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Full text of "Dictionnaire pittoresque d'histoire naturelle et des phénomènes de la nature"

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= PITTORESQUE 


D'HISTOIRE NATURELLE 


ET 


DES PHÉNOMÈNES DE LA NATURE. 


TOME DEUXIÈME. 


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PARIS.— IMPRIMERIE DE COSSON, 
Rue Saint-Germain -des-Prés , n° ©. 


DICTIONNAIRE 


PITTORESQUE 


D'HISTOIRE NATURELLE 


ET 


ES PHÉNOMÈNES DE LA NATURE, 


CONTENANT 


L'HISTOIRE DES ANIMAUX, DES VÉGÉTAUX, DES MINÉRAUX, 

DES MÉTÉORES, DES PRINCIPAUX PHÉNOMÈNES PHYSIQUES ET DES CURIOSITÉS NATURELLES, 
AVEC DES DÉTAILS SUR L'EMPLOI DES PRODUCTIONS DES TROIS RÈGNES 

DANS LES USAGES DE LA VIE, LES ARTS ET MÉTIERS ET LES MANUFACTURES. 


RÉDIGÉ PAR UNE SOCIÉTÉ DE NATURALISTES, 


SOUS LA DIRECTION DE M. F.-E. GUÉRIN, 


MEMBRE DE LA SOCIÉTÉ D'HISTOIRE NATURELLE DE PARIS ET DE DIVERSES AUTRES SOCIÉTÉS SAVANTES NATIONALES ET ÉTRANGÈRES; 
AUTEUR DE L'ICONOGRAPHIE DU RÈGNE ANIMAL DE CUVIER ET DU MAGASIN DE ZOOLOGIE, 
LUN DES AUTEURS DU DICTIONNAIRE CLASSIQUE D'HISTOIRE NATURELLE, DE L'ENCYCLOPÉDIE MÉTHODIQUE , 
DU VOYAGE AUTOUR DU MONDE PAR LE CAPITAINE DUPERREY, 
DE L'EXPÉDITION SCIENTIFIQUE DE MORÉE, DU VOYAGE AUX INDES ORIENTALES PAR M. BÉLANGER , ETC, y ETC. 


AVEC PLANCHES GRAVÉES SUR ACIER SUR LES DESSINS DE MM, DE SAINSON ET FRIES, 


TOME DEUXIÈME, 


A SAINT-OMER , 
chez E. LEGIER, Libraire-Papetier, 
Place Royale , 45. 


PARIS, 


AU BUREAU DE SOUSCRIPTION, 


Rue Saint-Germain-des-Prés, n° 4. 


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PITTORESQUE 


D'HISTOIRE NATURELLE 


ET 


DES PHÉNOMÈNES DE LA NATURE. 


C. 


CARI 
! CARINAIRE, Carinaria. (mour.) Genre établi 


par Lamarck pour une précieuse coquille péla- 
gienne , apportée au Muséum d'histoire naturelle 
de Paris par l'expédition de Dantrecasteaux, et dont 
voici les caractères : 

Coquillenon symétrique , extrêmement mince, 
fragile , vitrée, enroulée obliquement sur sa droite ; 
à spire très-petite et terminant le sommet ; à ou- 
verture extrêmement grande, oblongue ou ovale ; 
divisée en deux parties presque égales par une 
£arène longitudinale mince et très-saillante, 

Nous avons été des premiers à observer l’ani- 
mal de Ja Carinaire à l’état de vie, tant sur l'espèce 
de la Méditerranée que sur une nouvelle que nous 
avons rencontrée dans les mers de Madagascar. 
D’après notre propre étudeet celles qui en ont été 
faites par M. Bory de St-Vincent, Péron et Le- 
sueur, nous pouvons définitivement , comme nous 
Vavons fait dans notre Manuel , assigner pour ca- 
ractères génériques à ces animaux, d’être gélati- 
peux, transparens, à manteau épais et toujours 
couvert d’aspérités ; d’étreterminés en pointe pos- 
térieurement et arrondis en avant à la base de la 
trompe ; d’avoir cette trompe verticale , terminée 
par la bouche, qui est triangulaire et contient un 
appareil propre à la mastication , composé de trois 
lames garnies chacune de rangées de crochets; 
d’avoir deux tentacules coniques, allongés et re- 
courbés en avant, portant les yeux à leur base, 
en dehors et sur de petits tubercules arrondis; 
une ou plusieurs nageoires, dont la principale 
est constamment ventrale ; un nucleus placé dans 
une cavité au dos de l’animal, correspondant plus 
ou moins verticalement avec la nageoire ventrale, 
et protégé par une pièce testacée; enfin de por- 
ter la terminaison du canal intestinal et des or- 
ganes de la génération dans un tubercule au côté 
droit. 

Les Carinaires n’ont point, à ce qu’il paraît, 
été connus par les anciens; mais Rondelet, cé- 
lèbre naturaliste de la renaissance , en a décrit et 
figuré le premier l'animal (pag. 126) sous le nom 
de ZLoloturium secunda specte : cette figure, que l’on 
serait peut-être tenté de rapporter au genre Fi- 
role, nousreprésente sans aucun doute un animal 


TouE IT. 


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CARI : 


de Carinaire privé de sa coquille, comme on en 
rencontre si souvent dans les hautes mers, et les 
caractères sur lesquels nous nous fondons dans 
ce rapprochement sont : la présence à la surface du 
corps d’une grande quantité de petites aspérités , 
comme on en voit dans tous les animaux de Cari- 
naires connus jusqu’à ce jour, et jamais dans les Fi- 
roles; puis les vestiges des branchies, suffisamment 
indiqués sur la partie antérieure du nucléus; et en- 
fin la position de ce même nucléus. La figure de 
Rondelet présente bien le mollusque dans la po- 
sition ordinaire aux Gastéropodes, c’est-à-dire le 
ventre en bas, mais dans une position renversée 
pour l'animal de la Carinaire. Du reste, il a parfai- 
tement indiqué la disposition et la direction du 
canal alimentaire. Il ne faut qu’avoir vu quelques 
uns de ces mollusques à l’état de vie pour bien 
reconnaître lJ’analogie que nous signalons ici 
comme un point assez important de l’histoire de 
la malacologic, puisqu'il fait remonter à une épo- 
que reculée la découverte d’un animal que l’on 
a été si long-temps sans retrouver, et qui même 
encore aujourd'hui n’a pas laissé pénétrer dans 
tous les mystères de son organisation. 

Linné, considérant la forme générale de la 
Carinaire , et lui trouvant de l’analogie avec cer- 
tains Cabochons, en fit une Patelle; Gmelin, Dar- 
genville et Favane , tenant plus particulièrement 
compte de la nature fragile, mince et transparente 
de cette coquille, y virent une espèce d’Argonaute; 
mais Lamarck , Schweigger et Ocken, à qui ces 
caractères parurent trop vagues ; en formèrent un 
genre à part, en attendant la connaissance de 
l'animal qu’ils ne soupçonnaient pas si bien ‘indiqué 
dans Rondelet. Enfin deux naturalistes, justement 
célèbres par leurs voyages et les belles découvertes 
qu'ils en obtinrent, Péron, et plus tard M. Bory de 
St-Vincent, donnèrent bientôt chacun une des- 
cription de l’animal, et dèslors la Carinaire révéla 
un nouvel ordre de mollusques et en devint le type. 

Son organisation intérieure devint bientôt le 
sujet de plusieurs travaux importans. M. Cuvier 
le premier la décrivit en traitant de la ptérotra- 
chée, qui n’était qu'un mollusque de Carinaire 
mutilé; puis plusieurs autres naturalistes, et entre 


81° LivralsoN, 1 


CARI 


CARI 


autres Poli, Delle Chiaie, Quey «et “Gaimard, 
s’en occupèrent plus ou moins complétement :nous - 
mêmes nous ajoutâmes quelques lumières à celles 
que l’on connaissait déjà, en sorte que ce genre 
est aujourd hui sinon complétement connu, du 
moins assez pour qu'il m'y ait plus à discuter sur 
la place qu'il doit prendre dans la série des mol- 
lusques : mais il n’en a pas été ainsi dès les com- 
mencemens, car si les conchyliologistes ont différé 
long-temps dans la manière de classer la Carinaire, 
les zoologistes ensuite n’ont pas moins varié d’o- 


pinion Sur la place que son animal devait occuper , * 


tout en admettant généralement qu’il était dans 
le cas de former le type d’un ordre distinct. Ainsi 
M. de Lamarck fit pour la Carinaire et un autre 
genre voisin (la Firole) , l’ordre des Héttropodes, 
mais, par une fausse application de quelques uns 
des caractères, il jugea à propos de le placer à l’ex- 


trémité de la série des mollusques, après les 


Céphalopodes , en faisant le passage aux poissons 
avec lesquels il lui reconnaissait une certaine 


analogie. Cuvier, ayant découvert, par son inves- | 
tigation anatomique sur la ptérotrachée, que la | 


nageoire ventrale n’était autre chose que le pied, 
mais disposé d’une manière particulière, telle- 
ment comprimé qu’il prend son extension dans le 
sens opposé, et devient propre à la natation, la 


placa avec les Scutibranches, dans la première : 


édition de son Règne animal. 

M. de Férussac, en publiant les tableaux systé- 
matiques où il adopte en général la classification 
de M. Cuvier, admit comme lui les Carmaires 
dans les Scutibranches, et en fit une simple fa- 
mille. 

M. de Blainville, dans son Manuel de Malaco- 
logie, admit les Carinaïres dans un ordre à part 
sous le nom de Nucléobranches, par lequel il rem- 
placa celui d'Hétéropodes , et y réunit , maïs dans 
une famille à part, l’Atlante, dont il ne possédait 
alors qu’une fausse description qui ne lui permet- 
tait pas de saisir ses rapports avec les Carinaires, 
la Spiratelle, qui n’est autre chose qu’un Ptéro- 
pode (le genre Limacine), et l'Argonaute, qui d’a- 
près une foule d'observations plus ou moins con- 
vaincantes a élé reconnu pour être nn Céphalo- 
pode. Après tout, on voit que M. Cuvier avait fait 
faire un pas dans la connaissance de ces animaux, 
en démontrant le premier que c’étaient des Gas- 
téropodes. ï 

Lorsque nous fimes notre Manuel de l’histoire 
naturelle des mollusques et de leurs coquilles, nous 
profitâmes de ces premiers trayaux, et nous nous 
appuyâmes encore , pour le classement de la Cari- 
naire et de l’ordre auquel elle sert de type, de nos 
propres observations sur la nature vivante. Nous 
avions aussi reconnu que la nageoiré ventrale des 
Carinaires n’est autre chose qu'une modification 
extraordinaire du pied de l'animal gastéropode , et 
nous y avions même découvert un vestige de sa 
forme et une suite des fonctions qui lui appartien- 
nent. C’est celle ventouse, cette sorte de dupli- 
cature de lanageoire que l’on voit à son bord pos- 
térieur'; elle existe dans toutes les espèces de Ca- 


rinaires, de Firoles,‘et même d’Atlantes que nous 
connaissons ; c’est un organe essentiel aux Nucléo- 
branchés , et par conséquentun des principaux ca- 
ractèresde cet ordre. Ce pied, ou plutôt ce vestige de 
pied, est, il est vrai, très-borné, court, étroit-et 
incapable de servir à la reptation ; mais äl estpro- 
pre à fixer le-mollusque à un corps flôttant , em 
épanouissant sur lui sa surface et faisant aussitôt 
le vide par le jeu de ses muscles. 

D’après cette considération et la certitude que 
nous acquimes bientôt que la Carinaire devait oc- 
cuper par son organisation ‘un des premiers rangs 
parmi les mollusques , d’après la certitude que ce 


mollusque appartient cependant à la classe des 


Gastéropodes ,mais qu’il offre sous quelques rap- 
ports de l’analogie avec les Ptéropodes, nous l’a- 
vons réuni aux Firoles et aux Atlantes, dans une 
division d'ordre sous la dénomination de Nucléo- 
branche empruntte à M. de Blainville, À la tête 
des Gastéropodes, faisant le passage à la classe qui 
précède. Dans la dernière édition da Règne ani- 
mal, M. Cuvier a en partie suivi notre manière de 
voir; comme nous, il retire les Garinaires et genres 
voisins des Scutibranches pour en faire un ordre 
à part ; il en rapproche les Atlantes, mais il con- 
serve la dénomination d'Hétéropodes et les place 
entre les Tectibranchesetles Pectinibranches, rom- 
pant par là leurs rapports avec les Pléropodes. Ce 
savant pense que les sexes sont séparés chez les Cari- 
naires ; nousles croyons au contraire réunis, nous 
fondant sur ce que les Atlantes nous ont paru à la 
dissection les avoir ainsi. 

Nous avons fréquemment rencontré des Gari- 
naires en mer; mais assez généralement leurs ani- 
maux étaient plus ou moins mulilés, ct jouissaient 
toutefois d'une vie très-active, La partie où cette 
mutilation se montre ordinairement est le nucléus 
qui renferme les organes les plus essentiels à la 
vie, le cœur ct les branchies. Nous'en avons ren- 
contré un individu qui en était entièrement privé, 
et qui cependant vécut encore assez long-temps. 
Nous ajouterons que M. Gaudichaud nous a com- 
muniqué des dessins faits par lui sur des fragmens 
de ces mollusques, moindres que ceux que nous 
avons eu nous-mêmes l’occasion d'observer, et 
jouissant encore de la vie. La trompe des Carinaires 
est aussi quelquefois mutilée, et nous en avons 
vu qui en élaïient entièrement privées. 

C’est sans doute à cet état de mutilation des 
Carinaires ct des Firoles qu'il faut attribuer la per- 
sévérance avec laquelle quelques savans ont re- 
fusé d'admettre deux genres d’animaux [très-dis- 
tincts parmi eux; car rien ne ressemble plus à une 
Firole qu’un animal de Carinaire privé de sa co- 
quille ou de son nucléus. Aujourd'hui il est bien: 
démontré que ce sont des genres différens, mais 
chez lesquels la plus grande différence consiste 
dans la présence ou l'absence de la coquille. La 
considération, dunucléus peut plus que toute autre 
chose, dans un cas d'incertitude, servir à les faire 
distinguer; chez les Firoles, ce nucléus, qui est 
placé tantôt au milieu de la partie dorsale dæ 
mollusque et tantôt à son extrémité postérieure, est 


CARI 


CARM 


toujours plus enfoncé , plus caché dans l'épaisseur 
de l'animal, et ne flotte point au dehors, comme 
on le voit dans l’animal de la Carinaire; il est 
donc moins exposé dans la Firole que dans la Gari- 
maire, et c’est ce qui fait, sans doute, que nous 
n'avons jamais rencontré de Firoles mutilées dans 
eelte partie. Quelques autres caractères peuvent 
encore servir à faire reconnaitre les Carinaires et 
les Firoles; parexemple, les animaux des Carinaires 
sont toujours couverts d’aspérités, et nous n’en 
avons pas apercu dans les espèces de Firoles que 
nous avons observées, ou dans celles que l’on a dé- 
crites ; elles paraissent remplacées dans ce dernier 
genre par de nombreuses taches. Nous signalerons 
encore, comme caractère distinctif, la position du 
peigne. branchial qui est. placé en avant du nu- 
cléus dans les Carinaires, et en arrière dans les 
Firoles. 

La cause de ces mutilations dansles Carinaires 

ne nous est pas connue ; cependant nous sommes 
tentés. de l'expliquer par la voracité de certains 
animaux marins etsurtout des Céphalopodes. Quant 
à ce prolongement d'existence observé dans des 
fragmens de ces animaux, nous ne saurions croire 
qu'il soit de bien longue durée, et nous pensons 
qu'on doit en attribuer la cause à la disposition 
de, leur système nerveux qui se compose de deux 
ganglions principaux situés dans des parties op- 
poses, l’un céphalique, l’autre abdominal, en 
sorte que l’un de ces centres de sensibilité existant 
dans un fragment, celui-ci conserve pendant un 
peu de temps une apparence de vie. 
# Les animaux des Carinaires, et cela peut s’appli- 
quer à tous les Nucléobranches, sont des mollusques 
pélagiens que l’on ne rencontre dans le voisinage 
des terres que lorsque les courans ou les tempêtes 
les y ont jetés; toujours sage dans ses vues, tou- 
jours industrieuse pour appliquer aux besoins et 
aux localités les organes qui leur sont nécessaires, 
la nature a donné à ces mollusques les moyens de 
se diriger au milieu des mers dont elle a voulu 
qu'ils fussent les paisibles habitans. Le pied leur 
devenant inutile, puisqu'ils ne devaient pas ram- 
per, il a été converti en nageoire, et ces animaux 
se sont dirigés dans tous les sens à la surface de la 
hautemer, au dessus des abîmes dont il ne leur est 
pas: donné d'atteindre les profondeurs. Mais pou- 
vait-elle les priver de la faculté de se fixer, qu’elle 
à accordée à presque tous les êtres, et générale- 
ment aux mollusques ? Pour parvenir à ce but, 
elle à ménagé sur le bord'de ce pied, devenu na- 
geoire, et vers la partie supérieure, cette ventouse, 
reste de l’organisation primitive, et c’est par ce 
moyen, comme nous l'avons déjà dit, qu'ils se sai- 
sissent: des fucus et autres corps flottans, et s’aban- 
donnent avec-eux à l'impétuosité des vagues. 

Quant à là position que conserve ce mol- 
lasque-dans sa-progression, elle esttellequeM!: Cu- 
ver l'avait jugée lorsqu'il décrivait la ptérotrachée, 
c'est-à-dire qu’elle est renverste; il en est de 
même chez-les Firoleset:chezles Atlantes, et au 
surplus chiez: tous: les- mollusques pélagiens qui 
n'ont: pas: la. disposition aplatie des Glaucus de 


! Forster et des Briarées de MM. Quoy et Gaimard , 
Let il est facile d’en concevoir les motifs; c’est à 


la surface de la mer que tous ces animaux vien- 
nent chercher leur nourriture; s'ils pouvaient 
ramper à l'air libre sur cette surface mobile, 11 se- 


| rait naturel qu'ils se Uinssent le dos en hant et le 


ventre en bas ; de cette manière leur bouche se- 
rait à portée de saisir leur proie: mais au con- 
traire ils vivent dans l’eau même, ils se tiennent 
au dessous de sa surface; il faut done que leur 
corps soit renversé , afin que leur bouche puisse 
l’explorer. #s 

On ne connaît encore que quatre espèces de Ga- 
rinaires bien déterminées, d’autres ne sont con- 
nues que par des fragmens de leur animal où sim- 
plement de leur coquille. Nous les divisons en deux 
sections. Première section : espècessubsymétriques, 
coniques , à bord continu, le sommet ne: rentrant 
point dans l'ouverture. Carinaire vitrée , C. fragile, 
C. de la Méditerranée. Deuxième section : es- 
pèces non symétriques, aplatis, à bord non con- 
tinu , le sommet rentrant dans l’ouverture. C. dé- 
primée ; cette dernière, que nous avons découverte 
dans les mers de Madagascar, est décrite dans le 
Bulletin universel des sciences. Nous avons repré- 
senté la Carinaire vitrée dans notre Atlas, p. 76, 
fig. 2. (B.) * 

CARLINE, Carlina. (Bor. pan.) Genre de la 
famille des Synanthérées, tribu des Cynarocé- 


_phales, J., et de la Syngénésie polygamie égale, 


L. Caractères génériques : involucre composé de 
deux sortes de folioles ; les extérieures épineuses 
et découpées, de forme et de couleur analogues à 
celles des feuilles: les intérieures beaucoup plus 
longues, luisantes , blanches ou colorées, le plus 
souvent lancéolées, aiguës, ressemblant aux fo- 
lioles qui forment les rayons des Elychrysumet des 
autres corymbifères : fleurs hermaphrodites , pail- 
lettes membranenses sur le réceptacle; akènes 
couronnés d'une aigrette plumeuse, et hérissés 


| depoils roux formant une sorte d’aigrette exté- 


rieure, l 
Ce genre comprend environ quinze espèces in- 
digènes des pays montueux de l’Europe, de l’A- 
frique septentrionale et de la Russie d'Asie. Ce 
sont des plantes vivaces, herbacées, pour la plu- 
part à très-courte tige et à feuilles pinnatifides et 
épineuses. Dans les montagnes de l'Europe méri- 
dionale croît une Carline à tige, C. subacaulis 
(Foy. notre Atlas, pl. 76, fig. 3), remarquable par 
les énormes dimensions de ses fleurs. Les paysans 
en mangent le réceptacle en guise d’artichaut,. 
Après le désastre de Roncevaux, où périrent 
les Preux de Charlemagne, un ange, pour COn- 
soler ce prince, lui donna Ja Carline comme un 
remède à tous maux. Que sont devenues ses ver- 
tus merveilleuses ? (G. £.) 
CARMIN. (cam.) Le Carmin est une substance 
solide, pulvérulente, d’une beau rouge, que l’on 
obtient en faisant bouillir de la cochenille dans 
de l'eau légèrement alcaline, et: versant dans: la 
liqueur un soluté de sulfate d’alumine. On fait 
encore du Garmin en ajoutant de l’alun dans un 


Le CARN 


CARN 


décocté de cochenille, préparé avec de l’eau de 
pluie filtrée dans un vase d’étain. 

Le Carmin est la plus belle couleur rouge em- 
ployée par les peintres. Son prix est très-élevé; le 
meilleur se dissout en presque totalité dans l’am- 
moniaque; le résidu d’alumine qu'il laisse doit 
être extrêmement faible. (F. FE.) 

CARNASSIERS, Carnivora. (mam.) Ce mot, 
dont on se sert pour qualifier en général tous les 
animaux qui se nourrissent de proie, a été em- 
ployé par les mammalogistes pour indiquer un 
ordre très-intéressant des animaux dont ils s’oc- 
cupent. 

Les Carnassiers, suivant cette dernière accep- 
ton, forment une réunion considérable et variée 
de mammifères quadrupèdes onguiculés, ayant 
comme l'homme et les quadrumanes trois sortes 
de dents, mais n'ayant de pouce opposable à au- 
cune de leurs extrémités, ou bien, si l’on veut 
y comprendre les marsupiaux , n'ayant jamais de 
pouce opposable à leurs pieds de devant. 

Ces animaux vivent, plus ou moins exclusive- 
ment, de ;matières animales. Les mâchelières 
sont surlout plus tranchantes chez ceux de la pre- 
mière de ces catégories. Quelques uns, qui les ont 
en tout ou en partie tuberculeuses, recherchent 
plus ou moins les matières "végétales, et ceux 
qui, comme les taupes, les ont hérissées de pointes 
coniques, se nourrissent principalement d'insectes. 
L’articulation de la mâchoire inférieure ,dirigée en 
travers , et serrée comme un gond , ne lui permet 
aucun mouvement horizontal. 

C’est parmi ces animaux que l’on range les 
Chauve-souris , les Chiens, les Phoques , les Chats 
et les Blaireaux ; nous en retirerons, à l'exemple 
de plusieurs auteurs , les Marsupiaux ou Didelphes 
qui semblent destinés à former un ordre distinct, 
peut-être même une sous-classe, 

On partage les Carnassiers en cinq familles, 
qui sont : 

1. Les Cnemorrères ou Chauve-souris, caracté- 
risés par un repli de la peau qui commence aux 
côtés du cou et s'étend entre les quatre membres. 
Nous nous occuperons ailleurs de cette famille, 
dans laquelle on admet deux tribus, l’une pour les 
Cheiroptères proprement dits ou Chauve-souris , 
la seconde pour les Galéopithèques. 

1. Les Insecrivores n’ont point de membra- 


pes entre les membres, et leurs dentsmolaires sont 


hérissées de points coniques. Ils se nourrissent 
d’insecteset sont pour la plupart nocturnes. M. Cu- 
vier les partage en deux tribus , la première com- 
prenant les genres qui ont de longues incisives en 
avant, suivies d’autres incisives et de canines tou- 
tes moins hautes que les molaires ; la seconde étant 
réservée à ceux qui ont de grandes canines écar- 
tées, entre lesquelles sont de petites incisives ; 
exemple, lestaupes. 

M. de Blainville fait deux fanulles de celle des 
Insectivores de Cuvier : 

+ La première, celle des Oryctères ou T'alpiens, 
est caractérisée par la disposition anormale de ses 
membres antérieurs , disposés pour fouir. Elle ren- 


ferme les genres: Talpa-sore, Chrysochlore, Con- 
dylure, Taupe et Scalope. 

++ La seconde , celle des Znsectivores propre- 
ment dits, est caractérisée par des molaires épi- 
neuses comme la précédente, mais elle n’a point 
les membres modifiés ; on y place les genres 7'en- 
rec, Hérisson, Musaraigne, Desman et Tupaya 
ou Cladobate. 

ir. Les PLaANTIGRADES, réunis par Cuvier dans 
une seule famille, avec les Digitigrades et les Am- 
phibies sous le nom de Carnivores, constituent , 
pour M. de Blainville, une famille distincte carac- 
térisée par des pieds à cinq doigts, appuyant la 
plante comme ceux de l’homme. } 

La famille des Plantigrades se compose de gen- 
res presque tous omnivores, qui sont les suivans : 
Ours, Bali-saur , Raton, Panda, Benturong, Pa- 
radozure, Coati, Kinkajou, Blaireau , Glouton, et 
Ratel. 

iv. Vient maintenant la famille des Dicrricra- 
DES, qui sont de véritables animaux Carnivores, 
marchant sur l'extrémité des doigts, et non sur la 
plante entière comme les précédens. | 

Genres: Marte, Mouffette, Mydaus, Loutre, 
Chien, Gymnure, Civette, Mangouste, Suricate, 
Mangue, Hyène, Protèle, Chat. 

v. La cinquième et dernière famille est celle des 
AwrmBies, auxquels on est naturellement conduit 
par le genre Loutre que quelques auteurs on6 
même voulu y faire entrer. 

Les Carnassiers amphibies ont les pieds très- 
courts, modifiés pour lanatation, et ne permettant à 
l'animal placé à terre que deramper même difficile- 
ment. Ces animaux ont le corps allongé , le bassin 
étroit et le poil ras et serré contre la peau; ils 
passent leur vie dans l’eau. 4 


Les genres Calocéphale, Stenorhynque , Pelage, 
Stemmapode, Macrorhin, Arctocéphale, Platy- 
rhinque, Kalychæœrus, Phoque et Otarie, forment 
une première tribu ; la deuxième renferme le seul 
genre Morse , nettement caractérisé par ses cani- 
nes supérieures qui sortent de la bouche et forment 
d'énormes défenses. . (GERv.) 


CARNASSIERS, Carnivora. (1ins.) Première 
famille des Coléoptères pentamères, établie par 
Cuvier. Son principal caractère consiste à avoir 
la bouche munic de six palpes, dont deux à cha- 
que mâchoire; celles-ci se terminent toujours em 
pointe aiguë, et sont garnies intérieurement de 
cils raides; la languette est enchässée dans une 
échancrure du menton: les pieds antérieurs sont 
toujours montés sur une grande rotule , avec les 
tarses assez souvent dilatés dans les mâles; les 
pieds postérieurs sont armés d’un fort trochanter. 

Ces insectes sont chasseurs et coureurs; aussi 
quelques uns manquent-ils d’ailes sous leurs ély- 
tres; ils vivent de proie vivante: leurs larves ont 
les mêmes mœurs que l'animal parfait ; elles sont 
très-agiles ; leur corps est cylindrique, composé 
de douze anneaux dont le premier écailleux, por- 
tant, ainsi que les deux suivans, une paire de 
pattes recourbées en avant; la bouche est ar- 


CARO 


CARO 


mée de deux fortes mandibules, de mâchoires, 
de palpes; l'organe de la vision consiste en de 
petits yeux lisses, au nombre de six de chaque 
côté de la tête. 

Les Carnassiers se divisent en terrestres, où 
toules les pattes sont propres à la course, et en 
aquatiques, où les pieds 'postérieurs®se compri- 
ment pour servir de rames ; la première division 
se sépare en deux tribus, les Cicindelètes et les 
Carabiques ; la seconde, beaucoup moins nom- 
breuse , ne forme qu’une tribu sous le nom d'Hy- 
drocanthares. (A. P.) 

GARNIVORE. (puysior.) Qui se nourrit de 
chair. Cuvier a réduit le nombre des Carnivores 
à la troisième famille de l’ordre des Carnassiers : 
mais on applique ordinairement ce nom à tous 
les animaux qui font de la chair leur nourriture 
rdinaire. Le peu de longueur de l'intestin, le 
volume relativement plus considérable du foie et 
des glandes accessoires, sont des conditions orga- 
niques qu’on rencontre chez les Carnivores , qui 
présentent aussi comme attributs, ou plutôt 
comme moyens de meurtre et de déchirement, soit 
des dents pointues ou tranchantes , parmi les ver- 
tébrés , soit des becs crochus parmi les oiseaux. 

(P. G.) 

CAROCOLLE, Carocolla. (mozr.) Coquilles 
terrestres confondues pendant long-temps parmi 
ls hélices, avec lesquelles elles ont les plus grands 
‘rapports, et séparées d'elles par Lamarck dans son 
Histoire des An. S. V. (vol. 6, 2° p., pag. 94 ). 
Ce genre est ainsi caractérisé: coquille orbicu- 
laire, plus ou moins convexe ou conoïde en des- 
sus, et à pourtour anguleux et tranchant. Ouver- 
ture plus large que longue, contiguë à l’axe de 
la coquille ; bord droits, subanguleux, souvent 
denté en dessous. Les espèces caractérisées par La- 
marck ne s’élevaient qu’à dix-huit; aujourd’hui 
elles sont plus nombreuses et, dans celles qui ont 
été nouvellement découvertes, quelques unes sont 
d’une rare beauté. Nous citerons comme exemple 
1a Carocolle éoline, C. colina, que nous avons ré- 
cemment décrite et figurée dans le Magasin de 
Zoologie de M. Guérin, cl. 5, pl. 30, et qui fait 
partie de la collection de madame Dupont. Cette 
coquille précieuse présente, en outre des caractè- 
res ci-dessus décrits, trois plis en forme de lames 
à l’intérieur de son bord droit, et deux autres plis 
au côté gauche, se continuant sur toute la super- 
ficie du dernier tour. Sa couleur générale est jaune 
surmonté de rouge, sur laquelle est placée une es- 
pèce d'épiderme velouté, Les plus grandes espèces 
sont les Carocolles Disque, Labyrinthe, Scabre, 
et Lèvre blanche. Cette dernière est représentée 
dans notre Atlas, pl. 77, fig. 1. Elle est de grande 
taille, ornée sur son dernier tour d’une zone 
fauve, avec le bord droit blanc; l’animal, sem- 
blable à celui des hélices, est jaune, avec trois 
lignes bleues sur le dos. 

(Ducr.) 

GARONCULE. (anar.) Mot dérivé de caro, 
chair, petite éminence charnue. La Caroncule 
lacrymale est un petit renflement rougeâtre, formé 


par un repli de la conjonctive; chez le cheval elle 
est garnie de poils, et prend quelquefois un déve- 
loppement qui l’a fait confondre avec l'affection 
connue sous le nom d’Onglée. Les débris de la 
membrane hymen déchirée forment de petits tu- 
bercules qui ont reçu le nom de Caroncules myr- 
tiformes. (P. G.) 

CAROTIDE. (anar.) Voy. Gmcurarion. 

CAROTTE , Daucus. (8or. PHAN.) Tournefort x 
créé ce genre, Linné l’a inscrit dans sa Pentandrie 
digynie, et Jussieu dans sa grande famille des 
Ombellifères. On lui connaît une quinzaine d’es- 
pèces, habitant presque toutes le bassin de la Mé- 
diterranée , et particulièrement les côtes de Bar- 
barie; elles sont aromatiques, et quelques unes 
d’entre elles contiennent le principe odorant en 
telle quantité qu'on l'extrait par incision, sous 
forme de gomme-résine , dans la CAROTTE RÉSI- 
NEUSE, D. gummifer, en particulier. 

La plus utile, celle dont la culture se perd dans 
la nuit des temps, celle qui est également nourris- 
sante et pour l’homme et pour les animaux do- 
mestiques, la CAROTTE commuxE, D. carotta, offre, 
dans l’état de nature, une racine et un feuillage 
peu volumineux, et n’est alors recommandable 
que par les propriétés médicinales de ses semences, 
qui servent aux liquoristes. Depuis qu'elle est 
transportée dans le jardin potager , sa racine est 
devenue plus forte, alimentaire, succulente, d’une 
saveur douce plus ou moins parfumée et a fourni 
des variétés remarquables en dimensions, en cou- 
leurs, et par leur hâtiveté. On en compte cinq à 
six ; la blanche , la jaune et la rouge sont préféra- 
bles pour les grandes cultures , leur produit étant 
plus considérable. La blanche est la moins difficile 
sur la nature du sol; elle résiste mieux au froid et 
réussit même dans les terrains humides ; elle est 
moins aromatique et se rapproche beaucoup du 
type sauvage. La jaune est hâtive, pivote moins, 
convient mieux aux terres peu profondes, La rouge 
est la meilleure des trois ; elle est ramassée, fort 
tendre et d’une saveur très-agréable. Depuis 1763 
que Billing, en Angleterre, et 1766 que Guerwer, 
en Suisse, ont cultivé la Carotte comme plante 
fourragère, cette destination a considérablement 
accru le domaine de l’agriculture, Tous les ani- 
maux la mangent avec plaisir et sensualité ; elle 
rétablit les chevaux fatigués beaucoap plus vite et 
mieux que l’avoine; nulle nourriture n’engraisse 
plus sûrement les bêtes à grosses cornes. Il faut 
bien se garder d’en couper la fane quand la racine 
est à demi-grosseur; celte pratique, sottement 
adoptée par quelques cultivateurs, suspend Ja vé- 
gétation, durcit la racine et la rend presque en- 
tièrement inutile, Les vaches laitières qui mangent 
celte ombellifère donnent une quantité remarqua- 
ble de lait de haute qualité. 

Cultivée dans les jachères, la Carotte améliore 
le sol qu'elle remue à la profondeur de vingt-sept 
et trente centimètres. Sa récolte est toujours cer- 
taine. Les plus beaux champs de Carottes que je 
connaisse se voient dans l’arrondissement de Châ- 
teau-Salins, département de la Meurthe : la pré- 


CARO 


A teen en 


sence du sel: gemme qui s'y trouve par bancs 
d'une grande étendue,, d’une immense profondeur, 
est cause de cet état florissant, La racine en reçoit 
des qualités précieuses. è 

. Dans les petites cultures, on compie plusieurs 
sous-variétés que l’on sème. en. mars et en avril, ou 
au mois de septembre. Les plus estimées sont la 
grosse rouge. et la violette ou noire, dont la saveur 
est très-prononcée; la petite jaune hâtive, la pe- 
tile rouge également précoce, qui sont sucrées, J’en 
ai mangé une excellente qualité dans nos dépar- 
temens de l’ouest, sous le nom bizarre. de Queue 
de Rat. La rouge-jaune n’est point originaire de la 
Hollande, comme on le croit communément ; la 
culture l’a créée en France, aux environs de Lille. 
La Carotte dite Picarde est préférable à toute 
autre pour la nourriture des bestiaux. 

On. a, voulu extraire du sucre de la Carotte, 
mais la tentative a été. sans, résultat ; la partie su- 
crée quelon,obtient ne cristallise point, elle donne 
seulement un sirop, dont on retire une. eau-de- 
vie très-potable. On confit la Caroite au sucre et 
au vinaigre ; coupée par rouelles, à demi cuite dans 
l’eau, puis, séchée et réduite en poudre; elle n’a 
fourni dans mes. voyages un très-bon aliment; j'en 
ai gardé, pendant six ans sans qu'elle s’altérât au- 
cunement. On emploie la Carotte dans les bouil- 
lons apéritifs. À cause de sa couleur jaune,-quel- 
ques personnes la recommandent dansies jaunisses: 
cest une sollise égale à celle qui veut que le jus 
de la betterave rouge arrête les hémorrhagies. La 
Carotte est très-saine, d’une digestion facile , elle 
convient à tous. les estomacs: je. puis attesler 
ses bienfaits dans les affections des voies urinaires, 
surtout contre l'accumulation, des graviers dans la 
vessie; elle est aussi très-bonne pour retarder les 
progrès de l’horrible maladie cancéreuse. (T. ». B.) 

CAROUBE, CARROUGE ET GARROBE (207. 
PHAN.) Noms de lasilique ou plutôt de la gousse du 
Caroubier; elle est longue de vingt-un centimètres 
el large de trois, obtuse, aplatie, pendante, épaisse 
en ses bords, lisse, pulpeuse en dedans, assez.co- 
riace en dehors, de couleur marron ; elle ne s’ou- 
vre pas d'elle-même ; on la cueille vers le lever de 
la canicule, c’est-à-dire à la mi-août, Elle est plus 
ou moins arquée, c'est de cette forme que lui vient le 
nom de Æeronia, gousse cornue, qu'elle portait 
chez les Grecs. Sa pulpe est, ordinairement rou- 
geâtre, charnue , moelleuse, creusée d'espace en 
espace en pelites loges transversales, renfermant 
chacune une semence ou fève ellipiique, compri- 
mée, noire, dure et luisante : c’est le fruit dont 
Y’enfant prodigue souhaitait de se rassasier. Autant 
ce fruit est désagréable au goût lorsqu'il est vert, 
autantilest d’une saveur gracieuse quandil a atteint 
sa parfaite maturité; on le mange alors jusqu’à 
l'écorce. Pendant mon séjour décennal en Italie, 
j en ai beaucoup mangé, toujours avec un nouveau 
plaisir ; je lui trouvais le goût suaye de l'excellente 
châtaigne des montagnes de Lucca et de la Gar- 
fagnana. 

Les anciens faisaient grand cas de cette silique; 
maintenant, si elle ne parait plus que furtivement 


CARO 


sur les tables somptueuses , elle fait toujours les 
délices du pauyre et de ses enfans ; c’est, avec & 
pomme de terre, une ressource abondante et 
agréable dans les temps de pénurie, IL est faux 
que le Caroube donne la diarrhée et cause des 
tranchées ; cette nourriture, prise même à l'excès, 
ne détermine aucun accident grave; Les Syriens 
et les premiers peuples de l’Ilalie em obtenaient 
un vin délicat, très-recherché ; nous n’en faisons 
point de vin , mais nous en retirons une excellente 
eau-de-vie, qui conserve, il est vrai, quelque 
chose de l’odeur du fruit, et n’en est pas moins: 
agréable au goût. Les. liqueurs préparées avec 
ceble eau-de-vie ne le cèdent en rien aux plus 
fines. Les Turcs font un usage journalier du Ca- 
roube dans leurs sorbets: Le suc extrait de: sa 
pulpe sert à confire, dans diverses localités médi- 
terranéennes , les abricots, les prunes, les myro- 
bolans, les tamarins: eb autres fruits: les: Arabes: 
l'estiment autant que le miel le plus exquis. 

Tous les animaux mangent avidement la, silique 
du Caroubier ; c’est une substance-qui leur donne: 
de l’'embonpoint : aussi dans l'Italie méridionale, em 
Espagne, particulièrement dans le pays de Va- 
lence, l’emploie-t-on comme la nourriture la plus 
prompte, la plus économique, et poussant le mieux 
à la graisse. 

On fait entrer le Garoube dans les préparations 
pharmaceutiques. Son mucilage contientlesmêmes: 
principes el jouit des. mêmes propriétés médici-. 
nales que la Casse, (v. ce mot); seulement il esti 
un peu moins. laxatif, et n’a point son goût nau- 
séabond, 

Une propriété particuliÿre à la semence contenue: 
dans cette silique:, c’est de prendre à: la cuissom 
une couleur sanguine. {rès-prononcée :: aussi ai-je 
plus d’un motif de croire qu'elle était la fève funé- 
raire des anciens, celle que: le flamine ne pouvait: 
toucher, ni nommer, parce qu'elle ressemble: x de» 
la chair crue; c’est la fève noire que l’on jetait 
aux lémures et aux larves, c’est la fève funéraire: 
dont les disciples de Pythagore réprouvaient 
l'usage comestible, Gette opinion , que m'avait fait 
naître la vue des tombeaux grecs:, et surtout ro- 
mains, oùjeremarquais la figure de la silique, est: 
confirmée par le.témoignage d’Aristoxène de Ta-. 
rente, qui. nous apprend que. les pythagoriciens: 
mangeæent de loutes les fèves ou légumineuses, 
à l'exception, de celle du Garoubier ; cette opinion: 
est aussi corroborée par-une pierre gravée , d’une 
haute. antiquité, où la, silique est réunie à um 
squelette et à d’autres emblèmes. de la mort, par 


diverses lampes.et des vases qui servaient d’orne- 
mens aux, chambres sépulerales.. 


Cette fève, dont le poids est d’une égalité fors 
remarquable, quand eile a reçu son entier déve- 
loppement, paraît avoir servi d’étalom, ayec le 
Lurin (voy. ce mot), aux poids employés chez.les. 
Grecs, et seulement comme un supplément à-ceux 
calculés des Asiatiques et des anciens Romains. 

Mise en terre, celte fève Jève en peu dè semaines, 
mas il faut qu'elle soitfraîiche.et confiée. à un:sok 


bien exposé; elle m'a. donné de jeunes plants-qui 


( 


‘CARO 


ont succombé à la rigueur du froid sous sis de 


météorique de Paris. (T. ». B. 

CAROUBIER, Ceratoniu siliqua. (80T. dr A 
Une seule espèce constitue ce genre de la Dioécie 
hexandrie et.de la famille des Légumineuses, C'est 
un grand arbre toujours vert, montant .à da hau- 
teur de huit à dix mètres , dont la cime, étalée 
æomme celle du pommier, est garnie d’un grand 
nombre de branches tortueuses ; irrégulières, sou- 
vent pendantes, Son aspect est très-analogue à 
celui des Pistachierset de certaines Téréintharces: 
ils’éloigne un pen des Légumineuses par la stru- 
ture de sa fleur, et s’en rapproche par lorganisa- 
tion de son fruit; il est représenté dans notre Atlas, 
pl. 77; fig. 2. Le tronc, extrêmement raboteux, est 
terminé par une racine pivotante, longue et ra- 
meuse. Les feuilles de ce bel arbre sont ailées, 
irès-entières, coriaces, luisantes, d’un vert bleuâtre 
en dessus:eb. de couleur cendrée en dessous: elles 
conviennent, à cause du principe astringent qu'elles 
renferment, à la préparation des euirs en guise de 
tan. Les fleurs qui l’ornent sont d’un pourpre 
foncé avant leur entier épanouissement; elles de- 
viennent ensuite d’un beau rose, et comme leur 
disposition en petites grappes sur la partie nue des 
rameaux les rend fort agréables à voir, elles sem- 
blent payer celui qui les contemple par l'odeur 
qu’elles répandent. La fleur est entièrement dé- 
pourvue de corolle; les étamines, au nombre de 
cinq, rarement six ou sept, sont saillantes , pla- 
cées devant les lanières du calice, lequel est divisé 
en cinq parties inégales. L’ovaire avorte souvent ; 
lorsqu ilest féodn dé, un disque charnu staminifère 
l'entoure, et il lui succède une gousse ou silique, 
appelée Garougr (voy. ci- dessus). 

Le bois est très-dur, presque inaérable, et pro- 
pre aux mêmes usages que celui du Chêne vert, 
Quercus ilex; on emploie surtout dansles boiséries 
et.les ouvrages de marqueterie; 11 fait aussi un 
très-bon feu, 

On a dit, et l’on répète dans tous les livres 
écrits loin des yeux de la nature et des faits histo- 
riquement établis, que le Caroubier est originaire 
de l'Inde ou de la Hautc- Egypte; e “est à tort) car 
on ne l’y trouve pas, ou, s’il y est, il s’y cullive. Il 
est indigène à presque Loutes les contrées qui bor- 
dent la Méditerranée. Il abonde en Syrie, dans 
l'ile de Rhodes , sur les côtes de la Palestine, dans 
toute l'Italie, en Sardaigne, en Corse, dans nos 
départemens du sud-est, et en Espagne. Get arbre 
figure très-bien dans nos bosquets d'hiver, Il 
ent. très-bien sur les plus mauvais terrains; il 
aime.surtout les rochers voisins de la mer; des 
fleuves, des masses d’eau, quand ils sont exposés 
au soleil. On le multiplie de marcottes. Un préjugé 
le fait abattre impitoyablement dans quelques 
cantons du midi; on l'accusé de nuire aux her- 
bages et à toutes les plantes herbacées qui croissent 
près de lui; l'erreur est grossière; les pâturages 
de l'Andalousie, les plaines de l'Apulie, si riches 
en céréales, sont complantés de Garoubiers, et là 
personne ne se plaint de sa prétendue influence 
maligne, (TL, B.) 


‘ 


CARO 


CAROUGE , Xœithornus. (ots.) Ce genré , assez 


semblable à celui des Troupiales, duquel ila été 
démembré, ne renferme qu’ un pélit nombre d’es- 
pèces, toutes américaines, à l’ exception d’une Seule 
nouvellement décrite. Les Carouges  vivént par 
paires ou par peliles troupes dans les prairies ; ils 
sont entomophages et carnivores: leur ponte est 
de quatre où cinq œufs, elle se répète plusieurs 
fois dans l’année, 

Les caractères par lesquels ces oiseaux diffèrent 
des Troupiales sont peu importans; aussi quel- 
ques auteurs ont-ils cru ne pas devoir les en sépa- 
rer. Les principales espèces sont : 

Le GC. curvsotipnare , Oriolus chrysocephälus , 


Linn., Gm:, Pendulinus réhrpsbébphalus de Vieill., 


Gal, pl. 56. Cet oiseau est noir, avec la tête, Ta nu- 
que, le croupion et les couvertures inférieures de la 
queue, ainsi que l'épaule, d’un jaune éclatant; la 
femelle à la tête noire, avec une tache jaune plus 
pétite ct ne couvrant qué la nuque , les couver- 
tures inférieures de la queue sont noires. Cette 
espèce habite l'Amérique méridionale ; on la trouve 
dans les Antilles. 

GC. soriraime. Gelte espèce construit un nid 
assez remarquable ; elle le suspend à l'extrémité 
des branches les plus flexibles, et ne fait entrer 
dans sa composition qu'une espèce de filasse ; elle 
lui donne la forme d’une nacelle un peu profonde 
et le fixe à deux rameaux par des oreilles, Quoique 
bien fragile en apparence , ce berceau, jouet des 
vents, est cependant d’une texture assez forte 
pour résister à leur impétuosité, 

C. Banana, Oriolus banana, Lath., Enl., 87. 
Le nid de celte espèce n’est pas moins singulier ; 
c’est un tissu de fibres de feuilles enlacées les unes 
dans les autres, et dont la forme est celle d’un 
quart de sphère, Le nid est fixé sous une feuille 
de Bananier qui lui sert d’abri et sert à le com- 
pléter. Le Banana vit à la Martinique. 

G. nounor, {cterus rufisater, Less,, Zool., Cog., 
pl. xx, 1. Celte espèce habite les îles antarcti- 
ques de la Nouvelle-Zélande, où M. Lesson l’a 
observée ; sa longuëur totale est de près de huit 
pouces. Elle à le bec noir ainsi que les tarses ; son 
plumage également noir est mêlé d’une teinte fu- 
ligineuse, Le manteau et les couvertures alaires 
sont d’un rouge cannelle vif, quicolore aussi le 
croupion ; les rémiges et les rectrices sont d’un 
beau brun uniforme. Cet oiseau est le seul de son 
genre qui ait été observé autre part qu'en Amé- 
rique, 

C: Gasquer , Xanthornus gasquet , de MM. Quoy 
et Gaimard, Zool. Uranie, pl. 24 , est une espèce 
qui habite les rivières de Rio de la Plata, les prai- 
ries et les marais, où elle se tient par petites 
troupes. Sa têle est d’un brun tirant sur lenoirâtre, 
tandis que son dos, ses ailes et sa queue sont 
d’un brun plus clair : un jaune élégant colore le 
dessous du pli de l'aile, le ventre, et tranche sur le 
croupion avec une large bande de couleur brune, 
Longueur totale, huit pouces neaf lignes. C'est le 
Leistes Suchit, Vigors , Zool. Journ:, ar, p: 182. : 

G, aux ailes saunes, Oriolus chrysopterus ; Vi- 


EEE 


GARP 


gors. Cet oiseau est noir, avec les épaules et le 
croupion jaunes. Sa tête est surmontée d’une 
huppe. Longueur, six pouces et demi. Il habite le 
Brésil. 

On place également dans ce genre le TROUPIALE 
A TÊTE ORANGÉE, Îcterus xanthocephalus , Ch. Bo- 
naparte (Journ. of the acad., of nat., hist., of 
Philad.,t. vr, p. 222, le même que l’Oriolus ic- 
terocephalus de Say (Major Longs exped.). Cette 
espèce est noire, avec la tête et le cou de couleur 
orangée; une tache blanche est dessinée sur les 
yeux. Longueur, dix pouces six lignes. Elle habite 
les régions occidentales de l'Amérique septentrio- 
nale et les côtes de l'Amérique du sud. 

Enfin le CarouGE JAMAcAïG, que nous avons 
représenté dans notre Atlas, pl. 77, f. 3 , est d’un 
beau jaune orangé, avec la gorge, les ailes et la 
queue noires, Il se trouve dans l'Amérique. 

A: (Genv.) È 

CARPE. (anar.) Partie intermédiaire entre 

l’avant-bras et la main et qu’on nomme vulgaire- 
ment poignet. Le Carpe est formé par deux ran- 
gées de petits os courts, unis intimement entre eux, 
de telle sorte que cette partie jouit dans son en- 
semble de quelque mobilité, tandis que chacun 
des os se déplace à peine, disposition qui donne à 
leurs articulations une très-grande solidité. La pre- 
smière rangée de ces os se compose du scaphoïde , 
du semi-lunaire, du pyramidal et du pisiforme ; le 
trapeze, le tzapézoïide, le grand os et l'os crochu 
forment la seconde rangée. Les huit os sont dis- 
posés de manière à protéger les vaisseaux et les 
perfs qui vont de l’avant-bras à la main; ils for- 
ment avec les ligamens un canal que ces organes 
traversent, et qui peut supporter, sans s’aplatir, 
la plus forte pression. (P. G.) 
: CARPE, Cyprinus. (porss.) Ce genre, si l’on 
considère le nombre d'espèces qu'il fournit, est 
certainement un des”plus intéressans de la famille 
des Cyprinoïdes. Les caractères du genre dont il est 
question sont : une longue dorsale, ayant, ainsi que 
T'anale, une épine plus ou moins forte pour deuxième 
rayon; la bouche petite, garnie de barbillons et dé 
pourvue de dents; corps couvert d'écailles assez 
grandes. L'espèce suivante est la plus commune, et 
peut être considérée comme type de ce genre. 

La Carpe vuLeAIRE ( Cyprinus carpio, L. ÿ; 
Bloch., 16. Ce poisson , que l’on transporte dans 
tous les marchés, que l’on voit sur toutes les 
tables, que tout le monde connaît, recherche, 
distingue, apprécie dans les plus petites nuances 
.de sa saveur, est cependant si peu connu du vul- 
gaire , qu'il n’a d'idée nette ni de ses formes ni de 
ses habitudes qui inspirent un grand intérêt au 
naturaliste. La Carpe est un poisson à corps 
aplati, un peu comprimé, à mâchoires dépour- 
. vues de dents et d’aspérités, mais bordées de lè- 
vres épaisses, que ce poisson porte en avant pour 
sucer ses alimens; ses dents pharyngiennes sont 
plates et striées à la couronne: ses yeux enfin sont 
d’une grandeur médiocre. Sa couleur est d’un vert 
olivâtre, jaunâtre en dessous, mais ses couleurs 
peuvent varier suivant les eaux dans lesquelles elle 


CARP 


séjourne. La Carpe se nourrit du frai d’autres 
poissons, d'insectes et de quantité de substances 
animales et végétales qu’elle rencontre en sucant 
la vase, ce qui a fait croire qu'elle se nourrissait 
de vase. Tout le monde a vu des Carpes se jeter 
avec avidité sur les morceaux de pain qu’on jette 
dans les endroits où il y en a. Les pêcheurs aux 
haimsen prennent tant avec des appâts de différentes 
espèces, qu'il n’est pas permis de douter que la 
Carpe cherche à se nourrir d’autre chose que de 
la vase. Les Carpes fraient en mai, et même en 
avril quand le printemps est chaud. Elles cher- 
chent alors les places couvertes de verdure pour 
y déposer ou leur laite ou leurs œufs. On dit que 
deux ou trois mâles suivent chaque femelle pour 
féconder sa ponte, et dans ce temps où les facul- 
tés de ces mâles sont plus exaltées, leurs forces 
ranimées et leurs besoins plus pressans, on les 
voit souvent indiquer par des taches et même par 
des tubercules , les modifications profondes et les 
sensations intérieures qu’ils éprouvent. À cette 
même époque les Carpes qui habitent dans les 
fleuves ou dans les rivières s’empressent de quitter 
leurs asiles pour remonter vers les eaux les plus 
tranquilles : si dans cette sorte de voyage annuel 
elles rencontrent unebarrière, elles s’efforcent de 
la franchir. Elles peuvent , pour la surmonter, 
s'élever à une hauteur de deux mètres, et elles 
s'élèvent dans l'air par un mécanisme semblable à 
celui que l’on observe dans le Saumon. Elles 
montent à la surface de la rivière , se placent sur 
le côté, se plient vers le haut, rapprochent leur 
tête et l'extrémité de leur queue , forment un cer- 
cle, débandent tout d’un coup le ressort que ce 
cercle compose, s'étendent avec la rapidité de 
l'éclair, frappent l’eau vivement, et rejaillissent 
en un clin d'œil. Duhamel, dans son Traité des 
pêches sur les poissons, rapporte le fait suivant : 
«Je l’ai éprouvé à mes dépens, dit-il ; car le long 
d’une rivière qui traversait un fond de tourbe et 
de vase, je fis charger cette terre vaseuse avec de 
la terre franche pour former une allée de six à 
sept toises de longueur, s’élevant d’environ deux 
pieds au dessus de la surface de l’eau. Au delà de 
cette allée, dont les bords étaient garnis d’arbres 
qui formaient chaussée ,je fis creuser parallèlement 
à la rivière un canal pour former un vivier dans 
lequel je mis de belles Carpes : elles s’y compor- 
tèrent très-bien pendant quatre ou cinq ans, de 
sorte que, quand on se promenait le long du canal, 
elles semblaient à portée de ceux qui y étaient, 
dans l'espérance qu’on leur jetterait du pain : tout 
d’un coup elles disparurent, et l’on s’aperçut 
qu’elles s'étaient frayé un chemin dans la terre 
franche et dans la terre marécageuse, pour gagner 
la rivière ; ce qui n’est pas douteux, puisqu’un pé- 
cheur'prit dans la rivière, d’un seul coup de filet, 
sept grosses Carpes que je reconnus pour être des 
miennes , parce que, pour les distinguer, je leur 
avais coupé la moitié de la caudale. » C’est un fait 
que Duhamel a cru devoir rapporter pour que ceux 
qui voudraient former un vivier auprès d’une ri- 
vière, prissent des précautions convenables pour 


ne point 


(qe 


CARP 


CARP 


PS 


ne point craindre un pareil accident. Ces Cyprins 
peuvent d'autant plus montrer des développemens 
très-remarquables, qu’ils sont favorisés par une des 
principales causes de tout accroissement, qui est le 
temps. On sait qu'ils deviennent très-vieux, et 
nous n'avons pas besoin de rappeler que Buffon à 
parlé de Carpes de cent cinquante ans, vivant 
dans les fossés de Pontchartrain, et que dans les 
étangs de la Lusace on a nourri des individus de 
la même espèce très-âgés. Les Carpes se multi- 
plient avec une facilité si grande , que les posses- 
seurs d’étangs sont souvent embarrassés pour res- 
treindre une reproduction qui ne peut accroître 
le nombre des individus qu’en diminuant la part 
d’aliment qui peut appartenir à chacun de ces 
poissons, et par conséquent en rapetissant leurs 
dimensions, en dénaturant leurs qualités, en alté- 
rant particulièrement la saveur de leur chair. 
Lorsque, malgré ces efforts, l'espèce s’est sous- 
traite à l'influence des soins de l’homme, et qu'il 
p’apuimprimer à des individus des caractères trans- 
missibles à plusieurs générations , il peut agir sur 
des individus isolés, les améliorer par plusieurs 
moyens , et les rendre plus propres à satisfaire ses 
goûts; il nous suffira d'indiquer parmi ces moyens, 
- plus ou moins analogues, l'opération imaginée par 
un pêcheur anglais, et exécutée presque toujours 
avec succès. On leur enlève, comme on fait aux 
brochets , les ovaires ou la laite, on rapproche les 
bords de la plaie, on coud ces bords avec soin , et 
la blessure est bientôt guérie. Les jeunes Carpes 
habitent ordinairement pendant deux ans dans les 
étangs formés pour leur accroissement, et on les 
transporte ensuite dans un étang établi pour les 
engraisser, d'où, au bout de trois ans, on peut les 
retirer déjà grandes , grasses et agréables au goût. 
; Elles s’y sont nourries, au moins le plus sou- 
vent, d'insectes, de vers, de débris de plantes 
altérées , de racines pourries , de jeunes végétaux 
aquatiques. On peut être obligé, après quelques 
années, de laisser à sec pendant dix ou douze 
mois l'étang destiné à l’engrais des Carpes; on 
profite de cet intervalle pour y diminuer, si cela est 
nécessaire, la quantité des joncs et des roseaux, 
et y semer d’autres végétaux qui servent d’aliment 
aux Carpes qu’on introduit dans l’étang renouvelé. 
Si la surface de l'étang se gèle, il faut en faire 
sortir un peu d’eau, afin qu'il se forme au dessous 
de la glace un vide dans lequel puisse se rendre 
l'air, qui dès lors ne séjourne plus dans le fluide 
habité par les Carpes. Il suffit quelquelois de faire 
dans la glace des trous plus ou moins grands et 
plus ou moins nombreux, et de prendre des pré- 
cautions pour que les Carpes ne puissent pas 
s’élancer par ces ouvertures au dessus de la 
croûle glacée de létang, où le: froid les ferait 
bientôt périr. Mais on assure que, lorsque le ton- 


nerre esl tombé dans l'étang, on ne peuten sauver: 


le plus souvent les Carpes qu’en renouvelant pres 
que en entier l’eau qui les renferme, et que l’action 
de la foudre peut avoir imprégnée d’exhalaisons 
malfaisantes. Au reste , il est presque toujours as- 
sez facile d'empêcher, pendant l'hiver, les Carpes 


Tome Il, 


de s'échapper par les trous que l’on peut avoir 
faits dans la glace. En effet, il arrive le plus sou- 
vent que lorsque l'étang commence à se geler, les 
Carpes cherchent les endroits les plus profonds, et 
par conséquent les plus garantis du froid, fouillent 
avec leur museau et leurs nageoires dans la terre 
grasse , y font des trous en forme de bassins, s’y 
rassemblent, s’y entassent, s’y pressent, s’y en- 
gourdissent et y passent l'hiver dans une torpeur 
assez grande pour n’avoir pas besoin de nourri- 
ture. On a même observé assez fréquemment et 
avec assez d'attention cette torpeur des Carpes , 
pour savoir que, pendant leur long sommeil et leur 
long jeûne, ces Cyprins ne perdent guère que le 
douzième de leur poids. Les Garpes élevées dans 
les étangs ne sont pas celles dont la chair est la 
plus agréable au goût ; on leur trouve une odeur 
de vase qu’on leur fait aisément perdre en les te- 
nant seulement une huitaine de jours dans de l’eau 
vive pour les dégorger. Il y a des cuisiniers qui 
prétendent , mais peut-être à tort , que si au sortir 
de l’eau on fait avaler du vinaigre aux Carpes qui 
ont été pêchées dans la vase, et qu’on les laisse 
étendues sur une table, il sort comme une espèce 
de transpiration, une vase très-fine qu’il faut en- 
lever en grattant de temps en temps les écailles 
avec un couleau, et que, quand elles sont mortes, 
leur chair n’a aucun goût de vase. On préfère 
celles qui vivent dans un lac, encore plus celles 
qui séjournent dans une rivière , et surtout celles 
qui babitent un étang ou un lac traversé par les 
eauxfraîches et rapides d’un grand ruisseau, d’une 
rivière ou d’un fleuve. Tous les fleuves et toutes 
les rivières ne communiquent pas d’ailleurs les 
mêmes qualités à la chair des Carpes. Il est des 
rivières dont les eaux donnent à ceux de ces Cy- 
prins qu’elles nourrissent une saveur bien supé- 
rieure à celle des autres Carpes. Dans les fleuves, 
les rivières et les grands lacs , on pêche les Carpes 
avec la ligne : on emploie, pour les prendre dans 
les étangs, des collets, des louves ct des nasses, 
dans lesquels on met un appât. On peut aussi se 
servir de l’hamecon pour la pêche des Carpes; 
mais ces Cyprins sont très-souvent plus difficiles 
à prendre qu'on ne le croirait : ils se méfient des 
différentes substances avec lesquelles on cherche 
à les attirer. D'ailleurs, lorsqu'ils voient les filets 
s’approcher d’eux, ils savent enfoncer leur tête dans 
la vase et les laisser passer par dessus leur corps, 
ou s’élancer au-delà de ces instrumens par une 
impulsion qui les élève à deux mètres ou environ 
au dessus de la surface de l’eau. Aussi les pêcheurs 
ont-ils quelquefois la précaution d’employer deux 
trubles dont la position est telle, que, lorsque les 
Carpes sautent pour échapper à l’un, elles tom- 
bent dans l’autre. Dès le temps de Belon on faisait 
avec les œufs de Garpes du caviar qui était acheté 
avec d’autant plus d’empressement par les Juifs 
des contrées asiatiques et européennes , que 
leurs lois religieuses leur défendaient de se nour- 
rir de caviar fait avec des œufs d’Esturgeons. 

On trouve parmi les Carpes, comme dans les 
autres espèces de poissons, des monstruosités 


82° Livraison. 2 


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CARP 


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10 


CARP 


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plus ou moins bizarres; mais ces poissons ont 
dans Jeur tête, et particulièrement dans leur mu- 
seau, une difformité qui a souvent frappé les na- 
turalistes, et qui a toujours étonné le vulgaire à 
cause des rapports qu’elle lui a paru avoir avec la 
tête d’un Dauphin. Mais, indépendamment de ces 
monstruosités, celte espèce est fréquemment mo- 
difite, suivant plusieurs naturalistes, par son mé- 
lange avec d’autres espèces du genre des Cyÿprins, 
et particulièrement avec des Carassins et des Gi- 
biles. Il résulte de ce mélange des individus plus 
gros que les Gibiles ou des Garassins, mais moins 
gros que des Carpes, et qui ne pèsent guère 
qu'un ou deux kilogrammes. Gesner, Aldrovande, 
Schwenckfeld, Scheneveld et Klein, ont parlé de 
ces métis, auxquels les pêcheurs ont donné diffé- 
rens noms; on.les reconnaît à leurs écailles qui 
sont plus petites, plus attachées à la peau que 
celles des Carpes, et montrent des stries longitu- 
dinales ; leur tête. est,plus grosse, plus courte, et 
dénuée de barbillons. Mais Bloch croit qu’on n’ob- 
serve ces dernières différences que lorsque les œufs 
de la Carpe ont été fécondés par des Carassins ou 
par des Gibiles, parce que les métis ont toujours 
la tête et la caudale du mâle. 

\ On en élève une race à grandes écailles, dont 
certains individus ont la peau nue par place, ou 
même entièrement , et que l’on nomme REINE DES 
Canves, CARPE A miRoIR, CARPE À Gui ( Cyprinus 


rex Cyprinorum, Bloch., 17). Dans certains pays | 


on élève ces poissons dans les étangs , où ils par- 
viennent à une grosseur très-considérable, et où 
leur chair acquiert une saveur que l’on a préférée 
au goût de celle de la Carpe. Telle est encore une 
espèce importée chez nous, et qui s’y est fort 
multipliée à cause de l'éclat et de la variété de ses 
couleurs, qui fait l'ornement de nos bassins. La 
Donranes DE LA Cine (Cyprinus auratus, Linné), 
Bloch., 93, qui a les épines dorsales et anales 
dentelées comme la Carpe. D'abord noirâtre , elle 
prend par degré ce beau rouge doré qui la carac- 
térise ; mais il y en a d’argentées et de variées de 
ces trois nuances. Il ÿ en a aussi des individus sans 
dorsale, d’autres à dorsale très-pelite , d’autres 
dont la caudale est très-grande, d’autres dont les 
veux sont énormément gonflés ; c’est aussi à ce 
groupe qu’appartient le plus petit de nos Cyprins 
d'Europe, dit la Bouvière ou Pereuse ( Cyprinus 
amarus, Bloch., Guérin , Iconog. du règne anim. 
pl. 46, fig. 1). Longue d’un pouce, verdâtre 
dessus , d’un bel aurore dessous; en avril, dans le 
temps du frai, elle a une ligne d’un bleu d’acier 
de chaque côté de la queue; le deuxième rayon 
dorsal forme une épine assez raide, (Azrn. G.) 

CARPHOLITHE. (win.) Ce nom, qui signifie 
pierre de paille, a été donné avec raison à une sub- 
bstance fibreuse, brillante etde couleur jaune, se 
présentant en pelits faisceaux radiés à la surface 
de certaines roches granitiques dont elle tapisse les 
fentes. La Carpholithe ne s’est pas encore pré- 
sentée autrement qu'à l'état fibreux; on ne la 
connaît pas cristallisée, 

Composée de 36 parties de silice, de 26 à 27 


d’alumine, de 19 de protoxide de manganèse, 
de 2 de protoxide de fer, de 10 à 11 d’eau, de « 
à 2 d'acide fluorique et d’une très-petite quantité 
de chaux, la Carpholithe entre nécessairement dans 
la division des silicates alamineux. 

Ses caractères chimiques sont de donner de 
l’eau par la calcination, de sc fondre difficilement 
au chalumeau en un verre brun opaque, et de 
présenter des indices de manganèse par le carbo- 
nate de soude, (J. H.) 

CARPOBOLE, Carpobolus. (BoTan. :cRxPT.) 
Genre de Lycoperdiacées créé, en 1729, par 
Micheli. Son nom lui vient de la propriété qu'il:a 
de lancer ses semences avec bruit. Le savant pro- 
fesseur de Florence compare ce bruit à celui que 
produit une chiquenaude, ce qui vraiment est 
extraordinaire dans une plante aussi petite. Ce 
genre est composé de deux seules espèces que 
l’on verra figurées en notre Atlas , pl 77; la fig. 5, 
est celle du CarpoBore ÉroILÉ, C. stellatus, que 
Linné a décrit sous le nom de Lycoperdon stellatus, 
et Tode sous celui de Sphærobolus stellatus, Xa 
fig. 4 est celle du GarPoBoLE PORTE-CERGLE , C. 
cyclophorus. L'un et l’autre sont de grandeur na- 
turelle et représentés à différens âges et grossis. 

Desmazières est le premier botaniste qui, en 
1825 , ait fait connaître le Carpobole porte-cercle. 
Cette espèce croît sur les chaumes des graminées 
pendant l'automne; elle jouit d’une propriété hy- 
grométrique assez remarquable ;-elle resserre très- 
sensiblement les divisions de sa première enve- 
loppe quand l'air est sec; elle les étend au con- 
traire lorsqu'ilest chargé d'humidité. Sa forme est 
une petile boule de trois à quatre millimètres de 
diamètre, La première enveloppe, de couleur 
fauve , est épaisse, charnue , légèrement velue au 
dehors qnaud on l'observe à la loupe, arrondie à 
sa base et fendue au sommet en six, quelquefois en 
sept et huit divisions dentiformes. Elle renferme 
une membrane ou volva fort mince, blanche, 
sphérique, marquée horizontalement , et dans son 
milieu, d’un grand cercle rouge-orangé très-vif. 
Cette membrane se rompt pour donner issue, au 
moment de l’entier développement, à une petite 
vésicule ronde, brune , qui renferme les semences, 
et qu'elle projette au loin avec bruit. Une fois le 
fruit lancé, la plante perd sa forme et s’affaisse. 

Le Garpobole étoilé croît sur les étocs, les 
charpentes à demi pourries, et sur la sciure de 
bois humide, dans laquelle il s'enfonce. Il est 
plus grand que l’espèce porte-cercle ; sa forme est 
plus allongée, ses divisions plus larges et plus 
courtes; il n'a point de ceinture rouge. 

CE. ax) * 

CARPOLITHES. (sor. ross.) Cette dénomina- 
tion grecque, traduisible par fruits pétrifiés , dési- 
gne en eflet les graines ou fruits qui se trouvent 
à l’état fossile dans les diverses couches de notre 
globe. Le nombre des genres et espèces de Carpo- 
lithes est considérable ; jamais étude ne fut plus 
curieuse sans doute; mais, ne pouvant nous ar- 
rêter aux conjectures ou aux hypothèses, bornons- 
nous à deux ou trois faits constatés. 


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2 Carthame 2 .Carvophrvilie 3 Casoar 


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Les fruits fossiles appartiennent en général à des 
végétaux que la terre ne produit plus; si quel- 
ques uns se rapportent à des genres connus, ce 
n'est jamais aux espèces actuelles. 

Les terrains tertiaires et les terrains houillers 
ont fourni des graines très-reconnaissables de 
chara ; des fruits de palmiers, de cocos, de pins 
et de sapins, d'érables, de charmes, de bouleaux, 
et beaucoup de noix d'espèces diverses. 

Les fruits et graines de genres inconnus , en 
nombre ‘beaucoup plus grand, ont élé surtout 
rencontrés dans les lignites de l'argile plastique , 
dans ceux de la Misnié et d’autres parties de l’Al- 
lemague et de l'Angleterre; on n’en trouve point 
dans la craie, ni dans les calcaires du Jura et des 
Alpes. Quant à leur dénomination, on conçoit 
l'extrême difficulté d’un semblable travail. Vénus 
se serait cruellement vengée de Psyché en lui fai- 
sant trier un mélange de cinqou six cents espèces 
des graines les plus vulgaires ; que dire de graines 
de formes insolites, produites par des végétaux 
p vivaient il y a plusieurs dizaines de siècles ? 

oy. l’art. VÉGÉTAUX FOSSILES. (L.) 

CGARRARE. Y. Marre. 

CARRIÈRE. (eéor. et rzcunor.) C’est dans les 
Carrières que le géologiste, avide de science, trouve 
le plus de facilité pour étudier la disposition des 
différentes couches et des différens terrains qui 
composent notre globe. Les Carrières sont des 
lieux d'exploitation qui fournissent aux entrepre- 
neurs la plupart des matériaux propres à la con- 
struction , tels que le grès, le marbre, la pierre 
à plâtre, le sable, etc. Ces lieux prennent diflérens 
noms d’après les matières qu'ils renferment. Ainsi 
on les appelle marbrières , ardoisières ,  plä- 
trières, etc. , selon qu'on en retire du marbre, 
des ardoises, du plâtre, ou autres produits na- 
turels. 

Quant au mode d'exploitation, il est subor- 
donné aux localités et à la disposition des substances 
qu’on recherche. Tantôt ce sont des Carrières à 
ciel ouvert, quand l’objet de l'exploitation n’est 
pas à une grande profondeur. D'autres fois, ce 
sont des galeries creusées dans le flanc d’une col- 
line; souvent aussi, et surtout aux environs de Pa- 
ris, à Mont-Rouge , à Charenton, elles sont ouver- 
tes à fleur de teñre : on y descend par des puits, 
à l’orifice desquels est disposé un treuil pour en- 
lever les pierres et les amener à la surface, 

Lorsque la pierre offre peu derésistance ,le pie, 
grand marteau de fer pointu à son extrémité , et 
les coins que l’on enfonce dans le bloc, suflisent 
pour le séparer de la masse. Quand au contraire 
ces moyens ne sont pas suffisans, on fait sauter le 
quartier par l’explosion d’une mine. La manière 
d'obtenir les meules de moulins est la plus cu- 
rieuse ; on trace dans la pierre un cercle, et l’on 
y enfonce , de distance en distance, des pieux en 
bois de sapin très-sec ; on verse ensuite de l’eau 
sur chaque pieu qui, augmentant considérable- 
ment de] volume par l’imbibition de l’eau, fait 
Pr pe la pierre suivant le cercle que l’on y a 
tracé, 


Les{Carrières les plus considérables sont creu- 
sées dans le calcaire grossier et dans la craie : on 
peut s’en faire une idée par celles de Mont-Rouge, 
dont une partie a formé les catacombes de Paris. 
Les ardoisières, les marbrières et ne peaventenrien 
être comparées à ces immenses souterrains, ereusés 
dans la craie, telsqu’on en voit aux environs de Maës- 
tricht, ou à ceux qui sillonnent une partie de la 
Champagne, et dans lesquels les habitans d'Éper- 
nay se sont pratiqué des caves remarquables par 
leur étendue et leur beauté. (J. IH.) 

CARTE GÉOGRAPHIQUE BRUNEET FAUVE. 
(ixs.) Noms sous lesquelsles amateurs connaissent 
deux espèces de Papillons du genre Vanesse; ce 
sont les Vanessa levana et prorsa de Linné. Foy. 
VANESSsE. (Guér.) 

CARTHAME, Carthamus. (8oT, PHAN.) Sur une 
vingtaine d'espèces que renferme ce genre de la 
Syngénésie polygamie égale et de la famille des 
Synanthérées , section des Carduacées , une seule 
est l’objet d’une culture qui devrait être plus im- 
portante ; les autres ne seraient point déplacées 
dans les jardins d'agrément pour leurs fleurs et 
leur port. Parlons d'abord du CARTHAME orrici- 
az, C. tinctorius: nous dirons ensuite un mob 
de quelques espèces bonnes à connaitre. 

Désigné dans le commerce sous le nom de Sg- 
fran bätard et Safranon à cause d’une similitude 
de sa fleur avec celle du safran, le Carthame 
officinal est une plante annuelle , que l’on voit re- 
présentée dans notre Atlas, pl. 78, fig. 1, origi- 
naire de l’Afrique, peut-être même des îles Ga- 
naries, cultivée en grand dans quelques parties de 
l’Europe et dans le Levant. Elle demande une 
terre un peu légère, substantielle. Sous le climat 
de l'Égypte et dans l'ile de Ténérifle, surtout 
dans la belle situation de Tacoronte, elle jouit 
d’un avantage particulier, essentiel à l’abondance 
de la récolte, c’est d’être exempte de pluie et 
d'orage durant le mois de mai, époque de la flo- 
raison. } 

Une tige de trente-deux centimètres de haut , 
droite, cylindrique , dure et lisse, couverte de 
feuilles simples, entières, alternes, bordées de 
quelques dents épineuses "vertes et lancéolées , 
aiguës , et terminées par des fleurs assez grosses , 
d’un jaune orangé , donne au Garthame officinal 
un aspect agréable. Sous le rapport de lPutilité , 
ses fleurs et ses graines sont recherchées. Les pre- 
mières contiennent deux substances colorantes 
très-distinctes: l’une jaune, très-soluble dans 
l'eau, altère les principes de l'autre, qui est 
rouge, insoluble dans l’eau, dans lalcool, et 
qu'on obtient seulement par la voie des alcalis. 
En Europe l'opération se fait à froid; en Égypte , 
d’où nous tirons la plus grande quantité du Car- 
thame qu’emploient nos teinturiers, elle a lieu 
dans un bain chauffé entre trente et cinquante de- 
grés. La couleur est peu solide , maiselle se nuance 
à l'infini de la manière la plus heureuse et la plas 
éclatante, depuis le rose carné jusqu'au rouge 
ponceau, et depuis le violet jusqu’au lilas le 
plus agréable. Le Carthame entre aussi dans le 


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rouge auquel les dames ont recours, quand, par 
suite d’une coquetterie mal entendue, de maladies, 
de langueur ou de passions satisfaites avec trop 
de complaisance , elles veulent simuler la fraîcheur 
de la jeunesse, tromper les yeux mal exercés, et 


« Réparer du temps l'irréparable injure, » 


Ce très-beau rouge tendre n’a pas les inconvé- 
niens des sophistications qu’elles vont demander 
à de prétendus chimistes , à des marchandes à la 
toilette. On prépare encore avec les étamines une 
espèce de laque à l'usage des peintres, et qu'ils 
appellent rouge végétal ou vermillon d'Espagne. 

Quant aux graines , qui sont grosses , nombreu- 
ses el noires, on en exprime une huile douce 
d'excellente qualité. On mange leur amande, mais 
il faut le faire avec circonspection , car elles sont 
pour l’homme violemment purgatives ; la volaille 
et surtout les perroquets en sont très-friands : c’est 
de là que les graines du Carthame sont vulgaire- 
ment dites graines de perroquet. 

Les anciens connaissaient la double propriété 
du Carthame officinal, comme plante tinctoriale 
et oléagineuse. Théophraste en a parlé sous le 
nom de Safran épineux, Knékos. En Espagne et 
en Angleterre, on mêle ce végétal dans les po- 
tages et autres alimens, pour leur donner une 
couleur agréable ; les Juifs l’aiment beaucoup, 
et en jettent dans presque tous leurs mets. 

On trouve dans quelques jardins le CARTHAME 
A FEUILLES DE SAULE, C. salicifolius , petit arbuste 
d'un bel aspect, à fleurs blanches, à épines 
soyeuses, que l’on a tiré de l’ile de Madère; le 
GARTHAME NAIN, OC. mitissimus, aux feuilles) lon- 
gues élalées sur la terre, soutenant une grosse 
fleur bleue; le CARTHAME criLzé, C. cancellatus, 
qui porte des fleurs d’un bleu pourpré, dont le 
calice est armé d’un réseau à mailles très-rappro- 
chées , où les mouches sont parfois retenues cap- 
tives. (T. ». B.) 

CARTILAGES. (anar.) Parties solides du corps 
des animaux, de couleur blanche, laiteuse, opa- 
line, quiencroûtentlesextrémités osseuses destinées 
à se mouvoir les unes sur les autres ,: ou qui en- 
trent dans la composition de certains organes comme 
le larynx, la trachée artère; plusieurs dispa- 
raissent avec l’âge et se converlissent en vérita- 
bles os. Chez quelques poissons , tels que les raies, 
tout le squelette est formé de substance cartilagi- 
neuse, ct demeure constamment dans cet état; 
tandis que chez l'homme et chez d’autres ani- 
maux, s'il en est ainsi dans les premiers temps 
de la vie, cette substance s’encroûte bientôt de 
sels calcaires qui les font passer à l’état d’os. En 
faisant macérer pendant quelque temps les os dans 
l'acide hydrochlorique, les sels calcaires se dis- 
solvent et le Cartilage reste isolé: cette expérience 
prouve que la substance cartilagineuse forme la 
base du système osseux. (P. G.) 

CARTILAGINEUX. (rorss.) Les animaux qui 
forment, dans la classe des Poissons, une série ou 
une grande division , désignée sous le nom de 
Cartilagineux dits chondroptérygiens, relative- 


22 


ment à l’ensemble de leur organisation, diffèrent ! 
tellement des autres pour le squelette, qu'il est 
nécessaire d’en faire l'abrégé. Les pièces qui com- 
posent le squelette , dans les poissons Cartilagi- 
neux, c’est-à-dire dans les raies, les squals et les 
lamproies, ne prennent point le tissu fibreux qui 
caractérise les os dans les poissons connus sous 
_le nom d’osseux. Leur intérieur demeure toujours 
cartilagineux , et leur surface extérieure se durcit 
par de petits grains calcaires qui s’y accumulent , 
et qui lui donnent celte apparence pointillée qui les 
distingue des autres poissons. C’est probablement 
ce qui fait que le crâne de ces poissons n’est pas 
divisé par des sutures , et ne se compose que d’une 
seule enveloppe, modelée et d’ailleurs percée à 
peu près comme un crâne de poisson ordinaire, 
en sorte que l’on y distingue les mêmes régions 
et les mêmes trous, mais non des os qui peuvent 
être séparés. Leur face est très-simplifiée , leur 
mâchoire inférieure n’a également qu'un os de 
chaque côté, articulaire , lequel porte des dents, 
et il ne reste des autres qu’un seul vestige, ainsi 
caché sous la peau de la lèvre. L'appareil opercu- 
laire, dans cette division des poissons cartilagineux, 
manque, mais l'appareil hyoïdien et branchial a 
de grands rapports avec celui que l’on observe 
dans les poissons osseux. Le bassin est d’une seule 
pièce transverse qui ne s’articule pas à l’épine, et 
porte de chaque côté une lame ou tige à laquelle 
adhèrent les rayons de la ventrale. Il y a des par- 
ties de l’épine où plusieurs des vertèbres sont sou- 
dées ensemble, ou du moins l’espace où elles 
doivent être n’est occupé que par un tube d’une 
seule pièce, percé de chaque côté de plusieurs 
trous pour aulant de paires de nerfs. Les ammo- 
nites n’ont pas même de squelette cartilagineux. 
Toutes les parties de leur charpente demeure tou- 
jours à l’état membraneux, et sous ce rapport 
ils ressemblent à des vers plutôt qu'à des’ ani- 
maux vertébrés. (Azrx. G.) 

CARTONNIÈRES. (rxs.) On donne ce nom à 
des espèces de Polistes qui font un nid semblable 
à une boîte de carton. Ÿ. Pouisre. (Gu£r.) 

CARVI, Carum. (80T. pHan.) Quoique certains 
botanistes veulent supprimer ce genre de la Pen- 
tandrie digynie et de la famille des Ombellifères 
pour le réunir aux SÉséris (voy. ce mot), nous 
le conservons, appuyé d’abord sur l'autorité de 
Tournelort, de Linné, de Jussieu, mais encore 
parce qu'il a des caractères tranchés, qui léloi- 
gnent de ce genre. S'il a, comme lui, le calice 
entier , les pétales cordés et infléchis, le même 
port et les mêmes feuilles, il en diffère par sa col- 
lerette générale à une ou deux folioles linéaires, 
par son fruit ovale-oblong, strié, à trois côles dor- 
sales et obtuses, par sa tige moins rigide dans 
l’ensemble de ses parties. 

C’est dans les prés montueux, tant des pays 
froids que des contrées méridionales de l'Europe, 
que se trouve la seule espèce connue de ce genre. 
Le Canvi Des Prés , €, carvi , est une plante her- 
bacée, bisannuelle, indigène, quoique l’on dise 
qu'elle nous soit venue de la Garie. La tige, de 


CARY 13 


CARY 


soixante-cinq centimètres de haut, lisse et ra- 
meuse , est garnie de feuilles deux fois ailées , à 
découpures linéaires, pointues ; les fleurs sont 
d’un blanc jaunâtres, petites, disposées en om- 
belle lâche; épanouies au milieu du printemps, 
ælles donnent naissance à des semences verdâtres, 
oblongues-ovales , odorantes, qui fournissent une 
huile essentielle ; elles ont les mêmes propriétés 
que celles de l’anis, et entrent dans la composi- 
tion de plusieurs sortes de liqueurs. Elles font par- 
tie des quatre semences chaudes et sont très-fré- 
quemment employées en médecine. Dans le nord 
on les fait entrer dans la pâte du biscuit de mer; 
les marins, qui les aiment beaucoup, prennent 
soin de les mêler à tous leurs mets. En Amérique, 
il s’en fait une grande consommation; toutes les 
cuisines en sont pourvues. 

On cultivait autrefois le Carvi dans tous nos 

jardins légumiers pour sa racine fusiforme , aro- 
matique , que l’on enlevait dès les premiers froids, 
que l’on mangeait frite et dans les potages; au- 
jourd’hui, on en rencontre à peine quelques pieds 
conservés pour la graine. Les vaches et les mou- 
tons mangent la fane avec plaisir.  (T.n. B.) 
: CARYBDÉE, Carybdea. (zooPn. car.) Genre 
de médusaire établi par Péron pour les espèces dont 
le corps est orbiculaire , subconique et garni dans 
sa circonférence de lobes foliacés, subtentacu- 
laire ou creusé en dessous par une grande exca- 
vation stomacale à ouverture aussi grande qu’elle. 
On n'en connaît encore que deux espèces : la Ca- 
RYBDÉE PÉRIPHYLLE, qui est de couleur brune; et la 
CaRYBDÉE BIcoLoRE, de couleur ferrugineuse, avec 
les folioles ponctuées de rouge. Quant à la Caryb- 
dée marsupiale, elle doit être rangée dans le genre 
Ecuorée. (. ce mot.) (R. ) 

;: GARYOPHYLLAIRES, Caryophyllariæ. (z0oPn. 
POLyr.) Ordre de Polypier lamellifère , institué par 
Lamouroux pour les Polypiers pierreux et non 
flexibles, qui ont des cellules étoilées et terminales, 
cylindriques, turbinées ou épatées, parallèles ou 
non parallèles, simples ou rameuses, isolées ou 
en groupes, jamais à parois communes. D'après 
ces caractères, les Garyophyllaires se composent 
des genres Caryophyllie, T'urbinolopse, Turbinalie, 
Cyclalite, et Fongée. 

Lamarck décrit quelques uns de ces genres 
comme étant libres ; mais cette opinion, combat - 
lue avec tous les avantages possibles par Lamou- 
roux dans le Dictionnaire classique d'histoire na- 
turelle, paraît aujourd’hui abandonnée. '(R.) 

CARYOPHYLLÉES, Caryophylleæ. (B0T.PHAN.) 
Famille de plantes à embryon dicotylédoné, à 
corolle polypétale , à étamines hypogynes. Elle a 
été composée par Jussieu, qui, prenant pour type 
Vœillet, a groupé un certain nombre de végétaux 
qui ont de commun les caractères suivans : une 
üge cylindrique, souvent noueuse et comme ar- 
ticulée, des feuilles opposées, réunies par leur 
base, et quelquefois munies de stipules (on les 
trouve aussi verticillées); un calice tantôt tubu- 
Jeux et à quatre ou cinq divisions persistantes, 
tantôt formé de sépales étalés et caducs ; une co- 


rolle de cinq pétales égaux, ordinairement ongui- 
culés à leur base, étalés ou dressés selon la dis- 
position du calice; des étamines en nombre égal 
ou double de celui des pétales, insérées à un dis- 
que particulier qui supporte l'ovaire; celui-ci 
renferme d’une à cinq loges, et porte de deux à 
cinq styles. Le fruit est une capsule (le seul genre 
Cucubalus produit une baie) à une, deux, trois 
ou cinq loges polyspermes ; elle s'ouvre, soit par 
des valves, soit par des dents terminales , qui, d’a- 
bord rapprochées, s’éloignent lorsque les graines 
sont mûres, et leur donnent passage. 

Les Caryophyllées sont rarement ligneuses ; 
leurs fleurs , axillaires ou terminales, sont en gé- 
néral blanches ou rougeûtres. 

Les botanistes qui, depuis Jussieu, ont examiné 
les divers genres de cette famille, en ont éloigné plu- 
sieurs qui différaient du groupe par quelques ca- 
ractères ; Lelles étaient les plantes composant au- 
jourd’hui la famille des Paronichiées et celle des 
Linariées. Voici les principaux genres de la fa- 
mille des Caryophyllées, divisés en deux sections 
selon la disposition du calice : 

Dianthées (calice tubuleux) : Agrostemma, Cu- 
cubalus, Dianthus, Gypsophila, Githago, Lychnis, 
Saponaria, Silene, etc. 

Alsinées (calice étalé) : Alsine, Arenaria, 
Buffonia, Cerastium, Holosteum, Mollugo, Pharna- 
ceum, Mærhingia, Sagina , Spergula, Stellaria, etc. 


CARYOPHYLLIE et CarvoPnyiLire, Caryo- 
phyllia. (zooPx. roryr.) Genre établi par La- 
marck pour des animaux subcylindriques actini- 
formes, pourvus d'une couronne simple ou double 
de tentacules courts, épais et perforés, saillant à 
la surface d'étoiles ou de loges cylindro-coniques, 
garnies de lames rayonnantes, complètes en de- 
dans, siriées en dehors et formant un polypier 
solide conique, fixe par la base, simple ou à 
peine agrégé. “? 

Tous les zoologistes ont adopté ce genre, dont 
les espèces sont assez nombreuses. M. Goldfuss 
seul ne l’a pas admis, ayant réuni les Caryophyllies 
aux Oculines sous le nom générique de Lithoden- 
dron. Spallanzani a publié en 1786 une descrip- 
tion de la Caryophyllie, et y a ajouté des parti- 
cularités tellement extraordinaires qu’il est de toute 
impossibilité d'y ajouter foi. Ildit entre autres choses 
que l’animal ne meurt pas, quand même on Je 
plongerait dans une eau acidulée, et que si on ne 
renouvelle pas l’eau dans laquelle on le conserve, 
il peut abandonner sa loge pour aller se promener 
aux alentours. , 

Les caractères que nous avons donnés à ce 
genre sont ceux que M. de Blainville a adoptés lui- 
même pour toutes les espèces qu'il croit devoir 
y rapporter. II les divise en deux sections, les es- 
pèces simples et les espèces fasciculées : on comple 
6 à 7 espèces dans les premières, et de ce nom- 
bre est la Can. coBeLeT que nous avons fisurée 
dans notre Atlas, pl. 78, fig. 2 a; dans les se- 
condes il ÿ en a à peu près autant, et nous avons 
représenté comme exemple Ja G. zx cenge, Nous 


CASG 4 


avons également figuré l'animal d’après MM. Quoy 
et Gaimard. Voy. notre planche 78, figure 2 
et 2 b. 

On connaît un assez grand nombre de Ca- 
ryophyllies à l’état fossile; on les divise de la 
même manière, celles qui forment la seconde sec- 
tion sont les plus nombreuses. [l en existe de vi- 
vantes dans les mers d'Europe. (R.) 


‘: CASCADES. (ckocr. pays.) Quoique ce nom 
ne s’applique , à proprement parler, qu'à des 
chutes d’eau peu importantes, nous compren- 
drons sous celte dénomination toutes les chutes de 
fleuves ou de rivières: 

Les véritables Cascades sont formées par des 
ruisseaux qui descendent des montagnes ; celle de 
Gavarnie, dans les Pyrénées, est une des plus 
belles que l’on connaisse. Elle tombe de la hauteur 
de 1,266 pieds. Les ports ou cols que l’on remar- 
que dans les mêmes montagnes , et dans d’autres 
encore, paraissent être les traces d'anciennes Cas- 
cades qui ont cessé de couler. 


Les fleuves , les rivières qui rencontrent dans 
leur course une pente abrupte, forment des 
CarTaracrTes, des CuuTes, des Saurs. Les Ca- 
taractes du Nil ont été long temps célèbres, bien 
que la plus haute n’ait pas plus de cinq pieds. 
Que sont ces petites Cascades , quand on les com- 
pare aux chutes du Lulea, en Suède; de la Wettina, 
en Dalmaltie; du Serio et de la T'osa, en Italie; 
de la Reuss et du Rhin; et pour finir par un 
nom national, à celle de l’ Ardèche, en France ? 
La première passe vour avoir Goo pieds de hau- 
teur; la seconde, 150; la troisième, 500; la qua- 
irième, 400; la cinquième, 100; la sixième, 75; et 
la septième, 100. 

Dans l'Amérique septentrionale, la cataracte de 
James-River est fort haute, mais elle est bien in- 
férieure à celle de la rivière de Montmorency , qui 
a 242 pieds de hauteur, et à celle du Wiagara, for- 
mée par les eaux du lac Erte. Celle-ci a une lieue 
de long et tombe de 144 pieds dans un gouffre 
qu’elle s’est creusé et qui n’en a pas moins de 60 de 
profondeur, Nous n’essaierons pas d’en faire une 
froide description. Tout le monde connaît celle de 
M. de Châteaubriand, qui, au dire des voyageurs, 
est aussi remarquable par l’exactitude que par la 
richesse du style. C’est la plus large masse d’eau 
que l’on connaisse. 

Le bruit qu’elle cause s'entend de quinze à 
vingt lieues, et les vapeurs qui s’en élèvent se 
voient de vingt-cinq lieues de distance. 


# La figure que nous offrons de cette célèbre 
chuie d’eau, bien qu’elle soit exacte, n’en donne 
qu'une idée incomplète, parce qu’elle ne larepré- 
sente que dans la moitié de sa largeur; son déve- 
loppement est trop considérable pour pouvoir 
être figuré dans une vue en perspective, Gepen- 
dant elle suffira pour les observations que nous 
avons à faire. 

Le Niagara est une rivière de 13 à 14 lieues de 


cours , formée par les eaux du lac Erie qui vont 


se jeter dans le lac Ontario. À quelque distance 


14 CASÉ 


de ce dernier lac le sol est plat, et formé em 
grande partie d’alluvions. C’est au dessus de cette 
plaine que s'élève le plateau qui se prolonge jus- 
qu'au lac Erie. L'espace compris entre la chute 
et le lac Ontario a dû jadis être occupé par ce 
plateau : de telle sorte que c’est dans ce lac, ou 
très-près de ses bords, que devaient tomberorigi- 
nairement les eaux du Niagara. L’aclion destruc- 
tive des eaux a reculé la Cascade de 3 à 4 lieues, 
et tout porte à croire que dans la suite des siècles 
elle continuera à se reculer de tout l’espace qui 
la sépare du lac Erie. Quand cette marche, qui 
a déjà été observée de mémoire d'homme, sera 
accomplie, il n’y aura plus qu’une gorge ou un 
ravin entre les deux lacs. 

La nature des roches sur lesquelles coule le Nia- 
gara rend parfaitementcompte et de sa marche 
passée et de sa marche future. L'espèce de mu- 
raille du haut de laquelle tombent les eaux, et 
qui forme une rampesur le côté droit de la figure, 
c'est-à-dire au dessus des deux Indiens, est com- 
posée de couches calcaires horizontales , reposant 
sur des couches deschiste ; l’eau, humectant sans 
cesse cette dernière roche , en fait tomber des dé- 
bris de manière à former un talus ; dès quele schiste 
s’est écroulé, le calcaire n’ayant plus de support 
cède bientôt et tombe dans l’abime. Cet effet 
tout nature] se renouvelant sans cesse , ne permet 
pas de supposer , comme on l’a fait, que l’écrou- 
lement du plateau puisse avoir lieu d’une ma- 
nière soudaine, et produise conséquemment ane ter- 
rible inondation. Ce qui ajoute une nouvelle 
preuve à ce que nous venons de dire dela destruc- 
tion successive du plateau d’où tombe le Niagara, 
c'est la présence des masses de roches, que l’on 
voit maintenant au dessous de la Cascade , et dont. 
quelques unes sont représentées sur le premier plan 
de la figure. 

L'élévation du terrain ou l’affaissement des 
roches diminuent insenSiblement les cataractes, 
qui forment alors ce qu’on appelle des Rapides, 
sortes de Cascades qui se trouvent au milieu de 
certaines rivières et entravent la navigation. 

(J. H.) 

CASÉUM. (cm.) Le Caséum, ou matière ca- 
séeuse, existe en grande partie en dissolution dans 
le lait. On l’obtient en mélant du lait écrémé 
avec de l'acide sulfurique étendu : celui-ci se com- 
bine avec le Caséum et le précipite sous la forme 
d’un caillot blanc. On lave le caillot à grande eau 
et à plusieurs reprises pour le débarrasser du petit- 
lait qu'il contient, puis on le fait digérer avec de 
l’eau et du carbonate de chaux. L’acide sulfurique 
s'empare de la chaux; la matière caséeuse, mise 
à nu, se dissout dans l’eau ; on filtre pour 
séparer le dépôt calcaire et le beurre qui sur- 
nage; enfin on évapore et on fait sécher le liquide 
filtré. 

Le Caséum est d’un blane jaunâtre, insipide, 
inodore , soluble dans les acides, l'alcool et les 
solutés alcalins , plus pesant que l’eau, sans action 
sur les couleurs bleues végétales, décomposable , 
par le feu, en carbonate d’ammoniaque, etc., et 


és. … ‘4 


è 


RTE SRE 5 ee Da Deld, 


CASO 


en charbon volumineux, difficile à incinérer, et 
très-riche en sous-phosphate de chaux. Placé sur 
une claie d’osier, à l'état de caillé et sous lin- 
fluence du contact de l’air, il se solidifie peu à 
peu, s'altère et se transforme en une sorte de 
fromage. 

Ainsi que la fibrine et l’albumine, la matière 
caséeuse peut exister sous l’état de coagulation et 
sous celui de non-coagulation. Coagulée, séchée 
et mêlée à une plus ou moins grande quantité de 
beurre, elle constitue le Fromace. ( Woy. ce mot, 
où nous traiterons très-succinctement de l'acide 
œstique et de l’acide casceux.) (F.F.) 

CASOAR, Casuarius. (ors.) Brisson a réuni 
sous ce nom deux espèces d'oiseaux de l’ordre des 
Echassiers et de la famille des Brévipennes , Cu- 
vier. Ces oiseaux, assez voisins des Autruches, en 
diffèrent par leurs ailes beaucoup plus courtes et 
totalement inutiles à la course; leurs pieds ont 
trois doigts, tous garnis d'ongles et dirigés en 
avant ; leurs plumes ont des barbes si peu garnies 
de barbules que de loin elles ressemblent à du poil 
ou à des crins tombans. 

Vieillot a proposé pour chacune des espèces 
dont se compose le groupe des Casoars un genre 
distinct ; le premier, auquel il réserve le nom de 
Casoar, Casuarius, nous occupera d’abord. 

s Genre Gasoar. Ce genre a pour caractères : le 


.- becdroit, à dos caréné, arrondi et fléchi à la 


pointe; tête casquée, cou nu et garni de deux 
fanons ; pieds robustes, charnus jusqu'aux doigts ; 
ongle du doigt interne du double plus grand que 
les autres; pennes alaires remplacées par cinq ba- 
guetles sans barbe, 

La seule espèce comprise dans ce genre est le 
Casoar ÉMEU ou CASQUÉ , Casuarius emeu, repré- 
présenté dans notre Atlas, pl. 78, fig. 5. Get oi- 
seau habite la partie la plus orientale de l'Asie 
méridionale, les îles Moluques, celles de ‘Java 
et de Sumatra, et surtout les profondes forêts 
de l'ile Géram; mais il n'pst commun nuile part. 
Quoiqu'il existe en domesticité à Amboine, il 
n’en est pas originaire ; on l’y a mené des îles si- 
tuées plus à l’est. 

Le Casoar est stupide et glouton, sa nourriture 
ordinaire consiste en fruits, en herbes et en pe- 
tits animaux; on en a vu un vivant à la Ménage- 
rie de Paris, qui consommait par jour trois livres 
et demie de pain, six ou sept pommes et une botte 
de carottes. IL buvait quatre pintes d’eau en été, 
et un peu plus en hiver. 

Le Casoar est, après l’Autruche, un des oiseaux 
les plus volumineux ; son corps massif est couvert 
de plumes lâches noirâtres, assez'analogües à des 
poils: sa tête est surmontée d’un casque osseux, 
brun par ‘devant et jaune dans tout le reste; ce 
casque a trois pouces de haut, un pouce de dia- 
mètre à sa base et trois lignes à son sommet; il 
est produit par un renflement des os du crâne et 
recouvert par des couches concentriques d’une 
substance cornée. Le reste de latête n'offre, sur 
une peau d’un bieu céleste, que quelques poils 


CASO 


quiest très-grand. La peau colorée qui se continue 
jusqu’au milieu du cou, y présente des sillons et 
des tubercules semblables à ceux du dindon; sur 
le devant du cou il existe de chaque côté une caron- 
cule mince, de couleur rouge , qui s’élargit vers 
le bas. Les plumes de la partie inférieure du cou 
sont les plus courtes ; elles vont en s’allongeant 
sur le reste du corps jusqu’au croupion , où elles 
sont tombantes et remplacent la queue. 

Les ailes sont extrêmement courtes : leurs pen- 
nes, ou plutôt les rudimens qui les représentent ; 
sont au nombre de cinq, gros, à peu près ronds 
et dénués de barbes. Ces espèces de tuyaux sont 
creux danstoute leur longueur et contiennent une 
sorte de moelle semblable à celle des plumes 
naissantes; ils représentent cinq piquans dont 
l'animal se sert en effet pour se défendre; celui 
du milieu, qui est le plus grand, peut avoir un 
pied de longueur. Le bec, les pieds et les on- 
gles sont de couleur noire, Hauteur’, cinq pieds 
environ, 

Le cri ordinaire de cet animal est hou how pro- 
noncé faiblement et comme de la gorge; dans les 
momens de colère, il est remplacé par un bour- 
donnement assez analogue au bruit d’une voiture 
ou du tonnerre entendus de loin. 

Le mâle est d’un caractère plus farouche que 
la femelle, mais c’est principalement au temps des 
amours qu’il est le plus furieux. La femelle pond 
trois ou quatre œufs d’un blanc gris avec une 
foule de petits points verdâtres ; elle les place dans 
le sable, et ne les couve que pendant un mois, et 
la nuit seulement. Les jeunes diffèrent des adultes 
en ce qu'ils ont la tête non encore revêtue d’un 
casque, et que leur plumage est d'un roux clair 
mêlé de gris. | 

Quoique plus difforme et proportionnellement 
plus lourd que lAutruche, le Casoar court très- 
vie, et se défend des animaux qui l’attaquent en 
les frappant de ses pieds. Le premier 1adividu 
qu’on ait vu en Europe y a été apporté par les 
Hollandais qui, en 1997, l'avaient recu pour pré- 
sent du roi de Cidaio dans l'ile de Java. Depuis 
ce temps on en a possédé plusieurs autres 
vivans, 

Genre Emox, en latin Dromaius, Ce deuxième 
genre a pour caractères les suivans : bec droit, 
à bords très-déprimés , un peu caréné en dessus, 
arrondi à sa ponffé.,, et plus court que celui du 
Casoar à casque ; têle simple , sans casque et em- 
plumée; jambes charnues jusqu’au talon ; ongles 
presque égaux, un peu obtus ; rémiges el rectrices 
nulles, point de baguettes à leur place. 

L'espèce type du genre Emou est l’'Euov nom, 
Drom. ater, Vieill., Casuarius novæ Hollandiæe de 
Latham. M. Lesson l’a nommé Æmou parembany. 
Le premier de ces noms, qui est celui du genre , 
n’est qu'une modification du mot emeu qui sert 
quelquefois pour désigner le Casoar à casque ; le 
second est celui que oiseau porte à la Nouvelle- 
Galles du sud. 

L’Emou. a été figuré par Péron à la pl. 36 de 


noirs, principalement autour de l’orifice auditif, | l'atlas du Voyage aux terres Australes; lorsqu'il 


pce 


CASP 


16 CASQ 


oo 


est parvenu à son état parfait, ilest plus grand que 
le Casoar ; il n’a guère moins de six pieds de haut : 
ce qui le distingue nettement de celui-ci, c’est 
que sa tête n’est point chargée d’un casque osseux 
et que son cou est emplumé ainsi que le dessus 
de sa tête; seulement les plumes de cette dernière 
artie sont plus rares, principalement sur les 
goues et la gorge , où elles laissent voir la couleur 
purpurine de la peau. Les plumes du corps sont 
soyeuses et recourbées à leur extrémité; elles ont 
une teinte blanchâtre aux parties supérieures : le 
bec est noir et les pieds bruns, avec des dentelu- 
res saillantes le long de leur face postérieure, Les 
jeunes ont la tête entièrement emplumée ; ils sont 
couverts de plumes grises, blanches et brunes; 
ils quittent leur nid, courent et mangent seuls, 
dit-on, dès leur naissance. Les œufs sont d'un 
beau vert ct de la grosseur de ceux du Ca- 
soar. 
x Les Emous habitent la Nouvelle-Hollande; on 
les a souvent observés dans les environs de Port- 
Jackson. Ils se nourrissent de fruits mous, de 
fleurs et de plantes de toutes sortes ; leur chair est 
moins mauvaise que celle du Casoar, elle approche 
assez pour le goût de celle du bœuf. On dit qu'ils 
sont polygames. 
t_ Emourivi-kivi, Drom. Novæ-Zelandiæ.M. Lesson 
(Manuel, t. 11, p. 210) donne ce nom à une 
nouvelle espèce d'Emou très-commune dans les 
forêts de la Nouvelle-Zélande. Voici Ja courte 
description qu'il en donne :« Cet Emou est de 
moitié plus petit que le précédent; son plumage 
est grisâtre, suivant ce que me dirent les naturels, 
car je n’ai jamais vu qu'une peau à moitié détruite 
et informe. » Les habitans de la Nouvelle-Zélande 
estiment la chair de cet oiseau et le chassent avec 
des chiens; ils le nomment Kivi-kivi, (Gerv.) 

CASPIENNE (Mer). (ckocr. Pays.) Cette mer, 
située entre 36 degrés 4o minutes et 47 degrés 
°o minutes de latitude septentrionale, et entre 
44 degrés et 54 de longitude orientale, a 70 lieues 
de largeur moyenne sur une longueur de 270. 
Dans sa superficie, de 16,850 lieues carrées, on 
comprend le lac Amer, appelé par les Turcomans 
Kouli-Deria , auquel elle communique par le dé- 
troit de Xaraboughar (Taureau noir), dont la 
longueur est incertaine. Ce lac est réputé fort 
dangereux, l’eau en est malfaisante; les ani- 
maux, le poisson même s’enMéloignent. 

Profonde de 2,700 pieds dans certains endroits, 
la mer Caspienne est si basse le long des côtes, 
que les navires sont presque toujours forcés d’abor- 
der loin du rivage; un grand nombre de fleuves, 

armi lesquels nous citerons le Volga, le Terek, 
V'Aksaï, l’Oural et le Kour, y portent leurs eaux; 
il est maintenant reconnu que la communication 
souterraine que l’on prétendait exister entre Ja 
mer Caspienne ct la mer Noire est une fable dé- 
nuée de fondement. Parmi les iles qui bordent les 
côtes, on remarque celles de Ouga , de Popova, 
et de Thelchen, à l'embouchure du Volga. Le dé- 
troit d’Alpheron est formé par la presqu'île du 
même nom et trois autres îles, Sviatoï (la sainte), 


Lebejei (les Cygnes) et Jyloi (l'habitée). À peu de. 
distance du cap Touk-Karagan s'étend la grande 
île de Koutal, qui a 7 lieues de longueur sur 1 de 
largeur. 

L'opinion qui veut que le lac Aral ait été autre- 
fois uni à la mer Caspienne se trouve appuyée par 
une foule de témoignages. Strabon et Eratos- 
thène parlent tous deux du fleuve Oxus , aujour- 
d'hui Amou-Deria, qui se jette, disent-ils, dans la 
mer Caspienne. Outre qu'il n’est pas probable que 
les deux géographes aient confondu cette mer 
avec l’Aral, le capitaine Mouraviey a suivi dans 
l'espace qui les sépare le lit de l’'Amou-Deria jus- 
qu’à la mer Gaspienne, ce qui confirmerait encore 
cette opinion. D'ailleurs le desséchement conti- 
nuel de l’Aral est attesté par des faits physiques 
importans et par les traditions des Kirghiz qui en 
habitent les rivages. Ainsi des vieillards de cette 
nation assurent avoir vu les eaux de ce lac dans 
des endroits situés à plusieurs lieues de la limite 
actuelle, et le mont Sari-Bou/ack, aujourd’hui à 
12 lieues de l’Aral, est couvert de coquilles et 
d’ossemens de poissons qui prouvent que les eaux 
y ont long-temps séjourné, 

De plus, un des caractères les plas remarqua- 
bles du bassin de la mer Caspienne, c’est son 
extrême dépression; ainsi Astrakan se trouve |à 
300 pieds au dessous du niveau de l'Océan. Cette 
sorte d’entonnoir que les géographes nomment 
improprement plateau de l'Asie centrale, serait 
due, selon M. de Humboldt, au même soulèvement 
qui a formé le Caucase, l'Hindou-Kho et le pla- 
teau de la Perse qui entourent ce bassin; on re- 
marque aussi entre les monts Oural et l’Altaï une 
région d'anciens lacs qu’on prétend être les restes 
du grand lac Amer. De tous ces faits on peut 
donc induire sans trop de témérité que cette con- 
trée , qui a subi de vastes changemens par le des- 
séchement et les mouvemens du sol , formait au- 
trefois une mer dont la superficie était trois ou 
quatre fois plus étendue que la Caspienne actuelle. 
(Voy. AraL.) (J. H.) 

CASQUE, Cassis. (mor. ) Coquilles univalves 
marines confondues par Linné, et long-temps 
après par tous les naturalistes, avec les Buccins, 
dont elles diffèrent tant par la forme longitudi- 
nale de leur bouche, qui est toujours étroite et 
dentée sur le ‘bord gauche, que par un canal ter- 
minant leur base et brusquement replié sur le dos 
de la coquille. Lamarck, dont la pénétration ne 
saurait être trop louée , fut le premier à distinguer 
ces caractères, qui lui parurent suffisans pour for- 
mer un genre adopté depuis généralement. La 
coquille des Casques est fortement bombée dans 
presque toutes les espèces ; sa spire est courte et 
aiguë, sa columelle est plissée ou ridée transversa- 
lement, et quelquefois chargée de petits tubercules. 
Le bord droit est orné d’un bourrelet dont l’épais- 
seur et la largeur n’ont pas de limites. La taille 
de ces coquilles est très-varite ; certaines espèces 
ne dépassent jamais un pouce de longueur, d’au- 
tres atteignent jusqu’à un pied et peut-être plus. 
Parmi ces géans nous citerons les Casques de 


Madagascar 


Var! 


Casque 


Casse-noix 


Cassican 


oo 


CASS 17 


CASS 


mm 


Madagascar et tricoté; ce dernier est connu dans 
le commerce sous le nom vulgaire de Fer à re- 
asser , il est employé, ainsi que le Casque rouge, 
par les Italiens, pour la fabrication de ces camées 
connus sous le nom de camées-coquilles , avec les- 
quels on fait les plus jolies parures que les reines 
même ne dédaignent pas de porter. 
L'animal qui donne naissance à ces coquilles 
a été long-temps inconnu, M. de Blainville le 
signale, dans son Traité de Malacologie (page 
Lio), comme étant le même que celui des Buc- 
cins. C’est encore, de ce professeur, une erreur que 
nous ne pouvons passer sous silence ; et si nous 
n’analysons pas ici les organes qui distinguent ces 
deux genres, c’est pour ne pas dépasser les limites 
qui nous sont tracées dans cet ouvrage et pour ne 
pas empiéter sur les droits de MM. Quoy et Gai- 
mard , qui en ont donné deux très-bonnes figures 
dans les planches de leur Voyage autour du 
monde sur l’Astrolabe. L’une d'elles, celle du 
Casque bézoard, espèce décrite par Lamarck, a 
été reproduite dans notre Atlas, pl. 79, fig. 1. 
L'animal est d’un blanc sale, et avec une bordure 
jaune-orangée autour du pied. Vingt-cinq espèces 
ont été décrites par Lamarck dans son Histoire 
des An. sans vertèbres, pag. 218. Nous supprimons 
de ce nombre le Casque plume qui n’est que le 
jeune âge du C. rouge, el le Casque hérisson, sim- 
ple variété du GC. baudrier. Mais nous y ajoutons 
huit espèces nouvelles, dont trois fort rares ont 
été décrites par nous sous les noms de C. d’Era- 
MiNonDASs, GErMANICUS, et TrAyAN. Elles font partie 
de notre collection. (Ducr.) 
CASQUE. (1ns.) Quelques entomologistes ont 
traduit par ce mot le nom de galea, que Fabricius 
donnait à une partie de la bouche des OrrnorrTi- 
Res. (Ÿ”. ce mot.) (Guér.) 
: CASQUE, Galea. (BoT. pan.) On désigne ainsi 
la lèvre supérieure des corolles bilabiées, lors- 
qu’elle est voûtée et concave, comme oner voit un 
exemple dans la Sauge , l’Ortie jaune , etc. L’Aco- 
nit et l’'Orchis ont aussi une partie de leur fleur 
disposée en Casque. (L.) 
, CASSAVE. (mor. Pnax.) Sorte de pain ou de 
gâteau préparé avec la râpure fraîche des racines 
du Jatropha manihot (arbrisseau qui croît natu- 
rellement dans l'Amérique du Sud, et qui appar- 
tient à la famille des Euphorbiaciées de Jussieu) , 
que l’on étend sur des disques de fer , et que l’on 
fait cuire à une forte chaleur, afin d’en chasser 
tout le principe vénéneux. (F. F.) 
CASSE, Cassia. (BoT. HAN.) Un grand nombre 
d'espèces, ayant en général peu d’agrément , dont 
quelques unes sont cultivées par simple curiosité, 


quatre ou cinq comme ornement , et deux seules 


pour leurs propriétés, constituent ce genre de la 
famille des Légamineuses et de la Décandrie mo- 
nogynie. La jouissance des premières ne répond 
pas aux soins qu'elles coûtent; les secondes sont 
de pleine terre, elles intéressent par leur beau 
feuillage et par les grappes fleuries qui les déco- 
rent ; l'utilité des troisièmes, comme plantes mé- 
dicinales, justifie pleinement l'attention qu’on leur 


Tome II. 


accorde. Botaniquement prises, les Casses offrent 
dans la forme de leurs gousses, dans le nombre 
des valves, dans leur nature sèche ou pulpeuse, 
des variations si grandes qu’on les croirait étran- 
gères les unes aux autres sans la fleur qui les rap- 
proche. Le calice a cinq divisions très-profondes, 
colorées et caduques ; la corolle est pentapétale, 
les pétales inférieurs plus grands; dix étamines 
distinctes, dont troisinférieures plus longues sont 
munies d’anthères arquées; les quatre latérales 
ont les anthères courtes, et les trois supérieures 
sont petites et à anthères stériles. L’ovaire est pédi- 
culé. Toutes les Gasses sont des plantes dormantes, 
c’est-à-dire qu’elles resserrent leurs feuilles le 
soir, et qu’elles les étalent chaque matin aux 
premiers rayons du soleil. (Foy. PLanres por- 
MANTES). 

Deux mémoires ont jeté le plus grand jour sur 
ce genre, à l'égard duquel les botanistes ont émis 
des opinions très-opposées : l’un est botanique, 
on le doit au docteur Colladon de Genève : l’autre 
est purement médical, son auteur est le docteur 
Nectoux. J’y renvoie avec plaisir. 

Les deux espèces d’usage en médecine sont Ja 
Casse PURGATIVE , C. fistula, que l’on verra figurée 
dans notre Atlas, pl. 79, fig. 2, ct la Casse d’Ira- 
LIE, C. senna, dont les effets sont beaucoup plus 
puissans ; elle purge bien, mais elle est sujette à 
occasioner des tranchées ; elle est de plus nauséa- 
bonde, ce qui force, pour en corriger le goût, 
d’ajouter à son infusion ou décoction quelques 
graines de coriandre. La première porte vulgaire- 
ment, le nom de canéficier que rien ne justifie puis- 
qu’elle purge doucement, sans causer d’irritation!, 
et celui de Casse en bâton, à cause de ses gousses 
noirâtres, cylindriques, longues d’un mètre et 
quelquefois plus. La seconde devrait s’appeler de 
préférence Séné d'Egypte, puisqu'elle est origi- 
naire de ce pays, et qu’elle n’est quecultivée dans 
la célèbre péninsule. 

Parmi celles que l’on admet dans les jardins 
d'ornement, la plus éclatanteest la GAssE CRETELLE, 
C. chamærrista. Gette plante annuelle, originaire 
de la Jamaïque, des Barbades et de la Virginie, 
se soutient en France en pleine terre, même sous 
la zone de Paris, mais, en cette dernière situation, 
elle ne porte presque jamais de fruits. Ses tiges 
herbacées s'élèvent au plus à un mètre ; elles don- 
nent des fleurs en juillet, grandes, d’un beau 
jaune et marquées de deux petites taches pourprées. 
Je place à côté d’elle 1° la Casse pu Manyranr, 
C. marylandico, qui monte un peu plus haut, 
fournit des tiges nombreuses d’un vert jaunûtre , 
chargées de grappes jaunes, courtes , aux aisselles 
des branches, et au sommet des épis clairs de 
même couleur, ce qui produit un effet des plus 
remarquables, durant sa floraison aulomnale ; 
2° la Casse A FEUILLES EN Faux, C. falcata, joli ar- 
brisseau de l'Amérique, aux feuilles d’un vert 
foncé, courbées en faucille, de même que les si- 
liques qui succèdent à des fleurs nombreuses, 
rangées en bouquets d’un très-beau jaune , et dont 
la tige monte jusqu’à trois et quatre mètres ; eb 


83° Livraison, 3 


——__———————— 


CASS 


18 


CASS 


oo 


la Gasse À cousses AILÉES, €. alata, qui se dis- 
tingue par ses larges feuilles , mais qui dure peu. 

Le mot Casse est appliqué à plusieurs végétaux 
étrangers au genre dont je viens de parler. CGitons- 
en quelques uns. 

Casse. Quelques personnes estiment que ce 
nom donné au Chêne roure, Quercus robur, est 
d’origine gauloise , parce qu’il est conservé dans 
les dialectes gascons. Je ne sais jusqu’à quel point 
cette singulière assertion est fondée. 

Gasse AROMATIQUE. On donne improprement ce 
nom à une espèce de Cannelier, quoiqu'elle ap- 
partienne à une tout autre famille que les Casses 
proprement dites, dont l'écorce n’est nullement 
odorante, et dont le fruit n’a aucun rapport avec 
celui des Laurinées. 

Casse-LunxeTTE. Nom vulgaire du bluet ou bar- 
beau des champs, Centaurea cyanus. 

Casse-pIgRRE. On donne indistimctement ce 
nom vulgaire au BACILLE DES BORDS DE LA MER, 
Crithmum maritimum ; à la PARIÉTAIRE COMMUNE , 
Parietaria officinalis ; à diverses saxifrages, particu- 
lièrement à celles des botanistes, Saxifraga pe- 
træœa , etc. , parce que ces plantes se plaisent sur 
les rochers. 

Casse-ror. Quand on brûle le bois du Cestreau 
à feuilles de laurier, Cestrum laurifolium , 11 éclate 
et brise tous les vases qu’on expose devant le feu 
qu’il entretient : de là le nom vulgaire qu’on lui 
donne dans la Guiane, et surtout au Pérou. 

(T. ». B.) 

CASSE-NOIX, Cucifraga. (o1s.) Ce genre ap- 
partient à la famille des Gorvidés ou Corbeaux; 
on peut le caractériser ainsi qu'il suit: Bec en 
cône long, eflilé à sa pointe, à bords tranchans, 
et garni de plumes sétacées à sa base; mandibule 
supérieure plus longue que l’inférieure ; narines 
rondes, ouverles et cachées par des poils dirigés 
en æant; tarses plus longs que le doigt du milieu ; 
ailes acuminées , à quatrième rémige la plus 
longue, F 

Ce genre est composé d’une seule espèce eu- 
ropéenne , qui semble former par ses habitades 
le passage du genre Gorbeau à celui des Pies ; son 
bec d’ailleurs a beaucoup de, rapport avec celui 
de certains de ces derniers. Le Casse-noix se tient 
sur les arbres, frappe leur écorceel la perce pour 
prendre les insectes et les larves qui y font leur 
demeure ; il recherche aussi lesfruits, les noyaux , 
quelquefois les charognes et surtout les noisettes , 
ce qui lui a valu son nom. 

Cet oïseau, appelé en latin Vucifraga caryoca- 
lactes, est représenté à la planche 70, fig. 3 de notre 
Atlas. Il a le corps entier d’an gris fuligineux , 
sans tache sur le sommet de la tête et flammé de 
blanc au centre de chaque plume; ses vectrices 
sont terminées par une teinte blanche; son bec 
et ses pieds sont de couleur livide ; iris brun. £a 
femelle est d’un brun nuancé de roussâtre. L’es- 
pèce ne mue qu'une fois chaque année ; on en voit 
des variétés accidentelles d’un blanc pur ou barré 
de jaunâtre , avec des taches plus foncées ; les ailes 
et la queue sont quelquefois de couleur blanche. 


| 


Le Casse-noix se trouve dans toute l’Europe; il 
préfère les montagnes couvertes de bois, et se li- 
vre à des migrations; il passe régulièrement dans 
certaines contrées, dans d’autresil reste plusieurs 
années sans se montrer. Il niche à terre, dans les 
trous des arbres , et pond cinq ou six œufs, d’un 
gris fauve, avec des taches rares d’un gris brun 
clair. (GErv.) 

CASSE-NOYAUX ou GASSE-ROGNON. (ors.) 
Nom vulgaire du Gros-Bec. Voyez ce mot. 

> (Guër.) ” 

CASSICAN, Barita. (ois.) Buffon a donné ce 
nom à un oiseau qui a quelques rapports avec 
les Cassiques par la forme de son corps et l’échan- 
crure de «on front, et avec les Toucans par la 
conformation du bec. Gmelin et Latham ont 
rangé le Cassican parmi les Rolliers, sous le nom 
de Coracias varia; Guvier en a fait le type d’un 
petit genre nouveau, et l’a placé à la suite des 
Pies-grièches en lui donnant pour caractères : un 
bec grand , conique, droit et rond à sa base, en- 
tamant les plames du front par une échancrure 
circulaire ; sa poitrine est crochue, échancrée la- 
téralement ; narines petites, linéaires, non entou- 
rées d’un espace membraneux ; ailes médiocres 
ou longues, ayant leur quatre premières rémi- 
ges étagées , et la sixième ou la cinquième la plus 
longue. 

Ces oiseaux forment le passage des Corbeaux 
aux Pies-grièches ; ils sont omnivores comme les 
premiers, et ont la voix criarde et les habitudes 
bruyantes des autres. Certaines espèces ont le 
brillant plumage des oiseaux de Paradis; d’au- 
tres au contraire ont les teintes sombres des 
corbeaux et des pies : il est-probable qu’on les di- 
visera en plusieurs groupes correspondant à leur 
distribution géographique. 

Les unes viennent de la Nouvelle-Guinée , les 
autres de la Nouvelle-Hollande et des îles envi- 
ronnantes. Nous n'indiquerons que les prin- 
cipales : 

Cassican VARIE, ou proprement dit, le Cora- 
ciasvaria de Gmelin, quiest l’espècetype dugenre, 
a été nommé par Vieillot Craclicus varius , pl. 
enl. 628. Get oiseau , qui paraît être de la Nou- 
velle-Guinée, d’où il à été envoyé à Buffon par 
Sonnerat, à le cou, la tête, le haut de la poi- 
trine et le dos noirs ; le croupion, les couvertures 
supérieures de la queue et le dessous du corps 
blancs, les couvertures supérieures des ailes blan- 
ches avec des taches noires; son bec est bleuâtre, 
ses pieds sont noirs. Près de cette espèce on doit 
ranger le Barita strepera, Guvier, Icon. du Règne 
animal, pl 6, fig. 3. Get oiseau est tout noir 
avec un miroir aux ailes, la base et l’extrémiié 
de la queue blanches. Il vient aussi de la Nou- 
velle Hollande , et est représenté dans notre Atlas, 
pl 79; fig. 4. 

Cassican cazveé , Cracticus chaly beus, Vieillot. 
Get oiseau, décrit par Le Vaillant dans ses Oiseaux 
de Paradis, p. 64, et figuré à la pl. 23 du même 
ouvrage, habite la Nouvelle-Guinée , où äl paraît 
commun. à 


D 


CASS 


9 CASS 


ml 


Cassican révelzzeur , le grand CGalybé ou Ca- 
1ybé bruyant de Le Vaillant, Ois. de Paradis, 
p. 67 et pl. 24. Gette espèce est de la taille d'une 
Corneille ; elle est commune dans l’île de Norfolk. 
Son nom vient de l'habitude qu’elle a de s’agiter 
beaucoup , et de pousser pendant la nuit des cris 
assez forts. 

Cassican DE Quoy , Baryta Quoyi, Less. AU. 
de Latr,. Coquille, pl. xiv. Get oiseau a été trouvé 
à la Nouvelle-Guinée ; il a treize pouces de lon- 
gueur totale; son bec, long de deux pouces est 
robuste et de couleur blanchäâtre, passant au 
bleu noir vers le milieu, l'extrémité des mandi- 
bules d’un noir vif; le plumage est partout d’un 
beau noir lustré. Get oïseau a les habitudes 
‘bruyantes de ses congénères ; il s’agite sans cesse 
sur les branches où il se tient perché. (Gerv.) 

CASSIDAIRE, Cassidaria. (mous. ) On désigne 
sous ce nom quelques espèces de coquilles uni- 
valves qui ont les plus grands rapports avec les 
Casques, mais qui en ont été séparées par La- 
marck, parce qu’effectivement il y a des diffé- 
rences dans les caractères. 

- La coquille des Cassidaires est facile à recon- 
maître par le canal plus ou moins court qui termine 
inférieurement son ouverture et n’est jamais re- 
plié sur le dos, c’est-à-dire n’oflre qu'une légère 
courbure ascendante. Le mollusque des Cassidaires 
est un trachélipode, appartenant à la famille des 
Purpurifères de Lamarck ; le nombre des espèces 
qui constituent ce genre est fort minime; on n'en 
conpaît encore qu’une dizaine, tant vivantes que 
fossiles, dont la plus grande porte le nom de 
Thyrrénienne, et peut atteindre quatre pouces de 
Jongueur. Elle est légèrement sillonnée transver- 
salement, fort légère, d’un beau blanc, et habite 
la Méditerranée. Chemnitz en donne deux assez 
bonnes figures à sa planche 153, n° 1461 et 
1462. (Ducr.) 

CASSIDAIRES , Cassidariæ. Tribu de Goléop- 
ières de la famille des Gycliques. Les insectes 
qai forment cette tribu ont les antennes très-rap- 
prochées à leur insertion à la partie supérieure de 
la tête , droites, quelquefois un peu renflées gra- 
duellement vers le bout ; la bouche est inférieure 
et enfoncée ; les palpes sont courts, presque fili- 
formes; les yeux entiers ; les pattes courtes , con- 
tractiles, avec les tarses déprimés. Les genres 
dont se compose cette tribu sont peu nom- 
breux; on ne connaît les larves que des cassices, 
(PF. Hispe et Cassin.) (A.iP.) 

CASSIDE, Cassida. Genre de Goléoptères, de 
la section des Tétramères , famille des Gycliques, 
ribu des Cassidaires, qui se distingue des genres de 
la même tribu par les caractères suivans : corps 
orbiculaire , méplat en dessous , bombé.en dessus; 
le corselet demi-circulaire cache la tête, ou l'en- 
cadre dans une échancrure antérieure ; les élytres 
débordent le corps. Les mandibules sont munies 
de quatre dents ; les mâchoires ont le lobe exté- 
rieur aussi long que l'intérieur. Linné a créé ce 
genre, un des mieux tranchés de l’ordre des Co- 
iéoptères; depuis lui, on en a démembré le genre 


Imatidie , qui comprend les espèces où la tête, 
au lieu d’être recouverte par le corselet , estseule- 


‘ ment emboîtée dans une échancrure. 


Les métamorphoses d'une espèce (la C. verte) de 
ces insectes ont été étudiées avec soin par Réau- 
mur, et méritent d’être rapportées. 

La larve a le corps très-plat, mou, et de cou- 
leur variable , depuis le vert clair jusqu’au noir ; 
sa têle, très-petite, est cachée sous le premier seg- 
ment qui forme une espèce de corselet ; chaque 
côté du corps est armé d’un rang d’épines bran- 
chues ; l'extrémité du corps, où est l'anus, est 
tronquée et relevée en haut; il est en outre armé à 
droite et à gauche, un peu avant l'extrémité , de 
deux appendices mobiles , sétacés , égalant 
presque la longueur du corps, et que l’insecte 
peut à volonté relever au dessus du corps; pour 
se garantir du soleil, qui aurait bientôt tué cette 
larve, elle use d’un moyen assez singulier ; c’est 
de se faire un parasol avec ses excrémens, et 
voici comment elle s’y prend. Les premières par- 
celles qui sortent de l'anus sont par celui-ci dépo- 
sées sur les deux appendices dont nous avons parlé, 
et qui se trouvent couchés sur le dessus du corps; 
là poussées par d’autres , elles avancent toujours du 
côté delatête, s’y durcissent, et acquièrent assez 
d'homogénéité pourtenirentreelles,sans être soute- 
nues autrement que par celles qui viennent ensuite ; 
cet abri ne touche nullement au corps de l’insecte, 
qui peut le rapprocher plus ou moins de son corps 
en faisant varier les deux supports de la position 
horizontale à la position verticale; quand dans 
l'intervalle arrive une mue, l’insecte dégage d’a- 
bord son corps, et la vieille peau, par les ondu- 
lations du corps, se trouve chassée vers son extré- 
mité, et de là remonte vers la tête, le long des 
deux appendices, qu'il faut tirer de la vieille dé- 
pouille, et ce doit être le plus difiicile; cette 
opération doit naturellement entraîner la destruc- 
tion de la couverture, mais en quelques heures 
l’insecte a réparé sa perte. Quand vient le chan- 
gement en nymphe, ces appendices, qui ont rendu 
tant de services à l’insecte, disparaissent; le corse- 
let s'agrandit beauconp et offre en devant une 
forme demi-circulaire ; les épines latérales ac- 
quièrent un développement singulier, de bran- 
chues qu’elles étaient elles deviennent foliacées ; 
toute cette nymphe est verte ; au bout d’une quin- 
zaine de jours l’insecte parfait en sort. 

Les Annales du Muséum offrent la description 
d’une autre larve, que nous passons sous silence, 
parce qu'on ne sait à quelle espèce la rapporter 
posilivement; mais nous allons extraire la descrip- 
tion de la forme singulière qu’elle fait prendre à 
ses excrémens pour former son manteau : « Re- 
présentez-vous un assemblage d’un grand nom- 
bre de corps déliés, semblables à de petits brins 
de fil un peu noueux, ou comme articulés, d’un 
brun jaunâtre , arquéset disposés presque horizon- 
talement sur deux faisceaux, dont chacun est com- 
posé de filets qui ont leur courbure dans le même 
sens; faites que ces faisceaux se réunissent par les 
extrémités de leurs arcs, et forment ainsi des 


CASS 


20 


CASS 


ovales concentriques ; supposez que les ovales les 
plus internes soient plus petits , plus nombreux et 
plus ramassés ; élevez un peu plus que les autres 
cette partie; que tout ressemble à un petit nid 
renversé, et dont le centre est ouvert; vous au- 
rez une idée du manteau qui couvre notre larve, 
et qui la dérobe aux regards de l’observateur. » 

Le nombre des espèces connues de ce genre est 
très-considérable , et formerait à lui seul un vo- 
Jume dont les planches offriraient la représenta- 
tion des couleurs les plus variées et des formes les 
plus bizarres ; mais toutes ces subdivisions si ex- 
traordinaires sont exoliques,etnousnous bornons à 
parler de quelques unes des espèces les plus 
faciles à reconnaître parmi celles de notre pays; 
car, quoique plusieurs possèdent des couleurs 
métalliques brillantes, elles disparaissent avec la 
vie de l’animal. 

GC. verre, C. viridis, Lin., Rœsel, ins., 2, 
scar. 3, tab. 6. Verte en dessus ; tête, dessous du 
corps el première moitié des fémurs noirs ; an- 
tennes , seconde partie des fémurs , reste des pat- 
les fauves; les angles du corselet joignent les angles 
des élytres, celles-ci sont ponctuées, et les points 
de ces dernières forment quelquefois des stries. 
Commune sur les artichauds. 

C. TrHoracique, C. thoracica, Panz., Faun. ins. 
Germ., fasc. 58, tab. 24, ne diffère de la précé- 
dente que par les pattes entièrement jaunâtres, et 
l'extrémité des antennes noire. D'Europe. 

C. PpaNacu£e, C. varia, Degeer. Longue de 2 à 
3 lignes, verdâtre étant jeune, rougeâtre plus 
âgée, avec les élytres parsemées de points noirs ; 
tout le corps en dessous est noir. Paris. 

(A. P.) 

CASSIDULE , Cassidulus.  (zoopn. f£cin.) 
Genre établi par Lamarck, dans ses Radiaires échi- 
nides, pour des animaux que nous devons aujour- 
d'hui caractériser de la manière suivante : corps 
irrégulier , elliptique, ovale ou subcordiforme, à 
bouche centrale , symétrique , à supports osseux 
adhérens dans la cavité duitest, à ambulacres 
bornés, muni de quatre pores génitaux, ayant 
l’anus au dessus du bord, les aires sub-égales,. 

Nous prenons une partie de ces caractères dans 
le beau travail que M. Charles Des Moulins fait 
sur les Echinides en général, et qui, selon le désir 
des naturalistes qui savent apprécier le talent de 
ce zoologiste paraîtra bientôt. 

Lamarck décrit quatre espèces de ce genre; mais, 
d’après les observations de M. Charles Des Moulins, 
l’une d'elles, le Cassidulus Caribæorum, est une nu- 
cléolite. (B.) 

CASSIE. (mor. PxAn.) C’est le nom du Mimosa 
farnesiana en Provence, où cet arbre fleurit en 
pleine terre. (Guënr.) 

CASSIOPÉE , Cuassiopea. (zo0Pm. ACAL. ) 
Genre établi par Péron pour des médusaires qui 
ont plusieurs bouches au disque inférieur de l’om- 
belle ; celle-ci sans pédoncule, mais garnie de bras 
en dessous et de tentacules au pourtour. On ne 
connaît encore que quatre à cinq espèces de ce 
genre, sur lequel M, Delle Chiaie, anatomiste na- 


politain, a jeté un si grand intérêt en décrivant le 
Cassiopea borbonica des mers d'Italie. L'espèce 
type du genre est la Cassiopæa frondosa ( Me- 
dusa frondosa, Pallas), représentée dans notre 
Atlas, pl. 80, fig. 1. Elle est entièrement transpa- 
rente et bleuâtre; on la rencontre dans les mers 
du Nord. 2 "(R) 

CASSIQUE, Cassicus. (ois. ) Les espèces de ce 
genre appartiennent à l'Amérique ; elles ont pour 
caractères communs un bec en cône allongé, droit 
ou légèrement arqué, pointu , à mandibule supé- 
rieure sans arêle, avec une place nue, arrondie’, 
qui s'étend sur le crâne. 

Les Cassiques se nourrissent de baies , de graines 
et d'insectes ; la plupart se rassemblent en troupes 
nombreuses. Ils suspendent leur nid à l’extré- 
mité des plus petites branches sur des arbres éle- 
vés, et le composent de brins d'herbes entrelacés 
avec des filamens longs et très-déliés , qui provien- 
nent des végétaux, et notamment d'une espèce 
de Tillande , le T'illandica usneoides de Linné. Les 
Cassiques ont un cri désagréable et peu sonore , 
qui ressemble assez à celui des troupiales ; ils vi- 
vent d'insectes et de graines, et leurs troupes 
nombreuses font de grands ravages dans les 
champs cultivés; leur chair a une odeur musquée 
qui la rend désagréable. {\ 

Cassique nurpé, Oriolus cristatus de Gmelin, 
est une espèce de ce genre longue environ de dix- 
huit pouces. On la trouve dans les bois à Cayenne 
et dans la Guiane ; les créoles lui donnent le nom 
de cul-jaune des palétuviers. 

Gassique varou, Cassicus persicus, est une au- 
tre espèce très-commune à Cayenne et dans plu- 
sieurs autres contrées de l'Amérique méridionale. 
Elle vit par troupes auprès des eaux, dans les lieux 
découverts ; sa nourriture consiste en insectes et 
en fruits. Le nom d’Yapou ou d'Yacou qu'on a 
donné à ces oiseaux exprime leur cri; on les tient 
en captivité à cause de Ja facilité avec laquelle ils 
apprennent à parler. 

Cassique Jupura, Cassicus hæmorrhous, L. Cet 
oiseau, le même que le Cassique rouge de Buffon, 
Enl. 482, ressemble assez au précédent pour que 
quelques auteurs aient cru ne pas devoir l’en dis- 
tnguer. 

Cassique Nom, Cassicus niger. Le Troupiale 
noir de Buffon, Enl. 534, se trouve à Saint-Do- 
mingue, à la Jamaïque et à la Guiane; il se tient 
ordinairement dans la campagne et fond par 
troupes sur les champs de riz. 

Cassroux A TÊTE BLANCHE , C. Leucocephalus 
de Daudin, est regardé par Mauduit comme une 
variété du précédent. 

CaAssiQuE MÉLANICTÈRE, C. melanicterus, Ch. 
Bonaparte, Journ. Acad., Philad. IV, p. 38, doit 
être placé dans ce genre; il est généralement 
noir, avec la huppe, le croupion, les couvertures 
des ailes et la queue jaunes. Longueur, sept 
pouces et demi. Habite Mexico. 

MM. Quoy et Gaimard ont décrit, dans la par- 
tie zoo logique du voyage de l’Uranie, deux autres 
espèces de ce genre. (Genv.) 


PIE 0, 


1. Cassiopée. 2. Castagnole. 4. Castahe. 4. Castele 
è 


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PL. 82 


2. Cassumunar ZAC atalpa 3. Caurale. 


LE. Cuerin dr 


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21 CAST 


CAST 


————————— 


CASSITÉRITE. (min. ) Ce nom, qui dérive 
d’un mot grec qui signifie Etain, se donne, dans 
la nomenclature de M. Beudant, à l’oxide de ce 
métal. Ce minéral, ornement des collections par 
sa couleur, son éclat et sa cristallisation , se com- 
pose de 91 à 99 pour cent d'oxide d'étain; de 
quelques parties d’oxide de fer, et quelquefois de 
manganèse et' de silice. Nous renvoyons sa des- 
cription à l’article ÉrTaïn. (OF HS) 

CASSUMUNAR , Cassamunar. (BOT. PHAN. ) 
Nouveau genre créé, en 1835, par Colla, avec 
une plante que Roxburgh, savant botaniste voya- 
geur, a le premier fait connaître. Il appartient à 
la Monandrie monogynie, et se place naturelle- 
ment dans la famille des Amomées, entre les genres 
Gingembre et Amome. En voici les caractères : 
spathe double, l’extérieure infère herbacée, la 
supérieure pétaloïde; le limbe de la corolle tri- 
parlite, l’autre bifide; filament allongé ; anthère 
nue ; Stigmate tronqué. On n’en connaît encore 
qu’une seule espèce, le gassumunar Roxburghii, 
dont nous donnons le portrait, pl. 82 , f. 1, de notre 
Atlas, d’après un beau dessin de madame Billotti, 
de Turin. Cette espèce a fleuri en août 1829 dans 
les serres du jardin botanique de Rivoli (v. Jarpin 
BOTANIQUE) ; elle est originaire de l'Inde. Sa ra- 
cine tubéreuse est grise en dehors, jaunâtre en 
dedans, d’un goût un peu âcre, amer et aroma- 
tique; son odeur est agréable; ‘sa tige droite, 
herbacée, avec des feuilles glabres , lancéolées, et 
des fleurs bleuâtres. On lui attribue des propriétés 
médicinales qui ne sont pas encore parfaitement 
constatées. (T. ». B.) 

CASTAGNEUX. (ors.) Espèce du genre GràBx. 
(7. ce mot.) (Guër.) 

CASTAGNOLE , Brama: ( porss. ) Genre établi 
par Bloch et Schneïder aux dépens des Spares de 
Linné, et adopté par Cuvier (Règne anim.,t. 11, 
p- 194), qui le place dans la famille des Squami- 
pennes, parmi les Acanthoptérygiens ; il rentre 
anssi dans les Léiopomes de Duméril ; les Casta- 
guoles tiennent à celte famille par les écailles qui 
couvrent leurs nageoires verticales, lesquelles n’ont 
qu'un petit nombre de rayons épineux, cachés 
dans leurs bords antérieurs, mais elles ont des 
dents en cardes aux mâchoires et aux palatins ; 
le profil élevé, le museau très-court. le front 
descendant verticalement ; une dorsale et une 
anale basses, mais commencant en pointe saillante. 
Le genre Castagnole a pour type la Casracnoze 
PROPREMENT DITE, Crama Ra, Schneïd. , pl: 99, 
Sparus Raü, Bloch, 275, Brème dentelée, Encycl. 
Ge poisson a lamâchoire supérieure garnie de deux 
rangées de dents minces, égales ; un rang de dents 
semblables paraît à la mâchoire supérieure. Le 
corps est plus haut dans sa partie antérieure que 
dans sa partie postérieure ; les écailles sont molles 
et lisses; en général, la forme de la Castagnole 
est facile à distinguer de celle des autres poissons. 
La couleur est celle de l'acier bruni. Cette espèce, 
originaire de la Méditerranée, s’égare quelquefois 
dans l'Océan; sa nourriture consiste en petits pois- 
sons ct en frai; sa chair est blanche et molle: ce- 


pendant elle est bonne à manger lorsque le poisson 
appris tout son développement et qu'il a vécu dans 
des endroits pierreux. On le prend pendant l'été 
avec des filets ou deslignes; et l’on profite souvent, 
pour le pêcher, des temps d’orage et de tempête, 
pendant lesquels il se réfugie près des rivages et 
sur les bas-fonds. Nous avons représenté celte es-- 
pèce dans notre Atlas, planche 80, figure 2. 
(Azpu. G.)- 

CASTALIE, Castalia. (mozr. ) Lamarck a 
donné ce nom à un genre de coquilles bivalves, 
de la classe des Acéphales, formé aux dépens du 
genre Mulette, Unio, et n’en différant que par la 
coquille, qui est un peu en cœur, siriée en rayons, 
avec les dents et les lames de la charnière sillon- 
nées en travers de leur longueur, ce qui leur donne 
quelques rapports avec celles des Trigonies. Ces 
coquilles se trouvent dans les fleuves de l’intérieur 
de l'Amérique méridionale, et elles sont très-rares 
el très-recherchées des amateurs ; aussi leur prix 
esl-il fort élevé, car elles valent encore de 80 et 
100 fr. la pièce. On n’en connaissait qu'une es- 
pèce, brune en dehors, nacrée en dedans, la 
CAsTALIE AMBIGUE, C. ambigua, Lamarck, repré- 
sentée dans notre Atlas, pl. 80, fig. 3. Mais 
M. d'Orbigny, qui vient de faire un voyage de sept 
ans dans l’intérieur de l'Amérique méridionale, en 
a découvert d’autres individus qui semblent cons- 
tituer des espèces nouvelles. On pourra bientôt 
en voir des descriptions accompagnées de bonnes 
figures, dans le grand ouvrage qu'il va fpublier 
avec les immenses matériaux recueillis pendant 
son voyage. (Guér.) 

CASTELA, Castela. (mor. pHan.) Il méritait 
bien l'auteur du Poème des plantes, Louis René 
Castel, de Vire, avec lequel j'ai été très-lié, qui 
est mort à Reims, le 15 juin 1832, de voir son 
nom donné à un genre de plantes de la Polygamie 
monoécie, et de la famille des Rhamntes. Ce 
genre, créé par Turpin.en 1806, est composé 
de deux espèces, originaires de l'Amérique méri- 
dionale : la première , le Castela depressa, se 
trouve dans l'ile de Haïti, entre Montchrist et 
Saint-Yague; la seconde, le Castela erecta, pro- 
vient de la petite île Anligoa, l’un des meilleurs 
ports des Antilles. 

Le CasTeLA coucné est un arbriseau se divi- 
sant, dès la base, en plusieurs rameaux flexibles, 
longs d’an mètre , subdivisés en un grand nombre 
de petites branches terminées en pointes épineuses, 
garnies de feuilles alternes, oblongues , d’un vert 
luisant en dessus, et en dessous d’un blanc ar- 
genté, semblable à celui de l'écorce ; fleurs pur- 
purines, réunies deux à quatre dans les aisselles des 
feuilles , auxquelles succèdent quatre, rarement 
cinq drupes ovales, de la grosseur d’un pois or- 
dinaire, disposés en étoiles autour d’un récep- 
tacle commun, et d’un beaü rouge de feu. Son 
utilité n’est point connue. 

Le CasreLa pnoir s'élève à un mètre et demi, son 
écorce est brune, ses feuilles lancéolées; lesfleurs, 
s’épanouissant en juin ct juillet , naissent de même 
par petits groupes axillaires. Nous avons repré- 


mé 


CAST 


senté le premier dans notre Atlas, pl. 80, fig. 4. 
La beauté de ces deux arbrisseaux peint bien les 
gracicuses idées répandues dans le Poème des 
plantes, le charme que l’on goûtait dans la société 
de son auteur; comme les épines de ses rameaux, 
qui défendent de les toucher sans précaution, re- 
présentent bien l’irritabilité du poète. 

On croit que plus tard ce genre formera une 
faænille particulière entre les Ochnacées et les Si- 
maroubées : c’est du moins l'opinion d’un bota- 
niste qui se complaît à couper toutes les familles 
établies , et à les multiplier à l'infini. 

(T. ». B.) 


 CASTNIE , Castnia. Genre de Lépidoptères, 
de la famille des Crépusculaires ; il fait partie de 
celte division que Latreille anommée Æesperisphin- 
ges, exprimant, comme on le voit, qu’elle fait la 
liaison entre les Hesperies et les Crépusculaires 
proprement dits. Fabricius, qui avait établi ce 
genre, l'avait uni avec les Lépidoptères diurnes. 
Les antennes sont simples, épaissies près de l’ex- 
trémité, qui se termine en pointe tournée en cro- 
chet, sans houppe de poils à l’extrémité; la trompe 
est toujours distincte, et les palpes de trois arti- 
cles bien apparens. Ge qui distingue principale- 
ment ce genre de ceux qui en sont voisins dans la 
même coupe, ce sont les antennes épaissies vers 
leur milieu, et les palpes courts, larges et cylin- 
driques. On ne connaît encore que peu d'espèces, 
toutes propres à l'Amérique. 


GC. 1canus, C. icarus, Godard , représentée dans 
notre Atlas, p. 81, f. 1.Envergure de 3 à 4 pouces; 
on en trouve cependant quelquefois des individus 
plus pelits; le dessus des premières ailes est brun, 
parsemé de taches grisâtres et chatoyant en violet 
sous différens aspects jiles secondes ailes sont rou- 
ges avec la base, deux bandes et le bord terminal 
noirs; en dessous les premières ailes ont la base 
rouge, avec quelques traces des bandes noires. Il 
se trouve à Surinam. (A. P.) 


CASTOR , Castor. (max.) Ce genre appartient 
à l'ordre des Rongeurs; il ne comprend qu’une 
seule espèce, vulgairement connue sous les noms 
de Bièvre où Castor. 


IL est, comme nous l'avons dit, de l’ordre 
des Rongeurs, et prend place parmi ceux qui 
ont des clavicales bien distinctes; ses caractères 
sont : la queue aplatie horizontalement, couverte 
d’écailles, et de forme ovale; doigts au nombre de 
cinq partout, les antérieurs plus courts que ceux 
de derrière qui sont réunis par une membrane ; 
les dents au nombre de vingt , savoir ? incisives , 
et <-© molaires; celles-ci sont à couronne plate; 
elles semblent formées par un ruban osseux re- 
plié sur lui-même, de telle sorte qu’on voit une 
échancrure au bord interne, et trois à l’externe 
dans les supérieures, et vice versa dans les infé- 
rieures. 

Les Castors sont originaires de toutes les con- 
trées froides et tempérées de notre hémisphère ; 
on les trouve dans l’Amérique septentrionale , au 
Canada, dans les États-Unis, au Labrador, et sur 


CAST 


le banc de Terre-Neuve, ainsi que dans l'Asie et 
tout le nord de l'Europe jusqu’au Rhône : quoi- 
que partout ils ne présentent pas les mêmes habi- 
tudes, et que souvent ils diffèrent aussi par la co- 
loration, on a tout lieu de penser qu'ils appar- 
tiennent à une même espèce. 

. Ce sont d’assez grands animaux, dont la vie est 
aquatique , et qui se nourrissent de matières orga- 
niques végétales , telles que les feuilles , les racines 
et les écorces d'arbres: aussi ont-ils les dents in- 
cisives très-vigoureuses. Ces dents, comme celles 
de tous les Rongeurs, repoussent à mesure qu’elles 
s’usent , de sorte que leurs dimensions sont tou- 
jours à peu près les mêmes. 

L’anus et l’orifice des organes génito-urinaires 
viennent aboutir dans une cavité commune: de 
chaque côté sont deux paires de poches glandu- 
leuses; la paire supérieure recoit des glandes pla- 
cées auprès d'elles, une humeur graisseuse et for- 
tement odorante, à laquelle on donne le nom de 
Castoreum, Elles sont garnies d’un grand nombre 
de plis ou lames saillantes , et viennent aboutir au 
prépuce par un conduit plus ou moins allongé. 
Ces poches , séparées de l'animal et remplies de 
leur humeur, sont connues dans le commerce de 
la droguerie sous le nom de Castoreum ; pendant 
long-temps on a pensé que c’étaient les testicules, 
et quelques auteurs ont écrit que l’animal se les 
arrachait lui-même lorsqu'on le poursuivait ; espé- 
rant sauver sa vie en se mutilant ainsi. 

Le Cast#r a recu de Linné le nom latin de Cas- 
tor fiber ; il surpasse le blaireau par la taille ; sa 
longueur totale est de trois pieds environ, sur les- 
quels la queue en compte un ; il a près d’un pied 
de haut; ses formes sont lourdes et ramassées 
son pelage est bien fourni, et généralement d’un 
roux marron , plus foncé aux parties supérieures : 
mais on trouve souvent des individus qui offrent 
d’autres teintes ; quelques uns sont gris et même 
blancs (l'espèce du yastor albus , Briss. règ. anim., 
repose sur un individu de cette variété), d’autres 
bruns ou noirs. Nous avons”représenté le Castor 
fiber dans notre Atlas, pl. 81, fig. 2 . 

Ges animaux sont fouisseurs et très-bons na- 
geurs ; ils sont de tous les mammifères ceux qui 
mettent le plus d'industrie à la fabrication de leur 
demeure : mais tous n’ont pas la même adresse, 
et ce n’est guère que dans certaines parties de 
l'Amérique du nord et au banc de Terre-Neuve, 
qu'ils déploïent toutes les ressources de leur 
art. 

C’est ordinairement vers le commencement du 
mois d'août, quelquetois plutôt en juilletetenjuin, 
qu'ils se mettent à construire leurs habitations ; ils 
font choix d’une rivièré ou d’un lac, et com- 
mencent par creuser sous l’eau , au pied de la 
berge, un trou qu'ils poussent un peu en pente 
jusqu’à la surface du sol; de la terre qui sort de 
ce trou, ils forment une petite butte dans laquelle 
ils mêlent quantité de petits morceaux de bois et 
même de pierres; ils donnent à cette butte la 
forme d’un dôme, ayant ordinairement quatre pieds 
de haut, et quelquefois jusqu’à six ‘et sept au-des- 


TUNEz. 


2. Castme. 2.Castors 


#3 Casuarina 


LA 


CAST_ 


sus du sol. (7.pl. 81, fig. 2). La base est géné- 
ralement ovale; son grand diamètre est de dix ou 
douze pieds, le petit. de huit ou de neuf, À mesure 
qu'ils élèvent celle sorte de cabane, ils creusent 
au dessous pour former le logement qui doit les 
recevoir avec leur famille, et qu'ils ont soin de 
tenir au dessus du niveau des grosses eaux, À la 
partie antérieure , ils pratiquent une descente en 
pente douce, aboutissant à l’eau : ce boyau a 
été nommé l'angle |par les chasseurs; c’est en 
le traversant que l’animal entre dans sa de- 
meure. 

A une petite distance de l'angle se trouve le 
magasin pour les provisions ; c’est là que le Cas- 
tor entasse les racines de nénuphar , les branchages 
et les écorces qui doivent le nourrir pendant la 
mauvaise saison; on a vu de ces magasins qui 
contenaient presqu’une charrette de provisions. 

La cabane n’a pas d’issue du côté de la terre ; 
aussi l'accès est-il interdit à toute espèce d’enne- 
mi ; les Loutres cependant s’y introduisent quel- 
quefois, mais en y arrivant par l'eau; l'absence 
d'ouvertures exposées à l'air empêche aussi le 
grand froid de pénétrer et de nuire à l’animal. 

Certains Castors construisent tous les ans une 
nouvelle demeure ; d’autres se contentent de ré- 
parer la leur ; et après qu'ils l’ont habitée plusieurs 
années de suite , ils en font une aulre dans le yoi- 
sinage, ; 

Lorsqu'ils ont besoin de quelque charpente , ils 
xont chercher des arbres, et prennent de préié- 
rence ceux qui sont à proximité des lieux qu'ils 
ont choisis; ce n’est qu'à défaut de plus petits, 
qu'ils abattent les gros; mais à la quantité de 
ceux qu’on a trouvés renversés par eux, On voit 

uäls en viennent à bout facilement ; si l'arbre 
qu'il s’agit d’emporter n’est pas plus gros qu'une 
canne, ils le coupent d’un seul coup de dents, et 
aussi net qu'avec; une serpelte; mais, lorsqué le 
tronc est très-fort, ils rongent tout à l’entour, et 
finissent par le faire tomber, puis ils en détachent 
toutes les branches, qu’ils coupent en morceaux 
susceptibles d’être chargés sur les épaules, ou 
traînés avec les dents , et poussent ensuite le tronc 
jusqu’à la rivière pour le conduire à flot jusqu’à 
sa destination. 

Ces animaux travaillent pendant toute la belle 
saison à la réparation ou à la construction de leurs 
habitations, et s'occupent à ramasser les provi- 
sions qu’ils déposent avec ordre dans leurs maga- 
sins, les gardant intactes jusqu'à ce que le froid 
soit survenu. | 

C’est au mois de mai qu'ils s’accouplent ; la fe- 
melle met bas vers la fin de juillet ;-elle fait ordi- 
nairement deux petits (un de chaque sexe), quel- 
quefois, mais rarement, trois ou même quatre. 


Les jeunes continuent à vivre avec leurs parens' 


jusqu’à l’âge de deux ou trois ans: c’est alors 
seulement qu'ils peuvent s’appareiller; ils con- 
struisent une cabane et commencent à avoir des 
- petits; leurs premières portées n’en donnent le 
plus souvent qu'un seul. 

Tous les Gasiors , comme nous l'avons déjà dit, 


23 CAST 


F annees) 
ne bâtissent point de huites, ne font point de 
digues, n’élèvent point de ponts; ceux qu’on 
trouve en France n'ont pas cette industrie; ceux 
de Laponie et de Russie se bornent à creuser deux 
terriers , l’un au dessus de l’eau, l’autre au des- 
sous, et de les réunir par une galerie. Dans cer- 
taines parties de l'Amérique, à la Louisiane, ils 
ne construisent point non plus, quoique vivant 
par familles dans de vastes solitudes où le chas- 
seur n’a jamais pénétré, 

Ces diverses particularités sont très-dignes de 
remarque ; elles sont une preuve de plus à l’appui 
de cetle opinion qui admet la perfectibililé de 
l'instinct (qui devient alors de l'intelligence) non 
seulement chez les individus isolés d’une espèce 
animale, mais chez des réunions formées par cette 
espèce. L’objection que l’on a souvent faite, de la 
différence d'espèces entre le Castor d'Amérique et 
celui d'Europe, n’est point valable, car on voit 
aussi en Amérique des Gastors qui ne bâtissent 
pas; de sorle que, si l’on regarde ceux de ce con- 
tinent comme provenant d'un type originel diffé- 
rent de ceux d'Europe, parce qu'ils exercent 
une industrie inconnue à ces derniers, et qu'ils 
ont une autre patrie, on est obligé de les séparer 
aussi de ceux dela Louisiane, qui sont dans le cas 
des seconds. Parmi les Castors de l’ancien conti- 
nent , les uns vivent en société, tels sont ceux du 
Nord, d’autres vivent solitaires : on les nomme 
Castors terriers. On trouve souvent aussi en Amc- 
rique et au banc de Terre-Neuve, dans les en- 
droits où les Castors s’adonnent à la construction 
des huttes, quelques individus isolés : les ermites, 
comme les nommele chasseur, ne sont point aussi 
paresseux qu’on le pense vulgairement ; ils con- 
struisent au contraire des habitations d'autant 
plus remarquables qu'eux seuls y ont travaillé. 
Cartwright, qui a donné sur ces animaux tant 
d’intéressantes observations , pense que les ermites 
sont des individus veufs, qui attendent dans la 
solitude que le sort leur présente un autre 
malheureux de sexe différent , avec lequel ils puis- 
sent s’unir de nouveau. 

Lorsque les Gastors plongent, leur queue, tom- 
bant sur l’eau de tout son poids, produit un bruit 
remarquable ; elle ne leur sert point, comme on 
le croït assez généralement, de truelle pour 
disposer les matériaux du travail, mais pendant la 
patation elle accélère de beaucoup leur yitesse. 
Quand ils s’asseoient, ils la posent au dessous de 
leur corps et se tiennent dessus à la manière des 
singes ; ils se servent de-leurs membres antérieurs 
pour porter leur nourriture à la bouche. Lors- 
qu'ils marchent, ils n’appuient pas la plante en- 
tüière des pieds de derrière, mais seulement des doigts 
de devant. Leur voix, pendant des momens d’in- 
quiétude, est d’abord un petit bruit sourd qui 
change ensuite en un éclat assez semblable à un 
aboïement ; elle est douce lorsqu'ils éprouvent un 
sentiment agréable,ou qu'ils en expriment quelques 
désirs. 

Dans les contrées où les Castors sont en grand 
nombre, on les chasse pour obtenir leur fourrure 


a ——_——_—_—æ@æe 


CAST 


CASU 


mm 


qui est fort recherchée dans le commerce; leur 
chair est mangeable , et même assez bonne, sur- 
tout lorsqu'ils se sont nourris de bouleau. Le pe- 
lage se compose de deux sortes de poils : les uns 
soyeux, longs et brillans, donnent leur couleur à 
animal ; les autres, gris, plus courts, touflus, 
d’une finesse extrême et d’un éclat argenté, le 
garantissent contre le froid. On distingue plu- 
sieurs qualités de ces pelleteries : les unes, prove- 
nant des Gastors tués en hiver, sont les plus pré- 
cieuses, on les destine aux fourreurs; les autres, 
celles de la seconde qualité, ont déjà servi aux sau- 
vages ; celles de la troisième, qui viennent des ani- 
maux tués en été, sont moins estimées , parce que 
les Castors sont alors dans la mue; ces deux der- 


nières sont employées à la fabrication des chapeaux; . 


aujourd’hui on les recherche moins en France 
pour cet usage, parce que les tissus de soie, qui 
se vendent à un prix inférieur, sont d’une plus 
grande défaite. 

On voit souvent des Castors dans les ménage- 
ries, et ilest facile de les apprivoiser ; on les ac- 
coutume même à vivre de substances animales. 
M. Geoffroy, Ann. Mus., t. XII, et M. F. Cuvier, 
Dict. sc. nat., art. Castor, et Histoire des mam- 
mifères, ont donné des détails sur quelques uns 
de ces animaux retenus en domesticité. 

CASTOR TROGONTHÉRIUM , Castor trogontherium. 
M. Fischer de Moscou a donné ce nom à une es- 
pèce qui n'existe qu'à l'état fossile, et dont on 
connaît seulement quelques têtes. Getle espèce, 
si tant est qu’elle en soit une, présente avec les 
Castors vivans une frappante analogie ; elle ne dif- 
fère que pour les dimensions qui sont plus grandes. 
On l’a trouvée sur les bords de la mer d’Azoff. 

( (GErv.) 

‘ CASTOR DE MER. ( maw. ) On donne quel- 
uefois ce nom à une espèce de LourTre, Lutra 

marina. Aldrovande l’a donné au Hane. ( ’oy. ce 

mot.) (GErv.) 

CASTORÉUM. (zoor.) Le Castoréum est une 
substance animale particulière, très-composte, 
sécrétée parles glandes préputiales du Castor fiber 
de Linné , quadrupède mammifère, de la classe 
des Rongeurs, que l’on rencontre sur les bords des 
rivières et des lacs des parties désertes et septen- 
trionales de l’Europe et de l’Amérique. Ces glandes 
sont situées dans une cavité commune, sorte de 
cloaque qui renferme les organes génitaux et 
l'anus. 

Tont le monde connaît la rare intelligence du 
Castor et l’imperméabilité des tissus que l’on pré- 
pare avec son poil. Il est assez rare de rencontrer 
maintenant des peuplades de Gastors ; la cupidité 
de l’homme les a forcés de vivre isolés. 

Le Castoréum nous arrive du Canada, de 
Sibérie ou de Moscovie, par Dantzick, renfermé 
dans des poches qui ont servi de réservoir aux 
glandes qui l'ont sécrété. 

Les poches renfermant le Castoréum sont pyri- 
ormes, plus ou moins volumineuses, grisâtres , 
sillonnées, aplaties sur elles-mêmes, réunies deux 

à deux en forme de besace au moyen de leur ca- 


nal excréteur, désséchées , cloisonnées, membra- 
neuses à l’intérieur; entre ces membranes se trouve 
logé le Castoréum qui , fluide sur l'animal , se pré- 
sente dans le commerce à l’état solide, plus ou 
moins friable (celui du Canada est plus friable 
que celui de Sibérie), se ramollissant à la chaleur 
des doigts; d’une couleur fauve plus ou moins 
brunâtre: d’une odeur pénétrante , vive et désa- 
gréable (faible dans le Castoréum du Canada) ; 
d’une saveur âcre, amère (Canada) et nauséeuse 
(Sibérie) ; peu soluble dans l’eau, davantage dans 
l'alcool et l’éther. 


Le prix très-élevé du Castoréum a fortement 
stimulé la coupable industrie des falsificateurs. 
Aussi que ne rencontre-t-on pas dans cette sub- 
stance ? du sable de vieilles résines , des grains de 
plomb, etc., s’y trouvent tour à tour. La chose 
importante, celle à laquelle on doit surtout s’at- 
tacher dans l'achat du Castoréum, c’est l’intégrité 
des poches qui le renferment. Une odeur faible, 
une sécheresse et une légèreté très-grandes seront 
encore des indices de sophistication. Quant à ce- 
ai que l’on fabrique en Angleterre avec le scro- 
tum du bouc, ou la vésicule biliaire de divers 
animaux, il faudrait n’avoir jamais vu de Cas- 
toréum pour se laisser tromper aussi grossière - 
ment. : 

Le Castoréum est employé comme antispas- 
modique dansle traitement de l’hystérie et de l'hypo- 
chondrie, de l’aménorrhée et de beaucoup d’au- 
tres affections nerveuses; on le donne également 
comme stimulant dans les fièvres lentes malignes. 
En pharmacie, on en prépare des teinlures éthérées 
et aicooliques; mais les parfumeurs sont ceux 
qui en font la plus grande consommation. 

(FF) 

CASUARINE ou FILAO’, Casuarina. ( BoT. 
pra.) Genre de végélaux arborescens, et qui 
fait partie des Myricées et de la Diæcie monandrie. 
Il comprend plus d’une douzaine d'espèces, toutes 
à rameaux allongés , grêles, cannelés, dressés ou 
pendans, grisâtres, offrant, de distance en dis- 
tance, de petites gaînes qui tiennent lieu de feuil- 
les ; à fleurs dioïques, dont les mâles , en chatons 
gréles et écailleux, n’ont qu'une étamine, et 
sont dépourvus de corolle, et dont les femelles , 
réunies en neuf globules sphériques ou ovales, 
ont un calice bivalve, un style, deux stigmates, 
et des graines ailées. De ces espèces, dont nous 
venons de donner les caractères génériques, trois 
sont cultivées dans nos jardins ; ce sont : 

1° La Casuarine à feuille de prêle, ou Filao de 
l'Inde, Casuarina equisetifolia, figurée dans notre 
Atlas, pl. 81, fig. 3. Elle s'élève à trente pieds, 
et se couronne d'une cime large et rameuse. On 
la trouve dans l'Inde, à Madagascar et dans l’île 
de France. Cet arbre peut être cultivé en pleine 
terre dans le midi de la France ; il serait très-utile 
pour les constructions navales. 

9° La Casuarine tuberculeuse. €. torosula, ori- 
ginaire de la Nouvelle-Hollande. 

3° La Casuarine à laquelle Ventenat donne l'é- 


pithète 


2 


CATA 


29 CATA 


pithète spécifique de Dystila, et qui croît au cap 
de Diémen, 44° de latitude sud. 

Le bois des Casuarines est très-dur ct très-com- 
; pacte. Les sauvages en font des armes et des usten- 
_ siles de ménage : il est agréablement veiné de 
rouge. Le nom de ce genre de plantes vient du Ca- 
soar , parce que ses ramcanx ressemblent aux plu- 
mes de cet oiseau. 

Ce genre est le tÿpe de la famille que M. de 
Mirbel appelle Casuarinées, et à laquelle M. Ri- 
chard avait déjà donné le nom de Mynicées (v. ce 
mot). (G. £.) 

CATACLYSME. (céor.) On désigne ainsi, 
dans le langage scientifique , ces immenses inonda- 
tions que les peuples appellent Déluges. Une foule 
de faits physiques, sans parler des traditions de 
la Genèse, qu'on retrouve encore dans l'histoire 
de presque toutes les nations, attestent que plu- 
sieurs contrées de la terre ont été ravagées par un 
et même par plusieurs Cataclysmes. C’est à ces 
inondations violentes que l’on attribue la forma- 
tion de ces amas de cailloux roulés qui constituent 
un terrain que les géologistes anglais ont désigné 
sous le nom de Diluvium , par allusion au Déluge 
de Moïse. Parmi ces faits , l’un des plus importans 
est l'existence des blocs erratiques, énormes cail- 
loux roulés que l’on retrouve en très-grand nombre 
dans le nord de l'Europe, et dont l’origine, 
long-temps discutée parmi les savans, est au- 
jourd'hui attribuée à une masse d’eau considé- 
rable quiles aurait détachés de montagnes assez 
éloignées, comme l’attestent les angles arrondis 
de ces blocs. 

Les blocs erratiques que l’on trouve sur les 
côtes orientales de l’Angleterre, dans l'Écosse et 

‘dans les îles Shetland , appartiennent par leur for- 
mation aux montagnes de la Norwége ; ils auraient 
donc été déplacés par un courant d’une rapidité 
effrayante qui les aurait portés aux licux où ils 
sont encore. Outre ces rochers, le Cataclysme qui 
les entraîna a laissé dans le sol d’autres traces à 
l’aide desquelles on peut suivre presque pas à pas 
le cours et la direction qu’il a suivis. 

D'abord, en Suède, près de Stræmstadt et de 
Hogdal, on remarque des plateaux de Gneïss et de 
Granite dont la forme mamelonnée est évidem- 
ment produite par le passage des eaux. M. Al. 
Brongniart a reconnu, en outre, que ces mame- 
lons étaient traversés par de nombreux sillons 
disposés parallèlement et toujours dans la direc- 
tion du N. N. E. au S. S. O. Il attribue ces sillons 
au frottement violent de corps très-durs. 

Ces amas de débris de montagnes, comme les 
ont appelés presque tous les voyageurs qui les ont 
visités, sont composés en grande partie de sable et 
de gravier auxquels se mêlent des blocs de deux 

ou trois pouces de diamètre. On peut, avec M. Al. 
Brongniart, les comparer à ces petites collines de 
sable qui sc trouvent dans les rivières aux endroits 
où le courant a été modifié par exemple, aux piles 
des ponts ou à la pointe des îles. 

Aussi on peut affirmer que les moniagnes de 
Ja Suède ont été démantelées par une cause vio- 


Lu. à 


lente qui a déterminé ces courans qui ont suivi une 
marche uniforme, jusque sur les côtes de la Grande- 
Bretagne, d’une part, et de l’autre jusque dans les 
plaines du Mecklenbourg, du Danemark, de la Prusse 
ct de la Poméranie. C’est là qu'il faut étudier les 
blocs erratiques qui ont traversé le sud de la Suède. 

Un autre exemple de la force des Cataclysmes 
qui ont parcouru celte partie du globe, c’est la 
présence d’autres blocs erratiqués que l’on trouve 
au N.E. de Varsovie, entre la Dwina et le Niémen, 
et qui viennent des montagnes de la Finlande, 
d’où ils ont été emportés par des courans parai- 
lèles, analogues à ceux qui ont traversé la Suède. 
Un de ces blocs sert de piédestalàla statue de Pierre- 
le-Grand à St-Pétersbourg. (J. H.) 

CATALPA , Catalpa. (nor. pan.) Genre de la 
Didynamie angiospermie , et de la famille des 
Bignoniactes, séparé par Jussieu du genre Bigno- 
nia , avec lequel il offre quelques caractères par- 
ticuliers , principalement ceux d’avoir deux éta- 
mines fertiles et la cloison opposée aux valves du 
fruit, On lui connaît deux espèces , dont une seule 
passe maintenant l'hiver en pleine terre dans Loute 
l'Europe tempérée : c’est le CATALPA EN ARBRE, 
C. arborea. Get arbre , haut de cinq à six mètres, 
dont la tige droite se ramifie vers la moitié de sa 
hauteur, et forme une tête ouverte , très-élendue, 
a élé trouvé au Japon par Thunberg, figaré pour 
la première fois par Kæmpfer , et découvert , en 
1726, par Catesby dans les forêts les plus éloi- 
gnées de la Caroline : c’est d’après un dessin fait 
pour moi, au pied des Apalaches , sur un individu: 
sauvage, qu'est exéculé le portrait donné dans no- 
tre Atlas, pl. 82, fig. 2. 

Superbe au mois de juillet, époque de sa florai- 
son , le Catalpa a les feuilles très-grandes , très-lé- 
gères , d’un beau vert satiné, sur lesquelles se dé- 
tachent agréablement ses fleurs blanches, mar- 
quetées de points pourpres et de raies tracées en 
jaune dans l’intérieur, assez semblables par leur 
port en gros bouqueis terminaux , et par leur cou- 
leur, à celles du Marronier d'Inde. Dans ce temps, 
comme en toute autre saison, cet arbre est très- 
agréable, et produit un fort bel effet parmi nos ar- 
bres d'ornement. On le multiplie de boutures et 
de graines , les premières prises sur les rameaux 
de l’année précédente, les secondes de l’année 
même de la production. Il fait de très-grands pro- 
grès dans sa jeunesse, et prend en trois ou quatre 
ans toute son élévation, quand il n’est pas surpris 
par les premières gelées. Il pousse vigoureusement 
dans les bonnes terres franches ct argileuses. 

Dans son pays le Catalpa donne des lévumes 
fort longs et cylindriques, remplis de semences 
plates , ailées et couchées l’une sur l’autre comme 
des écailles de poisson. Le miel que les abeilles 
vont recueillir dans ses fleurs est d’une âcreté ré- 
voltante, tandis que l’odeur que la fleur exhale 
est fort agréable. Le bois a les veines largement 
prononcées , mais il est poreux, son grain n’est 
point fin, ni son poli lustré; lorsqu'il est fraiche- 
ment coupé, sa couleur Lire sur le vert: séché, 


s 


elle passe au brun-clair. Le Gatalpa est parfaite- 


84° Livraison. 4 


CATH 


26 CATH 


ment acclimaté en France, puisque sa graine est 
féconde , et qu'il a partout résisté aux hivers si 
rigoureux de 1789, 1820 el 1830. (T. D. B.) 


CATARACTE, V. Cascapx. 
CATARRHININS, Catarrhini. (maw.) M. Geof- 


froy (Ann. du Mus., t. xIx) a proposé de réunir 
sous ce nom, comme formant un premier groupe 
dans la faille des Singes, les genres appartenant à 
l'ancien continent. Ils ont pour caracières com- 
muns: des narines ouvertes au dessous du nez et 
séparées par une cloison étroile; cinq dents mo- 
laires de chaque côté et à chaque mâchoire ; l'axe 
de vision parallèle au plan des os maxillaires ; 
toujours des callosités et souvent des abajoucs. 

+ Les uns sont dépourvus de queue. 

Genres: Troglodyte, Orang, Gibbon. 

++ Les autres ont une queue plus ow moins 
longue, mais jamais prenante. 

Genres: Semnopithèque, Nasique, Colobe, Guc- 
non, Macaque, Cynocéphale. 

Les singes du nouveau continent ont, par op- 
position, reçu le nom de PLaryrnuinins (voy. ce 
mot); nous n’avons pas à nous en occuper ici. 

(GErv.) 

CATASTOME, Catastomus. (rorss.) Les Catas- 
tomes, ainsi que les Labéons et les Ables, ont 
de grands rapports avec les Cyprins proprement 
dits, dans la famille desquels ils ont été compris 
par Cuvier et plusieurs autres naturalistes; ce 
genre , établi par Lesueur, puis adopté par CGu- 
vier, se distingue des Labéons par ses lèvres 
épaisses, pendantes et frangées ou crénelées ; 
la dorsale de ces poissons est courle comme celle 
des Ables; elle répond au dessus des ventrales, 
Parmi ces Catastomes, une des espèces les plus 
connues, et le type du genre, est le Cyxprn Ca- 
TASTOME , Cyprinus Catastomus, Lesueur, observé 
dans les eaux douces de l’Amérique septentrionale; 
il est couvert de grandes écailles ovales, sa tête 
est presque carrée et plus étroite que le corps. La 
couleur générale de ce poisson est argentée. Le- 
sueur a décrit, dans Je Journal de l’Académie des 
sciences naturelles de Philadelphie, dix-sept es- 
pèces de ce genre, et il en a représenté neuf. 


(Ars. G.) 
CATENIPORE, Catenipora. (zooPx. PoLyr. ) 


Genre fondé par Lamarck pour des polypiers fos- 
siles qui ne diffèrent des tubipores que par des 
caractères de peu d'importance. #7. Turrronr. 
(Guir.) 
CATHARTE , Cathartes. (o1s.) Ge genre, établi 
par Illiger pour diverses espèces de Vautours , 
telles que le Vultur percnopterus ou Percnoptère 
d'Egypte, le Vult. papa ou Roi des Vautours, et 
l'Urubu, a subi plusieurs modifications importan- 
tes que nous devons signaler ; ainsi le Percnopière 
est aujourd’hui le type d’un petit genre distinct; 
il en est de même du Ÿ”, papa, et le genre Catharte 
proprement dit ne comprend plus que l'Urubu 
et quelques espèces plus récemment décrites; ce- 
pendant, comme les différences qui caractérisent 
ces divers groupes sont assez imporlantes, nous 


# 


allons les étudier tous trois en commençant par 
celui des vrais Catharles. 


Genre CaATrARTE. 


Les espèces qu'il comprend ont pour caractères 
communs : la tête nue ainsi que le haut du cou, 
le bec grèle, allongé, droit jusqu’au-delà de son 
milieu et convexe en dessus: les narines longitu- 
dinales, linéaires; la troisième rémige plus longue 
que les autres ; les ongles courts et obtus. 

Ces oiseaux ne se trouvent qu'en Amérique ; ils 
diffèrent des autres Vautours, en ce qu'ils sont 
moins forts, moins robustes, ct qu'ils vivent, exelu- 
sivemen à toute autre nourriture, de charognes et 
d'immondices ; ils sont si familiers qu'ils viennent 
jusque dans les villes pour ramasser les ordures 
qu'on y a jetées. 

Unusv, V’ultur auratus, Wilson , Ornith. am. , 
x, pl. 79, est un oiseau de la taille d’une petite 
oic ; sa têle est nue ainsi que le haut de son cou, 
et recouverte d’une peau d'un violet très-foncé, 
sur laquelle on voit quelque peu de duvet très 
court; iln’y a point de caroncules, non plus que 
de plis à la peau. Le plumage est d’un noir uni- 
forme. 

L'Uruba, que les premiers Espagnols du Pérou 
nommèrent Gallinaze, à cause de son analogie 
avec la Poule, est très-commun dans toute l’Amé- 
rique chaude el tempérée. C'est certainement le 
plus familier de tous les Vautours; enhardi par 
la sécurité qu'il y trouve, il vient par grandes 
troupes dans des lieux habités et jusque dans les 
villes, pour chercher.et disputer aux chiens , aux 
canards et autres animaux domestiques, les débris 
qui leur sont jetés. Quoique Ja chair de l'Urubu 
soit mauvaise et puante, il a cependant fallu dans 
certaines colonies des défenses sévères pour em- 
pêcher les nègres de le tuer, car il rend aux hom- 
mes de ces contrées brûlantes un véritable service, 


| en débarrassant les rues de toutes les immondices 


qui sont une cause permanente de maladies. 

CaïuarTE AURA, Catharles aura. Cette espèce, 
que l’on a quelquefois confondue avec la précé- 
dente, est très-répandue au Brésil, au Paraguay, 
aux îls Malouines, au Chili et au Pérou: elle vit, 
comme l'Urubu, de charognes, mais paraît 
moins auprès des lieux habités. | 

CaTHARTE VAUTOURIN, Cath. vulturinus, Temm. , 
col. 51, Vult. californianus de Latham. Get oi- 
seau a le cou entièrement nu; son bec est jaunä- 
tre et son plumage brun. J1 habite la Californie et 
n’est que très-peu connu. 


Genre SARCORMAMPRE. 


En latin Sarcorhamphus. Ce nom a été donné 
par M. Duméril à des espèces confondues par 
Jiger avec ses Cathartes, et qui ont le bec gros, 
assez semblable à celui des Vautours proprement 
dits, droit et robuste ; la mandibule supérieure 
dilatée sur ses bords et crochue vers le bout ; les 
parines sont allongées, ouvertes el situces vers 
l’origine de la cire qui est garnie autour du bec à 
sa base de caroncules charnues, très-épaisses et di 
versement découpées, surmontant le front ct la tête. 


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CATH 


Les doigts sont forts, ainsi que les tarses, épais 
et garnis d'ongles obtus ; le pouce est plus court 
que les autres doigts. 

On ne connaît dans ce genre que deux espèces 
du Nouveau-monde. 

Ror pes Vaurours, Vult. papa, Enl. 428, Cet 
oiseau est sans contredit le plus beau de tous les 


 Vautours par les caroncules diversement colorées 


qui orne nt sa tête et son cou, et la douceur des 
teintes de son plumage. Sa taille est celle d’une oie; 
dans le premier âge il est noirâtre, puis varié de 
noir et de fauve , et enfin à la quatrième année il a 
toutes les parties supérieures du corps d’un roux 
clair teinté de carné, et d’un luisant agréable et 
comme glacé; toutes les parties inférieures sont d’un 
blanc pur, quelquefois nuancé de roux; la poitrine 
est blanche, les rémiges sont d’un noir foncé. Les 
crêtes charnues de la tête et du cou sont peintes 
des couleurs les plus vives ; la caroncule est tom- 
bante et denticulée comme une crête de coq. 

Getteespèce, dont on voyait il y a peu d'années 
deux beaux individus mâles vivans, à la Ménagerie 
de Paris, habite une grande partie de l'Amérique 
méridionale, entre les deux tropiques. On la 
trouve à la Guiane, au Brésil, au Paraguay, ainsi 
qu'au Mexique et au Pérou ; mais elle n’est nulle 
part bien commune. Sa nourriture consiste en 
sharognes, et en petits reptiles qu’elle cherche 
dans les pays déserts. 

Le Vaurour A QUEUE BLANCHE, le VilzoT, 
V'ultur sacra de Bartram, est encore mal connu; il 
est probable qu’il doit former une espèce aistincte. 

Conpor ou GcRanp Vaurour Des Inpes, #’ultur 
gryphus, de Linné. Get oiseau , depuis long-temps 
célèbre par les récits merveilleux dont on avait 
chargé son hisloire, est aujourd'hui assez bien 
connu pour qu'il soit permis de rectifier la fautive 
description qu’en a donnée Buffon. Nous l’avons 
représenté dans notre Atlas, pl. 84, fig. 1. 

On doit à M. de Humboldt, qui a observé les 
Condors dans la chaîne même des Andes où ils se 
tiennent , tout ce que l’on sait sur leur histoire. 
Ce savant voyageur en a fait le sujet d’un long 
Mémoire, et en a donné dans ses Mélanges de 
Zoologie deux belles figures. M. Temminck leur a 
aussi consacré plusieurs pages et trois belles plan- 
ches de son Recueil. 

Les Gondors, dont on à tant exagéré la taille, 
la force et la voracité, prennent rang parmi les 
plus grands oiseaux; ils sont en effct supérieurs 
à tous ceux de leur continent; mais l’ancien 
monde peut leur opposer, même parmi les oiseaux 
rapaces, certaines espèces qui les surpassent (Lels 
sont l’Oricou et l’Arrian),et beaucoup d’autres 
qui les égalent. Ils habitent l'Amérique méridio- 
pale, et se tiennent dans la grande chaine des 
Andes, à la hauteur des neiges perpétuelles : leur 
nourriture consiste principalement en charognes 
qu'ils préfèrent aux animaux vivans; cependant 
ils mangent aussi de ces derniers, et lorsque la 
faim Jes presse, ils se jettent sur les troupeaux 
de moutons, de lamas et même de bœufs ; mais 
ils n’altaquent jamais l’homme, Lorsqu'ils ont fait 


27 


CATH 

une grosse proie, ou rencontré les débris de quel- 
que animal, ils sont obligés de les dévorer dans 
le lieu même où ils les ont trouvés, car leurs pattes 
ne sont point assez fortes pour leur permettre de 
les emporter. 

Le mâle de cette espèce a sur la tête une crête 
cartilagineuse qui occupe le frontal et une partie 
du bec ; cette crête est garnie de pelites papilles 
mamelonnées dont la couleur varie, suivant cer- 
taines circonstances, du rouge violet au violet 
presque noir; elle est assez élevée, plus longue 
que haute et libre vers ses deux extrémités; à 
son milieu est un espace destiné à l'ouverture des 
narines. L’arrière de la tête et le cou, une caron- 
cule placée au dessous de la gorge, ainsi que le sa- 
bot, sont nus, mamelonnés et de la couleur de la 
tête; un collier incomplet, formé par un duvet 
d’un beau blanc neigeux, entoure le derrière et 
les côtés du cou à sa partie inférieure. Tout le 
plumage du corps, ainsi que la queue et une partie 
des ailes, sont noirs ; les pennes secondaires et les 
couvertures alaires sont d’un beau blanc. La 
femelle diffère du mâle adulte par l’absence de 
crête coronale et d’appendices charnus aux côtés 
du cou; elle a seulement un petit fanon pendant 
à la hauteur du jabot ; les ailes ont du gris blan- 
châtre au lieu de blanc pur. 

Les jeunes manquent de tout vestige de crête; 
leur cou est couvert d’un petit duvet, et leurs ailes 
sont brunes, äinsi que tout le corps, sans trace de 
blanc. 

Les Condors vivent par troupes nombreuses ; ils 
se plaisent à une hauteur de deux milles toises et 
plus; ce n’est que pour butiner qu’ils descendent 
dans la plaine. Leur volest puissant et majestueux. 
Voici quelles dimensions M. de Humboldt leur 
donne : 


Longueur totale. . . 3 pieds 2 pouces. 
Envergure, . . . . . 8 — 9 pouces. 
Tarses, . . , . . , . » — 10 pouces. 
Ongle du pouce. . . » 1 pouce. 
ecran sens ARE 


— 


Ils pondent sur les rochers , et ne font jamais de 
nid; la femelle dépose ses œufs, qui sont an 
nombre de deux, dans quelque cavité naturelle. 

Les habitans de certaines contrées chassent les 
Condors plutôt par amusement que pour tirer 
quelque fruit de leurs dépouilles. C’est pour eux 
une bonne aubaiïne qu’un de ces animaux pris vi- 
vant ; pour y réussir, ils abandonnent dans la cam- 
pagne, au lieu que les Condors fréquentent, ie 
cadavre d’une vache ou d’un cheval; ces oiseaux 
ne sont pas long-temps à venir et se meltent à 
manger avec une telle voracité que, lorsqu'ils sont 
repus , ils peuvent à peine voler; avec quelque ha- 
bitude il est alors facile de les prendre. D’autres 
fois les chasseurs mêlent à la chair qu'ils livrent 
aux Gondors, des plantes vénéneuses ou quelques 
substances nuisibles qui les font tomber dans un 
état de stupeur. On voit aujourd’hui, et depuis six 
ou sept ans, dans la Ménagerie du Muséum de Paris 
un beau Condor vivant, 


— 2 pouces 9 lig. 


RS OS 


CATII 


28 CAUC 


Genre PERCNOPTÈRE. 

Le dernier genre dont nous ayons à parler main- 
tenant, est celui des Percnoptères (Gy paëtos Bech- 
stein, ct Veophron Savigny). Ges oiseaux, compris 
par Illiger et M. Temminck dans le genre Catharte, 
ont la tête nue en devant; le cou plumeux et le 
bec assez grêle; leurs narines sont longitudinales ; 
Ja troisième rémige de leurs ailes est la plus 
longue. 

Le nom de Percnoptére, c’est-à-dire ailes noires, 
était donné par les anciens à une espèce d'Egypte 
qui sert de type à ce genre de l’ancien monde. 

Le Pencyorrère D Ecyere, Ÿ’ullur percnopterus, 
leucocephalus et fuscus de Gmelin , a été représenté 
par Buffon dans ses planches enluminées aux n° 
427 et 410. 1 est parlé de lui dans les auteurs 
sous les divers noms de Vautour blanc ou de 
Norwége, Ourigourap, Rachamach ou Poule de 
Pharaon , Catharte, Alimoche, etc. 

La peau nue de la tête et du devant du cou est 
d'un jaune clair; tout le plumage est blanc, 
varié plus ou moins de brun et de roussâtre, avec 
les grandes pennes alaires noires ; les plumes de 
l'occiput sont longues et très-eflilées, celles de la 
queue blanchâtres et étagées ; la cire est de cou- 
leur orangée, l'iris jaune ainsi que les tarses. 


Longueur totale, deux pieds un ou 2 pouces. Les | 


jeunes, dans la première année, ont les parties nues 
de la tête de couleur livide, et couvertes d’un 
duvet gris assez rare ; la cire et les pieds sont d’un 
gris cendré; tout le plumage est brun, yarié de 
taches d’un brun jaunâtre. Le Vautour de Malte 
de Buffon est un Percnoptère encore jeunc. 

Cet oiseau se nourrit de charognes , de voiries 
et de toules sorles de cadavres; rarement il at- 
taque les oïseaux et les pelits mammifères: On l’a 
observé en Suisse, aux environs de Genève, en 
Espagne, où il est assez abondant, el particulière- 
ment en Turquic et dans l’Archipel; mais nulle 
part il n’est aussi commun et aussi généralement 
répandu qu’en Afrique. Il suit par grandes troupes 
les caravanes dans le désert, pour dévorer tout ce 
qu'elles abandonnent. Les anciens Egyptiens le 
respectaient à cause des services qu'il rend au 
pays, en le débarrassant des cadavres et des cha- 
rognes : ils l'ont souvent représenté dans leurs 
monumens. Encore aujourd’hui on ne lui fait au- 
cun mal; il y a même de dévots musulmans qui 
Ièguent de quoi en entretenir un certain nombre. 

Le Percnoptère niche dans les crevasses des ro- 
chers et dans les cavernes ; 1] choisit ordinairement 
les lieux inaccessibles et taillés en pente verticale. 
Quoique cet oiseau ne soit réellement pas un Cor- 
beau, ilest certain qu’il en a cependant toutes les 
allures et tous les mouvemens. Il marche exacte- 
ment comme Jui, et vit aussi de tout ce qu'il peut 
trouver. 

On ne rencontre pas une seule horde de sau- 
vages où il n’y ait une couple de ces oiscaux qui 
y soient fixés; ils sont, pour ainsi dire, de l'endroit. 
Leur caractère est peu farouche, les sauvages ne 
leur font jamais aucun mal; au contraire, ils les 
voient avec plaisir, parce qu’ils purgent leurs en- 


virons de toutes Iles ordures qui s’y trouvent. Ils 
se laissent approcher très-facilement par le chas- 
scur. 

C’est dans le genre Percnoptère que l’on doit pla- 
cer le CATHARTE MOINE, Cath. monachus , Temm., 
pl. 225, qui est d’un quart moins grand que le 
précédent. Get oiseau a la queue carrée, le som- 
met de la tête, les joues et le devant du cou nus 
et de couleur rouge; l’occiput et le cou en arrière 
et inférienrement garnis d’un duvet serré, lisse 
et d’un brun sombre; celte couleur est celle de 
tout le corps. Les tarses sont un peu emplumés au 
dessous du genou. Le Catharte moine paraît ha- 
biter la côte septentrionale d'Afrique. (GErv.). 

CATILLE, Catillus. (morr.) M. Brongniart a 
établi sous ce nom un genre de l’ordre des Acé- 
phales, composé de deux espèces fossiles, etayant, 
comme les Crénatules et les Inocérames, des fos- 
seltes pour le ligament, et de plus un sillon conique 
creusé dans un bourrelet qui se reploie à angle 
droit, pour former un des bords de Ja coquille ; 
les valves sont à peu près égales et de texture fi- 
breuse; ces mollusques doivent avoir eu un byssus. 
Les deux espèces décrites par M. Brongniart se 
trouvent dans les terrains de craie des environs 
de Rouen. M. Michelin en a fait connaître une es- 
pèce nouvelle sous le nom de Catillus pyriformis, 
dans notre Magasin de Zoologie, 1835, cl. v, pl. 
32. Elle vient de Gérodet, près Lusigny, ct se 
trouve dans le grès vert. (Guén.) 

CAUCASE, (céoc. Pays.) Gette chaîne de mon- 
tagnes, qui s'étend du sud-est au nord-ouest, de- 
puis la mer Caspienne jusqu’à la mer Noire , doit 
être considérée comme formant la limite de l'Eu- 
rope et de l'Asie, entre le 44° et le 45° parallèle. 
Elle est composée de plusieurs chaînons qui con- 
stituent un système important , si l'on y rattache 
les monts Taurus et les monts Elvend. Sa lon- 
gueur en ligne directe est d'environ 212 lieues : 
mais, en suivant les sinuosités du faîte, elle est 
d'environ 290 lieues. Son nom paraît venir de 
deux anciens mots persans, Xoh-Kaf, qui signi- 
fient Montagnes blanches, et qu’on retrouve dans 
celui de Æov-Kas que lui donnent les Arméniens. 
Ses deux plus hautes cimes sont le Mquinvari ou 
Karbek, élevé de 4,677 inètres, et l'Elbrouz, qui 
en à 9,009. 

On y remarque plusieurs passages ou défilés 
qui portaient chez les anciens les noms de Portes 
Caucasiennes, Albaniennes , Caspiennes et Zbc- 
riennes. On reconnaît les Portes Caucasiennes, 
dans le vallon étroit qui conduit de Mozdok à Ti- 
flis, et qui exige quatre journées de marche pour 
être parcouru dans sa longueur; les Portes Alba- 
niennes paraissent être un passage qui s'étend le 
long de la frontière du Daghestan ; le nom de Por- 
tes Caspiennes appartient à un défilé, près de 
Téhéran; enfin, celui de Portes Ibériennes con - 
vient au défilé de Schaourapo, passage où ; du 
temps de Strabon, on franchissait des abîmes et 
des précipices, mais que les Persans, dans le qua- 
trième siècle, ont rendu praticable aux armées. 

… On compte treize bassins formés par les rameaux 


CAUC 


29 CAUD 


du Caucase : sept appartiennent au versant sep- | de genévriers qui deviennent d'autant plus rares 


tentrional ou européen, etsix au versant méridio- 
nal ou asiatique. Nous ne citerons que les plus 
imporlans , en commençant par ceux qui appar- 
tiennent à l'Europe. On remarque d’abord à l’est le 
bassin du Kouban, fleuve qui prend sa source près 
dumont Eibrouz, et qui se jette dans la mer Noire 
après un cours d'environ 130 lieues. A l’ouest, 
an autre bassin est celui du Terek, qui après un 
cours de 1 10 lieues se rend dans la mer Caspienne. 
Ces deux bassins déterminent la division du Cau- 
case en deux parties : l’occidentale et l’orientale. 

Le versant méridional offre deux autres grands 
bassins : à l’ouest, celui du Aion, dont les eaux 
se déchargent dans la mer Noire, et qui a environ 
5o licues de longueur ; à l’est, celui de l’Alazan , 
rivière qui après un cours de plus de 4o lieues va 
se jeter dans le Kour, grand fleuve qui appartient 
bien au syslème du Caucase, mais qui prend sa 
source dans une chaîne dont le mont Ararat fait 

artie, 

Constitution géologique. Sous le rapport géo- 
gnostique , la chaîne du Caucase se divise dans 
toute sa longueur en plusieurs bandes presque pa- 
rallèles ? celle du centre, qui constitue ses plus 
hauts sommets, est granitique; on y voit alter- 
ner, avec le granite, des gneiss, des amphi- 
bolites et des porphyres. Les deux bandes les plus 
voisines de celle-ci sont composées de schisies 
argileux , souvent interrompus par des porphyres, 
eb coupés de veines de quartz. Aux bandes schis- 
teuses succèdent, sur les deux versans, des bandes 
calcaires qui forment une série de petites monta- 
gnes moins hautes surle versant septentrional que 
sur le versant opposé. Au nord, la roche qui les 
constitue est ordinairement d’un blanc jaunâtre 
et d’un grain fin et serré; on y trouve des veines 
minérales et métalliques, mais rarement des sour- 
ces salées. Au sud, le calcaire est plus grenu et 
plus mélangé de parties métallifères. Du côté du 
nord, la base des montagnes calcaires et schis. 
teuses est couverte de vasies dunes de sable et de 
grès. qui se perdent peu à peu dans l’aride plaine 
appelée Steppe de Kouma. Ces grès renferment des 
empreintes ou des moules de coquilles. Quelque- 
fois, entre ces sortes de dunes ou promontoires, 
s’étendent jusqu’au massif de la chaine, des plaines 
argilcuses, qui au nord se prolongent jusqu’au Don 
et au Volga, et au sud jusque vers les monts 
T'chil-dir, qui appartiennent à la chaine que les 
Européens appellent l’Anti-Taurus. L’argile de ces 
plaines est sablonneuse, et paraît devoir son origine 
à des alluvions. 

Végitation. Tous les climats de l'Europe et de 
l'Asie se retrouvent dans la chaîne du Caucase, et 
conséquemment les végétaux de ces deux parties 
du monde. Sa crête, presque toujours couverte de 
aciges et de glaces, est dépourvue de végétation ; 
mais les montagnes schisteuses, moins élevées, 
bien qu'elles supportent des glaciers, ont leurs 
cimes tapissées de mousses touffues, mêlées du 
vaccinium myrtylus, de vitis idea, de pyrola secunda, 
et leurs flancs parsemés de pins, de bouleaux et 


qu'on s'élève davantage. Vers la moitié de Ja hau- 
teur on trouve plusieurs plantes alpines, et dans 
quelques endroits d’assez bons pâturages. Les pro- 
montoires de sable et de grès, dont nous avons 
parlé, forment de petits plateaux ordinairement 
couronnés de chênes et de hêtres. Au midi, de 
belles vallées et des plaines se couvrent de la plu- 
part des plantes qui caractérisent la riche végéta- 
tion de l'Asie. Les bolanistes ont remarqué que 
partout où les dernières pentes du Gaucase se di- 
rigent vers le couchant , le levant ou le midi, elles 
se couvrent de cèdres, de cyprès et de saviniers. 
L'amandier, le pêcher, le liguier, croissent en 
abondance dans les chaudes vallées abritées 
par les rochers. Le cognassier, l’abricotier 
sauvage, la vigne, le poirier à feuilles de saule, 
abondent dans les halliers, au milieu des buissons 
et sur la lisière des forêts. Le dattier et le jujubier, 
indigènes dans cette contrée, en attestent la douce 
température, Les marais sont ornés de très-belles 
plantes, telles que le rhododendron ponticum ct 
l'azalea pontica. L’olivier cultivé et l'olivier sau- 
vage, le platane oriental, le laurier mâle et femeile 
embellissent les rivages de la mer Caspienne. Les 
hautes vallées sont parfumées par le seringa, le 
jasmin, le lilas et la rose circassienne. 

Animaux. On voit, par ce que nous venons de 
dire, que les régions du Caucase sont au nombre 
desplus intéressantes parties du globe pour l'histoire 
naturelle. Les insectes y sont rares , à l'exception 
de quelques espèces de mouches; dans les mon-” 
tagnes , on ne trouve ni cousins ni moucherons, 
mais dans les prairies, les taons sont très-communs. 
Dans ces mêmes prairies on ne rencontre, 
parmi les amphibies et les reptiles, que la gre- 
nouille et le lézard commun. Au centre des glaces 
éternelles et des rochers stériles habitent les ours, 
les loups, les chacals, le chaus, animal du genre 
Felis , le bouquelin du Caucase (capra caucas ica), 
qui aime les sommets escarpés des montagnes 
schisteuses; le chamois, qui se tient au contraire 
sur les montagnes calcaires inftrieures; l’aurochs, 
qui stationne à l'entrée de ces montagnes; le lièvre, 
Je putois, l'hermine, le rat et le hérisson quihabi- 
tent la région moyenne. On rencontre irès-peu 
d'oiseaux dans les hautes montagnes, à l'exception 
du geai el du verdier quisautent entreles rochers 
solitaires; mais on y trouve quelques oiseaux de 
proie et de passage. Les nombreuses rivières qui 
descendent des montagnes nourrissent principale- 


le] 
ment le barbeau, la truite et le saumon. i 


L 

(QUES : OS UUE 

CAUDALE. (zoor.) Nageoire qui termine la 
queuc de presque tous les poissons ; à l'exception 
d’une variété monsirueuse du Cyprin doré de la 
Chine, on la troûve verticale chez tous. Quelque- 
{ois unie à la dorsale, elle varie aussi par sa forme 
qui est entière, fourchue en croissant ou même 
trilobée. La Caudale des cétacés est horizontale : 
on ne Ja rencontre chez le plus grand nombre des 
Batraciens que dans le premier état de l'animal. 


(P. G.) 


CAULERPE , Caulerpa. (mor. crxer.) Hydro- 
phytes. Toutes les espèces du genre Caulerpe , 
ordre des Ulvacétes, ont une tige cylindrique, 
horizontale, rampante, rameuse et souvent sto- 
lonifère; leur fructification est inconnue ; on n’a- 
percoit dans leur organisation ni fibres ni ré- 
seau , et leur épiderme, leur tissu cellulaire sont 
à cellules si petites qu’on n’a pu encore en déter- 
miner la forme. 

Parmi le très-grand nombre de Caulerpes ci- 
tiées par les auteurs, nous ne donnerons une idée 
générale que des deux suivantes : 

- La Cauxerpe PROoLtFÈRE , Caulerpa prolifera de 
Lamarck, qui croît dans toute la Méditerranée , 
est remarquable par la grandeur et le nombre de 
ses feuilles, qui sont planes, lancéolées, termi- 
nées à leur base en un pédoncule court et cylin- 
drique , obtuses à leur sommet , rarement rameu- 
ses, souvent prolifères, offrant ordinairement cà et 
là ou des points opaques ou granuleux , ou quel- 
ques taches d’un fauve brillant et doré. 

La Caurenpe PELTÉE , Cauler papeltata, de La- 
marck , habite les côtes occidentales de l'Afrique; 
elle offre d’abord des tiges rampantes, sur les- 
quelles s’en élèvent d’autres qui sont droites, cy- 
lindriques et un peu rameuses , couvertes de feuil- 
les nombreuses, et assez analogues à celles de la 
capucine quant à la forme seulement, car elles 
sont considérablement plus petites. (EF. F.) 

CAULINAIRE. (sor.) Cette expression s’em- 
ploie pour désigner toutes les parties de la plante 
qui naissent de la tige. Les racines de la Vanille, 
des Orobranches , du Guy, des Vacquois , etc., les 
capsules de certains Lycopodes sont caulinaires. 
On confond parfois les feuilles caulinaires avec 
les feuilles radicales, malgré leur grande diffé- 
rence; les premières sont insérées médiatement 
ou immédiatement sur la tige, comme dans le 
Cacaotier , le Bugle, le Tabac, et autres; les se- 
condes, au contraire, partent immédiatement du 
collet de la racine , comme dans la Primevère , la 
Valériane , les Scabicuses , etc. (T. ». B.) 

CAURALE , Helias. (o1s.) M. Vieillot a nommé 
ainsi un pelit genre de la famille des Hérons , au- 
quel Illiger avait donné le nom d’'Eurypyga. Carac- 
tères : bec un peu épais, long , droit , dur et renflé 
à sa pointe; sillon nasal très-profond, occupant 
les deux tiers de la longueur de la mandibule su- 
péricure ; narines basales ; linéaires , longues; pieds 
longs, grêles, à tarses plus longs que le doigt du mi- 
lieu, quiréanit par une membrane l’interne à l’ex- 
terne; pouces au niveau des autres doigts ; ailes am- 
ples; les deux premières rémiges plus courtes que la 
troisième qui est la plus longue, et composée de 
peunes égales entre elles. 

Linné confondait les Caurales avec les autres 
Hérons, et Latham les a placés parmi les Bé- 
Easses. 

Ce genre ne comprend qu’une seule espèce, qui 
est de l'Amérique méridionale, ct principalement 
de la Guiane, où elle est connue sous les noms 
_d'Oiseau du soleil, et Petit Paon des roses; c’est 
P Ardea Helias de Linné, figuré à la planche en- 


CAUX 


luminée 782 , sous lenom de Cauwral. Ce charmant 


oiseau est de la taille d’une perdrix ; son cou long 
et mince, sa queue Jarge et étalée, et ses jambes 
peu élevées , lui donnent un air tout différent de 
celui des autres Echassiers ; son plumage , nuancé , 
par bandes et par lignes ,; de brun, de fauve, de. 
roux, de gris et de noir, rappelle les couleurs 
des plus belles phalènes. 

Il est représenté à la planche 8, fig. 5, de notre 
Atlas. (GErv.) 

CAUX (Pays de). (céoen. puys.) Le pays de 
Caux, qui appartenait à l’ancienne province de 
Normandie , compose aniourd’hui la plus grande 
partie du département de la Seine-Inférieure, EL 
comprenait en effet tout le pays situé entre la 
Seine , l’Andelle, la Bresle et la mer, depuis Tré- 
port jusqu’au Havre. Cette province se divisait 
naturellement en deux parties bien distinguées , 
séparées par le pays de Bray et la rivière de la 
Béthune ; elles prenaient le nom de Grand et de 
Petit qaux. 

Le Grand gaux, qui comprend le plateau situé 
entre l’Andelle, le pays de Bray, la Béthune, 
la mer de Dieppe au Havre, et la rive droite de 
la Seine depuis son embouchure jusqu’au con- 
fluent de l’Andelle et au dessus du Pont-de-l’Ar- 
che, peut sc diviser lui-même en deux parties, 
si l'on prend pour ligne de partage l'espèce de 
relèvement qui marque la séparation des rivières 
allant se jeter d’un côté dans la Seine, et de l’au- 
tre à la mer. Les premières, celles qui se réunis- ' 
sent à la Seine, sont la Lézarde, la rivière de 
Lillebonne , le Rancon, l’Austreberte, la rivière 
de Bapaume, l’eau de Robec et l’Aubette. Les 
secondes, qui se perdent à la mer, sont la Scye, le 
Dun , la Durdent et la rivière de Ganzeville. Beau- 
coup de vallons secs se font en outre remarquer 
sur ce versant, et il paraît que la rivière qui tra- 
versait autrefois Etretat, s’est frayé une voie sou- 
terraine, et que ce sont ses eaux qui reparaissent 
à marée basse, entre les rochers qui forment le 
pied des belles falaises qui entourent ce village. 
On a remarqué en outre que les puits creusés dans 
le vallon d’Etretat, qui se dessèchent à marée 
basse, se remplissent d’eau douce pendant la 
haute mer; circonstance qu’on ne peut attribuer 
qu’au refoulement de ces eaux douces par celles 
de la mer. 

Le pays de Caux proprement dit, qui com- 
prend toute la parlie centrale du plateau , est re- 
nommé par sa fertilité, et l'angle occidental 
formé presque entièrement par l'arrondissement 
du Havre , est la partie la mieux cultivée du dé- 
partement, surtout dans les cantons de Goder- 
ville, de Saint-Romain , de Colbosc, où la terre 
végétale est d’une profondeur et d’une fertilité re: 
marquables. En approchant de la mer , le sol de- 
vient plut léger, et passe à nn état très-ferrugineux 
vers Fécamp, Ourville et Valmont. Le sol du pays 


de Caux est en général composé d’une terre argi- 


Jeuse froide, mais qu'on réchauffe par lemarnage, 
sorte d’amendement qui y exerce un effet assez 
puissant. On rencontre l'argile plastique dans Ja 


eo es a 


CAUX 


partie supérieure de quelques vallées , qui toutes 
apparliennent au système crayeux : elle s’y ren- 
contre à un demi-mètre de profondeur, ce qui 
rend raison de lhumidité du sol et du peu de du- 
rée des arbres, dont les racines ne vont que jus- 
qu'à celte argile qu'elles ne peuvent pénétrer , 
tandis que la végétation des arbres plantés dans 
les endroits où la terre a été échaufféce , est d’une 
vigueur remarquable et a beaucoup plus de durée. 
C’est.en partie à cette cause et à la double né- 
cessité d’abriter les bâtimens et les arbres fruitiers, 
qui seraient exposés, en rase campagne, à l'im- 
péluosité des vents , que paraissent dues la forme 
et les disposilions singulières d’une partie des fer- 
mes de ce pays , el que nous croyons devoir si- 
gnaler ici. On y nomme vergers, herbages, ma- 
-sures, COUTS, Une partie de terre ordinairement 
carrée et généralement d'un dixième des terres 
labourables de la ferme, sur laquelle on laisse 
pousser l'herbe , et où sont établis les bâlimens 
d'exploitation. Ces vergers ou herbages sont en- 
tourés de remparts en terre, appelés fossés, qui 
ont habituellement une hauteur de deux mètres, 
avec une largeur de quatre à la base et deux au 
sommet; on plante sur ces remparts, soit une 
baie, soit deux rangées d’arbres de haute futaie. 
Tout le monde connaît la fraîcheur et la beauté 
remarquables du sang des femmes de ce pays, 
et il n'est personne qui n’ait vu ou entendu parler 
de ces belles Cauchoises au costume à la fois ori- 
ginal et élégant , si recherchées pour être nour- 
rices , qu'elles sont presque devenues un objet de 
luxe autant que de mode. | 
Le Petit Caux, formé du plateau situé au nord- 
est du pays de Bray, est compris presque entiè- 
rement entre les vallées de la Bresle et de la Bé- 
thune ; il est coupé dans son centre par deux val- 
lées principales , celles de l’Yères , qui descend à 
la mer au dessous d’Oriel, et celle de l’Eaulne, 
qui se joint à la Béthune au dessus de Dieppe. 
Suiyant M. Passy , le sol de ce plateau, comme 


celui du Grand Caux, es composé de la partie su- - 


périeure et moyenne de la craie visible dans les 
falaises et dans les vallées; le terrain superficiel 
offre Jes argiles , les sables et les silex épars ou ac- 
cumulés , qui sont généralement répandus à la sur- 
face de la craie et du sol, lorsque des couches 
compactes ne les recouvrent pas. Quoique le sol du 
Petit Caux soit moins fertile que celui du Grand 
Caux, la culiure y est cependant la même. Le 
bas des vallées est occupé par de bons pâturages ; 
tandis que le haut des plateaux allongés qui les 


séparent se compose d’un terrain froid , argileux, 


mais malgré cela encore productif. Lorsque la 
craie s’y montre à nu, la culture s’appauvrit , et 
les parties du sol les plus rebelles à la charrue sont 
couvertes de forêts. 

Les vallées de cette proyince présentent une 
disposition bien remarquable, qui a frappé depuis 
long-temps tous les observateurs ; ce sont les li- 
gnes de terrasses ou marches qui règnent le long 
du flanc des collines qui circonscrivent ces vallées 
et les vallons qui ÿ aboutissent. On a cherché à 


expliquer de beaucoup de manières leur origine , 
mais on n'en à pas encore donné d'explication 
bien salisfaisante, Ces terrasses ont un à deux 
mètres de hauteur, ct leur plan horizontal ou 
oblique est d’une largeur variable ; elles s’amincis- 
sent à leur extrémité et se croisent parfois entre 
elles. Dans quelques endroits, et principalement 
dans le vallon sec de Bracquemont, elles sont si 
mulliplites qu’elles ressemblent à des construc- 
tions d'hommes, ct figurent de vastes amphithéâtres 
à gradins. Ces terrasses si remarquables et si mul- 
tipliées entre les villes d'Eu et de Dieppe, et dans 
les vallées qui partagent le plateau du Petit Caux, 
se retrouvent encore sur d’autres points du dé. 
partement de la Seine-Inférieure , et dans les val- 
lées de l'Oise et de l'Eure qui appartiennent à d’au- 
tres formations; mais leur forme y est en général 
moins régulière. 

Nous pensons, nous, qu'elles sont dues à des 
émersions successives el en masse de notre con- 
tinent , soit par des relèvemens , soit par suite de 
la retraite des eaux ; elles nous paraissent indiquer 
des lignes d'anciens rivages, semblables à ceux qui 
existent à différentes hauteurs dans tout le pour- 
tour de la Grèce, et comme il paraît en exister éga- 
lement en Italie, en Sicile el sur tout le littoral 
de la Méditerranée. Une circonstance qui vient 
surtout appuyer l'hypothèse que ces terrasses sont 
dues à l’action de la mer, c’est qu’elles se dessi- 
nent encore aujourd'hui sur tout leur lilloral , et 
que les marées forment, en accumulant les galets, 
à l'embouchure des vallées ou à la base des falai- 
ses, des levées à peu près semblables, Voy. Var- 
LÉE A PLUSIEURS ÉTAGES. Creer 

CAVERNES. (Gñor. ) On nomme ainsi de grandes 
cavités souterraines naturelles , que l’on remarque 
dans certaines montagnes ; elles prennent le nom 
de grottes, lorsqu’elles sont d’une médiocre éten- 
due. À 

L'origine des Cavernes a donné lieu à diffé- 
rentes théories : quelques savans attribuent ces vas- 
tes cavités à l’action des torrens souterrains ; d’au- 
tres prétendent que des sources chargées d’acide 
carbonique sont parvenues à dissoudre les roches 
calcaires; d’autres enfin leur ont donné pour 
causes les fréquens soulèvemens de la surface du 
globe qui en remuant les roches calcaires ont dé- 
rangé leur position horizontale, et ont formé ces 
cavités qui se sont agrandies par l’action des eaux. 
. Les Cavernes creusées dans les roches calcaires 
sont ordinairement tapissées de stalactites qui pré- 
sentent les formes les plus variées; on les voit des- 
cendre en longs festons, en guirlandes, et former 
des colonnades élégantes ; quelquefois même imi- 
ter des figures humaines; mais ce n’est pas sous 
ce rapport qu'elles présentent le plus d'intérêt 
aux géologistes. La plupart renferment des dépôts 
d’ossemens fossiles que les eaux diluviennes y ont 
apportés. On leur donne alors le nom de Cavernes 
à ossemens , quoiqu'au premier abord elles ne dif- 
fèrent en rien de celles qui n’en contiennent pas. 

Uuc couche de cailloux roulés et d'argile ron- 
geâlre forme le sol de ces Gavernes ; on ne troure 


CAVE 


mm 


592, CÉAN 


———————————_———— — …——————…——…— — —— —————…— — — —————————————————————————.—_—_._—__——_—_——_—pmpc 


dans quelques unes de celles-ci des débris d’ani- 
maux que lorsque sur celte couche s’est formée 
une croûte de stalagmites, et, si cette croûte man- 
que, les ossemens manquent également : de là on a 
été induit à penser que dans les Cavernes dépour- 
vues de ces stalagmites , les ossemens se sont dé- 
truits, ctque, dans le cas contraire, elle les a pré- 
servés de la décomposition. En effet sur ces sta- 
lagmites se trouve ordinairement un dépôt d’ar- 
gile moins rouge que la précédente et quelque- 
fois noirâtre , contenant des débris de corps orga- 
nisés et de végétaux. Cette terre semble être tout- 
à-fait analogue à celle qui se forme à la surface du 
globe, sous le nom de terre végétale. 

Les Cavernes les plus remarquables en France, 
celles d’Echeñoz et de Fouvent dans le départe- 
ment de la Haute-Saône, celle d'Osselles dans ce- 
lui du Doubs, celles de Pondres et de Souvignar- 
gues dans celui du Gard, celle de Bise dans celui 
de l'Aude, et celle de Zunel-Viel dans celui de 
l’'Héraulten Angleterre, celles de Banwell en Al 
lemagne, celles de Bauman et de Gailenreuth, 
et tant d’autres que nous pourrions citer et qui 
sont célèbres, soit par leur étendue, soit par la 
quantité d’ossemens fossiles qu’on y a trouvés, 
sont creusées dans la roche calcaire. Cependant 


la commission scientifique envoyée en Morée en | 


a fait connaître une qui est d’autant plus curieus 
qu'elle est creusée dans des roches appartenant 
au terrain primitif. Nous en devons la descrip- 
tion à l’un de nos collaborateurs, M. T. Virlet, char- 
gé de la partie géologique dans la savante expé- 
dition que nous rappelons. 

Cette caverne, dont nous avons représenté la 
coupe, pl. 84, fig. 2, située près du village de Sil- 
Jaca dans l’île de Thermua, est entièrement creusée 
au milieu de couches presque verticales de schistes 
argileux, de stéaschistes et de micaschistes très- 
tenaces et souvent très-durs. Son entrée est à 
4,00 ou 450 mètres au dessus du niveau de la mer. 
Les habitans de l'ile prétendent qu'elle a plus 
d’une lieue de longueur : ce qui probablement 
est exagéré. Elle se compose, &insi que l'indique 
la figure qu’en a donnée M. T, Virlet et que nous 
reproduisons, d’une suite de cavités plus ou moins 
larges et plus ou moins hautes, souvent même 
d’une très-grande élévation, communiquant entre 
elles par des passages rétrécis et quelquelois fort 
étroits. « Les parois en sont rarement planes ou 
parallèles, comme pourraient l'être celles d’une 
caverne résultant de quelque fente ou d’un filon 
qui, ayant disparu, aurait laissé sa place vide. Au 
contraire, le long de ces parois règnent d’autres 
excavations sans issues, ressemblant assez à des 

fissures élargies ou corrodées par l’action d’un 
liquide en mouvement , comme cela a souvent lieu 
sur les rivages de la mer, dans des fissures verti- 
cales, continuellement battues par les vagues. Ges 
excavations latérales, en général fort étroites et 
ordinairement creusées entre les strates du terrain, 
ne sauraient être prises pour d'anciennes galeries 
d'exploitation , comme la présence des nombreux 
filons de fer qui traversent la roche pourrait 


d'abord le faire penser; car, bien que souvent fort 
profondes , elles né permettaient pas toujours à un 
homme de pouvoir y pénétrer. » 

Cette caverne offre plusieurs embranchemens 
dirigés en différens sens : « on y observe souvent 
des pointes de la roche schisteuse qui s'élèvent du 
milieu du sol et s’y présentent comme de ces té- 


moins que réservent les terrassiers dans leurs tra 


vaux, Ces pointes ressemblent encore assez bien à 
certains écueils, à ces saillies de rochers que l’on 
remarque parfois au milieu du lit des torrens. 
Enfin , les parois offrent partout ces formes arron-- 
dies qu’on observe aussi dans la plupart des grottes. 
calcaires. » Les filons de fer qui font saillie; ainsi 
que quelques filons de quartz ; le dépôt limoneux 
et argileux bleuâtre qui forme le sol sur lequel on: 
marche , semblent attester que cette immense ca- 
vilé souterraine a été balayée par un courant. 

Si l’on admet que l’action des feux souterrains 
a contribué à la formation des cavernes, on 
pourra considérer avec M. Virlet que celle de 
Sillaka et le canal qui sert encore aujourd’hui de 
conduit aux eaux thermales de Thermia, ne sont 
que des cheminées ou fissures par lesquelles 
s’échappèrent les gaz intérieurs , à une époque où 
l'action volcanique qui avait produit ces fissures 
n'élait pas encore assez puissante pour produire 
le relèvement des couches qu’elle avait commencé 
à fracturer, et que ce n’est qu'après ce relèvement 
que les fentes, auparavant verticales ou fortement 
inclinées , s'étant rapprochées de l’'horizontalité, 
ont pu donner passage aux eaux de la surface , et 
contribuer à compléter la formation de la ca- 
verne de Sillaka. (J. H.) 

GAVIAR. (rorss.) Mets préparé , dans plusieurs 
parties de l'Orient, avec des œufs d’esturgeon 
qu'on ÿ recueille en très-grande abondance. Ce: 
mets est recherché et se sert sur les meilleures 
tables. 

CAVITÉ. (awar.) Espace vide, circonscrit en 
totalité ou en partie; on dit la cavité cranienne 
pour le crâne, thoracique pour la poitrine, etc. 

CAVITÉ. (20T.) On appelle ainsi chacun des 
creux ou des loges qu’on rencontre dans l’inté- 
rieur d’une capsule et qui sont séparées par un 
plus ou moins grand nombre de cloisons. (P.G.} 

CAVOLINE. (mozr.) Voy. Eoze. | 

CÉANOTHE , Ceanothus. (80oT. Pan.) Ce nour, 
qui désignait chez les anciens plusieurs espèces de 
plantes (entr'autres le Serratula arvensis), a-êté 
attribué par Linné à un genre d’arbustes de la fa- 
mille des Rhamnées, dont voici les caractères gé- 
néraux : feuilles alternes , entières , pétiolées, mu- 
nies de deux stipules caduques ; fleurs petites , en 
grappes terminales ou axillaires; calice monosé- 
pale, turbiné à la base, à cinq divisions; corolle 
de cinq pétales longuement onguiculés, creusés 
en cuiller ; cinq étamines opposés aux pétales, et 
inscrées, ainsi que ces derniers, autour d’un disque 
glanduleux à cinq angles; ovaire à trois loges, 
surmonté d’un style trifide et à trois sligmatles ; 
capsule globuleuse, formée de trois coques mo- 
nospermes , se séparant à la maturité. 


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On cultive dans nos jardins plusieurs espèces 
de Céanothes, parmi lesquelles nous citerons les 
suivantes : 

Le C£ÉANOTHE DE L'AMÉRIQUE SEPTENTRIONALE, 
Ceanothus americana , arbuste élégant , connu sous 
le nom de Thé de Jersey. Ses tiges s'élèvent à 
quelques pieds,et portent à leur sommet des grappes 
de fleurs blanches. Ses feuilles sont ovales, fine- 
ment dentées, et un peu pubescentes. 

Le Cé£anorue D’Arrique, C. africana, est une 
espèce plus vigoureuse , s’élevant à dix ou douze 
pieds. Elle demande une culture d’orangerie, 
tandis que la précédente peut passer l'hiver en 
pleine terre. 

Le Ceanothus discolor, originaire de la Nou- 
velle-Hollande, se distingue par ses feuilles d’un 
vert clair en dessus, blanches et tomenteuses en 
dessous. 

Labillardière a donné une figure de deux autres 
espèces de Ceanothus ; elles paraissent distinctes 
du genre , et en formeront peut-être un nouveau 

uand on les connaîtra mieux. (L.) 

CEBRION , Cebrio. (ixs.) Genre de Coléoptères 
de la famille des Serricornes , section des Malaco- 
dermes, tribu des Gébrionites, établ par Olivier, et 
ayant pour caractères : m andibules arquées, aiguës; 
labre court ; antennes de 11 articles , longues dans 
les mâles ;- très-courtes dans les femelles ; articles 
des tarses entiers sans pelotes, tous les fémurs 
presque identiques entre eux. Ges insectes portent 
en général la tête inclinée ; les antennes dans les 

® mâles ont tous leurs articles presque égaux, com- 
rimés, formant un peu la scie, et atteignant la 
moitié de la longueur du corps; dans la femelle 
elles ne sont guère plus longues que la tête; le 
premier article est beaucoup plus long que les 
autres, et à partir du quatrième elles forment une 
massue oblongue et presque perfoliée. Elles sont 
insérées près des mandibules en avant des yeux, 
qui sont globuleux ; les mandibules se courbent 
brusquement en forme de crochet; les palpes sont 
filiformes, avec le dernier article un peu ovoïde ; 
le corselet esttransversal , avec ses angles terminés 
en épines ; les ailes sont en partie avortées dans les 
femelles. On ne connaît pas les larves de ces in- 
sectes ; on présume qu'elles habitent la terre , dont 
les insectes parfaits sortent quelquefois en grande 
quantité aprèsles orages ; la femelle, à ce qu'il pa- 
raît, n’en sort presque jamais ; mais la nature, qui 
pourvoit à tout, lui a donné un abdomen dont 
l'extrémité est susceptible d’un grand allongement ; 
elle fait sortir de terre cette partie, et les mâles 
savent très-bien la découvrir à la surface du sol : 
aussi, quand on les voit en grand nombre rassem- 
blés dans un endroit, on peut présumer qu’il ya une 
femelle et la chercher sûrement; elles sont assez 
rares. On doit ces observations à M. Guérin, qui 
les a faites il y a déjfbien des années quand il 
habitait Toulon; mais il n’a pas été assez heureux 
pour compléter l’histoire de ces insectes. 

C. céanr, C. gigas, Fab., Oliv., col. 30 bis, 
1,2 bc, Taupin, 1, a b c. (Voy. notre Atlas, 
pl. 85, fig. 1 et 2.) Long de 7 à 8 lignes; tête, an- 


T, IE 


tennes et corselct noirs, reste du corps fauve, avec 
les tibias et les tarses plus foncés. C’est l'espèce 
la plus commune; elle vient du midi de la France; 
quelques autres espèces venant d’Espagne et de 
quelques contrées plus méridionales, n’en sont 
peut-être que des variétés. (A. P.) 
CÉBRIONITES, Cebrionites. (1xs.) Tribu de 
Coléoptères établie par Latrcille, faisant partie 
de la section des Malacodermes , de la famille des 
Serricornes ; le caractère le plus marquant de cette 
tribu consiste dans les mandibules arquées , avan- 
cées, terminées en une simple pointe ; la forme 
du corps varie un peu dans les différens genres; 
mais en général elle est oblongue, un peu con- 
vexe , avec la tête inclinée; le corselet est presque 
toujours transversal , plus large postérieurement ; 
Ics antennes allongées, dans les mâles au moins. 
On ne connaît pas leurs larves, et dans un genre 
seulement on a quelques observations de mœurs. 
(A. P.) 
CÉCIDOMYE, Cecidomya. (1xs.) Genre de Dip- 
tères, établi par Meigen, dans la famille des Né- 
mocères, et démembré du genre Tipule de Linné. 
Caractères : antennes simplement grenues, de 12 
articles dans les femelles , et d'environ 24 dans les 
mâles, simplement poilues ; ailes couchées sur le 
corps, n’ayant que trois nervures. Ces insectes 
ont le port de très-petites Tipules ; l'abdomen des 
femelles, corné à son extrémité, est terminé comme 
en espèce de dard; elles s’en servent pour percer les 
boutons à feuilles ou à fleurs et y introduire des 
œufs ; leur blessure fait gonfler le bouton, et ses 
larves y trouvent l'abri et la nourriture. On en 
connaît plusieurs espèces, toutes très-petites et 
propres à l’Europe. 
C. Granne, C. grandis, Meig. Elle est d’un 
noir cendré , avec les pieds bruns. (A :P:) 
CÉCILIE, Cærcilia. (revr.) Théodore de Gaza 
paraît être le premier qui ait employé le nom de 
Cæcilia pour désigner les serpens aveugles d’Aris- 
totélès, espèces de reptiles que les commentateurs 
ont cru retrouver dans l’Anguis fragilis, dans 
le Seps d'Italie, etc., qui pourtant ne sont pas 
aveugles. Linnæus l’appliqua à son tour à des ser- 
pens dont Aristotélès et ses successeurs n’ont pu 
avoir d'idée, mais qui du moins offrent cette dis- 
position, que leurs yeux cachés par la peau les 
font paraître aveugles au premier coup d'œil. 
Quelque arbitraire que soit cette application du 
mot Cæcilia de Linnæus, elle a prévalu, et au- 
jourd’hui elle est unanimement adoptée. Les Cé- 
cilies sont des reptiles à corps allongé, cylindri- 
que, dépourvus de pieds, revêtus d’une peau molle 
couverte d’un mucus gélatineux analogue à celui 
des tégumens des Batraciens, garnie de petites 
écailles minces, disposées en rangées transversales, 
logées comme celles des poissons dans l’épaisseur 
même du derme. Leur lête est petite, déprimée, 
le museau arrondi, -obtus, la bouche petite, la 
mâchoire non extensible , l'os maxillaire étant sans 
pédicule mobile, ct l'os tympanique enchâssé soli- 
dement dans les os du crâne; les dents simples, 
peliles, égales, coniques, légèrement recourbées 


85° Livraison, 6) 


CÉCI 


en arrière, disposées sur les maxillaires et les os 
du palais sur deux lignes courbes concentriques ; 
la langue large, molle, ovalaire, mince, adhé- 
rente par sa partie moyenne, et son sommet libre 
seulement sur ses bords; aux côtés de la lèvre su- 
périeure, des papilles cutanées plus où moins al- 
longées en manière de petits tentacules ou de bar- 
billons rétractiles ; les narines petites, placées à 
l'extrémité du museau, simples, libres, arrondies, 
ouvertes dans la bouche en arrière des os du pa- 
hais; les yeux petits, à peu près ou totalement ca- 
chés sous là peau; au-devant d'eux une petite ou- 
verture arrondie, communiquant dans une cavité 
ampullaire logée dans l'orbite au-dessous de l'œil, 
tapissée par une membrane muqueuse, lisse, que 
l’on a comparée au larmier des Cerfs et des Anti- 
lopes ; point de conduit auditif externe apparent ; 
leur oreille composée d’un seul osselet discoïdal , 
appliqué sur la fenêtre ovale comme chez les Sa- 
Jlamandres ; le tronc grêle, de grosseur égale par- 
tout , se continuant d’une manière insensible avec 
la tête, garni sur les côtés de rides annulaires 
plus ou moins nombreuses et plus ou moins arré- 
tées, comme chez les Salamandres et les Sirènes, 
réunies sur le milieu de l'abdomen en une sorte de 
raphé, les unes entourant tout le corps, d’autres 
n'en marquant que la moitié. L’on a cherché à dé- 
terminer les espèces de Cécilies d’après le nombre 
de ces rides circulaires ou semi-circulaires, mais 
leur nombre est trop variable chez les individus de 
la même espèce pour fournir un caractère assez ab- 
solu. La queue est très-courte , peu marquée, ter- 
minée par un cône obtus; l’anus arrondi, plissé 
concentriquement et presque terminal ; leur pou- 
mon est double, mais l’un des sacs est aussi petit 
que chez les serpens; sur les côtés du cou l’on 
trouve dans le jeune âge des trous analogues à ceux 
des Amphiumes, qui donnent à penser que dans 
une première époque ces animaux peuvent avoir 
des branchies, ce que vient encore appuyer la dis- 
position de l’hyoïde qui se compose de trois paires 
d'arceaux comme celui des Batraciens dans leur 
jeune âge, et l'oreillette du cœur, qui n’est qu’in- 
complétement divisée. Le crâne s’articule avec la 
première vertèbre par deux condyles comme celui 
des Batraciens, avec lequel il a d’ailleurs beau- 
coup de conformité ; les vertèbres s'unissent entre 
elles par des surfaces en cône creux comme celles 
des Sirènes et des poissons; leurs côtes sont courtes 
et grêles ; leur canal intestinal se rapproche beau- 
coup pour la disposition de celui des Batraciens. 
On trouve des matières végétales, de l’humus et 
au sable dans leur intérieur ; leur foie est, comme 
celui des Batraciens, divisé en plusieurs feuillets ; 
Von ne connaît pas la disposition de leurs organes 
reproducteurs, nileur mode de génération. On n’a 
rien de bien certain sur leur genre de vie; on dit 
que, comme les Amphisbènes, elles font des trous 
assez profonds en terre , dans les endroits bas et 
humides , et n’ensortent guère que lorsque la pluie 
les en ehasse. Quelques auteurs pensent qu’elles 
vivent dans l’eau comme les Tritons. Une organi- 
sation qui offre des points de contact si nombreux 


54 


ee 


CÉCI 


—— 
avec des animaux si diflérens les uns des autres, a 
dû jeter dans quelque perplexité les classifica- 
teurs systématiques; aussi les uns ont-ils rangé 
les Cécilies avec les Amphisbènes parmi les Sauro- 
phidiens , d’autres en ont fait une famille à part 
qu’ils ont placée à la suite des serpens, et que quel- 
ques uns ont désignée sous le nom de Pseudophi-- 
diens ; d’autres les ont rapportées aux Batraciens 
sous la désignation de Batraciens apodes; d’au- 
tres enfin les ont rapprochées des Amphisbènes et 
des Sirènes ou Batraciens ichtiyoïdes dérotrêmes 
sous le nom de Gymnophidia. L'observation du 
genre de vie, du mode de reproduction et du dé- 
veloppement de ces animaux peul scule dissiper 
les doutes sur leurs rapports naturels, 

L’oniconnait plusieurs espèces de Gécilies, telles 
que : 

La Cécore Lomgricoïne (C. lumbricoïdes, C. 
gracilis), entièrement aveugle, à corps grêle, 
cylindrique, très-long, à plis latéraux peu mar- 
qués; noirâtre , longue d’un à deux pieds, de la 
grosseur d’une plume d’oie. De l'Amérique mé- 
ridionale. 

D’autres Cécilies à corps également cylindrique 
ont été réunies en un groupe à part, à cause de Ja 
présence des yeux et de l'existence du larmier, qui 
a fait donner à ce groupe le nom particulier de 
Syphonops, savoir : 

La Cécicre ANNELÉE, €. annulata, d’un vert 
olivâtre, chaque sillon des flancs marqué d’une 
couleur pâle et blanchâtre , longue d’un pied à un 
pied et demi, de Ja grosseur du doigt. Elle habite 
le Brésil. 

La Cicire TenracuLée (C. tentaculata, C. al- 
biventris ?) , de couleur noirâtre, le ventre marbré 
de blanc ; sa longueur est de près de deux pieds 
et de huit à neuf lignes de diamètre. On la rencon- 
tre à Surinam et dans l’Amérique méridionale. 

La CéciLre À ANNEAUX INTERROMPUS (C. interrup- 
ta, Cuv.) se distingue de la Cécilie annelée par 
ses anneaux blancs qui ne se réunissent pas en des- 
sous ; du reste, elle a les mêmes proportions et la 
même palrie. 

La Gécivre a mussau porNru(C. rostrata, Cuv.). 
Cette Cécilie n’ést pas marquée de blanc dans le 
sillon de ses anneaux; son museau est plus aigu que 
dans les espèces précédentes ; elle n’en diffère pas 
sous le rapport des proportions; comme elles, elle 
est de l'Amérique méridionale. 

Cécnre À Deux BANDES ( C. bivittata, Cuv. }). 
Egalement d'Amérique, de couleur brunâtre, mar- 
quée sur chaque flanc d’une ligne fauve, longue 
de moins d’un pied, de la grosseur d’une plume 
de paon (figurée dans l'Iconographie de Guérin, 
pl 25! fig. 2, et dans notre Atlas, pl 85, fig. 3. 

Il est enfin des Cécilies à corps plus comprimé, 
à queue plus pointue, à tentacules assez pronon- 
cés , et à œilpetit, mais marqué. On leur a donné, 
cause de leur forme , le nom particulier d'Ichihyo- 
phis; d’autres auteurs, à cause de la disposition 
des tentacules, leur ont donné le nom d Epicrium, 
du mot grec épicrion , antenne. Fe | 

Ici se rapporte la Cécuse eLuTineuse, C. gluli- 


me Be mine 


CÉCR 35 


CÉDR 


nosa hypocyana Epicrium (Vanhasselt) noire olivä- | 


tre en dessus ,grisebleuâtre en dessous , avec une 
rangée de taches jaunâtres , souvent confondues en 
ligne continue le long des flancs. Cette Gécilie se 
trouve à Ceylan'età-Java; les Javanais lui donnent 
le nom d’Oc/ar doeël. Les plis des flancs sont bien 
plus serrés et moins enfoncés que dans les autres 
Cécilies. 

Les Gécilies sont des animaux tout-à-fait inoffen- 
sifs, qui ne méritent pas du tout la mauvaise répu- 
tation qu’on leur à faite. (T. C.) 

CÉCROPIE, Cecropia. (mor. rnax.) Arbre de la 
famille des Urticées, Diæcie diandrie, indigène 
aux Antilles, où ses tiges creuses, divisées inté- 
rieurement par des cloisons transversales, placées 
de distance en distance , lui ont fait donner le nom 
de Bois trompette. 

Ce genre a pour caractères distinctifs : fleurs 
en épis amentiformes ; les mâles à calice turbiné, 


anguleux, tronqué au sommet , et percé de deux : 


trous qui donnent passage aux deux étamines ; les 
femelles à calice bidenté au sommet, un style per- 
sistant , deux étamines stériles, un ovaire unilo- 
culaire et monosperme. Le fruit est un akène 
ovoïde , allongé, lisse, enveloppé par le calice. 

_ On connaît trois espèces de Bois trompette ou 
Cécropie, confondues par Linné en une seule, 
mais distinguées et séparées par Willdenow. La 
plas commune est la CÉcrorix PELTÉE , C. peltata, 
arbre de trente pieds el plus , à tronc cylindrique 
et fistuleux ; feuilles grandes, cordiformes, peltées 
{c’est-à-dire où le pétiole est inséré , non au bord, 
mais au milieu de la feuille), à septou neuf lobes 
très-obtus et acuminés ; la face supérieure est d’un 
vert foncé; un duvet blanc et cotonneux recouvre 
l’inférieure. Les fleurs sont très-petites ; les cha- 
tons mâles, réunis par quatre à huit au sommet 
d’un pédoncule commun, sont enveloppés d’une 
spathe monophylle, qui tombe avant l’épanouis- 
sement. Gette espèce, abondante aux Antilles et 
sur le continent de l'Amérique méridionale , a été 
figurée par Jacquin et par Lamarck ; c’est le Ya- 
ruma Oviedi de Soane, et le Corlotapalus ramis 
excavatis de Brown. 

Les deux autres Cécropies sont indigènes au 
Brésil; l’une, Cecropia palmata , se distingue par 
ses feuilles digitées, vertes en dessus, tomenteu- 
ses en dessous ; Marcgraaf l’a décrite sous le nom 
d’Ambayba ; l'autre, C. concolor , estremarquable 
en ce que ses feuilles sont également vertes sur les 
deux faces. (L.) 

CÉCROPS, Cecrops. (crusr.) Genre de l’ordre 
des Branchiopodes, fondé par Leach (Encycl. 
brit., suppl. 1 ),et adopté par Latteille , qui le 
place, dans son Cours d’entomologie , dans 
la famille des Caligides, et dans la deuxième 
tribu des Hyménopodes. Ses caractères généri- 
ques sont: test coriace, séparé en deux, la por- 
tion antérieure en forme de cœur , profondément 
échancrée en arrière; antennes à deux articles; ab- 
domen aussi large que le test; deux articles à Ja 
paire des pattes antérieures, qui sont armées d’un 
ongle fort et recourbé ; trois articles à la seconde 


paire, plus minces , et dont le dernier est bifide ; 
troisième paire plus forte, n'ayant qu’un seul ar- 
ticle et un ongle très-fort ; les quatrième et cin- 
quième paires bifides; les hanches et les cuisses 
des sixième et septième paires très-dilatées , lamel- 
liformes et réunies en paires; bec inséré derrière 
les pattes antérieures , ayant de chaque côté de sa 
base un appendice ovale. Ge genre , remarquable 
par son organisation, se distingue très-aisément 
des Limules, des Caliges et-des Argules, avec 
lesquels cependant il a quelque analogie. On n’en 
connaît jusqu’à présent qu’une seule espèce qui 
est le: Cécrors ne LarrgiLre, Cecrops Latreilli , 
figuré par Desmarest, Gonsidér. génér. sur les 
Crustacés , pl. 50, fig. 2. D’après Latreille, cette 
espèce vivrait sur les branchies du Turbot. 
(H. L.) 
CÉDONULLI, Cedonulli. (mozr.) Coquille uni- 
valve appartentant au genre Cône , qui a toujours 
été considérée comme l’une des plus précieuses 
de toutes celles qui ornent les cabinets des con- 
chyliologistes. Cette espèce, que Lamarck a fort 
bien décrite dans le 5" vol. de ses Animaux 
sans vertèbres, varie à l'infini, et ne se trouve 
que fort rarement à l’état bien frais; d’où l’on 
peut conclure qu’elle habite à de grandes profon- 
deurs dans la mer. Dans cet état de belle conser- 
vation, elle a un prix assez considérable, qui est 
rarement moindre de trois cents francs. Lamarck 
en possédait un exemplaire qui fait aujourd'hui 
partie de la collection de M. le duc de Rivoli, et 
que l’on va voir par curiosité; celte intéressante 
coquille offre sur le milieu de son dernier tour 
deux fascies transverses , composées de taches 
irrégulières d’un blanc légèrement bleuâtre, cir- 
conscrites de brun ; le fond est parsemé de petits 
points rangés en lignes assez symétriques ; mais 
en outre on remarque quatre cordonnets perlés et 
fortement exprimés, dont l’un se trouve placé au 
dessus des deux fascies, et les trois autres au des- 
sous. La base et la spire sont élégamment pana- 
chées de blanc. Cette espèce, qui n’atteint que 
deux pouces ordinairement , habite les mers de 
l'Amérique méridionale et des Antilles. De tous 
les ouvrages connus, l’Encyclopédieest celui qui 
a donné le plus de figures des variétés sans nom - 
bre de l'espèce que nous décrivons. Nous ne ter- 
minerons pas cet article sans dire un mot du 
hasard qui favorise certains individus. Un mar- 
chand de la capitale a acheté moyennant trente 
sous, il y a peu d'années, en face du portail de 
l'église Saint-Roch, un très-bel individu du cône 
Cédonulli, qu'il arevendu 300 francs au bout de 
quelques jours. Le même marchand trouva peu de 
temps après sur une des places de Londres trois 
autres coquilles de cette espèce, qui ne Jui coù- 
tèrent que quelques schelings , et dont ilse défit, 
sur l’heure même, avec un bénéfice tel, qu’il fut 
défrayé de toutes les dépenses de son voyage. 
(Ducz.) * 
CÉDRAT et CÉDRATIER. (mor. Pnan.) Le 
premier nom indique le fruit, le second celai de 
l'arbre qui le porte. Le Gédratier est un genre du 


CÈDR 


36 CÈDR 


groupe des Citronniers; nous en parlerons en trai- 
tant du Crrronnier et des Hesréripées. (Woy. ces 
deux mots), (T. ». B.) 

CÈDRE, Cedrus. (5or. pxan.) Nom équivalant 
dans toutes les langues orientales au mot puissance, 
et le plus anciennement connu d'un arbre célèbre 
par son élévation , la grosseur qu'il acquiert, le 
nombre des années qu’il compte, el par l'indes- 
tructibilité de son bois recherché pour les con- 
structions nauliques, pour les temples et les autres 
grands édifices. Autrefois il croissait spontanément 
sur les hautes montagnes du Liban, de l'Ama- 
nus ect du Taurus; la main de l’homme est par- 
venue à l'y détruire avec la fin du dix-huitième 
siècle de l'ère vulgaire, et peut-être aujourd'hui 
regarderait-on comme un phénomène; de ren- 
contrer un seul individu aux lieux où l’antiquité 
nous dit qu'il en existait d'immenses forêts. On 
ne le trouve point sur les monts Ourals, uni dans les 
environs de la mer Caspienne , ainsi que l'ont écrit 
Pallas et ceux qui l'ont servilement copié; mais il 
est de nos jours tellement répandu, tellement 
prospère en Europe, qu’on le croirait originaire 
du sol et des climats divers qu’il y a adoptés. 

Son introduction en France est d’une date fort 
reculée ; j'en connais deux tiges plantées, en 1469, 
par Ebérard de Wurtemberg, dans la courdu vieux 
château de Montbeillard, où je les ai vues plus de 
trois siècles après, en 1792, entourées par d’anti- 
ques tilleuls ; elles avaient alors acquis une hau- 
teur considérable, et rien, m'écrit-on, rien n’an- 
nonce encore, en 1834, qu'elles doivent dépérir 
de long-temps. Ge n’est que depuis 1727, époque 
à laquelle Bernard de Jussieu rapporta celui que 
l'on admire au labyrinthe du Jardin des Plantes 
de Paris, que le Cèdre du Liban s’est répandu 
dans presque tous nos départemens, et que ses 
graines commencèrent à lever sans soins autour 
des arbres qui les ont produites. Chez nous, il est 
moins remarquable par sa slalure gigantesque , sa 
forme pyramidale et son port majestueux, que 
par la grosseur de son tronc et la grande étendue 
de ses branches très-ouvertes, très-nombreuses, 
dont les plus basses s’éloignent horizontalement à 
plus de dix mètres, et se courbent vers la terre ; 
en se couchant Jes unes sur les autres , elles offrent 
des étages de verdure que le vent ondule à chaque 
instant. Les rameaux suivent la même direction. 
Les feuilles qui les décorent sont petites, courtes, 
éparses, raides et piquantes, d'un vert sombre, 
réunies en faisceaux divergens ; elles persistent 
lorsque celles des autres arbres sont tombées. Le 
berceau que forment les branches et les rameaux 
est impénétrable à la pluie et au soleil ; il s’élargit 
à proportion que le Cèdre monte, de manière que 
sa circonférence est presque toujours à peu près 
égale à la hauteur de l'arbre, particulièrement 
lorsqu'il se trouve dans un licu très-ouvert et qu'il 
est isolé. L’on a avancé une grande erreur quand 
on a dit que la flèche est constamment inclinée 
vers le nord; ce cas est infiniment rare et pure- 
ment accidentel. 

Les deux sexes sont séparés sur le même indi- 


vidu. Les chatons mâles sont ovoïdes, allongés ; 


les chatons femelles sont constamment presque 
cylindriques, et placés au sommet des jeunes ra- 
meaux. Le cône qui leur succède, de la grosseur 
d’une forle orange, a la forme d’un œuf dont la 
partie supérieure , aplatie ou déprimée, regarde 
le ciel; il demeure deux ans fixé aux branches. 
Alors seulement les graines sont arrivées à leur 
maturité complète, et quittent les espèces de plica- 
tures dans lesquelles elles sont contenues et telle - 
ment pressées que la moitié avorle. Ces semences, 
assez grosses, à odeur très-balsamique, veulent 
être confiées aussitôt à la terre, si l’on désire les 
voir produire, . \ 

Le Cèdre, que l’on voit figuré dans notre Atlas, 
pl. 85, fig. 4, se plaît dans les terres légères, sa- 
blonneuses et pierreuses , au sommet, sur leflanc 
des montagnes , comme dans les plaines, pourvu 
que celles-ci ne soient point sujelles aux inonda- 
tions , et qu'elles ne retiennent point l’eau durant 
l'hiver. Les gelées lui nuisent, surtout quand il 
est jeune; mais, une fois parvenu à sa vingt-cin- 
quième année , il brave les froids les plus rigou- 
reux ; il supporta, sans en souffrir aucunement, 
les hivers mémorables de 1789, 1820 et 1830. 
Sa croissance est très-lente pendant les premières 
années , mais elle devient ensuite assez rapide ; je 
l'estime être de quatorze et quinze millimètres par 
année. 

Son bois est résineux, blanchâtre tant qu’il est 
plein de force , rougeâtre quand il entre dans l’âge 
de la caducité; de plus il est réellement incorrup- 
tible; en brûlant , il dégage une odeur agréable : 
on le distingue assez diflicilement de celui du pin 
sylvestre quand il est à son moyen âge ; le grain 
en est lâche. Il jouissait autrefois d’une très-haute 
réputation. Le fameux temple de Jérusalem était 
en bois de Cèdre, ainsi que le palais des rois per- 
sans à Persépolis, qui périt dans l'incendie com- 
mandé par Alexandre au milieu d’une débauche. 
Les architectes modernes ne professent point la 
même estime pour ce bois, sans doute parce qu’ils 
le connaissent mal, ou qu’on le leur livre trop 
jeune, et qu’alors il est sujet à se fendre par l'effet 
de sa dessiccalion. Une substance résineuse, fort 
peu différente en apparence de celle du mélèze, 
découle de son écorce : elle jouit des mêmes pro- 
priétés que celle du sapin. 

De même que tous les arbres résineux, le Cèdre 
ne repousse pas de ses racines une fois que l’on a 
porté sur lui la hache. Du reste sa multiplication 
par voie de semis et sa cullure sont extrêmement 
faciles. On a conseillé les boutures ; elles réussis- 
sent si rarement que ce moyen est sans valeur. 

Le Cèdre du Liban appartient à la Monoécie 
monadelphie, et à la famille des Conifères. Les 
très-grands rapports qu’il présente avec le Mélèze, 
Larix, déterminèrent Tournefort et Linné à le 
réunir à ce genre; d’autres botanistes l’ont succes- 
sivement promené du genre Pinus au genre Abies: 
ce qu'il y a de certain, c’est qu'il doit former un 
genre particulier entre le premier et le second. 

On a abusé du mot Cédre pour l'appliquer à 


CÈDR 37 


CÉLA 


des végétaux qui sont étrangers à l'arbre que nous 
venons de décrire. Voici les principales de ces 
fausses dénominations qu’il serait à désirer de voir 
se perdre pour toujours. Elles entraînent à de 
oraves erreurs la tourbe des demi savans , et par 
suite ceux qui les écoutent, 

Cipre-Acasou, nom vulgaire de l’Acajou à 
meubles ou Mahogon d'Amérique, Swietenia 
Mahogont, ainsi que de l’'Acajou à planches, ou 
Cédrel odorant, Cedrela odorata. 

Cxpne 8Lanc. Les habitans du Canada donnent 
ce nom vulgaire au Cyprès à feuilles de Thuya, 
Cupressus thuyoides. 

Cipre pe Busaco, le même quele Cyprès glau- 
que, Cupressus pendula de L'Héritier. 

Cipre n’encens. On appelle ainsi le Genévrier 
de l'Europe méridionale , Juniperus thurifera, L. 

Cèpre »’Espacne. Dans quelques catalogues on 
désigne encore sous ce nom le Génévrier à encens. 

Core pe Goa. Le même arbre que le Cèdre de 
“Busaco. 

Cipre ne LA Carouwr. Variété du Genévrier 

- de Virginie, J'uniperus virginiana. 

Cèpre pe La Jamaïque. Nom improprement 

donné à un arbre de la famille des Malvacées , le 
Guazume à feuilles d'Orme, Guazuma ulmifolia 
de Lamarck. 

Cëpre DE LA SIBÉRIE. Dans ses voyages , Pal- 
las donne ce nom au Pinus cembra. Quoique 
“Gmelinet Patrin aient, depuis long-Lemps, détruit 
l'erreur accréditée par les traducteurs du natura- 
liste russe , on la retrouve encore dans les auteurs 
-modernes. Il n’y a point de Cèdres proprement 
-dits dans les forêts de la Sibérie, ni dans aucune 
‘partie de la vaste contrée appelée Russie. 

Cipne pes Benmunes. Le Genévrier particulier 
aux îles de l'Amérique septentrionale découvertes 
en 1927 par Juan Bermudez, J'uniperus bermu- 
diana, L. 

…. CÈpre LYGIEN. Variété du Genévrier de la Phé- 
nicie, Juniperus phœnicea, dont on a fait à tort 
“une espèce. 

Cipre nouce. On appelle ainsi tantôt le Gené- 
vrier de la Virginie, J'uniperus virginiuna, tantôt 
la grande espèce d’Iciquier, Zciquia altissima. 

, 'ÉER B) 

* CÉDRÈLE, Cedrela. (mor. rman.) Ce genre, 
ainsi appelé parce qu’il a la qualité du Cèdre, ou 
parce qu'il lui ressemble, appartient à la famille 
des Méliacées ou à*celle des Cédrélées de Brown. 
Il est ainsi caractérisé : calice persistant, à 5 dents; 
corolle infundibuliforme , pentapétale ; cinq éta- 
mines ; un style ; un stigmate ; capsule ligneuse à 
cinq valves, à cinq loges ; graines membraneuses, 
imbriquées ; réceptacle ligneux. La seule espèce 
de ce genre qui doive nous intéresser est le Ce- 
drela odorata , vulgairement appelé Acajou à 
planches (voyez Acazou, ). Son tronc acquiert 
des dimensions telles qu’on en construit des 
canots tout d’une pièce, de 4o pieds de lon- 
gueur sur cinq de largeur. Le bois en est ordinai- 
rement rouge. Îl yen a aussi de marbré, de jaune, 
de couleur de chair, Il se polit aisément , et de- 


vient très-luisant. Il pourrit difficilement dans 
l’eau , et est inattaquable aux vers. On en fait des 
meubles qui communiquent leur odeur suave au 
linge qu'on y renferme. Il est originaire de l'Amé- 
rique méridionale. (G. £.) 
CÉDRÉLÉES. (mor. run.) Genre des Mélia- 
cées, que R. Brown a érigé en famille , à cause de 
la structure du fruit et des semences ailées qu’of- 
fre le type, connu sous lenom vulgaire d’Acajou 
à planches, et que les botanistes appellent CennÿLe. 
(F. ce mot.) (G. £.) 
CEDRIA. (em. ) Liqueur que les anciens Egyp- 
tiens préparaient pour l’'embaumement de leurs 
momies de seconde classe; elle avait la propriété 
de dissoudre les viscères ; on l'introduisait dans le 
ventre, et lorsqu'elle avait produit l'effet voulu, 
on la laissait s’écouler ; on couvrait ensuite le corps 
de natrum, et après soixante-dix jours on le re- 
mettait aux parens. (T. ». B.) 
CÉLASTRE, Celastrus. (8orT. Pnan.) On con- 
paît plus de quarante espèces de Célastres, qui 
toutes sont arbustes ou arbrisseaux appartenant à 
la Pentandrie monogynie et à la famille des Rham- 
nées. Quelques unes méritent d’être remarquées 
pour leurs fleurs ou pour leurs fruits. On les trouve 
également dans l’un et dans l’autre hémisphère. 
Le pays qui en fournit le plus est le cap de Bonne- 
Espérance, ensuite le Chili, puis le Pérou. Le 
CÉLASTRE DE VirqiniE , C. bullatus, arbuste buis- 
sonneux aux fleurs blanches, disposées en épis 
terminaux, et le CÉLASTRE pu Canana, C. scan- 
dens , appelé Bourreau des arbres , parce qu’il s’en- 
roule autour d’eux, les presse si fortement qu'il 
les fait périr, sont de pleine terre et viennent 
partout, excepté dans les terrains crayeux ; ils pro- 
duisent un fort bel effet quand ils se décorent de 
leurs fruits d’un très-beau rouge. Mais ils perdront 
de leur crédit du moment que l’on parviendra à 
compléter la naturalisation dans nos cullures du 
CÉLASTRE PANICULÉ de l'Éthiopie , C. pyracanthus, 
qui forme un buisson lâche presque sans épines, 
à feuilles toujours vertes, lancéolées, à peine 
dentées, ayant ses jeunes rameaux rougeûlres, 
ses corymbes de flewrs blanches, nombreux, axil- 
laires et terminaux, auxquelles succèdent des 
fruits d’un rouge éclatant, assez gros. Déjà celle 
jolie espèce supporte dans le nord de la France 
les premiers degrés de congélation. Il en est de 
même du petit Gerisier des Hottentots, ©, luci- 
dus, dont Jes rameaux cylindriques sont constam- 
ment garnis de fouilles ovales, fermes , luisantes, 
armées en leur sommet d’un aiguillon crochu. Il 
porte des fleurs blanches qui demeurent épanouies 
depuis le printemps jusqu'en automne, et de pe- 
tits fruits rouges assez semblables à des cerises , 
d'où lui est venu le nom qu'il porte. Les Arabes 
possèdent une espèce, C. esculentus , dont ils man- 
gent les baies quoiqu’elles aient un goût âcre; ils 
préparent encore avec une boisson enivrante, 
ainsi qu'unc liqueur distillée très-alcoolique. 
Le genre Celastrus à de grandes aflinités avec 
le genre Evonymus ou Fusain et le genre Cassine; 
il diffère sculement du premier par le stigmate 


CELL 


qu'il a profondément lrilobé, et par sa capsule à 
trois et quelquefois deux loges; il s'éloigne du se- 
cond par son fruit capsulaire et ses graines dures 
et rouges qui sont munies d’un arille rouge et 
charnu. (T. ». B.) 
CÉLASTRINÉES. (zor. rnan.) Robert Brown 
ayant remarqué parmi les Rhamnées une légère 
différence dans l’eslivation , qui est pour les unes 
imbriquée , et pour les autres valvaire, ainsi que 
dans lovaire qui se trouve chez les premières 
toujours libre , tandis qu'il est chez les secondes 
plus ou moins adhérent avec le calice, s’est cru 
suffisamment aulorisé à en former deux coupes 
distinctes : 1° la famille des Célastrinées compre- 
nant les genres Cassine, Celastrus, Evonymus, 
Polycardia, Staphylea, etc.; 2° et la famille des 
Rhamnées proprement dites. Les caractères sur 
lesquels le botaniste anglais fonde ce changement 
ne sont pas aussi constans qu'il l'estime , puisque 
l'ovaire du genre À hamnus, qu'il conserve en son 
- entier, est tout-à-fait libre dans les espèces cathar- 
licus, frangula, infectorius, minutiflorus, etc., 
quand il est habituellement adhérent au calice 
dans les autres. La coupe proposée n’est donc 
point heureuse, et doit être mise au néant. 
(T. ». B.) 
CÉLERI, Apium dulce, T. (aën.) Les Italiens 
ont été les premiers à tirer des lieux humides et 
marécageux l’Acue, ÆApium graveolens (voy. ce 
mot), et à la transformer en plante potagère. La 
culture lui a fait perdre sa saveur désagréable, 
son odeur forte ;et, en introduisant dans son tissu 
une séve surabondante, elle nous a procuré plu- 
sieurs sous-variélés, que l’on peut réduire à qua- 
tre , savoir : 1° le Célert long ou tendre, que d’autres 
appellent grand Céleri, dont la couleur est d’un 
vert clair ; il est très-sujet à la rouille; un brouil- 
lard, auquel succède un soleil ardent, suflit pour 
l’endommager ; 2° le Céleri court, au vert foncé, 
à la racine dure, qui est hâtif et peu sensible à la 
gelée; 3° le Céleri branchu , tirant son nom de sa 
forme, peu élevé , d’une couleur foncée, ayant 
des tiges nombreuses, doux, parfumé et d'une 
odeur forte; 4° le Céleri-rave : ses feuilles sont 
couchées sur terre horizontalement et circulaire- 
ment ; sa racine est semblable à celle d’un navet ; 
il est très-délicat , très-parfumé, surtout après 
qu'il a été cuit. On mange la base des pétioles 
et des jeunes Lliges; on confit les sommités fleu- 
ries ; la racine et les graines sont employées en mé- 
decine, la première comme apéritive, les secon- 
des comme semences chaudes. Les bestiaux en 
mangent les issues avec avidité. Le Céleri cultivé 
est une plante saine, agréable, alimentaire; le Cé- 
leri sauvage, au contraire, est plus que suspect 
pour l’homme , il a souvent causé de graves dan- 
gers ; les chevaux n’y touchent point ; les chèvres, 
les moutons et quelquefois les vaches le mangent 
sans inconvénient. (T. ». B.) 
GELLAIRE. (roryr.) Genre qui sert de type à 
l'ordre des Cellariées dans la division des Poly- 
piers flexibles cellulifères. Les Cellaires, suivant La- 
mouroux , sont des polypiers phytoïdes , articulés, 


58 CELL 


cartilagineux, cylindriques, rameux, à cellules 
éparses sur leurs surfaces. ! 
Les espèces les plus disparates semblent avoir 
été réunies dans le genre Cellaire, qu'on a formé 
de tous les polypiers qui ne pouvaient se classer 
dans les Flustres et les Sertulaires. Comme chez 
ces dernières, les cellules sont disposées de ma- 
nière à former des tiges branchues, mais elles. 
n’ont pas de tube de communication dans l'axe. 
Leur substance est d’ailleurs plus calcaire , ce qui 
les rend plus fragiles et moins flexibles. Leur cou- 
leur, au sortir de la mer, varie; il yen a d’un 
rouge vif et foncé, d’autres d’un jaune plus où 
moins brillant; leur plus grande hauteur est d’en- 
viron un décimètre. Les principalesespèces sont la 
CELLAIRE sALICOR , toujours dichotome, avec des ar- 
ticulations cylindriques ou fusiformes , couvertesde 
cellules rhomboïdales (voy. Atlas, pl. 86, fig.1); la 
CELLAIRE VELUE, remarquable par les poils longs et 
nombreuxdont elle est couverte depuis la base jus- 
qu'aux extrémités; elle est originaire de la merdes]In- 
des ; la CELLAIRE ovase, dont les articulations pyri- 
formes se composent de dix cellules: ce polypier vi- 
vantest d’un vertbrillant, le polype estrougeûtre; on 
trouve sur les côtes des îles Kouriles ; et enfin la 
CELLAIRE ciERGE , filiforme. Guvier a nommé Sa- 
LICORNIAIRES Ces polypes à cellules. Po) 
CELLARIÉES. (Porvr.) Elles forment le troi- 
sième ordre des polypiers cellulifères dans la di- 
vision des Flexibles. Voici les caractères qui leur 
sont assignés par Lamouroux : polypiers phytoïdes, 
presque toujours articulés, à rameaux planes , 
comprimés ou cylindriques, à cellules communi- 
quant souvent entre elles par leur extrémité infé- 
rieure, ayant leur ouverture en général sur une 
seule face; à bord rarement nu, ordinairement 
avec un ou plusieurs appendices sétacés sur le 
côté externe; point de tige distincte. Les Cella- 
riées varient beaucoup dans leur forme; leurs 
couleurs ne sont pas moins variables ; desséchées, 
elles sont d'un blanc jaunâtre; quelques unes 
sont d’un blanc éclatant, d’un brun foncé; d’au- 
tres vertes, rouges, jaunes. On les trouve isolées 
ou groupées ensemble däns toutes les mers, et 
d'autant plus nombreuses qu’on se rapproche da- 
vantage des régions équatoriales. M. Lamouroux 
a divisé l’ordre des Cellariées en plusieurs genres 
dont les espèces peuvent encore se multiplier par 
de nouvelles observations; ainsi il distingue les 
Crisies, dont les cellules sur deux rangs, Ordinai- 
rement alternes, s'ouvrent sur la même face; les 
Acamarchis, disposées de même, mais avec une 
vésicule à chaque ouverture; les Loricules , dont 
chaque articulation se compose de deux cellules 
adossées, avec des orifices opposés vers le haut 
qui est élargi ; les Eucratées, où chaque articula- 
tion n’a qu'une seule cellale à ouverture oblique, 
(P. G.) 
CELLÉPORE. (rorvr.) Genre qui sert de type 
à l’ordre des Celléporées dans la division des po- 
lypiers flexibles cellulifères , et offrant pour ca- 
raclères principaux : un amas de petites cellules 
ou vésicules calcaires , serrées les unes contre les 


PL. 60. 


z.Cellaire 2.Celyphe 3.Centauree. 4.5 Cenbisque. 6.Centraunote. 7-Centrote. 


Æ Cuerin dr 


CELL 


39 CELS 


autres, et percées chacune d’un petit trou ; polype 
isolé. ds 
Les Cellépores sont peu remarquables par leurs 
formes et leurs couleurs; souvent, à cause de 
leur petitesse et de leur aspect demi-transparent, 
on les confond avec de simples dépôts calcaires, 
et ils contiennent si peu de matière animale que 
les acides les dissolvent presqu’en entier. On les 
trouve ordinairement en plaques plus où moins 
étendues sur toutes les productions marines soli- 
des ou végétales. L'étude des Gellépores n’est pas 
encore assez approfondie pour qu'il soit permis 
de les classer d’une manière rigoureuse; cepen- 
dant on en connaît plusieurs espèces , distinguées 
jusqu'ici par des nuances peu tranchées; telles sont: 
la Cezzirore LABIÉE, dont les cellules forment de 
petites roses ou des verticilles sur quelques sertu- 
lariées de l’Australasie ; la CELLÉPORE MÉGASTOME , 
dont les cellules ovoides ont l'ouverture presque 
centrale ct très-grande , cetle espèce se trouve sur 
les corps fossiles de la craie des environs de Pa- 
ris; la CEzLÉPORE sponerrTE : dont les cellules sont 
sériales , un peu ventrues , à ouverture orbiculaire; 
elle est d’un blanc jaunâtre, et sa grandeur varie 
de quatre à vingt centimètres : on la trouve dans 
la Méditerranée , en Amérique, dans la mer des 
Indes ; la CELLÉPORE TRANSPARENTE : elle forme 
de petites croûtes blanches , brillantes, sur les flo- 
ridées des mers d'Europe, ainsi que sur des pro- 
ductions marines; on ne peut bien lobserver 
qu'avec une forte loupe ; les cellules en sont ova- 
les, allongées, à ouverture simple, un peu obli- 
que et régulière. Enfin il existe encore plusieurs 
espèces non décrites, ct dont le nombre doit 
s’augmenter sans doute par de nouvelles obser- 
vations. (P. G.) 
CELLÉPORÉES. Ce que nous avons dit à l’ar- 
ticle Cezzépore, genre qui forme le type de cet 
ordre, nous dispense d'entrer dans les détails 
d’une nouvelle description; les caractères que 
nous avons assignés au genresont précisément ceux 
qui distinguent cet ordre; ajoutons seulement, avec 
Lamouroux, que ces petits zoophytes ont une sub- 
stance beaucoup plus solide que les autres poly- 
piers de la mêmedivision ; qu’il en est même qu’on 
pourrait regarder comme entièrement pierreux, 
à cause de leur dureté dans l'eau, où ils sont plus 
flexibles que dans l’air ; que, desséchés, ils sont rai- 
des et fragiles ; que les Celléporées, en général 
microscopiques, n’offrent point dans leur couleur 
de nuances varices et brillantes, et qu’enfin on les 
rencontre dans touies les mers , où elles adhèrent 
aux rochers, aux plantes, aux crustacés, aux 
mollusques testacés. Jusqu'ici on n’en donne que 
deux genres : la Cellépore que nous avons indi- 
quée, et la Tubilipore. (P. G.) 
CELLULAIRE. (anar.) Joy. Tissu. 
CELLULES. (anar.) Nous nous contentons de 
définir ce mot, réservant pour l’article Tissu tout 
ce qui concerne l’organisation des Cellules, leur 
analogie dans le règne animal et le règne végétal, 
leurs propriétés, etc. ; les faits curieux qui se pré- 
sentent, sous ces divers rapports, ont été surtout 


examinés d’une manière toute neuve par M. Raspail, 
auquel nous devrons les emprunter. Dans le sens 
le plus général, le mot Cellule désigne une petite 
loge ou cavité, soit qu’on veuilie indiquer celles 
qui, par leur ensemble, ct en se modifiant de di- 
verses facons , forment pour ainsi dire la trame de 
tous les tissus; soit qu'il s’agisse de certaines 
excavations plus prononcées et qu’on rencontre 
dans les organes comme les os, les corps caver- 
neux, les divers sinus, les poumons. 

CELLULES. (rozyr.) On appelle ainsi les par- 
ties creuses qui servent d'habitation aux polypes. 
La Cellule est liée aux polypes comme le mollus- 
que testacé à sa coquille, et n’en renferme jamais 
qu’un seul; mais comme elle varie considérable- 
ment, et qu'il est utile de l’étudier dans chaque di- 
vision, dans chaque ordre, nous renvoyons ce qui 
a rapport à cette étude au mot Poryre et aux ar- 
ticles qui en dépendent. 

CELLULES. (sor.) Les botanistes donnent éga- 
lemént à ce mot plusieurs applications différentes : 
tantôt il sert à désigner les petits vides dont la gé- 
néralité compose l’ensemble du tissu cellulaire ; 
tantôt on donne ce nom à de petites chambres, 
séparées les unes des autres, dans une capsule, 
par autant decloisons, ou aux loges dans lesquelles 
sont renfermées les graines ou semences. La moelle 
des plantes est constamment formte de Cellules, 
plus abondantes dans les herbacées que dans le 
tissu des arbres, et plus aussi dans les jeunes 
pousses de ceux-ci que dans leur ancien bois. 

(PC). 

CÉLOCASIE. (or. pHan.) Voy. GOLOGASIE. 

CEÉLONITE, Celonites. (ins. ) Genre d'Hymé- 
noptères de la famille des Diploptères , tribu des 
Masarides, établi par Latreille, et ayant pour carac- 
ières : premier et deuxième articles des antennes 


-plus courts que le troisième, le huitième et suivans 


formant une massue courte dont les articles sont 
peu distincts; les ailes n’ont que deux cellules cu- 
bitales complètes ; le seul insecte connu de ce 
genre a l'abdomen plat en dessous, et ses anneaux 
sont prolongés en forme de dents sur les côtés ; le 
dernier segment est armé d’épines dans les mâles; 
cette conformation, qui se rapproche des Chrysis 
d’une part, et des Anthidies de l’autre, jointe à la 
faculté qu'il a de se mettre en boule quand on le 
saisit, me fait penser que celte espèce doit vivre en 
parasite. Get insecte à été décrit par Fabricius 
sous le nom de CÉLONITE APIFORME , €. apiformis. 
Jurine l’a figuré dans la nouvelle Méthode de 
classer les Hyménoptères, pl. 10, genre 17; il est 
long de quatre à cinq lignes, noir, avec les anten- 
nes, exceplé les deux premiers anneaux, fauves ; 
la tête, le corselet et l'abdomen sont chargés de 
taches et de bandes jaunes. On le trouve, mais peu 
communément, dans nos départemens méridio- 
naux, où il se tient attaché aux plantes, avec les 
ailes pendantes des deux côtés du corps. 
à (A. P.) 

CELSIE, Celsia. (nor. pan.) Genre de la Di - 
dynamie angiospermie qui lie la famille des Scro- 
phulariées avec celle des Solanées, à laquelle ül 


CENT | 7e 


CÉNO 


0 


appartient plus particulièrement ; il est consacré 
à la mémoire du botahiste suédois, Olaüs Celsius, 
qui fut, après Stobé, l'un des plus ardens protec- 
teurs de Linné. Ses espèces sont peu nombreuses, 
toutes plantes herbacées et d'ornement , originai- 
res des contrées orientales, des îles de l’Archipel 
grec, de l'Égypte, et des côtes de la Barbaric. 
Elles ont beaucoup de rapports avec les Morixes 
(v. ce mot), mais elles leur sont inférieures en 
aspect. 

La Gezsre pu Levanr, C. orientalis , plante an- 
nuelle de quarante centimètres de haut, est de 
pleine terre quoique fort délicate; ses petites fleurs, 
d’un jaune pâle, s’épanouissent en juillet et août. 
La Czrsie À LoNGs PÉpoNcuLEs , C. arcturus, ori- 
ginaire de l’île de Gandie, et la Gezsre nx CRÈTE, 
€. cretica, sont d’orangerie, ainsi que la fort jolie 
espèce rapportée des bords rians de l’Euphrate , 
en 1798, par Bruguières et Olivier, par eux appelée 
Cecsie LANCÉOLÉE, C. lanceolata. Cette dernière 
a les fleurs en roue, à tube court, divisé en cinq 
parties arrondies, inégales, d’un beau jaune jon- 
quille , avec tache pourpre à sa base, et couvertes 
de poils de la même couleur : elles se montrent 
en mai et juin. On la multiplie de boutures et de 
l'éclat de ses racines vivaces et fibreuses ; elle veut 
une terre légère et substantielle. 

L'Héritier a détaché plusieurs Celsies pour for- 
mer son genre Heurromus. (Voy. ce mot.) 

, éme: (T. ». B.) 

 CÉLYPHE, Celiphus. (1xs.) Genre des Diptè- 
res , de la famille des Athéricères , établi par Dal- 
man dans ses ÆAnalecta entomologica , et auquel 
il donne pour caractères : bouche sans trompe ; 
chaperon presque perpendiculaire, nu , largement 
échancré à son extrémité; corps ovo-hémisphé- 
rique ; écusson très-grand , couvrant tout l'abdo- 
men et les ailes. Cet insecte singulier présente au 
premier abord l'apparence d’une Scutellaire ; son 
écusson présente le même développement que 
dans ce genre d'Hémipières ; il est de la forme 
d’un ovoiïde large, renversée , beaucoup plus large 
que le corselet bombé ; les ailes le dépassent un 
peu. Sans ce développement extraordinaire, l'in- 
secte, vu de profil, aurait un peu du port des 
Myodoques. Cet insecte est encore unique dans 
son espèce ct très-rare dans les collections ; il porte 
le nom de CG. couvertT, C. obtectus, Dalm. Nous 
l'avons représenté dans notre Atlas, pl. 86, fig. 2; 
long de trois lignes; tête, corselet, abdomen et 
pattes fauves ; écusson bleu violet , rugueux sur les 
côtés. De Java. (A. P.) 

CÉMENT. (cmm.) Agent de la Gémentation; 
matière de nature particulière à l’aide de laquelle 
on cémente un corps métallique. (XF 

- CÉMENTATION. ( cm.) Sorte destratification 
qui, aidée d’une forte chaleur, a pour but de 
faire agir le cément-sur une substance métallique 
simple ou alliée. La Cémentalion a pour objet de 
déterminer quelques combinaisons ou décompo- 
sitions. Déjà nous avons vu que le fer, soumis à 
la Cémentalion au moyen du charbon, est trans- 
formé en Acrer. (Voyez ce mot.) (FE. F) 


CENDRES. (cior.) 7. Vorcans. 

CÉNOMYCES. (vor. cryrT.) Lichens. Dans. 
le genre Cénomyce , quien comprend trois autres : 
les Cladonia, Scyphophorus et Hellopodium de De 
Candolle, la fronde est tantôt composée de fo- 
lioles étalées , tantôt nulle; de cette fronde s’élè- 
vent des tiges simples ou rameuses, cylindriques, 
fistuleuses, terminées ou par des rameaux divisés 
en une sorte de panicule, ou par une partie évasée 
en entonnoir ; et portant sur son bord des apothé- 
cies arrondies en tête, sans rebord ct de couleur 
brune ou rouge. 

On compte jusqu'à cinquante espèces de Céno- 
myces; presque toules croissent sur la terre ou 
sur les bois pourris, ont une couleur jaune ver- 
dâtre, et varient beaucoup dans leur forme. 

Le genre Scyphophorus renferme les espèces dont 
la tige presque simple se termine en forme d’en- 
tonnoir. Les espèces les plus communes de ce 
genre sont: 1° le Scyphophorus pixidatus que l'on 
trouve surtous les vieux murs couverts de mousse, 
au pied des arbres , et qui paraît jouir des pro- 
priétés médicinales du lichen d'Islande; +° le Scy- 
phophorus coccineus ou coccifera, qui croît dans les 
bruyères, et qui se distingac souvent par la belle 
couleur rouge de ses tubercules fructifères. 

Le genre /Zellopodiumn’a presque pas de fronde; 
sa tige est divisée près du sommet en ramécaux 
courts, portant des apothécies globuleuses. 

Enfin le genre Cladonia, différent des deux 
précédens, a pour caractères: une tige très-ra- 
meuse , divisée en un grand nombre de petits ra- 
meaux supportant les apothécies. Parmi les espè- 
ces de ce genre, nous ne citerons que la Cenomyce 
rangiferina, comme étant la plus remarquable et 
la plus commune, surtout dans les bruyères du 
nord de l'Europe. En Laponie, cette Cénomyce 
remplace le lichen, fait la nourriture d'hiver des 
Rennes; et chez nous, les Gerfs la mangent éga- 
lement, surtout pendant les grands froids. 

(EF pet 

CENTAURÉE, Centaurea, Lin. (B0T. pra.) 
Genre très-nombreux en espèces, d’une famille 
très-nombreuse en genres. Cette famille est celle 
des Carduacées. Dans le système de Linné, les 
Centaurées se rangent dans la Syngénésie polyga- 
mie frustranée. Leurs caractères communs sont : un 
réceptacle garni de soies nombreuses ; une aigrette 
simple ou rameuse ; les fleurons de la circonfé- 
rence neutres, et souvent beaucoup plus déve- 
loppés que ceux du centre, infundibuliformes et 
irréguliers 

La grande variété des involucres, ct d’autres 
différences observées dans les organes floraux, 
avaient déjà porté Tournefort et Vaillant à former 
divers groupes parmi les plantes qui sont le sujet 
de cet article. Linné n’en avait tenu compte que 
pour établir plusieurs sections dans son genre 
Centaurea. Jussieu, dans ces diverses sections, 
a vu autant de genres distincts. Avec plus de rai- 
son, sans doute, Monch et De Candolle ont mis 
à part, l’un le C. galactites; l’autre, le C. coni- 
fera, pour en créer deux nouveaux genres, sous 


les noms. 


CENT 


CENT 


2 00m 


les noms de Galactites et de Laurea. Ge dernier, sé- 
duit par un caractère qu’il croyait particulier aux 
* Centaurées, mais qui s'étend à d’autres plantes 
du même ordre, a établi une nouvelle famille 
(les Centauriées) aux dépens des Carduacées. Henri 
Cassini a, de son côté, formé plusieurs groupes 
parmi les Centaurces. On a déchiré, tourmenté 
ce genre de toutes les facons; 
Et adhuc sub jndice lis est. 


Qui jugera en dernier ressort? Pour décider en 
sûrété de conscience , il faudrait, ce me semble, 
déterminer avec précision la somme des difié- 
rences qui doivent donner lieu à la séparation des 
genres. Mais lanature , en jetant, d’une main pro- 
digue , les végétaux sur notre globe, ne s’est nul- 
lement occupée de les différencier de manière à 
les rendre susceptibles d'entrer, sans effort, dans 
nos divisions méthodiques ; elle n’a point songé, 
la cruelle, aux tribulations qu’elle ferait éprouver 
aux botanistes ! Au reste, considérons les choses 
de sang-froiïd , et demandons-nous s’'ily a beau- 
coup d'inconvéniens à tolérer la divergence d’opi- 
nions en matière de classification. L’essentiel , 
n'est-ce pas de bien étudier son objet, d'en re- 
connaître tous les caractères, toutes les propriétés? 
Après cela, étiquetez la case où vous le placez , 
enre ou section, qu'importe? Voici les sections 

établies par Linné, et conservées, avec quelques 
modifications , par De Candolle. 

1° Écailles de l’involucre entières, foliacées, 
‘ non épineuses. 

Ici vient se ranger la Centaurea crupina, que 
on trouve en Languedoc et en Provence. 

2° Écailles de l’involucre scarieuses , non cilices, 
ni épineuses. 

À cette section se rapporte la C. amara , com- 
mune dans nos provinces méridionales. 

3° Écailles de l’involucre ciliées, non épineuses. 

Ici se groupent les C. jacea, commune dans 
toute la France; nigra, trouvée par Ramond dans 
les Pyrénées; uniflora, croissant dansle Dauphiné, la 
Provence, le Languedoc; pectinata , dans les envi- 


rons de Montpellier, de Narbonne; pullata, dans la 


Provence méridionale , etc. , etc. 

4° Écailles de l’involucre terminées par plusieurs 
épines digitées. 

Sous ce titre se rangent les €. aspera, qu’on 
trouve de Narbonne à Nice; seridis, à Aix, à Mont- 

ellier, à Vienne ; sonchifolia, en Provence. 

5° Écailles de l’involucre terminées par une 
épine qui se ramifie latéralement vers sa base. 

Dans cette section on place les C. calaitrapa 
® (v. Cazcirrape, tom. 1, p. 980), Calcitrapoides 
des environs de la Drôme, de Gap , de Lyon ; mya- 
cantha, qu'on trouve au-delà de Vincennes; be- 
nedicta , aux environs d’Aix, de Montélimart ; la- 
nata, ou Chardon-bénit des Parisiens, qui passe 
pour fébrifuge et sudorifique ; etc, etc. 

6° Écailles de l’involucre terminées 
épine simple. 

C’est ici qu’on doit placer la C. salmantica, 
eommune en Provence, aux environs de Montpel- 
lier et de Sorèze. 


Toue II. 


par une 


Si l’on voulait maintenir la C. galactites parmi 
les Centaurées, il faudrait former une septième 
section qui serait caractérisée par une aigrette 
plumeuse, et un port qui se rapproche de celui 
des Cirses. 

Parmi les Gentaurées, on remarque des plantes 


dont le feuillage , les fleurs et le port sont fort 


élégans, quelquefois même magnifiques. Par 
exemple, la CENTAURÉE D'AMÉRIQUE, C. americana. 
(F7. YAlmanach du Bon J'ardinier.) 

Ce sont des beautés, les unes douces et traita- 
bles, comme la CENTAURÉE DE SALAMANQUE, C. 
salmantica; les autres cruelles et farouches, telles 
que la C. galactites, figurée dans notre Atlas, 
fig. 3. pl. 86. Sa fleur d'un pourpre tendre vous 
séduit; vous avancez la main pour la saisir ; mais 
vous la retirez soudain ensanglantée , car elle est 
armée d’une infinité de dards dont il est presque 
impossible d'éviter l'atteinte. Son calice en est 
tout hérissé; ses feuilles alternes, sinueuses et 
rapprochées , se mettent en garde contre vous, et 
vous présentent de toutes parts leurs pointes acé- 
rées. 

Dans l'impossibilité où nous sommes de dé- 
crire les diverses espèces de Centaurées, même 
indigènes, nous renvoyons nos lecteurs, pour 
celles-ci, à la Flore française de De Candolle ; et, 
pour les exotiques, aux Flores étrangères. 

(G. £.) 

CENTRARCHUS. (rorss.) Sous-genre établi par 
Cuvier aux dépens du genre Pomotis du même 
auteur, (Ÿ. Pomoris.) (Azrn. G.) 

CENTRISQUE, Centriscus. (porss.) Ce nom 
dérive du grechouclier, et signifie tranchant. Le 
nom de Centrisque,de particulier qu’il était prumiti- 
vement, est devenu commun, et sert non seulement 
à désigner le Centrisque vulgaire, mais encore le 
groupe dont cet animal peut être considéré comme 
le type. Le genre Centrisque proprement dit, l’un 
des plusnaturels de la classe des poissons, estremar- 
quable par sa dorsale antérieure, située fort en ar- 
rière. Sa première épine, longue et forte, est sup- 
portée par un appareil qui tient à l'épaule et à Ja 
tête, et couvert de pelites écailles, et de plus de 
quelques plaques larges et dentelées sur lappa- 
reil dont nous venons de parler. Le Centriscus 
scolopax , Linné, Bloch, 123, fig. 1, Silurus cor- 
nutus de Forskal, Macroramphose de Lacépède 
(voy. notre Atlas, planche 86, figure 4), est 
une espèce connue dans la Méditerranée ; on 
la voit quelquefois dans les marchés de Rome et 
des autres villes d'Italie : sa couleur est argentée ; 
la longueur considérable de son museau, et sa 
forme tubuleuse, l'ont fait comparer à une foule 
d'objets différens , tantôt à une bécasse, tantôt à 
l'éléphant, tantôt à un soufflet. Ainsi à Rome on 
Ja nomme Soflietta; à Gênes, Trombetta; en An- 
gleterre, Zrumpet. Gesner avait pensé que c’est 
ce même poisson que Pline appelle Serra. Sa 
chair au reste est délicate et estifnée. 

Dans les Ampmsires, Klein, le dos est cuirassé 
de larges plaques écailleuses, dont l’épine anté- 
rieure de la première dorsale a l'air d'être une 


86° Livnarson. 6 


EEE SEE EE TT Te aa era EE of é hs 


; CENT 12 


"CENT 


D  ———— 


continuation. Les uns ont même d’autres pièces 
écailleuses sur les flancs, et l’épine en question 
placée tellement en arrière , qu’elle repousse vers 
le bas la queue, la seconde dorsale et l’anale. 
Tel est le Centriscus scutatus, Linné, BI. 125, 
fig. 2, représenté dans notre Atlas, pl. 86, fig. 5. 
D'autres tiennent le milieu entre cette disposi- 
tion et celle des Centrisques ordinaires. Leur 
cuirasse ne couvre que la moitié du dos (Centris- 
cus velitaris, Pall., Spic., vu ,1v, 8). Les uns et 
lessautres viennent de la mer des Indes.(Arrn. G.) 

CENTROLOPHE, Centrolophus. (poiss.) Lacé- 
pède a établi sous ce nom un genre voisin des 
Coryphènes. Nous en parleronsen traitant du genre 
Goryphène. (Acpn. G.) 

CENTRONOTE, Centronotus. (porss.) Ce grand 
genre, que l'on place parmiles Scombéroïdes, con- 
stitue un petit groupe très-naturel, caractérisé 
par des épines libres au devant de la première 
nageoire du dos, et deux également libres au de- 
vant de la nageoire de l’anus , et de plus par une 
saillie sur chaque côté de la queue. Il se subdi- 
vise comme il suit : 

Les Prcores (Vaucrates, Rafin.) joignent à ces 
épines libres du dos, un corps en fuseau, une 
carène aux côtes de la queue. comme les Thons, 
et deux épines libres au devant de l’anale. 

L'espèce la plus généralement connue , ou 
le Faufre de nos matelots provençaux (Gaste- 
rosteus ductor, Linné: Scomber ductor, Bloch, 
338), est bleue , avec de larges bandes verticales 
d’un bleu plus foncé. Son nom de Pilote vient de 
ce qu’elle suit les vaisseaux pour s'emparer de 
tout ce qui tombe; et, comme le Requin a aussi 
cette habitude , quelques voyageurs ont dit qu’elle 
sert de guide au Requin ; sa taille n’est guère que 
d’un pied. 

Le Pilote des Indes ( Vaucrates indicus ; Gu- 
vier) a en avant de la dorsale cinq épines libres, 
sans compter celles qui se cachent dans son bord, 
et le nombre des rayons mous est de vingt-neuf ; 
en avant de son anale sont deux petites épines , 
et elle a dix-sept rayons mous outre l'épine de 
son bord antérieur; son corps est plus-épais , son 
museau plus bombé , et son œil plus grand que 
dans l'espèce commune; mais les stries de son 
opercule sont les mêmes. Le fond de sa couleur 
paraît d’un beau bleu clair, et les bandes d’un 
bleu noirâtre. Nous l'avons représenté pl. 8v, 
fig. 6. 

Les Eracares, qui ont la forme générale des 
Pilotes, ct leurs épines libres du dos ; mais leur 
tête est aplatie horizontalement , et ils n'ont ni 
carènes à la queue, ni épines libres au devant de 
l'anale. (Ælacates americana, Guv. ; Centronotus 
spinosus , Mitch. , Trans., Noveb. , 1, 17, 9.) 

Les Licues (Lichia, Cuv.) ont avec les épines 
libres du dos, et deux autres libres au devant de 
l’anale, le corps comprimé, et la queue sans ca- 
rènes latérales. En avant des épines du dosilen est 
une couchée et dirigée-en avant. La Méditerranée 
en nourrit trois espèces déjà bien caractérisées par 
Rondelet ,et toutes très:bonnes comme aliment. 


La Liche propre ou Vadigo ( Scomber, amia; Lin. , 
Rondel. 254), à ligne latérale fortement -courbée 
en S ; grande.espèce qui atteint à plus de quatre 

ieds de long et pèse jusqu'à cent livres. 

LeDerbio, Rondel:252(*comber glaucus, Lin.), à 
ligne latérale à peu près droite; l’anale et la 
deuxième dorsale-marquées d’une tache noiré.en 
avant ; les dents en velours. Sa chair est grasse , 
ferme et de bon goût. 

La Liche sinueuse, Rondel. 255 ( Lichia st- 
nuosa, Guy.). Le bleu du dos est distingué de l’ar- 
genté du ventre par une ligne en zig-zag; les 
dents sont.en crochets sur une seule rangte, 

Les Tracminores ( 7rachinotus, Lacép.) sont 
des Liches à, corps élevé, à profil tombant plus 
verticalement, à dorsale et anale aiguisées en 
pointes plus allongées. Ce genre se compose. d’un 
assez grand nombre d'espèces. La plus répandue 
est le Trachinote glauque ( Trachinotus glaucus), 
originaire de la Méditerranée , où elle élait très- 
connue du temps de Pline, et même de celui 
d’Aristote, qui avait entendu dire que ce pois- 
son. se tenait caché dans les profondeurs de la 
mer pendant les plus grandes chaleurs de l’été. 
La couleur générale de ce poisson est indiquée 
par le nom qu'il porte; elle esten effet d’un beau 
bleu clair mêlé d’une teinte verdâtre ; quelquefois 
cependant elle paraît d’un bleu foncé. La partie 
inférieure de l'animal est blanche. On voit souvent 
une tache noire à l’origine de laseconde magcoire 
dorsale, ou celle de l’anale, et quatre autres ta- 
ches noires , dont les deux prenuères sont les plus 
grandes , et placées ordinairement sur Ja ligne la- 
térale. Sa chair est blanche, grasse, et de bon 
ooût. (Azvn. G.) 

CENTROPOME , Centropomus.. (poiss.) Grand 
et bon poisson connu dans toute l'Amérique chaude 
sous le nom de Brochet de mer (Centropomus un- 
decimalis, Guv. ; Ciæna undecimalis , Bloch , 305 : 
Phyrine orvet , Lacép.), qui a en. effet le museau 
déprimé comme notre vrai Brochet; mais ses 
dents sont toutes en velours, et tous les autres ca- 
ractères sont ceux des Percoïdes à deux dorsales. 
Il est argenté, teint de verdâtre, et à ligne laté… 
rale noire. (Azrx. G.) 

CENTROPRISTE, Centropristis. (porss.) Ce 
poisson, qui appartient au grand genre Perca, tel 
qu'il a été déterminé par Artédi et Linné, a tous 
les caractères des Serrans, excepté qu'il manque 
de canines, et que toutes ses dents sont en ve- 
lours ; leur opercule est épineux, et leur pré- 
opercule dentelé. Les États-Unis en ont un qui de- 
vient assez grand, et dont la caudale dans sa jeu- 
nesse est trilobée ; c’est leur Perche noire ( Cen- 
tropristis nigricans , Guv.; Corypliæna nigrescens , 
Bloch). Les dents qui garnissentses mâchoires sont 
très-petites et égales; la nageoire dorsale pré- 
sente un grand nombre de taches ou plutôt des 
raies inégales, irrégulières et placées entre les 
rayons. (Azps. G.) 

