m. Passe-temps, plaisir, amusement, diver- 
tissement. Expression française. 

Pasta, v. Pétrir se rend de différentes manières : Pasta, 
seul, s'entend comme en français d'ailleurs, pour pétrir du 
pain. Pasta dé mourtiè, corroyer du mortier. — Pasta dé 
gi, gâcher du plâtre. Pasta d'argèlo, coroyer, pétrir de 
l'argile. — És soun pèro tout pasta, c'est son père tout 
craché. — Sa pa cé qué sé pasto ! il ne sait pas ce qui se 
prépare, ce qui se brasse, ce qui se mitonne. 

Dér. de pasto, ou du lat. pistum, de pinsere, pétrir. 

Pastadoù, s. m. ou Glouriéto. — Voy. ce dernier mot. 

Pasténargo, s. f. Carotte. Daucus carota, Linn., racine 
potagère, rouge, jaune ou blanche, de la famille des ombel- 
lifères, fort connue en cuisine et cultivée aussi pour les 
bestiaux, qui en mangent la feuille, et pour qui la racine est 
une excellente nourriture d'hiver. 

Dér. du at. Pastinago, m. sign. 

Pasténargo-sâouvajo ou Fèro, s. 7. ou bien Girouio. 
Carotte sauvage, faux chervis. Daucus vulgaris, dont la 
racine; mangée en friture, a le goùt et l'odeur de la carotte 
des jardins: Le cherchis porte le nom de girolles, ce quilui 
a fait aussi donner le nom de gérowio. 

Pastèquo ou Gitro, s. f. Faux melon d’eau ou melon 
d'Amérique. Voy: Cüitro. On appelle également pastèquo, 
pastèque, le vrai melon d'eau. Cucwrbita citrullus, Linn., 
semblable, à l'extérieur, au melon d'Amérique, citro, mais 
dont la chair fondante, sucrée, de couleur rose et pleine 
d’eau est très-rafraichissante; ses pepins rouges ou noirs 
sont une des quatre semences froides. 

Pastièiro, s. f. Huche, pétrin, maie ou maie à pétrir.— 
Pastièiro, échaudoir, huche des charcutiers, de mème forme 
que la précédente, mais sans pieds, dans laquelle on échaude 
les cochons pour les épiler après les avoir égorgés sur la 
huche retournée. On procède à l’épilage à l’aide d'une râcloire 
qui est ordinairement une petite sonnaille sans battant. 
Cette méthode, inconnue dans Je Nord, où l'on grille le poil 
des pores sur un feu de paille, a l'avantage d’arracher les 
soies jusqu'à la racine et il est peu probable qu'elle ait l'in- 





PAS 531 


convénient de rendre le fard moins ferme que par le gril- 
lage. Pastidiro dé mouli. huche d'un moulin à blé; grande 
caisse dans laquelle tombe la farine en sortant de dessous 
la meule et qui lui sert de récipient. 

Pastièiro (cambo dé). Cagneux, qui a les jambes en 
manche de veste, dans le langage populaire. La forme éva- 
sée d'un pétrin exige que ses pieds, qui partent de la partie 
la plus étroite s'écartent en sens inverse de la caisse pour 
être solides, de manière que le tout, vu dans le sens de la 
longueur, ressemble assez à un X, dont les extrémités des 
branches tendent à s'écarter de leur point de croisement. 
Cette similitude de forme avec les jambes en question à 
donné naissance à l'expression de cambo dé pastièiro, appli- 
quée à un cagneux. 

Pastis, s. m. Pâté, pâtisserie renfermant de la viande, 
du poisson, ele. — Pastis d'ancro, pâté d'encre, goutte 
d'encre tombée sur le papier ; on est convenu d'appeler cette 
tache un pâté. — Pastis, gros pâté, enfant potelé, joufilu, 
mais cacochyme et stupide; quand pastis s'applique à une 
grande personne faite, on le rend par gros pataud. 

Pastissariè, s. f. Patisserie, pâte préparée et assaisonnée 
par les pâissiers ; art du pâtissier. 

Pastissiè, iro, s. m. et f. PAtissier, celui qui fait de la 
pâtisserie. 

Pastissoù, s. m. Petit pâté, dim. de pastis. 

Pasto, s. f. Pâte, farine détrempée et pétrie pour faire 
du pain, et, par analogie, tout ce qui y ressemble. On dit 
des choses trop cuites ; és én pasto, c'est en charpie, en 
purée, en boullie,en marmelade, selon cedont il s'agit, viande, 
légumes, etc. Dé la pasto dé moun coumpaïre, bonno fou- 
gasso à moun fiéou; de la pâte de mon compère, grosse 
fouace à mon filleul, c.-à-d. du cuir d'autrui large courroie. 
On dit d’un homme accommodant, de bonne composition, 
qui se range facilement à l'avis des autres : és uno bono 
pasto, ou bien és uno pasto. 

Dér. de la bass. lat. pasta, m. sign. Du lat. pastus, nour- 
riture ; ou de pistum de pinsere, pétrir. 

Pasto-mourtiè, s. m. Houe, rabot à corroyer; outil de 
maçon qui sert à éteindre, à détremper la chaux et à la 
mélanger à du sable et à corroyer le mortier. Cet instru- 
ment, en fer ou en bois, assez semblable à une petite boue 
aux coins arrondis, est emmanché comme elle, mais à un 
manche fort long, avec lequel elle forme un angle plus aigu. 

Dér. de pasta et mourtiè. 

Pastoü, s. ”m. Tasde mortier corroyé et prèt à être em- 
ployé; la quantité que l'on corroye en une fois. 

Pastourèl, 0, s. m. et f. Dim. Pastourélé, ta. Pastou- 
reau; pastourelle, jeune et gentil berger ; mots un peu tombés 
en désuétude, depuis que l'églogue est passée de mode et 
que le Gardon a emporté, avec les prairies de Beau-Rivage, , 
près de Cardet, jusqu'au souvenir des Estelles et des 
Némorins. 

Pastourèl est aussi un nom propre d'homme qui se 
rend par Pastourel. — Voy. Pastrésso, dim. de pastre. 


532 PAS 


Pastras, s0,s. m. et f. Péjoratif de pastre, gros et lourd 
berger, bergère épaisse et lourde. On donne, par extension, 
cette qualification à une personne grossière dans sa tour- 
nure et dans ses paroles. — Voy. Pastrésso. 

Pastre, s. m. Berger qui garde les moutons; car pâtre, 
qui a la même origine, signifie celui qui conduit les bœufs, 
les chevaux, les mules au pâturage, et se rend en langue- 
docien par gardian. — Né sa maï qu'un vièl pastre. Les 
bergers, que leur vie solitaire entoure d’un certain pres- 
tige, passent pour avoir une foule de remèdes et des secrets 
de toute sorte et même pour se livrer à des pratiques qui 
frisent la sorcellerie : dans l'esprit des paysans, c’est donc 
en savoir beaucoup qu’en savoir plus qu’un vieux berger, 
qui a eu le temps d'apprendre beaucoup. Pour notre part, 
nous avons eu occasion de rencontrer dans les Cévennes, à 
Mallenche, dans la commune de Sénéchas, un vieux berger 
qui existait encore en 4876, et qui professait autrefois l'état 
de meunier au moulin du Péras. Cet homme s'était adonné, 
sans maître, dans sa jeunesse, à l'étude du grec et du latin, 
et certain professeur de la faculté des lettres de Montpellier 
ne dédaignait pas de converser avec lui sur ces deux 
langues. 

Dér. du lat. pastor, m. sign. 

Pastrésso, s. f. Fém. de pastre, bergère; mais cela ne 
peut s'entendre que d’une femme qui garde quelques brebis 
autour de la maison, car il faut un homme, un pastre, 
pour garder de grands troupeaux, les conduire à la mon- 
tagne et coucher au parc. Remarquons d’ailleurs que nous 
sommes toujours bien loin de Florian et de ses bergères; 
car la pastrésso est le type de la femme lourde et grossière, 
etce mot rivalise avec pastrasso, qui n’est guère pire, 
pour désigner toute personne du sexe taillée sur ce vilain 
patron. — Voy. Pastre et Pastras. 

Pastroü, pastrouno, s. m. et f. Petit berger, enfant 
ou adolescent qui n’a que quelques moutons à garder. Le 
pastroù peut être aussi employé à la garde d’un grand 
troupeau sous la direction du berger, pastre. 

Pastrouia, v. Patrouiller, manier salement et grossiè- 
rement; patrouiller, tripoter, remuer avec les pieds ou les 
mains de l’eau bourbeuse ou sale. 

Pastrounéja, v. Être berger; se dit surtout d'un jeune 
garçon, d’un pastroù ou d’une pastrouno, qui garde quel- 
ques moutons. 

Pasturga, v. Pâturer, paître, pacager, en parlant des 
animaux qui broutent l'herbe ou la ramée. 

Pasturgaje, s. m. Pâturage; droit de pacage. 

Pasturgâäou, s. m. Une pâture, un herbage, des pacages, 
une varenne : étendue de pays où il croît de l'herbe non 
semée, que l’on ne fauche point et où l’on mène paître les 
bestiaux. 

Pasturo, s. f. Sous cette dénomination on comprend 
toute espèce d'herbe ou de feuille que l’on enferme pour 
nourrir les bœufs, les chevaux, les moutons, etc., mais elle 
désigne cependant d’une manière plus particulière, le foin 





PAT 


et les fourrages. En style goguenard, véou éstréma dé pas- 
turo, je vais manger, diner ou souper. 

Pata, s. m. Patac ou Patard, ancienne monnaie pon- 
tificale d'Avignon appelée aussi double, parce qu'elle valait 
un double denier tournois ou deux deniers. Le patac exista 
jusqu'à la Révolution, dans le comtat Venaissin où il valait 
alors un peu moins que le double tournois. Aussi était-il 
peu prisé dans nos contrées, et il en est resté cette locution : 
né dounarièi pas un pata d’'Avignoun Où un pata, jem'en 
donnerais pas un double, une obole, une pipe de tabac. 

On fait dériver pata de pater; nom que portait: cette 
mème monnaie en Flandre; et patar de l'allemand peter, 
parce que la pièce flamande portait sur une des surfaces 
l’image de Saint-Pierre. Le pata d'Avignon portait d’ailleurs 
aussi, d’un côté, la croix, et de l’autre, les clés de Saint- 
Pierre en sautoir. 

Patafioula, ». Ce verbe emprunté au français familier, 
n’est aussi employé que de cette manière en languedocien: 
Lou bon Diou lou patafiole ! que le bon Dieu le patañole ! le 
bénisse avec son grand bénissoir! 1l est difficile de trouver 
l'origine de ce mot qui n’a rien de malveillant et qui 
exprime mème un certain sentiment de pitié pour celui à 
qui on l'adresse. 

Pataflèou ! Espèce d'onomatopée pour exprimerle bruit 
que fait un corps en tombant, faïre pataflèou, faire pata- 
tras. Toumbè aïlaval, pataflèou! il tomba là bas, patatras! 

Patantèino, s. /. Prétantaine, accomodée augoùt du 
pays, n’est d'usage, comme en français, que dans cette 
phrase : Coure la patantèïno, courir la prétantaine, pour 
dire aller, venir, courir çà et là, sans sujet, sans dessein. 
Cependant, comme en français aussi, coure la patantèino, 
surtout quand on parle d’une femme, signifie encore 
faire des allées el venues, des courses, des voyages, contre 
la bienséance et dans un esprit de libertinage. 

Patâoudas, so, s, m. et f. Superlatif dont. le positif 
n'existe pas : gros pataud, gros lourdaud. — Voy. Patéoudo. 

Patäoudo, adj. et s. f. Femme lourde, grosse, pataude. 
L'adj. patdoudo n’a point de masculin régulier, quidevrait 
faire patäou, et l'on dit patù, prononcé comme Je français 
pataud, quand on veut employer cette expression quine 
sert guère que de nom à un chien ou de sobriquet à un 
individu grossièrement et lourdement conformé. 

Patarafo, s. f. Paraphe ou parafe. On pourrait voir 
encore ici la faiblesse ou la malice du languedocien à 
dèguiser ses emprunts, si le français n'avait pas aussi pata- 
rafe qui signifie écriture, traits informes, lettres confuses : 
patarafo doit venir de la même source, d'autant qu'un 
parafe ressemble souvent à une patarafe. Boutas aquè vosto 
patarafo, mettez là votre parafe, signez là, ce mot se pre- 
nant aussi maintefois pour la signature elle-même, qui se 
dit plus exactement sinné. 

Patato, s. f. Topinambour, artichaut de Canada et poire- 
de-terre, Hélianthus tuberosus, Linn. Celte plante connueen 
Europe avant la pomme de terre et la patate, et comme 


DL nn 


dire, il n’a que des misères à vous dire, 


PAT 


elles, originaire d'Amérique, a été cultivée en France à la 
fin du 46° siècle : Olivier de Serres en parle dans son 
Théâtre d'agriculture. Ses tubercules irréguliers, charnus, 
nourrissants, dont la saveur approche de celle de l'artichaut, 
offrent un bon aliment pour l'homme et surtout pour les 
bestiaux ; mais comme, en somme, le topinambour est en 
tout inférieur à la pomme de terre, il est beaucoup moins 
cultivé, du moins dans ce pays ci. — On donne aussi à la 
pomme de terre, trufo, tuféro ou tartifle, le nom de patato, 
quoique elle et le topinambour diffèrent essentiellement de 
la patate, batate ou liseron patate, Convolvulus batatas, 
Linn., plante rampante dont les racines bulbeuses sont très- 
sucrées et d'un goût excellent, mais qui n’est encore, même 
pour nos climats chauds, qu'une culture de luxe. 11 parait 
que batatas est le nom mexicain de la pomme de terre, et 
l'on a donné, comme nom générique, celui de patato, qui 
en est formé, à toutes ces plantes qui ont quelques rapports 
de végétation, de goùt et d'émploi. 

Paté, to, adj. et s. m. et f. Lambin, qui agit lentement, 
en style d'argotier, un lambinos; mais il a un autre sens, 
qui dérive de celui-ci, également technique, et signifie 
scrupuleux, simple, timoré; qui a des peines de conscience 
sur les moindres choses. És uno patéto, c'est une bonne 
fille, mais qui s'embarrasse de tout et n'ose pas dire que son 
âme est à elle. Anas sès un paté, allez, vous êtes une 
poule mouillée, — Patéto, dim. de pato. 

Patèr, s. m. Pater, oraison dominicale; grain de chape- 
let plus gros que les autres à la rencontre duquel on dit le 
Pater. Aqud t'és déféndu coumo lou patèr as ases, cela t'est 
défendu comme le pater aux ânes, c.-à-d. cela est autant 
au-dessus de tes forces, de ta capacité, de ton intelligence, 
qu’il est impossible à un âne d'apprendre le pater. 

Patèr-dé-là, s. m. Pater de lait, grain de verre, d'émail 
ou d'agathe, espèce d'amulette que les femmes supersti- 
tieuses portent au cou, lorsqu'elles nourrissent, pour faire 
monter le lait au sein, en avoir beaucoup ou le faire passer. 
I fallait sans doute, dans le principe, y joindre quelques 
pater, ce qui l’a fait appeler ainsi. 

Patèrnéja, v. Dire des patenôtres, marmotter des 
prières, être grand diseur de patenôtres. 

Patétariè, s. f. Lambinerie ; scrupules, simplicité, les 
petitesses ou les. minuties de la dévotion. Tout aquà sou 
pas qué dé patétariès, ce ne sont que de vains scrupules, 
des vétilles, des niaiseries. N'a pas qué dé patétariès à 


Dér. de paté. 
Patété, to, s. m.et f. Diminutif ou plutôt réduplicatif, 
car il augmente le défaut ; dér. de paté pris dans sa deuxième 
acception de vétilleux, timoré, scrupuleux outre mesure, 
* Patétéja, v. Lambiner, faire lou paté ou être paté, 
lambin. 
* Pati, v. Souffrir, pâtir; endurer, supporter ; peiner, avoir 





de la peine, de la difficulté. Pati coumo las érugos, coumo 
las sèrs, coumo las pèiros, être misérable comme les ; 


PAT 533 


chenilles, comme lès serpents, malheureux comme les 
pierres. Aquél pdoure mounde patissou, sé savias, vous ne 
savez pas combien ces pauvres gens pâtissent, souffrent de 
la misère. À pas fini dé pati, il n'est pas au bout de ses 
peines. Lou faguëés pas pati, ne le faites pas souffrir, ne 
prolongez pas son agonie, expédiez-le vite. Lou pode pas 
pat, je ne puis le souffrir, il m'est insupportable. Pode pas 
pati lou bure, je ne puis sentir, supporter le beurre, je l'ai 
en aversion. Patira à sé gandi dé jour, il lui sera difficile 
d'arriver de jour, il aura de la peine à arriver avant la 
nuit. Lou tén patis à sé léva, le temps à grand'peine à se 
mettre au beau. Vous prouméte qué patissièi pas à tène lou 
rire, je Vous assure que je n'avais pas de peine à m'empê- 
de rire, phrase assez originale dont on se sert en racontant 
un très-mauvais moment qu'on a eu à passer, un danger 
que l'on a couru. 

Dér. du lat. ou plutôt le lat. pati, m. signif. 

Patimén, s. m. Souffrance, misère. 

Patin, s. m. Patin, soulier dont la semelle en boïs est 
mobile dans la moitié du côté du talon. Le patin, fourré 
en dedans, était excellent pour le froid et pour la boue; 
c'était la chaussure ordinaire des femmes pendant l'hiver 
et plus d'un homme ne le dédaignait pas. Aujourd'hui il 
est fort passé de mode : le caoutchouc en fera fin. 

Patin-patourlo. Pati-pata ou bredi-breda, mots fabri- 
qués pour exprimer là trop grande volubilité de la langue 
et pour s'en moquer. 

Pati-pata-pas-rés, Patati-patata et puis plus rien ; mot- 
à-mot à peu près de ce cliquetis de syllabes inventé pour 
donner une idée de beaucoup de paroles ou beaucoup de 
bruit pour rien, et que l'on répond à quelqu'un qui vous 
fatigue de mauvaises raisons, de sottes excuses. 

Pato, s. f. Dim. Patéto, augm. Patasso. Patte. Le fran- 
çais fait une différence entre pied et patte, en ce qui con- 
cerne les animaux : il dit pied, des animaux solipédes ou 
au pied fourchu, le bœuf, le cheval, le porc, le mouton, etc., 
et patte, des quadrupèdes qui ont dés doitgs, des ongles ou 
des griffes; des insectes et de tous les oiseaux, hormis les 
oiseaux de proie qui ont des serres. Le languedocien fait 
une différence du mème genre entre bato et pato et géné- 
ralement il emploie la première pour pied et la seconde 
pour patte; mais la règle peut être moins rigoureuse qu'en 
français : on dit plutôt par exemple, la bato d'un lioun ; et 
pato sert aussi à rendre la serre de l'oiseau de proie. — 
Pato d'éspargue, patte d'asperge. — Pato, patte, clou à 
tête plate, et percée pour recevoir une pointe ou une vis 
qui sert à attacher un lambris, une glace, etc. — Voy. 
Bato. 

Dér. du grec 72720, fouler aux pieds. 

Pato, s. m. Brique dont la forme est un carré long 
presque aussi épais que large ; sa massiveté lui a fait donner 
ce nom qui est l'appropriation languedocienne de pataud. — 
Patù, masc. de patdoudo. — Voy. ce mot. 

Patouès, 0, adj. ets. m. et f. Qu'on ne doit pas rendre 

58 


534 PAT 


par patois, du moins dans l’acception du dictionnaire de 
l’Académie. De même qu’ils disent parla francés, éspagnéou, 
voire Latis, les habitants du Languedoc disent au même 
titre parla patouès, car c’est ainsi que s'appelle la langue 
qu’ils parlent : le languedocien n’a pas d'autre nom que 
patouès, et celui-là en vaut bien un autre. Qu'importe que 
le français ait altéré le sens du mot et en fasse un reproche 
ou une moquerie, quand il devrait en faire un titre d’hon- 
neur : Patouës tire son origine de patria ou patavinitas, la 
langue des pères ou de la patrie; c’est ainsi que le langne- 
docien l'entend, l'emploie et l’accepte de son vainqueur. 
L'article suivant de l’abbé n£ SAUVAGES, que nous tenons à 
tous égards à reproduire, démontrera péremptoirement 
qu’en donnant le nom de patois, avec le sens qu'il lui 
attribue, à son rival malheureux, le français manque de 
justice aussi bien que de courtoisie. 

Le mot patois est un terme général qu'on applique aux 
différents jargons grossiers et rustiques que parle le bas 
peuple, soit dans les provinces, soit dans la capitale, 
puisqu'on dit, le patois normand, champenois, et le patois 
des halles. Mais il paraît que cette sorte de langage n’est 
réputé rustique et grossier que relativement à un autre de 
mème genre, qui est plus pur, plus correct, plus cultivé, 
que parlent les personnes lettrées ou bien élevées. 

Ainsi le patois normand, par exemple, est un patois du 
français; et il n’est réputé tel, que parce que ce langage du 
bas peuple de Normandie, est du français corrompu ou 
altéré, et fort inférieur à celui de la cour et des honnêtes 
gens de la capitale; en un mot c’est un langage dégénéré 
d’une langue plus parfaite, mais de même genre, et qui ont 
l’un et l’autre une origine commune. 

Il n’en est pas de même du gascon ou languedocien, 
auquel on a donné la dénomination de patois par une suite 
de l'espèce d’avilissement et d’oubli où il est tombé depuis 
environ un siècle, faute de culture ou d'encouragement ; 
tandis que depuis la mème époque on s’est appliqué à per- 
fectionner la langue française, qui a fait presque éclipser 
son ancienne rivale, et qui la fait de plus en plus dédai- 
gner. 

Le languedocien, quoique négligé, et en partie dégénéré, 
n’en est pas moins une langue à part, loin d’être le patois 
d'aucune autre : langue aussi bien à soi, que puissent 
l'être aucune de celles de l’Europe, et qui a ses termes 
propres, sa syntaxe et sa prononciation entièrement étran- 
gères au français, et dont le génie, le tour des phrases et 
des constructions sont si différentes de cette dernière langue, 
qu'on les appelle gasconismes, lorsqu'ils s’y trouvent mèlés. 

« Le nom de patois ne peut convenir à une langue subsis- 
tante (disent D. Vaissette et M. Court de Gebelin), depuis 
plus de quinze cents ans, formée sur les plus anciennes 
de l'Europe, plus ancienne qu'aucune de nos langues 
modernes, entre autres le français, et dans laquelle on 
trouve tout ce qui constitue une langue abondante à cer- 
tains égards, et surtout agréable. » 





PAV 


I n'y a pas de doute qu’il n’a manqué à ce prétendu 
patois, pour devenir la langue dominante du royaume, que 
de s'être trouvé dans les mêmes circonstances qui ont favo- 
risé les progrès de la langue française, ou que nos rois 
eussent pris pour la capitale de leur empire et leur séjour 
ordinaire, une des villes de la langue d'Oc : c’est bien 
alors que la langue d’Oil eût été regardée, à plus juste 
titre, comme un jargon grossier et rustique. — Voy, 
Rouman. 

Patouia, v. Patrouiller, patauger, marcher dans une 
eau bourbeuse ou dans de la boue liquide. On dit, par 
extension, patouïa, patauger, lorsque embarqué dans. une 
mauvaise affaire, on essaie divers moyens d’en sortir sans 
trouver le bon qui souvent n'existe pas, comme celui qui 
patauge dans un bourbier, fort embarrassé de s’en tirer.— 
Patouia; qui se dit patrouiller, dans certaines provinces 
françaises : lorsque dans une rivière ou un canal, un 
barrage inférieur fait monter l’eau de manière que la roue 
motrice d’une usine en amont est immergée et ne peut plus 
tourner parce que la chute est diminuée ou annulée, on 
dit de cette roue ou de cette usine qu’elle patouïo, et c’est 
encore par assimilation à quelqu'un qui se trouve enfoncé 
dans une mare sans pouvoir marcher. 

Patouiaïre, patouiairo, s. =. et f. Pataugeur; en style 
familier, irrésolu; qui ne sait pas se décider, qui essaie 
maladroitement et inutilement plusieurs partis sans savoir 
en suivre aucun. 

Patouiar, s. m. C'est le nom de celui qui, dans un 
moulin d'huile, empile sous la presse les cabas remplis de 
pâte d'olives. 

Patouio, s. f. Lavoir, pièce à portée d’une cuisine où on 
lave et où l’on tient la vaisselle. 

Patoul, s. m. Patrouillis, gâchis, margouillis, amas de 
boue liquide ou d’eau bourbeuse, altér. de la bass, lat. 
pasta, pâte, mélange de farine et d'eau pétries et tout ce 
qui y ressemble. 

Patraquo, s. f. Patraque, personne à santé délabrée, 
corps faible, usé; patraque, machine mal faite, .ou bien 
usée, détraquée. 

Patrifas, s. m». plur. Patrifasses, tripotage, fagot, médi- 
sance, paquet, micmac. 

Patrifasséja, v. Bavarder, tripoter, faire des micmacs, 
des fagots, des patrifasses. 

Patrifasséjaire, Patrifasséjairo, s. m. et f. Brouillon, 
feseur de tripotages, de fagots, de micmacs, de patrifasses. 

Patrifassiè, iro, s. m. et f. Variante de patrifasséjaire. 

Patroun-fangué, s. m. Cogne-fôtu, tâtillon, embarrassé 
dans tout ce qu’il fait, comme on le serait en marchant 
dans la boue, fango, pour ne pas se crotter, ou peut-être : 
comme un patron manœuvrant sa barque dans une mare 
fangeuse. 

Pavano, s. f. On ne l’emploie que dans cette phrase : 
batre la pavano, battre l’estrade, vagabonder; peut-être 
par quelque rapport de consonnance avec battre le pavé..n 











PÈ 
. Pavoun, s. m. ou Paoun, Paon, paon domestique, Pavo 
cristatus, Linn. Originaire des Indes orientales, le paon 
existe depuis si longtemps, en Europe, qu'il peut être consi- 
déré comme un oiseau indigène ; c'est le plus beau de tous. 


Malgré la laideur de ses pattes et de son cri affreux, on 


l'admire pour les magnificences de son plumage tout en 


. riant dé la vanité quelque peu sotte qu’il met à les étaler. 


Ainsi que l'oie, avec laquelle il serait bien humilié d'être 
comparé, il est de très-bon goût et, du haut des toits on 
des arbres où il aime à se percher, il crie, comme il sait le 
faire, aussitôt qu’il aperçoit venir quelqu'un. Le jeune paon 
est un rôti de luxe; la chair des vieux est dure et sèche. 
Cet oiseau cause beaucoup de dégâts aux jardins et aux 
toits des maisons; de sorte que, malgré ses qualités ou 
plutôt à causé de ses qualités, assez peu de personnes peu- 
vent en avoir et on l'élève plutôt comme objet d'ornement 
que comme utilité. {Le paon blanc, dont l'introduction en 
France est due, dit-on, au roi René, est une variété de paon 
domestique. a 

Pavouna (sé); v. Se pavaner, se panader, se carrer, 
marcher avec ostentation et complaisance, d'un air fier et 
superbe : c’est faire le paon ou comme le paon qui fait la 
roue et qui, tout en s'adtirant, semble dire : admirez-moi. 
* Pé, s. m. Pet, vent qui sort avec bruit du fondement; 
tout bruit qui se produit en éclatant comme celui d’un 


fusil, d’une mine, du tonnerre, d’un fouet qui claque, d'une- 


branche qui craque et se rompt. De quelqu'un qui fait 
beaucoup d'ouvrage, qui dépêche besogne, on dit : né faï 
coumo un ase dé pés. Parlas à l'ase, vous fara dé pés, 
chantez à l'âne, il vous fera un pet, le proverbe languedocien 
a-un équivalent dans : fasès dé bé à Bèrtran, vous ou rén- 
dra én caguan. 

Dér. du lat. peditus, de pedo, m. signif. 

Pè, s. m. plur. Pès ou Pèses. Dim. péné, augm. pénas. 

Pied, partie du corps, à l'extrémité de la jambe, qui sert 
à se soutenir et à marcher. On ne le dit que de l'homme : 
là où le français dit pied pour un animal, le languedocien 
se sert de bato, col-dé-pè, cou de pied. Pè-dé-bourdo, pied- 
bot, qui ressemble à la boule noueuse, bourdo, qui termine 
par en bas un gros bâton ou gourdin. Sdouta dé pè-joun, 
sauter à pieds joints. Passa dé pè-joun, passer de plein 
saut, arriver sans passer par les degrés intermédiaires. 
A pè-couqué, à cloche-pied. Peé-déscdou, nu-pieds, les 
pieds-nus. Tène pè, au jeu de boules, piéter, tenir le 
pied au lieu marqué. Tène pè à qudouqus, marcher aussi 
vite que quelqu'un, le suivre pied à pied, et par exten- 
sion, faire autant d'ouvrage que lui. Sé cdoussa d'un 
pè ‘n doutre, contraction de d'un pè un doutre, chausser un 
pied pour l’autre; au fig. Faïre ou préne quicèn d'un pè ‘n 
doutre, c'est faire une chose à rebours, en comprendre une 
autre à l'envers. Douna lous pèses à un éfan, habiller un 
enfant, lui donner sa première robe quand il commence à 
marcher. Trouba sabato én soun pè, trouver chaussure à 
son pied. — Pè est encore la tige, le pied d’un arbre, qui 





PÉC 535 


se dit pourtant mieux cambo, la base, le support, le pied 
d'une table, d'un lit, d'une échelle, ete. — Le pied de roi, 
mesure, se dit pie. 

Dér., du lat. pes, m, signif. 

Pébérin, s. m. Pièce d'artifice tout-à-fait primitive : 
c'est un peu de poudre écrasée et pétrie avec de l’eau ou de 
la salive, puis moulée en petite quille; quand elle est à peu 
près sèche, on met le feu à la fpointe et elle brûle, sans 
éclater, en fusant, à la grande joie des enfants qui s'amu- 
sent ainsi. De quelqu'un emporté, qui part comme une 
soupe au lait, qui est vif comme la poudre, on dit : és un 
Pébérin. 

Dér. du lat. pulvis, pulveris, poudre. 

Pébéroù, s. m. et mieux Coural. — Voy. ce dernier. 

Pébra, v. Poivrer, assaisonner avec du poivre. Au fig. 
survendre, vendre trop cher; on dit de quelqu'un qui a 
surpayé quelque chose : y-ou an pébra, on le lui a poivré 
ou salé, tous deux s'emploient dans le style familier. 

Pébrado, s. f. Poivrade, sauce avec du vinaigre, de 
l'huile, du sel, où le poivre n'est point ménagé. 

Pébre, s. m. Poivre, fruit du poivrier aromatique, Piper 
nigrum, Linn., arbrisseau qui ne croit que dans les Indes 
orientales. Le poivre blanc n'est autre chose que le poivre 
commun dépouillé de son écorce noire. C'est l'épice qui 
tient le premier rang dans la cuisine de nos campagnards 
surtout ceux de la montagne; ils en font une large consom- 
mation, car il n’est guère de mets où il n'en jettent abon- 
damment. 

Dér. du lat. piper, m. signif. 

Pébriè, s. m. Gatilier, Vitex agnus-castus, arbrisseau 
dont les feuilles sont à peu près comme celles du chanvre. 
Ses fruits ressemblent à des grains de poivre dont ils ont 
un peu l’äcreté et l’arome ; c'est de là que lui vient lenom 
de pébriè, poivrier. j 

Pébriè, s. m. Autrefois on appelait ainsi l'épicier, mar- 
chand de poivre, la principale ou la seule épice alors en 
usage parmi le peuple, quand c'était lui qui faisait et 
donnait les noms. 

Dér. de la bass. lat. pebrarius, marchand de poivre. 

Pébrièiro, s. f. Poivrier, boite, ordinairement en fer- 
blanc, pour contenir le poivre moulu ; c'est le plus souvent 
par sa forme, un moulin-à-vent microscopique, une minia- 
ture ‘de ces tourelles qui en avaient pris leur nom : à la 
pointe de son toit en cône est une petite ouverture par 
laquelle s'échappe le poivre dont on saupoudre les divers 
apprêts. La poivrière, toute différente, est une boîte à com- 
partiments dans lesquels on tient le poivre, le girofle et les 
autres épices. 

Pécadoù, Pécadouno, adj. et s. Pécheur, pécheresse, 

Dér. de péqua, pécher. 

Pécaire, interj. Variante de péchaïre. — Voy. ce dernier. 

Pécata, s. m. Peccata, nom que le français donne seu- 
lement aux ânes qui figurent dans les combats d'animaux 
et que le languedocien a pris pour en faire un nom commun 


536 PÉC | 
à tous les individus de l'espèce. Dans ces tristes jeux, le 
pauvre baudet est le souffre-douleurs, le paillasse de la 
troupe qui reçoit tous les coups, et l’on a trouvé plaisant 
de l'appeler peccata parce qu’il porte les péchés des autres. 
Péchaïrasso, interj. Augm. de péchaïre; il est aussi 
trop compalissant pour n'être pas souvent ironique : C'est 
alors le Pauvre homme! de Tartufe, prononcé par une 
autre bouche que celle d'Orgon. 
Péchaïre, Dim. péchaïréto, aug. péchaïrasso, interÿ., 
qui exprime ordinairement la compassion, l'amitié, la 


tendresse, que l'ironie rend parfois dédaigneuse ou nar- : 


quoise, et qui souvent n’est qu'explétive. Les Italiens ont 
poverello, poverino, poverelto, poveraccio, à la place de 
notre péchatre et ses dérivés, que le français pauvret, quoi- 
qu'il s’en approche le plus, ne peut cependant rendre dans 
toutes ses métamorphoses. S'és tout amaluga péchaïre! il 
s’est brisé, moulu en tombant, le pauvre diable, le pauvre 
malheureux! Déqué faran aquéles éfan, péchaïre! que 
deviendront ces pauvres petits enfants! És tan trasso, 
péchaïrélo ! elle est si frêle, si malingre, la pauvre fillette! 
Péchaïre! souï bièn maldou, hélas! ou mon Dieu! je suis 
bien malade. Péchaïre! à dounarias lou bon Diou sans 
counféssa, le pauvre homme! la bonne pièce! Vous lui 
donneriez le bon Dieu sans confession. S'ès bé dé plagne, 
péchaïre! Vraiment! vous êtes bien à plaindre, c’est bien 
à vous à vous plaindre. Et iéou, péchaïre, sans pénsa 
mâou, et moi bonnement, sans songer à mal. — Des 
dialectes voisins prononcent pécaïre qui, anciennement, 
signifiait pécheur, celui qui commet des péchés; ce mot 
n’est plus d’usage dans ce sens, mais il est resté pour 
s'appliquer à quelqu'un qui est à plaindre comme doit 
l'être un pécheur. 

Pèço, s. f. Dim pécéto. Pièce, morçeau, uno pèco dé lard, 
une pièce, un quartier de lard, wno pèco dé pan, une 
tranche de pain pour faire une tartine, uno pèço dé souïd, 
une hausse, pièce de cuir que les cordonniers attachent 
à une semelle usée. Il s'emploie en général pour rendre le 
français pièce, mème lorsqu'il s’agit de certaines choses qui 
font un tout complet, À tan la pèço, cing s6ous pègo, à 
tant la pièce, cinq sous pièce. Uno pèço dé tèlo, uno pèço 
dé cranto-sôous, une pièce de toile, une pièce de quarante 
sous. — Le dim. pécéto ne se dit que d’une petite pièce 
d'argent, une piécette. 

En Italien Pezzo, morceau. 

Pèço-dé-la-crous, s. f. Gras double, partie de la panse 
du bœuf ou ligament en croix de son premier ventricule, 
ou de celui qui est au-dessus du réseau. 

Pécolo, s. f. Crotte, crottin de lapin, de souris, de 
ver à soie, de chèvre, de brebis, etc., toujours moulée sous 
la même forme et dure, en l’état de santé de ces animaux; 
excrément dur et arrondi des personnes constipées. 

Dér. du lat. pecora plur. de péeus, pris particulièrement 
par brebis où mouton dont le produit en question est le 
le type du genre. 





PÈG 

Pécolo, s. f. Pécore, personne sotte, stupide, bète, 
animal. Les latins employaient aussi dans le mème sens 
pecus, pecoris. 

Pécoul, s. m. Pied d’une table, d’une chaise, d'un banc, 
d’un lit; queue ou pédoncule d’un fruit, pétiole d’une 
feuille; par extension, bras dodu, vigoureux et surtout 
jambe grosse et forte. À dé bos pécouls, il est solide sur 
sa base, il a de bons piliers. 

Dér. du lat pediculus, dim. de pès, m. signif. 

Pécoula, v. Mettre un pied ou les pieds à un meuble, 
mettre un pécoul. 

Pécoula, v. Lacher du crottin, fienter à la manière des 
animaux qui font des pécolos. 

Pécoula, s. »m. Fumier de crottin, crottin de bergerie 
qu’on appelle également migou : c'est l’amas, l'agglomé- 
ration de pécolos. 

Péga, v. Poisser, enduire de poix ; c’est particulièrement, 
marquer les moutons, et les brebis, c.-à-d. imprimer sur 
leur toison, avec de la poix, le chiffre du propriétaire : cette 
marque est nécessaire pour les reconnaître, quand on réunit 
plusieurs troupeaux, pour les envoyer passer l'été à la 
montagne. Aqud pégo, cela est poisseux, gluant, cela poisse 
les mains. 

Pégadoù, s. m. Marque en fer ou en bois, qu'on trempe 
dans la poix pour imprimer les signes qu'elle porte sur le 


‘dos des bêtes à laine, pour les pega. 


Pégas, s. m. Emplâtre de poix, qu'on nomme plus 
communément émplastre, —Voy.ce motet Pégo. — Pégas se 
dit aussi d’une grande tâche poisseuse, grasse ou visqueuse, 
formant enduit, comme serait celle de moût ou de cambouis. 
Il est également l’augm. de pégo dans le sens d’importun, 
obsédant. 

Pégassou, s. »m. Dim. de pégas dans toutes ses acceptions. 

Pégô, s.:m. Nom méprisant que l’on donne en général 
aux cordonniers et particulièrement aux mauvais, aux 
savetiers. Il vient de l'emploi fréquent que ces artisans 
font de la poix, pégo. — Pégà devient souvent une quali- 
fication injurieuse qui correspond .à grossier, malotru. On 
dit de mème: és un pégù, comme en français : C'est un 
savetier, d’un mauvais ouvrier, en quelque métier que ce 
soit. Dans les deux derniers sens on féminise souvent 
l'expression et l'on dit pégoto. 

Pégo, s. f. Poix, ne s'entend que de la poix noire ser- 
vant, dans l'emploi le plus commun, à marquer le bétail, 
à poisser le ligneul des cordonniers qui, à cause de cela, 
ont reçu le surnom dont il est question à l'art. précédent. 
On l'obtient par la combustion étouffée du bois de pin ou 
de sapin dont la résine, noircie par la fumée ou la suie qui 
s'y mêle, dans l'opération, forme cette poix. Négrecoumo la 
pégo, noir comme la poix, comme l'encre. Dans un endroit 
très-sombre et surtout d’une nuit très-obscure on dit : és 
éscu coumo la pégo, il fait noir comme dans un four. — 
És uno pégo; qué siès pégo! s'adresse à un importun, un 
fâcheux qui vous obsède et dont on ne peut pas plussse 


PËI 


débarrasser que de la poix qui vous tient aux mains: en 
langage familier on rend cette acception par : C'est un 
emplâtre. 

En espagnol pega et en ital. pece. 

Pégo, s. f. Meconium, excrément noir, épais et gluant 
qui, pendant la grossesse, s'amasse dans les intestins du 
fœtus, et qu'il rend par le fondement deux ou trois jours 
après sa naissance. A défaut de terme scientifique, on désigne 
ainsi cette matière à cause de sa ressemblance avec la poix 
noire; on voit que c'est bien moins un nom qu'une com- 
paraison. 

Pégo-dé-Bourgougno, Poix de Bourgogne, poix blanche 
ou plutôt d’un blanc jaunâtre; suc résineux de plusieurs 
espèces de pins, lorsqu'on en a extrait la térébenthine ; elle 
ést exlrèmement tenace, et c'est pourquoi on l'emploie à 
faire des emplâtres dessicatifs. Du reste, les emplâtres de 
poix de toute espèce, sous toutes les formes, pour toutes 
les maladies, jouent un très-grand rôle dans la médecine de 
campagne. —On dit par syncope : Siès un émplastre-dé- 
Bourgougno, à un importun, un fâcheux des plus tenaces. 
— Voy. Émplastre. 

Pégoumas, s. m. Emplâtre de poix; variante de pégas 
avec l’idée toutefois d’une plus grande dimension. — 
Sauvaces donne aussi à pégoumas la signification de tor- 
chon, qui n'est alors en usage que dans les dialectes 
voisins. 

Pégoumassa, v. Poisser, empoisser, enduire largement 
de poix et, par extension, de toute autre matière épaisse et 
gluante ; couvrir d'un pégas, d’un pégoumas. 

Pégoùs, Pégouso, adj. Poisseux, gluant, visqueux. 
Au fig. pégoùs, avec toute la série des pégo, pégas, pégas- 
soù, pégoumas, pégoutuègno, forme ce répertoire gradué 
dont on qualifie, un importun, un fâcheux, un emplâtre, 
selon son degré de tenacité ou la dose d’ennui qu'il 
procure, 

Pégoutuègno, s. f. Tout ce qui poisse, englue, forme 
une tâche visqueuse, s'attache et tient comme la poix et, 
par extension, la-gent fatigante des fâcheux, des importuns. 
On sait que la terminaison wègno exprime ordinairement le 
mépris, le dédain et le dégoût. 

Péia, v. Boucher, calfeutrer, tamponner avec du vieux 
drapeau, du chiffon, péio. 

Péiard, s: #. Chiffon, drapeau, petit et mauvais mor- 
ceau de linge, d’étoffe. Dim. de péio. 

Péila, v. Fermer à clé, mot à mot faire mouvoir, faire 
jouer low pèïle. 

 Pèile, s. m. Ne dut être d'abord que le pène, cette partie 
mobile d'une serrure qui joue au moyen de la clé et entre 
dans la gâche, faisant ainsi fonction de verrou; mais dans 
l'usage on prend la partie pour le tout, et péïle signifie la 
serrure elle-même, qui se dit autrement saraio. 

Dér. du lat. pessulus, dont le français avait fait aussi pèle 
qu'on disait autrefois pour pène. 

Péio, s. f. Haillon, chiffon, peilles qui sont les vieux 





” PEI 537 
chiffons qu'on emploie dans la fabrication du papier. 
Carguo-péio. — Voy. ce mot. 

Dér. de la bass. lat. pellia, m. sign. formé du lat. 
pellis, peau, enveloppe, couverture. 

Péiofo, s. f. Ecale, peau des pois qui se détache à la 
cuisson; écorce brune, première peau de la châtaigne; 
coque-vide de la graine ou des œufs de vers à soie, après 
que l'insecte éclos l'a abandonnée. En général péiofo 
s'emploie aussi, indistinctement, avec péiou et péloutro, 
pour désigner la peau, l'écorce, la coque de beaucoup de 
fruits et de grains, principalement lorsque cette pelure, 
enlevée d'une manière quelconque, est séparée de ce qu'elle 
enveloppait. 

Dér. du lat. pellis, peau, enveloppe. 

Péidou, s. m. Coque, coquille, écale d'œuf. D'une 
personne fort jeune, d'un blanc-bec qui veut faire l'entendu, 
l'olibrius on dit : faï pas qué dé sourti dou péidou, il ne 
fait que sortir de la coquille. — Voy. péïofo. — Péidou, 
ivresse, état de celui qui est pris de vin. Avédre, préne ou 
cargua un péibou, ètre soùl, se griser, s'enivrer, se soùler. 
ILest souvent impossible de chercher mème à expliquer 
une phrase, un mot d'argot : un simple rapport de conson- 
nance, un mai-entendu, un quiproquo, un caprice, le 
hasard leur donnent naissance ; puis ils se perpétuent, mème 
quand ils semblaient n'être pas nés viables. Ici cependant 
on peut indiquer du moins l'origine et le sens probables de 
Péïdou dans son dernier emploi. Péidou, du lat. pellis, ne 
serait, dans cette acception, qu'un équivalent de pèl et se 
prendrait pour la peau de mounino autre technique fort 
usité pour la même chose. La locution signiferait donc, 
plus énergiquement encore, revêtir cette peau et devenir 
ainsi mounino au lieu seulement de lui ressembler. Ce qui 
ferait valoir cette dérivation ce sont lesexpressions trdouqua 
la pèl, la séqua, qui s'emploient en pareille occurence. — 
Voir ces mots et mounino. 

Péirado, s. /. Buvée, ce qu'on fait cuire dans un 
chaudron pour le repas des pourceaux. Péirado doit être 
une altération, une syncope de péiroulado, chaudronnée; 
cependant une auge à cochons, faite en pierre, péiro, a pu 
former cette expression qui sigaifierait le contenu d'une de 
ces auges. 

Péiral, s. m. Margelle d’un puits, seuil d'une porte; 
tablette d'appui d’une fenêtre. 

Pèire-Bufèire, n. p. de lieu. Pierre-Buflière, petite ville 
ou village du Limousin, dont le nom n'est venu jusqu'ici 
que par la réputation d'un de ses curés, fort saint homme 
sans doute, mais trés-loin d'être savant, à ce qu'il parait. 
Aussi lorsqu'il s’agit de quelqu'un de peu lettré, ne manque- 
t-on pas de dire : és coumo lou cura dé Pèire-Bufèire qué 
saviè pas légà qué din soun libre, amaï din sa glèiso, il est 
comme le curé de Pierre-Buffère qui ne savait lire que dans 
son livre et encore dans son église. 

Péirèlo, s. f. Pérelle ou parelle, Patellaire parelle 
(Patellaria parella, Hoff.), plante qui croît sur les rochers 


538 PÊI 


sous forme de croûte blanchâtre, de la famille des lichens. 
On l’emploie dans les teintures en rouge, après l'avoir 
préparée avec de la chaux et de l'urine, et en avoir formé 
une pâte connue sous le nom d’orseille que porte aussi la 
plante elle-même. 11 y a diverses qualités d’orseille prove- 
nant de. divers pays : la plus commune est l’orseille d’Au- 
vergne. 

Dér. de pêtro, pierre sur laquelle croit cette plante. 
Pérelle n’est autre que péirèlo prononcée en français; celui- 
ci aurait formé différemment ce môt s'il l'avait créé. 
bâtir, médtion: ou L pisrts de taille. 

Quelques dictionnaires français enregistrent perrière, 
mais alors, cette fois, nous dirons que C’est du langue- 
docien. 

Pèirigal, s. m. Pierraille, amas de petites pierres ; par 
exagération on le dit d’un champ très-pierreux, très- 
caillouteux. 

Pèiro, s. f. Dim. péïréto, aug. pérasso. Pierre, corps 
solide et dur, non ductile, formé de particules terreuses 
qui, en se rapprochant les unes des autres, ont pris diffé- 
rents degrés de liaison, Péiro dé taïo, pierre de taille. 
Pèïro-fréjéou, pierre vive, calcaire, espèce de marbre ou 
se rapprochant du marbre dont elle a la densité et la froi- 
deur. — Voy. Fréjdou. Pèïiro négro, pierre noire, schiste 
aluminéux noir, qui se sépare en écailles, comme l’ardoise, 
et que les maçons et tailleurs de pierre emploient pour 
tracer leur ouvrage ; cette sorte de crayon ne marque que 
lorsqu'il est mouillé. Pétro-plantado, pierre plantée, espèce 
de cippe ou de poteau placé à une bivoie ou à un carrefour, 
sur lequel on inscrit la direction des divers chemins qui y 
aboutissent. Muraïo à pètro séquo, mur de pierres sèches, 
c'està-dire bâti avec des pierres seules sans mortier ni 
aucun ciment. Pêtro dou jo, terme de jeu de boules où i} 
est de règle que la personne qui, sans le vouloir, arrête 
ou détourne une boule, est considérée comme une pierre 
au jeu ou dans le chemin et que, par conséquent, le coup 
étant bon ne doit pas être rejoué. Aquù vaï como la pèiro 
à l’anèl, cela va comme une pierre, un brillant à une bague, 
cela vient fort à propos. Pichoto pèiro vèn à poun à gran 
bastimén, pour exprimer qu’on a souvent besoin d’un plus 
pêtit que soi. 

Dér. du lat. petra, m. sign. 

Pèiro-jono, s. f. Nom d’une ‘espèce de châtaigne. Les 
végétaux portent souvent le nom de leurs inventeurs ou de 
la personne à qui ceux-ci les dédient. Pétro-jon, Pierre- 
Jean, qui est la manière dont certains dialectes languedo- 
ciens prononcent Pierre-jean, dût ainsi être le nom de 
l'arbre dont le fruit féminisé a fait Péïiro-jono. 

Pèïiro-malo, n. p. de lieu. Peyremale, commune du 
canton de Bessèges, qui faisait antréfois partie du canton 
de Génolhac. 

L'étymologie de ce nom, qui s'applique à diverses autres 
localités du Midi de la France ne présenté aucune obscurité. 





PÊÉI 
Peyremale est aussi le nom de l’une des deux montagnes 
qui dominent le cours du Gardon, en amont de la ville 
d’Anduze. Celle qui porte ce nom est située sur la rive 
gauche de cette rivière, en face de celle de Saint-Julien qui 
domine la rive droite. 

Ces deux montagnes appartiennent à l'étage oxfordien et 
celle de Peyremale où Pierremale est spécialement remar- 
quable par les plissements et les contournements des strates: 

La hauteur sur laquelle est assis le village de Peyremale 
est formée par un contrefort de schiste talqueux qui pré- 
sente une sorte de presqu’ile contournée par la Cèze. 

Le peu de consistance de cette formation schisteuse, qui 
s'effrite au contact de l'air, justifie l'appellation de cette 
localité : Péiro-malo, Pierre-male où mauvaise pierre. 

Péirôou, s. m. Dim. péiroulé, aug. pétroulas, chaudron, 
ustensile de cuisine, petite chaudière en cuivre avec une 
anse pour la porter et la suspendre à Ja crémaillère. Un 
plén péiréou, une chaudronnée, plein un chaudron. Au 
fig. On appelle aussi péiréou un endroit creux et fait en 
chaudron, soit une cavité qui contient de l’eau, soit un 
bas-fond entouré de montagnes ou de collines. Lous Vans, 
Ginouta sou dinc un péirdou, la ville des Vans, de 
Génolhac sont bâties dans un chaudron. 

SauvAGEs, qui mentionne le bas-breton ou gallois pairer 
comme signifiant chaudron, incline cependant à faire déri- 
ver notre péiréou de pèiro, de ce que, dans un canton delà 
Lombardie, on fait au tour, avec un marbre appelé serpen- 
tine, en lat. lapis ollaris, pierre à pot, des chaudronset 
autres vases pareils qui auraient été les premiers ustensiles 
de ce genre. Cette étymologie est sans doute bien préférable 
à celles de certains savants qui vont la chercher dans 
l'hébreu parour, chaudron, marmite, parce que l’hébreu 
est bien loin de nous; ou dans le grec ropetoy, pot dans 
lequel on met du feu, attendu qu'ici c'est dehors [qu’on le 
met. Toutefois une origine plus modeste et toute 160418 né 
se présente-t-elle pas? 

Païréou, qui se dit presque aussi communément que 
péiréou, de même que ce dernier et beaucoup d’autres 
mots à terminaison semblable, se prononçait autrefois et 
se prononce encore dans plusieurs dialectes païrol. 1Ce 
mot dès lors se formerait de païre, père, signifiant par 
extension, chef, principal, le premier et de owlo; en lat. 
olla; on désignerait ainsi la plus grande, la principale 
marmite. Le mot suivant présente une analogie à l'appui 
de cette étymologie. 

Péiroù, où Mar. s. m. Maiîtresse-branche d’un arbre, 
grosse, principale branche. Péiroù est dit pour païroù, 
dim. de paire, père, auteur, d’où naissent les branches 
secondaires, ou premier, principal en sous-entendant le 
substantif. Dans les deux cas, païroù étant en seconde 
ligne après le tronc a dû être un diminutif. Son synonyme 
Mar, formé dans la même pensée, vient du lat. mas, maris, 
mâle et par suite fort vigoureux, le même substantif restant 
toujours sous-entendu. , # 








PEI 


… Péirouiè, s. »”. Chaudronnier, qui fait et vend des 
chaudrons et autres ustensiles de cuisine du mème genre, 
U s'applique surtout au chaudronnier ambulant appelé 
drouineur, qui porte tout son bagage dans sa drouine ou 
havresac et improvise son atelier sur la place publique. 
Ces artisans nomades sont quelquefois catalans ou calabrais ; 
mais le plus souvent ils nous arrivent du Cantal, pays 
classique du métier. Dans le cri qu'ils font entendre pour 
s'annoncer en parcourant nos rues, on reconnait avec 
quelque attention les paroles suivantes que défigurent un 
peu leur accent et leur trainante mélopée : Péirgou rout 
à brasa, cassérolo à éstama, à blanchi les fourchettes. 

Péiroulado, s. /. Chaudronnée, ce qui est contenu dans 
un chaudron, péiréou. 

- Péiroulariè, s. f. Chaudronnerie, fabrique, marchan- 
dise et métier de chaudronnier. Si ce mot n’exprime plus 
qu'un nom de rue, ainsi que tous les noms de même genre, 
il ne doit pas être traduit et il faut seulement le prononcer 
à la française : c’est ainsi qu’à Alais on dit la rue Pérolerie 
qu'on écrit souvent Peyrolerie. 

Péirouna, ou Caïssa v. Taller; se dit des céréales : un 
grain qui germe n'a d’abord qu'une seule tige, mais lorsque 
multipliant ses racines latérales, il développe d'autres tiges 
à côté de la tige principale, il talle ou forme des talles et 
produit ainsi à lui seul plusieurs épis; c'est ce qu'on 
appelle péirouna ou caïssa. 

De péiroù, maitresse-branche, on a formé ce verbe qui 
signifie faire des branches, des tiges. 

Péis, s. m. Pays, région, contrée. Lou péi-bas, car alors 
ls ne se fait plus sentir; pour les hautes-Cévennes, la 
Lozère, l'Aveyron et mème pour les pays montueux plus 
éloignés encore vers le nord, c'est tout le plat-pays méri- 
dional du Gard en y adjoignant les parties limitrophes de 
l'Hérault, de Vaucluse et des Bouches-du-Rhône, Quan las 
mountagnos soun blanquos, lou péi-bas és bièn fré, quand 
il neige sur la montagne, il fait bien froid dans la vallée : 
les personnes, dont l'âge a blanchi les cheveux, remarquent 
que ceci n'est point une simple observation météorologique. 

Péisan, do, s. m. et f. péj. péisandas, so. Paysan, 
paysanne, homme, femme de village, de campagne, ou 
habitant la ville qui ne s'occupe que des travaux des 
champs. Un bon péisan, un paysan aisé. À La péisando, à 
la manière des paysans, à la paysanne. — L'augmentatif 
ne concerne point la condition, mais l'éducation, les habi- 
tudes : un péisandas, un gros paysan, lourdaud, s'applique 
aussi, par assimilation, à tout individu grossier, sans 
formes, inculte au physique et au moral. 

Dér. du lat. paganus, dont la bass. lat. avait fait pagens, 
m. sign. 

Péisandaio, s. f. Paysannerie, la classe des paysans, la 
gent paysanne. Ce mot comporte un sens déprisant comme 
beaucoup d’autres à désinence semblable. Y-aviè pas qué 
dé péisandaïo, il n’y avait que des paysans. 
 Dér. de péisan et de la terminaison aïo qui donne aux 





PÊI 539 


mots à qui on l'unit l'idée de généralité, de collection; elle 
parait dérivée de al, qui dans les langues germaniques 
signifie tout, le tout ensemble. C'est ainsi que se sont 
formés gusaïo, tripaïo, etc., tous les gueux, toutes les 
tripes, comme en français mangeaille, pierraille, ete., 
tout ce qui se mange, toutes les pierres, un amas de 
pierres. 

Péisandoù, péisandouno, s. m. et f. Petit, jeune 
paysan. Il prend quelquefois une signification particulière 
et de même qu'on moussurd est un artisan, un paysan qui 
cherche à s'élever et fait le monsieur, un péisandoù, est 
un monsieur qui se laisse aller, tend à descendre et, par 
ses habitudes, se fait paysan, est un peu paysan, 

Péissou, s. m. Dim. péissouné, augm. péissounas. Pois- 
son, animal qui nait et vit dans l'eau. Péissoù d’Abriou, 
poisson d'Avril, attrape fort en usage le premier de ce mois 
et qui consiste à faire accroire à quelqu'un une fausse 
nouvelle ou à l'induire à une course inutile. Qué prén un 
péissoù pésquo, pèche toujours qui en prend un, les petits 
profits ne sont pas à dédaigner. Ounte y-a lou bouïoùn y-a 
lou péissoùn, il n’est que pêcher en grand vivier : conseil 
qui ne s'adresse pas seulement aux pêcheurs mais aux 
gens timides pour les engager dans les grandes entreprises 
où il y a plus à gagner. Ajoutons que comme bouioùn 
signifie aussi l'eau trouble d’une inondation, dans laquelle 
en effet la pêche est ordinairement fructueuse, d'autres 
pècheurs en eau trouble s'arrangent volontiers de ce dicton 
en en détournant un peu le sens, 

Dér. du lat. piscis, m. sign. dont l'ital. a fait aussi pesce 
et pescione. 

Péissougnè, s. m. Poissonnier, qui vend le poisson 
frais, la marée. On dit aussi par fantaisie péissougnè de 
quelqu'un qui aime le poisson comme on dit soupier pour 
celui qui aime la soupe, 

Péissougnèiro, s. {. Poissonnière, marchande de pois- 
sons ; poissarde, qui a la mème origine : les poissonnières 
étant partout un peu fortes en gueule comme les dames de 
la halle de Paris. — Péissougnéiro, poissonnière, ustensile 
de cuisine dans lequel on fait cuire le poisson en entier. 

Péissounariè, s. f. Poissonnerie, endroit, halle où 
l'on vend le poisson. 

Péissounén, quo, adj. Poissonneux; qui abonde en 
poissons. 

Péitavi, n.p. qu'il faut rendre par Peitavin, bien qu'il 
ne soit autre que Poitevin, car il est formé du lat. pictavi, 
habitants de Poitiers, du Poitou. On ne se doute pas de ce 
qu'on a sous la main lorsque, pour désigner un de ces 
compagnons du devoir qui portent le surnom de Poitevin, 
on l'appelle pouatevèn ; il est vrai que d’autres lui disent 
podévèn, mais les premiers font du patois et les autres ne 
savent ce qu'ils font. — Péitavi est encore le nom qu'à 
Saint-Ambroix et dans ses environs on donne à la ronce 
bleue. (Rubus cæsius, Linn.) 

Péitrâäou, s. m. Poitrail, le devant, entre les deux 


540 PEL 


épaules au-dessus de l’encolure, des bêtes de trait et de 
somme; poitrail, harnais qui passe sur cette partie. 

Dér. du lat. pectus, pectoris, poitrine. 

Péitrâou, s. ». Terme de scieur de long : les anses ou le 
joug de la partie inférieure de la scie, par où les scieurs qui 
sont à terre tirent de haut en bas la scie, que celui qui est 
sur la ligne laisse descendre et remonte ensuite pendant que 
les premiers cessent à leur tour de tirer. L'un tiro la rèsso 
et l'doutre lou péiträou, moyen excellent de ne rien faire 
quand on ne s'entend pas, car c’est tirer chacun de son 
côté en même temps. 

Ce mot est dit aussi à cause de la position que cette 
partie de l’outil tient contre la poitrine de l’ouvrier. 

Péitrino, s. f. Terme de boucherie, poitrine ou bas-côté 
de l'animal : c’est la partie au-dessous du haut-côté on du 
brou et qui contient, pour le mouton, les houts des côtes 
ou carré de cotelettes; le bas-côté s'étend depuis le milieu 
de la cavité de la poitrine jusqu'au bréchet, paléto dé 
l’éstouma. La poitrine de veau contient les os cartilagineux 
appelés tendons. — Bien qu'on dise, par imitation uno 
défléciou dé péitrino pour une fluxion de poitrine, éstouma 
s'emploie le plus souvent, quoique d’une manière impropre, 
pour désigner l'intérieur de la poitrine et les organes essen- 
tiels qu'elle renferme. — Voy. Éstouma et Méou. Péitrino, 
quand il s’agit de l’homme, s'entend donc ordinairement 
de la partie extérieure. Sé tusta la péitrino, se frapper la 
poitrine. Z baïlè un santus sus la péitrino, il lui donna un 
grand coup sur la poitrine. — Voy. Santus. 

Dér. du lat. pectus, pectoris, et alt. de poitrine. 

Pèl, s. f. Peau, enveloppe du corps de l'animal. Elle est, 
particulièrement pour l’homme, composée de trois parties 
ou membranes superposées : 4° l'épiderme, péléto ou pré- 
miëiro pèl, surpeau, la première peau et la plus mince, 
celle que les vésicatoires et les brülures font soulever ; 
20 le tissu réticulaire qui se trouve entre celui-ci et le sui- 
vant; 30 le derme, le cuir de la peau ou la peau propre- 
ment dite qui lui donne la consistance. — Pèl, peau, 
pellicule, écorce, pelure des plantes, des fruits, des graines, 
du fromage, etc. Pèl d’iranje, écorce d'orange. Pèl dé 
poumo, pelure de pomme. Pèl dé sèr. — Voy. Sèr. Pèl- 
morlo Où car-morto, chair morte, insensible, durillon, 
petit calus que Ja marche et le travail forment sous les 
pieds et dans les mains. — En langage libre, pef est une 
prostituée que le français, dans le mème style, appelle aussi 
peau; on donne même ce nom à une femme à qui on ne 
peut rien reprocher que de n'être plus jeune. — Léva la 
prémiéiro pèl, au jeu, dans une affaire d’argent quelconque, 
c'est gagner, pressurer vigoureusement quelqu'un, en un 
mot lui enlever la première peau, ce qui est bien près de 
l'écorcher tout-à-fait, Dans le vocabulaire figuré des viveurs, 
tréouqua la pèl c'est, après une ribotte, ce qu’on appelle, 
par une autre métaphore, en venir à un règlement de 
comptes et reslituer ce qu'on à pris de trop; c’est une 
allusion au péiéou, à la pèl dé mounino qu'on est censé 





PÈL 
revêtir dans une orgie bachique. Voy. ces mots. Il paraît 
que l'accident susdit aurait pour effet de trouer, de percer 
cette peau, ce qui la déprécie beaucoup au dire des connais- 
seurs; il est donc essentiel en pareil cas de la séqua; de la 
sécher, c.-à-d. de la bien préparer pour'qu'elle soit de 
bonne qualité. — Disputa la pèl avan d'avédre l'agnèl, 
vendre la peau de l'ours avant de l'avoir couché par terre. 
Maï toquo la pèl qué la camiso, ma chair m'est plus près 
que ma chemise ; mes parents me sont plus que des étran- 
gers; mon intérêt me tient plus à cœur que celui des autres. 
Y-a mai dé pèls dé cabris qué dé pèls dé cabros, il va plus 
au marché de peaux d’agneaux que de vieilles asian il 
meurt plus de jeunes que de vieux. 

Dér. du lat. pellis, peau. 

Pèl, s. f. Peau, en terme de magnanerie, mauvais cocon, 
inachevé, incomplet et par conséquent mince, faible et 
fournissant peu de soie d’une qualité inférieure. Les 
papillons qui proviennent de ces cocons produisent de la 
bonne graine; il est vrai qu’on croit avoir remarqué qu’elle 
cessait de l'être à la seconde génération, ce qui dénoterait, 
chez le premier ver qui a fait un mauvais travail, les 
germes du moins d’une maladie et un commencement de 
dégénérescence. Aussi, ce qu'il y a de plus prudent et de 
mieux à faire, pour la reproduction de la graine, c’est de 
choisir les meilleurs cocons annonçant dans leurs auteurs 
toutes les conditions de santé et une vigueur qu'ils doivent 
transmettre entière à leur race. — Pèl, en terme défilature, 
est un cocon en grande partie dévidé, dont le fil est plus 
mince, parce qu’il tire à sa fin; on le met, soit comme 
appoint à des cocons neufs pour compléter la grosseur 
voulue du brin de soie, soit pour maintenir égale cette 
grosseur lorsque le fil des cocons neufs commence à son 
tour à s'amincir. On file à deux, trois, quatre cocons et 
une ou deux peaux, à dous, trés fouséls et uno, dos 
pèls, etc. 

Péla, v. Peler écorcher. Tèsto pélado, une tête chauve, 
un chauve. 

Pélado, s. f. Écorchure; le poil, la peau; pelade, alo- 
pécie, maladie qui fait tomber les poils et les cheveux. Y-a 
émpourta la pélado, il lui entamé, enlevé la peau, il Va 
mordu, écorché jusqu'au vif, jusqu'au sang. 

Pélaje, s. m. Pelage, couleur du poil de certains animaux, 
du cheval, du bœuf, du chien, etc. 

Pélandro, s. f. Houppelande, dont on pourrait supposer 
que c’est une corruption, si ce n’était plutôt un péjoratif 
capricieux de pal, la houppelande étant primitivement une 
cappe, un manteau de berger fait de cuir ou de peau avec 
le poil. Des glossateurs font venir la chose et le mot 
d'Upland, province suédoise où cette sorte de casaque est 
en usage, de toute anciennelé, contre le froid et la pluie. 
Depuis, pélandro, comme houppelande, s’est dit d'autres 
surtouts d'homme. Aujourd'hui, on l'applique souvent par 
plaisanterie à toute redingote ou lévite ample et longue. 

Péläou, do, s. m. et f. Avyare, vilain, ladre,- pince- 





PÉL 


maille, fesse-mathieu ; malotru, bélitre, gredin ; car l’avare 
bien caractérisé est un peu tout cela. 

Pélar, s. m.— Voy. Péraldoù. 

Pélardoù, s. m. — Voy. Péraldoù. 

Pélégri, s. m. Espèce de châtaignier qui fait la pélégrino. 
ILest probable que ce châtaignier, introduit plus derniè- 
rement dans le pays, reçut alors le nom de pélégri, du lat. 
Peregrinus, étranger. 

_ Pélégrino, s. f. Espèce de châtaigne, fruit du pélégri, la 
seconde en bonté, la meilleure après la ddoufinénquo, le 
marron, qui est la meilleure de toutes. Il n'est pas d'usage 
local de.franciser le nom de l'arbre qui la produit, mais, 
pour le fruit, on dit ici couramment pélégrine, et nous 
proposons ce nom, si le climat et la culture l'ont modifiée, 
appropriée au pays, et en ont fait une variélé inconnue 
ailleurs. — Voy. le mot précédent. 

Péléstioù, s. m. — Voy. Péloustioù. 

Péléto, s. j. Épiderme, surpeau. Dim. de Pèl, il se dit 
surtout d’un petit morceau d'épiderme enlevé par excoria- 
tion. — Péléto est aussi le fém. du nom d'homme Pélé, 
Pelet. 

Pélican, s. m. Va-nu-pieds, poiloux, homme de néant. 
C'est, dit SAuvAGEs, une corruption de poblican, publicain, 
nom qu'au XIIe siècle on donna aux hérétiques albigeois, 
haïs et fort décriés. On sait que les publicains étaient, sous 
les Romains, les fermiers des impôts et revenus publics, et 
que leur nom, en horreur chez les Juifs, servit à désigner 
un grand pécheur, un homme de mauvaise vie, détestable 
par son caractère et par ses mœurs. Ce nom, ainsi défiguré, 
est resté dans le pays comme une qualification injurieuse 
dont on ne recherche pas l’origine et qui, de chute en chute, 
répond assez à celle de voyou, du vocabulaire populaire. 
Cela n'empêche pas que, si l’on avait à parler du pélican 
(Pelecanus onocratolus, Linn.), oiseau dont la réputation, 
méritée ou non, est bien le contre-pied de celle du publicain 
romain, on dirait également pélican. 

Péligantiè ou Pélissiè, s. m". Pelletier, fourreur, 
peaussier. Le français désigne sous ces noms et d’autres 
encore, les divers ouvriers qui donnent aux peaux d'ani- 
maux les différentes préparations dont elles ont besoin selon 
l'usage auquel elles sont destinées; le languedocien les 
confond tous sous la dénomination de Péligantiè ou Pélissie, 
qui s'appliquent aussi aux ouvriers qui travaillent ces 
peaux comme à ceux qui les vendent. Le nom commun de 
péligantiè semble formé de pèl et de gan ou gantiè, faiseur 
de peaux de gants, qui est particulièrement le peaussier. 

Péligor, s. m. Périgord, nom d’une ancienne province 
française qu'on donne ordinairement à quelqu'un qui en 
est originaire, comme on appelle Limoùs et Bérà un natif de 
la ville de Limoux ou de la province de Berry. Ce mot est 
au besoin féminisé et l'on dit la Péligordo d'une périgour- 
dine; on le dit même de la femme du Péligor, bien qu’elle 
soit étrangère au pays qui a donné son surnom à son 
mari. 





PEN 541 

Pélissiè, s. m. Synonyme de Péligantiè. (Voy. c. m.) 
Toute l'industrie qui concerne la manipulation diverse des 
peaux d'animaux, autre que celle de la tannerie, étant 
devenue rare dans le pays, les mots qui la désignent trou- 
vent peu à être employés, et pélissiè surtout n’est presque 
plus qu’un nom propre que l’on rend par Pélissier. 

Pélissariè, n.p. de lieu. Par les raisons données à l'art. 
précédent, ce n'est plus guère qu'un nom de rue, que le 
français rend par pelleterie on peausserie et que dans nos 
localités on traduit avec raison par pélisserie. Du reste, la 
rue d'Alais qui prit ce nom à l’époque où la plupart des 
métiers donnaient ainsi le leur, étant fort petite, semble 
témoigner que même alors cette industrie était peu impor- 
tante. 

Pèl-morto, s. f. — Voy. Pèl. 

Pélouiro, s. f. Pelure, de pomme, de pois, etc. ; peau 
dégoütante des viandes; peaux flasques et pendantes des 
vieilles gens. C’est, notamment dans ses dernières acceptions, 
un péj. de Pèl. 

Pélous, s. m. Hérisson, bogue, enveloppe piquante de la 
châtaigne. Péloùs est dit pour péouloùs, poilu, hérissé de 
poils, qui, cette fois, sont un peu rudes. 

Dér. du lat. Pilus, poil, ou Pilosus, velu, convert de 
poils. 

Péloussiè, s. m. L'arbre au hérisson, le châtaignier, le 
porteur ou faiseur de hérissons. Ce mot n'est pas du lan- 
gage ordinaire; mais la poésie peut en faire un heureux 
emploi. 

Péloustiou, s. m., ou Pélèstioù. Espèce d’huitre de la 
Méditerranée; plus petite que celle de mème provenance 
appelée pied-de-cheval pour sa massiveté; elle remplaçait 
pour nous, avant leur arrivage si facile, si rapide et si 
abondant, les huîtres de l'Océan qui ne l'ont pas fait 
oublier, et à côté desquelles elle tient son rang avec honneur. 
Le Péloustioù, que certains prononcent pélèstioù, a la 
coquille très-raboteuse et souvent garnie de pointes et de 
parties hérissées, ce qui lui a valu sans doute son nom 
pour quelque rapport de ressemblance avec le péloùs ou 
hérisson de la châtaigne. — Sauvaces définit le péloustioù : 
petite huitre qui tient à une plus grosse. Peut-être en effet 
n'est-ce point une espèce particulière mais seulement une 
jeune huître attachée à une autre de la grosse et même 
espèce qui l’a produite. Ce qui le ferait croire c'est que, à 
la différence de taille près, le péloustioù et le pied-de- 
cheval sont, pour l'œil seulement, absolument semblables. 

Péluqua, v. Picoter, becqueter, croquer çà et là des 
grains d’une grappe de raisins, picorer sur un panier de 
cerises. Péluqua, au propre, se dit des oiseaux. 

Péna, v. Faire de la peine; peiner, fatiguer, travailler 
beaucoup, difficilement. — Mé pénavo prou dé y-ou dire, il 
m'en coûtait assez de le lui dire. Fouguë péna pér ou 
mounta, il fallut peiner, il fallut du travail pour le 
monter. 

Pénable, pénablo, adj. Laborieux, infatigable, qui ne 

69 


542 PÊN 


craint point la peine; pénible, difficile. — Aquél home és bien 
pénable, cet homme est très-laborieux, àpre au travail, c’est 
un homme de grand travail. Un chemin montant, sablon- 
neux, mal-aisé est un chemin pénable. Un pêis pénable, un 
pays montueux, difficile, où l’on ne va qu'avec beaucoup de 
fatigue, où les travaux sont pénibles. S'és bé pénable dé... 
vous êtes bien complaisant, vous êtes bien bon de, etc.; 
cette tournure est souvent ironique et équivaut à : Vousavez 
bien de la complaisance de reste, de quoi vous mêlez-vous? 

Pénado ou Pésado, s. j. Empreinte du pied, pe. 

Pénche, s. f. Peigne, pour démêler, tenir, fixer les 
cheveux, pour décrasser la tête, etc.— Pénche dé las grossos 
puos, démêloir, peigne clair pour démêler. Pénche de las 
pichotos puños, peigne fin, à décrasser. Uno péncho bérquado, 
un peigne édenté. Pénche, séran, espèce de cardé faite 
d’une pièce de bois ou de fer, en carré long, garnie de 
longues pointes de fer entre lesquelles on passe le chanvre 
et le lin pour les dégager des restes de la chenevotte et les 
affiner. Pénche, dent de la roue de champ d'un puits-à- 
roue ; elle est placée perpendiculairement sur le plan de la 
roue ou parallèlement à son axe. Ce mot est ici bien 
modifié, puisqu'il n’exprime plus qu'ane dent de cette sorte 
de peigne. 

Pénchignè, s. m. Chanvrier, filassier, artisan qui sérance 
ou qui peigne le chanvre et qui l'habille ou le met en 
paquets pour le rendre propre à être vendu et filé: Lorsque 
c’est une femme qui fait ce travail, on l'appelle pignaresse. 
— Voy. Pénche. 

Pénchina, v. Peigner, démêler, nettoyer, arranger les 
cheveux avec un peigne. — Pénchina dé candi, peigner, 
sérancer du chanvre. { Voy. Pénchignè et Pénche.) Pén- 
china dé réboùs, peigner à rebrousse poil; et, comme cette 
manière de faire est douloureuse et irritante, on se sert au fig. 
de cette expression pour dire : contrarier, heurter vivement 
quelqu'un et, par conséquent, lui échauffer les oreilles, lui 
faire monter la moutarde au nez. Pénchina, peigner, soigner, 
travailler, faire; aquo's bièn où méou pénchina, c'est 
bien ou mal fait, arrangé, etc. Ou pénchino pas méou, il 
ne s'en tire pas mal, il s'en acquitte on ne peut mieux, et 
la phrase étant souvent ironique, alors elle signifie juste- 
ment le contraire. Sé pénchina, se peigner, se gourmer ; de 
l'usage assez ordinaire où l'on est de se prendre aux che- 
véux en pareille occasion. 

Pénchinado, s. f. Coup de peigne; gourmade, volée, 
frottée, coups que l’on donne, reçoit ou échange, en langage 
pop. peignée. 

Pénchinio, s. f. Le champignon denté on en hérisson, 
genre de champignon à chapiteau, différent des laminés et 
des fistuleux, et dont le dessous est hérissé de pointés 
charnues et pendantes ; il est bon à manger. Les botanistes 
l’appellent Fungus erinaceus, esculentus, crassus, albus. 
(SAUVAGES.) — Dans des nomenclatures plus récentes, ce 
champignon, dépeint comme ressemblant un peu à une 
perruque suspendue à un arbre, et qu'on trouve ordinai- 





PEN 
rement sur les vieux chênes, est appelé hydne hérisson, 
hydnum erinaceus. 

Péndén, s. m. Pendant, boucle d'oreille; pendant, 
pareil, symétrique, qui correspond. 

Dér. du lat. Pendere, pendre. 

Péndiciou, s. f: Pendaison. — Voy. Mala-péndictou, 
pour l'emploi le plus ordinaire de ce mot. 

Péndigoula, v. Pendiller, être suspendu en l'air et agité 
par le vent. Sé péndigoula, se suspendre parles mains à 
une barre, à une branche d’arbre. 

Péndid, s. m. Pendeloque; mot générique qui s'applique 
à tout objet de petite dimension qui pend naturellement 
ou qu'on: accroche quelque part, comme une breloque 
suspendue à la chaine d’une montre ou ces appendices 
charnus, couverts de poils, qui pendent sous la gorge des 
chèvres et qu'on appelle glands ou pendants, 

Dér. du lat. Pendere, pendre 

Péné, s. m. Petit pied, peton en terme familier et 
enfantin. Pénoù est le synonyme mignard. — Dé pénés, 
pieds d'agneau ou de chevréau mis en ragoût. 

Dim. de Pe, pied. 

Pénéqua, ». Avoirde la peine, peiner, souffrir, être à l'étroit. 

Dér. de Péno, du lat. Pœna. 

Pénéquéja, v. Même sign. que le précédent, mais avec 
l'expression diminutive de la désinence éja, qui, en se 
joignant aux verbes, indique toujours que l'action est 
commencée, répétée ou imitée. 

Pénèquo, s. f: Petite figue sèche. 

Pénétra, v. Réfléchir, penser. — Pénétrave pa'qui, je 
ne réfléchissais pas à cela ; je n'avais point pensé à cela: 

Pénja, vw. Pendre, suspendre, attacher en haut une 
chose par une de ses parties, à un mur, à une branche 
d'arbre, à un plancher; attacher à un gibet; être suspendu, 
attaché; descendre trop bas, incliner, pencher. Comme en 
français, le verbe languedocien est en même temps actif et 
neutre. — Sé pénja, se suspendre, se pendre, se suicider 
par la pendaison. 

Pénjo-col, s. m. Figue bien müre, pendante, à col 
tordu. Au fig. hypocrite, faux-dévot. Le français emploie 
familièrement dans ce sens le mot torticolis : c'est la même 
image employée pour représenter ces faux-dévots au cou un 
peu incliné et de travers, à la tête penchée. 

Pénjoula, v: Pendiller. M. sign. que son synonyme 
Péndigoula. — Voy. ©. m. 

Pénnaïso, s: f. Punaise, insecte et vermine plate’ et 
puante. Terme emprunté au français. 

Pénnéja, v. Gambiller, remuer les jambes de côté et 
d'autre; piétiner, ruer, piaffer, lever les pieds en l'air en 
restant sur place. 

Pénnéjaïre, pénnéjairo, s. m. et f: Qui s'agit, 
qui remue sans cesse les jambes ou les pieds; qui 
gambille et piétine ; animal qui rue, qui est enclin à ruer. 

Dér. du verbe précédent Pénnéja, formé de Pè, avec la 
désinence fréquentalive éja. + 


en ,vie. À 


/PÉN 

Péno, ss. f. Peine, souci, travail, fatigue, soin; affliction, 
-souffrance; inquiétude d'esprit. Notre langue n'accepte pas 
péno dans le.sens français de peine, punition, châtiment. — 
_Sé n’avèn la péno, si Dieunous le permet, si nous sommes 
qu vÜow la péno, cela est grave ou cela est à 
considérer. Cette expression est quelquefois employée par 
ironie et signifie alors : cela n’en vaut pas la peine, c'est 
une-niaiserie. N'én vou pas la péno, ne faites pas atten- 
tion, cela ne-vaut pas:que vous vous dérangiez. Préne 
péno, mettre ses soins à quelque chose, se fatiguer, s’appli- 
quer, faire des efforts pour parvenir à un.but. Y prén péno, 
il faititout ce qu'il faut pour réussir. Faï péno, il fait 
peine à voir. Mé faï péno, il me répugne de faire ou de 
croire... Préngués pas la péno, ne vous dérangez pas, n'ayez 
‘pas souci. Mé fariè pas péno, je ne craindrais pas.-Mé faï 
prou péno, il m'en coûte assez. F-a prou péno, il y a assez 
de travail, ilest assez pénible. Y-a prou péno pér gagna 
sa pdouro vido, les temps-sont bien durs pour arriver à 
gagner :sa -misérabble vie. ,Douna-vous la péno, veuillez 
bien. Tira dé péno, tirer. d'embarras; (tira péno, être en 
souci, avoir des craintes; cette dernière expression se rap- 
proche de traïre mdou, m. sign. 

‘Ce mot s'emploie très-bien-au pluriel, Zas pénos, dans 
les phrases suivantes : sé métre dins las pénos, se metire 
dans l'embarras ; par extension, se marier. És dins Las 
pénos, se dit d'une fille enceinte. 

À péno, adv. Presque pas, un peu. 

Én péno, adv. Avec.eflorts, difficilement. — Marcho én 
péno,-il marche difficilement. ‘ 

Dér. du lat. Pœna. 

‘Péno, s.'f. Bout de Ja trame d’une étoffe. Péno dé riban, 
le pène d'une pièce de ruban, ou les restes du fil de la 
chaine qu'on n’a point tissés, qui dépassent en franges le 
tissu.-De là leur étymologie, du lat. Penna, plume. 

Péno dé por, panne de porc. — Voy. Saï. 

IPénsa, ».Penser.-Avoir ou former dans son esprit l’idée, 
l'image de quelque chose; croire; réfléchir; songer. — Aro 
qué y pénse, maintenant que j'y songe, que j'y réfléchis. 
Ou pénse'bé, je le crois bien. Mé pénsave, je me disais ; 
m'ou pénsave, je m'en doutais. Pénsas bé... vous imaginez 
bien, vous vous doutez bien. N'én pénso pas mén, il n'en 
pense pas moins: 0Y pénsas pas! Vous n'y pensez pas! y 
pensez-vous ? Dis pas tout cé qué sé pénso, il ne dit pas 
tout ce qu'il pense. S'ou dis pas, s'ou pénso, s'il ne le dit 
pas, il le pense. Bouta-vous, n'én pénso pas maï, allez donc! 


._ il n'en pense pas davantage. Dévignas-ou sans pénsa mdou, 


devinez sans songer à mal, dit-on en proposant une énigme 
ou une charade dont le mot est honnête, mais dont les 
subdivisions paraissent présenter un sens un peu scabreux. 

-Dér. du Jat. Pensare, peser, examiner. 

‘Pénsa, v. Panser, appliquer un remède sur une plaie ; 
soigner un cheval, en faire le pansage. 

Arr s. f. Pensée; cé que l'esprit pense, a pensé; 

on, projet, dessein, réflexion. 





PÈO 543 


Pénsiou, s. f. Rente foncière; revenu annuel -ou rede- 
vance annuelle, établis sur un immeuble en vertu d’an bail 
à locaterie perpétuelle. — Aqué! oustdou ‘mé faï pénsiou, 
j'ai une rente foncière établie sur cette maison. Pénstou, 
signifiant pensionnat, est une concession nouvelle faite au 
français. H faut bien se faire comprendre. 

Pénsiouna, adj. Pensionné, qui reçoit une pension. 

Pénsiouna, subst. Dans le sens de pensionnatest comme 
pénsiou une concession faite au français. 

Pénsiounari, s. m. Débi-rentier, celui qui paie ‘une 
rente foncière. 

Pénti, o. Punir, attraper; faire repentir, causer du 
déplaisir. — Souï bé pénti, je suis bien puni. T'én faraï 
pénti, je t'en ferai repentir. T'én péntiras! tu en seras 
faché, tu t'en mordras les doigts. 

Dér. du lat. Pœnitere. 

Pèou, s. m. Cheveu de la tête; poil du corps; se dit 
aussi, au singulier, pour la chevelure d'une |femme. — 
Pénchina, tréna soun pèou, peigner, tresser, arranger ses 
cheveux. Moun pêou tombo, ma chevelure se dénoue. 
Partiriè un péou én-dous, il tondrait sur un œuf, il cou- 
perait un liard en quatre, dit-on d'un avare. Cérqua dé 
pèou énd'un i6ou, chercher des tâches dans le soleil,-des 
fautes où il n'y en a pas plus-que des poils sur un œuf. 
Aqui un bla, uno: lusèrno, un doubre qu'à bon pèou, se dit 
d’un champ de blé, de luzerne, d'un arbre qui commence 
à pousser et qui présente bien. Aichan pèou, au fig., mauvais 
caractère, hargneux, hérissé. Fa à réboùs. dé pèou, esprit 
de travers, fait à rebrousse poil. Y-a pas un pou dé ma 
tèsto qué y pénse, jen’ai pas veine de mon corps qui y tende. 
Faïre lou pèou, tondre, couper les cheveux, les poils. Au 
fig. Aguèn un pèou, nous nous primes de querelle; nous 
eûmes une altercation. Est-ce une allusion à ce qu'enthan- 
guedoc le plus pressé, en pareil cas, est de se prendre aux 
cheveux? Péou fouladis, poil follet; le premier poil qui 
vient avant la barbe, aux jeunes gens, avant les plumes 
aux oiseaux. Pêou rouge, un rousseau, qui a les cheveux 
ou le poil roux, les cheveux carotte. 

Pèou, s. ”m. Brin de quelque chose, petite quantité. — 

Un pèou dé jéouvèr, un brin de persil. 

Pèou dé la, le poil ou la fièvre éphémère des femmes 
nouvellement accouchées. 

Pèou d’uno lamo, paille dans la lame d'un instrument. 
Pèou, glace ou lame dans un diamant, fil dans une pierre 
de taille; paille. 

Faï pa un pèou d'douro, il ne fait pas un soufile de vent. 
Gna.pa'n pèou, néant! 


Pas le plus petit morceau 
De mouche ou de vermisseau. 


Tira un pèou, couchèr un sarment pour le provigner. 
Dér. du lat. Pilus, m. sign. 

Pèoulü, udo, adj. m.et f. Poilu, velu, couvert de poils. 
Dér. de Pèou, poil. 


544 PER 


Pèou-muda, v. Muer, changer de poil, de plumage, de 
peau, au prop. et au fig. 

Dér. du lat. Pilum mutare. 

Pépido, s. m. Pépie ; pellicule qui se développe au bout 
de la langue des oiseaux ; maladie des poules, dit SAUvAGES, 
dont on croit vulgairement que la langue est le siège. Pour 
la guérir, on écorche, en conséquence, cette partie cartila- 
gineuse, ce qui ne fait qu'ajouter un nouveau mal à celui 
qu'éprouvent ces animaux. On croit avec plus de raison 
que la pépie est occasionnée par des poux que les poules 
ont à la tête, et dont il est aisé de les délivrer avec quel- 
ques gouttes d'huile de poisson ou d'essence de térében- 
thine, qui tue subitement cette vermine. 

Mé faï véni la pépido, mot à mot : il me donnela pépie, 
il me scie le dos. 

Dér. du lat. Pituita, employé par Columelle dans le 
mème sens. 

Pépidos, s. f. plur. Envies; filets de la peau des doigts 
qui se soulève autour des ongles ; pellicules à la racine des 
ongles. 

Pépiéja, v. Avoir la pépie ; être souffreteux, maladif; se 
plaindre souvent et douloureusement. 

SauvAGEs emploie dans le même sens Pépidéja. 

Dér. du subst. Pépido, pépie. 

Pépignièiro, s. f. Pépinière, plants de jeunes arbres 
destinés à être replantés. 

Pèpio, s. f. Pecque, bégueule, sotte et impertinente qui 
fait l’entendue. 

Le masculin Pèpi n'est pas dans la langue. Le sexe fort ne 
saurait cependant en conclure que ce soit parce qu'il ne se 
trouverait pas chez lui de nombreuses applications. 

Péqua, s. m. Péché, — Voy. Péca. 

Péqua, v. Pécher. 

Péquadoü, s. et adj., au fém. Péquadouno. — Foy. 
Pécadoù. 

Pèquo-lèbre, s. m. Apprenti chasseur, tirailleur. La 
composition du mot indique assez qu'il s'applique à celui 
qui « manque les lièvres. » 

Pér, prép. Par; exprime la cause, le motif : pér nécije, 
par bétise; pér glorio, par vanité, par amour-propre; il 
exprime aussi le moyen : pér mouïèn, de cette manière; 
pêr forgo, par force ; il marque encore la division, l'ordre : 
pér réngo, pér tavèls, par rangs, par tas; le lieu, l'endroit : 
pér nèou, par terre; pér péès, pér cami, par pays, en 
chemin. 

Dér. du lat. Per, m. sign. 

Pér, prép. conj. Pour, afin de, en échange de, au lieu 
de, selon, suivant, dans, en, moyennant, pendant, à travers, 
comme, de mème.— Aféciouna coumo uno daïo pér Caléndo, 
se dit d’un homme nonchalant, paresseux. Pér rire, pour 
rire, pour plaisanter; pér dousi dire, pour avoir ouï dire; 
pér vioure, pér parti, pour vivre, pour partir; pér un sou, 
pér un sa dé bla, en échange d’un sou, d’un sac de blé; 
un pér loutre, l'un au lieu de l'autre; pér iéow, à ma 





PÉR 


place; pér toutes, pour tout le monde; pér l'hivèr, pér 
l'éstiou, en hiver, en été; pér cin frans, moyennant cinq 
francs; pér Caléndos, au temps de la Noël; pér séménços, 
à l'époque des semailles; pér bdouris et valas, par préci- 
pices et torrents, par monts et par vaux; passa pér mort, 
passer pour mort. — És bon ni pér bouli, ni pér roustà, il 
n'est bon à rien. 

Pér afin, conj. réduplicative, pour afin de. La construc- 
tion prafi, dans le langage courant, est également usitée. 
— Voy. ce dernier mot. 

Dér. du lat. Pro, pour. 

Pèrd, 3° pers. du présent de l'indic. de Pèrdre. Il ou elle 
perd. — Qué tout ow véou, tout ou pèrd, pour tout vouloir, 
on s'expose à tout perdre. 

Péraldoù ou Pérâoudoù et Pérardou, s. m. Péraldon : 
petit fromage de lait de chèvre, piquant, propre à la région 
des Cévennes. Ce fromage était renommé aux temps les 
plus reculés. Pline le Naturaliste le mentionne comme 
très-estimé de son temps, pour sa saveur particulière. 
(Hist. nat., lib. VI; lib. XE, cap. XCVIL.) Péraldoù est sans 
doute une corruption de Pébraldoù, qui prend la désinence 
diminutive à cause de sa petite forme; son nom rectifié 
paraît dérivé de Pébre, poivre, à cause de son goût 
piquant. 

Pér-amoun, Pér-amoundäou, adv. Par en haut, par 
là-haut. 

Pér-amour dé on qué, ado. conj. À cause de ou que, 
parce que. — Pér amour dé iéou, pour me faire plaisir, pour 
m'obliger, à ma considération. Pér amour dé vous, par 
égard pour vous. Il est presque synonyme de pér afi dé, 
prafi dé, dans la même acception : pér afi dé vous, à cause 
de vous, par rapport à vous. 

Pér-aqui, adv. conj. Par là; par cet endroit; par ce 
moyen; par ces paroles; ainsi; c'est pourquoi; par quoi. — 
A travéssa pér aqui, ila traversé, il a passé par là, par cet 
endroit. És pér aqui qué m’éntrépréngue, c'est de cette 
façon, par ces mots qu'il m'aborda, qu'il commença la 
conversation. Pér aquè sé véi, ainsi on comprend; pér 
aqui poudès vous pénsa, c'est pourquoi vous pouvez croire, 
ou par là vous pouvez croire. 

Pér-aqui, adv. Couci-couci, tout doucement, par-ci, 
par-là. — Coumo anas, péchaïre? Comment vous portez- 
vous, mon pauvre ami? Et l'ami, dont la santé laisse 
à désirer, n'est pas bien rétablie, de répondre : Pér aqui, 
tout doucement. Et s’il est satisfait de son médecin ou de 
la médication qu'il a suivie, de continuer toujours : Pér 
aqui, avec l'expression d’une satisfaction atténuée, modérée, 
sans bläme ni présomption. 

Pér-aquo, adv. Pourtant, néanmoins. 

Pér-aquo-d’aqui, adv. Pour cela, à cause de cela. — 
És pér-aqud-d'aqui qué, c'est précisément pour cela, pour 
cette raison que. 

Pér-aquo ou Pér-aquo-pamén, adv. Cependant, quoi 
qu'il en soit. — Pér-aqud-pamén, sémblo pas poussible, 


PÈR 


oh! pourtant, cela ne semble pas possible. Expression 
redoublée de doute, d’hésitation, d'indignation. Oh! pér 
aquè ou praqud! par contraction; oh! c'est indigne ! 

Péras, s. m. Poirier sauvage. Cet arbre est très-recherché 
pour l'ébénisterie et la marqueterie. Il existe dans le Midi 
et dans les Cévennes surtout, plusieurs fermes, habita- 
tions ou hameau qui portent ce nom, et notamment le Péras, 
maison de campagne située dans la commune de Sénéchas, 
au confluent de l'Homal et de l'Amalet ou Homolet. 

Dér. du lat. Pyrus, m. sign. 

Pérasso, s. f. péjor. Fruit du poirier sauvage; poire 
d'étranguillon, d’une saveur âpre et rude. 

Pér-aval, adv. Là-bas; par opposition à pér-amoun, qui 
exprime le côté opposé. — Fdou davala pér aval, c'est par 
là-bas qu'il faut descendre. 

Pérbouli, v. Faire blanchir la viande ou les légumes 
dans l'eau bouillante; leur laisser prendre un ou deux 
bouillons. — Faïre pérbouli la viando, passer la viande à 
l'eau bouillante. 

Pércè, adv. Par cette raison, pour cause. C'est la 
réponse évasive de ceux qui ne savent ou ne veulent pas 
en donner. 

Pércuro, s. f. Procuration, pouvoir d'agir donné à 
quelqu'un ; acte qui le contient. — Douna proucuro, 
donner pouvoir, procuration à quelqu'un. 

Pércouroùü, s. m. Procureur, qui défend en justice, 
connu aujourd'hui sous le nom d’avoué. SauvAGES enregistre 
péreuraïre, procureur, qui est de formation plus régulière. 
Pércuroù se rapproche du français, et il n’est pas tout-à-fait 
pur; mais que dire de proucuroÿ, qui s’est introduit par 
altérations successives ? 

Dér. du lat. Prôcurator, m. sign. 

Pérdéqué, adv. interrôg. Pourquoi, pour quelle chose ; 
pour quelle raison. — Sans démanda pérdéqué, sans 
demander le motif, sans demander pourquoi. Pérdéqué 
y-anavias? pourquoi y alliez-vous ? 

Variante de Pérqué. (Voy. ©. m.) En ital. perchè, m. sign. 

Pérdigaïado, s. f. Couvée; volée, compagnie de perdrix. 

Formé de Pérdigal. 

Pérdigal, s.m. Dim. Pérdigaïé et pérdigaïoù. Perdreau ; 
jeune perdrix ; perdrix rouge. 

Dér. du lat. Perdrix et gallus. 

Pérdigolo, s. f. Aigrette des graines de certaines plantes ; 
sorte de duvet que portent les semences et que le moindre 
vent soulève, fait voltiger et va semer au loin. 

Pérdigouno, s. f. Perdrigon, sorte de prunes de l’espèce 
de celles qu'on prépare à La Salle (Gard), connues sous le 
nom de pruneaux de La Salle, aussi estimés que ceux de 
Brignolles. 

Pérdise, s. f. Perdrix, oiseau du genre, Tetrao, Linn., 
de l'ordre des Gallinacées et de la famille des Domestiques 
ou Alectrides. 

Dér. du lat. Perdiz. 


Pèrdo, s. f. Sauvaces cite Pérdio : c'est la forme 





PER 545 


ancienne; Pérdo lui a succédé, et il est lui-même menacé 
de se transmuter, au moyen d'une annexion, en Pérte, 
qui est du français et qui s'est déjà impatronisé. Sous ses 
diverses transformations ou altérations, le mot signifie : 
perte, ruine, privation d'une chose agréable, avantageuse, 
d'un gain; dommage; hémorrhagie ou perte de sang chez 
les femmes après l'accouchement; mort, absence d'une 
personne chère. — Aqud fara sa pèrdo, cela causera sa 
perte, sa ruine. Bèlo pèrdo! se dit par antiphrase et 
avec ironie d’une perte insignifiante, de la mort d'un mau- 
vais garnement. , 

Pérdoù, s. m. Pardon ; indulgence ecclésiastique, rémis- 
sion des péchés. — Vous démande bièn pérdoù, veuillez 
bien m'excuser. Comme interjection de repentir, d'exense : 
Pérdoù ! Pardon ! est une importation française. 

Pérdouna, v. Pardonner; accorder la rémission d'une 
faute, d’une offense ; excuser, épargner. — Pérdounas-nous 
nosles pécas, coum'à qui nous an doufénsas, nous doutres 
pérdounan l'éoufénso, pardonnez-nous nos offenses comme 
nous les pardonnons à ceux qui nous ont offensés : traduce- 
tion languedocienne de l’oraison dominicale donnée par 
SAUVAGES. 

Dér. de la bass. lat. Perdonare. 

Pérdounable, ablo, adj. m. et f. Excusable, pardon- 
nable, qui mérite d'être pardonné. És pas pérdounable, il 
n’est pas excusable. 

SAUVAGES remarque avec raison, qu'en français pardon- 
ner et pardonnable ne s'appliquent activement qu'aux 
choses et jamais aux personnes : il n’y a que les fautes qui 
soient pardonnables, et on pardonne à quelqu'un. Le 
languedocien n’a pas les mêmes scrupules et on dit très-bien : 
és pas pérdounable, qui serait mal rendu par : il n’est pas 
pardonnable, mais que : il n'est pas excusable, satisfait 
pleinement. 

Pèrdre, v. Perdre; cesser d’avoir, n'avoir plus: faire 
une perte, un mauvais emploi; répandre, s'enfuir, en 
parlant d’un tonneau ou d'un vase qui laissent couler une 
partie du liquide qu’ils contiennent; perdre son sang, 
appliqué à une blessure ou aux lochies et aux menstrues 
des femmes. 