CENTROPYX..(rRepr.) Spix a donné ce.nom à 
un genre de Sauriens , voisin des Améiva ,.et qui 
ne se distingue des individus de cette famille.que 


RRQ 


CENT 


45 


CEPH 


ES 


ar la présence d’un collier cutané analogue à 
celui des Lézards, et par la disposition des écail- 
les de l'abdomen , qui sont Loutes carénées. Spix, 
croyant que les petits ergots cornés qui s’obser- 
vent-sur les côtés de l'anus chez l'individu qu'il à 
rapporté du Brésil étaient une particularité toute 
spéciale , avait donné à son genre un nom qui rap- 
pelle’ cette circonstance (le mot Centropyx est en 
effet formé des deux mots grecs Kentron, épine, 
et Pux , croupion); mais, comme l’un de nos col- 
laborateurs , G: Bibron, l’aobservé , ces épines se 


| rencontrent aussi sur plusieurs membres de la fa- 


* mille des Améivas, et cenom devient dès lors dé- 


fectueux. Les Centropyx se distinguent d’ailleurs 
des pseudo-améivas par les écailles dorsales qui 
sont granulées comme chez les Améivas. Le type 
de ce genre est le Cenrropyx À ÉPERON, C. calca- 
ratus de Spix; de la grosseur de notre lézard; 
vert, piqueté d’un vert bleuâtre sur le dos, ocellé 
deinoir sur les flancs , jaunâtre sur les parties infé- 
ricures ; l’anus dans cette espèce est pourvu de 


crochets cornés, longs de deux à trois lignes , lé- 


O . e. - 
gèrement courbés, que l’on croit un insigne ‘du 


sexemâle. Cette espèce estdu Brésil ; sa taille est 
environ d’un pied, la queue en forme à peu près 
les deux tiers. 

L’on rapporte encore ici le CENTROPYX INTER- 
MÉDIAIRE , C. éntermedius , Tejus, de Schlegel. 


| Verdâtre, avec trois lignes jaunâtres sur le dos. 


Cette espèce vient de Surinam. (T. C.) 
CENTROTE , Centrotus. (ixs.) Genre d’Hémi- 


ptères , famille des Gicadaires , dont les caractères 


} consistent à avoir l'écusson au moins visible en 
partie, quel que soit le prolongement du protho- 


rax. Dans les formes si variées qu'offrent une 
partie des Cicadelles membracides , les Centrotes 
affectent en général d’avoir les côtés du protho- 
rax dilatés en forme de corne, et sa parlie posté- 
rieure terminée en une longue épine atteignant 
souvent jusqu'à la fin de l'abdomen. Leur tête est 
perpendiéulaire en forme de triangle, on y remar- 
que un chaperon distinct et deux ocelles écartés 
placés sur la ligne même des yeux. Ces insectes 
santent avec facilité. Ce genre est assez nombreux, 


mais en exoliques ; deux espèces seulement sont 


‘d'Europe, ce sont les : 


C:PeTir DiABLE, C. cornuta, Linné, Nous l'avons 
figuré dans notre Atlas, pl. 86, fig. 7. Long de 
4 lignes , noir, pointillé ; élytres et ailes , Libias 
et tarses fauves; le :corselct, dilaté,. offre sur 
le côté deux cornes méplates, courtes , aiguës, et 
à son extrémité postérieure il se prolonge en une 
lame tranchante en dessus, ondulée, qui n’atteint 
pas l'extrémité du corps; l’écusson est bi-épineux 
à son extrémité. Commun dans les bois. 


-G. DEMI-DiaBLE, C. genistæ, Linn.; de moitié 


plus petit que le précédent; le corselet n’offre 


point de dilatations latérales, et le prolongement 
postérieur est droit au lieu d’être ondulé. Com- 
mun sur les genêts. Panzer l’a figuré dans sa 
Faune d'Allemagne, L: 19. J’oyez notre Atlas, 
pl 86, fig. 7. (4 P.) 


CÉNURE, Cœnurus. (zoom. INTEST.) Genre 
de vers entozoaires , de l'ordre des Vésiculaires, 
à corps allongé, presque cylindrique, ridé, ter- 
miné par une vésicale commune à plusieurs vers 
semblables, têle garnie de quatre sucoirs ct 
d'une trompe armée de crochets; plusieurs in- 
dividus semblent se rattacher à une vessie com- 
mune , ou mieux celte vessie kysteuse contient 
plusieurs vers groupés, adhérens à la poche. On 
n’a décrit jusqu'ici qu'une seule espèce. Cet ani- 
mal se rencontre dans le cerveau des moutons et 
des bœufs affectés de tournis. Dans un travail 
projeté entre M. Berger, savant médecin vétéri- 
naire , et moi, nous voulions démontrer qu’il exis- 
tait plusieurs espèces dans ce genre d’Hydatide, 
et que leur origine, sur laquelle on avait créé tant 
d’hypothèses, devait être considérée comme le ré- 
sultat d’une génération spontanée. (P. G.) 

CÉPHALOIDES ou CAPITÉES, Capitatæ.(B0T. 
PHAN.) Linné, qui, dans ses Fragmenta natura- 
lia, donna la première idée d'une méthode où 
les plantes étaient disposées par familles, nom- 
mait ainsi la famille que Jussieu et Ventenat dé- 
signent sous le nom de Gynarocépaazes. (Woy. ce 
mot.) . (G. £.) 

CÉPHALIQUE. (awar.) Qui appartient à la 
tête: le nom d’artère Céphalique a remplacé dans 
la nomenclature de Chaussier celui d’artere caro:- 
tide; celui de veine Céphalique a également été 
donné par ce savant à Ja veine jugulaire interne. 
Les anciens nommaient aussi veine Céphalique 
la radiale cutanée qui parcourt le bras et l’avant- 
bras, parce qu’ils pensaient que la saignée de ce 
vaisseau était d’une grande efficacité dans les 
maux de tête. (P. G.) 

CÉPHALACANTHE, Cephalacanthus. (porss.) 
Nom imposé par Lacépède à un petit poisson 
osseux , thoracique, assez semblable par les for - 
mes aux Dactyloptères, et particulièrement par 
la tête ; mais dont il diffère par l'absence totale des 
nageoires surnuméraires, ou des ailes. On n’en 
connaît qu’un très-pelit individu originaire de 
la Guiane ( Gas‘erosteus spinarella, Lin., Mus., 
Ad., Fréd. pl. xxxir, fig. 5). Le nom générique 
de cet animal désigne la forme particulière de sa 
tête. Ce Géphalacanthe n’atteint qu’une très-petite 
dimension ; sa tête, plus large que le corps , ést 
strite sur toute sa surface , et garnie par derrière 
de quatre grands aiguillons. La Spinarelle a été 
placée d’abord dans les Gastérostes et les Centro- 
notes, mais elle en diffère par trop de traits pour 
qu’on ne l’en ait pas séparée. L'absence d’aiguil- 
lons isolés au devant de la nageoire dorsale au- 
rait sufli pour l'en séparer, mais elle a été in- 
scrite dans un genre particulier quiprécèce immé- 
diatement celui des Dactyloptères avec lesquels il 
a beaucoup de rapports. Voyez notre Atlas, pl 87; 
fig. 1. (Azrn. G:) 

CÉPHALÉMYIES , Cephalemyia. (xs. ) Genre 
de Diptères, établi par Latreille, à l’article OEsrre 
du Nouveau Dictionnaire d'Histoire naturelle. 7. 
OEsrre. (A. P.) 

CÉPHALÉS. (wozc.) Quelques naturalistes mo- 


CÉPH AA 


CÉPH 


dernes emploient ce mot pour désigner les Mollus- 
ques munis d’une têle, le mot Acéphalés exprimant 
ceux qui en sont privés. (Ducr.) 

CÉPHALOPODES. (mozz.) Classe considéra- 
ble d'animaux que Linné confondait dans son 
genre Sépia, et qui en a été retirée pour la première 
fois par Cuvier, sur la considération des tenta- 
cules dont beaucoup d’espèces!sont munies au- 
tour de la tête, et par l’usage qu’en font la plupart 
pour marcher. Lamarck, dans la seconde édition 
de ses Animaux sans vertèbres, vol. vir, pag. 580, 
adoptant cette dénomination , fit de ces animaux 
son quatrième ordre de Mollusques, qu'il divisa 
en trois grandes coupes de la manière suivante : 

1° Céphalopodes testacés polythalames(immergés), 
dont la coquille est multiloculaire , subintérieure; 

2° Céphalopodes testacés monothalames (naviga- 
teurs), avec la coquille uniloculaire tout-à-fait 
extérieure ; 

3° Céphalopodes non testacés (sépiaires), qui n’ont 
point de coquille, soit intérieure, soit . exté- 
rieure. 

Cet illustre professeur pense que les Céphalo- 
podes peuvent être encore considérés comme des 
Mollusques , puisqu'ils ont, comme ces derniers, 
le corps mollasse et inarticulé; un manteau dis- 
tinct ; une tête libre et un mode de système ner- 
veux à peu près semblable ; mais il reconnaît que 
de tous les Mollusques ce sont ceux-ci qui sont le 
plus avancés en complications d’organes. Cepen- 
dant, dit-il, ces animaux, extrêmement nombreux 
et diversifiés , ont une conformation si singulière 
qu'elle ne paraît nullement devoir conduire à celle 
qui est propre aux poissons : idée émise depuis par 
Latreille dans un mémoire fort long, mais qui n’a 
pas recu la sanction des naturalistes. Il est donc 
probable, continue Lamarck, que les Céphalopodes 
ne sont pas encore les Mollusques qui avoisinent 
le plus les animaux vertébrés, et conséquemment 
qu'ils ne sont pas les derniers de la classe. 


Le corps des Céphalopodes est épais et charnu, | 


et contenu inférieurement dans un sac musculeux, 
formé par le manteau de l’animal. Ce manteau, 
fermé postérieurement , n’est ouvert que dans sa 
partie supérieure, de laquelle sort la tête ainsi 
qu’une partie du corps. La tête est libre, saillante 
hors du sac, et couronnée par des bras tentacu- 
laires, dont le nombre et la grandeur varient 
selon les genres. Elle offre, sur les côtés, deux 
gros yeux sessiles, immobiles et sans panpières. 
Ces yeux sont très-compliqués dans leurs humeurs, 
leurs membranes, leurs vaisseaux, etc. , etc. La 
bouche est terminale, verticale et armée de deux 
fortes mandibules cornées, qui sont crochues et 
ressemblent assez à un bec de perroquet. Enfin 
l'organe de l’ouïe , quoique sans conduit externe , 
comme dans les poissons, se distingue dans ces 
Mollusques. Pour la circulation de leur fluide, 
les Céphalopodes ont trois cœurs, mais peut-être 
pourrait-on dire qu'ils n’en ont qu’un, et qu'en 
outre ils ont deux oreillettes séparées et latérales. 
En effet, le principal tronc des veines qui rap- 
porte le sang se divise, comme on le sait, en deux 


branches, qui portent ce fluide dans les oreillettes 
latérales ; celles-ci le chassent dans les branchies, 
d’où il est rapporté dans le vrai cœur qui est au 
milieu , et cet organe le renvoie dans tout le corps 
parles artères. Ces animaux vivent tous dans la mer, 
où les uns nagent vaguement, se fixant de temps 
à autre aux corps marins, et les autres ne font 
que se traîner , à l’aide de leurs bras, au fond des 
eaux ou sur leur bord. La plupart de ces derniers 
se retirent dans les excavations des rochers. Tous 
sont carnassiers et se nourrissent de crabes et au- 
tres animaux marins dont la mer pullule. La po- 
sition de leurs bras favorise singulièrement le 
besoin qu’ils ont d'amener leur proie jusqu’à leur 
bouche, où deux mandibules très-fortes, et dont 
nous avons donné plus haut la description, sufi- 
sent pour briser les corps dont ils se sont emparés. 

Un travail des plus remarquables a été fait dans 
ces dernierstemps, sur cette classe d'animaux, par 
M. Alcide d’Orbigny, voyageur intrépide qui vient 
de parcourir avec fruit une partie de l'Amérique. 
Ce naturaliste a fait connaître un grand nombre 
de ces Mollusques, qui jusqu'ici étaient complé- 
tement ignorés. La plupart, il est vrai, sont micros- 
copiques ; mais l’auteur a donné les moyens de les 
étudier facilement en les modelant en plâtre, et en 
les représentant cinquante fois plus gros qu'ils ne le 
sont effectivement. Il est impossible de se faire 
une juste idée des formes bizarres, et tout à la fois 
jolies, qui caractérisent ces espèces ; on ne saurait 
trop appeler.sur elles l’attention des naturalistes. 
Ce travail ayant introduit dans cette grande strie 
des genres nouveaux, ainsi qu'une classification 
méthodique, nous ellons l’analyser le plus succinc- 
tement possible. Le premier ordre, appelé Crypto- 
dibranches par M. de Blainville, est composé de 
deux familles , les Octopodes et les Décapodes. La 
première comprend les genres Ærgonaute, Bellé- 
rophe, Poulpe, Eledon et Calmaret. La seconde , 
un peu plus nombreuse, a six genres, savoir : 
Cranchie, Stpiole, Onychoteuthe, Calmar , Sépio- 
teuthe et Seiche. Le deuxième ordre, les Siphoni- 
fcres, créé par M. d'Orbigny, donne qnatre familles : 
les Spirulées, les Nautilacées, les Ammonées, et 
les Peristellées. La première a pour genres, dans sa 
première coupe , les Spirules , et dans la seconde 
coupe, les genres Vautile, Lituite et,Orthocératite. 
La seconde famille présente les Baculites, les Ha- 
mites , les Scaphites, les Ammonées , et les T'urri- 
lites. La troisième, les Zchthyosarcolites, et les Be- 
lemnites. Le troisième ordre, le plus riche, égale- 
ment créé par le même auteur, se compose de 
cinq familles : les Stichostègues , les Enallostègues, 
les Hélicostègues, les Agathistègues, et enfin les 
Entomostègues. On trouve dans la première fa- 
mille les genres Nodosaire, Linguline, Frondicu- 
laire, Rimuline, Vaginuline, Marginuline, Planu- 
laire et Pavonine. Dans la seconde, les genres 
Bigénérine Textulaire , Vulvuline, Dimorphine, 
Polymorphine', Virguline, et Sphéroïdine. Dans la 
troisième (première coupe) , les genres Clavuline, 
Uviférine, Bulimine, Valvuline, Rosaline, Rotalie, 
Calcarine, Globigérine, Giroïdine, Troncatuline ; 


2. L'EN 


JE JDN 


1.Céphalacanthe . 2 Céphaloptere 5 Céphalote 4 Cephée 5. Cephus 


P, Cucrin. dd 


EE  —— — —— ——— —— —"—— —"———————————— — 


45 CÉPH 


CÉPH: 


Planuline, Planorbuline , Operculine et Soldanie ; 
et dans la seconde coupe, les genres Cassiduline , 
Anomaline, Vertébraline, Polystomelle, Dendritine, 
Pénérople, Spiroline, Robuline, Cristellaire, No- 
nionine, Nummuline et Sidéroline. Dans la qua- 
trième famille, les genres Biloculine, Spiroloculine, 
Triloculine, Articuline, Quinquéloculine et Adé- 
dosine. Enfin, dans la cinquième et dernière fa- 
mille, les genres Amphistégine , Hétérostégine , 
Orbiculine, Alvéoline et Fabulaire. V. ces mots. 
(Duczos.) 

CÉPHALOPTÈRE , Cephalopterus. (ois.) Ce 

genre appartient à la famille des Gorvidés ou Cor- 
beaux (genre Corvus de Linné); il a été établi 
par M. Geoffroy , pour une espèce nouvelle rap- 
portée du Musée de Lisbonne. Cette espèce vit 
dans le Haut-Pérou, et non pas au Brésil, comme 
on le pensait; son nom fait allusion au grand 
nombre de pennes ou plumes développées qui 
forment sur sa tête une huppe très-élevée, et sur 
son jabot une sorte de fanon. Outre ces caractères, 
cet oiseau est aussi remarquable par son bec fort, 
légèrement arqué et aussi long que celui des cor- 
beaux, mais plus renflé sur les côtés , moins large 
à sa base et plus haut. 
:_ Le CérnazoPTERE oRNÉ, Cephalopterus ornatus, 
Geoff. (Ann. Mus., x, pl. 15), seule espèce dont 
se compose le genre, est très-rare encore aujour- 
d'hui dans les collections; il est tout entier d’un 
beau bleu-noir uniforme, avec la tête et la base 
du cou en avant, ornées d’un panache formant une 
sorte de parasol, composé de plumes étroites , 
très-longues , droites sur la tête et terminées par 
un épi de barbes noires qui se renverse en devant. 
Les côtés du cou sont nus; la queue est longue et 
légèrement arrondie. Cet oiseau est représenté 
dans l’Iconographie de M. Guérin, et dans notre 
Atlas, pl. 87, fig. 2. (GErv.) 

CÉPHALOTE, Cephalotes. ( mam. } Ce genre 
appartient à la famille des Chéiroptères; il est 
voisin de celui des Roussettes, dont il se distingue 
par ses dents, au nombre de vingt-huit seulement, 
sa membrane interfémorale échancrée, et celle 
des flancs qui naît de la ligne médiane du dos. 

Il a été établi par M. Geoffroy, pour renfermer 
deux espèces : l’une est le Vespertilio cephalotes, 
décrit par Pallas, CÉPHALOTE DE Pazras, Cepha- 
lotes Pallasii, Geoff., qui vit aux îles Moluques; et 
l'autre, la C£pnaLorE DE PÉRON, Cephalotes Pero- 

ai, G.; espèce nouvelle, rapportée de Timor, par 
Péron. (Gerv.) 

CÉPHALOTES, Cephalotes. (ins. ) Genre de 
Coléoptères, de la section des Pentamères, famille 
des Carnassiers, tribu des Garabiques, et de la di- 
vision appelée Simplicimanes , où les deux tarses 
antérieurs sont seuls dilatés dans les mâles; ce 
genre , établi par Bonelli, offre pour caractères : 
mandibules avancées, dépassant beaucoup le cha- 
peron, la droite fortement unidentée en dedans ; 
labre entier; antennes à articles courts, atteignant 
au plus la moitié de la longueur du corps, le premier 
article à peu près de la longueur du troisième. Ge 
genre est peu nombreux; les insectes qui le com- 


posent ont le corps allongé, un peu cylindrique ; 
leur tête forte et leur corselet en cœur leur donnent 
quelques rapports de ressemblance avec les Sca- 
rites, dont sous d’autres rapports ils s’éloignent 
beaucoup. 

C. vurcame, C. vulgaris, Bonelli, (v. notre Atlas 
p.87, £. 3). Long de neuf à dix lignes, entièrement 
noir ; la tête et le corselet sont lisses, couverts de 
stries transversales ondulées; le vertex offre en 
outre des points épars; les élytres sont glabres, avec 
des rangées longitudinales de très-petits points et 
des stries transverses , pareilles à celles du cor- 
selet, mais plus écartées et moins profondes. 
Commun en France. (A. P.) 

CÉPHÉE. (zooPn. Acar.) Guvier réserve ce nom 
pour l’une des sections du genre Méduse; Péron et 
Lesueur en avaient fait un genre de l’ordre des Aca- 
lèphes. Ces animaux présentent un corps transpa- 
rent, orbiculaire, ayant en dessous un pédoncule 


et des bras, mais sans tentacules au pourtour de 


l'ombrelle ; le disque inférieur est garni de quatre 
bouches et quelquefois plus. Le pédoncule est 
épais, et par ses divisions forme les bras, qui sont 
au nombre de huit, parfois très-composés, parfois 
bilobés seulement. On rencontre les Céphées dans 
les mers chaudes et tempérées; leur couleur et 
leur forme sont variables. Parmi les espèces on 
distingue la CÉPRÉE cYCLOPHORE ; son ombrelle est 
tuberculeuse, d’un brun roussâtre, marquée de 
huit rayons pâles, à rebord festonné. Elle habite 
la mer Rouge. 

La Cévnée rozycnrome , à ombrelle orbiculaire 
un peu bombée, échancrée sur le rebord. Elle a 
huit bras arborescens, entremélés de villosités. 
On la trouve sur les côtes de Naples. La Cépnée 
RHIZOSTOME , ordinairement appelée Gelée de mer , 
dont l’ombrelle ne présente ni croix ni étoile; 
elle se rencontre sur les côtes de France et d’An- 
sleterre. Enfin, nous avons représenté dans notre 
Atlas, planche 87, figure 4, la CÉPnËe DE Du- 
pneus , décrite par M. Reynaud; elle vient de la 
mer des Indes, et est d’un bleu pâle, avec une 
couronne rougeûtre sur le disque et des taches 
noires dans les bras. (P. G.) 
CÉPHÉNÉMYIE , Cephenemyia."(ins.) Genre de 
Diptères établi par Latreille aux dépens de celui 
d'OEsrre. V. ce mot. (A. P.) 

CEPHUS, Cephus. (1ns.) Genre d'Hyménoptères, 
de la famille des Porte-Scie, tribu des Tenthre- 
dines, ‘établi par Latreille, etayant pour caractères : 
antennes insérées au milieu du front, simples, plus 
grosses vers le bout ; labre peu apparent ; nandi- 
bules courtes: palpes maxillaires de six articles, 
dont le quatrième aussi grand que les trois pre- 
miers, le cinquième le plus petit de tous; la 
tarière saillante au-delà de l'abdomen. M. Klug a, 
dans sa Monographie des Sireæ $rapproché ces 
insectes des Ürocères, sous le nom d’Æ#states ; 
je crois qu’il a eu raison, et je me fonde moins 
sur la disposition de la tarière que sur l’'obser- 
vation des mœurs du C. pygmeus que l'on sait 
habiter dans l’intérieur des tiges du blé, tandis 
que les larves des véritables Tenthredines vivent 


CÉRA 


46 CÉRA 


à: découvert. Ces insectes sont de petite: taille; 
les antennes, de la longueur ‘de presque la moitié 
du corps, sont d'une vingtaine d’arlicles ; la tête 
est globuleuse, portée sur un cou; les ailes ont deux 
cellules radiales et quatre cubitales ; l'abdomen 
est comprimé suriles côtés. M. Klug en a décrit et 
figuré neuf espèces , qui toutes appartiennent à 
l'Europe. Nous nous contenterons de citer le G. À 
PIEDS ÉPINEUX, C. spinipes, Panz. Klug, Mon. des 
Sirex, pag: 51, pl. 6, fig. 4àG, que nous avons 
figuré dans notre Atlas, pl 87, fig. 9. Long de 
quatre à cinq lignes, noir, avec les mandibules, les 
palpes , excepté l'extrémité, les quatre tibias et 
tarses antérieurs, et deux ou trois bandes sur l’ab- 
domen, jaunes. Commun dans les champs, sur les 
fleurs, dans toute l'Europe. (A. P.) 
CERA DE PALMA. (mor. et cum.) Corps com- 
bustible produit par un palmier des plus hautes 
régions des Gordilières, appelé CÉRoxYLE (voy. ce 
mot). La Cera de Palma appartient essentiellement 
à la classe des résines, et donne un tiers de cire 
pure. On l’obtient de l’exsudation annuelle de 
cette monocotylédonée arborescente. On la met 
à bouillir dans de l’eau, et lorsque la substance 
est à peu près refroidie, on la retire à demi figée; 
on la réunit en masse, à laquelle on donne une 
forme assez semblable à celle de nos pains de 
craie de Meudon, mais d'un volume plus fort et 
plus compacte. Je viens de dire qu’elle a une très- 
grande analogie avec les résines : en «effet, la solu- 
bilité dans l'eau d’une certaine portion de sa ma- 
tüière extractve amère, la solubilité plus appré- 
ciable dans l'alcool froid de sa résine soluble, 
enfin la dissolubilité complète dans l'alcool bouil- 
lant et dans l’éther de sa partie insoluble dans 
l'alcool à froid (la sous-résine), l’assimilent entiè- 
rement aux résines , quoiqu'il lui manque l'huile 
volatile quileur est inhérente, Parle refroidissement 
la matière cristalline prend la consistance d’une 
gelée, sous forme de cristallisation byssoide. L’as- 
pect de la Cera de Palma est d’un jaune blanchä- 
tre ; elle est d’une légèreté remarquable, poreuse, 
friable, peu consistante, d’une odeur presque 
nulle à la température ordinaire, mais qui devient 
plus sensible par là chaleur, et surtout par l’ap- 
proche d’un corps en combustion : alors elle 
répand une odeur résineuse, faible, agréable. Sa 
saveur amère n'est appréciable que lorsqu'on la 
met à dissoudre dans l'alcool. La Cera de Palma 
sert dans l'économie domestique ; on en fait des 
bougies qui donnent une belle lumière et peu de 
fumée. (T. ». B.) 
CÉRAISTE, Cerastium. (mot: PnaAN. et acn: ) 
Une vingtaine d'espèces herbacées, presque toutes 
d'Europe, la plupart vivaces, composent ce genre 
de-planies de la Décandrie pentagynie et de la fa- 
mille dés Caryophyllées. Les botanistes les divisent 
en: deux groupes; l’un a les pétales égaux au calice 
ou plus courts que lui; dans l’autre, ils sont plus 
longs. Le cultivateur les considère toutes avec in- 
iérêt , parce qu’elles sont avidement recherchées 
par les bestiaux dans les pâturages où elles abon- 
dent. Les jardiniers et les horticoles les aiment à 


cause de la multitude; de l’éclatante blanchéur de 
leurs fleurs, et du contraste remarquable qu'elles 
produisent dans les gazons : elles s’y montrent 
au premier printemps. Tournefort appelait ce 
genre Myosolis ; c’est Linné qui lui a donné le 
nom de Céraiste, que l’on a unanimement adopté. 

Le CÉRAISTE DES cHAwPs, .C. arvense, est annuel, 
très-commun dans les terres en friche, sur le bord 
des chemins, à peine haut de seize centimètres, et 
fleurit en juin et juillet, Le CÉRAISTE ARGENTINE, 
C. tomentosum est depuis long-temps en posses- 
sion de revêtir avec avantage quelques places dans 
les jardins d'ornement; étalé sur la terre, 1 la 
revêt de ses tiges faibles et traînantes, couvertes 
d’un duvet blanc, de feuilles étroites , . très- 
blanches, et de jolies fleurs, petites, très-nom- 
breuses, d’un blanc de neige, bien ouvertes et 
sans odeur. Cette espèce est très-rustique, elle 
réussit dans tous les sols, excepté ceux qui sont 
trop humides ou trop ombragés, et pent être pla- 
cée sur des terrains remplis de pierrailles , sur les. 
rochers, les décombres, dans le voisinage des 
grottes où-elle produit un effet très-agréable ; ses 
fleurs s’'épanouissent en mai et en juin ; elles sont 
portées sur des pédoncules rameux, se redressent 
en parlie jusqu à treize et même seize centimètres. 
Lesracines, qui poussent à chaque nœud des tiges, 
et qui se multiplient extrêmement , tracent beau- 
coup et désespèrent souvent l’horticulteur. Ni la 
gelée, ni les grandes chaleurs ne font de mal à ce 
Céraiste, que l’on croit originaire de l'Italie; mais 
il souffre des hivers longs et pluvieux. 

On à fait une Sreivaire (v. ce mot) du C£- 
RAISTE AQUATIQUE , Ü. aquaticum de quelques 
auteurs, lequel croît dans les mardis, sur le bord 
des rivières, et dont la tige vivace s'élève, quand 
elle est soutenue, jusqu’à un mètre. (T. ». B.) 


CERAMBYX. (1ns.) Genre de Coléoptères, (7. 
CaLLicHRoME et CAPRICORNE. ) où > 

CÉRAMBYCINS. (1xs.) Coupe ou tribu de Co- 
léoptères , de la famille des Longicornes. Les in- 
sectes qui la composent peuvent se reconnaître à 
leur labre très-apparent, leurs mandibules peu 
différentes dans les deux sexes, leurs yeux toujours 
échancrés pour recevoir la base des antennes qui 
sont ordinairement longues ; les cuisses sont tou- 
jours en forme de massues el comme portées sur 
un pédoncule. Ils vivent comme les autres Longi- 
cornes, et sont souvent de couleur brillante. (A. P.) 


CÉRAMIAIRES. (or. cnyrr.) Les Céramiaires 
ont pour caracteres essentiels des filamens arti- 
culés qui produisent, à l'extérieur, des capsules où 
gemmes parfaitement distincts. Ce genre de végé- 
Laux comprend une foule d'individus aquatiques , 
très-déliés, d’un port élégant, d'une:couleur agréa- 
ble , soit brunâtre, soit rouge, soit purpurine, soit 
verte. 

Les espèces de Céramiaires sont très-nombreu- 
ses; on les a divisées en genres dont la quantité: 
augmentera certainement encore : voici jus- 
qu'alors celles qui sont le mieux connues. 

+ Céramiaires homogénéocarpes , produisant, de 


PL 88. 


+ 


hvte. 


7, Cérap 


ô.Cere ope 


Cerceris 


ce 


4 Cératine 


er ap tere 


3.Ce 


1 2. Céramie 


FE Guerin der 


LU 


CÉRA 


CÉRA 


wéritables capsules homogènes, monocarpes ou 
“polycarpes. 

a. Capsules nues ; filamens cylindriques, com- 
-posés d’articulations non sensiblement renflées. 

. aA. Filamens simples. 1° Les Desmarestelles, qui 
ont été comparées par quelques algologues aux.os- 
cillatoires, mais qui en diffèrent par leur immobi- 
dité, leur fructification, etc, 

B. Filamens  rameux. * Parcourus par des li- 
méamens entrecroisés de matière colorante, 

2 Les /lutchinsies, dont les capsules, légère- 
ment pédonculées, en forme d’ampoule, s’ouvrentà 
leur extrémité pour laisser échapper les semences. 

3° Gratelupelles, qui ont des capsules parfaite- 
ment sessiles et groupées: vers l’extrémité des ra- 
meaux. 

4 Les Brongniartelles, à germes ovoïdes , opa- 
‘ques , et qui, dans la maturité ; donnent aux ra- 
meaux fructifères l'aspect des gousses de certaines 
légumineuses articulées. 

** Entre-nœuds où se trouvent plusieurs ma- 
cules colorantes , longitudinales et parallèles. 

5° Les Deliselles, à capsules ovoïdes , subpédi- 
«cellées et comme annelées. 

6° Les Dicarpelles, à fructification ambiguë, et 
à capsules ampullaires à l'extérieur. 

7° Les Callithamnies , à capsules ovales, poly- 
spermes, sessiles et axillaires. 

**x* Matière colorante, groupéeen macules ar- 
rondies au milieu de l’entre-nœud. 

& Les Ectocarpes , à capsules subsessiles , soli- 
taires, non revêtues d’une enveloppe transparente 
qui les fasse paraître annelées comme dans les 
Deliselles. 

» Les Capsicarpelles : capsules pédiculées, so- 
litaires, oblongues, acuminées, semblables au fruit 
du piment long. 

10° Les Audouinelles : filamens cylindriques, 
‘sans renflement aux articulations , gemmes exté- 
rieures, nues, ovales, oblongues, opaques et stipi- 
tées. Les espèces les plus remarquables de ce 
genre sont les Auduinella funifornus , Chalybæa et 
Miniata. 

11° Les Céramies : capsules solitaires, comme 
annelées, avec matière colorante dans l’intérieur 
de l’article. 4 

8. Capsules nues, filamens moins cylindriques. 

19° Les Bulbochætes : calyptre cilifère disposé 
à côté du point d'insertion des articles. 

7. Capsules involucrées ; filamens noueux com- 
posés d’articulations renflées. 

13° Les Borynes. V’oy. ce mot. 


++ Céramiaires glomérocarpes. Fructification, 


composée de glomérules pressés, nus et extérieurs. 

14° Les Botrytelles. Genre placé ici provisoire- 
ment, et qui se rapproche beaucoup plus , par les 
organes reproducteurs, des Batrachospermes et des 
Chaodinées. 

Les Céramiaires se trouvent dans la mer, les 
fontaines-et les eaux courantes. (FF) 

CÉRAMIE. (sor. crypr.) Ceramiaires. M. Bory 
‘de Saint-Vincent caractérise ainsi le senre Céra- 
mie : filamens cylindriques, non renflés à leurs 


entre-nœuds, articulés par.sections, qui sont mar- 
quées intérieurement d’une seule macule de ma- 
tière colorante , disposée de manièreà faire croire 
à l'existence d’un tube intérieur. Fructification : 
capsules externes, solitaires, nues, opaques, 
comme enveloppées d'un anneau translucide. 

Ainsi que les borynes , les Céramies sont .des 
plantes très-pelites et très-élégantes ; leur couleur 
varie du pourpre au violet : ellesont la forme d’ar- 
bustes , croissent dans l'Océan et sont très-recher- 
chées des criptogamistes. 

Les espèces marines les plus connues sont les 
Ceramium arbuscula, coccinea, fruticulosum , co- 
rymbosum , roseum , corallinum , repens , confervoi- 
des , ete. Nous avons représenté dans notre Atlas, 
pl. 88, fig. 1 et 2. les C. scoparium et casuarinæ, 
de De Candole. Ces deux espèces sont vertes et se 
trouvent sur nos côtes. 

Comme espèce terrestre nous signalerons 
le Ceramiium aureumqui se rencontre sur les ro- 
chers des régions tempérées et même froides , où 
il forme de petits coussinets qui ressemblent à des 
fragmens de velours, couleur d'orange à l'état 
frais, et couleur cendrée ou verdâtreaprès la des- 
siccalion. (F. EF.) 

CÉRAMIE, Ceramius. (ins.) Genre d'Hyménop- 
tères de la famille des Diploptères, tribu des Guépiai- 
res : cegenre avait été aussi reconnu par M. Klug, et 
il l’avait indiqué sous le nom de Gnathe, mais dans 
son ouvrage intitulé Entomologischemonographien , 
il a adopté le nom de M. Latreïlle. Ce genre par 
plusieurs de ses caractères est tout-à-fait anomal. 
Dans cette famille, en effet , le caractère distinc- 
tif, qui est d’avoir les ailes doublées dans le repos, 
manque dans ce genre; en outre les cellules cu- 
bitales, qui dans les autres genres sont au nombre 
de trois, ne sont ici qu'au nombre de deux; en 
outre, les palpes labiaux sont plus longs que les 
maxillaires. On ne connaît rien des mœurs de ces 
insectes, dont deux espèces sont propres à l’Europe 
méridionale ,et deux au cap de Bonne-Espérance ; 
toutes quatre ont été décrites par M. Klug dans 
l'ouvrage précédemment cité. 

C. ne Fonscoromsz, C. Fonscolombii, Lat. Long 
de 7 lignes, noir, avec des points sur latête et le cor- 
selet, et des bandes sinuées de chaque côté de l’ab- 
domen. Cette espèce a été pour la première fois 
trouvée aux environ d'Aix en Provence par M. de 
Fonscolombe, à qui M. Latreille l’a dédié. (A. P.) 

CÉRAPTÈRE, Cera:terus. (xs. ) Genre de Co- 
léoptères de la famille des Xylophages, établi 
par Swcederus sur un insecte démembré du 
senre Paussus de Linné; il a comme eux la lèvre 
grande, les palpes très-visibles, mais d’inégale 
longueur : les élytres sont longues, et les tarses 
courts ; mais les antennes sont de dix articles , dont 
le second et suivans jusqu’au neuvième inclusive- 
ment sont perfoliés ; le dixième est demi-globu- 
lenx. On ne connaît qu’un insecte de ce genre, 
C’estle C. Azancesparres, C. latipes, Swed., figuré 
parDonovan dansises Gen. illust: of Entom. , tab. 5. 
ÎLest entièrement brun, avec l'extrémité des élÿ- 
tres tachée de fauve; de la Nouvelle-Hollande. 


CÉRA 1 "8 


CERA 


-Nous l'avons représenté pl. 88, fig. 2 de notre 
Atlas. (A. P.) 
CÉRASTE, Coluber cerastes, Linn. (repr.) C'est 
le nom d’une espècé du genre des Vipères, qui se 
fait remarquer par une petite corne pointue qu’elle 
porte sur chaque sourcil; elle est grisâtre et se tient 
cachée dans le sable en Égypte, en Libye, etc. Les 
anciens en ont souvent parlé. Ÿ. Virène. (Gu£r.) 
CERATINE, Ceratina. (is.). Genre d'Hymé- 
noptères de la famille des Mellifères, section des 
Apiaires , établi par Latreille, qui lui donne pour 
caractères: labre plus long que large, paraglosses 
courtes en forme d’écailles pointues au bout; pal- 


pes maxillaires de six articles; trois cellules cubi-. 


tales complètes aux ailes: de tous les genres d’A- 
piaires celui-ci paraît se rapprocher le plus des 
Xylocopes, surtout par leurs palpesmaxillaires qui 
sont au nombre de six: leurs mœurs les en rap- 
prochent aussi, mais ils en diffèrent beaucoup par 
la forme. Les antennes sont insérées au milieu de 
la face, coudées après les trois premiers articles, 
le reste formant une massue cylindrique ; les jam- 
bes n’offrent aucune dilatation à leur extrémité 
-et sont légèrement velues ; l'abdomen est entière- 
ment lisse. Ce sont de petits insectes à couleurs 
bronzées ou noires, et n’offrant seulement que 
quelques taches blanchâtres à la partie antérieure 
de la tête, soit dans les deux sexes, soit quelque- 
fois dans un seul. On en connaît peu d’espèces. 
GC. cazreuse, C. callosa, Fabr.; figurée dans 
notre Atlas, pl. 88, fig. 3. Longue de 5 à 4 li- 
gnes, bronze vert ou bleu très-obscur ; corps lisse, 
brillant, et cependant finement pointillé ; ailes 
légèrement enfumées. Rare aux environs de Paris. 
Spinola, dans un mémoire inséré dans les Annales 
du Muséum d'Histoire naturelle, a consigné le ré- 
sultat de ses observations sur ces insectes ; il mé- 
rite d’être connu. La femelle, profitant des bran- 
ches d’églantier rompues par accident, creuse un 
trou à la place de la moelle jusqu’à la profondeur 
de près d’un pied; elle commence à rassembler 
au fond une certaine quantité de pollen et un peu 
de miel, et y laisse un œuf; elle fait alors une sé- 
paralion au dessus avec la moelle même de l’ar- 
bre, et recommence de pouce en pouce jusqu'à l’ou- 
verture; ce nid contient quelquefois une douzaine 
de cellules ; les larves sontentièrement semblables 
à celles des abeilles; elles ne rendent aucun ex- 
crément ; aussi , quand l’insecte est arrivé à son 
entier développement , et qu'il a percé la cloison 
qui le retenait prisonnier , son premier soin est 
de se vider de la masse d’excrémens que conte- 
nait son abdomen. Une autre particularité remar- 
quable de ces insectes, c’est que ce n’est pas avec 
les brosses de leur abdomen, ni avec leurs pattes, 
qu'ils grattent le pollen qu'ils destinent à leurs 
petits, mais avec leur tête, et les fossettes où 
sont insérées leurs antennes servent à le contenir; 
je crois cependant que celte observation mérite 
d’être renouvelée. (A. P.) 
CÉRATITE , Ceratites. (mozr.) Dénomination 
donnée par M. De Haan à quelques espèces d’Ax- 
MonITEs. Voy. ce mot. (Ducr.) 


CÉRATOPHRIS. (repr.) Genre établi par 
Boïé aux dépens des Grenouilles, et composé d’es- 


-pèces à large tête, à peau grenue en tout ou en 


partie, et dont chaque paupière a une proémi- 
nence membraneuse en forme de corne. Voy. 
GRENOUILLE. (GuËr.) 

CERATOPOGON, Ceratopogon. (1xs.) Genre de 
Diptères , de la famille des Némocères , établi par 
Meignen, et aux quels on assigne pour caractères : 
antennes de treize articles au moins, simplement 
grenues ou à peine velues ; les mâles seuls ayant 
un bouquet de poils à la base. Ces insectes, quoi- 
que très-nombreux , avaient été jusqu’à présent 
peu ou point étudiés dans leurs métamorphoses, et 
leurs petitesses, avait pu beaucoup contribuer à 
l'oubli ou on les laissait, On avait dit vaguement 
qu'ils vivaient dans des galles végétales, M. Mac- 
quart, dans son ouvrage sur les Diptères du nord 
de la France, ou il en a décrit un assez grand 
nombre d'espèces , paraissait pencher a présumer 
la larve aquatique; mais M. Guérin ayant élevé 
cette larve, qui a été le sujet d’un excellent mé 
moire, nous sommes maintenant bien instruits. 

Ces larves ont été trouvées réunies en société 
sous les écorces humides de différens arbres, elles 
sont un peu plus larges à leur partie antérieure 
avec la tête armée de deux petites mandibules et 
de soies raides, qui sont peut-être des antennes ou 
des palpes, leur dernier segment est susceptible 
de s’allonger et sert à pousser le corps en avant 
quand ces insectes veulent changer de place; mais 
ce que ces larves offrent de plus remarquable, ce 
sont deux poils sur chaque anneau du corps, ter- 
minés par une petite perle argentée, dont jus- 
qu’à présent on ignore absolument l'utilité. Dans 
la transformation en nymphe, celle-ci reste enga- 
gée en partie dans la peau de la larvé, et en sort 
comme insecte parfait au bout de très-peu de 
temps. M. Guérin a décrit deux de ces espèces 
qu'il regarde comme nouvelles. La première est le 
C. cenouzLÈre, C. geniculatus, Guérin. Il est long 
au plus de quatre millimètres , noir , avec le des- 
sous de l’abdomen, le bord des anneaux en dessus, 
une tache aux extrémités des fémurs et des tibias, 
les tarses el les balanciers jaunes, les ailes sont en- 
fumées à la côte antérieure , avec la base et une 
tache carrée près du milieu de la côte jaunâtres. 
Trouvé dans la forêt de Saint-Germain. 

La seconde espèce, qu'il nomme Flaifrons, 
diffère par les nervures des ailes et n’a peut-être 
pas de genre. (A. P.) 

CERATOPTERIS. (mor. cryPT.) fougères. 
Genre caractérisé ainsi : capsules globuleuses , 
sessiles, entourées à moitié par un anneau élasti- 
que, plat, large, demi-circulaire, s’ouvrant par une 
fente transversale; capsules insérées sur un seul : 
rang sous le bord replié de la fronde. 

Dans les plantes de ce genre, la fronde est 
molle, presquetransparente, à nervures reliculées, 
plusieurs fois pinnatifide, lobée, surtout dans les 
frondes stériles. Dans les frondes fertiles, les pin- 
nules sont divisées à peu près comme les bois du 
cerf, les lobes sont linéaires ou sétacés, les bords 


s'étendent 


ET — 


CERB 


49 


GERC 


s'étendent jusqu'à la nervure moyenne; les cap- 
sules globuleuses, sessiles, espacées, s'ouvrent 
Jatéralement et. sont entourées d’un anneau élas- 
tique, large, plat et strié ; les graines sont slobu- 
leuses, très-peu nombreuses et l'aciles à distinguer, 
mais à la loupe seulement , car elles sont très- 
petites. 

La capsule des Cératopteris paraît formée de 
deux membranes : une extérieure, jaune et solide; 
Paütre intérieure, très-mince et blanche. 

Les trois espèces de Cératopteris connues crois- 
sent dans l’eau et les lieux marécageux, et se ren- 
contrent dans les régions équatoriales. 

La première espèce, Ceratopterts thalictroïdes , 
a jusqu’à un pied de hauteur: sa fronde est pinnée, 
à segmens peu profonds, surtout dans la plante 
stérile ; on la trouve dans les eaux stagnantes et 
dans les rivières de l'Inde, de Ceylan, de Java, etc. 
Dans ce pays, les feuilles de cette Cératopteris sont 
préparées et mangées comme nous le faisons des 
épinards. 

La seconde espèce, Ceratopteris Gaudichaudii, 
n’a pas plus de cinq à six pouces de haut; ses frondes 
sont réunies en toufles, bipinnatifides, à lobes li- 
néaires , étroits et longs dans les plantes fertiles : 
Gaudichaud l’a trouvée dans les lieux marécageux 
des îles Mariannes. 

* Enfin; la troisième espèce, Ceraropteris Richardii, 
s'élève à deux ou trois pieds. Sa tige est profondé- 
ment Striée, nue dans sa moitié inférieure : ses 
frondes sont quadri-divisées, pinnatifides ; elle ha- 
biteles lieux humides de la Guiane , où elle a été 
rencontrée par L.-C. Richard. (ir) 

CÉRAUNIAS où CÉRAUNITE. (min.) Sous ces 
noms, qui dérivent du mot grec Xeraunos (foudre), 
les anciens désignaient différentes substances que 
l’on croyait être tombées avec la foudre : telle est 
entre autre la Pyrite martiale globuleuse, ou le 
sulfure de fer radié, que l’on trouve en petites 
masses sphériques dans la craie ; telles sont encore 
les Bélemnites, et les haches en Jade, où én 
diverses autres roches dures. Ces noms ne sont plus 
en usage; cependant quelques minéralogistes ont 
conservé la dénomination de Céraunite, à la N£- 
PHRITE (voy. ce mot), ou au Jade néphritique, 
substance verdâtre, compacte et d’un éclat gras , 
que l’on ne tire que de la Chine, d’où il nous 
vient taillé de diverses manières. (J.H.) 

CERBERE. (ngpr.) Nom d’une espèce du genre 
Coureuvre. Ÿ. ce mot. (GuËr.) 

CERBERE, Cerbera. (roT. run.) Genre placé 
par ‘Jussieu dans Ja famille des Apocynées, et par 
Linné dans la Pentandrie monogynie. Caractères : 
calice ouvert, à cinq divisions profondes ; corolle 
: infundibuliforme, dont le tube, plus long que le 
calice, est resserré à son orifice, et présente cinq 
angles et cinq dents ; et dont le limbe est très- 
grand, oblique, ct divisé en cinq parties qui 
figurent une étoile; anthères conniventes , oppo- 
sées aux dents de la corolle ; un seul style suppor- 
tant un stigmate bilobé ; fruit drupacé, très-gros, 
marqué d'un sillon et de deux points latéraux, 
et renfermant ‘une noix osseuse à quatre valves, 


Towe Il. 


et à deux loges, dont chacune contient une graine. 
L'espèce la plus remarquable de ce génre est le 
Cerbera ahercai, L. C’est un arbre du Brésil ; dont 
les noix servent de parure aux Américains méri- 
dionaux. /. Lamarck, Cavanilles, Forster, Wil- 
denow , Kunth, Ramph, etc. (G. £.) 
- CERCAIRE. (zoopw. ir. ) Ce genre forme le 
second de la famille des Cercariées. On reconnaît 
ces infusoires à leur corps très-petit, transparent, 
diversiforme, muni d’une queue particulière très- 
simple. M. Bory Saint-Vincent s’est appliqué à 
prouver que les Cercaires devaient être distinguées 
des animalcules du sperme, en ce que ces derniers 
avaient le corps membraneux et très-comprimé , 
qu'ils étaient aplatis comme un battoir ou une ra- 
quette , tandis que les Cercaïres ont au contraire 
le corps rond ou cylindrique et qu’ils sont épais 
comme des petites massues, Les Cercaires vivent 
dans les eaux douces et dans les infusions. Parmi 
les espèces qu’on connaît, on distingue la Cercaria 
cometa, Gomète, qu'on rencontre dans les infusions 
d’orge, où elle s’agite comme un balancier de pen- 
dule, dont elle a la forme ; la Cercaria opaca, qui 
ressemble à une grosse épingle dont Ja queue n’au- 
rait pas plus de trois fois la longueur de la tête; 
la Cercaria lacryma , Larme , ainsi nommée parce 
qu’elle présente la forme d'une larme funéraire : 
on la rencontre dans les infusions d’avoine:; la C. 
caryophyllata,quiprendsonnom desaressemblance 
imparfaite avec un clou de girofle; le Téranrp, 
C. ceyrimes, qu’on a quelquefois trouvé dans les 
imfusions animales, et enfin plusieurs autres dont 
le nombre augmentera sans doute encore. 
CU 
CERCARIÉES. (zoom. ir.) Famille établie 
par M. Bory-Saint-Vincent dans le second ordre 
de la classe des Infusoires , et à laquelle il assigne 
pour caractère commun un corps globuleux où 
discoïde , parfaitement distinct d'une queue inar- 
ticulée, simple et postérieure. Des observations 
microscopiques, répétées avec un soin extrême, 
ont mis ce savant naturaliste à même de remar- 
quer dans les Cercariées une têle ou corps qui se 
présente toujours en avant, va, vient, s’agite, 
s’avance en tâtonnant , quitte et reprend, comme 
par réflexion , la direction qu’elle suivait d’abord; 
puis une autre partie, la queue, qui par ses mou- 
vemens de flucluation et de balancement déter- 
mine l'impulsion qu’elle imprime à la tête. Sui- 
vant M. Bory-Saint-Vincent on pourrait déjà 
soupconner dans les espèces du dernier genre de 
cette famille un orifice buccal ct des points ocelli- 
formes. C’est dans cette famille que l’on a rangé 
les animalcules spermatiques qu'on trouve dans la 
liqueur séminale des mâles et jamais dans celle 
de la femelle. Ces animalcules ont donné lieu à 
de longues discussions etont été l’objet d’étranges 
illusions. MM. Prevost et Dumas ont récemment 
encore décrit \leur organisation; ils avaient cru 
apercevoir les yeux de certaines espèces, et s'étaient 
appliqués à décrire leur marche à travers l’ovule 
préféré, pour s’y loger à jamais. M. Raspail a réfuté 
en peu de mots l'opinion de ces savans, et prouvé 


87° Livraisox. 7 


qu'ils. avaient 
lumière; il pense, lui,, que les animalcules sper - 
matiques doivent être rapprochés du genre Ger- 
caire,etquelaseule différenceest dans ladimension 
gigantesque des Gercaires (1/3 de millimètre ),et 
dans celle des animalcules spermatiques qui ont à 
peine > de.millimètre. Cette différence nous pa- 
rait,assez, considérable pour motiver la séparation 
faite par M.Bory-Saint- Vincent, que nous suivons 
encore dans la division qu’il a adoptée. Six genres, 
selon lui, composent cette famille, savoir: 1. Tar- 
ros à corps non contractile, plat, antérieurement 
tronqué, aminci, postérieurement et terminé en 
queue droite; un appendice recourbéen arrière de 
chaque côté du corps; 2. CERCAIRE, Corps non con- 
tractile, cylindrique, obtus antérieurement, aminci 
postérieurement ,; terminé en. queue flexueuse ; 
3. ZoospermE, Corpsinon,confractile, ovoide, très- 
comprimé, avec une queue séliforme. Ge genre se 
compose d'animaux spermatiques.; 4. ViRGULINE , 
corps. très-plat, obrond , aminci. tout à. coup, et 
terminé par, une queue en virgule; 5. Turinizs, 
corps subpyriforme ,. obtus aux deux extrémités, 
queue droite, sétiforme, implantée, plus courte. 
que le: corps; 6. HEesTRIONNILLE , Corps ovale, 
oblong, contractile, aminci antérieurement, queue 
implantée; rudiment d’organe buccal. : (P. G.) 
CERCÉRIS, Cerceris. (ins.) Genre d'Hymé- 
noptères de la famille des Fouisseurs, division des 
Crabronites , établi. par Latreille sur un démem- 
brement des PhilanthesdeFabricius, dont il diffère 
par les antennes plus rapprochées, beaucoup plus 
longues que la tête, les mandibules dentées.et la 
seconde cellule cubitale des ailes, pétiolée. Ces 
insectes ont la tête épaisse comme les Crabrons , 
les antennes grossissant. insensiblement , les yeux 
sans échancrure; le chaperon a une disposition 
à se releveren l'air, dans quelques-espèces même 
il fait presque un angle droit avec la tête ; tous les 
anneaux de l'abdomen sont séparés'entre eux par 
des étranglemens. Le. premier est beaucoup plus 
étroit que les autres, infundibuliforme ; tous sont 
fortement pointillés-en dessus, la plaque anale est 
toujours bicarénée. Les femelles font des trous 
dans le sable pour placer leurs œufs :etelles. ap - 


été trompés par certains: effets de 


provisionnent leurs petits de coléoptères de l’ordre | 


des Charançonites, souvent assez gros. Toutes les 
espèces connues sont noires, bariolées de jaune. , 
C. A onenxzes, C.,aurita,, Lat., figuré dans 
notre Atlas, pl. 88 ; fig. 6; la plus -grande espèce 
de notre pays. Long de six.-Jigues, noir; trois ta- 
ches entre les yeux ; base des antennes, deux ta- 
ches derrièreles yeux ,deux.sur leprothorax, les 
écailles des ailes, une bande-transverse sur l'écus: 
son, deux taches latérales au dessous, .deux..sur 
le premier segment. de l'abdomen, et-une: bande 
échancrée à la partie postérieure des autres seg- 
mens, excepté l’anal, jaunes; les pattes sont. d'un 
jaune clair, avec leur attache et les genoux noirs 
ou roux. ; (A. P.) 
CERCOCEBE. (mau.) M. Isidore Geoffroy-St- 
Hilarre, considère des Cercocèbes comme formant 
dans le genre des.Macaques üne simple section. Les 


| espèces.qu'il y groupe sont peu nombreuses; elles. 


ont.pour caractère commun unc longue queue; ce: 
sont, comme le dit ce naturaliste , des Macaques: 
a longue queue ; nous-en parlerons ‘en traitant, dé: 
ces. derniers. |. | (Genv.). 

CERCOPE, Cercopis. (xs. ) Genre d’Heémipté-. 
res de la section des Homoptères , famille des: Gi- 
cadaires.. Ge genre a.été établi par Fabricius, jet 
depuis lui subdivisé par plusicurs auteurs, comme 
Germar, Lepelleticr, Serville et: d’autress les, gen- 
res qui en ont été démembrés sont ceux d'Aphro- 
phore, de Piyèle,, qui offrent des caractères fa- 
ciles à saisir ;..mais M. Latrcille ne les ayant. pas 
admis dans le règne animal , nous les réunissons 
ici au genre primitif qui offre pour caractères : 
antennes placées entre les yeux, detrois articles , 
dont le dernier conique, terminé parune soie inar2 
ticulée , deux ocelles sur le dessus de lattête. Ges 
insectes ont à la première vue le plus grand rap- 
port avec les Cigales;, leur tête est horizontale, 
les yeux latéraux et saillans ; le rostre est. très- 
bombé, étroit transversalément ; les antennes sont 
insérées entre, les yeux sous un pelit.avancement 
de la tête ; le corselet est cn losange ; lesélytres 
diffèrent beaucoup de celles des Cigales par la 
forme et la consistance ; elles sont arrondies, al- 
Jlongées, presque aussi larges partout et..de consis- 
tance coriacée ; les tibias postérieurs, offrent une 
ou deux épines, le. développement de la tarière est 
naturellement restreint au dernier anneau. D’après 
ce qui précède, je crois que. c'est à tort que 
M. Latreille, dans ses différens essais de méthode, 
les a toujours éloignés des Cigales, et. a séparé 
toute la section à laquelle ils appartiennent! par 
celle des Fulgorelles, qui doivent à mon avis-être 
rejelés après, comme se rapprochant davantage, 
par plusieurs caractères, des Psyllesiet: des Puce : 
rons; de celte facon les Gigales et les Gicadelles: 
formeraient une section naturelle ,oùla forme tt 
la position des antennes , des ocelles, du rostre et 
de, la tarière! sont identiques, et malgré cela ne 
dérangeraient rien à la subdivision en Muettes-et en 
Chanteuses déjà existante, mais qu'il faudrait res- 
tremdre en.en écarlant les Fulgorelles. 

Ce genre d'insectes est nombreux , surtout en 
exotiques; notre pays en offre aussi quelques es- 
pèces ;, qui vivent dans leur premier état.sur les 
plantes dont eiles font extravaser la, séve autour 
d'elles sous la forme d’une écume blanche, qui ga- 
rantit J'insecle du contact deJ’air et l’abrite des 
rayons du. soleil. ; 

C. saNGLANTE, C. sanguinolenta, Fab. Longue 
de 3 à.4 lignes, noire; abdomen, une-tache à la 
base de. chaque élyire, un point rond. au, mi- 
lieu et une seconde bande sinuce transverse près 
de l'extrémité, les genoux rouges : se-trouve à 
Paris. On. en,trouve ; mais plus rarement, une 
autre espèce appelée Fulncrata par Iliger, où 
l'abdomen et les pattes sont entièrement noirs, et 
les taches des élytres beaucoup plus larges. 

C. £cumeuse, C. Spumaria, Liun., représentée 
dans notre Atlas, pl. 88,.f:7. Longue de-quatre 
lignes , d’un gris jaunâtre , avec deux tachestrian- 


sÉTerss 


- terms _ 


gulaires transparentes à.la côte de-chaque élytre. 
Gelte espèce, type-du genre Aphrophore, est la 
plus commune de nos environs. 

Le C.dianthi, Fab, Stoll., pl. xx, fig! 105 ,cest 
long! de 3 lignes ; il est d’un gris noirâtre ou rou- 
geâtre, avec la tête et la première moitié du cor- 
selet. blancs, et deux taches triangulaires transpa- 
rentes à la côte de chaque élytre. Gommune-aux 
environs, de Paris. Get insecte fait partie du genre 
Ptyèle. y (A. Pi) 

CGERCOPITHEQUE, (wa. ) Ge mot est la tra- 
duction.du nom latin Cercopithècus , par lequel.on 
désigne le genre Guenon ;:ilest inusité. :(GErv.) 

CERCOSAURE, (nzpr.) Nom formé des mots 
grecs cencos, queue, êt sauros, lézard, qui a été 
donné; par Wagler à un genre de Sauriens connu 
seulement par ce qu'en.a dit.cet auteur. Le Cer- 
cosaure appartient, à ce qu'il paraît, à la famille 
des Lézards cyclolépides ou -à-écailles disposées 
en verlicilles etrectangulaires, carrées, oblongues, 
comprimées,, carénées :sur le dos et la queue, 
lisses aux parties inférieures, avec une double 
rangée de lamelles sous le cou; les dents sont 
nombreuses, égales, droites, serrées ; les anté- 
rieures simples, coniques., les suivantes plus ou 
moins distinctement bi-ou-trilobées; il n’existe 
pas de dents palatines. :Wagler ne dit pas s'il 
existe un pli enfoncé,sur les flancs , des pores aux 
cuisses , un tympan ox conduit auditif visible; il 
pe.donne aucun renseignement sur la disposition 
de la langue, et il dit seulement que latqueue:est 
tuès-longue et arrondie. 

On n’a signalé encore qu’une espèce de Gerco- 
saure , le, Cxrcosaure ocre, C. ocellata, Leptus 
ocellatus., brun noïrâtre sur la tête.et le dos, avec 
quatre lignes longitudinales blanches, dont les 


deux.externes commencent derrière l'œil, passent . 


au dessus du tympan :et ;s'étendent ainsi que les 
deux autres jusque sur la racine de la queue; les 
plaques labiales sont ponctuées de noir; les flancs 
sont verdâtres ,, parsemés de huit à neuf taches 
noires marquées d'un point blanc:dans leur cen- 
tre ; le dessous du corpseest jaunâtre, et la queue 
nuagée.en dessous de brun et de blanc: l’on croit 
que ce Lézard vient d'Asie, (T: C.) 
CÉRÉALES. (aër. et sor. pran.) Basé fonda- 
mentale de la nourriture de l'homme. Les plantes 
que l’on désigne sous le nom de Céréales, et qué la 


brillante mythologie présente comme le produit | 


des-dons de Gérès ; se limitent, àproprement dire, 
au froment ; auseigle , à l'orge, à l'avoine;; cepen- 
dant on yrénnit-encore/par lune extension’ trop 
large, l'Aurisng, la Firuque:rLomranre, le Maïs, 
le Murer, le Riz, le Sannazn, le Soreno et la 
Zwanes (v, chacun de «ces Iimots, où ,:de même 
qu'au mot BL, je combats ct détruis les erreurs 
accréditées). Les principes: immédiats les plus 
-abondans de toutes ces plantes sont-la fécule et 
Ja matière égéto-animalé. On: en fait du pain, 
des préparations alimentaires , des liqueurs fer- 
mentées; on les donne aux béstiaux comme four- 
ragewertet séc; leuripaille couvre le toit du pau- 


are , sertide litière, puis d'engrais; elle est encore 


51 CÉRÉ $ 


employée x la fabricationdeschapeaux; des chaises, 
des natteset de quelquesijolis petits-:meubles de 
femme. Les Céréales-alimentent.enÆrance un com- 
merce: de deux milliards, lequel:s’exerce, année 
commune, sur plus:de-150 millions d’hectolitres,, 
tant pourles-semuailles que ponr'la consommation. 
On a voulu fairechonneur aux Esyptiens de Ja 
création des Céréales, ou du moins-deJeur pre- 
mière culture; d’autres, aux Jaboureurs dela Sicile, 
de la Perse, de l'Inde, etc.; ce qu'il y a de plus 
positif, c’est .qne l’époque de cé fait mémorable 
est perdue pour jamais, Îl est possible que les pré: 
tentions de: ces divers peuples soient fondées, et 
qu’elles se rapportent: à une seule espèce ;. mais 
comme le voile épais qui recouvre. l’histoire pré+ 
mière de l'humainé civilisätion :est :surchargé. de 
ruinesmoins anciennes, muettes>à nosrecherches; 
contentons-nous de jouir du bienfait:sansremonter 
à son origine, quine sera jamais révélée avec cer: 
titude. | A 
Les Céréales peuvent se consérver sans aucune 
altération -apparente pendant une-série plus où 
moins longue de siècles, renfermées, soit dans des 
vases hermétiquement fermés, comme ceux décou 
verts dans quelques hypogées de la Haute-Egypte, 
soit dans des chambres souterraines, comme à Her. 
culanum, à Gergovia, l’ancienne capitale des Ar: 
verniens , etc. ; mais elles perdent leur puissance 
germinative, Elles sont, ilest vrai, susceptibles 
d'un premier développement , ainsi,que,me l’on 
prouvé-des grains de blé provenant de Thèbes aux 
cent portes ou temples; mais à peine eurent-ils 
pris un certain volume, une sorte de fraîcheur, 
qu’ils se décomposèrent ebse putréfièrent. Sans 
aucun doute le grand nombre de siècles écoulés fut 
cause de ce trompeur résultat ; puisque Home a 
fait germer des grains de seigle récoltés depuis 
140 ans, et qu'illes a vus parcourir toutes les 
phases de la vie végétale; puisque Réaumur à 
oblenu de beaux épis de grains de froment décou- 
verts à«Metz dans un magasin oublié depuis um 
grand nombre d'années, etc.) (Vioyez, au mot 
GerwinarroN), une suite curieuseique j'y donne 
d'observations du même genre.) 
Des économistes ont successivement vanté les 
Céréales de ‘la Sicile, de l'Afrique, des plaines 
voisines de la mer Noire et de diverses contrées 
de l'Amérique, au détriment de celles cultivées 
en‘Frante. {ls ont prétendu que la farine des Cé- 
réales des États-Unis contenait trois dixièmes de 
duten, tandis que les:plus-estimées parmi les nô- 
tres n’en présentaient -que, deux dixièmes. Gette 
assertion m’ayant paru ‘singulière, j'ai voulu la 
constater du moins à nes yeux ; j'ai pour cet effet 
établi, dans une expérience répétée quatre années 
de suite, 1820 à 1824, en. des.circonstances dif- 
férentes, ét avec des: grains recueillis durant des 
récoltes héurenses et misérables, une comparai- 
son ‘critiqueentre les Géréales vantées et celles 
déprisées : aussi je puis dire avec assuranceique les 
weilleures Céréales dela, France. m’ont constam- 
ment rapporté le quintuple.de la semence, c'est 
à-diré ide. cinq à sept Ipourun,, quand |celles des 


OR A mo D 


CÉRÉ 
£ | 

États-Unis variaient de quatre à six pour un, et 
les autres de trois, quatre et six pour un. Les Cé- 
réales françaises, de première qualité, pèsent de 
74 à 75 kilogrammes l’hectolitre, tandis que ; ap- 
proximativement, les autres n’ont pas dépassé le 
chiffre 72 et 75. Nos Céréales, quand elles sont 
cultivées avec soin, quand on en renouvelle la 
semence à des époques convenables, donnent peu 
de son, et par conséquent beaucoup de fleur de 
farine. Comme celles de la Sicile, des côtes de 
l'Afrique et des rives de l’Euxin , elles sont glacées, 
je veux dire qu'elles ont de la transparence 3 le 
pain qu’elles fournissent est très-savoureux, il a 
un goût de noisette qui ajoute à ses qualités appé- 
tissantes et à sa bonté. 
& J'ai fait voir aussi, lors de la grande discussion 
sur les Céréales, en 1821 , que, la consommation 
de la France entière étant par jour de 421,000 hec- 
tolitres de blé, il n’yavait qu’un seul moyen de 
l’entretenir, c'était la liberté la plus absolue du 
commerce intéricur des grains. J’ai démontré 
dans le même temps que les millions de francs 
jetés à l'étranger, de 1816 à 1820, par le ministère 
Villèle, n’avaient donné que dix-sept journées et de- 
mie de consommation, en d’autrestermes, qu'ils 
n'avaient rien ajouté à nos propres ressources , et 
qu'ils n’avaient été qu’un prétexle à des fortunes 
scandaleuses ; j'ai demandé la suppression totale 
du droit d'importer en France des Céréales de 
l'étranger sous quelque titre que ce soit, et qu'il 
y eût une défense légaie d'exportation (pour ne 
rien laisser à la décision éventuelle du gouverne- 
ment), du moment que le prix des grains ne serait 
pas également partout, dans notre patric, au 
dessous du prix de 16 francs l'hectolitre. (Woyez 
tom, 1x, pag. 217 et 861 de ma Bibliothèque phy- 
sico-économique.) Comme on exploite aujourd'hui 
mon travail, sans me citer aucunement, je suis 
bien aise de covsigner ici ce peu de mots sur ce 
que m'ont appris de longues études sur les Cé- 
réales. (T. ». B.) 

CÉRÉBRAL. (anar.) Aasse ou substance céré- 
brale. (Voy. CEnveau, CERvELET, ENCÉPHALE , 
AxE cÉRémno-spiNaAL. ) Les vaisseaux et les nerfs 
qui appartiennent au cerveau sont en général dé- 
signés sous le nom de vaisseaux et de nerfs céré- 


braux. (P. G.) 
CÉRÉBRO-SPINAL. (anar.) . Encipnae. 
(M. S. A.) 


CÉRÉOPSE, Cereopsis. (o1s.) Pelit genre de la 
famille des Ganards ou Lamellirostres, voisin de 
celui des Oies , mais qui s’en distingue, ainsi que 
de tous ceux de la même famille, par les carac- 
tères suivans : bec très-court, fort, oblus, pres- 
que aussi élevé à sa base que long, couvert d'une 
cire qui s'étend presque jusqu'à la pointe ; narines 
grandes, percées dans le milieu du bec; tarses 
plus longs que le doigt du milieu; ailes amples, 
à première penne un peu plus longue que les 
suivantes. : ! 

Le genre Céréopse ne comprend qu'une seule 
espèce, le CÉnéorse cenbné, Cereopsis Novæ Hol- 
landiæ, Lath., Temm., pl. col. 206. La tête est 


59 CERF 


d’un blanc pur, et tout le reste du plumage d’un 
cendré foncé , ondé sur le dos de cendré roussä- 
tre, et marqué aux couvertures alaires de Laches 
brunes ; les rémiges sont noires. Longueur, deux 
pieds et demi. Les jeunes n’ont point de blanc 
sur la tête, non plus que de taches sur les ailes, 

On trouve cet oiseau à la baie de l'Espérance 
et sur une parlic des côtes de la Nouvelle-Hol- 
lande. (GEnv.) 

CERF, Cervus. ( maw. ) Le genre des Gerfs fait 
partie de l’ordre des Mammifères ruminans: il 
compose à lui seul la deuxième famille de cet or- 
dre, laquelle est caractérisée par des protubé- 
rances frontales dermigères , c'est-à-dire recou- 
vertes de pcau comme celles des girafes,, mais 
qui sont caduques ; on leur donne le nom de bois. 

Les nombreuses espèces de Cerfs existent ré- 
pandues dans les deux continens; quelques unes 
sont même propres à l’un et l’autre, tels sont 
l'Elan et le Renne; elles vivent par grandes trou- 
pes ou par pelites familles composées seule- 
ment de quelques individus; les unes recherchent 
les forêts et les contrées élevées, d’autres préfè- 
rent les plaines ou les savanes noyées et maréca- 
geuses. Ce sont de tous les ruminans les plus 
élégans et aussi les plus agiles : leurs jambes sont 
minces et élevées sans cependant ètre grêles, 
Jeur corps est svelle et gracieusement arrondi ; 
leur cou est délit, et leur têle surmontée par des 
bois dont les formes variées ajoutent encore à 
leur beauté. 

Les Cerfs ont pour caractères: trente-deux 
dents , huitincisives à la mâchoire inférieure } et 
six molaires partout; quelques espèces ont. dans 
le sexe mäle principalement, deux canines à la 
mâchoire supérieure , ce qui porte alors à trente- 
quatre le nombre total des dents; des larmiers 
et un mufle dans la plupart des espèces; les oreil- 
les médiocres et pointues ; la queue très-courte et 
quatre mamelles inguinales. Les bois, qui font le 
caractère principal du genre, n'existent ordinaire- 
ment que chez/les mâles (toutes les femelles , ex- 
cepté celle du Renne , en sont privées) : ils varient 
normalement suivant l'âge de l'animal, et acci- 
dentellement suivant les circonstances où la do- 
mesticité et la maladie l’ont placé. 

Ces bois tombent tous les ans vers l’époque du 
rut, et sont remplacés par d’autres ordinairement 
plus forts qui commencent à paraître peu de 
temps après ; il n'existe point, comme l'avait sup- 
posé Buffon, de liaison entre leur chute et leur 
reproduclion , et les phases correspondantes de 
Ja végélation , mais une relation plus vraie a par- 
faitement été constatée entre les périodes de leur 
révolution ct celle de l'activité des organes gé- 
nérateurs : en eflet on voit les bois cesser de se 
nourrir et tomber quelque temps après que le rut 
a frappé les individus mâles d’un grand accable- 
ment, et l'on sait que la castration qui l'empêche 
permet au contraire la persistance de ces bois. 
Ghez les femelles l’afllux perpétuel du sang vers 
les organes générateurs, soit pour le rut , la ges- 
talion ou l'allaitement, est un obstacle au flux 


OR 


vers la tête de l'excès des fluides nourriciers ; et ce 
qui le prouve, c'est la production de bois souvent 
observée chez des femelles infécondes : leur exis- 
tence normale chez le Renne femelle ne dément 

as, commeon le pourrait croire, les effets attribués 
à Ja durée de la ‘fluxion utérine , puisque les 
bois des femelles sont plus petits que ceux des mâles 
lorsqu'elles sont fécondes, et qu'ils les égalent 
lorsqu'elles sont infécondes. 

Les bois étudiés dans le cours de leur dévelop- 
pement sont remarquables par la constance des 
lois auxquelles ils sont soumis ;et il estpour ainsi 
dire merveilleux de considérer quelle invariable 
ressemblance ils offrent chez les individus de 


même âge. Lorsque des circonstances extraordi- : 


naires les font varier ; on observe que leurs par- 
ties inférieures sont toujours les dernières à 
s’altérer ; les modifications qu'ils offrent alors 
consistent dans l'augmentation et la diminution 
de leur volume ou de quelques unes de leurs par- 
ties secondaires, qui même peuvent être réduites 
à zéro. Leur direction est aussi susceptible de 
changer , ainsi que leur consistance. 

On nomme refait le bois nouvellement repro- 
duit ; ilest alors couvert d’une peau velue comme 
celle du reste de la tête, qui se détruit ensuite et 
tombe par morceaux lorsque ses vaisseaux nour- 
riciers s’oblitèrent. 

Les Cerfs n’ont pour la plupart qu’une seule 
sorte de poil, dur, cassant, et qui paraît tenir 
fort peu (les Rennes ont seuls un duvet qui est 
surtout abondant en hiver) ; leur couleur est gé- 
néralement brune , mais susceptible de varier 
sous la moindre influence : le mélanisme, coloration 
en noir, et l’albinisme, coloration en blanc, sont 
très-communs chez eux et présentent cette particu- 
larité de se produire indifféremment sous tous les 
climats; c’est ainsi que l’on voit des Gerfs blancs 
non-seulement dans le Nord et dans les régions 
tempérées, mais aussi {sous l'équateur ,' comme 
M: de Humboldt l’a constaté. 

Le nombre des espèces de ce genre étant assez 
considérable , on a dû chercher un moyen de le 
partager en plusieurs petits groupes, afin de faci- 
liter leur distinction; quelques auteurs les ont 
simplement rangées dans trois sections d’après 
leur patrie, plaçant dans la première celles qui 
sont propres anx deux continens, dans la seconde 
celles qui sont particulières à l’ancien,et dans la troi- 
sième celles qu'on ne trouve que dans le nouveau; 
mais cette distinction est loin d’être satisfaisante : 
par exemple nn individu d’origine inconnue étant 
donné à déterminer, elle deviendra tout-à-fait 
inutile ; c'est ce qui a engagé M. de Blainville à 
rechercher ; pour la distribution de ces auimaux, 
des caractères ou notes inscrites, pour ainsi dire, 
sur l'animal, etquine peuvent être enlevées que par 
sa mutilation ; en combinant ceux tirés de l’exis- 
tence des larmiers, des canines, et surtout de la 
forme des bois , il est:arrivé à établir huit sections 
qui sont les suivantes : Ê HAL 

dé Bois petits et longuement pédiculés ; les Cer- 
“"CURESS 0 39 RUB \ > “H 


2° Bois simples en daguets; les Daguets. 

3° Bois longs à andouiller médian , point de ba- 
silaire; les Chevreuils. | 

4 Bois longs à andouiller basilaire, sans mé- 
dian ; les Axis. 

5° Bois longs à andouillers basilaire et mé- 
dian; les Ces. 

6° Bois longs à andouillers basilaire et médian, 
empaumures tout 2platies ; les Rennes. 

7° Bois longs à andouillers basilaire et médian , 
empaumures supérieures seules aplaties; les 
Daims. 

8° Bois courts sans andouillers basilaire ni mé- 
dian , terminés par une forte empaumure digitée et 
palmée ; les Elans. 

Quoique reposant sur des caractères qui n’exis - 
tent bien marqués que chez les individus mâles 
et à une époque de leur vie, cette distinction est 
cependant fort commode; aussi a-t-elle été suivie 
par plusieurs personnes: c’est d’après elle que 
nous nous ouiderons. 

$ 1. Bois sessiles plus ou moins subdivisés sans 
andouillers basilaire ni'médian., terminés par une 
vaste empaumure digitée à son bord externe seule- 
ment. Les Érans. 

Les espèces dé ce sous-genre sont au nombre 
de cinq seulement; encore trois n’existent-elles 
qu’à l’état fossile. 

Ecax , Cervus alces, L. Cette espèce, à laquelle 
les Germains donnaient le nom d'E{k, racine du 
mot Elan , etque les Anglo-Américains du nord ap- 
pellent Moose Deer , est propre au nord des deux 
continens. Elle est la plus grande de son genre ; 
sa taille égale celle du chéval et la surpasse quel- 
quefois; les bois, ceux du mâle (la femelle en 
est privée), pèsent souvent plus de cinquante 
livres. 

L'Élan est doué d’une force très-considérable: son 
cou est très court , sa tête forte et allongée , sa lè- 
vre supérieure épaisse et plus longue que celle de 
l’autre cerf, ce qui a fait dire aux anciens qu’il 
broute l’herbe en rétrogradant ; la queue est très- 
courte; le poil,brun-fauve sur le dos, et la croupe: 
est moins foncé en dessous: chez quelques indi- 
vidus il varie accidentellément et se rembrunit 
jusqu’à devenir entièrement noir. L'Elan cst rc- 
présenté dans notre Atlas, pl. 89, fig. 1. | 

Cet animal est le Machalis de Pline : il habile 
tout le nord et vil par petites troupes composée 
d’une vieille femelle, de deux femelles adultes , 
de deux jeunes femelles et de deux jeunes mâles. 
Au temps du rut, qui commence vers la fin du 
mois d'août > les troupes sont composées de quinze 
et même vingt individus; les vieux mâles rassem- 
blent les femelles, et les jeunes, qui n’entrent 
pas en chaleur, s’écartent pour ce temps seule- 
ment. Les femelles commencent à mettre bas à 
la mi-mai; clles font ordinairement deux, trois 
petits; ceux-ci ne sont pas tachés, leur conleur 
est un brun rongeâtre. Ces animaux ne vivent 
guère quedix-huit ou vingt ans; ils recherchent les 
forêts et les contrées marécagenses ; en Amérique 
et en Asie ils sont plus communs qu'en Europe , 


"CERF 


où ils dispafaisssent à mesuré quelles’ terres dc- 
viennent plus habitées. Ils ont pour principal. en- 
nemi l'ours, qui les attaque lorsqu'ils marchent 
isolés ; et les blesse le plus souvent au cou et à la 
tête ; le loup, lorsqu'il est ‘seul, ne Jes dE 
guère, 

La chair des Elans . pour agréable ct nour: 
rissante; les Indiens prétendent qu’elle les sou- 


tient plus long-témps que celle de tout autre ani- | 


mal. Leur peau estexcellente pour la buffletérie , 
et leur bois;sert aux mêmes usages que celui du 
Cerf. 

Cerr couronné , C. coronatus. Cette espèce, qui 
se rapproche de laprécédente; ‘a été établie par 
M. Gcoffroy; ses bois sont moirâtres, formés 
d’une simple empaumure; disposés en lames min- 
ces, très-unies et un peu concaves; leur fice 
externe est divisée en-cinqou six dentelures pro- 
fondes sans nervures. 

On ignore-la patrie de ce Cerf; ses bois, que 
seuls on connaît , sont déposés dans les galeries du 
Muséum de Paris. 

Cenr céanr, C. giganteus. Espèce plus grande 
que-le Gerf commun, qui n’est connue qu’à létat 
fossile. M. Goldfuss, qui l’a décrite, la caractérise 
par un audouiller placé immédiatement au dessus 
de la couronne et dirigé :en avant. 

Cerr iRLANDAIS, C. euryceros.-M.-Hibbert a dé- 
crit sous ce nom-un Elan fossile qu'il pense être 
l'Eurycer os d'Oppiens cet animal, dont la race 
ne scrail perdue que depuis ‘un pelit nombre de 
siècles, aurait vécu dans les maruissil serait le 
Segle des anciens Bretons et l’un des Cervi palmati 
de Julius Capitolinus. On l’a'trouvé dans ‘un ter- 
rain marneux de Bullaugh. 

Cerr D’AMÉRIQUE, ..C, americanus!, 
Faune améric., p. 245 , est encore un Elan fossile 


figuré par Je docteur Wistar à Ja pl. 10; f 4, du | 


premier volume des. Trans, de da Sat philos. 
américaine, et décrit {la p. 375.du même volume. 
Ses débris ont éLé trouvés dansune-mollasse près 


des chutes de l'Ohio , mêlés à des-os de! Masto- 


donte. 
$ 2. Bois, sessiles plus ou-moïns divisés, pourvus 


d’andouillers basilaire et médian ; andouillers apla- | 


ts, Les femelles portent des bois qui ne différent de 
ceux des mâles que par leur! moindre étendues les 
marines! ne. sont pas percées -dans: un mufles Les 
Rennes. 

RENE , C: tarandus;, L,. représenté dans notre 
Ales, pl. 89, fig. 2:, Gettc:-espèceuest particu- 
lière au nord Ac deux  continens : elle -est facile 
à caractériser, Les bois existent danslest deux sexes, 


et sont plus petits chez les femelles que chez les 


mâles ; ils présentent à leurs extrémités de! larges 
empaumures ; le bois de droite, ordinairement 
plus développé que le gauche, :envoie en avant 
une, branche, qui, longe de. front-à'!la hauteur de 


deux pouces, et se 7 Fan au dessus du nez par : 
unc Jarge dilatation en forme.de palette. Les fe- 
melles stériles perdent leurs.bois ‘de même ‘que : 
; lorsqu'elles 


les mâles dans le courant d° octobre 
ont conçu elles les gardent jusqu'au mois de mai, 


“54 


Iarian ; ! 


PE nl _ÿ 

époque à laquelle elles mettent bas ; cing mois leur 
suffisent pour les réfaire entièrement ; lestmâles , 
qui les ont plus considérables ,en emploient or- 
dinairement huit. : | 

La tête du Renne:se rapproche ‘assez: de: le 
du Bœuf; elle est très-élargie ; ses marines ne:sont 
point percées dans un mufle, mais dans un mu- 
seau couvert de poils ;. les pieds dé cet animal sont 
aplatis et les doigts recouverts ‘par -de grosses 
touffes de poils; la jambe est: moins-grêle que 
celle du ‘Cerf commun, mais elle ne répond 
point à l'épaisseur du pied. 

Les poils sont serrés, plus longs en hiver et mé- 
lés d’un davet laineux qui parait moins ‘abondant 
pendant la saison chaude; ils sont-grossiers et très- 
développés aux pieds et sous la gorge. Leur cou- 
leur , d’un bran-fauve dans V été, devient blanche 
pendant le temps des froids. 

Ces animaux vivent par troupes nombreuses, 
ils sont doux et faciles à apprivoisers c'est surtout 
en Amérique qu'ils abondent : quelques voyageurs 
quiles ont observés à Terre-Neuve, disent qu ‘ilssont 
si multipliés ‘danses ‘parties occidentales de 
l'ile, que par momens le pays paraîtwen être cou- 
vert. Pendant l'hiver ils émigrent vers la côte ‘oc- 
cidentale, et ne reviennent dans les prairies de 
l’autre extrémité qu’au commencement du: prin- 
temps. Les Américains leur ont-donné/le-nom de 
Caribous: 

Dans le nord de l'Europe, et ptinépaleinent en 
Laponie, on élève” depuis long-temps ces ani- 
maux en domesticité ; les habitans de cescontrées 
les tiennent parg grands troupeaux qu'ils mènent 
successivement paitre dans'les phuines et sur les 
montagnes. [n'est point de Lapon si pauvre qu'il 
ne possède quelques paires de Rennes; les riches 
propriétaires enont même des troupeaux de cinq 
cents et quélquefois de mille. Onchâtre les mâles 
et on n’en laisse qu’unentier pour cinq ou six fe- 
melles, .et: encore dans certaines contrées lâ- 
che-t-on ces dernières:dans les bois d'oùelles re- 
viennent après s'être fait couvrir par quelque üin- 
dividu sauvage: les petits qui proviennent de ‘ces 
unions. sont “ples robustes et plus estimés. Le 
Renne est presque l'unique ‘ressource des peu- 
ples du Nord; vivant comme après sa mort, # 
leur est-de la plusgrande utilité ;:soit qu'ils l'em- 
ploient comme bête de‘somme ou de !trait , soit 
qu ils le tuent pour profiter de ses dépouilles. 
C'est principalement en hiver qu'en fait celte 
cruelle opération ; lorsque de froid à glacé les 
étangs et fait fuir le gibier. Tout est ‘employé 
dans ces animaux , tout | jusqu'à ‘leurs excrémens 
que l'on fait sécher pour en fabriquer des mottes 
brûler ; leur chairestagréable:et d’unedigestion 
facile, leur lait procure detrès bons fromages et 
un cérumque l’on prend'en boisson ; leur pelage 
est très-recherché comme fourrure. 

Ces animaux , inconnus à, Aristote, paraissent 
avoir été indiqués par ‘Gésar 4 De. Bello gallico , 
liv. 1v) ; on les a souvent désignés par-lesmotside 
Rangier.où Rangifer, dunom de: Renthier ; qui est 
celui que leur donnent les Allemands et les:Sué- 


| 
L 
L 


LS 


1. lenne. 


“} 


Llan 


Cerfs 


3. Cerf conurun 


2 Guerur du 


Z. hevreutl 


PL. 89. 


dois. Ils, ont été) peu,connus:des peuples méridio- 
naux, qui ont.eu rarement l'occasion de les ob- 
server ;. mais Jemombre de, ceux que, M. Le Fran- 
çois:a rapportés en France il y,a deux ans promet 
à lasscience des notions plus précises sar les par- 
ticularités de leurs mœurs et de leur organisa: 
tion: plusieurs, des individus, donnés par ce 
voyageur, existent encore aujourd'hui à la Ména- 
gerié. du Muséum. de Paris. 

Cr »'Éramres, C.. Guettardi. Cette espèce, 
décrite par M. Cuvier , n’a.été trouvée qu'à l’état 
fossile;, ses. débris, sont. répandus au. milieu . du 
sable dans la vallée d'Étampes; ses boïs, assez sem- 
blables à ceux du Renne, sont plus petits, plus 
minces,et presque filiformes. 11 

La taille du Gerf d'Étampesest celle du chevreuil 
ordinaire: 

- 16 3..4ndouillers supérieurs seul comprimés; point 
de. bois chez les, femelles. Les Darus.} 

Dam, Dama. L. La taille du Daim est intermé- 
diaire. entre celle du Cerf et. celle du Ghevreuil ; 
son pelage. en été est brun-fauve:en dessuset ta- 
cheté de blanc, en hiver ilest généralement brun; 
sa. queue est longue, noire.en dessus et, blanche 
en dessous. Les bois sont divergens, et. dentelés 
profondément. sur leurs deux. bords supérieurs 
aplatis. La femelle, que l’on, .a nommée Daine; 
ne diffère du mâle que parce. qu’elle manque 
de. bois; son faon est. fauve et. tacheté. de blanc. 
Deux variétés de celle espèce sont assez commu- 
pes, l'une blanche et l’autre noire ; celle-ci .est. le 
Cervus mauricus de M. Fréd. Cuv. (Nouv. Bullet. 
delasoc. Philom, 1816, et Hist. des Mamm., fasci- 
cule, 2)5.elle habite la Suède et la Norwége : il 
n’est point. encore certain qu'elle appartienne véri- 
tablement à l'espèce du Daim. 

Le Daim, moins commun. que le Gerf ordinaire, 
est-répandu dans presque.toute l'Europe, surtout 
en Angleterre ; on. le, trouve aussi en Perse et'en 
Chine: c’est le Platyceros de Pline, et non pas son 
Doma, quiest un Antilope ; M. Fréd., Cuvier lerre- 
garde comme. le Prox d’Aristole et l'Euryceros 
d'Oppien. nat 

Le Daim est retenu comme ornement dans les 
pares, où ilest aussi destiné à la chasse ; sa chair 
est eslimée.! wl4 

C'est. x côté. de lui que, l’on doit placer, mais 
comme formant une espèce distincte, le Cerf d'Ir- 
lande, C. hibernus, G. Guxier, Cette espèce fos- 
sile a été rencontrée: dans plusieurs contrées de 
l'Europe-et notamment dans les tourbières d’Ir- 
lande; ses bois sont très-grands.et garnis sur leurs 
bords d'andouillers moins nombreux que ceux de 
l'Elan; leur envergure entre les extrémités des 
deux branches, est de neuf à douze pieds. 


On doit aussi rapprocher du, Dam le Cerf 


d' Abbeville, appelé aussi Daim d’Abberille, Lerv. 
somonensis, qui.n’est connu que par. les débris de 
ses bois, trouvés: dans les) bois, de la vallée de la 
Somme, tout, près d'Abbeville. Ges bois sont ana- 
logues à,.ceux du,Daim,; mais, plus grands d’un 
tiers; ils naissent immédiatement, des frontaux et 
ne sont-pas,portés par un pédonçule. 


14 


S 4. Bois sessiles à \amdouillers basilaire et mé- 
dian , tous coniques. 

Les espèces, de ce sous- genre! peuvent rece- 
voir. le, nom. de CERrS, PROPREMENT + DITS ; nous 
les étudierons en.commencant par: l'espèce de 
notre pays,le Gerr.commux, Cervus elaphus; L:ve- 
présenté. dans notre, Atlas, planche 89; fignre 3: 
Cette espèce, qui est.sans contredit l'une des plus 
belles ei des plus intéressantes de nos contrée, est 
dela taille du Cheval ; son. pelage est brun-fauvé 
en. étés avec.une ligne noirâtre et une rangée de 
pelites taches fauves le long de l’épine; en hiver 
elle est d’un brun-gris, uniforme; la croupe et la 
queue sont en tout, temps. d'un fauve pâle. Les 
jeunessujets, que l’on nomme Faons, ainsi que les 
petits de toutes les autres espèces du genre, sont 
d’un fauve tacheté de blanc; les femelles n’ont point 
de bois', non plus que de dents canines. Les bois 
sont fort. longs à croître; ils tombent, comme on 
sait, Lous.les ans, et prennent à chaquewefaite des 
dimensions plus considérables, jusqu'à ce que, l’a- 
nimal étant arrivé, à sa vieillesse, ils tombent. et 
se reproduisent encore, mais avec moins de force. 
Vers leur sixième mois, lespetits mâles présentent 
déjà sur la tête deuxpetites bosses ou tubercules, 
qui indiquent la place où les bois s’éleveront, Ces 
éminences ont recule nom.de éres ; x un an elles 
se sont fort allongées ; quoique simples ,-elles ont 
déjà deux ou trois décimètres de longueur. L’ani- 
mal perd à cette époque la peau qui les recouvrait, 
et.ces petits bois eux-mêmes ne,tardent pas à 
tomber après qu'ils sont restés quelque temps à 
nu;-on les désigne alors. par le nom de Daguets. 
Quand: le Cerf est arrivé à sa troisième année , à 
perd.ses daguets , et le bois qui les a remplacés pré- 
sente, ordinairement trois ramifications qu'on 
nomme Ændouillers. Pendant chacune des années 
suivantes, jusqu'à la septième, le bois subit sa 
chute périodique et reparaît régulièrement avec 
un! andouiller de plus;.de sorte que tous les vieux 
Cerfs, ont le bois composé de sept ramifications 
provenant d’une Lige commune, nommée Merrain. 
C’est dans le temps du rut, qui a lieu chez nous 
pendant le mois de septembre; que le bois se dé- 
pouille;, l'animal jette, alors un cri particulier 
qu’on appelle le rater ou bramer ; les mâles et les 
femelles, qui ne restent point ensemble, conme.le 
font. leschevreuils, se recherchent avec ardeur ; les 
premiers se livrent entre eux des combats à onù- 
trance; ils ne reslent.avec. une femelle que: peu de 
jours, après lesquels ils s’en séparentet vont en 
chercher d’autres, auprès desquelles ils demeu+ 
rent encore moins; pendant le temps de celte fu- 
reur amoureuse, ils mangent peu et ne dorment 
pas du tout; nuit et jour, ils sont sur pied et ne 
font que marcher, courir, combaltre ct jouir; 
aussi sortent-ils de là si défaits ,:si fatigués, si mai-- 
gres , qu'il leur faut du temps pour se remettre et 
reprendre des, forces. Les femelles ne portent que 
huit mois, après lesquels elles donnent le jour à 
un seul petit, Lrès-rarement à deux; elles meltent 
bas au mois deanai ou au commencement de juin; 
toutes ne sont pas fécondes; quelques unes, appe 


er ge 


CERF 


lées Bréhaignes , ne portent jamais selles sont plus 
fortes et plus ardentes en amour que les premières; 
on prétend qu'il s’en trouve-qui ont un bois comme 
les Ccrfs, ce qui se conçoit facilement. Le jeune 
Cerf porte pendant six mois lc nom de F'aon; il ne 
quitte point sa mère pendant les premiers temps, 
quoiqu'il prenne un assez prompt accroissement, 

Les Cerfs vivent par troupes plus ou moins 
nombreuses; on les trouve dans presque toute 
l'Europe, et aussi dans une partie de l'Asie; lear 
chasse ; qui passe, comme on sait, pour le plus no- 
ble des exercices, est devenue l’objet d’un art qui 
a sa théorie, et une lerminologie élendue où les 
choses les plus connues s'expriment par des ter- 
mes bizarres ou détournés de leur acception or- 
dinaire. Cette chasse demande des connaissances 
qu’on ne peut acquérir que par l'expérience; elle 
suppose un appareil royal, des hommes ; des che. 
vaux et des chiens qui doivent y concourir par 
leurs mouvemens et leur intelligence; le veneur ou 
conducteur de la troupe doit savoir reconnaître 
par l'odeur les fumées et les pas de la bête, quel 
est son âge, son sexc, et même son prix ; il doit 
savoir si le Cerf qu’il a détourné est un Daguet, 
un jeune Cerf, un Cerf de dix cors jeunement ou 
un vieux Cerf. 

On ne peut réduire les Cerfs en troupeaux 
comme on le fait pour lesRennes; mais, en les pre- 
nant jeunes, on parvient à les apprivoiser, ainsi 
que plusieurs autres espèces du même genre; on 
les voit même quelquefois donner des preuves d’at- 
tachement. La chair de ces animaux est très-esti- 
mée, et leur bois est employé dans les arts, ainsi 
qu’enthérapeutique, à des usages assez nombreux : 
on en fait des manches de coutelas, de serpette, 
des pommes de canne, des pipes, elc...; râclé et 
réduit en fragmens minces, on en obtient, au 
moyen de l’eau bouillante , une gélatine très-saine 
et très-nourrissante : c’est ce qu’on nomme gelée 
de corne de Cerf. Indépendamment de celte géla- 
tine, la corne de Cerf fournit encore plusieurs au- 
tres préparations, mais dont on fait peu usage. 
Calcinée (privée par conséquent de toute matière 
organique) et porphyrisée, on en forme des tro- 
chisques, qui ne sont composés que de sels cal- 
£aires ; par le moyen de la distillation on obtient 
plusieurs produits, savoir : un sous-carbonate 
d'anmoniaque huileux, connu sous le nom 
d'esprit volatil de corne dé Cerf, Yhuïle volatile de 
corne de Cerf, et un sous-carbonate d’ammonia- 
que concret, nommé sel volatil de corne de Cerf. 
On trouve aussi indiqué, dans les anciennes Ma- 
tières médicales, l’os du cœur, la verge, le sang, 
la moelle et le suif, tous depuis long-temps con- 
sidérés comme superflus et inusités. 

; On distingue deux variétés principales de l'es- 

èce du Cerf : celle de Corse (Cervus corsiarus 
de Gmelin), qui est beaucoup plus petite et a le 
corps plus trapu que le Cerf ordinaire ; la seconde 
ést le Cenr DES ARDENNES ( Cervus germanicus de 
Brisson), qu'on a long-temps considéré comme 
T'ALippélaphe d'Aristote; elle ést plus grande ét a 
le pelage plus foncé ; les poils de son cou sont plus 


« 


| longs, ainsi que ceux des épaules, Quant aux Cerfs 
blancs et aux GerfS'noirs, ils ne constituent point 
des variétés proprement dites : les blancs;'qui sont 
de tous les âges sont des individus frappés d'al- 
binisme; les noirs sont le plus souvent des indivi- 
dus âgés. . 

Cenr Wavrri, C. Wapiti, Mitchill nommé Elk 
par les Américains. Cet animal est un peu plus 
petit que le précédent ;"sa queue est très-courte, 
son pelage fauve-brunâtre, excepté la région des 
fesses et la queue , qui sont teintes de jaunâtre ; les 
bois sont rameux, très-grands et sans empaumure. 

Les Wapitis sont monogames et vivent par fa- 
milles dans les vallées du Canada et du Haut-Mis- 
souri; les Indiens savent les apprivoiser et s’en 
servent pour tirer leurs traîneaux. On en a eu de ! 
vivans dans les ménageries de Pariset de Londres. 

CÈRF CANADIEN, C. canadensis, Red-deer de 
Warden, se distingue du Wapiti par des carac- 
tères peu importans ; son pelage est fauve sans 
tache jaune aux fesses; sa queue est plus longue, 
ct ses bois branchus, sans empaumure terminale, 
ont six andouillers isolés, recourbés à leurextrémité. 

Le Red-deer est commun dans l’ouest et le sud 
des Etats-Unis. 

CERF À GRANDESOREILLES, C. macrotis de M. Say, 
Expédition du major Long, t. , p. 88, est un 
Cerf dont le pelage, brun rougeâtre sur le corps, 
est d’un cendré brunâtre sur les flancs ; sa queue 
n'à que quatre pouces, ses oreilles en ont sept et 
demi ; il habite le Nord des États-Unis. 

Cene DE Wazucn, C. Wallichi. Cette espèce, 
dédiée par MF. Cuvier au directeur du Jardin des 
Plantes de la compagnie des Indes à Calcutta, à 
été envoyée du Népaul par Duvaucel; son pelage 
est d’un gris jaunâtre, plus pâle sur les joues, le 
museau, le tour des yeux et le ventre, et qui se 
change en blanc sur la queue ; les bois s'écartent 
à droite et à gauche, et se renversent en arrière 
après les premiers andouillers , pour remonter en- 
suite verticalement. 

Ç 5. Bois seisiles, raïmifiés, avec un seul an- 
douiller basilaire, sans médian ; le supérieur or- 
dinairement simple. Les Axrs. 

On peut les subdiviser en deux petites sections} 
l'une comprenant les espèces dont le corps est 
taché, l'autre celles qui l'ont fd’une teinte plus 
ou moins umformeé, mais sans taches. 

I. Espèces tachetées. 

Cerr axis, C. axis, L., le Cenr pu Gancr de 
Buffon. Ce Cerf vit dans lIndostan et particuliè- 
rement au Bengale; quoique son nom se trouve 
dans les auteurs anciens et dans Pline en particu- 
lief , la brièveté de la description qui l’'accompa- 
gne ne permet pas de décider si c’est véritable 
ment de lui qu'ils ont voulu parler, 

Les formes de l’Axis sont celles du Daïm ; son 
pélage est en Lout temps d’un fauve assez vif, mou- 
cheté de blanc sur les flancs et le dos; le menton, 
la gorge, le ventre, ainsi que la fice interne des 
membres sont blancs. La queue, longue de dix 
pouces , est blanche en dessus, fauve en dessous, 
et narquée sur ses côtés d’une Jigne noire. 


On 


CERF 


57 CERF 


oo 


Onne sait rien sur lesmæurs de l’Axis sauvage ; 
les individus nombreux que l’on voit depuis quel- 
ques années dans les ménagcries , où ils se repro- 
duisent, se font remarquer par leur légèreté et 
l’enjouement de leur caractère; les femelles de- 
mandent le mâle dès qu’elles n’allaitent plus; mais, 
pour leur laisser le temps de soigner leurs petits, 
on ne leur permet son approche qu’en automne: 
elles portent neuf mois et mettent alors bas dans 
la belle saison. Leurs faons sont dépourvus de li- 
vrée et présentent en naissant les taches et les cou- 
leurs des adultes. Ces animaux vivent entre eux 
en assez bonne intelligence ; cependant , au temps 
du rut, les mâles maltraitent les femelles, et les 
tuent même quelquelois. 

 Cenr cocnow, Cervus porcinus, L. Cette espèce, 
décrite par Buffon sous le nom français qui lui a 
été conservé, a le corps plustrapu et les jambes plus 
courtes que l’Axis; le dessus de son corps est 
fauve, tacheté de blanc, et le dessous d’un gris 
fauve ; ses bois sont grêles, ses yeux noirs ainsi 
que son museau. Les fesses sont blanches, la 
queue fauve en dessus et blanche en dessous. 

Cet animal habite l'Inde. 

IL. Espèces sans taches. 

Cenr wrppérarne, C. hippelaphus, G.CGuv., Oss. 
foss., 1v, p. 4o. Cette espèce est le Cerf d’eau ou 
Mesangan banjoe des Malais de Java; elle a d’a- 
bord été prise par Cuvier pour l'Hippélaphe d’A- 
ristote, qui a pensé depuis que cet animal était 
plutôt une autre espèce qu'il a nommée pour cela 
le CEnr »’Amsrore; voy. ci-après. L'Hippéiaphe 
est à peu près de la taille de notre Cerf; son poil 
est plus raide et plus dur, et dès la jeunesse celui 
du dessus du cou, des joues et de la gorge, plus 
long et plus hérissé, lui forme une sorte de barbe 
ou de crinière qu’il relève comme le sanglier ; son 
pelage est gris, brun en hiver. Il habite le Bengale 
ainsi qu'une partie de l’Archipel indien, et re- 
cherche les lieux humides. 

Cerr pes Mariannes, C. Mmariannus, dont on 
doit la découverte à MM. Quoyet Gaimard, est de 
la taille du Chevreuil; son pelage est entièrement 
gris brun; sa queue est courte, son bois a denx 
andouillers, à une seule pointe terminale dirigée 
bien en avant et l’autre en dedans; le faon est 
d’un fauve uniforme et sans tache : le nom de 
cette espèce est celui des îles dans lesquelles on l’a 
trouvée. 

MM. Quoy et Gaimard ont aussi décrit une au- 
tre espèce très-voisine de la précédente; ils ont 
figuré le mâle à la pl. 24 de leur Atlas (Mam. du 
Voy: de l’Astrolabe), sous le nom de Gerr Des 
Mozuaues, C, moluccensis.. Ce Cerf, comme son 
nom l'indique, habite les îles Moluques, où il a 
recu des habitans le nom de Roussa; ses formes 
sont courtes ct trapues et sa Lêle grosse; son pe- 
lage est brun, avec le ventre ct l’intérieur des 
membres fauves; ilse distingue surtout du Cerf des 
Mariannes par ses bois, qui sont parallèles entre 
cux, munis d'un gros tubercule en dedans du pre- 
mier andouiller , longs de deux ou trois pieds, et 
quipeuvent rester plusieurs années sanstomber.Les 


Tone II. 


faons ont le pelage d’un gris fauve sans taches, 
la tête eflilée et le museau pointu; nous en avons 
vu un, rapporté de Manille par M. Eydoux; sa 
mère avait, dit-on, la tête surmontée d’un bois. 

Cenr nomm, C. niger. Celte espèce a été décrite 
pour la première fois par M. de Blainville, d’a- 
près un dessin envoyé de l'Inde ; sa taille et ses 
formes sont celles du Cerf commun ; son pelage 
est d’un brun presque noir en dessus, plus clair 
en dessous, tandis que les parties internes et su- 
périeures des membres sont blanches; les bois très- 
simples n'ont qu'un andouiller conique à la base 
d’un merrain allongé. 

Cet animal pourrait n'être qu’une variété du 
Cerf de Péron ou de l’Hippélaphe. 

Cerr »’AnsrotE, C. Aristotelis , mieux appelé 
l'Hippélaphe d’Aristote, puisqu'il est sans doute 
l'Hippélaphe de cet auteur (liv. 2, ch. 5 de l'Hist. 
des animaux). Cet animal, plus grand que l'Hippé- 
laphe de Cuvier, C. hippelaphus, se rapproche assez 
du Cerf des Mariannes. Il habite le Bengale, où on 
lenomme Cal-orinn : on le trouve au Sylhet, dans 
le Népaul et vers l'Indus. 

Cerr ne Duvaucez, C. Duvaucelii, espèce fon- 
dée par G. Cuvier sur des bois envoyés des Indes 
par Duvaucel. Ces bois ont de grands rapports 
avec ceux du vieux Cerf âgé, mais ils en diffèrent 
par une courbure qui est tout autre et une distri- 
bation différente des andouillers. L'animal est in- 
connu ainsi que ses mœurs. 

Cerr 5e Lescaenauzr, C. Leschenaulti., Cet 
autre a été également décrit par Cuvier sur un 
bois envoyé de la côte de Coromandel par 
M. Leschenault, et qui diffère de tous les précé- 
dens. 

Cenr pe PÉroN, Cervus Peronü, a été rapporté 
de Timor par Péron et décrit par Cuvier; il a des 
canines à la mâchoire supérieure. Il est peu connu. 

$ 6. Bois sessiles, ramifrés, avec un andouiller 
médian, sans andouiller basilaire. Les Cnevreurxs. 

Toutes les espèces de ce sous-genre ont une li- 
gne blanche, bordée de noir, qui coupe oblique - 
ment le bout de leur museau. 

I. Espèces de l’ancien continent. 

CnevreuL, (©. capreolus, L., représenté dans 
notre Atlas, pl. 89, fig. 5. Get animal est plus 
petit que le Cerf et le Daim, dont il offre à peu 
près les formes générales ; son pelage est fauve ou 
gris brun; ses fesses(sont blanches; quelques indi- 
vidus sont d’un roux très-vif, d’autres sont noi- 
râtres, Les bois, assez petits, sont rameux et ru- 
gueux, ayant deux andouillers dirigés l’un en 
ayant, l’autre en arrière. 

Le Chevreuil n’a ni canines {ni larmiers ; ‘la fe- 
melle, que l’on nomme Chevrette, est de la même 
forme que le mâle, duquel elle ne diffère que 
par l'absence de bois. Au lieu de se mettre en 
hordes, comme les Daims et les Cerfs, ces ani- 
manx vivent par famille , le père , la mère et les pe- 
tits allant, toujours ensemble, sans jamais s’asso- 
cier avec des étrangers, :« Ils sont, dit Buflon, 
aussi constans dans leurs amours que le Cerf l’est 
peu ; comme Ja Chevrette produit ordinairement 


88° Livraison, 8 


(MS 


deux fans ; l'an mâle et l’autre femelle, ces jeu- 
nes animaux, élevés , nourris énsemble , prennent 
une si forte affection l’un pour l'autre, qu'ils né se 
quiltént Jamais.:,3; et c'est attachement ‘encore 
plutôt qu'amour. Quoiqu'ils soient toujours en- 
semble, ils ne ressentent les ardeurs du rut qu'une 
seule fois par an; et ce temps ne dure que quinze 
jours ; c’est à la fin d'octobre qu'il commence , et 
il finit avant le quinze de novembre. Ils ne sont 
point alors chargés, comme le Cerf, d’une venaïson 
surabondante ; ils n’ont point d’odeur forte , point 
de fureur , rien en un mot qui les altère et qui 
change leur état; seulement ils ne soaffrent pas 
que leurs faons resteñt avec eux pendant ce temps ; 
le père les chasse, comme pour les obliger à céder 
leur place à d’autres qui vont venir, et à former 
eux-mêmes une nouvelle famille; cependant, 
après que le rut.est fini, les faons reviennent au- 
près de leur mère , et ils y demeurent encore quel- 
que temps, après quoi ils la quittent pourtoujours, 
ct vont eux deux s'établir à-quelque distance des 
lieux où ils ont pris naissance. » Le Chevreuil est 
deux ou trois ans à croître, mais il peut engen- 
drer dès l’âge d’un an; sa femelle ne porte que 
cinq mois; on estime plus sà chair que celle du 
Gerf : ilest répandu par toute l'Europe tempérée; 
on le trouve aûssi dans une partie de l'Asie. 

Gerr auu où CHevREUIL DE TARTARIE, C. pygar- 
gus de Pallas, est une espèce de l'Asie, de la Tartarie 
russe principalement; un peu plus grand que le 
Daim, il a les bois plus hérissés à leur base que 
ceux de notre Chevreuil, les poils plus longs et la 
queue réduite à un simple tubercule. 

IE: Espèces du nouveau continent ; elles sont un 
peu plus nombreuses. 

CerF DE VIRGIN, C. virginianus, figuré à la 
pl 42, Mam. de l’Iconographie du Règne animal ; 
on le nomme aussi Cerf de la Louisiane: c’est le 
Daim des Anglo-Américains. Il est un peu moins 
grand que notre Daim, duquel il diffère d’ad- 
leurs beaucoup pour les bois ; son corps est svelte, 
coloré en ‘été de fauve clair, et en hiver de gris 
roussâtre, avec le dessous de la gorge et de Ja 
queue blanc en tout temps ; son bois est médiocre, 
très-fortement recourbé en avant et armé de'trois 
ou quatre andouillers. Ce Cerf a des larmiers et 
manque de canines : il'est commun dans toute l'A- 
mérique du Nord , et ne s’arrête au sud que vers 
la Guiane, 

Gran Cerr rouGe, €, paludosus Desm., lé Gua- 
zou-poucou de d'Azzara, qui paraît avoir des bois 
plus droits que ceux du précédent , a le museau 
très-gros; les parlies supérieures et les côtés du 
corpssont d’un rouge bai; le dessous de la tête ét de la 
poitrine cst blanc, ct les paupières noires , entou- 
rées de blanc ; ses bois sont assez grands et termi- 
nés par une fourche ayant quelquefois cinqdagues. 

Le Guazou-poucou, dont le nom signifie grand 
Cerf, vit au Paraguay; il est le plus grand de cette 
contrée ; sa chair est bonne, mais cependant on 
la mange rarement; c'es tplutôt pour sa peau, qui 
sert à la bufileterie ou à la maroquinerie, qu’on lui 
donne la chasse; celte chasse, à laquelle un grand 


58 


nombre de personnes se livrent, n’a communé- 
ment d'autre résultat que de faire courir , ét d’être 
la cause de la mort de quelques cavaliers ‘excédés 
de fatigue, de tuer des chevaux et de détruire de 
petits Cerfs, parce que Je plus fréquemment on 
n’attéint pas les vieux. » (D’Azarra; /Jist. nat. des 
quadrup. du Paraguay.) fi 

- Cerr Du Mexique, C. mexicanus, dont Buffon 
a parlé sous le nom de Chévreuil d Amérique, 
n’est connu que par ses bois, qui sont médiocre- 
ment longs, gros et rugaéux, écaillés, ayant plu- 
sieurs andouillers , dont l’antérieur est fort coni- 
que et non arquüé. 

On lui donne pour patrie le Mexique et la Guiane. 

Cerr quazouTi, C; campestris, Fréd. Cuv. 
Cette espèce, primilivement décrite par d’'Azzara, 
habite dans l'Amérique méridionale depuis le 
Paraguay jusqu'aux pampas de Buenos-Aÿres; 
elle se tiént dans les plaines el non dans les bois 
comme le Guazoupila dont nous allons parler; 
elle est très-légère à la course et fort difficile à 
prendre ; sa chair, dans le jeune âge seulement, est 
bonne à manger ; celle des adultes porte une odeur 
désagréable ; son pelage est ras et serré , d’un bai 
rougeâtre en dessus, d’un beau blanc en déssous 
et sur les fesses ; les bois sont médiocres, assez 
minces , plus où moins rugueux , à merrains à peu 
près droits, à andouillers antérieurs horizontaux, 
puis courbes et verticaux; les postérieurs sont 
obliques et au nombre de deux. 

$ 7. Bois sessiles, simples et en forme de dagues. 
Les Dacuers. 

Cerr quazouriTA, C. rufus, F. Cuv., dont le 
nom signifie Cerf roux, a en eflet le pelage d’un 
roux vif doré; le dessus de la tête et des jarrets 
est d’un brun obscur tirant sur le roux; le des- 
sous du corps est blanc; queue assez longue; la 
femélle seule manque de canines; ses pelits ont 
uñe livrée én naissant. 

Il vit par troupes dans les forèts de l'Amérique 
méridionalé; on l’a principalement observé au Pa- 
r'aguay, 

Czrr auAzoëpira, €. nemorivagus. Ge Cerf, l'un 
de ceux que d’Azzara nous a fait connaître, est 
aussi de l'Amérique ; il habite les bois marécageux, 
et vit solitaire au Paraguay ct dans la Guiane. Il 
a le pelage d'un brun grisâtre en dessus et d’an 
blanc teint de fauve en dessous: ses fesses et le 
dessus de sa queue sont fauves. Les larmiers sont 
très-pelits , et il n’existe point de canines. 

8. Bois portés sur un long pédicule osseux et 
dépendant des os du front. Les CErvures. 

Cerr Monrsax, dont le nom s'écrit aussi Munt- 
Jjac, est le Cervus muntjak de Blainville et le Che- 
vreuil des-Tndes de Bulfon , ainsi que le Kijanz de 
Raîfles ; il a la tête pointue, les yeux grands et 
munis de larmiers, les orcilles assez larges et la 
queue courte; son poil est ras, luisant, d’un mar- 
ron roux, brillant en dessus, son ventre blanc 
ainsi que le devant de ses cuisses. Ce Cerf, plus 
petit que notre chevreuil d'Europe, vit par petites 
troupes dans l'Inde et les grandes îles voisines ; 
le mâle seul a des bois ét des canines. 


D 
1040) 


m8 


Lx 


1, 2.Cerf-volant . 3.4 Cerithe. 5.Cerocome 6.Ceroplate. 


Æ£, Cuerin dur. 


Cerr musc, C, moschatus. Cette espèce, décrite 
par M. de Blainville, est connue d° après un crâne 
observé à Londres par ce naturaliste ct provenant 
de Sumatra;sses bois sont très-courts, sans andouil- 
lers et sans meules à leur base ; leur pédoncule est 
très-long ; le mâle a deux canines à la mâchoire 
supérieure, 

Cenr À PETITS BOIS, C. subcornutus, C’est aussi 
à M. de Blainville que l’on doit la description .de 
celte espèce ; il l'a faite d’après un crâne qui pré- 
sentait un bois très- -pelit, à meule assez bien for- 
mée; les pédoncules étaient médiocrement allongés 
et la était armée d’un petit andouiller, à pointe 
brusquement recourbée en arrière ; le mâle manque 
e canines. (Gerv.) 


CERFEUIL, Chærophytlumn. (aGr. et BOT. PHAN.) 
Pentandrie digynie , famille des Ombellifères. Ce 
genre, appelé DATANT par Linné, a été démembré 
par Lamarck, et caractérisé ainsi qu’il suit : calice 
entier; pétales ouverts , échancrés, inégaux ; fruits 
oblongs , lisses ou striés, glabres ou hérissés de 
poils courts; feuilles très- -découpées, ombelles 
dépourvues de collerette générale ; plantes herba- 
cées.LeCErFEuIL CULTIVÉ, ml salivum, estune plante 
potagère, annuelle, qui vient spontanément dans 
les contrées méridionales de la France et de l'Eu- 
rope. Ses feuilles, assez semblables à celles du 
persil, ont une saveur ef une odeur légèrement 
aromatiques, agréables au goût et à l'estomac. Elles 
contiennent une huile très-volatile; aussi ne faut-il 
point les faire bouillir long-temps lorsqu'on les 
met dans le bouillon. Le Cerfeuil est très-fréquem- 
ment employé dans les cuisines ; sa culture est 
très-facile ; les bestiaux et surtout les lapins le 
mangent avec avidité. 

En Italie, sur les Alpes, dans les montagnes de 
la Suisse, on trouve le CERFEUIL MUSQUÉ , C. udo- 
ratum , qui est cinq ou six fois plus grand que 
l'espèce commune, d’un vert plus foncé, exhalant 
une odeur aromatique très-prononcée ; il trace 
beaucoup ; ses racines et ses semences ont le par- 
fum et le goût de l’anis. Ces dernières vertes et 
hachées , se mangent dans la salade, ainsi que les 
jeunes feuilles que er on fait quelquefois entrer dans 
les potages. Les Kamtschadales s’en nourrissent ha- 
bituellement et en préparentune liqueur. On appelle 
encore cette espèce Cerfeuil d'Espagne. (T.n.B.) 


CERF-VOLANT. (ixs.) On désigne vulgaire- 
ment ainsi en France le plus gros des Coléopt: res 
qui s’y trouvent, le Lucanus cervus, Linné. Quoiqu'il 
doive en être question au mot Lucaxe, auquel 
nous renvoyons, nous en avons donné une figure 

sous son nom vulgaire, dans notre Atlas, pl. 90, 
fig. 1. (Guën.) 

CÉRINE. (amm.) La .Cérine est une des deux 
cires particulières (J’autres appelle Myricine), 
que John a obtenues en traitant la cire des abeilles 
par l'alcool bouillant. Cette substance est soluble 
dans l’éther froid et dans l’éther chaud, dans l’al- 
cool bouillant, l'essence de térébenthine chau- 
de , etc, ; elle est noircie par l'acide sulfurique, 
peu attaquable par l'acide nitrique, décomposée, 


59 GERI 


= 
à chaud , par la potasse, etc., etc. La Cérine est 
encore sans usage. (EF. F.) 

CERISE. (por. PHAN.) Fruit du Cerisier, 

CERISIER, Cerasus. (mor. pHan.) Espèce du 
genre Prunus, selon Linné, et genre lui-même, 
selon Jussieu, appartenait à la famille des Rosacées 
(tribu des Amygdalées) de Jussieu , et à l'Icosan- 
drie monogynie de Linné. IL est à peu près gé- 
néralement reconnu que cet arbre est indigène,en 
Europe, et que Lucullus n’en apporta de Céra- 
sonte qu'une variété déjà perfectionnée en Asie. 
Suivant M. C. Tollard, on trouve, dans nos forêts, 
les trois types de toutes les variétés cultivées dans 
nos vergers. Les caractères de ce genre sont : un 
calice cadue, monosépale , à cinq divisions al- 
longées, qui retombent sur lui-même; une corolle à 
cinq pétales, dont la lame onduleuse est du blanc 
le plus pur; un long pistil autour duquel se ran- 
gent une foule d’étamines d’inégale hauteur , et 
dont la base est un ovaire luisant, qui, fécondé 
par la petite pluie d’or tombée des anthères, 
sera bientôt un fruit noir ou vermeil, aussi agréa- 
ble: à la vue que la fleur à laquelle il succède. La 
Cerise est un drupe charnu, arrondi, glabre, 
légèrement sillonné d’un côté, et dont le noyau, 
ovale et lisse , est marqué latéralement d’un angle 
un peu saillant. Les feuilles du Cerisier, qui ne 
commencent à se développer que lorsque les fleurs 
sont déjà épanouies , sont ovales , lancéolées, pen- 
ninerves et finement dentées sur les bords: 

Cet arbre, dans l’état sauvage, acquiert les di- 
mensions de ceux qui peuplent nos forêts, parmi 
lesquels même on le trouve assez souvent. \Sa tige 
alors s’élance fièrement pour atteindre à Me 
cime ; on dirait qu’animé d’une noble émulation, il 
ne veut pas rester au dessous de ses confrères. Son 
écorce est comme couverte d’une légère couche 
de cendre , au travers de laquelle se révèle un épi- 
derme rougeâtre, qui s’enlève aisément , et sur 
lequel on peut aussi bien écrire que sur du par- 
chemin, Dans la partie septentrionale du départe- 
ment des Hautes- Pyrénées, qui s'étend en plaine LS 
on suit à peu près, à l'égard de la vigne, l’usage 
de l'Italie; on la marie à un nie mais ce 
n’est pas l'ormeau qu’on lui choisit pour époux , 
c’est le Cerisier.: aussi, par une belle matinée de 
printemps , transportez-vous sur lun des coteaux 
qui bordent cette belle plaine au levant et au cou- 
chant, et dites si vous avez vu un spectacle qui 
surpasse en magnificence celui qui s'offre devant 
vous: c'est un océan de fleurs que, par dessus Ja 
douce verdure des pampres, fait mollement on- 
duler une légère brise, et qui , se combinant avec 
la rosée, reflète les rayons du soleil d’une manière 
éblouissante. Plus tard , la décoration change ; et 
lorsque, sous l'influence de cet astre bienfaisant , 
les fruits se :sont colorés, c'est une étendue im- 
mense de girandoles de jais,et de rubis, qui se 
balancent au dessus d’un sol tout couvert de légu- 
mineuses ou de. céréales de tout genre; car, dans 
ce beau pays, la plupart des terres .sont à Ja fois 
champ, Vigne et verger; .on pourrait ajouter taillis; 

car les Cerisiers qui soutiennent la vigne sont 


CERI 


60 


CÉRI ; 


émondés tous les ans, tous les ans aussi on arra- 
che les vieux, et ces deux opérations procurent 
beaucoup d’excellent bois de chauffage. On réserve 
la plus grosse souche pour la nuit de Noël : la 
veille de cette fête, à peine le soleil at-il disparu 
sous l'horizon, que cette souche est placée au fond 
du foyer avec une sorte de solennité. Le chef de 
la famille y met le feu, et sur-le-champ la flamme 
s'élève en pétillant, claire, brillante, pure, comme 
la lumière que vint apporter au monde le divin 
enfant qui naquit dans celle nuit mémorable. 
Aïeul,'aïeule, père, mère, enfans, sont rangés en 
cercle dans la cheminée aux larges flancs, chan- 

“tant à l’unisson de vieux Voëls, composés dans 
l’idiome naïf du pays. Bientôt le son de la cloche 
lointaine se fait entendre : tous se lèvent avec em- 
pressement , à l'exception du grand-père ou de la 
grand’mère infirme, dont on prend congé en l’em- 
brassant, et qui garde le coin du feu, priant le 
bon Jésus pour ses bons petits-fils, et préparant le 
réveillon qui doit les régaler au retour. Cependant, 
vers l’église, bâtie sur le point culminant d’une 
colline , s’acheminent nos pélerins, toujours chan- 
tant, à la lueur d’une torche formée d’écorces de 
Cerisier, roulées en spirale à l'extrémité d’une 
longue perche. Cette torche est pour ceux ce que 
fut l’étoile pour les mages. Dans ces heureuses 
contrées, le Cerisier le dispute au noyer, à l’aca- 
jou même, pour la menuiserie et la marqueterie. 
I a, dans sa couleur, quelque chose de gai qu'of- 
frent rarement les bois que le luxe fait venir de si 
loin à grands frais. Aussi est-il le bois favori dont 
la nouvelle mariée fait confectionner l'armoire où 
sera déposée sa parure de noces, pour n’en plus 
sortir qu'aux fêtes les plus solennelles. 

Ne pensez pas qu'il se borne humblement à 
orner la modeste chaumière; il pénètre dans les 
villes : les luthiers en font usage; et voyez-vous 
ce que balance légèrement la main d’une élégante 
citadine ? c’est sa seconde écorce sous la forme 
d’un joli cabas. 

On célèbre, à Hambourg, la fête des Cerises. 
Des chœurs d’enfans parcourent les rues, tenant 
en main des rameaux verts, chargés de Cerises. 
Voici l'origine de cette fête : en 1432 , les Hussites 
marchaient contre la ville de Hambourg , dans 
l'intention de la détruire de fond en comble. Un 
citoyen, nommé Wolf, proposa d'envoyer aux 
ennemis une députation d’enfans de sept à qua- 
torze ans, enveloppés dans des draps mortuaires. 
Le spectacle de ces êtres innocens qui, commen- 
cant la vie, venaient à lui couverts des insignes de 
la mort , surprit et toucha le chef des Hussites , 
Procope Nasus. Il embrassa ces jeunes supplians , 
les régala avec des Cerises, leur pronit d’épargner 
la ville, et tint parole. 

On sait qu'avec des Cerises on fait des confitures, 
du ratafia, une sorte de vin, du kirschen-wasser, 
du rossolis, cte. 

Il serait trop long d’énumérer les espèces ou 
variétés du Cerisier. Nous renvoyons nos lecteurs 
aux ouvrages qui traitent spécialement des arbres 
fruitiers. (G. £.) 


CÉRITHE , Cerithium. (mozx.) Coquilles unival- 
ves marines , mais dont quelques espèces vivent à 
l'embouchure des fleuves, que Bruguière a sépa- 
rées des Strombes de Linné, et äont il a fait un 
genre adopté depuis par Lamarck ct tous les con- 
chyliologistes. Le mot Gérithe a été emprunté par 
Bruguière à une des espèces ainsi nommées par 
Adanson. Ces coquilles sont turriculées ; l’ouver- 
ture est oblongue, oblique, terminée à sa base par 
un canal court , tronqué ou recourbé, mais jamais 
échancré ; une gouttière à l'extrémité supérieure 
du bord droit, un opercule petit, orbiculaire et 
corné ; les tours de spire en fort grand nombre, 
presquetoujours chargés d’une multitude de tuber- 
cules plus ou moins gros. Quelques espèces pourtant 
sont complétement lisses. L’animal est très-allongé, 
le manteau prolongé en canal à son côté gauche, 
le pied court , ovale, avec un sillon marginal anté- 
rieur , la têle terminée par un mufle proboscidi- 
forme , déprimé ; tentacules très-distans , annelés , 
renflés dans la moitié inférieure de leur longueur, 
et portant les yeux au sommet de ce renflement ; 
bouche terminale en fente verticale, sans dent 
labiale, et avec une langue fort pelite ; une seule 
branchie longue et étroite. Les espèces vivantes 
qui constiluent ce genre sont Lellement nombreuses 
qu'il serait fort diflicile d’en donner lechiffre ; ilen 
estde même des fossiles que l’on trouve dans presque 
tous les pays , surtout aux environs de Paris. Elles 
sont en général de moyenne laille, mais il en est 
une qui'est véritablement le géant de l'espèce , et 
qui est figurée dans l'ouvrage de M. Deshayes, 
sous la dénomination de Giganteum; elle peut avoir 
de quinze à seize pouces de long. 

Nous avons donné dans notre Atlas, planche 90, 
deux figures de Cérithes, empruntées au beau tra- 
vail de MM. Quoy et Gaimard, inséré dans le 
Voyage autour du Monde de la corvelle l’A4stro- 
labe. La figure 2 offre la CÉRITRE RAYÉE, Ceri- 
thium linealum, Lam. ; elle a des plis épineux et 
des bandelcttes serrées d’un brun rouge; son 
animal est entièrement jaunâtre, avec des lunules 
blanches sur le cou. Son mufle est obliquement 
strié de jaunâtre de chaque côté; ses tentacules 
sont courts. Elle habite Tonga-Tabou et divers 
autres lieux. La figure 3 représente la CériTne 
SILLONNÉE, C. sulcatum, Lam. Cette espèce, qui 
est toule brune, a un animal jaunâtre, à pied 
large , arrondi, verdâtre, tacheté de noir. Le 
mufle est allongé et d'un noir develours. Les ten- 
tacules sont gros, très-longs, légèrement ver- 
dâtres. Le siphon respiratoire déborde le canal 
et s’élalc en dessus sous la forme d’une petite 
palette jaune lacinite. Cette espèce vient d'Am- 
boine. (Ducr.) 

CÉRIUM. (cui et mix. ) Métal dont la décou- 
verte est due aux chimistes suédois Berzelius et 
Hizinger. Son nom lui vient de la planète de Cérès, 
à laquelle il a été dédié. À l’état de pureté , il est 
rangé par les chimistes dans la quatrième classe, 
c’est-à-dire parmi les métaux qui absorbent l’oxi- 
gène aux plus hautes températures, et qui, suivant 
M. Thénard, ne décomposent pas l’eau. Dans cet 


© © 


CÉRO 


61 


CÉRO 


état, il est cassant et infusible, ce qui le rend jus- 
qu’à présent inutile dans les arts, 

Dans la nature, jamais on le trouve pur : il est 
ordinairement combiné avec l’oxigène, la silice et 
le phtore ou fluor, et quelquefois avec l'acide car- 
bonique. 

Le Cérium oxidé, toujours uni à la silice, forme 
dans la minéralogie chimique deux espèces dis- 
tincles. L’une est le Cerium oxide siliceux noir ; 
on lui a réservé le nom de Cérine : c’est une sub- 
stance compacte, d’un noir brunâtre, qui raie 
le verre, et qui n’a point encore été trouvée cris- 
tallisée ; cependant deux substances qui en sont 
très-voisines , l_A{lanite et | Orthite, cristallisent. 
L'autre espèce est le Cerium oxidé silicifère rouge, 
dont le nouveau nom spécifiqne est C'érérite. Elle est 
aussi compacte que la précédente, beaucoup plus 
pesante et d’une couleur rosâtre ou violâtre, ti- 
rantun peu sur Je brunâtre. On ne la connaît point 
cristallisée. 

Combiné avec le fluor, le Cérium constitue 
deux ou trois espèces minérales. La première, ap- 
pelée Flucérine', est une substance jaunâtre ou 
rougcâtre , à texture cristalline, mais ne cristalli- 
sant pas; la seconde, nommée Pasicérine , parce 
qu’elle renferme un excès de base, c’est-à-dire 
parce que le Cérium y est en plus grande quantité 
que dans toutes les autres ( et en effet, on y trouve 
66 à 67 pour cent de métal), est jaune et d’une 
texture cristalline ; la troisième, dont la place n’est 
point encore suflisamment fixée dans la méthode, 
est l’Fitrocérite ainsi appelée de ce qu’elle con- 


tient 15, 20, et même plus de 30 pour cent du 


métal nommé Yttrium, est une substance grisâtre 
ou violâtre, à texture cristalline ou compacte. 

Enfin , le Cérium combiné avec l'acide carbo- 
nique a reçu le nom de Carbocérine, espèce qui 
se présente ordinairement en petits cristaux blancs 
à la surface de la Cérérite. 

Ces différentes combinaisons du Cérium n’ont 
été trouvées jusqu'à présent qu’en Suède, dans des 
roches graniliques, principalement dans celles que 
l'on appelle Pegmatites. (J. H.) 

CERNIER, Polyprion. (porss.) Ce poisson a en 
général la forme d'un Serran; on apercoit non 
seulement des dentelures au préopercule et des 
épines à l’opercule , mais il y a, sur ce dernier os, 
une crête bifurquée et très-âpre, et les os de la 
têle ont beaucoup d’aspérités. La Méditerrance en 
possède une espèce qui alteint à de grandes dimen- 
sions, c’est le Polyprion cernium, Val. (Mém. du 
Mus.,t. x1, pl. 265). Ce poisson, dans l’état 
adulte , est d’un gris-brun uniforme ; dans sa jeu- 
nesse ; il est marbré de grandes et larges taches 
noirâtres sur un fond gris ; toutes les dentelures 
sont plus fortes, surtout celles de l’épine des ven- 
trales ; la caudale est toujours bordée de blanc. 
(Azrn. G.) 

* CÉROCOME, Cerocoma. (ixs.) Genre de Co- 
léoptères de la section des Hetéromères, famille 
des Trachélides, tribu des Cantharidies, établi par 
Geoffroy, ayant pour caractères : anlennes de 
meuf articles, dont le dernier très-erand, beau- 


coup plus épais que les précédens; celles des 
mâles, ainsi que leurs palpes maxillaires, affectent 
quelquefois des formes très-singulières ; corps dé- 
primé. Schæffer a étudié avec beaucoup de soin 
l'espèce qui porte son nom, et son travail, ac- 
compagné de figures très-détaillées, se’ trouve 
dans ses Mémoires détachés d'Histoire naturelle, 
t. 2, pag. 219 et suivantes; les métamorphoses 
de ces insectes sont inconnues. On trouve l’animal 
à son état parfait sur les fleurs. 

C. pe Scnosrrer, C. Schœffert, Linn., figuré 
dans notre Atlas , pl. 90; fig. 4. Long de 5 à 6 li- 
gnes, d’un beau vert d’émeraude; les antennes, les 
palpes, les pattes et l'abdomen fauve pâle; l’ex- 
trémité de ce dernier est noire. De Paris. (A. P.) 

CÉROPHYTE, Cerophytum. (ins. ) Genre de 
Coléoptières, de la section des Pentamères, fa- 
mille des Serricornes, tribu des Elaterides, créé 
par Latreille, qui lui donne pour caractères : 
dernier article des palpes beaucoup plus grand 
que les précédens, presque en forme de hache ; 
les quatre premiers articles des tarses courts et le 
pénultième bifide; antennes des mâles branchues 
intérieurement, à partir du troisième article. 

C. Erarénoïne, C. ÆElateroides, représenté 
dans notre Atlas, pl. 90, f. 5. Ovale déprimé, 
de couleur noire, strié. Cet ‘insecte est très-rare 
aux environs de Paris. (A. P.) 

CEROPLATE, Ceroplatus. (ins.) Genre de Dip- 
tères , de la famille des Némocères, ayant pour 
caractères : palpes très-courts, coniques , relevés, 
presque soudés à leur extrémité; antennes fusi- 
Îormes comprimées. Réaumur a observé les mé- 
tamorphoses de cet insecte; la larveestvermiforme, 
habite la partie inférieure des agarics du chêne , 
la dévore et la couvre d’une humeur visqueuse ; 
la nymphe, allongée, épineuse à son extrémité, 
a cela de remarquable que ses antennes, contrai- 
rement à l’usage des autres Tipules, sont cou- 
chées sur son dos ; toute son enveloppe est formée 
d'une humeur visqueuse. 

C. ripuzaire, C. tipuloides, Bosc. Long de 
six à sept lignes, fauve jaunâtre, avec une tache 
et un point noir sur chaque élytre. De Paris. (Foy. 
AUas, pl. 00, fig, 7.) (A.°P:) 

CÉROXYLE, Ceroxylum andicola. (BoT. PHAN.) 
Sur les cimes les plus hautes de la chaîne des 
Andes du Pérou, et les plus voisines des neiges 
éternelles, croît le plus grand des Palmiers con- 
pus, celui auquel sa singalière propriété de don- 
ner de la cire à fait donner le nom qu'il porte. Sa 
tête, perdue dans les nues, monte à plus de cin- 
quante mètres ; quelquefois même celle arrive à 
soixante, et brave la puissance des autans; ses 
feuil'es ailées ont de six à huit mètres de long, ce 
qui dénonce une force de végétation extraordi- 
paire, surtout sous l'influence d’une tempéralure 
aussi basse que celle des lieux où se plait exclusi- 
vement ce superbe, cet utile palmier. Au moyen 
d’une ratissoire , les habitans des Cordilières, et 
en particulier ceux de Quindiü, recueillent avec 
soin Ja cire qui s'échappe des anneaux résultant 
de la chute des palmes, et qui forme le long du 


CEST | Ga 


skype unecouehe de cinq à dix millimètres'd’épais- 
seur, Cette substance est par eux appelée .Gera 
DE PALMA (v. ce mol),.et leur sert à fabriquer des 
bougies et des sortes de pains ou galettes qu'ils 
livrent au commerce..Le fruit du Céroxyle est un 
drupe violet , sucré, faisant. les délices des pola- 
touches, des écureuils, des oiseaux, [l est situé, au 
sommet de la haute colonne et occupe le ceatre 
de. cette roselte que fonment les feuilles qui la ter- 
minent. Le Céroxyle appartient à la Polygamie 
monoécie. (E. m: R:) 

CEROXYLINE. La même substance que celle 
plus connue sous le nom de GEra pe PazMA, (#7, 
ce mol.) (T, ». B.) 

CERUMEN. (ruysror,) Matière jauneet amère, 
fournie par un grand nombre de petits follicules 
sébacés, qui garnissent les parois du conduit au- 
riculaire externe; visqueuse, d’une couleur oran- 
gée, d’une odeur légèrement aromatique; celle 
forme, délayée dans l’eau, une émulsion facile- 
ment putrescible. On lui assigne pour usage de 
lubréfier la-peau qui tapisse le conduit auditif , 
d'entretenir la souplesse de.cctte partie et d'em- 
pêcher les insectes de s’y introduire ; peut-être 
aussi de diminuer l'intensité du son. En sortant 
des follicules qni le sécrètent , le Cérumen est li- 
quide; il se durcit à l’air. Gelte sécrétion est plus 
abondante dans l’enfance ; dans la vieillesse il est 
susceptible de se duvcir el de produire ainsi la 
surdité. Lorsque cette cause est reconnue, il est 
facile d'y remédier, Les chimistes qui ont analysé 
le Cérumen ont trouvé qu’il élait composé de 
mucus albumineux, d’une matière grasse ,sem- 
blable à celle que fournit la bile, d’an principe 
colorant, de soude et de phospliate de chaux. 

| (P. G.) 

CERUSE. (aux. ) Nom que, dans sa nomen- 
clature mintralogique, M. Beudant a assigné au 
carbonate de plomb , dont la cristallisation dérive 
du prisme rhomboïdal. (47. PrLoun.) (J. EH.) 

CERVEAU et CERVELET. (axar.) (77, Enc£- 
PHALE.) 

CESTE. (z00Pn. AcaL.) Genre placé par Cuvier 
dans les Acalèphes libres , et auquel il assigne les 
caractères suivans: très-long ruban gélatineux, 
garni sur l’un de ses bords d’un double rang de 
cils ; on en trouve aussi sur l'inférieur, mais moins 
nombreux. C’est sur ce bord inférieur, qu’on ren- 
contre la bouche, large ouverture qui se rend à 
un estomac percé à travers la largeur du ruban, 
et se rendant à un anustrès-pelit ; de l'extrémité 
voisine de l’anus partent des vaisseaux ; aux côlés 
de la bouche s'ouvrent deux sacs qu'on regarde 
comme deux ovaires, On n’en connaît qu'une 
seule espèce : le Ceste de Vénus, représenté dans 
notre Atlas, pl. 91, fig. 1, qu’on rencontre dans 
la Méditerranée ; sa longueur est de plus de cinq 
pieds, sa hauteur de, deux pouces. Les pêcheurs 
les appellent Sabres de mer. (P. G) 

CESTRACION. (roiss.) Genre démembré des 
Squales et formé par Schneider, (Foy. Square.) 

(Azr. G.) 
"  CESTREAU, Cestram. (80T. Puan.) Indigènes 


:CÉTA 


aux parties chaudes de l’Aintérique, les trente et 
quelques espèces, qui constituent ce: genre; de Ja 
Pentandrie monogynie, et de la famille des {So- 
lanées, ne sont bien connues que depuis les deux 
premières années du 19° siècle. Ces arbrisseaux, à 
feuilles toujours vertes ct d’un joli aspect , figurent 
très-bien dans les jardins paysagers ; mais la ma- 
jeure partie exhale une. odeur nauséabonde font 
désagréable et dénotant des qualités très-suspectes. 
IL en est quelques unes qui font exception , et 
de cenombre sont :1° Le CESTREAU DIURNE, C. diur- 
num , de, la Havane, dont les fleurs blanches as- 
sez petites , huit à dix ensemble en une sorte de 
faisceau ombelliforme, répandent durant le jour 
un parfum très-suaye. Cet arbrisseau de trois mè- 
tres de haut a les rameaux droits, pubescens, Ja 
tige grisâtre , et les feuilles alternes , très-entières 
et douces au toucher, 2° Le CESTREAU A BAIES Not- 
RES, C. parqui , que l’on verra figuré dans notre 
Aulas, pl. 91, fig. 2, croît naturellement sur les 
montagnes du Ghili; il a été apporté en Europe, en 
1797, el est cultivé en pleine terre. C’est surtout 
la nuit que ses fleurs d’un jaune un peu verdâtre, 
assez semblables à celles du jasmin , embaument 
l'air, et qu’elles semontrent radieuses à l'extrémité 
des rameaux et dans les aisselles des feuilles supé- 
rieures, disposées en une belle panicule : le jour 
leur odeur est fétide, Haut de deux. mètres, cet 
arbuste, au feuillage d’un vert gai, supporte le 
froid de mos hivers , et quand la tige suecombe à 
une tempéralure trop rigoureuse, les racines re- 
poussent au printemps. des jets qui, la même an- 
nées, acquièrent l'élévation des précédens , et 
donnent parfois des fleurs plus grandes, plus 
abondantes, dont la grappe a jusqu'à trente-deux 
centimètres de long : elles soutalors parfaitement 
inodores dès que le soleil pavait à l'horizon. 

Le CEsTREAU À GRANDES FLEURS, C. macrophyl- 
lum , fournit de superbes toufles de deux mètres et 
demi de haut, garnies de feuilles larges, luisantes, 
portées sur des pédoncules violets, et de fleurs 
d'un blanc de lait au moment de leur épanouisse- 
ment, qui passent bientôt à un jaune soufre; elles 
sont ramassées en pelits bouquets aux aisselles des 
feuilles. Il provient de Porto-Ricco et compte à 
peine quinze aunées dans nos cultures. Ilse place 
au pied des fabriques, des rochers et autres en- 
droits abrités, qu'il embellit pendant l'été. 

(T. ». B.) 

CEÉTACE. (maum.) Aristotelès avait donné le 
nom de cetos à certains animaux aquatiques , Nivi- 
pares, mammifères, pourvus de dents, etc,, que 
l'on a cru être les Dauphins des naturalistes mo- 
dernes. L’on a étendu le nom de Cétacé à tous les 
animaux qui se rapprochent des Dauphins par leur 
organisalion et leurs habitudes, c’est-à-dire à tous 
ces animaux aquatiques qui, avec une organisation 
intérieure analogue à celle des autres mammifères, 
avec une respiration aérieunc.et une éducation ma- 
mellaire, ont la forme extérieure et les habitudes 
des poissons. Comme chez les poissons ; la forme 
générale du corps.des Gétacés peut se formuler 
l’adossement de deux conodies par leur base, L’an- 


Din. malt. 


Een € à 


Dedre Hi Ge. 


Cerveau et moelle épuniere de l'homme 


L Cuërir der. 


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z.Ceste. 2.Cestrau 3.Cethosie. 4.Cétoine 


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4, o 
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GÉTA 


63 


CÉTA 


térieur plus ebtas comprend latêle, qui à elle seule 
constitue au moins le: cinquième et quelquefois le 

art et même Je tiers-de la longueur totale {de 
Tanimal. Gomme chez les poissons, la bouche est 
transversale , la face réduite à rien par le-dévelop- 
pement-du front et des os supérieurs du crâne ; la 
tête se continue avec le tronc d’une manière in- 
sensible à Fextérieur, sans étranglement cervical 
où cowmobilé, et à l’intérieur par des vertèbres 

laties mmmobiles , et souvent soudéesentre elles; 
letrontest dépourvu de pieds postérieurs et mun 
seulemént en avant de nagcoires , dans lesquelles 
on retrouve toutes les parties osseuses qui com: 
posent les membres antérieurs des mammifères , 
mais réunics en palette indivise et articulées entre 
elles d’une manière peu mobile et incapable de 
mouvement indépendant ; le tronc se continue à 
son: tour, comme chez les poissons, d’une ma- 
pière insensible à l'extérieur, avec ure queue co- 
nique-volumineuse ; que l'on ne distingue à l'in- 
térieur que par un bassin plus où moins vesli- 
giaire suspendu dans les chairs; des osen V nom- 
breux viennent augmenter la force de cet organe 
en multipliant des points d'appui des muscles 
robustes destinés à mouvoir cet organe, qui parait 
presque seul chargé de la locomotion de ces ani- 
maux, La queue des Gétacés est terminée en ar- 
rière par une nageoire horizontale, mobile de haut 
en bas, et: susceptible seulément d’une légère ro- 
tation surelle-même , en vertu de laquelle elle se 
porte un peu obliquement à droite et à gauche, 
sans pourtant pouvoir effectuer un quart de con- 
versionsur elle-même. L'on rencontre chez quel- 
ques espèces un repli de la peau qui, par sa 
forme comprimée et sa position sur Ja région ra- 
chidienne , rappelle volontiers a nageoire dorsale 
des poissons ; mais cette salhe n'est soutenue par 
aucune pièce osseuse, aucun muscle ne sert à la 
mouvoir , et elle paraît reproduire en petit ici la 
bosse dorsale dés Zébus:et des Ghameaux, dont les 
rapports harmoniques nous sont entiè rement in- 
connus.”La forme générale du corps des Gétacés 
et la disposition particulière de leurs organes lo- 
comoteurs les obligent à rester constamment dans 
Veau, et c’est erreur d'observation ou confusion 


‘lorsqu'on a dit que ces animaux venaient à terre 


paître l'herbe des rivages; néanmoins ils _ne 
peuvent pas rester au sein des ondes sans venir à 
lasurface du liquide respirer l'air atmosphérique, 
qui seul peut servir à leur hématose; mais leur 
respiration peut se suspendre ou se prolonger 
pendant un temps assez long, en comparaison de 
ce que l’on observe sous ce rapport chez les au- 
tres mammifères; l’on voit en effet les Cétacés 
rester des demi-heures.entières plongées sous l’eau 
sansique leurs facultés et leurs fonctions parais- 
sent le moindrement affectées, Ge phénomène a 
-dû exciter Ja curiosité des physiologistes , et l’on 
a plusieurs fois tenté de l'expliquer. L'on crut 
d’abord que l'amplitude du poumon des Cétacés 
pouvait rendre raison: suffisante.de cette particu- 
Jarité , mais on renoncça bientôt'à celle théorie, et 
Von voulut que le trou de Botal persistât chez les 


Gétacés pendant tonte la durée de Ja vie. L’anato- 
mie de ces animaux a fait justice de cette erreur. 
Dans lesdernierstemp,s M. Breschet; ayant remar- 
qué sur les côtés de Ja colonne vertébrale des Cé- 
tacés un lacis vasculaire veineux très-développé et 
sans analogue chez les autres mammifères; a été 
porté à présumer que chez les Cétacés le sang 
trouvait dans .ce réseau veineux un réservoir où il 
était retenu au besoin lorsque l'animal plongeait 
quelquetemps sous l'eau, ct où il restait en sta- 
gnalion jusqu'à €e ‘qu'un acte respiratoire pût 
rendre à ce sang désoxigéné la liberté de circuler 
à travers les cavités du cœur'et le tissu du pou- 
mon. Du reste les principaux organes de la respi- 
ration et de la circulation n’offrent pas de modi- 
fications profondes et de particularités bien im- 
portantes dant leur rapprochement avec ceux des 
autres mammilères. Le système nerveux est en 
général assez développé chez les Cétacés ; Ja por- 
tion encéphalique surtout paraît avoir une pro- 
portion relative assez considérable, et ce qu’il y a 
d'assez singulier, c’est que son volume en hauteur 
dépasse beaucoup ses deux antres dimensions, en 
opposition avec ceque l’on voit à cet égard chez 
les autres animaux. Néanmoins l'intelligence des 
Cétacés, que l’on a souvent vantée d’une manière 
exagérée, paraît assez bornée , et dans aucun acte 
de leur:vie l’on n’apercoit les indices d’un instinct 
un peu étendu, soit pour la défense des indi- 
Yidus eux-mêmes , soit pour la protection des pe- 
tits. L’on a bien dit que, lorsque ces animaux mar- 
chaient en troupes, ilsse choisissaient un chef qui 
guidait et dirigeait la marche , avertissait du dan- 
ger, indiquait les parages à choisir ou à éviter: 
mais cétle erreur, perpétuée depuis les Grecs et 
les Romains, paraît avoir été détruite par des 
observations plus exactes ; cette tendresse des Cé- 
tacés, qui s’étendait jusqu’à s'attacher à l’espèce 
humaine ct jusqu’au désespoir mortel à l’idée de 
la perte d’un ami, ces larmes du chagrin, ce ra- 
vissement aux accords harmonieux d’une lyre, 
dont les anciens ont si gracieusement bercé nos 
ancêtres , sont de véritables fables , et se réduisent 
à un attachement peu fécond en ressources pour 
leurs petits et à des jeux folâtres entre eux, jeux 
dont on admire quelquefois la grâce, parce qu’ils 
n'ont pas cette rudesse et celle brusquerie que 
l'on croit devoir attendre de mouvemens parfois si 
rapides el si violens. D'ailleurs les organes des sens 
des Gétacés sont peu disposés pour une analyse 
exact: des corps extérieurs et pour donner à ces 
animaux des idées bien précises de leurs caractères 
physiques on chimiques : lesystème tégumentaire, 
partout uniformément épais, dur et sans sou- 
plesse, même sur les nageoires et les lèvres, bien 
qu'il soit toujours nu et privé de poils ou d’écail- 
les , ne peut pas leur fournir des élémens positifs 
sur la dimension ou la température; les yeux sont 
petits, très-écartés l’un de l’autre, rejetés en ar- 
rière et en bas sur les côtés de la tête; pourvus 
d'une sclérotique osseuse, susceptibles de mou- 
vemens peu étendus, ils sont conamnés à agir iso- 


. C2 L2 Lo] 
lément ,si ce n’est à une distance très-considérable, 


CÉTA 


64 


CÉTA 


étant toujourssubmergés, ces organes sont peu pro- 
pres à rendre la vue perçante; les oreilles, ouvertes 
à l'extérieur par un orifice très-pelit, sans conque 
ni appareil collectif des sons, suspendues sur les 
côtés de la tête , indépendantes pour ainsi dire du 
resle du crâne, auquel elles ne tiennent que par 
des ligamens, ne paraissent pas avoir dans leur 
composition celte complication qui, presque tou- 
jours, indique la perfection de la fonction, et 
malgré leur isolement dans des tissus mous et peu 
conducteurs des sons, elles ne semblent pas avoir 
cette délicatesse que l’on observe chez les animaux 
mammifères terrestres ; leurs narines sont placées 
à la base de la tête : dépourvues en partieæle ces 
anfractuosités que l’on rencontre chez les autres 
animaux, privées des paires de nerfs qui, si elles ne 
président pas à l’odorat, contribuent puissam- 
ment du moins à la perfection de ce sens, parcou- 
rues à chaque instant par les flots de liquide que l’a- 
nimal engloutit avec sa proie, elles font présumer 
que si l’odorat existe chez ces animaux, il doit être 
fort obtus ; la bouche et les parties qui la com- 
posent ne peuvent pas non plus concourir par 
leur disposition à donner au goût une bien grande 
finesse ; la langue molle, spongieuse, encombrée 
de graisse, est adhérente par toute sa face infé- 
rieure au plancher de la bouche; le palais est 
quelquefois garni de lames cornées dures et 
épaisses, et les dents, uniformes, simples, coniques; 
courtes et droites, sont uniquement destinées à 
retenir la proie comme chez les reptiles, sans Ja 
diviser pour en faciliter l'analyse : aussi les Céta- 
cés, comme les repliles, avalent-ils leur proie 
sans la mâcher. L’arrière-bouche offre ici un ap- 
pareil particulier, au moyen duquel l’eau englou- 
tie avec la proie dans l'énorme gueule des Cétacés, 
est rejetée avec force par les narines, dont l’ou- 
verture extérieure a recu, à cause de celte cir- 
constance, le nom d'évent; la sortie brusque, 
forte et bruyante de cetle eau qui s'élève quel- 
quefois à quinze ou vingt pieds au dessus du ni- 
veau de la mer, a mérité aux Gétacés le nom par- 
ticulier de Souffleurs. Les Gétacés peuvent, à ce 
qu'il parait, produire une sorte de mugissement 
assez fort pour être entendu à certaine distance ; 
mais ce n’est guère que dans le danger qu'on les 
entend donner ce bruit inarticulé , et ordinaire- 
ment ils sont muets même dans leurs ébats: Le 
canal intestinal offre chez les Cétacés des parti- 
cularitées sans analogie dans les autres classes 
d'animaux, excepté les Lamantins et les Dugongs 
auxquels on les a réunis systématiquement, mais 
dont ils diffèrent sous beaucoup d’autres rapports ; 
leur estomac est multiloculaire et présente quatre 
et parfois cinq ou sept poches ou renflemens suc- 
cessifs ; ils n’ont pas de cæcum ni de gros intestin ; 
leur rate est aussi formée de plusieurs lobes ; ils se 
nourrissent de substances animales, et la Baleine 
proprement dite, qui d’ailleurs forme un groupe 
à part dans cette classe, se distingue encore par 
samanière de vivre ; mais si elle se nourrit, comme 
on le dit, de fucus, ce n’est peut-être que pour 
engloulir avec ces végétaux les myriades de mol- 


lusques qui y adhèrent , et les poissons qui s’abri- 
tent sous les frondes de ces plantes marines. 

Les Cétacés n’offrent pas, sous le rapportde leur 
réproduction, de particularités majeures, Les or- 
ganes de la génération des Cétacés consistent, 
pour le mâle, en deux testicules globuleux placés 
au dedans de la cavité abdominale, derrière Jes 
muscles qui complètent sa paroi inférieure et qui 
closent l’anus circulaire ; au devant duquel saille: 
la verge, dilatée seulement au temps du rut et 
terminée parun gland déprimé que perce oblique- 
ment le canal urinaire et spermatique. Chez la 
femelle, on trouve au devant de l’anus une vulve 
longitudinale sans autre appareil de protection 
que les bords affrontés de son orifice, et de.chaque 
côté une mamelle qui ne se prononce sensible - 
ment que pendant l’époque de la lactation. La 
lactation des petits de ces animaux se fait d’une 
manière toute spéciale ; le défaut de lèvres molles, 
extensibles , la disposition fixe de la langue, la 
présence des dents rendaient la supposition d’une 
succion proprement dite peu vraisemblable ; aussi, 
comme M. Geoffroy St-Hilaire l’a démontré dans 
les derniers temps, la nature pourvoit-elle chez 
ces animaux à l’accomplissement de la Jactation 
par un mécanisme particulier. Une glande placée 
sous la couche des muscles abdominaux superfi- 
ciels sécrète le liquide, qui est versé directe- 
ment dans un réservoir qui, par un conduit étroit 
et long, vient s'ouvrir à l'extérieur par un seul 
orifice pratiqué au centre d’un mamelon, qui 
après la gestation se développe de manière à pou- 
voir s’introduire jusque dans l’arrière-bouche du 
petit, Au moyen de la contraction des muscles 
qui recouvrent le réservoir lactifère, le liquide 
nourricier est lancé comme par un coup de piston 
dans l’œsophage du petit, qui le reçoit d’une ma- 
nière passive, et qui ne fait par l’appréhension de 
la tétine de sa mère que solliciter la contraction 
des muscles éjaculateurs; aussi la lactation des 
Cétacés ne s’exécute-t-elle pas d’une manière con- 
tinue et prolongée, comme chez les autres mam- 
mifères, mais d’une manière instantanée, et par 
saccade, le pelit revenant, à intervalles plus ou 
moins rapprochés ou éloignés, chercher la quar- 
tité de liquide qu'il a laissé s’accumuler dans le 
sac mamellaire. 

Les Cétacés parviennent cn général à une 
taille assez grande, et c’est parmi eux que l’on 
trouve ces animaux gigantesques qui nous témoi- 
gnent de l'énorme dimension de ces habitans des 
mondes antérieurs que l’on serait tenté de re- 
garder comme des êtres fabuleux, et de l'existence 
desquels on doute involontairement encore en 
voyant leurs restes fossiles plus où moins com- 
plets. Les Cétacés habitent les mers profondes ; 
quelques uns remontent les grands fleuves de tous 
les parages, mais les océans tempérés trop fré- 
quentés par la navigation les forcent à se réfugier 
vers les pôles ; néanmoins on les voit se diriger, 
pour l’accoaplement et la reproduction ; vers les 
mers des Tropiques. L’on a douté de ces sortes 
d’émigrations, et l’on a pensé que ces animaux 


n’abandonnaiïent 


. 


ER ————— 


! CÉTA 


65 


: CÉTA 


6 , 


n’abandonnaient guère les parages où ils étaient 
nés; mais l’on a retrouvé à des distances très-con- 
sidérables des Baleines qui avaient été chassées 
dans les mers du Nord, et qui avaient emporté 
avec elles les preuves irrécusables du fait, le har- 
pon manqué qu'on leur avait lancé. Ges animaux 
en général habitent les bas-fonds, où la tempéra- 
ture de l'océan est égale et uniforme à une cer- 
taine profondeur ; il n'en est pas de même dans 
les anses où, suivant M. de Humboldt, elle est plus 
froide de deux à quatre degrés. La surface du li- 
quide éprouve aussi plus ou moins la conséquence 
de l’abaissement de température de l'atmosphère, 
et les Cétacés sont obligés de se tenir près de 
cette surface par la nécessité où ils sont de reve- 
nie respirer l’oxigène atmosphérique ; il n’est 
donc pas étonnant qu’à l'approche des froids les 
Cétacés abandonnent momentanément les con- 
trées boréales pour des climats moins âpres, et 
c’est peut être à ce passage que nous devons ces 
échouemens plus nombreux sur nos côtes au mo- 
ment de l'équinoxe d'automne que dans les autres 
temps de l’année, bien que les tempêtes qui les 
occasionent ordinairement soient, dans d’autres 
saisons, quelquefois tout aussi violentes qu’à cette 
époque. La plupart des Cétacés habitent ordinaire- 
ment les mers, mais l’on en trouve quelques uns dans 
les grands fleuves ; on en a signalé dans le Gange. 
De Humboldt et, après lui, M. Dorbiguy en ont vu 
dans les grands fleuves de l'Amérique, et il y a 
quelques années qu'un animal de celte: famille 
remonta la Seine à la suite d’un bateau de sel , et 
finit par se faire prendre dans l’intérieur même 
de Paris. Les Gétacés vivent, à ce qu’il paraît, en 
sociétés plus ou moins nombreuses , ou plutôt en 
troupes, chaque membre ne travaillant point en 
commun, mais isolément pour son compte; 
c’est celte circonstance qui fait qu’on en voit quel- 

* quelois un certain nombre échouer à la fois et 
dans la même nuit sur la même plage; néan- 
moins il n’est pas rare d'en voir isolés, et il est à 
présumer qu'ils ne se réunissent qu’à l’époque de 
la reproduction. La durée de la vie des Cétacés 
est inconnue. 

De tout temps les Gétacés ont excité l'attention, 
non-seulement par la singularité de leur organi- 
sation et de leurs habitudes; mais encore par le 
parti que l'on retire de leur exploitation, et sur- 
tout de celle du tissu cellulaire graisseux, lar- 
dacé, qui double leurs tégumens, et qui leur a fait 
donner chez nous à certaine époque le nom de 
gras-pois; quelques auteurs font dériver ce mot 
du latin crassus piscis, gras poisson; mais, en lisant 
les écrivains du seizième siècle, on serait tenté 
-de croire que ce mot a une tout autre étymologie, 
et qu'il vient de l'usage qu’en faisait le peuple. 


- L'observation suivante, en même temps qu'elle 


donnera au lecteur une idée de ce qu'était alors 
l'état de l'exploitation côtière des Cétacés en 
France, servira à confirmer ce soupcon que le 
vieux mot gras-pois vient peut-être de ce que le 
gras des Cétacés , que l’on confondait alors sous 
le nom de Baleine , servait à l’assaisonnement des 


Tome II. 


pois dont nos pauvres vilains formaient leur prin- 
cipale nourriture pendant les temps d’abstinence; 
et ce qui ajoute encore quelque soutien à celte 
opinion, c'est que dans les vieilles chartes francai- 
ses le gras-pois se trouve aussi désigné par le mot 
pour-pois, 

« Contre ledit village (Biarris ), il y a, dit Am- 
broise Paré, une montagnette sur laquelle dès 
long-temps a esté édifiée une tour tout exprès 
pour y faire le guet, tant le iour que la nuict, pour 
descouvrir les Baleines qui passent en ce lieu, et 
de là on les appercoit venir, tant par le grand 
bruit qu'elles font, que pour l’eau qu’elles sortent 
par un conduit qu’elles ont au milieu du front; et 
l’appercevant venir, ceux qui sont au guet son- 
nent une cloche au son de: laquelle, promptement, 
tous ceux du village accourent équippez de tout 
ce qui est nécessaire pour l’attraper. Ils ont plu- 
sieurs vaisseaux ct nacelles, dont en d’aucuns il 
y a des hommes, seulement , conslituez pour pes- 
cher ceux qui pourraient tomber en la mer, les 
autres dediez pour combattre, et en chacun il y 
a dix hommes forts et puissans pour bien ramer, 
et plusieurs autres dedans avec dards barbelez qui 
sont marquez de leur marque pour les recongnois- 
tre, attachez à des cordes et de toutes leurs forces 
les iettent sus la Baleine, et lorsqu'ils appercoi- 
uent qu'elle est blessée, qui se cognoist pour le 
sang qui en sort, ils lâchent les cordes de leurs 
dards et la suiuent à la fin de la lasser et prendre 
plus facilement, et ainsi l’attirent au bord dont 
ils se resiouissent et font gode chere et la partis- 
sent entre eux, chacun ayant sa portion selon Je 
deuoir qu'il aura fait, ce qui se cognoist par la 
quantité des dards qu'ils auront iettés et se seront 
trouez, lesquels demeurent-dedans et les cognois- 
sent à leur marque ; or les femelles sont plus faci- 
les à prendre que les masles, pour ce qu’elles sont 
soigneuses de sauuer leurs peticts et s'amusent 
seulement à les cacher , et non à s’eschapper. La 
chair n’est rien estimée ; mais la langue, pour ce 
qu’elle est molle et délicieuse, ils la salent sembla- 
blement le lard, lequel ils distribuent en beau- 
coup de provinces, qu'on mange en caresme avec 
des pois : ils gardaient la graisse pour brusler etfrot- 
ter leurs batteaux, laquelle estant fondue ne se 
congéle iamais. Des lames qui sortent de la bou- 
che on en fait des vertugales, busques pour les 
femmes et manches de cousteau et plusieurs au- 
tres choses, et quant aux os ceux du pays en font 
des clostures aux jardins, et des vertèbres des 
marches et selles pour seseoire en leurs maisons. » 

Aux Cétacés se rapportent les Cachalots ou 
Physetères , et à leur suite les Baleines avec les 
subdivisions Baleinoptères, Rorqual; près d'eux se 
range le genre Ziphius, sorte de Cétacé fossile ; 
ce sont les Cétacés de ce groupe que l’on désigne 
sous Je nom de Gétacés macrocéphales. Dans une 
autre tribu, à laquelle par opposition on donne le 
nom de Gétacés microcéphales , on place les Dau- 
phins avec les subdivisions Delphinorrhynques , 
Delphinaptère, Anodon, Hétérodon , Uranodon, 
Épiodon, Hyperoodon, Diodon, Susa , Platanista, 


89° Livraison. 9 


GÉTI 


Oxyptères, les Marsouins et les Narwals, Cera- 
todon, Monodon , de quelques auteurs, qui se dis- 
tinguent nettement des précédens par le dévelop- 
pement d’une des dents intermaxillaires selon les 
uns, maxillaires-canines selon les autres. A leur 
suite vient enfin l'Ananarck ou Ancylodon. (Voir 
pour plus de détails ces différens mots. ) (T. C.) 

CETERACH. (or. crypr.) Genre de Fou- 
gères dont le nom se voit inscrit en gros carac- 
tières chez tous les pharmaciens , sans doute pour 
étonner les yeux ou l'oreille des pratiques; car 
le Cetérach est par lui-mème peu employé; ses 
propriétés sont pectorales, .comme celles des ca- 
pillaires, mais à un degré faible. 

Cette plante (Ceterach officinarum) se trouve 
dans toute l’Europe méridionale, et jusqu'aux en- 
Yirons de Paris; chacun à vu sur les murs des 
touffes de petites feuilles d’un vert foncé , épaisses, 
coriaces , à nervures à peine visibles; hautes de 
quatre à cinq ponces, pinnatifides, à lobes alter- 
nés, arrondis au sommet , el parfois un peu den- 
tés, elles sont recouvertes en dessous d’écailles 
scarieuses, blanches ou roussâtres, Entre ces 
écailles se trouvent des groupes de capsules li- 
néaires , placées transversalement. Ce dernier ca- 
ractère est le seul qui distingue le Ceterach des 
Grammitis, qui ont leurs capsules en groupes 
obliques ou épars. Aussi a-t-on souvent confondu 
ces deux Fougères. Linné rangeait le Cétérach 
avec les AsPLENIUM (voy. ce mot). 

Dans les îles d'Afrique, et surtout aux Canaries, 
on trouve uneespèce de Ceterach plus vigoureuse , 
à écailles rousses ct brillantes; M. Bory de St-Vin- 
cent l’a décrite sous lenom d’Asplenium latifolium. 

Le Ceterach des Alpes a des caractères très- 
distincts, qui ont déterminé R. Brown à en faire 
un nouveau genre. (Voy. Woopsra.) (L.) 

CÉTHOSIE, Cethosia. (rxs.) Genre de Lépi- 
doptères de la famille des Diurnes, ayant pour 
caractères : cellule des ailes inférieures ouverte, 
palpes inférieurs peu comprimés, écartés, ter- 
minés par un article grêle ; ailes oblongues; cro- 
chets des tarses simples, massue des antennes 
oblongue. On connaît peu les mœurs de ces pa- 
pillons, qui sont tous exotiques ; on sait seulement 
que leurs chenilles sont munies de tubercules 
épineux. 

C. inox , C, dido, Fab. Large de trois à qua- 
tre pouces, noire avec trois taches principales 
aux ailes supérieures, dont une triangulaire oblon- 
gue à la base, et d’autres'plus petites au sommet , 
une large tache transverse sur le disque des ailes in- 
férieures, el six autres rondes prèsdu bord externe, 
vert d’eau. Cette espèce est commune au Brésil. 

Nous avons fait représenter, pl. 91, fig. 5, la 
Cethosia pherusa &e Fabricius. Gette espèce a les 
ailes oblongues, légèrement dentées, d’un bran 
noirâtre ; les supérieures avec trois bandes longi- 
tudinales , les inférieures avec deux transverses, 
fauves. Ces dernières ailes ont en outre une ran- 
gée de pointes fauves sur le bord postérieur. Ce 
papillon est commun à Surinam. (A. P.) 

CÉTINE. (cum) Sous ce nom, donné par 


D 


66 


CÉTO , 


M. Chevreul pour rappeler celui des Cétacés, et 
sous ceux de Blanc de Baleine parce qu’on trouve 
de la Cétine dans l'huile de Baleine, d’Ædipocire, 
parce que Fourcroy comparait cette même sub- 
stance au gras des cadavres, de Sperma ceti, parce 
qu'on croyait que c’était la liqueur prolifique des 
Cétacés, on emploie une substance que l’on trouve 
en dissolution ouensuspension dans une huile grasse 
qui entoure le cerveau , ou qui lubréfie la moelle 
épinière du Physeter macrocephalus de Linné , 
mammifère à sang rouge et à sang chaud, qui a 
quelquefois 90 pieds de longueur , 45 à 50 decir- 
conférence, et dont la tête a environ le tiers de 
sa longueur totale, (f’oy. Gacnazor.) 

La Cétine se présente en masse plus ou moins 
volamineuse, d'un beau blanc, d’un aspect na- 
cré , formée par une infinité de petites écailles 
brillantes, douce et onctueuse au toucher; légè- 
rement odorante (à moins qu'elle ne soit an- 
cienne et rance ) ; fusible à 44° centigrades ; so- 
luble dans l'alcool : quelques gouttes de ce liquide 
suffisent pour la pulvériser ; insoluble dans l’eau, 
soluble dans les huiles fixes et volatiles; saponi- 
fiable par les alcalis ; inaltérable par l’acide mitri- 
que qui décompose partiellement les huiles fixess 
jaunissant à l'air, mais très-lentement, 

On obtient la Cétine en exposant à l'air l'huile 
grasse qui Jui sert de véhicule; par le refroïdisse- 
ment la Cétine se dépose ; on décante le liquide 
surnageant , on exprime la masse pour la débar- 
rasser de toute l'huile qu’elle contient encore ; on 
la fait liquéfier à une douce chaleur , et on l’a- 
bandonne à elle-même : elle se solidifie sous forme 
cristalline. Dans lesarts, on en fait de toutes piè- 
ces, en décomposant le gras des cadavres par un 
acide , l'acide nitrique par exemple. 

Aujourd’hui la Gétine est à peu près abandon- 
née comme médicament interne; on la donnait 
comme émolliente. Dans les arts, on en prépare 
des bougies diaphanes, diversement colorées , 
qui sont très-usilées. Elle entre encore dans quel- 
ques cosmétiques mous, comme la Pommade à la 
Sultane , et quelquefois aussi dans le cérat, pour 
le rendre plus blanc ct plus léger. (Ro j 

CÉTOINE, Cetonin. (ins. ) Genre de Coléop- 
tères de la section des Pentamères, famille des 
Lamellicornes , établi par Fabricius et que Latreille 
a pris pour type d’une division de ses Scarabées , 
sous le nom de Mélitophiles; car en effet ces in- 
sectes se trouvent habituellement sur les fleurs. 
Tel qu'il était alors, ce genre avait pour caractè- 
res : mandibules nulles, mâchoires membraneuses 
garnies de faisceaux de poils; bientôt cependant 
ces auteurs reconnurent que ces caractères deve- 
naient insufMisans ; plusieurs genres nouveaux fu- 
rent créés, soit par eux, comme les genres Tri- 
chius par Fab., et Platygenia de Macleay, Gremar- 
tocheilles, etc., etc., par différens auteurs ; enfin 
moi-même , embrassant dans une seule monogra- 
phie tout ce grand genre qui contient plus de 450 
espèces, j'ai été obligé d'en créer plusieurs autres ; 
pour ne pas répéter à plusieurs articles ce quipeut 
être dit ici plus commodément, Je vais donner 


nne idée succincte de ce travail : le groupe entier, 
sous le nom de M£crropuires, a pour caractères : 
chaperon toujours avancé recouvrant le labre , 
mandibules rudimentaires ; corps déprimé, ova- 
laire, antennes de dix articles, dont les trois der- 
niers formant une massue feuilletée ; plaque anale 
découverte. Gelte grande coupe est séparée en 
deux sections, et en cela je me suis conformé aux 
idées déjà adoptées plutôt qu'à une méthode ra- 
tionnelle; cette première section forme les Tri- 
emmes, où l’on ne voit aucune pièce remarquable, 
dite pièce axillaire, entre les angles du corselet et 
des élytres, tandis qu'elle existe dans l’autre 
coupe. Celle-ci se subdivise en deux, les CÉro- 
nIDES, où le corselet ne recouvre jamais l’écusson ; 
eufin les Gymxérines, où le corselet est toujours 
assez prolongé pour recouvrir presque en totalité 
J'écusson, Partant alors du principe que j'aurais 
dû appliquer à tous les Mélitophiles , j'ai placé en 
tête de chaque division les espèces chez qui, con- 
trairement à l'opinion reçue, les mâchoires rem- 
placant les mandibules , deviennent plus ou moins 
cornées. Ainsi, pour la première division, nous 
avons les genres suivans : 

. Genre Osuoperma, de Lepelletier et Serville, 
qui a pour caractères : lobe terminal des mächoires 
triangulaire corné ; partie interne à son extrémité 
supérieure fortement élevée en un crochet corné ; 
iarses toujours plus courts que les tibias. 

‘ O. Erwre , O. eremita, Linné. Long d’un 
pouce, d’un violet foncé métallique , thorax iné- 
gal, écusson ayant une impression longitudinale. 
Des environs de Paris. Sur le vieux bois, 

Genre Vazcus de Seriba. Caractères : palpes 
maxillaires très-grands, lobe terminal des mâ- 
choires non corné ; tibias antérieurs très-grands , 
premier article de starses postérieurs le plus grand. 

V. némerère, W. hemipterus, Fab. Long de 
3 lignes, noir, thorax velu, avec deux stries ru- 
gueuses longitudinales, des bandes irrégulières 
sur les élytres, celles-ci sont très-courtes ; l’abdo- 
men des femelles est terminé par une tarière den- 
tée sur les côtés, qui n’est qu'un prolongement 
de la plaque anale; cette espèce se développe dans 
le vieux bois, surtout quand il se maintient hu- 
mide. Elle est très-commune partout. 

Genre Tricmivus de Fabricius. Caractères : lèvre 
plus haute que large, se rétrécissant antérieure- 
ment, fortement échancrée; tarses postérieurs 
beaucoup plus longs que les tibias. 

T, rasciË , 7°. fascialus, Fab. Long de 6 lignes, 
noir, mais couvert de duvet serré jaune, trois 
bandes noires courtes sur les élytres. Aux environs 
de Paris. 

Genre Aceniës, Lepel., Serv. Caractères : palpes 
beaucoup plus longs que les mâchoires ; lèvre 
plus large que haute, demi-circulaire ; palpes in- 
sérés à son sommet , beaucoup plus longs qu’elle. 

À. À LMBE, A. limbatus, Oliv. Long de cinq 
lignes, noir, avec les côtés du corselet rouges ; 
élytres jaunes bordées de noir, avec un point de 
même couleur au milieu. Du cap de Bonne-Espé- 
Jance, 


Genre Srrisipuer, Percheron et Gory. Garac- 
tères : chaperon fendu ; palpes maxillaires et la- 
biaux ayant tous leurs articles visibles ; lèvre for- 
tement échancrée; élytres striées; tibias anté- 
rieurs tridentés. 

S. À six TACHES, S. sexmaculalus, Sch. Long 
de 7 lignes, noir, avec six gros points jaunes sur 
les élytres. Du Sénégal. | 

Genre Gnormus, Lepellet. et Serv. Caractères : 
lèvre cordiforme, tronquée inférieurement , plaque 
anale très-large , bombée; jambes antérieures bi- 
dentées ; tarses guère plus longs que les tibias. 

G. nogce, G. nobilis, Longue de 8 lignes, ély- 
tres rugueuses d’un vert doré, maculées de blanc 
à leur partie postérieure ; cette espèce, commune 
dans notre pays, a, au premier aspect, l'apparence 
d’une Cétoine dorée. Ù 

Genre Ixca, Lepellet. et Serv. Caractères : par- 
tie squameuse des mâchoires égalant à peine 
les parties membraneuses ; lèvre inférieure très- 
large, profondément échancrée en gouttière ; 
fémurs antérieurs épineux à leur jonction avec 
les tibias. Toutes les espèces de ce genre ont la 
têle cornue dans les mâles, et sont d’une grande 
taille. | 

I. gangiconnE, Î. barbicornis, Macleay. Long 
de 18 lignes, chaperon tronqué relevé en deux 
cornes munies intérieurement de poils serrés, 
jaunâtres, d’un vert obscur, comme arrosé d’a- 
tomes jaunâtres. Du Brésil. 

Genre PLarvcenra, Macleay. Caractères : corps 
très-déprimé ; mâchoire carrée, guère plus haute 
que large, à lobe terminal, transversal, presque 
nul ; très-velu. 

P. pu Zaire. P, zairica, Macleay. Longue de 
14 lignes, corps! très-déprimé , noir luisant, avec 
les élytres striées ; le genre ne repose encore que 
sur celle seule espèce, mais elle est trop tran- 
chée pour qu’on puisse la rapprocher d'aucune 
autre. Cette espèce vient du Sénégal et contrées 
voisines, 

Les genres de la première division de la seconde 
section sont : 

Genre Cremasrocxerrus de Knoch. Caractères : 
lobe terminal des mâchoires unguiculé, corné ; 
partie supérieure interne bi-épineuse, cornée ; 
lèvre couvrant entièrement la partie inférieure 
de la tête; premier article des antennes triangu- 
laire, très-grand. ‘Tous les insectes composant ce 
genre sont exotiques. 

C. pu cHaracnier, C. castaneæ, Knoch. Long 
de 4 Jignes, noir, ponctué, velu; quatre petits 
tubercules aux quatre angles du corselet ; tarses 
antérieurs bidentés extérieurement. De l'Amérique 
du nord, 

Genre Dicocxarma, Percheron, Gory. Caractè- 
res : sternum court, épais, triangulaire; mâchoires 
à lobe terminal, bifide, corné ; palpeslabiaux très- 
courts; corselet presque arrondi. 

D. sus, D. gagatis, Fab. Long de 11 lignes, 
d’un brun noir très brillant ; chaperon coupé car- 
rément, relevé antérieurement; sternum obtus, 


Du Sénégal. 


Lu - 


CÉTO 68 


CÉTR 


: Genre GxarnocerA, Kirby. Caractères : sternum 

avancé, aiga ; mâchoires à lobe terminal corné, 
tranchant, bifide, garni de poils supérieurement ; 
Ja partie interne terminée en ongle corné à sa par- 
tie supérieure, 

G. De Macrray, G. Wacleai, Kirby. D’an 
vert doré très-brillant , avec le disque du corselet 
et deux larges bandes sur les élytres noirs. Des 
îles Philippines. 

Genre Amrmsroros, Percheron et Gory. Carac- 
tères : sternum aigu avancé ; têle cunéiforme; mà- 
choires terminées par un onglet corné; palpes 
grêles ; lèvre deux fois plus haute que large. 

A. £LEvé, À. elata, Fab. Long de 7 lignes, 
chaperon rétréc bi-épineux, têteelécusson noirs ; 
deux bandes sur la tête , trois sur le corselel , une 
sur l’écusson, et d’autres sur les segmens infé- 
rieurs du corps, jaune soyeux. Du Sénégal. 

Genre Macroua, Kirby. Caractères : mâchoires 
entièrement cornées ; lobe Lerminal en forme de 
faux ; lèvre fortement échancrée à gouttière ; 
élytres fortement rétrécies postérieurement. 

M. À écusson, A1. scutellaris, Fab. Long de 
8 lignes , noir, avec le bord du corselct, une ligne 
enfoncée au milieu et l’écusson blanchâtres. Du 
Sénégal. 

Genre Gorrarn, De Lamarck. Caractères: mâ- 
choires presque aussi larges que longues ; lobe ter- 
minal grêle ; lèvre aussi large que longue, forte- 
ment échancrée en goutlière; palpes atteignant à 
peine son extrémilé antérieure. Ce genre renferme 
les géants des Mélitophiles. 

G. caciQue, G. cacicus, Oliv. Corps long de 
3 pouces et demi, noir; chaperon avancé trifide; 
tête jaune ; thorax jaunâtre , marqué de six lignes 
noires ; élytres blanchâtres avec le bord et une 
tache à la partie humorale noirs. De l'Amérique 
méridionale. On ne connaît cette espèce que dans 
une seule collection, celle du Muséum d'histoire 
naturelle de Paris. 

Genre ScuyzoruiNa, Kirby. Caractères : sternum 
aigu, avancé; chaperon bilobé, mâchoire allongée; 
lobe terminal velu supérieurement; lèvre trapézoï- 
dale , fortement refendue; fossettes latérales très- 
grandes. ù 

S. DE L'AUSTRALASIE, S. Australasiæ, Donov. 
Long de 9 lignes, noir; bord du corselet et deux 
petites lignes jaunes; élytres ferrugineuses, avec 
unc ligne les bordant postérieurement et une au- 
tre sinuée représentant une lyre, toutes jaunes. De 
la Nouvelle-Hollande. 

Genre Céroixe, Cetonia de Fabricius. Garac- 
tères : lobe terminal des mâchoires membraneux, 
velu ; élytres fortement sinuées. Ge genre, malgré 
tout ce qui en a été retiré’ pour former les genres 
que nous venons de décrire et quelques uns des 
suivans , contient encore plus de deux cents ‘es- 
pèces, et devra être de nouveau examiné. 

C. ponée, (, aurata, Linn. Longue de 8 lignes, 
d’un vert doré; élytres avec des atomes transver- 
ses blanchâtres. Nous avons figuré dans notre 
Atlas, pl. 91, fig. 4, la Géloine fastueuse qui en 
est très-voisine. 


Genre Dicueros, Percheron et Gory. Caractères: 
sternum très-avancé ; parties latérales de la tête 
fortement avancées en deux cornes proéminentes, 
droites ; écailles mandibulaires fusiformes ; palpes 
courts, menton carré. 

D. PLaGraTus, Klug. Long de 10 lignes, noir 
brillant, avec le disque des élytres rouge obscur, 

Genre Icnssrowa , Percheron et Gory. Garactè- 
res : mâchoires membraneuses ; lèvre pyramidale ; 
palpes attachés à l'extrémité, très allongés, 

I. uérérociyre, Acteroclyta, Lat. Chaperon 
relevé, noir, avec les bandes des élytres enlu- 
mées. Du cap de Bonne-Espérance. 

Deuxième subdivision de la seconde section. 

Genre Terracoxos, Percheron etGory. Caractè- 
res : chaperon'carré; mächoires à lobe terminal bi- 
denté; antennes beaucoup plus longues que la 
tête ; corselet recouvrant presque tout l’écusson. 

T. cmNoise, 7”. chinensie. Long de 19 lignes; 
vert bronzé; chaperon échancré, presque épi- 
neux; élytres épineuses à leur extrémité. Des Indes 
orientales. 

Genre Lomarrkre, Percheronet Gory. Caractè- 
res : chaperon très-profondément refendu; sternum 
avancé , aigu; élytres fortement rebordées sur les 
côtés; plaque anale carénéc dans son milieu. 

L. Larneicre, L. Z'atreille, Percheron. Longue 
de 14 lignes, corps déprimé , chaperon arrondi 
échancré ; entièrement d’un vert de mer. 

Genre Macronora, Hoffmansegg. Caractères : 
élytres plus larges que le corselet ; celui-ci lobé, 
recouvrant en grande partie l’écusson. 

M. royaz, A7. regia, Fab. Long de 5 à G lignes; 
noir ; thorax et élytres, avec des sillons remplis 
d’un duvet blanchâtre. Des Indes orientales. 

Genre Gyuxzris, Macleay fils. Caractères : cor- 
selet recouvrant l’écusson; mâchoire à lobe termi- 
nal membraneux, soyeux; pièces axillaires très- 
apparentes. 

G. BriLLANT, G. nitida, Fab. D'un vert jau- 
nâtre brillant en dessous, glabre en dessus; tête 
ayant sur le vertex une corne retombant en 
avant; sternum proéminent, De l'Amérique bo- 
réale. 

Tous les insectes composant les genres dont 
nous venons de tracer le tableau ont à peu près 
les mêmes mœurs; leurs larves vivent en terre ou 
dans les arbres pourris, et il est probable que les 
larves qui ont ces habitudes sont celles des es- 
pèces où l’on trouve des mâchoires cornées ; ces 
mêmes espèces se tiennent moins sur les fleurs que 
les autres ; on les trouve plus souvent sur les plaise 
des arbres. Après plusieurs années passées dans ce 
premier état, elles se forment une espèce de coque 
avec de la terre ou les détritus qui les entourent, 
et y subissent leurs métamorphoses. (A. P.) 

CÉTRAIRE, Cetraria. (mor. crxpT.) Lichens. 
A peu près semblable au genre Borrera d'Acha- 
rius, le genre Cétraire présente une fronde mem- 
braneuse , cartilagineuse, très-rameuse , laciniée, 
généralement lisse ; les apothécies sont en forme 
de scutelles ; le disque est distinct et terminé par 
un rebord formé aux dépens de la fronde même. 


CÉVA 


On connaît douze espèces de Cétraires. La plu- 
part croissent sur les arbres ou sur la terre des 
pays froids ou des montagnes très-élevées. Parmi 
ces espèces, la plus intéressante est la Cetraria 
éslandica, Ach., Lichen ou mousse d'Islande, 
que l’on emploie comme médicament, qui fait la 
base de la nourriture de quelques peuples du Nord, 
et que l’on trouve abondemment en Islande, en 
Laponie, dans tous les lieux élevés de l'Europe, 
dans les montagnes de l'Ecosse , des Alpes, etc. 

La fronde du Lichen d'Islande est foliacée , 
sèche et coriace, serrée, montante, divisée en 
lanières rameuses irrrégulières, un pen velues, 
d’un rouge foncé à leur base, d’un gris jaunûtre , 
blanchâtre ou brunâtre supérieurement; son odeur 
est fade, parliculière ; sa saveur est amère , muci- 
lagineuse et nullement astringente. 

Le Lichen d'Islande jouit de propriétés médi- 
cales différentes, selon qu'il est privé ou non de 
son principe amer. Dans son état naturel, il agit 
à la manière des toniques; il convient dans les 
maladies chroniques de la poitrine, les diarrhées 
non inflammatoires, certaines atonies et toutes les 
fois enfin qu'il est nécessaire de relever les forces 
par un aliment abondant et facile à digérer. Dé- 
pouillé de son principe amer par le procédé que 
nous indiquerons dans un instant, il agit, en rai- 
son de la grande quantité de fécule et de gélatine 
qu'il contient, à la manière des gommes et des 
autres mucilagineux ; c’est ainsi qu’on l’emploie 
fréquemment dans les catarrhes pulmonaires et 
les diarrhées aiguës. 

Parmi les moyens proposés pour priver le lichen 
de son principe amer, nous ne cilerons que ce- 
lui qui a été indiqué par Berzelius. Ce moyen mis 
en usage en Islande, où la Cétraire sert d’aliment, 
consiste à faire macérer, pendant vingt-quatre 
heures, seize parties de Lichen pulvérisé, dans 
troi cents quatre-vingls parties d’eau contenant en 
dissolution une partie de sous-carbonate de soude; 
à décanter, à faire macérer de nouveau dans un 
semblable soluté alcalin, à laver à grande eau, 
et à faire sécher. 

D’après Berzelius, le Lichen d'Islande paraît 
composé de bitartrate de potasse, de tartrate de 
chaux , de phosphate de chaux, de cire verte, de 
gomme , de fécule, de matière résineuse, etc. 

Avec le Lichen d'Islande, on prépare dans les 
pharmacies des tisanes, des sirops , des pâtes , des 
gelées, des tablettes, etc., qui sont autant de 
formes sous lesquelles les médecins administrent 
cette substance. (EF. F.) 

CÉVADILLE. (vor. PHan.) Nom d’un fruit qui 
nous vient d'Amérique et qui est composé d’une 
capsule à trois loges, mince‘, sèche, s’ouvrant 
par le haut , d’une couleur rouge pâle , bisperme ; 
les semences sont noirâtres , allongées , pointues , 
anguleuses , un peu recourbées, plus âcres et plus 
amères que la capsule. 

La Cévadille jouit de propriétés sternutatoires, 
purgalives et corrosives ; elle excite la salivation, 
et n’est employée qu’à l'extérieur, en poudre, pour 
détruire les poux qui vivent sur la tête des enfans. 


69 CÈVE 


La Cévadille paraît provenir d’une espèce de 
Veratrum appelé par Retz Veratrum sabadilla , 
de la famille des Colchicacées. 

Analysée par MM. Pelletier et Caventou, la 
Cévadille a donné de la cire, une matière grasse, 
de la gomme, du ligneux, un acide particulier , 
une matière colorante jaune, elc. (F5) 

CÉVENNES. (ciocr. pnys.) Les montagnes de 
France que l’on appelle ainsi tirent leur nom 
du nom latin, Mons cebenna , que les anciens leur 
donnaient. Par les montagnes de Corbières, elles se 
tient au sud avec les Pyrénées , et par les monta- 
gnes du Charolais , au nord, avec la Côte-d'Or et 
le plateau de Langres. Ainsi, elles occupent une 
étendue de 9o lieues en ligne directe, et de 140 
avec les sinuosités qu’elles forment. On peut les 
diviser en deux parties, dont le nœud serait le 
mont de la Lozère : les Cévennes méridionales, 
qui se prolongent jusqu’à cette montagne ; et les 
Cévennes septentrionales, qui partent de cette 
montagne jusqu'à la Côte-d'Or. Leurs différentes 
parties portent les noms de montagnes Noires , 
montagnes de Lespinouse, montagnes de l'Orb, 
Garrigues, montagnes du Gévaudan, du V’ivarais, 
du Lyonnais, du Beaujolais et du Charolais. De 
leurs flancs s’échappent plusieurs rivières, dont 
les principales sont : sur le versant occidental , 
l'Agout, le Tarn, l'Allier et la Loire : et sur le 
versant opposé, l'Hérault, le Gardon, la Cèze, 
l’ Ardèche et la Grone. 

Leur hauteur moyenne est de 800 à1,500 mètres, 
ainsi qu’on peut le voir par le tableau suivant des 
principales cimes. Mais on peut dire que dans sa 
première partie méridionale, la chaîne s'élève à 
800 ou 1,200 mètres, et que, si l’on considère les 
groupes du Mont-Dor et du Cantal comme des 
dépendances des Géveunes, c’est au milieu d’eux 
que se trouvent les points les plus élevés. ( Voy. 
Mont-Dor, article dans lequel nous donnerons 
quelques détails sur le Cantal. ) 


Cévennes meridionales. 


mètres. 
Pic du Faux Moulinier. . .-. , 692 
PicdArfous:esa uns 14e 4e 4, 850 
Pic de Montant... . . . . . +. 1040 
Montiderlalozèremontr: : 06? mage 
Montagne de la Tanargue. . . .  84o 

Cévennes septenirionales. 

Gerbier des Joncs. . . . . . . 1562 
MentMézencss.: 92400700 608. eus bi 77 
MontiPilatsh .2300 0 ape dont O2 
Montagne de Tarare. . . . . . 1450 
Montagne de Haute-Joux. . . . . 994 
Montagne de Gerbizon. , . . . 1049 
Montagne de Folletin. . :. . . . 1368 
Montagne de Tartas 4.7. , . 1545 
Montagne de Devez. .. . . . 1425 : 
Pic-delarDuraacenl.wt eu, Mis 50201195 
Pic de Montocelle. . . , . . . 31652 


Quelques uns de ces principaux sommets mé- 
ritent une mention particulière Le mont de la 
Lozère donne naissance à la rivière du Lot. Sa 


\ 


CEVE 


70 CEYL 


base est granitique ; sa cime est couverte de vastes 
pâturages , et ses flancs sout garnis de belles 
forêts. 

Le mont Gerbier des Joncs est intéressant, parce 
que c’est de sa base que sortent les sources de la 
Loire. Avant l'année 1821, sa hauteur était de 

1,710 mètres; mais à cette époque, un tremble- 
ment de terre la fit écrouler en partie, et cet évé-- 
nement y provoqua la formation d’un lac na- 
turel. 

Le Mézenc, que l’on écrit aussi Mézen et Mézin, 
est remarquable, comme la plus haute cime des 
Cévennes. Considéré sous un peint de vue géné- 
ral, sa forme est conique, terminée par un pla- 
teau, et son rayon est de 10 lieues. M. Cordier , 
qui a étudié celte montagne, y a reconnu denx 
séries de matières volcaniques ; sa base, qui repose 
sur un massif de granite, est formée de laves an- 
ciennes feldspathiques, telles que des trachytes, 
des phonolithes el des dolomites ; au dessus se 
trouvent des basaltes en colonnes prismatiques, 
remarquables par leur régularité, et des coulées 
de laves modernes , acompagnces de leurs scories. 
Ainsi, l’on pourrait partager le Mézenc en trois 
époques de formation, granitique, feldspathique , 
basaltique et lavique. 

Le mont Pilat tire son nom du mot latin Pilea- 
tus (cotffé) , parce que les nuages qui s’amoncellent 
sue sa cime lui font unesorte de chapeau. Loin de 
former un pic isolé, il est composé de plusieurs 
sommets, séparés par des vallons. À son sommet 
s'étend une plaine couverte de prairies, arrosées 
par divers filets d’eau; cette plaine cest dominée 
par trois pointes presque entièrement nues. Au 
dessous s'élèvent des bois composés de sapins, de 
chênes, de sycomores, de hêtres, de tilleuls, de 
charmes, de merisiers, d’alisiers et de châtai- 
guiers. Dans les lieux bas et humides, les princi- 
paux arbres sont : le frêne, le peuplier , l’aune, 
le saule et le bouleau. La roche dominante qui 
forme les cimes du Pilat est une espèce de schiste 
micacé gris; on y remarque aussi des roches quar- 
tzeuses, Fa dans.les parties inférieures. tout paraît 
être granitique. C'est sur sa base que repose la 
formation de grès rouge et de houille, si puissante 
à Saint-Etienne, On y retrouve les dépôts ferrugi- 
neux qui appartiennent à celte formation : aussi 
les sources ferrugineuses y sont-elles fréquentes. 

Ainsi que nous l’avons dit dans le Dictionnaire 
de Géographie physique de l'Encyclopédie métho- 
dique, le noyau des Cévennes cst généralement 
de granite; mais ce granite diffère de celui des Al- 
pes et des Pyrénées, en ce qu’il n’est pas en petits 
grains, mais parsemé de grands cristaux de feld- 
spath, qui lui donnent l’ aspect porphyroide. Dans 
plusieurs localités, il passe insensiblement au gneiss 
et au micaschiste, et renferme des filons métalli- 
ques, et dans d’autres, il se décompose ‘et se ré- 
duit en gravier. Sur ces roches reposent des grès, 
des poudingues. et de l'argile schisteuse, apparte- 
nant au terrain houiller. Sur le versant oriental 
s'élèvent des montagnes formées de calcaire co- 


quillier ancien, appelé Muschelkalk par les Alle- 


mands, et du calcaire blen, nommé Zias par les 
Anglais. À ce calcaire s’adossent différentes es- 
pèces de marnes, au delà desquelles sont les dépôts 
de transport des vallées du Rhône et de la Ga- 
ronne , couverts de coquilles d’huîtres el d’autres 
fossiles. Sur le versant occidental s'étendent cà et 
à des coulées volcaniques. (J. H.) 

CEYLAN (île de). (céoc. puxs.) Cette île, qui 
autrefois portait le nom de Tropobane, est située 
dans le Tropique du Cancer et s’étend du 6° au 
10° degré de latitude Nord, et du 77° au 80° de- 
gré de longitude. Elle n’est séparée du cap Co- 
morin sur le continent que par un détroit de 
quinze lieues, Ce petit bras de mer, qui porte le 
nom de passe de Manar, est tellement rempli de 
bas-fonds qu’il est impraticable pour les vaisseaux; 
il ya même certains endroits où l’on ne trouve que 
quatre à cinq pieds d’eau. Toutes ces observations 
nous conduisent naturellement à aflirmer que l'ile 
de Ceylan fit autrefois partie du continent, et 
qu'elle en fut détachée par quelques secousses 
soulerraines et une irruption violente de la mer, 
qui vint former le détroit de Manar. Son périmètre 
est de trois cents lieues, et sa surface ‘peut être 
évaluée à sept cents lieues carrées. Les naturels 
ont donné à cette île le nom de Lakka. 

L'ile de Ceylan renferme quelques montagnes 
parmi lesquelles les naturels se font une gloire de 
posséder le Pic-Adam ; cette montagne, dont on a 
beaucoup exagéré la hauteur et qui ne s'élève 
réellement qu'à mille toises au dessus du niveau 
de la mer, a une grande réputation religieuse 
dans le pays et pour les Bouddhistes et pour les 
Brahmistes. Sur le sommet du Pic -on trouve l’em- 
preinte d’un énorme pied que les Bouddhistes 
prétendent être le Sri-pada ou empreinte du pied 
de Bouddha : cette empreinte, qui a quelque res- 
semblance avec la forme d'un pied gigantesque , 
est entourée d'un petit mur, etenrichie de pierres 
précieuses. Les musulmans du pays aflirment que 
lorsqu'Adam sortit du Paradis terrestre , chassé 
par la vengeance divine , il vint se placer sur le 
Pic dont nous parlons, et y resta sur un seul pied, 
jusqu ‘à ce que Dieu lui eût pardonné sa faute. 

C'est sur le Pic-Adam que se trouve la source 
des principales rivières quiarrosent l'ile de Geylan: 
le Machavilla, le Kalay, le Kalou et le Walle- 
way en descendent : la rapidité de leur cours les 
empêche d’être navigables; elles ne sont donc 
d'aucune utilité pour le commerce. 

La surface de l'ile est couverte de forêts épaisses 
qui entourent le royaume de Kandy, situé au cen- 
tre de l’île. Ces forêts sont habitées par un grand 
nombre d'animaux sauvages, et surtout par des 
éléphans, qui sont très-estimés et ont la réputa- 
tion d'être les plus intelligens de tous les élé- 
phans; ce sont eux qu'on dresse à être les exécu- 
teurs des hautes-œuvres dans l’île; et ils ont un 
talent Lout particulier pourreconnaître à de cer- 
tains indices le criminel condamné à la mort pure 
et simple, ou bien celui qui doit être torturé avant 
de mourir, 


C'est sur les côtestde l'ile de tra dans le dé- 


| 


CHAB 


troit de Manar, que se trouvent les bancs d'hui- 
tres à perles fines; cette pêche, qui autrefois 
était d’un immense produit, a beaucoup perdu 
de sa valeur ; les bancs aujourd’hui sont tellement 
épuisés qu'on n’y peut revenir que tous les cinq 
ans. Les pêcheurs, qui sont ordinairement des 
noirs, ont de grands dangers à courir; d’abord 
l’asphyxie quiles menace à chaque instant ; et en- 
suite les requins, qui, connaissant l'époque exacte 
de la pêche, viennent y chercher une proie facile 
et abondante. 

L'ile de Ceylan est riche en minéraux de toute 
espèce; on y trouve le fer, le manganèse , des 
granites, du quartz, ldu mica, etc. Les lits des 
rivières roulent des pierres précieuses ; les saphirs 
bleus et verts , les rubis, les topazes, les améthys- 
tes et les cornalines s’y trouvent en grand nom- 
bre ; on y rencontre aussi le cristal de roche en 
grande quantité. 

Depuis 1814 l'ile est tout entière au ‘pouvoir 
des Anglais ; mais il s’en faut qu'ils en soient pai- 
sibles possesseurs. Au reste , elle n’appartient pas 
à la compagnie des Indes, mais bien au roi d'An- 
gleterre lui-même. (C. d.) 

CHABASIE. (aun.) Parmi les Silicates alumi- 
neux , la Ghabasie est l’une des »lus jolies espèces 
minérales. Sa couleur est blanche, son poli est 
éclatant, sa dureté est médiocre puisqu'elle se 
laisse rayer par une pointe d'acier. Sa cristalisa- 
tion primitive est le rhomboïde obtus d’où dérivent 
deux ou trois formes secondaires. C’est un com- 
posé de 48 à 50 pour 100 de silice; de 8à,19 
d’alumine ; de 8 à 10 de chaux ; d’un peu de po- 
tasse , et de 20 à 22 pour cent d’eau. 

La Chabasie se trouve dans des basalies et dans 
d’autres roches d’origine ignée. (J. H.) 

CHABOISSEAU, (porss.) Nom vulgaire donné 
sur nos côles à plusieurs poissons du genre Cnazor. 

(Azrx. G.) 

CHABOT, Cottus. (porss.) Genre de poissons 
acanthoptérygiens , fondé par Linné, adopté par 
Cuvier et par tous les naturalistes, et comprenant 
des poissons qui ont la tête large , déprimée, cui- 
rassée et diversement armée d'épines ou de tuber- 
cules ; deux nageoires dorsales ; des dents au de- 
vant du vomer, mais non aux palatins; six rayons 
aux branchies , et trois ou quatre seulement aux 
ventrales. Les rayons inférieurs de leur pectorale, 
comme dans les Vives, ne sont point branchus ; 
leurs appendices cœcaux sont peu nombreux, et 
ils manquent de vessie natatoire. 

Les espèces d'eau douce ont la tête presque 
lisse, et seulement une épine au préopercule. Leur 
première dorsale est très-basse. Nous citerons 
parmi ces espèces le Ciragor DE RIVIÈRE, Cottus 
gobio, Linn. (Bloch., 39, 1-2.) C’est un petit 
poisson de quatre ou cinq pouces, noirâtre. 

On trouve ce Cottedans la Seine et dans d’autres 
rivières. Il parvient jusqu’à la longueur de quatre 
ouæing- pouces. Il se tient souvent caché parmi 
les pierres ou dans une espèce de petit terrier, et 
lorsqu'il sort de cet asile ou de cette embuscade, 
c’est avec unc très-grande rapidilé qu'il nage, soit 


CHAB 


pour atteindre la proie qu'il préfère, soit pour 
échapper à ses nombreux ennemis. Il aime à se 
nourrir de très-jeunes ‘poissons ainsi que de vers 
et d'insectes aquatiques , et lorsque cet aliment 
lui manque , ilse jette sur les œufs de diverses es- 
pèces d'animaux qui habitent dans les eaux. Il est 
très-vorace, mais succombe fréquemment sous la 
dent des Perches, des Saumons et surtout des 
Brochets. La bonté et la salubrité de sa chair, 
qui devient rouge par la cuisson, comme celle du 
Saumon et de plusieurs autres poissons délicats ou 
agréables au goût, lui donnent aussi l’homme 
pour ennemi. Ce poisson est cependant dédaigné 
de plusieurs personnes. Dès le temps d’Aristote, 
on savait que, pour le prendre avec plus de faci- 
lité, il fallait frapper sur les pierres qui lui ser- 
vaient d’abri, qu'à l'instant il sortait desa retraite, 
et que souvent il venait, tout étourdi par le coup, 
se livrer à Ja main ou au filet du pêcheur. Le plus 
souvent ce dernier emploie la nasse pour étre 
plus sûr d'empêcher le Chabot de s'échapper. I] 
faut saisir ce Golte avec précaution lorsqu'on veut 
le retenir avec la main. Sa peau très-visqueuse 
lui donne en effet la facitité de glisser rapidement 
entre les doigts. Cependant malgré tous les piéges 
qu’on lui tend, et le grand nombre d’ennemis qui 
le poursuivent, on le trouve fréquemment dans 
plusieurs rivières. Cette espèce est très-féconde. 
La femelle, plus grosse que le mâle, ainsi que celle 
de tant d’autres poissons, paraît comme gonflée 
dans le-temps où ses œufs sont près d’être pondus. 
Ces protubérances , formées par les ovaires qui se 
tuméfient pour ainsi dire à cette époque, en se 
remplissant d’un très-grand nombre d'œufs, sont 
assez élevées et assez arrondies pour qu’on les ait 
comparées à des mamelles; de célèbres natura- 
listes ont écrit que la femelle du Chabot avait non 
seulement un rapport de forme, mais encore un 
rapport d’habitudes avec les animaux à mamelles, 
qu’elle couvait ses œufs , et qu’elle perdait plutôt 
la vie que de les abandonner. On à pu observer 
des Chabots femelles et même des mâles se retirer, 
se.presser, se cacher dans le même endroit où des 
œufs de leur espèce avaient élé pondus, les cou- 
vrir dans celte attitude, et conserver leur position 
malgré un grand nombre d'efforts pour la leur 
faire quitter. Mais ces manœuvres n’ont point été 
des soins attentifs pour les embryons qu'ils avaient 
pu produire ; elles se réduisent à des signes de 
crainte, à des précautions pour leur sûreté; et 
peut-être même ces individus auxquels on a cru 
devoir attribuer une tendresse constante et cou- 
rageuse, n’ont-ils été surpris ‘que prêts à dévorer 
ces mêmes œufs qu'ils paraissaient vouloir ré- 
chauffer, garantir et défendre. Au reste , les Cha- 
bots ont la tête large et déprimée, cuirassée et 
diversement armée d’épines ou de tubercules, et 
deux nageoires dorsales. Les espèces marines sont 
plus épineuses : quand on les irrite, elles renflent 
encore leur tête. Nos mers en nourrissent deux 
nommées Chaboisseaux et Scorpions de mer : l’une 


est remarquable par ses armes, par sa force et par 


son agililé, c'estle Cottus scorpius, Linné , BI., 


oo 


CHAC 


RQ EE 


Lo; il se trouve sur les bords de la Méditerranée. 
Il poursuit avec une grande rapidité, et par con- 
séquent avec un grand avantage, la proie qui fuit 
devant lui à la surface de la mer. Ce poisson 
nage avec une vitesse étonnante ; très-vorace , 
bardi , audacieux même’, il attaque avec prompti- 
tude des Blennies, des Clupées ; il les combat avec 
acharnement , les frappe vivement avec les piquans 
de sa tête, les aiguillons de ses nageoires, les tu- 
- bercules aigus répandus sur son corps, ct en 
triomphe le plus souvent avec d'autant plus de 
facilité, qu'il joint une assez grande taille à l’im- 
pétuosité de ses mouvemeus, au nombre de ses 
dards et à la supériorité de sa hardiesse, Ce Gotte 
peut parvenir à une longueur de huit à dix pouces ; 
sa chair, peu agréable au goût et à l’odorat, 
n’est pas recherchée par les pêcheurs ; ce ne sont 
que les habitans peu délicats qui en font quelque- 
fois leur nourriture, et tout au plus tire-t-on parti 
de son foie pour en faire de l'huile, dans les en- 
droits, par exemple, où il est très-répandu; si 
d’ailleurs ce poisson est jelé par quelque accident 
sur la grève, et que le retour des vagues, le reflux 
de la marée, où ses propres efforts ne le ramènent 
pas promptement au milieu du fluide nécessaire à 
son existence, il peut résister assez long-temps au 
défaut de l’eau; la nature et la conformation de 
ses membranes branchiales lui donnent la faculté 
de clore presque entièrement les orifices de ses 
organes respiratoires, d'en interdire le contact à 
l'air de l'atmosphère, et de garantir ainsi ses or- 
ganes essentiels ct délicats de l'influence trop ac- 
tive, trop desséchante, et pr conséquent trop 
dangereuse de ce même fluide atmosphérique. 
C’est pendant l'été que les Cottes-Scorpions com- 
mencent à s'approcher des rivages de la mer ; mais 
ordinairement l'hiver est déjà avancé lorsqu'ils 
pondent leurs œufs, dont la couleur est rougeûtre. 
La tête de ce Scorpion est garnie de tubercules ct 
d’aiguillons ; les yeux sont grands, rapprochés 
l'un de l’autre, et placés sur le sommet de la tête. 
Les mâchoires sont garnies, comme le palais, de 
dents aiguës ; la ligne latérale droite, formée com- 
munément d’une suite de petits corps écailleux, 
faciles à distinguer malgré la peau qui les recou- 
vre, et placés le plus souvent au dessous d’une 
seconde ligne produite par les points de petites 
arêtes. Tout le corps est parsemé de petites ver- 
rues en quelque sorte épineuses, et beaucoup 
moins sensibles dans les femelles que dans les 
mâles. Sa couleur est ordinairement brune. La 
seconde espèce, qui vit dans la Méditerranée 
(Cottus bubalis, Euphrasen., Nouv. mém. de 
Stockh., vir, Go), a quatre épines, dont la pre- 
mière est très-longue. La mer Baltique en a une 
troisième espèce, distinguée par quatre tubérosi- 
tés osseuses et caries sur le crâne (Cotlus quadri- 
cornis, Bloch, 108). Il y en a debien plus grands 
en Amérique , et dans le nord de la mer Pacifique. 
Cette dernière mer produit une espèce petite, mais 
que ses formes singulières doivent faire remarquer, 
c’est le CHABOISSEAU À CORNES DE CERF, Synanceia 
- cervus, Tilesius, Mém. de l’ac. de Pétersb,, 1, 1811, 


72 


————————— 
QE 


CHAO 


pl. 278, où lapremière épine du préopercule, pres: 
que aussi longue que la tête, a à son bord interne six 
ou huit piquans recourbés vers sa base. (Azrn. G:} 

CHACAL. (maw.) Cet animal, représenté à la 
planche 92, fig. 1, de notre Atlas, est le Canis 
aureus de Linné ; on le trouve aux Indes, dans 
J’Asie mineure, en Afrique, depuis la Guinée jas- 
que sur la côte de Barbarie, et en Europe dans la 
Grèce. ! 

C’est un quadrupède du genre des Cnrens. (F7. 
ce mot.) Il paraît former le passage de l'espèce du 
Loup , dont il a le poil et les formes générales , à 
celle du Renard, avec lequels a taille et son sys- 
tème de coloration lui donnent quelque ressem- 
blance. Son museau est pôintu et de couleur gri- 
sâtre ; son corps gris, jaunâtrefoncé en dessus, se 
rapproche en dessous du blanchâtre , et ses jambes 
sont d’un fauve clair. La queue du Chacal se rem- 
brunit à son extrémité, etne descend que jusqu’au 
talon; elle est peu fournie et présente, pour le dis - 
tinguer du Renard, un fort bon caractère. Ù 

Les Chacals sont voraces; ils chassent par 
troupes , comme les Chiens sauvages, et ne vivent 
que de petite proie ou de cadavres abandonnés 
par les Lions. Suivant M. Tilésius, qui pense, 
ainsi que M. F. Cuvier, que l’on comprend sous 
la même dénomination plusieurs espèces diffé- 
rentes, les Chacals du mont Caucase seraient la 
souche de notre Chien domestique, ainsi que Pal- 
las et Guldenstædt l’avaient pensé. Les Chacals 
de l'Inde diffèrent de ceux que l’on trouve en 
Asie mineure et sur la côte de Barbarie, M. Fréd. 
Cuvier a figuré dans son Histoire des Mammifè- 
res, et décrit comme formant une espèce à part, 
le Chacal du Sénégal qui a les jambes plus élevées 
que les autres , la queue plus longue et le museau 
plus eflilé ; il l’a nommé Canis anthus. 

Nous avons vu à Paris un jeune Chacal de la 
variélé algérienne; cet animal était fort doux, ne 
cherchait point à faire de mal; il jouait même vo- 
lontiers avec les enfans, mais ne pouvait supporter 
la présence d’un Chien. Son maître le nourrissait 
avec des panses et des intestins de ruminans , ou 
bien avec de la chair nn peu avancée, et dépensait 
chaque jour quatre ou cinq sous à cet effet, Cet 
intéressant animal lui donnait des marques non 
équivoques d’atlachement, et le suivait par les 
rues , atlaché avec une simple laisse ; il ne portait 
aucune odeur désagréable. 

L'individu que nous avons fait représenter dans 
notre Atlas, pl. 93, f. 1, provient de la Morée et 
constitue une variété très-remarquable dans l’es- 


pèce. Tout son corps est couvert de poils gris, à 


lexception de la tête, du cou et des pattes qui sont 
fauves. (Genv.) 

CHAFOIN. (wa. ) C’est le nom du furet ou 
de la fonine dans le midi de la France. (Guir.) 

CHAINES DE MONTAGNES. (J'oyez Mox- 
TAGNES.) 

CHAÏR. (awar.) Ce mot, qui sertordinairement « 
à désigner l’ensemble des parties molles des ant- 
maux, est plus spécialement employé pour dési- 
guer la masse musculaire; nous renvoyons donc à 


l’article ” 


&. ” PI 
“HÉLÉeS.# 


à ns topes FES cvsa rh np RAR ER 


à no 


z.Chacal. 2.Chætodon 3.Chalcide 4. Chaleis 


; 
E Cuërin der. 


a 


73 CHAL 


CHAL 


oo — 


l’article Muscze tout ce qui, sous le rapport ana- 
tomique,, physiologique ou chimique, pourrait 
trouver place dans celui-ci. (P. G.) 
CHALAZE. (zoor.) Les anatomistes nomment 
ainsi les deux ligamens ou plutôt les deux cordons 
blanchâtres qui , fixés d’une part à la membrane 
externe de l’œuf et de l’autre à la tunique propre du 
jaune, suspendent celui-ci et le maintiennent en 
lace. (Pr G) 
CHALAZE. (norT.) Lorsqu'on examine avec 
attention la surface externe de certaines espèces 
de semences, on apercoit une petite proémi- 
nence, légèrement colorée, quelquefois spon- 
gieuse, d'autres fois calleuse. Ge tubercule, qui 
prend son origine à l’extrémité des vaisseaux om- 
bilicaux , arecu le nom de Chalaze. Ilest rare que 
le Chalaze soit placé vers l’ombilic extérieur de 
la graine ; souvent il lui est diamétralement op- 
posé, mais il communique avec lui au moyen d’un 
vaisseau particulier. (P. G.) 
CHALCAS, Chalcas. (8oT. pran.) Genre de la 
famille des Hespéridées, d., et de la Décandrie Mo- 
nogynie, L., établi par certains naturalistes pour 
une plante des Indes orientales, décrite et figurée 
par Rumph, sous le de nom Camuneng où Camu- 
nium; c’est le Chalcas paniculata de Linné, dont 
l’organisation offre tant d’analogie avec celle du 
Murraya, qu'on a proposé de les réunir en une 
seule espèce. Sonnerat lui donne le nom de Har- 
sana buxifolia. Voyez Rampb, Herb. amb. 5, p.29, 
fig. 18; pour les caractères , voyez Munraya. 
1 Trois autres arbrisseaux de l'Inde sont remar- 
quables par leurs usages et l'élégance de leur port. 
L'un d’eux, le C. javanense, passe chez les Ma- 
cassars pour avoir des propriétés médicinales. Son 
bois est si agréablement veiné de jaune, de blanc 
et de rouge, qu'il est réservé pour la confection 
des palanquins royaux. Bonne naïurc, ainsi, tou- 
jours el partout, quelques uns vous arrachent ce 
ue vous offrez à tous ! (C. £.) 
CHALCIDE , Chalcis. (ngpr.) Ce nom signifiait 
« l'airain chez les Grecs. IL paraît qu’au temps 
- d'Aristotélès on l’appliquait à une sorte de reptile, 
que: l'on appelait aussi Zygnis, et qui était sem- 
blable au Lézard pour la forme et au Serpent 
aveugle pour la disposition de la coloration , c’est- 
à-dire sans doute qu’il était de la couleur de l'ai - 
rain, ct Plinius ajou‘e en effet qu'il avait des 
ligues couleur d’airain sur le dos; ces caractères 
se reproduisant assez bien, chez un Saurien tri- 
dactyle d'Italie, la plupart des auteurs de la re- 
naissance le regardèrent comme le Chalcis d’Aris- 
totélès. Ray entre autres le décrivit sous ce nom, 
et dit même, en considérant la brièveté de ses 
pieds et la distance qui les sépare, que c'était plu- 
1ôt un Serpent à pieds qu’un Lézard. Ces idées se 
perpéluèrent long-temps , à celte légère diversité 
d'opinion près, que les uns le crurent ovipare, d’au- 
tres vivipare , les uns fort venimeux, sur la parole 
du maitre de Stagyris, d’autres fort innocent. 
Mais quelques auteurs, sans trop peser les motifs 
d’une pareille détermination , transportèrent sur 
Ja fin du dernier siècle le nom de Chalcis à des 


Tous II. 


Sauriens sans analogie avec le Tridactyle d'Italie, 
et bien certainement ignorés des Grecs et d’Aris- 
totélès. Dans ces derniers temps l’on s’est efforcé 
de redresser cette erreur; mais, ces idées nouvelles 
n'étant pas universellement répandues, nous dé- 
crirons ici , ne fût ce que provisoirement, sous le 
nom de Chalcis, les Sauriens qui ont été décrits 
comme tels par Daudin et Cuvier. Les Chalcis, ow 
Chalcides de ces auteurs, sont des Sauriens à corps 
allongé, cylindrique, plus ou moins grêle, munide 
quatre pieds souvent rudimentaires, si pelits, si 
distans l’un de l’autre, qu'ils peuvent à peine sou- 
lever le corps et servir à la progression, ce qui a 
fait ranger ces animaux dans les Sauriens urobènes 
ou Lézards qui marchent au moyen de leur quete; 
ces pieds sont très-courts eb pourvus d’un nombre 
variable de doigts. La tête est pyramidale, qua- 
drangulaire, revêtue de plaques polygones ; le 
tronc et la queue sont garnis en dessus et en des- 
sous d’écailles quadrangulaires presque égales, dis- 
posées en lignes transversales circulaires, ou en 
anneaux, en verticilles sur le tronc ct la queue ; 
la bouche est petite , non dilatable; les dents pe- 
tites, égales, simples, coniques, droites, insérées 
aux mâchoires seulement; la langue est mince, 
plate, entière, ou à peine incisée à sa pointe, lé- 
gèeremeut protractile peut-être, et écailleuse à sa 
surface ; les Chalcides ont d’ailleurs l’organisation 
extérieure et intérieure ainsi que les mœurs et les 
habitudes des Lézards et des Scinques; comme eux 
ils se reproduisent par de petits œufs pisiformes 
qu'ils abandonnent dans le sable; comme eux 
aussi ils sont tout-à-fait innocens. 

Quelques espèces de Chalcis ont le tympan ap- 
parent , et parmi elles il en est une à cinq doigts 
à tous les pieds ; elle ne diffère guère des Gerrho- 
saures que par ses écailles dorsales, finement 
striées ; elles sont du reste, comme chez les Ger- 
rhosaures, légèrement inclinées, avec une série 
impairerachidienne. L’on retrouve aussi chez cette 
espèce un pli latéral enfoncé ou suture, et des 
pores fémoraux; sa longueur est d'environ neuf 
pouces , la queue en forme les deux tiers ; sa gros- 
seur est à peu près celle du doigt annulaire; les 
parties supérieures du corps paraissent être d’un 
vert bronze uniforme ; les parties inférieures sont 
blanches ; les plaques labiales sont marquetées de 
noir et de blanc. Gette espèce se trouve au Ben- 
gale et dans plusieurs points des Indes orientales; 
les auteurs modernes s'accordent assez volontiers. 
à la rapporter au Lacerta seps de Linnæus. 

Une autre espèce de Ghalcide, à tÿmpan appa- 
rent , a été décrite sous le nom de Lézard ou de 
Chalcide tétradactyle, parce qu’elle à quatre 
doigts à chaque pied; ces doigts sont inégaux aux 
pieds antérieurs ; le quatrième est le plus court, 
puis le premier, le deuxième et le troisième ; aux 
pieds de derrière, c’est le premier qui est le moins 
développé, puis le quatrième, le deuxième et le 
troisième. Les écailles sont carrées et à côtés 
égaux, lisses ; quelques auteurs disent qu’elles sont 
légèrement carénées , du reste inclinées, avec une 
série rachidienne impaire; un pli latéral ou su- 


90° Livraison, 10 


CHAL 


74 


CHAL 


ture, et des pores aux cuisses ,s’observent encore 
ici ; celle espèce est d’un vert-brunâtre uniforme 
en dessus, blanchâtre-en dessous; sa longueur est 
d'environ nn pied, sa queue grêle en forme près 
des deux tiers; sa grosseur.est.celle d’une plume 
de paon. Merrem l'indique sous:le nom de Zetra- 
dactylus c'alcidicus; Fitzinger en forme son genre 
Saurophis. 

Parmi les Chalcides à tympan caché sous la 
peau et non apparent à l'extérieur, on a signalé 
une espèce à cinq doigts à Lous les pieds et munie 
d’un pli latéral ou suture. Gelle espèce, qui pro- 
vient d'Amérique, a reçu le nomide Ghaleide de 
Daudin. 

Une autre espèce décrite par Spix, sous le nom 
d'Hétérodactyle imbriqué, à eause de la disposi- 
tion de ses doigts, au nombre de quatre aux 
pieds de devant, de cinq àäux pieds de derrière, et 
de celle de ses écailles, n’a point de pli latéral ou 
suture, et n'appartient par conséquent plus à la 
famille que Wiegmann a établie sous le nom de 
Ptygopleures, mais il possède aussi des pores aux 
cuisses. L’Hétérodact yle a des écailles hexagonales, 
allongées, droites, carénées-équilatérales sur le 
dos, lisses sur le ventre ; il esten dessus de cou- 
leur bronzée, avec une ligne pâle de chaque côté 
du dos; il est long d’un pied; la queue forme à 
peu près la moilié de celte longueur totale, sa 
grosseur est celle du doigt auriculaire. Il vit au 
Brésil. Wagler donne a l'Hétérodactyle le nom de 
Clhurocolus , qui peut signifier main incomplète , 
ne trouvant pas que le nom donné par Spix, et 
qui veut dire doigts différens, indique d’une ma- 
nière assez précise la particularité du nombre des 
doigts de ce Ghalcide. 

Fitzinger a donné sous le nom de Brachypus 
(pieds courts) de Guvier , une espèce qui a quatre 
doigts à chaque pied. Ges doigts sont très-courts, 
égaux, à un seul article, finement unguiculés; les 
écailles sont subhexagonales, carenées , juxta-po- 
sées et non imbriquées; derrière les pieds anté- 
rieurs on trouve un léger sillon, vestige du pli 
latéral des espèces précédentes ; ilest vert bronzé 
en dessus, avec une petile ligne jaunâtre de cha- 
que côlé du dos; sa grosseur est celle d'une plume 
d’oie ; sa longueur est detrois à quatre pouces ; Ja 
queue forme environ les deux tiers de celte di- 
mension. 

Cuvier a indiqué une espèce à cinq doigts aux 
pieds antérieurs et trois senlement aux pieds posté- 
rieurs, provenant.de la Guiane.On a encore décrit, 
d’après Lacépède, sous le nom de Chalcide jau- 
nâtre (Chalcides flavescens), une espèce à trois 
doigts à chaque pied; Schneider lui a donné le 
nom de Chameæsaura cophias; Daudin, celui de 
Chalcide tridactyle; Merrem en fait le type de son 
genre Chalcis sous le nem de C. cophias; tandis 
que Fitzinger donne le nom de Cophias au genre 
qu'il forme d’après elle; enfin Daudin a décrit en- 
core sous le nom de Chalcide monodactyle une 
espèce à un seul doigt à chaque pied, Merrem 
en a fait un genre particulier sous Je mom de 
Colobus de Daudin; Wagler pense que ces deux 


dernières espèces n’en font peut-être qu'une, et 
que la dernière ‘ne diffère de l’autre que parce 
que les doigts ont pu être tronqués par ac- 
cident. Guvier et Gray pensent même qu’elles 
sont la même ‘espèce que la première mal 6b- 
servée; ce sont des questions qui ne paraissent pas 
complétement résolues. À ces espèces il en faut 
joindre encore quelques unes qui ont le pied an- 
térieur à deux arlicles terminé par trois petites 
écailles, tandis que le pied postérieur n’est com- 
posé que d’une écaille allongée, conique, su- 
bulée, entourée à sa base de petites écailles gra- 
nulées. Ces espèces sont dépourvues de pli latéral 
et de pores fémoraux; l’une d'elles a les écailles 
hexagonales , allongées, lisses, plus étroites dessus 
le corps qu’en dessous ; elle est verdâtreen dessus, 
avec des lignes longitudinales d’une couleur 
bronzée plus foncée; le dessous est blanchâtre. 
M. Dorbigny en a envoyé un individu recueilli à 
Santa-Cruz : l’autre a des écailles carrées, lisses, 
tellement pressées les unes contre les autres que 
les anneaux qu'elles forment paraissent d’une 
seule pièce, elles sont un peu plus larges en des- 
sous qu'en dessus; cette espèce paraît d’un vert 
brunâtre uniforme en dessus, blanchâtre en des- 
sous. L'une ét l’autre de ces espèces sont à pet 
près de la grosseur d’un tuyau de plume d’oie; 
leur longueur est de cinq à six pouces; la queue 
en prend plus de la moitié. 

CHALCIDITES , Chalcidiæ. (ns.) Tribu d'Hy- 
ménoptères de la famille des Pupivores, établie par 
Spinola , et ayant pour caractères : antennes de 
onze à douze articles, coudées, avec la partie au- 
delà du coude en massue allongée; palpes très- 
courts ; ailes n’avant pas de cellule radiale, maïs 
seulement une cellule cubitale ouverte. 

Les insectes qui composent cette tribu sont 
souvent ornés de couleurs métalliques ‘très-bril- 
lantes, et ont presque tous la faculté de sauter; 
leur taille est quelquelois ‘si petite qu'ils placent 
leurs larves jusque dans les œufs des insectes, car 
leurs mœurs ont beaucoup de rapport avec celles 
des Ichneumons. (A. P.) 

CHALCIS , Chalcis. (ivs.) Genre d'Hyméno- 
ptères de la famille des Pupivores, tribu des Chal- 
cidites., établi par Fabricius , et qui depuis a été 
subdivisé en unc vingtaine de genres, mais que 
nous ne Conserverons pas tous; ainsi nous réuni= 
rons, pour le moment, aux Chalcis propres des 
auteurs , ceux qui, comme les Dirrhines, les Pal- 
mons de Dalman, et les Chirocères de Latreille , ont 
l'abdomen distinctement pétiolé; cependant le 
dernier genre que nous venons de citer a cela de 
remarquable que les antennes sont en éventail. 
Tous offrent les caractères communs suivans : Ab- 
domen ovoïde, conique, pointu à son extrémité, 
pédiculé ; tarière droite ; cuisses postérieures très- 
grandes ; tibias arqués ; la tête est fort inclinée; 
les antennes sont coudées environ au biers de leur 
longueur; le pédicule de abdomen est en forme 
d’un nœud presque ovoïde; l’'abdomenest très-petit, 
comprimé ; les hanches sont très-allongées ; les 
cuisses postérieures dentées en dessous. 


CHAL 75 CHAL 


C..a Pieps EN MASSUE , C. clävipes!, Fab., figuré 
dans notre, Atlas, pl. 92, fig. 4. Long de trois à 
quatre lignes, entièrement noir, chagriné surla 
tête et. le corselet., luisant sur: l'abdomen; fémurs 
postérieurs fauves ; tous les:Larses jaunâtres: Il se 
trouve communément dans les: endroits aquati- 

ques. (A. P.) 

CHALEF, Elæagnus. (mor. rman.) Genre et 
type de la famille des Elæagntes, dont la princi- 
pale espèce est un arbre connu vulgairement sous 
le.nom d'Olivier de Bohème; on le cultive dans 
nos jardins, où son feuillage argenté se détache 
élégamment sur le vert plus-ou moins sombre des 
autres arbres; IL s'élève à quinze ou vingt pieds 
Ses fleurs jaunâtres; et d’une odeur agréable, sont 
réunies trois, à trois à. l’aisselle des feuilles supé- 
rieures: celle du milieu domine un peu, et c'est 
la seule fertile: les deux autres restent stériles, 
par l'avortement de l'ovaire. Le fruit, à peine 
charnu, est recouvert de petites écailles sèches et 
comme micacées. | 

Le Chalef que nous venons de décrire est, 
ainsi que son nom, originaire des contrées du 
Levant, où il se trouve très-communément; on 
y mange son fruit. Les autres espèces, au nombre 
de:douze, offrent peu d'intérêt. Voici toutefois 
les caractères généraux qui servent à les classer : 
Fleurs-hermaphrodites ; une seule enveloppe flo- 
rale ou calice, non adhérent à l’ovaire, tubuleux 
inférieurement , évasé au sommet, et divisé en 
quatre oucinq parties; autant d’étamines atta- 
chées et presque sessiles sur le calice ; un style 
court , portant un stigmale glanduleux d’un seul 
côté; fruit formé par le tube du calice qui s’épais- 
sit et devient un peu charnu; noyau ovoide , par- 
fois strié; graine revêtue, d’un périsperme. très- 
mince. 

x Les Chalefs sont en général des arbres ou ar- 
brisseaux à feuilles simples. Gelles-ci sont souvent 
recouvertes, ainsi que les jeunes tiges, par les 
écailles sècheset blanchâtres,; qui donnent à ce 
genre un aspect particulier et le font reconnaître. 

CHALEFS (famille des). (soT. Pnan.) Voyez 
Ezæacnées. (L.) 

CHALEUR. (pays.) PV. Caroniqur. (F. F.) 

CHALEUR ANIMALE. (puysros.) Le corps des 
animaux vivans dégage constamment une certaine 
quantité de: calorique, et par conséquent produit 
une quantité de chaleur que l’on désigne par le 
mot de Chaleur animale. Gette faculté est com- 
mune. à tous, mais tous ne la possèdent pas, éga- 
lement , et les différences qu’ils présentent àcet 
égard sont, aussi variées qu'elles sont facilement 
appréciables. Les expériences les plus simples suf- 
fisent pour.les constater : si l’on place , en effet , 
un poisson et un lapin à peu près de même vo- 
lume dans deux calorimètres, et qu’on les entoure 
de glace, la quantité de ce corps fondu dans'un 
certain espace. de temps donnera Ja mesure de lx 
quantité de-chaleur développée par ces deux ani- 
maux. Après .deux ou trois heures, par exemple; 
on trouvera: plus d’nne: livre d’eau liquide. dans 


l'instrument qui renfermait le Japin, tandis qu’au 


tour du poisson le poids: de la glace fondue sera 
à peine appréciable. Cette différence dans la fa- 
culté de produire de la chaleur entraîne naturel- 
lement l'idée d’une différence analogue: dans la 
température des divers animaux: on a distingué 
par le nom d'animaux à sang chaud ceux dont Ja 
température se conserve à peu près la même au 
milieu desvariations atmosphériques, et l’on donne 
celui d'animaux à sang froid à ceux qui ne pro- 
duisent pas assez de chaleur pour avoir une tem- 
pérature indépendante de ces variations: Dans la 
première catégorie se rangent les oiseaux et les 
mammifères ; tous les autres animaux appartien- 
nent à la dernière. 

En prenant l'homme pour terme de comparai- 
son, on verra qu'il n’est pas celui des animaux à 
sang chaud qui a le plus de chaleur : les oiseaux 
tiennent à cet égard le premier rang. Les expé- 
riences comparatives tentéessur le chatet le chien 
d’une part , sur les chevaux, les brebis, lés va 
ches d'autre part, tendraient à prouver que la 
température moyenne des carnivores diffère peu 
de celle des herbivores, quoiqu'il y en ait parmi 
ceux-ci qui en aient une supérieure. 

Les deux classes d'animaux à sang froid s’éloi- 
gnent non seulement beaucoup de la température 
des animaux à sang'chaud, mais entre elles-mêmes 
elles présentent une différence: considérable : les 
reptiles développent une bien plus grande quantité 
de chaleur que les poissons, s’il faut en juger par 
le petit nombre d'expériences qu’on possède sur 
ce sujet. 

Les savans: ne s’accordent point encore sur la 
véritable source de la Chaleur: animale : dé brillan- 
tes hypothèses, étayées de lois plus ou moins 
exactes dela chimie ou dela physique, sont encore 
aujourd'hui ce que la science offre de plus satis- 
faisant. Tantôt on la fait résulter’ du choc, du 
frottement , des liquides , du mouvement méca- 
nique des organes, et , par des:calculs, au moins 
contestables, on a prétendu que son intensité 
était toujours en raison de la: force impulsive' du 
cœur, de la résistance des angles ou des courbures 
des vaisseaux. Quelques auteurs ont, avec Bichat, 
pensé que: le chyle alimentaire, en passant'dé 
l'état de fluide: à l’état solide, abandonne le calo: 
rique nécessaire à la Chaleur animale ; d’autres 
enfin, et c’est le plus grand nombre; lai donnent 
pour principale cause l'acte respiratoire:, pendant 
lequel l'oxygène de l’airse combine dans les pou- 
mons au carbone du: sang pour former de Pa- 
cide carbonique ; ils se fondent sur ce fait'que les 
parties les plus éloignées du centre de la circula= 
lion sont aussi celles qui se refroidissent: le: plus 
facilement, et sont généralement plus froides que 
les autres: Mais il s'en faut de: beaucoup queï les 
expériences thermométriques soient d'accord avec 
celte assertion, Dans un travail spécial sur ce 
point intéressant de: la physiologie, nous avons 
démontré que lesmains-présentaient souvent une 
température plus élevéc que les-aissctles, que les 
joues marquaient (souventaussi un demi-degré de 
plus que la poitrine, etc. Il n’est donc pasencore 


CHAL 


CHAL 


permis de fixer les véritables causes productrices 
de la Chaleur animale, et ilest plus sage, dans 
l’état actuel de nos connaissances, de ne point lui 
assigner une cause unique. Les physiologistes qui 
ont traité le plus récemment ce sujet ont plutôt 
franchi la question qu’ils ne l’ont abordée ; pour 
eux la cause de la caloricité paraît être Paction 
que le sang artériel exerce sur les tissus sous l’in- 
fluence du système nerveux. En effet , disent-ils, 
on à prouvé par l'expérience qu’en détruisant le 
cerveau ou Ja moclle épinière d’un chien, ou en 
paralysant l’action de ces organes par des poi- 
sons énergiques , tout en entrelenant, par des 
moyens arlificiels, le mécanisme à l'aide duquel 
l'air se renouvelle dans les poumons, le corps se 
refroidissait rapidement. D'un autre côté, pour dé- 
montrer que l’action du sang artériel érait indis- 
pensable à la production de ce phénomène, on a 
expérimenté que la suspension de la circulation 
de ce liquide dans une partie entraînait toujours 
lerefroidissement de cette partie, et que d'ailleurses 
animaux dont le sang était le plus chargé de par- 
ticules solides étaient aussi ceux qui produisaient 
le plus de chaleur. 

Quelles que soient, au reste, les causes qui la 
produisent, il nous paraît, sice n’est plus cu- 
rieux, du moins plus important, d'étudier les va- 
rialions qu ’elle présente non seulement, ainsi 
que nous l’avons dit, dans les différentes classes 
d'animaux, mais encore dans les mêmes espèces 
en raison des conditions diverses dans lesquelles les 
individus se trouvent placés. C’est une donnée, 
vulgairement acceptée , que l'enfance produit plus 
de chaleur que les âges qui la suivent; mais elle 
ne saurait s'appliquer aux premiers jours de 
l'existence; latempérature s’abaisse alors très-faci- 
lement, et les enfans, dans les premiers jours de 
la vie, sont si peu capables de résister à l'influence 
du froid qu’il en meurt un plus grand nombre 
pendant l'hiver que dans toute autre saison, 
Les jeunes animaux à sang chaud qui nais- 
sent les yeux ouverts, et qui peuvent aussitôt 
après leur naissance courir et chercher leur nour- 
riture , produisent aussi en naissant une plus 
grande quantité de chaleur, et sont par consé- 
quent plus capables de résister à l’action du froid: 
il n’en est pas de même de ceux des mammifères qui 
naissent les yeux fermés, ou des oiscaux privés de 
plumes au sortir de l'œuf. Si des chiens ou des 
chats nouveau-nés sont pendant un certain temps, 
éloignés de leur mère et exposés à l'air, ils se re- 
froidissent : ce refroidissement peut déterminer la 
mort. Un peu plus tard la production de chaleur 
devient plus considérable ; nous avons trouvé, en 
répélant l'expérience , une différence d’un demi- 
degré en plus chez un enfant que chez un adulle. 
d. Davy avait rencontré le même résultat en ex- 
périmentant sur un agneau et sur une brebis. En 
comparant la température de deux jeunes gens à 
celle d’une demoiselle de même âge, celle des 
deux premiers mesurée à la main élait de 29° ct 
demi, et la dernière présentait un peu moins 


de 20°. 


Quant au tempérament, de deux jeunes gens du 
même âge, l’un éminemment sanguin , et l’autre 
ayant tous les caractères d’un tempérament bi- 
lieux, ce dernier à constamment fait monler le 
eo momèere d’un degré de plus. Répétée dans des 
circonstances diverses, les résullats ont à peu 
près été les mêmes. 

La température atmosphérique, celle des mi- 
lieux dans lesquels les animaux peuvent se trou- 
ver, exerce aussi des changemens dans celle de 
licconsie animale qu'il est intéressant de noter. 
Sans doute la plupart des mammifères ct des oi- 
seaux développent assez de chaleur pour conser- 
ver la même température en été et en hiver, pour 
résister , dans certaines limites , à l’action d’une 
chaleur intense ou d’un froid très-vif. Il en est 
quelques uns qui ne peuvent élever leur tempé- 
rature que de 12 ou 15 degrés, lorsque celle de 
l'atmosphère est à zéro et au dessous; aussi pen- 
dant l'hiver restent-ils plongés dans une sorte de 
torpeur qui dure jusqu'à la belle saison, parce 
que le refroidissement qu'ils subissent ralentit 
chez eux le mouvement vital. Ces animaux hiber- 
nans semblent être Jes intermédiaires entre les 
animaux à sang chaud et ceux à sang froid. 

Fordyce, Delaroche et Berger ont cherché à 
déterminer l'élévation de température qui surve- 
nait après un séjour plus ou moins prolongé dans 
l'air sec et chaud des étuves, et s'ils n’ont pas 
toujours obtenu des résultats identiques, il faut 
peut-être l’attribuer à leurs disposilions indivi- 
duelles ; l'augmentation de la chaleur a toujours, 
du reste, élé manifeste, et a varié entre 1° et 4°. 
Il paraît encore constant que l'air chaud et hu- 
mide tend à élever plas rapidement et davantage 
la température ordinaire du corps. Ge qui nous 
paraît hors de doute, c’est que la température du 
corps s'élève bien moins rapidement sons l'in- 
fluence d'une forte chaleur, qu'elle ne s’abaisse 
vite lorqu'il est soumis à l'action du froid. Si 
quelque partie du corps seulement est placte dans 
les conditions d’accroissement de chaleur ou de 
refroidissement , le reste de l’économie subit des 
variations analogues. Il serait trop long de repro- 
duire ici les expériences nombreuses que nous 
avons répétées sous ce rapport. Mais aucune d’el- 
les ne nous a démontré qu'à l'instant où la chaleur 
se rétablit, et où cette sensation est vivement 
éprouvée par le sujet qui s’est soumis à un re- 
froidissement , la température dépassât le point 
de départ; nous noussommes convaincus , au Con- 
traire , que l’équilibre ne se rétablissait qu'après 
un temps assez long. Tout le monde connaît au 
reste le fait suivant: Si l’on plonge une main dans 
Feau très-froide, tandis que l'air està une tempé- 
rature agréable, quelque Lemps après avoir reliré 
la main à l'eau et après lavoir essuyée , on res - 
sent une chaleur beaucoup plus vive Li ‘à l’autre 
main; cependant si on les applique l’une contre 
l'autre, on s'aperçoit que celle sensation est trom- 
peuse, car Ja main qui paraît plus chaude refroi- 
dit l’autre par le contact. Cette illusion paraît dé- 
pendre de la vitesse avec laquelle la température 


RAS à 


DD 


D) 


4 
| 


© J.2.Chameaux 


4. Chamærope 


E Cuermnm dir. 


3 Chamois 


CHAM 


77 


CHAM 


tend à se rétablir dans la main qui a étérefroidie. 

Si, comme nous l'avons dit plus haut, l’homme 
et les animaux subissent, toutes circonstances 
particulières à part, plus facilement des abaisse- 
mens que des élévations de température, ils ne 
peuvent supporter les dernières au-delà d'en 
petit nombre de degrés sans perdre lavie: suivant 
Linnings, des hommes ont péri, au milieu des 
rues de Gharles-Town, lorsque le thermomètre 
marquait à l'ombre 29° :, ce qui donne environ 
une chaleur de 40° © au soleil. 

L'exercice, on le sait , augmente momentané- 
ment la production de chaleur, et l'accélération 
des mouvemens respiraloires est suivie du même 
effet. Pendant le sommeil, celte faculté paraît être, 
au contraire , moins puissante que dans la veille; 
aussi les hommes exposés à l'influence d’un froid 
rigoureux, et qui s’endorment imprudemment, suc- 
combent-ils plus facilement que ceux qui résistent 
au sommeil. Brisés par la fatigue, accablés de 
privalions de toute espèce, les malheureux soldats 
qui. dans la campagne de Russie, cédaient à l’irré- 
sistible besoin du sommeil, neserelevaient plus de 
leur couche glacée. 

L’évaporation qui se fait par l'appareil de lares- 
piration à la surface du corps, lorsqu'il est soumis 
à une lempérature élevée, est une des causes qui 
détruisent les effets qui peuvent en résulter. Pour 
setransformer en vapeur, l’eau enlève du calorique 
à tout ce qui l’environne , et par conséquent re- 
froidit le corps à mesure que la chaleurextéricure 
l’échauffe. Des chiens, des lapins, des cabiais, 
des oiseaux , enfermés dans des étuves échauffées 
à 50°, ont promptement succombé, et tous éprou- 
vaient les symptômes qui chez l’homme accompa- 
gnent une chaleur trop considérable , savoir : une 
accélération plus grande de la respiration , une 
sueur abondante, une anxiété extrême, quelque- 
fois des mouvemens convulsifs, el un aflaiblisse- 
ment progressif qui se terminait par la mort. 

| (P. G.) 

CHALOUPE CANNELÉE. { mozr. ) Nom vul- 
gaire et marchand donné quelquelois à l’Ærgo- 
naute argo. ( V. AnGoNAUTE.) (Guén.) 

CHAMÆROPE, Chamærops. (mor. rnan. ) Ce 
nom désigne un palmier très-humble de taille, 
ais qui à pour nous autres, habitans de la plus 
petite partie du globe, un intérêt tout patrio- 
tique : seul de sa famille, il croit en Europe, 
adoptant , il est vrai , les contrées les plus chaudes, 
telles que la Sicile, dont il borde les côtes; les 
environs de Gênes et de Nice, où ses feuilles 
forment les balais du pays; l'Espagne, où il est 
parfois aussi commun que certaines herbes dans 
mos champs. Inutile de dire qu'il est très-abon- 
dant en Afrique. Il a réussi dans la Provence; mais, 
ce qui est plus curieux, le Jardin des Plantes de 
Paris en possède deux pieds d’une vaste étendue, 
ct d’une végétation assez vigoureuse pour étonner 
les étrangers qui viennent des contrées méridio- 
pales. Le Chamærope, représenté dans notre At- 
las, pl 93, fig. 4, fait partie de l'Hexandrie tri- 
gynie, L.; c’est, comme nous l'avons dit, un pal- 


mier fort peu élevé, souvent même sans tige; ses 
feuilles, profondément digitées et portées sur un 
pédoncule épineux , font l'effet d’un large éventail 
planté en terre, d’où le nom de Palmier éventail, 
donné au Chamærope. Ses fleurs doivent être re- 
gardées en général comme complètes et herma- 
phrodites; si certains pieds n’en portent que de 
mâles, c’est un avortement accidentel, et non un 
caractère du genre. Elles se composent ainsi : 
spathe monophylle, de laquelle sort un spadice 
rameux ; calice formé de trois écailles coriaces , 
dressées, arrondies, mais un peu aiguës au som- 
met ; six élamines, réunies en urcéole par leur 
base ; anthères cordiformes biloculaires ; au fond 
de l’urcéole des étamines sont trois ovaires, por- 
tant chacun un style et un stigmatc à sillons 
glanduleux ; deux des ovaires avortent ordinaire- 
ment; celui qui reste, semblable à un segment 
d’ovoide, c’est-à-dire plat sur deux faces et con- 
vexe sur l’autre, est orbiculaire et uniovulé. 

On ne connaît guère les autres espèces de Cha- 
mærope; plusieurs sont même douteuses. (L,) 

CHAMAGROSTIDE, Chamagrostis. (80T. PHAN.) 
Genre de la famille des Graminées, caractérisé 
par ses fleurs en épi, dirigées du même côté; une 
lépicène uniflore à deux valves oblongues, tron- 
quées; une glume laciniée et soyeuse, en forme de 
godet ; deux stigmates velus ; un grain ou caryopse 
terminé en pointe et non sillonné. 

L’unique espèce de ce genre, C'hamagrostis mi- 
nima, avait été confondue par Linné avec ses 
Agrostis ; mieux déterminée par Adanson , elle re- 
cut de lui le nom de Mibora; puis, de Smith, 
celui de Xnappia ; elle devint ensuite la Sturmia 
de Hope; car chacun, pouvant observer cette pe- 
tile plante dans tous les lieux sablonneux de l'Eu- 
rope, s’empressait à l’envi de corriger une inat- 
tention du grand législateur. Enfin, M. de Candolle 
l’a décrite sous la désignation de Chamagrostis , 
qui s'accorde bien avec son hamble taille. Si quel- 
que nouveau botaniste désire encore excrcer son 
imagination sur celte jolie petite graminée, nous 
l’'envoyons au bois de Boulogne ou à celui &e Ro- 
mainville , où , dès les premiers jours du printemps, 
elle couvre la terre de son gazon élégant ; il la 
reconpaîtra à ses touflés serrées, à ses fouilles 
courtes et filiformes , et aux caractères génériques 
ci-dessus indiqués. (L.) 

CHAMEAU, Camelus. (max. ) Ce genre , ainsi 
que le comprenait Linné , est formé par la réu- 
nion des Lamas et des vrais Chameaux (ces der- 
niers sont les seuls qu’il renferme aujourd’hui) ; 
il compose avec celui des Chevrotains la première 
famille de l’ordre des Ruminans (famille des Ca- 
méliens de Blainville, qui ont pour caractère d’é- 
tre privés de cornes). Voy. l'art. RumixanT de ce 
Dictionnaire , et le mot Lama ; nous ne trailerons 
ici que des Chameaux proprement dits. 

Ces derniers, quoique étant de véritables ru- 
minans, se rapprochent cependant un peu de 
certains animaux de l’ordre des Pachydermes ; 
leurs dents sont aunombre detrente-quatre, savoir : 
douze molaires supérieurement, dix inférieure- 


CHAM 


ment ,, deux canines. à chaque. mâchoire, six 
incisives en bas.et deuxen haut ; au lieu de grands: 
sabots aplalis sur un de leurs: côtés et qui enve- 
loppent toute la partie inférieure.de chaque doigt, 
en déterminant la figure, d’an. pied fourchu, les 
Ghameaux n'ont que de simples ongles assez sem- 
blables._ à ceux des Tapirs, adhérant seulement à 
la dernière phalange, et une sorte de semelle cal- 
leuse, commune aux deuxdoigtsqu'elle contribue 
à réunir inférieurement, et dont elle empêche les 
mouyemens séparés. Ces animaux ont le cou très- 
longet.courbé en S; leurlèvre supérieure est renflée 
ct fendue ; leurs narines ne sont point percées dans 
un mufle, et leur estomac, au lieu d’être composé 
de quatre poches comme celui de tous les rumi- 
nans, en présente une cinquième, qui est un ap- 
pendice de la panse, destiné à retenir ou à sécréter 
une cerlaine quantité d’eau que l'animal fait mon- 
ter dans sa bouche, afin d’étancher sa soif lors- 
qu’elle devient trop génante. Les mamelles sont 
ventrales et au nombre de quatre. 

La conformation extérieure des Chameaux a 
quelque chose d’étrange.et de rebutant ; leur man- 
vaise grâce, la difficulté de leurs mouvemens , la 
saillie de leurs lèvres, les loupes graisseuses de leur 
dos et les, callos tés qui garnissent certaines parties 
de leur corps, leur donnent un aspect repoussant ; 
mais leur, extrême sobriété, la. docililé de leur 
caractère et les services qu'ils rendent à l’homme 
les rendent de la première uilité, et font bientôt 
oublier leurs.prétendues difformités. Ils orit, des 
callosités aux. coudes, aux genoux de devant, et 
sur, la poitrine; c’est sur elles qu'ils s'appuient 
lorsqu'ils se reposent; quelques personnes ont pensé 
qu’elles étaient. occasionées par le frottement au- 
quel ces parties sont exposées. eb le poids 
qu'elles, supportent; les loupes. graisseuses. ou 
bosses sont un des-principaux caractères qui dis- 
tinguent les espèces de Chameauxentre elles, et 
celles-ci des. animaux du genre Lama; elles sont 
placées sur le dos : dans le Chameau ordinaire ou 
de Bactriane, elles sont au nombre.de deux etordi- 
nairement tombantes; le-Dromadaire au contraire 
n'en a qu'uneseule, laquelleest toujours droile. 

Le Chameau.ct.le Dromadaire, qui sont deux es- 
pèces distinctes et non pas deux. variélés comme 
le pensait Buffon, sont les seuls animaux que l'on 
comprenne aujourd'hui sous le genre, Camelus ; ils 
ont avec les Lamas les caractères communs qui 
suivent : une cinquième poche stomacale, ayant 
la propriété de sécréter une liqueur transparente 
assez analogue. à l'eau ( cette-facilité paraît tenir 
à de grands amas de cellules: qui garnissent les 
côtés dela panse, et dans lesquelles, la liqueur se 
produit continuellement, ou est retenue après que. 
l'animal l'y a fait entrer comme boisson). Ces ani- 
maux.urinent en. arrière, mais. ils sont obligés de 
changer la direction de leur verge pendat.l’ac- 
couplement, qui se fait avec beaucoup. de peine, et 
pendant.lequel la femelle reste couchée. Au temps. 
du rut, ilsuinte de leur Lête une humeur fétide. 

CnAMEAU:A VEUX, BOssEs, appelé aussi GHaMEAU;: 
TURC, OU, DE, BAGTRIANE, Camelus,., bactrianus, 


78 


‘CHAM 


a EE EPA 
L. C'est le Chameaw.de Brisson etde Buffon;.et,le: 
Camelus Bactriæ. de Pline, représenté. dans, notre 
Allas, pl. 95, fig. 1. Cet animal parait être: le. Dé. 
tyles des Grecs; il se distingue au, premier, coup: 
d'œil par des-bosses graisseuses., qui sont.au nom- 
bre de deux, l’une sur le garrot. et qui tombe or 
dinairement de côté, l’autre placée plus en arrière,, 
et qui reste le plus, souvent droite. Le Chameau 
est généralement plus grand que le Dromadaire:;: 
ses jambes paraissent moins hautes proportionnel- 
lement; sa démarche est plus lente, et ses lèvres: 
plus renflées; son corps est couvert de poils lai- 
neux, très-Louflus et très-longs, parmi lesquels. ik 
s'en trouve quelques uns plus longs.et plus gros ; sa. 
couleur est brun-roussâtre, 

Le Ghameauexiste naturellementdansune grande; 
parlie de l'Asie, où il est employé depuis-la plus 
haute anliquité, au service domestique ot. mili-. 
taire : on a essayé de le transporter.en Amérique, 
mais. il n°y a point réussi, faute des soins néces- 
saires, non. plus que dans le. midi de l'Europe; 
mais il s'est parfaitement acclimalé en Afrique, 
oùil existe depuisun assez long lemps; que certains: 
auteurs font remonter à l’époque des.conquêtes: 
des Arabes; il estgénéralement plus recherché que 
le Dromadaire, quoique celui-ci supporte. plus: 
facilement la fatigue et la faim. 

Dromapaime, Camelus. dromedarius., L.. Gette 
espèce, appelée aussi Chameau à une bosse ou d’A- 
rabie, est le Camelus Arubiæ delPline ; on l’a repré- 
sentée dans notre Atlas, pl: 95, fig:2. Quoique 
moins grande que la précédente, elle est. plus vi- 
goureuse et encore plus habituée aux privations; 
clle à pour caractères: une seule bosse arrondie 
placée au milieu du dos; son poil est.doux, lai- 
neux, eb médiocrement. long sur, la plus: grande: 
partie du corps, mais ilest. plus fourni et, plus: 
grand sur la bosse, là gorge.ct les, membres; sa: 
couleur est d’un grisroussâtre plasou moins foncés: 

On distingue, trois variétés de l’espèce.du Dro- 
madaire; la première est- celle du Dromadaire 
brun ou du Caucase, qui est plus fort que les autres, 
dont il'se distingue par son corps: trapu et: sa: 
couleurtout-à-fait scmblableà .celledu Chameaw;: 
ila dessous la gorge une grandebarbe, et unlarge fa- 
nonsousle cou. On l’emploie pour le transport des: 
fardeaux le plus pesans ; il peut faire dix lieues par: 
jour eb porter plus de douze cents livres. La se 
conde variété est connue. d’après. un individu: 
provenant d'Egypte; elle est plus grande que. les: 
autres; Son corps esl recouvert de poils uniformé- 
ment gris.et, courts. La troisième: est, celle. du 
Dromadaire blanc, qui est en effet de cette couleur: 
dans son jeune âge; mais qui devient ensuite; d’un: 
gris roussâtres sà lêle, sa bosse.et ses jambes.der 
devant, ainsi que son con eu dessus eb,en dessous;, 
sont couverts, de longs poils. 

Le Dromadaire est. aujourd'hui. répandu: 
dans toute l'Afrique, et dans une grande parliéide: 


l'Asie; quelques individus existent même enMorée;, 


IL parait .avoir.pris naissance dans. l'Arabie; cette: 
contrée.est , en effet, celle-où on le trouve eni 


plus grand nombre; et.à laquelle. il; est le plus: 


| 
| 
| 


| 


E. Fe , _ 


‘CHAM 


2 0 


conforme. «L'Arabie, dit Buffon, est le-pays du 


monde où l’eau est le plus rare; le Chameau est 


le plus sobre de tous les animaux’et peut passer 
plusieurs jours ‘sans boire ; le terrain’est presque 
partout sec ét-sablonneux : le Chameau a les pieds 
faits pour marcher dans ‘les sables , et ne peut au 
contraire se soutenir dans les terrains humides et 
glissanss l'herbe et les pâturages manquent à 
cette terre, le bœuf y manque aussi, et le Cha- 
meau remplace cette bêle de somme, » 

Les deux ‘espèces du genre Carrelus sont au- 
jourd’hui acclimatées dans toute l'Afrique ; elles 
le sont aussi dans la partie ouest de l'Asie jusqu'en 
Chine; elles paraissent originaires de l'Arabie, 
-de’la Perse et de la Turquie d'Asie: suivant cer- 
tains auteurs ,-elles n’existaient point encore en 
Afrique avant les premiers siècles de notre ère ; 
on pense aujourd'hui qu'elles sont tout-à-fait ré- 
duites'en domesticité; cependant Pallas rapporte, 
sur la foi des Bouchares et des Tartares, qu'il y a 
des Chameaux sauvages dans les déserts du milieu 
de l'Arabie; mais il faut remarquer , dit Cuvier, 

e les Kalmoucks, par principe de religion, 
donnent la liberté à toutes sortes d'animaux. 

En Turquie, en Perse, en Arabie, en Esypte,etc., 
le transport des marchandises ne se fait que par 
le moyen de ces animaux. Les commercans et les 


voyageurs , pour éviter les insultes et les pirateries 


des Arabes, se réunissent par troupes nombreuses 
connues sons le nom de caravanes. Ces troupes 
sont exclusivement servies par les Chameaux et les 
Dromadaires, qui ysont en plus grand nombre que 
les hommes. Lorsqu'une caravane doit se mettre 
en route , on charge les Chameaux de volailles, 
d’eau , de légumes, de charbon, etc. ; les Dro- 
madaires sont réservés aux voyageurs, Lorsque 
Ton est préparé, un Arabe, chargé de conduire 
la troupe, se place en avant; 1l est suivi par les 
Chameaux qui portent le bagage, et les Droma- 
daires ferment la marche; au moment du départ, 
le conducteur entonne, en guise de chanson, une 
espèce de râlement des plus singuliers, et aussilôt 
les animaux se mettent en marche, accélérant le 
pas ou le ralentissant , selon que le chant est alle- 
grorou largo : aussi, lorsqu'une caravane veut aller 
à grandes journées , le conducteur ne cesse-t-il 
un seulinstant sa musique; et, lorsqu'il est fatigué, 
un autre homme le remplace. 


La chair des jeunes Chameaux est aussi bonne 


que celle du Veau; le lait que les femelles produi- 
sent en abondance est également fort estimé, 
on en fait du beurre et des fromages. La chair des 
individus adultes se mange aussi; quoique plus 
dureque’celle des jeunes, elle n’est cependant pas 
désagréable. Le poil de ces animaux est très-em- 
ployé; on le coupe à certaines époques de l’année, 
et on en fait des tissus assez variés, 

Ges animaux étaient connus des anciens, qui 
les employaient aux mêmes usages que nous. 
Aristote ct Pline en parlent avec assez de détails, 
et savent parfaitement distinguer le Chameau dû 
Dromadaire. Cyrus les employa dans la guerre 
contre Grésus,'et ils contribuèrent, à ce qu'on as- 


. 


CHAM 


sure , béaucoup àla victoire ,'en portant la terreur 
et le désordre dans la cavalerie ennemie. Tite:Live 
fait mention d’archers montés sur des Chameaux 
ct armés d’épées longues de six pieds , afin de pou- 


voir alteindre leurs -adversaires du haut de leur 


monture; quelquefois deux archers se placaiént 
sur lemême animal adossés l’un contre l’autre, 
afin de faire face à l'attaque et à la défense. Moïse 
mit le Chameau au nombre des viandes impures, et 
il en défendit la chair aux Hébreux ; mais il n’en 
était pas de même chez les Perses, qui le servaient 
sur les meilleures tables. À Rome on connut aussi 
cesanimaux , et sous les empereurs on en vit plu- 
sieurs vivans, Héliogabale fit servir leur chair 
dans plusieurs de ses festins, en même temps que 
celle des Autruches; il estimait surtout leurs pieds 
et se rejouissail en pensant qu'il avait inventé un 
nouveau mels. 

Cnavgau rurc. Ce nom est celui du Ghameau 
à deux bosses ou Chameau proprement dit; on 
appelle le Dromadaire Chameau d'Arabie. 

Le Caamgau LéoramD , et mieux Caméléopard, 
est la Girafe, que les anciens ont dit ressembler en 
même temps au (hameau et à la Panthère ou 
Léopard. 

Le Cnameau pu Pérou est le Lama; le Cna- 
MEAU DE RIVIÈRE, de quelques endroits de l'Egypte, 
est le Pélican; et le CnamEaU marIN, une espèce 
de poisson, du genre Ostracion, l'Ostracion tur- 
rutus de Linné, figuré par Bloch, 136. (GErv.) 

CHAMEC ou CHAMEK. (wa. ) Cet animalest un 
quadrumane du genre ATÈLE (voy.ce mot), l_4- 
teles subpendactylus, Geoff. Il habite le Pérou et la 
Guiane. (Genv.) 

CHAMOIS. ( man, ) Cet animal, représenté 
dans notre Atlas, pl. 05, fig. 5, appartient au genre 
Antilope, c’est l'Antilope rupicapra de Linné ; 
ses cornes sont d’abord droites, puis recourbées su 
bitement en arrière à leur pointe, ce qui l’a fait 
considérer comme le type d’un sous-genre dis- 
ünct. Voy. l'article Anrisorg de ce Dictionnaire, 
tom. 1, p. 221. 

Le Chamoiïsest le seul animal dugenre des Antilo- 
pes que possède notre Europe occidentale ; il se 
tient en petites troupes dans la région moyenne 
des plus hautes montagnes ; on le trouve principa- 
lement dans les Alpes et les Pyrénées, où il est 
connu sons le nom d’/sard. 


La taille du Chamoiïs est celle d’une chèvre: son 
pelage , assez long et bien fourni, se compose de 
poils soyeux et de poils laïneux; il est brun foncé 
en hiver et brun fauve en été; sa tête est toujours 
d’un jaune pâle, avec une bande brune sur le mu- 
seau et le tour des yeux ; une ligne blanche borde 
ses fesses. On chasse les Chamoïs pour leur chair, 
et principalement pour leur peau, qui est employée 
avec ses poils, comme fourrure, ou sans poils : 
dans ce dernier cas, elle est travaillée par les mégis- 
siersiet les chamoïiseurs qui lui font subir plusieurs 
préparations successives afin de l’assouplir, de lai 
donnerdu corps, et même de la colorer. Le com- 
imerce de ces peaux était autrefois assez considé- 


: CHAM 


80 ; 


CHAM 


rable en France, mais il a beaucoup diminué de- 
puis quelques années; cependant on les recherche 
encore pour faire des gants, des ceintures, des 
culottes, et même des vestes etdes bas. ( GErv. ) 

CHAMOUNY (Vallée de). (céocr. ruxs.) Gette 
célèbre vallée de la Savoie, qui n’est pour ainsi 
dire connue que depuis moins d’un siècle, est au- 
jourd'hui visitée par un si grand nombre de cu- 
rieux, et a acquis une telle célébrité, que le plus 
chétif dessinateur, que le plus modeste bourgeois 
qui vont chercher dans les Alpes, l’un des sujets 
d'études , l’autre l'aliment d’une stérile curiosité, 
ne croient avoir vu tout ce que ces montagnes 
renferment de plus intéressant que lorsqu'ils ont 
foulé le picd du Mont-Blanc, que lorsqu'ils ont fait 
une promenade dans la longue et étroite vallée de 
Chamouny. 

Elle-doit son nom à un village qui doit lui- 
même son origine à un couvent de Bénédictins, 
dont la fondation remonte à l’an 1099; mais ce 
village scrait resté pauvre sans la célébrité qui 
s’est attachée à cette petite localité , depuis que le 
voyageur anglais Pococke, en 1741, étonné que, 
situce À 18 lieues de Genève, cette vallée fût 
restée ignorée , en donna une description d'autant 
plus pompeuse qu elle ne méritait pas cet oubli, 
et surtout depuis l’intéressant ouvrage de Saussure 
sur les Alpes. Les visites d’une foule d'étrangers 
qui s’y succèdent pendant les quatre seuls mois 
de l’année où le voyage en soit possible , Ont 
porté le nombre de ses habitans à environ 1700;'et 
Y ont réuni toutes les ressources et les commodités 
qu une pelile ville peut offuir au voyageur. 

Le village est situé, selon Ebel, à 2,040 pieds 
au dessus du lac de Genève, ct à 4 174 au dessus 
du niveau de la mer. La vallée est formée par des 
montagnes couvertes de neige : au nord ce sont 
le Brévent et les Aiguilles-Rouges; au sud c’est 
le groupe du Mont-Blanc. De la base de celui-ci 
descendent jusque dans cette vallée d'énormes 
glaciers, tels que ceux des Bossons, de la Tour, 
des Bois et d’ Argentière , ainsi que cette fameuse 
mer de glaces, Fa l’étendne est.de 2 lieues , ‘et 
que l’on apercoit en entier du haut du Montaa- 
vert. L’Arve, qui prend sa source au col de Balme 
à l'extrémité sud-ouest de la vallée, arrose celle- 
ci et la fertilise, mais sonvent y cause de grands 
‘ravages par les crues violentes qu'éprouv ent ses 
eaux arrêlces lout à coup par les avalanches. 

La vallée de Chamouny présente confondus 
les diverses saisons et les différens climats : géné- 
ralement l'hiver le plus rigoureux y dure depuis 
Ze mois d'octobre jusqu’à celui de mai ; dans cette 

saison , le sol est couvert de 3 et même de 12 pieds 
de neige; les douces journées du printemps y sont 
pour, ainsi dire inconnues : on y passe, comme 
dans les régions polaires, presque subitement de 
l'hiver à l'élé; mais dans celte dernière saison le 
thermomètre ne monte pas le matin à plus de 
g degrés et à midi à plus de 15 ou 17; Lrès-rare- 
ment il atteint 20 degrés ; quelquefois même les 
jours d'été sont si Rue qu’ on nc peut pas se pas- 
ser de feu. Les produits de la culture présentent 


un singulier aspect : les fruits de l’automne mû- 
Fes à côté des fleurs du printemps, et les cé- 
réales croissent près d'énormes amas-de neige et 
de glaces. Les prairies, favorisées par l'humidité 
du sol et des roches, forment la principale richesse 
de la vallée de Chamouny. 

Cette vallée est creusée au milicu de 3 
appartenant au terrain intermédiaire; mais le 
calcaire qui forme les sommités près d’Argentière 
renferme du mica et du feldspath, et présente 
tantôt les caractères du marbre cipolin, tantôt 
ceux de la roche appelée Calciphyre.  (J. H.) 

CHAMPIGNONS, Fungi. (mor. cryrr.) Les 
Champignons, considérés d’une manière générale, 
sont des êtres organisés , de consistance et de du- 
rée variables : il y en a de charnus, de subéreux ; 
de pulpeux, de mucilagineux, etc. Leur accrois- 
sement , qui est lent ou rapide, est toujours en 
rapport avec leur consistance. Leur forme varie à 
l'infini : ils représentent tantôt des masses irré- 
gulières , Lantôt des sortes de filamens, de mame- 
lons, de capitules, de rameaux, de digitations, 
qui offrent à l’œil une organisation curieuse imi- 
tant des lames, des pores , des papilles , des veines, 
des globules, etc. 

Les Champignons se distinguent des Lichens et 
des Algues, cryptogames avec lesquels ils ont le 
plus d’analogie, par l'absence de toute espèce de 
fronde ou de croûte portant les organes de la fruc- 
tification. Leurs sporules, où organes reproduc- 
teurs , organes diversement situés et qui ont servi 
à établir les genres, sont nichés dans la substance 
même du Champigaon , épars à lextérieur, 
libres et fugaces, ou bien entourés d’une matière 
glaireuse sur laquelle l'eau agit facilement, et 
sert ainsi d'agent de disséminalion. 

L'ancien ordre des Champignons, établi par 
Linné et conservé par les bolanistes modernes, 
est partagé en cinq familles, savoir : Les Cham- 
pignons proprement dits, les Lycoperdacées , les 
[ypoxilons , les Mucédinées etles Urédinées. 

Les Cuampienons, Fungi, sont des végétaux 
charnus ou subéreux, dont les sporules sont ren- 
fermées dans de pelites capsules membraneuses , 
qui, par leur réunion, conslituent une membrane 
diversement repliée, laquelle membrane recouvre 
tout ou une partie seulement de la surface du 
Champignon. 

Les Lycorerpacées , Lycoperdaceæ , ont les spo- 
rules non renfermées dans des capsules distinctes, 
Ces sporules sont enveloppées dans un péridium 
charnu ou membraneux, qui d'abord est fermé 
de toutes parts, et qui ensuile s'ouvre et laisse 
échapper les sporules sous forme de poussière. 

Dans les HxroxiLons, Hypozila, les sporules 
sont contenues dans des capsules propres qui sont 
renfermées clles- mêmes dans un péridium dur et 
ligneux, qui s ’ouyre plus ou moins régulièrement, 
et qui donne passage à une gelée mélée de sporules. 

Les Muc£ninées, Mucedlinere ont des sporules 
nues, portées sur des filamens diversement rami- 
fiés et entrecroisés. 

Enfin les Unéninges, Uredineæ , ont les sporules. 


renfermées 


+ 


CHAM 


81 


CHAM 


renfermées dans des capsules libres, ou éparses à | d’une ombrelle ou d’une cupule ; à membrane 


la surface d’une base filamenteuse ou pulvéru- 
lente. 

Histoire physiologique des Champignons. 

L'histoire physiologique des Champignons, dit 
M. Dutrochet, est un des points les plus obscurs 
de la physiologie végétale. Presque tout est pro- 
blématique dans ces plantes, si différentes des vé- 
gétaux verts par leurs formes, et qui n’ont pas 
besoin, comme eux, de l'influence de la lumière 
pour vivre et se développer. La plupart des Cham- 
pignons se distinguent encore des végétaux verts 
par l'extrême rapidité de leur développement et 
par leur peu de durée , phénomène qui cesse de 
surprendre lorsqu'on partage l’opinion des cryÿp- 
Logamistes qui admettent généralement que ce 
qu’on appelle communément un Champignon , est 
un Apothecium ou le fruit d’une plante habituelle- 
ment souterraine : MM. Cassini et Turpin parta- 
gent principalement cette opinion qu'ils appuient 
sur diverses observations. Déjà Vaillant avait con- 
sidéré les cellules tubuleuses de quelques Cham- 
pignons comme les ovaires d’une plante, et un 
siècle plus tard, Palissot de Beauvais avait émis 
l'idée que le blanc de Champignon , avec lequel les 
jardiniers reproduisent sur couches l’agaric co- 
mestible , était le byssus souterrain ou la plante 
rameuse dont cet agaric est le fruit. 

Les anciens pensaient que l’origine des Cham- 
pignons pouvait être divine ; quelques uns disaient 
qu'ils provenaient de la séve des arbres, d’autres 
du limon de la terre, etc. Dans le 16° siècle on 
prétendit qu'ils étaient le résultat de la putréfac- 
tion des corps ; enfin on a été jusqu'à croire qu'ils 
pouvaient bien être des minéraux, des sortes de 
polypiers, qu'ils produisaient des œufs, que de 
ces œufs éclosaicnt des vers, et que ceux-ci deve- 
naient Champignons. Toutes ces idées sur l’origine 


des Champignons sont abandonnées aujourd’hui. 


Classification des Champignons proprement dits. 


:: On peut diviser les Champignons, dont le nom- 
bre s'élève à plus 3,000 espèces, d’après leur 
forme générale et la disposition de la membrane 
séminilère ou hymenium , en cinq tribus qui sont : 

1° Les Fuxernées, Z'ungi pileati, Champignons 
à chapeau distinct, hémisphérique , ordinaire- 
ment pédiculé à son centre , ou demi-circulaire et 
attaché par un de ses côtés; à membrane sémini- 
fère très-variable dans sa forme, lisse dans quelques 
genres , et ne couvrant que Ja face inférieure. Les 
genres Boletus, Fistulina, Amanita, Agaricus, 
Merullius, Cantharellus, Merisma, etc., appar- 
tiennent à la tribu des Funginées. 

2° Les Cravaniées, Fungi clavatt, Champignons 
sans chapeau distinct, en forme de massue, ou 
irrégulièrement rameux; membrane séminifère 
recouvrant presque loute la surface du Champi- 
gnon, ou ses extrémilés seulement. 

Dans cette tribu sont les genres : Clavaria, 
Pistillaria, Crinula, Typhula, ete. 

9° Les Pezizées, Fungi cupulati, Champignons 
à chapeau plus ou moins distinct , ayant la forme 


Towe II. 


91° Livraison, 


séminifère ne couvrant que la face supérieure- 

Les Pezizées renferment les genres : Peziza, 
Vespa, Leotia, Moschella, Helvella, etc. 

4° Les TreMeLLINÉES, Fungi tremellini, Cham- 
pignons gélatineux et de formes irrégulières, à 
sporules libres, sortant de dessous la surface du 
Champignon , tels sont les genres : Tremella, Au- 
ricularia, Exidia, Hymenella, etc. 

5° Les Crarnroïnées, Lytotheci, Champignons 
à sporules réunies en une membrane épaisse, gé- 
latineuse, étendue à la surface d’une partie du 
Champignon , ou renfermées dans son intérieur, 
et qui comprennent les genres : Clathrus, Later- 
nea, Phallus, Hymenophallus, ete. 


Organisation des Champignons. 


Bien que l’organisation des Champignons pré— 
sente des différences extrêmement marquées sui- 
vant les divers genres, on distingue toujours dans 
ceux qui sont les plus complets, c’est-à-dire dans 
ceux qui présentent le plus grand nombre d'orga- 
nes diflérens , tels que les Amanites : 

1° Une racine filamenteuse, mais qui est très- 
différente de celle des plantes phanérogames. 

2° Le ou la volva ou bourse, sorte de poche on 
de sac qui contient tout le Champignon avant son 
développement complet, qui est d’abord fermée 
de toutes parts, qui se rompt ensuite et laisse 
sortir le pédicule et le chapeau. 

5° Le pédicule ou stype, organe qui supporte 
le chapeau , qui est tantôt central et tantôt laté- 
ral, qui est plein ou creux, ct qui présente dans 
quelques genres, vers sa partie supérieure, un 
renflement, un anneau ou collier, formé des dé- 
bris du tégument qui enveloppait le chapeau dans 
sa jeunesse. Le pédicule manque quelquefois. 

4 Le tégument ou voile, membrane qui, par- 
tant du sommet de la base du pédicule, enveloppe 
le chapeau en totalité ou en partie, supérieure- 
ment ou inférieurement. 

5° Le chapeau, partie plus ou moins élargie , 
étendue horizontalement, de forme hémisphéri- 
que, en ombrelle ou demi-circulaire, portant la 
membrane séminifère. Le chapeau n’est bien dis- 
tinct que dans les première et troisième tribu. 

6° La membrane séminifere, membrane lisse et 
unie, formée par la réunion d’un très -grand 
nombre de petites capsules membraneuses, appe- 
lées theca ou ascus, qui recouvre en totalité ou en: 
partie la surface du Champignon dont elle suit 
irrégulièrement les contours, surtout dans tous 
les genres des trois dernières tribus. Dans la pre- 
mière tribu, cette membrane se replie sur elle- 
même et forme des tubes, deslamelles, des veines 
ou des pointes qui couvrent une partie du cha- 
peau; dans la cinquième, elle forme une couche 
épaisse, sèche, un peu charnue avant le dévelop- 
pement complet du Champignon; sa couleur est 
ordintirement très-tranchée et foncée; enfin elle 
est composée de pelites vésicules irrégulièrement 
réunies , qui renferment les sporules, et qui finis- 
sent par se changer en une gelée gluante et fétide. 


11 


CHAM 82 


1 UC 


7° Les capsules, sortes de petits sacs membra- 
neux, visibles seulement au microscope, cylindri- 
ques ct contenant les sporules. Tantôt ces pelits 
sacs s’ouvrent pour laisser échapper les sporules 
et restent fixés sur le Champignon, tantôt au con- 
traire ils se détachent et entraînent avec eux les 
organes de la fructification. Les capsules sémini- 
fères n’existent pas sur tous les Champignons. 

8° Les <porules, spores, sporidies, séminules , 
gongyles , etc., ou graines qui servent à la repro- 
duction des plantes cryptogames. Les sporules 
sont de petits corps impalpables, renfermés dans 
des capsules ou thecæ, rangés sur une ou plusieurs 
séries longitudinales, et variables dans leurnombre, 

Telle est la structure la plus exacte des Cham- 
pignons, el tel est aussi le nombre des organes 
que l’on a à considérer dans l'étude de ces sortes 
de végétaux ; toutefois , nous devons observer que 
quelques uns de ces organes, comme le volva, le 
pédicule et le tégument, manquent dans plusieurs 
genres, et que, dans d’autres, le chapeau lui- 
même est réduit à une masse charnue recouverte 
par la membrane séminifère. 

Quant aux organes reproducteurs » Organes qui 
diffèrent entièrement des végétaux phanérogames, 
et sur lesquels on n’a pas encore d'opinion bien 
arrêtée, il paraît qu'ils consistent dans des cor- 
puscules placés sur une partie de la surface du 
Champignon : ces corpuscules, misidans des cir- 
constances convenables, donnent naissance à un 
nouveau Champignon. 


Développement, durée, habitation des Cham- 
pignons. 

Les Champignons se développent d’autant plus 
vite qu'ils sont placés dans des lieux sombres et 
humides , et qu’une chaleur douce vient se join - 
dre à ces deux circonstances : les serres-chaudes 
réunissent complétement toutes ces conditions. 

La durte moyenne de la vie des Champignons 
est de huit à dix jours; quelques espèces seule- 
ment, celles qui sont dures el ligneuses, vivent 
au-delà de plusieurs années. 

Les Champignons croissent dans les lieux som- 
bres et humides, au pied ou sur le tronc des 
vieux arbres, sur les bois pourris, les débris des 
végétaux et des animaux, sur Île fumier, dans les 
caves, elc. ; mais parmi les vrais Champignons, 
très-peu sont parasites. On les rencontre plus 
fréquemment dans les pays septentrionaux que 
dans les pays chauds; mais il'est probable qu'on 
peut en trouver sous toutes les latitudes. 


Nature chimique des Champignons. 


Parmi les principes très-nombreux, tels que 


l’'albumine , le mucus, la gélatine, elc. , trouvés 
par M. Braconnot dans les Champignons, trois 
leur sont particuliers : la fungine, acide boléti- 
que, et l'acide fungique, Nous dirons un mot seu- 


lement de la première substance, qui forme la 


base et la portion nutritive des Champignons 

La fungime est une matière molle, spongieuse , 
légèrement azolée, insoluble dans l’eau, et 
analogue, sous quelques rapports ; au ligneux ; on 


CHAM 


la rencontre dans tous les Champignons où elle 
est toujours identique, non dangereuse, même 
dars les espèces vénéneuses , et on peul l’obtenie 
à l’aide de plusieurs lavages. L 
Genres de Champignons qui renferment Llesespeces | 
comestibles. 


L'ensemble des Champignons offre un grand 
nombre d'anomalies ; dans le même genre se trou- 
vent des espèces vénéneuses et des espèces comesti - 
bles. Mais c’est dans les genres “manite, Agaric, 
Bolet, Polypore, Chanterelle, Hydne, Clavaire , 
Morille, que se trouvent principalement les es- 
pèces les plus généralément servies sur les tables, 


Caractères des bons et des mauvais Champignons. 


On sait que de tout temps les Champignons ont 
été recherchés par les gourmands , et malgré les 
nombreux accidens , les empoisonnemens causés 
par ce genre d’aliment, il est probable que le 
nombre d'amateurs n’est pas près de diminuer. 
Nous avons déjà dit qu'à Paris on ne permettait 
que la vente du Champignon de couche, 4gart- 
cus campestris de Linné , et que des inspecteurs 
étaient chargés de veiller à ce qu'il ne se glisse 
dans les petits paniers ou maniveaux aucune espèce 
nuisible. 

Jusqu’alors on ne connait pas de caractères 
absolus propres à faire distinguer un mauvais 
Champignon d’un bon ; nous allons cependant in- 
diquer ceux à l’aide desquels on reconnaît dans 
l’état actuel de la science les bonnes et les mau- 
vaises espèces. 

On sait d'une manière générale qu’une odeur 
nulle, une saveur poivrée, piquante, âcre eb 
amère , une couleur verte ou intense, une babita- 
tion dans des lieux humides, de la lactescence, 
sont les caractères communs à tous les Champi- 
gnons ; mais on peut considérer comme innocens 
tous ceux qui onl une odeur de roses, d'amandes 
amères, ou de farine récente ; une saveur de noi" 
sette, ni fade, ni acerbe, ni astringente ; une or- 
ganisalion simple ; une surfacesèche, charnue; 
une consistance ferme , non fibreuse ; une couleur 
franche , rosée , vineuse ouviolacte , ne changeant 

oint à l'air. Les champignons de bonne qualité 
habitent les lieux peu couverts, les friches , les 
bruyères, et se trouvent sous toutes les latitudes. 
On doit les choisir non entiers, non compléte= 
ment développés, ou entiers, sans volva ni colliers 
ils sont presque toujours entamés par les animaux. 
On doit également les récolter par un Lemps secy 
après l’évaporation de la rosée , et il vaut mieux 
les couper,, casser le pédicule que l’arracher, 
Enfin le temps dessèche les bons Champignons, 
mais ne les alière pas. 

Les Champignons répuiés dangereux ont une 
odeur herbacée, fade, vireuse, très-prononcée, 
désagréable, rappelant celle du soufre, de la terre 
humide, ou de la térébenthine; une saveur astrin- 
gente, styptique, acerbe, ou fade, nauséeuse; une 
organisalion composée; une consistance molle, 
aqueuse, grenue, compacte, fibreuse ; une couleur 
livide, rouge sanguine (la couleur intérieure 


0P 20419 


sosdret.) 


fatrhina po201) ] 


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‘85 


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change à l'air ). Les Champignons vénéneux habi- 
tent les lieux couverts, humides, se rencontrent 
sur des corps en décomposilion, mais ne se trou- 
ent pas au 40° ou 50° degré de latitude. Ils sont 
ordinairement entiers avec le volva et le collier ; 
les animaux les entament rarement, et le temps 
les corrompt au lieu de les dessécher. 

Lorsqu'on veut préparer les Champignons pour les 
manger, on les monde de leurs feuillets et de leurs tu- 
bes : c’estce que les cuisiniers appellent foin; on en 
retranche aussi quelquefois le pédicule, qui est 
ordinairement moins délicat; on fait maccrer la 
partie charnue dans de l’eau pure ou mieux dans 
de l’eau vinaigrée ; le vinaigre étant regardé 
comme le dissolvant du principe vénéneux des 
Champignons , il est bon d’en mettre un léger 
excès dans l’eau de macération; bien entendu 
que celle eau sera jetée avant d’accommoder les 
champignons. 


Empoisonnement par les Champignons. Æntidotes 
et traitement. 


L’empoisonnement par les Champignons véné- 
neux, qui agissent comme les poisons narcotico- 
âcres, est caractérisé en général par des coli- 
ques violentes, des douleurs aiguës dans le ventre, 
des vomissemens et des déjections alvines, enfin 
par des convulsions séparées par des intervalles 
d’assoupissement et de défaillance ; et, si on n’ap- 
porte de prompts secours, la mort mel souvent 
un terme à toutes ces souffrances. 

Les meilleurs moyens à employer , aussitôt 
qu’on ressent les symptômes dont nous venons de 
parler, sont les vomitifs et les purgatifs. On com- 
mence donc par administrer trois grains d'émé- 
tique dans un verre d’eau; un quart d'heure après, 
on donne en trois fois, et à vingt minutes d'inter- 
valle, un second verre d’eau dans lequel on a fait 
fondre trois autres grains d'émétique ou bien 
trois ou quatre grains d’émétine, ou dans lequel 
enfinon a délayé vingt-quatre grains d'ipécacuanha 
et dissous une once de sel de Glauber. Après les 
yomissemens on donne, de demi-heure en demi- 
heure, un cuillerée à bouche d'une potion laxa- 
tive ; puis on. fait prendre un lavement purgatif. 
On réitère deux ou trois fois le lavement purgatif, 
si l'évacuation n’a pas eu lieu, et on a recours en- 
fin à un lavement de tabac, siles symptômes d’em- 
poisonnement, au lieu de diminuer, vont sans 
cesse en augmentant. 

Si on a été assez heureux pour faire évacuer le 
poison, onfait prendreau malade quelques cuillerées 
d'une potion préparée avec le sirop d'écorce 
d'orange , l’eau de fleurs d'oranger, l'éther sul- 
furique ou la liqueur d’Hoffinann. Enfin si tousles 
symptômes d’une vive inflammation gastro-intes- 
tinale se manifestent , il faut renoncer aux vomitifs 
eb aux purgatifs irritans, et se hâter de recourir à 
une médication entièrement débilitante. (F, F.) 

CHAMPSES. (nepr.) Mot hellénisé de Champsai, 
nom que les anciens Egvptiens, selon Hérodote, 
donnaient aux animaux que les [oniens appelèrent 
depuis Crocodeilos. Les zoologistes modernes, con- 


sidérant que sous ce dernier nom, dont nous avons 
fait Crocodile, les Grecs confondaient les Gavials 
du Gange avec les Crocodiles du Nil, ont restitué 
à ces derniers le nom primitif de Champsès qu'ils 
portent.encore en Egypte, carle mot Æm-sa4 sous 
lequel on les désigne est évidemment une altéra- 
tion du nom rapporté par Hérodote, et le mot Gro- 
codile est aujourd'hui réservé pour représenter, 
comme chez les Grecs, le groupe des divers genres 
de reptiles de cette famille. 

Les Champsès se distinguent de leurs congé- 
nères par leur museau large ,déprimé,oblong , SUr- 
monté de narinesà orifice simple, sans renflement; 
par leurs pieds, palmés, dentelés en dehors, et par 
leurs dents inégales en grandeur ct en volume, 
surmontées en avant et. en arrière d’une légère 
arêle ; les premières de la mâchoire inférieure sont 
reçues dans des trous de l’intermaxillaire supé- 
rieur, la quatrième se place dans une échancrure 
du bord de la mâchoire supérieure. L’on a dis- 
tingué plusieurs espèces de Champsès; ainsi Gu- 
vier, sous le nom de Crocodiles proprement dits , 
a établi les suivantes : 

1° Le Crocopize vuzcaImE , C. vulgaris, repré- 
senté dans notre Atlas, pl. 94, a un museau 
simple, égal, à six écussons sur la nuque, à écail- 
les dorsales carrées, disposées sur six rangées. 

C'est à celte espèce, répandue dans le Nil et 
dans toute l'Afrique, que se rapporte presque tout 
ce que les anciens ont dit du Crocodile ; c’est à 
celte espèce, par exemple, que les Egyptiens ren- 
daient le culte dû aux dieux. Un Crocodile était 
entretenu dans leur temple aux frais publics, on 
attachait des bijoux à ses oreilles, on ornaït 
ses pieds antérieurs de bracelets, on lui donnait 
du pan et de la chair des victimes, et après 
l'avoir ainsi choyé pendant sa vie, on le déposait 
enbaumé après sa mort dans des souterrains con- 
sacrés. On n’est pas d'accord sur le motif de la 
consécration de cet animal; selon quelques au- 
teurs, c’est parce qu'il sauva du trépas le roi Mé- 
nès qui était tombé dans l’eau; d’autres disent 
qu'il fut dévoué à Saturne, ou au moins au dieu 
qui le représentait dans la théologie égyptienne, 
parce que le Crocodile, emblème du Nil, insépa- 
rable des images de ce fleuve regardé, comme le 
père de l'Egypte, dévorait les habitans de cette 
contrée, à peu près comme le Saturne ou le Temps 
des Grecs dévorait ses enfans; mais comme le 
culte du Crocodile ne s’étendait pas.à toute 
l'Egypte, mais seulement à quelques villes des 
environs de Thèbes et du lac Mæris, ilest pro- 
bable que ces honneurs avaient pour motif une 
cause locale et limitée ; aussi Diodore ct Cicéron 
pensent-ils que le Grocodile était adoré à Arsinoé, 
à Ambos et Comptos, parce que sa férocité pro- 
tégeait ces villes de la rapacité des habitans de Ja 
rive opposée du Nil, auxquels le cours du fleuve 
n'aurait formé sans cela qu'une barrière impuis- 
sante, et qu'il remplissait dans le Nil à peu près 
les mêmes fonctions que dans les fossés de la ville 
de Pégu, au rapport de Balbus. Quelques savans 
ont pensé que le Crocodile sacré, que l’on appelait 


> 


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CHAM 


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du nom spécial de Suchis, modification du mot 
Sev, qui signifiait le Temps, dont il était le repré- 
sentant matériel, appartenait à une espèce parti- 
culière, et qu'il avait été choisi à cause de la 
douceur de cette espèce, tandis que l’on faisait 
une guerre impitoyable aux autres Crocodiles à 
cause de leur férocité ; on les avait même voués à 
l'infâme Typhon, soit parce que ce frère cruel d'O- 
siris se cachait quelquefois sous la forme de ces 
animaux pour tourmenter les mortels, ou parce 
que le Crocodile avait enlevé la fille du roi Psam- 
imilis le juste. Ainsi le professeur Geoffroy Saint- 
Hilaire a été conduit, par une étude spéciale des 
Crocodiles d'Egypte , à distinguer parmi eux cinq 
espèces différentes, savoir, 1° l’un de grande taille, 
à écailles nuchales, oblongues, au nombre de qua- 
tre , disposées en cercle, et associées deux à deux, 
à écailles cervicales disposées sur deux rangtes!, 
au nombre de six, dont quatre plus grandes et 
deux plus petites, placées derrière les autres; les 
dorsales, au nombre de treize, rangées sur six 
séries , excepté les trois dernières qui sont dispo- 
sées sur quatre; les pelviennes formées de trois 
séries de quatre écailles. Cette espèce est celle que 
l’on trouve vivante aujourd’hui; c’est celle à la- 
quelle le professeur Geoffroy réserve le nom de 
vulgaire ; 2° une autre espèce a le bord supérieur 
de la tête surmonté de bosselures qui deviennent 
notables avec l’âge ; les écailles nuchales sont au 
nombre de six, mais plus petites que chez la pré- 
cédente , ct le professeur Geoffroy pense que c’est 
celte espèce qu'Andanson a signalée, et qu'un 
arrangement anormal des écailles nuchales et cer- 
vicales a fait nommer C. biscutatus. M. Geoffroy 
lui donne le nom de G. MarGINaIRE, C. margina- 
tus; 5° une troisième espèce, connue seulement 
par des restes momifiés , a les écailles nuchales au 
nombre de deux; les cervicales sur deux rangées, 
l'une de quatre écailles, l’autre de deux; on 
compte dix-sept rangées d’écailles dorsales, Ja 
première composée de deux écailles; sur la tête 
des bourrelets, comme chez le C. rhombifer ; 
{° une autre espèce, rencontrée aussi à l’état de 
momie , a les deux paires d’écailles nuchales sépa- 
rées, les cervicales sont au nombre de six sur 
deux rangées; mais ce qui distingue surtout celte 
espèce, c'est le chanfrein plus élevé et le bourre- 
let préorbitaire formé de mamelons ovoïdes et dis- 
posés circulairement ; 5° enfin une espèce de pe- 
tie taille , à écailles nuchales disposées sur quatre 
rangées semicirculaires, et jointes deux à deux à 
droite et à gauche; les cervicales, grandes ras- 
semblées deux à deux sur deux lignes , au nombre 
de huit ; les externes de la première rangée assez 
descendues pour porter un tiers de leur largeur 
sur la seconde rangée; à dix-neuf rangées dor- 
sales, à six écailles, dont les moyennes plus 
pelites; une rangée écartée sur les flancs et trois 
rangées de plus aux caudales que dans le Croco- 
dile vulgaire. C’est cetle espèce que le professeur 
Geoffroy regarde comme le Suchos des anciens, 
comme l’espèce qui fournissait le Crocodile sacré, 
espèce douce et innocente en comparaison des 


autres ; et; considérant que les villes d’Arsinoé et 
d’Ambos se trouvent assez éloignées du Nil et sur 
les confins du désert, le professeur Geoffroy pré- 
sume que les habitans de ces villes tiraient de 
l'apparition de cette espèce, que sa pelitesse et sa 
légèreté rendaient seule susceptible d’émigration 
lointaine ,et qui devait être plutôt que les autres 
versée avec les eaux du Nil débordées sur les plai- 
nes que ce fleuve inonde annuellement, des induc- 
tions précieuses pour le degré et la force de la 
crue du Nil, d’où dépend leur fortune et leur 
prospérité , et que la reconnaissance de ce bienfait 
les avait portés plus encore que la douceur parti- 
culière de cette espèce à lui élever des autels et 
à lui vouer un culte divin. En général, trois motifs 
obtiennent les adulations des hommes : la crainte 
de l’offense, l'espoir du profit, et la reconnais- 
sance du bienfait ; ce dernier instinct est trop peu 
marqué dans l'âme pour durer long-temps et four- 
nir l'aliment à un culte prolongé d'âge en âge. Les 
profits que les Egyptiens retiraient du Crocodile 
étaient trop minimes pour y allacher de l’impor- 
tance; les habitans d'Elephantine mangeaient sa 
chair, mais on n’y touchait pas dans les lieux où 
il était sacré. Il est donc probable que la peur 
seule a déifié le Crocodile. Les significations mé- 
téorologiques que cet animal pouvait fournir, 
d’autres auimaux les donnaient également; comme 
l’observe le professeur Geoffroy, des coffres dio- 
dons paraissent avoir remplacé aujourd'hui le 
Crocodile sous ce rapport, et l’on est loin d’a- 
voir pour eux les égards que l’on gardait vis- 
à-vis de leurs prédécesseurs. Il est difficile de 
supposer de la douceur à une espèce de Cro- 
codile; si dans la captivité ces animaux devien- 
nent moins cruels que dans l’état de liberté, ce 
que l’on appelle apprivoisés ; c’est que la con- 
science de leur impuissance, la certitude que 
l'habitude leur donne que ceux qui les gppro- 
chent ne cherchent pas à leur nuire, et Ja satis- 
faction continuelle de leur appétit, finissent par 
les rendre indifférens pour le carnage sans néces- 
sité; et, comme l’a dit Aristotelès, il n’y aurait 
peut-être pas d'animaux cruels, si l'on pouvait 
toujours assouvir leur faim. La preuve tirée de 
l'embaumement n’est pas péremptoire, puisque , 
sur Jes cinq espèces déterminées par le profes- 
seur Geoffroy, trois se sont rencontrées embau- 
mées; cet usage n'était peut-être qu'une offrande 
au dieu dont il était l'animal favori, pour con- 
jurer sa colère et lui ôter la pensée de se ma- 
pilester beaucoup sous cette forme; peut-être 
celte offrande n’était-elle de la part des Égyptiens 
qu'une sorte de dime tributaire à leurs prêtres, 
ou bien une de ces parades vaniteuses d’adresse 
ct de courage, ainsi qu’on peut le présumer d’a- 
près Léo l'Africain, et par l'usage qui leur fai- 
sait suspendre des têtes de Crocodiles aux mu- 
railles des villes fortifites, à peu près comme de 
nos jours les gardes-chasses atlachent au dessus 
de leurs portes les émouchets et les fouines qui 
ont élé victimes de leur adresse ; peut-être aussi 
doit-on considérer, avec quelques auteurs, ces em- 


. 


CHAM 


85 


CHAM 


Dbaumemens comme de simples actes d'hygiène 
habilement mis en pratique par des prêtres ins- 
truits, qui sentirent parfaitement qu'il n’était pas 
de raison plus puissante qu’une raison religieuse 
pour porter un peuple apathique à se débarrasser 
par un moyen prompt , sûr el économique, comme 
la résination, d’un animal dont la multiplicité était 
une calamité, et dont la décomposition putride 
aurait après sa mort altéré par ses produits fé- 
tides la pureté de l’eau du fleuve, ou celle de l'air 
environnant. Nous renverrons le lecteur pour l’exa- 
men des différens points de celle question, que 
les bornes de cet article nous permettent à peine 
de soulever, aux mémoires originaux publiés par 
Cuvier et le professeur Geoffroy. Au reste, le 
Crocodile jouissait autrefois de vertus médicinales 
assez vantées, mais le temps a fait justice de ces 
propriétés , la plupart établies sur des inductions 
a priori que l'expérience n’a pas confirmées. A 
Rome, les excrémens blanchâtres des Crocodiles 
d'Egypte tenaient la place du blanc de fard dans 
la toilette des dames, et servait impuissamment 
pour blanchir le teint. C’est au sujet de cet usage 
que Horatius Flaccus dit (Epodon, od. 12): 


. . . . Necilli 
Jam manet. . . . calorque 
Stercore fucatus crocodili, 


” Outre cette espèce de Crocodile du Nil qui se 
retrouve dans plusieurs fleuves d'Afrique et à Ma- 
dagascar, Cuvier en distingue d’autres, comme: 

2° Le CrocoDiLe A DEUx ARÊTES, C. biporcatus, 
à museau surmonté de deux crêles qui, partant 
de l’angle antérieur de l’orbite, s’avancent vers 
l'extrémité du museau ; à six écailles sur la nuque, 
à écailles dorsales ovales, plus longues que larges, 
disposées sur huit séries et dix-sept rangées , avec 
des pores dans l'intervalle des écailles dorsales, et 
comme les autres espèces des pores en arrière 
des écailles abdominales; c’est le €. porosus de 
Schneider; il provient du Gange et des îles de 
la mer des Indes, des Séchelles, etc. Le Gro- 
codile des marais des Indes, C. palustris, ne pa- 
raît en différer que par la longueur des dents. 

8° Le CROCODILE RHOMBIFÈRE ou À LOSANGE, C. 
æhombifer, à museau plus convexe et à chanfrein 
plus bombé, deux arêtes préorbitaires promple- 
ment convergentes , six écailles sur la nuque , 
écailles du dos carrées, disposées sur six rangées ; 
celles des membres larges, fortement carénées. 

4° Le Cnrocobise À casoux, C. galeatus , éla- 
bli d'après la relation des missionnaires français 
à Siam, insérée dans les Mémoires de l'Académie 
des sciences; muni de deux crêtes triangulaires 
osseuses, implantées l'une au devant de l’autre: 
sur le verlex six écailles nuchales, comme le pré- 
cédent; c’est le €. siamensis de Schneider. 

0° Le CROCODILE À peux PLAQUES, C. biscutatus. 
Les écailles moyennes dorsales sont carrées, plus 
basses; les externes irrégulièrement dispersées ; 
deux grandes écailles sur Ja nuque qui lui ont fait 
donner son nom, précédées de deux plus petites ; 
c’est, selon Guvier, le Crocodile noir d'Adanson, 


6° Le CnocopiLE À MusEAU EFFILÉ, C, acutus, 
de Saint-Domingue et des Antilles, à six plaques 
sur la nuque, à écailles dorsales disposées sur 
quatre séries longitudinales, et quinze à seize 
rangées transversales ; les moyennes carrées , peu 
élevées ; les externes saillantes, irrégulièrement 
disséminées ; le museau plus allongé et plus con- 
vexe que dans les espèces précédentes, 

7° Le GrocoDILE À NUQUE Cuinassie, C. ca- 
taphractus. Nuque garnie de quatre bandes os- 
seuses, de deux écailles, formant une sorte de 
bouclier, suivies de cinq rangées de deux grandes 
écailles continues avec celles du dos, disposées 
sur six séries, excepté les premières qui le sont 
sur quatre ; le museau allongé , plus étroit que celui 
du précédent; les dents en moindre nombre. À 
ces espèces élablies par Cuvier, il faut peut-être 
ajouter les deux suivantes, proposées par Graves. 

8° Le CROCODILE INTERMÉDIAIRE, C. interme- 
dius, Crocodile de Journu de Bory Saint-Vin- 
cent, à museau allongé cylindrique , à six écailles 
nuchales ; les écailles disposées sur six séries lon- 
gitudinales. L’on présume qu’il provient d’Amé- 
rique. 

9° Le CrocoDILE PLANIROSTRE, C. planirostris, 
à museau égal, aplani à sa base, à six écailles 
nuchales, les dorsales disposées sur six séries. 
Bory Saint-Vincent lui a donné le nom de Croco- 
dile de Graves. Mais ces diverses espèces réclament 
peut-être une analyse plus sévère ; leurs caractères 
propres ne sont pas toujours bien nettement éta- 
blis, ils ne sont pas toujours d’une application 
facile , et jusqu'ici il n’est que trop vrai, ainsi que 
l'a dit le professeur Geoffroy Saint-Hilaire, que 
«rien n’est plus fugitif que les formes des Croco- 
diles ». CE C.) 

CHAMPSODACTYLE. (repr.) Nom formé des 
mots grecs champses , voy. ci-dessus , et dactylos 
doigt, pour un genre particulier de Reptiles éta- 
bli récemment dans la famille des Sauriens àécail- 
les arrondies à leur bord libre ou Cyprilépides, 
par MM. Duméril et Bibron, dont le caractère 
principal est d’avoir quatre doigts aux pieds an- 
térieurs, et cinq aux pieds postérieurs. Comme les 
Champsès, les Champsodactyles ont d’ailleurs la 
tête pyramidale, quadrangulaire , revêtue de pla- 
ques polygones ; la bouche petite , les dents coni- 
ques, simples , nombreuses, égales, droites , très- 
peliles ; point de dents au palais ; la langue mince, 
incisée à sa pointe, squameuse , imbriquée à sa 
surface ; l'œil revêtu de paupières inégales, l’in- 
férieure plus grande que la supérieure ; le tym- 
pan ouvert au dehors ; le corps allongé, cylindri- 
que, supporté par quatre pieds courts, terminés par 
des doigts finement unguiculées ; sans pores aux 
cuisses ni au devant de l'anus; la queue conique, 
simple, grêle, à écailles imbriquées en dessus et 
en dessous, comme le resle du corps et les mem- 
bres. L’on ne connaît jusqu'ici qu’une seule es- 
pèce, le CnawpsonacryLe px Lauanne, Piquot, de 
la grosseur d'une plume de corbeau. Long de six 
pouces environ, dont deux pouces x peu près pour 
la queue ; brun verdâtre en dessus, blanchâtre en 


mr 


CHAN 


dessous; le côté de chaque écaille marqué de 
points rembrunis qui, par leur réunion, consti- 
tuent autour de la queue huit ou dix lignes lon- 
gitudinales , étroites ; nettement imprimées , éga- 
lement espacées entre elles. Le CGhampsodactyle 
de Lamarre a été rapporté de l'Inde par ce zélé 
collecteur. (FT. €.) 

CHANFREIN. (zoo1.) On nomme ainsi la mar- 
que blanche que plusieurs chevaux portent longi- 
tudinalement à la partie antérieure de la tête. 
Quand cette marque se prolonge jusqu'à l’extré- 
mité de la lèvre inférieure, on dit que l’animal 
boit dans son Chanfrein, et l’on a observé qu’il est 
plus ombrageux. On a étendu ce nom aux plumes 
rudes placées à la base du bec de certains oi- 
seaux, et qui se dirigent en avant. (Guén.) 

CHANTERELLE. (o1s.) Les chasseurs désignent 
ainsi les femelles d'oiseaux qui servent à attirer les 
mâles dans les piéges. (Guir.) 

CHANTERELLE, Cantharellus. (8oT. crypr.) 
‘Champignons. Les Chanterelles ont un chapeau 
bien distinct, charnu ou membranenx ; ce cha- 
peau est porté tantôt sur un pédicule central, 
tantôt il est inséré sur un pédicule latéral, ou 
bien enfin il est sessile, comme on peut le voir sur 
les troncs d'arbres ou de divers autres végétaux. La 
membrane séminifère du même chapeau présente 
des veines rayonnantes, dichotomes et quelque- 
fois anastomosées ; le pédicule n’offre jamais ni 
volva ni collier. 

Dansles vrais Merullius, parmi lesquels Per- 
soon avait placé les Chanterelles , le chapeau est 
remplacé par une membrane charnue, molle ; 
les veines moins régulières et non rayonnantes 
sont irrégulièrement anastomosées et simulent des 
espèces de pores. 

Le genre Chanterelle est divisé entrois sections 
appelées Mesopus, Gomphaiset Pleuropus où Apus. 
La première section renferme les espèces dont 
le chapeau a la forme d’une ombelle ou d’enton- 
noir ; la seconde ne contient qu’une espèce qui a 
la forme d’un cône renversé ct tronqué au som- 
met, et dont les côtés sont ouverts par la mem- 
brane séminifère : cette espèce unique ressemble 
à une clavaire. Dans la troisième le chapeau est 
.demi-circulare et inséré par le côté sur diverses 
parties de végétaux. 

Toutes les espèces de cette première section 
sont parasites; elles croissent sur les tiges des 
grandes espèces de mousses: telles sont les Can- 
tharellus muscigenus, bryophillus, muscorum, etc. 

La CnaNTERELLE comesrimce , Cantharellus ci- 
barius de Fries, représentée dans notre Atlas, pl 
99, fig. 1, est une espèce de la première section ; 
c'est un Champignon d’une couleur jaune doré , 
fort commun dans les bois; sa chair, un peu 
moins jaune que le pédicule, le dessus et le des- 
sous du chapeau, est très-saine; crue, elle a un 
goût un peu poivré; elle est recherchée par tous 
lés paysans , quoique un peu indigeste. 

Bien qu'il soit très-facile de reconnaître ee 
Champignon , il ne faut pas le confondre avec la 
ausse Chanterelle, Cantharellus nigripes de Per- 


86 CHAN 


soon, dont le pédicule est plus noir, beaucoup 
plus long et plus grêle, et le chapeau d'un: jauné 
sale : cette espèce paraît être vénéneuse. 

Les autres espèces de Ghanterelle qui méritent 
également d’être signalées, dont la forme est tan- 
tôt celle d’une trompette , tantôt celle d’une corne 
d'abondance , d’une coupe, etc. , et dont enfin la 
couleur varie du jaune au brun ou au noir, ont 
un pédicule creux, qui se continue avec la partie 
évasée du chapeau, ou plutôt un chapeau presque 
sessile en forme de cornet évasé. (FaE.) 


CHANTEURS. (o1s.) On qualifie de ce nom, 
qui est une simple épithète tout-à-fait indépendante 
de la classilication , les oiseaux qui se font remar: 
quer par l'étendue de leur voix et la facilité qu'ils 
ont de lui faire subir des variations plus ou moins 
nombreuses. Les espèces les plus intéressantes sous 
ce rapport appartiennent à l'ordre des Passereaux 
ou à celui des Grimpeurs; une seule parmi les 
Rapaces est dans leur cas, c’est le Faucox cnax- 
TEur de Le Vaillant, Sparvius musicus , Vieill., 
que l’on trouve en Afrique ; le Coq est à peu près 
unique dans l’ordre des Gallinacés , tandis que 
ceux des Échassiers et des Palmipèdes ne nous 
offrent véritablement aucun oiseau qui puisse lux 
être assimilé, Les Cygnes, que les poètes ont dit 
faire entendre une voix des plus harmomieuses , 
n'ont qu'un simple cri, fort désagréable encore, 
et rauque, comme l’a dit Virgile : 


Dant sonitum raaci per stagna loquacia cyeni. 


Le chant des oiseaux n’est qu'une modification 
plus étendue de leur cri; comme ce dernier , il se 
lorme dans une glotte musculaire placée dans la 
trachée un peu au dessus des bronches, et que l’on 
appelle le larynx inférieur; c’est certainement un 
moyen de communication, une sorte de langage 
par lequel ces animaux expriment leurs besoins et 
font connaître leurs sensations. « Cette énergique 
accentuatien du discours , a dit l’ingénieux Du- 
pont de Nemours, tient à la surabondance de 
l'amour. Les oiseaux ne peuvent trouver cette 
force énorme dans leurs muscles si frêles que par 
un excès de vie dont les élëémens donnent à leur 
amour une extrême ardeur. En pareil cas il ne 
suffit pas d'aimer , il faut ajouter à la penste 
même par les intonations et le rhythme. C'est ce 
qui fait nos poèles , el ce qui rend nos oiseaux 
musiciens. » 

On trouve des oiseaux Chanteurs sur tous Îles 
points de la terre; mais cependant il est à remar- 
quer qu'ils sont plus nombreux dans les pays 
tempérés que dans le Nord ct sous les Tropiques ; 
mais dans ces dernières contrées ils joignent le 
plus souvent à l'éclat de leur voix une brillante 
parure , qui les rend plus intéressans encore. Les 
saisons, les localités et quelques autres circon- 
stances ont sur le chant de ces animaux une in- 
flacuce que nous ne saurions révoquer en doute ; 
elles l’augmentent, l’altèrent, ou bien même le 
font cesser tout-à-fait : certaines espèces ne se font 
entendre qu’à l’époque des amours, d’autres con- 
tinuent jusqu’après la naissance de leurs petits; et 


1 Chanterelle 


2 a 6.Charançons. 


Æ, Guérur du: 


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n | si | 


7. Chardon. 


8.Chardonneret 


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© 


CHAN : 


87 


CHAN 


ilen est chez lesquels c’est un dire perpétuel. Le 
Rossignol ne chante qu’au printemps. «Il a trois 
chansons, celle de l'amour suppliant, d’abord 
langoureuse, puis mêlée d’accens d'impatience 
très-vive , qui se termine par des sons filés, respec- 
tueux, qui vont au cœur. Dans cette chanson, la 
femelle fait la partie en interrompant le couplet, 

ar des sons très-doux auxquels succède un out 
timide etplein d'expression. Ellefuitalors, mais..., 
les deuxamans voigent de branche en branche; le 
mâle chante avec éclat. Très-peu de paroles, rapides, 
coupées, suspendues par des poursuites qu’on 
prendrait pour de la colère , aimable colère !..…. 
C’est la seconde chanson , à laquelle la femelle ré- 
pond par des mots plus courts encore, ami, mon 
ami. Enfin on travaille; c’est une affaire trop 
grande, on ne chante plus. Le dialogue continue, 
mais il n’est que parlé, on y distingue à peine le 
sexe des interlocuteurs. » 

«LeCogq,ditle même auteur (Dupont), parle la 
langue de ses Poules, mais de plus il chante sa vail- 
lance et sa gloire ; le Chardonneret, laLinotte , le 
Fauveite chantent leurs amours. Le Pinson chante 
son amour et son amour-propre; le Serin, son 
amour et son talent réel ; le mâle de l’Alouette 
chante une hymme sur les beautés de la nature, 
déploie toute sa vigueur lorsqu'il fend les airs et 
s'élève aux yeux de sa femelle qui l’admire; l'Hi- 
rondelle, toute tendresse , chante rarement seule, 
mais en duo , en trio , en quatuor , en sextuor, en 
autant de parties qu'il y à de membres dans la 
famille; sa gamme n’a que peu détendue, et 
pourtant son pelit concert est plein de charmes. » 

La plupart de ces oiseaux ont un chant qui leur 
est propre,et qu'il suflit d'entendre pour le recon- 
naître , ils le répèlent plus ou moins souvent, 
mais toujours à peu près de même; il en est au 
contraire , tels que les Perroquets et certaines es- 
pèces des différens genres, qui n’ont pour ainsi 
dire qu’un chant d'emprunt; ils le varient fré- 
quemment, disent tantôt celui de cettees pèce, tan- 
1ôt celui de cette autre, et puis ensuite l’oublient 
pour en apprendre un nouveau; le Moqueur est 
surtout remarquable sous ce rapport; cet oiseau, 

ui habite l'Amérique méridionale, a la singulière 
habitude d’imiter le chant de presqne tous les 
oiseaux; aussi les sauvages lui ont-ils donné le 
mom de Cencontlatolli, qui veut dire quatre cents 
langues, et les savans celui de Polyglotte, qui si- 
gnifie à peu près la même chose. Le Moqueur, qui 
appartient à la famille des Merles, est le Turdus 
polyglottus de Linné. D’autres espèces n’appren- 
nent que par les soins de l’homme; elles répètent 
bien quelques airs, mais seulement après qu’on 
les leur a joués nn certain nombre de fois;ilen est 
aussi qui parlent, sifflent, cet varient de mille 
autres manières les inflexions de leur voix: tels 
sont les Perroquets, tes Corbeaux, les Geais, etc. 

Vieillot a donné à une famille de ses Sylvains 


-anysodactyles le nom de Chanteurs; parmi les 


oiseaux qu'il comprend sous cette dénomination, 
les uns chantent en effet, els sont les Rossignols, 
les Fauvettes, les Alouettes, les Brèves et les 


Merles ; mais il en est d’autres, par exemple les 
Roitelets, les Troglodytes, les Martins, les Moiteux, 
eb quelques autres, qui sont muets ou à peine sif- 
fleurs, Le même ornithologiste a donné, sous le 
titre d'Histoire des plus beaux oiseaux Chanteurs 
de la zone torride, un beau volume in-folio, orné de 
nombreuses planches exécutées par M. Prêtre, et 
dans lequel il a décrit certaines espèces exotiques 
des genres Bouvreuil, Fringille, Loxie, Ortolan, 
Malimbe , Veuve , Bengali et Senegali. (GEnv.). 

CHANVRE, Cannabis. (5or. pan.) Une seule 
espèce, abondamment cultivée dans toute l'Eu- 
rope, compose ce genre de la famille des Urticées 
et de la Dioécie hexandrie. S'il fallait ajouter foi 
au plus grand nombre des botanistes et des agro- 
nomes , le Chanvre serait originaire de la haute 
Asie; mais leur asserlion n'est qu'un mensonge de 
copistes serviles. Gelte plante, d’après mes recher- 
ches, est spontanée aux deux régions quasi-po- 
laires de l’ancien. hémisphère; elle existe égale- 
ment dans le nord de l'Europe et derrière les mon- 
tagnes Blanches de la Nouvelle-Hollande. Son nom 
primilif Kanab est celte ; je le retrouve dans tous 
les dialectes de cette langue de la vieille Europe; 
celui de Cans-java, qu'on lui donne parmi les peu- 
ples indiens, Lantôt accompagné de l’épithète Ka- 
lengt, tantôt de celle de T'sjeru, l'une et l’autre 
ayant rapport à l'élévation de la tige, est une preuve 
incontestable du dire d'Hérodote, qu'ils l’ont reçue 
des Scythes ou Germains, lesquels appelaient le 
Chanvre Æanf. Tandis que les habitans du Nord, 
surtout les Scandinaves, employaient ce végétal à 
la fabrication de leurs toiles pour vêtemens, et 
même de celles destinées à la voilure de leurs vais- 
seaux , les peuples de l'Orient le recherchaient 
uniquement pour se procurer un certain degré 
d'ivresse que leur refusaient leurs plantes indi- 
gènes. On nele voit adopté que forttard, sousle pre- 
mier rapport , chez les nations riveraines de la Mé- 
diterranée; il n’était point connu des anciens 
Egyptiens; le livre des juifs, la Michna, en parle 
comme d’un usage récent, et les Turcs ne l’ont 
propagé dans les pays qu’ils ont envahis que 
comme plante enivrante : c’est des feuilles forte- 
ment aromatiques du pied mâle, et des fleurs du 
pied femelle, qu’ils se servirent, sous le nom de 
Hachich, plante par excellence, pour se rendre 
maîtres de l'imagination ardente et de l’absolu dé- 
vouement de ces anatiques appelés Assassins par 
les Sroisés, au lieu de {/acluchin, qui veut dire 
mangeurs de l’herbe hachich. 

C’en est assez, je crois, sur le nom et la patrie 
du Chanvre, pour prouver que les livres contien- 
nent à ce sujet de graves erreurs, que l’histoire 
des plantes est à refaire, et qu'il importe de se te- 
pir en garde contre tous ceux qui marchent en 
aveugles dans le sillon ouvert, qui préfèrent adop- 
ter les traditions les plus ridicules à se livrer à des 
études criliques , à retrouver les faits historiques. 

Le Chanvre est trop généralement connu pour 
qu'il soit nécessaire de s’étendre beaucoup ici sur 
sa descriplion, sa culture, ses usages; il suflira 
d'en dire quelques mots. 


* 


Re ei 


CHAN 88 


CHAN 


oo, 


De sa racine fusiforme et peu garnie de fibres, 
s'élève une tige droite, creuse, obtusément tétra- 
gone, rude au toucher, très-rameuse quand elle 
est isolée, et simple lorsqu'elle est semée très-épais ; 
elle monte à la hauteur de deux mètres; ses feuil- 
les digitées, vertes, velues, sont opposées et al- 
ternes selon qu’elles occupent le bas ou le haut de 
la tige ; ses fleurs verdâtres sortent de l’aisselle des 
feuilles supérieures, et forment de petites grappes, 
auxquelles succède une coque bivalve, ovoide, 
contenant une graine solitaire, blanche, oléagi- 
neuse. Comme le caractère dioïque l'indique, les 
pieds mâles sont séparés des pieds femelles, et 
par une singularité qui remonte à la plus haute 
antiquité, c'est à ceux portant l'ovaire que l’on 
donne vulgairement le nom de mâle, et celui de 
femelle à ceux qui sont munis d’étamines. 

Une terre ombragée , fortement végétale ou fré- 
quemment ameublie et humide, mais point assez 
pour retenir les eaux, voilà ce que demande le 
Chanvre. Il faut le semer immédiatement après 
les dernières gelées, prendre la graine de l’année 
et la choisir d’un beau gris foncé, bien pleine, 
bien luisante. Les oiseaux de toute espèce en étant 
très-friands, il importe de couvrir le semis, de 
passer dessus le rouleau afin d’unir la surface de 
la chenevière, ct de la garnir d’épouvantails, 
jusqu'à ce que le Chanvre ait acquis assez de force. 

Lorsque la plante a parcouru les diverses phases 
de sa vie végétante, l'écorce jaunit ; on l’arrache 
alors brin à brin , on fait des poignées qu’on met 
sécher au soleil, puis on fait rouir à la rosée ou 
dans une mare, ou mieux dans une eau courante. 
On la retire du moment que la partie ligneuse 
s’enlève facilement ; on lave, on sèche, on teille, 
c’est-à-dire on sépare la filasse de la chenevotte, 
on peigne et l’on obtient un fil plus ou moins fin, 
sclon que l'opération a été faite plus soigneuse- 
ment. La filasse du Chanvre mâle est toujours plus 
fine et plus longue que celle du Chanvre femelle. 

Nos départemens producteurs sont divisés en 
trois classes distinctes , voici ceux de la première : 
l'Aisne , l'Aube, Ja Côte-d'Or, les Côtes du-Nord, 
V'Ille-et-Vilaine, l'Isère, la Meurthe, le Lot-et-Ga- 
ronne, l'Oise, le Puy-de-Dôme, le Bas-Rhin, la 
Haute-Saône, la Sarthe, la Somme ct la Haute- 
Vienne. Je devais y ajouter le Morbihan, car ce 
département réunit au plus haut degré les condi- 
Lions propres à la réussite du Chanvre ; cepen- 
dant il en fournit une moins grande quantité que 
ceux de la seconde classe. 

On a successivement vanté les Chanvres de Bo- 
logne en Italie et ceux du pays de Bade, ainsi 
qu'une variété qui croît spontanément dans les 
vallées fertiles du Piémont. On en a distribué de 
la graine avec apparat, on en a recommandé, en- 
couragé la culture ; on a dit avoir comparé leurs 
produits avec le Chanvre commun que nous voyons 
prospérer dans toules les parties de notre belle 
France, et l’on n’a pas manqué de donner aux 
premiers une préférence marquée : c'était d’ail- 
leurs un moyen de. fouiller impunément dans le 
trésor national, Mais, après diverses récoltes suc- 


Et 7 1 Eee k > 

cessives , on est revenu silencieusement à l'espèce 
connue. Le Chanvre bolonais a été essayé par un 
grand nombre de cultivateurs des départemens 
du Rhône, de l'Ain, de l'Isère, de la Loire; ils se 
sont d'abord assurés qu’il est tout à la fois et plus 
productif ct d’une qualité supéricure ; plus tard, 
il leur a été facile de reconnaitre que la graine de 
choix que l’on tire de Vizille, département de l’I- 
sère, et que l’on cultive dans la vallée du Graisi- 
vYaudan, réunissait les mêmes qualités, quand sa 
culture et sa préparation se font avec soin. 

Le Chanvre du pays de Bade, qui a obtenu la 
préférence pour les cordages employés au service 
de la marine, et que l’on disait ne pouvoir être 
produit sur le sol de nos départemens du Rhin, 
quoiqu'il n’y eût que le lit du fleuve qui séparât 
les deux contrées , prospère maintenant chez nous. 
L'espèce est la même, sa belle qualité dépend de 
la méthode de la cultiver; semer clair, choisir un 
sol un peu humide , mêlé d’argile et de sable, et 
rouir dans une eau limpide et courante. 

Quant au Chanvre du Piémont, dans lequel on 
a voulu reconnaître le Cans-java de l'Inde, le 
Cannabis indica de Rhéede et de Rumph, et 
qu’on érigea en espèce, sous le nom de Cannabis 
gigantea, à cause de ses tiges arrivant d'ordinaire 
à la hauteur de deux mètres et demi à trois mètres, 
n’est rien autre, comme l’a dit Persoon, qu'une 
variété accidentelle, fort remarquable sans aucun 
doute , mais qui dégénère sensiblement hors des 
Jlicux où elle a été trouvée, et revient bientôt au 
type de l'espèce unique, de notre Chanvre cul- 
tivé, C. sativa. Les premiers essais faits sur cette 
variété dans le département de la Sarthe, et sur- 
tout à Saint-Amand, département du Nord, fu- 
rent Cncourageans ; ils annoncaient une conquête 
heureuse, une acquisition dont on tirait déjà va- 
nité; ce succès s’est soutenu durant la deuxième 
année, mais à la troisième récolte et aux sui- 
vantes le charme s’est brisé, la dégénération à 
ramené la plante à l'espèce commune, 

Ainsi, la beauté, l'excellence des produits du 
Chanvre dépendent essentiellement 1° d’une cul- 
ture régulière, ct de la connaissance des terres les 
plus avantageuses pour s’y livrer; 2° de la macé- 
ralion des tiges, récoltées en temps convenable, 
dans des eaux courantes etnon dans des routoirs 
ou marais, dont le méphitisme est si nuisible à la 
santé des hommes et à celle des animaux domes- 
tiques. 

En diverses circonstances on a prétendu rem- 
placer l’action de l’eau par l’emploi des machines; 
le rouissage, disait-on , fixe sur la filasse une ma- 
tière colorante tellement tenace qu’on ne peut l'en 
débarrasser qu’à l’aide des alcalis ou d’autres 
agens chimiques; avec le brisoir ou broie, ajou- 
tait-on, l’on n’a pas cet inconvénient et l’on sé- 
pare la gomme-résine qui fait adhérer entre elles 
les fibres filamenteuses. Imposture des plus com- 
plètes, quoi qu'en puissent dire la foule des jour- 
nalistes et la coupable complaisance des sociétés 
savantes. Jamais une machine quelconque ne dis- 
pensera le Chanvre du rouissage, et toute toile 


frabriquée 


| 
ni 


CHAO 


fabriquée avec une filasse obtenue par la simple 
percussion ne remplira sa destination économi- 
que. J’ai vu des cordages, du linge et du papier 
préparés avec la filasse sortie des machines les 
plus vantées ; les premiers, quoique parfaitement 
goudronnés, se sont détériorés en fort peu de 
temps et ont été mis de suite hors de service; le 
linge s’est réduit en charpie dans quelques semai- 
nes; le papier ne répondait à aucun des emplois 
auxquels on le soumeltait, malgré la grande 
quantité de chlorure répandue sur lui pour lui 
donner une certaine consistance. 

Vulgairement on donne le nom de Chanvre à 
des plantes qui sont étrangères au genre Canna- 
bis; voici les principales : 

Cnanvre AQUATIQUE. C'estle Bident à calice 
feuillé, Bidens tripartita. 

Cnanvre DE Ganapa, nom de l’Apocin à fleurs 
herbacées, Æpocinum cannabinum. dont nous 
avons parlé plus haut, tom. [, p. 255. 

Cnanvre DE Crète. On désigne ainsi la Canna- 
bine, Datisca cannabina, que l’on voit dans les 
jardins paysagers. 

Cnanvre DE LA Nouvezze-Horranpe. Expression 
impropre employée par quelques voyageurs pour 
indiquer le Phormium tenax. 

Cnanvre DES AMÉRICAINS, l’Agave ainericana. 

Cnanvre pu Japon. Un des noms vulgaires de la 
Corette, Spiræa j'aponica. 

Cuanvre riquanT, l'Ortie à feuilles de Chanvre, 
Urtica cannabina. (T. ». B.) 

CHAODINÉES. (so. cryPr.) « Pour peu , dit 
M. Bory de Saint-Vincent, qu'on ait touché des 
rochers long-temps mouillés , les pierres polies 
qui forment le pavé ou le pourtour de certaines 
fontaines fermées , et la surface de divers corps 
solides inondés ou exposés à l'humidité , on a dû 
y reconnaître la présence d'une mucosité parti- 
culière, qui ne se manifeste qu'au tact, dont la 
transparence empêche d’apprécier la forme et la 
pature, et dans laquelle le microscope n’aide à 
distinguer aucune organisation. Elle ressemble à 
une couche d’albumine étendue avec le pinceau. 
Cet enduit est ce qui rend souvent si glissantes les 
dalles sur lesquelles coulent les conduits d’eau , et 
les pierres plates qu’on trouve quelquefois dans les 
rivières. Cette substance s’exfolie en séchant, et de- 
vient à la fin visible par la manière dont elle se colore, 
soit en vert, soit en une teinte de rouille souvent 
très-foncée ; on dirait une création provisoire qui 
se forme encore pour attendre une organisation, 
et qui en recoit de différentes selon la nature des 
corpuscules qui la pénètrent ou qui s’y dévelop- 
pent ; on dirait encore l’origine de deux existences 
bien distinctes, l’une certainement animale, l’au- 
tre purement végétale. C’est cette sorte de créa- 
ton rudimentaire dont nous formons le genre 
Chaos : c’est ce genre qui deviendra le type de 
la famille naturelle dont nous proposerons l’éta- 
blissement sous le nom de Chaodinées. » 

Pensant ensuite qu’on pourrait bien lui repro- 
cher d’avoir rassemblé dans cette famille des 
genres quisemblent , au premier coup d'œil, devoir 


Towe II. 


89 


92° Livraison, 


CHAO 


rester éloignés, ce célèbrenaturalisteest allé au de- 
vant du reproche, en démontrant qu'il suflirait 
d'examiner avec attention les caractères assignés à 
chacun de cesgenres , pour reconnaître le mérite de 
la progression méthodique qu’il avait adoptée. Il 
en a reconnu seize, et les a rangés sous trois 
ordres différens. Nous le suivrons encore dans cette 
division, et dans l’exposition des caractères attri- 
bués soit aux différens ordres , soit aux genres qui 
les composent. 

I ordre. CHaAoDINÉES PROPREMENT DITES. Les 
plus simples de toutes les existences végétales, 
consistant en une couche muqueuse que ne limite 
aucune membrane, et que remplissent, sans ordre, 
des corpuscules de formes diverses. 

1% genre. Craos. Corpuscules internes , dissé- 
minés, isolés, épars dans un mucus amorphe ; 
étendu. : 

2° genre. HérérocarPeze. CGorpuscules inter- 
nes , simples ou agrégés, et formant dans linté- 
rieur du mucus qu'ils colorent des groupes de 
figures diverses. 

5° genre. HéLcr£reLzce. Corpuscules internes , 
cunéiformes , groupés dans l'épaisseur du mucus 
et figurant des vaisseaux divergens. 

Il° ordre. TremezLaires. Déjà dans cet ordre 
le mucus, en s'étendant en expansions, en s’ar- 
rondissant en masses globuleuses, semble pren- 
dre une forme plus arrêtée. Des corpuscules sem- 
blables entre eux en pénètrent l'étendue, s’y 
disposent en filamens ; et, lors même qu'ils sont 
épars , ils semblent déjà tendre vers un ordre sé- 
rial, pour arriver par leur emboîtement à la 
composition de rameaux assez distincts dans les 
derniers genres de Tremellaires. 
4° genre. Pazmezre. Mucus en masses arron- 
dies , pénétrées et colorées par des globules ho- 
mogènes , isolés ettendant à former des gloméru- 
les où ces globules sont disposés de quatre en 
quatre ou en petites courbes. 

5° genre. CLuzeze. Mucus et expansions divi- 
sées, rameuses, pénétrées de globules qui sem- 
blent s’agglomérer et se coordonner dans une 
disposition sériale. ÿ 

6° genre. Nosroc. Mucus en masses globuleu- 
ses ou sinueuses , dans lesquelles les corpuscules: 
sont disposés en séries comme filamenteuses et 
articulées. 

7° genre. Cuærornore. Mucus en globules 
dans lesquels on distingue des filamens diver- 
gens, rameux, dans lesquels la matière colorante 
est disposée en globules, comme dans un collier 
de perles. 

8° genre. Lincxra. Mucus et globules, dans 
lesquels on reconnaît des filamens simples , diver- 
gens, ciliaires, où la matière colorante forme plu- 
tôt des taches carrées que des globules. 

9° genre. GaizLARDoTELLE. Mucus en globules 
dans lesquels se développent des filamens sim- 
ples, divergens, munis d’une sorte de bulbe. 

10° genre. CLAVATELLE. Mucus eu globules 
dans lesquéls se développent des filamens di- 
vergens, dichotomes ; articulés, renflés en mas- 


12 


sue à leur extrémité par l’effet du développement 
des gemmes. 

11°genre. MesceLosg. Mucus en masses allon- 
gées, rameuses, dans lesquelles se développent 
des filamens articulés par sections transverses , 
subdichotomes ou rameux à leur extrémité , et qui 
produisent des gemmes. 

ILI° ordre. Dirayses. Mucus formant d’abord 
des masses globuleuses ou étendues, comme dans 
les genres précédens, mais s'étendant bientôt, 
pour ne constituer qu’un enduit, sur des rameaux 
qui en se développant et en divergeant dans son 
intérieur, prennent une physionomie confervoïde, 
très-déliée. 

"19° genre. BAaTRACHOSPERME. Pachis filamen- 
teux , investis de ramules cilifères , transparentes, 
muqueuses , articulées par étranglement ; entre- 
nœuds sphériques ou ovoïdes. 

15° genre. Draparainie, Rachis filamenteux, 
distinctement articulés par sections transverses , 
rameux, produisant des houppes ou des faisceaux 
de ramules cilifères, articulés aussi par sections 
transverses. 

14° genre. Czaposrreme, Rachis filamenteux , 
articulés par sections transverses autour desquel- 
les se réunissent, en verticilles, des ramules éga- 
lement articulées par sections, qui donnent aux 
entre-nœuds une forme approchant du carré. 

15° cenre. Tnorf£e. Rachis filamenteux, obscu- 
rément articulés ; à ramules simples et articulées 
aussi comme dans le genre précédent. 

16° genre. Lemane. Rachis filamenteux, arti- 
culés par sections iransverses que ne paraissent 
pas séparer les dissépimens , et renflés vers les ar- 
ticulations ; intérieurement remplis de séries fila- 
menteuses, composées de globules.  (P. G.) 

CHAOS. (5or. crypr.) M. Bory-Saint-Vincent 
a donné ce nom à cette espèce d’enduit répandu 
à la surface des corps pénétrés d'humidité ; enduit 
qui colore en vert, el souvent de la plus belle 
teinte, les pierres d'où sont sorties des trans- 
sudations humides. Des animaleules de fa fa- 
mille des BaciszaniËes (v. ce mot) y remplacent 
quelquefois ces corpuscules sphcriques, sans mou- 
vement et de couleur verte, que le savant natura- 
liste que nous venons de citer regarde comme la 
molécule organique de l'existence végétale. 

M. Bory-Saint-Vincent a fait du genre Chaos 
le tvpe de la famille des Chaodinées. Parmi les 
espèces qu'il rattache à ce genre , il distingue le 
Chaos  primordialis , à globules sphériques et 
verts ; le Chaos bituminosa, dont la couleur bru- 
nâtre et noire et la consistance visqueuse rappel- 
lent, dit-il, l'idée de l’asphalte sortant des ro- 
chers : cette espèce croît sur les parois des.entrées 


de grottes ou de carrières creusées dans la pierre | 


calcaire ; le Chaos sanguinarius, qu’on trouve au 
bas des murs humides, sur la terre et les pavés 
pénétrés d'humidité, et qui ressemble à des taches 
de sang éparses sur lesol et à demi caillées. 
(P. G.) 
CHAPEAU (sor, crvpr.) Champignons. On dé- 


signe ainsi la partie des Champignons qui est; 


M. CHAR. 


brane séminifère. 


Le Chapeau est très-variable dans sa forme; il 
est hémisphérique et pédiculé dans beaucoup 
d'espèces; latéral et sémi“circulaire, pédiculé où 
sessile dans d’autres, surtout celles qui croissent 
sur les troncs d'arbres ; enfin il change de nom 
dans les Pézizes où on le nomme Cupule. 

(F.F.) 

CHAPERON, Clypeus. (1xs.) Dansles insectes on 
a, pour la facilité des descriptions, assigné des noms 
aux différentes parties du corps et naturellement 
à celles de la tête ; la partie qui est immédiatement 
au dessus de la bouche, et à laquelle est attachée 
la lèvre supérieure, a recu le nom de Chaperon, 
parce que souvent elle couvre ou abrite la face 
ou plutôt la bouche; sa partie inférieure suit la 
forme de celte dernière, mais sa partie supérieure 
est très variable ; cependant c'est à tort que les 
différentes dilatations dont il est susceptible ont 
été considérées comme propres à servir de carac- 
tères de genres; elles ne peuvent être regardées 
que comme spécifiques, car le Ghaperon n'étant 
susceptible d'aucun mouvement , son rôle est es- 
sentiellement passif dans l’organisation buccale. 

(A. P.) 

CHAPON. (o1s.) On donne ce nom aux jeunes 
coqs auxquels on a enlevé les parties essentielles à 
la génération, afin de donner plus de délicatesse 
à Jeur chair. (Woy. Goo.) 

On nomme Caron DE Pnaraon ou Pouze DE Paa- 
raon le vautonr d'Égypte ( Vultur perenopterus , 
Linn.). Voy. CATHARTE, (Guër.) 

CHAPPE. (is.) Geoffroy a donné ce nom à 
quelques Lépidopières qui portent des ailes larges 
et en toit. Voy. PynaLe. (GuËr.) 


CHARA DES ANCIENS. (sor. PHan.) On a 
beauconp écrit pour déterminer la plante désignée 
sous ce nom dans les auteurs romans, et qui est 
devenue célèbre par l'emploi qu’en firent, comme 
nourriture , les soldats de César assiégeant ceux de 
Pompée renfermés dans les murs de Dyrrachium, 
aujourd'hui Durazzo,en Épire. Laressemblance du 
Chara avec le Karos de Galien avait fait croire 
qu’il s'agissait de la carotte ou du cumin des prés; 
j'ai démontré le contraire dans un mémoire lu à 
l'Institut de France en 1814, et imprimé en 1826. 
C’est aux environs même de l’ancienne Dyrra- 
chium que j'ai retrouvé le Chara, et que je 
l'ai reconnu être le Crambe tataria, qui est en- 
core de nos jours mangé par les peuples situés 
sur la rive gauche du Danube, par les Hongrois , 
les Albanais et les Cosaques habitant les plaines : 
sablonneuses du daïk. (T.». B.) 

CHARACÉES. (or. cnyrr.) Famille établie 
par L. C. Richard, etne renfermant qu’un seul 
cenre , le Ghara, dont le caractère le plus important 
est d'avoir des capsules solitaires , uniloculaires et 
monospermes, el qui diffère des Marsiléacées , 
avec lesquelles elle a beaucoup de rapport, par, 
ses capsules non réunies dans des involucres com: 
muns , par son port el la structure de $es orga- 


= Fee 


CHAR 


CHAR 


nes remplissant en apparence les fonctions d’éta- 
mines. Ÿ’oyez CHARAGNE. (F. F.) 

CHARAGNE, Chara. (Bor. crxpr.) Characées. 
Le genre Chara ou Lustre d’eau, établi par Ri- 
chard. Parmi les cryptogames, ilparaît devoir être 
placé entre les Marsiléacées et les Naïades , et peut 
être caractérisé ainsi : Capsule uniloculaire, mono- 
sperme; péricarpe composé de deux enveloppes , 
l’'externe membraneuse, transparente , très-mince, 
terminée supérieurement par cinq dents en rosace, 
Vinterne dure, sèche, opaque, formée de cinq 
valves étroites, contournées en spirale. 

Les Gharas sont des plantes aquatiques; elles 
croissent dans les eaux stagnantes ; leur odeur est 
très-fétide ; leur hauteur ne dépasse pas la surface 
de l’eau; leur fructification a lieu sous le liquide 
qui les submerge; leurs tiges, rameuses, fai- 
bles, flottantes, cassantes, hérissées de pointes 
ou lisses à leur surface, offrent de distance en 
distance huit à dix rameaux verticillés. Ces ra- 
meaux portent sur leur bord supérieur, d’abord 
de trois à cinq capsules espacées et bractifères , 
puis des tubercules sessiles , arrondis, rouges ou 
orangés , dont les usages sont encore peu déter- 
minés. Ces tubercules , que la plupart des auteurs, 
Vaucher surtout, regardent comme des étami- 
ñes, sont formés extérieurement d’une membrane 
réticulée , transparente ; intérieurement on aper- 
çoil, au milieu d’un liquide mucilagineux : 
1° des filamens blanchâtres, articulés et transpa- 
rens; 2° d’autres corps cylindriques, assez sem- 
blables à. des tubes. Dans ces derniers se trouve 
une matière rougeâtre à laquelle les tubercules 
doiverit leur couleur rouge , el qui disparaît avant 
la maturation du fruit. 

On connaît aujourd’hui vingt et quelques es- 
pèces du yenre Charagne ; ce nombre augmen- 


tera de beaucoup, on ne peut en douter, à me- 


sare qu’on étendra l’étude des végétaux. 

Le genre Chara paraît répandu sur toutes les 
parties du globe ; son existence semble devoir être 
antérieure aux dernières révolutions quiont changé 
la surface de la terre. En effet, on a trouvé, dans 
les terrains d’eau douce des environs de Paris et 
d'Orléans, des fossiles qui représentent parfaite- 
ment bien les fruits des Charagnes. 

La rudesse des tiges du Chara vulgaris e& de 
quelques autres espèces fait qu'on les emploie 
dans certains pays , et principalement aux envi- 
rons de Lyon, de Genève, etc. , pour frotter et 
nettoyer les métaux : cet usage leur a fait donner 
le nom d’erbe à récurer. (F. F.) 

CHARACINS , Characinus. ( poiss. ) Artédi et 
plusieurs de ses successeurs ont réuni , sous le 
nom de Cnaracins, tous les salmones qui n’ont 
pas plus de quatre ou cinq rayons aux ouies; 


“mais leurs formes, et surtout leurs dents, varient 


encore assez pour donner lieu à plusieurs sübdi- 
visions : cependant ils ont tous les cœcums des 
salmones, avec la vessie, divisée par un étrangle- 
ment, des Cyprins. Nous y établissons les sous- 
genres suivans : 

Les Gunimargs, Cuv. Ils ont une grande res- 


semblance , et toute la forme {des Ombres; leur 
bouche est très-peu fendue ; la première dorsale 
est au dessus des ventrales ; quelques uns même 
ressemblent à certaines Ombres par les dents, qui 
ne se voient qu’à la loupe. Les Curimates habi- 
tent leseaux douces, et particulièrement lesrivières 
de l'Amérique méridionale; leur chair est blanche, 
feuilletée et très-délicate. e 

D’autres, au contraire, ont à-chaque mâchoire 
une rangée de dents dirigées obliquement en 
avant, tranchantes , les extérieures plus longues, 
comparables, en un mot, à celles des Balistes. Ce 
sont les Anosroues, Anostomus, Cuv. Ces poissons 
ont une rangée de pelites dents en haut et en bas. 
La mâchoire inférieure est relevée au devant de la 
supérieure, bombée, en sorte que la petite bouche 
a l’air d’une fente verticale sur le bout du museau. 

Les Serres , Lacép., Gasteropelecus , Bloch , ont 
la bouche dirigée vers le haut comme les Anos- 
tomes; mais leur ventre est comprimé, saillant 
et tranchant, parce qu’il est soutenu par des côtes 
quiaboutissent au sternum; leurs ventralessont très= 
petites et fort en arrière ; leur première dorsale sur 
l’anale, qui est longue. A leur mâchoire supérieure 
sont des dents coniques; à leur mâchoire inférieure 
sont des dents tranchantes et dentelées. Gastero- 
pelecus sternicla, BL. 97, 8. 

Dans les Prasuques, la tête est petite, et la 
bouche peu fendue comme celle des Curimates ; le 
corps est comprimé ; la carène du ventre tran- 
chante mais non dentelée, et l’anale très-longue. 
On prend ce poisson avec facilité dans les rivières de 
l'Amérique méridionale , en attachant à l’hamecon 
un ver ou un mélange de sang et de farine: la 
chair est blanche et délicate. 

Les Senra-sALmEes, Lacép., ressemblent beau- 
coup aux Glupes et aux Salmones, parmi lesquels 
ils sont comptés. Ils ont par exemple, sur la ca- 
rène de leur ventre, une dentelure analogue à celle 
que l’on observe surla partie inférieure des Clupes, 
et présentent la nageoire dorsale et adipeuse des 
Salmones ; leur nom désigne cette dentelure. Leur 
maxillaire, sans dents, traverse obliquement sur. 
la commissure. Il ÿ a souvent une épine couchée 
en avant de la dorsale. 

L'espèce la plus généralement connue est le 
Serra-salme rhomboide, BI. 383. L'ouverture de. 
sa bouche est grande; la mâchoire inférieure est 
un peu plus avancée que la! supérieure ; lune et 
l’autre , et surtout celle d’en bas, sont armées de 
dents larges, fortes et pointues. La langue est 
lisse , mince et unie ; les écailles sont molles et 
petites. Le Rhomboïde vit dans les rivières de 
Surinam; il y parvient à une grosseur consi- 
dérable , et il y est si vorace qu’il poursuit souvent 
les jeunes oiseaux d’eau, les canards et même les 
hommes qui se baignent, et avec ses dents tran- 
chantes leur emporte la peau. La chair du Rhom- 
boïde est blanche, délicate, grasse; la couleur 
générale de ce poisson montre des nuances rou- 
geûtres relevées par des points noirs, les côtés 
argentins, et les nageoires grises. 


D . 
Les Térnaconorrbnes, Tétragonopterus, Artédi, 


EEE 


CHAR 


ont la longue anale et les dents tranchantes et 
dentelées des Serra-salmes:; le maxillaire sans 
dents traverse obliquement sur la commissure , 
maisleur bouche est peu fendue, et leur ventre 
n’est ni caréné ni dentelé. 


Cuvier a établi, sous le nom de Cnarceus, des 
poissons qui ont la même forme de bouche et 
les mêmes dents tranchantes et dentelées que 
es précédens, mais leur corps est oblong, et non 
caréné ni dentelé ; leur maxillaire a de très-petites 
dents nombreuses. 


LesRans, Myletes, Guv., ont les dentsen prisme 
triangulaire court, arrondi aux arêtes, et dont la 
face antérieure se creuse par la mastication, de 
sorte que les trois angles deviennent trois pointes 
saillantes ; mais leurs formes varient encore assez. 
Quelques uns ont la forme élevée ; parmi ceux-ci 
on compte trois espèces d'Amérique, grandes, 
estimées comme aliment ; d’autres ont simplement 
la forme allongée, tel est le Ras Du Nix, Cyprinus 
dentex, Linné, Mus. Ad. fr. et Linné, XII. 


Les Hyprocyns, Aydrocyon, Cuv., ont le bout 
du museau formé par les intermaxillaires ; les 
maxillaires commencent près ou en avant des yeux; 
un grandsous-orbitaire leur couvre la joue, mais 
il y a des dents coniques aux deux mâchoires ; les 
uns ont encore une rangée serrée de petites dents 
aux maxillaires et aux palatins; la première dor- 
sale répond à l'intervalle des ventrales et de l’a- 
nale; d’autres ont une double rangte de dents aux 
intermaxillaires et à la mâchoire inférieure, une 
rangée simple aux maxillaires, mais leurs palatins 
n'en ont pas. La première dorsale est au devant des 
ventrales. Tels sont les Salmo falcatus, Bloch, 385, 
Salmo odoe, idem 386; d’autres encore n’ont 
qu'une simple rangée aux maxillaires et à la mâ- 
choire inférieure; les dents y sont alternative- 
ment très-petites et longues, surtout les deux se- 
condes; d’autres qui passent au travers de deux 
trous de la mâchoire supérieure, quand la bouche 
se ferme, Hydrocyon scomberoides, Cuv., Mém. 
du Mus. , V,pl. xxvir, fig. 1. Une quatrième sorte 
a le museau très-saillant, pointu , les maxillaires 
très-courts, garnis, ainsi que la mâchoire infé- 
rieure et les intermaxillaires, d’une seule rangée 
de très-petites dents serrées; tout le corps est 
garni de fortes écailles, Æydrocyon lucius, Cuv., 
Mém. du Mus., V, pl. xxvi, fig. 3, ou Xiphostoma 
Cuvieri, Spix, xzir. D’autres enfin n’ont absolu 
ment de dents qu'aux intermaxillaires et à la mâ- 
choire inférieure; elles y sont en petit nombre, 
fortes et pointues. On n’en connaît qu’un du Nil, le 
Roschal ou chien d’eau, Forsk. 66 , ou Characin 
dentex, Geoffroy, Poiss. d'Eg., pl. 4, fig. 1, et 
Cuv., Mém. du Mus., V, pl. xxvur, fig. 1. 


Les Crrnanines, Citharinus, Guv., sereconnais- 
sent à leur bouche déprimée, fendue en travers 
au bout du museau, dont le bord supérieur est 
ormé en entier par les intermaxillaires, et où les 
maxillaires , petits et sans dents, occupent seule- 
ment la commissure; la langue et le palais sont 
lisses; la nageoire adipeuse est couverte d'é- 


92 


CHAR 


cailles, ainsi que la plus grande partie de la cau- 
dale ; on les trouve dans le Nil. (Ar. G.) 

CHARANCON, Curculio. (1xs.) Genre de Co- 
éopières de la section des Tétramères, famille 
des Rhyncophores, section des Charanconites; toute 
la famille ‘des Porte-becs a éprouvé depuis quel- 
que temps de grandes mutations ; long-temps elle 
était restée dans l'oubli, tant on redoutait les dif- 
ficultés inhérentes à cette matière; mais tout à coup 
un beau zèle s’est emparé des entomologistes ; 
chacun a tiraillé de son côté ce pauvre genre Cha- 
rançon pour avoir son genre à soi; mais ni les tra- 
vaux de Swederus, Germar , et autres naturalistes 
connus, ni le travail général sur cette famille du 
judicieux M. Schænnherr, n’ont, je crois, simpli- 
fié la matière, et malgré le talent reconnu de ces 
auteurs et le respect que je professe pour eux, je 
ne puis presque m'empêcher de regretter l'oubli 
où cette famille était abandonnée; car, avec la 
meilleure volonté du monde, il est impossible de 
reconnaître la plupart des genres qu'ils ont éta- 
blis ; la foule des imitateurs, qui veut toujours am- 
piüfier sur ceux qui ont créé, a mis le nec plus 
ultra au désordre ; maintenant les genres de cette 
famille s'élèvent à plus de trois cents, dont les trois 
cinquièmes ne sont établis que sur une seule es- 
pèce , et souvent sur un seul sexe. Nous nous gar- 
derons bien dans ce moment de suivre toutes les 
subdivisions de ces auteurs, et nous ferons rentrer 
dans le genre Charancon proprement dit toutes les 
espèces ayant le rostre court et les antennes cou- 
dées, en y joignant quelques divisions. 

1° Menton occupant toute la cavité buccale cou- 
vrant les mâchoires, mandibules sans dentelures. 

Tarses dépourvus de brosses, pénultième ar- 
ticle entier (les genres Crytops, Deracanthus , etc., 
de Schænnh. ). 

C. poRTE-BAIES, C. baccifer, Germar, repré- 
senté dans notre Atlas, pl. 95, fig. 2. Long de 
six à sept lignes, corselet et abdomen formant 
deux parties globuleuses, presque égales , séparées 
par un très-fort étranglement; il est noir, avec tout 
le corps couvert de granulations rondes, régu- 
lières, très-serrées. 

Tarses garnis de brosses, pénultième article 
bilobé. 

Des ailes : 

Ici viennent se placer, outre les Charancons 
propres, les genres Entimus, Chlorima, Polydro- 
sus, Leptosomus, Leptocerus, Phyllobius, etc., etc., 
dont nous allons citer quelques uns. 

C. mmmérraz, C. imperialis, Fab., long de dix 
à douze lignes, noir avec les stries des élytres cou- 
vertes de gros points enfoncés, remplis d'une pous- 
sière vert doré très-brillant; les côtés du corselet 
et les parties inférieures du corps sont couverts de 
la même poussière. Ce bel insecte est très-com- 
mun au Brésil. 

C. £cLaTanT, C. coruscans, Lat., long de dix 
lignes, entièrement du plus beau vert pâle doré 
métallique ; les pattes violettes. Du Pérou. 

C. couLeur DE NEIGE, C. niveus, Fab., figuré 
dans notre Atlas, pl. 99, fig. 3, long de huit à 


© © 


CHAR 


93 CHAR 


TS dl 1 


neuf lignes, entièrement d’un blanc jaunâtre , 
avec ee tarses, la tête et une bande longitudinale 
sur le corselet, fauve pâle. Du Brésil. 

C. srécreux, C. speciosus, Rudd., Curtis Ent. 
Britan., représenté dans notre Atlas, pl. 99, fig. 4. 
Il est long d'environ trois lignes, d'un beau Fer 
à reflets dorés, avec les pattes ‘rougeâtres et dorées. 
Il se trouve en France et en Angleterre. 

Pas d’ailes : 

Cette division peut comprendre les genres : Otio- 
rhynchus,Omyas, Pachyrinchus, Syzygops, etc., etc. 

CG. saucrus , Escholtz, figuré dans notre 
Atlas, pl-09, fig. 5. Long de six à sept lignes, 
corselet presque cylindrique, abdomen  très- 
bombé, mais se rétrécissant en pointe à son ex- 
trémité, entièrement noir lisse, mais presque 
toutes les parties du corps sont coupées par de pe- 
tites lignes étroites, soit en long, soit en large, d'un 
vert très-pâle. Cette espèce est de Chine. 

C. cxczore, C. cyclopus, Schœnnh., espèce 
longue d’une ligne, très-remarquable en ce que les 
deux yeux se joignent par une ligne droite sur 
le sommet de la tête, et offrent l'apparence d’un 
seul œil; sa couleur est un brun jaunâtre. 

2° Menton rétréci ne couvrant pas les mâchoi- 
res ; mandibules dentées. 

FL: espècesaptères, à tarses dépourvus de pelotes, 
sont pour M. Schœnnherr le genre Myniops. 

Celles dont les tarses ont des pelotes forment 
le genre Liparus. 

C. aAzzemanD , C. germanus, Fab. , figuré dans 
notre Atlas, pl. 05, fig. 6. Long de six lignes, noir, 


élytres finement rugueuses, Le points de chaque 


<ôté du corselet et une bande à son bord posté- 


rieur formés de duvet jaunâtre. 
, Enfin ceux qui ont des ailes ont été disséminés 
dans plusieurs genres, tels que ceux nommés 
Hypera, Hylobius, Cleonus, etc. 

On voit par cette nomenclature combien peu 
importans peuvent être les caractères qui distin- 


-guent environ 150 genres qui subdivisent le genre 


Charançon tel que nous l’offrons. (A. P. ) 
CHARANCÇONITES , Curculionites. (1xs. ) Sec- 
tion des Coléoptères, de la famille des Rhyncho- 
phores , ayant pour caractères : dessous des tarses 
muni d’un duvet court formant des pelotes dans 
presque tous, pénultième article trilobé; antennes 
de 11 articles, coudées, terminées en massue, Voir 

our les mœurs l’art. Rayncuopnores. (A. P.) 
CHARBON. (cum. ) On donne le nom de Char- 
bon au produit solide, noir et fixe , obtenu en dé- 
composant les matières végétales et animales par le 


D 
feu dans des vaisseaux clos, et dans lequel on trouve 


-deux sortes de matières , l’une saline, qui consti- 


tue les cendres , et l’autre dite eue Cette 
dernière varie Fès le Charbon azoté ou animal. 
Le Charbon non azoté ou végétal, c’est-à-dire 
celui qui est fourni par des substances organiques 
non azotées, est toujours solide, noir, inodore, 
insipide, fragile, et plus ou moins poreux; il est 
assez dur pour polir les métaux ; il est un peu plus 
pesant que l’eau, bien qu'il la surnage : cela tient 
à une certaine quantité d'air reteaue dans ses po- 


res ; il conduit plus ou moins bien le calorique et 
l'électricité, absorbe les gaz oxigène ct hydro- 
gène, etc. 

Le Charbon de bois fait partie de la poudre à 
canon, de l’encre d'imprimerie, de l’acier, etc. 
Dans Fe arts et l’économie domestique, on s’en 
sert, 1° pour priver les substances végétales et 
animales qui commencent à se putréfier, de leur 
odeur et de leur saveur désagréables ; 2° pour ren- 
dre potable l’eau chargée de débris d’animaux ; 
5° pour décolorer un grand nombre de liquides. 
En médecine, beaucoup de praticiens l’emploient 
comme antiputride, sous le nom de magnésie 
noire; on la également administré contre la 
teigne , dans le pansement des ulcères de mauvais 
aspect, etc. 

Le CHarBonN ANIMAL ressemble assez au précé- 
dent ; cependant il a un aspect plus brillant ; quel- 
quefois il est d’un gris noir et brillant comme la 
mine de plomb, ce qui a déterminé quelques chi- 
mistes à lui donner le nom de Charbon métallique, 

Le Cocr , substance spongieuse, d’un noir fer- 
rugineux, jouissant presque de l'éclat métallique , 
qui ne brûle pas du tout lorsqu'elle est en petits 
morceaux, mais qui , lorsqu'elle est amoncelée et 
en grosses masses, brûle en répandant la plus 
grande quantité de chaleur qu’on puisse produire, 
est celte matière charbonneuse que l’on obtient 
en chauffant fortement le Charbon de terre pour 
le débarrasser de toutes les parties volatiles et 
étrangères qu'il contenait. Le Cock est un com- 
bustible assez usité aujourd’hui. (HAE) 

CHARBON. {rorT. crypr.) Nom que les agri- 
culteurs donnent à une maladie qui attaque la 
graine des céréales, et qui est produite par une 
espèce de cryptogame parasite que l’on a appelée 
Uredo carbo. 

Le Charbon se reconnaît à la ténuité de ses 
sporidies, à la manière dont ces dernières crois- 
sent entre les glumes dans le grain, qu'elles détrui- 
sent et transforment en une poussière noire, ino-. 
dore et très-facile à détacher. a 46e) 

CHARBONNIER et CHARBONNIERE. (z001.) 
On donne le nom de Charbonnier à une espèce de 
jeune Chien, au Chardonneret, an Rossignol des 
murailles , et à une grande Hirondelle de mer. Un 
reptile du genre Anolis porte aussi le nom de 
Charbonnier, ainsi qu’un poisson du genre Gade. 
Enfin on nomme Charbonnière une espèce du 
genre Mésange. (GuËn.) 

CHARDON, Carduus. (8oT. Pnan.) On connaît 
un très-grand nombre d'espèces de ce genre ap- 

artenant à la famille des Synanthérées , tribu des 
Cynarocéphales , et à la Syngénésie égale; un tiers 
environ habite la France, ce sont de herbes épi- 
neuses, trop abondantes , très-aimées des abeilles ; 
les autres sont indigènes aux contrées orientales 
de l’Europe, à l'Asie mineure, à la Syrie, à 
l'Egypte, à la Barbarie. Très-peu nous viennent du 
continent américain. 

Quelques espèces ajoutent à la variété des par- 
terres, ce sont le Cnarpon TugéREux, C. tubero- 
sus; le CHARDON PoLxacanNTuE , C. Casabone ; le 


CHAR k 


CHAR 


sis é = me me mans = arme ; sé 


CuanDon À FEUILLES D'ACANTRE, €. acantoides : 
lé Caron nécénioïpe, ©. helentoides:; le Cnar- 
DON A DEUX ÉPINES, C. Diacantha. On pourrait y 
joindre le Cannon LANUGINEUX, C. ertophorus ; 
quoique l’un des plus communs, il produit un 
très-bel effet. 

Le CuanvoN mare, C. marianus , que l’on ap- 
pelle aussi Chardon argenté, de Notre-Dame ; lacte 
et taché, a long-temps été employé dans la théra- 

eutique, mais il est bien déchu de sa prétendue 
utilité, Cette plante, représentée en notre Atlas, 
pl 95, fig. 7, que l’on rencontre à chaque pas 
autour des villages, est remarquable non-seule- 
ment par la grandeur, la beauté de ses feuilles, 
l'éclat de ses fleurs purpurines, souvent larges de 
quatre centimètres, qui servirent de pronostic aux 
cullivateurs grecs ; mais encore par la singularité 
de son organisation qui détermina plusieurs bota- 
nistes, Vaillant, Gærtner, Mænch entre autres, 
à la séparer du genre Carduus ; tantôt pour en 
faire un genre particulier sous le nom de Silybum, 


tantôt pour la placer parmi les Carthames. On l’a. 


introduite dans quelques jardins d'ornement, où, 
dans les fentes des rochers , sur la pente des co- 
teaux, ellé montre ses rosettes de feuilles vertes 
parsemées de veines larges et blanches ; mais il 
faut en approcher avec précaution à cause des 
blessures que font ses robustes épines, L’agricul- 
teur la coupe lorsqu'elle est à moitié fleurie pour 
la piler et la donner aux bestiaux , qui la mangent 
alors avec plaisir, où pour la brûler, soit pour 
chauffer le four, soit pour en retirer la potasse. 

Infiniment trop multipliés, les Chirdons usur- 
pent souvent les meilleures terres, et comme leurs 
racines pivotantes pénètrent profondément, elles 
font le désespoir du labouréur. Le Cuanpox na, 
C. acaulis, surtout, déshonore les pâturages et les 
fait déserter par les bestiaux, qui ne peuvent les 
fréquenter sans courir le risque de se blesser à 
chaque instant. On ne doit pas espérer le détruire 
en coupant le pied entre deux terres, les racines 
qui restent ne tarderaient pas à fournir de nouvelles 
toufles ; c’est par un assolement bien entendu, 
par une culture de plusieurs années consécutives, 
que l’on y parviendra. 

Beaucoup de plantes armées d’épines ont recu 
le nom de Chardons , sans que pour cela elles ap- 
partiennent à ce genre. Cette anomalie vulgaire est 
tellement enracinée qu'il importe de prémunir 
sans cesse contre elle, et de ramener les végétaux 
aussi mal désignés à leur place véritable. ! 

Ciranpox AcANTuE , c’est le Pédane, Onopordum 
acanthium. 

CrarDon À rouLon, la Gardère des bonnetiers, 
Dipsacus fullonum. 

Gnanron rinir. Ce nom s’applique dans quel- 
ques cantons à une Chausse-trape, employée en 
médecine, Calcitrapa benedicta; aux environs de 
Paris, au Garthame laineux, Carthamus lanatus ; 
aux Antilles, à l’Argémone épineuse, Argemone 
Mexicana. 

Cnarpon 8zeu. Nom du Panicaut améthyste, 
E ryngivm amethystinum. 


ES 


Cannon pts prés, la Quenouille denos prairies, 
Cnicus oleraceus. ' 

Cnarpon pes InpEs. Nom impropre du Cactier 
à côtes droites, Cactus Celocatus, qui provient 
de l'Amérique méridionale et non pas de l'Inde. 

CHarpon poré£, la Chausse-trape solsticiale , 
Calcitrapa solstitialis. 

Caron pu Brésri. Nom de l’Ananas cultivé, 
Bromelia ananas , chez quelques horticoles. 

Caarpon ÉcniNore / la Boulette commune, 
ÆEchinops sphærocephalus. 

Carvon £roizé. Nom d’une espèce de Chausse- 
trape formant ün buisson arrondi, la Calcitrapa 
stellata. 

Canon némorrnoïpAL , la Sarrète des champs 
et des vignes, qu'on ne saurait trop détruire, 
Serratula arvensis. à 

Cnarpon LarTEUx ,‘la Centaurée galactite, Cro- 
codilium galactites. 

CrrarDON PRISONNIER , la même plante que La- 
marck appelle Garthame à réseau, Atractylis can- 
cellata, L. 

Crranvox roLAND ou plutôt rouzanr. C’est l’es- 
pèce de Panicaut, Eryngium campestre, que le 
vent arrache aux terrains secs où ‘lle abonde et 
qu’il roule dans les champs. (T. ». B.) 

CHARDON.: (rorss.) Synonyme d’une espèce de 
Raie, Raia fullonica. 

CHARDON (Petit). (mor.) Nom vulgaire d’un 
rocher. 

CHARDON DE MER. (zoopx. ecuyn.) Nom des 
Oursins. 

CHARDONNEAU ou CHARDENER, CHAR- 
DONNERET et CHARDONNETTE. (ois.) Noms 
vulgaires du Fringilla carduelis, Linn. (Foy. Gros- 
Bec.) Nous avons représenté celte espèce dans 
notre planche 05, fig. 8. (Gu£Rr.) 

CHARME , Carpinus. (vor. pman.) Parmi les 
arbres qui forment ce genre de la famille des 
Amentacées ct de la Monœæcie polyandrie , Linné 
avait réuni plusieurs espèces que Micheli piacait 
dans son genre Ostrya; elles ont depuis été déta- 
chées du premier ct restitutes au second. Toutes 
les espèces du genre Charme sont indigènes à Thé- 
misphère boréal , à l'exception d’une seule , prove- 
nant da Canada; les autres appartiennentà l'Europe. 

Tant que le CuaArME commen, C. betulus, reste 
forestier , il garde son nom; mais, dès qu'il est 


élevé en palissade, on l'appelle Charmille. Sa hau- 


teur le place a1 second rang des arbres de nos bois ; 
son tronc , rarement droit et bien arrondi, revêtu 
d’une écorce unie, blanchâtre, marbrée, sur- 
chargée de lichens, porte une tête ordinairement 
très-grosse, très-touffue , souvent d’une forme 
peu agréable ; mais, comme les branches naissent 
dans toute sa hauteur, et jouissent d'une grande 
flexibilité, comme les feuilles sont extrêmement 
nombreuses, le pépiniériste et le jardinier déco- 
rateur le faconnent à leur gré; tantôt ils le rédui- 
sent en buissons, en haies, tantôt ils le courbent 
en dômes, en portiques ,en colonnades, etc. Il 
se reproduit aisément de graine, qui tombe aus- 


sitôt après sa maturité. Cét arbre n’est guère pro- 


CHAR 


99 CHAT 


mo 


pre à former une futaie, surtout s’il est mêlé à des 
chênes et à des hêtres ; il veut être tenu en taillis, 
où il réussit très-bien, quand il-est un peu isolé 
et que le sol qui le nourrit a du fond. Dans 
une terre franche et forte, il pousse avec une 
grande activité , dure long-temps et acquiert jus- 
qu'à dixsept mètres de hauteur. Le bois: de 
Charme est dur, compacte et blanc ; il prend bier 
le poli, et est recherché pour faire les manches 
d'outils, pour les ouvrages du tourneur , da char- 
peantier , du menuisier; on s’en sert pour vis de 
pressoir, maillets, roues de moulin, et comme 
bois de chauffage. Sous ce dernier rapport, il 
brûle lentement, donne beaucoup de chaleur et 
fournit une braise ardente. 

On possède deux variétés du Charme commun, 
l'une à feuilles panachées, l’autre à feuilles imi- 
tant beaucoup celles de certains chênes: on les 
multiplie, par la greffe. 

Il en est de même du Cnarnme pu Levanr,'C. 
orientalis, arbrisseau un peu sensible à la gelée 
dans sa jeunesse, dont le port est diffus par le 
grand nombre de rameaux. [la l'écorce d’un gris 
brun, les feuilles petites, ovales, en cœur, den- 
tées et d’un vert sombre, Il lui faut un terrain 
plus chaud et moins fort, ainsi qu’une situation 
plus abritée que pour l'espèce commune. 

(T, ». B.) 

CHARME-HOUBLON, Ostrya. (B0T. Pran.) 
Genre, comme le précédent , de la famille des 
Amentacées. On ne lui connaît que deux espèces 
exotiques, celle d'Italie, ©. vulgaris, qui donne 
quelquefois de bonnes graines dans le climat de 
Paris ; et celle de la Virginie, O. virginica, crois- 
sant en forêts en celte contrée de l'Amérique cen- 
trale, de même que dans Ja Caroline. Le Charme- 
Houblon a recu son nom de ses capsules aplaties 
imitant le cône du Houblon, Æumulus lupulus. Les 
fruits dela première espèce sont surmontés de fol- 
licules ovales et disposés autour d’un axe commun, 
tandis qu'ils sont plus gros, beaucoup plus longs 
et distribués par grappes dans la seconde. L'une a 
les feuilles ovales , pointues , bordées de dents ai- 
guës et inégales, portées sur des pétioles courts, 
un peu velus ; celles de l'autre sont plus grandes, 
lancéolées et chargées de poils. (T. ». B.) 

CHARNIÈRE. (mour.) Ÿ. Coque. 

CHARPENTIER. (o1s.) On désigne ainsi les oi- 
seaux qui, comme les Pics, percént et entaillent 
le tronc des arbres. 

CHARPENTIÈRE ou MENUISIÈRE. (1ns.) Nom 
vulgaire de plusieurs Hyménoptères qui percent 
le bois afin d'y déposer leurs œufs. Ÿ’. Agrizee et 
XyLocoPs. (Guér.) 

CHARRUAS. ( am. } Nom d’unenation d’hom- 
mes qui habitent l'Amérique méridionale et dont on 
a vu récemment une famille à Paris, (7. Houwwe.) 

(GuËn.) 

CHARYBDEet SCYLLA. (ckoer. pays.) Ge fa- 
meux courant du détroit de Messine a beaucoup 
perdu de son antique célébrité : certes, il est en- 
core dangereux à traverser aujourd'hui, mais ce 
n’est plus ce gouffre effrayant , engloutissant tout 


ce qui l’approche, et tel que nous l’a dépeint Ho- 
mère, 

Scylla est un rocher situé sur la côte de Cala- 
bre; en face, sur la côte de Sicile, se trouve le 
cap Pelore, et entre ces deux points est le détroit 
de Messine; avant d’entrer dans le détroit , à quel- 
ques milles, on entend déjà le mugissement des 
tournans d’eau, et à mesure que l’on s'approche 
davantage, le bruit augmente ; enfin lorsque l'on 
est dans le détroit, on voit les tournans où la mer 
s’agile violemmemt, même lorsqu'elle est calme 
partout ailleurs. Ces goufires sont peu dangereux 
tant que la mer est calme; mais, pour peu que les 
vagues viennent S'y briser, ils forment une mer 
terrible. Le gouffre de Gharybde est situé près du 
havre de Messine, et en rend quelquefois l’entrée 
assez diflicile. Aussi, pour l'éviter, les vaisseaux 
sont-ils obligés de ranger la côte de Calabre, et 
alors, lorsqu'ils sont arrivés à l’endroit le plus 
étroit du phare de Messine, le courant les entraîne 
rapidement vers le rocher de Scylla, où ils cou- 
rent grand risque d'être jetés : de là est venu le 
proverbe lauin : 


Incidit in Scyllam cupiens vitare Charybdim. 


Cependant il faut que l'action des eaux ait con- 
sidérablement modifié les pointes des récifs dont 
le danger, comme nous venons de le voir, était 
devenu proverbial chez les anciens ; car aujour- 
d'hui il est assez facile d'éviter et le rocher de 
Scylla et le gouffre de Charybde; il est très-rare 
que de nos jours des vaisseaux viennent se perdre 
dans ces parages. (G. d.) 

CHASSE. L'industrie humaine a multiplié à 
l'infini les moyens de dompter, de prendre les 
animaux de toute espèce : les mammifères, les oi- 
seaux, les reptiles et même les insectes. Ces 
moyens ont dû varier en raison des besoins, des 
ressources et de l'intelligence des différens peu- 

les ou même des individus. On a écrit de longs 
traités sur les diverses chasses, mais il ne peut 
être de notre sujet de les analyser ici. L'invention 
de la poudre à canon a laissé tomber en désué- 
tude un grand nombre de procédés qu'il serait au 
moins inutile de tirer de l’oubli; il n’est guère im- 
portant non plus de tracer dans ce Dictionnaire 
ceux que le désir de vains amusemens a pu sug- 
gérer à l’oisiveté de certains hommes. Nous ne 
confondons pas , dans l’omission volontaire que 
nous commettons à cet égard, les moyens d’obte- 
nir et de conserver intacts les animaux réservés 
aux études: ces moyens doivent être examinés 
ailleurs. (7/oy. Cozrscrion.) (P. G.) 

CHASSELAS. (mor. puaw.) Nom d’une variété 
de raisin très-estimée. Ÿ. Views. (Guér.) 

CHAT, F'elis. (mam.) Ce genre a été établi 
par Linné; il fait partie de l’ordre des Carnas- 
siers , et doit être placé à côté de celui des Hyènes. 
Les espèces qu'il comprend sont digitigrades , et 
offrent toutes un air de famille qui les fait aisé 
ment reconnailre ; elles ont d’ailleurs les caractères 
suivaDs : . 

Pieds antérieurs pentadaciyles, c’est-à-dire à 


CHAT 96 


cinq doigts, les postérieurs tétradactyles ou à qua- 
tre; ces doigts, surlout ceux des pieds antérieurs, 
sont toujours armés, excepté chez le Guépard, 
d’ongles relevés dans le repos et couchés oblique- 
ment dans les intervalles des doigts, d’où ils 
peuvent sortir à la volonté de l'animal, qui les 
meut en contractant les muscles fléchisseurs de 
ses dernières phalanges. C’est au moyen de ces 
ongles, que l’on appelle ongles rétractiles ougriffes, 
que l’animal s'accroche à sa proie et aux corps 
contre lesquels il veut grimper ; lorsqu'il les rentre 
dans leurs gaînes ct les cache sous les poils, on dit 
qu'il fait patte de velours. Les dents ne sont pas 
moins remarquables ; elles sont établies sur le type 
le plus carnassier que l’on connaisse ; leur nombre 
est de trente, savoir : 12 incisives, six à chaque 
mâchoire : les quatre intermédiaires tranchantes, 
disposées en forme de coin et échancrées à leur 
face interne; les deux latérales plus grandes et 
pointues; 4 canines, très-grandes, coniques et 
peu crochues; 14 mâchelières ainsi distribuées : 
deux fausses molaires en haut et en bas de chaque 
côté; quatre carnassières (une à chaque partie), 
les supérieures à trois lobes et un talon mousse 
en dedans, les inférieures sans talon: et enfin 
deux très-petites tuberculeuses à la mâchoire su- 
périeure (nne de chaque côté), sans rien qui leur 
corresponde en bas. 

La langue des Chats est mince et couverte à sa 
face supérieure de papilles cornées, dont la pointe 
est dirigée en arrière; c'est pour cela que ces ani- 
maux écorchent lorsqu'ils lèchent ; les oreilles sont 
courtes, en cornet triangulaire et dressé, avec un 
repli et un petit lobe à la base de leur bord ex- 
terne. La queue est le plus souvent longue et très- 
mobile. Elle est tantôt nue et floconneuse à son 
extrémité , tantôt au contraire couverte dans Loute 
son étendue de poils très-longs, comme chez les 
Lynx. La verge des mâles est dirigée en arrière et 
couverte de crochets; les femelles ont le vagin 
tout-à-fait simple; leurs mamelles sont abdomi- 
nales et varient pour le nombre. 

Tous les animaux du genre Felis ont la tête ar- 
rondie , le museau court et qui paraît donner peu 

’étendue à l'organe de l’odorat , mais les narines 
s'ouvrent sur les côtés d’un mufle assez élargi; 
leurs yeux sont diurnes ou nocturnes, c’est-à-dire 
qu'ils leur permettent de voir tantôt de nuit, tan- 
tôt de jour; ils ont leurs pupilles rondes ou ver- 
ticales. 

On compte plus de quarante espèces de Chats 
répandues dans l’ancien continent et dans le nou- 
veau, sous toutes les lalitudes, cependant plus 
abondantes entre les Tropiques que dans les con- 
trées du Nord. Toutes ont un riche pelage com- 
posé de poils courts ou bien au contraire fort 
longs, et dont la coloration , généralement fauve, 
est tantôt uniforme , tantôt variée de bandes ou 
de taches plus ou moins grandes. Ce sont de tous 
Jesmammifères ceux qui ont le plus d’appétit pour 
la chair : aussi aiment-ils à se rcpaître d’une proie 
palpitante, et ne mangent-ils la viande morte que 
lorsqu'ils n’ont puen trouver d'autre, Leur taille 


CHAT 


varie, depuis celle du Chat domestique et aw 
dessous, jusqu’à celle du Lion et du Tigre, qui là 
sont les plus grands de l’ordre des Carnassiers ;: 
mais ils offrent tous à peu près les mêmes habi- 
tudes. Prudens sans pour cela manquer de cou- 
rage, ces animaux surprennent plutôt leur proie 
qu'ils ne l’attaquent ; pour Fatteindre, ils se tien- 
nent cachés derrière quelque tas de feuillage , 
s’élancent dès qu'ils la croient à leur portée; et, 
comme ils sont très-agiles, ils la manquent rare- 
ment ; les plus petits la poursuivent même jusque 
sur les arbres. Ils courent très-vite, cependant 
les Chiens les surpassent , mais ils sont de tous les 
animaux ceux qui progressent par bonds avec le 
plus de célérité. 

Ils sont presque tous nuisibles à l’homme par 
les dégâts qu'ils occasionent dans ses troupeaux ; 
quelques uns sont même assez hardis pour l’atta- 
quer lui-même; cependant avec des soins on par— 
vient à les apprivoiser presque tous, et il en est 
que l’on tient en domesticité. 

Nous les diviserons, avec M. Fréd. Curvier, en 
deux sous-genres, le premier comprenant toutes 
les espèces qui ont les ongles rétractiles, et le 
second réservé au Guépard, qui seul manque de 
cette sorte d’armes. Le premier sous-genre sera 
partagé en deux sections, l’une pour les espèces 
qui ont les pupilles rondes et qui sont de l’ancien 
ou du nouveau continent ; l’autre pour les espèces 
telles que le Chat domestique, etc., qui ont aw 
contraire les pupilles verticales. On pourrait aussi, 
comme quelques personnes ont essayé de le faire, 
choisir parmi les espèces du genre quelques unes 
de celles qui sont le plus remarquables (telles que 
le Lion, le Tigre, le Léopard, le Lynx, etc.),et les 
considérer comme lestypes d’autant de sous-gen- 
res dans lesquels les autres viendraient se grouper. 


$ I. Espèces dont les ongles sont rétractiles. 


Les espèces de ce sous-genre sont très-nom- 
breuses; aussi a-t-on recours pour les classer à 
la forme de leurs pupilles et même à leur patrie. 

+ Espèces dont la pupille est circulaire. Les 
unes sont de l’ancien monde : 

Lion, Felis leo, L. Cette espèce, décrite par: 
tous les auteurs, est facilement reconnaissable à 
la couleur fauve uniforme de son pelage, ras sur 
le corps et transformé en une épaisse crinière sur 
le cou; sa queue est longue et terminée par un 
flocon de poils peu développés ; la Lionne, qui est 
la femelle, ne diffère du mâle que parce qu’elle 
manque de crinière; elle met bas quatre ou cinq 
petits, qui présentent une livrée plus foncée: 
pendant leur jeune âge. 

Le Lion est célèbre depuis la plus haute anti- 
quité par son courage et la magnanimité qu’on Jui 
prête ; il est le plus fort et le plus belliqueux de. 
Lous les animaux ; on le trouve dans toute l’Afrique 
et dans une grande partie de l'Asie; il paraît 
même qu'il existait autrefois en Grèce. Selon la 
localité où il se trouve, cet animal présente quel- 
ques différences qui ont servi à établir les variétés, 
suivantes : 


1° Lion DE BARBARIE ; 


CHAT 


1° Lion DE Bargarre, qui a le pelage brun et 
une crinière dans le sexe mâle. 

2° Lron pu SÉNÉGAL, doni la crinière est moins 
épaisse et le pelage plus jaunâtre. 

3° Lion pe PERSE ou D'Anragie; son pelage est 
de couleur isabelle pâle , et sa crinière épaisse. 

4 Lion pu Cap, que l’on peut diviser en deux 
races, l’une jaune et l’autre brune, qui est la 

lus féroce et la plus redoutée de toutes. 
Le Felis spelæa de M. Goldfuss est une espèce 


fossile , observée dans la caverne de Gailenreuth; 


elle est voisine du Lion pour la taille, et de la 
Panthère pour la forme. 

Tiers , l'elis tigris, appelé aussi Tigre royal, 
a été de tout temps célèbre par sa férocité et son 
ardeur pour le carnage. Son pelage est ras, sans 
crinière sur les épaules et très-remarquable pour 
ce qui est de la distribution des couleurs ; c’est, 
sur un fond jaunâtre en dessus et blanc en des- 
sous, une série de lignes irrégulières placées lon- 
gitudinalement et teintes d’un beau noir. Le Tigre 
est répandu dans toute l'Asie méridionale , il est 
après le Lion le plus grand des F'elis. Sa réputa- 
tion de férocité tient à ce qu'il a plus souvent que 
les autres l’occasion d’attaquer l’homme et les 
animaux domestiques , attendu que, dans des pays 
très-peuplés, il habite le bord des fleuves ; mais 
il est très-prudent et se retire plutôt que de com- 
battre, lorsqu'il ne soupçonne pas que la victoire 
sera pour lui. On connaît plusieurs exemples de 
Tigres apprivoisés. Ainsi nous savons que les Ro- 
mains en montraient dans leurs spectacles, et même 
que l’empereur Hélisgabale, dans une représen- 
tation du Triomphe de Bacchus, parut sur un 
char traîné par deux de ces animaux. Marc-Paul 
a vu les empereurs tartares les employer pour la 
chasse. 

Panruëre, l'el. pardus, L. Cette espèce, sur 
laquelle Georges Cuvier a donné, dans l’ouvrage 
intitulé Ménagerie du Muséum , une notice fort in- 
téressante , est fauve en dessus et blanche en des- 
sous, avec six ou sept rangées de taches en forme 


. de roses, c’est-à-dire formées par la réunion de 


cinq ou six taches simples sur chaque flanc. Elle 
compose avec quelques autres la série des Chats 
tachés, connus dans le commerce de la pelleterie 
sous le nom de Tigres d’ Afrique ou à taches. 

La Panthère n’attaque que les espèces de Ga- 
zelles , les petits quadrupèdes et les oiseaux qu’elle 
poursuit jusque sur les arbres. Elle est commune 
en Afrique et principalement sur la côte de Bar- 
barie, d’où les anciens tiraient les nombreux in- 
dividus qui furent tués dans le Cirque. Les Grecs 
lui donnaient le nom de Pardalis et les Latins 
celui de Panthera. 

Lioparp, Felis leopardus, L. Il est figuré dans 
l'ouvrage de MM. Fréd. Cuvier et Geoffroy, livrai- 
son vingtième. Sa longueur est de cinq pieds cinq 
pouces, y compris la queue; sa hauteur moyenne, 
deux pieds un pouce. Le Léopard est semblable 
à la Panthère, mais il présente neuf ou dix rangées 
de taches sur les flancs. M. Temminck prétend 
qu'on ne peut l'en distinguer et le réunit avec 


T. Il. 


97 


PS 


CHAT 


elle sous le nom commun de Léopard; sa Pan- 
thère est une espèce qui ne vit qu'à Java. 

La Guinée , le Sénégal, etc., sont les contrées 
où l’on trouve communément le vrai Léopard. 

SErvaL, el, serval, L. Ilest long de trois 
pieds un pouce, en comprenant sa queue , et haut 
d'environ un pied neuf pouces. Sa couleur est 
fauve, très- claire en dessus, blanche en dessous , 
avec de petites taches rondes et pleines distribuées 
irrégulièrement. La queue est annelée dans sa 
moitié postérieure, son bout est noir. 

Les peaux du Serval sont connues dans le 
commerce sous le nom de Chat-tigre. Elles arri- 
vent par centaines du Sénégal et du cap de Bonne- 
Espérance. 

Caracaz, el. caracal. Il est fauve isabelle en 
dessus, avec les oreilles noires extérieurement et 
surmontées d’un pinceau de poils. Get animal, 
appelé encore Lynx de Barbarie ou du Levant, est 
le Lynx des anciens, et peut-être aussi le Lynx 
africain dont parle Aldrovande. Son nom est un 
abrégé du turc £ara (noir) et ka/ach (oreilles), On 
trouve le Caracal dans tout le Levant ainsi qu’en 
Barbaric , au Sénégal et même au Cap. 

Lynx De Moscovie, FF, servaria, Temm. Il est 
de la taille du.Loup. Sa belle et précieuse four- 
rure est connue dans le commerce sous le nom de 
Loup cervier où Lynx moscovite. Elle est entière- 
ment d’un beau gris argentin , parsemé de taches 
noires ; sa queue est touffue et noire à son extré- 
mité. Elle arrive par petites cargaisons des mar- 
chés de Moscou, quila recoivent dun fond de 
l'Asie. Les peaux des adultes, lorsqu'elles ont 
leurs taches d’un beau noir, se paient jusqu'à 
centfrancs, cent vingt et même cent trente. Celles 
de la qualité moyenne valent pour le moins qua- 
tre-vingts francs chacune. La Sibérie paraît être le 
lieu que cette espèce habite. 

Lynx poLatre, F. borealis, Temm. Les peaux 
de cette espèce sont d'un gris argentin , avec des 
ondes et de petites taches fauves ou brunes. Elles 
sont beaucoup plus répandues que les précédentes. 
On les désigne sous les noms de Loup cervier du 
Canada et de Lynx de Sibérie. Leur prix courant 
est de trente francs. On donne pour patrie à ce 
Lynx les régions polaires des deux continens. 

Lynx, Felis lynx des auteurs modernes, n’est 
point l'animal que les anciens connaissaient sous 
ce nom (voy. le F. senvaz). La longueur de son 
corps est de 20 pouces , sa queue en mesure sept ; 
sa hauteur moyenne est d’un pied quatre pouces. 
Le Lynx, quiétait autrefois très-répandu par toute 
l'Europe, est aujourd’hui refoulé dans quelques 
parties encore boisées et montagneuses de ce conti- 
nent ; on ne le trouve plus guère qu’en Allemagne, 
en Suisse, en Prusse et en [talie. En France il est 
très-rare et n’y existe même qu'accidentellement. 
On soupconne qu'il se trouve aussi dans le nord 
de l'Afrique. Le Muséum possède un individu dont 
la patrie indiquée est celle-ci, mais c’est une in- 
dication qui a besoin d’être vérifiée. 

Auprès de cette espèce on peut ranger, comme 
formant une petite section , tous les Chats qui ont 


99° Livraison, 15 


CHAT 


1 


98 CHAT 


des pinceaux de poils aux oreilles. Tels sont le Lynx } qu’une simple variété de cette Panthère qu'il n’a 


de. Moscovie, le Caracal, le Lynx polaire et en- 
core l'espèce suivante, que M. Temminck a décrite 
dans ses Monographies de Mammalogie sous le 
nom de 

Car PARDE, f'el. pardina. La longueur de ce 
Felis est de deux pieds neaf pouces en comprenant 
ia queue qui à sept pouces. Sa taille est celle du 
Blaireau, mais il est plus élevé sur jambes. Il pa- 
raît habiter les contrées les plus chaudes de l’Eu- 
rope, telles que le Portugal , l'Espagne et peut-être 
aussi la Sardaigne et la Sicile. On n’a pointencore 
constaté son existence en Barbarie, mais il est 
probable qu'il s’y trouve. Son pelage est fauve, 
avec des taches noires plus ou moins foncées en 
dessus et blanches en dessous. Il est connu dans 
le commerce sous le nom de Lynx de Portugal. 
C’est une fourrure peu estimée à cause de sa rareté 
et de la longueur de ses poils. Son prix est de six 
francs à dix et même quinze. 

Cuar ps Java, l'elis javanensis et sumatrana, 
Horsfield, nommé par Temminck le Servalien, 
Felis minuta. Cette espèce, qui fait double em- 
ploi, a de longueur dix-sept pouces pour le corps 
seulement, et de hauteur moyenne huit pouces. 
Elle est d’un gris jaunâtre, blanchâtre en dessous, 
variée de taches noires pleines et irrégulières. 
Cinq bandes pleines garnissent le dessus du cou et 
deux les côtés des joues. Le bout de la queue est 
blanc. On trouve ce Chat à Java et à Sumatra. 
C'est le Kurwuk des Javans. 

Cnar pu Népaur, Felis torquata, Fréd. Cuv., 
Histoire des Mammifères. Ce Chat est long de 
vingt-trois pouces, et haut de dix seulement, Il 
est d’un gris fauve, assez clair en dessus, plus pâle 
dessous et varié de taches longues transversales 
sur les parties antérieures, plus petites et isolées 
sur les postérieures. Sa queue à cinq demi-an- 
neaux en dessus et le bout noir. Le Bengale et le 
Nepaul. 

CHAT A TACHESDE ROUILLE, l'elis rubiginosa. Cette 
autre espèce, plus récemment connue, a été rap- 
portée de Pondichéry par M. Bélanger et décrite 
par M. Isid. Geoffroy dans la partie mammalogi- 
que du Voyage aux Indes orientales. Elle se dis- 
tingue de toutes les espèces congénères par un 
système de coloration tout-à-fait particulier, et 
qui lui a mérité son nom. Elle a le pelage gris- 
roussâtre supérieurement , blanchâtre inférieure- 
ment, et marqué de taches de rouille, qui sont sous 
le ventre d’une teinte plus foncée que partout ail- 
leurs. Sa queue est de la même couleur que le 
fond de son pelage, et sans taches. Taille du 
Chat domstique. 

A la suite de ces espèces viennent quelques 
autres appartenantégalement à l’ancien continent, 
mais qui sont bien moins connues. Tels sont le 
Fes poné et le FEris Lonciga de M. Temminck, 
ainsi que sa Panruère pe Java, qu’il considère 
comme une espèce distincte de celle d'Afrique , 
celle-ci étant regardée par lui comme analogue 
au Léopard. (Foy. ci-dessus.) Suivant cet auteur, 
le Cnar meas, Felis melas de Péron, ne serait 


* 


point encore figurée. M. Lesson regarde au con- 
traire le welis Felas comme une espèce parfaite- 
ment établie. «(Sa taille est, dit-il, celle de la 
Panthère (Panthère d'Afrique, ou Léopard de 
M. Temminck }; son pelage est d’un noir très-vif, 
sur lequel se dessinent des zones de même couleur, 
mais qui semblent plus lustrées. Ce Chat, nommé 
Arimaou par les Savanais, sert aux combats sin- 
guliers du Rampok. » Voy. l'article Panruëre de 
ce Dictionnaire. f 

Etudions maintenant les espèces à ongles ré- 
tractiles et pupilles circulaires qui apparliennent 
au nouveau continent. 

Ces espèces sont assez nombreuses; mais il en 
est plusieurs qui ont été indiquées trop vaguement 
pour qu'il soit permis de les caractériser. 

daauar , f, onca, Linn., dont il existe deux 
bonnes figures, mâle et femelle, dans l'ouvrage de 
M. Fréd. Cuvier, Hist. nat. des Mammif., est la 
grande Panthèré des fourreurs. Son pelage , fauve 
en dessus , est blanc en dessous , marqué detaches 
noires circulaires en forme d’yeux, et rangées sur 
cinq ou six lignes de chaque côté du corps. Il ha- 
bite les forêts marécageuses d’une grande partie 
de l'Amérique méridionale. Le Jaguar noir, Felis 
nigra, Erxleben , est une simple variété de cette 
espèce , et de laquelle Marcgrave a parlé sous le 
nom de Jaguarité. 

Coucuar, Felis concolor, est le ‘Gouazouara de 
d'Azara. On le nomme aussi Lion des Péruviens 
ou Tigre rouge. Son pelage est d’un fauve agréa- 
ble ei uniforme, sans aucune tache ; ses oreilles 
sont noires, sa queue noire à son extrémité seu- 
lement. Les jeunes ont dans le premier âge une 
livrée comme les Lionceaux. Le Couguar habite 
l'Amérique méridionale et une grande partie de 
l'Amérique septentrionale. On le trouve au Para- 
guay, au Brésil, à la Guiane et dans les États- 
Unis. Le Feuis nom, elis discolor qui se trouve 
à Cayenne, n’en est peut-être qu'une variété, af- 
fectée de mélanisme. 

Car sacuarounDt, Felis Yaguarundi, Desm., 
habite le Chili, la Guiane et le Paraguay. II est 
de la taille du Chat domestique et se tient dans 
les bois, où il fait la chasse aux oiseaux. Son pe- 
lage est d’un brun noir piqueté de blanc sale, et 
les poils de sa queue sont plus longs que ceux du 
corps. 

Carr, Fel. mitis, Fréd. Cuv., Mamm. , est long 
de deux pieds onze pouces, et haut de quatorze 

ouces environ, Son pelage est fauve, marqué de 
rangées de taches noires sur le dos et sur les flancs, 
où elles sont plus petites. Oreilles noires, avec une 
tache blanche sur le milieu de chacune. Ge Chat 
a pour patrie le Brésil et le Paraguay. Ses mœurs 
douces lui ont fait donner le nom de Felis mitis. 

Cnar £1éGanT, Fel. elegans , décrit par M. Les- 
son et figuré dans sa Centurie zoologique. Gelui-ci 
a de longueur totale trente pouces six lignes. Son 
pelage est court, épais, fourni et très-doux , tein£ 
de roux vif sur les parties supérieures, avec des 
taches d’un noir profond, tandis que les inférieures 


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12. Chat cléeeant 2. Chat sauvage LC domestique 


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sont blanches et tachées.de brun foncé. Il habite 
le Brésil. (Foy. notre Atlas, pl. 96, fig. 1.) 

Oscor , Fel. pardalis, L. , décrit par Buffon, 
au t. x, pl 55et 36, a de longaeur quatre 
pieds deux pouces. Il est fauve en dessus, blanc 
en dessous, et varié sur les flancs et la croupe de 
bandes obliques d’un fauve foncé, bordées de 
noir, et qui sont aunombre de cinq. C’est le Mara- 
caya du prince Maximilien de Neuwied. Il habite 
l'Amérique méridionale, la Guiane principale- 
ment et le Paraguay. Il a été décrit par d’Azara 
sous le nom de Chibiguaza. 

Oczzoïne, Fel, macroura, Temm., Monogra- 
phies. Cette espèce, que l’on doit au prince de 
Neawied, est longue de trois pieds sept pouces, 
et haute d'environ un pied. Son pelage est plus 
clair que celui de l’espèce précédente, et ses ta- 
ches des flancs plus allongées et mieux encadrées. 
Elle habite le Brésil. 

Cozocorza, F. colocolla, a été décrit par 
M. Fréd. Guvier dans l'Histoire des Mammifères. 
Sa taille est celle du Chat domestique. Il est blanc, 
avec des bandes transversales noires et jaunes, 
flexueuses. Sa queue est annelée jusqu’à sa pointe de 
cercles noirs. On le trouve dans les forêts du Chili. 

CHar BA1, el. rufa, appelé aussi Zynx d’ Amé- 
rique et Chat servier, est de la taille du Renard. 
Son pelage est gris , teint de fauve, avec'de petites 
taches noires très-nombreuses, placées sur-le 
corps ct sur les membres ; ses oreilles ont de pe- 
tits pinceaux comme celles du Lynx; en hiver il 
prend une teinte roussâtre. Cet animal habite 
l'Amérique septentrionale. M. Temminck croit 
qu'il faut lui rapporter le ‘Lynx du Mississipi et le 
Chat à ventre tacheté de M. Geoffroy. Cest le 
Bay-cat des Anglo-américains. 

T1 Espèces à ongles rétractiles qui ont les pu- 
pilles verticales. 

En première ligne on doit placer le Car sau- 
vaGe, Felis catus, L., représenté dans notre Atlas, 
pl. 96, fig. 2, qui est d’un tiers environ plus 
grand que notre Chat domestique. Ses couleurs 
sont en dessous d’un blanc grisâtre, en dessus 
d'un gris foncé, nuancé de jaunâtre et varié de 
bandes plus foncées, disposées longitudinalement 
sur le dos et transversalement sur les flancs, les 
épaules et les cuisses ; lèvres noires ainsi que la 
plante des pieds; queue annelée de noir et de 
gris fauve, avec son extrémité noire. Cet animal 
vit isolé ou par paires dans les contrées couvertes 
de bois. On le trouve en Europe et dans une par- 
tie de l’Asie. Sa nourriture consiste en oiseaux de 
toutes sortes et en petits mammifères rongeurs ou 
carnassiers qu’il guette et poursuit sans cesse, et 
sur lesquels il tombe ordinairement à l’improviste. 
Les mâles s’allient avec les femelles de nos Chats 
domestiques. 

C’est de cette espèce que l’on fait généralement 
descendre les diverses races de nos Chats domes- 
tiques, parmi lesquelles les plus notables sont : 

- Le Car D'Espacne, Pelis catus hispana, figuré 
par Buffon aut. vr de son Histoire des quadrupè- 
des. Son pelage se compose d’un mélange de ta- 
[l 


ches blanches, rousses et noires ; ses lèvres et la 
plante de ses pieds sont de couleur de chair. 

Le Car pes cHarTREux, ?, catus cæruleus, L., 
Buff., t. 1v, pl. 1v, dont les poils sont très-fins et 
généralement d’un gris d’ardoise uniforme ; lèvres 
et plañtes des pieds noires. 

Le Cnar D'Ancora, F! catus angorensis, L., 
Buff.,1v, pl. 5 , est revêtu de poils longs et soyeux, 
variant assez pour la couleur. 

Les Cnars pomesriques Ticrés, Fel. catus do- 
mesticus, Atlas, pl 96, fig. 5, sont les plus com- 
muns. Ils paraissent se rapprocher plus qu'aucun 
autre du type sauvage. 

Ces animaux, comme le dit Buffon, ne sont 
qu'à demi-domestiques ; ils font la nuance entre 
les espèces vraiment domestiques et celles qu’on 
ne trouve qu’à l’état sauvage. «Le Chat, dit ce 
grand naturaliste français , n’est qu’un domestique 
infidèle , qu’on ne garde que par nécessité, pour 
l’opposer à un autre ennemi domestique encore 
plus incommode et qu’on ne peut chasser; car 
nous ne comptons pas les gens qui, ayant du goût 
pour toutes les bêtes, n’élèvent des Ghats que 
pour s’en amuser ; l’un est l'usage, l’autre l'abus ; 
et quoique ces animaux, surtout quand ils sont 
jeunes , aient de la gentillesse, ils ont en même 
temps une malice innée, un caractère faux, un 
naturel pervers , que l’âge augmente encore, et 
que l'éducation ne fait que masquer... La forme 
du corps et le tempérament sont d’accord avec le 
naturel ; le Chat est joli, léger, adroit, propre et 
voluptueux : il aime ses aises ; il cherche les meu- 
bles les plus mollets pour s’y reposer et s’y ébattre ; 
il est aussi très-porté à l’amour; et, ce qui est 
rare dans les animaux, la femelle paraît plus ar- 
dente que le mâle; elle l'invite, elle le cherche, 
elle l’appelle, elle annonce par de hauts cris la 
fureur de ses désirs, ou plutôt l’excès de ses be- 
soins, et lorsque le mâle la fuit ou la dédaigne , 
elle le poursuit, le mord, et le force pour ainsi 
dire à la satisfaire , quoique les approches soient 
accompagnées d’une vive douleur. » Gette douleur, 
que les Chattes expriment par des cris si aigus, est 
produite par les papilles cornées et dirigées en 
avant , dont l’organe mâle est garni à sa pointe. 

Les Chats domestiques ne s’attachent point à 
l’homme aussi fidèlement que le chien, cependant 
ils se trouvent aujourd’hui sur presque toute la 
terre habitée; mais dans quelques endroits ils 
n’ont été apportés qn’à une époque récente et ils 
ne paraissent pas avoir existé à la Nouvelle-Hol- 
lande avant la découverte de cette vaste contrée 
par les Hollandais. Dans plusieurs endroits il à 
quitté les lieux habités pour rentrer dans l’état 
sauvage. 

Suivant M. Temminck le Chat domestique ne 
viendrait point du Felis catus, mais d’une autre 
espèce qui habite l'Égypte. Voici ce que dit cet 
auteur (Monographies de mammal): «En cherchant 
» à remonter à l’origine de la domesticité du Chat, 
» on se trouve en quelque sorte guidé par la pensée 
» vers les contrées qui furent témoins des premiers 
Ȏlans de Ja civilisation , des connaissances et des 


CHAT 


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CHAT 


RP 


» arts. C’est de l’enceinte des temples consacrés à 
» [sis et sous le règne des Pharaons qu’on a vu 
» naître les premiers rayons des sciences, depuis 
» plus dignement honorées en Grèce et portées de 
»proche en proche dans les contrées que nous 
» habitons. L'Egypte témoin de cette civilisation 
» naissante a sans doute fourni à ces habitans réu- 
» nis en société cet animal utile. Plus encore que 
»les autres peuples cultivateurs, les Égyptiens 
»ont dû apprécier les bonnes qualités du Chat ; 
» s’ils enont eu connaissance, ce que tout porte à 
» croire, il est certain qu’une espèce sauvage pro- 
» pre à ces contrées a fourni la première race do- 
» mestique.» 

L'espèce égyptienne qui a offertà M. Temminck 
le sujet de ces considérations a élé rapportée de 
l'Afrique septentrionale par M. Ruppel; M. Tem - 
minck l’a décrite dans ses Monographies sous lenom 
de Cat GANTÉ, Felis maniculata. Cette espèce 
est un peu plus petite que le Chat domestique 
(la domesticité influe le plus souventsur la taille des 
animaux en l’augmentant , aussi est-il fort extra- 
ordinaire. dit M. Temminck, de voir que le Chat 
sauvage d'Europe est plus gros que les races domes- 
tiques auxquelles il a donné naissance). Sa queue 
est de même dimension, et la teinte de son corps 
généralement grise, marquée de fauve en dessus, 
blanche en dessous, avec sept ou huit bandes fines 
et noires sur l’occiput et une ligne dorsale noire. 

S'il faut en croire l’auteur cité, toutes nos 
races de Chats domestiques ne reconnaîtraient 
point une même origine. C’est ainsi que ceux de 
l'Afrique et d’une partie de l'Europe descendraient 
de l'espèce égyptienne, tandis que la race du 
Chat angora, qui est originaire de la Russie asia- 
tique, serait le produit d’un autre type sauvage in- 
connu, et qui probablement vit dans les contrées 
du nord de l'Asie. 

Car BoTTÉ, Felis caligata, Temm., est un au- 
tre Felis que l’on trouve dans l'Afrique septen- 
trionale et aussi au Bengale et dans la presqu’ile 
de l'Inde. Il est un peu moins grand que le sui- 
vant, dont il ne diffère peut-être que par la face 
externe de ses oreilles qui est d’un roux brillant. 

Cuaus, Felis chaus, a été représenté dans l'His- 
toire des mammifères de M. Fréd. Cuvier, liv. 56. 
IL est long detrois pieds un pouce en comprenant la 
queue, et haut de quinze pouces. Sa patrieest l’'E- 
gypte et les contrées voisines de la mer Gaspienne. 

Marauay appelé aussi Marcay, Fel, tigrina L. 
C'est le Buracaya de d’Azara. Son! pelage, fauve en 
dessus, blanchâtre en dessous, est parsemé de 
taches noires allongées, disposées en cinq lignes 
longitudinales sur le dos et obliques sur les flancs. 
Les épaules sont tachetées de fauve foncé et bor- 
dées de brun noir; queue annelée irrégulière- 
ment, 

Le Margay habite l'Amérique méridionale, le 
Brésil et la Guiane principalement. 


S IT. Espèces dont les ongles ne sont point rétractiles. 


On n’en connaît encore qu’une seule, elle a les 
pupilles circulaires ; c’est le Guépann, Fel. jubata, 


Linn. , dont on voit la figure dans l'ouvrage de 
M. Fréd. Cuvier, livraison 39. On connaît vulgai- 
rement le Guépard sous les noms de Tigre chasseur, 
Léopard à crinière, etc.; c’est l Fouse des Persans. 
Son pelage est fauve, couvert de petites taches 
noires , rondes et pleines , disposées avec régula- 
rité, et n'ayant point la forme de rose. Il a une 
crinière sur la nuque. Longueur du corps, 3 pieds 
5 pouces ; de la queue, 2 pieds 2 pouces ; hauteur 
moyenne , 2 pieds 2 pouces. Cet animal habite 
l'Asie méridionale. On dit qu'il peut être dressé 
pour la chasse. 

On connaît quelques espèces fossiles appartenant 
au genre Pelis. G. Cuvier dans son grand ouvrage 
en cite deux, lesquelles ont été trouvées dans trois 
sortes de gisemens : dans les cavernes de Hon- 
grie , d'Allemagne et d'Angleterre , dans les brè- 
ches osseuses de Nice et dans les couches meu- 
bles qui renferment des débris de grands pachy- 
dermes. L’une de ces espèces est le Fel. spelæa 
(Guv., Oss. foss., nouv éd., 1v, p. 449 etpl. 36), 
aujourd'hui fort bien connu, depuis le travail de 
M. Goldfuss (Mém. de la Soc. des Curieux de la 
nat. , t. x); l’autre est le Felis antiqua, Cuvier , 
ibid. (GEnv.) 

CHAT-HUANT. (o1s.). Ce nom est vulgaire- 
ment donné aux espèces du genre Crougtre. Voy. 
ce mot. M. Cuvier l’a employé, après M. Savigny, 
pour indiquer un petit genre dans lequel il place 
la Hulotte ou Chouette des bois qui est le Chat-huant 
de Buffon. C’est un oiseau que l’on trouve par toute 
l'Europe dansles grandes forêts , et particulière- 
ment dans celles qui sont très-touffues. Il se nour- 
rit de rats, de taupes, de mulots, de grenouilles, 
de pelits oiseaux et même aussi de sauterelles et 
de scarabées. Il pond dans les nids abandonnés 
quatre ou cinq œufs blanchätres. 

On appelle Chat volant les espèces du genre 
GaALÉOPITHÈQUE (v. ce mot), et Chat genelle la Ge- 
nette ordinaire. (GErv.) : 

CHÂT DOMESTIQUE. (£cox. run.) Faire l’é- 
loge de cet animal, que les Helvétiens avaient 
choisi comme symbole de la liberté, c’est rappe- 
ler ce que Pétrarque, d. J. Rousseau et Sonnini de 
Manoncourt ont écrit en sa faveur d’une manière 
si éloquente et si pressante. Buffon et Rozier 
l'ont maltraité. Cependant il faut bien croire que 
le Chat ne mérite pas tout ce que l’on en dit de 
peu flatteur , puisqu'on le trouve dans tous les 
pays, chez les riches comme chez ceux qui sont 
loin de connaître l’aisance; qu’il est agréé dans 
toutes les maisons, où il vit en bonne intelligence 
avec les autres animaux. Le Chat réunit tous les 
extrêmes. On le craint pour ce qu’on appelle sa 
perfidie, qui n’est, en effet , que le résultat de la 
grande irritabilité dont il est doué. On l’aime par 
faiblesse , il serait peut-être plus vrai de dire par 
besoin. La guerre continuelle qu'il fait pour son 
seul et unique intérêt, purge nos habitations d’un 
ennemi importun , dont les dégâts multipliés pro- 
duisent, à la longue, d'énormes pertes. S'il atta- 
que les oiseaux, les jeunes lapins, les levrauts, 
combien de rats, de souris, de mulots, de tau- 


A © 


CHAT 


pes, de serpens , de chauve-souris , etc. , devien- 


nent sa proie! Je l’ai vu détruire des quantités con- 


sidérables de blattes durant mon séjour à Livourne, 
où les habitations en sont envahies du bas en 
haut. Il leur fait la chasse avec autant de cons- 
tance que le chien griflon. 

Ce que le Chat ne peut ravir de haute-utte , il 
le guette, il l’épie avec une patience inconceva- 


. ble. Voyez-le Lapi au bord d’un trou, ramassé 


dans le moindre espace possible, les yeux fermés 
en apparence, et cependant assez ouverts pour 
distinguer sa proieet en saisir les moindres mouve- 
mens ; son oreille est au guet , rien ne lui échappe. 
Direz-vous qu'il y a là de la férocité ? Tient-il sa 
proie, il s’en joue et s’en amuse pendant quelque 
temps. Le taxerez-vous pour cela de perfidie? Eh ! 
messieursles chasseurs, êtes-vous moins inhumains? 
insultez-vous moins au malheur, ne tendez-vous 
point des piéges nombreux aux chanires des fo- 
rêts , à la gazelle timide, au cerf, au daim, etc.? 
Et vous, misérables qui,ne vivez que de calomnie, 
qui allez troubler la paix des ménages, l’union 
des familles pour satisfaire au plaisir de dire du 
mal , êtes-vous moins féroces? Et vous qui faites le 
métier de dénoncer vos semblables, de les provo- 
quer aux désordres afin de les assommer ou de 
les tenir dans des cachots infects, êtes-vous moins 
cruels ?... Laissez au Chat son naturel, son pen- 
chant à la petite rapine, puisqu'il rend tant de 
bons services à la maison rurale, et tâchez, 
comme lui , de tempérer des inclinations vicieuses 
par des qualités réelles. 

Buffon a eu tort de dire que le Chat bien élevé 
devient seulement souple et flatteur. S'il eût étu- 
dié sans prévention cet animal, ilse serait assuré que 
lou ilest traité convenablement, il se montre ami 
fidèle et dévoué, capable de toutes les perfec- 
tions de la vie sociale. « Oui, disait mon ami 
> Sonnini, quelque perverses que l’on suppose les 
»inclinations du Chat, elles se corrigent, elles 


 »acquièrent un caractère aimable de douceur 


» lorsqu'il est traité avec ménagement, et qu’on 
» l’a habitué aux soins, aux caresses et à la fami- 
> liarité.» Je vais donner quelques faits à l'appui. 
On cite de nombreux exemples de Chattes qui 
ont nourri de leur lait des écureuils, des chiens, 
des lapins, et eurent pour ces animaux beaucoup 
d'affection; d’autres vécurent dans l'union la plus 
intime avec des oiseaux. On a vu des Chats mou- 


— rir de chagrin de la perte de leurs maîtres. Du- 


smaniant , l’auteur dramatique , avait donné l’hospi- 
talitéi à deux Chats malades. Une fois rétablis, 


ils ne voulurent plus le quitter. Il habitait d’ordi- 
naire la petite ville de Clermont-sur-Oise , et al- 
lait passer la belle saison à quelques lieues de là. 
Lorsque les deux Chats voyaient approcher les ins- 


‘tans du départ, ils partaient ensemble et se ren- 
-daient deux jours à l'avance à la nouvelle habita- 


lion, où ils recevaient leur maître avec plaisir et 
joie. Ils en agissaient de même au moment du 
retour à la ville. Flamand, de Versailles, rentier 
et vieux garçon, a recu de son Ghat la plus haute 
preuve de l'attachement. Un soir il rentre chez 


101 


CHAT 


lui assez tard, rapportant le montant d’un revenu 
qu'il touchait chaque année le même jour. À 
peine eut-il ouvert la porte de sa chambre que 
l'animal fidèle, qui ne quittait presque jamais cette 
pièce, se précipite au devant de lui miaulant d’un 
ton lamentable, se tenant dans ses jambes de ma- 
nière à émbarrasser sa marche, et comme pour 
l'empêcher de passer outre. Enfinil se lance sur sa 
poitrine, fixant les yeux vers l’alcôve. Flamand 
flatte son chat de la voix, de la main: mais ce- 
lui-ci paraît insensible à ces témoignages ; puis il 
s'approche de l’alcôve , alors le Chat saute à terre, 
setient au bord du lit, son dos s'élève en se cour- 
bant, ses oreilles se couchent, son poil se hérisse, 
sa queue s’agite avec violence, tout son être 
exhale la fureur. Le maître se baisse, aperçoit un 
pied, et conservant tout son sang-froid , il se re- 
lève en prenant le Chat dans ses bras et en lui di- 
sant: Viens, mon Bibi, je L’ai laissé trop long-temps 
enfermé , tu meurs de faim , pauvre animal, viens, 
viens prendre ta pâtée. À ces mots, il Sort empor- 
tant son Chat, ferme la porte à double tour, ap- 
pelle du secours , et l’on retire de dessous le lit 
un misérable armé d’un poignard... Et dites 
encore que le Chat n’aime point celui qui l’aime!.… 
Me (T. ». B.) 
CHAT DE MER et CHAT MARIN. ( mozc. et 
poiss.) On donne vulgairement ce nom à l’Aply- 
sia depilans, L. (v. APzysre) , et à quelques co- 
quilles hérissées d’épines, telles que le Murez tri- 
bulus, Linn., et le Aurex crassispina , Lam. (voy. 
Rocner). On a aussi donné ce nom à la Chimère 
arctique (vor. Guimère), parce que ses yeux bril- 
lent dans l’obscurité. | 
Le nom du Chat marin est donné, sur nos cô- 
tes, à l’Anarhique-loup, à la Roussette et à un 
Pinelode. 7. AnarniQue , SouALE et SILURE. 
(Guër.) 
CHATAIGNE. (807. pra.) On nomme ainsi le 
fruit du Châtaignier, On a donné ce nom à divers 
végétaux et animaux à cause des épines qui les 
couvrent et qui les font comparer à la Châtaigne 
ou à son enveloppe. Voici les principaux: 
CnaTaiene ou Brésir. Fruit de la Bertholétie. 
CHATAIGNE MARINE ou D'EAU. Le T'rapa natans. 
(7. Macre.) 
CHATAIGNE DE CHEVAL Ou MARRON D Inn. Le 
fruit de l’HrppocasrTanE (voy. ce mot). 
CHATAIGNE DE Mazcagar. Le fruit de l’Ærtocar- 
pus integrifolius. V, Anrocanre et J'AQUIER. 
CnaTalGnE DE mer. Les Oursins, principalement 
sur les côtes de Normandie. 
CHarTaiene Noire. Nom vulgaire d’un insecte du 
genre Hisps (voy. ce mot). (Guër.) 
CHATAIGNIER, Castanea. (60T.PHan.)Gæriner 
a le premier fait sentir l'erreur commise par 
Linné, quand il confondit le Châtaignier avec les 
Hêtres , et la nécessité de revenir au genre établi 
par Tournefort , qui en a fidèlement exprimé les 
caractères. Les botanistes modernes ont adopté 
l'avis du célèbre carpologue Wétéravien. L’exa- 
men atteniif des trois seules espèces connues et 
de leurs variétés, la disposition des fleurs et la 


CHAT 


102 


CHAT 


nature de la semence justifient pleinement ce 
genre nouvellement rendu à la Monoécie polyan- 
drie et à la famille des Amentacées. 

& Indigène aux climats tempérés de l’Europe où 
on le trouve dans presque toutes les forêts, ce 
grand arbre, représenté dans notre Atlas, pl.°97, 
fig, 1, vient très-bien sur les sols arides, sur les 
coteaux sablonneux et frais, sur les terres com- 
pactes et granitiques. Il aime à croître en futaies. 
Isolément il parvient à une grosseur extraordi- 
naire, à une taille gigantesque. Qui n’a pas en- 
tendu parler du fameux Châtaignier aux cent che- 
vaux que l’on voit en Sicile depuis des siècles , sur 
les laves de l’Etna, et quia dix-sept mètres de cir- 
conférence et cinquante-deux de circonférence ? 
Qui ne connaît point ceux des bords de l’Erdre, dé- 
partement de Ja Loire-Inférieure, les plus gros que 
je sache vivant en France, et ceux des environs de 
Sancerre , département du'Cher ? Quel est ke Pa- 
risien qui n’a point visité les antiques et vénéra- 
bles Châtaigniers de la Cesle près de Marly, 
ceux de Montmorency, surtout ceux verus près du 
village de Boussemont, si souvent frappés par la 
foudre? Il est peu de contrées où cet arbre soit 
répandu avec plus de profusion qu’en Gorse, sur 
les Cévennes, et particulièrement sur les coteaux 
de nos départemens de la Haute-Vienne et de la 
Gorrèze, où son fruit fait la nourriture presque 
exclusive des habitans. 

Quoiqu'il habite les vallées des hautes monta- 
gnes du Jura, des Pyrénées, des Basses-Alpes, 
qui sont couvertes de neige pendant six mois de 
l’année, le Châtaignier ne vient pas dans le Nord, 
et ceux qui croissent dans le climat de Paris ne 
donnent que des fruits de médiocre qualité. Ses 
fleurs s’y montrent tardivement. Durant sa jeu- 
nesse , il pousse avec beaucoup de lenteur ; mais 
quand on le coupe à un certain âge, au dessus de 
vingt ans par exemple, il donne, la première 
année, des rejets d’une hauteur remarquable. 
Pendant douze ou quinze années, c’est-à-dire jus- 
qu’au moment où ces rejels portent fruits, cette 
activité de végétation se soutient; mais alors elle 
se ralentit de plus en plus et finit par n'être plus 
que de quelques millimètres par an. Les pieds 
venus de semences ne parcourent point aussi ra- 
pidemert les phases de leur végétation. S'ils ne 
donnent de fruits qu’à trente ans, combien aussi 
leur existence est de plus longue durée ! combien 
sont plus brillantes, plus larges, d’un beau vert 
clair, les feuilles qui les décorent perdant un bon 
nombre de printemps! Ces pieds fournissent de su- 
perbes poutres; mais comme le bois du Châtai- 
gnier est loin de réunir la force et la densité de ce- 
lui du Chêne, qu'il est cassant, on le rejette de 
tout emploi d'œuvre qui exige de la résistance. 
Aussiest-ce par erreur que l’on parle encore d’an- 
tiques charpentes en Châtaignier, ayant traversé 
de longs âges en supportant des masses considé- 
rables. Toutes ces charpentes proviennent du 
Chêne blanc, dont l'espèce devient de plus en 
plus rare, et dont le bois a les plus grands rap- 
ports avec celui du Châtaignier. Ge dernier est 


seulement d’une teinte un peu moins obscure ; 
mais la disposition des pores, celle des fibres lon- 
gitudinales, ainsi que la qualité du grain, sont ab= 
solument identiques. Plus riche en carbone qu’en 
hydrogène, le bois du Châtaignier est le meil- 
leur que l’on puisse employer pour faire un char- 
bon excellent. C’est sous ce point de vue qu’on 
l’exploite au pied des Pyrénées. 

Nous comptons différentes variétés de Châtai- 
gniers qui ne fructifient pas également dans toutes 
les expositions. Les unes ne prospèrent qu’autant 
qu’elles sont placées au nord; les autres s’accom- 
modent plus volontiers des aspects du midi et du 
couchant; celles-ci montent très-haut; celles-là 
se tiennent dans une taille moyenne; plusieurs 
sont hâtives, tandis que quelques autres sont 
tardives. Il y en a qui produisent de très-gros 
fruits, riches en principe sucré, d’une saveur 
et d’un arôme tout particulier. Tels sont surtout 
les Châtaigniers du Brésil, petit canton dans la 
commune de Loir, à deux myriamètres de Lyon, 
et ceux du département du Var. Ces fruits portent 
à Paris le nom impropre de Marrons de Lyon. 

En certaines localités on tient le Châtaignier em 
sauvageon ; en d’autres, on le greffe; ailleurs on 
l'élève en pépinière; plus loin, on ne le veut 
qu'en forêts. Quelle que soit la position où il se 
trouve, quel que soit le mode de culture auquel on 
le soumette, le tissu ligneux s’altère assez promp- 
tement, il se ramollit et tombe en poussière. Il se 
forme alors au cœur même de l'arbre une cavité 
qui s'agrandit de jour en jour par les progrès de 
la décomposition. Bientôt le tronc ne présente 
plus qu’une écorce végétante. Le plus souvent, trop 
faible pour soutenir le poids des branches et pour 
résister aux secousses des ouragans, celle masse 
cède, larbre tombe et périt. Si l’on adoptait la 
coutume des cultivateurs du département de 
l'Allier, on compterait un ‘plus grand nombre de 
vieux Châtaigniers. Gette coutume consiste, dès 
qu'ils appercoivent que la carie fait des progrès, à 
excaver le tronc, puis à y brûler de la bruyère et 
autres broussailles, Ils poussent le feu jusqu'à ce 
que le bois soit charbonné. La carie n’agit plus 
alors et l'arbre traverse gaîment de nouvelles 
années, 

Tout Châtaignier qui n’a point été greflé donne: 
des Châtaignes sauvages , peu abondantes, petites’ 
et presque point sucrées. Les meilleures sont four- 
nies par les arbres cultivés , lesquels ne rapportent: 
véritablement que de deux années l’une. L’excel- 
lent ouvrage de Parmentier sur la cueillette, la 
préparation et l'emploi de ce fruit, que mangent 
également le riche et le pauvre, nous exempte 
d'entrer dans des détails qui seraient trop longs. 
On gagnera à lire les pages écrites par ce savant, 
qui fut le bienfaiteur des hommes, et dont toutes 
les pensées eurent pour but l'amélioration de l'a 
griculture et celle de toutes les branches de l’éco- 
nomie rurale et domestique. 

La seconde espèce de Ghâtaignier est le CHATAr. 
GXIER DE La Cuine, C. sinensis, que l’on cultive” 
dans quelques jardins botaniques, et que l'on pro- 


| 


1 .Chataionier 2.Chavaria. 3. Cheïlodaetyle. 


Æ. Cuorin dr. 


CHAT 


103 


CHAT 


page dans les îles françaises de Maurice et Masca- 

reigne. C’est un assez grand arbre. Sa Châtaigne 

est bonne à manger. 

Une troisième espèce nous esi venue de l'Amé- 
rique centrale sous le nom de CnATAIGNIER cHiIN- 
cariN, C. pumila, arbrisseau fort rameux , ne 
s’élevant guère au dessus de cinq mètres dans son 
pays, et atteignant au plus en pleine terre chez 
nous, à un mètre et demi, deux mètres. Ses fruits 
sont petits , pendent en bouquets de cinq à six en- 
semble; ils sont presque tous solitaires dans leurs 
coques; à peu près sphériques en septembre, c’est- 
à-dire à l'instant de leur première maturité, plus 
tardils deviennent pyriformes. Leur grosseur est 
celle de la noisette ordinaire des bois. Cette peti- 
tesse est rachetée par l’avantage de la bonté, de 
l'abondance et par la précocité, Elle devance tou- 

* jours de plus de trente jours la récolte de la Chä- 
taigne commune, qui, dans les années tardives, 
ne mûrit qu'en partie et n'est bonne à recueillir 
qu’à la fin d'octobre. Pour sa petite taille, le Chin- 
capin où Ghâtaignier nain peut se placer partout 
où l’on ne pourrait avoir le gigantesque mdividu 
qui produit le prétendu Marron de Lyon. Il re- 
doute plus les grandes chaleurs que les froids les 
plus rigoureux, et se plaît dans les terrains frais et 
légèrement humides. On le multiplie de semis et 
par la greffe. On le connaît depuis 1699. 

« Dans quelques cantons de France on donne le 
nom de Châtaignier à une sorte de pommier ; à la 
Guiane, au Pachire des marais, Carolinea prin- 
ceps ; les Haïtiens appellent aussi de ce nom le Gu- 
pane d'Amérique, qui a l'aspect du Châtaignier, 
Cupania americana; le Quaparier; des Savanes, 
Bannisteria tomentosa; et l'Apéiba velu, Sloa- 
nea dentata. (T. ». B.) 

CHATAIRE, Vepeta. (8oT. pan.) Trente es- 
pèces au plus, remarquables par leur odeur, et 
“quelques unes par leur grandeur, constituent ce 
“genre de plantes de la famille des Labiées et de la 
Didynamie gymnospermie. Leur patrie est res- 
treinte à la Sibérie, à l'Europe méridionale , à la 
côte de Barbarie et aux dernières limites de l’Asie 
occidentale. On les trouve dans les terrains humi- 
des et sablonneux, sur les rives des torrens qui 
 longent les Alpes et les Pyrénées. On en cultive 
plusieurs à cause de leurs fleurs carnées ou amé- 
thystées du plus bel aspect ; d’autres ont joui long- 
temps de la réputation, aujourd'hui nulle, d’être 
“emménagogues, antihystériques et carminatives. 
Une seule est très-connue sous le nom d’Æ/erbe 
aux chats, à cause du plaisir qu’ils trouvent à se 
rouler dessus , à la déchirer pour s’immerger, si 
Von peut s'exprimer ainsi, daps l'huile volatile ré- 
pandue abondamment en toutes ses parties : j’en- 
tends parler de la CHATAIRE COMMUNE, Ÿ. cataria, 
que l’on rencontre sur le bord des chemins, aux 
lieux humides , et dont l'odeur pénétrante a quel- 
que chose de félide qui la fait repousser des jar- 
dins. 

La Cnavamne TuBÉREUSE, NV. tuberosa, origi- 
nairc d'Espagne, présente dans ses racines, crues 
ou cuites, un aliment assez agréable. Elle se dis-- 


tingue aussi par ses beaux épis d’un poupre violet 
très-prononcé. Sa tige est haute d’un mètre, avec 
feuilles cordiformes, oblongues , pubescentes. Elle 
est en fleurs depuis le mois de juin jusqu’à la fin 
d'août. 

L'espèce la plus intéressante est la Cnaramme 
RËrICULÉE , N. reticulata , qui se cullive en pleine 
terre, dans les terrains secs et chauds qui lui rap- 
pellent son sol natal, la Barbarie. Cette espèce 
forme uu buisson, montant à plus d’un mètre et 
demi de haut. Ses tiges sont droites , rougeâtres sur 
leurs angles arrondis, parsemées de poils blancs, 
longs et rares, avec des feuilles d’un vert foncé, 
souvent tachetées de jaune verdâtre , opposées en 
croix et presque amplexicaules. Elle se couvre, 
durant tout l'été, de longs épis terminaux, 
chargés de fleurs d’un violet pâle on bien d’un 
bleu purpurin foncé. Pour Ja multiplier on a re- 
cours à ses graines, qui mürissent sous la tempé- 
rature de Paris, quand la plante est bien expose, 
et par la séparation de son pied au printemps. Sa 
culture, ainsi que celle des autres Chataires , ne 
présente rien de particulier. (T. ». B.) 

CHATE-PELEUSE. (ins. ) On donne ce nom et 
celui de Chate-pelue , dans nos provinces, au cha- 
rancon du blé, Ÿ. GazANDrE. (Gu£r.) 

CHATON, amentum. (mor. Pxan.) Les plus 
grands arbres de nos forêts, ceux dont on admire 
surtout le superbe feuillage , portent des fleurs sans 
éclat, humbles , exiguës, accumulées autour d’un 
axe cylindrique , et le tout , à la rigueur, ressem- 
ble un peu à la queue d’un chat. Voilà, sauf le 
respect à la gravité des sciences naturelles, l’ori- 
gine de l'expression créée par une comparaison 
rustique, et adoptée par les botanistes. On l’ap- 
pliquera donc à tout assemblage de fleurs uni- 
sexuelles, sessiles ou légèrement pédonculées, 
autour d’un axe central, qui tombe de lui-même 
après la maturité. Ce dernier caractère distingue 
le Chaton de l’épi, dont l’axe est persistant, 

Le Saule, le Noyer, le Pin, le Cèdre , etc., ont 
leurs fleurs disposées en chaton. Nous renvoyons 
aux articles même pour les varittés de ce mode 
d’inflorescence. 

Tournefort avait créé la famille des Æmentacées 
pour les arbres dont les fleurs sont disposées en 
Chaton. Mais on ne peut tirer du Chaton le carac- 
tère exclusif d’une famille. (L.) 

CHATOUILLEMENT. (Paysior.) Il est assez 
difficile de définir le Chatouillement. Cette’ sen- 
sation ést toujours le résultat d’un mode particu- 
lier d’attouchement qui consiste le plus ordinaire- 
ment dans l’action rapide , légère , inopinée des 
doigts ou de tout autre moyen sur certaines parties, 
et qui doit varier en raison de la susceptibilité de 
ces parties. Cette sensation est si vive qu’elle dé- 
termine dans l’économie un état de spasme, et 
qu’elle provoque presque toujours un tic convulsif 
Dans certaines limites , c’est une sensation de plai- 
sir, mais si elle ne cesse promptement elle devient 
un véritable supplice. On a vu des enfans tomber 
dans d’effrayantes convulsions à là suile d'un Cha 
touillement de quelques instans. Les journaux ont 


CHAU 


longuement raconté l’histoire d’une femme tuée 
par ce moyen. Cette histoire a, je crois, été con- 
testée; elle est rationellement possible. Les hypo- 
chondres , la paume des mains, la plante des pieds, 
la lèvre supérieure , les orifices de la bouche , du 
nez, de l’oreille , etc., sont les régions de la peau 
et des membranes muqueuses les plus propres à 
développer la sensation du Chatouillement. Gette 
disposition reconnaît sans doute pour cause l’abon- 
dance des nerfs dans la partie et leur épanouisse- 
ment superficiel en une sorte de tissu spongieux. 
On a tenté d'employer le Chatouillement comme 
moyen curatif chez les enfans d'un naturel indo- 
lent , d’une constitution lymphatique et menacés 
de scrophules. Un médecin allemand nous a af- 
firmé l'avoir employé comme moyen perturba- 
teur, dans l’épilepsie. S'il faut l’en croire , à l’aide 
d’une titillation prolongée sous la plante des pieds, 
il est parvenu à éloigner les accès ou plutôt à les 
prévenir. Noas pensons que, dans le plus grand 
nombre des cas, le Chatouillement serait au con- 
traire capable de déterminer des accès épilepti- 
ques chez des sujets disposés à cette maladie. 
(P.:1&.) 

CHAULIODES, Chauliodes. (ixs.) Genre de 
Névroptères de la famille des Planipennes tribu des 
Hémérobins , ayant pour caractères , prothorax 
formant corselet ; palpes filiformes ; le dernier ar- 
iicle presque conique; antennes pectinées. Ge 
genre a été établi par Latreille, qui soupconne 
que les larves doivent être aquatiques ; mais je ne 
partage pas son avis. Je suis plus porté à croire 
que ce genre, ainsi que celui de Corydale, doit 
avoisiner les Raphidies , et que, par conséquent, 
leurs larves doivent être terrestres et probable- 
ment carnassières. L'organisation du dessous de la 
tête offre lamême disposition que j’ai signalée chez 
les ARhaphidies, dans la Monographie que j'ai 
donnée de ce genre dans le Magasin de Zoologie de 
M. Guérin. Ces insectes ont le corps de grandeur 
moyenne, mais les ailes sont très-grandes par 
rapport à lui , ovalaires, oblongues. On en connaît 
très-peu d'espèces et aucune de notre pays. 

(A. P.) 

CHAUME, Culmus. (rot. Pnan.) Expression 
consacrée pour désigner la tige des Graminées, 
dont la structure uniforme , et particulière à cette 
famille, méritait un nom spécial. | 

Qu’on examine le blé, le seigle, et en général 
les céréales, on voit un Chaume lisse, cylindri- 
que, intérieurement vide, coupé de distance en 
distance par des nœuds solides, d’où partent les 
feuilles. Tels sont les caractères ordinaires et ap- 
parens de la tige des Graminées. 

Un examen plus approfondi amenera aux obser- 
vations suivantes : 

Le Chaume est solide à sa base, formé au 
centre de cellules peu allongées , puis de fausses 
trachées , etenfin vers la circonférence, de cellules 
extrêmement fines et très-allongées, qui donnent 
à cette partie plus de force qu’au tissu central. Le 
vide des entre-nœuds est dû à la destruction des 
membranes du centre et au refoulement des fibres 


104 


CHAU 


vers l'extérieur, ce qui a lieu dans toutes les plan- 
tes monocotylédonées. Le maïs , la canne à sucre 
et quelques autres grandes graminées n’offrent 
point de vide intérieur. 

Les nœuds ou articulations formés par le res- 
serrement du tube et par la convergen ce des mem- 
branes intérieures, sont les parties les plus solides 
du Chaume. Ils jettent des racines quand la tige 
est traçante. Très-rapprochés vers la base, ils 
s’écartent de plus en plus en s’en éloignant, et, à 
la parlie supérieure , gardent une distance à peu 
près égale. C’est toujours à un nœud que la feuille- 
prend naissance ; on ne pourrait guère dire lequel 
des deux produit le développement de l’autre, 

Les nœuds paraissent manquer à quelques gra- 
minées; mais c’est qu'ils sont très-rapprochés du 
collet de la racine, où l’on en trouve toujours au 
moins un. 

Il est prouvé par l’analyse chimique que le 
Chaume des graminées et surtont les nœuds con- 
tiennent beaucoup de silice. On n’a point encore 
donné d'explication suflisante de ce fait. (L). 

CHAUSSÉEDES GÉANS. (ctor.) Voyez Ba- 
SALTE. 

CHAUSSE-TRAPE. (mozz.) On donne ce nom 
à une espèce de coquille du genre Rocxer. (oy. 
ce mot. 

CHAUSSE-TRAPE. (5or. nan.) Nom vulgaire 
d’une espèce de Centaurée qui a servi de type au 
sous-genre Calcitrapa de Jussieu. 7. CEeNTAURÉE. 

(Guér.) 

CHAUVE-SOURIS. (maw.) Ces animaux font 
partie de l’ordre des Mammifères carnassiers, ils 
sont les seuls de leur classe qui aient les mains 
modifiées en manière d'ailes et qui par suite mé- 
ritent le nom de CnétroprÈres (42 , main, repoy, 
ailes, mains ailées). Voy. ce mot. ;l 

Les Chauve-souris , ou vrais Chéiroptères, sont 
généralement mal connues des personnes étran- 
gères à la science , auxquelles leur forme tout-à- 
fait singulière et tant soit peu bizarre, ainsi que 
les récits absurdes dont on a chargé leur histoire, 
inspirent une répugnance el souvent même une 
horreur qui sont tout-à-fait sans fondement. Les 
naturalistes anciens n’ont guère mieux connu ces 
êtres que le commun des hommes de notre temps. 
Ils les ont généralement pris pour des oiseaux qui 
ne différaient des animaux que l’on connaît sous ce 
nom, que par leurs ailes de peau et la possibilité de 
produire des petits vivans ; mais ils n’ont rien su de 
leur histoire, soit générale, soit particulière. A la 
renaissance des lettres, aucun auteur ne comprit 
encore quels rapports existaient entre les Chauve- 
souris et les quadrupèdes; aussi les ont-ils tous 
placés parmi les oïscaux. Aldrovande lai-même, 
qui donna sur ces animaux des détails très-longs 
et très-curieux, n'a pu éviter une telle faute. Il 
parle de leurs mœurs, de leur manière de vivre, 
de leur nourriture, de leur génération et d’une 
infinité d’autres considérations. Ses descriptions 
sont même accompagnées de figures assez exactes, 
mais qui ne donnent aux Cnauves-souris quetrois 
doigts et un pouce aux membres antérieurs au M 


lieu 


CHAU 


105 


CHAU 


lieu de quatre. Ce n’est guère que vers le milieu 
du 18° siècle, que ces animaux ont réellement 
été regardés comme des quadrupèdes. Linné, dans 
la première édition de son Systema , les place à la 
suite des Carnassiers après tous les genres de cet or- 
dre; puisil les enretire et lesrapproche des animaux 
de son premier ordre, qu’il appelle d’abord An- 
thropomorphes et ensuite Primates. IL les regarde 
comme un genre intermédiaire aux Zemurs et aux 
Bradypus, les nomme Vespertilio et les subdivise 
enneul sections , comprenant à elles seules toutes 


les espèces. Dès-lors une nouvelle impulsion est 


donnée aux études, mais elle reste, jusqu’à Dauben- 
ton et surtout M. Geoffroy, presque sans résultat, 
et ne donne guère que la Connaissance de quel- 
ques espèces. Mais le nombre s’en élève bientôt à 
tel point que le genre Vespertilio doit être mis au 
rang des familles naturelles et comprendre une 
série assez longue de genres qui sont primitive- 
ment établis par M. Geoffroy. Le nombre des es- 
“pèces est bientôt doublé , triplé même, et déjà en 
1820 M. Desmarest, dans son Résumé de Mam- 
malogie, le porte à quatre-vingt-douze. Cependant il 
ne s’arrête pas là et aujourd'hui on peut dire qu'il 
y a près de deux cents espèces connues parmi les 
Chauve-souris. Eïles sont réparties dans plus 
de trente genres bien caractérisés, nombre que 
Jon peut comparer à ceux des espèces et des 
genres qui composaient la classe entière des Mam- 
mifère , il n’y a pas un demi-siècle. Les auteurs 
auxquels cette branche de la science mammalogique 
doit le plus, sont MM. Geoffroy Saint-Hilaire, 
Fréd. Cuvier, Leach, etc. 

Nous devons maintenant donner quelques dé- 
tails sur la structure et les mœurs de ces intéres- 
sans animaux , puis nous passerons à l'étude de 
leur classification. 

Les Chauve-souris sont de véritables mammi- 
fères comparables , sous tous les rapports de leur 
organisation, aux autres animaux de cette classe. 
Leurs points de ressemblance avec les oiseaux sont 
plus supposés que réels. Ils consistent seulement 
dans la possibilité de s’élever dans les airs ,au 
moyen de membres supérieurs changés en ailes, 
et dans une modification correspondante de 
l'appareil sternal. Pour ce qui est des organes 
de respiration, de digestion et même aussi de 
ceux de sensation, de génération et de protection, 
les Chauve-souris ne diffèrent en rien des vrais 
mammifères. 

Leurs membres supérieurs fournissent leur ca- 
ractère le plus saillant et celui qui seul peut les 
faire reconnaître à la première vue. Ils sont fort 
étendus , surtout dans la partie correspondante à la 
main, La main offre des doigts très-allongés dé- 
pourvus d'ongles (excepté le pouce qui est libre et 
ort court) et réunis au moyen d’une membrane 
fine et non poilue. Cette membrane s’étend aussi 
entre les membres , elle est un prolongement de 
la peau des flancs, se compose de deux cou- 
ches très-minces , l'une supérieure qui fait suite 
aux tégumens du dos, et l’autre-inféricure qui est 
la continuation de ceux de l'abdomen. Elle s’é- 


Tone II. 


tend aussi entre les membres postérieurs oùelle pré- 
sente un développement plus ou moins considéra- 
ble ; à cet endroit elle prend le nom de membrane 
interfemorale. Jamais elle ne s'étend jusqu'aux 
doigts des pieds, qui sont toujours très-courts et 
tous unguiculés. 

Les dents varient , pour le nombre et la forme , 
selon les différens genres. Elles sont ordinaire- 
ment de trois sortes, incisives, canines et mo- 
laires. Celles-ci présentent deux modifications 
bien tranchées qui ontservi à établir deux tribus 
parmi les genres dont se compose la famille. Elles 
sont mousses ou très-hérissées de pointes coniques 
et déterminent le régime frugivore ou inseclivore 
de ces animaux, à 

Les mamelles sont pectorales et au nombre de 
deux. Quelquefois il y en a quatre. Deux sont 
alors inguinales, c’est-à-dire situées près des ai- 
nes. Les mâles ont leur verge libre et pendante; 
les. femelles ont les organes générateurs confor- 
més comme ceux des quadrumanes. Quelques 
unes sont même, au rapport de MM. Garnot et 
Lesson , sujettes à un écoulement menstruel. Le 
nombre des petits est de deux seulement, les pa- 
rens les soignent avec tendresse et, pendant le vol, 
ils les portent supendus à leurs mamelles, comme 
on peut le voir dans une figure donnée par Aldro- 
vande au t. r de son Histoire des Oiseaux. Les 
sens sont assez développés, ceux de l’ouie prin- 
cipalement et du toucher. C'est à ce dernier qu'il 
faut rapporter, suivant Cuvier, les faits observés 
par Spallanzani de Ghauve-souris privées d’ycux, 
qui savaient se conduire parfaitement et même 
éviter un simple fil placé sur leur route , faits que 
le célèbre expérimentateur considérait comme 
étant le résultat d’un sixième sens. La vue chez 
la plupart des espèces est fort délicate et modifiée 
pour apercevoir les objets à une faible lumière. 
Cependant quelques unes des plus grandes chas- 
sent pendant le jour, et il n’est pas rare de voir, 
même dans nos climats, ainsi que nous l'avons 
observé plusieurs fois, des individus voltigeant en 
plein jour et sachant parfaitement se diriger, 
quoiqu'il fasse du soleil. Mais ce sont là des excep- 
tions et l’on peut dire que généralement ces ani- 
maux sont nocturnes et craignent lalumière. Pen- 
dant le jour ils se cachent et restent accrochés 
au moyen de leurs pieds de derrière à la voûte 
de quelque caverne. Ge n’est que le soir au cré- 
puscule , ou le matin , lorsque le soleil n’a point 
encore paru, que les Chéiroptères se montrent, 
Ils vont alors à la recherche de leur nourriture 
qui, le plus souvent, se compose d'insectes, 
et quelquefois de fruits. On les voit alors vo- 
ler avec plus ou moins de rapidité, mais toujours 
d’une manièregauche et pour ainsi dire gênée;, en fai- 
sant un grandnombre de détours ct de crochets, ce 
qui , soit dit en passant , rend assez difficile de les 
chasser au fusil. Après qu’ils se sont rassasiés, ils 
rentrent dans leur demeure qui est tantôt un trou 
de mur ou de cheminée, tantôt un grenier ou une 
carrière, etc. 

On trouve des Chéiropières dans les deux con- 


94° Livraison, 14 


CHAU 


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CHAU 


tinens et sous toutes les latitudes. Une espèce a 
même été observée à la Nouvelle-Hollande , ce qui 
ést très-remarquable en tant que mammifère mo- 
nodelphe. 

Quelques unes, et en général toutes celles de 
mos climats, sont atteintes pendant l'hiver d’une 
sorte d’engourdissement, comparable à celui des 
Marmottes et des Loirs, pendant lequel elles restent 
enveloppées dans leurs ailes , qui leur tiennent lieu 
de manteau, et incapables de tout mouvement. Les 
unes passent ce temps accrochées à la voûte des sou- 
terrains, d’autres se blottissent dans quelqueñtrou. 
Lorsqu'on les trouve dans cet état on peut les re- 
muer, les jeter même en l’air sans qu’elles donnent 
le moindre signe de vie, et ce n’est qu'après qu'on 
les à portées dans un lieu échauffé qu'elles recou- 
vrent leurs sens. Ce que l’on fait ici volontairement, 
les premières chaleurs du printemps le produisent 
aussi chez les Chauve-souris qui sont restées dans 
leur demeure. Alors ces animaux, qui ne s'étaient 
point montrés depuis l'automne, recommencent 
chaque soir leurs anciennes excursions, lorsque le 
temps continue à être favorable. Mais il arrive sou- 
vent qu'il change tout à coupetquela gelée reprend, 
alors les Chauve-souris retombent dans leur en- 
gourdissement , et restent, ainsi qu'on a pu l’ob- 
server cette année , quelques jours encore sans se 
montrer. E 

On distingue dans la famille des Chauve-souris 
deux tribus assez faciles à caractériser. L'une est 
celle des Chéiropteres frugivores , appelées aussi 
Roussettes meganyctéres; l'autre comprend les 
Chauve-souris proprement dites, connues égale- 
ment sous le nom d’/{nsectivores. 

Première tribu. Rousserres ou Cn£iroprÈres 
FRUGIVORES. Les genres qu’on y comprend ont les 
dents molaires à couronne plate; aussi vivent-ils 
presqué exclusivement de fruits. Leurs ailes sont 
généralement moins grandes que celles des Insec- 
tivores, proportionnellement à leur corps qui est 
souvent plus gros. On les partage en cinq genres, 
qui sont: 

Roussette ou Ptéropus, Pachysome, Macroglosse , 
Ctphaloteet Hypoderme. Voy. ces divers mots. 

Deuxième tribu. VRaïEs CHAUvE-souris ou 
CnéimoprÈères INsEcTIVOREs. Les genres de cette 
seconde tribu sont plus nombreux et renferment 
beaucoup plus d'espèces; leurs molaires sont 
toujours hérissées de pointes coniques. 

Ces animaux se nourrissent essentiellement 
d'insectes qu'ils attrapent au vol, quelques uns 
s’attachent aux mammifères et même à l’homme, 
pour sucer leur sang. Il en est cependant quel- 
ques uns, tels que le Phyllostomeà lunette, qui se 
nourrissent de fruits. 

M. Isid. Geoffroy les distribue ainsi: 

+ Genres à museau non surmonté de feuilles: 

1. Queue longue et membrane interfémorale 
complète: Vespertilion, Lasyure, Oreillard , Nyc- 
tère. 2. Queue longue et membrane interfémo- 
rale incomplète: Molosse, Nyctinome, Dinope, 
Myoptère. 3. Queue courte, membrane interfémo- 
rale: Noctilion, Taphien, Sténoderme. 


++ Genres à feuille nasale: 

Feuille rudimentaire : Rhinopome. 

Feuille développée : 1. Queue longue, mem- 
brane “interlémorale complète :  Rhinolophe. 
2. Queue courte: Phyllostome, l’ampire, Glosso- 


phage et Mégaderme. Ces genres ne sont pas les. 


seuls qu’on a établis, il y en a encore un assez 
grand nombre, maïs qui sonttrop peu intéressans 
pour que nous nous y arrélions plus long-temps. 
Nous devrions maintenant, pour donner une idée 
de ces animaux, étudier quelques espèces; mais 
ilen sera question quand nous traiterons des 
genres auxquels elles appartiennent, aussi nous 
contenterons - nous d'indiquer nominativement 
celles qui se trouvent dans notre pays. Ces espè- 
ces sont, d’après M. Desmarest, Faune française : 
1° Rhinolophe unifer ou Grand Fer a cheval; 9° Bi- 
fer ou Petit Fer a cheval; 3° Vespertilion murin; 
4° Vespertilion de Bechstein; 5° Vespertilion de Dau- 
benton; 6° Vespertilion noctule; 7° Vespertilion pt- 
pistrelle; 8 Vespertilion serotine; 9° Oreillard vul- 
gaire; 10° Oreillard barbastelle. (GEnrv.) 

CHAUX. (uinér.) Cette substance, si utile dans 
nos constructions et si répandue dans la nature, 
ne se trouve cependant jamais à l’état de pureté. 
Son aflinité pour les acides fait qu'elle est toujours 
combinée avec l’un d'eux, tel que lPacide carbo- 
nique, l'acide phosphorique, Vacide sulfurique , 
l'acide arsénique et l'acide borique, ou avec quel- 
ques autres substances, telles que la silice, la magné- 
sie, le fluor, le chlore, ct quelques métaux, tels 
que le fer et le manganèse, 

Dans ces différentes combinaisons elle recoit 
des noms particuliers. A l’état de carbonate ,elle est 
désignée sous ceux de Chaux carbonatée ou de 
CaLcaire (voy. ce mot), ou sous celui d’Arra- 
GONITE (voy. ce mot ). Souvent elle contient assez 
de fer pour être exploitée et pour recevoir les dé- 
nominalions particulières de Chaux carbonatée 
ferrifère, de Fer carbonaté ou de Sipérose (voy. 
ce mot). D'autres fois clle renferme du.manga- 
nèse : c’est alors la Chaux carbonatée manganési- 
fère ou la DrazraciTe (voy. ce mot). Souvent elle 
est combinée avec la magnésie, et forme alors la 
Chauxcarbonatée magnésienne où magnésifère, qui 
porte aussi les noms de GLogrrrire etde Doro 
(voy. ces mots). Unie à l'acide phosphorique c’est 
la Chaux phosphatée ou V Apatite; à l'acide sulfu- 
rique, c’est la Chaux sulfatée, appelée Gypse et 
Karsténite, selon qu'elle est ou n'est pas privée 
d’eau; à l'acide arsénique, c'est la Chaux arsénia- 
tée qui, suivant que l’acide est plus ou moins abon- 
dant, forme les deux espèces appelées Phamacoli- 
the et Absénicite; à l'acide borique, c'est la Caux 
boratée siliceuse où la Darnoure (voy. ce mot), 
combinaison qui contient toujours 56 à 57 pour 
cent de silice. 


Très-souvent la Chaux est mêlée , et non com- 
binée à la silice seule , mais comme le mélange est 
mécanique, elle ne forme pas dans cet état une 
espèce minérale, mais une rochenommée Culcaire 
siliceux. C’est avec le fluor et le chlore qu'elle se 


CHEI 


107 


CHEI 


combine pour former les fluorure et chlorure, re- 
gardés autrefois comme des fluates et des murta- 
tes, appelés Chaux fluatée et Chaux muriatée et 
aujourd'hui FLuomNE (voy. ce mot), et Chlorure 
de calcium que l’on aurait peut-être pu nommer 
€hlorine. _ . (J. H.) 

CHAVARIA, Chauna. (ors.) C’est le nom d’un 
genre de la famille des Kamichis, établi par liliger 
pour une seule espèce que d’Azara décrivit sous le 
nom de Chaïa. Les caractères au moyen desquels 
on la différencie des vrais Kamichis sont de peu 
d'importance, c’est pourquoi MM. Cuvier et Tem- 
minck ont cru devoir la laisser avec eux dans un 
genre unique, 

Le Chaïa ou Chavaria n’a point de corne sur le 
vertex; son occiput est orné d’un cercle de 
plumes susceptibles de se relever; son plumage 
est d’un plombé noirâtre avec une tache blanche 
au fouet de l'aile et une autre sur la base de quel- 
ques unes des grandes pennés alaires. C’est un 
oiseau massif, qui a le cou long et la tête petite; 
ses ailes sont armées de forts éperons avec lesquels 
ils se défend. 

Il a pour patrie le Paraguay et une grande 
partie du Brésil ; il se tient dans les lieux éloignés 
des habitations, et recherche pour se nourrir les 
herbes aquatiques. Dans quelques localités, les In- 
diens l’élèvent en domesticité et le placent parmi 
leurs troupes d’oies et de poules, parce que l'on 
dit qu’il est fort courageux et capable de repousser 
les oiseaux de rapine. 

Voyez, pour la représentation de cet oiseau, la 
planche 97, figure 2 de notre Atlas, (GEnv.) 

CHEILINE. (porss.) Ce poisson montre dans. 
quelles erreurs peut conduire la méthode de classer 
les êtres par leur apparence générale. D’après sa 
forme oblongue et plusieurs détails de son orga- 
nisation, Bloch jugea que ce devait être un Spare. 
Cependant la Cheiline n’esten réalité qu'un Labre, 
mais un Labre où la ligne latérale s’interrompt 
vis-à-vis la fin de la dorsale, pour recommencer 
un peu plus bas, où les écailles de la fin de sa 
queue sont grandes et enveloppent un peu la base 
de la caudale. Les Cheïlines sont de beaux pois- 
sons de la mer des Indes. (Azru. G.) 

CHEILODACTYLE, Cheilodactylus.  (rorss.) 
C’est l’un des genres les plusreconnaissables de tous 
les Acanthoptérygiens. Les Cheïlodactyles forment 
l’une des coupes les mieux déterminées du règre 
animal. Ils appartiennent à la famille des Sciénoïdes 
de Cuvier et des Dimérèdes de Duméril. Les poissons 
qui composent cegenre ont le corps allongé, la bou- 
che petite et de nombreux rayons épineux à la 
nageoire dorsale, et surtout les rayons inféricurs 
de leurs pectorales simples et prolongés hors de 
la membrane comme les Cirrhites. On voit com- 
bien ces poissons s’éloignent par ces caractères, 
non-seulement de ces derniers, mais encore de 
tous les Polynèmes qui offrent la même disposition, 
par plusieurs des rayons inférieurs de leurs pecto- 
rales qui sont libres et forment autant de fila- 
mens. Îls en sont bien séparés ‘par l'absence des 
dentelures du préopercule, par les épines de l’oper- 


cule, et notamment parce qu'ils manquent de 
dents aux vomer et aux palatins. 

Ge genre est peu nombreux en espèces. Celle 
qui lui sert de type se rencontre le plus commu- 
nément au Cap; c’est le CngiLODACTYLE A BANDES, 
Cheilodactylus fasciatus, Lacép. La nageoire dor- 
sale de ce Cheïlodactyle s’étend depuis une por- 
tion du dos voisine dela nuque, jusqu’à une très- 
petite distance de la nageoire de la queue. Le der- 
nier rayon de chaque pectorale, quoique très- 
allongé au-delà {de la membrane; est moins long 
que le treizième, et lui-même l’est moins que le 
douzième , et le douzième que le onzième. Sa cau- 
dale présente un peu la forme d’une faux, sa tête 
est petite, sa bouche peu fendue. On voit cinq 
lignes verticales brunes sur le corps, des taches 
foncées sous la nageoire du dos et celle de la 
queue, Nous avons représenté dans notre Aulas, 
pl. 97, fig. 5, le Cheilodactylus Antonit de Cuvier, 
figuré dans l’Iconographie du règne animal. Ce 
poisson, qui vient des mers du.Chihi, est brun 
avec quatre bandes transversales blanchâtres, à 
partir du milieu du corps jusqu’à la queue. Ses 
nageoires sont rougeôtres. (Azrx, G.) 

CHÉILODIPTÈRE,  Cheilodipterus. : (æorss. ) 
genre de l’ordre des Acanthoptérygiens, appar- 
tenant, suivant la méthode de Cuvier, à la pre- 
mière famille, celle des Percoïdes , et qui nous 
présente une partie des caractères qui rendent si 
remarquables les Apogons et les Pomatomes. Du 
reste, il s'éloigne de ces derniers par des crochets 
ou dents longues et pointues qui arment ses mâ- 
choires. Son corps oblong , garni ainsi que les 
opercules de grandes écailles, a deux dorsales bien 
séparées l’une de l’autre et même plus séparées 
que chez l’Apogon.Les Chéilodiptères sont de petits 
poissons de la mer des Indes, rayés la plupart lon- 
gitudinalement. Trois espèces distinctes, jusqu’à 
présent, constituent ce sous-genre. La première 
estle Cnérconiprère À HuiT Rates. ( Checlodipte- 
rus octovittatus, Guv.) 11 a de chaque côté de 
la queuc une tache ou bande verticale noire qui 
se voit dans la plupart des Apogons; sa couleur 
paraît avoir été blanchâtre, avec huit bandes lon- 
gitudinales noirâtres qui se rendent depuis la ré- 
gion de l’anale jusqu’à la tache noire de la queue. 
Îlest aussi un peuplus grand que les Apogons con- 
nus et son museau un peu moins court. La mâchoire 
supérieure a trois grandes dents pointues de cha- 
que côté , et il y en a quatre de chaque côté de 
l'inférieure. Les écailles sont assez lissesetla cau- 
dale est échancrée en croissant. L’espèce a été ob- 
servée par. Commerson, sur les côtes de l’ile de 
France, au mois de janvier. Sa chair n’est pas 
mauvaise, Ge poisson est assez rare, dit-il. En effet, 
aucun voyageur ne l'a rapporté depuis, Une es- 
pèce qui doit ressembler beaucoup à la précédente, 
et qui cependant est différente, est le Perca lineata 
de Forskal (Perca arabica, Guy. Gmel. ; Centro- 
pome arabique, Lacép.). Ce poisson a les mêmes 
dents, les mêmes opgreules, les mêmes écailles 
tombant facilement, les mêmes nombres de 
rayons; mais le nombre des lignes noirâtres de 


CHEI 


chaque côté est de quatorze à seize ou dix-sept. 
Le bord argenté est teint de rose dans plusieurs de 
leurs intervalles. Elles s’arrêtent au milieu de l’es- 
ace qui est entre la dorsale et l’anale, d’une part, 
et la caudale de l’autre. Sur la base de la caudale 
est une large bande verticale verte, changeant en 
vert ou en doré. Au milieu de cette bande est 
une tache ronde et noire. Le bord antérieur de la 
première dorsale est noir. Ge poisson a été observé 
par Forskal dans la mer Rouge. On l’ÿ nomme en 
arabe Djesauvi. M. Ehremberg la aussi entendu 
appeler. Tabah par les Arabes de Lohaia. Enfin 
la troisième espèce est le CHÉILODIPTÈRE A CINQ 
RAIES (Cheilodipterus quinquelineatus, Cuv. Val.). 
Les formes sont les mêmes qu’à l’espèce de Com- 
merson, son œil aussi grand, les écailles autant 
et plus larges, ses canines sont moins saillantes à 
proportion. I! a en outre cinq raies noires de cha- 
que côté du corps : une impaire le long de la ligne 
du dos, en avant et en arrière des dorsales ; une 
qui va du sourcil au bord supérieur de la caudale; 
une venant du bout du museau, interrompue par 
l'œil et finissant au milieu de la base de la cau- 
dale; une venant de dessous l’œil, passant par la 
base de la pectorale et finissant au bord inférieur 
de la caudale; enfin une qui vient de la mâchoire 
inférieure et finit en arrière de l’anale. 


(Arr. G.) 
CHEIROGALE , Cheirogaleus. (maw.) Ce petit 


genre, appartenant à la pe des Quadrumanes 
lémuriens, est placé le dernier de tous. Il ne 
comprend que trois espèces, le Cheirogale grand, 
le moyen et le petit qui sont de Madagascar. 
(Gerv.) 
CHEIROMYS. (ma) Ge mot, que l’on écrit 
aussi Chiromys, a pour synonyme le mot Dauben- 
tonia. Il sert à indiquer en latin le genre A ye-aye, 
dont nous avons parlé à la page 549 du premier 
volume. (GER. ) 


CHEIROPTÈRES. (mau.) Cette dénomination, 
que M. Duméril remplace par celle de Ghiroptères, 
signifie proprement, mains due en ailes. 
M. G. Cuvier s’en est servi, d’après Blumenbac, 
pour indiquer une famille de mammifères carnas- 
siers qui ont un repli de la peau étendu entre les 
membres et les doigts des extrémités antérieures, 
mais qui n’ont pas tous pour caracière d’avoir, 
comme leur nom semblerait l'indiquer, les mains 
modifiées en manière d'ailes; c’est même ce qui 
les a’fait répartir en deux grands genres ou tribus, 
qui sont : 

La première, celle des Galéopithèques , appelés 
aussi Pleuroptères ou Chats :volans , qui ont les 
doigts des mains égaux à ceux des pieds et tous 
munis d'ongles. Dern membrane est poilue et ne 
produit l'effet que d’un simple parachute. Ces ani- 
maux ne composent qu'un seul genre, celui des 
GazéoriTaïques. Voy. ce mot. 


La deuxième tribu comprend les espèces con- 
nues vulgairement fsous le nom de Chauve-souris 
et auxquelles il serait peut-être plus convenable 
de laisser en propre, comme l'ont fait MM. Tem- 


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CHEL 


minck et de Blainville, le nom de Chétroptères, puis- 
qu'elles ont seules pour caractères d’avoir les 
doigts des extrémités antérieures tous allongés et 
privés d'ongles (excepté le pouce qui est libre et 
très-court) ët réunis , ainsi que les espaces latéraux 
et interfémoraux , par une membrane mince, dé- 
nudée , formant de véritables ailes. Les espèces 
de cette tribu sont fort nombreuses : aussi a-t-on 
dû les partager en plusieurs genres que nous étu- 
dierons au mot CnAuvE souris. (GErv.) 
CHELA. (porss.) Ce sous-genre, établi par Bu- 
chanan, l’Able est à celui des ce que le Barbeau 
est au Cyprin proprement dit. ILse compose de vé- 
ritables Ables , à dorsale et anale courtes. La dor- 
sale répond sur le commencement de l’anale, et 
dans plusieurs des espèces, le corps est comprimé 
comme dans certains Clupes; tel est le Rasoir 
( Cyprinus cultratus, Linné), Bloch, 37, remar- 
quable encore par sa mâchoire inférieure qui re- 
monte en avant de Ja supérieure, et par ses 
grandes pectorales taillées en faux.  (Azrn. G.) 
CHÉLIDOINE, Chelidonium. (por. Pnax.) Que 
dire de ce genre de la famille des Papavéracées et 
de la Polyandrie monogynie, dont les plantes, 
toutes vivaces, Jaissent be un suc jaune très- 
âcre et corrosif lorsqu'on blesse une de leurs par- 
ties, exhalent une odeur fétide lorsqu'on les 
froisse, sont rejetées par les bestiaux, et que le 
cultivateur trouve à peine bonnes pour augmenter 
la masse des fumiers lorsqu'elles sont en fleurs ? 
La médecine s’en sert, il est vrai, mais leur em- 
ploi est dangereux, je devrais même ajouter qu'il 
est inulile, “puisqu’ on peut les remplacer très-ai- 
sément. Il faut en reléguer l'usage à l’art vétéri-- 
naire et plaindre ceux qui remettent la guérison 
de leurs maux à des empiriques recourant aux 
Chélidoimes. Quelques jardiniers les recherchent 
comme plantes d'ornement , et c’est, selon moi, 
pousser la complaisance au-delà du terme. de 
n'aime pas plus la Cn£ziporxE commune, C. mayjus, 
que l’on trouve partout à l'ombre des vieux murs, 
dans les lieux humides, avec ses fleurs jaunes dis- 
posées en manière d'ombelle terminale, ainsi 
qu’on peut le voir dans notre Atlas, pl. 95, fig. 1, 
que la CZÉLIDOINE A FEUILLES DE CHÊNE, C. “laci- 
niatum , long-temps regardée comme simple va 
riété, malgré les cinq lobes étroits de ses feuilles 
divisées en lanières aiguës, et malgré ses pétales 
qui sont découpés, quand ils sont "grands et en- 
tiers!, dans l'espèce commune. (T. ». B.) 
CHELMON. (rorss.) Genre formé par Guvier 
aux dépens des Chétodons, et qui n’est conservé 
que comme sous-genre par cet auteur. 
(Azrn. G.) 
CHÉLODINE. (rzpr.) Nom donné récemmen 
à un genre d'Emydes. Foy. Euype. (T. GC.) 
CHÉLONÉE, CAelonia. (rerT. )On donne cenom, 
dérivé du mot grec chelone, aux Tortues de mer 
qu Aristotelès désignait par le mots Chelone thalat - 
tios, Tortues marines; on les a désignées récemment 
sous le nom de Thalassites. Elles se distinguent des 
autres Tortues par leur conformation , led struc- 
ture et, par suite, par leurs habitudes. Leur cara- 


(© 


Chelidoime 

Chelonée crouanne. 
pe, a, 2 

___ vqj4ee 


Re Ur 


E. Guérin dr 


PL. 98. 


CHÉL 


1 09 


CHÉL 


pace est cordiforme, plus évasée et arrondie en 
avant, terminée en pointe et dentelée en arrière, 
peu bombée à son centre, trop étroite pour servir 
d’abri à la tête qui se replie sur le cou de haut en 
bas, comme chez les Emydes cryptodères, et pour 
cacher entièrement les pieds aplatis, étalés en 
nageoires, qui leur ont valu dans les derniers 
temps le nom de Tortues otacopodes ou rémipèdes. 
Mais leurs pieds se réfléchissent sur les côtés du 
plastron de manière à être protégés du moms par 
la carapace, s’ils ne peuvent rentrer dans l’inté- 
rieur de la boîte, comme chez la plupart des 
autres Tortues. Les pieds offrent encore cette sin- 
gulière disposition que les antérieurs sont plus 
longs que les postérieurs, ce qui ne se répète pas 
dans les reptiles et ne se rencontre guère que 
chez les/{hauve-souris , les Bradypes et les Pho- 
ques. Les pieds antérieurs sont constamment tour- 
nés dans la pronation, de telle sorte que le bord 
Cubital est dirigé en arrière, tandis que les pieds 
postérieurs sont au contraire infléchis dans une 
Supination habituelle. 

Les doigts sont très-allongés , surtout aux-pieds 
“antérieurs , très-inégaux, réunis, comme chez les 
Phoques et les Cétacés, en une seule pièce par la 
‘peau ; mais leurs élémens se retrouvent à la lon- 
gueur proportionnelle, près des pièces quiles con- 
stituent, en même nombre que chez les autres 
Tortues. Les deux doigts antérieurs seulement de 
chacun des pieds sont armés d'ongles en ergot, 
-et souvent l’un d’eux tombe, ce qui à occasioné 
quelque diversité dans la description des mêmes 
“espèces par plusieurs auteurs. Le plastron, com- 
posé d’un nombre variable de pièces, offre sou- 
vent entre elles des espaces cartilagineux plus ou 
“moins flexibles. La tête est couverte de plaques en 
nombre et en disposition variables, selon les es- 
“pèces. La bouche, fortement comprimée sur les 
côtés, est bordée par une lame cornée, tran- 
-chante, à limbe flexueux, analogue au bec des 
oiseaux de proie et des perroquets. Les narines, 
placées sur le dessous du museau, près son ex- 
trémité, sont susceptibles d’être fermées com- 
plétement par une valvule membraneuse. On 
a dit qu’elles se prolongeaient en une tubulure 
-cylindrique, mais l’observation ne confirme pas 
cette proposition. Le tympan est, comme chez 
toutes les Tortues, caché par la peau. L’œæsophage 
est garni, à sa surface intérieure, de pointes carli- 
lagineuses aiguës, dirigées vers l'estomac , qui rap- 
pellent un peu les dents œsophagiennes des Ra- 
Chyodontes. Les côtes des Chélonées ne sont pas 
-confondues dans toute leur étendue avec les voi- 
sines , elles sont en partie distinctes, mais à leur 
“extrémité excentrique libre , existent des pièces 
osseuses que l’on s'accorde à considérer comme 
côtes sternales et qui complètent le cadre quisup- 
porte la carapace. Le bassin des Chélonées est 
mobile sur la colonne vertébrale. 

Les Chélonées vivent habituellementen troupes, 
mais non en société, dans l’eau des différentes 
mers tropicales , près des côtes garnies d’algues et 
de facus, dont eïles font leur principale nourri- 


ture et sous lesquelles elles trouvent une retraite 
assez sûre. Elles ne paraissent pas se pratiquer 
d’autres demeures que leurs ombrages. Elles 
s’éloignent peu des endroits qu’elles ont choisis 
pour domicile ; néanmoins, vers l’époque de la 
reproduction, c'est-à-dire à l’époque variable du 
printemps, pour les différentes latitudes, on les voit 
en pélerinage dans des points assez distans des 
côtes. Quelquefois les vents et les tempêtes les 
chassent vers des parages étrangers à leurs habi- 
tudes , et c’est ainsi qu'à diverses époques on en a 
signalé près du port de Dieppe, à l'embouchure 
de la Loire etc.. Partout elles sont obligées de 
venir de temps à autre, à la surface de l'élément 
liquide, respirer l’air atmosphérique. C’est à la 
surface de l’eau qu’elles viennent, à ce qu'il pa- 
raît, sommeiller immobiles ou se chauffer aux 
rayons du soleil. Leur pesanteur spécifique est 
telle que parfois , soit plénitude des sacs pulmo- 
naires , soit dessiccalion de la carapace, elles ne 
peuvent plus plonger qu'avec une certaine difli- 
culté. Mais généralement elles ne viennent à terre 
que rarement, et n’y séjournent guère que pour ÿ 
déposer le produit de leur fécondation. 
L’accouplement des Chélonées se fait à la mer. 
Elles se huchent, comme toutes les Tortues, les 
unes sur les autres. Le mâle se cramponne avec 
l’ongle dont le bord antérieur des pieds de de- 
vant est armé , au bord antérieur de la cara- 
pace de la femelle, et reste ainsi pendant une 
quinzaine de jours. Lacépède a dit que les Ché- 
lonées s’accouplaient face à face; mais c’est er- 
reur et le cavalage de ces animaux est aujourd’hu 
démontré. Après un laps de temps qui n'est pas 
bien connu , les femelles se traînent à terre, et 
pendant la nuit vont pratiquer dans le sable, à 
l'aide de leurs pieds et en se tournant sur elles- 
mêmes, un trou de plusieurs centimètres de pro- 
fondeur, dans lequel elles déposent leurs œufs, 
ayant en général l'instinct de choisir pour cela un 
endroit inaccessible aux plus hautes marées. La 
ponte se fait d’une manière continue et, l'acte 
terminé , la Chélonée remplit le trou de sable et 
abandonne ses œufs à la chaleur des rayons du 
soleil. Plinius, trop souvent crédule à l'excès , 
s’est laissé dire, et a répété dans ses Rapsodies, que 
les Chélonées échauflaient leurs œufs de leurs 
regards. C’est un conte à mettre avec celui qui 
donnait aux mâles la prévenance conjugale d’ac- 
compagner les emelles à terre, pour les protéger 
pendant la ponte. Une imagination poétique peut 
seule avoir expliqué de la sorte, dans le premier 
cas, la pose stupide d’une Chélonée non loin de 
ses œufs, et dans le second les poursuites inté- 
ressées d’un mâle en chaleur. Une Chélonée peut 
ainsi faire plusieurs pontes, sans nouvel accouple- 
ment. Les Tortues de mer sont les plus fécondes 
de la famille ; elles peuvent pondre, dit-on,de cent 
à trois cents œufs ; mais communément un même 
trou en renferme de trente à soixante. Ces œufs 
ont une forme presque sphéroïdale ; l'envelope ex- 
térieure est molle , flexible à peu près comme un 
parchemin ; leur volume est à peu près celui d’un 


CHÉL 
œufd'oie. Letemps de l'incubation solaire des œufs 
de Ghélonée n’est pas précisément connu. On l’es- 
time de quinze à quarante jours, selon les climats et 
la disposition de la saison. L’on a dit à tort que les 
femelles venaient déterrer leurs œufs à l'époque 
de la maturité, pour percer la coque qui les en- 
toure et conduire les petits à la mer. Les petits 
percent celte coque d'eux-mêmes et se rendent à 
l’eau directement et parun instinct invincible, que 
lon acherché à expliquer par la sensation par- 
ticulière que leur fait ‘éprouver l'inspiration de 


l'air plus humide qui vient ordinairement du côté. 


de la mer. La prodigieuse fécondité des Chélonées 
trouve alors plusieurs obstacles à la multiplieation 
exorbitante des individus, car plusieurs petits 
sont, dans leur trajet, la proie des oiseaux rapaces, 
et en arrivant à l’eau, d’autres deviennent victimes 
de Ja voracité des poissons, 

Les Chélonées, et surtout certaines espèces 
d’entre elles, parviennent à une taille assez çon- 
sidérable. On en a vu de sept à huit pieds de 
longueur et du poids de sept à huit cents livres, 
pie ÂArianus , et d’autres auteurs anciens! , ré- 
pètent, d’après Néarchos, etc., que sur les bords de 
la mer Rouge et de la mer des Indes, on trouvait 

es Tortues de mer assez grandes pour que la ca- 
rapace püût servir de barque ou de toiture à des 
cabanes, et Dampier rapporte que l'enfant du 
capitaine Roch, âgé de neuf à dix ans, allait re- 
trouver, monté dans une écaille -de Tortue , son 
père à bord d’un bâtiment en rade. Il faut avouer, 
si cette histoire n’est pas un conte, qu’il y a au- 
tant à admirer ici le courage et le. sang-froid du 
petit pilote, que la grandeur de la carapace. On 
ire un assez grand parti des Ghélonces, et le 
profit que l'économie domestique et l'industrie 
tirent des Tortues de mer et de leurs œufs fait 
qu'elles sont généralement très-recherchées. 
Gomme elles pullulent dans chaque localité à peu 
près à la même époque, l’on se rend souvent de 
très-loin vers les îles sablonneuses situées à l’em- 
bouchure des grands fleuves et vers les dunes 
que les Chélonées fréquentent, et on les chasse 
de plusieurs manières, suivant les différens pays. 
En mer, il arrive quelquefois qu’un plongeur se 
jette à l’eau à quelque distance de la Chélonée 
qui dort à la surface de l’eau, la saisit par les 
pieds de derrièré, et la tient ainsi basculée jus- 
qu'à ce que l'équipage de l’embarcation vienne 
l'enlever. D’autres fois on laisse flotter un nœud 
coulant, dans lequel on cherche à prendre la tête 
ou les pieds de la Ghélonée, que l’on tire ensuite 
à soi; mais cette manière de prendre les Tortues 
d2 mer n "est pas sans danger. C’est ainsi que l’on 
rapporte cu un Indien, esclave à la Martinique , 
étant seul à pêcher, aperçut une Tortue qui dor- 
mait sur l’eau; il s’en approcha et passa douce- 
ment un nœud coulant à la patte de l'animal. Ce- 
Jui-ci se réveilla bientôt et s’enfuit en plongeant, 
entraînant avec lui le canot auquel la ligne était 
attachée. Le canot chavira etl’Indien perdit la pa- 
gaye qui servait à le diriger, son couteau et les 
ustensiles que le canot contenait. Habile nageur 


110 


CHÈL 


et chasseur intrépide , il ne se déconcerta pas et 
parvint à relourner son canot; mais le même ac- 
cident se répéta de nouveau neuf ou dix fois, sans 
que la Tortue, qui se reposait lorsque l’Indien tra- 
vaillait à remettre son canot à flot, se lassât assez 
pour se laisser prendre. Elle traïna ce malheureux 
pendant un jour et deux nuits, sans qu’il pût dé- 
tacher ou couper la corde de Ja ligne. La Tortue 
se lassä enfin et vint échouer, par bonheur, sur un 
haut fond , où l’Indien , à demi-mort de fatigue et 
de coins acheva de la tuer. Une Ro N assez 
singulière de pêcher les Chélonées à la lisne est, 
dit-on, d’attacher à une corde un poisson du genre 
Echéneis. Celui -ci vase fixer, au moyen des lames 
écailleuses qu'il a sur la tête, au plastron de la 
Chélonée, et y adhère d'autant plus que l’on tire 
la corde à laquelle il est attaché, et l’on parvient, 
à l’aide de ce moyen, à amener à portée la Tor- 
tue dont on veut s'emparer. D'autres fois, on pêche 
la Tortue au harpon à pointe simple et droite, 
ou varre. L'on se rend de nuit et dans le plus 
grand silence vers les parages fréquentés par les 
Tortues, ce que l’on reconnaît par la quantité de 
débris de fucus déchirés qui flottent sur l’eau, et, 
au moment où l’une d'elles arrive à la surface 
pour respirer, on lui lance avec force le harpon 
attaché à une ligne. La pointe se fixe dans la ca- 
rapace et l’on amène ensuite l'animal avec pré- 
caution; mais cette chasse, assez sPayanie à 
cause de l'adresse et de la subtilité qu'elle exige, 
n'est pas aussi facile et aussi productive que es 
autres, aussi est-elle moins employée. L’on tend 
dans certaines localités des filets le long des côtes 
où les Tortues montent pour pondre leurs œufs. 
Ces filets à grandes mailles sont maintenus tendus 
d'une part par des flots, d’autre part par des 
bouées. Lorsqu’à la nuit les Tortues veulent se di- 
riger vers le rivage, elles s’engagent la tête ou les 
pieds dans les mailles du filet, et lorsqu'on voit Ja 
fole, c’est ainsi qu’ on l'appelle, caler ou baisser, 
ce qui indique qu’ une Tortue est embarrassée, on 
va dessus et l'on s’en saisit. Souvent l’on attend 
que les Tortues aillent à terre pour s’en emparer, et 
lorsqu'elles sont à une certaine distance de la mer, 
on les bascule avec la main ou au moyen de le- 
viers, et on les laisse ainsi se débattre sur le dos 
et chercher à se remettre sur leurs pieds, ce 
qu'elles ne peuvent faire que très-difficilement. 
On charge d’une pierre les plus agiles et l’on at- 
tend, pour venir les reprendre, un moment favo- 
rable. On peut les laisser ainsi plusieurs jours et 
les conserver vivantes,en les arrosant d’eau de mer 
de temps en temps. La recherche des œufs est 
assez facile.| Comme la Tortue de mer laisse sur 
le sable une trace profonde à trois sillons inégaux, 
formés par le poids du corps et l'impression des 
pieds , ilest facile de suivre sa piste jusqu’à l’en- 
droit où elle s’est arrêtée pour déposer ses œufs. 
L’on dit que, dans quelques pays, l’on est parvenu 
à dresser des chiens à distinguer, au moyen de 
l’odorat , les trous où sont RÉ MEN les œufs des 
Chélonées. Autrefois la chasse des Chélonées était, 


à ce qu’il paraît, très-productive ; mais son rap- 


oo, om L, E 
# _ 


CHÉL ‘ 


ort semble diminuer de jour en jour , et les îles 
de l'Ascension, du Cap-Vert, du Gaïman, de 
Saint-Vincent et de los Galapayos, ne sont plus 


autant que jadis fréquentées par les spécula- 


teurs. 

On distingue plusieurs espèces de Chélonées ; 
ainsi parmi elles il en est dont la carapace est 
revêtue d’une écaille divisée en compartimens , et 
chez les unes ces compartimens sont juxta-posés, 
telles sont. 

1° La Caouanxe, 7. cephalo, improprement 
nommée 7. caretta par quelques auteurs , décrite 
aussi sous les noms de 7° nasicorne, de T'. à buffet 
ou à bahut. Sa carapace se compose de quinze 
écailles plus grandes pour le disque; à la rangée 
moyenne elles ontune forme hexagonale, aux deux 
rangées Jatérales elles constituent des pentagones 
plus ou moins réguliers; les écailles marginales 
sont carrées, plus ou moins inclinées et à angle 
postérieur plus ou moins détaché en feston , au 
nombre de vingt-cinq; les écailles du disque sont 
relevées en arrière d'une carène plus ou imonis 
saillante; les pieds antérieurs sont plus longs et plus 
étroits que dans les autres espèces; sa couleur 
varie, elle est plus ou moins brune ou roussâtre. 
La Caouanne se trouvesur les côtes de la Méditer- 
ranée ct sur celles de l’océan qui baigne l’ancien 
monde ; elle se nourrit de petits mollusques et de 
crustacés d’an volame peu considérable; sa chair 
est mauvaise et infectée d’une odeur musquée in- 
supportable; mais sa graisse fournit une huile 
estimée, précisément à cause de l'odeur infecte 
qu’elle exhale; on l'emploie dans le callatage 
parce qu'on la croit propre à éloigner les Tarets; 
elle s'emploie aussi volontiers dans l'éclairage. 
Une tortue peut fournir environ trente pintes 
d'huile , son écaille est mince et peu employée. 

2° La Mypas, connue aussi sous les noms de 
Tortue franche, Tortue verte, Tortue noire. Ce 
nom de Mydas emprunté à Nyphus, ainsi que 
observe Schneider, paraît avoir élé fabriqué 
avec le mot emus, qu’Aristotélès donnait aux tor- 
tues d’eau douce et que son compilateur mala- 
droit a altéré et transporté aux tortues de mer. 
Cette tortue diffère de la précédente par le nom- 
bre des écailles du disque qui n’est que de treize ; 
la rangée du milieu est formée de plaques disposées 
en hexagones réguliers ; sa couleur est verdûtre, 
diversement mélangée de taches fauves plus ou 
moins marquées et étendues, ce qui a motivé les 
moms divers qu’on lui a donnés. À cette tortue se 
rapportent, soit comme espèces voisines ou comme 
simples variétés : la CHÉLONÉE TACHETÉE, C. macu- 
dosa , Cuvier , à plaques mitoyennes plus longues 
-du double que larges, fauves, marquées de grandes 
“taches noires ; la CunÉLONÉE LAcRYMALE, C. la- 
crymata, avec les plaques comme la précédente, 
là dernière relevée en bosse et des flammes noires 
en lirmes sur Je fauve; et la CHÉLONÉE VERGETÉE, 
C. virgata , à plaques mitoyennes moins relevées, 
que par inadvertance , sans doute , on arapportée 
aux Chélonées à écailles imbriqnées. Nous donnons 
une figure de cetteespèce, pl. 96, fig. 2. La Tortue 


A11 


——— 


CHÉL 


cépédienne de Daudinet-la Tortue ridée de VanEr- 
nest ne paraissent étre que des variétés d’âge et 
de coloration. Ici enfin se rapportent aussi les 
Chélonées récemment décrites, comme espèces à 
part, sous lesnoms de CnÉLONÉE ‘A STERNUM BICA- 
RENÉ, C .bicarinata et de Fausse TonTuE FRANCHE, 
C. pseudomy das. 

Cette Chélonée se trouve répandue dans toutes 
les mers des régions voisines des Tropiques, c’est 
l'espèce la plus multipliée, c’est elle qui atteint à 
la plus grande taille et au poids le plus considé- 
rables, c’est elle aussi dont la chair et les œufs 
sont le plus estimés ; sa chair et sa graisse ont une 
couleur verte dont la nature n'est pas bien connue, 
et qui communique à l'urine de ceux quien font 
usage une teinte verte d’éméraude; cet aspect et 
le goût particulier de la viande de tortue de mer 
dégoûtent assez volontiers les personnes qui en 
mangent pour la première fois, mais J’on revient 
facilement. de ce premier mouvement de répu- 
gnance, et les gourmands en deviennent assez 
{riands: aussi le commercelucratif dont elle est de- 
venue l'objet a-t-il engagé quelques spéculateurs 
à en conserver dans des parcs analogues à ceux 
où chez nous l’on recueille l’huître comestible. Les 
Chélonées jouissent, dans bien des pays, d’une 
grande réputation comme moyen médicamenteux 
dans les cas de phthisie, de scorbut, de gastro- 
entérites chroniques et d’hépatites, ainsi’ que dans 
les affections syphilitiques invétérées ; ces idées 
se sont propagées d'autant mieux chez nous, qu’il 
n’est pas toujours facile de s’en procurer ; mais il 
n’est pas probable que la chair des tortues de mer 
ait effectivement les vertus prodigieuses qu'on lui 
prodigue, et qu’elle soit plus eflicace en effet que 
la viande des grenouilles de nos climats que l’on 
a aussi préconisée en pareils cas. Sans doute le mé- 
decin, qui n’ose avouer au malade qui s'éteint 
qu'il n’a plus rien de rationnel et de puissant à op- 
poser aux, progrès rapides du mal qui mine les 
sources de la vie, trouve dans cet aliment gélati- 
neux, peu substantiel et d’une digestion facile, 
sinon un moyen de prolonger les jours de son 
client, du moins un expédient innocent pour en- 
tretenir dans la pensée ces lueurs d'espérance 
qui bercent l’homme souffrant , et le soutiennent 
au dessus de la tombe comme Ulysse penché 
sur l’abîime à la branche du figuier. Ce n’est, il 
faut croire, qu'un de ces palliatifs ingénieux qui 
mettent habilement la réputation du médecin à 
couvert , et détournent heureusement une respon- 
sabilité que le moribond désespéré et délirant ne 
manquerait pas de faire peser sur l’impéritie, et 
non sur l'impuissance de l’homme de l’art. Les 
œufs se mangent comme ceux de soiseaux de basse- 
cour; l'huile que l’on extrait du jaune est fort 
employée dans l'économie domestique, on lui 
accorde aussi quelques propriétés médicinales. La 
carapace de la Tortue franche sert aux”peuplades 
belliqueuses pour faire des boucliers, les femmes 
en font des corbeilles, des berceaux et autres us- 
tensiles de ménage; mais l'écaille est mince et 
peu estimée. 


D ee OS SS 


CHÉL 


112 


é CHÉL 


+ D’autres Ghélonées à carapace revêtue d’écaille 
divisée en compartimens, ont les pièces de leur 
cuirasse imbriquées et se recouvrant les unes les au- 
tres par une pelite portion de leur bord postérieur, 
comme la CHÉLONÉE CARET OU IMBRIQUÉE (7. im- 
bricata), décrite aussi sous les noms de T'uilée de 
Bec- à - faucon, et représentée dans notre Atlas 
pl. 96, fig. 3, plus petite que les espèces précé- 
dentes, à museau allongé, les lames cornées, des 
mâchoires à bords inégaux et disposées en scie ; 
le disque composé de treize plaques, à bords en- 
tiers, peu prolongés dans le jeune âge, plus mar- 
qués et irréguliers chez les adultes; les quatre 
premières rachidiennes hexagonales, la cinquième 
pentagonale; les premières et dernières costales 
quadrilatères, lesintermédiairespentagonales, lisses 
à leur surface; le plastron composé de douze pla- 
ques; les plaques qui revêtent le dessus du crâne 
diffèrent aussi un peu de la disposition qu'elles 
affectent chez les tortues précédentes. Le Caret 
est d’une teinte brune plus ou moins foncée, mar- 
brée de taches irrégulières, rougeâtres, jaunûâtres, 
plus ou moins transparentes. Ce sont les plaques 
du disque de cette tortue qui fournissent la subs- 
tance si recherchée, connue dans le commerce 
sousle nom particulier d’Ecaille, Leur souplesse, 
leur flexibilité naturelle que l’on sait augmenter 
encore par la chaleur ou la mactration, le degré 
de solidité et de résistance qu’elles offrent leur demi- 
transparence, lesnuances qu'elles présentent et le 
poli dontelles sont susceptibles,rendent les écailles 
du Caret un produit très-précieux dans les arts de 
nécessité et de luxe; depuis le simple e& grossier 
hamecon que l'habitant des iles de l'Océanie s’en 
faconne, jusqu'aux magnifiques incrustations que 
Yartiste français marie de mille manières plus gra- 
cieuses et plus délicates les unes que les autres, il 
est une foule d'objets d'utilité et d'ornement que 
l'on emprunte aux écailles de cette Ghélonée; les 
anciens en tiraient déjà un grand parti, et Plinius 
nous à conservé le nom de celui qui le premier a 
imaginé d'employer l’écaille de tortue dans l’a- 
meublement; c’est devoir dele répéter , c’est au Ro- 
main Carvilius Pollio que l’on est redevable de 
celte invention qui fait déverser sans effort du sup- 
perflu de l’opulence sur tant de familles nécessi- 
teuses. Une tortue fournit quatre, cinq et quel- 
quefois jusqu’à sept ou huit livres d'écailles. La 
chair du Caret est jaunâtre et n’est pas estimée ; 
par une sorte de compensation avec la qualité de 
son écaille , elle jouit, dit-on, de propriétés mal- 
faisantes, elle dévoie avec douleur, provoque le 
vomissement et détermine quelquefois une sorte 
d’urticaire ou une éruption furonculaire ; mais les 
œufs ne participent pas, à ce qu'il parait, de ces 
qualités nuisibles. 

On distingue quelques espèces de Caret à cause 
de légères différences dans la disposition des pla- 


ques suscraniennes, telles sont le faux Carct, EC} 


pseudocaretta, et la Chélonée du Japon, incom- 
plétement décrite par Thunberg. 

Enfin , il est des Chélonées dont l’écaille de. la 
carapace est composée d’une seule pièce, sa mol- 


\ 


lesse a fait donner à ces tortues le nom de Tortues: 
àcuir, Corindo, D'ermochelys, on leur donne aussi. 


_celui de Sphargis; l'espèce la plus connue est la: 


Cuëconée LuTH, T', coriacea, lyra, ou Mercuriale, 
à laquelle quelques auteurs ont également donné: 
les noms de Tortue couverte, de Rat de mer, de 
Tortue à clin; elle est représentée pl. 96, f. 4.Gette. 
tortue atteint sept à huit pieds et plus de lar- 
geur; sa carapace allongée, peu convexe, est re 
levée par cinq carènes continues, réunies en ar- 
rière et surmontées de tubercules plus ou moins 
saillans. La mâchoire est échancrée vers son ex- 
trémité; elle habite la Méditerranée et se retrouve, 
mais rarement, sur les côtes occidentales de l’an- 
cien continent. C’est ainsi qu'on en a pris une en 


1729 vers l’embouchure de la Loire ; on la trouve. 


aussi, dit-on, sur les côtes d'Amérique. Rondelet. 
a pensé que c'était avec la carapace de cette tor- 
tue que les Grecs avaient construit la lyre, et 
dans celle croyance, il lui a donné le nom qui 
rappelle cette attribution ; mais Pausanias donne à 
entendre que les tortues avec lesquelles on faisait. 
des lyres étaient non des Chélonées, mais bien des. 
Tortuesterrestres. Ainsi il, dit Arcadia, chap. 54 : 
« On trouve sur le mont Parthenius des tortues 
très-propres à faire des lyres » , et chap. 23 : « Le 
bois de chênes de Soron, ainsi que toutes les au- 
tres forêts de chênes de l’Arcadie est rempli 
de tortues d’une très-grande taille dont on ferait. 
des lyres aussi grandes que celles qu’on fait avec 
les tortues des Indes. » Nous reléverons en pas- 
sant une fable rapportée par Pausanias au sujet 
des Chélonées. 11 dit, Attica 44, que Sciron pré- 
cipitait du haut des roches voisines de Molurida 
tous les étrangers qu'il rencontrait, et une tortue. 
qui se tenait dans les flots au bas de cet endroit les- 
enlevait. «La mer produit en effet, ajoute-t-il, des 
tortues qui ne diffèrent de celles de terre que par 
la grandeur et par la forme des pieds, qui sont 
faits comme ceux des phoques. » L’on a vu que 
les Chélonées ne se nourrissaient que de fucus ou 
tout au plus de petits animaux mollusques ou crus- 
tacés , l’organisation des tortues de mer et l’exa- 
men de leur canal digestif surtout rendent la lé- 
gende de Pausanias tout-à-fait apocryphe. L'on 
a décrit comme espèce distincte du Luth une 
tortue {à cuir dont les carènes sont garnies 
de tubercules plus marqués, sous le nom de Ché- 
lonée tuberculeuse, C. tuberculata: une autre est 
indiquée sous celui de Chélonée atlantique, C. at- 
lantica. Il existait dans les mondes précédens des 
tortues du groupe des Chélonées ou Thalassites, 
on en a retrouvé des restes dans les couches ma- 
rines de la montagne Saint-Pierre de Maëstricht et 
dans quelques autres points des contrées occiden- 
tales de l'Europe ; on en a même décrit plusieurs 
fragmens comme ayant appartenu à des espèces 
particulières, telles sont entre autres la tortue 
trouvée dans les ardoises de la montagne de Plat- 
tenberg'près Glaris, la T'estudo antiqua de Brown, 
la Chélonia radiata &e Fischer, la Chelonée Duluc; 
mais ces restes sont trop peu complets pour pou- 
voir asseoir encore des déterminations précises, 


tout 


. 
0 


CHÉL 


119 


CHÉL 


tout ce que l’on peut dire jusqu'ici djaprès le peu 
des écailles de la carapace que l’on a, c’est que 
ces tortues marines se rapprochent plus de la 
Chélonée caret que des autres espèces. 

CHÉLONIENS. (rrr.) Ce nom, dérivé du mot 
grec Cheloné qui s’appliquait aux tortues de terre 
et de mer, est maintenant employé pour désigner 
la famille entière des Tortues. La forme hémisphéri- 
que de leur corps enveloppé partout d’une cui- 
rasse au dedans de laquelle ces animaux peuvent 
abriter plus ou moins leur tête et leurs extrémités, 
et leur mode de reproduction ovipare, avaient 
déjà frappé les anciens zoologistes, qui avaient 
nettement caractérisé ces animaux. L’examen 
plus approfondi de leur organisation n’a fait que 
confirmer les premiers aperçus, aussi de tout 
temps ces reptiles ont-ils été assez bien définis, 
groupés, et, comme tant d’autres, leur classification 
n’a pas été le sujet de discussions interminables. 

Les Chéloniens sont encore définis aujourd’hui 
des reptiles à corps court, globuleux, revêtus d’une 
enveloppe plus ou moins solide , formant pour le 
tronc une sorte de test, d’où leur est venu chez 
les Latins le nom de T'estudo et chez les moder- 
nes ceux de Reptilia cataphracta,  fornicata , 
ou à cuirasse plus ou moins immobile ou in- 
flexible , au dedans ou sous laquelle la tête et les 
extrémités peuvent être rétractées en tout ou en 
partie , et se reproduisant par des œufs d’où les 

etits sortent complets, indépendans et respirant 
Vair atmosphérique, sans être sujets à métamor- 
phose, et n'éprouvant d’autres modifications qu'un 
accroissement de volume et de poids. 

La tête des Tortues est pyramidale , obtuse , à 
museau plus ou moins mousse, à narines situées 
sur le côté supérieur, ordinairement fermées par 
une sorte de valvule membraneuse , légèrement 
prolongées en trompe tubuleuse dans quelques 
genres ; à bouche transversale, non dilatable, or- 
dinairement dépourvue de lèvres; à mâchoires 
fortes et robustes, garnies sur leur bord de 
lames cornées, tranchantes, se croisant mutuelle- 
- ment en ciseaux, quelquefois échancrées ou den- 
teléces, ou munies d’une simple dentelure, sans ap- 
parence ou vestige de véritables dents; à langue 
molle , déprimée, revêtue de papilles nombreuses, 
vermiculaires , disposées comme les circonvolu- 
“tions de la partie supériéure des hémisphères 
cérébraux des animaux compliqués, non extensi- 
ble ct adhérente à la paroi inférieure de la bou- 
che (hédréoglésse), souvent garnie à sa base d’un 
“repli membraneux qui remplit sans doute les fonc- 
tions du voile du palais des autres animaux, 
dont les Tortues sont dépourvues ; les yeux mu- 
nis de deux paupières à peu près égales et d’une 
membrane clignotante, à pupille circulaire, par- 
fois festonnée à son bord libre; à tympan caché 
sous la peau. Le crâne est couvert, dans queïques 
- groupes, de plaques polygones à disposition régu- 

lière dont l'examen s'emploie utilement dans la 
distinction des espèces. Le cou, de longueur va- 
riable, est enveloppé d’une peau lâche qui se re- 
plie sur elle-même en manière de prépuce, et 


Towe II. 


comme le cou des condors et des vautours. Le tronc 

hémisphérique, plus ou moins bombé ou déprimé, 

comprimé latéralement dans quelques genres, est 

constitué par une cuirasse dont le côté supérieur, 

plus grand, convexe, à contour ovalaire ou cor- 

diforme, selon les groupes, et plus ou moins solide, 

porte le nom de carapace. Le côté inférieur, rhom- 
boïdal, plat , plus ou moins étendu, se désigne par 
le nom de plastron. Ordinairement il est légère- 
ment échancré sur les côtés antérieurement et 
postérieurement, pour laisser un libre passage aux 
extrémités qui sortent et rentrent au gré de l’ani- 
mal. Les extrémités antérieure et postérieure sont 
aussi légèrement échancrées pour les mouvemens 
de la tête et de la queue. Quelquefois le plastron 
des Tortues offre à son centre une dépression où 
concavité que l’on croit propre aux mâles et des- 
tinée à dissimuler la convexité de la carapace des 
femelles dans l’accouplement. La cuirasse des 
Tortues est, dans quelques cas, revêtue d’une 
couche cornée, molle ou solide, d’une seule pièce; 
d’autres fois clle est divisée en compartimens po- 
lygones, en nombre eten disposition fixes, et 
propres à servir de caractères pour la détermina- 
tion des espèces. Celles qui sont au centre de la ca- 
rapace sont toujours plus grandes que les autres, 
et à peu près de même taille entre elles. Elles 
constituent le disque. Celles qui correspondent à 
la colonne vertébrale se nomment rachidiennes: les 
latérales, pleuréales ou costales , parce qu'elles 
répondent aux côtes. Elles sont au nombre va- 
riable de quinze ou de treize , selon que les séries 
latérales sont de cinq ou de quatre plaques. Leur 
forme varie ; souvent hexagonales, les latérales sont 
quelquefois pentagonales ou quadrilatères. Les 
plaques du bord se nomment marginales. On les 
distmgue, selon leur position, par les noms de nu- 
chales, cervicales ou collaires, brachiales , pecto- 
rales, abdominales, fémorales, caudales. Elles 
sont au nombre de vingt-quatre ou de vingt-cinq, 
selon que la nuchale manque ou ne manque pas, 
selon que la caudale est simple ou double. Leur 
forme est ordinairement quadrilatère, plus petites 
en avant, plus grandes en arrière, les dernières 
inclinées du côté de la queue et sortant du rang 
par un de leur angles. La surface de ces écailles 
est quelquefois lisse , le plus souvent elle est cha- 
grinée au centre, sillonnée en carré à sa circon- 
férence. Le nombre des sillons indique d’une ma- 
nière approximative, dit-on, l’âge de l'individu. Par- 
fois les écailles sont planes, d’autres fois légère- 
ment bombées à leur centre, d'autrefois elles se 
relèvent en pyramides plus ou moins saillantes. Ces 
saillies se retrouvent en vestiges,et marquées par 
l'angle de réunion des sillons ci-dessus, sur les 
écailles marginales, ainsi que sur les plaques du 
plastron, toujours planes, mais en nombre variable, 

douze ou treize au plus selon les genres, disposées 

symétriquement par paires comme celles dela ca- 

rapace. On leur donne, comme aux marginales de 
la carapace, des noms tirés de leur position. Les 
points par lesquels le plastron s’unit à la cara- 
pace prennent le nom d’ailes; les plaques quilesre- 


99° Livraison, 15 


CHÉL 


couvrent s'appellent, selon le lieu qu'elles occu- 
pent, axillaires ou inguinales. 

Les pieds sont toujours au nombre de quatre, 
disposés différemment selonles groupes. Dans cer- 
taines Tortues, ils sont aplatis en rames et propres 
seulement, comme les nageoires des Cétacés, à la 
natation, ce qui a fait désigner ces Tortues sous les 
noms de Rémipèdes ou Oiacopodes. D’autresontles 
pieds cylindriques, terminés par un pied court 
tantôt aplati, à doigts séparés par des replis de Ja 
peau, analogues à ceux que l'on voit aux pieds des 
oies et des canards. On les désigne sous le nom de 
Tortues palmipèdes ou stéganopodes, et plus 
exactement stognopodes. Tantôtenfin ce piedest cy- 
lindrique, terminé par des doigts réunis en moi- 
guon, ce sont les Tortues à pieds marcheurs, so- 
lipèdes ou tylopodes. Les doigts sont ordinaire- 
ment au nombre de cinq à tous les pieds, mais 
ils ne sont pas chez tous les Chéloniens marqués 
à l’extérieur par un nombre égal d'ongles, d’où 
sont venus les noms donnés à certaines Tortues 
de Trionyx, Tétraonyx, Pentonyx et Homopodes, 
ou plus régulièrement homonyx. Les pieds peu- 
vent se retirer, chez un grand nombre de Ché- 
loniens , en dedans de la cuirasse. L’on nomme 
alors les Tortues Cryptopodes, ou à pieds cachés, 
rétractiles. Chez d’autres les pieds ne peuvent 
rentrer tout-à-fait en dedans de la cuirasse, 
et se replient seulement au dessous d’elle. Ge sont 
ces Tortues que l’on désigne par le nom de Gym- 
nopodes ou à pieds découverts non rétractiles. 
Les pieds sont ordinairement couverts d’écailles 
ovalaires, imbriquées, plus ou moins développées 
en ergots à leur sommet. La disposition des 
pieds des Tortues commande pour ainsi dire leurs 
habitudes et leur mode de progression. Celles 
à' pieds en rame vivent dans la mer d’où 
elles sortent rarement, leurs pieds étant très-peu 
disposés pour la marche; ce sont les Chéloniens 
thalassites ou marins, Eretmo ou Halychelones 
de quelques auteurs. Celles qui ont des pieds 
palmés vivent dans les eaux douces, mais au 
moins peuvent marcher assez bien sur terre. 
Aristotélès les appelait Emus, d’où l’on a fait le 
nom d'Emyde. On leur a donné le nom de 
Phyllopodes ou Chélichelones. et selon qu’elles ha- 
bitent les fleuves ou les étangs, on les a désignées 
sous les noms de Fluviales ou Potamites et de 
Stagnales ou Paludines, Elodites. Enfin les Tor- 
tues dont les pieds sont terminés en moignons et 
qui se portent sur leursongles, sont les mieux dis- 
posées de Ja famille pour la marche; mais leurs 
mouvemens , gênés par des causes qui seront ex- 
posées plus loin ; sont d’une lenteur passée en pro- 
verbe depuis long-temps. Ges Tortues sont con- 
damnées à vivre à terre et s’éloignent peu des 
endroits qu'elles ont choisis pour patrie. On les 
nomme Chéloniens terrestres, ou Chersites Podo, 
ou Chersochelones. 

La queue des Chéloniens est ronde, conique, plus 
ou moins courte; elle dépasse à peine la carapace; 
dans Ja plupart des espèces elle n’atteint jamais au- 
delà de la moitié de lalongueur du corps. L'animal 


114 


CHÉL 


la porte droite , traînante. Lorsqu'elle est longue il 
la reploie sur un des côtés de la Carapace. La 

ueue est couverte d’écailles à peu près sembla- 
bles à celles du corps, communément plus peti- 
tes. Celle du sommet forme une sorte de dé à 
coudre, simple ou divisé en deux pièces, quelque- 
fois disposé en sorte d’ergot. Chez quelques Tor- 
tues le côté supérieur de la queue est garni d’é- 
cailles plus grandes que les autres, marquées 
d’une forte carène. Chez d’autres on trouve sous 
la queue des écailles allongées transversalement , 
disposées à peu près comme les lamelles caudales 
des couleuvres. 

L'ouverture du cloaque est disposée en fente 
longitudinale, à lèvres renflées, marquées de plis 
nombreux. Gelte cavité offre une sorte de ves- 
tibule , lequel conduit à deux poches séparées par 
une cloison musculo-membraneuse, dont la su- 
périeure recoit l’orifice du rectum et l'inférieure, 
correspondante au plastron , donne issue aux ca- 
naux génitaux et urinaires. 

La charpente osseuse des Chéloniens offre plu- 
sieurs parlicularilés remarquables. La tête est 
très-développée en hauteur, et cette dimension 
l'emporte généralement sur les’autres diamètres ; 
mais la plus grande partie des pièces fortes et so- 
lides qui la composent sont destinées à la face et 
surtout aux mâchoires qui offrent chez les Ghélo- 
niens une force et une solidité que l'on' ne re- 
trouve guère chez les autres reptiles. Les deux 
côtés de la mandibule ou mâchoire inférieure se 
soudent intimement de bonne heure, et ne per- 
mettent pas de diastase ou de dilatation de la 
bouche, comme cela s’observe plus ou moins chez 
d’autres reptiles. La tête des Tortues est arti- 
culée avec les vertèbres par un seul condyle 
divisé en deux, comme chez les Lézards. Celui 
des Tortues de mer présente trois faceltes ar- 
ticulaires; cette articulation n'est guère suscep- 
tible de mouvement particulier. Les vertèbres du 
cou, ordinairement au nombre de huit, sont plus 
ou moins allongées et susceplibles de mouvemens 
différens selon les espèces. Les muscles qui les 
meuvent ont beaucoup d’analogie avec ceux du 
cou des oiseaux. Tantôt les mouvemens les plus 
étendus ont lieu de haut en bas, et cette partie 
de la colonne vertébrale se replie sur elle-même 
en S, comme chez les Cryptodères: d’autres fois 
elle s'infléchit latéralement, et les autres mouve- 
mens sont peu étendus , comme chez les Pleuro- 
dères (de déiré cou, pleuron côte, cruptein cacher.) 
Cette disposition du cou se fait remarquer même 
dans l'œuf, et les fœtus ont déjà le cou réfléchi, 
comme ils l’auront par la suite. Les vertèbres 
du dos sont au nombre de huit, confondues 
et soudées’entre elles d’une manière immobile, 
soudées également avec les côtes et avec des pièces 
osseuses particulières qui constituent le centre de 
la carapace. Ces pièces semblent le résultat de la 
confusion des apophyses transverses des vertèbres 
dorsales. Au nombre de huit comme ces ver- 
tèbres , elles s’épanouissent en plaques polygones, 
articulées entre clles par des sutures dentelées ou 


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CHÉL 


par synarthrose , empiétant sur la vertèbre voisine 
et sur l’origine des côtes, et concourant avec 
elles à la formation d’une voûte analogue à celle 
du crâne sous quelques rapports, Gelte carapace 
osseuse est ordinairement immobile , néanmoins 
il est des espèces où le bassin étant mobile, lespièces 
qui y correspondent l'accompagnent dans ses mou- 
vemens. Les vertèbres pelviennes ou sacrées sont or- 
dinairement au nombre de trois, confondues en- 
tre elles comme les précédentes, et le plus sou- 
vent confondues avec les vertèbres dorsales et avec 
la carapace. Cependant il est quelques espèces 
où elles présentent un léger degré de mobilité sur 
la colonne dorsale. Ce sont ces Tortues aux- 
quelles on a donné le nom de Cynixis (de cynein , 


mouvoir, et iæus les lombes). Les vertèbres de la 


queue sont mobiles entre elles et sur le bassin, 
comme. celles du cou ; leur nombre est de vingt, 
dans la plupart des cas, cependant quelques ex- 
ceptions s'offrent chez certaines ‘espèces à cet 
égard; parfois elles sont plus ou moins soudées 
entre elles. 

Les côtes des Chéloniens sont articulées ouplutôt 
confondues par leur extrémité rachidienne avec le 
corpsde la vertèbreet la plaque rachidienne de la 
carapace. Leur cou est libre, mais à partir de l’angle 
et de la facette qui, chez les autres animaux, 
s'articule avec l’apophyse transverse de la vertè- 
bre, elles s’épanouissent et se confondent entre 
elles, et les pièces rachidiennes de la carapace 
se pénétrent mutuellement comme elles par des 
dentelures réciproques , quelquefois dans toute 
leur étendue, quelquefois à leurs deux tiers in- 
ternes seulement. Dans tous les cas, des pièces os- 
seuses étroites, allongées, aplaties, articulées 
entre elles par un mode analogue à celui des autres 
pièces dela carapace, viennent encadrer la partie 
supérieure du bouclier en s’articulant aux extré- 
mités des côtes et au bord des plaques osseuses ver- 
tébrales. Les pièces latérales de ce cadre recoivent 
les pièces plus ou moins élargies par lesquelles le 
plastron s'étend sur les côtés et deviennent ainsi 
le moyen d'union des deux battans de la cuirasse. 
Leur nombre est de vingt-cinq à vingt-six, comme 
les plaques, écailleuses qui les recouvrent. Elles 
prennent ordinairement les noms particuliers de 
ces dernières, On les a regardées comme les ana- 
logues des côtes sternales ; mais , excepté les laté- 
rales , elles n’ont ni leurs rapports ni leurs con- 
nexions , et leur nombre et leur disposition dé- 
truisent ce rapprochement ingénieux. 

Le sternum est composé de neuf ou dix pièces 
disposées symétriquement par paires. Leur gran- 
deur et leur forme varient selon les espèces ; la 
forme générale de leur ensemble est aussi sujette 
à varier, rhomboïdale dans quelques Tortues, el- 
lipsoïde dans d’autres, terminée en pointe chez les 
unes , échancrée en avant et en arrière chez les 
autres. Les pièces qui forment le sternum consti- 
tuent dans certains cas un tout osseux. D’autres 
fois c’est un cadre dont la partie intérieure est 
seulement complétée par des cartilages au milicu 
desquels s’avancent des ramifiations osseuses, assez 


115 


CHÉL Ë * 


semblables à des cornes d’élan pour que ces par- 
ties, retrouvées à l’état fossile, aient été prises au- 
trefois pour les bois de ces animaux. Dans le plus 
grand nombre des cas , les pièces du sternum sont 
immobiles les unes sur les autres , commerchez la 
plupart des Tortues de terre; mais quelquefois 
la partie postérieure est susceptible d’un léger 
mouvement qui permet sans doute à l'abdomen 
de se distendre lorsqu'il s’amplifie par le dévelop- 
pement du produit de la fécondation. Chez quel- 
ques unes, la partie antérieure offre , comme 
la postérieure , une charnière cartilagineuse 
transversale , qui lui permet un léger mouvement 
d’élévation et d’abaissement, la partie moyenne 
restant seule fixe et immobile ; tandis que, 
chez d’autres, il n’y a entre la partie antérieure 
et la postérieure qu’une charnière sur laquelle elles 
se meuvent toutes deux. : 

Le mode d’union du plastron à la carapace va- 
rie aussi selon les espèces; tantôt c’est par des 
pièces osseuses à surfaces assez larges que cette 
union a lieu, tantôt au contraire elles sont très- 
étroites, d’autres fois même ce sont de simplesfibres 
cartilagineuses. 

Les os de l'épaule et du bassin offrent cette dis- 
position toute spéciale chez les Chéloniens, qu'ils 
sont situés en dedans des côtes, ce qui ne se re- 
trouve chez aucune autre famille d'animaux. 

L’omoplate est attachée par son extrémité ver- 
tébrale à la partie interne de la carapace ; l’ex- 
irémité interne de la clavicule s’insère solidement 
au plastron. Elle est large et évasée, comme celle 
des oiseaux, tandis que l’omoplate est grêle et al- 
longée, Une troisième pièce, également allongée et 
étroite, se porte en baset en arrière, et représente 
ici la pièce que l’on a.considérée commel’acromion 
ou comme l'os coracoïde desoiseaux; son extrémité 
postérieure est libre, l’antérieure se confond 
dans la cavité glénoïde avec les deux autres 
pièces. 

L'humérus est court, fortement contourné sur 
lui-même ; les deux os de l’avant-bras sont im- 
mobiles l'un sur l’autre, et fixés dans la prona- 
tion. Les os du carpe sont en nombre variable 
selon les espèces, disposés d’une manière toute 
particulière. Les phalanges sont au nombre de 
trois pour le premier et le cinquième doigt, et de 
quatre pour les trois intermédiaires, mais la lon- 
gueur de la phalange unguéale surtout varie chez 
les espèces, selon qu’elle se prononce au dehors 
ou qu'elle reste cachée sous la peau. Le bassin est 
articulé sur les vertèbres, tantôt d’une manière 
solide, tantôt flexible et mobile. L’ischion, comme 
le pubis, est dirigé en avant et forme avec celni 
du côté opposé une arcade qui laisse entre elle 
: celle que forment les pubis, deux espaces ova- 
laires qui représentent les troussous-pubiens. L’on 
n’observe pas chez les Chéloniens de vestiges mar- 
qués de los cloacal. Les cavités cotyloïdes sont 
très-écartées l’une de l’autre , ce qui fait que les 
mouvemens du membre postérieur sont gauches 
et malaisés. Le fémur, comme l’humérus, est court 
et fortement contourné sur lui-même; les autres 


CHÉL 


116 


CHÉL 


parties des membres postérieurs ne diffèrent guère 
de celles des pieds antérieurs que par les propor- 

tions ; ilest à remarquer toutefois que les mem- 
bres pelviens sont fixés et se meuvent dans le 
sens d’une supination forcée. 

Le système nerveux des Chéloniens est en gé- 
néral peu développé à proportion du volume du 
corps ; le cerveau ne répond pas, il s’en faut, à 
la grandeur de la tête osseuse, sa composition est 
à peu près la même que chez la plupart des rep- 
tiles, sauf les proportions des diverses parties qui 
le constituent; les nerfs offrent chez les Chéloniens 
quelques particularités de détails pour lesquelles 
nous sommes obligés de renvoyer le lecteur aux 
ouvrages spéciaux, nous dirons seulement ici que 
la disposition du nerf grand sympathique, ainsi 
que des nerfs spinaux et cérébraux, se rapproche 
beaucoup de celle des oiseaux. 

L'organisation des tégumens des Chéloniens , la 
disposition de leurs doigts, de leurs lèvres et de 
leur museau ne sont guère propres à leur fournir 
des idées exactes sur la forme, la dimension, la 
consistance et la température des corps; la lan- 
gue, il est vrai, est mieux disposée pour leur don- 
ner la conscience de leur saveur. Les organes de 
J’odorat et de l’ouiïe sont plus favorablement dis- 
posés encore; mais l'œil, assez bien conformé du 
reste, est placé peu avantageusement pour une 
exploration facile, aussi l’intelligence de ces ani- 
maux est-elle très-bornée et se réduit - elle à la 
recherche de la nourriture, au rapprochement 
stupide des sexes ; au-delà, leur sagacité ne va qu 2à 
creuser un trou au moyen de leün tête et de leurs 
pieds de devant pour se retirer pendant l’hiverna- 
tion, et à creuser une fosse pour déposer leurs 
œufs. Leurs mouvemens sont si lents qu'ils sont 
devenus le type de la paresse et de la lourdeur ; 
ils cherchent tout au plus à mordre lorsqu'on les 
tourmente ou qu’un ennemi les attaque. Heureu- 
sement leur cuirasse leur fournit une compensation 
heureuse à leur idiotisme en leur offrant une re- 
traite sûre dans le danger, et toujours à portée de 
les recevoir dans l’occasion. On a dit que les Ché- 
loniens quittaient quelquefois leurs carapaces, mais 
c’est une erreur dont le temps a fait justice, les pla 
ques écailleuses seules se renouvellent comme 
l’épiderme des lézards et des serpens. 

Les Chéloniens avalent leur nourriture sans la 
mâcher et en la divisant seulement avec leurs mâ- 
æhoires cornées, ils analysent à peine sa saveur au 
moyen des papilles de la langue; quelques espèces, 
douées de lèvres molles, paraissent pourtant la 
goûter davantage, ct l’on voit chez quelques unes 
les côtés de la Bouche garnis de barbillons courts 
et membraneux que l’on présume être des organes 
auxiliaires de gustation. La nourriture des Ghélo- 
niens consiste, pour la plupart, en matières végé- 
tales molles et herbacées , quelques unes se nour- 
rissent de petits animaux mollusques ou crustacés. 
L'œsophage est dans quelques espèces hérissé à 
son intérieur d’épines cartilagineuses destinées à 
empêcher le retour des matières alimentaires dans 
la bouche lorsque l’estomac se contracte sur elles ; 


le canal intestinal des Chéloniens offre peu de 
particularités bien saillantes; l’estomac est peu 
distinct de l’intestin grêle, et le gros intestin sans 
bosselure n’en est séparé que par une légère val- 
vule; il se termine après un trajet assez court dans 
la chambre postérieure du cloaque. Les crottins 
des Chéloniens sont globuleux, légèrement atté- 
nués à leurs extrémités, 

Les Chéloniens peuvent suspendre impunément 
pendant un temps assez long leur alimentation , 
annuellement cette fonction se supprime pendant 
plusieurs mois et pendant toute la durée de l'hi- 
vernation. 

Le système lymphatique des Chéloniens est très- 
développé, surtout à la périphérie du corps; mais 
ici l’on ne peut supposer que» cette particularité 
ait pour but l’absorption de l’air mêlé à l’eau lors- 
que l’animal est plongé dans ce liquide, ou de 
suppléer à la suspension d’action des poumons 
pendant l'ivernation,, puisque : les * Chéloniens 
sont presque partout enveloppés de tégumens qui 
permettent peu une absorption de quelque nature 
qu'elle puisse être. Au reste, les vaisseaux lÿm- 
phatiques des parties postérieures et moyennes du 
corps se réunissent en une citerne abdominale 
assez vaste qui entoure l'aorte à peu près comme 
les sinus caverneux de la selle turcique du sphé- 
noïde entourent l'artère carotide, et en deux troncs 
thoraciques, un droit et un gauche,quivont s'ouvrir, 
après avoir recu près de leur embouchure les lym- 
phatiques des parties antérieures, dans les veines 
sous-clavières, par un orifice linéaire dont le ten- 
don n’est pas en rapport avec la capacilé des vais- 
seaux qu'il termine. Ces orifices sont chez les Ché- 
loniens les seules communications que l’on ait 
observées entre les Ilymphatiques et les veines. 

Le cœur des Chéloniens est presque sphéroïdal, 
plus large que long, formé de deux oreillettes com- 
muniquant entre elles par un trou de Botal double, 
dit-on, dans le jeune âge, simple et persistant dans 
la suite, et d’un ventricule divisé à l’intérieur en 
deux parties par une cloison musculeuse soute- 
nue par des colonnes charnues ou faisceaux mus- 
culaires attachés à la base du cœur, et disposés 
de manière à servir de valvule aux deux orifices 
auriculo-ventriculaires. De ce ventricule commun 
naissent trois troncs artériels: le premier se bi- 
furque bientôt , et donne une branche qui fournit 
les carotides communes, etc., et la branche aor- 
tique droite que l’on a regardée comme le canal 
artériel, à cette différence près qu'il ne s’abouche 
avec l’aorte que dans l'abdomen, et par un canal 
persistant pendant toute la vie; le deuxième tronc 
donne la branche aortique g Se et le troisième 
les artères pulmonaires que l’on a regardées à cer- 
taine époque comme fournies par l’ oreillette droite. 
Le sang veineux arrive à l'oreillette droite par une 
veine cave grosse et volumineuse , et la veine pul- 
monaire s'ouyre par un seul ire dans l’oreillette 
gauche. L'on s'accorde à dire que le sang artériel 
et veineux, malgré la disposition des Jen ID 
térieures de FU de communication entre les 
cavités du cœur, éprouve chez les Chéloniens un 


QT 


CHÉL 


certain mélange, et qu'il n’est dès lors oxigéné ou 
plus précisément aéré ou ‘artérialisé qu’en partie 
lorsqu'il retourne aux extrémités artérielles , mais 
les recherches de M. Martin Saint-Ange ont mon- 
tré que ce désordre apparent de la circulation ne 
se passe pas seulement dans le cœur chez les rep- 
tiles, et en particulier chez les tortues ; que chez 
ces derniers, par exemple, les vaisseaux des reins 
fournissent un embranchement qui se rend à la 
partie postérieure du poumon, el partage jusqu'à 
certain point le rôle des vaisseaux pulmonaires. 
Les voies de la circulation présentent, selon les 
espèces , quelques différences de détails qu'il n'est 
guère possible d'indiquer ici; c’est à ces diffé. 
rences surtout qu'ont été dues ces discussions cé- 
èbres qui s’élevèrent au sein de notre académie 
naissante des sciences entre Méry et Duverney, et 
ces controverses mêlées d’aigreur, dont la propo- 
sition de l’unité de composition et la structure des 
glandes mamellaires des cétacés nous ont à peine 
retracé la physionomie. 

Les Tortues ont un larynx disposé à peu près 
comme celui de la plupart des reptiles, et une 
glotte formée de deux lèvres cartilagineuses con- 
tiguës par un de leurs côtés. La trachée-artère se 
divise en deux branches entourées d’anneaux car- 
iilagineux complets, et se prolongeant jusque vers 
T’extrémité des sacs pulmonaires dans les cellules 
desquels elles s’ouvrent par des trous latéraux. Le 
poumon est un sac à deux lobes divisés dans leur 
intérieur par des cloisons membraneuses qui les 
partagent en cellules polygones, subdivisées elles- 
mêmes à plusieurs reprises en cellules ou aréoles 
de plus en plus petites, et offrant une certaine 
analogie avec l'aspect de la surface interne d’une 
portion de l'estomac des ruminans, la caillette. 
L'air n'arrive dans les poumons des Chéloniens 
que par l'effet d’une déglutition active bien plus 
sensible ici que chez les autres reptiles, puisque 
non-seulement il n’existe pas de diaphragme com- 


plet, mais que les parois de la poitrine forment 


une cavité osseuse plus ou moins immobile et 
incapable de dilatation ou de resserrement comme 
chez les autres reptiles. Plusieurs inspirations suC- 
-cessives accumulent l'air dans les sacs pulmo- 
paires, et, après un certain séjour, il en est chassé 
par l’élasticité du tissu pulmonaire qui revient sur 
‘He Larespiration des Chéloniensesirare, ce 
qui est dû à l’ampleur de leurs sacs pulmonaires, et 
c'est sans doute à celte particularité qu'il faut at- 
tribuer la faculté que certaines espèces possèdent 
d'une manière très-marquée de pouvoir rester 


“plus ou moins longtemps plongées sous l'eau. 


Les Chéloniens peuvent impunément suspendre leur 
respiration pendant un temps assez long, et Méry 
apporte qu'il a conservé pendant plus de trente 
jours des Tortues qu'il avait mises dans l’impossibi- 
dité absolue de respirer, et ce fait est d'autant plusre- 
marquable, qu'ici, commechezlesBatraciens, on ne 
‘peut invoquer l'absorption cutanée pour l'expliquer. 

En général les Chéloniens sont muets et ne don- 
nent guère qu’un léger sifflement analogue à celui 
des couleuvres. Cependant il est quelques espèces 


117 


CHÉL 


qui ont un cri flûté plus marqué. Lafont dit même 
que la Tortue à cuir que l’on pêcha en 1729 à 
l'embouchure de la Loire, poussait lorsqu'on lui 
cassa la tête des hurlemens que l’on aurait pu en- 
tendre à un quart de lieue. Aussi Merrem a-t-il 
donné au groupe dont elle est le type le nom de 
Sphargis (de Spharagizo, crier). Néanmoins, ilest 
difficile de concevoir une voix aussi forte chez des 
animaux où, comme on l’a vu, l'air ne sort du pou- 
mon que par la seule élasticité de son tissu. 

Les glandes sublinguales et autres salivairesse re- 
trouvent , à quelques modifications près, chez les 
Chéloniens comme chez les autres reptiles, mais 
avec cette particularité que le liquide qu’elles four- 
nissent ne jouit en aucune manière de propriétés 
délétères. Le foie volumineux est divisé en deux 
lobes entre la racine desquels le cœur se trouve 
logé. La vésicule du fiel est comme enchâssée 
dans l'épaisseur de la face concave du lobe droit. 
La rate, le pancréas existent également avec de 
légères modifications de forme et de disposition ; 
il en est de même des reins. La vessie des Chélo- 
niens est susceptible d’une grande dilatation, et 
se trouve toujours remplie d’une certaine quantité 
d'urine. Sa cavité est divisée en deux poches laté- 
rales, à peu près comme la matrice bicorne de quel- 
ques mammifères ; l'on a cru pouvoir expliquer 
l'abondance de l'urine chez les Chéloniens par 
l'absence de la perspiration cutanée, impossible 
à travers des tégumens aussi denses que les leurs ; 
mais l’on voit que cette fonction, qui ordinaire- 
ment est en relation inverse avec l’exhalation cu- 
tanée, présente la même disposition chez les Ba- 
traciens dont la peau nue est constamment le siége 
d’une évaporation rapide; il est probable qu'ici, 
comme chez les Batraciens, l'abondance de la sé- 
crétion de l’urine est en rapport avec un moyen 
de défense propre à ses animaux ; en effet, comme 
les Batraciens, les Chéloniens , lorsqu'ils sont tour- 
mentés, projettent leur urine à une certaine dis- 
tance, cette urine est claire, limpide , à odeur un 
peu nauséeuse; à sa suite les Ghéloniens, comme les 
oiseaux, déposent une certaine quantité de magma 
blanc caséeux pour la consistance. Une TorTuE DE 
Banane, TL. mauritanica, Mus. Paris, par exem- 
ple, donne en une fois deux à trois onces de li- 
quide , et peut-être un gros de substance pultacée. 
M. Lassaigne, l’un de nos chimistes les plus dis- 
tingués, a récemment examiné le résidu de l’éva- 
poration de cette excrélion , et a trouvé les résul- 
tats suivans : 


Résidu. . . . . . . .bo0  milligrames. 
Uréeet traces de chlorure. 6o 
Acide urique. . . . . . 330 
Sels à base de chaux et 
de soude. . . . . . . 110 
boo 


L'on rencontre aussi chez les Chéloniens des 
follicules mucipares plus ou moins développés, par- 
fois on en voit sous leurs mâchoires, mais plus com- 
munément on en rencontre sous la queue qui se 
rendent par des canaux courts dans le cloaque, 


GRR 


CHÉL 


118 


CHÉL 


et servent sans doute plus ou moins à la fonction 
dela génération. 

La verge des Chéloniens est simple, longue, 
cylindrique, renflée à son extrémité qui finit en 
pointe; un sillon profond règne dans toute l’éten- 
due de son côté supérieur et se termine à son ex- 
trémité par un orifice divisé en deux par une pa- 
pille ; il est probable que les bords de ce sillon se 

“rapprochent dans l’acte de l’accouplement et que 
le sillon forme alors un canal complet; de chaque 
côté de ce sillon l’on trouve, dans l'épaisseur du 
tissu des corps caverneux, un canal ouvert dans le 
péritoine, et qui se termine en cul-de-sac près du 
gland; le clitoris des femelles est long, pyriforme, 
placé à Ha partie inférieure du vestibule commun, 
près de son orifice , sillonné à sa partie supérieure 
comme la verge du mâle, rentré comme elle 
hors le temps du rut, dans la portion du eloaque 
qui reçoit les orifices de la vessie , des uretères et 
desoviductes; ceux-ci, larges et développés, se ter - 
minent par un pavillon peu dilaté, non loin des 
ovaires; ces dernierssont volumineux, plus oumoins 
riches en ovules, et ressemblent beaucoup aux 
mêmes organes chez les oiseaux. L'on doit à 
M. Martin-Saint-Ange et Isidore Geoffroy-Saint- 
Hilaire une observation remarquable au sujet 
des organes génitaux des Chéloniens femelles : 
les canaux qui, chez les mâles, s'étendent du péri- 
toine dans les corps caverneux où ils se termi- 
nent par une extrémité borgne, viennent chez les 
femelles gagner le côté externe des corps caver- 
neux du clitoris, et s’ouvrir à quelques lignes de 
la base du gland dans le vestibule du eloaque; 
cette communication de la cavité du péritoine 
avec une cavité ouverte à l'extérieur, et cette 
continuité d’une membrane séreuse avec une mu- 
queuse, ont sans doute quelque but particulier 
relatif à la fonction de la génération ; l’on a aussi 
pensé que ces canaux servaient à aspirer le li- 
quide qui devaitêtre employé à combattre l'influen- 
ce d’une températureélevée, ou à faciliter l’abaisse- 
ment de l’animal dans l’eau; mais jusqu'ici c’est 
en vain queles zoologistes ont cherché à déterminer 
le genre précis de coopération de ces canaux, et 
la sagacité des savans est restée en défaut. L’on se 
borne à rappeler le degré d’analogie qui existe en- 
tre eux et les canaux signalés chez les femelles de 
quelquesmammifères par Gærtner, et décrits sous 
ie nom de vagino-utérins. 

Les mâles des Chéloniens sont en général plus 
petits que les femelles. Ordinairement solitaires, 
les sexes se réunissent pour l’accouplement ; leur 
appareillement a lieu au printemps dans les diffé- 
rentes latitudes; ces animaux, ordinairement lents 
et apathiques en apparence, deviennent à cette 
époque vifs et agiles, les mâles surtout témoignent 
une ardeur singulière; ils se livrent entre eux 
des combats acharnés et cherchent à force de 
heurtement de la tête à renverser leurs rivaux sur 
Je dos, et à les mettre ainsi dans l'impossibilité de 
poursuivre leurs femelles, ce qui a pu faire croire 
à un accouplement par opposition chez les Chélo- 
niens ;, mais il est certain que les mâles cavalent 


les | femelles et les saillent par derrière ainsi que 
les anciens naturalistes l'avaient très-bien observé; 
la fécondation se fait en un seul temps plus ou 
moins prolongé, et peut, comme chez les oiseaux, 
fournir pour plusieurs pontes plus ou moins éloi- 
gnées ; après une gestation dont la durée est va- 
riable, les femelles donnent des œufs sphéroïdes 
dont l'enveloppe est quelquefois membraneuse et 
coriace , tandis que chez d’autres Chéloniens elie 
recoit dans la dernière partie de l’oviducte , comme 
chez les oiseaux, une addition de sels calcaires 
qui lui donnent une consistance solide. Gmelin, 
qui a analysé cette écaille des œufs de Chéloniens, 
a trouvé sur 100 parties : 


Carbonate de chaux. . . . . ., 55 4 
Phosphate de chaux. . . . . . . 7 5 
MACRÉSIE. ne 24 u5.0tee lise 2 une trace 
Matière animale soluble dans l’a- 

Cite IQUCAIIQUE, 2 Lee ses 2e + 10 7 
Îd. non soluble dans le même 

ACIHE DE a à Me ER RU. Lo U 26 6 


Mais ces œufs diffèrent de ceux des oiseaux 
en ce que le fœtus est déjà formé lorsque l'œuf 
se sépare de la mère , aussi ces œufs sont-ils aban- 
donnés à l’incubation solaire dans des trous que 
la femelle pratique dans le sable ou dans les tas 
de feuilles sèches ; le nombre des œufs varie selon 
les espèces, leur volume est en général en rela- 
tion avec celui de l’animal; la durée de l’incuba- 
tion solaire, quise termine par une éclosion spon - 
tanée, paraît aussi varier selon les espèces, les 
climats et la température de la saison. 

L’accroissement des Tortues paraît assez lent, 
leur taille est pour ainsi dire limitée dans chaque 
espèce; la durée de leur vie est assez remarqua- 
ble pour que les Chéloniens soient devenus pour 
les Japonais un emblème de longévité. On trouve 
les Chéloniens répandus dans toutes les régions 
chaudes; ils ne se dispersent guère au-delà des 
régions tempérées et on ne les voit pas s'élever à 
des hauteurs un peu marquées. Comme la plu- 
prrt des reptiles ils s’engourdissent au moins 
à l'approche des saisons froides et pluvieuses ; 
comme eux ils supportent assez facilement les 
pertes de substance et les réparent sans trouble 
profond de l’économie , on en a vu se mouvoir pen- 
dant plusieurs semaines après avoir eu la tête 
tranchée, et il n’est pas très-rare de voir des mem- 
bres se reproduire en tout ou en partie chez ces 
animaux. 

L'on observe parfois des monstruosités par 
excès ou par défaut chez les Chéloniens ; mais en 
général ils sont rares et les exemples les plus re- 
marquables parmi ceux qui sont connus, se bor- 
nent à des cas de duplicité de la tête ou des doigts. 

La famille des Chéloniens n’offre pas d'animaux 
malfaisans , beaucoup d’espèces sont pour l’écono- 
mie domestiqueet commerciale une ressource pré- 
cieuse ; lamédecine emprunte aussi aux Chéloniens 
quelques secours plus ou moins eflicaces, aussi 
ces reptiles ont-ils été de tout temps recherchés; 
nulle part Jl’eflroi qui s'attache aux autres rep- 


RE. = 


bus = 


| 
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1 


À 


CHÈÊN 


119 


CHÊN 


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tiles ne s’est étendu! jusqu’à eux, et les em ! encore abattre les Chênes plantés devant une ha- 
, JUS P 


blèmes qu'ils ont fournis aux poètes ne comportent 
pas les idées défavorables empruntées à la plu- 
part des animaux du même ordrè. | 
= Les Chéloniens se divisent, d’après la disposi- 
tion de leurs pieds et leurs habitudes, en Chélo- 
niens marins rémipèdes ou Chélonées, en Chélo- 
niens aquatiques palmipèdes ou ÆEmydes, et en 
Chéloniens solipèdes ou terrestres qui sont les 
Tortues proprement dites. Voyez ces mots. 
(LC. 
CHÉLONURE. (rœpr.) Nom donné PA les 
‘temps modernes à un genre d'Emuvre. Voyez ce 
mot. (Tu. €.) 
CHÉLYDE. (repr.) Mot dérivé du grec chelus, 
qui était le nom de la Tortue dont la carapace 
servait à fabriquer la lyre. Le nom de Chélyde a été 
donné dans les temps modernes à un genre 
d'Euxrs. Voy. ce mot. (Tu. GC.) 
CHÉLYDRE. (nerr.) Nom qu'il ne faut pas 
confondre avec celui de Ghélyde, avec lequel il a 
beaucoup de consonnance, appliqué par le Scho- 
liaste de Lycophron à un serpent aquatique; 
donné par Nicander à une tortue d’eau douce , et 
imposé arbitrairement par Wagler à un genre 
d'Emyde; la confusion à laquelle ce mot pourrait 
donner lieu par sa composition et par la diversité 
de son application, doit le faire rayer du voca- 
bulaire de l’erpétologie. (Tu. C.) 
CHÈNE, Quercus. (BOT. PHAN.) Orgueil de 
nos grandes forêts, emblème de la grandeur , de 
la force et de la durée, si le Chêne n’est plus au- 
jourd'hui révéré comme il le fut chez nos aïeux, 
s’il a perdu le don de rendre des oracles comme 
aux jours de la brillante mythologie grecque, si 
ses rameaux étendus en large pavillon ne servent 
plus de sanctuaire aux cérémonies religieuses, de 
refuge à l'innocence opprimée , de temple à la jus- 
tice, ses feuilles tressées en couronnes sont encore 
pour l’austère républicain , pour le citoyen dévoué 
à la patrie, pour le philanthrope, le trophée de la 
vertu , la plus noble des récompenses. C'est le seul 
hochet d’or demeuré sans tache au milieu de ces 
autres hochets dont l'intrigue, la bassesse, la tra- 
hison font parade, et que demain personne n’osera 
plus ramasser dans la fange qui les réclame. Le 
choix fait du Chêne par différens peuples anciens 
et modernes, comme symbole de la liberté, de 
l'honneur , de la puissance, et comme expression 
de la reconnaissance publique, ajoute encore à la 
masse de ses qualités réelles, et le rendra pour 
jamais cher à tous les cœurs bien nés. C’est l’ar- 
bre par excellence , le plus grand, le plus vivace et 
_ le plus utile, le plus commun et le plus nécessaire 
des arbres indigènes à l’Europe et à l'Amérique du 
nord ; à lui seul , il pourrait presque suppléer tous 
les autres, et dans beaucoup d’usages il ne pour- 
rait être remplacé par aucun. On est en droit de 
dire qu'il chérit la France puisqu'il l’a toujours 
habitée, qu'il y offre plus que partout ailleurs 
des tiges plusieurs fois séculaires et d'une grosseur 
extraordinaire, des cimes majestueuses élancées à 
plus de trente-cinq mètres de hauteur. Naguère 


bitation rurale était, principalement dans nos dé- 
partemens du nord-ouest et de l’ouest, un signe 
d'infamie : c'était la punition que le peuple infli- 
geait à l'abus du pouvoir, à la félonie, aux crimes 
que la loi féodale ne permettait pas de frapper. 

Le Chêne appartient à la monoécie polyandrie 
et à la famille des Amantacées; on le trouve dans 
Jun et l’autre hémisphère, depuis le 6o° degré de 
latitude nord, pas au-delà, jusqu'aux approches 
de la zone torride. Il est peu de genres dans le 
règne végétal où les espèces soient aussi nom- 
breuses , elen même temps qui présentent autant 
d'intérêt à l’agriculture, aux arts, à toutes les 
branches de l’industrie, On en compte plus de 
cent quarante; les unes perdent leurs feuilles avant 
l'hiver , tandis que les autres les gardent jusqu’au 
printemps, mais desséchées; ilen est chez qui 
elles sont vertes jusqu'à la pousse des nouvelles; 
toutes les ont alternes , lobées plus on moins pro- 
fondément, quelquefois entières où simplement 
dentées, munies à la base de deux stipules très- 
pelites, caduques. Certaines d’entre elles montent 
à une très-grande élévation, quelques unes for- 
ment de simples buissons, d’autres, semblables 
aux végétaux placés près des pôles, osent à peine 
se montrer au dessus du sol. Les fleurs paraissent 
à la fin du printemps; les mâles, disposées en 
châtons longs et grêles, occupent la partie la plus 
élevée des jeunes rameaux; les femelles sont 
groupées à l’aisselle des feuilles supérieures, en pe- 
tit nombre, Plusieurs n’amènent Jeurs fruits (que 
Von appelle Glands) à maturité que la seconde 
année, et alors ls sont attachés au vieux bois au 
lieu de sortir de l’aisselle des feuilles. 

Sans m'arrêter aux nomenclatures adoptées par 
les uns, modifiées ou rejetées par les autres, je 
considérerai les espèces du Chêne d’après leurs 
caractères apparens et l’usage principal auquel 
elles peuvent être appliquées; je les diviserai en 
six classes, savoir : 1° les Chênes proprement dits 
ou forestiers ; 2° les Chênes à fruits mangeables ; 
3° les Chênes nains; 4° les Chênes verts; 5° les 


Chênes liéges; 6° et les Chênes aquatiques. 


I. Chènes proprement dits. Cette classe est à la 
fois la plus nombreuse et la plus utile. Parmi celles 
de ses espèces que nous devons distinguer, je ci- 
terai le CHÊNE ROURE , Q. robur, une des bases de 
nos forêts, et l'espèce qui produit le plus grand 
nombre de variétés. Ses feuilles tombent après 
l'hiver, elles sont ovales, oblongues, d’un vert 
foncé, souvent velues, surtout dans leur premier 
âge, découpées latéralement en lobes obtus, à 
dentelures aiguës, presque régulièrement op- 
posées , et portées sur des pétioles plus larges vers 
le bout. Les glands, assez gros , courts, solitaires, 
sont assis sur les branches. Son bois est extrême- 
ment dur, élastique, presque incorruptible, et un 
des plus pesans, Sa croissance est lente, sa viese 
prolonge plusieurs siècles, et sa tige, rarement 
droite, atleint d’ordinaire vingt, vingt-cinq et 
trente mètres de haut. 

Le Cnèxe PÉpoxcuLé, autrefois plus connu sous 


CHÈN 


120 


CHÊN 


le nom de Chêne blanc, Q. pedonculata, surpasse 
le précédent en taille et en beauté. Quoique 
l'on ait ditle contraire, son bois est tout aussi 
dur , pas aussi roux, et tout aussi long-temps in- 
corruplible que celui de l’espèce précédente : il 


est préféré pour la bâtisse, la construction des. 


navires, la menuiserie: c’est lui qui fournit ces 
belles charpentes que l’on a cru long-temps pro- 
venir de CHATAIGNIERS (v. ce mot). Le tronc est 
droit, revêtu d’une écorce lisse, d’un blanc cen- 
dré, quand l'arbre est jeune encore ; elle devient 
avec le temps brune et crevassée: une cime ample 
couronne la tige qui arrive souvent à quatorze 
mètres de hauteur avant de donner naissance à 
aucune ramification , et atteint en grosseur des di- 
mensions vraiment monstrueuses. Les plus beaux 
individus que je connaisse existent dans les forêts 
de Fontainebleau, de Compiègne et de Baugé. 
Puissent-ils être long-temps encore à l’abri de la 
hache que l’avarice et le besoin de détruire tien- 
nent sans cesse levée sur nos arbres jusqu'ici res- 
pectés par la foudre et les autans! Feuilles en 
Iÿre, profondément découpées, très-glabres, un 
peu glauques en dessous ; glands oblongs, portés 
par de longs pédoncules et disposés en grappes : 
voilà les principaux caractères du Chêne pédon- 
culé. On a tellement accusé ce bel arbre d'attirer 
les orages, que dans beaucoup de localités, prin- 
cipalement dans le département de la Côte-d'Or, 
on l’a impitoyablement détruit. Les pays ont été 
punis de ce sacrilége; ils ont perdu la plus cer- 
taine de leurs richesses ; le front des coteaux est 
mis à nu, les vignes qui couvrent les flancs de ces 
mêmes coteaux sont chaque année dévastées par 
la grêle, habituellement ravinées par les pluies, 
et menacées incessamment de ne plus y trouver 
qu'un tuf imperméable. 

Habitant les landes qui s'étendent depuis l’em- 
bouchure de la Garonne jusqu’au pied des Pyré- 
nées, le CHÊNE TAuzIN, Q. tauza, à la propriété 
de pouvoir se multiplier de rejetons; s’il est pres- 
que partout petit et rabougri, c’esbqu’on le coupe 
trop 1ôt et qu’il est sans cesse exposé à la voracilé 
des bestiaux. Ses glands sont pelits, nombreux, 
contenus dans une cupule très-peu tuberculeuse. 
Quand il est placé dans un bon terrain, le Chêne 
tauzin devient très-beau, son bois se tourmente 
moins. Îl a les feuilles très-profondément divisées, 
hérissées en dessus et très-fortement velues en 
dessous, Comme il est très-flexible, dans sa jeu- 
nesse on l’emploie à faire d’excellens cercles pour 
les cuves et les tonneaux : c’est , Sans aucun 
doute, parce qu’on l'aura coupé jeune et mis en 
œuvre beaucoup trop tôt, qu'il est appelé, dans 
le département des Landes, Chéne de malédiction. 
On est persuadé que quiconque met la serpe ou 
la hache sur son bois, ou bien qui vient à dormir 
dans une maison où il s’en trouveenla charpente, 
mourra dans le cours de l’année. 

Remarquable par la disposition de ses rameaux 
qui se rapprochent de la tige, comme le font ceux 
du Cyprès ou du Peuplier d'Italie, le CHÊNE pyrA- 
MDAL, Q. fastigiata, se trouve isolé à la base des 


Pyrénées et dans les grandes landes du sud-ouest 
de la France ou bien planté dans le voisinage des 
habitations, ce qui légitimerait l’idée qu’il n’y est 
point indigène. Il est originaire du Portugal, selon 
Correa. IL figure avec avantage au milieu des 
plantations de nos jardins paysagers. Son bois est 
dur, son tronc s'élève perpendiculairement et 
donne une tige superbe. C’est un bel arbre qu’il 
convient de multiplier en avenues. 

Nommons encore le Cène Bourcocne , Q. ha- 
liphlæos , dont les glands, assez gros, se montrent 
réunis deux ou trois ensemble, et contenus cha- 
cun dans une cupule hérissée de filamens velus 
fort longs : ils restent deux ans sur l'arbre. Les 
feuilles sont presque en lyre, couvertes de poils 
blancs en dessous et comme légèrement poudrées 
en dessus. Get arbre grand et beau croît dans les 
montagnes du Jura et est commun en tous nos 
départemens de l’est. Dans l'Orient , où il abonde 
aussi, on le recherche pour la bâtisse et pour la 
marine. Dans le midi il acquiert de la dureté et y 
est également fort estimé, 

Une sixième espèce, que nous avons, il y a 
très-peu d'années, tirée des hautes montagnes de- 
l'Amérique du nord, où elle arrive promptement 
à une hauteur de vingt à vingt-cinq mètres, le 
CHÊNE QUERGITRON, Q. finctoria, doit plus parti- 
culièrement fixer l'attention des propriétaires de 
bois, à cause du principe existant dans la partie 
cellulaire de son écorce : il fournit une belle cou- 
leur citrine, qui fait la base de plusieursteintes ana- 
logues , et est un article assez considérable d’ex- 
portation entre les États-Unis et l'Europe. L’arbre 
acquiert une grosseur proportionnée à sa taille ; 
son bois rougeâtre et poreux, porte une écorce 
noire et sa cime est ornée d’un beau feuillage. Il 
en a été fait un semis de cinquante mille plants 
en 1818 dans le bois de Boulogne, près Paris, 
pour y couvrir la honte des dévastations faites 
par les troupes étrangères lors de l’envahissement 
de notre patrie en 1814 et 1819, envahissement 
préparé parle despotisme de Napoléon , consommé 
par la trahison et cimenté par les plus infâmes 
concessions. Ces plants ont parfaitement réussi ; 
l'espace qu'ils occupent offre aujourd’hui de su- 
perbes individus que l’on commence à propager- 
dans les terrains légers ou graveleux et un peu 
ombragés. Le Chêne quercitron brave, dans 
son pays, les hivers les plus rigoureux. Ses glands 
sont arrondis, un peu déprimés, et à moitié recou- 
verts par leur cupule. 

Beaucoup d’autres espèces devraient trouver 
place ici, mais outre qu'elles n’offrent au culti- 
vateur rien de remarquable , et qu’elles sont infé- 
rieures plus ou moins à celles dont il vient d’être 
parlé, il conviént de prendre seulement les som- 
mités pour me renfermer dans de justes limites. 

IL. Chênes à fruits mangeables. Les espèces 
que je range dans cette seconde classe ont les 
glands plus gros que ceux des Chênes forestiers. 
et dépouillés de l’amertume qu'ils manifestent à 


un si haut degré. Ce sont eux qui, selon une tra- 


dition généralement regardée comme fabuleuse, 
quoique 


3 


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{ CHÈN 


121 


CHÊN 


quoique très-raisonnable, formèrent la nourriture 
des hommes avant qu'ils ne fissent usage des cé- 
réales : Ceres frumenta invenit , cam antea glande 
vescerentur , selon l'expression du naturaliste ro- 
main. Ces glands participent du goût de la chä- 
taigne et de celui de la noisette. Les principales 
espèces qui les produisent sont les suivantes : 

Le CHÊNE GREc, Q. æsculus, est de petite taille, 
croît spontanément en Grèce, en Asie et en Italie, 
où j'ai mangé de ses glands sans éprouver le genre 
d'ivresse dont parle Daléchamp et qu’il compare 
à celle causée par le pain d’ivraie. Il a les feuilles 
allongées, légèrement velues et blanchâtres en 
dessous. C’est le véritable Æ'sculus des anciens. 

Sur les marchés espagnols, principalement sur 
ceux de la Vieille-Castille, on vend les glands du 
CHÈNE cASTILLAN, Q. hispanica, que l’on mange 

: également crus ou cuits, quoiqu'ils soient d’une 
qualité inférieure à la châtaigne, au rapport de di- 
vers auteurs. Ce qu'il y a de certain, c’est qu'il 
s’en fait une consommation considérable à l’épo- 
que de leur maturité. L’arbre monte à environ neuf 
à dix mètres de haut, son bois est dur et ses fruits 
sont rassemblés au nombre de trois ou quatre sur 
de courts pédoncules. 

On cite aussi le CHÊNE-FAUX-YEUSE, Q. pseu- 
do ilex, qui se plaît sur les collines les plus sèches 
et les plus arides de la péninsule celtibérique, s’é- 
lève médiocrement, porte des feuilles rondes, 
persistantes , très-velues , petites, à bords épineux 
dans leur premier âge, absolument entières dans 
leur vicillesse. Ses glands, que l’on mange crus 
et cuits, mais que l’on recherche moins que ceux 
de l'espèce précédente, sont contenus dans une 
cupule un peu hérissée. 

Aucun de ces chênes ne donne des glands d’une 
bonté égale à ceux du CnÈèNE-BELLOTE , Q. bellota:; 
ce sont, comme je lai dit tom. 1, p. 425, les 
meilleurs que l’on puisse manger. Ils sont gros et 
longs , ils font les délices des habitans de l'Atlas et 
des contrées méditerranéennes, où l’on se plaît à 
multiplier cet arbre précieux. On les trouve sur la 
table du riche comme sur celle du pauvre, tantôt 
crus, tantôt bouillis ou rôtis de la même manière 
que les marrons. Je m’en suis régalé en Corse. Le 
lard et les jambons des pourceaux nourris de ces 
glands rivalisent en qualité avec les jambons de 
Bayonne et de Mayence; je leur trouve même 
quelque chose de plus fin, de plus appétissant. 

En Amérique, on vante les glands doux et 
“mangeables du CHÊNE BLANC, Q. alba, que l’on 
rencontre en forêts depuis le Canada jusqu’en 
Floride; du CnÊNEe-CHATAIGNIER, Q. prinus, au 

tronc parfaitement droit, conservant souvent le 

“même diamètre jusqu’à seize mètres et demi , et 
élevant sa tête vaste et touffue à vingt-neuf et 
trente mètres ; du CHÊNE DE MONTAGNE, Q. mon- 
“ana , dont le bois rougeâtre est réservé aux con- 
structions navales : cet arbre fort élevé croît au 

milieu des rochers les plus escarpés. 

IT. Chênes nains. Plus propres à la décoration 

; qu’à former des bois, les Chênes de cette classe 

sont de petite taille, Les plus estimés sont : 1° le 


| Tome Il. 


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96° Livraison. 


CuÊnE PYGMÉE , Q. humilis, qui habite les vastes 
bruyères des environs de Nantes, où je l’ai vu 
monter à un mètre et même deux mètres, tandis 
que ceux des autres départemens arrosés par la 
Loire, la Sarthe, la Dordogne et la Gironde ne s’é- 
lèvent pas à plus de trente-deux et quatre-vingts 
centimètres. 2° Le CHÊNE VÉLANT, Q. ægylops, aux 
cupules hérissées d’écailles, épaisses, très-nom- 
breuses, larges de plus de cinquante- quatre mil- 
limètres , que l’on envoie en grande quantité de 
l’'Asie-Mineure en Europe, sous le nom de Véla- 
nède , pour l’usage de la teinture et de la tannerie. 
C’est à tort qu’on l’a indiqué comme se trouvant 
dans quelques cantons de la France. De la Nato- 
lie cet arbre s’est avancé sur les îles de l’Archipel, 
dans une grande partie du continent grec, mais 
il n’a pas encore franchi ce pays des grands sou- 
venirs. 3° Le GÈNE A LA GALLE,Q. infectoria, arbris- 
seau tortueux sur lequel on recueille ces excrois- 
sances ligneuses , ordinairement rondes et cou- 
vertes detubérosités produites par un cynips qu'O- 
livier nous a fait connaître, et connues dans le 
commerce sous le nom de Voix de galle. Cette es- 
pèce de Ghône est répandue sur toute l’Asie mi- 
neure , depuisle Bosphore jusqu’en Syrie, et de- 
puis les côtes de l’Archipel grec jusqu'aux frontières 
de la Perse. 

On joint aussi à cestrois Ghênes nains le ChèxE 
BUISSONNEUX DU PorTucaL, Q. lusitanica, qui est 
fort garni de branches, qui ne perd ses feuilles , 
d’un beau vert glauque très-prononcé, qu’à la fin 
de l'hiver, quifleurit en abondance et produit un 
bon effet dans les jardins d'ornement, et le CHÊNE 
DE GiBrALTAR, Q. pseudo suber, dont les glands 
sont presque entièrement enfermés dans une cu- 
pule hérissée de pointes. Il monte à trente et qua- 
rante décimètres , a l'écorce fongueuse comme 
celle du liége, mais beaucoup moins épaisse . d’où. 
lui vient son nom botanique et celui de Faux liège 
qu’il porte chez quelques auteurs, Il est originaire 
de l'Atlas. 

IV. Chênes verts, c’est-à-dire ayant leurs feuilles 
persistantes et vertes toute l’année. Des diverses 
espèces connues je n’en nommerai que deux mé- 
ritant , sous tous les rapports, d’intéresser les cul- 
tivateurs. La première, le CHène-veuse, ou Chêne 
vert proprement dit, Q. ilex, ne vient spontané- 
ment que dans les lieux secs etsablonneux. Il vit 
isolé , rarement en famille avec ceux de son espèce, 
jamais en forêts. Son bois, très-lourd , un des plus 
compactes et des plus durs, est fort recherché 
dans les arts mécaniques. Il croît avec une lenteur 
désepérante , et, une fois coupé , il ne repousse 
plus qu’en buisson. D'une culture délicate, je de- 
vrais même dire ingrate, il convient essentiellement 
aux jardins paysagers , où la variation de son feuil- 
lage tantôt large ou denté, tantôt étroit ou bien 
entier, épineux quand il est jeune, inerme plus 
tard, et sa couleur sombre, produisent de piquans 
eflers. Ses glands, très-âpres et amers le plus ordi- 


_nairement, parfois assez doux en quelques locali- 


tés , ne sont pas toujours également longs et gros. 
Cet arbre tortueux, très-branchu, ne prend un 


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CHÈN , 


grand accroissement que lorsqu'il compte de nom- 
breuses années. Îl paraît originaire du nord de 
l'Afrique , d’où il s’est répandu dans les contrées 
méridionales de l’Europe J’en ai vu d’assez beaux 
pieds aux environs d’Angerset de Nantes. Ils pro- 
mettent d'y venir de la même force que sous le 
ciel de l'Italie, puisqu'ils y ont supporté le froid 
excessif de 1830. 

La seconde espèce , dite CHÊNE AU KERNES , 
Q. coccifera, se trouve dans les lieux arides et pier- 
reux de nos départemens méridionaux. Cet arbris- 
seau, dont le tronc, divisé en un grand nombre de 
rameaux tortueux et diffus, formant de gros buis- 
sons d’un mètre et demi de haut, ne serait pas 
d’une grande utilité s’il ne nourrissait un insecte 
appelé kermès, qui fournit une superbe couleur 
écarlate, la seule en usage dans l’ancien continent, 
avant que l’autre hémisphère, oublié depuis des 
siècles , nous füt rendu sous le nom d'Amérique, 
Cette couleur est même supérieure en beauté à celle 
de la cochenille , elle est plus intense, plus solide 
etplus vive; mais larareté du kermès, auprès de Fa 
bondance de ce dernier insecte, ainsi que ladifliculté 
de la récolte, ne perméttent pas de songer à substi- 
tuer généralement l’un à l’autre. Le Chêne dont je 
‘parle a les feuilles très-petites, coriaces , épineusés,, 
à peu près comme celles du houx. Les glands 
qu'il produit sont ovales, enfoncés à moitié dans une 
cupule hérissée d’écailles acérées : ils prennent peu 
d’accroissement la première année, et ce n’est 
qu’à la seconde année qu'ils parviennent à maturité, 

V. Chènes-liéges. Quoique le CnÊne-1rËce, 
Q. suber, ressemble mfiniment à l'Yeuse, il en 
diffère assez par son port, et surtout par son 
écorce épaisse, crevassée , spongieuse , appelée 
Liége, et qui se détache d'elle-même tous les sept 
à huit ans, lorsqu'une foisil a atteint savingtième 
année , et qu’on ne prend pas le soin de l'enlever. 
On en connaît plusieurs variétés, jouissant à peu 
près des mêmes avantages. Cet arbre croît très- 
lentement, s’élève à dix mètres de haut, grossit 
peu, donne un bois dur, inférieur à celui des Ché- 
nes que j'ai nommés forestiers, et est garni de 
feuilles persistantes, ovales, oblongues, dentées en 
scie, d’un vert foncé en dessus, cotonneuses en 
dessous. Le Chêne-liége aime les côteauxseecs , les 
terres peu profondes; il craint l'humidité, les grands 
froids, et par conséquent les lieux ombragés. Il 
ne peut guère se renouveler que de semence ; la 
transplantation l’expose à périr. Il vit en forêts 
que l’on ne respecte pas assez, aussi nos départe- 
mens du midi sont-ils menacés d’être privés de cet 
arbre précieux. Cependant on en trouveencore de 
nombreuses tiges dans nos grandes landes, d’où 
Von doit tirer les glands que l’on veut semsr. 

VE. Chênes aquatiques. Nous ne possédons en 
France aucune espèce spontanée appartenant à 
cette sixième classe des Chênesi, il faut les. cher- 
cher en Amérique. Ils habitent tous dans les par- 
ties moyennes et septentrionales des États-Unis. 
Le CHÊNE BLANC DES Marais, Q. bicolor, fort bel 
arbre d’une végétation très-vigoureuse ; le Grève 
AQUATIQUE , Q. aquaticæ, dont la hauteur excède 


rarement douze à quatorze mètres , sur un'et demi 
de circonfèrence; le CHÈne 4 ÉPINGLES, Q. palustris, 
ainsi nommé à cause des dents aiguës dont sont 
armées ses feuilles profondément découpées, lisses 
et d’un vert agréable ; le CHÈNE MARITIME , Q. ma- 
ritima, aux feuilles persistantes, courtes et lancéo+ 


Jées ; et le Cnève-saure, Q. phellos , qui vit dans 


lé voisinage de la mer etcommence , depuis r802, 
à se répandre dans les environs de Bordeaux et de 
Rochefort, Cet arbre, que l’on voit gagner quinze 
et vingtmètres d’élévation, porte des feuilles persis- 
tantes, tellement pareilles à celles du saule qu'elles 
trompent l'œil au premier abord; mais en regar- 
dant le boiset l'écorce unie, légèrement crevassée, 
l'illusion cesse aussitôt. Il fructifie dès qu’il est ar- 
rivé à un mètre de haut. Son gland est petit, 
rond et peu abondant. 

Généralités. — Près du Ghêne tout est vie, tout 
a du mouvement ; une multitude de petites plantes 
et de jeunes arbrisseaux se réunissent sous son 
ombrage tutélaire , le lierre l'embrasse de ses fes- 
tons verdoyans; des troupes d'oiseaux se jouent 
dans son feuillage , y déposent le secret de leurs 
amours, pendant que des milliers d'insectes bour- 
donnent autour de son tronc , de ses rameaux et 
viennent y chercher un asile , de quoi se susten- 
ter , eux et leur famille. Les uns le couvrent d’ex- 
croissances singulières ; lesautres s’attachent à ses 
boutons, aux jeunes pousses , aux feuilles , ou bien 
ils se logent dans ses fruits , son écorce , ses ra- 
cines. L’écureuil et le polatouche sautillent de 
branches en branches pour enlever les glands 
avant leur parfaite maturité. Tandis que le cerf, 
le daim , le chevreuil dévorent ceux qui jonchent 
le sol ; le mulot, le porc et le sanglier recherchent 
avec avidiié, jusqu'auprès des racines, ceux que 
la terre recèle, et qui doivent les engraisser avec 
rapidité. L'homme, à son tour, demande au Chêne 
son bois de chauffage , les poutres et les planches 
propres à assurer la solidité et la durée de ses mrai- 
sons, de ses constructions navales ; les pièces né- 
cessaires pour faire une charrue, des herses , des 
outils et des instrumens. L’écorce, quiest éminem-- 
ment astringente , surtout quand elle est vieille et 
enlevée à la sévre du priutemps, sert à Fusage des 
tanneries et des autres manufactures oùl’on pré- 
pare les peaux des animaux, afin de les rendre 
utiles au-delà de l'époque fixée par la nature pour 
leur destruction. Le résidu de ce travail, autre- 
ment dis la tannée, est employé par lhorliculteur 
à donner aux plantes des pays chauds des cous 
ches qui conservent long-temps une chaleur mo# 
dérée: le cultivateur le ramasse comme un ex- 
cellent engrais pour ses terres dures et froicdesé 
Toutes les autres parties du Chêne possédant unë 
propriété styplique très-prononcée , ontété, à di- 
verses époques, recommandées en médecine; mais 
on a reconnu que leur usage devait être dirigé par 
uné main exercée. On m’a parlé de l'emploi des 
glands, dépouillés de leur äpreté par des bains 
plus ow moins prolongés, pour faire une bois- 
son fermentée, peu coûteuse, que l'on dit très- 
saine, susceptible même, dans plusieurs cas, de 


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CHÊN 


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remplacer avantageusement le cidre.et la bière; je 
ne puis rien attester à ce sujet, ne l’ayant point 
goûtée. L’on obtient aussi du Chêne une belle 
couleur noire. La chute annuelle de ses feuilles 
forme , dans la circonférence qu’elle couvre, un 
excellent terreau d’un bon mètre d'épaisseur. 

De la différence du sol sur lequel le Chêne se 
trouve, résulte celle de son accroissementet de sa 
qualité. La terre douce rend son bois très-propre 
à la fente et à la menuiserie ; dans une terre forte, 
il acquiert autant de perfection que de solidité; 

+ sur un sol sablonneux, graveleux et profond, il 
est très-compacte et des plus durs; dans les régions 
méridionales , il a une pesanteur spécifique plus 

: considérable que dans les régions du nord. Sar un 

» terrain gras et humide, il perd la force et la soli- 

| dité requises pour la charpente; sur la crête des 
| montagnes, dans les terres maigres, sèches et 
pierreuses , il ne produit que du taillis ou du bois 
| noueux; les sols légers, mouvans, rouges et nol- 
râtres ne donnent jamais de belles tiges; dans 
* ceux.qui sont ferrugineux , le. Chêne est dur, fort, 
rustique ; dans les plaines et dans le voisinage des 
grandes rivières , il a peu de nerf, mais sa tige est 
parfaitement filée : c'est dans une pareïlle situa- 
tion que j’ai admiré les gros Chênes de la forêt de 
Selaincourt, département de la Meurthe, où des 
milliers de pieds passaient trente mètres d’éléva- 
tion. : 

Le Chêne se plaît avec le hêtre, auquelil laisse la 
superficie du sol, tandis qu'il s'enfonce très- 
avant ; pour lui, la qualité du terrain ne peut ja- 
mais suppléer à la profondeur. A l'exception des 
espèces toujours vertes , très-sensibles au froid et 
qui en sont fortement attaquées lorsqu'il est ri- 
goureux , excessif; à l’exception d’un petit nombre 
d'espèces à feuilles tombantes, tels que le Ghêne 
grec, le Chêne pygmée , le Chêne buissonneux du 
Portugal, le Chêne aquatique, le Chêne-saule, 
cet arbre est très - rustique; il brave les hivers , 
quand il a pris de la force, car dans sa jeunesse il 

perd assezsouventune partie de ses jeunes pousses, 
si le froid est pénétrant et de durée. 

Pour multiplier les espèces,et avoir la certitude de 
les conserver, il faut choisir les glands que l’on sème 
parmi les plus gros, les plus lourds, ceux qui 
sont parvenus à mâturité parfaite ettombés d’eux- 
mêmes. Le semis a lieu dans le printemps, oubien 
en automne. On doit éviter d'employer leplantoir, 
mieux vaut ouvrir de petites fosses à là houe ou 
des sillons avec la charrue. C’estleseul moyen d'ob- 
tenir de superbes arbres. ne 

On à dit à tort que le Chêne ne se multipliait 
pas de rejetons, il suffit de traverser un taillis pour 
se convaincre qu'il jouit éminemment de cette fa- 
culté, L’on a dit aussi qu'il supportait mal la trans- 
plantation et qu’une tige de dix ans, arrachée, 
ne prospérait que très-difficilement ; l’expérience 
a prouvé dans divers cantons, et à plusieurs re- 

| prises, que des arbres de vingt-huit ans, et même 

| plus âgés, reprenaient aisément quand l’arrachis 
| était fait de manière à ménager le pluspossibleles 
| racines et que des trous ouverts pour Jes recevoir 


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123 


CHEN 


avaient été garnis avec du gazon enlevé dans les 
parties voisines du lieu mêmequ'ils occupaient 
auparavant. La végétation est un peu rallentie 
pendant Jes premières années; mais à mesure que 
les racines nouvelles s'étendent, les pousses se 
montrent pleines de vigueur, et bientôt .elles sur- 
passent celles des arbres non déplantés. 

Enfin, on a dit qu'il importait de diminuer les 
racines et de couper le pivot du Ghêne que l’on 
transplantait : c’est une vieille routine qu’on ne 
saurait trop combattre ni trop détruire ; elle a 
ruiné des bois.entiers et déterminé des pertes im- 
menses, non-seulement dans la fortune des parti- 
culiers , mais encore dans celledel'état. (T. D. B.) 

CHENEVE ou CHENEVIS. (sor. PHan.). C’est 
le nom vulgaire de la graine du Cnanvre. (Voy. 
ce mot. (Guër:) 

CHENILLE. (1ns.) Nom des larves de papillons 
ou Lépidoptères. #, Lanves et Lépiporrres. 

CHENOPODE. Chenopodium. (gor. pnan.) Ce 
genre de plantes, connu sous le nom vulgaire 
d’Ænserine ou Patte d’oie, nom qu’il doit à la dispo- 
sition de ses feuilles , appartient à la famille des 
Chénopodées de Ventenat , est à celle des Atriplicées 
de Jussieu, et à la Pentandrie digynie de Linné. 
Il comprend des végétaux herbacés ou sous-fru- 
tescens à feuilles alternes, sans gaîne ni stipule, 
tantôt planes, tantôt étroites, cylindriques, su- 
bulées, plus ou moins charnues , à fleurs petites, 
verdâtres, hermaphrodites, ordinairement dis- 
posées en grappes ou panicules terminales. Cha- 
cune de ces fleurs a un calice monosépale persis- 
tant, à cinq divisions très-profondes. Les étamines 
sont au nombre de cinq, et leurs filets sont op- 
posés aux divisions calicinales. L’ovaire est libre, 
un peu comprimé , à une seule loge renfermant 
un seul ovule attaché à la partie supérieure. Du 
sommet de l'ovaire naissent trois, rarement qua- 
tre stigmates sessiles et subulés. Le fruit est un 
akène globuleux, comprimé, ‘enveloppé par le 
calice qui ne prend plus d’accroissement après la 
fécondation. La graine renferme un embryon 
grêle, recourbé autour d’un endosperme charnu.- 

Ce genre a de grands rapports avec les genres 
Arroche et Soude. I se distingue du premier par: 
ses fleurs qui sont hermäphrodites et non polyga- 
mes, par son calice fructifère, à cinq lobes, ne 
prenant plus d’accroissement après la féconda- 
tion, tandis que, dans les Ærroches , le calice des 
fleurs fertiles est à deux divisions qui s’accroissent 
après la maturité du fruit. Les Chénopodes se dis- 
tinguent des Soudes par la privation de ces appen- 
dices scarieux qui naissent et se développent sur 
le calice, lorsque la fécondation s’est opérée, eë 
qui caractérisent les Soudes. Le nombre des es- 
pèces du genre qui nous occupe en ce moment 
s’est successivement accru, en sorte qu'aujour- 
d'hui on en compte soixante, tandis que Ja 
deuxième édition du Species plantarum n’en men- 
tionnait que dix-huit, Ces espèces sont dissémi- 
nées sur presque toutes les contrées du globe. On 
les a subdivisées en plusieurs groupes, d’après læ 
considération de leurs feuilles. Les plus remar— 


CHEV 


124 


CHEV 


quables sont le CnÉNorone sÉrTirÈre, Chenopo- 
dium setigerum , dont les Espagnols retirent de la 
soude par incinération; le CHÉNOPODE BoTHRyS, 
Chenopodium bothrys, dont l’arôme approche 
beaucoup de celui du Giste ladanifère , et le Cn£- 
NOPODE AMBROSsIOÏDE , Chenopodium ambrosioides , 
dont les feuilles infusées sont diurétiques, sudo- 
rifiques et anthelmintiques. (G. £.) 

CHÉNOPODÉES, Chenopodeæ. (BoT. PHAN.), 
Famille connue aussi sous le nom d’'Atriplicées, 
et dont les caractères sont : périgone découpé 
profondément en plusieurs parties; étamines dé- 
finies, attachées à la base du calice; ovaire su- 
père; un ou plusieurs styles; une ou plusieurs 
graines nues ou renfermées dans un péricarpe ; 
fleurs monoïques , polygames ou hermaphrodites 
L’Ansérine dite Patte- d’oicest le typede cette fa- 
mille. (CG. £.) 

CHERSITES. (repr.) L’on a récemment donné 
ce nom, formé du mot grec chersos, continent, aux 
tortues de terre qu'Aristotélès désignait déjà par 
les mots chelonè, chersaios. (Voy. TorTus.) 

(AU 

CHERSYDRE. (rerr.) V’oy. nyproPxipr. 

 CHETODON. (porss.) (V’oy. Gnosronon.) 

CHEVAL, Equus. (mam.) Le mot Cheval est 
usilé en histoire naturelle, non-seulement pour 
indiquer l'animal quadrupède que nous connais- 
sons tous, mais aussi un genre de mammifères, 
lequel comprend non-seulement cet animal, mais 
aussi tous ceux tels que l’âne, le zèbre, etc. , qui 
lui ressemblent par leur organisation. 

Ce genre appartient à l’ordre des Pachydermes, 
et compose à lui seul la famille des Sortrknes 
(voy. ce mot). Les espèces que l’on y fait entrerne 
sont pas fort nombreuses, elles onttoutes quarante- 
deux dents ainsi réparties : incisives, — canines 
et 7 molaires. Les incisives sont comprimées d’a- 
vant en arrière; elles ont leur couronne creusée, 
chez les jeunes sujets, d’une fossette qui disparaît 
avec l’âge. Les canines sont de forme conique, 
elles ne se montrent que chez les individus adultes 
et manquent souvent chez les femelles ; elles n’exis- 
tent quelquefois qu’à la mâchoire supérieure. Les 
molaires sont carrées, elles ont leurs faces interne 
et externe sillonnées, et leur couronne plane avec 
de nombreux replis d’émail qui dessinent à peu 
près quatre croissans divisés deux par deux et en 
situation inverse dans les dents des deux mâchoires. 
Une barre, c’est-à-dire un espace vide, existe entre 
les incisives et les molaires, au milieu de laquelle 
se trouvent implantées les canines lorsqu'elles 
existent. C’est dans cette barre que l’on place le 
mors, Les pieds, qui fournissent le principal carac- 
tère du genre, ne présentent à l'extérieur qu'un 
seul doigt, lequel est très-développé et se recouvre 
inférieurement d’un sabot unique. Sur les côtés 
de ce doigt sont deux petits osselets allongés, que 
les vétérinaires appellent les stylets. Ges stylets, 
auxquels on a long-temps fait peu d’attention, 
doivent être considérés comme autant de doigts 
rudimentaires. Le nom de Solipède, qui ne veut 
pas dire, comme son étymologie paraît l'indiquer, 


animaux à un seul pied, mais bien animaux 
n'ayant qu’un doigt à chaque pied, a été choisi 
par les naturalistes pour indiquer cette disposi- 
üuon. 

Quoique les Chevaux soient de véritables her- 
bivores , ils ne sont cependant point ruminans ; et 
leur estomac est simple et membraneux. Leur car- 
dia présente une disposition telle que la vomitu- 
rition , ainsi que l’a fait observer M. Dupuis d’'AI- 
fort , est rendue impossible, Les intestins sont fort 
longs. 

Les organes des sens sont en général assez dé- 
veloppés chez les animaux qui nous occupent. La 
vue est bonne et percante, elle peut même s’exer- 
cer pendant la nuit ; les yeux sont à fleur de tête, 
et les pupilles ont la forme de carrés allongés. Les 
oreilles sont généralement grandes, mobiles et 
disposées en sorte de cornets, aussi l'audition est- 
elle fort délicate. Les narines sont largement ou- 
vertes, on ne peut pas dire qu'elles sont percées 
dans un mufle, puisque l’espace qui les sépare , 
quoique nu, ne présente aucun appareil crypteux. 
Le toucher général est très-développé, la peau 
jouit d’une grande mobilité , elle peut se contrac- 
ter sous,la moindre influence ; quant au tact ou 
toucher actif, il paraît avoir son siége principal 
dans la lèvre supérieure. 

Les espèces de ce genre sont toutes originaires 
du grand plateau asiatique et de l'Afrique orientale 
et méridionale, deux ont été réduites en domesti- 
cité, et se trouvent aujourd’hui sur tous les points 
de la terre. Dans l’état sauvage, les Chevaux vi- 
vent par troupes plus ou moins nombreuses, qui 
sont toujours conduites par un vieux mâle, lequel 
les dirige dans leurs voyages et leurs combats ; les 
uns recherchent les plaines, d’autres au contraire 
préfèrent les montagnes ; leurs femelles ne met- 
tent ordinairement bas qu’un petit à la fois ; elles 
ont deux mamelles inguinales. Chez les mâles ces 
mamelles existent aussi, mais elles sont prépu- 
ciales, c'est-à-dire placées sur les bords du pré- 
puce; celle position toute particulière a fait long- 
temps douter de leur existence. Le pénis est très- 
long et dirigé en avant. | 

Cuevaz, Equus caballus, L. Cet animal, qui 
rend à l’homme tant de services importans, se 
trouve aujourd'hui répandu sur toute Ja terre; 
mais certaines contrées ne le possèdent que depuis 
un temps assez court ; ainsi l'on sait positivement 
qu'il n'existait point en Amérique avant que les 
Espagnols eussent fait la découverte de ce conti- 
nent, el ie pelit nombre que l’on en trouve à la 
Nouvelle-Hollande n’y a été porté que plus tard 
encore. 

Le Cheval est préférable à l’âne sous tous les 
rapports, sa taille est plus grande ainsi que sa 
force; son maintien est plus noble, et son carac- 
tère plus souple permet de l’employer à un plus 
grand nombre d’usages ; c’est pour cela qu'il est 
généralement plus soigné , et aussi qu'il a subi des 
modifications plus profondes. 

Il est évident que les nombreuses races du Che- 
val descendent toutes d’une même espèce, mais 


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qui ne se trouve plus aujourd'hui dans toute sa 
pureté; car, bien que l’on voie encore dans l’Ara- 
bie et la Tartarie quelques bandes de Chevaux 
sauvages, on sait qu'ils ont été altérés par de nom- 
breux croisemens avec les variétés domestiques. 
Quant aux auteurs qui parlent de ces animaux 
comme existant et qui les disent de couleur blan- 
che, il est très-probable qu'ils sont dans l'erreur, 
et qu'ils ont considéré comme représentant le type 
primitif des individus affectés d’albinisme ; car les 
animaux sauvages normalement blancs n’existent 
que sous le cercle polaire. 

Il serait bien difficile de dire à quelle époque 
a eu lieu la domestication du Cheval, cependant 
on doit penser qu’elle remonte à une époque très- 
éloignée, mais qu’elle n’a été parfaite que bien 
long-temps après qu’on l’a eu entreprise. Les races 
se sont formées peu à peu, et aujourd'hui elles 
sont très-nombreuses, on pourrait en compter 
plus de trente-six (voy. l’article »'EconomIE ru- 
RALE), toutes différentes entre elles par la nature 
et la couleur du pelage , ainsi que par la force et 
Îa taille, et pouvant même offrir certaines va- 
riations moins graves qui les font partager en sous- 
races. 
” La taille la plus ordinaire de l’espèce est de 
quatre pieds et demi à quatre pieds dix pouces de 
hauteur au garrot, mais quelques races, celle de 


Frise par exemple, dépassent de beaucoup ces’ 


dimensions, d’autres au contraire ne les atteignent 
pas, ainsi les Chevaux Corses et Camargues n’ont 
guère que quatre pieds un quart ; la race Galloise 
et surtout les chevaux de l’île d’Ouessant sont 
“ordinairement d’une taille inférieure encore, et il 
existe en Laponie (Isid. Geoffroy, Variation de la 
taille, Mém. des savans étrangers à l’Institut, t, IIT) 
une race qui n’a que trois pieds environ: c’est à 
elle qu’appartenaient deux petits chevaux amenés 
à Paris il y a quelques années, et qui ont excité 
vivement la curiosité publique. M. Isid. Geoffroy 
les mesura en 1824, époque à laquelle ils 
étaient presque tout-à-fait adultes; l’un avait 
trente-cinq pouces et l’autre trente-trois seule- 
ment : c’est à quelques pouces près la taille d’un 
dogue de forte race. 

:1 Les Chevaux sauvages de l'Amérique, ceux de 
l'Afrique, de l’Asie et de certaines grandes îles, 
sont tous des Chevaux domestiques qui snt aban- 
donné l’homme pour vivre en liberté, Les pre- 
miers sont les mieux connus de tous, ils ont la têle 
grosse, le poil crépu et les proportions peu agréa- 
bles. Ils vivent par troupes plus ou moins nom- 
breuses, et sont toujours sous la conduite d’un 
vieux mâle. Ces Chevaux marrons sont géné- 
ralement farouches: mais ils ne paraissent pas 
aussi enclins à débaucher ceux des races domes- 
tiques que d’Azara le pensait, et dans certaines 
parties de la Colombie on laisse ceux-ci presque 
abandonnés à eux-mêmes sans qu'ils s’éloignent 
‘beaucoup ; seulement on les rassemble de temps 
en temps pour les empêcher de devenir tout-à- 
fait stuvages , leur ôter les larves d’œstres et mar- 
quer les poulains avec un fer chaud, Par suite de 


cette vie indépendante, un caractère appartenant 
à l’espèce non réduite, la constance de la couleur, 
commence à se montrer, ainsi que l’a remarqué le 
docteur Roulin. Cette couleur, qui est presque la 
seule que présentent les Chevaux marrons , est le 
bai-châtain. 

Au Brésil, au Paraguay, etc., on chasse ces 
animaux; on les poursuit avec le lasso; c’est une 
sorte de corde longue de trente où trente-cinq 
pieds, et qui se termine par un martinet de deux, 
trois, quatre ou.cinq cordes, au bout desquelles 

endent des boules en fer ou en bois. « Un natu- 
rel est beau , dit M. Dumont, Voyage pittoresque , 
tom. 1, p. 41, lorsque, la tête droite et fière, 
cloué à l'animal qui le porte , il s’élance à la pour- 
suite d’un cheval sauvage, et le harcelle à travers 
les rocs , les marais et les bois. Quand il arrive à 
portée, il agite rapidement ses boules qui forment 
une couronne au dessus de sa tête, et les lance 
sur sa proie avec une admirable précision. Les 
boules se croisent en fendant les airs, et s’em- 
barrassent dans leur chute autour des jambes de 
l'animal qui fuit, ou serrant étroitement sa tête 
l’arrêtent au milieu de sa course. La force de ce 
projectile est telle que souvent les jambes de la 
bête poursuivie en sont fracassées. » 

Nous avons figuré, dans l’Atlas le Cheval à la 
planche 99, figures 1 et 2. 

Dziceugtar, Æquus hemiones , Pallas. L’Hé- 
mione, c’est-à-dire demi-âne, a été connu des an- 
ciens ; il habite, par troupes de vingt, trente et 
quelquefois de cent individus, les plaines décou- 
vertes de la Mongolie, où Pallas l’a observé. Il 
est à peu près de la stature du mulet, auquel il 
ressemble par ses formes générales. Il a la tête 
grande, les oreilles grandes et droites, le front 
plat, étroit en avant, l’encolure grêle, et la 
croupe efhilée; sa queue, nue dans sa moitié supé- 
rieure, est terminée par un flocon de crins noirs 
long de huit à neuf pouces. 

La couleur générale de lHémione est isabelle ; 
sa crinière est noire, ainsi qu'une ligne s’éten- 
dant le long de la colonne vertébrale. 

Les Mongols et aussi les: Tartares chassent ces 
animaux pour leur chair et leur cuir, ils tâchent 
de les prendre par troupes entières qu’ils entou- 
rent en exécutant des manœuvres de cavalerie, 
mais ce procédé réussit rarement à cause de la 
promptitude avec laquelle les Hémiones dispa- 
raissent ; aussi vaut-il mieux leur tendre des pié- 
ges ou bien les tirer à l'affût; le chasseur se place 
alors sur quelque mamelon voisin des lagunes ou 
des parages isolés qu'ils fréquentent. 

Axe, ÆEquus asinus. L’Ane se reconnait à 
ses longues oreilles , à la houppe du bout de sa 
queue, et à la croix noire qu'il a sur les épau- 
les ; son pelage est gris , quelquefois argenté, lui- 
sant ou mêlé de taches obscures. Cet animal est 
aujourd’hui répandu sur toute la terre, mais il ne 
paraît point avoir quitté les habitations de l'homme 

our retourner à la vie sauvage; il est en général 
fort mal soigné, surtout dans nos contrées septen- 


CHEV 


126 


CHEV 


trionales où il est beaucoup au dessous , pour la | 


taille, de l'Onagre quiest son type sauvage; mais | 
dans certaines contrées de l'Asie et de l'Afrique, | 
il est vigoureux et de grande taille, ce qui tient 


aux soins qu’on lui prodigue. 


Les Anes ont tous la tête grosse, moins allon- ! 
gée, plus large, plus épaisse à proportion du 


corps et plus plate que celle du Cheval; leur mu- 
seau est renflé , leur lèvre supérieure très-longue, 
leurs yeux écartés et leur pelage ordinairement 
gris de souris, mais variant suivant les individus. 
Les jambes de derrière n’ont point de plaques ou 
châtaignes comme celles du Cheval. 
Les Anes sauvages se trouvent encore ‘aujour- 


d'hui, et en assez grand nombre, dans le pays des : 
Kalmouks, où on les connaît sous le nom de! 


Koulan ou Choulan ; les anciens les appelaient 


; L 
Onagres. Leur pelage est d’un beau gris, quelque- 


fois plus ou moins jaunâtre ; leurs oreilles sont 
moins longues et moins haules que celles des ra- 
ces domestiques. [ls se réunissent en troupes in- 


nombrables qui se portent du nord au midi et du | 


midi au nord , suivant les saisons: les Kalmouks 
les chassent pour leur chair qu'ils emploient 
comme aliment , el aussi pour leur peau qui est 
très-dure et très- -élastique. Cette peau sert à diffé- 
rens usages, on en fait des cribles, des tambours, 
ainsi qu'un gros parchemin pour les tablettes de 
portefeuille , et que l’on enduit d'une couche de 
plâtre. C’est aussi avec le cuir des Onagres que 
les Orientaux fabriquent le sagri, que nous ap- 
pelons chagrin. 

On ne saurait préciser au juste l’époque vers 
laquelle s’est opérée la domestication de cette es- 

èce, mais on peut présumer qu'elle est posté- 
ricure à celle du cheval. Quoiqu'il en soit, les Anes 
sont aujourd’ hui répandus sur presque toute Ja 
terre, mais ils sont partout moins communs et 
aussi moins estimés que les chevaux. 

Cet animal est peut-être celui de tous qui, 
relativement à son volume, peut porter les plus 
grands poids, et comme ilne coûte presque rien 
à nourrir, et qu'il ne demande pour ainsi dire au- 
cun soin, il est de la plus grande utilité pour 
les travaux de la campagne; il a les allures dou- 

ces et peut aussi servir de monture: dans les en- 
droits où le terrain est léger on le met quelque- 
fois à la charrue. 

La voix de l’Ane est fort désagréable, on l’ap- 

pelle le braire , c’est un cri très long ; composé 
de dissonances alternativement graves et aiguës , 
qui doivent leurton rauque à deux cavités particu- 
lières du fond-du larynx. 
* Gest vers le mois de mai que la chaleur com- 
mence : la gestation qui la suit dure douze mois, 
et ne produit chaque fois qu’ un pelit. Dans leur 
première jeunesse, les animaux qui nous occu- 
pent sont appelés Anons, ils sont alors fort gais 
et même assez jolis, ils ont de la gentillesse et 
beaucoup de légèreté; mais hientôk. ils perdent 
ces aimables qualités, soit par l’âge, soit par les 
mauvais traitemens ,'et deviennent indociles et 
têtus. 


L'âge des Anes se reconnaît par des caractè- 
res tirés de la disposition dentaire: vers un an où 
deux les premières incisives-tombent, les autres ne 


le font que quelque temps après; elles se renouvel- 


lent ensuite et s’usent en suivant les mêmes pério- 
des que chez le Cheval. 

Voyez pour les races domestiques et de plus 
longs détails sur leurs usages, l’article d'économie 
domestique. W. également cet article pour les 
produits hybrides du Cheval et de J’Ane, 

Zïsre, Equus Zebra, L. Get animal est l'Hip- 
po-tigre des anciens, il a le pelage rayé partout 
fort symétriquement de bandes brunes, plus ou 
moins noires et disposées sur un fond blanc teint 
de jaunâtre supérieurement. La hauteurdu Zèbre 
est de quatre pieds environ au garrot, et sa lon- 
gueur , depuis le bout du museau jusqu'à l’ori- 
gine de la queue, de six pieds ;onze pouces jou sept 
pieds. la tête et les oreilles sont plus longues pro- 
protionnellement que chez le Cheval, le cou est 
plus gros et plus court, et la queue terminée par 
une touffe de longs poils. 

Ces animaux habitent par troupes nombreuses 
les contrées montagneuses du midi de J’Afrique. 
On les trouve au cap de Bonne-Espérance, ainsi 
que dans le Congo , la Guinée et même l’Abyssi- 
nie. Leur nourriture consiste en herbes sèches et 
dures. Ils ont beaucoup de force , et se défendent 
contre les grandes espèces de Carnassiers, par de 
vigoureuses ruades, Leur caractère est-excessive- 
ment défiant et farouche; aussi ne les prend-on 
qu'avec beaucoup de difficultés; ce n’est qu’en 
les ayant jeunes qu'on peut espérer les domipter. 