Pèrdre la fénno et quinze sous, és gran ddoumage dé 
l'argén, perdre sa femme et quinze sous, l'argent perdu est 
grand malheur, dit un proverbe. A propos de cet irrévé- 
rencieux dicton, il est à remarquer que dans toutes les 
langues, — et le languedocien ne doit pas en être excepté, 
— les proverbes contre les femmes sont plus nombreux 
que ceux qui s'appliquent aux hommes, et qu'en général 
ce n’est point précisément sous forme de compliments au 
beau sexe qu'ils se présentent, ni par un excès de galan- 
terie qu'ils se distinguent. La sagesse des nations aurait-elle 
préféré, avec une unanimité si constante, la malice à la 
vérité? — Aquélo bouto pèr, ce tonneau fuit. Pèrdre la visto, 
lou sén, perdre la vue, le bon sens. À pérdu tout soun 
san, il a perdu tout son sang. Qué pèr soun bé, pèr soun 


546 PÉR 


sén, qui perd sa fortune perd sa raison. On dit encore 
comme variante : Qué pèr lou siou, pèr lou sén. 

Pèrdre (Sé),v. S'égarer, ne plus retrouver son chemin, 
disparaître, se ruiner. Au prop. et au fig. sé pèrdra én 
cami, il s'égarera en route. — Pér un poun, Marti pérdéguè 
soun ase, la réussite d'une affaire tient souvent à fort peu 
de chose. 

Pèrdu, do, adj. etpart. passé m. et f. Perdu, ue; qu'on 
ne retrouve plus; ruiné; frappé mortellement; sans répu- 
tation. — Sièi un home pérdu, je suis perdu, c'en est fait de 
moi, s'écrie le pauvre diable qui se seat mourir où qui se 
voit ruiné. Uno fio pérdudo, une fille trompée. L'avès 
pérdudo, vous l'avez trompée, séduite, est un reproche 
adressé à un libertin. 

Pér-én-créire (Dé),.se dit d'une chose croyable, digne 
de foi..— Acd's dé pér én créire, cela est croyable,, cela est 
probable. Acd's pas dé pér én créire, cela n'est guère 
croyable. 

Péréso,s. . Paresse, indolence, nonchalance, fainéantise. 
— Mé fai péréso, l'indolence me tient, me gagne : j'ai la 
paresse de ne pas faire telle chose. 

Pérésos, s. f. plur. (Cals, durillons aux pieds, aux 
mains, aux genoux, etc. 

Pérésoùs, 0, adj. Paresseux, indolent, nonchanlant, 
fainéant. 

Péréto, s. f. Dim. de Péro, petite poire. On donne aussi 
ce nom au fruit de l’aubépine. 

Pèréto, s. m. Dim. de Pèro. Terme enfantin qu'on peut 
rendre en français par : mon bon petit papa. La seule 
différence de l'accent sur la première syllabe des deux 
mots, dont la configuration est la même, fait la différence 
du sens et du genre, tant pour le primitif que pour le 
dérivé, dans l'un et l’autre mot. 

Pérfuma, ». Parfumer, purifier l'air avec des. odeurs, 
faire des fumigations. C'est plus spécialement un terme de 
magnanerie. Les parfums des plantes odoriférantes, telles 
que le thym, la lavande et le romarin, celui, de la poudre 
à canon et même du cuir brûlé, sont considérés comme un 
excellent moyen pour corriger l'air vicié par les exhalaisons 
mauvaises qui se développent dans nos chambrées. ILest 
inutile de dire que c'est une pure illusion et qu'on ne fait 
en cela que remplacer ‘une odeur mauvaise par une autre, 
qui souvent ne l’est pas moins. 

Pérfun, s. m. Parfum, odeur, senteur, traduit du français. 

Dér. du lat. Per, à travers, et de Fumus, fumée. 

Pérgami, s. m. Parchemin, peau de mouton préparée 
pour écrire; titre de noblesse. 

Le parchemin tire son nom de la ville de Pergame où il 
aurait été inventé vers l'an 263 av. J.-C., dans le but de 
suppléer au papyrus qui manquait. Dans ce cas, le terme 
languedocien se rapprocherait plus que.le terme français 
de la vraie étymologie. Le parchemin, a été presque exclu- 
sivement employé au .moyen-âge pour transcrire les manus- 
crits, les chartes et les actes. Aujourd’hui il n’est guère en 





PÉR 


usage que pour les titres importants : diplômes ou actes 
diplomatiques. Faute d'emploi l'industrie a disparu et, 
avec elle, le nom de pérgaminiè, parcheminier, qui n'est 
plus de la langue usuelle. 

Péri, v. Salir, gâter, tacher. — M'a péri tout moun 
fanddou, il a sali, taché entièrement mon tablier. Sou 
touto pérido, me voilà toute salie. 

Péri, v. Périr, mourir de mort violente. — L'an fa 
péri, on l'a tué. Occire, détruire. — Périra pas qué dé 
mas mans, il ne mourra que de ma main. 

Périduro, s. f. Salissure; c’est moins qu'une tâche, mais 
ce n’est pas propre. 

Dér. de Péri, v. 

Périè, s. m. Poirier, arbre à fruits, Pyrus communis, 
Linn. Le féminin périèiro est aussi usité et semble même 
plus pur. — Mé brandusses coumo uno périéïro, tu me 
secoues comme un poirier. Mé prénes pér uno périèira? 
me prends-tù pour un poirier? dit-on à quelqu'un qui 
vous secoue violemment, ou vous presse de questions 
importunes, au propre ou an fig. 

Dér. du lat. Pyrus. 

Péri, s. m. Gésier, le second estomac des oiseaux, dans 
lequel se trouvent souvent de petites pierres, ce qui lui a 
valu son nom languedocien. Au.fig. et _ironiquement : sé 
régala low périè, s'épanouir la rate. 

Pérlé, s. m. Nom affectueux, calin, adressé à un ani- 
mal et.surtout à un chien, à un porc. — Éngraïsso-té, 
pérlé, aqui un aglan. 

Pérlino, s. f. Praline, amande rissolée dans du sucre. 

Trad. du français. 

Pér-lou-mén, adv. Au moins, pour le moins. 

Dér. du lat. Minùs, moins. 

Pér-lou-ménûü, expr. adverbiale. Par le menu, en détail. 
— Vols vous counta aqud pér-lou-ménx, je Veux vous 
raconter cela en détail. 

Pérlounga, v. Prolonger, continuer, étendre. 

Dér. du fr. et du lat. Prolonger, prolongare. 

Pérloungamén, s. m. Prolongement; durée. 

Dér. du fr. Prolongement. 

Pérména, v. Se promener, promener. Ce verbe s'emploie 
très-bien activement en languedocien : Vôou pérména, je 
vais me promener. Anas pérména lou drole, allez promener 
l'enfant. On dit mieux passéja, sé passéja. 

& Dér. du lat. Prominare, conduire, mener. 

Pérménado, s. f. Promenade, action de se promener; 
lieu où l’on se promène. 

Trad. du français. 

Pérmoi! Pérmoïnos! Pérmoiol interj. En vérité, cer- 
tainement. Trois variantes d’affirmation fort usitées; sorte 
de jurement, de formule très-ancienne comme le per Bacco! 
par Bacchus ! des Italiens. 

(#Son origine est-elle, comme le veut SAUVAGES, per Maïam, 
par Maïa, mère de Mercure, ou simplement per me, ! 
fide? Dans ces deux cas, le juron remonterait au latin. 


PÉR 


Viendrait-il de pér Maho, pér Mahom, par Mahomet? C'est 

à l'invasion sarrasine que le devrait alors la langue d'Oc. Les 

deux étymologies datent de loin et peuvent être soutenues. 
Pèro, s: m. Père. — Voy. Païre et Maïre. 


L’as pas castia.coumo un pèro mais coumo un paire, 


à dit le’poète Leyris dans sa comédie inédite : Lou Maou 
vouGu, pour marquer la nuance qui existe aujourd'hui 
entre lesens des deux mots pèro et païre, le premier pris 
en bonne part et lé second en mauvaise part. 

Pèro, s. m. Petit-père, tèrme caressant. Il a pour dim. 
Pèréto, bon petit-père. L'accent tonique qui rend longue ou 
brève la première syllabe et la dernière, fait la différence 
du diminutif. 

* Pérû ou Parû, s. m. Agneau, mouton bèlier. 

Péro, s. f. Poire, fruit du poirier. Les variétés dé poires 
sont nombreuses. Dans le long'catalogue des jardiniers, qui 
s'augmente chaque jour, toutes n'ont pas un nom en lan- 
guëdocien: Nous ne citerons donc pas toutes celles qu'on 
cultive, mais au moins celles qui se distinguent par une 
appellation propre. 

Péro dé Sén-Jan, hâtiveau. 

Péro d'éstiou, d'hivèr, poire d'été, d’hiver. 

Péro muscadèlo, poire muscade. Elle tire son nom d'un 
faible goût de musc. 

Péro sucrdou où Sucrdou tont court, poire très-sucrée. 

Péro (Manjo), s. m. Insecte; capricorne musqué, de 
l'ordre des Coléoptères. C'est le Cerambyæ noir. 

Péro (Manjo) ou Banar, s. m. Insecte; capricorne 
musqué, Cerambyæ niger, Linn., genre de scarabée remar- 
quable par ses antennes articulées, aussi longues que 
son corps. Outre l'élégance de leurs formes, la vivacité de 
leurs mouvements et souvent la richesse de leurs couleurs, 
quelques espèces de capricornes se distinguent encore par 
une odeur très-agréable, un peu musquée, recherchée par 
les priseurs, qui conservent cêt insecte dans leur tabatière, 
ou par le son strident qu'elles produisent lorsqu'elles 
éprouvent quelque contrariété. Le plus grand de ces coléop- 
tèrés, tout noir, et'qui a trois centimètres de longueur 
environ, reçoit le nom de Manÿo-péro. Les poires que l'on 
trouve a demi-rongées seraient, dit-on, sa pâture; mais il 
pourrait bien’ se faire que l'on accust injustement le 
capricorne des méfaits d’autres insectés voraces, du frèlon 
ou Grdoule, par exemple. Plusieurs scarabées dé la même 
famille déposent leurs œufs dans l'écorce rugueuse ou dans 
les cavités dés vieux arbres; et la larve creuse des trous 
profonds dans le tronc des gros chènes et leur cause beau- 
coup de mal. Cuvier pense que c’est peut-être le Cossus des 
anciens. En voyant le capricorne se poser sur des poiriers 
pour y déposer ses œufs, on a pu mal juger de ses intentions. 

Péroù, s. m. Pérou. C'est le mot français, que le lan: 
guedocien a adopté dans le mème sens et dans cette seule 
locution proverbialé : Aqud's pas lou Péroù, ce n'est pas 
grand’chose, 


PER 547 

Pérpäou, s. m. Propos, discours, entretien. Il s'emploie 
plus souvent au pluriel : pérpdous. — M'a téngu dé pér- 
pdous ; il m'a tenu des propos; il m'a fait des propositions . 
Cette façon de parler n'est pas toujours prise en bonne part. 

Dér. du lat. Propositum. 

Pérpäou (A), adv. A propos; convenablement au temps, 
au lieu, aux personnes. — Vénès à pérpdou, vous tombez 
bien. A pérpdou, disian..… À propos! nous-disions:., Nôus 
disions donc. A pérpdou est pris aussi quelquefois 
comme adjectif, dans le sens de convenable : Cé qué fus 
aqui n'és pas à pérpdou, ce que tu fais là n’est pas convenable. 

Pérpâoumai, adv. Pour un peu plus, traduction mot-à- 
mot, sorte de phrase faite. 

Pérpâouqué.. ade. Pour si peu que... pour peñ que. 
— Pérpâou qué n'y-ague, pour si peu qu'il y en ait, qué 
vous en donniez. Pérpdou qué lou végue, que je le voie 
seulement. 

Pérqu'aïiçaï, ado. Par ce côté-ci, par-ci. — Dans ce 
mot et les suivants, le qu’ élidé devant la voyellé, ou le 
qué, ne paraît que purement explétif et euphonique. 

Pérqu'aiçamoun, adv. Par çà-haut. 

Pérqu'aiçamoundâou, adv. augm,. Par çà-haut, mais 
un peu plus haut. 

Pérqu'aiçaval, ado. Par ici-bas; par là-bas. C'est une 
nuance de pérqu'aval. 

Pérqu'aïici, ado. Par-ci, çà et là; de fois à autre; vers 
cet endroit-ci. 

Pérqu’aïlaï, ado. Vers cet endroît-là. 

Pérqu'ailamoun, adv. Par là-haut. Pérqu'aïlamoudéou, 
adv. réduplic. 

Pérqu'alin, ado. Par là-bas. 

Pérqu'amoun, adv. Par là-haut et Pérqu'amounddo, 
adv. réduplic. Vers là-haut, plus haut. 

Pérquant, adv. Quant à cela: — Pérquant aqud, 
quant à cela. 

Pérqu'aqui, adv. Là, là, tout doucement. C'est le 
pér aqui un peu adouti, dans ce sens. Mais adv. de lieu, 
il signifie par-ci, par là; vers ct endroit-ci. 

Pérqu'aval, ado. Par là-bas, plus loin. 

Pérqué, conj. Pourquoi, pour quelle raison. — Sans 
dire pérqué, sans dire pourquoi. — Interrog. Pérqué faire? 
pourquoi faire cela ? 

Pérqué (Lou), s. m. La raison, la cause, le motif. — 
Démando pas lou pérqué, il ne demande pas la raison, le 
pourquoi. 

Dér. de l'ital. Perchè. En lat. Perqué. 

Pérqu’in-amoun, et Pérqu'in-amoundäou, adv. Par 
là-haut, vers là-haut, sans déterminer le lieu. 

Pérsouno, s. f. Personne, un homme ou une femme. 
Pr. indéf. Nul, qui que ce soit; quelqu'un. — Bèlo pérsouno, 
grande femme. Pas pérsouno/ Holà ! quelqu'un. 

Trad. du français. 

Pértout, ado. Partout, en tous lieux. — Dé pértout, de 
| tous côtés, de toutes parts. Dé pértout piquavo mièjour, dit 





548 PÉR 


quelqu'un qui a été assailli de toutes parts : les coups 
pleuvaient de tous côtés ; les questions tombaient toutes à 
la fois, de tous côtés. Mot à mot : J'entendais sonner midi 
à toutes les horloges. Un pdou périout, un peu partout. 
Saquo soun nas, sas mans, un pou pérlout, il fourre le 
nez, les mains, un peu partout : c'est un curieux, écouteur 
aux portes, fureteur. 

Pértout (Passo), s. m. Passe-partout, clé commune à 
plusieurs personnes, pour ouvrir une même porte. 

Pér-travès, adv. En travers, de biais, de côté, à contre- 
sens, transversalement. 

Dér. du lat. Transversim. - 

Péruino ou Pérésino, s. f. Poix-résine, résine. 

Péruquiè, s. m. Perruquier, celui qui fait des perruques, 
et, par extension, celui qui peigne, qui rase, qui coiffe. 

Dér. de Péruquo. 

Péruquo, s. f. Perruque, coiffure de faux cheveux; les 
cheveux eux-mêmes. Au fig. réprimande. Dim. Péruquéto, 
s. f., petite perruque, et péjor. Péruquasso, s. f., grosse et 
laide perruque. 

L'italien et le catalan ont aussi : Parruca et Perruca, 
parruchino et perruqueta; parrucaccia el perrucassa. 

L'histoire des perruques se perd dans la nuit des temps, 
si, comme le prétendent les savants, les faux cheveux 
étaient d'un usage général chez les Mèdes, les Perses et 
autres peuples de la haute antiquité. Le mot perruque a du 
reste une origine très-ancienne : il vient du grec dorique 
rbpéryos, pour rf66s, fauve, jaune, parce que les premières 
étaient en cheveux blonds. Les Romains en usèrent pour 
cacher leur calvitie, les Romaines pour le même but, et 
aussi pour se composer des coiffures très-ouvragées et très- 
élégantes, qu’elles appelaient tutulus, corymbus, galerus, 
galericulus. Cette mode ne fut guère introduite que sous les 
empereurs, mais elle devint si générale, qu’il y a des bustes 
en marbre de grands personnages, hommes ou femmes, 
avec des perruques mobiles que l’on changeait probable- 
ment suivant la mode, comme pour leur donner une 
jeunesse perpétuelle, au moins du vivant des originaux. 
Au moyen-àge les perruques étaient encore en usage et il 
paraît que c'était un luxe, car les prédicateurs du XVe et 
du XVIe siècle tonnèrent contre les perruques des femmes. 
En France, la mode des perruques, pour les hommes, 
commença à se répandre sous le règne de Louis XIII, vers 
1630; on les appelait mowtonnes, parce qu'elles étaient 
ordinairement faites en laine de mouton. Cette mode prit 
une extension plus grande à l'avènement de Louis XIV, qui 
portait, tout enfant, de longs cheveux bouclés, et dura 
pendant tout ce règne. Au XVIII siècle, tout le monde 
portait perruque, et il eùt été indécent à un homme bien 
élevé de s'habiller sans cette chevelure d'emprunt, qui fut 
adoptée même par la plus petite bourgeoisie. La poudre 
était l'accompagnement obligé de cette coiffure. Pendant la 
* Révolution et sous le Directoire, on imagina de porter les 
cheveux plats sur les faces, et l'on appela cette mode 





PÉS 
oreilles de chien. Bonaparte, général, se coïffait ainsi. 
Brissot, le premier, fit couper ses cheveux ras et les porta 
dans leur couleur naturelle. Bonaparte adopta cette mode 
et, avec lui, presque toute l’armée française. Aujourd'hui 
la perruque chez les hommes n’est plus qu'une ressource 
contre les rhumes de cerveau; mais l’artifice des faux 
cheveux a été de nos jours plus que jamais remis en vogue 
et en honneur parmi les femmes du grand et du demi-monde. 

Pérus, s. m. Poire sauvage, poire d’étranguillon. — 
Dans les environs d’Alais, le quartier dit de Pérusso, tire 
son nom de quelque fameux poirier sauvage ou de la quan- 
tité de ces arbres qui s’y trouvaient. 

Dér. de Péro, du lat. Pyrus. 

Pés, s. m. Poids; ce que pèse une chose; balance, 
instrument de pesage, Au fig. pesanteur et de là : impor- 
tance, considération. — Lou gran, lou gros pés, le côté 
fort d’une romaine; lou pichd pés, le côté faible. Acd's un 
home dé pés, c'est un homme d'importance. És uno résoù. 
dé pés, c'est une considération importante, une raison 
majeure. Siès pas dé pés, tu n’es pas de force. 

Dér. du lat. Pensare, penso, peser. 

Pès, s. f. Paix; tranquillité; concorde; calme; silence. 
— Pès! interj. Paix-là ; silence. 

Dér. du lat. Paæ, et trad. du français. 

Pésa, v. Peser, juger de la pesanteur d'un objet avec 
des poids; peser, accabler, fatiguer, être à charge. — Pésus- 
mé dous sôous dé fourmo, pesez-moi pour deux sous de 
fromage. Quan péso? quel est son poids? Moun soupa 
mé péso, mon souper me fatigue. Vous pésara prou, il vous 
sera assez à charge. 

Dér. du lat. Pensare. 

Pésado, s. f. Pesée, ce qu'on pèse, ce qui a été pesé en 
une fois. 

Dér. de Pésa. 

Pésado, s. f. Trace, empreinte du pied, foulée. Il 
s'emploie aussi pour : giron d’une marche d’escalier, sur 
lequel porte le pied. 

Dér. du lat. Pes, ou du grec Héa, pied. 

Pésaire, s. m. Peseur public; celui qui pèse. — 
L'invasion du français tend à introduire pésur, qui est 
encore de plus mauvais aloi. 

Pésaje, s. m. Action de peser; salaire du peseur. — La 
grande industrie de notre pays, la récolte des cocons, a 
introduit tous ces mots. 

Dér. de Pés. 

Pése, s. m. Pois, petits-pois, pois verts; Pisum, Linn. 
Plante potagère de la famille des Légumineuses. — Pése 
grouman où galavar, pois goulu, pois gourmand, sans 
parchemin, ou pois-mange-tont. Pése-dé-séntoù, pois de 
senteur, pois à fleur; gesse odorante, Lathyrus odoratus. 
Sé pu rés noun véses, éstaquo t'as péses, faute de mieux, 
contente-toi de pois. 

Péséroù, s. m. Dim. du précédent, et proprement, 
petits-pois. 


ii 








nt fl 


PES 

Pésièiro, s. f. Champ de pois; planche, table plantée 
de pois. 

Pésouié (Faïre), phr. fuite. C'est mot à mot : faire le 
petit pou; ce qui signifie : vivoter, sous le rapport de la 
fortuue ou de la santé; vivre pelitement, pauvrement, être 
malingre, mener une existence précaire ; dans un commerce 
ou au jeu, carolter, ne hasarder que peu, jouer mesquine- 
ment, ne pas se lancer dans de grosses entreprises. — 
L'explication donnée par SAUVAGES, qui remarque, du 
reste, la difficulté de traduire ces dictons, ne paraît pas 
être le véritable sens de cette phrase, telle au moins qu'elle 
est aujourd’hui comprise et appliquée. Il ne's'agit pas en 
effet, de vains efforts pour se venger ou pour témoigner 
son dépit; l’idée que réveille le dim. familier pésowiè, ce 
pauvre diable de parasite, vivant de peu, toujours caché et 
toujours poursuivi, éveille platôt une idée de faiblesse, 
de mesquinerie chétive, que de taquinerie insolente, quoique 
vaine. 

Pésouious, 0, adj. Pouilleux; qui a des poux; sujet 
aux poux; tâché de pourriture. 

- Dér. de Pésoul. 

Pésoul, s. m. Pou, insecte du genre des Aptères; 
vermine. — Lous pésouls lou manjou, les poux le dévorent, 
la vermine le ronge. Lous pésouls l'acabou, m. sign. Tria 
sous pésouls, s'épouiller, secouer ses poux, au prop. et au 
fig. Més pas la man dou sé pér un pésoul, pour dire : ilne 
se met pas en souci pour une vétille; il ne s'émeut pas 
d’une bagatelle; et presque mot à mot : pour se mettre à 
chercher un pou sur sa peau, encore faudrait-il que la 
chose en valût la peine. 

Étym. du lat. Pediculus, m. sign. 

Pésoulino, s. f. Vermine; poux en général; race, 


. engeance pouilleuse ; pucerons, insectes qui attaquent les 


plantes, les arbres, la volaille. 

Dér. de Pésoul. 

Pésoul-révéngu, s.m. comp. Gueux revêtu, homme de 
rien qu'un coup de fortune a rendu riche et qui prend des 
airs insolents. 

Formé de Pésoul et de révéngu. — Voy. c. m. 

Pésqua, v. Pècher, prendre du poisson; retirer de l’eau; 
repècher; faire eau ; s'imbiber; par extens. trouver, pren- 
dre, découvrir. — Manda-lou pésqua, envoyez-le à la pêche, 
cà-d. se promener. Pésqua lou féra, repècher un seau 
tombé dans un puits. Én travéssan lou cardou, aï pésqua, 
en traversant le ruisseau, je me suis mouillé. Moun souiè 
pésquo, mon soulier laisse pénétrer l'eau. Ounté l'avès 
pésqua? Où l'avez-vous pris, trouvé? Ounté vaï las pésqua? 
Où va-t-il les chercher? « 

Dér. de Pésquo et du lat. Piscari. 

Pésquaire, s. m. Pêcheur; s'applique également à celui 
“qui fait de la pêche sa profession ou son amusement. 

Dér. du lat. Piscator, ou de Pésquo. 

Pésquairôou, s. m. Alouette de mer, Pelidna platyrin- 
cha, Linn. Oiseau de passage, de l'ordre des Échassiers et 





PÉS 541 
de la famille des Ténuirostres. — Le pésquaïréou est haut 
monté sur jambes, et l'on dit volontiers d'un homme 
ainsi conformé : À dé cambos dé pésquaïréou, où : sémblo 
un pésquaïréou. ; 

Dér. de Pésquo, ces oiseaux vivant de la pêche. 

Pésquariè, s. f. Poissonnerie; lieu destiné à la vente du 
poisson ; pêcherie, lieu propre à la pêche. Dans les anciens 
titres et lo compois d'Alais de 4393, il est fait mention de 
la Cariëïro dé la Péscariè ; elle partait de la Soubeirane, 
après le couvent des Cordeliers, aujourd'hui le théâtre, 
pour remonter vers les châteaux. Peut-être y avait-il là 
une balle aux poissons, qui lui avait fait donner son nom, 
ou plutôt prenait-elle sa dénomination d'un pésquiè, réser- 
voir d’eau ou vivier, situé dans le jardin des seigneurs. 

Pésquiè, s. m. Réservoir, vivier, bassin où l'on nourrit 
le poisson. 

Dér. de Pésquo. 

Pésquo, s. f. Pèche; l'art, l'exercice ou l'action de 
pêcher du poisson; le poisson que l'on a pris. — 4 fa 
bono pésquo, il a pris beaucoup de poisson. Manda à la 
pésquo ou à la pésquariè, envoyer un importun se prome- 
ner. 

Dér. du lat. Piscatura, formé de piscis. 

Péssamén, s. m. Peine, chagrin, souci, inquiétude. — 
Manquo pas dé péssamén, il n'est pas sans inquiétude. 
N'avès pas gés dé péssamén, vous n'avez souci de rien. 
Sès pus pér vioure, avès tro dé péssamén, vous n'êtes pas 
ici-bas pour longtemps, vous avez trop de soucis. M'a tira 
d'un bèl péssamén, il m'a tiré d'un grand embarras. Mé fai 
péssamén dé parti, dé vous quita, je ne puis me décider à 
partir, j'éprouve bien de la peine à vous quitter. Tout di 
faï péssamén, tout le peine. Le proverbe dit : Cént éseus dé 
péssamén pagou pas un déniè dé déoutes, le chagrin ne 
suffit pas à payer la moindre dette. 

Etym. du lat. Pensare, pensatum, penso, ou peut-êtrede 
Pati, passus, patior. 

Péssaméntoüs, 0, adj. Soucieux, qui a du souci; 
préoccupé de soins. 

Péssègre, s. m. Pèche de vigne, fruit du pêcher. 

Dér. du lat. Persica; en ilal. Persica ; en port. Pessego ; 
en cal. Presseg; en esp. Passega. 

Pésségriè, s. m. Pôcher, Amydalus persica, Linn., 
arbre qui porte la pêche, de la famille des Rosacées, ori- 
ginaire de la Perse. 

Mème étym. que le subst. précédent. 

Péssü, s. m. Pincée; la petite quantité qu'on peut prendre 
d'une chose entre deux ou trois doigts. — Un péssà dé 
sdou, une pincée de sel. Un péssù dé taba, une prise de 
tabac. À més dos ounços dé grano et lou péssà, il élève un 
peu plus de deux onces de graine de vers à soie, deux 
onces plus une pincée supplémentaire. 

Péssü, s. m. S'emploie aussi pour désigner quelque chose 
de premier choix; la fleur d’une chose, la partie la plus 
délicate et la plus recherchée. Ainsi : uno douméisèlo, uno 

70 


550 PÊT 

fio dâou péssü, une demoiselle qui n’est pas du commun; 
comme dirait le français : un beau brin de fille. Agud's 
dâou péssè, ceci est du premier choix: 

Péssuü, s. m. Pinçon; action de serrer la superficie de la 
peau entre les doigts; marque qui reste lorsqu'on a été 
pincé. Le même que Éspéssù. — Voy. c. m. 

Péssuga, v. Pincer; serrer, presser la peau entre les 
doigts, de manière à produire une marque; faire des 
pinçons. Au fig. critiquer, railler, mordre. — Voy. 
Éspéssuga. 

Etym. du lat. Pellem sugere ou du grec Ilw, presser, 
serrer. 

Péstél, s. m. Pilon, instrument propre à piler dans un mor- 
ter. Ilest synonyme avec Trissadoù, Trissoù. (Voy. c. m.) 
On dit: Réde coumo un péstél, raide etdroit comme 
un pieu. 

Étym. du lat. Pislillum, dér. du grec Héssahos, pieu. 

Péstél, s. m. Pène, partie mobile d'une serrure qui 
entre dans Ja gàche; verrou. Dans le premier sens, syn. 
de Pèile. — Voy. c. m. 

Étym. du lat. Pessulus, dér. du grec Héocw, ficher, 
planter. 

Pésü, udo, adj. Pesant, lourd, qui pèse. 

Dér. de Pés. 

Pè-su-fièio, phr. faite. Trois mots de cabale, sorte de 
formule de sorcellerie qu'on prète aux prétendus sorciers 
qui fréquentent le sabbat. — Sauvaces l'explique très- 
bien : « La route ordinaire pour se rendre au sabbat, dit- 
il, est le tuyau de la cheminée. On met un pied sur la 
crémaillère, comme sur un élrier, on prononce la formule 
Pè-su-fitio, le sorcier disparait et tout est dit. » 

La locution faïre pê-su-fièio tire de là son origine et 
signifie par conséquent : disparaître à la manière des 
sorciers; lever le pied, s'esquiver adroitement, furtivement. 

Péta, v. Péter, faire un pet. Éclater, faire des éclats ; 
claquer; casser; se rompre; se cassor. Au fig. crever, 
mourir. En terme de jeu, faire la dévole. — Lous faviéous 
fan péta, les haricots donnent des vents : c'est la ventosa 
faba des Latins. Faire péla soun foué, faire claquer son 
fouet, au prop. et au fig, prendre le verbe haut, faire 
sonner haut son importance. Faïre péla sa noublèsso, se 
targuer de sa noblesse, de sa condition. Faï péta las éfos, 
il sacre, il jure : 


Les F et les B voltigeaient sur son bec, 


disait Gresset en parlant de Vert-Vert perverti. Fa 
péta las méssorgos, C'est un impudent menteur. Aguélo 
f'usto vèn dé péta, cette poutre vient de craquer, de se 
rompre. La branquo vaï pêta, la branche va casser. Low 
bos vèr dou fid péto, le bois vert éclate en brülant, Nous 
fasiè péta dâou rire, il nous faisait mourir de rire. /Voy. 
Éspéta.) A manqua y péta, il a failli crever. Né manjé à 
péta, il en mangea à crever. Péla dou poun, échouer au 





PÉT 
port. C'est un peu aussi ce qui arriva à ce Martin qui, 
pour un point, perdit son âne. 

Dér. de Pé ou du lat. Pedere. 

Pétaire (Lou), s. m. Le derrière, le fondement. Méto- 
nymie hardie et familière, 

Pétar, s. m. Mine, trou de mine, cavité que les carriers 
et les mineurs pratiquent dans une roche pour la faire 
sauter et la briser, en la chargeant de poudre. 

Pétar, s. m. Mèche de fouet. 

Pétarado, s. f. Pélarade, suite de pets; sauts que fait 
un cheval en pétant; quantité de crotins qu'il lance. Au 
fig. bruit qu’on fait avec la bouche, par imitation de pets 
et par mépris pour quelqu'un. 

Dér. de Pé et de Péta. 

Pétarda, v. Faire jouer la mine, miner un rocher, le 
percer pour y établir une mine, 

Dér. de Pétar. 

Pétardiè, s. m. Mineur, celui qui fait des mines. 

Dér. de Pétar. 

Pétarèlo, s. f. Larme de verre; goutte de matière vitri- 
fiée en fusion, qui s’est échappée de la canne ou sarbaçane 
trop chargée de l'ouvrier verrier, et refroidie en forme de 
larme. La cassure de son fil la fait éclater avec bruit par 
suite de la brusque invasion de l'air extérieur, ce qui lui 
a valu son nom. 

Dér. de Pé ou de Pétar. 

Pétarino, s. /. Canonnière; jouet d'écolier. Le même 
que Couloubrino. — Voy. ©. m. 

Pétarufo, s. f. Fâcherie, bouderie, mauvaise humeur, 
colère. — M'a fa préne la pétarufo, il m'a mis de 
mauvaise humeur. 

La signification que SAuvAGES attribue à Pétarofo, qui 
est au fond le même mot, et qu'il traduit par : homme 
sans conséquence, est tombée en désuétude. 

Dér. de Pé et de Rufe. 

Pétas, s. m. Dim. de Pétassoë. Pièce, petit morceau 
d'étoffe quelconque pour rapiécer un vêtement, pour 
panser une plaie. Au plur. Pétasses, pour dire : loques, 
haillons, lambeaux de vieux linge usé. 

Étym. de la bass. lat. Petacia. 

Pétassa, v. Rapiécer, mettre des pièces; rapiéceter el 
rapetasser; raccommoder. Au fig. remettre en bon état, 
réparer, rajuster, arranger, rectifier, tâcher de justifier. 
— Pélassa sas braïos, rapiécer son pantalon. Camiso touto 
pélassado, chemise rapetassée. Pétassas-ou coumo voudrés, 
arrangez cela comme vous l’entendrez. Argén pétasso pas 
vilaniè, argent ne répare pas vilenie. : 

Dér. de Pétas. 

Pétassaire, ro, s. m. et adj. Ravaudeur, ravaudeuse, 
celui ou celle qui fait métier de rapiécer; fripier, celui 
qui vend ou achète les chiffons, par ext. Ne s'emploie 
jamais au fig. 

Dér. de Pétas. 

Pétassaje, s. m. Rapiécetage, action de rapetasser; au 





PÈT 
prop. et au fig. — Aquô’s pas qué dé pétassage, ce n'est 
que du rapiécetage, c'est un mauvais replàtrage. 

Dér. de Pétas. 

Pétassäou, s. m. Grand coup; coups redoublés. — Vus 
véire aquéles pétassdous, tu vas voir quelle tripotée, Zou / 
pétassdous sus sa fénno, En avant! coups de trique sur sa 
femme. 

Étym. du grec Ilatésow, frapper avec bruit, battre. 

. Pétéja, v. frég. de Péta. Pétiller, craqueter, briller avec 

éclat. Au fig. pétiller d’ardeur, d'impatience ; désirer vive- 
ment; s'impatienter. — Zou ldouriè et l'amouriè pétéjou 
dou fiè, le laurier et le mürier pétillent en brûlant. Lous 
ièls das lous pétéjou, les yeux des loups brillent dans 
l'obscurité. Mé fai pétéja, il m'impatiente. Pétéjo dé s'én 
äna, il est impatient de partir. Pétéjavo dé l'avèdre, il 
brülait d'envie de l'avoir. 

Dér. de Pé. 

Pétito, s. f. Poupée, jouet d'enfant, qui remonte à la 
plus haute antiquité et dont on a trouvé des spécimens 
chez les Grecs. Hroniq. jeune fille bien parée, bien 
attifée. 

Étym. du lat. Petilus, mince, grêle. 

Péto, s. f. Crotte; crottin; ordure; fiente durcie et 
arrondie de plusieurs animaux, tels que le cheval, la 
brebis, la chèvre, le lapin, le lièvre, le rat, la souris, etc. 
Au fig. par ext. métonym. de l'effet pour la cause : peur, 
crainte. — Pétos dé magna, du crottin de ver à soie. 
Sauvaces remarque qu'un bon ver à soie a toujours le 
crottin dur au derrière. Quanto péto! Quelle peur! À tou- 
jour la péto, il a toujours peur. 

Dér. de Pé. 

Péto-bas, s. m. Ironiq. petit homme court de jambes. 
S. f. Terme de mépris, trousse-pète, bas-de-cul, petite 
fille. 

Pétofio, s. f. Médisance; commérage ; tracasseries, sor- 
nettes; propos inutiles et médisants. — M'a fa ‘qui uno 
pétofio que... il m'a fait là une tracasserie dont je me 
souviendrai. Taïsa-vous, aquû soun dé pétofios, laisez-Vous 


‘ donc, ce ne sont que sornettes, médisances, tripotages. 


 Péto-fré, s. m.Ironig. homme flegmatique, d'un froid 
glacial, sans àme, d’une indifférence souvent composée. 

Pétoufiè, s. m. et adj. Au fém. Pétoufièiro. Bavard; 
médisant; rapporteur; brouillon; flagorneur; faiseur de 
pétofio. C'est une nuance, peut-être un peu adoucie, du 
Patrifassiè (Voy. c. m.), avec lequel il semble avoir quelque 
rapport d'origine et d'étym.; mais il ne vaut pas mieux. 

Pétoufiéja, v. Colporter des rapports indiscrets et médi- 
sants contre quelqu'un; dauber sournoisement et mécham- 
ment. 

Pétoüs, o, adj. Péteux, terme de mépris. — Dé qué 
vôou aquél pétoùs? que nous veut ce péteux, ce morveux? 
L'an coucha coumo un pétoùs, on l'a mis dehors comme un 
péteux. 

Dér. de Pé. 





PI 551 


Pétuito, s. f. Pituite; humeur visqueuse, lymphatique 
et visqueuse du corps humain. 

Étym. du lat. Pituita. 

Pi, s. m. Pin; arbre de haute futaie; Pinus pinea, 
Lino. Arbre toujours vert, à feuilles persistantes, résineux, 
conifère. Ses variétés sont nombreuses, et la plupart s'aceli- 
matent facilement suivant les terrains. Dans les calcaires, 
le pin d'Alep, le pin maritime, etc. ; dans les sols schisteux, 


le pin sylvestre, le pin à pignon, le pin noir d'Autriche et 


autres, se plaisent de préférence. Depuis quelques années 
le reboisement de nos montagnes des Cévennes a été entre- 
pris sur d'assez larges proportions : les Compagnies houil- 
lères ont, les premières, donné l'exemple que plusieurs 
propriétaires ont suivi, et l'administration des eaux et 
forêts a établi un service de reboisement qai promet de 
beaux résultats. Ce sera un grand bienfait dont les consé- 
quences ne sauraient être trop bien appréciées, et déjà la 
Compagnie de la Grand'Combe possède de vastes forèts de 
pins dont la valeur se chiffre par millions de francs. 

Îl n'existe pas, du reste, de meilleur moyen à employer 
pour retenir les terres sur les pentes montagneuses, et pour 
prévenir ces terribles inondations 1orrentielles qui, après 
avoir raviné et excorié les montagnes, descendent sans 
obstacles sur nos plaines en torrents impétueux, entrainant 
les rochers et l'humus végétal. 

Les États de Languedoc; par une sage prévoyance, 
avaient prescrit des mesures sévères contre le déboisement 
des montagnes; par malheur, ces règlements avaient été 
trop mal observés. Mais si, de nos jours, les communes 
qui peuvent s'assurer de bons revenus, si les propriétaires 
de grands tènements se sont ravisés, et qu'ils continuent à 
être encouragés et favorisés dans leurs plantations on semis, 
il est permis d'espérer que le développement de ces cultures 
forestières portera d'heureux fruits et que notre région tont 
entière ne tardera pas à en ressentir les avantages. L'expé- 
rience est faite, et l'on peut prévoir, dès à présent, quele 
jour où Ja végétation, reconstiluée sur les versants des 
montagnes, en aura consolidé la surface, où les cours d'eau 
torrentueux y auront été dérivés, où tous lesanciens ravins 
auront été obstrués, les vallées principales et les plaines 
cultivées n'auront presque plus rien à redouter de la 
violence des inondations. 

A part ces améliorations générales, si désirables pour 
notre agriculture du haut et du bas pays, la culture et 
les plantations de pins peuvent encore être considérées 
comme une autre source de richesses. La résine que produit 
cet arbre pourrait sans doute être exploitée, mais la bonne 
qualité de son bois, l'emploi qui en est fait dans nos 
grandes industries minières, le font surtont rechercher et 
le recommandent particulièrement. 

Étym. du lat. Pinus, dér. probablement du celt. Pin; 
en armor. Pin; Peinge, en langue erse; Pinwidden, arbre 
pin, en gallois; Pinn, en anglo-saxon. Tous ces mots ont 
peut-être leur radical primitif dans lecelt. Pen, montagne. 


552 PIC 


Pi, s. m. Pivert, oiseau au plumage vert, à tète rouge; 
Picus viridis, Linn. Cet oiseau fait son nid dans le tronc 
des vieux arbres qu'il creuse avec son bec; la femelle y 
pond de quatre à cinq œufs verdâtres, tachetés de points 
noirs. Les pics font leur nourriture principale d'insectes ; 
et, pour faire sortir leur provende cachée sous l'écorce, ils 
frappent les arbres à coups de bec redoublés, et allongent 
démesurément leur langue : quand il la trouvent suffisam- 
ment chargée d'insectes, il la rentrent et le repas est fait. 
Le dicton : Maïgre coumo un pi, sec comme un pivert, 
est-il une allusion à cette espèce d'oiseaux, qui n’ont pas la 
renommée de beaucoup s'engraisser ? ‘ 

Le Pi-col-dé-sèr, s. m. Torcol, oiseau, variété du précé- 
dent, dont il se distingue par son cou allongé et mobile, 
qu'il peut tourner comme un serpent, ce qui lui a valu son 
nom. Il se nourrit de fourmis en enfonçant aussi la langue 
dans les trous des fourmilières. {Voy. Fourniguie.) Dans les 
environs de Nimes cet oiseau porte le nom vulgaire de 
Fourmiè et Tiro-léngo. 

Dans plusieurs dialectes, on écrit et on prononce Pic; 
de mème, le français écrivait Pic-vert. Notre idiome sup- 
prime la lettre finale c; mais cette suppression, purement 
euphonique, ne change rien à l’étymologie. Ces mots 
dérivent tous du latin Picus, dont le radical pic indique 
toujours une pointe, un dard, un instrument qui sert à 
frapper, à piquer, et se trouve dans le bas-breton pik ou 
pigel. C'est une onomatopée commune à bien des langues, 
imitant le bruit que fait cet oiseau en frappant de son bec 
les’arbres ou les pierres. 

Pia, v. Piller; saccager; voler. 

Piage, s. m. Pillage; dégât; désordre. — Din soun 
oustâou, tout y-èro dou piage, dans sa maison, tout était au 
pillage, ou tout était en désordre. 

Étym., par la suppression de Z qui est mouillée et ne se 
fait pas sentir, du lat. Pilare, ou du grec IAôw, fouler, 
presser. 

Piar, do, adj. Pillard; enclin à piller. Pris subst., il 
signifie : gueux; mendiant; voleur. 

L'étym. des mots précédents a peut-être concouru ici, 
avec celle de péio, guenille, pour les former; ce dernier, 
du moins, s'en rapproche beaucoup. 

Piastro, s. /. Pièce de deux liards; un demi-sol ou deux 
centimes et demi; monnaie de très-basse valeur, depuis 
longtemps hors d'usage. — Vôou pas und piastro, il ne 
vaut pas deux liards, pas une obole. T'én dounariëi pa ’no 
piastro, je ne t'en donnerais pas deux diards. Celui 
dont on parle ainsi, ou la chose que l’on estime à ce prix, 
seraient encore trop payés tous deux. 

En ital. Piastra. 

Picarèl, s. m. Mendole, poisson; Sparus mana, Linn., 
de l’ordre des Holobranches et de la famille des Léiopomes. 
On le pèche dans Ja Méditerranée ; sa chair est maigre et 
coriace; on le vend sec, et sa salure très-prononcée, qui 
pique fortement la langue, lui a fait donner son nom. 





PIÈ 


Picata, do, adj. Tächeté, tiqueté. 

Rad. Pic, pointe. 

Pichéténé, to, adj. double dim. Très-petit; le plus 
petit; très-mignon. 

Dér. de Picho, 

Pichô, oto, s. et adj. Petit enfant ; enfant nouvellement 
né, pris subst. Petit; qui a peu d'étendue ou de volume, 
pris adj. — Avès aqui un brave pichd, vous avez là un 
charmant enfant. La bravo pichoto! la gentille petite fille! 
Aquél capèl t'és tro pichè, ce chapeau est trod petit pour 
toi. Pich faï et bé ia; ce qui répond à : qui trop embrasse 
mal étreint. Pichoto plèjo d'abriou faï bèlo ségado d'éstiou, 
petite pluie de printemps promet grande moisson d'été. 

En v. fr. on disait Petiot. En ital. Piccolo, en port. 
Pequeno. Étym. du celt. Pichon, d'où aussi le lat. Petilus. 

Pichô-fil, s. m. Petit-fils, fils du fils ou de la fille. 

Pichô-t-home (Lou), s. m. Le petit homme, envie de 
dormir. — Lou pich-t-home l’arapo, dit-on aux enfants 
qui, les yeux gros de sommeil, voudraient s'endormir 
avant l'heure. On leur fait croire que c’est un petit homme 
qui jette du sable dans leurs yeux, ou qui pose les pieds 
dessus pour les fermer. 

Pichougnè, s. m. Pigeonnier; lieu où l'on élève des 
pigeons. Le même que Pijouniè. — Voy. €. m. 

Pichoulino, s./. Olives confites à la saumure; très- 
petite olive. 

Dér. de Picho, et du lat. Oliva. 

Pichoun, s. m. Pigeon; Columba, Linu., oiseau de 
l'ordre des Galliiacés. On en distingue plusieurs espèces 
et un grand norûbre de variétés qui toutes n'ont pas un 
nom languedocien. 

Pichouté, to, s. et adj. Dim. de Pichè. Trés-petit 
garçon; très-petite fille. Adj., très-petit, bien moindre, 

L'augm. Pichoutas, asso, signifie un grand garçon, gros 
et jouflu ; une jeune dondon grasse et fraiche. 

Dér. de Pichà. 

Picopouiè, s. m”. Micocoulier. Le même que Bélicouquiè, 
et Fanabrégou. — Voy. ©. m. 

Picopoulo, s. f. Espèce de raisin blanc ou noir, à petits 
grains. On l’a francisé en pique-poule, comme on devrait 
faire de bien d'autres termes languedociens. 

Picourèlo, s. f. — Voy. Bufadel. 

Piè,s. m, et n. pr. Pic; colline; montagne. Le nom 
propre est rendu en français par Puech, qui a passé aussi 
dans quelques désignations de lieux. — Lou Piè dé Sén-Lou, 
le pic de Saint-Loup, montagne située dans l'Hérault. Low 
Piè dé Céndras, le Puech de Cendras, dans le canton 
d'Alais, sur lequel est bâtie l'église de Cendras, près d'ane 
ancienne tour isolée. Lou Piè das fabres, le Puech des 
fabres, nom ancien que nos Compois donnent à la colline 
où se trouvent des fours à chaux, sur la rive droite du 
Gardon, en face du quai neuf d'Alais. Là devaient se trou- 
ver jadis les industries des forgerons, maréchaux et 
taillandiers, fabres; ou peut-être la dénomination venait- 





PIÈ 


elle du voisinage des fabreries moyennes et hautes, deux 
-rues du vieil Alais, séparées de ce monticule par le seul lit 
de la rivière, avant l'existence du quai. 

Le mot Piè esl aussi entré dans la formation de plusieurs 
noms propres, avec quelques variantes imposées par l'eu- 
phonie; ainsi Pièlon, Pièchégü, Piéredoun, Pièchäou, que 
le français a traduits par Puechlong, Puechegut (le mème 
que Montaigu et Rochegude), Puechredon, Péchaud. Pujol, 
Poujoulat doivent avoir le mème radical. 

- Étym. du lat. Podium. 

Piè, s. m. Pied de roi ou de Paris, mesure de longueur 
composée de douze pouces et qui forme la sixième partie 
de la toise; elle équivaut à 032484. Le pied était une 
mesure de longueur, en usage chez la plupart des peuples 
anciens et modernes, mais avec des dimensions très-dissem- 
blables, variant entre 0m247, longueur du pied Delphique 
ou Pythique, et 0"5136 qui représente le pied employé 
dans le Piémont. Il résulte des travaux de M. Aurès, que 
le pied gaulois doit être évalué à 03248 et le pied romain 
à 0M2963. Le pied gaulois serait donc le même que le pied 
dé roi ou de Paris, qui fut en usage en France jusqu'à 
l'introduction du système métrique. Le savant archéologue 
que nous venons de citer a déduit de la longueur du pied 
gaulois celle de la liene gauloise, laquelle étant composée 
de 4500 pas de 5 pieds, soit 7500 pieds gaulois, présentait 
un développement de 2346 mêtres. Quant au pas romain, 
comprenant aussi 5 pieds romains, il équivalait à 4m4845, 
d'où le mille romain, composé de mille pas, présentait un 
développement de 4484m50; et la lieue romaine, composée 
de 4500 pas ou 7500 pieds romains, possédait une longueur 
de 2222 mètres, qui représente très-exactement la moitié 
de la lieue commune de France, de 25 au degré, dont la 
longueur est de 444% mères, 

Emprunté du français. 

Pièché, s. m. Dim. de Pie, pic, soit comme subst., soit 
comme n. pr. Petite éminence, petite élévation, ou fils 
de Puech. 

Pièço, s. . Champ; vigne; pièce de terre. — És ana 
faire un tour à sa piègo, il est allé visiter sa vigne, son 
champ. Pièço dé sère, cé qué porto ou vèn quère, terre de 
côteau, dit ce proverbe, coùte autant que ce qu’elle rapporte. 

Étym. de la bass. lat. Piecia, m. sign. 

Pièï, s. m. Pis, tétine d'animal, plus particulièrement 
des vaches, chèvres ou brebis. 

Pièi, adv. de temps. Puis: ensuite ; après; tantôt. — Ou 
farén piëï, nous ferons cela tantôt. Ou vétrén pièr, nous le 
verrons ensuite. Pièi y-anaraï, puis, j'irai. Et pièi? et 
après? Pièi qué, tandis que, puisque. Pièi quém'én souvène, 
tandis que je me le rappelle. Pièï qué di Pr puisque, 
tandis que nous y sommes. 

Étym. du grec ’Exel, m. sign. 

Pièi (Lou), n. pr. Le Puy, ville, chef-lieu de la Haute- 

Étym. du lat. Podium. 





PIG 553 


Pièlo, s. f. Auge où l'on abreuve les bestiaux ; lavoir. 
IL est synon. de Piso. 

Étym. du grec léehos, baignoire, bassin. 

Pière, n. prop. d'homme. Dim. Piéré, Pièroë, Piéroto, 
au fém. Pitrélo; augm. Pièras. Pierre; dim. Pierrot, 
Pierrette; augm. Gros-Pierre. 

Étym. du lat. Petrus et Petruneulus. 

Piéta, s. f. Pitié, compassion. — Aqud faï piéta, c'est 
à faire pitié. 

Dér, du lat. Pietas. 

Piétadoüs, ouso, adj. Compatissant, miséricordieux, 
tendre; sensible au malheur des anis. 

Dér. de Piéta. 

Piètre, adj. Piètre, chétif, mesquin. — Piitro mino, 
pauvre figure, mine chétive, 

Traduction du français. 

Pifra, v. Jouer du fifre, du flageolet. — Sé siès pas 
countén, pifro, si tu n'es pas satisfait, si cela ne te va pas, 
prends un fifre, 

Pifraire, s. m. Joueur de fifre. 

Pifre, s. m. Fifre, flageolet à son très-aigu. On dit au 
fig. : Touqua ou jouga ddou pifre, pour ronger son frein, 
croquer le marmot. 

Pigasso, s. f. Houe, instrument d'agriculture et de 
labour. Son fer a la forme d'un carré long, large vers son 
extrémité et qui se recourbe vers le manche. 

Étym. de Pi, avec l’augm. asso. En bas-br, Pighel. 

Pigna, ado, adj. Bien garni ; bien arrangé; proprement 
taillé. Se dit surtont en terme de magnanerie : Dé fouséls 
bièn pignas, des rameaux bien garnis de cocons; dé brus 
bièn pignas, des bruyères bien garnies. Un doubre bièn 
pigna, un arbre bien taillé. 

Dér. de Pigno, pomme de pin, par une comparaison 
avec la disposition des écailles, 

Pignastre, tro, adj. Têtu, entêté; opiniâtre. — Vdow 
mai èstre sot qué pignastre, ce qui signifie : mieux vaut 
paraître un sot et céder, que’ s'obstiner dans son opinion, 
sa volonté, son avis. Un observateur a remarqué que 
l'opiniâtreté est une qualité on plutôt un défaut habituel 
aux bêtes, aux sots et aux enfants. 

Pignastrije, s. m. Opiniâtreté, entêtement déraison- 
nable et stupide, < marque d'un petit esprit, » dit 
SAUVAGES. 

Pigno, s. f. Pomme de pin d'Italie, qui renferme sous 
ses écailles des pignons, sortes d'amandes que la maturité 
fait détacher. Le gros pinson appelé bec-croisé se nourrit 
de ces amandes. On dit d'an avare on d'un cuistre : És sara 
coumo uno pigno vèrdo. 

Pignoun, s. m. L'amande ou semence du pin d'Italie 
contenue dans la pomme de pin. 

Pigoto, s. f. La petite vérole. La clavelée des bestiaux. 
— Adiôussias, ténès-vous cdou et sara, qué la pigolo vous 
sourtira, se dit ironiquement à des voyageurs qui, par un 
grand froid, se mettent en route sur un véhicule non fermé. 


554 PIN 


Pigouta, do, adj. m. et f. Marqué on gravé de la petite 
vérole. On dit aussi gréla. — És tout gréla, il est tout 
grêlé, tout marqué de la petite vérole. 

Pigoutoùs, so, adj. m. et f. Malade attaqué de la 
petite vérole. 

Pigre, adj. m. Paresseux. 

Dér. du lat. Piger. 

Pigrije, s. m. Paresse. 

Pijougnè. s. m. Un colombier, un pigeonnier. 

Dér. de Pijoun. — Voy. C. m. 

Pijoun, s. m. Pigeon {Columba), le pigeon domestique. 

Pilo, s. f. La pile d'un pont. | 

Dér. du français. , 

Pilô, s. m. Une pile, un tas, un petit tas. 

Pilouta, v. Planter des pilotis pour établir un ouvrage 
en maçonnerie dans l'eau ou sur un lerrain exposé aux 
affouillements. 

Pimpa (Sé), v. S'attifer. 

Pimpa, do, adj. m. et f. Attifé, vêtu avec recherche. 
— Aquélo fénno és bé pimpado, cette femme est bien 
aitifée. 

Pimpanèlo, s. f. Pimprenelle, Sanguisorba officinalis, 
Linn., où Fraïssinéto. (Voy. c. m.) On l'appelle aussi 
Pimparèlo. — La grando pimpanèlo, la pivoine. Pœonia 
officinalis, Linn. 

Pimpouna, v. Pomponner, dorlotter, être aux petits 
soins. 

Pimpourla, v. Soigner quelqu'un avec excès, le combler 
d'attentions exagérées. — Sé pimpourla, se dorlotier, 
soigner sa santé avec exagération. 

Pinchoù (Faïre). Épier et se montrer à la dérobée; 
guetter, montrer le nez, se montrer en partie et se cacher 
alternativement. — Pinchoë-babdou. — Voy. Babâou. 

Pinédo, s. f. Terrain planté de pins, bois on forêt de 
pins. 

Dér. de Pi, pin. 

Pino, s. m. Terme sous lequel on désigne le vin en 
plaisantant. — Aï dé bon pin, j'ai du bon vin. 

Pin-pan! interj. Pif-paf! Onomatopée inventée pour 
exprimer l'action de frapper à coups répétés et précipités, 
afin de donner au discours plus de rapidité et d'énergie. 
— Li baïlè dous souflés, pin-pan ! il lui ficha deux soufilets, 
pif-pafl 

Pinta, ». Pinter, chopiner, boire avec excès, s’enivrer. 

Pintardo, s. f. Pintade commune, Numida meleagris, 
Linn., oiseau de basse-cour. — Bataïa coumo dé pintardos, 
jacasser, caqueter, bavarder; se dit des femmes. 

Pinto, s. f. La pinte d'Alais, dit SAUVAGES, pesant 
environ quatre livres poids de table, vaut un litre neuf 
décil., et répond à la quarte ou au pot de Paris de même 
poids, où qui contient deux pintes, mesure de Paris, où 
quatre livres poids de mare, ce qui fait entre ces deux 
mesures une pelite différence. 

Pintra, »v. Action de peindre; faire de la peinture. 





PIQ 


Pintre, s. m. Peintre, celui qui se livre à l'art de la 
peinture. + 

Pistruro, s. f. Peinture, tableau. — Acô's uno bèlo 
Pintruro, voilà un beau tableau. La pintruro d'uno porto, 
d'uno fénèstro, la peinture d’une porte, d'une fenètre. 

Pio. Onomatopée du piaulement du dindon, dont on a 
fait son nom et qui, féminisée, est devenue Pioto, nom de la 
dinde. — Préné la pioto, s'enivrer. 

Piolo, s. f. Une hache, une cognée. On dit aussi 
Déstréou. (Voy. €. M.) — Planta la piolo, faire un marché 
usuraire, hors de proportion avec la valeur de l'objet vendu. 
Piolo bouscardiètro, hache de bücheron. Piolo-dé-man, 
hache de menuisier. 

Pio-pio (A la), s'applique à la manière de donner 
certaines choses telles que dragées, pièces de monnaie que 
l'on jette aux enfants sur la voie publique et dont chacun 
tâche d’avoir la plus grosse part. — Aquél oustäou és à la 
pio-pio, c'est une maison livrée au pillage, d'où chacan 
emporte le plus qu'il peut. 

Pioto, s. f. La femelle du dindon. — Voy. Pio. 

Piou-piou! Onomatopée du cri des poussins. Pi! Pi! en 
français. — Piou-piou toujour viou, Celui qui geint et se 
plaint de sa santé vit toujours. Petit bonhomme vit encore. 
Faï toujour piou-ptou, il se plaint, il se lamente, il geint 
sans cesse; il a toujours quelque chose qui cloche. 

Piouta, v. Piauler, pépier. Les poules d'Inde piaulent; 
les poussins et les moineaux pépient. Au fig. piouta, crier, 
criailler, chamailler, geindre. En parlant de quelqu'un qui 
se plaint toujours de quelque infirmité, on dit : toujour 
piouto, il ne fait que geindre. 

Pioutaïre, s. m. Celui qui criaille et se plaint tou- 
jours. 

Pipa, v. Fumer du tabac, fumer la pipe surtout. On dit 
aussi fuma, mais ce terme est dérivé du français. 

Pipado, s. f. Une bouffée, une gorgée de fumée de tabac, 
chassée par le fumeur qui fume la pipe. 

Pipaire, s. m. Fumeur. 

Pipi, s. m. Terme de nourrice employé aussi en français 
en parlant aux enfants. Action de pisser. — Faï toun pipi, 
fais ton pipi. 

Pipo, s. /. Pipe servant à fumer du tabac. — Vôou pas 
uno pipo dé taba, il ne vaut pas une pipe, il ne vaut pas 
cher. 

Piqua, v. Frapper, heurter. — Qudou piquo? Qui va là? 
Qui frappe à la porte? Lou piqua dé la daïo, action 
d'affuter le tranchant d’une faux, opération difficile, d'où 
l'on dit au fig. en présence d'une difficulté : Acd’s lou 
piqua dé la daïo, c'est ici que commence la difficulté, 
l'embarras. 

Piquasoù, s. f. Picotement, prurit, démangeaison occa- 
sionnée sous Ja peau par l’acreté des humeurs ou la mal- 
propreté du corps. — Voy. Prusije. 

Piquatièiro, s. f. Cavité pratiquée dans un bloc de 
pierre et dans laquelle on introduit an coin en fer, pour la 


PIS 


partager en plusieurs pièces, en frappant sur le coin avec 
une masse de fer appelée bouro. 

Piqué, s. m. Le piquet, jeu de cartes, que l'on joue 
à deux ordinairement. Piqué-voulur, jeu de piquet qu'on 
joue à trois. — Jamaï lou piqué és pa'ntra din la tèsto 
d'un ase, le piquet n'est jamais entré dans la tète d'un âne, 
pour dire que le piquet est un jeu difficile. 

Piquélé, éto, adj. m. Pelit, petiot, malingre. Se dit 
d'un enfant mignon, de petite taille, par rapport à son âge. 
On dit aussi péquélé, éto. 

Piquét, s. m. Piquet, morceau de bois aiguisé par un 
bout et pouvant être enfoncé dans le sol. 

Piquétado, s. f. Rangée de piquets plantés au bord d’une 
rivière pour soutenir des fascines et servir de défense 
eontre les affouillements, les envahissements d'un cours 
d’eau. Se dit aussi d'une clôture fixe en bois. 

Piquo, s. f. Pic de mineur, de terrassier. 

Piquo, s. . Pique, une des quatre couleurs d'un jeu de 
cartes. 

Piquo, s. f. Brouillerie, animosité. — Y vai dé piquo, 
il'agit avec passion, avec animosité. 

Piquoni, s. m. Pique-nique, repas où chaque convive 
paie son écot. De l'anglais Pick-an-each, littér. où chacun 
est piqué, où chacun paie. 

Piquo-poulo, s. f. Nom lang. du fruit du micocoulier. 
Sorte de raisin à petits grains noirs ou blancs. 

Piquou, s. m. Instrument de mineur ou de carrier, 
-pointu et acéré. 

Pire, adv. Très, beaucoup, infiniment. — És pire qué 
pouli, il est très-joli. És pire qué brave, il est honnète au- 
dessus de toute expression. 

Pis, s. m. L'urine; le pis de la vache, de la chèvre, 
de la brebis. 

Pisa, v. Décortiquer les châtaignes, les dépouiller de leur 
écorce. Se dit aussi par extension de quelques légumes secs. 

Dér. du lat. Pinsus, broyer, piler. 

Pisado, s. f. Époque de l’année affectée au décortiquage 
des châtaignes, qui s'étend environ de fin novembre au 
milieu de décembre. — Véndrén pér pisado, nous vien- 
drons à l'époque du dépiquage des châtaignes. Pisado se 
dit aussi pour désigner la quantité de châtaignes sèches 
que lon peut décortiquer en une seule fois, en une seule 
opération. 

Pisadoù (Sa), s. m. Sac en forte toile écrue, ouvert 
par les deux bouts et qui contient la quantité de châtaignes 
composant une pisado. — Voy. ©. m. 

On mouille fréquemment ce sac pendant l'opération du 


dépiquage, qui a lieu sur le sou-pisadoù. — Voy. c. m. 
ci-après. 


Pisadou (Sou), s. m. Billot en bois de chène ou le plus 
souvent de châtaignier sur lequel on frappe les chätaignes 
sèches pour les dépouiller de leur écorce. 

Pisaïire, s. m. Ouvrier employé au dépiquage des 
châtaignes. 





PiT 


Piscu, part. pass. du verbe Poudre, pouvoir. — Aï pas 
piscu véni, je n'ai pas pu venir. 

Piso, s. f. Auge de pierre, placée près d'un puits, d'une 
fontaine, auge à abreuver; auge à huile. 

Dér. du grec Iécaos, baignoire, bassin à laver les pieds. 

Pissa, v. Pisser, uriner; jaillir, — Lou san pisso, le 
sang jaillit, quand on pique la veine. À pissa vérgougno, 
il a bu toute honte. Laïssas pissa lou béstidou, laissez 
pisser le mouton, c.-à-d. prenez patience. 

Pissadoù, s. m. Pot-de-chambre, vase de nuit, pissoir 
public ou privé. 

Pissagno, s. f. Urine, pissât. — Aï pissagno, j'ai besoin 
d'uriner. 

Pissaïre, arèlo, s. m. et f. Pisseur, pisseuse. Terme de 
dédain ou de mépris à l'égard d'un individu qui fait 
l'unportant et se mèle de ce qui ne le regarde pas. — 
Achas, aquél pissaïre dé qué s6 mèlo! Voyez un peu de quoi 
se mêle ce faquin! 

Pissarado, s. f. Grande quantité d'urine rendue en une 
fois; tache ou marque d'urine sur le drap de dessous 
lorsque quelqu'un a pissé au lit. 

Pisso-can, s. m. — Voy. Amouréléto. 

Pisso-fré, s. m. Se dit d'une personne à tempérament 
froid et lymphatique; d'un cacochyme. 

Pissogo ou Pissago, appelé aussi Massaparén, s. m. 
Potiron rouge, champignon vénéneux. 

Pisso-iè, s. m. Pissenlit, liondent, Leontodon protei- 
formis, Linn., plante de la famille des Composées. 

Pisso-paio, s. m. Crible à larges mailles. — Voy. 
Cruvil. 

Pisso-rato, s. f. Chauve-souris. 

Pissourlé, s. m. La pissotte d'un cuvier à lessive; un 
petit jet, un filet de liqueur; une pissotière. 

Pissourléja, v. Pissoter; se dit aussi d'une fontaine qui 
ne donne qu’un mince filet d’eau. 

Pissourliè, s. m. — Voy. Pisso-ié. 

Pissoüs, ouso, adj. m. et f. Mouillé par le pis, qui a 
l'odeur du pis. Se dit d’un enfant qui sent le pisst, 

Pistoulé, s. m. Pistolet, arme à feu à canon court, que 
l'on tire d'une seule. main. Dim. de pistole, qui, au 
XVIe siècle, désignait une carabine. Au fig. un homme de 
rien. — És un triste pistoulé, c'est un vaurien. 

Henri Estienne dit qu'on fabriquait autrefois à Pistoie 
de petits poignards appelés Pistoyers, et que ce nom fut 
ensuite appliqué à toutes sortes d'armes de petite dimen- 
sion. 

Pitança, v. User d'une chose avec ménagement, ne 
prendre, n'employer une chose quelconque qu'avec écono- 
mie frisant même la parcimonie. Manger dans un repas, 
proportionnellement aux mets qui sont servis, une quan- 
tité de pain plus considérable, de façon à ménager les mets 
et à ne les employer que comme véhicules pour aider à 
absorber le pain. Dans ce dernier sens on dit aussi : 
Coumpanéja. — Coumpanéjo-té, dit la mère à son jeune 


309 


596 PLA 
enfant qui, par friandise, est porté à substituer le mets au 
pain. 

Pitançaïre, s. m. Celui qui ménage les mets pour se 
nourrir de pain de préférence et en plus grande propor- 
tion. 

Pitanciè, s. m. Pitancier, office du religieux chargé 
dans une communauté de distribuer la pitance, e.-à-d, la 
quantité de pain, de vin et de viande ou de légumes qui 
revient à chacun. 

Pitanço, s. f. Pitance. Ce mot se dit pour toute sorte de 
mets qu'on à coutume de manger avec du pain. Il n’a pas 
la même signification en français, où le mot pitance désigne 
la portion de pain, de vin et de mets qu'on donne à chaque 
repas dans les communautés. — Manjo soun pan san 
pilango, il mange son pain sec. À dé pan, dé vi et dé 
pitanço, il a du pain, du vin et de la viande on autres 
mets. De la bass. lat. Pictansia où portion monastique de 
la valeur d'une picte ou pitte, monnaie des comtes de 
Poitiers, Pictaventium, qui valait le quart d’un denier. 

Pitre, s. m. La poitrine de l’homme, le poitrail des 
bestiaux. 

Dér. du lat. Pectus, pectoris. 

Pivèr, s. m. Pic-vert. Picus vwiridis, Temm., oiseau 
dont tout le dessus de la tête, l’occiput et les moustaches 
sont d'un rouge brillant; le dessus du corps d’un beau 
vert, le dessous blanc jaunâtre et le croupion d’un jaune 
verdätre. Il a environ 0,35 cent. de long. Les pics-verts 
ne sont pas rares dans nos contrées, où ils vivent séden- 
taires;' d’autres espèces y apparaissent aussi et, comme 
elles n'ont point cette couleur qui caractérise le premier, 
elles ne devraient recevoir que le nom générique de Pi; 
mais l'espèce la plus commune l'a emporté et le nom de 
Pivèr est ordinairement donné à toute la famille, sans 
faire grâce de l’épithète, qui parfois s'applique assez mal. 

Pivou, pivolo, s. m. et f. Peuplier, Populus nigra et 
populus alba, Linn., qui sont les deux. espèces indigènes. 
On applique aussi ce nom au peuplier d'Italie (Populus 
fastigiata, Poiret), qui a la feuille du peuplier noir et le bois 
du peuplier blanc. 

Dèér. de Populus, nom lat. de ces arbres. 

Pivoulado, s. m. Champignons de souche qui viennent 
au pied des peupliers. 

Pla, s. m. Plat, ustensile de ménage sur lequel on pré- 
sente les mets à table. — Métre la man dou pla, mettre 
la main au plat. 

Platé, dim. de plat. — D'iôou dou platé, des œufs au 
plat. 

Plataras, augm. de plat. — Nous an douna un plataras 
dé soupo, on nous a donné une gamelle de soupe. 

Pla, ato, adj. m. et f. Plat, plate. — És pla coumo uno 
Pénnaïso, il est plat comme une punaise. 

Plaça, v. Placer, mettre quelque chose en Me + donner 
une place, une position à quelqu'un. — És bé di ila 
ane place, une bonne position. 





PLA 


Placar, s. m. Armoire pratiquée dans l'épaisseur d’un 
mur. 

Placiè, s. m. Coureur de places, désœuvré; mais ce mot 
s'applique surtout à un commissionnaire, à celui dont le 
métier consiste à placer les marchandises, et au fermier 
des places du marché d'une ville. 

Placioù, s. m. Petit emplacement où l'on peut cons- 
truire. 

Placéto, s. f. Petite place; dim. de Plaço. ({ Voy. c. m:) 
Palier situé au sommet d’un escalier extérieur, au devant 
d'une maison et quelquefois recouvert d’une toiture: 

Plaço, s. f. Place, lieu ou espace que peut occuper une 
personne où une chose; lieu public découvert, situé dans 
l'intérieur d’une ville ou d'un village et ordinairement 
entouré de bâtiments, soit pour l’embellissement d'une 
ville, soit pour la facilité du commerce et l'étalage des 
marchandises et des denrées ; rang, emploi. 

Dér. du lat. Platea. 

Plagne, v. Plaindre, regretter, épargner sa peine, ses 
dépenses. — Aquél péoure home és bé dé plagne, ce pauvre 
homme est bien à plaindre. Plagne bé lou pâoure mort, je 
regrette bien le pauvre défunt. Plun lou béoure à sous 
varlés, il lésine sur le vin qu'il doit livrer à ses domes- 
tiques. 

Dér. du lat. Plangere. 

Plagnén, énto, s. mm. et f. Plaignant, plaignante; celni 
qui se plaint, qui porte plainte. 


Plago, s. f. Plaie, blessure. Au fig. préjudice, dommage. 


— Plago d'argén és par mourtèlo, perte d'argent n'est pas 
une plaie mortelle. 

Plaïdéja, ». Plaider. Au fig. hésiter avant de prendre 
une détermination. — Dé qué plaïdéjes? pourquoi hésites- 
ta? On dit proverbalement : Quéou plaïidéjo, maldoutéjo; 
tout ço qué manjo y'amaréjo, celui qui plaide est toujours 
maladif, et tout ce qu'il mange lui parait amer. On dit 
vulgairement d'un homme atteint d'une maladie désespérée : 
Plaïdéjo, 1 plaide, il est entre la vie et la mort. 

Plaïdéjaire, arèlo, s. #”. et f. Plaideur, plaïdeuse, 
celui qui aime à plaider, qui plaide souvent. — Un plaï- 
déjaïre és un mari vési, un plaideur est un mauvais 
voisin. 

Plan, s. m. Plan, projet, décision arrêtée. On ditau 
fig. : Auès un famos plan! vous avez un fier aplomb! 
un flegme étonnant! Tiro dé plan, se dit de celui qu'on 
appelle valgairement un batteur de pavés, un paresseux. 

Plan, s. m. Plant: jeune arbre, jeune plante, bout à 
planter ou nouvellement planté, rejeton que l'on enlève à 
un arbre pour le replanter. — Dé bon plan, planto ta 
vigno; dé bon san, marido ta fio; de bons plants FE ta 
vigne, d'un sang pur marie ta fille. 

Plan, adj. m. Plain, uni. — Plan coumo la man, uni 
comme une glace. 

Plan, «dv. Doncement, posément, lentement. — Plan- 
plan! tout doux, tout beau. Asén plan, acampén bé, 





PLA 


agissons avee mesure et faisons notre profit, Qudon vaï 
plan, vaï san, celui qui agit avec prudence évite bien des 
mécomptes, Plan dâou lé qué jougan cinq sdous! Ne tou- 
chez pas au cochonnet, nous jonons cinq sous! dieton 
proserbial employé facétieusement par les joueurs de 
boules. 

Planas, asso, s. m. el f. Grande et large plaine; 
augmentatif de plan; de même que plané, plagnôou, petite 
plaine, en est le diminutif. 

Planchar, s. m. Grosse planche épaisse, madrier, 

Dér. de Pluncho, dont il est un augmentatif. 

Planchè, s. m,. Plancher, assemblage de poutres, de 
solives et de planches qui sépare deux étages consécutifs 
d’une maison. 

Planchéira, ». Plancheyer, parqueter. 

Planéja, v. Se dit d’une région située en plaine, très- 
peu accidentée, 

Plano, s. f. Plaine; poisson de mer appelé plie en fran- 
çais ; outil de tourneur et de tonnelier. 

.Plan-paousè, s. comp. m, Homme indolent, flegmatique, 
sans initiative, 

Plan-piè, «dv, Plain-pied. — Aquéles mémbres soun dé 
plan-piè, ces pièces sont de plain-pied. 

Planquéto, s. f. Une chaufferette ; une petite planche. 

Planquo, s. f. Passerelle jetée sur un ruisseau et çons- 
truite avec des planches. 

Plansoü, s. ». Plançon, jeune plant d'arbre ou d'autre 
plante; un poteau. 

Plansouïiè, s. m. — Voy. Plantouïe. 

Planta, s. m. Gerbes dressées côte-à-côte sur l'aire, les 
épis en haut et formant une arène circulaire sur laquelle 
on fait piétiner les chevaux pour dépiquer le blé. 

Planta. v. Planter. Planter un champ, planter un clon. 
— Vaqui un home bé planta, voilà un homme bien bâti. 
M'avès planta, vous m'avez faussé compagnie. 

Dér. du lat. Plantare. 

Plantado, s. /. Plantation d'arbres. Ce terme s'applique 
surtout à un champ planté de müriers ou d'oliviers 
disposés en quinconce où par rangées. 

Plantage, s. m. Plantain à larges feuilles, Plantago 
latifolia; Linn., appelé, aussi Erbo à cinq costos, herbe à 
cinq côtes; plante vulnéraire, astringente. 

Plantiè, s. m. Nouvelle ou jeune plantation de vignes. 

Planto, s. /. Plante, végétal. Au fig. on dit : Planto dé 
pigoto, un grain ou un bouton de petite vérole. — Acù és 
uno bèlo planto, se dit en parlant d’une femme de taille 
élevée et bien constituée. 

Plantun, s. m. Jeune pousse de salade ou de légume 
destinée à être repiquée dans an jardin potager. 

Plataras, s, m. Plat de grande dimension; augm. de 
Pla. + Foy. €. m. 

Platèou, s. m. Grosse planche très-épaisse, madrier 
ordinairement débité dans un bois dur tel que le chène on 
le noyer. 





PLO 597 


Plantouiè, s. m. Semis de châtaigniers, de müriers, 
d'ognons, de choux et en général d'arbres ou de légumes 
nouvellement sortis de terre. 

Plé, Pléno, adj. m. et f. Plein, pleine. On dit aussi 
Plén au masc. — Un plén eapil, un plén pagné, plein an 
chapeau, un panier. N'aï mas plénos mans, j'en ai les 
mains pleines, Aquélo cabro, aquélo fédo és pléno, cette 
chèvre, cette brebis est pleine. 

Pléga, v. Plier, ployer. — Pléga-vous bé, couvrez-vous, 
enveloppez-vous bien. Aquél homme és pléga, cet homme 
est perdu, il est dans un état désespéré. L'a fa pléga, il l'a 
fait caponner, il lui a fait mettre les pouces. Sé pléga, se 
coiffer. Pléga boutigo, fermer boutique, faire faillite. 

Dér. du lat. Plicare, m. sign. 

Plégadis, isso, adj. m. et f. Souple, flexible, pliant, 
facile à plier. — Cadièiro plégadisso, chaise pliante. 

Plégaje, s. m. Pliage, action de plier. 

Plégo, s. j. Une main, une levée an jeu de cartes. — 
Lou j0 dé plégo-ma-tèlo, le jeu de la toile, 

Pléjas, s. m. Augm. de Plèjo. Grosse averse, pluie 
subite et de peu de durée. 

Plèjo, s. f. Pluie. — Plèjo ménudo, bruine, petite pluie. 

Dér. du lat. Pluvia. 

Pléjous, onso, adj. m. et f. Pluvieux. 

Plén, adj. m. — Voy. Plé. 

Plési, s. m”. Plaisir, satifaction, sensation agréable, joie, 
amusement, volonté, service, office. — Coumo vous fara 
plési, comme vous voudrez, à votre choix. 

Dér. du lat. Placere. 

Plèt-à-Diou ! interj. Plaise à Dieu! Exclamation inter- 
jective employée pour témoigner le désir qu'on éprouve de 
voir un vœu, un souhait se réaliser. 

Plèti? quest, interj. Plait-il ? — Faïre plèti, se plier aux 
circonstances, faire des courbettes. 

Plis, s. m. Pli, point où une chose se plie, marque qui 
reste à l'endroit plié. — Acù fara pas un plis, cela ira de 
soi, cela aura lieu sans difficulté. 

Dér. du lat. Plica. 

Plissa, v. Plisser, faire des plis à une étoffe pour l'agré- 
rmenter. Adjectivement on dit Phissa, do, plissé, ee. — 
Aquélo fénno és touto plissada, cette femme est ridée. 

Plo, s. m. Petit plateau qui surmonte un chainon, 
un contrefort de montagne. Quand ce plateau se trouve 
situé sur la sommité la plus élevée d’une région, il prend 
le nom de Caim, Can. — Voy. c. m. 

Plôoure, v. n. et impers. Pleuvoir. Ce terme s'emploie 
pour désigner l'ean qui tombe du ciel. On dit de quelqu'un 
qui flâne au lieu de travailler : éscouto sé pléou, il écoute 
s'il pleut. 

Dér. du lat. Pluere. . 

Plouma, v. Plumer, ôter les plumes d’un volatile; peler 
on fruit, un légume; effeuiller, écorcer un arbre. — 
Plouma dé castagnos, dé rabos, peler des châtaignes, des 
raves. Plouma un amouriè, effeuiller un mürier. Ploume 

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558 PLO 


un éouse, écorcer un yeuse ou chène-vert. Faï un fré qué 
ploumo, il fait un froid très-vif. T'an plouma, on t'a 
plamé, se dit à un joueur qui a tout perdu. 

Ploumado, s. f. Une volée, une râclée. — T'an fitu uno 
ploumado, on t'a fiché ane râclée. Ploumados, châtaignes 
fraiches pelées et prêtes à mettre à cuire. 

Plouma, ado, adj. m. et f. Plumé, plumée, pelé, pelée. 
— Tèslo ploumado, tête chauve. On l'emploie comme 
sobriquet : Bérna lou plouma, Bernard le Chauve. 

Ploumas, s. »m. Bûche de chêne écorcé, de bois pelard . 

Ploumba, v. Plomber, appliquer du plomb; prendre 
l'aplomb d'un mur, d’une chose quelconque à laquelle on 
veut donner une position verticale ; élaguer les branches 
d’un arbre de manière à ce qu’elles ne dépassent pas une 
certaine limite fixée. 

Dér. du lat. Plumbare. 

Ploumba, ado, adj. m. et f. Plombé, mis d’à-plomb. 
— Aquél home és gaïre ploumba, cet homme n'a pas beau- 
coup de jugement, se dit au fig. 

Ploumé, s. m. Plumet, niveau de plomb, en vieux fr. 
plomet. Au fig. : Préne un ploumé, se griser. 

Ploumio, s. f. Débris de plumes ou de matières re ssem- 
blant à de la plume; épluchures. 

Ploumo, s. /. Plume, duvet qui recouvre le corps des 
oiseaux et leur sert à voler; plume à écrire ou plume d'oie 
qui a subi certaine préparation. Par extension, on donne 
aussi le nom de plume à la plume de fer inventée depuis 
quelques années et qui a presque complètement remplacé 
la plume d’oie. 

Dér. du lat. Pluma, m. sign. 

Ploumous, ouso, adj. m. et f. Plumeux, plumeuse, 
garni de plumes. 

Ploun, s. "». Plomb, fil-à-plomb, instrument de maçon 
propre à prendre l'aplomb ; plomb de chasse. 

Plounjoù, s. m. Plongeon, nom donné à certains oiseaux 
de passage de l’ordre des Palmipèdes qui ont l'habitude de 
plonger. Dans le Gard, on donne surtout cenom au Casta- 
gneux ou grèbe de rivière. {Colymbus minor, Linn.) 

Ploura, v. Pleurer, déplorer, regretter. — Plôura sous 
pécas, pleurerses péchés. Plouro qué sé déscréstiano, expres- 
sion intraduisible, pour indiquer qu'une personne pleure 
abondamment. Las soucos plourou, la vigne entre en sève. 
Plouro coumo un védèl, il pleure comme un veau. On diriè 
qu'a ploura pér l'avédre, on dirait qu'il a pleuré pour 
Vobtenir, se dit d'un vêtement mesquin, étriqué, manquant 
de l'ampleur suffisante. 

Dér. du lat. Plorare, m. sign. 

Plourado, s. f. Intervalle de temps plus ou moins long 
passé à pleurer. — À fa uno plourado, se dit surtout d'un 
enfant qui a pleuré longtemps sans discontinuer. 

Plouraire, Plourarèlo, s. m. et f. Pleurard, celui qui 
pleure habituellement, qui se plaint de tout, qui n'est 
content de rien. 

Plouroùs, ouso, adj. m. et f. Pleureux, pleureuse, qui 





POC 


est en pleurs, qui a les yeux mouillés de pleurs. — És tout 
plouroùs, il est tout en larmes. 

Plous, s. ”. pl. Pleurs, larmes répandues. 

Plouvina, v. Bruiner. Se dit de la rosée qui tombe. 
Dans le voisinage de Nimes, Plouvina signifie geler 
blanc. : 

Plouvinas, s. »m. Bruine intense, rosée abondante. Dans 
le voisinage de Nimes, on appelle Plowvinas la gelée blanche 
désignée à Alais sous le nom de Barbasto. — Voy. ©. m. 

Plouvinéja, v. Bruiner. 

Dér. du lat. Pluvia, pluie. 

Plouvinéjado, s. f. Bruine peu intense; menue pluie 
telle que celle provenant des brouillards qui se résolvent en 
pluie fine. Dim. de Plouvino. (Voy. c. m.) Sur les hautes 
montagnes il ne tombe guère que de la bruine. — Faï uno 
plouvinéjado, il fait une petite rosée. 

Plouvino, s. f. Bruine, rosée de la nuit ou du matin; 
pluie fine. Nom de la gelée blanche en Provence. 

Dér. du lat. Pluvia, pluie. 

Pluga, v. Fermer les yeux, les bander comme on le fait 
aux jeux de colin-maillard et cligne-musett e. On dit : Quéou 
plugo ? que l'on doit rendre par : à qui est-ce à faire? — 
És icou qué plugue, c'est moi qui fais. Té vou pluga, je 
vais te bander les yeux. Ce terme paraît être dit pour 
pléga, plier ou fermer. 

Dér. du lat. Plicare, plier, m. sign. 

Plugos, s.f. pl. Antoques ou lunettes des fchevaux; 
sortes de calottes de cuir opaques, avec lesquelles on 
recouvre les yeux des chevaux de manège et de ceux que 
l'on emploie au dépiquage du blé. 1! ne faut pas confondre 
les antoques avec les œillères des chevaux de voitures ou 
avec les flaquières, qui empèchent seulement les chevaux 
et les mulets de voir latéralement, ce qui contribue à les 
tenir dans le droit chemin. 

Plugoüs (Dé), ado. A tâtons, les yeux fermés ou à 
l’aveuglette. 

Plugué, s. m. Le jeu de cache-cache ou de cligne- 
musette, appelé aussi Réscoundudo. 

Plus (Sans). Loculion qui s’emploie dans le sens de : 
sans ajouter davantage. — Quan aguè parla, partiquè 
sans plus, quand il eut expliqué son affaire, il partit sans 
rien ajouter de plus. 

Po, subst. m. Pot, vase de terre on de métal destiné à con- 
tenir quelque chose. 

Dér. du lat. Potus, boisson. 

Po, v. 3e pers. du pr. de l'ind. des v. Poudre, Poude où 
Poudé, pouvoir. Il ou elle peut. — Po sé dire, on peut le 
dire. 

Dér. du lat. Potere, pouvoir, m. sign. 

Pocho, s. /. Poche, petit sac aplati fixé aux habits et 
servant à serrer divers objets que l'on emporte habituel- 
lement avec soi ; faux pli d'une étoffe cousue, sinus dans 
une plaie; partie interne d’une tumeur. On dit au fig: : 
Ac és din ma pocho, c'est une chose comprise, une chose 


EE PC 


POR 


qui m'est acquise. — Rasin dé pocho, raisin de poche, à 
grains durs et qui mürit fort tard. 

Dér. de la bass, lat. Punga, Puncha, Pochia, m. sign. 

Po-dé-cambro, s. m. comp. Pot-de-chambre, vase de 
nait. — Voy. Pissado. 

Pon, s. m. Pont, ouvrage en pierre, en bois ou en fer 
jeté sur une rivière, un fleuve, un cours d'eau quelconque 
pour en faciliter le passage. 

Dér. du lat. Pons, pontis, m. sign. 

Pon-lévadis, s. m. comp. Pont-levis. 

Pôou, s. f. La peur, l'effroi. — N'ai maï dé péou qué 

d'énuéio, j'en ai plus peur qu’envie, se dit d'une chose 
qu'on redoute de voir se réaliser. La péou gardo las vignos, 


la peur garde les vignes. 


Por, s. m. Cochon commun, cochon domestique. /Sus 
scrofa, Linn.) Mammifère onguiculé de la famille des 
Pachydermes, dont on distingue six ou sept races ayant 
toutes Je sanglier pour souche. Au fig. un individu sale, 
malpropre ou dont le langage est. grossier et inconvenant. 
— És coumo un por à l'éngraï, se dit d'un individu qui n'a 
d'autre souci que de manger et dormir. Por sénglas, san- 
glier ou porc sauvage. Ploures pas, pichoto, avèn troubu 
lôu por, n'ayez aucun.souci, nous avons trouvé le nœud 
de la difficulté. 

Dér. du lat. Poreus, m. sign. 

Pore, s. m. Poireau. — Vèr coumo un pore, vert comme 
la fane d’an poireau. On dit aussi Pori. 

Pori, s. m. Poireau. — Voy. Pore. 

Porje, s. m. Porche, espace couvert placé à l'entrée 
d'un édifice, d'un monument, d'une maison; parvis d'une 
église. 

Dér. du lat. Porticus, m. sign. 

Porto, x. pr. de lieu. Portes, ou Portes-Bertrand, 
comm. du canton de Génolhac, — Castrum et villa de 
Portis, 4102; Ad Portas, 1294; Castrum de Portis-Ber- 
trandi, 1344. Cette localité, qui peut être considérée comme 
la porte des Cévennes, est. située sur la ligne du faite qui 
sépare les deux vallées du Gardon et de la Cèze. La voie 
romaine de Nimes à Gergovie, par le Collet de Villefort, 
passait par Portes et on en trouve encore des vestiges sur 
son territoire. 

Porto, s. f. Porte, ouverture par où l’on pénètre dans 
une maison, un édifice, une ville, etc.; la clôture elle- 
mème, la cloison qui sert à fermer l'ouverture. — Bara La 
porto, fermer la porte. Piqua én toutos las portos, frapper 
à toutes les portes, réclamer un service de tous les 
côtés. Porto-à-v itro, porte vitrée. 

Dér. du Jat. Porta, m. sign. 

Porto-ésfrai, s. m. comp. Épouvantail, mannequin 
bourré de paille qu'on met au bout d’un poteau au milieu 
d'un champ pour effrayer les oiseaux. Au fig. personne 
Jaide, hideuse, qui fait peur; rabat-joie, croquemitaine. On 
applique quelquefois ironiquement cette ARS àäun 
agent de police, à un gendarme. 





POU 559 


Porto-fai, s. m, comp. Porte-faix, crocheteur. 

Porto-fuio, s. m. comp. Portefeuille, 

Porto-mantèl, s. m. comp. Porte-mautean. 

Porto-réspè, s. m. comp. Une arme quelconqne que 
l'on porte ostensiblement dans un voyage ou une 
occasion où l’on peut courir des dangers, et qui impose le 
respect à ceux qui l'aperçoivent, 

Pos, s. /. Planche. Du lat. Postis, — És sé coumo uno 
pos, il est sec comme une planche. L'an més éntre quatre 
pos, on l'a mis entre quatre planches, on l'a mis au 
cercueil. 

Pos, v. Tu peux; 2° pers. du prés. de l'ind. du +. 
Poudre, Poude Ou Poudé, pouvoir. — Pos ou crêire, tu 
peux le croire. Pos-ti ou dire? Peux-tu dire cela? 

Pous-barâou, s. mn. comp. Puits que l'on ferme au 
moyen d'une porte. C'est un puits semblable, encore 
existant, qui a donné son nom à la rue Puits-barral à Alais. 

Pouce, s. m. Le pouce de la main. — Métre lou pouce, 
caler, se plier à une nécessité, à une exigence; se laisser 
convaincre par une démonstration, avouer que l'on a tort. 
Ancienne mesure aujourd'hui abindonnée. 

Poucèl, s. m. Jeune pourceau, goret, cochon de lait. 

Dér. du lat. Porcellus, m. sign. 

Poucéla, v. Cochonner, se dit de la truie qui a mis bas. 

Poucélado, s. f. Cochonnée; portée de petits cochons; 
ce qu’une truie met bas en une seule portée. SAUVAGES 
ajoute que le nombre des jeunes pourceaux est ordinai- 
rement égal au nombre des pis de la truie. 

Poucèlo, s. f. Une jeune truie qui n'a point porté. 

Pouchado, s. f. Une pochée; plein une poche. — 
N'aviè uno pléno pouchado, il en avait une poche pleine. 

Pouchéja, v. Se fouiller; mettre la main dans sa poche 
comme pour en retirer de l'argent. 

Pouchou, s. m. Gousset, bourson, petite poche de la 
culotte on du gilet. Dim. de Pocho. 

Pouciou, s. m. Pourcil, loge ou étable à cochons. Du 
lat. Porcinum (sous-entendu stabulum), — Sanlo coumo un 
pouciou, sale comme un pourcil; se dit d’une maison 
très-mal tenue. 

Pouda, v. Tailler la vigne, former la tête d'un mürier 
nain, d’un jeune arbre fruitier. 

Dér. du lat. Putare, rendre pur, tailler, émonder, 
nettoyer. 

Poudaire, s. m. Vigneron qui taille la vigne. 

Poudar ou Bartassiè. Grande serpe à tailler les haies 
et les charmilles. Elle est emmanchée d'un long bâton, et 
le fer a la forme d'un croissant, comme, celui d'une 
faucille. 

Poudasoü, s. f. La taille des vignes; l'époque, 1 
saison où a lieu cette opération. — Pér poudasoù, au 

temps de la taille. 

Poudé, s. m. Serpette à greffer, à émonder, à tailler. 

Dér. du lat. Putus, a, um, pur, purifié; d'où Putare, 
rendre pur, tailler, émonder, nettoyer. 


560 POU 

Poudé, s.m. Pouvoir, autorité, crédit. — S'avièt lou 
poudé, si j'avais le pouvoir. 

Poudé, v. Pouvoir. 


Poude, v. n. Pouvoir, — V. Poudé et Poudre. 
: On dit au PRÈS. DE L’IND. : 
Pod... eh cetpre-p ee Je peux 
Podés :..., ee tu peux 
Po. ARS TRS il peut 
Poudèn ...….......,..... nous pouvons. 
Poudès . 4,5. recu cer Vous pouvez. 
POULE ste tee se? ils peuvent. 
A L'IMPARFAIT : 
Pondiéti. s5 00 V8. 2m ent je pouvais. 
Poudiès.. sis és sinèn + ver tu pouvais. 
Poème sltte HQE il pouvait. 
Poudian ste plole sut eye nous pouvions. 
Poudins.. se i Sense vous pouviez, 
Poudidn:. enr. cures .. ils pouvaient. 
Au PASSÉ DÉFINI : 

Pouguère..... 1." 1% je pus 
Pouguëres....0.. 0. tu pus 
Pouguê.tssi SAT il put 
Pouguën. ste. ee nous pimes. 
Pougubks. du. un ur vous pütes. 
Pouguèrou............. ils purent. 


Dér. du lat. Potere, pouvoir, m. sign. 

Camine tan qué pode, je marche aussi vite que je puis. 
Courissian tan qué Diou poudian, nous courions à toutes 
jambes ou autant que Dieu nous donnait des forces. Pico 
tan qué po, il frappe de toutes ses forces. S'én vai tan qué 
po, en parlant d'un malade qui approche de sa fin. Plôou 
tan qué po, il pleut à verse. F6ow poude, il faut pouvoir. 

Poudios, s. f. pl. Les émondures, les menus brins, 
les scions et les branches enlevées d’un arbre que l’on 
émonde avec la serpette ou la hache ; les sarments que l'on 
coupe sur un cep de vigne. 

Poudo, s. f. Serpe à couper les ronces, emmanchée d’un 
bâton long de quatre à cinq pieds. Son fer «est plus petit 
que celui du Poudas; il est un peu plus grand que celui 
du Poudé ou serpette. On appellé aussi Powdo, la serpette 
à talon allongé qui sert à tailler les vignes. 

Poudra, v. Poudrer, couvrir de poussière. — Soui tout 
poudra, je suis tout couvert de poussière. — Futur absolu 
du v. Poudre. Il ou elle pourra. 

Poudre, v. Pouvoir. — Voy. Poude et Poudé, V 

Poudro, s. f. Poudre, poudre à canon, à fusil; poudre 
à poudrer; poussière, matière pul vérisée. 

Dér. du lat. Pulvis, pulveris. 

Pouèlo, s. m. Poèle, fourneau servant à chauffer un 
appartement, à faire la cuisine. Appareil essentiellement 
moderne dans le midi de la France surtout, et dont le nom 
. “est emprunté au français. Drap d'honneur que l’on porte 
dans une cérémonie funèbre. 





POU 


Pouèn, s. "”. Point; point final dans l'écriture où les 
ouvrages imprimés ; point que l'on marque au jeu. On dit 
aussi Poun. — Voy. ©. m. 

Pouètro, s. m. Poète. Emprunt fait aù SEE en le 
dénaturant. 

Pougé, n. pr. m. Nom d'homme et de localité. Dim: de 
Piè, Puech, Puy, élévation, tertre, monticule, pic. 

Dér. du lat. Podium, m. sign. 

Pougéso, adj. f. Qualificatif appliqué à certaines 
monnaies du Puy émises sous le signe de saint Louis. — 
Maïo pougéso, maille pougeoise ou du Puy. 

La pitte pougeoise valait la moitié d’une maille et celle- 
ci la moitié d'un denier. D’après certains auteurs la Pougéso 
proprement dite équivalait à la moitié d’une pitte ou au 
quart d’une obole où le huitième d’un denier. La pitte 
proprement dite, picta, était une monnaie du Poitou, 
Pagus piclavensis . 

Pougnado, s. f. Une poignée, autant que la main 
fermée peut contenir d’une chose; partie d'un instrument 
où d'un outil que l'on saisit avec la main; poignée de 
main. 

Pougné, s. m. Poignet, l'articulation qui relie la main 
à l'avant-bras; partie de la manche d’une chemise, d’une 
blouse, d’une veste, etc., qui correspond à celte articula- 
tion. 

Pougne, v. Piquer, percer, transpercer avéc uné chose 
aiguë; mordre en-parlant du serpent et de la piqüre des 
abeilles. Au fig. inquiéter, irriter, fàcher. 

Dér. du lat. Pungere, m. sign. 

Pougne, v. Poudre. Travailler la pâte avec les poings 
fermés. 

Pougnédisso, s. f. Douleur vive et aiguë; point-de- 
côté. 

Pougnéduro, s. f. Piqüre d'abeille, de gaèpe, de frelon, 
de puce, de scorpion, etc. 

Pougno, s. f. La force qui réside dans le poignet et la 
main. — À bono pougno, il a le poignet solide. 

Pougu. Pu. Part. pass. du verbe Poudre, Poude ou 
Poudé. On dit aussi Piseu ou Pouseu dans le mème sens. 

Dér. du lat. Putere, possum. 

Pouio, s. f. Injures grossières. 

Du celt. Poulk, ou plutôt de Pediculus, pou, traiter 
quelqu'un de pouilleux. 

Pouisou, s. f. Poison, substance qui, introduite dans 
l'organisme, peut donner la mort. Au fig. un méchant 
homme, une méchante femme. — Quinto pouisoù! quel 
gredin ! quel coquin! 

Dér. du lat. Potio, potion, breuvage. 

Pouitroun, s. m. Poltron, lâche, pusillanime, dépourvu 
de courage. 

Dér. du lat. Pollex, pouce, et de Truncus, coupé, mutilé. 
Autrefois les Romains qui par lâcheté ne voulaient pas 
servir dans les armées se coupaient le pouce, mt: 
lextruncus, Poltrunc el poltron. 





POU 


Pouitrounariè, s. {. Poltronnerie. 

Poul, s. m. Cochet, jeune coq. 

Poulardo, s. f. Poularde, jeune poule que l'on a 
engraissée après lui avoir enlevé les ovaires. 

:Poulé, s. m. Poulet, poussin de la poule. 

Dér. du lat. Pullus, M. sign. — És mor coumo un poulé, 
il est mort sans souffrance, sans agonie ; il s’est éteint. 

Poulèje, s. f. Poulie. On dit aussi Tirolo. 

Poulèjo, s. f. Cigogne ou bascule de puits. — Voy. 
Balandro. 

Poulétariè, s. f. Poulaille ; troupe de volailles. 

Pouli, s. m. Poulain, jeune cheval, Anon, jeune mulet. 
Aufig. jeune garçon sans expérience, aux allures vives. 
— Quéou noun travaïo pouli, travaïo roussi, qui ne tra- 


“aille pas dans sa jeunesse, travaille parfois dans sa 


Pouli, ido, adj. m. et f. Joli, jolie ; gentil, gentille. — 
M'én avès fa uno poulido, vous m'en avez fait une qui 
compte. Siès un poulà mèrle! tu es un fier nigaud! Vous aï 
éspéra un pouli briou, je vous ai attendu bien longtemps. 
© Pouliço, s. f. Police. 

Dér. du lat. Policia, ordre, règlement établi pour la 
sûreté d’une ville. 

Pouliço, s. f. — Faïre la pouliço, gaminer, faire le 
polisson par les rues. 

Poulidié, s. /. Beauté, gentillesse. 

Poulina, Pouliner, mettre bas un poulain, se dit de la 
jument et aussi de l’Anesse. 

Poulinado, s. f. Escapade d'écolier, d'un jeune libertin 
qui fuit la maison paternelle pour prendre la clé des 
champs; escapade. — À fa poulinado, il a décampé. 

Poulinas, s. m. Gros poulain et au fig. gros garçon qui 
gambade et folâtre comme un poulain; fiente de poule ou 
de quelque autre oiseau de basse-cour. 

Poulisso, s. m. Polisson. — Siès uno bravo poulisso, tu 
es un fier gamin. 

Poulissoun, s. m. Polisson, espiègle, libertin, débauché. 

Poulissouna, v. Polissonner ; dire ou faire des polisson- 
neries. 

Poulissounado, s. f. Polissonnerie, acte inconvenant, 
insolence. 

Poulissounariè, s. /. Action, parole, tour de polisson ; 
bouffonnerie, plaisanterie déplacée. 

+ Poulo, s. /. Jeune poule et par extension la femelle du 
coq, que l'on appelle surtout Galino. — Voy. ©. m. 

Dér. du lat. Pulla, m. sign. — Gardas vostos poulos, aï 
douna van à moun gal, gardez vos filles, mon fils est 
émancipé. 

: Poulo-d'aïgo, s. /. Poule d’eau; poule d'eau ordinaire. 
(Gallinula chloropus, Linn.) Oiseau aquatique qui a la tête, 
la gorge, le cou et la poitrine d'un noir bleuâtre, le dessous 


‘du corps blanc,.et le dessus brun olivâtre avec une plagüe 


rouge sur:le front. Il atteint près de quarante centimètres 
de longueur. 





POU 561 


Indépendamment de cette espèce, il en est une autre, 
la poule d'eau Marouette /Gallinula porzana, Temm.), assez 
pareille de couleur à la précédente, mais moitié plus 
pelite, qui, comme elle, se trouve souvent au bord des eaux 
douces. Celle-là, sans compter d’autres variétés qui ne 
quittent guère les étangs et les marais, doit aussi recevoir 
le nom de poulo-d'aïgo; il n’est pas jusqu'au râle d'eau 
(mieux dit cependant rasclé) qui ne puisse se confondre 
sous la même appellation avec les précédentes : il est vrai 
que tous sont bien proches parents. 

Pouloumas, s. /. Ficelle tordue à un seul brin de 
diverses grosseurs. 

Dér. de la bass. lat. Polomarium, m. sign. 

Pouloumbo, s. f. Palombe; pigeon sauvage plus petit 
que le ramier. /Columba turricola sexatilis, Linn.) 

Pouma, ado, adj. m. et f. Pommé, 6, en forme de 
pomme. %e dit principalement des choux et des salades, — 
Vaqui un cdoulé bièn pouma, voilà un chou bien pommé, 

Dérivé de Poumo. 

Pouma, v. Pommer, se développer en forme de pomme. 
Se dit principalement des choux. 

Poumada, v. Pommader, enduire de pommade. Se 
pommader, enduiré ses cheveux de pommade. 

Poumado, s. f. Pommade, composition molle, grasse ou 
onctueuse employée soit en médecine, soit comme cosmé- 
tique. 

Dér. du lat. Pomatum, fait avec la pomme, parce que 
jadis on faisait entrer la pulpe de ce fruit dans cette 
composition. 

Poumarédo, s. /. Pommeraie, lieu planté de pommiers 
ou d'arbres fruitiers produisant des fruits à pepins. Ce mot 
est aussi employé comme nom propre d'homme : Poumarédo, 
Pomarède, La Pommeraie. 

Dér. du lat. Pomarium, m. 5. 

Poumiè, s. m. Pommier, arbre qui porte des pommes; 


poirier commun. {Malus communis, Dec.) — Voy. 
Poumièiro. 

Dér. de Poumo. 

Poumièiro, s. /. Pommier. On dit aussi Poumiè. — 
Voy. ©. m. 


Poumo, s. . Pomme, le fruit du pommier. 

Dér. du lat. Pomum, fruit bon à manger. 

Poumo-d'Adam, s. /. comp. Pomme d'Adam, saillie plus 
ou moins prononcée formée au devant du cou, par le nœud 
de la gorge. 

Poumo-d'amour, s. f. comp. Pomme d'amour, tomate 
(Solanum lycopersicum, Linn.), plante potagère de la 
famille des Solanées, originaire de l'Amérique méridionale 
et cultivée dans tout le midi de la France. 

Poumo-dé-tèro, s. f. comp. Pomme de terre. Emprunté 
au français. On dit plus ordinairement Trufo. 

Poumpa, v. Pomper, élevér de l'eau au moyen d'une 
pompe, aspirer un liquide ou un gaz. Au fig. boire outre 
mesure. 


562 POU 

Poumpé, s. m. Galette, morceau de pâte aplatie qu'on 
fait cuire à l'entrée du four. On l'appelle aussi Flamado ou 
Poumypo. — Voy. c. m. 

Poumpèire, s. m. Pomme de rambour, d’un très-gros 
volume et très-fondante à la cuisson. 

Poumpiè, s. m. Pompier, sapeur-pompier. Au fig. un 
buveur. — És un famoùs poumpiè, c’est un fier buveur. 

Poumpo, s. f. Pompe, appareil pour élever l'eau et 
dans lequel la pression de l'air est le principal agent; 
lampe à huile dans laquelle l'huile monte au moyen d’une 
pompe foulante. 

Poumpouna, vw. Dorloter, caresser, soigner délicatement 
quelqu'un. 

Poun, s. m. Point; point final dans l'écriture ou la 
typographie; point de couture. — Poun dé dissate, couture 
à longs points ou faits négligemment et à la hâte. 

Dér. du lat. Punctum, m. sign. 

Poun, s. m. Poing; la main fermée. — À lous pouns 
saras, se dit d’un avare. 

Dér. du lat. Pugnus, m. sign. 

Pounchè, s. m. Étui, étançon, pointal, pièce de bois 
employée à soutenir une poutre qui plie ou un mur qui 
menace ruine. 

Pounchéja, v. Poindre, sortir, commencer à paraitre. 
— Lou jour, las éstèlos pounchéjou, le jour, les étoiles 
commencent à poindre. 

Pouncho, s. f. Pointe, bout eflilé, aigu ou piquant; 
extrémité d'un objet qui se termine en pointe; sorte de 
coiffure ancienne; mouchoir triangulaire que les femmes 
emploient dans leur toilette. 

Dér. du lat. Punctio. 

Pouncho-dâou-jour, s. m. cômp. Le point du jour. 

Pounchoù, s.m.Pointe, piquant, aiguillon, sommet, faite, 

Dim. de Pouncho. 

Pounchouna, ». Piquer, aiguillonner, pousser quelqu'un 
hors des gonds, le mettre hors de lui. 

Pounchounado, s. /. Piqüre. Au fig. excitation. 

Pounçoù, s. m». Poinçon, instrument en fer servant à 
percer ou à marquer. 

Dér. du lat. Punguiculus. 

Pounsé, s. m. Terme employé sous forme de plaisan- 
terie pour désigner l'estomac. — Aï bièn rampli pounsé, 
je viens de faire un bon repas. 

Pounté, s. m. Pontceau, petit pont. 

Poupéto, s. f. Panade, sorte de bouillie préparée pour 
les petits enfants. 

Poupo, s, f. Le filet extérieur du bœuf, du mouton, du 
porc; celui qui règne le long du dos de chaque côté de 
l'épine dorsale. Le filet intérieur prend le nom de fié, 
emprunté au français. 

Ce mot s'emploie avec une deuxième signification pour 
désigner la chair, les muscles proprement dits; ce qu'il ya 
de plus solide et de plus charnu dans les muscles de l'animal. 

Dér. du lat. Pulpa, m. sign. 





POU 


Poupoun, s. "=. Un poupon, un très-jeune enfant. 

Dér. du lat. Pupus, petit garçon. 

Ce terme s'emploie aussi pour désigner un melon. 

Dér. du. lat. Pepo, peponis. 

Poupouna, ». Choyer, dorloter, mitonner, prendre un 
soin excessif de la santé, des aises d’une personne. 

Pourado, s. f. Gain, profit, durée. — Fara pas longo 
pourado, il ne sera pas de longue durée, il aura bientôt 
pris fin, il mourra bientôt. On dit proverbialément : 
Chambrièiro rétournado, soupô récâoufado, noun faï jamaï 
bono pourado. 

Pouraquo, s. f. Asphodèle. — Voy. Alapédo. 

Pouraquo est sans doute un nom dérivé de Pori ou Pore, 
à cause de la ressemblance des feuilles radicales gladiées 
de l’asphodèle avec celles du poireau. 

Pourcariè, s. f. Viande de porc, charcuterie. Au fig. 
cochonnerie; saleté, ordure. 

Dér. de Por. 

‘Pourcas, s. ». Gros pourceau. Augm. de Por. Au fig. 
un homme grossier, qui dit des paroles grossières. 

Dér. de Por. 

Pourcatiè, s. m. Marchand de cochons; charcutier. 

Pourcino, s. f. Troupeau de cochons, la gent porcine. 

Poure, v. Pouvoir. — Voy. Poudé, Poudre et Poude, 
qui sont d'autres formes patoises du même verbe: 

Pouréto, s. f. Menu plant de mürier arraché du semis 
et transplanté dans une pépinière, 

Dér. de Pore ou Pori, parce que ces plants sont vendus 
en petites bottes comme les poireaux. 

Dans le voisinage de Nimes, le mürier nain est aussi 
appelè Pouréto. 

Pouri, v. a. Pourrir, altérer, gäter, corrompre: On dit 
au fig. d’une mère qui gâte trop son enfant : ox pouris. 

Dér. du lat. Putrere, m. sign. 

Pouri, v. ». Pourrir, tomber en putréfaction, se décom- 
poser. On dit au fig. d’un enfant gâté : Aquél éfan és 
pouri. Mème étymologie que le mot précédent. , 

Pouridoù, s. m. Creux ou fosse à fumier. 

Pouriduègno, s. f. Pourriture, saleté, débris de choses 
gàtées. 

Pourituro, s. f. Pourriture, corruption; état Fa 
chose pourrie. Maladie des bêtes à laine. 

Dér. du lat. Putredo. 

Pourqué, s. m. Du porc frais. — Pourqué-dé-mèr, 
cochon d'Inde. Manja dé pourqué émbé dé sdouvié, man- 
ger un mets avec grand appétit. 

Pourquéirargue, n. pr. de lieu. Porcairargues, hameau 
de la commune des Salles-du-Gardon, à cinq kilomètres en 
amont d'Alais. On pense que c’est le lieu d'origine de la 
célèbre Azalaïs de Porcairargues, poète en langue romane, 
qui vivait vers le milieu du xn siècle, et qui fut aimée de 
Gui Guerréjat, fils de Guillaume VI, de Montpellier, dont 
la mère, Béatrix de Melgueil, avait épousé, en 4144, Rays 
mond Pelet premier seigneur d’Alais. DUT LL 


he 


er tu 





POU 


Pourquiè, ièiro, s. m. 
cochons. 

Pourquije, s. "”. Saleté, malpropreté. Au fig. paroles 
sales et grossières. 

Pourta, v. Porter, apporter, rapporter. 

Dér. du lat. Portare, m. sign. — Porto lou cur sus 
la man, il porte le cœur sur la main. Ou pourtara pa'n 
paradis, il ne l’emportera pas en paradis; il me le paiera 
tôt ou tard. Porto-ésfraï. — Voy. ©. m. 

Pourta (Sé), v. n. Être en bonne on en mauvaise 
santé : Sé porto bièn, sé porto pas bièn ou sé porto mou. 

Pourta-cronto, Porter préjudice, faire opposition, — 
M'as pourta-cronto, Lu as agi contre mes intérêts. 

. Loc. composée de Pourta, v., et de Cronto, contre. 

Pourtalé, s. m. Dim. de Pourtdou; petit portail; porte 
secondaire percée dans les anciens remparts. 

Pourtamén, s. #”. Santé, bon état du corps. — Vous 
démande pa voste pourtamén, je ne vous demande pas com- 
ment vous vous portez; je vois que vous vous portez bien. 

.Pourtan, adv. Pourtant, néanmoins, cependant. 

Pourtanèl, s. m. Guichet, petite porte pratiquée dans 
une porte plus grande, telle qu’une porte de ville ou de 
prison, une porte cochère, une porte de boutique. 

Pourtâou, s. m. Portail; porte cochère, de basse-cour, 
de ville. Grande porte d'une maison. 

Pourtoulaïgo, s:"”. Pourpier commun (Portulaca 
oleracea, Linn.), plante grasse potagère, astringente et ra- 
fraichissante. On l'appelle aussi Bourtoulaïgo. — Voy. c. m. 

Dér. du lat. Portulaca. 

Pourtur,s. m. Porteur; celui qui porte les commissions, 
les voyageurs, les paquets, les denrées, d'une localité à 
une autre; un facteur rural. 

Pous, s.m. Puits; excavation plus ou moins profonde 
pratiquée dans le sol pour avoir de l’eau. 

Dér. du lat. Puteus, m. sign. 

Pous-à-ranco Où Pouséranquo, puits à roue. — Voy. ©. m. 

Pous, s. m. Le pouls ou battement des artères. Ce terme 
s'applique surtout au battement qui se fait sentir aux 
poignets ou à la tempe., — N'a gés dé pous, son pouls ne 
bat plus. 

Dér. du lat. Pulsus, qui vient de Pulsare, battre. 

Pous, s. f. Poudre, poussière. 

Pousa, v. Puiser de l’eau ou d’un liquide quelconque. 

Pousadoù, s. m. Puisoir ; récipient servant à puiser un 
liquide quelconque dans le vase qui le contient. 

Pousage, s. m. Action de puiser. 

Pouséranquo, s. f. Puits à roue ; machine hydraulique 
servant à puiser de l’eau dans un puits de grande dimen- 
sion. Elle est composée d'une grande roue en bois garnie 
de godets et-que l’on fait mouvoir au moyen d'un manège 
auquel un cheval ou le vent donne l'impulsion. Selon 
SAUVAGES, Pouséranquo viendrait par corruption de 
pousar-aïgo. 

Pousia, n. pr. de lieu. Pouzilhac, commune du canton 


et f. Porcher, gardeur de 





POU 563 
de Remoulins. — Castrum de Posilhac, 41% ; villa de 
Posiliaco, AN76; Pozilhacum, 4384. Cette localité tire 
sans doute son nom de sa situation élevée sur la ligne de 
faite qui sépare la vallée du Gardon de celle de la Cèze. De 
quelque direction que l'on arrive à Pouzilhae, il faut s'éle- 
ver par une côte raide, au sommet de laquelle se trouve 
situé le village, à 220 m. d'altitude, qui est le point le 
plus élevé de l'arrondissement d'Uzès. 

Dér. du celt. Pouja, v. monter, où Pouja, adÿ., élevé, 
juché sur un puech. — Poujado, signifie aussi rampe, 
montée. 

Poussa, v. Pousser, faire un effort pour déplacer une 
personne où une chose; faire marcher, faire avancer, 
exciter; porter plus loin; faire faire des progrès. Lever, en 
parlant des plantes. On dit dans le même sens Buta. — 
Voy. c. m. 

Poussado, s. f. Secousse, heurt, poussée. 

Poussé, s. m. Pousse; maladie des chevaux poussifs. 
— Aquél chival a lou poussé, ce cheval est poussif. 

Pousséja, v. Soulever, exciter la poussière. 

Pousses, s. f. pl. Menue paille; balle des grains criblés ; 
poussiers; pellicule de la nature et de la couleur de la 
paille; enveloppe du grain de froment où d'avoine; 
poussière de paille. Débris de peaux de châtaignes prove- 
nant du battage des châtaignes sèches. — L'ase d'Aoubarno 
s'éngraïssè bé én manjan dé pousses, se dit d’une personne 
qui se porte bien tout en vivant chichement. 

Pousséto, s. f. Petite planche; dim. de Pos. 

Poussi, poussivo, adj. m. et f. Poussif, poussive. Se 
dit d’un cheval atteint de la pousse ou d’une personne 
asthmatique. 

Poussible, iblo, adj: m. et f. Possible. Se dit d'une 
chose qui peut avoir lieu, qui est vraisemblable. 

Pousso, s. f. Mamelle de la vache, de la chèvre, de la 
brebis. Organe glanduleux qui secrète le lait chez les 
femelles des espèces ovine ou bovine, 

Poussoüs, ouso, adj. m. et f. Poudreux, couvert de 
poussière. 

Pousta, s. m. Soupente, plancher qui divise en deux 
parties une pièce dans le sens de la hauteur et sur lequel 
on établit la couche des domestiques, des ouvriers, et sur 
lequel on peut aussi emmagasiner diverses denrées encom- 
brantes. Cette soupente est toujours établie en planches. 
On y monte par une échelle de meunier qui aboutit à une 
large trappe. 

Dér. du lat. Positum. 

Poustioun, s. m. Postillon, valet de poste qui conduit 
ceux qui courent la poste. 

Dér. de l'ital. Postiglione. 

Poutage, s. m. Du bouälon et non du potage. 

Poutagè, s. m. Potager; fourneau de cuisine sur lequel 
on prépare les mets. — Mounta sus lou poutagè, se metire 
en frais, se mettre en cuisine pour un hôte que l'on veut 
bien traiter. 


564 PRA 


Poutarado, s. j. Une potée, plein un pot, plein une 
marmite ; dans le style fam. un pot-de-chambre plein. 

Poutaras, s, m. Grand broc de vin; grand vase plein 
d'un liquide quelconque. On dit proverbialement dans 
quelques localités : 


Pér lou râoumas 
Fôou lou poutaras. 


Pour guérir le rhume, il faut boire du vin. 

Pouténcio, s. f. Potence, gibet où l’on exécute les 
criminels condamnés à être pendus. 

Dér. du lat. Potentia, puissance, pouvoir, droit de haute 
justice. 

Poutèrlo, s. f. Gros baiser de nourrice. — Faï mé ’no 
poutèrlo, donne-moi un gros baiser, se dit en parlant à un 
enfant. 

Poutèto, s. /. Petit baiser, petite caresse. 

Dér. de Poutoù, du celt. Pot, lèvre. 

Pouticari, s. m. Apothicaire ou pharmacien, celui qui 
prépare des remèdes suivant les ordonnances des médecins. 

Dér. du grec Aron, boîle, boutique. 

Poutinga, v. Droguer, médicamenter. 
se droguer, prendre des remèdes. 


— Sé poutinga, 


Poutingo, s. f. Remède, médicament, médecine, pur- 
gation. 
Poutoü, s. m. Baiser. 


Dér. du celt. Pot où Pout, lèvre. 

Poutounéja, v. Baisotter. 

Poutounéjaïire, s. ». Celui qui baisotte à chaque 
instant. 

Poutouras, s. m. Grand broc à soutirer le vin. Mesure 
d’un pot de vin. On dit plutôt Poutaras. — Voy. €. m. 

Pra, s. m. Pré, prairie, étendue de terre sur laquelle on 
récolte du foin. — Pra sécéou, pré qui n’est arrosé que 
par les pluies. 

Dér. du lat. Pratum, dér. de Paratus, préparé. 

Pradariè, s. f. Quartier de territoire exclusivement 
composé de prairies. — Aquél téraïre és tout én pradarib, 
ce territoire est entièrement composé de prairies. 

Pradèl, s. m. et n. pr. de lieu. Dim. de Pre. Petit 
pré ou coin de pré. Plusieurs hameaux ou villages des 
Cévennes ou de l'Ardèche ont reçu ce nom. 

Prado, s. f. Prairie; suite de plusieurs prés dans le 
voisinage d’une rivière. 

Dér. de Pra. 

Prafi, exp. ado. Contraction de pér-à-fi. — Sian aïci 
prafi d'aquél afaïre, nous sommes venus dans le but de 
régler cette affaire. 

Pratiqua, v. Pratiquer, mettre en pratique: exercer un 
art; fréquenter, hanter. — Aï pratiqua qui péis, j'ai 
fréquenté ce pays. 

Du grec [lpaxreds, pratique, qui agit. 

Pratiquo, s. f. Pratique, le côté pratique d’un art, 
d’ane science ; client. Se dit en mauvaise part d'un mau- 





PRÉ 


vais sujet. — Uno bono pratiquo, un bon client. Quiñto 
pratiquo! quel mauvais sujet ! 

Pratiquous, ouso, adj, m. et f. Industrieux, euse. Se 
dit aussi d’une personne qui tire parti de tout et ne laisse 
rien perdre. 

Précha, v. Prècher, exhorter, faire un discours 4 en 
chaire dans une église ou un temple; admonester. quel- 
qu'un, exhorter. 

Dér. du lat. Prædicare, proclamer. 

Prèche,s. ». Prèche, prédication, sermon. 

Prèchi, adv. Près, proche, auprès. On dit aussi Prooke. 

Préga, v. Prier, supplier, prier Dieu, faire des prières. 

Dér. du lat, Precari, m. s. 

Prègo-Diou, s. m. comp. — Prègo-Diou-dé-rastouble, 
ou simplement Prègo-Diou où Cabro. Mante, mante reli- 
gieuse. Coléoptère de couleur verte un peu sombre, on 
couleur de chaume, se rapprochant beaucoup de la saute- 
relle, qu'on trouve arpentant pédestrement les chaumes, . 
car ses ailes ne lui servent pas à voler. On le voit quel- 
quefois se tenant presque droit sur ses longues patles de 
derrière, pendant que les deux de devant, qu'il a beaucoup 
plus courtes, sont repliées et posées l’une contre l'autre. 
Cette attitude, assez semblable à celle d’une personne qui 
joint les mains ou croise les bras sur sa poitrine, pour 
prier Dieu, a suffi pour en faire un [insecte dévôt, a dit 
Réaumur, et lui a valu son nom languedocien. Les enfants 
ne rencontrent jamais une mante sans lui demander des 
nouvelles du loup; c'est qu'il y a longtemps, la crédulité 
populaire lui attribuait, on ne sait pourquoi, le don de 
deviner (mante, en grec, veut dire devin). Les enfants la 
consultent toujours; les hommes ne s’adressent plus pour 
cela qu'aux tables tournantes, dansantes et même par- 
lantes. 

Pré miè, èiro, adj. num. ord. Premier, ère. — Souï 
prémië, je suis le premier à faire. 

Dér. du lat. Primus ou Primarius. 

Prémiè (D'én), adv. D'abord, autrefois, jadis: — 
D'én prémiè fasiès pa tan lou fièr, autrefois tw n'avais pas 
tant de jactance. 

Prémièirén, énco, adj. m. et f. Précoce, hAtüf, Se dit 
des fruits qui mürissent les premiers. 

Préne ou Préndre, v. Prendre, saisir, attraper, s'em- 
parer, dérober, voler, surprendre, prendre sur le fait, 
manger. — Prén pas rés, il ne mange rien. Préndra fénno, 
se marier. Préndre fré, prendre froid. Préne mdou, con- 
tracter une maladie. Préné-vous gardo, tenez-Vous sur vos 
gardes. Préne pér forço, violer. Préne la mésso, ètre 
ordonné prêtre. Préne van, prendre son élan. Préne la 
mousco, prendre la mouche, se mettre en colère. Préne la 
barunlo, dégringoler. — Voy. Barunlo. 

Dér. du lat, Prendere, m. sign. 

Prénso, s. f. Pressée, quantité d'olives on de raisin 
mise au pressoir en une seule fois; résidu de marc. pro 
venant d'une pressée. RAA | 











PRÈ 


Prés, és0, adj. m. et f. Pris, prise. — Sout prés, je 
suis pris, je suis malade, je suis enrhumé. 

Dér. du lat. Prehensus. 

Près, adv. Près, auprès. 

Présa, v. Apprécier, évaluer, estimer; faire ças, tenir 
compte. — Sé préso pa, il n’est pas fier, il ne fait pas 
d’embarras, il n’est pas vantard. 

Présaje, s. m. Terme de cadastre; présage on estima- 
tion d’un champ, d'une maison. 

Dér. de Pris, prix, valeur, estimation. 

Ce terme n'a rien de commun avec le mot français 
présage, augure. 

Présémple! interj. Par exemple! Est-il possible! cela 
serait-il vrai! c’est singulier! 

Contraction de Pér-ésémple. 

Présén, s. m. Présent. — Présén dé boudin, cadeau 
que l’on fait à ses parents, à ses amis, et ‘qui consiste en 
un plat de boudin qu'on leur envoie quand on égorge un 
porc dans la maison. Présén dé nogço, cadeaux de noces. 
Pér lou présén, pour le moment, présentement. 

Présénta, v. Présenter, offrir, introduire en la pré- 
sence de... 

Dér. du lat. Præsentare, m. sign. 

Présèntamén, adv. Présentement, à présent même, 
sans délai, sans retard, dans le moment. 

Présfa, s. m. Entreprise à forfait ou à la tâche, d’après 
laquelle et pour un prix convenu d'avance, les ouvriers 
font le travail et fournissent diverses choses indiquées. 

Présfachè, s. m. Ouvrier qui exécute un travail à 
forfait. 

Présicadou, s. m. Prédicateur, prècheur, frère prècheur 
ou Dominicain, désignés à Paris sous le nom de Jacobins. 
A Alais, le pont du Marché s'appelait autrefois Pon-das- 
Présicadoùs, parce que le couvent des Dominicains était 
situé à son extrémité occidentale, sur la rive droite dn 
Gardon. 

Préso, s. f. Une prise de tabac, un bol de lait d’Anesse; 
prise d'eau, barrage de moulin constrait pour établir une 
dérivation d’un cours d'eau. 

Préssa, ado, adj. m. et f. Pressé, ée, impatient, 
affairé. 

Dér. du lat. Pressus, pressé. — Sès bé préssa? vous 
êtes bien pressé de partir ? 

Prèsso, s. f. Empressement, diligence, hâte; presse, 
foule, multitude de personnes qui se pressent les unes les 
autres. — Y'a prèsso, il y a grande affluence. Y'a pasprèsso, 
il n'y a pas péril en la demeure. 

Dér. du lat. Pressus, pressé, foulé. 

Présta, v. Prôter, donner sous condition de rendre à 
ane époque déterminée avec ou sans intérêts. — Sé présta, 
aider, faciliter, seconder les désirs ou les volontés de 
quelqu'un; prêter, s'allonger, s'assouplir sous un effort 
sans se rompre. 

Dér. da celt. Prest, ou du lat. Prestare. 





PRO 565 


Préstaire, airo, s. m. et f. Prèteur, prèteuse; celui 
ou celle qui prête. 

Préténdu, udo, s. m. et f. Prétendu, prétendue, an 
accordé, une accordée, un fiancé, une fiancée. 

Prim, imo, adj. m. et f. Mince, fin, délié, grèle, svelte, 
menu. 

Primacholo, s. /. Plante étiolée, menue, grêle, élancée 
pour avoir été semée trop dru. — Primacholos, plur, Défaut 
d'égalité dans le fil qui n’est pas uni, dont certaines parties 
sont trop fines, d’autres trop grosses. 

Primo, s. . Le printemps. 

Dér. du lat. Prima. — Primo, une jeune traie qui n'a 
pas encore porté. 

Dér. du lat. Primapara. 

Primo, adj. f. Première. — La Primo-doubo, le point 
du jour, la première clarté qui annonce, qui précède 
l'aurore. 

Dér. du lat. Prima, m. sign. 

Prim, primo, adj. m. et f. Économe, ménager avec 
excès ; avare, tenace, — Voy. Cago-prim. 

Priou, s. m. Prieur; le possesseur d'un prieuré. 

Dér. du lat. Prior, le premier. 

Pris, s. m. Prix, valeur d'un objet; récompense accordés 
à celui qui réussit le mieux dans un exercice mis au 
concours. 

Dér. du lat. Pretium, prix; et, dansle deuxième cas, de 
Præmium, récompense. 

Prisa, v. Priser, prendre du tabac à priser. 

Prisoü, s. f. Prison, maison de force ou de détention 
où l'on enferme les accusés et les coupables. 

Dér. du lat. Prehensio, d'où la bass. lat. Prisio, prison. 

Prisougnè, èiro, s. m. et f. Celui ou celle qui est 
détenu en prison ou qui est tombé au pouvoir de l'ennémi, 
en parlant des soldats. 

Priva, v. Priver, ôter à quelqu'un une chose qui lui est 
agréable. 

Dér. du lat. Privare, m. sign. — Vous n'én privés pas, 
ne vous faites pas faute de cela, prenez-en à votre volonté. 

Proche, adv. Près, auprès. — Démoro proche dé moun 
oustdou, il habite dans mon voisinage. 

Dér. du lat. Proæimè, 

Prochi, adj. m. et f. Proche. — És moun pu prochi 
parén, c’est mon plus proche parent. Soun mas pu prochi 
paréntos, ce sont mes plus proches parentes. 

Dér. du lat. Proximus, m. sign. 

Proio, s. [. Proie. 

Prone, s. m. Discours ou sermon que le curé ou le 
vicaire prononcent le dimanche, à l'église paroissiale, sur 
l'épitre ou l'évangile du jour, 

Dér. du lat. Præconium, publication. 

Prou, s. m. Profit. — Bon prou vous fague, grand bien 
vous fasse. N'éx fara pas jamaï soun prou, ilnes'en tirera 
jamais. 

7 


566 PRU 


Prou, «dv. Assez, suffisamment, On l'emploie aussi dans 
le sens de beaucoup, trop. 


Parla prou et bièn 
Van jamaï pa ’nsén. 


Proufi, s. m. Profit, avantage, utilité, progrès, amélio- 
ration. 

Dér. dulat. Profutus, progrès, avancement, profit. — 
Poudès pas vous apara dou proufi, Vous ne pouvezpas vous 
garer de la bonne chance. 

Prounte, ounto, adj. m. et f. Vif, bouillant, emporté; 
actif, diligent. — Siègues pas tan prounte, ne sois pas si 
vif. 

Dér. du lat. Promptus, formé de Promere, mettre devant, 
tirer; disposé, résolu. 

Prountitudo, s./. Promptitude, vivacité, emportement. 
— És un co dé prountitudo, c'est un mouvement de 
vivacité. 

Prouvénçäou, alo, adj. 
çal, ale; qui est de Provence. 

Dér. de Prouvénço, Provence, dont l’étymologie vient 
de Provincia, province, nom que lui donnaient les Romains. 

Prouvénço, s. pr. f. Provence, ancienne province de 
France, formée des départements des Bouches-du-Rhône, 
du Var et des Basses-Alpes et dont Aix était la capitale. 

Dér. du lat. Provincia, province, nom par lequel la 
désignaient les Romains. 

Prouvénquo, s. f. Pervenche, Vinca major, Linn..Les 
anciens la considéraient comme le symbole de la joie. 
Plante de la famille des Apocynées. 

Prouvési, v. Pourvoir, donner, fournir, donner ce qui 
est nécessaire aux besoins ; prévoir. 

Dér. du lat. Providere, m. sign. 

Prouvési (Sé), v. Se pourvoir, se fournir de choses 
nécessaires ou utiles, en appeler devant les tribunaux. 

Prouvésiou, s. f. Provision, collection de choses néces- 
saires ou utiles; trousseau de linge; réserve de denrées 
ou substances alimentaires. 

Dér. du lat. Provisio, m. sign. 

Prudome, s. m”. Ormin des prés, Salvia verbenaca, 
Linn. Cette plante ressemble beaucoup à la Touto-bono 
(Salvia sclarea), et les botanistes les désignent toutes deux 
par le mème nom; mais cette dernière est aromatique. 

Prugnè, s. ». Prunier, arbre de la famille des Rosacées, 
dont il existe plusieurs espèces. 

Dér. du lat. Prunus. 

Prunarédo, s. f. Prunelaie, champ planté de pruniers. 
Nom pr. de lieu. 

Pruno, s. /. Prune, fruit du prunier, — Flowra coumo 
uno pruno, (qui a le visage rose et plein de fraicheur. 

Prus, s. m. Le fil d'une lame tranchante, d’un couteau, 
d'un rasoir, — Douna lou prus, donner le fil à une lame. 
A bon prus, ce couteau, ce rasoir sont bien affilés. Au fig. 
Bouta én prus, mettre en appétit. 


et subst. m. et f. Proven- 





PUR 


Pruséto, s. f. La chatouille. — Faïre prusét6, faire la 
chatouille. 

Prusi, v. Démanger, cuire. —Ségrato ounte i'é prus, 
se dit au fig. pour il se gratte où cela le chatouille; il sent 
où le bât le blesse, 

Prusije, s. m. Démangeaison, prurit. 

Pu, adv. Plus, davantage. Expression quantitative 
opposée à mén, moins. — Sèr pu-z'éroùs qué brave, nous 
avons plus de chance que de mérite. 

Dér. du lat. Plus. 

Pu, puro, adj. m. et f. Pur, pure; qui n'est point altéré 
par le mélange d'une matière étrangère; qui n’est pas souillé. 
— Dé vi pu, d'aïgo puro, du vin pur, de l’eau pure. 

Dér. du lat. Purus, m. sign. 

Pu, 3° pers. du s. du présent de l'ind. du v. Pudi, puer, 
avoir mauvaise odeur. Il ou elle pue. — Sén qué pu, il pue. 
Acù mé pu, cela m'ennuie, cela m’agace. 

Dér. du lat. Putere, m. sign., ou du grec uw, corrom- 
pre, pourrir. 

Pudén, énto, adj. m. et f. Puant, puante, qui répand 
une mauvaise odeur. 

Dér. du lat. Putidus, m. sign. 

Pudi, s. #7. Nom donné dans le Languedoc à l'Anagyris 
fœtida. 

Pudi, v. Puer, répandre une mauvaise odeur. — 
Pardoulos pudou pas, paroles ne puent pas. 

Dér. du lat. Putere, m. sign., ou du grec Iuôw, corrom- 
pre, pourrir. 

Pudicino, s.f. Puanteur, infection. 

Pudis, subst. m. Le putois, Mustela puterius, Lino. 
Sorte de belette nommée Pudis à cause de la mauvaise odeur 
qu’elle répand lorsqu'elle est échauffée ou irritée ; l'Anagyris 
fœtida, Linn., ou ‘bois puant, plante qui croit en Lan- 
guedoc. 

Puio, subst. f. Dent de râteau, de roue dentée, de herse, 
de peigne. 

Dèér. de l’espagn. Puia, pointe, épine. 

Pupu, s. #1. La huppe. — Voy. Lupégo. 

Purèïo, s. f. Purée; légumes réduits en pâte, tels que 
pois, haticotéé lentilles, etc, 

Dér. du lat. Purata pisa. 

Purèsi, s. m. Pleurésie; maladie causée ‘par l'inflam- 
mation de la plèvre du poumon. 

Dér. du lat. Pleuritis, plèvre. 

Purgatori, n. pr. m. Purgatoire, lieu où les âmes des 
justes expient les fautes légères qui n’ont pas été purifiées 
pendant la vie; lieu de souffrance. — Mé fai passa 
moun purgatori, il me fait passer en ce monde par le 
purgatoire, il me cause des ennuis, des souffrances morales. 

Dér. du lat: Purgatorium, dér. de Purgare, purger, 
nettoyer, purifier. 

Purja, v. Purger, donner un purgatif; nettoyer, Ce 

Dér. du lat. Purgare, m. sign. 

Purjo, s. /. Une purgation, un purgatif. 





PUS 


| Puro, adj. 1. — Voy, Pu. 
Pus, subst. m. Pus, liquide prodait par la suppuration 
d'ane plaie ou d’un uleère. 


PUS 367 

Pus, adv. Plus, expression privative, — N'én pode pus, 
je n'en puis plus, je suis harassé. 

Pusäou, s. m. Le galetas, le grenier, le plus haut étage 

de la maison. Composé de deux mots pus et dou, plusethaut. 


Q 


QUA 


Quadrublo, s. f. Quadruple ou demi-pistole, monnaie 
d'or d'Espagne, valant de 80. à 84 francs. 

Dér. du lat. Quadruplex, parce que sa valeur est de 
quatre louis. y 

Qualita, s. f. Qualité, différence qui distingue une chose 
d'une autre; propriété de chaque chose; ce qui modifie 
l'essence des choses; ce qui fait qu’elles sont bonnes ou 
mauvaises, grandes ou petités; noblesse distinguée, titre 
d'honneur. 

Dér. du lat. Qualitas, m. sign. 

Quand, adv. Quand, lorsque. — Quand i sérès? Quand 
vous serez prêt ? se dit comme avertissement lorsqu'on fait 
une chose qui demande. un effort simultané de deux ou 
plusieurs personnes. Véndraï quand mèmo, je viendrai 
quand même. Véndra noun saï quand, il arrivera je ne 
sais quand. 

Dér, du lat. Quando, m. sign. 

Quant, adv. Combien, quel nombre. — Quant sès? 
Combien êtes-vous? Quant n'ia? Combien y en at-il? 
Quant qué n'iague, quel qu'en soit le nombre. N'ia noun 
saï quant, il y en a je ne sais combien. 

Dér. du lat. Quantum, m. sign. 

Quant à, adv. Quant à, pour ce qui est de. — Quant 
à iéou, pour moi, en ce qui me concerne. Quant à sou, 
quant à soi. — Garda soun quant-à-souè, conserver sa 
liberté d'action, se tenir sur la réserve. 

Quante, quanto, pr, conj. m. et f. Quel? lequel? — 
Quante vos? lequel veux-tu? Quante és lou mioù? quel est 
le meilleur? Quante qué sièque, quel que ce soit. 

Quäou, pr. conj, m. Qui? — Qudou pico? qui frappe? 
Qudou tron és aquél? qui diable est celui-là? Quéou qué 
sièque, qui que ce soit. 

Quäouque, quâouquo, pr. indéf. m. et f. Quelque, 
certain, un ou plusieurs, quelques-uns, quelques-unes. — 
Qudouque pdou, quelque peu. Quéouque jour, un certain 
jour. Qudouque marias, quelque polisson. Qudouques 
moutous, quelques moutons: Quéouquos figos, quelques 
figues | 


Quâouquun, uno, s. indéf. m. et f. Quelqu'un, quel- 
qu'une; un homme, une femme, un entre plusieurs. — 
Quéouquun és véngu, quelqu'un ou un homme est venu. 
Quéouquun vous démando, quelqu'un vous demande. 





QUA 


Quäouquus, s. indéf., s'emploie aussi pour Quéouquun. 

Quaréla, v. Quereller, chercher querelle. 

Dér. du lat. Querela. 

Quarèlo, s. f. Querelle, dispute, rixe. 

Dér. du lat. Querela, plainte, lamentation. 

Quart, subst. m. Quart, quartier, quarteron. — Ës uno 
ouro manquo un quart, il est une heure moins le quart. 

Dér. du lat. Quarta pars. 

Quartalado, s. /. Plein une quarto, — Voy. €. m. 

Quartäou, s. ”. Un quartaud, mesure de capacité 
équivalente à 25 litres, qui est le quart de cent litres. 

Quartéïirou, s. m. Quarteron, quatrième partie d'un 
cent et d'une livre. — Un quartéiroù dé poumos, un quar- 
teron de pommes ou 25 pommes. Un quartéiroù dé sucre, 
quatre onces de sucre, qui forment le quart de la livre de 
16 onces, équivalente à 500 grammes. Le quarteron pêse 
donc 425 grammes, et l'once 31 grammes 25 cent. 

Quartiè, s. ”m. Quartier, quatrième partie d'une chose ; 
gros morceau tiré d'une masse plus considérable; partie 
d’une ville, d'un village, d'un territoire; les deux côtés de 
l'empeigne d'un soulier qui embrassent le talon; l’une des 
quatre phases de la lune. — Un quartiè dé poumo, un 
morceau d'une pomme coupée en quatre. Un quartiè dé 
ran, un fragment, un quartier de roc. Un quartiè dé por, 
un morceau de viande de porc. Sèn ddou mèmo quartiè, 
nous sommes du même quartier de la ville. Lou quartiè dé 
Maze, le quartier du territoire d’Alais appelé Mazac. Un 
quartiè dé moun souïè mé cacho, un quartier de mon 
soulier me blesse, 

Quarto, s. j. Ancienne mesure de grains, équivalente à 
un décalitre. D'après SauvAGss, il parait que de son temps 
la quarte était équivalente à la seizième partie de la salmée, 
tandis que de nos jours on la considère comme équivalant 
au vingtième de la salmée composée de 20 décalitres. 

La quarte est aussi une ancienne mesure agraire équi- 
valente au vingtième de l'hectare, soit cinq ares. D'après 
Sauvaces elle équivaudrait au seizième de la salmée 
agraire, dont la surface est de 79 ares 80 cent... c.-à-d. 
5 ares, à un centiare près. 

Quatre, adj. num..m. Quatre, nom de nombre. Le 
caractère &,. qui indique le nombre quatre. — Quatre dé 
chifro, sorte de piège soutenu. par de petits bâtons disposés 


568 QUI 


en forme du chiffre 4. Lous quatre cantous, le jeu des 
quatre coins; le carrefour de deux rues qui se croisent. 

Dér. du lat. Quatuor, m. sign. 

Quatre-vingt, adj. num. m. Quatre-vingt, nom de 
nombre exprimant quatre fois le nombre vingt. 

Qué, pr. conj. Qui, qu'est-ce, eh bien, dont. — 
Qudou és qué crido? qui est-ce qui crie? Qué? Qu'est-ce ? 
quoi? Qué? crousté! Eh bien, qu’en dis-tu ? (Voy. Crousté.) 
Douno ié ço qu'a dé bésoun, donne lui ce dont il a besoin. 
— Voy. aussi Dé-qué. 

Qué, con. Que. — Vous dise qué véndraï, je vous affirme 
que je viendrai. Voulés qué partié? voulez-vous que je parte ? 

Què,s. m. Quai, chaussée, ouvrage défensif qui longe 
et encaisse une rivière; gros mur en talus construit au 
bord d’une rivière pour retenir les terres et empècher les 
ravages des inondations. 

Dér. du v. lat. Caïare, arrêter, retenir. 

Quèli, s. m. En style badin, habit. — Aï més lou quèli, 
j'ai mis l'habit, j'ai fait toilette. 

Quénti (Sen), n. pr. de lieu, m.s. Saint-Quentin, village 
situé près d'Uzès, où l’on fabrique de la poterie grossière. 

Quéntignè, gnièiro, s. m. Cantinier, cantinière. 

Dér. de Quéntino. 

Quéntino, s. f. Cantine, lieu de réunion où les soldats 
se rendent pour boire et manger à leurs frais dans la 
caserne. 

Dér. de l’ital. Cantina, cave. 

Quère, v. Chercher, quérir. — Mé véndrés quère! 
attendez-moi sous l'orme. Dé qué i'anavias quère? qu'alliez- 
vous faire dans cette galère? Manda quère, envoyer 
chercher. 

Dér. du lat. Querere, m. sign. 

Quéstiou, s.f. Question, demande ; altercation, dispute. 
— Dé qués quéstiou ? de quoi s'agit-il? An agu dé quéstiou, 
ils ont eu des querelles, des discussions. 

Dér. du lat. Questio, dont le rad. est Querere, 
demander, chercher (dispute). 

Quéstiouna, v. Questionner, demander des renseigne- 
ments, interroger. 

Quèto, s. f. Quête, collecte faite dans un but religieux, 
charitable ou patriotique. Emprunt fait au français. 

Dér. du lat. Queærere, demander. 

Quia, ado, adj. m. et f. Debout, dressé, planté, perché, 
jaché. — Ës quia coumo un pancël, il est planté comme 
un échalas. 

Dér. du bas bret. Kit où Quille, m. sign. 

Quia, v. Dresser des quilles. 

Quiaïre, s. m. Celui qui est chargé du soin de remettre 
en place les quilles abattues par les boules des joueurs. 

Quiala, v. Crier, pousser des cris vifs et perçants, plaintifs 
ou stridents, comme certains animaux, tels que les chiens. 

Dér. du sanser. Khyd, crier, parler. 

Quialadisso, s. /. Suite de cris vifs et perçants continués 
sans intermittence. — Voy. Quiala. 





QUI 


Quialaïire, aïro, s. et adj. m. et f. Celui ou celle qui 
pousse des cris perçants ou stridents. . 

Mème étym. que les deux mots précédents. 

Quicha, v. Serrer, presser. On dit aussi ésquicha. — 
Voy. c. m. 

Quichado, s. f. Serrée, violente étreinte. — Voy. 
Ésquichado. 

Quiché, s. ». Verrou plat, targette. 

Quicho-quichou, s. comp. m. Jeu d’attrappe parmi les 
écoliers, dont l’un dit savoir une nichée : Save uno 
nisado dé quicho-quichoÿ. Si quelqu'un prête son dos au 
dénicheur, il en est puni par quelque coup de genou sur 
les épaules et sur le dos. 

Quicon ou Quoucon, s. indéf. Quelque chose. — Quicon 
m'ou disiè! j'avais le pressentiment de cet évènement. 
Y'a fa quicon, on voit qu'il a travaillé à cela. T'a fa qui- 
con ? as-tu à te plaindre de lui? 

Quicoumé, dim. de Quicon. Quelque petite chose. Un 
mendiant dit : Douna-mé quicoumé, donnez-moi quel- 
que petite aumône. 

Quiè, quiècho, adj. m. et f. Cuit, cuite, qui a reçu 
par l’action du feu le degré de cuisson nécessaire. — Au fig. 
Aquêl home és quiè, cet homme est perdu. 

Dér. du lat. Coctus, m. sign. 

Quiècho, s./f. Cuite, quantité d'ouvrage qu’on fait cuire 
à la fois; cuisson, l’action de cuire. — Uno quiècho dé pan, 
une fournée de pain. Aquélés césés soun débono quiècho, ces 
pois chiches sont de facile cuisson. 

Dér. du lat. Cocta.: 

Quièïisso, s. f. Cuisse; partie du corps des animaux 
qui s'étend jdu genou au bassin. Elle est soutenue d’an 
seul os nommé fémuar. 

Dér. du lat. Coxa, m. sign. — Quiéisso dé nose, un 
quartier de noix. 

Quièr, s. m. Cuir, la peau des grands animaux en 
général, préparée et tannée ou corroyée. 

Dér. du lat. Corium, m. sign. — Té véou tana lou quièr, 
je vais te donner une râclée. Rabala coumo un quier, 
ravaler un homme, le mépriser, l’accabler d’injures et de 
coups. 

Quinarédoun, s. ». Cynorrhodon, ou rose sauvage. 

Dér. du grec Kuvés, chien, et Péèov, rose. , 

Quincaïaïre, s. m. Quincaillier, petit mercier. 

Quincaïaïriè, s. f. Quincaillerie, magasin de petite 
mercerie. 

Quincaïè, s. m. Quincaillier, petit mercier. 

Même sign. que Quincaïaïre. 

Quinqua, v. Soufller, ouvrir la bouche, murmurer. — 
Né quinco pas uno, il ne souffle pas mot. 

Quinqué, s. m. Quinquet, lampe à suspension et à 
double courant d'air. 

Du nom de l'inventeur, M. Quinquet. 

Quinsar, s."”,. — Voy. Quinsoù. 

Quinsoü, s. m. Pinson, gros-bec pinson, Fringilla 





QUI 


o œlebs, Temm. Pinson commun; oiseau à front noir, 
haut de la tête et nuque bleu cendré, dos châtain, un peu 
olivtre, croupion vert, tout le dessus du corps lie-de- 
vin un peu roussâtre, des bandes blanches sur les ailes; 
c'est le pinson ordinaire dont la gaieté est devenue prover- 
biale.. Une autre variété, appelée pinson des Ardennes, 
gros-bec des Ardennes /Fringilla montifringilla, Temm.), 
qui a le dos d’un noir luisant, le ventre blanc, la poitrine 
d'un beau roux et la queue noire liserée de blanc, nous 
visite également et porte le mème nom. 

Étym.. probable de l'allem. Pinck, mot dont la pronon- 
ciation imite assez bien le chant de cet oiseau; ou de Kin/ 
Kin! onomatopée qui se rapproche de ce même chant, — 


. Voy. Quinsar. 


Quintaïè, s. m. On donne ce nom à des hommes qui, 
pendant l'éducation des vers à soie, ramassent la feuille de 
mürier à tant le quintal; le peseur public. 

Quintâou, s. m. Quintal, poids de cent livres; quintal 
métrique, poids de cent kilog. ou dixième de la tonne. 
L'ancien quintal d'Alais on quintal petit-poids, équivalait 
à 1 k. 589, soit 83 livres en nombre rond. 

Du grec Kevrévaptov, cent livres. 

Quinte, quinto, adj. conj. m. et f. Quel, quelle. Au 
plur. Quintes, quintos. — Quinte malur! quel malheur! 
Quinto. michanto bèstio ! quelle mauvaise bête! Quintes 
camis! quels mauvais chemins! Quintos carièiros/ quelles 
rues mal tenues! 

Quinze, adj. num. Quinze. 

Dér. du lat. Quindecim. 

Quinzéno, s. . Quinzaine, nombre de quinze jours 
consécutifs. — As touca ta: quinséno? as-tu touché le 
salaire de tes quinze journées de travail? On appelle à 
Alais la quinzéno, le quinzième jour qui suit la foire de la 
Saint-Antoine, qui.est fixée au 47 janvier. Véndraï pér la 
quin séno, je viendrai le quinzième jour après la foire. 

Quinze-ounco, s. m. comp. Quinze-onces; se dit d'un 
homme où d'un enfant d'une faible corpulence, pour dire 
qu'il est frèle et malingre. 

Quio, s. f. Quille, morceau de bois en forme de cône 
allongé servant au jeu de quilles, que l'on abat avec des 
boules. 

Dér. du bas bret. Kil ou Quille, m. sign. 

Quiou, s. m. Cul, partie postérieure du corps de 
l'homme et des animaux. — À moustra soun quiou, il s'est 
enfui. 

Quioulas, augm. de Quéou. 

Quiouté, dim. de Quiou. 

Quiou-blan, s. m. comp. Motteux ou vitrec, cnl-blanc, 
traquet-motteux, Saæicola œnanthe, Temm. Toutes les 
parties supérieures du: corps de cet oiseau sont gris-cendré ; 
les inférieures et la queue blanches, la poitrine roussâtre, 





QUU 569 


les ailes et le dessous de la queue noirs. Cet oiseau arrive 
ici en avril; recherche d'abord les lieux arides et mon- 
tueux; au mois d'août, il descend dans les plaines et 
affectionne les terres labourées; il choisit les mottes 
saillantes pour s'y poser et on le voit alors faire un mou- 
vement continu, pareil à celui da hoche-queue. Le nom de 
cul-blanc est une sorte de nom générique qui peut s'appli- 
quer à plusieurs oiseaux du mème genre. 

Quiou-plouma, s. m,. comp. Sobriquet que l'on donne 
à l'espèce des singes qui ont les fesses dépourvues de poil. 


Mouninéto, quiou-plouma, 
Pér un sôou té fan dansa. 


Quista, v. Quêter, 

Quistaire, s. m. Quêteur, celui qui quête; un solli- 
citeur. 

Quita, v. Quitter, laisser; se dépouiller d'un vêtement, 
cesser une action commencée. — Quitæ lou traval, sus- 
pendre ou cesser de travailler. Quités pas dé faïre aqud, 
n'interrompez pas le travail que vous faites. 

Dér. de l'espagn. Quitar, ter, arracher, enlever. 

Quitança, v. Quittancer, donner une quittance, un 
reçu, un acquit à un débiteur. 

Dér. du lat. Quietare, dér. de Quietum facere, laisser 
tranquille, laisser les débiteurs en repos. 

Quitanço, s. /. Acte par lequel un créancier libère son 
débiteur. — Aï un véntre coumo uno quilango, j'ai le 
ventre vide. 

Quite, quito, adj. m. et f. Quitte, libéré à l'égard 
d'un autre. — Sèn quite et bos amis, nous sommes quittes 
et bons amis. 

Quo, s. /. Queue, appendice formé par le prolongement 
de la colonne vertébrale chez certains animaux. (Foy. 
Quuïo). — Siès un la qud, tu es un nigaud, an niais, un 
bénèt. La Qud dé Blannavo, l'innocent de Blannave. 

Dér. du lat. Cauda, m. sign. 

Quouar,s. m. Portion du corps d'un animal compre- 
nant toute la région caudale et ses dépendances. 

Quoucon, s. indéf.— Voy. Quicon. 

Quouro, adv. Quand? Quand est-ce? Tantôt. — Quouro 
véndrés? quand viendrez-vous ? Quouro canto, quouro 
plouro, tantôt il chante, tantôt il pleure. 

Dér. du lat. Quota hora. 

Quuio, s. f. Queue d’un animal; poignée d'un vase, 
d'une casserole, d’une poële; portion d’une pierre de taille, 
d’un pavé qui pénètre et fait prise dans un mur ou dans 
le sol. — Au.fig. faïre la quuio, tromper, duper quelqu'un; 
lui faire tort. Toufle de plumes qui forme le prolongement 
du corps des oiseaux; le dernier rang d'une troupe 
d'hommes ou d'animaux. 

Dér. du lat. Cauda, m. sign. — Voy. Quo. 


570 


R 


RAB 


R. La lettre R est la dix-huitième lettre de l’alphabet. 
S'il faut en croire Pomponius, son premier emploi serait 
dû à Appius Claudius. Cette lettre joue le plus grand rôle 
dans la composition des langues, et il n’est guère possible 
d'admettre l'origine récente que lui attribue l'écrivain 
romain. Elle est la caractéristique de tous les infinitifs 
des langues néo-latines, à l'exception de quelques dialeétes 
provençaux et’ languedociens qui l'ont supprimée, etielle 
est le signe, non seulement de l'actif, mais encore de 
l'action. 

Ra, s: m. Rat, Mus, Pour tous ces rongeurs, nos hôtes 
toujours incommodes et: souvent très-malfaisants, que le 
français nomme: à peu près indistinctement, surtout dans 
le langage habituël, rats ou souris, lé languedocien se sert 
seulement du prerier, et ce n'est que lorsqu'il s’agit dé la 
très-petite souris qu'il emploie exceptionnellement le mot 
furé. (Voy. ©. m:) Räa-dé-cavo, terme de mépris employé 
pour désigner les employés des contributions indirectes. — 
A bon ca, bon ra, à bon'chat, bon rat. Émpéita: coumun 
ra ôn trés noses, empèché comme un rat entré trois 
noix, ou comme un aveugle qui a perdu son bâton. 

Dér. de la bass. lat: Ratus, m. sign: 

Ra, s. m. Caprice, fantaisie. Se dit surtout. des très- 
jeunes enfants qui pleurent souvent sans motifs apparents. 
— Aquél éfan a soun ra, cet enfant à ses caprices: Vèn 
d'avédre un ra, il vient d'avoir un moment de caprice. 

Ra, adv. Près, auprès. On dit aussi raz, al raz. — Ra 
dé vous, auprès dé vous. Ra'd’ase} voisin d’un âne, 

Raba, s. m. Rabat; morceau de. toile qui fait le tour 
du cou, monté sur’ un porte-rabat et qui descend sur la 
poitrine en forme de carré long. Cette partie! de vêtement 
portée autrefois par tons'les hommes n'est plusteñ/usäge, 
depuis longtemps, que parmi les ecclésiastiques et lésigéns 
de robe; ilest ainsi nommé parce qu’antrefoisicé n’était que 
le col de la chemise rabattue en dehors: On appelle aussi 
raba une peau de mouton que l'on déploie sur le’ dos d'un 
cheval en! temps de pluie et que l’on roule. sur le 
garrot'en la rattachant au collier /coulas), en temps ordi- 
nairé. 

Rabala, v. Trainer, entrainer, .emmener. — Sé rabalu, 
se traîner avec peine. Rabala coumo un quièr, trainer 
quelqu'un par terre; l’accabler d’injures. Sé faï rabala, 
il se fait emmener de force. Po pa sé rabala, il peut à 
peine se trainer. 

Rabaladis, s. m. Bruit que l'on fait en traïnant quelque 
chose; train, embarras, remue-ménage; objet trainé; 
personne embarrassante, ficheux. — Quinte rabaladis! 





RAB 


avèn prou dé rabaladis, quel vatarme! nous avons bien 
assez d'embarras. Véjo aïcà un rabaladis, voici un fâcheux. 

Rabalado, s. f. Trainée, action de trainer, s'emploie au 
fig. pour indiquer les avanies que l'on a fait subir à 
quelqu'un. — Té y-aù ficha uno rabalado! je l'ai mis plus 
bas que terre, je l'ai accablé d'injures. 

Rabaléto (Dé), eæpr. adv. Terre-à-terre, rez-terre, — 
Gita uno päro dé rabaléto, lancer une pierre rez-terre' ou 
à la surface de l'eau, de manière à produire des ricochets: 

Rabanèlo, s. f. Grillade-de châtaignes. 

D'après SAUVAGES, ce terme serait employé pour rabi- 
nèlo, dér. de rabina, grillé, brûlé. 

Rabanénquo, s. f. Ombré commune, Salmo thymallus, 
Linn. Ce poisson est assez abondânt dans le Gardonet il 
est presque aussi recherché que la truité à cause de la 
saveur de sa chair. Tête arrondié, semée de points noirs; 
dos d'un vert bleuâtre, rayé longitudinalement de’ bandes 
noirâtres, ventre blanc, nagéoires rougeâtres, là grande 
dorsale tachée de verdâtre et mouchetée de brun. 

Rabasso, s. f. Truffe noire. On l'appelle aussi Trufo- 
négro. (Voy. c. m.) Truffe comestible, Zycoperdon tuber, 
Linn. Cryptogame qui végète dans la’térre sans racines 
et sans feuilles. | 

Dér. de Rabo, rave, et dé la termin. augm. où péjorat. 
asso, grosse rave ou vilaine rave. 

Rabassô, oto, adj. m. et f. Trapu et fortement consti- 
tué. Homme ou femme de petite taille mais à la muscula- 
ture bien développée; courtaud. 

Rabasto, s. f. Pièce de charpente de moyenne grosseur 
posée entre la poutre et les solives. Au plur. Rabastos, 
traverses du plancher d'une charrette, sur lesquelles portent 
les montants (ranchés) qui soutiennent les ridelles. Débris 
du filage de la soie. 

Rabe, s. m. Radis ou raifort, racine potagère de la 
fam. des Crucifères, que l'on mange’ crue à la croque-au- 
sel au commencement des repas ou comme entremets 
(Raphanus). — Uno manado dé rabes, une hotte de radis. 

Rabe, s. m. Racine d’une plante à racine pivotante; 
pivot central de la racine d’an’arbre. 

Rabéirés, s. ». Châtaigner d’une espèce particulière. 

Rabéïréso, s. f. Châtaigne d'une espèce particulière 
produite par le Rabéïrés. — Voy. C: m- 

Rabi, s. m. Radis, raifort /Raphanus). On l'appelle 
aussi Rabe. — Voy. c. m. 

Rabidos, s. m. La rotule du genou des moutons, en 
v. fr. le garignon. C'est l’astragalus ou le talus, avec lequel 
les Romains jouaient aux osselets. — Jouga dâou rabidos 


RAC 


ou à bédin-bédès, jouer aux osselets. — Voy. Bédin-bédèds. 
Rabièiro, s. f. Une ravière, on champ de raves. On 

* appelle ravière, en Normandie, un champ de navets. 

*_ Rabina, s. m. Le rissolé d'une pièce rôtie ou de tout 

autre mets cuit au four qui a pris-trop de cuisson et sent 

le roussi. — Sén lou rabina, cela sent le roussi, le brülé. 

Rabina,v. Roussir, brüler, laisser trop cuire un mets; 
roussir le linge en le repassant. 

Rabino-sardo, s, mn. comp. Un avare qui met si peu 
d'huile dans: la-poële qu'au Jieu de frire les sardines il les 
brüle. Synonyme. de fesse-mathieu. 

Rabissano, s. f. Fane. d'une rave, d'un navet; feuilles 
radicales de certaines plantes; viorne des haies à large 

- feuille ou grande clématite, connue sous les noms de vigne 
blanche, berceau de la vierge, herbe au gueux (Clematis 
vitalba, Linn.). Celle.que l'on trouve près d’Alais, sur les 
bords du Gardon, est la Clematis recta de Linn,, plante de 
la famille des Renonculacées. 

Rabisso, s. f. La fane d'une rave, d'un navet. On dit 
aussi Rabissano. — Voy.c. m. 

Rabo, s. f. La rave proprement dite, on navet rond, 
Brassica rapa, Linn., plante de la famille des Crucifères. 
Cette racine, fort commune dans les Cévennes, l’est encore 
plus dans le.Limousin dont Rabelais appelle les habitants 
mâche-râbes. 

Du lat. Rapa, dér. du celt. Rab. 

Rabô,,s. m. Rabot, outil de menuisier servant à unir 
où à amincir le bois. Le rabot ne diffère de la varlope 
qu'en ce que ses dimensions sont, moindres. 

Dér. du lat. Radere, râcler. 

Rabouta, .v. Raboter, polir, unir, aplanir le bois avec 
le rabot. 

Dér. de Rabd. 

Racagné, s. f. Saletés, ordures. — Quinto racagnè/ 
quelle saleté ! 

Dér. de Raca, vomir. 

Racaié, ou Ra-caïé, s. m. Lérot, Mus nitela, Gmel. 
Ratdes champs qui ravage les fruits des. jardins et pénètre 
mème dans les maisons isolées des campagnes. Il est d'un 
gris brun ou fauve au-dessus, blanchâtre au-dessous, avec 
une plaque noire autour de l'œil qui va en s'élargissant 
jusqu’à l'épaule ; le bout de sa queue est touffa, formant 
une sorte de houppe.noire terminée de,blanc, ce qui lui a 
valu le surnom de caïé, qui veut dire pie ou blanc et noir. 
Le Loir, un pen plus gros toutefois que le Lérot, dont le 
nom ne semble qu'un dimin. de celui de Loir, ne diffère 
du Lérot que par sa queue qui est touflue sur toute sa 
longueur. Is ont d'ailleurs tous deux les mêmes habitudeset 
s'engourdissent pendant l'hiver, le Lérot un peu moins 
profondément que l'autre, devenn en français le type du dor- 
meur, et qui aussi pour cela a reçu du languedocien le nom de 

-dourmêire mais. ce nom, pas plus que.celui de Ziroun, 
n'est en {usage. Le Loir, beaucoup moins, commun, passe 
pour un Lérot de plus grande taille. 





RAF 571 


Racaïo, s. [. Racaille, le rebut et la lie du peuple, et, 
par extension, tout ce qui est mauvais ou de rebut. 

Du grec Parce, nn gueux, un va-nu-pieds, un homme 
de rien. 

Racéja, v. Tenir de sa race, en avoir hérité des bonnes 
comme des mauvaises qualités. — Raço racéjo, s'emploie 
proverbialement pour dire que les enfants tiennent de leur 


pére. 


Racina, v. Pousser des racines. — Aquél doubre a bièn 
racina, cet arbre a jeté de nombreuses racines. 

Racina, ado, adj. m. et f. Qui a de belles et fortes 
racines. — Aquél doubre és bièn racina, çet arbre a de 
nombreuses.et fortes racines. 

Racinaje, s.m. L'ensemble des racines d'une plante, 
d’un arbre, comme le branchage est l’ensemble des branches 
d’un arbre. 

Racinas, s. m. Grosse racine, augm. de Racino. 

Racino, s. f. Racine, portion du végétal par laquelle ce 
dernier est attaché au sol et emprunte à.la terre ses sucs 
nourriciers; base des cheveux, des dents. 

Dér. du lat. Radiçina, m. sign. 

Raço, s. f. Race, extraction, lignée, tous ceux qui 
viennent d'une même famille, qui descendent d'une. mème 
souche; on le dit aussi pour espèce. — Cassa dé raro, 
chasser de race; avoir les bonnes ou les mauvaises qualités 
de ses parents. 

Dér. du lat. Radix, Radicina, m. sign. 

Racrô, s. m. Raccroc. Coup inattendu dans certains 
jeux d'adresse. — Acd's un racrà, c'est un coup dehasard. 
L'as prés pér racer, tu l'as attrappé par hasard. 

Radécavo ou Ra-dé-cavo, s. m. Terme de mépris par 
lequel on désigne les employés des droits réunis, les:com- 
mis des contributions indirectes. Ce sobriquet, que l'on 
doit traduire littéralement en français par rat-de-cave, ire 
son étymologie des fonctions mème de ces employés dont 
la mission est de fouiller les caves pour s'assurer qu'il n'y 
existe aucune contravention. 

Radouta, v. Radoter, tenir des discours dépourvus de 
suite et-de sens, effet ordinaire de la décrépitude. 

Radoutur, uso, #. m.-et f. Radoteur, euse, celui on 
celle:qui radote. 

Rafataio, s..f. Herbages communs et de peu de valeur ; 
rebut d'une denrée; objets embarrassants plutôt qu'utiles. 
Au fig. la lie du peuple. 

Rafatal, s. m. Embarras, objets encombrants, choses 
ennuyeuses, objets sordides. -— Éscampo-mé aquél rafatal! 
Jette-moi toutes ces loques ! 

Raflo, s. f Rafle, coup où tous les dés viennent au 
mème point. — Raflo dé bidé, coup de dés qui amène le 
point un sur tontes les faces. 

Rafo, s. f. Grande corbeille de marchand de verre 
ambulant, qui de là est ;appelé rafè. — Pourta én rafo, 
porter un paquet entre les deux épaules comme,les, soldats 
portent leur havresac. 


572 RAL 


Rago, oto, adj. m. et f. Trapu, gros et court. — Voy. 
Rabassd. 

Ra-grioule, s. m. Rat d’eau, campagnol amphibie, 
Arvicola amphibius, Lacép. Quadrupède à peu près de la 
couleur et de la longueur d’un rat ordinaire, mais plus 
gros, avec le museau et la queue plus courts. Quoiqu'il ait 
les doigts séparés, il nage facilement et plonge pendant 
longtemps. Il choisit de préférence les cours d’eau les 
moins fréquentés pour y établir domicile, vivant comme 
la loutre à qui, par le naturel et les habitudes, il res- 
semble beaucoup plus qu’au rat. 

Grioule, vient de Glis, gleris (Loir), dont on avait fait 
un nom de famille. — Ésfraïa coumo un ra-grioule, se 
dit d'un homme qui s'épouvante facilement, d’ane poule 
mouillée. 

Raï, s. ". Rayon de lumière, rayon de soleil; rais ou 
rayon d’une roue de voiture, de charette qui rattache le 
moyeu aux jantes. 

Dér. du lat: Radius, m. sign. 

Raïa, v. Rayer, bifler. 

Dér. de Raïo, ligne, barre. — Voy. c. m. 

Raïa, v. Railler, se moquer. 

Raïo, s. f. Raïe, ligne, trait que l’on marque avec une 
pointe à tracer, une plume, etc. 

Raïôou, olo, subst. et adj. m.et f. Royaliste; sobriquet 
donné aux Cévenols sous les premiers Valois à cause du 
zèle qu’ils déployèrent pour les intérêts du roi de France 
et du courage avec lequel ils s'opposèrent aux entreprises 
des Anglais qui occupaient la Guyenne. Cette dénomi- 
nation, considérée aujourd’hui par le peuple comme inju- 
rieuse, n'est que le synonyme de fidélité. 

Raïre, s. m. Arrière grand-père. 

Raïre-gran, s. f. Arrière grand'mère. 

Raïsséja, v. Gémir, geindre, se plaindre ; être en con- 
testation ; hésiter, balancer, marchander ; réchigner. 

Raïsséjaire, s. m. Celui qui se plaint et gémit de ce 
qu’il est forcé de faire quelque chose à contre-cœur et à 
son corps défendant; celui qui obéit en réchignant. 

Raja, v. Couler, perdre, ruisseler, fuir. — Za fon rajo, 
la fontaine coule. Aquélo bouto rajo, ce tonneau perd. Raÿo 
coumo la cambo, cette source coule gros comme la jambe. 

Rajado, s. f. Un filet de liquide. — Uno rajado d'oli, 
un filet d'huile. 

Rajo, s. f. Rayon de lumière, rayon de soleil. — Za 
rajo déou sourél, les rayons du soleil. 

Dér. de l'ital. Raggio, rayon. 

Rajôou, s. m. Le jet, le coulant d'une fontaine qui 
s'échappe par un tuyau ou un robinet; le rapide d’une 
rivière, le point où, la pente du lit d'une rivière étant plus 
grande, l’eau coule aussi plus rapidement. L'eau étant 
ordinairement moins profonde en amont du rapide, ces 
points d’ane rivière offrent généralement un gué praticable. 

Ralamén, adv. Rarement. — Acd arivo bé ralamén, 
cette chose arrive bien rarement. 





RAM 


Rale, ralo, adj. m. et f. Rare. — Sès bé rale, vous êtes 
bien rare, on vous voit bien rarement. 

Dér. du lat. Rarus, m. sign. 

Rama, v. Pousser des feuilles, se garnir de feuilles. — 
Lous amouriès an bé rama, les müriers sont bien feuillés. 

Rama, ado, adj. m. et f. Feuillu, feuillue, garni de 
feuilles. — Rama coumo un câoulé, feuillu comme un chou. 

Dér. du lat. Ramus, m. sign. 

Ramado, s. f. Ramée, tonne couverte de ramée, sorte 
de hutte ou de hangar, chambre ou cabinet de verdure 
couvert d’une toiture de rameaux verts, garnis de leurs 
feuilles ; une jonchée de feuillages. 

Dér. du lat. Ramus, m. sign. 

Ramado, s. f. Une averse, une ondée de pluie. 

Dér. de l'esp. Enderamar, verser. 

Ramaïsa, v. Adoucir, apaiser, calmer, faire cesser. — 
Voy. Amaïsa. 

Ramas, s. m. Augm. de Ramo. Gros rameau d'arbre; 
bourrée composée de rameaux d'arbre. 

Ramassa, vw. Ramasser, réunir, rassembler, entasser, 
récolter, recueillir. — Fan ramassa lou mounde, ils ameu- 
tent la foule, ils font de l’esclandre. 

Ramassado, s. f. Ondée de pluie; attroupement, amon- 
cellement. — Uno ramassado dé mounde, un attroupement. 

Ramassaïre, s. m. Celui qui ramasse tout ce qu'il 
trouve, qui ne laisse rien perdre, qui fait profit de tout. 

Ramassaje, s. m. Ramassage, cueillette des fruits, de la 
feuille. On le dit aussi pour ramassis. 

Dér. de Ramassa. — Voy. c. m. 

Rambaïa, v. Trainer rudement, mêler, embrouiller, et au 
fig. rabrouer quelqu'un, le rembarrer, tracasser, brouiller. 
— Té l'aï rambaïa, je l'ai vertement rembarré. 

Rambaïado, s. f. — Séména à la rambaïado, semer à 
pleines mains ou à terre perdue, par FEES à la 
semaille en rayon ou grain à grain. 

Rambaïaïre, s. m. Tracassier; celui qui traîne toujours 
quelque embarras à sa suite. 

Rambaïous, ouso, «dj. m. et f. Embarrassant, encom- 
brant, qui occupe beaucoup d'espace et contient peu de 
matière. 

Rambal, s. m. Embarras, tracas, embrouillement. An 
pr., objets encombrants, embarrassants. — Tout és én 
rambal, tout est pêle-mêle, en désordre. 

Ramboura, »v. Rabrouer, rembarrer. Ce terme s 'emploie 
aussi dans le sens de rembourrer, matelasser avec de la 
bourre, de la laine, du crin, ou autres matières élastiques. 

Raméja, v. Donner à la vigne, à un champ de blé une 
première culture. 

Ramèl, s. ». Un rameau d'arbre ou d'arbuste coupé 
avec toutes ses feuilles; enseigne de cabaret, de taverne, 
de marchand de vin. L'usage de suspendre un rameau au- 
dessus de la porte d'un cabaret remonte à la plus haute 
antiquité. — À passa souto lou ramël, il s'est enivré. 

Dér. de Ramo, feuillage, ramée. 


TE OO 


RAM 


On dit raméous au plur. Lou diménche das ramèous, le 
dimanche des Rameaux. 

Dér. du lat. Ramwus, rameau. 

Ramélu, udo, adj. m. et f. Rameux, euse; convert de 
rameaux, feuillu. 

Ramio, s. f. Bourrée formée de rameaux d'arbres; 
ramilles; ramassis de menues branches. 

Ramo, s. . Ramée fraichement coupée pour le bétail ; 
de la feuille de mürier. — Ana à la ramo, aller à la 
ramée; aller conper des rameaux pour le bétail; aller à la 
cueillette de la feuille pour les vers à soie. 

Dér. du lat. Ramus, rameau. 

Ramo-counil, s. m. comp. Asperge sauvage, Asparagus 
sylvestris, Linn. Les jeunes pousses de cette plante, bonnes 
à manger, ont une saveur analogue à celle de l’asperge 
des jardins, mais plus accentuée. Comme cette dernière, 
elle est diurétique. Dans le Gard, on fait avec un paquet 
de cette plante, une sorte de filtre que l’on place dans la 
cuve vinaire au devant du trou d'écoulement pour l'empè- 
cher de s'obstruer et de donner passage au marc du raisin. 

- damo-counil, signifie littéralement : ramée de lapins. 

Ramouna, v. Ramoner, nettoyer le tuyau d’une che- 
minée, le débarrasser de la suie qu’il contient. 

Dér. du v. fr. Ramon, sorte de balai fait avec des 
branchages, que l'on fait couri r dans les tuyaux de cheminée 
pour en détacher la suie. 

Ramounè, s. m. Ramoneur, c elui dont le métier est de 
ramoner les cheminées. 

Dér. du chant des ramoneurs qui annoncent leur pré- 
sence en criant par les rues : Oh/ ramoner les cheminées 
de haut en bas! 

Rampa, v. Ramper, se trainer sur le ventre; au fig. 
s'humilier, s'abaisser devant les puissants. 

Dér. du lat. Repere ou Reptare, m. sign. 

Rampan, s. m. Rameau de laurier; rameau bénit de 
Pâques-fleuries. Ce mot, dit SAUVAGES, paraît composé de 
ram (rameaub),et de pan (pain), à cause des pains ou gâteaux 
bénits que l'on suspend à ces rameaux le jour de Pàques- 
fleuries. — Planta lou rampan, planter un rameau de 
laurier au sommet d’une maison ou d'un édifice que les 
maçons viennent d'achever, de couvrir sans accident. 
Arousa lou rampan, sorte de banquet de gala que l'on 
offre aux maçons pour les récompenser de ce qu'ils ont 
achevé un édifice sans qu'il y ait eu de malheur ou 
d'accident grave à déplorer. 

Rampèl, s. m. Rampean. On fait rampeau au jeu de la 
fossette, lorsque les deux joueurs font le mème point. 

Dér. de Rampela, rappeler. 

Rampéla, v. Rappeler, battre le rappel avec un tambour. 
Au fig. grogner, bougonner; trouver sans cesse à redire. 

Rampélan, s. m. Celui qui a triomphé deux fois dans 
un jeu, une joute, une lutte. 

Rampèou, s. m. Appeau ; oiseau captif qui appelle et attire 
les autres par son chant, pour les faire tomber dans le piége. 





RAN 573 


Rampli, o. Remplir, emplir de nouveau, achever de 
rendre plein; rendre complet; exercer, occuper an emploi; 
compléter un écrit, en rédiger le libellé. — Voudrid mai 
lou carga qué lou rampli, il vaudrait mieux le charger 
que le remplir; se dit d'an en d'un goulu, d'an 
bomme qui mange avec excès. 

Dér. du lat. Implere on Repiere. 

Ramplimén, s. m. La quantité d'aliments suffisante 
pour un repas. — Ai manja moun ramplimén, je suis repu, 
rassasié ; j'ai suffisamment mangé. — Voy. Couflage et 
Tibage. 

Rampo, s. f. Rampe, série de degrés d'un escalier d'an 
palier à un autre; volée d’escaliers, balustrade à hauteur 
d'appui qui borde un escalier ou un balcon pour prévenir 
les chûtes. 

Rampo, s. f. Crampe; raideur subite et convulsive 
d’un muscle ou d’un tendon accompagnée souvent d’ane 
douleur vive. 

Rampogno, s./. Différend, noise, querelle. — Cérea 
rampogno, chercher noise. An toujour quéouquo rampogno, 
ils ont toujours maille à partir. 

Rampogno, s. /. Ruses, détours, finasseries, roueries. 

Dér. du v. fr. Ramponner, railler, blAmer, injurier. 

Ran ou Ranc, s. "m. Roche, rocher. — L'aïgo sor dâou 
ran, l’eau suinte du rocher. 

Rancarédo, s. /. Région rocheuse, escarpements à pic 
formés par des dislocations rocheuses ou sur les flancs des 
vallées d'érosion ; sortes de falaises. 

Dér. de Ran ou Ranc. — Voy. c. m. 

Rance, ranço, adj. m. et f. Rance, qui a l'odeur on 
la saveur du vieux lard ou de l'huile vieille. 

Dér. du lat. Rancidus, m. sign. 

Ranché, s. m. Pieux verticaux servant d'appui et de 
soutien aux ridelles d'une charrette. 11 y en a ordinai- 
rement quatre ou six. 

Rancouüs, ouso, adj. m. et f. Rocheux, rocheuse. 

Dér. de Ranc. — Voy. ©. m. 

Rancugna, v. Garder rancune. 

Dér. du bas lat. Rancor, rancune. 

Rancugnaïre, s. m. Rancunier, haineux. 

Dér. du bas. lat. Rancor, rancune. 

Rancugno, s. f. Rancune, haine, ressentiment profond 
et caché, souvenir d'une offense. 

Dér. du bas lat. Rancor, rancune. 

Rançun, s. m. L'odeur ou la saveur inhérentes aux 
corps rances. — Sén lou rançun, cela sent le rance. Cette 
expression s'emploie surtout pour déterminer la saveur on 
l'odeur du lard ou de l'huile rances. 

La rancidité des corps gras est due à la combinaison 
d'ane trop grande quantité d'oxigène avec le principe 
extractif des huiles. 

Dér. du lat. Rancidus, m. sign. 

Rancura (Sé), v. Se plaindre, se fâcher. 

Dér. du bas lat. Rancor, rancune, plainte. 

el 


574 RAO 


Rancuro,s. f. Plainte, querelle, différend, regret, ressen - 
timent, contestation, tristesse. 

Ranäort, s.4m. Renfort; cheval supplémentaire que l'on 
ajoute à un attelage pour l'aider à gravir une côte, à 
franchir un pas difficile; contrefont établi pour soutenir 
un mur; morceau de cuir servant de .contrefort à rane 
chaussure. 

Ranfourça, ». Renforcer, fortifier,, rendre plus fort. 

Râou, ràouquo, adj. m. etf. Rauque,enroué. — Parla 
rdau, avoir la voix .enronée. 

Du lat. Raucus, m. sign.; dér. de Ravus, enroué. — 
Voy. Réouféloës, . 

Râouba, w. Voler, dérober, escroquer, prendre ce qui 
ne nous appartient pas pour se l’approprier; ravir. — 
Rdouba uno fio, enlever une jeune fille. 

Dér.. du lat. Rapere, ravir. 

Râoubatori, s. f. Vol, larcin; chose volée, volerie, 
pillerie. 

Dér. du lat. Rapere; ravir. 

Räoubo, s. f. Robe, robe de femme; robe d'avocat. 
L'ancien terme rdôubo se prenait pour toute sorte de 
meuble, de vêtement, d'ustensile, de provision, -de denrée, 
etc., et c’est encore sa signification en italien, Robba. De là 
le verbe dérober, ou enlever quelqu’une de ces choses. — 
Faïre uno réoubo méou taïado, faire une cotte mal 
taillée, ç.-à-d. arrêter un compte, conclure un marché en 
rabattant de part et d'autre, sans trop s’appesantir sur la 
valeur des objets. 

Râoubo-miolo, ou Räoubo-säommo, s. m. comp. 
Sobriquet donné à un individu sans probité, à un filon. 

Räoufèl, s. m. Le râle ou Je râlement avant-coureur de 
la mort. 

Dér. du bas br. Ronkel, m. sign. 

Râouféla, ». Râler, avoir le râle. 

Râoufélous, ouso, adj. m.etf. Qui a le râle.— Vouës 
réoufélouso, voix cassée. Campano répufélôuso, cloche fèlée. 

Râougna, v. Rogner, diminuer, etrécir, couper. 

Râougna, “. Pressentir un événement fâcheux. — Lou 
cor mé réougno, j'ai un fâcheux pressentiment . 

Râougnaduro, s. f. Rognure, bande de papier, d'étoffe, 
de cuir, mince et de peu d'étendue, coupée avec des ciseaux, 
un couteau ou tout autre instrument tranchant, 

Räoumas, s. ». Rhume, maladie qui affecte la mem- 
brane muqueuse de l’intérieur du nez, de la trachée artère 
ou des bronches, et qui est caractérisée parl’enchifrènement, 
la toux et l'évacuation d’une matière visqueuse plus ou 
moins abondante. 

Du lat. Rheuma, m. sign .; dér. du grec Peüyia, fluxion, 
formé de Psw, je coule. 

Räoumi, v. Roussir, faire roussir au feu; griller, 
flamber. — Acd sén lou râoumi, cela sent le roussi. 

Râoumi, ido, adj. m. et f. Roussi, brûlé, grillé, 
flambé; brouï. — La fièio és rdoumido, la feuille a été 
brouïe par la gelée. 





RAS 

Râouquéja, v. Avoir la voix prise, la woix. nue. 
comme une personne enrhumée. 3 

Râouquije, s. »m. Enrouement. 

Rapourta, v. Rapporter, apporter une chose d'un lieu 
à un autre; rapporter, raconter, répéter ce qui s'est passé 
ou ce qui s'est dit; cançaner . 

Dér. du lat. Reportare; m. sign. 

Rapourtur, uso, s. ». et f. Rapporteur, euse; celui ou 
celle qui, par légèreté ou envie de bavarder, a coutume de 
rapporter, de répéter ce qu'il a vu ou entendu. 

Raqua, v. Grapiller, glaner le raisin après la vendange. 
— Voy. Rapuga. 

Dér. de Raquo, marc de vendange. 

Raqua, v. Vomir; rejeter par le vomissement: rendre 
une chose par force; perdre au jeu; être forcé de payer. 
— A raca cin fran, il a été forcé de débourser cinq francs. 
L'as prés, lou racaras, tu as pris cela, tu le xendras par 
force. 

Suivant M. Diouloufet, ce mot aurait une origine ligu- 
rienne ou viendrait de l'hébreu Raquag, cracher. Ô 

Raquado, s. . Avinage ; manière d’abreuver le fond et 
l'intérieur d'un tonneau en y répandant le surmoüt tout 
chaud ou de l’eau dans laquelle on a fait bouillir du marc 
de raisin. — Faïre uno raquado, aviner ou abreuver un 
tonneau. 

Raquaïre, s. m. Grapilleur; celui qui ramasse les 
raisins oubliés dans les vignes après la vendange. 

Raquéto, s. f. Raquette; instrument dont ‘on se sért 
pour jouer à la paume ou au volant, 

Dér. du lat. Reticulum, m. sign. 

Raquita (Sé), v. Se racquitter, réparer une ds faite 
au jeu. 

Raquo, s. f. Le marc dela vendange ; le mare qui n’a 
point été pressé; la grappe de raisin PSC de ses 
grains. 

Dér. du lat. Racemus, grappe. 

Ras, as0, adj. m. et f. Ras, rase; plein, pleineet arasée 
sans déborder. — Uno sémäou raso, une cornue pleine. 
Un véire ras, un verre plein, une rasade. 

Dér. du lat. Rasus, m. sign. F 

Ras, prép. Rez, tout contre, tout proche, joignant. — 
Ras-dé-tèro, rez-terre. Vi dé ras-dé-cuvo, vin de ri 
goutte. 

Dér. du lat. Rasus, rm. sign. 

Rasa, v. Raser, couper la barbe, les re avec un 
rasoir; araser, terme de maçon, couronner un mur, ache- 
ver l’assise d'un mur; abattre une chose au ras d’une autre ; 
raser un édifice, l’abattre à ras de terre; receper un arbre, 
le couper rez de la souche. — Sé rasa, se raser, se couper 
la barbe. 

Rasa, v. Effleurer, passer tout auprès, avec rapidité. 
— M'a rasa ém'uno péro, il m'a efileuré d'un coup de 
pierre. 

Rasal, s. m. Epervier, sorte de filet de forme conique, 


ee. 


té homme 


RAS 
lesté avec des: balles de plomb et que l'on développe en le 
lançant à l’eau. — Quinte co dé rasal! Quel coup de filet! 
se dit lorsqu'on fait main basse sur une bande de: malfai-. 
teurs; lorsqu'on fait une rafle au jeu, ete. 
 Dér. du lat. Retis, filet. 

Rascalâou, s: m. Espèce de prune de Damas où Damas 
noir, petite prune d'un violet foncé; commune-et peu déli- 
cate;: une noix sèche. Les prés Rasclauz à Alais tirent 
peut-être leur nom de ce qu'ils étaient autrefois complantés 
de cette sorte de prunier. 

Rascas, asso; s: m. et /. Teigneux, euse; celui ou celle 
quiesbatteint de larache ou teigne. Au fig. avare, crasseux ; 
rade, piquant. Un des anciens seigneurs d’Uzès, Raymond, 
fils de Bermond:ler et père de Bermond IH, portait le surnom 
de Rascas, 11 vivait de 4468 à; 1209. 

Dér, de Raseo ou Raselo, teigne, et du. péj. as. 

* Rascas, s. m. Large croûte ou plaque de teigne. 

Rascasso, s. f. Un perré, un cassis établi en travers 
d'une route; au fond, d'un ruisseau où d’un ravin'pour 
arrêter les affouillements ou-les ravinements d'un cours 
d'eau, Cette construction est établie-au moyen de-grosses 
pierres posées. de champ. | 

Rascla, w. Ràcler, râtisser; raser, toucher légèrement en 
passant. Au fig. ÆRascla, s'esquiver, s'enfuir, s'échapper 
sans tambour ni trompette. — Rasela; dé canèlos, garder 
les manteaux, croquer. le marmot. 

Dér. du.lat. Radere;, m. sign. 

Rasclado, s..f. Atteinte légère ou passagère de maladie ; 
volée de coups de. bâton, râclée. 

Rascladuro, s. /. Râclure, ratissure, petits fragments 
que l’on: enlève en! râclant. 

Rascläousa; v. Amasser l'eau dans le bief d'un moulin 
qui ne peut moudre que par éclusées, 

Dér. de Rascldouso, écluse. 

Rascläousado, s. f. Éclusée, plein une écluse, la quantité 
d’eau que, peut contenir le bief d’un moulin quandilest fermé. 

» Dér. de:Rasoldouso, éeluse. 

Rasclâouso, s. /; Écluse, ouvrage de maçonnerie, de 
charpente, de: terrassement, destiné à sontenir, à amasser, 
àcretenir les eaux !que/l'on destine à'l'arrosage, à la navi- 
gation, au-fonctionnement des usines. 

Dér. du lat: Reclusa, renfermée. 

Rasclé, s. m. Râle d'eau; Rallus aquaticus, Temm. 
Gorgerette blanchâtre, poitrme et ventre d'un cendré 
bleuâtre; tout'le déssus: du corps d'un roux:olivâtre avec 
des: tâches noires: au centre de chaque plume, longueur 
26 cent. Le râle d'eau reste dans le pays-toute l'année; il: 
est très-rusé et ne sort guère que le soir de ses. jones ettde 
ses-fourrés, C'estrun gibier: des plus recherchés. — Vüy. 
Poulo-d'aïgo et Cabussé. 

Rasclé, s. m. Lièvre mâle, bouquin. 

Rasclé,.éto, adj: m. etf: Teigneux, euse; tête chauve 
ou pelée par la teigne, 

Dér: de Rasclo, teigne. 





RAS 575 


Rasclo, s. 7: Rcloire, coupe-pâte, ustensile de fer qni 
sert à détacher la pâte du pétrin. Râtissoire servant à 
détaclier le tartre des tonneaux . 

Dér. de: Rasola, râcler. 

Rasclo on Rasco, s. /: Rache ou teigne de la tête; la 
grosse teigne, gale ou teigne plate et sèche. 

Dér. du bas bret. Rdch, gale on teigne. 

Rascloüs, ouso, adj. m. et f. Teigneux, euse: rade 
au toucher. On appelle Rasclousos, les bajanes où châtai- 
gnes qui ne sont pas encore dépouillées de leur’ pellicule 
intérieure. 

Dér. de Rasolo, teigne. — Voy. c: m. 

Rasin, s. "”, Raisin, le fruit de la: vigne. Pline en-cite 
plus de 80 espèces, M. Bosc en avait: réuni dans la 
pépinière du Luxembourg, à Paris, plus-de: 4.400 espèces. 
Parmi celles que l'on cultive-dans lés' Cévennes, nous ne 
citerons que la Coupado (Voy: c. m.), qui est peutéêtre 
le meilleur raisin de table et le plus délicat: le Gamé ou 
Larda (Voy. ©. m.), sorte de chasselas. Le phylloxéra, qui 
a commencé de sévir antour d'Alais em 4872, æ depuis lors 
détrait à peu près toutes les vignes «1 la région. 

Dér. du lat: Racemus; grappe. 

Raso, s. f. Limite, ligne dérisoire: = £'an més din sas 
rasos, On l’a circonscrit dans: ses limites, on lui à fixé ses 
bornes. 

Dér. du catal. Rasa, ravin. 

Raso, s. /. Les bergers:donnent ce nom aux brebis qui 
ont: atteint l'âge de cing'ans. 

Rasouèr, s: m. Rasoir; réseau. — Tèlo dé rasouèr, 
toile de réseaux on de- carrés en réseaux ou en dentelle, 
alternativement. mêlés: de: carrés de’ toile unie, employés 
dans le dernier siècle à des garnitures de lit, des tapis de 
table et de toilette. — Mé fas pissa dé lamo dé rasouër, 
tume mets àla torture, tu m'agaces. 

Dér. de Ras. 

Rasouiïro, s; . Räeloire; radoire pour mesurer le grain 
ou les châtaignes ainsi que le sel. On dit anssi Rasadouiro. 

Dér. de Ras. 

Raspa, v. Râper, polir un corps avec une râpe; réduire 
en poudre avecune-râpe:; enlever le poil d'uneétoffe, d'un 
drap par le frottement. 

Raspa, ado; adj: m., et f.. Räpé, râpée. — Dé pan 
raspa, du pain râpé. Raspa. coumo un garçoi laïur, il a 
les habits :râpés.comme un-ouvrier tailleur. 

Dér. de l’allem. Raspen, râper. 

Raspado, s. f. Raclée, volée de coups de poings, de 
coups de bâton, 

Dér. de l'all. Raspen, râper. 

Raspaïa, v. Balayer avec. un balai usé; amasser un tas: 
nettoyer. Au fig. rafler, faire rafle, faire place nette, 
emporter tout, s'emparer de tout. —:A tout raspaïña; il a 
tout emporté. 

Raspal, s. m. Un balai usé, un ramon; un balai de 
broussailles, de genèts; de bruyère; d'auhépines les épis 


576 RAS 


qui restent à l'air après qu'on a dressé les gerbiers. 
— Proufèto raspal, prophète de malheur. 

Raspo, s. f. Râpe, ustensile de cuisine; outil d'acier 
trempé en forme de lime, servant à limer le bois, la 
pierre et à dégrossir le fer; ripe on räpe de maçon; 
mauvais ouvrier, mauvais artiste. — Quinto raspo ! Quel 
mauvais ouvrier! quel mauvais musicien ! 

Raspous, ouso, adj. m. et f. Rugueux, couvert 
d'aspérités. 

Rasso (Ën), ado. En bloc, l’un portant l’autre. 

Rastagagno, s. f. Les débris de bois mort, de feuillages, 
de matières ligneuses ou surnageantes qu'une rivière 
entraine pendant les inondations; les menues broutilles, 
pailles, fétus qu’elle dépose sur ses bords lorsqu'elle décroît. 
La rastagagno marque d’une manière précise après l'inon- 
dation la hauteur atteinte par l’eau. 

Dér. du lat. Stagnatio, débordement, inondation. 

Au fig. les restes d’une maladie; les derniers vestiges 
d'un rhume qui se traduisent par des expectorations. 

Raste, rasto, adj. m. et f. Se dit d'une région dépour- 
vue de végétation, d’une plaine sans arbres et dont les 
herbes sont fauchées rez-terre, d’une lande inculte. — Un 
péis raste, un territoire nu, sans arbres, sans végétation . 

Dér. du lat. Rastrum, râteau, ou de Radere, râcler, 
râtisser. 

Rastéiè, s. m. Râtelier, sorte de claie posée obliquement 
contre le mur d’une écurie et au travers de laquelle les 
bestiaux prennent, au fur et à mesure, le foin nécessaire à 
leur alimentation ; porte-manteau; l'ensemble des dents 
qui composent la mâchoire humaine. — Aoussa lou rastéiè, 
tenir la dragée haute; rationner; mettre au régime; 
empêcher quelqu'un de disposer d’une chose à sa fantaisie. 

Dér. de Rastèl. 

Rastèl, s. m. Râteau, fauchet. Le râtean est ordinai- 
rement en fer et à une seule rangée de dents; le fauchet est 
en bois et a deux rangs de dents opposés ; l'épine dorsale; 
l’échinée d’un porc. 

Dér. du lat. Rastellum, dim. de Rastrum, m. sign. 

Rastéla, v. Faucheter, si l’on se sert du fauchet; râteler 
où râtisser si l’on unit un terrain avec un râteau. 

Dér. du lat. Radere, m. sign. 

Rastélado, s. f. Plein un fauchet on un râleau d'herbes, 
de fourrage ou de pierrailles. Au fig. un nombreux abattis. 
— Unô rastélado d'âoucéloùs, un abattis d'oisillons tués 
d’un coup de fusil. 

Dér. de Rastèl. 

Rastélaje, s. m». Action de faucheter ou râteler; la 
portion de fourrage ramassée sur un champ au moyen du 
fauchet après l'enlèvement de la récolte. 

Dér. de Rastèl. 

Rastélun, s. ”. La portion de la récolte recueillie avec 
le râteau. 

Dér. de Rastèl. 

Rastoubla ou Réstoubla, v. Semer sur le chaume; 





RAT 


semer deux années de suite le mème champ; ramasser le 
chaume. Au fig. réstoubla signifie revenir deux fois sur 
une même chose; récidiver; manger deux fois du même 
plat. — S'aquél fricd vous counvèn, fôou réstoubla, si ce 
plat vous convient, revenez-y. 

Dér. de Réstouble, chaume. — Voy. c. m. 

Rastouble ou Réstouble, s.m". Le chaume qui reste 
sur la terre après que le blé est moissonné; l’étoule et, 
dans quelques provinces françaises, le rastouble : herbes 
mèêlées avec le chaume qui restent dans un champ après la 
moisson et qui sont une päture pour le bétail; terre 
en jachère; champ couvert de chaume et non encore 
laboaré. 

Dér. du lat. Restibilis, qui porte toutes les années. 
Rata, ado, adj. m. et f. Rongé des rats ou des souris. 
— Püirin rata, un parrain qui ne donne point de DES 

à ses amis et connaissances. 

Dér. de Ra, rat. 

Rata, v. Rater, faire long feu; manquer une occasion, 
ne pas réussir; manquer son coup. 

Ratado ou Rataduro, s. f. Rongeure ou manjeure 
(prononcez ronjure et manjure) faite par les rats ou les 
souris. 

Dér. de Ra, rat. 

Ra-tâoupén ou tâoupiè, s. m. comp. C'est le nom que 
SauvacEes donne au Lérot et qui appartient mieux encore 
au Mulot /Mus sylvaticus, Linn.), le véritable rat des champs 
et des bois, si destructeur des récoltes, qui se loge souvent 
sous terre, et surtout au Campagnol de Savi /Arvicola 
Savii, de Selys), extrèmement abondant dans nos contrées, 
qui vit dans les champs couverts de céréales et de luzernes, 
sous lesquelles il établit ses magasins, en y pratiquant des 
trous comme la taupe {Téoupo). 

Raté on Rataté, s. m. Grimpereau, Grimpereau familier, 
Certhia familiaris, Temm. Le Grimpereau est un oiseau 
de couleur noirâtre et roussâtre, tacheté de blanc, : plus 
pâle en dessous, avec le croupion roux; il atteint à peine 
quinze centimètres de long. Il ressemble beaucoup, par 
les habitudes comme par la taille, au Torchepot ou 
Sitelle, avec qui il est facile de le confondre, et qui reçoit 
souvent le même nom languedocien. Voy. Bouscarido 
(grosso). Le Grimpereau, comme le Torchepot et comme 
les pies, qui sont ses parents éloignés, grimpe le long des 
arbres et les frappe avec son bec pour en faire sortir les 
insectes cachés sous l'écorce; il semble alors le voir courir 
comme une petite souris. Raté exprime très-bien cette 
ressemblance et la petitesse du Grimpereau. 

Dér. de Ra, rat. 

Ratèlo, s. f. La rate des bœufs, des moutons ; la rate 
de l’homme, viscère impair situé dans l'hypochondre 
gauche, entre le diaphragme et l'estomac. 

Ce nom parait lui être donné de sa forme oblongue qui 
lui donne quelque apparence d’un rat. 

Ratéto, s. f. Une dent de petit enfant. C'est un terme 


RÉB 


de nourrice qui s'emploie surtout au pluriel : Æatétos, 
les dents, les quenottes des petits enfants. On l'applique 
plus spécialement aux deux dents incisives du milieu de 
la mâchoire, qui poussent les premières et qui, par leur 
nombre et leur situation, ressemblent à celles des rats d'où 
est tiré le dim. Ratétos. — Véjan tas ratélos, voyons tes 
petites quenottes. 

Ratiè-vala, v. — Voy. Vala-ratiè. 

Ratièiro, s. f. Ratière, souricière, piège à rats on à 
souris. 

Dér. de Ra, rat. 

Ratigas, s. m. Restes, ressentiment de quelque maladie 
dont on est guéri depuis peu de temps; bouffée de fièvre, 
dernières attaques d'une maladie qui tend à disparaitre. 

* Dér. du grec Pélæyos, claquement de dents. 

. Rato-pénado, s. f: comp. Chauve-souris, Vespertilis, 
Linn. Il en existe, même dans nos pays, de nombreuses 
espèces dont les différences ne frappent pas les yeux du 
vulgaire; par conséquent, rato-pénado sufit à les dési- 
gner toutes. Les anciens naturalistes considéraient la 
chauve-souris comme une sorte de monstre qu'ils ne 
savaient comment classer; aujourd'hui elle aurait beau 
dire : « Je suis oiseau, voÿez mes ailes! » les savants, plus 
habiles que la belette de la fable, ne la croiraient pas; ils 
ont clairement établi que c'est un vrai mammifère, dont un 
repli de la peau des flancs, étendue de chaque côté entre 
les membres postérieurs et les doigts de la main, imite une 
voile et forme une sorte de parachute qui les soutient 
dans l'air, lorsqu'il s’y lance d’un point élevé. On sait en 
effet que, tombées à terre, les chauves-souris ne peuvent 
se relever. Elles sont vivipares et allaitent leurs petits, 
qu’elles portent, en volant, attachés à leurs mamelles. 