L'espèce du Zèbre n’a point été inconnue aux 
anciens , les Romains l’ont même possédée Vi- 
vante sous l'empire ; ils la nommaient #/ippo-ti- 
gre, c’est-à-dire Gheval-tigre, la comparant au 
Cheval pour la forme et les mœurs, et au tigre 
pour la coloration. Xiphillin dit que Caracalla 
tua un jour un éléphant, un rhinocéros, un ti- 
gre et un Hippottigre. Les rois de Perse ont aussi 
recherché cet animal; il paraît même que dans 
les fêtes mithriaques, is en faisaient immoler au 
soleil, et qu'ils en conservaient des dépôts dans 
quelques îles de la mer Rouge. 

La ménagerie du Muséum de Paris a possédé 
un Zèbre femelle , lequel a produit successive- 
ment avec un Ancet avec un Cheval; le mulet qui 
avait pour père le Cheval n’est connu qu'à l’état 
de fœtus, il était marqué de raies nombreuses sur 
la tête; l’autre, celui qui provient du Zèbre.et de 
l'Ane,est encore aujourd'hui vivant. Il est gris, 
avec des bandes noires transversales bien marquées 
sur la face externe des membres, et d’autres très- 
étroites et presque effacées sur la tête et les 
flancs. Il a sur chacune des épaules une raie 
noire aussi apparente que celles de l’Ane. 

Couacca, Æquus quaccha, Gm. Gette espèce 
est le Couagga de Buffon et le, Quacha de Pen- 
nant; elle est un peu moins grande que le Zèbre, 
mais ressemble davantage pour la forme au 
Cheval. * 
Son poilest brun foncé sur le cou etles épaules, 


oo 


CHEV 


127 


CHEV 


et. d'un brun. clair sur! le dos; les flancs et la 
croupe, qui commence à prendre une Leinte rou- 
geâtre..Les parties supérieures sont rayées en 
travers de blanchâtre ; les inférieures sont d’un 
beau blanc, ainsi que les jarrets et la queue qui 
est terminée par une toufle de poils allongés. 

Le Couagga vit. par troupes nombreuses dans 
les environs du cap de Bonne-Espérance. IL doit 
son nom aulimbre de sa voix qui ressemble as- 
sez à l’aboiement d’un chien. 

Onacea où Dauw, ÆEquus. montanus de Bur- 
chell , appelé aussi E. Burchelii, E, zebroïdes, est 
uné espèce: africaine à peu près de la taille de 
l'Ane, mais qui en diffère considérablement par 
le fini de ses formes. Sa couleur est blanc-jaunâ- 
tre, avee des bandes alternativement noires et 
fauves sur la nuque ét Je dos. Une ligne noire 
bordée de blanc règne tout le long de la co- 
lonne vertébrale; la queue et les fesses n’ont 
point de, bandes comme dans l'espèce précédente, 
elles sont parfaitement blanches ainsi que le ven- 
tre. La crinière est rayée de bandes noirâtres et 
blanches; les sabots sont plus serrés et ont leurs 
bords latéraux plus droits et plus tranchans que 
ceux du Zèbre. 8 

Cette espèce de Cheval habite le cap de 
Bonne-Espérance. Elle se tient de préférence dans 
les plaines. 

Axe KauR, Æquus khur, C’est une espèce à 
peine connue el fort douteuse, elle est seule- 
ment indiquée par une courte description donnée 
dans la septième livraison, page 764, de l'Isis de 
1825 , sous le nom d’Ane sauvage , nommé X}ur 
par les Persans.. « Son pelage, dit M. Lesson dans 
son Manuel de mammälogie, p. 548, est d’un 
gris cendré en dessus, passant au gris sale en des- 
sous. Les formes du corps sont à peu près celles 
de l’Ane ordinaire, dont ïil diffère cependant 
par sa tête qui est plus longue , et par ses mem- 
bres qui sont plus forts. Son cri ne paraît être 
qu'un fort grognement. » 

L’Ane khur habite , dit-on, les déserts de l'Asie 
par troupes souvent fort considérables. Pendant 
l'été, il fréquente les collines ; en hiver, au con- 
traire , il descend dans les plaines. 

On a retrouvé à l’état fossile quelques débris 
d'animaux analogues par leur squelette aux es- 
pèces du genre Cheval , mais il n'est pas possible 
de. dire si ces Ghevaux fossiles étaient ou non une 
des espèces aujourd'hui existantes. IL paraît que 
l’on a observé dans quelques localités les restes 
d’un animal qui ressemble aux Chevaux sous tous 
les rapports , excepté sous celui de la disposition 
des doigts qui sont, dit-on, au nombre de deux à 
chaque pied, ce qui n’existe que par une anoma- 
lie. assez rare chez les espèces domestiques. 
L'observation de chevaux fossiles à deux doigts 
rend moins douteuse qu'on ne le pensait l'espèce 
de l’Equus bisulcus décrite par Molina, et qui sui- 
vant ce naturaliste habite les hauteurs les plusinac- 
eessibles des Andes ; cependant il pourrait bien se 
faire que cette espèce ne fût autre qu'un Lame 
mal observé ou même un Tapir. Il va. sans dire 


que si cependant elle venait à être constatée, on 
devrait changer le nom de Solipède donné à la 
famille. 

On appelle aussi Carvaux-mamns certaines es- 
pèces de Garnassiers amphibies , et aussi les pois- 
sons du genre Hippocampe. (GERv.) 

CHEVAL. (£con. nur.) Je vais parler du Che- 
val dans ses rapports avec l’agriculture, et pour 
rendre ce que j'ai à dire moins fatigant à nos lec- 
teurs , je leur donne d’abord le portrait brillant et 
rapide que Buffon a tracé de cet animal : une 
belle page de ce grand peintre de la nature est un 
heureux moyen de les intéresser et de leur plaire. 

« La plus noble conquête que l’homme ait ja- 


» mais faite est, celle de ce fier et fougueux ani- 


| »mal , qui partage avec lui les fatigues de la guerre 


»et la gloire des combats. Aussi intrépide que son 


| »maître, le cheval voit le péril et laffronte; il se 
| »fait au bruit des armes, 1l l'aime, il le cherche 
| »et s’anime de la même ardeur. Il partage aussi 
| »ses plaisirs, à lt chasse, aux tournois, à la course ; 


»il brille, ilétincelle ; mais docile autant que cou- 


| »rageux , il ne se laisse point émporter à son feu , 


»il sait réprimer ses mouvemens ; non-seulement 
»il fléchit sous la main de celui qui le guide , mais 
» il semble consulter ses désirs , et obéissant tou- 
» jours aux impressions qu'il en recoit, ilse pré- 


! Ce iQ) \ , A s Ce 
| »cipite, se modère, ou s'arrête, et n agit que 


» pour y satisfaire : c’est une créature qui renonce 
»à son être pour n’exister que par la volonté d’un 
»autre , qui sait même la prévenir, qui, par la 
»promptitude et la précision de ses mouvemens, 
» l'exprime et l’exécute ; qui sent autant qu’on le 
» désire, et ne rend qu’autant qu'on veut, qui, se 


| »livrant sans réserve, ne se refuse à rien, sgt de 


»toutes ses forces , s’excède et meurt pour mieux 
»obéir..… Voilà le Cheval, dont les talens sont 
» développés, et dont l'art a perfectionné les qua- 
» lités naturelles. » 

Sans doute le Cheval est moins utile à lagri- 
culture que le Bœuf; il est moins propre aux la- 
bours, aux travaux qui demandent un pas lent, 
une marche toujours égale , une constance imper- 
turbable ; d’ailleurs , il faut le dire, il est trop 
noble, il a trop d'élégance et de fougue, son allure 
est trop belle, trop délicate, pour enchaîner ainsi 
son ardeur, ses sensations si vives, son intelligence 
si grande, pour ternir cette grâce légère qu'il 
met, lorsqu'il est bien dressé, à exécuter tout ce 
qu'on lui demande ; mais pour la monture, pour 
le service des routes et du commerce, mais pour 
la guerre , pour les pompes d’un triomphe , pour 
les grandes solennités nationales, pour les équi- 
pages de luxe, il n’a point son pareil. Considéré 
sous ces divers points de vue, le Gheval est un 
animal précieux dans la maison rurale, il est la 
source d’un produit considérable , son éducation 
un objet très-essentiel. 

Dans tous les âges le Cheval a été recherché; 
les peuples pasteurs seuls ne le comptaient point 
au nombre de leurs richesses. Les Celtes, les 
Scandinaves , les Germains et les Gaulois prenaient 
plaisir à lélever pour les usages domestiques et 


oo 


CHEV 


128 


CHEV, 


CESSE ee 


surtout pour les combats ; chaque citoyen en état 
de servir devait avoir son destrier fidèle , et chaque 
dame son palefroi. Pour eux, il était l'emblème 
de l’indépendance, de la force, de l'honneur, le 
compagnon obligé des succès guerriers , des en- 
treprises lointaines. Chez les vieux Egyptiens 
éducation du Cheval rendait moins abject celui 
que l’horrible institution des castes rejetait dans 
les derniers rangs de la société, et que les prêtres 
couvraient d’une espèce d’opprobre. Il n’en était 
pas ainsi dans la Grèce, le Cheval ÿ tenait la 
première place parmi les animaux domestiques ; 
on mettait de l’orgueil à se présenter aux Jeux 
d'Olympie, de Némée, de Corinthe, monté sur 
des chevaux superbes, pleins de feu, de les en- 
tendre chantés par Pindare et leur généalogie 
proclamée par toutes les bouches. On prenait 
soin de leur vieillesse et/souvent on leur accordait 
les honneurs de la sépulture. L’amour du cheval 
est, de nos jours encore, porté fort loin par les 
Arabes : ils vivent avec lui dans le désert, sans 
cesse ils s’entretiennent de leur kochlan ; il est le 
sujet de leurs chants magiques, avec lui vous les 
voyez braver la faim, la privation d'eau, cette 
mer de flamme qu’on nomme le Simoun, ainsi que 


.... Le combat terrible et hasardeux 
Où l’homme et le lion rugissent tous les deux. 


Le Cheval est également tout pour les Ko- 
saques, qui sont les Scythes et les Parthes de l’an- 
tiquité ; il traîne les chariots dépositaires de leurs 
familles et de leur butin; il est toujours associé à 
leurs redoutables expéditions; ils boivent le lait 
des cavales et mangent sa chair dans leurs fes- 
tins solennels. 

Nous possédons en France trois sortes de Che- 
vaux: le Cheval sauvage des Landes du sud-ouest, 
celui qui vit en liberté dans la Camargue, et le 
Cheval domestique. Semblable à celui si farouche, 
si difficile à apprivoiser, qui naît, vit et meurt 
dans les montagnes de la Calabre, le premier 
existe dans les vallées des dunes, depuis la pointe 
du Ferret jusqu’au Verdon, au nord des prairies 
dites du Bassin, et à l’ouest de la Gironde; on 
ignore sa véritable origine; le nombre en était 
plus grand il y a soixante ans qu'il ne l'est au- 
jourd’hui; on lui fait la chasse, et celui que l’on 
prend on le réduit à l’esclavage. Il court extrême- 
ment vite; sa conformation annonce de la force ; 
sa couleur varie du fauve au gris; sa taille est 
d’un mètre, trois ou cinq centimètres ; il a les 
membres larges et plats, les jarrets et les tendons 
d’une beauté qui ne laisse rien à désirer ; ses 
pieds sont bien construits, la corne en est de 
bonne nature. 

J'ai parlé suffisamment du Cheval de la Ca- 
margue en traitant de cette île; on me permettra 
donc d’y renvoyer le lecteur (v. tom. 1, p. 596). 
Quant au Cheval domestique, c’est le Cheval 
sauvage modifié sous divers rapports, et façonné 
à tous les besoins, à toutes les exigences de la 
vie sociale. S'il a perdu de sa vigueur, de sa so- 
briété, de sa fougue, il a gagné des habitudes 


nouvelles, des qualités brillantes et solides; on 
lui a imprimé de bonnes allures, en profitant de 
celles qu’il a reçues de la nature; ainsi son pas 
marque juste et à des distances convenables qua- 
tre temps, dont les deux du milieu plus brefs que 
le premier et le dernier ; son trot , rendu ferme, 
prompt, également soutenu, est limité à deux 
temps; son galot, renfermé dans trois temps, est 
ennobli, et tandis que l’animal montre la grande 
liberté de ses mouvemens, il déploie la force des 
muscles, la vitesse des jambes, et il donne plus 
d'énergie, plus de rapidité à la progression de 
l'élan, en un mot, ilest devenu plus doux, plus 
intrépide, plus léger, plus agréable à manier, 
plus beau à l'œil, plus régulier et plus solide dans 
sa marche, plus apte à supporter les fatigues sans 
s’épuiser. 

Outre ces précieuses acquisitions, le Cheval a 
encore reçu une valeur particulière, je dirai même 
un genre de beauté propre à l'emploi auquel il 
peut être appelé, laselle, l’attelage, ou bien à por- 
ter des fardeaux. Comme GHEVAL DE SELLE , Il 
doit être d’une taille et d’un volume proportionnés 
à ceux du cavalier, avoir les jarrets larges de la 
pointe au pli, bien évidés, parfaitement sains ; 
les muscles de la jambe et de la cuisse bien four- 
nis, c'est-à-dire bien gigotés, selon l'expression en 
usage , et les canons antérieurs et postérieurs pla- 
cés sur deux lignes verticales et parallèles ; la poi- 
trine large, les côtes bien contournées , un garrot 
sensiblement plus élevé que la croupe , un dos et 
des reins d’une longueur moyenne , un ventre ar- 
rondi, soutenu; les mouvemens des flancs libres, 
produits dans des temps égaux (15 à 18 par mi- 
nute), unis à une encolure courte, tressée en 
haut, disposée en arc de la nuque au garrot ; une- 
tête courte, sèche, large sur le front, comme 
dans la race thessalienne, connue sous le nom de: 
Bucéphale chez les anciens Grecs; de bens yeux, 
une queue abondamment fournie de crins. Joignez 


à cela la vivacité que l’animal exprime par son : 


hennissement, la vigueur, la $ouplesse, et vous 
voyezce qu'on appelle la race Limousine, répandue 
dans nos départemens de la Haute-Vienne, de la 
Creuse, de la Corrèze, de la Dordogne , du Can- 
tal et du Puy-de-Dôme ; vous avez notre Cheval 
navarrin, qui peuple en grande partie nos dépar- 
temens du sud-ouest ; vous retrouvez le Cheval de: 
l'Orne, de la Sarthe, de la Mayenne, d’Indre-et- 
Loire, du Morbihan, de la Vendée et de la Cha- 
rente-Inférieure ; celui de l'Isère , de la Drôme, 
des Hautes-Alpes, de l'Allier, de la Nièvre, de la 
Haute-Saône, de la Côte-d'Or et de l'Yonne. On 
mettra près d'eux le Cheval de nos départemens 
du nord-est quand on les connaîtra mieux, quand 
on voudra s'occuper d'eux : ils sont nerveux, so— 
bres, infatigables et du meilleur service possible ; 
seulement ils sont petits, et comme on les a tro 

négligés , ils n’ont pas de figure; ils ont résisté 
aux campagnes désastreuses de 1815, 1814 et 
1815; partout ils ont dompté les chevaux si vites 
des Kosaques; comme ceux de l’ancienne Epire, 
ils pourraient en peu de temps se montrer con- 


stamment 


| 
| 


CHEV 


129 


en) 


CHEV 


stamment dignes des palmes à la course, et riva- 
liser de vitesse et de sûreté, dans les terrains les 
plus difficiles, avec les Chevaux du Kurdistan, les 
plus estimés de toute la Perse , qui galopent éga- 
lement dans les montées et les descentes les plus 
rapides. ; 
Le Cnevaz D’ATTELAGE (pl. 99, fig.2 ) doit avoir 


toutes les parties plus amples, mais proportionné- 


ment de même quele cheval deselle. N’exigez point 
de lui l'élégance , les allures jbrillantes, mais vous 
pouvez en attendre toutes les qualités solides ; 
vous le trouverez constamment bien étoffé, d’une 
taille raisonnable et pas trop élevée : c’est ce que 
demandent l’agriculture , les charrois, l'artillerie. 
Sous ce triple point de vue, vous puiserez d’ex- 
cellens sujets dans nos départemens du Nord et 
du Pas-de-Calais, où le Cheval est, en général, 
d’une forte taille; dans ceux de la Somme, de 
VAisne, de l'Oise, de Seine-et-Marne, de Seine- 
et-Oise, de la Manche , du Calvados , surtout au 
petit pays d’Auge, où ils ont une bonne tournure, 
quoique leur tête soit un peu forte et les jambes 
trop chargées. Les Chevaux de la Loire-Inférieure, 
du Finistère, des Côtes-du-Nord, d'Ille-et-Vilaine, 
sont surtout recherchés pour la solidité, la con- 
stance au travail; ceux du Cher, de l'Indre, de 


l'Ain, du Jura, du Doubs, du Haut-Rhin, du 


Bas-Rhin, des Ardennes plus particulièrement , 
sont fort estimés, mais ils demandent encore à 
être améliorés. 

Le CnevaL DE SOMME doit présenter un garrot 
bien prononcé, le dos court et non ensellé, des 
membres très-solides. Cette sorte de Chevaux se 
rencontre partout. Les sujets défectueux peuvent 
aisément être perfectionnés , le point essentiel est 
de suivre les indications naturelles d’un APpaRI- 
men bien entendu’ (v. ce mot, Lom. 1, p. 259), 
c’est de tenter l’amélioration et par l’étalon, qui 
donne les qualités, et par la mère qui procure la 
taille. Il faut opérer lentement , bien calculer les 
localités et savoir profiter des ressources qu’elles 
offrent. Le Cheval danois, croisé avec nos Chevaux 
dits Normands, dont on prétend qu'ils descendent, 
n’a point réussi dans nos départemens du nord- 
ouest. Il a mieux rencontré dans la Haute-Loire, 
le Puy-de-Dôme, le Cantal, l'Aveyron, parce que 
le sol y est montagneux , les vallées riches en bons 
pâturages et les hauteurs assez fertiles. La bonté 
des Chevaux du Morvant est due à des étalons et 
cavales venus de l'Espagne et de l'Italie, que les 
Eduens révoltés enlevèrent aux Romains, lorsqu'ils 
les chassèrent de leur pays, comme nos Chevaux 
du midi et d'une partie de l'ouest durent leur 
perfectionnement à l'invasion des Sarrasins, aux 
Chevaux qui leur furent enlevés pendant près d’un 
demi-siècle de combats, et surtout à l’époque de 
leur défaite, en 559 de l’ère vulgaire. 

H n’y a pas plusieurs espèces de Chevaux. Les 
différences que l’on remarque ne sont que des 
variétés dues au climat, à la nourriture , à l’édu- 
calion; celles de la couleur du poil et même de la 
taille ne sont qu’accidentelles. Il n’y a que les 
différences nées d’une proportion plus régulière 


Towg II. 


97° Livraison. 


dans les diverses parties du corps, et des qualités 
morales de l'individu, qui constituent véritable- 
ment les deux seules races tranchées que l’on 
puisse avouer : le CuevaL ARABE (pl. 99, fig. 1), la 
perfection, le beau idéal du plus noble des ani- 
maux, et le CHEVAL DE MONTAGNE, dont le type est 
conservé dans toute sa pureté chez les Kurdes, 
que l’on retrouve dans toute l’Europe, et principa 
lement en nos départemens du nord-est. 

Qu'on ne pense pas que le mot qualité morale 
soit ici tombé par hasard de ma plume. La même 
cause qui fait battre le cœur de l’homme, agite les 
animaux , et si leurs organes élaient aussi parfaits 
que ceux qui nous ont placés à latête de tous les 
êtres , souvent ils redresseraient nos torts et nous 
donneraient l'exemple des plus nobles sentimens 
et même celui de toutes les vertus. Mes études sur 
nos animaux domestiques m'ont mis à même de 
recueillir à ce sujet des faits du plus haut intérêt. 
J’en citerai quelques uns appartenant au Cheval, 
qui montrent son affeclion et son intelligence. 

On cite plusieurs Chevaux qui se laissèrent pé- 
rir de faim après la mort de leur maître, — Le Che- 
val de l’illustre Kosciusko, s’arrêtait tout à coup en 
voyantun pauvre tendre la main , et ne se remettait 
pas en marche, lors même que l’éperon le sollicitait 
vivement, avant d'avoir vu donner l’aumône. — En 
1809, au moment d’une insurrection contre la Ba- 
vière, des Tyroliens s’étaient emparés de quinze Che- 
vaux et avaient tué les soldats qui les montaient. Ils 
placent ces animaux dans les rangs, on marche à 
l'ennemi, l'on se met en bataille: mais, à peineles 
Chevaux purent-ils entendre la trompette et recon- 
naître l'uniforme du régiment auquel ils apparte- 
naient, qu'ils quittent les rangs, prennent le galop, 
et malgré les efforts de leurs nouveaux cavaliers, ils 
les amènent prisonniers dans les rangs bavarois, 
témoignant leur joie par un bruyant hennissement, 
par un trépignement qui a frappé tous les mili- 
taires témoins de cet événement. — En 1821, 
tout Paris a su l’histoire de ce Cheval confié à un 
jeune homme, pour aller toucher une forte somme 
due à un marchand de cuirs, chez lequel il était 
commis. C'était dans les premiers jours de dé- 
cembre. Quand la somme lui eut été comptée , 
au lieu de se rendre de suite chez son patron, il 
voulut faire boire le Cheval. À cet effet il descendit 
à l’abreuvoir du Pont-Neuf, et, par un accident 
funeste, il tomba dans l’eau et se noya. Le Cheval, 
abandonné à lui-même, retourne’ à la maison où 
le jeune homme avait recu. Par ses hennisse- 
mens et le bruit de ses pieds, il attire l'attention. 
On s'étonne, on s’alarme;un domestique monte le 
Cheval et luilâche la bride. Alorsl’animalreprend 
au grand galop le chemin dela rivière, se jette à la 
nage ets’arrête à l'endroit même où son premier ca- 
valier avait disparu. Une barque, quiles suit de près, 
commence aussitôt à fouiller. Le jeune homme ne 
fut retrouvé que le lendemain, mais on retira de 
l’eau le sac et la somme recue. 

CuevaL DE course, Avant de mettre fin à ce que 
j'avais à diresur le Cheval, je vais parler un instant 
du Cheval de course et de ce qu’on appelle Cheval 


17 


CHEV 


150 


CHEV 2 


de race. Le coursier anglais est un Cheval de l'O- 
rient, perfectionné par des soins, et acclimaté. Ilest 
devenu plus grand, c'estune conséquence ordinaire 
de la marche adoptée par la nature et surtout de 
la manière dont l'élève est nourri. Les Anglais ont 
donné de préférence à leurs étalons arabes des ju- 
mens barbes , tirées du nord de l'Afrique occiden- 
tale. Ils ont obtenu de ce mélange une belle espèce, 
dont le sang est pur dans les deux souches. Cette 
heureuse innovation date de l’an 1605. 

Après ce Cheval, ceux qui ont le plus conservé 
du sang arabe, ce sont les Chevaux tatares , hon- 
grois, transylvains. Îls sont infatigables, suppor- 
tent les privations mieux qu'aucune autre espèce, 
et méritent d'être placés, en Europe, sur la pre- 
mière ligne, pour la cavalerie légère. 

I n’y a pas de pays où l’on ait fait plus desacrifices 
qu’en France,pour avoir de superbes espèces, et re- 
lever celles encore si bonnes qui peuplent tous les 
départemens ; mais aussi nulle part l'administra- 
tion n’a fait autant de fautes, n’a montré plus d’in- 
souciance , disons plus , d'incapacité. Que l'on se 
sonvienne du fameux étalon arabe Godolphin, qui 
fut vendu par elle, comme cheval de réforme, à 
un Anglais, pour la misérable somme de 424 fr. 
Ce fut cependant ce même animal qui, transporté 
chez nos voisins, a fourni le Baibrun , le Masque, 
le Regulus, et tant d’autres excellens Chevaux 
de course, dont plusieurs ont été payés des prix 
fous. Qu'on se rappelle encore cet autre étalon 
célèbre , le Morvic, que la France avait acheté et 
payé soixante mille francs , et que l’on a re- 
mis gratis , En 1819, aux Prussiens, qui pesaient 
alors sur le sol de notre patrie. Je ne connais de 
lui qu’un rejeton , accompli dans toutes ses parties, 
c’est le Phénix, élevé à Ranville, près de Caen, 
département du Calvados. Ce Cheval réunissait 
toutes les qualités les plus éminentes. Il a prouvé 
que les meilleurs Chevaux existeront en France, 
beaucoup mieux qu’en Angleterre. Il suffit que les 
propriétaires ruraux le veulent , qu'ils s'associent 
pour ce noble genre de spéculation; mais qu'ils 
ne s'adressent en aucune manière aux haras pri- 
vilégiés, ni à l’adminisiration. 

La vitesse est relative à l'allure. Un cheval est 
vite lorsqu'il est léger, long de corps, fort en ha- 
leine; qu'il parcourt dix mètres par seconde, et qu’il 
soutient ‘plus long-temps cette course. On trouve 
ces qualités dans notre Cheval de selle dit Bmer 
(voy.tomr, p. 456).Les Chevaux barbes, qui font 
la course à Rome, et qui sont d’assez petite taille , 
mettent une seconde pour remplir une carrière de 
douze mètres. L’Ættila , vainqueur aux courses du 
Champ-de-Mars, à Paris, parcourut, dans le même 
espace de temps, douze mètres et six cents milli- 
mètres , monté par son cavalier; le Cheval anglais 
quatorze mètres et demi; le Childers, le plus vite 
des chevaux de la Grande-Bretagne dont on ait 
mémoire, quatorze mètres huit cent soixante mil- 
limètres. 

Mais la course est-elle un bon moyen d'amélio- 
rerles Ghevaux? Ses avantages sont'vantés chez les 
anciens par les Gaulois et parles Grecs, chez les 


modernes par une foule d'écrivains enthousiastes 
ou gagés. Le plaisir que j'avais trouvé à voir les 
coursesen Jtalie m'avait séduit; mais depuis que 
j'ai pu en suivreleseffets sur nos Chevaux francais, 
je suis revenu de mon erreur, et maintenant je 
dis, avec la plus intime conviction, qu'iln’ya aucun 
rapport d'amélioration positive entre ces specta- 
cles de luxeet les soins paisibles à donner à la créa- 
tion de beaux et bons individus. Je soutiens même 
que les courses ne sont qu’un vaste champ où l’on 
sacrifie avec pompe, el de gaîté de:cœur, toutes 
les forces des jeunes Chevaux à l’affreuse ma- 
nie des jeux de hasard, aux seuls caprices dequel- 
ques insensés. Ce sont les courses qui ont perdu 
les Chevaux de demi-sang , autrefois si beaux, qui 
présentaient à l'Angleterre des élémens précieux ; 
elles décident incessamment à dépasser les limites 
imposées par la nature elle-même aux combinai- 
sons industrielles. 

CuEvaz DE RacE. Comme les horticulteurs, dont 
l’étudehabituelle est de créersans cessedenouveaux 
hybrides, qu'ils décorent, avec certains botanis- 
tes , du nom de variétés, et même d'espèces, les 
maquignons et marchands de chevaux parlent 
toujours de chevaux de race; ils ne recommandent 
que ceux-là , ils les vantent jusqu’à satiété. Il n’y 
a point de Chevaux de race, si l’on en excepte les 
deux que j'ai nommés plus haut; tous les autres 
sont des mélanges plus ou moïnsheureux, des de- 
mi-sang, qu'il est fort rare de trouver pur. On 
abuse des mots pour faire de l'argent. On ne re- 
garde pas si l'honneur a à rougir du mensonge, il 
faut de l'argent et des dupes à tout prix. 

IT. ANE. — S'il n’a point la fierté, l’ardeur, l’auda- 
ce, la noble impétuosité du Cheval, VAne à d’au- 
tres qualités non moins précieuses; s’il ne court 
pas aussi vite , aussi long-temps que lui, son ex- 
trême patience, son tempérament excellent , sa 
persévérance dans Je travail, la sûreté de son pied, 
sa résignation quand il faut supporter de longues 
fatigues et de pénibles privations, devraient lui 
mériter plus de soins , .plas d’attention qu’on ne 
luien accorde communément. L’Ane estle plus mal- 
traité de tous les animaux domestiques ; jeune ou 
vieux, ilest en butte à la brutalité de tous ceux 
qui le rencontrent. Cependant il coûte fort peu 
d'achat; son entretien n’est nullement onéreux , 
les plantes les plus dures, les plus désagréables et 
les plus négligées des aatres bestiaux fournissent à 
sa subsistance , et la paille, particalièrement celle 
que l’on administre hachée ou légèrement broyée, 
est pour lui un véritable régal, en même temps 
qu’elle lui donne de l’embonpoint. Une petite 
quantité d’eau lui suffit; mais 1l la veut claire et 
sans goût. Pourquoi donc voit-on généralement 
ce pauvre Ance porter la livrée de la plus affreuse 
misère ? Pourquoi le voit-on condamné presque 
partout à l’état d’abjection le plusignoble, à l’escla- 
vage le plus barbare? Jelesais, l'injustice, le mépris, 
des hommes poursuivent, jusque dans les animaux, 
ceux qui les servent trop bien, à trop peu de frais et 
qui n’aiment point à faire parade de ce qu'ils font. 
« La cruauté envers ces êtres animés et bons, qui 


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CHEV 


CHEV 


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»vivent au milieu de nous, et qui n’y vivent que 
» pour satisfaire à nos besoins , nous procurer des 
» jouissances et concourir à nos plaisirs, est, Se- 
» lon l'expression de Buffon , une flétrissure pour 
»les nations civilisées. » Cessez de tourmenter 
VAne, cessez de l’accabler de mauvais traite- 
mens, et il ue sera ni inflexible ni désobéissant ; 
il ne montrera plus l’opiniâtreté rustique demeu- 
rée proverbiale depuis des siècles. L'homme mé- 
chant et dur force l’animal à l'ivritation , à saisir 
toutes les occasions de se venger , el il ne veut pas 
qu'il manifeste son mécontentement , et même sa 


fureur! Egoïste , tu te plains des tyrans qui t'écra- 


sent , et tu te venges de leur barbarie en frappant 
celui qui te livre ses forces, quite dévoue toute 
son existence, qui te sert sans réserve aucune ! 
Montre-toi digne du titre d'homme, et tu auras 
le droit de frapper les tyrans! Sois digne de la li- 
berté et elle viendra s’asseoir pour toujours au- 
près de toi, parce qu’alors Lu seras juste. 

L’Ane est indigène aux pays chauds, il dégé- 
nère dans les contrées boréales; commun et établi 
depuis de longs siècles jusqu’au 52° degré de lati- 
tude , il cesse de produire au 6o°. Entre le ving- 
tième et le quarantième parallèle, il est grand , 
fort , agile , très-beau , vif et en même temps do- 
cile; son poilest doux, luisant. Il n’existait point sur 
le vaste continent américain quand il fut retrouvé 
dans le xv° siècle. Les individus que l’on y voit, 
sauvages, dans les parties méridionales, et qu’on ÿ 
prend dans des piéges, y furent transportés d'Eu- 
rope par les Espagnols. C’est à Washington que 
les États-Unis doivent l'introduction des Anes, 
L'Angleterre ne les possède que depuis le milieu 
du xvu° siècle. Ils sont encore tout nouveaux 
pour la Suède, ainsi que pour quelques autres 
parties du Nord; mais commeils ne trouvent plus 
en ces climats la température qui leur convient , 
ils y sont trapus, petits, et d’une assez faible con- 
stitution. 

L’Ane a les yeux bons, et même perçans, l'o- 
dorat très-développé, l'oreille excellente. Il dort 
moins que le cheval, et ne se couche pour dormir 
que lorsqu'il est excédé de fatigues. Il jouit d’une 
bonne constitution et n’est pas, à beaucoup près, 
sujet à un aussi grand nombre de maladies que Île 
cheval; on peut même assurer qu’il n'en éprouve- 
rait presque jamais aucune , si on avait pour lui les 
égards convenables. Chargé sur la croupe, et non 
pas sur le dos , comme on le fait ordinairement , il 
porte plus qu'aucun autre animal, eu égard à son 
volume. La vermine s’attache rarement à sa peau. 
Quand on le tourmente trop, il se défend du pied 
et de la dent: il incline la tête, baisse les oreilles, 
refuse de marcher lorsqu'on le surcharge ou que 
Je harnais le blesse. Il aime à se rouler sur le gazon 
et dans Ja poussière. Il conserve sa force jasqu’à 
Vâge de quatorze à quinze ans; elle diminue en- 
suite jusqu’au terme de sa vie, que la nature a 
fixé à vingt-cinq et trente ans , mais que l'excès du 
travail, les mauvais traitemens abrégent ordinai- 
rement beaucoup. : 

_ Jeune, l’Ane plait par sa gaité, sa légèreté, sa 


gentillesse. Peu d'animaux s’attachent aussi facile- 
ment et avec autant de sincérité. Il sent son maître 
de loin , ille distingue de tous les autres hommes 
et se montre plein de joie quand il s'approche de 
lui. Il retrouve aussi très-bien les lieux qu’il habite 
et les chemins qu'il a fréquentés. 

On connaît plusieurs variétés d’Anes. En Ara- 
bie, chez les peuples nomades des déserts sablon- 
neux de l'Asie intérieure, il est grand de taille, 
son corps est étoflé, il a du feu. L'on estime à 
1550 doubles pas de l'homme le chemin qu'il fait 
en voyage dans une demi-heure, quand il marche 
d’un pas égal. Cette race distinguée est très-répan- 
due en Egypte, où on la voit suivre d’un pied tou- 
jours ferme des chevaux obligés à une marche 
forcée. Les Anes d’Arcadie étaient fameux dans 
l’ancienne Grèce; ceux de l'Italie jouirent long- 
temps d’une haute réputation : ceux que j'ai vus 
dans les campagnes pittoresques de Tarente n’ont 
point dégénéré. Les Anes de Malte sont fort re- 
cherchés; ceux d'Espagne sont très-beaux. En 
France, nous a vons la superbe et bonne lespèce 
du Mirebalais, qui est répandue dans les départe- 
mens des Deux-Sèvres, de la Vienne, des deux 
Charentes, etc. Son pelage est d’un noir luisant, 
tantôt frisé, tantôt superbe, avec des taches de 
feu. Le prix d’un étalon va de deux à huit mille 
francs. La petite race que j’ai observée en Sardai- 
gne est remarquable par sa force, sa vivacité et 
son agilité; elle est très-nombreuse et occupée 
particulièrement à tourner la meule des moulins à 
blé. 

L’Ane est en état d’engendrer dès sa deuxième 
année. La femelle est encore plus ardente que le 
mâle. Elle porte onze, douze et treize mois. Ra- 
rement elle donne plus d’un petit. Son lait est 
abondant, très-léger, très-peu fourni de crème, 
et quand on le présente à des malades, il faut le 
leur faire boire dans sa chaleur naturelle. L’Anesse 
vit plus long-temps que son mâle; elle s’accouple 
avec le cheval , mais elle lui préfère toujours l’Ane 
quand on Jui laisse le choix. Les Juifs écartaient 
les prémices de l’ânesse, dans les offrandes qu'ils 
portaient sur les autels, parce qu'ils avaient pris 
des Egyptiens de l’horreur pour la chair del’Anon. 
Cependant l’Ane était très-estimé chez les premiers 
Juif ; on le trouve nommé parmi les richesses dont 
les patriarches se glorifiaient. Il servait non-seu- 
lement au labourage, aux autres travaux de la 
maison rurale, mais encore de monture pour les 
hommes et pour les femmes , et lorsque on vou- 
lait, chez eux , faire l'éloge d’une personne sous 
le rapport de l’activité, de la persévérance, de 
l'industrie, on la comparait à l’Ane. 

N’allez point croireque la chairid’Anon soit 
mauvaise; elle est au contraire assez tendre et 
presqu’aussi bonne que celle du veau. L'on en fait 
de très-bons saucissons. Le chancelier Duprat l’at- 
mait beaucoup. On en mangea par mode à son 
exemple; mais les courtisans cessèrent de l’ad- 
mettre sur leur table, dès qu’il eut quitté le mi- 
nistère. Le fumier d’Ane est un excellent engrais 
pour les terres fortes et humides, Son cuir est très- 


à mm 


CHEV 
me 


élastique, c’est le meilleur que l’on puisse employer 
pour la chaussure qui a besoin de durer. Son poil 
sert dans l’art du bourrelier et du sellier, En Chine, 
on prépare avec sa peau une colle fort estimée; en 
France, nous l'employons à faire des cribles, du 
parchemin et ce bruyant instrument qui bat la 
charge et proclame la victoire. Je ne dirai pas 
que l’Ane a servi de prétexte à plusieurs ouvrages 
satiriques, alors que la vérité ne pouvait se dire 
hautement , alors que les cent voix de la presse 
étaient comprimées par le despotisme ; je ne par- 
lerai point non plus de ces cérémonies indécentes 
célébrées dans l’église catholique, durant tant de 
siècles, sous le nom de fêtes de l’'Ane , cela m’en- 
traînerait hors de mon sujet. 

III. Murer. — Del’union de l’Ane avec la Cavale 
estnéle véritable Mulet. On ignore l’époque précise 
où parut pout Ja première fois cette production 
ambiguë de l'humaine industrie, plutôt que de la 
nature, Toutes les recherches tentées à cet égard 
ont été pleinement infructueuses. Ce que l’on sait 
cependant d’une manière positive, c’est que le 
Mulet est nommé dans les auteurs les plus anciens 
arrivés jusqu’à nous, et que dans tous les siècles 
connus, dans tous les pays où le Cheval était 
dompté, l’on a eu des Mulets. On s’est même par- 
ticuhèrement occupé d’en avoir de beaux et bons 
élèves. Les premiers livres des Juifs, en en prohi- 
bant pour eux la possession, justifient cette double 
assertion, On faisait anciennement le plus grand 
cas des Mulets des Hénètes, de ceux de la Ligurie 
et de la Sabine, qui jouissaient de la réputation 
d’être infatigables, très-courageux et d’une force 
surprenante. é 

Le Mulet a la taille, l’encolure , les belles for- 
mes de la Jument. Il recoit de l’âne la longueur 
des oreilles, la presque nudité de la queue, la sû- 
reté de la jambe, une santé robuste. Après ceux 
du Chameau, ses reins sont les plus forts, les plus 
susceptibles de porter les plus srandes charges. 
Quand son pelage est noir et sa tête petite ; quand 
il a les jambes un peu grosses et rondes, le corps 
étroit, le dos uni, Ja croupe pendante vers la 
queue, il est parfait. Si vous le destinez au ser- 
vice de la selle, choisissez-le parmi ceux prove- 
nant d’une jument espagnole qui soit allongée et 
légère ; son pas en sera plus doux, plus aisé, son 
trot beaucoup moins fatigant; mais s’il doit être 
attelé à la charrue ou bien à la voiture, il vaut 
mieux que sa mère soit flamande. Le Mulet vit 
plus long-temps que le Cheval et l’Ane. I] atteint 
d'ordinaire quarante et cinquante ans. On se rap- 
pelle celui qui vécut, dans Athènes, jusqu’à quatre- 
vingts ans, et pour lequel le peuple ordonna qu'il 
serait nourri aux frais de la république comme un 
vétéran de Marathon. Mais nous avons fort peu 
d'exemples d’une aussi grande longévité. Cet ani- 
mal arrive promptement à toute sa croissance. Il 
est très-sobre, peu délicat sur le choix de sa nour- 
riture. Îl prospère dans toutes les sortes de 
climats , dans les pays de plaineet dans les 
régions montueuses ; mais il n'aime point l’humi- 
dité ; les pâturages marécageux lui sont très- 


132 


CHEV 


nuisibles, drincipalement durant son premier âge. 

Il est’susceptible quelquefois d’engendrer , sur- 
tout dans les pays chauds. Il jouit très-peu de 
cette faculté dans les climats tempérés , il en est 
absolument privé partout ailleurs : de là l'opinion 
presque générale que le Mulet n’est point propre 
à la génération. Sa femelle n’est poiat stérile non 
plus ; il ÿ a des preuves nombreuses et irrécusables 
qu’elle peut être fécondée par un cheval, par un 
Mulet, par un âne, et qu’elle a mis bas au bout 
d’un an de gestation. Théophraste, qui fut un ob- 
servateur plein d’exactitude et de véracité, cite 
les Mules de la Cappadoce pour produire commu- 
nément toutes les années ; Columelle et notre Oli- 
vier de Serres, Varron et l'allemand Hartmann en 
rapportent aussi des exemples. 

C'est dans le département des Deux-Sèvres que 
se trouve la souche des plus beaux, des plus 
grands et des meilleurs Mulets connus; ceux que 
l'on rencontre en Espagne et en Italie en sont ori- 
ginaires. Ceux qui sont employés aux passages les 
plus difficiles des P yrénées et des Alpes, proviennent 
de la Vendée et de la Charente. Les Mulets nés 
dans les départemens du Jura, de l'Aveyron, de 
l'Isère, sont petits et seulement propres à la cul- 
ture des terres, à traîner la herse, à transporter 
les fumiers, etc. Partout ailleurs on ne voit que 
de la Mulasse, dont le commerce obscur devrait 
ramener les propriétaires à l'élève de la belle 
espèce. ; 

Le Mulet se ménage au travail, cependant il le 
soutient long-temps avec une constance remar- 
quable. Il est très-patient, mais il supporte mal 
les mauvais traitemens: il se venge à coups de 
pieds et de dents. Il garde rancune. 

IV. Barpeau. — Ainsique je l'ai déjà dit, tom. 1. 
p. 585, le Bardeau est le produit du Cheval et de 
l’Anesse. Ilest beaucoup plus petit que le Mulet et 
n’a point ses formes élégantes ; l’encolure est plus 


mince, le dos plus tranchant, la croupe plus 


pointue et plus avalée. I! hennit comme le Che- 
val, a la tête plus longue, les oreilles plus courtes, 
les jambes plus fournies et la queue beaucoup 
moins nue que l'Ane. Îlest moins habile à en- 
gendrer que le Mulet. (98) 

CHEVALIER, Totanus. (ors.) On appelle ainsi 
un genre d'oiseaux échassiers de la famille des 
Longirostres , lequel se reconnaît à ces caractères : 
bec un peugréle, médiocre ou long, presque 
rond , quelquefois un peu retroussé vers le bout, 
dont le sillon de la narine ne dépasse pas le mi- 
lieu, lisse et courbé à la pointe de la partie su- 
périeure ; mandibule inférieure un peu recourbée 
à l'extrémité chez la plupart; doigts antérieurs 
où seulement les intérieurs unis à leur base par 
une membrane assez marquée; pouce ne portant 
à terre que sur le bout ; ailes médiocres, la pre- 
mière rémige la plus longue. 

Ces animaux, dont le nom latin vient de totano, 
mot usité en Sicile pour indiquer certains oiseaux 
aquatiques, fréquentent le bord des fleuves et 
les prairies inondées. Ils voyagent par petites trou 
pes, et se nourrissent d’insectes, de vers ou de petit 


CHEV 


133 


CHEV 


mollusques. Leur mue à lieu à deux époques fixes 
de l’année. Leur plumage d’hiver ne diffère le plus 
souvent de celui de l’été que par un peu de varia- 
tion dans la distribution des taches. Les jeunes 
diffèrent peu des adultes, en plumage d'hiver, et 
les femelles ne se distinguent des mâles que par 
deur taille qui est un peu plus forte. 

M. Temminck admet dix espèces européennes 
dans le genre Zotanus, et il les répartit dans les 
deux sous-genres suivans : 

I. Chevaliers proprement dits. 

Ceux-ci ont les mandibules droites avec la 
pointe de la supérieure courbée sur l'inférieure, 
leurs doigts médius et externe sont unis. Ils se 
nourrissent de vers, d'insectes à élytres et de pe- 
tits mollusques. On lesrencontre lelong des fleuves, 
des lacs, etc., ainsi que sur toutes les eaux douces 
et les prairies humides. 

CHEVALIER SEMI-PALMÉ, Zot. semipalmatus , 
Temm., est plutôt de l'Amérique septentrionale, 
seulement il se montre quelquefois dans le nord 
de l’Europe. Sa nourriture consiste en coquilles 
bivalves principalement ,et aussi en vers marins 
et insectes aquatiques. 

CHEVALIER ARLEQUIN, J'ot. fuscus, que l’on 
trouve en Allemagne et en Russie, existe aussi 
dans l'Amérique septentrionale et en Asie. Il fré- 
quente le bord des fleuves, des lacs et les marais. 

CHEVALIER GAMBETTE , L'ot. calidris, Bechstein, 
appelé aussi Chevalier aux pieds rouges, esten été 
brun dessus, avec des taches noires et quelque 
peu blanches au bord des plumes ; blanc en des- 
sous, avec des mouchetures brunes , surtout au 


cou et à la poitrine ; les pieds sont rouges. En hi- 


ver, ses mouchetures sont presque effacées et son 
manteau est d'un gris brun presque uniforme. 
Cet oiseau, qué l’on trouve dans presque toute 
l'Europe et principalement en France , niche dans 
les prairies et pond quatre œufs pointus, d'un 
jaune verdâtre, marqués de taches brunes, qui se 
réunissent vers le gros bout en une seule masse. 

CHEVALIER STAGNILE, T'ot. stagnilis, se trouve 
dans le nord de l'Europe ainsi qu’en Asie. Il ni- 
che dans les régions du cercle arctique. 

CHEVALIER A LONGUE QUEUE, L'ot. bartramia, 
est une espèce de l'Amérique septentrionale , que 
l’on trouve quelquefois, mais accidentellement, 
dans le nord de l'Europe. 

CHEVALIER CUL- BLANC, appelé anssi Bécasseau, est 
le Tringa ochropus de Gmelin. Ilest commun chez 
nous sur le bord des eaux douces, et paraît un bon 
gibier. Sa ponte, qu'il fait dans le sable , se com- 
pose de trois, quatre et jusqu’à cinq œufs d’un 
vert blanchâtre marqué de taches brunes. Cet 
oiseau est noirâtre, bronzé supérieurement, avec 
le bord des plumes piqueté de blanchâtre ; infé- 


. rieurement il est blanc, moucheté de gris au de- 


vant du cou et aux côtés; queue marquée infé- 

rieurement de trois bandes noires, pieds verdä- 
tres. 

Bécasseau pes pois, T'ringa glareola de Gm., 

appelé par M. Temminck Chevalier sylvain , diffère 

. du précédent parce qu’il a septou huit rayures 


-sur la queue, au lieu de trois, et que les taches 


pâles de son dos sont plus larges. Il est commun 
dans quelques provinces de l'Allemagne et dans 
les parties orientales et méridionales de l'Europe. 
On le trouve aussi en Asie. En France et en Hol- 
lande, il est peu répandu. Sa nourriture consiste 
en insectes et en vers. Sa ponte se fait dans le 
Nord. 

CusvaLier PERLÉ , T'ringa macularia, Gm., est 
de l'Amérique septentrionale. On ne le trouve 
qu’accidentellement en Europe. 


CHEVALIER GUIGNETTE, Zringa hypoleucos, Gm., 
est le plus petit de nos Chevaliers. Ses parties in- 
férieures sont blanches et sans taches; les supé- 
rieures d'un brun olivâtre, à reflets, variées de 
zig-zags bruns noirâtres. Longueur totale, sept 
pouces deux ou trois lignes. On trouve la Gui- 
gnette dans toute l'Europe centrale, sur le bord 
des eaux douces et dans les prairies. Elle niche 
dans tout le Nord et aussi dans les contrées tem- 
pérées. Sa ponte est de quatre ou cinq œufs d’un 
jaune blanchâtre, parsemé de taches brunes ct 
cendrées , qui sont plus nombreuses vers le gros 
bout. 


II. Chevaliers à bec retroussé. 
. Cette seconde section ne comprend encore 
qu'une espèce qui a les mandibules un peu recour- 
bées en haut , droites et presque égales à la pointe. 
Son bec est gros et fort, son doigt du milieu réuni 
à l'extérieur. iL 

C’est le Cnevarrer ABoyeur, T'ot. glottis de 
Bechstein, qui a les couvertures supérieuresides 
ailes rayées de brun et les pieds d’un vert jau- 
nâtre, Sa longueur est de douze pouces et six li- 
gnes. Il se tient le long des fleuves et des lacs 
d’eau douce, sa nourriture consiste en petits pois- 
sons et en coquilles bivalves. Il habite l'Europe et 
l'Asie. En France il n’est pas fort commun. 


M. Temminck a nommé Bécassine-Chevalier la 
troisième section de son genre Scolopax. Voy. le 
1® volume de ce Dictionnaire, p. 412. (GErv.) 


CHEVALIER, Eques. (poiss.) Bloch a décrit, 
sous le nom de Chevaliers, un très-petit nombre 
de poissons osseux originaires d'Amérique , très- 
propres à exciter la curiosité des personnes étran- 
gères à l’histoire naturelle, par la forme de leur 
corps comprimé, allongé, élevé aux épaules , et 
finissant en pointe vers la queue; par leur pre- 
mière dorsale qui est élevée, et la deuxième 
longue et écailleuse. Leurs dents sont en velours. 
Ces poissons, très-voisins, comme on va le voir, 
des Tambours, Pogonias Lacép., s'en éloi- 
gnent essentiellement par la présence des bar- 
billons qui garnissent le dessous de la mâchoire 
inférieure : ces barbillons sont très-nombreux. 
Les espèces qui nous sont connues offrent beau- 
coup de ressemblance entre elles. Les mieux con- 
statées sont, premièrement : le CHEVALIER À BAU- 
prien, ques balteatus, Cuv. Val. ou Eques amert- 
canus, Bloch, la principale et la plus connue. 
La hauteur de ce poisson est plus considérable à 
l'endroit de sa première dorsale ; la seconde, bien 


ii mm » 


CHEV 


154 


CHEV 


2 Ë : £ 


moins haute, se conserve sur toute sa longueur ; ‘ 


sesécailles sont assez grandes. La couleurde ce pois- 
son est gris jaunâtretirant sur l’argenté, elle est plus 
pâle et plus argentée sous le ventre; il est orné de 
trois larges bandes ou rubans d’un brun noir, li- 
serés de blanc. La première est verticale, et va du 
crâne à l'angle de la bouche ; l'œil est sur son mi- 
lieu. La seconde part de la nuque, passe sur 
l'épaule devant la pectorale, et, se courbant un 
peu, va aboutir à la base de la ventrale, sur la- 
quelle elle s’étend. La troisième, qui est la plus 
large et de beaucoup plus longue , occupe la pre- 
mière dorsale, et suit la longueur du milieu du 
corps jusqu’au bout de la caudale. 

Le Cnevarier poxcTuË , Eques punctatus , Bloch. 
Sanuque est plus haute à proportion que dans la pre- 
mière espèce. Tout son corps est d’un brun noi- 
râtre très-foncé, et a de chaque côté cinq ban- 
des étroites, grises. La dorsale et l’anale sont 
semées de taches rondes, grises ou bleuâtres. 
La première dorsale est noire et liserée de 
blanc vers le haut; elle est fort pointue ; la se- 
conde est aussi plus haute que dans l'espèce pré- 
cédente ; la caudale est arrondie ; les pectorales et 
les ventrales sont grises. 

Le Cagvazrer RAYÉ, Eques lineatus, Cuv. Val. 
Sa nuque et surtout sa première dorsale sont 
moins hautes que dans les deux espèces précé- 
dentes ; tout son corps et ses nageoires sont d’un 
brun foncé, et sur chaque règnent six ou sept 
bandes étroites, grises, entièrement longitudi- 
nales. (Arr. G.) 

CHEVALIER NOIR et CHEVALIER ROUGE. 
(ixs.) Geoffroy a donné ces noms à deux insectes 
de genre et d'ordre différens. Le premier désigne 
le Panagée grande croix (v. Panacée) , le second 
appartient au Badiste bi-pustulé. (7, Banisre.) 
Linné a donné le nom de Cnevazrens, Equites, à 
une division du genre Parizcox. (F. ce mot.) 

| (Guér.) 
CHEVECHES. (ors.) On nomme ainsi quelques 
espèces d'oiseaux de proie nocturnes. Nous en 

* parlerons à l’article Caougrre. (GErv.) 

CHEVEUX. (zoo1.) L'étude des Gheveux, con- 
sidérée comme faisant partie du système pileux, 
nous paraît appartenir plus spécialement au mot 
Por. Nous y placerons donc tout ce qui a rapport 
aux généralités de ce sujet. Ici, nous nous con- 
tenterons de dire qu'on désigne par le nom de 
Cheveux les poils qui garnissent la partie supé- 
rieure du crâne et la nuque; queles Cheveux 
naissent plus ou moins bas sur le front, qu'ils 
manquent aux tempes et autour du pavillon de 
l'oreille ; que leur longueur est plus considérable 
que celle des autres poils qu’on rencontre sur 
diverses parties du corps; qu'ils présentent de 
nombreuses variétés en raison de leur couleur, de 
leur finesse , de l’âge, du sexe, des tempéramens, 
des climats, de l’organisation des individus, de 
leur état de santé, etc. (Ÿ, Porr..) _(P. G.) 

CHÈVRE, Capra. (mau.) Ce genre appartient 
à la famille des Ruminans à cornes, il a les carac- 
tères suivans : 


Trente-deux dents ainsi réparties : incis. ?, ca- 
nines := et mol. =; cornes dirigées en haut et 
en arrière, comprimées transversalement, pou- 
vant exister dans les deux sexes et même se dou- 
bler dans certaines variétés domestiques; chan- 
frein droit ou même un peu concave; point de 
mufle; intervalle des narines nu; oreilles droites 
et médiocres (longues au contraire et pendantes 
chez quelques races domestiques) ; point de lar- 
miers ni de sillons sous-orbitaires ;} langue douce; 
corps assez svelte; jambes robustes ; point de pores 
inguinaux , non plus que de brosses aux poignets ; 
mamelles au nombre de deux; queue courte, 

Le pelage est composé de poils de deux sortes, 
les uns très-fins et très-doux, cachés par les au- 
tres qui sont plus longs et lisses. Le menton est le 
plus souvent garni d’une barbe, quelquefois aussi 
de deux appendices cutanéssemblables à des glands 
et qui pendent au dessous du cou. 

À l’état sauvage les Chèvres recherchent les 
lieux les plus élevés et les plas escarpés ; elles se 
réunissent par troupes nombreuses et marchent 
comme les chevaux, conduites par un vieux mâle. 
Ce sont de tous les Ruminans ceux qui font preuve 
de plus d'intelligence et de vivacité. Elles habi- 
tent en Europe, en Asie ainsi qu’en Afrique (1). 
Leur nourriture consiste en herbes et en bour- 
geons. Elles font deux petits à chaque portée. 

CuÈvrE BOUQUETIN, Capra ibex, L. Cette es- 
pèce habite les grandes chaînes de montagnes de 
l'ancien continent, on la trouve sur les Alpes, les 
Pyrénées, les Apennins, le Tyrol, le Jura, les 
montagnes de la Sibérie et du Kamtschatka et 
peut-être sur la chaîne du Liban, l’Ararat, le 
mont Taurus et quelques montagnes du nord de 
l'Afrique. Elle forme de petites troupes compo- 
sées d’un seul mâle et de plusieurs femelles, qui 
restent unis jusqu'à l’époque où ces dernières 
mettent bas, c’est-à-dire en avril. Le rut a lieù 
vers le milieu de l'automne ,et la durée de la ges- 
tation est de cent soixante jours environ. 

Les Bouquetins ont les cornes de couleur noi- 
râtre, dirigées obliquement en arrière et en de- 
hors en décrivant une courbe assez régulière. 
Leur tête est assez courte, leur museau épais, et 
leurs yeux, de grandeur médiocre , vifs et étince- 
Jans. Ils ont la queue courte, les jambes minces 
et sèches. Le pelage varie un peu, suivant les sai- 
sons; il est généralement d’un gris fauve aux par- 
ties supérieures et blanc sale aux inférieures. 
Une bande noire s’étend tout le long de l’épine du 
dos, jusqu’au bord de la queue; elle est surtout ap- 
parente en hiver. La teinte brune du corps dimi- 
nue pendant cette saison. Les fesses sont blan- 
ches.et il y a sur chaque flanc une ligne brune 
qui sépare la couleur du dessus du corps de celle 
du dessous. La barbe est d’un brun noir. 

Les dimensions (prises sur un Bouquetin mäle, 
provenant de Suisse) ont offert pour la longueur. 
du bout du museau jusqu’à la base de la queue, 
4 pieds 6 pouces; et pour la queue 6 pouces. 


5—0o 


(x) Il parait même qu'ane espèce a été observée en Amérique. 


sn MUSe. 
ne Rs. à 


2,2. Chevres 


LE. Cuerin du 


3. Chèvrefeuille. 


PT 100 . 


La hauteur du train de devant au garrot, 2 pieds, 
6 pouces 1 ligne. Elle est égale à la longueur 
des cornes, mesurée sur la courbure, 

Ces animaux, quoique aimant beaucoup la li- 
berté, sont cependant susceptibles d’être appri- 
voisés, lorsqu'on les prend jeunes, Ils peuvent s’ac- 
coupler avec nos Chèvres et produire des individus 
mébs , qui ont ordinairement les couleurs du père 
et les cornes de la mère. Des individus sauvages 
se mêlent quelquefois aux Chèvres qu’on fait paître 
sur les montagnes et les saillissent. 

On regarde comme! formant me variété, dans 
l'espèce du Bouquetin , le Bouquetin de Sibérie, 
Zbez alpium sibericarum de Pallas, lequel pourra 
bien, lorsqu'on le connaîtra davantage, offrir des 
caractères assez importans pour qu'on doive l’en 
séparer spécifiquement. 

Cuèvre DE Nugie, Capra nubiana. M. Fréd. Cu- 
vier a décrit sous ce nom une espèce du genre 
Chèvre, laquelle habite la Nubie et l'Arabie, et 
se distingue par des cornes grêles, longues de 
deux pieds et demi, comprimées en dedans, ar- 
rondies en dehors et présentant douze ou treize 
nœuds. Cette Chèvre a les formes plus gracicuses 
que l’Jbex, elle est aussi plus légère. Sa couleur 
est d’un fauve clair mêlé de brun, principalement 
sur les flancs, les épaules et les membres de de- 
vant. La ligne dorsale est noirâtre ainsi que la 
queue ; la barbe tout-à-fait noire. 

BouqueriN pu Caucase, Capra caucasia, est 
une autre espèce, découverte par M. Guldenstedt, 
dans les parties septentrionales du Caucase. Les 
cornes sont triangulaires, ayant leur face anté- 
rieure anguleuse avec les côtes où nœuds sail- 
lans. 

La taille et les proportions de cet animal sont 
à peu près celles du Bouquetin. Les parties supé- 
rieures de son corps sont d’un brun foncé, les in- 
férieures blanches; la tête est grise et le tour de la 
bouche noir. 

Cubvre SAUVAGE, Capra ægagrus. Gette espèce 
est à peu près de la taille du Bouquetin, dont elle 
a les proportions. Ses couleurs, d’après Gmelin 
jeune, sont en dessus d’un gris roussâtre, avec une 
ligne dorsale et la queue noires; la tête noire en 
avant et rousse aux côtés; la gorge brune ainsi 
que la barbe. Les cornes, petites chez les femelles, 
sont longues, chez les mâles, de deux pieds cinq 
pouces , recourbées en arrière et peu divergentes; 
leur bord antérieur est comprimé. 

Cet animal, que nous avons représenté dans notre 
Atlas, pl 1, fig. 100, est suivant les naturalistes d’au- 
jourd’hui , la source de toutes nos Chèvres domes- 
tiques. Il habite principalement le Caucase et le 
mont Taurus, et il paraît douteux qu’on l'ait jamais 
trouvé dans nos montagnes d'Europe. Les Bé£- 
zoAnps (voy. ce mot) qui ont eu autrefois une si 
grande réputation en médecine, se tiraient vrai- 
semblablement de plusieurs animaux ; mais ils pa- 
raît que les plus estimés provenaïent de l’Ægagre, 
que tout porte à regarder comme le Paseng des 
Persans. 

Cuivres pomEsTiQuEs. Ces animaux se trouvent 


aujourd'hui sur tous les points de la terre; mais 
ils présentent dans certaines contrées des diffé- 
rences fort notables, qui les ont fait regarder 
comme constituant plusieurs variétés distinctes 


que nous étudierons bientôt. Nous devons 
d’abord dire quelques mots sur la Chèvre com- 
mune , laquelle est mieux connue que toutes les 
autres et nous intéresse d’une manière plus di- 
recte. 

Cette espèce setrouve par toute l'Europe, et aussi 
dans certaines parties de notre globe où les Eu- 
ropéens se sont élablis. Elle paraît avoir été ré- 
duite en domesticité dès les premiers temps de 
la civilisation et cependant elle a peu perdu de 
ses facultés. Elle a même conservé partout son ca- 
ractère vagabondet capricieux. Elle aime à s’écarter 
dans les solitudes, à grimper sur les lieux escar- 
pés. « Elle a de nature, comme dit Buffon plus 
de sentiment ct de ressource que la brebis; elle 
vient à l’homme volontiers ; elle se familiarise ai- 
sément ; elle est sensible aux caresses et capable 
d’attachement; elle est aussi plus forte, plus lé. 
gère, plus agile, et moins timide que la brebis. » 

Ce n’est qu'avec peine qu'on conduit les Chè- 
vres et qu’on peut les réduire en troupeaux. Un 
seul homme ne saurait en diriger plus de cin- 
quante. Lorsqu'on les mène avec les moutons, elles 
se placent toujours en tête du troupeau, et, par 
goût, le dirigent vers quelque endroit élevé, où 
elles grimpent avec facilité. 

Les mâles sont très-ardens en amour. Ils se 
battent violemment entre eux, mais ne s’attachent 
de préférence à aucune femelle. Ils peuvent en- 
gendrer à un an et les Chèvres à sept mois, mais 
les fruits de ces unions précoces sont faibles et 
défectueux; aussi vaut-il mieux attendre que les 
uns et les autres soient âgés de dix-huit mois ou 
deux ans. A quatre ou cinq ans les Boucs sont déjà 
vieux, ainsi, lorsqu’on veut avoir de ces animaux 
pour la génération, on doit les prendre jeunes, 
c'est-à-dire âgés de deux ans environ. Leur taille 
doit être grande, leur cou court et charnu; leur 
tête légère, leur poil noir, épais et doux, leur barbe 
longue et bien garnie. — Les femelles sont ordi- 
nairement en chaleur vers les mois de septembre, 
octobre ou novembre. On ne fait guère de choix 
parmi elles, et on les fait presque toutes couvrir. 
Elles portent cinq mois, et mettent bas au com- 
mencement du sixième deux petits, quelquefois 
moins, d'autrefois trois et même quatre. Ce der- 
nier nombre s’observe rarement. 

Les petits ou Chevreaux tettent pendant cinq 
ou six semaines. On ne les conserve pas tous ; on 
en mänge quelques uns avant qu'ils aient cessé 
d’avoir besoin de la mère et on coupe les autres, 
ou bien on les conserve entiers, si l’on veut'en faire 
des Boucs. Lorsqu'on les a châtrés, on les fait 
passer avec les vieilles Ghèvres que l’on engraisse 
et les vieux mâles qui ne servent plus. Quoiqu'on 
les mange le plus souvent lorsqu'ils sont encore 
jeunes, leur chair n’est jamais aussi bonne que 
celle du mouton, si ce n’est dans les climats chauds 
où la chair de celui-ci est fade et de mauvais goût. 


EG 


& CHEV 


136 


CHEV 


à on 


L’odeur forte du Bouc ne vient pas de sa chair, 
mais de sa peau. 

Dans les contrées chaudes onn’apas d’étable pour 
ces animaux, mais chez nous ils périraient, si on 
ne les mettait à l'abri des rigueurs de l'hiver. Ce- 
pendant ils sont moins susceptibles que les mou- 
tons ct on peut les faire sortir quelques heures pen- 
dant les journées froides. La belle saison permet 
de ne pas leur donner de litière , mais en hiver on 
ne doit pas les en laisser manquer, car l'humidité 
leur est fort nuisible. 

Les Chèvres sont peu difficiles pour la nourri- 
ture et elles sont d’un assez bon rapport; leur fu- 
mier est plus chaud que celui des brebis, et leur 
chair, quoique inférieure à celle de ces dernières, 
est cependant un fort bon aliment. Leur lait est 
sain et abondant. Les médecins l’ordonnent sou- 
vent aux personnes dont l'estomac est délabré. Ce 
lait n’est point assez gras pour fournir de bon 
beurre; mais on en fait, principalement dans le midi 
de la France, des fromages qui ont fort bon goût. 
Les Chèvres permettent non-seulement à leurs 
petits, mais encore à ceux des autres espèces, de 
venir les téter, et il n’est pas rare, comme on saif, 
de voir des enfans qui n’ont pris d’autre hit que 
celui de ces animaux. 

Le poil des Chèvres, non filé, est employé par 
les teinturiers à la fabrication de ce qu’ils nomment 
rouge de bourre. Il sert quelquefois aussi en cha- 
pellerie. Après qu'il a été filé on en fait diverses 
étoffes. La peau qui a conservé sa toison est re- 
cherchée, comme fourrure, dans certains pays. 
Après qu'on la lui a enlevée,’ elle passe chez les 
corroyeurs quila travarilent de diverses manières, 
soit pour en faire du parchemin, du maroquin, 
du cuir pour les chaussures , etc. Le suif des Chè- 
vres n’a pas d'autre usage que celui des moutons. 
IL est aujourd'hui tout-à-faif inusité en médecine. 

Le Bouc s’allie avec la Brebis, et aussi avec le 
Chamois ; le produit de la première de ces unions 
est seul connu, c’est un hybride infécond; le se- 
cond n’a point été vérifié, il n’est pas sûr qu'il ait 
jamais eu lieu. Buffon considérait les Chèvres 
comme appartenant à la même espèce que le Bou- 
quetin et le Ghamois, mais tout le monde sait au- 
jourd'hui que celui-ci est un animal tout-à-fait dis- 
tinct, appartenant même à un genre différent, et 
que l’autre, quoiqu'étant du même genre, diffère 
cependant de ces animaux, et aussi de l’Ægagre 
qui est leur.type sauvage, par des caractères bien 
tranchés. 

Nous allons maintenant indiquer les diverses 
races domestiques que l’on connaît parmi ces ani- 
maux, nous les indiquerons les unes après les au- 
tres en suivant le travail de M. Desmarest (Mam- 
malogie). Toutes peuvent s’unir entre elles et 
donner des produits féconds. 

A. Cuivre commune, Cap. Hircus des nomen- 
clateurs, figurée dans notre Atlas, pl 100, 
fig. 2. Cette variété se trouve dans toute l'Eu- 
rope et aussi dans les contrées lointaines où 
les Européens se sont établis. Elle paraît même 
n'avoir subi que de légères modifications. Le mâle 


ou Bouc est haut, au train de devant, de deux 
pieds deux pouces. Il a delongueur, depuis le bout 
museau jusqu'à l’anus, quatre pieds environ. Les 
oreilles sont droites et longues de cinq pouces. 
Les cornes sont très-longues, comprimées et ridées 
transversalement. Ellesne décrivent pas un arc régu- 
lier, mais elles montent d’aborden ligne droite sur le 
sommet de latête, else recourbent ensuite en ar- 
rière et de côté. Les femelles, auxquelles on ré- 
serve plus particulièrement le nom de Chèvres, ne 
diffèrent du Bouc que par une taille moins grande, 
des cornes plus petites, moins comprimées , plus 
régulièrement arquées en arrière dans leur lon- 
gueur, ou bien n’existant pas du tout dans quel- 
ques individus. Elles ont d’ailleurs le pelage com- 
posé de poils de deux sortes , les uns longs, 
extérieurs, moins durs que les crins du cheval 
auxquels ils ressemblent, et pendant par mèches. 
Les autres poils sont plus courts, assez rares et 
moins fins, ils sont cachés par les premiers. La 
couleur ordinaire varie du noir au blanc, elle est 
souvent brune , d'autrefois jaunâtre ou tout-à-fait 
fauve. Certaines races présentent sous le cou des 
prolongemens de la peau, ou glands, lesquels se 
transmettent par voie de génération. 

Les cornes varient pour le nombre ; le plus sou- 
vent il n’y en a que deux, mais cependant il s’en 
trouve quelquefois davantage , trois par exemple, 
quatre et même cinq. Il peut arriver aussi qu’elles 
manquent tout-à-fait. 

B. CHÈVRES SANS CORNES, Cap. ægagra acera, 
Desm. Le Bouc sans corne de M. Fréd. Cuvier 
( Mamm. lithog. ) appartient à cette variété. Le 
chanfrein est droit, et la protubérance qui con- 
stitue le noyau des cornes dans les autres races, 
ne se trouve ici qu'en rudiment ; les oreilles sont 
droites, en cornet comme dans les précédentes ; 
le corps est couvert de poils soyeux très-longs. 

On trouve ces animaux en Espagne. I] faut re- 
marquer que dans toutes les autres races il existe 
certains individus de l’un et l’autre sexe qui sont 
toujours privés de cornes. 

GC. Cnèvres DE cacnemRE , Capra ægagra lani- 
gera, Desm. M. Fréd. Cuvier a également figuré , 
dans son Histoire des mammifères , un Bouc de 
cette variété, lequel avait de hauteur, au garrot, 
deux pieds, et de longueur, depuis le bout du mu- 
seau jusqu'à l’origine de la queue, trois pieds.dix 
pouces. Les cornes droites, très-aplaties, sont tor- 
dues en spirale et divergentes, les oreilles larges 
et pendantes. Le beau poil soyeux, lisse et très- 
fin de ces animaux, composeen grande partie les 
tissus de Cachemire. Il paraîtraît qu’on le mêle au 
poil de chameau. Un individu mâle a été envoyé à 
la ménagerie du Muséum, par MM. Diard et Du- 
vaucel, il provenait du royaume de Cachemire ; 
c’est lui que M. Cuvier a représenté. On a remar- 
qué que même pendant le rut cet animal ne ré- 
pandait aucune odeur. 

D. Cuèvres DE Juna, Capra ægagra reversæ, 
Gm. C’est le Bouc de Juda ou Juida, Buff.,t. xrr, 
pl. 20 et 21, et Suppl... ur, pl. 13. 

On trouve ces animaux dans le royaume de 


Juda. 


2 D ES 


CHEV 


137 


CHEV 


Juda, en Afrique. Le Bouc offre assez de rapports 
avec ceux de la variété précédente, mais il est plus 
petit et moins haut sur jambes; il n’a que deux 
pieds neuf pouces de longueur totale, et un pied 
cinq pouces de hauteur. Ses cornes blanchâtres , 
grandes et très-aplaties , s’écartent de la tête en 
divergeant et se tordant une fois et demie sur elles- 
mêmes. Les poils soyeux du corps sont assez longs, 
et fins, le plus souvent de couleur blanche; les 
laineux sont extrêmement fins et doux. Une es- 
pèce de crinière s'étend depuis le derrière de la 
tête jusqu'à la queue; elle est formée de poils 
plus longs que les autres. 

E. Cuèvres pu Tuiger, Cap. ægagra thibetana. 
Cette race est originaire du Thibet , d’où elle a 
passé dans l’Inde. C’est de cette contrée que les 
Anglais ont tiré les premiers individus qui ont été 
transportés en Europe. Aujourd'hui on la voit 
dans plusieurs parties de ce continent , et notam- 
ment en France , où elle a été importée en 1818. 

Le mâle a de hauteur, au garrot, deux pieds 
cinq pouces , et de longueur, depuis le bout du 
nez jusqu'à la base de la queue , trois pieds deux 
pouces. Les cornes sont aplaties, dirigées latéra- 
lement et tordues sur elles-mêmes. Celles des fe- 
melles’ sont minces, annelées en travers et non 
tordues. Les couleurs sont généralement brunes , 
avec un peu de fauve à la tête. Les jeunes sujets 
présentent une ligne dorsale noirâtre. 

F.Cuèvres »’Ancora, Cap. æg. angorensis, Gm. 
On trouve celles-ci dansles environs dela ville d’An- 
gora, en ÂAsie mineure. Leurs longs poils servent 
de matière première dans la fabrication des étoffes 
connues sous le nom de camelots. Ils sont ordi- 
nairement de couleur blanchätre, frisés et con- 
tournés en tire-boure. 

La taille des Chèvres d’Angora ne dépasse pas 
la moyenne. 

G. CHÈèvRE MEMBRINE, Cap. æg. membrina, Gm., 
la Chèvre membrine ou du Levant de Buffon. 
Cette race est peu connue, elle a recu son nom 
de celui de la montagne de Mambrée ou Manrée, 
située dans la partie méridionale de la Palestine, 
aux environs d'Hébron. On dit qu’elle existe aussi 
dans toute la Basse-Egypte et aux Indes orientales, 

H. Cnèvre De La Haurs-EcvyPTe , Cap. thebaica, 
Desm. M. Fréd. Cuvier a donné (Hist. des mamm.) 
la figure dun individu mâle quiest de taille moyenne, 
son chanfrein est excessivement bombé et séparé 
du front par un enfoncement ; la mâchoire infé- 
» rieure est prolongée de manière à dépasser beau- 
coup la supérieure ; les oreilles très-longues et 
- plates; cornes nulles ou très-petites. 

I. Cuivres pu Népaur', Cap. æg. arietina , 
Desm. Celles-ci ont été également représentées et 
décrites dans le bel ouvrage de M. Fréd. Cuvier. 
On les trouve dans l'Inde, au pied des monts 
Himalaya. 

- K. Cuèvres NAINES, Cap. æg. depressa, Erxle- 
ben. Ce sont les Chèvres naines, ou Chèvres à 
cornes rabattues de Buffon. La hauteur du mâle, 
au garrot, est de vingt-deux pouces; de la femelle, 
dix-huit seulement, Ges animaux sont originaires 


Tower Il. 


de l'Afrique. Ils ont été transportés en Amérique 
et dans d’autres pays, où ils n’ont subi d’autre 
altération que celle de la taille, qui est devenue 
plus petite encore. 

L. Cuèvres cossus , Cap. æg. cossus, constituent 
une variété indienne décrite , ainsi que les 
Chèvres imberbes, Cap. æg. imberbis, par M. de 
Blainville dans le Bull. de la Soc. philom., 1818. 
Elles reposent sur les dessins observés à Londres 
par ce naturaliste, i 

CnÈvre cOLOMBIENNE, Cap. columbiana, de Des - 
moulins. Cette Ghèvre paraît former une espèce 
distincte, mais elle n’est pas bien connue, et il 
n’est pas bien certain qu’elle doive rester dans ce 
genre; c’est le Rupicapra americana de M. Blain- 
ville, et l’Antilopa americana de M. Desmarest. 
Elle habite quelques parties de l’Amérique septen- 
trionale. 

Cette espèce est un peu plus grande que la 
brebis, à laquelle elle ressemble sous quelques 
rapports ; ses cornes sont de couleur noire , lon- 
gues de quatre ou cinq pouces seulement, et 
courbées en arrière; elles ont un pouce de dia- 
mètre à leur base. Le corps est couvert de poils 
longs, soyeux, de couleur jaunâtre, et plus moel- 
leux que ceux de la Ghèvre ordinaire. | 

G. Cuvier a rapproché des Ghèvres et placé 
dans le même genre qu’elles, sous le nom de Bou- 
quetin à crinière d’ Afrique, un animal de ce con- 
tinent , considéré par quelques auteurs comme un 
Antilope , et qui a été représenté par Samuel Da- 
niels dans les Æfric. scenerys, pl. 24. (Gerv.) 

CHÈVRE. (£con. rur.) Cet animal est de tous 
ceux associés à la maison rurale , celui qui pro- 
cure à l’homme les secours les plus prompts et 
les plus certains, les plus précieux et les plus di- 
rects. Dans les lieux qui n’offrent à l'œil attristé 
que le spectacle de la misère, de la stérilité la 
plus complète, sur les âpres montagnes comme 
sur les coteaux à peine ombragés par de maigres 
arbrisseaux, ou tapissés d’une herbe trop courte, 
trop peu succulente pour servir de nourriture à 
la vache ; dans les landes arides où l’homme ob- 
tient à peine, pour prix de longues fatigues et de 
ses sueurs, ce qui peut aider à sa subsistance, la 
Chèvre est le seul adoucissement qui lui soit donné 
sur une terre aussi malheureuse. Dans le lait et 
les petits de la Ghèvre, il a ce qu'il faut pour ou- 
blier sa triste position; dans l’attachement que 
cet animal lui témoigne, il trouve ce que son sem- 
blable lui refuse , car la misère est porte close 
pour les amis, c’est le cordon militaire que la po- 
litique place entre deux peuples que tout appelle 
à vivre en famille. Le sein maternel est-il flétri 
par la pénurie, le chagrin ou les maladies qui les 
suivent de près, la Chèvre vient au secours de 
l'enfant infortuné, et se complaît dans cet acte de 
charité. Pour le remplir dignement, elle en- 
chaîne sa pétulance, elle impose un frein à la rapi- 
dité de sesmouvemens. Étonnante bonté ! Voyez-la 
s'approcher avec un joyeux bélement, elle met 
son pis à Ja portée du nourrisson qu’elle adopte ; 
elle éprouve du plaisir à lui porter le premier ali- 


98° Livraison. 18 


EE 


CHEV 


‘138 


CHEV 


ment qu'il réclame, à satisfaire son appétit; elle 
revient à lui toujours empressée ; elle accourt au 
premier cri qu’elle entend, et s’acquitte sans cesse 
de cette noble tâche, de ce devoir du sentiment, 
avec complaisance et affection. Quand une fois 
on a assisté à cette scène touchante, le souvenir 
ne s’en efface plus, et chaque fois que l’on ren- 
contre une Chèvre on sent battre son cœur, on 
est prêt à lui rendre hommage. C’est en considé- 
ration de cette inclination bienfaisante que le doc- 
teur Zwierlein , de Stendal , témoignait , en 1819, 
ie désir de voir remplacer par des Chèvres les 
nourrices mercenaires, ces femmes qui vendent 
leur lait aux enfans abandonnés, à ceux que leurs 
mères négligent par pure coquetterie et pour 
obéir à la (no: 

La Chèvre fournit deux fois plus de lait que la 
brebis ; il n’est point rare, dans les pays chauds 
plutôt que dans les régions froides , et quand elle 
est bien nourrie, de la voir en donner jusqu'à 
trois et quatre litres par jour, quantité que beau- 
coup de vaches procurent à peine. Son lait est 
très-blanc, plus maigre que celui de femme, 
moins épais et plus visqueux que celui de vache, 
moins séreux et plus dense que celui d’ânesse , 
et contient plus de parties caséeuses que celui de 
brebis. Il a une odeur particulière , qui est moins 
forte chez les Chèvres blanches, les Ghèvres sans 
cornes, et surtout les Chèvres que l’on tient avec 
soin. Il est légèrement astringent quand l’animal 
broute les feuilles, les bourgeons du chêne; ilest 
purgatif, quand il se repaît de Garou ( Daphne 
alpina) , de Tithymale (Æuphorbia peplis) , de Glé- 
matite (Clematis vitalba). Ge lait, converti en fro- 
mages, assure la richesse des communes du Mont- 
Dor, de presque tout le département du Cantal, 
de Sassenage , etc. Les fromages de Chèvre étaient 
fort estimés chez les vicux Grecs et les anciens 
Romains ; ceux des environs d'Agrigente jouis- 
saient surtout d’une haute réputation. 

Plusieurs agronomes distinguent parmi nos 
Chèvres domestiques quatre races: une à poils 
longs, une autre à poils ras , la troisième à poils 
longs et mi-partie ras, la quatrième à poils ras 
de culs constamment fauve, dite gris de biche. 
Ces prétendues races ne sont que des variétés, 
qu'il serait peut-être bon de réduire aux deux 
premières , s’il n'est pas constant que la nature 
du poil soit uniquement due à l'habitude de tenir 
l'animal en pleim air où bien dans des écuries 
trop chaudes. J'ai remarqué, et divers proprié- 
taires ruraux ont confirmé cette observation , que 
notre Chèvre, principalement celle qui habité 
nos départemens du centre et ceux du midi, se 
couvre naturellement de fourrares plus longues et 
plus épaisses aux approches de l'hiver, et même 
durant cette saison. Le duvet soyeux garnit et pro- 
tége les poils naïissans ; il a atteint toute son éten- 
due aux premiers jours de février ou de mars, et 
commence dès lors à tomber) jusqu'en avril et mai. 
Le cou, le ventre, et les parties antérieures sont 
plus spécialement les endroits où il abonde. Sa 
grosseur , sa texture et sa force ont beaucoup d’a- 


nalogie avec le beau duvet de la Chèvre du Kache- 
myr ;ilest susceptible d’être misen œuvre comme 
lui, seulement étant plus court, on peut en faire 
des gilets , des chapeaux légers et 1 ‘employer pour 
la trame des châles. L'animal souffre si on le Jui 
enlève durant les mois de novembre et décembre; 
il n’en est pas de même en mars, avril et mai: 
c'est donc le véritable moment de cette sorte de 
tonte. On peut la faire en plein champ. On a voulu 
faire croire que l’existence de ce duvet était leré- 
sultat d’une affection morbifique : je ne partage 
nullement cette opinion. La Chèvre blanche four- 
nit plus de duvet que les noires; les jeunes en 
donnent peu, et sa quantité diminue sensiblement 
à mesure que l'individu vieillit. Il est également 
faux de dire que plus on peigne la Chèvre, plus la 
récolte est abondante. 

Je rejette aussi le sentiment de ceux qui {veulent 
que l'introduction de la Chèvre en France date 
seulement du premier siècle de l'ère vulgaire, et 
que ce soit aux Romains que les Gaulois, nos an- 
cêtres, durent ce présent utile selon les uns, et 
très-fatal selon les autres. Rien ne justifie cette 
assertion, du moins à mes yeux. Toutes les auto+ 
rités que j'ai consultées sont muettes à ce sujet. 
Il serait peut-être plus sensé, si l’on ne veut point 
croire que les Celtes la possédaient, d'avancer 
qu’elle à été apportée par les Phocéens; les Grecs 
faisaient le plus grand cas de la Chèrie: tandis 
que les Romains € en avaient peu, et dans leurs baux 
ils défendaient expressément aux fermiers d’en 
élever. 

Quoique la Chèvre mange presque toutes les 
plantes vénéneuses que rejettent les autres ani- 
maux domestiques , elle n’en est aucunement in- 
disposée. Elle se contente d’une nourriture gros- 
sière, et est peu sujette aux maladies. Vivante et 
aprèssa mort; elle rend de très-grands services, 
Cependant on ne peut se dissieler qu'elle ne 
soit un véritable fléau pour les jeunes arbres, les 
jardins, les pépinières, les vignes et les haies vi 
ves; mais doit-on pour cela 1demenilekh appeler 
sans cesse la destruction de cet animal si vif et 
si bon ? Faut-il enlever au domaine rural, à l’éco- 
nomie domestique, à l'industrie manufacturière, 
au commerce les nombreux avantages que cet 
animal leur présente et leur assure? Et puis le 
malheur n'est-il donc plus sacré ? Nest-ce pas as- 
sez d’exiler le pauvre aux confins de la vie so- 
ciale ? poussera-t-on la barbarie jusqu’à lui arra- 
cher le seul compagnon utile de son infortune , - 
jusqu'à le dépouiller de l’unique ressource qui lui 
reste, tandis qu’on laissera vivre, pour les plaisirs 
du riche insatiable , des troupeaux de cerfs, de 
daims, de chevreuils, dont la dent n’est pas moins 
faneste à l’agriculture, dont la présence dans nos 
bois détruit en peu de jours le présent:et l'avenir? 
Reverrons-nous les affreux assassinats de 1585, 
1725,1753,1741,etde 1797? Ira-t-onencoreégor- 
ger la Élève sous le chaume qu’elle égaie, dans 
les bras de la famille éplorée dont elle est toute 
la richesse? L'exemple des quinze à vingt mille 
Chèvres répandues dans les douze communes da 


CHEV 


159 


CHEV 


Mont-Dor répond d’une manière victorieuse à 
toutes les objections. Ayez un bon Code rural et 
laissez faire. 

Bien avant les mémorables événemens de 17389, 
on a tenté d'améliorer la race indigène de nos 
Chèvres avec celles de la Natolie. Un troupeau 
de Ghèvres d'Angora fut naturalisé en 1780 dans 
les montagnes du Léberon, département des Bou- 
ches-du-Rhône, par De la Tour d’Aigues. Bour- 
gelat en éleva plusieurs avec succès aux environs 
de Lyon en 1782. Les individus conduits à la 
ferme expérimentale de Rambouillet furent les 
seuls qui périrent ( quoique celte espèce ne soit 
point délicate, ni sur le climat nisur la qualité des 
pâturages), parce qu'ils y furent traités plus par 
ostentation , plus comme objet de curiosité , que 
comme pouvant être utiles à l’agriculture. 

En 1819 nous avons vu débarquer à Marseille , 
venant des hauteurs de l'Himalaya, du grand pla- 
teau de l’'Oundès (ou région des laines, appelée 
vulgairement le Petit Thibet) et de la Tartarie , 
une superbe colonie de Chèvres, dites du Kache- 
myr, que les anciens Grecs désignaient sous le 
nom de Chèvres de la Cilicie. 

Dans l’année 1824 , une autre espèce à poils 
longs, soyeux, de couleur bai-rouge, a été intro- 
duite aux environs de Nantes par notre ami d. B. 
Thomine ; elle est originaire de Mascate, petite 
ville d'Asie sur la côte orientale de l’Arabie-Heu- 
reuse. 

Ces nouvelles Chèvres se sont fort bien accli- 
matées dans le midi et quelques parties de l’ouest. 
La première ne se trouve plus que chez quelques 
propriétaires soigneux. Des peuplades de la seconde 
vivent, se multiplient et trouvent une nourriture 
convenable sur les montagnes de nos départemens 
de l'Isère , de l’Ain , de l'Ardèche, du Jura et de 
la Côte-Dor. La troisième a moins bien réussi 
depuis l'hiver de 1830. 

Si c’est abuser des forces de la vache que de 
vouloir l’employer à la culture des terres et de 
Vatteler à la charrue ou bien aux chariots avec 
le cheval; si c’est chercher à faire perdre au chien 
ses qualités , ses agrémens, son intelligence et sa 
touchante sensibilité que de le condammer à char- 
rier des fardeaux , que dire de l’impudeur de ceux 
qui soumettent la Chèvre au harnais et au joug ? 
Qu’espère-t-on de cette prétendue conquête faite 


. en dépit de la nature ? N'est-ce pas le comble de 


la plas grossière barbarie ? Quels avantages peut- 
on espérer d'animaux qui ne sont point organisés 
pour des exercices aussi violens ? En vain la bruta- 
lité les y contraint; on ne gagnera rien autre 
chose, à confondre ainsi toutes les idées , qu’une 
prompte dégénération des espèces, que la ruine 
totale des premiers appuis de la maison rurale. 
Finissons par un trait qui prouve l'intelligence 
de la Chèvre; il nous est fourni par Mutianus, 
comme témoin oculaire; nous le copions dans 
Pline (Hist. nat. , vus, 90). Deux Chèvres se ren- 
contrent sur un pont fort étroit ; l’espace ne leur 
permettait pas de se retourner , et la planche était 


trop longue pour qu’elles pussent rétrograder sans | 


voir où poser le pied. Que faire cependant ? Le 
torrent qui roule au fond du précipice menace de 
les engloutir au moindre mouvement , à la plus lé- 
gère déviation, Après s’être entendues dans leur lan- 
gage chévrier, comme dirait Rabelais, l’une des 
deux se coucha sur le ventre, tandis que l’autre 
lui passa sur le corps. 

Une scène absolument pareille s’est passée sous 
mes yeux, en 1799, lorsque je visitais la Suisse. 
C'était aux environs du lac orageux de Vallenstadt, 
près de Sargans ; les deux Chèvres retournaient 
chacune à leurs troupeaux qu’elles avaient quittés 
dans leurs courses vagabondes. 

Cnèvre DE LAINE. Nom de la Chèvre d’Angora, 
c’est la traduction du mot T'islik-gueschi, em- 
ployé dans plusieurs contrées de l'Orient pour la 
désigner. 

Cuèvre-muse. Chèvre sans cornes. Ce n’est 
point une variété à part, mais un simple accident 
de nature, quine se propage même pas de la Chè- 
vre à son chevreau. 

Caëvre-vaque. Au Mont-Dor on donne ce nom 
à la Chèvre stérile; une Chèvre-vaque est un 
animal sans valeur. (T. ». B.) 

Le nom de Chèvre a été donné par les voya- 
geurs à plusieurs animaux qui, presque tous, ap- 
partiennentau groupe desAntilopes. Ainsi la Ghèvre 
bleue est l’Ant. leucophæa, et la Chèvre de pas- 
sage des Hollandais , V Ant. Springbock , etc. 

En ornithologie, on appelle Chèvre volante, 
la Bécassine commune, dont le cri ressemble assez 
à celui de la Chèvre , et Tette-Chèvre, les espèces 
du genre Engoulevent, parce qu’un préjugé bien 
singulier à fait dire qu’elles tettaient les Chèvres. 

CHEVREAU (mam.) G’est le petit de la Chèvre. 

( Genv.) 

CHÈVRE-FEUILLE , Lonicera ( mor. Han. }, 
du nom d’un botaniste fort ancien. Ce genre se 
rapporte à la famille des Caprifoliacées, dont il 
est le type, et à la Pentandrie monogynie. Carac- 
tères : corolle monopétale, irrégulière, baïe infé- 
rieure à la corolle, à deux loges. Les espèces de 
ce genre sont par quelques botanistes soudivisées 
en deux groupes : dans l’un viennent se ranger 
toutes celles dont la tige est volubile ; dans l’autre 
toutes celles dont la tige ne l’est pas. 


$ L Tige volubile. 


L. Coïvrc-reuize , Lonicera caprifolium , E. 
Fleurs verticillées, terminales, sessiles, purpu- 
rines, jaunes à l'intérieur, feuilles supérieures 
connées-perfoliées. (Voyez notre Atlas, pl. 99, 
fig. 3. 

Lonicère PÉRICLYMÈNE , Lonicera , periclyme: 
num, L. Tête de fleurs ovales, imbriquées , ter 
minales ; feuilles toutes distinctes à leur base. 
Fleurs d’un rcuge purpurin, mêlé de jaune. 


S IL. Tige non volubile. 


CnamécemsieR DES Pyrénées, Lon. pyrenaïca , 
L. Petites feuilles d’un vert glauque; fleurs d’un 
blanc un peu rosé, 

CuamËcEemsi£R xxLosr£oN, Lon. æylosteun, L, 


CHEV 


Pédoncules biflores; baies réunies, digynes; 

feuilles ovales-lancéolées, 

« Les bergers des Pyrénées aiment à sucer le 

tube du Chèvre-feuille , qui a un goût sucré. 
Pour ce qui regarde le genre Gamerisier ; voy, 


tom. 1, pag. 605 et 606. 
| (G. 4.) 
CHEVRETTE. (crusr.) C’est le nom vulgaire 


de divers petits crustacés que l’on mange sur nos 
côtes et à Paris, et qui appartiennent aux genres 
Par£mon et Cranaow. 7”, ces mots.  (Gu£r.) 

" CHEVROLLE, Caprella. (crusr.) Ge genre, 
établi par Latreille, appartient à l’ordre des Iso- 
podes, section des Gistibranches. Ses caractères 
génériques sont les suivans : quatre antennes dont 
les supérieures plus longues ; leur dernière pièce 
composée de très-petits articles nombreux ; deux 
yeux sessiles composés; corps allongé, linéaire 
ou filiforme, divisé en articles inégaux; queue 
très-courte; dix pattes unguiculées, à paires dis- 
posées en une série interrompue. 

Ces crustacés sont tous marins; ils sont de 
très-petite taille, et on les trouve communément 
sur les plantes marines. Quand les Chevrolles 
marchent sur ces plantes, elles ressemblent un 
peu à des Chenilles arpenteuses ; elles nagent en 
courbant et redressant alternativement les extré- 
mités de leur corps. Dans tous les mouvemens 
leurs antennes sont vibrantes. 

On connaît quatre ou cinq espèces de ce genre; 
elles sont toutes propres à nos mers. La plus com- 
mune est la CHE vroLLE LINÉAIRE , Caprella linearis, 
Latreille, figurée grossie dans notre Atlas, p. 101, 
fig. 1. Elle est longue de cinq à six lignes, d’un 
blanc jaunâtre rosé, un peu transparente. On la 
trouve dans les mers du Nord. (GuËr.) 

CHEVROTAIN, Moschus. (mamm.) Ce genre 
appartient à la famille des Ruminans sans cornes. 
Les espèces qu’il comprend ont toutes trente-qua- 
tre dents (2 incisives, canines, longues , sor- 
tant de la bouche, et — molaires). Leurs pieds 
sont bisulques ; leurs poils courts, durs et cassans ; 
leurs mamelles inguinales et au nombre de deux. 
Ces animaux sont très-remarquables par leur élé- 
gance et leur légèreté. Ils sont herbivores et res- 
semblent par leurs formes générales aux Antilo- 
pes; mais ils n’ont point de larmiers, non plus 
que de cornes, ce qui les rapproche des Cha- 
meaux avec lesquels ils diffèrent cependant par 
la formule dentaire, la disposition de leurs doigts, 
ainsi que l’abscence de loupes graisseuses et de 
callosités, Il paraît qu’on ne les trouve que dans 
l’Inde, et que ceux que l’on a indiqués en Amé- 
rique et en Afrique sont d’un autre groupe. 

Parmi les espèces bien authentiques que l’on 
connaît parmi les Chevrotains, la plus intéressante 
est certainement celle du Ponre-musc, Moschus 
moschiferus. 

Cet animal est grand comme un Chevreuil, sa 
queue est très-courte el son corps couvert d’un 
poil si gros et si court, qu’on pourrait presque lui 
donner le nom d’épines; mais ce qui le fait sur- 
tout remarquer, c’est une poche située en avant 


140 


CHEV 


du prépuce du mâle, et qui se remplit de cette 
substance odorante si recherchée en médecine et 
en parfumerie, sous le nom de Musc. (77. ce mot.) 

Le Porte-muse habite le royaume de Boutan et 
de Turquie, la Chine, la Tartarie chinoise et 
quelques provinces de la Tartarie moscovite. Il vit 
solitaire et ne se plaît que sur les montagnes les 
plus hautes et les rochers escarpés ; quelquefois il 
descend dans les vallées. C’est un animal très- 
agile et qu'il est assez difficile de prendre. Le rut 
commence dans le mois de novembre et se pro- 
longe jusqu’en décembre. Dans quelques endroits 
on mange les jeunes individus. Cette espèce offre 
plusieurs variétés ; la plus curieuse est la variété 
Albine , laquelle ne se trouve que dans certaines 
localités. C’est au Thibet et au Tunquin qu’existent 
les meilleurs Porte-musc. Dans le Nord, leur pro- 
duit est presque sans odeur. 

Les autres Chevrotains n’ont point de bourse à 
musc, ils appartiennent plus exclusivement aux 
contrées chaudes de l'Asie et aux grandes îles des 
mers voisines. 

CnEvROTAIN MEMINNA, Mosch. meminna, Exrl. 
Cet animal est le Ch. à peau marquée de taches 
blanches , dont parle Buffon, t. xur, p. 315 , et le 
Meminna ou Ch. de Ceylan du même auteur, 
Suppl. , t. 111, p. 102. Ilest long de dix-sept pou- 
ces , a les oreilles longues, la queue très-courte 
et le corps gris olivâtre en dessus, avec des taches 
rondes et blanches sur les flancs ; les parties infé- 
rieures sont blanches. On trouve le Meminna dans 
l’île de Ceylan. 

CnevroraIN DE JAVA , Mosch. javanicus , Pal- 
las. Celui-ci n’est pas plus grand qu’un lapin. Son 
pelage est brun ferrugineux en dessus, ondé de 
noir, sans aucune tache sur les flancs, seulement 
il présente sur la poitrine trois bandes blanches 
placées en long. Le bout du nez est noir. Ge Che- 
vrolain n’a été trouvé qu’à Java. M. Laurent a re- 
connu chezluil’existence d’une pièce osseuse re- 
couvrant les muscles de la région lombo-sacrée 
et remplaçant leur aponévrose; il la considère 
comme analogue à l’aponévrose des muscles cro- 
taphytes qui peut aussi comme elle se montrer à 
l’état osseux; exemple : la Tortue. 

CuevroraIN Napu, Mosch. napu , F. Cuvier, est 
Jong de vingt pouces et haut de treize; sa queue 
a deux ou trois pouces; elle est blanche en des- 
sous et à la pointe; corps épais, à pelage brun, 
mélangé irrégulièrement de reflets gris noirâtres 
ou fauves ; sur le poitrail, qui est brun foncé, se 
dessinent cinq bandes blanches linéaires et con- 
vergentes. Le Napu se trouve à Sumatra et à Java. 
Il a été considéré à tort par M. Raffles comme 
étant le Chevrotain de Java décrit par Buffon. 

CnevroTaIN krANCHIL, Mosch. kranchil, Rafiles, 
est plus petit que le précédent ; il n’a que quinze 
pouces de long et neuf ou dix de haut. Son pelage 
est d’un brun rouge foncé, presque noir sur le 
dos et d’un bai brillant sur les flancs ; le ventre et 
le dedans des membressont blancs; il y atrois raies 
sur la poitrine, comme dans le Napu, mais elles 
n’ont pas la même disposition, Le Kranchil habite 


PL. zo1 


TASSS 


RE<I 
DK 
RS 


1 Chevrolle. 2.Chevrotain 


6 Chiasognathe ù 


Æ. Cuerin du: 


EEE 


CHIA 


141 


CHIA 


——— —————— 


Java ; sa nourriture se compose de fruits et entre 
autres de ceux du Gmelinia villosa. Il est très-rusé, 
aussi les Javans disent-ils , en parlant d’un voleur 
habile, qu’il est rusé comme un Kranchil. 

CHEVROTAIN PYGMÉE , Moschus pygmaæus, figuré 
dans notre Atlas, pl. 101, fig. 2.Ge joli Ghevrotain, 
dont Buffon a parlé dans le t. x11 de son Histoire 
des animaux, est le plus petit de tous les Rumi- 
mans; il n’atteint pas même la taille du lièvre. Il 
ressemble, par la grâce et la légèreté de ses pro- 
portions, à un petit cerf, dont il a aussi les Jambes 
et la queue ; ses yeux sont grands ; son nez aussi 
avancé que sa lèvre supérieure, ce qui le distim- 
gue des chèvres et des gazelles et sa couleur est 
d’un roux sombre en dessus, plus clair ou fauve 
sur les côtés, avec les parties inférieures et la face 
interne des membres d’un blanc plus ou moins 
pur. Les canines sont longues, aplaties sur les 
côtés, dirigées obliquement et recourbées en ‘ar- 
rière ; elles sortent de la bouche. Les habitudes de 
ce joli petit animal sont encore peu connues ; on 
assure qu'il se trouve en Guinée et dans quelques 
parties de l'Inde; il est fort doux, assez com- 
mun et familier. Ses jambes'sont si fines, qu'après 
les avoir garnies d’or ou d'argent, on s’en sert 
comme de cure-dents. 

Suivant M. Temminck, le Chevrotain pygmée 
ne serait qu'un jeune âge d’un très-petit Antilope 
qu'il appelle Antilope spinigera, et qu'il dit des 
côtes de Guinée et de Loango. 

Le Moschus americanus, établi d’après Séba, 
n’est qu'un jeune ou une femelle d’un des Cerfs 
de la Guiane. Il en est de même du Moschus de- 
licatulus de Shaw, Schreb., 245, c’est le faon 
d’un autre Cerf d'Amérique. (Genv.) 

CHIASOGNATHE, Chiasognathus. (ins.) Genre 
de Coléoptères de la section des Pentamères , 
famille des Lamellicornes, tribu des Lucanides, 
établi par M. Stéphens et ayant pour caractères: 
premier article des antennes très-long ; labre dis- 
tinct ; mandibules ayant leurlobe terminal presque 
sétacé; palpes de quatre articles dont le premier 
très-court, le second très-long , et les deux der- 
niers, presque égaux, moyens ; lèvre membraneuse 
terminée par une languette bifide; palpes de 
trois articles augmentant en longueur du premier 
au dernier. Il serait peut-être possible de rappro- 
cher ce genre de celui de Pholidotus de Macleay, 
dont il ne paraît pas différer essentiellement. 

C. DE Granr, C. Grantiü. Long de 18 lignes, 
sans compter les mandibules qui ont autant de 
Tongueur ; entièrement brun, avec des reflets d’un 
vert doré métallique; les mandibules sont cam- 
» brées en dessus, finement dentées intérieurement, 

-se recourbent à leurextrémité, vers le côtéexterne, 
- ot se terminent par un petit crochet bien marqué ; 
de leur base partent en dessous deux autres bran- 
ches presque droites, dentées aussi intérieurement, 
aiguës , de la moitié en longueur des branches 
principales. Le premier article des antennes ’est 
aussi excessivement long ; le corselet est triangu- 
laire, et ses angles postérieurs contournés en 
avant sont beaucoup pluslarges que Jes élytres. 


On ne connaissait encore que le mâle, repré- 
senté dans notre Atlas pl. 100, fig. 3, et qui est 
fort rare; mais la femelle vient d’être aussi 
rapportée de Chiloé par M. le docteur Fontaine}, 
chirurgien de la marine. Elle a les mandibules 
très-courtes , comme les femelles de Lucanes, et 
ressemble beaucoup à ces insectes. Elle sera dé- 
crite et figurée dans le Voyage de M. d'Orbigny, 
dont la publication vient d’être ordonnée par le 
gouvernement. (A. P.) 

CHICHE , Cicer arietinum. (BoT. pran.) Tour- 
nefort s’est servi de cette plante que l’on trouve 
spontanée dans les moissons de l'Espagne, de 
l'Italie, de tout l'Orient ,'pour en faire un genre 
particulier , que tous les botanistes ont adopté et 
qui fait partie de la Diadelphie décandrie et de la 
famille des Légumineuses. Le pois Chiche sert 
comme aliment pour les hommes, dans tous les 
pays qui bordent la Méditerranée. C’est un usage 
qui leur a été transmis par les anciens Égyptiens 
et les Éthiopiens, qui furent leurs pères. Dans le 
Nord, il n’est généralement employé que comme 
fourrage , partout où on le cultive. La médecine 
regarde sa farine comme émolliente et résolutive, 
Anathème contre les misérables cafetiers qui font 
rôtir sa graine , la mettent à bouillir et ont l’au- 
dace d’en offrir la décoction en place de la li- 
queur divine qu’on obtient de la fève du caftier. 
Le pois Chiche est annuel, il porte en juillet des 
fleurs petites, violettes, quelquefois blanches, 
qui sont remplacées par une gousse enflée , rhom- 
boïdale, à deux semences. La conformité de la 
gousse avec la tête du belier, a fait donner à l’uni- 
que espèce du genre Chiche, l'épithète de Arieti- 
num, c’est du moins ce que nous apprend Pline 
le naturaliste, (T. ». B.) 

CHICORACÉES. (mor. Pnan.). Tribu de plan- 
tes de la vaste famille des Synanthérées, dont 
tous les genres qu’elle renferme ont des rapports 
immédiats avec celui de la Chicorée qui en fait 
partie. Les fleurs qu’elles portent, jaunes pour la 
plupart, seinomment aussi Gomposées. On appelle 
ligulée la forme de leurs corolles, et demi-fleurons 
les petites fleurs qui en sont pourvues. Les tiges 
contiennent un suc propre qui est laiteux. On di- 
vise les nombreux genres des Chicoracées en deux 
sections, suivant que le réceptacle est uni ou 
chargé de paillettes. La première contient : 1° les 
genres Arnoseris de Gærtner , Lampsana de Linné, 
et Rhagadiolus de Tournefort, qui n’ont point 
d’aigrette; 2°’ les genres Drepania de Jussieu et 
Hedypnois de Tournefort , lesquels sont munis 
d’une aigrette formée d’écailles ou d’arêtes; 


.8° des genres Apargia de Scopoli, Chondrilla , 


Crepis, Hieracium , Hyoseris, Lactuca, Leontodon, 
Pteris, Podospermum, Prenanthes, Sonchus et 
Tragopogon de Linné, elminthia de Jussieu , 
Krigia de Willdenow, Püicridium de Desfontai- 
nes, Scorzonera et Troximon de De Candolle, 
Taraxacum de Haller, Thrincia de Roth, Uro- 
spermum de Scopoli, ’irea d’Adanson, et Za- 
cintha de Tournefort, ayant une aigrette formée 
de poils. La seconde section présente six genres à 


CHIC 


142 


CHIE 


aigrette plumeuse, l’Achyrophorus de Gærtner ; 
V'Andryala, le Geropogon , l'Hypochæris, le Se- 
riola de Linné et de Jussieu , ainsi que le Rothia 
de Schreber, plus trois autres genres à aigrette 
formée d’arêtes ‘ou nulle, le Catananche, le Cicho- 
rium et le Scolymus de Linné. (T. ». B.) 
CHICORÉE, Cichorium. (B0T. PHAN.) Type de 
la tribu des Chicoracées, Ce genre fait partie de 
la famille des Synanthérées et de la Syngénésie 
égale ; il ne renferme que cinq espèces , dont deux 
sont généralement cultivées pour la nourriture de 
l’homme , pour celle des animaux domestiques et 
comme plantes médicinales. La première , la Car- 
CORÉE SAUVAGE, C.intybus, est une plante vivace 
qui rend un suc laiteux quand on l'entame. On la 
trouye communément partout, sur le bord des 
chemins, dans les champs; elle monte plus ou 
moins suivant le sol et la culture; d'ordinaire 
elle a trente-deux centimètres de haut, et arrive 
parfois à un mètre un quart, Sa racine est grosse, 
pivotante , fusiforme ; on la coupe par petits mor- 
ceaux que l’on torréfie , et réduits en poudre on 
les vend comme servant à faire une infusion ca- 
féiforme. La tige dure, flexueuse, rameuse, se 
couvre de longues et larges feuilles qui fournissent 
un fourrage précoce, sain, très-abondant durant 
huit mois de l’année , bon pour tous les bestiaux, 
el surtout convenable aux vaches auxquelles il 
donne la faculié de sécréter plus de lait. Le che- 
yal est le seul animal qui mange sans avidité ce 
fourrage en vert et en sec ; il s’en nourrit cepen- 
dant, Quand on cultive cette plante comme prai- 
rie, elle fournit quatre coupes dans l’année, on la 
sème à ceteflet en mars, en avril, en septembre 
eten octobre. Veut-on se servir des feuilles de Chi- 
corée sauvage pour salade verte, on sème plus 
souvent ses graines, et quand les plantes ont acquis 
de huit à dix centimètres de haut, on les coupe. 
La plante est alors appelée par les horticoles Pe- 
tite Cliicorée; elle est tendre et légèrement amère. 
Pour avoir des feuilles étiolées, plus ou moins 
longueset blanches, autrement pour avoir ce qu’on 
appelle assez bizarrement à Paris de la Barbe de 
capucin, et ailleurs des Cheveux de paysan, on éta- 
blit dans une cave, ou dans un cellier chaud et 
entièrement privé de lumière, une ou plusieurs 
couches de terre légère, sablonneuse , ou de fu- 
mier bien consommé , que l’on mouille au besoin , 
et sur lesquelles on place horizontalement , à plat 
et la tête en dehors, des racines de Chicorée se- 
mée dans l’année et que l’on recouvre ensuite 
d'une couche de pareille épaisseur de la même 
terre. La température égale et douce du lieu , l’ab- 
:sence totale des rayons solaires et du j jour, déter- 
minent les racines à pousser des feuilles traînan- 
tes , allongées , sans couleur ; quand elles sont ar- 
rivées à une certaine longueur , on enlève les ra- 
cines , on met en bottes = l’on porte au marché. 
L'on met aussi des couches de sable dans un ton- 
neau , assis sur l’un de ses fonds, les racines s’y 
placent en face de plusieurs ouvertures transver- 
sales pratiquées dans les douves du tonneau, les 
feuilles partent du collet, croissent dans une di- 


rection horizontale et on les coupe pour l’usage de 
la table. 

La seconde espèce est la CnicoR£E DES JARDINS, 
plus connue sous le nom d’'Exprve, C. indivia ; 
plante annuelle, que l’on dit nous être venue de 
l'Inde, et qui, au rapport de Forskael, est origi- 
naire de l'Arabie, où on la trouve spontanée et ser- 
vant de nourriture aux habitans des oasis. On 
en possède dans nos jardins. potagers plusieurs 
variétés intéressantes : la Frisce, dont la graine se 
conserve bonne pendant huit et neuf ans , on sème 
toujours la plus ancienne afin d’avoir des sujets 
plus fusés el de meilleure qualité ; l’Endive de 
Meaux, plus fortes moins découpée , réussissant 
en toule saison, pourvu que les années; soient un 
peu sèches, car les pluies abondantes lui sont 
très-contraires et la font monter très-vite ; la Cé- 
lestine, trop hâtive et trop délicate pour résister 
aux mauvais temps; la Aégente, d’un blanc par- 
fait : elle flatte le goût par sa douceur et sa ten- 
dreté; l’Endive d Lialieoula fine, qui réunit toutes 
les bonnes qualités, hors celle de se conserver 
aux plus légers froids; et la Scarolle ou Chicorée 
laitue, aux feuilles larges, cassantes et plus char- 
nues que celles des Endives proprement dites. 

On peut conserver confites l’Endive et ses va- 
riétés. Toutes se multiplient de graines que l’on 
sème depuis les premiers jours de juin jusqu’à 
la mi-juillet, selon le pays et le climat , en pleine 
terre, sur couches ou sur des ados. On les trans- 
plante sans couper leurs feuilles , comme le prà- 
tiquent certains horticoles et quelques maraîchers; 
on les arrose de temps à autre, et lorsque la re- 
prise est assurée et qu'elles ont cinquante centimè- 
tres de diamètre, on les lie avec des joncs , pour 
faire blanchir les intérieures, ce qui alieu en peu 
de jours. J’ai vu enterrer la tête et laisser la ra- 
cine en l'air, de cette sorte les feuilles blanchissent 
encore plus vite, mais elles sont très-sujettes à 
pourrir. 

Ciconke p'aiver. Nom vulgaire d’une Cré- 
PIDE , Crepis brennis. V, ce mot. (T. ». B.) 

CHIEN , Canis. (Mau. ). Le genre des Chiens 
comprend non-seulement les Chiens domestiques, 
mais aussi les Loups , les Renards, et quelques 
autres espèces moins connues; c’est un groupe 
fort naturel de carnassiers digitigrades qui a été 
admis par tous les auteurs; ilest surtout caracté- 
risé par des doigts au nombre de cinq aux pieds 
de devant, et de quatre seulement à ceux de der- 
rière ; les ongles ne sont point rétractiles, la lan- 
gue est douce, et les dents, au nombre de qua- 
rante-deux, sont distribuées ainsi qu'il suit : six 
incisives à chaque mâchoire, quatre canines en 
tout, et quatorze mâchelières, dont trois fausses 
molaires en haut, quatre en bas , et deux tuber- 
culeuses à chaque mâchoire, placées en arrière 
de la première vraie molaire , qui est la seule car- 
nassière. 

Les Chiens ontles sens assez déveioppés , leur 
odorat est très-fin, leur ouïe assez délicate et leur 
vue susceptible , chez quelques espèces, de s’exer- 
cer même pendant la nuit : c ’est ce qui a lieu : 


1. Chien de Bervger 3. Clien Courant. 
. V = 
2. des Alpes 4: de’ Terre-Neuve 


£,Cuerin dr 


CHIE 


143: 


CHIE 


principalement chez les Renards, dont la pupille 
est verticale. Le pelage est composé de poils soyeux 
et de poils laineux; il varie du roux au noir et au 
blanc chez quelques espèces ; il est très-moelleux 
et susceptible de fournir d'excellentes fourrures. 
M. Desmarest a remarqué, dans les variétés du 
Chien domestique , et dans quelques espèces sau- 
vages, que lorsqu'il existe du blanc à la queue , 
c'est toujours à son extrémité qu’il est placé. 

Les femelles sauvages éprouvent le besoin du 
ruten hiver ; elles portent trois mois , et quelque- 
fois davantage; chaque portée produit de trois à 
six petits, lesquels ont les yeux fermés lorsqu'ils 
viennent au monde, et n’ont pris leur entier dé- 
veloppement qu'à l’âge de dix-huit mois ou deux 
ans. La verge du sexe mâle est fort remarquable 
sous le rapport de sa conformation qui fait que 
l’accouplement se trouve prolongé, même après 
que l'acte générateur est accompli. Cet organe 
offre à son centre un os plus ou moins long, can- 
nelé, dont la cavité contient l’urètre. Autour de 
cet os se trouvent trois parties caverneuses ou 
érectiles distinctes : l'une appartient au corps de 
la verge ; la seconde forme le gland et l’urètre en 
avant , elle peut acquérir une dimension considé- 
rable durant l’éreclion ; la troisième est ce que 
l’on nomme le nœud de la verge, elle se gonfle 
pendant le coït, de manière à ce que son diamè- 
tre dépasse de trois fois celui de l’organe , et s’op- 

ose à la sortie de la verge. 

Tous les Chiens boivent en lapant ; ils sont loin 
d'avoir l'appétit carnivore des chats, il en est 
même qui peuvent se nourrir également de vian- 
des et de substances végétales. Les petites espèces 
paraissent plus carnassières que les grandes , elles 
sont aussi plus rusées et plus courageuses; les 
autres trouvant moins à satisfaire leur faim , sont 
souvent obligées de se rabattre sur les fruits et les 
racines, et lorsqu'elles mangent de la chair, ce 
n’est guère que celle de quelque charogne: ilestrare 
qu’elles attaquent une proie vivante, et lorsqu'elles 
le font, c’est après s’être réunies en troupes. 

Le genre Canis comprend un assez grand nom- 
bre d'espèces qui sont répandues aussi bien dans 
l'ancien monde que dans le nouveau, on en a 
même trouvé dans quelques parties de l’Australa- 
sie, mais on s'accorde aujourd’hui à considérer 
ces derniers comme de simples variétés du Chien 
domestique , et non comme des espèces distinctes. 
“ Une espèce qui diffère des autres par son sys- 
“ième digital semblable à celui des hyènes, c’est- 
à-dire à quatre doigts devant et derrière. On peut 
établir pour elle un petit sous-genre. Un second 
‘sous-genre comprend les Chiens qui ont cinq doigts 
aux pieds de devant. 


I Sous-genre. — Chiens à pieds de hyènes. 


- Ils n'ont, comme nous l’avons dit, que quatre 
doigts à tous les pieds. On n’en connaît qu’une 
seule espèce, c’est le Gien PEINT, Can. pictus, 
Desm., yæna picta de Temminck, qui habite le 
midi de l'Afrique. Cet animal, de la taille du Loup 
commun , a le pelage varié de taches de différen- 


tes couleurs : celles-ci sont disposées par plaques 
noires , brunes , rousses ct blanches. La queue 
est touffue et blanche à sa pointe, elle descend 
jusqu'aux talons. 

Les Chiens peints vivent par troupes nombreu- 
ses , ils se nourrissent de proie qu’ils prennent à la 
chasse. 


Ile Sous-genre.— Chiens à pieds antérieurs penta- 
dactyles et pieds postérieurs tétradacty les. 


Nous les partageons, avec M. Fréd. Cuvier, 
en deux sections, suivant qu'ils ont les pupilles 
rondes ou verticales : ce sont les Chiens propre- 
ment dits et les Renards. 

+ Chiens proprement dits. 

Ils ont la pupille arrondie et sont généralement 
diarnes. Leur queue n’est point touffue comme 
celle des Renards. C’est à celte section qu’appar- 
tient le Chien domestique. 

CHIEN DOMESTIQUE, Can. familiaris, L. Cette 
espèce a pour caractères : la queue recourbée en 
arc et se redressant plus ou moins; tantôt inflé- 
chie à droite, tantôt infléchie à gauche ( cette 
dernière direction, que Linné avait cru se trouver 
chez tous les Chiens, et dont il s’était servi pour 
caractériser l'espèce, caudé sinistrorsüm recurvatä, 
existe bien dans un grand nombre de ces animaux, 
mais, comme il est facile de s’en assurer, elle est 
loin d’être générale); le museau plus où moins 
allongé ou raccourci; le pelage trés-varié pour la 
nature du poil et pour les teintes, à cela près 
que toutes les fois que la queue offre une couleur 
quelconque et du blanc, ce blanc est terminal. 

Ces animaux entièrement voués à notre espèce, 
et dont le type sauvage ne paraît plus exister au- 
jourd’hui, ont été trouvés avec l’homme dans tous 
les lieux où celui-ci a pénétré ; mais le climat, la 
manière de vivre et une foule d’autres circonstan- 
ces les ont fait varier à l'infini , de telle sorte qu’on 
en compte aujourd’hui plus de cinquante races 
ou sous-races distinctes , diférant entre elles sous 
les divers rapports de la taille, du pelage et aussi 
de l'intelligence et des mœurs. 

T'aille examinée chez les diverses races. C’est 
surtout sous ce point de vue qu'il existe entre les 
Chiens de nombreuses différences. La taille ordi- 
naire est de deux pieds et demi environ de lon- 
gueur, non compris la queue ; c’est le milieu entre 
celle du Loup et du Chacal; mais elle peut aller 
beaucoup au dessus, s'élever, par exemple, comme 
dans le grand Chien de montagne , à quatre pieds 
un pouce, et descendre au contraire à un pied 
deux pouces dans le petit Danois, etmême à onze 
pouces quatre lignes, comme on le voit chez les 
plus petits Epagneuls. Il est à remarquer qu’il 
existe souvent, entre des Chiens de races très-voi- 
sines, des différences fort considérables, comme 
entre le grand et le petit Lévrier, le grand et le 
petit Danois. « Ge fait, dit M. Isidore Geoffroy 
» (Mém. sur les variations de la taille), est la plus 
» forte preuve que l’on puisse donner pour établir, 
»san$ entrer dans la question encore irrésolue et 
»peut-être insoluble de l’unité spécifique des di- 


CHIE 


»verses races de Chiens, que leurs variations de 
» taille prises dans leurs limites extrêmes, sont, au 
»moinsen partie, de véritables anomalies non seu- 
» lement par rapport à l’ordre normal actuel, mais 
» par rapport au type spécifique primitif. En effet, 
» que tous les Chiens domestiques descendent uni- 
» quement du Loup, du Ghacal, du Renard ou detout 
» autre Canis, ou qu'ils soient des races bâtardes 
»nées du croisement de deux ou de plusieurs de 
»ces espèces, on ne pourra guère se refuser à 
» admettre que deux variétés très-différentes par 
» leur taille, mais entièrement semblables par leur 
» organisation , aient une origine commune. » 

Tête. Après la taille, les différences les plus 
marquées existent dans les formes de la tête. 
Lorsqu'on regarde celle du Chien de la Nouvelle- 
Hollande, qui peut être considéré comme un 
des Chiens les plus rapprochés du type de 
espèce ; lorsqu'on regarde, dis-je , la tête de ce 
Chien et qu’on la compare à celle du Lévrier et à 
celle du Dogue, on voit qu’elle forme le milieu 
entre les deux, mais que celles-ci ont subi une 
modification tellement grande, que la série des 
mammifères domestiques n’en offre aucun autre 
exemple. D’autres fois la disproportion est dans 
June des deux mâchoires qui peut être beau- 
coup plus avancée que l’autre; ordinairement c’est 
la mâchoire inférieure qui est la plus considérable, 
mais quelquefois aussi c’est la supérieure, comme 
nous l'avons vu nous-même, qui s’allonge. Une 
tête de celte sorte nous a été communiquée par 
M. Isid. Geoffroy, et ce qu’il y a de remarquable, 
c'est qu'elle appartient à une race de Ja famille 
des Doguins qui ont tous les mâchoires fort rac- 
courcies. 
 Doigts. En général, les Chiens ont tous, comme 
les espèces sauvages du genre, cinq doigts aux 
pieds de devant et quatre à ceux de derrière, réu- 
nis par une membrane qui s’avance jusqu’à la 
dernière phalange, et de plus le rudiment d’un 
cinquième os du métatarse qui ne se montre point 
à l’extérieur. Mais chez quelques races, et princi- 
palement chez les Dogues, ce cinquième doigt 
rudimentaire est susceptible de prendre un déve- 
loppement anormal, et de se montrer à l’exté- 
rieur comme un véritable doigt ; les quatre mem- 
bres sont alors pentadactyles. D’autres fois l’a- 
nomalie polydactyle est plus grande encore, et au 
lieu d'un cinquième doigt seulement , il s’en 
développe un sixième. Cette disposition peut se 
transmeltre par voie de génération. 
| Queue. Il est difficile d'établir exactement les 
caractères ostéologiques de cet organe chez le 
Chien domestique, le nombre des vertèbres qui 
le composent n'étant point constant dans l’espèce, 
ni même dans chaque race en particulier. Celui 
qu’on rencontre le plus communément est de dix- 
huit, mais il peut s'élever beaucoup au dessus et 
descendre aussi plus bas, On assure qu'il y a cer- 
tains Chiens qui n’ont jamais plus de trois ou 
quatre vertèbres coccygiennes, 

Sens. Tous n’ont point été influencés par la do- 
mesticité: ainsi celui de la vue n’a subi aucune mo- 


144 


CHIE 


dification apparente ; l’ouïe a plus souffert, prin- 
cipalement dans sa partie externe, la conque, qui 
est tantôt courte, tantôt fort allongée, terminée 
en pointe ou arrondie, droite, mobile ou tom- 
bante. Le nez, qui est le siége ‘de l’odorat, nous. 
offre aussi quelques particularités. Certaines races: 
présentent un allongement considérable dans les 
os qui le composent , et conséquemment dans les 
cornets que ces os renferment. Cependant cette 
augmentation n’a pas toujours accru la sensibilité 
de l’odorat, etle Lévrier, qui a le nez plus allongé 
qu'aucune autre race, paraît avoir ce sens moins 
fin que les autres : cela tient vraisemblablement 
aux différences d’étendue des sinus frontaux, car 
les cornets sont comme dans les autres races. 
Un des changemens les plus remarquables qu’aient 
éprouvés le nez et la bouche de certains Chiens, 
c'est le raccourcissement extrême de ces parties 
et l’allongement des lèvres ; c’est ce que l’on re- 
marque chez les Dogues. Dans quelques races de 
cette famille, il existe un sillon profond qui est 
venu séparer la lèvre supérieure et les narines. 

Les organes de la génération et ceux qui en dé- 
pendent ont aussi été accessibles aux causes de 
modification , mais d’une manière moins évidente. 
L'activité des organes sexuels aété amoindrie dans 
quelques races, dans d’autres au contraire elle 
s’est accrue sous l'influence d’une nourriture 
abondante, et le plus grand nombre des variétés 
de nos climats peut s’accoupler aux différentes 
époques de l’année. Le nombre des mamelles a aussi 
été altéré. Généralement les Chiens en ont cinq 
de chaque côté , au tolal dix, dont quatre sont 
pectorales et six abdominales ; mais, comme le 
fait remarquer Daubenton , il y a de grandes va- 
riétés : sur vingt et un Chiens que le célèbre col- 
laborateur de Buffon a examinés, il ne s’en est 
trouvé que huit qui eussent cinq mamelles de 
chaque côté; huit autres n’en avaient que quatre 
à droite et autant à gauche; deux autres , ‘cinq 
mamelles d’un côté et quatre de l’autre; et enfin 
les trois autres Chiens avaient quatre mamelles 
d’un côté , et seulement trois de l’autre. 

Si l’on recherche l'époque à laquelle le Chien 
a été réduit en domesticité, on reconnaît d'abord 
qu'il n’est pas possible de l'indiquer d’une ma- 
nière précise ; mais on se convainc facilement que. 
cette époque doit remonter aux commencemens 
de la civilisation, et que le Chien doit avoir été 
le premier animal domestique. «Comment l’hom- 
me, dit Buffon, aurait-il pu, sans le secours du: 
Chien , conquérir, dompter, réduire en esclavage 
les autres animaux ? Comment pourrait-il encore 
aujourd'hui découvrir, chasser, détruire les bêtes 
sauvages el nuisibles? Pour se mettre en sûreté, 
et pour se rendre maître de l'univers vivant , il a 
fallu commencer par se faire un parti parmi les 
animaux, se concilier avec douceur et par cares- 
ses ceux qui se sont trouvés capables de s'attacher 
et d’obéir, afin de les opposer aux autres. Le pre- 
mier art de l’homme a donc été l’éducation du 
Chien, et le fruit de cet art, la conquête et la pos- 
session paisible de la terre. » 

Après 


LA 


RS 


CHIE 


145 


CHIE 


Après qu’on s’est demandé l’époque à laquelle 
le Chien fut rendu domestique, il est naturel de 
s’enquérir aussi de l'espèce sauvage à laquelle il 
appartient; mais cetle question est encore plus 
insoluble que la première, aussi les opinions des 
différens auteurs varient-elles considérablement. 
C’est ainsi que, suivant quelques uns, le Chien 
descendrait d’une espèce aujourd’hui détruite ou 
bien encore inconnue, tandis que, suivant d’au- 
tres, il proviendrait du Loup ou bien du Chacal. 
On ne pourra d’ailleurs espérer de faire sur ce 
sujet quelque hypothèse approchant de la vérité 
qu'après que l’on aura étudié plus sérieusement 
les mœurs des Chiens qui vivent en liberté. Ceux- 
ci, en effet, éloignés de toutes les causes modifi- 
catrices, pourront, s'ils se trouvent sur quelque 
terre analogue à leur solnatal, se rapprocher, par 
leurs formes et leurs habitudes, de l'espèce qui leur 
a donné naissance. ‘ 

La domesticité n’a pas fait varier le Chien sous 
le seul point de son organisation, elle a produit 
aussi des changemens fort notables dans son in- 
telligence et ses mœurs. Suivant les diverses con- 
trées , cet animal se nourrit de chair qu’il prend 
vivante et qu'il chasse, ou bien de charogne; 
quelquefois il se contente de frnits et de sub- 
stances végétales. « [Il mange, comme le dit » Lin- 
» né, de la chair des charognes ou des végé- 
»taux farineux, mais non des légumes ; il digère 
» les os. » Dans quelques localités, au contraire, où 
les oiseaux et les mammifères sont plus rares, il 
se rabat sur les reptiles et les poissons, ce qu'il ne 
ferait point partout ailleurs, 

L'intelligence du chien a subi, depuis que cet 
animal est associé à l'homme, des perfectionne- 
mens bien remarquables; ses affections sont de- 
venues plus tendres et ses sentimens plus nom- 
breux. Il a su se prêter aux diverses circonstances 
qui l'ont environné; ici chasseur, il est dans un 
autre endroit pêcheur ou guerrier ; ailleurs il est 
devenu berger. « Plus docile que l'homme, a dit 
» Buffon , plus souple qu'aucun des animaux , non 
» seulement le Chien s’instruit en peu de temps, 
» mais même ilse conforme à toutes les habitudes 
» de ceux qui lui commandent; il prend le ton de 
»la maison qu’il habite; comme les autres do- 
» mestiques , 1l est dédaigneux chez les grands et 
»rustre à la campagne... Lorsqu'on lui a confié 
» pendant la nuit la garde de la maison , il devient 
»plus fier et quelquefois féroce ; il veille, il fait 
» la ronde, il sent de loin les étrangers, et pour 
»peu qu'ils s'arrêtent ou tentent de franchir les 
» barrières, il s’élance, s'oppose, et par des aboie- 
» mens réitérés, des efforts et des cris de co- 
»lère , il donne l’alarme , avertit et combat. » 

i Ces animaux sont certainement plus intelligens, 
plus civilisés, si l’on peut se servir de cette ex- 
pression , chez les peuples éclairés que chez ceux 
qui sont encore dans la barbarie; dans le premier 
cas ils sont susceptibles d’une éducation plus va- 
riée, ils sont plus dévoués à leur maître leurs 
races sont aussi plus nombreuses; les seconds, 
féroces et presque sauvages encore, n’ont pour 


Tows Il, 


99° Livraison. 


les hommes aucun attachement ; ils vivent pêle- 
mêle avec ces malheureux, partagent leur nourri- 
ture ou plutôt la leur dérobent , mais ils les aident 
rarement à la conquérir. 

« Le Chien, dit Linné dans son langage admi- 
» rable de concision , est le plus fidèle de tous les 
» animaux domestiques ; il fait des caresses à son 
» maître , il est sensible à ses châtimens ; il le pré- 
»cède, se retourne quand le chemin se divise ; 
» docile, il cherche les choses perdues, veille la 
» nuit, annonce les étrangers , garde les marchan- 
» dises, les troupeaux, les rennes, les bœufs, les 
»brebis, les défend contre les lions et les bêtes 
» féroces, qu’il attaque ; il reste près des canards, 
» rampe sous le filet de la tirasse , se met en arrêt 
» et rapporte au chasseur la proie qu’il a tuée, sans 
»l’entamer. En France, il tourne la broche, en 
» Sibérie on l’attelle au traîneau; lorsqu'on est à 
»table, il demande à manger; quand il a volé, il 
» marche la queue entre les jambes , il grogne en 
» mangeant ; parmi les autres Chiens il est tou- 
» jours le maître chez lui ; il n’aime point les man- 
» dians , il attaque sans provocation ceux qu'il ne 
» connaît pas. » Ges quelques lignes de l’Aristote 
suédois sont remarquables par le nombre de faits 
curieux qu’elles rappellent ; c’est ce qui nous a en- 
gagé à les rapporter ici. 

Les Chiens sont généralement très-portés à 
l'acte générateur, et la plupart des variétés domes- 
tiques de nos contrées peuvent s’y livrer dans toutes 
les saisons de l’année; cependant ils ne s’accou- 
plent guère qu’à certaines époques, deux fois par 
an, en hiver et en été; les mâles sont cruels envers 
leurs rivaux, ils les battent avec violence; les fe- 
melles peuvent s’accoupler avec plusieurs mâles 
successivement ; elles restent avec chacun d'eux 
beaucoup plus long-temps que les autres animaux, 
ce qui tient à la conformation de la verge. Voyez 
cequiaété dit, en commencant les généralités surle 
genre. La gestation dure soixante-trois jours, et cha- 
que portée produit depuis quatre ou cinq petits 
jusqu'à dix et douze. Ceux-ci naissent les yeux 
fermés et ne voient la lumière qu’au bout d’une 
douzaine de jours. Les Chiens, quoique très-ardens 
en amour, ne laissent pas de durer ; il ne paraît 
pas même que l’âge diminue leur ardeur; ils s’ac- 
couplent et produisent pendant toute la vie, qui 
est ordinairement bornée à quatorze ou quinze 
ans, quoiqu'on en garde quelques uns jusqu’à vingt. 
On peut connaître l'âge de ces animaux en exami- 
nant leurs dents, qui dans la jeunesse sont blan- 
ches, tranchantes et pointues, et qui, à mesure 
qu'ils vieillissent, deviennent noires, mousses ef 
inégales : on le connaît aussi par le poil, car il 
blanchit sur le museau , sur le front et autour 
des yeux lorsqu'ils commencent à se faire vieux. 
La mort, qui n'arrive ordinairement qu'après la 
vieillesse, est souvent précédée de la décrépitude 
ou de quelques maladies, telles que la gale, les 
rhumatismes, etc. Quelquefois ces animaux de- 
viennent excessivement gras, c’est ce qui arrive 
lorsqu'ils ont trop de nourriture et pas assez 
d'exercice. Dans leur jeune âge ils sont toujours 


29 


CHIE 


ourmentés par un mal qui en ‘emporte un;grand 

-nombre: cemalest connusous lemom,de maladie 

des Chiens; ‘il paraît4enir à uni état particulier 

des organes cérébraux. Les Ghiens sont ;aussi fort 

sujets au tænia, mais il est rare qu’ils périssent 
ar cette cause. 


Les Chienssauvages, quélonnomme aussi Chiens 


marrons, ont été trouvés dans diverses localités. 
Il y.en aen Amérique; on en a vu aussi en Afrique, 
au Congo;-et dans quelques parties de l'Amérique, 
ils descendent tous d'individus anciennement do- 
mestiques etquiont reprislaviesauvage. [ls se lien- 
ment par troupes nombreuses, et ne craignent 
point d'attaquer des animaux d’une grande taille, 
même de grands carnassiers et souvent l’homme. 
Hs sont surloutcommunsen Amérique. On trouve 
aussi dans ce continent plusieurs races domes- 
tiques. Ces animaux ont été, comme.on le sait, 
les auxillaires des Espagnols dans leurs expéditions 
militaires au Nouveau-Monde. Colomb est le pre- 
mier qui les ait employés. À sa première affaire avec 
les Indiens, sa troupe se composait, comme nous 
l’apprennent ses mémoires, de deux cents fantas- 
sins, vingt cavaliers et vingt limiers. Les Chiens 
furent ensuite employés dans la conquête des dif- 
férentesparties delaterre ferme, surtout au Mexique 
et dans la Nouvelle-Grenade, et dans tous les 


points où la résistance des Indiens fut prolongée. | 


Le Chien existe aujourd’hui dans une grande par- 
tie de l'Amérique; on s'est assuré que ses facultés 
sont plus ou moins nombreuses, selon que le 
peuple avec lequel il se trouve est plus ou moins 
avancé.en civilisation. 

Nous allons maintenant étudier les diverses 
races qui composent l'espèce du Chien domesti- 
que; nous suivrons le travail de M. Fréd. Guvier, 
qui est le plus complet et le plus avancé que la 
science possède aujourd'hui. Ge savant naturaliste 
admet trois familles principales dans lesquelles les 
nombreuses races viennent prendre place, äl les 
caractérise, comme nous le verrons, parla forme de 
leur tête : ce sont les Mâtins , les Epagneuls et les 
Dogues. 

I. Les Marins. Ont la tête plus ou moins allongée 
et les pariétaux tendant à se rapprocher , mais d'une 
manière insensible, en s’élevant au dessus des tempo- 
raux ; condyle de la mächoire inférieure sur la même 
ligne que les dents molaires supérieures, 

r A. Cri pe La Nouvel - Horranne, Canis 
familiaris Æustralasie , dont quelques auteurs ont 
fait uneespècedistincle, est cerlainement une va- 
riété appartenant à la famille des Mâuns. Il a 
la tailleet les proportions du Chien de berger, 
avec la tête du Mâtin: son pelage est très-fourni 
et sa queue assez touflue, Le-dessus du cou, de 
la tête et du dos ainsi que la queue sont fauve 
foncé ; le dessous du cou.et la poitrine sont plus 

âles; le museau et la face interne des membres 
sont blanchâtres. Longueur du corps depuis le 
bout du museau jusqu’à l’origine de la queue, deux 
pieds cinq pouces. 

On a vu à Paris un Chien de cette race, il avait 
été rapporté du-Port-Jakson par Péron et Lesueur. 


a46 


CHIE 


Ses mouvemens.étaient très-agiles ,.et son activité, 
Jorsqu’on le laissait libre, était fort grande. Sa 


force musculaire,surpassait celle des,autres Chiens 
de même taille, et il.était d’un tel courage qu'il 
atlaquait sans la moindre hésitation les Chiens 
les plus vigoureux; on l’a vu plusieurs fois, dans la 
ménagerie de Paris ,où on le tenait, se jeter en 
grondantsur les grilles au travers desquelles il 


-apercevait une panthère, un jaguar ou un ours, 


lorsque ceux-ci avaient J’air de le menacer. Bien 
différent de nos Chiens domestiques, le Chien 
de la Nouvelle-Hollande n’avait aucune idée ‘de la 
propriété de l’homme ; il ne respectait rien de ce 
qui lui convenait: il se jetait avec fureur sur la 
volaille, «et semblait ne s'être jamais reposé que 
sur lui-même du soin de se nourrir. Voyez pour 
plus de détails une motice insérée par M. Fréd. 
Cuvier dans ses Suites à Buffon. 

Ces Chiens, qui appartiemnent à quelques mal- 
heureuses peuplades de la N ouvelie-Hollande, sont 
une preuve de plus qui nous montre combien Ja 
civilisation de l’homme a ‘eu d'influence sur l’in- 
telligence et le moral de ces animaux; habitant 
avec des nations encore barbares, ils sont aussi 
rapprochés qu’elles de l'état de nature; leur ça- 


ractère est indocile, féroce même, et s'ils poursui- 


vent une proie ce n’est qu'autant qu'elle doit leur 
appartenir. 

B. Curen maux, C. f. lanarius. Get animal tient 
le premier rang parmi les Chiens de force; on 
l'emploie principalement à la garde de la maison 
et du gros bétail. Il a beaucoup d'intelligence , est 
fort et courageux, et se bat volontiers contre les 
loups. On peut le dresser à la chasse et on le 
destine principalement à poursuivre Jes sangliers. 
Suivant Buffon, <e Chien, naturel aux régions 
tempérées , à donné naissance à la race du grand 
Danois lorsqu'il a été transporté dans le Nord, et 
à celle du Levrier, après s'être acclimaté dans le 
Midi; accouplé avec le Dogue, il aurait , suivant 
le même auteur , produit le Dogue de forte race. 
On le trouve principalement en France. 

B'.On range à Ja suite du Chien mâtin comme 
autant de races distinctes : 

Le:Cniex pe L'Hymaraya, C. hymalayensis, qui 
a la tête allongée, le museau aigu et les oreilles 
dressées et pointues. Son pelage est composé de 
deuxsortes de poils, les uns soyeux qui sont bruns 
et les autres laineux dont la couleur est cendrée : 
deux taches noirâtres existent sur les oreilles et 
une de couleur cendrée se trouve sous la gorge; la 
queue est touffue. 

Le-Cnien sAUvAGE pe SumaTRA, €. sumatrensis. 
Il a le nez pointu, les yeux-obliques, les oreilles 
droites et la queue pendante, très-touffae, plus 
grosse au milieu jusqu'à son origine ; le pelage est 
d’un roux ferrugineux , plus clair sur le ventre. 

Le Cuiex qu«0, Can. quao. Il habite les mon- 
tagnes de Ramghur dans l'Inde; c’est une variété 
peu connue et qui paraît se rapprocher beaucoup 
de la précédente, seulementsa queue est plus noire 
et ses oreilles moins arrondies. 

Le Caen pe ma Nouveze-IRLanre, Can. Novæ 


| 
| 
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CHIE’ 


1471 


'CHIE 


Hiberniæe: Get animalest de moitié plus petit:que 
celui de: la Nouvelle:Hollande, ‘son museau est 
plus aigu;: il a les oreilles droites, pointues et 
courtes, les jambes: grêles et le poil ras de cou- 


leur brune ou fauve. Il est hardi et courageux , et: 


mange de tout, mais principalement des poissons 
qu'il'va lui-même pêcher ; les naturels de la Nou- 
velle-frlande le nomment Poull, etise nourrissent 
de’sa! chair. On'doit la connaissance de cette va- 
riété à M: Lesson qui l’a décrite dans son Complé- 
mentaux œuvres de Buffon. 

C. Gnien Danois, C. f. danicus. Il diffère du 
Mâtin par un corps et des membres plus fournis, 
là longueur de son corps est! de trois pieds six 
pouces. Ses: habitudes sont analogues à: celles du 
Mâtim; il est également bon pour la garde; 
an l’emploie à la chasse; on le fait souvent courir 
dévant les équipages. Ù 
k D: Curen LÉvRIER, C. f. grajus, dont on voit 
une belle figure dans l'Histoire des inammifères de 
M: FE. Guvier, est de tous les Chiens celui qui est 
le plus remarquable par l’allongement de: ses for- 
mes. , Son: museau est fort aigu et son front sur- 
abaissé; ce qui est causé par l’oblitération des 
sinus frontaux ; la couche graisseuse sous-cutanée 
est presque nulle et les muscles se dessinent au 
dehors. 

Les Lévriers varient pour la couleur ainsi que 
pour la nature du pelage et la taille’, ils sont re- 
marquables par leur grande agilité, aussi les em- 
ploie-t-on souvent à la chasse. Un instinct parti- 
culier lès porte à courir les lièvres et les lapins, 


éducation doit donc consister à corriger ce défaut. 
Ils sont tellement ardens pour ce genre de chasse 
que, bien que fatigués, ils sont toujours prêts à 
s'élancer à la poursuite d’un lièvre ou d’un lapin 
dès qu'ils en apercoivent un; cependant il est bon 
de ne pas les laisser trop courir, et'on doit avoir 
soin de les reprendre en laisse après la seconde 
course. 

Ces animaux sont peu intelligens, et suscepti- 
bles d’une éducation peu variée; ils sont fort sen- 
sibles à l’affection qu’on leur porte, et paraissent 
éprouver une vive émotion toutes les fois qu'on 
léur fait accueil; c’est à cette sensibilité excessive 
pour les bons traitemens, et au peu d’étendue de 
leurs facultés, que l’on doit attribuer sans doute 
Je défaut qu’ils ont assez généralement de ne point 
éprouver d’attachement plus marqué pour cer- 
taines personnes, et de témoigner, sinon la même 
affection, du moins la même bienveillance à tout 
individu qui les traite avec bonté. ' 
|: Sous-variétés: a, Lévrier d'Irlande: b, Lévrier 
dérla haute Ecosse; c, Lévrier de Russie: d, Dévrier 
lévron où d'Italie; e} Lévrier chien turc: 
| Les Lévriers ne se trouvent guère qu’en Europe. 
| Buffon les considère comme originaires des con- 
| irées chaudes de cette partie du monde. 
| II: Les Epacneuts. Les pariétaux dans les tétes 
| de cette famille ne tendent plus à se rapprocher de 
leur naissance aw dessus des temporaux: ils s’écar: 
| tént ctse renflent au contraire .de manière à beau- 


| 
| 


mais cest pour en faire leur proie; toute leur: 


coup agrandir là boîte cérébrale; et: les sinus fron 
taux prennent de l'étendue. 

C’est parmi les Epagneuls que lon recontre les: 
races les plus’intelligentes. 

E. Curen rracneuz, C. f. extrarius. Il est couù- 
vert de poils longs et soyeux; ses oreilles: sont 
pendantes comme celles du Chien courant , et ses 
jambes peu élevées; le blanc , avec des taches 
noires’ ou brunes, est sacouleur°dominante. 

Le grand Epagneul ale corpslong de deux pieds 
quatre pouces; il'est haut au train de devant d’un 
pied cinq'ou six pouces: C’est un bon Chien d’ar- 
rêt, doux, quelquefois même timide; il chasse 
mieux dans les! marais: ou dans les cantons cou- 
verts qu’en plaine. ; 

Sous-variétés : a, Petit Epagneuls: b, Gredin ; 
c;, Pyrame; d, Bichon; e, Chien lion; f, Chien de 
Calabre; g, Epagneul d’eau où anglais: 

L'Europe méridionale et tempérée est: princi- 
palement la patrie des Épagneuls. 

F. Cure garger, C. aquaticus: Le Chien bar-: 
bet:, appelé aussi Caniche et Ch. canardi, est celui 
de tous dont l'intelligence paraît le plus suscepti- 
ble de développement. Il est extrêmement attaché 
à son maître! [l aime beaucoup l’eau, et dans cer- 
taines contrées, principalement en Angleterre, 
on l’emploie pour la chasse à l'étang et au mà- 
rais; dans quelques endroits on le tient aussi à 
bord des bâtimens où on le dresse à aller cher- 
cher ce qui tombe à la mer, ainsi que les oiseaux 
maritimes que l’on a tués. Il peut être dressé à 
l'arrêt, 

Tout le corps du Barbet est couvert de poils: 
longs et frisés, variant du blanc‘pur au'noir foncé 
en passant par diverses couleurs intermédiaires. On 
est obligé de le tondre une ou deux fois au moins 
tous les' ans. 

Sous: variété a, Petit Barbet ; il provient, suivant 
Buffon et Daubenton, du mélange du Barbetet 
du petit Épagneul. Sous-variété D, Chien griffon; 
il paraît être le résultat de l’union‘ du Barbet et 
du Chien de berger. 

G. Cnien couranT ou Gien DE Casse, C. f. gal- 
licus, représenté dans notre Atlas, planche 10, 
fig. 3. Îl'existe principalement en France, mais 
aussi en Angletérre et dans quelques autres con- 
trées ; il est ardent chasseur et s’emploie prin- 
cipalement à la chasse des bêtes fauves. Son 
odorat est exquis et son intelligence bien déve- 
loppée. Il se. fait remarquer par la longueur de” 
ses jambes et° par celle de ‘ses oreilles qui sont 
pendantes , il est couvert d’un poil très-court et 
porte la queue relevée. Sa couleur est: générale 
ment le blanc avec des taches noires ou fauves. 

Longueur’ totalé du. corps, deux pieds neuf 


pouces ; hauteur du train de devant, un pied neuf 


ou dix pouces; dé celui de dérrière; un: pied: dix 
pouces. 

H. Crien Braque, OC. f. avicularis? A la:tête 
forte, l'œil assez petit, les narines bien‘ouvertes, 
lés lèvres pendantes, le’ cou peu’ allongé ; la poi- 
trine large, le dos et la croupe arrondis, les jan: 
bes fortes et les pieds larges: Sataille varie en- 


rt 


CHIE 


148 


CHIE : 


tre dix-huit pouces, deux pieds etplus; son poil 
est ras et plus fin sur la tête et les oreilles que 
sur le corps, il est rarement de couleur noire. 

Le Braque est vif, il quête bien, et arrête par- 
faitement le gibier; on doit le dresser le plus pos- 
sible à la chasse en plaine; il conserve, même 
pendant la grande chaleur du jour, toutela finesse 
de son odorat. Le Braque à deux nez ne diffère de 
celui-ci que par une gouttière assez profonde la- 
quelle sépare ses deux narines. 

Le Braque du Bengale est une sous-variété dis- 
tincte, il ressemble au Braque proprement dit pour 
la figure, mais il ales couleurs plus belles. Son 
poil est moucheté ou tigré de petites taches fau- 
ves sur un fond blanc. 

I. Cnren Basser, C, f. vertagus ou Basset à jam- 
bes droites. [la la tête semblable à celle du Braque 
ou du Chien courant; ses oreilles sont longues et 
pendantes, sa queue longue, ses jambes courtes , 
droites et grosses. Le poil de cet animal est ras et 
marqué de taches noires ou brunes , plus ou moins 
étendues et nombreuses sur un fond blanc ; quel- 
quefois il est noir avec des taches de feu. Lon- 
gueur du corps, vingt-cinq à vingt-huit pouces ; 
hauteur du train de devant, onze pouces seule- 
ment. 

Sous-variété a, Basset à jambes torses; jambes 
de devant arquées en dehors. 

Sous-variété b, Chien Burgos. 

K. Cnien DE BERGER, C domesticus. Cette 
espèce représentée dans notre Atlas, pl. 109, fig. 1, 
est de taille moyenne, ses oreilles sont cour- 
tes et droites; elle porte sa queue horizontalement 
en arrière ou pendante , mais quelquefois aussi re- 
levée. Les poils sont longs sur tout le corps, la 
couleur noire est celle qui domine. Le Chien de 
berger habite toute l'Europe septentrionale et 
tempérée , il est employé avec beaucoup d’avan- 
tage à la garde et à la conduite des troupeaux. 
Voy. l'art. d'Éconoure RURALE. 

L. Cnien vou», C. f. pomeranus. Se distingue du 
précédent par sa tête dégarnie de poils , ainsi que 
ses oreilles et ses pieds. Il porte toujours sa queue 
très-relevée. Celle-ci est remarquable par les longs 
poils qui la garnissent. La couleur est le noir, et 
aussi le fauveet le blanc. Le Chien loup ales mêmes 
habitudes que le Chien de berger ; il pourrait fort 
bien être employé à la garde des troupeaux. 

M. Cnien DE SIBÉRIE, OC. f. sibiricus. Cette 
race, dont le nom indique la patrie, a tous les 
poils du corps fort longs ainsi que ceux de la tête 
et des membres ; elle ressemble , du reste, pour la 
forme générale, la taille, et la direction de la queue, 

au Chien loup. 

N. Curex nes Esquimaux, C. f. borealis. Autre 
race , décrite pour la première fois par M. Fréd. 
Cuvier, qui en a fait représenter un bel individu 
dans son ouvrage sur les Mammifères; ce chien 
se rapproche beaucoup, par l'habitude de son 
corps et par sa taille, du Chien loup; ses cou- 
leurs sont le noir et le blanc disposés par grandes 
plaques, Les poils sont de deux sortes, comme 
chez les autres, mais la proportion des laineux 


l’emporte de beaucoup sur les soyeux, ce qui 
s'explique par l'influence du froid; ces poils lai- 
neux constituent une bourre qui augmente sensi- 
blement les proportions de l’animal. La queue se 
relève subitement pour se courber à droite en 
longeant les fesses, 

Le Chien des Esquimaux habite tout le nord 
du globe et spécialement les rivages du fond de 
la baie de Baffin en Amérique, où il est employé 
par les Esquimaux , comme bête de trait, pour 
tirer les traîneaux. On peut les considérer comme 
se rapprochant plus que les autres de la souche 
des Chiens domestiques. 

Ces animaux sont attachés à l’homme , et lui 
sont même soumis; mais lorsque la faim les presse, 
aucun châtiment ne pourrait les retenir , alors ils 
ne connaissent plus leur maître. 

O. Cniex acco, C. f. americanus. On donne 
ce nom à une variété fort mal connue et qui se 
trouve , dit-on, au Mexique. 

Il.æLes Doaurs. Les races de cette famille se 
caractérisent par le racoourcissement de leur mu- 
seau, le mouvement ascensionnel de leur crâne, son 
rapetissement et l'étendue considérable de leurs sinus 
frontaux. 

Ces animaux sont peu intelligens comparative- 
ment aux races de la famille précédente ; la pe- 
santeur de leur intelligence semble se marquer 
par la grossièreté de leurs formes. 

P. DocuznerorrerAcE, C.f. anglicus. Autant 
le Lévrier a le museau allongé et les sinus frontaux 
rétrécis , autant au contraire le Dogue a le mu- 
seau raccourci et les sinus développés. Il est 
aussi éloigné que possible des types primitifs, 
mais dans un sens contraire du Lévrier; chez 
ce dernier les formes se sont allongées à l’ex- 
cès , elles sont devenues aussi grêles que possible; 
chezle Dogue, au contraire, elles se sont raccour- 
cies, ramassées. Les oreilles sont entièrement pen- 
dantes et ne se relevant jamais; les lèvres sont 
allongées, tombantes , et recouvrent la mâchoire 
inférieure. L’extrémité de la queue est relevée, et 
il existe souvent un cinquième doigt développé 
aux pieds de derrière. Le poil est généralement 
ras, quelquefois long ; la couleur n'est pas con- 
stante , tantôt elle est fauve , tantôt blanchâtre en 
partie ou bien variée de noir. 

Ce sont les plus gros de tous les Chiens 
domestiques. Ils résultent du mélange du Mâtin, 
avec le Dogue proprement dit. Comme toutes 
les races éloignées de la souche primitive, 
Te Dogue reproduit difficilement, les mâles sont 
peu portés à s’accoupler et les femelles fort sujet- 
tes à avorter. Sa vie est d’ailleurs très-courte , 
et son développement fort lent : il n’acquiert 
toute sa taille qu’à dix-huit mois ou deux ans, 
et lorsqu'il en a cinqousix il montre déjà de la 
décrépitude. 

Q. Curex Docu, C. f. molossus. Ce Dogue est 
semblable au précédent , mais plus petit ; les poils 
sont ras et de couleur fauve-pâle. #”. l’art. d'Éco- 
NOMIE RURALE (CHIEN DE BASSE-COUR). 

R. Guen poeunw, C. f. fricator, vulgairement 


CHIE ‘1 


49 CHIE 


appelé Carlin, Dogue de Bologne, Dogue d'Alle- 
magne ou Mopse, ne diffère du vrai Dogue que 
par une moindre taille; ses lèvres sont plus min- 
ces et plus courtes ; son museau est proportion- 
nellement moins large et moins retroussé; sa 
queue plus tortillée en spirale, Du reste il lui res- 
semble beaucoup, tant pour la figure du corps que 
pour la longueur et la couleur du poil. C’est un 
animal presque entièrement dépourvu d’intelli- 
gence, lascif et à peu près sans utilité. 

S. Cuien d'Iscanne, ©. f. islandicus. Il] à la 
tête ronde , les yeux gros et le museau mince, les 
oreilles en partie droites et en partie pendantes , 
comme dans le petit Danois; le poil est lisse et 
long, surtout derrière les jambes de devantet sur 
la queue. Ce Chien n’est connu que par une des- 
cription de Daubenton. 

T. Guen perir Danois, C. f. variegatus, dont 
le front est bombé, le museau assez mince et 
pointu, les yeux très-grands, et les oreilles à 
demi pendantes. Le petit Danois est de la taille 
du Doguin; son pelage .est ras, le plus souvent mou- 
cheté de noir sur un fond blanc. On le nomme 
quelquefois Arlequin. 

U. Curex roQuET , C. f. hybridus. Il a la tête 
ronde et les oreilles petites comme le précédent ; 
ses jambes sont sèches aussi et sa queue retrous- 
sée : quelques individus ont le pelage arlequiné. 

V. Cniex anczais, C. f. britannicus. Celui-ci 
paraît résulter du mélange du petit Danois et du 
Pyrame dont il a la taille; sa tête est bombée, 
ses yeux saillans et son museau assez pointu. Robe 
d’un noir foncé avec des marques de feu sur les 
yeux, sur le museau, sur la gorge et sur les 
jambes. P 

X. Cnren d’Arrois, vulgairement Chien lillois, 
islois ou quatre-vingts, a le museau très-court et 
très-aplati. C’est une race fournie par le mélange 
du Roquet avec le Doguin. 

Y. Cure D'AucanTe, C. f. Andalusiæ. Il a le 
museau court du Doguin et le long poil de l’Epa- 
gneul , c’est vraisemblablement du croisement de 
ces deux races qu’il provient. On le nomme quel- 
quefois Chien de Cayenne. 

Z. Cuen Turc, C. f. œgyptius, appelé aussi 
Chien de Barbarie. Tête très-grosse et arrondie ; 
museau assez fin ; oreilles droites à la base , assez 
arges et mobiles; corps rétréci vers le ventre; 
membres grêles, queue moyenñe ; peau presque 
eutièrement nue, comme huileuse, noire ou de 
couleur de chair obscure et tachée de brun par 
grandes plaques. Taille du Carlin. 

Sous-variélé a, Chien turc a crinière. Une sorte 
de crinière formée par des poils longs et raides 
existe derrière la tête. 

Les Chiens turcs sont peu intelligens; on les 
irouve, dit-on, en Égypte et dans une grande 
partie de l’Afrique septentrionale, mais non pas 
en Turquie comme leur nom pourrait le faire 
croire. Dans nos contrées ils souffrent constam- 
ment de l’abaissement de la température, et sont 
sans cesse grelottant , aussi les tient-on le plus 
souvent dans les appartemens, 


À la suite de cette liste des Chiens domestiques, 
nous joindrons, comme races moins connues, celle 
du Chien des Alpes, représenté dansnotre Atlas, pL 
102, Î. 2, qui paraîtissu du Dogue de forte race et 
du grand Épagneul, et celle du Chien de Terre- 
Neuve , idem pl. 102, f. 4, sorte de Mâtin à tête 
très- large et à oreilles pendantes; voy., pour plus de 
détails sur ces deux races, l’article d’ÉconomtE 
RURALE. 

CuiEN CARAÏBE, C. caraibœus. Suivant M. Mo- 
reau de Jonnès, les Américains avaient des Chiens 
avant l’arrivée des Européens, et il paraîtrait 
même qu'ils en avaient de plusieurs sortes. Le 
14 octobre 1482 Colomb trouva, dans les îles 
Lucayes, des petits Chiens qui n’aboyaient point 
et qui n'avaient ancun poil sur la peau; il les 
trouva encore en 1494 sur l'ile de Cuba, et les 
habitans en mangeaient. Les Francais firent la 
même observation en arrivant à la Martinique et 
à la Guadeloupe en 1635. Or, cette variété pourrait 
bien être, comme le fait remarquer M. Lesson, 
le Chien turc , qui se trouve aussi très-commu- 
nément au Pérou, et que l’on pourrait bien avoir 
indiqué à tort comme provenant d’Afrique. 

Lour commun, Canis lupus. Get animal, qui est 
d’une autre espèce que le Chien domestique, est le 
carnassier le plus féroce de nos contrées; sa queue 
est droite , et son pelage gris fauve, avec une raie 
noire sur les jambes de devant des adultes. Une 
variété blanche existe dans le Nord : elle est tan- 
tôt le résultat du froid et blanchit périodique- 
ment tous les hivers, tantôt, au contraire, elle est 
l'effet de la maladie albine. Les vieux individus 
grisonnent et peuventaussi devenir presque blancs. 
Cet animal vit solitaire dans les forêts de toute 
l’Europe, et aussi dans une partie de l'Asie et 
peut-être le nord de l'Amérique. En Angleterre 
sa race est entièremement exlerminée. 77. l’article 
Lour de ce Dictionnaire et la figure qui doit l'accora- 
pagner. Les Loups peuvent s’unir avec les Chiens. 

Loup noir, Lupus niger ; est généralement con- 
sidéré comme une espèce à part, quelques auteurs 
pensent qu’il n’est qu'une variété de la précé- 
dente; sa queue est droite, et son corps tout-à-fait 
noir sans mélange de blanc. Le Loup noir habite 
les contrées froides et montagneuses de l'Europe ; 
la ménagerie du Muséum en a possédé un indi- 
vidu qui avait été pris dans les Pyrénées. 

Lour pu Mexique, C. mexicanus, Desm. Cet 
animal est pour la taille un peu inférieur au Loup 
ordinaire ; 1l est d’un gris roussâtre mêlé de noi- 
râtre. Le tour du museau, le dessous du corps et 
les pieds sont blancs. 


Il vit dans les endroits chauds de la Nouvelle- 
Espagne. 

Lour rouGE , C. jubatus; Loup rouge de Cu- 
vier ‘et Agoura Guazou de d’Azara ; estiremar- 
quable par sa teinte d’un roux cannelle plus foncé 
aux parties supérieures ; une courle crinière OC- 
cupe toute la longueur de l’épine dorsale. 

Cette espèce vit solitaire dans les lieux bas et 
humides des pampas de la Plata. Son cri est à peu 


CHIE: 


150: 


CHE) 


près goua-a-a, iliest répété! plusieurs! fois de ‘suite 
et s'entend de fort loin, 

LournerrAïrtE, C. latnans; Harl: Faune :améri- 
caine, Prairie’ swolfde Say, a étédécouverbpendant 
l'expédition aux monts Arkansas. IL à le: pelage 
d’un gris cendré, varié: de noir ‘et defauve cannelle 
terne; les poils. de:la ligne dorsale sont pluslongs 
que les autres ; les parties: inférieures sont moins 
colorées que les supérieures; la queue est droite. 
Cet animal habite les plaines de Missouri ; il vit 
en troupes nombreuses, chasse les cerfs et 
mange-aussi quelques fruits. 

Loup oporanr, C. nubilus , Say, Major long’s 
expedit: Ce Loup est plus robuste et d’un aspect 
plus redoutable que les deux qui précèdent; il 
exhale une odeur félide, cequi lui a fait donner son 
nom. La teinte de son pelage est obscure et pom- 
melée à sa partie supérieure. Le gris domine sur 
les flancs. On trouve le Loup odorant dans les 
mêmes lieux que-le loup de prairie. 

Lovr rossize, C. spelœus, Goldfuss. N’est connu 
que par des débris fossiles. Ce n’est pas la seule 
espèce antédiluvienne que l’on ait découverte parmi 
les Canis. G. Guvier, dans son ouvrage sur les 
ossemens fossiles, en indique quatre: La-première, 
qui est nommée ci-dessus, alé trouvée mêlée à 
des os d'Éléphans ; la seconde est fort voisine du 
Renard, sicen’est: le Renard lui:même : Cuvier en 


attiré des fragmens d’un tuf où ils étaient pétris: 


avec des débris d’ours et de hyènes. L'existence 


dé la troisième n’est révélée que par deux dents. 


recueillies près de Beaugency, et qui, par leur 
volame, annoncent. un animal gigantesque, La 
quatrième, enfin, est connue par une mâchoire qui 
vient des plâtrières de Montmartre et qui diffère 
évidemment de toutes les espèces vivantes. 

Cure anTARcTIQUE, C. antarcticus. À le corps 
long de deux pieds six pouces etse rapproche du 
Loup pour ce qui est du port ; son pelage est rous- 
sâtre, sa queue rousse à sa base est noire À son 
milieu et terminée par du blanc. Get animal ha- 
bite les îles Malouines et principalement celle ap- 
pelée Falkland ; on le trouye peut-être aussi au 
Chili. Il chasse le petit gibier , les oiseaux aquati- 
ques, etc., et se creuse des terriers dans lesquels 
il demeure. 

CGnien cragrer, C. cancrivorus. Il est en dessus 
d’un cendré varié de noir et de blanc, légèrement 
jaunâtre en dessous ; ses oreilles sont noires ainsi 
que ses tarses et l'extrémité de sa queue. C’est le 
whien des bois de Buffon: on le trouve à la 
Guiane et à Gayenne, où il vit par petites trou- 
pes et se nourrit de chair, de fruits, etc. 


Cuacaz , C. aureus. Cette espèce du genre 
Ghien a été indiquée par Linnæus, et tous les au- 
teurs anciens et modernes en ont fait mention ; 
mais, jusqu'à ces derniers temps, on n’a eu surson 
histoire: que des notions peu exactes. ÿ 

On trouveles Ghacalsnon-scalement-en Afrique, 
depuis la côte de Barbarie jusqu’au Sénégal et Ja 
Guinée, mais aussi en Asie, depuis l'Inde jusqu’en 
Turquie et, même en Europe , ce qu’on: n'aurait 


osé soupçonné il y a quelques années. Les auteurs: 
ne sontpasd’acccrdisurlanature decesdivers Cha 
cals; les’uns en: ont fait autant d'espèces, d’au- 
tres, au contraire, les considèrent comme:de sim= 
ples variétés. Sans adopter l’une ou l’autre de ces: 
deux opinions, nous. donnerons l’histoire: de ces: 
animaux; on les considérera comme des variétés: 
ou comme des espèces, cela importe peu ici. 

Gomme le travail de M: Isidore Geoffroy est les 
plus complet, c’est d'après lui que nous avons dû 
nous guider. Les Chacals y sont considérés comme 
se rapportant aux six variétés suivantes. 

À. Chacal &e l'Inde. 

B: Chacal du Caucase. C’est x lui que devrait 
rester le nom de C'anis aureus, si lon regarde les: 
autres comme des espèces distinctés; quelques 
auteurs pensent qu'il est la source des:Clens do- 
mestiques. J 

C. Chacalide Nubie. Gest le.Canisvariegatus de: 
l'Atlas de Ruppel. 

D: Chacal d'Alger. N'est peut-être le Canis bar 
barus de Shaw, General zoo), Satailleest pluscon- 
sidérable et son poil plus-rude que chez les autres: 
Il a les parties supérieures d’un gris jaunâtre, va= 
rié desmoir assez abondant, surtout àla croupe et 
à l'extrémité de la: queue ; les parties: inférieures 
sont d'un fauve plus clair, On remarque sur la: 
face antérieure des membres thoraciques une li-- 
gne noire , commencant vers. l'épaule et qui dis- 
paraît vers l’articulation radio-carpienne pour re- 
paraître un peu plus loin, au: devant: du méta- 
tarse. La queue est plus courte et beaucoup moins: 
touffae que celle du Renard: 

Nous avons parlé à l’article Cæacar, d’un indi- 
vidu de cette variété que nous avions vu vivant: à! 
Paris. Cet animal avait été apprivoisés il était 
assez docile pour qu'on pût le promener en laisse: 
dans les rues de la ville ; il provenait des environs: 
même d'Alger où la variété est commune; son: 
antipathie pour les Chiens de: toutes: sortes était 
une chose vraiment remarquable, il ne pouvait en: 
voir un près de Jui:sans entrer aussitôt en: colère... 

E. Chacal du Sénégal. C'est .le C. anthus de 
M. Fréd. Cuvier; voy. ci-dessous. 

F. Chacal de Morée. L'espèce du Chacal n’avait 
point encore été observée en Europe avant l'ex- 
pédition de Morée, cependant elle est très-com- 
mune dans cette contrée ; sa peau esk même em- 
ployée comme fourrure par les habitans. Foy. la: 
figare de cet animal, pl. 89, fig: 10. 

Les Ghacals sont des Chiens intermédiaires au 
Loup et au Renard; ils ‘se creusent des terriers, 
dans lesquels: ils passent une grande partie du 


jour, ne sortant le plus souvent que de nuit pour 


aller chercher leur nourriture , laquelle peut’être 
omnivore, mais consiste principalement en ca- 
davres plus ou moins avancés. On a remarqué que 


cos animaux accompagnent: ordinairement les 
Jions, et que: partout où ceux-ci se trouvent il 


existe également des Chacals. Aussi la découverte 
du Chacal de Morée est-elle unenouvelle preuve: 


‘attestant que les lions ont autrefois vécu en Grèce: 
c’est d’ailleurs ce que nous disent de la manière 


| 


aa 


‘ACHIE 


À plus positive lesiécrits d'Hérodote et d'Aristote. 
Le lion, qui est plus fort etplus redoutable que le 


Chacal, est celui que l’homme a dû atbaquer le 


premier; le Chacal, plus faible, apu s'esquiver , 
1lne tombera victime que-des-derniers progrès de 
da ‘civilisation. « Tel a été le sont ‘du ion , ‘dit 
wM. Isid. Geoffroy (Hist. nat. des mammifères de 
»Morée ), tel sera celui du Chacal: partout où 
“les hommes sont devenus ou deviendront puis- 
» sans par l'association et les arts, le lion doit pé- 
wrir; mais le Chacal, lâche.et craintif, a pu et 
wpeuttrouver dans l’obscurité de-ses attaques, ou 
wplutôt.de ses brigandages , un asile long-temps 
assuré, et survivre pendant un temps à la 
» destruction du plus terrible ennemi de l’hom- 
me, » 

C. anthus ou Chacal du Sénégal'est un autre 
Canis reconnu par M. Fréd. Cuvier et décrit par 
Qui, dans son-Histoire des Mammifères, comme for- 
-mant espèce à part. Le doset les côtés sont cou- 
verts d’un pelage gris foncé, sali de quelques tein- 
tes jaanâtres; le cou est d'un fauve grisâtre qui 
‘devient plus gris encore sur la tête et surtout sur 
des joues , au dessous des oreilles. Le dessous du 
museau, les membres antérieurs et postérieurs, 
Île derrière des oreilles et la queue, sont d’un fauve 
assez pur , seulement on voit une tache noire lon- 
gitudinale au tiers supérieur de la queue, et ‘quel- 
ques poils noirs, mais en petit nombre, à son 
extrémité. Cet animal habite le Sénégal et aussi la 
Nubie et l'Égypte, mais dans ces dernières contrées 
ilest plus rare. 


Consac, C. corsac. Forme une seule espèce 
avec l'Adive de Buffon. Sa taille n’est point su- 
périeure à celle dela fouine, et sa queue, très-lon- 
gue à proportion de son corps, descend de trois 
pouces plus bas que les pieds lorsqu'elle est tout- 
à-fait pendante. Toutes les parties supérieures du 
corps, en y ajoutant la queue, sont d’un gris 
fauve uniforme, dont la teinte est très-douce et 
résulte des anneaux fauves et blanc dont la par- 
tie visible des poils est généralement couverte. Ce- 
pendant quelques uns de ces anneaux sont noirs ; 
Yes membres sont entièrement fauves: le bout de 
la queue est noir , et l’on voit à trois pouces de 
Torigine de cet organe , à sa partie supérieure, 
une petite tache noire ; toutes les parties inférieu- 
res du corps sont d’un blanc jaunâtre. C’est ainsi 
que M. Fréd. Cuvier caractérise le Corsac , qui, 
dit-il ne diffère point de l’Adive , sil’ Adiveest cette 
petite espèce de Chien de l’Inde , nommée au Ma- 
Jabar Nougs-Hart. 


MésoméLas, C. mesomelas. Est le Renard ou 
Chacal du cap. Sa couleur est grise cet fauve; sa 
taille est à peu près celle du Ghacal, et sa queue 
tombante descend presque jusqu'à terre. Sa pa- 
trie est le cap de Bonne-Espérance. 

CIEN xARAGAN , C. Aaragan. Cette espèce, 
dont l'existence est douteuse, «st décrite comme 
supérieure au Corsac par la taille; elle a, dit-on, 
la queue droite et le corps grissavec les oreilles 
noires. Elle est des bords de l'Oural, ‘sa fourrure 


est rapportée à Oremburg ipar des marchands 
kirghises. 
On cite encore, comme appartenant à la pre- 


mière section du genre Chien ,de €. barbarus de 


Shaw, qui pourrait bien être le (haoal de la côte 
nord de l'Afrique. 

++ Espèces dont les pupilles se contractent ver- 
ticalement. 

Les Renanps. Ces animaux ont la queue plus 
longue et plus fournie que ceux de. la précédente 
section , leur museau est aussi plus pointu. Ils ré- 
pandent pour la plupart une odeur fétide, se creu- 
sent des terriers.et n’attaquent que de petits ani- 
maux. On ne les a point rencontrés à la Nouvelle- 
Hollande. 

RevarD commun, Canis vulpes, L. Getiamimal, 
que l’on trouve dans toute l'Europe, ainsi qu’en 
Asieet dans le nord de l'Amérique, a le pelage 
fauve en dessus, blanchâtre en dessous, avec da 
queue touffue terminée de noir, et:le derrière-des 
oreilles de cette couleur. Ilest célèbre par son ca- 
ractère fin et rusé , nous le décrirons plus ample- 
ment à l’article Renan. Woy.-ce motet la figure 

ui s’y trouve jointe. 

L'espèce du Renard comprend trois variétés. 
L’une a le bout de la queue moir, c’est le Jupes 
alopex, appelé par Buffon Renard charbonnier , et 
que certains auteurs ont regardé comme une.es- 
pèce distincte. La seconde variété est celle-du 
Renan Banc, Vulpes albus. La troisième est re- 
marquable par la croix noire qui est dessinée sur 
son dos , elle a recu de Gesner et de Buffon lenom 
de J’ulpes crucigera : on la nomme.en francais Re- 
nard croisé. 

Une autre race de Renards, qui forme peut-être 
aussi une variété distincte, est celle des Renards 
musqués que l’on rencontre en Suisse, et qui ré- 
pandent une odeur musquée assez agréable, Le 
Renard noble du même pays n’est autre chose 
que l'espèce commune dans une âge avancé. 

Can. velox. Gette espèce, décritepar M. Say, est 
un des fruits de l'expédition du major Long ; elle 
a Je corps élancé, le pelage fauve, doux et assez 
épais, brun en dessus, blanchâtre en dessous, et 
la queue longue, cylindrique et de couleur noire. 

Elle doit son nom à la rapidité avec laquelle 
elle court. Sa patrie est la partie de l'Amérique 
qui borde le Missouri. 

Can. niloticus. I a été décrit par M. Geoffroy 
dans le Catal. du Mus. ; il est figuré à la plan- 
che xv de l'Atlas de Ruppel. On le trouve en 


Egypte et en Nubie. 


Le Can. variegatus. a été envoyé au muséum de 
Francfort par M. Ruppel. Ilest figuré dans l'Atlas de 
ce voyageur à la planche x. Son pelage est jau- 
nâtre en dessus , blanc en dessous, et varié sur le 
dos et la queue de flammures noires qui résul- 
tent de l'allongement de quelques faisceaux de 
poils ainsi colorés. On le trouve dans la Nubie et 
la Haute-Egypte. 

Can. famelicus ou Renard d'Afrique. Il a été 
aussi trouvé.en Nubie par M. Ruppel. Il a été %- 
guré dans son Atlas, planche v. 1la la têle jaune 


oo 


CHIE 


152 


CHIE 


on 


et le corps gris ainsi que les deux tiers de la queue, 
celle-ci blanchit vers sa pointe. 

Canis pallidus, décrit ainsi que les deux pré- 
cédens par M. Creizschmar, se trouve aussi en 
Egypte et en Nubie. Il a été représenté à la plan- 
che 11 de l'Atlas de Ruppel. Son corps est d’un 
fauve très-clair en dessus, blanc en dessous. La 
queue touffue est noire à son extrémité. C’est un 
“animal nocturne et qui se tient pendant le jour 
dans les trous qu'il s’est creusés. 

Renard Fennec, Can. fennecus, est l’animal 
anonyme de Buffon; on le trouve dans l'intérieur 
de l'Afrique. Son pelage est d’un roux blanchâtre 
uniforme, un peu plus pâle en dessous. Le Fennec 
se creuse des terriers et vit de dattes et autres 
substances qu'il trouve dans le désert. Sa peau est 
employée comme fourrure parles Arabes. 

RenanrD isaTis, Canis lagopus, a le pelage long 
et fourni , aussi le recherche-t-on pour le com- 
merce. Sa couleur est en été d’un gris cendré ou 
d’un brun clair uniforme ; en hiver elle est blan- 
che. Cette espèce habite les contrées les plus voi- 
sines du cercle polaire boréal; elle est hardie, 
rusée et très-portée à la rapine. Buffon l’a décrite 
sous le nom de Renard bleu. 

Ajoutez à cette liste d’autres espèces moïns 
connues , telles que le Renard argenté, Can. ar- 
gentatus, Geoff., qui habite le nord de l'Asie et 
de l'Amérique; le Renard croisé qui se trouve 
dans l’Amérique septentrionale, ainsi que le Re- 
nard de Virginie; le Renard fauve des Etat-Unis 
et le Renard tricolor. Le Renard à grandes oreilles 
est aussi une espèce de ce groupe, et vit au cap 
de Bonne-Espérance. 

Sous le nom de CniEN Marin on désigne le Pho- 
que ; souscelui de Cnien rar, la Mangouste du cap; 
est sous celui de Curen Des Bois, le Raton. 

Les grandes espèces de Roussettes ont quelque- 
fois été appelées Curens vorans. (GErv.) 

CHIEN. (con. rur.) Parmi les nombreuses va- 
riétés de Chiens connues, deux espèces intéressent 
particulièrement l’agriculteur , le Chien de berger 
et le Chien de garde. de vais parler d’eux sous le 
rapport de leur utilité et de leur intelligence. Je 
dirai aussi quelque chose du Chien de Terre-Nenve 
et du Chien des Alpes, qui sert coramunément 
aux propriétaires ruraux de l'Amérique du nord 
pour la garde de leurs habitations et pour celle de 
leurs bestiaux. | 

Le Cniex DE 8ErGeR est de de ux sortes : le Chien 
de berger proprement dit , et le Chien de Montagne. 
L'un et l’autre sont d’une ressource également 
inappréciable : ils soulagent le pâtre dans les soins 
les plus fatigans de sa vigilance; lui épargnent les 
cris, les allées et les venues continuelles qui ren- 
draient sa présence inutile; ils règnent à la tête et 
sur les flancs du troupeau, dont ils se font obéir ; 
ils le contiennent dans sa marche, le rassemblent 
s’il s’écarte ; l’éloignent des blés, des vignes , des 
jeunes taillis, de toutes les cultures qui redoutent 
son approche; ils maintiennent l’ordre, la disci- 
pline dans les rangs ; et, par leur activité, par leur 
surveillance de tous les instans, ils assurent la 


——_—_—_—.—_——_—_—_—_————— 


tranquillité de tous les individus de jour comme de 
nuit. Le Chien de berger convient particulière 
ment dans les pays de plaines et de coteaux dé- 
couverts ; il n’est pas assez multiplié dans nos dé- 
partemens méridionaux, Le Chien de montagne, 
au contraire, est préférable dans les pays de bois 
ou de hautes montagnes coupées , comme les Alpes 
et les Pyrénées , par des cavités , d’épais buissons, 
par des anfractuosités qui servent de retraite aux 
loups. 

Lepremier, représenté pl. 102, fig. 1, ales oreilles 
courtes et droites, la queue pendante ou légèrement 
recourbée en haut, le poil long et noir sur tout le 
corps, excepté sur le museau; son aspect n’arien de 
flatteur pour l’œil, mais s’il pèche du côté de la 
beauté, de l'élégance, ses perfections naissent d’une 
grandeintelligence, d’une activité rare, long-temps 
etexactement soutenue, d’une industrie vraiment 
surprenante, Il est très sobre. Le séul ‘reproche 
qu’on puisse lui faire, c’est d’être quelquefois trop si- 
lencieux et den’étrepastoujours assez fort pour éloi- 
gner l'approche redoutable du loup, encore moins 
pour lutter avec succès contre lui. Le second est 
vif, hardi, entreprenant , ne redoute point le loup 
le plus vigoureux; il le signale par la force de ses 
aboïiemens, court au devant de lui, l'attaque avec 
force, et s’il est armé de son collier garni de 
pointes de fer aiguës , il triomphe constamment de 
sa voracité. J’ai vu sur les chaumes des Vosges un 
semblable combat. Il fut long à cause des ruses 
employées parles deux ennemis. Le loup, quoique 
blessé, allait échapper par une fuite précipitée ; 
mais le Chien sut le doubler à l’entrée d’un défilé, 
l’attaqua de nouveau avec fureur et remporta la 
victoire. Il revint au pêe rempli de joie, et fut 
récompensé par des caresses el un morceau de 
pain bis qu'il mangea avec délices. Le poil du Chien 
de montagne est brun, épais et fourni; sa tête est 
forte, son front large, son cougros; il a les yeux et 
les narines noires, les lèvres d’un rouge obscur, 
les jambes grandes , les doigts écartés , armés d’on- 
gles durs et courts. 

Le CHIEN DE GARDE , que l’on nomme aussi 
Chien de basse-cour, est celui auquel on remet la 
garde des fermes et des habitations champêtres. 
Il appartient d'ordinaire à la race des Mâtins, quel- 
quefois à celle des Dogues ; il faut le choisir tou- 
jours parmi les plus vigoureux et les plus grands. 
On ne peut se passer de ce gardien fidèle, dont 
la vigilance n’est jamais en défaut ni le jour ni la 
nuit, et s’élend à toutes les parties des bâtimens, 
des cours, des jardins. Il importe, pour la sûreté 
de tous, comme pour l’entier accomplissement de 
sa tâche difficile, qu’il connaisse et sache distin= 
guer de loin les personnes de la maïsoa, les amis 
qui la fréquentent et les gens que le service y amè- 
ne. Quant aux étrangers , il doit avertir.de leur 
approche et surtout de leur entrée, s’opposer 
courageusement à toutes les entreprises hostiles, 
principalement durant la nuit , et ne rien laisser 
passer autour de lui sans donner l'éveil aux autres 
gardiens. Sentinelle incorruptible , il emploie pour 
défendre son maître et ses propriétés des aboiemens 


réitérés. 


qu'il est instruit par l’éducation. Ce Chien est sur- 


RE 


CHIE 


153 


CHIE 


D ———_——————————————————— 


réitérés , des efforts, des cris de colère, les accens 
de la fureur, toute la puissance de la vie. Rien ne 
lui coûte pour donnerdes preuves d’un dévoûment 
sans bornes, il se laissera écharper, il verra son 
sang couler de toutes parts, plutôt que de quitter 
le poste qui lui a été confié; pourvu qu'il sache 
son maître hors de danger, il recoit la mort sans 
donner une larme aux douleurs qu’il endure. 
L'intelligence admirable du Chien de garde, 
son attachement extrême, sa fidélité à toute 
épreuve sont au dessus des éloges. Du faîte de 
l’aisance, voit-1l son maîtretomber dans la misère 
et obligé de quitter son domaine, pour chercher 
un autre asile : loin de se refroidir , comme le font 
les parens les plus proches, les amis les plus in- 
times, il s’attache davantage à lui , il va lui rendre 
l'exil moins amer, diminuer l'horreur de sonisole- 
ment, partager sa misère et,s’il le faut, périr avec lui. 


Me miserum mater , soror , uxor, amica , parentes 
deseruere : canis nunc mihi sola manet. 


Le Cniex De TErRE-NEUVE provient de cette 
île de l'Amérique septentrionale, long-temps re- 
gardée par les navigateurs comme un pays inhos- 
pitalier, qui ferme au nord l'entrée du golfe où 
va se perdre le large fleuve du Canada. Ce Chien 
est doué d’un instinct particulier pour braver la 
fureur des flots et retirer de l’eau les personnes ou 
les objets naufragés ; il est également propre à la 
garde des troupeaux et à remplacer nos Chiens 
ordinaires de basse-cour. On le dit né de l’union 
d’un Dogue anglais et d’une Louve indigène à l’île 
de Terre-Neuve ; l’on assure de plus qu'il n’y exis- 
tait point lors des premiers établissemens de l’Eu- 
rope moderne, Il est d’une fotte taille, à peu près 
celle du Chien danois ; sa couleur est noire avec 
quelques taches blanches sous le cou et au mi- 
lieu du front. A l’approche de l'hiver , sa peau se 
recouvre d’un long poil soyeux, d’un noir rou- 
geûtre. Il est surtout remarquable par ses doigts 
palmés. Doux et caressant , il aime à être flatté; 
son intelligence le rend capable de tous les exer- 
cices qu'on lui demande; il donne fort peu de 
voix. Dans son pays, on le nourrit ordinairement 
de poissons frais, salés ou bouillis ct mélés à des 
pommes de terre, à des choux cuits à l’eau. 
Quand on ne lui fournit pas assez à manger, il se 
jette sur la volaille avec laquelle il prend plaisir à 
jouer. Dans l’état sauvage, il fait une guerre cruelle 
aux brebis, dont le sang paraît alors être pour lui 
un breuvage délicieux; il les poursuit avec achar- 
nement, les force à se précipiter à la mer, il les 
suit, les ramène sur le rivage, et là, il les perce à 
la gorge d’un coup de dent , suce avec une hor- 
rible joie tout le sang et ne touche jamais à la 
chair de la victime. Un pareil vice disparaît dès 


tout extrêmement utile pour sauver les personnes 
qui tombent à l’eau et sont en danger de se noyer. 
Depuis cinquante ans l’Angleterre s’en est appro- 
prié l'espèce; on l’a introduite en France de- 
puis 1819, et nous n’en voyons encore aucun in- 
dividu sur les bords de la mer, de nos grandes 


Tome II. 


rivières, de nos lacs et de nos étangs , où cepen- 
dant, chaque année, il périt tant d’enfans et de bes- 
tiaux, les secours ordinaires y étant toujours tar- 
difs et souvent impossibles. À qui la faute ? l’ad- 
ministration veut tout faire et ne fait rien; elle a 
des agens plus occupés d’assurer leur fortune par- 
ticulière , que des affaires publiques , que des choses 
intéressant les masses. 

Le Cnrex Des Ares mérite une mention à la 
suite des trois espèces dont je viens de parler. Né 
de l’union du Chien de berger avec une femelle 
du Mâtin, iltient pour la taille de cette dernière; il a 
les poils longs, le museau effilé , l’intelligence du 
premier. À l'esprit de vigilance de tous les deux, 
il réunit la bonté, la sollicitude empressée, le dé- 
voûment le plus tendre. C’est lui que l’on voit 
sur le mont Bernard et les Alpes glacées du Haut- 
Valais, au mont Liban, dans les savanes et les 
vastes solitudes de l'Amérique du sud, aller à Ja 
recherche des voyageurs égarés,. les appeler par 
ses aboiemens , leur porter des secours et les ar- 
racher aux dangers qui les menacent incessam- 
ment. Il a reçu cette pieuse mission de quelques 
cénobites demeurés amis des hommes , tout en 
fuyant leur compagnie, qui ne laisse pas toujours 
intact dans le cœur le sentiment si doux de l’hu- 
manité, de l'amitié, de la commisération. Le 
Chien s’en acquitte fidèlement et en a transmis 
l'habitude à ses descendans. 

D’aussi merveilleuses qualités ne sont point limi- 
tées à ces Chiens , la même chaleur de sentimens, 
le même zèle dans l’obéissance, la même fidélité, 
le même courage , le même souvenir pour le bien- 
fait, le même abandon, j'allais dire la même pen- 
sée, le même jugement , le même oubli de soi se 
retrouvent dans les autres Chiens que l'homme 
traite avec douceur, avec reconnaissance. Je vais 
choisir quelques traits dans la foule de ceux que j’ai 
recueillis, je les demande à des espèces différentes, 
afin de mieux convaincre et de varier les sujets. 

Christophe Colomb , dans son voyage de décou- 
vertes, fit l'observation que les Chiens, embar- 
qués à bord de ses vaisseaux. reconnaissaient l’ap- 
proche dela terre, bien avant que les yeux de 
l’homme ou les lunettes pussent l'indiquer. Le 
célèbre naturaliste Péron a constaté le même fait 
dans son expédition aux Terres Australes. Au voi- 
sinage des terres, surtout lorsque le vent en ve- 
nait, les Chiens s’agitaient en témoignant un 
grand désir d’y descendre; ils se tenaient assidu- 
ment vers la partie du vaisseau qui y était tour- 
née. C’est ainsi qu’ils annoncèrent les premiers à 
Péron les parages des Canaries, de l’ile Maurice, 
les côtes de la Nouvelle-Hollande. 

Durant les premières campagnes d'Italie, diri- 
gées par Napoléon Bonaparte, le Caniche Mous- 
tache s’est fait distinguer par son audace militaire ; 
ce fut surtout à la bataille de Marengo qu'il s’at- 
tira l'amitié de nos troupes par ses marches et 
contremarches, pour découvrir les mouvemens de 
l'ennemi et détourner nos soldats des embûches 
qu'on leur tendait. Il était sans cesse à l’avant- 
garde, et allait toujours le premier à Ja décou- 


100® LivraIsON, 20 


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CHIE 


194 


CHIE 


D EEE EE 


verte. Nos soldats avaient en lui une telle con- 
_fiance, qu'ils suivaient aveuglément le chemin 
qu’il leur indiquait ; is ont plus d’une fois , grâce 
à sa vigilance, surpris.et mis en déroute l'ennemi 
quis ’avancait de nuit et par des routes détournées. 
Bourrienne ; Je grand calomniateur de toutes les 
gloires nationales , Bourrienne a voulu déshériter 
Moustache de ses hauts faits et de son noble dé- 
vouement; l’armée l’a vengéen ayant soin de lui, 
quand il fut blessé au champ d'honneur, et lui 
rendit les hommages militaires à sa mort. 

Parade aimait Ja musique ; le matin il assistait 

régulièrement à la parade aux Tuileries; il se 
placait au milieu des musiciens, marchait avec 
eux, s’arrêtait avec eux, et lorsqu’ ils avaient ter- 
miné leur exercice, il disparaissait jusqu’au len- 
demain à la même heure. L’habitude de le voir 
toujours exact, toujours attentif, lui fit donner le 
nom sous lequel il est connu; bientôt il fut fêté 
par chacun de ses nouveeux amis, et tour à tour 
invité à diner. Gelui qui voulait l'avoir lui disait, 

en le flattant de la main : «Parade, aujourd’hui 
tu dîneras avec moi, » Ce mot suflisait, le chien 
suivait son hôte, mangeait gaîment, payait son 
écho par des caresses, mais aussitôt le diner ter- 
miné, il partait pour l'Opéra, les Italiens ou Fey- 
deau: il se rendait droit à l'orchestre, se plaçait 
dans un coin , et me sortait qu’à la fin du spectacle. 
J’ai vu Parade en 1798. Son nom, sa réputation 
étaient encore dans la mémoire de tous les musi- 
ciens lors de mon retour de mes voyages en 1808. 

Durant mon séjour à Parme, en février 1806, 

j'airemarqué une Chienne de l’espèce du Mâtin, 
faisant le métier de mendiant et y dressant ses 
petits. De cette habitude elle avait reçu le nom 
de Poverina. Tous les jours elle se rendait, de deux 
à trois heures, devant les maisons. où l’on était dans 
l'usage de lui faire l’aumône. Elle annonçait sa 
présence en poussant un seul aboïement, sem- 
blable à celui qu'émet d'ordmaire le Chien qui 
demande qu’on lui ouvre une porte; puis après 
deux minutes, elle en donnait un autre, et con- 
tinuait ensuite , mais plus fort, plus fréquemment, 
durant un quart d'heure, jusqu'à ce qu'elle eût 
reçn quelque chose à manger. Chaque j jour avait 
sa rue , chaque rue ses maisons attitrées. J’ai suivi 
ces scènes à diverses reprises, et les habitans de 
Parme m'ont assuré qu'elles se. renouvelaient déjà 
depuis plusieurs années. 

_ À Rome, le Chien lévrier d’un peintre de mes 
amis était chargé d'aller, tous les matins, chercher 
le pain que nous devions consommer dans le jour. 
Nous déposions dans le panier l'argent nécessaire 
et notre boulanger livrait à 7 a notre petite 
provision. Tout alla fort régulièrement durant 
deux mois, Bientôt ilnous manque une pagnotle ; j 
d’abord nous n’y fimes aucune attention, mais la 
chose se. renouvelant chaque jour, nous nous 
plaignimes; assurance de la part du boulanger 
que nous étions servis fidèlement ; il fallut F2 
observer le Chien, et nous vimes en effet que la 
soustraction était réellement de son fait. Vento se 
trouvait époux et père à notre insu ; pour aider 


‘ A » 


sa compagne et son petit, il enlevait à chaque 
voyage un pain frais qu'il leur portait. Sa famille 
avait pris domicile près de mon habitation, der- 
rière des marbres rangés le long de l'église des 


: Grecs. Il enlevait aussi once de débris 


de notre table, car du moment que nous eûmes 
découvert le motif de son vol et que nous l’eûmes 
autorisé , il ne se gêna plus, et il finit même par 
nous témoigner sa joie, en nous apportant son 
petit et en amenant avec lui sa chère compagne. 
Encore untrait, ce sera le dernier. T'ropique, 

Chien braque, né à bord de la corvette le Géo- 
graphe, avait un tel attachement pour son habita- 
tion flottante, qu'il ne la quittait pas sans peine, 
pour suivre dans ses excursions sur terre le natu- 
raliste Lesueur, qui fut l’ami et le compagnon de 
Péron. Comme le vaisseau terminait son voyage 
aux Terres Australes et se disposait à revenir en 
France, l'équipage consentit à laisser Tropique à 
l’île Maurice chez l’un des habitans où il avait été 
bien recu ; mais le Chien ayant trouvé moyen de 
s'échapper, vint à la nage rejoindre une première 
fois le bâtiment , éloigné de [la côte d’une demi- 
portée de canon. On le rendit à son nouveau 
maître, et, le départ approchant, on changea de 
mouillage et on alla se placer dans la grande rade, 
à environ une lieue du fond du port, dans l’en- 
droit où les bâtimens prêts à partir ont coutume 
de faire leurs dernières dispositions. Tropique 
s'étant encore échappé, nagea d’abord du côté 
où il avait trouvé la Corvette une première fois ; 
maisne l’y ayant point rencontrée, il vint, par 
un prodige d'intelligence et de courage, la re- 
joindre à une aussi grande distance. On Vapercut 
de loin, se reposant de temps en temps sur les 
bouées ou bois flottans destinés à marquer l’entrée 
du chenal. On le vit redoubler de force et d’ardeur, 
dès qu'il put entendre la voix des personnes du 
bâtiment ; ct cette fois, du moins, son attache- 
ment recut sa juste récompense ; on le garda à 
bord. Arrivée au Havre, d’où elle tait partie 
trois ans auparavant, la corvette fut désarmée, 
l'état-major logé à terre , et peu à peu le bâtiment 
devint désert. Tropique allait et venait pendant 
tous ces travaux, suivant tour à tour Lesueur ou 
ses compagnons , mais ne manquant jamais de re- 
venir à bord le soir, ou à l'heure des repas. Bien- 
tôt il ne resta sur la corvette qu’un seul gardien 
inconnu à Tropique : il devint alors triste et SE 
Lesueur mit tout en œuvre pour se l’attacher et 
l'empêcher de retourner tous les soirs à bord. Il 
ne put y réussir. Un jour l’on changea de place 
la corvette, qui fut emmenée dans le bassin inté- 
térieur du port; Tropique, à son retour, ne 
l'ayant pas trouvée, passa la nuit sur un ponton 
qui avait été placé entre la terre et le bâtiment. 
Il y demeura encore la journée du lendemain 
jusqu’ au soir, qu étonné de ne l'avoir point vu, 
Lesueur alla le chercher. Tout son extérieur était 
changé , il avait perdu sa gaîlé ; craintif, la tête 
et da queue basses , n ’avancant plus qu'avec len- 
teur, les regards tristes, abattus, tout indiquait 
chez lui le plus violent chasrin. Ce fut en vain 


+ MORT 


e . 1 “Rare ‘ 


PL 103. 


2. Chigomnuer. 2.3. Chympanse. 
2 


Z Cuerin dr: 


CHIL 


155 


CHIL 


a] —_—]———  —"" ——_ ——_—_————— _—_—_— —_—_———————— ee ——————_—_— td 


que le jeune naturaliste le pressa dans ses bras, 
… appela de la voix et qu’il cherchait à le distraire 
par ses caresses, par ses attentions, tout fut inu- 
ile. Tropique retournait constamment sur le 
ponton ; enfin il refusa toute espèce de nourriture, 
et le malheureux, les yeux fixés sur l'endroit où 
avait été la corvette, expira en pleurant sa pa- 
trie !..…. (T, ». B.) 
CHIENDENT. (507. PHan.). C’est le nom vul- 
gaire de deux espèces de graminées qui appar- 
tiennent à deux genres différens : l’une, connue 
. sous le nom de Chiendent des boutiques, est le 
Triticum repens de Linné (v. Frouenr) ; l’autre, 
le Chiendent pied de poule, est le Panicum dac- 
tylon, Linn. (v. Panic). On donne encore le nom 
… de Chiendent à d’autres plantes appartenant à 
» divers genres, voici les principales : 
CuIENDENT AQUATIQUE. Ÿ 0ÿ.F'ÉTUQUE FLOTTANTE. 
CmENDENT À BROSSETTES. V’oy. DACTYLE PELO- 
TONNÉ. 
CnienDENT rossize. Nom donné par quelques 
auteurs à l’Amiante. 
CurenDenT mar. C’est une espèce de Varec. 
CHIENDENT QUEUE DE RENARD, espèce du genre 
 Vulpin. 
Cuiennenr rugan. Le Roseau panaché. 
CreNDENT À VERGETTES. M. Bosc a reconnu que 
c’est la racine du Barbon digité. (GuÉr.) 
“ CHIGOMIER. (zor. pxan.) Ce nom, qui rap- 
pelle celui de Chigouma, employé par les indigènes 
» des régions chaudes de l'Amérique, avait d’abord 
* été adopté par les botanistes français ; mais de- 
. puis quelques années on lui préfère celui de Gom- 
“bret, comme plus scientifique. (Voy. Comuerer.) 
Nous avons représenté une belle espèce de cegenre, 
le Chigomier écarlate, dans notre Atlas, pl. 105, 
fig. 1. (T. v. B.) 
CHILOGNATHES, Chilognatha. (1xs.) Famille 
- de l’ordre des Myriapodes, qui formait autrefois 
“le genre Jule de Linné, ayant pour caractères : 
- Corps cylindrique , muni d’un grand nombre de 
“pieds disposés par paire sur chaque anneau ; an- 
“iennes de sept articles. Ges insectes , comme tous 
ceux de l’ordre dont ils font partie, ont le corps 
“linéaire crustacé; la tête est de même grosseur 
que le corps; la bouche se compose de deux man- 
dibules épaisses , sans palpes , visiblement divisées 
en deux dans leur longueur par une suture, avec 
la partie supérieure munie de dents et recou- 
erte par une espèce de lèvre. Les quatre pre- 
“mières paires de pieds, qui ont leur article basi- 
“lire beaucoup plus long que dans les autres, et 
ie sur la ligne médiane du corps , paraissent 
“füre partie accessoire de la bouche. Les autres 
“pieds sont très-courts, munis d’un seul crochet à 
l'extrémité, et insérés par paire sur chaque an- 
“neau, à compter du quatrième ou cinquième. Les 
pren mâles sont situés après le septième an- 
“neau et ceux femelles après le second, mais ils ne 
“paraissent guère qu'après que les insectes ont at- 
teint au moins le tiers de leur longueur totale , ce 
qui , dans quelques espèces, n’arrive que vers la 


A AN “ion een 


deuxième année. Les stigmates sont situés en ar- 


rière de la seconde paire de pattes de chaque seg- 
ment. Les deux ou trois derniers anneaux étant 
apodes doivent aussi être dépourvus de stigmates. 
Ces organes communiquent avec une double série 
de réservoirs pneumatiques répendant des tra- 
chées sur tous les autres organes. M. Straus croit 
que ces réservoirs ne sont point liés entre eux 
par une trachée principale. Gomme cette obser- 
vation serait anomale, je pense qu’elle mérite 
d’être de nouveau examinée. 

Degéer et M. Savi, professeur à Pise, se sont 
occupés d’étndier les mœurs de ces insectes; 
on doit au dernier d’avoir rectifié une erreur que 
l’on avait commise par rapport auxstigmates, et 
d’avoir indiqué leur vraie place, car ce qu'avant 
lui l'on prenait pour eux, n’est qu’ane suite de 
pores propres à laisser écouler une humeur fétide, 
et que peut-être ces insectes emploient comme 
moyen de défense. L’accouplement était connu, 
le mâle et la femelle sont appliqués immédiate- 
ment l’un contre l’autre ; sa saison est pendant 
l'hiver pour l'Italie ; mais les résultats de cet acte 
sont loin d’être aussi clairs, Degéer avait dit que, 
lors de la première mue, les petits ont six pattes, 
M. Savi leur en voit vingt-deux à la première 
mue, je suis tenté de croire que quelques mues 
intermédiaires lui ont échappé. C’est une obser- 
valion qu’on peut engager l’auteur à recommen- 
cer lui-même. A Ia seconde mue, le nombre s’en 
élève, suivant lui, à trente-six paires; à la troi- 
sième à quarante-trois; enfin à l’état adulte le 
corps du mâle a trente-neufsegmens, etla femelle 
soixante-quatre. 

Ces insectes, avec un nombre de pieds si rap- 
prochés et si courts, ont l'air de glisser sur le 
plan de position plutôt que de marcher. Ils vivent 
des débris des végétaux sous lesquels on les trouve 
souvent, ainsi que sous les écorces des arbres. 
V. Juces, Gromeris, PoryDkme ,PozvxÈne. (A. P.) 

CHILOPODES, Chilopoda. (ins.) Faille des 
Myriapodes, formant auparavant le seul genre 
Scolopendre-de Linné. Ainsi que les Chilognathes, 
ces insectes ont le corps allongé, mais déprimé. 
On peut leur donner pour caractères : corps al- 
longé, déprimé, segmens ne portant qu’une paire 
de pattes ; bouche armée de deux pieds-mâchoires 
percés en dessous pour laisser écouler une liqueur 
vénéneuse. 

Ces insectes ont la tête déprimée , les antennes, 
au moins de quatorze articles, plus minces à leur 
extrémité ; la bouche se compose de deux man- 
dibules offrant un petit palpe, d’unelèvre dont les 
deux divisions extérieures sont comme annelées 
et représenteraient des palpes labiaux, d’une pre- 
mière paire de petits pieds réunis à lefr base et 
unguiculés au bout , et enfin d’une seconde paire 
de pieds joints à leur naissance, dilatés , ayant le 
crochet très-développé et percé en dessous pour 
le passage d'une liqueur vénéneuse ; le corps est 
membraneux, plus large vers le milieu de sa lon- 
gueur. Chacun des segmens ést recouvert d’une 
plaque écailleuse portant une seule paire de pattes; 
la dernière, plus développée que toutes les autres, 


CHIM 


156 


CHIM 


est rejetée en arrière et ne sert pas à la marche. Les 
organes sexuels sont situés à l'extrémité du corps. 
Ces insectes sont carnassiers, évitent la lumière, 
anssi les trouve-t-on le plus souvent sous les pierres , 
les écorces d’arbres et dans les fumiers. La mor- 
sure de quelques espèces d’une grande taille peut 
donner lieu à des accidens graves. Voyez Scoco- 
PENDRE , SCUTIGÈRE, etc. (A. P.) 
CHIMÈRE , Chimæra. (poiss.) C’est un objet 
très-digne d'être remarqué que ce grand poisson 
cartilagineux, dont la conformation est si curieuse 
qu'elle lui a fait donner le nom de Chimère, et 
même celui de Chimère monsirueuse par Linné 
etpar d’autres naturalistes. L’agilité et en même 
temps l'espèce de bizarrerie de ses mouvemens , 
la mobilité de sa queue très-longue et très-déliée, 
la manière dont ses dents se meuvent , et celle 
dont ce poisson remue également les différentes 
parties de son museau, souples et flexibles, ont 
en effet retracé au yeux de ceux qui l’ont observé, 
l'allure, les gestes et les contorsions des singes les 
plus connus. D'un autre côté, tout le monde sait 
que l'imagination poélique des anciens avait donné 
à l'animal redoutable qu’ils appelaient Chimère , 
une tête de lion et une queue de serpent; la lon- 
gue queue du cartilagineux que nous examinons 
rappelle celle d’un reptile , et la place ainsi que la 
longueur des premiers rayons de la nagcoire du 
dos représentent, quoique très-imparfaitement , 
une sorte de crinière , située derrière la tête qui 
est très-grosse, ainsi que celle du lion; d’ailleurs 
les différentes parties du corps de cet animal ont des 
proportions que l’on nerencontre pas dans la classe, 
cependant très-nombreuse, des poissons, et qui lui 
dennent , au premier coup d'œil, l'apparence d’un 
être monstrueux. Enfin la conformation particu- 
lière des parties sexuelles, tant dans le mâle que 
dans la femelle , et surtout l’appareil extérieur de 
ces parties, ajoutent à l'espèce de tendance que 
l’on a, dans les premiers momens où l’on voit la 
Chimère arctique, à ne la considérer que comme 
un monstre, et doivent la faire observer encore 
avec un plus grand intérêt. On a assimilé en quel- 
que sorte sa tête à celle du lion; on a voulu, en 
conséquence , la couronner comme celle de ce 
dernier et terrible quadrupède. Le lion a été 
nommé le roi des animaux; on a donné aussi un 
empire à la Chimère, et plusieurs auteurs l'ont 
appelée le roi des harengs, dont elle agiteet pour- 
suit les immenses colonnes. On ne connaît encore 
dans le genre Chimère qu’une seule espèce ; la 
CmIMÈRE ARCTIQUE, chimwæra monstruosa, Linné, 
Bloch, 124. Sa dénomination indique les contrées 
du globe qu’elle habite. Elle ne s'approche que 
rarement des contrées tempérées, et ne seplaît, 
pour ainsi dire, qu’au milieu des montagnes de 
glace, et des tempêtes qui bouleversent si souvent 
les plages polaires. Ce poisson est long de trois 
pieds quand il est adulte; sa couleur est jau- 
nâtre avec des taches noires. La Chimère s’ac- 
couple à la manière des raies et des squales. Les 
œufs sont fécondés dans la vulve de la mère, 
comme ceux des squales et des raies. Mais ce qui 


est plus digne de remarque, et qui rend la Chi- 
mère un étreplus extraordinaire et plus singulier , 
c’est que, seule parmi tous les poissons connus 
jusqu'à présent, elle paraît féconder ses œufs 
non-sculement pendant un accouplement réel, 
mais encore pendant une réunion intime, et par 
une véritable intromission. Plusieurs auteurs 
ont écrit en effet que la Chimère mâle avait une 
sorte de verge double; on a également remarqué 
sur la femelle, un peu au dessus de l'anus. 
des parties très -rapprochées , saillantes, arron- 
dies, assez grandes, membraneuses, plissées , 
extensibles , et qui présentaient chacune l’origine 
d’une cavité qui correspond jusque dans l'ovaire. 
Ces deux appendices doivent être considérés comme 
une double vulve destinée à recevoir l’organe 
mâle, et nous avons d'autant plus cru devoir les 
faise connaître , que cette conformation , très-rare 
dans plusieurs classes d’animaux , est très- éloignée 
de celle que présentent les parties sexuelles des fe- 
melles des poissons. La Chimère arctique. cet 
animal extraordinaire par sa forme, vit, ainsi que 
nous l'avons dit plus haut, au milieu de l'Océan 
seplentrional; ce n’est que rarement qu’elle s’ap- 
proche des rives. Le temps de son accouplement 
est presque le seul pendant lequel elle quitte la 


‘haute mer ; elle se tient presque toujours dans les 


profondeurs de l'Océan, où elle se nourrit, pour 
l'ordinaire, de crabes , de mollusques, et si parois 
elle se présente à la surface de l’eau, ce n’est que 
pendant la nuit, ses yeux grands et sensibles ne 
pouvant supporter ‘qu'avec peine l'éclat de la Iu- 
mière du jour. On l’a vue cependant attaquer ces 
légions innombrables de harengs dont la mer du 
Nord est couverte à certaine époque de l’année, 
les poursuivre , et faire sa proie de plusieurs de 
ces faibles animaux, Au reste , les Norwégiens et 
d’autres habitans des côtes septentrionales, vers les- 
quelles elle s’avance quelquefois, se nourrissent 
de ses œufs et de son foie, qu'ils préparent avec 
plus ou moins de soin. Nous avons donné une 
figure de cepoisson dans notre Atlas, pl. 104, fig. 1: 
(Azrn. G.) 

CHIMIE. La Chimie est la science qui apprend 
à connaître l’action intime et réciproque des mo- 
lécules intégrantes des corps les unes sur les autres: 

Suivant quelques auteurs, le mot Chimie est 
arabe; suivant d’autres , il est grec. Dans la pre- 
mière supposilion, il signifie l'art qui traite des pro- 
priétés des corps, détermine leurs principes et leurs 
attractions, les analyse, les recomposes ; dans la se- 
conde, il veut dire fondre, ou bien encore suc. 
Cette dernière étymologie est beaucoup moins sa- 
tisfaisante que la première. Enfin la Chimie a été 
appelée tantôt pyrotechnie , ou art du feu; chry- 
sopée, argyropée, ou fabrication d’oret d’argent; tan- 
tôt science spagyrique, physique particulière, ete. 
Cette dernière dénomination est la plus convena- 
ble. On sait en effet que la physique et la Chimie 
sont tellement liées l’une à l’autre, qu’on peut les 
considérer comme les parties d’un grand tout, 
d’un grand système auquel on peut donner le nom 
de science de la nature active. 


z. Chimere 


Æ 


. Guerûr dur 


D pont" om lo RE 


RC TE. A 


CHIM 


157 


CHIM 


L'histoire de la Chimie commence par des fa- 
bles, auxquelles ont'succédé des observations in - 
complètes, des idées vagues, des hypothèses, des 
théories incertaines, etc. , présentant cà et là quel- 
ques faits constatés, quelques pocédés ingénieux. 
Les premiers chimistes ontélé ceux quionttrouvéles 
moyens d'extraire, de fondre, d’allier les métaux. 

Comme toutes les sciences , la Chimie a marché 
lentement ; ses pas ont été sans cesse arrêtés par 
les rêves de l'astrologie judiciaire et le roman de 
la pierre philosophale. Jusqu'à 1640, elle n’a of- 
fert que quelques faits particuliers. A cette époque, 
Rhazès, Roger Bacon, Arnaud de Villeneuve, Ba- 
sile Valentin , Paracelse , etc. , signalèrent plusieurs 
propriétés de certains métaux, comme le fer, le 
mercure, l’antimoine, etc.; les acides nitrique, 
sulfurique , hydrochlorique furent trouvés, les dis- 
tillations inventées, l’opium et les alcalis purifiés, 
le sel de glauber (sulfate de soude cristallisé) dé- 
couvert, etc. 

‘ Sthal paraît; Sthal, qui commenta, rectifia et 
étendit les idées de Bécher, établit sa théorie du 
phlogistique, théorie qui ne put résister à la Chi- 
mie poeumalique , monument du génie de Black, 
Priestlev, Gauvendish et Lavoisier, et dont Four- 
croy aété jusqu'à présent le plus parfait historien. 

Du temps de Sthal , quand un métal s’oxidait, 
soit par l’air seal, soit par l'air et le feu, on disait que 
le métal perdait son phlogistique; un métal oxidé 
était-il réduit, c’est-à-dire ramené à son état na- 
turel, le métal reprenait son phlogistique ; mais 
aussitôt que l’on eut connu la composition de l’air 
atmosphérique , on vit que les corps brûlés ou 
oxidés , au lieu de perdre de leurs principes, s’em- 
paraient d’un des élémens composant l'air, et cet 
élément, c'était l’oxigène. Cette découverte fit faire 
des pas immenses à la Chimie. Mais ce qui re- 
haussa surtout cette science, ce fut la nomen- 
clature adoptée, pour la première fois, en 1787, et 
que l’on doit au génie des Lavoisier, Fourcroy, 
Guyton de Morveau et Berthollet. 

Des deux moyens mis en usage, pour connaître 
la nature intime des corps, l'analyse et la synthèse, 
le premier sépare, met à nu les principes consti- 
tuans des corps composés, le second réunit les mé- 
mes principes pour rétablir la substance analysée. 

De même que la physique est inséparable de la 
Chimie, de même lhistoire naturelle Jui est in- 
timement liée. En effet, avant que le chimiste 
porte son investigation sur le premier corps venu, 
il est bon que le règne et les propriétés extérieures 


-de ce corps lui soient parfaitement connus. Cette 


vérité prouve toute l’étendue et toute l'importance 
de la Chimie. 

Pour faciliter l'étude d’une science aussi im- 
mense de détails qu’est la Chimie , on l’a divisée et 
subdivisée en plusieurs parties que l’on peut atta- 
‘quer séparément, et cela avec d’autant plus de 
raison, que tous les phénomènes s'expliquent par 
une théorie générale, et qu’ils se rapportent à un 
certain nombre de lois qu’il faut connaître. L’en- 
semble de ces lois s'appelle {a Chimie philosophi- 
que. Cette Chimie nous fait considérer ce que l’on 


doit entendre par aflinité d’agrégation ou de co-. 
hésion , par aflinité de composition; elle nous fait 
voir que l’aflinité peut avoir lieu : 1° entre deux 
substances simples ; 2° entre une substance simple 
et une composée ; 5° entre des corps composés et 
d’autres corps composés. C’est elle qui mesure les 
forces de l’aflinité , qui tient compte des circons- 
tances qui favorisent ou empêchent les attractions; 
qui examine le rôle que jouent dans les réactions 
chimiques, le calorique, la lumière, l'électri- 
cité , ‘etc., etc. Enfin, cette même Chimie philo- 
sophique nous explique les phénomènes connus 
sous le nom de solution, saturation, cristallisation , 
effervescence , eic. 

Suivant que la Ghimie s’occupe de telle ou telle 
généralité des sciences de la nature , on la divise 
en plusieurs branches particulières ; ainsi, on l’ap- 
pelle : Chimie météorique, quand elle donne l’ex- 
plication de la formation des nuages, de la pluie, 
des brouïllards, de la neige, de la grêle, etc. ; 
Chimie géologique, quand elle s’occupe de l'étude 
spéciale des volcans, des mines, des houillères, des 
tremblemens de terre, etc. ; Chimie minérale, vé- 
gétale, animale, quand elle s’applique à connaître 
la composition d’un minerai, d'une plante ou d’un 
animal; Chimie physiologique, pathologique , quand 
elle considère les changemens qui se passent pen- 
dant la vie des animaux et ceux qui sont survenus 
après leur mort ; Chimie thérapeutique ou phar- 
macologique, quand elle analyse les médicamens, 
éclaire le manipulateur dans leur préparation; 
Chimie hygiénique, quand elle indique les moyens 
d’assainir les habitations, de connaître la compo- 
sition de l’air; Chimie toxicologique, quand elle 
éclaire le juge dans un procès criminel, un cas 
d’empoisonnement par exemple; enfin Chimie ma- 
nufacturière, quand elle s’applique aux arts, qu’elle 
étend, qu’elle perfectionne, qu’elle simplifie. 

À toutes ces divisions , nous pourrions en ajouter 
une autre,la Chimie médicale, chimie qui n’est autre 
que celle que nous avons appelée physiologique, 
pathologique,thérapeutique, pharmacologique et toæi- 
cologique. En effet, quels importans servicesla Chi- 
mie n’a-t-elle pas rendus à la médecine, 1° en s’oc- 
cupant de la composition et de l’altération des soli- 
des et des liquides du corpshumain; 2° en facilitant 
l'étude de l'anatomie; en mettant entre les mains 
de l’étudiantles moyens de macération, de corro- 
sion, etc., dontil abesoin, poursuivreles plus petites 
divisions d’un nerf, d’une artère, etc.; 3° en enri- 
chissant la matière médicale d’agens nouveaux, 
plus simples dans leur composition, et plus faciles 
à suivre dans leur mode d’action; 4° enfin, en 
éclairant le praticien dans la composition de ses 
formules, de ses prescriptions, choses toujours 
très-difficiles , susceptibles d’erreur , sans des con- 
naissances précises sur la composition et la décom- 
position des corps. Toutefois ne nous abusons pas 
sur les services rendus à la médecine par la Chimie 
sous le rapport pathologique. Quelques résultats 
analytiques ont pu à la vérité mettre sur la voie, 
pour connaître la nature des altérations physiolo- 
giques survenues pendant la vie et après la mort; 


CHIM 


108 


CHIM 


mais le plus grand nombre de ces résultats ont 
besoin d’être encore et souvent répétés pour de- 
venir concluans; on sait d’ailleurs que, dans ces 
sortes de recherches, les difficultés nombreuses 
qui se présentent, ne tiennent pas seulement à lin- 
suflisance des moyens d'investigation , mais en- 
core à une action vitale ou morbide particulière 
qui nous est inconnue. Telle est l'idée qu’on doit 
se faire de la Chimie, tel est aussi le but qu’elle 
se propose, et tels sont les moyens (l'analyse et la 
synthèse) qu’elle a à sa disposition pour arriver à 
ce mêmé but. | 

Depuis Lavoisier, les modernes ont beaucoup 
agrandi la'carrière de la Chimie, et la théorie 
trop exclusive sur l’oxigénation a été modifiée. 
Le chlore, l'iode, le brôme, le cyanogène, le 
fluor, etc., jouissent des propriétés acidifiantes 
de l’oxigène et forment des acides avec l'hydro- 
gène; des alcalis, des terres ont été reconnus 
comme oxides métalliques ; des corps qu'on avait 
crus simples jusqu'alors, ont été décomposés; la 
pile voltaique et d’autres agens puissans ont été 
découverts; enfin, dans ces derniers temps, la 
théorie atomique ou atomistique a pris faveur, 
et son avenir , dans l’esprit de quelques savans, 
est riche des plus belles espérances et des plus 
heureuses modifications dans l'analyse organique. 

Dans cette brillante carrière où se sont montrés 
beaucoup d'hommes illustres, tels que Berthollet, 
Laplace, Monge, Fourcroy, Guyton de Morveau, 
Vauquelin, Sérullas. marchent aujourd'hui Gay- 
Lussac, Thénard, Davy, Berzélius, Chevreul, 
Dumas , Robiquet et une foule d’autres savans dis- 
tingués, dont les ouvrages sont devenus classiques. 

Maintenant la Chimie a-t-elle atteint son sum- 
mum de perfection, n’a-t-elle plus rien à faire ? 
Non, certainement. Bien qu’elle ait immensément 
gagné depuis quelques années, elle a encore de 
vastes et importantes recherches à faire sur les 
substances végétales et animales, sur les poisons , 
les alimens liquides ou solides, ete. À qui im- 
portet-il, en eflet, de connaître la nature des ma- 
tières nutritives, leur quantité dans chaque es- 
pèce de nourriture, leur digestibilité , leur. pré- 
paration, leur conservation, etc. , si ce n'est au 
chimiste ? Qui examinera les eaux, les vins, les 
liqueurs? Qui s’assurera de leur pureté , de leur 
purification ? le chimiste. 

La Chimie atomique, chimie due à Higgens, sa- 
vant irlandais, développée plus tard par Dalton, 
étudiée ensuite par Berzélins, Ampère, Biot et Du- 
mas, pourra-t-elle plus facilement que la Chimie 
ancienne résoudre toutes ces questions ? laissera-t- 
elle de longs et utiles souvenirs? nous le désirons 
plus que nousne l’espérons. En effet, quelle solidité 
peut avoir un système fondé sur des hypothèses, 
_ sur des êtres imaginaires ;” sur des atomes enfin, 
corps qui ne sont plus accessibles à nos sens, et 
qui n’existent que dans notre imagination ? Toute- 
fois ne repoussons pas cette théorie d’une manière 


absolue; suivons pas à pas ceux qui en sont les par- ! 


tisans , et, plus tard, les faits parleront pour ou 
contre : plus tard aussi nous jugerons. 


Nous pourrions encore montrer la Chimie por- 
tant dans les organes déchirés par le poison, les 
corps capables de neutraliser ce qu'une main cri- 
minelle y aurait introduit; nous pourrions également 
lamontrer enseignant à extraire et à travailler les 
métaux, la verrerie, la poterie, la porcelaine, la 
teinture, les savons, les acides, etc., etc. : mais 
nous terminerons là un article qui déjà peut-être a 
dépassé les bornes qui nous sont imposées. (F. F.) 

CHIMPANZÉ ; Troglodytes. (maw.) Ce genre 
appartient à la famille des Singes catarrhinins 
ou de l’ancien continent, il ne comprend 
qu'une espèce exclusivement propre à l’Afrique; 
voici quels sont ses caractères : trente - deux 
dents, + incisives, + canines, et ;=+ molai- 
res; les canines peu saillantes et contiguës aux in- 
cisives, lesquelles sont droites aux deux mâchoires 
et disposées comme celles de l’homme; les mo- 
laires sont aussi dans ce cas; face nue, à mu- 
seau court; front arrondi, mais fuyant en ar- 
rière; arcades surcilières très-proéminentes, ce 
qui ne donne à l’angle facial que cinquante de- 
grés; conques auriculaires très-grandes, mais de 
forme humaine; mains munies d'ongles plats, à 
doigts de même longueur que chez l’homme, 
excepté le pouce; membres proportionnés ; callo- 
sités des fesses peu prononcées, mais existant ce- 
pendant d'une manière visible, ainsi que l’a re- 
connu M. Isid, Geoffroy ; poils rares sur certaines 
parties et tout-à-fait nuls à la face et à la paume 
des mains ; à l’avant-bras ils sont dirigés du côté du 
coude; point de queue, non plus que d’abajoues. 

Le Crimpanzé Nom, Troglodytes niger, est la 
seule espèce authentique; c’est de tous les Sin- 
ges celui qui se rapproche le plus de l’homme 
tant par ses facultés physiques que par celles de som 
moral. Son front est arrondi, mais caché par les 
arcades surcilières dont le développement est ex- 
trême ; sa face est brune et nue, à l'exception des 
joues qui ont quelques poils disposés en manière 
de favoris; ses yeux sont petits mais pleins d’ex- 
pression ; le nez est camus et la bouche large. 

Cet animal peut atteindre jusqu’à cinq et six 
pieds de haut. 11 lui est facile de se tenir sar ses 
membres inférieurs, et lorsqu'il s'appuie sur un 
bâton il peut marcher debout pendant un temps 
assez long. Son corps est couvert de poils plus 
nombreux sur le dos, les épaules et les jambes 
que partout ailleurs ; les mains en sont tout-à-fait 
dépourvues à leur face palmaire, ainsi que les 
oreilles et le visage, Ges poils sont généralement 
noirs , cependant à l’entour de l’anus on en voit 
quelques uns qui sont blancs. Les membres ne 
sont point disproportionnés comme chezles Orangs 
et les Gibbons , les supérieurs ne descendent guère 
que jusqu'au jarret , et les inférieurs ont une es- 
pèce de mollet , formé comme chez l’homme par 
les mascles jumeaux et soléaire; leur force est 
très-grande ; ils permettent à l'animal de marcher 
et aussi de grimper avec beaucoup d’agilité. Les 
doigts des pieds et des mains sont de même lon- 
gueur que chez l’homme, les ongles sont aplatis. 
Ce caractère, joint à celuique fournissent les: 


CHIM 


159 


CHIN 


membres , différencie parfaitement le Chimpanzé 
de l’Orang et fait reconnaître qu'il doit être 
placé avant lui dans la série mammaälogique. 

Le Chimpanzé habite l'Afrique, on ne l’a en- 
core observé que sur quelques points intertropi- 
caux de la côte occidentale, dans les forêts du 
Congo, du Loango, d’Angole et de la Guinée. 
Il n’existe point en Asie. Pendant les premières 
années de son âge , ilest remarquable par sa dou- 
ceuret la facilité avec laquelle il s’apprivoise; mais 
à mesure qu'il vieillit, il perdJa plupart deces bon 
nes dispositions qui sont remplacées par les 
instincts les plus farouches. Il ne craint point 
alors d'attaquer l’homme lui-même; il s’arme 
d’un bâton et: le frappe avec violence ou bien il 
ui lance des pierres. On assure que les Ghim- 
panzés sont d'un tempérament fort lascif et que 
plus d’une fois il leur est arrivé d'enlever des né- 
gresses pour en jouir; on cite même une de ces 
femmes qui resta cinq années dans leur société, et 
qui étant ensuite revenue auprès des gens de sa 
nation, leur conta tous les bons traitemens et les 
attentions que ces singes lui avaient prodigués. 

Les navigateurs ont eu plusieurs fois l’occasion 
d'étudier les mœurs des Chimpanzés domestiques, 
et il nous ont appris que ces animaux, Jorsqu on 
les prend encore jeunes, sont susceptibles d’une 
éducation très-variée.- [ls apprennent à se tenir à 


table, aussi bien que pourraient le faire les hom-. 


mes de nos contrées civilisées. Ils mangent assez 
de tout, mais affectionnent principalement les su- 
creries. On peut aussi les accoutumer aux liqueurs 
fortes. Ils se servent du couteau , de la fourchette 
et de la cuiller , pour couper ou prendre ce qu’on 
leur sert. Ils reçoivent avec politesse les person- 
nes qui viennent les visiter ; restent pour leur te- 
nir compagnie et les reconduisent.. Buffon, qui a 
possédé un de ces singes vivans, à pu Métier 
presque toutes ces allérations. 

Les naturalistes méthodistes ont tous considéré 
l'espèce qui nous occupe comme devant tenir le 
premier rang parmi celles de La famille des Singes ; 
quelques uns même n’ont pas hésité à les placer 
dans le même. genre que l’homme, l’ appelant 
Homo siboestris et Homo tr oglodytes : c’est ce 
qu'ont fait Tyson, et Linnæus dans les premières 
éditions de son Systema naturæ. Mais si les Chim- 
panzés doivent être rangés après l'homme et se 
classer les premièrs parmi les Singes , ils n’appar- 
tiennent pas certainement au même genre que 
nous ; c’est d’ailleurs ce que Linnœus à reconuu 
dès qu'il a pu avoir des détails plus exacts sur 
leurs membres qui ont tout-à-fait la conforma- 


tion quadrumane. 


Voici quelques uns des noms que l’on à 
donnés aux Chimpanzés : Simia troglodytes, Lin- 
nœus ; Simia pygmæœus etSimia satyrus, Schre- 
ber; Troglodites niger, Geoffroy; et dans les ré- 
cits des voyageurs : Pygmée, Puimpanzé, Quojas- 
morrou , Quino-morrou , etc. Buflon n’a pas peu 
contribué à embrouiller cette synonymie, IL a con- 
fondu le Ghimpanzé avec l'Orang-outang; dans 
son Histoire naturelle , il désigne d abord le pre- 


mier par le nom de Jocko, puis dans son Supplé- 
ment il l'appelle de celui de Pongo qu'il avait. 
d’abord appliqué à l'Orang nommé ensuite par 
lui Jocko; c’est-à dire, pour parler plus clairement, 

qu'il a successivement appelé l'un et l’autre et 
Pongo et Jocko. 

Suivant M. Geoffroy, il pourrait bien se faire 
qu'il y eût dans le genre Troglodyte : plusieurs 
espèces, deux au moins; car on a constaté que 
tous ces animaux n’ont pas les mêmes habitudes 
etla même démarche. De plus, M. de Blainville a 
procuré au cabinet de Ja Faculté des sciences un 
crâne qui diffère par quelques caractères de tous 
ceux que l’on connaît. Gette seconde espèce , en 
admettant qu’elle soit reconnue, n’est point cer- 
taimement celle du Ghimpanzé à fesses blanches, 
Troglodytes leucoprymnus, décrite pas M. Lesson 
dans ses Illustrations de zoologie: celle-ci n’est 
autre chose, comme il est facile de s’en assurer , 
que le jeune âge de l'espèce ordinaire, lequel a 
un peu plus marqué que l’adulie un de ses carac- 
ières, les poils blancs qui environnent l'anus. 
(M. Isid. Geoffroy, Monographie des singes de 
Vanc. cont. publiée dans le Voyage deM. Bélanger, 
décrit ainsi les couleurs du Troglodytes niger : pe- 
lage noir, quelques poils blancs autour de l'anus.) 

‘Ontrouvera dans notre Atlas, pl. 105, fig. 2 eÿ2 a, 
la représentation du Chimpanzé; c’est une copie 
de celle qu’a donnée le traducteur anglais du Rè- 
gne animal : cette figure, la plus exacte que l’on ait 
encore publiée , a été faite d’ après un moule pris 
sur nature morte. (GErv.) 

CHINCHILLA. (mam.) Jusque dans ces der- 
niers temps, l’histoire du Chinchilla et des espèces 
voisines a été fort peu connue, on peut même dire 
qu’on l’a presque entièrement ignorée ; et quoique 
les dépouilles de ces animaux arr ivagsent tous les 
ans par milliers en Europe, on n’avait sur leur 
organisation et leurs mœurs que des données si 
vagues, que c’est à peine si l’on savait à quel ordre 
ils devaient être rapportés. On se hasarda cepen- 
dant à les placer parmi les Rongeurs ; mais quand 
on voulut déterminer quel rang ils devaient pren- 
dre dans la série de ces mammifères, on ne put y 
parvenir, et on commit une foule d° erreurs: c’est 
ainsi qu'on les prit successivement pour des rats, 
des marmottes, des gerboises, des lièvres et des 
agoutis. Cuvier seul, dans la 2céd. du Règ. anim. 
sut éviter la faute, mais c’est en ne cherchant pointà 
résoudre le problème; son esprit méthodique et émi- 
nemment positif craignit de l’entreprendre avant 
d’en avoir les élémens, etilaima mieux reléguer ces 
animaux après tous ceux de leur ordre; il en fit ce 
qu'on nomme en histoire naturelle des espèces 
incertæ sedus. 

Aujourd’hui l’on est plus avancé, les observa- 
tions de MM. Bennett, Isid. Geoffroy et d’Orbia 
gny, Emm. Rousseau, Brookes , etc. , ont parfai- 
tement fait connaître Jes Chinehillas; elles en ont 
même distingué plus d'espèces qu’on ne l'aurait 
soupconné, trois ou quatre, diflérant entre elles 
sous plusieurs rapports et pour lesquelles on à 
même déjà proposé plusieurs genres, 


D 


CHIN 


160 


CHIN 


a , 


M. Isid. Geoffroy publia d’abord, conjointement 
avec M. d’Orbigny, un Mémoire (voy. Ann. sc. 
nat.,t. xx1) dans lequel il considéra la Viscache 
et le Chinchilla comme espèces d’un genre parti- 
culier nommé Callomys; les auteurs n’avaient alors 
étudié que la Viscache, cependant ils crurent 
pouvoir décrire ses caractères comme étant aussi 
ceux du Chinchilla, dont on ne possédait encore 
que des peaux; mais quelque temps après on eut 
plusieurs individus complets de ce dernier. On re- 
connut alors qu’il différait sous plusieurs rapports 
de la Viscache, et que, par conséquent, il ne pou- 
vait rester dans le même genre qu’elle, ou bien il 
fallait modifier la caractéristique de M. Isid. Geof- 
froy. On préféra fonder un nouveau groupe, ce 
‘qui fut fait vers le même temps en Angleterre et 
en France par MM. Everard Bennett et Emm. Rous- 
sean : il en résulta l'établissement du genre Chin- 
chilla pour l’animal de ce nom; la Viscache fut 
indiquée par l’auteur anglais sous le nom généri- 
que de {agostomus que lui avait déjà donné 
M. Brookes , et le genre Callomys resta supprimé. 

Plus tard, M. Bennett publia une notice sur les 
deux genres Lagostomus et Chinchilla, auxquels il 
en ajouta un autre nommé par lui Lagotis ; il y 
placa une espèce nouvelle différant également de 
læ Viscache et du Chinchilla; ainsi l’on eut une 
petite tribu dont le Chinchilla ordinaire fut l’es- 


èce type, et qui comprit les trois genres Zagotis, . 


Chinchilla et Lagostomus ; cette tribu on la nomma 
la tribu des Chinchillas, ou Chinchilliens (en an- 
glais Chinchillidæ) ; on eût pu aussi l'appeler Cal- 
lomiens (du nom générique Callomys donné par 
M. Isid. Geoffroy au Chinchilla et à la Viscache, 
animaux auxquels il eût certainement joint le La- 
gotis, comme il y a joint l’espèce dite par lui Cal- 
loinys aureus). 

Avant d'étudier en particulier les trois genres 
de Chinchilliens, nous allons essayer de donner 
une idée des rapports qu'ils ont entre eux et de la 


place qu’ils doivent occuper dans la classification. 


Ces animaux appartiennent à l’ordre des Ron- 
geurs , cela ne fait aucun doute; ils prennent place 
parmi ceux de cet ordre qui ont des clavicules, et 
ont certainement entre eux plus de rapports qu'avec 
aucun des autres genres voisins, aussi doivent -ils 
rester rapprochés. C’est ce qu'avait fort bien re- 
connu M. Desmarest, lorsqu il avait dit, dans sa 
Mammalogie, que la Viscache, Lepus viscaccia de 
Gmelin, serait certainement retirée du genre des 
Lièvres lorsqu'on la connaîtrait davastage, et qu’elle 
deviendrait probablement le type d’un genre nou- 
veau, lequel comprendrait peut-être aussi le Chin- 
chilla. Quoique les Chinchilliens ne soient pas des 
lapins, cependant c’est des animaux de ce genre 
qu'ils se rapprochent le plus. Ils ont de commun 
avec eux la forme du corps et celle des membres, 
plus longs postérieurement qu’antérieurement ; la 
conformation des dents molaires, qui sont aussi 
formées de lames verticales soudées au moyen du 
cément, et la nature du poil qui est également plus 
abondant en laineux qu’en soyeux. Les différences 
ne sont que dans le nombre des dents incisives et 


molaires et des doigts , la proportion de la queue 
qui est plus longue, et celle des oreilles qui ont 
une autre forme. Cependant cela n’est pas général, 
et on connaît aujourd'hui une espèce de Chinchil- 
lien qui a les oreilles faites absolument comme 
celles des lièvres, de là le nom de Lagotis qui lui 
a été donné. Pour ce qui est des mœurs, elles sont 
à peu près les mêmes chez les uns et chez les au+ 
tres ; tous sont des animaux doux et craintifs, ne 
progressant que par bonds et qui fouillent pour se 
creuser des terriers. 

On ne trouve les Chinchilliens qu’en Amérique. 


Genre Cuincxicca. 


Ce groupe, que l’on nomme de même en latin 
qu'en français, ne comprend que le Chinchilla 
ordinaire, il a d’abord été proposé par M. Bennett 
(voy. la notice que ce savant a insérée dans le Gar- 
den and menag. soc. Lond.); mais il n’a été réel- 
lement adopté et connu en France qu’à l’époque 
à laquelle M. Rousseau fit paraître son Mémoire 
(Ann. des sc. nat.,t. xxvr). On peut le caractéri- 
ser ainsi : incisives =, moins fortes que celles de la 
Viscache; mâchelières =*, toules composées de 
trois lames disposées de telle sorte que l’on voit 


toujours du côté de la surface triturante trois 


rubans d'émail en travers, hormis à la première 
mâchelière qui en a un petit de plus; entre ces 
rubans se trouve une substance brune qui n’est 
autre chose que le cément ; caisses auditives bour- 
souflées et comme trilobées ; crâne brusquement 
tronquée en arrière; oreilles amples, à conques 
très-élargies et arrondies; yeux largement ou - 
verts ; pieds antérieurs à cinq doigts, dont un ru-- 
dimentaire qui est le pouce, les postérieurs à qua- 
tre seulement; ongles petits; queue moyenne, gar- 
nie de poils qui sont toujours usés sur ses côtés. 

CniNcuicia onniNAIRE , C. lanigera , représenté 
dans notre Atlas, pl. 104, fig. ». Cet animal ainsi 
nommé par MM. Bennett et Rouseau, qui nous ont 
fait connaître le premier ses habitudes , et le se- 
cond son organisation, n’a point été connu de 
Linné, Molina en a fait un rat ( Mus. lanigera) , 
MM. Geoffroy et Desmarest l'ont pris pour un 
Cricet (Cricetus laniger), et M. Isid. Geoffroy l’a 
indiqué sous le nom de Callomys lanigera. 

ILest long de quinze pouces environ depuis le bout 
du museau jusqu’à l'extrémitéde la queue; d’un beaw 
gris ondulé de blanc à la face supérieure du corps, 
et très-clair en dessous ; son poilest extrêmement 
fin et doux au toucher, il est fort, long, serré, lai- 
neux, quelquefois même crispé ou mêlé ; le port 
ressemble assez à celui des lapins, mais [a queue 
est plus longue et les oreilles autrement disposées; 
la tête est celle d’un écureuil , elle en a toute la 
vivacité; les moustaches sont composées d’une 
trentaine de poils, inégalement longs, les uns 
blancs, les autres noirs , et dirigés obliquement sur: 
les côtés; les yeux sont grands et pleins d’ex- 
pression, ils ont la pupille élargie , d’un noir très- 
profond , et la cornée blanchütre; les oreilles sont 
grandes et à demi nues, elles sont exposées à se 
couvrir, à leur surface interne, de verrues, ou 


plutôt 


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CHIN 


plutôt de varices, dont la couleur est bleuâtre; 
les pattes de derrière sont de moitié plus grandes 
que celles de devant : nous avons donné, en carac- 
térisant le genre, le nombre de leurs doigts. La 
queue est moins grande que chez la Viscache et 
le Lagotis , elle est un peu plus longue que la 
moitié du corps , les poils de ses côlés sont usés 
même chez les jeunes sujets, ce qui tient aux 
nombreux mouvemens de droite et de gauche que 
l’animal lui imprime. 

Les Ghinchillas habitent par familles les mon- 
tagnes dans lesquelles ils se pratiquent des ter- 
riers nombreux et très-profonds. Ces terriers, ainsi 
que nous l’apprend une note que nous a commu- 
niquée M. Thiébaut de Berneaud, rendent sou- 
vent les montagnes impraticables, ils les déchi- 
quètent pour ainsi dire. Les femelles ont deux 
portées par année , et trois ou quatre petits à cha- 
cune. Les jeunes ont, quelques jours après leur 
naissance , le corps entièrement couvert de poils 
qui diffèrent à peine de ceux des adultes. La peau 
de ces animaux est précieuse pour les fourreurs , 
et c’est principalement pour l'obtenir qu’on leur 

_ donne la chasse. Cependant certaines peuplades 
recherchent aussi leur chair qui est, même celle 
des adultes, un excellent aliment. La chasse des 
Chinchillas est généralement confiée aux enfans, 
qui y, vont avec des chiens. Elle est surtout pro- 
ductive dans les environs de Coquimbo et de Co- 
piago, et quoiqu'on s’y livrât avec une sorte de 
passion , l'espèce a été long-temps sans paraître 
en souffrir ; mais cependant on assure que depuis 
quelques années les Chinchillas sont devenus 
plus rares , et que les aütorités du pays ont dû em- 
pêcher pour quelque temps qu’on ne les tuât. Les 
peaux de ces animaux sont, depuis long-temps, 
employées en Europe. On les y importe de Val 
paraiso et de Santiago ; celles qui provienent du 
Pérou sont expédiées des parties orientales des 
Andes à Buenos-Ayres, ou bien envoyées à Lima. 
Comme on leur retranche, afin de les emballer 
plus commodément, toutes les parties inutiles aux 
fourreurs , c'est-à-dire la queue, les pattes, les 
oreilles et les dents, il est facile de s'expliquer 
pourquoi les naturalistes ont été si long-temps in- 
certains sur la nature de l’animal auquel elles ap- 

artiennent. Les premiers individus que l’on à pos- 
sédés en Europe n’y ont été recus que vers 1830, 
Quelques uns étant parvenus vivans, on a pu étu- 
dier les particularités de leurs mœurs , et on a vu 
combien elles serapprochaient de celles des lapins, 
avec lesquels les Chinchillas ont principalement 
de commun la démarche et les appétits; mais leur 
intelligence est beaucoup moins obtuse, ils sont 

‘gais, quoique captifs, et cherchent toujours à 
sauter, à fouir , etc. On a vu que lorsqu'ils man- 
gent , ils se tiennent le plus souvent assis sur leur 
derrière, à la manière des écureuils, et se servent 
comme eux de leurs pattes de devant pour porter 

| les aïimens à leur bouche. On a remarqué jusqu’à 

! leurs excrémens, qui sont de petites crottes assez 

| semblables à celles des lapins, mais plus allongées 
etquivarient, pour la couleur, dunoirâtre au brun 


Towe II, 


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161 


101° Livraison. 


CHIN 


plus ou moins roussâtre, selon la nature des alimens. 

Les fourrures dans lesquelles entre la peau 
des Chinchillas sont très - chaudes et aussi très- 
belles ; cependant il paraît qu'on en fait un 
moindre usage aujourd'hui ; car les peaux 
qu’on vendait, il y a une dizaine d'années , vingt 
et vingt-cinq francs, n’en valent plus que cinq ou 
six. Les anciens Péruviens, beaucoup plus indus- 
trieux que ceux de nos jours ; fabriquaient , avec 
la laine qui les compose, des couvertures et des 
étoffes très-précieuses. 

Il paraît qu'on a reconnu une seconde espèce 
de Chinchilla , mais on ne l’a pas encore décrite, 
Elle est, à ce que nous a dit M. Rousseau qui l’a 
vue, plus petite que l'ordinaire , et un peu diffé- 
rente pour la coloration ; mais son système den- 
taire et le développement de ses caisses auditi- 
ves ne font point douter qu'elle fasse partie du 
même genre. Elle vient des mêmes lieux, c’est-à- 
dire du Chili et du Pérou. 

Genre Viscacne. 


En latin Lagostomus , et aussi Viscaccia pour 
quelques auteurs. On y place la Viscache, Lagos- 
tomus viscaccia. Nous en parlerons ailleurs. Ses 
caractères sont ceux du genre Gallomys de M. Isid. 


Geoffroy. Foy. l’art. Viscacne de ce Dictionnaire. 


Genre Lacorrs. 


Celui-ci n’a été établi que plus récemment , en 
1859 seulement. On le doit à M. Bennett (Mé 
moire Onthe Chinchillidæ, etc.). 

Les Lagotis, dont on ne connaît encore qu’une 
seule espèce, ont pour caractères : incisives ? for: 
tes, molaires + toutes à trois lames obliques; 
caisses du tympan non prolongées supérieure- 
ment, comme dans les vrais Chinchillas: crâne 
bombé en dessus et en arrière: pieds antérieurs 
et postérieurs à quatre doigts, sans vestige de 
pouce, pas même dans le squelette ; ongles pe- 
üis et recourbés ; oreilles’très-longues, semblables 
à celles des lapins; queue plus longue que dans 
les genres précédens. 

L'espèce estle Lacoris DE Cuvier, L. Cuvieri, 
Benn., animal qui ressemble, pour la taille, à la Vis- 
cache ( c’est-à-dire qu'ilest un peu plusgrand que 
le Chinchilla), mais qui s’en distingue, ainsi 
que des Chinchillas, par des caractères que nous 
avons indiqués ci-dessus. Ses poils sont doux, ils 
tombent assez facilement , leur couleur est d’un 
brun clair , varié de roussâtre sur le dos, avec 
quelques traits bruns plus foncés ; les régions 
inférieures sont jaunâtres; les moustaches sont 
longues et de couleur noire. Le Lagotis habite 
les contrées montagneuses du Pérou. 

Il reste maintenant à classer une espèce con- 
nue d’après sa peau seulement, et dont le genre ne 
peut être encore déterminé, c'est le Callomys au- 
reus de M. Isid. Geoffroy. Ce savant la décrit ainsi : 

«Pelage d’un jaune nuancé de verdâtre, à la face 
supérieure du corps ; d’un beau jaune doré, lavé 
de roussâtre , à la face inférieure: le jaune du 
dessus du corps est légèrement ondulé de noir. 
Une ligne longitudinale noire sur le milieu de Lx 


21 


CHIN 


162 


CHIN 


om 


partie antérieure du dos. Poil extrêmement fin et 

doux au toucher. Moustaches noires. » 

l. M. Meyen a donné, il y a quelque temps, un 

mémoire sur tous les Chinchilliens, ce travail est 

écrit en allemand. L’auteur y a décrit un grand 

nombre de genres et d'espèces que nous n’avons 
u donner ici. (GERv.) 

CHINE, (ckoc. Pays.) Ce pays, qui n’est qu'une 
des divisions de l'empire chinois, n’a cependant 
pas moins de 400,000 lieues carrées de superficie. 
Les peuples qui l'habitent l’appellent l'Empire, le 
Monde, l'Empire du milieu; quelquefois aussiiils 
le désignent par le nom dela dynastie régnante; ainsi 
le mot Chine, adopté en Europe, est le nom de 
la famille deT'sin qui monta sur letrône 256 ans 
avant notre ère. La Chine est bornée au nord, à 
l'ouest et au sud-ouest par la Tatarie, le Tibet et 
l'Inde au-delà du Gange; au sud et à l’est, par la 
mer. Sa forme est presque circulaire. 

Nous n’essaierons pas de donner l’énumération 
fastidieuse des montagnes, des fleuves et des lacs'de 
celte vaste contrée; on y compte 765 de ces derniers 
et 14,607 montagnes ; nous indiquerons donc seu- 
lement les principaux. 

Dans la partie méridionale, on remarque une 
chaîne considérable qui pourrait le disputer aux si- 
tesromantiques, aux Apennins et aux Pyrénées. 
Les voyageurs européens n’ont examiné de cette 
chaîne, quela montagne de Meiling qui s'élève à 
3,000 pieds au dessus du niveau du lac Po-yang. 
Elle est entourée d’autres montagnes moins éle- 
vées, dont les précipices, couverts d'arbres et de 
grandes herbes, offrent un coup d'œil sauvage et 
très-pittoresque. 

Dans la partie septentrionale, s'étendent les 
monts Pe-ling (montagnes du Nord) qui se déta- 
chent entièrement de l'immense nœud de celles 
du Tibet. La chaîne des Fun-ling fait partie de 
ces dernières; ses divers rameaux déterminent 
le cours du fleuve Joang-ho. Au nord elle donne 
naissance à la chaîne du Chen-si, qui va, en s’abais- 
sant graduellement, du nord au sud, jusqu’au pays 
de Ordos. 

Au nord-ouest de Pékin, que l’on doit écrire 
Pé-king, s'étendent les monts Fan, séparés des 
Pe-ling par le bassin du Hoang-ho; ils dépendent 
des monts Fin, qui séparent la Chine du pays des 
Mongols; ils sont réunis par une chaîne qui forme, à 
l’est du golfe du Ziao-toung, les fameuses montagnes 
Blanches, si célèbre dansl'histoire des Mandchous. 

Parmi ces montagnes, il en est auxquelles les 
Chinois ont donné, dès la plus haute antiquité, la 
dénomination de Yo. Elles sont au nombre de 
cinq. Les souverains de la Chine s’y arrêtaient 
pour célébrer des cérémonies réligieuses, quand 
ils visitaient leurs élats. Il y ena d’abord qua- 
tre, qui marquent les quatre points cardinaux: 
c'étaient Z'hai, à l’ouest; {Lo ou Hieng, appelée 
aussi colonne du ciel, au midi; Æoa, à l'occident: 
et Heng, au nord. À ces quatre Yo, la dynastie de 
Teheou en a ajouté un cinquième, Soung , dont le 
nom signifie montagne élevée , et qui doit marquer 
le milieu entre les quatre autres. 


Les deux principaux fleuves de la Chine sont : 
le Æoang-ho ou fleuve Jaune, ainsi nommé du li- 
mon quil charrie; le Yang-tseu-kiang oufleuve 
Bleu, quiprend sa source au nord du Tibet, dans le 
désert de Gobi. IS ont chacun 600 à 700 lieues de 
longueur. 

Une foule de rivières , dont plusieurs égalent les 
plus grands fleuves de l’Europe, se jettent dans 
les deux que nous venons de nommer. Le Fuen- 
ho, le Hoei-ho et le Hoay-ho sont tributaires du 
fleuve Bleu ; le fleuve Jaune recoit l Yalon-kiang 
qui a près de 250 lieues de cours , le Tchone 6 
Van-kiang, le La-kiang et Yuen-kiang. Deux 
grands fleuves tout-à-fait indépendans du Hoang- 
ho et del Yang-tseu-kiang, se jettent, l’un, dans le 
golfe de Genton, l'autre, dans celui de Pé-king. 

Certaines parties de la Chine sont couvertes de 
lacs dont plusieurs sont immenses. Ainsi celui de 
Toung-thing-hou, dans la province de Hou-kang, à 
80 lieues de tour. Le Pho-yang-hou, dans la pro- 
vince de Ætang-si, a 50 ou 4o lieues de circonfé- 
rence, etrecoit quatre rivières dont une égale en lar- 
geur la Loire, près d'Angers; ceux de Houng-tse-hou 
et de Kaoyen-hou, au nord de Nan-king, sont aussi 
très-considérables. Tous ces lacs sont autant de 
réservoirs où pullule une foule de poissons, et où 
les riches viennent se livrer au plaisir de la pêche; 
ils se servent d’une espèce de cormoran particulier 
à la Chine, qui est dressé à aller chercher le pois- 
son au fond des eaux, et à le rapporter à son maître. 

Outre ces fleuves et ces lacs, la Chine a des 
moyens de communication nombreux et com- 
modes, dans les canaux qui sillonnent son terri- 
toire et qui sont ur monument remarquable de l’in- 
dustrie et de la patience humaine. 

La constitution géologique dela Chine a été fort 
peu étudiée, et l’immense étendue de cette contrée 
ne permet pas d'entrer à ce sujet dans beaucoup 
de détails. Nous ferons remarquer seulement que la 
province de Pé-king, et la côte du sud-est de For- 
mose, sont de formation secondaire; que le terrain 
primitif s'étend dans le Chan-si, le Kiang-sou , et 
le An-hoeï, et que les montagnes de Pe-ling et Nan: 
ling, dont nous avons parlé, annoncent la même na- 
ture de roches que les chaînes de l’ancien contis 
nent dont on a étudié la formation. ï 

Il est peu de minéraux que la Chine ne possède: 
Les provinces occidentales et méridionales produi- 
sent de l’or et de l’argent en abondance. Le eui- 
vre, l’étain, le plomb sont exploités dans les 
montagnes de l'ouest. Les rubis, le lapis lazuli, 
les émeraudes, les corindons y abondent. On y 
recueille aussi une espèce de talc, la Pagodite, dont 
les habitans font toutes sortes de petits meublesetde 
figures; le Kaolin, qui entre dans la composition de 
leur porcelaine; et le Jade néphrétique, minéral très- 
dur et d’un éclat gras qu'ils appellent Zu, et au- 
quel ils donnent un grand prix. AO 

Le règne végétal y est encore plusriche. La Chine 
produit presque toutes les plantes de l'Europe , etil 
en est plusieurs même que les peuples d'occident 
lui doivent ; ainsi, le Camellia, le Magnolia, YHor- 

Ptensia, qui depuis une vingtaine d’années'font l'er- 


RANTAN ST 


+ Chique 3. Chirone 4.Chironeete_ 


 Cuerin der. 


SRE 


CHIO 


güeil de nos jardins, ont été importés de cette 
contrée. | 

Le Bambou y est un des arbres les plus utiles 
par les nombreux usages auxquels il est employé. 
Nous pouvons citer encore le Camphrier (£aurus 
Camphora), YArbre à vernis , le Jujubier, le Can- 
nellier, la Pivoine en arbre ; et parmi les végé- 
taux objets d’un commerce important, le Thé dont 
les exportations sont immenses, la Rhubarbe ré- 
coltée dans les provinces septentrionales, et le Gen- 
seng dont la vente réservée au souverain forme 
une de ses principales branches de revenu. 

Quant aux animaux, le Cheval, le Buflle, le Cha- 
meau, le Cochon d’une taille plus petite que celui 
d'Europe , le Tigre, le Léopard, l'Éléphant, le 
Rhinocéros y abondent ; on y voit aussi plusieurs 
espèces de Chiens, et des Chats qui vivent, comme 


. chez nous, à l’état de domesticité. 


La population de la Chine, en 1794, se montait 
à 555,000,000, selon lord Macartney. Les Chinois 
appartiennent à la race jaune ou Mongole ; cepen- 
dant leur peau est basanée dans les provinces mé- 
ridionales, et blanche dans les septentrionales. Ils 
sont généralement d’une taillle moyenne , d’une 
constitution robuste, et plutôt épais qu’élancés. 
Leur visage est remarquable par la saillie des pom- 
meltes , par l’obliquité des yeux, par leur nez 
peu saillant et par leur figure plutôt en forme de 
de losange qu'ovale , mais qui s’arrondit dans la 
classe aisée, où l’obésité est une suite du fréquent 
usage des boissons chaudes. 

La population indigène de l'Empire est dési- 
gnée sous le nom de Pe-sing (les cent familles) ; 
ce nom vient sans doute d’une tradition qui porte 
à ce nombre les tribus qui ont formé le noyau 
de la nation. Maintenant, il n’y a plus d’autre ca- 
ractère distinctif de ces premiers habitans que les 
noms de famille. 

Mais dans les provinces, et surtout’dans les mon- 
tagnes, il y a d'anciennes tribus qui n’ont presque 
pas éprouvé l'influence de la civilisation et de la 
conquêle, et qui presque toutes ont conservé leurs 


mœurs et leurs usages primitifs. Tels sont les 


Miao-tzeu, les Yao ,tet les Lo-lo. 

Nous ne parlerons pas ici des Mandchous, des 
Toungouses, des Aïnos, ni de plusieurs autresraces 
qui se partagent le territoire de Ja Chine. Chacun 
de ces peuples demanderait à lui seul un article 

articulier. (J. H.) 

CHIONANTHE , Chionanthus. (mor. pnax.) 


Genre des Jasminées de Jussieu et de la Diandrie mo- 


- nogynie de Linné. Il ne comprend qu’un petitnom- 
bre d'espèces appartenant aux deux Amériques, 


à l'ile de Ceylan et à la Nouvelle-Hollande. Carac- 
ières : fleurs généraleurent blanches, en grappes 
terminales ou en épis placés à l’aisselle des feuil- 
les supérieures ; calice régulier, à 4 divisions plus 
ou moins profondes ; corolle à 4 pétales linéaires, 
très-longs; deux étamines presque sessiles , rare- 
ment 5 ou 4; pistil à ovaire globuleux, à deux 
loges contenant chacune deux ovules ; style sim- 
ple, surmonté d’un stigmate bilobé ; drupe peu 
charnu, ovoiïde, allongé, souvent terminé en 


163 


CHIQ 


pointe, contenant un noyau osseux à une ou deux 
loges monospermes. Les espèces de ce genre sont 
des arbres élégans qui, la plupart, se couvrent de 
grandes et belles feuilles opposées, simples , ca- 
duques ou persistantes. On pense qu’il faudrait 
réunir à ce genre le Thoninia de Thumberg et de 
Linné fils , ainsi que le Linaceria de Swartz. Peut- 
être faudrait-il aussi faire rentrer dans le même 
genre la Magepea guyanensis d'Aublet (Guy. , 
p. 81, t. 5), malgré ses fleurs tétrandres. Nos 
jardiniers cultivent le Ghionanthe de Virginie , 
Chionanthus virginica, L., 'connu encore sous 
le nom d’Arbre de neige, qu'il doit à ses fleurs 
nombreuses, d’un beau blanc. Il se plaît au bord 
des ruisseaux, et ne s'élève guère qu’à 8 ou 12 
pieds. On le multiplie de graines, ou le plus sou- 
vent de greffe , sur le frêne. 

Une autre espèce remarquable de ce genre, 
c’est le Chionanthe des Antilles, Ch. caribæa 
(Jaeq. Coll. 2, p. 110, tom. vr, fig. 1), bel arbris- 
seau dont les feuilles sont coriaces et persistantes, 
ovales, acuminées, et les fleurs en grappes termi- 
nales. Il est connu aux Antilles, et surtout à la 
Martinique, sous le nom de Bois de fer, à cause de 
son extrême dureté. (CG. £.) 

CHIONIS. (o1s.) V’oy. Bec EN rourREAU. Forster 
est le premier qui décrivit les Chionis. Plus tard, 
Gmelin et Latham remplacèrent le nom qu’il leur 
donna par celui de Vaginalis, et ensuite Dumont 
proposa celui de Coleoramphe. 

Le genre Chionis ne comprend qu’une seule 
espèce, c'est le Chionis alba, Forst. Des observa-- 
tions récemmeent publiées par MM. Isid. Geoffroy 
et Lesson tendent à faire ranger parmi les Galli- 
nacés cet oiseau que l’on avait considéré jusqu’a- 
lors comme intermédiaire aux Palmipèdes et aux 
Echassiers. (GErv.) 

CHIQUE. (ns.) Espèce du genre Puce, de 
l’ordre des Parasites. On désigne sous ce nom un 
petit insecte très-commun aux Antilles et dans 
l'Amérique méridionale; c’est la Pulex penetrans, 
représentée dans notre Atlas, pl. 105, fig. r-2, très- 
commune et en même temps très-incommode à 
Rio-J'aneiro et aux Antilles. Cet insecteest plus petit 
que notre puce ordinaire; la femelle (fig. 2), après 
avoir été fécondée, pénètre dans le tissu de la 
plante des pieds, s’y nourrit et y dépose des œufs. 
Son introduction a lieu sans aucune sensation 
douloureuse et sans changement de couleur à la 
peau. En peu de jours cet insecte commence à se 
développer et à se rendre sensible par une dé- 
mangeaison d'abord légère , plus vive ensuite , et 
qui finit par devenir insupportable. Dès le com- 
mencement , on ne voit qu un petit point noir sur 
la partie qui sert de retraite à l'insecte ; mais bien- 
1Ôt à ce point noir succède une petite tumeur rou- 
seâtre ; elle acquiert en peu de temps le volume 


‘d’un pois, si on ne se hâte d'extraire la Chique. 


En perçant la peau qui recouvre cette petite tu- 
meur, on reconnaît facilement une espèce de sac 
pareil à un kyste, d’une couleur brunâtre, et con- 
tenant un pus sanieux et un nombre infini de 
globules blancs , ovales-oblongs, qui ne sont au- 


a 


CHIR 


16/4 


CHIR 


tre chose que les œufs de l’insecte. En effet, la 
famille nombreuse à laquelle cet insecte donne 
naissance occasione, par son séjour dans la plaie, 


un ulcère malin, difficile à détruire et quelquefois _ 


mortel. On est peu exposé à cette incommodité 
ficheuse, si on a soin de se laver souvent , et sur- 
tout si l’on se frotte les pieds avec des feuilles de 
tabac broyées, avec le rocou et d’autres plan- 
tes âpres et amères. Les nègres sont très-adroits 
pour extraire l’animal de la partie du corps où il 
s’est établi. . (H. L.) 
CHIROCENTRE, Chirocentrus. (porss.) Ge genre 
appartient à la famille des Clupes ; il a été établi 
par Cuvier. Les Chirocentres, ou plutôt le Cmr- 
ROCENTRE DENTÉ, Chtrocentrus dentex , car c’est la 
seule espèce qu'on connaisse encore aujourd'hui, 
a, comme les harengs, le bord de la mâchoire 
supérieure formé par les intermaxillaires , sur les 
côtés par les maxillaires qui leur sont unis ; les 
uns et les autres sont garnis, ainsi que la mâchoire 
inférieure d’une rangée de fortes dents coniques, 
dont les deux du milieu d’en haut, et toutes celles 
d’en bas, sont extraordinairement longues. Son 
corps est allongé, comprimé, tranchant, mais 
non dentelé; les ventrales excessivement petites, 
et la dorsale plus courte que l’anale ; mais ce qui 
le distingue principalement, c’est la forme singu- 
lière des écailles, longues, membraneuses, poin- 
tues , situées au dessus et au dessous de chaque 
pectorale , d’où le nom générique de Chirocentre 
luia été imposé. La couleur générale de son corps 
est argentée. C’estun poisson long de six à huit 
pouces, et originaire de la mer des Indes. (Azpn. G.) 
CHIRONE, Chironia. (sor. nan.) Genre de la 
famille des Gentiantes, Pentandrie monogynie, 
caractérisé ainsi qu'il suit : Galice de cinq sépales, 
soudés jusqu’à la moitié de leur hauteur, ovales, 
arrondis au sommet, qui se termine par une 
pointe ; corolle de cinq pétales, soudés à leur base 
en un tube court,-évasés au sommet , arrondis et 
obtus; cinq étamines alternant avec les pétales ; 
anthères fort longues, se roulant en spirale après 
la floraison; un style et un sligmate; capsule ovoi- 
de, à deux valves simulant deux ou quatre loges. 
. Ainsi déterminé et circonscrit, le genre Chirone 
ne renferme point le grand nombre de plantes 
u'on y avait inserées sur la seule considéra- 
tion que leurs anthères se contournent après 
la floraison. Linné, qui ne l’observa que dans 
quelques plantes du cap de Bonne-Espérance , 
crut pouvoir en faire le caractère particulier d’un 
genre. Mais on connaît aujourd'hui beaucoup de 
Gentianées qui offrent ce même caractère, avec 
des différences essentielles dans leurs autres par- 
ties : toutes ne peuvent être des Chirones. Ainsi 
les Chironia centaurium, Chir. spicata , et Clur. 
maritima, de Candolle, sont des Ærythræa; les 
Chirones décrites dans la Flore de l'Amérique 
septentrionale, par Michaux, sont des Sabbatia; 
la €. trinervis , L. , appartient au genre Se- 
bœa; enfin la €. baccifera fait partie du nouveau 
genre Ræslinia. 
Le genre Chirone se retrouve denc à peu près 


tel que l'avait composé Linné, et comprend un 
petit nombre de plantes qui habitent les monta- 
gnes et les collines de l'Afrique australe. Leur 
port élégant, leurs vives couleurs leur ont mérité 
d’être très-recherchées dans nos jardins; mais 
leur culture est difficile et demande beaucoup de 
soins : accoutumées à un climat chaud, en même 
temps qu'à un air vif et à un ciel plein de lumière, 
elles souffrent de nos brumes , et s’accommodent 
mal des limites atmosphériques d’une serre. Ce- 
pendant elles se trouvent aujourd’hui assez ré- 
pandues : voici les principales espèces : 

La CHIRONE FRUTESCENTE, Chironia frutescens, 
sous-arbrisseau à feuilles et tiges pubescentes, à 
fleurs roses ou blanches. 

La CnIRONE À FEUILLES DE LIN, €. linoïdes , re- 
présentée dans notre pl. 105, fig. 3, à feuilles 
glauques et linéaires , à fleurs d’un rose pourpre. 

La CHIRONE A FEUILLES EN croix, C. decussata, 
irès-belle espèce, ou variété de la C. frutescente. 

(L.) 

CHIRONECTE, Chironectes, (max. ) Illiger a éta- 
bli sous ce nom, qui est aussi employé en Ichthyo- 
logie (voy. ci-dessous), un genre de Mammifères 
didelphes caractérisé principalement par la pré- 
sence de membranes interdigitales aux pieds de 
derrière, qui ont leurpouce privé d'ongle; la queue 
est cylindrique, écailleuse, longue et préhensile ; le 
museau est pointu, et les oreilles nues et arron- 
dies; il existe dixincisives àla mâchoire supérieure 
et huit seulement à l’inférieure. Les femelles ont 
une poche abdominale qui manque aux mâles. 

L'espèce unique de ce genre est le GHiIRON£CTE 
xarok, Didelphis palmata, que Buffon a pris pour 
une Loutre , et décrit dans le 11° volume de son 
Supplément, sous le nom de petite Loutre de la 
Guiane. Get animal est à peu près long de dix- 
huit pouces, sur lesquels la queue en mesure six ; 
sa couleur est brune dessus, blanche dessous, 
avec de grandes taches noires; il se tient toujours 
sur le bord deseauxoù il nage avec facilité. Voyez 
sareprésentation dans la pl. 105, fig. 4. (GErv.) 

CHIRONECTE , Antennarius. (voiss.) Genre 
de la famille des Pectorales pédiculées de Cu- 
vier ; Chismopnes de Daméril, ayant des rap- 
ports intimes avec les Baudroies ou!Lophius et les 
Maltées. Les Baudroies ont la tête très-large, 
déprimée, épineuse en beaucoup de points; la 
gueule très-fenduc , armée de dents très-pointues, 
la mâchoire inférieure garnie de nombreux bar- 
billons. Les Maltées diffèrent de ceux-ci par.leur 
museau saillant comme une petite corne ; dans les 
Chironectes, la bouche, dont le museau médiocre 
est protractile. offre un caractère très-tranché; leur 
corps est le plus souvent couvert d’appendices 
cutanés, ilest déprimé, ainsi que la tête; mais 
ces poissons ont, comme les Baudroiïes, des rayons 
libres sur la tête ; le premier est grêle , terminé 
souvent par une houppe, et les suivans, augmentés 
d'une membrane, sont quelquefois très-renflés, et 
d’autres fois réunis en une nagcoire ; leur dorsale 
occupe presque toute la longueur du dos; leurs 
oies, munies de quatre rayons, ne s'ouvrent que 


CAT Ÿ 


ARTIST, 


KE" 


z. Chirote 2 Chlamydosaure 3. Chlamyphorus 


E.Guerin dir 


Ver © 


: 


1 


k 


L 


(4 


famille de mammifères: Les Chirotes sont des 
+ 
L' 
à 


queue courte, conique, obtuse ; à plaques poly- 


E 


CHIR 


165 


par un canal ou petit trou derrière la pectorale ; 

leur vessie nataloire est grande, leur intestin 

médiocre et sans cœcums. 

Ils peuvent, en remplissant leur énorme esto- 
mac à la manière des Tétrodons, se gonfler 
comme un ballon ; à terre, leurs nageoires paires 
les aident àramper presque comme de petits quadru- 
pèdes, les pectorales, à cause de leur position, 
faisant fonction de pieds de derrière. Ils peuvent 
vivre hors de l’eau pendant deux ou trois jours. 
On les trouve dans les mers des pays chauds. Nous 
en avons représenté une espèce sous le nom de 
Batracoïde dans notre Atlas, pl. 45, fig. 3, c’est 
l’Antennarius nesogallicus de Cuvier et des auteurs 
antérieurs à ce savant. (Azru. G.) 

CHIROSCÉLE, Chvroscelis. (ins. ) Genre de 
Coléoptères, section des Hitéromères, famille des 
Mélasomes , tribu des Ténébrionites, ayant pour 
caractères : antennes de 11 articles grenus , 
dont les deux derniers articles forment une petite 
massue globuleuse tranverse ; les jambes anté- 
rieures sont armées extérieurement de deux fortes 
dents. Ces insectes ont le corps allongé, convexe ; 
la tête est saillante, avec les antennes à peine 
aussi longues qu’elle; le corselet est en cœur 

_tronqué, avec les quatre angles légèrement rele- 
vés; lécusson est petit, arrondi; les ailes existent 
sous lesélytres. Ce genre a été établi par Lamarck, 
sur un individu rapporté de la Nouvelle-Hollande, 
et figuré par M. Guérin, dans son Iconographie 
du règne animal; mais je crois que M. Lamarck 

a été mduit en erreur, et que son espèce n’est 

autre quele Tenebrio digitatus de Fabricius,que j'ai 

sous les yeux, et qui s’y rapporte tout-à-fait, sauf 
un peu plus de grandeur dans le premier insecte, 

C. Dicrré, C. digitatus, Fab. Long de qua- 
torze à quinze lignes; d’un brun plus ou moins 
noirâtre; corps entièrement lisse, avec les ély- 
tres striées dans leur longueur ; le chaperon est 
échancré et bidenté ; la lèvre cordiforme , creusée 
dans son milieu ; les tibias antérieurs sont quadri- 
dentés, avec une cinquième dent inférieure. au 
dessous de l'insertion du tarse ; les fémurs sont 
armés de trois épines , dont une près de l'insertion 
du tibia, une sur le trochanter, et l’autre inter- 
médiaire ; comme dans beaucoup'de Ténébrionites, 
l'un des sexes offre, sur le deuxième segment 
abdominal , deux taches latérales, ternes et duve- 
teuses. Du Sénégal. (FAC D) 

- CHIROTE, Chirotes. (repr. ) Nom dérivé du 
- mot grec Cheir, main, donné jà un reptile 
saurophidien, pourvu seulement de deux petits 

pieds antérieurs; ce nom de Chiroteremplace celui 
- de Bimane qu’on lui avait d’abord appliqué, parce 
-que ce dernier a été donné plus exactement à une 


reptiles de petite taille, à corps cylindrique, de 
même . volume que la ‘tête, qui est ovoide, ter- 
minée par un museau arrondi, mousse, avec une 


gones sur la tête; à écailles quadrilatères juxta- 
posées en anneaux, égales sur tout le corps , bri- 
- sées en biais, seulement sur les flancs; la bouche 


‘ 


CHTT 


est petite, non dilatable ; la langue incisée à sa 
pointe, peu extensible, revêtue, comme celle des 
Amphisbènes, de petites écailles juxta-posées ; sa 
partie postérieure divisée en deux languettes, sé- 
parées l’une de l’autre par un angle rentrant assez 
ouvert; les dents petites, égales, uniformes, co- 
niques , droïtes, insérées seulement sur le maxil- 
laire, l'intermaxillaire et la mâchoire inférieure ; 
l'œil très-petit, letympan caché sous la peau; 
l'anus transversal, bordé en avant de pores dispo- 
sés sur deux rangs; les pieds sont courts, placés 
à peu de distance de la tête , terminés par quatre 
doigts , avec un vestige de cinquième. 

Le Chirote se rapproche beaucoup des Amphis- 
bènes par sa structure intérieure; sa charpente 
osseuse est presque entièrement analogue à la 
leur, mais elle s’en distingue par l'appareil qui 
supporte les pieds antérieurs , et qui est composé 
quelqüe peu comme celui des Lézards, savoir : un 
sternum en losange, suivi d’une sorte d’appen- 
dice xiphoïde , précédé de deux petites clavicules 
perdues dans les chairs ; une petile cavité coty- 
loïde est«pratiquée aux extrémités latérales du 
sternum ; succèdent un humérus, un radius, un 
cubitus, quatre petits os du carpe, autant de piè- 
ces pour le métacarpe, et cinq phalanges, dont 
quatre seulement paraissent libres au dehors. 
Cette ressemblance avec les Amphisbènes fait que 
les naturalistes modernes rapportent les Chi- 
rotes à cette famille, tandis que les auteurs systé- 
matiques précédens , considérant la présence des 
pieds, les rapportaient aux Sauriens et les rappro- 
chaient des Chalcides. 

On ne connaît qu’une espèce de CGhirote, le 
Cmmore canNeLÉ, Lacép. , Lumbricoïdes, Chameæ- 
saura propus, décrit aussi sous lesnoms de Bipède ou 
Bimane cannelé, de Ghirote des Mexicains , long 
de huit à dix pouces , gros comme le petit doigt, 
d’un brun clair uniforme. Il vient du Mexique. Il 
vit en Lerre, dans de petits terriers, à la manière des 
Anguis et des Amphisbènes, comme eux, il se 
nourrit d'insectes d’un petit volume. Il est tout- 
à-fait innocent. Nous l'avons faitreprésenter dans 
notre Atlas , pl. 106, fig. 1. -(T. CG.) 

CHIRURGIEN. (poiss.) On donne vulgairement 
ce nom à une espèce du genre AGaANTHURE ( voy. 
ce mot ). 

CHITINE. (em. , xs.) En traitant par la -po- 
tasse et à chaud les élytres et autres parties solides 
des insectes, M. A. Odier a découvert cette sub- 
stance, et par cela même qu’elle était soluble 
dans la potasse , il dut la distinguer de beaucoup 
d’autres corps, tels que la corne, les ongles, les 
cheveux, l’épiderme. Comme elle ne contient 
point d'azote, M. Odier a pensé qu’elle se rap- 
prochait des substances végétales, et il l’a com- 
parée au ligneux. Il lui assigne encore, comme 
autres propriétés chimiques, d’être soluble dans 
l'acide sulfurique à chaud, de ne point jaunir par 
l'acide nitrique, de brûler sans se fondre et en 
conservant la forme de l’organe dont elle provient. 
Les membranes des ailes sont entièrement compo- 
sées de Chitine, les nervures en contiennent 


CALA 


comme les élytres. M. Odier a depuis retrouvé 
cette substanee dans la carapace de crustacés. La 
matière parenchymateuse des cantharides pré- 
sente toutes les propriétés de la Ghitine. (P. G.) 

CHLÆNIE, Chlænius. (ins.) Genre de Coléop- 
tères, de la section des Pentamères, famille des 
Garnassiers , tribu des Carabiques , division des 
Patelimanes , auquel on peut réunir les genres 
ÆEpomis, Dinodes et Lissanchenus, qui en diffoient 
peu. Ils offrent tous pour caractères : tête rétré- 
cie brusquement en arrière; mandibules terminées 
en pointe ; palette du tarse étroite, formée par les 
trois premiers articles, garnie au dessous d’une 
membrane serrée et continue ; palpes maxillaires 
externes terminés par un article plus rétréci à sa 
base , et ensuite presque cylindrique; dernier ar- 
ticle des palpes labiaux en cône renversé, allongé; 
échancrure du menton bifide. Les Chlænies sont 
des insectes demi-aquatiques; on les trouve toujours 
‘ au bord des eaux, sous les pierres où il reste de 
l'humidité, au moins celles de notre pays. Leurs 
mœurs n'offrent aucune particularité remarqua- 
ble, et leurs larves sont encore inconnues; ce 
sont des insectes de taille moyenne , affectant 
en général la couleur verte de différentes nuances, 
soit métallique, soit glabre; quelques espèces 
sont cependant noires ; ce genre , y compris ceux 
que j'y réunis, commence à êlre assez nombreux 
dans les collections. Le Sénégal a, depuis quelques 
années, fourni beaucoup d'espèces, il en vient 
même une de ce pays qu'Olivier a: nommée 
Carabe savonnier, et qui possède des propriétés al- 
calines assez fortes pour pouvoir être employée en 
guise de savon; par malheur, je n’ai pas de dé- 
tails exacts sur la manière dont on l'emploie. 

C. verouré, C. velutinus, Dufts. C’est l'espèce 
Ja plas commune de notre pays; elle est longue de 
six à sept lignes, d’un beau vert soyeux sur les ély- 
tres, avec une bande jaune tout autour ; le cor- 
selet et la tête sont métalliques; le dessous du 
corps est noir, avec les palpes, les antennes et 
les pattes jaunâtres. 

G.norrsoyeux, C. holoscriceus, Fab. Est plus pro- 
pre aux provinces méridionales ; il n’a que quatre 
lignes de long et est entièrement noir. (A. P. 

CHLAMYDE, Chlamys. (ixs.) Genre de Co- 
léoptères, section des Tétramères, famille des Gy- 
cliques, tribu des Chrysomélines, établi par Knoch 
etayant pour caractères: yeux fortementéchancrés, 
antennes se repliant en dessous des hords du cor- 
selet; celui-ci très-bombé, élevé; le corps est très- 
court ; lesélytres sont très-dilatées à leur origine, 
fortement échancrées ensuite. Ges insectes affec- 
tent des formes très-singulières , el sont couverts 
d’ aspérités de toutes les Éicoe leur couleur, sou- 
vent mélallique très-brillante, donne à quelques 
espèces l'apparence de petits morceaux de mine- 
rais brillans de tout l'éclat de l’or ou de l’acier; 
mais, par forme de compensation, ils sont de très- 
petite taille etles plus grands n’atteignent pas six li- 
gnes de long. Les mœurs de ces insectes, propres aux 
pays étrangers, nous sont inconnues; c'est dans les 
belles monographies qu'en ont données MM. Klug 


166 


CHLA = 


etKollar qu’il faut étudier les nombreuses espèces 
dont se compose ce genre. Nous ne pouvons cepen- 
dant nous dispenser d’en citer une des plus grandes. 
C. MonsTRUEUSE , C. monstro:a, Fab. Longue 
de six lignes; bleu d’acier; corselet fort élevé, qua: 
drangulaire , avec ses angles épineux ; les épaules 
desélytres sont armées de deux carènestranchantes, 
et le reste de leur surface est couvert de carènes 
dirigées dans tous les sens. Gette espèce provient 
du Brésil. : (A. P.) 
CHLAMYDOSAURE, Chlamydosaurus. (RepT. } 
Ge Saurien, voisin des Dragons et des Sitanes, s’en 
distingue par la particularité d'organisation qui 
Jui a Éit donner le nom qu’il porte, formé des 
mots grecs chlamus manteau et sauros lézard, 
c’est-à-dire par l’existence d’une sorte de colle- 
rette ou pélerine membraneuse située sur les côtés 
du cou, formée de deux lambeaux semi-circu- 
laires longs d'environ un pouce et demi, repliés 


“en quatre sur les côtés du cou, revêtus d’écailles 


analogues, pour la forme, à celles du reste du corps, 
et soutenus par des tiges solides qui, à en juger à 
l'extérieur , paraissent provenir des branches de 
l'hyoide; les bords sont droits et paraissent den- 
ticulés finement par la saillie des dernières rangées 
d’écailles. L’on ne sait pas au juste les usages de 
ces appendices ; l’on présume qu'ils servent À sou- 
tenir l’animal, lorsqu' il s’élance d’un arbre à un 
autre, à la manière d’un parachute. Du reste le 
Chlamydosaure a, comme les Sitanes et les Dra- 
gons, la tête pyramidale, quadrangulaire , à côtés 
presque égaux, terminée par un museau assez 
pointu; des yeux à deux paupières presque égales; 
le Lympan ouvert au dehors ; les narines petites, 
libres , latérales; la bouche grande; les dents pe- 
tites, nombreuses, comprimées, denticulées, deux 
Re plus grandes sur les côtés de l’inter- 
maxillaire ; un leb repli en forme de goître sim- 
ple sous la mâchoire ; le tronc peu ben ; com- 
primé; les pieds assez développés . les postérieurs 

surtout; les doigts grêles, longs, simples, iné- 
gaux ; la queuc traînante, plus longue de moitié 
que le corps, ronde, grêle; 4 à 8 pores fémo- 
raux au CÔLÉ interne des cuisses ? l’anus transver- 


‘sal, semi-circulaire, simple. Les écailles des Chla: 


mydosaures sont pariout petites, uniformes, 
rhomboïdales, carénées, et ne varient guère que 
pour la grandeur, selon les diverses régions du 
corps ; P Abibaal est d’un brun fauve sur les parties 
supérieures ; l’on distingue sur le dos et les mem- 
bres des bandes de Laine plus foncées, peu arré- 
tées, réticul£es sur les membres. La collerette est 
marquée de taches de même couleur. Cet animal 
habite la Nouvelle-Hollande, vit sans doute d’in- 
sectes qu'il chasse de branches en branches ; il at- 
teint presque la taille des Izuanes. Nous 1 
fait représenter dans notre Atlas, pl. Es fig. 
CHLAMYPHORE , Chlamyphorus. (man. ) On 
nomme ainsi, d'après M. Harlan, ua annaalmam- 
mifère édenté, pour lequel on a établi un genre, 
et dont les caractères sont les suivans : rs dents 
partout , et cinq doigts à tous les pieds; ongles de 
ceux de devant très-grands , crochus, comprimés 


CHLO 


167 


CHLO . 


oo 9 


“et fournissantun instrument tranchant d’une grande 


puissance; le dos couvert d’un suite de rangées 
transversales de pièces écailleuses, sans aucun test 
solide ni devant ni derrière, et formant une sorte 
de cuirasse , qui n’est attachée au corps que le long 
de l’épine; l’afrière-corps est comme tronqué, et la 
queue recourbée s'attache en partie au dessous 
du corps. 

La seule espèce connue est le CnLamyPnoRE 
TroNQuÉ, Ch, truncatus, Harlan, sur l’histoire 
duquel on ne sait encore que fort peu de chose. 
C’est un animal long, au plus, de cinq à six pouces, 
de couleur brune, et qui se trouve dans l'intérieur 
du Chili où il passe la plupart du temps sous 
terre. Nous l'avons représenté dans notre Atlas, 
pl. 106, fig. 5. (GErv.) 

CHLÉNACÉES, Chlenaceæ. (mor. PHAN.) Fa- 
mille qu'Aubert du Pelit-Thouars a proposé d’éta- 
blir pour quatre genres nouveaux de la Flore des 
îles Australes d'Afrique. Ces genres sont : Sarco- 
lona, Schizolona, Leptolona et Rhodolona. Voici 
les caractères de cette famille : involucre con- 
tenant une ou plusieurs fleurs ; calice ayant 
trois divisions très-profondes ; corolle pentapétale; 
étamines tantôt au nombre de dix, tantôt indé- 
terminées ; filets grêles et naissant d’une sorte de 
godet qui embrasse la base du pistil; ovaire libre, 
surmonté d’un style et d’un stigmate bilobé ; 
capsuleplus ou moins globuleuse, à trois loges, con- 
tenant chacune une ou deux graines, s’ouvrant 
en trois valves ; graines renversées renfermant un 
embryon à cotylédons foliacés et un peu ondulés, 
renfermé dans un endosperme corné. 

Cette nouvelle famille, suivant Jussieu , offre de 
l’analogie avec les Æbénacées et particulièrement 
avec les Styracinées de Richard, dont elle ne dif- 
fère que par l'involucre. Les plantes qui la forment 
sont des arbrisseaux ou arbustes à feuilles alter- 
nes, simples, entières, munies de stipules. Les 
fleurs sont quelquefois grandes et fort élégantes, 
elles se réunissent àla partie supérieure des ra- 
meaux. Les Chlénacées se partagent entre la Mo- 
nadelphie et la Polyandrie de Linné, 

Etamines au nombre de dix. 

. Lepéolona, D. P. Th. 

Etamines en nombre indéterminé,. 

Sarcolona, D. P. Th., Schizolona , id., Rho- 
dolona, td. (G. £.) 

CHLORANTHE , Chloranthus  inconspicuus. 
(mor. PHAN.) Petit arbuste de la Chine, rampant , 
garni de fleurs vertes rangées deux à deux.et dis- 
poséesen panicules terminales. Sa tige, rameuse 
et faible, porte des feuilles persistantes, opposées, 


glabres, ovales et dentées, et donne une petite 


baie sèche, terminée en pointe, monosperme, fl 
forme un genre nouveau de la Tétrandrie mono- 
gynie, qui, lorsqu'il sera mieux connu, paraît 
devoir faire partie de la famille des Rubiacées. Il 
a été rapporté du Japon par Thunberg, qui l'avait 
nommé ÂVigriña spicata, ek nous apprend qu'il a 
à peu près le port du Tué (v. ce mot). Swartz et 
L'Héritier l'ont décrit sous la dénominalion qu'il 
porte aujourd'hui; elle est puisée dans la couleur 


des fleurs. Il est à présumer que le genre Creodus 
de Loureiro à été créé sur cette plante. Son ca- 
ractère essentiel consiste dans un calice à demi 
supérieur, adhérent par sa base avec l’ovaire qui 
est séminifère; pélale très-petit, concave, à trois 
lobes , celui du.milieu plus allongé , portant deux 
étamines ; les deux autres latéraux, chargés cha- 
cun d’une étamine sessile ; ovaire à demi inférieur: 
point *de style; un stigmate en tête, presque à 
deux lobes. (Fin4B:) 

CHLORATES. (cum) Sels résultant de la com- 
binaison de l'acide chlorique avec une base, dé- 
composables par le feu et par les acides forts, 
ayant la propriété, pour la plupart, 1° de fuser 
sur les charbons ardens ; 2° de former, par leur 
mélange avec quelques substances avides d’oxi- 
gène, telles que le soufre , le phosphore, le char- 
bon, etc., des poudres appelées fulminantes, 
poudres qui détonent avec plus ou moins de 
violence par la chaleur, et que le choc seul suflit 
souvent pour enflammer ; 5° d’être solubles dans 
l'eau, etc. (E. F.) 

CHLORE. (cm) Le Chlore, du mot grec 
Dopos, qui veut dire vert où qui tire sur le vert, 
que l’on appelait autrefois acide muriatique oxi- 
géné, est une substance simple que lon ne 
irouve jamais dans la nature que combinée à des 
substances métalliques, à l'état de chlorures ou 
d’hydrochlorates. 

Le Chlore est gazeux, d’un jaune verdâtre, 
d’une saveur désagréable , d’une odeur suffocante ; 
il jaunit la teinture de tournesol , éteint les bou- 
gies allumées , est décomposé (à l’état liquide seu- 
lement) par la chaleur et la lumière, et transformé 
en acide hydrochlorique par sa combinaison avec 
l'hydrogène de l’eau. Il a une très-grande affinité 
pour l'hydrogène, est soluble dans l’eau, etc. 

Le Chlore liquide a l'odeur, la couleur et la 
saveur du Chlore gazeux ; comme lui, il détruit 
les couleurs végétales et animales, et il est dé- 
composé par la chaleur et la lumière, 

Le Chlore s'obtient en chauffant dans une 
fiole du peroxide de manganèse et de l'acide hy- 
drochlorique concentré, ou bien en traitant un 
mélange de sel de cuisine et de peroxide de man- 
ganèse , par de l’acide sulfurique étendu d’eau. 

A l'état gazeux, le Ghlore n’est guère employé 
en médecine que comme moyen hygiénique, pour 
détruire les miasmes putrides, purifier l'air des 
prisons, des vaisseaux, des hôpitaux, etc. Dans 
ces dernierstemps, on l’a beaucoup vanté comme 
spécifique des maladies de poitrine; mais l’expé- 
rience a bientôt fait justice de pareilles prétentions. 

Les premières et importantes applications hy- 
giéniques et thérapeutiques faites avec le Chlore 
et les chlorures datent de 1773. À cette époque, 
le célèbre Guyton de Morveau, consulté sur les 
moyens de désinfecter une église et les prisons de 
Dijon, retira des fumigations d'acide hydrochlo- 
rique les plus prompts et les plus heureux effets. 
Plus tard, le Chlore remplaca, en Angleterre , la 
vapeur d'acide nitrique employée sur les vaisseaux. 
En 1780, Vicq-D’Azir proposa le chlorure d’étain 


| 


. CHLO 


168 


CHLO 


aa 


pour détruire le danger des exhumations: et en 
1790 Fourcroy introduisit l’habitude d’arroser 
d'acide muriatique oxigéné liquide, les cadavres 
déposés et disséqués dans les amphithéâtres. Mais 
ce n’est guère que depuis 1800 que le Chlore, 
par suite des belles expériences de Guyton de 
Morveau, fut préféré à tous les autres moyens 
désinfectans. Enfin, en 1810, Cluzel jeune, en- 
voyé à Flessingue avec M. Thénard, pour trouver 
les moyers à opposer à la mortalité qui décimait 
nos troupes, eut le bonhear de conserver à la 
patrie tous les soldats qui, selon ses ordres, 
plongeaient, chaque matin, leurs mains dans un 
soluté aqueux de Chlore liquide , soluté que déjà 
M. Lodibert avait employé dans des circonstances 
semblables. 

Nous ne terminerons pas cet article sans rap- 
peler à nos lecteurs tous les avantages que l’on a 
retirés, dans les arts, de la propriété décolorante 
du Ghlore, liquide ou gazeux, pour blanchir les 
laines , les toiles , le papier, etc. 

Uni à la potasse, le Chlore liquide constitue 
l'Eau de J'avelle si fréquemment employée dansle 
blanchiment du linge, qui peut remplacer, comme 
désinfectant , les chlorures de soude et de chaux, 
et qui est beaucoup moins chère. (Er F9 

CHLORIME, Chlorima. (ixs.) Genre de CGo- 
léoptères qui a été démembré du genre CHARANCON 
(v. ce mot), et qui contient une partie des plus 
belles espèces de cette famille. (8: P) 

CHLORION, Chlorion.(1xs.)Genre d'Hyménoptè- 
res, de la famille des Fouisseurs, établi par Latreille, 
sur un démembrement des Sphex, et auquel il 
donne pour caractères : premier segment du tho- 
rax -en forme de nœud ; premier anneau de l’ab- 
domer en forme de pédicule; mandibules dentées; 
palpes filiformes ; mâchoires et lèvres courtes , flé- 
chies tout au plus à leur extrémité ; trois cellules 
cubitales complètes et le commencement d’une 
quatrième ; la première nervure récurrente est in- 
sérée sous la première cubitale, et la seconde 
sous la troisième. Ces insectes ont la tête grande, 
aplatie, plus large que le corselet; les mandibu- 
les très-développées, tranchantes ; la tête est por- 
tée sur une espèce de cou ; le métathorax est long, 
cylindrique ; le premier segment abdominal est 
court, et le reste moins long que le thorax; les 
fémurs et tibias sont de grandeur moyenne, mais 
les tarses sont très-longs et fortement ciliés. Déjà 
remarquables par leur belle couleur, d’un vert 
d'éméraude doré, ou quelquefois un peu violette , 
ils le sont encore par leurs mœurs. Quand une fe- 
melle a apercu un Kakerlar, elle s’arrête un ins- 
tant en face de lui et se tient, pour ainsidire, en 

arrêt; bientôt elle s’élanceet, de ses longues man- 
dibules, le saisit par la tête: malgré la force d’iner- 
tie qu'il oppose , elle replie son corps sous le sien 
et parvient à le percer de son aiguillon. Dès qu’elle 
est sûre que le dard a pénétré, et que la liqueur 
venimeuse glissée avec lui à endormi les facultés 
de sa proie , elle l’abandonne sur la place ; mais 
ce n’est pas pour long-temps; elle revient bientôt 
après , et marchant à reculons, se dirige vers une 


fente ou un trou de muraille où elle a résolu de 
le faire entrer. La route est quelquefois bien lon- 
gue, et le fardeau bien lourd puisqu'il pèse dix ou 
douze fois autant que celle qui le traîne, elle re- 
prend alors haleine , fait quelques tours et revient 
à l’owvrage. Elle arrive enfin, mais alors il se 
présente sonvent un nouvel embarras : la proie se 
trouve trop volumineuse pour la retraite qui doit 
la recéler ; mais une ouvrière si active n’est pas 
embarrassée pour si peu de chose: quelques coups 
de ses mâchoires tranchantes font tomber les 
pattes , les antennes et les ailes s’il le faut: et en- 
fin le corps de l’animal entre et disparaît à tous 
les yeux. La femelle alors dépose avec lui un œuf, 
et Ja larve, en venant à éclore, trouvera sa nourri- 
ture toute préparée. Quelque multipliée que soit 
une espèce de ces insectes à l'Ile de France, les 
services qu'elle rend, en détruisant une grande 
quantité de Kakerlacs ou Ravets, font qu’on ne s’en 
plaint pas: cependant ce sont des voisins qu'il 
faut ménager, car la piqûre de leur aiguillon est 
excessivement douloureuse. 