Au reste, le languédocien avait devancé la science en 
faisant de cet animal un rat ailé : rato, rate; pénado du 
lat. Pennata, ayant des ailes. 

Ratos, s. f. plur. Incisives, quenottes des petits enfants. 
On dit aussi Ratounos et Ratétos. — Voy. Ratélo. 

Réba, s. m. Reflet, réverbération du soleil. 

Dér. de Rebatre, renvoyer. 

Rébala, v. Trainer quelqu'un ou quelque chose. — Pode 
pa mé rébala; je peux à peine me trainer. L'an rébala 
coumo un quièr, on l’a trainé dans la boue, on l'a traité 
avec le plus grand mépris, on l'a injurié. Sé rébala, au 
fig. ramper devant quelqu'un, s’aplatir devant un supérieur. 
Laïsso tout rébala, il laisse tout trainer dans la maison, 
il laisse tout en désordre. 

Rébaladis, s. m. Train, embarras, remue-ménage; tin- 
tamarre; bruit que l'on fait en trainant quelque chose. 
— Quante rébaladis! quel train ! quel tracasi YF-a dé réba- 
ladis, il y a du train dans cette maison. 

Dér. de Rébala. 

Rébaléto (Dé), ezp. adv. Terre-à-terre, à la glissade. 
— Jita uno pèiro dé rébaléto, jeter une pierre de façon à 
ce qu’elle rase la surface de la terre ou qu'elle glisse à la 





REB 577 
surface de l'eau, de manière à produire des ricochets. Dé 
rébaléto, au fig. se mettre à plat ventre, s'abaisser devant 
quelqu'un. 

Rébatre, v. Rabattre, diminuer, retrancher; déduire 
une certaine somme sur la valeur d'un marché conclu; 
réverbérer; rebattre. — Rébatre un matalas, rebattre un 
matelas. 

Dér. de Batre. 

Rébéqua, v. Se rebiffer contre quelqu'un, lui donner la 
répartie; répondre insolemment à quelqu'un à qui on doit 
du respect. — Rébèques? tu oses riposter? tu as le front 
de répliquer? 

Dér. de Bé, pour bouche, parole. 

Rébéquaire, airo, s. m. et f. Raisonneur, euse; qui se 
rebiffe. 

Rébéssina, v. Se relever, se redresser par derrière, 
comme la queue de certains chiens; porter la queue en 
trompette. 

Rébéssina, ado, adj. m. et f. Relevé, redressé, reco- 
quillé par derrière, comme la queue de certains chiens qui 
se relève en trompette et s'enroule sur elle-mème. 

Rébéti, v. Repousser, faire ressortir un objet enfoncé, 
tel qu'un clou, un boulon, que l'on cherche à chasser en le 
repoussant par la pointe. < 

Rébia, v. Raccommoder, rapiécer un vêtement, un 
meuble, un ustensile. 

Rébiaire, s. m. Celui qui raccommode les objets déchi- 
rés, cassés ou dégradés. 

Rébiaje, s. m. Rhabillage, raccommodage, rapiècetage. 
Au fig. faïre un bon rébiaje, faire un bon repas après un 
jeùne prolongé. 

Rébifa, v. Requinqué, retroussé. — Sé rébifa, se 
rebifier. 

Rébiscoula, v. Ranimer, ravigoter, regaillardir, — Acû 
m'a rébiscoula, cela m'a remis, restauré, ranimé le cœur. 
On dit aussi Réviscoula. 

Dér. du lat. Reviviscere, reprendre vie. 

Rébla, v. Garnir les vides d'une maçonnerie avec de la 
blocaille ; remplir les interstices entre les moellons. — Un 
ome rébla, un homme bien musclé, bien räblé. 

Réblataïo, s. f. Remblai, matériaux de remplissage, 
ballast. 

Rèble, s. m. Räble d’un lièvre, d'an lapin; région 
lombaire, chez les animaux, mais plus particulièrement 
chez le lièvre, le lapin, le chat, le chien. 

Dér. du lat. Rapulum, dim. de Rapum, racine, petite 
rave. 

Rèble, s. m. Caillou de forme conchoïdale ou à cassure 
irrégulière; blocage, ballast, cailloutage servant à remplir 
les vides des moellons, dans les maçonneries ou les reins 
d’une voûte. 

Même étym. que le mot précédent. 

Rébobis, s. m. Partie de plaisir; bon repas; partie de 
fourchette ; gala. On dit aussi Révobis. 


578 RÉC 


Rébor, s. m. Rebord, orifice ; bord,d'un vêtement formant 
un repli. 

Dér. de Bor, bord. 

Rébouchi, v. Rétorquer un argument, combattre une 
opinion avec des arguments victorieux. — L'a bièn rébou- 
chi, il l’a bien mâté, il l’a.bien remis à sa place. 

Rébouli, v. S'amender, après avoir souffert bien. des 
épreuves; avoir subi bien des souffrances; réaction éprou- 
vée dans la circulation en passant d'un grand froid. à une 
température chaude. 

Dér. de Bouli, bouilli. 

Réboulo, s. f. Grateron, galiet grateron, nom de plante. 
— Voy. Réjistèl et Arapo-man. 

Réboumbo, s, f. Gros surtout; vaste houppelande. 

Rébounda, v. Trousser. — Sé rébounda, retrousser ses 
manches, ses vêtements. Rébounda. pour Rébrounda, s'em- 
ploie comme. synonyme, d’élaguer le pied, la, tige ou les 
branches d’un arbre. 

Dans ce dernier cas, il est dérivé de Broundo, branche 
d'arbre, brande. 

Réboundaïre, s. »m. Ouvrier que. l’on. emploie à, l'éla- 
gage des, arbres, à.la, taille des.oliviers ou des müriers: 

Dér. de Broundo, branche d’arbre, brande. 

Rébous, s. m. Rebours; contre-poil, contre-pied. — 
Préne d'à réboùs, prendre au rebours; contrarier. À, réboùs 
dé pèou, à rebrousse-poil. 

Dér. de la bass, lat. Reburrus, velu, hérissé, qui, vient 
de Burrus, bourre. 

Réboustia, v. Retrousser; retrousser. ses. manches. jus- 
qu'au coude. 

Réboustia, ado, adj. m. et f. Retroussé, 6e. 

Réboutigna, v. Bouder, — Voy. Kougna. 

Rébroussiè ou mieux Réboussiè, s. #1. Caractère. mal 
fait; celui qui prend toujours. le, contre-pied, des choses, 
qui.a, des idées opposées à tout le monde; homme contra, 
riant; esprit paradoxal. 

Dér. de Réboùs, rebours. 

Récaïre, s. m. Recoin. — Voy. Récantod, 

Récaliva, v. Rechuter, avoir une rechute, faire. une 
rechute, récidiver, retomber. 

Dér. de, Récaïéou, débris de braise, reste de. feu. caché 
sous la cendre. 

Récalivado, s, f: Rechute. 

Dér. de Récaliva, rechuter. 

Récantou, s. m. Recoin. 

Dér. de, Cantoù, coin. 

Réçäoupégu, udo, adj. m. et f. Reçu, reçue. 

Réçâoupre, v. Recevoir. 

Dér. du,lat, Recuperare. 

Récäouqua, v. Récidiver, doubler la dose d'un, mets, y 
revenir; répéter sans cesse la même chose; rabâcher: 
— Récdouqua las boutos, achever, de remplir. les, ton- 
neaux, 

Dér. de Céouqua, fouler: 





“REC 

Récäouquaïre, s. m. Rabâcheur, celui qui revient 
toujours sur le mème:sujet. 

Récäouquaje, s: m. Rabâchage, | 

Récâouquia (Sé), v. Se remettre dans ses affaires, les 
rétablir, se remplumer;, revenir à la santé, se rétablir à la 
suite d’une maladie. Ce, terme signifie. littéralement : 
refaire sa coquille. 

On l’emploie aussi dans le sens. de : ses recoquiller, se 
croqueviller. 

Récarga, v. Recharger, charger de nouveau, imposer. 
une nouvelle charge. 

Dér. de Carga, charger. 

Récassa, v. Attraper, recueillin avec la, main où la 
bouche une chose qu’un autre a lancée ;: prendre. de bond! 
ou de volée ce: que l’on jette. — Récassa à: la ‘voulado, 
attraper une chose. lancée avant. qu'elle.ait-touché. le: sol ; 
happer, eu parlant d’un chien;qui reçoit un objet dans sa 
gueule. 

Récata, v. Serrer, ramasser quelquechose qui traîne, le 
mettre en lieu sûr; soigner quelqu'un, l'équiper, le rapié- 
cer, pourvoir à ses besoins; donner retraite à quelqu'un qui 
cherche à se cacher. — És bièn récata, ilestmis proprement. 

Dér. de l'esp. Racatar, cacher avec soin. 

Récate, s. m. Ménage, économie, soin, attention: = 
Vioure dé récate, vivre. d'économie: Provision. de bouche 
qu’un journalier porte à la, campagne: pour: sa, nourriture 
de la journée. — Pourtaisoun récate, porterce qui.est néces- 
saire pour sa nourriture de la journée. Ana, dou récate, 
aller manger un morceau. Tout-aqud ésidé récate, tout cela 
est arrangé, fini, mis en ordre: Gousta, soupa âvu. récate: 

Dér. de l'esp. Recato, précaution, prévision: 

Récatoüs, ouso, adj, m. et, f: Soigneux; ménager, 
économe. 

Dér, de Récate. 

Récavala, v. Récompensé, bien.lotis enrichi. 


Lou soulda qué fai la guèro 
És pa mai récavala. 


Récélur, uso, s. m. et j. Receleur, celui qui recèle. 

Dér. du lat. Celare, cacher. 

Récéta, v. Faire l'examen d’une marchandise, vérifier 
si,elle est de la. qualité convenue, requise. 

Dér. de. Récéto, recette. 

Récèto, s. f. — Marchandiso;dé-récèto, marchandise.de 
bonne qualité, de qualité requise. 

Dér. du lat. Recepta, chose reçue, admise. 

Réchange, s, m. Rechange, droit de changer: — Cdouso 
dé réchange, chose, que; l'on a en double, pour en rem- 
placer une autre en-cas. de besoin: 

Réchäoucha, v. Ressassen: les. mêmes, idées; rabâcher. 
Au prop. tripoter, remanier une choseà plusieurs reprises. 

Réchâouchaïire, s. m. Rabâcheur. 

Réchuto, s, f. Rechute, retour d’une maladie. dont:on. 


n'était pas complètement guéri. 


REC 


Réci, s. m. Renseignements, bavardages, caqnets, racon- 
tars. — Faïre milo récis dé quéouquus, raconter mille bali- 
vernes sur le compte de quelqu'un. Mé n'an fa dé michan 
récis, on m'a donné de mauvais renseignements sur son 
compte. 

Récoire, +. Se dit d'un ragout qui prend à da gorge, 
qui écorche ou picote le gosier. On dit aussi de I'huile 
forte : Aquél oli récoi. 

Récontre, s. m. Hasard, occasion, chance, rencontre. 
= $é lou récontre ou fui, si le hasard le veut. L'aï agù 
dé récontre, j'aieu cet objet d'occasion. Aou prémiè récon- 
tre, à la première occasion. At agu ‘n michan récontre, 
j'ai eu une mauvaise chance, une mauvaise rencontre, j'ai 
éprouvé un fâcheux accident. 

Récoumanda, v. Recommander, exhorter, charger de 
faire en ordonnant; prier d'être favorable. = És bièn 
récoumanda dou prone, il est connu pour ce qu'il est; il a 
mauvaise réputation. 

Dér. du lat. Commendare, recommander. 

Récoumandaciou, s. f. Recommandation, action de 
recommander , 

Dér. du lat. Commendatio, m. sign. 

Récounégu, udo, adj. m. et f. Reconnu, ue; considéré 
comme tel. 

Dér. du lat. Recognitus, in. sign. 

Récounéisse, v. Reconnaître, être persuadé; découvrir ; 
observer; avouer; vérifier, Comparer; considérer sous un 
certain point de vue. 

Dér. du lat. Recognoscere, m. sign. 

Récounéissable, ablo, adj. m. et f. Reconnaissable; 
que l’on peut reconnaitre; facile à être reconnu. 

Dér. de Récounéisse, réconnaitre. 

Récountra, v. Réussir dans une entreprise. — Aï bièn 
récountra, j'ai bien réussi. S'acù sé récontro, si l'occasion 
se présente. 

Récourda (Sé), v. Se ressouvenir, se rappeler. 

Dér. du lat. Recordari, m. sign. 

Récoure, w. Termeemployé par les ramasseurs de chà- 
taignes. Rechercher, repasser, revenir sur ses pas, pour 
ramasser très-exactement de façon à n'avoir plus besoin 
d'y revenir. 

Dér. du lat. Recurrere, revenir en courant. 

Récura, v. Émonder la tête, les branches d'un arbre, 
en couper les branches inutiles, les rameaux chiffonnés. 
Récura se dit pour les branches, rébounda, pour la tige ; 
sagata, pour les rejetons, les surgeons du pied. En français, 
on ‘dit indifféremment pour les trois cas, élaguer ou 
émonder. On élagué les grosses branches avec la scie, la 
serpe ou la hache; on émonde les menues avec la serpette. 
Au fig. et adjectiv. gentil, propre. 

Dér. du lat. Curare, prendre soin, soigner. 

Récurado, s. /. Retranchement, déchet. Terme de 
magnanerie ; épidémie qui diminue ou fait périr bon nom- 
bre de vers à soie, qui éclaircit les tables où ils sont éla- 





RED 579 
lé. — Aquélo maldoutié a fa ‘no forto récurado, cétte 
maladie à causé un grand déchet. 


Récuraire, s. m. Émondeur, celui qui émonde ou taille 
les arbres. 

Récuraje, s. m. Émondage, action d'émondér, de 
nettoyer un arbre, de le débarrasser de ses branches mortes, 
de ses raméaux Chiffonnés, de ceux qui se huisent pour 
dtre trop serrés. 

Récurun, s. m. Le robut des grains ; le fond du grenier ; 
des fruits dont on a pris ee qu'il y afait dé meilleur. 

Rédable, s. m. Le ble où fourgon d'un boulanger; 
râcloire en fer emmanchée d'une tige ‘en hoïis et qui sert à 
ramener la braise à la bouche du Tour. On dit anssi 
rédiable dans quelques localités. 

Rédamén, aëv. Trèsfort, beaucoup, infiniment, — 
Aquél ome és rédamêën for, @et homme est très-fort. 

Réde, rédo, adj. m. et f. Roïde, ferme. 11 s'emploie 
aûssi dans an sens adverbial. = Camina, müurcha rède, 
marcher rapidement. Ména réde, mener rondement, dure- 
ment, Cavalièrement. Tusta réde, frapper fort. Towmba 
réde, tomber roide-mort. 

Dér. du lat. Rigidus où du celt, Red, m. sign. 

Rédire, v. Redire, répéter, dire une seconde fois ; rappor- 
tr, révéler ce que l'on a apptis, raconter; reprendre, 
Hlainer, censarèr. = M'a troubà à rédire, l m'a blâmé. 

Dér. du lat. Redicere. 

Rédoù, s. m. Redoul, herbe aux tanneurs, sumac des 
corroyeurs ou des teinturiers /Rhus coriaria), arbrisséau 
de un à trois mètres, à rameaüx nombreux. Toutes les 
parties de cet arbrisseau sont astringentes et rafraichissantes ; 
réduites en poudre, elles servent à préparer le cuir. On le 
trouve dans les terrains rocailleux, au milieu des boïs de 
chènes verts de la vallée inférieure du Gardon. au pont du 
Gard, à Collias, à la Baume de Sanilhac, au Pont Saint- 
Nicolas. Les habitants de Collias le recueillent en grandes 
quantités et en font le commerce. Ils le désignent sous le 
nom de Mèrto. L'abbé de Sauvaces signale les baies de 
cet arbrisseau comme un poison des plas violents. Il à sans 
donte confondu le sumac /Rhus coriaria), avec la corroyère 
à feuilles de myrte (Coriaris myrtifolia), qui s'emploie 
aussi dans la tannerie et dont les feuilles prises en décoction 
produisent les accidents les plus terribles et mème quel- 
quefois la mort, 

Rédoun, ouno, adj. m. el f. Rond, arrondi, de forme 
mamelonnée ou en cône arrondi au sommet. On en à formé 
les noms propres : Can-rédoun, Campredon, champ arron- 
di; Chamboù-rédoun, Chamboredon, petit champ arrondi ; 
Moun-rédoun, Montredon, montagne arrondie; Piè-rédoun, 
Puechredon, puech ou pic arrondi. 

Rèdre, +. Rendre, lasser, fatiguer. — M'a fa rêdre, il 
m'a éreinté. 

Rédu, udo, adj. m. et f. Rendu, fatigué. — Souï rédu, 
je suis rendu. 

Dér. du lat. Reductus, M. sign. 


580 RÉG 

Réfa, acho, adj. m. et f. Refait, réparé, rétabli, 
restauré. 

Dér. du lat. Refectus, m. sign. 

Réfaiïre, v. Refaire, faire une seconde fois, réparer, 
racommoder, recommencer, remettre en état, restaurer. 

Dér. de Re, itérat., et de faire, faire. 

Réfoufa,-v. Regorger. Se dit d’un liquide qui se répand, 
quand on le verse dans un vase dont l'ouverture est trop 
étroite, ou qu'on le verse en trop grande quantité à la fois, 
et que l'air du dedans n’a pas d’issue pour s'échapper à 
mesure que le liquide en prend la place. 

Réfoula, +. Refouler, repousser. 

Réfréja, »v. Refroidir, rendre froid. Au fig. calmer, 
diminuer l’ardeur, refroidir l'enthousiasme ou le zèle de 
quelqu'un. — Ço qué m'an di m'a réfréja, ce que l'on 
m'a raconté m'a refroidi, a changé mes idées. 

Dér. du lat. Frigefacere ou de Refrigerare. 

Réfrésqua, v. Rafraichir, rendre frais, calmer la cha- 
leur; réparer, rétablir, nettoyer en lavant; rappeler, 
renouveler. — Réfrésca lou linje, mouiller le linge avant 
de le mettre à la lessive ; remuer le linge dans l’eau claire 
avant de le tordre, après l'avoir lavé, et pour en faire sortir 
le savon. Réfrésca uno bouto, un vêéire, rincer un tonneau, 
un verre, ou le passer simplement dañs l’eau claire après 
l'avoir rincé. Bouta lou vi à réfrésca, mettre le vin à 
rafraîchir. Réfrésea la mémouëro, rappeler une chose 
oubliée ou ancienne. 

Dér. du lat. Refrigerare, refroidir. 

Réfrésquado, s. f. Une ondée; un léger lavage; [une 
tripotée. — Avèn agu uno réfréscado, nous avons essuyé 
une averse. Douna uno réfréscado dou linje, laver légè- 
rement le linge. Fitre uno réfréscado, ficher une tripotée 
à quelqu'un. 

Réfréscadoü, s. m. L'eau à rafraichir, où l’on met 
le vin à rafraichir; petit lavoir contenant de l’eau claire 
et où l’on trempe le linge lavé, avant de le tordré pour le 
mettre à sécher, 

Réfrésquaje, s. m. Linge ou lessive essangée à laquelle 
on donne un léger blanchissage avant de la mettre au 
cuvier. — Blan dé réfrésquaje, premier blanchissage ou 
un simple savon. 

Réfréta, ». Ce terme s'emploie dans le sens de radouber, 
réparer les roues d’un véhicule en resserrant les jantes et 
les rayons dont l'usage ou les grandes chaleurs ont amaigri 
les points d'assemblage. 

Réfus, s. m. Refus, action de refuser. — Aqud n'és pa 
dé réfus, j'accepte cela volontiers, ce n’est pas une chose 
à refuser. 

Dér. du lat. Refutare, refuter. 

Réfusa, v. Refuser, ne point accepter une chose offerte, 
ne pas accorder une chose demandée. 

Dér. du lat. Refutare, réfuter. 

Régagna, v. Rechigner. Au pr. Régagna las déns, 
montrer les dents, soit par un défaut nature}, soit par une 





REG 


mauvaise habitude. Au fig. Régagna las déns, tenir tête à 
quelqu'un, lui montrer les dents, lai montrer de la fermeté. 
Le sens fig. est pris des chiens qui grondent et menacent 
de mordre en montrant les dents. 

Dér. de l'esp. Resgagnar, grincer des dents. 

Régagnado, s. f. Brusquerie, brusque incartade, 
rebuffade . 

Régagnas, s. m. Gros rire sardonique et moqueur. 

Dér. de Régagna. — Voy. c. m. 

Régal, s. m. Régal, grand festin, grand repas, grand 
plaisir, vive satisfaction. — És un régal pér él dé sé pér- 
ména, la promenade est pour lui un vrai régal. 

Régala, v. Régaler, inviter quelqu'un à un festin, faire 
un gala. 

Dér. de Régal. 

Régalisso, s. f. Réglisse Glykyrhiza glabra, Linn., 
plante de la famille des Légamineuses, cultivée dans la 
Provence méridionale. C’est de la racine de cette plante 
que l'on retire, par ébullition, l'extrait que l’on nomme 
jus de réglisse. 

La réglisse sauvage, astragale à feuilles de régliss 
(Astragalus glykyphyllos, Linn.), plante de la même famille 
que la précédente à laquelle elle ressemble par ses feuilles. . 

Dér. du grec PX«, racine, et de , TAdxos, doux, racine 
douce. 

Régalo, s. f. Régal, festin, bon repas, gueuleton. — 
Pagues pa ‘no régalo? n’es-tu pas décidé à payer un bon 
diner? 

Dér. de l'esp. Regalo, m. sign. 

Réganèl, s. m. Regard, aspect, exposition, rayonnement 
du soleil. — Ëro dou réganèl dâou sourél, il était exposé 
aux rayons, aux ardeurs du soleil. 

Dér. de Régo, raie. 

Réganta, v. Regretter, se repentir trop tard. — Fricas- 
ses toun bé, lou régantaras un jour, tu dissipes ton bien, 
tu le regretteras un jour. 

Régâäougna, v. Rechigner, grommeler, montrer de 
l'humeur, de la répugnance; relancer quelqu'un, le 
rabrouer, le rebuter avec rudesse. On dit aussi Régagna. 
— Voy. c. m. 

Régâäougnado, s. f. Brusquerie, brusque incartade, 
rebuffade. On dit aussi Régagnado. — Voy. c. m. 

Régâougnaïre, s. m. Personnage brusque, grognon, 
rechigné, qui trouve sans cesse à redire à tout le monde. 

Dér. de Régâougna. 

Régâäoula, v. Couler, dégoutter. 

Régâoussa, v. Regarder de travers ou d'un air dédai- 
gneux:; donner à son visage une expression de mépris. — 
Régoussa lous ièls, montrer le blanc des yeux comme dans 
un évanouissement ; regarder d’un air farouche. 

Régâoussado, s. /. Regard farouche, regard torve, 
menaçant. 

Régar, s. m. Regard; égard. — Pér voste régar, par. 
égard pour vous. Pér régar d’aqud, à l'égard de ceci. 


RÈG 


Régarda, v. Regarder; avoir égard. — Aqud és dé 
régarda, c'est une chose à laquelle il faut avoir égard. 
Régarda ou lénguéja, langueyer un porc pour y découvrir 
les grains on boutons de ladrerie. 

Régardaïre, s. m. Langueyeur de pourceaux; inspec- 
teur. 

Régardèlo, s. /. — Un pla dé régardèlo, un plat pour 
les yeux. Manja dé régardèlo, diner des yeux ou en 
regardant les autres manger. 

Dér. de Régardèlo, plante ou produit imaginaire. 

Régiscla, v. Rejaillir, éclabonsser. — M'a tout régiscla, 
il m'a tout éclaboussé. 

Régisclado, s. f. Éclaboussure, rejaillissement; ondée, 


. pluie, averse subite et de peu de durée. 


Régiscle, s. m. Rejaillissement, éclaboussure. On dit au 
prop. et au fig. N'aï agu lou régiscle, j'en ai eu les écla- 
boussures. 

Régistèl, s. m. Nom de plante; garance des teinturiers 
(Rubia tinctorum, Linn.). Grateron. — Voy. Arapo-man et 
Réboulo. 

Régistre, s. m. Registre ; livre où l’on inscrit les actes 
de l'état civil, les délibérations municipales, les affaires, de 
chaque jour, les fournitures de métier, etc. 

Dér. du lat. Registrum. 

Régital, s. m. Piège, traquenard pour prendre les bêtes 
fauves ; traquet pour prendre les rats et les souris; sorte 
de piège à ressort composé de deux mâchoires armées de 
pointes qu'un ressort fait détendre et qui saisissent l'ani- 
mal qui a donné dans le piège. 

Régla, vo. Tirer des lignes droites avec une règle et une 
pointe à tracer; régler, mettre une règle en vigueur, ar- 
rêter, déterminer, régulariser ; arrêter un compte. — Soun 
conte és régla, il a son compte; il a reçu le châtiment qu'il 
méritait; il est mort, 

Dér. du lat. Regulare. 

Réglé, s. m. Règlement relatif à divers objets, En 
terme d'église et dans le st. fam. guide-âne, ordo ou ordre 
à suivre, livret qui indique l'office de chaque jour. En 
style administratif, cette expression s'emploie surtout pour 
désigner le règlement relatif à la dépaissance des troupeaux 
dans les terrains communaux. Dans les Cévennes ce mot 
désigne un thermomètre. Quand l'abbé pe Sauvaces mit le 
thermomètre entre les mains des éducateurs de vers à 
soie, pour régler le degré de température, il lui donna 
le nom de réglé, qu'il a conservé. On dit au fig. lou métrén 
dou réglé, nous lui apprendrons à se bien conduire, à 
ne pas agir selon ses caprices. 

Règlo, s. f. Règle, instrument allongé, plat ou carré, 
en bois ou en métal, servant à tracer des lignes droites, et, 
par extension, principe, maxime, loi ; bon ordre, exemple, 
modèle, préceptes ; statuts d'un ordre religieux. 

Dér. du lat. Regula, m. sign. 

Employé au plur., il a la signification de règles, mens- 
trues, écoulement périodique et mensuel des femmes. 





RÉG 581 


Régo, s. f. Raie, ligne, trait de plume ou de crayon; 
bande étroite ; rayon ou sillon de jardinier ; ligne divisoire 
qui sépare deux champs; rigole de jardinier: règle de 
conduite; culture. — Uno régo dé coutrié, un labourage 
simple. Douna dos régos, faire deux labours successifs où 
l'an sur l’autre en sens inverse. Planta à régo, planter par 
sillons ou par rigoles. Tira régo, planter, borner, délimiter 
deux champs contigus. Téni la régo drécho, tenir une 
conduite régulière. Passa La régo, dépasser les bornes per- 
mises. 

Dér. du grec Pryf, fente, crevasse, ou du lat. Riga, dor. 

và. 

Régolo, s.f. Rigole, petit fossé peu profond, creusé 
dans la terre pour faire couler l'eau dans un jardin, un pré ; 
caniveau établi dans une rue pour l'écoulement des eaux 
pluviales. — Sdouto régolo, saute-ruisseau, petit jeune 
homme malingre et prétentieux; petit polisson, enfant des 
rues. 

Dér. du celt. Rigol ou du lat. Rigare, arroser. 

Régor, s. m. Agneau tardif, agneau de l'arrière-saison, 
celui qu'une brebis met bas dans un âge où communé- 
ment elles ne portent plus. Ces agneaux sont ordinairement 
maigres, chétifs, vieillots et malsains. On le dit au fig. des 
enfants nés sur le déclin de l’âge de leur mère. 

Dér. du lat. Cordus, qui vient dans l'arrière-saison.. 

Régoubia, adj. Recourbé. — Camino tou régoubÿa, il 
marche tout courbé. 

Ce mot est sans doute employé pour Régourbïa, qui vient 
à son tour de Gourbio, serpette recourbée ainsi nommée 
dans le voisinage du Rhône. 

Régoubiun, s. m. Nausée, vomissement ; aliments rendus 
à la suite de nausées. 

Régoula, v. Couler, dégoutter ; vomir, rendre gorge; 
être rassasié jusqu'au dégoût. — La suzoù mé régoulô din 
l'ésquino, la sueur me coule dans le dos; je ruisselle de 
sueur. 

Régoulije, s. ». Dégoût, aversion; nausée, envie de 
vomir, dégobillis. — Acù faï véni lou régoulije, cela sou- 
lève le cœur. 

On dit aussi Fastije. 

Régoumas, s. m. Grimace, faux pli que fait un vête- 
ment mal taillé, on par l'application d'une pièce mal 
cousue, mal appliquée, mal posée. 

Régoumassa, v. Grimacer, présenter un pli défectueux. 
Se dit d'un vêtement mal taillé. 

Dér. de Régoumas, grimace. ; 

Régourdano (cami dé). Nom donné à l'ancienne voie 
romaine qui conduisait de Nimes à la Loire par Alais, 
Villefort et la vallée de l'Allier. Strabon en fait mention. 
On en voyait des vestiges, il y a quelques années, près 
d’Alais, sur la partie de l'ancienne route de Saint-Ambroix 
appelée les Calades; aux abords de l'Affenadou, sur un 
point désigné aussi sous le nom des Calades. 

Régrè, s. m. Sorte de sérénade amoureuse, dont l'air et 


7 


582 RÉI 

les paroles sont d'un caractère plaintif et que les paysans 
des Cévennes chantent sous la fenètre dé leur amoureuse. 
Ce terme s'emploie aussi dans le sens de pitié. — Aquél 
éfan fai régrè! cet enfant me fait pitié. At régrè d'él, j'ai 
pitié de lui. Dans le sens propre il signifie regret, souvenir 
pénible d’avoir fait, dit ou perdu quelque chose; de n'avoir 
pas dit ou fait telle autre chose ; repentir. 

Dér. du lat. Regressus, retour. 

Régréta, v. Regretter, être fâché, afiligé d'une perte 
qu'on a faite, d'avoir manqué une occasion favorable, où 
de n'avoir pas fait une chose. 

Réguiè, s. m. Sillon, rigole; rigole ou chenal de’ jardin 
qui longe une plate-bande et sert à introduire suécessi- 
vement l'eau d'arrosage dans la série des rigoles ‘qui 
composent la plate-bande ou carré affecté à une même 
espèce de culture. 

Réguinna, v. Ruer. Au fig. regimber. 

Réguinnado, s.f. Ruade. 

Réguinnaïre, &dj. m. Enclin à ruer. =— Aquél midou 
és réguinnaïre, ce mulet à une tendance à rar. 

Rèï, s. m. Roi, célui qui gouverhe un état. — Rd dé la 
favo, le roi de la fêve; celui à qui est échue la fève du 
gâteau, le jour dés Rois. Countén coumo un rèï, content, 
heureux comme un roi. 

Dér. du lat. Rex, regis, In. sign. 

Rèi-dé-caïo, s. m. comp. Räle de genèêt, roi des cailles, 
poule d’eau de genêt. (Gallinula ou Rallus Crex, Temm.) 
Depuis le haut de la tête jusqu’au croupion, d'un brun 
foncé; chaque plume bordée de roux et de cendré; ventre 
blanc lavé de roux; longueur 26 cent. Get oiseau arrivant 
toujours à la suite des cailles, on a supposé qu'il avait 
autorité pour les pousser devant lui et on l'a nommé Roi 
des cailles. Il n’y a aucun rapport entre éux. Il est vrai que la 
science, ayant égard à certains caractères extérieurs, et ne 
tenant aucun compte de ses mœurs disparates, l’a rangé 
à son tour parmi les poules d'eau; mais son nom scienti- 
fique est déjà une contradiction; car ce n’est pas au milieu 
des genêts que cette poule viendrait satisfaire son gout 
pour l'eau. Le fait est qu’elle n’aime pas l'eau. Le langue- 
docien a traduit au choix, le Roi ou le Râle du français. 

Réïnage, s. m. La royauté du repas des Rois où de la 
fète de l’Epiphanie. — Las fougassos de réinage, les gâteaux 
des Rois. 

Dér. de R&, roi. 

Rèïnâou, ». pr. m. Reynaud, que l’on trouve quelque- 
fois écrit Raynaud, Raynal, Raynald où mème Réginal. 

Dér. de la bass. lat. Reginaldus, royal. 

Réïinar, s. m. Renard. (Canis vulpes, Linn.) Mammifère 
onguiculé de la famille des Digitigrades où Carnivores, 
signalé de tout temps comme l'emblème de la ruse et de la 
finesse. — És un fi réinar, c'est un rusé Compèré. 

Réïnar, s. m. Terme de maçon. Pierre attachée au bout 
d’une ficelle et tenant lieu de fil à plomb. 

Réinardivo, Rénardivo ou Rénadivo, s. f. Ognon de 





RÉL 
l'arrière-saison; ceux qui renaissent, pour ainsi dire, ou 
qui repoussent du germe des vieux ognons qu'onavait 
laissés en terre par oubli ou à dessein. Cesognons ont, à la 
fin de l'automne, la fraicheur des ognons du printemps: 

Dér. du lat. Renatus, Venu de nouveau, reproduit. : 

Réinéto, s. f. Pomme de rainette, sorte de pomme 
commune dans les Cévennes où l'on en trouve diverses 
variétés. La rainette du Vigan jouit d’une réputation 
justement méritée. 

Dér. de Räno, reine, eu égard à sa qualité supérieure. 

Réinéto, s. f. Raine verte ou graisset /Rana arborea, 
Linn.), petite grenouille verte qui se perche sur lés buissons 
ou les arbustes. Reptile de l'ordre des Batraciens et de la 
famille des Anoures (sans queue). 

Dér. du lat. Rana, grenouille. 

Rèïino, s. /. Reine, femine de roi, souvéraine dun 
royaume. | 

Dér. du lat. Regina, m. sign. 

Réïo, s. f. Le soc de la charrue. — BORNE la cd 
rebattre le soc. 

Réïre, adv. Arrière, derrière. = Qui én réf) sen 
ou par le passé. Acd és toujour à réire, c'est toujours à 
recommencer. Ên rétre, jadis, autrefois, postérieurement, 
de nouveau. 

Dér. du lat. Retro. 

Réire-ban, s. ». comp. Arrière-ban. — An vira ban et 
réire-ban, on a fait des perquisitions très-minutieuses; ‘on 
a fait un grand remue-ménage, 

Réïre-boutigo, s. f. comp. Arrière-boutique; ‘arrière : 
magasin. 

Réïre-gran, s. m. et f. comp. Arrière grand-père; 
arrière grand’mère. — Moun réire-gran ; ma réire-gran. 

Réïre-léndéman, s. m. comp. L'après-demain. 

Réïre-poun, s. m. comp. Arrière-point, rang de points 
de couture continus que l’on fait avec ‘une aïguille et du 
fil ou avec une machine à coudre, sur le poignet de la 
manche ou le plastron d’une chemise ou de tout autre 
vêtement. 

Réïre-sourêl, s. m”. comp. La réverbération du rl; 
un reflet de soleil donné par un nuage: 

Réjougne, v. Serrer, enfermer, ranger, mettre en place, 
soigner. — Ténés acd bièn réjoun, gardez cela avec Soin; 
tenez-le bien soigneusement serré, ajusté, rangé. | 

Réjoui, v. Réjouir, donner de la joie, du plaisir. —Sé 
réjoui, se réjouir, se livrer au plaisir, se divertir. 

Réjouïissanço, s. f. Réjouissance, fête, festin, fète 
votive, réunion où l'on s'amuse. 

Réjoun, adj. m. Serré, ajusté, rangé, soigné. — Voy. 
Réjougne. 

Rélaïssa, ado, s. m.et f. Abandonné, ée. En vieux 
langage rélaïssado signifiait une veuve; la femme de celui 
qui, embrassant l'état ecclésiastique, jurait de conserver 
l'état de viduité. De la bass. lat. 

Rélaïssé, s. »”. Rebord, relief, saillie, plinthe, impôstes 





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EE — 


DS D 7 7 7 


RÈM 


toute partie saillante d'une construction, d'un meuble; 
tablette de cheminée, bord d'une armoire, d'nne commode. 
Littéralement : petit relief. 

. Rélassa, nn et.f. Celui ou cle qui est affecté 
d'uie. hernie, & : «0 

Dér: du lat. Ralozatus, relàché. 
Réléva, v. Relever, ramasser, exhausser ; rétablir une 
fortune; faire valoir, donner plus d'éclat, faire remarquer; 
répondre vivement à quelqu'un, mettre à la place d'un 
autre; sortir de maladie. 

Dér. du lat. Relevare, m. sign. 

-Rélévairo, s. f. orme de. filature, désignant. une 
apprentie fileuse. 
:! Réloge, s. m. on oder — Réloge d'araïrés anneau ou 


.crochet en S d'une charrue, auquel on. attache le timon. 


Régla coumo un réloge, se dit d’un homme très-ponctuel. 

ru Dérs du lat. Horologium; m. sign. 

Rélougè, s. m. Horloger, celui qui fait ou raccommode 
les horloges, les pendules et-les montres. 
+Déride Réloge. — Voya cm. 

. Rémarqua, v. Remarquer, marquer de nouveau, faire 
ane remarque, distinguer quelque particularité. 

& Dér. de, Marqua, marquer. 

:Rémarquable, ablo, adj.m. et f. Remarquable, digne 
de remarque; qui n'est pas ordinaire, qui présente,des 
particularités exceptionnelles. 

: Dér. de Rémarqua. 

«Rémarquo, s. f. Remarque: marque, observation parti- 
culière sur quelqu'un, sur quelque chose. 

«Dér..de Marquo, — Voy. ©. m. 

Réména, v. Ramenter, revenir sur un sujet, rabächer, 
chanter, toujours la même gamme. — Faï pas qu'ou 
réména, il ne fait que répéter toujours la même chanson. 
Ou réménave désémpidi un an, je ruminais cela depuis 
un an. Remanier une toiture, un pavé de rue; remuer un 
mélange, une liqueur circulairement. Réména low quiou, 
agiter, tortiller le derrière en marchant avec affectation et 
d'une façon ridicule. 

Dér. du v. lat. Rimenare. 

.: Rémés, éss0, adj. m. et f. Remis, remise; replacé en 
son bien; rélabli d’une maladie. 

+ Dér. du lat. Remissus, m. sign. 

-Rémétre, v. Remettre; mettre une chose à l'endroit où 
elle était auparavant; donner à quelqu'un, différer, rendre. 

-Dér. du lat. Remittere, m. sign. 

Rémisa, ». Loger, héberger, mettre à l'abri, enfermer 
dans une remise ou dans un.endroit qui sert d’abri. 

Dér. du lat. Missum, de Mittere, mettre. 

.Rémiso, s. f. Remise, lieu destiné à mettre à couvert 
les voitures, les ustensiles agricoles, les denrées, les récoltes. 
Du grec: ’Hesuljw, mettre en repos, par la suppression de 
4, ou du lat. Missum, de Mittere, mettre. 

- Rémouia, v. Mouiller, humecter de nouveau. — Péssè- 
gres rémouïas, pèches sèches et ramallies dans du vin. 





RÉN 583 

Rémoulin, n. pr. de lieu, Remoulins, chef-lieu de canton 
de, l'arrondissement d'Uzés, situé sur la rive gauche du 
Gardon, à 3 ken aval du Pont du Gard. 

Nom dérivé de Rémoulis, — Voy. €. m. 

Rémoulina, ». Tournoyer, pirouetter, On le dit de 

l'eau, d'un bief de moulin qui s'engouffre dans le radier, 
ce qui produit, à la surface stagnante de l'eau, des tourbil- 
lons creux en forme d'entonnoir. 

Dér. de Rémoulis. — Voy. €, m. 

Rémoulis, s. 1. Tourbillon d'eau, détours d'un cours 
d'eau. 

Du cat. Remoli, ou de l'espagn. Remolino, m. sign. 

Rémoulu, udo, adj. m. et f. Avide, insatiable, goulu; 
en parlant de l'avidité de ceux qui, comme on le dit, ont 
les yeux plus.gros que le ventre. 

Dér. de Rémoulige, avidité du_bien, désir insatiable d'en 
acquérir, mêlé d'un sentiment de jalousie (SAUVAGES). — 
Voy. Arémouli. 

Rémounfrina, v. Réprimander,. faire des reproches. 

Rémounfrinado, s. /. Réprimande, semonce, mercuriale. 
— Ai agu una rémounfrinado, j'aiessuyé une réprimande. 

Rémounta, v. Restaurer, remettre à flot, fortifier, 
ravigoter, réjouir. — Un pdou dé vi mé rémonto, un doigt 
de, vin me restaure. Cént éseus mé rémountarièou, une 
somme de cent écus me remettrait à flot, me serait. très: 
utile. Lou vi rémonto l'éstouma, le vin: fortifie, Aquélo 
plèjo a rémounta lous blas, cette pluie a donné de la 
vigueur aux blés. 

Dér. de Mounta, monter. 

Rémountaciou, s. f. Fortune, richesse. — Acd's da 
rémountaciou d'ou péis, cela. constitue. la. richesse, du 
pays. Acù sérié ma rémountaciou, ce serail. une fortune 
pour moi. 

Dér. de Rémounta, 

Rémoustra, v. Remontrer, représenter à quelqu'un. les 
inconvénients d'une chose qu'il n’a pas. faite, ou qu'ila 
faite ou qu'il est sur le pointide faire. 

Dér. de Moustra, montrer. 

Rémoustranço, s../. Remontrance, reproche, représen- 
tation, avertissement, 

Dér. de Rémoustra. 

Rémuda, v. Changer, remplacer.— Rémuda dé jarman, 
coussin issu de germain. 

Dér. du lat. Remutare, m. sign. 

Rémuda, s. m. Un rassis ou un relevé, terme de 
maréchal. On rassied un fer de cheval lorsqu'on. y.remet 
les elous qui y manquent et qui faisaient locher le fer. 

Rén, s. m. Rein, reins. — Aï mdou dé rén, je souffre 
des reins. 

Dér. du grec Pas, comes. 

Rén, s. m. Rangée, nombre. — Adéré, se, dit d'objets 
disposés par rangées, disposés en file. 

Réna, v.. Gronder, murmurer sourdement, grogner ; 
pleurer, se chagriner sans sujet et avec mauvaise humeur, 


584 RÉP 

geindre. — Dé qué rénes? Üe quoi grognes-tu? Réna coumo 
un por, grogner comme un cochon. Sour véntre réno, son 
ventre grouille. 

Rénaïre, s. m. Grognon, inquiet, grondeur, qui se plaint 
toujours. 

Réndiè, s. m. Fermier, locataire. 

Dér. de Réndo, rente. 

Réndo, s. f. Rente, ferme, revenu annuel, fermage, 
loyer. 

Dér. du lat. Reddita, m. sign. 

Rénéga, v. Jurer, blasphémer, proférer des jurons, des 
imprécations: — Rénégavo coumo un fol, il jurait comme 
un possédé. 

Dér. de Negare, désavouer, renier (Dieu). 

Rénégaïre, s. m. Celui qui jure, qui blasphème: 

Réngloro, s. f. Petit lézard gris; lézard gris des 
murailles, lézardeau (Lacerta muralis): C'est un crocodile 
en ‘miniature; car ‘on luia/fait l'honneur de le’classer avec 
lui dans l'ordre des Sauriens. Le gentil saurien dont nous 
parlons, timide, inoffensif, éveillé et agile quand'il guette 
ou poursuit sa proie ou qu'il fuit le danger} est ün vrai 
lazzarone, se dorlotant'avec délices au soleil, quand on veut 
bien'le laisser tranquille. C’est ainsi qu'il passerait sa vie, 
dormant l'hiver, se chauffant l'été, ‘au ‘milieu ‘dé nos 
espaliers, qu’il protège en les débarrassant d'une foule 
d'insectes dont il se nourrit; mais les enfants le poursui- 
vert continuellement et bien à tort: 

Réngo, s. f. Rangée d'arbres placés sur un même 
alignement. 

Rénifla, v. Reniflér, aspirer avec force par les narines ; 
on le dit plus particulièrement des liquides. 

Dér.: du lat. Renasiculare; formé de ‘re, itérat. et de 
nasiculare. 

Rénja, v. Ranger, placer dans son rang, mettre en place; 
arranger, raccommoder, léparer. — Rénja sas cdousos, 
arranger ses affaires. Faï rénja sa caréto, il fait arranger, 
réparer sa charette. 

Rénjo, s. f. Rangée, ligne de plantations, même signi- 
fication que Réngo. — Voy. ©. m. 

Réno, s. f. Plainte, soupirs d'un malade, pleurs traiz 
nants d'un enfant gâté. — Aro a sa réno, maintenant, (cet 
enfant} a un accès de pleurs. 

Dér. du lat: Rana, grenouille. 

Rénouncia, v. Renoncer, se désister, se départir de 
quelque chose; quitter, abandonner; renier, désavouer; 
mettre au jeu une carte d’uné autre couleur que celle dont 
on joue. 

Dér. du lat. Renunciare, m. sign. 

Rénoüs, ouso, adj. m.et f. Grondeur, grognon, har- 
gneux, pleurard. 

Dér. de Réno. — Voy.c. m. 

Répâou, s. m. Repos, cessation de mouvement, de 
travail; tranquillité d'esprit, sommeil; palier ou repos 
d'escalier. — Démouras én répdou, finissez; restez tran- 





RÉP 
quille, laissez-moi. — Laïssa-mé dé répéou, laissez-moi 
tranquille. — Un répdou d'éscaiè, un paliers + 1814) 

Dér. du lat. Reponere. Ù à 

Répäousa, v. Reposer, mettre dans une situation tran- 
quille, dormir ; cesser de travailler, d'agir ; Béci pers 

Dér. de Répdou, repos. 

Répapia, v. Radoter, rabâcher, revenir constamment 
sur le mème sujet. — Répapio soun pr il rabâche 
tant qu'il peut. 

L'abbé pe Sauvaces fait dériver ce mot de re, itératif, 
et de papa, père. Répapia signifierait donc : répéter le mot 
papa, comme les enfants, c’est-à-dire devenir a 
tomber dans l’enfance. 

Répapiaïre, s. m. Radoteur, qui répète toujours la 
mème chose, qui ne dit que des riens, des choses qui n’ont 
souvent aucun rapport entre elles. 

Répapije, s. m. Rabâchage, radotage, verbiage; pes 
désordonné, dépourvu de sens et de raison: Le 

Répara, v. Réparer, remettre en élat ce qui a soufre 


| quelque dommage, rétablir. — À répara soun sg mu 


a fait réparer sa maison. 

Dér. du lat. Reparare, m. sign. 

Réparaciou, s. f. Réparation, ouvrage que l'on! fait 
effectuer pour réparer un dommage; satisfaction donnéé ou 
exigée. 

Dér. du lat. Reparatio, m. sign. 

Répassa, v. Repasser, passer de nouveau Au fig! frotter, 
houspiller, charger de coups. 

Répassado, s. f. Volée de coups; reprinratidé mercu- 
riale, correction. 

Répasso, s. f. Repasse, grosse farine qui contient du 
son; produit d’une seconde distillation de l'eau-de-vie. 

Répéntén, énto, adj. m. et f. Repentant, repentante, 
celui qui se repent d'avoir commis une faute où de tue 
engagé dans une mauvaise affaire. . 

Répénti, s.m. Repentir, repentance. 

Dér. du lat. Pæœnitere, m. sign. 

Répessa, v. Rejaillir par ricochet; se dit d’un filet ou 
d’une chute d’eau qui tombe sur une surface dure et'se 
répand en rejaillissant. 

Répésa, v. Peser de nouveau. 

Répéta, vw. Regimber, ruer, murmurer, se rebiffer, 
répondre avec vivacité. Dans ce dernier sens on dit plutôt 
Rébéca 

Répéti, s. m. Le roitelet. - 

Répéti, express. lang. — N'avès répéli, Vous en avez 
menti, c’est vous-mème qui en imposez, vous mentez 
doublement, 

Répi, s. m. La répétition de la sonnerie d'une horloge, 
d'une pendule, les heures qu’elle sonne pour la seconde 
fois. — A souna lou répi, les heures ont sonné pour la : 
seconde fois. Æspérén lou répi, altendons la répétition des 
heures. 

Répiqua, v. Sonner une seconde fois; se dit d'une» 


ds 


RÉQ 


horloge. — Répiqua dé boutos; relier, radouber les tonneaux; 
remplacer les cercles usés ou resserrer les anciens A coup 
de maillet. 

- Dér.. de Piqua, frapper. 

Réplèga (Sé), w. Se recroqueviller, se dit des feuilles 
des arbres que le froid, la sécheresse, les piqüres d'insectes 
font bosseler ou recroqueviller. 

: Dér. de Pléga, plier. 

Répounchou, s. ». Raiponce (Campanula repunculus, 

Linn:}, On en mange la racine comme salade d'hiver. 
:-Répourta, v. Rapporter, apporter une chose, du lieu où 
elle.est au lieu où elle était auparavant. 

Dér. de Pourta, porter. 

- Répoussa, v. Repousser, rejeter, renvoyer, faire reculer, 


-faire sortir, chasser au dehors. 


Dér. du lat. Repulsare, m. sign. 

« Répoussadou, s. ». Chassoir des tonneliers, des menui- 
siers ou des serruriers; sorte de cheville en fer qui sert à 
repousser où chasser une pièce de fer engagée dans un orifice. 

LRépoutéga, +» Marmotter,. murmurer, bougonner; 
pester, se plaindre, se fàcher; répliquer brusquement. 

Dér. de Pout, lèvre. 

-Répoutégaire, s. m. Celui qui murmure, qui marmotte 
entre ses dents, se plaint, se fâche, réplique brusquement. 

Dér. de Répoutéga. — Voy. ©. m. 

Répréne, v. Reprendre, recommencer, prendre de nou- 
veau; réprimander, corriger. — Fôou réprène lous éfans, 
il faut réprimander les enfants quand ils se conduisent 
mal. .Sé répréne, se corriger soi-mème après avoir mal dit. 

Dér. de Préne, prendre. 

Réprés, és0, adj. m. et f. Repris, ise, pris une seconde 
fois; réprimandé, ée. 

Réprin, s. m. Recoupe; son dont on a tiré la fleur et 
qui.-contient encore beaucoup de farine; cette recoupe 
repassée au moulin donne, après avoir été ressassée, une 
autre farine plus chargée de son et que l'on nomme 
récoupéto. 

Réproches, s: m. plur. Rapports d'estomac, ordinaire- 
ment. acides et désagréables. 

Réproucha, v. Donner lieu à des rapports d'estomac on 
à des gaz ou vapeurs qui s'élèvent dans la bouche d’un 
estomac dérangé. — Aquélés rabes mé réprochou, ces radis 
me donnent des rapports. 

Réquéri, v. Requérir, demander, rechercher. 

Dér. du lat. Requirere, m. sign. 

Requiè, ècho, adj. m. et f. Recuit, ite. Cuit une 
seconde fois. 

Dér. du lat. Recoctus, m. sign. 

Réquiècho, s. /. Lait bouilli. 

Réquinquia, ado, adj. m. et f. Requinqué, paré avec 
soin, avec: affectation, plus que l'âge et la condition ne le 
comportent. — Sé réquinquia, se parer. 

Réquioula, v. Reculer, se porter en arrière, marcher à 
reculons. 





RÉS 585 
Réquiouladou, s. m. Reculoir; courroie qui entoure le 


train postérieur du chevalet s'y applique quand le véhicule 
| descend une côte rapide. 


Réquisto, adj, f. Vérifié, examiné, recherché, requis. 
— Acÿ's dé réquisto, c'est une chose rare, recherchée, 
précieuse, exquise. 

Rés, adv. Rien; personne. — Acù faï pa dé rés, cela 
ne fait rien, S'és pas fdougu dé rés, il ne s'en .est presque 
rien fallu. Rés n'és pa véngu, personne n'est venu. Ondit 
aussi ré Ou rén, dans le sens de rien. 

Rès, s. m. Unetressée, une cordée, un chapelet d'ognons 
ou d'ails attachés sur deux rangs et formant une double 
tresse. ' 

Dér. du lat. Restis, corde. Pline dit dans.ce sens : Restis 
alliorum, que l'on traduit en langued: par un rès d'aïés: 

Réscondre, v. Cacher. — Sé réscondre, se cacher: 

Dér. du lat. Condere, m. sign. 

Réscôs, adj, m, Caché, On dit aussi Raseds où Réscoundu. 

Réscôs (dé ou én), adv: En cachette, secrètement, à 
la dérobée. On lit dans les Coutumes de Remoulins : -« Que 
degun: bochier, n'aya a vendre carn a rescos, » @.-à-d.x 
Qu'aucun boncher ne vende de la viande en cachette. 

Réscoundéire, s. m. Cachottier, sournois,. homme 
dissimulé, qui ne dit jamais ce qu'il fait nice qu’il pense. 

Réscoundéto (dé), adv. En cachette, à la dérobée, 

Réscoundre, v. Cacher. — Voy. Réscondre. | 

Réscoundoùs (dé), adv, En cachette, à la dérobée. On 
dit aussi d'éscoundoun. 

Dér. du lat. Reconditus. 

Rése, s. m. Tique; tique. des. chiens, ricin, louvette 
(Acarus ricinus, Linn.); insecte aptère, armé de pattes 
ou plutôt de serres puissantes avec lesquelles il se cram- 
ponne surtout aux oreilles des chiens, dont il est si difficile 
de l'arracher qu'il fant souvent le couper pour les en 
débarrasser. Quand il s'est-bien fepu, sa couleur grisâtre 
prend une teinte vineuse que lui donne le sang dont:il s’est 
gonflé; il est alors gros et rond comme un pois où mieux 
une fève de Palma Christilou Ricin, qui lui a valu son 
nom. Beaucoup d'animaux sont attaqués par différentes 
espèces de tiques;. celle, qu'on, trouve sur: les brebis est 
appelée Gourgouli où Léngasto. Voy. ce dernier, — Tèn 
coumo un rése, il est tenace comme une tique. Sé couflo 
coumo un rése, il est bouffi de vanité, d'orgueil. 

Rèsi, s. m. Mème signification que Rése. — Voy. ©. m. 

Résible, iblo, adj. m. et f. Risible, qui provoque le 
rire: ridicule, digne de moquerie. 

Dér. du lat. Risibilis, m. sign. 

Résoù, s. /. Raison; faculté maturelle par laquelle 
l'homme peut diriger les opérations de son âme ; bon sens, 
équité, justice. Au plur. contestations, difficultés, dispute: 
_— An agu dé résoùs, ils ont eu des contestations, des 
disputes. Acd's la résoù, cela est très-juste. Dé résoùs 
trdoucados, des propos insensés, dépourvus de raison. 

Dér. du lat. Rationis, gén. de Ratio, w. sign. 


586 RÈS 


Résouna, v. Raisonner, répliquer; prendre les intérêts 
ou la défense d’un autre; apprécier une chose qui est à 
vendre. — Résouna lou bé déou mèstre, prendre les intérêts 
du maitre: Résouna uno marchandiso, offrir un : prix 
raisonnable. Résouna sous drés, défendre ses intérêts, ses 
droits, Résouna quéoucun, prendre le parti, la défense, les 
intérêts de quelqu'un. Sé résouna, se défendre par, de 
bonnes ou de mauvaises raisons; faire bonne contenence 
devant une accusation, se rébiffer. 

Dér. du lat Ratio, raison. 

Résounable, ablo, adj. m.et f. Raisonnable, susceptible 
d'entendre raison ; juste, équitable. .— L'an paga un pris 
résounable, on en a payé unprix équitable. 

Dér. du lat. Rationabilis, m. sign. 

Résounaïre, adj. m. Celui qui cherche toujours à justi- 
fier ses actes, bons ou. mauvais, qui discute sur tout et à 
propos de tout, 

Dér. de Résoù, raison. 

Réspè, s. m. Respect; soumission volontaire, déférence 
que l’on a pour quelqu'un ou,pour quelque chose, à -cause 
de son mérite ou de sa supériorité. .— Parlan pér réspé, 
sauf votre respect, révérence, parler. À réspè d'aqud, eu 
égard à cela. 

Dér. du lat Respectus, fait de Respicere, regarder, avoir 


égard à... 
Réspéta, v. Respecter, porter respect, épargner, me-point 
endommager, ne point porter atteinte. —Séréspéta, se 


respecter, garder les bienséances convenables à sa position. 

Réspondre, v. Répondre, faire une réponse à une ques- 
tion; à une demande ; se porter caution, assurer; commencer 
à éclore, en parlant de la graine de vers à soie. 

Dér. du lat. Respondere, m. sign. 

Résponso, s. f. Réponse; lettre adressée en réponse à 
une Jettre reçue; réfutation. 

Dér. du lat. Responsunr, m,: sign. ? 

Réspoundèire, s. m». Caution, garant, — Véici moun 
réspoundèire, voici ma caution. 

Réspounsable, ablo, adj. m. et f. Responsable, qui est 
garant de quelque chose, qui doit rendre .compte de son 
administration ou de ses.actes. 

Résquia, v. Glisser, mettre le pied sur.une: chose glis- 
sante, chanceler ou tomber en glissant. 

Dér. du bas bret. Risglar, m. sign. 

Résquiado, s. f. Glissade, faux pas que l'on-fait en 
glissant. 

Résquiéto, s. f. Glissoire, chemin frayé sur la glace 
pour y glisser; rocher ou corps poli et incliné sur: lequel 
ou s’amuse à glisser. — Jouga à résquiéto, jouer à écorche- 
cul, glisser en. se trainant sur le derrière, Dé nésquäéto, 
par ricochet, en glissant, 

Réssa, v. Scier, couper avec une scie. 

Du grec P{saw, couper, rompre. 

Réssadoù, s. ». Baudet des scieurs de long: poutre 
ordinairement fourchée par un bout. qui pose. à terre, el 





RÈS 
dont le bont opposé est élevé sur un chevalet. La bille à 
scier est liée sur le baudet: ‘f 

Réssaïre, s. m. Scieur, scieur de long. — Pants 
un réssaïre, manger comme un scieur de long, est un 
dicton qui s'emploie fréquemment pour indiquer: un 
excellent appétit dont ces ouvriers ne sont jamais dépourvus, 
ce qui pourrait bien tenir à leur genre de travail, qui doit 
fortement activer la digestion stomacale et intestinale, ‘en 
les obligeant à se baisser et à se redresser sans relâche. 

Réssaïres, s. m. plur. Sorte de moucherons qui, par de 
petits vols alternatifs et continus, de bas en haut et'de 
haut en bas, imitent le mouvement de: va-et- vient me 
scieurs de long ou Réssaïres. 

Dér. de Résso, scie. 

Réssâou, s. m. Cahot, ressaut, contre-coup,rebon- 
dissement, sursaut. Ce terme s'emploie ordinairemeént'pour 
designer les cahots d’une pres d’une voiture. 

Dér. de Sdou, saut. 

Réssâouta, v. Ressauter, éprouver de es tunis 
successifs, des soubressauts, rebondir, SERRES D 

Dér. de Sdou, saut. 

Réssé, s. m. Scie de main, propre à scier-une bride 
d’arbre de moyenne grosseur. L 

Dim. de Rèsso, scie. 

Résségre, v. Rechercher; revenir sur: ses pas, cime 
travailler à la pioche les endroits qu'on n'a: pu labourer 
avec la charrue, 

Dér. de Ségre, suivre, chercher. 

Résséméla, v. Carreler, mettre de nouvelles sidléé à 
des souliers. 

Dér. de Sémèlo, semelle. 

Réssémélaïre, s. m. Savetier, celui ‘qui remet de 
nouvelles semelles à des souliers, qui les répare. 

Dér. de Sémèlo, semelle. 

Réssémélaje, s. »m. Carrelure des souliers, semelles que 
l'on ajoute à des souliers quand la première est usée. 

Rèsso, s. f. Scie, outil dont la pièce principale estiune 
lame dentée, destinée à couper ou refendre le bois; Ha 
pierre ou les métaux. y" 

Dér. du grec Phssw, rompre, frapper avec force. 

Réssounti, v. Retentir, vibrer, résonner, — Aquéléot 
m'a ressountà din l'éstouma; :@e ‘contre-coup s'est fait 
ressentir dans ma poitrine. 

Réssoutimèn, s. m. Frémissement, vibration d'une 
cloche, d'un corps résonnant; vibration de l'air causée par 
la chûte d’un corps ou par quelque bruit analogue à celui 
du tonnerre ou du canon. 

Résta, v. Loger, demeurer; tarder, être en retard: — 
Ounté réstas? où demeurez-vous ? où logez-vous? Avès bièn 
résta! vous avez bien tardé à arriver. Réstæ aqui émbé 
lou béstiâou carga, se dit d'une personne qui demeure. 
interdite ou ne sait comment se tirer d'affaire pour 
s'acquitter d’une commission dont on l'a chargée. | 

Réstanqua, v. Arrèter l'écoulement d'un liquide, d'an. 





PE ‘4 
cours d'eau au moyen d'ane digue ou arrèt; clore une 


écluse en baïssant la vanne. - 
, 8. f. Arrêt, digue, vanne d'écluses barre 


qu'on met en travers et derrière une porte ou une fenètre 
pour les tenir fermées; vanne ou planche servant d'arrèt 
pour retenir la pâte dans le pétrin de boulanger: tout ce 
qui sert à retenir, à arrêter. 

Réstouble. Chaume; ce qui reste en terre de la tige du 
blé, dans un champ après la moisson; un, champ en 
chaume, 

Rèstre, v. Mème signification que Ëstre, être, . 
substantif. 

Rétal, s. m. Rognure d’étoffe, d'habit ; retaille ; recoupes 

. de pierre de taille. 
… Dér, de Tat, entaille. 

Rétapa, v. Reboucher, boucher après avoir débouché; 
retaper, retrousser les bords d’un chapeau d'une manière 
insolite ou originale; répondre vertement à quelqu'un. — 
L'aï bièn rétapa, je l'ai joliment retourné. 

. Dér. de Tapa, boucher, fermer. 

Rétar, s, m. Retard, retardement ; délai, remise, renyoi. 

Dér. du lat. Retardatio, m. sign. 

Rétarda, v. Retarder, arrêter, suspendre; aller trop 
lentement en parlant d'une montre ou d’ane horloge — Ma 
mostro rétardo, ma montre est en retard. 

Rétégne, v. Reteindre, teindre à nouveau. 

Dér. du lat. Retingere, retremper. 

Rétène, v. Retenir, reprendre, garder en son pouvoir, 
faire séjourner ; opération de calcul qui consiste à retenir 
un nombre pour le reporter à une autre colonne de chiffres ; 
réprimer, modérer; mettre dans sa mémoire, empècher, 
attraper. Se dit.des arbres qui nouent, dont les fruits n'ont 
pas coulé. — Lous doubres an bièn réténgu, les arbres (à 
fruit) ont bien noué. 

Réténgu, udo, adj. m. et f. Retenu, ue; modéré, cir- 
conspect, sobre. 

Dér. du lat. Retentus, m. sign. 

Réténgudo, s. /. Réserve, retenue, discrétion, qualité 
par laquelle on règle ses discours et ses actions de manière 
àdes mettre en harmonie avec les règles de la prudence, de 
la modération, de la modestie, des convenances. 

Rétira, v. Recevoir, loger, recueillir, héberger ; donner 
asile, refuge, retraite, donner l'hospitalité. 

: Rétira (Sé), v. Se rétrécir, se racornir. — Lou quièr sé 
rétiro, le cuir se racorniL. 

Rétirado, s. f. Logement, hospitalité, asile que l'on 
donne à un étranger, à un indigent, à un parent, à un 
ami. — Douna la rétirado, donner l'hospitalité à quel- 
qu'un, l'héberger ; l'heure de la retraite, où l'on se retire, 
— És l'ouro dé la rétirado, il est l'heure de rentrer. 

Rétor, s. m. Retors, fin, rusé, artificieux. — Ës un 
rétor, c'est un homme plein de ruse. 

Dér. du français. 


Rétos, rêtosso, adj. m. et f. Tordu, contourné, enrouli. , 





REV -b87 


Rétosse, v. Tordre, contourner; corriger, metire à la rai- 
son. — Té vas faïre rétosse, Wu vaste faire mettre à la raison. 

Rétour, s. m. Retour; détour, contour, — La ribidiro 
[a un rétour, la rivière forme un détour. 

Rétraïre, v. Faire le portrait d'une personne, la figure 
d’un corps quelconque ; imiter la resseiblance: ressembler, 
avoir de l'analogie; reprocher. — Aquélo couloù rétrat sus 
lou jâoune, cette couleur tire sur le jaune; elle est appro- 
chante du jaune. Aquél éfan rétraït à soun paire, eet enfant 
ressemble à son père. Y rétrasidou sas fdoutos, on lui 
reprochait ses fautes, sa conduite. 

Rétroüs, s. m. Débris de foin ‘on de paille tombés à 
terre, du râtelier ou de la mangeoire d'une écurie, 

Révéiè, s. m. Sérénade, que les jeunes gens chiantenit la 
nuit sous les fenêtres des jeunes filles. 

Révéiou, s. m. Réveillon, collation ou medianoche de 
la nuit de Noël que l'on fait au retour de la messe de 
minait; petit repas extraordinaire que l'on fait entre le 
souper et le coucher; collation, ete. 

Révéiouna, v. Faire le réveillon; fairé an repas 
nocturne entre le souper et le coucher, à une heure avancée 
de la nuit. 

Dér. de Révéioù: 

Révéire, v. Revoir, voir de nouveau, — Aou révéire? 
au revoir ! 

Dér. de Véire, voir. 

Révénan, s. m. Revenant, fantôme, esprit que l’on 
croit revenir de l'autre monde; personnage’ à figuré ou 
accoutrement fantastique. — Sémblo un révénan, il a l'air 
d'un revenant. 

Emprunt fait au français. 

Révéndariè. s. m. Petite boutique de regrat ou d'épicier 
qui revend les denrées de seconde ou de troisième main: 

Révéndaïre, s. m. Regrattier et non revendeur. Petit 
épicier qui revend de seconde on dé troisième main. On 
dit aussi Mangouniè. — Voy. c: m. 

Révéngu, s. m. Revenus, rentes. — À dé bos révéngus, 
il a de jolis revenus. . 

Révéngu, udo, adj. m. et f: Refaït, blanchi, en terme 
de cuisine. On le dit aussi de la viande qu'on fait revenir 
ou cuire légèrement sur la braise. — Pésoùl révéngu, un 
parvenu, un homme naguère misérable et qui fait le vani- 
teux après avoir gagné quelque argent. 

Révéni, v. Faire reprendre à quelqu'un ses esprits, le: 
ranimer. — Fa révéni, faire blanchir ou refaire, en terme 
de cuisine. Pér vous révéni, pour revenir à ce que nous 
disions; c'est une locution qui s'emploie dans la conver- 
sation après une digression, quand on revient sur le 
premier sujet. 

Révès, s. m. Averse, ondée, Painde pui SERRE 
dit aussi Révéssado. — Voy. ©: m. 

Révéssa, v. Être pire, surpasser. sé Les past ets, 
lou fil révèsso, cet homme est méchant, mais son fils le 
surpasse en méchanceté. 


588 RIB 
Révéssado, s. f. Averse, ondée, pluie de peu de durée. 
On dit aussi Révès. — Voy. ©. m. 


Révésséto (de ou à la), Loc. adv. A la renverse ou sur 
le dos. — Nada dé révésséto, nager sur le dos. Les nageurs 
se délassent, par cette façon de nager, lorsqu'ils sont fati- 
gués de celle qui est ordinairement employée. 

Révèsso (man), subst. comp. Revers de main. — 
Émplastra à man-révèsso, soufileter d’un revers de main. 
On dit aussi dans certains pays man-rébousso. 

Révièn, s. m. Produit, rapport, revenu. — Aquélo tèro 
és d'un bon révièn, cette propriété est productive. 

Révioura, v. Raviver. — M'as di : fai révioura ta 
léngo matérnèlo. (LAFARE.) 

Révioure, s. m. Regain des prés, de la luzerne, de la 
feuille de mürier. C’est la dernière pousse. 

Révira, vw. Riposter à quelqu'un, lui rabattre le caquet, 
le rabrouer, lui river son clou. — L'a bièn révira, il l'a 
bien retourné. Sé révira, retourner, rebrousser chemin, 
revenir sur sès pas. 

Révirado, s. j. Retour, accès subit de certaine maladie, 
maladie grave. — A’gu uno famouso révirado, il a éprouvé 
une forte secousse, il a &té bien éprouvé par cette maladie. 

Révouluciou, s. f. Révolution; bouleversement, trouble, 
secousse morale. — Acù m'a fa uno révouluctou! cette 
nouvelle m'a tout bouleversé. 

Emprunt fait au français. : 

Révouluma, v. Tourbillonner. On le dit du vent qui 
tourbillonne en soulevant des flots de poussière ou de 
débris de substances légères, telles que les feuilles sèches, 
la paille, etc. 

Dér. du lat. Revolvere, m. sign. d 

Révoulumado, s. f. Tourbillon de vent ou de fumée; 
monceau, amas de divers objets entassés pèle-mèle. — 
Révoulumado d'âouro, tourbillon de vent. Révoulumado dé 
fun, tourbillon de fumée. Uno révoulumado dé mounde, 
un rassemblement de personnes. 

Révoulun, s. »”. Tourbillon de vent, de fumée, de 
neige, de pluie, etes 

Rial, s. m. Ruisseau. — Voy. Riou. 

Riasso, s. f. Laiche; foin peu délicat qui vient naturel- 
lement et sans culture dans les terrains humides et maré- 
cageux. Le souchet ou plantain d’eau domine dans ces 
herbages. 

Riban, s. m». Ruban. Tissu mince, plat plus ou moins 
étroit, ordinairement composé avec de la soie. 

Du celt. Riband, m. sign. 

Ribanéja, v. Se développer en forme de ruban. 

Ribâouto, n. pr. de lieu. Ribaute. Village situé sur la 
rive gauche du Gardon d’Anduze (canton d’Alais est). 
Cette localité tire son nom de sa situation sur une rive 
ou berge élevée qui la tient à l'abri des inondations. 
Nom composé de deux mots : Ribo-douto, rive élevée. 
C'est le même que Rivesaltes. Ribaute a donné naissance 
à Jean Cavalier, le 28 novembre 1684. 





RIB 


Ribas, s. m. Augm. de Ribo. Grand talus gazonné ou 
couvert de broussailles. 

Ribéja, v. Confronter, confiner, limiter, avoisiner, 
aboutir, être limitrophe. 

Dér. de Ribo, rive. 

Ribièiro, s. f. Rivière, cours d’eau formé par la réunion 
de plusieurs ruisseaux et qui se jette dans un fleuve ou 
dans une autre rivière. 

Les deux principales branches du Gardon, celle d'Alais 
et celle d'Anduze, ont leur confluent (jougnadoù) en face 
de Vézénobres. — Anan én ribièiro, nous allons à la 
rivière. 

Dér. de Ribo, bords entre lesquels le cours d’eau est 
compris. — Voy. Ribo. 

Ribla, v. River un clou, un morceau de métal; en 
rabattre la pointe après l'avoir planté; battre le pavé, 
l'enfoncer avec la hie. On dit au fig. Z riblère sous 
clavèls, je lui rivai son clou, je rabattis son caquet, je 
retorquai ses arguments. 

Riblé, s. m. Rivet. 

Riblo, s. f. Hie ou demoiselle dont se servent les paveurs 
pour battre le pavé. 

Riblou, s. m. De la pierre concassée de petite dimension 
et qui sert à remplir les joints dans la confection des 
maçonneries en moëllons; de la blocaille ou ballast. 

Ribo, s. f. Talus gazonné, terrain élevé en terrasse au 
bord d'un champ auquel le talus tient lieu de mur de 
soutènement; la lisière d’un champ, le bord d’une chose 
telle que la lisière d’un pré, :e bord d’un champ, d'une 
forêt, d’une table, la rive d'un cours d’eau, le bord de la 
mer. Ce terme s'emploie aussi pour désigner la mauvaise 
herbe qui croît sur les talus (verdage de talus) et dont les 
ânes s’accommodent volontiers. C’est dans ce sens que l'on 
dit proverbialement : Aquélo ribo n’és pa pér açuél ase, 
ce n’est pas de la pâture pour cet oiseau, ce n'est pas pour 
lui que le four chauffe. Sé i'a uno bono ribo, un ase la 
manjo, S'il y a un bon emploi, c'est un incapable qui 
l’obtient. 

Le mot Dougo, douve, employé jadis pour désiguer le talus 
d’un fossé et encore usité pour désigner en quelques lieux 
le revers des anciens fossés de circonvallation établis 
autour des remparts, n’est plus guère en usage. 

Ribo vient du lat. Ripa, m. sign., d’où l’on a fait 
Riparia et en bas lat. Riberia, Ribiera, d'où le français 
Rivière et le langued. Ribiëiro, c.-à-d. eau qui coule entre 
deux rives. 

Ribo-taïado, s. f. comp. Rive taillée à pic; escarpement 
d'un rocher, d'une montagne; berge d'une rivière, d’un 
fossé coupé à pic. 

Les falaises sont en grand, sur le bord de la mer, ce que 
sont les berges sur le bord de certaines rivières. 

Terme composé de deux mots : Ribo et Taïado, rive- 
taillée. 

Riboto, s. f. Ribotte; débauche de table; gueuleton.. 


RIM 


. Ribouta, v, Se livrer à la bonne chère ; rechercher les 
plaisirs de la table; manger ou boire à l'excès et, pendant 
longtemps. 

Riboutur, s. m. Celui qui recherche les plaisirs de la 
table, les parties de plaisir; un joyeux compagnon. 

Ricana, vw. Ricaner, rire à demi pour se moquer de 
celui qui parle ou agit. 

. Ricanado, s. f. Rire de moquerie à demi étouffé. 

… Dér. de Ricana. 

Ricanaïre, s. m. Mauvais plaisant, moqueur, gouailleur, 
qui.se moque des autres. 

On dit aussi Ricanur. 
 Richar, s. m. Un homme riche, un Crésus; un thésau- 
riseur. 

Riche, richo, adj. m. et /. Riche. Il est aussi employé 
substantivement. — Lous riches et lous pdoures, les 
riches et les pauvres. Faï un riche tén, il fait un bon 
temps pour les récoltes. 

Richèsso, s. f. Les richesses, la fortune. 

Ridèlo, s. f. Ridelle, sorte de claie qui forme les deux 
côtés d’une charrette et. préserve le chargement du frotte- 
ment des roues. Les charrettes chargées de foin ou de 
paille sont toujours garnies de ridelles. 

Dér. du lat. Ridica, échalas, support. 

Ridèou, s. m. Rideau: pièce d'étoffe qu'on emploie 
pour fermer, couvrir, cacher, entourer ou préserver un 
objet, un meuble de la poussière, et qui se développe ordi- 
nairement sur des tringles avec des anneaux, au moyen 
d'un cordon qui permet de l'étendre ou. de la ramasser ; 
objet qui masque la vue et s’interpose ‘entre la personne 
et l'objet observé; pièce d’étoffe que l’on suspend ordinai- 
rement au devant d’une fenêtre dans les appartements. 

Dér, de Ride, qui se plisse. 

Rifla, v. Riper, râcler, râtisser avec % ripe une pierre 
taillée. 

Dér. de Riflar, ripe. 

Riflar, s. m. Riflard ou demi-varlope; gros rabot dont 
le fér est'un (peu cintré ou arrondi sur les angles et qui 
sert à dégrossir le bois; ripe de tailleur de pierre. 

Du celt. Riflar, m. sign. 

…Riflo, s. f. Meuble de cuisine de paysans. :Sorte de 
tablette servant à poser une lampe à pied et les cuillers du 
ménage. La tablette appelée rafo est destinée à supporter 
les verres, les tasses et autres ustensiles de mème nature; 
d’où l'on dit d'une maison dépourvue de tout ou qui à été 
pillée ou dévalisée, qu'il n'y a plus ni riflo, ni rafo; qu'on 
n'y a laissé ni riflo, ni rafo, c.-à-d. qu'on n'y a rien 
laissé. 

 Rima, v. Brûler ou trop cuire; roussir. En v. fr. rimer. 
On dit aussi des arbres dont le feuillage est brouï par la 
gelée : Soun rimas. 

Lou Rima, le gratin ; ce qui s'attache d’un mets au fond 
d'un plat quand on donne trop de cuisson. — Sén lou 
rima, cela sent le roussi. j 





RIR 589 


Rima se dit aussi par syncope de rasima, fleurir, pousser 
des grappes de fleurs. On dit des oliviers : An bièn rima, 
ils ont bien fleuri, la floraison a été abodnante. 

Rima, v. Rimer; se terminer par des rimes. 

Dér. du français. 

_Rimië, s. m. Arbre ou arbuste qui sert de tuteur à Ja 
vigne sauvage. 

Rimièiro, s. /. Une lambruche, une vigne hante ; 
sorte de treille ou de cep. de vigne à tige haute que l'on 
fait monter et qui se développe sur un arbre élevé. 

Se dit pour Rasimièiro, m. sign. 

Rimo,.s. f. Rime, retour des mêmes consonnançes:à ls 
fin des vers; mots qui riment ensemble. — Aqud rimo pa 
mdou, ces choses-là s'accordent assez bien. Aqud n'œvni 
rimo: ni résoù, cela ne rime à rien, cela n’a pas le sens 
commun. 

Rimoun-rimasso, terme d'argot. : — Rimoun-rimasso, 
toun nas din moun ésclè, se dit à celui qui parle d'une 
chose sans la connaître et particulièrement qui se pique de 
rimer sans raison. 

Rintra, vw. Rentrer; entrer ce qui avait déjà été sorti. 
On le dit aussi pour entrer..— Rintro doun/ Entre donc! 

Rioto, s. f. Querelle, débat, contestation, mauvaise 
humeur; éclat de rire. — Anes pa y cérea riolo, ne Va pas 
lui chercher querelle. 

Riou, s. m. Ruisseau; cours d'eau de faible dimension. 
Ea v. fr. Rieu. 

Dér. du lat. Rivus, m. sign. 

Parmi les dérivés, nous-citerons :. Rioussé, Rivatél, 
Rivoulé, Rigoulé, petit ruisseau. Parmi les composés. de 
Riou : Rioumalo, mauvais. ruisseau; Rioutor, t ruisseau 
tortueux, sinueux; ÆRiouclar,, clair ruisseau; . Canriou, 
camprieu, champ voisin d'un ruisseau. Ces dérivés sont 
presque tous des noms de lien. 

Ripaio, s. /. Ripaille, grande chère, festin somptueux. 

Amédée de Savoie, qui fut l'anti-pape Félix. V,. s'était 
retiré à Ripaille, bourg situé sur le bord.du lac de Genève, 
pour y mener, dit-on, une existence fastueuse.. De là le 
dérivé, employé en languedocien comme.en français. 

Riquétéja, v. Faire des petits repas de gala ou d'extra, 
des collations hors de l'heure des repas, 

Dér. de Riquéto. — Voy. ©. m. 

Riquétéjaire, s. m. Un homme qui aime à faire des 
dinettes d'extra, ou en dehors. de l'heure des repas. 

Riquéto, s. f. Petit repas d'extra; collation: faite en 
dehors de l'heure des repas ; déjeuner ou goûter léger. 

Rire, s. m. Rire, ris, l’action de rire. — Low rire mé 
prén, j'ai envie de rire. Créba ddou rire, crever de rire. 
Avès bé lou rire, vous riez bien. S'émbounna ddou rire, 
s'éspouchiga dé rire, ponffer de rire. 

Dér. du lat. Ridere, m. sign. 

Rire, v. Rire, éprouver nn sentiment de satisfaction qui 
se traduit par un mouvement involontaire des muscles du 
visage. — Ris coumo una tacho, il a un rire inextinguible. 

75 


590 ROD 


Fariè rire las péiros, il ferait rire les pierres, c.-à-d. il est 
très-facétieux. On dit d'un vieux vêtement, d’une étoffe 
usée : Couméngo à rire, elle commence à montrer la trame. 
Préne pér rire, prendre en plaisanterie. L'aïgo couménço 
à rire, se dit de l’eau qui commence à s’agiter à la surface 
avant d'entrer en ébullition. 

Dér. du lat. Ridere, m. sign. 

Ris, s. m. Riz. — Uno soupéto dé ris, une bouillie de 
riz que l'on prépare pour les enfants; sedum acre, espèce 
de joubarbe qui croit sur les vieux toits ou les vieux murs. 

Risèio, s, f. Risée; partie de rire, réunion où l’on plai- 
sante, où le rire domine; moquerie. — Faïre la risèio, 
faire une partie de rire. Éstre la riséio déou mounde, se 
rendre ridicule aux yeux du public. 

Risouïè, risouièiro, s. m. et /. Rieur, euse; celui ou 
celle qui rit souvent, qui rit volontiers. 

Dér. du lat. Risor, m. sign. 

Rispa, ado, adj. m. et f. Saisi par le froid, ridé, crèpé. 
Se dit de l’eau qui commence à se congeler; de la peau du 
visage ou des mains qui se gercent sous l’action du froid ; 
du linge mouillé qui se roidit sous l’action du froid. 

Rispo, s. f. Vent glacé, bise froide. 

Dér. du grec Puf, souffle impétueux, coup de vent. 

Rispo, s. /. Pelle à feu. Ce mot serait, selon Astruc, 
dérivé du celtique. 

Risqua, v. Risquer, exposer sa personne ou son bien, 
ses marchandises, son argent, sa vie, sans craindre de les 
perdre, dans l'espérance d’un profit ou d’un avantage quel- 
conque; courir un risque. — Risquè toumba, il faillit 
tomber. 

Risque, s. m. Risque, danger, hasard, chance. 

Rival, s. m. Rival, concurrent, celui qui aspire à la 
même chose qu'un autre, qui la lui dispute. 

Dér. du lat. Rivalis, m. sign. 

Rô, s. m. Roc, rocher; bloc de pierre; grosse pierre 
dure. Dans les Cévennes on désigne plus volontiers un 
banc de rochers sous le nom de ran ou ron. Voy. €. m. 
— Sén âou rà, nous sommes descendus jusqu’au rocheren 
creusant le sol. 

Rouqué, dim. de Rù. Roucas, augm. 

Ce mot entre dans la formation d'un grand nombre de 
noms composés : Rocoful, Roquefeuille, ou roche feuilletée ; 
Rococervièiro, roche aux cerfs; Rocomäouro, roche maure 
ou roche brune ; Rocopertuse, Rochepertuis ou roche percée ; 
Roucâouto, Roucaute, roche-haute, etc. 

Ro, n. pr. m. Roch, nom propre d'homme. — Sén R, 
saint Roch, originaire et patron de Montpellier dont la fête 
s’y célèbre le 46 août. — Pér Sén-Rù, pour la foire de la 
Saint-Roch qui se lient à Nimes et à Montpellier. 

Ro, s. m. Rot. Action de rôter; sortie bruyante par la 
bouche des gaz contenus dans l'estomac. 

Dér. du Jat. Ructus, m. sign. 

Rodo, s. /. Roue, machine circulaire qui tourne sur un 
essieu comme centre; botte ou molle de cerceaux en bois 





ROU 


de châtaigner servant à cercler les tonneaux. — Roudéto, 
petite roue. 

Dér. du lat. Rota, m. sign. 

Rôdou, s. ». Tour, circuit, rond, circonférence, étendue 
circulaire, emplacement. — Un rédou dé boulés, un point 
de terrain où naissent habituellement des champignons. 

Roge, s. m. Le mésentère sale, région intestinale chez 
l’homme et les animaux; la fraise, en terme de boucherie; 
membrane graisseuse et glanduleuse à laquelle tiennent 
tous les boyaux. 

Ron, s. m,. Roc, rocher, banc de rochers. — Lou Ron 
trdouca, le Roc percé, coupure ou tranchée que l'on ren- 
contre sur la route départementale n° 2, de Beaucaire à 
Mende, au 44me kilomètre à partir d'Alais et au-dessus de 
la Croix-des-Vents, près de l’embranchement du chemin 
de Périès, commune de Soustelle (Gard). 

Roquo, s. f. Roche, rocher, gros bloc ou éminence de 
rochers calcaires, de schiste ou de granit, etc. — La Roquo, 
quartier d’Alais, au sommet duquel s’élevaient autrefois 
les châteaux des seigneurs d’Alais et où est aujourd'hui 
bâti le fort de ladite ville. La Roque, rue d’Alais qui se 
développe à la base du rocher du fort et par laquelle 
Louis XIII fit son entrée à Alais, en 4629. 

Roso, s. f. Rose; la fleur du rosier, à qui la suavité de 
son parfum et l'éclat de sa couleur ont fait donner le titre 
de reine des fleurs. 

Dér. du lat. Rosa, m. sign. 

Roso, n. pr. de femme. — Rouséto, Rosette, dim. de Rose. 

Rosso, s. f. Rosse, vieux cheval usé, efflanqué; hari- 
delle ; terme de mépris employé par les femmes du peuple 
à l'égard d’une autre femme qu’elles veulent déprécier. 

De l'all. Ross, cheval, pris dans un sens dépréciatif. 

Roù ou Rout, fém. Routo, adj. m. et f. Rompu, cassé, 
brisé, fèl6. On l'emploie quelquefois dans le sens de déchiré. 
— Sas braïos soun routos dou quiou, son pantalon a le 
fond déchiré. 

Dér. du lat. Ruptus, m. sign. 

Rouanés, s. m. Rohannais, monnaie de la valeur d’un 
sou, que le duc Henri de Rohan, chef des huguenots, faisait 
battre à Nimes en 4622. 

Roubal, s. m”. Le rouge-gorge appelé aussi Rigal ou 
Rigâou. (Bec-fin, Rouge-gorge, Sylvia rubecula, Temum.) 
Cet oiseau à le dessus du corps d'un gris-brun teint d’oli- 
vâtre, le ventre blanc, le front, la gorge et la poitrine d'un 
roux ardent. Le Rouge-gorge, qui n’aime pas la société de 
ses semblables, recherche celle de l’homme : il n’est guère 
d'habitation, des champs surtout (car il vient quelquefois 
dans les villes), qui n’ait dans son petit jardin ou sur la 
haie voisine, un de ces charmants oiseaux gazouillant son 
joli ramage, qui plait d'autant plus que c’est péndant l'hiver 
où les autres chantres ailés sont absents ou se taisent. Il est 
si fidèle, si confiant, si familier, qu'on le dirait un 
commensal de la maison, dans laquelle il ne craint pas 
d'entrer pour y chercher un abri ou prendre sa pâture. 


ROU 


Roubal vient de Rubellio, un de ses noms latins, du 
verbe Rubeo, rougir. ÆRigal ou Rigdou, plus expressif 
encore, est formé de gaudium, d'où le vieux français avait 
fait aussi Se rigoler, ou Rigoler, se réjouir. 

Roubiné, s. m. Robinet, appareil destiné à faciliter 
l'écoulement d'un liquide ou d'un fluide quelconque, ou 
son passage d’un récipient dans un autre. 

Dér. de Roubin, petit canal. 

Roubino, s. f. Roubine, canal de rivière ou de dessèche- 
went d'un marais, d'un étang. Nom que l'on donne, dans 
la Camargue, aux canaux qui servent de communication 
entre les étangs salés et la mer, ou qui servent à introduire 
l'eau douce du Rhône dans les terrains bas, pour les 

Roncâouts, n. pr. Roucaute pour roche-haute (roco- 
douto). Le changement de Ro en Row est ordinaire dans 
les noms composés de ro ou de roco. 

Rouda, ado, adj. m. et f. Ceint, entouré, cerné, clos, 
mis en défense. Champ en éteule, autour duquel on fait 
trois ou quatre sillons, sur lesquels on jette quelques grains, 
pour indiquer qu'on veut garder l'herbe du champ et 
empècher les troupeaux étrangers d'y entrer. 

Rouda, v. Roder, tourner. — La tèsto mé rodo, il m'a 
pris un vertige, un tournoiement de tête. 

Dér. de Rodo, roue. 

Roudado, s. . La quantité de fil enroulée autour d'un 
dévidoir et formant un écheveau. 

Dér. de Rodo, roue, 

Roudaïre, s. m. Rôdeur, vagabond; mal d'aventure, 
tourniole, abcès qui se forme au bout des doigts. 

Dér. de Rodo, roue. 

Roudamén, s. m. Tournoiement, vertige. — Un rou- 
damén de tèsto, un vertige, un tournoiement de tête. 

Roudé, s. m. Rouet, petite machine qui tourne au 
moyen d'une pédale et qui sert à dévider. 

Dim. de Rodo, roue. 

Roudèlo ou Roundèlo, s. /. Rouelle de veau, de 
mouton, de saucisson, de thon. On emploie aussi ce terme 
dans le sens de Ridèlo, ridelle. — Voy. c. m. 

Roudia, v. Rôder; regarder autour de soi, jeter des 
regards méfiants autour de soi. 

Roudiaire, roudiaïro, s. ». et . Celui ou celle qui 
rède, qui épie sans cesse les actions d'autrui. 

Roudiè, s. m”. En v. fr. Rodier, faiseur de roues ou 
charron; dénomination prise de l'ouvrage des charrons qui 
exige le plus d'intelligence. Le nom lui-même de charron 
est pris du mot char ou chariot. — Pous roudid, puits à 
roue. On dit plus voloutiers Pousaranco. — Voy. ©. m. 

Roudrigo (vièl), s. m. Vieux sournois, vieil avare, 
vieux rusé, vieux malin. 
 Roufian, s. m. Débauché, proxénète ; homme de mau- 
vaises mœurs. 

Dér. de l'ital. Rwfiano, m. sign. 

Roufla, v. Ronfler; räler, renifler, sangloter, pousser 





ROU 591 


des sanglots; renâcler. — Lot chival ou lou por roufle, le 
cheval où le cochon renâcle ou râle. 

Roufle (à), Loc adv. A foison, abondamment. — N'a à 
roufle, il en regorge. — Azaïga à roufle, arrosèr à grande 
eau. 

Rouflo, s. m. Instrament ou joujou d'écolier composé 
d’une planche fort mince attachée au bout d'un cordon, 
laquelle, en tournant, produit un brait sourd qui imite le 
hurlement du lonp. — Voy. Brounzidoù . 

Rougno, s. f. La gale ordinaire; la rogne; éruption 
cutanée éminemment contagieuse, se manifestant par de 
petites pustules accompagnées d'une vive démangeaison 
surtout dans les jointures. Cette maladie est produite par 
un insecte de la famille des Acares, classe des Aptèrés, 
nommé par Linnée Acarus scabiei. La figure des galeux 
est en général exempte de l'invasion. 

Dér. de l’ital. Rogna, m. sign. 

Rougnoü, s. m. Rognon, rein des animaux et de 
l'homme; organe double, sécrétant l'urine, et placé de 
chaque côté de la colonne vertébrale, dans la région lom- 
baire. — Lou rougnoù d'und téro, la partie la plus fertile 
d'une pièce de terre. 

Dér. du lat. Renes. 

Rougnounado, s. /. Partie d'une longe de mouton ou de 
veau à laquelle tiennent les rognons; le filet, en français; 
la selle, en terme de cuisine ; la partie de l'épine du dos 
qui répond, dans le bœuf, à l'aloyau. 

Dér. de Rougnoù. 

Rougnous, ouso, adj. m. et f. Galeux, euse; qui est 
atteint de la gale, de la rogne; qui a la gale. 

Dér. de Rougno. 

Rouiè, s. m. Roulier, charretier, conducteur de char- 
rettes, qui fait son métier du roulage. 

Roujas, asso, adj. m. et /. Augm. de Rouge, rougeaud, 
rougeaude. 

Roujastre, astro, adj. m. et f. Rougeâtre, roussätre. 
— Uno couloù roujastro, une couleur, une nuance tirant 
sur le rouge. 

Dér. de Rouÿe, rouge. 

Rouje, s. m. Le rouge, la couleur rouge. Sobriquet 
donné parmi le peuple à ceux qui ont les cheveux roux. 
— Rouje dé séro, bou tén éspéro; Rouje dé vèspre bèou 
tén déou èstre, rouge le soir, espoir de beau temps. Rouÿe 
coumo un coural, rouge comimne un poivron mür. Lou 
rouje, lou mdou rouje, maladie à laquelle sont sujets les 
pourceaux.. 

Roujé, s. =. Rougeton, petit surmulet, Mullus barbatus, 
Linn.; Mullus ruber, Lacép. Poisson de l'ordre des Holo- 
branches, commun dans la Méditerranée. 

Roujé, éto, adj. m. et f. Dim. de Rouje, — Siès roujé, 
tu as de jolies couleurs rouges ou roses. Las poumos roujétos, 
les pommes rouges, petites pommes d’api. 

Roujéja, v. Rougir, prendre la teinte rouge. — L'aoubo 
roujéjo, l'aube rougit; elle va poindre. 


592 ROU 


Roujéto, s. f. Poisson de rivière. — Voy. Sofio. 
Roujinoùs, ouso, adj. m. et f. Rougeâtre, tirant sur le 
rouge. : 

Dér. de Rouge. 

Roujoù, s. f. La rougeur, la couleur rouge qui teint les 
joues sous l'impression d’un sentiment subit ou émouvant ; 
la couleur rouge en général. 

Rouléto, s. f. Roulette, jeu de boules qui consiste à 
lancer le but aussi loin que possible. Le gagnant est celui 
des joueurs qui, avec une seule boule, se rapproche le plus 
du but; ruban gradué qui sert à mesurer et qui s’enroule 
dans une boîte close. 

Roumagnè, s. m. Ouvrier, artisan qui fabrique les 
balances appelées romaines ; le peseur public d’une ville, 
d'une localité. 

Dér. de Roumano. — Voy. c. m. 

Roumanaje, s. m. Droit de pesage, rétribution perçue 
par le peseur public dans un marché sur les marchandises 
vendues au poids. 

Roumanis, s. ”». Nom de plante. Romarin, Rosmarinus 
officinalis, Linn., arbuste de la famille des Labiées, com- 
mun dans le Midi, — Zou dimèrgue das Roumanis, le 
dimanche des romarins ou de la Sexagésime, jourauquel 
les jeunes gens de certaines localités portent, le grand 
matin, une branche de romarin à la porte des jeunes filles 
de leur connaissance. 

Dér. du lat. Rosmarinus, formé de Ros, rosée, et de 
Marinus, de mer. 

Roumano, s. f. Balance appelée romaine. Cette balance 
est composée d’un fléau ou levier gradué,..muni à une de 
ses extrémités de trois crochets. On accroche au dernier 
de ces crochets la’ chose qui doit être pesée; celui du 
milieu est le point d'appui du côté fort, le troisième est le 
point d’appui du côté faible: Sur la partie graduée du fléau 
court un poids qui détermine la pesée. — Quan tiro vosto 
roumano? Combien pèse votre romaine? 

Roumano (Léngo),:s. f. La:langue romane, autréfois 
généralement parlée dans le midi de la France. C’est au 
XIIIe siècle que correspond chronologiquement pour. Alais 
le moment où s'opère la transformation de :son‘idiome,/et 
où son langage commence à se fixer avec le caractère. et 
l'originalité qui doivent lui rester propres. 


Notre dialecte ne se fait pas faute de chercher ses racines 


dans le vieux tronc celtique; et il n’est pas, on le sait, un 
des moins vigoureux de ses rameaux. 


La dénomination d’Allez, dont l'orthographe Alais est 


toute récente et ne date que des commencements du 
XVillme siècle, nous parait devoir se rattacher soit au 
celtique, soit au latin. En effet, A7 en celtique, comme 
Altum. en latin, s’emploie dans le sens de hauteur, 
élévation ; et Zez vient du latin Zatus. Dans la basse- 


latinité, latus fut employé pour juæta et signifiait près, ! 


auprès, au -bord, :à côté, sur la limite ::Plexitiumlatus 
Turonem, le Plessis-lez-Tours. En vieux fr. lez était 





ROU 


substantif : le ro1 est sur son trône et son fils à son lez, 
c.-à-d. à son côté, traduction littérale du latin ad latus ; 
d’où Allez signifierait exactement et littéralement : au 
bord, au pied des hauteurs, dénomination qui ne saurait 
être mieux appliquée qu'à une localité. exactement située! 
au point précis où viennent expirer, sur la rive droite du 
Gardon opposée à cette ville, les premiers contreforts des 
Basses-Cévennes. 

Allez pourrrait aussi être traduit littéralement de Ad 
latus, au bord, à côté (sous entendu des hauteurs ou des 
montagnes). Il faut pourtant convenir que cette étymologie 
n’a aucune connexité avec le nom d’Alestum, sous lequel 
Alais est désignée dans les chartes latines du moyen-àge. 

La contrée que nous bhabitons fut possédée tour à 
tour par les Néro-Ligures, les Celtes, les Romains, les 
Francs, les Visigoths, les Sarrasins; elle a fait partie de la: 
Gaule celtique, de la Province narbonnaise, de l’Aquitaine, 
de la Septimanie, de la Gothie, du Languedoc; elle a parlé 
le celte, le latin, le roman, le languedocien, Ces populations 
et ces langues se sont mêlées; toutes ont laissé l’ineffaçable 
empreinte de leur passage ou de leur séjour, dans ies appel- 
lations de localités, de sites, de montagnes, de vallées, de 
rivières, dans les mots les plus usuels de notre dialecte. 
Ces noms, souvent bizarres, étranges, médailles altérées 
par le frottement, mais reconnaissables au cachet de l’épo- 
que qui les a vues naître, portant le titre des civilisations 
qui les ont déposées sur le sol, ne sont-ils pas le témoignage 
authentique de ces diverses occupations, superposées les 
unes aux autres, et se continuant jusqu’à notre époque ? 