On connait peu d’insectesde ce genre;ils sont 
tous exotiques. Les détails de mœurs que nous 
venons de donner ont été pris sur le C. comprimé, 
C. compressum , Fab. , représenté dans notre At- 
las, pl. 107, fig. 1;ilest long de huit à neuflignes; 
vert doré brillant, avec les quatre fémurs posté- 
rieurs rouges (A: 1P4a 

CHLORITE. (wix.) Ainsi que l'indique son 
étymologie grecque, ce nom désigne une substance 
verte; mais on a réuni sous celte dénomination 
un grand nombre de minéraux qui, à part la cou- 
leur, présentent de telles différences de composi- 
tion et de texture qu'il est probable qu'ils for- 
ment plusieurs espèces particulières. Toutes ap- 
partiennent cependant au genre Silicate ; toutes 
renferment, en proportions plus oumoins grandes, 
de la silice , de l’alumine , du fer et de la magné- 
sie; toutes , enfin, ont une texture écailleuse ou 
terreuse , et donnent de l’eau par la chaleur. 

Quant à la substance appelée communément 
Chlorite , et qui a fait donner le nom de Calcaire 
chloriteaux couches inférieures du calcaire grossier 
des environs de Paris, parce quelle y esttrès-abon- 
dante, comme elle n’est qu'un silicate de fer 
mêlé d’eauet de magnésie et dépourvu d’alumine, 
elle ne doit pas être confondue avec la véritable 
Chlorite, et comme elle n’a été désignée que 
sous le nom de Terre verte par M. Berthier qui l’a 
analysée, elle devrait peut-être être appelée Glau-. 
conie par les minéralogistes. (J. H.) 

CHLOROMYS. (mam.) Ce nom, qui signifie 
Rat vert, est celui que M. Fréd. Cuvier a donné 
au genre Agouti. Voy. l’article AcouTr de ce 
Dictionnaire. (GERv.) 

CHLOROPHANE. (un. ) Voy. Fivoriwe. 

CHLORURE. ( cm. ) Combinaison résultant 
de l’union du chlore avec une substance simple 
autre que l'oxigène et l'hydrogène. Il y a des 
Chlorures métalliques et des Chlorures non métal- 
liques : les premiers sont en plus grand nombre 
que les seconds, 


La 


à 


Pl.107. 


ni 


z.Chlorion. 2.Chouette. 2: Chrysanthème 4 5.6.7. Chrysahdes. 8.Chrysis 


E Cueru du. 


EE re 


4 
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4 
TuRaL HS 


CHOET 


169 


CHOET 


La plupart des Chlorures se dissolvent dans leau, 
la décomposent et donnent lieu à un sel nou- 
veau. Quelques uns sont employés en médecine 
et dans les arts; ceux de soude et de chaux 
jouissent, au plus haut degré, des propriétés 
désinfectantes, anti-contagieuses et stimulantes. 
On les emploie journellement en chirurgie, sur- 
tout celui de soude , dans le pansement des ulcè- 
res infects , des plaies compliquées de pourriture 
d'hôpital, des brûlures larges et superficielles ,des 
engelures, etc., dont ils hâtent la cicatrisation. 

(EuE.) 

CHOENORAMPHIE. (ors.) On donne quelque- 
fois ce nom au Bec-ouvert, dont nous avons parlé 
dans le premier volume de ce Dictionnaire, p. 418. 

(GErv.) 

CHOEROPOTAME. (wam.) En 1821, notre cé- 
lbre Georges Guvier, sur l'examen d’une 'mâ- 
choire fossile trouvée dans les carrières à plâtre 
des environs de Paris, augmenta la liste des ani- 
* maux perdus qu’il avait restitués à la création 
anté-diluvienne , d’un nouveau genre de Pachyder- 
mes auquel il donne le nom de Chæropotame, dé- 
rivé de deux mots grecs qui signifient cochon des 
fleuves. Cet animal devait avoir les formes géné- 
rales et même des dimensions assez analogues à 
celles du cochon; il était voisin du P£canrr (voy. 
ce mot), pachyderme particulier à l'Amérique 
méridionale; mais il devait être un peu plus 
grand. Chacune de ses mâchoires était garnie 
de six dents incisives et de deux canines, et offrait 
sept molaires de chaque côté. On n’en connaît 
encore qu'une seule espèce , à laquelle Cuvier a 
réservé le nom de Chæropotame des Gypses (C!æro- 
potamus gypsorum). (J. H.) 

CHOETODON. (porss.) Les Chœtodons sont 
parés des couleurs les plus vives et les plus agréa- 
bles ; ils sont aussi très-remarquables par leurs 
formes ; et cependant on n’avait encore déterminé 
leurs caractères distinclifs que d’une manière va- 
gue. Linné avait laissé dans le genre qu’ils com- 
posent des poissons qui, malgré leurs grands rap- 
ports avec les Chœtodons, doivent cependant en 
être écartés dans une distribution méthodique et 
régulière. Plusieurs naturalistes ont placé, parmi 
ces animaux, des espèces qui présentent des traits 
opposés à ceux que l’on indique comme devant 
servir à caractériser ces thoracins. Le mot Chœæt- 
odon désigne des dents plus ou moins déliées et 
- semblables à des crins, mobiles et élastiques. 
Lacépède a cru ne devoir laisser dans le genre des 
Chætodons proprement dits, que les poissons qui 
offraient ce caractère remarquable et facile à 
saisir, et qui montraient de plus un museau un peu 
avancé, une ouverture très-étroite à leur bouche, 
de petites écailles sur leurs nageoires dorsales et 
anales, un corps élevé, et enfin le corps et la 
queue très-aplatis latéralement. Ce genre, auquel 
Linné avait exclusivement conservé le nom com- 
mun de Chæœtodon, a été depuis subdivisé par Gu- 
vier, comme il suit : 

1° Les Cnorronons proPREs, qui ont le corps 
plas ou moins elliptique; les rayons épineux et les 


Tone II. 


mous se. continuent en une courbe à peu près uni- 
forme ; leur museau est plus ou moins avancé , et 
quelquefois leur préopercule a une fine dentelure; 
ils sont peints des plus belles couleurs. Parmi ceux- 
ci nous citerons particulièrement : 

Le Caozropon Barré, Chœtodonstriatus, Linné , 
Bloch , 210. Son corps présente un disque presque 
rond, deux fois échancré en arrière pour la distribu- 
tion des trois nageoires verticales , et un peu pointu 
en avant pour la proéminente du museau. Les 
écailles du corps sont presque arrondies, un peu 
plus hautes que larges , très-finement ciliées dans 
leur partie visible, et striées sur leur limbe ; le fond 
de la couleur est d’un blanc légèrement irisé; 
des lignes grisâtres suivent le milieu de chaque 
rangée d’écailles ; en sorte que celles de la moitié 
supérieure vont en montant en arrière, el celles de 
l'inférieure marchent à peu près longitudinalement. 
Cinq bandes noires diversifient ce fond; la pre- 
mière bande oculaire est étroite; la seconde, 
plus large , part des troisième et quatrième ai- 
guillons; la trôisième, plus large encore, part des 
quatre derniers aiguillons, et arrive au milieu de l’a- 
nale; de son extrémité supérieure part la quatrième; 
la dorsale et l’anale ont en outre une large bordure 
noire; et un liserénoirâtre; sur la caudale, il yad’a- 
bord unebande blanche, puis une bande noire, plus 
une ligne étroite blanchâtre ou jaunâtre , et enfin 
un petit liseré gris. Ge poisson ne paraît pas deve- 
nir trop grand. Sa chairest bonne à manger. 

Le Cuosropon À mousse, Ch. éphippium , Cuv. , 
que nous avons représenté dans notre Atlas, pl. 92, 
fig. 2, est long de 5 à 6 pouces, et large de qua- 
tre; sa forme est arrondie ; il est gris sur le dos, 
d’un jaune doré au milieu, et argenté au ventre. IL 
a en arrière et sur le dos une grande tache noire 
bordée postérieurement de blanc et derouge; la base 
de la queue est rouge. Il vient des mers des Indes. 

2° Les poissons qui diffèrent de ces véritables 
Chæœtodons par la forme extraordinaire de leur 
museau, qui est long et grêle, ouvert seulement au 
bout et formé par l’intermaxillaire etpar lamächoire 
inférieure, prolongés outre mesure , ont recu de 
M. Cuvier la dénomination de Cnezmoxs. Une deses- 
pèces les plus remarquables est le Chxtodon ros- 
#ratus,Linné,Bloch,202. Ce poisson est d’autantplus 
beau à voir, que ses bandes sont placées sur un fond 
mêlé d’or et d’argent, dont les nuances se marient 
avec plus devingtraies longitudinales très-étroiteset 
brunes,qui rendent leurs reflets encore plusbrillans: 
maisilest encore plus curieux à observer lorsqu'il vit 
sans contrainte et sans crainte, dans les mers de 
l'Inde, qu’il paraît préférer. Il se tient le plus sou- 
vent auprès de l'embouchure des rivières , et par- 
ticulièrement dans les endroits où l’eau n’est pas 
profonde; il se nourrit d'insectes, et surtout de 
ceux que l’on peut trouver sur les plantes qui s’é- 
lèvent au dessus de la surface de la mer; il em- 
ploie pour les saisir une manœuvre remarquable 
qui dépend de la forme très-allongée de son mu- 
seau. Lorsqu'il aperçoit un insecte dont il désire 
faire sa proie, et qu’il le voit trop haut au des- 
sus de la surface de la mer pour pouvoir se jeter 


_102° LIvRAISON. 22 


CHOE 


170 


CHOL 


oo 


sur lui, il s’en approche le plus possible, il rem- 
plit ensuite sa bouche d’eau, ferme-ses ouvertures 
branchiales, comprime avec vitesse sa petite 
gueule, et, contraignant le fluide à s'échapper avec 
rapidité par le tube très-étroit que forme son mu- 
seau , il le lance avec tant de force, que l’insecte 
est étourdi et précipité dans la mer. Cette chasse 
est un petit spectacle assez amusant pour que les 
gens riches de la plupart des îles des Indes orien- 


tales se plaisent à nourrir dans de grands vases des 


Chæœtodons à museau allongé, Bloch a cité dans 
son grand ouvrage M. Hommel, inspecteur des 
hôpitaux de Batavia, qui avait fait mettre quel- 
ques uns de £es poissons dans un vaisseau très- 
large et rempli d’eau de mer ; il avait fait attacher 
une mouche sur le bord du vase, et il avait eu le 
plaisir de voir ces thoracins s’empresser à l’envi 
de s'emparer de la mouche , et ne cesser de lancer 
avec vitesse contre elle des gouttes d’eau qui at- 
icignaient toujours le but. D’après ces faits, il 
n’est pas surprenant que ce soit avec des insectes 
qu'on amorce Jes hamecons dont on se sert pour 
prendre les Chætodons à museau allongé, lors- 
qu'on ne les pêche pas avec des filets. Ajoutons 
qu'ils seraient très-recherchés, quand même ils 
ne seraient pas des chasseurs adroits, parce que 
leur chair est agréable et salubre, 

5° Les Henrocuus où Cocuers, ceux qui ont les 
premiers aiguillons du‘ dos qui croissent rapidement, 
et surtout le troisième ou le quatrième qui se pro- 
longe en un filet quelquefois double de la longueur 
du corps, et semblable à une espèce de fouet ; du 
reste, ils ont tous les caractères des Chœtodons 
vrais. L'espèce qui a servi de type à ce sous-genre 
est le CHorropoN À GRANDES ÉCaILLES, Chœto- 
don macrolepidotus, Cuv. Les deux mâchoires sont 
aussi avancées l’une que l’autre, la tête couverte 
de petites écailles seulement ; la couleur générale 
estargentine; sa chair est grasse et d’une saveur 
délicate qu’on a comparée à celle de la sole. 

4° Ceux que nous appellerons ErniPpus ou Cus- 
VALIERS, Ont une dorsale profondément échancrée 
entre sa partie molle et sa partie épincuse, avec 
cetle dernière partie dénuée d’écailles; la dor- 
sale peut se replier dans un sillon formé par des 
écailles du dos. Il y aen Amérique une espèce, 
Ephippus gigas, Cuv., remarquable par le très- 
gros repflement en forme de museau du premier 
inier-épineux de son anale et de sa dorsale, et par 
un renflement analogue de la crête de son crâne. 

9° Les Drépanes, Cuv., qui ont trois épines à 
l'anale jointes à des pectorales longues et pointues. 
Les espèces qui constituent ce sous-genre sont 
les Chætodon punctatus, Linné , et Chætodon lon- 
gimanus, Bloch, Schn., Russel, 80. 

6° Les Scarornacess, Scatophagus, Cuv., qui 
ont quatre épines à l’anale , et des écailles 
très-pelites. Une espèce , le Chætodon argus, 
Linné, Bloch. 204, est un petit poisson de la 
mer des Indes; ses mâchoires sont d’égale Jon- 
gueur , ses nageoires courteset jaunâtres, Ce pois- 
son a l'habitude de suivre les vaisseaux pour se 
nourrir des resles de la table qui sont jetés dans Ja 


mer; mais il dévore de préférence les excrémens 
humains. Il pénètre, par les rivières, dans les ma- 
rais d’eau douce , afin d'y trouver un grand nom- 
bre d'insectes qu'il aime. 

7° Nous distinguons des Scatophages, sous le 
nom de Tauricures, des espèces qui ont sur cha- 
que œil une corne arquée et pointue, Chætodon 
cornu, Lacép. tom. 1v, pl. 295. Le Cornu tire son 
nom des deux aiguillons qu'il porte au dessus des 
yeux, etquireprésentent deux petites cornes; il a des 
écailles très-petites , deux rangées de dents à cha- 
que mâchoire; la couleur générale de son corps 
est argentée; tels sont les principaux caractères 
que montre le Cornu. Suivant Commerson, on le 
trouve dans les grandes Indes, et sur les rivages 
garnis de coraux ou de madrépores. Sa chair est 
de bon goût. 

8° Les poissons qui auront pour caractère un 
grand aiguillon à l'angle du préopercule, et chez la 
plupart les bords de cet os dentelés, seront sur- 
tout ceux auxquels le nom d'Aolacanthus appar- 
tiendra. Ge sont des poissons remarquables par la 
beautéet la distribution régulière de leurs couleurs; 
ils sont excellens pour le goût. Les deux Océans 
en possèdeni de nombreuses espèces. Nous cite- 
rons le Chætodon ciliaris, Linné, Bloch, 214; ou 
Isabelita , Parra, vu; Chætodon tricolor, Bloch, 
425 ; Buchan. , sect. 1v, pl. x, fig. 5. On peut 
encore en distinguer les PomAcANTHESs, Pomacan- 
thus, Lacép., qui ont la forme plus élevée que les 
précédens, parce que le bord de leur dorsale 
monte plus rapidement. On n’en connaît que d’A- 
mérique, Chætodon aureus, Bloch, 193, ou Chr- 
rivita jaune, Parra, vi, 2; et enfin, sous le nom de 
PLarax, des espèces qui ont, en avant de leurs 
dents en brosse, un premier rang de dents tran- 
chantes, divisées chacune en trois pointes ; leur 
corps, très-comprimé , semble se continuer avec 
des nageoires verlicales, épaisses et très-élevées, 
écailleuses comme Jui, et où un petit rmombre d’é- 
pines se cachent dans Je bord antérieur, en sorte 
que le poisson enlier est beaucoup plus élevé qu’il 
n’est long; les ventrales sont aussi fort longues. 
Ce sous-genre est de la mer des Indes. Une es- 
pèce, Chœtodon vespertilio, Bloch, 199, fig. 2, 
présente un orifice unique à chaque narine ; la pe- 
titesse des écailles répandues sur son corps, la 
queue , la base de sa dorsale, de sa caudale et 
de l’anale, et sacouleur verdâtre, le font aisément 
distinguer de ses congénères. (Azpn. G.) 

CHOLEDOQUE. (awar.) Les anciens em- 
ployaient ce mot, dérivé du grec, et qui signifie 
contenant la bile, pour désigner l'appareil biliaire 
en général. Aujourd'hui on lapplique seulement 
au tronc commun formé de la réunion du canal 
hépatique, qui vient du foie, et du canal cystique , 
qui vient de la vésicule du fiel. Le conduit ou ca- 
nal Cholédoque descend entre Fartère hépatique 
et la veine porte, derrière l'extrémité droite du 
pancréas; il s’ouvre à Ja partie postérieure de la 
seconde courbure du duodénum, après avoir tra- 
versé obliquement ses tuniques. (P. G.) 


CHOLESTÉRINE. (cu.) Graisse particulière, 


CHON 


découverte ‘pour la première fois en 1788, 
par Green, dans les calculs biliaires, et que 
M. Chevreul a depuis rencontrée dans la bile 
fraîche. 

Cette substance, que l’on trouve encore dans 
quelques liquides et tissus animaux, cristallise en 
feuilles blanches et d’un brillant nacré ; elle est 
insipide, inodore, plus légère que l’eau; à 137° 
elle se fond en un liquide incolore qui, par le re- 
froidissement, se prend en une masse cristalline, 
lamelleuse , translucide, susceptible d’être pulvé- 
risée, mais dont la poudre s'attache facilement à 
tous les corps. Soumise à une forte température, 
dans des vases clos, elle se sublime sous forme de 
feuilles, sans être décomposée ; l’action de l'air 
a-t-elle lieu, la décomposition se manifeste. 

A l'air libre, la Cholestérine s’enflamme et 
brûle comme de la graisse; elle est peu soluble 

dans l’eau, peu dans l’alcool, dans l'essence de 

térébenthine, plus dans l'éther, nullement dans 
l'acide sulfurique aqueux et la potasse : cette der- 
nière ne la saponifie pas non plus. 

La Cholestérine s'obtient de la bile en évapo- 
rant celle-ci jusqu’en consistance d'extrait peu 
épais, traitant celui-ci par léther, puis par l’al- 
cool bouillant , etc. (FLE.) 

CHONDRACGANTHE. (crusr.) Delaroche à éta- 
bli ce genre de la famille des Epizoaires , de La- 
marck. M. de Blainville lui a depuis assigné les 
caractères suivans : corps symétrique pair, subar- 
ticulé, recouvert d’une peau comme carlilagi- 
neuse., assez dure, partagé en thorax et en abdo- 
men; le premier formant une sorte de tête avec 
la bouche armée d'espèces de palpes, le second 
pourvu de chaque côté d’un certain nombre 
d'appendices pairs, divisés en plusieurs lobules ; 
rudimens de membres et branchies terminés en 
arrière par deux ovaires de forme un peu varia- 
ble. M. Delaroche avait nommé tête ce que 
M. de Blamville appelle le thorax. Cet animal est 
convexe en dessus, concaveen dessous; de chaque 
côté de la ligne médiane et au bord antérieur du 
thorax, il présente un tubercule ovalaire , placé de 
champ, séparés l’un de l’autre par une rainure 
assez profonde qui se prolonge par un petit ten- 
tacule conique : la partie supérieure du thorax est 
occupée par une sorte de bouclier corné sous la 
peau; de chaque côté est un bourrelet charnu ; au 
milieu, une paire d'organes léxèrement cornés'et 
recourbés; au dessus, la bouche quiparaît oblique, 
On distingue au rétrécissement qui suit le thorax 
trois articulations, la première sans appendices , 
les deux autres, plus longues, en portant chacune 
une paire latérale à trois rameaux. L’abdomen , 
plus large en avant, se rétrécit vers l'arrière; il se 
compose de deux anneaux, l'extérieur porte une 
paire d’appendices à trois rameaux coniques et 
recourbés ; les appendices: du second se subdivi- 
sent en trois branches. Une espèce de queue ter- 
mine le corps, recouvre les ovaires et se compose 
de deux cornes. Enfin l'abdomen est terminé par 
une bande transverse, au -delà de laquelle on voit 
deux tubercules d’où dépendent les sacs des 


17Y 


CHOQ 


ovaires, el une autre paire: de petits corps cylin- 
driques renflés à leur extrémité, 

Les Chondracanthes sont parasites et vivent 
sur les branchies des poissons. L'espèce décrite : 
par Delaroche avait été trouvée sur le poisson de 
Saint-Pierre ; c'est le même que celui décrit par 
Blainville et qu’on à trouvé sur un Thon. (P. G.) 

CHONDRE. (8or. crvpr.) Hydrophrtes. Genre 
de la famille des Floridées, caractérisé par des 
tubercules hémisphériques ou ovales, situés sur 
la surface des feuilles et ne formant jamais saillie 
que d’un seul côté; feuilles planes et rameuses , 
sans nervures, quelquefois mamillaires ou proli- 
fères, d’un violet ou d’un pourpre foncé. 

Les Chondres sont rarement parasites, et se 
rencontrent davantage sur les roches calcaires, 
argileuses ou schisteuses, que sur les granits et les 
quartz. La plupart de ces végétaux périssent à 
l'époque de la maturitédes graines; quelques espè- 
ces seulement, celles qui habitent les contrées 
tempérées ouéquatoriales,'paraissent bisannuelles. 

Parmi les espèces connues, nous ne nomme- 
rons que les whondrus polymorphus, norvegicus , 
agathoicus. (F. F.) 

CHONDROPTÉRYGIENS. (porss.} L’une des 
deux grandes séries de poissons établies par 
Cuvier. Dans cette division rentrent les poissons 
dont le squelette est cartilagineux. Elle renferme 
tous les Squales, les Raïes et plusieurs autres pois- 
sons. Ÿ”. CARTILAGINEUX. (Azen. G.) 

CHOQUARD ou CHOCARD , Pyrrhocorax. 
(ors.) Ce genre, tel que le comprend M. Tem- 
minck , renferme plusieurs espèces , et entre au- 
tres le Choquard ou Choucas des Alpes de Buffon 
et le Goracias du même auteur. Ces deux oiseaux 
doivent seuls nous occuper. Quoiqu'ils aient 
entre eux les plus grands rapports de couleur, 
d'organisation et de mœurs, et que dans les Alpes, 
où on les trouve, leurs troupes se mêlent souvent, 
Cuvier n’a pas cru devoir les faire entrer dans le 
même genre , il les a même placés très-loin l’un 
de l’autre (le premier dans la famille des Passe- 
reaux dentirostres, qui est la première de l’ordre, 
et le second dans la quatrième, celle des iénui- 
rostres, laissant ainsi plus de soixante-dix genres 
entre eux). Les seules différences sont que le 
Ghoquard a le bec plus court que la tête et échan- 
cré à sa pointe, tandis que le Coracias l’a plus 
long - et sans échancrure. C’est que l’auteur du 
Règne animal a considéré ce dernier caractère 
comme étant de premier ordre; il s’en est même 
servi pour caractériser une des familles qu'il a 
établies, et force a été qu'il séparât les deux oi- 
seaux, comme il l’a fait. Sans discuter ici le prin - 
cipe qui l'a guidé, nous ne décrirons point le 
genre Pyrrhocorax d’après lui; nous suivrons au 
contraire la disposition proposée par M. Tem- 
minck; c’est d’ailleurs ce qu'ont fait plusieurs sa-- 
vans ornithologistes. 

Voici les caractères dece genre : bec médiocre, 
plus ou moins arqué , échancré à sa pointe ou non 
échancré:. narines basales, latérales , ovoïdes et 
entièrement cächées par des poils dirigés en avant ; 


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172 
a 


CHOR 


pieds forts, robustes; tarses plus longs .que le 
doigt du milieu; ailes à quatrième et cinquième 
rémiges les plus longues. Ces oiseaux, dont nous 
ne possédons en Europe que les deux espèces citées 
plus haut, ont les mêmes mœurs que les Corbeaux, 
ils habitent les plus hautes vallées de nos Alpes, 
dans le voisinage des régions couvertes de glaces 
perpétuelles, et ne descendent dans les plaines 
que lorsque la nourriture vient à leur manquer. 
Ils nichent dans les fentes des rochers ou dans les 
bâtimens inhabités, et se nourrissent de graines, 
de baies, d'insectes et aussi de charognes et de 
voiries. Leur mue est simple ; les sexes et les âges 
diffèrent fort pen. 

CuoquarD ou Cuoucas DES ALPEs, Corvus pyr- 
rhocorax, Gm. Tout le plumage est d’un noir 
brillant, avec des reflets d’un pourpré changeant 
au vert; queue un peu arrondie, plus longue que 
les ailes ; bec d’un jaune orangé, pieds rouges ; 
longueur, 14 pouces 6 lignes. Cet oiseau se trouve 
en Europe, en France, en Suisse, etc., sur les 
chaînes de montagnes. 

Coracias de Buffon et aussi son Coracras 
HuPPÉ ou Sonneur, est le Corvus graculus , 
L. Cuvier en a fait son genre Crave, Frepilus. 
C'est un oiseau de la taille d’une Corneille, 
noir sur tout le corps, avec le bec et les pieds 
rouges. Il vit sur les hautes montagnes des 
Alpes et des Pyrénées , et y niche dans les fentes 
de rochers, comme le Choquard; mais il est moins 
commun et se réunit moins en troupes. On pré- 
tend que, lorsqu'il descend dans les plaines , c’est 
un signe de neige et de mauvais temps. (Genv.) 

CHORAGUS , Choragus. (ixs.) Genre de Co- 
léoptères de la section des Tétramères, famille 
des Cycliques, tribu des Chrysomélines , ayant 
pour caractères : corps cylindrique avec le corse- 
let de la largeur de l’abdomen ; antennes plus lon- 
gues que la têteet le corselet, terminées par trois ar- 
ticles formant une massue. Ce genre a été établi par 
M. Kirby, dansla Centurie d'insectes publiée dans 
la Transaction dela Société linnéenne de Londres, 
sur un très-petit insecte d'Angleterre et qu'il a 
nommé C. Scheppardi; maïs M. Robert, ayant 
trouvé le même insecte aux environs de Liége sur 
des saules, et ne connaissant pas l'ouvrage de 
M. Kirby, l’a décrit et figuré comme nouveau, dans 
le Magasin de Zoologie de M. Guérin, 1833, class. 
ix, pl. 16, sous le nom de Bruchus pigmæus ; ces 
deux insectes n’en font qu’un, et l’on peut en voir de 
bonnes figures soit dans les deux ouvrages que nous 
venons de citer, soit dans la nouvelle édition qu’a 
donnée M. Lequien de la Genturie de M. Kirby. 

C. Scheppardi. Long d’une ligne, de couleur 
enfumée avec les’pattes et les antennes d’une cou- 
leur fauve incertaine ; d’après les localités où il aété 
trouvé, on peut le regarder comme un insecte pro- 
pre aux provinces européennes du Nord. (A. P.) 

CHORION , Chorion (ANAT.) Xéoioy ou ywotov, 
de yws#, contenir, renfermer. Le Chorion 
est la membrane la plus exttrieure des envelop- 
pes du fœtus. Poy. OEur. (M.S. A.) 

.. CHORIZÈME , Chorizema. (mor. rxan) Genre 


CHOU \ 


appartenant à la famille des Légamineuse de Jus- 
sieu et à la Décandrie monogynie de Linné Ce genre 
a du rapport avec le Podalyra; il s’en distingue 
par son calice , qui est à cinq divisions, bilabié; 
par sa corolle, quiest papilionacée, es dont la ca- 
rène est renflée el plus courte que les ailes. Le style 
est petit et en forme de crochet; la gousse est 
renflée et polysperme. 

Les espèces comprises dans ce genre , sont : 

1° La CHORIZÈME À FEUILLES DE Houx , Chorizema 
iicifolia (Labillardière , Voyage à la recherche de 
Lapeyrouse, t. 21). C’est une petite plante des côtes 
de la Nouvelle-Hollande, dont les feuilles sont alter- 
nes, allongées, munies d’épines semblables à 
celles du houx, mais beaucoup plus petites, Les 
fleurs sont disposées en grappes axillaires ou ter- 
minales , jaunes. 

2° La CnorizÈME NAINE , Chorizema nana (Smith., 
Bot. Mag., 1032 ). 

5° Chorizema Rombea, Brown, Hort. Kew, 3, 
pag. 9. 

Brown atransformé en genrele Chorizema trilo- 
bum de Smith, sous le nom de Polodovium. (C. &.) 

CHOROIDE. (anar.) On a donné ce nom à 
plusieurs parties qui ressemblent au chorion par 
le grand nombre de vaisseaux qu’elles recoivent. 
La membrane Choroïde, ou Chorioïde, est une 
des membranes intérieures de l'œil. C’est pour 
imiter son usage dans la vision, que l’on noircit 
l’intérieur de tous les instrumensd’optique.#”.OErz. 

On nomme plexus choroïdes des espèces de cor- 
dons membrano-vasculaires , appartenant à la pie- 
mère , aplatis, rougeâtres, et flottant dans les ven- 
tricules du cerveau. Voy. Cerveau. (M. S. A.) 

CHOU, Brassica oleracea. (aGr. et BOT. praN.) 
Cultivé très-anciennement, ce genre de la Tétra- 
dynamie siliqueuse et de la famille des Crucifères, 
se compose de plusieurs espèces et de nombreu- 
ses variétés , qui demandent, pour être les unes 
distinguées convenablement , et les autres pren- 
dre auprès des premières la place qui leur appar- 
tient, qu'on établisse une division elaireet posi- 
tive, une division telle qu’elle ne laisse rien à dé- 
sirer, moins au botaniste, pour lequel Linné a suf- 
fisamment éclairé le genre, qu’à l'homme des 
champs et à l’horticole, qui ont un besoin réel de 
bien connaître jusqu'aux moindres variétés sus- 
ceptibles d'agrandir le domaine de leur industrie. 
Sous ce rapport, je crois que mes études m’aulo- 
risent à ne point suivre servilement la route de 
mes devanciers, même celle adoptée par Du- 
chesne , qui a le mieux traité des Choux cultivés. 

La souche primordiale du Chou existe en- 
core sauvage sur toutes les côtes maritimes de 
l'Europe, et particulièrement de la France, sur les 
rochers crayeux du pays autrefois habité par 
les héros de Morven et d’Inishuna, et sur les 
plages de l’ausière Scandinavie: c’est elle que les 
peuples anciens de ces contrées appelaient Cavl. 

La tige herbacée et bisannuelle du Cnou sau- 
VAGE, B. sylvestris, est quelquefois tortueuse , 
demi-ligneuse, branchue, portant, en son som- 
met, des feuilles charnues , vertes, mais sujettes 


CHOU 


173 


CHOU 


ee pe 


à passer au rouge par suite de maladie ou de 
vieillesse, ou bien encore, dans les climats tem- 
érés et chauds, par laction trop forte, trop 
prolongée des rayons solaires. Au lieu de feuilles , 
on voit parfois des rameaux stériles former, au 
haut de la tige, une espèce de rosette ; les grappes 
qui soutiennent. ses fleurs , d’un jaune pâle, sont 
nombreuses, disposées en panicules. I] vit en so- 
ciété avec la giroflée jaune, Cheiranthus cheri. 
Mets favori du pauvre , le Chou, pour paraître 
sur la table du riche, se cache derrière divers assai- 
sonnemens, ou bien a dû subir dans la culture des 
métamorphoses , des formes bizarres, plus ou moins 
constantes, que l’on peutranger sous sept catégories 
ouracesprincipales, savoir : le Chou-colza,le Ghou- 
vert ou sans tête, le Chou-cabu ou pommé, le Chou- 
fleur, le Chou-rave, le Chou-navet et le Chou-ro- 
quette. Disons un mot de chacune de ces races. 
Le Cnou-couza, B. campestris, que l’on cultive 
dans quelques localités pour former des prairies 
momentanées, et comme fourrage d'hiver pro- 
pre aux bêtes à cornes en particulier, est surtout 
excellent comme plante oléagineuse; c’est même 
sous ce rapport qu'il est généralement exploité. 
Comme on le désigne plus spécialement sous le 
nom de Colza, c’est à ce mot que nous en par- 
lerons en détail. 

Cnov-verr, BP. viridis, dont les noms vulgaires 
varient beaucoup à raison de sa taille et des pays 
où on le cultive en grand. Dans la partie occiden- 
tale de la France, aux terres fertiles et succu- 
lentes , je l’ai vu monter jusqu’à deux mètres de 
haut, et prendre le nom de Chou-caulier et Chou- 
cavalier ; il résiste au froid , se conserve en plein 
champ duranttout l'hiver , même dans nos dépar- 
temens les plus au nord, et fournit, pendant la 
mauvaise saison , une nourriture verte, saine et 
très-aimée par les vaches. Ce Chou doit sa pro- 
priété de résister aux gelées à l’espèce de toit que 
forment ses grandes et larges feuilles, qui cou- 
vrent entièrement le sol, et entretiennent au pied de 
la plante une température moyenne toujours égale. 
On l'appelle CAou-vert à cause de la couleur glauque 
que son feuillage conserve toujours ; Chou-frangé 
ou Chou-frisé quand ses feuilles à lobes nombreux 
sont déchiquetées à leur sommet en petites laniè- 
res; on le cultive alors non-seulement comme 
plante alimentaire, mais aussi comme plante d’or- 
nement, à raison de la diversité, de l'élégance de 
ses formes ct de ses couleurs, qui sont tantôt ver- 
tes ou rouges, tantôt blanches ou panachées ; Ca- 
pousta ou Chou-palmier , quand sa tige élancée est 
couronnée par des feuilles bleuâtres ou violacées, 
allongées , peu découpées et irrégulièrement bos- 
selées: il produit un bel effet autour des tom- 
beaux; Chou de Beauvais ou Chou à grosses côtes, 
L:quand sa tige, beaucoup plus courte et presque 
simple, porte des feuilles à nervures d’une gros- 
‘seur extraordinaire, etc. 

‘Crou-caBu, B. capi'ata. Race la plus cultivée 
ét la plus estimée pour la nourriture de l’homme. 

Sen rom actuel est une dégénération de celui de 
caput qu'il portait encore au 15*siècle, alors que, 


pour prévenir sa perte dans nos jardins, on tirait 
annuellement de la graine de Y'Italie et de l’Espa- 
gne, plus particulièrement des villes de Savone et 
de Tortose. Le Ghou-cabu a la tige courte , les 
feuilles larges , épaisses, ramassées au sommet de 
cette tige, s’embrassant les unes les autres, se 
comprimant avec force et formant une pomme , 
dont l’intérieur étiolé fournit un mets friand, de’ 
facile digestion et d’une saveur sucrée très-agréa- 
ble. Selon que cetle masse est plus ou moins 
grosse, qu'elle forme une sphère, un ovale, un 
cône plus ou moins allongé , qu’elle représente an 
cœur de bœuf, qu’elle est déprimée, aplatie ou ellip- 
soïde, qu’elle affecte la couleur verte, blanche, rouge 
ou dorée, qu'elle se montre hâtive ou tardive, 


Ja plante prend chez les maraîchers et les hortico- 


les des noms différens. On la cultive aussi dans 
les champs , et on l’emploie à la nourriture des 
bestiaux. Au seizième siècle, Champier nous ap- 
prend que l’on vantait beaucoup les Choux énor- 
mes des environs de Senlis; aujourd’hui les plus 
gros nous viennent d'Allemagne sous le nom de 
Chou-quintal. On en citesouvent qui pèsent jusqu’à 
trente-huit et quarante kilogrammes. J'ai trouvé 
ce Chou cultivé à l’'Encloistre, département de 
la Vienne , et plus particulièrement dans nos dé- 
partemens du Haut et du Bas-Rhin, oùil sert à faire 
Ja chou-croûte. 

Cnourceur, B, botrytis. Originaire du Levant , 
ce Chou fut apporté en France dans les premières 
années du dix-septième siècle: son organisation 
est très-singulière ; il a Ja tige basse, les feuilles 
oblongues avec côtes blanches très-prononcées ; 
les pédoncules floraux , réunis au sommet de la 
tige ou des maîtresses-branches, forment des fais- 
ceaux épais, disposés en corymbe, ne portant que 
des, rudimens de fleurs avortées, et offrant des 
têles où la séve s’accumule, et les convertit en 
une masse charnue, épaisse , tendre, mamelonnée 
ou grenue, blanche , que l’on mange avec plaisir. 
Les horticoles distinguent trois variétés principales 
de Chou-fleur : le tendre qui est délicat, d’une 
grosseur moyenne, précoce > prompt à monter en 
graine, et dont les semences sont les plus esti- 
mées, étant peu susceplibles de dégénérer; le 
demi-dur à tête grosse, bien garnie, devenant 
verdâtre à la cuisson; et le dur au grain serré, 
d’un beau blanc qui ne s’alière pas en cuisant : 
comme il est d’un grand produit, on le cultive de 
préférence; mais il ne réussit point partout ni 
toujours également bien. 

Cuou-rave, B. rapa. Sa tige, mince, devenant 
épaisse à l’origine des feuilles, est terminée dans 
la partie inférieure par un renflement considéra- 
ble , ovale ou arrondi , à pulpe tendre, succulente 
et bonne à manger. Les feuilles sont maigres, 
planes, parfaitement glabres, elles tombent du 
moment que la tubérosité mäûrit. Ce Chou, 
dont on connaît deux variétés, l’une blanche, 
l’autre violette , est originaire des climats chauds; 
on le cultive davantage dans le midi que sous la 
zone de Paris. Il est introduit en France depuis 
plusieurs siècles. Le Chou-rave que l’on destine 


CHOU 


174 


CHOU 


aux bestiaux se garde pour Lions re grandes 
sécheresses lui sont fatales, Onestimeque lens anciens 
Grecs l’appelaient Gastoris, qu’ils en mangeaient 
‘avec délices la chair , qui est plus ferme que celle 
du navet, et participe de sa saveur ainsi que de 
celle du Chou ordinaire. 7. au mot Rave. 

Cnou-naver , B. napus. I] ne faut pas confon- 
dre avec l'espèce précédente le navet comestible 
et la navelte. Ces deux variétés ont une destina- 
tion si différente qu’elles demandent un article à 
part; nousen traiterons au mot Naver et Naverrs. 
Le Chou-rave a les feuilles absolument glabres, 
tandis que le Ghou-navet les a hérissées , surtout 

uand elles sont jeunes; le premier a, comme je 
l'ai dit, la tige mince au collet , épaisse à l’origine 
des feuilles ; le second, au contraire, a le collet et 
la racine très-renflés, et la tige. mince à la nais- 
sance des feuilles: 

Cuou-roquerre, B. eruca. Quoique cette es- 
pèce répande une odeur forte et désagréable , 
quoique sa saveur soit âcre et piquante » elle 
est cultivée pour servir dans les cuisines 
comme assaisonnement, sur les tables comme sa- 
lade , et en médecine comme anti-scorbutique et 
stimulante. Sa tige rameuse porte des feuilles lon- 
gues, lyrées, vertes et presque glabres; ses fleurs 
d’un blanc bleuâtre , ou d’un jaune pâle, striées 
par des veines d’un violet noirâtre, sont dispo- 
sées en grappes au sommet de la tige et des ra- 
meaux ; il leur succède des siliques droites, un 


peu aplaties, terminées par un prolongement en 


fer de lance , et remplies de graines petites, noi- 
res et luisantes. 

Telles que nous les voyons aujourd'hui, les diffé- 
rentes espèces et variélés de Choux sont le pro- 
duit d’une culture industrieuse, et ne se main- 
tiennent dans leur état de surabondance qu'en 
leur fournissant un sol bien amendé et de chauds 
engrais ; il faut avoir égard an volume qu’ils doi- 
vent acquérir pour régler les distances à mettre 
entre chaque pied que l’on plante ou repique. Je 
n'entrerai point dans le détail des soins à donner 
à chaque espèce en particulier ct des diflérens 
emplois que l’on fait de leurs produits dans l’éco- 
nomie rurale et domestique: les bornes de cet 
ouvrage ne le permettent pas; mais je donnerai 
quelques éclaircissemens sur la synonymie, afin 
d’aider àretrouver les variétés, et à les rapporter 
à leur type. 

Cnou À raucuer. Variété intermédiaire entre 
le Chou-colza et le Chou-navet: c’est un hy- 
bride formé par leur croisement. IL fournit plu- 
sieurs coupes depuis l'été jusqu’au printemps 
suivant! on le récolte à la faucille. 

Cnou À FEUILLES DE CHÈNE. Variété très-remar- 
quable du Chou-caulier , peu répandue ; ses feuil- 
les sont d’un vert pâle et ne tournent point au 


rouge. Les horticoles disent qu’elle prend souvent: 


Faspect du Ghou-vert frangé. Je ne puis le croire; 
elle en est très-distincte par le mode de son feuil- 
lage, dont les découpures sont bien caractérisées, 

Cuou-alcrETTE. Sous-variété du Chou-caulier, 
que l’on cultive comme plante d'ornement, et à 


laquelle on donne aussi le nom de Chou-plume- 

Cuou-a-rers. Variété du Chou-cabu, poussant 
à l’aisselle des feuilles inférieures des jets cou- 
ronnés par une petite tête plus ou moins serrée 
et de la grosseur d’une noix ordinaire. Le Chou-à- 
jets est fort recherché pour sa délicatesse, On 
l'appelle aussi Chou à mille têtes, Chou à petites 
pommes, Chou de Bruxelles , etc. 

Cnou-srancuu. Variété du Chou-caulier, dont 
l'aspect et la taille seulement l’éloignent du Chou- 
sauvage, avec lequel elle a du resteles plus grands 
rapports. 

Cou -gBrocou. Variété mitoyenne entre le 
Chou-fleur et le Chou-caulier ; elle a:été apportée 
d'Italie dans le dix-septième siècle. En février, 
la maîtresse-branche fournit une pomme: violette, 
quelquefois blanche ou d’un jaune très-foncé, 
tendre, excellente à manger et portant avec elle 
un parfum agréable. Outre ce jet principal ; le 
Brocoli en donne une infinité de petits bien char- 
nus, que l’on cueille avec soin et qui constituent 
un mets aussi distingué que délicat. Le Brocoli 
se sert cuit, chaud ou froid, en salade, dans 
la soupe, apprêté à la sauce blanche, 

Cxou-cHicon. Nom vulgaire d’une variété de 
Chou-Cabu qui affecte la forme d’un pain de 
sucre. 


Cuou-croure. Préparation économique faite 


avec le Chou-quintal. On le coupe en rubans me- 
nus et fins, pour être mêlés à du sel et à des 
graines de carvi ou de genièvre , puis soumis à la 
fermentation déterminée par l’eau végétale que 
le Chou fournit. La Chou-croûte est un excellent 
manger, quand on a remplacé l’eau de végétation 
par une saumure faite à froid. C’est une branche 
importante de commerce. 

Cnou-p'avenr. Dans diverses localités, sur- 
tout dans le département de la Creuse, c'est le 
nom que l’on donne vulgairement à toute espèce 
de Chou hâtif, 

Cuou pe Cine. Nous en avons parlé plus haut, 
lom. 1, pag. 519, au mot Brèps. 

Cnou-En-our. Variété du Ghou-cabu; sa tête 
représente un œuf, dont le gros bout est en haut 
et le pelit en’bas; elle est peu cultivée. 

Cnou-Francé. Variété du Chou-vert que lon 
sème depuis le mois de mars jusqu’en mai. 

: Cnou-miran. Variété regardée comme la meil- 
ln des Choux-cabus; sa tige est courte, ses! 
feuilles vertes, réunies en têtes del leur jeunesse, 
et sont ensuite plus ou moins étalées, mais tou- 
jours à surface surchargée de cloques ; les fleurs 
sont blanches , tandis que celles des autres Ghoux- 
cabus sont jaunes. Leurs têtes ont besoin d’être at- 
tendries par la gelée pour offrir un bon mets. 

Cnov-oLÉiFÈRE. Quoique tous les Choux in- 
distinctement fournissent de l'huile et pourraient 
tous recevoir cette dénomination , elle s'applique 
particulièrement au Chou-celza. 

Cnov-PErRce-FEuiLzces. Variété du Chou-sauyage, 
que les bestiaux mangent avec plaisir. Elle croit 
dans les sols calcaires de l'Europe et surtoBE de 
l'Orient. 


Pa De. OC" Jen = 


CHOU 


175 


CHOU 


Le nom de Chou s’applique vulgairement à des 
plantes étrangères au genre Brassica. En voici quel- 
ques unes. 

Cnou-BarTarp. Un des noms de l’Arabette tou- 
rette, Arabis turrita. 

Cuou-caraïige. Dans diverses régions de l’Amé- 
rique méridionale, principalement aux Antilles , 
on appelle ainsi le Gouet, Arum esculentum ; c'est 
encore le nom d’une autre espèce de Gouet, 
Arum sagitttatum , à feuilles et à pétioles violets, 
que l’on cultive pour sa racine alimentaire. Foy. 
aussi au mot BrÈDE , tom. 1. pag. 510. 

Cmou-nr-cmien, Ancien nom de la Mercuriale 
des bois, Mercurialis perennis, que l’on retrouve 
encore usité dans quelques localités. 

Cnov-pr-mer. Espèce de liseron que lon ren- 
contre au bord de lamer, le Convolvulus soldanella 
des botanisies. 

Cnou pes prés. Comme 6n mange au prin- 
temps les petites feuilles du Cnicus oleraceus , qui 
sont alors fort tendres, on lui, donne parfois ce 
nom vulgaire. 

Cnov-cras. La patiencesauvage , Rumex acutus. 

Caou-warin. Nom du Crambe maritime. 

Caou-parmsre. Le gros bourgeon qui termine 
la tige des Palmiers , et particulièrement de lA- 
rec, Areca oleracea, et que l’on mamge de la 
même manière que le Chou proprement dit, tant 
dans l’Inde qu’en Amérique. 

Cnou-poivré. Quelquefois on donne ce nom au 
Gouet commun, Arum macularum. (T. ». B.) 

CHOUCALCYON. (ois.) Est un petit groupe 
du genre Ælcedo, MarTin-PÊcHEUR, auquel nous 
renvoyons ; il a été proposé par M. Lesson. 

CHOUCAS. (ors.) Espèce du genre Cuoquarn. 
Voy.ce mot. (Gerv.) 

CHOUETTES. (ors.) C’est un des noms par 
lesquels le vulgaire désigne les oiseaux de proie 
nocturnes , animaux que Linné comprenait tous 
dans son genre Strix. Les ornithologistes font au- 
jourd’hui des Chouettes la seconde famille de l’or- 
dre des AccrrirRes (voy. ce mot), et ils les appel- 
lent du nom commun de Strixidés ou Strigidés, 
qui est une légère modification de celui que Linné 
leur avait donné. 

Les Strigidés, ou Accipitres nocturnes, ont la 
tête grosse, et les yeux très-grands à pupilles 
énormes , dirigés en avant et plus ou moins com- 
plétement entourés par un cercle de plumes ef- 
filées, dont les antérieures recouvrent la cire et les 
postérieures l'ouverture des oreilles. Leur crâne 


estépais, mais d’une substance légère, et renferme 


entre ses lames de grandes cavités, lesquelles 
communiquent avec l'oreille et renforcent proba- 
blement l'organe de l’ouie. L’orifice externe de 
cel organe est très-dilaté; on y remarque même 
chez quelques espèces des rudimens de conque, 
ce qui n’existe dans aucune autre famille d'oiseaux, 
L'appareil du vol n’a pas une grande force ; les 
ailes sont généralement courtes et peu pointues ; 
leur première rémige est toujours la plus courte , 
et la troisième dépasse tontesles autres. Les tarses 
sont plus ou moins longs, et souvent couverts 


ainsi que les doigts de plumes ou de duvet ; le 
doigt externe est réversible, c’est-à-dire suscep- 
tible de se porter devant ou derrière, 

Les oiseaux de cette famille ont entre eux beau- 
coup de ressemblance; c’est généralement la même 
forme et aussi le même système de coloration : le 
plumage, toujours doux et soyeux, est ordinaire- 
ment gris, quelquefois un peu roussâtre, d’autres 
fois blanchâtre ou tout-à-fait blanc, toujours il 
est varié de taches brunes, linéaires ou arrondies; 
c’est une distribution de couleurs qui rappelle 
celle des Engoulevents, autres oiseaux nocturnes, 
mais d’un ordre différent. 

La plupart des Strix chassent le soir au crépus- 
cule et le matin avant le lever du soleil ; pendant 
le temps de la pleine lune, ils peuvent le faire pres- 
que toute la nuit ; tant que dure le jour ils se ca- 
chent dans quelque lieu obscur, parce que la lu- 
mière leur blesse la vue. Cependant il en est quel- 
ques uns qui peuvent en plein midi voler et même 
poursuivre leur proie; ce sont ceux qui se rappro- 
chent le plus des Accipitres diurnes. Tous volent 
légèrement , et sans se faire entendre , ce qui tient 
à la mollesse de leur plumage. Ils se nourrissent 
de matières animales, mais attaquent, suivant leurs 
forces, des espèces plus ou moins volumineuses ; 
les plus grands poursuivent quelques rongeurs de 
taille moyenne, des lapins, des rats, des mu- 
lots, etc.; d’autres, moins vigoureux, s’en prennent 
à des mammifères plus petits, des souris , des mu- 
saraignes ou bien à des oiseaux qu'ils vont pren- 
dre lorsqu'ils sont endormis, et il en est parmi 
les plus petits qui sont presque réduits!à se nour- 
rir exclusivement d'insectes; il en est qui recher- 
chent aussi les reptiles et les petits oiseaux. 

Quoique les Strix soient de véritables carnas- 
siers, ils ont cependant un estomac en gésier assez 
musculeux et précédé d’un jabot. Après qu'ils 
ont mangé, les os, les plumes et toutes les parties 
non chylifiques de leurs alimens, sont roulés en 
petites pelotes et rejetés en remontant l’œsophage. 

On trouve des oiseaux de nuit sur tous les points 
de la terre. En général, ces animaux se tiennent 
dans les lieux inhabités et dans les vastes forêts ; 
ils se cachent pendant ke jour, et si par hasard on 
les dérange dans leurs retraites, ils prennent, à 
cause de la gêne que leur occasione la grande 
lumière, des positions toutes plus bizarres les 
unes que les autres ; ils se débattent gauchement 
sans chercher à fuir, et restent à la merci du plus 
faible ennemi. C’est ce que savent parfaitement les 
petits oiseaux, qui vont les chercher dans leur so- 
litude , les tourmentent et les véxent de mille ma- 
nières , sans que les malheureux puissent se défen- 
dre. Les chasseurs , comme ont sait, ont tourné 
à leur profit l’audace de ces pelits ennemis et la 
maladresse des Chouettes ; ils prennent un de ces 
oiseaux , leportent dans un jardin, un bois ouun 
taillis, et aussitôt arrivent de toutes parts, aux cris 
de l'oiseau nocturne, force becs-fins, mésanges, 
moineaux, elc., qui se prennent aux piéges qu'on 
leur à tendus. JUPE 

Presque tous les naturalistes n’ont fait, aver 


Sn 


CHOU 


Linné, qu'un seul genre dans la famille qui nous 
occupe, et ils se sont servis, pour établir leurs sous- 
genres de la considération des Æigrettes, qui sont 
des plumes érigibles à la volonté de l’animal, et 
que l’on trouve placées sur la tête d’un grand 
nombre d'espèces. Mais, comme le fait remarquer 
M. Isid. Geoffroy dans un Mémoire qu'il a publié 
sur le sujet (Ann. se. nat., t. xx1) ,ces parties ne 
sont pas susceptibles de fournir des caractères aussi 
importans qu’on l'a pensé, et il arrive souvent que, 
parmi des espèces évidemment voisines, quelques 
unes sont privées d’aigrettes , tandis que d’autres 
n’en ont que de peliltes ou en manquent tout-à- 
fait; bien plus, il est une espèce, la Ghouelte com- 
mune ou Moyen Duc, Strix brachiotus , dans la- 
quelle le mâle seul a des aigrettes, la femelle en 
étant privée. Rigoureusemeut parlant, chacan de 
ces oiseaux devrait entrer dans deux groupes dif- 
férens, le mâle faisant partie du genre des Hibous 
et la femelle de celui des Chouettes. Les ornitho- 
lozistes, comme on le pense bien, ont repoussé, 
celte absurde comhinaison; mais, dit l’auteur 
cité, comme s'ils eussent voulu lui emprunter 
quelque chose, ils ont placé cette Chouette parmi 
les Ducs, et donné son nom au genre voisin, de 
sorte qu’ils ont fait un genre Chouette, dont la 
Chouette ne fait pas partie. 

M. Isid. Geoffroy, en combinant entre eux les 
divers caractères pris de la disposition du disque 
qui entoure les yeux, de celle des ailes, de la forme 
du bec et de la queue, a pu, en donnant à cha- 
cun des caractères que lui ont fournis ces diverses 
parties sa valeur réelle , arriver à une distribution 
plus naturelle des Strigidés. Voici les résultats 
auxquels il est parvenu : 

Les Accipitres nocturnes doivent être répartis 
dans deux groupes différens. 

Le premier de ces groupes comprend les espèces 
qui ont le disque entourant les yeux nul ou à 
peine marqué, et qui se rapprochent plus que les 
autres des oiseaux de proie diurnes, tant par leurs 
caractères zoologiques que par leurs habitudes. 
On y range les genres : 

Cuevècne (Chevèches ordinaires et Chouettes- 
épervières), Duc (Ducs proprement dits, Scops 
et Ketupa), Pnonie. 

Le second groupe est réservé aux Strigidés qui 
ont le disque complet où presque complet, mais 
toujours bien marqué et composé de deux cercles, 
lun interne à plumes eflilées et à barbules très- 
écartées, l’autre externe circonscrivant le pre- 
mier et qui a ses plumes rudes et aplaties en forme 
d’écailles ; l'ouverture auriculaire est plus considé - 
rable que chezles précédens. Genres : CHATHUANT, 
Cnourtre (Chouettes et Hibous), Errraxes. 

+ Accipitres nocturnes à disques incomplets. 

Genre Cnevècne, noctua, Savigny. Il existe à 
peine, chez ces oiseaux, quelques traces de disque 
dans la disposition rayonnée des plumes du voisi- 
nage des yeux, et il n’y a point d’aigrette sur Ja 
tête. Tout le dessus de cette région est couvert 
de plumes dirigées en arrière et de même nature 
que. celles du reste du corps; l'ouverture des 


176 


CHOU 


oreilles est ovale et à peine plus grande que dans 
les oiseaux de proie diurnes. À ces caractères il 
faut ajouter que le bec est courbé dès sa base. 

L'espèce la plus remarquable du genre est le 
Hanranc, Str. nyelicea, Gm., enl. 458. Corps 
blanchâtre avec des taches brunes éparses, bec 
noir.: cet oiseau est long de deux pieds; on le 
trouve dans le nord des deux continens ; pendant 
l'été il s’avance en Amérique jusqu’à la Louisiane 
et en Europe jusqu’en France, où on l’a pris quel- 
quefois. Il se nourrit de lièvres, de rats, de sou- 
ris et de lapins , qu’il peut chasser même pendant 
le jour; sa ponte est de deux œufs blancs marqués 
de taches noires. | 

Cnevècne MÉRIDIONALE , /ÂVoctua meridionalis, 
Risso , a les plumes de la tête et les couvertures 
des ailes brunes, bordées de roussâtre; dos brun 
foncé , collerette roussâtre mêlée de gris; dessous 
du corps roux; queue longue, arrondie , à pen- 
nes intermédiaires obscures, les externes fauves. 
Cette espèce habite les rochers maritimes de Nice, 
où on la nomme Scriveo-de-mar. 

Huauz, Woct. huhul, est une autre espèce dé- 
crite par Levaillant; son plumage est noir rayé de 
blanc; on la trouve au cap de Bonne-Espérance. 
L’habitude qu’elle a de chasser le jour l’a fait ap- 
peler Chouette de jour. 

CuouETTE LAPONE, Str. laponica , n’a été trouvée. 
qu’en Laponie. C'est la grande Cuouerre crise de 
M. Cuvier (Règ. anim.) Le mâle a de longueur 
totale deux pieds, la femelle deux pieds et quel- 
ques pouces. 

Cuougrre DE L'Ouraz, Str. uralensis, a pour 
patrie le nord de l'Europe et de l'Asie; ses habi- 
tudes sont les mêmes que celles du Harfang ; lon- 
gueur totale , deux pieds environ. Cuvier pense que 
c'est l’Hybrisoule Ptynx, d’Aristote, 1. 1x, ©. 12. 

CHEVÈCHE A PIEDS EMPLUMÉS, Sr. tengmalmt, 
Gm. Elle a le dos brun semé de gouttes blanches, 
le dessous plus pâle avec des taches blanches plus 
larges, et quatre lignes blanches en travers à la 
queue. Sa patrie est le nord de l'Europe, princi- 
palement la Suède, la Norwége et la Russie ; ce- 
pendant elle se montre quelquefois dans les par- 
ties tempérées, mais alors elle choisit plus parti- 
culièrement les montagnes ; elle n’est pas très-rare 
dans les Vosges , le Jura et même le nord de l'I- 
talie. Sa nourriture consiste en souris, phalènes, 
scarabées, etc., quelquefois aussi en petits oïi- 
seaux. 

Cuevècne, Strix passerina des auteurs, est une: 
des espèces les plus communes ; on la trouve dans 
presque toute l’Europe , dans les ruines et les châ- 
teaux inhabités ; elle est à peu près de la taille de 
la précédente; sa longueur est de neuf pouces. 
Elle recherche pour se nourrir les chauve-souris, 
les petits oiseaux et aussi les grillons et Jes autres. 
insectes. 

Cuevècuerre, Str. acadica. Longueur totale, 
six pouces seulement. On trouve celte Chevèche: 
dans les régions septentrionales; elle se tient dans 
les grandes forêts et sur les hautes montagnes. 

Suivant M. Isid. Geoffroy; on doit placer dans le: 


même 


RER 


| CHOU 177 


même genre que les Chevèches, et comme en for- 
mant une simple section , les SurNIEs ou Chouettes 
épervières de Duméril, qui se font remarquer 
par leur queue longue et étagée, et leurs doigts 
emplumés. Tels sont : le Str. funerea, espèce du 
nord qu'on ne trouve que rarement en France, le 
Choucou de Levaillant , Ois. d’Afr,, Str. choucou, 
et la Chouette hirsute , Str. hirsuta, Temm., la- 
quelle habite Ceylan. 

Genre Duc, Bubo, Cuv. Les plumes de la tête 
sont comme dans les Ghevèches ; le disque est par 
conséquent très-incomplet ; mais il existe deux 
bouquets de plumes ou aigrettes, susceptibles de 
“se redresser ; les ouvertures auriculaires sont 
grandes, sans l'être à beaucoup près autant que 
dans les genres de la seconde section ; le bec est 
« courbé dès sa base. 

M. Isidore considère les Ducs proprement dits, 
les Scops et+les Ketupas, comme de simples sous- 
genres de ses Bubo. Voy. ces mots. 

Genre Poire , Phodilus, I. Geoffroy. Se dis- 
tingue par son bec droit dans une grande partie 
de sa longueur, ses tarses couverts d'une espèce 
de duvet, et ses ailes longues dépassant la queue. 
La première rémige est presque aussi longue que 
la seconde, laquelle est la plus grande de toutes. 

Ce nouveau genre ne comprend qu’une espèce 
anciennement connue; la COuETTE KALONG, Str. 
badia, Horsfield, laquelle habite les forêts les 
plustouffues de la presqu'ile malaise et l’île deJava. 

Tr Accipitres nocturnes à disques complets. 
- Genre Cnat-Huanr, Syrnium, Sav. Ce genre, 
qui fait le passage du premier groupe au second , a 
“les disques entourant les yeux non encore com- 
plets, mais très-distincis, et les oreilles ouvertes 
plus largement que dans les précédens. Le bec est 
-courbé dès sa base, la tête n'offre point d’aigrettes. 

Nous ne possédons en Europe que la Hurorre, 
appelée aussi Chouette, et dont les auteurs ont le 
plus souvent fait deux espèces , décrivant le mâle 

“sous le nom de Sfr. aluco, Gm., HuzorTe de Buffon, 
pl. enl. 441, et la femelle sous celui de Str. st:i- 
dula, Gm., Cnar-Huanr , Buffon, enl. 457. Cet 
oiseau est un peu plus grand que le hibou com- 
mun, Sér. otus; il est couvert partout de taches 
dongitudinales brunes , déchirées sur les côtés en 

“dentelures transverses; il a des taches blanches 
“aux scapulaires et vers le bord antérieur de l’aile. 
Le fond du plumage est grisâtre dans le mâle, et 
“roussâtre dans la femelle, ce qui les avait fait mé- 

mconnaître. 

La Hulotte, ou Chat-Huant, appelée aussi 

MChouette des bois, elc., niche dans les forêts 

“grandes et touffues ; elle dépose ses œufs dans les 

nids abandonnés des buses, des corbeaux ou des 

_pies ; sa ponte est de quatre œufs. Elle se nourrit 

de taupes , de rats , de souris, d’oiseaux, de gre- 
nouilles et souvent aussi d'insectes. ; 

Genre Cnouerre, Ulula. M. Isid. Geoffroy réunit 

| dans ce genre les Chouettes et les Hibous deCuvier. 

-Hisous, Otus, Guv. Ont sur le front deux ai- 

 grettes de plumes qu'ils redressent à volonté ; la 
conque de leur oreille est très-développée et mu- 


Tome II. 


CHRO 


nie en avant d’un opercule membraneux; les pieds 
sont garnis de plumes jusqu'aux ongles. Voyez 
pour les espèces l’article Hrou. 

Cnouerres, Ulula, Cuv. Ne diffèrent des pré 
cédens que par l'absence d’aigrettes. 

GRANDE CHOUETTE A TÊTE GRISE, Sr. laponica, 
Gm., représentée dans notre Atlas, pl. 107, fig. 2. 
Presque de la taille de notre grand Duc: elle est 
en dessus d’un gris mélangé de brun, le dessous 
est blanchâtre avec des taches longitudinales bru- 
nes. Elle habite les montagnes du nord dela Suède, 

CHoueTTE pu CANADA, Str. nebulosa. Se trouve 
aussi en Europe, dans la Suède et la Norwége ; 
elle niche sur les arbres, pond deux ou quatre 
œufs arrondis, et se nourrit de lièvres, de rats, 
d'oiseaux, etc., principalement de tétras. Cette 
espèce a vingt pouces de longueur. (GErv.) . 


CHROMATES. (cmm.) Sels employés en pein- 


ture , résultant de la combinaison de l'acide chro- 


mique avec une base colorée en jaune ou en 
rouge, précipitant (ceux qui sont solubles) en 
jaune serin la dissolution de plomb ; en orangé les 
proto-cels de mercure, en pourpre les sels d’ar- 
gent; décomposables par l'acide hydrochlorique 
et la chaleur, etc. (DENREN 


CHROME. (cmm.) Le Chrôme, découvert en 
1797, par Vauquelin, dans un minéral de Sibérie, 
appelé plomb rouge, et que depuis il a reconnu 
être du chromate de plomb, a été trouvé égale- 
ment dans plusieurs autres minéraux en Europe et 
en Amérique. 


Le Chrôme s’obtient en réduisant ces oxides par 
le charbon et la chaleur, Il est d’un blanc gris, 
doué de quelque éclat, cassant, attirable à l’ai- 
mant, inaltérable à l’air, peu soluble dans les aci- 
des, susceptible dese combiner en diverses propor- 
tions avec l’oxigène , le soufre , le phosphore, etc. 

Les usages du Chrôme en médecine sont en- 
core nuls ; il n'en est pas de même de son oxide, 
dans les manufactures , où il est employé comme 
couleur verte, pour peindre sur émail et sur por- 
celaine. (Er Fi) 

CHROMIS, Chromis. (rorss.) Cenom a été donné 
par Cuvier à un petit poisson que l’auteura pris pour 
type d'un genre qu’il range parmi les Labroïdes. 

Les Chromis, pour la taille et la forme du corps, 
ressemblent à quelques égards aux Labres, dont 
ils ont aussi les lèvres et les intermaxillaires pro- 
tractiles ; mais ils s’en distinguent , à la première 
vue , par leurs dents en cardes aux mâchoires et 
au pharynx;il y a en avant une rangée de dents 
coniques. Leurs nagcoires verticales sont filamen- 
teuses, souvent même celles du ventre sont pro- 
longées en longs filets, et leur ligne latérale est 
interrompue. Deux poissons de ce genre méritent 
d'être cités. L’une de ces deux espèces est petite, 
d’un brun châtain ; on la pêche par milliers dans 
la Méditerranée ; c'est le peTIT CasraGNEat, Spa- 
rus chromis, Linn., Rondel., 152 : le Coracix vrr- 
GAIRE Ou Noir des anciens! Le Nil en produit une 
autre qui attemt deux pieds de long, et passe 
pour le meilleur poisson d'Egypte: c’est le Borrio, 


103° LivraAïson. 22 


CHRY 1 


Labrusniloticus, Hasselq., 346, Sonnini, pl 27, 
fig. 1; Coracin 81anc ou D’Ecyprs des anciens. 
(Azrx. G.) 
CHRYSALIDE, Pupa. (ixs.) L'état intermé- 
diaire par lequel passent tous les insectes a pris le 
nom de nymphe, mais celles des papillons , dans 
certains genres de diurnes, qui demeurent expo- 
sées à l’air libre, offrent souvent des taches dorées 
ou argentées. Les premiers observateurs leur ont 
donné le nom de Ghrysalide, comme rappelant la 
richesse de leurenveloppe ; c’est ce qu’indique la 
racine grecque de ce mot, qui est aussi celle du 
nom du roi Crésus. (7. Nympne.) On voit dans 
notre Atlas, pl 107, fig. 3, plusieurs Chrysalides de 
papillons diurnes et nocturnes. On en trouvera 
l'explication au motauquelnousrenvoyons. (A. P.) 
CHRYSANTEÈME , Chrysanthemum. (807. 
PHAN.) Un grand nombre de plantes herbacées, 
annuelles ou vivaces, constituent ce genre de Co- 
rymbifères , de la Syngénésie polygamie superflue, 
Cinq ou six espèces croissent naturellement en 
France. La couleur des fleurs est généralement 
d’un jaune doré, comme l’exprime le nom qui 
leur a été imposé; cependant elle varie du blanc 
aurouge et même au violet et au pourpre. La 
culture nous a révélé que les espèces nées dans 
les serres, une fois exposées à l’air libre, prennent, 
surtout vers la fin de l'automne, une nuance toute 
différente de celle offerte d’abord. Dans les unes, 
Ja couleur se montre plus vive ; dans les autres, elle 
perd de son éclat , et lorsque l'atmosphère devient 
de plus en plus froide , les teintes changent con- 
sidérablement; mais alors elles ne sont que fugaces. 
Aucune ne ressemble aux plants de la Chine. 
L'espèce la plus commune, que l’on trouve 
daris toutes les prairies, d’où elle a recu le nom 
de CHRYSANTRÈME DES PRÉs , C. leucanthemum , est 
vulgairement appelée Grande Marguerite, réputée 
vulnéraire, mais elle est beaucoup moins employée 
aujourd’hui qu'autrefois. Celle que l’on rencontre 
le plus après elle, la CurYsANTHÈME DES Morssons, 
C. segetum, représentée dans notre Atlas, pl. 107, 
fig. 4, fournit une belle teinture jaune. L’une et 
l’autre jouirent long-temps de l'honneur de parer 
le sein des jeunes filles, et de figurer, sous le nom 
de Chrysanthemum coronarium , parmi les plantes 
d'ornement ; mais depuis 1789 , que Blanchard, 
de Marseille , a introduit dans nos jardins la Cnry- 
sANTHÈME DESINves, C.indicum, oulaReine-Margue- 
rite, elles ont beaucoup perdu parmi les amateurs, 
elles ont vule talent des duplicateurs les abandon- 
ner et les rejeter dans les lieux qu’elles embel- 
lissent encore. Cette belle espèce, dont les Chi- 
nois, qui la nomment Xikki, ont les premiers 
oblenu, par la culture, des variétés à fleurs de 
toutes les nuances, depuis la plus délicate jusqu’à 
la plus vive, jusqu'à la plus éclatante, est une 
plante sous-ligneuse, vivace et de pleine terre, 
qui résiste aux froids les plus rigoureux et qui se 
montre dans toule la pompe nuptiale, d'octobre 
à décembre, à l'époque où presque toutes les 
fleurs sont rares, décolorées ou entièrement pas- 
sées. Ses tiges nombreuses, hautes d’un mètre et 


8 CHRY 


demi , rougeâtres, pubescentes , garnies de feuilles 
découpées, vertes en dessus, blanches en des- 
sous, et, quoique velues , douces au toucher, por- 
tent de grandes fleurs d’un pourpre foncé , réunies 
à l'extrémité des ramifications, où elles simulent 
une sorte de panicule. Les fleurons sont d'autant 
plus courts et variés de nuances qu'ils approchent 
davantage du centre; ils forment un tube cylin- 
drique dans presque Loute leur longucur, et ce 
tube est coupé obliquement à son sommet. 

Un phénomène remarquable présenté par la 
Chrysanthème des Indes, l’a fait placer a:ternati- 
vement parmi les Matricaires, Matricaria, parmi 
les Camomilles, Ænthemis, et parmi les vraies 
Chrysanthèmes auxquelles elle appartient essentiel- 
lement. Lesindividus sauvages ou à fleurs simples 
ont le réceptacle nu, privé de paillettes, carac- 
tère du genre Ghrysanthème; tandis que beaucoup 
de variétés ont le réceptacle chargé de paillettes, 
comme les Camomilles, ou d'écailles aiguës , 
comme les Matricaires. C’est ce qui l’a fait nom- 
mertantôt Anthemis grandiflora par Desfontaines, 
tantôt HMatricaria sinensis par Miller el Lamarck. 

Depuis environ un siècle et demi, l'Europe a 
reçu des îles Canaries la CHRysANTRÈME FRUTES- 
CENTE , C. frutescens, que l’on a mullipliée dans 
tous les jardins , parce que ses fleurs blanches , à 
circonférence jaune, ont, d’une part, un aspect 
fort agréable, et de l’autre , parce qu’elles se suc- 
cèdent les unes aux autres durant une grande 
partie de l’année. Ses feuilles , d’un vert gai, lais- 
sent sur la langue, après qu’on les a mâchées, 
une saveur âcre , piquante , mais de peu de durée. 
On à fait aussi de cette plante une Matricaire ; 
Willdenow l'appelle Pyrethrum frutescens. 

Quoique généralement indigènes, aux pays 
chauds, les Chrysanthèmes viennent très-bien 
dans nos climats, et y bravent la durée de nos hi- 
vers. Elles se multiplient facilement de semences et 
par éclats qu’on enlève en automne ou en mars. 

(Tue 83.7 

CHRYSIDES, Chrysides. (ixs.) Tribu d'Hymé- 
noptères, de la famille des Pupivores , ayant pour 
caractères : ailes inférieures non veinces, abdo- 
men des femelles ne paraissant composé que de 


trois ou quatre anneaux , les autres servant à for- 


mer Ja tarière , qui se compose de tubes rentrant 
les uns dans les autres, et esl terminée par un 
petit aiguillon ; le dessous de l'abdomen, à l'excep- 
tion du genre Glepte , est plat et voûté. 

Les insectes contenus dans cette tribu sont de 
petite taille et d’égale largeur partout ; la tête est in- 
clinée, les antennes, detreizearticles, sont coudées, 
en forme de fil; ces insectes les tiennent habituel- 


lement courbées ct dans une agitation continuelle ; . 


la bouche varie selon les genres; le thorax est cy- 
lindrique , et ses différentes divisions sont mar- 
quées par des impressions transversales ; l'abdo- 
men est ovalaire; ces insectes brillent dans leurs 
tégamens de tout l'éclat de l'or et des pierreries , 
aussi leur nom est-il significatif; ils ont aussi été 
quelquefois nommés par les auteurs anciens Guépes 
dorées ; mais si leur physique offre la réunion de 


CHRY 


229 


CHRY 


tout ce qui est beau, il n’en est pas de même de 
leur moral, qui est tès-pervers; en effet, ces jolis 
petits insectes n’ont pas jusqu’à présent trouvé de 
meilleur moyen pour pourvoir au soin de leur 
postérité que de pondre leur$ œufs dans le nid 
de quelque autre Hyménoptère ; cet accident est 
si commun parmi nous qu il ne mériterait pas 
d'être cité s'il ne s'agissait que de partager la 
provision de l'enfant de la maison; mais il ne s’agit 
de rien moins, le croirait-on, que de le dévorer 
lui-même. Après cela, fiez-vous donc aux jolies 
figures ! 

Quoique ces insectes fréquentent quelquefois 
les fleurs, ce n'est pas Jà qu'il faut les chercher ; 
c'est au long des vieux murs , des-terrains abruptes 
exposés aux rayons du soleil, dans les allées sa- 
blonneuses, qu'on peut les voir dans un mouve- 
ment continuel , entrant dans tous les trous et les 
{fentes qui s'offrent à eux, cherchant un gîte pour 
leur postérité. Trouvent-ils un nid vide, ils y 
pénètrent à l'instant; mais souvent la mère d. 
trouve et poursuit l'intrus , qui, s’il n’est 
le plus fort, se met en boule à la facon 7e 
Armadilles , et, à la faveur de sa cuirasse, brave 
la juste colère de son ennemi. Voyez Cnisrs , 
CzspTE, etc. (A. P.) 

CHRYSIS, Chrysis. (ins.) Genre d'Hyménop- 
ières de la famille des Pupivores, tribu des Chry- 
sides, établi par Fabricius et ayant pour carac- 
tères : lèvres et mâchoires ne formant pas de fausse 
trompe; palpes maxillaires de cinq articles, la- 
biaux de trois ; Abdomen voûté en dessous de trois 
segmens. Ce genre a élé subdivisé; mais, comme 
les genres qui en ont été démembreés diffèrent peu 
entre eux , nous allons tous les mentionner ici. 

A. Les quatre palpes égaux, la languette pro- 
fondément échancrée : céc om segment abdomi- 
nal beaucoup plus grand que les autres, un bour- 
relet transversal à la base du dernier. 

1. Bouche avancée en forme de pointe. Le 
genre STizge de M. Spinola. 

2. Bouche pas avancée en forme de museau ; 
mandibules unidentées intérieurement, écusson 
non terminé en pointe. Le genre Evcurée de La- 
ireille. 

B. Palpes maxillaires beaucoup plus longs que 
les Et 

Languette échancrée. Le genre HÉDYcHRE 


| | de rie 


2. Languette arrondie ct entière. 

a. Mandibules bidentées intérieurement, ab- 
domen uni et arrondi au bout. Le genre ELamrus 
de M. Spinola. 

b. Mandibules unidentées intérieurement , ab- 
domen un peu allongé, offrant souvent de gros 
points enfoncés à son extrémité. Le genre Gros 
proprement dit, tel que le restreint M. Spinola. 

Nous renvoyons, pour les mœurs de ces in- 
sectes , à la tribu dont ils font partie ; nous nous 
contenterons de citer une espèce de chacune de 
ces coupes. 

CG. scexnne, C. splendida, Fab. (g. Sriuse.) 
Long de six à sept lignes au plus, et le plus grand du 


genre ; écusson avancé en forme d’épne et creusé 
en dessus en gouttière; l'abdomen est terminé 
par quatre dents, dont les deux intermédiaires 
plus rapprochées; entièrement d’un beau vert 
bleuâtre, presque violacé à l’extrémité de l'abdo- 
men, Des Indes orientales. 

C. rpourpré, C. purpurata, Fab. (g. Evcurée. ) 
Long de 4 lignes, vert doré, trois badès longi- 
tudimales sur lé corselet , une batidt à la base du 
second segment de l'abdomen et toute l'extrémité 
de cette partie violet pourpre. Il se trouve en Eu- 
rope, mais n’y est pas commun. 

C. BRILEANT, €, lucidula, Fab. (g. Hépycnre.) 
Long de trois lignes , vert bleu , toute la première 
partie du thorax jusqu'aux premières ailes doré 
terne, .abdomen doré brillant. Commun dans no- 
tre pays. 

C. £viNE, C. spina. (g. Erampus.) Très-petit 
insecte bleu avec Fabdomen vert luisant. Rare 
aux environs de Paris. 

C. ENFLAMMÉ, €. ignita, Fab. (g. Cnnysis 
proprement dit.) Long de 3 à 4 lignes , bleu mêlé 
de vert, surtout en dessous ; ; abdomen doré, ter- 
miné par quatre dents distinctes. Cette espèce est 
la plus commune de notre pays. Elle est repré- 
sentée dans notre Atlas, pl. 107, fig. 5. (A. P.) 

CHRYSOBALANE, C hrÿsobalamuis. ( or. 
PHAN.) Genre connu vulgairement sous le nom de 
Icaquier, appartenant à la section des Drupacées : 
dans la famille des Rosacées, et à lIcosandrie 
monogynie. À ce genre se rapportent deux ou trois 
espèces américaines , qui sont des arbrisseaux à 
feuilles alternes, entières, dépourvues de sti- 
pules ; à fleurs assez petites , hermaphrodites, en 
grappes courtes et pédonculées, naissant à l’ais- 
selle des feuilles supérieures. Le calice est tuber- 
culeux, campanulé, persistant, à 5 divisions 
égales ; la corolle se compose de cinq pétales in- 
sérés à la partie supérieure du calice, ainsi que les 
étamines , qui sont au nombre de quinze à vingt. 
L’ovaire est globuleux, sessile au fond du calice : 
de sa base part latéralement un style allongé, ter- 
miné par un stigmate évasé et simple. Le fruit est 
un drupe ovoide ; environné à sa base par le 
calice persistant, et contenant un noyau unilo- 
culaire à deux graines. 

C’est aux Antilles , à Cayenne et en Afrique, 
qu’on trouve l’espèce la plus intéressante de ce 
genre ,le CHRYSOBALANE 1CAQUIER , Chrysobalanus 
icaco , L., arbre de 10 à 12 pieds de hauteur, à 
feuilles alternes, presque sessiles, obovales, arron - 
dies, entières, glabres, luisantes, un peu co- 
riaces ; à fleurs en petites grappes, sortant de lais- 
selle des feuilles supérieures et terminant les ra- 
mifications de la tige. Les pédoncules sont courts, 
articulés, di ou trichotômes. Gés pédoncules, ainsi 
que le calice, sont recouverts d’un duvet court, 
soyeux et très-abondant. Les fruits sont ovoïdes ; 
de la grosseur d’une prune moyenne ; d’une cou- 
leur variable , le plus souvent jaune ou rougeître; 
d’une saveur douce, et agréable pour les habitans 
des contrées d’où elle est : originaire , qui leur don- 
nent le nom de Icaques ou prunes-Colon, 


CHRY 


180 


CHRY 


Une deuxième espèce , le CHRYSOBALANE A LON- 
GUES FEUILLES , C. oblongifolius, Mich., croît dans 
les lieux sablonneux et boisés de la Georgie et de 
la Caroline. Son fruit a la forme de l’olive. (C. £.) 

. CHRYSOBÉRIL. (wn.) Voyez Cymophane. 

CHRYSOCHLORE , Chrysochloris. (mam.) On 
doit la distinction de ce genre au naturaliste La- 
cépède, qui l’a proposé pour des animaux assez sem- 
blables aux taupes , et qui ont le museau court, 
large et relevé, les conques auriculaires nulles, et 
les pieds de devant courts, robustes, propres à 
fouiller la terre et munis de trois ongles seulement; 
les pieds postérieurs sont faibles et à doigts ordi- 
naires , tous garnis d'ongles. 

. Form. dent: incisives À, canines ?, molaires +, 

40. On ne connaît dans ce groupe que deux ou 
trois espèces, lesquelles sont aveugles, fouissent 
à la manière des taupes, et se nourrissent de vers. 
Ce sont les seuls mammifères qui présentent des 
couleurs métalliques ; leurs poils sont disposés de 
manière à réfléchir les rayons lumineux en les dé- 
composant , ce qui leur donne des reflets chatoyans 
assez semblables à ceux des Aphrodytes. 

CurysOcuLoRE ROUGE, Chry. rufa, Desm., est 
un peu plus grande que la taupe d'Europe ; son 
pelage est d’un roux cendré assez clair ; pieds pos- 
térieurs à cinq doigts. Gelte espèce habite, dit- 
on, la Guiane; elle est fort douteuse, et pourrait 
bien n'être, ainsi que le fait remarquer G. Cuvier, 
qu'un individu altéré de l'espèce suivante. On l’a 
établie d’après une figure de Séba. 

CurysocnLore pu Car, Chry. capensis, Desm. 
Le poil est brun , laissant voir sous certains aspects 
des reflets vert métallique et cuivreux très-bril- 
lans; pieds de derrière à cinq doigts; point de 
queue; longueur totale, 4 pouces 6 lignes. Get ani- 
mal, représenté dans notre Atlas, pl. 108, fig. 1, ha- 
bite les environs du cap de Bonne-Espérance ; il 
fait des terriers semblables à ceux de nos taupes, 
et occasione beaucoup de dégâts dans les jardins 
et les plantations. 

M. Smith a décrit une autre Chrysochlore, la- 
quelle diffère un peu de la précédente pour les 
couleurs, mais présente d'ailleurs la même orga- 
nisation et les mêmes mœurs. Elle se trouve éga- 
lement au Cap. (GERv.) 

CHRYSOCOLE. (mx.) Substance verte ou 
d’un vert bleuâtre , fragile, d’un éclat résineux, 
et qui n'est qu'un silicate de Cuivre (voyez ce 
mol). (J. H.) 

CHRYSOCOME, Chrysocoma. (mot. Pnan.) 
Sur les montagnes arides des contrées méridio- 
nales de la France et de l'Europe, croît une petite 
plante herbacte ou suffrutescente, dont les tiges, 
hautes de seize à trente-deux centimèires, sont 
effilées , ramifiées en leur sommet, garnies , toute 
Tannée , de feuilles vertes linéaires, éparses , très- 
nombreuses , pointues et glabres, et d’abondantes 
capitules florales d’un jaune d’or éclatant, ra- 
massées en corymbe terminal, et couronnées par 
une aigrette de poils courts, soyeux : c’est de là 
que les anciens l'appelèrent Chevelure dorée, Chry- 
socoma; ce nom à élé donné par les botanistes 


modernes à un genre de plantes de la Syngénésie 
égale, et de la belle tribu des Corymbifères. On 
lui connaît une vingtaine d'espèces, dont la plu- 
part habitent les Canaries et surtout le cap de 
Bonne-Espérance ; quelques unes se trouvent dans 
la Nouvelle-Hollande; on en rencontre peu en 
Europe, et encore moins en Amérique. L’élégante 
espèce qui croît dans notre patrie est le Caryso- 
come LINIÈRE, C. linosyris. Le botaniste parisien 
la ramasse à Marcoussis, à Mantes, à Vernon, à 
Fontainebleau, etc. De sa racine noirâtre et vi- 
vace, s'élèvent des touffes assez larges de tiges 
grêles , d’un aspect extrêmement agréable. On la 
multiplie de graines semées au printemps sur cou- 
che chaude , ou par l'éclat des pieds en automne; 
il lui faut une terre légère et une bonne exposition. 

Les espèces du Cap, le C. cernua et le C. ci- 
liata, donnent une écorce d’une amertume in- 
tense; celle des Canaries, le C. sericea, s'em- 
ploie comme un excellent dentifrice. La plus haute 
de tout le genre est le CaRYsocoME GIGANTESQUE 
C. præalta , qui monte à trois et quatre mètres, 
est originaire de l'Amérique du nord, et porte des 
fleurs d’un pourpre violâtre. (T. ». B.) 

CHRYSOLITHE. (wn.)Genom a été donné à plu- 
sieurs substances minérales, principalément à la 
Cyuopnane et au P£rinor. { Woyez ces mots.) 

(J. H.) 

CHRYSOLOPE , Chrysolopus. (1ns.) Genre de 
Coléoptères de la famille des Rhyncophores, qui-se 
peut rapporter au genre CHARANCON proprement 
dit (voy. ce mot). L'espèce la plus connue est le 
CG. REMARQUABLE, C. spectabilis, de la Nouvelle- 
Hollande, noir avec les élytres quadrillées ; quel- 
ques uns des quadrilles , la suture et trois raies sur 
le corselet , vert pâle. Il est représenté dans notre 
Atlas, pl. 108 fig. 2. (4 P) 

CHRYSOMÈLE, Chrysomela. (1xs.) Genre de 
Coléoptères de la section des Tétramères , famille 
des Cycliques, tribu des Chrysomélines, ayant 
pour caractères rigoureux : des ailes, palpes maxil- 
laires ayant leur dernier article aussi grand ou plus 
grand que les précédens, en forme de cône ren- 
versé. Les Chrysomèles sont des insectes de taille 
moyenne, ayant le corps ovoïde , la tête saillante, 
le corselet transversal, les antennes grenhues de la 
moilié de la longueur du corps; les pieds sont 
courts et nullement propres au saut; cegenre, très- 
nombreux en espèces, est propre à tous les conti- 
nens; l'Europe en possède une grande quantité ; 
toutes sont de taille plutôt petite que moyenne; 
leurs larves vivent à découvert sur les végétaux, 
et souvent en société ; on y trouve aussi l’insecte 
parfait; leurs mœurs n’offrent rien de remar-: 
quable. 

C. pu Peupuier, C. populi, Fab. Représentée 
dans notre Atlas, pl. 108 fig. 3. Longue de4 à 5 li- 
gnes, entièrement d’un vert bleu avec les élytres 
fauve pâle. Cette espèce est une des plus cam- 
munes de notre pays. k 

C. A muse, C. limbata, Fab. Longue de 2 à 
3 lignes; noire, avec une large bande rougeâtreau- 
tour de la base et de la côte externe des élytres- 


U,< 
LL) 
A0 


7. hrysochlore. 2.C brysolope. 3 Chrysomele 4.Chrys ophore. 


E Cuerir dr 


CHRY 


181 


CHYL 


Cette espèce se trouve plus communément au midi 
de Paris. 

C. remarquagze, C. speciosa. Longue de quatre 
lignes; d’un beau vert doré, avec deux bandes 
d’un rouge doré de feu à la côte externe et à la 
suture. J'ai souvent trouvé cette espèce dans les 
montagnes du Piémont. (ASE) 

CHRYSOMÉLINE , whrysomelinæ. (1xs.) Tribu 
de Coléoptères, de la section des Tétramères, 
famille des Gycliques, dont le caractère consiste 
à avoir les antennes insérées au devant des yeux, 
écartées. Cette tribu formait autrefois le seul genre 
Chrysomèle pour Linné. Fabricius le sépara en 
deux, et depuis il a été beaucoup plus subdivisé ; 
mais, telle qu’elle est, cette tribu me paraît en- 
core loin d’être naturelle, par la différente ma- 
nière de vivre que l’on remarque dans les larves 
des espèces qui la composent. V, CurysoMËLe, 
CryPTOocPHALE, etc. (A. P.) 

CHRYSOPHORE, Chrysophora. (ins.) Genre 
de Coléoptères, de la section des Pentamères, 
famille des Lamellicornes , ayant pour caractères : 
sternum s’avançant en pointe conique entre la se- 
conde paire de pattes; bord antérieur du labre 
toujours apparent ; mandibules dentées au bord 
interne; pieds postérieurs très-grands dans le 
mâle, gros; tibias arqués, terminés par une 
pointe très - forte; les crochets des tarses sont 
inégaux. Ces insectes ressemblent à de gros han- 
netons qui auraient les feuillets des antennes 
courts. M. Latreille a fait figurer, dans les Obser- 
vations de zoologie de Humboldt , l’espèce sur 
laquelle il a établi ce genre, t. 1, pl. xv, sous 
le nom de Melolontha chrycochlora. Le mâle est 
loug de 18 lignes et la femelle de 13. Tous deux 
sont du plus beau vert doré brillant, avec les 
élytres fortement ponctuées; l'extrémité des tibias 
et les tarses sont noirs. Il vient de l’intérieur de 
VAmérique. Nous l'avons représenté dans notre 
Atlas, pl. 108, fig. 4. (A. P.) 

CHRYSOPHYLLE, Chrysophyllum. (807. 
puan.) Arbres des régions chaudes américaines, 
produisant un fort bel effet par leur port élégant, 
leur taille élevée, et par la beauté, par la per- 
sistance de leur feuillage, d’un vert aimable en 
dessus, chargé d’un duvet soyeux, jaune doré 
en dessous, d’où leur est venu le nom de Feuille 
dorée qu'ils portent dans la langne botanique. 
Vulgairement on les appelle Caimiliers, surtout 
aux Antilles. Ils constituent un genre de quinze à 
vingt espèces , dans la famille des Sapotées et dans 
la Pentandrie monogynie. 

La plus répandue de toutes est le CHrysoPuyLLe 
À LARGES FEUILLES, C. cainito , arbretrès-branchu, 
dont la tête large, étalée, se balance à plus de 
dix mètres du sol. Ses rameaux droits tendent à 
présenter l'éventail. Ses fleurs, qui sont petites, 
donnent naissance à des fruits globuleux de la 
grosseur d’une pomme de reinette, rouges, ra- 
fraîchissans et agréables à manger quand une fois 
-on est habitué à leur odeur fade; dans chacune 
des dix loges du fruit, on trouve une seule semence 
comprimée lJatéralement, luisante, Le Curyso- 


PHYLLE GLABRE, C. glabrum, moins élevé de moi- 
tié que l'espèce précedente, porte des feuilles 
luisantes et glabres sur les deux faces, et des 
fruits bleus , elliptiques. Son bois passe pour être 
incorruptible ; les poteaux que l’on fait avec sont 
d’une longue durée. Le CnrysoPnyLLe À FEUILLES 
ÉTroiTES , C. oliviforme, que l’on a ridiculement 
appelé ‘argenté, à cause d’un duvet blanc mat 
qu'offre quelquefois le dessous de ses feuilles, est 
muni de rameaux fléchis en zig zag, d'un jaune 
roussâtre. Ses fruits, deux fois plus gros qu’une 
olive ordinaire, sont d’une belle teinte violette, et 
recherchés pour leur saveur vineuse attrayante ; 
ils contiennent un noyau de forme irrégulière. 
à (T. ». B.), 
CHRYSOPRASE. (uin.) 7. Aare. 


CHRYSOPS, Chrysops. (1ns.) Genre de Dip- 
tères, de la famille des Tabaniens, ne différant des 
Taons proprement dits que par le dernier article 
de leurs antennes divisé en cinq anneaux ; les deux 
premiers articles de l'antenne proprement dite 
sont cylindriques et presque égaux. Ces insectes 
ont les mœurs des Taons et attaquent les chevaux 
avec acharnement, ils sont d'autant plus redouta- 
bles qu’ilssont beaucoup plus nombreux; ils se jet- 
tent aussi sur leshommes, et si l’on est un peu décou- 
verton s’apercoit bientôt àses dépens de leur pré- 
sence. Ils habitent plus habituellement les bois, 
humides. L’espècela plus communeest le G. AvEu- 
éLanT C. cæcutiens, Fab., long de Alignes; il a les 
yeux dorés, avec des taches pourpres dans le vi- 
vant; le corps est noir. Dans le mâle, les ailes sont 
presque entièrement noires , avec un espace trian- 
gulaire diaphane à l'extrémité; les côtés de la 
base de l’abdomen sont fauves en dessous. La fe- 
melle diffère du mâle par ses ailes enfumées seu- 
lement à la base et à la côte externe, et une large 
bande traversant l’espace diaphane. La base de 
l'abdomen est jaune en dessus et en dessous. 
Commun partout. (A. P.) 


CHRYSOTOSE , Lampris. (porss.) La hauteur 
de la première dorsale, le prolongement des ven- 
trales, de la caudale, les côtés de la queue, qui 
sont relevés en carène, distinguent le genre 
Chrysotose de celui des Capros, dont le corps est 
couvert d’écailles fort rudes , et dont la dorsale 
est échancrée comme dans les Dorées. Retzius a 
fait connaître l'espèce qui compose ce genre (Zam- 
pris guttatus, Retz., Encycl. ichthlyol., fig. 195). 
Ce poisson devient fort grand ; il est violet tacheté 
de blanc et à nageoires rouges. Il est représenté 
dans l’Iconographie du règne animal , Poiss. , 

1 32,f, 2. On ne le rencontre que très-rarement 
dans la Méditerranée; il paraît qu’il est moins 
rare dans les mers du Nord. (Azrx. G.) 


CHYLE. (rnysior.) Si l’on examine la pâte ali- 
mentaire, à l'instant où, après avoir traversé l'ori- 
fice pylorique et le duodénum , après s’être mêlée 
avec la bile, elle arrive dans l'intestin grêle, on 
voit qu'il s’en sépare une matière plus ou moins 
épaisse, blanche ou grisâtre, suivant la nature des 
alimens dont elle provient, et qui s’épand sur lamem- 


CHYM 


182 


CIBO 


brane muqueuse intestinale; c’est là le Chyle, 
mais le Chyle brut, n’ayant point encore acquis 
les qualités qu’il doit avoir, Prise bientôt par les 
vaisseaux chylifères, cètte matière y subit, ainsi 
que dans les glandes auxquelles ils se rendent , une 
élaboration qui lui donne des propriétés nou- 
velles. C'est alors un liquide d’un blanc de lait, 
limpide , transparent dans les animaux herbivores, 
au contraire opaque dans les carnivores, qui n’est 
ni visqueux ni collant au toucher, d’une odeur 
spermatique, d’une saveur douce, dont la consi- 
stance varie selon la nature des alimens et sürtout 
en raison de la quantité des boissons : sa pesan- 
teur spécifique est supérieure à celle de l’eau, 
mais inférieure à celle du sang. Assez semblable 
à ce dernier sous le rapport de ses proprié- 
tés chimiques, comme lui il se partage en deux 
parties, un liquide et un caillot, lorsqu'il est aban- 
donné à lui-même. Le sérum albumineux qui 
forme le premier est aussi, comme celui du sang, 
coagalable par la chaleur, l’alcool, les acides, et 
tient en dissolution les mêmes sels; mais de plus, 
on y trouve une matière grasse particulière. Le 
caillot est formé de fibrine et d’une matière co- 
lorante, et aussi d’une matière grasse; la fibrine 
est moins tenace, moins élastique que celle du 
sang; elle se dissout plus facilement dans la po- 
tasse caustique. Pour que le Chyle présente toutes 
ces qualités, il faut qu’il soit, avons-nous dit, déjà 
parvenu à un certain degré d'élaboration , et c’est 
ainsi en effet qu’on le rencontre dans le canal 
thoracique , au moment où il va se mêler au sang ; 
l'intégrité des organes qu'il parcourt est encore 
nécessaire; enfin, pour que le Chyle soit de bonne 
nature il est essentiel qu'il provienne de bons 
alimens , les mauvais produisent un Ghyle im- 
parfait. 


Les vaisseaux qui servent à élaborer ce liquide 
et à sa circulation prennent naissance à la surface 
libre ou dans l'épaisseur de la membrane mu- 
queuse de l'intestin grêle; ils se rendent de Rà 
entre les feuillets du mésentère, pour s’y mêler 
à d’autres vaisseaux lymphatiques qui naissent 
entre le péritoine et la membrane musculaire. 
Tous, interrompus par les nombreuses glandes du 
mésentère, diminuent de nombre et de volume à 
mesure qu'ils s’éloignent de leur origine. Ils vont 
aboutir à un tronc central qu’on nomme réservoir 
de Pecquet; là leGhyle afflue dans la lymphe, et est 
versé avec elle, par le canal thoracique, dans la 
veine sous-clavière gauche. 


Ce système de vaisseaux et de glandes, qu’on a 
nommés chylifères , existe dans les quatre classes 
d'animaux vertébrés. On donne le nom de Chyli- 
fieation à la production de la matière qui doit être 
absorbée par les vaisseaux chylifères, et de Cky- 
lose à l’élaboration que subit ce liquide dans l’ap- 
pareil qui sert à son absorption et à sa circula- 
tion. (P. G.) 

CHYME. (Pnysto1.) Après un certain temps de 
séjour dans l’estomac, les alimens sont convertis 
enune sorte de pulpe grisâtre et homogène semi- 


liquide qu’on nomme Chyme. Ge sont d’abord les 
portions de la masse alimentaire, placées à Ja 
surface , qui s’imbibent les premières de suc gas- 
trique, et deviennent acides comme ce liquide , 
puis se ramollissent de la circonférence vers le 
centre , jusqu'à ce que toute cette masse ait subi 
une semblable transformation. Bientôt, poussé 
par les mouvemens peristaltiques de l’estomac , 
le Chyme franchit peu à peu le pylore, et parvient 
dans le duodénum ; là, il se mêle avec la bile et 
les autres humeurs qu’il rencontre, et acquiert de 
nouvelles propriétés : il devient jaanâtre, amer, 
de moins en moins acide, puis alcalin, et en 
méme tempsil s’en sépare une matière plus ou 
moins épaisse , destinée à former le chyle , tandis 
que le reste de la pâte chymeuse , toujours pous- 
sée par les mouvemens vermiculaires de l'intestin , 
prend plus de consistance , une couleur plus fon- 
cée, et passe dans le gros intestin, pour étrerejetée 
au dehors sous forme d’excrémens. Pour ne point 
anticiper sur des données, qui appartiennent essen- 
tiellement à l’article Dicestion , nous nous bor- 
nerons à ajouter ici que le Chyme présente de 
notables différences en raison de la nature des 
alimens qui ont servi à la nourriture et de la por- 
tion du canal intestinal dans laquelle on le re- 
cueille, On a trouvé du Chyme chez des animaux 
privés d’alimens et de boissons depuis un certain 
temps. (P. G.) 
CIBOULE , Allium fissile. (aar. et BOT. Pan. } 
Plante potagère et bisannuelle , appartenant au 
genre Aiïl. Ses bulbes allongés forment une touffe 
d’où s’élance une tige termmée par une tête co- 
nique semblable à celle de Fail commun, dont 
elle a l'odeur, mais moins forte. Ses feuilles sont 
creuses , pointues , hautes de vingt-cinq centimè- 
tres. On en cultive trois variétés : la Ciboule blan- 
che , la rouge et la vivace; cette dernière a les 
feuilles plus courtes, un peu renflées dans leur 
milieu , couchées à terre ; sa saveurest plus forte 
que dans les deux autres. La culture de la Ciboule 
est très-faciie ; on sème les espèces annuelles tous 
les quinze jours, depuis le printemps jusqu’au 
milieu de l'été, sur une terre bien ameublie par 
les labours ; on recueille la graine en juin, juillet 
et août, suivant le climat ; elle se conserve bonne 
pendant trois et quatre ans, si l’on a soin de te- 
nir la graine dans ses enveloppes et en lieu sec. 
La Ciboule vivace se propage par éclats ou caïeux, 
parce qu'elle rapporte rarement de la graine. La 
Ciboule est originaire des montagnes froides de 
l'Europe et de l’Asie. (T.n. B.) 
CIBOULETTE , Ællium schænoprasum. (acr. et 
BOT. PHan.) Beaucoup de personnes et même des 
botanistes confondent cette plante bulbeuse gt 
vivace avec la ciboule ; c’est une erreur grave. La 
Ciboulette, qu'on appelle aussi Civette, et que sa 
saveur aromatique, mais un peu âcre, à fat en- 
core nommer Appétit, parce que l’on prétend 
qu’elle est pour l’estomac un stimulant actif, ne 
nous est point venue des lieux incultes de la Si- 
bérie , selon quelques auteurs , puisqu'on la trouve 
sauvage dans tout le midi de la France, et qu'elle 


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1. Cicindele 2 Cigale 3. Cigrogne 
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£ CGuerin dir 


CICA 


189 


CICI 


était cultivée par les anciens Grecs sous le nom 
de Prason. Ses feuilles sont semblables à celles du 
jonc, d’où lui vient l’épithète botanique qu'elle 
porte; elle sont vertes et menues. De leur centre 
s'élèvent plusieurs tiges droites sortant d'une 
feuille engaînante. Les fleurs ont une couleur pur- 
purine , sont disposées en groupes , et produisent 
un assez joli effet par leur nombre. On mange la 
ciboulette sur les salades ; elle entre comme as- 
saisonnement dans différens mets ; plus on la coupe, 
plus elle est tendre. On la cullive en planches et 
en bordures sur une terre meuble, bien préparée. 
À l'approche de l'hiver, on coupe les feuilles à 
ras de terre, et on couvre la plante de vingt-sept 
millimètres de terreau: c’est le moyen de la dis- 
poser à pousser au printemps avec plus de Vi- 
gueur. 

. On en connaît une variété, indigène au Portu- 
gal, qui vient plus grande et plus forte. On les 
confond toutes les deux avec la Give. Foy. ce 
mot. (E° 2:76.) 

CICADAIRES , Cicadarieæ. (1ns.) Famille d’'Hé- 
miptères , de la section des Homoptères , ayant 
pour caractères rigoureux : antennes toujours ter- 
minées par une soie; femelles pourvues d’une 
tarière dentée. On peut ajouter que dans tous 
les ailes sont entièrement diaphanes et disposées 
en toit dans le repos. Le travail que M. Léon Du- 
four a donné sur les insectes de cet ordre nous 
permet de donner ici un apercu de leur anatomie 
interne. Dans la première section de cette famille, 
celle que l’on peut appeler les Cicadelles, y com- 
pris les cigales , le tube alimentaire a une lon- 
gueur de dix fois celle du corps, et fait par consé- 
quent de nombreux replis ; il débute d'abord par 
un jabot, vient ensuite un estomac à parois min- 
ges , dilaté à droite en cul de sac, et s’ouvrant à 
gauche dans une poche dégénérant en un tube 
intestiniforme , égalant en longueur la moilié de 
tout le tube intestinal, et allant se dégorger dans 
la poche elle-même où elle prend naissance: cette 
organisation est très-extraordinaire. Le reste du 
canal n’offre rien de particulier et se termine par 
une poche stercorale à parois musculo-membra- 
neusés. 

Dans la seconde section des Cicadaires, les Ful- 
gorelles, les’ intestins diffèrent beaucoup de 
ceux des Cicadelles:; le canal intestinal n’a plus 
que trois fois la longueur du corps ; l'æœsophage se 
dilate en un jabot plus où moins marqué ; l’esto- 
mac forme une poche ovalaire, à boursouflures 
prononcées , logée dans le thorax; le tube, qui 
succède à l'estomac, se fléchit en une anse laté- 
«ral allongée; après l’anse, le tube digestif, sans 
“changer de diamètre ni de texture, recoit les 
- conduits biliaires et presque immédiatement se 
….renfle en un cœcum oblong qui s’atténue en ar- 
rière pour se terminer à J'anus. 

La différence de cette organisation a fait pen- 
ser à M. Dufour que ces deux groupes devaieut 
être séparés, et que les Fulgorelles ne devaient 
pas être interposées enlre les Cigales proprement 
dites et les Cicadelles. 11 propose à cet eflet de re- 


porter les Fulgorelles en tête de la famille. J’avais 
pensé qu’elles devaient être rejetées à la fin comme 
se rapprochant davantage des Psyles et des autres 
Hémiptères voisins ; j’ai déjà indiqué ces idées à 
l’article Cercors ; mais voici les caractères que 
l'on peut assigner à ces coupes : 

A. Ocelles placés au dessus des yeux. 

+ 3 ocelles : les Chenteuses. Les antennes sont 
au moins de six articles, les pieds impropres au 
saut ; les mâles ont à la base de l'abdomen un 
organe musical. 

++ 2 ocelles: les Cicadelles. Les antennes 
sont de trois articles, les pieds postérieurs pro- 
pres au saut. Les mâles comme les femelles sont 
muets. 

B. Ocelles placés au dessous des yeux : les f'ul- 
gorelles. Les antennes ne sont encore composées 
que de trois articles, et les pieds postérieurs sont 
propres au saut. Les mâles et les femelles sont 
muets, 

Tous les insectes composant cette famille vi- 
vent sur les végétaux qu'ils percent avec leur 
trompe; la plus grande partie est propre aux 
pays chauds. Foy. les mots Grace, Cicapeze et 
FuLGoRELLE. (A. P.) 

CIGADELLES, Cicadella. (1xs.) Genre d'Hé- 
miptères, de la famille des Cicadaires, section des 
Cigales muettes, dont les caractères sont : tête 
triangulaire sans être très-allongée et très-aplatie ; 
les yeux lisses placés latéralement entre les yeux 
composés, mais non près dufront ; la soie qui ter- 
mine les antennes paraît être articulée à la base, 
On connaît un grand nombre de ces insectes tant 
d'Europe que des autres parties du monde; ils 
sont tous de petite taille, mais offrent souvent 
des couleurs très-variées. Une des espèces les plus 
communes de nos environs est la CG. veRTE, C. vi- 
ridis, Fab. Elle a la tête jaune avec des points 
noirs et les élytres vertes, (A. P.) 

CICCA. (8or: PHan.) Voisin des Phyllanthes, 
ce genre de la famille des Euphorbiacées et de la 
Monoécie tétrandrie, est composé de quelques ar- 
brisseaux de l’Inde et d’un seul que l’on trouve 
aux Antilles, où ils sont connus sous le nom ‘de 
Chéraméliers, que leur donna Rumph, et sous celui 
vulgaire de Amvallas où de,Clampava. Leurs ra- 
meaux élancés sont couverts de petites feuilles 
ovales , alternes , et de fleurs également petites, 
rassemblées en grappes, situées à la base des ra- 
meaux dans le Cicca disticha, en paquets le long 
des rameaux dans le wicca nodiflora. Leurs fruits 
sont de petites baies globuleuses , à quatre coques 
contenant chacune une semence. Dans deux es 
pèces, celles que l’on cultive à la Cochinchine et 
dans les Antilles , l'enveloppe charnue de cette 
baie, légèrement acide, offre une nourriture 
saine et agréable: singularité fort singulière dans 
une famille dont les propriétés délétères sont si 
connues et si justement redoutées.  (T. ». B.) 

CICINDÈLE, Cicindela. (xxs.) Genre d'insectes 
de la section des Pentamères, famille des Car- 
nassiers, tribu des Gicindélètes , ayant pour ca- 
ractères : pénullième article des tarses enlier, 


mm 


CICI 


abdomen en carré long, arrondi postérieurement; 
palpes maxillaires intérieurs très-distincts, et les 
extérieurs au moins aussi longs que les labiaux. 
Les Cicindèles ont la lête saillante , les mandibu- 
les très-développées, fortement dentées intérieu- 
rement, susceptibles d’un très-grand écartement 
quand l’insecte veut s’en servir; les yeux gros; 
le corselet presque cylindrique; Pabdomen beau- 
coup plus large que le corselet. Ces insectes ha- 
bitent habituellement les endroits sablonneux, 
soit dans les bois, soit au bord de la mer; ils 
vivent de chasse, prennent leur vol avec rapi- 
dité, mais se reposent à quelques pas pour s’en- 
voler de nouveau. La larve d’une espèce, la Ci- 
cindèle hybride, a été étudiée avec soin. Cette 
larve est longae d'environ un pouce, d’un blanc 
sale. Son corps est formé de douze segmens dont 
le premier ainsi que la tête sont écailleux , verts 
bronzés en dessus , bruns en dessous: la tête est 
plus large que le corps, concave en dessus, con- 
vexe en dessous ; cette partie est en outre parta- 
gée par un sillon qui la fait paraître comme bi- 
lobée : des deux côtés de la tête et en arrière sont 
situés les yeux, composés de six ocelles dant qua- 
tre plus forts; les antennes n'offrent que quatre 
articles ; enfin la bouche offre beancoup d’analo- 
gie avec celle de l'animal parfait; le premier seg- 
ment da corps, celui qui est coriace, a une forme 
demi-circulaire ; il donne attache à la première 
paire de pattes ; les deux autres sont fixées aux 
segmens suivans ; les pattes sont coriaces et bru- 
nes, le huitième segment du corps offre une par- 
- ticularité remarquable: il est muni à la partie 
dorsale de deux tubercules couverts de poils et 
armés à l’extrémité de crochets. Le renflement 
occasioné par ces tubercules donne au corps la 
forme d’un Z; l'extrémité du corps s’atténue in- 
sensiblement jusqu'à l'ouverture de l’anus. Cette 
larve se creuse dans le sable un trou de près de 
huit pouces de profondeur; pour parvenir à 
exécuter un pareil travail, elle se sert de ses 

attes el de ses mandibules; mais, pour vider 
les déblais , le dessus de sa tête fait l’oflice d’une 
hotte : l’insecte y chargeles matériaux qui lui nui- 
sent, et, regrimpant son trou à l’aide de ses pattes, 
et se cramponnant à L'aide des crochets dont sont 
armés les mamelons de son dos, il parvient à se dé- 
barrasser , à force de répéter ce manége, et vient 
à bout de terminer son habitation. Il se met alors 
en émbuscade à l'entrée de son trou. sa tête dans ces 
momens se trouve au ras du sol et en boucheentière- 
ment l'ouverture; s’ilpasse à sa portée un insecte, il 
lesaisit avecses mandibules, baisse la tête, fait une 
culbute, et précipite sa proie au fond du trou où 
illa déchire à loisir. Lorsque les Cicimdèles veulent 
changer de peau ou passer à l’état de nymphe, 
elles bouchent l’entrée de leur trou. 

Ce genre est très-nombreux :; on peut voir une 
partie des espèces qu'il renferme dans l’Iconogra- 
phie des Coléoptères d'Europe et dans le Spécies 
des insectes de la cellection de M. lecomte De 
jean, qui en contient presque une monohraphie. 

C. cHamPèrTre, C. campestris, Linn., Icon. , Col- 


184 


CICI 


d'Europe, pl. 2, fig. 3. Longue de six lignes, 
vert doré; le labre et les mandibules blanches, et 
des bandes blanches au nombre de dix sur les 
élytres. Les pattes sont cuivreuses. 


C. GERMANIQUE, C. germanica, Fabr. Icon. , Col. 
d'Europe, pl. 6, fig. 2. Longue de 5 lignes ; corps 
beaucoup plus allongé et plus cylindrique que ce- 
lui de la précédente ; têteet corselet vert bronzé ; 
élytres bleuâtres avec deux taches blanches à Ja 
partie terminale et médiane de la côte externe, 
et une bande blanche à sa terminaison. Cette 
espèce vit particulièrement sur les graminées. 


La C.uygrine, C. hibrida, est voisine de la 
Champêtre, mais le fond de sa couleur est d’un 
bronzé brun. Elle est représentée dans notre At- 
las , pl. 109, fig. 1. C’est une des plus communes 
en France. 


CICINDÉLÈTES, Cicindektæ, Jus. Tribu de Co- 
léoptères de lasection des Pentamères, famille des 
Carnassiers, division de ceux appelés Terrestres; les 
caractères qui distinguent cette première tribu sont 
d’avoir les mât hoires terminées par un onglet mobi- 
le, et la languette entièrement cachée par le men- 
ton ; leurs yeuxsonttrès-gros et saillans; les mandi- 
bules, très-avancées, sont fortement dentées inté- 
rieurement ; leurs pieds longs en font des insectes 
vifs à la course, et très-prompts dans leurs mou- 
vemens ; la plupart même volent avec une grande 
facilité. On ne connaît encore les larves que de 
deux espèces du genre Cicindèle, proprement dit, 
elles sont aussi carnassières que l’insecte parfait. 
A l’exception de ce genre , dont l'Europe offre un 
assez grand nombre d'espèces, tous les insectes 
composant cette tribu appartiennent aux contrées 
chaudes des autres continens. Voy. CrciNbèze , 
Manricone , Cozziures , THÉRATES, etc. , etc. 

(A...) 

CICUTAIRE, Cicutaria. (or. pan.) C’est une 
des trois plantes désignées en français sous le 
nom de Ciguë,el qui possèdent des propriétés vé- 
néneuses à un degré plus ou moins énergique. 
Celle-ci, qui, comme les autres, appartient aux 
Ombellifères, Pentandrie digynie, est caractérisée 
par un involucre d’une seule foliole ou nal, par 
un involucelle de trois à cinq folioles linéaires ; 
des pétales cordiformes entiers, à peu près égaux; 
un fruit subglobuleux , marqué de cinq côtes sur 
chaque face, et surmonté de cinq petites dents. 
On distingue la Cicutaire de la grande Ciguë ou 
Conium, par son involucre non polyphylle, et son 
fruit à côtes simples, non crénelées ; et de l'Æ- 
thusa , ou petite Ciguë , parce que cette dernière 
a des pétales inégaux, et des fruits plus allongés. 

La CICUTAIRE AQUATIQUE ou CIGUE VIREUSE, 
Cicutaria aquatica , Lamarck (Cicuta virosa, L.), 
espèce européenne du genre , est commune dans 
les marécages du nord de la France et de l’Alle- 
magne. Sa lige, rameuse et haute de deux à trois 
pieds, est garnie de feuilles amples, découpées. 
en un grand nombre de folioles dentées. Les fleurs 
sont blanches. La racine , charnue , creuseet cou- 
pée de diaphragmes, répand un suc jaunâtre, 


âcre , 


CIGA 


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185 


CIGA 


EEE 


| âcre, et vénéneux comme tout le reste de la 
plante. On la regarde même comme plus active que 
la grande Ciguë; elle manquait aux juges d'Athènes, 
lorsqu'ils condamnèrent Socrate et Phocion. On 
s’en sert quelquefois comme narcotique. 

Deux autres espèces de Cicutaire croissent en 
Amérique, et sont également vénéneuses.  (L). 

CIDARITE, Cidarites. (zoopn. Ecuyn. ) Genre 
fondé par Lamarck aux dépens des Oursins, et 
que Cuvier n’en distingue pas. Foy. Ounsin. 

(Guér.) 
"M * CIDRE. (£con. rur.) Liqueur spiritueuse faite 
In avec le jus de pommes. S’il fallait s’en rapporter à 
mn Olivier de Serres , notre premier auteur géoponi- 
l« que, elle serait originaire de la vallée de Bray, 
des environs de Bayeux et de Saint-Lô , située 

dans nos départemens de la Seine-Inférieure , du 
1 Calvados et de la Manche, où l’on boit encore de 
là nos jours le Cidre le plus estimé. Rozier fait re- 
monter la première époque de sa fabrication à 
lan 1500, et dit qu’elle nous est venue de l’Es- 
pagne , par la Biscaye, laquelle l'avait reçue de 
V'Afrique un siècle auparavant. Ces dates sont 
| inexactes , puisque Guillaume-le-Breton ( dans sa 

Philippide, v et vi) vante le Cidre du pays d’Auge, 
| au onzième siècle; puisqu'on le trouve cité dans 

les Capitulaires du neuvième siècle, et dans les 
| Actes da huitième, puisqu'on le versait à nos 
| aïeux à une époque encore plus reculée. 
| La fabrication du Gidre est soumise à des règles 

qui paraissent ne pas avoir subi de grands chan- 
gemens. C’est du choix du fruit, ni trop vert ni 
trop mûr, c’est de sa préparation faite avec soin, 

c’est de la double fermentation subie par la li- 

queur , c’est de la qualité de l’eau employée pour 

la brasser , que dépendent les hautes qualités du 
| Cidre. Il est parfait, quand il est limpide, de 
1 couleur ambrée, piquant au goût , sans acidité ni 
l\ fadeur. Partout où coule, où bouillonne ce jus 
| brillant, on jouit d’une santé robuste , le teint est 
1k beau et frais, le sang est pur, partout il inspire 
de joyeux refrains. Basselin lui dut ses chansons, 
| et Corneille ses nobles pensées, sesétincelles ingé- 
nieuses, ses victoires son immortalité. 
(TS. Be) 
CIGALE , Cicada. (ixs.) Genre d’Hémiptères, 
section des Homoptères , famille des Cicadaires. 
Ce genre, établi par Linné, avait été adopté par 
tous les entomologistes , lorsqu'il plut à Fabricius 
de transporter, on ne sait pourquoi , ce nom aux 
Hémiptères, nommés auparavant Tettigones, et 
| de nommer Tettigones les vraies Cigales ; keureu- 
sement que ce renversement n’a pas prévalu. Les 
caractères qui distinguent les Cigales des autres 
insectes de la même tribu , sont d’avoir trois 
yeux lisses , des antennes d’au moins six articles, 
“un organe musical , situé à la base de l’abdomen 
dans les mâles , et de n’avoir pas les jambes dis- 
| posées pour le saut. 

De tout temps on a remarqué et connu les 
| Cigales. Les auteurs les plus anciens , Aristote et 
) ceux qui, après lui, ont écrit sur l’histoire natu- 
relle, en ont parlé ; on trouve leur figure sur les 


Tous II, 


104° Livraison, 


monumens et les médailles ; enfin , les anciens en 
tiraient parti en les mangeant : avant l’accouple- 
ment on préférait les mâles, et après les fe- 
melles ; je doute que maintenant ce ragoût trouve 
beaucoup d'amateurs. Sans parler desnaturalistes, 
beaucoup d’auteurs , parmi les modernes , ont 
parlé des Cigales, et, pour en citer un seul, qui 
ne connaît la fable de La Fontaine : 


La Cigale, ayant chanté tout l'été, etc. 


Il était bien difficile, en effet, de ne pas re- 
marquer ces insectes, car ce sont, sans contredit, 
les plus bruyans quiexistent ; dans lespayschauds, 
où les Cigales habitent, l'espèce de stridulation 
qu'elles font entendre est quelquefois tellement 
forte et multipliée, qu’elle vous rompt la tête; en 
général, leur chant, si on peut l'appeler ainsi, 
commence par quelques notes bien distinctes, 
détachées , ensuite vient une stridulation qui di- 
minue peu à peu d'intensité, et qui recommence 
presque aussitôt; toutes n’ont pas cependant la 
même musique ; un auteur du dernier siècle , ap- 
partenant, je crois, à la fameuse société des 
jésuites, a eu la patience de noter le chant des 
six espèces de ce genre qui se trouvent dans le midi 
delaFrance; je regrette réellementque ma mémoire 
ne m'’ait pas permis de remettre la main sur ce 
curieux document de patience, de fausse érudi- 
tion, et surtout de Mélopée. Je me serais fait un 
plaisir de faire faire connaissance à nos lecteurs 
avec cet échantillon d'harmonie naturelle. La mu- 
sique des Cigales est certainement intéressante ; 
mais les instrumens qui leur servent à la produire 
sont bien plus remarquables. Nous allons tout à 
l'heure les décrire en détail; terminons de suite 
ce que l’on sait des mœurs de ces insectes. Ils 
habitent les pays chauds, et une seule espèce seule- 
ment se trouve dans quelques localités des environs 
de Paris, du côté surtout de la forêt de Fontai- 
nebleau, encore n’y est-elle pas commune; la 
chaleur leur donne une grande activité , aussi vo- 
lent-elles avec beaucoup de facilité quandle soleil 
est sur l'horizon; mais lorsqu'il fait froid, ou lorsque 
le soleil est caché, elles sont promptement engour- 
dies: elles vivent de la séve des arbres et arbustes, 
qu'elles percent de leur trompe; une espèce même 
est regardée comme produisant la manne qui coule- 
de quelques espèces de frêne, par l’extravasation 
de séve qu’elle occasione, aussi Linné avait- 
il désigné la division à laquelle appartient ce genre, 
sous le nom de Cigales porte-manne , mais cette 
observation a besoin d’être confirmée. Après l’ac- 
couplement , la femelle, au moyen de sa tarière, 
perce les petites branches de bois mort jusqu’à la 
moelle , et y introduit ses œufs. Comme le nombre 
de ses œufs est assez grand, elle fait plusieurs 
trous, dont chacun est remarquable par une pe- 
tite élévation; ces œufs donnent naissance à des 
larves qui, comme celles des autres Hémiptères, 
ressemblent, aux ailes près, aux insectes parfaits, 
mais qui ont les jambes antérieures très-dévelop- 
pées , presque circulaires; elles vivent en terre aux 
dépens des racines des arbres , qu'elles piquent 


24 


CIGA 


186 


. CIGA 


comme l’insecte ‘parfait fait des branches; mais 
à-quel moment quittent-elles les branches pour .se 
rendre aux-racines , et «Comment:y parviennent- 
elles, c'est ce que l’on ignore-encore; jeprésume 
que la nature, «en portant les femelles à attaquer 
les petites branches de bois mort, a prévu que 
ces branches, devaient, aux vents-de l'arrière sai- 
son, être renversées, et .qu'alors les jeunes lar- 
ves , se trouvant à terre, pourraient facilement 
pénétrer jusqu'aux racines où elles doivent trouver 
leur nourriture. On ignoreencorecombiendetemps 
l'insecte doit rester sous l’état de larve, si une 
saison suflit pour tout son accroissement , jou :si 
plusieurs années y sont nécessaires. Quand il à 
subi sa métamorphose de nymphe , ‘et que le mo- 
ment.de sa dernière transformation «est arrivé, ül 
sort de terre , se cramponne au tronc d’un arbre, 
le plus souvent à quelques pieds de terre, .et là 
s'opère la dernière métamorphose; l’insecte ne 
tarde pas à prendre.son vol. 

Examinons maintenant l’organisation de ces 
insectes remarquables : aussi bien, peut-elle, dans 
certaines parties, servir de type pour toute la fa- 
mille. La tête a la forme d’un triangle très-écrasé, 
ayant au moins autant d'épaisseur que de largeur; 
les yeux, très-saillans, sont placés aux deux angles 
de la base; entre eux, et sur le sommet de la tête, 
sont les ocellesdisposésentriangle;en face d’eux, 
est une impression demi-circulaire, de kquelle 
sort le-sommet du triangle: cette partie arrondie 
est striée :transversalement, et s’avance inférieu- 
rement jusqu'au milieu de Ja face. Viennent en- 
suite lesparties de la bouche. quiparaîtconformée 
comme cellede tous les Hémiptères ; les antennes 
sontinséréessous un rébordallant des yeux à lapar- 
he striée que nous venons de décrire, elles sont 
sétacées; le premier article est plus court et plus 
épais que les autres, les suivans d'épaisseur sont 
presque d’égale grandeur, mais diminuent jus- 
qu’à la fin ; leur nombre varie beaucoup, et je 
crois que, sous ce rapport, elles ont besoin-d'’être 
étudiées ; le premier segment .du corselet est plus 
étroit que la têle, en carré transverse; le second 
segment esttrès-grand, relevé, comprimé etéchan- 
cré à son extrémité postérieure ; labdomen est 
assez volumineux, serétrécissantpostérieurement; 
les pattessont de forme identique.entreelles, lesan- 
térieuresseulement ont les fémurs un peu renflés ; 
les ailes sont de pareille consistance partout, mais 
de grandeur très-différente , les supérieures étant 
presque deux fois aussi longues que des inférieures. 
et dépassent toujours.le corps, aussi ont-elles-une 
grande puissance de vol; dans le repos , elles, sont 
disposées en toit. 

Si l’on prend un mâle de cigale , une de celle 
où l’on ne voit pas l’abdomen refendu en dessous 
dans une notable partie, on aperçoit, au dessous 
des pattes postérieures, deux plaques demi-circu- 
laires se touchant l’une l’autre; ces deux plaques 
sontiles opercules destinés à recouvrir les cavités 
où sont situés les organes dits du chant ;:ces:oper- 


cules n’ont aucune mobilité proprement dite; ; 


corps leur fait agrandir plus ou,moins l’ouverture 
qui exisle entre elles et l'abdomen, mais cet 
agrandissement doit toujours être peu dechose, 
car à Ja patte postérieure il existe même une épine 
que l’on croit destinée à arrêter le trop. grand 
écartement decetle partie; si, après les aroir con- 
sidérés avec.attention, on relève :de force.les oper- 
cules , on découvre les cavités inférieures: .onvoit 
d'abord que le segment abdominal qu'elles ca- 
chaient est échancré en deux parties presque 
demi-ciroulaires attachées au métathorax vers’ le 
milieu, près du, côlé l'ouverture diminue brusque- 
ment, et rejoint les opercules, mais le segment 
abdominal s'en écarte alors, laisse une fente 
étroite entre lui et la cloison de la cavité, re- 
monte beaucoup, et après avoir formé une es- 
pèce d’oreillette, ilredescend tout à coup en biais 
pour former sur Je dos une nouvelle échancrure 
oblique, étroite, variable de forme selon les es- 
pèces, occupant -environ un quart de la largenr 
du dos. Les deux cavités du côté de l’abdomen 
offrent dans leur fond unc surface polie transpa- 
rente , irisée sous certains aspects, et que l’on 
a appelée les miroirs ; au dessus et fermant une 
partie de l'ouverture, est une membrane HElan- 
châtre, attachée du même côté que les opercules ; 
tous ces organes, déjà assez compliqués, ne sont 
pas les organes du chant proprement dits. Quoique 
l'on n’ait pas encore bien rendu compte ,de leur 
utilité, il est probable qu'ils ne servent qu’à mo- 
difier les sons, cependant quelques auteurs les 
ont regardés, mais à tort, comme les organes 
principaux. Les pièces qui produisent le bruit sont 
composées de deux parties placées plus sur les 
côlés et au dessous des deux orcillettes formées 
par les découpures du segment abdominal ; elles 
sont souvent visibles en dessus en écartant .les 
ailes ; ce sont deux demi-sphères coriaces , ordi- 
nairement tendues, mais susceptibles de se plier 
comme :les feuilles d’un soufllet, et munies de 
parties coriaces élastiques à l’entre-deux des plis 
pour hâter le retour à la tension , lorsqu'une force 
quelconque qui les sollicite à se plier a cessé 
d’agir ; celle force réside dans deux muscles très- 
puissans, réunis par le bas sous la forme d’un V, 
et attachés près du diaphragmequi sépare les deux. 
cavités ventrales; les tiraillemens de cesmusclessur 
ces parties ,coriaces produisent le même eflet que 
lorsque nous écartons et rapprochons alternati- 
vement un morceau de papier chiffonné; c’est 
donc par une espèce de frottement que Je bruit 
s'opère , et l'air n’y entre que comme accessoire. 

La femelle, étant muette, ne nous offrira pas 
d'organisation pareille; seulement on lui voit les 
rudimens des opercules; :mais Ja partie qui la 
distingue. et delaquelle nous allons dire quelques 
mois,.est la tarière, car elle est propre à toutes 
les Cicadaires. Le dernier anneau supérieur de 
l'abdomen est très-grand, conique, fendu en des- 
sous , en forme de .-gouttière; le dernier segment 
inférieur est court.et échancré vis-à-vis l'insertion 
de la tarière; celle-ci, ainsi que la pièce que 


cependant: l'écartement ou le rapprochement du | Réaumur appelle sa gaine, el qui est fixée, .à son, 


ll 
! 


à 
| 


CIGA 


187 


CIGO 


extrémitéprès, dans: la gouttière du dernier anneau 
dorsal, sont, dans le répos, couchées le long da 
ventre ; mais la tarière est susceptible de se re- 
dresser à la-volonté de l’insecte ; elle est composée 
de plusieurs pièces : les pièces térébrantes propre- 
ment dites etl’oviduete; les piècestérébrantes sont 
latérales, emboîtées sur la pièce principale à raï- 
mure et à languettes, et pouvant glisser le long 
de celle-ci; elles sont garnies à leur extrémité 
de dentelures en forme de râpe. Les deux pièces 
se rejoignent en dessus, mais en dessous elles 
laissent à découvert entre elles l’extrémité de l’o- 
viducte; celui-ci est terminé en forme de fér de 
lance allongé; il est composé de plusieurs pièces 
qui doivent s'ouvrir pour donner passage aux œufs. 

Quand la femelle se sent prête à faire sa ponte, 
elle attaque , ainsi que nous l’avons dit , les petites 
branches de bois mort, commence avec sa ta- 
rière à couper les fibres du bois, mais sans les dé- 
tacher par en bas, ensuite elle dirige sa tarière 
dans le: sens de la moelle et y dépose ses œufs au 
dessus les uns des autres, un peu obliquement ; 
cela fait, elle repousse les fibres du bois et bouche 
le trou qu'elle a fait, elle recommence plus loin et 
assez souvent à la suite les uns des autres beaucoup 
d'autres trous; les larves éclosent ainsi que nous 
Pavons dit plus haut. 

L’anatomie des Cigales a été bien étudiée de- 
puis quelques années; mais c’est surtout dans les 
travaux de M. Léon Dufour qu’on en trouvera une 
idée complète; nous renvoyons à cet effet les 
lecteurs au mémoire sur l’anatomie des Gigales, 
qu'il a donné dans les Annales des sciences natu- 
relles, etàsontravailsur l'anatomie des Hémiptères, 
publié dans les Mémoires del’académie des sciences. 

Le nombre des Gigales connues est très-grand ; 
les espèces décrites ne s'élèvent probablement pas 
au tiers dè ce qui existe; mais l’altération que su- 
bissent souvent leurs couleurs rend leur détermina- 
tion diflicile. Nous allons signaler quelques espè- 
ces des plus remarquables. 

CG. PLÉBÉIENNE, C. plebeia, Line. Oliv. Longue 
de 15 à 16 lignes, envergure de trois à quatre 
pouces ; corps noir avec le bord postérieur du pro- 
thorax, du mésothorax et les parties inférieures du 
corps jaunâtres ; un duvet blanchâtre couvre une 
grandepartie de l'abdomen et du corselet; les ailes 
ontles nervures de labase jaunâtres avec quelques 
maculatures noires, celles de l’extrémitésontnoirä- 
tres, avec deux pelites supérieures nébuleuses, le 
réseau est entièrement diaphane. Cette espèce est 
une des plus communes dans la Provence. Elle est 
représentée dansnotre Atlas, pl. 109, fig. 2, a, b, c. 

C. néwarone, C. hæmatodes, Oliv. Rœsel. 
T. 2; ‘tab, 25, fig. 3. Longue de 14 à 15 lignes; 
envérgure , 8 pouces; noire; cinq petites bandes 
sur le corselet, bord postérieur des segmens de 
ealui-ci et des anneaux'de l’abdomien, pattes, ner- 
vures des ailes, rouges; ailes entièrement diapha- 
nes. C’est l'espèce qui se prend quelquefois aux 
environs de Paris. Son chant est beaucoup plus 
faible que celui de la précédente. Elle est repré 
sentée dans notre Atlas, pl. 109, fig. 2. 


GC. ne r’onme, C..otni,, Linn. Panz. Faun. ins. 
Germ., fasc. 50, tab, 22, Longue de 11:à 12 li- 
gnes ; noire mélangée de vert; anneaux de l’ab- 
domen bordés de jaunâtre, pattes et parties cen:- 
trales de l’abdomen dela même couleur ; les ner- 
vures des'ailes! lé sont aussi, mais entremêlées de 
noir ; les six nervures parallèles de lextrémité de 
l'aile sont marquées, à l'extrémité, d’un petit point 
noir , et les quatre nervures-transverses au dessus 
en ont chacune un plus gros. C’est l'espèce nom- 
mée en Provence Cigalon; son chant est plus rau- 
que et plus saccadé que celui de la Plebeia , dans 
certains cantons elle est plus nombreuse. Malgré 
le nom qu'elle porte , on la trouve plus communé- 
ment dans les bois de Pins. On trouve encore en 
France les C. peinte de Fab.; noire; d’Ohv: , et 
naine du même ; le chant de ces deux dernières 
est peu sensible. 

Parmi les étrangères, on peut citer pour leur 
beauté : 

C. racuerée, €. maculata, Drury, T. 9, 
pl. 57, fig. 11, entièrement noire avec des ta- 
ches sur la tête; le corselet et. les ailes, les inter- 
valles des nervures, à l'extrémité des ailes, jaunes- 
blanchâtres. Gette belle espèce vient des Indes, 

CG. sANGLANTE , C. sanguinolenta, Fab. , Longue 
de 18 à 24 lignes; corps, pattesetélytres noirs ; mu- 
seau, mésothorax, abdomen rouge, carmin; ailes 
presque diaphanes; de la Chine ou du Bengale. On en 
connaît une espèce voisine , qu’on regarde comme 
une variété, dont les ailes supérieures sont blan- 
châires avec les nervures légèrement enfumées, 
tandis que les aïles inférieures, au lieu d’être dia- 
phanes , sont presque entièrement enfumées; 
on pourrait la nommer avec raison C. nervosæ, 
car je pense bien que ce doit être une autre es- 
pèce. Voyez encore, pour quelques Cigales re- 
marquables, lEntomologie du voyage de {a Co- 
quille, par M. Guérin. (A. P.) 

CIGOGNE, Ciconia. (o1s.) Guvier'a partagé sa 
seconde famille des Echassiers , celle des Cultri- 
rostres, en trois tribus ; la troisième de ces tribus 
est celle des Cigognes, dans laquelle l’auteur établit 
les genres Cigognes proprement dites, Jabirus , 
Ombrettes, et ceux des Tentales et des Spatules ; 
qui font le passage aux oiseaux de la famille suivante; 
avec lesquels elles ont même des rapports tels que 
quelques auteurs n’ont pas cru devoir les en distin- 
guer, et les ont retirées de la tribu des Cigognes. 

Nous n’avons à traiter ici que des Cigognes , et 
seulement des Cigognes proprement dites, en latin 
Ciconia. Ges oïseaux ont le bec gros, médiocre-" 
ment fendu, long, et sans fosses ni sillons à la 
partie où sont percées les narines ; leurs jambes 
sont réticulées et leurs doigts antérieurs assez for- 
tement palmés à leur base:, surtout les externes’; 
le gésier est peu musculeux etes cæceums si pe- 
tits qu'on les aperçoit à peine; le larynx mférieur 
n’a point dé muscles propres , et les bronches sont 
plus longues , età anneauxtcartilagineux plus nom- 
breux que chezles antresoiseaux. On divise le genre 
Ciconia.en deux‘sections, les vraies Cigognes, qui 
ont la tête emplumée, et les Marabous; qui l'ont 


CIGO 
nue, ainsi que le cou, et le bec très-gros. Voyez 
pour ces derniers le mot Maragou. : 

Parmi les Cigognes proprement dites, on ne 
connaît que cinq L espèces, dont deux seulement se 
rencontrent en France ; la troisième est propre à 
l'Amérique méridionale et ne se voit en Europe 
qu’accidentellement; les deux autres sont des 
contrées chaudes de l’Asie et de l'Afrique. Ces oi- 
seaux vivent dans les marais et se nourrissent 
principalement des reptiles batraciens et de leur 
frai, ainsi que de poissons , de petits mammifères 
et d'oiseaux. Ils sont dans tous les pays du monde 
des espèces privilégiées, qu’on s’abstient de pour- 
suivre à cause des services qu'ils rendent en dé- 
truisant une multitude d'animaux nuisibles, Les 
Cigognes n’ont pas de voix; elles ne produisent 
d’autre bruit qu’un petit claquement, lequel résulte 
du choc des mandibules du bec entre elles; elles se 
livrent à de longs voyages et émigrent tous les ans 
par bandes nombreuses ; leur caractère doux, mais 
triste , est susceptible d'éducation. La mue à lieu 
en automne; les sexes ne diffèrent point. 

Cicocne BLANCHE, Cic. alba, Bellon, représentée 
dans notre Atlas, pl. 109, fig. 4. Elle a le bec par- 
faitement droit, rouge ainsi que les pieds, un es- 
pace dénudé fort petit et entourant les yeux sans 
communiquer avec le bec. Le plumage est blanc 
sur la tête, le cou et toutes les parties du corps 
avec les scapulaires et les ailes noires. Longueur 
de l'oiseau, 3 pieds cinq ou six pouces. Les jeunes 
ont le noir des ailes sal de brun, et le bec d’un 
noir rougeâtre. 

Les Cigognes font de très-longs voyages, pas- 
sant l'été: en Europe et quittant Saone ce conti- 
nent pour aller en Afrique et en Asie. On les voit 
arriver chez nous dès le printemps, elles se mon- 
trent aussi à cette époque en Hollande, en Alle- 
magne , en Pologne, en Russie, etc. Elles y sont 
assez communes, et se plaisent à fréquenter les 
villages et même les villes , enhardies qu'elles sont 
par la protection qu'on leur accorde. Il est rare 
qu’on les chasse, et lorsque par hasard on les prend, 
c'est le plus souvent pour les lâcher ou bien les 
retenir dans quelque parc ; aussi se font-elles des 
habitudes ; elles choisissent certaines contrées et 
y reviennent ordinairement, quelquefois même 
après qu’elles y sont tombées dans quelques piéges; 
le trait suivant en fait foi, voici comment il a été 
raconté parles journaux : «L'année dernière (1833) 
» un gentilhomme polonais , ayant pris dans sa 
» propriété une Cigogne, eut la fantaisie de lui 
» meltre un collier portant cette inscripLion : : Hiec 
» ciconta ex Polonià (cette Cigogne vient de Po: 
» logne), et remit ensuite l’oiseau en liberté. Cette 
» année, la même Gigogneest revenue dans le même 
» lieu , et a été reprise par le Polonais. Mais quelle 
» ne fut pas la surprise de celui-ci, lorsqu'il décou- 
» vrit au dessous du collier de fer un collier en or 
» sur lequel se trouvaient ces mots : {ndia cum 
» donis remittit ciconiam Polonis (l'Inde renvoie la 
» Cigogne avec des dons aux Polonais). Après 
» avoir invité ses amis à Jire cette missive, il laissa 
» s'envoler le messager ailé. » 


-188 


Cigognes, 


—— 


CIGU 


Les Cigognes pondent dans nos contrées : elles 
font leur nid sur quelque lieu élevé , sur une vieille 
tour, souvent aussi sur une He au milieu 
d’un village ; les œufs, au nombre de trois, sont 
blancs, légèrement teints de couleur d’ocre. ee 
qu’on prend les petits, on peut facilement les élever 
et les apprivoiser. On cite à ce sujet beaucoup de 
faits curieux; on en raconte aussi un grand nom- 
bre sur la Re des parens pour leurs petits 
ou pour les individus âgés , sur leur fidélité conju- 
gale, etc. Au moment de changer de lieu, les Gi- 
gognes se rassemblent ; toutes celles qui s'étaient 
établies dans la même contrée se recherchent. 
Lorsque la troupe est réunie, elle part à un signal 
donné et se dirige vers le pays qu’elle a choisi. Les 
bandes sont quelquefois fort nombreuses. 

Cicocne NOIRE ; Cic: nigra. Bec droit et d’un 
rouge cramoisi, couleur qui est aussi celle des 
pattes; œil entouré par un espace nu, rouge, ne 
communiquant pas avec le bec; le plumage est 
brun, lustré sur le cou, la tête et toutes les parties 
supérieures du corps; blanc sur la poitrine, le ventre 
et les couvertures inférieures dela queue. Longueur, 
trois pieds environ. La Cigogne noire est loin cd! être 
aussi familière que la La mr elle est aussi plus 
rare, surtout dans nos contrées; en Hongrie, en Polo- 
gne, en Turquie et en Suisse, elle est “plus répan- 
due. Elle se tient dans les marais boisés et sur les 
montagnes ; elle niche sur les sapins et les pins les 
plus élevés : sa ponte est de deux ou trois œufs 
d'un blanc nuancé de verdâtre, et quelquefois 
marqué d’un petit nombre de taches brunes. 

Cicocxe Macuart, Cic. maguari, Iconogr. de 
M. Guérin, pl. 53, fig. 1. Le bec est légèrement 
courbé en haut; il indique un passage au genre 
Jabiru ; la nudité des yeux s'étend jusqu’à lui, et 
il existe sous la gorge une membrane rougeûitre, 
dénudée, susceptible de dilatation. La tête, le 
cou et tout le corps sont blancs comme chez les 
les ailes sont noires ainsi que les cou- 
vertures supérieures de la queue. Longueur, trois 
pieds. Le Maguari se trouve en Amérique; ce n’est 
que très-rarement qu’on le voit en Europe: il vit 
ordinairement par paires au Paraguay, et au midi 
de la rivière de la Plata. C’est un oiseau doux 
et susceptible d'être apprivoisé; on le tient pres- 
que domestique dans quelques endroits, et on lui 
laisse parcourir ‘les environs sans qu'il se perde. 

Ajoutez CIGOGNE VIOLETTE , qui se trouve dans 
l'Inde, ainsi qu'à Java et à Sumatra, et la Gr- 
GOGNE ABDEMI, qui est d'Egypte et des côtes orien- 
tales d'Afrique. (GErv.) 

CIGUE, Cicuta. (8oT. puan.) Tourn., Lamk., 
Jussieu, Gærtner; Conium, L. Ce genre appartient 
à lafamille des Ombellifères de Jussienet à la Pentan- 
drie digynie de Linné. On le reconnaît à ses fleurs 
blanches , dont les pétales sont cordiformes et un 
peu inésaux ; à ses fruits globuleux, didymes, 
relevés de côles crénelées en forme de petits tu- 
bercules , renfermés dans un involucre de plusieurs 
folioles linéaires, étalées en tous sens. Les involu- 
celles sont composés de trois folioles étalées du côté 
extérieur. Les espèces de ce genre sont des plantes 


DATE Pteno 


À 4 1 Cigue. 2,3. ZCümbex 9. Cinele 


ZE Crerin &r 


% 


SR 


4 


CILS 


189 


CIMB 


herbacées, annuelles, bisannuelles ou vivaces. 

L'espèce indigène, la GRANDE Cique, Cicuta 
major de Lamarck, Conium maculaturm de Linné, 
est celle qui servit la haine d’Anytus contre So- 
crate. Le fatal souvenir que réveille le nom de la 
Ciguë, l'odeur vireuse et nauséabonde, qu’elle 
exhale, les eaux stagnantes et corrompues où elle 
se plait, tout concourt à inspirer de l'horreur 
pour celte plante. Toutefois indifférente au bien 
comme au mal, poison et remède tour à tour, elle 
tue, elle guérit; mais que penser de ce bourreau 
qui présente , en pleurant, la Ciguë à Socrate ? IL 
reconnaît donc l'innocence du sage, et cependant, 
machine mue par un arrêt fatal, sa main est là 
qui s’avance avec le poison !.. Il pleurait du moins: 
tandis que, de nos jours , nous avons vu d’autres 
machines, mues par un ressort nommé consigne , 
donner froidement la mort à des personnes inof- 
fensives ! La physionomie ne trompe guère; mais 
on se trompe quelquefois sur la physionomie : ap- 
prenons à bien reconnaître celle de la grande Ci- 
guë, pour ne pas la confondre avec le persil ou le 
cerfeuil, comme on ne l’a fait que trop souvent. 
Ses racines sont blanches , perpendiculaires , fusi- 
formes ; sa tige, qui s'élève à 3 ou 4 pieds, est 
cylindrique, striée, rameuse, creuse intérieure 
ment , marquée dans sa partie inférieure de taches 
irrégulières d’une teinte pourpre livide , observées 
également sur les feuilles, qui sont grandes, pé- 
tiolées , trois fois ailées , d’un vert très-foncé et un 
peu luisantes , à folioles ovales, aiguës, incisées ; 
ses fleurs sont blanches , et forment de vastes om- 
belles étalées au sommet des ramifications de la 
tige. Cette plante fleurit aux mois de juin et de 
juillet, dans les environs de Paris, où elle est fort 
commune. Nous l’avons représentée dans notre 
Atlas, pl. t10, fig. 1. 

On irouve, dans le Vova genera et species de 
Humboldt et Bonpland, une nouvelle espèce de 
Ciguë, que Kunth a décrite et figurée vol. 5, p. 
14, t. 420, sous le nom de Conium moschatum. 
Maison pense qu’elle serait mieux placée dans le 
genre Apium. (G. £.) 

CILIÉ. (zoo1. mor.) Organe dont le bord est 
garni de cils ou de poils affectant cette forme : dans 
les insectes, on dit que les pattes, la mâchoire, 
les ailes, le labre sont Cihés, lorsque sur leurs 
bords sont implantés des poils raides ct nombreux. 
On désigne, en botanique par ce mot Cilié , toute 
partie d’une plante bordée de poils soyeux et pa- 
rallèles : ainsi le calice du Basilic est Cilié; la co - 
rolle du VNymphoide est Ciliée; il en est de mêmejdes 
feuilles de l’Erigeron du Canada, des bractées de 
la Carmentine, etc. (P. G.) 

CILS. (z0or.) Poils qui garnissent les yeux de 
tous les mammifères. Chez l'homme, ces poils sont 
durs , raides, de la couleur des cheveux et des 
sourcils , et disposés sur deux ou trois rangs. Ils 
sont plus nombreux, pluslongs et plus forts à la pau- 
pièresupérieure qu'à l’inférieare ; cette longueur va 
en augmentant à partir de chacune des extrémités 
vers le milieu du bord où leur bulbe s'implante, 
Geux de Ja paupière supérieure sont recourbés en 


haut, et ceux de l’inférieure en bas. On leur assi- 
gne pour usage de s’opposer à l'introduction dans 
l'œil des corpuscules qui voltigent dans l’air; ils 
servent aussi, dans certains cas, à diminuer l’'in- 
tensité de la lumière. 

Les paupières de plusieurs espèces d'oiseaux 
sont également garnies de Cils : ils sont très-longs 
dans l’Autruche par exemple ; quelquefois ils sont 
élargis à la base et creusés en gouttière, concaves 
en dessous et convexes en dessus, comme dans le 
Messager secrétaire. Dans la Pintade, ils sont rele- 
vés en haut; dans le Casoar ils s’arrondissent en 
forme de sourcils. 

Dans les insectes, ce nom sert à désigner les poils 
raides qui se remarquent sur les bords de cer- 
tains organes. 

Dans les animaux rayonnés, on nomme Cils les 
appendices qui rappellent la forme des poils qui 
bordent les paupières des mammifères. Ces ap- 
pendices sont situés sur le corps, sur certaines 
parties du corps ou certains organes de ces ani- 
maux. On en rencontre en petite quantité dans les 
vers intestinaux ; ils sont encore plus rares dans 
les échinodermes ; on les rencontre sur les cellules, 
le bord, les ovaires des polypiers, ainsi que dans 
les infusoires. 

CILS. (8or.) On nomme ainsi les poils fins 
qu'on observe sur la circonférence de certaines 
parties des plantes: le péristôme de quelques 
Mousses, les feuilles de la Joubarbe des toits, les 
stipules de la Persicaire, les anthères de la La- 
vande, les pétales de la Capucine, etc., sont gar- 
nis de Cils. (P. G.) 

CIMBEX, Cimbex. (ins. ) Genre d’Hyménop- 
tères, famille des Porte-scies , tribu des Tenthre- 
dines; ce genre a été établi par Olivier, qui lui 
assigne pour caractères : antennes courtes, de cinq 
articles, sans compter la massue, qui est formée 
de plusieurs, autres articulations agglomérées ; 
les deux nervures de la côte de l’aile se joignant 
presque sans laisser d'intervalle. Ce genre a été 
étudié et divisé par différens auteurs, entre autres 
le docteur Leach et M. Klug. Mais les genres qu'ils 
ont fondés à ses dépens n’ont pas été adoptés par 
tous les naturalistes; cependantles genres Perga du 
premieret Syzigonies du second présentent des 
caractères très-tranchés, dont on doit tenir 
compte dans un autre ouvrage que celui-ci; les 
autres genres qui ont été créés peuvent être con- 
sidérés simplement comme des divisions. 

Ces insectes sont de taille moyenne, c’est-à-dire 
de huit à neuf lignes ; ce sont les plus grands de la 
tribu : leur tête est bombée en dessus, très-plate 
en dessous; les yeux, ovales, convexes, sont pres- 
que placés au milieu de la face; les ocelles, 
au nombre de trois, sont disposés en triangle et 
situés entre eux; les antennes sont insérées presque 
immédiatement au dessousla proportion delon gueur 
relative des articles peut servir à former des divi- 
sionsclaires; les mandibules sont très-tranchantes; 
les pattes antérieures sont courtes, mais les pos- 
térieures sont très - développées ; la tarière est 
courte. Les larves de ces insectes sont très-con- 


; s ÿ me PRE sc 


CING 


190 


CINÉ 


nues , et ont été souvent étudiées ; elles ontvingt-. 
deux pattes, et contournent beaucoup lextrémité 
de leur corps, quand'élles sont occupéesà man ger. IL 
arrive souvent, quand on les tourmente, qu’elles 
seringuent , par des ouvertures particulières des 
côtés du corps, une liqueur verdâtre, qui jaillit 
quelquefois à un pied de distance ; elles font une 
coque pour: subir leur dernière métamorphose. 
Voy. notre Atlas, pl 110; fig.2,3. On en con- 
naît un assez grand nombre d'espèces que l’on 
peutétudier dans la Monographie des Tenthrédines 
de M. Lepelletier de Saint-Fargeau, ainsi que dans 
les auteurs déjà cités. 

GC. sauNE, C, lutea, Linn., Degeer. , Ins. 11, 
38; 8, 16. Long de près d’un pouce ; tête, corps, 
pattes, brun jaunâtre ; antennes et abdomen jau- 
nes ; les ailes sont entièrement diaphanes, avec les 
nervures brunâtres. Des environs de Paris. Nous 
l'avons représenté dans notre Atlas, pl 110, 
fig. 4. 

16 cat, C. lϾta, Fab. Long de quatre lignes, 
une des plus petites espèces du genre ; noir, avec 
les côtés des anneaux de l'abdomen et les pattes 
jaunes. Gette espèce est assez rare aux environs 
de Paris. (A. P.) 

CIMENT. ( céoz. ) On appelle ainsi la pâte 
qui, dans certaines roches formées paragrégation, 
réunit les diverses parties dont elles sont compo- 
sées, Ainsi, dans le Mimophyre, c'est un Giment 
argiloïde , quoique dur, qui réunit des grains dis- 
tincts de feldspath; dans le Psaihmite) c’est un 
Ciment argileux qui sert de lien à des grains de 
sable et à des paillettes de mica ; dans l'Anagénite, 
c'est un Ciment schistoïde qni lie de. petits frag- 
mens arrondis de diverses espèces de roches du- 
res; enfin, la Poudingue est une roche composée 
decaillouxroulés, réunis par un Giment siliceux ; 
le. Gompholite est une roche qui ne diffère de 
la précédente que par la nature du Ciment, qui 
est calcaire. (J. H.) 

CIMICIDES. (ans. ) Voy. Hémierères. C’est 
surtout à la première division de cet ordre, celle 
des Hétéroptères, où à la tribu des Membraneu- 
ses, comprenant le genre Cimex proprement dit, 
que cette dénomination peut se rapporter. 

AP. 

CINABRE, (mw.) Dans la classification ae 
M. Beudant ce nom adopté depuis long-temps par 
les Allemands (Zinnaber), désigne le vermillon 
natif ou le sulfure de mercure. C’est une sub- 
slance non métalloide, rouge ou brune, cristalli- 
sant dans le système rhomboëédrique. Nous en 
parlerons plus longnement à l’article Mercure. 

(J. H. 

CINAROCÉPHALES., Cinarocephale. ru 
pnan. ). C'est-à-dire, têtes d’artichaut. Expression 
créée par de Jussieu, pour désigner la classe de 
plantes que Tournefort appelait Flosculeuses.. Le 
mot Carduacées, lui a succédé avec plus de fa- 
veur, et sou règne dure encore, (L. 

GCINCLE, Girichus: (ors.) C’est un genre de Pas- 
sereau, voisin des Merles, dont il se distingue 
par son bec comprimé, droit, à mandibules éga- 


| lement hautes, la supérieure arqaéexsa pointe; les 


ailes ont leurs troisième et quatrième rémiges les 
plus longues. Lesoiseauxdecegroupessont vulgaires 
ment connus sous le nom de Merles d'a) is 
vivent d'insectes aquatiques, et'se tiennent habi- 
tuellement dans les marais, sur le bord des ruis- 
seaux et des rivières où ils ont l’'habitade de plon- 


ger; ils descendent entièrement sous l’eau, mar: 


chant au fond pour y chercher leur nourriture, 
sans jamais se mettre à la nage. 

La seule espèce que nous possédions est celle 
du Cincze PLONGEUR , MerLE D'Eau, de Buflon, 
Cinclus aquaticus, représenté dans notre Atlas, 
pl.1r0,, fig. 5. Get oiseau, long de sept pouces , 
a les parties supérieures du corps teintes d'un 


brun foncé lavé, de cendré; sa gorge, le devant 


de son cou et sa poitrine sont d'un blanc pur; le 


. centre est de couleur rousse. La femelle diffère 


peu du mâle. On trouve le Merle d’eau en Suède, 
en Angleterre, en France, en Allemagne, etc: ; 
est sédentaire dans tout le Midi; dans le Nord, 
au contraire , il-n'est que de passage. Il construit 
son nid très-artistement, en entrelacant des her- 
bes et des mousses, et le recouvre d'un petit 
dôme de même matière; la ponte est de quatre, 
cinq ou même six œufs, d’un blanc pur. 
(GEnv.) 

CINGLOSOME, Cinclosoma. (o1s.) MM. Vigors 
et Horsfield ontétabli ce genre, qui est très-voisim 
des Gincles. On y range plusieurs espèces , telles 
que le Cinclosoma .punctatum , qui est de la Nou- 
velle-Hollande , et le Cinclosoma cinclorhyncha , 
espèce nouvelle, observée dans l'Hymalaya, par 
M. Gould. (Genrv.) 

CINÉRAIRE, Cineraria. (mor. raw.) Genre 
de la famille des Synanthérées, tribu des Corym- 
bifères, Syngénésie superflue de Linné , très-voisin 
des Sénecons, dont il ne diffère réellement que 
par l’absence d’un calicule à la base de l’involucre. 
Aussi Tournefort confondait-il les Ginéraires avec 
plusieurs Sénecons, dans son genre J'acobæa. Ge- 
pendant ce genre a-été conservé depuis Linné, 
qui l’institua, et voici comment on leicaractérise : 
involucre simple, composé de folioles égales et 
disposées sur un même rang ; réceptacle plane et 
nu ; calathide radiée (ce caractère est essentiel) ; 
fleurons du disque tubuleux et: hermaphrodites:; 
ceux de la circonférence ligulés et femelles ; ai- 
grettes simples, poilues et sessiles. f 

Les Ginéraires sont en général des plantes her= 
bacées , rarement des sous-arbrisseaux ; elles ha- 
bitent toutes les parties du globe, mais surtout 
celles qui sort entre les tropiques. 

L'espèce qui a servi de type au genre est la 
CinËnaAmRE MARITIME, L., très-abondante sur les 
rochers de la Méditerranée. On la reconnaît à son 
aspect blanchâtre et cendré, à ses fleurs jaunes , 
très-apparentes à cause de la-grandeur des rayons: 
Ses feuilles sont pinnatifides et à'lobes obtus. 

La seule espèce des environs de Paris est la Cr= 
NÉRAIRE DES-cHamrs, C. campestris, Retz, confon+ 
due long-temps avec là €. integrifolia des Alpes: 
Sa tige est simple: rougeâre ; couverte ;ainsi-que” 


GPO 


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‘CIRG 


les feuilles , d'un duvet cotonneux:; celles-ci sont 
entières , sessiles sur la tige, pétiolées.à Ja base 
de la plante, où elles sont rassemblées en 'touffe. 
. On cultive dans nos jardins, entre autres :es- 
pèces: 

La CINÉRAIRE À FEUILLES DEPLATANE, :C,. pla- 
tanifolia originaire -du Mexique, à feuilles gran- 
des, épaisses. 

La Cin£naime pourPRE, C. cruenta, de Téné- 
rifle ; feuilles vertes en dessus, pourpre en  des- 
sous, fleurs nombreuses, à rayons pourpre clair, 
et.disque pourpre foncé. 

La CINÉRAIRE A FEUILLESDE PEUPLIER, C. popu- 
lifolia, des Canaries. Ses feuilles sont persistan- 
tes , ses fleurs jaunes. 

La CunéRAIRE LAINEUSE , C, danata, des îles 
Canaries, à feuilles cordiformes arrondies; les 
fleurs ont.le disque brun, les rayons pourpre en 
dessous, violets en dessus. 

La CinéraimE A oR£ILLE, C. aurita, à feuilles 
amplexicäules et auriculées; ses rayons sont 
blancs et son disque wiolet. 

La Cineraria amelloides, L., forme le genre 
Agathée de Cassini. Joy. ce mot. (L.) 

CINERAS, Cineras (causr.) Genre dela classe 

des-Cairripèdes , fondé par Leacb, et différant des 
Anatifes parceque son manteau est simplement 
cartilagineux, .et qu'il ne rappelle les Anatifes que 
par «cinq petites pièces calcaires, .qui semblent 
être les rudimens des grandes pièces écailleuses 
qu’on observe dans ce genre. 
+ Onneconnaît qu'une seule espècelde ce genre, 
c'est le Cinéras A BANDES, C. œittata, Leach, 
Edimb, Encycl., figuré dans notre Iconographie 
du règne animal, Moll., pl. 37, fig. 5. Al est 
long d’un pouce et demi, d'un gris jaunâtre , avec 
six bandes noires longitudinales et sinueuses. On 
le trouve sur nos côtes de l'Océan, attaché aux 
corps marins. (Guér.) 

CINNYRIDÉES , cinnyris. (oïs.) Cette famille 
a .été établie par M. Lesson dans son Traité d’Or- 
nithologie. Elles comprend les deux familles des 
Certhiadés et des Philédons du même auteur 
(Manuel, pages 11 et 20 du tome deuxième), 
qui ne sont elles-mêmes autre chose que le genre 
Certhia de Linné. (GErv.) 

CIONE, Cionus. (ixs.) Genre de Coléoptères 
de Ja famille des Porte-becs , quenous réunissons 
au genre Ruyncnoxr. Voy. ce mot. (A, P.) 

CIPOLIN, (wn.) M. Brongniart, dans sa classi- 
fication des roches composées , considère le mar- 
bre Cipolin comme une espèce qu’il caractérise 
ainsi: « base de calcaire saccharoïde renfermant 
du mica.ou du talc comme partie constituante 
essentielle ; texture grenue, cristalline; structure 
souvent fissile. » On y trouve disséminés des gre- 
nats, du pyroxène, de l’épidote et tous les miné- 
raux qui se présentent habituellement dans le 
calcaire grenu. Sa couleur ordinaire test, le blanc 
grisâtre veiné de gris, de, vert, et quelquefois de 
bleu. ! | 

Nous avons eu souvent occasion d’observer 
celte roche.en place, dans la chaine du Taygète, à 


Salamine ;et dans l’Attiqueoù elle constitue une 
partie des marbres du mont Hymette.et du mont 
Pentélique. Elle repose sur des micaschistes ou des 
schistes talqueux, et quelqueloismême elle alterne 
avec eux. Mais ces roches, auxquelles dans cer- 
tains cas on attribue avec raison une origine fort 
ancienne, ne sont ici que des sédimens secondai- 
res modifiés par l'action des feux souterrains. Sou- 
vent la texture par agrégalion mécanique se 
montre clairement dans des couches en partie 
cristallines , et certaines couches de CGipolin bri- 
sées en fragmens courbes et ressoudées dans les 
fissures montrent qu’elles ont éprouvé une fusion 
pâteuse, avant laquelle elles n'étaient probable- 
ment que des calcaires argileux. 

Emploi dans les arts. Les marbres Cipolins 
sont propres à la décoration intérieure des édi- 
fices publics, et sont d'une grande beauté en 
colonnes et en plaques; ils reçoivent un beau poli, 
cependant les veines schisteuses, qui ont l’inconvé- 
nient de se détériorer les premières par laction 
de l'air ou du frottement , l’altèrent quelquelois. 
Les anciens l’ont employé fréquemment. On cite 
plusieurs colonnes du temple de Jupiter à Pouzzo- 
les. Il est peu de. villes antiques.de ila Grèce où 
nous n’en ayons trouvé des fragmens. Les dix 
colonnes du temple d’Antonin et Faustine, à 
Rome, sont en Gipolin nommé par les anciens 
Lapis phrygius. Nous ne devons pas omettre de 
citerles quatre grandes colonnes de ce marbre qui 
décorent la galerie des peintres anciens du Musée 
de Paris , établissement où l’on peut étudier pres- 
que tous les marbresantiques. On fit encore au- 
trefois un autre usage du marbre Cipolin ; on en 
formait des dalles pour le pavé des temples, et 
des tuiles pour les toits; nous avons vu à Loutro, 
dans l’Argolide, le pavé d’un temple fait engrands 
carreaux de cette roche,'et, d’après Pausanias, les 
fragmens de Gipolin que l’on trouve à Olympie 
provenaient des tuiles du toit. Nous pensons en 
outre que les anciens l’'employèrent comme pierre 
à aiguiser ; en eflet, Pline, vante l'excellente qua- 
lité des pierres à aiguiser du Taygète, et nous 
avons trouvé dans cette montagne des Cipolins 
très-durs qui avaient les plus grands rapports avec 
la pierre dite du Levant. Ce quiconfirme cet emploi 
dans l'antiquité, c’est l'usage qu’on en fait encore 
à Jersey sous lenom d’Éclats de Jersey. Nous cite - 
rons, au nombre des localités où ce marbre a été re- 
connu en France, Baréges dans les Pyrénées, 
Sainte-Marie -aux-Mines dans les Vosges, la Gorse, 
et les Alpes de la Tarentaise et du mont Cénis. 

(B.) 

CIRCÉE, Circæa, (Bor. Pman.) Sous ce nom 
les anciens désignaient une plante recherchée 
pour les enchantemens et la préparation des phul- 
tres amoureux, dont la racine, très-forte, à deux 
branches, offrait à Pythagore une similitude assez 
grande avec les cuisses du corps humain, pour 
qu'il l’appelât Antropomorphos , ce qui fit dire à 
beaucoup d'écrivains botanistes qu'il s'agissait de 
la Mandragore sans tige, Mandragora officinalis. 
Mais, la description de cette. plante donnée par 


CIRCG 


192 


CIRG 


Théophraste ne s’accordant point avec celles de ; 


Dioscoride et de Pline, d’autres ont assuré qu'ik 
fallait y reconnaître la Circée des modernes. Je 
ne partage ni l’une ni l’autre opinion. Je revien- 
drai plus tard sur la MaNDRAGORE ( voyez ce mot); 
pour le moment, je dois m'occuper de la Circée, 
qui forme un petit genre de la famille des Ona- 
graires et de la Diandrie monogynie, dont nous 
connaissons en Europe deux espèces herbacées 
de peu d'apparence. Les caractères du genre sont: 
un calice à deux pièces ovales, concaves, cadu- 
ques; deux pétales ouverts, petits, en cœür ; 
ovaire ou capsule en toupie, hérissé de poils 
écailleux , à deux loges bivalves , s’ouvrant par la 
pointe et contenant des semences oblongues, so- 
litaires , étroites. 

Les Circées habitent les forêts et les lieux om- 
bragés, montueux, où elles sont extrêmement 
communes , et où elles fleurissent au milieu de 
l'été. 

La CmcÉr PUBESCENTE, C. lutetiana, passe 
mal à propos pour suspecte aux yeux de quelques 
personnes. Elle a la tige droite, haute de qua- 
rante centimètres , garnie de feuilles opposées , ai- 
guës, de fleurs blanches ou rougeûtres, dispo- 
sées en longues grappes terminales. On lui con- 
serve le nom de Circée de Paris que lui donnè- 
rent Lobel, les deux Bauhin et ceux qui les ont 
suivis, parce que ces botanistes l’y ont trouvée 
d’abord , mais où elle n’est pas plus abon- 
dante qu’en beaucoup d’autres localités de l’'Eu- 
rope et de l'Amérique du nord. On la désigne 
aussi vulgairement sous les noms d’Aerbe à la 
magicienne et d'Herbe aux sorciers, parce qu'aux 
temps de la superstition elle était fortrecher- 
chée par les imposteurs et les charlatans. J’isnore 
pourquoi dans certains endroits elle porte le nom 
d'Herbe de Saint-Etienne. Naguère encore elle 
était réputée vulnéraire , et des praticiens l’appli- 
quaient comme résolutive ; aujourd’hui ces pro- 
priétés sont totalement tombées dans l'oubli. 

Cincée Des Azres, C. alpina , plus petite dans 
toutes ses parties, mais du reste semblable à la 
précédente , à l'exception des feuilles, qui sont lui- 
santes, décidément échancrées en cœur, des 
fleurs, qui sont plus habituellement carnées. Elle 
réside sur les montagnes. On lui connaît une va- 
riété qui unit les deux espècesensemble et quel’on 
a pour cela nommée CIRCÉE INTERMÉDIAIRE, C. 
intermedia. Persoon en fait à tort une espèce dis- 
tincte. 

Les moutons mangent volontiers toutes les Cir- 
cées. On peut les employer à couvrir le pied des 
massifs dans les jardins paysagers ; elles tracent 
promptement et font bientôt disparaître la triste 
nudité de leur sol. (T. ». B.) 

:CIRCINÉ ou cmerxar, Circinalis (or.) Ces 
adjectifs, tirés d’un mot latin qui signifie formé 
en cercle, indiquent la disposition des feuilles, 
lorsqu'elles se roulent sur elles-mêmes de haut en 
bas. Les Fougères présentent cette particularité, 
qui les fait reconnaître sur-le-champ. Plusieurs 
genres de la famille des Droséracées ont aussi leurs 


feuilles circinées, ou, comme on dit encore, rou- 
lées en crosse. (L.) 

CIRCULATION. (zoo. ) Cüirculatio motus 
circularis. Ce mot s'applique surtout au cours 
du sang dans des vaisseaux qui, partant du cœur, 
vont aboutir à un même point. Dans une accep- 
tion plus générale, il désigne aussi tout mouve- 
ment progressif d’un fluide dans des vaisseaux qui 
n’accomplissent pas nécessairement une révolu- 
tion entière. Toutefois, comme la Circulation in- 
dique plus spécialement le cours du sang dans des 
vaisseaux qui font subir à ce fluide un mouvement 
révolutif continu, il ne sera ici question que de 
cette dernière fonction, que nous examinerons 
successivement chez les animaux à respiration 
pulmonaire ; chez le fœtus des mammifères, 
chez les reptiles à branchie permanente, chez 
les poissons, chez les invertébrés à respiration 
branchiale , et chez les animaux à respiration tra- 
chéenne. 

Le cours du sang est une de ces fonctions im- 
portantes qui ont le plus excité la curiosité des 
anatomistes et des physiologistes de tous les temps. 
Hippocrate paraît être le premier qui ait décou- 
vert des vaisseaux et qui leur ait donné Ie nom de 
veines. Après lui, Proxagoras découvrit les artères, 
qu'il nomma ainsi parce qu’il crut qu’elles ren- 
fermaient de l’air pendant la vie. Galien reconnut 
que les artères contenaient du sang et qu’elles 
étaient agitées par des battemens produits par le 
mouvement que le cœur imprimait à leurs parois, 
Du temps de Vesale, on découvrit dans les veines 
un grand nombre de valvules, mais on ne fixa 
pas l'attention sur leur disposition , ce qui cepen- 
dant eût mis sur la voie et fait découvrir comment 
s’opérait le cours du sang dans les vaisseaux. 
Alors on ne connaissait pas encore comment les 
artères communiquaient avec les veines, et on sup- 
posait que le sang passait d’un ordre de vaisseaux 
dans l’autre au travers ‘des porosités du cœur, 
lorsque Servet, médecin théologien du seizième 
siècle, découvrit le pelit cercle que parcourt le 
sang et démontra que ce fluide passait du cœur au 
poumon par les artères pulmonaires . traversait le 
poumon et retournait au cœur par les veines pul- 
monaires. Columbus vint après et décrivit d'une 
manière encore plus exacte la circulation pulmo- 
naire. Enfin, malgré les écrits de Sprengel, qui 
firent croire que Césalpin avait établi toute la 
théorie de la Circulation, c’est à Harvey, anglais 
de naissance , que restera la gloire d’avoir fait une 
aussi importante découverte. En 1602, il apprit 
l'existence des valvules, reconnut leurs nsages , 
et soupconna la théorie de la Circulation. De re- 
tour en Angleterre , il passa 17 années à des re- 
cherches qui devaient appuyer sa découverte, il 
la publia ensuite et la soulint victorieusement 
pendant neuf ans : ce ne fut qu'en 1652, et après 
avoir été en butte aux attaques les plus vives, qu'il 
eut la satisfaction de la voir triompher. 

En 1661, Malpighi publia ses Observations re- 
marquables faites avec une simple lentille sur les 
poumons et la vessie urinaire de grenouilles, 


tendant 


Circulation du sane:. 
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2. chez lHorine.. 2,67 chex Le Patus 3 4. cher le Crocodde 5. chez la lortue 


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CIRG 


199 


CIRC 


tendant à démontrer la communication des artères 
avec les veines par le moyen des anastomoses. 

En 1688 Leurvenhock examina le même phé- 
nomène à l’aide du microscope, et depuis, une 
foule d’observateurs sont venus confirmer ses dé- 
couvertes. 

La Circulation comprend deux parties distinc- 
tes, les agens qu’elle emploie et les routes qu’elle 
trace au sang : l’ensemble de ces deux parties consti- 
tue un appareil plus ou moins compliqué, qui 
est destiné à remplir une fonction. Or, quelle est 
l'utilité de cette fonction ? Un fait constant, celui 
de la respiration, démontre que , chez tous les ani- 
maux qui n’ont point de trachées, le sang est forcé 
de passer sans cesse, en plus ou moins grande 
quantité, par un organe destiné à lui faire subir 


l’action médiate ou immédiate de l'oxygène. Deux, 


grands systèmes capillaires semblent y concourir. 
Chez les animaux qui ont des poumons ou des 
branchies, le sang, après avoir traversé ces or- 
ganes, passe dans le système capillaire général. 
Au contraire, chez les animaux qui n’ont ni pou- 
mons ni branchies apparentes, le sang passe seu 

lement par le système capillaire général, qui, à lui 
seul, paraît remplir la fonction de la respiration ; 
ou bien l’air va chercher le sang au moyen d’ori- 
fices particuliers, chez les animaux à trachées. 
Donc l’utilité de l’appareil circulatoire consiste 
principalement à mettre le sang en contact avec 
l'air. 

On appelle petite Circulation celle qui se fait 
dans les poumons ou les branchies, et grande Cir- 
culation celle qui a lieu dans le reste du corps; 
ainsi le sang qui traverse les vaisseaux capillaires 
de la petite Circulation se trouve en contact avec 
l'air, et acquiert les qualités requises pour l’en- 
trelien de la vie des organes ; tandis que celui qui 
parcourt les capillaires de la grande Circulation, 
perd sa qualité de sang rouge , artériel ou vivifiant, 
pour devenir veineux ou noir. Cependant les ani- 
maux qui sont dépourvus de poumons et de bran- 
chies, et qui vivent dans l’eau, absorbent, par 
toute la surface de leur corps, assez d’oxigène pour 
vivifier convenablement le sang, qui malgré cela 
ne saurait être distingué en artériel et vemeux. 

Il y a une remarque intéressante à faire sur la 
manière dont se ramifient les vaisseaux capil- 
laires, c'est que, tantôt les artères se continuent 
avec les veines en se partageant , à leur terminai- 
son, en une foule de branches anastomosées en- 
semble, d’où proviennent les radicules des veines; 
tantôt deux trous qui suivent le même trajet s’en- 
voient une foule de rameaux de communication ; 
tantôt enfin les dernières divisions des artères se 
recourbent en anses pourrencontrer une extrémité 
très-pelite d’une veine, On observe plus particu- 
lièrement cette disposition dans les villosités du 
placenta de la femme et sur les branchies du têtard 
de la Grenouille. Ces divers modes de communi- 
cation etla vascularité capillaire des tissus sont 
bien importans à connaître , puisque c’est dans les 
vaisseaux capillaires que s’opèrent les phénomè- 
nes de nutrition, de sécrétion, etc.; c’est peut- 


Tous II. 


être ce qui a fait direà Ruisch quela structure intime 
de tous nos organes n’était qu'un composé de 
vaisseaux. Cependant , tout en admettant, d’après 
les résultats que nous avons obtenus nous-mêmes, 
une vascularité prodigieuse des organes, nous 
pensons, avec Albinus et le plus grand nombre des 
anatomistes, qu'il y a autre chose que des vais- 
seaux dans l’organisation animale ; sans cela, nos 
tissus, n'étant qu’un amas de vaisseaux, devraient 
être partout identiques, ce qui n’est pas. 

Les seuls tissus qui semblent imperméables au 
sang, sont l’épiderme et les cheveux. Dans la 
plique polonaise, qui est une altération morbide 
du bulbe des cheveux, on a vuilest vrai s’écouler 
du sang de l’intérieur des cheveux, coupés très- 
près de la tête; mais, dans ce cas, ce n’est pas 
le cheveu qui donne l’hémorrhagie, c’est le 
bulbe ou la racine qui s’est prolongée dansla base 
du poil. On n’est pas non plus certain de l’exis- 
tence de vaisseaux dans le tissu cellulaire ; nous 
sommes cependant portés à l’admettre. Quant 
à la Circulation du sang dans les membranes sé- 
reuses , elle est bien démontrée par les injec- 
tions. Enfin , les os renferment des vaisseaux 
sanguins , mais en pelite quantité, surtout dans 
un âge avancé. ir 

I1 n’en est pas de même des organes qui sont 
destinés à élaborer les principes contenus dans le 
sang, tels que le foie, la rate, les reins, etc. ; 
toutes ces glandes, en général, reçoivent, au con- 
traire, une énorme quantité d’artères, et le nombre 
des vaisseaux capillaires qu’elles renferment varie 
selon les âges, puisqu’il est considérable dans les 
premiers temps, et diminue progressivement chez 
l'adulte et le vieillard. Le cours du sang dans ces 
vaisseaux est, comme nous l’avons déjà dit, sous 
l'influence de l’action du cœur : il est de plus 
soumis à une action particulière, dépendante de 
la vitalité des artères et des vaisseaux capillaires ; 
peut-être même faudrait-il admettre qu’il existe 
une attraction particulière entre ces tissus et le 
sang, pour expliquer, surtont, son mouvement 
dans les vaisseaux de première formation et son 
mode de Circulation chez des animaux qui n’ont 
point de cœur proprement dit. 

Après les vaisseaux capillaires, viennent les vei- 
nes. Ces vaisseaux, chargés de rapporter au cœur 
le sang que les artères ont distribué à tous les 
organes, sont en bien plus grand nombre qu’elles, 
et en même temps plus amples et plus dilatables. 
L'espace dans lequel le sang veineux est contenu 
est donc plus considérable que celui qui renferme 
le sang artériel; aussi estime-t-on que sur les 30 
livres environ que contient le corps d’un homme 
adulte , neuf parties se trouvent dans les veines et 
quatre seulement dans les artères. Les veines, 
moins tortueuses que les artères, suivent une direc- 
tion presque droite ; leurs anastomoses sont aussi 
plus fréquentes. Enfin , l'intérieur des veines est 
garni de replis valvulaires, formés par la dupli- 
cature de leur tunique intérieure. Ces valvules , 
lorsqu'elles sont abaissées,ferment le canal, rom- 
pent la continuation de la colonne de sang qui 


109° LivRAISON, 29 


CIRCG: 


direction du cours du sang, s’opposent. à sou 
retour dans les vaisseaux capillaires. 


L'existence d’une tunique musculeuse dans les 
veines fait que celles qui sont distendues par 
trop de sang tendent à revenir sur elles-mêmes, 
pour repre ndre leur calibre ordin aire. Or, les veines 
n'élant pas indéfiniment extensibles, et les radicu- 
les leur rapportant toujours de nouvelles quantités 
de sang, la Circulation veineuse pourrait, àla ri- 
cueur, être expliquée par l’action de cette tuni- 
que. Mais il y a aussi l’action du cœur qui se com- 
manique à la colonne du sang, et qui se joint à la 
première. On à aussi cherché à l'expliquer par le 
vide qui s’opérerait dans fa poitrine, au moment 
de l'inspiration. Mais pour nous l’afflux du sang dans 
les cavités du cœur doit être attribué au vide in- 
stantané qui s'opère dans ses oreillettes et dans 
ses ventricules. Du reste, quoi qu’il en soit de ces 
différentes explications, la Circulation dans les 
animaux à poumons consiste généralement dans 
le passage du sang du cœur au poumon, du 
poumon au cœur, de celui-ci à toutes les parties 
du corps, et de celles-ci au cœur. Le sang mærche 
de la périphérie au centre, dans les veines, tandis 
que dans les artères il va , au contraire , du cen- 
tre à la circonférence , en passant successivement 
des troncs principaux dans les branches , les ra- 
meaux et les capillaires. Dans presque toute son 
étendue, le cours du sang dans les veines ne 
laisse apercevoir aucun battement (1), tandis 
que les artères présentent des battemens qui cor- 
respondent aux pulsations du cœur. Les ligatures 
que lon applique sur les membres empêchent le 
sang d'arriver au cœur, et déterminent le gonfle- 
ment de toutes les branches veineuses dans la 
partie des membres qui se trouve au dessous de la 
ligature. Pour que les choses se passent ainsi, il 
faut, comme nous lavons dit à dessein, que la 
ligature soit modérément serrée ; car si elle Pétait 
au point de comprimer les artères profondes des 
membres, il arriverait qu’au lieu de produire un 
gonflement durable des veines, on empêcherait, au 
contraire, le sang d’y arriver. La compression des 
artères trouve son application en chirurgie, dans le 
cas d’hémorrhagie artérielle , au moment d’une 
amputation ou pour guérir certains anévrysmes. 


(x) Chez l'homme on appelle pouls veineux des ondulations 
que l’on remarque quelquefois dans certaines veines du corps. 
Elles tiennent les unes aux contractions du cœur, les autres aux 
mouvemens de la poitrine. À chaque constriction de l'oreillette 
droite du cœur, une partie du sang qu’elle recoit est refoulee 
dans les veines qui s’y dégorgent ; cette onde rétrograde se com- 
munique,, de proche.en proche, jusqu'aux veines superficielles 
et devient apparente. L'action de la respiration conduit au même 
résultat , puisque dans l'inspiration il y a, d'après M. Fermons, 
stase du sang dans les parois des cellules pulmonaires, afin qne 
le sang resté le plns long-temps possible en contact avec l'air. 
Or, cette stase du sang dans les cavités du poumon détermine 
aussi un refoulement de ce fluide dans les veines, qui produit le 
pouls veineux. C’est surtout dans les mammifères plongeurs que 
le refoulement du sang est considérable, puisque le poumon 
dilaté ne pérméet ‘plus au sang de le traverser librement tant que 
l'animal est sous l’eau, 


A 


revient au cœur ; eb par leur disposition dans la 


CIRC 


Enfin le sang qui. sort par une veine ouverte 
s’en échappe avec beaucoup moins de rapidité 
que d’une artère du même volume ; il coule par 
un jet continu dans le premier cas, et par sacca- 
des dans le second, ce qni fait qu'on peut tou- 
jours distinguer la nature du: vaisseau ouvert. 

Cela posé, voici quelles sont les combi- 
naisons possibles de la Circulation dans la série 
animale. Quand tout le sang veineux passe né- 
cessairement par l'organe respiratoire pour al- 
ler ensuite dans toutes les autres parties du corps, 
il y a Circulation double: les mammifères , les oi- 
seaux, les poissons, les mollusques, etc. , sont 
dans ce cas. Quand, au contraire, la totalité du 
sang veineux ne passe pas par l’organe respiratoire 
avant de traverser les capillaires de la grande Cir- 
culation, et qu’il n'y a qu'une partie du sang qui 
soit soumise à l’action de l'air , on a une Cércula- 
tion double impar fuite : toute la classe des Rep- 
tiles et le fœtus des mammifères sont dans ce cas. 
Quand enfin le passage du sang ne s’eflectue qu’à 
travers les capillaires de tout le corps, qui alors 
remplissent les fonctions propres à la respiration, 
on a une Circulation simple. Les vers en général, 
et plus particulièrement les Sangsues et les Néréï- 
des offrent cette particularité. Les animaux qui 
ont une Circulation double peuvent avoir un ven- 
tricule pour chaque Circulation, ou seulement un 
ventricule commun. Ceux au contraire qui ont une 
Circulation simple n’ont qu’un ventricule unique. 


De la Circulation du sang dans les animaux à res- 
piration pulmonaire. 


Chez l’homme, les mammifères et les oiseaux, 
il s’élève de la partie gauche du ventricule droit 
un gros tronc, qui, après un court trajet , se di- 
vise en deux branches principales, dont l’une, qui 
est la plns courte, va gagner le poumon gauche, 
l’autre s'enfonce à droite derrière la crosse de 
l'aorte pour pénétrer dans le poumon droit. Ces 
deux artères pulmonaires se ramifient à l'infini 
dans le parenchyme du poumon, et vont se ter- 
miner en un réseau capillaire très-fin qui recou- 
vre les parois des cellules pulmonaires, pour pas- 
ser ensuite dans les veines et revenir au cœur. 
Un autre tronc artériel principal, nommé Æorte, 
prend naissance à la partie droite du ventricule 
gauche ; c’est’de lni que partent toutes les bran- 
ches qui se distribuent aux divers organes. A 
son origine, l'aorte s'élève d'abord , puis elle se 
recourbe tout à coup pour constituer la crosse 
aortique.. En descendant, elle parcourt la région 
vertébrale de la poitrine sous le nom d’ÆAortetho- 
racique, pénètre dans la cavité abdominale, en sui- 
vanttoujours le trajet du rachis et se divise en deux 
grosses branchesnommées {liuques primitives, après 
être parvenue au niveau des dernières vertèbres 
lombaires. Les artères qui naissent de la crosse 
de l'aorte conduisent le sang dans les parois du 
cœur, aux membres supérieurs , à la tête, au 
cou, etc. Celles qui naissent de l'aorte descen- 
dante fournissent aux muscles intercostaux, aux 
bronches, à l’œsophage, et à une double dloi- 


! 
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| 


CIRC 


199 


CIRC 


son verticale séparant les deux poumons l’un de 
l'autre et renfermant le cœur. Enfin les branches 
provenant de l’aorte abdominale ou ventrale , en- 
voient du sang aux viscères abdominaux , au dia- 
phragme (chez les mammifères), et à tous les or- 
ganes contenus dans le bassin: les membres infé- 
rieurs et la queue reçoivent les dernières artères. 

La Circulation du sang dans tous ces vaisseaux 
se fait sans le secours des valvules, et ce n’est 
qu'à l’origine de la crosse, dans le ventricule 
gauche , que l’on en remarque trois dont la forme 
en croissant leur a valu le nom de valvules semi- 
lunaires. Il-en.existe aussi trois autres semblables 
dans le tronc pulmonaire, au point correspondant 
à son insertion dans le ventricule droit. Ges val- 
vules ont pour fonctions d'empêcher la colonne 
de sang poussée par chaque ventricule, de refluer 
dans les mêmes cavités, etelles sont constamment 
placées à l’origine de ces grosses artères. 

Dansiles reptiles, la distribution du sang varie 
suivant les divers ordres que cette classe renferme. 
Ges ordres comprennent, d’après une classifica- 
tion que nous avons établie , 1° les Crocodiliens ; 
2° les Ophidiens ; 3° les Chéloniens et les Sauriens ; 
4° les Batraciens; 5° les Amphibiens. 

Dans les Crocodiliens (1),la Circulation se fait de 
la manière suivante : lesang arrive au cœur par les 
veines cavessupérieures (pl. t11,n° 1.2, fig. 34), 
parla veine caveinférieure (n° 3) etpar letronc des 
veines coronaires(n°4), lequelironc, au lieu des’ou- 
vrir dans l’oreillette droite, va déboucher comme 

“chez l'Ornithorhynque dans le confluent de la 
veine cave inférieure avec les deux supérieures ; il 
passeensuitede l'oreillette droite (n° 5) dansle ven- 
tricule droit, arrive dansl’artère pulmonaire (n°6) 
et dans une grosse branche (n° 7), nommée crosse 
gauche de l'aorte, qui va s’ouvrir dans l’aorté des- 
cendante par une anastomose très-courte (n° 8). 

Après avoir traversé les poumons, le sang re- 
vient au cœur, au moyen des veines pulmonaires 
(n°9), passe de l'oreillette gauche (n° 10) dans 
le ventricule gauche, et se distribue , au moyen des 
branches provenant d’un tronc commun (n° 11), 
dans les carotides (n° 12) et dans la crosse droite 
(n° 15)de l'aorte. Quant à celui qui a parcouru 
la crosse aortique gauche, il arrive dans l’aorte 
descendante pour se mélanger avec le sang arté- 
riel de ce tronc principal. Il résulte de ce curieux 
mode circulatoire, que la tête reçoit, au moyen 
des carotides, du sang artériel ; tandis que tous 
les autres organes qui recoivent des vaisseaux de 
l'aorte descendante, sont nourris par du sang 
mélangé. Cette particularité, qui n’avait pas encore 
été indiquée par les anatomistes, rapproche lor- 
gamisation des Crocodiles, qui déjà sous d’autres 
rapports s'élèvent au premier rang parmi les rep- 
tiles, de celle des mammifères. En effet , les quatre 
cavités du cœur s’y retrouvent chez eux, et s’il y 
a différence dans le cours du sang, cela tient à 
l'existence de la crosse gauche de l'aorte, qui, du 
Cnil Dr OS pp Lane Oh 


(1) Les figures 31et 4 (pl. 111) représentent le cœur du croco- 
dile vu par ses deux faces antérieure et postérieure. 


ventricule droit , va s'ouvrir dans l’acrte descen- 
dante. Or cette différence n’est réelle que lorsque 
lon compare la Circulation de ce reptile avec celle 
d’un mammifère adulte; car chez les fœtus de ces 
derniers, jusqu’au moment de leur naissance, on 
retrouve les mêmes conditions dont nous venons 
de- parler, quoique sous d’autres formes, La Cir- 
culation chez les Crocodiles est donc un état tran: 
sitoire, une de ces nombreuses combinaisons, 
une des phases enfin que subit la Circulation avant 
d'arriver à son plus haut degré de complication. 
Mais pourquoi la nature a-t-elle voulu qu’un pa- 
reil état devint permanent par un véritable arrêt 
de perfectionnement ? Sans entrer dans le domaine 
des causes finales, il suffit jusqu’à an certain point 
d'examiner les habitudes du Crocodile pour dé- 
terminer la valeur rigoureuse des dispositions ana- 
tomiques et des résultats physiologiqnes qui, au 
premier abord , paraissent si extraordinaires. 
Nous tenons des savantes et précieuses recher- 
ches de M. Geoffroy Saint-Hilaire , que le Croco- 
dile hésite et vit inquiet hors de l'eau; qu’il ne 
sait prendre aucun parti pour attaquer ou se dé- 
fendre lorsqu'il est à terre ; qu'il ne s’y rend que 
pour dormir, et enfin qu'il ne déploie sa toute- 
puissance que lorsqu'il est dans le milieu aquatique: 
là seulement il devient un animal indomptable; 
sa volonté est extrême, et son ardeur l'emporte 
au-delà de sa prévision, en lui rendant possible, 
facile même, les plus grands excès. C’est toute 
l'énergie et la puissance d’un animal à sang 
chaud. « Nous avions ce spectacle sous les ÿeux , 
» dit M. Geoffroy, et cependant nous étions restés 
» dans la persuasion que c’était avec une certaine 
» provision d'air que le Crocodile fournissait à une 
»si grande dépense, qu'il pourvoyait à tous les 
» travaux d’un chasseur infatigable , lorsque, mieux 
» informés par les recherches ultérieures faites par 
» MM. Isidore GeoffroySaint-Hilaire et Martin-Saint- 
» Ange, nous avons cru pouvoir assigner à tous 
» ces effets leur véritable cause, savoir, que le Cro- 
»codile, quand il est sous l'eau, laisse pénétrer 
» dans sa cavité abdominale par deux canaux péri- 
» tonéaux une quantité d’eau considérableque l’ani- 
» mal peut renouveler à volonté. » Ainsi M. Geof- 
froy Saint-Hilaire , regardant cette nouvelle fonc- 
tion comme propre à remplacer la respiration 
pulmonaire du Crocodile , et s'appuyant aussi sur 
d’autres faits à peu près analogues , observés chez 
divers animaux, donne comme démontré que la 
cavité abdominale des Crocodiles, comparable à 
une vaste trachée, est propre à opérer l’oxygéna- 
tion du sang, ce qui constitue un appareil bran- 
chial nouveau. Ces vues gigantesques, émises par 
l'esprit philosophique d’un de nos plus illustres 
zoologistes, trouvent une explication rigoureuse 
dans la connaissance exacte de’ la Circulation ‘du 
sang chez le Crocodile. En effet, nous avons vu 
que le cœur de ce reptile ‘représente assez exac - 
tement celui des mammifères, et qu’à cause d’une 
branche particulière. la crosse gauche de l'aorte, Îa 
Circulation se modifie de manière à reproduire Ja 
Girculation du fœtus. On conçoit dès-lors que le 


Ld 


om 


CIRC 


196 


CIRC 


Crocodile peut rester long-temps sous l’eau, sans 
respirer l'air libre, et que, loin d'interrompre pour 
cela la Circulation du sang dans'les poumons, il 
en établit une nouvelle pour une respiration dont 
le mode , aussi singulier qu’inconnu , n’avait pas 
été indiqué avant la publication de l'ouvrage de 
M. Geoffroy Saint-Hilaire sur les Crocodiles 
d'Egypte. 

Dans les Ophidiens, le sang arrive dans l’oreil- 
lette droite du cœur par deux veines caves supé- 
rieures , par la veine cave inférieure et les veines 
coronaires ; de là il peut passer dans les deux ven- 
tricules , mais dans des proportions différentes , à 
cause de la disposition des valvules du cœur. Le 
sang qui revient des poumons arrive dans l’oreil- 
lette gauche par un gros tronc qui y débouche, 
de manière à passer dans l’un et l’autre ventricule 
par une ouverture interventriculaire ; il est vrai 
cependant que les valvules de cette communica- 
tion sont si singulièrement disposées , qu’il devient 
très-difficile d'en apprécier rigoureusement les 
usages. Suivant un habile anatomiste, M. Retzius, 
les valvules du cœur s’opposeraient à toute espèce 
de mélange, du moins chez le serpent python. 
Nous ferons pourtant remarquer que dans la cou- 
leuvre à collier, les valvules du cœur ne s'opposent 


pas au mélange, puisque la cloison qui sépare les | 


deux ventricules est criblée de petites ouvertures. 
Du reste , il y a, comme chez les Crocodiles , une 
crosse droite qui donne les artères de la tête; 
une crosse gauche qui va s'ouvrir dans l'aorte 
descendante , et une artèré pulmonaire qui se bi- 
furque en donnant une branche qui conduit le 
sang dans un vaste poumon situé à droite, et une 
autre branche qui se termine brusquement en 
cul-de-sac. Cette dernière circonstance, peut- 
être, a fait dire à la plupart des anatomistes qu'il 
R’y avait qu'un poumon chez les serpens; cepen- 
dant il en existe un second, très-rudimentaire à la 
vérité, qui est situé au niveau et à gauche.du pré- 
cédent : il recoit non-seulement une branche de 
l'artère pulmonaire droite, mais aussi une divi- 
sion de la trachée-artère qui se subdivise, et une 
branche veineuse principale qui va déboucher 
dans la veine pulmonaire droite. Indépendam- 
ment de cela, il existe chez les serpens une Circu- 
lation toute particulière. Dans la moitié inférieure 
du poumon, le sang n’y est plus apporté par les 
seules divisions de l'artère pulmonaire, il y arrive 
par les intercostales qui s’y distribuent à la ma- 
nière des vaisseaux intestinaux : chaque branche 
se subdivise et va à la rencontre de radicules vei- 
neuses qui débouchent dans la veine cave infé- 
rieure, par autant de troncs veineux qu'il y a 
d’artères intercostales. Cette singulière distribu- 
tion du sang dans la moitié inférieure du poumon 
droit, coïncide avec une structure particulière de 
cette même portion de l'organe respiratoire. On 
remarque en effet que les cellulosités pulmonaires 
disparaissent avec les capillaires de l'artère pul- 
monaire, et qu'au-delà de ce point le poumon 
n’est qu’un véritable sac membraneux. Il résulte 
de ce qui précède que la Circulation des serpens 


se modifie de telle manière dansle poumon droit, 
que le mélange du sang s’ y effectue nécessaire 
ment, puisque celui de la portion inférieure du 
poumon a déjà subi l’action de l'air lorsqu'il passe 
dans la veine cave inférieure. 

Dans les Chéloniens et les Sauriens , la circula- 
tion du sang est moins compliquée : le mélange se 
fait dans un ventricule unique. Le tronc (n°1) 
formé par les veines qui rapportent le sang à 
l'oreillette droite (n° 2) se trouve placé à la partie 
inférieure du cœur (voy. fig. 5, qui représente 
le cœur et les principaux troncs chez les tortues). 
Celui formé par les veines pulmonaires (n° 3) 
s’ouvre dans l'oreillette gauche (n° 4).'Au moment 
où les deux cavités auriculaires se contractent , le 
sang passe dans le ventricule , où il rencontre une 
cloison membraneuse, qui remplit les fonctions 
d'une valvule. Cette membrane, en s'appliquant 
exactement sur les orifices qui laissent passer le 
sang dans le ventricule , le contraint à passer 
dans trois troncs principaux , savoir : l'artère pul- 
monaire (n°5), la crosse gauche (n° 6) et le tronc 
(n° 7), communs aux artères qui portent le sang à 
la tête, au cou et à la crosse droite (n° 8). On 
remarque chez les tortues une disposition curieuse 
de la Circulation du sang dans le poumon ; outre 
les artères pulmonaires , il y a une branche vei- 
neuse sortant des reins, qui va s'ouvrir dans le 
réseau capillaire de la partie inférieure de chaque 
poumon; le sang veineux provenant des reins et 
souvent aussi de la capsule surrénale, traverse 
l'organe respiratoire et arrive au cœur avec les 
conditions de sang artériel. 

Dans les Batraciens, la Circulation se modifie 
un peu sous le rapport de la distribution des ar- 
ières qui partent du cœur. Cette différence ne 
tient pas, comme on l’a cru, à la disposition des 
cavités du cœur, et c’est à tort que quelques au- 
teurs, plus confians dans les recherches de nos 
prédécesseurs, publient de nos jours et persistent 
à croire, faute d’avoir observé par eux-mêmes, 
qu'il n’y a qu'une seule oreillette chez la gre- 
nouille et la salamandre. Il est de fait pourtant 


que chez ces reptiles, comme chez tous ceux de: 


celte classe qui respirent par des poumons, il ya 
évidemment une oreillette droite pour recevoir le 
sang qui revient des diverses parties du corps, et 
une oreillette gauche pour recevoir celui qui 
revient des poumons. Ainsi chez la salamandre , 
comme chez la grenouille , il ne peut y avoir mé- 
lange que dansle ventricule. Il faut seulement re- 
marquer, dans les Batraciens, qu’un seul tronc s’é- 
lève du ventricule et qu'il fournit les artères pulmo- 
naires , celles de la tête et celles de toutes les au- 
tres parties du corps. Cette disposition les rap- 
proche beaucoup des poissons et des reptiles que 
l'on a improprement nommés amphibies. 

De ce court exposé sur la Circulation du sang 
chez les reptiles, on voit que cette fonction 
éprouve de nombreuses modifications dans cha- 
que classe; qu’elle dépend principalement de la 
conformation du cœur et des principaux vaisseaux 
qui en partent , et qu'il y a cependant des rapports 


0 


197 


CIRG 


CIRG 


oo 


constans desquels on peut déduire des principes 
généraux. Ainsi la Circulation des reptiles a cela 
de particulier que, chez toutes les espèces de 
cette classe, le sang se trouve plus ou moins mé- 
langé , que ce mélange est indispensable pour en- 
tretenir un cercle circulatoire autre que le pul- 
monaire , lorsque la respirätion est gênée ou sus- 
pendue; que c’est par une branche constante 
allant du cœur à l'aorte descendante, que la Cir- 
culation peut se modifier et abandonner la route 
des poumons ; que cette déviation, quoique mo- 
difiée par la disposilion des troncs principaux du 
cœur, s'effectue aussi chez la grenouille et la sala- 
mandre; et qu’enfin la Circulation des reptiles, 
qui au fond répète celle du fœtus des mammifères, 
donne àcette classe la faculté de vivre long-temps 
sans respirer, ou de réspirer par un tout autre 
mécanisme toujours approprié aux besoins et aux 
conditions où se trouve l'individu. 

Pour terminer ce que nous avons à dire sur la 
Circulation des animaux à respiration pulmonaire, 
il nous reste à indiquer les espèces qui ont des 
poumons plus ou moins analogues à ceux des 
reptiles. 

Il y a, parmi les animaux sans vertèbres , les 
Âraignées , le Colimacon, la Limace, etc., qui ont 
un sac pulmonaire ou des cellules très-petites 
communiquant les unes avec les autres. Dans les 
mollusques , et spécialement chez la Limace ou 
chez le Colimacon, ce poumon est une cavité 
qui communique au dehors par un trou étroit, 
lequel peut s'ouvrir et se fermer au gré de l’ani- 
mal; ainsi l’air pénètre dans les poumons ou en 
sort à chaque mouvement de dilatation ou de ser- 
rement de l’orifice pulmonaire. Comme toutes ces 
parties sont charnues , et qu’il n’y a aucune char- 
pente osseuse, il n’y a d’autre mécanisme que 
l’action musculaire. Les parois de la cavité sont, 
d’après Cuvier, parcourues d’un lacis presque infini 
de vaisseaux sanguins ranrpans dans une substance 
un peu spongieuse. Cette cavité est placée sur le 
cou et s’ouvre au côté droit de la poitrine. Ainsi 
la Circulation chez ces animaux parcourt néces- 
sairement le cercle pulmonaire ou la petite Gircu- 
lation. 

Dans le fœtus de l'homme et des mammifères, 
la Circulation se fait tout autrement que chez 
l'adulte : elle subit des métamorphoses et des 
modifications si nombreuses, que l’on a pu re- 
trouver dans les diverses périodes de la vie fœtale 
presque toutes'les combinaisons que l’on observe 
chez les divers animaux. Aussi a-t-on conclu de 
là que la Circulation de l’homme, la plus parfaite 
que nous connaissions , a dû reproduire transitoi- 
rement les degrés permänens de la Circulation des 
animaux inférieurs. Ne pouvant pas dans cet ar- 
ticle entrer dans tous “les détails relatifs à ce 
sujet, nous nous bornerons du moins à bien faire 
connaître la Circulation du sang chez le fœtus, et 
les modifications qu'elle éprouve au moment de 
la naissance. 

Pour faciliter son étude, nous examinerons 
d’abord le trajet que parcourt le sang en allant du 


placenta jusqu’au cœur du fœtus; puis, nous étu- 
dierons la direction que prend le sang dans le 
cœur, et enfin son mode de distribution dans les 
organes. 

1° Le sang va du placenta au cœur du fœtus au 
moyen d’un gros tronc vasculaire (n° 1, f. 2, 6 et 
7), nommé veine ombilicale. Cette veine s'étend 
depuis le placenta, ou délivre, jusque dans le 
foie du fœtus ; elle a une longueur variable de 3 à 
24 ou 36 pouces; elle est renflée à son origine , et 
entourée jusqu’à l’ombilic par les deux artères 
ombilicales que nous décrirons plus tard. Parve- 
nue au foie, elle gagne la face postérieure de cet 
organe (f. 6), se loge d’abord dans une portion 
du sillon longitudinal (S. L.) et ensuite dans le 
sillon transversal (S. T.). Le point où la veine om- 
bilicale change de direction, pour se loger dans 
le sillon transversal du foie, est important à 
connaître; car de ce lieu naît le canal veineux 
(n° 2) qui, après s'être logé dans la continua- 
tion du sillon longitudinal (S. L.), va s’ouvrir dans 
la veine cave inférieure (n° 5) au point de jonc- 
tion des veines hépatiques (n° 4). 

A peu près vers le milieu de l’étendue que par- 
court la veine ombilicale dans le sillon transversal, 
vient s'ouvrir, de gauche à droite, la veine porte 
(n° 5), qui contient le sang provenant des intes- 
tins. Le tronc qui en résulte se ‘gonfle considéra- 
blement, et se subdivise bientôt en un grand 
nombre de branches. Il suit de cette disposition 
principale des vaisseaux du foie et de quelques 
autres moins remarquables, que le sang du pla- 
centa arrive pur dans le lobe gauche (L. G.) et le 
canal veineux, et mélangé dans le lobe droit 
(L. D.). Ici le mélange provient de ce que la veine 
porte (n° 5) s'ouvre dans la veine ombilicale. Ge 
fait, qui n’a point été suflisamment déterminé, 
explique jusqu'à un certain point le volume con- 
sidérable du lobe gauche du foie chez le fœtus. 
Le sang provenant de l’ombilicale (n° 1), de la 
veine porte-(n° 5), de l'artère hépatique et du ca- 
nal veineux (n° 2), est porté par ce dernier et 
par les veines hépatiques dans la portion sous- 
diaphragmatique {n° 3 ) de la veine cave infé- 
rieure , d’où il passe immédiatement au cœur. Les 
anastomoses des vaisseaux du foie sont destinées 
à faciliter la Circulation du sang dans cetorgane : 
celle du (n° 6) peut servir à la continuer dans la 
portion transversale du tronc ombilical lorsque, 
par un obstacle quelconque, celui-ci viendrait 
à être obstrué au point de sa courbure. Les ana- 
stomoses n° 7, 8, 9, 10, 11, 12 servent à laisser 


-passer le sang de l'ombilicale dans la veine cave 


inférieure : cette fonction a de l’analogie avec celle 
du canal veineux. 

2° La direction que prend le sang dans le cœur 
du fœtus ne peut pas être établie rigoureusement 
sans la connaissance exacte de la structure du 
cœur. Woy. Cœur. Nous nous bornerons ici à 
dire ‘que, chez le fœtus, l'oreillette droite com- 
munique avec la gauche par l'ouverture de Botal, 
garnie d'une valvule, et qu’elle est divisée en 
deux loges par une cloison nommée valvule d’Eus- 


CIRG 


+98 


CIRC 


a —————— 


tache. Quant à l’utilité de la valvule d'Eustache, 
elle peut se déduire aisément d’après son déÿelop- 
pement, qui est en raison inverse des autres orga- 
nes. Dans le premier âge, elle recouvre presque 
complétement le trou ‘de Botal et l'orifice -des 
deux veines caves, tandis que, plus tard, elle 
finit par les laisser à découvert. De cette disposi- 
tion il résulte évidemment qu ’elle est. destinée à 
favoriser le mélange du sang des deux veines 
caves, à en diriger la plus g pre partie dans 
l'oreillette gauche , et à empêcher son reflux dans 
la veine cave inférieure. L’utilité du trou de Botal 
consiste à laisser passer le sang de l'oreillette 
droite dans la gauche; sa valvule proportionne 
l'entrée du sang dans la cavité auriculaire et dé- 
truit cette communication après la naissance. 
Outre ces remarquables différences entre la struc- 
ture de l'oreillette du fœtus et celle de l’homme, 

il existe une disposition importante dans la répar- 
tition des branches qui naissent du tronc pulmo- 
naire ; celui-ci, après avoir fourni les deux artères 
(n® 12, 15, fig. 2) qui se distribuent aux pou- 
mons , et qui Fo ici très-pelites, se continue 
jusqu'à l’aorte descendante (n° 14) et y débouche ; 
c'est ce prolongement (n° 15) du tronc pulmo- 
naire que l’on nomme canal ‘artériel ; il sert à-dé- 
tourner des poumons le sang que le ventricule 
droit lui renvoie sans cesse et qu'il ne peut rece- 
voir. D’après cela, voici selon nous comment se 
fait la Cireulation du sang chez le fœtus. 

Si l’on suppose les oreillettes od, og (fig. 2 
contractées, la diastole succédant immédiate- 
ment, les cavités auriculaires se vident, et le sang 
Y afllue par les deux veines caves (n° 15 et 16), 
par les veines coronaires (n° 17e 18) et par les 
veines pulmonaires. L’oreilletté gauche, quine peut 
se remplir suflisamment au moyen du sang g que lui 
apportent les veines pulmonaires, en she de l’o- 


reillette droite par le trou de Botal. Pendant que : 


l'oreillette gauche aspire ainsi la quantité de sang 
quiest nécessaise pour la remplir , ladroite se laisse 
aussi pénétrer par le sang mélangé provenant des 
deux veines caves et HS veines coronaires. Les 
oreillettes, stimuléespar la présence dusangqu’elles 
contiennent, se contractent: leurs cavités se vi- 
dent pour remplir celles des ventricules ; et le Sang, 

pendant la contraction des oreillettes , tend à re- 
venir par les ouvertures qui Jui ont livré passage ; 

l'oreillette droite le repousse vers les veines caves; 
mais ce reflax est arrêté en grande partie par la 
valvule d'Eustache. L’oreilleite gauche, à son tour, 
repousse le sang Vers le trou ovale; mais la yal- 
vule de Botal s’ oppose d'autant plus à son reflux, 
que le fœtus est moins jeune. De cette manière le 
sang des oreillettes trouvant des obstacles pour re- 
venir librement en arrière, passe dans le ventri- 
cules par les ouvertures A Ra yentriculaires , 
qui lui Done une disposition plus favorable. Les 
ventricules, à leur tour, se contractent aussitôt 
qu'ils ont recu le sang des oreillettes correspon- 
dantes et le poussent “dans les trous qui lui sont 
propres. Le reflux du sang dans les cavités auricu- 
laires est empêché par la be mutrale placée à 


l’orifice auriculo-ventriculaire gauche, et par la 
valvule tricuspide située à l'ouverture auriculo- 
ventriculaire droite. Le sang du ventricule droit 
passe dans le tronc pulmonaire, qui est garni à son 
origine de trois valvules sygmoides destinées à em- 
pêcher le reflux du sang. Un peu au dessus deces 
valvules naît l’artère pulmonaire droite (n° 12 ) et 
un peu plus loin la gauche (n° 13), après quoi le 
tronc.se continue , camme nous l'avons dit , sous 
le nom de canal artériel , et va s’ouvrir dans l'aorte 
au point où elle se recourbe pour constituer la 
crosse. Celle-ci, qui naît du ventricule gauche, a 
aussi à son origine trois valvules sygmoïdes propres 
à s'opposer au retour du sang dans le ventricule 
au moment de la diastole. 

Après cela le sang est distribué aux organes de 
lamanière suivante. Fe aorte donne successivement, 
après les valvules sygmoiïdes, les artères coro- 
naires (n° 17); le tronc brachio-céphalique (n° 20); 
la carotide primitive gauche (n° 21) ; la sous-cla- 
vière du même côté (n° 22); quelquefois l'artère 
thymique (n° 24) ; les artères bronchiques (n° 25); 
les æsophagiennes (n° 26); les médiastines (n° 27); 
les inter-costales (n° 28); les diaphragmati- 
ques (n° +) ; l'artère cœliaque (n° 30) qui se sub- 
divise en-trois branches, la coronaire stomachi- 
que , l'hépatique et le splénique ; la mésentérique 
supérieure (n° 51); la mésentérique inférieure 
{n° 32) ; les capsulaires (n° 33); les rénales (n° 34); 
les spermatiques (n° 55) et les lombaires (n° 56). 
Après avoir fourni ces artères, l’aorte.se bifurque, 
et donne les iliaques primitives (n° 57), entre les- 
quelles se trouve l'artère sacré-moyenne, Chaque 
artère iliaque primitive donne, en se bifurquant , 
l'artère crurale (n° 38),et un gros tronc (n° 39) 
qui, après avoir fourni plusieurs branches com- 
prenant les hypogastriques et les vésicales, se 
continue sous le nom d’artères ombilicales. Celles- 
ciramènent au placenta la plus grande partie du 
sang, afin d'y puiser, en le traversant, de nou- 
veaux matériaux qui le rendent apte à exciter à la 
vie les organes du fœtus. Les artères ombilicales, 
en détournant ainsi une;grande quantité de sang 
des crurales, déterminent la petitesse des membres 
inférieurs. 

Si nous comparons actuellement la Circulation 
du fœtus avec celle de l'adulte (fig. 1), noasvoyons 
que les principales différences consistent : 1° dans 
la disparition complète du canal artériel et du ca- 
nal veineux: 2° dans l’oblitération des artères et 
de la veine ombilicale; 5°: dans l’aïgmentation de 
calibre des artères hypogastriques et crurales ; 
4° dans la direction moins oblique de la veine porte 
sur la veine ombilicale; 5° dans la séparation com- 
plèté des deux cavités auriculaires; 6° enfin.dans 
la direction opposée que.prend le sang entraver- 
sant la portion de l'ombilicale située dans le-sillon 
iransversal. Tous ces changemens, pour la plu- 
part, ne s’opèrent pas immédiatemert après la 
naissance; le canal artériel'et le trou de Botalres- 
tent ordinairement libres jusqu’au huitième jour; 
quelquefois le trou ovale persiste pendant toute la 
vie, et c’est une des causes qui produisent la ma= 


Er 


CIRG 


"9 


CIRI 


ladie bleue ou cyanose. Enfin le seul changement 
qui s'opère immédiatement après la naissance, 
c'est le passage du sang de droite à gauche dans la 
portion de l’ombilicale située dans le sillon trans- 
versa]. 

IL est facile ensuite de se rendre compte des 
causes déterminantes de la métamorphose circu- 
latoire dufœtus. Eneffet, on explique très-bien l’a- 
trophie du canal artériel par la révulsion du sang 
qu'opèrent les artères pulmonaires au profit des 
poumons, On concoit pareillement l’oblitération 
complète des portions d’artères ombilicales, par 
l'augmentation de calibre que prennent les hÿpo- 
gastriques et les crurales. F 

Quant à l’occlusion du trou ovale, elle s'effectue 

ar l’accroissement successif de la valvule, qui finit 
par adhérer avec les bords de l’ouverture. Il est 
moins facile de se rendre compte de l’oblitération 
du eanal veineux. Cependant , en considérant que 
le sang n’est plus envoyé directement dans ce vais- 
seau par la veine ombilicale , cette oblitération de- 
vient possible et s’eflectue du huitième au quaran- 
tième jour. 

De tous ces faits relatifs à la Circulation du sang 
chez le fœtus, nous concluons , 1° que le placenta, 
organe éminemment vasculaire, n’est autre chose 
qu'une vaste branchie, où un appareil respira- 
toire temporaire , propre à modifier convenable- 
ment lesang du fœtus ; 2° que c’est aux dépens des 
fluides déposés à la surface de l’utérus, et non 
transmis par des vaisseaux de communication, 
que s'effectue le phénomène de la respiration bran- 
chiale ; 3° que tout le merveilleux arrangement 
des organes circulatoires a pour but de ramener 
sans cesse le sang au placenta et de le détourner 
des poumons ; 4° que c'est toujours du sang mé- 
langé qui est. porté aux organes du fœtus ; 5° que 
ce mélange doit être regardé comme conséquence 
da mode circulatoire qui s'établit en dehors du 
cercle pulmonaire ; 6° enfin que le développement 
plus grand des parties supérieures du fœtus recon- 
paît pour cause le volume des artères et non la 
qualité du sang qui les traverse. 

Pour ce qui regarde les animaux à respiration 
branchiale, la Circulation présente cela de parti- 
culier, que le mélange du sang n’a lieu que dans 
certain nombre d’entre eux. Le têtard de la Sala- 
mandre , le Protée, la Sirène, etc., sont dans ce 
cas. Ces animaux ont, il est vrai, des sacs pulmo- 
naires ; mais ces organes , plus ou moins analogues 
à la vessie natatoire des Poissons, sont imparfaits, 
puisqu'ils ne peuvent à eux seuls remplir les fonc- 
tions de la respiration : d’ailleurs le mélange du 
sang ne peut manquer d’avoir lieu à cause de la 
disposition de leurs organes circulatoires. En effet 
le ventricule est sans cloisons, l’oreillette est sim- 
ple , et des troncs branchiaux partent des anasto- 
moses qui conduisent le sang veineux dans des ar- 
tères. D’après cela ces animaux rentreraient évi- 
demment dans la classe des reptiles; mais à cause 
du cœur simple et de la persistance des branchies 
indispensables à leur existence, ils sont dans les 


têtards des Salamandres arrivés au degré de déve- 
loppement organique qui les fait passer de l’état de 
poisson à celui de reptile, sans cependant réaliser 
exactement ni l’une ni l’autre de ces conditions. 

Quant aux autres animaux à respiration bran- 
chiale, tout lesang vanécessairement aux branchies 
sans se mélanger : seulement il y a cette différence, 
que chez les poissons tout le sang veineux arrive 
dans l'oreillette, passe dans le ventricule poar 
aller aux branchies, et de là à tous les organes; 
tandis que, d’après Cuvier, chez les mollusques, les 
crustacés , etc. , le sang veineux parvient aux bran- 
chies, puis au cœur, et ensuite à tous les organes, 
C’est donc un cercle inverse que parcourt le sang, 
et c'est d’après celte différence que l’on a établi 
la distinction de cœur pulmonaire et de cœur aorti- 
que. (Poy. Coeur.) 

Dans les animaux & respiration trachéenne, la 
circulation semble se faire, d’après Lyonnet et 
Cuvier, dans un vaisseau dorsal. Ici l'air va exercer 
son action sur tous les points de l'intérieur du corps 
au moyen d’une infinité de canaux qui s’y distri- 
buent, Ces canaux ont recu le nom de trachées 
à cause de leur analogie avec la trachée artère des 
animaux à poumons. 

Les trachées communiquent au dehors par de 
petits trous placés de chaque côté du corps et 
nommés sfigmates, ou quelquefois par un ou deux 
de leurs tuyaux, qui s'ouvrent à l’anus. Ce der- 
nier cas est celui des insectes purement aquatiques. 
V. Cœur, Poumons, Respiration. (M. S. A.) 

CIRE. (ins.) Joy. ABrrzss. 

CIRIER, Myrica cerifera. (BoT. PHAN et AGR.) 
On connaît plusieurs arbustes sous le nom géné- 
rique de Girier. Une espèce originaire du Japon, 
le A, nagi, s’élève à la hauteur du Gerisier com- 
mun, et est remarquable par la beauté de son 
feuillage toujours vert ; trois appartiennent au ca 
de Bonne-Espérance , le M. quercifolia , le M. ser- 
rata, et le M. cordifolia , que l’on distingue aisé- 
ment des autres espèces par leurs feuilles plus 
petites, plus nombreuses , plus rapprochées ; une 
se trouve également aux îles Canaries et aux 
Acores, le A. faya, que l’on rencontre chez 
quelques amateurs et dans plusieurs jardins bota- 
niques où elle n’exige que les soins ordinaires ré- 
clamés par les plantes d’orangerie; maistoutes elles 
redoutent la moindre atteinte de nos gelées; en- 
fin, une espèce nous est venue de l'Amérique 
septentrionale, et c’est elle dont il sera plus 
particulièrement question dans cet article, parce 
qu’elle adopte volontiers le climat de la France : 
c'est aussi l'espèce à laquelle le nom de Cirier, ou 
arbre à cire, convient essentiellement, c’est celle 
que mon expérience m’annonce être la plus facile 
à cultiver , et la plus propre à tirer parti des ter- 
rains aquatiques qui sont condamnés à la stérilité, 
dont elle absorbe les gaz délétères. 

Le Cirier, comme le genre Gaz£ (voy. ce mot), 
dont il fait partie, appartient à la famille des 
Amentacées et à la Dioécie tétrandrie; 1l eroît 
naturellement à la Floride, dans la Caroline, et 


conditions des Poissons, ouplutôt comparables aux | surtout, en grande quantité, sous le ciel plus 


CIRI 200 


CIRR 


chaud de la Louisiane. On le trouve dans les terres 
basses, aux lieux humides, marécageux et très- 
ombragés, dans les fondrières, sur le bord des 
ruisseaux, sur les vastes rives des fleuves et au voi- 
sinage de l'Océan. Il s'élève à la hauteur de deux 
et trois mètres. Sur le sol de la France et même 
de toute l’Europe tempérée, il ne forme le plus 
souvent qu'un buisson lâche, haut tout au plus de 
quatre-vingt dix-sept à cent vingt-neuf centimè- 
tres. Cependant je l'ai vu à Toulon, à Versailles et 
dans le jardin de la Malmaison, autrefois si cher 
aux botanistes, dépasser deux mètres. Il est garni 
de racines rameuses pivotantes et roussâtres ; sa 
tige porte une écorce grise, mince; le tronc se di- 
vise en un grand nombre de branches à rameaux 
cylindriques, velus en leur sommet et très-garnis 
de feuilles, qui, lorsqu'on les froisse entre les 
doigts, répandent une odeur aromatique très-agréa- 
ble. Les feuilles paraissent adhérer aux:tiges et aux 
rameaux, tant leur pétiole est court; elles sont 
vertes, alternes, lancéolées, raides, pointues, 
inégalement dentées en scie, unies ct parsemées 
d’une multitude innombrable de petits points jau- 
nes-dorés'en dessous. Il fleurit depuis le mois de 
février jusqu'en mai. Ses fleurs sont axillaires, 
dioïques, disposées en chatons peu serrés; les 
mâles sont peu apparentes; aux femelles succèdent, 
lorsque le Cirier atteint sa troisième et même sa 
quatrième année , des pelites baies charnues, glo- 
buleuses, de la grosseur d’une graine de corian- 
dre, qui sont d’abord verdâtres, puis deviennent, 
à l’époque de la maturité, d’un gris cendré. Elles 
sont bonnes à récolter au plus tard en janvier. 
Leur surface est alors recouverte d’une substance 
grasse, onctueuse, blanche, grenue et parsemée 
de petites aspérités noires , rondes. 

: Si l’on presse fortement celte baie, elle se dé- 

ouille d’une matière en apparence amylacée et 
mélangée de petits grains ; le noyau qui reste à nu 
présente une enveloppe ligneuse, très-épaisse, 
dure, cachée sous une pellicule verte chagrinée, et 
renferme une seule amande dicotylédonée , oblon- 
gue, dépourvue d’albumen ; elle conserve plusieurs 
années sa vertu germinative. Dans son pays natal, 
elle se sème d'elle-même et sans le secours de la 
main de l’homme ; sa végétation se renouvelle, se 
propage, s’entretient toujours active partout où 
elle trouve un sol qui lui convient, 

J’en connais deux variétés; l'une, que l’on trouve 
abondamment dans la basse Virginie et dans la 
Caroline du nord, est le AZ, cerifera maculata, 
ainsi nommée de ses feuilles qui sont parsemées de 
taches noirâtres ou brun foncé; l’autre qui tale 
en ‘buisson, le A. cerifera parva, qui vit en Ar- 
cadie, dans la Pensylvanie et même jusqu’au Ca- 
nada , où les hivers sont si longs et si rigoureux. 
Cette dernière mérite surtout de fixer l'attention 
des cultivateurs. Je la leur recommande en parti- 
culier et leur promets un succès assuré. 

Disons maintenant un mot de la matière rési- 
neuse, odorante, luisante, sèche, friable, fort 
analogue: à la cire des abeilles, que l’on obtient 
de ces divers arbustes et de l’usage que l’on peut 


en faire. Elle est susceptible de rendre de grands 
services aux arts. Dans l'Amérique on en prépare 
un excellent savon qui blanchit parfaitement 
le linge ; j’en ai fait des bougies jetant une flamme 
blanche , peu de fumée, ne coulant pas, donnant 
une lumière douce qui sympathise avec les vues 
basses, durant long-temps et répandant une odeur 
balsamique très-agréable , regardée par les indi- 
gènes comme lrès-saine pour les malades : quand 
on veut une plus grande clarté, l’on ajoute un quart 
de suif de mouton le plus ferme. Avec l’eau où la 
graine a bouilli, et d’où l’on a tiré la cire, coulée, 
évaporée à consistance d'extrait, on arrête les 
dysenteries les plus opiniâtres : cette propriété 
résulte de la quantité considérable d’acide gallique 
contenue dans la graine. 

Un pied de Cirier, bien fertile, fournit jusqu’à 
trois et quatre kilogrammes de baies ou un kilo- 
gramme de cire épurée. On met les graines dans 
un canevas par petite quantité , on les plonge dans 


l'eau bouillante et on met la cire égoutter sur un : 


linge fin. À une seconde fonte, elle est des plus 
belles et d’un vert tendre charmant. 

Les feuilles , les fleurs et les fruits ont un goût 
amer fort astringent. Avec les premières, mises en 
décoction et mélées avec du proto-sulfate de fer 
ou couperose , on a une très-bonne encre; avec la 
baie, dépouillée de la cire qui l'enveloppe exté- 
rieurement , on oblient une laque superbe et so- 
lide. Le Cirier produit un fort bel effet dans les 
bosquets, il en rend la perspective plus fraîche , 
et la profondeur plus riante; il flatte l’odorat par 
ses émanations, et attire les abeilles qui butinent 
sur lui avec plaisir. 

Partout, en France, en Angleterre, en Hol- 
lande , en Allemagne, en Italie, où l’on a su don- 
ner au Cirier la terre qu'il demande, il a répondu 
largement aux espérances du cultivateur. Les 
laisses de mer, les terrains submergés, les prairies 
tourbeuses lui conviennent ; du reste, il n’exige 
aucun soin. La variété de Pensylvanie brave nos 
hivers les plus rigoureux, sans perdre la moindre 
partie de ses jeunes pousses. Elle se propage de 
marcottes bien enracinées, au moyen des nom- 
breux drageons qui poussent à la naissance de ses 
racines , et par la voie de ses graines qui, semées 
en automne , lèvent au printemps suivant. Le Ci- 
rier de la Louisiane réussit très-bien dans nos dé- 
partemens du midi. Son introduction en France 
date de l’an 1725, celle du Cirier de Pensylvanie 
fut naturalisée soixante ans plus tard. (T. ». B.) 

CIRON (aracun.) Ÿ. Acarus et Simon. 

CIRRES. (annez.) Appendices qui accompa- 
gnent souvent les rames des pieds dans les Anné- 
lides. Savigny, quiles a désignés sous ce nom et 
qui les regarde comme les antennes du corps, 
pense avec raison que ces filets tubuleux, sub- 
articulés , souvent rétractiles, sont fort analogucs. 
aux antennes. Les Cirres des rames dorsales ou 
Cirres supérieurs sont presque toujours plus longs. 
ue les Cirres inférieurs. (P. G.) 


CIRRHES , Cirrhi. (Bot. pHan.) Appendices 


filaménteux, simples ou rameux , nus, se cour- 


‘: bant 


CIRR 


201 


CIRR 


bant diversement, se tortillant de mille manières, 
s’enroulant le plus habituellement en spirale. C’est 
au moyen des Cirrhes que certaines plantes faibles 
s’attachent à d’autres corps pour s'élever et se sou- 
tenir. On donne indistinctement à cette produc- 
tion le nom de vrilles et celui de mains. Columelle 
les appelle clavicula ou porte-fardeau. Les Cirrhes 
sont composées des mêmes vaisseaux que les or- 
ganes avortés qu'ils représentent. Ils n’offrent 
qu'un seul filet dans les Gucurbitacées, les Gre- 
nadilles et diverses légumineuses. Ils sont di- 
visés en deux branches dans la Vigne, différentes 
Gesses ; en trois dans les Bignones, particulière- 
ment le Bignonia unguis cali; en un plus grand 
nombre dans la Cobée, Cobea scandens, YErs à 
une fleur, Ervum monanthos; la Vesce multiflore , 
Vicia cracca. Tantôt ils naissent dans l’aisselle des 
feuilles , les Grenadilles ; tantôt à un point diamé- 
tralement opposé à celui d’où part la feuille, la 
Vigne ; ailleurs ils sont le résultat de la méta- 
morphose du pétiole , le Pois, l’'Orobe ; ou bien 
celui du développement extraordinaire des stipu- 
les, comme dans plusieurs espèces de Smilax, ou du 
pédoncule , comme dans le Corinde ou Cardio- 
sperme. Tout corps qui, chez les végétaux , su- 
bit de semblables changemens se dit Cirrheux ou 
Cirrhifère. (T. ».B.) 

CIRRHINE. (porss.) C’est un petit sous-genre 
de l’ordre des Malacoptérygiens abdominaux, que 
Cuvier à formé aux dépens du grand genre Cy- 

rin; son principal et unique caractère consiste 
en des barbillons situés sur le milieu de la lèvre 
supérieure. 

L'espèce figurée par Bloch, tom. 1v, fig. 411, est 
le Cyprinus ctrrhosus, dont la bouche , comme son 
nom l'indique, est garnie de barbillons. (Azrx. G.) 

CIRRHIPÉDIENS. 7. CimriPknes. 

CIRRHITE, Cérrhites. (poiss. ) Les Cirrhites 
sont au nombre de ces genres qui, se liant à plu- 
sieurs groupes, n’appartiennent précisément à 
aucun , ou qui du moins ne s’y laissent pas lier 
étroitement ; la diposition de leurs rayons libres 
semblerait devoir les faire placer à la suite des 
Trigles , avec lesquelsils se lient jusqu’à un cer- 
tain point. Mais leur préopercule dentelé, leur 
opercule terminéen angle mousse, et leurs dents 
vomériennes, les ramènent près des Mésoprions, 
Du reste, leurs écailles, leurs nageoires , le 
nombre de leurs rayons, correspondent aussi en 
général à ce qu'on voit dans les Mésoprions ; mais 
leur tête est plus courte, leurs ventrales sortent 
sous le milieu de leurs pectorales, et non pas im- 
médiatement sous la base de ces dernières, ce qui 
a déterminé M. de Lacépède à les placer à la tête 
de l’ordre des Abdominaux. Du reste, cet auteur 
avait très-bien aperçu les rapports de ces poissons 
avec les Perches et les Serrans. 

Les espèces, au nombredesix, habitent la mer des 
Indes. Nous citerons parmi celles-ci le CirrniTERU- 
BANÉ , Cirrhites fasciatus , Cuv. La partie épineuse 
de sa dorsale porte de petits lambeaux ; le fond de 
sa couleur est grisâtre, et devient blanchâtre en 
dessous. La tête, le dos et la membrane de la dor- 


Tome IL. 


sale sont semés de petits points blancs. (Aux. G.} 
CIRRHOPODES. 7. CinriPkpes. 
CIRRIPÈDES. ( crusT.) Le célèbre Cuvier et, 

après lui, presque tous les zoologistes ont considéré 
les Cirripèdes comme appartenant aux Mollus- 
ques,quoique offrant d’ailleurs quelques rapports 
avec les Articulés. M. de Blainville les a considérés 
comme un groupe intermédiaire entre ces deux 
embranchemens du règne animal. Mais l’examen 
complet que nous avons fait de leurs divers Sys- 
tèmes organiques établit que les Cirripèdes, au 
moins les Cirripèdes pédiculés de Lamarck, les 
seuls que nous ayons suffisamment étudiés, sont 
de véritables Articulés, offrant des rapports nom- 
breux avec les Annélides, et liés d’une manière 
beaucoup plus intime encore avec les Crustacés 
inférieurs. Nous proposons donc de placer la classe 
des Cirripèdes à la suite des Crustacés, afin d’éta- 
blir le passage naturel entre ces derniers et les 
Annélides , que nous classons après les Cirripèdes. 
Voici les faits principaux qui viennent à l'appui 
des changemens que nous indiquons. La bouche 
des Cirripèdes pédiculés est composée de pièces 
parfaitement comparables à celles de la bouche 
de plusieurs Crustacés, et notamment des Phy- 
losomes ; la lèvre supérieure, les palpes , les man- 
dibules sont tellement analogues, que la ressem-- 
blance s’étend jusqu’à la forme. 

Les six pieds-mâchoires que l’on rencontre le 
plus ordinairement chez les Crustacés se retrou- 
vent , chez les Cirripèdes , confondus en deux seu- 
lement, situés un de chaque côté du corps. Ges 
deux pieds-mâchoires, qui ont à leur base d’une 
à quatre branchies, recoivent l’un et l’autre deux 
branches nerveuses. 

Les dix pieds ordinaires des Crustacés sont 
fidèlement représentés dans les Anatifes. A la base 
de plusieurs d’entre eux se trouvent des branchies 
disposées comme celles de certains Crustacés, et 
les répétant même par le nombre. Il existe dans 
chaque pied un double canal propre à établir un 
courant circulatoire, et traversant toutes les arti- 
culations des cirres. Le corps est composé d’un 
certain nombre d’anneaux ou d’articulations bien: 
distinctes, dont chacune supporte une paire de 
pieds. A l'intérieur existe un vaisseau dorsal 
semblable à celui d’un grand nombre d’ar- 
ticulés et une double série de ganglions, dont le 
nombre est égal à celui des pattes. Il existe une 
autre paire de ganglions sur les parties latérales 
et supérieures de l'œsophage , à part les deux æso- 
phagiens quisont aussi placés symétriquement.… 
Le canal intestinal renferme à l'intérieur un sac 
membraneux en forme de cône. Cette espèce de 
cœæcum ou second canal, qui n’avait pas encore été 
indiqué, est flottant dans le canal alimentaire et 
légale presque en longueur. Il est fermé à son 
extrémité inférieure, tandis que, évasé et ouvert. 
à son extrémilé supérieure, il se trouve en- 
chässé par des dentelures dans les lacunes aréo— 
laires de l’intérieur de l'estomac. C’est dans ce cæ- 
cum que sont déposés les alimens pour y subir le 
travail préparatoire à la nutrition: or cette fonc- 


106° LivralsoN. 26 


CIRR 


‘202 


CIRR 


tion ne peut se faire qu’à l’aide d’une rumination 
qui viderait ce second canal, on cœcum, dans l’es- 
tomac.D’aprèsles savantesrecherches de M. Serres, 
il n’y aurait dans l’organisationanimale que Île ver 
de terre parmi les Annélides qui présenterait un 
second intestin emboîté dans son tube alimentaire, 
ce qui établit un rapprochement de plus entre ces 
animaux et les Cirripèdes. 

Enfin la question la plus controversée de l’organi- 
sation des Girripèdes est celle quiest relative à l’ap- 
pareil génital. Nous ne nous arrêterons pas à l’idée 
de Home, qui fait germer les Anatifes de leur pé- 
dicule, à peu près comme le feraient des bour- 
geons sur une tige. Cette hypothèse, qui réunit 
contre elle la disposition des parties , est d’ailleurs 
détruite par un fait qu'a découvert M. Thomson , 
celui de la liberté primitive des Cirripèdes. 

Suivant Cuvier, il existe sur chaque côté du 
canal intestinal des Anatifes, une substance com- 
posée d’une infinité de granules ; ces granules , 
réunis en grappe, se rendent dans un pédicule 
creux; ce pédicule débouche à son tour dans un 
canal plus large ployé en zig-zag , lequel, réuni à 

,son congénère, se prolonge dans le tube pro- 
boscidiforme. D’après Cuvier, ces granules et leurs 
grappes sont les œufs et les ovaires ; les pédicules 
sont des canaux déférens, et le canal en zig-zag 
est la glande spermatique. Dans cette hypothèse , 
les œufs se détachent de leur grappe , chemment 
le long des canaux déférens et de la glande sper- 
matique, en se fécondant dans leur marche; ils 
sont déposés ensuite dans la cavité du manteau, 
par Je tube proboscidiforme qui termine cet ap- 
pareil. I] résulte de là, selon notre illustre anato- 
miste, que le même appareil organique produit 
et féconde les œufs, ce qui serait la génération 
réduite à sa plus simple expression. 

Mais, d’après nos recherches, qui ont été sou- 
mises à l’Académie des sciences , tout cet appa- 
reil ne constitue que l'organe mâle ; l’organe fe- 
melle, ou l'ovaire, se trouve renfermédans la cavité 
du pédicule par lequel les-Anatifes se fixent aux 
corps qui doivent les supporter. Or, sous le point 
de vue des connexions, ce pédicule peut être 

régardé comme l’analogue de la queue de plusieurs 
Crustacés, chez lesquels les œufs se trouvent 
aussi, pendant quelque temps, en'rapport avec cette 
partie de l'animal. Au reste Poli et Lamarck 
avaient déjà bien indiqué le lieu où se trouvent 
les ovaires; mais ils n'avaient point trouvé de 
conduit ou d’oviducte. Cependant il en existerun 
qui est situé sur la pièce impaire de Ja coquille 
qui renferme l'animal, et qui, plus évasé vers le 
pédicule, s'ouvre par son autre extrémité dans ja 
parlie supérieure du manteau, de manière À ce 
que l’ovule qui se détache des ovaires puisse le 
traverser pour'arriver dans le manteau. Lorsqu'un 
grand nombre d'œufs, se sont ainsi successive- 
ment déposés dans le manteau, is s’y fixent au 
moyen d'un repli membraneux : là, le tube pro- 
boscidiforme, terminaison de l'appareil générateur 
mâle, y verse la liqueur séminale. Après cette 
fécondation , qui est analogue à celle de quelques 


autres espèces d’hermaphrodites, les œufs se:dé- 
tachent etsortent du manteau.Jusqu'icinous avons 
fait abstraction de l'enveloppe extérieure des Cirri- 
pèdes , et nous avons trouvé que ces animaux ont 
effectivement des rapports intimes avec les Grusta- 
cés et les Annélides. Mais si nous examinons la 
coquille et le manteau, ilsemble au premier 
abord que les Cirripèdes se rapprochent incontes- 
tablement des Mollusques. Cependant , d’après les 
précieuses recherches de M. Burmeister, ces par- 
ties sont tout-à-fait différentes ; elles ont plus de 
ressemblance avec l'enveloppe extérieure des 
Crustacés qu'avec celle des Mollusques. D’où il 
résulte que ce caractère secondaire perd encore 
de sa valeur dans la élassification naturelle, sur- 
tout si l’on considère qu’il y a des espèces d’A- 
patifes qui n’ont point de coquille proprement 
dite, et que certains Crustacés, tels que les 
Cypris et les Limnadia, Brong. ,sont aussi renfer- 
més-dans de véritables valves ou coquilles. 

D'un autre côté , la dualité du système nerveux, 
la segmentation évidente du corps , et la présence 
d’une série de ganglions correspondant au centre 
de ces divisions, sont des caractères si importans 
qu’à eux seuls ils devraient fournir des bases so- 
lides de classification, puisque le système nerveux 
est toujours , selon nous , le régulateur et le véri- 
table représentant des degrés divers de l’animalité. 

Telle n’est pas cependant l'opinion d’un de nos 
plus grands maîtres, M. le professeur-Serres. Ge 
célèbre anatomiste a fait la remarque que le sÿs- 
tème nerveux des invertébrés ne saurait fournir 
des bases solides à la distribution méthodique de 
ces animaux. Appliquant ensuite ses vues au rap- 
prochement que nous avons établi entre le sys- 
tème nerveux des Annélides et ceux des Girripèdes, 
il pense‘que ce même rapprochement peut être 
fait avec le système nerveux des Mollusques, 
puisqu'il y a des espèces, telles que l'Æyale, | Aply- 
sia, le Bullæa aperta, la Tritonia, la Doris, le 
Clio borealis, etc., qui ont le système nerveux 
centrale double. Ici les faits anatomiques sont po- 
sitifs, et ilne peut yÿ avoir d’erreur ; seulement il 
faut s'entendre sur la définition des mots systeme 
central double. Si par là on veut entendre la sÿ- 
métrie qui'existe entre des ganglions æsophagiens, 
nul doute que chez les mollusques que nous ve 
vons de citer, comme chez beaucoup d’autres , il 
n'existe une Symetrie du système nerveux; mais la 
dualité du système nerveux comme nous l’enten- 
dons, représente deux chaînes gang'ionnaires si- 
tuées sur la ligne médiane du corps de l'animal, 
Or cette disposition ne se rencontre sur, aucun 
mollusque , et :c’est là ce que nous avons donné 
comme l’un des caractères importans de classifi- 
cation. 

Il résulte donc en définitive que la place que 
doivent occuper les Cirripèdes est déterminée , ct 
qu'elle est basée sur des données anatomiques non 
encore infirmées. 

Les Cirripèdes,' toujours fixés lorsque leur -pre- 
mière métamorphose est achevée, se divisent en 
plusieurs genres qui, comprennent: 


à 


CIRS 


203 


CISS 


EEE CE ET ES FREE ET CT NOR 


io Les Anarires, Anatifa, Brug.; les: Pouce- 
miens, Pollicipes, Leach. ; les Cineras, Leach. ; 
les Orrows , Leach; les Terrazasms, Cuv.; les 
Gcanvs DE mer, Balanus de Brug. ; les BALANES 
proprement dits; les DrADÈMES , Diadema Ranz. 
Voyez. ces mots, et pour plus de détails notre Mé- 
moire inséré dans le t. 6 des Savans étrangers et 
dans le Magasin de Zoologie de M. Guérin. 

(M. S. A.) 

CIRSE, Cirsium. (BoT. pan.) Genre de la fa- 
mille des Synanthérées, tribu des Carduacées, 
Syngénésie égale de Linné. Les plantes qui le com- 
posent sont vulgairement confondues avec les Ghar- 
dons, et, à la rigueur, le botaniste lui-même ne 
connaît pas de signe bien tranché pour les sépa- 
rer dans la classification : la différence essentielle 
est que les Cirses ont l’aigrette plumeuse , tandis 
que cet organe est simple dans les Chardons ; en- 
core arrive-t-il qu’on s’y trompe. 

Îl y a un port particulier, une certaine liaison 
dans les différentes espèces de Cirses. Aussi Tour- 
nefort , auteur du genre, l’avait assez bien cir- 
conscrit, quoiqu'il eût pris pour caractère distinctif 
une circonstance très-vague et très-peu constante , 
savoir, la structure épineuse de l’involucre. Linné 
ne put admettre un genre si peu certain, el en 
dissémina les espèces entre ses Carduus et ses 
Cnicus: Depuis, Willdenow, et Gærtner surtout , 
ont donné d'excellentes observations, et enfin De 
Candolle a fixé de la manière suivante les carac- 
tères du genre Cirsium : involucre ventru ou cylin- 
drique, composé d’écailles imbriquées et épineuses; 
fleurons hermaphrodites (voyez plus bas l'obser- 
vation relative au C. arvense) ; réceptacle garni 
de paillèttes sétacées ; aigrette plumeuse. 


Les Cirses sont des herbes fort épineuses, ha- 
bitantes des lieux incultes, fort peu estimées dans 
les jardins, où les dames redouteraient les pointes 
aiguës qui défendent leurs feuilles et souvent leurs 
fleurs : celles-ci sont purpurines ou jaunes; les 
feuilles sont tantôt décurrentes, tantôt simple- 
ment sessiles. Lé réceptacle des Girses est mangé 
dans quelques contrées comme celui de l’artichaut. 
Citons quelques espèces : 

D'abord celle qu’un nom vulgaire a dédiée à 
l’'humble serviteur de nos fermes, le CHARGON Aux 
ANES, Cirsium criophorum ; toute cette plante est 
couverte d’un duvet laineux ; de fortes épines jau- 
nâlies terminent les feuilles. Les fleurs sont grosses 
et purpurines. 

Les C. palustre et pratense , le premier à feuilles 
décurrentes, croissent: abondamment dans nos 
marécages. 

Le Caron némorrnoïnaz, C. arvense, com- 
mun dans les moissons et les jachères, ne présente 
souvent que des fleurs mâles , sans doute par avor- 
tement. Le savant Cassini, dans un mémoire, a 
prétendu que ce Cirse était constamment dioïque; 
c'est une conséquence trop rigoureuse. Nous avons 
souvent trouvé le C. arvense avec des fleurs her- 
maphrodites. On l'appelle hémorrhoïdal à cause 
de certain usage auquel on emploie les tubercules 


produits sur sa tige: et ses feuilles par une sorte 
d’insecte. 

‘Le C. acaule mérite une petite mention; c’est 
ce chardon sans tige dont les fleurs purpurines et 
au niveau du sol couvrent les pelouses pendant 
tenant le l'été. 

Le Cirsium alpinum et savariété forment main- 
genre Saussurea. L:) 

CIS, Cis. (ins. ) Genre de Colécptères de Ja 
section des Tétramères, famille des Xylophages, 
ayant pour caractères : antennes de dix articles, 
palpes un peu dilatés à l'extrémité ; ces insectes 
habitent les champignons qui poussent sur les ar- 
bres; ils ont le corps ovalaire et le corselet trans- 
versal, un peu dilaté ; le dernier article des tarses 
est beaucoup plus long que les précédens ; la tête 
des mâles est souvent cornue ou tuberculée. L’es- 
pèce la plus commune est celle nommé Cüs boleti, 

(A. P.) 

CISSAMPELOS. (or. PHAN.) Genre d’arbris- 
seaux sarmenteux, indigènes aux contrées équi- 
noxiales , placés par Jussieu dans la famille des Mé- 
nispermées , et caractérisés ainsi qu'il suit : fleurs 
dioïques : les mâles offrent un calice de quatre sé- 
pales en croix, point de corolle, des étamines 
réunies en un faisceau , à quatre anthères ; les fe- 
melles ont un seul sépale placé latéralement et ac- 
compagné d’un seul pétale hypogyne; un ovaire 
portant trois stigmates, se changeant en une baie 
monosperme , réniforme. 

Les Cissampelos ont des feuilles simples , pétio- 
lées, variant de forme selon qu’elles se trouvent 
sur un pied mâle ou un pied femelle. Leurs fleurs 
sont disposées en grappes axillaires , les femelles 
accompagnées de larges bractées foliacées; les 
mâles n’ont point de bractées, ou les ont très- 
petites. 

De Candolle, auquel on doit de savantes ob- 
servations sur ce genre, en a décrit vingt-une es- 
pèces, qu’il partage en trois sections, selon la forme 
des feuilles dans les individus femelles. 

Dans Ja 1°° section, où se trouvent les espèces 
dont les pieds femelles portent des feuilles peltées, 
nous citerons le Cissampelos pareira de Lamarck, à 
feuilles peltées en cœur, ovales, soyeuses en des- 
sous ; à baies hérissées de longs poils. Au Brésil, 
selon Pison, son suc est efficacement employé con- 
tre la morsare venimeuse des serpens. Sa racine, 
connue dans nos pharmacies sous le nom de Pa- 
reira brava, était autrefois préconisée contre la 
dysurie , la néphrite calculeuse , la goutte; elle est 
maintenant presque oubliée, malgré ses propriétés 
toniques et diurétiques , qui , si elles ne guérissent 
pas radicalement, aident au moins l’art du mé- 
decin. 

La 2° section renfermelles espèces où 1cs sujets 
femelles portent des feuilles non peltées. Le C. caa- 
peba, qui en fait partie, est la première espèce 
connue de ce genre. Plumier l'avait découverte 
dans l’île de Haïti. | 

On ne peut citer la 3° section que pour mémoire’ 
De Candolle y a placé une seule espèce, le C. an- 
dromorpha, dont'on ne connaît pas encore les fleurs: 


76 


CIST 


204 


CIST 


mâles, et dont les fleurs femelles n’ont point de 

bractées ; elle sera probablement retirée du genre 

Cissampelos. On la trouve figurée dans les Zcones 

selectæ de M. B. Delessert, 1% vol., pl. 99. 
(L.) 

CISSUS. (vor. pxan.) Genre de plantes volu- 
biles et sarmenteuses, à feuilles tantôt simples, 
tantôt ternées ou digitées , à fleurs en ombelle ou 
en corymbe; elles sont très-voisines des vignes, 
avec lesquelles on les a souvent confondues. Les 
Cissus font partie de la famille des Sarmentacées 
ou Vignes de Jussieu, Tétrandrie monogynie de 
Lioné ; ils ont pour caractères : calice peu appa- 
rent, montrant à peine ses quatre divisions ; co- 
rolle de quatre pétales ; autant d’élamines; ovaire 
libre, portant un style et un stigmate ; baie arron- 
die, renfermant une ou plusieurs graines. 

On voit que le Cissus se distingue de la vigne 
par le nombre des parties florales (quatre au lieu 
de cinq); c’est le caractère essentiel. Nous ajou- 
terons, avec Richard, qu’en général les Cissus ont 
leurs articulations plus cassantes, leurs feuilles 
plus tôt caduques queles Vignes; de plus, sans doute 
par avortement, leur baie renferme moins de 
graines, souvent même une seule. Lamarck ob- 
serve encore que la baie du Gissus se termine en 
pointe , et forme à sa base un petit collet, ce que 
l’on ne voit point dans le grain de raisin ou baie de 
la vigne. 

On compte environ cinquante espèces de Cissus, 
indigènes des contrées situées entre les Tropiques, 
surtout l'Inde et l'Arabie. Elles n’offrent qu'un 
médiocre intérêt , surtout depuis que la seule es- 
pèce connue dans nos jardins forme un genre nou- 
veau (Ampelopsis, Richard), ou bien doit être 
restituée aux Vignes, puisque sa corolle a cinq pé- 
tales. (Voyez VIGNE VieRGE.) (L.) 

CISTE, Cistus. (Bor. Pan.) Genre de plantes 
qui a donné son nom à la famille des Cistées, et 
qui fait partie de la Polyandrie monogynie. Pres- 
que toutes les espèces sont naturelles au midi de 
l'Europe, principalement aux contrées qui bor- 
dent le bassin de la Méditerranée ; une seule est 
-originaire du cap de Bonne-Espérance. Ce sont 
des arbustes ou des sous-arbrisseaux à feuilles 
simples et opposées, à fleurs (dont les pétales tom- 
bent le même jour qui les a vus naître), pédoncu- 
lées , axillaires , assez grandes et se développant 
les unes après les autres durant un mois ou deux. 
Leurs formes élégantes plaisent aux yeux, quand 
les fleurs, épanouies en grand nombre, se mon- 
trent les unes jaunes, roses ou blanches, et dis- 
posées tantôt en épis ou en grappes terminales, 
tantôt solitaires ou diversement groupées à l'ex- 
trémité des rameaux. Les espèces aux fleurs les 
plus belles, aux fleurs qui ressemblent à des ro- 
ses, sont le Cisre rourPRE, C. purpureus, des îles 
de Candie , de l’Archipel et de la Syrie, dont les 
corolles, d'un beau rouge. avec une tache pour- 
pre-brun à la base des pétales , ont cinquante- 
quatre millimètres de large ; le CisrE A FEUILLES 
DE CONsouDE, C. symphitifolius, aux fleurs d’un 
rouge pâle, disposées, au nombre de six à dix, en 


une sorte d’ombelle terminale : le CISTE À FEUILLES 
DE LAURIER, C. laurifolius, que l’on trouve dans 
le midi de la France, qui porte des fleurs très- 
blanches , réunies quatre à huit ensemble ; et le 
CisTE LADANIFÈRE, C. ladaniferus, chargé de 
fleurs toutes blanches , marquées à la base de leurs 
pétales d’une tache rouge foncé. La culture de 
ces quatre espèces est facile en nos départemens 
du midi; mais ils ne peuvent supporter le froid 
de nos hivers dans ceux situés au nord. Quoi- 
qu'ils soient d’un aspect élégant, on les admet ra- 
rement au sein des jardins d'agrément; la majeure 
partie de leurs buissons va chauffer le four ou bien 
sert de pâture aux bestiaux. 

L'industrie tire parti de la gomme-résine que 
produisent les espèces suivantes: le Cisre DE 
Cnère, C, ereticus, arbuste très-touffu, garni de 
petites feuilles ovales, ridées, velues et d’un vert 
terne; les Gistes à feuilles de laurier et ladanifère , 
ainsi que le Ciste DE CuypRE, C. cyprius, qui 
n’est qu'une variété tenant de ces deux dernières es- 
pèces. La substanceodorante répandue sur les som- 
mités et surles jeunes feuilles, que l’on sent d’assez 
loin le soir , est d’un roux noirâtre, et se nomme 
Ladanum. Les Grecs la ramassent au moyen d’une 
espèce de râteau sans dents, auquel sont fixées 
plusieurs lanières de cuir d’égale longueur , dis- 
posées sur un double rang ; durant les fortes cha- 
leurs et les jours calmes, on passe et repasse ces 
lanières sur les touffes ou buissons de Cistes. Le 
ladanum se fixe sur elles, et on le reprend en ra- 
clant les lanières avec nn couteau ; puis on le dis- 
pose en pains. Pour en augmenter la masse on la 
pétrit avec un sablon noirâtre, très-fin, qui se 
trouve sur les lieux. La sophistication n’est pas 
facile à reconnaître à l’œil. Dans d’autres locali- 
tés, comme à l’époque de Dioscoride, et même 
plus anciennemert comme au temps d'Hérodote, 
on n’amasse pas seulement le ladanum avec des 
cordes ou des courroies, on détache avec soin, au 
moyen d’un peigne en bois, celui qui s’attache à 
la barbe, aux poils du cou, des cuisses et des 
jambes des chèvres qui broutent les Cistes lada- 
nifères. En Espagne, on cueille les sommités et les 
feuilles couvertes de cet enduit résineux; on les 
jette dans de l’eau bouillante, où if surnage, et on 
l’enlève sans en perdre. En France , on néglige 
cette récolte. C’est un tort que l’on ne saurait trop 
reprocher à nos cultivateurs voisins de la Médi- 
terranée. Le ladanum est employé en médecine ; 
appliqué extérieurement, il amollit ,atténue, résout; 
pris à l’intérieur , il est tonique et astringent. [i 
est recommandé par quelques praticiens dans les 
diarrhées et les affections catarrhales, mais sous 
ce rapport son usage est bien déchu; les pharma- 
ciens le font entrer dans la composition de plu- 
sieurs de leurs préparations. 

Si l’on voulait varier les bosquets et former de 
jolis massifs , on pourrait, suivant les localités , 
rechercher le C1STE A FEUILLES DE PEUPLIER , C. po- 
pulifolius ; le CISTE À LONGUES FEUILLES , C, longi- 
folius ; le CISTE À FEUILLES DE° ROMARIN, C. liba- 
notis , provenant des régions du midi ; le Ciste 4 


EEE RSR 


CIST 


209 


CITR 


PE SE 


FEUILLES DE sAUGE , C: salvifolius, qui ne quitte 
pas le littoral de la mer, et se plaît surtout aux 
mêmes lieux qu'habitele chêne-liége ; ainsi que la 
première de ces dernières espèces, il supporte , 
dans le nord de la France, le froid de nos hivers 
sans beaucoup souffrir; le CisrTe coTonNNEUx, 
C. incanus, que l'on confond souvent avec le 
CisTe BLANCHATRE , C. albidus, quoique très-dif- 
férens l’un de l’autre, et quiest sujet àse confondre 
avec les autres espèces à fleurs rouges par le mé- 
lange des poussières fécondantes. On les multi- 
plie par le semis des graines, par la voie si facile 
des boutures, et par marcottes; mais celles-ci 
sont long-temps à s’enraciner. 

Il serait à désirer que l’on plantât dé Cistes les 
sols arides et ceux impropres aux cultures ordi- 
paires , qui pullulent dans nos départemens du 
midi et du sud-est. On choisirait particulièrement 
les espèces ladanifères ; elles y réussiraient aussi 
bien, elles s’y montreraient aussi vigoureuses que 
s’y montrent le CistTe crÉPu, C. crispus, aux 


fleurs purpurines , aux pétales légèrement échan- 


crés en cœur, aux feuilles blanchâtres et crépues 
sur les bords : le Ciste LEnoN, C. ledon , dont les 
sommités et les feuilles se montrent parfois cou- 
vertes d’un enduit résineux et aromatique. 
(T. ». B.) 
CISTÉES ou CISTINÉES. (Bor. Paaw.) Petite 
famille de plantes dicotylédonées, polypétales et 
hypogynes, composée d’arbrisseaux, de sous-ar- 
brisseaux et d’herbes, à feuilles le plus souvent 
opposées, à fleurs en épis ou en corymbe ombellé, 
quelquefois solitaires, à semences fines, assez 
nombreuses et contenues dansune, trois, cinq ou 
dix loges. Il transsude à travers les pores de 
l'écorce des jeunes rameaux et de la surface des 
feuilles une substance résineuse. Cette famille a 
de si grands rapports avec les Tiliacées, que divers 
botanistes pensent qu'un jour on finira par les 
réunir, quoiqu’elles diffèrent entre elles par la dis- 
position des feuilles. En attendant , des six genres 
qu'elle comprenait lors de la publication du Ge- 
nera plantarum de Jussieu, Ventenat en a séparé 
les genres Piriquita, Piparea et Tachibota d’Au- 
blet ; le genre Viola de Linné, qui a des rapports 
avec les Cistées proprement dites par son fruit à 
trois valves séminifères, s’en éloigne par le nom- 
bre des étamines, qui est de cinq, tandis qu’elles 
sont nombreuses, indéterminées dans les Cistes 
et les Hélianthèmes , seuls genres constituant au- 
jourd'hui la famille des Gistées. . Cisre et Hé- 
LIANTHÈNE. (T. ». B.) 
CISTÈLE, Cistela. (is.) Genre de Coléoptères 
de la section des Hétéromères, famille des Sténé- 
Iytres , tribu des Cistélides, ayant pour caractè- 
res: antennes légèrement plus grosses vers le bout, 
à articles en forme de cône renversé, dilatés en 
forme de scie, le dernier toujours oblong. Ces in- 
sectes ont le corps ovalaire, la tête avancée en 
forme de museau ; l’insertion des antennes recou- 
verte; le labre n’est guère plus large que long, 
ses mandibules sont aiguës, sans échancrure ; le 
dernier article des palpes maxillaires est en cône 


renversé, le corselet est déprimé , presque de la 
même largeur que l'abdomen à sa partie posté- 
rieure ; tous les articles des tarses sont entiers. 

GC. CÉRAmBoïDE, C. ceramboïdes , Lin. Oliv. col. 
it, 04, 1, 4. Longue de six à sept lignes; noire 
avec les élytres striées presque fauves. La larve, 
qui a été examinée, vit dans le tan des vieux ché- 
nes, et y subit sa métamorphose. 

C. coureur pesourRE, C. sulphurea, Linn. Oliv., 
col. 1, 54, 1, 6. Longue de quatre à cinq lignes, 
entièrement d’un jaune citron avecles yeux noirs. 
Cette espèce est très-commune sur les fleurs , sur- 
tout celles des ombellifères. (A. P.) , 

CISTUDE. (repr.) 7, Eme. 

CITHARINE, Citharinus. (poiss.) Nom d’un 
genre de Malacoptérygiens , de la famille des 
Salmones, qui a pour caractère d’avoir la bouche 
déprimée , fendue en travers au bout du museau ; 
des maxillaires petits et dépourvus de dents , une 
nageoire adipeuse couverte d’écailles , ainsi que la 
plus grande partie'de la nageoire caudale. On n’en 
connaît jusqu’à présent que deux espèces : le SERRA- 
SALME CITHARINE , Ou Astre de la nuit des Arabes, 
découvert par M.Geoffroy Saint-Hilaire en Égypte, 
et la Cremanne pu Nir, C. niloticus d'Hasselquist, 
ou Salmo ægyptius , Gmel.;c’est le Characin ne- 
fasch, Geoff.; tous deux sont figurés dans l’ou- 
vrage d'Égypte, pl. 5, tig. 1, 2 et 3. l 

«(Azrn. G.) ? 

CITRON. (1xs.) Nom vulgaire donné par Geof- 
froy à une espèce de Lépidoptères du genre Co- 
liade. C’est le Papilio rhamni de Linné. 

(Guér.) 

CITRON. (sorT.) Fruit du Citronier. Quoique 
dans le reste de l'Europe on l'appelle Limon , nous 
avons raison de lui conserver le nom de Citron , 
puisqu'il était celui que les vieux Grecs (Kitrion) 
et les anciens Latins (Malus citreum) lui donnaient. 
C'est de ce fruit que l’on obtient le plus d’acide 
citrique pur; c'est avec son suc que l’on prépare 
la boisson que nous appelons limonade, au lieu 
de dire plus correctement citronade, \ 

Par une fausse application de ce mot , Bulliard 
désigne sous le nom de Citron un petit agaric des 
environs de Paris, de couleur soufrée, À garicus 
sulfureus , et Schæffer une autre espèce d’agaric , 
Agaricus croceus , de substance molle et prompte 
à se corrompre. Ces deux champignohs sont sus- 

ects. (T. ». B.) 

CITRONADE. (8or.) Un des noms vulgaires de 
la Mélisse officinale, Melisssa officinalis, à cause 
de l'odeur agréable de citron qu'elle exhale. 

(T. ». B.) 

CITRONELLE. (8or.) L’Armorse-Auroxe , 4r- 
temisia abrotanum, la VERVEINE A TROIS FEUILLES, 
Verbena triphylla, empruntent ce nom à l'odeur 
qu’elles laissent dans les doigts quand on les froisse. 
Dans quelques cantons on donne aussi ce nom à 
la Mélisse officinale; dans d’autres on l’applique 
au SYRINGAT odorant, Philadelphus coronarius, 
quoique l'odeur forte qu’exhalent ses bouquets 
terminaux de fleurs blanches soit éloignée de 
celle du citron , et qu’elle incommode certaines 


CITR 


personnes. Dans la Guiane, ce nom est mieux 
donné au Govavier, Psidium aromaticum, etc. 
(T. ». B.) 

CITRONIER, Citrus. (gor. pan.) Tout ce 
qui flatte les yeux , satisfait l’odorat et séduit le 
goût se trouve réuni dans ce grand et beau genre 
de la famille des Hespéridées et de la Polyadelphie 
icosandrie. : Il est originaire de la zone torride, 
s’est répandu dans tout le vieux continent, et, 
porté d'Europe sur le sol américain, il y est de- 
venu pour ainsi dire indigène partout où il a été 
abandonné à lui-même, ils y multiplie en épaisses 
forêts. De temps immémorial , il est cultivé dans 
toutes les contrées qui bordent le littoral de la 
Méditerranée ; elles l’ont recu de Asie , et quand 
il y a trouvé des terres convenables , quand il a 
pu s’affranchir des lois symétriques que lui im- 
pose l'horticulteur, il a repris ses droits et a 
formé des bois étendus comme on en voit en Si- 
cile et dans la Sardaigne. 

La France méridionslé le possède depuis l’ar- 
rivée des Phocéens ; c’est donc bien gratuitement 
que Le Grand d’Aussy semble dire que les Celtes 
le cultivaient auparavant ; il appuie cette singu- 
lière assertion d’un passage de Velleius Paterculus 
(mr, 56), sans s’apercevoir qu'il est altéré , et il en 
conclut que le climat des Gaules n’était point 
alors aussi froid qu'il le fut plus tard. L’on pré- 
sume que les temps des longues et ruineuses in- 
vasions des peuplades septentrionales ont fait né- 
gliger la culture de ces arbres; que les siècles d’i- 
gnorance, de préjugés et de despotisme, qui les 
suivirent et enveloppèrent tant de générations 
malheureuses , les firent totalement oublier ; 
qu'ils ne reparürent sure territoire francais qu'a 
près la délirante époque des croisades, et qu'ils 
furent alors, durant. plusieurs années, limités aux 
environs du port d’Hières. Ce n’est, en eflet, 
qu'après celte dernière date qu'on les retrouve 
d’abord recherchés comme objet de luxe et 
d'agrément, puis, en 1330, multiplits de nou- 
veau dans nos départemens du sud-est'et du midi. 

Tant que les tiges furent rares, on compta 
très-peu de variétés et d'espèces ; aujourd’hui l’on 
en connaît huit types où races principales, sui- 
vant Risso ; quatre d’après Gallesio; deux selon 
Linné ; quelques botanistes élèvent ce nombre à 
seize , tandis que d’autres le limitent à cinq. Quant 
aux variétés, tant indigènes à l'Europe qu'aux au- 
tres parties du monde, la liste est généralement 
très-chargée. Après avoir étudié le genre avec 
quelque attention, dans les contrées où elles don- 
nent de l’opulence au paysage, où elles se montrent 
dans toute la pompe de leur jeunesse éternelle , 
je pense qu'on peut réduire à sept le nombre de 
ses espèces, savoir : le Citronier proprement 
dit, le Gédratier , le Limonier, le Limettier, le 
Bivaradier, l'Oranger et le Pompelmouse, C est 
laifsime du fruit qui détermine ces sept coupes. 
On sait que le fruit offre une organisation très- 
remarquable : c’est une baie Shatehe ; recou- 
verte d'une écorce plus ou moins épaisse , ten- 
dre et comme spongieuse, luisante , unie ou ridée, 


206 


CITR 


parsemée de glandes vésiculaires, remplies d’une 
huile volatile” qui s'échappe à la plus légère 
pression; sous cette écorce est une pulpe ce. 
leuse, donnant beaucoup de suc, et partagée par 
plusieurs cloisons membranenses,perpendiculaires, 
irrégulières , séparées les unes des autres, avec 
deux ou trois graines ovoides ou oblongues, re- 
couvertes d’une peau cartilagineuse , dont la char 
est fort amère. 

Les sept espèces forment des arbres d’un port 
élégant, garnis de feuilles toujours vertes, ‘alter- 
nes, ayant à leur base un aiguillon plus ou moins 
Pnidé et allongé, très-sensible dans les individus 
sauvages, converti le plus souvent en une stipule 
unilatérale dans ceux soumis à une culture réglée. 
L'ombre de ces beaux arbres est aromatique , 
comme leurs riantes fleurs: celles-ci sont axillai- 
res ou terminales, solitaires ou réunies. plusieurs 
ensemble, et composées 1° d’un calice mono- 
phylle, persistant, à cinq divisions; 2° de quatre 
à neuf pétales , d’un blanc pur ou légèrement la- 
vé de violet; 3° de vingt à soixante étamines por- 
tant à leur extrémité des anthères oblongues et 
jaunes; 4° d’un ovaire arrondi, surmonté d’un 
style simple, filiforme, que termine un gros stig- 
mate glanduleux , convexe et très-visqueux. 

Donnons maintenant les caractères distinctifs 
de chaqne espèce, et citons leurs principales va- 
rictés, celles qui méritent le plus d’arrêter les 
regards. 

I. Citronier proprement dit. 

Le Crrronrer PROPREMENT pir , €. medica, 
paraît avoir été le premier arbre de ce genre que 
l’on a cultivé. Comme les Grecs le tirèrent du 
pays des Mèdes, qui dominèrent sur l'Asie pen- 
dant cent vingt-huit ans, et furent réduits à l’es- 
clavage par les Perses, ils lui donnèrent le nom 
de sa patrie. Théophraste en parle avec une grande 
exactitude, ce qui prouve qu il l'avait sous les 
yeux. Les Romains ne l’admirent que fort tard 
dans leurs jardins. Pline nous apprend que tous 
les efforts faits de son temps pour l’introduire fu- 
rent infructueux. Ïl était alors en pleine végéta- 
tion sur le sol de l'Égypte, et même aux environs 
de Marseille. 

Cet arbre , haut de quatre à cimq mètres au 
plus, a latige grisâtre , les rameaux angaleux et 
violets dans leur jeune âge, plus tard arrondis et 
verdâtres, garnis de feuilles ovales-oblongues, 
trois fois plus longues que larges , d’un vert be, 
portées sur des pétioles courts avec aiguillons plus 
ou moins-forts, parfois avec de légers appendices 
foliacés. Ses fous blanches en dedans, violacées 
au dehors, exhalant une odeur faible, sont por- 
tées sur des pédicelles très-courts, réunis plusieurs 
ensemble sur un pédoncule quelquefois axillaire , 
le plus souvent terminal: elles contiennent de 
trente à quarante étamines. Les fruits ovoïdes qui 
leur succèdent, d’un rouge brun et triste en naïs- 
sant, prennent en approchant de la maturité une 
couleur d’un jaune clair; ils offrent une dou- 
ble écorce: l’une extérieure, vulgairement dite 


le zeste, est raboteuse; mince, remplie d’une 


CITR 


huile essentielle ‘très-aromatique; l’autre inté- 
rieure, connue sous le nom de ziste, blanche, 
épaisse , tendre, charnue, contre laquelle s'appuie 
la palpe acide et juteuse, ainsi que les neuf à dix 
loges où sont renfermées les graines. Dans les 
climats chauds, la floraison se perpétue presque 
toute l’année, et se marie agréablement au vert 
feuillage , aux fruits dorés, dont l’arbre est con- 
stamment chargé. 

Le Citronier compte peu de variétés, les unes 
à fruits oblongs, assez gros; les autres à fleurs 
doubleset à feuilles panachées. f 

Les Citrons étaient fort communs en France au 
seizième siècle. Il était alors de bonne compagnie 
d’en offrir aux personnes qui vous visitaient ; les 
femmes et surtomt les filles de la cour en por- 
taient sur elles, les mordaient de temps en temps 
pour avoir les lèvres vermeilles, et les écoliers 
devaient, aux premiers jours de juin, en offrir un 


‘à leurs professeurs, dans lequel ils fichaïent des 


pièces d’or. Ge dernier usage fut aboli en 1 700. 

C’est du citron que l’on retire l'acide citrique. 
L'époque de sa découverte , le mode de sa prépa- 
ration sont indiqués au t. 1, p.29. 

La récolte du Citron était regardée , par la pe- 
tite ville de Menton, située au pied des Alpes mari- 
times, comme une affaire de la plus haute im- 
portance. Dans la vue de conserver la culture flo- 
rissante des Citroniers , que l’industrieuse activité 
de ses habitans avait plantés dans les rochers qui 
constituent leur territoire, elle eut, durant cent 
treize ans, une commission de vingt-sept mem- 
bres, nommée le Magistrat des Citrons, pour 
diriger et la cueillette et la vente de ce fruit, qui 
s’éleva quelquefois à trente millions de Citrons. 
Les gelées , et surtout le ravage du galle-insecte , 
communément appelé Morphée, ont rendu très- 
souvent cette magistrature inutile , et ont fini par 
amener sa dissolution. 


II. Cédratier. 


Le Cénrarier, C. cedra , transporté très-an- 
ciennement de l’Asie méridionale dans les fertiles 
vallées de la Syrie et de la Palestine, était pour 
les Juifs un arbre sacré. Josèphe, leur historien, , 
attribue à Mosché (que l’on appelle ordinairement 
Moïse), d’avoir prescrit l’usage d’en ‘entrelacer 
des branches aux feuilles du palmiste et du:saule, 
pour former les thyrses de la fête des Tabernacles; 
mais il ne dit rien de l’époque où l'arbre fut, par 
ses co-réligionnaires, cultivé pour la première 
fois. Les dispositions conservées par la Mischna, 
relativement à la récolte de son fruit, prouvent 
une culture kéténdue; mais elles sont également 
muettes sur la date de l'introduction. Quelques 
auteurs la fixent au retour de la captivité ; d’au- 
tres , avec Marmonides , au moment de l’institu- 
tion dela fête. Il y a trop d’incertitudes à cet égard 
pournous y arrêter plus long-temps. Ge qu'il y a 


de:positif, c'est que le fruit du Gédratier, pou-| 


vant être employé avant son entière maturité , ne 
payait point la dime , et que les juifs sont encore 
obligés: d'avoir en main ce fruit, qu'ils appellent 


207 


CITR 


hadar, pour entrer dans leurs temples, et se 
montrer fidèles aux rites de leurs pères. Ce 
sont eux qui le portèrent à Rome. Virgile est le 
premier auteur latin qui en fasse mention. Il est 
très-commun sur les bords de la Méditerranée, 
où il fournit d’assez beaux arbres, dont la tête 
n’est point arrondie, et dont lesrameaux diffus ont, 
à l’aisselle des feuilles , de très-petites épines, qui 
grandissent à l'époque de la formation du fruit. 
Ses feuilles ovales-lancéolées , la plupart aiguës 
et dentées , se font remarquer par leur vert foncé 
et leur pétiole légèrement membraneux. Les 
fleurs, peu nombreuses, petites, axillaires , violà- 
tres, contiennent moirs d’arôme que celles des 
espèces suivantes ; elles donnent naissance à des 
fruits souvent très-gros, pyriformes, lisses, d’a- 
bord d’un rouge pourpre , puis verts, et ensuite 
d’un jaune pâle, à mamelon conique, couronné 
par le pistil d'ordinaire persistant. Leur écorce . 
fort épaisse , est remplie d’une huile essentielle 
qui embaume ; la chair est blanche, irès-savou- 
reuse, et le suc qu’elle offre en son milieu , d’une 
acidité agréable. L’huile essentielle sert en phar- 
macie pour aromatiser des pastilles et autres pré- 
parations; elle entre dans l’eau de toilette dite 
Eau de Cologne; ‘on confit l'écorce, coupée en 
tranches , au sucre, à l’eau-de-vie, pour la man- 
ger séparément, ou pour l’additionner aux alimens : 
on choisit à cet effet les fruits nés en hiver ; ceux 
recueillis en août se vendent aux juifs. Il s’en fait 
un commerce  très-considérable sur la côte de 
Gênes, particulièrement à San-Remo et à la Bor- 
dighiera. Les fruits du Cédratier ont joué jadis un 
rôle très-important dans les ridicules opérations 
de la magie. 

On compte dix-sept variétés de Cédratiers, 
toutes très-sensibles au froid , qui leur fait perdre 
leurs feuilles et décompose promptement leurs 
fruits. Parmi ces. variétés, je nommerai les sui- 
vantes : 1° le Poncire a les fruits très-gros, oblongs, 
tuberculeux , avec une écorce très- épaisse et 
bonne à manger; 2° le Petir-Poncire, que l’on 
appelle aussi Cedratier de Florence, parce qu’il 
abonde aux environs de cette ville, d’où il s’est 
répandu dans toute la Toscane ; le fruit est petit, 
tuberculeux, pyramidal, généralement courbé à 
son sommet; il a l'écorce mince, d’un jaune 
clair, très-aromatique; sa chair est très-fine, 
très-appétissante , et d’un goût exquis; 3° la 
Pouue DE ParADis , qui forme le passage du Cédra- 
tier au Limonier, est cultivée dans le pays de 
Gênes avec une certaine prédilection ; c'est une 
superbe variété. J’ai vu de ses fruits ayant une 
grosseur extraordinaire , dont le poids arrivait à 
douze et quinze kilogrammes ; ils sont d'habitude 
ovoïdes ; il y en a aussi d’allongés, d’autres renflés 
à leur sommet et se terminant en cône, à écorce 
lisse et légèrement granulée, d’un beau jaune 
doré ; la chair est d’une blancheur éblouissante et 
d’une délicatesse exquise. Si la Pomme de paradis 
attire les regards par sa beauté, par son volume, 
quand une fois on en a goûté, soit crue, soit 
mangée avec dusucre ou confite, on y revient 


CITR 


208 


CITR 


pm 


toujours avec empressement et délices : aussi 
c’est elle que Milton avait en vue quand il disait : 

Non, le doux suc des fleurs, le cristal des fontaines, 

N'ont jamais fait couler dans mes brûlantes veines 

Une joie, un bonheur qu’on puisse comparer 

A ces plaisirs nouveaux qui vinrent m'enivrer. 

Les horticulteurs ont singulièrement grossi le 
nombre des sous-variétés ; les unes sont plus ou 
moins constantes, les autres n’ont réellement 
qu'une éphémère durée. à 


III. Zimonier. 


Le Limonrer, C. limonium, forme un arbre 
majestueux, dont l’aspect est imposant; il est 
plus élevé que le cédratier, sa tige droite, revêtue 
d’une écorce grisâtre , se divise, dans sa partie 
supérieure , en branches plus longues, plus 
flexibles , à rameaux très-anguleux , primitivement 
rougeâtres, puis d’un vert jaunâtre , et hérissés de 
longues épines ; feuilles ovales , lisses, très-glabres, 
une fois plus longues que larges, terminées en 
pointe, dentées sur les bords, d’un vert jaunâtre 
et portées sur des pétioles garnis de chaque côté 
d’un rebord qui n’arrive point jusqu’à la base. 
Fleurs nombreuses, pourprées extérieurement , 
blanches à l'intérieur , odorantes ; fruits ovoïdes , 
mamelonnés d’une manière plus ou moins pro- 
noncée, allongée chez les uns, circulaire chez 
les autres ; à peau jaune, mince, lisse, aroma 
tique; écorce interne peu épaisse, blanche, co- 
riace ; pulpe divisée en neuf ou dix loges, quel 
quelois onze , pleines de vésicules allongées, con- 
tenant un suc acide, agréable et abondant , avec 
lequel on prépare le sirop de Limon. 

. Sans contredit celte espèce est la plus répandue 
sur le littoral de la Méditerranée; elle atteint à sa 
plus grande hauteur dans l'espace de quinze à 
vingt ans; elle fleurit vigoureusement depuis le 
mois de février jusqu’en octobre; je pourrais dire 
toute l’année, car une grande partie de ses fleurs 
s’'épanouit pendant l'hiver ; les trésors de la fruc- 
tification sont toujours assurés, sont toujours 
nombreux, quel que soit le moyen de culture em- 
ployé. Cet arbre compte une très-grande quantité 
de variétés, et, quoique vigoureux , il n’a pu résis- 
ter aux gelées extraordinaires de 1820. de 1830. 
surtout. dans les endroits peu ou point abrités. 

Tout Limonier greffé, quand il a acquis une 
certaine grosseur, n’a plus les épines que l’on re- 
marque sur l'individu franc; les très-petites qui 
se montrent quelquefois à l’aisselle des feuilles 
naissant sur les jeunes branches, disparaissent ou 
se transforment en une espèce d’apophyse arrondie 
à son sommet. 

Quelques auteurs veulent que ce soit lui que les 
anciens Grecs appelaient Pomme de Médie et qui 
ait dicté au chantre des Géorgiques ces vers. 


.….. Animos et olentia Medi 
ora fovent illo , et senibus medicantur anhelis. 
C’est une crreur; car.le même poète n'aurait 
pas dit de ee même suc, dont il vantait les qualités 
sur les vieillards pour raffermir leurs poumons, 
pour parfumer leur haleine, tristis succus ; il ne 


pouvait pas non plus , comme le veut certain ex- 
plicateur , entendre la saveur acerbe de l'écorce, 
puisque chez aucune espèce du genre l'écorce n’of. 
fre cette triste propriété , si ce n’est une variété , 
la Bergamotte, qui n’existait pas de cetemps. Le 
Limonier nous est venu des bords du Gange : l’I- 
talie est la contrée de l’Europe où l’on en trouve 
le plus. L'époque de son introduction est perdue. 
Risso la rattache à l'invasion des Arabes, qui, sous 
le commandement de leurs kalifes les plus célè - 
bres, du fond de l'Asie méridionale, étendirent 
leurs conquêtes jusqu’anx pieds des Pyrénées, et 
de là jusqu'aux rives de la Loire, portant avec eux 
non seulement des cultures nouvelles, mais encore: 
une activité agricole qui depuis long-temps y avait 
disparu par l'influence de la domination romaine. 
J’adopte volontiers cette opinion. | 

De toutes les variétés, nous ne citerons que le 
Limonier balotin, aux rameaux toujours armés de 
fortes épines, aux fleurs peu odorantes , aux fruits 
petits , ronds et gros comme une balle de paume, 
ayant l'écorce d’un beau jaune, la pulpe peu ju- 
teuse, et exhalant une odeur musquée; le Limo- 
nier sucré, qui réunit dans ses feuilles et la forme 
de ses fruits les caractères de l'espèce, et s’en éloi- 
gne par sa pulpe sucrée comme celle des oran- 
gers. J’ai parlé tout à l'heure du Limonier berga- 
motte, variété née du Limonier et de l'Oranger ; 
il faut en dire un mot. Elle a les feuilles portées sur 
un pétiole très-long, ailé comme celui des oran- 
gers ; ses fleurs blanches n’ont que vingt étamines, 
comme dans l’oranger ; ses fruits, petits, quelque- 
fois un peu mamelonnés, affectent la forme d’une 
poire, mais le plus souvent sont semblables, pour la 
couleur, la figure, la nature de la peau, à ceux du 
Limonier. L'huile essentielle qu'on en retire, par un 
procédé particulier, est fort recherchée; elle ré- 
pand une odeur suave, qui fortement imprégnée 
dans l'écorce la fait employer à la fabrication des 
bonbonnières connues sousle nom de bergamottes, 
qui leur vient, selon les uns, de la ville de Ber- 
game, en Lombardie, où l’on s’amuse à ce genre 
d'industrie , dont la ville de Grasse , département 
du Var, s’estemparée depuis long-temps; mais plus 
certainement du rapport de son fruit avec une 
poire venue de Turquie en Italie sous le nom de 
Berg-amondi. Quant à la pulpe du Limonier ber- 
gamotte , son acidité trop forte et sa grande amer- 
tume l’ont rendue jusqu'ici sans usage. Les par- 
fumeurs font beaucoup de cas des fleurs. 


IV. Limetiier. 


Le Limerrier, C. limetta, a le port et les feuil- 
les du Limonier, Ses rameaux offrent des petites 
aspérités au lieu d’épines ; le pétiole qui porte les 
feuilles est à peine ailé ; les fleurs sont petites, en- 
tièrement blanches, à odeur très-douce; les fruits, 
de moyenne grosseur , se montrent globuleux, cou- 
ronnés par un large mamelon aplati; leur écorce, 
très-mince, d’un jaune pâle, contient une pulpe 
aqueuse, douceâtre, fade ou légèrement amère, 
mais assez parfumée, adhérente à l'écorce. Ge sont 
ses fruits que l’on appelle Lime et que l'on mange 


confits. 


CITR 


confits. La tige est droite , recouverte d’une écorce 


gris-clair, divisée dans sa partie supérieure en 


rameaux divergens , sans ordre. Sa tête prend ai- 


. sément une forme arrondie. Le Limettier a une va- 


riété dite Limettier de Rome, dont l'écorce du fruit 
est blanchâtre, surchargte de rugosités irrégu- 
lières, à pulpe amère et jus fade : je n'ai jamais 
pu concevoir comment on pouvait s'occuper de 
sa culture. 

Il n’en est pas de même de la variété dite Mé- 
larose ; son fruit, remarquable par la verrue oc- 
cupant son sommet et l'espèce de houppe qui l’en- 
toure, globuleux, déprimé, de couleur jaune, 
présente plusieurs côtes longitudinales partant du 
pédoncule et aboutissant au mamelon; l'écorce 
est ferme, assez épaisse, fortement adhérente à 
la pulpe, dont les onze à quinze loges, jaune- 
pâle, contiennent peu de jus, faiblement acide, et 
des semences presque arrondies, traversées par 
des filets rougeâtres. L'arbre fixe aussi les regards 
à cause de ses rameaux presque constamment 


‘’garnis de deux et trois fruits assez éloignés les 


uns des autres; il réjouit l’odorat par les émana- 
tions suaves qu'ilrépard autour de lui. Cette odeur 
rappelle celle de la Mélisse, Melissa officinalis , et 
celle de la Rose aux cent feuilles , Rosa centifolia, 
d’où l’on a créé le nom que porte ce Limettier. 


V. Bigaradier. 


Arbre de l’Inde et de la Chine, où il s'élève à 
une grande hauteur , le Brcaranrer, €. bigaradia, 
a été apporté en Europe au dixième siècle de l'ère 
vulgaire. Il était en pleine culture dans les jardins 
de la Sicile en 1150, ainsi qu’à Séville. Nice le 
possédait comme objet d'agrément et de commerce 
en 1536; le premier individu connu en France date 
de l’année 1420, c’est le Bigaradier-grand-connc- 
tableexistant encore aujourd'hui dans l’orangerie de 
Versailles. L'arbre est moins haut que l’oranger, 
son feuillage d’un vert gai est plus étoffé, et la lame 
qui accompagne le péliole de chaque feuille est 
ordinairement plus large. Il a les fleurs d’un beau 
blanc, quelquefois lavées de violet, nombreuses, 
grandes, très-odorantes, et les fruits qui leur suc- 
cèdent sont globuleux, lisses, rarement raboteux, 
d'un volume moyen, jaune-rougeâtre quand ils 
naissent d’une fleur blanche, violets dans leur 
jeunesse quand ils proviennent d’une fleur lavée de 
cette couleur, mais devenant jaunes à l'époque de 
la maturité. Leur intérieur est divisé en douze ou 
quatorze loges, contenant de longues vésicules 
presque blanches, avec un suc acidule et légère- 
ment amer , dans lequel sont plongées deux graines 


. ou plus, oblongues et jaunâtres.. On se sert de ce 

. suc pour assalsonner les viandes et la chair des 
. 2 L # LU . 

poissons ; l'écorce est employée pour la confection 


de la liqueur dite de Curaçoa; les Anglais font 
usage de l'un et de l’autre pour la teinture, 
Nous culiivons un bon nombre de variétés ap- 


 partenant à l'espèce Bigaradier ; les plus commu 
. nes sont le Bigaradier chinois auquel j'ignore pour- 


quoi l’on donne ce nom, puisqu'il provient des 


environs de Goa et de la presqu’ile en-decà du 


Tome Il. 


209 
ES 


_107° LivralsoN, 


; CITR 


Gange. Cet arbre, de troisième grandeur en son 
pays, n'est dans nos jardins qu’un simple arbris- 
seau dans lequel tiges, branches, feuilles, fleurs, 
fruits, tout est petit, tandis que dans le midi de 
l'Europeil reprend une partie de ses droits et monte 
de quatre à sept mètres. Ses rameaux forment une 
tête élégante ; ses feuilles , d’un vert éclatant, sont 
très-nombreuses et tellement rapprochées les unes 
des autres qu’elles paraissent fairetouffes, et comme 
les fleurs sont également très-nombreuses, axil- 
laires ou disposées en thyrses, leur blancheur tran- 
che sur cette nappe verdoyante et donne à 
la plante un aspect vraiment enchanteur. Le 
fruit , arrivé à sa maturité, est très-petit ; son 
diamètre n'excède presque jamais vingt à vingt- 
quatre millimètres , et sa hauteur dix - huit à 
vingt. Il est d’un jaune gai très-brillant. Ces 
fruits ont la peau mince, la pulpe d’un acide 
tempéré, rarement des pepins; passés simplement 
au sucre , ils font d'excellentes confitures ; on les 
cueille en juillet et août. 

Une autre variété très-cultivée à Paris, c’est le 
Bigaradier à feuilles de myrte, joli sous-arbrisseau 
venu réellement de la Chine, dont le fruit, très- 
petit, rempli d’un suc acidule mêlé d’amertume, 
se mange confit sous le nom de Chinois. 

Mais la plus singulière, celle qui déroute toutes 
les divisions systématiques, toutes les classifica- 
tions des botanisies , le Bigaradier bizarrerie, nous 
offre un jeu de nature fort étonnant , un phénomène- 
inexplicable. Depuis 1644, que cette variété paraît 
cultivée, on a vainement cherché à connaître son 
origine ; est-elle due au hasard ou bien à l’indus- 
trie ? je penche vers ce dernier sentiment ; je crois 
qu’elle provient du mélange , par le moyen de la 
greffe, des bourgeons du Bigaradier , du Limonier 
et du Cédratier. On ne la propage que par marcot- 
tes. La tige a le port du Bigaradier ; les feuilles af- 
fectent les formes réunies de celles de cet arbre et 
du Citronier ; les fleurs, qui s’épanouissent au 
printemps et en automne, se rapprochent plus du. 
Cédratier que du Bigaradier; les fruits, plus ca- 
pricieux encore que les autres partics, préséntent 
sur la même branche un limon , une orange, une 
bigarade, un cédrat, tandis qu’à l’intérieur de 
quatre portions égales deux appartiennent aux ci- 
trons et les deux autres à l’orange ; le cédrat a la 
pulpe amère, le jus. de l'orange est aigre ; partout 
les couleurs et les saveurs sont également per- 
verties. 

VI Oranger. 

S'il faut s’en rapporter à quelques auteurs, la 
patrie de l’Oranger serait indiquée par ce jardin 
des Hespérides , si fameux aux âges mythologiques, 
et il faudrait lui donner pour patrie l'Afrique oc- 
cidentale, la Mauritanie, les îles Fortunées, ou 
ces monts de l'Atlas si peu connus sous le point 
de vue botanique, malgré les excursions de Des- 
fontaines, de Poiret, de Schousboe. Selon d’au- 
tres observateurs , il est originaire des contrées mé- 
ridionales de la Chine , des îles de l'archipel Indien, 
ou même de cetle portion du globe que l’on nomme 
aujourd’hui l'Océanie, Un fait incontestable, c’est 


27 


qe 


CITR 


1210 


:CITR 


| ET 


que les écrivains si nobles et si riches de l'antiquité 
m'ont point connu'cet arbre superbe ; sa taille ma- 
jestueuse qui dépasse dix-huit mètres, sa forme 
régulière , le vertéclatant de son feuillage, ses fleurs 
si suaves même à une grande distance , ses fruits 
si beaux, si éclatans, si flatteurs au goût et si par- 
fumés, n'auraient point manqué de leur inspirer 
quelques pages brillantes ; Théophraste et les géo- 
pones latins n’auraient pas négligé de parler du 
luxe de fécondité qu’il étale même pendant Ja sai- 
son des frimas, D'ailleurs, le nom de Portughan 
que les Arabes donnent à l'Orange, nom étranger 
à léur langue , nom que l’on retrouve chez les Ita- 
liens, les Espagnols, et même dans nos départe- 
mens du midi, n'est-il pas un’indice que l'intro- 
duclion de cet arbre se lie aux voyages des Portu- 
gais dans l'Inde, particulièrement à ceux de Juan 
de Castro, en 1520. Ce ‘sont les Portugais qui 
l'ont planté aux Ganaries, à Madère, d’où on l’a 
cru indigène , à cause de la vigueur de végétation 
qu'il y déploie; ce sont les Portugais qui l’ont 
transmis à toutes les contrées que baignent les eaux 
de la Méditerranée, et c’est des individus fournis 
‘par les Portugais que proviennent eeux formant 
aujourd’hui les huertas ou vergers immenses de 
l'Andalousie et des Algarves. 

L'Oranger est d’une grande susceptibilité ; la 

plus légère mutation dans la températurele fait 
promptement déserter un pays ; la zone qu'il oc- 
cupe dans nos départemens du sud-est s’est ac- 
courcie depuis les défrichemens mal entendus des 
dix-septième et dix-huitième siècles ; non pas que 
j'adopte le sentiment de Valbonnois, que FOranger 
prospérait, dès lan 1555, jusqu'aux plus hautes 
limites de Volivier (v. Bassins el CLIMATSAGRICOLES); 
-cet auteur a confondu ensemble le Bigaradier et 
l’Oranger. Ilse plait au pied des montagnes élevées 
qui , depuis Toulon ét Hyères jusqu’à l'extrémité 
de la rivière de Gênes, suivent les sinuosités du ri- 
vage ; puis il ne reparaît plus en forêts que dans 
le golfe de Gaeta. En France, il s’avance plus au 
nord qu’en Espagne ét qu’en Italie. Les Oranges 
de haute qualité viennent de Malte, du Portugal, 
des Açores ; elles sont plus grosses et à peau fine, 
unie, luisante, dans les deux premiers pays; dans 
le troisième, elles sont très-petites ‘t'ont la peau 
épaisse et rugueuse, 

Je ne dirai point que l'écorce d'Orange entre 
dans une foule de préparations pharmaceutiques, 
que la pulpe fournit des boissons excellentes con- 
tre les inflammations légères des organes de la di- 
gestion; que le suc clarifié se convertit en un sirop 
rafraîchissant et très-agréable; que les fleurs’ de 
l'Oranger sont antispasmodiques: et que l’eau dis- 
tillée qu’on en retire s'emploie fréquemment dans 
économie démestique et dans les oflicines :‘tout 
le monde connaît les propriétés des’diverses par- | 
ties de ce bel arbre; son bois seul, quoique de 
bonne qualité , est de peu de ressource, parce que. 
le tronc est presque toujours pourri dans le cœur. | 
Mais je ferai remarquer que l’on blesse toutes les! 
lois de la grammaire et de la science , quand'on dit 
avec le vulgaire, ‘fleurs d'orange, Ces deux mots 


, 


sont ‘incohérens ,'et ne ‘doivent jamais (cohabiter 
‘ensemble : c’est la fleur qui produit le fruit-etmon 
pas le fruit qui donne naissance ‘à la fleur. Gette 
faute se trouve dans une foule de livres ; «elle est 
dans presque toutes les bouches; l'habitude est 
tellement tyrannique , qu’elle échappe même aux 
personnes äinstruites. Le bouquet et la couronne 
de fleurs d'Oranger sont pris depuis long-temps 
comme emblème de la pudeur et de l'innocence. 
Autant le cœur palpite'en les voyant orner le sein 
et le front de la fille vertueuse, autant il est ré- 
volté de les trouver sur ces êtres méprisables ,:en- 
veloppés du linceul de tous les vices, au lieu du 
noir hellébore dont ils:sont l’image! 