Les campagnes, toutefois, se laissèrent moins pénétrer, 
et leur obstination à repousser le parler des conquéranits 
fut plus rebelle : elles surent mieux conserver leur idiome 
originel et son accentuation. Nos dialectes vulgaires en 
fournissent la preuve. Néanmoins le latin, importé parles 
légions et les colons, devait rencontrer auprès des:classes 
inférieures plus de facilité à se vulgariser, «+ + + #1 

Il ne ressemblait guère au beau langage classique et 
littéraire de la métropole; et, altéré ou corrompu qu'il était 
déjà, peu soumis à la règle grammaticale toujours gènante, , 
il se plia aisément aux exigences de la situation. Pour se 
reconnaître au milieu de ces régions ignorées, dans. les 
communications journalières, pour s'entendre dans la 
conversation familière, ici il respecta les formes locales, là 
il emprunta les vocables usités; presque partout il se con- 
tenta de ses désinences caractéristiques sans altérer le 
radical, et substitua de proche en proche et sans violence 
ses expressions et ses formes à celles qu'une nationalité 
opiniâtre et fière entendait défendre et s’obstinait à conser- 
ver comme une propriété plus intime et plus inattaquable 
que le sol. Le travail d'assimilation du langage et des 
esprits suivit la même marche. 

Il était réservé au christianisme, le grand civilisateur 
pacifique, d'achever l’œuvre. En adoptant le latin pour ses : 
prières et sa liturgie, il arrèta sa complète dégénérescence,» 


ROU 


tandis que dans ses prédications, il le mêlait avec intelli- 
gence au langage usuel et populaire, toujours compris, et 
qui ne voulait point mourir. Il fit plus, car il enseigna et 
introduisit dans la Gaule narbonnaise cet esprit d'agrégation, 
d'ordre régulier, de solidarité, d'égalité, qui prépara le 
renouvellement social. 

-Ce ne fut qu'après bien des luttes et des secousses que 
tous ces éléments parvinrent à se combiner et à s'organiser. 
Les invasions franques, germaniques, sarrasines, promènent 
sans cesse leurs ravages sur nos contrées; mais plus affermie 
dans ses traditions, la Gaule méridionale les repousse 
d'instinct; elle ne peut se résoudre à faire alliance avec le 
Tudesque-et l'Arabe; elle se retranche dans sa culture et 
son-indépendance, Puis, quand ces ouragans ont cessé, 
‘laissant après eux la désolation et la ruine, la population 
se rélève enfin; et il semble que les barbares du Nord et 
du Midi ne sont venus que pour donner à ses besoins de 
cohésion un ressort plus actif, et pour fournir quelques 
matériaux de plus à l'expression de sa pensée, 

:Alors'son génie lui crée une langue dans laquelle viennent 
se suspendre, comme des trophées de combat, tous ses 
souvenirs. Le nouvel idiome chante et résonne comme un 
écho d’Ionie; il a les notes pleines et énergiques de l'accent 
romain; il mêle à la gravité et parfois à la rudesse des 
consonnes gothiques et germaines, la rapidité et la souplesse 
des voyelles arabes. Chaque conquête, chaque occupation 
lui a laissé son empreinte, et sous le nom de langue romane, 
comme si le titre était un symbole de puissance, il est 
répandu et admis par tout l'Occident, et les belles inspi- 
rations de ses troubadours seront prises pour modèle par 
toutes les langues de l'Europe. 

-Roumatimo, s. m. Rhumatisme; douleur rhumatismale. 
Maladie" des systèmes musculaire et fibreux, caractérisée 
par des douleurs plus ou moins vives, continues ou inter- 
mittentes. | 

Dér: du lat. Rheumatismus, formé du grec Pcw, je coule, 
et de: Pepæ,ufluxion, ‘c:-à-d. fluxion qui se déplace, qui 
coule d'un point à un autre. 
 Roumèno; s: f. Laïtue romaine, Lactuca sativa romana, 
Linn.; ‘plante .de: la famille des Synanthérées, cultivée 
comme salade dans les jardins potagers. Elle a des feuilles 
oblongues et des akènes noirâtres finement chagrinés. La 
variété Capitata; où laitue pommée a des feuilles subor- 
biculaires, très-concaves et ondulées, êt des akènes blan- 


châtres et lisses. Elle porte à Alais le surnom de Rougét.- 


La Laciniata où laitue épinard se distingue par des 
feuilles laciniées, qui lui ont fait donner le surnom de 
Frisado. 

: Roumèquo, s. f. Être fantastique-et rmalfaisant dont le 
nom parait venir de Roumèc, vieux mot languedocien, qui 
signifie épine, ronce; Roumèquo personnifiant le remords 
et:ses:aiguillons -qui déchirent. Voy. dans Las Casta- 


gnados du marquis de Lafare-Alais, une pièce intitulée La 


(' 


Roumèquo. 





ROU 593 


Roumia, v. Ruminer, Ce terme s'emploie au pr. et'au 
fig. — Dé qué roumies? Que ramines-tu? A quoi songes-tu ? 
< Manjo ca, qué roumiaras ! » Profite de l'aubaine qui se 
présente, plus lard tu feras maigre chère. 

Dér. du lat. Ruminare, m. sign. 

Roumiaïre, s. m. Homme sournois, méditatif, qui 
réfléchit sans cesse, qui rumine ses pensées. 

Dér. du lat. Roumia, ruminer. 

Roumiou, s. m. Pélerin qui va à Rome, — Cami rou- 
mfou, Voie romaine, chemin qui conduit à Rome. Nom 
propre, en v. fr. Romier où Romieu. 

Dér. du lat. Romeus. 

Roumpre, v. Rompre, briser, casser. Défricher un 
champ, en arracher les arbres, les racines, les pierres, 
pour le rendre propre à la culture. — Roumpre las cas- 
tagnos séquos, première opération de décorticage des 
châtaignes. 

Dér. du lat. Rumpere, m. sign. 

Roumpu, udo, adj. et m. Rompu, ue, brisé, 6e, cassé, 
6e. — Aquél roumpu, empl! substantivement : ce roué, ce 
coquin ! Roumpu dé Valénço; dicton populaire. 

Roumpu, udo, part. du v. Roumpre. Rompu, ue; cassé, 
ée; brisé, moulu, fatigué, harassé. — Souï roumpu, je 
suis moulu. 

Dér. du lat. Ruplus, m. sign. 

Roumpudo, s. f. Un défrichement, une novale : terre 
nouvellement défrichée et mise en valeur. 

Le mot français roturier vient du lat. Ruptuarius, 
rompeur de terre ou défricheur de terrain. Au moyen âge, 
les seigneurs cédaient aux paysans certains espaces de 
terrain en friche, moyennant une redevance déterminée 
par un bail emphytéotique ou à long terme, à la condition 
que ce terrain serait mis en culture par l’emphytéote, 

Roun, subst. Cercle, circonférence, disque, arène où 
les lutteurs se livrent à leurs exercices; le turbot, poisson 
de mer; en lat. Rhombus. — Faïre lou roun, faire 
cercle. 

Rounca, v. Ronfler. 

Du bas br. Roncha, m: sign. 

Rouncas, s. m. Gros bloc de rocher. 

Augm. de Ro, rocher. 

Roundina ou Réna, v. Gronder, quereller par mauvaise 
humeur. Grogner, gémir, pleurnicher sans raison. — 
Toujour roundino! il grogne sans cesse. Lou por roundino, 
réno, le cochon grogne. 

Roundinaire, aïro, s. m. et f. Grondeur, grognon, qui 
est sans cesse de mauvaise humeur; pleurard. 

Roundino, s. f. Plainte continue, gémissement constant 
habituel aux enfants gâtés. 

Roundinoùs, ouso, adj. m. et f. Grondeur, inquiet, de 
mauvaise humeur. — Un vièl roundinoùs, un vieux 


2 | . - 
:‘Rounfla, v. Ronfler; s'ébrouer. Se dit des chevaux qui 
renàclent avec force. — Voy. aussi Roufla. 


544 ROU 


Rounqua, v. Ronfler. 

. Du bas br. Roncha, m. sign. — Voy. aussi Rounfla et 
Roufla. 

Rounquaïire, aïro, s.m. et f. Ronfleur, euse, celui ou 
celle qui ronfle habituellement en dormant. 

Rounsa (pron. Rounza), w. Jeter. — Sé rounsa, se 
ruer sur quelqu'un, sur quelque chose. 

Rounsado, s. /. Bourrade, agression, attaque, poussée, 
rossée, bousculade ; un renfoncement en terme d'argot. 

Rounzas, s. ”. Une touffe de ronces, un buisson, une 
ronçaie, un bhallier épineux. On dit aussi Rounziè ou 
Roumeégas. 

Dér. de Rounze, nom languedocien de la ronce: — Foy. 
Arounze. 

Roupo, s..f. Sorte de houppelande en forme de robe de 
chambre, vêtement ample servant de surtout. 

Dér. du bas lat. Raupa, robe. 

Roupio, s. f. Vieux manteau en loque, vêtement usé; 
haillons; souquenille. 

Rous, ousso, adj, m. et f. Roux, rousse; fauve; blond . 
Rous, n. pr. d'homme, Roux.: Roussé, Roussélo, dim. de 
Roux. — Pan roussé, pain bis. 

Dér, du lat, Rufus. 

Rousé, s. m. Roseau des marais. 

Rousèlo, s. . Le coquelicot, le ponceau; plante annuelle 
à fleur rouge de la famille des Papavéracées. Les feuilles 
tendres de la plante sont comestibles; la fleur s'emploie 
comme. sudorifique. Cette plante porte aussi le nom de 
Parpèl. 

Rousèrgue, s. m. Nom languedocien de,la Patience, 
Rumezx. La racine de cette plante est dépurative. 

Rouséto, s. f. Rosette, n. pr. de femme, dim. de Roso, 
Rose. 

Dér. du lat. Rosa, m. sign. 

Rousiè, s. m. Rosier, arbuste épineux qui produit la 
rose. Arbrisseau de la famille des Rosacées, dont les variétés 
sont devenues innombrables par la greffe. 

Dér. du lat. Rosa, rose. 

Rousiga, +. Ronger. — ARousiga low pan, mordre à 
wême dans le pain. Rousiga un moucèl, manger un petit 
morceau. Sé laïssa rousiga, se laisser gruger. Rousiga un 
os, ronger un 08. Aquél afaïre lou rousigo, cette affaire: le 
préocçupe, l’inquiète ; cette inquiétude le ronge. 

Rousigaduro, s. f. Rongeure. Traces que laissent un 
animal ou un mal rongeur. Au fig. remords, inquiétude. 

Dér. de Rousiga: 

Rousigaïre, aïro, s. m. et f. Rongeur, euse. Celui ou 
celle qui grignote toujours quelque chose. 

Dér. de Rousiga. 

Rousigariè, s. f. Grugerie, exactions par lesquelles on 
ruine les pauvres gens. 

Rousigoü, s. m. Un trognon de fruit; un croûton de 
pain, un relief de repas, les rogatons d'un festin, — Manja 
lous rousigoùs dé quéoucus, manger les restes d’un autre, 





ROU 


Roussaïo, s. f. Bète de somme ou de trait complètement 
usée. Au fig. un vaurien, un chenapan, un fainéant; une 
femme de mauvaises mœurs. | { 

Dér. de Rosso, rosse. 

Roussé, s. m. Un jaune d'œuf; un louis d'or. — Sous 
idous an dous roussés; se dit de celui qui a la prétention 
d'avoir toutes choses meilleures que celles de son voisin. 

Dér. de Rous, roux. 

Roussèl, èlo, n. pr. m. et f. et adj. m. et f. Roussel, 
n. pr. d'homme. Rousseau, qui a le poil roux, les cheveux 
carotte. On le dit aussi de ceux qui ont les cheveux blonds. 

Dér, de Rous, roux. 

Roussèto ou Quo-rousso. Rossignol des murailles. 
Rouge-queue, bec-fin de murailles, Sylvia Phœnicorus, 
Temm. Front d'un blanc pur, gorge noire, tête et dessus 
du corps d’un cendré bleuâtre foncé, ailes brunes, milieu 
du ventre blanc, poitrine, flancs, croupion et rectrices d'un 
roux vif. Ce petit oiseau a un ramage mêlé d’accents tristes 
et mélancoliques qu'il fait entendre surtout le soir et le 
matin ; il jette aussi un petit cri qu'il etre toujours 
d’un mouvement de queue. 

Roussi, s. m. Roussin, cheval, monture; vieux cheval 
ou rosse. 

Dér. de l’allem. Ross, cheval. 

Roussièiro, s. m». Bruant, Bruant de France, bruant 
jaune, Emberiza citrinella, Temm. La tête, la gorge et le 
milieu du ventre jaunes; dos et croupion marrons; poi- 
trine et flancs tachetés de rougeâtre. Le nom de Roussiètro 
s'applique également et avec autant de raison au moins, à 
deux autres espèces de Bruants, aussi communs dans le 
pays, à l'Ortolan des roseaux, Bruant des roseaux, Embe- 
riza Schœniculus, et au Zizi ou Bruant de haie, Emberiza 
ciclus, Temm., deux espèces qui, avec quelques variantes 
dans les couleurs et leurs dispositions, portent aussi du 
marron et du roussâtre, et dont les femelles surtout.sont 
distinguées par cette dernière couleur plus prononcée. 

Roussignôou, s. m. Rossignol, Bec-fin rossignol, 
Sylvia Luscinia, Temm. Il y en a une seconde espèce, 
Bec-fin philomèle, Sylvia Philomela, Temm., un peu 
plus grosse, plus sauvage ou plus prudente, qui arrive et 
se mêle avec la première et qui a la voix encore plus belle. 
On les confond toutes deux. Pour glorifier les Damoreau, 
les Grisi, les Sontag, les Persiani, les Malibran et toutesles 
reines du chant, on n’a rien trouvé de mieux que de les 
comparer au rossignol. 

Dér. du lat. Lusciniola, dim. de Luscinia, qu'on pronon- 
çait Loussignola, d'où l'on à fait Loussignéow et enfin 
Roussignéou. 

Roussignoulado, s. f. Roulade, éclat de voix, chant 
joyeux d’une jeune fille. 

Dér. de Roussignéou, rossignol. 

Roustan, n. pr. »m. Nom d'homme assez commun dans 
le Midi. C’est la forme languedocienne de l’ancien prénom 


, Rostaing ou Rostang (Rostagnus). ir oés 


ROU 


Roustéga, v. Grignotter; machonner du bout des dents. 

Roustégo, s. m. Rogaton ; débris de mangeaille. — Vidl 
roustégo, vieux ladre, vieil avare, vieux gueux. 

Rousti, s. m. Rôti; viande, volaille ou gibier cuits au 
four ou à la broche. 

Dér. de l'all. Rosten, m. sign. 

Rousti, vw, Rôtir; faire rôtir, faire cuire de la viande, 
de la volaille ou du gibier au four ou à la broche. — Souï 
rousti, je suis perdu; j'ai perdu la partie ou mon enjeu. 

Roustido, s. f. Rôtie, tranche de pain, tartine, sur 
laquelle on étend du beurre ou du fromage mou, ou que 
l'on met sous le gibier qui cuit à la broche. — La bécasso 
et La grivo fan bièn la roustido. Brioche. 

Dér. de Rousti. — Voy. ©. m. 

Rouve ou Roure, s. m. Chène blanc, Quereus robur, 
Linn. En bas-lat. Rover; en v. fr. Rouve ; en ital. Rovere. 
C'est de ce mot que dérivent les noms pr. du Roure, 
Rovérié, de la Rovère. Les maisons de ce nom portent en 
effet un chône dans leurs armes. — Rouve ramassiè, Pivou 
ramassiè, chène ou peuplier que l'on taille de bonne heure 
pour en prendre les rameaux, que l’on donne comme four- 
rage aux bestiaux, après les avoir liés en bottes ou bourrées 
(Ramas). — Voy. Chuïne. 

Rouvéirôou, s. »”. et n. pr. d'homme. Pelit bois de 
chènes, dim.de Rouvièiro. — Voy. c. m. 

Rouvèné, s. m#. Petit chène; chène de petite taille, 
jeune chène, 

Dér. de Rouve, chène. 

Rouvia, ado, adj. m. et f. Rouillé, 6e, couvert de 
rouille, oxydé. — Bla rouvia, blé rouillé, jauni. 

Dér. du lat. Rubigo, rouille. 

Rouvèrgas, s. "Nom de champignon. Agaric faux 
mousseron; mousseron d'automne, Agaricus tortilis. Ce 
champignon ressemble un peu au vrai mousseron (Blan- 
qués), dont il a presque le parfum. Son chapeau est d'abord 
hémisphérique, aplati, ondulé, retourné en dedans, en 
bourrelet, d’un jaune fauve ou d'un blanc roux. Les lames 
sont inégales, libres, plus colorées sur les bords; le pédicule 
estcylindrique: On le rencontre en automne dans les bois, 
les châtaigneraies, les bruyères, assez souvent exposés au 
nord. Parfumé, d'un goût agréable, il s’apprète comme les 
mousserons. A 

Rouvièiro, s. 7: Une rouveraie, ane chênaie, lieu planté 
de chênes blancs. On dit aussi Rouvédo. Ce terme est 
très employé dans le Midi comme n. pr. d'homme. Rou- 
vèrgue, le Rouergue, l'Aveyron, signifie littéralement la 
région des chènes, comme le Querci. 

Dér. de Rouve, chène. 

Rouvil, s. m. La rouille produite par l'oxydation des 
métaux, mais principalement du fer. — Préne lou rouvil, 
être attaqué de la rouille. 

Dér. du lat. Rubigo, rouille. 

Rouvil, s.m. Fruit avorté, rouillé, chétif, entiché. — Aco's 
pas qué dé rouvil, ce n'est que de la marchandise de rebut. 





RUS 595 


Rubarbo, s. /. Rhubarbe de fromage; sorte de mets 
usité dans les Cévennes et qui n'a rien de commun aveé la 
drogue médicinale du même nom. On le prépare avee le 
fromage frais provenant du lait de chèvre, que l'on triture 
en y ajoutant de la mie de pain, du poivre et du sel on 
autres épices, et qu'on laisse fermenter dans des vases de 
terre jusqu'à ce que le mélange offre une consistance 
suffisante. Ce mélange acquiert avec le temps un goût 
piquant qui le rend appétissant. On le désigne dans les 
Cévennes sous le nom de Rubarbo, à cause de la proprièté 
qu'il possède de réveiller l'appétit, Ce mets est désigné 
dans la Provence et dans les environs de Nimes sous lé 
nom de Cacha. 

Rubisso, s. . Nom de plante, Adonis. 

Rude, rudo, adj. m. et f. Rude. Brusque, bourru; 
dur, inflexible. — Rude dou traval, dur au travail, 
travailleur acharné. Un rude afaïre, une affaire embrouillée 
et difficile à résoudre. 

Dér. du lat. Rudis, m. sign. 

Rudéja, v. Rudoyer, dire des duretés, traiter avec hau- 
teur, avec rudesse; maltraiter. 

Dér. de Rude. 

Rudo, s. f. Nom de plante. La rue, Ru graveolens, 
Linn. Plante de la famille des Rutacées, vermifuge, 
sudorifique, emménagogue, détersive. Elle arrète les pro- 
grès de la gangrène. Deux poignées de cette plante, placées 
sous la paillasse du lit, suffisent pour en chasser les 
punaises. On s'en sert en infusion pour rétablir les 
menstrues. 

Dér. du lat. Ruta, m. sign. 

Rufa, v. Froncer, rider; réchigner au fig. 

Rufe, rufo, adj. m. et f. Raboteux, rude au toucher, 
hérissé de poils, plein d'aspérités. Au fig. rude, brusque, 
bourru. 

Ruino, s. j. Décombres, débris provenant d’un bâtiment 
démoli. On comprend sous ce terme les plâtras, gravois, 
débris de mortier, et non les moëéllons. 

Dér. du lat. Ruina, m. sign. 

Runla, v. Rouler, dégringoler. — À runla lous éscaïès, 
il a dégringolé, roulé l'escalier. 

Runladouiro, s. f. Rouleau en bois ou en pierre tournant 
autour d'un axe et servant à dépiquer le blé. Ce rouleau 
n’est pas cylindrique, mais le plus souvent hexagonal et 
présente l'aspect d’une pyramide tronquée. 

Dér. de Runla, rouler. 

Runlo, s. f. Plan incliné, descente rapide. 

Rüôou! interj. Cri ou commandement des charretiers 
pour faire aller ou tourner les chevaux à droite. Hue! en 
français. — Voy. Ja! 

Ruôou ! s'emploie aussi avec une intonation plus prolon- 
gée pour arrêter les chevaux. 

Rusa, ado, adj. m. et j. Rusé, ée, fin, adroit, roné. 

Rusca, v. Écorcer les jeunes chènes des bois taillis pour 
la préparation des cuirs ; dé ouiller les arbres de leur écorce. 


596 RUS 


Dér. du bas brel. Ruse, écorce. — Voy. Dérusca. 

Ruso, s. f. Ruse, voie détournée, adresse employée pour 
arriver à ses fins. 

Rusqua, ado, adj. m. et f. Couvert d’une écorce dure 


et solide; roncé. — Un ome bièn rusca, un homme bien 
taillé, solide, robuste, dur à la fatigue, de formes athlé- 
tiques. 


Rusquaïre, s. m. Ecorceur; ouvrier que l'on emploie à 
dépouiller les arbres de leur écorce. 

Rusqué, s.m. Outil en fer tranchant et un peu recourbé, 
servant à enlever l'écorce des arbres. 

Rusqué, s. f. Écorce des arbres, surtout celle des jeunes 
chênes, que l’on emploie à tanner les peaux et les cuirs: le 
tan, ou l'écorce brisée et moulue dans un moulin à tan; la 
tannée; nom que l’on donne au tan qui a déjà servi à 
tanner les cuirs et dont on fait des mottes que l’on brüle. 

Dér. du bas bret. Ruse, m. sign. 


SA 


S, 49me lettre et 15me consonne de l'alphabet. C’est une 
sifflante, dont l'articulation exige le concours de la langue 
et des dents. Les Grecs et les Romains changeaient quel- 
quefois la dentale £ en sifflante ; par permutation contraire, 
le français donne le son de l’s au £ dans certaines finales, 
comme dans action, captieux, martial, etc. Le même 
phénomène se remarque en anglais. Dans les langues 
française, anglaise, espagnole, portugaise, et dans l’idiome 
languedocien cévenol, y compris le dialecte alaisien, l's 
finale est le signe ordinaire du pluriel des mots, contrai- 
rement au provençal rhodanien qui la supprime. Cette 
tendance commence à s'accuser aussi pourtant dans le 
dialecte alaisien, qui supprime l’s finale dans bien des cas, 
laissant à l’article qui précède les noms, le soin de faire la 
distinction du pluriel ou du singulier. Chez les Romains 
l'S équivalait au nombre 7 et même, suivant quelques 
auteurs, à 90. Surmontée d’un trait, S représentait 90.000. 

Sa, s. m. Sac. Grande poche en cuir, en toile ou autre 
étoffe, que l’on a cousu sur les côtés et par le bas, de 
manière à laisser une ouverture au sommet par laquelle on 
introduit les matières ou denrées que le sac doit contenir. 
— Sa dé vi, un sac à vin, un ivrogne. Un sa dé bla, dé 
castagnos, volume de cinq doubles décalitres ou un hecto- 
litre de blé, de châtaignes. M'an douna moun sa, on m'a 
donné congé, on m'a mis à la porte. Toumba coumo un sa 
dé bla, tomber lourdement, s’affaisser comme une masse. 
Téni lou sa, être complice d’un vol, participer à une mau- 
vaise action. Faïre soun sa, s’en aller, partir, mourir. 

Dér. du lat. Saccus, m. sign. 








RUS 
Russi, v. Réussir, parvenir au but que l'on se propose, 


. avoir eu bonne chance. — A bièn russi, se dit dercélui 


qui a obtenu une excellente récolte de cocons. N'aï pa 
russi, j'ai échoué dans cette affaire. ; 
Russido, s. f. Réussite; chance tavorshéÿ sübobé: 
De Re ilér. et de Uscire, sortir, vaincre une difficulté. 
Rustiqua, v. Enduire, couvrir une construction, une 
maison, un édifice, au moyen d’une couche de mortier ou 
de ciment préparé d’une manière spéciale et fouetté au 
moyen d’un petit balai de bruyère, de façon à donner à ln 
couche une surface rugueuse. 
Rustiquo, s. f. Enduit d'apparence rugueuse et chagri- 
née, dont on recouvre les façades de certaines constructions, 
au moyen d'un mortier ou ciment que l’on fouette sur'le 
mur avec un balai de bruyère. 3 


S 


SAB 


Sa, adj. poss. Sa, au plur. Sas. — Ramassa sas péios, sas 
fatos, réunir toutes ses ressources, 

Dér. du lat. Sua, m. sign. 

Sa! interj. Appel réitéré du berger à son troupeau, 
quand il lui présente du sel. Sa / Sa! 

Dér. de Sdou, sel. 

Saba, s. m. Vacarme, cris bruyants, tapage prolongé. 
— Quinte saba! quel vacarme ! 

Saba, ado, adj. m. et f. Battu, assommé de coups. — 
Un rabe saba, un radis creux. Uno rabo sabado, une rave 
creuse. 

Saba, v. Frapper à petits coups redoublés sur une tige 
ou un rameau qui esten sève, pour en détacher plus faci-, 
lement l'écorce, soit pour greffer le rameau, soit pour 
en Ôter l'écorce. Au fig. rosser. 

Dér. de Sabo, sève. 

Sabarnâou, s. m. Savetier ambulant qui s'établiten 
plein air et pour peu de temps dans les lieux où il passe: 

Sabatariè, s. f. Sayaterie, cordonnerie. Nom de lieu, de 
quartier, de rue. Nom que porte une des rues d’Alais 
parallèle à la Grand’'Rue et s'étendant de la Ris du. 
Marché à la place Berthole. 

Dér. de Sabato, savate, soulier. 

Sabatèlo, s. j. Nom d’un champignon de la tribu des 
Polypores, Polyporus tuber, Linn. Polypore-trufle. Cette 
espèce, que Paulet a décrite sous le nom de Savatelle-truffe, 
présente une surface chagrinée, grenue, semblable à celle 
de la truffe noire dont elle a d’ailleurs la couleur, le goût 


let le parfum. Son chapeau large de deux ou trois pouces, 


SAB 

est garni en dessous de pores blancs qui prennent une 
teinte rousse avec l’âge. Le pédicule est latéral, plein, de 
la couleur des pores, et de la même substance que le 
chapeau. Toute la plante est d’une texture ferme, cassante, 
blanche.et de bon goût; aussi est-elle fort recherchée. Elle 
abonde vers la fin de l'automne dans les Cévennes. On 
prépare les Savatelles comme les truffes noires : croûtes 
au vin ou garnitures. 

L'aspect superficiel de ce champignon est celni d'une 
vieille semelle, d’où vient son nom de Sabatèlo, dér. de 
Sabato, savate, soulier. 

Sabatiè, s. m. et n. pr. d'homme. Savetier, cordonnier. 
. Sabatier, nom propre d'homme, très-commun à Alais et 
dans le Midi. — Sabatiè, fai toun méstid, mèle-toi de tes 

‘affaires et non de celles des autres, ne sors pas de tes 
attributions. Ne sutor ultra crepidam. 

Dér, de Sabato, savate. 

Sabato, s. f. Savate, soulier, chaussure en général. 

Dér. du celt. Sab, pied. 

Sabé, s. m, Savoir, science acquise, instruction, érudi- 
tion. — Faïre sabé, faire part. On dit aussi faire-sdoupre. 
Lou gaï-sabé, le gai savoir, la poésie des troubadours. 

Dér. du lat. Sapere, empl. pour Scire. 

Sabino, s. f. Nom de plante. — Voy. Cade-Sabi. Sabine 
ou genévrier sabine, Juniperus sabina, Linn. Arbrisseau 
dela famille des Conifères, commun sur les côteaux expo- 
sés au midi, dans la partie septentrionale de la Provence 
et dans le Gard. 

Dér. du lat. Sabina, parce qu'on cru que cet arbuste 
était originaire du pays des Sabins. 

Sablas, s. m. Banc de sable, grand amas de sable, 
plaine de sable, ensablement formé sur le bord d’une 
rivière, dunes formées par le vent le long des rivières, 
comme celles qui existent sur la rive droite du Gardon 
entre le Pont du Gard et Remoulins, au quartier dit de 
la Couasse, et qui sur les plages de l'Océan envahissent et 
recouvrentrpeu à peu des villages entiers. Carrière de sable 
ou sablonnièré d'où l'on extrait le sable propre à confec- 
tionner le mortier nécessaire aux travaux de maçonnerie, 
— Béoure coumo un sablas, boire comme un trou ou 
comme un templier. 

Dér. de Sablo, sable. 

Sablo, s. f. Sable, réunion de particules pierreuses pro- 
venant de cailloux pulvérisés ou usés par le frottement. 
Ce mot, fém. en languedocien, est masc. en français. — N'és 
bon qué pér métre dé sablo sus lou papiè, il n’est propre 
qu'à suivre l'avis des autres; il est incapable de donner 
un avis. 

Dér, du lat Sabulum, m. sign. 

Sabloù, s. m. Sable, sablon, gravier, terrain arénacé. 

Dér. de Sablo, sable. 

Sabo, s. f. Sève, fluide transparent, ordinairement 
incolore et limpide, qui circule dans les organes des végé- 
taux, remplissant à peu près les mêmes fonctions que le 





SAB 597 


sang chez les animaux. — Lous doubres soun én sabo, les 
arbres sont en sève, la sève commence à monter. Sabo 
marsénco, sève de mars. Sabo avousténco, sève d'août. 

Dér. du lat. Sapa, suc. 

Saboü, s. m. Savon, mélange de potasse et de sonde 
combiné avec les corps gras tels que les huiles, et qui sert 
à nettoyer le linge. 

Dér. du lat. Sapo, m. sign. 

Saboula, v. Battre, rosser. 

Sabouna, v. Savonner, blanchir au savon, dégraisser 
avec le savon et l'eau. Au fig. battre, rosser, réprimander. 

Dér. de Saboù, savon. 

Sabounado, s. f. Savonnage, provision de menu linge 
que l'on met tremper à la fois dans le savon; eau de savon 
dans laquelle on met tremper le linge que l'on veut savon- 
ner. Au fig. vigoureuse correction. — Quinto sabounado! 
quelle tripotée! | 

Sabounaje, s. m. Savonnage; action de savonner, de 
blanchir au savon. Portion de linge que l’on destine à être 
nettoyée au savon. 

Dér. de Saboù, savon. 

Sabounéto, s. j. Savonette, morceau de savon sphérique 
que l'on employait autrefois chez les barbiers pour préparer 
la barbe et raser les clients. Saponaire officinale, Saponaria 
officinalis, Linn. Cette plante, à fleurs roses ou blanches, 
passe pour détersive, diurétique, sudorifique et dépuratives 
elle est employée pour laver le linge. Elle croit sur les 
bords des rivières et des ruisseaux. 

Dér. de Saboù, savon. 

Sabourun, s. m. Du savouret, os rance et décharné de 
porc salé dont les pauvres gens dé la campagne assaison- 
nent leur potage, assaisonnement qu'ils préfèrent à celui 
de Ja viande fraiche. Terme d'injure : Qué vdou aquél widl | 
sabourun? Que demande ce vieux libertin? 

Dér. du lat. Sapor, saveur. 

Sabouti, ido, adj. m. et [. Fatigué, secoué, éreinté, 
moulu, brisé de fatigue. — Souï sabouti, je suis moulu. 

Sabouti, v. Secouer, mener rudement, malmener quel- 
qu'un, le rudoyer. — L'aï hièn saboutà, je l'ai bien rudoyé. 

Saboutimén, s. m. Ébranlement, fatigue occasionnée 
par le trot dur d’une monture. F 

Sabra, v. Sabrer, couper, trancher. Au fig. trancher 
une difficulté, juger une affaire sommairement. 

Dér. de Sabre, sabre. 

Sabranla, v. Ébranler en secouant fortement. — Foy. 
Déssabranla. f 

Sabre, s. m. Sabre, arme à lame large, tranchante d'un 
seul côté et ordinairement un peu recourhée, et destinée à 
frapper de taille plutôt que d'estoc. 

Dér. de l'all. Sabel, épée courbe. 

Sabre-dé-bos! Sabre-d'orl interj. Sorte de juron 
anodin employé dans le langage familier. — Sabre-dé-bos, 
pistoulé-dé-païo! autre forme du même juron un peu plus 
compliquée. 

76 


598 SAD 


Sacado, s. /. Une sachée, plein un sac. — Uno sacado 
dé nouse, une sachée de noix. 

Dér, du bas lat. Sacamentum.. 

Sacaje, s. m. Action de mettre dans ün sac. On dit 
plus communément énsaquaje. — Voy. Énsaqua. 

Sacamandéja, v. Vivre licencieusement ou dans le 
désordre; piller, rançonner, saccagér. — Lous Prussièns 
an sacarmandéja la Franço, les Prussiens ont saccagé, 
ravagé la France. 

Dér. de Sacaman. 

Sacaman, ando, s. "m. et f. Voleur, brigand, coupe- 
jarret, homme dur et impitoyable. Au fém: Coureuse. 

Dér. de l’all. Sac-nan, homme de sac, pillard. En ïtal. 
Sacco manno, m. sign. 

Sachu, udo, part. pass. du V. Säoupre, savoir. — 
S'avièi sachu/ si j'avais su! Acd's sachu, cela est connu, 
c'est une chose avérée. 

Sa-col, Cabussäou ou Cassäou, s. m. Le bourrelet des 
manœuvres, des portefaix ; sac à demi-plein de paille qui 
forme coussinet Sur leurs épaules et leur aide à porter les 
fardeaux. — Voy. Cassdou. 

Sacramén (Sén), s. m. comp. Un ostensoir. Le langue- 
docien est dépourvu d’un terme qui désigne ce vase sacré, 
et on exprime le contenant par le terme qui désigne le 
contenu. 

Sacréja, v. Jurer, blasphémer; entremèler ses paroles 
dé jurons comme les gens grossiers et mal élevés. 

Sacréjaire, s. m. Jureur, blasphémateur, célui qui à 
l'habitude de jurer et de blasphémer: 

Sacre-moun-amo, s. »m. Un jureur, un homme déter- 
miné à commettre tous les excès, — À la sacre-moun-amo, 
à la manière des bandits, des hommes qui ne reculent 
devant rien, qui sont décidés à tout faire. 

Sacre-pa-dil interj. Juron assez anodin employé dans 
le langage familier et qui signifie littéralement : Je ne jure 
pas le nom de Dieu. C'est l'opposé du juron frança is 
Jarnidieu! pour je rente Dieu, qui était dit-on familier à 
Henri IV non moins que celui deVentre-saint-gris! 

Sacripan, s. m. Sacripant, rodomont, homme turbulent, 
casseur d’assiettes, homme déterminé à tout entreprendre. 

Ce terme, comme celui de Rodomont, est un nom de 
personnage de l’Orlando furioso de l’Arioste. 

Sacristan, ano, s. m. et f. Sacrislain, sacristaine, celui 
ou celle à qui est confié le soin et la garde des vases et des 
ornements sacrés, ét en général de tout ce qui est renfermé 
dans la sacristie d’une église. Dans un monastère de 
femmes, la religieuse à qui est confié le soin de la sacristie. 

Dér. du lat. Sacristia, m. sign. 

Sadoul, s. m. Saoul. — Manja soun sadoul, mangér 
tout son saoul; être repu. Au fig. N'ai moun sadoul! j'en 
ai plein le dos; j'en suis ennuyé, fatigué, dégoûté . 

Dér. du lat. Satullus, dim. de Satur. 

Sadoul, oulo, adj. m. et f. Saoul, saoule ; repu, repue. 
Rassasié, fatigué, gorgé de nourriture; dégoûté d'une 





SAI 
personne ou d’une chose. — Sadoul coumo un por, saoul 
comme un porc. ? 

Dér. du lat. Satullus. 

Sagan, s. m. Le sabbat. Au fig. bruit, train, tapage. 
— Sagan e magan, désordre, confusion, mélange de toutes 
sortes de gens. Dér. du lat. ou du celt. Saga, sorcière, 
et Magus, magicien. Peine, tout ce qui donne de l'inquiétude 
et du souci. 

Sagata, v. Poignarder, frapper à coups de couteau un 
homme ou un animal. Au fig. presser vivement, solliciter, 
arracher de force un aveu ou une faveur. Juguler ‘quel- 
qu'un; lui faire rendre gorge. Couper les rejetons, les 
drageons, surgeons gourmands qui poussent au pied d’un 
arbre et arrêtent son développement. 

Dér. de Sagato, surgeon. 

Sagati, s. f. Étoffe composée d'un mélangé mi-partie 
laine et filoselle. — L'abi dé sagati est le titre de l'unedes 
pièces les plus remarquables du marquis de Lafare-Alais, 
dans les Castagnados. 

Sagato, s. f. Surgeon, drageon, rejeton que les arbres 
poussent de leur pied. — La sagato a manja l'âvubre, les 
surgeons ont épuisé l'arbre. 

Dér. du celt. Sagastra, m. sign. 

Sagnè, s. m. Nattier; ouvrier qui fait des sitdiats 
sparterie, qui rempaille les chaises. 

Sagnèiro, s. f. Terrain marécageux sur lequel croit la 
plante appelée Sagno, qui sert à rempailler les chaises 
communes ét à confectionner divers ouvrages de sparterie. 

Dér. de Sagno. — Voy. c. m. 

Sagnèirolo, s. f. Dim. de Sagnéiro; flaque d'eau 
marécageuse et stagnante dans laquelle pousse la Sagno: 
— Voy. c. m. 

Sagno, $. f. Sparganium erectum, Linn. Plante de la 
famille des Typhacées qui croit dans les marais et dont la 
tige sert à rempailler les chaises. 

Sagriècho ou Sabruiècho, s.f. Nom de eus sariette 
vivace, annuelle, 

Sai, s. m. La paune d’un porc, dont on retire l'axonge 
ou saindoux. Les paysans s’en servent comme du savouret 
(Sabourun), pour assaisonner leur potage, surtout celui. 
qui est fait avec des raves ou des choux. — Faire! dé sat, 
faire du lard, engraisser, vivre paresseusement, en sybarite. 

Dér. du lat. Sagina, graisse. 

Saïèiro, s. . Salière; petit vase de métal, de cristal, de 
faïence, de verre, servant de récipient au sel el mème au 
poivre que l’on met sur la table. 

Dér. de Sdou, sel. 

Saïour, saïourdo, s. m. et f. Sale, malpropre, dégoù- 
tant. Saïourdas, péjor. de Saïour. 

Saïoù, s. m. Sorte de jaquette, sayon ou robe servant à 
vêtir les jeunes garçons, jusqu'au commencement du 
XVIIIe siècle, avant de leur faire revêtir la culotte. 

Dér. du lat. Sagum, m. sign. 

Saïqué, adv. Sans doute, peut-être, apparemment. — 


———_—_— 


SAL 


Saïqué.siès méci? Es-tu devenu fou? Aoubé saïqué, oui, : 


sans doute. 

Saïsséto, s. f. Froment de la plus belle qualité ; tou- 
selle. à petits grains (Tritioum hibernum aristis carens), 
-que l'on cultive beaucoup dans le Comtat venaissin et la 
côte du Rhône. Ce froment donne le pain de la plus belle 
qualité, 

Saje, sajo, adj. m. et f. Sage, posé, raisonnable, qui.a 
ne conduite réglée. En parlant d’une fille ou d’une femme : 
modeste, sage, pudique, 17 

:DérAdu lat. Sapere, avoir. de la sagacité. 

Sala, w..Saler ;, mettre du sel dans les mets ou sur la 


wiande, que l’on veut conserver. Au fig. et adj. cher, 


coûteux. — Acd's sala,.cela est fort cher. Mé l'an fa sala, 


* on me l'a fait payer fort cher. 


 Dér. de Sdou, sel. | 
Sala, ado, adj.m. et.f. Salé, ée, assaisonné avec du sel 
ou-préparé-avec du. sel. pour être conservé. 

Saladoù, s. m. Saloir, vaisseau ou table à rebords qui 
sert/à faire -la-salaison. C'est.anssi le vase où l'on conserve 
de-sel.à l'abri de l'humidité. 

Dér. de Sdou, sel. 

Saladuègno, s. f. Nom. de. plante. La , Chélidoine, ou 
grande-éclaire.: Chelidonium. majus, Linn. Plante à suc 
laiteux et jaune un peu caustique. Elle est employée 
comme anti-dartreux. On. la désigne aussi sous les noms 
de Saraduègno où Sarajuègno. 

«Salaje, s. m. Salaison. de la viande des porcs; temps de 
la salaison. Viande de porc pour la salaison. 

…Salamalè, s..m. Salamalec, révérence profonde, adula- 
tion, politesse exagérée. 

Dér. de l'arabe Salam alaïka, la paix soit avec toi. 

Salan,.#: m..La région. du littoral où se trouvent les 
marais salants, 

Saléïroù, s. »m. Une salière. — Voy Saïéiro. 
:Sali, w. Chasser, mettre dehors. — M'an sali déforo, 
on m'a chassé. 

.Dér, de l'ital, Salire, sortir. 
 Salis S, M. Grenier à sel. 
+ Dér de Sal, sel. : 
LSalivéja, v. Saliver, rendre de la salive abondamment. 

+ Dér. du lat. Saliva, dér, de Sal, sel. 

Salivo, s. f. La salive, sécrétion spumeuse qui prend 
waissance dans les glandes salivaires de la bouche. 

 Dér. du lat. Saliva, dér, de Su, sel. 

Salo, s. f. Une salle, grande pièce servant aux réceptions 
dans les maisons riches. — ZLasalo, Las Sallos, Lasalle, 
Les Salles, n. pr. de villages et de hameaux qui furent 
dans l'origine de petits prieurés, des hospices, dépendants 
d'un monastère qui envoyait dans ces maisons, devenues 
etes nt das S religieux pour prendre soin du 
temporel. :. 

Dér. du lat. Cale, ferme, grange. Navacelle,, Neal, 
a la mème origine. — Voy. Ceï. 





SAN 599 


C'est de, Sato ou Salle qu'ont été formés les noms des 
communes les Salles-du-Gardon, les Salles-de-Gagnières, 
Lasalle, etc., situées dans le département du Gard, et les 
dim. Salèlo, Saléto, Saléndro on Salindro et Saléndrénco. 

Salô, salopo, s. m. et f. Homme sale, mal élevé, 
grossier dans sa tournure, ses paroles ou ses actes: femme 
prostituée, de mauvaises mœurs, souillon. 

Salo-toupi, s. m. Tätllon; se dit par dérision d'an 
homme qui se mêle des menus détails du ménage réservés 
aux femmes. 

Saloupariè, s. f. Saleté, grossièreté, vilenie, préjudice, 
bassesse, Au fig. paroles grossières et obscènes, 

Salu, s. m. Salutation, salut, action de saluer, acia dé 
politesse, 

Dér, du lat. Salus, salutis, santé. 

Salu! interj. Adieu! Portez-vous bien! Bonjour ! 

Saluda, v. Saluer; honorer par une 1narque extérieure 
de civilité, — Saludae, bocher la tête en dormant. 

Dér. du Jat. Salutare, m. sign. 

Saludaïre, s. m. Un homme obséquienx, qui salue tout 
le monde sans distinction et souycut sans raison. 

Sambu, s, m. Sureau. — Voy. Couloubrigné. 

San, sano, adj.m. et [. Sain, saine. Se dit des personnes 
et des choses. — Aquél bos és san, ce bois est sain. San 
coumo un métal, solide, bien portant, plein de santé, Faïre 
san, terme de moulinage des soies, dépouiller la soie mise 
au moulin des bouchons qui embarrassent le fil ou dépassent 
la trame d'une étoffe. 

Dér. du lat. Sanus, M. sign, 

San, prépos. Sans, — San-z'ounou, homme ou femme 
décriés, de mauvaise réputation, sans délicatesse. 

Dér. du lat. Sine, m. sign. 

Sanfloura, v. Déflorer, prendre le dessus du panier, 
faire un choix sur un certain nombre d'objets: écrèmer, 
prendre ce qu'il y a de plus beau. 

Sanflourado, s. f. Choix que l'on fait sur une certaine 
q uantité d'objets. — A prés lasanflourado dé las poumos, 
il a choisi les plns belles pommes de la récolte ou du panier. 

Sang, s. m. Sang; liqueur rouge qui circule dans, les 
artères et les veines des animaux vertébrés. Race, famille. 
— Moun sang és véngu tout rouge, locution ironique qui 
signifie : Cela ne m'a pas surpris; cet évènement ne m'a 
nullement ému. Sang dé coudoumbre, sang de concombre, 
homme sans énergie, froid, que rien n'émeut ; poltron, 
poule mouillée. Lou sang sanno, ce qui offlense un 
membre de notre famille, nous offense également. 

Dér. du.lat. Sanguis, m. sign. 

Sanguinado, s. f. La sanie, le liquide sanguinolent qui 
découle des plaies; sang délayé dans quelque humeur qui 
le rentl d’un rouge sale, 

Dér. de Sang. 

Sanla, v. Couvrir, envelopper. — Sanla-vous bièn, 
couvrez-vous bien. Sé sanla d'un mantil, se couvrir d'un 
manteau, 


600 SAN 


Sanle, subst. La saleté. —: Aimes bièn lou'sanle, tu 
aimes bien la saleté, la crasse. Aquod crén bièn low sanie, 
cette étoffe prend facilement la saleté. 

Dér: de l'all: Sal, ordure, saleté. 

Sanle, sanlo, adj. m.1et f. Sale, des deux genres, 
malpropre, couvert d’ordure. 


Sanli, v. Salir, rendre sale. — Aquél éfan sé sanlis 
bièn, cet-enfant digère bien, remplit bien ses. fonctions 
digestives. 


Sanna,-v. Saigner, égorger ou couper la gorge; pra- 
tiquer unesaignée. — Quan mé sannarias, quand bien 
même vous me tueriez je ne pourrais vous satisfaire. 
Sannarias pulèou uno pêtro, Vous tireriez plutôt du sang 
d'une pierre. Lou nasi sanno, il capone, il recule, il 
hésite. On raconte qu'au moment ou Guillaume de Nogaret 
pôursuivait, à Avignon, la condamnation de la mémoire'de 
Boniface VIIT auprès de Clément V, ce dernier cherchait 
à gagnér du temps, pour ne pas prendre une décision 
irrévocable: Un saignément de nez qu'eut le pape pendant 
la nuit, lui servit de prétexte pour faire renvoyer une 
séance. Or, on dit proverbialement, ën Languedoc, d'un 
homme qui hésite où recule au moment de prendre une 
grave détermination : Lou nas à sanno! le nez lui saigne, 
en mémoire, sans doute, du fait historique que nous venons 
de rappeler. 

Sannado, s. f. Une saignée. Au fig. une dépense, une 
perte considérable d'argent. Une dérivation d’une petite 
portion d’un cours d’eau. 

Dér. de Sang. — Voy. €. m. 

Sannadou, subst. m. Le bout saigneux, l'extrémité du 
quartier, du‘côté de la gorge, à l'endroit de la plaie où il 
reste toujours du sang sur lanimalégorgé; couteau : de 
boucher, coupe-gorge; abattoir rustique. C’est aussi le banc 
à écorcher sur lequel on égorge les moutons et les porcs. 

Sannadoü, adj. m. Propre à saigner ou à être saigné: 
— Coutèl sannadoù, couteau de boucher servant à égorger 
les animaux de boucherie. Aguél por és sannadoù, ce porc 
est parvenu au degré d’engraissement voulu pour être tué. 

Sannaïre, s. m. Saigneur, celui qui saigne les animaux 
de: boucherie. 

Sannoüs, ouso, adj.m. et f. Saignant, ante; tâché de 
sang; ensanglanté, saigneux. 

San-pus, adv. Uniquement, seulement. — Péndraï uno 
crousto, san-pus, je mangerai seulement un crouton de 
pain. Jouga uno partido san-pus, jouer une seule partie: 

Sanqué, s. m. Du sang d'agneau, de chevreau, de 
poulet, de volaille, que l’on frit à la poële avec-un peu 
d’ail et de persil additionnés d’herbes fines. 

Dér. de Sang. 

Sansanvi, s. m. Ortolan, Bruant ortolan, Emberiza 
hortulana, Temm. Tête et cou olivâtres, poitrine d'un 
jaune verdâtre, les parties inférieuresrousses, les supérieures 
brunes et noires à leur centre. Sansanvi est une prétendue 
onomatopée de son chant, qu'on a voulu faire plaisante. 





SAO 


On connait l'aptitude de cel oiseau à engraisser rapidement, 
et comme pour cela on le conserve «en: cage,? il avun 
mérite de plus pour les gourmands, c’est de pouvoir leur 
être servi quand les autres petits pieds, si succulents'aussi, 
nous ont quittés. 1 

Sansi, v. Fouler aux pieds. 

Sansogno, s. f. Une cornemuse; chant monotone et 
ennuyeux ; rabächages; chant de berceusé pour éndormir 
les enfants. — Acd's toujour la mèmo sansogno, c'est tou- 
jours la même chanson. Le fanon des bœufs, qui leur pend' 
sous la gorge comme la poche vide d’une cornemuse. 
Sansognos au pluriel, barbe de coq, cartilages ou caron- 
cules rouges qui pendent sous le bec des coqs. — Voy. Gaïo. 

Dér. de l’ital. Zampogna, cornemuse. 

Sansougna, v. Chanter à demi-voix, fredonner. Au fig. 
importuner quelqu'un par des instances, des sollicitations. 
Lambiner, tarder, user de longueurs vimutiles, Corner aux 
oreilles. 

Sansougnaïre, s. m. Joueur de cornemuse, On dit aussi 
Sampougnaïre. Au fig. importun, ennuyeux, rabaoBoRr, 
qui tombe dans des redites. 

Sansura, v. Presser, solliciter, importuner, ennuyer. — 
M'a sansura tout lou jour, il m'a fatigué toute la journée 
de ses importunités. 

Dér. de Sansuro, sangsue. 

Sansuro ou Sannaïrolo, s. f. Sangsue, Hirado où 
Sanguisuga. De ce second nom latin, le français avait 
fait d’abord suce-sang qui est dévenu sangsue; sansuro n'en 
est que l’imitation. On a pourtant délaissé pour ce nom 
celui de Sannaïrolo, qui pouvait revendiquer une origine 
plus légitime provenant du languedocien même : Sanna, 
saigner, Au fig. un fâcheux, un importun, un parasite, un 
usurier. 

Santa, s. f. Santé. 

Dér. du fr. qui, à son tour, vient du lat. Sanitas, m. sign. 

Santa-dil interj. ExcJamation admirative. Invocation à 
la Vierge : Sancta Dei genitrix. 

Santa-fiou! inter. Sorte d'exclamation marquant l'éton- 
nement. 

Santa-pal inter. Exclamation d'étonnement. 

Dér. du Jat. Sancia paz. 

Santaroüs, ouso, adj. m. et f. Plein de santé, bien 
portant. — Péis santaroùs, une contrée, une région dont 
le climat, l'air est salubre. 

Dér. de Santa, santé. | 

Santi-bèli, s. m. Statuette en plâtre que les modeleurs 
italiens colportent dans les rues en criant :: Santi belli/ 
beaux saints! Une personne à figure insignifiante, à phy-, 
sionomie effacée, sans expression. 

Santus, s. m. Un grand coup appliqué sur la poitrine 
ou ailleurs. — Aou santus l'espère. 

Sâou, s. f. Sel; le sel marin, chlorure de sodium, le sel.» 
gemme ou fossile. Le sel marin est composé de 60 parties! 


SA0 


de chlore:et de 40 de sodium. — Y courou coumo à la 
sdou, on y court:comme le bétail au sel. 

Dér. du lat. sal 

Sâou, sm. Saut, action de sauter, chûte, bond que 
l'on fait en sautant, — Faire lou gran sou, mourir. 

Dér. du lat. Saltus, m. sign. 
..Sâouça, v. Saucer, tremper du pain dans la sauce; 
mettre. les pieds dans le plat, commettre une bévue; 
mettre le pied dans un bourbier; tremper quelqu'an: da ns 
l'eau, — Sé,sdouga, se tremper de pluie, être surpris par 
une avérse, un.orage. 

.Sâoucéto, s. f. Dim. de Sdougo, petite sauce, — Faïre 


sdaucéto, faire trempette, tremper un morceau de biscuit 


dans du” vin blanc ou rouge; faire la soupe au perroquet. 


* Sâouciè ou Sâoucièiro, s. m. et f. Saucière, petit vase 


dans lequel on sert les sauces ou rémoulades. 

Dér,.de Sdougo, sauce: 

Sâoucino, s. »m. Nom pr. de lieu et d'homme. Saussine ; 
env, fr. Socine,. boutique, 

-Dér, du bas lat. Socinum. 
: Sâoucissiè, s. m. Charcutier dont la spécialité consiste 
à confectionner des saucisses ou des saucissons. 

…Dér. de Sdoucisso, saucisse. 

Sâoucisso, s. /. Saucisse, viande de porc hachée menu, 
salée et épicée, et introduite dans des boyaux du même 
animal, de manière à présenter une forme cylindrique. Les 
saucisses. ainsi préparées peuvent être conservées une 
partie de l’année, On les mange cuites. 

Dér. de Sdou, sel... 

Sâoucisso, s..m. Saucisson. Augm. de Sdoucisso. 
Saucisse de grossé dimension, préparée à peu près comme 
la précédente, mais avec plus de soin et de manière à ce 
que la viande, fortement enchassée dans des boyaux de 
grande dimension, puisse être conservée plus longtemps. Le 
saucisson est mangé cru. 

Säougo, s. [. Sauce. Assaisonnement liquide, où il entre 
du sel et des épices. Au fig. frais, dépens. — N'én pagaras 
la sdougo, tu en payeras les dépens. Ficha uno sdougo, 
administrer une correction, une trempée. 

Dér. de Sdou, sel. 

Säouda, v. Souder. Joindre bout à bout et relier par le 
moyen d'une soudure les deux parties séparées d’un objet 
en métal, au moyen d'un métal plus fusible. 

Dér. du lat. Solidare, affermir. 

Sâougnè, s. m. Saunier, celui qui fabrique le sel on 
qui le débite. 

Dér. de Sdou, sel. 

Sâäoumadado, s. f. Une salmée de terrain environ. — 
Voy. Sdoumado. 

Sâoumado, s. f. La charge d'un âne ou d'une änesse 
(Sdoumo); ou plus généralement une charge de bête de 
somme. Une salmée de terrain; mesure agraire dont la 
surface équivaut à 79 ares 80 centiares, mesure d'Alais. 
La salmée se divisait en quatre setiers ou sesterées; le 





SAO üo1 


selier en deux mines, la mine en deux quartés, la. quärte 
en. quatre ‘boisseaux, le boissean én six dextres et un 
quart. 

La salmée, mesure de capacité pour les céréalesy les 
châtaignes, les glands, les légumes secs, équivaut ehnou- 
velles mesures métriques à 20 décalitres 5.909. 

Elle se divisaiten 


Setier 5 déc. 1477 
nt PE 5739 
Quand”, NES 197108. 14 2869 
TU ira nl que Pb LOE | 3217 


Ces Valeurs sont calculées pour la salmée, mesure 
d’Alais. À 

Voy. SauyAGEs pour plus amples renseignements, 

Dér. du. lat,, Summa; bass. lat. Summata, Somata, 
Salmata, charge d'une bête de somme. 

Säoumo, s. f. Anesse, femelle de l'Ane. — Mitre dou la 
dé sdoumo, prescrire J'emploi du. lait, d'ânesse dans. une 
maladie ou une convalescence. 

Dér. du Jat., Summa, bête de somme. 

Säoupiqua, +. Saupoudrer an.-mets -ou. de Ja viande 
avec du sel et des épices. 

Dér.. de Sdou, sel. 

Säoupiqué, s. m. Saupiquet, sauce piquante: préparéé 
avec du sel et des épices. Le lièvre. rôti:se. mange avee un 
saupiquet composé du sang, du foie broyé et délayé de 
l'animal, relevé par des épices et du:sél. 

Dér. de Sdou, sel. 

Sâoupégu, gudo, part, pass. du v. Sdoupre, savoir: — 
Ou aï pa sdoupégu, j'ignorais cette circonstance; 

Dér. du lat. Sapere, savoir. 

Säoupètro, s. m. Salpètre, nitrate de polasse. Litté- 
ralement sel de pierre, parce qu'il se produit naturellement 
par efflorescence, sur les vieux murs, les molassescalcaires, 
les voûtes de cave, l'intérieur des grottes. 

C'est du salpêtre que l'on retire le: sel de -nitre-ou 
salpêtre purifié qui, uni au soufre et au charbon, compose 
la poudre à canon. 

Säoupre, v. Savoir, connaître. — Faïre à sdoupre, 
annoncer un événement, un mariage, une naissance, un 
pécès; en faire part à ses amis et connaissances. M'ow 
sdouprés à dire, vous me le ferez savoir, vous m'eu direz 
des nouvelles. Sdoupre mdou, vouloir du mal,.en vouloir 
à quelqu'un, lui garder rancune, 

Dér. du lat. Sapere, savoir. 

Sâouquéno, s. /. Nom langaedocien de la jeune dorade, 
poisson de la Méditerranée (Aurata Vulgaris). — Foy. 
Déourado. 

Sâäouri, v. et nom prop. Saler et fumer, saurér, ss. 
nom d'homme. 

Sâouri, ido, part. pass. du V. Sdouri, sa urer. 

Dér. de Sdou, sel. 

Sâouringa, ado, adj. v. m. et f. Fricassésan:sel:età 


602 SA0 
l'huileet au vinaigre. Apprêté au sel; assaisonné avec du 
sel. 

Dér. de Sdou, sel. 

Sâousarédo, s. /. Unesaulaie, une saussaie, lieu: planté 
de saules. 


Dér. de Sdouse, saule. 
Sâouse, s. ”m. Saule, genre d'arbres et d’arbrisseaux de 


la famille des Amentacées, dont il existesun grand nombre | 


d'espèces. Par le mot Sdouse on entend en sgénéral®les 
grandes espèces et en particulier lesaule blanc, Salix alba, 
Linn. Une des petites espèces porte le nom de Vige:{Voy. 
c: mx). C'est l'osier qui est employé dans la vannerie: — 


Dé qué fas aquè planta coumo un sdouse? que fais-tu-là | 


planté comme un-échalas? 

Sâousé, n. pr. de localité, Sauzet, village de l'arroncis- 
sement d'Uzès. — Barbiè dé Sâousé. —:Voy. Barbiè. 

Sâouse-latiè, 52 m:e0mp :Saule: d'une espèce particulière 
à tige droité et très-élancée, que l’on refend pour en faire 
des lattes où montants d’échelles. 

Säousio ou Sauzédo;, s. f. Saulaie, saussaie; lieu com- 
planté de saules, champ:couvert de saules. — Voy. Vijéiro. 

Sâäouta, v. Sauter, s'élever de terreavec efforts s'élancer, 
franchir un obstacle;: descendre ou remonter’ d’un. bond de 
haut en bas ou de bäs-en haut 1Omettre, négliger, oublier: 
— Sdoûta sus la couvèrto, être berné. 

Dér: du lat. Saltare, m.sign. 

Säoutarèl, s. m. Jeu d'enfant, jeu du bâtonnet. — Voy! 
Brésco. 

Dér. de Sdouta, sauter: 

Sâoutarèlo, s. f. Sauterelle {Locusta). Insecte coléoptère 
qui ne pouvait être mieux nommé ; car :on prétend que, 
d'un seul bond, il:saute ‘deux cents fois la longueur de son 
corps. On l'appelle aussi Sdouto-bouqué. — Voy. ©. m. 

Sâäouto-bartas, s. m. comp. Un pillard; jeune libertin, 
maraudeur qui vit de vols et de: rapines en franchissant 
les haies et les murs declôture des propriétés. — Voy: 
Tréouco-baragnado! 

Sâouto-bouqué, s. m. comp. Sauterelle; ce surnom lui 
est donné parce qu'elle saute par dessus les,fleurs: 

Sâouto-cambéto, Loc: \adv. comp. Cloche-pied. «— Dé 
sâbuto-cambéto, à cloche-pied. 

Sâouto-lingrin, s. m. comp. Au phys:-un homme 
maigre, mince, fluet. Au fig. un homme léger, -frivole, 
sans consistance. 

Sâouto-régolo, s. m. comp. Saute-ruisseau, ‘petit clerc 
de notaire, d'avoué, d’'huissier où antre-tabellion. 

Sâoutur, tuso, s. m. et f. Sauteur, euse, celui ou celle 
qui saute; se dit d'un homme léger, sans consistance,/qui 
manque de sérieuxtet ne sait pas se conduire. :Sdoutuso, 
se dit d'une femme qui a une conduite légère. 

Sâouva, v. Sauver, garantir, tirer d'un péril; pr 
conserver, réserver ; procurer le salut éternel. 

Dér. du lat. Servare, dans les premiers pas et de Salvare 
dans le dernier. 





SAO 


Säouva (Sé), v. r. Se sauver, s'enfuir, ps faire 
son salut, mériter le paradis. 

Sâouvadou, s. m. Le Sauveur du monde. 

Dér. du lat. Salvator, m. sign. 

Sâouvadou, ouno, adj. m. et f. Un enfant qui commence 
à se former, qui est sorti des premiers accidents de l’en- 
fance. Un agneau qui commence à se suffire; un oiseau 
qui a quitté le nid. — Aquél agnèlés sâouvadoù, cét agneau 
peut se passer des soins de sa mère. 

Sàäouvagna, n. pr. de lieu. Salvagnac; lieu sauf, c.-à-d. 
jouissant de certaines immunités ou franchises; qui ne 
devait aucune imposition au domaineroyal: Lieu de sûreté, 
d'espérance, d'asile, commie il en existait sous la féodalité. 

Dér. du lat. Salva, sauve. 

Sâouvaje, ajo, adj. m. et f. Sauvage; qui dépend des 
bois ou forêts, qui n’est pas cultivé. Homme: non: civilisé, 
sans lois, qui habite les forêts. Au fig. homme sansculture, 
homme dur, inabordable, aux manières brusques let dures. 

Dér. du lat. Silvaticus, de Silva, forêt. 

Säouvaje, n. pr. d'homme et de lieu: Domaine situé 


près d'Alais, d'où est sortie la famille des Boissieré de 
Lacroix de Sauvages, qui a produit un médecin célèbre et 
l'abbé de Sauvaces, auteur du Dictionnaire languedocien. 

Säouvajino, s. f. Nom collectif qui comprend toutes les 
bêtes fauves, les bêtes sauvages, ‘telles que les ours, les 
loups, les renards. 

Dér. de Sdouvaje, sauvage. , % 

Sâouvajun, s. m. Odeur qui s'échappe des bêtes fauves. 
— Sénti lou sdouvajun, contracter l'odeur qui s'échappe 
des bêtes fauves. 

Dér. de Sdouvaje, sauvage. 

Sâouvan, s. m. Expédient, ressource, sauvegarde, 
planche de salut. — Acd’s moun sdouvan, c'est là ma 
dernière ressource. 

Sâouve, n. pr. de lieu. Sauve, chef-lieu de canton de 
l'arrondissement du Vigan, département du Gard. 

Dér. du lat. Salvium, nom que lui donnent les Chartes. 
Comme le nom fréquent de Salvetat, ce terme désigne une 
localité, un domaine qui, sous la. féodalité, étaient affranchis 
de certaines charges. 

Sâouve (Dé), loc. adv. Sauf, quitte, absous, délivré, - — 
Souï dé sdouve, je suis hors de danger. 

Säouvèr, adj. m. Prodigieux, effrayant, surprenant, — 
Plôou qué fai sdouvèr, il pleut à torrents. Acô faï sdouvèr, 
cela est effrayant. 

Dér. du lat. Silva, dans le sens de forêt solitaire et 
épaisse, profonde. 

Sâouvèrdiou! interj. Exclamation de surprise ou de 
crainte. Dieu sauveur! Dieu terrible! 

Säouvèrtous, ouso, adj. m. et f..Solitaire, désert, 
effrayant; lieu qui inspire la mélancolie: ou la terreur. 

Dér. de Sdouvèr. — Voy. c. m. 26 

Säouvésou, s. f. et n. pr. d'homme. Salvation, salut, 


SAQ 
sauvegarde, franchise. psprs nom d' bésane commun 
dans les Cévennes. 

Sâäouvio, s. . Nom deplante. “4 sauge, Salvia offcinalis, 
Linn:, plante de la famille des Labiées, à l’état cultivé ou 
sauvage, très-commune dans le Languedoc et la Provence ; 
elle est stomachique et céphalique. — Saivia à salvando, 
disent les auteurs et l’ancien proverbe, Cur moriatur homo, 
dit l'école de Salerne, eui salvia crescit in horto. 


Quau a de sèuvi dins soun jardin 
N'a pas bésoun de médécin, 


disent les Provençaux. 
. "On »voit par ces témoignages le cas, peut-être exagéré, 
que l'on a fait de tout temps de cette plante. Sdouvio 


‘ bouscasso, plante labiée à fleurs jaunes, Phlomis hérba 


venti, Linn. Phlomis, herbe au vent, qui: n'estnullement 
une sauge. Manja dé pourqué émbé dé sdouvio, au propre, 
mangerdu filet de porc piqué de sauge, qui.est le régal 
par excellence des paysans. Au fig. se pourlécher les babines, 
sedélecter, éprouver un vif contentement, une vive satis- 
faction. 

Dér. du lat. Salvia, de Salvare, sauver. 

Sapa, ado, adj. m..et . Touflu, serré, ramassé;. on le 
dit des. plantes, et des branches d'arbres touffues. 

Saparténgço, s, /. Séparation, division, limite séparative, 
ligne de démarcation, partage. 

Dér. du lat. Separare, séparer, diviser, 

On dit aussi dans le même sens : Déssapartén go. 

Saparti, v. Séparer, couper, diviser, disjoindre, refendre, 
partager; séparer deux combattants. 

Dér. du lat. Separare, séparer, couper . 

Sapian, sapiènto, adj. m. et f. Savant, ante; prudent, 


Dér. du lat. Sapiens, m. sign. 
-Sapianço ou Sapiènço, s. m. ou f. Sagesse, science, 


prudence..— Un ome dé sapièngo, un homme de bon 
conseil, prudent, instruit, savant. 

Dér. du lat. Sapientia, m. sign. 

Sapino, s. f. Planche de sapin. On dit d’une personne 
Jlanguissante et aliaquée de la poitrine : Sén la sapino, 
elle sent le sapin ou le cercueil, que l'on construit avec 
les planches de sapin. 

Sapur, s. m. Sapeur ; soldat dont l'arme est une hache 
qui lui sert à saper les obstacles. L'institution des sapeurs 
ne date que du 7 avril 4806; un décret impérial du 
48 février 4808 en fixe le nombre à quatre par bataillon. 
— Acd's un sapur, Se dit d'une virago, d'une femme 
hommasse, qui a des allures masculines. 

Dér. du français. 

Saqua, v. Ensacher, mettre dans un sac, dans une poche, 
introduire, placer. — Saqua-vous aqui, placez-vous là. 
Saquas-i voste dé, introduisez-y le doigt. Saqua fid, me tire 
feu, boute-feu. 

Dér. de Sa, sac. 





SAR 504 

Saquado, s. f. Plein.un saë. -— Uno saquado dé nouses, 
plein un sac de noix. Uno saquétado dé gp plein une 
sachetie de feuille de mürier, 

Saqué, s. m. Dim. de Sa, sac. ur Matt de sé, 
prendre congé, donner congé. 

Saquéto, s. f. Sac de petite dimension, dont oh se.sert 
généralement pour ramasser la feuille de mrier. 2 

Dér. de Sa, sac 

Saquo, s. f. Sac de grande dtnensioëé plus large que 
le sac ordinaire. On lui donne aussi le nom do:Dajès _ 
Voy. c: m. | 

Sara, w. Serrer, étreindre; mettre en diewsür, serrer ; 
lier un fagot où un paquet. — Sara lou mérea; conelure} 
arrèter le marché. Sara-vous aïci; approchez1Sarawous} 
prenez-garde à vous! Sara-vous aïlaï, éloignez-=vous: * : 

Sarado, s. f. Etreinte, serrement;raction de serrer: = 
Fichà uno sarado, serrer les côtes. Sarado, terme de 
maçonnerie; point de jonction entre la toiture d'une 
maison et le mur latéral de la maison contiguë, oule 
point où une cheminée émerge au-dessus d’un toit. 

Saraïè, s: m. Servurier ; celui qui fabrique les serrurès 
et en général les ferrures des portes et fenêtres. 

Saraïè ou Lardièïro, s. m. Mésange (Parus). On a oru 
trouver dans-le chant dela charbonnière -ou + grosse 
mésange (Mésange charbonnière, Parus major, Tetmu.), 
une imitation du bruit du marteau sur l'enclametetde la 
limé, et on lui a donné le nom de Saraié, serrurier. Ce 
nom a passé aux variétés de cet oiseau ; on peut dire pourtant 
qu'il est plus habituellement donné à la grosse mésange et 
que les petites sont distinguées par celui de Lardièiréto 
(Woy.c. m.). La famille nombreuse des mésanges est du 
reste celle qui fournit le plus à cette appellation collective 
de Pè-négre, dans laquelle sont confondus beaucoup, de 
petits oiseaux du même genre. 

Saraïéja, v. Tourmenter une serrure; y introduire. la 
clé avec difficulté, agiter inutilement la clé dans la serrure 
sans pouvoir ouvrir, soit qu'on s’y prenne mal, soit.quela 
serrure soit dérangée. 

Dér. de Saraïo, serrure: 

Saraio, s, . Serrure, appareil construit en métal, et qui 
sert à fermer une porte, une armoire où autres meubles 
destinés à serrer certains objets. 

Les serrures modernes sont très-compliquées, pour la 
plupart, et ont dù être inconnues ou peu employées jadis. 
La fermeture la plus anciennement usitée est sans doute 
celle que l’on opérait au moyen-d'une barre de bois. placée 
derrière la porte, soit en travers, soit sous forme d' 
boutant. 

Le verbe barra, fermer, mettre la barre, désigne encore 
toutes les manières de fermer. On dut ensuite employer les 
verroux et enfin la serrure, — Voy. aussi lès mots Tangua 
et Tanguo. 

Dér. du lat. Sera, fait de Serare, fermer. :. 

Plusieurs noms de lien tels que Sarragna, Sernhac 


604 SAR 


Gard), Sérignan (Hérault) dérivent- du mot Sara pris dans 
lesens de fermer, et ont la signification de Lieu clos, lieu 
fermé, lieu de péage. Le nom des villages de Barre (Lozère), 
et de Barjac, Bariacum (Gard), a la même origine. 

Sarci, v. Repriser, faire des reprises sur une étoffe qui 
a été déchirée ou endommagée. Au fig. battre, frapper, 
administrer une volée, une correction. — Té faras sarci, 
tu te feras appliquer une râclée. 

Dér. du lat. Sarcire, rapiécer. 

Sarcido ou Sarciduro, s. f. Reprise à l'aiguille; vivelle, 
rentraiture, sorte de tissure à l'aiguille que l’on fait pour 
réparer une étoffe déchirée ou fortement endommagée. Au 
fig. ficha uno sarcido, administrer une fâclée, volée ou rossée 

+ Dér. de Sarci. 

Sarcissèire, s. m. Celui qui fait des reprises sur les 
étoffes déchirées ou endommagées. 

Dér. de Sarci. 

Sardo, s. . Sardine (Sardina), poisson du genre Clupé, 
que l’on sale à la façon des anchois et des harengs. 
C'est le même poisson, de grosseur différente, le plus 
petit étant naturellement désigné par le diminutif Sardino, 
qui s'emploie exclusivement quand on parle de la sardine 

fraiche. 

Sarèto, s. m. Avare, cuistre, fesse-mathieu. 

Sarjan, s. m. Sergent, grade militaire; huissier, recors. 
Sarjan, outil de menuisier, à crémaillère, qui sert à assu- 
jétir les pièces de bois que l’on veut assembler ou coller. 

Le garafa est un outil de tonnelier, semblable au 
sarjan; c'est le calfat, fer de vingt à trente centimètres, 
coudé des deux bouts et servant à deux fins. 

Dér. du lat. Serviens, serviteur, , 

Sarjans, s. m. plur. Des gendarmes ou tirailleurs; 
étincelles qui s’élancent des charbons ardents et éclatent 
loin du feu en pétillant. — Voy. Baïuèrno, 

Sarjéto, s. f. Sergette, petite serge, étoffe de laine 
croisée et légère. 

Dér. de Sarjo. 

Sarjo, s. f. Serge, sorte d’étoffe de laine grossière croisée, 
où demi-laine et fil, fabriquée à quatre marches, le plus 
souvent en laine. 

Saro! interj. Serre! exclamation usitée dans le Midi 
pour porter un rassemblement, une foule à se livrer à des 
voies de fait envers un ou plusieurs individus à ‘qui l’on 
veut faire un mauvais parti. Cri d'émeute analogue au 
Zoù des Provençaux. 

Sarû, s. m. Sarrau ou sayon, sorte de souquenille en 
éioffe grossière que portent quelquefois les paysans, les 
rouliers et les soldats. 

Saro-piastro, s. m. comp. Avare, thésauriseur, pince- 
maille. 

Sartan, s. f. Poèle à frire, ustensile de cuisine en fer, 
composé d’un bassin terminé par un manche de fer-très- 
allongé qui sert à le manier. 

Dér. du lat. Sartago, m. sign. 





SEC 


S assi,. m. Intervalle ou espace de temps indéterminé. 
— Démoura un bon sassi, demeurer ou attendre bien 
lon gtemps.— Voy. Briou. 

Sassigué, s. m. Dim. de Sassi. Un espace de temps peu 
considérable, un court intervalle de temps. 

Savantas, s. m. Angm. de savant; gros savant, homme 
qui a des connaissances très-étendues, une vaste érudition. 

Ce terme s'emploie quelquefois ironiquement en parlant 
d'un homme qui a des prétentions à la science non justi- 
fiées. " 

Sé, s. f. Soif, désir, besoin de boire. — Créba dé sé, 
mourir de soif. Sé dé galino, soif de poule, se dit en 
parlant d’un petit buveur. Faï michan faïre béoure un ase 
quan n'a pas sé, il est difficile de faire boire un âne qui 
n’a pas soif, il n’y a de pire sourd que celui qui ne veut 
pas entendre. 

Dér. du lat. Sitis, m. sign. 

Sé, éco, adj. m. et f. Sec, sèche. — $é coumo un bèrlé 
ou coumo uno bèrlo, sec comme un éclat de bois mort. se 
coumo uno aréncado, coumo un clavèl, sec comme un 
hareng, comme un clou. 

Ce terme s'emploie aussi substantivement : Métre dou 
sé, mettre dans un endroit sec, à l'abri de l'humidité; 
dépouiller quelqu'un de ce qu'il possède, le mettre à sec. 

Dér. du lat. Siceus, m. sign. 

Sé, s. m. Sein, gorge, mamelle. — Més pas la man dou 
sé pér un pésoul, il ne se contente pas d’un maïgre bénéfice. 

Dér. du lat. Sinus, m. sign. 

Sé, pr. poss. Soi, il, elle, eux, ils, elles. — Chacun pér 
sé, chacun pour soi. 

Dér. du lat. Se, m. sign. 

Sé, conj. Si. — Sé véou béoure, s'il veut boire. Sé qué 
dé nou, sinon. 

Sé, pr. indéf. On. — $é dis talo câouso, on dit telle 
chose, on raconte que... Acds’és di, on a dit cela, cela s’est 
dit. £ 
Sécal, s. m. Bois mort, rameaux desséchés ; fruits dessé- 
chés sur l'arbre, tels que les cerises, les prunes, les 
figues, etc. 

Sécoudre, v. Jeter, lancer, secouer. — Li én sécoudrai, 
je le rosserai. 

Dér. du lat. Succutere, secouer, ébranler. 

Sécouri, vw. Secourir, porter secours, venir en aide à 
quelqu'un qui se trouve dans un danger imminent. 

Dér. du lat. Succurrere, courir au devant de quelqu'un. 

Sécoûs, s. m. Secours, aide, assistance, — Crida sécoùs, 
appeler au secours. Sécoùs / cri de détresse : Au secours ! 

Sécun, no, subst. m. et f. Homme sec et décharné, 
phtisique ; enfant tombé en chartre, enfant malingre. Au 
fig. i mportun, ennuyeux, parasite, que les Italiens appellent 
Seccatore. nee” : 

Sécuta, v. Poursuivre, rechercher, importuner. — L'ai 
sécuta pérlout, je l'ai recherché, réclamé de toutes parts. 

Sécutinos, s. »m. Un homme ou une femme qui n'ont 





SÉG 


que la peaucet les os, qui sont mälingres; un importun, 
un ficheux. Les gens du peuple, qui affectionnent les 


expressions figurées, ont cru trouver une certaine analogie 


entre l'expression latine Sicut et nos et un individu qui est 
aflligé d'une maigreur extrème. 

Séda (Pan), s. m. Pain de seigle dont la farine a été 
sassée avec un tamis ep sédas, et qui est d’un goût 
très-appétissant. 

-Sédo, 5: /: Soie, fi délié que l'on retire du cocon des 
vers à soie. — Un vésti dé sédo, un cochon." 

Dér: dulat. Seta, m. sign. ? 

Sédoù..s.m.Séton; cordon fait de julie fils que 
l'on-passessous la peau pour produire un ulcère artificiel; 
laes: de crin, nœud pont ou lacet servant à prendre les 
oiseaux. 

Du lat. Setaceum, dér. de Seta, soie. 

Sédous, ouso, adj. m. el /. Soyeux, euse. —  Aquélés 
fousélsrsoun bièn sédoùs,| ces cocons sont très-fournis en 


. Soie, 100 


‘Séga;ws Couper, scier, faucher, moissonner, faire la 
moisson. 

Dér. du lat. Secare, couper. 

-Ségado;, s. f: La moisson l’action de moissonner; la 
saison: où lon moissonne. — Pér ségado, au temps de la 
moisson. 

Dér: du lat. Secare, couper. 

Ségaire,airo, s. m. et f. Moissonneur, euse ; coupeur 
ou scieur de blé. En vieux fr. seguier. 

Dér: du lat. Secure, couper. 

Ségasoù, s. f. La moisson ; 
Voy. Ségado. 

Ségna, v. Bénir, jeter de l'eau bénile. — Sé ségna, 
faire le signe de la croix. Pan ségna, aïgo ségnado, du 
pain bénit, de l’eau bénite. 

Dér, du lat: Signare, fait de Signum, signe. 

Sègne, s: m. Maitre, seigneur; titre que l’on donne par 
déféreuces aux hommes âgés. — Moun sègne-gran, mon 
grand-père Noste Sègne, Notre Seigneur J.-C. Ce terme, dit 
SAuvAGES, dérive du lat. Seneæ ou Senior, le plus ancien et 
le mieux.établi des titres, celui qui convient le mieux à 
l’homme: C'est: de là que l’on a formé le français Senieur et 
puis Seigneur. + + 

Ségnoù, s. m. Seigneur: pré qui, avant la Révolution, 
était à la tèle d’un fief, soit comme suzerain, soit comme 
tenancier, — Noste Ségnoù, Notre pion J.-C. 

Dér, du lat, Seneæ ou Senior. 

Ségoun, do, adj. de nomb. Second, pe gen 
ségoun, du pain bis. 

Dér. du lat. Sequens, suivant. 

Ségoundari, s. m. Le vicaire és paroisse ; puvaii 
est adjoint au curé dans l’exercice de son ministère. 

Dér. du lat. Secundarius, nom que les ennemi => 
aux sous-acteurs on comparses, ou doublures. 

Ségoudéno, s. f. Seigle précoce semé en mars, dans les 


la saison des moissons. — 





SÉM 605 
Cévennes. Le seigle ordinaire se sème de novembre # 
décembre et donne un grain plus grossier. 

Ségu, ro, adj. m. et f: Sûr, sûre, certaif, ferme, indu: 
bitable, stable, exempt de danger. — Dé ségu, assé 
Jouga dé ségu, jouer à coup sûr. 

Dér, du lat. Securus, M. sign. 

Ségui, v. Suivre, poursuivre, accompagner, fmiter, 
copier. — Mé poudiè pa ségul, il ne pouvait peer 
pied. 
Dér. du lat. Sequi. | 

Séiado, s. f. Plein une jarre appelée Séïo en languedocien. 

Séio, s. f. Seigle. -— :Voy. aussi SAUVAGÉS ‘au mot 
Séghio qui n'est plus usité à Alais. 

Séio, s. f. Jarre en cuivre appelée anssi Gérlo ën jengéti 
docien. — Voy, €. m. 

Séioù, s. m. Dim. de Séio;-seau à traire le lait. 

Séiou, s. m. Petit seigle. 

Séje, adj. de nomb. Seize. 

Séjoù, s. m. Séjour! demeure, résidence plus’ ou "moins 
longue dans un lieu, dans un pays. —"Sèn dé séjoù, nous 
séjournons. Sèn à séjoù, nous chômons, 

Séla, v. Seller, mettre une selle. 

Séléto, s. f. Portion de harnais sur laquelle appuïé la 
dossière. — Faëre séléto, prêter appui, assistance fairé la 
courte échelle. 

Sèlo, s. f. Selle, siége en cuir que l'on adapte sur le dos 
d'un cheval pour la commodité et la sûreté du cavalier. 

Dér. du lat. Sella, m. sign. 

Séloun, adv. Selon. — Acd's séloun, c'est selon. Séloun 
cé qué farés, faraï, je suivrai votre exemple, je prendrai 
exemple sur vous. 

Sémaïè, s. ”*. Bâton aux cornues. — Foy. Assémdou et 
Séméou. 

Sémalou, s. m. Dim. de Sémdou. Un baquet, cuviér à 
bas bord. 

Dér. de Sémdou. — Voy.c. m. 

Sémâou, s. m. Une cornue, une benne, une comporte 
que l'on emploie pour charrier la vendange et le vin et 
tirer le moût d'une cuve. — Voy. Assémdou. 

Sémbla, v. Sembler, ressembler. Ce verbe s'emploie 
dans les deux acceptions françaises sembler et ressembler, 
qui ont une signification toute différente. — Sémblo um 
émplastre, il est immobile comme un terme. Sémblo qué 
vaï préne la maïre dou nis, on dirait qu'il va prendre la 
pie au nid. Moun fil mé sémblo, mon fils me ressemble: 

Dér. du lat. Simulare, m. sign. 

Sémblan, s. m. Semblant, similitude, ressemblance, 
apparence, aspect. — Faïre lou sémblan, faire semblant. 
Avédre lou sémblan, avoir l'apparence. 

Dér. du fat. Similis, semblable. 

Séméla, v. Ressemeler, mettre des semelles à une 
chaussure. 

Dér. du celt. Semellen, semelle. 

Sémélaje, s. m Carrelure de souliers où'autres chaus- 


T1 


606 SÉN 


sures. On met une carrelure ou des semelles neuves à de 
vieux souliers qu'on semelle à nouveau. 

Sémèlo, s. f. Semelle, pièce de cuir qui forme le dessous 
d’une chaussure quelconque. 

Dér. du celt. Semellen, m. sign. — Faguè véire sas 
sémélos, il montra ses semelles; il s'enfuit, 

Séména, v. Semer, jeter le grain sur une terre préparée 
pour l’ensemencer. Au fig. répandre, dissiper. — Séména 
lèou et pouda tar, prov : semer tôt et tailler la vigne tard. 

Séména, s. ». Semis, blé nouvellement semé et encore 
en herbe; emblavure, champ ensemencé. — Travéssè. lou 
séména, il traversa le champ nouvellement semé. 

Dér. du lat. Seminare, m. sign. 

Séménadou, s. m. Sac à semence. 

Séménaire, s. m. Semeur, celui qui sème, qui répand 
le grain sur la terre préparée. 

Dér. du lat. Seminator, m. sign. 

Séméncio, s. f. Menues semences, menus grains. 

Séménço, s. f. Semailles; époque où l'on sème les 


céréales et surtout le blé. — Vous pagaraï pér séménço, 
je vous payerai ce que je vous dois à l’époque des semailles 
prochaines. 


Dér. du lat. Semen, contract. de Serimen, formé de 
Serere, semer. 

Séménço, s. f. Grain destiné à être ensemencé; grain 
de choix propre à être semé. — Bla dé séméngço, blé de 
choix que l'on réserve pour les semailles. 

Même étymol. que le mot précédent. 

Sémmagnè, s. m. Semainier; ouvrier employé à la 
semaine et qui reçoit un salaire hebdomadaire, celui qui 
remplit un office hebdomadaire. 


Et qu’as éscrafa dé ta pénche 
Lou sémmagnè rabaladis (La FARE). 


Dér. de Semmano, semaine. 

Sémmanado, s. f. Semaine complète, la durée d’une 
semaine; le salaire dû à un ouvrier pour une semaine de 
travail, — Touca sa sémmanado, toucher son salaire de la 
semaine. 

Sémmano, s. /. Semaine, série de sept jours consécutifs 
du lundi au dimanche ou du dimanche au samedi. Sém - 
mano-sénto, la semaine sainte. Sémmano das trés dijéous, 
la semaine des trois jeudis, dicton analogue à celui qui 
renvoie aux calendes grecques, c.-à-d. à une époque qui 
n'existe pas. 

Dér. du lat. Septimana, formé de Septem, sept, et. de 
Mana, matin, matinée, sept matinées. 

Sén, s. m. Sens, bon sers, raison, jugement, intelligence. 
— Quéou pèr soun bén, pèr soun sén, celui qui perd sa 
fortune, perd sa raison, son sang-froid; devient capable 
d’actes violents et irréfléchis. És dou sén dé l'éfan, il tombe 
en enfance. Parlo pér lou sén qué-z-a, ses propos prouvent 
son peu de raison. N'a pas tout lou sén qué i-f4ou, il n’a 
pas toute sa raison. Ou dis dé tout soun sén, il dit cela 





SEN 


sérieusement. Bouta san sén, mettre sans raison. Agués 
maï dé sén qu'él, ayez plus de bon sens, de raison que 
lui. Pdou dé sénas, augm. et péj. pour désigner quelqu'an 
qui n’a pas l’ombre du sens commun. 

Dér. du lat. Sensus. 

Sén, sénto, adj. mn. et f. Saint, sainte. 

Dér. du lat. Sanctus, sancla, m. sign. 

Séné, s. m. Dim. de Sén. Sens; l'intelligence des petits 
enfants. — Picho séné, petile raison, intelligence naissante. 

.Dér. du lat: Sensus. 

Sénépiou, s. m. Larougeole, maladie originaired'Afrique. 

Dér. de Senepo, petit clou à tête large, appelé ainsi dans 
la Haute-Provence et connu sous le nom de Tacho dans le 
Languedoc. On en garnit le dessous des semelles de chaus- 
sures des paysans ou des chasseurs et en général des 
marcheurs par profession. 

Séngla, v. Sangler; serrer le tour du corps avec une 
courroie ou sangle; sangler, ou appliquer un coup de fouet, 
de cravache. 

Dér. du lat. Cingulum, formé de Cingere, ceindre. 

Sénglas, s. m. Sanglier, Sus serofa, Linn. Cet animal, 
autrefois commun dans nos contrées, en a complètement 
disparu. On lui donnait aussi le nom de Por-sénglas. — 
Voy. c. m. | 

Sénglo, s. f. Sangle, bande ou courroie large et plate 
qui sert à ceindre ou à serrer le corps des animaux de 
trait ou de selle. 

Sénglou, s. m. Dim. de Sénglo, petite sangle ; lisière ou 
bande de petite dimension; petit cordage appelé chablot 
en terme de corderie, et qui sert à attacher ou lier un-objet: 

Dér. du lat. Cingulum, m. sign. 

Sénglouna, v. Attacher, lier, serrer, ceindre. 

Dér. de Séngloù. — Voy. c. m. 

Sénsérigaio, s. f. Petite mésange bleue, Parus cæruleus, 
Temm., appelée aussi Lardièiro, Lardièiréto où Larguiëï- 
réto. — Voy. c. m. 

Séntèrio, s. f. La dyssenterie. 

Sénti, v. Sentir, répandre ou percevoir une odeur bonne 
ou mauvaise; ressentir, éprouver. — Acè sén bo, cela à 
bonne odeur. Sénti soun bo, être cossu, avoir bon air, 
bonne prestance. Podou pas sé séntà, ils ne peuvent pas se 
supporter. Sé sénti, se dit d’un jeune homme ou d'une 
jeune fille qui atteignent l’âge de puberté. Avoir la con- 
science de ses forces, de sa valeur, de son intelligence. 

Dér. du lat. Sentire, m. sign. 

Sénti, v. Fendre, user, fèler, affaiblir, — Uno dourco 
séntido, une crûche fèlée. Uno pos, uno fusto séntido, une 
planche, une poutre fendues. 

Séntido, s. f. Odorat; sentiment, sensation; flair. — 
Avédre séntido, avoir vent de quelque chose. À bono séntido, 
il a du flair. 

Séntou, s. f. Odeur, senteur, parfum. — Aïgo dé séntoù, 
eau ou essence parfumée. 

Dér. du lat. Sentire. Ts 








SÈR 


+ Séntre, v. Sentir, recevoir une impression; ressentir, 
éprouver une impression, une émotion; répandre une 
odeur bonne où mauvaise; flairer, apercevoir, percevoir, 
avoir le pressentiment d'un évênement. 

Dér. du lat. Sentire. 

Sénu, udo, adj. m. et f. Sensé, 6e 

Sèou, s. m. Suif; graisse des animaux employée jadis 
dans la confection des chandelles. 

Dér. du lat. Sebum, et par contraction Sewm. 

Séoucla, v. Sarcler, arracher les mauvaises herbes. 

Dér. du lat. Sareulare, m. sign. 

Séouclaire, airo, s. m. et f. Sarcleur, sarcleuse; celui 


-ou celle que l’on emploie à arracher les mauvaises herbes 


d’un champ. 

wSépio, s. f. Sèche /Sepia), sorte de poisson de mer, du 
genre des Polypes, qui n’a ni écailles ni nageoires : il a 
les bras garnis de suçoirs et répand au besoin une liqueur 
brune, qui, le couvrant d'un nuage, le dérobe aux attaques 
de l'ennemi. Cette liqueur est employée dans la peinture 
à l’aquarelle appelée Sépia. 

‘La sèche diffère des autres poissons du mème genre par 
unros blanc, oblong, opaque et très-léger, de la longueur 
du corps de l'animal On suspend cet os dans la cage des 
petits oiseaux pour leur permettre d’aiguiser leur bec. 

Sept, adj. denomb. Sept, nombre impair qui suit 
immédiatement le nombre six et précède immédiatement le 
nombre huit. 

+ Dér. du lat. Septem, m. sign. 

Séqua, vw. Sécher, dessécher, devenir sec, mourir en 
parlant des végétaux; mettre à sec, tarir; fatiguer, obséder- 
— M'avès séqua, vous m'avez fatigué, ennuyé; dans le 
langage trivial : vous m'avez scié le dos. 

Dér. du lat. Siccare, m. sign. 

Séquadou, s. m. Séchoir. 

Séquaje, s. m. Ce qu'on a mis à sécher. Au fig. une 
importunité. 

Séqual, s. m. — Voy. Sécal. 

Séquarésso, s. f. Sécheresse, absence de pluie et 
d'humidité ; saison sèche. — Avès pas séquarésso? N'êtes- 
vous pas altéré?'voudriez-vous vous rafraichir? A% bièn 
séquarésso, j'ai bien soif. 
nSéquèlo, sf. Sequelle, multitude, rassemblement, 
troupe de gens ameutés. — fs véngu émbé touto sa séquèlo, 
il est arrivé avec toute sa suite. Uno séquèlo d'éfans, une 
troupe d'enfants, une nombreuse famille. 

Dér. du lat: Sequela, m. sign. 

+ Séquèstre, s. m. Séquestre, dépôt d'une chose litigieuse 
en main tierce, fait par ordre de justice ou par conven- 
tion des parties; celui à qui l'on confie le dépôt. 

* Dér. du lat. Sequestrum, m. sign. 

Sèr, s. f. Serpent (Anguis). La vipère et l'orvet /Vipéro 
et’ Nadièl) sont les seuls du genre ophidien à qui le langue- 
docien ait donné un nom particulier; toutes les autres 


espèces sont pour lui des Sèrs. C'est sous cette dénomination , 





SÉR 607 


commune que sont connues les diverses couleuvres du pays, 
sans qu'on ait même pris la peine de les distinguer par 
aucune qualification particulière. Ces couleuvres sont 
parfaitement innoffensives et n'ont pas plus de moyens que 
d'envie de nuire à l’homme : loin de là, elles lui rendent 
service en faisant leur proie d'une foule de petits animanx 
nuisibles à ses récoltes; mais elles ont le malheur de 
n'inspirer que le dégoût et l'horreur parce qu'elles sont 
d'une race maudite et généralement malfaisante, et on les 
tue quand on devrait les protéger. 

Dér. du lat. Serpens, m. sign. 

Séramén, s. m. Serment, assurances. 

Séré, s. m. Serein, temps clair et serein, vapeur 
humide et froide, ordinairement malsaine, qui se fait 
sentir le soir depuis le coucher du soleil et qui donne 
naissance à la rosée. Cette vapeur ne se développe quepar 
les nuits sereines. 

Dér. du lat. Serenus. 

Sère, s. m. Montagne, colline élevée, cime, érète de 
montagne. 

Dér. du bas lat: Serrum ou de l'esp. Sierra, ou du 
catal. Serra, m. sign. 

Séréna, v. Exposer à la fraicheur ou à la rosée des 
nuits. — Faïre séréna, exposer au serein. 

Dér. de Séré, — Voy. ©. m. 

Sérénado, s. f. Sérénade, concert d'instruments où de 
voix que l’on exécute le soir sous les fenètres d’une 
personne que l’on veut honorer. 

Séréno, s. f. Le serein, la rosée du soir; une syrène, 
monstre fabuleux, moitié femme, moitié poisson. 

Sérichou, s. m. — Voy. Sérioù. 

Sérin, s. m. Cini, serin de Provence, Gros-Bec Cini, 
Fringilla serinus, Temm. Cet oiseau, qui a le dessus du 
corps olivâtre avec des taches noires et cendrées, les flancs 
grisâtres et le reste jonquille, est un de nos plus agréables 
chanteurs. On le marie avec la femelle du serin Canari, et 
les métis qui en résultent sont d'excellents musiciens. 

Dér. du lat. Siren, sirène. 

Séringa, s. m. Syringa, nom de plante, vulgairement 
Seringat, Philadelphus coronarius, Linn. Arbrissean de 
la famille des Myrtées, originaire de la Suisse, de la Savoie 
et du Piémont, que l'on cultive comme plante d'ornement. 

Dér, du lat: Syringa, nom que les anciens donnaient à 
cet arbrisseau parce que sa tige dépouillée de sa moëlle est 
creuse comme une flûte ou syrinx. 

Séringa, v. Seringuer, lancer une liqueur au moyen 
d'une seringue, injecter, donner des lavements. 

Dér. du lat. Syringa. 

Séringo, s. f. Seringue, pelite pompe portalive et 
foulante qui sert à attirer et rejeter l'air ou les liquides et 
que l'on emploie le plus ordinairement pour donner des 
lavements ou faire des injections. 

Dér. du lat. Syringa, dér. du grec Zpr£, flûte ou 
syrinx, tube cylindrique creux. 


608 SÈS 


Sérioùu ou Sérichou, s. ». Petite colline, éminence, 
monticule, butte de terrain. 

Dér. de Sère, colline, montagne. — Voy. ©. m. 

Sérma, v. Tremper le vin, y ajouter de l’eau. — Dé 
vi sérma, du vin trempé, que l'on appelle dans les lycées 
et les pensionnats « de l'abondance. » 

Dér. de l'ital. Semare, diminuer. 

Sérmoü, s. m. Sermon, discours chrétien prononcé en 
chaire dans une église pour instruire ou édifier les fidèles. 
Au fig. remontrance longue et ennuyeuse . 

Dér. du lat. Sermo, discours. 

Sérmouna, v. Sermonner, faire de longues remontrances. 

Dér. de Sérmoù, sermon. 

Séro, s. f. Le soir, la soirée; l'espace compris entre la 
fin du jour et la nuit close. — Rouje dé séro, bèou tén 
éspéro, ciel rouge le soir, espoir de beau temps. 

Dér. du lat. Sero, sur le soir (Cicéron). 

Sèrpatas, s. m. Augm. de Sèr (Voy. & m.). 
serpent, reptile énorme. 

Sèrpatièiro, s. f. Repaire, refuge, retraite de serpents. 

Sèrpièiro, s. f. Serpilière, toile grossière à tissu très- 
lâche dont se servent les marchands toiliers ou drapiers 
pour envelopper leurs ballots ,et, par extension, couverture 
en lambeaux dont les mendiants se recouvrent. 

Sérpoul, s. m. Serpolet, Thymus serpillum, Linn., 
Nom propre d'homme. — Voy. Frigoulo. 

Sèrti, v. Affirmer, certifier, assurer, — Vous ou sèrtisse, 
je vous l’affirme. 

Sèrvanto, s. j. Servante, domestique femme. — Faire 
sèrvanto, saluer avec respectet déférence. Sèrvanto expres- 
sion elliptique qui signifie : je suis votre servante. 

Dér. du lat. Serva, m. sign. 

Sèrvi, v. Servir, être attaché à un maitre; rendre 
service, être utile, aider, tenir lieu ; être attaché au service 
militaire, à une administration ; servir une table, distribuer 
aux convives une portion des mets servis sur une table. 

Dér. du lat. Servire, m. sign. 

Sèrvice, s. m. Service, ce que l’on fait pour remplir un 
service; fonctions d’un domestique, d'un employé; con- 
ditions de ceux qui servent; ce que l’on fait pour être 
utile à quelqu'un que l'on veut obliger; temps passé sous 
les drapeaux; cérémonies d'un culte religieux; usage, 
utilité, emploi; nombre de plats que l’on sert à la fois sur 
la table; série de pièces de vaisselle de mème forme 
servant dans un repas. 

Dér. du lat. Servitium, m. sign. 

Sèrviciäou, âoudo, s. m. et /. Domestique, serviteur, 
servante, garde-malade. 

Dér. de Sérvice, service, 

Serviteur ! interj. empruntée au français. Je suis votre 
serviteur; salutation, affirmation ou négation quelquefois 
ironique. 

Séséto, s. f. nom propre de femme. Suzette, dim. de 
Suzanne. — Voy. Céséto. 


Gros 





SIA 


Sésido, s. f. Saisie, confiscation, vente de biens æ 
voie judiciaire, par autorité de justice. 

Dér. du français. 

Sésio, s. f. Tenue, contenance, persévérance; assemblée, 
réunion, session, assises. — N'a pas gés dé sésio, il n'a 
point de tenue, point de contenance; il ne comprend, il ne 
saisit rien; il ne peut rester en place. 