VIL. Pompelmouse. 


On ne peut guère prononcer ce mot sans avoir 
sous les yeux le riant paysage peint par Bernardin 
de Saint-Pierre dans Paul et Virginie; mais, après 
d'aussi douces illusions , il est fâcheux d’appren- 
dre que le tableauest un roman comme l’histoire 
des deux intéressans créoles. Nous ne parlerons 
donc du Powrermouse (et non pas Pamplemousse 
comme l’écrivent de récens voyageurs), C. decu- / 
mana, qu'en observateur botaniste, Cet arbre, 
appelé par quelques auteurs Shadeck , du capitaine 
de marine qui, suivant Plukenét, fut le premier 
à le porter de l’Inde en Amérique, constitue le 
groupe le plus distinct et le mieux caractérisé du 
genre Citrus. Il s'élève à sept ét huit mètres , est 
garni d’épines ; ses rameaux sont gros, Cassans , 
peu divisés, et leurs jeunes pousses pubescentes. 
Ils sont ornés de feuilles très-grandes, ovales- 
oblongues , ‘coriaces et d’un vert gai en dessus, 
blanchâtres en dessous, tandis qu’à leur sommet 
des grappes de fleurs , de la plus belle apparence, 
blanches et parsemées de points verdâtres , se font 
remarquer par l'épaisseur de leurs quatre pétales, 
l'éclat de leurs nombreuses étamines , “et par lo- 
deur délicieuse qu’elles répandent au loin. A ces 
fleurs , plus grandes que dans aucune autre espèce 
du'genre , succèdent des fruits très-gros, arron- 
dis ou pour mieux dire légèrement pyriformes ; leur 
écorce varie du jaune pâle à la couleur d’or des 
oranges ; elle est sillonnée de côtes peu‘saillantes ; 
la peau est plus ou moins fine , à raison du volume 
que le fruit acquiert, lequel a quelquefois plus de 
seize et vingt centimètres de diamètre. La pulpe, 
verdâlre, renferme quinze à dix<huit loges , ‘et un 
suc dont l’acidité n’est point désagréable : ilest peu 
abondant. Les semences sont jaunâtres et comme 
“teintes de rouille. 

Culture. — La culture de tous ces arbres paraît 
le chef-d'œuvre de l'horticulture, quand on réflé- 
chit à la différence du climat d’où ilsproviennent 
et celui des froides contrées que nous habitons. 
Cependant, il faut le dire , elle demande beaucoup 
moins de savoir el d'industrie’ qu'elle n’exige de 
frais pour leur achat ét leur conservation. Tous 
veulent une terre légère , des arrosemens modérés, 
et durant l'hiver d’être renfermés dans une-oran- 
gerie , où l’on peut renouveler l'air souvent et fa- 


8 à à 
‘cilement , mais où la gelée ne doit pas avoir accès. 


h 


z.Civelte 2.(laitron. 3.Clathre. 


Æ tuer dir 


CITU 


2il1 


CIVE: 


Il: faut les tenir en caisse, les changer aw besoin et 
ne pas trop les enfoncer en terre , afin de les ga- 
rantir des insectes nuisibles, et les rétablir des 
maladies ou accidens qui leur surviennent. Ils 
prospèrent dans nos départemens du midi, surtout 
près de la mer Méditerranée; mais ils ont besoin 
d’être abrités des vents froids. On les multiplie de 
semences, par la greffe et de marcottes. Sice que 
Le Berriays nous dit d’un espalier d’Orangers qui 
* vécut depuis 1720 jusqu’en 1772, dans le jardin 
- de l’intendance à Lille, est bien constant ; si, pour 
le tenir habituellement en pleine terre il suflisait 
de’le couvrir d’un toit de chaume durant l’hiver 
et. de creuser alors autour de lui une fosse de 
soixante-cinq centimètres de profondeur , remplie 
ensuite de fumier bien tassé ou mieux encore de 
poussier de charbon pour le supprimer à la belle 
saison, nul doute que l’on pourrait généralement 
en France avoir tous les arbres du genre Citro- 
- nier en pleine terre, et jouir ainsi constamment de 
la plénitude de leurs agrémens. Un abri bien en- 
tendu, des soins semblables à ceux employés à 
Lille assureraient la conquête définitive de ces ar- 
bres précieux, et paieraient largement des frais 
que cette nouvelle culture exigerait. (T. ». B.) 
CITRONIER BATARD. (s0oT. Pan) Nom 
vulgairement donné à la Martinique à une espèce 


F (T. ». B.) 


d'Apalanchine, Prinos crassifolius. 


CITRONIER DE TERRE. (or. PHan.) Le 
Karatas de Plumier, que nous appelons Ananas à 
feuilles longues, Bromelia Karatas, porte le nom 
de Citronier de terre, parce que ses fruits affec- 
tent la forme , la grosseur et la couleur d’un petit 
citron , qu'ils naissent près de terre au milieu d’une 
touffe de feuilles radicales disposées en rond et très- 


piquantes. (T. ». B.) 
CITROUILLE. (BoT. PHan.) Dans diverses lo- 


calités on donne communément ce nom à la Courge, 
Cucurbita pepo ; botaniquement pris, il constitue 
une espèce distincte de ce genre, et compte plu- 
sieurs variétés. Ÿ. Courcs. (T. ». B.) 


CITRUS et CITRUM. (807. Pxan.) L'arbre du 
mont Atlas, avec lequel les Romains, au dernier 
siècle de leur république , fabriquaient des meu- 
bles d’un prix excessif, n’a aucun rapport avec au- 
* cuneespèce du genre CGitronier, que les botanistes 
« modernes appellent Citrus. En lisant les textes de 
Théophraste et de Pline, on reconnaît aisément 
qu'il s’agit d’un arbre de É famille des Conifères, 
peut-être le Juniperus thurifera où le Thuya cu- 
pressioïdes. Olivier a trouvé sur le mont Taurus, 
situé en Asie, à peu près sous la latitude de l'Atlas, 
dans sa partie septentrionale , une espèce de Gené- 
vrier à feuilles de cyprès,qui par la tailleet la gros- 
seur du tronc semble être la même que celle dite 
Thuaiet Thuion par les Grecs, Citrus et Citrum 
parles Romains. (T. ». B.) 

CITULE, Cüitula. (porss.) Les Gitules mérite- 
 raient à peine d'être séparées des Carangues,dont 
elles ne se distinguent que par une baie dor- 


sale et une anale prolongées en:faux ; disposition. 


qu'on observe dans : quelques vraies Carangues , 


ensorte que ce sous-genre nepeut guèrerêtre main- 
tenu. Ge genre amiens cinq espèces, dont nous 
citerons brièvement les divers caractères. 

La Crrurx À LoNcs ris, Citula cirrhosa. Ce 
poisson est argenté et irisé de la manière la plus 
brillante. Ses (Gnainles sont fort petites > son oper- 
cule montre un peu la tache noire si commune 
parmi les Garangues ; il y a aussi une tache noire 
dans l’aisselle de la pectorale. Long de huit à 
dix pouces. 

La Crrure ARMÉE, Citula armata, Rupp., fort 

-semblable à la première, mais dont le corps est 
plus élevé; ‘une ligne noire marque le devant de 
la dorsalé et de l’anale ; il y a du noir vers le bout 
des ventrales. 


La Crrure osroNcue, Citula oblonga, Curv., 
originaire de Vanicolo. La pointe de son anale 
ne paraît pas s’allonger comme celle de sa dorsale. 
Ce poisson paraît avoir été argenté, sans taches 
noires. Le Tchawilparach de Russel, pl. 151, 
c’est aussi la CITULE À DENTS FINES, Cütula eilia- 
ris de Guvier, où l’on voit un peu de noir à 
l’opercule, à corps argenté, teint de violâtre vers 
le dos, et où les nagcoires sont jaunes. Nous ter- 
minons enfin cettelongue énumération par la BELLE 
Caranque, Citula speciosa, Guvier, figurée dans 
le grand ouvrage sur l'Egypte, pl. 23, fig. 1. Elle 
conserve toutes les formes des espèces précédentes, 
mais elle se distingue dans tout le genre par le 
manque absolu de dents, du moins à l'à âge adulte. 

Sa couleur paraît argentée dans les individus de 
huit pouces et au dessus, et plus ou moins jaune 
dans les jeunes, avec des bandes verticales, bru- 
nes, alternativement plus larges et plus étroites ; 
il y a de plus une tache noire au bout de chacun 
des lobes de la caudale, et quelquefois une sur 
le chanfreim;, toutes les nageoires. sont jaunes. 
Ruppel assure que c’est le poisson le plus com- 
mun en hiver au marché de Massuah , en Egypte, 
‘où on le désigne par le nom de Bajad. 

(Azrx. G.) 

CIVADA. (sor. PHan.) Nom de l'Avoine dans 
nos provinces méridionales. (GuËr.) + 

CIVE. (ar. et 8oT.) Tous les livres d’agricul- 
ture et de botanique donnent ce nom tantôt à la 
ciboule ; tantôt à la ciboulette : c’est une confu- 
sion perpétuelle dans la nomenclature des plantes 
potagères qu'il serait facile de détruire, si l’on 
voulait y faire attention. La Cive n’est point ane 
espèce particulière, elle n’est qu'un ognon petit, 
dégénéré ; un ognon qui ne tourne pas , ‘selon. l'ex 
pression en usage chez les horticoles et les marai- 
chers. La séparation des caïeux perpétue une 
fausse race qui se perd tôt ou tard. D'ailleurs, la 
Give a toutes les propriétés de l’ognon, et l'on 
s’en-sert ordinairement comme de Ja ciboule. 

(T. ». B.) 

CIVETTE , Fiverra. (mam.) Ge genre appar- 
tient à la famille des Carnassiers digitigrades.. IL 
renferme. un petit nombre d'espèces répandues 
dans tout l’ancien continent , et qui ont été divi- 
sées en deuxsections : voici i quels ensont les carac- : 


—————_—_—_—_——_———__———— mm, 


212 


: CIVE 


CLAD 


tères : formule dentaire; £ incis., ER can. et £—$ mo- 


laires , au total quarante (les canines sont assez 
fortes et les molaires ainsi disposées, supérieure- 
ment trois fausses molaires de chaque côté, un peu 
coniques et comprimées, une carnassière rrande, 
tranchante, aiguë , presque tricuspide , et deux 
tubercaleuses ; “inférieurement quatre fausses mo- 
laires, une carnassière forte, bicuspide, et une 
seule tuberculeuse ) ; tête longue , museau pointu; 
nez terminé par un mufle assez large, ayant les 
narines grandes et percées sur ses côlés; pupilles 
se contractant en une ligne étroite; langue à pa- 
pilles cornées; pieds pentadactyles, à doigts séparés 
et munis d'ongles à demi rétractiles ; une poche 
plus ou moins profonde , placée entre l'anus et les 

‘organes de la génération, et renfermant, dans la 
plupart des espèces, une matière grasse odorante; 
queue longue, couverte de poils; pelage bien 
fourni, variable pour la longueur et le système de 
coloration, qui cependant peut se rapporter à une 
série de taches longitudinales ou arrondies dispo- 
sées sur un fond brun ou jaunâtre. 

Les deux groupes que l’on a établis dans le 
genre Viverra, sont ceux des Civettes proprement 
dites et des Genettes. 

1 Sous-genre, les Civerres. Elles ont une po- 
che profonde et qui se remplit d’une sorte de pom- 
made, dont l’odeur est très-forte. On ne trouve 
point ces animaux en Europe. 

CiveTTE vuLcame, Viverra civetta. La Civette 
est une espèce des contrées chaudes de l'Afrique, 
principalement de PAbyssinie, de la Guinée, du 
Gongo; sa taille est celle du renard, mais son corps 
est plus allongé et moins élevé sur jambes. Elle 
a sur un fond gris des bandes transversales, étroites 
et parallèles l’une à l’autre, plus larges sur les 
côtés du’ corps et les cuisses et quelquefois assez 
rapprochées, et contournées pour former des ta- 
ches œillées ; la queue a quatre anneaux bruns sur 
ses deux premiers Liers, le reste étant noir; cou 
blanc inférieurement, avec des bandes noires. 
Entre l’anus et le pénis chez le mâle, ou Ja vulve 
chez la femelle, est placée l'ouverture de la ca- 
vité dans laquelle se fait la sécrétion de l'humeur 
odorante. Cette cavité, dont la grandeur varie un 
peu suivant les sujets, est une sorte de poche au 
fond de laquelle s'ouvrent deux autres poches plus 
petites, à parois glanduleuses, inégales et bosselées 

extérieurement , et dont chaque bosselure’corres- 
pond à un follicule sécréteur : chacun de ces fol- 
licules en contient d’autres plus petits dans son 
épaisseur, qui versent le produit de leur sécrétion 
dans la cavité commune. Là, cette humeur s’é- 
paissit et prend la consistance d’une forte pom- 
made. d 

Les Civettes sont des animaux farouches et 
carnivores, qui ont l'habitude de sortir le soir et 
la nuit seulement, pour aller chasser les petits 
mammifères et aussi les oiseaux. Elles se pe 
dans les pays sablonneux ou sur les montagnes 
dans certains lieux habités, elles cherchent, ne 
‘les renards, à s’introduire dans les poulaillers. 

Pour se procurer plus abondamment la matière 


qu’elles sécrètent , on a l'habitude, dans quelques 
contrées, de les ses dans une sorte de domesti- 
cité ; pendant long-temps les Hollandais en ont pos- 
sédé un certain nombre à Amsterdam. On a soin 
de les tenir dans des cages étroites où elles ne peu- 
vent se retourner, et lorsqu'on veut s’emparer de 
leur pommade on ouvre la cage par derrière, et 
avec une cuiller on la racle en la poche où elle 
s'est amassée. Cette opération peut être répétée 
une et même deux fois par semaine. Nous avons 
fait représenter cette espèce dans notre Atlas, 
pl. 112, fig. 1. 

La Civeite (le nom de l'animal a été donné au 
produit qu’on en obtient) est une matière épaisse, 
grasse , onctueuse et de la consistance du miel ou 
de l axonge; sa couleur, presque entièrement blan - 
che peu après qu’on en a fait la récolte, devient 
brune avec le temps ; son odeur est extrêmement 
forte , fétide même, et sa saveur âcre et brûlante. 
D’après l'analyse qu’en a faite M. Boutron-Char- 
lard (Journ. Pharm. t. 10) , la Givette se compose 
des substances qui suivent : ammoniaque, élaïno, 
stéarine, mucus, résine, huile volatile, matière 
colorante jaune et quelques sels. Elle a été long- 
temps employée en médecine comme stimulante 
et antispasmodique; mais aujourd’hui elle est 
presque entièrement abandonnée. 

Ziser, Wiverra zibet'a, est une autre espèce 
du sous-genre des Civettes; elle a beaucoup derap- 
port avec la précédente, et a même été confondue 
avec elle par quelques auteurs; elle s’en distingue 
cependant par sa coloration ; les taches de son dos 
et de ses flancs sont plus nombreuses et toutes 
pleines, quelquefois assez rapprochées pour for- 
mer des lignes; il règne le long de l’épine une 
bande noire bien distincte. La gorge est blanche 
avec deux bandes noires de chaque côté, la queue 
longue et couverte d’anneaux noirs plus nom- 
Doux : 

Le Zibet habite l’Inde, on connaît fort peu ses 
habitudes. Sa pommade , quoique très-odorante, 
n’est point employée en Europe à cause de l’éloi- 
gnement du pays où on le trouve. 

Civerre D Harpwicn, Viverra Hardwichit , est 
une espèce peu connue qui provient de Java. On 
ne peut non plus rien dire de positif sur une autre, 
décrite par Pallas sous le nom de Viverra herma- 
phrodites, et qui vient, dit-on, de la côte de Bar- 
barie. 

° Sous- genre, les GexeTres. Elles se reconnais- 
sent à leurs poches qui sont plus petites et rédui- 
tes à un simple enfoncement. Les espèces sont 
plus nombreuses, on en tronve une en Europe. 
C'est la Genette d'Europe, les autres sont étran- 
gères. Ge sont : la Genette de Barbarie, celle du 
Sénégal, la Genette panthérine, la Fossane , la 
Civette noire, la Civette de l'Inde, la Civette 
bondar et la Givelte rayée. Nous en parlerons plus 
longuement à l’article GENETTE. (Gerv.) 

CLADOBATE, Cladobates. (Mau. ) M. Fréd. 
Cuvier à donné ce nom aux animaux du genre 
Tupaia , que d’autres naturalistes ont appelé So- 
reæglis et Glisorez. Les Turaras (voy. ce mot pour 


| 
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| 
| 


CLAN 


de plus amples détails) sont des carnassiers in- 
sectivores qui habitent l'Inde et principalement 
les grandes îles de Java et de Sumatra. Ils joignent 
aux caractères dentaires et au régime des Musa- 
raignes la forme et le port des Ecureuils. (GErv.) 

CLAIRON, Clerus. (1xs.) Genre de Goléoptères 
de la section des Pentamères, famille des Serri- 
cornes, tribu des Clairones : ce genre a été établi 
par Geoffroy, qui lui assigne pour caractères : 
tarses, vus en dessus, ne paraissant que de quatre 
articles ; les trois derniers articles des antennes 
formant une massue simple , beaucoup plus large 
que le reste de l’antenne; quoique les tarses ne 
présentent au premier coup d'œil que quatre arti- 
cles, ils en ont cinq, comme chez tous les insectes 
de la même section. Cependant M. Léon Dufour 
pense qu'il y en a seulement un de rudimentaire 
aux tarses intermédiaires et aux tarses antérieurs. 
Le devant de leur corselet est déprimé ; enfin leur 
bouche offre des palpes maxillaires et labiaux ter- 
minés par un article presque en forme de hache. 
M. Léon Dufour a étudié l'anatomie de ces ani- 
maux ; leur jabot est si court qu’il est presque en- 
tièrement caché dans la tête ; l’intestin est court, 
avec deux renflemens en arrière; ils ont six vais- 
seaux biliaires , dont l'insertion est cœcale. 

On connaît un assez grand nombre d’espèces 
de ce genre; elles appartiennent toutes à l’ancien 
continent, et se trouvent sur les fleurs. 

CG. pes AgeiLres, C. Æpiarius, Lin., Oliv., re- 
présenté dans notre Atlas, pl. 112, fig. 2; long de 
6 à 7 lignes. bleu, avec les élytres rouges et trois 
bandes d’un bleu foncé, dont la dernière borde 
l'extrémité des élytres. Cette espèce dépose ses 
œufs dans les ruches, et la larve se nourrit de 
celles de l'abeille domestique. Elle cause quelque- 
fois beaucoup de dommage. 

C. DEs rayons, C. alvearius, Fab., Oliv., col. 
iv, 76, 1, 9. Il est long de 6 à 7 lignes, bleu, 
avec les élytres rouges et trois bandes noires 
comme chez le précédent, mais la dernière ne 
borde pas l'extrémité des élytres, et il y a en 
outre une tache bleue sur l’écusson. Cette espèce 
dépose ses œufs dans le nid des abeilles maçonnes. 
Toutes les deux se trouvent aux environs de Paris. 

A. P. 

CLAIRONES, Clerü. (ixs.) Tribu a Golép- 
tères, de la seclion des Pentamères, famille des 
Serricornes, division des Malacodermes , distin- 
guée par les caractères suivans : corps cylindri- 
que, tête et corscelet plus étroits que l'abdomen, 
antennes toujours plus grosses à l'extrémité , soit 
en massue, soit en scie; yeux échancrés, man- 
dibules échancrées , et palpes avancés, terminés 
en massue; le pénultième article des tarses est 
bilobé. { 

Tous les insectes composant celte tribu ont un 
faciès qui les fait facilement reconnaître. On les 
trouve soit sur les fleurs, soit sur le tronc des 
arbres. Les larves qui ont été étudiées se sont tou- 
tes trouvées carnassières. (A. P.) 

CLANDESTINE, Lathræa. (nor. nan.) Sem- 
blables aux Orobanches et par leur port et par 


re ttem 


213 


leur organisation intérieure, les Clandestines vi- 
vent aussi, comme elles, en parasites, sur les 
racines des arbres et autres plantes habitant les 
lieux couverts et humides. Ce sont des plantes 
herbacées de la Didynamie angiospernie et de la 
famille des Pédiculariées. Elles se ramifient dans 
leur partie supérieure, et sont garnies d’écailles 
au lieu de feuilles. Les fleurs dont elles se décorent 
sont grandes, blanches, bleuâtres ou violacées, 
groupées en forme d’épi, et donnent naissance 
à une capsule légèrement comprimée, unilocu- 
laire, s’ouvrant à deux valves avec élasticité. 

Deux espèces croissent en France , la GLanpes- 
TINE A FLEURS DROITES, L. clandestina, à laquelle 
on à long-temps attribué la propriété de rendre 
fécondes les femmes stériles. Elle est munie de 
racines spongieuses, dont elle fixe les sucoirs sur 
les racines des Aunes et de beaucoup d’autres 
arbres; on les trouve aussi cachées sousla mousse, 
au milieu des pierres qui garnissent les ruisseaux. 
Sà souche est très-courte, et sans ses fleurs bleues 
ou d’un pourpre violet dressées au dessus du sol, 
on ignorerait sa présence. La CLANDESTINE ÉCAIL- 
LEUSE, L. squamaria, élève sa tige simple à seize 
et vingt centimètres, etse garnit de fleurs blanches 
et purpurines , ordinairement pendantes. Comme 
son nom l'indique , elle est entièrement couverte 
d’écailles charnues, écartées. L'une et l’autre 
sont vivaces. 

La troisième espèce connue , la CLANDESTINE DU 
Levant, L. amblatum , offre une corolle presque 
campanulée , partagée en deux lèvres très-en- 
tières. Sa couleur est pourprée. (T. ». B.) 

CLAPIER. (mam. ) C’est le Lapin domestique 
que nous'élevons dans nos habitations. On donne 
le même nom au lieu où on le tient. 

(GEnv.) 

CLASSIFICATION. Pour arriver à distinguer 
entre eux les êtres innombrables que comprennent 
toutes les, branches de l’histoire naturelle, il ne 
suffit pas seulement de donner à chacun de ces 
êtres un nom particulier ; il faut encore indiquer 
des caractères propres à les faire facilement re- 
connaître. Ces caractères’, pris dans leur confor- 
mation plutôt que dans des qualités variables, 
afin d’être d’une constante application, doivent 
être aussi assez nombreux et assez tranchés pour 
que leur ensemble ne puisse convenir à la des- 
cription d'aucun autre. Mais comme la mémoire 
ne pourrait recueillir et conserver cette liste im- 
mense de noms, ce vaste catalogue de traits dif- 
férentiels, il a fallu établir des rapprochemens, 
créer des divisions et des subdivisions qui devins- 
sent autant de moyens indicateurs, autant de 
jalons propres à diriger l'esprit humain dans cette 
route difficile. Gette suite de divisions et de sub- 
divisions, ces arrangemens conventionneis, ont 
recu le nom de Classifications. Il n’est point de 
notre sujet d’énumérer ici toutes celles qu’on a 
proposées et abandonnées depuis que l’étude des 
corps de la nature est devenue une science ; les 
bases sur lesquelles elles ont été établies peuvent 
se réduire à deux séries d'idées ; dans les premières 


CLAS 


21% 


CLA'E 


on a groupé les êtres d'après des considérations 


qui leur étaient étrangères, ouqui n’avaient rap- 
port qu'aux modifications que présentait une 
seule de leurs parties ; pour les autres, au contraire, 
on s’est appuyé sur l’ensemble de leur organisa- 
tion. Les premières ont été nommées classifica- 
tions ou systèmes artificiels ; les secondes ont recu 
le nom de Classifications ou wéthodes naturelles. 
Mais comme aucune de ces Glassifications n’est 
réellement dans la nature, on s’est contenté de 
réserver le.nom de système aux unes et de donner 
aux autres celui de méthode. Les premières sont 
sans doute plusfaciles à appliquer et à saisir; mais 
elles ne font réellement connaître d’important que 
lé nom des objets. Ainsi, par exemple, lorsqu'on 
prend pour base le nombre des membres dont 
le corps est pourvu , il faut ranger parmi les qua- 
drupèdes le cheval et le lézard, et éloigner ce 
dernier des reptiles,qui s’en rapprochent sous tant 
d’autres rapports. C’est ainsi que Tournefort a 
créé son systéme en botanique, en établissant ses 
divisions d’après la forme de la corolle, comme 
Linné a fondé le sien sur les organes sexuels. 

Dans les méthodes naturelles, chacune des divi- 
sions ne renferme que des élémens de même na- 
ture; les êtres dont un groupe se compose se 
ressemblent par des points d'autant plus multi- 
pliés que ce groupe lui-même tient un rang moins 
élevé dans la hiérarchie des Classifications; et, en 
connaissant la place qu’un de ces êtres y occupe, 
on sait déjà les caractères principaux de son or- 
ganisation: 

On nomme espèce, dans ces classifications, la 
réunion des individus qui se reproduisent en- 
ire eux, avec les mêmes propriétés essentielles ; 
ainsi les hommes, les chevaux, les chiens forment, 
pour le zoologiste, autant d'espèces différentes. 
Les espèces les plus voisines sont ensuite réunies 
dans des groupes appelés genres, et dans lappel- 
lation le nom du genre précède toujours celui de 
l'espèce. En réunissant les genres qui présentent 
le plus d’analogie, on forme les tribus où familles, 
qu'on range à leur tour en groupes d’un rang plus 
élevé , et auxquels on donne le nom d'ordres. Les 
ordres , par leur réunion , formentenfin les classes. 
Nous avons déjà dit que les Classifications natu- 
relles étaient fondées sur l’ensemble de l’organisa- 
tion, ou sur celui des particsles plus importantes et 
qui présentent le moms de variation ; or il en ré- 
sulte que les traits propres à faire distinguer, dans 
les méthodes naturelles, une classe ou un ordre 
des autres divisions de même rang, sont en même 
temps des caractères d’une haute importance, et 
que, par cela seul que l’on connaît la famille, l’or- 
dre , la classe auxquels l’un de ces êtres appartient, 
on sait également ce que son organisation présente 
de plus remarquable : s’il s’agit d’un animal, on 
peut déjà déduire de cette connaissance celle de ses 
fonctions et de ses mœurs. 

Cepeu de mots doit suffire pour démontrer 
l'importance ou plutôt la nécessité des Classifica- 
tions. Nous ne pourrions yajouter, sans répéter ce 


que deux de nos collaborateurs ont si clairement: 


exposé dans l’/ntroduction de @e Dictionnaire où 
dans l’article Animaux. Ce: que nous devons-rap- 
peler seulement, c'est que les méthodes naturelles; 
qui ont donné une st vive impulsion à-la science’, 
en aplanissant tant de difficultés, ont été intro- 
duites dans la botanique par Bernard de Jussieu 
et par son neveu Antoine Laurent de Jussieu, etque 
ce fut Cuvier qui le premier en fit l’application à 
la Classification des animaux. Voy. M£rnones. 
(P. G. 
CLASSIFICATION BOTANIQUE. ER est 
d'établir entre les faits que la science des plantes 
nous fournit un certain ordre à l’aide duquel l’es- 
prit les voit, les comprend , les retient facilement. 
L'unité qui en résulte, purement extérieure et pra- 
tique, est arbitraire : c’est un aide-mémoire que 
les faits, considérés sous plusieurs faces, dans les 
liens qui les unissent les uns les autres, mettent 
sans cesse en défaut, mais qui n’en est pas moins 
utile pour entrer dans la voie de nouvelles décou- 
vertes, quand il est déduit d’une série d'idées ou 
système bien concu. J’ai déjà parlé des méthodes 
proposées par Tournefort, par Linné et par Ber- 
nard de Jussieu ; j’ai dit ce que l’on doit en atten- 
dre (v. au mot BoraniqQue) ; plus tard nous aurons 
l’occasion d’entrer dans-les détails nécessaires sur 
les bases physiologiques d’après lesquelles on les a 
fondées, et l’on pourra les perfectionner lorsque 
l'esprit philosophique renaîtra franchement dans 
la plus aimable des sciences naturelles. #. aux 
mots Frurrs, Mérnones et PLanre. (T. D. B.) 


CLASSIFICATION MINÉRALOGIQUE. (Voyez 
MinÉRALOGIE.) 

CLATHRE , ( 8or. crypr.) Champignons , Ce 
genre , qui est un des plus remarquables. parmi 
les Champignons, a été ainsi caractérisé par 
Micheli : Champignon presque globuleux, entiè” 
rement renfermé dans sa jeunesse dans. une 
valve charnue, persistante; creux et troué, con- 
tenant dans son inlérieur une matière blan- 
châtre, comme farineuse, et dans son centre une 
matière gélatinense. Ges deux matières, lors du 
développement complet. de la plante, se transfor- 
ment. en un liquide épais et fétide qui suinte par 
les trous du Champignon. 

Parmi les espèces peu nombreuses du genre 
Clathre, deux, le Clathrus ruber et le Clathrus 
flavescens, de Persoon, habitent l'Europe. Le Pre- 
mier, que nous avons représenté dans notre Atlas, 
pl. 112, fig. 5, est un des, plus beaux Ghampi- 
gnons connus, Parvenu à son état parfait, on voit 
apparaître, d'un volva d’un blanc jaunâtre et 
tri ou quadrilobée, une tête arrondie. d’un.beau 
rougeorangé, contenant les séminules mêlées à un 
fluide gélatineux, très-fétide, qui sort. par les 
trous du Ghampignon, 

Deux espèces de Clathrus;, le Clathrus crispus:, 
de Tursein , et: le Clathrus columnatus ; de Bosc, 
croissent en Amérique. (&.#) 

CLATHROIDÉES, Champignons. (ÿoT. crxPr.) 
On désigne sous ce nom un groupe de Champi- 


|gnons qui ont été appelés successivement Zitho- 


1. z a. Clausilie 2 Clavayelle 3.4 Clavaires 


5  Clavatelle verte 6. Claytomie 7. 8. Cleodores 


EE Cuerin dir 


GLAU 


Re LU ne en are er de de dt à 4 me à 
215 


‘CLAV 


RE ———————— Ù ——————————————————————————————— 


thecüi\par Persoon Rhantispori par Link ,:Fungi 
pistillares par Fries. 

Dans ces Ghampignons, encore jeunes, et pour 
lesquels il faudra peut-être un jour ‘établir une 
famille particulière, le volva a plus d’analogie 
avec le volva des Agarics ou d’autres Champi- 
gnons, qu'avec le/péridium des lycoperdacées ; la 
partie centrale, qui porte les séminules, est char- 
nue et non filamenteuse, comme dans toutes ‘les 
lycoperdacées; enfin, la disposition des séminules 
se rapproche beaucoup de ‘celle de quelques gen- 
res des vrais Champignons. 

Dans tous les genres bien connus des Glathroï- 
dées, on trouve un volva charnu et en partie 
mucilagineux, du milieu duquel s'élève un 
pédicule creux qui porte à son sommet un cha- 
peau, recouvert de cellules remplies de sporules 
mêlées à une matière mucilagineuse; cette matière 
mucilagineuse finit par se transformer en un li- 
quide très-fétide, et qui, en coulant par les trous 
du Champignon , entraîne les sporules avec lui. 
” Les genres de Clathroïdées sont les .Phalioïdes 
et les Clathroides. EE) 

CLAUDÉE, Æydrophytes. (mor. crver. ) Tha- 
lassiophyts dont la forme, la couleur et l’organi- 
sation sont des plus curieuses, qui croît sur les 
côtes dela Nouvelle-Hollande, et dont le carac- 
ière est d’avoir des tubercules en forme de silique 
allongée, attachés aux nervures par les deux ex- 
trémités. 

De la racine, espèce de corps renflé, charnu, 
s’élève une tige rameuse et garnie de feuilles 
d’où part une membrane, presque invisible à 
l'œil nu, échancrée sur ses bords, et courbée’ en 
demi-cercle. Gelte membrane est soutenue par des 
nervures moyennes qui partent toutes d’une ner- 
vure principale, et qui, d’abord rapprochées, s’é- 
loignent les unes des autres en divergeant vers les 
bords. Toutes les nervures moyennes sont liées 
entre elles par d’autres qui sont parallèles et 
plus petites, et qui forment, sur les feuilles, qua- 
tre ordres ou rangées de nervures qui se croisent 
à angle droit. Enfin , dans la partie moyenne des 
feuilles, se trouvent les fructifications, espèces de 
tubercules parallèles les uns aux autres, dont le 
nombre va quelquefois jusqu’à douze, et qui sont 
remplis de capsules granifères presque visibles à 
l'œil nu. 

La grandeur des Claudées varie d’un à deux 
décimètres ; leur couleur, après la dessiccation , 
offre des nuances vertes, rouges, jaunes, violet- 
tes, fondues les unes dans-lesautres de la-manière 
la plus gracieuse. 

. Une seule espèce est connue, c’est la Claudea 
elegans,, ainsi nommée à cause de sa beanté. 
(E. Fa) 

CLAUSILIE , Clausilia. (mozx.) Coquilles :ter- 
restres long-temps confondues avec les Hélices par 
les divers naturalistes , et séparées d’elles par Dra- 
parnaud, sur la présence d’une pièce :operculaire 
qui leur a valu leur dénomination. Daubenton les 
fit connaître dès l’année 1745 dans un mémoire 
qu'il lat à l’Académie des.sciences , et qui avait 


pour objet une distribution méthodique des co- 
quillages. Les Clausilies ont une forme qui leur 
est particulière; elles sont fusiformes, à spire 
plus ou moins aiguë, le dernier tour plus petit 
que le pénultième ; l'ouverture assez large, en- 
lière, à bords réunis, libres dans leur contour, 
et réfléclys au dehors; columelle divisée en deux 
lames doft une plus petite paraît servir à former, 
avec l’évasement de l'angle postérienr du bord 
droit , une sorte de canal pour le passage du bord 
de l’orifice de la cavité pulmonaire , et dont l’au- 
tre se partage plus ou moins et forme une ou 
deux dents. 

L'animal qui habite ces coquilles a la plus 
grande analogie avec celui des Hélices , seulement 
il a les tentacules inférieurs beaucoup plus courts 
et porte un osselet élastique dans le dernier tour 
de la spire de sa coquille. Lamarck en décrit 
douze espèces, presque toutes habitant la France; 
mais le nombre enest considérablement augmenté. 
M. de Férussac , dont le système est trop connu 
pour que je le mentionne de nouveau ici, réunit 
ce genre à la grande famille des Hélices; il en 
fait son quatorzième sous-venre ,sous la dénomi- 
nation de Cochlodine. 

Pour donner une idée de la forme de ces co- 
quilles , nous avons fait représenter dans notre 
Atlas, pl. 115, fig.1 , la Crausinre uisse, C. bi- 
dens , Drap. Elle est d’un blanc jaunâtre et se 
trouve dans toute l’Europe. (Ducz.) 

CLAVAGELEÉE, Clavagella. (morr.) Coquille 
fort singulière que l’on ne trouve qu'à l’état fos- 
sile, et dont Lamarck a fait un genre pour 
quatre espèces seulement. Voici les caractères 
attribués à ce genre par ce naturaliste : four- 
reau tubuleux, testacé, atténué et ouvert an- 
térieurement, terminé en arrière par une mas- 
sue ovale, légèrement comprimée, hérissée de 
tubes spiniformes; massue offrant d’un côté une 
valve découverte , enchâssée dans sa paroi; l’au- 
tre valve libre dans le fourreau. Les Clavagelles 
sont de taille moyenne par leurs rapports entre 
les Arrosoirs et les Fistulanes. Dans les Arrosoirs, 
les deux valves de la coquille sont ouvertes, fixées 
et enchâssées dans la paroi de la partie posté- 
rieure du fourreau, et paraissent au dehors; dans 
les Clavagelles, une seule des deux valves est en- 
châssée dans la paroi du fourreau, et se montre 
aussi au dehors, tandis que l’autre valve est libre 
dans l’intérieur du fourreau ; enfin dans les Fistu- 
lanes, aucune valve n'est fixée; la coquille est 
tout-à-fait libre au fond du fourreau. Si la massue 
des Arrosoirs offre de petits tubes disposés en 
frange circulaire autour du disque-postérieur , la 
massue des Clavagelles présente aussi de petits 
tubes saillans qui la rendent hérissée et comme 
épineuse , soit sur un de ses côtés ou à son som- 
met ; et ces petits tubes , ni les pores tubuleux du 
disque, ne se retrouvent plus dans les Fistulanes. 
Partout e’est lapartie postérieure du fourreau qui 
est la plus, large, etqui contient la coquille bivalve 
et équivalve; celle-ci n’enveloppant que la partie 
postérieure de l'animal, comme dans le Taret, 


CLAV 


216 


CLAV 


EEE RENTREE RER ERREUR. dE 


tandis que la partie antérieure du fourreau va 
toujours en se rétrécissant, et se trouve ouverte 
pour le passage des deux siphons de l’animal. Les 
quatre espèces décrites par Lamarck, vol. 5, 
pag. 529, sontles Clavagelles hérissée, à crôte, 
tibiale, et Brocchi. Les trois premières se trouvent 
à Grignon , la dernière en Italie. Nous avons fait 
représenter dans notre Atlas, pl. 113 , fig. 2, une 
belle espèce fossile découverte il y a peu de temps 
aux environs de Dax. C’est la CLAVAGELLE cou- 
RONNÉE, C. coronata, décrite par M. Rang dans les 
Mémoires de la Société Linnéenne de Bordeaux. 
- (Ducr.) 

CLAVAIRE, Clavaria. (or. cryrr.) Champi- 
gnons. Le genre Clavaire, limité par Fries dans 
son Systema mycologicum , est ainsi caractérisé : 
champignon charnu, simple, en massue ou à 
rameaux dressés, sans pédicule distinct; mem- 
brane séminifère lisse, couvrant toute sa surface, 
mais ne présentant de capsules que vers la partie 
supérieure. 

Le forme très-variable de ces champignons les 

a fait diviser en deux sections ou genres différens, 
que l’on a appelés l’un Ramaria , l'autre Clava- 
ria. Les premiers forment des sortes de buissons 
composés d’une tige à rameaux nombreux, com- 
primés, rapprochés et d’une égale longueur. Les 
meilleures espèces de cette section, qui sont en 
très-grand nombre et toutes bonnes à manger, 
sont : 
! 1° La Cravarre FAUvVE, Clavaria flava de Fries, 
nommée mal à propos C. coralloides par Bulliard, 
dont la tige est blanchâtre , à peu près de la gros- 
seur du pouce, et dont les rameaux, simples in- 
férieurement , divisés supérieurement, égaux entre 
eux et fastigiés, forment une tête arrondie de 
plusieurs pouces (5 à 4) de grosseur, et dont la 
couleur est d’un jaune plus ou moins foncé. Nous 
l'avons représentée dans notre Atlas, pl 115, 
fig. 3. 

2° La CLAVAIRE CORALLOÏDE , Clavaria coralloides 
de Linné, qui ne diffère de la précédente que par 
ses rameaux qui sont inégaux et sa couleur qui 
est toute blanche. 

3° La CravaiRE cENDRÉE, Clavaria cinerea de 
Bulliard. espèce de couleur grise, à rameaux 
serrés , sinueux, presque dentelés sur les bords, 
tronqués au sommet. 

La seconde section du genre Clavaire ren- 
ferme des espèces dont aucune n’est bonne à man- 
ger. Ces espèces sont simples, en forme de mas- 
sue, tantôt très-renflée , comme dans la Clava- 
ria pistillaris de Bulliard, que nous avons repré- 
sentée pl. 119, fig. 4, tantôt presque cylindri- 
que , comme dans les Clavaria cylindrica ct Cla- 
varia fistulosa du même auteur. 

Fries a réuni au genre Clavaria quelques es- 
pèces appelées Calocera, qui sont remarquables 
par leur nature gélatineuse ou cornée , leur struc- 
ture simple ou rameuse, l’absence du pédicule, 
leur couleur jaune où orangée, etc., etc., qui ha- 
bitent les environs de Paris: telles sont les Calocera 
viscosa et Calocera cornea. (F'F.) 


CLAVARIÉES. (207. cryrr. ) Champignons. 
Dans cettte section dela grande famille des Cham- 
pignons se trouvent toutes les espèces à mem- 
brane fructifère, recouvrant en totalité ou en 
partie la substance propre du champignon, qui 
n’ont pas de chapeau distinct, qui ont la forme 
de massue simple ; @t dont les rameaux sont 
dressés. 

Les genres de cette tribu sont les suivans : Spa- 
rassis , Clavaria, Pistillaria , Crinula, Typhula, 
Mitrula , de Fries, et Geoglossum, Phacorrhiza 
de Persoon. (EF) 

CLAVATELLE. (mor. cryrr.) Chaodinéess Le 
genre Clavatelle a des filamens articulés par sec- 
tions transverses, et non par globules, purs de 
matière colorante, terminés en massue , et qui 
se développent du centre à la circonférence. 

Les deux espèces connues sont la Clavatella 
nosioc marina et la Clavatella viridissima : la pre- 
mière, qui a l'aspect d’un petit nostoc ordinaire , 
mais qui en diffère par sa consistance plus mem- 
braneuse et par sa couleur d’un brun jaunâtre , 
habite les rochers du Nord ; la secônde, qui croît 
dans les mêmes lieux, se présente sous forme de 
membranes dont la consistance se rapproche un 
peu de celle du cuir, et qui se contractent avec 
élasticité. (FF) 

CLAVEL, CLAVELADA, CLAVELADE et CLA- 
VELADO. (porss.) Noms vulgaires de la Raïe bou- 
clée sur les côtes de Provence et de Nice. 

(Gu£r.) 

CLAVELLAIRE, Clavellaria et Clavellarius. 
{ixs.) Nom employé par Olivier et Lamarck pour 
désigner le genre Cimgex. (Voy. ce mot.) 

(Guér.) 

CLAVICORNES, Clavicornes. (1xs.) Famille de 
Coléoptères, de la section des Pentamères , ayant 
les caractêres suivans : élytres ne recouvrant 
souvent pas entièrement l’abdomen ; quatre palpes: 
antennes en massue à leur extrémité, soit perfo- 
liées, soit solides, toujours plus longues que les 
palpes maxillaires; pieds seulement propres à la 
course , avec les articles des tarses postéricurs 
entiers. Cette famille est très-considérable, et les 
insectes qui la composent ayant souvent des mœurs 
différentes, nous n’en parlerons qu’à leur article 
particulier. CAR 

CLAVICULE. (axar.) Voy. SQuELETTE. 

CLAVIÈRE. (vorss.) Nom vulgaire du Labre va- 
rié et d’une espèce de Spare , sur les côtes de la 
France méridionale. (Gu£r.) 

CLAVIGÈRE, Claviger. (ins. ) Preysler a établi 
ce genre dans son Histoire des Insectes de Bohême. 
Il est composé de deux très-petits Coléoptères, 
dont il sera question à l’article Psecarr, Voy. ce 
mot. (Guér.) 

CLAVIPALPES , wlavipalpi. (ixs.) Famille de 
Coléoptères de la section des Tétramères. Les in- 
sectes qui la composent, quoique offrant, comme 
les autres Tétramères , le dessous des tarses garni 
de brosses et le pénultième article bilobé, s’en 
éloignent cependant par leurs antennes ter- 
minées par une massuc perfoliée; leurs mâ-. 


choires , 


CLAY 


Forg 


CLÉN 


A 


choires, armées intérieurement d’une dent cor- 


née, les en éloignent encore; aussi peut-on penser 


que cette coupe, concentrée presque en un seul 
genre, n’est pas à sa place. Leur corps est arrondi, 
bosselé ; leurs mandibules dentées indiquent 
des animaux rongeurs; aussi quelques espèces 
ont-elles été trouvées dans les bolets qui poussent 
sur les troncs d'arbres. Leurs palpes, qui ont prin- 
cipalement servi à les caractériser, sont terminés 


* par un article beaucoup plus grand, surtout les 


maxillaires , dont le dernier article est presque en 
forme de croissant. Le principal genre de cette fa- 


| -milieest celuides Enoryces. (V. ce mot.) (A. P.) 


CLAVULINE, Clavulina. (mor. ) Coquilles mi- 
croscopiques appartenant à la grande division des 
Céphalopodes de Lamarck, dont M. Alcide d’'Orbi- 
gay a formé le premier genre d’une famille qu’il a 
fait connaître sous la dénomination d'Hélicostègues. 
Ces coquilles sont ainsi caractérisées : spire très- 
allongée, projetée en ligne droite à un certain 
âge, et formant alors une suite de loges empilées 
sur le même axe que celui de la spire ; ouverture 


terminale et centrale. Les Clavulines ne sont en- 


“core qu'au nombre de quatre; deux espèces à 


l'état vivant habitent la Méditerranée et la mer 


‘Adriatique. Les deux autres sont fossiles ; l’une 


appartient aux terrains tertiaires des environs de 
Paris et l’autre se trouve à Sienne. La seule dont 
M. d’Orbigny ait donné la figure est la CLAVULINE 
ANGULAIRE , que l’on peut voir tom. 7 des Annales 
des sciences naturelles, pl. 12, n° 7. (Duczos.) 
CLAYTONIE, Claytonia. (80T. pnan.) Genre 
de plantes de la Pentandrie monogynie et de la 
famille des Portulacées; toutes sont herbacées, 
annuelles et étrangères au sol de la France; au- 
cune n’y est cultivée , pas même l'espèce indigène 
aux lieux.inondés , aux plages maritimes de l’île 


Wde Cuba, C. cubensis, que l’on mange comme es- 
8 


pèce potagère. Cette Claytonie à les tiges nom- 
breuses, tendres, épaisses en leur sommet , hautes 
de cinq à treize centimètres , munies vers la partie 
supérieure d'une feuille perfoliée, creuse et mar- 
qaée marginalement par deux ou trois pelites 


| dents; les feuilles radicales sont longuement pé- 


tiolées et disposées en spatule. Quant aux fleurs, 
qui toutes sont peliles et blanches , les unes 
forment des grappes unilatérales , les autres, par- 
‘tant de la feuille perfoliée, s’échappent en ombelle 


“simple. Les autres espèces de ce genre, quoique 
appartenant à l'Amérique du nord et à Ta Sibérie, 


“courent risque de périr quand les froids sont ri- 
“soureux. Parmi les premières, nous citerons la 
"CLAYTONIE DE VinGINIE, C. virginica, où on la 
cultive dans les jardins. Sa racine est tubéreuse ; 
“sa tige, vivace, haute au plus de seize centimètres, 

êle, a des feuilles étroites, lancéolées, assez 
semblables à celles des graminées ; les autres sont 
opposées , glabres, un peu charnues ; une grappe 
“iche termine la tige ; elle est composée de fleurs 
“blanches, rayées de rouge , quelquefois entière- 
ment roses, toujours grandes ; et épanouäes depuis 
le mois de mars jusqu’à la fin de mai. Joy. notre 


Atlas, pl. 115, fig. 6. (T. ». B.) 
Toue HI. 


108° Livraison. 


CLÉMATIDÉES. (Bor. Pxax.) On a formé sous 
ce nom une petite tribu dans la famille des Re- 
nonculacées , et on lui a donné pour caractères : 
tiges herbacées ou persistantes, sarmenteuses ou 
droites, partant de racines fibreuses, annuelles ou 
vivaces, munies de feuilles caulinaires constam- 
ment opposées: Ceux tirés de la fleur ont encore 
moins de précision. En effet, l'estivation du calice 
est valvaire ‘ou induplicative ; les pétales sont pla- 
nes ou n'existent pas; Je fruit est porté sur un 
pédoncule plumeux ou glabre , ou simplement pu- 
bescent ; tantôt ce pédoncule est triflore , tantôt 
ilest uniflore et naît en même temps que les feuil- 
les. Pensez après cela que vous avez seulement 
deux genres, le Clematis, augmenté du genre 
Atragène de; Linné, et le Varavelia d’Adanson, 
et jugez! Si la prolixité, si le manque de signes 
bien tranchés sont des titres pour être proclamé 
botaniste, l’auteur de cette coupe mérite Ja 
palme : personne ne la ramassera après lui. 

(T. ». B.) 

CLÉMATITE, Clematis. (mor. raw.) Trente 


“espèces constituent ce genre de la Polyandrie po- 


lygynie et de la famille des Renonculactes. Pres- 
que toutes sont de pleine terre en France , et ser- 
vent à garnir des berceaux, des murs nus ou 
toute autre palissade. Leurs fleurs, fort jolies, de 
couleur bleue dans la Clématite des buissons, 
C. viticella ; pourpre ou violette dans la Cléma- 
tite viorne , C. viorna; blanche dans la Cléma- 
tite commune, 'C. vitalba; produisent un bel ef- 
fet au milieu de leurs cent bras qui s’entortillent 
de mille manières, et s'accrochent à tout ce qui 
les avoisine au moyen de. la vrille dont ils sont 
munis. Ces fleurs reposent solitaires sur de longs 
pétioles, à l'extrémité des rameaux dans la pre- 
mière des espèces nommées ; elles sont grandes et 
bordées au dehors d’une membrane veloutée et 
ondulante dans la Clématite appelée pour cela 
crépue, C. crispa; pelites, peu odorantes et dis- 
posées en sorte de panicule dans la €. vitalba; 
très -parfumées , agréables , nombreuses et blan- 
ches dans la C. flammula. Quand leurs capsules 
sont développées , les Clématites se font encore 
plus remarquer ; les plumets blancs et soyeux qui 
les décorent avec élégance durant une partie de 
l'hiver , leur ont fait donner par les poètes le sur- 
nom de Plaisir des voyageurs. 

Veut-on les tenir en buissons , il suffit de leur 
retrancher chaque année un certain nombre de 
leurs sarmens. L'espèce commune est Ja plus 
dangereuse de toutes ; elle agit comme caustique 
et vésicante; ses feuilles, écrasées et appliquées 
sur la peau, produisent des ulcères légers et acci- 
dentels : c’est une ressource qu’exploitent. les fai- 
néans qui vont mendier , afin d’exciter davantage 
la compassion ; lorsqu'ils ont atteint leur but, ils 
se guérissent par l’application des feuilles de bette, 
et descendent dans les antres du vice pour rire 
de. la société qui les tolère. Les tiges sont em- 
ployées à faire des paniers,.des corbeilles, des 
ruches et d’autres ouvrages de vannérie; elles : 
sont d'autant plus précieuses, sous ce rapport, 


28 


+CLÉO 


«qu'elles sont fort longues et: plus flexibles que 
celles ‘de l’osier et-autres arbustes. 
3. Pour multiplier les Clématites,, on préfère les 
marcottes et la séparation des pieds; la voie des 
semences est très-longue; son les attend souvent 
cinq ou six ans, et puis elles demandent une 
terre bien travaillée, l'exposition au levant, et 
à être fraîchement récohées. ; 
CLémarime pes Azpss. Cet arbuste , appelé par 
Linné Ætragene alpina, fait partie d’un genre 
très-voisin des Clématites proprement dites, et que 
quelques botanistes de nos jours ont :supprimé 
pour les réunir, malgré Ja différence:positive qui 
les sépare. Les Atragènes ont un calice ‘et. au 
moins douze pétales, tandis, que les .Glématites, 
privées de calice, ne présentent que quatre péta- 
les et rarement cinq. Ces deux genres se ‘rappro- 
chent par leurs tiges sarmenteuses et leurs se- 
mences garnies de panaches soyeux. L'espèce que 
nous examinons n’est point difhicile.sur le terrain; 
elle aime les montagnes et choisit de préférence 
les endroits rocailleux. Ses tiges et ses rameaux 
sont diffus ; ses fleurs, d’un blanc violâtre, parais- 
sent en juillet , et se tiennent penchées. 
… CGLÉMATITE DES Ines A GRANDES rLEURs. C’est 
encore une espèce du genre Atragène, que Jac- 
quin a nommée Clematis florida. Superbe arbuste , 
aux fleurs inodores, trèsbelles, accompagnées 
de bractées en cœur aigu à la base de leur pé- 
doncule, (T.». B.) 

, CLÉODORE,, Cleodora. (morr.) Genre de co- 
quilles établi par Péron et classé par Lamarck 
entre les Clios et les Limacines, avec. lesquelles 
elles ont quelques rapports. Ces Ptéropodes ont 
les caractères suivans : corps oblong , gélatineux, 
contraclile ; à deux ailes, ayant un lobe intermé- 
diaire demi-circulaire à sa partie antérieure, et 
contenu postérieurement dans une coquille; tête 
saillante, très-distincte, arrondie, munie de deux 
yeux et d’une bouche en forme de petit bec, point 
de tentacules; deux ailes opposées, membraneu- 
ses ; transparentes , échancrées en cœur, insérées 
à la base du cou; coquille gélatinoso-cartilagineuse, 
transparente, en pyramide renversée, où en forme 
de lance, tronquée et ouverte supérieurement. Peu 
d'espèces constituent ce genre. MM. Quoy et Gay- 
mard en ont donné une fort bonne figure dans le 
Voyage autour du monde de l’Uranie, pl. 66, n°5. 
M. Rang vient d'en faire connaître une grande es - 
pèce, le géant du genre, dans le Magasin de Zoo- 


logie publié par M. Guérin, el. 5, pl. 44, c'est la | 
Cleodora balantium; sa coquillle a plusd’un pouce ! 


de longueur sur cinq lignes de large à la bouche; 
elle est transparente comme du enistal et striée en 
travers. L'animal sort de près de six lignes hors 
de cette coquille; il est d’un bleu rosé:transpa- 
rent ;,ses ailes sont un peu échancenées an bout ét 
longues chacune.de neuf ou dix lignes. Cette belle 
espèce vient des mers d'Amérique »nous l'avons 
reproduite dans notre Atlas, pl. 115, fig. 7, a, b. 
La figure 8, a, b, offre la représentation de la 


Cleodora lanceolata de Lesson; celle: ci vient des | 


mers de lnde, Duc.) 


518 


:CLER 
CLEPSNIE ; C fps (annëz.) Cegenre, fondé 


par Savigny, ne diffère que par des caractères 
peu importans des Sancsues. ’oy. ce mot. 
S | (Guër.) 

CLEPTE, Cleptes. (ixs.) Genre d'Hyménopières 
de la famille des Pupivores, tribu des Chrysides ; 
ces insectes diffèrent des Chrysis proprement dits 
par leur corselet rétréci en devant; leur .abdo- 
men de quatre à cinq segmens, ovoïde, pointu à 


son extrémité, à peine voûté en dessous; leurs’ 


mandibules sont dentées et leur languette entière. 
Voy. Curysipes. 

C. Dem-poR£E, C. semi-aurata,, Fab.  Guér. 
Icon. du Règne animal, 1ns. pl: 68. Longue de 
trois ligues , d'un vert doré méiangé de bleu vio- 
let avec les deux tiers de l'abdomen, les tibias et 
les tarses fauves; l'extrémité de l'abdomen est plus 
noirâtre. On la trouve plus habituellement :sur 
les feuilles. Peut-être leurs mœurs diffèrent-elles 
un peu de celles des autres insectes,de la même 
tribu, mais ils n'ont pas été.observés. (A. P.) : 

CLEPTIQUE , Cleptieus. (poiss.) Sous.le nom 
de Cleptique de Cuvier, nous désignons princi- 
palement un poisson de la famille des Labroïdes., 
et qui mérite de former un petit groupe particu- 
lier, fondé sur,ce caractère remarquable ; que 
son museau, pelit el cylindrique, sort subitement 
comme celui des Filous, ÆEpibulus ,: Guvier. Son 
corps est,oblong, sa tête obtuse; ses écailles en- 
veloppent la dorsale et l’anale jusqu’au sommet 
des épines. On ne conmait encore qu’une seule 
espèce de ce genre, nommée Clepticus genizera , 
Cur., décrite et figurée dans Parra, pl. xxx, fig. 1; 
elle est d'un rouge pourpre. (Azru. (G,) 

CLÉRODENDRON, Clerodendrum, (sor.e5an.) 
Arbre fortuné. Telle est la signification de ce mot 
grec, créé par Linné; si vous parcourez la liste des 
espèces du genre Clérodendron, vous trouverez les 
épithètes d'infortunatum ,. de calamitosum. Linné 
s'apitoyait sans doute sur le sort d’un arbre qui 
lui avait plu, en Jui prodiguant les épithètes les 
plus touchantes. Le voyageur Rheede, beaucoup 
moins sensible et moins poétique, l'avait envoyé 
de l'Inde sous le nom tout sec de Péragat. 

Les Clérodendrons sont des arbres originaires des 


Climats situés sous les tropiques; leurs feuilles sont 
opposées et simples ;leurs fleurs, disposées en co- 


rymbes tricholtomes. [ls appartiennent à la famille 


des Verbénactes, Didynamie angiospermie de 


Linné. En les caractérisant, nous leur réuni- 
rons Je genre ’olkameria, qui n’en diffère réelle- 
ment point ; en faire un article à part, serait en- 
tretenir une.confusion perpétuelle dans la nomen- 
clature. Si,d'un côté, Poiret et Gærtner ont 
cherché à les distinguer génériquement , de l’au- 
tre, les observateurs ct auteurs de nouvelles .es- 
pèces, tels que R. Brown.et Kunth, ont senti la 
nullité ou linconstance des caraclères donnés 
comme propres à reconnaître un W’o/kameria en- 
tre les Clérodendrens. La vérité est qu'on s'y mé- 
prend sans cesse , ek,que les horticoles ne :s’en- 
tendent pas avec les botanistes quand ils parlerit 
de cesarbres. Le genre Clérodendron ou £'olkame- 


l 
| 


2 


CLET 


249 


CLIM, 


ria a donc pour caractères : un calice campa- 
nulé, à cinq dentsou divisions ; une corolle à tube 
allongé , s’évasant en cinq divisions parfois un peu 
irrégulières; quatre étamines didynames; un ovaire 
à quatre loges monospermes, portant un style 
simple ou échancré, et quelquefois bifide;. une 
baie à quatre noyaux, soudés deux à deux dans 
quelques espèces. 

Ont connaît! une : trentaine de: Clérodendrons ; 
plusieurs ornent nos jardins. Tels sont : 

- Le CxÉRODENDRON SANS AIGUILLONS, C. inerme ou 
Volkameria inermis, joli arbuste de six à huit 
pieds, à rameaux droits et opposés, à feuilles 
lancéolées, assez dures. À leur aisselle croissent , 
trois par trois, des fleurs d’un blanc de neige, à 
ébamines très-saillantes. Cette espèce, et une au- 
tre dont la tige ést armée d’aiguillons (C. aculea- 
tum , où V. aculeata), peuvent passer l'été hors 
de la serre chaude , pourvu qu’elles soient à une 
bonne exposition et arrosées fréquemment. 

Le: Clerodendron infortunatum , L., ou P£rAGuT 
A‘FEUIULES EN COEUR; c'est un arbuste toujours 
vert; ses fleurs, blanches et carminées à la base, 
répandent une odeur agréable. 

Nous citerons encore lé CLÉRODENDRON Écar- 


Japon, C. fragrans, à fleurs doubles, etc. Tons ces 
arbustes sont très-recherchés ; mais ils demandent 
Ja culture des serres chaudes. (L.) 
-CLETHRE , Clethra. (mor. PHAN.) Elégans ar- 
bustes de la famille des Bruyères, Décandrie mo- 
nogynie, devenus assez communs dans nos jardins 


sans cesser d'être recherchés. La plupart sont ori- 


ginaires de l'Amérique septentrionale: Ils portent 
des feuilles alternes et simples , des fleurs en grap- 
pes, quelquefois paniculées , et caractérisées ainsi 
qu'il suit : calice à cinq divisions profondes; co- 
rolle-campanulée, à cinq lobes, tellement séparés 
qu'on la croirait polypétale; dix étamines, insé- 
rées à la base de la corollez; anthères bifides infé- 
rieurement, se renversant en dedans après l’épa- 
nouissement de la fleur; ovaire à trois loges, 
portant un style court, à stigmate trilobé ; capsule 
enveloppée parle calice, formant trois loges , dont 
les cloisons sont placées sur le milieu de la face 
interne des valves. 

L'espèce décrite par Linné comme le type du 
genre est le CLeTHRA À FEUILLES D'AUNE, Clethra 
alnifolia,-arbuste de quatre à cinq pieds, à tiges 
ramouses , à feuilles ovales, à fleurs blanches en 
épis terminaux, Le nom de Clethra , en grec aune, 
lui fat imposé à cause de la forme de ses feuilles. 

Le C. tomentosa, Lamarck, se distingue du pré- 
cédent par ses rameaux cotonneux, ainsi que le 
dessous des feuilles. Ces deux arbustes se culti- 


yént en pleine terre. 


Une plus belle espèce, originaire de l'ile de Ma- 
dère, est le CLernra EN ARBRE, (+. arborea, Ac- 
ton et Ventenat; elle s'élève à 6 ou 8 pieds, ‘et 
porte des fleurs blanches ; d’une odeur snave. On 
en cultive une très-jolie variété à feuilles pana- 
chées de vert, de jaune et de rouge. : 


LATE ; V. coccinea ou C. coccineum , à fleurs rou- 
ges, en panicule terminale; le CLÉRODENDRON pu 


Le Clethra acuminata; Michaux, est un arbre 
de: 25 à 50 pieds, à feuilles glauques; ses fleurs 
sont entremêlées de longues bractées caduques. 
I1 vient de l'Amérique du nord, ainsi que le Ce- 
THRA A FLEURS PANICULÉES, C. paniculata, Aïton. 

M. Kunth, dans ses Vova genera ct Species: de 
Humboldt et Bonpland , a décrit trois nouvelles es- 
pèces de Clethra, dont lune; qu’il nomme C. fim- 
briata, est remarquable par les lobes de sa co- 
rolle échancrés en cœur et frangés sur leur bord. 
Elle est figurée:pl. 264 de son ouvrage. (L.) 

CLIGNEMENT. (paysror.) Mouvement parlequel 
on rapproche les paupières , de manière à ne laisser 
entre elles qu’un petit intervalle, dans le but de 
fixer des objets de très-petite dimension, ou de 
diminuer l'impression d’une vive lumière. Le Cli- 
gnement est habituel chez les individus à vue basse. 
Ils’opère encore lorsque la physionomie:prend l’ex- 
pression de l’étonnement et du mépris. Il diffère 
du clignotement en ce que, dans ce dernier, les pau- 
pières se rapprochent et s’écartent alternative 
ment par un mouvement rapide et répété, et que 
ce mouvement est presque toujours le résultat 
d’une disposition maladive. (P. G.). 

CLIMAT. (céocr. Pays.) Les géographes dési- 
gnent ainsi un espace du globe terrestre renfermé 
entre deux cercles parallèles à l'équateur. Mais ce 
mot a plüs généralement une acception: synonyme 
de ceux de pays, localité, lieu, ete. Ainsi donc, on 
entend ordinairement par Climat.une terre sou- 
mise à des influences particulières de qualité, 
de chaleur atmosphérique, de saison ; etc. , qui la 
rendent différente d’une autre, sous le rapport de 
ces circonstances physiques : l'air , la lumière, le 
calorique, le fluide électrique, l’eau , les émana- 
tions sont donc autant de causes dont l'influence 
donne aux Climats un caractère particulier. Les 
hommes, les animaux, les végétaux éprouvent 
d'importantes modifications en raison de l’éléva- 
tion.ou de l’abaissement de la température , de la 
sécheresse ou de l'humidité. En prenant la chaleur 
atmosphérique comme point de comparaison , on a: 
divisé le globe terrestre en trois régions dont les 
caractères sont bien tranchés : les Climats chauds, 
les Climats tempérés et les Climats froids. Les Gli- 
mats chauds sont compris entre les deux tropi- 
ques jusqu’au 30° degré de latitude , soit boréale, 
soit australe, et comprennent ainsi l’Afrique, la 
Nouvelle-Hollande, l'Amérique méridionale ; l’Ara- 
bie, la partie méridionale de l'Asie, la Nouvelle- 
Guinée et beaucoup d'îles de l’Archipel. : Les 
Climats tempérés commencent vers le 31° degré, 
et s'étendent: jusqu’au 55° ou au 60° des deux hé- 
misphères. L'Europe , la Haute-Asie, ‘la Grande- 
Tartarie, le Thibet, une partie de la Chine, le 
Japon, .l’'Amérique septentrionale s’y trouvent 
ainsi compris. Les Climats froids commencent près 
des pôles : la Suède, ‘Ja Nouvelle-“Zemble , ; le 
Spitzberg, toute la Sibérie qui avoisine. le cercle 
polaire jusqu’au Kamtschatka; l'Islande , le Groën- 
land, la baie d'Hudson, et l'extrémité nord de 
l'Amérique, sontsituéssous les climats froids, ainsi 
que toutes les terres antarctiques correspondant: à 


CLIM 


220: 


CLIM 


celles de notre pôle, et qui , en général, sont beau- 


coup plus froides que les terres arctiques ; pro- 


bablement en raison de la plus grande étendue 
des mers et des glaces poläires, et parce qu'aussi 
le soleil y reste un peu moins que sur notre hé- 
misphère. 

Dans les Climats chauds, entreles tropiques, la 
température moyenne est de 22 à 25°. En Norwége, 
au contraire, elle s'élève à peine, terme moyen, 
à quelques degrés au dessus de zéro. Plus on se 
rapproche des pôles, et plus l’air condensé est sec ; 
plus au contraire on s’avance vers l'équateur, 
et plus l'air tient d’eau en dissolution; aussi il 
tombe, chaque année, environ 70 pouces d’eau sous 
les tropiques, tandis qu’il n’en tombe guère que 
de 18 à 20 pouces en Europe. L’électricité est 
très-faible par la même raison vers les tropiques, 
et son équilibre ne s’y rétablit que par de violens 
orages, tandis qu’elle est très-forte dans l’air sec 
des pôles, où elle se manifeste sous la forme 
d’aurores boréales. 

Il est facile aussi de concevoir que , sous la ligne 
équatoriale, dont le soleil ne s'éloigne pas, les sai- 
sons seront à peine marquées , tandis qu'elles en- 
traîneront de grands changemens atmosphériques 
dans les régions tempérées, et surtout dans les 
régions froides. Une autre cause qui établit encore 
une grande différence entre les Climais, c’est 
l'agitation plus ou moins considérable de l'air. 
Vers les tropiques, les vents alisés, qui semblent 
suivre le-cours du soleil, soufllent constamment 
de l’orient à l'occident; ces vents reconnais- 
sent pour cause la dilatation de l'air échauffé à 
mesure que le solcil s’avance sur l’horizon et la 
précipitation avec laquelle l'air plus froid des Jati- 
tudes voisines tend à remplir le vide laissé par 
l'air dilaté. Ainsi donc dans les régions équato- 
riales la température est presque toujours la même, 
tandis qu’elle varic beaucoup dans les zones tem- 
pérées et plus encorc dans les régions polaires. 

Il est facile de voir quelle influence immense 
doivent avoir ces différences sur tous les êtres qui 
habitent ces divers Climats. Essayons, en les par- 
courant rapidement, d’en donner une idée, et pre- 
nons surtout l’homme pour iype de nos observations 
principales. Dans les climats chauds, les plan- 
tes, favorisées par l'humidité qui y règne, se 
développent avec énergie, les animaux se propa- 
gent, se multiplient d'autant plus que d’immen- 
ses étendues de terrain leur sont abandonnées et 
que la présence de l'homme ne s'oppose pas à 
leur propagation. L’humidité, si favorable à la 
végétation, n'existe que sur les bords des mers 
équatoriales, tandis que l'air sec des conlinens , 
du centre de l'Afrique, par exemple, dessèche 
tous les êtres vivans. Dans les pays chauds, où la 
circulation est plus active, la vie est plus rapide, 
les périodes dont elle est marquée se montrent et 
se succèdent plus tôt que parmi nous ; la vieillesse 
arrive plus vite, et la vie s'éteint dans un temps 
moins long. La fibre musculaire, relächée par la 
chalenr, a moins de force, d'énergie; mais la sen- 
sibilité est plus grande, le système nerveux plus 


mobile, l’exaltation cérébrale poussée à un point 
extrême, d’où résulte l’affaiblissement du reste de 
l'organisation. De 1à aussi les caractères tranchés 
qu’on remarque chez les habitans : indolens, vin- 
dicatifs, lascifs, enclins à la vengeance, au fana- 
tisme , ils aiment les plaisirs faciles, manquent de 
courage parcequ'ils manquent de force ; aussi l’his- 
toire nous apprend-elle que les nations septentrio- 
nales ont toujours subjügué les peuples du midi. 
S'ils se nourrissent avec peu d’alimens, et s’ils les 
choisissent de préférence parmi les substances vé- 
gétales , ils se livrent en revanche et avec excès à 
l'usage des narcoliques, qui les enivré et diminue 
l’état habituel d’excitation du cerveau. 

Sivous examinez au contraire les habitans des 
Climats froids, vous les verrez d’une taille élevée, 
robustes, vigoureux, prolongeant leur jeunesse, 
et n’arrivant que lentement à la vieillesse et au terme 
de la vie ; ardens au travail , à la chasse, à la guerre, 
turbulens, téméraires, francs, généreux, indé- 
pendans, grands mangeurs,, grands buveurs; 
car le froid, qui refoule à l’intérieur les facultés 
animales, ajoute à l’activité de leur système diges- 
tif. Nous ne parlerons pas ici au reste des pays où 
règne un froid excessif; car le froid extrême, 
comme l'extrême chaleur ,. empêche l’accroisse-- 
ment du corps, émousse la sensibilité, invite à la 
torpeur, oblitère les sens. Aussi observe-t-on que 
les végétaux, comme les animaux, s’amoindrissent, 
deviennent chétifs et grêles dans les pays très- 
froids. Les Lapons, les Groënlandais, les Samoïè- 
des, etc., sont en général trapus, rabougris, de 


petite taille, d’une constitution nerveuse, d’un .# 


caractère timide. 

En examinant les résultats de l'influence des 
Climats froids et chauds sur les êtres qui les ha- 
bitent, il est facile de deviner les heureux privi- 
léges dont jouissent ceux des régions tempérées ; 
ils n’ont pas l'énergie, la vigueur des habitans du 
septentrion ; ils n’ont pas nen plus l’indolence ni 
la pusillanimité des méridionaux; leurs muscles 
moins épais ne se développent pas aux dépens 
de leur système nerveux, et celui-ci à son tour, 
par son excitabilité, ne dévore pas leur existence ; 
leur taille moyenne est remarquable par la grâce 
et les heureuses proportions ; l'équilibre qui existe 


entre leur sensibilité et leur force musculaire leur 


fait réunir les agrémens de l'esprit aux agrémens 


du corps ; aussi marchent-ils toujours en tête de .h 
la civilisation et semblent-ils plus propres à la, 


culture des beaux-arts, des sciences, des travaux 
de l'imagination; comme il leur est plus facile de 


supporter toutes les températures , ils sont voya- 4 


geurs, commerçans, industrieux. Ajoutons à ces 
données trop générales, mais que notre cadre ne 
nous permet pas de spécialiser, que les mœurs 
enfantent les institutions, et que celles-ci à leur 
tour réagissent sur l’organisation des peuples. Ges 
différences tranchées, que nous venons d'exposer 
sommairement, ne sont pas les.seules qui méritent 


l'attention; il en existe encore d'aussi remarqua- ; 


bles entre les pays bas et humides et les terrains 
secs eb élevés. Dans les premiers, où règne un air 


CLIM 


221 


CLIM 


épais, nébuleux, une température douce et molle, 
où l’on rencontre deseaux stagnantes, bourbeuses, 
on trouve aussi un sol fertile , des plantes élevées, 
vertes, imprégnées d'un suc abondant , mais ino- 
dores, insipides ; la terre, sans cesse détrempée , 
se couvre d'une multitude d'herbes, les insectes 
y pullulent, et l’organisation de l’homme y sem- 
ble moins vigoureuse ; ses tissus sont relâchés, 
sa peau est lisse, d’un blanc mat, ses cheveux sont 
longs, blonds, flexibles, son imagination est lente; 
aussi les habitans de ces contrées sont-ils peu spi- 
rituels, pesans, paresseux, oisifs. Quelquefois leurs 
systèmes glanduleux.et cellulaire s’infiltrent, s’en- 
gorgent par la surabondance de la lymphe, et l'on 
rencontre alors des individus goîtreux, comme 
dans le Valais, où l’on trouve tant de cretins, vi- 
vant dans une apathie stupide, et, comme les ani- 
maux, pour manger, dormir et engendrer. 

Mais parcourez au contraire les lieux élevés et 
secs, le sommet des montagnes : au milieu de ces 
plantes desséchées, de ces animaux aux formes 
syeltes et vigoureuses, bondissant sur les rochers, 
voyez l'homme, respirant un air riche, agité et 
vif, gravir ou descendre sans cesse, acquérir une 
vigueur excessive, une agilité surprenante. Le 
montagnard si excitable, si sensible ; à l’imagina- 
tion prompte, active ; impatient , irascible , aimera 
la chasse, et recherchera avec avidité les périls 
de la guerre. Tels sont les Albanais, les Suisses, 
les montagnards espagnols. Les habitans des plai- 
nes offriront au contraire des habitudes plus dou- 


ces, des mœurs plus faciles : ils seront agricul- 


teurs, portés au plaisir; ils aimeront la paix, le 
repos , la bonne chère ; leurs formes seront agréa- 
bles, leur esprit plus superficiel que profond. 
Nous parlons ici des plaines fertiles comme celles 
qu'arrosent la Seine, la Loire , le PÔ, l'Escaut, 
le Nil et le Gange, mais non pas de ces plaines 
arides de l’Arabie-Pétrée, de ces déserts de sable 
où nul peuple ne peut se fixer, de ces steppes 


arides de la Tartarie où la végétationest si pauvre, 


où nulle culture ne saurait prospérer. 

Le nombre des circonstances qui modifient la 
nature du Climat ou contrebalancent son influence 
est infini ; la civilisation, les rapports des peuples 
entre eux , ont rapproché les végétaux et les ani- 
maux des latitudes les plus opposées ; dans leurs 
relations, les peuples empruntent aux usages, 
aux mœurs des autres peuples brisés par les con- 
quêtes ; les institutions se modilient, et ces chan- 


&emens entraînent d'immenses modifications dans 


Je caractère et les habitudes physiques et morales 
des habitans d’un pays. Qui reconnaitrait les Ro- 
mains de César dans les faibles et dévots habitans 
des États du Pape? 

Nous avons dit au mot AccLiMATEMENT quels 
changemens le passage d’un Climat à un autre 
apporte dans l'organisation de l’homme , des 
amimaux, des végétaux; nous ayons dit quelles 
précautions exigeait ce passage d’un pays à un 
pays placé dans des conditions différentes ; mais 
uoe question plus importante et qui depuis plu- 
sieurs aunées occnpe les savans, c'est celle des 


changemens survenus dans la nature des divers 
climats et des causes qui les ont déterminés. Cette 
question, controversée nous paraît aujourd’hui 
admirablement résolue par les recherches que 
M. Arago a fait insérer dans l’ Annuaire du bureau 
des longitudes de 1854. Nous devons regretter de 
n'en pouvoir ici donner que la substance; mais 


.nous engageons nos lecteurs à lire ces curieuses 


notices. M. Arago a démontré qu’en deux mille ans 
la température. de la terre n’a pas varié de la 
dixième partie d’un degré ; il a démontré que, si 
la suite des temps devait apporter de grandes mo- 
difications dans les températures intérieures, à la 
surface de la terre, tous les changemens sont accom- 
plis à 1/50 de degré près, et que l’affreuse congéla- 
uon du globe, dont Buffon fixait l’époque au mo- 
ment où la chaleur intérieure se sera totalement 
dissipée, était un pur rêve; il a prouvé encore 
que la température des espaces célestes avait pu 
éprouver des variations, sans qu'il'en résultât de 
changemens dans celle des Climats, et que celles 
de certains élémens astronomiques n’avaient pas 
eu plus d'influence à cet égard ; il a réduit les 
causes de ces changemens à celles qui résultaient 
des travaux agricoles, au déboisement des plaines 
et des montagnes, au desséchement des marais, 
en prouvant que le Climat n'est devenu ni plus 
froid ni plus chaud dans le lieu dont l'aspect phy- 
sique n’a pas sensiblement varié depuis une longue 
suite de siècles. S'appuyant avec un immense 
avantage de données historiques, le savant que 
nous venons de nommer prouve que les phéno- 
mènes de la végétation sont restés les mêmes de- 
puis trente-trois siècles dans la Palestine; que 
l’époque des moissons, des récoltes, n’a point 
changé, et enfin qu’en Europe , comme en Amé- 
rique, toutes les modifications de température 
doivent être attribuées exclusivement aux travaux 
que les besoins ou les caprices d’une population 
sans cesse croissante ont fait exécuter sur mille 
points du territoire. Nous le répétons, les preuves 
dont s'appuient les assertions de M. Arago sont 
d’un si haut intérêt que, sans la crainte de fran- 
chir les limites qui nous sont tracées, nous eus- 
sions cédé au désir de les rapporter toutes dans 
cet article, dont elles seraient un si utile complé- 
ment. (P. G.) 
CLIMATS AGRICOLES. (acn.) Régions consi- 
dérées sous le rapport de la température de l’air 
la plus habituelle. Cette température dépend des 
abris: les abris résultent à leur tour des chaînes 
de montagnes ct surtout de leurs positions; les ri- 
vières, dont le cours est déterminé par la présence 
des chaînes de montagnes,ayant ouvert devant elles 
des vallons et des plaines, contribuent également 
au degré de la température. À ces grandes cir- 
constances physiques, il s’en joint encore d’autres 
purement locales, qui changent la manière d’être 
des Climats agricoles : ce sont les grandes forêts, 
les lacs, la multiplicité des étangs, etc: ; les unes 
comme Jes autres forcent à modifier les procédés 
de l’agriculture et à calculer le genre de spéculation 
lo plus profitable pour tirer parti du sol à exploiter. 


CLIN 


‘Les défrichemens inconsidérés, l'abattage des 
vieilles forêts placées sur le plateau, sur lés flancs 
des montagnes, ont changé la température de di- 
verses contrées; quelques unes yont gagné, le plus 
grand nombre y ont singulièrement perdu. Ces 
forêts étaient un excellent abri; m’existant plus’, 
les vents soufilent avec violence, le froid qui 
descend rigoureux du: nord est plus âpre, plus 
prolongé; l'intensité de la chaleur, véhicule. de la 
végétation . est devenue plus faible , et: ces tristes: 
changemens ont refoulé, presque réduit à quel- 
ques points très-limités, les zones agricoles, où l'on 
ouvait, naguère encore, se livrer avec joie et 
profit à la culture de Foranger, . de l'olivier, de 
lamandier, etc. (7oyez à ce sujet ce que nous 
avons eu l’occasion de dire aux mots Bassins AGRI- 
coLes et Bois, tom. 1, pag. 596 et 465.) Onra 
voulu cultiver jusqu'aux pics les plus élevés : des 
récoltes, pendant quelques années, ont souri à 
l’imprudent laboureur; mais bientôt: ses yeux 
n'ont plus rencontré que des rocs décharnés; 
des torrens de pluie et la neige ont entraîné les 
terres, dénaturé celles du bas, et amaiïgri bestiaux 
ctrécoltes. Repeuplez le front des montagnes, et 
les vallons,arrosés par des eaux tranquilles;retrou- 
veront la félicité que vous leur avez fait perdrepar 
vos défrichemens. Gonservez ces abris, multipliezs 
les avec entente du terrain , et vous vous placerez 
dans la voie de la prospérité. Je citerai pour 
exemple Je bassin de Cherbourg : on y voit en 
pleine terre le myrte et le laurier, le grenadier et 
toutes les espèces précieuses du beau: genre Ci- 
trus donner non-seulement des fleurs et embau- 
mer l'air de leurs parfums, mais encore des fruits 
qui atteignent leur parfaite, maturité , tandis que 
ces arbrisseaux des régions méridionales périssent 
de l’autre côté des abris. (T. ». B.) 
CLINOPODE, Clinopodium. (80T. puan.) Une 
seule espèce de ce petit genre de la Didynamie 
gymnospermie et de la famille des Labiées, est 
répandue dans toute l'Europe ; on la trouve dans 
les lieux secs et pierreux, sous ‘les haies et buis- 
sons, sur le bord des bois ; les vaches, les brebiset 
les chèvres la mangent quelquefois; mais son abon- 
dance dans les pâturages des montagnes la leur 
rend fatigante. On l’appelle CLiNoPoODE VULGAIRE , 
€. vulgare, et dans le langage des pâtres, grand 
basilic sauvage. Son aspect n’a rien de repous- 
sant. D’une ràcine vivace et tracante:, s'élève, à 
la hauteur de quarante à soixante centimètres, 
une tige quadrangulaire ; rameuse, velue, garnie 
de feuilles opposées , ovales et dentées ; à son som- 
met les fleurs se réunissent en tête arrondie ,.pur- 
purine, rougeâtre, rose ou blanche, qui s’épa- 
nouissent de juin à la fin d'août, et sont accom- 
pagnées de bractées , sétacées, velues. Cette plante 
est lésèrement aromatique , on l’a vantée comme 
céphalique et tonique. (T. ». B:) 
-CLINUS. (rorss.) On donne le nom de Glinus 


à une espèc#de petit poisson qui offre assez d’ana- 
logie avec les Salarias et les Cirrhibarbes. Les ca 
ractères de ce sous-genre sont les suivans : dents 


courtes et pointues, éparses sur plusieurs rangées, 


CLIP 


dont la première est plus grande (elles sont: com- 
primées Jatéralement , toujours sur ane séulérran- 
gée et fort serrées dansles Sälarias); leur museau 
saille un peu, disposition que l’on rencontre 
également dans les Cirrhibarbes: à épines dor- 
sales grêles et flexibles, comme Idans tous les 
gobioïdes sans cæœcums ni vessie natatoire: 
" (Azrm G) 

CLIO, Clio. (wozz.) Genre fort voisin des 
Cléodores, appartenant à la famille des Ptéro- 
podes de Lamarck, et dont Cuvier a fait con- 
naître l'anatomie dans un Mémoire publié dans 
les Annales du Muséum en 1809. Ces animaux 
ont le corps nu, gélatineux, oblong, turbiné, 
flottant ; la tête saillante, surmontée de: six ten- 
tacules rétractiles, séparés en deux.groupes qu, 
à l’état de rétractilité, font paraître la tête comme: 
bilobée ; deux yeux à la partie supérieure dela 
tête ; bouche terminale ;’ deux- nageoïres: ova- 
laires , opposées, branchiales, insérées de’ cha- 
que côté à Ja base du: cou; l’anus et l’orifice 
pour la génération s’ouvrant au côté droit, près 
du cou, et sous la nageoire de ce côté. Les Clios, 
fort peu nombreuses en espèces, le sont extrême- 
ment en individus ; on les rencontre à la surface 
de la mer dans les temps chauds et calmes ; elles 
servent d’aliment àla baleine franche et à quelques 
autres cétacés. Les deux espèces citées par La-+ 
marck , les Glios boréale et australe , sont à peine 
longues d’un pouce-et demi, d’un blanc de lait 
transparent ; à reflet bleuâtre. Nous avons répré- 
senté la Crio BorbALE dans notre Atlas, pl. 114, 
fige 1. (Ducz.) 

CLITHONs Clithon: (morx.) Nouveau genre de 
coquilles établi par M. Lesson aux dépens des Né- 
ritmes. de Lamarck, et dont le caractère spécial 
repose sur des épines plus ou moins longues dont 
le dernier tour de ces coquilles est ordinairement 
orné: Si ce genre est adopté, ce dont nous dou- 
tons fort , puisqu'il nous paraît ne devoir former 
qu'une tribu bien tranchée des Néritines,, l'espèce 
décrite au n° 8 de Lamarck, sous le nomde Néri- 
tine longue-épine, en formerait le type; et il se 
composerait déjà d’une quinzaine d'espèces dont 
quelques unes sont rubanées et fort jolies, #oyez 
Cziron onpÉé, Voyage de la Coquille, pl. 13, n° 13.° 
Nous ne pensons pas que les animaux de ces co- 
quilles diffèrent en la moindre chose’de ceux des 
Néritines. (Ducz.) : 

CLITORE, Clitoria. (Bor. PHANx.) Quand les 
principes de la botanique n'étaient point encore 
assis sur dés bases philosophiques, on s'attachait 
aux formes qu'affectent les fleurs , les fruits , les 
racines, où quelque autre partie des plantes ,' afin 
de leur trouver une similitude plus où moins vraie 
avec tel ou tel autre organe propre au règne ani- 
mal ; et leur imposer un nomrappelant ces formes : 
c’est ainsi que les prêles, les fusains ,les»staphy- 
liers, les gouets, les orchidées, ete:, recurent 
les dénominations vulgaires qu’ils portent encore ; 
c’est ainsi que la disposition des pétales des gran- 
des et belles fleurs du genre dont je:vais-parler: 
lui-a fait donner .un. nom ‘bizarre puisé: dans sa 


l 


PR PE 


TX, 


z.Clho 


2 Cltore. 


3 à Cloport e. 


Z Clubione. 


ÆE Cuerin dr 


[ 


5. Clupe. 


Ô Clythre 


æessemblance avec une certaine paëtie du corps 
dela femme, Le ;genre Clitore appartient à la 
Diadelphie. décandrie et à la famille des Légemi- 
neuses; les plantes herbacées :annuelles qui le 
<omposent:sont toutes grimpantes et-particulières 
aux -contrées Jes plus chaudes des deux hémi- 
sphères ; elles se plaisent sur-les rives des fleuves, 
“ixent Jeurs longs sarmens autour des arbres voi- 
sins qu'elles embrassent ; qu’elles unissent Jes 
ans aux autres par des torsades chargées d’un 
feuillage du plus beau vert, et de corolles aux 
teintes brillantes , tantôt solitaires, tantôt deuxet 
trois ensemble , remarquables par leurs formes et 
leurs dimensions, La Crirors De TEerNarTe, C. 
ternatea , -et la Crirone nÉrTéRoPHyELE , C. hete- 
rophy lla , originaires de l'Inde, ont la fleur d’un 
bleu d'azur, avec une tache jaume citrin au-milieu 
et-vers la base de l’étendard:; la-Czirors De LA Ja- 
maAÏQuE , :C. multiflora, et la Crironc:nE Porro- 
Riceo, €. polyphylla, lesiont. d’un rouge sanguin 
très-vif; la Currore px Haïrr ,:C, Plumieri, les a 
jaunâtres et soyeuses; la Crirore punique, C. 
pudica (que nous avons représentée dans notre 
Atlas , pl. 114, fig. 2), les a roses , tandis qu’elles 
sont! d’un blanc de neige, avec.tache purpurine, 
dans la CLITORE A GRANDES BRACTÉES, C. bracteata, 
#ourprées ,dans la Cuirore Du Brésiz, G. brasi- 
diana, panachées de blanc ‘et de violet dans la 
Cixrore pu Maryranp, C. mariana, Il y a des 
espèces, à feuilles ailées et d’autres à ‘feuilles ter- 
mées; elles ont des gousses allongées, arquées , 
avec articulations , quelquefois linéaires et pubes- 
æentes, d’autres fois glabres et d’un vert roux, 
contenant des semences petites , arrondies ou ré- 
miformes, blanches, avec ombilic d’un beau rouge, 
ou noirâtres et ombilic blanchâtre. On extrait des 
espèces à fleurs bleues une fécule colorante , sem- 
blable. à celle du pastel ; les racines de celles dites 
pudique et de Virginie offrent un remède actif 
et bienfaisant contre les maladies de langueur ; 
Loutes seraient d’un très-agréable aspect dans les 
jardins d'ornement si leur culture n’exigeait pas 
desisoins particuliers; quelques unes , et surtout 
la pudique, se montrent douées d'irritabilité ; 
lorsqu'on touche leurs feuilles, lorsqu'on presse 
leurtige, les pétioles et les pédoncules se courbent, 
les-ailes des fleurs se pressent et se trouvent en- 
veloppées par leur large étendard. On à voulu 
changer le nom des Clitores en celui de Nauchées; 
mais de vieux mot a prévalu. (T. 0. B.) 
 CLITORIS, (axar.) Peit organe érectile, or- 
Ainairement peu saillant, occupant la, partie 
- moyenne et supérieure de la vulve, présentant 
la plus grande analogie avec le penis du mâle, 
offrant , comme cette partie, deux corps caver- 
neux , et terminé par un gland recouvert d’un 
véritable prépuce, mais imperforé. Les carac- 
‘ères qui doivent faire considérer le Clitoris 
comme identique au pénis sont encore plus mar- 
qués dans les oiseaux que dans les mammifères ; 
chez des premiers Jes différences de dimension 
entre ces »deux organes sont ‘beaucoup moins 
considérables .que chez les derniers , et dans le 


mâle cet: organe est imperforé. comme dans Ja 
femelle, Relativement à son volume, le Clitoris 
reçoit une grande quantité de nerf et de vais- 
seaux ; ce qui explique sa grande.excitabilité, 
(P. G.) 

CLIVAGE. (win.) La -plapart des minéraüx cris- 
tallisés, étant soumis au choc d’une lame de cou- 
teau émoussée, se divisent avec plus ou moins de : 
facilité en lames parallèles ; suivant certaines di- 
rections, qu'Haüy désigne. sous le. nom de joints 
naturels. Ge Sont ces joints que l’on nomme au- 
jourd’hui Clivage, du mot allemand Xlowen, 
fendre. Les lapidaires qui refendent le diamant , 
en profitant de ses divisions naturelles pour enle- 
ver les parties défectueuses, sans recourir.au tra- 
vail de la meule, ont les premiers fait usagé du 
mot Clivage, qui est passé ensuite dans la momen- 
clature minéralogique. L'opération du Clivage, di- 
rigée méthodiquement , conduit à an noyau qu'on 
appelle forme fondamentale ou primitive; ainsb, 
pour n’en citer qu'un exemple pris dans le Fluor 
ou Spath-fluor, substance qu’à raison deses belles 
couleurs roses et violettes on emploie souvent en 
ornement, si on abat chacun des 8 angles du cube, 
sa forme habituelle, on voit paraître 8 petites fa- 
ces triangulaires également brillantes; en conti- 
nuant à enlever symétriquement des, lames paral- 
lèles , on arrive à un octaèdre régulier, solide , 
terminé par 8 triangles équilatéraux, qui forme 
comme le noyau du cube. On peut opérer ainsi 
sur presque tous les minéraux cristallisés réguliè- 
rement; is ont constamment dans une même 
espèce la même structure intérieure, toujours ex- 
trêmement simple, quelle que soit la bizarreric et la 
complication de la structure extérieure; ainsi, 
tous les cristaux de carbonate de chaux, dont le 
nombre de variétés de formes étudiées jusqu’à ce 
jour dépasse 1400 cents, peuvent se ramener à 
un même rhomboèdre, par le Clivage , ou en en- 
levant des lames parallèles sur les angles ou sur 
les arêtes; ainsi, tous les diamans, qu'ils soient 
arrondis ou ‘sous l’une des six formes cristallines 
qu'ils présentent le plus ordmairement , peuvent 
se ramener à un, octaèdre régulier. Gette -con- 
stance de la structure régulière intérieure donne 
une grande importance à l’observation du Clivage; 
elle permet de réunir des cristaux qui, par leur 
forme extérieure, n’avaient rien de commun, et 
réciproquement de distinguer immédiatement des 
substances qui, par leur Clivage, conduisent à des 
formes différentes. On doit indiquer, en décrivant 
les minéraux, le nombre de Clivages dont ils sont 
susceptibles, le plus ou moins de netteté des nou- 
velles faces produites, la facilité avec laquelle on 
les obtient, etc., etc. On a remarqué que celles 
qui offrent, dans une même substance, une égale 
netteté et une égale facilité, correspondent sur le 
no yau primitif à des faces égales et semblablement 
placées par rapport à un centre ou à un axe inté- 
rieur. Lorsque dans une même substance il y a 
un grand nombre de Clivages, on désigne comme 
essentiels ceux qui sont les plus fréquens , les plus 
ets, ou qui donnent le solide le plus commode 


CLOA 


pour en dériver les diverses variétés cristallines. 
: On peut regarder les observations sur le Clivage 
comme le fondement de la théorie d'Haüy sur la 
structure des cristaux, théorie qui a porté si loin 
la science de la cristallographie. (B.) 
CLIVINE, Clivina. (ixs.) Genre de Coléoptères, 
de la section des Pentamères, famille des Carnas- 
siers , tribu des Carabiques, très-voisin du genre 
ScaniTE (voy. ce mot). (A. P.) 
CLOAQUE. ( anar. comr.) Cloaca, de clueo, 
purger. On appelle ainsi, chez divers animaux, 
. une cavité ou réceptacle commun, recevant inté- 
-rieurement les orifices des voies urinaires, de l’ap- 
- pareil générateur et du rectum, et ayant une seule 
issue au dehors. 
:. MM. Geoffroy-Saint-Hilaire et Everard Home 
ont substitué le nom de vestibule commun à celui 
de Cloaque, employé par la plupart des zooto- 
mistes, et particulièrement par Cuvier et Meckel. 
On a donné chez les oiseaux le nom de Cloaque, 
dit M. Geoffroy, aux divers compartimens qui 
servent d'embouchure à tous les canaux urinaires, 
intestinaux et sexuels, sur l’idée fausse que l’on 
s'était formée que ce dernier canal était un lieu 
où les productions excrémentitielles s’accumu- 
laient momentanément. 

Cependant il n’y a point , selon ce célèbre z00- 
logiste, de partie chez les animaux qui soit tenue 
avec plus de propreté, et qui exige plus impérieu- 
sement de l'être; des nerfs presque à nu y abor- 
dent ; et la membrane dont elle est formée n’est 
en activité et véritablement en; fonction que pen- 
dant l’accouplement. 

D’après ces considérations, qui sont surtout ap- 
plicables aux oïseaux, il est évident que l’acception 
du mot Cloaque, dans le sens d’une sentine com- 
mune, n’est point applicable à tous les animaux. 
Néanmoins, comme il en est parmi eux quelques 
uns chez lesquels il existe des degrés divers de 
fusion entre les conduits urétro - sexuels et rectal, 
et que cette même fusion s’observe aussi plus ou 
moins complétement dans certains vices de con- 
formation chez l'homme ou chez les animaux, 
nous pensons qu'il est possible, dans certains cas, 
d'y appliquer la dénomination de Cloaque. 

Le traité de Tératologie, par M. Isidore Geof- 
froy Staint-Hilaire, contient, à l’article Anomalies 
par insertion, des observations curieuses et pleines 
d'intérêt. Les savantes recherches de l’auteur éta- 
blissent d’une manière rigoureuse tous les degrés 
de fusion existant entre les conduits urétro-sexuels 
et rectal, de telle sorte qu’il devient facile d’a- 
près cela de distinguer les véritables anomalies 
auxquelles il convient de donner le nom .de 
Cloaque. 

Meckel a réuni en un seul groupe, sous le 
nom de K{loakbildung (fermation , disposition en 
Cloaque) , les cas dans lesquels il existe une dé- 
viation du type normal, ayant de l’analogie avec 
la conformation du vestibule commun des oi- 
seaux. 

Saviard a donné l’histoire d’une fillenouvellement 
née, chez laquelle on remarquait l'existence d’un 


224 


CLOI 

véritable Cloaque. Dans ce cas, et dans quel 
autres que l’on peut en rapprocher, le Cloaque ne 
s’est jamais montré ni aussi semblable au vestibule 
commun que l'on trouvenormalement chez un cer- 
tain nombre d'animaux, ni aussi distinct que dans 
l'observation que nous avons consignée dans les An- 
nules des Sciences naturelles, t, x11, et qui est rela- 
tive à une chienne adulte, privée de queue. Chez 
celle-ci, on ne voyait à l'extérieur du corps qu’une 
seule ouverture conduisant dans une cavité ou 
poche peu profonde, véritable vestibule commun : 
en effet, l'urètre, le vagin et le frectum, un peu 
plus rapprochés entre eux, dans leur portion ter- 
minale, qu'ils ne le sont ordinairement, mais con- 
servant d’ailleurs leurs rapports normaux, venaient 
déboucher successivement dans la cavité com- 
mune; savoir, lurètre en haut, le rectum en 
bas, et le vagin au milieu. Un cas entièrement 
analogue a été observé par Hartmann et consigné 
dans les Miscell. nat. cur., Dec. II, an 7 et 8, 
p- 59. Ce cas, présenté par une génisse, avait 
même ce rapport avec celui qui nous occupe, que 
la queue était très-courte. 

On trouve aussi quelques observations à ‘peu 
près semblables dans l'ouvrage de Licetus , Traité 
des Monstres, liv. 11, chap. zur. 

Au reste, il est à remarquer que plusieurs 
Mammifères présentent, comme l’ont remarqué 
Daubenton, M. de Blainville et plusieurs autres 
zootomistes, une disposition analogue à celle que 
nous venons de décrire. Tels sont les GCastors et 
plusieurs autres rongeurs, chez lesquels l’anus et 
la vulve sont presque confondus ; tels sont aussi 
quelques Marsupiaux, et particulièrement les Pha- 
langers, chez lesquels Daubenton dit positivement 
que la cloison qui sépare les orifices anal et vagi- 
nal est échancrée de trois lignes dans l’intérieur 
de l'ouverture commune. (7/07. Daubenton, t. xru 
de l'Histoire naturelle de Buffon, pag. 99; et l'ar- 
ticle MonoTRÈME.) (M. $. A.) 

CLOISON, Septum ou Dissepimentum. ( nor. 
PHAN.) Lames membraneuses qui partagent l'inté- 
rieur du fruit en plusieurs cavités ou loges. Elles 
sont,-en général, placées verticalement ; quelques 
fruits les ont horizontales. 

Toute véritable Cloison paraîit/une saillie ou 
prolongement de la membrane qui recouvre la 
paroi interne du péricarpe. On ne doit pas don- 
ner Je nom de Cloison aux lames saillantes qui se 
trouvent'dans l'intérieur de certains fruits, celui du 
pavot, par exemple. Celles-ci servent ordinaire- 
ment de points d'attache aux graines , et elles 
n'offrent pas le même aspect extérieur que la pa- 
roi interne du fruit, 

Les Cloisons sont complètes ou incomplètes, 
c’est-à-dire que les unes ferment et séparent totale- 
ment les loges, en s'étendant d’un point à l’autre 
de la cavité, tandis que les autres laissent exister 
une communication entre les loges contiguës. On 
remarque un exemple de ces deux sortes de Cloi- 
sons dans le fruit du Datura stramonium, ou 
Pomme épineuse : sa cavité est coupée par quatre 
lames verticales ou Cloisons, dont deux sont com- 


plètes, 


CLOP 


295 


CLOP 


plètes , et deux n’atteignent point au sommet du 
péricarpe. 

La position des Cloisons, relativement aux val- 
ves du fruit, fournit des caractères importans 
pour la distinction des genres et même des classes. 
Ainsi, tantôt elles correspondent aux points où 
s’ouvre la capsule lors de la maturité , tantôt elles 
sont placées sur le milieu de la face interne des 
valvess enfin, elles peuvent être formées par les 
bords rentrans des valves. Nous détaillerons plus 
gomplétement ces différentes circonstances en 
traitant du Frurr et du PÉRICARPE. (L.) 


CLOISONNAIRE, Septaria. ( mozr. ) Coquille 
fort singulière, très-voisine des Fistulanes ,! dont 
Lamarck a fait un genre pour une seule espèce, ct 
qu'il à ainsi décrit : tube testacé, très-long, in- 
sensiblement atténué vers sa partie antérieure, et 
comme divisé intéricurement par des cloisons 
voûtces, la plupart incomplètes ; extrémité anté- 
rieure du tube terminée par deux autres tubes 
grêles, non divisés à l’intérieur. Animal inconnu. 
La CLolsonNAIRE DES SABLES, Septaria 'arenaria, 
quoique fort connue, est toujours fort recherchée 
des naturalistes, parce qu'elle forme genre à elle 
seule, et parce qu'on se la procure très-difficile- 
ment. Elle appartient à l'Océan des Grandes-Indes. 
Sont tube, de couleur blanche, est fort épais, et sa 
longueur atteint quelquefois jusqu’à trois pieds. 
Elle est figurée d’une manière remarquable dans 


Séba, pl. 94. (Ducr.) 
CLONISSE, CLOVISSE. (mozr. ) On appelle 


ainsi la Venus verrucosa, dans nos ports de la Mé- 
diterranée. (GuËr.) 


CLOPORTE , Oniscus. (crusr.) Genre de l’or- 
dre des Isopodes, établi par Linné. Ce genre, 
qui appartient (Règne anim. de Cuv.) à la section 
des Ptérygibranches, a pour caractères, suivant 
Latreille : quatre antennes, dont les latérales seu- 
les bien apparentes, de huit articles, recouvertes 
à leur base par les bords latéraux de la tête ; bran- 
chies renfermées dans les premières écailles pla: 
cées sous la queue; appendices du bout de la 
queue d’inégale longueur , les deux latéraux étant 
beaucoup plus grands que les intermédiaires, L’es- 
pèce servant de type au genre est le CLorortTE 
ORDINAIRE, Oniscus asellus de Linné, représenté 
dans notre Atlas, pl. 114, fig. 3. Ce sont des pe- 
tits crustacés qui fuient la lumière -et recherchent 
les endroits humides. Ils sont connus vulgairement 
sous le nom de Clous-à-porte , et par abréviation 
Cloporte, Porcelets de St-Antoine. Ils fréquentent 
les lieux retirés et sombres, comme les caves, 
les celliers , les fentes des murs, des châssis, ct 
se trouvent aussi sous les pierres ct les vieilles pou- 
tres. Ils se nourrissent de matières végétales et 
animales en état de décomposition, et ne sortent 
guère de leurs retraites que dans les temps plu- 
vieux ou humides. Ils marchent lentement, à 
moins que quelque danger ne les menace. Les 
œufs sont renfermés dans une poche pectorale. 
Les petits ont à leur naissance un segment thora- 
cique de moins, ‘et n’ont, par conséquent, qué 


Towg II. 


douze pattes. On a renoncé généralement à l'usage 
médical qu’on en faisait anciennement. (H. L.) 
CLOPORTE DE MER. (crusr. ET MoLL.) Sous 
ce nom vulgaire, on a désigné de petits crusta- 
cés qui appartiennent aux genres Licie et SPn£- 
ROME. W. ces mots. Ce nom a été aussi appliqué 
aux Oscabrions. H. L.) 
CLOPORTES. ‘(ins.) (Chenilles.) On appelle 
Chenilles Gloportes, celles qui sont courtes, ra- 
massées, bombées. Les Polyommates, Erycines, et 
quelques autres genres de Papilionides provien- 
nent de ces sortes de chenilles. (Gu£r.) 
CLOPORTIDES, Oniscides. (crusr.) Cette fa- 
mille , qui a été établie par Latreille , appartient à 
l'ordre des Tétracères et correspond au grand 
genre Oniscus de Linné , qui depuis a été sub- 
divisé par les entomologistes en un grand nom- 
bre de genres. Cette famille fait partie de l’ordre 
des Isopodes, et est comprise dans la tribu des 
Ptérygibranches; ses caractères distinctifs sont : 
deux antennes apparentes, les mitoyennes étant 
fort courtes, cachées ou n'existant pas; corps 
ovale, plat en dessous, convexe en dessus, sus- 
ceptible de contraction, et composé d’une tête et 
de treize anneaux, les sept premiers portant cha- 
cun une paire de pattes simples et terminées par 
un onglet ; les six derniers anneaux formant une 
sorte de queue, garnie en dessous de cinq paires 
d’écailles ou de fausses pattes sous-caudales , im- 
briquées graduellement sur deux rangées longitu- 
dinales ; les premières ou les plus voisines des 
pattes proprement dites renfermant dans leur in- 
térieur les organes de la respiration, et étant le 
siége des organes sexuels. Les Cloportides ont 
une tête transverse plus étroite que le corps, et 
recue dans une échancrure du premier anneau ; 
ayant de chaque côté deux yeux gros et réticulés. 
La bouche se compose d’un labre recouvrant une- 
sorte d’épiglotte; de deux mandibules cornées , 
dentelées irrégulièrement, épaisses à leur base, 
très-comprimées ct crochues à leur sommet; de 
deux paires de mâchoires en recouvrement, de 
manière que la plus reculée ou l'inférieure sert 
de gaine à la paire supérieure ; celle-ci est fine- 
ment dentelée à l'extrémité. On voit en arrière de 
toutes ces parties une sorte de lèvre inférieure 
composée de deux pièces extérieures, s'appliquant 
sur toutes les autres en forme de feuillets conti- 
gus au bord interne, et terminés par une saillie 
conique ou triangulaire, offrant quelques articu-- 
lations et semblable à un palpe. Ces deux pièces 
peuvent être considérées comme des premières 
mâchoires auxiliaires. Nous pensons que ces carac- 
tères, joints à ceux du genre que nous avons pré- 
senté, donnent une idée assez complète de l’orga- 
nisation extérieure de ces crustacés. Quant à leur 
organisation intérieure, il en sera parlé à l’article 
PorcezLioN (v. ce mot). Ces Cloportides sont des 
crustacé qui attaquent différentes matières végé- 
tales et qui se nourrissent même de susbtances 
animales ; ils sont pour la plupartterrestres, et ha- 
bitent les lieux humides. Cette famille comprend 
un assez grand nombre de genres ; les plus remar- 


109° Livraison, 29 


CRE 


“ CLOT 


296: : 


CLOT 


quables sont les genres Lrere , Pacoscwr, Cro- 
PORTE , PorcELrION, etc. W. ces mots. (H. L.) 
CLOTHO , Clotho. (wozz.) Genre institué par 
Faujas de St-Fond (Ann. du Mus., vol. xr, 
p- 584, 39:), pour une coquille bivalve fossile 
qui nous paraît appartenir au genre Onguline de 
Lamarck. M. de Basterot, dans son Mémoire géo- 
logique sur les environs de Bordeaux, lui assigne 
pour localité Saucats près Bordeaux , et en donne 
unetrès-bonne figure au n° 6 de sa pl. 7. Voici 
les caractères assignés à cette espèce : coquille 
bivalve, équivalve , presque équilatérale , striée 
transversalement : charnière à. une dent bifide, 
un peu comprimée, recourbée en crochet sur 
chaque vaive; une dent plus large que l'autre; 
deux impressions musculaires, ligament interne. 
On trouve cette coquille dans des trous percés 
dans le calcaire marin et le calcaire d’eau douce, 
qui, dit-on, en est souvent tout criblé. 
(Duez.) 
CLOTHO, Clotho. (anaom:) Ce genre, qui ap- 
partient à l’ordre des Pulmonaires, famille des 
Ârancides ou Fileuses, section des Tubitèles, a 
été établi par Latreille, avec ces caractères : 
huit yeux ; les deux filières supérieures beaucoup 
plus longues; pieds presque égaux; la quatrième 
paire, ensuite la seconde, puis la troisième un 
peu plus longues; mâchoires inclinées sur lalèvre, 
dont la forme est triangulaire. Ce genre se rap- 
roche beaucoup des Thomises' par la forme gé- 
nérale du corps; et des Clubiones par la disposition 
des yeux. Nous rapporterons ici les observations 
de M. Léon Dufour, qui en a fait une étude toute 
spéciale , et qui lui a donné le nom d’Urocrée, 
Uroctea. Le corselet des Clothos est à peu près 
orbiculaire , déprimé ou à peine convexe. Entre 
les yeux et l’origine dés mandibules, on observe 
une portion remarquable de front tombant verti- 
calement ; les yeux sont placés sur deux lignes 
transverses et disposés de manière que les inter- 
médiaires des deux séries forment entre; eux un 
quadrilatère bien plus ouvert en arrière qu’en 
avant. Les mandibales, serrées l’une contre l’au- 
ire, sont verticales, et s'appuient par leurs extré- 
mités sur la lèvre et ne dépassent pas cette der- 
nière ; leurs crochets sont très-pelits : les mâchoi- 
res ,inclinées.sur la lèvre, sont courtes, très-ob- 
tuses , ne présentent point de soïes particulières à 
leur bord interne, mais sont. très-velues surtout 
cn dehors. La lèvre qui se trouve entre elles est 
presque arrondie ; les palpes sont à peu près de 
la même grosseur que les pattes, et ne s’insèrent 
pis, comme c’est l'ordinaire, dans un sinus du 
bordexterne de la mâchoire, mais bien au dessus 
de ce bord; le second article est: assez gros :le 
dérnier se termine par un ongle ou crochet dans 
la femelle , tandis qu’il est inerme dans le mâle , 
et concave en dessous pour abriter l'organe exci- 
tateur qui a la forme d’un gros bourrelet orbicuz 
laire , sessile, dont le centre plus saillant est armé 
en dessous de deux crochets sétacés , un peu con- 
tournés en spirale; la poitrine est cordiforme; les 
pattes sont delongueur moyenne’; les ongles: sont 


« 


pectinés ; l’abdomen est ovale, comme tronqué à 
sa base , légèrement déprimé à sa, résion-dorsale, : 


qui est marquée de quatre paires de. points om- 
bilicaux , dont les postérieurs sont peu sensibles ; 
les filières sont au nombre de deux paires appa- 
rentes; on remarque. entre elles un appareil qui 
paraît propre au genre Clotho, qui consisté en un 
pinceau de poils implantés sur deux lignes oppo- 


sées, de manière à former deux espèces de valves: 


pectiniformes qui s'ouvrent et se ferment au gré 
de l'animal. G'est de la présence de ces deux val- 
ves pectiniformes situées, à Fextrémité anale qu’a 
été tiré le nom d'Uroctea. Le type de: ce genre est 
l'Uroctea quinque-maculata , Dufour, Clotho -Du- 
randit , Latreille , qui a été trouvée dans les ro- 
chers de la Catalogne , principalement aux envi- 
rons de Barcelone et de Girone, dans les mon- 
tagnes de Narbonne, et dans les Pyrénées près de 


St-Sauveur, Elle établit, à la surface inférieure 


des grosses pierres , ou dans les fentes des ro- 
chers, une coque en forme de calotte, d’un pouce 
de diamètre. Son contour présente sept à huit 
échancrures dont les angles sont seuls fixés sur la 
pierre, au moyen de faisceaux de fils, tandis que 


les bords sont libres. Cette singulière tente, par 


sa texture , est vraiment admirable. L’extéricur 
ressemble à un Laffetas des plus fins, formé, sui- 
vant l’âge de l’ouvrière, d’un plus ou moins grand 
nombre de doublures. Ainsi, lorsque cette arai- 
gnée, encore jeune, commence àétablir sa retraite, 
elle ne fabrique que deux toiles, entre lesquelles 
elle se met à l'abri. Par la suite et à chaque mue, 
elle ajoute un certain nombre de doublures. Enfin, 
lorsque l’époque marquée pour ja reproduction 
arrive ; elle tisse un appartement tout exprès , 
plus duveié, plus moelleux, où doivent être ren- 


fermés les sacs des œufs et les pelits récemment; 


éclos. Quoique la caloite extérieure soit, à des- 
sein sans doute, plus ou moins salic par les corps 
étrangers qui servent à masquer sa présence, 


l'appartement de l’industrieuse fabricante est tou- 
jours d’une propreté recherchée. Les poches où 
sachets qui renferment les œufs sont au 'nom- 
‘bre de quatre , de cinq oumême de six pour cha- 


que habitation, quin’a cependant qu’une seule ba- 


‘bitante. Ces poches ont une forme lenticulaire , 


et ont plus de quatre lignes de: diamètre. Elles: 
sont d’un taffetas blanc comme: la neige, et four- 
nies. intérieurement d’un édredon des plus fins. 
Ce n’est que dans les derniers jours de décem- 


bre ou au mois de janvier que la ponte des œufs: 


a lieu. Il fallait prémunir la progéniture contre la 
rigueur de la saison et les incursions ennemies; 
tout a été prévu. Le réceptacle de ce précieux! 
dépôt est séparé de la toile immédiatement appli— 
quée sur la pierre par un duvet moelleux, 
et de la calotte extérieure par: les divers étages 
dontil a été parlé. Parmi les échancrures qui 
bordent le pavillon, les unes sont tout-à-fait cio- 
ses par la continuité de Vétoffe, les autres ont leurs 
bords simplement surperposés, de manière que 


l'animal, soulevant ceux-ci, peut à son gré sortir 
| de: la tente: et y rentrer: Lorsqu'elle quitte son 


CLUP 


227 


CLUP 


domicile pour aller à la chasse, elle a peu à re- 
douter sa violation , car elle seule a le secret des 
échancrures impénétrables , et la clef de celles où 
l’on peut s’introduire. Lorsque les petits sont en 
état de se passer des soins maternels, ils prennent 
leur élan, et vont établir ailleurs leurs logemens 
particuliers, tandis que la mère vient mourir dans 
son pavillon. Ainsi ce dernier est en même temps 
le berceau et le tombeau de l’araignée. (H. L.) 
CLUBIONE, Clubiona. (aracu.) Genre de l’or- 
dre des Pulmonaires, famille des Aranéides , sec- 
tion des Tubitèles, créé par Latreille, qui lui 
assigne les caractères suivans : huit yeux placés 
au devant ducorselet sur deux lignes transver- 
ses; filières extérieures presque également lon- 
gues;. mâchoires droites, élargies à leur base 
extérieure par l'insertion des pattes, et arrondies 
à leur extrémité; lèvre en carré long. Les Clu- 
biones diffèrent des autres genres qui les avoi- 
sinent par le nombre de leurs yeux, par la lon- 
gueur de leurs filières et par leurs mâchoires, qui 
sont droites. Ges Arachnides sont généralement 
voraces; elles épient ler proic et courent après ; 
on les voit tendre autour des chambres des fils de 
soie fine et blanche , qu’elles emploient aussi à 
s’envelopper dans l’intérieur des feuilles et les ca- 
vités des murailles, Leur lèvre est allongée, cou- 
pée en ligne droite à son extrémité; les pattes 
sont propres à la course , et varient respectivement 
de longueur; la première paire et ensuite la qua- 
trième sont généralement les plus grandes; ce- 
pendant, dans quelques espèces, cette dernière et 
ensuite la première et la seconde dépassent les 
autres. Ge genre est composé d’un grand nombre 
*d’espèces : celle qui lui sert de type est la CLu- 
BIONE SOYEUSE , Clubiona holosericea, représentée 
dans notre Atlas, planche 114, fig. 4. Cette es- 
pèce se renferme dans des feuilles on derrière 
l'écorce des arbres. Son cocon est aplati. Walcke- 
naër, dans un ouvrage intitulé Tableau des Ara- 
néides, partage le genre Clubione.en cinq familles. 
(H. L.) 
CLUPE, Clupea. (poiss.) Nom d'an groupe de 
poissons abdominaux, à corps écailleux, à mâ- 
choire supérieure formée, comme dans les Salmo- 
nes , au milieu par les intermaxillaires sans pédi- 
cules, et sur les côtés par les maxillaires; à une 
seule dorsale, à ventre caréné et dentelé. 
L'on a partagé les différentes espèces de Clupes, 
d’après leur forme extérieure, en plusieurs genres, 
tels que : Odontognates, Pristigastres, Notop- 
ières, Thrisses, Mégalopes, Elopes, Anchoïs, 
Amies, Chirocentres , Erythrins, Vastres, Ostéo- 
glosses , Lépisostés et Bichirs, et l’on compte un 
grand nombre d'espèces dans ces divisions du 
grand genre des Clupes; mais nous n’entrerons 
dans quelques détails que pour celles qui offrent 
le plus d'intérêt, 
Les HarenGs, Clupea, Guv. Ces poissons sont 
caractérisés par des osmaxillaires arqués en avant, 
divisibles Jongitudinalement en plusieurs pièces ; 
par d'ouverture médiocre de la bouche, et leur 
lèvre supérieure non échancrée, : 


La figure de notre Atlas, pl..144, fig. 5, re- 
présente le Harexc comux (Clupea :harengus, 
Lin.), trep connu de tout le monde pour qu'il soit 


nécessaire de le décrire dans toutes ses parties. 


Nous dirons seulement, pour caractériser ce pré- 
cieux poisson, que ses dents sont visibles aux deux 
mâchoires; que la carène. de son ventre est peu 
marquée , son subopercule coupé en frond; et 
qu'il existe des veines sur. le sous-orbitaire, le 
préopercule et le baut de l’opercule. Ses ven- 
trales naissent sous le milieu de sa dorsale, sa ves- 
sie natatoire est simple et pointue à ses deux ex- 
trémités, son estomac tapissé d’une peau mince, 
son canal intestinal droit et par conséquent très- 
court, et son pylore entouré de douze appen- 
dices. 

Quoique la dénomination de Hareng, qu’on 
écrit aussi. Harang, soit généralement adoptée, 
c’est, suivant Rondelet, un terme barbare; quelques 
auteurs, ajoute-t-il, l’ont nommé Halec; mais ce 
nom convient à tousles petits poissons qu’on sale, 
et ne désigne pas expressément le Hareng. Quel- 
ques uns l’ont nommé Alose-minor, à cause de 
sa ressemblance avec l’alose, qui est, en effet, 
de la même famille. Le Hareng est un petit pois- 
son qui ne remonte pas dans les fleuves comme les 


“aloses. L’eau de mer mêlée d’un peu d’eau douce 


ne lui déplaît cependant pas, puisqu'il se tient vo- 
lontiers à quelque distance de l'embouchure des 
rivières; si on le rencontre quelquefois dans le 
lit même de celles-ci, où l’eau est douce, c’est 
parce qu'il a été forcé de s’y réfugier étant tour- 
imenté par les gros temps, ou poursuivi par les 
poissons voraces. 

Les Harengs sont donc, comme les aloses et 
les saumons, des poissons de passage, qui tous 
les ans partent régulièrement du fond du nord par 
bancs considérables. Les Hollandais, les Anglais 
et les Français vont au devant d'eux jusqu'aux 
îles Orcades; les pêcheurs de la Haute-Norman- 
die s’occupent principalement, de cette pêche dans 
la Manche; enfin les Bretons en prennent dans 
leur province. 

On donne différens noms aux mêmes Harengs, 
suivant les lieux où ls ont été pêchés, les diffé- 
rentes saisons où on les prend, et les diverses 
préparations qu’on leur fait subir. Geux que l’on 
trouve dans la mer du Nord, vers les Orcades, se 
nomment Harengs pecs, ou du Nord. On nomme 
de Yarmouth ceux que l’on prend dans les mers 
d'Angleterre, et Harengs du canal ceux que l’on 
pêche dans la Manche. Ges distinctions, qui peu- 
vent être utiles dans le commerce, à.:cause de {la 
différente qualité de ces poissons, ne présentent 
aux yeux du naturaliste qu’un même poisson pris 
dans divers parages. Quand on examine avec atten- 
tion un certain nombre de Harengs, on y aperçoit, 
il est vrai, de petites différences , dont la plupart 
dépendent des saisons où on les a pêchés; et, 
comme les uns sont meilleurs que les autres, an 
leur a assigné dans le commerce différens noms, 
afin de pouvoir les distinguer les uns des autres, 


. o LU A A 
quoique dans le fond ce soit la même espèce de 


I 


CLUP 


CLUP 


oo, 


Harengs. Il y a des saisons où les Harengs sont 
remplis d'œufs et de laite; on les nomme Ha- 
rengs pleins, et ce sont les plus estimés; presque 
tous ceux que l’on prend dans la Manche, depuis 
lé commencement de la pêche, jusqu'aux der 
niers jours d'octobre, sont de ce genre , et les Ha- 
rengs pleins, de quelque endroit qu'ils viennent, 
sont réputés les meilleurs, soit pour manger frais, 
soit pour saler ou fumer. Dans d’autres saisons, 
les Harengs sont presque tous vides de laite et 
d'œufs, on les nomme gais; quelques auteurs 
pensent qu'on leur donne ce nom, parce qu’é- 
tant menus et allongés, on les a comparés à une 
gaine ; d’autres veulent que ce soit parce qu’alors 
ils sont vifs et presque dans un mouvement conti- 
nuel. En général on les estime beaucoup moins 
que les pleins. Cependant ceux qui ont frayé nou- 
vellement, qui ne sont pas remis de la maladie 
du frai, et qu'on nomme boussards, ou à la 
bourse, sont plus mauvais ; ils sont maigres, et le 
peu de chair qu’ils ont n’a ni bon goût ni délica- 
tesse ; au contraire lorsqu'ils ont eu le temps de se 
rétablir de cette maladie, et qu’ils ont pris chair, 
ils sont très-bons à manger frais, et, quoiqu'ils 
soient vides, comme ils sont en chair et pas trop 
gras, ils souffrent l’habillage et s’affermissent dans 
le sel. On en prépare donc en blanc et en saur, 
sans que les saleurs éprouvent des reproches des 
marchands auxquels ils font des envois ; quelques 
pêcheurs prétendent que ce sont ces Harengs ré- 
tablis qu’on doit nommer marchais, comme qui 
dirait bons à manger. On prend des Harengs qui 
sont tout prêls à frayer, ou même qui ont com- 
mencé à faire leur ponte. Ceux-là sont, comme 
nous l’avons dit, mauvais, et achèvent de se dé- 
barrasser de leurs œufs et de leur laite, lorsqu'on 
les met mariner dans le sel, Les pêcheurs le prou- 
vent en mettant un peu de sel sur ces Harengs ; 
on assure que, sur-le-champ, les uns abandon- 
nent leurs œufs, et les autres leur laite, Ce sont 
ces mêmes poissons que l’on appelle en plusieurs 
endroits boussards ou à bourse. Il est certain que 
ces Harengs prêts à frayer sont de la plus mauvaise 
qualité ; leur chair est molle, la laite est petite, 
et ce qui leur reste d'œufs ou de Jaite dans le corps 
seracornit : ce qui à fait que, lorsqu'ils sont salés, 
on les appelle Harengs cornés. Comme les Harengs 
ne fraient pas tous dans le même temps, on en 
prend de gais avec les pleins; mais la saison la 
plus favorable, et où presque tous se trouvent gais, 
comme disent les pêcheurs, c’est après l'Haren- 
gaison, saison où on les pêche en plus grande abon- 
dance. Les Harengs pleins, comme le nom l’indi- 
que, sont ceux qui ont des œufs ou de la laite dans 
le corps. Les Harengs gais ou vides sont ceux dans 
lesquels on ne trouve ni laite ni œufs ; les Harengs 
qu'on appelle en quelques endroits marchais sont, 
suivant les uns, ceux qui restent dans nos mers 
après que les autres les ont abandonnées pour re- 
tourner au Nord; ils sont vides, et rétablis de la 
maladie du frai; dans certaines régions on les 
confond avec les gais, quoiqu’ils soient meilleurs. 
Les Harengs boussards sont ceux que l’on prend 


lorsqu'ils font leur ponte ou immédiatement après 
qu'ils l'ont faite. Les Harengs pecs sont ceux que 
l'on pêche dans le Nord; les Harengs de Yarmouth 
sont ceux que l’on prend dans le nord de l’Angle- 
terre; les Harengs de la Manche sont ceux que 
l'on pêche le long des côtes de la Haute-Norman- 
diefet de la Picardie. Comme il est très -impor- 
tant de saler les poissons dès qu'ils sont péchés, 
on exige des pêcheurs qu’ils livrent dans le jour 
ceux qui ont été pris dans la nuit précédente, 
c'est ce qu’on appelle Harengs d’une nuit, ceux 
de deux sont encore plus estimés. Mais on ne fait 
pas grand cas de ceux de trois nuits, et pour cette 
raison les pêcheurs sont obligés de mettre à part 
les poissons qu’ils prennent chaque nuit, pour 
qu’on puisse distinguer les poissons qu’on nomme 
d’une nuit , de deux ou de trois nuits ; ordinairement 
on fume ces poissons; mais, de quelque facon qu’on 
les prépare, ils sont moins bons que les autres. 
Les Harengs frais sont ceux que les chasse-marées 
transportent aux endroits où ils savent en avoir 
le plus de débit, et comme les Harengs ne peu- 
vent être conservés que huit jours au plus, bons 
à être mangés frais, on en sale de différentes fa- 
cons. Les Harengs braillés sont ceux que l’on sale 
grossièrement , en les remuant dans une baille avec 
du sel; ils ne sont qu’à demi salés et ne se con- 
servent que quelques jours. Ceux qu’on nomme en 
vrac sont mis dans des tonnes avec du sel, pour 
qu'ils s’en pénètrent et qu'ils rendent leur eau; 
mais ils ne peuvent pas rester en cet état; ensuite 
on les en retire pour les paquer avec soin dans 
des barils. Les Harengs blancs sont salés avec soin, 
et bien disposés dans des barils qui ferment exac- 


tement; ils se conservent long-temps et peuvent 


être transportés au loin par terre ou par mer. 
Ceux qu’on nomme bouflis sont peu salés et peu 
fumés; on les désigne sous le nom d’appétits ou cra- 
quelots; ils sont agréables à manger lorsqu'ils ont 
été bien préparés, mais ils ne se conservent bons 
que quinze jours. Les autres Harengs fumés, qu’on 
nomme saurs, sorets ou soris , sont salés et fumés 
avec beaucoup plus de soin, quoiqu'ils perdent de 
leur qualité en les gardant. 

On rencontre les Harengs dans toutes les mers 
du nord de l'Europe et de l'Amérique ; ils se tien- 


nent habituellement dans la profondeur des eaux , / 


une partie en sort au printemps, une autre en 
été et une troisième en automne, pour frayer sur 
les côtes, surtout vers l'embouchure des fleuves. 
Ils vivent de petits poissons, de petils crustacés, 
de vers marins, de mollusques; eux-mêmes ser- 
vent de nourriture aux cétacés, et à tous les pois- 
sons voraces qui habitent les mêmes mers qu'eux; 
leur nombre est si considérable, que dans leur 
émigration ils forment des bancs de plusiears lieues, 
et si serrés qu’ils se touchent tous. Lorsque les 
Harengs abandonnent la mer Glaciale, ils se sé- 
parent alors en deux bandes. L’une de ces grandes 
colonnes se presse autour des côtes d'Islande , et se 
répand surle banc de Terre-Neuve où elle remplit les 
golfes et les baies du continent américain. L'autre, 
descendant le long de la Norwége, pénètre dans 


A, 


CLUP 


229 


CLUP 


————_—_—_—_—————— ————————_—"—Î2 


la Baltique en faisant le tour des Orcades et de 
l'Irlande, et, cinglant vers le midi de la Grande- 
Bretagne, elle inonde les côtes de France et d’Es- 
pagne, pour disparaitre ensuite. 
… Les Harengs, comme la plupart des autres 
poissons, vivent dans les profondeurs de la mer, 
s’approchent des côtes à trois époques différentes 
de l’année pour frayer. Ces époques sont plus ou 
moins reculées, suivant la chaleur de la saison. 
Le commencement de la ponte a lieu en au- 
tomne, et continue presque toute l’année à divers 
intervalles. Voici les faits qu’on observe : 
Quelques jours avant que les Harengs arrivent 
n troupe, on aperçoit quelques mâles dispersés , 
€t lorsque toute la troupe est réunie, on y ob- 
serve plus de mâles que de femelles. Au moment 
où celles-ci veulent se débarrasser de leur far- 
deau, ce qui a! toujours lieu dans les endroits 
remplis de pierres et de plantes marines, elles se 
frottent le ventre contre les pierres qu’elles ren- 
contrent, se tournent tantôt d’un côté, tantôt 
d’un autre, et agitent rapidement leurs nageoires ; 
alors l’eau se trouble, laisse exhaler une odeur fé- 
tide, et l’acte de la génération s'opère. 
Il est certain que la pêche du Hareng mérite 
une attention particulière, non-seulement parce 
qu'elle est de toutes celle qui se pratique la pre- 
mière, mais parce qu'elle est une des plus abon- 
dantes, en ce qu’elle peut se faire dans beau- 
coup d’endroils, qu'elle procure un excellent 
poisson frais, qui, étant salé, forme une bran- 
che de commerce plus considérable que celle de 
la morue. Les Hollandais, les Francais, les Sué- 
dois les Prussiens, ‘et les Américains des Etats- 
Unis se disputent chaque année à qui en prendra 
le plus. Les filets dont on se sert pour cette pêche 
sont de différentes grandeurs. Les mailles ont envi- 
ron un pouce de large. On les teint en les mettant à 
la fumée : les innombrables colonnes de Harengs 
sont indiquées aux pêcheurs par des bandes de 
mouettes, ou autres oiseaux de mer, qui les suivent 
continuellement pour se nourrir des individas qui 
les composent. Elles le sont aussi par le mouve- 
ment perpétuel des ondes pendant le jour , et par 
une traînée de feu pendant la nuit. Lorsque ces 
moyens ne sont pas suflisans, on jette des lignes 
de fond amorcées de petits crustacés, et on ne 
tarde pas à les retirer garnies de Harengs, lorsqu'on 
rencontre un de leurs bancs. C’est presque toujours 
Îa nuit que l’on jette les filets, en ce que la pêche 
de ces poissons, comme celle de tous les autres, 
est plus abondante la nuit que le jour, attendu 
qu’ils viennent à Ja surface de l’eau. La grandeur 
de ces filets ne permet pas qu’on les manœuvre à 
la main. C’est au moyen d’un cabestan qu’on les 
lance à l’eau et qu’on les en retire. On place à l’un 
des bouts du filet qui est jeté à la mer, une bouée 
de forme conique, qui indique ‘sa position à me- 
sure que le filet s'éloigne du navire; on attache 
des pierres à la partie inférieure pour le faire en- 
fôncer, et des barils vides à sa partie supérieure 
pour le faire surnager ; et lorsque la totalité est à 
l'eau, le navire dérive le plus lentement possible. 


e 


Tous les Harengs alors qui rencontrent le filet, 
voulant forcer l'obstacle qu'ils rencontrent, s’en- 
gagent dans les mailles et y restent accrochés. 
Pour que cette opération ait un résultat satisfai- 
sant, il ne faut pas que le filet soit tendu. Lorsqu'on 
présume qu'il y a autant de poissons maillés que 
le filet peut en contenir sans se rompre, on le re- 
tire par le même moyen qu’on l’a jeté, seulement 
un ou plusieurs matelots tendent le filet au dessous 
de l'entrée à la sortie de la mer, pour recevoir les 
poissons qui ne sont pas bien maillés, et que le 
mouvement ou le frottement détache des autres. 
Quelquefois il ne faut qu’un instant pour garnir 
un filet de ces poissons. D’autres fois, une marée 
entière suflit à peine. On regarde le plus souvent 
la pêche comme très-abondante , lorsqu’au bout 
de deux heures les matelots se trouvent forcés de 
le retirer, La pêche est souvent troublée par les 
requins ct autres espèces voraces , qui se tiennent 
sans cesse près des bancs de Harengs pour les dé- 
vorer ; elle l’est surtout par la Chimère antarcti- 
que, qui les accompagne toujours, et à laquelle 
on a donné le nom de roi des Harengs. Tous ces 
poissons, fort gros et fort voraces, font, pour 
passer au travers du filet, des efforts qui non-seu- 
lement le font déchirer, mais qui déterminent la 
colonne de Harengs à prendre une autre direc- 
tion. Il y a des années et des endroits où ils sont 
en si grand nombre, qu’ils forcent les pêcheurs 
d'abandonner la pêche. Plusieurs circonstances 
apprennent à ces mêmes hommes à reconnaître 
si la pêche sera abondante ou non. C’est ainsi 
qu'ils en augurent favorablement, lorsqu’après 
une tempête il survient un calme accompagné 
de :brouillards, lorsque le vent souflle du côté 
où les Harengs semblent arriver. Ces poissons 
meurent aussitôt qu'ils sont sortis de l’eau, et lors- 
que la température est chaude ils ne tardent pas 
à se corrompre ; il est donc de la plus grandenéces- 
sité de leur faire subir une préparation préservatrice 
après qu'ils sont pris : aussi les vaisseaux qui abor- 
dent les côtes se hâtent-ils, dès que leurs filets 
sont remplis, de revenir au port pour leur faire 
subir leur préparation. Presque dans tous les ports 


où il se fait une pêche un peu abondante de Ha- 


rengs, on sonne une cloche à l’arrivée des bateaux 
ou navires qui viennent charger pour faire venir 
les acheteurs, Il est des temps et des années où les 
Harengs sont plus maigres que dans d’autres : on 
en sent aisément la raison, mais on ne devine pas 
aussi volontiers pourquoi les Harengs des côtes 
de la Prusse et de celles de Suède, par exemple, 
sont toujours maigres et sans saveur. Certaine- 
ment, ces poissons, comme tous les autres, doivent 
trouver plus de nourriture dans certains parages, 
mais comme ils sont voyageurs à l’époque où on les 
pêche, il semble qu’ils ne doivent pas toujours se 
prêter à la même observation. On peut croire que 
ce fait est un préjugé répandu par les pêcheurs ac- 
crédités de la Hollande. Les deux préparations que 
l'on vend le plus souvent chez les marchands sont 
les Harengs blancs ou frais, et les Harengs saurs. 
Aussitôt que les Hareng sont hors de l’eau, un 


CLUP 


230 


GLUP 


matelot, qu’on nomme caqueur, les habille , c’est- 
à-dire, leur coupe la gorge, leur énlève les ouïeset 
les entrailles, les lave dans de l’eau, et les met dans 
une saumure assez épaisse pour qu'ils puissent ÿ 
submerger. Au bout de quinze ou dix-huit jours, 
on les retire de cette saumure, et on les met dans 
une tonne avec une grande quantité de sel, dans 
laquelle ils restent jusqu'à ce que la pêche soit ter- 
minée, et qu'on soit arrivé au port : ce sont des 
Harengs braillés. Là, on les ôte de la tonne, et on 
les expose dans des barils, où on les arrange artis- 
tement les uns sur les autres, avec une nouvelle 
couche de sel. Chaque fois, on emploie de la sau- 


mure fraîche. Dans la manière qui doit fournir les : 


Harengs saurs, on laisse les poissons au moins vingt- 
quatre heures dans la saumure, et lorsqu'on les en 
retire, on les enfile par les ouies dans de petites ba- 
guettes de bois, on les pend dans des cheminées 


faites exprès, qu’on nomme roussables , sous les-. 


quelles on fait un petit feu de bois qui produit beau- 
coup de fumée. Les Harengs restent ainsi exposés 
jusqu'à ce qu'ils soient suffisamment secs, ce qui ar- 
rive ordinairement au bout de vingt-quatre heures; 
ce sont les plus gros et les plus gras que l’on pré- 
pare ordinairement ainsi. En Suèdeeten Norwége, 
on les prépare un peu différemment. Les Hollan- 
dais et les Groënlandais les sèchent simplement à 
l'air. Les Harengs frais sont de très-bons poissons, 
on les mange ordinairement après les avoir vidés 
et lavés, cuits sur le gril, avec une sauce à l'huile 
et au vinaigre, ou à la maître-d’hôtel, Ceux qui 
arrivent au commencement de l'hiver sont pour- 
vus de leurs œufs et de leur laite, ils doivent, 
par conséquent, être préférés sur les tables .dé- 
licates. Les Harengs saurs sont, au contraire, 
repoussés de la table des riches à cause de leur 
âcreté; les pauvres les recherchent beaucoup, 
positivement par le même motif. On n’a pas ob- 
tenu moins de succès, dit Lacépède, dans les ten- 
tatives faites pour accoutumer les Harengs à de 
nouvelles eaux, que dans les procédés relatifs à 


leur préparation. On est parvenu , dit-il ensuite, . 


à les transporter, sans les faire périr, dans des eaux 
où ils manquaient, Dans l'Amérique septentrio- 
nale, on a fait éclore des œufs de ces animaux à 
- l'embouchure ‘de fleuve; qui n'avaient jamais été 
fréquentés par ces poissons, et vers lesquels lesin- 
dividus sortis de ces œufs ont l'habitude de revenir 
chaque année, entraînant avec eux, vraisembla- 
blement, un grand nombre d’autres individus de 
leur espèce. 
La seconde espèce du genre Hareng proprement 
dit, est le Mezet, Esprar ou HarenquET, Sprat 
. des Anglais, Clupea Sprattus, B1, tom. 1, p. 29, 
fig. 2. [l ales proportions du Hareng , mais reste 
beaucoup plus petit; ses opercules ne sont point 
veinés; une tache foncée se montre le long des 
flancs au temps du frai. On en fait des salaisons 
dans le Nord. 

La BLaNQuEeTTE, Breitling des Allemands, White- 
Bite des Anglais, Clupea Latulus,Cuv., Schonefeld, 
pl. 41, a le corps plus comprimé, plus tranchant 
que le Hareng, sa dorsale plus avancée, son anale 


plus longue, ‘et près de la caudale. C’est un très- 
petit poisson, de Ja plus belle couleur d'argent , 
avec une petite tache noire sur le bout du mu- 
seau. $ 

Le Prrcnanp des Anglais, ou le CÉLANE de nos 
côtes, Clupea Pilchardus, B1., tom. 1v, pl. 406, et 
Will, pl 1, fig, 1, à peu près de Ja taille.du Ha- 
reng, a les écailles plus grandes, le sub-opercule 
coupé carrément, des stries en rayons au pré- 
opercule, et surtout à l’opercule ; sa caudale est 
plus courte qu’au Hareng, et sa dorsale plus 
avancée ; les ventrales naissent sous la fin de la 
dorsale, deux écailles plus longues se portent de 
chaque :côt£ sur sa caudale, Il se pêche platôt que 
le Hareng, et surtout sur la côte ouest de l’An- 
gleterre. 

La Sarnine, Clupea sardina , Duham., sect. xt, 
pl. 16, fig. 4, est tellement semblable au Pilchard, 


qu'on ne luitrouve de différence que dans sa taille 


moindre. Cest un poisson célèbre par la délica- 
tesse de son goût. Les individus de cette espèce 
s’avancent en troupes si nombreuses sur les côtes 
de Bretagne, que la pêche en est très-abondante. 
On les mange fraïs ou fumés. La branche de com- 
merce qu'ils forment est très-importante dans plu- 
sieurs contrées de l'Europe. On trouve cette espèce 
non-seulement dans l'océan Atlantique, maisencore 
dansla Méditerranée, où le Hareng commun n’est 
pas connu, et particulièrement aux environs de la 
Sardaigne , dont elle tire son nom. Elle se tient 


dans les profondeurs, et s'approche pendant l’au- 


tomne des côtes pour frayer, 

Azose, Alosa, Guv. Ges poissons se rappro- 
chent sous plusieurs rapports des Harengs , avec 
lesquels ils ont beaucoup de ressemblance ; mais 
ils en diffèrent par plusieurs caractères , dont le 
plus important est une échancrure au milieu de 
la mâchoire supérieure ; ils offrent du reste tous 
les mêmes caractères des Pilchards et des Sar- 
dines. 

Les Aloses quittent leur séjaur marin lorsque le 
temps du frai arrive, Elles remontent alors dans 
les grands fleuves, et l’époque de ce voyage est 
plus ou moins avancée dans le printemps ; dans 
l'été, et même dans l’automne où dans l'hiver, 
suivant le climat. Elles forment des colonnes nom- 
breuses, que les pêcheurs voient arriver avec une 
grande satisfaction. Leur chair est délicate, mais 
son goût est moins savoureux quand on la prend 
en mer. Les Russes, persnadés que la chair des 
Aloses peut être funeste, la rejettent ou la vendent 
à vil prix à des peuples moins prudens ou moins 
difficiles. Le nombre de ces Clupes varie beaucoup 
d’une année à une autre. M. Noël, de Rouen ; dit 
que dans la Seine inférieure, par exemple, on 
prenait treize ou quatorze mille Aloses dans cer- 
taines années, et que dans d’autres on n’en pre- 
nait que quinze cents à deux mille; elles par- 
viennent à la longueur d’un mètre; néanmoins , 
comme elles sont très-comprimées , et par consé- 
quent très-minces, leur poids ne répond pas à 
cette dimension. Les femelles sont plus,grosses et 


moins délicates que les mâles. Dans les contrées 


ee SE LE 


CEUP| 


291 4 


CLUS 


de l'Europe où on.en pêche une grande quantité, 

on en fume un grand nombre que l’on envoie an 
loin, et les Arabes les font sécher à l'air pour 
les manger avec des dattes, Pénières dit que celles 
qui passent l'été dans la Dordogne sont malades , 
faibles , exténuées, et périssent le plus souvent 
pendant les grandes chaleurs. Le même observa- 
teur rapporte que, lorsque les Aloses fraient, 


elles s’agitent avec violence , et font un bruit qui 


s epiend. de loin. Les Aloses: vivent de vers, d’in- 
sectes et de petits poissons. On a écrit qu ’elles re- 
doutaient le bruit du tonnerre, mais que des 
sons modérés, loin de leur déplaire, leur étaient 
même très-agréables dans certaines circonstances, 
et que dans quelques viviers, les pêcheurs atta- 
chaient à leurs filets des ares de bois garnis de 
clochettes dont le tintement attirait les Albes: 

L’Arose proprement dite, Clupea alosa ; Lin., 
Dubham., sect. ur, pl 1, fig. 1, également figu- 
rée dans l'Encyel., pl 75, fig. 312, qui devient 
beaucoup plus grande que le Hareng commun , et 
atteint. jusqu'à trois pieds de long, se distingue 
par l'absence de dents sensibles, et par une iaghe 
régulière noire derrière les ouïes. 

La Favre. Clupea finta, Cuv., Clupea ficta, La- 
cép., Venth des Flamands , Agone de Lombardie’, 
Alachia d'Italie , lest plus allongée que l’Alose , 
a des dents très-marquées aux deux mâchoires ; 
et cinq ou dix taches noires le long des flancs. La 
Finte remonte dans la Seine comme l’Alose ; elle 
s’avance également par troupes, mais les hobitu- 
des de cette espèce diffèrent de celles de l’autre, 
en ce que les plus grands individus quittent la mer 
avant les plus petits, au lieu que les Aloses les 
plus maigres et les moins grandes, sont celles 
qui se montrent d’abord dans les rivières. On 
a remarqué que, ses premières Fintes sont non- 
seulement, plus. grandes, mais encore plus déli- 
cates que les. individus qui ne paraissent qu’à 
la seconde époque, et surtout que ceux de la 
troisième, que l’on a désignés sous le nom de 
Fintes bretones. L’Alose remonte jusque dans le 
Nil. 

Les Carrteu- _TASSANTS, Chatoessus, Cuv., sont 
des Harengs proprement dits, où le dernier rayon 
de la dorsale se prolonge en un long filament. 
Les uns ont les mâchoires égales et le museau non 
proéminent; leur bouche est petite et sans dents. 
D'autres. ont le museau plus sailllant que les mâ- 
choires ; leur bouche est petite, comme dans les 
précédens. Les peignes supérieurs de la première 
branchie. s'unissent à ceux du côté opposé, pour 


former sous le palais une pointe pennée très-sin-, 


gulièrement. Le Carveu-rassarr, Encycl., poiss., 
p. 186, pl. 96, fig. 315, Clupimodon. Lacépède. 
Ce. Clupe se trouve dans les mers de la Chine, 
du Japon, de la Caroline et des Antilles. Il ac- 
quiert un peu plus d’un pied de longueur, a la 
chair exquise, mais sujette à devenir malsaine. 
La Nasique, Clupea nasus, Bloch. , 427; a les 
deux mâchoires également avancées » Mais, avec 
un museau plus saillant ; sa chair, qui passe pour 
être malsaine!, ‘est: toate remplie, : de petites 


arêtes. Ce: poisson se pêche vers l Emiduévure de 
la côte de Malabar. (Arr. G.) 


CLUSIÉES. (vor. pran. ) Groupe de plantes 
qui lient ensemble la famille des Guttifères et 
celle des Hypéricinées ; il est formé par les genres 
Clusia’, Godoya, Mahurea et Marila, que nous 
exaninerons successivement. Leurs anthères al- 
longées et adnées, leurs fruits multiloculaires à 
loges polyspermes, sont des caractères bien tran- 
chés, qui font approuver l'établissement de cette 


petite tribu. (F5: 8.) 
CLUSIER, Clusia. (sor. Pan.) Le nom de ce 


genre d'arbres ou arbrisseaux, tous exotiques, 
rappelle celui du célèbre Chartes de l’Ecluse , dit 
Clusius, qui fut le premier botaniste du seizième 
siècle. ant Jui, les descriptions étaient, comme 
en agissent de nos jours certains auteurs trop 
vaut ; diffuses , obscures , entrecoupées de dé- 
tails oïiseux, de mots stériles, ou tellement in- 
complètes, tellement vagues, que l'étude des 
plantes exigeait un temps immense et ne portait 
aucun fruit. L'Ecluse imposa des lois précises, 
méthodiques à l’art de décrire convenablement, 
utilement, ‘et paya d'exemple par ses recherches 
savantes, où chaque partie du végétal est examinée, 
réprésentée avec neélteté, Fc et élégañce. 
Il dit ce qu "il faut dire, et rien de plus. fl peint les 
appareils importans , et néglige, comme inutile, 
tout ce qui ne porte pas un caractère vrai, COn- 
stant, comparatif. 


Il est fâcheux pourtant que le nom de l’Ecluse 
ait été attaché par Plumier à un genre de plantes 
la plupart parasites, distillant en abondance un 
suc laiteux , jaune et visqueux; l’illustre botaniste 
a rendu de si grands services à la science , que la 
reconnaissance aurait dû lui consacrer un genre 
pompeux, d’une haute utilité : mais c’est ainsi 
que vont les choses dans ce bas monde ; l'intrigue 
et l'ignorance seules sont comblées de Hate 
Revenons au Clusier. Il appartient à la Poly- 
gamie monoécie, 


Confiné à l’extrémité de la famille des Guttifères, 
à laquelle il tient par le plus grand nombre de ses 
caractères essentiels, tandis qu’il s’en éloigne par 
ses graines menues et nombreuses , et par son fruit 
à {plusieurs valves épaisses, arquées, le genre 
Clusier est plutôt de curiosité. que de véritable 
oruement. Îl est singulier par sestiges radicantes ; 
il est remarquable par son feuillage grand , ovale, 
épais, d’un beau vert, et par ses fleurs générale- 
ment très-apparentes, 

Les espèces sont au nombre de six environ. 
Une des plus curieuses est le Crusier rosE que 
l'on trouve aux Antilles, où l’on se sert de sa ré- 
sine pour panser les plaies des chevaux. C’est un 
arbre de huit mètres de haut , à bois blanc, mou, 
filandreux , qui donne un fruit pulpeux de la gros- 
seur d’une pomme moyenne, ayant la chair d’un 
rouge écarlate. Sa graine se fixe sur l'écorce des 
arbres voisins et les étreint de ses racines, de ses 
branches, vit à leurs dépens; et les fait périr en peu 
d années, quelque gros et puissans qu'ils soient. 


CLYP 


249 


CLYT 


Comme le Clusier rose dirige vers le sol les racines 
adventices qu'il produit sur .ses rameaux, et 
qu'elles s’y enfoncent assez avant , elles servent 
plus tard, quand l'arbre dont il a décidé la ruine 
meurt, à le maintenir comme aérien; il est en 
effet suspendu sur les longs bras qu'il a lancés 
sur terre et vit.ainsi fort long-temps. Les racines 
devenues terrestres produisent de nouveaux ra- 
mecaux qui renouyellent la tige-mère et se multi- 
plient à tel point que le Clusier couvrit à lui seul 
une grande étendue de terrain, et qu'il détruit 
tout ce qui l’approche. 
* Le Czusier BLANC, C. alba, offre le charmant 
contraste de fleurs d’une blancheur éblouissante , 
et de fruits d’un rouge écarlate. Sa résine est em- 
ployée à la Martinique au lieu de poix, pour le 
calfatage des petites barques. On cite aussi comme 
une fort jolie espèce le CLUSIER À FLEURS ÉMOUS- 
SÉEs , C. rctusa. Ses fruits globuleux sont divisés 
en seize ou dix-huit côtes. (T. ». B.) 

CLYMÈNE, Clymena. (annër.) Troisième 
genre des Annélides sédentaires de Lamarck , ap- 
partenant à la famille des Maldanies. Ces coquilles 
sont conséquemment voisines des Dentales. C’est 
à Savigny qu’on en doit la connaissance, et voici 
comment Lamarck les décrit : corps tubicolaire , 
grêle, cylindrique, ayant de chaque côté une 
rangée de mamelons sélifères; extrémité anté- 
rieure rétuse, oblique, ayant un rebord demi- 
circulaire qui s’avance au dessus de la bouche; 
celle-ci transverse, plissée, bilabiée, à lèvre in- 
férieure très-renflée; point de tentacules ; extré- 
mité ‘postérieure dilatée, formant un entonnoir, 
à limbe découpé, offrant plusieurs ‘petites dents 
égales et pointues, à intérieur muni de rayons 
élevés, où branchies, qui se prolongent jusqu’à 
l'anus. Celui-ci est situé au fond de l’entonnoir et 
entouré de papilles charnues. Tube grêle , ouvert 
aux deux bouts, et incrusté au dehors de grains 
de sable et de fragmens de coquilles. On ne con- 
naît encore qu’une espèce de ce genre, la CLy- 
MÈNE AMPHISTOME, qui habite les côtes de la mer 
Rouge, dans les crevasses des rochers. Elle est 
représentée dans l’Iconographie du Règne animal, 
par M. Guérin, Annélides, pl. 10, fig. 1. 

(Duc ) 

CLYPÉASTRE, Clypeaster. (zoovn. Ecin.) 
Les Clypéastres sont des espèces d’oursins qui 
avoisinent de très-près les Scutelles, mais qui 
s’en distinguent facilement par leur corps renflé 
en dessus, par leur forme elliptique ou ovale dans 
Je plus grand nombre, mais surtout parce que 
leur bord est épais ou arrondi, et que leur disque 
inférieur est presque toujours concave au centre. 
C’est dans la cavité du disque inférieur qu'est 
située leur bouche, laquelle est armée de cinq 
pièces osseuses, cunéiformes, comme bilobées 
postérieurement, et striées d’un côté par des 
lames étroites et transverses. Ces Echinides por- 
tent en outre sur leur dos cinq ambulacres bornés, 
imitant assez bien une fleur à cinq pétales. Ce 
genre n'est pas fort nombreux en espèces vivantes, 
Lamarck n’en mentionne que quatre, mais il se- 


rait diflicile de donner le chiffre des espèces fos- 
siles, tant elles sont communes cn France et en 
Italie. La plus remarquable des espèces vivantes 
est, sans contredit, le CLYPÉASTRE ROSACÉ, qui est 
figuré dans Séba, pl. 11, n° 2 et 3. Il habite 
l'océan Indien et atteint jusqu'à sept pouces de 
longueur sur cinq de largeur. On le trouve dans 
resque toutes les collections. (Ducr..) 

CLYPÉOLE, Clypeola. (nor. pHan.) Plante de 
la famille des Crucifères, Tétradynamie silicu- 
leuse, L., assez commune dans les pays méridio- 
naux de la France et de l'Europe , où elle habite 
les murs , les ruines et les champs calcaires. On 
la nomme ordinairement Jonthlaspi. C'est une 
herbe peu élevée, à tiges diffuses, ressemblant , 
pour l'aspect, aux Ælyssum, et très-voisine du 
genre Peltaria par ses caractères; les! voici, d’a- 
près De Candolle : sépales du calice égaux à leur 
base ; pétales entiers ; filets des étamines dentés ; 
stigmate sessile; silicule orbiculaire , plane , un 
peu échancrée au sommet, indthiscente, à une 
seule ‘loge et une seule graine ; cotylédons planes 
et accombans (tribu des Pleurorhizées latisep- 
tées ). 

Le même professeur décrit deux autres espèces 
de Clypéoles : l’une, C. eriophora, qui croît en 
Espagne, sc distingue par une silicule hérissée de 
poils longs et mous ; l’autre, C. echinata , dont la 
silicule porte des soies raides, est particulière à 
l'Orient. (L.) 

CLYTE, Clytus. (ins. ) Nom donné par Fa- 
bricius à un groupe de Coléoptères, du genre Car- 
LIDIE. Voy. ce mot. (Gun. 

- CLYTHRE, Clythra. (1xs. ) Genre de Coléop- 
tères, de la section des Tétramères, famille des 
Cycliques, établi par Leach et Fabricius, ayant 
les caractères suivans : antennes courtes en scies, 
à compter du quatrième arlicle; corps en cylindre 
court ; les mandibules et les pattes antérieures 
sont beaucoup plus développées dans les mâles. ! 

Ces insectes sont d’nne taille plutôt petite que 
grande, les plus grands n’atteignent guère plus 
de six lignes ; ils ont le corps cylindrique , court, 
trapu; la tête verticale, dépassant à peine le 
corselet; Jes yeux ne sont point échancrés; les 
antennes sont insérées au dessous des yeux, pres- 
que au coin de la bouche; le corselet est court, 
transversal, un peu plus ctroit antérieurement, 
arrondi à ses angles postérieurs; les élytres sont 
droites à leur bord externe, ou à peine sinuées ; les 
pattes sont courtes , cependant dans quelques es- 
pèces les antérieures des mâles acquièrent un 
grand développement. On connaît la larve de 
quelques espèces; on doit celte connaissance à 
MM. Léon Dufour, Waudouer et Gené qui chacun 
l’ontétudiée; on sait quelle porte avec elle un four- 
reau de malière coriace, en forme de cône. Ce 
genre est très-nombreux eu espèces, tantexotiques 
qu'indigènes. Les espèces de notre pays ne sont 
pas très-brillantes ; elles ont presque toutes le 
corps noir ou bronzé, avec les élytres jaunûâtres 
marquées de points noirs. 

C. 4 roncruée, C. 4 punctata, Fab. Longue de 


4 ligues; 


Pl: 15 


z.Coati 2.Cobaye 3.Cobea. 4.Cocanelle. 


Æ Guerin dr. 


COAI 


233 


COAT 


CE 


. 4 lignes; noire, avec les élytres fauves; elles a 
quatre taches noires; deux très-petites à la partie 
humérale, et deux larges sur le milieu du disque. 
Commune aux environs de Paris, sur les sanles. 
Nous l'avons représentée dans notre Atlas, pl. 114, 
fig. 6. 
°C BUCÉPHALE, C. bucephala. Fab. Longue de 
deux lignes, d’un beau bleu, avec le labre, 
les mandibules, la base des antennes, l'extrémité 
des fémurs et les tibias rougeâtres. De France. 
( A. P.) 
CLYTIE, Cltia. (zoo. roryr.) Genre de Po- 
lipiers, cré par Lamouroux, aux dépens des Ser- 
tulaires de Linné , contenant peu d’espèces, mais 
assez bien circonscrites par la forme des cellules 
que les Polypes occupent. En effet, ces cellules 
sont campanulées et portées par des pédicu- 
les, souvent fort longs et tordus, à la manière 
des wis. Le Polype diffère beaucoup de forme; il 
est tantôt rameux ou filiforme, quelquefois 
volubile et grimpant. Lamouroux a fait sur ces 
*zoophytes quelques observations assez curieuses , 
auxquelles nous renvoyons le lecteur. Six espèces 
constituent ce genre, et toutes sont des mers 
d'Europe. Quelques unes sont figurées dans 
Ellis. (Duc.) 
CNIQUE, Cnicus. (or. pan. ) Il ne faut pas 
confondre sous cette dénomination, employée par 
les anciens et par Tournefort pour désigner le 
CARTHAME DES TEINTURIERS, Carthamus tinctorius, 
dont nous avons parlé plus haut, p. 11, le genre 
que Linné a fondé dans sa Syngénésie polygamie 
frustranée, qui fait partie de la famille des Cinaro- 
céphalées de Jussieu, et que Vaillant et Gærtner 
ont les premiers limité au CHARDON B£NIT, C. bene- 
dictus. Cette plante annuelle du midi de l'Europe 
se rencontre dans diverses localités de nos dépar- 
mens riverains de la Méditerranée. Elle à la tige 
droite , laineuse , haute de quarante centimètres , 
et garnie de feuilles oblongues, un peu épineuses. 
-Ses fleurs sont jaunes, d’une grande amertume , 
et sont employées en médecine, comme sudori- 
fiques, toniques, apéritives. Les graines sont mu- 
nies d’une aigrette double, l’extérieure très-lon- 
gue, l’intérieure plus courte. (T. ». B.) 
COAGULATION. Epaississement d’un liquide 
qui tend à se solidifier et reste à l’état mou. Ce 
phénomène, pendant lequel il se dégage toujours 
une certaine quantité de calorique , est propre à 
plusieurs humeurs des animaux et à quelques sucs 
végétaux ; tels sont: le lait, la lymphe, le sang, 
"les sucs de pomme, de groseille, et tous les li- 
» quides enfin qui contiennent assez d’albumine et 
de gélatine. On appelle Coagulum la partie caillée 
d’un fluide susceptible de se figer. On produit des 
-Coagulations dans un grand nombre d’expériences 
chimiques ; ainsi, lorsqu'on verse de l’oxide de 
potassium liquide dans une dissolution saturée de 
chaux , le mélange se coagule à l’instant ; il en est 
de même lorsqu'on agite de l’huile avec de l’eau 
de chaux. (P. G.) 
COAITA. (mam.) C’est le nom d’une espèce du 
genre ATÈLE (voy. ce mot). 


Tome II. 


| 


COAK. Quin.) PV, Cnanson et Hour. 
(Guir.) 

COASSEMENT. (nepr.) On désigne ainsi le 
cri particulier des Barraciens. V, ce mot. 

, (Guén.) 

COATI, Vasua, (MAM.) Genre de Carnassiers 
plantigrades distingué par Storr, mais que Linné 
avait confondu avec les Civettes; il est carac- 
térisé par ses pieds pentadactyles, c’est-à-dire à 
cinq doigts, sa queue très-longue, poilue, maisnon 
prenante, son nez excessivement long et très-mo- 
bile, et ses six mamelles abdominales, Formule 
dentaire: £ incisives , + canines, = molai- 
res ; 40. 

Ce genre comprend deux espèces, toutes deux 
des contrées chaudes de l'Amérique méridionale , 
du Paraguay, de la Guiane et du Brésil, 

Coarr roux, Vasua rufa, F. Cuv. ; que l’on 
nomme aussi Quachi , a le pelage d’un roux vif 
brillant ; son museau est d’un noir grisâtre , avec 
trois taches blanches au-delà de chaque œil ; lon- 
gueur totale, 2 pieds 5 pouces. Il est représenté 
dans notre Atlas, pl. 115, fig. 1. 

CoaTr BRUN, ÂVasua fusca, F. Cuv., Coati 
notrâtre, Buff. ; Coati mondi, Marcgrave, et Blai- 
reau de Surinam , Brisson. Son pelage est brun ou 
fauve en dessus, mais jaunâtre en dessous ; trois 
taches blanches existent autour de chaque œil, 
et une ligne longitudinale de la même couleur le 
long du nez; taille du précédent. 

Ces animaux sont nocturnes; ils vivent dansles 
bois et se nourrissent d'insectes , de vers , ainsi que 
de petits mammifères, d'oiseaux et d'œufs qu'ils 
vont chercher sur les arbres, où ils grimpent avec 
une grande facilité. Ils se réunissent en petites 
troupes et se servent de leur nez si long et si 
mobile pour palper les objets ou les flairer: ils 
ont l’odorat très-délicat et portent eux-mêmes 
une odeur très-forte. Ils sont de mœurs dou- 
ces, et peuvent facilement être apprivoisés; on 
les élève souvent en domesticité. MM. Quoy et 
Gaimard, qui ont possédé à bord de la corvette 
l’Uranie un de ces animaux , ont publié sur leurs 
habitudes des détails assez intéressans. Leur 
Coati sut bientôt s’accoutumer à la lumière et au 
grand bruit ; il devint même très-familier ; il s’at- 
tachait principalement aux personnes qui lui don- 
naient à manger , il les suivait, répondait à leur 
voix par un petit cri, et s’approchait aussitôt pour 
les caresser. Il aimait à se tenir dans les hamacs 
des malelots , et aussitôt que la nuit était venue, 
on le voyait y grimper; il choisissait ordinaire- 
ment celui d’un marin de service ; celui-ci, après 
après avoir fait son temps, descendait pour se cou- 
cher et réveillait quelquefois le Coati, qui, par des 
cris perçans, manifestait son mécontentement ; 
quelques coups s’ensuivaient, mais le petit ani- 
mal ne se retirait point, et le matelot était sou- 
vent obligé de céder. Il y avait sur la corvette un 
chien , avec lequel l'animal aimait beaucoup à 
jouer, malgré l'inégalité des forces: le chien se 
prêtait volontiers à cet amusement, mais on re- 
marquait qu'il n’en était pas de même du Coati, 


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SIP IE = = = = = 


COBA 


534 


COBA 


qui souvent [le faisait «crier en lui:mordant les 
oreilles. 11 n’était pas dificile sur le choix des ali- 
mens; tout Jui paraïssait bon; fl mangeait indif- 
féremment. de laiviande 1crne tou cuite, dn lard 
salé, du pain, du biscuit mâché, trempé dans le 
vin ou l’eau-de-vie , des’ bananes, des crustacés , 
du miel, etc. J aimait de préférence le sucre êt 
lesméduses ; dès qu'on lui-en montrait, on le voyait 
se précipiter dessus avec une étonnante avidité. 
Ilne faisait -aucune difficulté de boire du vin, et de 
manger, les souris, qu'il attrapait fort lestement. 
(Gerv.) 

.COBALT. (un.) Nous ne nous proposons d’exa- 
miner ce métal que sous le rapport minéralogi- 
que. Le: Cobalt pur est d’un gris rosâtre, peu 
éclatant, très-cassant ét facile à réduire en pou- 
dre. Il se présente dansda nature à l’état d'oxide, 
mais plus fréquemment combiné avec l'arsenic , 
avec ce métal et le soufre , avec le soufre seul, avec 
lPacide ,arsenique ;;, avec l'acide arsénieux ; ‘enfin 
ayec l'acide sulfurique, Dans ces différentes com- 
binaisons il forme six espèces distinctes. 

Le Cobalt arsenical a recu de M. Beudant le 
nom de Smaltine, parce qu’il sert à la préparation 
du smalt, espèce de verre bleu fréquemment em- 
ployé dans les arts. La smaltine est une substance 
métalloïde d’un gris d'acier dans sa casssure, lors- 
que celle-ci est fraiche, mais qui noircit prompte- 
ment à l'air. Elle cristalliseen cube. ten octaèdre, 
ou en cube passant à l’octaèdre. Quelquelois elle 


se présente à la surface de certaines roches en | 


rameaux ou,en,mamelons, Elle se compose or- 
dinairement de, 65, à 66 pour 100 d’arsenic, de 
20 à ,80 de Gobalt, mêlée .de quelques parties de 
fer, de cuivre, de manganèse et de soufre. Son 
gisement le plus général, en Suède, en Allemagne, 
en Hongrie, en France ; est le terrain granitique. 
On croit que:c’est la smaltine qui en se décompo- 
sant, forme le peroæide de Cobalt ou le Cobalt oxidé 
noir.de quelques minéralogistes , auquel on peut 
ajouter le Cobalt terreux tantôtbrun;, tantôt jaune, 
plus ou moins mélangé d’oxide de manganèse , 
d’eau, de silice et d’alumine. 

Le Cobalt gris d'Haüy, mélange de Gobalt, 
d'arsenic et de soufre , est la Cohaltine de la no- 
menclature de M, Beudant. Il est facile de la con- 
fondre axec la smaltine; ‘elle ‘en.a l'éclat et la 
couleur , mais elle ne noircit point à l'air, et eris- 
tallise ordinairement en dodécaèdre et en icosaè- 
dre, c’est-à-dire ‘en solides à 12: ou 20 faces. 

Pour distinguer celte substance du Cobalt sul- 
{uré, M. Beudant donne à celui-ci le nom de Æo- 
boldine, ILestirès-difficile de distinguer, par les ca- 
racières extérieurs, Ja Gohaltine-de la Koboldine: 
il'est vrai qué cette dernière cristallise en cube et 
en octaèdre; mais on.est exposé à les con{ondre 
Jorsque leurs cristaux ne sont pas très-prononcés. 
Le moyen de les reconnaître.est de les-exposer à 
la flamme du chalumeau : la première répand une 
odeur arsenicale que ne donne jamais la seconde, 
<e quittient à ce.que celle-ci est entièrement dé- 
pourvue d’arsenic. 

Le Cobalt arséniaté d'Haüy forme, d’après 


M. Beudant , deux espèces distinctes : l’une est le. 
Cobalt combiné avec l'acide arsenique ; tandis que 
l’autre est le même métal en combinaison avec 
l'acide arsénieux. La première porte le nom 
d'Erythrine, d’un mot grec qui signifie rouge, 
parce qu’elle est ordinairement d’un rouge violä- 
tre ou d'une teinte rose, Elle cristallise en prismes 
rectangulaires où en aiguilles divergentes; elle se 
présente aussi en petites lames minces, circulai- 
res', striées du centre à la circonférence ou en 
globules d’une structure fibreuse radiée ; d’autres 
fois elle est sous la forme d’une poussière rose à 
la surface de différentes substances. Elle se com- 
pose de #7 à 40 pour 100 d’acide arsenique , de 
20 à 39 d'oxide de Cobalt, de 22 à 25 d’eau avec 
quelques parties d’oxide de nickel et de fer. La 
seconde, appelée Æhodoise parce quelleest toujours 
d’une teinte plus éu moins rose , n’a point encore 
été analysée. Elle se présente toujours sous forme 
de poussière. 

Le Cobalt sulfaté, combinaison de Cobalt et 
d'acide sulfurique, forme une espèce que M. Beu- 
dant désigne sous le nom de Rhodhalose , d’après 
deux mots grecs qui signifient sel rose, parce qu’en 
effet c’est une substance saline rougeâtre ou ro- 
sâtre, d'une saveur styptique et amère, soluble 
dans l’eau, et qui forme de légers enduits à la 
surface des roches dans les mines de Cobalt. 

La plupart des espèces que nous venons de dé- 
criresont utilisées dans les laboratoires, et surtout 
dans les arts, pour former le bleu de Thenard,, 
qui remplace aujourd'hui dans la peinture le 4leu 
d’outre-mer ou de lapis; on en obtient aussi 
l’oxide de Cobalt, employé à faire les belles cou 
vertes bleues en usage à la manufacture de por- 
celaine de Sèvres et dans un grand nombre de 
fabriques de faïence. Mélé à l’oxide de zinc, 
l’oxide de Cobalt sert à faire le beau vert de Saxe ; 
enfin une dissolution de Cobalt dans l'acide chloro- 
nitreux produit une encre sympathique avec la- 
quelle on trace des caractères qui deviennent wi- 
sibles par la chaleur. 

La quantité de Cobaltine et de Smaltine que 
l’on exploite en Europe est évaluée à 20,000 
quintaux éstimés à un million de francs , et qui , 
convertis en oxide , en smalt et en couleurs de 
diverses espèces, donnent un produit de plus de 
3 millions. La France possède du Cobalt, à la 
vérité en petite quantité; mais , au lieu de Fex- 
ploiter , elle reçoit de l'étranger pour 3 à 400,000 
francs de ce métal. , (J. H.) 

COBAYE, Ænœæma (wam.). M. Fréd. Cuvier 
a établi ce genre pour l’Aperea, petit animal ron- 
geur de la famille des Caviens, qui habite les 
contrées chaudes de l'Amérique méridionale. Les 
molaires de cet animalforment un de ses princi- 
paux caractères; elles sont au nombre de quatre de 
chaque côté et à chaque mâchoire, et présentent 
toutes une lame simple à leur surface, et une autre 
fourchue. L’Apénéa n’a point de queue , ses doigts 
ne sont point réunis par une membrane, et ont 
des ongles courts, robustes, en forme de petits 
sabots ; ses mamelles sont ventrales. 


COBA 


335 


‘  COBÉ 


L’Apéréa est le type sauvage de notre Cochon 
d'Inde ; il a été d’abord la seule espèce commué 
dans le genre Cobaye; mais on lui à donné , de- 
puis quelque temps , conime congénère , un autre 
petit animal des mêmes contrées, et qui ne se 
distingue de lui que par des caractères assez peu 
tranchés: Les deux espèces ont à peu près les 
mêmes habitudes ; elles vivent dans les plaines, 
par petites familles, et se creusent des terriers 
dans lesquels elles se retirent ordinairement pen- 
dant le jour. Ge n’est quele soir, et pendant la nuit, 
qu'elles sortent pour aller à la recherche de leur 
pourriture ; elles montrent alors une grande acti- 
vité, courent cà et là sur le sable , sans cepen- 
dant s’écarter beaucoup de leur demeure ; car ce 
sont des animaux très-craimtifs, et qui se cachent 
au moindre bruit. Toutes deux se tiennent, comme 
nous l'avons dit ,; dans les mêmes lieux; mais sans 
jamais se mêler ni dans les buissons ni dans les 
terriers ; elles sont d’un caractère très-doux , et 
peuvent aisément s’apprivoiser; ilen est même 
une qui est depuis long-temps réduite en do- 
mesticité, et se trouve non seulement en Amé- 
rique, mais aussi en Europe et dans quelques 
agtres parties, En liberté, les Cobayes se nourris- 
sent defruits, de graines et de jeuues pousses ; quel- 
ques uns ont la facilité de grimper, à l’aide de leurs 
ongles plus aigus, sur les arbres, où ils vont 
chercher les feuilles et les fruits pour les manger. 

L'Aréréa, Cavia cobaya de Gmelin ,'a le pelage 
entièrement gris roussâtre ; il habite le Brésil, le 
Paraguay, la Guiane ; dans certaines localités, les 
indigènes le recherchent pour leur nourriture , 
mais nulle part on ne fait usage de sa peau. 

Le Cocnox »’Inre , représenté dans notre Atlas, 
pl. 115, fig. 2, que l’on doit regarder comme un 
Apéréa domestique, est aujourd'hui fort répandu 
en Europe, surtout dans les contrées chaudes et 
tempérées. Get animal a été singulièrement modi- 
fié par la domesticité. Son pelage est teint des 
trois couleurs noire, blanche et rousse, disposées 
par larges plaques et sans symétrie. La taille a 
également été modifiée; elle s’est élevée beaucoup 
au dessus de ce qu’elle était originairement ; la lon- 
gueur totale, dans certains individus domestiques, 
va quelquefois à onze pouces. 

Le Cochon d'Inde a perdu le peu de facultés 
intellectuelles que la nature lui avait accordées ; 
c’est un être stupide qui n’a d'autre instinct que 
celui de la génération ; il se laisse prendre par son 
ennemi sans lui résister, sans même chercher fle 
fuir. Quoique sa chair soit fade et peu abondante, 
ilest certaines personnes qui la mangent; mais 
générajement ce n’est point pour en tirer un tel 
parti qu'on élève de cés animaux, c’est plutôt pour 
s'en amuser, quoiqu'ils soient fort sales, où bien 
parce qu’on pense que leur odeur faitfuir les souris. 
Les Cochons d’Inde sont peu susceptibles pour 
la nourriture ; il mangent, comme les lapins , des 
choux, du persil, du pain, etc.; mais ils craignent 
beaucoup le froid, c’est pour cela qu’on réussit 
mal à les élever dans les contrées septentrionales, 
et que chez nous jl serait impossible de les tenir, 


comme les lapins, dans les parcsiet dans les saren- 
nes ; ils produisent très: jeunes; ét font à chaque 
portée un très-grand nombre de petits, ordinaire- 
ment six ; huit et même dix ou douze: Les femellés 
mettent bas à l’âge de deux mois', et renoüvellent 
leurs portées toutes les six semaines environ. Avec 
un seul couple! de ces animaux , on pourrait em 
avoir un millier dans un an. 

CoBaye AUSTRAL,  Cavia australis. MM. Isi: 
dore Geoffroy et d'Orbigny (Magasin de Zoologie 
de M. Guérin ) ont'désigné sous ce nom la seconde 
espèce du genre, qu’ils ont les premiers reconnue. 
La taille de ce Gobaye est toujours moindre que: 
celle de l’Apéréa , elle ne dépasse pas huit pouces 
pour la longueur totale chez les plus grands! indi- 
vidus que l’on ait observés; le pelage, composé 
en général de poils très-longs , principalement sur 
la croupe, est toujours plus fin et plus doux aw 
toucher ; quant aux couleurs, elles ne différent 
que par unc teinte un peu plus noire sur le dos et 
la croupe ; les ongles sont plus longs et surtout 
plus aigus ; ils diffèrent aussi par leur coloration, 
qui est noire dans la presque totalité de leur lon- 

ueur. 

Le Cobaye australest fort commun surles bords: 
du Rio-Negro, vers le quarante-unième degré, 
ainsi que dans toutes les rivières avoisinantes. 
Il se tient en‘petites familles; il jouit seul de la 
faculté de grimper ‘sur les arbres, ce) qui tient 
à la disposition de ses ongles. 

Le Cavia rupestris du prince Maximilien , que 
l’on avait d’abord pris pour un Cobaye, à offert 
à M. Fréd, Cuvier des caractères suflisans pour 
que cenaturalisteait cru devoir en faire letyped’an 
nouveau genre; voyez le mot KÉropon. (GEnv:) 

COBÉA , Cobæa. (50T. raw.) Ce genre, établi 
par Cavanilles sur un type‘originaire du Mexique , 
appartient à la famille des Bignoniacées et à la 
Pentandrie monogynie. Caractères : calice très- 
grand , à cinq divisions orbiculées'; et qui se réu- 
nissent par le bout, formant des angles saillans ; 
corolle campanulée , à cinq lobes un peu inégaux 
et réfléchis en dehors ; cinq étamines presque éga- 
les, déclinées; anthères longues et'oscillantes ; 
pistil à stigmatetrifide; capsule oblongue ; trigone, 
couverte par le calice à trois valvesiet à trois loges 
séparées par une cloison ; semences disposées sur 
deux rangs ,membraneuses et ailées. Jusqu'à pré- 
sent on ne connaît qu'une espèce de ce genre ; 
c'est la Corfe érmPANTE), Cobæa scandens , figu- 
rée dans notre Atlas, pl: 115; fig 3 , dont la tige 
flexible, en quelques mois, acquiert une longueur 
de plus de quinze mètres; se couvre de feuilles 
composées, à folioles pari-pennées , terminées par 
des vrilles', et se pare dé grandes fleurs qui, d'un 
rouge brun, passent à un violet intense: Gette 
belle plante forme de jolies: guirlandes , que l’on a 
vues: quelquefois unir les maisons des deux côtés 
d’une rue; en formant: des chaînes vertes et fleu- 
ries ; d’une fenêtre à la fenêtre opposée ; aimable 
emblème de ce lien: de charité morale qui de 
vrait enchaîner/tôus les membres dela grande fa- 
mille ‘humaine; et: qu'il serait temps de substi- 


CS 


COBI 


236 


COBI 


tuer à cette ligne de circonvallation que le dur 
égoisme trace autour de l'individu! (C. £.) 

. COBITE, Cobitis. (porss.) Les Cobites, ou Lo- 
ches de rivières, genre ,appartenant à la famille 
des Cyprins, ont la tête petite, le corps allongé , 
revêtu de petites écailles et enduit de mucosité ; 
les ventrales fort en arrière, et au dessus d'elles 
une seule petite nageoire dorsale ; la bouche peu 
fendue , sans dents, entourée de barbillons et de 
lèvres propres à sucer ; les ouies peu ouvertes, il 
n’y a point de cæœcum à leur intestin , et leur pe- 
tite vessie natatoire est renfermée dans un étui os- 
seux bilobé. Nos eaux douces en produisent trois 
espèces remarquables. 

La première est la Locme FRANCE, Cobitis bar- 
batula, Lin., Bloch., 31, 3, petit poisson de qua- 
tre ou cinq pouces, nuagé et pointillé de brun 
sur un fond jaunâtre, à six barbillons ; sa chair 
est très-agréable, On le trouve le plus souvent 
dans les ruisseaux et dans les petites rivières; il vit 
de vers et d'insectes aquatiques ; il se plaît dans 
les eaux courantes , et paraît éviter celles qui sont 
tranquilles : ce poisson préfère les eaux profondes, 
change rarement de place dans les endroits de la 
rivière dont le courant est moins fort, il s’y tient 
comme collé contre le sable ou le gravier, et sem- 
ble s’y nourrir de ce que l’eau y dépose. Il de- 
vient la victime d’un grand nombre de poissons 
contre lesquels sa petitesse ne lui permet pas de 
se défendre ; et, malgré cette même petitesse, qui 
devrait lui faire trouver si facilement un asile im- 
pénétrable , il devient la proie des pêcheurs, qui 
le prennent avec le carrelet, la louve et avec la 
nasse, On le recherche surtout vers la fin de l’au- 
tomne et pendant le printemps, qui est la saison 
de sa ponte. À ces deux époques, sa chair est si 
délicate qu'on la préfère à presque tous les autres 
poissons d’eau douce. Dans certains pays, les pé- 
cheurs prétendent qu'il est beaucoup meilleur lors- 
qu'ila expiré dans le vin ou dans du lait. Il périt de 
suite à la sortie de l’eau, et même dès qu'on l’a 
placé dans un vase dont l’eau est dans un repos 
absolu. On le conserve au contraire pendant quel- 
que temps en vie, en le renfermant dans une 
sorte de boîte trouée que l’on place au milieu du 
courant d'une rivière. Lorsqu'on veut le trans- 
porter un peu loin, on a le soin d’agiter l’eau du 
vase dans lequel il est renfermé , et l’on choisit un 
temps frais, comme, par exemple, la fin de l’au- 
tomne. Quand on veut naturaliser les Cobites dans 
une rivière, ou dans un ruisseau, on pratique 
une fosse dans un endroit qui ait un fond de cail- 
loux , ou qui recoive l’eau d’une source. On donne 
à ce trou sept ou huit décimètres de profondeur , 
vingt-trois de longueur , et onze ou douze de lar- 
geur; on le couvre de claies ou de planches per- 
cées , qu'on place cependant à une petite distance 
des côtes du trou; l'intervalle compris entre les 
claies ou les planches est rempli de fumier; on 
laisse deux ouvertures, l’une pour la sortie de 
l'eau et l’autre pour l'entrée : on revêt ces deux 
ouvertures d’une plaque de métal percée de plu- 
sieurs trous qui laissent échapper l'eau courante , 


mais on ferme l'entrée de la fosse ou du trou à tout 
corps étranger nuisible et à tout animal destruc- 
teur. On place dans le fond de la fosse des cail- 
loux, afin de faciliter la ponte et la fécondation 
des œufs; les Loches qu’on y introduit se nour- 
rissent des sucs du fumier et des vers qui s’y en- 
gendrent. Elles multiplient parfois à un si haut 
degré, dans leur demeure artificielle, qu’on est 
obligé de construire trois fosses , une pour le frai, 
une seconde pour l’avelin ou les jeunes Loches, 
une troisième pour celles qui sont parvenues à leur 
développement ordinaire. Au reste, en peut con- 
server long-temps ces Cobites, et les envoyer au 
loin , après leur mort, en les faisant mariner. 

La seconde espèce est la Locne n’Éranc, Mis- 
gurne. Lacép. Cobitis fossilis, Linn., Bloch., 31, 1. 
Poisson long quelquefois d’un pied, avec des raies 
longitudinales brunes et jaunes, et dix barbillons. 
On le rencontre dans les étangs vaseux. Il perd 
difficilement la vie, il résiste long-temps sous la 
glace , lorsque les étangs sont gelés ou même des- 
séchés : il se cache alors dans les trous qu’il 
creuse au milieu de la fange. On le voit souvent 
enfoncé dans la vase dont on vient de faire écou- 
ler l’eau : c’est ce qui a fait croire à plusieurs au- 
teurs qu’il s’engendrait dans la terre, et qu’il ne 
se rendait dans les étangs que lorsque les inonda- 
tions l’atteignaient dans sa demeure , et l’entrai- 
naient ensuite, ce qui lui a fait donner le nom de 
fossilis. On a observé que, lorsque l'orage menace, 
ce poisson quitte le fond des étangs pour venir à la 
surface, et s’y agite comme tourmenté par une 
vive inquiétude. Cette habitude l’a fait garder 
avec soin dans des vases par plusieurs observa- 
teurs. On peut le conserver dans un vase d’eau de 
pluie ou de rivière , garni dans le bas d’une 
couche de terre grasse, en ayant le soin de chan- 
ger l'eau et la terre tous les trois ou quatre jours 
pendant l’été, ettous les sept jours pendant l’hi- 
ver. Pendant cette saison, on le lient dans une 
chambre auprès de la fenêtre ; on l’a gardé ainsi 
pendant plus d’un an; on l’a vu pendant tout le 
calme rester au fond du vase, mais se remuer for- 
tement pendant la tempête, même vingt-quatre 
heures avant que l’orage n'éclatât, monter, des- 
cendre , remonter, s’agiter continuellement , par- 
courir l’intérieur du vase en différens sens et en 
troubler le fluide. C’est d’après celte observation 
qu'il a été comparé au baromètre, et qu'il a 
été nommé baromètre vivant; il se nourrit de 
veis, d'insectes, de très-pelits poissons ; il multi- 
plie beaucoup, et néanmoins il a bien des ennemis 
à craindre. Les grenouilles J’attaquent lorsqu'il est 
encore jeune, les écrevisses le saisissent avec Jeurs 
pattes, et le pressent assez fortement pour lui 
donner la mort ; les perches , les brochets le dé- 
vorent; les pêcheurs le poursuivent, ils le pren- 
nent rarement à l’hamecon , auquel il ne se dé- 
termine pas facilement à mordre; mais ils le pé- 
chent avec des nasses garnies d'herbes, avec des 


filets, et particulièrement avec la truble. Il n’est. 


cependant pas très-estimé , parce que sa chair est 
molle , imprégnée d’un goût de marécage, et en- 


COCA 


237 


COCA 


duite d'une matière visqueuse; on lui ôte cette 
substance gluante en le plongeant dans un vase 
dont l’eau contient du sel marin ; l'animal s’y re- 
mue, s’y contourne , s’y tourmente, s’y purifie , 
pour ainsi dire; on le lave ensuite dans l’eau 
douce. Ehrman a écrit que ce poisson avale sans 
cesse de l'air qu'il rend par l'anus. Cette matière 
gluante, dont il est couvert , influe sur ses cou- 
leurs; elle en détermine plusieurs nuances, sui- 
vant qu’elle est plus ou moins abondante, elle en 
fait varier quelques tons; et comme les différentes 
eaux peuvent, suivant leur pureté ou leur mélange 
avec des substances étrangères, agir diversement 
sur cette matière visqueuse, en dissoudre ou en 
emporter plus ou moins, en diminuer la quantité 
et l'influence, les couleurs du Fossilis varient sui- 
vant la nature des eaux qu'il habite. 

La Locue pe mivIXRE , Cobitis tœnia , L., Bloch., 
31,2. Ge poisson se tient dansles rivières commela 
Loche, entre les pierres; il se nourrit de vers, 
d'insectes aquatiques, d'œufs; il perd la vie plus dif- 
ficilement que la Loche, et quand on leprend, il 
fait entendre une espèce de bruissement analogue 
à celui des balistes, des trigles et des cottes. La 
chair du Tænia est maigreet coriace; et d’ailleurs, 
il est d’autant moins recherché que l’on ne peut 
guère le saisir sans être piqué par les petits aiguil- 
lons fourchus et mobiles que le sous-orbitaire 
forme en avant de l’œil ; aussi il a moins à crain- 
dre des pêcheurs que le Cobite ; il devient la proie 
des perches, des brochets et des oiseaux d’eau. 
Ce poisson n’atteint jamais au-delà d’un ou deux 
décimètres; son corps est comprimé, orangé, 
marqué de séries de taches noires ; les pectorales 
et l’anale sont grises ; une nuance jaune distingue 
les ventrales; la dorsale est jaune et ornée de 


cinq rangs de points bruns ; la caudale montre, 


sur un fond gris , quatre ou cinq rangées transver- 
sales de points. (Azru. G.) 

COBRA. (rerT.) W. CourEuvre. 

COCA. (B0T. PHAN.) Plante sacrée des Péru- 
viens, qui, dès la plus haute antiquité, fut réser- 
vée par les Incas pour les grandes solennités na- 
tionales du Capracaini, de l’Intirinaini, du Rai- 
micautaraiqui et du Situaraimi; on la brûlait sur 
les autels du Soleil; quand sa vapeur parfumée 
montait en colonne lésère et se résolvait en nuage 
sur la tête du sacrificateur, les vœux que l’on 
adressait à l’astre brillant des jours ne tardaient 
point à s’accomplir. Elle était encore employée 
hors du temple, tantôt comme philtre amoureux, 
tantôt comme panacée à tous les maux , comme 
remède certain pour le prompt rétablissement des 
forces abattues. On en nsait aussi pour se préser- 
ver de commettre des fautes ; on en présentait au 
moribond, et lorsqu'il pouvait en exprimer le jus 
avec les lèvres ou avec les dents, on était assuré 
de l’arracher à la mort. Son influence sur le 
bonheur de la vie était telle qu'un indigène de 
l'un ou l’autre sexe, riche ou pauvre, se croit 
encore aujourd’hui menacé des plus grandes in- 
fortunes quand il est privé de la Coca ; aussi cha- 
£un en porte-t-il sur soi certaine quantité conte- 


nue dans un sachet qu’il tient pendu à son cou, ou 
bien attaché à sa ceinture. Les feuilles fraîchement 
cueillies de cette plante se mélent avec un peu 
de terre calcaire ou dés semences de Quinua (espèce 
d'ansérine, Chenopodium quinoa) ; on les roule en 
boule que l’on tient le plus long-temps_ possible 
dans la bouche, et on les mâche trois fois par 
jour, le matin, à midi et le soir. Le malheureux 
condamné à l'exploitation des mines, ainsi que l’in- 
digent à moitié nu, n’ayant pour toute nourriture 
qu'un peu de maïz et quelques papars (notre pomme 
de terre, Solanum tuberosum) ; le laboureur au 
sein de ses rustiques travaux, ainsi que le pâtre 
suivant ses troupeaux dans les pampas ou déserts, 
sur les sommets glacés des Andes, supportent 
leur misère avec patience , oublient leurs atigues 
avec joie s'ils ont sur eux quelques feuilles de 
Coca. L’odeur qu’elles exhalent est agréable; 
tenues dans la bouche, elles l’entretiennent dans 
une bienfaisante fraîcheur, tandis qu’elles donnent 
du ton à l'estomac et à toutes les habitudes du 
corps’; elles rappellent le sommeil qu’elles bercent 
incontinent de doux et rians mensonges; elles 
inspirent le plaisir au jeune homme plein de santé, 
comme elles consolent la vieillesse pesante , comme 
elles versent un baume salutaire sur les maux qui 
tourmentent l’infirme désenchanté de tout : elles 
préservent les dents de la carie et des douleurs , 
compagnes inséparables de sa marche lente et 
sourde ; elles conviennent au voyageur sans cesse 
exposé aux intempéries des saisons, aux naviga- 
teurs, surtout à ceux qui se hasardent dans les 
mers polaires. En un mot, semblable à ce Né- 
penthès si vanté par Homère, la Coca chasse les 
noirs chagrins, les soucis dévorans, les craintes 
inquiètes ; elle calme la colère, sèche les larmes 
cuisantes, dissipe le vague de l’âme qui veut être 
mieux et n’est jamais bien ; elle réconcilie l'homme 
avec lui-même , elle lui montre l'espérance aux 
ailes dorées lui tendant les bras; elle déracine 
jusqu’à l’affreux désir de la vengeance, jusqu'aux 
tourmens de l'envie, et répare tous les désordres 
que les passions violentes apportent dans l'esprit 
et le cœur. 

Quelle est donc cette plante merveilleuse dont 
le nom à bravé le torrent des âges, dont la con- 
naissance de ses propriétés et l'emploi se sont 
conservés malgré les massacres de l’impitoyable 
conquête, malgré le mélange des étrangers , mal- 
gré les changemens de tous genres apportés dans 
la langue, dans les mœurs, dans les habitudes ? 
Quelle est donc cette plante, dont la puissance 
est plus grande que celle de l’opium si cher aux 
Orientaux, du bétel que l’Indien mâche continuel- 
lement , et du café, l’ami, le soutien du héros de 
l'Ethiopie ? Quelle est donc cette plante, dont la 
possession est plus douce que celle du sac de 
dattes avec lequel l’Arabe s'enfonce dans le dé- 
sert, sans songer aux fatigues qui l’attendent, au 
manque d’eau, d’ombrage, de retraite; celte 
plante qu'il faut préférer au tabac dont tant de 
gens en Europe se sont fait un besoin pour le pri- 
ser, le fumer, le mâcher ? C’est un arbuste de la 


CocC 


238 


coccG 


Décandrie trigynie et de la famille des Malpighiées, 
que les botanistes appellent Erythroæylum peru- 
vianum. Il habite les vallées hamides des Andes, et 
se cultive dans un sol frais divisé par sillons. Sa 
plis grande élévation est de trois mètres ; il ne 
l’atteint qu'à sa cinquième année; mais dès la 
seconde il fournit trois récoltes de feuilles et est 
pour le cultivateur d’un long rapport, s'ila som 
d’entretenir la fraîcheur du terrain, au moyen de 
rivulets promenant en tous sens des eaux vives. 


La semence que l’on enterre donne naissance. 
à une racine rameuse, dont les fibrilles délicates 
s’enfoncent obliquement dans le sol; la tige est 
forte, couverte d’une écorce blanchâtre; les 
branches sont droites, rougeâtres, garnies de 
feuilles elliptiques, alternes , entières, d’un vert 
comme lustré, munies de stipules, et divisées 
dans leur centre par trois nervures , dont les deux 
latérales sont peu visibles. Aux mois d'avril, de 
mai ou de juin, suivant que la saison des pluies 
a été plus ou moins prolongée, les fleurs s’épa- 
nouissent : elles sont petites, solitaires ou réunies 
en faisceaux par trois et le plus souvent cinq, 
portées sur les petits tubercules dont les rameaux 
sont garnis, et de couleur jaune et blanche. La co- 
rolle est composée de cinq pétales ovales, con- 
caves, à onglet large, munis d’une petite écaille 
à leur face interne ; dix étamines réunies en godet 
à leur base, portées sur des filets de la longueur 
de la corolle, avec anthères cordiformes ; pistil à 
six angles; trois styles terminés chacun par un 
stigmate capitulé. Le fruit qui succède aux fleurs 
est un drupe sec, rouge, oblong, monosperme. 
‘On a assuré bien à tort que l’on se servait du 
noyau de ce fruit comme monnaie courante , sous 
lé nom de Muellu : cette expfession désigne seu- 
lement la semence de choix. 


J’ai dit que la récolte des feuilles de la Coca 
avait lieu trois fois par année. A chaque cueillette, 
on les met x sécher et l’on en fait des paquets du 
poids de trente-six kilogrammes et demi ou trois 
arrobas, que l’on transporte dans des paniers 
(cestos ou tambores) sur toutes les parties du Pé- 
rou, Le département de la Paz, dans la répu- 
blique Bolivia, est le pays qui en expédie le plus ; 
on estime sa récolte annuelle à plus de quatre 
cents cestos. Le commerce des deux républiques 
du Pérou roule, année commune, sur deux et 
quatre millions de piastres que la Coca met en 
circulation. A 
- En soumettant cette feuille à l'analyse, on ap- 
prend qu'elle contient beaucoup de gomme d’une 
amertume très-prononcée. Ulloa confondait en- 
semble le bétel et la Coca, qui n’ont aucun rap- 
portentre eux ni d'aspect ni de famille; d’autres 
avec l'herbe du Paraguay, qui est une espèce. de 
houx, {lex vomitoria. (T. ». B.) 


COCCINELLE, Coccinella. (ixs.) Genre de Co- 
léoptères, de la section des Trimères, famille des 
Aphidiphages, ayant pour./caractères : antennes 
de 11 articles, terminées par une massue de: 3 
articles en cône renversé; tête découverte ; der- 


nier article des palpes en forme de hache ; pénul- 
tième article des tarses profondément bilobé. 

Ce genre d'insectes très-connu a été: créé par 
Linné, et adopté partous les auteurs; on distin- 
gue facilement , aw premier coup d’æœil , les insectes 
qui le composent; aussi ont-ils recu beaucoup 
de noms vulgaires,comme Scarabéeshémisphériques, 
Tortues, Bête a bon Dieu, Vache à bon Dieu, ete: ; 


que leur donnent les enfans ; ce sont des insectes 


de petite taille ; presque généralement «lle ne dé- 
passe pas deux ou trois lignes; quelques uns, ce- 
pendant, vont à cinq, mais le nombre en est très- 
borné; encore ce sont des espèces étrangères à nos 
pays. Ces insectes sont d’une forme ronde, con- 
vexe, et ont les pattes très-courtes, ce qui leur 
donne l'air d’un demi-globe, appuyé sur le plan 
de position; elles sont en général rouges, jaunes ow 
noires, avec des points disséminés ; mais, malgré 
cette apparence de simplicité, les espèces en sont 
très-difhciles à déterminer, à cause des nombreu- 
ses variétés que l’on rencontre, et peut-être aussi à 
cause des hybrismes qui se produisent entre des 
insectes si voisins. 

Leur tête est très-petite, enfoncée dans le corse- 
let ; les antennes le dépassent à peine;il est lui- 
même transversal, échancré antérieurement , ar- 
rondi sur les côtés, mais non rebordé: l’écusson: 
est très-petit; les élytres dépassent le corps tout 
autour; dans les espèces de forme ovale, elles 
tombent droit; mais, dans celles qui sont tout-à- 
fait rondes, elles se relèvent un peu à l’entour. 
Ces insectes ont la faculté, quand on les inquiète, 
de faire sortir par les jointures de leurs genoux , 
une liqueur‘jaunätre mucilagineuse, nauséabonde, 
qui sert probablement à écarter leurs ennemis. 

Les Coccinelles sont carnassières sous tous leurs 
états, et se nourrissent de pucerons; leurs larves 
sont allongées, plus grosses à leur partie antérieure 
qu'à leur partie postéricure , qui est terminée em 
pointe’et armée d’un mamelon charnu, dont elles se 
servent pour s'appuyer dans leur marche; elles 
ontsix pattes, dontle dernier article est terminé par 
un fort crochet, et les autres couverts de poils; le 
dessus du corps varie selon les espèces; il est quel- 
quefois garni de plaques écailleuses , d’autres fois 
de poil, souvent aussi de tubercules; mais cela 
winflae pas sur le dessous du corps qui est toujours 
velu ;: ces larves marchent lentement et adhèrent 
fortement aux feuilles ; ainsi que les insectes par- 
faits, elles se nourrissent de pucerons qu’elles sai- 
sissent et portent à leur bouche avec les pattes de 
devant ; elles sont très-communes sur les feuilles, 
surtout où l’on voit des pucerons, et l’on peut faci- 
lement: les élever ; mais il faut. éviter qu’elles 
puissent s'approcher de trop près ; car elles se 
mangent entre elles avec beaucoup de voracité ; 
les nymphes se servent de leur peau de larve en 
guise de coque; elles se meuvent de bas en haut 
et se tiennent quelquefois droites sur leur extré- 
mité postérieure et restent quelques instans 
dans cette position; une quinzaine de jours après 
cette première métamorphose , l’insecte en sort : 


‘ilest d'abord pâle, mou; mais, peu d'instans après, 


cocG 


239 


cocc 


l'air le durcit, et donne de Ja vivacité, à ses cou- 
leurs, 

On a détaché quelques espèces de .cette coupe 
pour en former d’autres genres; mais commeelles 
sont peu importantes, nous les réunissons ici. 

Ge genre est très-nombreux en espèces : nous 
sayons que M. Lequien s'occupe activement de sa 
Monographie ; nous nous conlenterons d’en citer 
quelques unes. 


1. Espèces à élytres rouges. 


C. savqune, C. sanguinea, Fab. Longue de 
2 lignes et demie; tête, bord antérieur du corselet, 
eltrois points jaunes; corselet et corps noirs; ély- 
tres rouge de sang. De toute l'Amérique intertro- 
picale. 


,: G. 2 roxcruée , C. 2 punctata, Fab. Longue de 


2 lignes et demie ; tête, corselet, corps noirs; ély- 
tres rouge sanguin, avec un gros point noir sur 
chacune d'elles; sur la tête sont deux pointsijaunes; 
sur le corselet, deux taches rondes occupant tous 
les côtés ; une petite bande. et deux points posté- 
rieurs jaunes. Des euvirons de Paris. 

G. 7 poncruÉe, C. 7 punclata, Fab. Repré- 
sentée dans notre Atlas, pl. 115, fig. 4. Longue 
de lignes, noire, élytres rouges; sur chaque élytre 
trois points noirs disposés en triangle, et un à 
l’écusson, commun aux deux élytres; ily a deux 
taches rondes, blanchâtres, aux deux angles anté- 
rieurs du corselet , et deux pareilles aux deux cô- 
tés de l’écusson, sur les élytres. L'espèce la plus 
commune de toutes dans notre pays. 


2, Espèces à élytres jaunes. 


C. 14 rois poncruÉe. C. bis 7 punctata, Fab. 
Longue de 2 lignes et demie, entièrement jaune- 
fauve, avec 7 taches blanches sur chaque élytre. 
Europe. 

C. 20 Fois PONCTUÉE , C. 20 punctata, Fab. 
Longue de 2 lignes, jaune citron, avec 20 points, 
noirs, 18 sur les élytres et 2 surle corselet. Europe. 


3. Espèces à élytres noires. 


CG. 4 verruquée, C. 4 verrucata, Fab. Longue 
de 2 lignes, noire, luisante, avec deux taches en 
-C tournées l’une vers l’autre, à la partie humé- 
rale, et une plus petite près de la suture droite ; 
celte espèce se trouve plus habituellément sur les 
arbres verts. 

Les espèces de cette division et quelques au- 
tres sont de forme plus arrondie que les précé- 
dentes. (A. P.) 

COCCYX, Coccyx ou Coccygis. ( Anar. ) De 
rome, un Coucou. C’est un pelit os symétrique 
triangulaire, situé sur la ligne moyenne, à la par- 
tie postérieure du bassin. On le nomme Coccyx, 
parce qu'on a cru lui trouver de la ressemblance 
avec le bec d’un Coucou. (Foy. SQuEzeTrs.) 

(M. S.-A.) 

COCCOLITHE. (mix. ) Voy. HenengerTe. 

COCCOLOBA. (za. Pan. ) Nom scientifique 
de grands arbres et arbrisseaux du continent 
américain et des Antilles , très -remarquables 
par l'ampleur de leurs feuilles épaisses, coriäces, 


d’un vert sombre, que l’on appelle vulgairement 
Raisiniers, parce que leurs fruits, qui sont des 
drupes arrondis, d’une saveur très-agréable , for- 
ment des grappes parfaitement semblables à celles 


de la vigne; surtout dans l'espèce appelée Goccozoga 


A GRAPPES, Coccoloba uvifera. Ce bel arbre , des 
bords de la mer , a le bois rougeâtre, les feuilles 
très-larges, cordiformes , vert foncé luisant en 
dessus , portées sur des pébioles très-courts ;: ses 
rameaux étaléset diffus, couverts d’une écorce cen- 
drée, sont terminés par une longue grappe, de 
trente-deux centimètres environ, composée de 
fleurs rougeâtres, petites, droites, qui donnent ais- 
sance à de petits drupes charnus, arrondis, de la 
grosseur d’une cerise, et d’une couleur purpurine : 
ces fruits ont une saveur acidule : agréable; on les 
vend sur les marchés ,‘on les trouve sur toutes les 
tables , on en fait des boissons rafraîchissantes, 

Une autre espèce, ayant des feuilles de soixante- 
dix centimètres de long, à surface onduleuse et 
pubescente, le Coccoroga des forêts et des mon- 
tagnes DE LA Martinique, C. grandifolia, s'élève à 
vingt et vingt-six mètres; son bois est très-dur, 
pesant , d’un rouge fonté, presque incorruptible, 
et fort recherché pour les: constructions ; la partie 
qui est en tèrre y acquiert une dureté telle, qu’on 
l’a comparée à celle de la pierre. 

Aux lieux montueux de l'Amérique, on trouve 
un Goccoloba de hauteur médiocre, dont les ra- 
meaux offrent une écorce tellement fine qu'ils 
paraissent en être privés, d’où l'arbre a recu le 
nom botanique de C. excoriata. Les enfans de 
l’île de Haïti recherchent avidement les fruits 
du C. diversifolia, qui sont acides et pourprés 
comme ceux de la première espèce. Dans la même 
île et dans celle de la Martinique, on réserve pour 
les tables les fruits blancs du C. nivea, qui sont 
d’une saveur douce et agréable : célie espèce a les 
fleurs jaunâtres. Celles du €, pyrifolia forment une 
grappe pendante, et longue de vingt-sept centi- 
mètres. Le C. laurifolia est unfort bel arbrisseau, 
haut d’un mètre et quelquefois d’un mètre et de- 
mi; ses rameaux roussâtres sont garnis de feuilles 
luisantes, d’un vert gai, semblables à celles du 
laurier, et de fleurs verdâtres, rassemblées, au 
nombre de trente, en grappes simples et droites. 

On connaît une trentaine d’espèces de Cocco- 
loba. Le genre appartient à la famille des Polygo- 


imées et à l’Octandrie trigynie, Quelques espèces 


sont cultivées en France dans les serres. K 
(T.». B.) 

COCCULUS, Cocculus. (8oT. PHax. ) Ge genre, 
établi par De Candolle, appartient à la famille des 
Ménispermées et à la Dioécie hexandrie de Linné. 
Caractères :fleursordinairement'diviques;,très-rare- 
ment monoïques, ou presque entièrement herma- 
phrodites; calice à 6 ou 9 sépales, disposés 3 à 3 sur 


._deuxrangs concentriques; corolle à 6 pétalessurun 


double rang. Dans les fleurs mâles , 6 étamines li- 


-bres, opposées aux pétales; ovaires avortés, dis- 


parus : dans les fleurs femelles , quelquefois six éta- 
mines stériles : 3 ou 6 ovaires surmontés chacun 
d’un style. unique, souvent bifide à son sommet, 


COCH 


240 | 


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tantôt persistant tous , tantôt avortant en partie ; 
drupe oblong, réniforme, légèrement compri- 
mé et monosperme; embryon recourbé, à co- 
tylédons écartés l’un de l’auire. Les 46 espèces 
décrites par De Candolle sont des arbrisseaux 
grimpans, à feuilles alternes plus ou moins lon- 
guement pétiolées , distribuées, par ce botaniste, 
en quatre sections, dont la 1°° comprend les Coc- 
culus à feuilles peltées ; la 2° ceux à feuilles cordi- 
formes à la base; la 3° ceux à feuilles elliptiques, 
ovales ou oblongues; et la dernière classe les Coccu- 
‘Jus à fleurs monoïques , qu’il serait sans doute plus 
convenable deranger dans un genre distinct. Toutes 
ces espèces sont exotiques ; plusieurs sont figurées 
dans les Icones de M. Delessert (pl. 93 à 97). 7. 
aussi Gærtner, tab., 70. 

Le Cocculus suberosus, D. C., et peut-être quel- 
ques autres espèces, fournissent la Coque du Le- 
vant, dont on se sert pour empoisonner ou eni- 
vrer le poisson, et qui agit aussi sur les autres ani- 
maux. Cette propriété paraît due à un principe de 
nature vénéneuse, qui réside dans le fruit, on en 
doit la découverte à Boullay. 

La racine du C. palmatus est un remède amer 
et tonique, connu sous le nom de Colombo ou 
Columbo. (G. £.) 

COCHENILLE, Coccus. (ixs.) Genre d'Hémi- 
ptères de la famille des Gallinsectes, établi par 
Linné, et ayant pour caractères : tarses d’un seular- 
ticle terminé par un seul crochet ; mâles ailés dé- 
pourvus de suçoir ; femelles aptères pourvues de 
sucoir. 

Les Cochenilles sont de petits insectes, remar- 
quables sous bien des rapports, ct surtout par la 
grande différence qui existe entre les femelles et 
les mâles ; ceux-ci ont le corps allongé, deux ailes 
beaucoup plus grandes que le corps, les secondes 
ailes ou les inférieures étant probablement avor- 
tées, comme on en voit des exemples, soit à des 
insectes de cet ordre, soit à des insectes d'ordres 
voisins ; jusqu’à présent les recherches qui ont été 
faites ne leur ont fait découvrir aucun organe pro- 
pre à prendre la nourriture : seulement dans cer- 
taines espèces Réaumur et Latreille ont vu de pe- 
tits points lisses à leur place ; les femelles au con- 
traire sont aptères, ont le corps ovale, très-sus- 
ceptible de dilatation, et sont pourvués d’une 
trompe renfermant le sucoir. 

Lorsqu’au printemps les jeunes Cochenilles sont 
sorties de l’œuf, elles restent encore quelque 
temps sous l'abri qui les a vues naître; elles en sortent 
‘quand elles sont assez agiles pour parcourir les 
branches et les feuilles, où elles cherchent leur 
nourriture ; après plusieurs mues arrive le moment 

- des amours; alorsellesse fixent sur quelques bran- 
ches, et c’est pour le reste de leur vie. Les mâles, 
jusqu’à cette époque, sont semblables aux fe- 
melles; mais, après avoir été fixes quelque temps, 
ieur peau se durcit, et devient une coque sous la- 
quelle ils subissent leur métamorphose en nymphe. 
Celle-ci offre cette particularité, que les pattes an- 
térieures sont étendues en avant ; aussi quand il 
passe à l’état d’insecte parfait, le mâle sort de cette 


coque à reculons et sous la forme d’insecte ailé, prêt 
à remplir le vœu de la nature; dès qu’il a séché 
ses ailesil voltige pour trouver des femelles: quand 
il en a découvert une, il parcourt quelque temps 
son corps, tant est grande la différence de taille , 
Ja féconde, et se retire dans quelque fissure de l’ar- 
bre ou sous une pierre; là il termine sa carrière. 
Les femelles fécondées ne tardent pas à grossir 
beaucoup, et à faire leur ponte ; les œufs sortant 
de leur corps sont poussés dessous par un méca- 
nisme particulier, et sont en outre enveloppés 
d’un duvet cotonneux qui n’est qu’une transsuda- 
tion du corps de la mère. Le corps de la femelle se 
dessèche, alors ses deux membranes se rappro- : 
chent, et elle périt formant une coque qui garantit 
ses œufs ; les petits sortent de dessous la mère 


‘trente jours environ après la fécondation. La vie 


des Cochenilles, qui ne passent pas l’hiver , est de 
deux mois, et ceile des mâles de moitié moins; les 
Cochenilles mortes ne sont pas, à la vue, faciles 
à distinguer des Cochenilles vivantes ; mais on peut 
s’en assurer en les touchant : les vieilles tombent 
de suite, au lieu que souvent on écrase celles qui 
sont vivantes, plutôt que de les détacher , et quand 
on parvient à les ôter de la place qu’elles occu- 
paient, ce n’est toujours qu’en brisant la trompe, 
qui reste enfoncée dans la branche où elles étaient 
fixées. 

On connaît beaucoup d’espèces de Cochenilles, 
les unes nuisibles et les autres utiles ; parmi les 
premières, celles que redoute le plus l’agriculture, 
sont les C. des serres, de l’oranger, du figuier, 
de l'olivier et de la vigne ; les espèces dont jusqu’à 
présent on a tiré parti sont les G. de Pologne, du 
Nopal et du Chêne vert. Le peu de soin que l’on 
a apporté jusqu’à présent à étudier un grand nom- 
bre de ces insectes, sous le rapport de leurs proprié- 
tés, ne permet pas de prononcer s’ilspourraientnous 
être plus nuïsibles qu'utiles. Si on avait fait quel- 
ques essais suivis sur les différentes espèces que 
l'on connaît, on pourrait peut-être parvenir à tirer 
un grand parti de leur multiplication, et l’analo- 
gie tirée de deux ou trois espèces employées dans 
les arts devrait conduire à les exécuter. 

On a divisé les Cochenilles en plusieurs petits 
groupes, nous les réunissons ici ; car elles offrent 
toutes les mêmes mœurs. 

1. Antennes de plus de 20 articles dans les 
mâles. 

Le genre MonoPxLëge , de Leach. 

2. Antennes au plus de 11 articles. 

a. Antennes de 9 articles, femelles continuant 
à être agiles après la ponte. Genre Donraésie, 

b. Antennes de 11 articles. 

+ Femelles conservant toujours l’apparence des 
anneaux. Genre GOCHENILLE. 

++ Femelles n'ayant l'apparence que d’une galle. 
Genre KErMës. 

Le genre Monorxiÿge de Leach n’est encore éta- 
bli que sur le mâle d’une espèce de Java, a yant des 
antennes de 22 articles, grenues , très-garnies de 
poils, et deux ailes assez épaisses, presque coriaces. 

Le genre Dorruésie. La seule espèce connue 


de ce 


Pl.u6 


Na) 


3 Cochon domestique 
2.2.Cochenille 3. 2.Cochons 


| 4 dgle 


. 2° Cuers dr 


COCH 


241 


COCH 


de ce genre, qui a été établi par Bosc, sur les ob- 
servations de Dorthes, est longue d’une ligne, d’un 
brun roussâtre, mais il transsude de son corps 
une matière blanche qui se range par bandes le 
long de l'abdomen, et qui la fait paraître trois ou 
quatre fois plus grosse qu’elle n’est; les mâles sont 
beaucoup plus rares puisqu'on n’en trouve qu’un sur 
deux ou trois cents femelles; après ’accouplement 
celui-ciseretire sous quelque pierre où sor corps 
se couvre des mêmes efflorescences que l’on re- 
marque à celui de la femelle, et meurt; celle-là 
change encore de peau après l’accouplement, et 
passe l'hiver sous quelque pierre ; ja ponte se fait 
au printemps, les petits se répandent sur l'Eu- 
phorbia characias ou sur l'E, pilerella , pour cher- 
cher leur nourriture; on croit que la femelle survit 
encore un mois à sa ponte et meurt ensuite. 

Le genre Cocnanizze est le plus nombreux; les 
espèces qui le composent courent dans leur jeu- 
nesse sur les feuilles, mais se fixent bientôt aux 
bifurcations de quelque branche, et y demeurent 
jusqu’à la fin de leur vie; en général elles préfè- 
rent les arbres dont les feuilles sont persistantes. 
Citons quelques espèces communes, et nous nous 
étendrons ensuite sur la Gochenille du commerce. 
- GC. nes serres, C. adonidum, L. La femelle est 
ovale avec des appendices sur les côtés; les deux 
derniers anneaux forment une espèce de queue ; 
le mâle a les antennes longues, le corps et les 
pattes roses, les ailes et les filets de la queue sont 
blancs ; l’un et l’autre sexe sont saupoudrés d’une 
poussière farineuse., Elle s’est naturalisée dans nos 
serres où elle cause les plus grands torts aux 
plantes exotiques que nous élevons avec tant de 
soin et de peine ; elle n’est que trop connue des 
amateurs de plantes rares et des jardiniers, dont 
elle brave tous les moyens de destruction. 

C. DE L'ouivier, C. oleæ Femelle d’un brun 
rouge, avec des nervures élevées , irrégulières. 

C. pu ricurer, C. ficüs carioæ. Femelle con- 
vexe, cendrée, avec une ligne à sa partie supérieure 
jetant des rayons à sa circonférence. 

C. pu nopaz, C. cacti, Linn., représentée dans 
notre Atlas pl. 116, fig. 1,2. Femelle convexe 
en dessus, aplatie en dessous, avec les segmens des 
anneaux bien marqués, d’un brun foncé; mâle 
rouge foncé, terminé par deux longues soies, et 
ayant les ailes diaphanes. 

M. Latreille à remarqué que les petits d’une 
espèce voisine,nommée Cochenillesilvestre, étaient 
renfermés dans une petite coque ; nous verrons à 
l’article du Kerus qu’un auteur a fait sur cette es- 
pèce des observations analogues. 

La première et la plus ancienne Cochenille , 
qui fait partie du genre Kermès et qui porte le 
nom de C. de Pologne, était autrefois l’objet d’un 
grand commerce; mais l'espèce que nous venons 
deciter, ayant été apportée du Mexique en Europe, 
a fait tomber celle-là ; c’est donc sur la manière 
de cultiver cette dernière qu’il faut fixer son at- 
tention ; elle porte le nom de Gochenille du Nopal, 
à cause de la plante sur laquelle elle vit, plante 
grasse analogue à celle qu’on nomme communé- 


Tome II, 


ment Serpenteau et Raquettes. Les Mexicains ayant 
remarqué qu'en écrasant cet insecte il en sortait 
une superbe couleur rouge, enramassèrent et s’en 
servirent pour teindre leurs vêtemens de coton ; 
mais leur méthode était très-imparfaite. Ils ra- 
massaient au fur et à mesure de leurs besoins, 
souvent en mauvaise saison, différentes es- 
pèces de Cochenilles mêlées ensemble ; aussi quand 
les avides Européens se furent emparés de ce pays, 
et que le commerce eut rendu cet insecte d’un 
prix élevé, on chercha tous les moyens de le 
récolter en plus grande quantité et de la meilleure 
qualité possible; pour cet effet on en vint à élever 
d’une manière régulière la plante qui nourrit la 
Cochenille. Après quelques essais. on parvint à les 
recueillir en temps opportun pour tirer tout le 
parti possible de ces animaux, et d'essais en es- 
sais on en est venu à la méthode que nous allons 
exposer. 

Les nopals par eux-mêmes peuvent venir dans 
toutes sortes de terrains, bons ou mauvais, pourvu 
qu'ils soient secs , dans les climats cependant, où 
la température se soutient de 9 à 25 degrés de 
chaleur; mais ils croissent beaucoup plus vite 
dans les bons terrains , et peuvent, avec beaucoup 
plus de végétation , nourrir davantage de Coche- 
nilles. Mais les Gochenilles ont beaucoup de dan- 
gers à redouter: les grands vents, les pluies con- 
tinues, sans compter les insectes, les oiseaux, etc. IL 
convient donc d'établir la nopalerie(c’est ainsi qu’on 
nomme une plantation de nopals), d’après ce qui 
vient d’être dit, dans un terrain sec, le meilleur 
possible , sous une température moyenne de 14° 
et à l’abri du vent. 

Deux moissuflisent pour faire une récolte; ainsi 
dans tous les endroits où l’on peut compter sur 
deux mois de sécheresse , on pourrait compter sur 
une récolte complète. 

Le terrain propre à une nopalerie étant choisi, 
il faut le purger de toute mauvaise herbe , le dé- 
foncer au moins d’un pied, et ne jamais y mettre 
d'engrais , si ce n’est dans les pépinières pour 
hâter les jeunes plants, et encore ce ne doit être 
que du fumier de bestiaux entièrement consommé; 
on divise ensuite son terrain en rigoles d’un pied 
de large sur un demi-pied de profondeur et tou- 
jours dirigées du nord au sud , et espacées de six 
pieds; cet intervalle occupe beaucoup de terrain, 
et dans notre pays, par exemple, oüilest précieux, 
il serait peut-être possible de palisser les nopals 
par des gautelles comme on fait des contre-espa- 
liers, et de gagner deux ou trois pieds sur chaque 
rangée, en ne les tenant pastrès-élevés : cette mé- 
thode faciliterait le binage et même la récolte. 

Les meilleures boutures pour la plantation sont 
celles qui sont le plus près des racines ; elles doi- 
vent être de deux articulations, et avoir été cou- 
pées dans une articulation ; il serait imprudent de 
les rompre, et pour la bouture, et pour les sou- 
ches ; on les laisse à l’ombre pendant une dizaine 
de jours avant de les mettre en terre, ce quileur 
fait perdre une partie de leur principe aqueux qui 
pourrait les faire pourrir ; on les plante dans les 


111* Livraison, 31 


CÔCH 


42 


COCH i 


rigoles à six pieds dé distance ,: la prermièré’ arti- 
culation: à plat contre térré ; ét la seconde sortant 
à moitié de terre ; on les couvré de deux pouces 
de terre, pour le moment, et on les rechausse 
plus tard lorsqu'elles ont quelques pousses vigou- 
reusés. Lés nopals plantés éxigent des sarclages 
faits avec beaucoup de soin ; pour ne pas attaquer 
les racines; ils poussent alors avec beaucoup de 
force, et à déux ans ils ont six pieds de haut ; on 
16s maintient à cetté hauteur pour la facilité de la 
récolte ; ils peuvent durer ; en nourrissant des Co- 
chenilles, six ans ,et un anet démi avant d’en re- 
cévoir, de sorte que tous les huit ans il faut les 
renouveler ; pour bien monter une’ nopalerie , il 
faudrait avoir huit carreaux dont un sérait en 
pousse, un recevrait dé la Cochénille pour la pre- 
mière fois, un serait supprimé; et cinq donne- 
raient récolte complète. Pour remplacer les no- 
pals épuisés on peut lever des plants à la pépinière, 
ou mieux encore récouper la plante, qui pousse 
bien plus rapidement par ce second moyen. 

Ces arbres sont sujets à plusieurs maladies qui 
ne sont que des plaies qui s'y forment; le seul re- 
mède est de couper dans le vif tout ce qui est 
gâté. Une espèce de très-petite Cochenille leur 
fait aussi beaucoup de tort; de l’eau et une 
éponge les en délivrent complétement. 

Tous les ans, à la belle saison, il faut mettre 
de la Cochenille sur les nopals; c’est ce qu’on ap- 
pelle semer, expression qui vient de ce que l’on 
prenait autrefois les Cochenilles pour une graine. 
On prend donc quelques mères fécondées sur des 
hopals qu'on a tenus pendant la mauvaise saison 
à l'abri sous des hangards bien aérés ; on en met 
huit à douze dans un petit nid formé de quelque 
étoffe imitant le canévas, qu'on coupe à deux 
pouces carrés et qu’on joint par les quatres coins ; 
on place un de ces nids à la base de chaque bran- 
che formée de quatre articulations ; et au moins 
à r8 pouces de terre: de cette manière les nids 
se trouvent répartis assez également sur le nopal ; 
les petits partent par les trous de l’étofle, se ré- 
pandent sar la plante, ñe s’épuisent pas les uns 
les autres et n’épuisent pas la plante qui les nour- 
rit. Les nids doivent être préparés d’avance pour 
que la nopalerie puisse être semée en même temps 
en deux ou trois jours au plus ; afin que la récolte 
puisse se faire en même temps. Lorsqu'on voit 
quelques pêtites cochenilles sortir du sein de leur 
mère, c'est le moment précis de faire la récolte 
générale de toutes celles qui ont été semées le 
même jour; ce moment arrive jour pour jour 
deux mois après qu’élles ont été semées, et un 
mois jour pour jour après que les femelles ont été 
fécondées. 

La récolte se commence au point du jour; tont 
le monde y est propre, femmes, enfans, vieil- 
lards, il ne faut qu’un couteaü à tranchant ar- 
rondi et un panier; on passe légèrement le bout 
du couteau le long de la peau du nopal de haut 
en bas, en avant soin de ne blesser ni l'arbre ni 
l'insecte ; et l’on recoit dans sa main les Coche- 
nilles qui tombent; on les met ensuite dans an 


pañier. La Cocheñille doit êtré tuée le jour même: 
qu’elle a été recueillie, La meïlléure manière con- 
siste à la mettré sur ün tamis, que l’on couvre ét 
que l’on fixe au fond d’une terrine ; l’on verse 
dessus de l’eau bouillante pour le couvrir entiè= 
rement, on agite le tamis un instant pour faire 
passer la terre qui pourrait être mêlée avec les 
Cochenilles, puis on le retire de l’eau; on étend 
les insectes sur une table pour les faire sécher ; 
une journée de soleil suflit. On reconnaît que la 
Cochenille est bien sèche quand, en la laissant 
tomber sur la table, elle rend un son semblable 
à celui que rendrait une graine. Elle doit alors 
être marbrée de pourpre ét de gris ; on la met 
alors dans des boîtes terniues au sec, et c’est dans 
cet état qu'elle passe dans le commerce, où elle 
entre avec tant d'avantage dans les teintures et 
même dans la peinture, comme un des premiérs 
ingrédiens du carmin. 

D’après ce que nous venons-d’exposer de l’édu- 
cation des Cothenilles, il serait bien à désirer 
qu’on étudiât davantage lés espèces indigènes qui 
pourraient peut-être donner différentes teintures 
utiles dans les arts. Des essais tentés sur l’édu- 
cation de la Cochenille à Alger ont parfaitement 
réussi; depuis long-temps elle est acclimatée à Ma- 
laga ; il Serait même très-possible de l’élever dans 
le midi de la France ; une espèce de nopal, C. 
opäntia, se trouvant naturellemént en Provence. 
Il est à présumer que le Cactus nopal y prospére- 
rait, Cette province ne renferme que trop de ter- 
rains arrides que cette plante, peu difficile, au- 
rait bientôt utilisés; la température élévée et con- 
stamment sèche y est en analogie avec celle que 
demandent les Cochenilles ; enfin les violens 
coups de vents que l’on éprouve dans ce pays, 
sous le nom de #nistral, sont loin d'égaler ceux 
qui ravagent quelquefois les colonies, et encore 
avec des abris dans la direction de cé vent on au- 
rait peu de chose à craindre. Dans l'hypothèse 
même que le C. nopal s'y refusât à la culture, 
une autre espèce, le C. de Campêche, pourrait 
servir très-avantageusement À nourrir une autre 
Gochenille , la €. silvestre, qui, si elle donne des 
récoltes mois abondantes, ést aussi bien moins 
délicate que l’autre. Je pense même qu'avec des 
nopals en pots et des hangards pour abriter des 
pluies, on pourrait dans le climat de Paris obte- 
nir au moins deux récoltes. Les nopals seraient 
rentrés l'hiver comme les autres plantes d’orange- 
rie, Nousformons des vœux pour que quelque ha- 
bitant de la ci-devant Provence, surtout dans la 
partie appelée les Mores , située entre Hières et Le 
golfe de Saint-Tropez, s'occupe sérieusement de 
faire des essais qui ne peuvent qu'être avantageux 
pour lui et pour sa province. 

Le genre KermÈs, avant quela Cochenille ne fàt 
connue, fournissait, Comine nous l'avons dit, les 
insectes donnant la matière première des teinturés 
rouges; mais deux espèces seules étaient aptes à 
la fournir, tandis qu'un très-grand nombre dont 
nous allobs citer quelques noms ne sont connues 
que par le tort qu'elles nous font, telles sont les 


COCH 


er 


de l'Orme (qui a été le sujet d’un mémoire 
particulier de Latreille etc. , etc.), enfin Ja 
C. des orangers qui n’est que trop multiphée et 
trop connue. Les deux espèces employées étaient 
la C. de Pologne et la G.du Chêne vert. 

G. pe Poro@xe, C. polonicus, Linn., d’un brun 
rougeâtre, en forme de grain; on la nomme aussi 
habituellement graine d'écarlate; c’est au collet 
des racines des plantes qu’on la trouve habituelle- 
ment ; elle a la forme d’une graine enfermée dans 
une cupule, comme un gland de chêne, celte 
cupule est raboteuse en dehors , mais à l'intérieur 
elle. est lisse ; l’insecte est en ontre couvert d’un 
duvet.cotonneux blanchâtre ; c’est vers le solstice 
d’été que ces insectes sont dans toute leur pléni- 
tude et qu’il faut en faire la récolte ; à l’aide d’une 
petite bêche creuse et très-courte , on détache ces 
fausses graines, tandis que de l’autre main on 
soulève hors de-terre la plante qui les nourrit; le 
nombre des individus varie beaucoup sur chaque 
plante, tantôt on en trouve deux , tantôt quarante. 
C’est principalement dans les terrains sablonneux 
et sur une espèce de Renoute qu’on les trouve ; 
mais , suivant les saisons, la récolte est abon- 


-dante ou manque tout-à-fait ; on trouve quelque- 


fois, mais rarement, celte espèce dans notre 
pays. 

C. Du cnÊène verr, C. ilicis, Sphérique, d’un 
rouge luisant, couverte d’une poussière blanchä- 


tre. Un auteur qui a écrit un petit traité ex pro- 


fesso sur le Kermes, M. Truchet, a remarqué que, 
quand on ouvrait une femelle, les œufs, ou 
ce qu'on regarde comme tels, étaient tous de la 
même dimension, ce qui est contraire à ce 
qu'on remarque dans les autres insectes, où les 
œufs situés aw fond des ovaires sont toujours 
beaucoup moins développés que ceux qui se trou- 
vent dans le voisinage de l’oviducte ; que sur tous 
les œufs pondus on voit facilement des seg- 
mens; enfin que lorsque les petits se répandent 
sur l'arbre, en sortant de dessous la mère, les 
mâles sortent en même temps et ne peuvent pren- 
dre de nourriture, et attendent à deux mois de Jà 
pour féconder les femelles. [pense donc que les Go- 
chenilles sont pupipares, et que ce qu'on a pris 
jusqu'à présent pour des œufs était des chrysa- 
lides. J’ai dit que M. Latreille avait vu les petits 
comme enfermés dans une enveloppe, ce qui se 
rapporte à ce que je viens de citer; mais dans des 
ouvrages postérieurs , M. Latreille n’a pas tenu 
compte de cette observation; d’un autre côté, 
l'auteur, en avancant ce fait, ne donne ses obser- 
vations qu'avec doute, ne répond pas à ce qui a 
été regardé comme exact avant lui, et dans sa 
propre hypothèse n’explique pas la série des mé- 
tamorpho:es. Cependant je regarde pour ma 
part, son observation comme juste, et je regrette 
vivement que la saison où je rédige cet article me 
prive de faire quelques expériences qui pourraient 
we servir ou à la confirmer ou à la combattre. 
La récolte de cette espèce est faite par des fem- 
mes quiles détachent de l'arbre avec leurs ongles ; 


245 
‘G. du Pécher, de la Vigne, du Sapin, de l’'Erable, : 


COCH 


elles la considèrent sous trois différens états, au 
printemps d’abord, quand elle est d’un très-beau 
rouge et entourée comme d’un nid cotonneux; le 
second état est quand elle est arrivée à tout son 
accroissement, elle est alors entièrement cou- 
verte de poussière blanchâtre ; le troisième état est 
quand les femelles sont pleines d'œufs, il n'arrive 
qu'au printemps de l’année suivante. La récolte 
varie suivant la saison: si le printemps est froid, 
elle est peu abondante; s’il est doux , on a bonne 
récolte. En généralla récolte de la seconde espèce 
ne vaut jamais celle de la première, La Cochenille 
destinée au commerce est tuée de différentes fa- 
cons, mais assez souyent avec du vinaigre; on 
ôte la poussière rouge renfermée dans les graines; 
on lave et on fait sécher; on frotte dans un sac 
pour rendre les graines brillantes et l’on ajoute 
ensuite de la poudre en proportion avec le poids 
des graines. La récolte de cette espèce est bien 
tombée depuis la préférence qu’on accorde à la 


Cochenille du Nopal, mais cependant comme elle 


ne coûtait que la peine dela ramasser, on a peut- 
être eu tort de la négliger. Elle pourrait être em- 
ployée dans les teintures à bon compte, où quine 
demandent pas autant d'éclat que celles où l’on 
emploie sa rivale. (A. P.) 

COCHENILLE DE PROVENCE. (1s.) On 
donne ce nom à une espèce de Kermès. Voy. 
CocuHENILLE. 

COCHENILLIER. (ror. Pan.) C’est le nom 
vulgaire du Cactus sur lequel se nourrit le plus 
habituellemnt la Cochenille, Foy. Cacrus, 

COCHE-PIERRE. (o1s.) C'est le nom vulgaire 
du Gros-bec. 

COCHEVIS. (ors.) Nom de lAlauda cristata. 
Voy. Arouerre. (Guén.) 

COCHLEARIA , Cochlearia ,  vulgairement 
Cransox. (Bor. PHAN.) Genre appartenant à la fa- 
mille des Crucifères, et à la Tétradynamie sili- 
queuse. Fondé par Tournefort, il a été adopté par 
les botanistes qui lui ont succédé. Voici ses carac- 
tères : calice étalé, à sépales concaves et égaux à 
leur base; corolle à pétales obtus et elliptiques ; 
étamines sans appendices; silicules ovées ouoblon- 
gues , à mince cloison, et à valves ventrues 
très-épaisses ; loges le plus souvent polyspermes ; 
semences à cotylédons planes et accombans. 

Les Cochléarias sont des plantes herbacées ou 
vivaces, souvent Charnues et glabres , quelquefois 
couvertes de duvet ou de poils épars. Les {euilies 
affectent une grande variété de formes ; les radi- 
cales sont souvent pétiolées, celles de la tige 
sagittées et auriculées. Les fleurs , ordinairement 
blanches, se rangent en grappes terminales, et 
sont portées par des pédicelles filiformes et dé- 
pourvus de bractées. 

Ce genre comprend {trente espèces partagées en 
quatre sections par De Candolle. 

La première, sous le nom de Kernara, est 
ainsi caractérisée: silicules sphériques ; valves 
d’une rigidité remarquable, Le Myagrum saxatile 
se touve rangé dans celte section. 

La deuxième, sous le nom d’Armoracia, se 


COCH 


reconnaît à une silicule ellipsoïde ou oblongue,, 
à un style filiforme , à un stigmate .capité. 

Le C. armoracia est une plante pharmaceuti - 
que, qui se plaît dans les lieux aquatiques et mon- 
tagneux de l’Europe, du nord de l’Angletcrre, 
du midi de la France. Les feuilles radicales de ce 
Cochlearia sont très-grandes, oblongues , crénées; 
celles de la tige sont lamellées, dentées ou inci- 
sées. On cultive cette espèce, dans les jardins po- 
tagers et médicaux, sous le nom de Raifort sau- 
vage, ou Cran de Bretagne. Sa racine, qui est fort 
grosse et très-charnue, contient abondamment un 
principe volatil, particulier aux crucifères , dans 
lequel résident leurs vertus. C’est la base du sirop 
antiscorbutique , de l’alcool ou esprit de Gochléa- 
ria , el de plusieurs teintures. On räpe la racine 
du Cochléaria , pour la manger avec le bouilli en 
guise de moutarde. 

La troisième section est la plus nombreuse ; 
elle renferme dix-huit espèces, parmi lesquelles 
on doit distinguer le GocaLÉARIA OFFICINAL, €. 
officinalis, L. Caractères : silicules ovées de moi- 
tié plus courtes que les pédicelles; feuilles radicales 
pétiolées, creusées en forme de cuiller ; feuilles de 
la tige ovales, dentées, anguleuses. Ces feuilles 
sont toniques, antiscorbutiques, sialagogues; elles 
stimulent les parties membraneuses , muqueuses , 
des organes gastriques. On trouve cette plante sur 
le littoral des mers de l’Europe septentrionale, dans 

‘les monts Jura, Crapacks. Les autres espèces qui 
appartiennent à cette section sont les C. anglica, 
€. danaica, €. pyrenaica, qui croissent en 
France, et dans les contrées boréales de l’ancien 
continent, principalement en Sibérie. 

À la quatrième section, sous le titre de J'onop- 
sis, D. CG. , se rapporte une seule espèce, le 
C. acaulis, plante à silicule presque ronde et 
échancrée au sommet, à fleurs rose-lilas. Elle est 
commune en Portugal, près de Lisbonne , et dans 
l'Afrique septentrionale. Cette section forme le 
passage des Alyssinées aux Thlaspidées. 

Il reste cinq espèces trop peu connues pour être 
bien caractérisées. (GC. £.) 

COCHLOHYDRE, Cochlohydra. (Morr.) Ge 
n’était point assez pour le genre de coquilles que 
nous avons à mentionner ici qu’il eût été nommé 
Helix par Lioné, Succinea par Draparnaud, Am- 
phibulimus par Lamarck , Lucena par Ocken, Ta- 
pada par Studer et Lymnæx par Fleming, il a 
fallu qu’à ces six noms M. De Férussac en ajoutât 
un septième , celui de Cochlohydre, et tout cela 
pour des coquilles connues de tout le monde sous 


la dénomination d’Ausrerres! Voyez ce mot. de 


ne sais si c’est Jà faire ce qu’on appelle dela science; 
pour moi et pour beaucoup d'autres, c’est l’em- 
brouiller. (Ducr.) 

. COCHON, Sus. (ma. ) Ces animaux appar- 
tiennent à l’ordre des Mammifères pachydermes 
et viennent se grouper dans la famille des Pachy- 
dermes ordinaires ; il est facile de les reconnaître 
à leurs formes lourdes et grossières ; ils ont l’intel- 
ligence fort obtuse , et sont d’un caractère féroce 
et brutal. Leur nourriture consiste en fruits et 


244 


COCH 


en racines qu’ils déterrent au moyen de leurlong 
museau, appeié boutoir ou groin , dans les ma- 
récages ct les lieux humides où ils se tiennent. 
Les Cochons, appelés aussi Sangliers, ont les 
sens très-obtus, si ce n’est celui de l’odorat qui 
jouit d’une très-grande finesse ; leurs dents varient 
selon les espèces , les canines seules sont en nom- 
bre fixe, elles sortent de la bouche et se recour- 
bent l’une et l’autre vers le haut. Les pieds anté- 
rieurs ont chacun quatre doigts, deux mitoyens, 
grands et armés de forts sabots, et deux latéraux 
beaucoup plus courts, ne touchant presque pas 
à terre; les membres postérieurs ont aussi le 
plus souvent quatre doigts, distribués comme les 
antérieurs ; chez les espèces américaines , ils n’en 
ont que trois seulement. 

Cette considération du nombre des doigts peut 
servir à distinguer les Cochons en deux groupes, 
que l’on partage ensuite en genres d’après le nom- 
bre de leurs dents. 


I. Genres qui ont les pieds postérieurs tridactyles 
ou à trois doigts seulement , et les antérieurs té- 
tradactyles, c’est-a-dire à quatre. 

Genre Pécart, Dicotyles, G. Cuv. Il comprend 
de petites espèces qui n’ont que quatre incisives su- 
périeures et six inférieures ; douze mâchelières à 
l’une et l’autre mâchoires , et quatre canines dont 
les deux supérieures ne se recourbent point en 
haut. Les Pécaris n’ont que trois doigts aux pieds 
de derrière , et ils sont dépourvus de queue. Leur 
nom latin signifie double nombril, et leur a été 
donné à cause d’une ouverture semblable à un 
second nombril, laquelle est placée sur leur dos, 
et laisse suinter une humeur fétide, L'Amérique 
méridionale est la patrie de ces animaux. 

Genre CnorroporTame , Chcæropotamus , G. Curv., 
qui a été établi en 1821 par l’auteur du Règne ani- 
mal, dans l’analyse des travaux de l’académie des 
sciences. Il ne comprend qu'une espèce fossile 
trouvée aux environs de Paris, dans les carrières 
à plâtre. 

Genre ANTHRACOTHÈRE, Anthracotlierium , Guy. 

Ce genreest également fossile et renferme deux 
espèces trouvées dans un banc de lignite sur la 
côte de Gênes; l’une de ces espèces a la taille 
d’un âne, l’autre est grande comme le Cochon 
domestique. 


II. Genres quiont les quatre pieds tétradactyles, c'est- 
a-dire a quatre doigts. 

Genre Bagrroussa, Babiroussa, F. Cuv., dont 
nous avons parlé dans le premier volume du pré- 
sent Dictionnaire : ses dents sont ainsi distribuées : 
& incisives, j=1 canines,et }=; molaires , total 34. 
La seule (espèce est le Sus babiroussa qui habite 
les îles Moluques. 

Genre PnascocHære, Phascochæres , F. Cuy. 
Il comprend trois espèces africaines , le P. ethiopi- 
cus, le P. africanus, F. Cuv. et le P. haroia ; 
H. et Erhemb. Symbolæ physicæ, 2° cahier des 
Mamm. Ges animaux ressemblent assez aux san- 
gliers, mais ils ont un système dentaire différent ; 


COCH 


on ne leur trouve que deux incisives à la mä- 
choire supérieure , et six à l'inférieure, quelque- 
fois ils n’en ont pas du tout. Leur molaires sont 
au nombre de trois partout , c’est-à-dire de cha- 
que côté, à chaque mâchoire. 

Genre Cocnon ou SanGier, Sus, Linn. Les 
espèces qu'il comprend ont toutes © incisives, 
= canines et 7=7 molaires : les canines fortes, 
‘sortant de la bouche et se recourbant vers le haut, 
quelquefois très-longues, dépourvues de racines 
proprement dites et croissant pendant toute la vie 
de l'animal; nez prolongé en boutoir; yeux petits 
à pupille ronde; oreilles assez développées et 
pointues; queue médiocre; douze mamelles. Ces 
animaux sont omnivores et très-gloutons, ils ai- 
ment encore plus que les autres les pays de maré- 
cages ; leur plaisir est de se vautrer dans la fange. 

Le Cocnon onniNAIRE, Sus scrofa, que l’on fait 
descendre du Sanglier , se reconnaît à ses défen- 
ses robustes, triangulaires, dirigées latéralement 
et médiocrement allongées ; il n’a point de protu- 
bérance au dessous des yeux. 

Parlons d’abord du Sanglier représenté dans 
notre Atlas, pl 116, fig. 3; cet animal qui vit 
sauvage dans toute les contrées de l’Europe et de 
l'Asie, peut atteindre jusqu'à cinq pieds et plus 
depuis le bout du museau jusqu’à l'origine de sa 
queue qui a dix pouces ; il a la tête allongée, le cou 
fort court, le corps épais et musculeux, garni de 
poils appelés soies, dures et élastiques ; ces soies 
sont plus longues et plus fortes sur le dos, leur 
couleur est généralement d’un gris noirâtre; à leur 
base est une sorte de laine douce et frisée. La fe- 
melle du Sanglier s’appelle Zaie, elle nese distingue 
à l'extérieur que par sa taille qui est moindre : ses 
petits sont : connus sous le nom de Marcassins. 

Le Sanglier est depuis long-temps réduit en do- 
mesticité; voyez pour les nombreux usages qu'on 
en retire alors, et les moyeus de perfectionner ses 
produits, l’article d'Economie rurale. 

Le Sanglier domestique ou Cochon, représenté 
pl. 116, fig. 4, ne doit nous occuper que sous le 
rapport des modifications que la domesticité lüi a 
fait éprouver, et qui le font considérer comme 
formant plusieurs variétés distinctes. Voici d’après 
M. Desmarest le tableau de ces variétés. : 

Var. À. CocHON COMMUN ou A GRANDES OREILLES. 
Il a, comme l'indique la phrase qui sert à le déno- 
mer, les oreilles longues et en même temps pen- 
-dantes ou à demi pendantes; ses soies sont assez 
rares, ses canines lrès-courtes comparativement à 
celles du Sanglier ; sa taille est souvent considéra- 
-ble et sa couleur varie du noir au blanc; queue 
tortillée. 

Outre les races d’Auge, de Poitou, de Péri- 
-gord, de Champagne, de Boulogne, etc., qui se 
apportent à cette variété À, et dont il sera ques- 
tion à l’article d'Economie rurale, on admet aussi 
qu’elle renferme plusieurs sous-variétés distinctes 
‘parmi lesquelles nous citerons : 

Sous-var. a. Le Porc ANGLAIS DE GRANDE RACE, 
-dont le poids s'élève jusqu'à 1000 et 1200 li- 
vres. 


245 


COCH 


Sous-var. b. Le Porc pu Jurzanp , qui est aussi 
d’une grande taille, puisque dès sa seconde année 
il peut fournir deux ou trois cents livres de lard. 

Sous-var, c. Le Porc suépois, qui est le résultat 
de l’union du Sanglier avec le Cochon ordinaire. 

Var. B. Cocnon DE Siam. Get animal, appelé 
aussi Porc cainors, a les oreilles droites, courtes 
et mobiles ; son corps est recouvert de poils soyeux, 
raides et de couleur noire; longueur totale, 3 pieds 
3 pouces; de la queue 9 pouces; hauteur au 
garrot, 1 pied 8 pouces. On lui rapporte comme 
sous-variétés. 

a. Le Cocxon pu cap DE Bonne-EsréRANCE, qui 
se trouve aussi dans les îles de la mer, du Sud et 
à la Nouvelle-Hollande. 2. Le Porc A JAMBES 
courRTEs ou CocHon NAIN, que l’on élève en Espa- 
gne, en Portugal, en Calabre, en Savoie et en 
Toscane. c. Le CocnonN DE NoBLE qui résulie du 
croisement du Cochon de Siam avec le Sanglier 
que l’on a transporté dans le nord de l'Amérique, 
où il vit sauvage. 

Var. G. Porc Turc ou DE Moxcozrz. Il à les 
oreilles courtes , le corps recouvert de soies minces 
et frisées, dont la couleur est d’un gris plus ou 
moins foncé. On le trouve dans la Turquie d'Eu- 
rope, en Hongrie, en Croatie, en Bosnie et jus- 
qu'aux environs de Vienne , en Autriche. 

Var. D. Porc DE Porocne ET De Rrssie. De 
couleur rousse ou jaune et n’aiteignant qu’une 
petite taille. 

Var. E. Porc De Guinée. Il est originaire de la 
Guinée, d’où il a été, suivant les voyageurs , trans- 
porté au Brésil. Sa tête est assez petite , ses oreil- 
les longues, minces et très-pointues ; sa queue 
longue touchant presque à terre et privée de poils. 
Le corps est d’un roux brillant. La taille du Co- 
chon de Guinée est celle du Cochon de Siam. 

Cocnon 4 Masque, Sus larvatus, F. C. C’est une 
espèce distincte qui a les défenses médiocres , an- 
guleuses , et un gros tubercule nu sur chaque joue. 
Sa taille est celle du Sanglier. Cet animal habite 
Madagascar et la partie de l’Afrique qui avoisine 
cette île. 

SANGLIER DES Papous , Sus papuensis, le Bêne des 
Papouas, qui a été décrit par MM. Lesson et Gar- 
not dans la partie zoologique du voyage de la Co- 
quille; il est commun dans les forêts de la Nou- 
velle-Guinée, et paraît une espèce intermédiaire 
entre les Pécaris et les Gochons. Les Papouas esti- 
ment sa chair , et attrapent les petits dans les bois 
pour les élever dans une sorte de domesticité. 
Longueur de l'animal , trois pieds. 

Cocuon FossiLE, Sus priscus, Goldfuss. On en 
connaît une mâchoire beaucoup plus longue et 
moins large antérieurement que la mâchoiré du 
Sanglier ordinaire. (GERv.) 

COCHON D'INDE. ( mam. ) C’est le nom que 
l’on donne ordinairement à la variété domestique 
du Cobaye opéréa, nous en avons dit quelques 
mots à l’article Copayes. 

On appelle Cocnons DE BLÉ ou PETITS Cocuons 
les Hausrenrs ; et CocHon DE TERRE, un mammi- 
fère édenté qui vit au Cap, le Pancoux. 


E 


(COCH 


roussa, Linné. V’oy.Gocnon et Barimoussa. (Genv.) ! 
COCHON DOMESTIQUE. (écon. ur.) Comme | 
je l’ai fait jusqu'ici pour des autres animaux atta- | 
chés à la maison rurale, je vais parler du Gochon 
considéré dans ses rapports avec le premier des : 
arts:, et_sous le point de vue de ses qualités 
morales. ; . | 
De tous les animaux de la ferme, le Porc est | 
celui que l’on néglige le plus ; on le laisse généra- 
lement vivre dans la malpropreté la plus dégoû- 
tante , par suite d’une habitude fâcheuse,, née de la 
paresse ct d'un préjugé sans fondement. On ne 
songe pas que les qualités de sa chair dépendent 
essentiellement de la nourriture et desisoins ap- 
portés à sa préparation. Et cependant cette chair 
est destinée à l'alimentation du riche comme du 
pauvre; elle est le fondement de la cuisine rurale; 
elle fournit la meilleure salaison, et, ce qui est plus 
précieux encore, elle assure seule, en petite 
quantité, et à très-peu de frais, àl’ouvrier, une: 
soupe excellente et très-nourrissante ; un assai- 
sonnement pour les plantes potagères et les légu- 
mes qui chargent sa table trop souvent exiguë. 
Partout où cette chair est molle, sans saveur, 
lourde, de diflicile digestion, concluez-en que Fa- 
nimal est indignement logé ; qu’il ne recoit point 
les substances appropriées à sa constitution, à ses 
besoins; partout, au contraire, où sa chair est 
délicate, amie de l'estomac, le Porc est:traité 
convenablement, logé proprement, et reçoit le 
pansement de la main. Ir, 


Une autre erreur est de croire que lon peut 


posséder impunément une quantité plus ouanoins 
grande de Pourceaux : cela n’est vrai que là où les 
ressources sont certaines durant une année , prin- 
cipalement pendant la mauvaise saison, Quoique 
vorace et omnivore, quoique multipliant dans 
tous les pays et sous toutes les latitudes , le Porc 
demande à être bien nourri, et à recevoir des ali- 
mens sains, abondans ; il n’est pas dificile pour le 
choix, maisil ne profite réellement que lorsque 
sa nourriture est bonne et régulière. I lui faut de 
même une habitation spacieuse, point humide , 
abritée du froid en hiver, ouverte au nord et fer- 
mée au midi durant les grandes chaleurs , exac- 
tement nettoyée, et munie d’une litière fraîche. 
Il veut encore, enété, qu’on le mène paître le 
malin et le soir, quand la température est douce- 
ment rafraîchie. 

Le Porc mâle s’appelle V’errat, sa femelle Truie, 
leurs petits Porcs, et lorsqu'ils sont privés des fa- 
cultés génératrices Cochons. Jeunes et vieux, les 
Pourceaux aiment les glands, les-faînes et tous 
les fruits sauvages, c’est pour cela qu’on les con- 
duit de préférence dans les bois. Aux champs, ils 
ramassent la graine tombée des épis dans le temps 
de la moisson ; ils fouillent la terre avec leur bou- 
toir pour y chercher les larves d’insectes.et iles 
racines, principalement celles.de la gesseet delaca - 
rotte., les tubercules de la solanée parmentière , 
et la grosse souche des fougères , dont ils sont 
très-avides. 


246 


Le Cocuon-cerr est Je Babiroussa, S, bàbi- | Ona ditet écrit sur cet animal nne foule. de 


CoCH 


sobtises. J'en signalerui quelques-unes. Il est faux 
qu’il daisse sur l'herbe une bave qui nuit au gros 
comme au menu bétail , c’est donc à tort que, 
dans plusieurs cantons , on apporte Je plus grand 
soin d’éloigner les Porcs de tous les endroits où 
l'on fait paître les bestiaux. 

Selon quelques auteurs , le Porc a l'intelligence 
très-bornée ; il est peu suceptible de répondre aux 
attentions que l’on a pour lui, et de s’attacher 
aux personnes qui lui font du bien. Que l’on me 
dise , sous le.premier point, comment il faut en- 


tendre et qualifier ce qui suit ? 


Le Cocnon-warron , habitant les pays méridio- 
naux du continent américain , et qui est tout prêt 
à y devenir Cochon domestique , retourne aux 
montagnes à l’approche de la saison des pluies , et 
en descend aussitôt le commencement de l'été , 
pour se rendre dans les marécages. Îlse met en 
marche par bandes de quatre à cinq cents, ayant 
chacune à sa tête un mâle très-fortet expérimenté. 
Chaque chef est obéi par sa troupe , comme le 
soldat obéit à son général : c’est lui qui donne le 
signal des haltes et des départs, qui détermine le 
moment de la pâture, et les positions à prendre 
pour passer la nuit en toute sûreté ; c’est encore 
lui qui avertit du danger. Dès qu'il croit en aper - 
cevoir la cause, sa vue étant très-perçante , quoi- 
que l’on ait avancé récemment le contraire , il fait 
claquer ses dents : toute la troupe lui répond par 
un claquement semblable et simultané, elle l’as- 
sure de la sorte qu’elle est attentive et prête à tout 
braver, ILest toujours dangereux de l'attaquer, eb 
principalement en ce moment. Le bruit lirrile et 
l’exaspère. Vous la voyez, au nouveau signal don- 
né, serrer les rangs et cerner l'ennemi; dès que 
l’on est certain qu’il est envoloppé, le cercle dé- 
crit diminue sensiblement , les mâles, disposés sur 
deux, trois où quatre rangs au plus , occupent 
la première place; derrière eux se tiennent Jes 
femelles et les petits, puis ensuite un dernier rang 
de mâles qui sont chargés de pratéger les derriè- 
res de la troupe, et d'empêcher toute surprise. 
L’ennemi , une fois à découvert, est attaqué saus 
pilié , mis à mort et déchiré par lambeaux. Malgré 
son extrême agilité, ses bonds prodigienx , et les 
accès de sa rage si terrible, le tigre lui-même ne 
peutrésister à l'adresse, à la constance del’assaillant; 
le Cochon a soin , par prudence, de l’éloigner des 
arbres sur lesquels il pourrait se sauver. {en est 
de même pour les chasseurs qui lattagnent avec 
des fusils et avec des chiens: ceux-ci sont les pre- 
mières victimes, el les chasseurs viennent après , 
à moins qu’ils n’aient eu la précaution de se teuir 
sur de gros arbres, et, de 1à, comme d’un rempart 
inexpugnable, de tirer sur la troupe. Elle ne cède 


pas à la vue des blessés, tels nombreux ils soient, 


mais elle prend la fuite dès que le chef est tué. 
Quant à la seconde assertion, je répondrai par 
d’autres faits non moins remarquables et non 
moins victorieux. Le 20 janvier 1822, un loup 
pénètre dans le village de Souiry, département de 
l'Aveyronet se met à la poursuite d’un enfant. Un 


| 


. 


Go 


GOCH 


27 


COCO 


on 


Poré voit le danger; accourt pour défendré le fils | 
me récrier contre un usage révoltant qui se trouve 


Le} . +. : 
de celui qui le nourrit; il attaque le loup; met en 


défaut toutes ses ruses ;et finit par l’acculer contre 


un mur. Le père, appelé par les cris de l’enfant , 
arrive et tue le loup quele Porc ne quitte qu’en le 
voyant baigné dans le sang. 

Quel nom donnerez-vous maintenant à la cause 
d’une canitie subite arrivée à deux Porcs témoins 
Lun et l’autré d’un assassinat commis sur lès per- 
sônnes qui les soignaient habituellement ? Le pre- 


mier événement eut lieu au commencement de; 


l'automne 1816, à Montméyran, département de 
Ta Drôme; l’autré, en 1832, dans une ferme de la 
commune du Mont-Saint-Jean, département de la 
Mayenne, envahie , dévastée par les chouans. 

Nous possédons en France plusieurs variétés im- 
portantés du Cochon domestique, parmi lesquelles 
on doit distinguer : 1° Celle des Ardennes, à oreilles 
droites ; a corps trapu, au ventre large ; qui est 
petite de taille, mais ayant une disposition toute 
particulière à s’engraisser. Gette variété existe 
aussidans les départemens de l'Indre, de la Creuse, 
des Deux-Sèvres, de la Charenté-Inférieure et de 
là Haüte-Vienne. 2° Celle dite de Ghampagne, 
dont les oreilles sont constamment tombantes; 
elle est moins facile x prendre l’engrais , mais elle 
devient très-grasse au bout de dix-huit mois. Gette 
variété , très-répandue , se voit en Allemagne, en 
Angleterre et en Italie, où son poil est si finet si 
court qu'on croirait sa peau nue. 5° Celle de la 
vallée d'Auge, que l’on, rencontre dans presque 
tous nos départemens du nord-ouest, a la tête pe- 
tite , pointue , les oreilles étroites , le corps long , 
épais, les soiïés rares, les pattes minces et les os 
petits; elle atteint Souvent à une grosseur extraor- 
dinaire. 

La différence dans les couleurs de la robe ne 
constitue pas plus ici les variétés que dans les au- 
tres animaux domestiques, elle les divise seule- 
ment par régions. La couleur noire appartient 


particulièrement au midi , la blanche au nord ; au 


centre la couleur participe de ces deux extrêmes. 
Partout les Porcs à soie rousse passent pour les 


meilleurs : rien ne justifie cette opinion ; ce n’est 


qu’une croyance générale. 

Depuis plusieurs-années on a introduit des es- 
pèces nouvelles , susceptibles d'améliorer les di- 
verses variétés de Porcs que nous nourrissons. Les 
deux principales sont les Porcs d'O-Taïti, à jam- 
bes très-courtes , au corps vaste , allongé, aux os 


| petits ; ils réussissent à merveille dans nos dépar- 
| temens du nord-ouest, surtoul aux environs de 


Boulogne et de Montreuil-sur-Mer. La seconde 


| espèce provient du Tonquin, elle est plus forte que 
| la précédente, et même que notre Cochon domes- 


tique ; elle jouit d’une santé robuste, et fournit 


| une chair fort délicate. 


L'industrie est parvenue à donner à la peau du 
Porc lés qualités nécessaires pour le maroquin ; 
ellé dure le double, est supérieure à celle de la 


| chèvre, et convient mieux pour la reliure des li- 


vres précièux, Les insectes l'attaquent plus difh- 
cilement. 


Je ne terminerai point ce court apéreu sans 


dans les villages et même dans certaines villes. 


Rien de plus horrible pour un pays civilisé que le 


spectacle barbare d'égorger, au milieu des rues , 
les Cochons engraissés : cela rappelle ces scènes 
d’anthropophages qui dansént autour dela victime 
dont les membres sanglans vont repaître leur es- 
tomac affamé , et semble en même temps faire 
suite à ces ridicules sentences juridiques portées 
contre des Porcs , dans les 15°, 14°, 19° et 16° 
siècles , pour avoir tué ou dévoré des enfans. 
Gomme on a perdu le souvenir de ces extrava- 
gances, il ne sera pas hors de propos de citer pour 
exémple la sentence du tribunal des échevins de 
la ville de Nancy, én date du 25 mai 1572, qui 
condamne une Truie de la commune d'Essey à 
être pendue jusqu’à ce que mort s’ensuive, et à dé- 
meurer ensuite exposée pour l'exemple devant l’é- 
glise dudit lieu: Uné autre Truie a été brûlée à la 
même époque à l'entrée de la forêt de Aubray-les- 
Bois, département de l'Orne, par suite d’une 
sentence prononcée par les moines de Saint- 
Etienne de Caux. Voilà ce qu’on appelait des actes 
de justice ; aux témps du moyen-âge, à cette épo- 
que barbare vers laquelle une école insensée vou- 
drait nous refouler ! et ses sectaires , enfans per- 
dus d'une politique monstrueuse , osent se dire 
progressifs ! ! (T. ». B.) 
COCO. (zoT. PxAN.) On donne ce nom au fruit 
du Cocotier, Cocos nucifera , dont nous parlerons 
tout à l'heure; mais par extension ; devenue vul- 
gaire, on appelle Goco nes Marnives, Coco De. 
SALOMON et Coco DE MER , un fruit très-remarqua- 
ble et très-différent, pour la forme, du Coco pro- 
prement dit, qui provient d’une espèce particulière 
de Palmier, le Lodoïcée, Lodoicea Sechellarum, 
qu’il ne faut pas confondre avec un autre Coco 
DE MER, qui est le fruit du Rondier en éventail, 
Borassus flabelliferus (voy. aux mots Lopoïcér et 
RonniEr). La noix arrondie et très-petite du 
Bactris a recu, dans le cammerce, le nom de 


Goco DE Guinée, quoique ce Palmier appartienne. 


à l'Amérique du Sud. Enfin, un Tulipier, origi- 
naire de là Cocñinchine, y porte le nom de Coco , 
comme nous l’apprend Loureiro. Foy. aux mots 
Paumrer et Tucrprer. (T. ». B.) 
COCON ou COQUE. (ins) Nom qu'on donne 
àl’enveloppe plus ou moins habilement construite 
par quelques larves, pour s’enferméer avant de 
passer à l’état de nymphe; ce Gocon peut être de 
différentes sortes: dans les Ghenilles, il est filé 
plus ou moins serré, selon que les espèces doivent 
rester au jour, ou se cacher sous la feuille, ou s’en- 
terrer ; dans les Coléoptères, la Coque se fait le 
plus souvent avec des matériaux étrangers à l’in- 
secte, etréunis au moyen d’un gluten particulier ; 
dansles Hyménoptères, les uns, comme les Ichneu- 
mons, font des Goques complètes qui sont filées 
très-serrées; les autrés; comme les Apiaires, bou- 
chent seulement l'entrée de la cellule où ils ont 
été nourris; quelques Névroptères se {ont aussi 
unñé Goque;entre autres les Fourmis-ions. Il serait 


Coco 


218 


——————————p 0 


coco 


D 


difficile de donner des détails sur les différentes 
espèces de Cocons, tous les insectes qui emploient 
cette industrie variant ce mode de travail à l’in- 
fini. (A. P.) 

COCOTIER, Cocos. (BO0T. PHAN. ) Quand on 
quitte les contrées européennes, où la civilisation 
est, depuis le dix-septième siècle , dans une route 
de progression qui prépare pour y avenir des siè- 
cles heureux de vertus et de liberté, et que l’on 
s’avance vérs les régions intertropicales, l'œil éton- 
né s'arrête sur la belle colonne végétale de vingt 
à quarante mètres de haut fournie par le Coco- 
tier. Un chapiteau léger la couronne, le moindre 
vent l’agite, et, en l'examinant avec soin, On re- 
connaît qu “il est composé d’un panache de feuilles 
immenses , les unes droites, les autres étendues 
horizontalement, ou-bien courbées de mille ma- 
nières. De leur sein s'échappe, pendante, une 
grappe de fleurs nombreuses , Jjaunâtres, peu ap- 
parentes, qui prend ensuite le nom de Régime, 
portant des fruits volumineux, bons à manger aux 
diverses époques de leur maturité. S’ approche-t- on 
du pied de cet immense stype, on est surpris de ne 
lui trouver que quarante centimètres au plus de 
diamètre ; on l’est encore bien davantage, quand 
on s'assure qu'une simple houppe de minces ra- 
cines suffit pour le fixer au sol. 

Cette superbe monocotylédonée, inscrite par 
Linné dans sa Monoécie hexandrie, appartient à 
la famille des Palmiers , se plaît au voisinage de la 
mer, ne demande aux lieux qu’elle affectionne 
qu'un peu de sable et de terre végétale, pourvu 
qu'ils se trouvent unis dans une juste proportion; 
elle peuple toutes les îles éparses au milieu de l’o- 
céan Pacifique; on la trouve en Afrique, aux Indes, 

sur le continent méridional de l’Amérique et aux 
Antilles. Elle acquiert en peu d’années sa taille 
gigantesque. 

Tous les voyageurs ont fait du Cocotier un 
loge fort pompeux; et, pour ajouter à sa haute 
renommée, Bernardin de Saint-Pierre attacha les 
archives des héros de son intéressant roman aux 

cicatrices demi-circulaires que forment , chaque 
année, les pétioles des feuilles tombées. « Quand, 
» nous apprend-il, on interrogeait Virginie sur son 
» âge et sur celui de Paul : Mon fève. , disait-elle , 
»est de l’âge du grand Gocotier de la Fontaine, et 
» moi de celui da plus petit. » Cependant il faut 
en rabattre de ce que l’on a dit des usages de ce 
beau végétal, en Chine; et, pour l’apprécier à sa 
juste valeur, on ne doit pas céder trop légèrement 
aux brillantes descriptions que l’on en donne: 
elles ressemblent aux discours académiques, la 
part de la flatterie y est plus large que celle de la 
vérité. 

Entrons dans le détail des particularités rela- 
tives à chacune des trois espèces les mieux connues 
de ce genre : jeles dois à des amis établis aux pays 
que le Cocotier décore: et enrichit: L'espèce la 
plus importante et la plus célèbre est sans contredit 
celle des Indes ; viennent ensuite les espèces dites 
du Brésil et des Antilles. Quelques auteurs ajoutent 
une quatrième espèce, celle dont Gærtner a dé- 


crit et figuré le fruit sous le nom de Cocos lapidea : 
c’est la seule partie que lon en possède; elle est 
beaucoup moins grosse que le fruit du Cocotier 
commun ; son noyau, plus allongé, finissant en 
pointe, a les parois plus épaisses ‘et est divisé en 
deux et trois loges. Je l’ai recu de Madagascar et 
de Chandernagor, à deux reprises disent sans 
pouvoir chier des renseignemens sur la plante. 

1° COocOTIER DES he C. nucifera, repré- 
senté dans notre Atlas, pl. 117. Son stype , à 
peu près égal dans toute sa longueur , s'élève 
tout droit, à la hauteur de vingt-cinq à trente mè- 
tres; à son sommet, on voit douze à quinze feuilles, 
longues de plus de trois mètres, à deux rangs de 
folioles distiques, étroites, pointues, larges d’un 
mètre, les inférieures inclinées vers le sol, les 
intermédiaires plus ou moins horizontales, et 
les jeunes parfaitement droites. Quand il s’en 
forme de nouvelles, leur union représente un gros 
bourgeon, allongé, fort tendre, auquel on donne 
le nom vulgaire de Chou; ce Chou est excellent à 
manger, mais, dès qu'on l’a coupé, la perte du 
Cocotier est décidée : il dépérit à vue d’œil, et 
jonche bientôt le sol de sa triste dépouille. Quand 
on le lui laisse, le Cocotier vit plus d’un siècle, et 
durant ce long ‘espace il est constamment en plein 
rapport. Dès Pa âge de cinq ans, il donne des fruits, 
mais ce n’est qu E son deuxième lustre qu’il pro- 
duit avec abondance et avec une étonnante suc- 
cession : il est alors vraiment superbe à con- 
templer. 

De l’aisselle des feuilles, il sort, deux fois l’an, 
plusieurs panicules ou régimes (on en porte le 
nombre de cinq à six), qui se développent rapi- 
dement, se chargent de petites fleurs jaune-terne, 
dont les mâles occupent les deux tiers des rameaux 
supérieurs, et les femelles, en plus petite quantité, 
sont placées au dessous. Peu de temps après , il 
leur succède une dizaine de fruits obscurément 
trigones, acquérant le volume d’un très-gros me- 
lon d’eau ou pastèque, Cucurbita cittullus. Sous 
une écorce verdâtre ou lisse, est un brou filan- 
dreux, élastique, enveloppant un noyau mo- 
nosperme, à coque ovale, oblongue, un peu poin- 
tue, très-épaisse, ligneuse, très-dure , et creusée à 
son sommet de trois trous inégaux, l’un beaucoup 
plus g orand, toujours ouvert, Les deux autres plus 
petits et d'ordinaire Ruuss par une membrane 
noire. 

La coqueest remplie d’une chair très-blanche, 
ayant un goût suave , et la consistance d’une 
crème un peu épaisse ; elle est très-appétissante , 
mais il faut en user avec modération. Au milieu de 
cette chair, on trouve une liqueur rafraîchissante, 
de couleur laiteuse, un peu sucrée, et fort agréable M 
à boire lorsqu'elle est récente et que le fruit est à M 
moitié de sa grosseur; plustard, elle devient ferme, 
et disparaît quand le fruit est vieux. En y ajoutant 
une cuillerée d’eau de fleur d’oranger, les Créoles 
assurent que c’est un mets très-délicat : j'ai bu du 
lait de Coco pendant que j ’étais à Naples et à Ta- 
rente ; les Cocos provenaient des côtes africaines : 
je l'ai trouvé exquis. Il ne faut pas en juger par 


les Cocos 


Pl. 


Cocoter 


Æ£ .Cueru du 


coco 


D 
249 


COEL 


oo 


les Cocos que l’on vit arriver des Antilles à Pa- 
ris, Cn 1822; comme ns n avalent pius .eur pre- 
mière fraîcheur, la chair rappelait bien le goût de 
la noisette, mais on ne pouvait réellement que la 
sucer; elle fatiguait l'estomac , et l’on demandait 
en vain à sa pelite portion de liquide ce parfum, ce 
velouté, ce frais si bienfaisant, qu’il porte à la bou- 
che quand le fruit est nouvellement cueilli. Dans 
cet état, c’est l’ami qui ramène les jours comptés 
sans exister; c’est la voix de celle que l’on désire, 
rompant l’affreuse solitude ; c’est la main d’une 
mère ou d’une fille chérie pansant nos blessures, 
séchant nos larmes, et changeant en innocens 
transports des soupirs déchirans. Le voyageur 
perdu sur une plage lointaine voit-il un Cocotier? 
il oublie les maux qu’il souffre, l'air brûlant qui 
l'écrase, et, buvant la coupe tombée près de lui, 
il retrouve de nouvelles forces pour braver la mer 
de sable, toucher une terre amie de l’homme, et 
répéter avec le poète : le Cocotier 


Consacre le désert par l'hospitalité, 


Toutes les parties du Cocotier des Indes recoi- 
vent une ulile destination. Le bois que fournit le 
stype est assez dur, assez solide pour entrer dans 
les constructions; les vieilles feuilles servent à 
former des clôtures sèches ou bien à couvrir les 
maisons : elles résistent plusieurs années à l’action 
de l’air et des pluies. Avec les fibres qui envelop- 
pent la noix, on prépare, sur les côtes asiatiques, 
une filasse assez longue et assez forte pour cordage, 
tandis qu'aux Antilles on les emploie seulement à 
calfater les navires; on les y préfère au chanvre. 
On fait avec la coque des vases de différentes 
sortes et de petits ustensiles. La substanceinterne, 
devenue vieille , donne sous la presse une huile 
épaisse , qui a le défaut de rancir promptement ; 
fraîche, elle entre dans les préparations culinaires 
àJava, chez les peuples dela Sonde et desMoluques. 

La séve du Cocotier, obtenue par incision de la 
spathe qui enveloppe les fleurs, etmise à fermenter, 
donne , au bout de quelques heures, une liqueur, 
vulgairement dite Win de Cocotier, que l'on ap- 
pelle Souva, Tari ct Kalou, selon les diverses 
contrées où végète cetle brillante monocotylédo- 
née. Un Cocotier fournit un litre de fluide aqueux 
et sucré, chaque jour, moitié le matin et moitié 
le soir. La liqueur enivre facilement ; elle est très- 
douce dans les premiers instans, offre une boisson 
fort agréable ct piquante durant quelques jours ; 
mais, comme elle tourne bientôt à l’aigre, on en 
fait du vinaigre ou bien on la distille pour en avoir 
une eau-de-vie assez forte. On en a retiré du sucre, 
inférieur à celui de cannes, quoique solide et blanc. 
Ilsert à préparer toutesles confitures économiques. 

2° Cocorien pu Bnésir, C. butyracea. Le stype 
de cette espèce est uni, plus gros que celui du 
Cocotier commun, mais il monte moins haut: sa 
cime est plus ample et ses fleurs sont si nom- 
breuses, que lorsqu'elles tombent, elles forment 
sur le sol environnant un monceau assez considé- 
rable. La noix, munie à son sommet d’une pointe 
saillante et à sa base des enveloppes persistantes 


Tome II. 


de la fleur s'écrase avec l’amande cartilagi- 
neuse pour être 1etée dans de l’eau bouillante et 
en retirer, sans expression, une huile épaisse , de 
la consistance du beurre : elle nage à la surface de 
l'eau , tandis que les autres parties se précipitent 
au fond du vase. IL faut employer promptement 
cette huile, car elle rancit très-vite. Fraîche , elle 
est douce et agréable. HAS 

Ce Cocotier n’est point limité au territoire du 
Brésil, comme son nom le donne à croire: il y est 
très-abondant; mais il se trouve aussi dans diverses 
parties de l'Amérique méridionale, et s’est natu- 
ralisé aux Antilles. [l y en a peu dans l’île de Haïti. 
Des voyageurs le placentau dessus du Cocotiercom- 
mun, pour la beauté, pour la grandeur; d’autres 
donnent à celui-ci la préférence : il m’est impos- 
sible de prononcer. 

3° Le Cocorier amer, C. amara, que l’on a 
pelle plus particulièrement Cocotier des Antilles , 
quoiqu'il appartienne positivement à la côte de 
Guinée, est la plusélevée des trois espèces connues; 
il va au-delà de trente-deux mètres, lorsqu'il ha- 
bite une vallée. Ses fruits sont petits et fort nom- 
breux; l’amande qu’ils contiennent est d’une 
amertume insupportable, ainsi que le liquide dans 
lequel elle nage. 

C’est dans le tronc de ce Cocotier que les ha- 
bitans de la Martinique vont chercher une larve 
assez semblable à celle du hanneton, mais plus 
grosse, qu'ils désignent sous le nom de Ver de 
Palmiste, et qu’ils mangent avec la même avidité 
que les Romains dégénérés en mettaient à dévorer 
leur fameux Cossus , estimé par eux le man- 
ger le plus délicat ; on le servait pompeuse- 
ment sur les tables les plus riches. Je l’ai vu re- 
cherché par des gourmands italiens; du moins, ils 
prennent plaisir à avaler les larves du grand Ca- 
pricorne, Cerambix heros, ainsi que celles fort 
grasses des Lucanes et des Priones, qui doivent 
être l’ancien Cossus. (T. ». B.) 

COENDOU, Coendu. (ma. ) Lacépède a 
donné ce nom à un pelit genre de Rongeurs très- 
voisins du Porc-épic, nommés Synéthères par 
M. Fréd. Cuvier. Ces animaux se reconnaissent à 
leur queue prenante, et à leurs pieds postérieurs 
tétradactyles. 

Le type du genre est le CorNpou PRÉHENSILE , 
Hystrix coendou de Desmarest, appelé par Buffon 
Coendou à longue queue. Il habite le Brésil, la 
Guiane et l'ile de la Trinité ; son corps est couvert 
de piquans courts, blancs à leur base et à leur ex- 
trémité , noirs au milieu; il n’a de poils que sur la 
partie inférieure du corps, qui est d’un beau noir. 
La queue est longue et susceptible de s’enrouler 
autour des corps. (GEnv.) 

COELIAQUE où CÉLIAQUE , ( Cæliacus ). 
(anar.) De xouix, ventre, intestin, qui a rapport 
au ventre ou aux intestins. L’artére cæliaque, que 
l'on appelle aussi tronc cæliaque ou trépied de la 
cœliaque, est placée au dessus du pancréas et 
derrière la partie supérieure de l’estomac. Elle 
naît de l'aorte ventrale (v. Cimcurariow). Le plexus 
cæliaque ou solaire est formé par les nombreux fi- 


112° LivralsoN, 32 


-COEUR 


250 


COEUR 


-ets nerveux qui viennent des ganglions semi: lu- 
naires, etc. 1 (M. S.-A.) 
COELIOXYDE, Cœlioæys. (ins.) Genre d'Hy- 
ménoptères de la famille des Mellifères, établi par 
Latreille et ayant pour caractères : labre en paral- 
lélogramme, palpes maxillaires très-courts, de deux 
articles; mandibules triangulaires , dentées ; deux 
épines à l’écusson; abdomen triangulaire, sans 
brosses en dessous, terminé en pointe dans les fe- 
melles et par des dents dans les mäles : le défaut 
de brosses propres à récolter le pollen des fleurs, 
fait présumer que ces espèces vivent sous leur pre- 
mier élat en parasites. 
On peut rapporter à ce genre l’Æpis quadriden- 
tala., Panz. Faun. ins. Germ., fasc, 55, tab. 13. 
(A. P.) 
COEUR, Cor des Latins. (awar. comp.) On 
donne ce nom à des organes musculaires ereux ct 
contractiles , d'où partent les vaisseaux qui condui- 
sent le sang dans toutes les parties du corps, el où 
viennent se rendre ceux qui le rapportent de ces 
mêmes parties. [l se trouve ainsi placé entre les 
-vaisseaux veineux et artériels, ce qui lui a fait don- 
ner Je nom d’organe central de la circulation. 
Le Cœur est composé de deux cavités, au moins : 
l’une destinée à recevoir le sang provenant de toutes 
les parties du corps, c’est l'oreillette; l’autre des- 
Linée à pousser ce même fluide dans tous les or- 
ganes, c'est le ventricule. Le Cœur suppose géné- 
ralement un organe spécial, des poumons ou des 
branchics , chargé de rendre au sang les qualités 
qu'il a perdues en parcourant la longue série des 
organes. Pour que le phénomène respiratoire puisse 
s'accomplir , il est donc nécessaire que le Cœur 
envoie le sang dans l'organe pulmonaire, bran- 
chial ou dermique. Le ventricule qui est chargé 
de cette fonction prend alors le nom de ventricule 
pulmonaire ; mais s'il communique avec l'oreillette 
qui recoit le sang veineux de divers organes , tout 


ce nouvel appareil constitue un Cœur pulmonaire,’ 


ou Cœur droit. Lorsqu’au contraire, le ventricule 
apour fonction de lancer et de faire passer le sang 
dans tous les organes du corps, autres que les 
poumons et les branchies , on le nomme ventricule 
aortique ou gauche. L’orcillette qui lui correspond, 
et qui reçoit le sang qui a déjà subi l’action de 
l'air en traversant les poumons ou les branchies 
jointes à ce ventricule, constitue le Cœur gauche 
ou le Cœur aortique. Chez l'homme et chez un 
grand nombre de Vertébrés, ces deux Cœurs sont 
comme adossés l’un à l’autre, et sous une dépen- 
dance réciproque. On pourrait enfin appeler 
Cœur mixte celai qui envoie en même temps, et au 
moyen d’un même ventricule, ou de deux com- 
muniquant ensemble, le sang , soit aux poumons 
ou aux branchies, soit dans tous les autres or- 
ganes. Un grand nombre d'animaux de la classe 
des Reptiles sont dans ce cas. 

Le Cœur, organe extrêmement irritable, n’est 
point soumis à la volonté. Ses mouvemens, suivant 
Stah}, qui plaçait la direction de toutes nos actions 
organiques sous Ja surveillance de l’âme, ne pou- 
vaicnt s'expliquer autrement qu’en admettant que 


l'habitude d’agir avait peu à peu arraché le Cœur 
à la domination de lâme. Pour fortifier cette opi- 
pion , les sectateurs de Stahl rappelèrent ces ano- 
malies non moins rares que surprenantés , dans les- 
quelles les personnes avaient conservé an empire 
direct de la volonté sur les mouvemens de leur 
Cœur; ils citèrent lobservation du capitaine 
Townshend, devenu célèbre par la faculté de sus- 
pendre volontairement les contractions de son 
Cœur. Mais, ces faits et plusieurs autres de ce 
genre n'ayant pas été authentiquement confirmés, 
l'on pensa généralement, et avec raison, que 
l’homme n’avait aucune prise volontaire ct directe 
sur l'organe central de la circulation. Haller 
croyait que le sang qui pénètreles cavités du Cœur 
était lexcilant des contractions de cet organe, 
mais il restait à dire d’où le Cœur tirait son irrita- 
bilité; car un muscle n’est point irritable par lui- 
même , il lui faut l’influence du système nerveux 
pour jouir de celte propriété. Or Haller et d'au- 
tres physiologistes de son temps n'avaient émis 
celteopinion que parce qu'ils croyaient que le Cœur 
ne recevait pas de nerfs. Mais aujourd'hui que l’on 
sait positivement que des nerfs se distribuent à-tout 
ce viscère, que ceux-ci proviennent de deux 
sources différentes , les un$ de l'appareil nerveux 
du grand sympathique , les autres du cerveau di- 
rectement, et que, suivant le célèbre Scarpa, ils se 
distribuent dans les fibres charnues du Cœur de la 
même manière que les nérfs destinés aux muscles 
des autres régions du corps, on ne peut plus ad- 
mettre les opinions de Haller. Cela posé, voyons 
quelle est Ia partie du système nerveux qui tient 
les battemens du Cœur sons sa dépendance. Si 
l’on ôle le cerveau , sur un animal, ou si l’on coupe 
Ja moclle épinière au niveau de la première vertè- 
bre cervicale , les battemens du Cœur persistent 
jusqu’à la mort : le Cœur est donc hors de l’in- 
fluence immédiate du cerveau ; il est aussi hors de 
l'influence du nerf pneumo-gastrique, puisque sa 
section n'interrompt pas sensiblement les batte- 
mens du Cœur. Suivant Legallois, la moelle épinière 
exercerait une action propre, puisqu'il a toujours 
vu que sa désorganisation faisait cesser compléte- 
ment et presque instantanément les contractions 
du Cœur, D’une autre part, Treviranus, Philippe 
et M. Flourens sur de jeunes mammifères, Clift 
sur des carpes, ont obtenu un résultat différent. 
M. Brachet a aussi constaté que le Cœur des jeu- 
nes animaux continuait à battre après Ja destruc- 
tion de la moelle épinière. Ces observations, en ap- 
parence contradictoires,reconnaissent pour causes, 
d’une part, les divers procédés employés, de l’au- 
tre la variété des espèces stir lesquelles on a opéré. 
Ce dernier fait surtout est important à considérer; 
car les différens embranchemens du système ner- 
veux représentent les divers degrés de l’animalité, 
et sont d'autant moins dépendans les uns des 
autres , que l’animal est plus jeune , ou qu'il occu- 
pe une place moins élevée dans échelle animale. 
Enfin les belles expériences de M. Brachet ten- 
draient à prouver que les mouvemens du Cœur 
cessent aussitôt que Fon pratique l'ablation des 


TANT 


Structure du Cœur 


AN chez de Fatus. BB TB cher be Crocodile. € ex Le Serpent. D chez db léxard. LE chez le Salamandre F chez & Poisson. 


Martin SEAnge del. - Æ.Guerir do. 


\ 


eee 0 


COEUR 


291 


COEUR ; 


ganglions cervicaux moyens et inférieurs de chaque 
côté. D'où il suit que les ganglions du système 
grand sympathique président au mouvement du 
Cœur , et que ces mouvemens sont indépendans 
de la volonté. < 

Quant à la sensibilité du Cœur, une occasion 
s’est offerte à M. Richerand, en l’année 1818, de 
constater de nouveau la parfaite insensibilité de 
cet organe , à l’aide d’une opération dans laquelle 
il fit la résection de deux côtes, et excisa un lam- 
beau de la plèvre costale altérée; rien n’avertit 
l'individu du contact des doigts doucement appli- 
qués sur le Cœur. 

Sous le rapport du volume, le Cœur , comparé 
à celui des autres parties, est proportionnellement 
plus considérable chez les sujets d’une petite taille, 
que dans ceux d’une haute stature ; il est égale- 
ment plus gros, plus fort et plus robuste chez les 
aniaaux courageux , que dans les espèces faibles 
et timides. Le courage naît du sentiment de la 
force, et celui-ci est relatif à la vivacité avec la- 
quelle le Cœur pousse le sang vers tous les orga- 
nes, Letact intérieur que produit l’afflux du liquide 
est d'autant plus vif, d'autant mieux senti, que le 
Cœur est plus robuste. C’est par cette raison que 
certaines passions, telles que la colère, augmen- 
tant l’activité des mouvemens du Cœur, centuplent 
les forces et le courage. Tout être faible est crain- 
tif ; il fuit le danger , parce qu’un sentiment inté- 
rieur l’avertit qu'il manque des forces, nécessaires 
pour le repousser, Au reste, toutes les passions, 
tous les sentimens moraux n’agissent qu'en aug- 
mentant la force du Cœur, en redoublant la ra- 
pidité et l'énergie de ses battemens, de manière 
qu'il excite par un sang plus abondant , soit le cer- 
veau , soit les masses musculaires. 

Chez l'Homme et les Mammifères, le Cœur est 
logé entre les deux plèvres, dans la partie infé- 
rieure de l’écartement que celles-ci laissent entre 
elles, et que l’on nomme médiastin. Le Cœur a 
pour enveloppe propre, un double sac membra- 
peux, dont une partie, repliée sur elle-même, à 
la manière d’un bonnet de coton, adhère à une 
surface et est simplement contiguë à l’autre : ce 
sac est le péricarde. La disposition de sa lame in- 
terne fait que le Cœur est libre dans la poche 
qui le contient , sauf cependant aux endroits où le 
feuillet séreux se réfléchit sur lui, C’est à ce même 
feuillet adhérent qu'est dû l’aspect lisse du Cœur. 
Les deux faces de cet organe sont légèrement 
creusées d’un sillon qui en occupe toule la lon- 
gueur , et que remplissent des branches artérielles 
velneuses et nerveuses, appartenant aux vaisseaux 
et nerfs cardiaques. Le sillon qui est situé sur Ja 
fice antérieure du Gœur correspond précisément 
à une cloison charnue, qui, plus ou moins épaisse 
suivant l’âge et les individus, sépare en deux lo.es 
bien distinctes la cavité ventriculaire, d’abord 
simple chez l'embryon. Ainsi, pour l'adulte, le 
Cœur est réellement double et formé de deux 
moiliés à peu près semblables, adossées l’une à 
l’autre : un second sillon plus profond , sépare les 
deux ventricules d’une dépendance du Cœur, à pa- 


rois toujours plus minces’, que l’on nomme oreil- 
lette. Cette cavité présente aussi une cloison, qui 
reste incomplète jusqu’au moment de la mais- 
sance du fœtus. Après cette époque, la cloison 
auriculaire divise en deux loges distinctes celle se- 
conde grande cavité, qui semble comme surajoutée 
aux ventricules; et puisque celte séparation se fait 
dans le même sens vertical du plan médian du 
corps, il en résulie que le Cœur se trouve formé 
d’un ventricule droit et d’une oreillette droite, d’un 
ventricule gauche et d’une oreillette gauche. Ces 
quatre cavités sont unies, vers la base du Cœur , 
aux vaisseaux qui en naissent ou qui s’y rendent, 
et qui semblent en être la continuation. Du ventri- 
cule droit (v d, fig. À, pl. 118), s'élève l'artère ou 
le tronc pulmonaire (n°1) (1); du ventricule gau- 
che (v g }, l'artère aorte (n°2). L’oreilleite droite 
(x d) secontinue avec les veines caves supérieures 
(n°3) et avec l'inféricure (n° 4); la gauche (o g) 
avec les quatre veines pulmonaires. C’est cette 
disposition des différentes parties du Cœur, par 
rapport aux vaisseaux, qui à fait nommer le ven- 
tricule droit, ventricule pulmonaire; le gauche, 
ventricule aortique; l'oreillette droile, sinus des 
veines caves; l'oreillette gauche, sinus des veines 
pulmonaires. 

Ainsi que nous venons de le dire, l’intérieur du 
Cœur est partagé en quatre cavités; les deux droites 
ne communiquent point avec les gauches, mais 
chaque oreillette s'ouvre par une large ouverture 
dans le ventricule de son côté, Les cavités droites 
sont plus amples et ont des parois plus minces que 
les gauches ; elles sont également tapissées à leur 
surface interne par une membrane très-fine qui 
adhère fortement au tissu musculaire, D’après 
M. Richerand, la différence de grandeur entre 
les cavités droite et gauche du Cœur tient autant 
à la manière dont le sang circule aux approches 
de la mort, qu’à la conformation primitive de l'or- 
gane. La cavité de l’oreillette droite (fig. A”) laisse 
voir les orifices des deux veines caves , l'ouverture 
auriculo-ventriculaire et l'embouchure des veines 
coronaires ou cardiaques. Le contour de la veine 
cave supérieure présente un bord épais et arrondi ; 
celui de la veine cave inférieure est pourvu d’uneval- 
vule, remarquable surtout chezle fœtus, où elle joue 
un rôle important. Ÿ. Cincurarion. Cette valvule 
(n° 1), qu’on appelle ordinairement'valoule d'Eusta- 
che, parce que la découverte en est attribuée à Eus- 
tachio, semble, chez le fœtus, être la continuation 
de la paroï antérieure de la veine cave inférieure ; 
elle s'élève un peu obliquement dans la cavité au- 
riculaire, et s’y prolonge d'autant plus que l’em- 
bryon est plus jeune ; d’où il suit que le sang pro- 
venant de la veine cave inférieure passe chez le 
fœtus en plus ou moins grande quantité par le 
trou ovale ou de Botal ( n° 2 } suivant l’époque 
de son développement. Chez l'adulte, certe val- 
vule est proportionnellement plus petite que chez 


(1) Ce tronc pulmonaire ne fournit, chez l'adulte, qu: 
deux branches, au licu quil y en a uoïs chz le fœtus A 
part cette différence, cette figu“e donne une idée cxscte da 
Cœur de l’homme, 


COEUR 5 


252 


COEUR 


le fœtus ; elle a une direction presque transver- 
sale, une forme très-allongée, semi-lunaire, et 
an bord concave libre tourné en haut et en ar- 
rière. Outre cette valvule, il en existe une autre 
très-petite, de forme semi-lunaire, qui semble se 
continuer avec le bord libre de la valvule d'Eusta- 
che (n° 3); c’est la valvule de la grande veine 
coronaire ; elle est quelquefois percée en plusieurs 
endroits. Les autres veines coronaires s’ouvrent 
dans différens points de l'oreillette par des ori- 
fices très-petits et dépourvus de valvules semblables 
à la précédente. Enfin dans celte même oreillette 
droite se voit l’ouverture (n°4) qui communique 
dans le ventricule droit ; son orifice cst de forme 
arrondie, circulaire ou elliptique, suivant que le 
Cœur est distendu ou affaissé sur lui-même. La 
cloison des oreillettes, perforée par le trou de Bo- 
tal (n°2 ) chez le fœtus, ne présente plus chez 
l'adulte qu'une dépression superficielle presque 
circulaire , nommée fosse ovale. 

Dans l'oreillette gauche on observe souvent sur 
la cloison, au devant et au dessus de l’endroit 
qui correspond à la fosse ovale, un petit repli 
semi-lunaire. Cette sorte de valvule couvre un 
léger enfoncement terminé en cul-de-sac par 
l’adhérence de son bord convexe avec le haut de 
la fosse ovale ; mais souvent, surtout dans les su- 
jets jeunes, cette adhérence n’est point complète, 
el une ouverture oblique, comprise entre cette val- 
vule et le rebord de la fosse, fait communiquer les 
deux oreillettes, À part ces cas d’imperfection du 
développement du Cœur, l'oreillette ganche n’a 
d’autres ouvertures que celles des veines pulmo- 
naires et l'orifice auriculo-ventriculaire gauche. 

On remarque peu de faisceaux charnus saillans 
dans l’intérieur des oreillettes. Les cavités des 
ventricules au contraire se distinguent des précé- 
dentes par le grand nombre de ces masses muscu- 
laires qui soulèvent leurmembraneinterne. Ces fais- 
ceaux, appelés les colonnes charnues du Cœur, sont 
moins nombreux dans le ventricule gauche qne 
dans le droit , il n’y en a presque pas vers la pointe 
du Cœur ; mais ils sont moins nombreux et plus 
forts du côté de la base qu'ailleurs : les plus gros 
sont dirigés suivant la longueur du Cœur : les 
autres s’entrecroisent dans tous les sens de ma- 
nière à circonscrire des aréoles (voy. la fig. A). 
Quelques uns de ces faisceaux donnent naissance 
à une foule de petits tendons qui se fixent au bord 
d’une valvule placée à l’orifice auriculo-ventri- 
culaire. Gette valrule est circulaire, et occupe, 
comme l'ouverture qu’elle est destinée à fermer, 
la partie supérieure et postérieure des ventricules. 
Lorsqu'elle est abaissée, elle reste appliquée con- 
tre les parois du ventricule, et s’en écarte pour 
devenir transversale lorsqu'elle est relevée, sans 
pouvoir jamais se renverser dans l'oreillette , à 
cause des tendons qui la retiennent. Sa largeur 
est inégale, son bord libre est découpé en un 
grand nombre de dentelures, profondément 
divisé en trois languettes principales dans le 
ventricule droit et en deux seulement dans le 
gauche. Cette disposition à fait nommer la val- 


vule (vt)de l’orifice auriculo-ventriculaire droit tri- 
glochine ou tricuspide, et celle du gauche (v. m.) 
mitrale ou bicuspide. 

Chaque ventricule présente à son intérieur 
deux orifices, un qui le fait communiquer avec 
son oreillette correspondante, l’autre qui va s’ou-. 
vrir dans le vaisseau pulmonaire où dans l'aorte. 
Nous venons de voir qu’il existe des valvules à cha- 
que orifice auriculo -ventriculaire ilen existe aussi 
à l’origine de l'artère pulmonaire, qui s’élève du ven- 
tricule droit, et de celle de l’aorte qui part du ven- 
tricule gauche. Celles-ci, au nombre de trois pour 
chaque vaisseau , ont recu le nom, à cause de leur 
forme , de sygmoides ou semi-lunaires. Ces valvu- 
les présententun bord convexe adhérent qui corres- 
pond au point d'union de l'artère avec le Cœur, un 
bord concave libre, tourné du côté de l'artère, 
et se touchant par leur extrémité. Leur bord 
libre est divisé en deux par un petit globule, 
qui en occupe le milieu, et qu’on appelle globule 
d’Arentius. Elles ferment complétement, lors- 
qu’elles sont abaissées, la cavité du vaisseau. 

Le tissu musculaire du Cœur est généralement 
plus dense, plus ferme et d’une couleur plus fon- 
cée que celui des muscles extérieurs. Ses fibres 
sont tellement entrelacées qu’elles forment en plu- 
sieurs points un tissu jnextricable. Cependant 
plusieurs anatomistes ont cherché à vaincre cette 
difficulté; M. le professeur Gerdy, entre autres, est 
celui à qui la science est redevable d’un beau tra- 
vail sur la structure du Cœur; son livre est ac- 
compagné de dessins représentant les divers 
plans des fibres charnues, leur direction, leur 
forme et leurs rapports. M. Gerdy a reconnu dans 
les fibres des ventricules une disposition constante 
en forme d’anses dont la convexité regarde la 
pointe du Cœur, et en est plus ou moins rappro- 
chée. Ces anses plus superficielles à une extré- 
mité le sont moins à l’autre; de sorte que 
les fibres externes ct internes sont les mêmes, 
renversées, et ayant traversé l’épaisseur du ven- 
tricule : leurs deux extrémités sont constamment 
fixées à la base du Cœur, an pourtour des ou- 
vertures auriculaires ct artérielles des ventricules, 
soit immédiatement , soit par les tendons attachés 
aux valvules auriculo-ventriculaires. 

Les oreillettes ont aussi dans leurs fibres une 
disposition très-compliquée. M. Gerdy distingue 
deux plans généraux dont les faisceaux présentent 
beaucoup de particularités dans leur arrangement. 
Dans l'oreillette droite, 'le tissu musculaire, moins 
abondant que dans la gauche, laisse entre ses 
fibres des intervalles au niveau desquels les mem- 
branes externes et internes du Cœur se touchent 
immédiatement : ce tissu se prolonge jusqu'à une 
certaine distance, autour des veines caves. 

L'organisation du Cœur, très-simple d'a- 
bord chez l'embryon, ainsi que chez les êtres 
inférieurs , se complique graduellement , depuis 
les animaux dans lesquels on commence à en aper- 
cevoir le rudiment, jusqu'aux Mammifères et à 
l Homme où elle est la plus complète. 

- Si l’on considère actuellement la structure du 


COEUR 


253 


COEUR 


Cœur chez l'Homme; sil’on réfléchit que c’est 
un des organes les plus agissans de l’économie , 
et qu’il est soumis aux influences physiques et 
morales les plus multipliées, on ne sera point 
étonné de la fréquence et de la variété de ses ma- 
ladies. Le tissu charnu du Cœur s’hypertrophie 
ou s’atrophie; s’endurcit ou se ramollit; il s’ul. 
cère et se rompt quelquefois ; ses cavités se dila- 
tent ou se rétrécissent ; le sang qui les parcourt 
se coagule sous les formes les plus variées 
que les anciens nommaient improprement des 
polypes du Cœur; enfin il arrive aussi que ses 
parois s’ossifient en partie. Le Cœur du pape Ur- 
bain VIIL offrait, dit-on, un exemple de cette 
altération. 

Enfin le Cœur est susceptible de lésions pure- 
ment nerveuses, qui ne peuvent être distinguées 
des lésions organiques qu'au moyen d’une ex- 
ploration très-attentive. Quant aux causes des 
maladies du Cœur , elles sont très-nombreuses. 
L'abus des excitans, les exercices violens, les 
coups sur la région de la poitrine qui correspond 
au Cœur, certaines passions qui activent et pré- 
cipitent extraordinairement ses mouvemens, sont 
les principales causes sous l'influence desquelles 
se manifestent une foule de lésions. 

Sous le rapport des anomalics du cœur, il 
est à remarquer que cerlains vices de confor- 
mation de cet organe nous échappent entière- 
ment , et que ses états les plus anomaux ne sont 
pas toujours ceux qui entravent davantage l’ac- 
complissement des fonctions circulatoire et res- 
piratoire. Nous avons eu occasion d'observer il y 
a quelques années (1) un fait très-curieux sur un 
enfant mort à un mois et demi , à la suite de vo- 
missemens convulsifs, Le Cœur était composé d’un 
seul ventricule et d’une seulc oreillette, les cloisons 
manquant presque complétement. Il y avait quatre 
veines caves, deux supérieures et deux inférieures, 
qui s’ouvraient, ainsi que les pulmonaires, dans 
l'oreillette unique. Le canal artériel (2) était con- 
servé, et quelques viscères se trouvaient entière- 
ment transposés. Cet enfant s’était fait remarquer 
pendant sa courte existence par la couleur livide 
de sa peau, par un état habituel de somnolence, 
et surtout par la température toujours froide de 
son dos et de ses extrémités inférieures. 

Un fait analogue a été observé chez un en- 
#ant de quatorze ans qui mourut au milieu d'un 
violent crachement de sang. IL était grand pour 
son âge, mais mal proportionné, fable et peu 
intelligent ; la peau, constamment humide, était 
d’un bleu violacé. Il ne pouvait faire aucun effort 
sans éprouver de violentes palpitations ; mais lors- 
qu'il était en repos, les battemens du Cœurétaient 
réguliers. Il ÿ avait quatre-vingts pulsations par 


* 

(1) Voyez Zulletin de la Société anatomique, n° III, janvier 
1826.— Ce cas remarquable a été reproduit la même année par 
-M. Breschet, dans son Répertoire général d'anatomie, tom, II, 
-Page 9. 

(2) On nomme ainsi la portion d'artère pu'monaire qui, chez 
le fœtus, fait communiquer la cavité du ventricule d'oit avec 
-celle de l'aorte, Vo; ez CmcuraTion. 


minute. Après sa mort on trouva que la cloison 
interventriculaire était perforée , et la valvule de 
l'orifice inter-auriculaire très-incomplète dans sa 
partie inférieure ; il existait ainsi une double com- 
munication anomale entre les cavités droites et 
gauches du Cœur. 

M. Richerand a donné l’histoire d’un homme 
qui présentait, outre la persistance du canal ar- 
tériel, une communication entre les deux ventri- 
cules , et qui néanmoins était parvenu à l’âge de 
quarante et un an. 

Plusieurs autres anatomistes ont aussi rapporté 
des exemples de semblables vices de conforma- 
tion du Cœur, et indiqué des anomalies non 
moins curieuses, résultant de la transposition de 
l'origine de l'artère pulmonaire et de l’origine de 
l'aorte ; de l'insertion de l’une de ces artères sur 
les deux ventricules à la fois; ou de toutes deux 
sur le même ventricule , ete. , etc. Voir pour plus 
de détails le savant Traité de Tératologie, par 
M. Isidore Geoffroy St-Hilaire. Tous ces faits et 
une foule d’autres qu’il serait trop long d’énumé- 
rer, résultant presque toujours de la persistance 
de quelques unes des conditions de la vie fœtale 
ou embryonaire, réalisent en même temps, d’une 
manière plus ou moins exacte, les caractères de struc- 
ture et de composition qu’offrent dans l’état normal 
les Vertébrés inférieurs et spécialement les Reptiles. 

Structure du Cœur des Crocodiles. Il y a chez 
ces reptiles une disposition bien remarquable 
dans la distribution des cavités du Cœur , et dans 
les rapports de ces mêmes cavilés avec les troncs 
qui en partent. Ainsi que chez les Mammifères et 
les Oiseaux, quatre loges distinctes composent 
l'organe central de la circulation chez Je Croco- 
dile. Mais les premiers ont un Cœur droit et un 
Cœur gauche, destinés l’un à la petite circulation, 
ou la circulation pulmonaire , et l’autre à la grande 
circulation ou circulation aortique ; tandis que les 
seconds ont une disposition anatomique qui modifie 
cette double distribution. En effet, la cavité du ven- 
tricule droit du Cœur des Crocodiles offre, outre 
l'ouverture de l’artère pulmonaire, celle d’une autre 
branche vasculaire très-forte qui conduit le sang 
dans la grande circulation. Cette seule différence mo- 
difie et entraîne un changement notable de la circu- 
lation, et la rend, en quelque sorte, analogue à 
celle du fœtus des Mammifères, tant à cause du 
mélange du sang qui s'effectue dans l'aorte des- 
cendante, que par la possibilité d'entretenir une 
circulation constante même lorsque le poumon 
cessant d’être perméable à l'air ne laisse plus 
passer le sang. Sous ce rapport il existe nne analo- 
gie réelle entre le canal artériel du fœtus des Mam- 
mifères et la branche vasculaire surnuméraire que 
nous voyons surles Crocodiles. Ainsi se reproduit, 
chezles Reptiles, d’une manière permanente, un 
de ces états transitoires que l’on observe dansle dé- 
veloppement du Cœur chez l'Homme et les Mammi- 
fères, état que nous avons eu occasion, au reste. de 
constater sur un enfant de dix-huit jours, à cause 
de Ja persistance du canal artériel. 

Si l’on cherche actuellement à déterminer à 


COEUR 


294 


COFF 


quelles variété de Cœur se rapportent celui du fœtus 
et celui du Crocodile, ilest facile de voir que l’oreil- 
lette droite et le ventricule droit composent, chez 
les deux, un Cœur mixte. Or, sous ce rapport, et 
abstraction faite des cavités gauches, il y a une res- 
semblance frappante entre le ventricule droit du fœ- 
tus, ou celuidu Crocodile, et le ventricule des Rep- 
tiles en général. Toutefois, l’on doit remarquer que 
le Cœur de ces derniers et celui du fœtus envoient 
à tous les organes, indistinctement, du sang qui 
est mélangé ; tandis que le Cœur droit du Croco- 
dile envoie du sang veineux aux poumons et dans 
l'aorte descendante. C’est ce qu'il sera plus facile 
d'apprécier en examinant la disposition des vais- 
seaux et l’organisation du Gœur du Crocodile, 
représenté (fig. B,B”B’). Lafigure B fait voir la 

cavité de l'oreillette droite (O- D) ; l’on y remarque 
une ouverture oblongue , formée par l’écartement 
de deux valvules (v-m), disposées de manière à 
permettre l’afflux du sang dans la cavité auricu- 
laire, et à s'opposer à son reflux dans les trois 
veines caves et les coronaires qui débouchent dans le 
confluent ou sinus commun, (n° 2.) La fig. B’ 
représente la cavité du ventricule droit V-D ; on y 
voit l’orifice auriculo-ventriculaire, garni de deux 
valvules (v-m) ; celui du tronc pulmonaire (n°11), 
ayant aussi deux valvules semi-lunaires S-S; enfin, 
celui de la branche aortique ( n° 2 ) ou l’analogue 
du canal artériel. 

Le Cœur du Crocodile est vu représenté par sa 
face postérieure (fig. B” ); V-G, est le ventri- 
cule gauche ouvert ; VX, l’orifice valvulaire, qui 
communique avec l’oreillette gauche o-g. 

Chez les Ophidiens, le Gœur est généralement 
composé de quatre cavités (fig. G ). Mais les ven- 
tricules ne sont pas assez complétement isolés 
par la cloison qui les sépare; celle-ci est, dansun 
grand nombre au moins, perforée de plusieurs 
trous, et il existe, en outre, une large ouverture 
garnie de valvules qui peut établir le passage du 
sang d'un ventricule à l’autre. La sonde n° 8 
indique cette communication. Mais un savant au- 
teur, M. Retzius, pense que le jeu des valvules 
du Cœur n’est pas bien déterminé chez les Ophi- 
diens, surtout chez le serpent Python, où, suivant 
Jui, il n’y aurait pas mélange du sang. Dans tous 
les cas, les deux ventricules d Cœur, chez le plus 
grand nombre d'Ophidiens, communiquant plus ou 
MIene l’un avec l’autre, coopèrent lines 
à lancer le sang, soit aux poumons, soit à tous 
les autres organes. Il n’y a donc pas de distinc- 
tion à établir sous le rapport du Cœur pulmonaire 
et du Cœur aortique, quoiqu'il y ait cependant 
une oreillette droite et une oreillelte gauche. Cette 
variété de la structure du Cœur rentre parfaite- 
meut dans la division que nous avons établie sous 
le nom de Cœur mixte. 

Chez les Sauriens (fig. D) et les Chélontens, la dis- 
tinction des ventricules est bien moinsin diquée que 
chez les Ophidiens; il ÿ a aussi une oreillette droite 
qui recoit le sang veineux, ct unc oreillette gau- 
che pour recevoir le sang artériel provenant des 
poumons, Ces reptiles ont par conséquent un 


Cœur mixte, d'une organisalion moins parfaite , 
si l'on peut s'exprimer ainsi, que celle du Cœur 
des serpens. 

Chez les Batraciens,le Gœurse composeencorede 
deux oreillettes bien distinctes. Lescavités auricu- 
laires sont superposées l’une à l’autre, et, quoiqu’à 
l'extérieur on ne reconnaisse pas leur isolement, il 
est facile de s'assurer qu’une cloison très-mince 
(m, fig, E ), sépare complétement l'oreillette 
droite 6 o-d ) de la gauche (o-g ). Les deux veines 
caves supérieures et la veine ca e inférieure abou- 
tissent au même point (R), fortement renflé, qui 
communique dans l'oreillette droite (o-d). Quant 
aux artères pulmonaires (n° 4 et5 }, elles se réu- 
nissent en un tronc commun qui va s'ouvrir dans 
l'oreillette gauche (o-g). La cloison auriculaire 
s'étend jusque sur l'ouverture auriculo-ventricu- 
laire, qu’elle semble diviser en deux moiliés éga- 
les, de telle sorte que le sang veineux et le sang 
artériel peuvent passer en même temps dans un 
ventricule commun, destiné à envoyer le sang mé- 
langé à tous les organes indistinctement. Cet 
organe central de la circulation est par consé- 
quent un Cœur mixte. 

Chez les Poissons, (fig. F) le Cœur est le plussim- 
ple de tous ceux que nous avons examinés jusqu’à 
présent; une oreillette (A) reçoit tout le sang vei- 
neux, Je transmet à un ventricule unique (B) qui 
au moyen d’une ouverture oblongue, garnie de deux 
valvules (vl), le pousse dans les branchies et 
de là aux divers organes. Ce Cœur est donc pul- 
monaire où branchial. 

Enfin, l’embranchement des animaux inverté- 
brés fournirait encore d'innombrables variétés 
de forme , de structure et de disposilion du Cœur; 
mais, comme il serait trop long d’en énumérer 
mêmeles principales différences et que d’ailleurs il 
sera question de ces variétés dans les articles rela- 
tifs aux différentes classes d'animaux, nous y 
renvoyons pour de plas amples détails. 

(M. S. A.) È 

COEUR. (mozr..) Nom donné par les anciens na- 
Luralistes à toutes les coquilles bivalves qui ont 
quelque rapport, pour la forme, avec cet organe, 
et dont le plus grand nombre dépendent des 
genres Bucarde et Isocarde, Il était tout na- 
turel, à une époque où l’on ne s’occupait au- 
cunement des caractères intérieurs que présen- 
tent les différentes espèces de coquilles, de pren- 
dre leur dénomination de leur forme extérieure. 
Aujourd’hui qu'il en est autrement, que chaque 
espèce est étudiée sous tous les rapports, qu’elle 
est décrite et figurée sur plusieurs faces , tous ces 
noms ont cessé d'exister, et ne sont plus connus que 
des marchands. (Duc.) 

COFFRE, Ostracion. ca On trouve dans 
les mers des Luce , et près des côtes de Guinée , 
des poissons très-dignes de fixer l’attention de 
l'homme par les singularités de leur conformation. 
Les Coffres ont , au Fr d’écailles, des comparti- 
mens osseux el réguliers, soudés en une sorte de 
cuirasse inflexible qui leur revêt la tête et le corps, 
en sorte qu'ils n’ont de mobile que la queue, les 


LPS 


2. Coffre 2.Ceolchique. 3.Coliade. 4 . Colibri 


Z. Cuerin dir. 


ne 


COIG fs 


255 


COIG 


nageoires , la bouche et une petite lèvre qui garnit 
le bord de leurs ouies, toutes parties qui passent 

ar des trous de cette cuirasse; leurs mâchoires 
sont armées chacune de dix ou douze dents coni- 
ques, l’os du bassin manque aussi bien que les ven- 
trales , et il n’y a qu'une seule dorsale et une seule 
anale, petites l’uneet l’autre. Is ont peu de chair, 


mais leur foieest gros et produit beaucoup d'huile. 


Leur estomac est membraneux ct assez grand. 
Quelques uns ont été soupçonnés de poison. On 
gompte un assez grand nombre d'espèces : celle 
que nous reproduisons dans notre Atlas, pl. 119, 
fis. 1, est le Coffre triangulaire (Ostracion triangu- 
laris), à enveloppe triangulaire, sans épines, 
d’un gris brun en dessus, blanchâtre dessous, 
couvert d'une sculpture représentant un pavé d’ap- 
partement et'ayant en outre un grand nombre de 
taches blanches. Il est long de 15 à 18 pouces, d’un 
brunrougeâtre,etse trouve aux Antilles. (Arpn. G.) 

COHÉSION. (nx.) La force de Cohésion est la 
résistance que les corps opposent aux efforts qui 
tendent à désunir leurs parties; celte propriété 
étant désignée sous le nom de “Ténacité dans la 
plupart des ouvrages modernes, nous renvoyons 
à ce mot les détails que nous devons donner sur 
la résistance des diverses substances minérales 
employées dans l'architecture. Ÿ. Ténacrré. (B.) 

COIFFE ou COEFFE. (8or. cryPr.) Enveloppe 
membraneuse qui recouvre, dans les mousses, 
l'ovaire non développé, que Linné avait regardée 
comme un calice, et qui offre des caractères dif- 
férens selon les différens genres : ainsi, tantôt elle 
représente une sorte de cloche, dont les bords 
sont entiers ou laciniés ; tantôt elle a la forme d’un 
capuchon fendu latéralement et se détachant obli- 
quement. 

La grandeur de la Coiffe, la présence ou l’ab- 
sence de poils à sa surface, ont encore servi à 
établir quelques genres parmi les mousses. (F. F.) 

COIGNASSIER, Cydonia. (B0T. PHAN. et AGR.) 
Uni par Linné au genre Poirier, dont il ne diffère 
réellement que par le nombre des graines conte- 
nues dans chacune des cinq loges de son fruit ; 
les botanistes modernes ont cru devoir adopter le 
sentiment de Tournefort et en faire un genre par- 
ticulier : ils se sont fondés sur les caractères des 
fleurs, sur les grandes découpures persistantes et 
denticulées du calice, sur la forme du fruit et sur 
la quantité des semences. Nous adoptons cette 
coupe, qui prend naturellement place entre le poi- 
rier et le néflier , dans la famille des Rosacées, 
et dans l'Icosandrie pentagynie. 

On connaît aujourd’hui trois espèces de ce 
genre; ce sont des arbrisseaux peu élevés , à feuil- 
les simples et allernes, aux fleurs roses où d’un 
rouge écarlate, plus ou moins abondantes, et 
aux fruits, ordinairement pyriformes, quelque- 
fois arrondis, bons à manger. Ces trois espèces 
sont les suivantes : 

1° Le Corenassier coMMuN , C. vulgaris , cultivé 
dès les premiers temps d'Homère et employé à 
recevoir la greffe d’autres fruits à pepins. I est 
assez mal fait, porté à se charger de branches 


chiffonnées qui s’enchevrétent les unes dans les 
autres d’une manière fort désagréable ; il pousse 
facilement, n’a pas besoin d'être taillé, s'élève 
peu, ne dépassant jamais cinq mètres. Il est cou- 
vert de feuilles ovales , entières , très cotonneuses , 
surtout à leur face inférieure, et molles au tou- 
cher. Ses fleurs sont grandes , d’un rose pâle et 
même toul-à-fait blanches, solitaires et Lerminales, 
placées sur les jeunes rameaux à l’aisselle des 
feuilles ; il leur succède des fruils jaunes, pubes - 
cens, appelés Gorncs (voy. ce mot). On le dit 
originaire de l'ile de Grète; et son nom tiré de 
la ville de Cydonie aux environs de laquelle il 
existe spontané ; d’autres le déclarent apporté de 
l'Asie mineure; ce qu'il y a de plus positif, c’est 
que s’il s’est naturalisé dans l'Europe , c’est depuis 
un si grand nombre de siècles qu'on ne peut en 
fixer l'époque; car les anciens Grecs l’arrachè- 
rent sauvage à leurs vicilles forêts. Un illustre 
poèle agriculleur nous apprend qu'il était indi- 
gène aux bois de l'ftalie: c’est R que son berger 
Corydon va cueillir le Malum canum tenera lanu- 
gine pour l'offrir à son ami Alexis en signe d’attache- 
ment (Virg., Buc. 11, 51 ). il existe aussi spontané 
dans les haies sur les bords du Danube. 

On distingue deux variétés dans cetle espèce, 
le ColGNAssiER A LARGES FEUILLES, que d’autres 
appellent Coignassier du Portugal, parce qu'il 
nous est venu de cette contrée fertile. On la re- 
cherche de préférence , ses fruits étant plus gros, 
pyriformes, juteux, moins acerbes, moins pier- 
reux et plus parfumés que ceux du Corcnassien 
A FEUILLES ÉTROITES ET A FRUITS RONDS. Ces deux 
variétés se plaisent dans un terrain légeret frais, 
à une exposition chaude; mais on ne les cultive 
point en grand , et les pépiniéristes ne se servent 
des individus de la seconde variété que pour pro- 
pager la première et améliorer les poiriers. Le 
Coignassier se reproduit par ses graines calleu- 
ses et par marcottes. Celui qu'on élève par ce 
dernier moyen pousse rarement de bonnes raci- 
nes, il est sujet:à produire un grand nombre de 
rejetons, qui deviennent nuisibles à la quantité 
et à la qualité des fruits. La voie de la greffe est 
préférée pour conserver les plus belles variétés. 

2° Depuis 1790, l'Europe a recule Corcnassier 
px LA QWine, C. sinensis ; la France ne le pos- 
sède véritablement que depuis 1802, ou pour 
mieux dire , depuis 1811, époque à laquelle il a 
porté fruit, C’est un grand arbrisseau de cinq à 
six mètres, à tête sphérique, garni de branches 
dans toute la longueur du tronc, point difhicile 
sur Ja nature du sol, supportant assez bien nos 
hivers, et méritant par sa verdure très-hâtive , 
par la multitude ct l'éclat des fleurs dont il se 
décore dès le mois d'avril, de prendre une place 
distinguée dans les jardins d'ornement. 

À ce premier avantage, le Coignassier de la 
Chine en joint un autre non moins intéressant 
pour l'horticulteur , c’est d'offrir à chaque saison 
un spectacle nouveau. Voyez-e, en effet, au 
printemps: son feuiilage, léger, peu serré, d'un 
vert rosé très-tendre, se marie d’une manière 


Em 


COIG 


256 


COIG 


2 


agréable au rose vif, varié de nervures plus fon- 
cées, des fleurs, qui répandent une odeur suave, 
et durant de quinze à vingt jours. En été, les 
feuilles, devenues d’un vert noir et luisant, sem- 
blent s’écarter pour laisser voir une pomme ver- 
dâtre ovoide-allongée, se montrant inégale dans 
son diamètre, comme bosselée dans plusieurs 
parties, et occupant l'extrémité d’un petit ra- 
meau, Vers le milieu de l'automne, le feuillage 
passe au noir doré , au rougeâtre, et donne àl’ar- 
brisseau l'aspect le plus riant au milieu des bos- 

ucts qui se dépouillent, d’arbres dont les bran- 
ches sont dénudées, des plantes aux tiges noir- 
cies, se courbant vers la terre qu’elles vont en- 
graisser de leurs débris. L'hiver a jeté son man- 
teau de frimas, tout altriste : portez les yeux sur 
le Coignassier dela Chine, ses feuilles commen- 
cent à tomber , mais ses fruits approchent de leur 
maturité , leur robe première a cédé la place à 
une robc"parfumée, d’un jaune pâle, citronné , 
dont l’odeur rappelle celle de l’ananas. 

Il ne faut pas confondre celte espèce avec un 
arbre improprement désigné sous son nom dans 
quelques catalogues, et qui donne une figue 
caguc; c’estun Plaqueminier , Diospyros , désigné 
vulgairement en Chine et au Japon, aussi bien 
qu’à l’île Maurice, par le mot Kaki. 

3° Cultivé par les Anglais dès 1796, le Corcnas- 
SIER DU JAPON, C. japonica, a été imtroduit chez 
nous par Boursault en l’année 1810; il est encore 
rare, même dans nos départemens du midi , mal- 
gré le brillant éclat de ses corolles. Il est petit de 
taille, chargé de rameaux menus, à duvet court 
et munis cà et là d’épines aiguës, qui prennent nais- 
sance à l’aisselle des feuilles. Celles-ci sont ovales- 
oblongues, luisantes, d'un vert gai. Les fleurs, réu- 
nics trois à dix ensemble, durent peu, se mon- 
trent parfois semi -doubles , et font un bel effet par 
leurs corolles d’un rouge écarlate, qui passe au 
blanc dans une variété. 

Une question divise les cultivateurs d'arbres, 
les pépiniéristes et les amateurs; il s’agit de savoir 
s’il y a plus d'avantages à enter le poirier sur 
franc que sur Coignassier. C’est faute de s’enten- 
dre que l’on ne tombe pas tous d'accord. Es- 
sayons de le faire. Quiconque veut abondance 
et jouissance précoces, doit donner la préférence 
au Coïignassier ; il n’aura qu'un arbre faible, pas 
de bois, un individu de peu de durée , mais il lui 
rapportera de suite et beaucoup ; les fruits n’au- 
ront pas toute la perfection désirable, mais la 
vente sera bonne , attendu le nombre et la préco- 
cité. C’est la triste spéculation du prodigue, c’est 
lc plan d’une jeunesse fougueuse qui, pour satis- 
faire ses passions, sacrifie sa vie, sa famille, sa 
patrie ; tandis que l'arbre enté sur franc ou sur 
sauvageon , prend de la force, de l’étendue avant 
de produire , et les fruits qu'il donne , sans être 
en très grande quantité, réunissent à la beauté 
toutes les qualités les plus hautes. Culiivateurs 
éclairés, n’allez point croire que je repousse le 
Coignassier : comme sujet excellent, il convient 


CARE , - 
aux espèces à basse tige, aux fruits fondans et à 


tout individu qu'un excès de végétation entraîne 
naturellement à donner plus de bois que de fruits. 

CorGnassien (P£TIT). Aux environs de Lima , 
dans la république du Pérou, l’on donne vulgai- 
rement ce nom à une espèce de Sébestier, le 
Cordia lutea. (T. ». B.) 

COIGNIER. (807. PHaN.) Nom que l’on donne 
plus particulièrement au Coignassier sauvage ou 
commun, dans diverses localités. 11 paraît même 
que c’est le premier nom que cet arbre a porté 
en France. (T. ». B.) 

COING. (80T. Pman. et Écon. rur.) Fruit du 
Coignassier. Le Coing jouissait dans l'antiquité 
d’une haute considération, et s’associait à toutes 
les solennités publiques et de familles comme em- 
blème du bonheur et de l’amour. On en présen- 
tait un à la nouvelle mariée au moment où elle 
allait entrer dans le lit nuptial , eten en mangeant 
la chair parfumée, elle assurait à son époux dou- 
cenr de caractère, agrémens dans le commerce 
de la vie, et union franche, Des rameaux fleu- 
ris de l'arbre et ses fruits dorés couronnaient le 
front des dieux qui présidaient à l’hyménée. C’est 
pour cela que quelques écrivains peu familiari- 
sés avec la lecture des anciens, et ignorant la bo- 
tanique des pays qu'habitaient les Grecs et les 
Romains, veulent reconnaître dans le Coing le 
fruit célèbre du jardin des Hespérides. J’ai dé- 
montré plus haut, pag. 207, qu’il faut y voir le Cé- 
dratier , vieil habitant du bassin de la Méditerra- 
née. En effet, s’il se fût agi, comme le penssient 
Gallesio et ceux qui ont adopté son sentiment , 
d’un fruit que l’on trouvait sauvage dans les fo- 
rêts, aurait-on mis autant de soin à garder les 
avenues de ce jardin ? On ne prend de pareilles 
précautions que pour des fruits très-rares, et 
dont la nouveauté excite l'envie. Le cédratier se 
trouvait dans ce cas alors, et non pas le Coignas- 
sier. | 

Le Coing a joui long-temps de la réputation de 
paralyser l'effet des poisons; aujourd'hui l’on 
s'en sert peu sous le point de vue médical. Ré- 
duit à l’état de sirop, ou préparé en confitures, il 
entre dans la composition de plusieurs électuai- 
res. Les graines fournissent, par décoction, une 
eau mucilagineuse reconnue puissante contre les 
ophthalmies inflammatoires. 

Sa pomme turbinée, pyriforme, ou tout-à-fait 
ronde , ce qui est plus rare, se cueille à la fin 
d'octobre et même plus tard, alors qu’elle se 
montre d'un jaune citron. Son odeur extrême- 
ment prononcée la rend peu agréable à certai- 
nes personnes, et comme à cetle odeur elle unit 
une chair cotonneuse, un peu coriace, acide, lé- 
gèrement acerbe, on la mange rarement crue. 
Cuite, convertie en compotes, en marmelades, 
en pâte ou en gelée, que l’on nomme parlicu- 
lièrement Cotignac ou Cotognac dans le bassin de 
la Garonne , elle est délicate, plaît à tout le 
monde, et convient aux estomacs faibles. Dans le 
midi, l’on peut attendre que le Coing atieigne à 
sa parfaite maturité; dans les contrées du nord 
de la France, il faut le cueillir avant les froids 


âpres, 


COL 


257 


COL 


âpres, le placer sur la paille durant une quinzaine 
de jours en un lieu aéré et séparé du fruitier : 
mis avec les autres fruits, son odeur pourrait dé- 
terminer chez eux le principe de la fermentation. 
Au bout des quinze jours, employez le Coing, 
car, dans nos départemens septentrionaux sur- 
tout , il ne se conserve pas. 

Onfait encore avec cette pomme un ratafiat fort 
bon, une sorte de cidre assez agréable , et prin- 
cipalement une eau-de-vie excellente. 

(T. ». B.) 
COIX. (mor. puan.) Ce nom grec, qui dans 
Théophraste désigne un palmier, a été donné par 
les modernes à une plante de la famille des Gra- 
minées, remarquable par les détails de son orga- 
nisation et par son fruit. Ses racines sont annuelles 
ou vivaces ; son chaume ferme, élevé; ses feuilles 
asséz larges. On ne ferait attention qu'à sa végé- 
tation vigoureuse, si, à l'époque de la moisson, 
des globules ou perles luisantes, en forme de 
larme , n’attiraient les regards. Ces perles végé- 
iales servent à composer de jolis chapelets, sur- 
tout en Espagne ; on en fait aussi des colliers , des 
bracelets. IL vaudrait mieux pouvoir en faire du 
pain, dira-t-on ; eh bien ! on a essayé; l'intérieur 
de celte perle renferme une farine assez nutritive, 
que l’on a utilisée dans certains temps de disette. 

Venons-en aux caractères distinctifs du genre 
Coix , que M. Richard a décrit avec une sagacité 
scrupuleuse. ! 

Les fleurs sont monoïques. La gaîne des feuilles 
supérieures donne naissance à plusieurs pédon- 
cules qui portent à leur sommet une sorte de bou- 
ton ou involucre ovoïde. Cet involucre contient 
unefleur femelle, et de plus il donne passage à un 
rameau de fleurs mâles. 

Ce rameau porte 8 à 10 épillets biflores, grou- 
pés par deux ou trois. Les deux fleurs sont sessiles, 
l’une plus grande que l’autre; une lépicène à 
deux valves les contient. Leur glume se compose 
de paillettes minces , lancéolées et pointues. Entre 
deux paléoles épaisses qui constituent la glumelle; 
paissent les trois étamines. 

? Au fond de l'involucre est la fleur femelle, 
auprès de laquelle on distingue quelques appen- 
dices ou rudimens de fleurs stériles. Elle se com- 
pose de cinq écailles (lépicène et glume) con- 
caves, acuminées , diminuant de grandeur depuis 
l'extérieur jusqu'à la plus interne. L’ovaire est 
sessile, un peu comprimé ; il porte un style court, 
terminé par deux stigmates filiformes, poilus et 
faisant saillie hors de l’involucre; autour de 
l'ovaire sont trois rudimens d’étamines. Le fruit 
est formé par l’involucre, qui, devenu osseux et 
luisant, cache la graine proprement dite. 

+ On compte cinq espèces de Coix , originaires 
des Indes et de l'Amérique. Celui que l’on cultive 
dans nos jardins estle Coix lacryma, L., ou 
Larme de Job. Nous citerons encore le C. arundi- 
nacea, dont les feuilles ressemblent à celles du 
roseau , et le C. agrestis, dont les fruits sont de Ja 
grosseur d’un pois. (L.) 


” COL ou COU. (axar.) Partie du corps qui unit 
Tone IL. 


Î 


la poitrine à latête. Dans le corps humain c’estune 
des parties les plus compliquées. On y rencontre une 
foule d'organes : l'os hyoïde, les scpt vertèbres 
cervicales, les glandes maxillaires et sublinguales , 
la thyroïde, le. larynx, la trachée-artère, le pha- 
rynx et l’œsophage. Soixante-quinze muscles, sans 
y comprendre ceux qui lui sont communs avec la 
partie postérieure du tronc , entrent dans la com- 
position de cette partie et concourent aux divers 
mouvemens de la tête ainsi qu’aux fonctions de la 
respiration , de la déglutition, de la voix, etc, Les 
artères qui s’y. distribuent sont les carotides , les 
sous-clavières et leurs branches, les thyroïdiennes 
inférieures et supérieures, les vertébrales, les cer- 
vicales transverses, les linguales , les labiales , les 
pharyngiennes et les occipitales. Les veines sont 
les vertébrales, les céphaliques , les trachéales, 
les gutturales, les ranines et les maxillaires qui 
vont toutes s’ouvrir dans les jugulaires. Beaucoup 
de ganglions y sont formés par les lymphatiques 
répandues en abondance ; enfin les nerfs qui par- 
courent le Cou sont la seconde et la troisième 
branche de la cinquième paire; l’accessoire de 
Willis, les branches antérieures des nerfs cervi- 
caux, et quelques filets du grand sympathique. 

La longueur du Cou semble un des attributs de 
la stupidité; cette remarque s’applique à un grand 
nombre d'animaux comme à l’homme : il semble 
qu’en arrivant au cerveau par un plus long trajet, 
le sang donne moins d'activité à ce centre de l’in- 
telligence. Chez quelques individus , le Cou sem- 
ble s’allonger aux dépens des parois de la poitrine 
qui, plus étroite et plus aplatie, ne permet pas 
aux organes qu’elle renferme de prendre leur en- 
tier développement. 

Les anatomistes donnent encore au mot Col 
une autre application ; ils appellent ainsi un rétré- 
cissement qu'on remarque sur l'étendue d'un os 
ou d’un viscère ; exemple : Col du fémur, portion 
allongée , rétrécie qui sépare la tête de cet os de 
deux éminences nommées trochanters:; Col de 
l’humérus, rétrécissement qui supporte la tête de 
l'os du bras; Col de l’utérus, partie étroite, al- 
longée de cet organe, qui avoisine sonorifice, etc. 

; (PAGE) 

COL. (chocr. pays.) On donne ce nom, dans les 
Alpes, aux passages que la nature a ouverts entre 
les sommets des montagnes qui forment la partie 
centrale d’une grande chaîne. Dans les Pyrénées, 
ces mêmes passages portent le nom de ports. 

Voici les hauteurs auxquelles s’élèvent, au des- 
sus du niveau de la mer, les points culminans des 
principaux Cols ou ports des Alpes et des Pyré- 
nées , formant les passages qui conduisent d’Alle- 
magne, de Suisse et de France en Italie, et ceux 
qui conduisent de France en Espagne. 

Dans les Alpes. 


mètres: 


3,410 
2,030 
2,460 
2,428 
2,321 


Passage du Mont-Cervin. . . : . . . 
de Fura. 
du Col de Seigne. . . . . . 
du Grand Saint-Bernard . . 
du Col Ferret. . 


119° LivrAIsON, 65) 


COLB 


258 


COLG ; 


du Petit Saint-Bernard. t.! 

du Saint-Gothard. .  « . 

du Mont-Cénis 4, . , 4 +, 

du Simplon, ,.:,.,.,, 

du Splügem » 514 x 18114 

de la perte du Mont-Cénis. . 

du Col de Tende, . . . , 

des Taures de Rastadt. ; . 

du Brenner. . : . . « « « . 

Dans les Pyrénées. 

Port de Pinède . . . . . . . . . 
de Gavarnie . 

de Cavarère, , . … 1: 4 
Passage du Tourmalet . , , . . .. 


2,192 
2,079 
2,066 
2,003 
1,929 
1,906 
1,799 
1,909 
1,420 


2,016 
2,893 
2,299 
2,194 
(Gu£r.) 

COLASPE, Cofaspis. (1xs.) Genre de Goléop- 
tères de la section des Tétramères, famille des 
Cycliques, tribu des Chrysomélines , ayant pour 
caractères : antennes filiformes , plus longues que 
la moitié du corps, composées d’articles allongés, 
avec le dernier terminé par un faux article ; man- 
dibules terminées par une dent robuste ; pattes 
filiformes ; point de saillie au mésosternum. Ce 
genre est très-nombreux en espèces ; elles sont 
presque toutes propres à l'Amérique, et elles ont 
un peu la forme (et par analogie doivent avoir les 
mœurs) de nos Chrysomèles; nous n’en avons en 
France qu'une espèce; c’est le GC. rrks-noim, C. 
atra, O]., Col., t. 6, pl. 2, fig. 22, long de trois 
lignes, très-noir, avec les antennes jaunes à leur 
base. (A: P.) 

COLBERTIE, Colbertia. (mor. pHax. ) Genre 
qui fait partie de la tribu des Dilléniées, dans Ja 
famille des Dillémiacées de De Candolle, et de la 
Polyandrie polygynie de Linné. Caractères : ca- 
lice composé de cinq sépales persistans et pres- 
que arrondis; corolle formée de cinq pétales ca- 
ducs ; étamines en nombre indéfini, dont treize 
beaucoup plus longues que les autres , à anthères 
aussi fort longues; ovaires au nombre de cinq, 
réunis et se changeant en un péricarpe globuleux 
à cinq loges; cinq styles divergens, aigus, selon 
Roxburgh, ou capités au sommet , d’après R. 
Brown; grand nombre de semences réniformes 
dans chaque loge , immergées dans une pulpe gé- 
latineuse ou transparente. 

La seule espèce connue de ce genre est la Col- 
bertia andeliana, D. C., figurée sous le nom de 
Dillenia pentagyna dansRoxburgh (FI. Corom. 1, 
p. 21, t. 20.) C’est un arbre des vallées du Co- 
romandel , dont les feuilles sont oblongucs, acu- 
minées, dentées en scie, à nervures pennées, au 
nombre de 30 et plus, et portées sur de courts 
pétioles ; les pédicelles très-nombreux , uniflores, 
sorlant de bourgeons écailleux , placés près des 
nœuds de l’année précédente; les fleurs jaunes, 
Ce genre est dédié au ministre patriote , à Colbert, 
qui fit fleurir les arts dans’son pays, et dont son 
pays n’a, que.je sache, honoré la mémoire par 
aucun monument public. Mais qu'il se console : 
notre plante lui sera un monument plus durable ; 
et à qui le doit-il? à un étranger, à Salisbury, un 
Anglais, qui, n'écoutant quesa magnanimité, s’est 


chargé d’acquitter la dette d'une nation rivale de 
la sienne. (G. £.) 
COLCHICACÉES ou COLCHICÉES, Colchi- 
caceæ. (B0T. pHan.) Famille créte par Mirbel, qui 
l'avait nommée Mérenderées, et à laquelle De 
Candolle a donné le nom de Colchicacées, tiré du 
genre le plus notable de ce groupe. Robert Brown 
(Prod. FL Nov. Holl.) la désigne sous le nom de 
Mélanthiacées. Elle est comprise dans Ja grande 
division des Monocotylédones dont les étamines 
sont périgynes, et se compose de plantes herba- 
cées aux racines fibreuses ou tubérifères; la tige 
est simple ou rameuse; les feuilles sont alternes , 
engaînantes par la base, de forme variable ; les 
fleurs terminales, hermaphrodites ou unisexuées, 
et polygames ou diciqu ; le calice coloré , péta- 
loïde, à 6 divisions égales, quelquefois même 
hexasépale , d'autres fois se prolongeant à la base 
en un tube long et grêle ; les étamines au nombre 
de 6, insérées soit au sommet du tube calicinal , 
soit à la base et en face de chaque sépale; les 
ovaires au nombre de trois dans chaque fleur, 
tantôt presque entièrement libres et distincts , 
tantôt plus ou moins intimement soudés entre 
eux, de manière à former un ovaire à trois loges, 
contenant chacune plusieurs graines attachées à 
l'angle de la loge, tantôt sur deux rangées Jongi- 
tudinales , tantôt confusément ; le style quelque- 
fois très-long et très-grêle terminé par un stigmate 
glanduleux, quelquefois nul; le fruit formé de 
trois capsules uniloculaires, s’ouvrant par une 
fente longitudinale; les graines plus ou moins 
nombreuses dans chaque loge, et attachées à un 
trophosperme sutural qui se sépare en deux lors 
de la déhiscence de la capsule. Les Colchicacées 
forment la transition des Joncées aux Asphodélées. 
Les genres de cette famille sont : Colchicum, L. ; 
Merendera, Ramond; Xerophyllum, Richard et 
Michaux:; elonias, L.; Nolina, Rich.: Nanthecium, 
Juss.; Veratrum, L.; Zygadnus, Rich.; Melan- 
thium, L.: Plexa, Rich.; Burchardia, R. Brown ; 
Paliosanthes, Andrews ; Bulbocodium, L. (C #.) 
COLCHIQUE, Colchicum. (or. Pan.) Genre 
type de la famille des Colchicacées, appartenant à 
l'Hexandrie trigynie, reconnaissable à la racme 
surmontée d’un tubercule charnu ou bulbe solide: 
aux fleurs dont le calice est terminé inférieure- 
ment par un tube très-long et très-grêle ; au limbe 
campanulé à 6 segmens égaux; aux anthères al- 
longées et vacillantes ; aux ovaires qui , au nombre 
de 3 , sont soudés par le côté interne et inférieur, 
et libres seulement du côté externe; aux styles 
grêles et de la longueur du tube calicinal; aux 
stigmates pointas et recourbés en crochets; à la 
capsule renflée, marquée de 3 sillons Jongitudi- 
naux très-profonds , tricorne à son sommet, ayant 
3 loges polyspermes , s’ouvrant par le côté interne. 
Les fleurs , généralement roses, sont enveloppées, 
avant de s'épanouir, dans des gaînes ou spathes 
membraneuses ; tantôt elles paraissent avant les 
feuilles et semblent naître immédiatement du 
bulbe; tantôt elles se développent en même temps 
que la tige et les feuilles. : 


COLÉ 


289 


COLE 


! Le Cozcuique n’AUTOoMNE, C. autumnale, L. , vul- 
gairement Safran bâtard , Tue-chien, Veilleuseou 
Veillotte, ets., et représenté dans notre Atlas, 
pl: 119, fig. 2, se trouve dans les prairies de pres- 
que toute la France, et donne en septembre de 
quatre à douze fleurs rose-purpurin, fort jolies, 
ressemblant à celles du Crocus, mais plus grandes; 
les feuilles et le fruit ne paraissent qu’au printemps 
suivant, Le bulbe de cette plante, presque entiè- 
rement composé d'amidon, contient cependant 
un suc âcre et vénéneux, dont la nature chimi- 
que a été déterminée par Pelletier et Caventou, 
et qu'ils ont nommé Vératrine parce qu’il se 
touve abandamment dans le /’eratrum sabadilla. 

Le Colchicum montanum, L., est aussi indigène. 

Le Colchicum alpinum, D. C., croît dans les 
Alpes de Suisse et d'Italie. (G. £.) 

COLÉOPTÈRES, Coleoptera. (as.) Premier or- 
dre des insectes, dans la Méthode, caractérisé, ainsi 
que l'indique son nom, par ses premières ailes en 
forme d’étuis propresà recouvrir les secondes. Les 
Coléoptères sont de formestrès-variées; mais cepen- 
dant leur organisation extérieure peut se rappor- 
ter à un tÿpe que nous allons formuler : tous ont 
la tête unie immédiatement au corselet ; des an- 
tennes de forme variable, mais le plus souvent de 
onze articles; pas d’ocelles,et les yeux assez grands; 
leur bouche se compose d'un labre , de deux 
mandibules cornées, et deux mächoires munies 
d'un ou deux palpes ; la paire externe, quand il y 
en à quatre , n'est au plus que de quatre articles ; 
d'une lèvre subdivisée en deux parties, la lan- 
guette et le menton, ou platôt lèvre proprement 
dite, dont la première n’est le plus souvent que 
le côté interne de la seconde; les palpes labiaux 
sont le plus souvent de trois articles. Le corselet, 
celte portion qui représente le dos, est formé du 
prothorax; en arrière de lui se trouve une petite 
pièce triangulaire appelée écusson ; du second seg- 
ment naissent les premières ailes, auxquelles on 
a donné le nom d'élytres ou étuis ; elles sont co- 
riaces comme les segmens du thorax, de forme 
voûlée , emboîlant un peu le corps sur les côtés , 
réunies dans le repos par une suture droite, sans 
aucun recouvrement ; quoiqu'impropres au vol, 
elles peuvent. aider à soutenir l’insecte à la facon 
des parachutes ; elles sont susceptibles de s’écar- 
ier beaucoup pour laisser libre le jeu des ailes ; 
les élytres sont plus généralement dela longueur de 
labdomen; cependant dans la famille des Clavi- 
cornes elles sont déjà courtes ; dans celle des Sta- 
phylins , et dans un genre ou deux des Longicor- 
nes, elles atteignent à peine un tiers de la longueur 
du corps; enfin, dans les Lampyrides, elles man- 
quent souvent tout-à-fait, on a même un exemple 
d’une pareille anomalie dans un genre de Lamel- 
licorne, où la femelle est privée d’élytres et d’ai- 
les.Les ailes sont assez grandes , repliées sur leur 
longueur dans le repos ; ces ailes sont loin d’être 
en rapport avec le volume de l’insecte qui doit 
s'en servir; aussi les Coléoptères sont-ils de mau- 
vais voiliers; ils volent lourdement , et jamais 
contre le vent : ceux qui paraissent avoir un vol 


plus vif l’ont decourté durée. Les pattes sont insé- 
rées comme dans tous les insectes ; le nombredes 
articles des tarses varie de trois à cinq. 

L'abdomen tient au corps par sa plus grande 
largeur ; il paraît composé de cinq à six segmens 
convexes et coriaces en dessous, un peu concaves 
et moins durs en dessus ;:1l se rétrécit à son extré: 
mité ; les organes sexuels sont internes. 

Les Coléoptères subissent des métamorphoses 


-complèles ; leurs larves offrent parfois quel- 


que ressemblance avec l’insecte parfait, mais le 
plus souvent en diffèrent beaucoup ; elles offrent 
une tête écailleuse., des rudimens d’antennes, ra- 
rement des yeux formés d’ocelles agglomérés , 
quelquefois six pattes, quelquefois de simples ma- 
melons ; celles qui vivent sur les plantes ont été 
assez bien étudiées, mais la plupart de celles qui 
vivent soit dans l’intérieur de la terre, soit dans le 
bois ou les matières en putréfaction , sont encore 
peu connues ; quelques unes opèrent leur méta- 
morphose dans l’année de leur naissance , d’autres 
sont plusieurs années avant d’avoir pris tout leur 
accroissement ; les nymphes sont immobiles, en- 
veloppées d’une pellicule qui ne lie pas les mem- 
bres entre eux, mais les enveloppe chacun sépa- 


| rément, 


L’accouplement se fait à la manière ordinaire ; 
le mâle est placé sur le dos de la femelle ; ils restent 
unis au moins plusieurs heures et quelquefois deux 
jours; le mâle ne tarde pas ensuite à mourir, et la 
femelle, aussitôt qu’elle a placé convenablement 
ses œufs, cesse aussi de vivre. 

L’éclat dont brillent un grand nombre de ces 
insectes , leur taille, leur consistance plus co- 
riace que celle des autres, ce qui promet une 
conservation plus facile, les ont fait rechercher des 
amateurs pour en former des collections ; mais il 
faut convenir que s'ils flattent davantage les yeux, 
l'étude de leurs mœurs n'offre pas autant d’at- 
traits que dans ceux des autres ordres. (A. P.) 

COLÉOPTILE, Coleoptila. (mor. rmax.) Ce 
mot a été employé par Mirbel pour désigner l’es- 
pèce de gaîne ou étui dans lequel est renfermée la 
gemmule des plantes monocotylédones ; lors de la 
germination, elle le perce pour développer ses 
feuilles. Or cet étui ou Goléoptile (en grec fourreau 
de la gemmule) fait partie du cotylédon lui- 
même; c'est sa substance, sa chair, pour ainsi 
dire , qui enveloppe le germe de la tige future; on 
voit la même chose dans tous les végétaux mono- 
cotylédones , et non dans quelques uns seulement, 
comme Mirbel l'avait cru. On ne doit donc pas 
regarder la Coléoptile comme un organe spé- 
cial. | (L.) 

COLÈRE (enys1o. ) Emotion subite et violente 
de l'âme, fureur momentanée, qui semble avoir 
pour cause une vive excitation du système ner- 
veux, mais dont l'effet s’étend bientôt à l’ensem- 
ble de l’économie. Cette affection est commune à 
l’homme et aux animaux. Elle est presque toujours 
provoquée par une offense , par de mauvais traite- 
mens, par le sentiment du danger. Les change- 
mens que produit la Golère sont aussi remarqua- 


COLE 


260 


COLÉ 


bles que rapides : l’être le plus doux, poussé à cet 
état d'exaltation, devient un furieux; le plus timide 
cesse de calculer le péril ; le plus raisonnable de- 
vient insensé. De faibles animaux , excités par la 
Colère , se font agresseurs, et luttent jusqu’à la 
mort contre la force qui doit les anéantir.L’hom- 
me entraîné par cette passion peut aller jusqu’à 
la férocité , son langage se salit de grossières épi- 
thètes , ses traits se contractent , prennent un Ca- 
ractère effrayant ; chez les femmes les plus gra- 
cieuses, la physionomie peut tout à coup devenir 
repoussante. S'il est des êtres impassibles dont 
l'heureuse organisation sait s'humilier devant 
l’outrage , fléchir devant le danger, se soumettre à 
l'injustice, ilen est un grand nombre de moins 
favorisés, et que la plus faible contrariété jette 
hors des bornes de la raison. Cette irritation ma- 
Jadive se prolonge d’autant plus que celui qui l’é- 
prouve possède moins d'intelligence ; les plus jeu- 
nes enfans sont sujets à des accès de Colère qui 
déterminent souvent des convulsions et finissent 
par la mort : on comprend alors combien il est 
inutile, ou plutôt combien il est cruel d’infliger à 
cet âge un châtiment qui n’est plus qu'une provo- 
cation nouvelle. La Colère des fous estimplacable, 
elle dure long-temps, si l’on ne se hâte, comme 
pour l'enfant, d'en éloigner la cause , et d'appeler 
l'attention de l'individu sur d’autres objets. On a 
vu des hommes se livrer contre eux-mêmes à de 
terribles mouvemens de Colère, au souvenir de 
quelque action reprochable dont leur conscience 
leur demandait justice. Il en estqui méprisent d’in- 
jurieuses provocations, mais que le plus léger 
soupcon jaloux pousse à d’indicibles fureurs. 
L’amour-propre, à tousles âges , et chez l’homme 
comme chez la femme , est une des pluspuissantes 
comme des plus fréquentes causes de la Colère. 
Celle-ci est d'autant plus vive qu’on est plus con- 
traint d'en cacher les cffets. S’il nous est possible 
de la laisser s’exhaler ; si elle s’adresse à un être 
que sa faiblesse, son âge ou son rang placent au 
dessous de nous, elle passe rapidement ; mais elle 
peut avoir les plus funestes résultats, lorsqu'elle 
est provoquée par une cause au dessus de nos at- 
teintes, par un être que nous sommes habitués à 
entourer de nos affections et de nos respects. La 
Colère concentrée, qui n’a point été satisfaite, 
est souvent suivie d’une maladie grave, de l’apo- 
plexie , de la mort. 

Tous les tempéramens ne sont pas également 
irritables. L'homme sanguin est impatient , em- 
porté, il n’est point colérique ; les gens bilieux , 
mélancoliques , nerveux , sont au contraire sujets 
à une colère profonde, ardente, impétueuse ; 
c’est pour cela que nous avons emprunté le mot 
Colère à un mot grec qui signifie bile. Certaines 
dispositions physiques rendent également irascible: 
à l'approche de l’époque menstruelle, beaucoup 
de femmes ont une telle susceptibilité que la 
cause la plus légère excite chez elles des accès 
de Colère; nous avons remarqué surtout cette dis- 
position chez une jeune dame dont les grossesses 
sont également tourmentées par une exaltation 


semblable. Les chagrins, l’ambition décue, la 
perte des richesses rendent aussi la plupart des 
hommes plus susceptibles de mouvemens d’irrita- 
tion. Quelle quesoit la cause de la Colère , ses accès 
ont souvent pour conséquence de terribles mala- 
dies : les fièvres cérébrales, l’épilepsie, la cata- 
lepsie, le tétanos, l’apoplexie, la paralysie, la 
cécité, l’anévrysme, l’hémoptysie , la jaunisse , 
les vomissemens, les diarrhées, les éruptions cu- 
tanées, la suppression des menstrues, du lait, la 
goutte, l’hystérie , le mutisme, les convulsions, 
la mort. La Colère peut encore aller jasqu’à l'hy- 
drophobie: un débiteur insolvable fut, il y a 
quelques années, jeté en prison par un impitoya- 
ble créancier ; la Colère qu’il en éprouva fut si 
violente qu’il ressentit bientôt tous les symptômes 
de Ja rage; il se mordit, essaya de mordre ceux 
qui l’approchaient, etmourut en peu d'heures avec 
tous les signes del’hydrophobie. 

Si l’on peut reprocher parfois aux gens irrita- 
bles de ne pas fuir avec assez de soin les causes 
qui réveillent leur excitabilité, de ne pas appeler 
avec assez de force la raison à leur aide, on doit 
adresser de plus justes reproches à ceux qui, mieux 
favorisés sous le rapport de l’organisation, agacent, 
irritent sans cesse le malheureux auquel la Colère 
ravit la raison. Le véritable remède à opposer à ce 
délire passager , est d'éloigner le retour des accès ; 
c'est de céder, de se soumettre en quelque sorte : 
celui qui n’a trouvé sous sa Colère qu’une rési- 
gnation patiente, qu'une douceur indulgente, se 
calme bientôt , et rougit du désordre de ses sens ; 
mais celui auquel on oppose une résistance hostile 
et provocatrice mesure moins ses Lorts que ceux 

w'on a eus envers lui. (. G:) 

COLEORAMPHE. (ors.) Dumont, dansle X° vol. 
du Dict. dessc. nat., nomme ainsi le BEC EN rour- 
REAU; il en fait le Coleoramphus nivalis. Get oiseau 
avait été appelé Chionis alba par Forster , f’agi- 
nalis alba par Gmelin , Chionis necrophagus par 
Vieillot, et Chionis Novæ Hollandiæ par M. Tem- 
minck. j (GEnv.) 

COLÉORHIZE, Coleorhiza. (mor. pnan. ) Es- 
pèce de poche ou fourreau qui, dans l'embryon 
de tous les végétaux monocotylédonés, recouvre 
et enveloppe la radicule ; ce fourreau fait partie 
du corpscotylédonaire, et se brise lors de la 
germination pour laisser passer la radicule on ra- 
cine future. Au contraire, dans les plantes dico- 
tylédonées, la radicule est nue et sans enveloppe. 
C'est basé sur cette observation que le profes- 
seur Richard a établi sa division des végétaux en 
deux grandes classes, selon que la radicule est 
contenue ou non dansune Coléorhize, c’est-à-dire 
selon quela radicule est intérieure(les Exrornizes), 
ou qu’elle est nue et sans enveloppe (les Exornr- 
zes). Ces deux classes répondent exactement aux 
monocotylédonées et aux dicotylédonées de Jus- 
sieu. 

L'existence dela Coléorhize dans beaucoup de 
végétaux n’a pu être contestée; mais on a pré- 
tendu qu’elle ne se trouvait pas exclusivement dans 
les embryons monocotylédonés. Le faitest possi- 


À COLI 


261 


COLI 


D , 


ble'et même probable ; c’est une question pour 
ainsi dire microscopique, sur laquelle les yeux peu- 
vent tromper. On doit convenir, toutefois, que la 
division des plantes d'après la Coléorhize, est 
sujette à moins d’exceptions que celle qui se base 
sur Je nombre des cotylédons. (L.) 
COLERETTE. Joy. COoLLERETTE. 
COLEUS. (or Pxan.) Nom donné par Loureiro 
à une plante labiée , très-abondante dans les îles 
de l'archipel Indien, où la superslition la mul- 
tiplie sur les maisons et les édifices: car on lui 
attribue d’énergiques propriétés contre les enchan- 
temens. On conviendra que, pour ceux .qui cral- 
gnent d’être ensorcelés, rien n’est plus précieux 
qu’un semblable auxiliaire; jetez quelques graines 
dans la poussière , et vous êtes sauvé. Le Coleus 
est aromatique et antispasmodique , comme la 
plupart des labiées ; les Indiens s'en servent pour 
assaisonner leurs mets ou pour parfumer leur 
Hnge. 
Nous ne décrirons pas les caractères du Coleus; 
celte plante appartient évidemment au genre 
Plectranthus, auquel R. Brown l’a réunie. W. PLec- 
TRANTHE. (L.) 

COLIADE , Colias. (ins.) Genre de Lépido- 
ptères, de la famille des Diurnes, tribu des Papil- 
lonides, ayant pour caractères : troisième article 
des palpes labiaux beaucoup moins long que les 
précédens ; antennes finissant en cône renversé ; 
six pates propres à la marche dans les deux sexes; 
cellule discoïdale des secondes ailes fermée ; ailes 
inférieures formant une gouttière qui embrasse 
le corps. 

Les chenilles sont cylindriques, sans tentacules 
rétractiles sur le cou; les chrysalides sont angu- 
leuses, terminées à chaque bout par une pointe 
conique; elles s’attachent par la queue, et en ou- 
tre par le milieu du corps. bas 

Ce genre est peu nombreux en espèces indigè- 
nes. La première que nous citons offre un’port 
d’ailes et des antennes tout-à-fait différentes des 
autres, el a pour celte raison été séparée généri- 
quement , ainsi que celles qui offrent les mêmes 
caractères, par plusieurs auteurs. 

C. cirrow, C. rhamni, Linn. Elle a deux pouces 
et demi d'envergure; ailes supérieures découpées 
en faux ; ailes inférieures arrondies, avec un petit 
prolongement au milieu du bord externe ; les an- 
tennes vont en grossissant insensiblement de la 
base à l'extrémité, où elles sont ironquées brus- 
quement; ailes d’un jaune verdâtre, antérieures 
ayant le disque plus jaune, avec un point aurore 
au milieu de chaque aile; en dessous, les ailes 
inférieures ont à la base un croissant rougeâtre ; 
le dessus des palpes et de la tête, les antennes sont 
lie-de-vin pâle ; le dessus du corps est noir, avec 
de grands poils blancs, et le dessous de l'abdomen 
jaunâtre ; la femelle ne diffère du mâle que par 
les couleurs des ailes, moins intenses. Des environs 
de Paris. Une espèce méridionale, la C. cleopatra, 
Linn., ne diffère que par la presque totalité du 
dessus des ailes antérieures qui est aurore. 

CG. sourre, C. hyala, L. , God. Hist. nat, des 


Lépid. d'Europe, de 20 lignes d’envergure ; ailes 
arrondies, couleur de soufre, avec le bord externe 
des antérieures largement lavé de noir en des- 
sus; plusieurs taches de jaune se remarquent 
au milieu de la partie noire; un point noir intense, 
aussi marqué au dessous, se trouve près du bord 
antérieur, sur la nervure qui clot la cellule dis- 
coïdale; les ailes inférieures sont un peu lavées 
de noir au bord externe ; en dessous, les ailes sont 
d’un jaune plus intense, avec des atomes gris-rou- 
geâtre, disposés en ligne, près du bord externe 
des deux ailes; au milieu des inférieures on remar- 
que un œil argenté, accompagné d’un point beau- 
coup plus petit; les antennes, les pattes, et la 
tranche de toutes les ailes, sont rosées. Cette es- 
pèce est commune partout. 

C. souci, C. edusa, Linn., God. Hlist. des Lépid. 
d'Europe, représentée dans notre Atlas, pl. 119, 
fig. 3, de 20 lignes d'envergure ; en dessous, elle se 
rapproche beaucoup de la précédente; en dessus, 
elle est d’un beau jaune de souci, avec le bord ex- 
terne des deux ailes largement bordé de noir peu 
intense; elle offre; comme la précédente, un point 
noir à l'extrémité de la cellule discoïdale des pre- 
mières ailes. Cette espèce est un peu moins com- 
mune que la précédente. 

On connaît encore plusieurs espèces de cegenre, 
sans parler des exotiques, mais qui toutes se rap- 
prochent de l’une des espèces que nous venons 
de citer. (A. P.) 

COLIBRI, Trochilus. (ois.) Le genre Trochilus, 
Linné, appartient à la famille des Passereaux ténui- 
rostres de Guvier; voici quels caractères on lui 
donne : bec plus long que la tête, droit ou re- 
courbé ; narines basales, recouvertes par des plu- 
mes avancées du front, placées dans une fossette 
latérale et séparées l’une de l’autre par une légère 
arête ; ailes étroites et très-allongées , établies sur 
le type le plus aigu; la première grande rémige 
est toujours plus longue que la deuxième, qui 
surpasse elle-même la troisième, et ainsi de suite ; 
rémiges secondaires très-courtes ; larses extrême- 
ment grêles, raccourcis, et emplumés souvent 
jusqu'aux talons; pieds impropres à la marche , à 
trois doigts devant et un derrière ; langue longue, 
extensible, divisée à son sommet en deux filets et 
supportée par deux branches de l’os hyoïde qui 
font l'office de ressort. 

Les Zrochilus ou Trochilidés forment, pour les 
ornithologistes modernes, une petite famille très- 
naturelle, et dans laquelle on ne peut établir qu’un 
seul genre; ces oiseaux sont ceux/que l’on con- 
naît vulgairement sous le nom de Golibris ou d'Oi- 
seaux-Mouches; ils sont tous remarquables par la 
petitesse de leur taille, l'éclat souvent métallique 
de leurs couleurs et la singularité de leurs habi- 
tudes : ils se nourrissent de petits insectes mous 
et du suc des fleurs qu’ils pompent dans les nec- 
taires au moyen de leur langue, On peut les ré- 
parlir en deux pelits groupes ou sous-genres dis- 
tincts, l’un des Trochilus proprement dits ou Vrais 
Couiris, le second des Oiseaux-Moucues, appelés 
en latin Orthorhynchus où Ornismya; quelques 


COLI 


oo 
262 


COLI 


RS 


personnes en ajoutent up troisième, qui est celui 
des /tamphodons. Ces trois sous-genres sont ordi- 
nairement confondus par les voyageurs et la plu- 
part des naturalistes, qui parlent indistinctement 
des Trochilidés sous les noms de Colibris et d’Oi- 
seaux-Mouches; nous ne nous occuperons mainte- 
nant que des espèces auxquelles on est convenu de 
réserver le nom: de CoziBns, Trochilus, L., Po- 
lytmus, Brisson. 

Les Vrais Corignis sont caractérisés par leur 
bec recourbé, ce qui les distingue des Oiseaux- 
Mouches et des Ramphodons, qui l'ont ordinaire - 
ment droit ; l’arête de ce bec est peu marquée; il en 
est de même de la scissure des narines, 

Quelques auteurs ont voulu faire des Colibris 
un vérilable genre; mais on doit convenir que les 
différences par lesquelles ces oiscaux s’éloignent 
des autres Trochilidés n’ont vraiment pas assez 
d'importance ; d’ailleurs le passage des uns aux 
autres se-fait d’une manière si peu sensible qu'il 
est cerlaines espèces à bec légèrement infléchi 
que l’on ne sait à quel groupe rapporter. 

De même que les Oiseaux-Mouches, les Golibris 
habitent l'Amérique; on les trouve également au 
Brésil , à la Guiane, dans la partie septentrionale 
du Paraguay et aux Antilles; mais ils semblent 
craindre encore plus le froid; jamais ils ne s’élè- 
vent comme eux sur les hautes montagnes, et ils 
ne quiltent point la zone torride pour aller s’aven- 
turer sous des latitudes refroidies, soit dans les 
Etats-Unis , soit dans la Nouvelle-Ecosse ou au 
Chili et en Patagonie; d’ailleurs, ils jont les mé- 
mes habitudes , et aussi la même richesse dans la 
distribution de leurs couleurs. « La nature, dit 
Buffon, en prodiguant tant de beautés à l’Oiseau- 
Mouche, n’a point oublié le Colibri, son voisin et 
son proche parent ; elle l’a produit dans le même 
climat et formé sur le même modèle. » Les Coli- 
bris vivent tantôt solitaires, tantôt , au contraire, 
réunis en grand nombre dans les lieux où se trou- 
vent des arbres en fleurs; alors, ils imitent par- 
faitement un essaim de guêpes bourdonnantes; ils 
se croisent en tous sens, se dirigent vers une 
fleur, la quittent bientôt pour en chercher une 
autre, se jettent à droite, à gauche, par saccades 
aussi vives que brusques, ou bien restent suspen- 
dus, immobiles, devant la corolle de quelque 
plante. Souvent il suflit, pour les effrayer, du 
moindre bruit, du plus petit dérangement ; d’au- 
tres fois, au contraire , ils viennent auprès des 


habitations , sans s'inquiéter des passans ; ils s’éta- 


blissent dans quelque arbre voisin, qu'ils veulent 
posséder à eux seuls, cherchant à en éloigner par 
leurs petites violences , les autres oiseaux qui 
viennent s’y reposer ; ils les attaquent avec achar- 
nement, et, quoique de beaucoup plus pelits , ils 
parviennent souvent à les mettre en fuite, Dans la 
campagne, ils volent au hasard et sans but arrêté; 
mais dans les forêts, il est bien rare qu'ils ne se 
dirigent pas vers un oranger ou quelque autre 
arbre fleuri, qui est pour eux comme une sorte 
de rendez-vous. 

Ces intéressans oiseaux sont très-ardens en 


amour ; ils poursuivent les femelles avec vivacité, 
en poussant de petits cris de colère; celles-ci fons 
par an deux pontes, et quelquefois davantage; elles 
ne produisent à chacune que deux œufs. lesquels 
sont blancs, et d’un volume porportionné à la 
taille de l'oiseau; ilen est qui ne sont pas plus 
gros qu'un pois ordinaire. Le petit couple prépare 
son nid quelques jours à l’avance, il le construit 
avec la bourre du coton ou la ouate d’un asclépiàs, 
entrelacés de brins d'herbe fins et déliés, le place 
sur la bifurcation de quelques rameaux, l'y fixe 
avec de la gomme et le recouvre ensuite de lichens. 
Les deux sexes partagent, dit-on, le soin de l’in- 
cubation, laquelle dure de treize à quinze jours, et 
lorsque leurs petits sont éclos ; ils les nourrissent 
avec des alimens déjà élaborés et digérés avant 
d'être dégorgés. Avec beaucoup de précautions, il 
est possible d'élever des Colibris en domesticité : 
de nombreuses tentatives couronnées de succès, 
soit dans les colonies , soit en Europe, à Paris eb 
à Londres, ne permettent point de doute à cet 
égard. 

On chasse ces oiseaux de la même manière que 
les Oiseaux-Mouches; comme on ne peut avoir 
recours à la glu, qui gâterait leur beau plumage, : 
ni au plomb qui les mutilerait , on se sert de grams 
de sable ou de pois lancés avec la sarbacane , ow 
bien on les inonde en leur lançant de l’eau avec 
une seringue; lorsqu'ils se laissent approcher, on 
les prend avec un filet, ou bien on leur tire un 
coup de fusil chargé seulement à poudre, ce qui 
réussit souvent à les faire tomber. Les anciens 
Péruviens recherchaient leurs plumes pour s’en 
fire des tableaux et des parures du plus grand 
éclat; les Européens les ont aussi employées pour 
des garnitures de robes, des sortes de dentelles, etc. 
Dans les temps d’ignorance et de superstition, on 
a cru devoir attribuer à ces oiseaux quelques pro- 
priétés particulières , et on les a conseillés pour la 
guérison des rhumatismes : Lémery, dans sa 
Pharmacopée, dit que les Colibris sont un véritable 
spécifique à opposer à celte maladie. 

Quelques auteurs ont cherché quelle pouvait 
être l’étymologie du nom donné aux oiseaux qui 
nous occupent; les uns pensent qu'il a été pris 
dans la langue des Caraïbes, mais il paraît plus 
probable , ainsi que d’autres l'ont fait remarquer, 
que c'est un nom dérivé du vieux français, et qui 
est une altération des deux mots Col brillant ; 
le colétant, en effet, une des parties les plus favo- 
risées sous le rapport de ia magnificence des 
couleurs, É 

Les Brésiliens nomment les Colibris, Guai- 
numbi. Marcgrave a adopté cette dénomination. 

M. Lesson, Traité, pag. 228, rapporte à deux 
races les espèces du sous-genre Trochilus. 

La première race comprend celles dont les rec- 
trices moyennes se terminent en brins étroits et pro- 
longés. Tels sont les | 

CoziBri ToPpAzE, Trochilus pella, qui est rou- 
geâtre, couleur de rubis, avec la gorge chatoyant! 


jen or. Il habite la Guiane. 


Couisri À 8RINS BLANCS , Troch. superciliosus, 


3.Combattant 


oliou 


EE Cuerm du 


HE 


2 


Colin. 


4 


en É  S 


COLI 


263 


CORI 


Vert doréen dessus, gris en dessous; un trait gris 
sous l’œil; queue brune, bordée de blanc; les 
deux rectrices moyennes terminées en brins droits 
ét allongés. Brésil. 


Corgnr TEnNE, T'roch. squalidus, pl. col. 120, 
est aussi du Brésil. 


Cozigat A VENTRE ROUSSATRE, 2 roch. brasiliensis, 
a reçu le nom du pays qu'il habite. Il est vert 
cuivré, avec le croupion et le dessus du corps 
d’un roux vif. 


La deuxième race renferme des espèces plus 
nombreuses, qui sont celles dont la queue est recti- 
digne , arrondie ou un peu fourchue. 


L 
Cozrgrr GRENAT, Z'roch. auratus, représenté 
dans notre Atlas, pl. 119, fig. 4. Bleu noir, avec 
la gorge couleur grenat. Guiane. 


© CoziBnt HAUSSE-COL DORÉ, Troch. aurulentus, a 
été trouvé à Porto-Rico; le mâle est vert-doré , 
avec la gorge dorée chatoyante, le ventre noir, et 
la queue pourprée bleue. 


Coxrgni À PLASTRON NOIR, vient de la Jamaïque; 
Cor. verT, de Porto-Rico ; CoL. A HAUSSE-COL VERT, 
de Saint-Domingue ; Cor. A PLASTRON BLEU, de 
Saint-Thomas ; Cor. aux preps VÊTUuS, du Brésil; 
ainsi que le Cor. siwpce et le Cor. À con roux, 
de Surinam. 


Voyez l'article Orseau-Moucne, pour le second 
et le troisième sous-genre du groupe des Trocur- 
LIDÉS. (GERv.) 


COLIMACON. (mozr.) Nom vulgaire des Hé- 
lices terrestres. Ÿ. Hézice. (Gun. ) 


COLIN, Colinus. (o1s.) Les Colins sont consi- 
dérés comme une petite section du genre Perdrix; 
ils ont le bec court et arrondi, les tarses sans 
éperons , et la queue très-courte. Ce sont des oi- 
seaux un peu plus grands que les cailles , dont ils 
ont d’ailleurs les mœurs, et qu'ils remplacent 
dans l'Amérique. 


: On en connaît plusieurs espèces décrites par 
par M. Temminck dans son Recueil de planches 
coloriées , et par M. Lesson dans sa Centurie 
zoologique ; nous citerons , comme type du genre, 
le Con Soxninr, Perdix Sonnini, Temm., pl. 75. 
Cette jolie espèce a la tête surmontée d’une huppe 
de couleur jaune, et une cravate d’un roux blan- 
châtre sur la gorge; le dessus de son corps est 
d'un fauve brunâtre ; le cou ainsi que le ventre 
sont agréablement maillés de cendré, de fauve, 
et de gouttes cendrées, bordées de noir. Le Colin 
Sonnini habite l'Amérique méridionale, 


Cozin DE La CaLiroRniE, C. californicus , Les- 
son, Centurie zoologique, p.188, pl. 60. De la 
taille de la caille ordinaire. 11 a le plumage gris 
brun , cendré en dessus; le ventre et les flancs 
maillés de noir et de bleu par lunules, une tache 
rousse sur J’abdomen , et les côtés du cou perlés. 
La femelle n’a point de buppe, sa livrée est à 
teinte plus terne. Le mâle est représenté dans 
notre Atlas, pl 120, fig. 1. ( GEnv. } 


COLIOU, Colius. (o1s,) Ce genre appartient 


à la famille des Conirostres fringillés, et prend 
place entre les Durbecs et les Phytotomes ; il ne 
comprend qu’un petit nombre d'espèces, toutes 
des contrées chaudes de l’ancien monde. Les ha- 
bitudes des Golious sont peu connues, on sait 
seulement que ce sont des oiseaux lourds, qui se 
nourrissent de graines et de fruits. Ils font leurs 
nids dans les buissons, et les rapprochent les uns 
des autres de telle sorte qu'ils’en trouve ordinai- 
rement plusieurs danslemême endroit. C’est aussi 
en société que ces oiseaux se livrent au sommeil, 
et on prétend qu'ils ont pour habitude de se tenir 
suspendus par les pieds, la tête étant alors en bas, 
Cette position fait aflluer le sang vers les organes 
cérébraux , et produit chez les Colious une sorte 
d’engourdissement. Les naturels des contrées que 
ces oiseaux habitent viennent souvent les saisie 
au moment de leur réveil ; 1l leur est facile de s’en 
procurer ainsi un grand nombre. 


Nous avons fait représenter dans notre Atlas, 
pl. 120, fig. 2, le Corrou pu Gap, C. leuconotus, 
Lath. Sa couleur est grise en dessus, jauvâtre en 
dessous , sa queue est deux fois plus longue que 
le corps. ( Genv. ) 

COLISA , Colisa. (porss.) Ces poissons habitent 
dansles étangs, les marais, les fossés des pays qu’ar- 
rose le Gange. Quoique très-agréables au goût , 
leur petitesse empêche qu'ils aient de l’impor- 
tance comme aliment. Tous ces poissons peuvent 
vivre à sec, comme les pharyngiens labyrinthi- 
formes. 


Les véritables Colisas ont , selon l’auteur du 
Règne animal, le corps oblong , élevé, comprimé 
verticalement , rude au toucher, opaque, agréa- 
blement varié en couleurs; leur têle est petite , 
ovale, couverte d’écailles jusque sous la gorge, 
leur bouche petite, protractile ; les denis man- 
quent ou sont très-petites ; les opercules couverts 
d’écailles ; la dorsale règne tout le long du dos, 
l’anale lui ressemble par sa structure ; les ventrales 
n’ont point de membranes, et consistent en un 
seul et unique rayon mou, long, cn filet, qui 
s'étend au moins jusqu'à la base de l’anale. Au 
Bengale, tous ces poissons portent le nom de 
Colisa. 

On compte un petit nombre d'espèces de Colisa, 
mais nous n’entrerons dans quelques détails que 
que pour les deux espèces qui offrent le plus d'in- 
térêt, 


Le Corsa vuzeaiRe, Colisa vulgaris, Cuv., 
Trichopodus colisa, Buch. Cette première espèce, 
ou le Colisa proprement dit, atteint quelquefois 
jusqu’à cinq pouces de long; sa caudale est en 
évantail, et s’arrondit en arrière; les dents des 
mâchoires sont très-petites, à peine peut-on voir 
sa langue; le filet de ses ventrales atteint jusqu’à 
la naissance de la caudale. Le dessus de ce pois- 
son est d’un beau vert, et le dessous blanc, quel- 
quefois jaunâtre; des bandes bronzées ou ardoi- 
sées descendent du dos sur les flancs ; la dorsale et 
Ja caudale sont tachetées de noir; l’anale est va- 
rite de. blanc, de vert et de noir, et bordée 


‘GOLL 


264 


COLL 


de rouge. On voit une tache noire sur l’oper- 
cule. 

Le Cozisa unicoror, Colisa unicolor , Cuv. Ce 
poisson, qui a été pris dans les étangs salés de Cal- 
cutta, est long d’un pouce et demi, et se fait re- 
marquer par une tête pointue, le ventre arrondi, 
la portion molle de la dorsale et de l’anale termi- 
née en pointe. Le fil de la ventrale dépasse beau- 
coup l’anale, et atteint au-delà du milieu de la 
caudale; sa couleur est verte, rembrunie un peu 
sur le doset bronzée sous le ventre. On ne voit 
aucune trace de bandes ou de points sur le corps 
ou sur les nageoires. (Azrn. G.) 

COLLE. ( cum. ) Cctte préparation, dont 
l'usage est très-répandu, a pour base la farine ou 
certains produits animaux. Celle qui provient de 
la farine, ou Colle proprement dite, s’altère facile- 
ment, s’aigrit dans un temps assez court , et il s’y 
développe alors des myriades d’infusoires. La Cozze- 
FORTE, Ou GÉLATINE , s'obtient en faisant bouillir 
dans l’eau , et pendant un certain temps, le tissu 
cellulaire, Ja peau, les tendons, les ligamens et 
les cartilages, en filtrant pour clarifier, et en lais- 
sant refroidir la dissolution concentrée qui se 
prend en masse et se dessèche à l'air. On l’obtient 
encore des os, en les dépouillant de leur phos- 
phate et de leur carbonate de chaux, à l’aide de 
l'acide hydrochlorique, ou à l’aide du digesteur de 
Papin. On sait que cette substance, qu’on trouve 
dans le commerce sous Ja forme de tablettes trans- 
parentes d’une couleur blonde ou brune, se gon- 
Île à l’eau, se fond au feu, et sert à joindre, à 
réunir des surfaces solides. La CoLce DE poisson 
cest composée de lambeaux agglutinés et tordus de 
la vessie natatoire des poissons, et entre autres de 
celle des esturgcons; elle s'emploie pour la cla- 
rificalion , pour des usages culinaires; plus solide, 
plus blanche que la Colle-forte, et surtout inodore, 
on Ja préfère à celle-ci dansles ouvrages de prix. 

(EG) 

COLLECTIONS. (2001. BoT. mx.) Pour rendre 
plus facile l'étude des êtres que produit la nature, 
il est nécessaire de les comparer entre eux. Mais 
on n'arrive à ce but qu'en les réunissant, en les 
préparant de manière à les conserver le plus long- 
temps possible, et en les classant d’après les carac- 
tères qui les distinguent. C’est à ces réunions qu’on 
a donné le nom de Collections. S'il est facile de 
concevoir leur immense utilité, il est toujours 
difficile , dispendieux de les former. Aussi, n’est- 
ce guère que dans les vastes établissemens créés 
par les gouvernemens, qu’on parvient à obtenir , 
à cet égard, d’imporlans résultats. La France 
peut offrir à l’admiration du monde les Collec- 
tions de son Muséum d’histore naturelle, et de- 
meure encore, sous ce rapport, au premier rang 
des nations. Quelques savans en possèdent aussi de 
fort belles ; mais les plus remarquables sont pres- 
que toujours celles qui se bornent à une spécialité, 
Les soins que demande chacune des Collections 
nécessaires à l’étude des diverses branches de Ja 
science, seront mieux indiqués aux différens mots 
qui s’y rapportent. Nous renvoyons donc aux ar- 


ticles Hernier, ENToMoLocie, Taxidermie , Pré- 
PARATIONS CONSERVATRICES, etc., tout ce qui 1est 
relatif aux moyens de conservalion, de classifica- 
tion, etc. Les Collections minéralogiques, faciles à 
conserver , ne demandent, n’exigent que peu de 
précautions ;”il n’en est pas de même des autres, 
qui se détériorent, se dégradent assez rapidement 
si on ne les entoure de beaucoup de moyens pré- 
servatcurs. (P. G.) 


COLLEMA. (or. cryrr. ) Genre fondé par 
Hoffmann, adopté par tous les botanistes,. et 
un des mieux caractérisés de la grande famille des 
Lichens. Sa fronde. qui rappelle celle des Nos- 
tochs, des Trémelles, dans laquelle M. Bory de 
Saint-Vincent a reconnu la même organisalion que 
dans certaines Chaodinées, est gélatineuse à l’état 
humide ; homogène, sèche et cassante, après la 
dessiccation ; de figure extrêmement variable ; ses 
apothécies sont sessiles ou pédicellées , leur for- 
me est scutellaire. 


Des soixante - quatre espèces de Colléma dé- 
crites par Acharius, on a fait les sept sous-genres 
suivans : 

1° Placinthium. Fronde en forme de croûte 
adhérente, à contour irrégulier. Le €Collema ni- 
grum, très-commun sur.les rochers calcaires, 
appartient à ce premier sous-genre. 

2° Enchilium. Section nombreuse , dans laquelle 
la fronde est presque orbiculaire, formée de pe- 
titslobes pressés et imbriqués, se gonflant par l’hu- 
midité, et dont nous cilerons, comme espèces, 
les Collema crispum, melæoum, fasciculare, etc. 

3° Scyticum. Fronde presque foliacée , irrégu- 
lière, à lobes distincts, nus, dilatés, épais et 
renflés ; exemples : le Collema palmatum. 

4° Mallotium. Fronde foliacée , à lobes arron- 
dis, velus et hérissés en dessous. La plus com- 
mune des espèces de ce sous-genre est le Collema 
saturnicum, qui croît sur les troncs d’arbres et sur 
les pierres. 

5° Zathagrium. Fronde foliacée , à lobes pres- 
que membraneux, Jâches, nus, de couleur verte 
foncée. Comme espèces , nous citerons les Col- 
lema nigrescens et Collema fulvum , que l’on trouve 
principalement sur le peuplier d'Italie. 

6° Leptogium. Fronde foliacée, à lobes mem- 
braneux, minces, arrondis, nus, presque trans- 

arens, de couleur glauque; apothécies un peu 
pédicellées. La seule espèce indigène (toutes les 
autres sont exotiques et croissent dans les pays 
chauds), le Collema lacerum, est très-commune 
armi les grandes mousses. 

7° Polychidium. Fronde très-mince , finement 
découpée ou en filamens cylindriques. Dans ce 
sous-genre on ne connaît encore que le Collema 
muscicola ct le Collema velutinum. 5.) 

COLLERETTE. (8or. PHan.) On donne souvent 
ce nom aux folioles qui accompagnent l’ombelle 
des plantes de la famille des Ombellifères. Voyez 
Invozucre et INVOLUCELLE. (L.) 

COLLET , Collum. (moT.) Partie du végétal 
qui unit la tige à la racine; c'est le point inter- 

médiaire 


RER 


COLL 


265: 


COLL: 


EEE 


médiaire entre ces organes: d’un côté. montent 
les fibres aériennes, de l’autre descendent les 
fibres souterraines. Le Collet n’est point lui-même 
un organe ; décrire sa structure, ou y voir le 
siége de la vie de la plante, c'est le confondre 
avec la partie supérieure de la racine , ou avec ce 
qu'on appelle la Soucne dans les arbres. Voy. 
ce mot et celui de Racine. (L.) 

COLLÈTE, Colletes. (1xs.) Genre d'Hyméno- 
ptères de la famille des Mellifères , tribu des An- 
drénètes.. Ce genre a été établi aux dépens des 
Andrènes de Fabricius par Latreille qui lui donne 
pour caractères: languette courte, trifide, divi- 
sion intermédiaire bilobée, ailes à trois cellules 
cubitales complètes, dont les deux dernières reçoi. 
vent une nervure récurrente. 

Les Collètes sont des insectes de taille médio- 
cre, peu remarquables par leurs couleurs, mais 
dont les mœurs méritent d’être connues. Les femel- 
les creusent en terre , pour loger leurs petits, un 
trou cylindrique qu’elles enduisent d’une sub- 
stance gommeuse , dont elles sont abondamment 
pourvues, analogue à celle que les limacons lais - 
sent sur leurs traces ; dans ce cylindre elles con- 
struisent des nids en forme de dé à coudre, formés 
d’une substance très-finé, soyeuse, et que l’on croit 
analogue à celle qui tapisse les parois du trou où 
ils sont construits ; ces dés s’emboîtent parfaite- 
ment l’un dans l’autre, mais ne sont liés ensemble 
par aucune autre loge commune; quelque mince 


.que soit la substance de ces nids, ils résistent as- 


sez sans se déformer; la femelle remplit chacun 
d’eux d’une espèce de cire brute, et y dépose un 
œuf ; la larve éclose trouve aussitôt sa nourriture 
prête, mais elle met une certaine réflexion dans 
la dépense qu’elle en fait; elle attaque d’abord le 
centre et parvient à y creuser une petite loge où 
elle se tient, de cette facon la portion de nourri - 
ture qui reste contribue d’autant à la solidité du 
nid ; quand la larve a terminé sa provision, elle est 
arrivée à tout son accroissement, 

C. czurneux, C. succincta, Linn. Petit , noir , 
avec des poils blanchâtres , et une bande de du- 
vet blanc au bord postérieur de chacun des an- 
neaux de l’abdomen. (A. P.) 

COLLIURE, Colliuris. (ixs.) Genre de Co- 
léoptères de la section des Pentamères, famille des 
Carnassiers, tribu des Cicindélètes, établi parLa- 
treille et ayant pour caractères : des ailes; dernier 
article des palpes sécuriforme; antennes plus 
grosses à l'extrémité; pénultième article des tar- 
ses lobé imtérieurement ; ces insectes ont une 
forme toute particulière; la tête est large, les yeux 
très-saillans ; les antennes sont insérées près des 
angles du labre , guère plus longues que la tête, 
renflées en massue oblongue à compter du sixième 
article ; le corselet est très-étroit, surtout an- 
térieurement, cylindrique , rebordé en avant 
et en arrière; l'abdomen est aussi cylindrique, 
fois aussi plus large postérieurement ; et deux 
un peu large que le corselet à sa jonction avec 
Jui. 

» CG. A conNes Éraisses , C, crassicornis , Dejean. 


Towg IL 


114° Livraison. 


Longue de 7 à 8 lignes, violette métallique avec de 
gros points enfoncés sur toute la surface desély- 
tres ; les fémurs seuls sont rouges fauves. De Co- 
chinchine. - 

C. moneste , C. modesta, Dej. Elle est un pen 
plus petite, avec la tête et le corselet violets, et 
les élytres d’un vert bleu. On en a une bonne fi- 
gure dans l'Iconographie du règne animal, insect., 
pl. 3, fig. ». test Bs) J 

COLLINSONIE, Collinsonia. (Ror. ruax.) Se- 
lon Nuttall, le genre Collinsonie renferme sept es- 
pèces , toutes indigènes au sol de l'Amérique sep- 
tentrionale, et chacune d'elles est confinée dans 
des localités fort limitées. Toutes sont sous-frutes- 
centes, La plus commune a été appelée par Linné 
CoLLiNsoniE pu Ganana, C. canadensis, quoi-- 
qu’elle abonde davantage dans les bois , les terrains 
fertiles et parmi les rochers des états de la Pensyl- 
vanie, de New-York et de New-Jersey, que dans 
les parties méridionales du Canada. C’est une 
plante à Liges droites, presque simples , qui mon- 
tent assez souvent à un mètre; elles sont garnies 
de feuilles larges, ovales, dentées, glabres et op- 
posées , les inférieures portées sur de longs pélio- 
les, les supérieures subsessiles. Les fleurs, d’un 
jaune foncé, se réunissent en panicule lâche ct 
terminale ; elles sont nombreuses et donnent nais- 
sance à une graine parfaitement ronde, brune. 
Cette espèce sert à varier et même à décorer les 
parterres ; on la voit prospérer promptement dans 
nos cultures de pleine terre quand on la place dans 
un sol franc, un peu frais, abrité et ayant du 
fond ; elle résiste à nos hivers ordinaires. On la 
multiplie de semences et par la division de ses ra- 
cines. Celles-ci sont recherchées en médecine 
contre les maladies des voies urinaires ; on les râpe 
et on les met à infuser pour cet effet dans de l’eau- 
de-vie de genièvre ou bien on les donne en extrait. 
Les racines sèches, quoique entières, sont sans va- 
leur aucune. 

Les autres espèces de ce genre de la famille des 
Labiées et de la Diandrie monogynie, qui méri- 
tent quelque attention, sont la CoLLINSONIE ANISÉE, 
C. anisata, et la CoLLINSONIE À TIGE RUDE , C. sca- 
bra; elles habitent les états du sud de l'Amérique 
du nord, se rapprochent beaucoup de la première 
espèce, et réunissent les mêmes propriétés; elles 
demandent chez nous l’orangerie. On emploie les 
feuilles et les tiges fraîches de ces plantes en ap- 
plications pour les meurtrissures et les douleurs ar- 
thritiques. Leurs étamines jouissent d’une grande 
irritabilité à l’époque de la fécondation. 

(T. ». B.) 

COLLYRION. (un.) On croit que sous ce nom 
les anciens désignaient une substance que les mo- 
dernes appellent argile plastique. Théophraste et 
Dioscoride Jui donnent en effet pour caractères d’é- 
tre molle, friable, douce au toucher, de happer 
à Ja langue et d’être d’un gris cendré, caractères 
qui, à la vérité, conviendraient assez à la Cymolithe. 
Elle se recueillait dans l’île de Samos, aujourd'hui 
Sousam-Adassi, où l’on trouvait une autre argile 
blanche, granuleuse, ayant un peu la consis- 


64 


oo MN 


COLO' 


266: 


COLO: 


tance du grès, et qué l’on croit avoir quelque 
rapport avec le Kaolin, mais qui pourrait bien 
être aussi le sulfate d’alumine, appelée Webstérie. 
(J. H.) 

COLLYRITE. (in.) Cette substance paraît de. 
voir son nom, dérivé du grec, à son apparence 
gélatineuse. Elle ressemble, en effet, à de lagomme; 
elle est d’un éclat nacré ou opalin; elle est plus 
ou moins translucide ; sa cassure est conchoïde et 
sa dureté si faible, qu’elle se laisse facilement 
rayer par l’ongle. Dans les acides elle est soluble 
en gelée; à la flamme du chalumeau, elle est infu- 
sible; à la calcination, elle fournit de l’eau : et en 
effet, elle en donne 4o pour cent de son poids à 
F'analyse ; le reste se compose d'environ 45 pour 
cent d’alumine et de 14 de silice. C’est un sihicate 
d’alumine hydratée. On la trouve en petits filons 
dans des roches anciennes , en Hongrie et dans les 


Pyrénées. PE ER A) 
COLOBE, Colobus. (mam.) On doit à M. Geof- 


froy la distinction de ce genre.de singes qui prend 
place parmi ceux de l’ancien continent, et se re- 
connaît à son museau court, sa face nue, ses 
mains antérieures dépourvues de pouce, et sa 
queue très-longue, floconneuse à son extrémité 
seulement. L’angle facial est de 4o à 45 degrés. 
Deux espèces composent le genre Golobe , ce sont 
le Coroge À camaiz, Col. polycomos, Geoff., que 
Buffon nommait Guenon à camail., et le CoLoge 
DE Temminck, Col, Temminckit, Khull; le premier 
habite la Guinée et une partie de la côte occiden- 
tale d'Afrique; la patrie du second est inconnue. 
(GERv.) 

COLOCASIE, Colocasia. (nor. PHan.) Espèce 
du genre Gougt (voy. ce mot), dont ia racine ar- 
rondie, blanche, charnue, alimentaire , est esti- 
mée en Asie, en Afrique et en Amérique une des 
meilleures et des plus farineuses que l’on puisse 
employer dans les cuisines. Les anciens Égyptiens 
en cultivaient beaucoup; elle était pour eux une 
branche considérable de commerce. Dans l'Inde 
et à la Chine, elle fait labase de la subsistance du 
peuple, on y mange également ses feuilles radi- 
cales cuites et crues. 

Cetteracineest âcreétant cruezelle devient douce 
à la cuisson, etcommeelle est fade, on la sert or- 
dinairement avec des viandes salées. Elle réussit 
parfaitement dans les lieux humides , où du moins 
susceptibles d’être arrosés, ainsi que sur le bord 
des eaux courantes ; mais elle est très-sensible aax 
gelées ; cependant elle réussit dans le départe- 
ment du Var. Celles que l’on cultive le long des 
cressonnières auprès de Toulon , sont aussi belles 
que les racines vendues journellement encore sur 
les marchés d'Alexandrie et du Kaïre, Ea plante 
+ monte à plus d’un mètre, ses feuilles ont jus - 
qu'à soixante-cinq centimètres de long sur qua- 
rante-huit de large. Les touffes s’élargissent cha- 
que année par les tubérosités qui poussent en 
tous sens, La culture de la Colocasie est facile ; 
elle se multiplie très-aisément, mais il faut au 
moins deux années de plantation pour pouvoiren 


obtenir de grosses racines: les articulations in- 
diquent leur âge. 
A Hyÿèrés et dans plusieurs jardins situés sar 


| nos côtes de la Méditerranée:, on la cultive comme 
plante d'ornement à cause de la beauté de sem 


feuillage, qui est d’un beau vert. (T.n. B.) « 

COLOMBE, Columba. (ors.) Les oiseaux que 
Linné comprenait dans son genre Columba , 
forment un groupe fort naturel, que les ornitho- 
logistes ont successivement placé parmi les Galli- 
nacés et les Passereaux, entre lesquels il parais- 
sent établir le passage ; Cavier en fait une famille 
de ses Gallinacés, à laquelle on a donné depuis 
le nom de Passeripèdes. M. Temminck les a rangés 
dans un ordre particulier, et M. Lesson , Traité 
d’ornithologie, les considère comme formant un 
sous-ordre des Passereaux, qu'il appelle Passeri- 
galle. Les Colombes , que l’on a nommées aussi 
Colombidées, ne forment réellement qu’un seul 
genre , lequel se trouve très-bien subdivisé dans 
les trois sections des COLOMBES PROPREMENT DI- 
Tes, des Cozumet-caALLiNEs et des CozLuuears , 
proposées par Levaillant et admises par Guvier ; 
M. Swainson y ajoute les Prnmorss et les P£- 
RISTÈRES. (Genv.) 

COLOMBELLE , Columbella. (mors. ) Coquilles 
marines , univalves ; de taille généralement assez 
pelite, classées par Linné parmi les Volutes , et 
dont Lamarck a fait un genre particulier pour 
dix-huit espèces, au nombre desquelles se troa- 
vent des mitreset de simples variétés qui, rentrées 
à leur véritable place, réduisent à onze les espèces 
mentionnées par ce professeur. Les Mollusques 
qui habitent ces coquilles sont des Trachélipodes 
classés à tort dans la famille des Columellaires, 
puisqu'ils ont les plus grands rapports avec les 
animaux des Pourpres et des Buccins qui sont des 
Purparifères. 

Lamarck a donné en outre pour caractères aux 
Colombelles des plis à lacolumelle qu'ellesn’ont ja- 
mais; c’est unc des erreursgraves qu'ait pu commet- 
tresce grand maître, mais il n’y voyait plusàl’époque 
où ilfit cetravail, et sous cerapportil est très-excu- 
sable. M: de Blainville l’est moins puisqu'il a de 
fort. bons yeux; pourtant, nous voyons dans son 
Traité de Malacologie qu'il confirme cette erreur 
et qu'il jette de la confusion dans les divers cabi- 
nets des naturalistes et des simples amateurs, 

Rétablissant les caractères principaux du genre 
dans notre Mémoire à l'académie des sciences en 
1832, nous avons dit qu'ils ne se composent que 
des deux suivans: bord droit, portant un renfle- 
ment plus où moins saillant à l’intérieur, rétrécis- 
sant l'ouverture et lui donnant un peu la forme 
d’une 8 ; columelle ornée de quelques petits tn- 
bercules à sa base et portant un sillon canali- 
forme persistant jusqu’au haut de la spire dans la 
plupart des espèces. Ensuite, divisant ce genre, qui 
est composé aujourd’hui de cinquante espèces, en 
quatre groupes, nous ajoutons à chacun d'eax 
les caractères spéciaux suivans, Nous appelons 
Colombelles unies les espèces qui composent le pre- 
nier groupe; on les reconnait par l’état lisse de 


: 


(COLO 


COLO 


leur dernier tour, sauf Ja base qui a quelques | 
stries, Le second comprend toutes celles qui sont | 
chargées de stries plus ou moins marquées sur | 
toute leur superficie. Nous les nommons Colom- | 
belles striées. Le troisième, riche en espèces nou- | 
velles et font rares, offre toutes celles qui sont 
ornées.de côtes à la manière des harpes , ce sont | 
nos Colombelles costellées. Viennent ensuite toutes | 
les espèces qui présentent une spire fort longue et | 
aiguë comme certaines mitres et certains fuseaux; 


nous les avons nommées Colombelles élancees. 
Par cette classification nouvelle et simple, quenous 
avons proposée en 1823 pour tous les genres , ül 
est presque impossible de commettre d'erreurs, et 
chaque espèce vient prendre, avec le moindre 
soin, la place que la nature semble lui avoir assi- 
gnée. Nous démontrerons ce fait sous peu par la 
publication de la Monographie que nous avons 
faite de ce genre intéresant , et dont les dessins , 
depuis long-temps terminés , sont entre les mains 
des graveurs. (Ducr.) 

COLOMBIE. (céocr. Pays.) République qui 
occupait toute la partie septentrionale de l'Amé- 
rique du sud, et qui vient de se diviser en trois 
états indépendans. Elle avait pour confins, au 
nord, la mer des Antilles et l'océan Atlantique ; 
à l'est, la Guiane anglaise ; au sud, l'empire du 
Brésil etle Pérou ; à l’ouest, le grand Océan et 

’état de Gosta-Rica, situé au-delà de l’isthme de 
Panama. 

Ses limites , dans la partie du sud-est, semblent 
avoir ététtracées d’après la ligne de partage des 
caux, entre les bassins de l’Orénoque et de l’Ama- 
zone, par le faîte des monts Pacaraïima; au delà , 
vers l’ouest , elles coupent le Rio-Negro au dessous 
du point où il recoit cette branche de l’Orénoque 
connue sous le nom .de Cassiquaire, qui, par un 
phénomène si rare de bifurcation démontré réel 
par M. de Humboldt, établit une jonction entre 
deux des plus grands fleuves de l'Amérique. Plus 
loin, la Golombie embrasse , à la rive gauche de 
V'Amazone, cette immense région de plaines arro- 
sée par Jes aflluens supérieurs de ce fleuve. Au 
pied oriental de la Cordillière, les limites de la Co- 
lobie et du Pérou sont situées près de Jaen , et 
se prolongent au nord en coupant le faîte de la 
chaîne jusqu’au golfe de Guayaquil. 

Envisagée très en grand, cette immense contrée 
peut être divisée en quatre régions physiques bien 
distinctes. La première, qui forme aujourd’hui la 
république de l'Equateur, comprend les départe- 
mens de Guayaqui , de l'Assuay et de V'£qua- 
teur, situés dans la région la plus élevée des Andes 
colombiennes , depuis le Pérou jusqu'au plateau 
d’Almaguer ; la deuxième réunit les contrées 
hbaignées par la mer des Antilles, et les bassins 
des fleuves qui y versent leurs eaux; c’est la ré- 
publique de la Vouvelle-Grenade et une partie de 
celle de Venezuela jusqu’au-cap de Paria. La troi- 
sième comprend toute cette immense région de 
‘plaine qui , sous le nom de Llanos, s'étend de 
l'embouchure de l'Orénoque à l’Amazone , sillon- 
née par une multitude de rivières descendant 


du versant oriental. des Andes, :et portant leurs eaux 
à l’un ou à l’autre de ces fleuves. La quatrième , 
enfin , serait la Guiane espagnole , région mon- 
tuense , espèce d’île enveloppée de toutes parts 
par le cours des deux fleuves, etles grandes plai- 
nes dont nous venons de parler. 

Les bornes de cet ouvrage ne nous permettent 
que d’énumérer rapidement les faits les plas re- 
marquables de géographie naturelle qui signalent 
ces quatre régions. 

La région de l’Equateur est groupée autour du 
plateau colombien, qui comprend toutes Les plus 
hautes vallées de la Colombie. Son élévation 
moyenne est de 800 à 1000 toises ; sur cette 
énorme base, région laplus habitée de l’Équateur, 
s’élèvent , en deux rangées parallèles, les cimes 
majestueuses des Andes. Les nœuds de Loxa à 
l’Assuay, du Chisinche et de Pasto les réunissent, 
et forment l’enceinte de bassins profonds. Tel est 
le bassin de Guença, au dessus duquel s’élève le 
Paramo de l’Assuay, dont les terribles tourmentes 
font périr tous les ans des voyageurs ; la vallée de 
Riobamba, dominée par le célèbre Chimborazo 
(3350 toises} dont le dôme majestueux dépasse 
toutes les montagnes de la Colombie, et main- 
tient sa prééminence , récemment contestée, sur les 
plus hautes montagnes du Nouveau-Monde. 

Plus au nord , la vallée de Quito, ville capitale, 
a 1480 toises d’élévation, et est par conséquent 
plus haute que le sommet du Canigou dans les 
Pyrénées. Cette vallée , célèbre par ses beautés 
naturelles et son antique civilisation , est cou- 
ronnée par les sommets majestueux du volcan 
de Pichinca, du Cayambe et de lAntisana, le 
plus haut des volcans du globe ( 2992 toises ), 
et enfin du Gotopaxi, si redouté par les habitans 
de l’ancien royaume de Quito, et dont la forme 
est la plus belle et la plus régulière de toutes 
celles que présentent les cimes colossales des Elau- 
tes-Andes. 

Dans la région de la Nouvelle-Grenade et du 
Venezuela, à partir du nœud d’Almaguer ou de 
Popayan, les Andes se divisent en trois chaînes, 
embrassant à l’est la vallée de ‘Cundinamarca et 
le cours de la Magdalena, et à l’ouest la vallée 
du Cauca. Ces deux fleuves, la Magdalena et le 
Cauca, en se dirigeant vers le nord ou dans le sens 
des Cordillières, annoncent, suivant une obser- 
vation générale, que ces montagnes vent s’a- 
baisser, et que les Cordillières de l'Amérique 
du sud se terminent réellement à la mer des 
Antilles. La chaîne orientale, ou de la Suma- 
paz, que les cartes réunissent, à l’aide des par- 
tages d’eau, à la Cordillière de Venezuela, ren- 
ferme quelques sommets à neiges, nevados, qui 
atteignent 2500 à 3000 toises ; aux environs de 
Mérida. La chaîne centrale, on de Quindiu, court 
droit au nord, en se mainterant à une grande 
hauteur jusqu'aux environs de Medellin, tandis 
que la chaîne occidentale ou du Ghoco s’abaisse 
rapidement, et disparaît même complétement 
dans les plaines quiprécèdent l’isthme de Panama; 
c’est cependant le petit chaînon dont on sc sert 


COLO 


-268 


COLO 


pour opérer la continuité des Andes. S'il est péu 
remarquable, sous le rapport géographique ; il est 
d’une grande importance par sa richesse minérale; 
le Choco verse annuellement dans le commerce 
13000 marcs d’or, et une grande quantité de pla- 
line. 

Les montagnes se relèvent un peu dans le dé- 
partement de l’Isthme. Cependant, au point cul- 
minant du chemin de fer projeté entre Panama et 
Porto-Bello, le mont Maria-Henriquès n’atteint 
que 98 toises. 

Dans la vallée de Cauca , près du nœud de jonc- 
tion ou de partage des trois chaînes, s'élèvent les 
volcans de Purace et de Sotara, au dessus de 


la ville de Popayan. Du Purace, descend en cas-- 


cades élevées, un cours d’eau acide que les Espa- 
gnols nomment io-vinagre. 

Dans le département de Cundinamarca , dont 
Bogota est la capitale , on remarque les ponts na- 
turels d’/cononzo , sur lesquels on traverse le tor- 
rent de la Sumapaz; la magnifique cascade du 
Tequendama; les riches mines d’émeraudes de 
Muzo, et Mariquita, célèbre par ses mines d’or et 
d'argent. 

Le lac circulaire de Maracaybo , dont la forme 
semble résulter d’un immense affaissement du 
sol (il a près de 40 lieues de diamètre}, dessine 
un des traits les plus remarquables de l’hydrogra- 
phie de cette contrée. 

A l’orient du lac Maracaybo, la Cordillière de 
Venezuela, dirigée exactement de l’est à l’ouest , 
se rapproche de la mer des Antilles, de manière 
à ne laisser que quelques lieues de largeur au ver- 
sant septentrional de la Colombie. 

La région des Llanos s'étend du delta de l'Oré- 
noque jusqu'au bord de Amazone, s'appuyant, 
sur une longueur de plus de 700 lieues, sur le 


pied des chaînes littorales du Venezuela et de la | 


Cordillière orientale. Gelte immense plaine doit se 
diviser en deux parties, l’une embrassant tous les 
affluens de l’Orénoque jusqu’au Guaviare, l’autre 

- les aflluens supérieurs de la rive gauche de l’A- 
mazone; une chaîne de collines qui se détache des 
Andes, et se dirige à l’est, vers la bifurcation de 
l’Orénoque , dans la direction exacte de la chaîne 
des monts Pacaraïma , en forme la séparation na- 
turelle. 

Ees Llanos,du Guavriare à l'Orénoque, diffèrent 
de ceux du bassin de l'Amazone, par la rareté de 
la végétation arborescente, que l’on ne rencontre 
que le long des fleuves, et parles innombrables gra- 
minées qui couvrent la surface du sol. 

C’est dans les vastes solitudes de cette partie 
de la Colombie qu’on a placé et cherché si long- 
temps le fabuleux Æ{dorado. 

Le sol de cette immense région doit être, en 
général, fertile, et surtout au voisinage des 

fleuves, comme celni de toutes les plaines allu- 
viales. Cependant, d'après le peu de renseigne- 
mens que l’on possède, des formations secondaires, 
des grès rouges et des buttes granitiques en occu- 
peraient une partie et ÿ porteraient la stérilité. Sija- 
mais les peuplades misérables qui errent dans ces 


déserts étaient remplacées par des peuples civili- 
sés, ces derniers trouveraient, dans Ja multitude 
des rivières navigables, dans la communication 
facile de l'Orénoque et de l’'Amazone, de grands 
élémens de prospérité. BLUE 
La quatrième région, ou la Guiane espagnole . 
cest à peu près limitée par le cours de l’Orénoque 
etle faîte des monts Pacaraïima. Sa surface est 
presque entièrement occupée par un système de 
montagnes peu élevées , qu’on désigne sous le nom 
desystémede la Parime. Autant qu'on en peut ju- 
ger d'après l’état imparfait de la géographie de 
celte contrée, ce n’est qu’un agroupement irrégu- 
lier de montagnes primordiales  (granitiques et 
schisteuses) séparées par des plaines, des savanes 
et d'immenses forêts. Un des points culminans des 
monts de la Parime , est le mont Duida , haut de 
1300 toises, Il est important d’obsérver, sous les 
rapports géognostique et géographique, que la lon- 
gue chaîne des monts Pacaraïma , limite méridio- 
pale de la Colombie, se trouve dans une même 
direclion , à peu près est et ouest, avec le cap 
d’Orange', près de Cayenne, et, du côté du cou- 
chant, avec la ligne de partage de l’Orénoque et de 
l'Amazone, les hauteurs qui séparent le Guaviare 
du Rio- Negro, et enfin le nœud des Cordillières , 
que nous avons désigné sous le nom de nœud de 
Popayan et d’Almaguer, grande direction de sou- 
lèvement parallèle à la chaîne de Venezuela, 
et à la dépression où s’est établi le cours de 
l'Amazone, sur une étendue de près de 30 degrés. 
(B). 
COLOMBIER. (o1s.) C’est le lieu pi lequel 
on tient les pigeons. (GErv.) 
COLOMBIN (ors.) , appelé aussi PETIT RAMIER, 
Columba œnas, est une des quatre espèces de pi- 
geons sauvages qui se trouvent en Europe. Get oi- 
seau est un peu plus pelit que le Ramier ; il est 
d’un gris d’ardoise changeant en vineux sur la poi- 
trine et en vert sur les côtés du cou. (GErv.) 
COLOMBINE. (ors.) On nomme Colombine la 
fiente des Pigeons , et quelquefois aussi par exten- 
sion celle des autres oiseaux domestiques. La Co- 
lombine est un engrais précieux que l’on ne doit 
jamais négliger. (GERv.) 
COLOMBI-TURTURES, COLOMBALES , CO- 
LOMBES-VRAIES, etc. (ors.) Noms de divers 
pelits groupes établis par les auteurs modernes 
dans le genre Columba, L. (Gerv.) 
COLOMNÉE , Columnea. (8oT. PxAN.) Genre de 
la famille des Gessnériées de Richard et dela Didy- 
namie angiospermie de Linné Caractères : calice à 
cinq divisions profondes et un peu inégales; co- 
rolle monopétale, irrégulière, bilabiée, ayant un 
tube bossu sur l’un des côtés de la base; lèvre su- 
périeure en voûte à 2 ou 4 lobes (dans ce dernier 
cas l’inférieure formée d’un seul lobe étroit ; dans 
le premier , l’inférieure à 3 divisions) ; étamines à 
anthères rapprochées et comme agglomérées ; 
ovaire libre et accompagné à la base d’un disque 


hypogyne latéral en forme d’écusson ; long style . 


terminé par un stigmale simple et concave ; fruit 
en capsule, à parois un peu charnues, enveloppé 


-dans ses replis. (7oy. Intestin.) 


:COLO 


269 


COLO 


dans un calice persistant, à une seule loge cente- 
nant un grand nombre de graines attachées à deux 
trophospermes pariétaux saillans, et rapprochés 
vers le milieu de la loge, de manière à représenter 
dh fruit biloculaire. Ce genre se compose de plantes 
herbacées, à feuilles opposées, à tige grimpante 
ou étalée; à fleurs grandes et généralement soli- 
taires à l’aisselle des feuilles. (G. £.) 

COLON. (anar.) Portion du gros inteslin 
€tendue depuis le cæcum jusqu’au rectum. On 
fait venir ce mot de y , j'arrête, parce que cet 
intestin retient long-temps les matières stercorales 
(M.:S. A.) 

COLONIES AGRICOLES. (acr.) L'institution 
des Colonies agricoles est une idée philanthropique; 
lle a pour double but : 1° de fournir une existence 
morale aux pauvres, aux hommes égarés par les 
vices de la société, et reconnus susceptibles de 
rentrer dans l’ordre; et 2° de répandre la fécondité 
sur leur sol demeuré sans produire ou que des cir- 
constances géologiques ont destiné à porter la 
triste livrée des déserts. Gette noble pensée appar- 
dient au dix-huitième siècle." Si elle eût pu germer 
dans le cœur du vertueux évêque de Chiapa , té- 
moin des scènes épouvantables de l'Espagnol 
vainqueur sanguinaire , à l'égard des Américains 
vaincus , il eût mieux encore plaidé la sainte cause 
de l'humanité, et, au lieu de l’affreux projet de 
fertiliser le continent retrouvé par le génie de 
Colomb, avec des Africains arrachés à leur patrie, 
condamnés au plus horrible esclavage , et traités 
comme de misérables bêtes de somme, il eût 
imaginé de coloniser les indigènes et d'employer 
leurs bras , leurs habitudes , au profit du premier, 
du plus noble, du plus utile des arts. 

Nous avons en France, chez les Belges et dans 
le Holstein , plusieurs exemples notables de l’uti- 
lité des Colonies agricoles. Çelui qui en fait partie, 
loin de plier sous un joug humiliant, loin d'y 
trouver les horreurs du désespoir que sollicitent, 
qu’entreliennent les Colonies d’outre-mer, y sent 


-naître au fond de son cœur le sentiment si cher 


de la patrie, le besoin des devoirs de l'époux, du 
père, du bon fils, et cette habitude d'indépendance 


“que donnent le travail, la dignité d'homme, le 


bon emploi du temps, le titre de citoyen. 

La plus ancienne Colonie agricole française 
date de 1750; elle fut fondée au Ban de la Ro- 
che, département des Vosges, par Stouber, et 
poussée au plus haut point de perfection par 
Oberlin. Par les eflorts les mieux soutenus et le 
dévouement le plns sublime, ils ont eu le mérite 
de civiliser et d’arracher à une misère profonde 
les habitans de ce coin isolé des montagnes, où 
l'hiver répond à celui de la Sibérie, le printemps 


À 


: à celui du Danemarck, l’été à celui des bords du 


lac de Genève, et l'automne à celui de la mal- 
heureuse Pologne. Ils ont fait plus; ils sont par- 
venus, non seulement à changer la face physique 
du pays et sa face morale, mais eficore à y rendre 
l'agriculture florissante, l’industrie un instrument 
de plaisirset derichesses, et à donner à la patrie des 
citoyens utiles, une population franche et naïve. 


La seconde est,plus récente ; elle est de 1788, 
c'est celle des Blayois, fondée près de Pessac, 
département de la Gironde, sur la rive gauche de 
la Garonne, au milieu d’une vaste lande sans cul- 
Lure. Des maisons proprement construites, blan- 
chies au dehors, environntes de terrains plantés 
avec goût, répondant à toutes les nécessités, an- 
noncèrent en peu d'années l’aisance des nouveaux 
propriétaires, et prouvèrent qu'avec du travail 
et de la constance, le pauvre peut reprendre le 
rang que lui avaient fait perdre l'exigence de la 
société , l'incurie du gouvernement et le fâcheux 
emploi des deniers publics. 

Le propriétaire du domaine dit de la Rochette, 
près de Fontainebleau , fit, à la même époque, 
avec l’administration des Hospices de Paris , des 


arrangemens par lesquels elle lui confiait un cer- 


tain nombre de jeunes garcons orphelins ou 
abandonnés , pour les dresser aux travaux agrico- 
les et leur donner l'instruction, afin de les exécuter 
avec le plus de profit possible : il les occupa d’a- 
bord à défricher des terrains vagues, ensuite à 
les convertir en cultures réglées ou en pépinières. 
Cette petite Colonic a prospéré et a fourni d’ex- 
cellens praticiens. 

Si l'espèce de Colonie agricole fondée en 1818 
à la Meilleraye, près la petite ville de Nort, dé- 
partement de la Loire-Inférieure , n’eût point 
dégénéré, comme les anciens établissemens mo- 
nastiques , en institution nuisible, elle aurait pu, 
tout en ramenant des cerveaux égarés par le jeu, 
le luxe et la débauche , donner une existence ho- 
norable à ceux-là mêmes que l'opinion publique 
dénoncait, repoussait avec mépris; mais, sous le 
masque de la religion , tout finissait par y déter- 
miner à tous les désordres des cloîtres, à l’esprit 
de prosélytisme et à la haine des lois : aussi la 
Meilleraye fut purgée et rendue à sa nullité pre- 
mière. 

On a proposé, en 1833, d'élablir au territoir 
d'Andernos, sur le bassin d'Arcachon, départe- 
ment de la Gironde, une Colonie agricole, com- 
posée d’enfans abandonnés ; malgré mes sollicita-. 
tions, je n’ai pu savoir si l’auteur de ce patriotique 
projet avait su le réaliser. 

. Dans les Pays-Bas, celles fondées, en 1820, à 
Frederiks-Oord , Phalzdorf, Pekel-aa, Merxplas, 
Wildevanck, etc. , ont arraché des milliers de 
personnes à l’élat honteux de mendians, cette 
lèpre des états modernes; elles en ont fait des 
laboureurs, des mécaniciens, des propriétaires 
intéressés aux succès de ces nobles établissemens. 
Elles ont créé un sol fertile là où l’œil était sans 
cesse attristé par une nudité désespérante. 

Il en est de mème de la Colonie agricole , for- 
mée en janvier 1821, au sein du Holstein, par 
une masse d'indigens sans asile et sans moyens 
d'existence. Là, où s’étendaient des landes stériles, 
des marais pestilentiels, des plaines sablonneuses 
à perte de vue, on trouve maintenant un pays 
pittoresque , des champs prospères , et le tableau 
vivificateur de l’industrie. 

De semblables exemples en disent plus que les 


COLO 


270 


-COLO 


plaïdoyers les mieux conçus, que les discours les ! 


plus travaillés : qu'ils vous suflisent ; ô mes com- 
patriotes, vous qui brülez d'envie :de ‘sécher les 
plaies de la France. Au lieu-de porter vos fonds, 
votre industrie sur unsol étranger , sur-une terre 
dont on vous disputera toujours les moindres par- 
celles, versez les uns, faites pénétrer l’autre dans 
les landes qui déshonorent nos départemens de 
l'ouest et du sud, faites arriver l’abondance sur 
les montagnes da Cantal, de la Lozère; dans tou- 
tes les parties de notre territoire qui gémissent en- 
core sous le fardeau de la stérilité, qui réclament 
les perfections de l’agriculture; fondez partout des 
espèces d’oasis , où l'infortune trouvera toujours 
un refuge assuré, une vie aclive , et le bien-être 
‘que-lui refusent l’avare-qui entasse d’inutiles tré- 
sors, l’usurier qui spécule sur la misère ‘des uns, 
sur le déshonneur des autres et l’ambitieux pour 
qui rien n'est sacré. Ge ne sontpas des villes, des 
palais que je vous demande : multipliez les petites 
-exploitations, fondez des villages coloniaux, em- 
ployez les bras aux choses utiles, aux choses du- 
rables. Défrichez les terrains ‘äincultes, plan- 
tez des arbres sur les montagnes, assainissez les 
lieux marécageux; donnez un. coin de terre au 
pauvre valide , qu'il nourisse des bestiaux , que ses 
mains s’attachent à la charrue ; vous jui ferez plus 
de bien que de lui ouvrir une étroite et chétive 
cellule dans un hospice. L'homme fait la propriété 
rurale, la propriété rurale assure des citoyens 
paisibles essentiellement patriotes. 

Quant à vous qui cherchez le bonheur loin de 
la patric, désabusez-vous. La terre étrangère ne 
‘peui être solide sous vos pas ;en rompant avec les 
compagnons de votre enfance, avec le sol qui 
nourrissait votre mère, qui recèle les ‘ossemens 
de vos aïeux, vous avez brisé tous les liens du 
cœur , vous avez enlevé de votre vie tout ce qui 
devait l’affermir , l’étendre , la rendre douce: vous 
n'avez plus de patrie. Celle que vous avez adoptée 
vous voit d'un œil louche, elle vous supporte tant 
qu’elle peut attendre quelque chose de vous ; mais 
elle vous rcjettera sans pilié, sans regret, sans 
souvenirs, à la première occasion. Si lavicillesse 
arrive avant ce moment terrible, les pensées bril- 
Jantes du passé se ranimeront en vous : vous enten- 
drez encorettinter les heures de votreenfance, vous 
oublicrez les maux soufferts pendant une ou deux 
années d’embarras: vous voudrez alors revoir le 
so! natal, vos bras se tendront vainement de son 
côté, des larmes amères couleront , vous paicrez 
crucliement les jouissances goûtées sous un ciel 
étranger , et vous périrez comme la plante déssé- 
chte. Nul ne s’arrêtera sur votre tombe, nul ne 
se fera scrupule d’en renverser la triste pierre. 

9 (T. ». 8.) 

COLONNE VERTÉBRALE. Voy. SQuezE TE. 

COLOPHONE, COLOPHANE, BRAI SEC ou 
ARCHANSON. (cum) Produit solide, brunâtre, 
‘transparent, inflammable, d’une odeur résineuse , 
d’une saveur amère, qui est employé par les 
pharmaciens dans la confection de quelques on- 
guens et emplâtres, par les joueurs de violon 


po frotter l’archet et l'empêcher de glisser :sar 


les cordes, et que l’on obtient en distillant la t6- 
rébenthme. 


CEcugi 
COLOPHONITE. (aux. ) Espèce de rl 
(Foy ice mot. ) | 
‘COLOQUINTE. (807. pn4n.) On donne cenom, 
dans les pharmacies, au fruit dépouillé de son 
enveloppe du Cucumis colocynthis, dont ‘on fait 
usage comme d'un médicament violemment pur- 


gatif. Gétte drogue est d'une amertume extrême. 


V. Concomsrr. (Gu£n.) 
COLOSTRUM. (anar.) C’est le mom qu’on 
donne au premier lait qui se produit après l'en- 
fantement. Il est doux, légèrement sucré, moins 
consistant que celui qui est sécrété dans la suite. 
On lui attribue une vertu purgative. Nous avons 
dit au mot ALGAITEMENT comment cette action:sur 


le tube intestinal nous paraissait explicable. 


(P. G.) 

COLUMBAR, Vinago. (ois.) C’est un groupe 
distingué des Pigeons ordinaires par Levaillant, et 
qui se reconnaît à son bec plus gros, solide, com- 
primé sur les côtés, caréné en dessus, droit à la 
base.ct crochu vers le bout ; les pieds sont larges 
et bien bordés, les ailes longues et pointues. On 
ne trouve ces oiseaux que dans les contrées les 
plus chaudes de l’ancien continent. (Genv.) 

COLUMBITE. {wn.) Cette substance est, 


comme la Baïerine, avec laquelle on l’a long- 


temps confondue sous le nom de T'antale oxidé, 


un tantalate de fer et de manganèse , mais dans 
des proportions différentes + ainsi -sur ro0 parlies, 
elle se compose de 67 à 83 d’acidetantalique, de 
7 à 8 parties de fer, d'environ autant de manga- 
nèse el d’une quantité variable d’oxide«d’étain.et 
de chaux. (oy. Baïemne.) La:Golambiteraie à 


peine le verre ; sa couleur est noirâtre; son aspect 


métalloïde et sa cristallisation, toujours plus ou 
moins confuse , paraît dériver du prisme oblique 
rhomboïdal. Le plus ordinairement élie est amor- 
phe , c’est-à-dire sans forme régulière..On l’atrou- 


véeen Finlande , en Suède et aux Etats-Unis, dis- 


séminée dans une ‘roche ancienne, appelée Peg- 
matite. (d. H.) 

COLUMBI-GALLINES , Zophyrus. (ors. ) Le 
célèbre voyageur Levaillant a donné ce nom à un 
groupe de la famille des Pigeons que l’onsne trouve 
que dans les pays chauds. Les Golumbi-Gallines, 
ainsi que leur nom l'indique, se rapprochent en- 
core plus des Gallinacés que les autres espèces 
du genre Columba; ils ont le bec médiocre, un 
peu grêle et gibbeux vers le bout, la mandibule 
supérieure sillonnée sur les côtés, inclinée vers 
la pointe, et les narines situées dans une rainure ; 
leurs ailes sont arrondies. 

Une des espèces les plus remarquables est le 
Goura ou Pigeon couronné, de d’archipel des 
Indes, qui est tout entier d’un bleu d’ardoise, avec 
du marron'et du blanc à l'aile ; sa tête est ornée 
d’une huppe vêrticale de longues plumes eflilées. 
Le Goura est à peu ‘près de la taille du dindon; 
à Java et dans plusieurs parties de l’Inde.on l'élève 
dans les basses-cours. (Genv.) 


oo 


COLZ 


271 


GOMB- 


oo ———————————————_—_— 


COLUMBO. (507: Pan.) On: voit dans quel- 
s pharmacies de petites rondelles verdâtres , 
marquées de zones concentriques , exhalant une 
assez mauvaise odeur, et fort amères au goûter : 
c’est, à ce qu'il paraît, laracine du Cocculus pal- 
matus , arbuste des contrées de l'Inde et de l’A- 
frique orientale... François Redi, qui, vers la fin du 
xwrr° siècle, la fit connaître en Europe, l’avait reçue 
de: Columbo:, ville de l’île de Ceylan. Il vanta ses 
propriétés toniques et astringentes , et , il y a en- 
viron soixante ans, ce fut une mode de traiter les 
diarrhées et les vomissemens par la racine de Co- 
lumibo. Gomme beaucoup d’autres médicamens 
du même genre , elle ne méritait ni tout l'honneur 
qu’on lui fit alors, ni l’indignité où on la laisse 
aujourd’hui. Le Colambo se compose principa- 
lement d'amidon et d’une matière rat 
COLUMELLAIRES. (mous. ) Famille instituée 
par Lamarck, dans la seconde: édition de son ou- 
vrage sur les animaux sans vertèbres swab; 7; 
pag. 291, pour cinq genres de coquilles compre- 
mant les Colombelles , les Mütres, les Volutes, 
les Marginelleset les F’olvaires. Les caractères assi- 
gnés à cette famille sont : point de.canal à la base 
de l'ouverture, mais une échancrure subdorsale 
plas ow moins distincte, et des plis à lacolumelle. 
Partant de ce principe, on voit que les Colombelles 
doivent sortir de cette famille pour rentrer dans 
les Purpurifères, puisque j'aidémontré, à l'article, 
qui les concerne, que leur bord columellaire était 
sans plis, et simplement orné de quelques tuber- 
cules et d’un sillon canaliforme. (Ducr.) 
COLUMELLE. (morz.) Dénomination générale- 
ment adoptée pour indiquer le bord gauche de 
toutes les coquilles univalves; autrement dit, c’est 
l'espèce de petite colonne qui forme l’axe de toutes 
les coquilles spirales. (Ducz.) 
COLZA, Brassica campestris. (Aer. ) Nous ne 
devons considérer ici cette espèce de Ghou (». ce 
mot) que comme plante oléagineuse. Gomme telle, 
il Jui faut une terre assez profonde, bien divisée, 
fumée raisonnablement et conservant son humi- 
dité , pour qu’elle puisse y asseoir sa racine pivo- 
tante ; fusiforme et garnie de chevelu ; pour qu’elle 
puisse y prendre tout son développement et ré- 
pondre à l'attente du cultivateur. Le Golza résiste 
aux hivers les plus rudes, il n’en a pas gelé un seul 
pied durant les froids extrêmes de 1789, 1820 et 
1830; il a de plus l'avantage d’être à l'abri des 
grandes sécheresses de l'été, puisqu'alors il est 
mûr et en pleine récolte; il ne les redoute qu au 
mois d'avril, quand, prêt à montcr en fleurs, il 
faitson plusgrand'effort, et que la pluie lui devient 
indispensable «pour l’accomplir parfaitement. Si 
l’eauluimanque en cemoment décisif, sesrameaux 
restent grêles , courts, peu fournis, la graine qu'ils 
porteront sera malnourrie; d’un maigre rapport. 
La terredestinée recevoir leCoJzaveut être pré- 
parée aussitôt qne le froment est enlevé; le semis se 
fait en septembre-ou bien en octobre > par rayons ou 
planches plates, dla volée, et cequi vaudrait mieux, 
à l’aide d’un plantoir dans de petites raies ouvertes: 


à Ja houe ; car le Colza a besoin d’étrersemé clair; 
surtout si l’on veut épargner les frais du repi- 
quage, Ne fumez pas trop; vous auriez plus de 
feuilles au: printemps et plus tard beaucoup moins: 
de graines. Le seul soin pendant l'hiver est d’éloi- 
gner les bestiaux des champs de Colza. La récolte 
se fait du‘ 215 juin au 1% juillet. La graine est avi- 
dement recherchée par tous les oiseaux ; pour l'a- 
voir ils attaquent les siliques et les ouvrent très- 
adroitement ; aussi le cullivateur doit-il bien con- 
naître l’époque de la maturité pour en perdre le 
moins possible, et l’entreprendre le matin de trois 
à huit heures, et le soir depuis six heures jusqu’à 
lanuit. Laplus belle graine se garde pour semence, 
l’autre fournit une huile abondante, de bonne qua- 
lité, qui netient pas, ilest vrai, l’un des premiers 
rangs parmi les huiles comestibles, mais on peut 
l'employer comme telle. Le marc se donne aux 
bestiaux; je préfère m'en servir pour l’engrais 
des terres, et, à cet eflet, je l’enterre en au- 
tomne. 

On a dit que le Colza fatiguait la terre ; c’est une 
erreur , il la dispose à de brillantes récoltes en tout 
genre. Cependant n’allez pas le planter deux ans 
de suite dans le même sol, on ne doit le faire que 
tous les quatre ans, et jusque-là il convient de lui 
substituer une graminée, 

Nous possédons deux variétés de Colza : l’une; 
hâtive , à fleurs blanches, se sème au printemps 
ét se récolle. en automne; l’autre, tardive, à 
fleurs jaunes, se met en terre à la mi-juin, passe 
l'hiver sans fleurir et se récolte à la fin du prin- 
temps suivant, (T.n. B.) 

COMATULE. (zoopu. écmn.) Genre établi par 
Lamarck, aux dépens des Asrénies. /”, ce mot. 

(Guér.) 

COMBATTANT, Tringa pugnax. (ois.), Ces 
oiseaux, que l’on appelle aussi Paons DE MER, sont 
remarquables par leurs habitudes belliqueuses et les 
changemens qu’ils éprouvent dans leur coloration 
et la nature de leur plumage aux différentes saisons 
de l’année. Le nom de Combattansique leur a donné 
le vulgaire et que les naturalistes ont accepté, con- 
vient en effet,très-bien à des oiseaux qui se livrent 
entre eux les combats les plus acharnés, s’assaillant 
tantôt seul à seul, tantôt réunis en corps nom- 
breux et parfaitement ordonnés. Les phalanges 
sont toutes composées de mâles qui marchent les 
uns contre les autres, tandis que les femelles at- 
tendent à part la fin de la bataille, enflamment , 
dit-on, par quelques petits cris, l’ardeur des Com- 
batlans, et deviennent ensuitele prix des vain- 
queurs, Souvent la lutte.est longue et quelquefois 
sanglante; les vaincus prennent Ja fuite, mais 
leur ardeur guerrière, qui n’est produite, selon 
l'expression de Vieillot, que parleur ardeur amou- 
reuse , renaît au cri de la première femelle qu'ils 
entendent ; ils oublient leur-défaite et entrent en 
lice de nouveau, si quelque antagoniste se pré- 
sente. Celtepetile guerre alien tous les jours le ma- 
tin-et le soir pendant les mois d’'avrilet de mai. Les 
individus. mâles sont alors dans toute leur beauté, 


ils onl un vrai plumage de guerre; leur poitrine 


COMB: 


et leur cou sont garnis de longues plumes qui 
forment une sorte de bouclier et qu'ils hérissent 
au moment de l'attaque pour leur donner plus de 
résistance. Get ornement, ainsi que les petites ca- 
roncules charnues dont le bec des Combattans 
est garni, disparaît au moment de la mue, qui ar- 
rive en juin, et le plumage devient alors mécon- 
naissable ; il est tantôt blanc ou gris, tantôt roux 
ou bien noir, avec des reflets violets, et souvent 
varié de taches et de lignes de différentes cou- 
leurs. Ces oiseaux nichent sur nos-‘côtes, ils sont 
surtout communsen Picardie; on les trouve aussi 
en Angleterre , en Hollande, en Flandre, en Al- 
lemagne, ainsi qu'en Russie, en Sibérie et en 
Islande. La femelle fait son nid au mois de mai, 
sur la terre, dans de petits creux entourés de 
gazon ; elle ÿ pond cinq ou six œufs, tout gris, 
avec des taches d’un brun roussâtre. L’incubation 
dure un mois. Danscertaines contrées on mange les 
Combattans; en Angleterre et en Hollande, on les 
estime beaucoup. Les Anglais ont l'usage de les 
engraisser ; ils les nourrissent avec de la mie de 
pain , et pour les faire rester tranquilles, ils les 
tiennent dans l’obseurité ; car dès qu’on les laisse 
à la lumière, ils se battent avec acharnement. 
Tout est alors pour eux un sujet de discorde, le 
boire, le manger, la place ; les femelles se mon- 
trent souvent aussi querelleuses que les mâles. Les 
naturalistes ont décrit plusieurs espèces de Com- 
battans en Europe ; mais on sait aujourd’hui qu’il 
n’en existe qu’une seule , laquelle offre des varia- 
tions nombreuses suivant les diverses saisons. G. 
Cuvier en a fait le type de son genre Machetes (du 
greCuzynrñe, Signifiant combattant ). M. Temminck 
l’a classée parmi ses Bécasseaux. Voyez, pour plus 
de détails sur ce sujet et sur quelques espèces 
étrangères, l’article Bécasseaux de ce Dictionnai- 
re. Nous avons fait représenter le Gombattant dans 
notre Atlas , pl. 120, fig. 3. (Genrv.) 
COMBINAISON. (cmim.) On désigne ainsi l'acte 
par lequel des corps de nature différente s'unissent 
de manière à former un tout homogène dans toutes 
ses parties, qu’il n’estfpossible de séparer que par 
des forces mécaniques. La chaleur, la lumière, l’'é- 
lectricié, l’affinité élective, sont les seules forces 
capables de désassocier les corps qui ont formé 
une combinaison. (Guër.) 
COMBRET, Combretum.(8orT. puan.) Rangé d’a- 
bordparmi lesOnagrariées , ce genre est devenu le 
type d’une nouvelle famille. Les arbres et arbris- 
seaux qu’il renferme sont au nombrede quinze, tous 
exotiques, et dont un seul, connu sous le nom 
vulgaire d’Aigrette de Madaguscar, est cultivé 
dans les serres en Europe depuis un très-petit 
nombre d'années : c’est le Gombret écarlate, C. 
coccineum, que l’on multiplie de marcottes, joli 
arbrisseau , d’abord transporté par les colons fran- 
çais à l’île Maurice , puis apporté de laen France, 
où il fera plus tard l’ornement de nos jardins. Sa 
tige demande un tuteur pour s'élever; elle s’at- 
tache volontiers aux arbres voisins, qu’elle presse 
légèrement et sans leur nuire. Elle porte des feuil- 
les opposées, ovales-oblongues ; un peu coriaces 


279: 


. 


COMB : 


d’un très-beau vert et. très-entières. Ses fleurs , 
d’un superbe rouge écarlate, sont petites, nom- 
breuses, accompagnées de bractées, et disposées 
en grappes du plus bel aspect; leur corolle est 
formée de cinq pétales ovales , avec dix étamines, 
dont nne moitié plus longue que la corolle, et l’autre 
moitié disposée sur une ligne circulaire inférieure. 
Les fruits sont des capsules oblongues, munies de 
cinq ailes membraneuses et renfermantune graine 
unique dans une loge indéhiscente. On trouvera 
celte jolie plante figarée dans notre Atlas , pl. 103, 
fig. 1, sous le nom de Chigomier. (T. ». B.) 

COMBREÉTACEÉES. (8or. pm.) Famille.créée: 
par Robert Brown et qu’il constitue avec les gen- 
res Cacoucia, Chuncoa, Bucida ; Laguncularia, 
Cestonia, Conocarpus et Terminalia , qui lui pa- 
raissent avoir Jes plus grands rapports avec le 
Combretum, dont nous venons de parler. Comme 
on le voit, cette famille, formée de plantes naguè- 
re encore comprises parmi les Onograriées et les. 
Myrtacées, prend place entre ces deux familles 
qu’elle unit d’une manière naturelle, (T.p. B.) ; 

COMBUSTIBLES (corps). (cmm.) On désigne 
ainsi tous les corps qui jouissent de la propriété 
1° de se réduire en cendres en donnant de la 
chaleur et de la lumière ; 2° de se transformer en 
oxides et en acides en se combinant avec l’oxi- 
gène, le chlore, l’iode , le phtore , etc. (F. F.) : 

COMBUSTION. (cnrm.) Phénomène physique 
et chimique, accompagné de dégagement de ca- 
lorique et de lumière, pendant lequel un corps 
est transformé en cendres , en oxide ou en acide , 
en se combinant avec d’autrescorps dits combu- 
rans, tels qu'oxigène, chlore, iode , phtore, etc. 
Autrefois, avant la découverte de l’oxigène, on 
croyait qüe la combustion était due à une sub- 
stance particulière , répandue dans tous les corps, 
qui s’échappait quand ces mêmes corps brûlaient, 
et qu’on appelait phlogistique. Mais lorsque Scheele 
eut découvert qu’il yavait fixation d’oxigène pen- 
dant la combustion , lorsque Lavoisier eut prouvé 
que les corps brûlés augmentaient de poids au 
lieu de diminuer, on changea totalement la théo- 
rie de la Combustion; alors aussi, les bases de 
la chimie théorique furent établies. F0: 

COMBUSTION SPONTANÉE. (pnys.) Combus- 
tion qui a lieu d'elle-même, à unetempérature peu 
élevée, et sans l'intermédiaire d’un corps en igni- 
tion. Ce phénomène dépend d’une grande aflinité 
de certaines substances pour l’oxigène. Des amas 
de charbon de terre, de fumier de cheval, de 
foin , de mousses humides , sont ainsi susceptibles 
de prendre feu’spontanément. Il en est de même 
du chanvre mis en contact avec l'huile, et par 
conséquent de la toile imprégnée d'huile, des 
sulfures métalliques humectés , de la laine en bal- 
lots, du coton et des étoffes de laine imbibées 
d'huile , des vieilles fourrures, de la bourre im- 
prégnée de suif, de lachaux vive humectée, etc. 
Un mélange d’huile de chenevis et de noir de fu- 
mée s’enflamma au bout de vingt-quatre heures, 
et faillit réduire Pétersbourg en cendres. On a 
pensé devoir attribuer à des causes semblables 


plusieurs 


a 


00000 GO 


pe 


. COMB 


F4. EE 
plusieurs incendies survenus dans le port de Brest, 
et l’on explique également ainsi ceux qui pendant 
plusieurs années et vers la fin de l’été ont ravagé 
le village de Boncourt. (Foy. Per ci 
COMBUSTIONS HUMAINES SPONTANÉES. 
(pnysior. )Si l'on s’attachait bien rigoureusement'au 
sens de cette dénomination, il faudrait déclarer 
qu'iln’existepas d’exemple,au moins bien avéré, de 
combustion survenue à l'extérieur ou à l’intérieur 
du corps spontanément et sans cause déterminante. 
Mais si l’on ne veut entendre par ces mots que 
la combustion d’une partie ou de la totalité du 
corps par suite du- contact d'une substance en 
ignition , et où la masse des parties brûlées ne 
présente aucune proportion avec la faiblesse du 
moyen comburant , alors il est impossible de nier 
ce phénomène, qui, depuis long-temps, est devenu 
l'objet de l'attention des phystologistes. Plusieurs 
savans nous ont transmis leurs observations 
sur ce point si curieux de la science ; mais ils ne 
sont pas entièrement d’accord dans l'explication 
qu’ils en donnent , et ne l’attribuent pas aux mé- 
mes causes prédisposantes : peut-être arrive-t-il 
ici ce qui se remarque pour tant d’autres faits phy- 
siologiques, c’est qu’on cherche une cause unique 
à un phénomène qui ne peut se présenser que par 
le concours de plusieurs circonstances. Ainsi les 
uns ont regardé comme une prédisposition indis- 
pensable , l'usage habituel et excessif des liqueurs 
alcooliques, et ont pensé que les tissus impré- 
gnés d'alcool s’enflammaient alors avec une grande 
facilité et brûlaient rapidement. Mais il existe 
quelques exemples d'individus victimes de Com- 
bustions spontanées et qui n'étaient point adonnés 
à l’ivrognerie. M. Dupuytren et quelques autres 
sayans ont regardé l’obésité comme la circonstance 
qui disposait le plus à ce funeste accident; mais 
on connaît plusieurs exemples d'individus maigres 
et qui cependant ont péri par la Combustion spon- 
tanée; on a dit que ce phénomène ne se remar- 
quait jamais que pat un froid rigoureux et lorsque 
les tissus étaient constrictés par cette température 
basse ; on cite cependant des combustions arrivées 
au milieu de l'été. Si l’on jette les yeux sur les 
nombreuses observations recueillies à ce sujet, on 
s’apercoit bientôt que plusieurs de ces causes se 
trouvaient réunies chez les individus atteints de 
la Combustion, soit que leurs tissus fussent bai- 
gnés de graisse et rendus ainsi plus inflammables ; 
soit que leur peau, desséchée par une maigreur 
extrême , fût ainsi plus disposée à la Combustion; 
presque toujours ces individus se livraient à un 
usage immodéré des liqueurs fortes, ou presque 
toujours l’exhalation cutanée était empêchée par 
le refroidissement du corps. On a cherché aussi 
à expliquer les motifs qui rendaient cet accident 
plus fréquent chez les femmes que chez les hom- 
mes. Sans tenir compte de l’obésité plus ordinaire 
aux femmes qu'aux hommes, sans tenir compte 
de l’ardeur avec laquelle elles se livrent à l’ivro- 
gnerie, comme aux autres passions, lorsque 
celle-ci les a remplacées toutes, il faut peut-être 


Towe II. 


275 


COMB 


chercher ces motifs dans les circonstances habi- 
tuelles de leur existence; les femmes s’enivrent 
rarement comme les hommes, dans les établis- 
semens publics; un reste de pudeur les force en- 
core à ensevelir le secret de leurs vices; elles 
s’enferment, s’isolent ; les plus pauvres, pour com- 
battre le froid , placent ordinairement sous leurs 
vêtemens des chauflerettes on des pots de 
terre pleins de braise enflammée; les élincelles 
peuvent directement atteindre la peau qui , chez 
les hommes, est partout recouverte d’une double 
ou triple enveloppe d'habits; peut-être pourrait-on 
trouver d’autres raisons physiologiques de cette 
préférence dans la finesse de la peau, dans l’ac- 
tivité de l'absorption, toujours plus remarquable 
chez les femmes. Quelles que soient au reste les 
causes qui disposent aux Combustions humaines, 
ou les déterminent, voici ce qu’on observe : une 
petite flamme bleuâtre parcourt toutes les parties 
du corps, ou seulement quelques unes, et, avec 
une extrême rapidité, cette flamme persiste jus- 
qu’à la carbonisation , et même l’incinération des 
parties brütées. L’eau qu’on projette dessus ne par- 
vient pas à l’éteindre , et si l’on passe les doigts 
sur les endroits qu’elle a parcourus, ils se tachent 
d’une matière grasse. Une fumée noire, épaisse , 
s'échappe du cadavre en combustion et couvre d’un 
enduit onctueux et noir les meubles de l’appar- 
tement; cette fumée répand une odeur des plus 
fortes et des plus désagréables , odeur qu’on peut 
comparer à celle de la corne brûlée. Quelquefois 
l’incinération du cadavre est complète et la pe- 
tite quantité de cendres recueillie paraît ne pas 
représenter le volume du corps; assez souvent 
quelques parties, comme un pied, la tête, etc., 
résistent à la combustion. Presqne toujours les 
meubles environnans demeurent intacts. [l ne faut 
pas plus d’une heure et demie ou deux heures 
pour que la combustion complète d’un cadavre 
puisse ainsi avoir lieu. 

L'observation suivante, recueillie ‘par un des 
médecins les plus distingués de Paris, et que nous 
choisissons parmi un grand nombre d’autres, nous 
paraît propre à donner une idée exacte du 1a- 
bleau que présente une Combustion humaine 
spontanée: « Le 25 décembre, la nommée Bailly 
(Marie-Jeanne) , âgée de cinquante-un an, rentra 
chez elle vers le soir, et comme de coutume dans 
un état d'ivresse. Le lendemain à huit heures du 
matin , les voisins sentant une forte odeur de fu- 
mée, onpénétra dans la chambre de cette femme, 
et on la trouva couchée à terre, presque totale- 
ment brûlée, les pieds tournés vers la cheminée 
où il n’y avait pas de feu; sous un de ses bras 
était encore le montant de la chaise sur laquelle 
elle s'était assise, et sous elle existait un gueux 
(pot de terre dans lequel les femmes du peuple 
mettent du feu pour chauffer leurs pieds). On y 
observait quelques débris de braise provenant de 
la combustion de la chaise; tout le plancher était 
tapissé d’une suie noire, et une poutre à nu dans 
le mur de la chambre avait été sûperticiellement 
charbonnée; une cassette était intacte ainsi que 


115° Livraison, 39 


COMË : 


274 


COMË 


les rideaux de mousseline des croisées , queïqu'ils 
se trouvassent à un pied du cadavre. Sa face , les 
cheveux, la partie. antérieure du: cou:sont intacts; 
les muscles du dos , des lombes sont grillés, ra- 
cornis et réduits à un huitième de leur volume : 
le sacrum, le coccyx sont charbonnés, gras, 
onctueux au toucher; il n’existe des membres 
supérieurs que les os ct une partie da moïgnon dé 
l'épaule ; les membres inférieurs avaient été brû- 
lés dans leur tiers supérieur sans que les bas de 
celte ferame eussent été altérés. » 

Dans état actuel de la science, il est impos- 
sible de tirer rien de concluant des observations 
nombreuses qu’on possède; mais elles doivent ser- 
vir à guider les physiologistes; peut-être , en les 
rapprochant des faits de combustionspontanée qui 
se passent ailleurs que chez l'homme , parvien- 
drait-on à trouver ue explication exacte de ce 
phénomène curieux. (P. G.) 

COMÉPHORE , Comephorus. (vorss.) Genre 
très-voisin des vrais Callionymes; il a méme été 
confondu avec ces derniers animaux: maïs il a 
paru en différer par trop de caractères essentiels, 
pour qu'il n’ait pas été nécessaire de l'en séparer. 
Ces caractères sont : museau oblong, large, dé- 
primé, la première dorsale. très-basse, les ouïes 
très - fendues, de très- longues pectorales. Ce 
qui les distingue dans toute cette famille des Go- 
bioïdes, c’est l'absence des nageoires ventrales, 

On n’en connaît qu’un du lac Baïkaz , (Callio- 
nymus baïicalensis, Pall., Nov. act., Petr:, tom. 1, 
pag: 1x, fig. 1); long d’un pied , d’une substance 
molle et grasse, que l’on presse pour en tirer de 
l’huile. On ne obtient que mort, après des tem- 

êtes. (At. G.) 

COMETE. (méréon.) L'aspect extraordinaire 
des Comètes,, les formes bizarres qu’elles affec- 
tent, leur apparition à de’ certaines époques en 
apparence non ‘réglées, ei avaient fait, pour les 
siècles quiont précédé le nôtre, un'élément de ter: 
reur et de'superstition. On fut mêine jusqu’à les 
regarder comnie des avant-coureurs célestes, char: 
-gés d'annoncer aux mortels quelque affreuse cata- 
strophe, dont ils allaient'subir les fanestes et! dan: 
gereuses conséquences. Ainsi, suivant: l’opinion 
des temps anciens, l'apparition des Comètes indi- 
-quait la venue dé quelques unes de’ ces: terribles 
maladies contagieuses et: épidémiques qui, à 
plusieurs reprises, vinrent dévaster la’terre que 
nous habitons. Le: peuple romain, avec: son 
imaginalion amie du merveilleux’, supposa que là 
Comète qui apparut: un peu avant l'assassinat de 
Jules César, Ctait venue pour: annoncer à la Lerre 
Ja mort de son premier empereur, En454, lors: 
que: le trône chrélien de Constantinople était vio- 
lémment ébranlé par les rudes’ coups:que:lur por: 
tait le’croissant, une Gomèté apparat!, et le ehiro- 

niqueur dé s'écrier que «cette Gomèle en: forme 
-» d'épée longue, dirigée d’occidént'en orrent, in- 
» diquait certainement ‘que: les: chrétiens: d'Oeci- 
» dent se’ réuniraient pour: marelrer: contre les 
» Turcs etiqu'ils: remporteraient la: victoires: les 
y Turcs eux-mèimes; contipue l'historien, tombè- 


» rent dans une grande stupeur, ét firent de sé- 
» rieuses réflexions ». Mais, sans aller chéréher si 
loin des exemples de la crainte inspirée par l'ap- 
parition d’une Comète, rappellons-nous toutes lés 
dissertations publiées par les journaux vers la fin 
de l’année 1834, au sujet de la Comète de 183, 
et nous verrons bien que le x1x° siècle lui -méme 
conserve encore, en partie du moins, l'héritage 
des siècles passés. 

Afin que l'esprit de nos lecteurs ne soit pas 
soumis à de pareilles influences, afin qu'ils puis- 
sent voir sans effrei au Mois de novembre 1835 la 
Comète horrendæ magnitudinis de l’année 1305, 
nous allons examiner ici ce que c’est qu'une Go- 
mète, quelle est sa constitution physique, et 
quelles peuvent en être les conséquences par rap= 
port à l'existence de notre globe. 


Comite, d'après le mot grec dont onta formé le 
mot français, veut dire étoile chevelue. Cette dé- 
nomination est heurense; car il n’est personne 
qui ne sache que les Gomètes ont leur noyau en- 
touré d’un brouillard ; d’une nébulosité, que l'on 
appelle chevelure , et qui a plus ou moins d’éten- 
due, suivant les différentes positions des Comètes 
auxquelles il appartient. L'ensemble de ce noyau 
et de cette chevelure forme ce que l’on appelle la 
tête de la Comète. À la suite ou en avant de cette 
tête, se trouve le plus souvent une: longue traînée 
lumineuse, qu’on est ‘convenu. de nommer la 
queue de.la Comèle :. les anciens. astronomes don- 
naient à celte partie deux dénominations différen- 
tes, selon qu’elle précédait ou qu'elle suivait. la 
Comète: dans le premier cas ils la désignaient sous 
le nom de barbe; dans. le second: cas , sous le nom 
qu'elle a conservé aujourd’hui, c’est-à-dire sous 
le nom de queue. 

Cependant ces caractères ne sont pas indispen- 
sables dans la constitution physique des'Gomètes ; 
selon les:astronomes modernes, les caractères dis- 
tinctifs de ces astres sont les suivans : ils sont 
doués d’un: mouvement propre; ils parcourent 
dans-l’espace des courbes infiniment allongées; et 
dans certaines: parties de leur course; ils se-trans- 
portent à unetelle distance de la terre, qu'ilsces- 
sent d’être visibles: pour nous. 


Nous: avons dit plus haut que les Comètes se 
compesaient' le plus souvent de trois parties: assez 
distinctes les unes destautres, savoir : le noyau, la 
nébulosité qui l'entoure, et la queue'qui le précède 
ou:le suit. Examinons:successivement'chacune de 
ces parties dans’ l’ordre que: je viens d'indiquer 
ici. 

Le noyan de la Comète:a servi et sert encore 
aujourd'hui d’aliment aux discussions des: astro: 
nomes! Plusieurs out. prétendu: que:les Gomètes 
n'avaient point dernoyau opaque; d’autresau con- 
traire ont soutenw que l'opacité du noyau élait 
évidente-et manifeste: pour eux. Gesnoyaux. for- 
ment une partie assez considérable de es astres, 
pour s’y arrêter quelques: instans : 6n pourra ju- 
ger de leur dimension en jetant les yeux sur le ta- 
bleau: ci-joint : 


GOMÉ 


279 


COMÉ 


Le noyau de la Comète de 1798 avait une éten- 
due dei lis. do tep y ou dre 11 lieues. 
Celui de la Comète de 1805. . 12 


Celui de la Comète de 1799. . 194 
Celui de la Comète de 1807. . 222 
Enfin celui de la seconde Co- 

mêle de 467 -Mlésé pal aie im 089 


Ce, sont ces noyaux que des astronomes aflir- 
ment être toujours transparens, et conserver 
toujours la plus complète . diaphanéité ; et sans 
s'inquiéter de l'éclat brillant dont quelques uns 
d’entre eux resplendissent, ils soutiennent que les 
Comètes ne sont que de simples amas de vapeurs. 
Ün de leurs argumens les plus forts consiste à 
dire qu ’ilne ‘peut y avoir opacité , puisque dans 
plusieurs observations faites par d'habiles astro- 
nomes ; on à pu voir des étoiles à travers des Go- 
mètes. Et à l’appui de ce qu’ils avancent, ils 
citent différens faits dont nous rapporterons ici 
quelques uns. 

Le 23 octobre 1774, une étoile de sixième 
grandeur fut aperçue , par Montaigne $ à trayers 
le noyau d’une petite Gomète. 

Le 1% avril 1796, une nouvelle observation fut 
faite par Olbers : îl vit uneétoile de sixième gran- 
deur, quoiqu’elle fût entièrement. couverte par le 
noyau d’une Comète. 

D'un autre côté, ceux qui prétendent que les 
noyaux cométaires sont opaques, citent aussi leurs 
auteurs, et disent : 

En 1774, Meissier observa une seconde étoile 
auprès d”° une Comète , où il n’en avait d'abord 
remarqué qu'une ue et unique. 

Le 28 novembre 1828, M. Wartmann, de Ge- 
nève, observa une ad de huitième grandeur, 
qui fut éclipsée par une Comète. 

On voit que l’une et l’autre cause a ses défen- 
seurs cuirassés d'observations des pieds à la tête: 
aussi, disons avec M. Arago : 

« Quoi qu’on veuille déduire de ces remarques 
» quant à la constitution physique du noyau de 
»très- petites Comètes qui se sont projetées sur 
» des étoiles , toujours est-il qu’on n'aurait aucun 
» bon argument pour généraliser la conséquence. 
» Il existe des Comètes sans noyau apparent qui , 
» dans toute leur étendue, ont presque le même 
Ȏclat, qui ne sont sans aucun doute que de sim- 
» ples agglomérations d’une matière gazeuse. Un 
» second degré de concentration de ces vapeurs a 
» pu donner naissance , dans le centre de la nébu- 
»losité , à un noyau remarquable par la vivacité 
»desa lumière; mais qui, étant encore liquide , 
» jouirait d’une grande diaphanéité : à une époque 
» plus avancée, le liquide , suffisamment refroidi, 
»sera enveloppé d’une croûte solide, et, dès ce 
» moment, toute transparence du noyau aura cessé: 
» alors son interposition entre l’observateur et une 
» étoile produira une éclipse tout aussi réelle , 
“tout aussi complète que celles qui résultent 
» journellement des déplacemens de la lune et des 
» planètes. Or rien, rien absolument ne prouve qu 71l 
»n’existe pas des Comètes de cette troisième. espèce 
»ou à noyau solide. La grande variété d'aspect et 


» d'éclat que ces astnesont présen tée; peut légitimer, 
» à cet égard, toutes les suppositions qu’on jugera 
» convenable de faire, » 

Concluons donc, avec notre célèbre astronome, 
au’il existe 

Des Comètes sans noyau ; 

Des Comètes dont le noyau est peut-être dia- 
phane; 

Et enfin des Comètes plus brillantes que les 
planètes, et dont le noyau est probablement so- 
lide et opaque. 

Passons à la chevelure ou nébulosité. Dans les 
Comètes sans noyau, la nébulosité forme à elle 
seule la tête de la Gomète; et la matière qui la 
compose est si vague el si légère , que toute es- 
pèce de point lumineux, à quelque distance qu'il 
se trouve. situé derrière la chevelure, n’en est pas 
moins parfaitement visible pour observateur : 
nous en avons. la preuve dans les observations de 
MM. Herschel et Struve : le premier aperçut une 
étoile de {sixième grandeur à travers la Comète 
sans noyau de 1795 ; le second , au mois de no- 
vembre 1828, vit très-distinctement une étoile de 
onzième grandeur au centre de la Gemète à courte 
période : “bien d’antres exemples pourraient os 
cités ici; contentons-nous de ceux-ci. 

Lorsque la Comète observée a un noyau , d 
sensibles modifications ont lieu dans la nébulosité; 
elle n’est plus alors identiquement la même dans 
ses différentes parties : ainsi, à quelque distance 
du centre elle prend un éclat beaucoup plus vif, 
ce qui se représente à nos yeux par un cercle 
brillant ; quelquefois même ce cercle se double, 
et forme ainsi autour du noyau deux anneaux con- 
centriques. Îl est facile de concevoir que ce qui 
nous paraît former un anneau à nous qui ne 
voyons que la projection, n’est pas en effet un 
anneau circulaire, mais une enveloppe sphéri- 
que qui entoure le noyau de toutes parts: l’en- 


droit qui nous semble plus brillant, et qui forme 


l'anneau, est précisément ce qui forme pour nous 
les contours de la sphère. 

Ces nébulosités ne laissent pas que d’être con- 
sidérables : ainsi celle de la Comète de 1804 n’a- 
vait pas moins de 2,000 lieues de diamètre : dans 
la Comète de 1811 , l'enveloppe avait 10,000 lieues 
d'épaisseur , et la distance, entre le cercle et le 
noyau de la Comète, était de 12,000 lieues. Les 
diamètres des nébulosités des Comètes de 1807 et 
de 1799. étaient de 12,000 et 8,000 lieues. 

Observons ici que, lorsque la Comète possède 
une ‘queue, l anneau est brisé du côté du soleil : il 
n’y a plus alors qu’un demi-cercle seulement du 
côté de la queue. 

Nous voilà arrivés à la queue de. la Gomète. Cette 
queue a souvent des dimensions très-étendues : on 
en pourra juger, par le tableau que nous pla- 
cons ici, 

La Comète de 1811 avaitune queue de 

La Comète de 1689... :. . : .. . 68 

La Gomète de 1680.:, 4 4 à . ù 

La Comète de 1 769... . . . 

Disons tout de suite que la grande tir due de 


‘ COMÈ 


276 - 


COMÈ 


ces deux dernières queues permettaient aux Co- 
mètes auxquelles elles appartenaient, de descen- 
dre sous l'horizon, tandis que l'extrémité de leur 
queue se trouvait encore au zénith. 

Voici quelques mesures en lieues : 

Queue de la Comète de 1680 , plus de 14 mil- 
lions de lieues; 

Queue de la Comète de 1769, plus de 16 mil- 
hons de lieues ; 

Enfin , queue multiple de la Comète de 1744, 
3 millions de lieues. 

Ce dernier exemple me conduit nécessairement 
à faire observer que souvent il arrive qu'une Co- 
mèle traîne à sa suite plusieurs queues bien dis- 
tinctes les unes des autres. Ainsi, la Comète dont 
je viens de parler en dernier lieu, en a eu jusqu’à 
six, qui toutes étaient séparées par une bande 
aussi obscure que le reste du ciel. us 

Pierre Appian , célèbre astronome du 16° siècle, 
fit l'observation que les queues des Comètes 
étaient situées sur le prolongement de la ligne qui 
joint le centre du soleil avec le centre du noyau : 
quoique ce principe soit assez juste, ilne doit pas être 
cependant généralisé, attendu que la direction de 
la queue subit toujours l'influence de la marche 
rapide de l’astre cométaire, ce qui fait qu’elle est 
toujours inclinée vers la route suivie par la Co- 
mète. Et ceci se conçoit facilement : en effet, si 
vous soufflez une bougie allumée , et que pen- 
dant qu’elle fume encore, vous lai imprimiez 
un mouvement violent , la fumée qui s’en échap- 
pera se précipitera vers l’endroit que la bougie 
vient de quitter. Il en est de même dans les Co- 
mètes ; leur force attractive n’est pas assez puis- 
sante pour tenir dans une exacte dépendance les 
vapeurs dont la queue se compose; aussi les 
queues se trouvent-elles toujours fortement incli- 
nées vers le lieu abandonné par la Comète, et 
décrivent-elles une certaine courbure dont la 
convexilé doit être nécessairement, et esl en ef- 
fet tournée du côté de la région vers laquelle la 
Comète s’avance. 

Les queues des Comèles s’élargissent sensible- 
ment à mesure qu'elles s’éloignent de la tête de la 
Comète; au milieu de cette vaste traînée lumi- 
neuse se trouve un espace plus sombre, et moins 
éclairé : cet espace est précisément l'effet de la 
même cause que nous avons fait remarquer au sujet 
de la nébulosité : c’est que la queue de la Comèle 
n'étant pas plane, mais formant un cône, il est 
tout simple ct tout naturel que les bords de ce cône 
où se trouve réunie une plus grande masse de mo: 
lécules vaporeuses , nous paraissent beaucoup plus 
brillans que le centre, où ces molécules sont en 
moindre quantité, 

Ces astres dont nous venons d'examiner la cons- 
ttution physique, décrivent dans l’espace des el- 
lipsestrès-allongées: pour quelques uns d’entreeux, 
et même pour la plupart, ces ellipses sont telle- 
ment vastés qu'elles se confondent presque avec 
des paraboles, espèce. de courbe qui sert de li- 
mite à l’ellipse. 

- Pour déterminer la route que doit suivre une 


Comète , les astronomes ont besoin de trois obser- 
vations qui portent sur ce qu'on appelle les élé- 
mens paraboliques de la Comete : nous nous en tien- 
drons à cette simple indication; de plus amples dé- 
tails seraient ici superflus. Trois observations 
sont donc nécessaires : lorsqu'elles sont faites, la 
Comète est inscrite sur des tables qu’on nomme 
Catalogue des Comètes, avec les élémens parabo- 
liques qui sont reconnus lui appartenir : ce cata- 
logue est d’un grand secours pour reconnaître si 
une Comète paraît pour la première fois, ou bien 
si elle a déjà été observée : ainsi une Comète fut 
découverte à Marseille par M. Pons, en 1818. 
M. Bouvard en présenta les élémens paraboliques 
au bureau des longitudes au mois de janvier 1819, 
et un membre ayant fait observer que ces élémens 
se rapprochaient beaucoup des élémens de la Co- 
mète de 1805, on eut recours au catalogue; et il 
fut en effet reconnu que celte Comète était une 
Comète à courte période, dont la révolution ne 
durait que trois ans et demi. 

On conçoit sans peine que si les astronomes, 
pour affirmer que telle Comèle est déjà venue vi- 
siter notre globe. n’avaient d’autres raisons a en 
donner que le plus ou moins de ressemblance en- 
tre les différentes formes qu’elles affectent, ils 
seraient sujets à se tromper fort souvent. Car 
les Comètes ne se présentent presque jamais avec 
la même configuration : ainsi il ne faut pas s’at- 
tendre à voir paraître, en novembre 1865 , une 
Comète semblable à la Gomète Æorrendæ magni- 
tudinis de 1305 ; nous ne jouirons pas de cette 
longue queue qui en 1456 embrassait 6o degrés de 
l'horizon, ni de l’astre si étincelant qui apparut 
en 1682, quoique cependant ces trois réapparilions 
appartiennent à la Gomète de 1855. Il faut donc, 
pour affirmer qu’une Comète a déjà paru dans 
notre horizon, retrouver sur le catalogue comé- 
Laire les élémens paraboliques qui seuls peuvent 
constater son identité. C’est ainsi qu'on esl par- 
venu à reconnaître que la Comète de 1759 élait 
la même que celle dont Halley détermina les élé- 
mens paraboliques en 1682, qui fut décrite par 
Képler en 1607, qui fut inscrite par Apian en 1551, 
et qui enfin, d’après les calculs de M. Damoiseau, 
du bureau des longitudes, doit reparaître en no- 
vembre 1835. Ajoutons ici que, quelque exacts que 
soient les calculs faits par les astronomes ; il faut 
cependant tenir compile de certains accidens qui 
peuvent venir en troubler les résultats. 

Il y a certaines influences qui s’exercent sur les 
Comètes, et qui modifient leur direction ou plutôt 
leur marche : car dans les espaces traversés par 
les Comètes , le vide n'existe pas complétement ; 
une substance gazeuse, qu'on désigne sous le 
nom d'Ether, y est répandue, et sa présence doit 
nécessairement apporter quelques changemens 
dans leur marche. En effet la Comète, se mouvant 
dans un milieu, quelque subtil qu'il soit, doit 
perdre évidemment de sa vitesse réelle ; et per- 
dant de sa vitesse réelle , une partie de sa force 
centrifuge l’abandonne, puisque la puissance at- 
Wractive du soleil reste toujours la même, tandis 


COM 


a 


COMM 


que la puissance tangentielle diminue sans cesse. 
À chaque révolution, les orbites cométaires dor- 
vent donc perdre de leur étendue, et se rappro- 
cher de plus en plus du soleil; tels sont en effet 
les résultats observés. Ces astres devront même se 
précipiter dans le soleil, à moins que leur masse 
gazeuse ne se dissipe entièrement dans l’espace. 
Hypothèse que lon peut admettre sans trop de 
danger; puisque l'examen de chacune des révo- 
Jutions des Comètes périodiques démontre qu’elles 
diminuent sensiblement de volume et d’éclat. 

Il n’est pas impossible non plus que les Co- 
mètes, en passant près des planètes, ne viennent à 
les heurter, on en a même des exemples : ainsi 
une Comète , celle de 1770, qu’on avait prédite 
pour 1779; ne put être exacte au rendez - vous 
qu'on lui avait assigné , attendu que dans sa route, 
elle se fourvoya au milieu des satellites de Jupi- 
ter, qui n’en éprouvèrent pas le moindre déran- 
gement , mais qui occasionèrent un grand trouble 
dans sa direction. 

D’après ce que nous venons de dire , il ne serait 
pas impossible qu'une Comète vint choquer la terre, 
et l’entourer des vapeurs qui la forment; aussi les 
astronomes se sont-ils occupés desavoir si cet ac- 
cident , qui serait sans doute de quelque gravité 
pour nous, pourrait se renouveler souvent : or au 
moyen d’un calcul de probabilités et de chances, 
en mettant la Gomète dans la situation la plus avan- 
tageuse pour qu'elle vint nous frapper, ils ont 
trouvé que sur 281 MILLIONS DE CHANCES, NOUS N'EN 
AVIONS QU'UNE SEULE A REDOUTER. Îl n’y a certes 
personne qui ne s’exposät à courir de pareils dan- 
ger : l'homme le plus faible d'esprit, quand bien 
même sa tête serait au jeu, plongerait avec assu- 
rance la main dans une urne où son nom serait 
inscrit avec 281 millions d’autres noms, et il serait 
bien persuadé de ne point retirer de l’urne le fatal 
billet qui le mettrait entre les mains du bourreau. 
Ainsi qu'on le voit, le danger résultant du choc 
d’une Comète n’est pas très-imminent. 

On a beaucoup parlé aussi de l'influence que 
les Comètes avaient sur le dérangement de nos 
saisons, et des maladies occasionées par leur 
présence : à cet égard un médecin anglais à été 
jusqu’à dire que l'apparition d’une Comèle ame- 
pait nécessairement l'apparition d’une maladie : 
M. Forster est sûr d’avoir toujours ainsi une cause 
toute prête pour tous les maux qui afiligent notre 
pauvre espèce humaine ; car, comme il ya peu 
d'années où il_ne se trouve deux ou trois Comètes 
visibles de la terre, il s'ensuit nécessairement 
qu’elles ne manqueront jamais pour offrir leur in- 
fluence dangereuse. Le fait est qu’elles n’en ont 
aucune , et que même elles ne peuvent modifier 
en rien la température de nos saisons : ainsi il 
est constant, d’après le relevé des températures 
moyennes comparées avec les apparitions de Co- 
mètes, que ce sont précisément les années qui 
possèdent le plus de Comètes, qui furent les plus 
froides. Par exemple l’année 1805 eut une tempé- 
rature moyenne très-inférieure, et pourtant deux 
Comètes;quatre Comètesetun froid assez rigoureux 


: 


furent le partage de 1808; l’année 1829, la plus 
froide des années de 1803 à 1831, n’en eut pas 
moins sa Comète, tandis que l’année 1831, dont. 
tout le monde se rappelle fe soleil brûlant , en fut 
totalement dépourvue ; il est donc bien facile de 
décider, d’après toutes ces observations, que les 
Comètes ont été pendant long-temps les croque- 
mitaines des grandes personnes : leur influence, 
comme on le voit, se réduit à fort peu de chose. 
Nous conseillons donc à nos lecteurs de se rassurer 
entièrement : les Comètes sont déchues du trône 
que leur avait élevé l’ignorance des siècles passés. 
Leur époque de gloire à fini, et maintenant il ne 
leur reste plus qu’à rouler dans l’espace, en sui- 
vant les lois éternelles de la gravitation. 

(CG. d.) 

COMMANDEUR. ( ors. ) C’est le nom vulgaire 
d’un Troupiale qui à une marque rouge sur la 
partie antérieure de l’aile. C’est l’Jc'erus ptero- 
phœniceus de Brisson, ou l'Oriolus phæniceus de 
Linné. Le nom de Commandeur a aussi été donné 
à une espèce de Columbar, Columba militaris ! 

(Gu£r. } 

COMMELINE, Commelina. (mor. pHan. ) Ce 
genre, qui emprunte son nom aux botanistes 
hollandais Jean et Gaspard Gommelyn , renferme 
un assez grand rombre d’espèces, toutes herba- 
cées, d'aspect agréable, à fleurs généralement 
roses ou bleues , à feuilles alternes et engaînantes. 
Jussieu les avait placées dans sa vaste famille des 
Joncées , avec les végétaux qui, de même que les 
Commelines, semblent tenir par leurs feuilles aux 
Squamiflores, et par leurs fleurs aux Pétaloïdes. 
Robert Brown en a fait le type d’une famille nou- 
velle (voyez Commezinées ). On les reconnaît aux 
caracteres suivans : calice à six divisions profondes, 
les trois extérieures persistantes et vertes, les 
trois intérieures pétaloïdes et caduques; six éta- 
mines, en partie stériles; ovaires à trois loges, 
portant un style et un stigmate; capsule à deux 
ou trois loges et autant de valves. Les fleurs sont ou 
enveloppées dans une spathe monophylle, ou nues, 
ce qui constitue le’ genre Ancilema de Brown, 
que nous conserverons comme simple section, 

Les Commelines offrent peu d'intérêt, à l’ex- 
ception de celles que l’on cultive dans nos jardins. 
Ce sont : 

La Comweuine vurcaire, Commelinacommunis,L., 
originaire d'Amérique. Sa tige, étalée et noueuse, 
porte des feuilles ovales lanctolées. Les fleurs sont 
d’un blev tendre, et réunies plusieurs ensemble 
dans une spathe formée par la feuille  supé- 
rieure. 

La Coumeune TurÉREUSE , Commelina tuberose 
L.estune plante du Mexique. Elle présente plusieurs 
tiges droites, articulées; des feuilles cordiformes , 
allongées , à gaîne striée. Les fleurs sont d’un bleu 
agréable. 

Ces deux plantes se multiplient de graines ou 
en séparant les racines. (L.) 

COMMELINÉES, Cormmelinccæ. (RoT. PHAN.) 
Famille de la classe des plantes monocotylédonées, 
formée de quelques genres de la famille des Jon- 


COMO 


cées, de Jussicu, où de trop grandes généralités 
entraineraient peut-être trop d’exceptions. Les 
Commelinées sont des herbes vivaces ou annuelles, 
àracine fibreuse ou forméede tubercules charnus!; 
à feuilles alternes , engaînantes à leur base, Leurs 
fleurs, nues ou enyeloppées dans une spathe fo- 
liacée, ont pour caractères distinctifs : un périan- 
the à six divisions profondes, disposées sur deux 
rangs; trois extérieures, vertes et calicinales, et 
trois intérieures, un peu plus grandes, pétaloïdes, 
munies ou non d'un onglet ; six étamines, atta- 
chées sous l'ovaire; une partie est quelquefois 
stérile ; un ovaire libre; un style et un stigmate ; 
une capsule trigone, globuleuse ou comprimée, à 
deux ou trois loges et autant de valves. 

Cette petite famille ne contient que le genre 
Commeline, avec ceux ‘qu’on en a détachés, le 
Tradescantia de Linné, et le Callisia d'Aublet. 

(Es; 

COMOCLADIE, Comocladia, (8or. pHax.) Nom 
donné par Linné à des arbres indigènes des An- 
ülles et de la Guiïane. Plumier, dans ses Manus- 
crits , les appelle Pseudo-Brasilium, à cause de 
leurs propriétés tinctoriales semblables à celles du 
Bsésarzer (v. ce mot). 

Le Tariri, dont parle Aublet, dans ses plantes 
de la Guiane, paraît être aussi une Comocladie. 
Jacquin , quia très-bien observé à Saint-Domingue 
les principales espèces du genre, lui assigne les 
caractères suivans : calice à trois divisions pro- 
fondes ; corolle de trois pétales ovales et aigus, 
dépassant le calice ; trois étamines, à filets courts, 
à anthères didymes; stigmates sessiles ; obtus ; 
drupe succulent, oblong et arqué, marqué de 
trois points au sommet; noyau à une loge ct 
une graine, 

Ces caractères placent le genre Gomocladie 
dans la Triandrie monogynie , L. , famille des Té- 
rébinthactes de Jussieu. On verra qu’il possède, 
avec quelques espèces de Rhus, des analogies très- 
marquées. C’est un raisonnement applicable à 
l'humanité comme aux végétaux , que la ressem- 
blance des formes extérieures entraîne souvent 
analogie de qualités ou de propriétés. 

On connaît trois ou quatre espèces de Como- 
cladies ; nous parlerons des deux suivantes, qui 
sont les plus intéressantes, et font parfaitement 
connaître le genre. 

La CowocLante À FEUILLES ENTIÈRES, Comocladia 
integrifolia, L., est un arbre de vingt à vingt- 
cinq pieds de hauteur, rameux, portant des feuilles 
ailées avec impaire, à folioles pétiolées, ovales, 
couleur pourpre foncé , disposées en grappes axil- 
laires. À Saint-Domingue , où il garnit le pied des 
montagnes, on l'appelle Bresillet, parce qu'il 
fournit une teinture analogue à celle da bois de 
Brésil. Son fruit , pourpre-foncé, lors de sa matu- 
rité , est comestible et recherché dans le pays sur- 
tout par les jeunes filles ; de là vient le surnom de 
Fruit des Vierges. Mais elle se gardent bien d'y goûter 
lorsqu'il est encore d’un rouge clair; le plaisir se 
changerail en poison : il serait encore imprégné 
du suc des autres parties de l'arbre, suc d’une 


278. 


GONC, 


telle causticité, qu'il brûle et désorganise la 
peau , et laisse des traces indélébiles de ses rava- 
ges. L'imagination des colons ne pouvait manquer 
d’atiliser une aussi funeste propriété : le suc de la 
Comocladia leur servait à marquer leurs nègres ! 

La ComocLanie DENTÉE , Comocladia dentata, 
Willdenow, appelée Guao, à Saint-Domingue, 
diffère de la précédente, parce que ses feuilles sont 
bordées de dents épineuses , et qu’on ne peut man- 
ger son fruit. Du reste, c’est un arbre aussi peu 
sociable que son confrère; une odeur infecte, sem- 
blable à l'hydrogène sulfuré , s’exhale de ses 
feuilles si ‘on les froisse ; dormir à son ombre, di- 
sent les habitans du pays, c’est vouloir ne plus se 
réveiller. Le savant et scrupulenx Jacquin se cou- 
cha au pied de cet arbre pour vérifier le fait, au 
moins en partie : il n’éprouva aucun malaise, Ce- 
pendant il est probable que les émanations de la 
Comocladie sont fort malsaines. :(L.) 

COMPOSÉE (rLeur). (807. pHan:) Ce nom a 
désigné et désigne même encore l'assemblage de 
petites fleurs, qui, réunies sur un réceptacle com- 
mun, composent lafleur générale du Soleil, du Dah - 
lia, du Chardon et autres plantes de la même 
classe, On sent que cette expression est inexacte : 
ce genre de fleurs n’est pas réellement composé; 
c'est une réunion de plusieurs fleurs ; c’est, comme 
l'a dit un ingénieux botaniste, un épi, moins la 
tige. Nous avons décrit ce mode d’inflorescence 
au mot CAPITULE, (L,) 

COMPOSÉES (Famille des). (8or. pan.) Tour- 
nefort adopta ce nom pour y classer les végétaux 
qui portent des fleurs composces ; Linné les range 
dans sa Syngénésie. Le professeur Richard'a pro- 
posé, et l’on a généralement adopté pour désigner 
cette famille, l'expression de Synanthérées, qui est 
tirée d’un caractère vrai et particulier à ce mode 
d’inflorescence. (L, 

COMPOSÉS (Corps.) (curm.) Les corps Gom- 
posés sont des corps qui renferment au moins 
deux sortes de matières, mais qui peuvent en 
contenir trois, quatre, cinq, etc. : de là leurs dé- 
nominations de corps binaires , ternaires, quater- 
naires , elc. EE 

CONCEPTION. Foy. Féconpariox ,. G£néra- 
TION , REPRODUCTION. 

CONCHIFERES. (mozz). Lamarck a donné ce 
nom à une classe de mollusques qui correspond 
aux Acéphales de Cuvier. Voy.. AcéPnaLes. 

(Guér.) 

CONCHOSAURE. ( repr.. Foss.} Nom formé 
des mots grecs conchuion, petite coquille, et sauros, 
lézard, et donné à unreptile fossile, connu seule- 
ment par un fragment, du crâne trouyé: dans le 
calcaire coquillier de Leineck, dans le Bayreuth, 
par la configuration des pièces subsistantes du 
crâne, Cet animal se rapproche des Crocodiles ; 
mais son système dentaire le distingue de tous les 
genres connus, de cette famille, Les dents, au 
nombre de treize de chaque côté , s’étendent seu- 
lement. jusqu’au dessous de l’angle antérieur de 
l'œil; toutes sont creuses, coniques, simples, 
légèrement arquées en arrière, à racine enfoncée 


dl LA es 


ci 


1 


mi,  ; vi 
E fl 4 


2 Concholepas 


3 Condylure 


L. Cuerin dr 


4 


LD 2 


Cône 


VAPETSE 


de 


CONG 
dans des alréoles distinctes, peu distantes les unes 
des autres, disposées sur uné seule série insérée 
sur le bord des os maxillaires ; ces dents sont lé- 
gtremént étranglées à leur collet ; striées longitu- 
dinalement À leur couronne, toutes petites, éga- 
les, à l'exception de la seconde, en comptant 
d'avant en arrière , qui dépasse ses congénères de 
plus dutriple en grandeur et en grosseur ; elle a 
sur le fragment connu environ 0,012° de saillie, 
tandis que les autres dents n’offrent guère que 
0,003. Van Meyer de Bonn, à qui l’on doit la 
description de ce fossile curieux, lui a donné le 
nom de Conchiosaure comme nom de genre, et de 
Conchiosaure claviforme, €. clavatus, où à dents 
en forme de clou, comme nom d’espèce. 
(FT. ©.) 

CONCHOLEPAS, Concholepas. (mor. ) Co- 
quille anivalve marine , des plus remarquables par 
la singularité de sa forme, et dont Lamarck a fait 
un genre, pour une espèce seulement , sur lx con- 
sidération dé son ouverture, qui est très ample, 
et des deux petites dents placées à la base de son 
bord droit. Quoique l'animal de cette coquille ne 
fût pas connu de ce naturaliste , il ne lui en assi- 
gna pas moins la place qu'il doit occuper , en le 
mettant dans ses Mollusquestrachélipodes, famille 
des Purpurifères. Cette coquille, que tout le 
monde connaît, qui n’a rien d’agréable à l'œil, 
et qui, jusqu’à ces derniers temps, avait élé con- 
sidérée par tous les navigateurs comme appartenant 
à la classe des bivalves, supposant que le hasard 
faisait que la valve gauche manquait toujours, soit 
qu'elle fût adhérente à des rochérs sous-marins, 
où attachée à des bancs de coraux , ne fut par ce 
motif que fort rarement rapportée du Pérou, où 
elléest commune à ce point, que les propriétaires 
vorsins des côtes de la mer les ramassent en tas 
fort gros, pour en faire de la chaux dont ils se 
servent pour fumer leurs terres. Par ce motif, 
elle était rare en Europe, et ne se payait pas moins 
de trois cents francs dans le commerce ; aujour- 
d’hui, sa valeur a tellement diminué, que pour 
huït ou dix francs on peut se procurer les plus 
beaux exemplaires connus. 

L'étude que nous avons faite du mollusque qui 
produit cette coquille ne nous a présenté au- 
cune espèce de différence avec l'animal bien 
connu des Pourpres, l’opercule étant absolument 
Je même quoique plus développé ; la coquille elle- 
même ne diffère des Pourpres qué par une 
plus grande ouverture qui ne saurait former un 
caractère. Tous ces motifs nous ont porté à sup- 
primer ce genre ct à le réunir aux Pourpres, en 
l'admettant comme type de notre première divi- 


‘sion , dans lé travail que nous avons présenté en 


1822 à l'académie des sciences , et qui a été in- 
séré ax Annales des sciences naturelles pea de 
temps après. Nous nè donnerons pas la descrip- 
tion de cette coquille devenue très-comimune, 
nous nous bornerons à renvoyer le lecteur pour 
Tétude de Fanimal aux Illustrations z6ologiques 
dé M. Lesson dont nous avons reproduit les fign- 
rés dans nôtre Atlas, pl. 125, fig. 1, et nous lui 


270 


no 


CONC 


appreñdrons que nous possédons deux autres es- 
pèces de Concholepas, dont l’une est admirable 
pour la variété du dessin ét des couleurs. M. de 
Blainville dans son article du Dictionnaire des 
sciences naturelles, tome x, page 166, annonce 
que cette coquille a près de deux pouces de long: 
c'est une erreur, Car nous connaissons des exem- 
plaires qui dépassent cinq pouces. (Ducr.) 

CONCHYLIOLOGIE. (mozr.) Ce mot , qui si- 
gnifie discours sur les coquilles, sert à désigner Ja 
partie de la zoologie qui s’occupe de l’étude du 
test des Mollusques. Pendant long-temps les ama- 
teurs de coquilles ne se sont occupés que de celte 
partie de la science , et ont tout-à-fait négligé les 
animaux qui construisent les coquilles; mais ac- 
tuellement que les études zoologiques ont pris 
une marche plus philosophique, il n’est plus pos- 
sible d'étudier séparément une simple production 
de la peau d’un mollusque; aussi la Conchyliologie 
n'est plus seulement le partage de quelques collec- 
teurs à qui il suflit d'arriver à savoir le nom d’un 
coquillage pour leranger dans leurs cadres, Beau- 
coup de classifications ont été basées sur la forme 
des coquilles , sur les dents de la charnière des ” 
bivalves, sur les plis de la columelle des univat- 
ves, etc. Mais depuis les travaux de Cuvier, de 
M. de Blainville et de plusieurs autres naturalis- 
tes qui ont étudié les animaux après eux, l’on est 
arrivé à une méthode naturelle pour cette par- 
tie de la science, comme pour toules les autres. 
Nous renvoyons à l’article Mozcusques, pour tout 
ce qui à rapport à cette grande division du règne 
animal. (GuËr.) 

CONCOMBRE, Cucumis. (B0T. pran. et AGR.) 
Genre le plus intéressant de la famille des Cucur- 
bitacées et de la Monoécie monadelphie. Le nom- 
bre des espèces est grand , toutes sont annuelles, 
herbacées , à tiges se traînant sur le sol ou grim- 
pant autour des arbres placés dans le voisinage; 
leurs feuilles sont alternes, les fleurs axillaires à 
sexes séparés, mais réunis sur le même individu. 
La plupart sont originaires des chaudes régions 
du vieux continent , et donnent des fruits bons à 
manger. 

Dans ce genre les botanistes réunissent ensem- 
ble le Melon et le Dudaïm ; aux yeux des agri- 
culteurs il existe des distinctions très-sensibles 
dans les vues économiques entre ces deux espèces 
et celle du Concombre proprement dit, je les 
adopte et je remets à traiter plus tard du Dupaïw 
et du Mezox (v. ces deux mots). Je ne parlerai 
done ici que du Concombre commun, du Con- 
combre serpent, du Concombre du Japon, du 
Concombre à angles tranchans et du Concombre 
angure ; ainsi que du Chaté et de la Coloquinte 
ou Concombre amer. 

L. Concousre commun, €. sativus. Plante pota- 
gère des plus anciennement connues; on ignore 
quelle fut sa patrie, l'époque de son introduction 
dans les jardins européens ; quand et où ses di- 
verses races ont élé oblenucs; on ne sait même 
pas si leurs différences sont complétement des 
eflets de la cultare;, ou s’il a existé des types éga- 


CONG 


280 


CONCG 


SR 


lement sauvages et variés à raison des influences 
locales, car il y en a de plus où moins robustes. 
Ce que l’on trouve de plus certain dans l’histoire 
de cette intéressante Cucurbitacée , c’est que les 
quatre ou cinq races que nous possédons sont na- 
tives de la zone intertropicale et se perpétuent 
constamment bien quand on a le soin de choisir 
les porte-graines et d'éviter les fécondalions croi- 
sées. Le Concombre est plus robuste que la plu- 
part des Courges , et moins délicat que le Melon , 
la Pastèque et la Melonnée. (7. au mot Gucur- 
BITACÉES.) Ses Liges sont longues, rameuses et 
rampanles, rudes au toucher comme toute la 
plante, garnies de feuilles pétiolées , échancrées 
en cœur à ieur base et découpées en cinq lobes 
aigus, inégaux. De l’aisselle des feuilles sortent 
de longues vyrilles simples, tordues en spirale. 
Des fleurs jaunes naissent aussi à leur aisselle et 
sont disposées deux où plusieurs ensemble. Aux 
fleurs femelles, moins nombreuses que les fleurs 
mâles, succèdent des fruits allongés, presque cy- 
lindriques , souvent verruqueux et légèrement re- 
courbés en arc, à surface tantôt blanche, verdâtre 
ou jaune, selon les variétés. Ges fruits, dits ali- 
mentaires, quoique peu nourrissans, sont aqueux, 
d’un goût légèrement prononcé, se mangent cuits 
et préparés de différentes manières, Dans le midi 
de la France et surtout en Espagne et en Italie, 
on les sert habituellement sur la table du riche 
etsur celle du pauvre ; ils sont fortement épicés 
et deviennent alors de facile digestion. On les 
mange crus quand ils ont été cueillis verts et mis 
à confire dans le vinaigre : sous cette forme ils 
prennent le nom de Cornichons. Le Concombre se 
réduit en pommade et entre ainsi dans la toilette 
des dames : cette composition est un cosmétique 
réputé pour adoucir la peau, pour dissiper les 
feux qui viennent en altérer la fraicheur et le doux 
incarpat. 

Celte espèce compte plusieurs variétés , 1° le 
Concombre tardif, de médiocre grandeur, mais 
très -robuste et le plus productif; il est d’un goût 
excellent et peu sujet à devenir amer en s’étiolant 
par sa pointe, aussi le cultive-t-on fréquemment ; 
2° le Concombre vert, le plus voisin de l’état sau- 
vage par son pelit volume, il pousse peu, mais 
noue facilement et produit beaucoup : c’est celui 
que l’on préfère pour confire au vinaigre; 3° le 
Concombre hätif, estimé pour sa fprécocité, il est 
peu gros et moins productif que les autres; 4° le 
Concombre , à bouquet que l’on dit à tort venu de 
la Russie, il est très-petit, presque rond, fort 
hâtif; ses fruits sont réunis trois ou quatre en- 
semble à l'extrémité d’une tige courte; 5° le Con- 
combre perroquet d’un vert päle, inégal, souvent 
jaune, son goût est relevé, quelquefois même 
afec excès ; 6° et le Concombre blanc, le plus déli-- 
cat de tous , celui qui, surtout dans nos départe- 
mens du midi, acquiert le plus de volume; sa 
chair est blanche, fondante , d’un bon goût, que 
l’on soutient en la farcissant. Ge beau Concom- 
bre, l'honneur des couches bien soignées, a le 
défaut de s’élioler, ce qui rend très-amer la pulpe 


voisine de Ja partie ridée, flasque et très-diminuée 
par l'effet de l'étiolement. ‘ 

Dans le midi le Concombre se cultive en pleine 
terre et ne demande aucun soin; il suit les capri- 
ces de sa végétation, s’élend suivant sa force et 
celle que lui donne le sol sur lequel il vit; plas le 
sol est léger, plus il est convenablement amendé, 
plus le fruit est volumineux, excellent. Dans le 
nord , il faut aider à sa croissance en enveloppant 
la plante de paquets de fumier à demi consommé, 
lai fournir une bonne exposition et toutes les at- 
tentions d’une culture artificielle. À la quatrième 
feuille, sarclez et buttez, enlevez les pieds faibles, 
et si la sécheresse l'exige, arrosez légèrement. 
C’est une faute grave que de couper les fleurs mâ- 
les, vulgairement appelées fausses fleurs, au mo- 
ment où elles paraissent , comme aussi de pincer, 
d'arrêter les bras : la nature ne fait rien sans but : 
les fleurs mâles servent à la fécondation, les bras; 
en secouvrant de larges feuilles, suppléent à l’exi- 
guité des racines et nourrissent la plante. 

Tout ce que l’on a dit jusqu'ici sur le mélange 
et la dégénération du Concombre par la féconda- 
tion des Gourges est absolument faux. Seulement 
il convient de ne point mêler ensemble les diffé- 
rentes variétés, si l’on veut avoir des porte-grai- 
nes francs, donnant constamment les mêmestypes 
dont ils proviennent. 

II. ConcomBre SERPENT, C. fleæuosus. Cetle 
espèce a reçu le nom qu’eile porle à cause des 
replis que ses tiges grêles et velues font en se 
traînant sur le sol; ses feuilles sont assez sem- 
blables à celles de l’espèce précédente, mais 
moins larges ; les fleurs qui les décorent se font 
remarquer par leur jaune brillant, leur peuitesse ; 
les fruits, tantôt jaunâtres, tantôt blancs, sont 
fortement ondulés dans leur jeunesse, très allon- 
gés, obtus et plus gros à leur sommet, courbés 
et repliés à leur extrémité. Sa culture est de pure 
curiosité; (dans les départemens de l’ouest , sur- 
tout dans celui de la Sarthe, je l’ai vu employé 
en cornichons. Quoique originaire de l'Inde, 
quelques horticulteurs le désignent sous le nom 
de Concombre de Turquie; on le sème en pleine 
terre: il s’allère très-difficilement. Miller assure 
l'avoir conservé quarante ans dans ses cultures 
aux environs de Londres. 

III. Concomgre pu Japon, C. conomon. Nous 
devons la connaissance de celte espèce à Kæmpfer 
et à Thunberg ; elle est cultivée dans le Japon et 
y entre dans les préparations culinaires; on la 
mange aussi apprêtée avec le marc de cerises. Le 
fruit est très-gros, oblong, jaune et à dix sillons ; 
sa chair ferme devient fondante par la cuisson. 

IV. ConNcoMRBRE A ANGLES TRANCHANS, €. acu- 
tangulus. Originaire de l'Asie. Gelte espèce se 
trouve également en Tartarie, dans Ja Chine, au 
Bengale et sur les bords de la mer Noire; on la 
rencontre dans quelques jardins de l'Europe; mais 
elle y est rare, et connue sous les noms de Pa- 
pengaie et de Paponge. À des tiges rampantes ct 
parfois grimpantes, menues et anguleuses, cou- 
vertes de feuilles en cœur, arrondies, un peu 


rudes 


CONCG 


281 


CONG 


2e oo, 


rudes au toucher, vertes en dessus, blanchâtres |] 


et velues en dessous, on voit, de juin à septem- 
bre, des grappes.de fleurs jaunâtres, assez grandes, 
‘qui donnent des fruits allongés, petits, remar- 
quables par leurs dix angles tranchans ét par un 
opercule caduc et pointu. Encore vertes et à demi- 
grosseur, les papengaïes ont la pulpe blanche, 
Juteuse, très-appétissante; on les mange cuites 
sur la braise, ou bien avec leriz, ou mieux encore 
-assaisonnées en salade. Lors de la maturité par- 
faite, la pulpe se dessèche, devient fibreuse, 
tandis que l'écorce durcit et permet d’en faire de 
petits vases. 

V. ConcouBre ANGURE, C. anguria, Recherchée 
en Amérique, son pays natal, et surtout dans 
l'ile de la Jamaïque, à cause de sa pulpe très- 
agréable au goût, cette espèce est munie de 
feuilles palmées , profondément sinuées , et por- 
tées sur une tige grimpante; elle a des petites fleurs 
jaunes, et des fruits ovoïdes, hérissés de pointes, 
blanchätres et abondans. Elle s'étend au plus à 
deux mètres. 

VL Concousre cuATÉ, C. chate. L'Egypte nous 
a fourni cette espèce sous le nom arabe 4bdelaoui. 
Ses tiges rampantes, velues, rameuses, coudées 
en zig-zag , sont garnies de feuilles arrondies, sur- 


chargées de poils mous et blanchâtres. Les fleurs, ; 


jaunes et pelites, se trouvent attachées à la tige 
par des pédoncules très-courts. Les fruits affectent 
la forme d’un fuseau et sont hérissés de poils 
blancs : les Arabes et les Egyptiens les man- 
gent crus et cuits; ils en font aussi une boisson 
rafraîchissante et agréable. La culture de cette 
cucurbitacée est chez eux très -étendue ct 
soignée. : 

VII. Concomsre AMER, C. colocynthis, Vulgai- 
rement connue sous le nom de Coloquinte, que 
bien des personnes donnent mal à propos aux 
fruits des courges cougourde, pyriforme et orange 
(v. au mot Courcs) , cette espèce annuelle croit 
naturellement sur les côtes sablonneuses et mari- 
times de la Barbarie, de l'Egypte, des îles de 
l’Archipel et d’autres contrées du Levant. Elle a 
les tiges grêles, anguleuses, hérissées de poils et 
couchées ; les feuilles profondément laciniées , à 
découpures obtuses, velues et blanchâtres en des- 
sous; les fleurs jaunâtres, assez grandes, axillai- 
res, s’'épanouissent depuis le mois de mai jusqu’en 
août; les fruits globuleux, glabres', d’abord ver- 
dâtres, puis jaunes, à écorce mince et dure, et 
dont la pulpe blanche, spongieuse, est célèbre par 
sa saveur extrêmement amère. Quand la pulpe est 
sèche, elle sert encore quelquefois, mais beau- 
coup moins que durant les siècles passés, dans les 
cas désespérés , surtout dans l’apoplexie , l’hydro- 
pisie , la colique des peintres : il faut l’administrer 
à petites doses et préférer celle qui nous vient 
d'Alep. 

Avant de terminer cet article, je dois citer deux 
espèces moins connues et qui mériteraient de 
l'être davantage ; la première sert de transition 
naturelle du Concombre au Melon; le Concomgre 
pÉLIcIEUX, C. deliciosus, qui se cultive en Portu- 


Towe II. 


gal et dont on ignore la patrie ; l’autre est le Con- 
combre d'Arabie, C. prophetarum, qui prend 
place entre le Concombre chaté et la Coloquinte. 
Le Concombre délicieux a la chair blanche, fort 
odorante, d’une saveur très-délicate et agréable- 
ment parfumée; elle est recouverte par une écorce 
pañachée de jaune plus ou moins foncé ; le fruit, 
de forme ovale-arrondie, est de la grosseur d’une 
pomme dite reinette du Canada. Îlse distingue 
du Melon par les poils courts de son enveloppe. 
Le fruit du Concombre d'Arabie est globu- 
leux, hérissé de longs poils, à pulpe amère, 
mais très - rafraîchissante, fort recherchée par 
les peuples des pays où la plante croît ‘spontané- 
ment. 

Coxcomgre D’ANE. L’on donne vulgairement ce 
nom au Giclet élastique , Momordica elaterium , 
quilance au loin ses graines et son suc corrosif. 
V, Giczer. 

ConcouBre DE cArËM£. Espèce de P£pon girau- 
moné. Ÿ. Cource. 

Coxcowsre D'Ecypre, Momordica luffu C’est le 
Luffa ou Torchon, ainsi nommé de ce que sa pulpe 
desséchte sert à essuyer dans les cuisines. #7, 
Giczer. 

Concouere p’miver et de Malte. Autre espèce 
de Pépon, plus connue sous le nom de Barbarine. 
V, Courez. 

Concompre sauvace. À Cayenne, c’est le Mélo- 
thrie, Melothria pendula ; en France, c’est le Gi- 
clet, Momordica elaterium ; chez quelques auteurs, 
c’est la variété à cornichons du Concombre com- 
mun, Curcumis sativus. (T. ». B.) 

CONCRÉTIONS. (min. 7001. 8oT. ) Ce nom 
s'applique généralement à des substances solides, 
d’une forme irrégulière, dont les particules se 
sont réunies plus ou moins lentement et par voie 
de sédiment ; parce qu'il a presque toujours fallu 
que ces parties fussent suspendues dans un li- 
quide. 
En minéralogie, on appelle Concrétions des 
masses pierreuses et métalliques , formées comme 
nous venons de le dire, mais présentant ordinai- 
rement des couches parallèles, souvent concen- 
triques,comme dans lesStalactitesetles Stalagmites 
(voy. ces mots) qui tapissent les parois de cer- 
taines grottes. On donne aussi le même nom à des 
nodules arrondis, qui se trouvent au milieu de 
quelques roches, calcaires, marneuses ou argi- 
leuses. Ces nodules sont ordinairement plus durs 
que la roche qui les renferme. Quelques uns of- 
frent dans leur intérieur des cavités de forme 
prismatique, séparées par des cloisons : les anciens 
minéralogistes leur ont donné le nom de Zudus 

voy. ce mot ). 

Les Concrétions animales, appelées Calculs, 
sont des matières solides, qui se rassemblent et 
s’agglomèrent dans Ja vessie, les reins , les intes- 
tins de l’homme et de tous les animaux. Quelques 
uns sont généralement connus sous le nom de 
Bézoard. Certaines Concrétions animales ; telles 
que les Calculs de la vessie, sont, comme les Con- 


116° Livraison, 36 


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COND 


#82 


COND 


a ———— 


-crétions minérales, formées par couches succes- 
sives. 

Les végétaux eux-mêmes ne:sont pas dépourvus 
de ces agglomérations de substances dures; mais 
les Concrétions végétales sont plus rares que les 
autres. Elles sont aussi plus difliciles à expliquer 
que celles des règnes minéral et animal. Ainsi, le 
Bambou offre des Goncrétions siliceuses, tandis que 
dans certaines plantes du genre Chara, elles sont 
calcaires. (J. EH.) 

CONDENSATION. (cm. ) Phénomène qui se 
manifeste par un rapprochement moléculaire qui 
n’a Jieu que par une perte ou une soustraction 
plus ou moins grande de calorique, et que l'on 
observe toutes les fois qu’un corps passe de l’état 
de vapeur à l’état liquide ou solide, comme dans 
la distillation, la sublimation; ou de l’état liquide 
à l’état solide, comme dans la congélation, 

(EE ) 
:, CONDOR. (ois.) V’oy. CATHARTE. 
*CONDRODITE. (wix.) Substance plus souvent 
jaunâtre que brunûâtre, cristallisant dans le sys- 
ième prismatique oblique , plus dure que le feld- 
spath, moins dure que le quartz et inattaquable 
aux acides. Elle est composée de 30 à 33 p. cent 
de silice , de 59 à 6o de magnésie unie à l’acide 
fluorique. On la trouve disséminée dans une roche 
calcaire, grenue ou lamellaire , en Suède et dans 
l'Amérique septentrionale.  . =: (J. H.) 

CONDUCTEUR DU REQUIN et CONDUC- 
TEUR DE L’AIGLEFIN. (porss.) Noms vulgaires 
donnés à des’ Gades et à des Centronotes. 

( Guér. ) 

CONDUIT. (anarT.) Ce mot est synonyme de 
Canal, et s'entend d’une excavation plusou moins 
étendue, et qui donne passage à un liquide ou 
sert à loger des vaisseaux et des nerfs. On dit le 
Conduit auditif externe, pour désigner le canal 
qui s’étend de la conque de l'oreille au tympan ; 
le Conduit auditif interne , pour désigner celui qui 
est creusé dans la face postérieure du rocher; on 
dit encore le Conduit vidien, pour désigner le petit 
canal osseux qui, à la base de l’apophyse ptéry- 
goïde , livre passage aux vaisseaux el aux nerfs du 
même nom. (P.G.) 

CONDILOPES , Condilopa. (2001, ) Grande 
coupe, dont le nom signifie pieds à Jjointures, 
établie par Latreille, comme principal démem- 
brement de la classe des animaux invertébrés ar- 
ticulés, et à laquelle il a donné pour caractères 
rigoureux : Corps invertébré , articulé , exuviable, 
pourvu d’yeux, d'antennes, d'une bouche com- 
posée de mâchoires, gisant horizontalement, de 
pieds articulés , onguiculés a bout, 

Gette division présente , comme on le voit, des 
caractères rigoureux bien faciles à reconnaître ; 
mais les différens individus-qui la composent sont 
loin d’offrir dans le reste de leur organisation la 
même homogénéité ; et malgré les travaux très- 
ingénieux d'auteurs du plus grand mérite , pour 
retrouver, sousles différentes variations de forme, 
une similitude. parfaite de composition dans les 
segmens qui composent le corps de-ces animaux, 


* 


malgré même l'autorité de mon respectable maf- 
tre Latreille, je pense que cette coupe n’est bonne 
que comme une division méthodique, et que les 
individus qui la composent doivent être définis 
chacun à leur place, aucune définition détaillée 
ne pouvant se rapporter au groupe entier. 

. Les animaux compris dans cette coupe sont 
les Crustacés , les Anacunipes , les Myrraronzs et 
les INSECTES. (A: P.:} 

CONDYLE, Condylus. (anar.) Nœud, émi- 
nence ; saillie articulaire, arrondie dans un 
sens, et aplatie dans l’autre. (M. S. A.) 

CONDYLURE , Condylura. (mawm. ) Les Con- 
dylures forment un petit genre de Mammifères 
carnassiers, appartenant à la famille des Insecti- 
vores talpiens de Blainville, et qui a pour ca- 
ractères : corps trapu; museau très-prolongé ; 
garni de crêtes membraneuses, disposées en étoiles 
autour de l’ouverture des narines; point d’oreilles 
externes; yeux extrêmement petits; pieds anté- 
rieurs courts, larges et robustes, à cinq doigts 
munis d'ongles, et propres à fouir de même que 
ceux des taupes ; pieds postérieurs grêles, à cinq 
doigts; queue de longueur médiocre. 4o dents : 


2_ incis. , ==: canines et 5% molaires, Ces ani- 
maux sont à peu près de la taille des Taupes, dont 
ils ont aussi les formes et les habitudes; on les 
trouve dans l'Amérique septentrionale, Leur nom, 
qui signifie articulations ou platôt nœuds à la 
queue , leur a été donné par Illiger ; il est le ré- 
sultat d’une erreur primitivement commise par le 
P. La Faille, qui a fait dessiner le Condylure 
étoilé , avec des renflemens noueux à celte partie, 

Le Conpypure À museau ÉroiLé , Condylura 
cristata, que l’on connaît sous le nom de T'aupe 
étoilée du Canada , est l'espèce la plusremarquable 
de toutes : ses narines sont entourées d’un cercle 
de petites lanières membraneuses, réunies par 
leur base, dans laquelle est percé l’orifice des na- 
rines, et qui représentent une espèce d'étoile. Get 
animal est figuré dans lIcon. de M. Guérin, 
ographie pl. 11 bis, fig. 2; il a de longueur to- 
tale , quatre pouces. On le trouve dans le nord 
des Etats-Unisct au Canada, où il est commun. 
Nous l'avons représenté dans notre Atlas, pl 121, 
fig. 2. 

ConpyLure À PELAGE vent, Condyl. prasinata , 
a le pelage long et fin, teint d'une belle couleur 
verte; la crête étoilée qui recouvre son nez a 
vingt-deux pointes ou lanières. Etats-Unis. 

CoNDYLURE A GROSSE QUEUE, Condyl, macroure , 
vit dans les mêmes contrées: il est généralement 
d’un gris noirâtre sur Je corps, avec le museau 
fauve; son étoile est à vingt pointes. 

Une autre espèce, que plusieurs auteurs révo- 
quent en doute, est le CoxNDYLURE ‘A LONGUE QUEUE, 
Talpa longicaudata, Gmel. , qui est peut-être le 
résultat de l’étude d’une peau mal préparée. 

(Genv.) 

CONE, Conus. (voir. ) Genre de Mollusques 
gastéropodes , de l'ordre des Pectinibranches, fa- 
mille des Buccinoïdes, établi par Linné et adepté 
depuis par tousles conchyliologistes. La coquille des 


CONE 


‘283 : 


CONE 


oo 


Cônes se reconnaît à sa spire tout-à-fait plate ou 
peu saillante, formant la base d’un véritable Cône, 
dent la pointe est à l'extrémité opposée ; à son ou- 
verture étroite, rectiligne ou à peu près, étendue 
d’un bout à l'autre, sans renflement ; ni plis, soit 
au bord, soit à la columelle, D’après des obser- 
vations toutes récentes, faites par MM. Quoy et 
Gaymard, l'animal des Cônes est fort aplati en 
avant, et s’il paraît l'être moins en arrière, c’est 
parce que la spire décrit cinq à six circonvolutions 
enroulées les unes sur les autres. Une seule espèce, 
le Cône tulipe, n’est pas aussi comprimée. Le pied 
est allongé, peu large, épais sur les bords, ar- 
rondi aux deux extrémités, mais plus évasé en 
avant, s’abaissant quelquefois à la manière de 
celui des strombes, portant un sillon marginal au 
fond duquel est une large dépression, du moins 
dans le Cône tulipe, et plus bas, en dessous, un 
poretrès-marqué.Getorgane, pour rentrer dans une 
ouverture aussi étroite que celle de la coquille, 
n’éprouve pas la duplicature qu'offre celui des vo- 
lutes et des olives ; il rentre obliquement par le 
bord droit. L’opercule est ovalaire, allongé, fort pe- 
titetonguiculé; les tentacules sont peu longs, gros, 
cylindriques; ils portent les yeux sur unrenflement 
près de leurpointe, et sont placés sur les côtés d’une 
trompe courte, ovalaire ct non rétractile. Le 
manteau , et la cavilé respiratrice qu’il concourt 
à former , sont portés en travers sur le côlé droit. 
Le siphon est très-long, gros, évasé à son extré- 
mité; on peut trouver dans les couleurs de bons 
caractères pour distinguer les espèces. 

Nous n’entrerons pas, avec les auteurs cités plus 

baut, dans des détails sur l'anatomie de ces Mol- 
lusques ; nous dirons seulement que leurs branchies 
sont. placées à droite, que la plus grande est for- 
tement arquée, et que la seconde, qui a deux 
rangées de folioles , est plus grande dans ce genre 
que dans la plupart des Mollusques pectini- 
branches. 
: Les Cônes sont probablement les plus timides 
des Mollusques qui vivent dans la mer. Plus d’une 
fois, disent les voyageurs que nous avons cités, ils 
ont lassé la patience que nous mettions à attendre 
qu’ils se développassent. Le moindre choc les fait 
rentrer pour ne plus reparaître, et ils meurent pro- 
fondément enfoncés dans leur enveloppe. La pe- 
santeur de leur coquille, jointe au peu de grandeur 
et de force du pied, nuit considérablement à leur 
progression ; aussi se tiennent-ils constamment au 
fond. Tous sont recouverts d’un épiderme ou 
drap marin , membraneux , s’enlevant par couches 
longitudinales par la dessiccation, et quelquefois 
si épais qu'il cathe entièrement les couleurs de la 
coquille. Les Cônes habitent toutes les mers; mais 
ils sont plus communs et plus beaux dans les pays 
chauds, sans cependant s’y multiplier beaucoup 
comme certains autres genres : on les rencontre 
ordinairement à une profondeur de dix à douze 
brasses , sur les fonds de sable. 

On connaît près de deux cents espèces de ce 
beau genre; quelquesunes sont encore très-rares 
et conservent pour les amateurs un prix fort élevé; 


on peut en avoir un exemple dans l'espèce nom- 
mée AmmaL. Voy,. ce mot, 

On a divisé les espèces de ce genre nombreux 
en plusieurs coupes, selon que leur spire est plate 
ou peu saillante , et que leurs tours en sont ou non 
tuberculeux, où qu’elle est plus saillante ou même 
pointue, ayant aussi ou non des tubercules. Il y 
en a même dont la spire est assez saillante pour 
les faire paraître cylindriques, et alors elle peut 
aussi être lisse ou tuberculeuse. On appelle spire 
couronnée, celle qui a des tubercules. 

Parmi les nombreuses espèces de ce genre, nous 
décrirons seulement quelques unes des plus répan- 
dues dans les coilections , ou des plus estimées. 

CÔNE prap p’or, Conus textile, Lamarck, repré- 
senté dans notre Atlas, pl. 191, fig. 3. Il est 
ordinairement long de près d’un pouce et demi, 
cylindrique , un peu ovalaire; à spire saillante, 
non tuberculeuse ; d’un beau jaune doré, avec des 
lignes ondulées brunes, et destaches blanches trian- 
gulaires, entourées de brun, Son animal est très- 
remarquable par son siphon, qui est comme tri- 
colore, par trois cercles rouge, blanc et noir, qui 
entourent son extrémité. Il est taché de noir à sa 
base. Les tentacules, blancs à la racine, sont 
jaunes à la pointe; ils portent des yeux noirs. Le 


pied est élargi en avant, avec une tache brune en 


dessus, et une ligne rouge en dessous. Dans le 
reste de son étendue, il est couvert de macula- 
tures rouge-brun , dont la couleur est beaucoup 
plus foncée sur les côlés. Cette espèce est fort 


‘commune dans les Moluques et à la Nouvelle-Gui- 


née. M. Quoy dit que son épiderme est mince et 
jaunâtre, et qu’il n’intercepte point la coloration 
de la coquille, dont on voit très-bien les nuances 
à travers. 

CôxE AmIRAL, Conus amiralis, Lamarck. Voy, 
AmwtRaL. 

Cône cenonuzur, Conus cedonulli, Lam. Foy. 
CEponuzi. 

CÔNE Tiré, Conus mille punctatus, Lam. Sa 
coquille est épaisse, pesante , et offre sur un fond 


‘blanc un grand nombre de points foncés, varia- 


bles pour la forme, la couleur et l'étendue, dis- 
posés par lignes parallèles. Ge Cône peut être 
considéré comme le géant du genre, car on en 
trouve qui ont plus de six pouces de longueur, Il 
habite l'Océan des Grandes-Indes. 

On connaît plusieurs espèces de Gônes à l’état 
fossile; celui qu'on a nommé Conus deperditus a 
cela de remarquable, qu’il offre l’analogue d’une 
espèce vivante de l'océan Pacifique, le Cône treil- 
lissé, et qu’il se trouve communément à Grignon, 
près Paris, 

On peut consulter, pour la description des autres 
espèces, l'ouvrage de Lamarck, l'Encyclopédie 
méthodique, où l’on trouve une série de ces co- 
quilles, le Magasin de Zoologie, dans lequel 
M. Duclos en a décrit plusieurs espèces nouvelles, 
l’Iconographie du Règne animal, et la Zoologie du 
Voyage de l’Astrolabe. Bientôt on en possédera 
une magnifique monographie, fruit de plusieurs 
années de recherches, et que nous devons à 


CONF 


284 


CONF 


A — ————— 


M. Duclos, qui va publier une suite de monogra- 
phies de tous les Mollusques enroulés marins. - 
il Se (GuËx ): 
© CONE, Conus. (80T. PHAN.) On désigne ainsi 
les fleurs femelles des végétaux qui ont recu, à 
cause de cela, le nom de Conifères. Les Cônes, 
que l’on a aussi nommés Strobiles ; sont composés 
d’écailles persistantes, ordinairement disposées en 
forme conique. C’est à l’aisselle de ces écailles que 
sont les fleurs et plus tard les fruits. Nous citerons 
comme exemple la pomme de pin, qu'on nomme 
Pigne dans le midi de la France, et dont les graines 
sont très-recherchées et connues sous le nom de 
Pignons. Ÿ, Contrènes. . (GuËr.) 

CONFERVÉES. (sor. crypr.) La famille des 
Confervées, établie par M. Bory de Saint-Vincent 
parmi les algues aquatiques de Linné aux dépens 
du genre Conferva, est ainsi caractérisée : fila- 
mens tubuleux, cylindriques, vitrés, simples ou 
rameux, articulés au moyen de valvules inté- 
rieures et contenant une matière colorante; fruc- 
tilication consistant en des gemmes intérieures, 
tout-à-fait nues, non capsulaires comme dans les 
Céramiaires; point de mucosité comme dans les 
Chaodinées; point de couleur verte comme dans 
les Ulvacées, elc. 

Les Confervées , que l’on rencontre quelquefois 
dans les infusés aqueux , habitent les eaux, douces 
ou salées , la surface des bois pourris et des murs 
humides. La sécheresse les détruit et les fait dis- 
paraître pour jamais; il n’en est pas de même de 
la plupart des Céramiaires, des Ulves et des 
Chaodinées, qui, après avoir élé desséchées, re- 
prennent une apparence de vie. 

On connaît aujourd’hui quatre genres de Con- 
fervées. Dans le premier, qui se rapproche des 
Céramiaires, les filamens sont cylindriques, géné- 
ralement rameux, coriaces, marqués d’anneaux 
moniliformes à l’intérieur, et sans articles tran- 
chés sur le tube extérieur : exemple, la Scytonema; 
ou bien cylindriques, articulés par sections trans- 
versales, comme dans la Sphacellaria ; où bien 


cofin articulés par sections transverses fort visibles, : 


dépourvus de toute macule de matière colorante, 
comme dans la Pilayella. La fructification de la 
Pilayella consiste en deux globules qui se dévelop- 
peat à la suite les uns des autres vers les extrémi- 
tés des rameaux; la même chose a lieu dans 
la Sphacellaria , avec cette petite différence 
qu'ici les rameaux sont légèrement renflés en 
massue. 

Dans la Zyngbyella, qui se rapproche beaucoup 
des Sphacellaria, les fascies de la matière co- 
lorante sont longitudinales dans les articles. 

Le second genre des Confervées, voisin des 
Ulvacées , a des filamens généralement rameux ; 
chaque article est renflé ; tels snot les caractères 
de l'Ulva articulata des auteurs. 

Le troisième genre, qui a de l’analogie avec les 
Arthrodiées, dont les filamens sont généralement 
simples, renferme 1° la Percursaria, Gonfervée à 
filament interne fort sensible , parcourant le fila- 
ment externe d’une extrémité à l’autre et à travers 


les articles ; 2° la Monillina, à gemmes sphériques 
ou ovoïdes, solitaires dans chaque article; 3° la 
Gaillonella, à gemmes intérieures sphériques, 
coupées en fravers dans leur diamètre, et simuJant 
ainsi de petites boîtes à savonnette; 4° la V’au- 
cheria, à filamens bien articulés par seclions trans- 
versés : quelques unes de ces dernières se renflent 
à-l’époque de la reproduction, et deviennent de 
grosses gemmes globuleuses. 

Enfin le quatrième genre renferme les Conver- 
fées qui sont douteuses, celles qui sont voisines 
des Éctospermes et conséquemment des Characées, 
telle est la Pusillina. (FR) 

CONFERVES. (5or. crypr.) M. Bory de Saint- 
Vincent caractérise ainsi le genre Conferve, genre 
qui sert de type à la famille des Confervées : fila- 
mens simples, très-flexibles, généralement verts, - 
cylindriques, contenant une matière colorante qui 
paraît renfermée dans un tube interne, lequel tube 
ne se joint pas toujours avec le tube externe, et 
cela à cause de quelques articulations ou valvules 
transverses placées dans la substance même du 
végétal. 

Les Conferves adhèrent un peu moins au papier 
que la plupart des Chaodinées et des Céramiaires; 
elles habitent les eaux douces ainsi que les eaux 
de la mer, sont très-nombreusces , et se divisent en 
trois sous-genres qui, plus tard, pourront être to- 
talement séparés. 

1% Sous-cenre, Conferves proprement dites. Dans 
ce sous-genre l'articulation est distincte, toute 
valvulaire , et humectée par une matière colorante 
disposée en fascie transverse et généralement plus 
étroite dans le sens de la longueur de l’article ; les 
valvules se détachent très-facilement du tube. 


Les Conferva compacta, zonata, fugacissima , 
dissil'ens, appartiennent aux Conferves propre- 
ment diles. 

2° Sous-genre. Chantransies. Ici l'articulation 
ressemble complétement à la précédente ; la ma- 
tière colorante y est agglomérée en taches fort 
différentes des fascies , et se rapproche de la forme 
carrée. 


Parmi les espèces de ce sous-genre, dont la fi- 
gure peut être comparée à celle que présentent, 
dans les boutiques de charcuterie, les séries de 
saucisses ou de boudins , nous citerons la Conferva 
ericetorum, alpina, quadrangula, capillaris et 
fucicola. Ges espèces abondent sur les fucus et 
dans les eaux douces. 


5° Sous-genre. Lamourouxelles. Dans les Lamou- 
rouxelles l’article n’est indiqué d'aucune manière, 
mais la matière colorante s’y présente sous la 
forme d’une série de carrés; tels sont les caractères 
des Conferva flacca, implexa tortuosa et linum, 
espèces qui habitent l'ile de Mascareigne, nos 
côtes et le port de Barcelone. (FH) 

CONFLUENCES. (cé£ocr. Pnxs.) Lorsque deux 
cours d’eau viennent se réunir l’un à l’autre, le 
point de ‘jonction se nomme Confluence. On à 
donné différens noms à celte pointe de terre, à 
celte espèce de cap formé par la réunion des deux 


CONF 


rivières et compris entre elles: on l'appelle queue, 
beë ; bouche, pointe ; quant aux rives du-nouveau 
cours d’eau ; elles ont äussi un nom particulier : 
ainsi on dit Je Conflent ou le Confolent d’une ri- 
vière. € L 

Il se trouve auprès de Paris une Confluence 
que tous les habitans de la capitale peuvent aller 
voir; je veux parler de la réunion de la Marne et 
de la Seine à Charenton. Il y a même un fait cu- 
rieux et intéressant : les deux rivières ne se mêlent 
pas immédiatement, et, quoique renfermées désor- 
mais dans un seul et même lit, elles n’en conser- 
vent pas moins leurs cours séparés ; ce qu’on peut 
facilement observer par la différence de couleur 
de leurs eaux respectives. 


_ La plaine qui est terminée par la queue se 
nomme Confluent; tous les Confluens sont ordinai- 
rement d’une rare fertilité, par la raison qu'ils sont 
tous composés de terrains d’alluvion; on peut 
faire facilement l’historique de ces plaines, Au 
commencement des âges, lorsque les caux des- 
cendirent des montagnes en torrens , elles empor- 
tèrent d'énormes masses de terre, et formèrent 
ainsi les vallées; mais le volume des eaux torren- 
lielles ayant diminué, ce qu'ilen resla se dirigea 
nécessairement vers les endroits les plus creux, 
et bientôt, par le ralentissement des eaux courantes 
des deux rivières, et par les dépôts apportés par 
chacune d'elles, les deux courans s’établirent tels 
que nous les voyons aujourd'hui. Si nous pouvions 
les passer tous en revue , nous reconnaîtrions bien- 
tôt la vérité de ce que nous avançons, et nous 
verrions comment les dépôts de vases et les ter- 
rains d’alluvion y ont élé successivement entrai- 
nés. Nous nous contenterons d’en citer ici quel- 
ques uns. Ainsi en Asie, les plus riches contrées 
de l'Inde se trouvent situées aux différens Con- 
Îluens de l’Indus ct du Gange ; en Chine, les cours 
d'eaux du Kian et du Wangho entourent le pays 
le plus fertile du vaste empire chinois : en France, 
c’est le Confluent de la Marne et de la Saulx, qui 
a fait la réputation du Perthois ; le Confluent du 
Rhin et du Mein a fait la beauté et l’abondance du 
Palatinat. La Mésopotamie , ce premier jardin de 
nos pères, où les premiers hommes trouvèrent une 
facile nourriture , est aussi la conséquence des al- 
luvions et des dépôts des deux fleuves le Tigre et 
l'Euphrate, qui arrosent celte magnifique contrée. 
Ce n’est donc pas sans raison qn'on peut aflirmer 
que, dans quelque pays de la terre où l'on se trans: 
porte, on reconnaîtra la justesse de cette obser- 
vation, que les meilleurs terrains se trouvent tou- 
jours au débouché des grands fleuves et des gran- 
des rivières dans les mers , des rivières dans les 
fleuves, des ruisseaux dans les rivières : cela est 
encore plus vrai lorsque ces fleuves, ces rivières, 
ces ruisseaux ont traversé des contrées fertiles , et 
de bons terrains , parce qu’alors les cours d’eaux 
cntraînent avec eux une grande quantité de Lerre 
régétale qu'ils viennent déposer aux Confluens. 


(G. J.) 
CONGÉLATION. ») nys.) Passage d’un liquide 


285 


CONG 


à l’état solide , occasioné par un. abaissement de 


température, : 

. CONGÉLATIONS PIERREUSES. (nx.) Nom 
impropre donné à des dépôts calcaires, cristallins 
ou gypseux, qui se forment sur les parois des 
grottes, et qu'il est plus convenable de nommer 
Stalagmites. (Guér.) 

: CONGLOMÉRAT. (céor.) Sous ce nom, tiré 
du latin conglomeratus (réuni en peloton), on com- 
prend différentes espèces de roches composées de 
{ragmens d’autres roches liés entre eux par un ci- 
ment plus ou moins dur, plus ou moins fin, plus 
ou moins grossier. Toutes les roches formées par. 
voic d'agrégation mécanique rentrent dans la 
classe des Conglomérats. Tantôt c'est un ciment 
à la fois argileux et siliceux qui réunit des grains 
de feldspath, comme dans les mimophyres ; tantôt 
un ciment à peu près semblable lie des grains 
de quartz et de feldspath, comme dans les roches 
appelées arkoses; quelquefois un ciment siliceux ou 
sableux réunit des parties arrondies de diverses 
roches pour former des poudingues ou des frag- 
meps anguleux, pour constituer des brèches ; dans 
les psammites, c’est simplement l'argile qui sert 
de lien à un sable quartzeux et micacé; dans les 
macignos ce sont des grains de quartz mêlés de 
calcaire; dans les Pséphites , l'argile cimente des 
fragmens de schistes de diverses espèces ; dans les 
anagénites un ciment tantôt calcaire et tantôt 
schistoïde réunit de petits morceaux arrondis de 
roches granitiques ; enfin c’est encore le carbo- 
nale de chaux qui retient les parties arrondies de 
différentes roches pour former les gompholithes. 
Souvent l’action du feu et celle de l’eau réunies 
font de quelques déjections volcaniques de véri- 
tables Gonglomérats. Ges roches sont peu solides 
et sont connues sous les noms de Precciole et de 
Pépérine ; mais on donne aussi quelquefois la dé- 


.nomination de brèche à des roches qui ne pré- 


sentent pas les indices du feu d’une manière aussi 
prononcée que les pépérines, qui sont tantôt des 
laves boueuses et tantôt des laves remaniées par 
les eaux. (J. H.) 

CONGO. (ciocr. Pays.) Nous désignerons sous 
la dénomination générale de Gongo, du nom d’un 
royaume qui en fait partie et d’un fleuve qui l’ar- 
rose, Loute celte vaste portion del’Afrique comprise 
entre l'équateur, dont çlle est voisine, et le 20° de- 
gré de latitude du nei< au sud, le 10° et le 20° de 
longitude, de l’ouest à l’est. C’est celle même 
conlrée qui a élé appelée indifféremment Côte 
d’ Angola, Basse-Ethiopie, Guinée méridionale et 
Nigritie méridionale. Elle à pour bornes : au nord 
la Guinée, que plusieurs géographes nomment 
septentrionale ou supérieure, à l’ouest l’océan 
Atlantique , au sud la Cimbébasie, enfin à l’est 
d'inmenses plateaux. 

Le climat du Congo est aussi doux et aussi sa- 
lubre qu’il peut l'être sous laÿzone torride ; on n y 
distingue à la rigueur que deux saisons : l’une 
chaude et l’autre pluvieuse ; mais les habitans en 
comptent six. La chaleur du jour, à l’époque des 
sécheresses, est tempérée par les nuits, qui sont 


CONG 


286 


fort longues et par les rosées que le-ciel verse en 
abondance sur la terre aride. Quant aux chaînes 
de montagnes et aux fleuves du Congo , on con- 
naît aussi peu la direction des premières que 
l'origine de ceux-ci. Trois‘grands cours d'eaux; 
qui semblent venir de l'intérieur, arrosent la 
contrée. 

Le Congo, ou Coango, dont lasource estimparfai- 
tement connue, estle plus petit des trois,ilaune lieue 
de large à son embouchure. À Go lieues de celle- 
ci il forme une belle cascade dont le bruit s'entend 
à une grande distance. Dans la saison pluvieuse, 
ses eaux inondent au loin le pays. Il est peuplé de 
crocodiles et d'hippopotames. Ge fleuve, appelé 
aussi Zaire, qui n'a pas moins de 900 pieds de 
profondeur dans quelques endroits et de 250 dans 
sa profondeur moyenne, a élé regardé par quel- 
ques géographes comme le même fleuve que le 
Niger ; cette opinion a été pleinement réfutée de- 
puis Mungo-Park. Ses cataractes, situées à plus de 
120 lieues dans l’intérieur, sont plus majestueuses 
que celles du Nil. Il se jette dans la mer avec tant 
d'impétuosité, qu'aucun fond de sonde ne peut y 
être pris, tant le courant y est violent. Le 
Coanza, dont on ne connaît pas bien la source, 
parait avoir 200 lieues de longueur. Enfin l’'A- 
vongo, le troisième grand fleuve, sort d’un lac 
situé à 10 degrés de la côte et à 5 au nord de 
l'équateur ; il s'écoule par plusieurs embouchures 
près du cap Lopez. Les indigènes font un pompeux 
tableau de la grande chute par laquelle ce fleuve, 
encore peu connu, descend du plalean des mon- 
tagnes dans la région maritime parsemée de lacs 
ét de marais. 

Le règne minéral, moins riche dans ces contrées 
que ne l’ont supposé les premiers voyageurs , pro- 
duit cependant des mines de fer, mais que les 
naturels ne savent pas exploiter, de la terre argi- 
leuse excellente et du sel gemme en abondance; 
en outre, plusieurs rivières charrient du fer dis- 
sous, que l’on retire avec des bottes de paille ou 
d'herbes sèches auxquelles il s’attache ; enfin le 
pays d’Angigo et les montagnes situées au nord 
du fleuve Zaïre fournissent du cuivre et de l'argent 
qu'on trouve à fleur de terre ; mais rien n’atleste 
l'existence de l’or; on connaît aussi au Congo les 
aérolithes , que les indigènes appellent T'argia. 

Le règne végétal ÿ est beaucoup plus riche que 
le minéral. À l’exceptioif att#roment européen, 
qui ne peut pas yfructifier, presque toutes les 
plantes potagères de nos contrées y prospèrent 
mieux que dans leur pays natal; outre ces végé- 
taux qu'ils doivent aux Portugais ét aux autres na- 
vigaleurs qui ont visité leurs côtes , une foule de 

roductions indigènes servent de nourriture aux 
habitans ; tels sont le Conde, dont le fruit, assez 
semblable à une pomme de pin, renferme une 
substance blanche, farineuse et rafraîchissante 
qui fond sur la langue ; l’/nfanda, arbre toujours 
vert, dont l'écorce sert à confectionner des étoffes 
très-estimées , les cocotiers de toute espèce, le 
dattier, que les habitans nomment Tamara, le 
palmier dont le choux renferme un vin délicieux, 


et le Baobab, dont le tronc parvient à une telle 
grosseur que vingt Hommes ne pourraient l’em- 
brasser. L’ananas vient naturellement dans les 
endroits les plus déserts; la canne à sucre dans 
les terrains les plus marécageux ; le tabac y pa- 
raît être indigène : à peine si l’on prend soin de 
le cultiver , quoiqu'il soit de première nécessité 
pour les nègres et les négresses qui tous fument 
en se servant de pipes de terre. Le coton du Gongo 
ne paraît pas inférieur à celui d'Amérique. 

Parmi les animaux, nous remarquons d'abord, 
au nombre des mollusques, des limaces grosses 
comme le bras, des cauris ou porcelaines qui cou- 
vrent le rivage et qui sont accompagnées d’une 
foule d’autres coquilles ornées ces plus vives cou- 
leurs. De tous les habitans des mers, nous cite- 
rons seulement la Torpille, dont la piqûre est 
fort douloureuse par la commotion électrique 
que produit ce poisson lorsqu'on le touche. 
Les autres poissons sont en général les mêmes 
que ceux des mers europénnes. Les rivières 
renferment une foule de Crocodiles dont plu- 
sieurs ont jusqu’à 25 pieds de long; le Boa, qui 
se pend aux arbres pour surprendre les hommes 
et les animaux, abonde dans les savanes , où les 
nègres le détruisent en mettant le feu aux herbes 
qui lui servent de retraite ; plusieurs autres espè- 
ces de serpens presque tous venimeux, infestent 
cette partie de l'Afrique. 

Parmi les oiseaux , l’Autruche et de nombreuses 
variétés de Perroquets se partagent , avec les oi- 
seaux de l'Europe, l’empire de l'air. Ainsi le 
Congo possède une grande quantité de perdrix 
rouges et grises, des cailles, des faisans, des 
grives , des pigeons, des oies et des canards, 

Les mammifères servent pour la plupart à la 
nourriture des nègres, auxquels aucune chair ne 
répugne; mais ils n’en élèvent pas à l’état de 
domesticité. Aussi voit-on des troupes de bufles, 
de zèbres , de chiens , tous sauvages et continuel- 
lement en guerre avec les hommes.ou avec les 
lions, les tigres, les panthères, contre lesquels 
ils sont sans cesse obligés de défendre leur vie. 
Les Mebbies ou chiens sauvages, que l’on croit 
être des hyènes , sont , avec les léopards”, appe- 
lés Engot, la terreur des nègres, dont ils alta- 
quent de nuit les habitations. La variété des singes 
qui peuplent les forêts du Gongo est si prodigieuse 
qu'aucun voyageur n’a pu en dresser la liste. On 
remarque parmi eux la petite Mone à queue lon- 
gue et à figure bleue, estimée des Européens 
pour sa douceur et sa gentillesse, et le Chimpan - 
zée, connu plus communément sous le nom de 
Jocko ; il a 4 pieds de haut, pas de queue, et marche 
presque toujours sur les pieds de derrière en 
s'appuyant sur une branche d’arbre avec laquelle 
il maltraite rudement les nègres qu'il rencontre. 
Les sangliers, dont on distingue plusieurs variétés, 
sont un fléau pour le pays : ils appartiennent au 
genre Phoscochère. 

Les nègres du Congo sont tellement près de 
l'état primitif, qu'on n’a jamais pu leur faire 
comprendre l’usage d’un moulin : chez eux les 


CONIE 


femmes font tous les ouvrages les plus durs, et 
les hommes ne s'occupent que de la chasse et de 
la pêche , où ils sont d’une extrême maladresse ; 
la polygamie est enusage parmi eux; les grands, 
qui ont le privilége de porter des pantoufles et 
des bottes quand ils peuvent s’en procurer, sont 
d’une dureté excessive envers leurs esclaves et 
leurs enfans. 

On remarque chez ces peuples un usage com- 
mun à beaucoup de nations sauvages ; quand une 
femme accouche, c’est l’homme qui se met au lit 
pour recevoir les félicitations de ses amis, tandis 
que la femme lui apporte la nourriture jusqu’à ce 
qu'il se relève. 

On a depuis long-temps signalé dans le Congo 
une peuplade de Juifs noirs qui ont leur culte et 
leurs cimetières séparés, et dont les nègres s’éloi- 
gnenttoujours avec dégoût. On n’a aucune notion 
certaine sur leur origine, (d. H.) 

: CONGRE. (roiss.) C'est le nom d’une espèce 

du genre Murène, qni forme actuellement le 

type du sous-genre Congre. Voyez Munkxs. 
(GuËr.) 

CONIE, Conia. (mozr.) Genre établi par le 
docteur Leach, aux dépens des Balanus, et ne com- 
prenantencore que trois espèces, la CoNiE POREUSE, 
igurée dans Chemnitz, pl. 98, n°856 ; la Conte ra- 
Diée , dont M. de Blainville donne une fort bonne 
figure dans son Traité de Malacologic; et enfin la Co- 
Nie sTaLAcTIeËRE représentée dansl’Encycl.méth., 
pl. 165, 9 et ro. Les caractères donnés à ce 
genre, dont l'animal ne paraît pas différer de 
beaucoup de celui des Balanus, ont été ainsi dé- 
crits: coquille conique déprimée , sa partie supé- 
rieure formée de quatre pièces presque égales el 
presque striées longitudinalement; support plat, 
fort mince ou membraneux, opercule articulé, py- 
ramidal, composé comme dans les Balanus de 
deux pièces de chaque côté, mobiles ou soudées 
l’une à l’autre. (Duez.) 

. CONIFÈRE, Conifera. (nor. Pnan.) Famille 
qui doit être rangée parmi les Dicotylédonées à pt- 
iales superovariés; fleurs mono ou dioïques ; fleurs 
mâlesordinairement en chaton; fleurs femelles, sohi- 
taires, réunies en globule, ou disposées en cône ; 
ovaire supère, cotylédons divisés profondément en 
plusieurs parties; tiges ligneuses; fouilles persistan- 
ies, en générallinéaires et en forme d’alêne, tantôt 
solitaires, tantôt réunies par leur base, dans une 
petite gaîne , au nombre de deux à cinq; fruit, 
dans la plupart des genres, en cône, composé de 
cariopses recouvertes d'écailles ligneuses et dis- 
iinctes, ou d’écailles charnues et soudées, 

Les genres compris dans cette famille se dis- 
tribuent en trois sous-ordres distincts, savoir : 
les Taxinées , les Cupressinées, les Abictinées. 


1" 
Fleurs femelles , distinctes les unes des autres; 
attachées à l'aisselle d’une écaille, ou au fond 
d’une sorte de capsule ; fruits simples. 
Podocarpus, Labillard., Rich., Conif., t& 1,29, 
1; Dacrydium, Rich., Comif.,t, 2, £ 1, 2; 


1° Z'axinées. 


287 


CONJ 


Salisburia, Rich. , Conif. ,t, 3,f. 1, t. 3 bis; 
Phyllocladus, Rich., Conif,,t, 3, f. 2; Ephedra 
L., Rich., Conif. ,t.4, 1 29, f. 2. 


2° Cupressinces. 


Fleurs femelles dressées , réunies plusieurs en- 
semble à l’aisselle des écailles peu nombreuses 
qui forment le fruit, plus où moins arrondi, quel- 
quefois charnu. 

J'uniperus, L. Rich., Conif., 1. Get 5; Tluya, 
L. Rich., Conif, t. 8, f, 2; Callitris, Derf., 
Rich. , Conif., t. 8, f. 1; Cupressus , L., Rich,, 
Conif. , t. 9; Taxodium , Rich. , Conif. , t. 10, 

38° Abiétinées. ÿ 

Véritables Conifères ; fruit en cône formé d’é- 
cailles imbriquées, à l’aisselle de chacune des- 
quelles sont deux fleurs femelles renversées. 

Pinus, L., Rich., Gonif, t, 11 et 12; Lariæ, R. 
Conif., t. 13; Cedrus, Rich., Gonif. &. 14 et L. 17, 
cas. 01e RACR er GONE, Eh 20 8: AD, 
16,t. 17, f 23; Cunninghamius, Rich. Conif. 
t. 18, f. 3 ; Agathis, Rich., Gonif., L. 19; Arau- 
caria, Juss,, Rich. , Conif. ,t. 20 el 21. 

C’est une excellente famille que celle des Coni- 
fères ; nous lui devons la plupart des substances 
résineuses et balsamiques; nous lui deyons la té- 
rébenthine, source de richesses pour des pays qu’on 
croirait au premier aspect totalement déshérités. 
Voyez ce désert de sable qui s'étend de Bordeaux 
à Bayonne; on dirait quela misère y plane, Mais 
la nature et l’industrie se montrent partout ; elles 
ont dotés cette contrée du pin maritime, et du 
tronc de cet arbre précieux découle la richesse à 
grands flots résineux. 

Voyez ensuite le Sapin sur les Alpes et les Py- 
rénées ; voyez le Cèdre sur le Liban; en se rap- 
prochant de la voûte éthérée, ils nous font voir 
que la famille des Conifères sait s'élever au dessus 
de la basse région des intérêts matériels, et favo- 
riser les inspirations du génie poélique, Le Cy- 
près, le seul arbre qui, suivant Horace, suive son 
maître sur la tombe, appartient aussi à celte in- 
téressante famille. (G. £.) 

CONILITE , Conilites. (mozr.) Lamarck a formé 
ce genre avec des coquilles fossiles multiloculaires , 
qui paraissent , suivant lui, se distinguer des Hip- 
purites et des Bélemnites. Ce genre, qui ne re- 
pose que sur une seule espèce, n’a pas été adopté 
par Cuvier. (Guir.) 

CONIROSTRES. (ois.) Cuvier a rangé sous ce 
nom, comme formant une famille dans l’ordre des 
Passereaux, tous les oiseaux qui ont le bec coni- 
que ; ce sont les Alouettes, les Mésanges, les Frin- 
gilles ou Moineaux, les Etourneaux, les Pique- 
bœufs, les Sittèles, les Corbeaux, les Paradisiers 
et les Rolliers. (Gzenv.) 

CONJONCTIVE, Conjunctiva. (anaT.) Cette 
membrane muqueuse est ainsi appelée parce 
qu’elle unit le globe de l'œil aux paupières. Elle 
revêt le bord libre et la face postérieure des pau- 
pières,, couvre la GARONGULE LACRYMALE (voy. ce 
mot), et. se réfléchit sur la portion apparenie da 


CONO 


288 


CONQ 


globe de l'œil auquel elle adhère entièrement, 
surtout au niveau de la cornée transparente, où 
elle est fort mince. Elle fournit des prolongemens 
qui pénètrent dans les conduits lacrymaux, dans 
l'intérieur des conduits excréteurs de la glande la- 
crymale et dans les follicules palpébreuses. 
(M. S. À.) 
5 CONNECTIF, Connectivum. (mor. nan.) C’est 
un corps ou organe de forme variable, qui, dans 
l'étamine d’un certain nombre de végétaux, sert 
à unir les deux loges de l'Anrnëre (voy. ce mot) 
qui, dans ce cas, ne sont pas simplement acco- 
lées ou séparées par le filet. ke Connectifest en 
général assez diflicile à distinguer, et ila fallu 
des observations très-scrupuleuses pour constater 
son existence. La Sauge en fournit un exemple: 
si l’on examine sa fleur, on verra au sommet du 
filet staminal, un corps parfaitement dislinct, 
placé transversalement; jl se partage en deux 
branches, dont chacune porte une loge de l’an- 
thère. Le Connectif existe aussi d’une manière 
marquée dans l'Éphémère de Virginie.  (L.) 
CONOPLÉE, Conoplea. (mor. cnyrr.) Genre 
de plantes voisin des Sphéries, composé jusqu'ici 
de sept espèces, savoir l'atra, Vhispidula , Ja 
spherica de Persoon, la clavuligera , la tiliæ de 
Link, la comosa de Brondeau, et la puccinoides 
de De Candolle. On pourrait les réduire à deux 
seules , l’atra et la comosa , les autres n’en étant 
réellement que des variations peu constantes. Les 
Conoplées forment sur le bois, sur les feuilles 
mortes, sur le chaume des céréales des petits 
amas de tubercules bruns ou noirs, munis de 
filamens byssoïdes , rameux et raides. L'espèce la 
plus curieuse est la CoxopL£Ee À Touper , €. co- 
mosa ; elle se fixe particulièrement sur le chaume 
des graminées, où elle se montre pendant l'hiver 
et au commencement du printemps. Elle est for- 
mce de filamens raides qui se soudent vers leur 
base et présentent une sorte de réceptacle , ordi- 
nairement conique, mais quelquefois hémisphé- 
rique, où la poussière séminale est renfermée, et 
d’où elle ne sort qu'après la destruction de l’enve- 
loppe qui la contient. Les plus longs de ses filamens, 
plus ou moins rameux, plus ou moins divergens 
dans leur partie supérieure, se développent en 
une toufle dense et arrondie qui surmonte le ré- 
ceptacle. À sa base, Ja plante porte aussi des fila- 
mens byssoides, divergens seulement , sous 
forme de taches d’un brun ferrugineux, aumoyen 
desquels ellese fixe , elle adhère au chaume. Dans 
leur état de vieillesse, ces filamens se réduisent 
en poussière très-fine. (T. ».B.) 
CONOPS, Conoprc. (1ns.) Genre de Diptères, de 
la famille des Athéricères , tribu des Conopsaires , 
ayant pour caractères : trompe saillante, coudée 
près de sa naissance; corps allongé en forme de 
massue, courbé en dessous, avec les organes 
sexuels mâles très-apparens; antennes beaucoup 
plus longues que la tête, terminées en massue, 
formée des deux derniers articles, avec un stylet 
au bout ; les ailes sont écartées dans le repos : les 
Conops ont une forme assez singulière, qui, au 


premier coup d'œil, peut les faire confondre avec 
les Guêpes du genre Euménes, et les couleurs 
dont ils‘sont pourvus peuvent encore ajouter à 
l'illusion ; mais la vue de Ja tête détruit à l'instant 
toute illusion ; elle est très-volumineuse, par rap- 
port à leur corps; les yeux sont ovalaires, et la 
face occupée par un grand espace membraneux, 
où sont insérées les antennes, qui se touchent à 
leur base ; la trompe est deux fois plus longue que 
la tête, et par conséquent incapable de rentrer 
dans la cavité buccale, et presque perpendicu- 
laire dans le repos; le corselet est presque carré, 
plus étroit que haut , l'abdomen est long, très-ré- 
tréci à la base ct jusqu’après du second segment, 
où il commence à s’élargir; les pattes sont de gran- 
deur moyenne et robustes ; les ailes courtes par 
rapport à la grandeur du corps. 

Ces insectes vivent sur les fleurs , on les trouve 
assez souvent dans les prairies, où ils volent avec 
beaucoup de vivacité; on sait qu’ils vivent, à l’état 
de larves, dans l’intérieur des corps des bourdons, 
et qu’ils y subissent toutes leurs métamorphoses, ils 
en sortent insectes parfaits par les intervalles des 
anneaux de l’abdomen ; mais leurs larves ne sont 
pas encore connues. 

C. À Grosse TÊTE, C, macrocephala. Long de 
huit lignes, noir, membrane de la face jaune, 
avec une tache triangulaire sur le vertex et une 
ligne au devant des antennes noires; antennes, 
yeux, paltes et toute la partie antérieure de l'aile 
fauves , les segmens de l'abdomen sont bordés de 
jaune. 

C’est sur une autre espèce, le Conops à pieds 
fauves, qui est beaucoup plus petite, qu'a été 
faite l'observation positive de leur existence dans 
l'intérieur du corps des bourdons. (ALP) 

CONQUES, (moz.) Lamarck, dans la seconde 
édition de ses Animaux sans vertèbres, donne le 
nom à sept genres de coquilles bivalves qu'il di- 
vise en fluviatiles et marines. Dans la première 
coupe se trouvent compris les genres Cyclade, 
Syrène, et Galathée; dans la seconde les genres 
Cyprine, Cythérée, Vénus et Vénéricarde. Les ca- 
ractères assignés à celte famille sont les suivans : 
coquilles équivalves, orbiculaires ou transverses, 
toujours régulières , libres et en général très-clo- 
ses, surtout sur les côtés. Les Conques fluviatiles 
se font reconnaître par la présence d’un faux épi- 
derme dont elles sont recouvertes, et par des 
dents latérales dont leur charnière est ornée. Les 
Conques marines au contraire n’ont pas de dents 
latérales , pour la plupart , et n’ont que rarement 
un drap marin. Dans le commerce , le nom de 
Conque est aussi donné, mais improprement, à 
quelques autres coquilles telles que la Conque 
exotique , qui est le Cardium costatum de Linné : 
la Conque anatifère, pour toutes les espèces d’Ana- 
tifes ; la Conque de Triton, qui est une coquille 


uvivalve du genre Triton que les marchands ar- 


rangent pour servir de porte-voix près de certains 

sourds , etc. , etc. (Ducr..) 
CONSOUDE , Symphytum. (80T. PHAN.) Genre 
appartenant à la famille des Borraginées de Jus- 
sieu , 


:CONT + 


289 


CONT 


EEE 


sieu, et à la Pentandrie monogynie de Linné. Ca- 
ractères : calice à cinq divisions profondes; co- 
rolle campanulée tubuleuse, dont le limbe, res- 
serré à la base, est à cinq lobes courts, droitset 
presque fermés; entrée du tube munie d’écailles 
oblongues, acuminées et rapprochtes en cône ; 
stigmate simple; fleurs terminales et axillaires , 
disposées en panicules corymbiformes ; feuilles 
caulinaires décurrentes , hérissées de poils roides 
et épais. 

Dans les jardins de botanique, on cultive la 
Consoure D'Onenr, Symphytum orientale, et la 
Consoups DE Russie , Symphytamtauricum , Wild. , 
à fleur bleue, rouge, violette ou blanche. 

On y voit aussi la GoNsouDE oFFICINALE , Sym- 
ply'tum officinale, L., plante herbacée s’élevant à 
cinq ou six décimètres, très-branchue , velue et 
succulente, ayant des feuilles ovales , lancéolées , 
rudes au toucher ; des fleurs pédonculées au som- 
met de la tige, disposées en une sorte de pani- 
cule dont le haut est courbé en crosse avant le 
développement. La couleur des fleurs varie du 


rouge purpurin au blanc sale. On trouve cette. 


plante dans toute l'Europe, au bord des fossés , 
dans les lieux aquatiques. Sa racine, fusiforme, 
charnue, noirâtre , est extrêmement astringente, 
mais tempérée par un mucilage abondant. On 
l’emploie contre la diarrhée, la leucorrhée, etc. 
(C.£.) 

CONTINENT. (c£ocn. Puys.) Si l’on jette les 
yeux sur une mappemonde, on verra facilement 
que la surface du globe se partage en grandes 
masses de Lerre et en grands bassins remplis d’eau. 
Ces masses de terre sont précisément ce que l’on 
nomme Continens , et ces grands bassins portent 
le nom de mers. Hâtons-nous de dire cependant 
que le globe ne se trouve pas partagé ainsi jus- 
qu’à son centre; ce n’est seulement que sa surface 
qui est divisée comme nous venons de l'indiquer ; 
car sous Jes eaux de la mer se trouvent d’autres 
terres, qu'on pourrait appeler à juste titre du 
nom de Continens sous-marins, en opposition aux 
Continens qui sont à découverts, et qui pourraient 
recevoir le nom de Continens secs. 

Ces Continens secs affectent des formes parti- 
culières, et les nombreuses échancrures qui dé- 
coupent leurs côtes donnent naissance à divers 
aceidens pour lesquels la géographie physique à 
créé certaines dénominations. Ainsi ; lorsque la 
terre forme une excavalion assez profonde pour 
permelitre à la mer d’y pousser des flots assez 
considérables, cette excavation porte le nom de 
golfe ; si cette excavation est moindre, elle prend 
le nom de baie : si, enfin, elle ne peut que servir 
de refuge et d’abri à quelques vaisseaux battus 
de la tempête , elle prend alors les noms de rade, 
de havre, d’anse ou de port. Si, au contraire, la 
terre, loin de former une excavation , s’élance au 
milieu de la mer, de manière à y produire une 
partie d’elle même très-étendue, cette nouvelle 
modification prendra le nom de péninsule ou de 
presqu'ile, et le point de jonction entre la pénin- 
sule et le Continent, sera l’isthme : si c’est seule- 


Tous IL. 


ment une pointe de terre qui s’ayance au milieu 
des eaux de la mer, ce ne sera plus alors qu’un 
cap ou qu'un promontoire. 

Maintenant que ce que nous venons de dire 
suflit pour fixer les esprits sur les différentes for- 
mes du contour des Continens secs , examinons 
quelle est la portion du globe qu'ils occupent, et 
quelles sont les modifications des formes superfi- 
cielles auxquelles ils sont soumis. 

En regardant une mappemonde, l’une des pre- 
mières choses qui frappent le plus l'esprit, est sans 
contredit le partage inégal de la surface du globe 
entre les terres et les mers. D’un côté la moitié 
est presque entièrement recouverte d’eau, tandis 
que l’autre parlie contient plus de terre que d'eau : 
ainsi, en traçant une ligne qui partirait du Ca 
de Bonne-Espérance à l'extrémité sud de l'Afrique, 
et qni irait se terminer auprès du détroit de Bé- 
ring, on aurait une étendue de mer de plus de 
4,000 lieues marines, sans rencontrer aucune 
terre : c’est-à-dire une ligne qui surpasse de plus 
de 4oo lieues la moitié de la circonférence du 
globe; si, au contraire, on jette les yeux sur la 
calotte supérieure de la sphère, sur quelque point 
qu’on porte les regards, on ne trouve que de la 
terre ferme. Aussi, en comparant l'hémisphère 
boréal à l'hémisphère austral, et en observant 
quelle immense différence existait entre ces deux 
parties du globe, les naturalistes et les géographes 
du siècle dernier avaient-ils prétendu qu’iléde- 
vait se trouver au pôle austral un immense Conti- 
nent, destiné à contrebalancer pour l’équilibre de 
notre globe, le poids des Continens de l’hémi- 
sphère boréal. 

Les célèbres voyages du navigateur Cook ont 
renversé les conséquences que l’on pouvait tirer 
d'une pareille hypothèse : il s’est avancé à plu- 
sieurs reprises jusqu'à 70 degrés de latitude aus- 
trale, et n’a rencontré, au lieu de la terre promise, 
que d'immenses glaçons flottans ou fixes qui, en 
lui barrant le passage , l’ont empêché de s’avancer 
davantage vers le pôle : ainsi, en admettant 
même que toute la partie qu’il n’a pu explorer 
forme un seul et unique Continent, il ne donne- 
rait encore qu’une calutte de 5 à 600,000 licues 
carrées, qui serait loin de ponvoir contrebalancer 
nos Continens de l'hémisphère boréal. La seule 
hypothèse plausible que nous puissions donc faire 
est d'admettre que les mers du pôle austral sont 
peu profondes , et que les Continens sous-marins 
s’approchént beaucoup de leur niveau. 

Les inégalités que nous avons remarquées jus- 
qu'à présent dans les contours des Continens ne 
sont pas les seules qu’ils nous présentent. Exami- 
nons maintenant celles que nous rencontrerons à 
leur surface. us 

Lorsqu'on a parcouru un paysage varié, lors- 
qu’on a observé attentivement les diverses parties 
dont il se compose, lorsqu'on a remarqué que 
certaines collines étaient plus élevées que d’autres, 
qu'elles étaient séparées par des vallées plus ou 
moins profondes , arrosées par des ruisseaux, qui 
se perdent dans des étangs ou dans de petits Jacs, 


117° Livraison. 37 


So 


CONT 


290 


| CONT 


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on a vu la structure extérieure de notre globe en 

etit: car qu'est-ce qu’une montagne ? si ce n’est 
la butte Montmartre exagérée: qu'est-ce que la 
mer? si ce n'est un grand et vaste lac d’eau 
salée. 

La terre nous offre donc un assemblage d’élé- 
vations et d’enfoncemens qui se combinent d’une 
infinité de manières; mais cependant qu'on ne 
tire pas de ce peu de mots la conséquence qu'il 
y a confusion dans celte distribution et dans cette 
réparlition des montagnes et des vallées: tout au 
contraire , leur position est soumise à des règles 
qu'il était nécessaire de suivre pour que l’aridité, 
la sécheresse ou des inondations perpétuelles ne 
rendissent pas la terre inhabitable. 

Les montagnes, répandues à la surface de la 
terre, prennent des formes variées, d’où leurs 
sont venus différens noms qui rappellent leur 
coufiguration. C’est pour cela qu'on les appelle 
des Aiguilles, des Pics, des Dents, des Dômes, 
des Puys. En général, clles se réunissent en chaf- 
pes, dans lesquelles se trouvent les mines et les 
sources des fleuves. Le célèbre géographe Pallas 
imagina que ces chaînes de montagnes n'étaient 
pas isolées entre elles; il en forma des systèmes 
qui s’étendaient sous les eaux de la mer, en sui- 
vant des directions indiquées par la position des 
îles, qu'il regardait comme étant les sommets des 
montagnes les plus élevées de ces chaînes. Quoi- 
que cette théorie ne soit pas généralement ad- 
mise, elle est cependant assez ingénieuse pour 
mériler l'attention de ceux qui s'occupent de 
géographie. 

Les montagnes semblent donc être les réser- 
voirs des eaux chargées de rappeler la végétation 
dans les plaines et les vallées, et d'empêcher ces 
sécheresses , si rudes épreuves pour les voyageurs 
du désert. * 

Ainsi l’eau qui tombe sur le flanc de ces mon- 
tagnes et des collines, se réunissant en torrens et 
en rivières, trace sur la surface terrestre, des li- 
gnes de plus grande pente, qui s’approchent de 


plas en plus de la mer, à mesure que les eaux 


prolongent leur cours. 

Les plus grands fleuves marquent le fonds d’un 
bassin principal , de chaque côté duquel, à une 
distance plus ou moins grande, s'élèvent des hau- 
teurs qui sont sillonnées elles-mêmes par des bas- 
sins secondaires, contenant des cours d’eau moins 


considérables que les premiers, dans lesquels ils | 


viennent se jeter, et dont ils sont les aflluens. 
Les bords du bassin de chaque affluent sont sillon- 
nés de bassins de troisième ordre, ou tertiaires , 
dont les pentes peuvent contenir encore des cours 
d'eau, mais moins considérables que les précé- 
dens, auxquels ils viennent se rendre , et ainsi de 
suite jusqu'aux plus pelits ravins, de manière que 
Tensemble des cours d’eau forme sur la surface 
terrestre une sorte de réseau, dont tous les filets 
se rencontrent sous des angles très-ouverts ( La- 
croix, Géogr. phys.). j 
Telle est Ja constitution extérieure des Conti- 
nens ; telles sont les généralités qu’on leur peut 


appliquer ; des caractères particuliers et tranchés 
les distinguent les uns des autres: nous aurons 
soin de les relater, en parlant de l'Europe, -de 
l'Afrique, de l'Asie et de l'Amérique. (GC. J.) 
CONTRACOULEVRA, Contracoulevra. (mor. 
PHAN.) Humboldt et Bonpland ont trouvé cette 
plante à odeur nauséeuse, sur les rives qui avoisi- 
nent la Guiane et le Brésil, non loin de San-Tho- 
mas de l’Angostura, et de San-Carlus del Rio-Ne- 


-gro. Les habitans de ces contrées vantent la dé- 


coction des racines du Gontracoulevra contre la 
morsure des serpens, et de là lui vient son nom. 
Les feuilles sont vulnéraires. 

C'est l'Œgiphylla salutaris de Kunth. Voyez 
OEcrPnxiza. (G. G,) 

CONTRACTILITÉ, CONTRACTION. (Pnys1oL). 
On nomme Contractilité la faculté que possèdent 
certaines parties de l’économie animale de se rac- 
courciret des’étendrealternativement. Les animaux 
d’une organisation très-simple présentent cette 
faculté dans tout leur corps; mais, en s’élevant 
dans la série des êtres, on la voit devenir l’apa- 


.nage d'organes particuliers auxquels on a donné 


le nom de Musczes (voyez ce mot). Soumis à l’in- 
fluence de causes excitantes, les fibres, dont la réu- 
nion compose ces muscles, se raccourcissent, tan- 
dis que dans le même temps les faisceaux qu’elles 
forment deviennent plas gros et plus durs que dans 
le relâchement ; ce résultat se nomme Contraction. 
En s’aidant du microscope, il est facile de voir la 
facon dont cette Contraction s'opère : les fibres 
musculaires , étendues en ligne droite dans l’état 
de relâchement, se fléchissent alors en zig-zag, et 
offrent une multitude d’ondulations régulièrement 
opposées. Si l’on prolonge celte observation, on 
s’apercoit facilement qne ces flexions arrivent dans 
certains points déterminés et jamais ailleurs. Elles 
sont au reste d'autant plus prononcées que la 
Contraction est plus forte. Ainsi durant la Con- 
traction les deux extrémités de la fibre se rappro- 
chent, sans que pour cela la longueur de celle-ci 
soit diminuée ; il en résulte donc que ces extré- 
mités doivent entraînér avec elles les parties sur 
lesquelles elles sont fixées , et si les fibres muscu- 
laires possèdent seules la propriété de se contrac- 
ter, elles la doivent entièrement aux filamens ner- 
veux qui s’y distribuent, Ces filamens parcourent 
le muscle en marchant à peu près parallèlement 
entre eux et en passant transversalement sur les 
fibres musculaires, exactement dans les points 
qui correspondent à chacun des angles formés par 
les zig-zags dont dépend la Contraction. Puis ils se 
recourbent pour former des anses, et retournent 
vers le cerveau. Si donc l’on coupe le nerf dont les 
ramifications parcourent ainsi un muscle, ce der- 
nier perd la faculté de se contracter; de même, 
en comprimant le cerveau d’un animal, on l’empé- 
che d'exécuter aucun mouvement. Les expériences 
de Galvani et de Volta ont démontré que les cou- 
rans électriques agissent sur les muscles de la 
même manière que l’mfluence nerveuse ; en effet, 
si l’on soumet à l’action d’une pile voltaique les 
membres d’un animal récemment tué, on voit ces 


——————————]—" ———— ——— —"— — —  ———————————————.——_——————— ————— —.—————— …——— —…———— ———— 


CONT 


291 


CONV 


oc 


membres se contracter, se replier; si l’on fait 
passer un courant électrique à travers le corps 
d’un supplicié, on le voit bientôt livré à d'horri- 
bles mouvemens convulsifs : ces faits ont servi à 
expliquer d’une manière satisfaisante la Contrac- 
tion musculaire. Ainsi il est supposable que, dans 
les expériences que nous venons d'indiquer, le 
fluide électrique, en traversant les fibres nerveuses 
qui serépandent dans les muscles et y forment des 
anses, suit le trajet de ces fibres recourbées, et 
descend par conséquent par une branche, pour 
remonter par la branche parallèle. Or comme nous 
voyons, en physique, qu'un courant électrique 
qui traverse en sens contraire deux parallèles d’une 
üge métallique , tend à les rapprocher, il doit ar- 
river pour les fibres nerveuses ce qui se passe pour 
le conducteur métallique, ces fibres doivent se 
rapprocher, entraîner avec elles et plisser les fibres 
musculaires qu’elles traversent. 

Ainsi dans cette théorie établie par MM. Pre- 
vost et Dumas, la Contraction n’a bien lieu que 
dans le système musculaire; mais l’action du sys- 
ième nerveux en est la cause déterminante. Nous 
verrons en étudiant ce système (voyez Nerrs) que, 
les muscles dont les mouvemens sont déterminés 
par la volonté, recoivent leurs ramifications ner- 
veuses de l’axe cérébro-spinal; que ceux qui, 
soumis à l'empire de cette force, se contractent ce- 
pendant indépendamment d'elle , comme ceux qui 
président aux mouvemens respiratoires, dépendent 
de la moelle allongée, et que ceux qui sont sous- 
traits à l’empire de la volonté, empruntent leurs f- 
lamens nerveux au sysième ganglionnaire. Des 
expériences concluantes viennent à l’appui de cette 
assertion; mais ce n’est point ici le lieu de les rap- 
peler. Quelle que soit au reste la source nerveuse à 
laquelle les muscles puisent leur faculté contrac- 


tile , ils ne peuvent rester constamment dans l’é- | 


tat de Contraction. Le cœur, dont le mouvement 
ne s'arrête qu'à la mort, se contracte et se relà - 
che alternativement ; danssles muscles des mouve- 
mens volontaires, la lassitude force bientôt à l’in- 
action eb au repos. Gelte lassitude est d'autant 
plus rapide que les Contractions ont été plus vio- 
lentes. Il ÿ à du reste, à cet égard, une grande dif- 
férence entre les individus en raisen des dispositions 
physiques et morales dans lesquelles ils se trouvent : 
un intérêt puissant, une volonté ferme, tout ce 
qui peut éveiller l'énergie du cerveau, contribue 
également à donner une force et une résistance 
plus grande à l’action musculaire. La colère, la 
folie prêtent à l’action, à la force des muscles une 
énergie inconcevable. L'exercice habituel de cer- 
tains mouvemens ajoute non seulement à leur vi- 
gueur et à leur précision, mais il détermine un 
développementplus considérable des muscles quiles 
exécutent. C'est ce qu'il est facile de remarquer 
chez les danseurs et chez quelques bateleurs. 
(P. G.) 
CONVALLAIRE, Convallaria. (Bar. puan.) 
Genre de la famille des Asparaginées, Hexandric 
monogynie , L., caractérisé ainsi qu'il suit : calice 
en forme de cloche ou de grelot, à six divisions 


égales, peu profondes, six étamines incluses, à 
anthères-cordiformes lancéolées ; style épais, stig- 
mate triangulaire; ovaire libre, devenant une 
baie globuleuse , à trois loges ordinairement mo- 
nospermes,. 

Ainsi déterminés, d'après Mœnch et Desfontai- 
nes , les Convallaria ne renferment plus les Poly- 
gonatum et les Smilax de Tournelort, que Linné 
et de Jussieu leur avaient donnés pour congénères, 
Ces grands botanistes, qui appréciaient l'immense 
avantage des coupes basées sur des caractères gé- 
néraux, négligeaient souvent les détails numé- 
raires et la considération d’un organe plus ou 
moins allongé. Pour nous conformer à la nomen- 
clature actuelle, nous placerons dans le genre 
Maianthemum lesConvallaria ayant un calice plane 
et quadrilobé, et dans legenre Polygonatam tous 
ceux: dont le calice est allongé et non en cloche 
ou grelot. 

Le genre se trouve donc à peu près borné à 
une seule plante, émule agréable de la violette, 
habitant comme elle les bois, flattant par son 
odeur suave, et par la blancheur de sa corolle. 
C’est le Mucuer où FLEurR DE Mar, Convallariæ 
maialis, L. Sa tige, haute de six à huit pouces, 
grêle et nue, est embrassée à sa base par deux ou 
trois feuilles elliptiques, aiguës et d’un vert clair. 
Au sommet sont quatre à six fleurs pédicellées et 
renversées, formant un épi unilatéral. Tout le 
monde connaît cette plante; les jardiniers la culti- 
vent souvent en bordures. Ses fleurs , réduites en 
poudre , sont sternutatoires. 

Le Mueusr pu Japon, Convallaria japonica, 
Thunberg, que l’on remarque à cause de ses jo- 
lies grappes de baies bleues, forme aujourd'hui 
le genre Fluggea de Richard. On lui a donné aussi 
le nom d’Orxropocox. (L.) 

CONVALLARINE. (zoopu. Nr.) Etabli dans la 
famille des Vorticellaires, par M. Boryÿ Saint- 
Vincent, ce genre Microscopique présente pour 
caractères : un corps sphérique, ovoïde dans lé- 
tat de contraction , devenant plus ou moins cam- 
panulé parle développement que peut lui donner 
l'animal; muni d’un pédoncule plus ou moins 
contractile , l’orifice est dépourvu de tout organe 
ciliaire ce qui le distingue surtout des Vorticelles 
proprement dites. Les Convallarines se rencon- 
trent dans les eaux douces, comme dans les eaux 
marines , dans les eaux pures, comme dans celles 
qui sont corrompues. On les divise en deux sec- 
tions : la première à pédicule non contortile en 
tire- bouchon; l’autre à pédicule contortile en tire- 
boæhon. C’est dans celle-ci que se range Ja Con- 
vallarina viridis, qu’on rencontre facilement au 
printemps dans les environs de Paris : « Cette jo- 
lie petite créature, dit M. Bory Saint-Vincent, . 
forme , par la réunion de milliers d'individus , de 
petites taches d’un vert brillant sur les conferves 
et sur le test des coquilles des marais, et présente, 
dans son développement, la figure d’une fleur 
de liseron ou d’une cloche qui s'étend en tous 


sens. » (P. G.) 
CONVOLYULACÉES. (sor, nan.) Famille de 


: CONY 


plantes herbacées ou frutescentes et presque habi- 
tuellement volubiles, appartenant aux -dicotylé- 
donées , ayant la corolle attachée sous l'ovaire, et 
prenant son nom scientifique du genre Liseron , 
Convolvulus, qui lui sert de base. Les tiges de ses 
difftrens genres portent des feuilles alternes, lo- 
bées ou profondément pinnatifides, Leurs fleurs ; 
soutenues par des pédoncules uniflores ou multi- 
flores, se montrent diversement grouppées; tantôt 
elles sont terminales et tantôt axillaires, le plus 
souvent très-grandes. La corolle est monopétale , 
régulière, reposant sur un calice persistant, à cinq 
divisions plus ou moins profondes. On y voit cinq 
étamines, à filets distincts et anthères à deux 
loges ; l'ovaire, simple et libre, se trouve, à sa 
base, enveloppé par un disque glanduleux. Le 
fruit est une capsule où les sutures correspondent 
aux cloisons, et où les loges varient d’une à qua- 
tre, avec une ou deux graines attachées à la base 
des cloisons. Les graines sont en général dures, à 
surface chagrinée et hérissée de poils. 

Selon que les genres composant cette famille 
offrent un ou deux styles, on les divise en deux 
sections. Ceux de la première catégorie sont le 
Convolvulus et V ]pomea de Linné; l’Argyreia de 
Loureiro ; le Calboa de Cavanilles ; le Calystegia, 
le Polymeria et le Wilsonia de R. Brown ; le Ha- 
ripa et le Murucoa de Aublet, et l’Endrachium de 
Jussieu, Les genres de la seconde catégorie sont 
le Cuscuta , le Cressa et Y Evolvulus de Linné ; le 
Dichondra de Forster ; le Porana de Aublet; 
l'Eruybe de Roxburgh, le Cladostyles de Bom- 
pland et le Dufourea de Kunth. La majeure partie 
de ces genres demandant à être étudiés en face de 
la nature vivante , nous ne parlerons que des plus 
connus et des mieux établis. (#7, aux mots 
Cnesse, Cuscure, Dicuonpra, Liserozze, LisEroN 
et QuamocLiT.) 

Les Convolvulacées se rapprochent des Borra- 
ginées et s’en éloignent par leur capsule à loges 
déhiscentes ; elles ont aussi des points de contact 
avec les Polémoniacées, dont elles se distinguent 
par la position respective des valves et des cloi- 
sons de celte même capsule. (Æ..nB°) 

CONYZE, Conyza. (80oT. PnaN.) Diverses fleurs 
de la famille des Gomposées ont porté ce nom chez 
les anciens, Tournefort en fit un des ses genres, 
adopté en partie par Linné, qui en retrancha les 
espèces diclines (voyez Baccmanis), et lui assigna 
les caractère suivans : involucre composé de plu- 
sieurs folioles imbriquées , ovales ou linéaires, non 
scarieuses ; réceptacle nu; fleurons tubuleux, ré: 
guliers, hermaphrodites au centre, femelles à la 
circonférence ; aigrette poilue. 

#; Ainsi déterminées, les Gonyzes appartiennent 
à la tribu des Corymbifères de Jussieu , aux Inu- 
lées de Cassini , et aux Vernoniacées de Kunth. On 
serait étonné de ce que les meilleurs botanistes ne 
s’accordent pas mieux dans leurs coupes générales 
de famille ou de tribu, si l’on ne savait que les 
Synanthérées , comme toutes les familles très-na- 
turelles, offrent peu de caractères tranchés et 
propres à les bien distinguer les unes des autres ; 


292 
oc SR 


COOK 


leurs affinités s’opposent constamment à une sé- 
paration bien nette en genres et même en tribus. 
-_ Le genre Conyze renferme un très-grand nom- 
bre d'espèces, particulières surtout aux contrées 
chaudes ; c’est en Afrique, c’est dans l'Amérique 
méridionale , qu’elles se développent et varient à 
l'infini, comme on le remarque en général des 
Synanthérées. Ce sont des herbes, souvent des 
arbrisseaux à feuilles alternes et quelquefois dé- 
currentes ; leurs fleurs forment des corymbes ou 
des panicules terminales. ( 

Une seule espèce de Conyze est très-commune 
en France, c’est la Conyza squarrosa , L., plante 
qui habite les bois et les haies : elle a une tige 
droite, haute de deux à trois picds, des feuilles 
sessiles, et des fleurs jaune pâle, en corymbe 
étalé et rameux. Son odeur pénétrante, fatale 
pour les insectes, lui a valu le surnom d’Æerbe aux 
mouches. 

Parmi les autres espèces européennes, nous Ci- 
terons la Conyza candidissima, L., dont toutes 
les parties sont couvertes d’un coton ou duvet 
d’une blancheur éclatante. Elle est commune sur 
les rochers de la Méditerranée. 

On cultive dans nos jardins la Conwyze pe Vir- 
GINIE , OU SÉNECON EN ARBRE, C. halimifolia, L., 
arbrisseau de six à huit pieds, à feuilles persis- 
lantes, poncluées de blanc, à fleurs petites et 
blanchâtres, environnées d’écailles pourprées ; la 
Convze -visqueuse, C. glutinosa, L. , de l'Ile 
Maurice, ainsinommée à cause de la viscosité deses 
feuilles. Elle porte des fleurs petites, jaunes, 
réunies en corymbes serrés d’un aspect agréable. 
Ces deux plantes demandent une exposition chaude 
et abritée. Deux autres espèces, la €. neriifolia, 
et le C. iwæfolia, ne s'élèvent que dans l’oran- 
gerie. (L.) 

COOKIE, Coofkia. (mozr.) Genre institué par 
M. Lesson dans ses Illustrations Zzoologiques, 
pl. 15, sur une coquille univalve marine fort 
connue, venant de la Nouvelle-Zélande et placée 
par Lamarck au n° 24 de son genre T'roque sous 
la dénomination de Trochus Cookii. Ge'genre nou- 
veau, ne reposant sur aucun caractère spécial, n’a 
point été sanctionné des conchyliologistes ; pou- 
vait-il en être autrement quand M. Lesson s’ex- 
prime ainsi? nous le Jaissons parler: «Nous pren- 
drons pour typé de notre genre le 7 rochus Cookit 
de Gmelin et de Lamarck, qui, à la rigueur , au- 
rait dà être pour ce dernier auteur un Turbo; et 
qui dans le fait n’est ni l’un ni l’autre. Caractères 
du genre Cookia: animal du Trochus, etc. » À 
é (Ducz.) ” 

COOKIE, Cookia. (BoT. Pxax.) Ce genre, 
nommé Vampi par les Chinois, a été dédié à 
Cook par Sonnerat, auteur d’un Voyage aux Indes. 
IL appartient à la famille des Hespéridées, et à la 
Décandrie monogynie, L. Caractères: calice très- 
pelit, pentafide ; corolle à cinq pétales ouverts ; 
étamines courtes, au nombre de dix, à anthères 
presque arrondies ; ovaire pédicellé , hérissé, ovale 
et pentagone; style court, terminé par un stig- 
mate capité; fruit en baie ponctuée, multilocu- 


DR 202 oo 


COPA 


203 


COPR 


laire , et-ne renfermant qu'une graine dans cha- 
que loge. dù 

‘ La Cookte PoNcruËe, Cookia punctata, est l’u- 
nique espèce de ce genre : c’est un arbre à feuilles 
pinnées, avec impaire , dont les folioles sont lan- 
céolées , entières ; à écorce verruqueuse et à pé- 
tiolules hispides ; à fleurs disposées en panicules et 
à pédoncules très-ramifiés. Elle vient naturelle- 
‘ment dans la Chine méridionale. On la cultive 
dans l'Ile de France, (G.£.) 

COPAHU. (or. Pxax.) Sous les noms de Co- 
pahu, Résine de Copahu, Baume de Copahu, 
comme on le dit encore très-improprement , car 
celte substance ne contient pas d’acide benzoïque, 
on emploie une substance résineuse obtenue à 
l’aide d’incisions faites pendant les grandes cha- 
leurs , à l'écorce du Copaifera officinalis de Linné, 
dont nous parlerons plus bas. (Voy. Copaïer.} 

Le Copahu est liquide, incolore et peu consis- 
tant à l’état récent; il acquiert une consistance 
oléagineuse et une couleur jaune verdâtre par le 
temps; il est transparent ou du moins il doit l'être; 
son odeur est forte et désagréable; sa saveur est 
amère, âcre, très-tenace et extrêmement repous- 
sante : il est insoluble dans l’eau, soluble en to- 
talité dans l’alcool; il peut dissoudre à froid le 
carbonate de magnésie , et forme avec lui, après 
douze ou quinze jours de repos, un mucilage fort 
épaiset fort commode pour faire des pilules. Tou- 
tefois observons ici que ceite propriété n’est pas 
toujours constante , bien que le Copahu puisse 
être parfaitement pur : la raison de ce fait n’est 
pas encore connue, 


Dans le commerce on falsifie la résine de Co- 
pahu avec les huiles fixes, avec l'huile de ricin 
un peu ancienne el qui ne peut plus être donnée 
comme huile doucé, et avec l’huile essentielle de 
térébenthine, La première fraude se reconnaît à 
l’aide de l'alcool rectifié qui ne dissout que le 
Copahu et met à nu l'huile fixe. La seconde se 
décèle par l'odeur forte et prononcée de la téré- 
benthine que l’on rend encore plus évidente en 
projetant quelques gouttes du mélange sur le feu. 
Enfin, en évapcrant une petite quantité de Co- 
pahu suspect, on obtiendra un résidu sec, cas- 
sant s’il est pur, un résidu mou, ductile, dans 
le cas contraire. 

La résine de Copahu est formée d’ane matière 
résineuse, sèche, cassante, transparente, d’un 
vert brunâtre, très-peu odorante ct insipide, et 
d’une huile volatile très-limpide , incolore, d’une 
odeur et d’une saveur très-prononcées. 

Bien que le Copahu soit doué de propriétés 
excitantes très-prononcées et très-utiles dans les 

- affections catarrhales chroniques, les diarrhées 
séreuses , etc., il est rare qu'on l’emploie autre- 
ment que pour arrêter les gonorrhées soit aiguës, 

… soit chroniques. L’action de cette substance se 

… porte spécialement sur les membranes muqueuses, 

et en particulier sur celles des organes génito- 

| urinaires. (F. F.) 

©: COPAIER. (5or, max.) Le genre Copaifera , 


nl 
[en 


| 


| 


qui diffère du genre Copaiva de Jacquin, et qui 
appartient à la famille des légumineuses de Jus- 
sieu, se reconnaît aux caractères suivans: fleurs 
hermaphrodites, petites, sessiles, disposées en 
grappes axillaires et accompagnées chacune d’une 
petite bractée ; calice monosépale , à quatre di- 
visions profondes, elliptiques ; pas de corolle ; éta- 
mines libres, égales entre elles, distinctes les 
unes des autres, et au nombre de dix; anthères 
oblongues , biloculaires ; ovaire pédicellé, globu- 
Jeux, comprimé ; deux ovules attachés l’un à 
l'autre; style filiforme ; stigmate globuleux , sim- 
ple; (fruit) gousse arrondie, bivalve, monosperme : 
la graine est enveloppée dans une substance pul- 
peuse. 

A l'espèce de Copaïer connue long-temps seule, 
le Copaifera officinalis de Linné, qui fournit le 
Copahu , et croît dans les environs de Tolu (Amé- 
rique méridionale), près de Carthagène , qui 
abonde aussi au Brésil, et que l’on a naturalisé 
à la Jamaïque et à St-Domingue, il faut ajouter 
le Copaifera disperma de Raeuscn, et les Copai- 
fera Guianensis, el Copaifera Langsdorfjii, de Des- 
fontaines. Ges quatre Copaïers sont des arbres as- 
sez élevés ; leurs feuilles sont alternes et pinnées 
sans impaire. 

Caractères botaniques des quatre espèces 
dessus. 
1° Copaifera ofjicinalis; arbre touffu, forme 
élégante ; feuilles alternes , composées de cinq à 
huit folioles acuminées, entières, très-glabres, 
un peu luisantes, ponctuées et un peu sessiles. 
Fleurs petites, blanchâtres, en grappes rameuses, 
axillaires ; calice quadrilobé; lobes inégaux, éta- 
lés, pris à tort pour une corolle de quatre pé- 
tales par Jacquin et Linné ; élamines libres, éga- 
les, étalées, au nombre de dix; fruit orbiculaire, 
bivalve, comprimé, contenant une ou deux 
graines. 

2° Copaifera disperma ; deux ovules fécondés ; 
gousse renfermant deux graines. 

3° Copaifera Langsdorffi ; tige ligneuse ; feuilles 
paripinnées; folioles elliptiques, obtuses, au 
nombre de dix; fleurs en panicules ; pétioles pu- 
bescens. 

4° Copaifera Guianensis ; folioles opposées, gla- 
bres, entières , elliptiques, mucronées, ponciuées, 
et au nombre de six à huit. (F. F.) 

COPAL, Copale ou Copalle. (got. Pan.) Ma- 
tière résineuse solide, cassante, transparente, 
d’un blanc jaunâtre plus ou moins foncé , insolu- 
ble dans l’eau , difficilement soluble dans l'alcool, 
l’étheret les huiles essentielles; qui forme la base des 
vernis les plus solides, et qui découle du Rhus 
copallinum, arbre de l'Amérique. 

Cette substance est improprement désignée sous 
le nom de gomme Copale. CAF?) 

COPHIAS. (repr.) Nom donné à plusieurs es- 
pèces de reptiles de familles différentes. Woy. Guar- 
cine et VIPÈRE. “ 

COPROPHAGES , Coprophagi. (1xs.) Dans la 
nombreusetribu des Scarabéides, de la famille des 
Lamellicornes, la nourriture, et par conséquent 


ci- 


COQ 


294 


COQ 


Porgane buccal varient beaucoup. Latreille a pro- 
fité de ces différences pour y former plusieurs 
coupes, dont celle que nous citons est la pre- 
mière ; elle contient tous les scarabées qui vivent 
dans les excrimens des animaux. Ce nom qu'il lui 
a donné à une signification très-expressive que la 
susceptibilité de notre langue m’empêche de tra- 
duire , aussi Boïleau avait-il raison de dire : 


Le latin dans ses mots brave l’honnéteté, 


Nous sommes plus susceptibles que les Grecs et 
les Latins ; sommes-nous meilleurs ? (A. P.) 

COPTIS. (nor. PpHan.) Genre qui appartient à 
Ta famille des Renonculacées , tribu des Hellébo- 
rées de De Candolle , et à la Polyandrie polygynie 
de L. Caractères: calice à cinq ou six sépales co- 
lorés, pétaloïdes, caducs; pétales en capuchon ; 
étamines au nombre de vingt ou vingt-cinq ; cap- 
sules au nombre de six ou dix, longuement sti- 
pitées , disposées en étoile, membraneuses , oblon- 
gues , terminées en pointe par le style persistant, 
à 4 ou 6 graines. Ge genre comprend deux espèces 
indigènes des contrées boréales des deux conti- 
nens; ce sont des plantes herbacées, vivaces, 
consistantes , à feuilles radicales , longuement pt- 
tiolées, divisées en trois segmens dentés oumulti- 


e] 4 
fides ; à fleurs blanches, solitaires où géminées, 


soutenues par une sorte de hampe, munies d’une 
très-pelite bractée. 

1° Coptis trifolia, Salisb., Helleborus trifolius, 
L. Cette espèce croît dans les lieux humides et 
montueux du Canada et de la Virginie. Les habi- 
tans de Boston emploient la racine de cette plante 
contre les aphtes de la bouche. 

2° Coptis as plenifolia , Salisb. Cette espèce ap- 
partient aux côtes occidentales de l'Amérique bo- 
réale. C’est le Thalictrum de Thunberg. 

F (G. G. £.) 
7” GOPULATION, Copulatio. (ruysio.) 77. Ac- 
COUPLEMENT. (M. S. A.) 

COQ, Gallus. (o1s.) La famille des Coqs ap- 
partient à l’ordre des Gallinacés , qui lui doit son 
nom (gallus, Coq, d’où gallina qui a fait Gallina- 
cés); elle comprend les F'aisans, les Satyres, et les 
diverses espèces de Coqs sauvages, ainsi que leurs 
variétés domestiques, qui tous sont des oiseaux 
propres aux contrées chaudes de l'Asie orientale, 
et se reconnaissent à leurs pennes caudales lon- 
gues, disposées en tait et distiques, ainsi qu’à un 
espace nu, lequel existe à la tête et sous la gorge, 
et se trouve quelquefois réduit à n’occuper que le 
bord des yeux. Ces oiseaux ont les ailes concaves, 
courtes et peu propres au vol; les tarses , chez les 
mâles , sont armés d’un éperon ou ergot. 

M. Lesson partage en trois sections les genres 
qui composent lafamille des Gogs; voici comment 
il les caractérise : 

I. Queue moyenne, distique, cachée par des 
couvertures incombantes; genres Coq et Ma- 
cartney. ’ 

I. Queue courte , en toit ; les couvertures peu 
longues, genre Vapaul ou Satyre, 


IH. Queue très-longue, très-étagée, ICgère- 
ment en toit : genre Faisan. 

Tous ces oiseanx ont entre eux des rapports 
très-intimes;: aussi Linnæus les avait-il réunis dans 
le même genre; nous ne devons parler dans cet 
article que des vrais Coqs. Voy. pour les autres 
les mots Macarrnez, Napaur et Farsan: 

Genre Coo,Gallus,Brisson. Il a pour caractère s: 
bec allongé, médiocre, moins haut que large, à 
mandibule supérieure convexe; narimes basales , 
à demi closes par une membrane voûtée; tête 
surmontée d’une crête charnue chez les mâles, 
gorge plus ou moins dénudée , souvent garnie de 
deux barbillons charnus , pendans; ailes courtes , 
larges , à quatrième rémige la plus longue; queue 
comprimée, distique, à'quatorze rectrices débor- 
dées par les couvertures, qui prennent un grand 
accroissement chez les individus mâles. 

C’est dans ce genre que viennent prendre place 
le Cog et la Pouce domestiques (représentés dans 
notre Atlas, pl. 122, fig. 1,), oïseaux si utiles 
à l’homme, et que l’on trouve aujourd’hui répan- 
dus dans tous les lieux où il a pénétré. Les Coqs 
descendent évidemment des animaux sauvages 
auxquels nous donnons le même nom; mais il 
serait difficile de dire s’ils proviennent plutôt de 
telle espèce que de telle autre. 

Ces oiseaux sont lourds et pesans ; ils s’élèvent 
avec difficulté, et lorsqu'ils veulent voler, ils sont 
toujours obligés de se tenir à une petite distance 
du sol et de se reposer très-souvent ; ils ont l’ap- 
pétit omnivore, c’est-à-dire qu'ils peuvent man- 
ger de toute sorte de nourriture ; mais ils aiment 
de préférence les graines, et ils avalent en même 
temps qu’elles de petites pierres qni les broïent 
lorsque le gésier se contracte;'et facilitent consi- 
dérablement la digestion. Lorsqu'ils cherchent 
leurs alimens, ils ont l'habitude de gratter la terre 
avec leurs pattes. 