Sésoù, s. f. Saison, l’une des quatre parties de l’année ; 
époque où l’on sème, où l’on recueille; temps propice à 
faire ou à combiner une chose. 

Dér. du lat. Satio, action de semer. 

Sésoù, s. j. Suzon, nom propre de femme, dim. de 
Suzanne. — Voy. Séséto, 

Séssoü, s. m. Suçon, sorte de gousset ou de morceau 
d’étoffe taillé en coin que l’on ajoute à un vêtement, à un 
objet confectionné avec une étoffe, pour lui donner plus 
d'ampleur sur un point déterminé. 

Séssoüs, n. pr. de lieu, m. Cessous, commune: de 
Chamborigaud, siège de la compagnie des mines de houille 
de Cessous et Trébiau. 

Dér. du lat. Sessarium, siège. 

Sestiè, s. m. Sélier ou quart de la salmée, mesure 
équivalente à 5 décal. 4477, mesure d'Alais. — Voy. 
Sâoumado. 

Dér. du lat. Sextarius, parce que chez les Romains le 
sétier était la sixième partie du Conge. 

Séstièirado, s. f. Surface de terrain labourable suffisante 
pour un sétier de grain. — Séstièirado dé tèro, un arpent 
de terre. 

Sétanto, adj. de nomb. Septante ou soixante-dix ; 
réunion de sept dizaines: t 

Sétémbre, s. m. Septembre, nom de l’un des douze 
mois de l’année, le neuvième de lannée actuelle, le 
septième chez les Romains, le second de l’année égyptienne, 
le troisième de l’année grecque. 

Dér. du lat. September, nom que ce mois portaitrchez 
les Romains. 

Sèti, s. m. Siège, terme générique qui désigne tous-les 
meubles sur lesquels on peut s'asseoir, mais plus particu- 
lièrement un siège grossier où champètre; un siège de 
gazon; un banc de pierre, de bois, etc. ; le siége d’une 
ville. — Sèti dé bouto, les pièces de bois qui servent.de 
support aux tonneaux dans une cave, 

Dér. du lat. Sedile, m. sign. 

Si ou Sin, s. "»m. Nœud du bois dans une planche ou 
toute autre pièce de bois. 

Dér. du Jat. Signum, marque, signe. 

Si, adv. Particule affirmative, oui, assurément. 

Dér. du lat, Sie, ainsi, de mème, de cette façon, de 
cette manière. 

Siâou, adj. m. Calme, serein, tranquille, paisible, — 
Lou tén és sidou, le temps, l'air est calme. Parla sidou, 
parler doucement, à voix basse. 

Dér. du lat. Siere, garder le silence, dér. lui-mèmedu 








SIC 


grec uwrdw, m: sign., ou de Zwrf, silence, calme, ! 
tranquillité, ou de Écyéw, se taire. 


Sévén, s. m. Clou, furoncle, abcès. 

Siâoume, s. m. Psaume, chant biblique; lamentation, 
plaintes, reproches, gémissements. — Aourés-lèou féni 
vostes sidoumes? aurez-vous bientôt fini vos doléances? 
Lous sept sidoumes, les sept psaumes de la pénitence. 

Sibla, v. Sifiler, produire un son aigu en chassant 
l'haleine avec force et serrant les lèvres après avoir disposé 
la langue d'une certaine manière. Sifiler avec un instrument 
appelé sifflet, siblé; siffler ou moduler un air en sifflant ; 
siffler un oiseau; désapprouver avec dérision, marque de 


. mépris. — Siblo toun chi, appelle ton chien, apaise-le en 


sifflant. Las ouréios mé siblou, les oreilles me cornent, on 


‘parle de moi. Ce préjugé était l’un des trois présages 


domestiques admis par les Romains. Il annonçait à la 
personne qui éprouvait le tintement d'oreilles (tirmitus 
aurium), que l'on parlait d'elle. Les personnes supersti- 
tieuses supposent:encore de nos jours que l'on parle d’elles 
en bien quand c'est l'oreille droite qui corne, qu'on parle 
‘d’elles en mal, quand c'est la gauche. 
Dér. du lat. Sibilare, m. sign. 

. Siblado, s. f. Siflement, coup de sifilet. 

Siblaïre, s. m. Siffleur, celui qui a l’habitude de siffler. 

Dér. de Sibla, siffler. 

Siblamén-d'âouréio, s. 1. comp. Aoisionétboht dans 
les oreilles, tintement d'oreilles. 

Dér. du lat. Sibilus. 

Siblé, s. m. Sifflet, petit instrument à vent qui sert à 

siffler. —:Coupa lou siblé, couper la parole, empècher de 
répondre. Énta dou siblé, greffer en flûte. — Siblé dé 
créslaïre, flûte de Pan. — Voy. Créstaire. 
» Siblo, s. f: Cible ou sible. Plaque en bois, en carton 
ou en métal peinte-en blanc et sur laquelle sont tracés des 
cercles concentriques et servant de point de mire et de but 
à ceux qui s'exercent au tir des armes à feu. 

Siblo=-z-y, loc. imp. que l'on adresse à une personne 
pour l'engager à souffler une réponse à celui qui est embar- 
rassé pour la faire. 

Sica, s. m., que l'on devrait peut-être écrire Sicap. — 
Dé soun sica, de sa tête, de son chef, de son estoc, de son 
proprejugement, de son propre mouvement, sans que 
cela lui ait été suggéré. Aqud vèn pa dé soun sica, ce n'est 
pas de son propre jugement qu'il a pris cette détermination. 
A forgço sica, il a beaucoup de jugement. 

Dér. du lat. Sie, ainsi, et de Cap, tête; de sa tète. 

Sicrè, s. m. Secret, ce que l'on tient caché, ce que l'on 
ne doit pas faire connaître ou divulguer; procédé, recette, 
moyen que l'on découvre ou que pen de personnes connais- 
sent pour faire certaines choses, produire certains effets; 
moyen, invention tenus secrets . — Garè ddou sicrè, guérir 
par des formules cabalistiques en usage chez les campagnards. 

Dér. du lat. Secretum, fait de Secretus, part. passé de 
Secernere, séparer, mettre à part. 





SIM 609 


Sièfro, s. f. Dossière d'un harnais de charrette. On dit 
aussi Sufro. C'est le surdos, large bande de cuir qui porte 
sur la sellette du cheval attelé au brancard d'une voiture 
ou d'une charrette. 

Dér. du lat. Suffrago, jarret des jambes de derrière des 
quadrupèdes, parce que cette bande de euir empêche le 
tablier de la charrette de tomber sur le train de derrière et 
les jambes des chevaux. 

Sièi, Nom de nombre. Six, nombre pair, qui suît le 
nombre impair cinq et précède le nombre sept. 

Dér. du lat. Sex, m. sign. 

Siétado, s. f. Assiôtée, plein une assiette. 

Dér. de Siéto, assiette, 

Siéto, s. f. Assiette; nstensile de table rond et plus ou 
moins creux, sur lequel chaque convive prend pour manger, 
une certaine portion des mets qui sont servis. — Siéfo bécudo, 
écuelle à bec. Siéto crouséludo, assiette creusé et profonde 
qui-sert d'assiette à soupe aux paysans. — Foy: Bécu et 
Crousélu. 

Sifè, adv. Si fait, expression que l'on emploie pour 
affirmer une chose contredite par un autre interlocuteur. 
— Sès pa ‘na à Nime? Sife. Vous n'êtes pas allé à Nimes”? 
Si fait. Emprunt fait au français. * 

Dér. du lat. Sie factum, oui bien. 

Signäou, s. m. Signal, signe dont on est convenu pour 
donner quelque avis; seing ou signature; marqué où tache 
naturelle de la peau que l’on apporte én naïssant. 

Dér. du lat. Signum, m. sign. 

Signoüs, adj. m. Bois noueux. 

Simbèl, s. m. Appeau, chanterelle : oïsean que les 
oiseleurs mettent dans une cage, dans le voisinage de leurs 
filets, pour attirer d'autres oiseaux ; signe, signal, enseigne. 
Au fig. occasion, cause, sujet. 

Dér. du lat. Symbolum, signe, indice pour avertir: 

Simoüs ou Cimoüs, s. #. La lisière d'une toile, ce qui 
est à la cime, à la partie supérieure d’une pièce de drap on 
de toile ou d’un tissu quelconque; ce qui la borde. 

Dér. de l'ital. Cimossa, dér. du lat. Cima, bout, extrè- 
mité. — Voy. Cur dé camiso. 

Simousso, s. /. Lisière d'un ‘drap de lit. — Fla eoumo 
uno simousso, mou comme de la charpie. 

Mème étym. que Simoüs. — Voy. ©. m. 

Simplardariè, s. /. Badinage, paroles badines, niaiseries, 
bêtises, simplicité. 

Dér. de Simple, niais, idiot. 

Simplardéja, v. Se livrer à des niaiseries, des enfan- 
tillages. 

Dér. de Simple. 

Simplardije ou Simplige, s. m. Nigauderie, bêtise, 
enfantillage. 

Dér. de Simple. — Voy. ©: m 

Simple, s. m. Imbécile, niais, idiot, nigaud, benèt. 

Dér. du lat. Simplex, formé de Sine plicis, sans plis, 
sans arrière pensée. 


610 SIR 


Sinagogo, s. f. Synagogue, temple où s'assemblent les 
juifs pour se livrer à l'exercice de leur culle. Au fig. une 
réunion où tout le monde parle à la fois. où il est impos- 
sible de rien entendre ni de se faire entendre. — © quintb 
sinagogo! Dieu ! quel brouhaha, quel vacarme! 

Du lat. Synagoga, m. sign., dér. du grec Evvaywyf, 
congrégation, assemblée. 

Sinodi ou Sénodi, s. m. Synode, assemblée ecclé- 
siastique catholique où protestante. Au fig. une personne 
très-ennuyeuse, une conversation ennuyeuse, une demande 
importune, une narration assommante. 

Dér. du grec. Züèovos, m. sign. 

Sinna, vw. Signer; apposer sa signature au bas d’une 
lettre, d’un contrat, d’un document écrit. 

Dér. du lat. Signare, fait de Signum, signe, parce que 
jadis on n'écrivait pas son nom, mais un paraphe ou un 
signe, pour toute signature. 

Sinne, s. m. Signature, seing. — Faire soun sinne, 
apposer sa signature. Signe, marque, geste. — Ac 's sinne 
dé plèjo, cela présage la pluie; c’est signe de pluie. Sé fas 
low sinne, fara lou co, situ lèves la main sur moi, je te 
frapperai. Kaïre lou sinne, lever la main ou le bâton pour 
frapper. 

Dér. du lat. Signum, m. sign. 

Sinné, s. m. Le signet d’un livre. Dim. de Sinne. 

Siou, siouno, adj. poss. m. et f. Sien, sienne. — 
Chasquun lou siou, à chacun lesien. Acd ’s siou, cela est à 
lui. Aguél ome és tout siou, cet homme n’est occupé que de 
lui-mème ; c'est un égoïste, il n'aime que lui. 

Dér. du lat. Suus, sua, suum. 

Sioula, v. Pousser ‘un cri aigu et perçant comme 
font les jeunes filles qui folâtrent; glapir en chan- 
tant. 

Dér. du lat. Sibilare, siffler. ; 

Sioule, s. m. Cri aigu et perçant, habituel aux jeunes 
filles qui folètrent. 

Dér. du lat. Sibilus, sifflet. 

Sioune, siouno, adj. poss. m. et f. Sien, sienne, autre 
forme du pr. poss. Siou, dont l'emploi est le même:1— 
Voy. c. m. 

Sioure, s. m. Chène-liège ; écorce du chène-liège: Sorte 
de chêne vert dont l'écorce supérieure se détache-etdont 
on fait des planches de liège dont le tissu léger et spongieux 
est impénétrable à l’eau. On en fait des bouchons, des 
bonées pour les vaisseaux, des chapelets pour les filets, 
des scaphandres pour nager, des semelles intérieures ‘pour 
les chaussures, etc. 

Du lat. Suber, dér. de Sub, parce qu'anciennement 
les femmes en mettaient sous leurs souliers pour se pré- 
server de l'humidité ou pour paraître plus grandes. 

Siro, s. m. Sirop, liquide visqueux ordinairement 
sucré. 

Dér. du lat. Sirupus, m. sign. 

Siroutéja, ». User de sirops, de médicaments sirupeux: 





SOL 


— Sé faï qué siroutéja, il ne fait que se médicamenter 
avec des douceurs. 

Sirvén, s. m. Serviteur, domestique, valet. Nom pr. 
d'homme. 

Dér. du lat, Serviens, m. sign. 

Sirvénto, s. f. Servante, domestique femme. Nom pr. 
de femme. 

Sisampo, s. f. Vent glacial; bise très-froide. 

Si-vous-plè ou Siou-plè, Loc. adverb. S'il vous plait; 
si cela peut vous être agréable. 

Empr. fait au français. 

Sô, soto, adj. m. et f. Sot, solte, sans esprit et sans 
jugement; impertinent. En langage de nourrice un enfant 
qui n'est pas sage. — Sù coumo uno banaslo, coumo un 
paniè. Vodu maï èstre sù qué pignastre, mieux vaut biaiser 
que se raidir, que s’opiniâtrer. 

Dér. du sax. Sot, m. sign. 

Sofio ou Rougéto, s. /. Sauvages la confond avec la 
Rabanénque ou l'Hombre. Crespon en fait le Spirlin, Cypri- 
nus bipunelatus, Linn. Ce poisson, qui ne dépasse guère, 
dans la partie haute du Gardon, une longueur de quinze 
centimètres, atteint dans la partie basse de cette rivière, 
c.-à-d. entre le pont Saint-Nicolas et son confluent avec le 
Rhône, jusqu’à vingt-cinq ou trente centimètres de lon- 
gueur. Il a le dos grisâtre, les côtés d’un brun vert; deux 
rangs de points noirs le long de la ligne latérale qui est 
rouge; ventre blanc et très-brillant, nageoires rougeätres, 
à l’exception de la dorsale qui est verdâtre. Il'est très- 
agile dans ses mouvements et on ne le trouve que dans les 
eaux vives dont le fond est :caillouteux. Ce signalement 
qui légitime très-bien son second nom de Roujéto, s'applique 
à notre Sofio, qui ne serait donc pas l’hombre mais le spirlin: 

Soissanténéja, ». Approcher de la soixantaine, de l’âge 
de soixante ans. 

Dér. de Soissanténo, soixantaine. — Voy. €. m. 

Soissanténo, s. f. Soixantaine; l'âge de soixante ans. 
— Saras la soissanténo? vous devez approcher de la soïxan- 
taine? 

Dér. de Soissanto, soixante. — Voy. ©. m. 

Soïissanto, nom de nomb. Soixante; réunion de six 
dizaines d'unités. 

Solo, s. f. Nom d’une sorte de chaussure à semelles de 
bois, armées de pointes de fer dentelées, qui servent à 
blanchir les châtaignes, à les dépouiller de leur écorce, 
dans quelques cantons des Cévennes; semelle de bas, de 
chausson, semelle de flanelle que l’on met dans les chaus- 
sures. : 

Solo, s. f. Sole commune ou perdrix de mer, Pleuro- 
nectes solea, Linn. Solea vulgaris, Dict. des sc. nat. 
Poisson de l’ordre des Holobranches et de la famille des 
Hétérosomes, à corps dissemblable, que l'on pèche dans la 
Méditerranée et dont la chair est trés-délicate. 

Le nom de la sole lui vient de sa forme plate et allon- 
gée qui la fait ressembler en effet à une semelle. m& 


SOR 


Son, s. ». Somme, sommeil, envie de dormir, — Aï fa : 


un bon son, j'ai fait un bon somme. Lou son m'arapo, le 
sommeil me prend. 
Dér, du lat. Somnus, m. sign. 


Son, son, 
Vène, vène, 
Son, son, 
Vène bon. 

Lou son-son vôou pa véni, 
Lou toto voudriè dourmi. 
Son, son, 

Vène, vène, 
Son, son, 
Vène bon. 


Chant de nourrice qui sert à endormir les jeunes 
enfants. . 

Sono, s. f. Sonnerie, annonce, symptôme, présage. — 
Michanto sono, triste présage, fâcheux symptôme. Se dit 
d'un symptôme avant-coureur d'une grave maladie, de la 
mort, d’une fâcheuse nouvelle. 

Dér. du lat. Sonus, son, bruit, éclat. 

Sôou, s. m. Sol, surface du sol. — Sé ficha dou s6ou, 
se laisser tomber, faire une chüte. Pérdre séou, perdre 
terre. Sé rabala pér lou séou, se rouler à terre. 

Dér. du lat. Solum, m. sign. 

Sôou, s. m.Sou, monnaie autrefois en usage, équivalente 
à la vingtième partie de la livre et valant douze deniers. 
Le sou est aujourd'hui représenté par la pièce de cinq 
centimes. 

Au moyen-âge on comptait par sous d'or ou d'argent, 
dont la valeur était beaucoup plus considérable que celle 
du sou commun. 

Dér. du lat. Solidus, ou sollus, tout, entier, unilé. — 
Poulè coumo un, séou, joli comme un ange; gentil à 
croquer. Brave coumo un sôou, se dit d'un enfant bien 
sage, d’un homme qui a un bon caractère. 

Sôouquo, s. f. Billon, labourage par planches d'une 
largeur arbitraire qui divisent le champ labouré en zones 
longitudinales de largeur à peu près égale et parallèles 
entre elles. 

Sopha, s. m. Sofa, canapé et par extension un fauteuil. 

Dér. du ture qui l'a emprunté de l'arabe Ssofah ou 
Sophah, banc, estrade. 

Sorbo, s. f. Corme ou sorbe; fruit du cormier, qui a des 
qualités astringentes très-prononcées. 

Dér. du lat. Sorbum, m. sign. 

Sore, s. f. Sœur, dans le langage populaire. Fém. de 
fraïre, frère. On dit aussi Sur, qui est un terme plus 


raffiné se rapprochant du français. 


. Dér. du lat. Soror, m. sign. 

Sorgo, s. f. Source. — Tène sorgo, tenir lète où compa- 
gnie à quelqu'un; servir d'interlocuteur, donner la réplique 
à quelqu'un. 





SOU 611 


Sossèio, s. f. Chaussée; nom d'une promenade d'Alais 
qui longe la rive gauche du Gardon à l'arrivée de Nimes 
et d'Uzès, entre le mas de Nègre et le Pont-Vieux. Cette 
promenade, plantée d'une magnifique allée d'ormes, a été 
créée en 4843, avec l'aide des prisonniers russes, qui y 
furent employés. C'est la plus suivie en hiver par les 
babitants d'Alais. — Voy. les Recherches historiques sur 
Alais, p. 366. 

Sou, s. m. Gros billot de bois; grosse pièce d'un tronc 
d'arbre. Billot de cuisine sur lequel on dépèce la viande. 
Billot sur lequel on frappe pour opérer le décorticage des 
châtaignes sèches enfermées dans un sac ouvert des deux 
bouts. — Dourmi coumo un sou, dormir comme ua sabot. 
Pica coumo sus un sou, frapper sans raison, sans discer 
nement. Soucas, augm. de Sou. 

Soubarbo, s. m. Sous-barbe; barbe en collier qui 
encadre le visage. Mode vulgaire, en usage sous la royauté 
de juillet et aujourd'hui à peu près abandonnée, 

Soubéiran, soubéiranno, adj. m. et [., pris quelquefois 
substantivement et employé aussi commenom pr. d'homme. 
Souverain, souveraine; principal, ale; supérieur, eure; 
haut, haute. — La carièiro Soubéirano à Alais, la rue 
haute, la plus rapprochée du château seigneurial. Le 
portail Sobéiran à Collias, la porte principale ou du nord, 
par opposition au portail Sobtéiran, la porte inférieure ou 
du midi. 

A Remoulins, la Soubéirano, quartier de territoire qui 
longe la rive droite du Gardon jusqu'aux limites de 
Fournès et Sernhac et qui devait faire partie du domaine 
royal avant l'acte d'échange du 7 mars 1290, passé entre 
Philippe le Bel et Brémond Il}, d'Uzès. 

Dér. du lat. Superans. 

Soubra, v. Ménager, dispenser, mettre de côté; affran- 
chir, être en excédant. — Soubra dos anèlos, supprimer 
ou laisser sans usage deux anneaux d'une chaine, c.-à-d. 
mettre le point d'attache au troisième anneau à partir de 
l'extrémité de la chaine. — Lou pan y-a soubra, il a eu 
du pain de reste. 

Dér. du lat. Superare. 

Soubrasa, v. Fourgonner, soulever la braise d'un foyer 
pour lui donner de l'air. — Soubrasa sous ésclos, passer 
de la braise et des cendres chaudes dans l'intérieur des 
sabots pour en chasser l'humidité ou leur donner un peu 
plus de chaleur. 

Soubre-jour, s. m. comp. La seconde moitié du jour, 
la portion de la journée comprise entre midi et le coucher 
du soleil. 

Soubre-sémmano, s. f. comp. La seconde moitié de la 
semaine comprise entre le jeudi et le dimanche suivant ; 
par extension un jour de la semaine autre que le dimanche 
ou le lundi. 

Soubros, s. f. plur. Restes, excédants, reliefs d'un 
repas ou de ce qui a été servi à un convive qui n'a point 
achevé de manger. ‘ 


612 SOU 

Soucaras, s. m. Augm. de Soù. Grosse souche de bois; 
billot de grosse dimension. 

Dér. de So. 

Soucarèl, s. m. Champignon du genre des Agarics, qui 
vient par touffes sur les souches des arbres morts. Les 
meilleurs sont ceux qui croissent sur les souches de peu- 
pliers, de müriers ou de chènes verts. — Un fricù dé sou- 
carèls, un ragoût de champignons. 

Dér. de Soù, tronc d’arbre ou billot. 

Souci, s. m. Souci, souci des jardins, Calendula offici- 
nalis, Linn., plante de la famille des Composées corym- 
biféres; souci sauvage, souci des champs, Calendula 
arvensis, Linn. Souci, peine, chagrin, préoccupation. — 
N'agués pa soucè, ne vous préoccupez pas de cela. Aÿ bièn 
dé soucè, je suis bien inquiet. 

Dér. du lat. Solisequium, Solsequium, fait de Sol, soleil, 
et de Sequi, suivre, parce que sa fleur, comme celle du 
tournesol, suit le cours du soleil. 

Souci (San), s. m. comp. Homme imprévoyant; qui ne 
se préoccupe de rien de sérieux. Quinte san souci! quel 
homme indifférent ! 

Soucianço, s. f. Souci, inquiétude, préoccupation. 

Dér, de Souci. — Voy. ©. m. 

Soucianço (Én), loc. adv. En repos, tranquillement, 
sans se remuer. — És toujour én soucianço, il vit tran- 
quillement, sans travailler, sans préoccupation. 

Cette locution nous paraît être une altération du mot 
Insouciango, dér. du fr. insouciance. 

Soucita (Sé), v. pr. Se soucier, s'intéresser à quelque 
chose. — Mé n’én soucite pas, cela m'est indifférent; je ne 
m'en soucie pas. 

Dér. de Souci. 

Souçoun, s. "”. Soupçon, pressentiment, opinion désa- 
vantageuse sur quelqu'un où quelque chose, mais sans 
complète certitude. 

Dér. du lat. Suspicio, m. sign. 

Souçouna, v. Soupçonner, avoir une opinion désavan- 
tageuse mais dubitative. 

Dér. de Souçgoun, soupçon. 

Soudado, s. f. Famille de cochons; compagnie de porcs 
réunis dans la mème étable. — Aï céous) low pu bèl dé la 
soudado, j'ai choisi le plus bel échantillon du troupeau. 

Sou-dis, loc. adv. affirmat. Terme parasite qui revient 
irès-souvent dans la bouche des hommes du peuple, 
dans une narration. — Digué, sou-dis, il dit (dit-il). 
C’est le qui dit des troupiers. Sou-diguë, sou-disiè sont des 
formes de la même locution 

Sou-faï, loc. adv. affirmat. analogue à la précédente et 
qui s'emploie dans le mème sens. — Sou-faguè, sou-fasiè, 
sont des formes de la mème locution. 

Soufra, v. Soufrer, mettre du soufre; brûler une mèche 
soufrée dans une futaille; soufrer une vigne pour la pré- 
server ou la guérir de l’oïdium. 

Dér. de Soufre, soufre. 





SOU 


Souîfraje, s. m. Soufrage, action de soufrer, soufrer une 
futaille; soufrage d’une vigne pour la préserver ou la sur 
de l’oïdium. À 

Dér. de Soufre, soufre. 

Soufre, s. m. Soufre, substance non métallique que l’on 
trouve dans le voisinage des volcans, tantôt cristallisée en 
octaèdres, tantôt et le plus souvent en masses amorphes 
ou en poussière fine comme dans les solfatares. Cette 
substance est employée à une foule d’usages. 

Dér. du lat. Sulfur, m. sign. 

Soufri, v. Souffrir, pâtir, ressentir de la douleur ; endu- 
rer, supporter; languir, patienter. — Podou pa sé soufri, 
ils ne peuvent se supporter, vivre ensemble. Pode pa mé sou- 
frè din moun oustdou, je ne puis rester dans ma maison. 
Soufris-té, reste tranquille, sois moins turbulent, se dit à 
un jeune enfant qui ne peut rester en place. 

Dér. du lat. Sufferre, formé de Swb, par-dessus, et de 
Ferre, porter. 

Sougna, vw. Soigner, avoir soin de quelqu'un ou de 
quelque chose ; travailler, traiter avec soin, avec sollicitude. 
— Sougna-vous bé, prenez soin de votre santé. 

Soui, pr. pers. du pr. de l’ind. du v. Éstre, je suis. — 
Souï roustà, je suis un homme perdu, je suis bien malade. 

Dér. du lat. Sum, m. sign. 

Souïar, souïardo, s. »,. et f. Homme malpropre, 
crasseux ; un souillon, une servante malpropre. 

Souïardo, s. f. Petit cabinet ordinairement dépendant 
de la cuisine et ‘spécialement affecté au lavage de la 
vaisselle. 

Souiè, s. m. Soulier, chaussure en cuir, — Préne la 
voituro dé moussu souïè, faire une route à pied. Souïe, n 
pr. d'homme et de lieu. 

Dér. du lat. Solea, semelle, ou de Solum, sol, parce que 
la chaussure appuie sur le sol. 

Souiro, s. f. Une truie. Au fig. une femme de mauvaise 
vie, une souillon. 

Péj. Souirasso. 

Dér. du lat. Suillus, suilla, qui tient du cochon. 

Soul, oulo, adj. m. et f. Seul, seule. Dim. soulé, sou- 
léto, seulet, seulette; solitaire, isolé. — Manjo soun pan 
soul, il mange du pain seulement, Un gousto-soul, un 
sournois, un égoïste, un misanthrope. 

Dér. du lat. Solus, seul. 

Soulado, s. f. Jonchée d'herbes ou de fruits. — Uno 
soulado dé garbos, une jonchée de gerbes, une airée. On 
dit aussi un couvèr-sdou, un sol couvert. 

Dér. du lat. Solum, sol. 

Soulaïrôou, s. m. Lieu exposé au soleil, galerie abritée 
et exposée au midi, cagnard, abri où l'on prend le soleil; 
n. pr. d’hômme. On dit aussi Souréiadoù. 

Dér. du bas lat. Solarium, qui désignait un plancher 
d'appartement. Le solarium invanatum était un étendoir, 
un belvédère, une terrasse couverte au haut d’une maison. 
— Voy. aussi Courédoù. 








SOU 


Sou-lâäoupio, s. f. Abri formé par un auvent qui 
s'avance en saillie sur une façade de maison. 

Une /doupio ou laupie n'est autre chose qu'un auvent. 
La sou-léoupio, c'est le dessous d'un auvent, la portion du 
sol que l’auvent abrite. 

Soulas, s. m. Soulagement, consolation, aide, protection. 
— Faire soulas, tenir compagnie dans une circonstance 
difficile, triste où pénible. 

Dér. du lat. Solatium, consolation, soulagement. 

Soulda, s. m. Soldat, militaire, homme de guerre. — 
Siès un bon soulda, lu es courageux, tu ne crains pas bruit. 

Dér: du lat. Solidum, paye, solde, parce que dans l'ori- 
gine la paie était d'un sol. 

Souldato, s. »”. Femme d'un soldat: virago; femme à 
” allures masculines. — Acd's uno souldato, c'est une Mar- 
phise. 

Dér. ile Soulda. 

Soulédre, s. m. Le vent d'ouest; le vent dont la 
direction se déplace avec le cours du soleil et qui est occa- 
sionné par la raréfaction que cet astre produit dans l'air. 
© Dér. du lat, Sol, soleil. 

Soulénguo, s. ”. Le filet ou frein de la langue; mem- 
brane placée au-dessous de la langue et qui la régit. Son 
développement anormal occasionne une difficulté plus ou 
moins grande dans l'articulation des consonnes; on peut 
atténuer ce défaut par une incision convenable. — F-an 
bièn coupa lou soulénguo, il a le filet bien coupé, dit-on 
d'un bavard. 

Souloumbra (Dé), v. pr. Se mettre à l'ombre ou à 
l'abri du soleil. 

Dér. du lat. Subtus umbram. 

Soumia, v. Sommeiller, roupiller, être assoupi, dormir 
d'un sommeil léger. 

Dér. du lat. Somnus, sommeil. 

Soumiaÿe, s. m. Demi-sommeil, somnolence, sommeil 
léger. © 

Dér. du lat. Somnus, sommeil. 

Soumousta, s. m. Surmoüt, vin tiré de la cuve sans 
être cuvé ni pressé. On donne aussi ce nom au vin fait 
avecle moùt séparé de la grappe et du raisin, sorte de tocane. 

Le vin de Tavel est fabriqué par ce procédé. 

Soun, s. m. Le bout, l'extrémité, le fond de quelque 
chose. — Aou soun ddou pous, au fond du puits. Aou soun 
dé la carrièiro, au bout de la rue. 

Dèér. du lat. Summum, m. sign. 

Soun, pr. poss. m. Son, au fém. Sa et au plur. Sous et 
Sas. — Coumo faï soun fièr! comme il est fier! Coumo 
faï soun ome! comme il fait l'important!, 

Dér. du lat. Suus, sua, suum. 

Souna, v. Appeler, sonner, rendre un son. — La mésso 
sono, la messe sonne. Mé sounarès én passant, VOus 
m'appellerez en passant. L'aï souna, m'a pa réspoundu, je 
l'ai appelé, il ne m'a pas répondu. 

Dér. du lat. Sonare, m. sign. 





SOU 613 


Sounado, s. / Coup de cloche, sonnerie, — La daridtro 
sounado, le dernier coup de cloche, le dernier appel de 
cloche. 

Dér, de Souna, sonner. 

Sounaia, v. Sonner, agiter des cloches ou des sonnettes 
d'une manière continue et ennuyeuse, 

Dér. de Souna, sonner. 

Sounaio, s. /. Sonnaille, clochette au son sourd, que les 
bergers suspendent au cou de leurs moutons, ânes où 
chèvres. 

Dér. de Soun, son. 

Sounaire, s. m. Sonneur, celui qui est chargé de sonner 
les cloches. 

Dér. de Soun, son. 

Sounariè, s. f. Sonnerie, le bruit des cloches, le son 
simultané de plusieurs cloches mises en branle. 

Dér. de Soun, son. 

Sounal, s. m. Clocher, tour élevée dans laquelle sont 
suspendues des cloches. 

Dér. de Soun, son. 

Souncù ou Sounquo, adv. Excepté cela. — Dégus n'és 
pa cdouso d'aqud souncù tus, personne n'est cause de cela 
si ce n’est loi. Séra pa d'iudi ni déman, souncù divéndre, 
ce ne sera ni aujourd'hui ni demain, mais après-de- 
main. 

Souné, s. m. Sifllet en os ou en métal avec lequel on 
imite le cri ou le chant d'un oiseau; et par extension, 
appeau, chanterelle; oiseau que les oiseleurs mettent dans 
une cage près de leurs filets et qui attire par son chant 
d’autres oiseaux. — Voy. Simbèl. 

Sounglé, s. m. Un grapillon, une petite portion d'une 
grappe de raisin, brin que l'on en détache. — N'én'wole 
pa qu'un sounglé, je n'en veux qu'un brin, un grapillon. 

Dér. de Soun, bout. Sounglé, petit bout. 

Sounja, v. Rèver, penser, réfléchir. — Sé sounÿa, 
penser, avoir la pensée. Mé sounjave, je me disais. Mé 
souï sounja, j'ai pensé, j'ai réfléchi. 

Dér. du lat. Somniare, faire des songes. 

Sounlèou, s. m. Nausée, envie de vomir, répugnance, 
dégoût. — Acù mé dono lou sounlèou, cela me soulève le 
cœur, me donne des nausées. 

Sounléva. v. Soulever, exhausser, exciter l'indignation, 
soulever le cœur, faire éprouver du dégoût. 

Dér. du lat. Sublevare, m. sign. 

Sounquo, adv. Excepté, sauf. — Voy. Souncè. 

Soupa, s. "=. Souper; le dernier repas du jour, le repas 
du soir. 

Dér. de Soupo, soupe, parce qu'on mange habituellement 
la soupe le soir. 

Soupa, v. Souper, prendre le repas du soir. — Avèn 
soupa, nous AVONS SOUPÉ; un soupo sans lun, un avare. 

Soupéto, s. f. Dim. de Soupo, soupe; bouillie, soupe 
légère que l'on prépare pour les enfants et pour les malades 
ou les convalescents. 


LL 


ül14 SOU 


Soupièiro, s. f. Soupière, sorte de plat profond et orné 
d’un couvercle, dans lequel on sert la soupe, le potage. 

Dér. de Soupo. 

Soupiè, èro, s. m. et f. Mangeur de soupe; celui ou 
celle qui en mange volontiers, beaucoup et souvent. 

Dér. de Soupo. — Voy. C. In. 

Souplè (A), loc. adv. A l'abri, à couvert. — Sèn à 
souple, nous sommes à l'abri. 

Littéral. Soust-plèjo, à l'abri de la pluie. 

Soupléja (Sé), v. pr. Se mettre à l'abri de la pluie. 

Dér. de Sou-plèjo, à l'abri de la pluie. 

Soupo, s. /. Soupe ou potage, ordinairement composé 
de tranches de pain minces trempées dans un bouillon 
gras ou maigre. — Soupo coufido, soupe mitounée. Soupo 
liso, potage sans garniture. Soupo dé maldoute, potage de 
santé. Tuïa la soupo, dresser le potage. 

Dér. du celt. Soub, ou de l’anglo-saxon Suplen, tremper 
dans le bouillon ou dans un liquide quelconque. 

Souquado, s. f. Ce qu'un cep de vigne porle de raisins. 

Dér. de Souquo, souche. 

Souqué, s. ”. Le surplus, la bonne-mesure, la réjouis- 
sance, le comble, ce qui est en dehors de la ligne de 
compte. — Voy. Chiqué. 

Souquo, s. f. Souche, cep de vigne. — Souquo dé pisaïre, 
billot sur lequel on bat les châtaignes. 

Sour, Sourdo, s. m. èt f. Sourd, sourde; atteint de 
surdité; qui n'entend pas bien, ou n’entend pas du tout. 
Au fig. qui a l'air de ne pas entendre, qui n’obéit pas. 

Dér. du lat. Surdus, sombre, confus. qui ne peut être 
perçu. 

Sour, Sourno, adj. m. et f. Noir, obscur, sombre, 
ténébreux. 

La grotte de la Baume, située dans la commune de 
Sanilhac, sur la rive gauche du Gardon, porte le nom de 
Béoumo sourno, grotte sombre. 

Sourbiè, s. m. Cormier, arbre fruitier qui produit des 
cormes, appelées Sorbo en lauguedocien. 

Sourbièiro, s. ». Champ planté de cormiers. 

Dér. de Sourbiè, cormier. 

Sourciè, s. #1. Sorcier, magicien, devin. 

Ce terme peut venir de la bass. lat. Sortiarius, ou pent- 
ètre de Suurço, source, parce que l'on donne ce nom aux 
bydroscopes ou chercheurs de sources. 

Sourdaras, s. m. Péj. de Sour, sourd; celui qui est 
très-sourd ; qui n'entend absolument rien de ce qu'on lui 
dit. 

Sourdije, s. #”. Surdité, privation plus ou moins com - 
plète du sens de l’oure. 

Dér. du lat. Surdilus, m. sign. 

Souréia, ado, adj. m. et f. Hälé, noirci, brülé par le 
hâle. — Sé souréia, V. pr. prendre le soleil, s’exposer, 
se chauffer au soleil. On dit proverbialement : Qué pér 
Caléndos sé souréio, pèr Pascos crémara sa légno, celui qui 
prend le soleil pour la Noël, est souvent obligé de se 





SOU 


chauffer à Pâques. C’est le proverbe français : € Noël a son 
pignon et Paques son tison. » 

Dér. de Sourél, soleil : 

Souréiado, s. /. Rayons de soleil: action plus ou moins 
prolongée des rayons du soleil; exposition aux rayons du 
soleil. — Préne uno bono souréiudo, s'exposer longuement 
au soleil. Au fig. Y manco pas uno souréialo, se dit. d'une 
personne qui, malgré sa jeunesse, a beaucoup de présence 
d'esprit, de bon sens et de raison. Faï uno souréïalo, il fait 
une éclaircie à travers les nuages dont le ciel est couvert. 

Dér. de Sourél, soleil, 

Souréiadoù, s. m. Un étendoir, une galerie abritée et 
exposée en plein midi; abri où l'on prend le soleil. On dit 
aussi Soulaïrdou. — Voy. CG. m. 

Souréian, s. m. La chaleur du soleil; un endroit où 
celte chaleur se concentre plus particulièrement. — Se 
mélre dou souréian, S'exposer aux rayons du soleil. 

Dér. de Sourél, soleil. 

Sourél, s. m. Le soleil, astre lumineux qui éclaire le 
monde et dont la présence sur l'horizon constitue le: jour. 
— Faï bon sourél, le soleil est ardent. Lou sourél nouris 
tout, le soleil féconde tout. Préne lou sourél, s'exposer aux 
rayons du soleil. Au fig. Arampa'n co dé sourél, axoir 
un peu trop bu; se griser. ; 

Dér. du lat. Sol, solus, seul, unique au monde, sa 
splendeur effaçant celle de tous les autres astres. 

Sourti, v. Sortir, passer du dedans au dehors: être issu ; 
commencer à sortir de terre en parlant des semences, lever, 
pousser, germer., — L'an sourtè dé soun oustéou, on Va 
dépossédé de ses biens. Las boucos m'an sourti, mes lèvres 
se sont enflées. 

Dér. du lat. Sortire, tirer au sort. 

Sourtido, s. f. Sortie, issue, — Aquél oustéou a dos 
sourtidos, cetle maison a deux issues. La sourtido dé 
véspro, dé l'assémblado, la sortie des vèpres, de l'assemblée, 
du prèche. 

Dér. de Sourti, sortir. 

Souscava, v. Creuseren dessous, miner, sonder, prendre 
en sous-œuvre, Au fig. sonder la pensée d'une personne, 
tâcher de lui arracher des aveux. 

Dér. du lat. Subtus cavare, creuser en dessous. 

Souspésa, v. Soupeser, lever un fardeau avec la main 
et le soutenir pour juger de son poils et l’évaluer approxi- 
mativement. 

Sousqua, v. Sangloter, pousser des soupirs; soufiler, 
ranimer le feu. 

Sousta, v. Épargner, pardonner, épauler, soutenir. — 
Pér uno fés, té souste, pour une fois, je te pardonne, je 
l’excuse. 

Dér. du lat. Subtus stare. 

Souste, s. m. Soutenu, garanti, abrité. — Sou souste, 
je suis gardé, terme de jeu de cartes qui signifie que l’on . 
est gardé sur une carte élevée soutenue par d'autres cartes 
de même couleur. 











—— 


SOU 


Soustélo, a/ÿ. m. el n. pr. d'homme et de lieu. Subtil, 
fin, dissimulé, rusé. Ce nom a été sans doute donné au 
lieu de Soustelle, près d Alais, parce que cette localité 
se trouve située dans une vallée retiré”, cachée, dissimulée, 
Le ruisseau torreutiel appelé le Rieusset, qui suit le fond de 
celle vallée, est un affluent du Galeizon. Cette commune 
est du reste composée de plusieurs hameaux dispersés, 
dont les noms suivent : 4° Le château de Soustelle et l'église 
Saint-Pierre; 2 Périès; 3° Peyraube; 4° Vammale; 
59 Olympie; 69 Le mas-Rôou; 7° Camp-Figoux: 8° Ar- 
bousses; 9° Bougères; 40° La Grave; 41° Le Soulier; 
420 La Croix-des-vents. 

Soustène, vw. Soutenir, prèter appui, étayer. Au fig. 
affirmer, — Sé soustène, se maintenir, se conserver. 

Dér. du lat. Sustinere. 

Soustéra, v. Recouvrir de terre, enfouir, enterrer. Se 
dit des animaux morts que l'on enfouit dans la terre. 

Dér. du lat. Subtus terra. 

Soustièn, s. m: Soulien, étai, appui, défenseur. — 
Soustièn dé famio, soutien de famille. 

Dér. du lat. Sustentatio, m. sign. 

Soustira, v. Soulirer, transvaser. 

Sousto, s. f. Crédit: — Préne à la sousto, prendre à 
crédit ; mais aujourd'hui on dit plus habituellement : préne à 
crèdi. Soustos au plur., corde à garrotter qui fait partie d’un 
agrès de bât de mulet. 

Soustre ! inter. Juron adouci employé à la place d'un 
mot plus grossier. 

Soustréja, v. Prononcer des paroles grossières telles que 
lejuron dont il est parlé à l'article précédent. 

Dr. de Soustre. 

Souta, v. Terme de vigneron; couder un avantin, faire 
des” provins, recourber un sarment de vigne que l'on 
couche dans la terre pour qu'il prenne racine. On appelle 
aussi cette opération faire de cabus. — Voy. Cabus, Cabussa 
et Cros. 

Soutièiro, $. . Un silo, une conserve, une cache à 
chataignes; "marrons où autres productions de la terre. 

Dir. par allérat. de Soutéro, sous-terre. 

Soutisiè, èiro. s. m. et f. employé aussi adjectivement. 
Celui ou celle qui injurie ou insulte habituellement ; celui ou 
cellequi tient des propos grossiers, inconvenants, obscènies. 

Dér, de Soutiso, sottise. 

Soutiso, s. f. Injure, insulte, tort, préjudice; paroles 
grossières. 

Souvén, alv, Souvent, fréquemment. 

Dér. du lat, Sæpe où Subinde. 

Souvénénço, s. f. Souvenir, souvenance. — N'a sou- 
vénénço, je me le rappelle, j'en ai gardé le souvenir. 

Souvéni (Sé), ». pr. Se souvenir, se rappeler. — M'én 
souvêne, je me le rappelle. Véoutres, vous én souvèngue, 
je vons prends à témoin. 

Souvéntos-fés, adv. Souvent, bien souvent, plusieurs 
fois. — Voy. Souvén. 





SUR 615 


Su, s. m. Le devant de la tête, la région frontale ou 
coronale du crâne. 

Dér. du grec Yuy#, âme, esprit, sens, raison. 

Sup, supo, s. m. el [. Myope, celui qui a la vue courte 
et ne voit distinctément les objets qu'avec des lunettes à 
verre bi coneave. 

Subre-cièl, s. m. comp. Ciel de lit; dais dressé au- 
dessus du lit dans une chambre de parade. 

Subredén, s. m. Surdeut, s. /. Dent surauméraire qui 
pousse hors de la ligne des autres dentset s'éloigne plus ou 
moins de l'arcade alvéolaire. 

Dér. du lat. Super, sur, et Dens, dent. 

Suça, v. Sucer, aspirer un liquide avec les lèvres, 
dissoudre dans la bouche certaines substances fondantes 
telles que les sucreries, la réglisse, les gommes, elc.; 
gruger, pressurer, 

Dér. du lat. Sugere, m. sign. 

Sucé, s. m. Hochet des enfants qu'ils portent fréquem- 
ment à la bouche. 

Dér. de Suya, sucer. 

Sucra, v. Sucrer, mettre du sucre dans un liquide ou 
un mets, saupoudrer avec du sucre. — Suera-vous, prenez 
du sucre. 

Dér. de Sucre, sucre. 

Sucre, s. m. Sucre, substance extraite des végétaux et 


. qui possède une saveur particulière à laquelle elle donne 


son nom. Cette substance est soluble dans l'eau et est 
employée dans une foule de préparations domestiques ou mé- 
dicales et dans la confection des sirops et des liqueurs douces. 

Dér. du lat. Saccharum dont la racine vient du sanscrit 
Schakar. : 

Sugo-man, s. m. comp. Essuie-mains, pièce de linge ou 
serviette dont on se sert pour essuyÿer les mains après les 
avoir lavées. 

Suito, s. f. Chouette-effraie, — Voy. Béou-l'oli, 

Sujè, s. m. Sujet, motif; personne, individu. — N'avés 
pa sujè dé faïre acd, vous n'avez aucun motif de faire cela. 
— Michan sujè, mauvais sujet, polisson. 

Sujo, s. /. Suie, matière noire plus ou moins dure ou 
épaisse que la fumée dépose dans les tuyaux de cheminée. 

Dér. du celt. Suga. 

Surje, s. m. Suint, sueur huileuse qui transpire de Ja 
peau des bêtes à laine. — Sénti lou surje, avoir l'odeur 
du suint. Lano surjo, laine non lavée, prise dans son état 
naturel, laine en suint à laquelle on attribue de grandes 
vertus résolutives, parmi le peuple. 

Surjé. s. m. Surget, terme de couturière ; sorte de cou- 
ture qui se fait en tenant les deux étoffes qui doivent être 
jointes, appliquées l'une sur l’autre, bord à bord, de 
manière à les traverser toutes deux à chaque point 
d'aiguille. 

Surjén, s. m. Eau qui jaillit du sol sur un plan hori- 
zontal et recouvre la surface environnante. 

Dér. du lat. Surgere, m. sign. 


616 SUS 

Surmounta, v. Surmonter, s'élever au-dessus, franchir. 
Au fig. venir à bout, vaincre, dompter. — Sé surmountu, 
se surmonter, se vaincre soi-même. 

Sur-qué-tout, adv. Par dessus tout, au-dessus de tout. 

Surtout, adv. Surtout, principalement, par dessus tout, 

Sus, prép. Sur, dessus; on dit aussi Désus, locut. prép. 
qui a la mème signification. 

Dér. du lat. Susum et Sursum. 

Susa, v. Suer, rendre par les pores de la peau le liquide 
désigné sous le nom de sueur; suinter en parlant des corps 
inanimés; travailler beaucoup, se donner de la peine. — 
Aquél carcul m'a fa susa, ce problème m'a donné beaucoup 
de peine à résoudre. Susa trés cumisos, tremper de sueur 
trois chemises. 

Dér. du lat. Sudare. 

Susa-l'ancro, v. Éprouver beaucoup de résistance, avoir 
grand'peine. — Faïre susa l'anero, donner du fil à retordre, 

Susaïre, s. m. Celui qui sue facilement; par ironie et 
antiphrase, un fainéant, un paresseux. — Quinte susaïre/ 
quel fainéant! N'és pas un fort susaïre, ce n’est pas un 
fort travailleur. 





SUV 

Suscle, s. m. Petit poisson méditerranéen; mendole 
(Mæna). — Voy. Cagarèl et Picarèl. 

Susari, s. m. Suaire, linceul dans lequel on ensevelit un 
mort. — Bouta dou susari, ensevelir, envelopper un mort 
d’un linceul. 

Susoù, s. /. Sueur, odeur de gousset. 

Susoun, s. /. Nom pr. de femme. Suzon, dim. de Suzanne. 

Susourléja, v. Suer légèrement et d'une manière con: 
tinue, suotter. 

Suspréne, v. Surprendre, prendre sur le fait; tromper, 
abuser, étonner, attaquer par surprise. Au fig. un mets 
qui a été saisi, c.-à-d. dont la partie superficielle a été 
attaquée par un feu trop vif. Se dit surtout du pain mis 
dans un four trop chauffé et qui est brûlé à la surface 
tandis que l’intérieur manque de cuisson. — L'èr m'a 
susprés, l'air frais m'a saisi. 

Suta, v. Exciter, hâter, pousser, harceler, faire dépêcher, 
diligenter. 

Suvi, v. Suivre, accompagner, escorter, aller à la suite 
de quelqu'un ou de quelque chose; parcourir une route. Se 
dit des animaux qui sont en rüt. , 

Dér. du lat. Sequi, suivre. 


T 


TAB 

T, seizième consonne et vingtième lettre de l'alphabet, 
Elle a été employée dans l'antiquité au lieu du C ou du D 
et de l'L; comme lettre numérale, T vaut 460, et avec une 
ligne au-dessus 460.000. 

Ta, s. m. Bouchon de liége ou autres substances, telles 
que le bois, le verre, etc. 

Ta, adj poss. f. Ta. — Ta fénno, ta femme. 

Dér. du lat. Tua. 

Taba, s. m. Tabac, Petun nicotiane, herbe du grand 
prieur, herbe de la reine (Wicotiana tabacum Linn.), plante 
de la famille des Solanées, originaire de l'Amérique  méri - 
dionale et cultivée en France depuis 4559, époque à 
laquelle Jean Nicot, ambassadeur de France en Portugal, 
la présenta à la reine Catherine de Médicis, après l'avoir 
lui-même reçue d'un Flamand qui arrivait de la Floride. 
Son nom lui vient de Tabaco ou Tabago, contrée du littoral 
de la mer des Antilles où les Espagnols le trouvèrent pour 
la première fois. — Y-a dé taba! il y a du grabuge! 

Taban, s. m. Taon (Tabanus), sorte de mouche trés- 
grosse, à deux ailes de couleur ordinairement sombre, qui 
s’acharne sur les chevaux, les bœufs, etc., pour sucér leur 
sang et dont la piqüre est si aiguë et si douloureuse qu'elle 
va jusqu’à les rendre furieux. Ce nom de Taban se donne 
aussi par extension à une foule d’autres insectes, tels que 
certains coléoptères qui sortent au crépuscule et à d’autres 
grosses mouches au corps velu, au vol bruyant, parmi 





TAB e. 


lesquelles on peut citer le Bourdon. — Taban-mérdancié, 
scarabée stercoraire, Scarabœus stercorarius, Linn. 

Dér. du lat. Tabanus. 

Tabanéja, v. Ne s'emploie qu'au figuré avec la signifi- 
cation de s’agiter dans le vide, sans but préconçu, à seule 
fin de se donner un mouvement inutile. Se dit en parlant 
d’un tâtillon, de celui qui a la prétention de toucher à 
tout, et surtout à des choses qui lui sont étrangères. 

Dér. de Taban. : 

Tabatéja, v. Prendre fréquemment du tabac à priser; 
priser constamment et par manie; avoir sans cesse recours 
à la tabatière. 

Dér. de Taba, tabac. 

Tabatéjaïre, s. m. Celui qui a sans cesse la tabatière à 
la main. 

Tabé, També ou Atabé, adv. Aussi, aussi bien, tout de 
même. — Tabé ou faraï, tout de mème je ferai cela. 
Toujour y sèrco nouëso, tabé soun pas ami, il lui cherche 
toujours querelle, aussi sont-ils loin de s'entendre. 

Tabo, interj. Cri de guerre des écoliers qui se battent à 
la fronde ou à coups de poings. 


Voui, tabù pér lou vièl Alais! 
Tab dé léngo amaï dé floundo ! 


(LAFARE-ALAIS, Las Castagnados. — Rocho et Plagnéou, 
2° édit. p. 227.) 








TAC 


SAuUvAGES fait venir celle expression par corruption de 
Tèn bù! tiens bon ! ne lâche pas. 

« Je serais tenté, dit Larare (Las Castagnados, Notes, 
p. 389), de chercher une autre étymologie au mot Tabè. En 
latin, Tabes où tabum, qui fait au datif et à l'ablatif tabo, 
signifie ce sang épais et noir qui s'échappe à flots des 
blessures et forme des ares sur le champ de carnage. 
Pourquoi ne serait-ce pas là l’origine de notre Tabè/ vrai 
cri de guerre el de sang, alors ; mais, dans ce cas, il aurait 
pris naissance à une époque où la guerre était une vérité 
et ce ne seraient point des enfants qui l'auraient poussé les 
premiers. » 

Tabôsi, s. m. Nain, avorton, personnage de taille 
exiguë. 

Dim. de Ta, bouchon. 

Tabouiïé, s. m. Un courtaud, un petit ragot. 

Din. de Ta, bouchon. 

Tacha, v. Tàcher, s'efforcer de faire. — Tacha mouïèn, 
faire en sorte; garnir de clous à tête large, appelés tacho, 
des semelles de souliers ou de sabots. 

Dér. du lat. Satagere, s'empresser. 

Tachaïre, adj: Celui qui fabrique des clous à tête large 
appelés tacho dont on garnit les semelles de gros souliers. 

Dér. de Tacho. 

Tacha-mouïèn, faire en sorte. — Voy. Tacha. 

Tacho, s. f. Clou à large tête dont on garnit la semelle 
des souliers de fatigue. Ces sortes de clous sont désignés 
dans le commerce sous le nom de pastres, parce que les 
bergers où pâtres en font un grand usage. 

Dér. du celt. Tach, clou. — Faïre dé tacho, claquer des 
dents en grelottant de froid. Rire coumo uno tacho, com- 
paraison extravagante, amphigourique, du nombre de celles 
qui ont la prétention d'être d'autant plus expressives 
qu’elles ont moins de sens. Le languedocien n'est pas le 
seul à les affectionner, à les inventer; d'autres langues en 
font sans doute de même, et le français ne dit-il pas, entre 
autres choses, s'amuser comme un croùton de pain derrière 
une malle? A force de se griser de mots incohérents, on 
s’imagine mieux exprimer sa pensée et l’on éblouit son 
monde; et le fait est que la chose finit par être reçue pour 
valable. La preuve qu'il en est ainsi, et que si l'on dit 
quelque chose c'est justement le contraire de ce qu'on 
devrait dire, la voici : Rire coumo uno tacho est bien pris 
affirmativement; c’est rire de bon cœur, à montrer sa 
dernière dent, mais sans cacalas, sans éclats, de ce rire 
muet du trappeur de Cooper, devenu légendaire. Et que 
peut-il y avoir de moins gai, de moins disposé à rire qu'un 
clou de soulier, tacho, assommé pour entrer dans la 
semelle, foulé aux pieds, écrasé sous le poids du corps, 
trainé dans la boue? En le supposant animé, ce serait l'être 
le plus malheureux de la création. Cette fois, on dit done 
bien réellement le contraire de ce qu'il faudrait. 

Tachou, s. m. Dim. de Tacho (Voy. ©. m.). Petit clou 
court et à tête élargie. 





TAI 617 


Ta-d'houïèiro, s. m, Bouchon en verre qui sert à hon- 
cher un huilier; littéralement bouchon d'huilier. 

Tafanäri, s. m. Le derrière, les fesses et plus parti- 
culiérement l'anus. 

S'il faut en croire Honnorat, ce mot dériverait du grec 
Tagos, anus. Nous lui laissons la responsabilité de cette 
aflirmation que rien ne semble justifier.” 

Tafatas, s. m. Tafletas, éloffe de soie tissue comme la 
toile; c'est l'étoffe nommée cendal chez les ancisns ; ono- 
matopée imitant le bruit produit par le froissement de 
cette éloffe. 

Tafatassaire, s. m. Tafetassier, fabricant de taffetas. 

Dér. de Tafatas, taffetas. On dit aussi Tafataire. 

Tafo, s. f. Éclat, blancheur de la neige. — Blan coumo 
la tafo dé la nèvu, blanc comme neige. 

Tafura, v. Fureter, chercher minutieusement avec un 
sentiment de curiosité. 

Tafuraïre, s. m. Fureteur, celui qui cherche avec 
curiosité et persévérance ; esprit curieux et investigateur. 

Taï, s. m. Blaireau, Taisson, Taæus ou Melos. Cet 
animal est assez commun dans nos pays; il offre une sin- 
gularité : son pelage est d'un gris brun à la surface et noir 
en dessous, ce qui est l'inverse de ce que l'on remarque 
chez presque tous les autres animaux. Le Blaireau est 
solitaire, défiant, paresseux, passant les trois-quarts de sa 
vie dans son terrier, dont il ne sort guère que la nuit; 
mais il s'en écarte peu, car il a les jambes trop courtes 
pour fuir le danger, s'il se présentait loin de son refuge. 
Tout cela fait douter qu'il fasse chère vie et qu'il puisse 
s’engraisser à devenir un type d'obésité comme le suppose le 
dicton languedocien : Gras coumo un tai. Ceci s'explique : 
autrefois les charlatans avaient mis en très-grande vogue, 
comme panacée, la graisse de blaireau; ils en vendaient 
considérablement, et il fallait bien supposer que l'animal 
qui en fournissait tant était bien gras; seulement les 
badauds achetaient de toute autre graisse, qui était 
également bonne, et c'est ainsi que se font les réputa- 
tions. 

Taïa, v. Tailler, inciser, couper, séparer, diviser; 
donner une forme convenable, enlever à un arbre les 
rameaux inutiles; limiter ce qu'on doit faire, tailler la 
besogne ; faire une incision à la vessie pour en retirer la 
pierre. — Sé taïa, s'entailler, se faire une entaille avec un 
instrament tranchant. 

Dér. du lat. Talea, taille. 

Taïan, s. m. Tranchant des oatils. 

Taïado, s. f. Taillis, bois taillis mis en coupes réglées ; 
bois qui commence à repousser. 

Taïaduro, s. f. Coupure, entaille, balafre, estafilade. 

Taio, s. f. Taille, coupe, action de couper, de tailler les 
arbres, les pierres, etc.; incision, coupure. 

Taille, hauteur et grosseur du corps humain et de celui 
des animaux; la taille d'un vêtement, la partie qui re- . 
couvre la longueur du dos. 


üIS TAI 


En terme de musiqae, la partie qui, dans un chœur, se 
trouve comprise entre les ténors et les basses. 

Tribüt, impôt, contribution. 

Taille, morceaux de bois fendus en deux parties égales, 
sur lesquels le vendeur et l'acheteur font des encoches pour 
arquer la quantité de marchandises prises, Le vendeur 
conserve la souché et l'acheteur la seconde partie appelée 
échantillon, que l’on contrôle en les appliquant l’une contre 
l'autre. 

Taïo (Faïre), Expression employée pour indiquer que 
l'on prend à crédit chez un fournisseur en marquant sur la 
taille en bois les quantités de marchandises livrées à crédit 
par le commerçant. — Voy. l'art. précédent. 

Taïos, s. f. plur. Impôts, contributions, tribut, tailles. 
— Léva las taïos, lever les impôts, percevoir les contri- 
bations. 

Taïoù, s. m. C'est en général une portion peu volumi- 
neuse d'un objet comestible, coupé par un instrument 
tranchant; c'est, en français, un morceau de viande, de 
lard; une tranche de pâté, de jambon, de saucisson, de 
fromage; un tronçon de poisson, .d’anguille, de saucisse, 
de boudin. — Lou taïoù, se dit dans les campagnes, du 
morceau de lard que l'on met dans la soupe de ménage 
pour la rendre plus savoureuse. 


Dér. de Tal. 
Taïsa (Sé), v. Se taire, garder le silence, cesser de 
parler, ne pas faire de bruit. — Ah! taïsa-vous/ ou sim- 


plement Taïsa-vous/ est souvent une exclamation d’éton- 
nement, de surprise employée dans le sens de : Que me 
dites-vous là! Est-ce bien possible? 

Dér. du lat. Tacere, m. sign. 

Taïssariè, s. f. Tisserie, tisseranderie; le métier de 
tisserand; le quartier habité par ces artisans. Il y à à 
Alais la rue Tisserie et à Paris celle de la Tixeranderie. 

Taïssougnèiro, s. /. Terrier de blaireau. Nom pr. 
d'homme. 

Dér. de Taï ou Taïssoù, blaireau. 

Taïtéto (Faïre), loc. adv. Tàtonner, chercher une chose 
à tâtons. 

Taï-touè! Loc. interj. pour imposer silence : Tais-loi! 
Laisse-moi tranquille! As-tu fini? 

Taïu, s. ». Bière, cercueil. 

Taïu, udo, adj. m. et f. Tranchant, affilé, qui coupe ou 
taille facilement. 

Dér. de Tal, tranchant. 

Taïur, s. m. Tailleur; ce mot spridie à tous les 
ouvriers dont le métier est de tailler. — Taïur dé pèiro, 
tailleur de pierre. Mais il est à remarquer que, lorsqu'on 
emploie ce mot sans autre indication, il signifie seulement 
un tailleur d'habits. 

Dér. de Tal. 

Taïurdo, s. f. Couturière, celle qui taille et fait les 
robes où autres vêtements de femmes. 

Dér. de Taïur, tailleur, 





TAM 


Tal, s. m. Tranchant, le fil, le côté qui coupe, en par- 
Jlant d'un instrument tranchant. — Vira lou tal, émousser, 
ébrêcher. 

Tal, talo, adj. m. et f. employé quelquefois substan- 
tivement. Tel, telle. — Un tal, uno talo, un tel, une telle. 

Talabréna, ado, adj. m. et f. Tacheté, moucheté, 
bigarré, tigré, bariolé de diverses couleurs. 

Dér. de Talabréno. — Voy. ©. m 

Talabréno ou Bléndo, s. f. Salamandre, sourd, mouron 
(Salamandra). Ce reptile batracien, assez semblable de forme 
au lézard gris, a la peau tuberculeuse, luisante comme le 
crapaud; les formes massives, les mouvements paresseux, 
les habitudes tristes et solitaires. Il y a la Salamandre 
terrestre et la Salamandre aquatique; la première se tient 
dans les lieux ombragés et humides, sous les pierres et les 
racines et ne va à l'eau que pour y déposer son frai. 
L'autre y passe sa vie, bien qu'il lui soit nécessaire de 
venir à la surface pour respirer; elle en sort aussi quelque- 
fois pour chercher sa proie à terre. Nous avons dans le 
pays la premiere espèce et plusieurs variétés de la seconde, 
On avait fait à la Salamandre une réputation prodigieuse 
dont il ne reste plus rien. En revanche, on lui a découvert 
une faculté bien enviable : celle de se refaire, à plusieurs 
reprises, les membres qu'elle a perdus. Cela vaut mieux 
assurément pour elle que de résister aux flammes dont, 
par ses habitudes, elle n'a guère à s'inquiéter. 

Talamén, adv. Tellement, de telle sorte; on l’emploie 
aussi dans un sens affirmatif. — Talamén, bé talamén, 
certes, assurément, certainement, sans doute. 

Dér. de Tal, tel. 

Talan, s. m. Talent, aptitude naturelle, disposition, 
instruction, connaissances, science. — És un ome dé talan, 
c'est un homme instruit. À forço talan, il a beaucoup 
d'instruction. 

Talén, s. f. Désir, envie; faim, envie de manger, appé- 
tit. — Ai talén, j'ai faim. 

Dér. du grec Oékew, désirer, vouloir. 

Talèou qué, adv. Aussitôt que, dès que. C'est une 
contraction de l'expression Tan-lèou-qué, doutan-lèou-qué:.. 

Tal-lis, s. m. Coupure nette; tranche, incision sans 
bavure, coupure lisse. 

Talocho, s. f. Oiseau de petite dimension, sorte de 
palette sur laquelle le plâtrier dépose le plâtre gàché. 

Du vieux fr. Taler, battre, meurtrir. 

Taloù, s. m. Talon, partie postérieure du pied, d’un 
soulier, d’une botte, d’une bottine, d’un bas; partie d'une 
hache, d'une bèche, d’une serpe, d’une faux, opposée au 
tranchant. 

Dér. du lat. Talus, m. sign. 

Talounado, s. f. Empreinte d'un ae dans un terrain 
inculte. Au fig. vanterie, fanfaronnade, gasconnade. 

Tal-vira, o. Émousser, ébrècher le tranchant d'un 
outil. 

Tamarisso, s. m. Tamarise /Tamariæ), arbrisseau de la 








TAN 


famille des Portulacées dont on connait deux espèces dans 
le Languedoc : le tamarisc de France ou de Narbonne 
(Tamuriæ gallica, Linn.), qui croit le long des ruisseaux ; 
le tamarise d'Allemagne /Tamarix germanica, Linn.) bean- 
coup plus petit que le précédent. 

També, adv. Aussi, aussi bien, desmême, également, 
pareillement ; soit, j'y consens. 

Comp. de Tant et de Bon. 

Tambour, s. m. Tambour, instrument formé d'une 
caisse cylindrique dont les deux fonds sont recouverts de 
peau eldont on se sert dans les armèêes pour marquer les 
differentes allures du soldat; dans les casernes il règle 
les heures du service ou des repas. — Lou tambour das 
cagardoulos, le tambour des escargnts, c.-à-d. le tonnerre, 

"précurseur de la pluie qui fait sortir les escargots de leurs 
retraites. Tambour dé masco ou dé basco, tambour 
de basque. Tambouriné, pelit tambour, dim. de Tam- 
bour.. c 

Dér. de l'arabe Tambur. 

Tambourgnè, s. m. Celui qui bat du tambour. 

*_ Dér. de Tambour. 

Tambourin, s. m. Tambourin de Provence, sorte de 
tambour à caisse très-allongée et d'un moindre diamètre 
que le tambour ordinaire ; on ne le bat qu'avec une seule 
baguette, avec laquelle on marque la mesure et dont on 
accompagne le son avec un galoubet. C'est un instrument 
de ménétrier. 

Dér. du grec Tôéuxavov (Tympanion où tympanon), 
tambour sur lequel on ne battait qu'avec une baguette. 

Tambourina, v. Tambouriner, battre le tambour ou le 
tlambourin: faire une criée, une publication au son du 
tambour, donner une volée à quelqu'un. 

Tambourna, v. Battre du tambour. 

Tammièl, adv. Tant mieux. 

Tampis, ado. Tant pis. 

Tanloro; s. m. Ecervelé, un homme dont la tête tourne 
à tous les vents, qui n’a aucune idée fixe. 

Tanqua; v: Fermer, barrer, bâcler une porte au moyen 
d'une barre envois placée derrière à l'intérieur; arrêter 
une pâte molle ou un liquide au moyen d'une vanne mobile 
qui l'empêche de se répandre outre mesure ou au-delà 
d'un espace déterminé ; arrèter, saisir. 

Dér. de Tanquo. — Voy. ©. m. 

Tanquo, s. /. Barre que l’on met en travers, derrière 
une porte pour l'arrêter, la bâcler, la fermer à l'intérieur. 
Sorte de vanne mobile dont se servent les boulangers pour 
arrêter la pâte dans le pétrin. 

D'après l’auteur de la Statistique des Bouches-du-Rhône, 
ce mot serait ligurien. 

Tant, ade. Tant, autant, tellement, si fort, en si grand 
nombre, à tel point; si, aussi, — Tant-fa-tant-ba, autant 
de gagné, autant de dépensé ; sitôt dit, sitôt fait. Tant-y-a 
qué mouriguë, bref, en résumé, par le fait, il mourut. 

Tant-si-pu, si peu que. très-peu. Pér tant qué m'én digués, 





TAO 619 


quoi que vous me disiez. Acd's tant dé fa, c'est autant de 
fait. 

Dér. du lat, Tantum. 

Tantaravèl, s. m. Houblon, Humulus, lupulus, Linn. 
Plante grimpante appelée aussi vigne du Nord et que l'on 
emploie dans la confection de la biére. On le cultive en 
grand dans le nord de la France. 

Tanto, s. /. Tante, la sœur du père ou de la mère; on 
donne aussi ce nom à la grand'tante. 

Suivant Huet et Ménage, du lat. Amita, en y présapposant 
un t, lamila; ce qui parait justifier cette étymologie c'est 
qu'on disait jadis anto au lieu de tanto. 

Tantôs, s. m.— Sus lou tantès, sur le soir, dans l'après- 
midi. 

Tantôs, adv. Tantôt, dans peu de temps, dans un instant; 
il y a un moment, aussitôt. 

Dér. de l'ital. Tosto, Tantosto, ou du lat. Tam citù? 

Tanur, s. m. Tanneur, corroyeur, peaussier, mégissier. 
Ce nom s'applique, comme on voit, indistinctement à tous 
ceux qui s'occupent des diverses préparations que l'on fait 
subir aux peaux. 

Le tanneur tanne les cuirs dans une fosse à tan. 

Le corroyeur corroie, graisse, assouplit, donne le 
dernier apprèt aux peaux déjà tannées. 

Le mégissier prépare les peaux blanches et les peaux à 
poil. 

Le peaussier donne les premiers apprêts au parchemin 
et au vélin. 

Le chamoiseur emploie les peaux de toute nature et les 
passe à l'huile, 

Dér. de Tan. 

Tâou, talo, s. indéf. — Un tdou, uno talo, un tel, une 
telle. 

Tâou, talo, adj. indéf. — Tâou ménagço qu'a bèlo pôow, 
tel affecte de menacer qui tremble de peur. 

Dér. du lat. Talis. 

Tâouiè, s. m. Etal, établi, planche à porter le pain, 
banc en pierre ou en bois placé devant un magasin on une 
boutique et sur lequel on étale des marchandises ; table de 
magnanerie sur laquelle on élève les vers à soie. — Dourdo 
lous tdouiès, se dit de quelqu'un qui va étourdiment, comme 
un imbécile, un idiot. 

Dér. de Téoulo, table. 

Tâoulado, s. f. Une table garnie et entourée de convives. 
— Sian uno bèlo téoulado, nous étions nombreux à table. 
Uno tdoulado dé câoulés, dé [avidous, d'éoubérginos, une 
planche ou un carré de choux, de haricots, d'aubergines. 

Dér. de Tdoulo, table. 

Tâouléja, v. Rester longtemps à table. 

Tâouléjaire, s. m. Celui qui se plait à table. 

Tâoulo, s. f. Table, meuble ordinairement en bois, 
servant à manger, à jouer, àécrire, ete. — Métre la tdoulo , 
léva la téoulo, préparer le repas, desservir une table. 

Dér. da lat. Tabula, planche. 


620 TAP 
Tâoulo, s. /. Planche ou carré de légumes ou de jardi- 
nage. — Uno tâoulo d'éspinars, dé lachugos, dé cébos, une 


planche, un carré d’épinards, de laitues, d'ognons. 

Dér. du lat. Tabula. 

Tâoulo-doublo, s. /. Table pliante, ronde ou carrée. 

Tâoupado, s. f. Taupinière, petit monticule de terre 
qu'une taupe retire en creusant ses galeries. On dit aussi 
Tâoupièiro. 

Dér. de Téoupo, taupe. 

Tâoupén, adj. m. De la nature de la taupe, qui a des 
mœurs analogues. — Un ra tdoupén, un mulot ou rat des 
champs, qui creuse des galeries comme la taupe et forme 
des taupinières. 

Dér. de Téoupo, taupe. 

Tâoupéto, s. f. Taupette, petit flacon de pharmacie ou 
de confiserie. 

Tâoupièiro, s. f. Taupinière. On dit aussi Téoupado. — 
Voy. C. m. 

Dér. de Téoupo, taupe. 

Tâoupo, s. f. Taupe, Talpa. Par son genre de vie, la 
taupe n'a pas besoin d'y voir parfaitement; elle a cependant 
des yeux qui y voient fort clair. Aveugle ou non, elle n'en 
remontrerait pas moins à tous nos mineurs, et il n’est pas 
d'ingénieur qui püt trouver à reprendre à ses travaux; mais 
les agriculteurs lui font une guerre acharnée. Ce n'est 
jamais dans les terres incultes ou fortes que s'établit la 
taupe; il lui faut les terres souples et cultivées, engraissées 
de fumier, dans lequel elle trouve des vers dont elle fait sa 
pâture préférée. Mais cet ordinaire ne lui suffit pas et les 
racines des plantes lui fournissent de copieux suppléments. 

Tapa, vw. Boucher, fermer avec un bouchon; cou- 
vrir. — Tapa'no porto, boucher une porte avec une 
cloison. Tapa lou fi, couvrir le feu. Sé tapa, se couvrir, 
se tenit chaudement. Tapa-vous bièn, couvrez-vous 
bien. 

Dér. de Ta, bouchon. 

Tapaje, s m. Tapage, bruit, grand désordre accompagné 
de bruit. — Faïre tapaje, faire du tapage. 

Dér. du grec Héræyos, bruit, fracas, craquement, par la 
transposition du x et du x. 

Tapajur, s. m. Tapageur, celui qui fait du tapage. 

Dér. de Tapaje. 

Tapâou, adv. Aussi, si peu, non plus. — Tapéou y-ana- 
raï pas, aussi n'irai-je pas. 

Composé de Tant et de Pdou. 

Taparas, s. m. Sorte de poudingue ou conglomérat 
lacustre très-.ommun dans le Gard et qui, au-dessous de 
la terre végétale, forme une couche imperméable plus ou 
moins épaisse. Cette imperméabilité du sol rend la terre 
infertile, et on ne peut la rendre productive qu’en brisant 
et extrayant ces bancs de poudingues quand ils n'ont pas 
une épaisseur trop considérable. 

Dér. de Tapa, boucher, couvrir, parce qu'en effet cette 
poudingue recouvre le sol et le bouche pour ainsi dire en 





TAR 


le rendant imperméable. On désigne anssi ces poudingues 
sous le nom de Cistre, Cistras. 

Tapas, s. m. Gros gifile, soufflet fortement appliqué. 

Tapé, s. m. Nain, courtaud, petit avorton. — Lou tapé, 
le jeu du bouchon. 

Dér. et dim. de Ta, bouchon. 

Tapériè, s. m. Cprier cultivé, Capparis spinosa, Lino... 
arbrisseau de la famille des Capparidées et dont les baïes se 
conservent dans le vinaigre pour l'assaisonnement des mets. 

Le câprier croit naturellement en Grèce et dans les iles 
de l’Archipel. C'est de là qu'il doit avoir été transporté en 
Italie et dans la Provence. 

Dér, du grec Taxevés, rampant. 

Tapéro, s. f. Càpre; baie de càprier confite dans le 
vinaigre et servant de condiment pour relever les mets. — 
Voy. Tapériè. 

Tapo, s. f. Tape; coup légèrement appliqué avec la 
main sur la joue ou toute autre partie du corps en signe de 
familiarité ou de correction anodine. 

Dér. du français Tape, m. sign. 

Tapo-quiou, s. m. comp. Le gratte-cul, baie rouge de 
l'églantier, Agalanciè (Voy. ©. m.). Al est ainsi nommé 
parce que l'on compose avec cette baie des conserves 
astringentes qu'on emploie pour arrèter la diarrhée. Tape- 
cul, tilbury, sorte de voiture légère à deux roues. 

Taqua, v. Tacher, faire une tache, souiller, salir. Au 
fig. flétrir, déshonnorer. 

Dér. de Taquo, tâche. 

Taquo, s. /. Tâche; empreinte d'huile, de graisse, 
d'encre, de vin, etc. ; salissure de boue, souillure au propre 
et au figuré. — Lèvo bièn uno taquo, il avale volontiers 
un verre de vin, c'est un excellent buveur. Acd’s taquo 
d'oli, c'est une chose indélébile, ineffaçable ; une injure ou 
un service rendu que l'on n'oublie jamais, un fait qui laisse 
un souvenir impérissable. Uno taquo din l'ièl, une taie. 

Du bas bret. Tach, souillure, ou de l'arabe Taca, tâche. 

Taquo-d'oli, s. /. comp. — Voy. Taquo. 

Tar, s. m. Tard, longtemps après midi, aux approches 
de la nuit, après la nuit close. — Sus lou tar, sur le soir, 
dans la soirée. 

Tar, adv. Tard, au delà du temps fixé, du temps ordi- 
paire, du temps convenable. — Un pdou tardé, un peu 
tard. 

Dér. du lat. Tardè, m. sign. 

Tarabastéja, v. Faire du bruit, du fracas. s'agiter pour 
peu de chose, importuner, troubler, ravauder, tracasser. 

Dér. de Tarabast, larabat, sorte de crécelle dont les 
religieux se servaient jadis pour éveiller ceux qui, pendant 
la nuit, devaient chanter l'office et doût on se sert encore 
pour les offices de ténèbres pendant la semaine sainte. 
Billot, bâton ou crochet en bois qu'on mettait en travers 
au cou des chiens pour les empêcher de chasser seuls et 
d'aller dans les vignes. 

Tarabastéjaïre, s. »m. Homme importun, espril tracas- 


PP 





TAR 


sier, qui s'agite constamment à propos de rien ou de peu 
de chose. 

Dér. de Tarabast. 

Tarabastèri, s. ”. Tracas, vacarme, — Voy. Tarabas- 
téja. 

Tarabastiè, s. m. Homme tracassier, qui s'agite beau- 
coup, un brouillon. 

Dér. de Tarabast. — Voy. Tarabastéja. 

Taraïre, s. m., où Taradouiïro, s. f. Grande tarière ou 
bondonnière servant à percer la bonde des tonneaux. Elle 
est ie d'une légère amorce. 

Tarasquaïre, s. m. Un des hommes qui sont employés 
à faire mouvoir la tarasque pendant les fêtes de Sainte- 


Marthe, à Tarascon-sur-Rhône. 


Dér. de Tarasquo, dont l'étymologie vient de l'espagn. 
Tarasca, fantôme. 

Tarda, v. Tarder, différer, ne point arriver assez tôt, 
se mettre en retard. | 

Dér. du lat. Tardare, m. sign. 

Tardé, adv. Dim. de Tar, tard ; un peu tard. — Voy. Tar. 

Tardiè, èiro, adj. m. et f. Lent, en retard; tardif, 
qui vient tard, qui ne mürit que dans l’arrière-saison. 

Dér. de Tar, tard. 

Taréirôou, s. m. Grande manne d'osier ronde et en 
forme de cône tronqué renversé, qui sert à transporter la 
vendange ou autres productions végétales. 

Targa (Sé), v. pr. Se targuer, se prévaloir, tirer avan- 
tage, faire parade. 

De Targo, large, bouclier que l'on plaçait devant soi 
pour se défendre. 

Targo, s. f. Targe, bouclier; trogne, bonne mine, 
mine fière, démarche assurée. 

Tariblamén, adv. Terriblement, énormément, beaucoup, 
très-fort. — À plougu tariblamén, il a plu énormément. 

Tarible, blo, adj. m. et f. Terrible, gros, énorme, 
redoutable. — Un ome tarible, un homme athlétique. 

Dér. du lat. Terribilis, m. sign. 

Tarnagas ou Margasso, s. »m. Noms donnés, le premier 
surtout, beaucoup plus usité, au genre Pie-grièche, Lanius. 
Parmi les cinq variétés plus ou moins répandues dans le 
pays, le languedocien distingue : 4° lou tarnagas dé la 
bèlo méno (pie-grièche grise, Lanius ercubitor, Temm.), 
de la grosseur d'un merle, cendré sur le corps, blanc 
dessous, avec la queue et une bande autour de l'œil noires, 
et du blanc parsemé sur les parties les plus foncées ; 
20 lou tarnagas dé la tèsto roujo (pie-grièche rousse, 
Lanius nifus, Temm.), plus petit que le précédent; le 
dessous du corps blanc, sauf les flancs lavés de roux ; tout 
le dessus d'un noir profond, avec un demi-cerele blanc sur 
les ailes, le derrière de la tête d’un roux ardent; 3° lou 
tarnagas téré ou térén est la femelle de ce dernier : l'épi- 
thète de téré lui vient de ce qu'elle place son nid plus 
près de terre que la première espèce. Pie seulement par sa 
couleur, la pie-grièche, par son bec recourbé, ses ongles 





TAR 621 


crochus, et surtout ses instincts audacieux et cruels, est 
un véritable rapace qui chasse et dévore les petits oiseaux 
qu'il attire en imitant leur ramage. Ses différents noms 
ont voulu dépeindre son caractère : le latin Lanius ayant 
la signification de boucher, le grec “Aypuwe, Sauvages, 
a fait grièche. Margasso est le parfait équivalent du nom 
français, par la contraction d'agasso, pie, et de mari, 
marido, mauvais, méchant, à moins que la premiére 
syllabe ne vienne de mas, maris, mäle, c.-à-d. forte, cou- 
rageuse. Tarnagas enfin comprend toujours le mot Agasso, 
mis au masculin agas, précédé de tarn qui, avec une légère 
altération, peut être car ou carn, — ce dernier mot, vieux 
roman — de Caro, carnis, chair, ce qui équivaudrait à pie 
carnassière. Le français donne justement le nom de pie- 
grièche à une femme criarde, acariâtre. Comment le lan- 
guedocien a-t-il été si mauvais observateur cette fois que 
de faire de son tarnagas le synonyme de sot, de balourd? 
La pie-grièche se précipite souvent sur les appéaux des 
oiseleurs, qui la prennent ainsi dans leurs filets : a-t-on 
attribué à l'aveugle sottise ce qui est l'effet de son 
audacieuse rapacité? La captivité doit aussi l'affecter 
beaucoup, et, dans les premiers moments surtout, elle doit 
en paraitre comme hébêtée. Jugé dans ces circonstances, 
le Tarnagas a pu être pris pour un sot, et devenir ainsi le 
prototype dé l'espèce. 

Tarnäou, s. m. Un gros, une drachme, la huitième partie 
de l’once; le gros pèse trois deniers, et le denier un grain. 

Ce mot parait étre dérivé de ternarius ou de ternalis, de 
trois, parce que le gros est composé de trois deniers. 

Taro, s f. Tare, déchet, déduction faite sur une pesée 
de denrées ou de marchandises du poids de l'enveloppe ou 
du récipient qui sert à les contenir; vice, défaut, défec- 
tuosité. — Vigno én taro, une vigne en sève ou en fleur. 

De l'arabe Tharah, rejeter, rebuter; ou de Talah, défaut, 
vice. 

Taros, s. f. plur. Défauts, vices. — Voy. Taro. 

Tartanis-tartanas! interj. Onomatopée employée dans 
le jeu de cache-cache. 

Tartano ou Tartanas, s. #. Le milan et principalement 
la buse. Le milan est fort rare dans nos contrées ; la buse, 
au contraire, y est commune. On peut établir, en règle 
générale, que, parmi les oiseaux de proie diurnes, les plus 
gros, en bornant toutefois cette classe à ceux qui font la 
guerre à nos basse-cours, sont confondus sous le nom de 
Tartano, comme les petits le sont sous celui de Mowïcé. 
Quant aux plus gros, tels que l'aigle, le vautour, dont 
quelques variétés habitent les montagnes voisines et nous 
visitent quelquefois, ils conservent leurs noms français 
légèrement assaisonnés à la languedocienne. 

Ce nom a sans doute été donné à la buse parce que ses 
ailes sont triangulaires ét en forme de voile latine, comme 
celle du vaisseau appelé tartane, qui sert à la pêche et an 
cabotage sur la Méditerranée. Le nom de cette embar- 
cation parait lui-même dérivé du celtique. 

7 


622 Ph TE 

Tartèlo (Faïre la). Mot qu'emploient les gamins en 
jouant à pile ou face, pour indiquer que leur adversaire 
cherche à tricher, en faisant retomber la pièce du côté qui 
peut le faire gagner. 

Tartéléto s. m. Bonbon, petite tarte. 

Tartifle, s. m. La pomme de terre. 

Dér. par corruption de l'allemand Æartoffe, dont la 
prononciation se rapproche beaucoup du mot Tartifle. 

Tasséla, ado, adj. m. et f. Tacheté, moucheté, qui a 
des taches sur la peau. 

Tassèou, s. m. Tasseau, morceau’ de bois servant à 
soutenir une tablette, une étagère, un rayon de bibliothèque; 
grosse pièce faisant tache que l’on met sur une autre étoffe ; 
emplâtre, tache. 

Tasso, s. f. Tasse, petit vase servant à boire du café, de 
la tisane ou autres breuvages que l’on prend à petites doses. 

Dér. du celt. Tass, m. sign. 

Tasso, s. f. Taxe, taux, prix, cours, tâche. — L'an 
més à la tasso, on le fait travailler à la tâche. Acôd's la 
tasso, c'est la taxe, le prix fixé. 

Dér. du français Taxe. 

Tasta, v. Goüter, déguster, essayer, éprouver; agir 
avec circonspection, sonder le terrain. 

Dér. du lat. Tactum, supin de Tangere, toucher. 

Tasto, s. f. Dégustation, essai d’un fruit, d’une liqueur, 
mais surtout des melons, du fromage, du vin et de l'huile ; 
échantillon. — Préne un méloun à la tasto, choisir un 
melon en en goûtant plusieurs. Mé pourtaran la tasto 
d'aquél vi, on m'apportera l'échantillon de ce vin. Douna 
à la tasto, offrir à l'essai. 

Dér. de Tasta, goûter. 

Tastoù, s. m. Reste de pâte dont on fait de la galette ou 
une fouace qui imite grossièrement une forme humaine 
appelée Éstève. — Voy. ©. m. 

Tastounéja, v. Tâtonner; chercher à tâtons dans 
l'obscurité. Au fig. tâtonner, procéder avec hésitation, avec 
incertitude, faute de lumières ou de renseignements précis. 

Tavèl, s. m. Pile, tas, agglomération. — Tavèl (Tavèou, 
en provençal), village du canton de Roquemaure, a la même 
signification que réunion, agglomération d'habitations, 
centre habité. 

Té, s. m. Une goulte; la roupie qui pend au nez; 
gouttière, chenal par lequel les eaux d'un toit s’écoulent 
sur le sol. — N'én vole pa qu'un té, je n'en veux qu'une 
goutte, une larme. 

Té, pr. pers. de la 2€ personne. Te, toi, à toi. — Té 
vése, je te vois. Prén-té gardo! prends garde à toi. Garo-té 
d’aquà, dte-toi de là. Dé qué té prén? qu'est-ce qui te prend? 
Té ié parlère coumo fdou, je lui parlai d'importance. 

Dér. du lat. Te, ou du grec Te, te, tu, toi. 

Tèl! interj. Tiens! vraiment! Est-ce bien vrai! Est-il 
possible ! Te, véjo-lou! Tiens, vois-le! Tè tu, {à iéou! s'em- 

ploie en parlant de gens qui se disputent et se renvoient 
__ réciproquement des injures. 





TÉM 

Tébés, éso, adj. m.et f. Tiède. — Aïgo tébéso, eau 
tiède. 

Dér. du lat. Tepidus, m. sign. 

Técha, v. Dégoutter, tomber goutte à goutte. — Soun 
nas técho, son nez dégoutte. Técho, il pleut légèrement, il 
bruine. Aquél ron técho, l'eau suinte de ce rocher. 

Técho, s. f. Goutte. — Voy. aussi Té et Dégoù. 

Téchoù, s. m. Petite goutte. Dim. de Té et de Técho. 
On dit aussi Téché. 

Tèfle, s. m. Gros morceau, grosse pièce. — Tèfle dé pan, 
un quignon, un gros morceau, un Chanteau de pain; un 
buflle, un animal de grosse taille; un homme obèse, joufflu; 
un soufflet appliqué sur la joue. 

Tégne, v. Teindre, donner à une étoffe ou à toute autre 
chose une couleur voulue, en la plongeant dans une disso- 
lution liquide préparée à cet effet, 

Dér. du lat. Tingere, m. sign. 

Téious, ouso, adj, m. et f. Filamenteux, fibreux, 
coriace, comme la teille du chanvre, la filasse. 

Tèl, tèlo, s. indéf. — Un tèl, uno tèlo, un tel, une telle. 
Se dit dans un sens général pour désigner vaguement une 
personne dont on parle. On dit aussi: un téou, uno 
talo. 

Dér. du français. 

Télado, s. f. Une pièce de toile. 

Dér. de Tèlo. — Voy. c. m. 

Télatiè, s. m. Marchand de toile, tisserand, marchand 
toilier. 

Téléto, s. f. Éblouissement, obscurcissement de la vue 
chez les moribonds, dont la cornée devient trouble et 
opaque. — La téléto, le voile de la mort. 

Tèlo, s. f. Toile, tissu de fil de lin ou de chanvre, 
tissu ou filet des araignées. On le dit aussi pour le 16 ou 
largeur d'une toile. — Tèlo d'oustéou, toile de ménage. 
Tèlo cruso, toile écrue, non lessivée, non blanchie. Las 
tèlos sé toquou, je suis sans le sou. 

Dér. du lat. Tela, formé par syncope de Texula. 

Tèlo, s. indéf. [. Telle. — Madamo uno tèlo, madame 
une telle. — Voy. Ta. 

Témouèn, s. m. Témoin, celui ou celle qui a vu ou 
entendu un fail; preuve ou marque; fragments de pierreou 
de tuile que l'on place à côté d’une borne-limite, et qui 
étant rapprochés, se soudent de manière à reprendre leur 
forme entière. 

Dér. du lat. Testimonium, m.s. 

Témpéstéja, ». Tempèter, faire grand bruit, se fâcher 
bruyamment, faire de violents reproches. 

Dér. de Témpèsto, tempôte. 

Témpèsto, s. f. Tempête, ouragan, agitation violente de 
l'air, le plus souvent accompagnée de pluie, d'éclairs et de 
tonnerres. 

Dér. du lat. Tempestas, tempète. 

Témpiè ou Trémpiè, s. ». Pluie abondante, qui pénètre 
très-avant dans la terre et suffit à alimenter les sources 


TEN 
et les fontaines et à les faire grossir. — À fa un bon trémpié, 
la pluie a bien trempé la terre. 

Dér. de Trémpa, mouiller. 

Témpièira, v. Tremper, saturer d'eau. — A bièn tèm- 
pièira, la pluiea bien trempé la terre ou l'a bien abreuvée; 
il a plu abondamment. 

Dér. de Témpiè. — Voy. C. m. 

Témple, s. m. Temple; édifice consacré au culte pro- 
testant. — Anan dou témple, nous nous rendons au service 
religieux dans le temple protestant. 

Dér. du lai. Templum, m. sign. 

Témpouri, ». Finir son temps, sa tâche, sa journée, son 
année; supporter la grande chaleur, le grand froid, le vent, 
la pluie, et en général les températures extrèmes. — L'on 

- po pa témpour?, on ne saurait tenir contre ce froid, contre 
cette chaleur. Pode pa lou témpouri, je ne puis le suppor- 
ter; sé dit en parlant d’un fàcheux, d’un homme ennuyeux. 

Dér. du lat. Temporis, gén. de Tempus, temps. 

Témpouros, s. f. plur. Les saisons, mais surtout le 
renouvellement de chaque saison, les Quatre-Temps ou 
‘saisons de l'année qué l'Église consacre au jeûne et à 
l'abstinence ; la saison des semailles ou autres opérations 
principales de l'agriculture. 

Dér. du lat. Tempora. 

Tén, s. m. Temps, durée qui s'écoule d'une époque à 
une autre plus ou moins éloignée; loisir; délai; terme; 
saison propre à chaque chose; occasion; état, disposition 
de l'atmosphère. — Sèn dou bèou tén, le beau temps est 
arrivé. Prou tén et bèlo ouro, se dit de-celui qui néglige 
ses affaires, qui croit toujours avoir le temps d'y songer, 
de s’en occuper, et ne s'en occupe jamais. 

Dér. du lat, Tempus, m. s. 

Tén, téncho, adj. m. et f. Teint, teinte, qui a été 
plongé dans un bain de teinture. 

Dér. du lat. Tinctus, m. s. 

Tèn, 3° pers. de l'ind. du verbe Téni ou Tène, tenir. Il ou 
elle tient. 

Dér. du lat. Tenere, tendre. 

Ténal, s.”. Locution employée comme terme de com- 
paraison : Maïgre coumo un ténal, sec comme un hareng, 
maigre comme un cent de clous. Le mot Ténal dérive 
peut-être de tenaille, outil qui rappelle vaguement, avec sa 
tête et ses deux branches, les bonshommes naifs que les 
enfants dessinent sur les murs. 

Ténchura, v. Teindre, donner de la teinture à une 
étoffe, passer une couleur à l'huile, au vernis ou à l'eau 
sur une porte, une fenêtre, un meuble, une construction 
en bois. — Aÿ ténchura ma porto, j'ai passé de la peinture 
sur ma porte. 

Dér. du lat. Tingere, m.s. 

Ténchuriè, ténchurièiro, s. m. et f. Teinturier, celui 
qui exerce le métier de teindre les étoffes. 

Dér. du lat. Tinctor, m.s. 


Ténchuro, s. f. Teinture, liqueur préparée pour teindre ; 





TÉN 623 
impression de couleur que cette liqueur laisse sur les 
étoffes ; l'art du teinturier. 

Dér. du lat. Tinctura, m. s. 

Téndièiro, s. /. Amorçoir, tarière dont les charpentiers 
se servent pour commencer un trou daus le bois. 

Dér. de Tendre, diriger. 

Téndi, s. m. Piège pour prendre les pelits oiseaux, 
composé d'une pierre plate soulevée d'un côté de manière 
à présenter une inclinaison d'environ 45°, et soutenue sur 
un appui fragile composé de quatre büchettes disposées de 
telle sorte que le moindre attouchement les détraque et 
fait tomber la pierre sur l'oiseau. — Voy. Léco. 

Téndios? s. f. plur. Terme de laboureur, Ce sont deux 
verges ordinairement en fer qui passent à travers le sep 
d'une charrue et le relient au mancheron. 

Dér. du lat. Tenere, tendre. 

Téndos, s. /. plur. — Téndos dâou col, les muscles, les 
tendons du cou. 

Téndroù, s. f. La tendreté d'une viande, d'une salade, 
du pain, d’un comestible quelconque, qualité de ce qui est 
tendre ou facile à couper; les châtaignes qui, après le 
dépiquage, ne sont pas encore complètement desséchées. — 
Y'a dé téndroù dince aquélo pisado, il y a des tendrons 
dans cette quantité de châtaignes sèches soumises au dépi- 
quage. 

Tène, v. Tenir, être ferme; être lié, attaché, collé; 
ressembler. — Tène pè, piéter; marcher avec quelqu'un 
d'un pas égal, le suivre de près. Fasès mé tène ac, failes- 
moi passer cela. Quan ténén ddou més? combien avons- 
nous? quel est le quantième du mois? Tèn dé soun pèro, 
il a les qualités ou les défauts de son père. Sé tèn bièn, 
il s'habille avec goût. 

Dér. du lat. Tenere, tendre. 

Ténésou, s. f. Constance, fermeté, cohésion, solidité. 
— Lou tèn n'a jés dé ténésoù, le temps est inconstant, 
variable. 

Dér. de Tène, tenir. 

Téngudo, s. /. Lieu où l'on se tient habituellement; 
maisons que l’on fréquente ordinairement; habitat, en 
parlant des plantes; gîte, en parlant des animaux. — Avè 
soun sas téngudos, c'est là qu'il se tient d'habitude. 

Dér. de Tène, tenir. 

Ténguëén-ténguén, locut. employée en Languedoc et 
équivalente à donnant-donnant, tenant-tenant. Cette ex- 
pression est très-employée parmi les enfants qui, en voulant 
troquer une bagatelle contre une autre, se défient l'un de 
l'autre et conviennent, en pronongçant cette locution, de se 
nantir réciproquement, mais seulement à demi, de ce qu'ils 
veulent échanger. J 

Dér. de Tène, tenir. — Voy. C. M. 

Téni, v. Tenir, avoir à la main ou entre les mains; 
posséder; être lié, attaché; prendre, recevoir ; avoir hérité ; 
proférer, tenir des propos; avoir de la ressemblance; 
entretenir, accomplir, garder, effectuer. — Téni d'à-mén, 


624 TÉR 


surveiller, épier, M'ou tène dé di ou pér di, je me le tiens 
pour dit. Ce mot s'emploie d’ailleurs dans le mème sens 
que Tène, dont il est un équivalent. 

Dér. du lat. Tenere, tendre, à cause de l’état de tension où 

sont les muscles de la main quand on tient quelque chose. 

Ténquo, s. m. Coup, brèche. — À réçaupégu uno 
ténquo, cet objet est écorné, fendu, il a reçu une brèche. 

Ténta, v. Tendre des toiles sur le devant des maisons 
ou au-dessus des rues pendant les grandes chaleurs de l'été 
pour se garantir des rayons du soleil. Dans certains pays, 
et notamment à Avignon, on tend des toiles au-dessus des 
rues où passent les processions de la Fête-Dieu. 

Dér. du lat. Zenere, tendre. 

Ténto, s. f. Tente, pavillon militaire, abri de toile sous 
lequel on campe; banne, toile que l’on tend pour se mettre 
à l'abri de la pluie et du soleil. 

Dér. du lat. Tentorium. 

Téouiè, s. m. Tuilier, ouvrier qui fabrique des tuiles 
avec de l'argile cuite. 

Dér. du lat. Tegularius, m.Ss. 

Téouièiro, s. f. Tuilerie, fabrique de tuiles; briqueterie, 
usine où l'on fabrique et où l’on cuit des briques d'argile. 

Dér. du lat. Tegularium, m. s. 

Téoulado, s. f. Toiture faite avec de la tuile et, par 
extension, une toiture en général. 

Dér. de Téoule, tuile. 

Téoule, s. m. Tuile, sorte de plaque en argile cuite et 
ordina rement cintrée, qui sert à couvrir les maisons, à 
construire des toitures; une visière de casquette. — Faïre 
lou téoule, avoir l'air malade ou déconfit. 

Dér. du lat. Tegula, de Tegere, couvrir. 

Téoule-vis, s. 7. comp. — Téoulado à téoule-vis, toiture 
à tuile découverte, sans doublure de planches ou de briques 


plates, 
Téoulisso, s. f. Toiture de maison construite avec de la 
tuile. On dit aussi Téoulado et Couvèr. — Voy. ©. m. 


Dér, de Téoule, tuile. 

Tèoune, tèouno, adj. m. et f. Mince, aminci, grèle, 
frèle, terne, pâle, sans couleur. 

Dér. du lat, Tenuis. 

Térado, s. f. Champ, plantation, pièce de terre semée 
ou complantée d’une même espèce d'arbres ou de plantes. 
— Uno térado dé bla, un champ de blé. Uno térado dé 
trufos, un champ de pommes de terre. Uno térado d'amouriès. 
une terre plantée de müriers. 

Dér. de Tèro, terre. 

Téragnas, s. m. Rocher pourri ou pierre morte; roche 
qui s’effrite et se décompose à l’air, qui se réduit en pous- 
sière ou en écailles; terrain inculte, rocailleux et couvert 
de broussailles. 

Dér. de Tèro, terre. 

Téraïè, s. m. Potier de terre, faïencier, revendeur 
d'ouvrages en poterie, en faïence, en porcelaine. 

Dér. de Tèro, terre. 





TR 

Téraïo, s. f. Poterie, vases en terre cuite, ustensiles de 
cuisine en terre cuite, vaisselle en poterie. La poterie de 
Saint-Quentin, près d'Uzès, est très-usitée dans les environs 
d’Alais. Cette poterie est commune, mais solide et légère. 
— Lava la téraïo, laver la vaisselle. 

Dér. de Tèro, terre. 

Téraïre, s. m. Territoire; l’ensemble du territoire d’une 
commune; surface de pays dépendant d’une mème juri- 
diction. — Téraïre loubdou, portion de terroir alternati- 
vement formé de rochers et de terre végétale, présentant 
des veines et des cavités. — Téraïre bravén, sorte de 
terrain lacustre, ancien fond d’étang. 

Dér. de Tèro, terre. 

Téralado, s. f. Terreau, terre neuve, limon transporté 
sur une terre maigre pour l’engraisser; terreau, humus 
des forêts et des bois, fumier réduit en poudre noirâtre 
que l'on emploie pour cultiver des plantes délicates ou 
rares. 

Dér. de Tèro, terre. 

Térassiè, s. m. Terrassier, ouvrier terrassier, ouvrier 
que l’on emploie dans les travaux de terrassement, surtout 
dans la construction des routes. Se dit, par extension, d’un 
homme qui cherche à agrandir son champ aux dépens de 
ses voisins par des empiètements successifs. 

Dér. de Téro, terre. 

Téré, s. m. Sorte de raisin bon à manger que l'on 
cultive dans le Languedoc. Il y en a de plusieurs espèces : 
le téré proprement dit d'un rouge brun; le téré-bôuré, 
rouge pâle et blanchâtre; le téré-éscalan, dont les grains 
sont très-Jâches et très-espacés. 

Téréja, v. Remuer, gratter la terre, comme font les 
enfants en se jouant par terre ou sur un tas de sable. 

Dér. de Tèro, terre. 

Térino, s. f. Terrine, vase en terre évasé servant à la 
cuisine. Ce mot s'emploie surtout pour désigner un bassin 
de garde-robe ou de chaise-percée ; un bassin de malade, 
plat, évasé, que l’on fait glisser dans un lit, sous le malade. 

Tèrme, s. m. Terme, borne, limite d'an champ, d'un 
territoire, d’un domaine. — Planta tèrme, procéder à un 
bornage, à une délimitation de propriétés contiguës. 

Dér. du lat. Termen, terme. 

Tèrméja, v. Aborner un champ, y planter des bornes. 

Dér. de Tèrme, terme. 

Tèro (Faïre), loc. adv. Succomber à une grande douleur. 
— Né fara tèro, il en mourra de chagrin. 

Tèro-bravénquo, s. f. comp. Terre forte et argileuse 
des terrains lacustres. 

Tèro-labourivo, s. f. comp. Terre labourable, propre à 
être labourée, à recevoir la semence. 

Tèro-loubâou, s. f. comp. Terrain rocailleux, mélangé 
de terre végétale. 

Térous, ouso, adj. m. et f. Terreux, euse; mélangé ou 
souillé de terre. 

Dér. de Tèro, terre. 


TÈS 

Térubin, s. m. Toupie de grosse dimension. On dit 
aussi Turbin. 

Tès, s. m. Tèt; morceau de poterie cassée; fragment 
d'an pot cassé, d'une faïence, d'un verre, — Aquél fricd 
sén lou tès, ce ragoût à l'odeur de poterie brülée. Il existe 
près de Rome une colline assez élevée appelée Monte- 
Testaccio, entièrement formée par des débris de poterie 
cassée et dont l'origine n’est point encore expliquée. 

Dér. du lat. Testa, vase de terre cuite. 

Téscoù, s. m. Le coin de la charrue qui assujétit le 
mancheron à la queue du soc et dont l'enlèvement suffit 
pour démonter la charrue. 

Téso, s. f. La gomme, la sève qui découle des arbres 
résineux, 

Téstari, s. m. Tètu, entèté, opiniâtre. 

Dér. de Tèsto, tète. 

Téstéto, s. f. Petite tête, tête d'agneau, de chevreau. 
— Aï més uno téstéto, j'ai mis à cuire une tête d'agneau. 

Dim. de Tèsto, tête. 

Téstièiro, s. f. Chevet d'un lit: le chatourné d’un lit; 


pièces qui font partie d’un bois de lit du côté du chevet; 


têtière, portion de la bride qui passe sur la tête du cheval. 

Dér. de Tèsto, tête. 

Tèsto, s. f. Tète, portion du corps de l’homme ou de 
l'animal qui contient le cerveau, les organes de la vue, de 
l'ouïe, du goût et de l'odorat. — És un home dé tèsto, 
c'est un hommeintelligent. Faï coumo lous aïés, travaio dé 
tèsto, c'est un homme qui réfléchit continuellement. Grosso 
tèsto pdou dé sén, celui qui a une grosse tête a souvent peu 
de bou sens. Parla dé tèsto, être dans le délire. Tèsto dé 
fol n'a jamaï blanqui, tète de fou n'a jamais blanchi. 
Aquél éfan a bono tèsto, cet enfant est intelligent, il a de 
la mémoire, il apprend facilement. Tèsto d'aïé, une tèle 
d'ail, l'ensemble des gousses qui la composent. Tèsto d'ase, 
têtard, larve de la grenouille. Tèsto duro, intelligence 
lente; conception difficile, celui qui possède ces défauts. 
Tèsto/séquo, étourdi, évaporé, qui ne sait pas se conduire. 
Tèsto-flou, jeu de pile ou face. Contraction de l'expression 
Tèsto ou flou, tête ou fleur, parce que jadis les pièces de 
monnaie françaises présentaient, d'un côté l'effigie du 
souverain et de l'autre l'écu fleurdelisé aux armes de 
France. 

Dér. du lat. Tésta, employé dans le sens de crâne. 

Téstoù, s. m. Teston, ancienne monnaie de France 
ainsi nommée parce qu'elle portait sur l’avers l'effigie du 
roi régnant. Les premiers testons furent frappés sous 
Louis XII; ils valaient d'abord dix sous, leur valeur 
s'éleva jusqu'à vingt-quatre sous. 

Téstoulo, s. f. Morceau de tuile cassée, débris de tuile 
ou de brique. 

Dér. de Tès, tèt. 

Tèstu, s.-m. Gros marteau de maçon employé dans 
les démolitions de maçonneries, et servant à dégrossir ou 
briser les moëllons bruts. Ce marteau est pointu d'un côté. 





TIA 


Téstudo (Piolo), s. f. Hache à talon où à marteau. 

Tèt, s. m. Toit, toiture, couverture de maison. 

Dér. du lat, Tectum, m. sign. 

Téta, v. Têter, se dit d'un enfant à la nourrice, — 
Éncaro této, il n'est point encore sevré. Avédre lou téta dous, 
être persuasif, avoir la langue dorée. Téta se dit aussi dans 
le jeu de boules pour indiquer que la boule touche le but. 

Dér. du celt. Tetar, ou du grec Tdi, mamelle. 

Tétaire, s. m. Rejetons, branches gourmandes des 
arbres; un enfant qui demande souvent à têter, un rude 


tèteur. 
Tétarèl, s. m. Le hochet ou suçoir des petits enfants. 


On appelle aussi Tétarèl vu tétarèlo, celui ou celle qui 
fait métier de têter les femmes que le lait incommode. 

Tétin, s. m. Le sein d’une femme, le pis d'une vache, 
d'une chèvre, d'une brebis. 

Dér. du grec Txü, mamelle. 

Tétinardo, s. f. Une grosse femme aux fortes mamelles, 
et par ironie une grosse commère, une grosse maritorne. 

Dér. de Tétin, sein. 

Tétino, s. f. Le pis des animaux eten particulier d'une 
chèvre, d'une vache, d’une brebis qui portent du lait. 

Dér, de Tétin. — Voy. ©. m. 

Této, s. [. Châtaigne bouillie, marron bouilli que l'on 
mange comme en têtant; on l'appelle aussi Céoudéto, — 
És fla coumo uno této, il est mou comme un linge mouillé. 
Té crèbe coumo uno této, je te crève comme une vessie, 
une outre. 

Této-lèbre, s. ». Nom vulgaire du Lychnis syluestris 
alba simplez, ou Compagnon blanc. — Voy. Cédoulichoù. 

Ti, s. m. Mouvement convalsif et involontaire de 
quelque muscle; geste singulier et non justifié que l'on 
fait par habitude et sans raison; tie, grimace habituelle; 
caprice, passion ; maladie ou mauvaise habitude du cheval 
qui le porte à mordre sa mangeoire ou à frapper dessus 
avec la tête. — Préne lou ti, s'entèter. Préne à ti, prendre 
en grippe. Aquè és soun ti, c'est son habitude, sa manie, 
son caprice, son défaut. À lou ti dé béoure, il a la manie 
de boire. 

Tia, o. Tuer, ôter la vie d'une manière violente; 
détruire, fatiguer à l'excès, éprouver un violent chagrin. 
— La barbasto a tia lous amouriès, la gelée blanche a 
brûlé la feuille. Aquél chagrin mé tuïo, ce chagrin me tue. 

Dér. du grec 6$w, immoler, tuer. 

Tiadoù, s. m. Tuerie, abattoir, lieu où les bouchers 
tuent les animaux de boucherie. 

Dér. de Tia, tuer. 

Tiadouiro, s. /. Tuerie, massacre, carnage, boucherie: 
coupe-gorge; endroit dangereux, escarpé, difficile à fran- 
chir, où l’on court risque de la vie. 

Dér. de Tia, tuer. 

Tiaire, s. m, Tueur de cochons, égorgeur, garçon 
boucher. 

Dér. de Tia, tuer. 


62% 


626 TIM 

Tiba, v. Tendre ou étendre en tirant. On dit aussi Tibla. 
— Tiba uno cordo, tendre une corde. Sé tiba, se serrer la 
taille. És tiba, au fig. il est ivre. On suppose que ce mot 
vient du celtique. 

Tibage, s. m». Une mangeaille. — Avèn fa un tibage, 
nous avons fait un repas homérique. — Voy. Couflage et 
Ramplimén. 

Dér. de Tiba, tendre. 

Tiblado, s. f. Une truellée. Au fig. une grande cuillerée 
de potage. 

Dér. de Tiblo, truelle. 

Tiblassado, s./. Augm. de Tiblado. Une grosse truellée de 
mortier, de plâtre, etc., au fig. une grande cuillerée de potage. 

Dér. de Tiblo, truelle. 

Tiblo, s. f. Truelle, outil de maçon qui sert à prendre 
le mortier, à l'étendre; il sert aussi à gâcher le plâtre, à 
le délayer et à polir les enduits. 

Dér. du lat. Trulla, plat, écuelle. 

Ticun, s. m. Personne capricieuse, qui a contracté une 
habitude, un tic, une manie. — Acd’s un ticun, c'est un 
maniaque. 

Tièiro, s. f. File, rangée, rang, ordre, suite ; une allée 
d'arbres; un rang de pieux, de ceps de vigne, de choux. 

Tico-taco, s. m. Tic-tac, terme servant à exprimer le 
battement du cœur. — Sour cur à fasiè tico-taco, son cœur 
battait avec force. 

Tifo-tafo, Bagarre, dispute, émeute, échaffourrée, 
tapage. — Y-doura quéouco tifo-tafo, il y aura du grabuge. 

Tignassiè, ièiro, s. m. et f. Celui ou celle qui a une 
chevelure épaisse, rude et inculte. — Tignassiè téstu, 
homme à la tête ébouriffée, mal peignée, hirsute, et dont 
l'entêtement n’est pas moindre. 

Tignasso, s. f. Teignasse el non tignasse d’après l’abbé 
de Sauvaces; chevelure mal peignée, vieille perruque. — 
Tignasso dé candi, une perruque de chiendent, une che- 
velure d’un blond fade. Tignasso, dit SAUVAGES, est cor- 
rompu du fr. teignasse dérivé à son tour de teigne, maladie 
de la tête qui provoque la chüte des cheveux, dont la 
perruque dissimule l'absence. C'est pour obvier aux con- 
séquences de cette maladie que la perruque a été sans 
doute inventée, et les teigneux avaient, plus que personne, 
le plus grand intérêt à l’adopter. 

Dér. de Tigno, teigne. 

Tignos, s. f. Les engelures qui surviennent aux pieds 
et aux mains; tumeur phlegmoneuse, accompagnée de 
démangeaisons et occasionnée par le froid. On dit aussi 
Cidoulos. — Voy. ©. m. 

Timbourlo, s. f. Sonnette de bélier qui rend un bruit 
sourd et que l’on suspend au cou des chefs du troupeau. 

Timbra, v. Tendre fortement. Se dit d’une corde à 
boyau de violon, de guitare, de harpe et de tambour. — 
Timbra un tambour, tendre la double corde à boyau placée 
sous la peau inférieure d’un tambour et que l'on serre avec 
une vis à écrou pour précipiter ses vibrations. 





TIO 


Timbra, ado, adj. m. et f. Tendu, tendue. — Tiro 
aquélo cordo et faï la bièn timbra, tire cette corde et tends- 
la bien. 

Dér. du v. Timbra. 

Timbre, s. »m. Timbre, marque imprimée ; petite cloche 
dépourvue de battant et que l’on frappe avec un marteau. 
On l'a appliqué aux horloges, aux pendules, aux portes 
d'entrée dés maisons pour remplacer le marteau. 

Timo, s. m. Timon, longue pièce de bois qui sort de 
l'avant-train d'une voiture ou d’un chariot et à laquelle 
on attelle les chevaux; gouvernail d’un vaisseau, d’un 
bâteau, qui sert à le diriger. 

Dér. du lat. Temo, onis, flèche de char, appareil qui 
sert à le conduire, à le trainer. 

Timou, s. f. Tumeur, tuméfaction, soulèvement de la 
peau ou de la surface d’un organe, produit soit par un 
corps étranger qui cherche à pénétrer au dehors, soit par 
un amas plus ou moins profond de liquide, soit enfin par 
un développement de tissus organisés. 

Timouniè, s. m. Cheval attelé au brancard d’une 
charrette. 

Tinado, s. f. Une cuvée; plein une cuve; ce que l'on 
fait à la fois de vin dans une cuve ; une cuvée de linge 
lessivé. . 

Dér. du grec Tiv06s, cavité, chaudron. 

Tinâou, s. m. Cuve vinaire; cuveau en maçonnerie ou 
en bois où l'on met à fermenter le raisin préalablement 
foulé sur un plancher supérieur. 

Étym. du mot précédent, 

Tino, s. f. Cuve en bois servant à lessiver le linge: 
fosse où les tanneurs font macérer les peaux dans la 
chaux détrempée, pour les épiler. 

Étym. des deux mots précédents. 

Tintamarado, s. f. Tintamarre, bruit insolite et intense ; 
vacarme, bruit désordonné et confus. 

Dér. de Tinta, frapper, tinter, et de Marro, sorte de 
bêche ou de houe qui sert à bècher la terre et sur laquelle 
les paysans frappent pour marquer l'heure des repas et en 
donner le signal à leurs compagnons. 

Tin-tin! interj. Onomatopée traduisant le son des 
pièces d'argent. — Té pagaraï tin-tin! je te payerai 
comptant, argent sonnant. Cette locution désigne aussi 
le son d’une petite cloche. La campano a fa tin-tin, la 
cloche a sonné, a tinté. Lou tin-tin dé la campano, le 
tintement de la cloche. Dans ce dernier cas l'expression 
tin-tin est employée substantivement. 

Tiou, tiouno, pr. poss. m. et [. de la 2€ pers. du sing. 
Tien, tienne; qui est à toi, qui t'appartient. — Aqud és 
tiou, cela est à toi. 

Dér. du lat. Tuus, dér. du grec Teés, m. sign. 

Tioune, pr. poss. seconde forme de Tiou, dont la signi- 
fication est la même et dont le féminin est aussi tiouno. 

Nous devons faire remarquer toutefois que Tioune s'em- 
ploie plus souvent substantivement pour le tien, ton bien, 


- 
| 
| 
| 





TIR 


ton avoir, ce que tu possèdes. — Siés din lou tioune, tu 
es établi dans ton bien, dans ton héritage, sur tes do- 
maines. 

Mème étymologie que le mot précédent. 

Tira, v. Tirer, amener vers soi, dans le sens où l’on 
marche; dévider la soie du cocon; tirer ou puiser de l'eau 
dans un puits, dans un réservoir; tirer un coup de fusil. 
— Tira d'aïgo, puiser de l'eau. Au fig. Tira d'aïgo, signifie 
être mal dans ses affaires, être réduit aux expédients. 
Faire tira soun pourtrè, se faire peindre. Tira dé la, 
traire une vache, une chèvre, etc. Tira un cù dé fusil, 
tirer, décharger un coup de fusil. Quan tiro vosto rou- 
mano? combien pèse votre balance romaine? quelle est sa 
portée? Tira un plan, lever un plan ; tromper quelqu'un 


© par de faux récits; lui donner Je change sur les véritables 


intentions que l'on a. Tira dré, aller droit devant soi, 
suivre le droit chemin. Tira d'argén, retirer, toucher de 
l'argent. Un émplastre qué tiro, un emplâtre qui provoque 
la suppuration. Tiro, se dit au jeu de boules quand un 
joueur lance la sienne contre Je but ou contre celle de 


‘son adversaire, pour la chasser. Tira péno ou plutôt 


Traïre-péno, ètre en souci sur le comple de quelqu'un, 
sur le dénouement d’une affaire. Tiro dé soun paire, il 
ressemble à son père, il a ses manies, ses qualités, ses 
défauts. Tiro-té d'aqui, retire-toi de là ou tire-toi de là 
comme tu le pourras. Faire tira sous papiès, faire expé- 
dier, transcrire un extrait d'un acte de naissance, de 
mariage, de décès, ou tout autre document particulier. 

Tira, v. Oter, enlever, arracher, retirer, — Y-an tira 
dé san, on l’a saigné. Tiro-mé ‘quélo éspigno, dte-moi, 
arrache-moi celte épine. 

Dér. de l'ital. Tirare, ou de l'espagnol Tirar, par 
corrupt. du lat. Trahere. 

Tira (Sé), v. réfl. Se tirer, se dégager, se délivrer, 
échapper. — M'én souï tira d'uno bélo! je l'ai échappée 
belle! je me suis tiré d'un fier embarras! Sé tira d’én 
dé souto, se tirer de dessous. Lous èrs sé tirou, il y a un 
courant d'air. Sé n’és tira las braïos nétos, il s'en est tiré 
sain et sauf, 

Tiradis, isso, adj. m. et f. Qui est souvent tiré, qui se 
renouvelle souvent. Aïgo tiradisso, pous tiradis, fontaine, 
source, puits dont l’eau est souvent puisée. 

Dér. de Tira. 

Tiradoù, s. m. Tiroir, sorte de boîte carrée enchassée 
dans une table, une armoire, une commode, et qu'on 
ouvre à volonté en la tirant à soi. 

Dér. de Tira, tirer. 

Tiradoù, s. m. Atelier de filage de soie, où on la dévide 
sur le cocon, et dans lequel sont établis plusieurs tours à 
tirer ou à filer. — Voy. Tiraje. } 

Tiraïro, s. f. Tireuse ou fileuse de soie; l'ouvrière qui 
la dévide sur le cocon, au moyen de l’eau chaude. On 
disait aussi jadis Tiraïre, pour désigner les ouvriers mâles 


employés à ce dévidage ; mais depuis de longues années, le . 





TIR 627 


dévidage des cocons est exclusivement réservé aux femmes 
dans la région alaisienne, 

Tiraje, s. m. Filature: atelier où l'on tire la soie du 
cocon ea le plongeant dans l'eau chaude. On appelle aussi 
l'atelier où l'on tire la soie, tiradoù; celui où on la 
mouline, mouli dé sédo. 

Tirassa, v. Trainer; trainer après soi, trainer par terre: 
au fig. dire à quelqu'un des paroles méprisantes. 

Dér. du lat, Trahere ou du grec Tivésow, mouvoir, 
agiter, secouer. 

Tirassa (Sé), Se trainer, languir, se trainer par terre, 
dans la saleté. — Sé po pas tirassa, il ne peut pas se 
trainer. 

Tirasso, s. f. Tirasse ou trainasse, filet aussi large que 
long qui sert à prendre les oiseaux; herse, trainoïre ou 
traineau dont on se sert dans certaines fermes pour trainer 
du fumier, des pierres, etc., sur un terrain où les voitures 
ne peuvent passer. 

Tirlan, s. m. (henapan. 

Tirliatéïino, s. f. Tiretaine, sorte d'étoffe dont la chaine 
est de fil et la trame de laine. Ce nom, qui s'applique à 
une étoffe fragile, s'emploie au fig. pour déprécier une chose. 
— Aquè ‘s pas qué dé tirlintèino, se dit d’une chose de 
mauvaise qualité, et mème d'un homme de peu de valeur 
au point de vue dé l'honorabilité. 

SaUvAGEs pense que la tiretaine a pris son nom de la 
ville de Tyr où on l'aurait fabriquée dans l'antiquité; mais 
cette étymologie ne nous parait devoir être acceptée qu'avec 
la plus grande réserve. 

Tiro, s. m. Diflérend, débat, contestation sur le prix, la 
valeur d’un objet; écart dans deux évaluations. distinetes 
d'une denrée, d'une marchandise. — Sèn dé tiro dé trés 
frans, nous sommes en discord de trois francs. Dé quan 
sès dé tiro? De combien différez-vous dans vos appréciations, 
pour la conclusion de votre marché? Sèn dé tiro dé quicon, 
nous sommes en discord d’une faible différence. Soun pas 
dé tiro qué dé l'amitiè, ils n'ont aucune sympathie l’un 
pour l’autre, 

Tiro-lancè ou Tirlancè, s. m. Bilboquet; amusette 
pour tuer le temps, amuser les enfants, leur faire prendre 
patience; pour aider les personnes désœuvrées à tuer le 
temps dont elles ne connaissent ni le prix ni l'emploi. 

Tiro-larigo (A), adv. En français à tirelarigot. A foi- 
son, en abondance, à profusion, avec excès. Expression émi- 
nemment rabelaisienne, fréquemment employée par l'auteur 
dé Gargantua et de Pantagruel. — Manjèn et béguèn à 
tiro-larigù, nous mangeâmes et nous bümes à tirelarigot, 
à profusion, à ventre déboutonné. On diL aussi vulg. en fr. : 
à bouche que veux-tu. 

Tirolo, s. f. Poulie, appareil mécanique composé d’une 
chape qui soutient le rouet, au moyen d'un boulon de fer. 
Le rouet tourne sur cet axe, et reçoit dans la gorge creusée 
sur sa tranche la corde qui se déroule dans la gorge et à 
laquelle sont suspendus les fardeaux que l'on veut élever 


628 TOQ 


ou descendre. Les doubles poulies destinées à soulever de : 


lourds fardeaux sont appelées moufles. On dit aussi Poulèjo 
et Carèlo. — Voy. c. m. 

Tiro-longo, s. f. Délai, retard. — Aqud fui uno grando 
tiro-longo, cela éprouve bien des retards, cela traine fort 
eu longueur. On donne aussi ce nom à une ruelle étroite 
et longue telle que la ruelle d'Alais qui s'ouvre entre le 
Palais de justice et le couvent des Dames-Blanches et se 
prolonge sur une grande étendue, à travers les jardins du 
Plan-d'Alais, dans la direction du couchant au levant. 

Tiro-pèou, s. ». Tiraillement des cheveux; l’action de 
tirer les cheveux à quelqu'un. — Crégne lou tiro-pèou, j'ai 
les cheveux très-sensibles, je souffre quand on me les tire. 
— Jouga à tiro-pèou, se prendre aux cheveux pour se 
disputer quelque chose qu'on a jeté à terre, comme 
lorsqu'on jette des dragées ou de l'argent à une troupe de 
polissons. 

On appelle aussi Tiro-pèous, les têtes de bardane, Zappa 
major et minor, plante à larges feuilles qui croît au bord 
des chemins, dans les décombres, autour des habitations, et 
dont les capitules portent un involucre à folioles imbriquées 
dont les extérieures, terminées en pointe aiguë et recourbée 
en hameçon, s’accrochent aux cheveux avec une grande 
ténacité. 

Tiros, s. m. pl. Les tirants de la viande de boucherie, 
les aponévroses et les tendons blancs, flexibles et difficiles 
à couper par un effort de tension. 

Dér. de Tira, tirer. 

Tisoù, s. m. Tisonnier, instrument de forgeron qui sert 
à attiser le feu et qu'il ne faut pas traduire par Tison. 

Tisso (Én), s. f. Manie, habitude, tic, forte envie. — 
Préne én tisso, prendre en grippe, en aversion; avoir une 
dent contre quelqu'un. 

Togno, s. f. Femme difforme, stupide, grossière. 

Tombo-lèvo, s.m. comp. Chance alternativement bonne 
ou mauvaise, qui submerge ou remet à flot. Se dit d’un 
homine qui après avoir été à deux doigts de sa perte, se 
relève et remonte sur sa bête. 

On donne ce nom en Provence à un filet que l’on plonge 
dans le Rhône et que l'on relève à volonté au moyen d’un 
jeu de bascule ingénieusement combiné. 

Tompo, s. f. Bassin, réservoir; a la même signification 
que Toumplino, bassin, réservoir, en provençal, dérivé 
lui-même de Toumple, gouffre, abime. 

Tonquo, tounquarèlo, s. f. Sotte, stupide, grossière, 
correspondant à Togno (Voy. ©. m.), qui devrait plutôt 
s’écrire Tonio, forme vulgaire du nom d’Antoinette et fém. 
de Tôni, Antoine. 

Toquo, s. f. La touche ou le but, au jeu de mail. 
Pierre que la boule doit toucher ou approcher Je plus près 
pour gagner la partie; büchette dont les enfants se ser- 
vaient jadis pour toucher les lettres qu'ils épelaient sur 
l'abécédaire. — És à la toquo, il en est à la croix de par 
Dieu. IL s'emploie aussi dans le sens d'époque : Sé cou- 





TOU 


nouïssou dé longo toquo, ils se connaissent de longue date, 
depuis longtemps. Sèn toquo-toquo, nous sommes côte à côte, 
à côté l’un de l’autre; nous sommes voisins. 

Toquo, v. Il touche; 3me pers. du présent de l'indicatif 
du verbe Touqua, toucher. — Toquo-lou! touche-le! 
frappe-le! ne le manque pas! 

Tord, torso, adj. Tordu, tordue. — Dé fiou tord, dé 
lano torso, du fil tordu, de la laine tordue. 

Toro, s. f. Chenille; on donne aussi ce nom à l'aconit, 
au cormier des oiseleurs, à la chrysomèle de l’osier franc; 
mais surtout aux plantes et aux insectes dans lesquels on 
soupçonne une qualité malfaisante. 

Torou, s. m. Un tronçon, une tranche d'an bois cylin- 
drique; un rondin; une grosse pièce en bois de grume, 
ronde et entière. 

Le mot Touradouiro, qui désigne une scie à deux mains, 
employée à débiter le bois ou la pierre de taille, dérive de 
Torou. 

Tosse, ». Tordre, donner le tords au fil, à la soie, à la 
laine ; câbler de la corde, de la ficelle, un lien d'osier. — 
Sé po pas tosse, il ne peut ni se tourner, ni se baisser. — 
Tosse uno amarino, tordre un lien d'osier. Y-a pas rés à 
tosse, il n’y a rien à prendre, rien à gratter, rien à 
manger. 

Toto, tototo, s. m. et f. Petit enfant, bambin, bébé. 
Dim. de Pichà, pichoto, Pichouté. 

Tou, s. m. Un égoût, un cloaque. On dil aussi Towat 
ou Grun. 

Tout, adv. Tout. — N'én vèn dé pértout, il en vient de 
toutes parts. Dé pértout est un italianisme; c’est le da 
per tutto des Italiens. 

Tout, touto, s. indéf. m. et f. Tout. — N'és pas lou 
tout, ce n'est pas le tout. Mé n'a di dé las toutos, il n’est 
pas d'injures qu'il ne m’ait adressées. 

Dér. du lat. Totum. 

Tout, touto, adj. m. et f. Tout, toute. 

Dér. du lat. Totus, tota, m. sign. 

Toul! inferj. Onomatopée employée dans le jeu de 
cligne-musette, pour indiquer que le jeu est fait, que l'on 
est caché. Oui, c’est fait! 

Touchi, s. m. Tuchin, touchin ou coquin. Nom qui fut 
donné à des troupes de paysans des environs de Nimes, 
qui, excédés du poids des impôts qu'ils supportaïent 
presque seuls, prirent les armes et commirent toutes sortes 
de pilleries dans les maisons des riches. Cette qualification, 
Touchà dé Bénobre, est restée appliquée aux habitants de 
Vézénobres, que l’on accusait d’avoir reçu chez eux ces 
révoltés et favorisé leurs pillages. — Touchinariè, coqui- 
nerie. Touchinat, rebellion. , 

Toucho, s. jf. Tournure, allures grotesques. Emprunté 
à l’argot parisien. C’est quelque chose de plus que binette. 
Toucho se dit des dehors d’un personnage, considérés dans 
leur ensemble. Quelle bonne touche! s'écrie-t-on à l'aspect 
d’un grotesque. Ce terme a dù naître dans les ateliers 


ET —— 


TOU 


de peinture, dit M. Lorédan Larchey (Excentricités du 
langage français). 

Toufo, s. . Mouffette, exhalaison pernicieuse qui se 
développe dans les mines, dans les souterrains profonds où 
l'air ne circule pas. 

En terme de magnanerie, c'est une chaleur concentrée, 
une vapeur suffocante, un coup de chaleur forte et subite 
qui survient dans les appartements où l’on élève les vers à 
soie. Cette influence relâche les fibres des vers à soie, les 
rend languissants et les tue, si l’on n'y apporte un prompt 
remède. C'est une sorte d'asphyxie. 

Dér. du grec Tüpos, fumée, stupeur. 

Tougnas, asso, s. m. et f. Péjoralif de Toni et de 
Togno. Sobriquet donné à un homme, à une femme. Gros 


* Antoine, gros benêt, gros pataud, gros imbécile, gros 


joufilu, paysan lourd et grossier, gros nigaud. 

Touïâou, touiàäoudo, s. m. et f. Surnom donné à un 
gros joufflu, un gros poupard, un gros plein-de-soupe. On 
dit aussi Moutifldou. 

L'augmentatif Touidoudasso s'applique aussi à une grosse 


* femme joufflue, une grosse maman. 


Touisso ou Bouissounado, s. /. On donne ce nom aux 
buissons ou haies vives qui entourent un champ sous 
forme de clôture. 

Dér. du grec Toïyos, mur, rempart. 

Toulipo, s. f. Tulipe. 

Toumba, vw. Tomber, chûter; démolir, renverser, 
abattre; être entrainé de haut en bas par son propre poids. 
Ce verbe, neutre en français, est le plus souvent actif en 
languedocien, ce qui occasionne pour les habitants du 
Midi une foule d'erreurs grammaticales. — Mé sièï 
toumba, je suis tombé. Aï manca mé toumba, j'ai failli 
tomber. Toumba un oustéou, abattre une maison, M'a 
toumba, il m'a renversé, La tdoulo tombo, il n'y a pas de 
pain sur la table. Auès toumba quicon, Vous avez laissé 
tomber quelque chose. Mé toumbaraï, té toumbaras, je 
tomberai, tu tomberas. Toumba dé soun lon, tomber à 
plat. Acd's toumba én prouvèrbi, cela est passé en proverbe. 
Acù toumbè pas dou séou, cela ne tomba pas à terre, ne fut 
pas oublié. Las mans mé tombou, je ne me sens pas les mains 
du froid qu'il fait; j'ai l'onglée. Touwmban lou cas, le cas 
échéant. Pode pas y toumba, je ne puis y réussir, le moyen 
m'échappe. Towmba dé vi, dé bouïoun, répandre du vin, du 
bouillon. Toumban-lévan, à grand'peine, cahin-caha, tant 
bien que mal. 

Dér. de Toumbo, c.-à-d. aller dans la tombe, en bas. 

Toumbado, s. f. Vogue, aflluence. —- Aguélo boutigo, 
aquélo doubèrjo a uno forto toumbado, il y a grande 
affluence de clients. dans ce magasin, dans cette auberge; 
tout le monde y afflue. 

Dér. de Toumba, tomber. 

Toumbaduro, s. f. Chûte; effets, conséquences, bles- 
sures, contusions, produits par une chûte. 

Dér. de Toumba, tomber. 





TOU 629 


Toumbaïre, s. m. Langueyeur de pofes, ainsi désigné 
parce qu'il abat ces animaux pour examiner s'ils sont 
atteints de la lèpre. 

Dér. de Toumba, tomber. 

Toumbarèl, s.m". Tombereau, sorte de charrette servant 
ordinairement à transporter des matières terreuses ou pier- 
reuses et que l’on décharge en lui imprimant un mouve- 
ment de bascule en arrière. 

Dér. de Toumba, tomber. 

Toumbaréla ou Toumbarélado, s. m. ou f. Charge 
d'un tombereau, plein un tombereau. — Un toumbaréla dé 
sablo, plein un tombereau de sable. 

Dér. de Toumbarèl, tombereau. 

Toumbo, s. /. Un caveau mortuaire, une tombe ma- 
çonnée, et non pas une simple fosse, que l'on appelle un 
Cros. 

Dér. du lat. Tumba, m. 8. 

Toumo, s. f. Fromage mou, fraichement caillé, une 
jonchée. — Blan coumo uno toumo, päle comme un fro- 
mage frais. 

Toumple, s. m». Gouffre, abime, endroit profond d'une 
rivière ou d’une vallée. On trouve dans la commune de 
Concoules, sur une partie profonde de la rivière de 
l’Amalet ou Homolet, un hameau de deux ou trois mai- 
sons qu'on appelle Lou Toumple, 

Toun, s. m. Ton, le son de la voix, la note musicale; 
air, manières. — As manqua lou toun, tu n'as pas saisi 
l'air de ce chant. Aviè un toun dé créséngo, il avait un air 
de fierté. Lou toun faï La cansoun, le ton fait la chanson. 

Dér. du lat. Tonus, m. s. 

Toun, adj. poss. m. dont le fém. est Ta. Au plur. 
Tous, Tas. — Toun chi, La pardoulo, tous amis, tas tèros, 
ton chien, ta parole, tes amis, tes propriélés. Coumo fas 
toun fièr! comme tu es fier ! 

Dér. du lat. T'uus, tua. 

Tounaïè, s. m. Tonnelier, fabricant de tonneaux, de 
foudres, de cuves vinaires en bois. 

Dér. de Tounèl, tonneau. 

Toundar, s. m. Mouton nouvellement tondu très-ras. 

Dér. de Toundre, tondre. 

Toundéire, s. m. Tondeur, celui dont le métier est de 
tondre les moutons, les chevaux, les chiens. 

Dér. de Toundre, tondre. 

Toundésoù, s. f. La tonte des troupeaux, l'époque où a 
lieu celte opération, l'action de tondre les animaux. 

Dér. de Toundre, tondre. 

Toundrâou, s. m. Sot, nigaud, niais, crédule; qui se 
laisse mystifier, gruger, tondre sans résistance. 

Dér. de Toundre, tondre. 

Toundre, v. Tondre les bêtes à laines, les chevaux; 
couper les cheveux ras. — T'an toundu, on t'a coupé les 
cheveux très-court. Acd's toundu, voilà une affaire réglée. 
Sé laïssa toundre, se laisser gruger, se laisser voler. Faliè 
véni quan toundian, dourias agu dé lano, se dit prover- 

s0 


630 TOU 


bialement à celui qui n'arrive pas à temps pour profiter 
d'une bonne occasion. 

Dér. du lat. Tondere, m. s. 

Toundre! interj. Adoucissement apporté parmi le 
peuple à un juron plus accentué, dont il existe diverses 
variantes et notamment le mot Foundre! qui se rapproche 
davantage du type original. Cette interjection est surtout 
employée par les femmes, et n'indique pas, chez celui ou 
celle qui la prononce, un degré de colère ou d’impatience 
bien caractérisé. 

Toundu, do, adj. m. et f. Tondu, tondue; qui a les 
cheveux coupés ras. Au fig. celui qui est volé, grugé, 
mystifé. 

Dér. de Toundu, tondu, à cause de son aspect lisse. 

Toundudo, s. f. Petit pain de millet noir ou sarrazin, 
ou de maïs, pesant et indigeste, cuit dans l'eau bouillante. 
Dans quelques parties du Gard, le petit pain de maïs porte 
le nom de Mäas et dans les pays du nord celui de Gaude. 

Dér. de Toundre, tondre. 

Toupé, s. #. Toupet, touffe de cheveux placée au-dessus 
du front. Au fig. effronterie, audace, outrecuidance, im- 
pudence, — Quinte toupé! Quel toupet! quel effronté! 

. Dér. du bas all. Topp, touffe de cheveux. 

Toupi, s. m. Pot de terre à poignée, qui sert ordinaire- 
ment à faire cuire la viande du potage ou la viande à 
l'étouffée. — Toupè méjanciè, pot de grandeur moyenne. 
Lou toupè vèsso, le pot répand par ébullition. Au fig. sot, 
niais, imbécile, dépourvu d'intelligence. Méci coumo un 
toupà, bète comme un pot. Toupinas, gros nigaud, grosse 
bête. 

Toupina, s. m. Potage grossier cuil dans un pot; sorte 
de panade épaisse et gluante. 

Dér. de Toupi, pot. 

Toupinado, s. f. Une potée, plein un pot. 

Dér. de Toupi, pot. 

Toupinèl, èlo, s. et adj. m. et f. Sot, sotte: borné, 
bète comme un pot. 

Dér. de Toupà, pot. 

Toupino, s. f. Vase de terre de plus grande dimension 
que le Toupè. On lui donne en quelques localités du Gard 
le nom de Glouto. Vase en terre servant à faire nicher les 
moineaux. 

Dér. de Toupi, pot. 

Touqua, v. Toucher, manier, palper, tâter ; chasser devant 
soi, mener, conduire en se tenant derrière; frapper, corri- 
ger; concerner, importer; émouvoir; éprouver. — Aquélo 
malâoutiè l'a touqua, celle maladie l’a fortement éprouvé. 
Sé noun siès brave, té toucaraï! si tu n'es pas sage, je te 
corrigerai d'importance! S  tèros sé toquou, leurs pro- 
priélés sont contiguës. Toquo toun chival, donne un coup 
de fouet à ton cheval. Las tèlos sé toquou, je suis sans 
ressources, je n’ai plus un sou. 

Touquadoü, s. m. Conducteur ou meneur de bêtes de 
trait ou d'animaux de boucherie, tels que bœufs, chevaux, 





TOU 


ete.; celui qui les touche ou les chasse devant lui, avec 
un fouet, un trident ou un aiguillon. 

Dér. de Touqua, toucher. 

Touquéja, v. Toucher, manier, palper à plusieurs 
reprises. Ce verbe s'emploie dans un sens fréquentatif, à la 
place du verbe Touqua, toucher. 

Tour, s. m. Mouvement circulaire; métier à filer la 
soie; tour de promenade; tour d'adresse, de prestidigita- 
tion; machine qui sert à façonner le bois, la pierre, les 
mélaux, etc. — Faïre soun tour, fienter, en parlant des 
petits enfants. 

Toura, v. Scier en travers, un billot de bois, un tronc 
d'arbre. 

Dér. de Torou, billot, rondin. — Voy. c. m. 

Touradouiro, s. f. Le passe-partout des scieurs de long; 
scie à deux manches, adaptés aux deux extrémités de Ja 
lame, et qui sert à débiter le bois, la pierre, ete. Cette scie 
à quatre mains est maniée par deux ouvriers placés en 
face l’un de l'autre et tirant alternativement. Dans cer- 
taines localités du Gard on donne à cet outil le nom de 
Loubo. 

Dér. de Torou, tronc, billot de bois. 

Touraïo et Tourasso, s. m. Grosse et vieille tour. Augm. 
de Toure. — Voy. c. m. 

Touras, s. m. Fièvre éphémère des femmes en couches: 
tumeur qui vient au pis des chèvres. 

Tourdre, s. m. Une Tourde, et non pas un Tourdre. 
Grive des vignes; merle-grive (Turdus musicus, Tem.). 
Dessus du corps d’un gris brun, poitrine d'un jaune rous- 
sâtre, avec des tâches brunes; gorge et flancs blancs. Lon- 
gueur 0m20 cent. La Céséro, la Gamégno, le Couchacha, 
variélés de la même famille, sont souvent désignés sous le 
nom commun de Tourdre; mais les gourmands savent 
en faire la différence, et préfèrent de beaucoup ce dernier, 
quand il est en bon point, assurés que c'est de lui 
qu'Horace, qui s'y connaissait aussi, a dit : Obeso! nil 
melius turdo. 

Toure, s. f. Tour, construction qui, dans un château, 
une église, une enceinte de ville forte, dépasse en hauteur 
le restant des constructions, et leur sert de défense ou 
d'ornement; nuages lourds et floconneux qui présagent 
un orage, et que les météorologistes désignent sous le nom 
de Cumuli. 

Touril, s. m. Petite tour, claperole de forme circulaire, 
construite à pierres sèches et servant à indiquer un tracé, 
une limite, un terrain mis en défense; moulin à tourille 
dont la roue horizontale est indépendante. — Zow mouli 
dâou Tour où déou Tourél, sur la Cêze, au tournant de 
la Tune, dans la commune de Peyremale. 

Dér. du lat. Turris, tour. On dit aussi Tourio. — 
Voy. c. m. 

Touril, s. »#. Soupe à l’ognon. 

Tourio, s. f. Tourelle, petite tour, claperole, moulin à 


; tourille. — Voy. Touril. 





TOU 


Tourméntino, s. f. Térébenthine, gomme ou suc rési- : 


neux qui découle du térébinthe, du mélèze et de plusieurs 
espèces de pins. Le terme languedocien est une corruption 
du mot français. 

Tourna, v. Remettre en place; rendre une chose prètée ; 
revenir à une chose, — Tournas acù ounte èro, remettez 
cela à sa place. Y-as-ti tourna sa barioto? Lui as-tu rendu 
sa brouette? S'atrouvas la soupo bono, tournas-y, si vous 
trouvez le potage à votre goùt, revenez-y. 

Tourna, adv. De nouveau, derechef, encore, une seconde 
fois. — Vène dé la vilo, y vôou tourna, j'arrive de la ville, 
j'y retourne. Towrna dire, redire, dire de nouveau. 

Onditaussi Tourna-maï, adv. comp. dans le même sens 
et dans celui de « plus encore. » 

Tourné, s. m. Rouet à pédale, machine servant à filer. 
Cet instrument, plus encombrant que la quenouille, et 
difficile à transporter hors de la maison, constitue cepen- 
dant un perfectionnement sur la première, et permet de 
produire trois fois plus de fil et un travail plus parfait. 

Dim. de Tour. 

Tournéja, v. Tourner, façonner au tour. Au fig. 
tourner, rôder autour. On dit aussi, dans le mème sens, 
Virouléja. 

Tournioù, s. m. Tourneur, ouvrier qui façgonne des 
ouvrages au tour. 

Dér. de Tour. 

Touroun, s: m. Sorte de nougat blanc fait avec des 
amandes grillées, du miel et du sucre. 

Dér. du lat. Torreo, griller, torréfier. 

Tourqua, vw. Torcher, nettoyer, essuyer, frotter. — 
Sétourca, se torcher. Sé torquo pas low nas émb'uno fusto, 
il ne se torche pas le nez avec un soliveau; comme on 
dirait en français : il ne se mouche pas des pieds. 

Dér. de Torquo, bouchon de paille. 

Tourtioù, s. m. Sorte de pâtisserie indigeste, confec- 
tionnée avec de la fleur de farine, des œufs et du sucre, et 
formant une sorte de bracelet appelé brassadèou, en 
Provence. 

Dim. de Tourto, tourte. — Voy. c. m. 

Tourto, s. f. Pain de ménage, pain bis, de forme circu- 
laire, en forme de couronne. 

Dér. de Tour. 

Tourto-douço, s. . comp. Tarte, sorte de pâtisserie 
composée de deux feuilles de pâte recouvrant une couche 
de confiture, de crème, de frangipane, etc. 

… Tourtouièiro, s. f. Cable de charrette ou de chariot que 
l'on tend au moyen d'un tour mis en mouvement par 


- une barre, pour assujettir le chargement en diminuant 


quelquefois son volume. 

Dér. du lat. Tortus, tordu. 

Tourtouro, s. f. La tourterelle (colombe tourterelle, 
Columba turtur, Temm.), oiseau de l'ordre des pigeons, 
nombreux dans le Midi. Cette dénomination s'applique 
également à la tourterelle à collier. 





TOU 631 


Tourtugo, s. . l'ortue. Testudo, Linn. Animal à quatre 
pattes, classé par Linné dans le premier genre de son 
ordre des Reptiles, et par Al. Brongniart dans le premier 
ordre des Reptiles appelés par lui Chéloniens. Il en existe 
plusieurs espèces ; la plus connue est la tortue grecque, 
Testudo græca, Linn. La plus commune en Europe est la 
Tortue d'eau douce, Testudo lutaria, Linn. 

Dér. du lat. Tortus, tortu, à cause de la forme des pattes 
de la tortue. 

Tous, s. /. La toux, phénomène physiologique lié à la 
fonction de la respiration et qui consiste dans une expec- 
toration forte, rapide et sonore, déterminée par l'irritation 
de la membrane muqueuse des voies aériennes, ayant pour 
but d'expulser les corps étrangers qui causent cette irri- 
talion. — Michanto tous, marido tous, une toux de mau- 
vais augure. La tous passo bé as cas, la toux passe bien 
aux chats, les défauts de jeunesse finissent toujours par se 
guérir. 

Dér. du lat. Tussis, m. 8. 

Touséièiro, s. f. Champ de froment ou de touselle. 

Dér. de Tousèlo, touselle. 

Tousèlo, s. /. Froment, touselle, blé sans barbe, Triti- 
cum hibernum aristis carens: 1 en existe deux espèces: la 
tousèlo blanco et la tousèlo rousso, qui sont cultivées dans 
nos contrées, et très-employées dans la panification, chez 
les populations rurales des pays de plaine. 

Toussan, n. pr. f. La Toussaint, la fête de tous les 
saints, qui se célèbre le 4e novembre de chaque année. — 
Pér Toussan, l'oulivo à la man, à la Toussaint, il faut 
commencer la cucillette des olives. 

Mot composé, formé de Tous et de San, tous les saints. 

Toussi, s. m. La toux. — Lou toussè m'arapo, la toux 
me prend, je sens que je vais tousser. — Voy. Taus. 

Dér. du lat. Tussis, Im. 8. 

Toussilage, s. su. Tussilage, Tussilago farfara, Lion., 
plante pectorale commune dans tous les terrains humides et 
argileux du département du Gard. Elle est connue sous le 
nom vulgaire de Pdouto-d'ase, pied-d'âne ou pas-d’äne, à 
cause de la forme de ses feuilles. Ses fleurs, ses feuilles et 
ses racines sont adoucissantes et pectorales, et employées 
comme telles dans les campagnes. 

Dér. du lat. Tussis, toux, parce qu'on l'emploie habi- 
tuellement pour combattre cette affection. 

Tout, s. m. Tout, l'ensemble d'une chose considérée 
dans son entier. — Lou tout és dé s'énténdre, le tout est 
de s'entendre. Ac n'és pas lou tout, ce n'est pas le tout... 
És pa lou tout d'acouménça, féou acaba, ce n'est pas le 
tout de commencer, il faut finir. N'y én diguè dé las toutos, 
il n'est pas d'injures qu'il ne lui ait dites. 

Tout, 0, adj. m. et /. Tout, toute; au pl. toutes et 
toutos, tous, loules. 

Tout, adv. Tout, tout-à-fait, entièrement. — À l'èr tout 
néci, il a l'air tout hébété. Tout, adverbe, s'emploie souvent 
avec un suffixe : Tout-aro, tout-à-l'heure ; tout-aréto, dans 


622 TRA 


un petit moment. Tout plan-plan, tout bas, tout doucement, 
sans se presser. Tout d'un tén, entre-temps. 

Dér. du lat. Totus, m. s. 

Toutaréto, loc. adv. Il n’y a qu'un instant, dans un 
instant. 

Dim. de Toutaro. — Voy. ce mot. 

Toutaro, «dv. Tout-à-l'heure, dans un moment, bientôt. 
— Toutaro y sèn! nous allons arriver au moment critique ; 
je m'en vais le mettre à sa place. 

Loc. comp. de Tout et de Aro, à présent. 

Toutes, os, adj. m. et f. pl. Tous, toutes. — Toutes 
lous bibous dé la Camarguo pourièn mouri qué noun m'én 
véndriè uno bano, tous les héritages pourraient pleuvoir, 
qu’il ne m'en reviendrait pas une obole. 

Tout-éscas, loc. adv. Tout à l'heure; il n’y a qu'un 
instant. 

Tout-éscasséto, loc. adv. Dim. de Tout-éscas; il n’y 
a qu'un très-pelit instant. 

Tout-houro, s. f. Grosse prune oblongue, d’un rouge 
brun, bonne à manger en confiture et en marmelade. C’est 
une variété de la prune Perdrigon. 

Tout-obro, s. ». Ouvrier, manœuvre dont l'aptitude se 
prête à toute sorte de travaux. 

Mot composé de Touto, toute, et Obro, œuvre, travail. 

Tout-un, adj. ind. Tout un, la même chose. — Acù ’s 
tout-un, c'est tout'un, c'est une même chose. 

Trabado, s. f. Une travée, terme de charpenterie; la 
travée d’un pont suspendu ou métallique est la partie du 
plancher comprise entre deux points d'appui, culées ou 
piles. Un pont à trois travées est un pont suspendu ou 
métallique composé de trois planchers soutenus par deux 
culées et deux piles en rivière. 

Dér. du lat. Trabs, m. 8. 

Trabasta, v. Pencher d’un côté, avoir une tendance à 
tourner sens dessus-dessous. Se dit surtout d’un bât de 
mulet ou de la charge d’une bête de somme lorsqu'ils pen- 
chent d’un côté plus que de l’autre, faute souvent d’avoir 
suffisamment sanglé le bât; se dit aussi par extension de 
toute autre chose qui perd son équilibre. 

Dér. de Tra pour Trans, au-delà, et de Bast, bât. 

Trabuqua, ». Trébucher, broncher, faire un faux pas, 
tomber le corps en avant. 

Dér. de Trabue, chute, culbute. 

Tracan, s. m. La marche des affaires, le tran-tran du 
jeu, du négoce. Dim. Tracané. — Quinte tracan! quelle 
multiplicité d’affaires! Faire soun tracané, faire tranquille- 
ment son petit commerce, ses affaires journalières. 

Tracana, v. Terme de manufacture de soie : envider une se- 
conde fois la soie qui avait été mal envidée une première fois. 

Tracané, s. m. Dim. de Tracan. — Voy. c. m. 

Trachèl, s. m. Touffe de laine ou d’étoupe; touffe de 
cheveux coupés ; masse floconneuse de diverses substances 
filamenteuses. — Trachèl dé nèou, flocon de neige. 

Dér. du lat. Truncatus, détaché, coupé. 





TRA 


Trafi, s. m. Tracas, trouble, désordre ; chose difficile et 
embrouillée. — Lou trafi d'un oustdou, le tracas d’un mé- 
nage. Au fig. les soucis, les peines, les tourments que l’on 
éprouve, auxquels on est exposé. - 


Pauri cor doulènt qu’avès voste abounde 
Di tràfi dèu mounde. 


Léontine Gorranp. 


Traficho, s. f. Gros clou allongé dont la tête est ordi- 
nairement triangulaire et qui sert à fixer les chevrons sur 
les poutres et les charpentes. 

Le lat. Fixorius clavus répond au terme languedocien. 

Trafiqua, v. Rôder dans une maison, déplacer les objets, 
les remettre en place, tracasser par ses manières les gens 
du logis; fréquenter une maison, un pays, un lieu. — 
Tout lou jour trafico, toute la journée il tourne et retourne, 
place et déplace. Trafiquo moun oustdou, il fréquente ma 
maison, il y vient journellement. 

Trafiquan, s. m. Trafiquant, commerçant; intrigant; 
celui qui achète et revend toutes sortes de marchandises. 

Dér. de Trafiqua. — Voy. c. m. 

Trahi, v. Venir à bout de couper, de trancher avec les 
dents ou de mâcher un aliment dur ou coriace, — Pode pa 
trahà la crousto, il m'est impossible de mâcher la croûte de 
pain. 

On dit aussi Vénc?, dans le même sens. 

Traïo, s. f. Traille, câble d’un puits à roue qui supporte 
les godets et sert à puiser l’eau d’un réservoir inférieur pour 
l'amener dans un réservoir supérieur; câble en chanvre ou 
en fil de fer tendu en travers d’une rivière pour faciliter le 
passage d’un bac. On fabriquait jadis les câbles de puits à 
roue avec des sarments de vigne sauvage entrelacés; on en 
fabrique encore en sparterie. 

Les sarments de vignes portent encore, dans le Var, le 
nom de Traïo, synonyme de Tréto. 

Traïre, v. Tirer, lever, jeter, lancer, tomber, marcher. 
— Traïre dé pèiros, tirer de la pierre de taille d'ane car- 
rière; jeter des pierres contre quelqu'un. Aquélo pèiro traï 
dé fi, cette pierre lance des élincelles. Traï dé nèou, il 
tombe de la neige. Mdou-traïre, mal tourner, aller de mal 
en pis, empirer, se débaucher. Fénira pér mou traïre, il 
finira par se gâter. Traïre-mdou, avoir de fâcheux pressen- 
timents sur une chose ou sur quelqu'un, être en peine sur 
le compte d'une personne, sur les suites d’une affaire. 

Dér. du lat. Trahere, tirer. 

Trambla, v. Trembler, être agité, craindre, avoir peur. 
L'expression Qué faï trambla, est prise comme terme du 
plus haut degré de comparaison. — Y-« d'aïgo qué fais 
trambla, il ÿ a une quantité d'eau effrayante. À d'ésprà 
qué fai trambla, il a beaucoup d'esprit. Y-a« dé castagnos 
qué fai trambla, il ÿ a une superbe récolte de châtaignes, 
les châtaigners sont chargés de fruits. Ac faï trambla, ce 
récit, cet événement, cette catastrophe sont effrayants. 

Dér. du lat. Tremulare, dim. de Tremere, m. s, 


TRA 


Tramblamén, s. m. Fremblement, agitation, action de 
trembler, frisson. — Acù és un affaire dâou tramblamén, 
se dit d'une chose extraordinaire, inouïe, effrayante. 
Y-aviè la troupo, la musiquo et tout lou tramblamén, il y 
avait à cette cérémonie, les soldats, la musique et tout ce 
qui s'ensuit. 

Tramble, s. m. Frisson, impression de froid, qui carac- 
térise la première période d'un accès de fièvre; impression 
de peur et d'effroi. — M'a prés un tramble, j'ai été saisi 
par des frissons ; j'ai eu une peur atroce. 

Tramo, s. f. Trame, fils conduits par la navette entre 
ceux qui forment la chaine; laine grossière et pleine de 
bouchons qui s'arrête au bas du peigne et qu’on sépare de 
la laine fine, laquelle devient alors de l’étaim, dont le poil, 
plus net et plus long, a plus de force pour être employé à 
la chaine des étoffes. 

Dér. du lat. Trama, m. ss. 

Tranché, s. m. Tranchet, outil de cordonnier, sorte de 
longue lame d'acier, munie au sommet d'un tranchant en 


biseau latéral et qui sert à couper le cuir. 


Transi, do, adj. m. et f. Transi, saisi par le froid, par 
la peur; ayant l'air malheureux, misérable. 

Dér. du lat. Trunsire, aller au-delà, du côté opposé; 
verbe qui, dans la basse latinité, signifiait mourir, passer 
de vie à trépas. 

Transidoù, s. m. Le flanc, la partie latérale du ventre. 
— M'a piqua dou transidoù, il m'a frappé au flanc. 

Trantaïia, v. Chanceler, vaciller, perdre son équilibre. — 
As trop bégu, trantaïes, tu as trop bu, tu chancelles. 

Trâou, s. m. Trou: ouverture percée dans un corps 
quelconque, intentionnellement ou non; perforation acci- 
dentelle. — M'én sièi sourtà émb'un trdou à la tèsto, je 
me suis sorti de la bagarre avec une blessure à la tête. On 
appelle aussi trdou les petites excavations pratiquées par 
les enfants pour jouer aux billes, dans le jeu de fossette. 
Ai fatrdou, ma bille est entrée dans la fossette. Low {rdou 
d'éou"quiou, l'anus, le fondement. Un trdou dé ra, un 
trou de rat: Au fig. on dit : És nascu dine un tréou, il 
est né dans un misérable village, il n’a l'usage de rien, il 
ignore les plus simples lois de la politesse. Béou coumo un 
trou, il boit comme un trou. Faire un trdou à la luno, 
faire une dette que l'on ne paye pas, s'endetter, mettre la 
clé sous la porté. Tapa sous trdous, payer ses dettes. Faïre 
un trdou pér n'atapa un doutre, déshabiller saint Pierre 
pour habiller saint Jean; faire une nouvelle dette pour en 
solder une ancienne. Mé saridi més dinc un trâou, je me 
serais réfugié dans un trou (tellement j'avais honte ou tel- 
lement j'avais peur). 

Dér. de la bass. lat. Traugum. 

Trâouqua, v. Percer, trouer, pratiquer un trou, une 
ouverture; ouvrir, pénétrer, — Trdouqua uno bouto, mettre 
un tonneau en perce. Trdougua uno dén, percer une dent, 
en parlant des jeunes enfants. À las mans trdoucados, 


c'est un panier percé, il dépense l'argent sans compler. 





TRA 633 


Résoùs tréouquados, paroles, discours inconsidérés, dérai- 
sonnables, insensés. 

Dér. de Trdou, trou. 

Trâouqué, s. m. Dim. de Trdou. Petit trou, petit 
pertuis, faible ouverture. 

Dér. de Tréou, trou. 

Trâouquia, do, adj. m. et f. Dim. de Trdouqua. Criblé, 
percé de petits trous en grand nombre, comme l'est 
un crible; plein d'yeux comme le pain bien levé et bién 
travaillé, et comme le fromage de gruyère; vermoulu. 

Trapo, s. f. Trappe, petite ouverture, petite porte 
servant ordinairement de communication entre un étage 
supérieur et un étage inférieur. 

Dér. de l'anc. allemand Trapp, m. 8. 

Trapô, s. m. Trapu; court de taille; court et gros. On 
dit aussi Trapé. 

Trapoü, s. m. Petite trappe ; terrine au riz ou au gruäu. 

Trapougnièiro, s. /. Chattière. On dit aussi Catou- 
gnèiro. — Voy. ©. m. 

Tras (Dé), adv. Derrière, à côté, au-delà, de l'autre 
côté. — Dé tras aquel oustdou, derrière cette maison. 
Aquél oustdou done sus lou dé tras, cette maison donne sur le 
derrière de la rue. Tras lou sère, de l'autre côté de la colline. 

Dér. du lat. Trans, au-delà. 

Trasséjà, v. Ravauder, ranger des hardes, des meubles; 
remanier l'ordonnance d'un ameublement, dans une maison. 

Trassije, s. m. Etat valétudinaire, mauvaise santé, 
mauvais penchant. 

Trasso, adj. m. et [. Se dit en parlant de choses usées, 
vieilles, de peu de valeur; d'une santé usée; d'une chose 
mince, fragile, facilement destructible. — Un érasso dé 
capèl, un vieux chapeau. Dé trassos dé groulos, de vieilles 
savates. Un ome trasso, un homme chétif, malingre, sans 
vigueur. Un trasso d'ome, un homme de peu de valeur, 
mauvais sujet. Souï bièn trasso, je suis bien affaissé, bien 
affaibli. Papiè dé trasso, papier Joseph. 

Dér. de l'italien Strassa, guenille. 

Trassun, s. m. Rebut, déchet, portions de denrées à 
rejeter. — Lou trassun das poumos, das castagnos, le rebut, 
des pommes, des châtaignes. 

Trassuègno, s. f. Péjoratif de Trassun, le rebut du rebut. 

Trata, v. Traiter, servir, donner à manger chez soi, ou 
dans un restaurant, chez un traiteur; injurier. — Trato 
lous vouyajurs, il donne à manger aux voyageurs. M'a 
bièn trata, il m'a servi un excellent repas. M'a trata dé 
voulur, il m'a traité de voleur, il m'a appelé voleur. 

Travaia, v. Travailler, agir; façonner, exécuter un tra- 
vail; cultiver; troubler, inquiéter, tourmenter; se déjéter, 
se tourmenter, en parlant des ouvrages en bois. — Sèn 
nascu pér travaïa, nous sommes nés pour le travail. 
Travaïa soun bé, cultiver sa propriété. Aquélo afäire mé 
travaïo, cette affaire m'inquiète. Aqud és mdou travaïa, 
c'est mal agir de faire ainsi. 

Dér. de Traval, travail. 


634 TRA 


Travaïadoù, s. m. Travailleur de terre, journalier, ma- 
nœuvre, paysan, cultivateur. 

Dér. de Traval, travail. 

Travaïaïre, ro, s. m. et f. Travailleur, travailleuse; 
laborieux, porté au travail, qui aime à travailler. És un 
bon travaïaire, c'est un homme laborieux. 

Dér. de Traval, travail. 

Traval, s. m». Travail, ouvrage; difficulté, peine, fati- 
gue; agitation, bruit, vacarme. — Quinte traval ès pas 
acd! quel travail pénible! quelle affaire difficile à dé- 
brouiller! Y-a dé traval! cette difficulté n'est pas facile à 
résoudre. Lou traval fa yé faï pas pou, le travail accom- 
pli ne lui fait pas peur; se dit d’un paresseux avéré. 

Travès, s. f. Travers, étendue en largeur; revers de 
colline, de côteau, penchant de montagne, surface de 
terrain en pente. — Sé métre én travès, se mettreen travers. 
Mésura én travès, mesurer dans le sens de Ja lar- 
geur. Cassa sus lous travès, chasser sur le penchant des 
vallées. 

Dér. du lat. Transversum. 

Travès (Dé), loc. adv. De travers, de guingois, de côté, 
à contre-sens. — Parla dé travès, parler contre les règles 
du bon sens, d'une manière insensée. Dé résoùs dé travès, 
des paroles inconvenantes. Préne las câousos, lous homes dé 
travès, donner aux choses une fàcheuse interprétation; 
prendre les hommes à rebrousse-poil, les contrarier, les 
blesser au moral. 

Travès (Pér), loc. adv. Par le travers. — Sé podes pas 
douboura aquélo fusto pér lou bout, prén-la pér travès, si tu 
ne peux soulever cette pièce de bois dans le sens de sa 
longueur, prends-la par le travers. 

Travéssan, s. m. Pièce d'assemblage de menuiserie, 
posée en travers pour en affermir d’autres; traversin, 
long oreiller cylindrique posé en travers du lit et sur lequel 
repose la tête. On dit aussi Travéssiè. 

Dér. de Travès. 

Travéssiè, s. m. Traversin; traversine ou étrésillon, 
pièce de bois entaillée qui en assujétit ou en soutient 
plusieurs autres: pièces de bois posées en travers d’une 
charpente. 

Travèsso, s. f. Ruelle traversière, reliant deux autres 
rues parallèles plus larges ou plus longues; chemin de 
traverse, présentant un raccourci sur la route ordinaire. — 


Travésséto, dim. de Travèsso. — Travéssasso, augm.. 


de Travèsso; à Alais, {a Travéssasso est une rue qui relie 
la place de la République à la place Florian, appelée 
aujourd'hui rue des Hortes. 

Travèsso, s. f. La traverse, le vent qui traverse, du 
couchant au levant, la ligne nord-sud considérée comme 
point de départ dans la rose des vents; vent du nord-ouest 
ou même le vent d'ouest. — Un co dé travèsso a éscavarta 
las nivous, un vent d'ouest a dispersé les nuages. 

Travéto, s. f. Solive, soliveau ordinairement soutenu en 
dessous par les grosses poutres d'un plancher et sur lequel 





TRÉ 


s'appuient et sont clouées les planches qui soutiennent le 
carrelage. 

Dér. du lat. Trabs, poutre. 

Trébouli, v. Tressaillir; fermenter; être surexcité, 
agacé, exacerbé. — Mé fas tréboulà, tu m'impatientes, tu 
m'agaces. 

Dér. de Tré pour trans et de Boul}, bouillir. — Woy. 
Éntrébouli. 

Tréboulino, s. f. De l’eau, du vin, du café trouble ou 
toute autre liqueur non limpide. — És pa qué dé trébou- 
lino, ce ne sont que des effondrilles. Au fig. trouble, émo- 
tion, effroi. 

Dér. de Trébouli. 

Tréfouli, v. Être transporté de joie, d'impatience; 
trépigner, tressaillir, griller d'envie. — Tréfoulis d'énvéjo dé 
parti, il meurt d'envie de partir. 

Tréïas, s. m. Vigne ou treille rustique, plantée en 
pleine campagne, non disposée en tonnelle, mais qui vient 
naturellement, soutenue par de simples perches ou adossée 
à un arbre. 

Péjor. de Tréïo, treille. 

Tréio, s. m. Treille, cep que l'on fait monter sur les 
arbres ou plutôt devant une façade de maison et que l'on 
dispose parfois en berceau; sorte de danse nationale en 
usage à Béziers depuis un temps immémorial, et dans 
laquelle danseurs et danseuses tiennent des cerceaux qui 
forment comme une treille en tonnelle au-dessus de Jeurs 
têtes. 

Tréje, nom de nombre, m. s. Treize. 

Dér. du lat. Tredecim, m. s. 

Trélu, s. m. Changement de lune, à partir du troisième 
quartier, correspondant à la pleine lune ; éclat, lueur, clarté. 

Dér. du lat. Translucere, se réfléchir, luire au travers. 
* Tréluqua, v. Entrer dans son plein, en parlant de la 
lune. — La luno a tréluqua, c'est aujourd'hui pleine lune. 

Dér. du lat. Translucere, se réfléchir, luire au travers. 

Trélusi, v. Briller, reluire. On dit aussi Éntrélusi, 
entreluire; entrevoir; luire vaguement, à-demi. — L'aï 
vis éntrélusi, je l'ai entrevu. 

Dér. du lat, Translucere. 

Trémoula, v. Trembler, frissonner, frémir, grelotter. 
— Trémoula dé pôou, frissonner d’épouvante. Aviè uno fré 
qué trémoulavo, il grelottait de froid. 

Dér. du lat. Tremulare, trembler. 

Trémpa, v. Tremper, mouiller, saucer; mettre, laisser 
macérer dans un liquide. — Trémpa la soupo, verser le 
bouillon sur les tranches de pain. Bouta la mérlusso à 
trémpa, mettre la morue dans l’eau pour la dessaler. 

Dér. du lat. Temperare. 

Trémpe, po, adj. m. et f. Trempé, ée, abondamment 
mouillé; être en nage, ruisselant de sueur. — Trémpe 
coumo un rat, mouillé comme un rat, Trémpe coumo uno 
soupo, mouillé comme une soupe. 

Dér. de Trémpa, tremper. 


TRÉ 


Trémpièiro, s. {. Tonneau, baril où l’on met ‘a piquette. 
— Boulo trémpièiro, tonneau à piquette. 

Dér. de Trémpo, piquette. 

Trémpo, s. f. Piquette de vin, que l'on prépare avec du 
mare de raisin, sur lequel on fait cuver de l’eau ordinaire 
pendant quelques jours, ce qui donne une sorte de vin plus 
ou moins léger. — Trémpo parisièno, piquette dite parisienne, 
que l'on prépare en remplissant une barrique de grains de 
raisins non foulés, et achevant de remplir le récipient avec 
de l'eau ordinaire. Au bout de quelques jours on commence 
à soutirer le liquide au moyen d’un robinet établi au 
fond de la futaille, et on remplace par de l'eau ordinaire 
la quantité de piquette soutirée, de manière à ce que le 
tonneau reste toujours plein du liquide, qui va s'affaiblis- 


‘sant de jour en jour. Trémpo dé la prémièiro, piquette que 


l'on fait avec du marc non lavé. Trémpo dé la sécoundo 
piquette plus faible que l'on prépare avec le marc qui reste 
après en avoir ubtenu la première piquette. Péoure coumo 
la trémpo, pauvre comme un rat d'église. És afatiga coumo 
un pdoure ome qué coulo sa trémpo, il se démène comme 


* une corneille qui abat des noix. 


Trémpo, s. /. Trempe, qualité, sorte, espèce. — Dé 
géns dé bono trémpo, des gens houorables. 

Trémuda, v. Changer, déplacer, transvaser ; transformer, 
convertir, métamorphoser, transfigurer. — Trémuda lou 
vin, transvaser le vin. 

- Dér. du lat. Transmutare, m. s. 

Tréna, vw. Tresser, tordre, entrelacer; trainer, tirer 
après soi, entrainer. 

Dér. de Tréno, tresse. 

Tréncado, s. /. Tranchées, coliques éprouvées par les 
femmes en travail d'enfant. 

Dér. du lai. Truncare, trancher. 

Tréno, s.. Tresse, natte de cheveux ou de cordons. 

Trénquéja, v. Piocher, travailler la terre à la pioche. 

Dér, de Trénquo, bèche. 

Trénquéjaire, s. m. Travailleur de terre; celui qui 
travaille avec une bèche. 

Dér. de Trénquéja, bècher. 

Trénquièiro, s. f. Crevette des ruisseaux et des fon- 
taines, Grammarus pulex, Linn., crustacé de l'ordre des 
Astacoïdes et de la famille des Capités. 

On croit, parmi le peuple, que si l'on avalait vivant un 
de ces insectes, on en éprouverait de vives tranchées : de 
là son nom de Trénquiètro. On le désigne aussi sous le 
nom de Trérquo-l'aïgo. 

Trénquo, e. f. Une pioche, une bèche; sorte de houe; 
hoyau. 

Dér. du lat. Truncare, trancher. 

‘Trénquo-largo, n. comp. f. Pioche, houe à lame large. 

Trénténéja, v. Approcher de la trentaine; être âgé 
d'environ trente ans. — Acouménce dé trénténéja, j'appro- 
che de la trentaine. 

Dér. de Zrénto, trente. 





TRÉ 635 


Trénténo, s. f. La trentaine; les approche de l'âge de 
trenle ans. — Aï passa la trénténo, j'ai plus de trente ans. 
Siès sus toun trénto-un, tu es en grande toilette. Marcha 
us soun trénte-un, aller] sur un grand ton, marcher avec 
fierté, se pavaner. 

Dér. de Trénto, trente. 

Trénto, n. de nomb. Trente. 

Trépa, v. Courir, sauter, folâtrer, gambader, bondir, 
se jouer comme les jeunes chiens, les jeunes poulains. 

Dér. de l'ital, Trepare, m. s. 

Trépadisso, s. /. Course fülatre, avec gambades et 
sauts joyeux. 

Dér. de 7répa. 

Trépadoü, s. m. Endroit où les enfants jouent et pren- 
nent leurs ébats ; sorte de plancher, disposé en plan incliné, 
servant à entrer dans un bac ou à en sortir. On trouve 
souvent des quartiers de territoire désignés sous le non de 
Trépaloù ou Trépéloù, nolamment dans les communes 
d'Alais et d'Allègre, et l'abbé de Sauvaëes se demande si 
cette désignation indiquerait un lieu d'assemblée pour les 
louveteaux. D'un autre côté Ducange mentionne le mot 
bas latin Zrespallum comme désignant le lieu des exécu- 
tions, où l'on pendait et que l'on doit traduire par les trois 
piliers. A Nimes, en effet, le lieu désigné sous le nom des 
Trés piéloun, est encore occupé par les trois piliers qui 
soutenaient le gibet sous l'ancien régime, 

Trépaire, s. m. Celui qui aime à sauter, à guimbader, 
à courir. S 

Trépi, v. Piétiner, fouler aux pieds. — An trépi moun 
bla, on a foulé aux pieds mon champ de blé; on l'a piétiné. 

Dér. de Trépa. — Voy. c. m. 

Trépido, s. f. Les traces d'un piétinement, un endroit 
foulé et piétiné, qui porte l'empreinte des pieds. 

Trépo-trépo, loc. adv. Expression usitée pour indiquer 
l'envie, l'impatience que l'on éprouve de faire quelque 
chose que l'on désire. — Sa léngo y faï trépo-trépo, sa 
langue lui démange, il voudrait parler coùte que coûte. 

Dér. de Trépa. — Voy. ©. m. 

Trés, n. de nomb. Trois. — Dormou das trés, se dit 
des vers-à-soie, pour indiquer qu'ils entrent dans la troi- 
sième mue. N'doutres trés, nous trois. Faïre trés-trés, gre- 
lotter, claquer des dents sous l'impression du froid ou de 
la peur. 

Trésana, v. Tressaillir, s'agiter convulsivement, s'éva- 
nouir. 

Tréscantoù, s. m Le point ou aboutissent trois che- 
mins; carrefour formé par trois rues ou trois routes allant 
dans des directions différentes et formant par conséquent 
trois angles aboutissant à un mème sommet. 

Comp. de Trés, trois, et de Cantoù, coin. 

Tréscol, s. m. Crète de colline, colline à triple sommet 
et présentant par conséquent trois échancrures où trois 
cols. Nom de lieu; le hameau de Tréscol, qui fait partie de 
la commune de la Grand'Combe. y 


636 TRÉ 


Tréscoula, v. Disparaitre furtivement, passer outre, 
passer par delà la colline ou la montagne. — Lou sourél 
a tréscoula, le soleil a tombé derrière la montagne. On 
emploie aussi cette expression dans le sens de couler à 
travers, filtrer, suinter. 

Dér. de Trans, au-delà, et de Coula, couler. 

Tréscoulé, s. m. Dim. de Tréscol. 

Tréspana (Sé), v. Tomber en avant, dans une course 
rapide ; se fendre la tête à la suite d’une chüte faite en 
courant. 

Tréspassa, v. Passer par delà, dépasser, et par exten- 
sion trépasser, mourir, passer de la vie à la mort. — Mé 
tréspasso dé touto la tèsto, il me dépasse, il est plus grand 
que moi de toute la tête. Émb’uno pêiro tréspassarièï lou 
Pont-dâou-Gard, en lançant une pierre je dépasserais la 
hauteur du Pont-du-Gard. 

Dér. de Trans, au delà, et de Passa, passer. 

Trèso, s. f. Coiffure de femme, sorte de capuchon muni 
de deux barbes qu’on peut croiser sur la poitrine et atta- 
cher sur le dos. 

Dér. de Trèso, Thérèse. 

Trèso, n. p. [. Thérèse, du grec On, Onpos, bête farouche. 

Trésploumba, v. Surplomber, pencher, en parlant d'un 
mur, d’un rocher à pic, d'une falaise. — Un ran qué trés- 
ploumbo, un rocher qui surplombe. 

Dér. de Trés pour Trans, au-delà, et de Ploumb, 
aplomb. 

Tréspougne, v. Piquer, larder avec une aiguille ou un 
poinçon; piquer à l'aiguille une jupe, une courte-pointe, 
une étoffe quelconque à arrière-point. — Pér bièn énsaca 
las sdoucissos, féou las tréspougne, pour bien tasser la 
viande dans les saucisses, il faut piquer le boyau. 

Dér. de Tré, entre, et de Pougne, piquer. 

Tréspourta, v. Transporter, exciter des transports, 
mettre hors de soi. — L'amour lou trésporto, il est trans- 
porté d'amour, il aime comme un insensé. Lou méou lou 
trésporto, la douleur, la souffrance qu’il éprouve le met 
hors de lui. 

Dér. de Très pour Trans, au-delà, et de Pourta, porter. 

Tréssusa, v. Suer, transpirer, émettre une sueur froide 
et subite, causée par un malaise, une appréhension, une 
crainte, l'annonce d'un malheur. 

Dér. de Trés pour Trans, au-delà, et de Susa, suer. 

Tréssusou, s. f. Sueur froide et subite, causée par un 
malaise, une faiblesse, une crainte, un événement fâcheux 
et inattendu; les sueurs glacées qui précèdent la mort. — 
Mé faï véni la tréssusoù, il me met sur les épines, il me 
fatigue, il m'ennuie à mourir. 

Dér. de Trés, pour Trans, au-delà, et de Susoù, sueur. 

Tréstoulo ou mieux Téstoulo, s. /. Fragment de tuile 
cassée. 

Dér. de Tès, tèt, tesson, fragment de poterie cassée. 

Dér. du lat. Testa, qui désigne généralement Loute espèce 
de vase en argile cuite ou en terre de potier. 


u 





TRI 


On voit près de Rome, entre le pied du Mont-Aventin et 
la rive gauche du Tibre, une colline artificielle désignée en 
italien sous le nom de Monte-Testaccio, et entièrement 
composée de tessons d’amphores ou autres poteries. Des 
opinions diverses ont été émises pour expliquer les raisons 
qui peuvent avoir motivé cet énorme amas de débris. 

Tréva, v. Hanter, fréquenter; aller et venir dans un 
mème lieu; y faire des apparitions fréquentes, en parlant 
surtout des revenants et des esprits; rôder. — Qudou sèn 
trèvo, sèn dévén, qui saint fréquente, saint devient; dis- 
moi qui tu bantes et je te dirai quitues. Lous lous trèvou 
din la gnuë, les loups rôdent pendant la nuit. Lous morts 
trèvou dinc aquél vièl castèl, les esprits hantent ce vieux 
château. 

Du Gallois Tréfa, habiter. 

Trévéli (Sé), v. S'élimer, s’user, en parlant d’une 
étoffe, d'un vêtement. — Aquélo camiso couméngo à sé 
trévélà, cette chemise commence à s’user. 

Dér. du grec Toléw, rpléeu, user par le frottement. 

Trévira, v. Bouleverser, mettre tout sans dessus dessous ; 
troubler. — Sé trévira, s'alarmer, s’'émouvoir, s’épouvan- 
ter, changer de couleur, pâlir d’épouvante, d'émotion ou 
de surprise ; ètre effaré. 

Dér. de Tré pour Trans, et de Vira, tourner. 

Tria, v. Ce terme à deux sens différents : trier et éplu- 
cher. Il signifie aussi choisir, distinguer. — Tria dé bajanos, 
éplucher des châtaignes bouillies. Tria La salado, éplucher 
la salade. Tria dou dé, trier sur le volet. Sé tria, se choisir, 
faire bande ou ménage à part. Tria sas niètros, s'épucer. 

Triaclo, s. f. Thériaque, composition pharmaceutique 
employée par l’ancienne médecine et dans laquelle entrent 
soixante-et-douze substances différentes; boisson désa- 
gréable au goût, vin frelaté. 

Dér. du lat. Theriaca, m. 8. 

Triado, s. f. Les objets de choix, la première qualité 
d’une marchandise, d’une denrée; le dessus du panier. 

Dér. de Tria, trier. 

Triaïre, arello, s. m. f. Celui ou celle qui fait le triage 
d’une denrée, d'une marchandise; qui épluche la salade, 
écosse les légumes frais; trie la première qualité d'une 
récolte de fruits; fait le triage des laines dans une fabrique. 
On dit aussi Triaïro pour désigner une personne qui, dans 
les filatures, est occupée à trier les cocons. 

Dér. de Tria, trier. 

Triaje, s. m. Triage, action de trier, de choisir, séparer 
ce qui est bon de ce qui est de rebus. 

Dér. de Tria, trier. 

Triäou, s. ». Câble, corde à puits en sparterie, qui sert 
à descendre et retirer le seau destiné à puiser l'eau. Ce 
câble est ainsi nommé parce qu'on se servit d’abord, pour 
cet usage, de sarments de vigne entrelacés, ou Tréio. On 
devrait, en effet, écrire et dire : Tréidou. 

Triate, s. m. Théâtre. On dit aussi Tiatre. 

Dér. du lat. Theatrum et du grec Oéxtpov. 


TRI 


Tribe, $. m. Toufle d'herbe ou de foin sur le bord des 
chemins ou dans les bois, où les loups et les chiens ont 
eoutume d'uriner ou de fienter. Ceux qui sont fréquentés 
par les loups, sont situés sur les plateaux montagneux ou 
les cols où aboutissent divers sentiers formant carrefour, 
ce qui revient au Trivium latin, ou carrefour formé par le 
croisement de diverses routes. 

Dér. du grec Tol6os, chemin, sentier battu. 

Tribla, v. Tripler; devenir triple. 

Dér. de Trible. 

Trible, o, s. et adj. Triple, qui contient trois fois 
l'unité. 

Dér. du lat. Triplus, m. s. 

Trico, s. m. Jeu de paume ou de tripot; rondin, gros et 


* court bâton, gourdin, sorte de trique. 


Tricô, s. m. Tricot, tissu qui s'exécute avec des aiguilles 
longues et mousses. 

Tricouta, v. Tricoter, faire du tricot ; donner une volée 
de coups de bâton, — L'aï bin tricouta, je lui ai appliqué 
une rude tripotée de coups de trique. 

Dér. de Trico. — Voy. ©. m. 

Trido, s. f. Proyer, bruant-proyer. — Voy. Cincérisi. — 
Faïre la trido, faïre lou mantélé, ètre tout frileux, tout 
ébouriffé, être gravement malade. 

Trigôs, s. m. Bruit, tapage; fatigue, travail fatigant; 
chagrins, peines, ennuis, tracasseries. On dit aussi Trimal. 
— Luèn ddou trigès, loin du bruit, dans le calme. 

Trigoussa, v. Trainer, houspiller, tirailler, secouer avec 
violence, entrainer quelqu'un malgré lui. — Sé trigoussa, 
se battre, se tirailler, se prendre aux cheveux, lutter, sé 
po pas trigoussa, il ne peut se trainer; il est malade. 

Trima, v. Trimer, peiner, fatiguer, travailler, marcher. 
— Fôou trima pér gagna sa pdouro vido, il faut se donner 
de la peine pour gagner de quoi vivre. 

Trimal, s. m. Fatigue, labeur, travail, longue course. 

Trin, s: m. Train, tapage, potin, vacarme. 

Trin (Ën), Loc. adv. — Sièï mdou én trin, je suis indis- 
posé, languissant, malade. 

Trinqua, v. Rompre, casser; trinquer, choquer le verre 
en buvant avec un compagnon. 

Dér. du lat. Truncare, couper, et de l’all. Trinken, 
boire. 

Trinquaïre, s. m. Celui qui aime à trinquer, à boire; 
celui qui casse, qui brise. 

Dér. de Trinqua, couper ou trinquer. 

Trinquo-taïio ou Tirasséto, s. f. Nom de plante. 
Renouée des petits oiseaux, Polygonum convolvulus, Linn. 
On désigne aussi cette plante dans certaines localités sous 
les noms de Jinowiado, Tirasso, Couréjolo. 

Le village de Trénco-taio, situé sur la pointe septentrio- 
nale du Delta de la Camargue, ne payait, dit-on, jadis 
aucun impôt. Son nom est synonyme de taille-rompue. On 
marquait, en effet, autrefois cet impôt sur une latte de bois 


refendue appelée taille, d'où l'impôt prit ce nom. Le village 





TRI 637 


précilé en ayant été exempté, le bâton sur lequel on mar- 
quait ses impôts avec des encoches, fut rompu, trénea, 
comme étant devenu inutile. 

Trioulé, s. m. Trèfle, et particulièrement le trèfle 
rampant. Chant mèlé de traits et de roulades, mais dépourvu 
de toute méthode et comme peuvent les exécuter des 
paysans sans instruction. 

Tripaïo, s. /. Tripaille; l'ensemble des boyaux d'un 
animal, des intestins de l'homme. 

Dér. de Tripo, boyau. 

Tripiè, s. m. Tripier, celui qui prépare et vend les 
boyaux des animaux tués à la boucherie. — Coutèl triplé, 
couteau de tripière, à deux tranchants. Au fig. un homme 
à double face, qui souflle le froid et le chaud, qui manque 
de franchise et agit d'une façon diamétralement opposée, 
selon les circonstances. 

Tripos, s. f. et pi. Tripes, boyaux, intestins des animaux 
et de l'homme. — Rèndre sas tripos, être pris d'un vomis- 
sement violent et prolongé. 

Dér. de l'espagnol Tripa ou de l'italien Trippa, m. 8. 

Tripo-liso, s. f. comp. La partie supérieure du côlon, 
le premier boyau au-dessus des boyaux grêles, que l'on 
emploie comme enveloppe ou sac dans la confection des 
saucissons ou cervelas. 

Dér. de Tripo, tripe. 

Tripo-quioulâou, s. /. comp. Le boyau gras, boyau- 
culier ou rectum, qui aboutit à l'anus. 

Dér. de Tripo, tripe. 

Triquétéja, v. Agiter des cliquettes. — Voy. Triquétos. 

On obligeait jadis les lépreux des maladreries du moyen- 
Age à agiter des cliquettes entre leurs doigts, quand ils se 
montraient en public, pour avertir les passants et les tenir 
àdistance. 

Triquétos, s. f. pl. Cliquettes, jeu d'enfants composé de 
deux galets longs et plats, ordinairement eh micaschiste, ou 
de deux fragments de côtes de cheval ou de bœuf, qu'on 
agite de manière à produire un cliquetis en les tenant entre 
les trois premiers doigts de Ja main. — Voy. Triquétéja. 

On dit aussi Criquéto. 

Triquo, s. f. Trique, gros bâton qui sert ordinairement 
à frapper. 

Triquo-niquo, s. m. Un homme qui s'attache à des 
vétilles, à des choses insignifiantes;, un tâtillon, — Uno 
vèsto dé triquo-niquo, une veste faite d'une étoffe fragile, 
usée, sans valeur. 

Dér. du lat. Tricæ, nugæ. 

Tris, s0, adj. m. et f. Trituré, réduit en poudre plus 
ou moins fine, pulvérisé. — Tèro trisso, lerre légère, 
meuble, sablonneuse ; exténué, pauvre, manquant de tout. 

Dér. du lat. Tritum. 

Trissa, v. Triturer, broyer, piler, pulvériser. Au fig. 
ce terme s'emploie avec la signification de manger avec 
appétit. — Trisso bièn/ il triture bien, c'est un joyeux 
convive! Trissa de sdou, piétiner sur place. Se dit surtout 

si 


638 TRO 


d'un cheval qui trotte sans avancer. Trisso-ménu, lrotte- 
menu. Zrisso-moutos, brise-mottes; maillet de bois à long 
manche servant à émotter ; l'ouvrier qui en fait usage. 

Trisséto, s. /. Nom deplante, Asina media, Morgeline 
ou mouron blanc; Stellaria media, stellaire intermédiaire. 
On la donne ordinairement à manger aux petits oiseaux. 
En médecine, elle est recommandée pour la guérison des 
ulcères du poumon. Elle pousse ordinairement dans les 
jardins potagers. 

Trissou, s. m. Pilon, ou plutôt le mortier, comprenant 
aussi le pilon; appareil qui sert à triturer, broyer, piler, 
pulvériser. 

Dér. de Trissa, triturer. 

Triste, to, adj. m. et f. Triste, peiné, affligé. On le dit 
aussi d'une chose facheuse, désagréable, affligeante, pénible, 
difficile à supporter; d’un objet, d'une denrée de mau- 
vaise qualité. — Triste sujè, mauvais garnement. Aquél 
bla és bièn triste, ce blé est d’une mauvaise venue, d’une 
mauvaise qualité. Tristas, enclin à la tristesse. 

Dér. du lat, Tristis, m. s. 

Tristé, s. m. Soupente ; sorle de grenier ou de plancher 
en bois, suspendu sous le plancher d’une pièce quelconque, 
d’une habitation, dont il fait partie intégrante et forme une 
dépendance. Elle sert ordinairement de réduit où couchent 
les domestiques et n’occupe qu'une partie de la hauteur de 
la pièce qui la contient, dont elle reçoit le jour et la com- 
munication avec le reste de la maison. 

Dér. du bas lat. Transtega ou Tristega; cubiculum 
superius. 

On donne aussi à la soupente le nom de Pousta, parce 
qu’il est ordinairement construit en planches ou post. 

Triun, s. ». Épluchures, denrées de rebut, retranchées 
et choisies sur celles qui sont de bonne qualité. Se dit sur- 
tout des épluchures faites sur les châtaignes et qui repré- 
sentent la plus mâuvaisequalité. — Quan véndés lou triun? 
combien vendez-vous les épluchures ? 

Dér. de Tria, trier. ' 

Tro, s. m. Trot, allure du cheval, intermédiaire entre 
le pas et le galop. — Té faraï marcha âou tro, je te ferai 
suivre la ligne droite. 

Dér. du cat. Trot, m. 8. 

Tro, s. m. Morceau, portion d’un objet. — Un tro dé 
pan, un morceau de pain. Un tro dé car, un morceau de 
viande. À cha tro, morceau par morceau. 

Dér. du cat. Tros, m.s. 

Tro, s. m. Tonnerre, bruit de la foudre. On dit aussi 
Tron. — Ës un tron dé Diou, c'estun diable incarné. Lou 
tron lou péto, il a le diable au corps, il s’impatiente, 
Lou tron té cure! que le tonnerre te vide le corps! Tron 
dé milo! mille tonnerres! Tron dé Diou! tonnerre de 
Dieu ! 

Dér. du lat. Tonitru, m.s. 

Trop, adv. Trop, adverbe de quantité, plus qu'il ne fauf, 
avec excès. — Madamo dé Trop, une fille nouvellement 





TOU 


née, venant après d'autres enfants et formant sufcroit dans 
la famille, arrivant au monde sans être désirée. 

Dér. du cat. Trop, m.s. 

Trouba, ». Trouver, inventer ; se livrer à la poésie, genre 
de littérature qui exige beaucoup de talent, d'invention, 
d'imagination. M. Gabriel Azaïs fait dériver ce mot du lat. 
Turbare, remuer, « parce que, dit-il, pour trouver, il faut 
ordinairement remuer. » 

Troubadour, s. m. Nom donné aux poëtes des XIIe et 
XIIIe siècles, qui contribuèrent pour une large part à la 
formation définitive du langage méridional, désigné sous le 
nom de langue romane. 

On appelait Troubaïre, trouvères, ceux qui chantaient 
dans la langue d'Outre-Loire. Cette qualification est pour- 
tant employée pour désigner aussi les poètes du Midi. La 
région d’Alais compte trois troubadours romans qui ontété 
l'objet d'une étude publiée dans les Mémoires de la Société 
scientifique et littéraire d’Alais, t. XI, 1880, p. 429-451. 
Ce sont Azalaïs de Porcairargues, Clara d’Anduze, et Pierre 
de Barjac. 

On sait que les poètes méridionaux de nos jours ont 
adopté la qualification de Félibres. 

Dér. de Trouba, trouver. 

Troubaïo, s. f. Trouvaille, découverte, invention; idée 
originale. 

Dér. de Trouba, trouver. 

Troucho, s. f. Truite, truite commune, Sa/mo-fario, 
Linn. Ce poisson, qui varie beaucoup selon l’âge et les eaux 
dans lesquelles il vit, se distingue surtout par les taches 
noires ou brunes et rouges sur les flancs, qui tigrent le fond 
bleuâtre, blanc, jaune doré ou même brun foncéde sa peau. 
C’est le meilleur de tous les poissons qui fréquentent nos 
rivières, Quelques sujets atteignent, dans le Gardon, le 
poids de six kilogrammes. 

Trougno, s. f. Trogne, figure bouffie, rouge et luisante, 
qui caractérise habituellement les ivrognes et les goinfres 
de profession. — Faïre la trougno, avoir l'air de mauvaise 
humeur, faire la mine, exprimer son mécontentement par 
l'expression du visage. 

Trouia, v. Fouler les raisins sur la cuye, piétiner, 
exprimer le jus des raisins; patauger dans un bourbier. Au 
fig. piétiner sur place, être incapable de prendre une résolu- 
tion.—Dé qué trouio? pourquoi hésite-t-il ? Trouian, nous 
foulons notre vendange. 

Dér. du lat. Torcuium, pressoir. 

Trouïadoù, ouiro, s. m. et f. Cuve ou fouloire servant 
à fouler la vendange. 

Dér. de Trouïa, fouler. 

Trouïiaïre, s. m. Fouleur de raisins après la ven- 
dange. 

Dér. de Trouïa, fouler. 

Troumpa, vw. Tromper, tricher, duper, causer une 
déception. — Aquél bla m'a troumpa, j'ai mal apprécié le 
rendement de ce blé, j'aurais cru à une plus grande (ou 


TRO 


plus faible) quantité de récolte. Sé troumpa, se tromper, se 
méprendre, tomber dans l'erreur. 

Dér, du catal. Trompar, m. s. 

Troumpaïre, arèlo, s. m. et f. Trompeur, trompeuse; 
celui ou celle qui trompe, qui induit en erreur. 

Dér. de Troumpa, tromper. 

Troumpéta, v. Sonner de la trompette; trompeter. Au 
fig. divulguer, médire, cancaner. — L'a prou troumpéta 
pér la vilo, il l’a passablement répété par la ville. 

Dér. de Troumpéto, trompette. 

Troumpétaïre, s. m. Trompette, celui qui publie, qui 
annonce à son de trompe, dans une ville; trompette muni- 
cipal. 

Dér. de Troumpéto, trompette. 

Troumpéto, s. f. Trompette, instrument à vent, en 
métal, clairon militaire. — Au fig. lou troumpéto dé la vilo, 
un bavard, une colporteuse de cancans ou de médisances. 

Dér. de Troumpo, trompe. 

Troumpo-la-mort, s. m. comp. Celui ou celle qui a 
échappé heureusement à plusieurs accidents graves pouvant 
. occasionner la mort. 

Dér. du français. 

Trouna, v. Tonner, se dit du bruit de la foudre. Au fig. 
Trouna, gronder, maugréer, tempèter. — Ris quan trono, 
il ne rit, il ne plaisante jamais. Se dit d’un caractère 
sombre, hargneux, atrabilaire. 

Dér. du lat. Tonare, m.s. 

Trounado, s. f. Court orage, accompagné de pluie. Au 
fig. accès de mauvaise humeur. 

Dér. de Trouna, tonner. 

Trounché, s. m. Mouton ou brebis armés de très-petites 
cornes. 

Dér. du lat. Truncus. 

Trounfle, s. f. Terme de jeu de cartes. Le jeu de la 
triomphe. La triomphe est trèfle. — Jogue dé trounfle, je 
joue dutrèfle. Au fig. victoire, triomphe. 

Dér. du lat. Triumphus, m. s. 

Troupèl, s. m. Troupeau, troupe d'animaux de mème 
espèce rassemblés en un même lieu. Se dit surtout des ani- 
maux domestiques ou de basse-cour. — Un troupèl dé 
chivals, débidous, dé moutous, dé pors, dé fédos, dé dindos, 

* un troupeau de chevaux, de bœufs, de moutons, de cochons, 
de brebis, de dindons. Un troupèl dé mounde, une foule de 
gens. 

Dér. de Troupo, troupe. 

Troupélado, s. f. Une troupe de gens assembiés; une 
foule, une multitude. — Uno troupélado d'éfans, une mul- 
titude d'enfants. Uno troupélado dé méssorgos, une bordée 
de mensonges. 

Dér. de Troupèl, troupeau. 

Troupo, s. f. Troupe, rassemblement, foule, multitude; 
les troupes militaires, les soldats. — És à l& troupo, dins 
la troupo, il est militaire, il est soldat. 

Dér. du bas-lat. Troppa, m. s. 





TRU 639 


Troussa, v. Couper, tordre, plier, envelopper.— Troussa 
un pérdigal, plier les pattes d'un perdreau, le trousser, le 
disposer de façon à être mis en broche. 

Dér. de Tro ou Tros, morceau. — Voy. ce mot. 

Trousso, s. . Faix ou charge liés dans un gros drap ou 
bourén, qui sert à serrer et à transporter de la paille, du 
foin, des récoltes encombrantes et légères. — Uno trousso 
dé païo, un faix de paille. 

Dér. de Troussa, plier, envelopper. 

Trouta, v. Trotter, aller au trot. — Y vaï coumo un ase 
quan troto, il y va bon jeu, bon argent. 

Dér. du lat. Tolutarius, trotteur. 

Tru, s. m. Troc, échange. — Tru pér tru, troc pour troc, 
échange de deux objets sans soulte ni retour. 

Tru, s. m. Avarie, dommage, tare, choc, blessure, con- 
tusion, difficulté. — Préne tru, prendre mal, éprouver un 
malheur. 

Trucal, s. m. Batte, tertre, monticule. 

Dér. de True, difficulté à surmonter. 

Truéjéto, s. f. Cloporte, insecte aptère, d'environ un 
centimètre de longueur, de couleur gris cendré, qui habite 
les endroits humides, sous les pierres, les troncs d'arbres 
ou autres abris qui le cachent. Au moindre attouchement, 
il se roule en boule comme le hérisson, et clot ainsi sa porte, 
ne présentant à l'ennemi que la partie la plus résistante de 
son corps, formée par une carapace imbriquée; il échappe 
mème quelquefois en roulant, s'il se trouve sur un plan 
incliné. Cet insecte ne sort que la nuit. Les Latins le nom- 
maient Porcellio. Dans certaines localités, on l'appelle 
aujourd’hui Porcelet de Saint-Antoine : c'est le mème ordre 
d'idées qui lui a valu dans notre pays le nom de Truéjéto 
(petite truie), de ce qu'on avait cru lui trouver quelque ana- 
logie, bien éloignée sans doute, d'habitudes ou de forme 
avec le pourceau. L'ancienne médecine employait le eloporte 
comme dépuratif, et en cataplasmes, comme résolutif. 

Truëjo, s. f. Truie, femelle du porc. S'applique au fig. 
dans le langage populaire, à une femme sale et dégoütante. 
— La truèjo a énvéssa lou fdouiè. Se dit d'une maitresse 
dont la malencontreuse intervention vient rompre un mariage 
qui est sur le point d'être conclu. 

Dér. du bas-lat. 7roja, m. s. 

Trufa, v. Truffer, bourrer de truffes. — Trufa, ado, 
truffé, truffée, parfumé, préparé aux truffes. Sé trufa, se 
moquer, railler, tourner en ridicule. 

Dér. du bas-lat. Trufare, m. s. 

Trufaire, aïro, adj. m. et f. Moqueur, euse. 

Dér. de Sé trufa, se moquer. 

Trufo, s. f. Truffe noire, Tuber cibarium, Linn. On l'ap- 
pelle aussi Rabasso. Les paysans cévenols appellent Tru/o 
la pomme de terre, et pour en distinguer la truffe ordinaire, 
ils appellent celle-ci trufo négro. 

Trufo-mando, s. /. Nom de plante. La garde-robe, 
santoline, petit-cyprès. Santolina ehamæcyparicios , Linn. 
Sous-arbrisseau d'une odeur forte, qui croit dans les envi- 


640 TRU 


rons de Nimes. On suppose que, par son odeur, elle écarte les 
insectes des étoffes de laine : de là son nom peu mérité de 
garde-robe. 

Trufo-négro, s. f. comp. — V. Trufo. 

Trunle, s. m. Gros, bouffi, ventru. — Un gros trunle, 
un gros ventru. Sémblo un trunle, il a l'air d'un ballon, d’une 
citrouille. 

Dans la basse latinité on appelle Trullus un édifice de 
forme ronde et convexe, comme la voûte d’un four ou la 
coupole d’un édifice byzantin. 

On désignait une partie du palais des empereurs de Cons- 
tantinople sous le nom de Trullum. Elle était recouverte 
d’un dôme. Le palais de Constantin, à Arles, était aussi 
appelé La Trouille ; une des tours du palais des papes d’Avi- 
gnon porte le nom de tour de Trouilhas, et plusieurs 
châteaux du Languedoc ont aussi reçu la même désignation 
qui dérive de la mème origine. Cette appellation s'applique 
au palais principal, à l'habitation souveraine d’un empire, 
d’une principauté, ou mème, par extension, à l’habitation 
principale d’une simple seigneurie, relevant du suzerain. 

Truqua, v. Troquer, échanger; heurter, choquer, 
frapper ; cogner, heurter contre un obstacle, se faire une 
contusion. 

Dér. de Tru: — Voy. ce mot. 

Truquétéja, v. Chopiner, boire du vin abondamment, à 
tout propos. 

Dér. de Truquéto, mesure pour le vin. — Voy. ce mol. 

Truquétéjaïre, s. m. Celui qui boit du vin à chaque 
üistant et à tout propos. Dimin. d’ivrogne, mais ayant une 
signification analogue. 

Dér. de Truquélo. — Voy. ce mot. 

Truquéto, s. f. Mesure pour le vin au détail; huitième 
partiede la pinte d'Alais. Celle-ci étant de 4 litre 90, la Tru- 
quéto équivaut exactement à 0 litre 2375, soit environ un 
quart de litre ou plutôt un verre de vin rempli à rasade. 

Tubâou, s. m. Sot, niais, imbécile. 

Tucle, s. m. Myope, celui qui a la vue basse. On dit 
aussi Sup ou Calu. . 

Au XIVe siècle, les rebelles des Cévennes furent appelés 
Tuchins, Tucles ou Coquins, sans doute parce qu'ils exer- 
çaient de préférence leurs attaques et leurs brigandages à la 
faveur de la nuit et des ténébres. 

Le village de Vézenobres fut un de leurs principaux re- 
paires, et les habitants de cette localité en ont conservé la 
dénomination. On dit encore Touch? dé Bénobre, Tuchinsde 
Vézenobres, en parlant de cette population. 

Tufériè, s. m. Truffier, chercheur de truffes noires. 

Dér. de Tuféro, truffe. 

Tuféro, s. f. Pomme de terre, Solanum tuberosum, 
Linn., plante de la famille des Solanées, dont il existe un 
grand nombre de variétés. On l'appelle aussi Trufo. — 
Voy. ce mot. 

Tuia, vw. Tuer, occire, donner la mort. — Sé tuïa, 
prendre une peine excessive pour venir à bout d'une chose. 





TUR 


Tuiadouù, s. m. Abattoir où l’on tue les animaux de bou - 
cherie destinés à la vente. 

Dér. de Tuïa, tuer. 

Tuio-mounde, s.m. Coupe-gorge, endroit désert et dan- 
gereux, favorable à un guet-à-pens. 

Dér. de Tuïa, tuer. 

Tuio-vèrme, s. m. Premier repas léger que font ordinai- 
rement les ouvriers et les paysans, en se levant de grand 
matin. 

Tulin, s. ». Nom d'oiseau. Tarin, gros-bec tarin, Frin- 
gilla Spinus, Temm. Il a le dos vert nuancé de brun noi- 
râtre ; la queue et les ailes bariolées de jaune et de noir, le 
sommet de la tête noirâtre; tout le reste du corps jonquille, 
sauf l'abdomen, qui est blanchâtre, Le tarin vit longtemps 
en volière; il est vif et gai, et son chant n’est pas sans 
agrément, Il s'apprivoise et s’accouple facilement avec le 
chardonneret et le cini, mais surtout avec le canari. De ce 
dernier accouplement naissent de très-bons chanteurs. 

Par analogie avec le gros bec du Tarin, on dit communé- 
ment à Alais, en parlant d’un homme qui a un gros nez : 
Quante tulin! quel nez ! 

Tuno, s. f. Bassin, réservoir, cuve, citerne. Le plateau 
qui domine le cours de la Saône et sur lequel est bâti le 
couvent des Carmes de Lyon comprend un quartier dit des 
Tunes. On y trouve la grande et la pelite Tune. 

Ces désignations de quartiers se retrouvent dans l’arron- 
dissement d’Alais : las Tunos, dans la commane d’Aujac ; 
la Tuno, qui s'applique à un grand détour du lit de la Cèze, 
existant jadis dans la commune du Chambon, en aval du 
confluent de l’Homol, à l'endroit où l’isthme formé par ce 
détour accentué a été coupé pour redresser le lit de la rivière 
en amont du moulin du Tourrel ou Tourril. Avant que 
cette coupure füt effectuée, le lit de la Cèze formait, sur ce 
point, comme un vaste bassin ovale, qui avait valu à ce 
quartier le nom de Tuno. 

Faire tuno, signifiait, en vieux français, faire ripaille, se 
remplir largement l'estomac, considéré comme un réservoir 
de bombance, 

Dans le langage alaisien, Tuno s'applique aussi à un lieu 
éloigné: És én Tuno, il est loin, là-bas, au diable, à 
Tunis (?) que l’on appelait Thunes dans le vieux langage 
français. 

Dér. du bas-lat. Tuna, m.s. 

F. dans les Mém. de la Société littéraire, hist. et archéol. 
de Lyon, année 1876, p. 483, l’article de M. le baron 
Raverat, portant pour titre : Le tènement de Thunes. 

Le nom de Concoules, concullæ, petites conques, petits 
réservoirs, a la mème origine. 

Turgan, s. m. Lotte, Gardus Lotta, Linn., poisson de 
rivière qui ne pèse pas au-delà d’une demi-livre (250 gram- 
mes) et qui est aussi délicat que la truite. Il a deux barbil- 
lons à la mâchoire supérieure, et un à chaque angle de la 
bouche; six osselets à la nageoire de l'anus ; le dos tacheté 
de noir. Ses œufs sont, dit-on, un poison pour la volaille 


UIA 


et provoquent l’urticaire chez l'homme, comme ceux du 
barbeau. C'est ainsi que Sauvages décrit le Turgan ; mais 
Crespon, bon observateur aussi, dans la description qu'il 
donne de la Lotte, diffère quelque peu de la précédente, et 
prétend d’ailleurs que le nom de Turgan est donné, sur les 
bords du Gardon, à la Vaudoise (Cyprinus leuciscus, Bloch.) 
qui a le dos rond et brun, le ventre argenté, les nageoires 
grises, la caudale et la dorsale marquées de noirâtre avec un 
peu de rougeâtre sur les autres, le corps étroit, le museau 
un peu proéminent, ne dépassant guère 34 centimètres de 
longueur. Ce poisson se multiplie beaucoup ; il est très-fa- 
rouche. Sa chair est légère et d’une digestion facile, mais 
trop remplie d'arètes. Cette dernière circonstance, qui le rend 
désagréable à manger, prouve évidemment que ce poisson 
appelé Barbèl, entre le Pont Saint-Nicolas et le Rhône, 
n’est pas notre Turgan de la Gardonenque, qui est fort 
recherché, qui a peu d'arètes, et serait bien alors, en effet, la 
Lotte décrite par Sauvages, dont les qualités s'accordent 
parfaitement avec celles que l'on reconnait au Turgan. 
Turgno ou Turgo ou Tourigo, s. f. Brebis bréhaigne ou 


« stérile; celle qui n'a jamais porté. On dit bréhaigne par op- 


position à portière ou brebis portière, celle qui à déjà porté. 
Turno, s. f. Caverne habitée; mauvais cabaret, habita- 
tion d'apparence misérable ou mal famée. 
Tus ou plutôt Tust, s. m. Choc, coup que l’on se donne 
en heurtant quelqu'un ou contre un corps dur. 


*  Dér. de Tusta, frapper, heurter. 





UIÉ 641 

Tus, pr. pers. Toi. 

Tusta, v. Frapper, heurter, Se dit aussi d'un orateur qui 
perd la tête, s'embrouille et frappe à tous les coins pour re- 
trouver ses idées. — Tusto pér tout, se dit également d'un 
homme difficile dans son choix, et qui heurte à toutes les 
portes pour trouver une femme à sa convenance. 

Dér. du grec Térrw, m. 8. 

Tustado, s. /. Coup, choc, heurt, tape, bourrade, 

Dér. de Tusta, frapper. 

Tustadoù, s. m. Marteau de porte, heurtoir. 

Dér. de Tusta, frapper. 

Tusto-balustro (A), loc. adv. A la bonne aventure, au 
hasard, à la bonne venue, inconsidérément, à l'étourdie. 

Tutéja, v. Tutoyer. C'est, dit Sauvages, un raffinement 
de politesse qui a introduit, dans les langues européennes 
modernes, l'usage de parler au pluriel en ne s'adressant 
qu'à une seule personne. 

Cet usage n'existait pas jadis. On se tutoyait chez les 
Latins, comme chez les Grecs,et comme cela a lieu aujour- 
d'hui encore dans les langues orientales, même quand on 
s'adresse à des personnes du plus haut rang. 

Tutou, s. m. Tuteur. Celui qui dirige l'éducation, l'exis- 
tence et les intérêts d’un enfant jusqu'à l'âge de sa majorité. 
Un échalas, un support employé pour soutenir les plantes, 
les arbres fruitiers, qui fléchissent à cause de leur faiblesse 
ou à cause de la grande quantité de fruits qu'ils portent. 

Dér. du lat. Tutor, m.s. 


[8] 


U, s. m. Cinquième voyelle et vingt-unième lettre de 
l'alphabet. Dans le dialecte cévenol U s'emploie pour l'ad- 
jectif numéral Un. — U pdouqué, un peu, une petite 
quantité; un peu de temps, un faible intervalle. Prénès 
n'én u, prenez-en un. 

Ucre, s. m. Oil, — Y-a ficha ’n cù dé poun din sous 
ucres / il lui a donné un coup de poing dans les yeux. 

Ugno, s. f. Ugne, sorte de raisin dont il existe deux 
espèces : l'Ugne blanche et l'Ugne noire, L'une et l’autre ont 
le grain sphérique, qui les distingue de l’Uïado ou Coupado, 
dont le grain est oblong. 

L'Ugne müûrit de bonne heure; elle est d’une digestion 
facile et on la donne aux convalescents. 

Via, v. Remplir, tenir plein un tonneau ou un vase con- 
tenant du vin, à la suite du déchet qui s'opère par l'évapo- 
ration, dans les premiers mois de la mise en fût. 

IL est à remarquer que, par un singulier phénomène, cette 
évaporation est plus considérable par un temps humide, 
avec vent du sud et une forte dépression barométrique, 





tandis qu'elle est presque nulle quand souffle le vent du nord. 

Uiado ou Coupado, s. /. OEillade. Cette qualité de raisin 
non mentionnée par Sauvages est pourtant une des plus 
délicates de celles que l'on récolte, ou plutôt que l'on récol- 
tait, hélas ! jusqu'à ces dernières années dans le Gard, d'où 
elle a presque complétement disparu, comme tant d'autres. 
Celles que produisait le territoire de Saint-Jean-du-Pin, près 
d'Alais, jouissaient surtout d'une réputation méritée, 

Le grain de ce raisin, dont la saveur se rapproche de celle 
de l'Ugno, est oblong, à peau fine et délicate. 

Uiaje, s. m. Remplissage d'une futaille dont le contenu 
a diminué par suite de l'évaporation. 

Uiäou, s. ”m. La dent de l'œil ou dent œillère, dont il 
existe deux dans la mächoire supérieure, correspondant 
au-dessous de l'œil. 

Dér. d’Zuèl, œil. 

Uié, s. m. OŒillet; petit trou circulaire, bordé d'un 
cercle ordinairement métallique et dans lequel on passe le 
ferret d'un lacet. 


642 ” VAI 


Un, uno, «dj. de nombre.On dit aussi w, uno. (Voy. ce 
mot.) Quint'uno ! quelle bêtise! quel mensonge! quelle 
mystification ! quelle énormité! Mé n'a di uno qué crèmo dou 
lun, il m'a raconté, il m'a dit une chose inouïe, incroyable . 

Uni, unido, adj. m.et f. Uni, unie. D'une couleur, d’une 
nuance uniforme. 

Upo, s. f. Huppe, et par extension les sourcils et les 
cils. On dit d’une personne affaiblie, percluse : Pot pas léva 
l’upo, elle ne peut pas ouvrir les yeux, elle ne peut remuer 
ni pied ni patte. 

Us, s. m. Usage, coutume, habitude. — Counouïsse lous 
us dé l'oustéou, j'ai l'habitude de cette maison, j'en connais 
les aitres. 

Dér. du lat. Usus, usage. 

Usaje, s. m. Coutume, usage, habitude; solidité, durée, 
résistance. — Aquélo vèsto m'a fa forço usaje, cette veste a 
longtemps résisté à l'usure. 

Dér. du lat. Usus, usage. 





VAL 


Usanço, s. f. Usure, détérioration, déchet. 

Dér. du catal. Usansa, m. s. 

Uscla, v. Flambler, griller, brûler, roussir. — S'uscla 
lous pèous, las ussos, se griller les cheveux, les sourcils. 

Dér. du lat. Ustulare, m. s. 

Uscla, ado, adj. m. et f. Roussi, flambé, grillé, brûlé. 

Usso, s.f. Sourcil. Faïre las ussos, froncer lessourcils.— 
Un co dé poun sus l’usso, un coup de poing au front. Fasiè 
d'ussos coumo dé brosso, il hérissait ses sourcils d’un air 
caurroucé . 

Ustancio, s.f. Ustensile, outil, tout ce qui sert au menu 
ameublement d’un ménage et principalement de la cuisine, 
tels que la vaisselle, la batterie de cuisine, etc. 

Dér. du lat. Ustensilia, m. s. 

Usunfui, m»,. s. Usufruit, jouissance des récoltes, des 
revenus d’un héritage dont la propriété appartient à un 
autre. 

Dér. du lat, Usufructus, m.s. 


y 


V, s. m. Dix-septième des consonnes et vingt-deuxième 
lettre de l'alphabet. Dans un grand nombre de dialectes méri- 
dionaux du Sud-Ouest de la France, le V se prononce b, mais 
il ne doit jamais être remplacé par cette derni ère lettre, 
dans l'orthographe des mots où il est employé. 

Les latins l'employaient pour U dans beaucoup de cas. 

Vacanço, s. f. Place ou fonction inoccupées , vacantes, 
dépourvues de titulaire. 

Vacant, s. m. Un terrain inoccupé, une parcelle non culti- 
vée et pouvant servir d'emplacement pour une con struction. 

Dér. du lat. Vacantem, m. s. 

Vachéïrious, s. m. pl. Les quatre derniers jours du mois 
de mars et les trois premiers du mois d'avril, composant une 
période que l’on considère, à tort ou à raison, comme étant 
souvent fatale aux récoltes, et durant laquelle les gelées 
blanches brouissent quelquefois les jeunes bourgeons. 

On appelle aussi ces sept jours ous Cavaliès, dénomi- 
nation que l'on applique également aux saints grêleurs ou 
vendangeurs, tels que Saint-Georges, Saint-Marc, Sainte- 
Croix, Saint-Jean et Saint-Médard, dont les fêtes sont décriées 
parmi le peuple, à cause des pluies, des grèles, des orages 
qui les accompagnent souvent de près ou de loin . 

Vacina, v. Vacciner, donner la vaccine. 

Dér. du lat. Vacca, vache. 

Vacino, s.f. Vaccine; vaccin. 

Dér. du lat. Vacca, vache. 

Vaïén, énto, adj, m. et f. Diligent, actif, laborieux . 

Dér. du lat. Valentem, vaillant: mais il ne s'emploie 
plus, en languedocien, avec cette dernière acception. 

Vaï-et-vèn, s. m. comp. Va-et-vient. Cette expression 





s'emploie avec la mème acception qu'en français. Elle 
exprime l’action de se promener de long en large, sans but 
déterminé. 

Val, s. m. Val, vallée. Ce terme devait être jadis employé 
au féminin puisqu'on le retrouve dans les noms de lieu 
féminin. La Val, Valborgno, Valérdougo, Valérisclo, Véou- 
malo, Valgalgo, Valéiquièiro, etc. — Voy. ces mots. 

Dér. du lat. Vallis, m. 8, 

Vala, s. m. Fossé, lit de ruisseau, ruisseau lui-même. 
Tranchée faite de main d'homme pour défricher un champ, 
donner un écoulement aux eaux.— Passa à vala, passer un 
champ en friche à tranchées, le défoncer à une grande pro- 
fondeur. Dé l'obro, lou vala, c'est par l’œuvre que l’on juge 
l'ouvrier. S'én ana coumo un vala, s'éloigner, disparaître, 
s’en aller sans dire mot, sans demander son reste. 

Dér. du lat. Vallatus, m. s. 

Vala-mabhistre, s. m. comp. Fossé ou lit de ruisseau 
mayronal, c'est-à-dire d’un ruisseau qui reçoit tous les 
autres affluents de la région ou d’un mème quartier de terri- 
toire, et dont le sol n'appartient pas aux riverains par 
moitié, comme cela a lieu pour les fossés qui formaient limite 
divisoire entre deux héritages situés sur un même plan 
horizontal; car pour deux pièces de terrain contiguës, mais 
situées sur deux plans différents, l'usage veut que la berge 
de soutènement, qui borde la parcelle supérieure, appartienne 
à cette parcelle, tandis que le fossé creusé au pied de cette 
mème berge doit appartenir à la parcelle située en contre- 
bas, d’où l’axiome suivant: Ribo d’dou, vala dé-bas, 
c.-à-d. la berge appartient au propriétaire d'en haut, le 
fossé appartient au propriétaire d’en bas. 


VAL 


Formé de Vala, fossé, et de l'adj. Mahistre, magistral, 
principal ou mayronal. 

Valabrégo, s. f. Vallabrègue, village du canton d'Ara- 
mon, autrefois situé dans une ile du Rhône qui s'est depuis 
soudée à la rive gauche du fleuve. Cette appellation a la 
signification de vallée double ou à deux lèvres (brégo), à 
cause des deux branches du Rhône qui l'entouraient jadis 
et la placaient entre deux rives, l’une orientale regardant 
la Provence, et l’autre occidentale en face du Languedoc. 

Valâäourio, s. j. Nom de lieu et d'une rue d’Alais orientée 
du levant au couchant,et partant de la place de l'Hôtel- 
de-Ville pour se terminer à la rue Bouquerie, qui en forme 
le prolongement, à partir du carrefour des rues Raymond- 
Pelet et du Doyenné. 

Dér. du lat. Vallis auraria, vallée ou rue du vent ou de 
l'aure. 

Vala-ratiè, s. m. comp. Fossé de drainage, creusé en 
tranchée dans une pièce de terre marécageuse pour favo- 
riser l'écoulement des eaux, et rempli de menues pierres 
ordinairement recouvertes de dalles minces. 

Composé de Vala, fossé, et de ratiè, pour les rats; fossé 
habité par les rats. 

Valborgno, s. f. Nom de lieu. Vallée borgne, c'est-à-dire 
qui n'a qu'une ouverture inférieure, un seul débouché en 
aval, celui d’amont étant clos par des crètes ou des plateaux 
élevés. La ville de Saint-André-de-Valborgne, chef-lieu de 
canton de l'arrondissement du Vigan, est située dans la 
vallée dite Valborgne, formée par la branche du Gardon de 
Saint-Jean-du-Gard, qui prend son origine sur le flanc 
oriental du Causse ou Calm de l’Hospitalet, et débouche 
dans la vallée principale de la Gardonenque, un peu en 
amont de Saint-Jean-du-Gard. 

Valérisclo, vallée close, a la même origine. — Voy. ce mot. 

Formé de Val, vallée, et de borgno, borgne. 

Valé, v. Valoir, avoir du prix, du mérite; rapporter, 
produire, procurer, tenir lieu, profiter, être utile, aider. — 
Sé faire valé, se donner de l'importance. Sé faire bièn valé, 
acquérir de l'estime, de la considération, par son mérite ou 
sa conduite. Sé faïre mâou valé, perdre par sa conduite l'es- 
time deshonnêtes gens Faïre valé uno plaço, s'intéresser à 
quelqu’an pour lui obtenir une place, des fonctions qu'il dé- 
sire remplir. Pdou-vdou, vaurien, homme de peu de valeur. 

Valénço, s. f. Valeur, vaillance; vaillantise. 

Valérâougo, s. f. Nom de lieu. Chef-lieu de canton de 
l'arrondissement du Vigan, sur la rivière de l'Hérault qui 
lui donne son nom. — Valérdougo, vallée de l'Hérault. 
(Arauris en latin.) 

Valérisclo, s. f. Vallée haute de l'Auzonnet, affluent de 
la Cèze, au milieu de laquelle se trouve le village de Saint- 
Jean-de-Valériscle qui emprunte son nom. Cette dénomina- 
tion offre une signification identique à celle de Valborgno. 

Dér. du lat. Vallis clausa, vallée fermée ou close, cette 
vallée étant en effet fermée à son orgine par les hauteurs de 
Portes. 





VAN 643 


Valgalgo s. f. Valgalgue, Vallegualga, nom donné à la 
vallée haute du ruisseau du Grabieu, affluent du Gardon, 
et qui se jette dans cette rivière au nord de la ville d'Alais 
après avoir reçu le ruisseau de Bruège. Cette vallée a donné 
son nom à deux localités du canton d'Alais-Est, Saint-Mar- 
tin et Saint-Julien-de-Valgalgue, situées toutes deux au 
passage de l'ancienne voie Régordane, aujourd'hui route 
nationale n° 406, de Nimes à Moulins, dont la direction 
est sensiblement parallèle, sur cette région, aux cours 
du Gardon et du Grabieu entre lesquels elle se trouve 
comprise. 

A part le ruisseau du Grabieu et ses affluents, cette vallée 
large et plate est sillunnée par une multitude de petits 
ruisseaux, qui la coupent dans tous les sens et qui lui ont 
valu sa dénomination : Valgalgo, Val-das-aïgos ou Val- 
éigouso, synonyme de Valiguidiro on Val-éiguièiro, — 
Voy. c. m. 

C'est à l'origine de cette vallée, au levant du willage de 
Saint-Julien-de-Valgalgue, que fut fondé, en 4229, le monas- 
tère des religieuses de N.-D. des Fons ou de Sainte-Claire- 
d’Alais, de l'ordre de Citeaux, dont il reste encore la chapelle 
convertie en filature. Cette abbaye est placée à côté d’une 
source abondante qui alimentait le couvent. 

Dér. du lat. Vallis aquaria, m. s. 

Valiguièiro, s. f. ou plutôt Val-éiguièiro, Vallis aqua- 
ria, vallée des eaux, synonyme de Valgalgo. C'est le nom 
d’une petite rivière, affluent du Gardon, qui traverse les terri- 
toires de Valliguière, de Castillon, de Saint-Hilaire-d'Ozilhan 
et de Remoulins. Elle donne son nom au village de Valli- 
guière, situé près de sa source, et qui fait partie du canton de 
Rem oulins. Elle longe sur une grande partie de son cours 
la route nationale n° 86, de Lyon à Beaucaire, qui fut 
jadis l’ancienne voie romaine de Nimes à Alba-Helviorum. 

Dér. du lat. Vallis aquaria, m. 8. 

Vanmalo, ou plutôt Vâoumalo ou Valmalo, s. f. Vallée 
mauvaise, dangereuse. On trouve Vanmalo dans la com- 
mune de Soustelle, et la Combe de Valmale, aval du 
Pont-du-Gard, rive droite. Malaval a la mème origine. 

Dér. du lat. Vallis mala, m. 8. 

Van, s. m. Van. Appareil en osier qui sert à vanner le 
grain et les légumes, à le dépouiller de la balle, des pelli- 
cules où menues pailles qui s'y trouvent mêlées. 

Dér. du lat. Vannus, m. 8. 

Van, s. m. Élan. — Préne van, prendre son élan, 
reculer pour mieux sauter. Grand van, pichè co, se dit de 
celui qui fait beaucoup d'embarras pour arriver à un mince 
résultat. Douna lou van, donner l'autorisation, le ban des 
récoltes, du grapillage; élargir le bétail, lui donner la clé 
des champs; mettre un prisonnier en liberté; donner la 
fuite à l'eau d'un bassin, d'un réservoir; au vin d'une 
futaille. Trés mémbres tout d'un van, trois pièces de plain- 
pied, dans une maison. 

Van, v. Ils vont, trois. pers. plur. du verbe Ana, aller. 
— Coumo y van! quelle ardeur! 


644 VAO 


Vana, v. Vanner, dépouiller le grain des pellicales ou 
pailles légères qui y sont mêlées. 

Dér. de Van, van. 

Vanèlo ou mieux Vanèou, s. f. ou m. Vanneau Vanel- 
lus cristatus, oiseau aquatique de l’ordre des Échassiers et 
de la famille des Tenuirostres. Il est remarquable par l'ai- 
grette longue et noire qui se relève sur le derrière de sa 
tête, et il est fort recherché par les gastronomes, sans tou- 
tefois mériter l'exagération du dicton : « Qui n’a pas 
mangé de vanneau, n’a pas mangé de bon morceau. » Son 
nom français, dont le languedocien n’est que la traduction, 
lui vient, paraît-il, de ce que son vol, quoique léger, se 
fait entendre d'assez loin et imite assez bien le bruit du 
van dont on se sert pour vanner le blé. 

On appelle aussi Vanèlo, Banèlo ou Gaféto, la mouette 
(Larus) en y comprenant les mouettes, mauves ou goëlands, 
car des nombreuses variétés de ce genre d'oiseau qui sont 
ici de passage et dont plusieurs restent sédentaires sur nos 
côtes, on ne saurait trop à laquelle appliquer plus parti- 
culièrement ces noms, y compris même le Gabian. 

Dér. du lat. Vanellus, m.s. 

Vanèlo, s. f. Nonchalance, paresse. — Quinto vanèlv ! 
quelle paresse ! On emploie aussi ce terme substantivement 
dans le sens de paresseux, fainéant. 

Vano, s. j. Vanne, couverture, courte-pointe, couverture 
de coton ou de laine dont on recouvre un lit. — Dim. 
Vanoù, petite couverture, couvre-pieds. Vano piquado, 
couverture piquée. Vanne de moulin. 

Vanta, w. Vanter, prôner, faire l'éloge, relever les qua- 
lités d’un homme ou d’une chose. — Sé vanta, se vanter, 
se glorifier, à tort ou à raison. 

Dér. du lat. Vanitare, m. sign. 

Vantaciou, s. f. Louange, flagornerie, vanterie. 

Dér. de Vanta, vanter. 

Vantéto, s. m. Vantard, fanfaron. — És un vantéto, 
c'est un vantard, un homme qui se glorifie constamment, 
qui fait sans cesse son éloge. 

Dér. de Vanta, vanter. 

Vantouèr, s. m. Éventail. 

Dér. de Vén, vent. Régulièrement on devrait dire Vén- 
touèr. 

Vâougrand, s. f. Nom de lieu, vallée grande ; large vallée. 

Vâäoumagno, s. f. Mème signification que Véougrand. 

Dér. du lat. Vallis magna, m. s. 

Vâoupièiro, s. f. Nom de lieu, dans les communes de 
Valleraugue et de Sumène. Localité ruinée, située sur le 
territoire de Théziers ; terrier de renards. 

Dér. du lat. Vulpes où Vulpis, renard. 

Vâourièn, s.m. Vaurien, mauvais sujet, coquin ; homme 
sans moralité, sans probité. 

Dér. de Vdou et de Rièn, qui ne vaut rien. 

Vâouriènaio, s. f. Race de vauriens, famille de coquins, 
mauvaise engeance. 

Dér. de Vdouwrièn, vaurien. 





VÈ 


Vâoutres, os, pr. pers. de la 2% pers. plur. Vous. On 
l’emploie aussi pour vous doutres, véoutres étant en effet 
une contraction de vous doutres. 

Comp. de Vous et de Aoutres. 

Va-qué-va, adv. Vaille-que-vaille. 

Vaquiè, èiro, s. f. et m. Vacher, vachère, celui ou celle 
qui prend soin des bœufs ou des vaches, dans un domaine, 
ou qui fait métier d'élever les bœufs et les vaches. 

Dér. de Vaquo, vache. 

Vaquo, s. f. Vache, femelle du taureau. — La vaquo 
a bon pè! expression employée par les plaideurs, pour 
indiquer qu'ils ont des ressources suffisantes pour soutenir 
un procès onéreux. Lou planche dé las vaquos, le plancher 
des vaches, la terre ferme. Qué sé fiche la vaquo, mès qué 
lou védèl téte! peu importe la mère, si le fils se porte bien! 
Parlo francés coumo uno vaquo éspagnolo, se ditd'un homme 
ou d’une femme qui ont la prétention de s'exprimer en 
français, mais qui ne peuvent y parvenir que d’une manière 
très-défectueuse. 

Varaïa, v. Roder en tous sens, fureter, chercher, bou- 
leverser, brouiller. 

Varaïaïre, aïro, s. m. et f. Celui ou celle qui rôde, furète, 
brouille et bouleverse toute chose. 

Dér. de Varaïa, rôder. 

Varaïre, s. »m. Nom de plante de la famille des Colchi- 
cacées, qui s'applique à l’Ellébore de toutes les espèces : 
blanc, Veratrum album, Linn.; noir, Helleborus niger, 
Linn.; vert, Helleborus viridis, Linn. Cette pue fleurit 
en hiver et sa racine est vénéneuse. 

Varal, s. m. Môlée, attirail, multitude d’affaires, trouble, 
désordre, confusion, remue-ménage. — Voy. aussi Rambal. 

Variso, s. f. Varice, veine très-renflée qui se manifeste 
ordinairement dans les jambes. 

Dér. du lat. Varicem, m. s. 

Varlé, s. m. Valet, domestique, serviteur; valet deferme, 
laboureur; valet de meunier. — Varlé-dé-vilo, valet-de- 
ville, appariteur. Un des quatre personnages qui figurent 
sous ce nom dans un jeu de cartes. Terme de menuiserie : 
instrument en fer qui sert à assujétir une pièce de bois sur 
l'établi, pendant qu'on la travaille. À varlé fou pas cham- 
bridiro, à un valet on ne fournit pas une domestique. 

Dér. du bas-lat. Vassaletus, vassal, subalterne. 

Vas, s. m. Mesure de quantité équivalant au nombre 
cent. Ce mot s'emploie particulièrement dans les environs 
de Nimes, et surtout à Besouce. — Un vas dé cébos, un cent 
d'ognons. 

Vaso, s. m. Vase, ustensile destiné à contenir une 
liqueur ou des grains. Poterie d’ornementation; pot où l'on 
tient des fleurs dans les jardins ou sur une fenêtre. 

Vè ! interj. Vois ! expression employée pour exprimer la 
surprise ou l'admiration. — Où vwè/ oh! vois! Te, vè! 
tiens, vois ! 

Dér. de Ve, seconde personne du futur absolu de l’impé- 
ratif du verbe Véire, voir. 


VÉI 


Védèl, s. m. Veau, le petit de la vache. — Aoura la vaco 
amaï lou védèl, se dit d’un homme qui épouse une fille déjà 
enceinte. Brama coumo un védél, crièr comme un brûlé, 
comme un veau. 

Un éboulis de terre ou de mur reçoit aussi, au figuré, le 
nom de Védèl. 

Dér. du lat. Vetillus, m. 8. 

Védéla, v. Vôler, mettre bas un veau. Au figuré s’ébou- 
ler. — Aquélo faïsso a védéla, ce mur de soutènement s'est 
éboulé. 

Dér. de Védèl, veau. 

Védélé, s. m. Maladie inflammatoire des enfants. 

Védia, v. Altacher les sarments de la vigne aux écha- 
las, les provins et les jeunes plants aux tuteurs. 

Dér. de Védil. — Voy. ce mot. 

V édil, s. m. Lien fait avec un rameau d'osier; brin de 
jonc ou de rameau flexible dont on se sert principalement 
pour attacher aux échalas les jeunes plants de vigne, les 
provins et les jeunes plants aux tuteurs, les branches des 
arbres fruitiers en espalier à leurs supports. 

Védio, s. f: Le cordon ombilical. — Nousa la védio, 
nouer le cordon. Cowpa la védio, couper le cordon. 

Les femelles des animaux, qui mettent bas, coupent avec 
les dents le cordon sans le lier, et il n'en survient aucun 
accident; les enfants périraient si l'on oubliait de faire 
cette ligature. 

Dér. de Védil, lien. 

Véia, v. Veiller, passer la veillée ; se coucher tard. 

Se dit de ce qui surnage à découvert dans un liquide quel- 
conque, de ce qui surmonte et dépasse le liquide contenu dans 
un Vase, — La raquo véio din la cournudo, la grappe 
surmonte le moùût contenu dans la cornue. La car véio din 


. lou toupi, la viande surmonte le bouillon dans le pot au feu. 


Véïado, s. f. Veillée. Le temps que passent, réunis 
dansune maison, les parents, amis ou voisins, pendant les 
longues soirées d'hiver. 

Dér. de Veia, veiller. 

Véiéto, s. f. Veilleuse ; lamperon d'une lampe, lampion 
d'une lanterne. On dit aussi Véïuso. 

Dér. de Véia, veiller. 

Véira, $.m. Maquereau, Scomber, poisson de mer très- 
connu dans les poissonneries. Il est moins gros dans la 
Méditerranée que dans l'Océan. Véira vient du latin Varius, 
tacheté, moucheté et de couleur changeante, car le maque- 
reau, de jaune qu'il est, change de couleur en sortant de 
l’eau, et devient vert-bleuâtre ou irisé. 

Véira, v. Il verra. 3e pers. du futur absolu de l'indicatif 
du verbe Véire, voir. Tourner, approcher de la maturité, 
en parlant des fruits et surtout du raisin. 

Véirado, s. f. La saison d'automne ; les approches de la 
maturité des fruitset surtout du raisin. 

Véire, s. m. Le verre. Verre à vitre, verre à boire, verre 
à lunettes, Corps transparent et fragile produit par la 
fusion d’un mélange de sable siliceux et de sel ammoniac. 





VÉL 645 


Depuis quelques années, on fabrique des verres trempés 
dans un corps gras et beaucoup moins cassants que le verre 
ordinaire. 

Dér. du lat. Vitrum, m, 8. 

Véire, v. Voir, apercevoir, examiner, observer ; fréquen- 
ter. — Vaï, y vése! va, j'y vois clair! Y véï pas pu win 
qué soun nas, il ne voit pas plus loin que son nez. Mé n'a 
fa vire! il m'a fait la vie dure! N'a jamaï vis lou sourél 
qué pér un trou, il n'a jamais rien vu, il ne connait rien, 
tout l'étonne. Té vése véni / je vois où tu veux en venir! 
Vése pas lou moumén dé parti, je suis impatient de partir, 
Qudou a jamaï vis? qui a jamais vu pareille chose? Pér 
véire! voyons! Je voudrais bien voir cela. 

Dér. du lat. Videre, m. 8. 

Véiriè, s. m. Verrier, ouvrier qui fabrique, qui travaille 
le verre ; le marchand qui vend des objets en verre. 

Dér. de Véire, verre. 

Véirièiro, s. f. Verrerie; usine où l'on fabrique les 
objets en verre. 

Dér. de Vire, verre. 

Véiroù, s. m.Vairon, Cyprinus phozinus, Linn., petit 
poisson qui recherche les eaux limpides et courantes à fond 
graveleux. J1 nage avec grâce et se rapproche souvent des 
bords. 

Véirun, s. m. et nom propre de personne, Ce nom est 
très-commun dans la Lozère et dans la région d'Alais. 
Sauvages l'identifie avec le nom d'un saint originaire du 
Gévaudan, saint Véran ou Vérain. Nous serions plutôt 
tenté de croire que ce mot est une variante de Véiroë, 
vairon, petit poisson de rivière de couleur irisée comme le 
Véira où maquereau, et que l'on appelle aussi Ravalio, — 
Voy. Véiroù. 

Dér. du roman Vair ou Vaire, dérivé lui-même du lat. 
Varius, de diverses couleurs. 

Véissèlo, s. . Vaisselle eten général tous les vases qui ser- 
vent à contenir des liquides, tels que futailles ou tonneaux. 

Véjan! prem. pers. du pluriel du futur absolu de l'im- 
pératif du verbe Vêïre, ou interjection. Voyons! — Véjan 
s'ou faras! voyons si tu feras cela! Nous allons voir si tu 
auras cette audace! 

Vèjo! deux. pers. du sing. du fut. abs. de l'impératif 
du verbe Vêire, ou interj. — Vèjo-lou! regarde-le! N'y- 
én diguè : Né vos? Vèjo-n'aqui! il l'agonisa d'injures. 

Vélo, s. . Voile, pièce de toile forte que l'on attache aux 
antennes des vaisseaux pour recevoir le vent et presser la 
marche des navires. — Dédou vén, la vélo, suivant le vent, la 
voie. 

Dér. du lat. Velum, m. s. 

Véloù, s. m. Velours, étoffe de soie on de coton à poil 
ras et touffu, doux au toucher. 

Dér. du lat. Villosus. 

Vélouta, v. Velouter, donner à une éloffe tissée les 
propriétés, la nature du velours. 

Dér. de Véloù, velours. 


646 VÉN 


Vélouta, ado, adj. m. et f. Velouté, ée; qui est de la : 


nature du velours. 

Dér. de Véloù, velours. 

Vélouté, s. ». Nom de plante de la famille des Synan- 
thérées. OEillet d'Inde, Tagetes erecta, Linn. La tige de 
cette plante est peu rameuse et porte des feuilles ailées, 
d'un vert clair, à folioles linéaires, ponctuées et dentées. 
Les fleurs sont radiées, solitaires ; le calice simple à côtes 
anguleuses; la corolle d’un jaune éclatant plus ou moins 
foncé. Il en existe plusieurs variétés, les unes à fleurs 
orangées, rayées de jaune ou veloutées; d’autres à fleurs 


doubles. Ces plantes sont originaires du Mexique; elles: 


séduisent la vue par la richesse de leurs couleurs, mais 
elles exhalent, quand on les touche, une odeur forte et 
désagréable. 

Vén, s. m. Le vent; air agité, souffle, courant d'air. — 
Vaï coumo lou vén, il va comme le vent. 

Véna, ado, adj. m. etf. Veiné, 6e; qui présente des 
veines de diverses nuances ou de diverses couleurs. 

Dér. du lat. Vena, veine. 

Vénado, s. /. Veine, filon métallifère; filet d'eau qui 
jaillit à travers les rochers. 

Vénci, v. Vaincre, surmonter une difficulté; avoir le 
dessus dans une discussion ; triompher d'un adversaire, d’un 

ennemi. 
© Dér. du lat. Vincere, m.s. 

Véndéire, éiro, s. m. et f. Vendeur, venderesse. Celui 
qui fait une vente. 

Dér. de Véndre, vendre. — Voy. ce mot. 

Véndimia, v. Vendanger, récolter les raisins. 

Dér. du lat. Vindemiare, .m. s. 

Véndimiaire, aïro, s. mn. et f. Vendangeur, euse; l’ou- 
vrier qui est employé aux vendanges. 

Dér. de Véndimia, vendanger. ; 

Véndimio, s. f. Vendange; l’époque des vendanges; le 
raisin recueilli pendant les vendanges et destiné à la fabri- 
cation du vin. — Pér véndimios, au temps des vendanges. 
La véndimio sé vén trénto frans, le raisin se vend à 
raison de trente francs les cent kilos. Moure dé véndimio, 
trogne d’ivrogne, figure barbouillée de raisin, 

Dér. du lat. Vindemiare, vendanger. 

Véndo, s. /. La vente. Vente, aliénation d’une chose à 
prix d'argent; débit de denrées ou de marchandises. 

Dér. du lat. Venditus, part. passé de Vendere, vendre. 

Véndre, v. Vendre, aliéner. Au fig. trahir. — Sé véndre, 
se vendre, recevoir de l'argent ou un bénéfice quelconque 
pour commettre une action honteuse, lâche ou indélicate. 

Dér. du lat. Véndere, m. s. 

Véndu, do, adj. m. et f. Vendu, e. On l'emploie aussi 
substantivement. — Un véndu, se disait jadis d’un rem- 
plaçant militaire. On l’applique aussi en politique, à celui 
qui abandonne son parti et embrasse une cause adverse 
pour des motifs d'intérêt. 

Dér. du lat. Venditus. 





VÉN 


Véngu, do, adj. m. et f. Venu, e. — Mdou véngu, mal 
venu, qui n’a qu'un développement incomplet. Aquél bla 
és mâou véngu, ce blé n’a pas réussi. 


Véngudo, s. f. Venue, arrivée. — Un amouriè d'uno - 


bèlo véngudo, un mürier vigoureux, qui a jeté des branches 
fortes et vigoureuses. 

Dér. de Véni, venir. 

Véni, v. Venir, arrriver; provenir ; naître, croître: de- 
venir. — És véngu, il est arrivé. Vaï vén?, il va venir. 
Faï pas qu'ana et véni, il ne fait qu’aller et venir. Soun 
gran véniè dé Ginowia, son grand-père était originaire de 
Génolbac. És véngu gran, il a grandi. 

Dér. du lat. Venire, venir. 

Vénja, v. Venger. — Sé vénja, se venger, avoir satis- 
faction d’une insulte, d’un outrage. 

Dér. du lat. Vindicare, m. s. 

Vénjadisso, s. /. Vengeance. On dit aussi Vénjéngo. 

Vénjan! prem. pérs. du futur abs. de l'impératif du 
verbe Véire. Voir; employé comme interj. Voyons! —- 
Vénjan, s'âourés aquél toupé/ Voyons un peu si vous aurez 
le front de faire ou de dire cela. 

Dér. du v. Vire, voir. — Voy. Véjan. 

Vénjando, même signification que Vénjan. — Voy. 
ce mot. 

Vénjan-véïire! interj. Redondance réduplicative de 
vénjan! voyons! traduction littérale de celle qui est 
employée en mauvais français, par les gens du peuple : 
Voyons-voir ! 

Véno, s. f. Veine: vaisseau sanguin qui ramène vers le 
cœur le sang porté aux extrémités du corps par les artères ; 
filon minéral ; raies de colorations diverses qui apparaissent 
dans le bois, les terrains, les marbres; petit filet d’eau sou- 
terrain. — Mé fas faïre dé vénos! tu me surexcites, tu 
m'irrites au plus haut degré, tu m’agaces. 

Dér. du lat. Vena, m.s. 

Vénta, ». Venter, soufller; venter ou éventer le blé ou 
autres grains en le lançant en l’air avec une pelle ou une 
fourche en bois pour en chasser la poussière et la balle. 
— Sé vénta ou plutôt sé van{a, s’éventer avec un éventail. 

Dér. du lat. Ventus, vent. 

Véntadouiro, s. f. Pelle ou fourche en bois à fourchons 
plats et rapprochés, qui sert à venter ou éventer le bléen 
le lançant en l'air. 

Dér. de Vénta, venter ou éventer. — Voy. ce mot. 

Véntrado, s. f. Ventrée, portée; les petits que les 
femelles d'animaux font en une seule fois; la quantité 
d'aliments que l'on a absorbée dans un copieux repas. 

Dér. de Véntre, ventre. 

Véntre, s. m. Ventre; la partie de l'abdomen qui con- 
tient les boyaux. — Rampli soun véntre, faire un repas 
copieux. Véntras, gros ventre, 

Dér. du lat. Ventrem, m. s. 

Véntrésquo, s. f. Le petit lard qui recouvre le ventre 
et la poitrine du cochon; panse, bedaine. 

Dér. de Véntre, ventre. 


dot. Éd 


ace dat 





ET die ARS nr ee TRES 


VER 


Véntrudas, asso, s. =. et f. Péjoratif de Véntru, do, 
ventru, e. Se dit de quelqu'un qui est très-ventru. 

Véousage, s. m. Veuvage, état de viduité. 

Dér. de Véouse, veuf. 

Véouse, 50, s. m”. et f. Veuf, ve. Le mari qui a perdu 
sa femme; la femme qui a perdu son mari. — Tirassa 
un véouse, se dit d'une jeune fille dont le vêtement s'ac- 
croche à un buisson, et qui, par cela même, est, dit-on, 
prédestinée à épouser un homme veuf. 

Dér. du lat. Viduus, m.s, 

Véouso, s. f. Nom de plante. Scabieuse, Scabiosa atro- 
purpurea, Linn., et en général toutes les scabieuses. Genre 
de la famille des Dipsacées. La Scabieuse des Veuves à été 
admise dans nos jardins. On la croit originaire des Indes; 


. elle a des fleurs d’un pourpre foncé, avec des anthères 


blanches. 

Les scabieuses, négligées par les botanistes des premiers 
siècles, ont été dotées, par leurs successeurs, de propriétés 
qui leur ont valu pendant longtemps une grande répu- 
tation, fondée, comme beaucoup d'autres, sur des idées 


superstitieuses. La seule dénomination de Scabieuse (de Sca- 


bies, gale), en annonçant la vertu curative de la gale, établis 
sait déjà une erreur. 

Vèr, s. m. Aulne ou vergne, Betula ulnus, Linn., 
Ainu glutinosa, W.; arbre très-commun dans le Gard, le 
long des cours d'eau. C’est à cette essence d'arbres que 
beaucoup de localités doivent leur nom dans notre région : 
La Vernède, la Vernarède ; Vers, Vern ou Verns dans le 
Midi; Verneuil et Vernon dans le Nord. Ces noms ont la 
même signification qu'en français le terme Aulnaie, qui 
désigne un lien planté .d’Auines, comme la Nougarède 
indique un lieu planté de noyers; la Pommarède, l'Elzière, 
la Felgère, etc., des terrains plantés de pommiers, d'yeuses, 
et où pousse la fougère, etc. 

Ce genre de plantes, de la famille des Amentacées, avait 
été réuni par Linné au bouleau. C'est un des arbres qui vé- 
gètent le mieux dans les terres humides et marécageuses, 
dont il fait l'ornement et la richesse. Il s'élève parfois jus- 
qu’à quinze et vingt mètres. Cet arbre brave également les 


. grands froids et les grandes chaleurs. On le trouve depuis 


la Laponie jusque sous le soleil brülant de l'Algérie. Pline 
dit que, de son temps, on le plantait le long des rivières 
pour les contenir dans leur lit. Le bois d'aulne acquiert 
en séchant une teinte rougeâtre. Il prend très bien le noir. 
Pline et Vitruve assurent que les pilotis d'aulne sont d'une 
éternelle durée. L'écorce de cet arbre sert à teindre les cuirs 
en noir; on lui attribue de grandes vertus fébrifuges. 

Vèr, s. m. Le vert, la couleur verte, — Métre dou vèr, 
mettre au vert, faire manger des herbes vertes, au prin- 
temps, ‘aux mulets et aux chevaux, pour les rafraichir. 
L'an més dou vèr, on l'a mis à la portion congrue, on lui a 
rétranché une partie de l'argent dont il disposait mal à 


propos. 
Dér. du lat. Viridis. 


Vèr, Verdo, adj. m. et f. Vert, verte; de couleur verte; ; 





VÉR 647 


fruit qui n'est pas mûr; bois qui n'est pas sec; vin fait » 
avec des raisins insuffisamment mûrs. Au fig. se dit d'un 
homme encore vigoureux malgré son âge avancé. 

Dér. du lat. Viridis, m. s. 

Vèr, prép. Vers, du côté, dans la direction de; cette locu- 
tion s'emploie aussi pour désigner une date approximative : 
Vèr Nouvè, aux environs de la Noël. 

Dér. du lat. Versus, m. 8. 

Véramén, adv. Vraiment, en vérité. — Véramén vous 
ou dise, je vous le dis en vérité. , 

On dit en latin dans le mème sens : Amen, Amen, dico 


“vobis 


Vérbal, s.m. S'emploie dans le sens de procès-verbal.— 
Lou gardo m'a fa un vérbal, le garde champètre m'a fait 
un procès-verbal. Les paysans prononcent souvent Barbal 
pour Vérbal. 

Dér. du lat. Verbalis, m. 8. 

Vérbalamén, adv. Verbalement, de vive-voix. — Ço 
qué m'aviè di vérbalamén, vouïèi qué m'ou dounèsse pér 
éseri, je voulais qu'il me donnât par écrit ce qu'il m'avait 
dit de vive-voix. 

Dér. du lat. Verbalis. 

Vérbouissé ou Bréségoù, s. m. Nom de plante. Petit 
houx, houx frelon, fragon piquant, Ruscus aculéatus, Linn. 
Cet arbrisseau, de la famille des Smilacées, croit partout 
dans les bois montueux des contrées tempérées de l'Europe, 
mais principalement dans le Midi. Il a l'aspect (d'un petit 
myrte; les feuilles sont dures, ovales, d'un vert métallique, 
piquantes à leur sommet; la tige est du même vert que les 
feuilles. Ses baies d'un rouge vermillon ont une sayeur 
fade et douceâtre; elles sont de la grosseur d'une petite 
cerise, sessiles et collées sur le revers de la feuille. La 
racine et les fruits de cet arbrisseau passent pour apéritifs, 
diurétiques et emménagogues. 

Dér. de Vèr vert, et de Bowässé, buisson, buisson vert: 

Vérdastre, 0, adj. m. et f. Verdätre, tirant sur le vert. 

Dér. de Vèr, vert. 

Vérdé, s. m. Verdet ou vert de gris, oxyde de cuivre. 

Dér. de Vér, vert. 

Vérdé ou Argnè, s. m. Nom d'oiseau, Martin-Pécheur, 
Alcyon, Alcedo ispida, Temm. C'est le plus bel oiseau 
d'Europe qui, par ses magnifiques couleurs, peut rivaliser 
avec les plus brillantes espèces des tropiques. On l'appelle 
Vèrdé, à cause des teintes verdâtres qui chatoient sur sa 
robe d'azur, et Argnë, de ce que l'on a cru qu'en le 
mettant desséché dans une armoire, son odeur en chassait 
les teignes /Arnos); mais loin d'en préserver les étoffes de 
laine, on voit souvent, dans les collections d'oiseaux em- 
paillés, l'Argnè être un des premiers atteints par ces 
insectes. 

Vérdéja, v. Verdoyer, verdir, reverdir, tirer sur le 
vert. 
| Dér. de Vèr, vert. 

Vérdiè, s. m. Verdier, nom propre d'homme et nom d'oi- 
seau. Verdier, plus souvent appelé Vérdun. — Voy. ©. m. 


648 VER 


Vérdoù, s. m. Verdeur, verdure; saveur du via qui est 
vert, c’est-à-dire composé avec du raisin incomplètement 
mür; vigueur de la jeunesse. 

Dér. de Vèr, vert. 

Vérdun, s. m. Nom d'oiseau et nom propre d'homme, 
Verdier, gros bec verdier; Fringilla Chloris, Temm. 
Le mäle a toutes les parties supérieures, la gorge et la 
poitrine d’un vert jaunâtre et le ventre jaune; la femelle 
est d’un gris cendré, légèrement teint de verdâtre en-dessus. 
De tous nos oiseaux des ehamps, le verdier est peut-être le 
plus facile à prendre, à quelque piège que ce soit, et celui 
qui s’apprivoise le plus aisément. A peine. prisonnier, et 
semblant ne pas s’apercevoir de sa captivité, il se met à 
manger et à faire entendre son ramage éclatant et varié. 1] 
parvient à prononcer quelques mots. On l’appareille avec 
le canari, et les mulets qui en proviennent sont les plus 
estimés pour la vigueur et pour le chant. 

Vère ou Vèri, s. m. Verrat, cochon mâle et entier ; 
escargot de grande taille et non comestible. 

Le cochon domestique descend du sanglier, qui ne se 
rencontre plus vivant dans nos contrées; mais il en existait 
encore dans nos bois au siècle dernier, comme l’attestent 
plusieurs documents. 

Dér. du lat. Verres, m, s. 

Vérgnièiro, s. /. Nom générique donné à la foule des 
petits poissons de rivière que l’on appelle le fretin, parmi 
lesquels sont comprises les espèces qui ne grandissent point, 
telles que : la Loguo, le Véiroù, l'Ase, le Gofi ou gou- 
jon, etc. 

Vérgo, s. f. Verge, baguette, badine, gaule. 

Dér. du lat. Virga. 

Vérgougno, s. f. Honte, vergogne, timidité. — Faire 
vérgougno, faire honte, inlimider. Acù és uno vérgougno! 
c'est une chose honteuse! Déourias avé vérgougno! vous 
devriez être honteux ! 

Dér. du lat. Verecundia. 

Vérgougnoüs, ouso, adj. m. etf. Honteux, timide, qui 
éprouve un sentiment de pudeur naturelle. — Siègues pas 
vérgougnoùs! ne sois pas timide. 

Dér. de Vérgougno, timidité. 

Véri, s. m. Venin, poison; malice, haine concentrée. — 
À dé vèri, se dit d'une personne naturellement méchante 
et vindicative. Le brou de la noix. 

Dér. du lat. Venenum, m. 8. 

Vérinado, s.f. Eruption, enflures ou pustules qui survien- 
nent sur diverses parties du corps et notamment aux lèvres, 
à la suite de diverses circonstances, et qui sont souvent attri- 
buées à des causes imaginaires. Sortes de fluxions érésypé- 
lateuses produites quelquefois par une secousse morale, un 
effroi violent éprouvé d'une manière inattendue, le contact 
de certains sucs de plantes ou de substances vénéneuses. 

On donne aussi le nom de Vérinado à l'Euphorbe des 
moissons, Euphorbia vegetalis. 

Dér. de Véri, venin. 





VÉR 


Vérinoüs, ouso, adj. m. etf. Venimeux, euse; véné- 
neux, euse. — Uno èrbo vérinouso, une plante vénéneuse, 
Uno bèstio vérinouso, un animal venimeux. 

Dér. de Véri, venin. 

Vérma, v. Diminuer, abaisser; lâcher, laisser retomber 
peu à peu; amoindrir. — Lou toupi a vérma, le potage a 
diminué. Lous jours vérmou, les jours décroissent. Laïsso 
vérma, laisse retomber peu à peu. Vérma lous gages, 
diminuer les gages, le traitement. 

Vèrme, s. m. Ver, nom donné indistinctement à tous les 
animaux à sang blanc qui rampent sur la terre ou qui 
vivent dans le corps de l’homme, des animaux, des fruits, 
des plantes, etc. 

Tuïa lou vèrme, faire le matin une petite collecte de la 
plus grande simplicité, un repas succint, arrosé d’un verre 
de vin, Frustulum. « 

Dér. du lat. Vermis, m. s. 

Vèrména, ado, s. m. et f. Vermoulu, attaqué, rongé 
des vers; véreux, en parlant des fruits. 

Dér. de Vèrme, ver. 

Vèrménoüs, ouso, adj. m. et f. Véreux, euse; rongé 
des vers; vermoulu; sujet aux vers. 

Dér. de Vèrme, ver. 

Vèrminado, s. f. Maladie vermineuse causée par une 
invasion vermiculaire fréquente chez les enfants en bas- 
àge. 

Dér. de Vèrme, ver. 

Vèrmino, s. f. Vermine, toute espèce de vers et par 
extension tous les insectes qui pullulent sur les personnes et 
les objets malpropres ; tels que poux, puces, punaises, etc. ; 
les gueux, les mendiants, les gens de basse extraction, les 
vagabonds, etc. — Aquél éfan a la vèrmino, cet enfant a 
une maladie vermineuse; il est attaqué des vers. 

Dér. de Vèrme, ver. : 

Vèrmiou, s. m». Kermès, gallinsecte, que l’on recueille 
sur le petit chène vert épineux Quercus coccifera, Linn., 
et que l’on appeile aussi graine d'écarlate. Il sert à préparer 
la couleur rouge la plus estimée avant la découverte de la 
cochenille. — Vérmioù est évidemment le diminutif de 
Vèrme, Ver, bien qu’on puisse le prendre pour la traduction 
littérale de Vermillon, qui, du reste, a sans doute la même. 
origine. 

Vérnarédo, s. f. Terrain ou région complantée d'aulnes 
(Vèrno en languedocien). Nom propre de lieu équivalent 
comme signification à l'appellation française Au/naie. 
Plusieurs localités du Gard portent ce nom dans lequel ont 
été introduites certaines variantes : La Vernarède, com- 
mune du canton de Génolhac; La Vernède, hameau et 
fermes de l’arrondissement d'Uzès et de Nimes; Vers, com- 
mune du canton de Remoulins; Verns, hameau de la 
commune du Chambon, et peut-être même Hiverne, hameau 
de la commune d’Aujac. 

Dér. de Vèrno, aulne. 

Vérquièiro, s. f. La dot d’une fille. 


RTE DT 


VÈS 


< Ceterme, défiguré dans bien des endroits, dit Sauvages, 
pourrait bien être, en dernière analyse, Vérguiètro, comme 
on leprononce dans certaines localités. Or, Vérguièiro n'est 
pas bien loin de Virguièiro, qui se rapproche du lat. Virgo, 
fille; d'où on aurait fait, dans la basse latinité, Vérqueria, 
pour indiquer ce qui appartient à une fille, son apanage, 
sa dot. 

. « Mais il est plus simple de prendre Vérquièiro dans 
. J'acception de la basse latinité Vercheria, terme qui, dans 

un ancien titre cité par Ducange, signifie une portion de 

champ ou d’héritage, un fonds de terre : Volumus quod 
qui habent vineas, hortos vel Vercherias. .... » 

. . Vértél, s. m. Fusaïole; peson de fuseau. Bouton en bois, 
en verre, en poterie ou en métal qui sert de volant au 
fuseau et le fait tourner plus longtemps. 

Cet objet remonte à la plus haute antiquité. On en 
trouve dans les stations préhistoriques, gauloises et ro- 
maines. 

Dér. du lat. Verto, je tourne. 

Vértu, s. f. Force, vigueur, robusticité, en parlant de 

. l'homme, des animaux et des plantes; propriété, efficacité 
en parlant des choses. 

Dér. du lat. Virtus, m.s. 

Vérturioüs, ouso, adj. m. et f. Fort, vigoureux, robuste, 
résistant. 

Dér. de Vértu, force, vigueur. 

Vès, prép. Vers, dans la direction, chez, auprès, du 
côté de, — Démore vès la plago dé l'Abadiè, j'habite près 
de la place de l'Abbaye. Anas vès vosto tanto, allez chez 
votre tante. L'aï vis qu'anavo vès Anduso, je l'ai vu 
allant dans la direction, du côté d'Anduze. 

Dér. du lat. Versus, m. s. 

Vès ou Bès, s. m. Nom de plante. Bouleau blanc, 
Betula alba, Linn., genre de la famille des Amentacées. Les 
bouleaux et les aulnes (Alni) forment, d'après Tournefort, 
deux genres distincts que Linné avait conservés dans ses 
premiers ouvrages : il les a ensuite réunis et le langage de 
nos pays les rapproche et les confond quelquefois. Aujour- 
d'hui la plupart des botanistes modernes les tiennent 
séparés. 

L'écorce du bouleau sert à diverses préparations. La sève 
de cet arbre est, de toutes les substances végétales, celle 
qui fournit le meilleur moyen d'imiter le vin de Champagne, 
qu'on falsifie à Londres et à Hambourg avec diverses baies, 
surtout celles du myrtillus. 

Le Vs, comme la Vèrno, a donné son nom à diverses 
localités du Gard. — Voy. Vérnarédo. 

Vès, Vers, village du canton de Remoulins. — Cébo dé 
ès, oignons de grosse taille que l'on récolte sur le territoire 
de Vers. — Bés ou Bez, village du canton du Vigan; 
Bessèges, dans l'arrondissement d'Alais; les hameaux 
de Besses, Bessède, Bessières, Bessettes, dans le Gard; 
Bessas, dans l'Ardèche, etc. 

Dér. du lat. Betula, bouleau. 





VES 


Vési, ino, s. m. et /. Voisin, ine; qui est situé ou qui 
habite à proximité d'ane autre chose on d’une autre per- 
sonne. Proche, touchant, contigu. — L'aïgo és un mari 
vési, le voisinage des cours d'eau est dangereux, 

Dér, du lat. Vicinus, m. s. 

Vésia, ado, adj. m. et f. Délicat ou douillet; mignard, 
mièvre, — Acû ’s un vésia, c'est une poule mouillée, un 
mignard. Un parla vésia, un langage mignard et affecté. 
Un éfan vésia, un enfant gâté. Faï la vésiado, c'est une 
minaudière, une sucrée, 

Dér. de l'it. Vezzoso, mignon. 

Vésiada, v. Choyer, gâter, soigner, dorloter, traiter avec 
délicatesse, — Sé vésiada, se soigner avec trop de délica- 
tesse, se dorloter. Vésiada un éfan, élever un enfant trop 
délicatement, avec trop de complaisance. 

Dér. de l'it. Vezzeghiare, m. s. 

Vésiadamén, ado. Avec trop de délicatesse, de mignar- 
dise. 

Dér. de Vésiada, dorloter, soigner. 

Vésiaduro, s. f. Mignardise, délicatesse affectée. — N'és 
pas maldou qué dé vésiaduro, il n'est malade que par trop 
de bien-être. On dit d'un cheval fringant : Crébo dé 
vésiaduro, il! gambade, il folâtre parce qu'il est trop dru. 
— La vésiaduro lou gagno, il commence à s'enorgueillir. 

Dér. de Vésiada, soigner, dorloter. 

Vésinaje, s. m. Voisinage, proximité; l'ensemble des 
habitants logés dans le mème quartier d'une ville ou d'un 
village. 

Dér. de Vési, voisin. 

Vésinéja, v. Se fréquenter entre voisins; être en bons 
rapports avec les gens de son voisinage. 

Dér. de Vési, voisin. 

Vésito, s.f. Visite; action d'aller voir une personne par 
déférence, par civilité, par devoir, par amitié; visite de 
médecin; inspection, recherche, perquisition. ‘ 

Véspiè, s. m. Guépier, nid de guèpes formé de plusieurs 
rayons horizontaux et superposés, reliés entre eux à la 
partie centrale. On dit au figuré : Bouléga low véspié, 
susciter des querelles; réveiller le chien qui dort. 

Dér. de Vèspo, guèpe. 

Vèspo, s. f. Guèpe; mouche carnassière et fragivore 
dont il existe plusieurs variétés. Comme les abeilles, dont 
elles sont une élégante mais mauvaise copie, celles qui 
vivent en société ne font point de provisions pour l'hiver; 
aussi, après de terribles discussions intestines, qui boule- 
versent les guépiers, la faim et le froid les font d'ordinaire 
presque toutes périr, 

Quelques femelles fécondées, qui échappent au désastre 
et se remisent pendant l'hiver dans quelque trou, suffisent 
pour former, au printemps, une nouvelle colonie et perpé- 
tuer cette race toujours trop nombreuse. Le Grdoule ou 
frelon est la plus grosse et la plus mauvaise espèce de 
guèpes. 

Dér. du lat. Vespa, m. 5. 


650 VÉT 

Vèsprado, s. f. Le soir, la vesprée en vieux fr., la 
soirée, la veillée. — Nous sèn pérménas touto la vèsprado, 
nous nous sommes promenés toute la soirée. Véndraï vous 
véire din la vèsprado, je viendrai chez vous dans la soirée. 

Dér. de Véspre, soir. 

Vèspre, s. m. Soir. — Lou vèspre, le soir. Dé vèspre, 
ce soir. Bon véspre, bonsoir, bonne soirée. Rouge dé vèspre, 
bèou tén déou èstre, ciel rouge le soir, espoir de beau temps. 

Dér. du lat. Vesper, m.s. 

Vèspros, s. f. p. Les Vèpres. Vèpres, partie de l'office 
religieux qui se dit ou se chante dans l'après-midi. 

Dér. du lat. Vesper, dér. de Vesperæ, et sous-entendu 
horæ ou horæ vespertinæ. On les disait anciennement à six 
heures du soir. 

Véssa, v. Verser, se répandre par les bords. Se dit d’une 
liqueur qui se répand d’elle-mème d’un vase trop plein. 
— Lou toupà vèsso, le bouillon, l’eau du pot se répand. On 
verse une liqueur d’un vase dans un autre en inclinant le 
vase qui la contient. 

. Dér. du lat. Versare. 

Véssaro, s. m. Vesce cultivée, vesceron ou vesce sau- 
vage, blanche ou brune, Vicia sativa. Vesce à feuilles 
étroites, Vicia angustifolia. Plante de la famille des Papil- 
lonacées. — Voy. Vésso, vesce. 

Vésso, s. f. Vesce (Vicia). La vesce fournit un excellent 
fourrage; on la cultive pour la nourriture des bestiaux. 
Les tiges, lorsqu'elles ont été battues, sont encore bonnes 
pour nourrir les moutons. Cette plante sert aussi à fertiliser 
les terres : pour cela il faut la renverser avec la charrue, 
lorsqu'elle est en fleurs. Cet usage était connu des Romains. 
Les graines servent particulièrement de nourriture aux 
pigeons. 

Dér. du lat. Vicia et de Vincire, lier, à cause des tiges 
grimpantes et des vrilles qui caractérisent cette plante. 

Vésti, s. m. — Un vésti, un vêtement. Bos vésti, bois 
en grume, dont l'écorce n'a point été enlevée. Bla vést?, blé 

. dont la balle est adhérente au grain. 

Dér. du lat. Vestire, vêtir. 

Vésti, do, adj. m. et f. Vêtu, vêtue. — Bièn vésti, bien 
vêtu, vêtu avec soin. Se dit au fig. de celui qui a une belle 
fortune. Véstà dé sédo, un porc, un pourceau, ainsi désigné 
par un jeu de mots rappelant les soies qui forment la 
fourrure de cet animal. 

Dér. du lat. Vestire. 

Vésti, v. Vêtir, revêtir, habiller; fournir des vêtements. 

Dér. du lat. Vestire, vêtir. 

Vèsto, s. f. Veste, sorte de justaucorps sans basques qui 
compose le vêtement supérieur des paysans méridionaux. 
Dim. Vèstélo, Vèstouno, petite veste. 

Dér. du lat. Vestis. 

Véto, s. f. Ruban étroit et grossier, ordinairement en fil 
de chanvre ou de soie de rebut, servant à attacher les 
cheveux, les vêtements. 

Dér. du lat. Vitta, bandelette. — Voy. Cabie. 





VIC 


Vézénobre, s. m. nom propre de lieu. — Voy. Bénobre. 

Vi, s. m. Vin, liqueur extraite du raisin fermenté. — y4 
dé prénso ou dé déstré, vin de pressurage. 

Dér. du lat. Vinum, m.s. 

Viaje, #. s. Voyage, la route que l'on parcourt pour se 
rendre d’un lieu à un autre. — Un viaje dé fé, une char- 
retée de foin. Viaje blan, course inutile. On dit aussi: un 
viaje, une fois. Aquéste viaje, cette fois. Un doutre viaje, 
une autre fois. Lou grand viaje, le dernier voyage, la mort. 

Dér. du lat. Viaticum. 

Viâouiè, s. m. Violier ou giroflée. Genre de la famille 
des Crucifères. Le nom vulgaire de giroflée est une cor- 
ruption de yep, main (prononcez Khir), et de flos, fleur. 
L'espèce la plus connue est la giroflée jaune ou violette 
(Cheiranthus cheiri, Linn.), cultivée dans les jardins et dont 
l'odeur approche de celle de la violette. 

Viâoulé, s. m. Violet, la couleur violette. Lou vidoulé, 
le violet. 

Viâäouléto, s. f. Violette, Viola odorata, Linn., genre 
type de la famille des Violariées, d’une odeur suave. Cette 
plante croît également dans le Nord et dans le Midi, aux 
lieux couverts, dans les prés, les bois, le long des haies. 
Elle était en grande vénération chez les Athéniens, qui la 
nommaient Jon. Pour justifier cette étymologie, les poètes 
grecs ont prétendu que Jupiter, ayant métamorphosé en 
génisse la belle Jo, fit naître la violette pour lui procurer 
une pâture digne d'elle. 

Viäouloun, s. m. Violon, instrument de musique en 
bois et à quatre cordes dont on joue avec un archet. 

Patience-violon, Rumex pulcher, Linn., genre de la 
famille des Polygonées, caractérisée par ses feuilles radi- 
cales en forme de violon, qui croit communément sur le 
bord des routes et dans les lieux incultes. 

Dér. de l’ital. Violino ou Violone, m.s. 

Viâoulouna, v. Violonner, jouer du violon. 

Dér. de Vidouloun, violon. 

Viâoulounaïre, s. m. Celui qui joue du violon. 

Dér. de Vidouloun, violon. 

Vibre, s.m. Castor, bièvre, en latin Fiber. Quadrupède 
amphibie qui tend à disparaître, traqué par les chasseurs 
dans toutes les parties du monde. Ce n'est que par une 
très-rare exception qu’on rencontre encore quelque castor 
égaré sur les bords du Gardon ou du Rhône, où-on le 
voyait assez souvent autrefois; et c'est en vain qu'on ÿ 
chercherait des traces de leurs constructions modèles. 

Notre savant et éminent compatriote, M. J.-B. Dumas, le 
célèbre chimiste, a choisi pour emblème un castor construi- 
sant sa maison, avec cette devise en exergue: Quéou travaïo 
faï soun mas, celui qui travaille édifie sa maison, allusion 
délicate au modeste point de départ de ses propres destinées. 

Vicàri, s. m. Vicaire, le prêtre qui aide et remplace au 
besoin le curé dans l'exercice de ses fonctions. On dit aussi 
ségoundari. 

Dér. du lat, Vicarius. 


VE «+ 


VIË . 


Vice, s. m. Vice, défaut, ruse, adresse, malice, four- 
berie. — Aquél éfan a dé vice, cet enfant est rusé, madré, 
roué pour son âge. Un chival qu'a dé vice, un cheval vicieux. 

Dér. du lat. Vitium, m. s. 

Vicious, s0, adj. m. et f. Vicieux, rusé, madré, mali- 
cieux, fourbe. Se dit d'un traité, d'un contrat qui manque 
de quelque formalité essentielle. 

Dér, du lat. Vitiosus, m. s. 

Vidasso, s. f. Existence pénible, misérable; mauvaise 
vie, vie de débauche, — Michanto vidasso! triste exis- 
tence ! 

Augm. et péjor. de Vido. — Voy. c. m. 

Vido, s. f. Vie, existence; état des tres animés, tant 
qu'ils ont en eux le principe ‘des sensations et du mouve- 
ment; l'intervalle de temps qui s'écoule entre la naissance 
et la mort d'un être vivant. Au fig. la conduite et les 
mœurs. — Faïre la vido, avoir une conduite débauchée, 
Cérea sa vido, mendier pour vivre. Dé ma vido vidanto, 
avièt pa vis acù/ jamais de la vie, au grand jamais, je 
n’avais.été témoin d'une chose semblable! 

Dér. du lat. Vita, vie. 

Viédase ou Aoubèrgino, s. m. Aubergine melongène, 
Solanum melongena, Linn. Plante de la famille des Sola- 
nées, dont le fruit est un aliment fort agréable, C'est une 
grosse baie, très-lisse, allongée, ordinairement de couleur 
violette, quelquefois jaune. Selon Hasselquist, les Poma so- 
domitica de la vallée du Jourdain, près de la Mer morte, 
seraient les fruits du Solanum melongena ; mais c'est une 
erreur, ces fruits appartiennent à l’Asclepias gigantea, 
Linn. Cette plante, très-commune dans les jardins pota- 
gers du midi de la France, est originaire des Indes ; c'est la 
Mérinjano des Provençaux. On apprête ses fruits de diffé- 
rentes manières, en leur adjoignant, le plus souvent, ceux 
du Solanum licopersicum, Linn., ou pomme d'amour. 

Le nom de viédase donné à ce légume lui a été attribué 
par analogie avec sa forme particulière : Veretrum asini. 

Au fig. Viédase, se dit d'an homme dissimulé, faux, d'un 

Viédase! inter. Peste! diantre! fichtre ! 

Vièièsso, s. f. Vieillesse, Age avancé. Mot français tourné 
en languedocien. 

Vièïje, s. m. Décrépitude, en parlant des personnes; 
vétusté, en parlant des choses. — Mourèi dé vièije, mou- 
rir de vieillesse. On dit aussi Viéiounge. 

Dér. de Vial, vieux. 

Vièio, s. f. Vielle, instrument de musique à clavier dont 
jouent ordinairement les mendiants de la Savoie. 

Vièïun, s. m. Vieillesse avancée, décrépitude. — Foy. 
aussi Vidije et Viéiounje. 

Vièl, ièïo, s. et adj. m. et f. Un vieux, une vieille, an 
homme, une femme d'un âge avancé. La viéto disiè toujour 
qué vouñà pa mouri, une certaine vieille femme disait tou- 
jours qu’elle ne voulait pas mourir, (sous entendu : parce 
qu’elle était bien aise de connaître toutes les inventions 





VIG 651 


nouvelles qui se produisent journellement). Pdoure, vil et 
maldou! pauvre, vieux et malade! trois des pires conditions 
de l'humanité réunies sur un seul individu, 

Vije, s. m. Rameau, pousse, scion d'osier, dont on fait 
des ouvrages de vannerie; la plante elle-même, laquelle 
est une variété du saule, qui forme le genre type de la 
famille des Salicacées. 

En botanique, l'osier est appelé saule hélix, Satis halis, 
Linn, On l'emploie avec avantage pour fixer, par ses 
racines, les sables mobiles, et fixer les berges le long des 
cours d'eau. Ses rameaux longs et pliants servent de liens. 
On en fabrique des paniers, des corbeilles d'un usage très- 
répandu. La piqüre d'un insecte, le Cynips du saule, occa- 
sionne, vers l'extrémité des rameaux, une excroissance 
rougeâtre, en forme de tête écailleuse, qu'on nomme rose 
de saule, et que l'on retrouve sur le saule marceau. C'est 
encore sur cette espèce et plusieurs autres qu'on trouve le 
beau Capricorne à odeur de rose, Cerambixz moschatus, Linn. 

Il existe encore diverses sons-variétés de cet arbuste, 
telles qué l'osier rouge ou verdiau, l'osier brun, l'osier 
jaune ou amarinier, etc. 

D'après Servius, le nom latin du saule, Salis, sioninit 
de Salire, monter, parce que le saule croît très-vite; selon 
Theis, du celtique Sul, proche, et Lis, eau. - 

Vijèiro, s. f. Oseraie, saulaie, saussaie. Lieu planté 
d’osiers ou de saules de toute espèce. Ces plantations sont 
fréquentes sur les bords du Gardon où elles servent de 
défense contre les crues torrentielles de cette rivière. On 
dit aussi Sdouzédo. 

Dér. de Vige, osier. 

Vignâou, s. m. Vignal ou garde-vignes, employé muni- 
cipal chargé de garder la vendange, au moment de la 
maturité du raisin, Au moyen âge, les gardiens des récoltes 
portaient surtout le nom de bagné, bannier (bannerius), 
dérivé de ban, criée publique, proclamation, défense. Ce 
terme est aussi employé comme nom propre d'homme, 

Dér. du bas-lat. Vinearius, en vieux fr. Vigoau. 

Vigno, s. f. Vigne, Vitis, Linn. Genre type de la 
famille des Vitifères. Arbrisseau sarmenteux conau de tout 
le monde et dont le fruit produit le vin. 

L'époque à laquelle remontent la connaissance de Ja vigne 
et l'usage du vin se perd dans la nuit des temps. La Bible 
en fait honneur à Noé. D'autres veulent qu'Osiris, le 
Bacchus des Grecs, ait trouvé la vigne dans les environs de 
Nysa, dans l'Arabie-Heureuse, d'où il l'aurait transportée 
dans les Indes. 

Les Phéniciens, qui parcouraient souvent les côtes de Ja 
Méditerranée, en introduisirent la culture dans les iles de 
l'Archipel, la Grèce, la Sicile, en Italie et dans le territoire 
de Marseille. De là, elle s'étendit progressivement dans les 
Gaules, où elle occupait déjà une partie des côteaux de nos 
départements méridionaux, lorsque Domitien fit arracher 
toutes les vignes qui croissaient dans la Gaule, à la suite 
d’une année où la récolte du vin avait été aussi abondante 


652 VIL 


que celle du blé était chétive et misérable. Cette destruction, 
qui remonte à l'an 92, dura deux siècles entiers, et ce n’est 
que sous le règne de Probus que l'interdiction fut levée. 
Deux cents ans après, la reproduction de la vigne avait fait 
de rapides progrès dans nos pays, et s'était même avancée 
dans le nord de la Gaule. Les vins de France sont de 
beaucoup les plus estimés du monde et, certains crûs ont 
acquis une renommée universelle et incontestée. 

Le terrible fléau dit Phylloxera vastatriæ, qui a pris nais- 
sance sur le territoire de Pujaut (Gard), vers l’année 4862, 
et qui continue depuis lors ses ravages, a presque entiè- 
rement détruit les vignes de nos contrées méridionales et 
menace de s'étendre sur toute la France et sur les pays 
circonvoisins. L'avenir seul prouvera que la reconsti- 
tution de la vigne par les plants américains, essayée sur 
une large échelle, peut nous rendre cette source de richesses 
dont nous sommes privés depuis si longtemps. 

Les principales espèces de raisins de nos contrées portent 
les noms vulgaires suivants : 


Baraqué. Musca-grè. 
Bèouno. Paièirés. 
Blanqué. Péoure. 


Claréto-blanquo. Picholo méno. 


Claréto-roujo. 
Coulidor-roussé. 
Coulidor-vérdäou. 
Coupado-blanco. 
Coupado-roujo. 
Coupado (grosso) négro. 
Dalican. 

Du 

Éspar. 

Éspiran où Aspiran ou Piran 
Gamé ou Larda. 

Gamé négre. 
Granaïrôou. 

Grè. 

Gragnoou. 

Larda où Gamé. 
Madéléno. 

Moulan. 

Musca-blan. 
Musca-négre. 


Picopoulo bourélo. 

Picopoulo calosso. 

Picopoulo fialaïro. 

Picopoulo (grosso ou far- 
nouso) 

Picopoulo (pichoto). 

Rasin dé pocho. 

Rousérgù. 

Sadoulo-bouviè. 

Sdouro. 

Téré-calos. 

Téré (gros). 

Téré (pichd). 

Téré rouje. 

Ugno blanco. 

Ugno négro. 

Ugno d'Éspagno où 
Ugnélo rousso. 

Ugno d'Usès. 


Vignoü, s. m. Petit carré de vigne. 


Dér. de Vigno, vigne. 


Vilagnè, s. f. Vilenie, saleté, ordure, grossiéreté, impo- 
litesse; action mauvaise; propos indécents; femme de mau- 


vaises mœurs. 


Vilaje, s. m. Village, agglomération d'habitations d’une 


faible importance, mais supérieure à celle d'un simple 
hameau,. et ordinairement habité par des cultivateurs et 
des propriétaires fonciers. — Vilajas, gros village. Vila- 
joù, petit. village. 

Dér. du bas-lat. Villaticum, m. s. 





VIO 


Vilèn, èno, s. et adj. m. et f. Un ladre, un avare. — 
Quand un vilèn s'alargo, tout y vaï, il n'est chère que de 
vilain. Dans certaines localités des Cévennes, on appelle le 
diable : lou vilèn. 4 

Vilain, e, adj. m. et f. Rustre, grossier, sale, malpropre, 
désagréable, fächeux, avare. — Hou/ lou vilèn! oh! le 
vilain! se dit à un enfant qui touche ou fait des saletés. 

Dér. du bas-lat. Villanus, et du lat. Villa, métairie. 

Vilèn-mèrle, s. »#. Un homme désagréable, mal élevé, 
grossier, grincheux, mauvais-coucheur, acariâtre, rageur. 

Vilo, s. f. Ville, agglomération considérable d'habita- 
tions disposées par rues et jadis entourées de remparts et de 
fossés. — Vilasso, grande ville ordinairement peu agréable. 
Viloto, petite ville assez agréable. 

Il faut bien se garder de traduire le latin Villa, métairie, 
maison de campagne, hameau, par le mot français ville. 

Vinaïgra, v. Vinaigrer, préparer, accommoder, assai- 
sonner un mets avec du vinaigre. — Décourals à la vinai- 
grado, des poivrons à la vinaigrée, préparés au vinaigre. 

Dér. de Vinaïgre, vinaigre. 

Vinaïgrado, s. f. Plat de légumes assaisonnés à l'huile 
et au vinaigre; sorte de salade. 

Dér. de Vinaïigre, vinaigre. 

Vinaïgre, s. m. Vinaigre, vin devenu acide, employé 
comme condiment dans les usages de la table et de la cui- 
sine où dans la parfumerie. Mot composé de Vin, vin et 
aïgre, aigre. — Pisso-vinaïgre, individu acariâtre, aigre 
dans ses relations, dans ses manières, dans ses paroles, 
mauvais coucheur, d'humeur difficile. Mot composé, dér. 
de pissa, pisser, et vinaïgre, vinaigre. 

Vinaïgre! interj. Cette onomatopée est employée comme 
encouragement à travailler plus vite; à presser le mou- 
vement soit dans le travail, soit dans un exercice du corps, 
tel que le saut à la corde que les enfants pratiquent en 
hiver. 

Vinaje, s. m. Au moyen-âge, droit seigneurial perçu sur 
le vin. Addition d’une certaine quantité d'alcool à un vin 
faible pour lui donner un degré suffisant. Pot de vin payé 
à celui qui fait conclure un marché. 

Dér. de Vin, vin. 

Vingt, adj. num. Vingt, nom de nombre correspondant 
à vingt unités. 

Dér. du lat. Viginti. — Voy. Cén. 

Vinoüs, s. m. Sorte de champignon de couche, de couleur 
vineuse. 

Dér. de Vin, vin. 

Vinoüs, s0, adj. m. et f. D'une couleur vineuse, rou- 
geâtre, approchant de celle du vin. 

Dér. de Vin, vin. 

Vinténo, s. f. Une vingtaine d'objets, vingt environ. 

Dér. de Vin, vingt. 

Viou, vivo, adj. m. et f. Vivant, e; vif, vive, alerte, 
éveillé, pétulant. — Aïgo-vivo, eau vive au moment où elle 
sort de la source; fid viou, un feu ardent. Mé taïère én 


VIR 


_jusqu'dou viou, je me coupai jusqu'à la chair vive, Viou/ 


interj. Vite! dehors! à la porte! 

Dér, du lat. Vivus. 

Viôouiè, s. m. Giroflée, — Voy. Vidouié. 

Viôure, v. Vivre; être vivant; subsister; se nourrir. — 
Aï pér vioure, j'ai de quoi vivre, j'ai des revenus suffisants 
pour me nourrir et m’entretenir. * 

Vioure, s. m. Nourriture, aliments, ce qui sert à la 
nourriture de l'homme, provisions de bouche, comestibles; 
façon de vivre, habitudes. — Sdoupre-vioure, savoir-vivre, 
éducation. 

Vira, v. Tourner; se mouvoir circulairement; retour- 
ner dans un autre sens. — Vira dé caïre, tourner de côté, 
mettre de champ. Vira dé biaï, placer commodément, dans le 
sens voulu. Lous doubricès virou, les abricots commencent 
à mürir. Vira cabosso, vira canturlo, devenir fou, insensé, 
perdre la boule. Vira l'aïgo, détourner lecours de l'eau, 
arroser une planche de jardinage. Vira l'aste, tourner la 
broche. Vira lous iuèls, loucher. Lou rasin aïgre mé faï 
vira las déns, le raisin qui n’est pas mûr m'agace les dents. 
Viro dé piquo, il tourne pique. Au fig. c'est le moment où 
les coups vont pleuvoir. Vira lou quiou, tourner le dos, 
s'en aller, rompre avec quelqu'un. Vira casaquo, changer 
d'opinion ; abandonner une idée, un parti, pour en suivre 
un autre. Vira lou troupèl, détourner le troupeau de la 
direction qu'il a prise. Vira lous cantoùs, tourner les coins, 
arrondir les angles. Ës countén coumo qué tout vire, de 
quelque façon que les choses marchent, il se déclare satis- 
fait. 

Dér. du lat. Gyrare, tourner. 

Virado, s. f. Le tournant d'un chemin, d’une rue; action 
de tourner, de se retourner. Au fig. émotion, secousse, effroi ; 
maladie violente qui éprouve fortement, mais qui dure peu. 

Dér. de Vira, tourner. 

Viradouiro, s. f. Petite pelle ou spatule de fer ou de 
cuivre percée de trous, comme une écumoire, et qui sert à 
retourner ou à retirer la friture de la poële. 

Dér. de Vira, tourner. 

Viraire, s. m. Celui qui tourne le volant d'une machine 
d'imprimerie, la roue d'un cordier, la meule d'un coutelier. 

Virairo, s. f. L'ouvrière employée au tour qui sert à 
dévider la soie. 

Dér. de Vira, tourner. 

Viro, s. f. La retourne dans le jeu de cartes; la carte 
que l'on retourne pour faire connaitre l'atout. — Viro dé 
piquo! c'est le moment propice pour recevoir des taloches ; 
c'est à présent que les coups vont pleuvoir. 

Viro-bourdouiro, s. f. comp. — Sé métre dé viro-bour- 
douïro, se coucher la face contre terre ; se mettre à l'envers. 

Viro-col, s. m”. comp. Torticolis; refroidissement ou 
affection rhumatismale qui empêche de tourner le cou sans 
éprouver une douleur plus ou moins vive. 

Comp. de Viro, tourne, et de Col, cou. 

Viro-froumage, s. m. comp. Culbute, chüte à l'envers, 





VIR 653 


comme celle d'un fromage frais que l'on retourne sur une 
assiette pour le servir, 

Viro-gâou ou Viro-gâouto, s. m. comp. Soufllèt rude- 
ment appliqué. — Y'a baïla un viro-gdou, il lui a admi- 
nistré un soufllet, une giffle. 

Comp. de Viro, tourne, et de Gdou pour gdouto, joué. 

Viro-passo, s. f. comp. Culbute, virevolte; tour que 
l'on fait sur soi-même, sans changer de place. — Faïre la 
viro-passo, faire la culbute, 

Dér. de Vira, tourner, et de Passa, passer. 

Viro-sourél, s. m. comp. Nom de plante. Tournesol 
Helianthus annuus Linn., genre de la famille des Compo- 
sées; tribu des radiées. Cette plante est originaire du Pérou; 
elle représentait pour les anciens habitants de cette contrée 
l'emblème du soleil, c'est-à-dire de l'astre qu'ils adoraïent 
comme le père de la nature. L'habitude que nous avons de 
la voir fréquemment est cause de notre indifférence à 
l'admirer. On ne peut cependant se refuser à lui accorder 
une attention bien naturelle qu’elle provoque par sa fleur, 
du plus bel éclat, quelquefois d'un pied de diamètre, incli- 
née sur sa tige et constamment tournée vers le soleil. 

L'hélianthe tubéreux ou topinambour est également une 
plante de la même tribu. On la croit originaire du Chili. 

Viro-t'én-laï, s. m. comp. Soufllet, gifile, coup de poing 
fortement appliqué. Mème signification que Viro-gdou. 
Littéralement, cette expression signifie : tourne-toi là-bas 
ou de l’autre côté. 

Viro-tour, s. m. comp. Virevolte, consistant à tourner 
sur place, volte-face. — Faguè un viro-tour et partiqué, 
il fit volte-face et partit. 

Viroù, s. m. Vrille. Le mot perçoir est impropre, dit 
SauvaGes; l'amorçoir est la plus petite espèce de tarière; 
le foret est un instrument tout différent de la vrille. L'avant- 
clou, la percerette, ne sont pas des termes français acceptés. 

Dér. de Vira, tourner. 

Virougnèiro, s. f. Vrille de grande dimension, tarière, 
bondonnière. 

Dér. de Vira, tourner. 

Viroula, v. Tourner, tournoyer, rouler, culbuter, cabrioler. 

Fréquentatif de Vira, tourner. 

Viroulé, s. m. Tourniquet, toton; cabriole, pirouette; 
tourbillon formé par les eaux courantes ou dormantes qui 
s'échappent ou se précipitent vers le fond, en forme d’en- 
tonnoir. 

Dér. de Viroula, tourner. 

Virouléja, v. Tournoyer, aller de çà de là, sans motif 
apparent; s'agiter dans le vide. — Fas qué virouléja’ tu 
ne fais que t'agiter en tous sens. 

Viroun-viréto, s. m. Géranium ou bec de grue, à canse 
de la forme du fruit, genre type des géraniacées. Le caractère 
le plus saillant de cette planté consiste dans le fruit qui 
présente la forme d’un Jong bec affilé; ce bec est le pro- 
longement en crète de cinq capsules réunies autour d'un 
axe central. 


654 VOS 


Notre contrée possède diverses espèces de géraniums, 
parmi lesquelles nous citerons le géranium sanguin, le 
géranium des prés, le géraninm velouté, le géranium dit 
Herbe à Robert, Geranium rubertianum Linn. Les anciens 
désignaient ce dernier sous le nom de ruberta, rubertiana, 
puis, par altération, rupertiana, robertiana et enfin Herbe 
à Robert. 

Vis, to, part. passé du verbe Véire, voir. Vu, vue. — 
Passo qué l'ai vis! décampe au plus vite! 

Dér. de Vére, voir. 

Visaja, v. Envisager, regarder en face, entre les deux 
yeux et quelquefois d’un air menaçant. — M'a visaja, il 
m'a regardé d’un air insolent. Sé visaja, se regarder face 
à face. 

Dér. de Visaje, visage. 

Visaje, s. m, Visage, figure, face. 

Dér. du lat. Visus, m. 8. 

Visoù, s. m. Prunelles de l'œil; vers qui prennent nais- 
sance sur la viande corrompue. 

Dér. du lat. Videre. 

Vispre, 0, adj. m. et f. Apre au goût, acre. — Aquélo 
pruno és vispro, cette prune est pre. 

Visproü, no, s. m. et f. Jeune enfant lutin, diablotin, 
espiègle. 

Vitamén, adv. Vite, rapidement, ‘vivement. — Fasès 
aquù vilamén, faites vite cela. 

Vite, adv. Vite, promptement, rapidement, vivement. 
— Fasès vite, dépèchez-vous, faites vite. 

Vitraïre, s.m. Vitrier, l'ouvrier qui pose les vitres. 

Dér. de Vitro, vitre, 

Vitraje, s. m. Chassis en bois, en fer, en un métal quel- 
conque, garni de vitres; l’ensemble des vitres d’un bâti- 
ment. 

Dér. de Vitro, vitre. 

Vitro, s.f. Vitre, plaque on carreau de verre que. l’on 
pose à une croisée, à un dôme. 

Dér. du lat. Vitrum, verre. 

Volo-biôou, s. m. Surnom burlesque donné par dérision 
aux habitants de Saint-Ambroix, au sujet desquels a été 
inventée une légende dont le récit a fourni le sujet d’un 
poème héroï-comique au félibre alaisien Albert ARNAVIELLE. 

Composé de Volo, vole, et de Bidou, bœuf ; bœuf qui vole. 

Voste, 0, adj. poss. de la 2% pers. du pluriel. Votre, 
qui est à vous, qui vous appartient. 

Dér. du lat. Vestrum, m. s. 

Vostre, s. m. — Lou vostre, le vôtre, ce qui. est à vous, 
ce qui vous appartient, votre propriété, votre domaine. 
Sès din lou vostre, vous êtes dans vos possessions, vous 
cultivez votre domaine. 

Dér. du lat. Vestrum, m. s. 

Vostre, 0, pron. poss. m. et f. — Lou vostre, la vostro, 
le vôtre, la vôtre. Véïc? moun oustéou, vaquè lou vostre, 
voici ma maison, voilà la vôtre. 

” Dér. du lat. Vester, vestra, vestrum, M. S. 





VOU 


Voto, s. f. Fête votive ou patronale, qui est une occasion 
de réjouissances annuelles dans chaque commune du midi 
de la France, telles que luttes, courses de taureaux, bals 
champêtres, jeux d'adresse, etc. 

Dér. du lat. Votum, vœu. 

Votro! interj. Mes compliments! Votre serviteur! 

Vouè ! interj. Ouais! Vraiment! 

Vougué, v. Vouloir. — Féou vougué, il faut vouloir. 
On dit aussi Voulé. — Voy. ce mot. 

Voui, adv. Oui; particule aflirmative opposée à la par- 
ticule négative nou, non, et qui sert à affirmer une chose. 

Formé par contraction du lat. hoc illud, c'est cela. 

Voula, v. Voler, se mouvoir dans l’espace avec des ailes, 
courir rapidement. —- Courissiè qué voulavo, il courait si 
vite qu'il semblait voler. 

Dér. du lat. Volare, m. s. 

Voulado, s. f. Volée, l'étendue du vol d’un oïseau entre 
deux repos; bande d'oiseaux volant de concert. — Uno 
voulado dé pijouns, une troupe, un vol de pigeons. Tira à 
la voulado, tirer au vol. Préne la voulado, prendre son 
vol, partir. Au fig. une volée de coups de poings ou de bâton, 
une tripotée. ù 

Dér. de Voula, voler. 

Vouladoü, adj. m. Se dit d'un oiseau, d’un volatile par- 
venu à l’âge de croissance où il est susceptible de prendre 
son vol, où il est capable de voler. — Aoucèl vouladoù, 
oiseau prêt à s'envoler hors du nid. On dit aussi Vouladis. 

Dér. de Voula, voler. d 

Voulaje, ajo, adj. m. et f. Volage, inconstant, changeant, 
sans consistance. 

Dér. du lat. Volaticum. 

Voulaje (Fid). Eruption cutanée très-bénigne et fugitive, 
commune chez les enfants en bas-âge, sorte de rougeole. 

Voulan, s. m. Grande faucille des moissonneurs . 


« Lou voulan dâou ségaïre anavo dé davan. » 
Paul GAUSSEN. 


Voulastréja, v. Voleter, voltiger en tous sens, s'essayer 
à voler, voler à plusieurs reprises, vol pénible d'un oiseau 
blessé. 

Dér. de Voula, voler. 

Voulé, v. Vouloir, désirer d'acquérir, de posséder; dési- 
rer, souhaiter. — Mé n'én voulès? vous me gardez rancune? 
N'és pa maläou sé voulès, mès sé porto gaïre bièn, à propre- 
ment parler, iln'est pas malade, mais iln’en vaut guère mieux. 

Dér. du lat. Volere, m. 8. 

Voulounta, s. f. Volonté, bonnes dispositions que l'on a 
à faire une chose; aptitude, ardeur au travail. 

Dér. du lat. Voluntatem, m. s. 

Voulountoüs, ouso, adj. m. et f. Doué de bonne vo- 
lonté, plein d’ardeur pour le travail, naturellement porté au 
travail, à l'étude; obéissant, docile, souple de caractère. 
Au fig. qui se plie facilement, flexible comme l'osier 
employé dans la vannerie. 


ZIN 


Voulur, urdo, s.m, et f. Voleur, voleuse; petite aigrette 
qui surmonte les graines de certaines plantes, que le vent 
fait envoler. 

Vou'n, adv. Où. — Vou’n-t-anas? où allez-vous? On 
dit aussi Énté-anas? on Ént'anas? 

Dér. du lat. Ubi, m. sign. 


ZOU 655 


Vounze, adj. num. Onze, nombre composé d'une dizaine 
plus un. 

Dér. du lat. Undecim, m. 8. 

Vous, pr. pers. de la 2% pers. du plur. Vous, à vous. 

Dér. du lat. Vos, m. s. 

Vraï, adj, m. Vrai, conforme à la vérité. — Vraï? Est- 
cæ bien vrai? Contraction de Véraï. 


S 4 


La lettre Y est la vingt-quatrième de l'alphabet. Dans les 
idiomes romans, elle n’a pas d'autre valeur que celle de l'i. 
Dans les mots français dérivés du grec, on l’emploie de pré- 
férence à cette dernière lettre, pour indiquer leur origine. 

Dér. du lat. Y correspondant à l'Y grec. 


Y, adv. Y, là, dans cet endroit, à cela, à lui, à elle, Ini, 
à lui. — Dounas-y dé pan, donnez-lui du pain. Y-anarai, 
j'irai. Y pourtaraï, je le lui porterai. Y saraï, j'y serai. 
Anas-y, allez-y. Vous y fisés pa, ne vous fiez pas à lui. 

Dér. du lat. Z6i, là. 


Z 


La lettre Z est la vingt-cinquième et dernière lettre de 
l'alphabet et la dix-neuvième des consonnes. 

Elle a été empruntée au latin qui, lui-mème, l’a prise au 
grec Z. 

Za! interject. — Za! l'arape, Crac! il le saisit. 

Zèou! interj. Mot employé pour exprimer le bruit que 
font certains corps durs, secs et solides. — Zèou és parti, 
s'és coupa, crac, il est parti, cetobjet s’est cassé, cette élofe 
s'est déchirée. 

Zingo-zango! s. f. Bruit successif et alternatif comme 
celui d'un corps qui frotte ou râcle sur un autre dans nn 
mouvement de va-et-vient; secousse imprimée en poussant 
et retirant alternativement un objet avec la main. 


Zoù ! interj. Cette onomatopée correspond exactement au 
Zéou des Provençaux. Cri des foules, pour s'encourager 
mutuellement à une manifestation, à une émeute, à des 
voies de fait contre un personnage, une assemblée où une 
action qui a soulevé l'indignation publique. Les méridio- 
naux ont emprunté ce cri à la langue grecque, si fertile en 
onomatopées, et qui a laissé bien d'autres traces dans notre 
langage. 

Dér. du grec Zooç, Zow, élan, essor, croissance, où de 
Zaw, vivre. 


Alais, 20 septembre 1883. 





FIN 













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