Le mâle, auquel on réserve le nom de Cog, se 
distingue des femelles par son plumage plus bril- 
lant ; il a les caroncules de la tête et de la gorge 
plus développées, sa taille est aussiplas grande et 
ses tarses plus robustes et armés à leur base, un 
peu au dessus du pouce, d’un ergot ou éperon 
qui grandit avec l’âge et prend souvent un ac- 
croissement très-considérable. Un autre caractère 
qui est particulier au Coq et qui le distingue prin- 
cipalement des femelles, c’est la longueur des 
couvertures supérieures de sa queue, qui sont 
considérablement développées et viennent se re- 
courber au dessus des rectrices caudales, qu’elles 
cachent en partie. Le Goq est polygame , c'est-à- 
dire qu’il peut suffire à plusieurs femelles, On doit 
lui en laisser dix ou douze au plus,quoïque cepen- 
dant il puisse en avoir un plus grand nombre, 
car il est très- ardent et peut répéter l'acte géné- 
rateur un très-grand nombre de fois. On peut se 
faire une idée de la puissance de ses désirs , en le 
tenant quelque temps, une nuit, par exemple, 
éloigné de ses poules : le matin, dès que l’on ou- 
vre la porte de l'endroit où on le retenait, il sort 
avec vivacité, il accourt au poulailler, et mani- 


 — 


LOS 


‘ 


2. Coq de roche 


E, Gueren. de 


Pl. 222. 


pa 


COQ 


299 


COQ 


feste à ses femelles le besoin qu'il avait de les re- 
voir. ILen affectionne quelques unes plutôt que 
certaines autres ; il s'approche d’elles plus souvent, 
les défend contre leurs ennemis ou les personnes 
qui les tourmentent ; il les appelle lorsqu'il a 
trouvé quelque nourriture, et ne commence Jamais 
à manger qu'après elles. Lorsqu'une d’elles s’est 
éloignée ou qu'on l’a enlevée, il la cherche, l’'ap- 
pelle et la ramène vers les autres s’il a le bonheur 
de la trouver, Autant cet oiseau est ardent en 
amour, autant ilest jaloux. S'il se présente un 
autre Coq, il accourt à lui sans lui donner le temps 
de rien entreprendre, s’irrite, le menace et bien- 
tôt se jette sur lui avec fureur : un combat acharné 
s'engage alors et dure jusqu'à ce que l’un des 
champions succombe ou se retire. Quelque véhé- 
mens que soient ses appétits, le Coq semble crain- 
dre encore plus le partage qu'il ne désire la jouis- 
sance, et comme il peut beaucoup, sa jalousie 
est au moins plus excusable et mieux senlie que 
celle des sultans auxquels on l’a comparé, 

Les femelles de l'espèce qui nous occupe sont 
connues de tout le monde sous le nom de Poules; 
elles n’ont pas le brillant plumage des Coqs ; leur 


. crête est moindre , et les couvertures de leur 


queue ne prennent pas le même accroissement. 
Êlles sont en général plus petites, leurs tarses sont 
moins forts et leur voix réduite à un simple cri. 
Les poules sont remarquables par leur grande 
faculté reproductrice, toute la nourriture et les 
sues sunrabondans qu’elle occasione se portent 
vers les ovaires et les oviductes. Elles pondent 

endant toute l’année, si ce n’est pendant la mue, 
qui dure d'ordinaire cinq ou six semaines, et elles 
n’ont pas besoin de Coq; leurs œufs se dévelop- 
pant sans cesse à la grappe ou ovaire. Ces œufs 
sont d’abord blanchâtres ; mais en grossissant ils 
jaunissent et prennent de la maturité; ils se dé- 
tachent alors par la rupture du pédoncule qui les 
tenait , et passent, ainsi que cela se fait dans tou- 
tes les espèces de la classe des oiseaux, dans l’ovi- 
ducte, dont ils doivent parcourir tout le trajet; 
chemin faisant la petite boule jaune ou le vitellus, 
qui les composait d’abord, se recouvre d’une 
couche assez épaisse de matière glaireuse, appe- 
lée l'albumen ou blanc d’œuf. Vers la fin de l’ovi- 
ducte , lorsque l’œuf a pris une quantité suffisante 
d’albumen , il revêt une membrane qui reste tou- 
jours molle et une seconde qui s’encroûte d’une 
matière calcaire et forme la coquille. Bientôt 
après, la ponte a lieu, elle arrive même quelque- 
fois avant que la coque ne soit entièrement for- 
mée ; c’est le cas de l'œuf hardé. Le poids moven 
d’un œuf de poule est; environ une once six gros. 
Voyez, pour sa description anatomique, l’art. OEur 


de ce Dictionnaire. Sa forme extérieure est tro 


connue pour qu’il soit nécessaire de la décrire ; 
elle sert même fort souvent de point de compa- 
raison; quelquefois elle est altérée et l'œuf n’a 
plus alors la.figure de l’ovoide qui lui doit son 
nom :ilest tantôt allongé, lantôt raccourci, ou 
bien marqué de quelques impressions qui sont 
le résultat de fausses positions ou de violences qui 


lui ont été faites avant que sa coque ait pris 
toute sa consistance. Quelquefois les œufs sont 
sujets à d’autres modifications : un seul peut 
comprendre, par exemple, un blanc el deux jau- 
nes; c’est un phénomène qu'il est assez facile de 
comprendre. Cela arrive lorsque deux jaunes éga- 
lement mûrs, se détachent en même temps de 
l'ovaire, et passent , rapprochés l’un de l'autre, 
dans l’oviducte , où ils sont enveloppés par un seul 
blanc. Ces œufs à double vitellus ne sont pas très- 
rares , ce sont eux qui donnent naissance aux pou- 
lets monstrueux ayant deux têtes et quelquelois 
aussi deux poitrines. Les poules, comme nous 
Vavons dit , pondent lors même qu’elles n’ont pas 
de Coqs; mais elles pondent moins; et, ce qui 
n’a pas besoin de se dire, leurs œufs sont inié- 
conds. Dans nos pays, elles n’en produisent qu'un 
chaque jour, ou même seulement deux tous les 
trois jours ; mais dans quelques contrées méridio- 
nales et lorsqu'on les soigne bien, il peut arriver 
non-seulement qu'elles pondent tous les jours un 
œuf, ce qui alieu chez nous pendant toute la 
belle saison, mais aussi deux dans la même journée. 

On irouve quelquefois dans les poulaillers de 
petits œufs sans jaune qu’on appelle œufs de Coq, 
et qui contiennent , à ce que croit le vulgaire, un 
serpent; ces œufs ne sont autre chose que le pro- 


duit d’une poule trop jeune , ou le dernier effort 


d’une poule épuisée, ou bien encore, comme le 
fait remarquer Buffon, des œufs imparfaits dont 
le jaune aura crevé dans l’oviducte, soit par 
quelque accident, soit par un vice de conforma- 
tion, mais qui auront toujours conservé leurs cor- 
dons ou chalazes, que les amis du merveilleux 


“n'auront pas manqué de prendre pour un serpent ; 


c’est ce que Lapeyronet a mis hors de doute, par 
la dissection d’une poule qui pondait de ces œufs. 
Thomas Bartholin et le même auteur ont dissé- 
qué de prétendus Goqs ovipares; mais ils ne leur 
ont trouvé , comme on le pense bien, ni œufs ni 
ovaires , ni aucune partie équivalente; cependant 
une foule de gens croient à cette erreur, qui est 
une vérilable hérésie contre la physiologie. On 
rapporte que, en 1474, il y eut à Bâle un Coq 
brülé par ordre du magistrat de celte ville, pour 
avoir pondu un œuf; ce n’est pas la seule absur- 
dité de ce genre que l’on connaisse. 

Il en est du Coq et de la poule comme de la plu- 
part des autres espèces domestiques , on ne peut 
dire d’une manière précise à quelle époque ils ont 
été réduits en domesticité ; mais si l’on fait alten- 
tion aux avantages nombreux qu'ils procurent à 
l'homme, et aux modifications profondes qu'ils 
ont éprouvées , il est naturel de croire que cette 
époque doit être très-ancienne. En effet, si nous 
examinons ces modifications, nous voyons qu’elles 
consistent, non-seulement dans des variations de 
la taille et du système de coloration, mais aussi 
dans des parties plus importantes , et qui sont 
souvent regardées par les naturalistes comme 
fournissant des caracières pour la. distinction 
des espèces et mêmeldes genres. C’est ainsi 
que les tarses sont emplumés dans quelques races; 


COQ 


et nus chez les autres, et que les doigts ont varié 
pour le nombre, qui a été porté à cinq, et même 
six pour chaque patte, anomalie qu’on ne remar- 
que dans aucune autre espèce d'oiseau. D'autres 
races ont été modifiées sous le rapport du 
plamage, qui a tout-à-fait changé de nature pour 
devenir soyeux ou bien frisé. Chez quelques uns 
les vertèbres coccygiennes ont disparu avec unepar- 
tie du sacrnm., Enfin il en est chez lesquelles non - 
seulement la couleur du plumage a été changée, 
mais aussi celle des organes internes; c’est ainsi que 
l’on-voit des poules qui ont les plumes, la crête , 
le sang , les muscles et jusqu’au périoste de cou- 
leur noire. Mais toutes ces différences n’appar- 
tiennent point à l'espèce de la poule , telle que la 
nature nous l’a présentée ; ce sont des altérations 
maladives qui se sont développées sous l'influence 
des circonstances dans lesquelles nous avons placé 
nos individus domestiques; ce sont de véritables 
anomalies dont le classificateur ne doit point tenir 
compile. Le naturaliste à méthode, pour nous 
servir de l’expression dédaigneuse de Buffon, ne 
s'occupe point des animaux que l'homme a dé- 
gradés , il prend les espèces telles que la na- 
ture les lui offre, ilen dresse le catalogue, il 
cherche quels rapports elles peuvent avoir entre 
elles , quel rôle elles sont appelées à jouer dans 
l'imposant spectacle de la création; s’il s'arrête 
un instant aux races que nous avons fait dégéné- 
rer, ce n’est que pour se rappeler qu’elles ten- 
dent sans cesse à reprendre leurs formes primiti- 
ves, et qu’elles y reviennent insensiblement dès 
que les circonstances qui les faisaient varier vien- 
nent à cesser. 

Les diverses variélés que l'on admet parmi les 
Poules domestiques sont assez nombreuses, nous 
n’étudierons que les principales. 

Var. A. Coq villageois. C’est celui qui est le 
plus généralement répandu , et qui s'éloigne le 
moins de la forme primitive, c’est-à-dire de 
celle des espèces sauvages. IL porte sur le front 
une crête rouge plus ou moins élevée, denticulée 
sur ses bords, ou bien quelquefois ramassée et 
comme mamelonnée ; deux caroncules charnues 
sont pendantes sous sa gorge , et il a une peau 
nue, de couleur blanche légèrement teinte de 
rose , au dessous des oreilles ; les couleurs deson 
plumage sont fort vives, et si variées qu'on ne peut 
les décrire, tantôt blanches, tantôt noires, rous- 
ses, elc., pouvant en un mot affecter toutes les 
nuances et les mélanges de toutes sortes. Les fe- 
melles ont moins d'éclat ; leurs plumes n’ont point 
le même lustre que celles des mâles; celles de 
leur cou ne s’allongent point , non plus que les cou- 
vertures de leur queue; elles ont aussi la crête 
moins forte ainsi que les tarses. La plupart de ces 
caractères leur sont d’ailleurs communs avec les 
femelles des autres races. 

Var. B. Coq huppé. Ne diffère du précédent 
que par l'absence de la crête, laquelle est remplacée 
par une touffe épaisse de plumes qui forment une 
belle huppe sur la tête. C’est uncrace fortrecher- 
chée, et qui offre Les plus riches couleurs. 


296 


I 


COQ 


Var. C. Cog à cinq doigts. Dans cette variété 
la modification existe dans le nombre des doigts 
qui s’est élevé à cinq, par la duplicature du pouce. 
Quelques individus peuvent avoir, dit-on, jusqu’à 
six doigts. 

Var. D. Coq nain. Il est aussi gros que le Coq 
ordinaire; mais il a les jambes plus courtes, ce qui 
le fait paraître plus petit. On l'appelle aussi Coq 
de Camboge. 

Var. E. Cog frise. Les plumes sont renversées 
au dehors, de sorte qu’eiles paraissent frisées ; 
c'est une variété rare, et que l’on recherche plu- 
tôt par curiosité. On voit des individus qui ont la 
tête huppée. 

Var. F. Coq de soie: Taille petite, plumage 
généralement blanc et soyeux. 

Var. G. Coq pattu. Varie pour la taille ; les tar- 
ses sont toujours emplumés, quelquefois jus- 
qu’aux ongles, d’autres fois jusqu'aux doigts seu- 
lement. Nous croyons avoir remarqué que des 
Cogs pattus peuvent naître de parents qui ont les 
tarses dénudés. - 

Var. L. Coq nègre. La crête, les caroncules de 
la gorge, les plumes , l’épiderme ct jusqu’au pé- 
rioste sont noirs, Les plumes peuvent être blan- 
ches sans que la couleur des autres parties change. 
Cette variété est rare en France ; en Allemagne et 
en Belgique elle est plus commune. 

Var. K. Coq sans croupion. N’a point de crou- 
pion , et par conséquent point de queue. On trouve 
les Coqs de cette sorte dans plusieurs contrées ; 
il en existe dans l'Amérique , en Virginie, et aussi 
en Europe; nous en avons vu en France. 

Cogs cornus. On voit quelquefois dans les bas- 
ses-cours des Coqs qui ont des cornes sur la tête, 
mais ces animaux ne doivent point être considérés 
comme formant une variété distincte, puisqu'ils 
ne sont cornus que par artilice. On prend un 
jeune individu , on lui coupe la crête, et on fixe 
dans une cavité qui est à la partie portérieure de 
la base de cette crête, un des ergots de l’animal, 
ou bien même tous les deux. Au bout de quinze 
jours ou trois semaines , lorsque le Coq n’a point 
fait tomber cette espèce de corne, elle a le plus 
souvent contracté une union assez parfaite avec 
les parties sur lesquelles on l’a , pour ainsi dire, 
greffée , elle croît peu à peu et peut avoir déjà 
quatre pouces de longueur après trois ou quatre 
ans: un auteur dit avoir vu sur la tête d’un cha- 
pon une pareille corne qui avait neaf pouces de 
longueur. 

Coa Banxkiva , Gallus bankiva. On doit à M. Les- 
chenault la découverte de celte espèce qui vit 
sauvage dans l'ile de Java, où elle a recu des 
habitans le nom de Ayam bankiva ; elle se tient 
dans les forêts , sur la lisière des bois ; son carac- 
tère est très-farouche. Cet oiseau paraît à M. Tem- 
minck, avoir donné naissance à la plapart de nos 
races domestiques ; le mâle à la crête dentelée, 
une collerette orangée et dorée autour du cou , et 
le corps noir en dessous, la femelle est d’un roux 
brun vermiculé en dessus, et roux clair avec des 
flammes blanchâtres en dessous. On a aussi ob- 


servé 


| 
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| 


1 


COQ 


servé des Bankiva dans les Philippines et à Su- 
matra. On voit une bonne figure de cette espèce 
dans l’Iconographie du règne animal, oiseaux , 
pl fig. 

Coo LarayerTe, G. Lafayetis. C’est le Coq 
sauvage de Ceylan; 1 a deux petits barbillons 
à la mandibale inférieure ; les plumes de sa colle- 
rette sont eflilées, teintes de jaune d’or avec une 
flamme brune au centre ; son thorax est recou- 
vert de longues plumes étroites , d’un rouge doré, 
avec un trait noir ; le bas-ventre est noir ; la queue 
courte ct brune, et un demi-collier violet sous la 
peau nue du cou. On trouve cet oiseau à Ceylan, 

Coco SonneraT, G. Sonneratii. Le mâle a la 
crête dentelée, la collerette grise émaillée de 
plaques jaunes , séparées par des espaces blancs et 
noirs ; tout le devant du corps est garni de plumes 
grises , ayant au centre une flamme blanche en- 
cadrée du plus beau noir. La femelle est rousse, 
avec de petits traits bruns et les plumes du des- 
sus du corps blanches bordées de brun. Sonne- 
rat (voir son Voyage aux Indes, vol. 1, p. 155, 
pl. 94 et: 95 ) cest le premier qui ait découvert 
celte espèce. Gomme c'était la première fois 
qu’on observait, à l’état sauvage, des oiseaux du 
même groupe que nos Goqs domestiques , il était 
naturel de penser que toutes les races de celles-ci 
en descendaient ; c’est ce que fit Sonnerat; mais 
on observa plus tard d’autres Coqs sauvages ; On 
en trouva même qui avaient de la ressemblance 
avec un plus grand nombre de nos variétés, et 
Von vit bien que le Coq de Sonnerat n'était pas 


le seul qui leur avait donné naissance. II était en 


effet plus naturel de penser, comme on l'a fait 
depuis, que plusieurs espèces avaient été rédui- 
tes en domesticité, et qu'à chacune d’elles ve- 
naient se rapporter un plus ou moins grand nom- 
bre de nos variétés. C’est ce que des observations 
ultérieures sont venues confirmer non-seulement 
pour les animaux domestiques appartenant à la 
classe des oiseaux, mais aussi pour plusieurs 
mammifères , tels que les chats, les chèvres et 
peut-être aussi les chiens ; l’opinion aujourd'hui la 
plus accréditée est donc, comme nous venons de le 
dire, que plusieurs espèces sauvages, habitant des 
pays différens , ont fourni aux diverses peupla- 
des sur les territoires desquelleselles se trouvaient, 
des races domestiques , qui venant plus tard à se 
mêler entre elles par suite des communications 
que la guerre ou le commerce établissaient entre 
les différentes nations, ont formé entre elles tous 
ces passages plus ou moins gradués qui nousem- 
péchent souvent de les distinguer. 

Coo Ayam-azas, G. fuscatus. Mâle : crête sim- 
ple; un mince fanon pendant sous la gorge; col- 
lerette composée de plumes écailleuses, imbri- 
quées; cuivrées , ailes brunes avec flammes oran- 
gées; corps noir en dessous. Femelle : plumageroux; 
à plumes cerclées de noir; gorge roussâtre; ha- 
bite Java. Il a recu des Javanais le nom de Ayam 
alas. Ge nom est fort remarquable, en ce qu’il 
peut être comparé sous tous les rapports à ceux 
| de la nomenclature linnéenne ; il se: compose 


| Toue II, 


| 


118° Livraison. 


297 


COQ 


comme elle de deux mots, l’un générique, si l'on 
peut me permettre cette expression, Ayam, qui 
est donné par les Javanais à toutes les espèces 
sauvages que nous rangeons dans notre genre Goq, 
et l’autre, Ælas, qui est le qualificatif indiquant 
l'espèce de ce Coq. , 4yam alas, c’est-à-dire Coq 
alas, de même que nous disons Gallus fuscatus ; 
le coq Bankiva a recu des Javanais une dénomi- 
nation demêmenature; on l’appelle Ayambankiva, 
ce qui le distingue très-neltement de l'Ayam alas. 

Coo Bronzé, Gall. æneus. Vit à Sumatra ; il à 
tout le plamage bronzé , avec les couvertures de 
la queue d’un roux vif et les plumes de la colle- 
relte de la couleur du cuivre rouge. 

Goo 1460, G. giganteus. Getle espèce, décrite 
par M. Temminck dans son ouvrage sur les Galli- 
nacés el figurée par Hardwick parmi ses animaux 
de l'Inde, est une nouvelle preuve de la multipli- 
cité d'origines des Coqs domestiques : elle vit sau- 
vage dans les parties occidentales de Java et mé- 
ridionales de Sumatra ; elle a des rapports si in- 
times avec les races dites Cogs de Caux, de Pa- 
doue, Russeet Sausevarre , que c’est à peine si l’on 
peut l'en distinguer. Sa taille est plus considé- 
rable que celle de toutes les autres espèces; elle 
est presque du double plus grande. 

Le Coq russe, qui commence à se répandre en 
France , est une fort belle variété , que sa grande 
taille, l'abondance de sa chair et la belle qualité 
de ses œufs doivent faire rechercher ; son plumage 
est ordinairement roussâtre en dessus et plus 
clair en dessous; ses ailes sont courtes, et sa 
queue presque nulle ; ses tarses grands, très-forts 
et ordinairement de couleur jaune ; la crête fron- 
tale s’observe à peine; mais les barbillons du des- 
sous de la gorge sont très-dévéloppés. La femelle 
est un peu moins grande que le mâle , qui a jus- 
qu’à vingt pouces et même deux pieds de haut; 
ses couleurs du dos sont plus ternes, et son ab- 
domen plus grisâtre. 

Cette race est une de celles qui s’éloignent le 
moins du {ype qui lui a donné naissance. Elle 
paraît être à peu près la même que celle du Cog 
de Padoue et da Coq de Caux; il est difficile de 
se rendre compte du nom qu’on Jui donne aux 
environs de Paris(Cog russe), puisqu'elle n'existe, 
ainsi que nous l’a dit M. Rousseau, qui a traversé 
ces contrées, ni dans la Russie asiatique, ni dans 
la Russie d'Europe. Les Coqs russes s’accouplent 
avec les poules ordinaires, et produisent avec elles 
des sortes d’hybrides féconds plus grands que leurs 
mères , et qui ont quelques unes des bonnes qua- 
lités de leur père. On en trouve qui ont la tête 
surmontée d’une huppe; cesont ceux qui provien- 
nent d’un mélange avec les Poules huppées. Les 
œufs des poules russes ont une teinte grise tirant 
au jaune sale, qui les fait aisément reconnaitre. 

Le Coco MacarTnsy, Gallus Macartney, Temm., 
forme pour M. Lesson le genre Macartneya, qui 
est très-voisin de celui qui nous occupe; c’est un 
oiseau de Sumatra qui a sur la têle une petite 
huppe formée de brins raides. G. Cuvier en x 
fait un Lophophore, (GEnv.) 


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a ————_—————_—"—"—— ———————————— —— a ———_]_—_— a ——_—————— 


COQ 


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COQ 


COQ. (£cow. rur. et nom.) Avant de parler du 
Coq, de la poule et de leurs petits sous le rapport 
économique .et des ressources qu'ils offrent à la 
maisonrurale, je dois faire observer que lesnatura- 
listes ont tort de donner au Coq le nom scientifi- 
que de Gallus : il s'appelait à Rome Coccus; le mot 
Gallus était populaire , et employé ironiquement 
depuis que les oies du Capitole avaient empêché 
l'entière escalade de la‘titadelle par les Gaulois, 
sous la conduite de Brenn. C’est Cicéron qui le 
premier adopta le mot Gallus pour désigner le 
Coq. La faute que je relève, n’est pas la seule qui 
s’offrira devant nous dans le cours de cet article, 

Quand on fait choix d’un Coq, il importe de le 
prendre d’une taille moyenne, à plumage brillant 
et varié, portant la tête haute, garnie d’une large 
crête et de barbes bien pendantes, d’un beau 
rouge vif, ayant la queue à deux rangs, recourbée 
en faucille et bien relevée. Il doit avoir aussi l'œil 
étincelant, le bec fort et crochu, l'oreille blanche 
et grande, la poitrine large, les cuisses longues; 
grosses, bien fournies de plumes, les pieds forts, 
garnis d'ongles très-prononcés ct d’ergots longs, 
pointus, les mouvemens libres, pétulans et la voix 
étendue. Si, joint à ces qualités, il chante souvent, il 
gratte bien la terre, montre beaucoup d’ardeur à 
cocher ses femelles, dont le nombre ne dépasse 
pas celui de douze; s’il a pour toutes des soins 
empressés et les appelle chaque fois qu'il trouve 
abondante nourriture, vous possédez réellement 
un Coq parfait, Votre basse-cour sera bruyante et 
toujours d’un grand profit, en même temps 
qu'elle subviendra à tous les besoins journaliers. 

Sa chair e$t sèche et par conséquent point es- 
timée ; on n'admet dans les cuisines que la crête, 
avec laquelle on prépare des mets délicats. Autre- 
fois on employait en médecine ses parties génitales 
séchées et réduites en poudre; on les administrait 
à dose plus ou moins forte dans un verre de bon 
vin aux personnes usées ou d'un tempérament 
froid. On a depuis long-temps oublié ce remède 
ridicule. 

Les ergots, par leur longueur et leur dureté, 
annoncent l’âge du Coq; on le connaît encore par 
les espèces d'écailles plus ou moins fortes de Ja 
paite. À quatre ans, sa vigueur diminue, et la 
bonne ménagère se hâtera de le remplacer ; mais 
clle aurait tort de le faire par un Coq de trois 
mois , il est encore trop jeune. 

Dans les habitations rurales voisines des grandes 
cités, il convient de donner la préférence à la 
poule du canton de Caux, département de Ja Seine- 
Inférieure , parce qu'elle donne beaucoup de gros 
œufs et qu’elle est plus recherchée pour sa chair 
délicate. Partout ailleurs, il vaut mieux s’en tenir 
à l'espèce du pays. Vainement on s'attache à la 
grosseur, comme à un signe de bonté, particuliè- 
rement aux poules qui sont bien huppées, et, quoi 
qu'on en dise, elles re sont point exemptes des 
viceset des maladies qui désolent parfoisnos basses- 
cours. Une bonne poule est celle qui pond de seize 
à dix-huit œufs par mois , qui n’est ni farouche ni 
querelleuse et qui couve tranquillément; sa robe 


peut être indistinctement noire ou brune, tannée, 
rousse ou variée de noir et de blanc ; maïs il faut 
qu’elle annonce une forte constitution ; la taille 
moyenne est la plus propice. Les autres signes fa- 
vorables sont : une tête grosse et haute, la crête 
très-rouge , pendante sur le côté, l'œil vif, le cow 
gros , la poitrine large ; le corps gros et carré, les 
jambes et les pieds jaunes; armés d’ongles courts 
eb forts. Les poules blanches, dont le bec et les 
paties offrent la même couleur, doivent être sa- 
crifiées Jes premières, non point parce qu’elles 
pondent moins que les autres, mais parce qu'elles , 
s’épuisent promptement, Il faut également se dé- 
faire des Coqs qui ne chantent point, des poules 
qui chantent à la manière des Gogs, ou dont les 
ergots s’allongent par une autre bizarrerie de la 
nature. Je sais bien que la poule imitant le chant 
du Coq est jeune, et qu'en vicillissant elle perd 
celte habitude; mais elle trouble l’ordre, et est 
d'ordinaire querelleuse ; ce double motif suffit pour 
l'éloigner. Sottise de croire que le cri emprunté 
soit de mauvais augure et comme le précurseur de 
quelque infortune, 

Les poules pondent des œufs sans l’accouple- 
ment du Coq; mais ces œufs, n'étant point fécon- 
dés, ne doivent point être donnés à couver; ils 
sont excellens pour la consommation. Quand le 
mâle est trop ardent ou qu'il est chargé de servir 
un trop grand nombre de poules, les œufs se gàä- 
tent promptement ; dès qu’on les reconnaît, il 
faut les enlever de suite; il en est de même pour 
les œufs dont l'enveloppe est molle. La ponte ne 
dure pas autant au nord qu’au midi de la France : 
ici, elle commence en janvier et se prolonge jus- 
qu’en septembre; là, elle ne se renouvelle qu’en 
mars et se continue jusqu'aux premières froidures. 
Sansla vicissitude des saisons, les poules pondraient 
pendant toute l’année, exceplé durant l’époque 
de la mue, On peut artificiellement se procurer 
une plus grande quantité d’œufs pendant l'hiver ; 
on place à cet eflet le poulailier près d’un four, 
et on donne à ses poules des graines de tournesol 
annuel, Helianthus annuus, mêlées à un peu d’a- 
voine dont on a émoussé les pointes. On a dit que 
les œufs pointus contenaient des mâles, et ceux 
dont le côté supérieur est rond, des femelles : cette 
assertion ne m'a point paru exacte dans le plus 
grand nombre des cas. 

Toute poule qui se dispose à couver pond cha- 
que jour un et même quelquefois deux œufs : le 
moment où elle cesse indique celui du couvage. 
Olivier de Serres caractérise ainsi le second si- 
gne : «On le recongnoist facilement, dit-il, au glous- 
«ser, qui est un continuel et nouveau chant , dif- 
«férent de leur ordinaire musique. ‘Toutes poules, 
«quoique gloussantes, désireuses de couver ne sont 
«propres à ce meslier; les plus jeunes de deux 
«ansn y valent rien, neles griesches(capricieuses), 
«ne-les escarrabiilades (indociles) et farouches, 
«qu'on appelle aussi enragées, ni celles qui ont 
« des ergots comme des Gogqs, ains seulement les 
«franches et paisibles , estant d’ailleurs bien com- 
«plexionnées et de robuste nature.» ( Théâtre 


2 


; COQ 


299 


f COQ 


d’agr. v. 2. ) Il faut préférer celles de trois à 
cinq ans ; l’époque la plus favorable de leur vie est 
quatre ans, quand elles ne sont pas usées par 
une ponte excessive ou par des infirmités, Confiez 
à la couveuse de douze à dix-huit œufs, suivant 
sa force et l’état de l'atmosphère ; prenez les plus 
gros, les plus frais, ceux quisont sains , bien pleins 
et fécondés; pour acquérir la certitude qu'ils se 
trouvent tous dans ces conditions importantes, 
plongez- les d’abord dans de l’eau froide, puis 
mettez-les au même degré de température au mo- 
ment où l'incubation doit commencer. Les femmes 
de l’Archipel grec ne se trompent jamais sur la 
qualité des œufs; ceux qui leur présentent de pe- 
tits globules clairs et en forme d'étoiles sont re- 
jetés comme stériles ; si la couronne ou calotte 
intérieure , qui se remarque au gros bout , est pla- 
cée presque horizontalement , l'œuf donnera, se- 
lon elles, un Gog; si, au contraire, cette cou- 
ronne est oblique , il naîtra une poule. Cinq ou six 
jours après celui d’où part l’incubation, elles les 
mirent de nouveau (l'œuf placé entre l’œil et un 
rayon solaire ), afin de retirer ceux qui ne contien- 
»nent pas de filets sanguinolens, c’est-à-dire qui 
ne portent point le signe de la vitalité. 

Les poules, jouissant de leur pleine liberté, se 
retirent dans les bois pour y construire leur nid, 
à la confection duquel elles apportent autant de 
soin que la Perdrix; mais celles qui ont subi toutes 
les modifications de la domesticité laissent ce soin 
à la ménagère : c’est donc à elle de le préparer. 
A cet effet , on a des paniers qu’il faut laver avec 
une eau de chaux; dans le fond, l’on met une pe- 
tite couche de paille ; du foin est préférable, étant 
moins sujet à donner de la vermine ; on renou- 
velle cette couche tous les quinze jours au temps 
de la ponte et immédiatement après la couvée. 

L'incubation a pour terme ordinaire vingt et un 
jours ; quelquefois elle arrive seulement au dix- 
neuvième , et dépasse très-rarement le vingt-qua- 
trième. Le petit brise alors la coque de l’œuf au 
moyen d'un petit onglet calcaire dont est armée 
l'extrémité de son bec ; il étend les jambes, sort la 
tête de dessous les ailes, allonge le cou, le porte 
en avant , piaule , et peu d'instans après que l'air 
ambiant l'enveloppe entièrement il se glisse sous 
le ventre de la couveuse, se sèche, se lève, mar- 
che et ramasse sa nourriture, Durant quelques se- 
maines, il a besoin que la couveuse le protége , 
le guide et lui procure sous ses ailes un abri con- 
tre le froid et les intempéries. Plus le lieu de la 
couvée sera chaud, exempt de toute humidité, 
tenu très-propre, plus la nourriture et l’eau s’y 
trouveront appropriées , abondantes et sans cesse 
renouvelées, mieux le poussin prospérera et ré- 
pondra à l'attente de la ménagère. 

Dans certains pays on fait éclore les œufs au 
moyen d’une incubation artificielle. Le plus ancien 
exemple connu nous est fourni par l'Egypte. On 
s'y servait de fours, de la chaleur uniforme des 
fumiers, et cette industrie s’y est conservée, par 
une routine héréditaire, avec une perfection telle 
que des individus grossiers, sans connaissances 


acquises, guidés par la seule pratique, perpétuée 
pendant une longue série de siècles, ménagent, 
sans thermomètre , une chaleur toujours égale, 
réussissent constamment, et n’éprouvent jamais de 


.mécomple. Dans l’Inde, aux îles du grand Ar- 


chipel asiatique, qui s'étendent depuis Sumatra 
jusqu’à Lucon , et particulièrement dans celle de 
Lucon, la plus fertile, la plus riante des Philippi- 
nes , l’incubation est l’œuvre d'hommes qui, pour 
un modique salaire, ont la patience de demeurer 
étendus constamment et sans bouger , même lors- 
qu’ils reçoivent la nourriture ou qu'ilssatisfont aux 
besoins naturels, sur une couche d'œufs placés 
dans de la cendre les uns à côté des autres, re- 
couverts par une épaisse couverture en laine ou en 
coton ‘formant, à l’aide de quelques légères tra- 
verses, une surface plane, et fermée de toutes 
parts de planches très-peu élevées au dessus du 
sol de la case. Là, ils attendent le moment où les 
œufs doivent éclore, ce qu’ils connaissent avec une 
précision remarquable; ils les brisent alors non 
moins adroitement, et les poussins de ramasser 
aussitôt le grain qu’on leur donne. On concevrait 
difficilement un pareil métier, si l’on ne savait 
combien est abject l’état où la civilisation conqué- 
rante de l’Europe a réduit la population des Ma- 
lais, aujourd’hui si misérable, autrefois si puis- 
sante, si courageuse. L’esclavage abrutit l’homme 
et le ravale au dessous de la brute. 

On peut conserver les œufs dans leur état de 
fraîcheur et de translucidité pendant un temps il- 
limité, en les plongeant dans une eau de chaux 
convenablement étendue ou mieux encore en se 
servant d’une solution peu saturée de muriate de 
chaux. En 1820, j'ai mangé à Paris des œufs gar- 
dés ainsi depuis un an et d’autres depuis deux 
ans, En 1822, près du lac Majeur en Italie, on a 
découvert, en démolissant une vieille muraille, 
construite depuis plus de 4oo ans, trois œufs de 
poule qui ont été trouvés frais et mangés avec plai- 
sir, Quelques personnes ont conservé des œufs en 
les plongeant dans de l'eau bouillante, et, lorsqu'ils 
sont essuyés, en les mettant dans un vase rempli de 
cendre de bois tamisée ; mais ils contractent alors 
une couleur verdâtre qui répugne. 

Il était défendu aux Hébreux d'élever des Coqs 
et des poules dans la ville de Jérusalem ; on re- 
trouve la-même défense pour la capitale du culte 
lamique; le motif de cette défense venait de ce 
que ce volatile était réputé impur, parce qu'il se 
plaît à demeurer habituellement sur le fumier, 
et qu'ilse nourrit de larves ; ensuite parce que son 
chant trouble le calme que demandent la prière 
et la méditation. Ceux qui voient partout le culte 
du soleil, et adoptent aveuglément ce qu'écrivit à 
ce sujet le docte mais trop souvent le fort 
inexact Dupuis, ne se doutent pas que la pro- 
scription du Coq et de la poule ne s’étendait point 
au-delà des murs sacrés, qu'on les portait aux 
marchés comme aliment, et qu'ilse faisait chez les 
Hébreux une très-grande consommation d'œufs. 
Qui peut voir là un reste de vieux culte ? 

A cause de sa hardiesse, de sa valeur et de sa 


ee 


COQ 


vigilance, le Coq a élé souvent pris pour symbole 
des vertus guerrières; c’est pour cela que les 
Grecs le plaçaient auprès des statues de Mars, de 
Minerve, sur le bouclier de leurs héros illustres, 
et que PlutarqueT'offre pour exemple à l’homme 
ami de son pays, et à l’homme studieux. « C’est 
» par la trompetle en temps de guerre, dit-il, et 
» par le chant du Coq en temps de paix, que doit 
» être marquée l'heure du lever. » Il est faux que le 
Coq ait jamais servi d’enseigne aux Gaulois ; ils 
l’élevaient dans leurs basses-cours; mais ilne jouis- 
sait parmi eux d'aucune distinction. Ce fut dans 
les siècles obscurs du moyen âge que les prêtres 
catholiques français imaginèrent les premiers d’en 
placer l’image au sommet des tours, sur la flèche 
des églises ; il ne joue pas un grand rôle dans la 
sotte science héraldique, et on ne le voit figurer 
que sur les médailles de Caryste, d'Athènes, de 
Métaponte et d'Ithaque, chez les anciens, ct sur une 
seule historique de 1679, où il sert d’emblème à la 
France. Le Coq n’est donc point pour notre pays 
un signe nalional , quoi que’en disent les écrivains 
modernes, et ilne doit point l'être, puisqu'il a 
servi de type à quelques médailles satyriques frap- 
pées contre nous par les Espagnols en 1665, par 
les Autrichiens en 1706, et en 1760, par les Hol- 
landais et les Anglais en 1712. Il est donc permis 
de gémir en le voyant, depuis 1850, sur nos dra- 
peaux. On a écouté trop complaisamment d’igno- 
rans compilaleurs, sans s'apercevoir que l’on 
donnait de la valeur à de méprisables satires ve- 
nues de l'étranger, 

Que le laboureur prenne le Coq pour emblème, 
cela se concoit ; il doit avoir l’œil ouvert sur tout 
ce quise passe chez Jui et autour de lui. Comme 
le Coq, ilne doit rien laisser perdre et savoir tirer 

arti de tout. 

Chez les anciens comme chez les modernes, on 
a, dans tous les pays, profité de l’insurmontable 
antipathie que les Goqs ont les uns pour les autres; 
on l’a même cultivée avec tant d’art que les com- 
bats de ces oiseaux sont devenus des spectacles 
pour les peuples sauvages aussi bien que pour les 
nations civilisées. Je retrouve ces sortes de tour- 
nois chez les Celtes et les Scandinaves leurs frères. 
Les Grecs les aimaient beaucoup ; ils avaient lieu 
sur le théâtre d'Athènes en mémoire de la victoire 
remportée sur les Perses par Thémistocle. Ils 
furent adoptés ensuile par la ville de Pergame, la 
patrie de Galien , et plus tard par les Romains. 
De nos jours, ils sont pour les Anglais une affaire 
aussi importante que l'horrible spectacle de leurs 
boxeurs ; quand un combat de Goqs doit avoir lieu, 
on le fait annoncer par les crieurs publics; on m- 
dique avec précision l'endroit, l'heure et jus- 
qu'aux noms des héros ; aussitôt la foule accourt, 
les gageures s'ouvrent et montent souvent à des 
sommes très-considérables ; les deux Coqs sont en 
présence, ils se fixent, ont l’air de se toiser, leurs 
plumes se hérissent, les ailerons se soulèvent, le 
bec est ouvert, c’est à qui cédera le moins de ter- 
rain à l’autre; l'attaque commence, elle est vio- 
lente, acharnée et ne cesse que par la mort de 


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COQ 


a, 


l’un des combattans. Les Javanais ne peuvent se 
contenter d’un seul duel de cette sorte ; ils pous- 
sent la frénésie jusqu’à leur consacrer des jour- 
nées entières. Il faut les voir exciter les combat- 
tans de la voix el du geste; l’espoir et la crainte 
se peignent tour à tour sur la figure des parieurs, 
et, pour que la victoire demeure moins long-temps 
indécise , on a soin d’armer les éperons de l’un et 
l’autre Coq d’un fort tranchant qui termine bien- 
tôt le combat. Il y a tel Coq, habitué à ce genre 
de lutte , qui tue son adversaire du premier coup ; 
il devient alors impayable, on en parle dans tout 
le pays, son propriétaire le porte en triomphe ; il 
s’en pare avec autant d'orgueil qu'en met un 
noble parvenu à montrer son blason, qu’en ap- 
portent les courtisans, les serviles à se décorer 
des colifichets que le pouvoir leur jette pour seles 
asservir. La fureur des combats de Coqs est pous- 
sée si loin chez les peuples malais, que les chefs 
sont obligés d’en dicter les conditions, d’empé- 
cher les parieurs de risquer leurs femmes, leurs 
filles, leurs mères , et d'exiger que les Coqs soient 
de couleurs différentes, c’est-à-dire qu'un de 
uuance grise combaite contre un noir, un jaune 
contre un rouge. Dans ces pays il est rare de ren- 
contrer un voyageur sans un Coq sous le bras. 
Dans l’histoire des combats de Cogs en Angle- 
terre , je trouve une anecdote qui mérite d’être 
citée ; elle appartient à cette partie de l’histoire 
des animaux que l’on appelle dédaigneusement 
instinct , et qui, pour moi, rentre dans le domaine 
des facultés morales. Le fait s’est passé à Chester 
en 1787. Deux Cogqs de belle espèce et fameux par 
leurs nombreuses vicloires sont destinés à un 
tournoi. La nouvelle en est portée au loin, et de 
toules parts affluent des spectateurs de tout âge , 
de toute classe, de l’un et de l’autre sexe; d'im- 
menses paris s'ouvrent; dans tous les rangs les 
paroles s'engagent. Les deux combaitans vont 
entrer en lice, le silence le plus profond succède 
au bruit le plus fatigant, tous les yeux sont fixés 
sur l'arène, les cous sont tendus, l'attention 
générale domme l'attention particulière n’a qu'une 
pensée. Les deux adversaires se voient, se parlent : 
ce sont deux frères d'armes , ils se regardent avec 
plaisir, avec admiration ; ils sont fiers de se trou- 
ver en présence l’un de l’autre, ils se sentent pé- 
nétrés d'admiration, d’amilié, de cordialité. Pre- 
mier désappointement pour la foule ébahie. On 
leur jette alors quelques grains de blé dans la vue 
de les exciter : ils mangent ensemble et semblent 
rire sous cape du nouveau désappointement des 
curieux étonnés de leur bonne intelligence. On 
amène une poule, elle est accueillie par les deux 
amis, chacun la courtise, chacun obtient ses fa- 
veurs, et, au grand scandale des gageurs, ils jouis- 
sent l’un et l’autre sans rivalité aucune des plaisirs 
inattendus qu’on leur procure. Ce troisième dés- 
appointement ne devait pas être le dernier. On 
lance sur eux deux Coqs, les deux amis les voient 
approcher, se portent chacun sur l’adversaire qui 
vient à lui, le bat, le terrasse, le tue; comme ils 
étaient animés, on espérait que la lutte allait s’en- 


D 


COQ 


301 


COQ 


| 


gager, on est encore trompé; les deux amis se 
calment aussitôt qu’ils se retrouvent l’un vis-à-vis 
de l’autre. La foule, loin d'admirer, siflle, hue, 
crie; elle a beau faire ; les deux Coqs demeurent 
insensibles,et de dépit chacun retourne à ses foyers, 
désappointé, mais incapable de profiter de la le- 
çon recue, C’est sans doute le cas d'appliquer ici 
le mot de l’auteur du roman de la Rose, Jehan 


de Meun : 


C’est chose qui moult me déplaist, 
Quand poule parle et coq se taist. 


Le Coq que l’on a dépouillé des facultés géné- 
ratrices, prend le nom de Caron; il acquiert 
beaucoup d’embonpoint , s’engraisse avec facilité, 
et sa chair en devient plus délicate. Victime du 
despotisme et de la sensualité de l’homme, le pau- 


vre animal ainsi réduit n’a pas encore essuyé 


toutes les souffrances qu’on lui prépare ; on lui 
coupe la crête tout contre la tête, puis on le con- 
damne au soin d'élever les poussins. On choisit 
à cet effet le chapon le plus vigoureux ; on lui ôte 
la plume sous le ventre, on frotte cette partie avec 
des orties, on gave le patient de mie de pain 
trempée dans du vin, et après avoir réliéré ce 
barbare supplice deux ou trois jours de suite, on 
le met sous une cage avec deux ou trois poulets 
un peu grands; ceux- ci, lui passant sous le ventre, 
adoucissent l’âpreté de ses piqûres, et ce soulage- 
ment l’habitue à les recevoir : bientôt il s’y atta- 
che, les aime, les conduit ; alors on en augmente 
le nombre, et il veille sur tous plus long-temps 
que la mère n’aurait fait. Quand on veut engraisser 
un chapon, il faut le confiner dans un endroit 
resserré et obscur; lui donner à manger de l’orge, 
du sarrasin ou mieux encore une pâtée faite avec 
de la farine de maïz, Zea-maïz. 

Une poule à laquelle on a ôté l'ovaire pour la 
rendre grasse, tendre, et en même Lemps stérile , 
$’appelle Poularde. Les poulardes les plus réputées 
de la France se trouvent dans les cantons de La 
Flèche et de Malicorne , et plus spécialement dans 
la commune de Mézeray, département de la Sar- 
the : c’est sur le marché de La Flèche, et non sur 
celui du Mans, qu’elles sont vendues et recher- 
chées durant une partie de l'automne et de l'hi- 
ver; la quantité qui s’y débite est vraiment pro- 
digieuse; elle constitue une portion considérable 
de la richesse du pays, et c’est bien gratuitement 
que le commerce s’obstine à les appeler Poulardes 
du Mans. 

Je n’ai rien dit des diverses variétés de poules , 
vantées par les amateurs , parce que je les regarde 
comme plus curieuses qu'utiles, comme des bi- 
zarreries de la domesticité plutôt que des indivi- 
dus distincts. (T. ». B.) 

GOQ. On à donné ce nom à plusieurs oiseaux 
voisins du Coget de la poule, ou bien qui ont 
avec eux quelque rapport dans leurs mœurs ou 
leur organisation. 

Coo p’eau (Descourtils, Voyage d’un natura- 
liste, t. 11), est le Butor de Saint-Domingue; 
Coo »ss Bois, le Térras ou grand Goq de bruyère ; 


Coo DE BRuyÈRE , le petit T£rras et Coo »’Inre , le 
Dixnon. (’oy. ces divers mots.) On nomme aussi 
CoQ Des marais, la Gélinotte huppée; Coco DE 
MER, le Canard à longue queue, anas ourata, et 
Coe noir, le petit Tétras à queue pleine, tetrao 
betulinus, L. Jonston a appliqué , par erreur, la 
dénomination de Goq de Perse au Hocco, qui est 
un oiseau d'Amérique. 

En ichthyologie on appelle quelquefois Coq DE 
Mer, le Zeus gallus et le Zeus Vomer de Bloch, 

COQ DES JARDINS où MENTHE-COQ (mor.), 
est le nom vulgaire d’une plante appelée par Lin- 
næus Z'anacctum balsamita, et que Desfontaines a 
placée dans son genre Balsamita. 

COCU (ors.), mot que l’on trouve dans quelques 
vieux auteurs français, s’applique au Coucou, et 
Coquazix , que Buffon a tiré, dit-il, du mexicain 
Quanhicallotquapachli. C’est le nom d’un écureuil, 
sciurus vartegatus , L. (GErv.).; 

COQ DE ROCHE, Rupicola. (ors.) Les Coqs 
de roche, appelés aussi Rupicoles , sont des passe- 
reaux qui réunissent à Ja fois les caractères de 
ceux que Guvier appelle Dentirostres et Syndac- 
tyles, c’est-à-dire qu'ils ont la mandibule supé- 
rieure du bec échancrée à sa pointe et le doigt 
externe de chaque pied fortement soudé à l’interne 
jusqu’à la deuxième articulation ; leurs tarses sont 
robustes et à demi vêlus ; leurs nariries latérales, 
ovalaires , recouvertes par les plumes du front, et 
les ailes moyennes à première rémige courte, les 
quatrième et cinquième étant plus longues. 

Les Coqs de roche vivent dans certaines parties 
des deux continens; on peut les répartir dans 
deux sections correspondant à leur distribution 
géographique, l’une comprenant ceux qui se trou- 
vent dans le Nouveau Monde, et la seconde ceux 
qui sont propres à l'Ancien. 

I. Rupicoles de l'Ancien Monde. Sir Raîlles en 
a fait son genre Calyptomène. La seule espèce est 
le Ruricoze vent, ARupicola viridis, Temm., pl. 
216. Cet oiseau, que S. Rafiles et Horsfield décri- 
virent sous le nom de Calyptomena viridis, est 
figuré dans l'Atlas de notre Dictionnaire , à la fig. 
4 de la planche 69° ; il est de la taille d’un merle. 
Le mâle est d’un beau vert émeraude, avec deux 
taches d’un noir velouté sur les côtés du cou et 
les rémiges à trois raies noires ; la femelle est d’un 
vert jaunâtre sale, sans trace de noir. Habite Su- 
matra et Java: c’est le Buvong tampo pinany des 
Javanais. 

Il. Rupicoles du Nouveau Monde. On en connaît 
deux espèces, l’une est le Rura, Coo ne nocnx’, 
Rupicola aurantia , représenté dans noire Atlas, 
pl. 122, fig. 5. C’est un bel oiseau , de la grosseur 
d’un pigeon; dans le sexe mâle, il est de couleur 
orangée, avec des plumes frisées sur les ailes et 
la queue, et une huppe comprimée sur la têle. 
Les rémiges ou pennes de l’aile sont brunes , avec 
un miroir blanc; la queue est arrondie, relevée 
comme chez les poules, brune et bordée de blanc 
roussâtre ; le bec est jaunâtre. Les femelles n’ont 
point une aussi belle parure; leur plumage est en 
entier d’un brun fuligineux ; il en est de même des 


COQU 


302 


COQU 


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jeunes sujets. Ge Rupicole se tient sur les rochers 
qui bordent la petite rivière d'Oyapock à la 
Guiane , et devient de plus en plus rare (les co- 
lons vendent la peau des mâles jusqu’à seize pias- 
tres) ; il est très-méfrant, et vole avec beaucoup de 
rapidité; sa nourriture consiste en petits fruits 
sauvages. Les femelles font leur nid dans quelque 
cavité naturelle, avec des brins de bois et des 
herbes sèches ; elles y pondent deux œufs blancs, 
semblables à ceux des pigeons. 

L'autre espèce est le Rurrcoue nu Pérou, Rup. 
peruviana, que l’on a regardé pendant long-temps 
comme une variété du précédent, mais qui en 
diffère par sa taille, qui est plus forte, et aussi par 
ses couleurs; sa queue d’ailleurs est beaucoup 
plus longue et ses ailes ne sont pas frangées. Get 
oiseau est d’un orangé fort vif, avec une huppe 
en toufle sur le front ; le ‘manteau est gris, les 
rémiges sont d’un noir profond (mäle). On ne 
connaît pas la femelle. (Gerv.) 

COQUE, Coccum ou Cocca. (BoT. pran. ) On 
entend par ce mot les parties de certains fruits 
composées d’un péricarpe sec, se séparant en un 
nombre déterminé de loges, lesquelles se déta- 
chent les unes des autres par la scission de leur 
cloison en deux lames. Ces loges, individuellement 
prises, sont des Coques : leur paroi interne est 
cartilagineuse, osseuse quelquefois ; elle se rompt 
ordinairement avec élasticité. Tel est le fruit des 
Euphorbes, réunion de Goques à laquelle M. Ri- 
chard a donné le nom d'Ecarrte (voy. ce mot). 

Gaertner, dans sa Carpologic, donne le nom de 
Coque à l'ensemble du fruit, réservant le nom de 
loges aux parties que nous avons appelées Coques. 

Selon le nombre de Coques contenues dans un 
fruit, on l’appelle Bicoque, Tricoque, etc. ; tou- 
tefois ces adjectifs bizarres ne peuvent être admis 
que pour la clarté et la brièveté du langage tech- 
nique. (L.) 

COQUE DU LEVANT. (B0T. pnan.) On donne 
ce nom au fruit du Menispermum cocculus.(F'oyez 
Coccuzus. ) 

COQUELICOT. (or. Pxan. ) On désigne sous 
ce nom vulgaire une espèce fort commune du genre 
Pavot. 

COQUELOURDE. (mor. PHan. ) On nomme 
ainsi les ÂVarcissus pseudo-narcissus , V Anemone 
coronaria, la Pulsatilla et V Agrostema coronaria. 

COQUEMELLE ct GOUCOUMELLE. ( 8or. 
enan. ) Nom de l’Agaricus procerus dans nos pro- 
vinces de l'Ouest. 

COQUERECLE. (or. Pan.) Nom de la Noi- 
selte avant sa maturité et quand elle est encore 
dans ses enveloppes. On donne aussi ce nom à 
V'Alkékenge. Voy. Paysazipe. 

COQUERET. (mor. PHan. ) Ancien nom de 
lAlkékenge. 

COQUETTE. (porss. 1vs.) Nom donné, aux An- 
tilles, à une espèce de Chétodon, et en France à 
la Zenzère, genre de Lépidoptère nocture. 

COQUILLADE. (ors.) Nom de pays del Alouette 
cochevis. (W, ALouETTE.) 


COQUILLAGE. (our) On désigne vulgaire- 


ment ainsiletest des Mollasques. (Voy. Coquize.) 
(Guér.) 

COQUILLE. (mozz.) En conchyliologie, le mot 
Coquille est donné au corps testacé calcaire, ex- 
térieur ou intérieur , développé en dehors où dans 
l'épaisseur de la peau d’un animal mollusque, et 
destiné à protéger ou à soutenir l'animal entier ou 
certaines parties de son organisation contre les 
chocs extérieurs. 

La Coquille ne se rencontre pas seulement chez 
les mollusques; d’autres animaux, tels que les 
échinides ou oursins, les crustacés, quelques an- 
nélides , en sont également pourvus. Toutefois , 
nous devons observer que les parties protectrices 
de tous ces divers animaux ne sont pas absolument 
identiques avec la véritable Coquille. Ainsi , dans 
les oursins, la partie solide est plus poreuse que 
dans les Goquilles ; dans les annélides, le test est 
tubuleux, arqué et exempt de pièces accessoires 
comparables aux valves des conchyfères ; et dans 
les crustacés, ilest articulé , non à charnière dans 
deux de ses principales parties, comme dans la 
Coquille, mais dans un grand nombre de points 
pour faciliter les mouvemens partiels des membres 
de l’animal. 

Pour faciliter étude de cet article, que nous 
empruntons presque en entier à M. Deshayes, du 
Dictionnaire classique, nousle partagerons en trois 
parties : dans la première , nous nous occuperons 
des Coquilles des multivalves; dans la seconde, des 
Coquilles bivalves; et dans la troisième , des Co- 
quilles univalves ou mollusques proprement dites, 

1° Cogquilles multivalves. On entend aujourd’hui 
par multivalves, les Coquilles des cirrhipèdes , 
dont les parties ne sont point articulées en char- 
nière , mais simplement soudées entre elles ou réu- 
nies par la peau elle-même où elles se sont déve- 
loppées. Toutes les pièces des cirrhipèdes pédon- 
culés, appelées sériales , quand elles sont divisées 
par une ligne médiane, et que les parties sont 
parfaitement semblables ; et latérales, quand elles 
sont placées sur les côtés du test, sont réunies au 
moyen du manteau ou de la peau dans laquelle 
elles se sont formées; elles sont symétriques par 
paire, non articulées, et reposent quelquefois les 
unes sur les autres. 

Dans les cirrhipèdes sessiles ou fixes , tontes les 
pièces sont souvent soudées entre elles, et viennent 
se ranger autour d'une cavité centrale, cavité qui 
est occupée par l'animal, et qui est quelquefois 
ouverte inférieurement et toujours fermée supé- 
rieurement par deux ou quatre petites pièces mo- 
biles dont l’ensemble se nomme opercule. 

2 Coquilles bivalves. Etudiée d’après la mé- 
thode proposée par M. de Blainville, dans le 
Dictionnaire des Sciences naturelles, c’est-à-dire 
dans la position qu’elle a sur l’animal, lorsque 
celui-ci marche devant l'observateur , c’est-à-dire 
placée sur son bord tranchant, les crochets en 
arrière , le ligament en haut et en avant, la valve 
droite à droite, etla valve gauche à gauche, la co- 
quille bivalve, ou formée de deux partiesprincipales 
articulées à charnière, nous donnera à considé- 


CR 


COQU js 


303 


COQU 


oo, 


rer : 1° la face extérieure des valves; 2° leur face 
intérieure ; 3° les bords; 4° les moyens employés 
par la nature pour réunir et tenir en contact les 
deux valves principales et les parties accessoires 
lorsqu'elles en présentent. Mais, avant de commen- 
cer l'examen particulier de chacune de ces par- 
ties, voyons sous quels points de vue on peut 
encore considérer les Coquilles ; soit sous le rap- 

ort de leur habitation, soit sous le rapport de 
leur fixité , de leur forme, etc. 

D’après leur habitation, les Coquilles sont dis- 
tinguées en fluviatiles et en marines. Les premières 
vivent dans les eaux douces; leur épiderme est 
brun foncé ou vert foncé, et le plus souvent dé- 
truit, rongé vers les crochets; les secondes sont 
presque toujours dépourvues d’épiderme , et char- 
gées ordinairement de côtes, d’aspérilés, de sil- 
lons , d'épines, etc. 

Sous le rapport de la fixité, les Coquilles sont 
dites libres ou adhérentes : ces deux distinctions 
n’ont pas besoin de définition pour être com- 
prises. Sous le rapport de la forme , les unes sont 
symétriques ou formées de deux parties semblables; 
équivalves ou présentant deux valves semblables 
et égales dans toutes leurs dimensions; inéquivalves, 
quand une des valves est plus grande ou plus pro- 
fonde que l’autre ; régulieres , quand elles ne pré- 
sentent pas de différences dans les individus de 
même espèce; trréguliéres, dans les cas contraires; 
équilatérales, quand elles sont partagées en deux 
par une ligne médiane, qui des crochets, se di- 
rige vers le bord inférieur; subéquilatérales, quand 


- les deux parties sont presque semblables; inéqui- 


latérales , quand les mêmes parties ne présentent 
aucune similitude ; bâtllantes , quand elles ne sont 
pas closes exactement; closes, dans le cas con- 
traire; cylindriques, lorsqu'elles sont également 
bombées des deux côtés ; orbiculaires , lorsque les 
valves , prises dans leur centre, présentent leurs 
bords également ou presque également éloignés ; 
globuleuses, quand les valves, très-gonflées, ont 
la forme exacte d’un hémisphère; lenticulaires , 
lorsque le centre va sans cesse en s’amincissant 
vers les bords; comprimécs , quand l’espace on la 
cavité qui se trouve entre les valves est peu con- 
sidérable ; cordees , quand elles ont la forme d’un 
cœur; coudées , lorsqu'elles sont comme ployées 
dans toutes les parties, etc. , etc. 

Sous le rapport des accidens que les Coquilles 
peuvent éprouver , ont les dit : auriculaires, toutes 


les fois que, surles côtésdes crochets, se trouvent 


des appendices saillans ; rostrées , lorsque l’une ou 
les deux faces offrent un appendice plus ou moins 
long ; barbues , quand l’épiderme qui la recouvre 
est divisé en un grand nombre de poils plus ou 
moins raides; tronquées , si les valves sont comme 
coupées dans leurs parties. 

Nous arrivons maintenant à la définition et à 
la description des diverses parties qui composent 
la Coquille, et que déjà nous avons énumérées en 
indiquant la position dans laquelle on devait la 
placer pour en faire une étude facile et com- 
plète, 


1°. l'ace extérieure des valves. Cette face où sur- 
face, comme on voudra l'appeler , qui souvent 
est convexe, et qui est comprise entre les cro- 
chets, la lamelle, l'insertion du ligament et les 


bords, est lisse, lorsque, dans la courbure, aucun 


de ses points ne s'élève plus qu’un autre; rabo- 
teuse, dans les cas contraires ; striée, sillonnce ou 
à côtes, lorsque des enfoncemens et des élévations 
concentriques ou rayonnantes sont manifestes: ces 
siries , sillons ou côles, peuvent être aigus, tran- 
chans , carrés, arrondis , perpendiculaires, obliques, 
transverses, elc.; lamelleuse , quand les stries sont 
disposées en lames plus ou moins minces, plus ou 
moins élevées, plus ou moins nombreuses ; crépue, 
quand les lames sont découpées régulièrement et 
quelquefois traversées à angle droit par des sillons; 
onduleuse, quand les enfoncemens et les éléva- 
tions sont brisées plusieurs fois en formant divers 
angles ; épineuse, quand elle offre des cônes allon- 
gés, poinlus, et qui y sont implantés par la base ; 
ecailleuse , lorsqu'elle présente des éminences 
minces , aplaties et saillantes, et toujours séparées 
les unes des autres par une échancrure ou l’espace 
situé entre les sillons , etc. 

2° Face interne des valves. La face ou surface 
interne , face souvent concave , toujours en con- 
tact immédiat avec l’animal renfermé entre les 
deux valves, et limitée par la charnière et les bords, 
est ordinairement lisse; pourtant, il arrive quel- 
quefois que les côtes qui sont à la partie extérieure 
se voient à la partie interne , mais dans un ordre 
inverse; c'est ce que l’on peut vérifier dans les 
Coquilles minces. 

Dans les Coquilles épaisses, celles dans lesquel 
les la matière calcaire est disposée en bien plu* 
grande quantité sous les crochets que vers les 
bords, la concavité des valves ne répond pas tou- 
jours à la convexité de la face extérieure. 

L'intérieur des valves est ordinairement blanc 
ou nacré; les autres nuances, quand on en ob- 
serve , sont douces et fondues ensemble, et n’ont 
aucune similitude avec la coloration extérieure. 

La couleur nacrée paraît quelquefois être le 
propre de certains genres, comme celui des Mu- 
rettes , des Pernes , et surtout des Pintadines, qui, 
à elles seules, fournissent presque toute la nacre 
employée dans les arts , et les perles fines si re- 
cherchées pour la parure. 

Les impressions observées dans l'intérieur des 
Coquilles, impressions appelées musculaires, et 
dues à l’organisation de l'animal, ont servi à divi- 
ser les Gonchyfères en deux ordres : Conchyfères 
à deux impressions musculaires où Conchyféères 
dimiaires, et Gonchyfères à une seule impression, 
Conchyfcres monomiaires. Les impressions peuvent 
être latérales, semi-lunaires , centrales , circu- 
laires, etc. 

3° Bords des valves. Les bords des Coquilles, 
espace compris entre le bord extérieur et l’im- 
pression du manteau, sont cannelés, simples ou 
lisses , strics, plissés, crénelés ou dentes , etc. 

Des bords antérieurs , postérieurs, inférieurs et 
supérieurs , un seul , le dernier , nous offre à con- 


COQU 


30/4 


COQS 


sidérer trois choses très-importantes à connaître : 
ce sont les crochets, le corselet et la lunule. 

Les crochets où sommets , sont ces protubérances 
coniques, plus ou moins recourbées l’une vers 
Pautre, qui couronnent la charnière , et qui sont 
placées immédiatement au dessus d’elle. On les 
dits nuls, quand ils sont très-peu saillans ; aplatis, 
quand ils offrent une dépression ; crochus, quand 
ils s'inclinent l’un vers l’autre; recourbés, quand 
ils se penchent vers la lunule; appuyes, s'ils se 
touchent ; écartes , éloignés , dans le cas con- 
traire ; ridés, quand ils sont garnis de côtes sail- 
lantes, elc. , elc. 

Le corselet est toute la partie antérieure du cro- 
chet, dans laquelle s’insère le ligament lorsqu'il 
estextérieur, sa forme est tantôt allongée , quelque- 
fois raccourcie, d'autres fois, lanceulee, écussonnee. 
Des accidens peuvent le rendre épineux, lamelleux, 
caréne , nu, elc. 

Enfin la lunule est cette partie ordinairement 
enfoncée, circonscrite par une ligne déprimée, 
qui se trouve au dessous de la courbure des cro- 
chets. La Jlunule peut-être lancéolée, oblongue, 
ovale, dentée, elc., etc. 

4 Moyens d'union des valves ( charnière et li- 
gamené ). 

La charnière est cette partie du bord supérieur 
qui est diversement modifiée et qui sert à solidifier 
l'articulation des valves. Les modifications de la 
charnière la font distinguer en dentée et en éden- 
tée, suivant qu'il y a présence ou absence de 
dents, el on à donné le nom de Cardinales aux 
dents principales. 

La charnière peut être droite, courbée, tronquée, 
anguleuse, terminale, calleuse, etc. 

Quand une dent est unique, elle est postérieure 
ou antérieure’, selon sa position; s’il y en a rois, 
lune est dite médiane, les autres sériales ou laté- 
rales. Sous le rapport de leur forme, les dents sont 
comprimées, bifides, en forme de V, elles sont 
droites, obliques, horizontales, divergentes , etc. 
Les intervalles creux qui séparent les dents de la 
charnière ont recu le nom de fossette ou gout- 
lière. 

Le ligament est cette substance solide, élastique, 
cornée, destinée à réunir solidement les deux val- 
ves de la Coquille, et à les couvrir pendant la vie 
de l'animal. Il peut être extérieur ou intérieur, 
double où multiple, long ou court, plat ou étalé, 
entier où tronqué, elc. ; sa forme peut être ovale, 
tronquée, elc. 

IH. Coquilles univalves. Les Coquilles univalves 

u formées d’une seule partie, ordinairement 
tournées en spirale , sont distinguées , d’après leur 
habitation , en terrestres, fluviatiles el marines. 
Les premières, celles dont les animaux vivent à 
Fair libre, sur la surface du sol, ne diffèrent des 
Coquilles fluviatiles ct de certaines Coquilles ma- 
rines , que par leur épaisseur, qui est moindre, ét 
par l'absence d’épines et tubercules; leur bouche 
est arrondie, jamais cannelée et quelquefois, seu- 
lement anguleuse. Les secondes , celles dont les 
animaux vivent dans les eaux douces, ressemklent 


assez par leur forme, aux Coquilles terrestres et 
aux Coquilles marines ; elles n’en diffèrent que 
par leur épiderme, qui est vert ou brun. Enfin, 
quelques unes sont tuberculeuses, d’autres sont 
épineuses. 

Les Coquilles marines sont généralement épais- 
ses, garnies de bourrelets, d’épines ou d’autres 
appendices ; le plus grand nombre est cannelé à 
la base. 

Parmi les Coquilles ‘univalves, les unes sont 
uniloculaires (à une seule cavité), les autres sont 
multiloculaires (x plusieurs cavités ). Sous le rap- 
port de leur configuration, elles sont cannelées, 
échancrées, globuleuses , convexes, concaves , orbi- 
culaires, ovales, ovoïdes , oblongues , coniques , 
pointues , enroulées , tubuleuses. Sous celui de leur 
consistance, on en distingue de solides, d’osseuses, 
de cartilagineuses, etc. 

La couleur des Coquilles univalves est très-va- 
riable et non toujours subitement sensible à la vuc; 
un épiderme, appelé par quelques auteurs, drap 
marin, cache assez souvent leur coloris : celles 
qui sont dépourvues de cette première enveloppe 
sont dites Coquilles nues. 

Quelques Coquilles sont munies d’une partie 
accessoire nommée opercule , d’autres en sont pri- 
vées; de là les Cogquilles operculées, et les Coquilles 
non operculées. 

Regardant comme inutiles quelques considéra- 
tions sur les dimensions des Coquilles en général, 
dimensions qui doivent êlre prises dans-la lon- 
gueur , la largeur et l'épaisseur , mais que tout le 
monde comprendra facilement, nous nous con- 
tenterons de bien faire connaître les deux portions 
principales, appelées l’une base, l'autre spire. 
La première est la partie la plus saillante opposée 
au sommet; elle peut être /ronquée, simple ou: 
entière: elle comprend : 1° l ouverture ou la bou- 
che; 2° l'échancrurez; 5° le canal; 4° l’ombilic; la 
seconde est le nom assigné à tous les tours de la 
Coquilie. 

L'ouverture ou la bouche de la Coquille ‘est 
cette partie ouverte, par laquelle l’animal sort et 
rentre selon sa volonté. Cette ouverture varie et 
dans sa forme et dans ses dimensions; ainsi elle 
est longitudinale , triangulaire , quadrangulaire , 
arrondie, circulaire, anguleuse , dentée, évasée, 
renversée, étroite, sinueuse , oblique , close ou fer- 
mée, etc. 

L'ouverture est composée de bords ou de lèvres; 
ces bords, distingués en droit et gauche, sont 
désunis, tranchans , simples, échancrés, sinueux, 
a bourrelets, etc. 

Le bord gauche ou columellaire n'exisle pas 
toujours. Quand il existe , il peut être ou mince, 
ou épais, ou calleux , granuleux, tuberculeux , etc. 

La columelle est cette partie du côté gauche qui 
se voit dans l’intérieur, et qui s’applique sur l'axe 
de la Coquille. Elle présente un assez grand nom- 
bre de modifications; ainsi elle peut être lisse, 
dentce, calleuse , ridée, striée , aplatic, tranchante, 
droite, arquée, oblique’, tronquée, etc. 

L’échancrure est cette sinuosité plus ou moins 


profonde, 


7,2. Corail 


Tr ER 


1 


2 ÿ 


BASA Coralline 


£. Cuërin dir 


4 Corbeau 


5. Cordyle 


PL.7:3 


\ 


CORA  --- 


305 


A Ni NS NNNRNT 
CORA 


sr nimes do dois 


profonde , plus ou moins oblique, plus ou moins 
superficielle, qui se voit à la base des Coquilles 
dites échancrées. | 

Le canal est ce prolongement convexe en des- 
sus, concave en dessous, plus ou moins long, plus 
ou moins droit, tronqué, courbé, ouvert ou fer- 
mé, elc., qui se remarque à la base des Coquilles 
dites canaliculées. 

L’ombilic est une cavité simple, que l’on remar- 
que au centre de la base de quelques Coquilles, 


«et qui représente l'axe vide autour duquel la 


sphère tourne dans ses accroissemens. 


La spire, dont la forme et les dimensions sont 
aussi variables que dans les autres portions de la 
Coquille, présente trois choses à considérer , ses 
tours son sommet et ses sutures. On entend par 
tours , les circonvolulions de la Coquille autour de 
la columelle ou de l'axe. On les compte à partir de 
l'ouverture de la Coquille, et ils peuvent être 
lisses , onduleux , épineux , écailleux , lamelleux , 
stries, dextres (quand ïls tournent à droite), 
gauches (quand ils tournent à gauche), etc., etc. 


Les sutures sont les points de contact des sillons 
entre eux ; elles sont canaliculées, saillantes, effa- 
cées , doubles, crénelées, obtuses , etc. 

Le sommet est la partie supérieure la plus sail- 
sante de la spire et la plus opposée à la base. Le 
sommet peut être pointu, acuminé , tronque , ma- 
melonné, etc. ; il peut également être enveloppe, 
enfoncé ou ombiliqué ; mais c’est lorsque la Co- 
quille est couverte de matière calcaire, qu’elle 
offre une dépression, ou qu’elle ne présente pas 
d’enfoncement. 

Nota. Les Coquilles des peintres, de Pharaon , 
de Saint-Jacques, sont, pour la première, l’ Unio 
pictorum , que l’on trouve dans nos rivières et qui 
sert aux peintres pour recevoir des couleurs; pour 
la seconde, la Monodonte ou Bouton de camisole, 
et pour les troisièmes, toutes les Goquilles du 
genre Peigne, que les pélerins portaient autrefois 
en forme de collier. Les marchands désignent 
sous le nom de Coquilles de St-Jacques, le Pecten 
jacobœus. (FF. ) 

CORACINE!, Coracina. (ois.) Ce genre, dont 


-Cuvier a parlé sous le nom de Piauhau,et Vieillot 


sous celui de Querula, est encore loin d’être fixé: 
c'est ainsi que Vieillot y place le C£pnaroprÈre 
(voy. ce mot), le Choucari et le Gymnodère, 
tandis que M. Temminck y rapporte encore quel- 
ques espèces décrites par Le Vaillant, comme 
étant des Cotingas. Les Coracines sont des Passe- 
reaux dentirostres. Nous citerons, parmi les plus 
remarquables, le Piauhau, le Cor-Iquite, et le 
grand Cotinga, Le Vaillant. ( Genv.) 
CORAIL , Corallium. (zoorn. roryr.) Genre qui 
termine l’ordre des Gorgoniées, dans la seclion des 
Polypiers corticifères, la dernière des Flexibles, ou 
non entièrement pierreux. On lui assigne les ca- 
ractères suivans : Polypier dendroïde, inarticulé , 
ayant l’axe pierreux plein , solide, strié à sa sur- 
face et susceptible de prendre un beau poli, re- 
couvert par une écorce charnue, adhérente à l’axe 


Toue IL. 


119° Livraison. 


au moyen d’une membrane intermédiaire très- 
mince, invisible dans l’état sec: celte écorce devient 
crétacée et friable par la dessiccation. Le Corarr 

ROUGE, Corallium ruber , est la seule espèce de ce 
genre. Il est représenté dans notre Atlas, pl 193, 

f. 1,2. Le Polypier ressemble assez bien, mais en 

petit, à un arbre privé de feuilles et de branches, 

On le trouve fixé aux rochers par un Jarge empa- 
tement, il s'élève environ à un pied. Il est formé 
d’un axe calcaire et d’une écorce gélatino-crétacée, 

Cet axe, aussi dur que le marbre, est composé 
de couches concentriques, faciles à apercevoir 
par la calcination ; sa surface est plus ou moins 
couverte de stries parallèles et inégalement pro- 
fondes. L’axe et l'écorce semblent unis par un 
corps réticulaire , composé de petites membranes, 
de vaisseaux et de glandes imprégnées d’un suc 
laiteux. Ce corps réliculaire se retrouve dans tous 
les Polypiers corticifères. L’écorce, subtance molle, 
moins foncée en couleur , se compose de petites 
membranes et de filamens très-déliés ; elle est sil- 
lonnée par des tubes, et couverte de tubercules 
épars, clair-semés, dont le sommet se termine 
par une ouverture divisée en huit parties. Dans 
l'intérieur , on voit une cavité qui sert à loger un 
Polype blanc, presque diaphane et mou; elle con- 
tient les organes destinés aux fonctions vitales de 
l'animal, La bouche est entourée de huit tentacules 
coniques , légèrement comprimés et ciliés sur 
leurs bords. Ce Polypier gracieux se rencontre dans 
la Méditerranée et la mer Rouge. On le trouve à 
différentes profondeurs : sur les côtes de France, 
il couvre les roches qui regardent le midi ; on le 
voit aussi sur celles du levant et de l’ouest > Mais 
jamais sur celles du nord. Dans le détroit de Mes- 
sine, il est, au contraire, plus commun du côté 
de l’orient. La pêche du Corail n’est pes sans 
danger ; elle est aujourd'hui moins lucrative 
qu’autrefois. Les corailleurs, sur les côtes de l’A- 
frique septentrionale, ne le recherchent qu'à la 
distance de trois ou quatre lieues de la terre, et 
ne recueillent que celui qu’on rencontre entre 
quarante et deux cents mètres de profondeur. Le 
Corail se développe plus rapidement sous l’in- 
fluence d’une lumière intense; c’est pourquoi ce- 
lui des eaux profondes est moins beau et présente 
rarement les belles dimensions de celui qui se 
trouve à quelques brasses seulement de la surface 
de la mer. Le Corail des côtes de France et le 
Corail d'Italie passent pour les plus beaux; celui 
des côtes de Barbarie a plus de grosseur, mais sa 
couleur est moins éclatante. Cet éclat de cou- 

leur a servi de base aux diverses qualités qu’on 

distingue dans le commerce. Cette substance était 
employée autrefois en médecine; on l’a tout-à-fait 

abandonnée : la poudre de Corail, réduite en pou- 

dre impalpable et mélangée est encore en usage 

comme dentifrice. Façonné, taillé sous diverses 

formes, c’est encore un ornement recherché des 

Orientaux; mais en France, où la mode l'avait 

adopté pendant plusieurs années, il est tombé 
sous ce rapport dans un entier discrédit. Le Co- 
rail pâlit et devient poreux ; la transpiration de 


39 


CORA 


306 


CORA = 


PES 


cértaines personnes ‘peut , dans un temps assez 
court , Jui faire perdre sa couleur. (P. G.) 
CORALINE , Coralina. (zooPx. poryr.) Genre 
type de l’ordre des Goralinées, dans la division 
des Polypiers flexibles; on lui reconnaît les ca- 
ractères suivans : Polypier tphytoide, articulé , 
rameux, trichotome ; axe’ entièrement composé 
de fibres cornées , écorce crétacée , cellu- 
laire, cellules invisibles à l'œil nu. Ges Polypiers , 


à tiges articulées, comprimées , rameuses et tri, 


chotomes, sont en général, à l'état frais , d’une 
couleur rougeûtre et purpurine, qu'une-exposilion 
de quelque temps à l'air, à la lumière et à l'humi- 
dité, augmente encore. On trouve les Goralines 
sous toutes les latitudes, sur les côtes de toutes 
les mers et à toutes les profondeurs. Mais leur 
forme est plus élégante , leur couleur plus intense 
dans les mers équatoriales. Fixées aux rochers ou 
à d’autres corps durs, elles y bravent l’action des 
vagues, sans se détacher, sans être jetées au ri- 
vage. Quelques espèces seulement sont parasites 
sur les Thalassiophytes; leur grandeur dépasse 
quelquefois un décimètre. Ce genre compte un 
grand nombre d'espèces, dont les principales sont 
la ConaLiNE oFFIcINALE , voy. notre Atlas, pl. 123, 
fig. 58 , employée comme vermifuge , appelée 
vulgairement Mousse de Corse, dont les propriétés 
paraissent, en effet, de même nature. Ses varié- 
tés sont très-nombreuses. La ConAzINE DE Cuvier, 
à rameaux bipinnés, avec des divisions planes, 
partant de chaque article et comme imbriquées 
entre elles. On la trouve sur les côtes de l’Austra-- 
lasie. La ConauiNe GrÊLE, remarquable par sa 
tige élancée, courbée avec grâce et dont les ra- 
meaux nombreux æt allongés se composent d’arti- 
culations rapprochées, cylindriques dans les parties 
inférieures du Polypier, comprimées, au contraire, 
dans les supérieures. Elle habite les mers australes. 
La Conaune DE Turner, plus élégante encore que 
la précédente , offrant des articulations cunéifor- 
mes, comprimées sur les côtés dans les tiges et les 
principaux rameaux, cylindriques dans leurs di- 
visions ; on la rencontre également dans les mers 
australes. La Conan vu Gazvanos!, dont les 
articulations, irrégulièrement comprimées , sont 
quelquelois zonées et polymorphes. Ce genre, si 
considérable , présente encore un nombre infini 
d'espèces que nous croyons inutile d'indiquer. 


CORALINÉES. Ordre de la division des Poly- 


piers flexibles, dans la section des Calcifères. La 


Coraline est le genre type de cet ordre, qui se 


divise en trois sous-ordres ; le premier , compost ! 
du genre Galaxaura, à tige et rameaux tubuleux; 


le second, comprenant les genres Nésée, Janil, 
Coraline, Cymopolie, Amphiroë et Halimède , à 


rameaux articulés; le troisième enfin, eomposé | 


des Idotées, sans ancune sorte d’articulation. 
‘(P,G. 
CORAL-RAG. {&kor.) Calcaire vapeur a 
gniart ; Oolithe blanche moyenne de divers géolo- 
gues. C’est un ensemblede couches principalement 
calcaires, qui appartiennent au système moyen de 
Ja grande formation ‘désignée en France sous 


le nom de Calcaire jurassique, ou mieux, de 
Groupe oolithique. Le nom de C oral-rag à d’abord 
été appliqué par les géologues anglais à quelques 
couches calcaires des environs d'Oxford , remar- 
quables par l'abondance .des débris de Coraux et 
de Polypiers de divers genres. Ce nom s’est en- 
suite étendu à tout le petit système ou étage dont 
ces couches font partie, système compris entre 
les grands dépôts de l'Argile d'Oxford et del Argile 
de Kimmeridge, dépôts que l’on nomme aussi, 
d’après des localités francaises, Argiles de Dives, 
et Argile de la Hèveowde Honfleur. Voici , dans le 
comté d'Oxford, les caractères que présente le Co- 
ral-rag : la partie supérieure est.composée d’un cal- 
caire blanchâtre , formé de petits grains arrondis, 
qu’on nomme Oolithes, el quialteignent ici la gros- 
seur des pisolithes. Beaucoup de coquilles brisées, 
en particulier d’univalves, sont disséminées dans 
ce calcaire. Au dessous, vient le Coral-rag pro- 
prement dit, calcaire blanchâtre, à texture gros- 
sière, presque entièrement. composé d'un amas de 
petits madrépores branchus. Enfin, à la partie 
inférieure, on trouve des lits sahlonneux et ferru- 
gineux remplis de fossiles dans un bel état de con- 
servation, Ces dernières couches reposent immé- 
diatemént sur largile d'Oxford. Les fossiles. les 
plus abondans dans les parties supérieures et 
moyennes sont les Polypiers, surtout les genres 
Caryophillie et Astrée, et les Echinites des genres 
Clypéastre et Gidaris. 

Cette formation ne paraît que comme une bor- 
dure étroite, à l’ouest d'Oxford, dans la vaste 
ceinture que la formation jurassique décrit autour 
du bassin de la Tamise et d’une partie de la Man- 
che, en se dirigeant par les extrémités, d’uncôté 
vers le Calvados, ct de l’autre vers le nord de la 
France. Cette disposition dans ce grand dépôt 
d’une ancienne mer et celle qu’il montre également 
en France depuis le pieddes Ardennes, des Vosges, 
des collines de l’Auxois et de la Normandie, 
jusqu’au département de la Manche, montrent 
qu’à celte époque Loute cette étendue ne formait 
qu'un même golfe, el la parfaite conformité que 
nous avons démontrée en 1829 entre les diverses 
couches de la formation jurassique du nord de la 
France et celles de l'Angleterre n’a plas rien qui 
doivenous surprendre. Le Coral-rag, parses carac- 
tères bien tranchés, est un horizon géognostique 
que l'on peut reconnaître partout et prendre en- 
suile pour point de départ dans les départemens de 
la Meuse et des Ardennes. Le Coral-rag aux envi- 
rons de Stonne, de{Belval ét dans l’Argonnes 
forme des plateaux au dessus de vallées profondes, 
creusées dans l'argile d'Oxford; il est composé 
d’un calcaire blanc crayeux, tout rempli de 
moules, de nérinées, tarrilites et autres tmivalves 
sans bivalves autres que quelques ostrea gregarea 
qu'on trouve constamment dans cette formation ; 
au dessous on rencontre en abondance des pointes 
d’oursins et des encrinités -de couleur violette; 
puis un banc très-dur formé de polypiers passés 
à l’état’ cristallin. Un banc d'argile noirâtre rem- 
pli des fossiles précédéns ‘sépare les couches cal- 


ES ES 


CORB 


caires des couches sablonneuses, qui, en contact 
avec l'argile d'Oxford, renferment des sables fer- 
rugineux oolithiques exploités pour les forges de 
Belval. 

A l’autre extrémité nord du bassin jurassique 
français, nous venons de retrouver, dans le dépar- 
tement du Calvados, le système du Coral-rag, 
avec tous les mêmes caractères. On peut l’étudier 
dans la vallée de la Toucques, depuis son em- 
bouchure jusqu’à Lisieux, et dans toutes les pe- 
tites vallées affluentes. Les couches coralliques 
sont particulièrement remarquables par la belle 
conservation des Astrées. Il en est encore ainsi 
des couches remplies de nérinées que l’on observe 
un peu au dessous de Pont-l'Evêque. M. de Bon- 
nard a retrouvé encore dans l’Auxois les divisions 
de la grande formation jurassique telles qu’elles 
se montrent en Angleterre; mais il est probable 
qu'à une plus grande distance on ne retrouverait 
plus une analogie complète entre les divers sys- 
ièmes de couches. #oy. Jurassique (formation). 

(B.) 

CORB, Corvina. (porss.) Les Gorbs sont des 
sciènes à deux dorsales, manquant absolument de 
barbillons ainsi que de canines : toutes leurs dents 
sont en velours. Ils se font en outre remarquer 
par la grosseur et la force de leur deuxième épine 
anale. 

Nous citerons seulement l’espèce la plus com- 
mune, le Core nor, Corvina niger, Lin. Gm., fi- 
guré par Bloch, pl. 279. Très-abondant dans 
la Méditerranée, à forme oblongue, légèrement 
comprimée ; le museau obtus, les ventrales ainsi 
que l’anale se terminent en pointe. La couleur 
d’un brun foncé, les nageoires sont de même cou- 
leur que le corps, excepté les ventrales et l’anale 
qui sont noires; la caudale a un liséré noir à son 
extrémité et à son bord inférieur. (Azrx. G.) 

CORBEAU, Corvus. (o1s.) La famille des Gor- 
beaux ou mieux des Corvidés peut être répartie 
en deux groupes assez distincts , l’un comprenant 
les vrais Corbeaux et l’autre les oiseaux de Para- 
dis où Paranisiers (voyez ce mot), qui sont tous 
deux des passereaux conirostres, remarquables 
par leur bec fort , un peu allongé et plus ou moins 
comprimé, ainsi que leurs narines toujours ba- 
sales et recouvertes par des plumes du front ou des 
soies dirigées en avant. 

Les vrais Corbeaux , parmi lesquels on range les 
Pies , les Corbeaux proprement dits , les Corneilles, 
les Geais et les Rolliers, sont eux-mêmes divisés 
en plusieurs petits genres; ce sont des oiseaux {rès- 
communs sur tous les points du globe, et dont on 
connaît un fort grand nombre d'espèces ; ils se 
tiennent dans les bois ou dans les champs et sont 
omnivores, c'est-à-dire qu'ils peuvent se nourrir 
indifféremment de- substances de toutes sortes, 
d'insectes par exemple, ou bien de viande fraîche 
ou corrompue, de graines, de fruits, etc. Voici 
comment on les a classés. 

Genre Congeau, Corvus. 

Bec droit, gros, comprimé: et un peu renflé sur 

les côlés, convexe et recourbé vers sa pointe; 


307. 


CORB 


narines cachées par des soies raides; quatrième 
rémige la plus longue ;queue toujours égale, ar- 
rondie ou rectiligne. 

Ge genre renferme un très-grand nombre d’es- 
pèces. Lesoiseaux qu’on yrange sont les plus gros 
passereaux que nous possédions en. Europe; ils 
ont généralement le plumage noir. et les appétits 
voraces; leur intelligence, est, assez, développée, 
on peut les apprivoiser aisément et les rendre même 
d’une très-grandefamiliarité. Ils ont un cri rauque 
et discordant, que l’on connaît sous le nom de 
Croassement, Les Gorbeaux ne muent qu’une seule 
fois chaque année; il en est parmi eux qui sont 
sédentaires. et d’autres qui aiment à exécuter de 
longs voyages. Comme ils occasionent de grands 
ravages dans les champs, on leur fait une chasse 
assidue, 

Les espèces européennes sont les: suivantes : 
Corgeau Noir, Corvus corax, L. ,le Corbeau Buff., 
représenté dans notre Atlas, pl 125, fig. 4; il est 
long de deux pieds depuis le bout du bec jusqu’à 
l'extrémité, de la queue; tout son corps est d’un 
beau noir lustré à reflets pourprés; sa queue for- 
tement arrondie, noire , ainsi que les pieds et le 
bec qui est très-fort ; iris à deux cercles, gris-blanc 
et cendré-brun. La femelle ne diffère du mâle que 
par sa taille qui est un peu moindre. 

Variétés : A, blanc ou blanc jaunâtre, c’est le 
Corvus corax albus de Gmelin ; B. roux ou de cou- 
leur isabelle ; G. quelques parties du corps blan- 
ches, d’autres noires : le Corvus celericus, figuré 
dans le Mus. Carls, fase. 1, pl. 2, appartient à 
cette variélé. 

Le Corbeau est le plus grand de nos passereaux 
d'Europe, on le trouve sur presque toute cette 
partie du monde, mais il n’est nulle part bien 
cemmun. Il se tient dans les grandes forêts, et ne 
vient dans les plaines que pour chercher sa nour- 
riture. 

Ces oiseaux ont aussi été trouvés en Amérique 
et en Afrique, ils sont partout sédentaires et ni- 
chent sur les arbres les plus élevés, sur les rochers 
escarpés, où bien dans les châteaux en ruines; 
leur ponte est de trois œufs, d’un vert sale avec 
quelques taches et de pelites raies d’un brun noi- 
râtre. Les pelits éclosent en avril ou vers la fin de 
mars; dans les premiers temps ils sont plutôt blancs 
que noirs et ne ressemblent point du tout à leurs 
parens. La femelle paraît d’abord les négliger et 
le mâle est seul chargé du soin de les nourrir et 
de les protéger contre leurs ennemis; lorsqu'ils 
sont capables de voler et de subvenir eux-mêmes 
à leurs besoins, le père et la mère les chassent du 
nid et ne souffrent pas qu'ils s’établissent dans le 
même canton qu'eux, La mauvaise odeur que les 
Gorbeaux répandent, l’austérité de leurs mœurs et 
la triste couleur de leur plumage suffisent pour 
expliquer la répugnance qu'ils inspirent, et nous 
apprennent aussi pour quoi de tout temps on les a 
regardés comme des oïlseaux de mauvais augure : 
un combat de Gorbeaux avec les autres oiseaux 
de rapine était chez les anciens le présage d'une 
guerre cruelle, et aujourd'hui encore certaines 


CORB 


308 


CORB 


ame k __— 


personnes sont tellement sous l'influence de ce 
préjugé, quelles craignent d'en voir an se reposer 
sur leur maison, et même d'entendre leur cri. 
Cependant il en est d’autres qui élèvent les Cor- 
beaux chez elles, les tiennent dans une sorte de 
domesticité, elles les apprivoisent pour leur ap- 
prendre à parler, ce qu'ils font avec une grande 
facilité; Colas est le mot que ces oiscaux prononcent 
le plus aisément, aussi le leur donne-t-on quel- 
quefois pour nom. Les Romains faisaient grand 
cas des Gorbeaux parleurs; Pline parle d’un de 
ces animaux, auquel on avait appris à venir tous 
les matins sur la place publique saluer successive- 
ment les empereurs Tibère, Germanicus et Drus- 
sus, en les appelant par leur nom; puis il s’adres- 
sait au peuple romain et retournait à sa cage. Les 
Corbeaux n’apprennent pas seulement à parler, ils 
deviennent d'une très-grande familiarité ; ils se pri- 
vent quoique vieux et paraissent capables d’un ai- 
tachement durable; témoin celui dont parle 
Schwenckfeld (4viarium Silesiæ p. 245), qui s’é- 
tant laissé entraîner trop loin par ses camarades 
sauvages et n'ayant pu sans doute retrouver le lieu 
de sa demeure, reconnut dans la suite sur le grand 
chemin l’homme qui l'avait apprivoisé, plana 
quelque temps au dessus de lui en croassant comme 
pour l’avertir ou lui faire fête, vint ensuite se po- 
ser sur sa main et ne le quitta plus. Comme ces 
oiseaux sont d’une grande force, on a pu dans 
certains endroits les dresser à la chasse; Pline 
cite un certain Gralérus d'Asie qui savait parfaite- 
ment les disposer à cet exercice; Scaliger rapporte 
qu'un roi de France en avait un avec lequel il chas- 
sait les perdrix; un autre appartenant au,duc Albert 
prenait des faisans, des perdrix et aussi d’autres 
Corbeaux; on dit même qu’il en est qui ont pu 
apprendre à défendre leur maître , tel est celui de 
Valérius sur lequel Pline nous a transmis le fait 
suivant : Un Gaulois de grande taille ayant défié 
à un combat singulier les plus braves des Romains, 
Valérius, qui seul se présenta, ne dut la victoire 
qu'aux secours d’un Corbeau qui ne cessa de har- 
celer son ennemi en lui déchirant les mains avec 
son bec et lui sautant au visage. Valérius fut dès 
lors connu sous le nom de Corvinus. 

On peut placer, après le Corbeau ordinaire, 
une espèce plus rare et à peine connue; nous 
voulons parler du GorsEau DE FEROE, Corvus leuco- 
phæus , qui vit dans le nord de l’Europe. 

CORNEILLE NOIRE OU VULGAIRE, Üorv. coronc. 
Cetie espèce ne diffère de la précédente que 
par sa taille qui est plus petite, elle n’a que dix- 
huit pouces de longueur totale ; elle est d’un noir 
foncé à reflets violets avec le bec et les pieds d’un 
noir mat, el l'iris de couleur noisette. Variétés : 
A. Corneille blanche; B. variée de noir et de 
blanc. Cette espèce est surtout commune dans 
l’Europe occidentale , elle est moins abondante du 
côté de l’Asie. On la retrouve dans l'Amérique 
septentrionale. 

La Corneille, que l'on nomme aussi Corbine, 
Cornaille, Graillant, Craillot, Crous, Couar, 
Couale, «& lrès-souvent Corbeau, se tient l'été dans 


les forêts; dans les contrées où le Corbeau est 
rare , on la prend pour celui-ci, et on lui donne 
son nom, Ce que l'on fait d’ailleurs pour tous les 
gros oiseaux noirs, tels que le Choucas, le Chocard 
et le Freux, qui ont des mœurs peu différentes. 
La Corneille se nourrit de fruits, de petits oiseaux, 
d'œufs d’insectes et aussi de charognes ; pendant 
l'hiver elle se rapproche des habitations et se voit 
fréquemment dans les plaines, où elle va chercher 
les graines déjà ensemencées, les larves d’msec- 
tes, et les vers que le soc de la charrue a mis à 
découvert. Elle s’accouple en février , et se retire 
alors dans les bois; chaque couple occupe un ar- 
rondissement et ne souffre jamais que d’autres oi- 
seaux de son espèce, même ses petits, viennent S'y 
établir. Le nid est placé sur quelque arbre de gros- 
seur moyenne , tantôt à son sommet, tantôt à son 
milieu ; la femelle y pond quatre ou cinq œufs d’un 
vert bleuâtre , marqueté de taches et de traits plus 
obscurs. 

CoRNEILLE MANTELÉE , Corvus cornix , vulgaire- 
ment Orolio, Grotte, Jacobine, Meunière, ou Reli- 
gieuse , est une autre espèce qui habite surtout les 
contrées du nord, où elle se niche sur les pins et les 
sapins. Elle ne vient chez nous qu’en hiver; elle 
est d’un gris cendré sur tout le corps, avec la tête, 
la gorge et la queue d’un beau noir à reflets vio- 
lets ; son iris est brun. Longueur totale vingt-deux 
pouces chez le mâle ; la femelle, qui est un peu 
moins grande, a le noir de la gorge moins étendu, 
les reflets de la queue d’un noir moins vif et le 
gris du corps un peu nuancé de roussâtre. 

Les variétés sont les mêmes que chez la Cor- 
neïlle noire et le Corbeau. Get oiseau arrive chez 
nous vers le milieu de l’automne , et nous quitle 
dès les beaux jours du printemps ; il fréquente les 
prairies et le bord des eaux ; on le trouve souvent 
en troupes nombreuses et réuni aux Freux et aux 
Corbines. 

Freux, Corv. fregilus , est long de dix-sept 
pouces ; plamage noir à reflets pourprés sur le 
corps et les ailes, moins éclatans sur les parties 
inférieures et verts à la queue. Les jeunes sujets sont 
d’un brun sale, Variétés : A. plumage d’un blanc 
parfait avec l'iris rougeâtre, ne s’observe que 
très-rarement , le blanc est le plus souvent jaunâ- 
tre; B. noir avec des plaques blanches. Le Freux 
ou {rayoune, que l’on nomme dans nos départe- 
mens Grouje, Grolle, Graule, se trouve par 
toute l'Europe, il est surtout commun en Nor- 
mandic ; il niche en grandes troupes sur les arbres 
de la lisière des bois; sa ponte est de Lrois à cinq 
œufs oblongs ; d’un vert pâle avec de grandes taches 
d’un olivâtre cendré. 

Cuoucas, Corv. monedula. Longueur totale 
treize pouces; le sommet de la tête, le dos, le 
croupion, les couvertures des ailes, leurs pennes 
et celles de la queue sont dans cette espèce d'un 
noir changeant en violet, avec des reflets verts sur 
les rémiges; le occiput et le dessus du cou sont d’une 
couleur qui tire au cendré; le bec est beaucoup 
plus court que dans les espèces précédentes , noir 
ainsi que les pieds ; iris blanc, Variétés : A, blanc 


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CORB 


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CORB 


avec le bec et les pieds livides et l'iris rougeûtre ; 
B. plumage entièrement noir; C. noir tapissé de 
blanc. 

Le Choucas est souvent appelé Corneille d'é- 
glise, Corneillon, Corneillard , Choue, et encore 
Chouette. On le trouve par toute l'Europe, et 
aussi en Sibérie ; en France il est assez commun, 
il se nourrit d'insectes , de fruits, de graines et de 
charognes ; il s’apprivoise facilement et apprend 
à parler aussi vite que les Corbeaux et les Pies ; il 
a, comme ceux-ci, l'habitude de dérober tous, les 
objets brillans qui sont à sa portée, Cet oiseau ni- 
che dans les vieux bâtimens ou dans les troncs 
d'arbres; sa ponte est de quatre à cinq, six et 
même sept œufs, d’un vert bleuâtre avec des ta- 
ches d’un brun foncé. 

Les Corvus exotiques sont assez nombreux, on 
en comple une quinzaine d'espèces répandues 
sur tous les points du globe; nous citerons seule- 
ment : À 

CorBEAu À coLLiER, Corv. torquatus, Less., 
Traité d’Ornith., qui est noir avec un collier gris 
sur le derrière du cou, et une ceinture blanche 
sur le thorax. On le trouve à la Nouvelle-Hol- 
lande. 

Conneizze pu Cap, Le Vaill., Ois. d’Afr., pl. 52. 
Il vit au Cap et au Bengale. 

Cuoucas anis, Corv. splendens, qui a été trouvé 
à Java ct au Bengale. 

CoRNEILLE A DUVET BLANC, Corv. leucognapha- 
lus, Daud., vient de Porto-Rico. 

CORBEAU A SGAPULAIRE BLANC, Corv. scapulatus, 
Daud. Le Vaill., Ois. d’Afr., pl. 53. La tête et le 
thorax sont dans cet oiseau d’un noir bleu, un 
demi-collier blanc existe sur le derrière deson cou, 
son ventre est d’un blanc de neige. Du Sénégal et 
du cap de Bonne-Espérance. 

Les autres genres du groupe des Çorbeaux 
doivent moins nous arrêter ici, nous ne ferons que 
les indiquer. Ge sont les suivans : 


GENRE PIE, Pica. 


Bec garni à sa base de plumes sétacées, cou- 
chées en avant, entier , à bords tranchans, droit 
ou fléchi en arc; queue très-longue étagée. Voyez 
l'article Pre. 


GENRE GEai, Garrulus. 


Bec court, épais , un peu crochu, denté, à na- 
rines cachées sous de plumes courbées et frontales; 
ailes moyennes; queue médiocre, carrée ou lé- 
gèrement arrondie. 


GENRE Casse-Noix, Vucifraga. 
Bec long, épais, terminé on pointe mousse, et 
garni de plumes sélacées à sa base ; quatrième ré- 
mige la plus longue, mandibules assez grandes. 


Gznre CuocarD, Pyrrhocoraz. 


Bec médiocre, denté ou non denté à sa pointe, 
et garni à sa base de plumes dirigées en avant qui 
recouvrent les narines ; quatrième et cinquième 
rémiges les plus longues. 

On ajoute encore à cette Jiste les genres Xitta 


ou Pro, Myorxone, et Popoce, qui sont bien 
moins intéressans , à cause de la rareté et du pe- 
tit nombre des espèces qui les composent ; il en 
est à peu près de même des sous-genres Picathar- 
tes, T'ijuca, Gymnocorvus et Corvultur de M. Les- 
son, Traité d'Ornith. Le dernier seul mérite de 
nous arrêter un instant, à cause de l’espèce remar- 
quable qu'il renferme. 

x Sous-venre Congivau, Corvultur, dont nous 
aurions pu parler en faisant le genre Corbeau, a 
pour caractères : bec très-haut, épais , très-con- 
vexe, à arête épaisse; narines ovalaires, creusées 
dans une large fosse à peine recouverte de soies ; 
tarses allongés , légèrement scutellés. On ne con- 
naît dans ce groupe que le Corvus albicollis, Lath., 
que Le Vaillant a si bien; décrit dans son histoire 
des Oiseaux d’Afrique. C’est une espèce africaine, 
nommée Corbivau, Corvultur en latin, à cause de 
la ressemblance qu’elle offre avec les Corbeaux et 
les Vautours elle est noire , avec une tache blan- 
che sur la nuque. On trouve principalement les 
Corbivaux au cap de Bonne-Espérance; ce sont 
des oiseaux voraces et hardis, qui ont les habitu- 
des bruyantes et se réunissent par troupes nom- 
breuses. Leur taille est inférieure à celle de notre 
grand Corbeau, et tient le milieu entre cette es- 
pèce et la Corneille mantelée ; ils volent avec force, 
planent et s'élèvent très-haut. C’est en octobre 
qu'ils s’accouplent ; leur nid, vaste et creux, est 
composé de branches, et garni intérieurement de 
matières douillettes ; la ponte est de quatre œufs 
verdâtres , tachés de brun. Les colons du Cap nom- 
ment ces oiseaux Jing-hals-kraey, c’est-à-dire 
Corbeaux à collier, à cause de la tache blanche, 
plus ou moins élargie selon les soies, qu’ils ont der 
rière la tête. (GErv.) : 

CORBEAUX MARINS. (o1s.) Voyez Conmonans. 
On nomme Corgeau DE Nuir le Héron bihoreau et 
aussi l’'Engoulevent. . (Gerv.) 

CORBINE. (o1s.) C’est un nom que l’on donne 
à la Corneille ordinaire. Voyez ConBrau. 

(GERv.) 

CORBEILLE, Corbis. (mour.) Ce genre, établi 
par CGuvier dans son Règne animal, et admis par 
Lamarck dans son Histoire des animaux sans vertè- 
bres, a pour caractères : une coquille transverse, 
équivalve, sans pli irrégulier au bord antérieur, 
ayant les crochets courbés en dedans et opposés ; 
deux dents cardinales ; deux dents latérales, dont 
une plus rapprochée de la charnière ; des impres- 
sions musculaires simples. 

Les espèces du genre Corbeille, genre qui a 
quelques rapports avec les Tellines et les Lucines, 
sont peu nombreuses. On en cite une seule à l’état 
frais et deux à l’état fossile. La première , la Cor- 
BEILLE RENFLÉE, Corbis fimbriaia, de Cuvier, ou 
Venus fimbriata de Linné , nous vient de l'Océan 
indien ; sa longueur est de deux pouces, sa lar- 
geur de deux et demi; sa forme est ovale, trans- 
verse, gonflée et élégamment striée. Les stries, 
qui marchent dans! la direction des bords, sont 
coupées perpendiculairement par des lames ob- 
tuses el onduleuses, 


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: CORB 


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— 


‘CORD 


La seconde Corbeille ( première fossile) Cor- 
BEILLE PÉTONCLE, Corbis petunçulus de Lamarck , 
a été trouvée à Valogne , aux environs de Paris, à 
Parne et à Chaumont. Sa forme est presque orbi- 
culaire, plus aplatie que l’espèce vivante, striée 
dans sa longueur et lamelleuse vers ses bords : les 
lames sont simples dans toute leur longueur, cré- 
pues sur le bord antérieur de la coquille ; ses bords 
sont crénelés et épais. 

La seconde Corbeille fossile, dite CORBEILLE LA- 
MELLEUSE, €. lamellosa de Lamarck, est ordinaire- 
ment la plus petite des deux espèces précédentes. 
Sa forme est inéquilatérale, elliptique et finement 
striée ; les stries sont coupées par des lames sail- 
lantes, quelquefois écartées les unes des autres, 
simples dans leur longueur, et dentées sur le côté 
antérieur de la coquille ; ses bords sont crénelés et 
moins épais que dans les Corbeilles renflée et 
pétoncle. 

La Corbeille lamelleuse se rencontre aux en- 
virons de Paris, à Grignon , à Parne ct dans d’au- 
tres lieux; elle a quelquefois près de deux pouces 
de longueur sur deux pouces et demi de largeur. 

(FirE) 

CORBEILLE D'OR. (nor: ra.) Les jardimiers 

donnent ce nom vulgaire à LA lyssum saæatile. 
(Guér.) 

CORSULE, Corbula. (morr.) Les caractères 
donnés par Lamarck au genre Gorbule sont les 
suivans : coquille régulière, méquivalve , à peine 
entr'ouverte ; une dent cardinale sur chaque 
valve, conique, courbée, ascendante ; à côté de 
cette dent une fossette ; point de dents latérales ; 
ligament intérieur fixé dans les fossettes. 

En général, les Gorbules sont de petites coquil- 
les, rares et recherchées à l’état vivant: on en 
trouve aux environs de Paris à l’état fossile. Les 
plus remarquables sont : 

1° La CorBuLE AUSTRALE, Corbula australis , 
espèce très-grande, ovale , très-inéquilatérale , un 
peu bâillante latéralement , dont le bord antérieur 
est allongé,anguleux, etc. , et la couleur blanchâtre. 

2° La ConBuLE sILLONNÉE, Corbula sulcata, 
qui est épaisse, bouclée, ovalaire, subrayonnée, 
subinéquilatérale | dont les crochets sont proé- 
minens et d’un rouge pourpré, et le reste de la 
coquille brunâtre ou verdâtre. 

5° La Coreurr GauLoise , Corbula gallica, Gor- 
bale fossile et la plus grande de toutes. La co- 
quille est ovale, transverse, ventrue, peu ou 
point bäillante; ses crochets sont très proémi- 
nens; une des valves, la plus grande, est lisse, 
l’autre offre des côtes petites, irrégulières eL peu 
saillantes ; les dents cardinales sont très-saillantes, 
Cette Corbule se trouve à Grignon, à Parne, à 
La Chapelle près Senlis, etc. 

4 La Coreuze 4 @ros sizcons, Corbulaexarata, 
qui est fossile comme la précédente, et qui est 
très-belle et très-rare: on la trouve aux environs 
de Beauvais dans les calcaires grossiers. La valve 
intérieure, très-grande, bouclée, à crochet très- 
saillant, très-inéquivalve, offre de gros sillons 
transverses et réguliers; la valve supérieure est 


lisse, ovale , transverse, inéquilatérale, shbtrian- 
gulaire ; etc. (EF. F.) 
CORBULEES. (mozr.) Famille établie par La- 
marck, quia quelque analogie avec les Mactracies, 
qui a une coquille inéquivalve, un ligament inté- 
rieur, et qui fait partie des Conchifères ténuipèdes. 


La famille des Corbulées ne comprend que les 


deux genres CorguLe et Panpors. Ÿ. ces mots. 
(FE. F.) 
CORDÉ, Cordatus. (80T.) Get adjectif s’ap- 
plique aux organes planes, tels que les feuilles 
ou les pétales, dont la configuration approche 
plus ou moins de celle d’un cœur. On dit done 
des pétales de la plupart des ombellifères, qu’ils 
sont cordés. À la place de-cette expression, la 
plupart des auteurs se servent .du mot, cordiforme, 
surtout lorsqu'ils décrivent les feuilles. L'usage a , 
pour ainsi dire, consacré celte inexactitude de 
langage. (L.) 
CORDIERITE. (mix. ) , a été nommée Dichroite, 
Lolite, Saphir d’eau , Sidérite, ete., ete. C’est une 
substance vitreuse , fréquemment violâtre, ne 
fondant que difficilement. Ses cristaux très-rares 
dérivent d’un prisme hexaèdre régulier. Elle est 
composée de silice, d’alumine et de magnésie, 
et, suivant les analyses les plus récentes ; d'une 
petite quantité de protoxides de fer et de manga- 
nèse, qui y jouent le rôle de matières colorantes. 
Emploi dans les arts. La couleur bleue de cetté 
pierre lui a fait donner par les lapidaires le nom 
de Saphir d’eau; elle n’a d’ailleurs avec les vrais 
saphirs aucun autre rapport. Son caractère le 


| plus remarquable et qui seul lui donne’un cértain 


prix, c'est d’avoir une double, couleur, propriété 
que M. Cordier avait exprimée par le nom de Di- 
chroisme, et que l’on a reconnu depuis cette épo- 
que appartenir à plusieurs autres minéraux. 
Quand on fixe une lumière en regardant dans 
le sens de l’une des bases du prisme à l’autre, la 
pierre paraît d’un-beau bleu ; quand au contraire 


on dirige le rayon visuel perpendiculairement aux 


faces allongées dü prisme, elle paraît d’un brun 
jaunâtre. Cette pierre est très-légère, et seule- 
ment un peu plus dure que le quartz, et elle n’a 
que peu de valeur dans la bijouterie. 

On l’a trouvée à Bodenmais , en Bavière et au 
Groënland, disséminée dans des granites et mi- 
caschistes; près d’Abo en Finlande, et à Falhun 
en Suède, dans des amas de cuivre pyriteux. On 
cite encore les gisemens de la baie de San-Pedro, 
dans le royaume de Grenade en Espagne, et da 
pays de Saltzbourg. x 

CORDILIÈRE DES ANDES. ( coen. pnys. ) Le 
mot Corduillera signifie chaîne en espagnol ; la Cor- 
dilière des Andes, c’est la chaîne des Andes; ce 
dernier mot vient de anta qui veut dire cuivre en 
péruvien. De l'immense système de montagnes 
qui traverse l'Amérique dans toute sa longueur , ef 
qui est si remarquable par la quantité de bouches 
ignivomes qu'il renferme, la seule 'parlie à Ja- 
quelle est réservée la dénomination de Cordilière 
des Andes s'étend depuis le cap Froward sur le 
détroit de Magellan, jusqu'au golfe da Mexique ; 


on") 


CORD 


811 


CORD 


D 


c'est-à-dire sur une longueur de 1650 lieues. On 
la partage en quatre divisions que l’on désigne or- 
dinairement d’après le nom des pays qu’elles oc- 
cupent. 

La première, ou la plus méridionale, appelée 
Sierra nevada de los Andes, traverse toute la Pa- 
tagonie. Elle renferme cinq volcans en activité: 
los Gigantes, San Clemente, Minchimadiva ou 
Huaiteca , Medielana, et Quechucabi ou Purruru- 
gue. La plus haute cime de ces montagnes, le Cor- 
covado, n’a pas moins de 3,800 mètres d’élévation. 
Parmi les lacs qu’on rencontre dans ces Andes, 
nous citerons le Tehuel qui a 25 lieues de long 
sur 7 de large. Les rivières que forment une foule 
de ruisseaux descendant de ces montagnes ne 
valent pas la peine d’être nommées ; la plus con- 
sidérable, le Gallegos, n’a que 4o lieues de cours. 

Cette partie de la Gordilière des Andes offre 
des forêts qui abondent en bois de construction ; 
à leurs pieds s’étendent des plaines salines couver- 
tes d’herbages et de bruyères. II règne générale- 
ment dans ces montagnes un climat âpre et plu- 
vieux. On pourrait croire cependant qu'il est fa- 
vorable au développement de l’espèce humaine , 
si les rapports d’un naturaliste zélé qui vient de 
passer sept ans à parcourir la Cordilière n'étaient 
venus rectifier ce que l’on avait répété jusqu’à pré- 
sent sur la prétendue race de géans qui l’habite. 
M. Dessaline Dorbigny n’a vu dans les Patagons 
qu'un peuple de la taille moyenne de 5 p. A pouces. 

La partie des Andes comprise entre le 42° et 
le ‘21° parallèle, pourrait se nommer Andes du 
Chili. Elle est beaucoup plus élevée que la précé- 
dente’et elle donne naissance à des rivières consi- 
dérables: sur son versant oriental coulent le Æio- 
Negro , long de 150 lieues , et le Colorado, qui a 
plus de 300 lieues de cours. Les sommets de ces 
montagnes dépassent partout la limite des neiges 
perpétuelles. Les lacs qu’elles fofment sont nom- 
breux; le principal est le 7’illarica ou Lavquen qui 
a 30 lieues de tour ; on y remarque encore le Qua- 
nacache ou Laguna grande qui en a 25 de lon- 
gueur sur 3 de largeur. Parmi les vingt-trois volcans 
que renferme cette partie des Andes, nons n’o- 
mettrons pas le Maypo, célèbre par sa hauteur de 
3,872 mètres et par les ravages qu’il causa dans 
V'alparaiso lors du tremblement de terre de 1822. 
Depuis cette époque il semble redoubler d'activité. 
Outre cette montagne , elle en possède une autre, 
le Descabesado , plus remarquable encore pas son 
élévation, qui n’est pas de moins de 6,400 mètres, 
Ces Andes. renferment de nombreuses sources 
minérales; celles de Valdivia sont froides, mais 
celles de Peldehue , au nord de Santiago, ont'une 
température de 55 à 60 degrés. 

M. de Humboldt a évalué à 2,800 kilogrammes 
d'or. et à 6,800 d'argent les produits des mines 
de ces montagnes; le cuivre y abonde aussi, on 
en a trouvé des masses de 50 à 100 quintaux. 

Le cèdre, le pin, le laurier, le cyprès et le 
myrte couvrent les versans des Andes du ‘Chili. 
Le docteur Berthero a reconnu une grande ana- 
logie entre Ja végétation de ices montagnes et 


celle du cap de Bonne-Espérance et de la Nou- 
velle-Hollande: il cite le Cactus curvispinus, espèce 
nouvellement décrite , très-commune dans les ro- 
chers. Le majestueux palmier appelé Cocos chi- 
lensis , la Duvaua dependens , et le Mimosa balsa- 
mica. Le Pinus araucana atteint dans quelques lo- 
calités la hauteur de 260 pieds; le laurier devient 
assez gros pour être employé dans les constructions, 
ctlemyrte fournit un bon bois pour la carrosserie, 

La partie de la chaîne appelée Cordilière royale 
des Andes se divise, en entrant dans le Péroug 
en deux branches qui se réunissent sous le 16° pa- 
rallèle pour se séparer de nouveau sous le 11° en 
trois chaînes dont la plus orientale s’abaisse vers 
l’Ucayale, bras de l’Amazone; celle du milieu 
longe la rive droite de la 7'unguraga, autre bran- 
che du même fleuve , tandis que l’occidentale suit 
les côtes de l'Océan jusqu'aux frontières de la Co- 
lombie. 

A cette chaîne appartient le Vevado de Sorata 
qui, depuis qu'il a été mesuré par M. Pentland, a 
été reconnu pour le sommet le plus élevé de toute 
l'Amérique. Ce rang avait élé assigné par M. de 
Humboldt au CGhimborazo ; mais le Nevado de 
Sorata, haut de 7,696 mètres, a 11 mètres de 
plus que le Chimborazo. Cette branche orientale 
forme , avec la grande Cordilière, qu’elle rejoint 
sous le 16° degré de latitude, unimmense bassin, 
dans lequel se trouve le célèbre lac de Titicaca, 
long de 62 lieues , et large de 24, dont les eaux 
sont à 3,388 mètres au dessus de l'Océan. Une île 
du même nom s'élève du sein de ses eaux. Elle 
fat, dit-on , la résidencede Manco-Capac , et ren- 
ferme les restes d’un temple péruvien. Gelte partie 
des Andes contient 10 volcans, dont 7 en activité, 
L'Uvinas , un des principaux, détruisit pres- 
que totalement la ville d’Arequipa. Les Andes du 
Pérou renferment 70 mines ou lavages d’or, et plus 
de 680 mines d’argent : parmi ces dernières , cel- 
les de Pasco, situées à 13,000 pieds de hauteur, 
sont les plus considérables ; elles ont produit, em 
1820, jusqu'à 190,000 livres de métal. 

Dans la Colombie, les Andes forment deux chaïi- 
nes parallèles depuis le 6° degré de latitude mé- 
ridionale jusque sousle 2° delatitude septentrionale; 
les plus hautes cimes semblent s'être donné ren- 
dez-vous dans cet espace ; on yremarque le Chim- 
borazo , le Pichineha, le Cotopaxi, PAntisana , et 
le Gayambé. Vers le 5° parallèle, une branche se 
détache de cette chaîne pour aller former avec le 
groupe de la Parime le bassin de l'Orenoque , tan- 
dis qu’une autre branche plus orientale forme le 
bassin du lac Maracaybo. Les principaux fleuves et 
les plus grandes rivières qui descendent de ces 
montagnes sont : leRio-Magdalena, le Rio-Cauca, 
au nord, le Guaviare et le Rio-Meta, qui, après 
un cours d'environ 160 lieues, vont se jeter dans 
l'Orénoque, enfin le Yapura et le Rio-Negro, Yun 
de 360 lieues , l’autre de 400, qui alimentent l'A- 
mazone. 

On compte dans ces montagnes 22 bouches 
volcaniques dont'4me-sont que des solfatares. Les 
richesses minérales des Andes de la Colombie ne 


CORD 


ÿ19 | CORD 


Er 


sont pas comparables à celles du Pérou ; néan- 
moins le platine et l'or y sont assez abondans ; on 
y recueille aussi du cuivre, du mercure et de la 
bouille. 

Il est difficile de donner un apercu exact des 
différentes roches qui constituent la Cordilière 
des Andes; mais on sait que dans la Colombie 
elles se composent de sept à huit formations dis- 
ünctes qui, en commencant parles plus inférieures, 
sont caractérisées par le micaschiste, le schiste 
argileux, la syénite porphyrique, le grunstein por- 
phyrique , la syénite aurifère, le schiste de tran- 
sition et le grès stratifié, auxquels il faut ajouter 
les trachytes sortis des crèvasses volcaniques de 
ces montagnes. 


Hauteur en mètres des points culminans des Andes. 


Paraconie. Le Corcovado. . . . . . . . 3,800 
Cuir. Le Descabesado. . . . . . . 6,400 
Pi Le Nevado de Sorata.. . , . 7,696 
md { Le volcan de Chipicari. . . 6,760 

Le: Chimborazo.: +: :. ::.,0,930 
Cozousie. { Le Cayambé. . . . . . . . 9,994 
6 Le volcan d’Antisana . . . . 5,898 


Au dessus de 4,000 mètres, les indigènes ne cul- 
tivent rien dans ces montagnes; mais en-deca, les 
plantes de l'Amérique et de l'Europe réussissent 
fort bien: Là c’est le manioc, le maïs et le fro- 
ment qui croît jusqu’à 2,000 mètres au dessus du 
niveau de l'Océan; plus haut, c’est la patate que 
l'on cultive entre 3,800 et 3,900 mètres. Dans la 
région inférieure , depuis le niveau de la mer jus- 
qu’à goo mètres, croissent les palmiers et les sci- 
taminées ; les chincona et les passiflores commen- 
cent à oo mètres et cessent à 2,900; la région 
des chênes s'étend de 700 à 800 mètres; celle des 
gentianes de 2,000 à 4,100; celle des graminées de 
4,100 à 4,600. À cette hauteur commencent les 
lichens, qui s'élèvent jusqu’à la limite des neiges. 

Les animaux suivent la même progression : ainsi 
dans les régions basses jusqu’à la hauteur de 1,000 
mètres on trouve, parmi les reptiles, les boas et les 
crocodiles ; parmi les mammifères, le jaguar, 
le couguar, le cobiai, le fourmilier et le sapa- 
jou; parmi les oiseaux, le hocco, le perroquet 
et le tangara. De 1,000 à 2,000 mètres les 
jaguars, les couguars ct les singes deviennent ra- 
res ; mais le tapir et l’occlot se rencontrent en 
grand nombre. De 2,000 à 5,000 mètres , on 
trouve l’ours, le marguay et le grand cerf des 
Andes. De 3,000 à 4,000 le petit ours des Gordi- 
lières ; de 4,000 à 5,000 mètres la vigogne, l’al- 
paca et le guanaco. Au dessus de 5,000 mètres, on 
ne rencontre plus que le condor qui plane jus- 
qu'à 6,500 mètres. 
| Les nuages orageux séjournent entre 3 et 4,000, 
mais les nuées floconneuses s'étendent jusqu’à la 
hauteur de 8,000 mètres. (J. H.) 

CORDONNIER. (z0o1.) On a donné. vulgaire- 
ment ce nom à un oiseau, le GoELAND BRUN, La- 
rus catarrhactes (v. Mauve) et à un insecte hémi- 
ptère du genre GErnis. Ÿ, ce mot. (Guér.) 


CORDON OMBILICAL , Funiculus umbilicalis. 


(anar.) Faisceau vasculaire qui s'étend du pla 
centa jusqu'à l’ombilic du fœtus, et porte à ce- 
lui-ci les matériaux de sa nutrition. (Foy. OEur.) 
(M. S. A.) 
CORDONS PISTILLAIRES, Chordæ pistillares. 
(BoT. PHan.) Ce sont des filets ou vaisseaux dis- 
posés en faisceaux , simples ou ramifiés, et situés 
dans les parois de l'ovaire ; ils se rendent des ovu- 
les au stismate en traversant les trophospermes. 
Nous dirions qu’ils sont les conducteurs de la ma- 
tière fécondante, si les meilleurs microscopes 
avaient pu établir la réalité de cette assertion. 
Selon M. Richard, c’est à ces vaisseaux que pa- 
raît être confié le soin de transmettre aux jeunes 
embryons l’action vitale, au moment où la fé- 
condation s'opère. Les Cordons pistillaires sont 
assez faciles à observer ; on les voit se transformer» 
peu à peu en tissu cellulaire jusque dans le corps 
même du stigmale ; on peut remarquer qu'ils sont 
en même nombre que les trophospermes ou leurs 
divisions. [l ne faut pas les confondre avec les 
vaisseaux nourriciers, qui sont situés dans l’inté- 
rieur de l'ovaire. (L.) 
CORDYLE, Cordylus. (nepr.) L’on n’est pas cer- 
tain de l'attribution de ce mot , chez les anciens. 
Aristotélès dit que le Cordyle est un animal amphi- 
bie qui habite les marais; il nage avec ses pieds et: 
sa queue qu'il a semblable au Clanis, autant 
qu'il est possible de comparer le petit au grand. 
C’est le seul qui, ayant des ouïes pour avaler et 
rejeter l’ean, va cependant à terre y prendre sa 
nourriture ;, et a quatre pieds comme étant des- 
tiné à marcher sur la terre. Malheureusement l'on 
ne connaît pas plus précisément le Clanis que le 
Cordyle d’Aristotélès ; aussi les auteurs de la re- 
naissance ont-ils transporté , au gré de leurs capri- 
ces, le nom de Cordyle à des reptiles très-diffé- 
rens les uns des autres, voire même à des reptiles 
d'Amérique. Aujourd'hui, l’on s'accorde à voir le 
Cordyle d’Aristotélès dans la larve des Salaman- 
dres ou des Tritons. Néanmoins Lesage a consa- 
cré l'attribution que Linnæus a faite du mot Cor- 
dyle à unesorte de Sauriens qui a pour caractères 
d'avoir la tête pyramidale, quadrangulaire , pres- 
que aussi haute que large à sa base, terminée par 
un musean obtus, mousse à sa pointe; les nari- 
nes rondes, libres sur les côtés du museau; les 
yeux munis de deux paupières, dont l’inférieure 
plus grande; le tympan visible à l'extérieur ; la 
langue molle, fongueuse, épaisse et lobuleuse , 
peu extensible, à peine incisée à sa pointe; les 
dents nombreuses, coniques , simples , implantées 
sur les mâchoires seulement; point de collier; 
les cuisses munies d’une rangée de pores; mais ce 
qui les distingue surtout des autres Sauriens , c’est 
que leur tête est munie de grandes plaques poly-- 
gones ; leur corps couvert d’écailles carrées, ca- 
rénées , disposées en verticilles, ou imbriquées en 
anneaux sur le dos et sur le ventre, interrompues 
par un pli enfoncé sur les côtés du corps, et la 
queue annelée de grandes écailles dont les carènes 
se prolongent en pointes libres plus ou moins sen- 
sibles, ce qui a fait donner dans ces derniers 


temps 


Em Ç 


CORÉ 


313 


CORÉ 


Tr 


temps aux Cordyles le nom de Zonurus , des mots 
grecs zona, ceinture, et oura, queue, Les écailles 
des membres sont toutefois imbriquées , alternes, 
et leur forme se rapproche, par l’inclinaison de 
l’écaille, de la disposition rhomboïdale. Les Cor- 
dyles sont à peu près de la taille de nos lézards des 
murailles ; leurs proportions sont presque les mé- 
mes, leurs habitudes sont peu connues; on sait 
pourtant qu'ils se nourrissent d'insectes , et qu'ils 
sont d’ailleurs tout-à-fait innocens. On en distin- 
gue plusieurs espèces qui toutes viennent de l’Afri- 
que méridionale et du cap de Bonne-Espérance ; 
ce sont entre autres : 

Le Conpyze cris, C. griseus, connu aussi sous 
le nom de Gordyle commun ou vulgaire. Les écailles 
du dos sont égales à celles du ventre pour la gran- 
deur; ilest d’une couleur grise, uniforme en dessus, 
passant quelquefois à une teinte rougeâtre, blanc 
jaunâtre ou verdâtre en dessous, comme tous les 
autres individus de la même famille. 

Le Corpyze nom, C. niger. D’un noir uni- 
forme sur le dos, ainsi que son nom l'indique. 

Le CoRDYLE A RAIE DORSALE JAUNE, C. dorsalis. 
Parsemé en dessus de grandes taches transversales 
séparées sur le rachis par une ligne longitudinale 
jaunâtre qui lui a fait donner le nom qu'il porte. 

Le temps et l'observation décideront si, comme 
on l’a dit, ces trois espèces, qui ont à peu près les 
mêmes proportions, appartiennent à la même es- 
pèce, et si les variétés de coloration que l’on a 
signalées ne dépendent pas, ainsi qu’on l’a pré- 
sumé, des effets des progrès de l’âge ou de leur 
conservation plus ou moins parfaite. 

Le CoRDYLE A PETITES ÉCAILLES SUR LE DOS, C. 
microlepidotus , est une espèce d’une taille un peu 
plus forte, d’une couleur grisâtre en dessus, avec 
de grandes taches allongées, mal circonscrites , 
noires, réunies plus ou moins entreelles, et lais- 
sant parfois dans leurs intervalles des sortes d’o- 
celles de teintes plus claires ; les écailles du dos 
sont , comme le nom de cette espèce l'indique , 
plus petites que chez les autres Cordyles. Figuré, 
Iconographie de Guérin, Rept., pl. 6, 1; et dans 
notre Atlas, pl. 123 , fig 5. (P. G.) 

CORÉE, Coreus. (1ns.) Genre d’'Hémiptères, de 
la famille des Géocorises, tribu des Longilabres, 
ayant pour caractères ; antennes insérées près des 
. bords latéraux et Supérieurs de la tête, de quatre 
articles, dont le premier toujours plus épais que 
les autres, et le dernier presque en fuseau, guère 
plus court que les précédens ; le rostre est robuste 
et a ses articles presque égaux. Ce genre a été 
établi par Fabricius. Les insectes qui le composent 
ont le corps oblong, la tête est avancée, les yeux 
très-saillans, l’origine du rostre protégée par deux 
lames avancées, l'abdomen relevé de chaque côté 
en forme de feuillets entre lesquels se placent les 
ailes; les fémurs postérieurs sont souvent dilatés. 

CG. A connes n£missées, C. hirticornis, Fab., long 
de quatre lignes , couleur cannelle foncée, avec 
l'abdomen en dessous plus pâle, et la partie mem- 
braneuse de l’élytre diaphane, Toutes les parties 
du corps sonten outre couvertes de granulations 


Tome IL. 


120° Livraison, 


plus foncées. On le trouve, mais pas très-com- 
munément , aux environs de Paris, (A. P.) 

CORÉE. (c£ocr. pays.) La Corée est cette 
grande presqu'ile située en Asie entre les 34° et 40° 
de latitude nord, et les 129° et 125° de longitude, 
immédiatement au dessous de la Mantchourie et 
au dessus de l’empire chinois. Elle est baignée à 
l'est par la mer du Japon, à l’ouest par la mer 
Jaune, qui porte aussi le nom de golfe de Pékin. 
La longueur de ce pays peut bien être de 230 lieues 
environ, dont une partie s’étend dans l’intérieur 
au-delà de la péninsule; sa largeur est de 90 à 
100 lieues, si l’on en excepte cependant l’isthme 
de la presqu'ile, qui n’a pas au-delà de 40 à 45 
lieues de dimension. La superficie de cette con- 
tréce ne le cède guère à l'Italie pour l'étendue. 

La Corée est le nom que les Européens ont 
donné à ce pays, mais non pas celui connu des 
indigènes; celte contrée pour eux a deux noms: 
l'un, Kao-li, ancienne dénomination, est encore 
usité dans le langage ordinaire ; l’autre, T'chao-sien, 
d'invention beaucoup plus moderne, est celui 
qu'on emploie dans les actes publics. L'un et 
l'autre tirent au surplus leur origine des noms 
d'anciens rois qui ont gouverné la Corée. 

La Corée ,ou Kao-li , ou bien encore Tchao-sien, 
comme on voudra l'appeler, est divisée en huit 
provinces dont nous allons donner les noms et la 
position : trois d’entre elles bordent la mer Jaune, 
ce sont les provinces de Ping-ngan, Ioang-hai et 
Tchu-sin. Trois autres se trouvent sur la mer du 
Japon; ce sont celles de Kin-han , de Kiang-yuen , 
et de Hien-king ; celle de King-ki est au centre, 
et celle de Tsuen-lo au sud. Ces huit provinces 
renferment quarante grandes cités, trente-trois 
villes du premier ordre, cinquante-huit du second, 
et soixante-dix du troisième. 

Quoique la Corée soit située à peu près sous la 
même latitude que la belle terre d'Italie , le climat 
est loin d'y être aussi agréable; les Coréens ne 
possèdent pas ce beau ciel, toujours serein, cet 
air toujours parfumé de la campagne de Rome; la 
neige même y tombe en si grande quantité, que 
pour se faire un passage d’une maison à une autre, 
on est obligé de se creuser un chemin par dessous 
les masses énormes de neige qui, pendant la saison 
hivernale, recouvrent toute la contrée. Cette dif- 
férence entre les climats de ces deux pays, situés 
à peu près sous la même latitude, est due à la 
présence en Gorée d’une chaîne de montagnes 
très-élevée, qui la parcourt dans toute son élen- 
due. Cette chaîne, dirigée du nord au sud, paraît 
communiquer avec les chaînes de montagnes qui 
traversent la Mantchourie. En suivant la direction 
de celle du pays des Mantchoux qui court sur les 
rivages de la mer, elle entre dans la péninsule en 
conservant la même situation sur les côtes de la 
mer du Japon; elle traverse ainsi la province de 
Kiang-yuen , ou région des sources ; puis , parvenue 
au deux tiers de la péninsule, elle change de di- 
reclion, et, s’inclinant vers l'extrémité ouest , elle 
vient terminer sa carrière sur les bords de la mer 
Jaune, dans Ja province de Tsuen-lo. Dans cette 


MAT 


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| CORÉ 


314 


CORÈ 


om, 


chaîne de montagnes au nord de la presqu’ile, se 
trouve le point culminant, auquel les Chinois et les 
Mantchoux ont donné des noms différens : les 
premiers l’appellent Chang-Pechan, les seconds 
le nomment Ühen- Alia ou la montagne blanche. 
C’est dans cette montagne que se trouvent les 
sources des deux principales rivières de la Corée, 
la Va-lou et la Tumen, qui, prenant chacune 
naissance sur un versant opposé de la montagne , 
se dirigent lune vers l’ouest et va se précipiter 
dans la mer Jaune, l’autre vers l’est, et court par 
conséquent à la mer du Japon. Faisons remarquer 
ici que la pente de la contrée est vers la mer 
Jaune, ce qui devait nécessairement arriver, 
puisque la chaîne de montagnes se trouvait à l’est 
sur les rivages de la mer du Japon, opposés à la 
mer Jaune. Les côtes de ces deux mers sont très- 
rocailleuses et d’un accès difficile et dangereux, 
non seulement par lanature de leur conformation, 
mais aussi par le peu d'humanité des habitans de 
la presqu’ile, qui réduisent en esclavage tous les 
malheureux naufragés qu’une tempêle précipite 
sur leurs côtes. 

« Malgré les neiges abondantes qui recouvrent le 
pays en hiver, le sol n’en est pas moins très-fer- 
tile et très-bien cultivé. Dans les provinces du 
midi, on récolte beaucoup de riz, de millet, de 
chanvre, de tabac, de citron, de soie et de paniz, 
espèce de; blé qui, par la fermentation , produit 
une certaine liqueur servant de boisson dans le 


pays. Les montagnes du nord fournissent de l'orge. 


et la fameuse racine de ginseng, si estimée par les 
Chinois. Ces différentes productions, ainsi que la 
fabricalion du papier blanc, des papiers peints 
pour tenture, des éventails, et des toiles très- 
fines, forment la matière échangeable du com- 
merce des Coréens. Les Chinois importent les 
soieries et lesthés; les Japonais le poivre, les bois 
odoriférans, l’alun, et les cornes de buffle, Il n’y 
a dans le pays que de la monnaie en cuivre; les 
paiemens se font ordinairement en petits lingots 
d'argent, 

La chaîne de montagnes dont nous avons déjà 
parlé sisouvent dans cet article renferme quelques 
mines dont l'exploitation produit quelques nou- 
velles richesses pour le pays. Ainsi on en extrait 
de belles topazes, de l'or, de l'argent, du plomb, 
du fer et du sel fossile, 

Le règne animal de cette contrée n'offre aucun 
individu qui lui soit particulier; il se compose de 
tous les animaux que l’on rencontre dans tous les 
pays : ainsi on y trouve en abondance des san- 
gliers, des ours, des cerfs, des zibelines, des 
martres et des caslors, mais seulement au nord. 
Les fleuves sont bien peuplés de poissons, et Ha- 
mel, qui dit avoir habité la Gorée pendant neuf 
années , aflirme y avoir vu des caïmans, espèce 
de crocoäiles qu'on retrouve en! grand nombre 
sur les bords de l'Ohio et du Mississipi, en Amé- 
rique. 


Quant aux Coréens, ils sont bien pris dans leur : 


taille, ont pour la plupart un ensemble de ‘traits 
agréable, et des mœurs très-polies, Ils sont. très- 


fins, et très-voleurs; ils ont pris au surplus tous 
les vices des races esclaves : successivement sub- 
jugués par les Chinois, les Mantchoux, les Japo- 
nais, ils sont adonmés aux plaisirs, à la sensua- 
lité ; ils sont menteurs, et très-lâches. Ils redou- 
tent beaucoup les maladies, surtout les maladies 
épidémiques; ceux qui en sont atteints leur inspi- 
rent tant d'horreur qu'ils les abandonnent au 
milieu des champs , sans vouloir leur porter aucun 
secours. La polygamie leur est permise, mais ce- 
pendant avec celte modification que la première 
femme seulement a le droit de résider dans la 
maison du mari : de sorte qu'on pourrait dire que 
ce n’est point la polygamie qui est permise, mais 
bien le concubinage. Leur religion est celle de 
Fohi ou de Bouddha; et les lettrés, qui, en 
Corée, se distinguent par deux plumes attachées 
à leur bonnet , suivent les principes de la philoso- 
phie de Confucius. Le gouvernement y est despo- 
tique, et les seigneurs seuls ont le droit de re- 
couvrir le toit de leur maison en tuiles : toutes les 
autres habitations sont couvertes en paille et en 
chaume. Quant à la force militaire du pays, elle 
est très-nombreuse, mais si mal armée qu’elle 
serait fort peu redoutable pour des troupes euro- 
péennes. (C. TJ.) 
CORÉOPSIDE , Corcopsis: (BoT. PaN. :) Genre 
de la famille des Synanthérées où Corymbifères 
de Jussieu, tribu des Hélianthées de Cassini, de 
la Syngénésie frustranée, Caractères : calathide 
radiée ; fleurons du disque tubuleux, nombreux 
et hermaphrodites; ceux de la circonférence sur 
un seul rang .en languette et neutres; involucre 
composé de plusieurs folioles, disposées sur deux 
rangs, extérieurement foliacées et étalées, intérieu- 
rement appliquées et presque membraneuses ; 
réceptacle plane et paléacé; akènes comprimés, 
terminés par deux barbes persistantes, non cro- 
chues et nues, selon Kunth, se confondant avec 
les rudimens de petites écailles à petites barbes. 
Les Coréopsides sont des plantes herbacées, ra- 
rement frutescentes , à branches et feuilles oppo- 
sées , le plus souvent partagées en un grand nom- 
bre de segmens filiformes, à fleurs terminales ct 
ordinairement jaunes. Elles sont originaires des 
contrées boréales de l'Amérique , mais cultivées , 
en Europe, dans les jardins d'agrément, où l’on 
voil le Coreopsis ferulæfolia, Jacq. ; le C. tripteris, 
L.; le C. verticillata ; le C. tincloria , étaler leurs 
corymbes élégans, dont les rayons jaunes con- 
trastent avec le brun obscur du disque. 
(GE. ) 
CORÉOPSIDÉES, Corcopsideæ. (50T. HAN. } 
Section établie par H. Cassini, dans la tribu des 
Hélianthèes, famille des Synanthérées. Carac- 
tères : ovaire tétragone, comprimé antérieurement 
et postérieurement, de sorte que le grand diamè- 
tre est de gauche à droite. Cette section renferme 
les genres Bidens, Heterospermum , Glossocardia, 
Coreopsis , Cosmos, Dahlia où Georgina, Syl- 
hium , Parthenium. (G. £.) 
CORÈTE, Corchorus. (mor. Puan. } Habitant 
des climats chauds de l'Asie, de l'Afrique et de 


CORÈ 


315 


-CORI 


l'Amérique, ce genre de plantes, de la famille des 
Tiliacées et de la Polyandrie monogynie, est com- 
posé d’un petit nombre d’espèces, dont deux seules 
sont remarquables par leurs usages économiques. 
Quoique offrant d’assez jolies fleurs , on ne cultive 
guère les autres espèces que dans les jardins bo- 
taniques; toutes sont herbacées et annuelles, à 
l'exception d’une qui est ligneuse. Le genre a été 
créé par Tournefort, et adopté par Linné; il a 
pour caractères essentiels : des feuilles simples, 
alternes, souvent munies, à la dentelure de la 
base, d’un long filet sétacé; les fleurs petites, dis- 
posées en bouquets et ordinairement opposées aux 
feuilles; le calice à cinq divisions profondes et 
caduques; cinq pétales; étamines nombreuses, 
insérées , ainsi que la corolle, sur le réceptacle ; 
anthères arrondies ; ovaire supérieur, avec style 
très-court ou nul; un à trois stigmates ; capsule 
oblongue , en forme de silique , rarement sphéri- 
que, à deux, trois et cinq valves, autant de loges 
polyspermes. 

CorbTe POTAGÈRE, C. olitorius. Vulgairement 
appelée Mélochie, du nom que lui donna Prosper 
Alpin , qui la fit le premier connaitre , cette plante 
a Ja tige peu rameuse, cylindrique , haute de qua- 
rante centimètres , garnie de feuilles glabres, 
lancéolées, à dentelures aiguës, les inférieures 
prolongées en filets sétacés. Ses fleurs s’épanouis- 
sent en juin, et sont d’un jaune orangé; les cap- 
sules-qui leur succèdent sont obrondes , ventrues. 
Elle est cultivée dans l'Inde, dans la Syrie et en 
Egypte, comme plante alimentaire ; on la mêle 
aux potages, ou bien on mange ses feuilles, qui 
sont mucilagineuses , crues et assaisonnées avec 
de l’huile, 

ConbTe caPsuLarme , C. capsularis. Ramph., qui 
décrit cette plante remarquable par ses fruits, sous 
le nom de Ganja sativa, nous apprend qu’elle 
abonde en Chine et dans l'Inde, que l’on retire 
de son écorce, macérée dans l’eau comme le 
chanvre, une filasse excellente, fort employée. 
Sa tige, haute de deux à trois mètres, est droite, 
rameuse , garnie de longues feuilles ovales-lancéo- 
lées , d’un vert glauque en dessus, à dents munies 
à leur base de deux filets sétacés. Les fleurs sont 
peliles , jaunes , latérales, axillaires, sessiles , et 
demeurent épanouies depuis le mois de juillet jus- 
qu’au milieu et même la fin d’août; elles donnent 
naissance à des capsules courtes, un peu globu- 


“leuses , ridées, avec cinq valves et cinq loges. 


Thunberg avait rapporté à ce genre plusieurs 
belles espèces du Japon, qu'il nommait C. japo- 
nicus , et que l’on trouve maintenant dans presque 
tous les jardins d'agrément; mais on à reconnu 
son erreur depuis que l’on peut étudier cette plante 
sur la nature vivante, Linné l'inscrivit dans son 
genre fubus, auquel elle n'appartient pas ; mais, 
du moins, il la plaçait dans sa véritable famille. 
De Candolle estimait qu'elle devait former un 
genre particulier , et il appela Xerria; mais un 
examen plus régulier prouve qu’elle doit être réu- 
nice aux Spirées : en effet, l'ovaire, quoique im- 


parfaitement développé, est partible à l'instar de 


celui de toutes les Rosacées ; la position du calice 
et celle des pétales, qui déterminent l'insertion pé- 
rigynique, l’appellent dans l’Icosandrie du système 
linnéen; les cmq divisions du fruit la rangent dans 
le genre Spiræa ; et les styles qui se contournent 
au sommet à la manière de plusieurs espèces de 
ce genre , et plus particulièrement de la Srrrfe 
DES PRAIRIES, Spiræa ulmaria, unissent ensemble 
la prétendue Corkre pu Japon, avec ces jolies 
plantes (voy. au mot Srirés). Il convient de con- 
sulter à ce sujet la Monographie des Spirées de 
Cambessèdes ; l'opinion que je publiai en 1822 y 
est adoptée entièrement. 

Les anciens donnaient le nom de Corchorus à 
une sorte de légume très-insipide, par conséquent 
de peu de valeur, croissant dans le Péloponèse , 
mais qui avait la propriété de purger. Selon Da- 
léchamps, il s’agit de l'Epervière , Hieracium mu- 
rorum ; Gesner croit y reconnaître la Podagraire, 
CE gopodium podagraria; Lobel prétend que ce 
doit être la Corète potagère; Billerbeck , le Mou- 
ron, Anagallis arvensis, employé encore aujour- 
d’hui en médecine comme doué de qualités déter- 
sives; c’était aussi le sentiment d’Anguillara. Quand 
on pense que la Corète potagère est un aliment 
agréable fort recherché de tous les peuples orien- 
taux}, qu'il n’est ni sain ni nourrissant, qu'il 
relâche et que la plante est un excellent émollient, 
l'opinion de Lobel prévaut sur toutes les autres, 

(T. ». B.) : 

CORÈTHRE, Corethra. (ins. ) Genre de Dip- 
tères, de la famille des Némocères, tribu des 
Tipulaires, ayant pour caractères : antennes de 
quatorze articles ovalaires ; ailes couchées sur le 
corps, dans le repos, peu garnies de nervures 
longitudinales; point d’ocelles; les yeux échan- 
crés en forme de reins. Ces insectes, au pre- 
mier coup d'œil, ont le plus grand rapport avec 
les véritables Cousins ; leurs larves même sont 
aussi aquatiques. Le type de ce genre est la Ti- 
pule culiciforme [de Degeer ( figurée tom. vr, 
xxu; 10,11), dont le corps est brun, avec l'ab- 
domen et les pieds gris, et les nervures des ailes 
velues. (A. P.) 

CORIANDRE, Coriandrum. (5oT. puAN.) Genre 
établi par Tournefort et adopté par Linné et Jus- 
sieu. Il appartient à la famille des Ombellifères el à 
la Pentandrie digynie, L. Voici ses caractères : In- 
volucre nul ou composé d’une seule foliole linéaire: 
involucelles formés de plusieurs folioles; calice 
pentafide, pétales infléchis et cordi formes: akènes 
sphériques ou didymes. Achille Richard place ce 
genre dans la section des Cicutarites, et Sprengel, 
dans sa tribu des Smyrnces, 

L'espèce la plus intéressante est la GortanDRE 
cuLrivée , Coriandrum sativum, L. , originaire de 
l’Italic: elle est naturalisée en France. Ses fleurs, 
d’un blanc rosé, sont plus grandes à la circonfé- 
rence de l’ombelle qu’au centre; point d’involucre; 
mais ombellule munie à la base d’un involucelle 
de quatre ou huit folioles linéaires; diakène glo- 
buleux, couronné par les dents du calice et les 
styles, et séparable en deux portions hémisphéri- 


EEE 


316 


LORD 


CORI 


ques; racine annuelle, fusiforme, surmontée d’une 
tige un peu rameuse , couverte de feuilles: à seg- 
mens très-étroits, inférieurement bipinnatifides ; 
celles du collet de la racine presque entières ou 
incisées, cunéiformes. Celte plante exhale une 
odeur de punaise , et c’est de là que lui vient son 
nom; mais les fruits desséchés ont une odeur 
agréable, dont savent tirer parti les confiseurs et 
les liquoristes. La médecine emploie cette plante 
comme stomachique et carminative. 

On remarque ensuite la G. Tesricurée, C. tes- 
ticulalum ( Bifora testiculata d'Hoffman), dont 
l'involucre est monophylle , foliacé ; les fleurs 
égales; les fruits didymes , bosselés, ayant deux 
pores au sommet du raphé. Elle croît dans les 
contrées méridionales de l’Europe. (G. É.) 

CORINDON. (wix.) Cette substance presque 
entièrement composée d’alumine, puisqu'elle ne 
renferme que 1 à 7 pour cent de fer et 4 à 6 de 
silice, n’en est pas moins le plus dur de tous les 
corps, après le diamant. Son aspect est un peu vi- 
treux, et sa cristallisation est le rhomboïde, facile à 
reconnaître dans les différens décroissemens qu’il 
présente. Même lorsqu'elle se trouve en masses 
laminaires, ses lames se divisent encore parallèle- 
ment aux faces du rhomboïde. 

: Le Corindon est le plus communément opaque; 
mais lorsqu'il est transparent, il fournit à la joail- 
lerie plusieurs variétés qui changent de noms sui- 
vant leur couleur : bleu, c’est le saphir ; rouge, c’est 
le rubis oriental ; violet , c’estl’amcthyste orientale; 
jaune, c’est la topaze orientale; enfin vert, c'est 
l’émeraude orientale. Lorsqu'il est incoloreet lim- 
pide, il porte le nom de saphir blanc. Si le diamant 
devenait moins rare, le Gorindon prendrait cerlai- 
nement sa place, tant ses couleurs variées et son 
éclat le rendent digne d’être recherché. 

Certaines variétés de Gorindon, principalement 
celles qui sont bleues, présentent, lorsque leur 
transparence est un peu nébuleuse, un phéno- 
mène de lumière dont on n’a point encore donné 
une explication satisfaisante : on remarque sur le 
plan perpendiculaire à l’axe du cristal une étoile 
blanchâtre à six rayons qui tombent sur ;e milieu 
de chacun des côtés du prisme hexagone. Ge phé- 
nomène a recu des lapidaires le nom d’astérie. Ils 
savent quelquefois en tirer un grand parti, lors- 
qu'ils taillent cette pierre en cabochon. D’autres 
variétés sont nacrées sur les bases du prisme ou au 
sommet du rhomboëdre. D’autres enfin sont cha- 
toyantes, opalines ou laiteuses ; accidens qui don- 
nent à la pierre un mérite particulier. | 

Le Corindon se présente aussi dans la nature 
plus où moins mélangé de fer ; sa cassure est alors 
granulaire, et sa couleur brune ou gris bleuâtre 
ct quelquefois rougeâtre. Dans cet élat, il n’a rien 
qui flatte la vue, rien qui le fasse rechercher comme 
objet de luxe, mais il a l'avantage d'être réelle- 
ment utile : c'est cette variété, appelée Emeri, 
que l’on réduit en poudre et qui sert alors à polir 
les métaux, les pierres fines et en général] toutes les 
substances dures. 


:. Le Gorindon appartient aux terrains granitiques; 


CORI 


on le trouve disséminé dans des micaschistes , 
dans des gneiss, dans des syénites et dans des 
roches feldspathiques. Cependant on le trouve 
quelquefois dans des calcaires magnésiens appelés 
dolomies , et dans des basaltes : témoins ceux que 
l’on rencontre près du lac Guéry au Mont-d’Or et 
dans le ruisseau d'Expuilly près du Puy-en-Velay. 
(J. H.) . 
CORINNE. (mam.) Espèce du genre Eos 
CORIOTRAGEMATODENDROS. (20T. PA N.) 
M. Bory de Saint-Vincent cite ce nom , donné par 
Plukenet à deux espèces de Myrica , pour faire re- 
marquer quel abus les botanistes, avant Linné , 
faisaient des étymologies, pour composer des 
noms presque impossibles à prononcer et surtout 
à retenir. De nos jours, nous avons vu revivre cet 
usage barbare. -_ (Guér.) 
CORIS. (mozr.) Nom sous lequel on désigne 
vulgairement le Cyprea moncta. (Voyez Cxrr£e.) 
(EP. F.) 
CORISE , Corisa. (ins.) Genre d’Hémiptères 
de la famille des Hydrocorises , tribu des Notonec- 
tides , établi par Geoffroy , ayant pour caractères : 
pas d’écusson, gaîne du rostre striée , tarses an- 
térieurs d’un seul article, les autres de deux; ce 
genre est très-naturel, et offre des caractères fa- 
ciles à saisir. Les Corises ont tout le corps, la tête 
comprise, de même largeur partout, peu épais et à 
peine convexe en dessus ; la tête est courte , très- 
immédiatement unie avec le corselet ; les yeux sont 
latéraux, triangulaires ; la face se prolonge, jus- 
qu'entre les premières pattes, en une lame plate 
striée à son extrémité , de laquelle sort le rostre 
qui est très-court; les antennes sont de trois arti- 
cles , dont le second le plus grand; elles sont en 
outre terminées par une soie; leur insertion est 
siluée au dessous des bords latéraux de la tête; le 
corselet est demi-circulaire inférieurement , de 
sorte que l'insertion des élytres touche presque 
aux bords postérieurs de la tête ; les élytres sont 
entièrement coriaces ; les pattes antérieures ont le 
tibia très-court, le tarse beaucoup plus long, d’un 
seul article sans crochet , méplat, concave, garni 
en haut de deux rangs de petites épines et infé- 
rieurement-d’un rang de longues soies raides. Les 
tarses intermédiaires sont armés de deux très-longs 
crochets; les postérieurs sont fortement comprimés, 
ciliés. 
- Ces insectes, tous carnassiers, vivent sous tous 
les états d'autres petits insectes qu'ils saisissent 
au moyen de leurs pattes antérieures et intermé- 
diaires ; ils nagent dans Ja position habituelle, et 
comme ilssont spécifiquement plus légers que l’eau, 
ils remontent à sa surface, où ils se tiennent les 
pattes postérieures très-écartées ; au moindre sujet 
d'alarme, ils se précipitent au fond avec une grande 
vitesse, et s'arrêtent pendant long-temps en s’ac- 
crochant à quelque plante; l’accouplement se fait 
de {a manière habituelle; mais pendant sa durée 
le mâle est placé à côté de la femelle et un peu 
au dessous, dans cette position ils nagent conjoin- 
tement avec autant de vitesse que s’ils étaient sé- 
parés; ces insectes volent avec facilité, mais ne 


3. Coronille . 4: Corophie 


28 € ormoran 27 € ornouiller ? 


fl, Guerur dir 


(A 


CORM 


317 


CORM 


a 


prennent guère leur vol que le soir pour se rendre 
d’un amas d’eau dans un autre et y déposer leurs 
œufs. 

C. srRiée , C. striata, Linn. Rœs., t. 3, pl. 20. 
Longue de cinq lignes; corselet et élytres brun 
foncé avec une grande quanlité de lignes et 
atomes vermiculés jaunâtres ; face et dessus du 
corps jaune. Dans toutes les eaux de l'Europe. 

(A. P.) 

. CORLIEU ou COURLIEU. (ors.) 7. Counzis. 
‘: CORMORAN, Carbo. (ois.) Les Cormorans, que 
.Cuvier place dans sa famille des Palmipèdes toti- 
palmes, c’est-à-dire qui ont tous les doigts réunis 
par une seule membrane , sont des oiseaux aqua- 
tiques très-voisins des Pélicans , avec lesquels la 
plupart des naturalistes les ont confondus. Le 
nom de Carbo que leur a donné Meyer rappelle la 
couleur de leur plumage, qui est en effet chez tous 
à peu près de la couleur du charbon; c’est aussi 
certainement à cause de cette couleur qu'ils ont été 
comparés aux corbeaux et appelés Cormorans, ce 
qui signifie Corbeaux marins. Tous se tiennent 
près des eaux, où ils plongent avec beaucoup de 
facilité, et poursuivent les poissons dont ils détrui 
sent une grande quantité ; ils volent assez bien, 
marchent mieux qu'aucune autre espèce de leur 
ordre, et peuvent même percher sur les arbres, où 
ils font très -souvent leur nid. 

Ces oiseaux sont d’un naturel très-doux et fort 
tranquille ; ils se tiennent par troupes souvent très- 
considérables sur les rochers qui bordent la mzr 
et le long des fleuves ; ils permettent qu’on les 
approche de très-près et se laissent souvent pren- 
dre avec une serte de stupidité qui leur a valu de 
la part des voyageurs les dénominations un peu 
énergiques de Nigauds, Boubies, Coïons, etc. 
Comme il est très-aisé de les apprivoiser , dans 
certaines localités, en Chine principalement , on 
les dresse à la pêche; on les lâche dans les endroits 
poissonneux, et on leur fait ensuite dégorger le 
poisson qu’ils ont pris en plongeant. Les Cormo- 
rans ont ordinairement une double mue ; ils pré- 
sentent, suivant les âges et les diverses époques de 
l'année, quelques modifications; voici comment 
on les caractérise: bec plus long que la tête, ro- 
buste, mince, droit, à mandibule supérieure 
recourbée en onglet à sa pointe; narines basales , 

‘étroites , creusées dans un sillon: face garnie 
d'une peau nue, qui s'étend jusque sous la gorge, 
où elle est dilatable; tarses courts, robustes, ré- 
ticulés ; à doigtstous réunis, même le pouce, par 
une membrane ; ailes allongées, pointues, à 
deuxième et troisième rémiges les plus longues : 
queue allongée , arrondie , composée de douze ou 
quatorze plumes très-raides. Les espèces sont assez 
nombreuses et répandues sur tous les points de 
la terre: comme elles ont toutes le plumage brun 
ou noir , avec de très-légères variations, leur dis- 
tinction présente de grandes difficultés. Les eu- 
ropéennes sont les suivantes : 

Gran» Conuonan , Carbo Cormoranus, en]. 927. 
Cet oiseau est long de vingt-sept à vingt-neuf 
pouces; il est sur le cou, la poitrine et toutes les 


parlies inférieures d’un noir verdâtre, avec un 
large collier blanc ou blanchâtre sous la gorge; 
son bec est noirâtre; la région nue de ses yeux 
d'un jaune verdâtre; sa poche gutturale jaunâtre; 
son iris vert et ses pieds noirs. Ces couleurs sont 
propres aux vieux individus de l’un et de l’autre 
sexe. Les jeunes de l’année et les mâles adultes 
offrent quelques nuances un peu différentes. Le 
Cormoran se nourrit de toutes sortes de poissons, 
mais particulièrement d’anguilles ; il niche, suivant 
les localités, sur, les arbres, dans le creux des ro- 
chers ou dans les joncs ; sa ponte est de trois ou 
quatre œufs, également gros aux deux bouts , d’un 
blanc verdâtre et rudes à leur surface. En France 
on le rencontre assez souvent. On lui donne les 
divers noms de Margaux, Camarin de Falaise, 
Cormarin , etc. 

Cormoran niGauD, Carbo graculus enl. 974 
(jeune de l’année), est plus rare dans notre pays, 
où il ne se trouve que de passage; il paraît qu'on 
le trouve en très-grand nombre vers les régions 
des cercles arctique et antarctique, où il niche; 
il pond deux ou trois œufs blanchôtres, à surface 
inégale et fort allongés. Ilest plus pelit.que le pré- 
cédent et d’un noir plus profond, sans blanc de- 
vant le cou. Sa longueurest de vingt-trois à vingt- 
quatre pouces. Ses pieds sont noirs et son iris 
rougeâtre. 

CoRMORAN TINGMICK Ou LARGUP , Carbocristatus. 
Le nom de celui-cixient du verbe tingminkpock , 
qui signifie dans la langue des Groënlandais avoir 
la diarrhée ; il lui a été imposé parce qu'il couvre 
les rochers sur lesquels il se tient d’une couche 
épaisse de sa fiente. Le tingmick se rencontre 
quelquefois dans nos départemens dunord et aussi 
en Angleterre ; mais il a principalement pour pa- 
trie le nord de l’Europe. Il est long de vingt-cinq 
ou vingt-six pouces ; sa couleur générale est un 
beau vert foncé, à reflets bronzés sur les ailes et 
changeant au noir mat sur la queue ; base du bec 
et poche gutturale qui est très-petite, de couleur 
jaune ; bec brun ; pieds noirs; iris vert. Une huppe, 
haute d’environ un pouce et demi, existe chez ces 
oiseaux à l’époque des noces seulement, c’est-à- 
dire en été, 

Cormoran DE DEsmaresr, Carbo Desmaresti , 
est une espèce nouvellement décrite par M. Pay- 
raudeau (Ann. sc. nat., 1826, p. 460), et que 
l’on a observée en Europe sur les rivages de l’île 
de Corse. Longueur totale, deux pieds six lignes, 
corps en entier d’un vert noirâtre, tête sans huppe; 
membrane rostrale large ; pieds jaunes ; bec fauve, 
grêle, long de deux pouces. La femelle est en des- 
sus d’un fauve verdâtre varié de blanchâtre; son 
corps est blanc en dessous. 

Une autre espèce européeane, mais étrangère à 
notre pays , est le Cormoran PyGMÉE , Carbo pyg- 
mæus , Temm., qui est long de vingt et un pouces. 
On trouve cet oiseau dans les contrées orientales, 
en Hongrie, en Turquie et en Russie ; il est plus 
rare en Autriche, ct ne vient que par accident en 
Allemagne. Sa propagation est inconnue. 

Parmi les Gormorans qui ne se trouvent point 


CORN 


en Europe, nous citerons. lé Cormoran DE Gar- 
manD, Pelecanus Gaimardi , Garnot (Zool. de la 
Coquille), qui habite les bords de la rade de Gal- 
lao ; sa longueur est de deux pieds. 

CorMorAN A VENTRE BLANC, Carbo albiventer, 
Less., Traité d’'Ornith. Il a tout le dessus du corps 
brun , et le dessous d’un blanc satiné : il vient du 
Bengale. 

Nous avons représenté dans notre Atlas, pl. 
124, fig. 1, une espèce nouvelle , nommée par 
Cuvier Carbo bilophus. Get oiseau est de la taille 
des précédens ; il est noir avec les ailes brunes , le 
bec jaunâtre ct les parties nues de la tête rouges. 
Son caractère le plus saillant est d’avoir deux hup- 
pes de plumes dirigées en arrière et placées sur sa 
iête. Il est aussi des côtes du Bengale. (Genv.) 

CORNALINE. (uix.) Nous avons fait connaf- 
tre à l’article Acare les caractères essentiels qui 
distinguent les Cornalines des autres variétés de 
l'espèce Silex ; nous n’ajouterons ici que peu de 
détails relatifs à son emploi dans la bijouterie. 
Geite pierre fut en vogue chez les Grecs et chez 
les Romains. Une partie des pierres gravées les 
plus remarquables est de cette nature. Nous en- 
gageons Îles personnes qui voudraient l'étudier 
sur des échantillons à visiterla bibliothèque royale 
de Paris; elles pourront en même temps admirer 
lc travail du cachet de Michel Ange, de Jupiter 
entre Mars et Mercure, entouré du zodiaque, du 
buste d'Ulysse et de beaucoup d’autres Corna- 
lines auxquelles l’art du graveur a su donner un 
grand prix. (E. B.) 

CORNARET , Martynia. (so. puan.) Houston 
a dédié ce genre au botaniste anglais Martyn, qui 
mourut à Chelsea en 1768, et prit part à Loutes 
les grandes entreprises scientifiques de son temps. 
Le Cornaret appartient à la famille des Bignoniées 
et à la Didynamie angiospermie. Il renferme qua- 
tre espèces dont une croit au cap?de Bonne-Es- 
pérance ; les trois autres sont indigènes aux cli- 
mats chauds de l'Amérique. Ges espèces ont d’as- 
sez jolies fleurs, mais elles sont peu répandues, 
parce qu’elles exigent beaucoup de chaleur. La 
capsule qui leur succède est terminée par un ap- 
pendice ou corne roulée, d’où le genre a recu le 
nom vulgaire qu’il porte; on l'appelle aussi bicorne, 
de ce que le fruit étant ouvert imparfaitement en 
deux valves à son sommet, présente à peu près 
deux cornes. 

CoRNARET A DEUX ÉTAMINES, M. diandra. On 
possède celte plante dans les jardins de l'Europe 
depuis près d’un siècle ; mais, comme elle est an- 
nuelle et qu’elle demande tous les soins de la cul- 
ture artificielle, le nombre des individus est fort 
limité; c'est dommage , car elle est d’un belaspect, 
et ses fleurs répandent une odeur agréable. Son 
pays natal est le Mexique, particulièrement aux 
environs de Veracruz ; on la trouve aussi dans le 
Pérou. La tige herbacée monte à soixante centi- 
mètres, jette beaucoup de rameaux abondam- 
ment chargés de poils blancs et visqueux , que l’on 
remarque également sur toutes les autres parties 
de la plante. Les feuilles sont opposées, verdâtres , 


en cœur à la base, dentées et velues. De langle: 
des rameaux naissent huit à douze ensemble, et 
disposées en grappes, des fleurs monopétales d’un 
rouge clair, tachées de pourpre foncé en dedans, et 
blanches en dehors: elles manifestent une très- 
grande irritabibté au moment où les étamines 
lancent leur poussière fécondante contre les deux 
lames écartées du stigmate: ces deux lames se 
rapprochent et la bouche de la corolle se ferme 
avec précipitation et force. La capsule est ovale, 
oblongue, recouverte d’une écorce coriace , ca- 
duque , qui s’ouvre par le milieu , et renferme 
plusieurs graines dans ses quatre loges inté- 
rieures. ié 

Destrois autresespèces, la plus remarquable est le- 
Gorvaner pu Brésiz, M. speciosa, aux fleurs d’un 
beau bleü qui se succèdent les unes aux autres 
depuis le mois de mai jusqu’en juillet. Sa tige est 
peu élevée et forme à sa base une souche demi- 
ligneuse, donnant naissance à des rameaux courts, 
garnis de feuilles d’un vert foncé en dessus, pres- 
que blanches en dessous, avec quelques nuances 
de rouge. Elle est connue depuis 1806 et a fleuri 
en France pour la première fois en 1815. 

Le ConNARET ANNUEL, M. annua, qui est celux 
que Houston observa le premier en 1730, a de 
moins belles fleurs; mais sa capsule, ligneuse’, 
très-dure , est fort singulière par les deux longues 
cornes arquées qui la terminent. Aux environs de 
Carthagène , dans l'Amérique du Sud , on mange 
la racine du ConNareT sparTHACÉ, M. spathacea : 
elle est blanche, cylindrique, grosse, charnue ; 
d’une saveur douce; on la dépouille de son écorce, 
on la met à cuire avec la viande de bœuf, où 
bien on la confit au sucre pour être offerte au 
dessert. (T. ». B.) 

CORNE D’ABONDANCE. ( mozr. BOT. PHAN. ) 
On donne vulgairement ce nom à l’Huitre plissée 
et à plusieurs espèces de Champignons, 

(GuËr. } * 

CORNÉENNE, (win. céoc.) Voyez Æphanite. 
5 CORNEILLE. (ors.) Les deux espèces du genre 
Corvus, que l’on nomme CoRNEILLE VULGAIRE , 
Corv. corone , et CORNEILLE MANTELÉE , Corv. cor- 
niz, peuvent être considérées comme formant 
dans leur groupe un pelit sous-genre dans lequel 
viennent aussi se placer le ConBnAu À SGAPULAIRE 
BLANC, le CoRBEAU À coLLIER, la CORNEILLE DU 
Cap, la CORNEILLE À BEC ALLONGÉ, la CORNEILLE 
A TÊTE ROUSSE et le CORBEAU A TÊTE NOIRE , qui 
sont tous étrangers à nos contrées. Voy. l’article 
CorBEAU, (GErv.) 

CORNES. (zoo...) Appendices qui, chez certains 
Mammifères ruminans , surmontent le front et 
consistent en un prolongement plus ou moins con- 
sidérable de l’os frontal. Ils sont presque toujours 
l'apanage du mâle ; le Renne fait exception à cette 
règle. La structure de ces appendices varie. Tan- 
tôt la cheville osseuse qui en forme l'axe est re- 
couverte par la peau, qui, dans cet endroit , res- 
semble à celle du reste de la tête; ce sont alors de 
petits prolongemens osseux , de forme conique , qui 
dans les jeunes sujets! sont simplement articulés 


CORN 


319 


CORN 


avec le frontal , mais qui plus tard se soudent en- 
dièrement et ne se dépouillent jamais de la peau 
velue dontelles sont recouvertes. Tantôt la portion 
osseuse des Gornes , d’abord revêtue d’une peau 
velue , la dépasse, et, après être restée à nu 

endant un certain temps, tombe elle-même, pour 
faire place à une nouvelle Corne, qui éprouve à 
son tour de pareils changemens. Ges Gornes cadu- 
ques se nomment Bois. Enfin, d’autres fois l’axe 
osseux croit pendant toute la vie, sans jamais tom- 
her, et est recouvert d'une espèce de gaîne com- 

osée d’une substance élastique appelée Corne, 
analogue à celle des ongles et qui croît par couches. 
On nomme Cornes creuses ces Gornes revêtues 
ainsi d’un étui qui semblent formées de poils 
agglutinés. 

Cette différence dans la structure de ces ap. 
pendices a servi de base à la classification des 
animaux ruminans à Gornes. 

Dans la tribu des animaux à Cornes caduques 
ou boïs, voici comment se forment et se renou- 
vellent ces éminences. À un certain âge, il se 
montre de chaque côté de l’os frontal un prolon- 
gement assez semblable au col qui sert à la con- 
solidation des os fracturés. Ces protubérances 
s’allongent rapidement en soulevant la peau qui 
lesrecouvre; mais les vaisseaux qui sillonnent celle- 
ci sont bientôt oblitérés par un cercle de tuber- 
cules qui se forment à la base du prolongement os- 
seux, et l'enveloppe cutanée, ne recevant plus de 
sang par suite de cetle oblitération, meurt, se dés- 
sèche et tombe. Le bois, resté à nu, se nécrose, 
et finit par se détacher du crâne; l'animal est alors 
privé de ses armes: mais vingt-quatre heures sont 
à peine écoulées, qu'une cicatricule recouvre la 
plaie formée par la chute du bois, et bientôt un 
nouveau prolongement surgit à la place de l’an- 
cien. En général, ce nouveau bois acquiert des 
dimensions plus considérables que celui auquel 
ilsuccède , le nombre de ses branches s’est aug- 
menté; mais comme le premier, sa durée est 
fixée et il devra à son tour disparaître pour être 
remplacé. C'est ordinairement vers le printemps 
que ce phénomène a lieu; il coïncide générale- 
ment avec l’époque où ces animaux se disposent 
aux fonctions de la reproduction. Dans le Cerf 
commun, les bois sont ronds; ceux des Daims 
sont ronds à leur base et armés d’un andouiller 

ointu ; mais ils sont aplatis et dentelés en dehors, 
dans le reste de leur étendue. Chez le Chevreuil, 
ils ne présentent que, deux andouillers , et s’élè- 
vent. perpendiculairement au dessus de sa tête. 
Les bois de l’Elan forment deux grandes lames 
aplaties et profondément dentelées au bord anté- 
rieur ; leur poids s'élève quelquefois à cinquante 
livres. Ceux du Renne, dont la femelle, aussi bien 
que le mâle, porte la tête ornée de ces appen- 
dices, sont grêles et pointus dans le jeune âge, 
mais deviennent par la suite larges et dentelés; 
ils se divisent ainsi en plusieurs branches; les 
Cornes de la Girafe, seule espèce de la tribu des 
rmminans, à Cornes velues et persistantes, sont 
de petits prolongemens osseux, de forme conique, 


qui, sans jamais se dépouiller de la peau dont 
elles sont recouvertes, se soudent complétemeut 
avec l'os frontal, 

Si l’on examine les Cornes des animaux qui 
composent la tribu desraminans à Cornes creuses, 
on voit que la plus grande différence qui existe 
dans leur structure dépend de la substance du 
noyau osseux de ces prolongemens frontaux. Chez 
les uns, elle ressemble à celle du bois des Cerfs, 
et l'on ne voit dans leur intérieur ni poils ni eel- 
lules, tandis que, chez les autres, elle est com- 
posée de cellules qui communiquent avec les sinus 
frontaux. La première de ces dispositions est pro- 
pre aux Antilopes; la seconde se rencontre chez 
les Chèvres, les Moutons, les Bœufs. Les Cornes 
des Antilopes sont presque toujours rondes, ou 
marquées d’anneaux saillans ou d’arêtes en spi- 
rale; quelquefois elles sont anneltes et À double 
ou triple courbure , se terminant par une pointe 
dirigée en avant, en dedans et en haut, comme 
dans la Gazelle ; quelquefois aussi leur courbure 
est triple comme dans l’Antilope des Indes, où 
leur courbure est en sens inverse et leur pointe 
dirigée en arrière, disposition qu’on remarque chez 
le Babal de la Barbarie et le C'aama du Cap; enfin 
elles sont encore lisses, recourbées brusquement 
en arrière, comme dans le Chamois. Dans les Chè- 
vres, elles se dirigent en arrière ; dans les Moutons, 
après s'être dirigées en arrière, elles se contour- 
nent en avant en spirale; les Agagras, espèce de 
chèvres du Caucase, les portent tranchantes en 
avant; les Bouquelins les ont plates en avant et 
marquées de nœuds saillans en travers. Dans le 
genre Bæœuf on sait qu’elles sont dirigées de côté 
pour revenir en haut et en avant en forme de crois- 
sant. Les cornes du Buffle duCap sont remarquables 
par leur base aplatie qui couvre, comme un cas- 
que, tout le sommet de Ja tête. Après avoir noté 
ces différences principales qui existent non-seule- 
ment entre les diverses tribus des animaux dont 
la tête est ornée de cornes, mais encore entre les 
espèces les plus remarquables, nous dirons enpeu 
de mots comment un des hommes qui ont ré- 
pandu tant de lumière sur les mystères de l’or- 
ganisation des animaux, donne la théorie du 
développement et de la structure de ces appendi- 
ces : « Un prolongement nerveux se fait jour à 
travers les membranes externes du corps (derme 
ou épiderme); là, sous l'influence de ses nouvel- 
les relations , la sommité mamelonnée de ce nerf 
s'organise en un bourgeon formé d’emboitemens 
concentriques, que j’assimilerai au germe d'un 
tronc végétal, c’est-à-dire à une réunion de 
cellules concentriqués, mais nées les unes sur la 
paroi interne des autres. À mesure que, se roulant 
au passage sur la filière que la nature lui a ou- 
verte, un de ces bourgeons s’allonge dans les airs, 
de nouveaux emboîtemens naissent dans le centre 
générateur et viennent refouler les anciens vers le 
sommet, pour les y condenser pour ainsi dire, 
jusqu'à ce que, dépouill(s d’une portion quelcon- 
que de leur substance grasse, ils ne forment plus 


qu'une substance inerte et caduque. Chacun de 


CORN 


320 


CORN 


a ——————— —"  ——  —— ———_—_———— …"…—…— .… _…— —————…—…——— —  ——————————————————— —— 


ces emboîtemens peut à son tour organiser ces 
parois, se bourgeonner sur divers points de sa 
longueur, reproduire des ramifications par le 
même mécanisme, 

Nous ne croyons pas devoir comprendre dans 
cet article l’histoire de divers organes qui, chez 
certains animaux, présentent beaucoup d’analogie 
avec les Cornes : tels sont les ergots tubuleux des 
pieds de derrière de l’Echidné ou de l’Ornithorhyn- 
que, les crochets venimeux de la vipère, les tar- 
ses des Gallinacés, la substance qui revêt les 
mâchoires des oiseaux, la corne des pieds des ru- 
minans et des solipèdes, etc. La description de 
ces organes appartient aux mots Dents, Ercor, 
OnGze , etc. 

Un frottement long-temps continué développe 
également, sur la peau des hommes ou de quelques 
animaux, des excroissances dures et calleuses 
qu'on a aussi appelées Cornes : ces excroissances 
anormales doivent être considérées comme des 
affections maladives et leur histoire, par con- 
séquent , n'appartient point à la physiologie. 

On donne vulgairement le nom de Cornes aux 
tentacules des Limacons et aux antennes des in- 
sectes. (BG) 


CORNET. (awarT.) Lamelles osseuses contour- 
nées sur elles-mêmes, et situées dans l’intérieur 
des fosses nasales. 

CORNET. (mozr.) La ressemblance que présen- 
tent les coquilles du genre Cône avec un cornet 
de papier leur avait fait donner ce nom, qu'on a 
également appliqué à des olives. On appelle aussi 
vulgairement Cornets les Cazmars (v. ce mot). 


* CORNETS. (2orT.) Appendices variés, creux ct 
évasés, que l’on remarque dans certaines fleurs ir- 
régulières. Dans la fleur des Asclépiades on ren- 
contre cinq Gornets. On désigne encore par ce 
mot les pétales des Ancolies et des Hellébores. 
(Pr) 

CORNICHON. (£cox. nom.) En parlant du Con- 
combre, p. 272, nous avons vu que l’on donne 
le nom de ,Cornichon à une de ses variétés qui 
est cultivée pour en faire confire le fruit encore 
jeune. Il y a plusieurs manières de préparer les 
Cornichons : rapportons les principales. Le soin 
le plus important, commun à toutes, est de choisir 
les plus petits, de les essuyer avec nn linge rude, 
irès-propre; afin de les dépouiller de leur duvet, 
et d’avoir du bon vinaigre de vin, et non celui 
tiré des lies de vin ou de cidre. Le vinaigre blanc 
est préférable au rouge ; la couleur du Cornichon 
se conserve mieux avec le premier, et plus le fruit 
s’en pénètre , plus sa partie colorante se fixe sur 
l’épiderme et y demeure attachée. IL serait bon 
aussi d'adopter l'usage de nos départemens du 
midi, c’est-à-dire de cueillir le Cornichon avant 
la maturité, alors qu’il se montre d’un très-beau 
vert. 

t La méthode la plus générale est de jeter sur 
les Cornichons préparés de l’eau bouillante, ou 
mieux encore de verser dessus du vinaigre blanc 
porté à la température de 80 degrés, Quand on 


emploie l'eau, l'on retire au bout de quatre à cinq 
jours, on met à égoutter sur un linge blanc, puis 
on place dans un vase, en intercalant de distance 
en distance entre les Cornichons quelques feuilles 
de laurier et des grains de poivre; et l’on verse 
sur le tout du vinaigre bouillant, auquel on ad- 
ditionne trente grammes de sel blanc par litre de 
liquide. Quand c’est le vinaigre qu’on emploie, 
on le renouvelle au bout de dix jours ; il vaut mieux 
en prendre du nouveau que de faire réchauffer le 
premier. L’un et l’autre procédé est bon ct la 
cuisson Jégère que le fruit éprouve dépouille l’en- 
veloppe de toute son âcreté. 

Certaines personnes, surtout les épiciers, met- 
tent le vinaigre et le sel sur le feu dans un chau- 
dron de cuivre; lorsque la saumure est prête à 
bouillir, ils jettent dedans fles Cornichons et 
les retirent du feu ‘après un petit bouillon; ils 
couvrent pour faire entièrement baigner le fruit 
et laissent ainsi quelques jours, et avant d’arran- 
ger dans des bocaux ou des petits barils, ils 
s’assurent si la saumure est de bon goût et suf- 
fisamment salée. Ils mêlent alors aux Cornichons 
du piment blanchi, des clous de girofle , du poivre 
en grains , du fenouil, de l'ail, de l’estragon ou 
de la roquette. Ils emplissent les bocaux avec de 
la saumure. Cette méthode est essentiellement 
dangereuse ; tel bien étamé que soit le chaudron, 
l'acide du vinaigre le corrode et le convertit en 
vert de gris. Le danger est d’autant plus grave 
que la couleur verte du Cornichon est plusrehaus* 
sée. (T. ». B.) : 

CORNOUILLER, Cornus. (BOT. PHAN et AGR.) 
Quatorze espèces de plantes ligneuses , deux seules 
exceptées, qui sont herbacées, composent ce genre 
de la famille des Caprifoliacées et de la Tétrandrie 
monogynie. Trois espèces appartiennent à l’Eu- 
rope et sont anciennement connues; les autres 
proviennent de l'Amérique du nord. Aucun Cor- 
nouiller n’a été rencontré dans les pays chauds, 
c'est dire que tous résistent aux hivers de la 
France, et qu’ils ne sont point difliciles sur la na- 
ture du terrain. 

Les deux espèces herbacées sont le ConnovizLer 
DE SUu˻E, C. herbacea, qui habite le nord de 
l'Europe et de l'Asie, et le Cornouizzer pu Ca- 
NADA, C. canadensis ; l’un ressemble beaucoup à 
l’autre; la seule différence est que le premier 
porte au sommet de sa tige deux rameaux et des 
{cuilles sessiles , opposées , tandis que le second a 
la tige simple et le feuillage verticillé. 

Parmi les espèces ligneuses, donnant toutes 
des arbrisseaux s’élevant de quatre à sept mètres 
au plus, deux offrent leurs rameaux pour rempla- 
cer l’osier et faire des liens : le CORNOUILLER BLANC, 
C. alba, remarquable par son large feuillage , ses 
beaux corymbes de fleurs, ses fruits blancs qui 
ressemblent à des perles, et tranchent sur le 
rouge de corail des rameaux ; et le CoRNOUILLER 
STOLONIFERE , C. stolonifera, dont la forme est tout- 
à-fait irrégulière. Celles qui peuvent servir d’orne- 
ment sont 1° le CoRNOUILLER 4 FLEURS, C. florida, 
introduit en Europe en 1739; il fleurit en même 


temps 


mm oo 


CORN 


temps qu'il se charge de feuilles ; ses fleurs, jaunes, 
disposées en petite ombelle au bout de chacun 
des rameaux, sont ceintes d’une large collerette 
blanche ou rouge, et si brillante qu'elle à l'air 
d’une corolle ; 2° le CORNOUILLER sOYEux, C, se- 
ricea, aux rameaux étalés , d’un pourpre noirâtre, 
aux longues feuilles ovales-lancéoltes, dont les 
nervures sont couvertes d’un poil soyeux couleur 
de rouille , aux fleurs d’un blanc éblouissant, aux 
fruits du plus beau bleu ; 3° et le GonnouILLER Py- 
namIaz , C. fastigiata, le plus élevé de tous; ses 
jeunes rameaux sont noirs, pointillés , garnis de 
feuilles rétrécies en longue pointe et de fleurs 
blanchâtres disposées en panicule. 

Habitant de nos haies et de nos bois, le Con- 
NOUILLER SANGUIN , C. sanguinea , est un arbrisseau 
à rameaux longs ct droits, avec écorce lisse, d’un 
rouge brun, à fleurs blanches et baies noires; il 
figure assez bien dans les jardins, On a retiré de 
ses baies amères une huile bonne à brûler, et en 
y additionnant une petite quantité de liqueur des 
savonniers, un savon de très-bonne qualité. La 
culture de cet arbrisseau n’exige aucun scin , il 
produit son fruit au bout de deux ans; mais il a 
le défaut de tracer beaucoup. Ses rameaux sont 
propres aux ouvrages de vannerie. 

On mange en Amérique les fruits da Cornouil- 
ler à fleurs et du Cornouiller soyeux. On dit leur 
écorce fébrifuge. Les habitans des deux Garolines 
mêlent avec leur tabac des feuilles de la se- 
conde espèce auxquelles ils attribuent cette pro- 
priété et celle d’être anti-scorbutiques, Le fruit des 
autres espèces sert à faire des boissons fermentées 
que l’on appelle piquettes. Le bois est dur, on’en 
fait les échelons d’échelles , les roulons des ridel- 
les de charettes, des brochettes pour piquer les 
viandes, des échalas excellens, surtout si l’on a 
soin d'enlever l’écorce, etc. Les feuilles sont 
respectées par les insectes. 

Généralement-on donne le nom de Cornouiller 
mâle à l'espèce la plus commune de France, ainsi 
qu'aux Cornouillers à fleurs de Suède et du Ca- 
nada, qui tous ont les ombelles ceintes d’une col- 
lerette de quatre grandés bractées colorées, et 
l'on réserve aux autres espèces le nom de Cor- 
nouiller femelle, parce qu’elles sont dépourvues 
de cette collerette. Rien de plus impropre qu’une 
semblable dénomination. C’est pourquoi je désigne 
la première de ces espèces CORNOUILLER COMMUN, 
C. mas ( voy. notre Atlas, pl. 124, figure 2 ): 
elle se couvre, avant le printemps et avant 
d’avoir ses feuilles, d’une grande quantité de 
fleurs jaunes, auxquelles succèdent des fruits 
petits, oblongs, de couleur rouge, mûrs en sep- 
tembre , que l’on mange crus ou confits au sucre; 
on les appelle dans nos départemens du nord Cor- 
nioles et Cornouilles; dans ceux du midi Acuernes 
et Cucrni. Ces fruits sont employés avantageuse- 
ment en médecine; on les administre, réduits en 
gélatine ou sous forme de rob, contre les fièvres 
aiguës, bilieuses et putrides. L'économie rurale et 
domestique s’en est emparée pour remplacer les 
olives dont les contrées du nord sont privées, Voici 


Towe IL, 


321 


CORO 


Ja méthode à suivre. Quand la Cornouille com- 
mence à secouvrir sur l'arbre d’une couleur un 
peu rougeâtre, on cueille les plus grosses et les 
plus longues ; on les nettoie avec un linge doux et 
blanc, et on les laisse se faner légèrement; on 
prend alors un vase, petit baril ou tonnelet, on 
l’emplit d’eau de rivière, dans laquelle on met 
autant de sel de cuisine que le liquide peut en 
dissoudre ; on jette les Cornouilles dans cette sau- 
mure, et on répand sur elles du fenouil et quelques 
feuilles de laurier. On place le récipient en un 
endroit tempéré, et on l'y laisse jusqu’à ce que 
les Cornouilles aient pris le goût et la couleur des 
olives ; il faut alors les changer de vase, et les te- 
nir dans un lieu frais. J’ai mangé de ces pseudo- 
olives et je les ai trouvées fort agréables. 

Richard a compris le Gornouiller dans sa petite 
famille des Hédéracées. 11 regarde ce genre, avec 
le Lierre, hedera helir, comme formant passage 
naturel entre les Caprifoliacées et les Araliacées, 
c’est-à-dire entre les Monopétales et les Polypéta- 
les épigynes; la corolle du Cornouiller et du 
Lierre est polypétale et les étamines sont immé- 
diatement épigynes. Il est fâcheux que le nom de 
Hédéracées ait déjà été donné par Philibert à la 
famille des Vignes. (T. ». B.) 

COROLLE, Corolla. (80T. rxax.) Le plus grand 
nombre des botanistes n’est point d'accord sur la 
pature et lenom de l’enveloppe qui ertoure immé- 
diatement les organes sexuels des plantes; les uns 
appellent Corolle ce que les autres disent être le. 
calice , et viceversa. Sans doute il est facile d’errer, 
quand on voit que, loin de désunir ces deux parties 
distinctes, l'anatomie végétale les présente unies, 
souvent confondues. Cependant ilest facile des’en- 
tendre : la Corolle nécessite la présence du calice, 
elle est la partie la plus intérieure du périanthe 
double. Elle est RÉGULIÈRE , quand toutes ses di- 
visions, égales pour la forme et la proportion, 
forment un tout symétrique, comme dans la Rose, 
la Primevère, l’'Anémone, etc. ; elle cst mmnécu- 
LIÈRE , quand cette harmonie n’existe pas, comme 
dans le Genêt, le Romarin, etc. Quelquefois ces 
deux modifications se rencontrent dans les plantes 
d’une même famille; mais l'irrégularité est peu 
prononcée , et d’autres rapports naturels ne per- 
mettent pas de Jes séparer : tels sontles Geranium, 
dont la Corolle est régulière, et les Pelargonium, 
chez qui elle est irrégulière. 

La Corolle est composée de un à plusieurs seg- 
mens ou pétales distincts et isolés, munis dans 
leur partie inférieure atténuée d’un onglet ; la par- 
tie supérieure, qui est plus ou moins évasée, 
prend le nom de lame. On voit ces scgmens aug- 
menter régulièrement en nombre de un à huit, La 
Corolle qui n’a qu’un seul pétale, un pétale isolé 
n’enveloppant pas complétement les étamines et 
les pistils, comme dans le Polygale, aimé de tous 
les bestiaux, Polygaia vulgaris, est dite moxori- 
TaLe. Celle qui en a deux, pIPÉTALE ; exemple la 
Circée, Circæa lutetiana ; celle qui en a trois, TM- 
PÉTALE, le Plantain, Alisma plantago ; celle qui 
en a quatre, TÉTRAPÉTALE , la Girofléc, Cheiran- 


121° LIVRAISON. 41 


GORO 


829 


CORO 


thus cheiri ; celle quien a cinq, PENTAPÉTALE, la 
Rose des haies, Rosa canina; celle qui en a six, 
uzxapéTALe, l'Epine-vinette, Berberis vulgaris ; 
celle qui en a sept, nEPTAPÉTALE, le Magnolier , 
Magnolia glauca ; celle qui en a huit, oCTOPÉTALE, 
la Ficaire, Ranunculus ficaria. De ce nombre, elle 
passe à plusieurs pétales , sans qu’on puisse en dé- 
terminer la quantité; elle prend alors le nom de 
Corolle roLyPÉTALE : l'OEillet des fleuristes , Dian- 
thus caryophyllus. 

# On est convenu d'appeler COROLLE UNIPARTITE 
celle qui est formée d’une seule pièce non divisée 
jusqu’à la base, comme dans le LiseroN , Convol- 
vulus arvensis, la Bounracse, Borrago officina- 
lis, etc. Elle a un tube très-visible dans la Prr- 
MEVÈRE, Primula veris; le limbe entier dans le Bois 
de perroquet , F'issilia psittacorum , et divisé dans 
le Jasmin , J'asminum ofjicinale, la gorge, ou l’o- 
rifice du tube, plus ou moins évasée. Gette Co- 
rolle est Loujours accompagnée d’un ovaire sim- 
ple , et sert de support aux étamines , qui s’y trou- 
vent toujours en nombre défini. Elle affecte neuf 
formes générales dont six régulières et trois irré- 
gulières. Les premières sont la COROLLE EN ROUE, 
le Bouillon blanc, V’erbascum thapsus; ou £rorr£e, 
le Caillelait, Gallium verum; la CororrE cAMPANu- 
LÉ , la Raiponce, Campanula rapunculus ; Va Go- 
ROLLE INFUNDIBULIFORME, le Tabac, Vicotiana 1a- 
bacum ; la CoROLLE HIPPOCRATÉRIFORME , la Perven- 
che, V’inca major ; la ConoLze rusureuse, la Con- 
soude, Symphytum officinale; la CoroLLE uRcÉOLÉE, 
VAirelle , Vaccinium myrtillys. Les secondes sont 
la ConoLie LABIÉE ou en gueule , la Sauge , Salvia 
officinalis ; la CoroLLE PERSONNÉE ou en masque, 
le Mufle de veau, Antirrhinum majus, et la Co- 
ROLLE ANOMALE, l'Utriculaire , Utricularia vul- 
garis. 

:  Ginq formes générales s’observent dans les Co- 
rolles polypétales , trois régulières et deux irrégu 
lières. Les régulières sont 1° la ConoLzE crucr- 
roRME ; elle comprend toutes les plantes qui, à 
l'instar du Chou, Brassica sylvestris, portent qua- 
ire pétales égaux, à onglet long et disposés en 
croix ; 2° la Conoize nosacée, la Mauve alcée, 
Malva moschata ; 5° et la CoROLLE CARYOPHYLLÉE , 
la Nielle des blés, Nigella arvensis. 4 La Conouse 
PAPILIONACÉE , qui renferme l’intéressante famille 
des Légumineuses ; 5° et la CoroLLE ANOMALE, la 
Capucine, Tropæolum majus, sont les deux for- 
mes irrégulières. Dans les Corolles polypétales les 
étamines sont très-rarement attachées aux pétales; 
on ne connaît qu’un petit nombre d’exceptions, 
elles appartiennent à quelques Lychnides, à cer- 
taines Slaticées, et au genre Mécantue, Aelan- 
thium, qui n’a aucun représentant indigène à l'Eu- 
rope; les deux seules espèces connues sont cultivées 
dans un petit nombre de jardins. 

|. Une loi générale qui souffre fort peu d’excep- 
tions est de trouver les étamines dissemblables et 
irrégulières dans les Corolles irrégulières; d’ordi- 
paire, aulant celles-ci comptent de divisions, au- 
tant il y a d’élamines ; quelquefois cependant les 
étamines sont en nombre double des divisions. 


Dans les Corolles unipartites les étamines alter- 
nent avec les pétales. Chez la Corolle polypétale, 
chaque segment se détache séparément ; il faut 
excepter les Malvacées dont la corolle tombe d’une 
seule pièce après l’anthère, comme celle des 
Corolles unipartites, 

Eclat et variété des couleurs, délicatesse du 
tissu, durée passagère , odeur le plus ordinaire- 
ment suave, voilà ce qui fixe les yeux et lés sens 
sur la Corolle à l’époque où les fleurs embellissent 
la terre. Son cbjetest plus important; elle est créée 
pour garantir les parties de la fructificationdes af- 
fections auxquelles elles peuventêtre sujettes dans 
leur première période, pour favoriser leur déve- 
loppementet leur perfectionnement, et lorsqu'elle 
tombe dès que la fécondation est opérée, elle laisse 
ces soins au calice. #. aux mots Cazrce , FLEUR, 
Ovamme et PLANTE. (T. ». B.) 

COROMANDEL et MALABAR. (ciocr. Pays.) 
On appelle de ce nom les côtes qui s'étendent à 
l'est et à l’ouest de la presqu'île du Dekkan, de 
chaque côté du cap Comorin. Ces deux contrées 
diffèrent essentiellement l’une de l’autre, malgré 
leur voisinage, et présentent des contrastes de 
climat qui, au premier abord , paraissent extraor- 
dinaires, tandis qu’ils sont la conséquence toute 
naturelle d’une cause bien connue. Ainsi l'hiver et 
les tempêtes, le froid et les pluies règnent-ils sur 
la côte de Malabar ? la côte de Coromandel jouit 
d’un ciel calme et serein et de tous les agrémens 
de l'été. L'hiver, au contraire, afilige-t-il de ses 
rigueurs les plaines de la côte de Coromandel ? le 
soleil se lève brillant et chaleureux sur la côte de 
Malabar. Et pourtant ces deux côtes sont à la 
même élévation; et pourtant elles ne sont séparées 
que par la chaîne de Gate, qui s'étend du nord au 
sud de la presqu'ile indienne. Examinons quelles 
sont les époques de mutation dans les saisons, et 
voyons si elles ne nous donneront pas la clef d’un 
résultat aussi bizarre. 

À la côte de Malabar, l'hiver commence au 
mois d’avril et finit au mois d’octobre. Cette sai- 
son est extrêmement mauvaise, et il y a un tel 
trouble dans l'atmosphère que non-seulement la 
mer n’est pas navigable, mais encore qu'il n’y a 
de sûreté pour les bâtimens dans aucun port de la 
côle. Les nuages, apportés du midi, s’amoncellent, 
forment des orages et produisent des ouragans qui 
sont la terreur des habilans; poussés avec force 
vers les montagnes de Gate, ils crèvent et forment 
des torrens qui se répandent à travers les campa- 
gnes , et les inondent. 

L'été commence au mois d'octobre , et pendant 
plusieurs mois le ciel n'offre pas un nuage qui 
puisse obscurcir la lumière du soleil ; cependant, 
malgré la chaleur dévorante de ces longues jour- 
nées, les nuits sont très-froides pendant trois mois 
de l’année. : 

Les mêmes phénomènes se reproduisent sur la 
côte de Coromandel, mais en sens inverse : toutes 
ces variations si bizarres ont une cause toute na- 
turelle ; elles sont le produit des vents réguliers 
appelés moussons; on sait que du mois d'octobre 


+ 


CORO 


823 


CORO 5 


au mois de mars, le vent du nord règne pour les 


contrées au-delà de l'équateur ; ce vent du nord 
vient donc souffler sur la côte de Coromandel, tan- 
dis que la côte de Malabar est abritée de ce mous- 
son par la chaîne de Gate : au contraire, depuis le 
mois d'avril jusqu’à la fin de septembre, c’est le 
vent du sud qui souflle et quivient troubler par 
conséquent le calme et le repos de la côte de 
Malabar. 

Rien donc de plus naturel que la réunion de ces 
deux climats si différens dans des régions aussi 
voisines. 

Les Anglais possèdent sur ces côtes ces magni- 
fiques comptoirs qui élèvent si haut, par leurs ri- 
chesses, la compagnie anglaise dite des Indes 
orientales; la France possède aussi quelques 
comptoirs, mais à des conditions si onéreuses 
qu’elle en retire peu de profit. 

Une des grandes richesses de la côte de Coro- 
mandel et en même temps de l’ile de Ceylan, qui 
n’en est séparée que par le détroit dont on trouve 
partout le fond , est la pêche des huîtres à perles 
qui a lieu dans le détroit de Manaar. C’est vers le 
mois de février que cette pêche a lieu. Quand 
le commissaire anglais a déterminé le jour de 
l’ouverture et les parages où elle se fera, on voit 
arriver de différens points plusieurs milliers d’in- 
dividus, de mœurs, de nation, de croyance, de 
langage divers , qui font un vaste bazar de la baie 
de Condatchy. Leurs bateaux, longs et larges, 
avec un mât et une voile, ne tirent guère que dix- 
huit pouces d’eau. La pêche se fait par adjudica- 
tion , et il est rare que les Chingulais se mettent 
sur les rangs pour l'obtenir. Leur poltronnerie les 
tient à l'écart; on les dirait désintéressés dans un 
commerce qui s’exploite sur leur domaine. Les 
adjudicataires habituels sont des noirs qui font 
plonger leurs hommes, presque tous venus de la 
presqu’ile de Dekkan. Pendant deux mois ils ont 
le privilége de cette pêche. Pour intéresser leurs 
plongeurs à une récolte abondante et prompte, 
ils les paient en nature, dans une proportion cäl- 
culée sur les produits de la pêche. Chaque barque 
est montée de vingt hommes, dont dix plongeurs. 
Le plongeur prend entre ses deux pieds ou lie au- 
tour de ses reins une pierre de granite qui l’entraîne 
au fond de l’eau, souvent à plus de dix brasses. 
Les cordes d’amarre le retiennent de la barque, et, 
à de certaines indications, on-le hisse à bord. Te- 
nant un sac en filet d’une main et bouchant de 
l'autre ses narines, il ramasse des huîtres tant 
qu’il peut stationner en bas, puis on le ramène à 
fleur d’eau, et après lui la pierre qu'il a laissée 
au fond. Souvent, dans ce périlleux travail, le 
pêcheur rend du sang par les oreilles et par les 
narines. Toutefois l’asphyxie n’est pas le plus grand 
danger que courent ces malheureux. Sous ces la- 
ütudes équatoriales, les requins se montrent par 
bandes, et la pêche surtout leur offrant une proie 
quotidienne, ils n’ont garde de manquer à la fête. 
Contre des assaillans pareils , les pêcheurs malais 
n’ont que des ressources d’exorcisme. Un sorcier 
à bord de chaque barque, conjure les voraces cé- 


tacés, et fournit les plongeurs d’amulettes et de 
préservatifs. Cependant, en d’autres occasions, 
ces hommes hardis vont jusqu'à se faire agresseurs; 
ils cherchent le requin , le combattent et le tuent. 
En 1825, un plongeur de perles, robuste Malais 
de quarante-cinq ans, était venu à la pêche avec 
son fils, jeune homme déjà fait. Dans une de ces 
immersions , un énorme requin altaqua ce dernier 
et lui emporta une jambe. A la vue du sang qui 
rougissait l’eau, à l’aspect du visage convulsif de 
son enfant, le Malais ne dit rien, ne pleura point, 
mais il regarda à fleur d’eau jusqu'à ce que la 
dorsale du cétacé eût reparu : alors, prenant un 
couteau entre ses dents , il plongea. Pendant quel- 
ques minutes on le chercha vainement; mais un 
violent remous et quelques traînées de sang indi- 
quèrent bientôt qu’un combat sous-marin venait 
de s'engager. Il se prolongea pendant plus d’un 
quart d'heure, Le Malais revenait de temps à autre 
à la surface pour reprendre haleine, esquivait son 
monstrueux adversaire , le harcelait de profondes 
entailles dans les ouïes, dans le ventre, sur les 
flancs, partout enfin. Un dernier coup acheva 
l’animal : la mer devint rouge, les ondulations 
cessèrent , et le cadavre flotta. Le Malais vainqueur 
poussait son trophée en nageant vers la barque. IL 
était fier : son fils était vengé. 


La quantité d'huîtres perlières qui se trouvent 
sur les bancs varie suivant les saisons et selon le * 
mouvement des sables. L’accroissement de ces 
huîtres dure sept ou huit ans : elles sont d’une na- 
ture si délicate , qu’elles ne souffrent pas le trans- 
port. Les perles se trouvent dans la partie la plus 
profonde de l’huître. Quand la récolte est faite, 
il faut laisser pourrir les huîtres dans des puits, 
pour ne pas courir le risque de briser la perle en 
les ouvrant vivantes : rien n’est plus variable que 
le résultat d’une pêche : tel canot ne rassemblera 
que trois cents huîtres dans sa journée, tandis 
qu’un autre en recueillera plus de trente mille : 
les bancs d’huîtres sont comme les filons de mine, 
plus ou moins riches , plus ou moins fructueux. 
(Voyage autour du monde.) 


La côte de Goromandel renferme aussi quelques 
mines de diamans : elles se trouvent dans la chaîne 
de Gate: mais elles sont fort mal exploitées. | 

(C. d.) | 

CORONAL, Coronalis ou Coronarius. ( ANAT. ) 
Qui a rapport à une couronne. L’os coronal ( os 
frontis),a été ainsi nommé parce que c’est sur lui 
que reposeen partie la couronnedes rois. (77. Seue- 


LETTE), (M. S. A.) 
CORONILLE , Coronilla. (or. PnaAAN.) Famille 


des Légumineuses, Diadelphie décandrie. Ce joli 
genre est composé de plantes herbacées ou suf- 
frutescentes , au nombre de plus de vingt espèces, 
la plupart à fleurs jaunes, d’autres roses, blan- 
ches, pourpres ou violacées, toutes disposées en 
ombelles plus ou moins lâches , et naturelles à la 
région méditerranéenne, à l'exception de deux 
seules, la ©, varia , que l’on trouve dans toute 
l'Europe, et la €, minima, qui arrive jusqu'aux 


CORO 


304 


CORO 


A 


environs de Fontainebleau. de citerai quelques es- 
pèces seulement. 

La CononiLze DE CRÈTE, C. cretica, se cul- 
tive en pleine terre, fleurit en juin, juillet et août, 
est annuelle, munie d’une racine fibreuse, de ti- 
ges étalées sur le sol, garnies de feuilles pétiolées, 
alternes , d’un beau vert, et donne des fleurs pe- 
tites, roses, quelquefois mêlées de blanc ‘et de 
pourpre clair, auxquelles succèdent des gousses 
allongées, renfermant une graine oblongue dans 
chacune de leurs articulations. Cette espèce, re- 
présentée dans notre Atlas, pl. 124 fig. 3, avait 
été séparée de ses congénères pour èn former un 
genre nouveau sous le nom d’Artrolobium; mais 
un examen attentif de toutes ses parties l’a réta- 
blice aux lieu et place que Linné lui assigna si 
justement. 

S'il faut s’en rapporter aux observations du pro- 
fesseur Seiler de Wittemberg, on doit ranger 
parmi les végétaux vénéneux la CononizLe B1GAR- 
RÉE, C. varta, que presque tous les botanistes 
modernes disent annuelle, parce qu’ils copient ser- 
vilement une erreur commise par Lamarck, tan- 
dis qu’elle est évidemment vivace. Ce qu'il y a de 
certain, c’est que les animaux n’y touchent point; 
l'instinct leur révèle des propriétés nuisibles que 
nous ne connaissons encore que très-imparfaitce- 
ment , faute d’études approfondies. La plante trace 
avec force, ses racines serpentent au loin; j'en ai 
vu qui avaient plus de deux mètres de long et éle- 
vant de toutes parts des jets nombreux. Malgré ce 
double inconvénient, la Coronille bigarrée est 
une des plus jolies plantes d'ornement; sur une 
tige d’un mètre de haut, en partie cachée, les 
fleurs, qui sont admirablement panachées de rose, 
de blanc, de violet, et disposées douze à quinze 
en couronne avec une élégante symétrie, se trou- 
vent en si grand nombre qu’à peine elles permet- 
tent à l’œil de voir les feuilles, lorsqu'elles ont at- 
teint leur entier épanouissement. Ces feuilles sont 
ailées , à sept ou dix paires de folioles vertes, oblon- 
gues , obtuses avec une petite pointe. La plante 
est très-commune dans les fossés, sur le bord 
des chemins et des champs, surtout dans les dé- 

artemens que la Marne arrose de ses eaux si su- 
jettes à déborder. ADD.) 

CORONILLEES. (soT. PHAN.) Groupe remar- 
quable de la grande famille des Légumineuses, dont 
les genres ont subi, selon les botanistes qui les 
examinèrent, des mulations de noms et de places 
que la science n’a pas toujours ratifiées. Selon Ja 
monographie publiée dans les Actes de la Société 
Linnéenne de Paris (tom. 1v, p. 299 et suiv.), 
par Desvaux , les Coronillées offrent vingt-quatre 
genres bien distincts, établis sur plus de cent 
quatré-vingts espèces. Leur principal caractère ré- 
side dans les gousses, qui, au lieu de ne former 
intérieurement qu’une seule cavité, sont divisées 
en plusicurs loges monospermes, au moyen de 
cloisons transversales. Ce caractère important 
est-il bien philosophique ? IL n’est point exclusif 
aux Goronillées ; on le retrouve, tantôt parfaite- 
ment semblable, tantôt plus ou moins modifié, 


dans plusieurs genres, dans un grand nombre 
d'espèces de la famille des Légumineuses. Parmi 
les genres, on remarque le Caroubier , Ceratonia, 
le Févier, Gleditsia, la Poincillade, Poinciana, etc. : 
parmi les espèces, les Dolics d'Égypteet du Japon, 
Dolichos lablab et soja, le Haricot d'Espagne, 
Phaseolus multiflorus , divers Caragans, Caragana, 
et Lotiers, Lotus. On a contesté avec raison la 
nécessité du genre Artrolobium proposé par Des- 
vaux; on a rejeté le genre Æmerus de Miller ; on 
a adopté le genre Securidaca de Gærtner , Moench, 
Lamarck et Jacquin, en modifiant son nom en 
celui de Securigera, inventé par De Candolle. 

Les Coronillées sont des herbes, rarement on 
les voit prendre place parmi les sous-arbrisseaux : 
les fouilles sont impari-pennces, et les fleurs en 
ombelles. On les rencontre à chaque pas dans le 
midi de la France ,en Espagne, en Italie, en 
Grèce; on en trouve aussi en Orient et dans l’A- 
mérique du Sud. (T. ». B.) 

CORONULE, Coronula. (wozz.) Lamarck ca- 
ractérise ainsi le genre Coronule: corps sessile, 
enveloppé dans une coquille, faisant saillir supé- 
rieurement des bras pelits, sétacés et cirrheux ; 
coquille sessile , plus épaisse à sa base que vers ses 
bords, paraissant univalve, mais réellement for- 
mée de six pièces soudées, suborbiculaire, en 
cône rétus, tronquée aux extrémités, à parois 
épaisses, intérieurement creusées en cellules 
rayonnantes ; opercule de quatre valves obtuses ; 
ouverture (de la coquille) ovale et arrondie , fer- 
mée en partie par l'opercule et en partie par une 
membrane mince, adhérente au pourtour ; cavité 
intérieure (toujours de la coquille) entièrement 
tapissée par le manteau; lame recouvrant les 
cellulosités, entière et descendant jusqu’au fond ; 
ouverture inférieure close par une membrane as- 
sez épaisse. 

Les Coronules sont toutes adhérentes par leur 
base; les unes, et c’est le plus grand nombre, se 
trouvent sur la peau des grands animaux marins à 
quelques lignes de profondeur, les autres se fixent 
sur les Lortues, les coquilles, etc. 

Comme espèces bien connues , nous ne cile- 
rons que la CoronuLE DIADÈME, Coronula diadema, 
la CoRoNULE RAYONNÉE, Coronula balænaris, et 
la CoRoNULE DES TonTUEs, Coronula testudinaria 
de Lamarck. ë | 

La première, représentée dans notre Atlas, 
pl. 39, fig. 4, est subeylindrique, tronquée et 
sexangulaire ; les angles sont crénelés, lisses dans 
leurs intervalles; l'ouverture est ovale , fermée par 
un opercule bivalve, semi-lunaire, petit, etc. 

La seconde est orbiculaire, convexe, à six 
rayons étroits et striés transversalement, La troi- 
sième, plus plate que les deux précédentes , est 
convexe , blanche; son ouverture est ovale, fer- 
mée par un opercule quadrivalve, les six rayons 
qu'elle présente sont striés transversalement et 
Ics intervalles qui les séparent sont lisses ; enfin, 
contrairement à la Coronule diadème, sa ca- 
vité intéricure est plus grande inférieurement que 
supérieurement, (EE) 


EEE SR RER RO 


CORO 


325 


CORP 


2 


COROPHIE, Corophium. (crusr.) Genre de 
l’ordre des Amphipodes, établi par Latreille et 
ayant pour caractères : quatre antennes, les in- 
férieures beaucoup plus grandes que les deux su- 
périeures, en forme de pieds , et dont la dernière 
pièce n’est composée que de trois articles, et pa- 
raît se terminer par un petit crochet. Ces crusta- 
cés ont quelques ressemblances avec les Talitres ; 
mais ils s’en distinguent par les articles peu nom- 
breux de la dernière pièce de leurs antennes. Les 
Corophies ont le corps presque cylindrique , les 
yeux saillans, comprimés; leur tronc est divisé 
en sept anneaux supportant chacun une paire de 
pattes ;-la première paire et Ja seconde sont ter- 
minées par une main, dont les doigts sont cro- 
chus, mobiles et presque égaux entre eux. Les fe- 
melles présentent, près de la base inférieure des 
pieds, des lames membraneuses en forme d’écailles, 
dont la réunion forme une espèce de poche : elles 
servent à retenir les œufs et même les petits jus- 
qu’à ce qu'ils aient acquis assez de force pour 
s'isoler. L’abdomen est divisé en sept anneaux 
présentant chacun en dessous une paire de fausses 
pattes, terminées pardes filets divisés en deux bran- 
ches très-mobiles et analogues aux pieds nageurs 
et branchiaux des Stomapodes. L’extrémité de 
l'abdomen est courbe en dessous et munie d’ap- 
pendicesnatatoires. L'espèce unique servant detype 
au genre est le CoroPniE LONGICCRNE, Corophium 
longicorne, Latr., Cancer grossipes, Linn., Gam- 
marus longicornis,Fabr., que nous avons représenté 
dans notre Atlas, pl. 124, fig. 4. M. D’Orgignypère 
a fait connaître les mœurs de ces singuliers ani- 
Maux, qui paraissent se multiplier en grand nom- 
bre dans la belle saison. Ces crustacés se trouvent 
dans la vase des bords de l'Océan: ilsse nour- 
rissent principalement de plusieurs annélides, 
telles que les Néréides, les Aphrodites, les Aréni- 
coles, elc. , et leur font une guerre sans relâche. 
D’après les observations de M. d’'Orbigny,on voit à la 
marée montante des myriades de ces pelits crus- 
tacés s’agiter en tous sens, baitre la vase de leurs 
grandes antennes , la délayer pour tâcher d’y dé- 
couvrir leur proie: ont-ils rencontré une annélide, 
souvent cent fois plus grosse que chacun d'eux, 
ils se réunissent et semblent agir d'accord pour 
l’attaquer el ensuite pour la dévorer ; ils ne ces- 
sent leur carnage que lorsqu'ayant fouillé et 
aplani toute la vasière, ils ne trouvent plus de 
quoi assouvir leur voracité ; alors ils se jettent sur 
les mollusques et les poissons qui sont restés à sec 
pendant la marée basse, et sur les moules qui se 
sont détachés des palissades des bouchots. On 
désigne ainsi par le nom de bouchot, dans le golfe 
de Gascogne des espèces de parcs à moules arti- 
ficieis , formés par des pieux et des palissades et 
avancés quelquefois d’une lieue dans la mer. Ces 
pieux et palissades sont tapissés de fucus, et les 
moules qui s’attachent à ces végétalions marines 
sont recueillies par des pêcheurs qui portent le 
nom de boucheleux. Lorsque la marée est basse, 
le boucheleux se rend à son bouchot; mais pour 
y arriver et afin de ne pas s’enfoncer dans la vase, 


il fait usage d’une sorte de nacelle qu’il dirige et 
pousse en mettant un pied dehors et l’appuyant 
obliquement sur le sol mou. Sans l’usage de cette 
nacelle , la récolte des moules serait impossible. 
Pendant l'hiver, le vent, qui règne le plus souvent 
du sud au nord-ouest, rend la mer très-grosse ; 
la vase est délayée et inégalement amoncelée ; le 
sol de l’intérieur des bouchots a l’aspect d’un 
champ préparé en sillons presque égaux et souvent 
élevés de trois pieds. Lorsque la saison devient 
chaude, les sommets de ces sillons restant exposés 
à l’ardeur du soleil pendant le temps de la mer 
basse, s’égouttent, se durcissent, et, les petites 
nacelles des boucheleux ne pouvant surmonter de 
semblables obstacles, la pêche des moules devient 
alors impraticable. Ce que des milliers d'hommes 
ne parviendraient pas à exécuter dans tout le 
cours de l’été, les Corophies l’achèvent en quel- 
ques semaines ; ils démolissent et aplanissent plu- 
sieurs lieues carrées couvertes de ces sillons ; ils 
délaient la vase, qui est emportée hors des bou- 
chots par la mer. À chaque marée, et peu de 
temps après leur arrivée, le sol de la vasière se 
trouve avoir une surface aussi plane qu’à la fin de 
l'automne précédent. À cette époque seulement, 
le boucheleux peut recommencer la pêche des 
moules. Soit que les Corophies s’enfoncent pro- 
fondément dans la vase pour y passer l'hiver, soit 
que , à la manière de la plupart des crustacés, ils 
se retirent pendant la saison froide dans des mers 
plus profondes, ils ne commencent à paraître 
dans les bouchots que vers le milieu du mois de 
mai, et ce Lemps est celui où les annélides dont 
ils se nourrissent sont le plus abondantes. C'est 
vers la fin d'octobre qu'ils quittent les bouchots ; 
l’émigration est générale, et il n’est pas rare alors 
de n'en plus rencontrer un seul là où ils étaient 
très-nombreux quelques jours avant.  (H. L.) 
COROSSOL où CACHIMENT. (80. Pnan.) On 
donne ce nom au fruit du Gorossolier, espèce du 
genre ANone. Ÿ. ce mot. (GuEr.) 
COROSSOLIER. Nom vulgaire, aux Antilles, 
de l’_Ænona muricata. (GuËr.) 
CORPS. (zoo. nor. win.) On définit la matière, 
tout ce qui occupe de l’espace, ou qui a de la 
longueur, de la largeur et de l'épaisseur, en un 
mot tout ce qui peut agir sur nos sens, el l’on 
appelle Corps une portion de la matière : Fair, 
une pierre , un animal , une plante sont autant de 
Corps. On a proposé de diviser les Corps en orga- 
niques el en inorganiques, où bruts, les derniers 
différant des premiers en ce qu'ils cristalhsent, 
tandis que les autres s'organisent; ou en d’autres 
termes, les premiers jouissant de la vie, se re- 
produisant par génération etse développant dans 
des limites fixes et par intussesceplion ; les autres 
prenant leur accroissement par agrégalion régu- 
lière ou irrégulière, ou, comme on dit, par juxta- 
position. Celte division ne saurait être d’une ap- 
plication toujours exacte. Les Corps diffèrent 
encore entre cux par leurs propriétés physiques, 
c’est-à-dire par les circonstances dans lesquelles 
ils s'offrent direclement à nos sens et par leurs 


CORS 
Dm | 
propriétés chimiques, c’est-à-dire par celles qui 
pe se refnnnaissent qu'à l’aide de certains agens 
dont on fait usage. Ainsi la consistance , tel que 
l’état solide, liquide ou fluide, l'étendue, la den- 
sité, la dureté, la couleur, la transparence , l'odeur, 
la saveur, la sonorité, elc., sont des propriétés 
physiques ; l'électricité, le magnétisme, la fusibi- 
lité, la dissolubilile, Yacidité, Y'alcalinité, sont des 
propriétés chimiques. Le même Corps peut sc 
présenter dans des états différens; ainsi l’eau est 
tantôt à l’état de glace, tantôt à l’état liquide et 
tantôt à celui de vapeur. Les Corps sont considé- 
rés comme sémples ou élémentaires tant qu’on n’est 
pas parvenu , par les moyens connus d’analyse, à 
les décomposer en deux ou plusieurs parties cons- 
tituantes. On appelle Corps composés ceux qui, 
soumis à l'épreuve des réactifs, ne présentent pas 
le caractère d’homogénéité chimique. Le nombre 
des élémens devra nécessairement varier suivant 
les progrès que fera la science; un grand nombre 
de Corps, considérés long-temps comme simples, 
ont été décomposés depuis plusieurs années au 
moyen de l'électricité. Onn’admettait autrefois que 
quatre élémens ; aujourd'hui le nombre des Corps 
simples a dépassé cinquante. (P. G.) 

CORRISPERME , Corrispermum. (5or. pHan.) 
Etabli par Linné et par lui placé dans sa Monan- 
drie diandrie, ce genre, de la famille des Chéno- 
podées , paraît, selon l'observation judicieuse de 
Kitaibel, devoir entrer dans la Pentandrie. Ilcon- 
tient une douzaine d’espèces herbacées, annuelles, 
amies des endroits sablonneuxde l’ancien continent, 
et que lon trouve aux bords des grands bassins 
de la Méditerranée, de la Caspienne et du lac 
Baïkal. Leurs tiges efilées portent des feuilles al- 
ternes, élroiles, des fleurs verdâtres, petites, 
sans apparence, disposées en épis et donnant 
naissance à une graine nue, ovale, comprimée, 
plane d’un côté, convexe de l’autre, entourée 
d’un rebord membraneux. On n’a jusqu'ici re- 
connu aucune propriété utile aux diverses parties 
de ces plantes. 

Quelques botanistes ont confondu ensemble 
deux espèces distinctes de Corrispermes indigènes 
à la France; d’autres ont été plus loin ; ils ont 
déclaré comme étrangère à la flore française le 
CORRISPERME A FEUILLES D'HYSOPE, Corrispermum 
hyssopifolium. Gette espèce a été trouvée sur les 
sables aux bords du Rhône, au-delà de la treille 
d’Isigny, aux environs de Lyon, par fen notre ami 
Balbis, qui fut botaniste exact; ellese distingue du 
CornisPerMe DE ManrsuaLzz, C. Marshali, le seul qui 
se rencontre aux environs de Montpellier et 
d'Agde (et non pas le premier, comme l'indique 
l'auteur de la Flore française, tom. lit, p. 397, 
n° 2278), par son fruit échancré ; tandis que, dans 
le Corrisperme à feuilles d'hysope, il est terminé 
par un petit bec à son sommet. (T. ». 8.) 

CORSE, (cfocr. pays.) Située à 68 lieues au 
sud-est de la France, dont elle forme un départe- 
ment, cette île montagneuse présente de loin l’as- 
pect d’une énorme pyramide. Sa position avanta- 
geuse entre l'Espagae et l'Italie, nos côtes méri- 


326 


CORS 


dionales et la Sicile, permet d'espérer qu’elle de- 
viendra une station commerciale importante, Son 
climat est favorable aux denrées coloniales, 
et ses habitans, encore simples et grossiers, de- 
viendront une des populations les plus intéres- 
santes de la France, lorsque le double bienfait de 
la civilisation et de l'industrie aura plus générale- 
lement pénétré parmi eux. 


La Corse a ‘plus de 41 lieues de longueur, 
plus de 19 de largeur et 495 de superficie. C’est 
une des plus grandes îles de la Méditerranée. 


Ses montagnes forment, avec celles de Sar- 
daigne, un seul et même système que M. Bruguière 
appelle sardo-corse, et qui se dirige du nord au 
sud, en une chaîne qui se divise dans la Corse 
seule en dix rameaux , dont cinq sont sur le ver- 
sant oriental et cinq sur l’occidental. Le sommet 
le plus haut de ces montagnes est le Monte io- 
tondo , après lequel on peut en citer neuf autres 
quiont plus de 2,000 mètres d’élévation. Nousallons 
les mentionner tous : 

mètres 
2,672 
2,652 
2,650 
2,900 


2,498 


Le. Monte Rofondo. :1.... 200 
Le Monte d Oro: 1 a ce 
Le Monte Paglia-Orba. . . ,. . .. 
Le Monte Cardo ou Cervello. . . .. 
Le Monte Padro. . . 
Le Monte Artiea. ?. . . . . «à =. 420 
Le Monte Renoso . . . . . . … . = 122297 
Le Monte Ladroncello. . . . . . . .* 2,155 
Le Monte dell Incudine. , . . . . . 2,096 
La Punta della Gapella. . . . . . . 2,049 


Suivant M. Elie de Beaumont, c’est entre le 
commencement et la fin de la période tertiaire 
que furent soulevées les montagnes qui couvrent 
la Corse et la Sardaigne. Quant à la constitution 
géologique de la première de ces deux îles, nous 
en donnerons en peu de mots une idée en rappelant 
ce que nous avons dit ailleurs, c’est-à-dire que la 
plupart des terrains de la Corse appartiennent à 
la formation granitique ; que les calcaires analo- 
gues à ceux des Alpes et du Jura se font remar- 
quer dans deux parties opposées de l’ile : d’abord 
sur la côte orientale , un peu au nord de Porto- 
Vecchio, et sur la côte septentrionale au fond du 
golfe de Saint-Florent ; qu'enfin des calcaires plus 
récens et des grès calcarifères, qui appartiennent 
à la dernière époque du séjour de le mer sur nos 
continens , occupent seulement la partie méridio- 
nale de l'ile, aux environs de Bonifacio. 

A ces généralités nous en ajouterons d’autres 
tirées de quelques observations faites par M. Rey- 
naud et consignées dans un Mémoire récent, 
D'abord nous devons dire que la chaîne qui tra- 
verse la Corse étend de longs rameaux qui peuvent 
la faire considérer comme formée de deux parties : 
l’une orientale et l’autre occidentale, M. Reynaud 
pense que celle-ci est d’une époque de soulève- 
ment antérieure à l’autre; que la partie orientale 
existait déjà, au moins en partie, au moment de la 
formation du terrain tertiaire; que des disloca- 
tions particulières ont dû amener Ja différence 


I 


CORS 


827 


CORS 


RER — RIRE 2 110 I RÉ TGE  eST Dé ET Tonnerre EE 


que l’on observe dans la hauteur de ce terrain 
au dessus du niveau de la mer. Le dépôt de Saint- 
Florent est celui dont les couches présentent les 
indices les plus frappans de soulèvement ; les fis- 
sures profondes qu'on remarque dans quelques 
parties du cap Corse, surtout aux environs de 
Bastia, et le dépôt considérable de blocs roulés, 
mélangés d'argile et de sable grossier, qui forment, 
dit M. Reynaud, la plaine marécageuse de Bigu- 
glia, ont probablement quelque rapport avec le 
soulèvement du terrain de Saint-Florent, qui se 
trouve dans leur voisinage. 

«Au reste, ajoute M. Reynaud, le sol de la 
x Corse ne paraît avoir subi aucune variation de ni- 
» veau depuis les temps historiques. Il existe sur 
»le littoral deux points de repère qui permettent 
» d'en faire une vérification assez exacte. L’étang 
» de Diane, qui formait le port de la ville antique 
» d'Aleria, a conservé une profondeur qui le ren- 
» drait encore commode aujourd'hui pour les bä- 
» timens de petite dimension, si, par suite de son 
»abandon, l'entrée n’en avait été complétement 
» ensablée. L'île de Cavolo, dans le détroit de Bo- 
»nifacio, a servi long-temps de carrière aux Ro- 
» mains, qui y faisaient exploiter par leurs esclaves 
» un beau granite grisâtre à grains fins : on voit 
»encore la petite anse dans laguelle les navires 
» venaient charger les blocs et les colonnes, et le 
»pilier tout usé auquel on attachait les amar- 
res. » 

La Corse possède depuis les temps les plus re- 
culés des mines d’excellent fer qui sont encore 
fort abondantes ; plusieurs étaient exploitées par 
les Romains. On y connaît aussi des filons de 
cuivre, d'antimoine et de plomb argentifère. Ce 
dernier minéral est assez riche près de Saint- 
Florent. L’alun existe dans plusieurs localités ; on 
y trouve aussi du jaspe, de l'amiante et du talc. 
Parmi les roches qui composent les montagnes, 
nous citerons de belles serpentines, des granites 
gris, roses et verdâtres, des porphyres bruns ou 
d’un beau vert, des syénites variées en couleurs, 
des marbres statuaires et cipolins , et surtout cette 
belle roche de diorite plus connue sous le nom de 
granite orbiculaire, dont on fait des vases précieux ; 
et cette aatre roche appelée pyroméride, que l’on 
ne trouve que dans cetteîle, comme la précé- 
dente, et que l’on nomme aussi porphyre orbicu- 
laire. Ce sont les carrières de la Corse qui ont 
fourni le granite destiné au piédestal de; l’o- 
bélisque de. Luxor et au soubassement de la 
colonne de la grande armée, en remplaçant le 
marbre qui supporte celte belle masse de bronze : 
* La plus importante des îles françaises aura produit 
le plus grand génie des temps modernes et la base 
d’un monument qui rappelle sa gloire et qui porte 
sa statue. 

Cette île possède aussi plusieurs sources ther- 
males dont les principales sont celles d’Orezza, 
de Sant-Antonio, de l'ium orbo, et de Guagno. 
Les deux dernières surtout étaient célèbres du 
temps des Romains. 

. Les cours d'eau les plus remarquables de Ja 


Corse sont : à l’est, le T'avignano et le Golo; à 
l’ouest, le ’alinco, le Taravo, la Gravone, le 
Liamone et le l'ango ; mais aucun de ces cours 
d’eau n’est navigable. 

Les contours sinueux de l'ile forment plusieurs 
golles, dont les principaux sont ceux de /’alinco, 
d'Ajaccio, de Porto et de Saint-Florent, et des 
caps au nombre desquelson remarque le cap Corse, 
le cap de Bonifacio et le cap de Spano. 

Des lacs considérables, dont le plus important 
est celui de Biguglia, long de 13,000 mètres, se 
font remarquer principalement sur la côte orien- 
tale ; on en compte encore trois autres dans la 
masse granitique qui forme les montagnes de l'ile : 
l’un est à proprement parler la source dela rivière 
de Restonica; un autre, celui de Creno, s'écoule 
dans le Liamone ; enfin le lac Vino, dont la sur- 
face est immense, mais qui a très-peu de pro- 
fondeur, n’est plus qu'un vaste marais , qui, dans 
les chaleurs de l'été, reste à sec et fournit d’ex- 
cellens pâturages. 

Le climat de la Corse n’est pas malsain, grâce 
aux montagnes et aux forêts qui couvrent l’inté- 
ricar de l'ile. Cependant les eaux stagnantes pro- 
duisent , dans les lieux bas et pendant la saison 
chaude, des exhalaisons quelquefois dangereuses. 
L'été y est très-chaud, mais les brises de mer en 
tempèrent l’ardeur. L'hiver, le froid est excessif, 
surtout dans les montagnes. Les vents dominans 
sont le strocco,qui apporte la pluie ; la tramontana, 
qu'accompagne souvent la neige, elle lebeccio, dont 
le souflle terrible cause de grands ravages et dés 
racine les arbres. Les vents irréguliers sont le 
maestro el le grecole. 

Le sol produit du froment, du seigle, du mil- 
let et de l'orge, avec lequel les habitans nourris- 
sent leurs chevaux et leurs mulets, car ils n’ont 
pas d'avoine. Il ÿ croît aussi beaucoup de lin, dont 
on fait des toiles grossières ; plusieurs cantons 
produisent d’excellens vins; néanmoins on doit 
avouer que l’agriculture y est très-négligée ; les 
deux tiers du sol sont encore en friche ; le châ- 
taignier, l’oranger, le cotonnier, mais surtout 
l'olivier, qui y réussissent sans culture, pourraient 
devenir une source de richesses pour une popula- 
tion industrieuse ; les plantes inutiles dont le sol 
est couvert pourraient produire chaque année 
50,000 quintaux de potasse; enfin le mûrier 
pourrait nourrir une quantité innombrable de 
vers à soie, el les habitans laissent dépérir ceux 
que M. de Maxbeuf y avait propagés. La canne à 
sucre, le coton, l’indigo, réussissent déjà dans 
plusieurs localités. Enfin, nous le répétons, la 
France pourrait trouver dans le sol fertile de la 
Corse, dans son climat propre à la produclion 
des denrées coloniales, une source de richesses 
qui n’attend que des soins et des encouragemens 
pour s’y acclimater. 

Au mürier et à l'olivier qui croissent près des 
côles, succèdent sur les flancs des montagnes le 
châtaigner, le pin, le chêne, le hêtre et le 
sapin. 

L'ile nourrit toutes sortes d'animaux sauvages 


DE rl © s 


CORT 


328 


CORY 


et domestiques; les chevaux, les mulets et les 
ânes y sont pelits, mais d’une vigueur et d’une 
agilité remarquables ; il y a beaucoup de gibier, 
point de loups et peu d'animaux venimeux. Les 
lacs , les rivières et les côtes renferment beaucoup 
de poissons; on recueille en abondance, sur la 
côte qui fait face à la Sardaigne, trois espèces de 
corail , du blanc, du noir et du rouge. 

Le Corse, considéré sous le point de vue physi- 
que, est généralement d’une taille moyenne, d’une 
complexion nerveuse, d’un tempérament bilicux 
et mélancolique. Son œil est vif et son teint légè- 
rement basané. Sous le point de vue moral, il est 
d’un naturel insouciant ; il est frugal, comme tous 
les peuples peu civilisés; sa nourriture rappelle 
celle des bergers de Virgile. 

Sant nobis mitia poma, 
Castaneæ molles et pressi copia lactis; 
(Eglogue I.) 

Elle consiste principalement en châtaignes et en 
laitage; aussi faut-il au Corse très-peu deterre pour 
nourrir sa famille ; mais son état moral demande 
des améliorations que l’industrie et la propagation 
des lumières pourront seules effectuer ; ainsi, l’es- 
prit de haine et de jalousie des villages de l'inté- 
rieur transforme les habitans en autant de tribus en- 
nemies, et cet acharnement se remarque même 
chez les gens riches, dont l'instruction estpluséle- 
vée;tout lemonde a entendu parler de cettevendetta, 
ou faux point d'honneur, qui fait un devoir à tousles 
membres d’une famille d’exterminer jusqu’au 
dernier ceux de la famille qu'il regarde comme 
ennemie de la sienne. L’assassinat , le vol, et le 
faux témoignage, encore trop communs chez ce 
peuple, diminueront sans doute à mesure que la 
civilisation se propagera chez lui, et il pourra 
alors marcher de front avec le reste de la nation 
française, dont il fait partie. ; (J. H.) 

CORSELET, T/orax. (ixs.) Nom que l’on 
donne vulgairement à la portion du thorax visi- 
ble entre la tête et les élytres ; celle portion varie 
beaucoup, selon les ordres, non-seulement de 
forme , mais de composilion, puisqu’elle peut offrir 
un seul segment, ou tous les segmens; aussi ce 
mot devrait-il êtreretranché des descriptions , 
à moins de le restreindre à la signification que je 
viens d'indiquer. Voy. Tnorax et Insectes. 

(A P.) 

CORTICIFÈRES.(zoorn. acar.)Acalèphes fixes 


dont les parois, encroûtées de matière sablonneuse, 
se collent les unes aux autres el s’étendent en larges 
expansions à la surface des corps sous-marins. On 
les rencontre sur les côtes de l'Amérique septen- 
trionale. (P5 Ga) 
CORTICIFÈRES. (zoopm. roryr.) Pelypiers 
rangés dans la troisième section de la division des 
flexibles ou non entièrement pierreux. Ils sont 
composés de deux substances : une extérieure ou 
écorce ; l’autre centrale, nommée axe et qui sup - 
porte la première. Gette section se divise en trois 
ordres : les Sronar£es, les Gonconifes, les Isnées. 
(Voyez ces mots.) : (PAG 


CORTUSE, Cortusa. (B0T. PHAN.) Genre de la 
famille des Primulacées, et qui, dans le système 
de Linné , appartient à la Pentandrie monogynie.. 
Caractères : calice à cinq divisions ; corolle ro- 
tacée ; limbe à cinq lobes; étamines au nombre 
de cinq, ayant cinq étamines adnées et linéaires; 
stigmate unique ; capsule s’ouvrant par le sommet 
en cinq valves selon Linné, en deux suivant 
Gærtner. 

CortTuse DE MarTrmioze, C. Matthioli, Lin, 
Jacq. (Icones, t. 32) : feuilles radicales pétiolées, 
au nombre de 3 ou 4; fleurs rose-violet , formant 
une sorte d'ombelle sur une hampe cylindrique de 
1 ou 2 décimètres de hauteur. On trouve cette 
plante dans les Alpes de l'Italie et de l'Autriche ; 
mais elle est fort rare. 

Le nom qu’elle porte est celui d’un ami de l’'E- 
cluse, qui, le premier des botanistes modernes, 
chargea un végétal de perpétuer le souvenir de 
son ami. (G: G.) 

CORYDALE, Corydalis. (ivs.) Genre de Né- 
vroptères de la famille des Planipennes, créé par 
Latreille, qui lui donne pour caractères rigoureux: 
mandibules très-allongées en forme de cornes dans 
les mâles ; antennes non pectinées , ailes disposées 
horizontalement. Ces insectes, étrangers et peu 
nombreux dans les collections, sont tout-à-fait 
inconnus sous le rapport des mœurs ; Latreiïlle a 
pensé que les larves devaient être aquatiques , je 
pense plutôt qu'elles doivent avoir de l’analogie 
avec celles des Raphidiens. 

Le C. connu, €. cornuta de Latreille, est long 
de près de deux pouces, et les mandibules du mâle, 
droites et comme striées transversalement, ont 
près de 9 lignes de long; l’insecte, les ailes éten- 
dues, a près de cinq pouces d'envergure ;"il est 
entièrement brun pâle avec les ailes entièrement 
enfumées, avec les réseaux transverses plus foncés; 
la tête est plate, large, les yeux très-satllans, trois 
ocelles réunis en triangle à la même hauteur que 
les yeux, la tête fortement chagrinée , bidentée de 
chaque côté en arrière des yeux. Le prothorax est 
long, beaucoup plus étroit que la tête, ainsi que 
le reste du tronc et l’abdomen. On en voit une 
très-bonne figure dans l'ouvrage de Palisot de 
Beauvois sur les insectes d'Afrique et d'Amérique, 
pl. 1, fig. 1, Névroptères. Cette espèce paraît 
n’être pas rare aux États-Unis. (A.:2) 

CORYDALIDE, Corydalis. (8oT. PHAN.) Genre 
de la famille des Fumariées, indiqué par Gærtner 
sous le nom de Capnoides, puis étabii par Vente- 
nat sous son nom acluel (Corydalis, en grec! 
alouette; une espèce de fumeterre ctait appelée 
ainsi à cause de la forme de son éperon). Ce bo- 
taniste y comprit toutes les espèces de Fumaria 
de Linné qui portent une capsule bivalves et po - 
lysperme. Depuis on a encore scindé ce genre 
en plusieurs autres, d’après des considéra- 
tions peu graves, mais auxquelles M. De Candolle 
donne le poids de son approbation. 

Ainsi restreint , le genre Corydalis a pour ca- 
ractères : calice de deux sépales opposés, petits 
et tombant de bonne heure, parfois prolongés à 


leur 


D 2 20e 


‘CORY 


329 


. CORY 


oo 


leur base; corolle tubuleuse, formée de quatre 
pétales inégaux, quelquefois légèrement soudés à 
leur pied : le supérieur, qui est le plus grand, se 
prolonge à sa base en un éperon cbtus, plus ou 
moins recourbé ; l'inférieur , de même forme ct de 
même largeur, n’a point d’éperon; les deux laté- 
raux sont semblables et presque entièrement re- 
couverts par les deux autres. Six étamines diadel- 
phes, chaque faisceau portant trois anthères, 
l'une biloculaire , les autres uniloculaires. Style 
grêle, stigmate simple, glanduleux. Capsule al- 
Jongéeet comprimée , à une loge s'ouvrant en deux 
valves , et contenant plusieurs graines. 

M. De Candolle a décrit vingt-huit espèces de 
Corydalides, répandues dans les diverses parties de 
J’hémisphère boréal. Toutes sont herbacées , nais- 
sent d’une racine fibreuse ou tuberculeuse, por- 
tent des feuilles alternes (opposées dans deux es- 
pèces du Levant) et décomposées, des fleurs jaunes 
ou rouges, disposées cn épis terminaux. Parmi 
celles qui croissent en Europe ou en France, nous 
citerons les suivantes : 

La Convpazine Jaune, Corydalis lutea, De 
Cand. ( Æumaria de Linné, Capnoïdes de Gært- 
ner), espèce qui pousse ses tiges grêles et ra- 
meuses entre les fentes des vieux murs. Ses feuilles 
sont d’un vert glauque, profondément découpées. 
Aux fleurs, qui sont jaunes, succèdent des sili- 
ques ou capsules contenant qualre graines d’un 
noir luisant. 

La Corypazine BuLBEUSE , C. bulbosa, De C., 
a pour racine un tubercule irrégulier , enveloppé 
de tuniques membraneuses ; sa tige porte à sa base 
des écailles embrassantes ; deux ou trois occupent 
sa partie supérieure. L’épi est rouge et entremêlé 
de bractées multifides. Cette espèce croît dans les 
lieux ombragés et humides , ainsi que la Corypa- 
LIDE TUBÉREUSE, C. tuberosa, laquelle n’a point 
d’écailles à Ja base de sa tige. 

On voit dans les jardins la CoRYDALIDE DE St 
BËmE, C. nobilis, Jacquin. Sa tige est tubercu- 
leuse comme les précédentes. Ses fleurs, nom- 
breuses et rassemblées en un épi peu allongé , sont 
-d’un jaune pale, et pourpre au sommet des ailes. 
(L.) 

CORYMBE, Corymbus. (5or. Pnan.) On nomme 
ainsi un groupe de fleurs dont les pédoncules, 
partant de diflérens points de la tige, arrivent 
tous à la même hauteur. Les fleurs de la Jacobée, 
de la Millefeuille et de plusieurs autres composées, 
ainsi que celles du Sorbier, sont disposées en Co- 
rymbes. Ce mode d’inflorescence à beaucoup de 
rapport avec l’Ousecce (Voyez ce mot.) (L.) 

CORYMBIFERES , Corymbiferæ. (80T. rHAN.) 
Une des trois grandes tribus de la famille des Sy- 
nanthérées ou Gomposées , établie primitivement 
par Vaillant, puis adoptée par de Jussieu et par la 
plupart des modernes. Elle correspond à peu près 
à la famille des Zadices de Tournelort ou Astérées 
de quelques auteurs , qui continuent à prendre les 
rayons de la circonférence pour caractère de c'as- 
sification, bien que cette inflorescence n’existe 
pas quelquefois dans toutes les espèces d’un même 


Tone II. 


genre. D’un autre côté, il faut avouer que, malgré 
leur titre de Corymbiféres, tous les genres de celte 
famille n’ont pas leurs fleurs disposées en corymbe, 
Le caractère tiré du corymbe comme celui qu’on 
tire des rayons ne sont qu’arlificiels et trompe- 
raient quelquefois. 

Nous dirons, à l’article général des Synanthé- 
rées, pourquoi les savans qui ont le plus étudié 
cette vaste famille ont pu imaginer chacun des 
classifications différentes, et pourquoi aucune n’est 
basée sur des caractères bien tranchés. Nos Co- 
rymbifères, par exemple , se lient à Jeurs tribus 
confraternelles par une telle gradation de res- 
semblances , qu'on ne sait où fixer les limites res 
pectives. Rien de particulier à dire sur l'aspect 
général de la tige, tantôt annuelle et tantôt vi- 
vace, herbacée ou bien frutescente; ni sur les 
feuilles simples ou lobées , et en général alternes ; 
rien même d’absolu sur l’inflorescence, si ce n’est 
qu’elle est ordinairement en corymbe. Essayons 
de tirer des organes floraux les caractères ou plu- 
Lôt les différences qui séparent les Corymbifères 
des Carduacées et des Chicoracées. 

Capitule. Ordinairement radiée, c’est-à-dire por- 
tant au centre des fleurons hermaphrodites, et à 
Ja circonférence des demi-fleurons unisexués ou 
neutres; parfois entièrement fosculeux, et alors 
tous les fleurons sont hermaphrodites. Dans ce 
second cas, le capitule ne diffère point en appa- 
rence de celui des Carduacées. 

Involucre. Variant dans sa forme et dans sa. 
disposition , comme celui des autres Synan- 
thérées. 

Réceptacle. Variant de la forme plane jusqu’à la 
conique; ne portant jamais autant de soies ou 


_ paillettes que celui des Carduacées ; plus souvent 


nu ou alvéolé. 

Etamines. Cinq, à filets disjoints ou réunis ; 
à anthères réunies par leur base ; nues ou munies 
d’un appendice. 

Style. Jamais il n’est renflé au sommet , et ne 
présente l’anneau de poils glanduleux qui carac- 
térise toutes les Carduacées. S'igmates , au nom- 
bre de deux. RAS PR 

Fruit. Tantôt nu, tantôt couronné d’une ai- 
gretle, ou d’un simple rebord membraneux. 

Les Corymbifères comprennent un très-grand 
nombre de genres, que l’on a classés en diffé- 
rentes seclions artificielles, d’après les caractères 
du réceptacle, l’inflorescence radiée ou floscu- 
leuse, la présence, la forme ou l'absence de l'ai- 
grette. Henri Cassini, qui n’admeltait point les 
trois grandes divisions de la famille des Synantt é- 
rées, a réparti Jes genres que nous nommons Co- 
rymbifères entre treize de ses nombreuses tribus : 
les caractères qu'il donne font preuve de ses pro- 
fondes et scrupuleuses études ; mais trop souvent 
is sont vagues ou au moins très-difficiles à saisir; 
voici Ja liste de ces tribus : 1° Arctotidées, 2° Ca 
lendulées , 3° Hélianthées, 4° Ambrosiées , 5° Au- 
thémidées, 6° Inulées, 7° Astérées, 8° Sénécio- 
nécs , 9° Mutisiées, 10° Tussilaginées, 11° Adé- 
nostylées, 12° Eupatoriées , 15° Vernonites. 


122° Livraison, 42 


CORY 


RobertBrown 
d'importantes observations sur la classification des 
Corymbifères;; ne pouvant citer tous les auteurs , 
nous nous bornerons à .donner ici le sommaire 
d’une division:très-simpleet d’un usage facile; elle 


est de À. Richard. 


PREMIÈRE SECTION. — RÉCEPTACLE NU. 


1° Point d’aigrette. Fleurs radiées : Souci, 
Marguerite, Malricaire. Fleurs flosculeuses : Ab- 
sinthe, Tanaisie, Cotula. 

2° Aigrette composce d’écailles ou d’arêtes. Fleurs 
radiées : Arctotide, OEillet d'Inde, Doronic. 
Fleurs flosculeuses : Calomérie, Stevia. 

5° Aigrette poilue, ou plumeuse. Fleurs radiées : 
Sénecon, Aunée, Aster, Tussilage. fleurs flos- 
culeuses : Immortelle , Eupatoire , Chrysocome. 


SECONDE SECTION. — RÉCEPTACLE PALÉACÉ. 


1° Aigrelte poilue. Gonyze, Filage, Micrope. 

> Aigrette formée d'arêles. Goréopside, Amelle, 
Bident. 

3 Aisrette formée de paillettes. Hélianthe, Hé- 
lenium. 

4 Aigrette marginale. Dahlia, Anthémide. 

5° Aigrette nulle. Millefeuille , Santoline. 


Les exemples cités sufliront pour comprendre 
cette classification. Celle de H. Cassini est pro- 
bablement plus naturelle ; mais elle exige trop de 
science pour être employée facilement à l’arran- 
gement des herbiers ou à la détermination des 
genres. (L.) 

CORYNE. (zooPu.roryr.) Genre de l’ordre des 
Polypes nus de Guvier, offrant un corps renflé en 
massue ou oviforme, à bouche terminale, sup- 
porté par un pédicule plus ou moinslong et charnu, 
simple ou rameux ; le polype est alors composé de 
plusieurs individus; ce corps est couvert d'appen- 
dices épars et mobiles. M. Lamouroux a fait re- 
marquer que ce genre difftrait des Hydres, dont 
Bosc, Bruguière et Lamarck l'avaient rapproché ; 
que dans l’un il existait des tentacules autour de 
la bouche, qu'on ne trouvait pas dans les autres, 
au moins auprès de celte partie. Il pense aussi que 
ces appendices ne sont pas deslinés, ainsi que l’a- 
vait indiqué Gærtner, à saisir la proie et à l'appro- 
cher de la bouche; mais qu'il est plus probable 
qu'ils sont la base des bourgeons qui doivent 
par suite donner naissance à de nouveaux indivi- 
dus, Les Corynes sont des animaux presque mi- 
croscopiques , portés sur un pédicule long et très- 
souple qui leur permet toutes sortes de mouvemens; 

leur bouche, très-apparente , est située au sommet 
du corps; l’un et l’autre se contractent, se dila- 
tent et s’allongent d'une manière remarquables ; 
les unes sont porlées sur un pédicule simple, les 
autres forment un pelit arbusculepar leur réunion. 
Ce pédicule est uni, contourné, ou annelé ; à Ja 
base du corps et des appendices se voient souvent 
des bourgeons graniformes, qui se détachent à des 
époquesinconnues pourproduire d’autres apimaux, 
On rencontre ordinairement les Corynes dans la 
mer Atlantique; mais il est probable qu'il doit s’en 


et Kunth ont l’unet l’autre fourni | trouver auss 


i dans les autres parties de l'Océan; 
c’est au moins l'opinion de M. Lamouroux, anquel 
nous avons emprunté celle description. On distin- 
gue dans ce genre plusieurs espèces dont les prin- 
cipales sont : la: GorYNE MuLTIcOoRNE, très-pelite, 
à pédicule court et simple, un peu en massue, 
terminé par un corps oblong, couvert de nombreux 
appendices sétacés; on l’a trouvée sur des hydro- 
phytes de la mer Rouge : la CoRYNE ÉCAILLEUSE à 
pédicule simple, cylindrique, portant un corps 
ovale, pointu ou tronqué suivant la forme que 
l'animal donne à sa bouche ; la ConyNE GLanpu- 
LEUSE, qu’on rencontre assez fréquemment sur les 
sertulaires et les hydrophytes du nord de la 
France, de l'Angleterre et de la Belgique. 
(P. G.) 

CORYPHE, Corypha.(æorT, Pan.) Genre appar- 
tenant à la famille des Palmiers , et à l'Hexandrie 
monogynie de Linné. Caractères : fleurs herma- 
phrodites à périanthe double, trifide; les étami- 
nes sont au nombre.de six ; les ovaires au nom- 
bre de trois; les styles soudés, surmontés d’un 
stigmate indivis; les fruits bacciformes. 

Ce genre comprend environ une quinzaine d’es- 
pèces , de diverses grandeurs, dont la cime est 
garnie de frondes élégamment palmées , et qui, 
tournant autour du globe, avec l'équateur, for- 
ment à la terre une magnifique ceinture végé- 
tale. C’est surtout le ConyPne PARASOL, Corypha 
umbraculifera, L. , le type du genre, quiest di- 
gne d’admiration : sa tige est une colonne droite}, 
parfaitement cylindrique , s’élançant à vingt ou 
vingt-cinq mètres dans les airs, et dont le cha- 
piteau est un faisceau de feuilles pinnées, s’éla- 
lant en vaste parasol, à folioles plissées, jointes 
ensemble par la partie inférieure. Au centre de 
ces feuilles s'élève un spadice conique, allongé, 
couvert d’écailles imbriquées , el produisant laté- 
ralement des rameanx simples, alternes et égale- 
ment couverts d’écailles. L'aspect de ce pédon- 
cule général ainsi ramifié, et d’une hauteur de dix 
mètres, est, dit-on, celui d’un immense candéla- 
bre. Les fleurs en panicules nombreuses sortent 
des écailles du spadice ,et forment des épis ren- 
versés, Les’ baies sont sphériques , grosses comme 
une pomme de reinette, lisses, vertes et succu- 
lentes ; elles renferment un noyau dont l’amande 
offre une chair ferme. Jusqu'à trente-cinq ans, 
le Coryphe parasol ne fait que monter vers le ciel, 
el produire des couronnes de feuilles dont une 
seule peut servir d’abri à quinze ou vingt person- 
nes. Parvenu à cet âge, il se pare tout à coup d’un 
nombre infini de fleurs, auxquelles succèdent des 
fruits innombrables, qui mettent quatorze mois 
à mûrir. Mais, hélas! c’est la couronne de la vic- 
time qui va être immolée : le Coryphe, dès cet 
instant, a perdu toute vigueur ; il ne tarde point 
à périr. On trouve ce superbe et singulier végé- 
tal dans les Indes orientales, sur la côte de Mala- 
bar, à Ceylan. Les Indiensse servent deses feuilles 
pour en faire des tentes, des parapluieset la cou- 
verture de leurstoits. Cest le papyrus des Malais, 
sur lequels ils gravent leurs letires avec un stylet. 


a 


.« 


CORT 1 E 


31 


GORY 


Les noyaux des fruits du Coryphe, tournés, polis’ et 
peints en rouge, servent à faire des colliers qui 
imitent ceux de corail. Des spathes suinte, quand 
on les coupe, un suc qui, desséché au'soleil, devient 
un vomitif très-violent. 

On peut voir, dans Humboldt et Bonpland, la 
description d’autres espèces intéressantes de ce 
genre. . (G. £.) 

CORYPHENE, Coryphœna. (rorss.) Ge. sont 
de beaux et grands poissons, célèbres parmi les 
pavigateurs pour la rapidité de leur natation, et 
la guerre qu'ils font aux poissons volans. I1 faut 
avoir vu les Coryphènes suivre les vaisseaux en 
troupes plus ou moinsnombreuses, pour se former 
une idée de leur beauté. En effet, lorsqu'elles na- 
gent à la surface de la mer, surtout sous un ciel 
sans nuages, leur corps brille des couleurs les 
plus variées , et plus resplendissantes les unes que 
les autres, suivant l’aspect sous lequel on les con- 
sidère. La vivacité, la variété et la grâce de leurs 
mouvemens ajoutent encore au magnifique as- 
sortiment des couleurs dont elles sont parées , 
et qui leur valurent une haute célébrité parmi 
les marins. Ce,sont des poissons d’une telle vora- 
cité qu’ils voguent autour des vaisseaux , les ac- 
compagnent avec constance, et saisissent avec tant 
d’avidité tout ce que les passagers jettent à la 
mer, qu'on a trouvé dans leur estomac de grands 
clous. On profite d’autant plus de leur glouton- 
nérie pour les prendre, que leur chair est ferme, 
et très-agréable au goût. Pendant le temps de 
leur frai, c’est-à-dire dans le printemps et dans 
l'automne, on les pêche avec des filets auprès des 
rivages , vers lesquels ils se rendent pour déposer 
ou fécontler leurs œufs; la ligne est encore une 
excellente manière.de s’en procurer ; il suflit de 
disposer un bouchon auquel on attache deux pe- 
ttes plumes avec du fil, pour imiter tant bien 
que mal les ailes d’un poisson volant, d’y laisser 
pendre l’hamecon en guise de queue, et de faire 
filer cet appât l'arrière du à bâtiment , pour ob- 
server, dès que le bouchon sélance hors de 
Veau , les Coryphènes se disputer à qui doit mou- 
rir. Ce genre de pêche n’est pas seulement di- 
vertissant, il est fort utile à bord, où, lorsque 
depuis long-temps on ne vit que de viande salée 
et de légumes, la chère fraîche et savoureuse 
d’un poisson bon à manger, vient faire diversion 
à la monotonie de lä:mauvaise chair. On les ac- 
commode de plusieurs manières; mais on s’en dé- 
goûte bientôt, parce que l’on en prend trop, dès 
l'instant où l’on commence à les pêcher, après 
avoir fait une longue abstinence. Le genre Cory- 
phène , tel que Linné l'avait primitivement établi, 
a été subdivisé en CoryPnànes proprement dites , 
qui ont la tête très-élevée, le profil courbé en arc 
et tombant rapidement, les veux fort abaissés , 
la bouche bien fendue et armcée de dents en car- 
des , et la dorsale beaucoup plus haute antérieure- 
ment; en Lamwpuczs, qui ont la même dentition, 
mais dont la tête est oblongue, peu relevée , les 
yeux placés à une hauteur moyenne , et la dorsale 
égale et basse sur toute son étendue; et en GEN- 


TROLOPHES, qui, avéc une forme un peu moins al- 
longée, ont le palais dénué de dents et un inter- 
valle entre l’occiput et le commencement de la 
dorsale. Ces trois sous-genres, quoique différens 
dans la forme de leur tête , et même sur quelques 
points plus importans, sont néanmoins assez voi- 
sins les uns des autres, et forment un groupe na- 
turel. Le premier de ces groupes est le genre Co- 
RYPHÈNE, Coryphæna, Cuv., dontle corps est com- 
primé , allongé, couvert de pelites écailles ; une 
dorsale qui règne sur toute la longueur du dos, et 
se compose de rayons presque également flexibles, 
quoique les antérieurs n’aient pas d’articulation. 
La figure 1, pl. 125 de notre Atlas, représente 
la Grande CorvPnÈène DE La MÉprrerrANÉE, Co- 
ryphæna hippurus, Lin., dont le corps est en 
forme de lame , et la caudale divisée jusqu’à sa 
base en deux lobes étroits et pointus; la joue, 
une petite partie de la tempe, et tout le corps, 
sont couverts d'innombrables écailles, minces, 
oblongues, s'étendant même sur la caudale ; mais 
les autres nageoires verticales n’en ont point. Ce 
poisson est d’un bleu argenté en dessus, avec des 
taches bleues plus foncées sur le dos, et plus 
claires sur le ventre, la pectorale est moitié plom- 
bée et moitié jaune. Les ventrales, jaunes à leur 
face inférieure, sont noirâtres à la supérieure, et 
l’anale est jaune. 

Les Lawpuces, Lampugus, Cuv., ne diffèrent 
des Coryphènes proprement dites, qu’en ce qu'ils 
ont une tête oblongue peu élevée et leur œil dans 
une position moyenne; la première espèce, le 
Lampuce PÉLAGIQUE, Lampugus pelagicus, Guv., 
est abondante dans la Méditerranée : elle ressem- 
ble presque en tout à la Coryphène, si ce n’est 
par sa petite taille, et sa tête peu élevée ct allon- 
gée; et le nombre des rayons de la nageoire dis- 
tingue en outre le pélagique, auquel on ne doit 
avoir donné le nom qu'il porte que pour désigner 
l'habitude de se tenir fréquemment en pleine mer. 

Les Cenrrorornes , Centrolophus, Lacép. , ont 
le palais dénué de dents, et un intervalle sans 
rayons entre l’occiput et le commencement de la 
dorsale. On en connaît jusqu’à présent cinq es- 
pèces. La première est le GENTROLOPHE POMPILE , 
Centrolophus pompilus, Guv., Coryphæna pompilus, 
Linné. Son corps est oblong et comprimé, la 
crête du crâne est légèrement tranchante, et 
presque en ligne droite. Chaque mâchoire est gar- 
nie d'une rangée de petites dents fines, pointues, 
disposées comme des cils ; mais la langue et tout 
le palais sont entièrement lisses ; tout le corps de 
ce poisson est couvert d'innombrables petites 
écailles rondes ; il est d’unecouleur bleue très- 
foncée’ ou noirâtre, glacée de verdâtre près la 
tête ; de nombreuses taches argentées, oblongues, 
sont semées sur les côtés, qui sont entièrement 
pointillés de noirâtre. Tout ce que l’on sait des 
habitudes de ce poisson, c’est qu'il se montre sur 
les parages de la mer en avril et en septembre. On 
en fait peu de cas, attendu que sa chair n'est 
pas très-délicate. C’est probablement sur les côtes 
méridionales de la Méditerranée qu'il fait son ha- 


cos 


bitation ordinaire. Il est très-rare sur celles de 
Provence ct de Languedoc, selon Rondelet ; Risso 
assure que la femelle pond en automne, et que 
l’on pêche des individus de cette espèce en toute 
saison dans les endroits vaseux. (Azrn. G.) 
CORYSTE, Corystes. (crusr.) Genre de l’ordre 
des Décapodes, famille des Brachyures, section 
des Iétérocheiïles, tribu des Orbiculaires , établi 
par Latreille et ayant suivant lui pour caractères : 
- test ovoïdo-oblong , crustacé , antennes latérales 
longues, avancées, ciliées ; second arlicle des pieds- 
mâchoires extérieurs allongé, rétréci en pointe 
obluse à son sommet, avec une échancrure au 
dessous; yeux écartés, situés à l'extrémité d’un 
édicule de longueur moyenne , presque cylindri- 
que , un peu courbé ; longueur des trois premières 
paires de pieds diminuant progressivement; les deux 
antérieurs beaucoup plus longs dans les mâles que 
dans les femelles. Ces crustacés ont beaucoup de 
rapport avec les Leucosies et les Thies; mais ils 
s’éloignent des premiers par la longueur deleurs an- 
tennes , l'allongement des pédondules des yeux, 
la forme du second article des pieds-mâchoires , 
la cavité orale qui est carrée, et par leur test qui 
est un peu moins bombé et qui est tronqué poslé- 
rieurement. Les régions qu'indique M. Desmarest 
y sont légérement marquées , et représentent dans 
certains individus, en se prêtant un peu à l'illusion, 
uve sorte de figure humaine grimacée; les régions 
branchiales sont très-allongées , la cordiale man- 
que. Ils diffèrent des Thies par leur carapace qui 
est plus allongée ; l'abdomen, qu'on nomme im- 
proprement queue, est composé de sept anneaux 
dans les femelles, et de cinq seulement dans les 
mâles. L’abdomen des femelles est presque ovale; 
celui des mâles a la forme d’un triangle plus ou 
moins allongé. Le type du genre, dont on ne con- 
naît encore qu'une seule espèce , est le ConvsTe 
DENTÉ ,Corysles dentata, Lat.; où Albunea dentata 
de Fabricius qui est le même que le Corystes cas- 
sivelanus de Leach. M. Guérin, dans son Icono- 
graphie du Règne animal de Cuvier, en a donnéune 
très-bonne figure. Ce crustacé se rencontre sur 
les’ côtes d'Angleterre ; M. d’Orbigny l’a souvent 
pêché dans le golle de Gascogne, sur une assez 
grande étendue en mer. (EH. L.) 
COS. (aux. ) Les Romains ont entendu par le 
mot Cos une pierre à aiguiser. Celle qu’on esti- 
mait le plus se tirait de Crête et du mont Taygète; 
elle s’employait avec de l'huile; venait ensuile 
celle de Naxos, dont on faisait usage avec de l’eau ; 
et, suivant Pline, auquel nous empruntons ces 
faits, il en existait une troisième dont les barbiers 
seservaient en l’humectant de salive. Nous croyons, 
d’après les échantillons que nous avons recueillis 
au mont Taygèle, et d’après l’origine actuelle des 
pierres du Levant, dont une partie vient de la 
Crête (Candice), que le Cos n’était autre chose que 
celte dernière pierre, ou qu’un caleaire siliceux ct 
talqueux, variété à grains très-fins du marbre ci- 
olin. (E. B.) 
COSSON, Cossonus. (ins. ) Genre de Go'éop- 
tères de la famille des Rhyncophores, établi par 


332 x 


COSS K 


Clairville et démembré des Calandres, dont il dif- 
fère par les antennes épaisses, insérées vers le 
milieu de la longueur du rostre , à peine plus lon- 
gues que lui, ayant huit articles avant la massue. 
Ce sont des animaux épais et lourds de formes, 
assez pelits et qui n’offrent, ni par leur figure, ni 
par leurs mœurs, rien de bien remarquable. (A.P.) 

COSSUS , Cossus. (1xs.) Genre de Lépidoptères 
de la famille des Nocturnes, tribu des Bombyci- 
tes. Fabricius a établi ce genre sur des papillons 
nocturnes, ayant pour caractères : antennes aussi 
longues au moins que Je corselet, n’ayant , dans 
les deux sexes, qu'une seule rangée de dents ; la 
trompe est nulle. Les Chenilles sont nues, et vi- 
vent dans l’intérieur des arbres ; elles possèdent la 
faculté de dégorger une liqueur d’une odeur forte, 
que l’on croit propre à ramollir les fibres du bois. 
Ces Ghenilles paraissent très-sensibles à l’action de 
l'air; car si on les sort du bois ouelles vivent, elles 
filent aussitôt une espèce de toile pour se mettre à 
l'abri de son contact ; elles font une coque dans la- 
quelle entre, comme matériaux, une partie de la 
sciure de boïs qui les entoure ; les Chrysalides ont 
chaque segment de l'abdomen armé de deux rangs 
d'épines , au moyen desquelles, quand le papillon 
est près d’éclore , elles s’avancent jusqu'à l'entrée 
du trou par où il doit sortir. 

Ce genre est peu nombreux en espèces; la plus 
connue de notre pays est le Gossus GATEBOIS, 
C. ligniperda, Fab. God., hist. des Lép. d'Eu- 
rope, représenté dans notre Atlas, pl. 125, f. 2 et 3. 
Long de quinze lignes; gris blanchâtre, avec des 
stries transverses sur les ailes supérieures, noires, 
et une bande courbe en arrière du thorax ; les an- 
tennes sont blanches en arrière et noires du côté 
des dents. Commun partout ; la Chenille fait sou- 
vent assez de dégâts; elles est blanchâtre, avec le 
dos rouge sanguin. (A. P.) 

COSSYPHE, Cossyphus. (ixs.) Genre de Go- 
léoptères de la famille des Taxicornes, section des 
Hétéromères, établi par Olivier, qui lui donne pour 
caractères : dernier article des palpes plus grand 
que les autres, sécuriforme; massue des antennes 
de quatre articles, la plupart transversaux; le 
second et les suivans presque identiques , corselet 
recouvrant enlièrement la tête; ces insectes ont 
une figure très-singulière. Ils représentent un pe- 
tit morceau de feuille desséchée, de la forme d’un 
carré long arrondi bien régulièrement aux deux 
bouts, un peu relevé tout autour, ne laissant aper- 
cevoir ni palles ni antennes; car, en effet, la 
dilatation des segmens supérieurs dépasse Île 
corps tout autour de plus que sa largeur ; la pla- 
titude de leur corps et la couleur peuvent ajou- 
ter à l'illusion. Ces insectes vivent sous les écorces 
des arbres dans tous les pays chauds; les espèces 
n’en ont pas encore été étudiées avec beaucoup 
de soin, et, comme elles se ressemblent beaucoup, 
il est possible que plusieurs aient été confondues 
sous le même nom. | ! 

C. pépmué, C. depressus, Fab. Long de qua- 
tre à cinq lignes; couleur feuille morte foncée 
avec les pattes plus obscures, deux côles élevées 


ET, 


ZAC orvphœne 


2 
[VA 


Cossus 


Z Counga 


COTE 


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COTI 


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sur Ja portion des élytres siluée au dessus du 
corps. De l’Inde. (A. P.) 

&OSTE, Costus. (nor. PHAN.) Genre de la fa- 
mille des Balisiers de Jussieu, ou Scitaminées de 
Brown, et de la Monandrie monogynie de Linné. 
Caractères : anthère double, filet placé en dehors 
de l’anthère, allongé, plane et ovale, lancéolé à 
son sommet; capsule triloculaire, s’ouvrant en 
dehors, contenant un grand nombre de graines ; 
tige inclinée en spirale, fréquemment hérissée et 
quelquefois frutescente. Ge genre se compose de 
planies indigènes des Antilles, de Ja Guiane , du 
Pérou , elc. Mais le Cosre £uiGanT, C. speciosus, 
Sm. et Roscoe, apparlient à l’ancien monde : il 
croît à Java, Sumatra et dans les autres îles de 
la Sonde; il a la tige feuillée, simple , haute d’un 
mètre ; les feuilles alternes , acuminées , très-gran- 
des , vertes supérieurement , el couvertes de poils 
soyenx en dessous ; l’épi terminal, court , sessile, 
cenoïde, imbriqué d’écailles ovales et terminées 
en pointe. Les fleurs s’épanouissent successive- 
ment. Le périanthe est soyeux', blanc ou jaunâtre, 
composé de trois pièces, dont l’une est fort grande 
et repliée en dehors. La racine est blanche, ram- 
pante, noueuse , tendre et très-fibreuse. (CG. £.) 

COTE, Costa. (aNAT.) On appelle ainsi les arcs 
osseux qui concourent à former les parties laté- 
rales de la poitrine. W. Squezerre. (M. S. A.) 

: COTE, Costa. (80T. ruan.) La côte, dans cer- 
tains fruits, comme le melon, ne demande guère 
de définition. Toute ligne saillante à la surface 
d’un organe végétal, fenille ou fruit , est une côte. 
La plupart des fruñs d’ombellifères sont marqués 
de côtes. La nervure principale et moyenne des 
feuilles recoit aussi ce nom. (L.) 

GOTE et COTEAU. (c£ocn. Puys.) On désigne 
sous le nom de côte, une colline peu élevée qui 
se prolonge autour d’une plaine et qui joint celle- 
ci à une plaine plus haute ou à un plateau. 

Le nom de coteau est réservé pour désigner la 
pente même d’une côte ou d’une colline : ce sont 
des coteaux qui bordent les vallées. 

Les côtes et les coteaux offrent des profils plus 
ou moins heurtés , des pentes plus ou moins in- 
clinées, suivant la nature des roches qui compo- 
sent les collines auxquelles ils appartiennent. On 
conçoit en effet que des sables , des mornes , des 
calcaires , des grès, des schistes, ou d’autres ro- 
ches, soient, en raison de leur degré de solidité, 
différemment modifiées par l’action de phénomè- 
nes atmosphériques. Les coteaux sont ordinaire- 
ment cultivés avec soin , parce qu’ils ne sont pro- 
pres qu'à la pelite culture : celle-ci est variée 
selon la nature du sol et son exposition, Dans les 
pays où la vigne réussit, les coteaux en sont ordi- 
nairement couverts. (J. H.) 

COTE. (céocr. Pn7s.) Ce mot est employé pour 
désigner le bord ou le rivage de la mer. On dit 
que Ja côte est basse lorsqu’elle s’élève peu au des- 
sus de la surface de l’eau, et qu’elle est acore ou 
à pic lorsque le côté qui regarde la mer s’élève dans 
un plan presque vertical. Ges deux sortes de 
côles indiquent deux dispositions très-différentes 


du fond de la mer. Les côtes en pente douce 
bordent toujours une mer peu profonde, et indi- 
quent aux navigaleurs qu'ils peuvent y trouver 
un licu facile pour jeter l’ancre. Les côtes orien- 
tales de l'Amérique et de l'Asie appartiennent gé- 
néralement à cette classe : à 8 ou 10 lieues du 
rivage , la mer n’a pas plus de 10 à 12 brasses de 
profondeur. Les côtes acores dominant au con- 
traire une mer très-profonde, on ne peut y trou- 
ver un ancrage. facile. C’est ce qu'il est aisé 
d'observer en examinant celles qui bordent le 
côté occidental de l'Amérique méridionale et de 
l’ancien continent. La nature de ces deux sortes 
de côtes est facile à expliquer par l’action des 
Counans. (/. ce mot.) 

* Nous devons aussi faire observer que les deux 
côtés d’un détroit sont toujours bordés de côtes 
acores, parce que la plupart des détroits sont for- 
més par la rupture de certaines portions de con- 
tinens. (J. H.) 

COTENTIN ou CONSTANTIN. (c£ocn. pays.) 
Cette division ancienne de la Normandie était 
comprise entre l'Océan au nord et à l'ouest, la 
rivière de Vire à l’est, et une petite chaîne de col- 
lines au sud ou vers Avranches. On y distinguait 
le Cotentin proprement dit et le Bocage ; ce sont 
en effet deux régions physiques distinctes : l’une 
est le plateau qui s'étend de Grandville à Ville- 
dieu, avec une hauteur moyenne de 150 à 200 : 
mètres ; el l’autre, beaucoup plus basse, compre- 
nait le territoire fertile de Valognes et de Caren- 
tan. Les roches granitoïdes et schisteuses forment 
le sol du plateau, tandis que les formations se- 
condaires et tertiaires occupent tout le sol bas du 
Bocage et se prolongent vers Caen. C’est ainsi 
que, dans toule la France, des circonstances 
physiques et presque toujours géognostiques ont 
donné lieu aux anciennes circonscriptions. 

Le Cotentin est la partie la plus septentrionale 
de la région des terrains primordiaux de l’ouest, 
qui occupe la Vendée, la Bretagne et une partie 
de la Normandie et du Maine. (, Régions naTu- 
RELLES, } (B.}: 

COTINGA, Ampelis. (o1s.) Les Cotingas, les 
Piauhaus, les Avéranos, ct les Jaseurs, que Linné 
comprenait dans son genre Æmpelis, forment au- 
jourd’hui autant de genres distincts que quelques 
ornithologistes ont proposé de réanir dans la pelite 
famille des Ampelidés, Ce sont des Passereaux 
dentirostres , tous remarquables par la richesse 
de leur parure. A l’époque des amours , ils sont 
ornés des plus vives couleurs; mais ce moment 
passé, la plupart perdent leur éclat, et n’ont 
plus qu’un plumage lerne ct sombre. Les Cotin- 
gas ont les ailes longues, à deuxième ct troisième 
rémiges dépassant les autres ; leur queue est mé- 
diocre , élargie, et leurs tarses courts et faibles. 
On connaît un assez bon nombre d’espèces dans 
ce genre, lesquelles sont toutes propres à l’'Amé- 
rique méridionale, et sont fort difliciles à carac- 
tériser à cause des variations qu’elles éprouvent 
suivant les diverses saisons ; voici les plus remar- 
quables. 


COTO 


334. 


COTO 


er 


Corimen ouErTrTE, À. carnifex, qui vient de 
Cayenne; il a la calotte, le ventre et le: croupion 
d'un bel écarlate , et lé: reste d’un rouge passant 
au roussâtre, 

Corinea pomrapour, A4: pompadora, est d’un 
joli pourpre clair avec les pennes des ailes blan- 
ches; il a la taille un peu plus forte que le merle 
ordinaire. 

Connon 81Eu, 4. cotinga, du plus bel outre- 
mer, avec la poitrine violette, traversée d’un ru- 
ban bleu et marquée de quelques taches aurores. 
Il habite la Guiane et le Brésil. Nous l’avons re- 
présenté dans notre Atlas, pl. 125, fig. 4. 

Corinca gLEu, Corinca PourPrE, l’un du Bré- 
sil, l’autre de la Guiane, ont des. couleurs en 
rapport avec les noms qu'on leur a donnés. 

(Gerv.) 

COTON. (sor.Pnax.) Duvetfloconneux, long, 
très-fin, de couleur blancheourousse,querenferme 
Ja capsule du Gotonnier, qu’il déborde de toutes 
parts au moment où la maturité des graines l’oblige 
à s'ouvrir. Ce duvet est, avec la soie, le lin e£ la 
laine, la matière la plus nécessaire aux hommes 
pour leurs vêtemens; on en fait des toiles, les 
meilleures pour la santé, puisqu'elles s'imprègnent 
de la transpiration insensible et de Ja sueur, dans 
les temps chauds, sans causer aucun refroidisse- 
ment; elles conviennent surtout dans les climats 
septentrionaux pour se garantir du froid ou du 
moins pour le rendre moins âpre. Les femmes de 
la Crimée, en sortant du bain, s’enveloppent 
d’un long peignoir de Coton, qui s’imbibe aussi- 
tôt de toute l’eau répandue à la surface du corps, 
sèche parfaitement la peau, et ne laisse aucune 
prise à l'air. 

On fait aussi des tissus de Coton que l’on varie 
à l'infini, cette substance se combinant avanta- 
geusement avec la laine, la soie, le lin et le chan- 
vre. La finesse, la souplesse, la légèreté, la dou- 
ceur de ses fils ne les empêchent nullement de 
durer beaucoup, de prendre très-facilement les 
diverses nuances que la teinture veut leur impri- 
mer, et de la conserver fort long-temps. La mous- 
seline en est la preuve : c’est l'étoile la plus: moel- 
leuse, la plus déliée et la plus souple connue ; 
c'est encore celle qui occupe le moins de place, 
qui dessine le mieux les formes gracieuses, et sa- 
tisfait le plus décemment les caprices d’une aiï- 
mable coquetterie. Parmi les étoffes solides, on 
emploie fréquemment le basin, le piqué , le nan- 
kin, la futaine , le drap et le velours; les couver- 
tures de Coton et la bonneterie sont des branches 
importantes de commerce ; outre le linge de corps, 
le Coton fournit aussi un excellent linge de table 
et d'office; on en fait du damassé dont la beauté, 
la finesse égalent celles que l’on obtient du lin. 

Le papier de coton date d’une grande antiquité; 
les Persans , les Chinois, les Japonais et les In- 
diens en font usage de temps immémorial, pour 
leurs tentures , pour l'impression et l'écriture. Il 
est plus épais, un peu moins fin el moins blanc 
que celui qui se prépare , depuis le onzième siècle 
de l’ère vulgaire, avec le chiffon de lin.oùu de 


chanvre ; il remplit convenablementiles divers em- 
plois auxquels on le destine : il supporte bien l’en2- 
cre , el relient les couleurs les plus rebelles, #s 
nuances Jes plus délicates. Le papier de la Chine 
ct du Japon recoit des dimensions extraordi- 
naires. 

La France tire de l'étranger , année commune, 
de vingt à trente-cinq millions de kilogrammes 
pesant de coton en laine; l'Angleterre de quatre- 
vingts à cent quatre millions. Un curieux a voulu 
se rendre compte de la destinée de quatre kilo- 
grammes de coton recueillis dans un village bhéeb 
de la province de Déhli, dans le Mogol, et voici 
cequ'ilasu. Ces quatre kilogrammes ont descendu 
du fleuve de la Jumna dans celui du Gange ; et, 
arrivés à Calcutta, ils ont recu quatre destinations 
différentes. Le premier kilogramme partit pour 
la Chine et fut compris dans les cinquante mil- 
lions de. kilograannes que l'Inde aujourd'hui 
britannique vend annuellement sur les marchés 
de Kanton; il a été livré, pour sa part, contre un 
quart de thé , acheté à raison detun franc quatre- 
vingts centimes le kilogramme et vendu modes- 
tement douze franes aux consommateurs du conti- 
nent européen. La seconde portion du coton 
bhéel , embarquée sur un navire américain, a pro- 
duit une valeur quintuple en marchandises indi- 
gènes aux élats de l'Union. Les deux autres por- 
tions ont été expédiées sur l'Europe ; l’une est ve- 
nue en France, où elle a été ouvrée; cardée; 
mise en fil dans le court espace de sept minutes, 
puis converlie, en dix autres minutes, en un 
tissu charmant qui fit les délices de la mode et 
passa, dans l’espace de six mois, dans plus de vingt 
mains différentes , vendu, troqué, prêté , volé, 
teint , reteint , dépecéet ruiné totalement. L'autre 
est passé chez les Anglais; du port du débarque- 
ment elle est partie pour Manchester, où elle fut 
de suite convertie en filet ensuite envoyée à Pais- 
ley ; en Ecosse, pour y être tissée; le tissu obtenu 
fut porté dans le comté d’Ayr pour y subir une 
préparation, et de à reporté à Paisley afin d'y 
être rayé élégamment par des procédés compli- 
qués , mais prompts et ingénieux. Conduit alors 


à Dumbarton, dont les ateliers à broder n’ont’ 
point de rivaux, il est descendu à Renfrew pour 


être blanchi, et à Glascow à l'effet d'y recevoir 
une dernière facon. De Glascow il est venu à Lon- 
dres et embarqué pour l'Inde. Dans l’espace de 
moins d’une année cette quatrième portion de 
coton, partie de Délhi, y est revenue après avoir 
été l’objet du travail et du profit de trois cents 
personnes, après avoir parcouru plus de deux 
mille quarante-quatre myriamètres, où quatre 
mille.six cents lieues communes, et là, elle a servi 
d’abord à couvrir le sein d’une heureuse odalis- 
que , puis à rendre plus légère et plus voluptueuse 
la danse d’une jeune bayadère ; enfin à périr mêlée 
aux haillons d’une vieille esclave. 

Partout où le Coton abonde il sert à rembour- 
rer les matelas, coussins, sofas et autres siéges , 
à remplacer les fourrures, à garnir les couvre- 
pieds, les douillettes; etc. Il ne demande aucun 


tes 


QE 


COTO 


335 


COTO 


apprêt , il suffit de cueillir cette, bourre soyeuse, 
.de la dépouiller de l’enveloppe et de la graine 
pour Jui donner tel emploi que l’on désire. 

(T. ».,B.) 

COTONNIER, Gossypium. (mot. pHan. et 
acn.) Genre de la famille des Malvacées et de la 
Monadelphie polyandrie; il comprend des arbris- 
seaux et des herbes dont les feuilles sont alter- 
nes , lobées ou palmées , et dont les fleurs, grandes, 
belles et remarquables par leur ample corolle, 
produisent des capsules ovoïdes qui, dans quelques 
espèces , contiennent un duvet laineux d’une blan- 
cheur éclatante, que l’on nomme Coton, comme 
mous venons de le voir. Les caractères du genre 
sont 1°un calice double, dont l'extérieur, plus grand 
que l’intérieur , est divisé jusqu’à sa base en trois 
folioles larges, frangées, planes, presque en cœur, 
tandis que l’intérieur est monophylle, en forme 
de gobelet et à bord obtusément quinquéfide ; 
2° cinq pétales, dressés, un peu en cœur, planes, 
ouverts, cohérens à leur base; 3° un grand nom- 
bre d’étamines, dont les filamens, réunis inférieu- 
rement en une colonne pyramidale, et libres su- 
périeurement, adhèrent à la corolle par leur base, 
et portent de petites anthères réniformes ; 4° un 
ovaire simple, globuleux, supère, acuminé, 
surmonté d’un style simple , un peu épaissi à son 
sommet, aussi long et même plus long que les 
€tamines dont il traverse la colonne ,.et offrant de 
trois à quatre sillons qui dénoncent cinq styles 
intimement soudés. Le nombre des stigmates varie 
de trois à cinq. Le fruit qui succède est , ainsi que 
je viens de le dire, une capsule arrondie ou ovale, 
pointue à son sommet , s’ouvrant par trois et ra- 
rement’quatre valves, et divisée intérieurement 
en trois ou quatre loges, contenant chacune de 
trois à sept graines noires, ovoides , enveloppées 
dans un flocon de duvet très-fin. 

Les Cotonniers en arbres ne seraient que très- 
difficilement introduits en France : ce sont des 
espèces délicates de l'Inde et de l'Arabie qui ne 
dépassent point les côtes méridionales de la Médi- 
terranée ; elles se sont fixées aux îles Canaries et 
sur le continent américain, qui fut le théâtre de la 

loire, du haut patriotisme et des amers chagrins 
de l'illustre Bolivar : on les trouve aussi cultivées 
avec succès dans quelques unes des Antilles et dans 
les parties de l'Amérique du nord voisines du Tro- 
pique. Les Cotonniers herbacés méritent seuls de 
fixer l'attention des propriétaires ruraux, ce sont 
les seuls que l’on puisse essayer avec la certitude 
d'en obtenir de bons, d’utiles avantages. Mais, 
comme ils demandent, ainsi que leurs congénères, 
une exposition chaude, de bons abris, et une hu- 
midité en rapport constant avec la température du 
sol; comme ils rédoutent singulièrement les ge- 
_ Jées, et qu'ils veulent être suivis , depuis l'instant 
du semis jusqn'après les récoltes, avec un soin tout 
particulier , il faut s'en occuper seulement dans le 
midi. En 1807, le gouvernement voulut inspirer 
le goût de celte culture sur tout le sol français ; un 
gros livre fut publié par son ordre pour amener à 
des essais; mais l’auteur, tranger aux études bo- 


taniques , aux recherches sévères, nous annonça 
fastueusement que le-Cotonnier n’était point pour 
nous une plante nouvelle , puisqu'elle était au quin- 
zième siècle en pleine culture aux environs de 
Hyères et dans toute l’ancienne Provence. Mal- 
heureusement celte assertion test fausse ; elle dé- 
coule de textes-que l'écrivain impérial n’a pas en- 
tendus, puisque, s’il fallait les adopter, il convien- 
drait en même temps de dire que le Poivrier, le 
Cannellier et le Giroflier étaient alors cultivés en 
grand dans ces mêmes régions. Si quelques pieds 
de Golonniers , apportés d'Italie , ont été vus aux 
environs de Hyères, ilss’ y trouvaient en petit nom- 
bre, limités chez un ou deux curieux; mais jamais 
on ne les y a vusen forêts, comme l'avance Lastey- 
rie et les deux annalistes Abel Jouan et Pierre Que- 
queram de Beaujeu sur lesquels il s’appuie. Aux 
deux époques par eux citées, l’agriculture nationale 
était ensevelie dans la fange de la routine, écra- 
sée sous le pied de la féodalité, dévorée par la 
dime, le système colonial et le monopole. 

Les récompenses promises pour l'introduction 
du Cotonnier déterminèrent de nombreuses ien- 
Latives; mais eomme les instructions parties des 
bureaux ne fournissaient point les lumières sulli- 
santes pour diriger les expérimentateurs dans le 
choix de l'espèce, dans celui de la graine, dans 
celui du-terrain, dans les pratiques de première 
urgence , il -en est résulté des mécomptes qui ont 
jeté le découragement dans l'âme des propriélaires 
les plus riches, des cultivateurs les plus intelhi- 
gens. Aux environs de Bordeaux et dans quelques 
communes du département de Lot-et-Garonne, 
on donna Ja préférence au COTONNIER VELU, 
G. hirsutum, arbrisseau des pays chauds de l'A- 
mérique, à graine verte, à duvet fin mais court; à 
Pibrac, département de la Haute-Garonne, ce 
fut le Coronnier @LaBre, G. glabrum; ailleurs, 
on voulut avoir le COTONNIER EN ARBRE, G. arbo- 
reum, qui prospère en Chine et dans l'Inde, Quel- 
ques uns choisirent le Coronnier HERBACÉ, G. her- 
baceumn , que j'ai vu dans la plénitude de ses forces 
sur les terres substantielles et légères de l'Italie 
méridionale, de la Corse, etc. Ge sont les seuls 
qui aient réussi; leurs essais furent faits auprès 
d'Aix et de Toulon, à Buzet (Lot-et-Garonne), à 
Nérac, à Durance (Gironde), et dans presque 
toutes les communes du département des Landes. 
La conquête eût été assurée pour toujours si l’on 
eût porté chez ces cullivateurs les fonds impru- 
demment versés aux rives du Sénégal; loin de là, 
ils ont été menacés de voir leurs travaux ruinés 
par une concurrence que tout soutenait. Le sol 
national fut négligé pour favoriser une colonie 
dont Ja possession est ruineuse et sans cesse chan- 
celante. On ne veut pas voir s'approcher l'instant 
où les peuples étrangers sauront être maîtres de 
leur territoire et forceront la vieille Europe, l'Eu- 
rope conquérante, à demeurer chez elle, à dévelop - 


_per toutes les ressources de son industrie agricole. 


Ce moment n’est pas éloigné, et nous demeurons 
inactifs ! 
Puisqu'il est évident que le Gotonnier herbacé 


336 


oo 


COT 


vient très-bien en France, c’est vers Jui seul qu’il 
faut porter son attention et lui ouvrir Loutes les 
localités favorables. Que ceux qui s’en occuperont 
se souviennent que celte espèce aime Jes terres 
sablonneuses où graveleuses, celles que l’onnomme 
assez généralement Boulbènes légères dans le sud- 
ouest, pourvu qu’elles soient bien amendées et 
que le guéret y soit profond. Evitez les terres ar- 
gileuses, de même que celles trop riches en hu- 
mus ou qui ont trop de fraîcheur : elles entrelien- 
nent trop long-temps la végétation ct diminuent 
singulièrement les produits, les gelées arrivant 
avant la maturité des capsules. La racine du Go- 
tonnicr herbacé , tout à la fois pivotante , rameuse 
et fibreuse, pénètre avec beaucoup de difficulté 
dans une terre très-forte ; elle se fourche dans un 
sol pierreux ; dans une terre trop humide, elle 
est attaquée par les larves et pourrit prompte- 
ment. 

On donne le nom de Colonnier herbacé à des 
espèces bisannuelles el même-trisannuelles ; il 
n’est point facile de débrouiller ce chaos, il pro- 
vient de la multitude de variétés que l’on doit à la 
différence des cultures, du sol, da climat, sans 
compter celles qui n’ont d'autre fondement que 
l'inconstance de la nomenclature , que la cupidité 
du marchand. Je réserve le nom de Gotonnier 
herbacé à l'espèce que l’on appelle en Ghine le 
Supplément des laines et de la soie; elle est an- 
nuelle ; sa tige ne s'élève qu’à soixante centimè- 
tres , elle est dure, comme ligneuse, cylindrique, 
roussâtre ou rougeâtre intérieurement, velue ou 
hispide en sa partie supérieure , avec beaucoup de 
petits points noirs, et munic de rameaux courts. 
Les feuilles qui décorent celte tige sont à cinq 
lobes courts, élargis et arrondis avec une pelite 
pointe brusque , vertes, molles, accompagnées de 
deux slipules portées sur des pétioles hispides, 
ponctués, longs de cinq à huit centimètres, et ayant 
sur la nervure médianetune glande verdâtre, si- 
tuée près de leur base. Les flears sont jaunâtres 
et assez semblables à celle de la Ketmie des jar- 
dins, Hibiscus syriacus. Ge Cotonnier , originaire 
de la HauteEgypte, s’est étendu par suite des 
établissemens des Arabes dans la Barbarie, en 
Syrie, dans le Levant, les îles de l’Archipel, et se 
cultive à Malte, en Sicile, dans les Calabres, en 
Corse , etc. Les Grecs ne le connaissaient encore 
que par les relations des voyageurs au temps de 
Théophraste. C’est de lui que parle Hérodote 
sous le nom de Byssus au sujet des embaumemens, 
mais sans rien dire de la plante qui le produisait ; 
d’où sont nées tant d'explications contradictoires 
sur le Byssus des plaines fertiles de l'Elide (v. au 
mot Byssus pes ANGIENS, tom. 1, p. 008). Les Ro- 
mains n’ont eu que des notions vagues du Colon- 
nier, et, comme je viens de le dire , nous devons 
et la plante et son histoire aux Maures. 

S'il faut s’en rapporter à certains botanistes, la 
nature n'aurait produit qu'une seule espèce de 
Cotonnier, l'espèce annuelle, et l’on doit regarder 
le Cotonnier en arbre comme une dégénération 
due à la culture ou bien au mélange des espèces 


première végélation, En lui donnant les scins que 


COTO 


rapportées du continent américain, où ; disent- 
ils, le Cotonnier existait avant que les Européens 
ne l’eussent retrouvé sous la conduite de Christo- 
phe Golomb. Celle double assertlion me semble 
plus que hasardée. Toutes les espèces qui croissent 
dans l’Inde sont arborescentes et y sont sponta- 
nées; le Coronnier particulièrement dit Ex ARBRE, 
G. arboreum , s'élève à la hauteur de cinq à sept 
mètres, et fournit le duvet le plus long, le plus 
souple, d’une blancheur Gone et d'une 
extrême abondance; le CorToNNiER DES LIEUx nu- 
MIDES, G. indicum, arrive à trois et quatre mè- 
tres; le Coronxier sacré, G. relisiosum ( voyez 
notre Atlas, planche 126, figure 1 ), atteint 
la même hauteur, et fournit un duvet dont la cou- 
leur jaune rappelle celle du safran pâle; le Co- 
TONNIER A TROIS POINTES, G. tricuspidalum, n’a 
que deux mètres; ses fleurs sont d’un blanc sale 
avec une teinte purpurine vers leur bord; on le 
confond souvent avec le précédent, dont il diffère 
par les fleurs, qui dans le Gotonnier religieux pas- 
sent du rose carmin au rouge le plus intense et le 
plus brillant. 

Ce qui prouve que le Cotonnier n’était pas in- 
digène à l’Amtrique au moment de l’horrible con- 
quête des Espagnols, c’est que là , comme aux îles 
de la mer du Sud, où il a été introduit, on ne doit 
pas le laisser durer plus de trois ans; il faut l’ar- 
racher à la quatrième année, lors même que sa 
racine annoncerait une nouvelle repousse. Là, sa 
prodaction de la première récolte s'élève au plus 
à cinquante coques; celle de la seconde monte à 
deux cents; celle de la troisième dépasse souvent 
cinq et six cents coques ; la quatrième récolte ne 
donne plus que très-peu de coques et leur coton 
est d’une qualité fort inférieure. Tandis que dans 
sa patrie le Cotonnier rapporte plus également, et 
si l'on a soin de le sarcler , d’arracher les individus 
mal venans et rabougris, de ménager de longues 
rigoles pour arroser son pied quand la sécheresse 
dure trop , de le pincer lorsqu'il a atteint quarante" 
centimètres de haut, afin de l’obliger à fourcher 
et à pousser des branches, le Cotonnier dure“ 
fort long-temps et se couvre d’une grande quantité 
de fleurs et de coques riches en duvet soyeux.M 

Dans les parties de l’Asie méridionale où l’on a 
porté le Cotonnier, pour prévenir sa dégénération, M 
on le greffe sur de grandes Malvacées, particuliè- 
rement sur deux espèces de Ketmies appelées pars 
les botanisnes Aibiscus vitifolius et Hibiscus poMk 
pulneus. À Haïti l’on donne la préférence au Guaw 
zuma, bel arbre qui y porte communément le nom 
d'Orme. L’une et l’autre greffe donne de la forcen 
au Cotonnier, et le met à l’abri des ravages des in” 
secles, surtout de la larve dite Chenille du Co 
tonnuer. £ 

En France ; il faut semer les graines du Coton= 
nier à la même époque que les blés noirs on sar* 
rasins; il vaut micux le faire par rayons qu'à l& 
volée, et recouvrir immédiatement. Plus la racine. 
est enfoncée , plus vite la tige monte, moins elle. 
est exposte aux périls qui la menacent dans sa 


2, 


) 


720 


PL 


3 Couleuvre. 


2.Coucou 


12. Cotomer 


L. Cuer On dr 


ES 


COTO 


337 


COTY 


j'ai indiqués, il atteindra toute sa crue vers les 
premiers jours d'août, et, comme les fruits se 
nouent et mürissent en différens temps sur le 
même pied , la récolte s'en fait nécessairement à 
différentes reprises. Du moment que les coques 
s'ouvrent et montrent leur coton, on doit cueillir; 
l’unique attention qu’on ne peut trop recomman- 
der, c’est d’attendre que le soleil ait séché la rosée, 
et de ne point rompre les branches que l’on dé- 
pouille. Si cependant les gelées commencçaient 
avant l'entière maturité des fruits, enlevez-les et 
meltez-les au soleil pour hâter le moment de 
l'épanouissement de leurs coques ; mais n’'espérez 
point en obtenir un beau duvet ; il sera d’un blanc 
sale ct même un peu jaunâtre, bon pour faire des 
couvertures, des feutres ou de grosses toiles de 
ménage. 

Un point essentiel qu’il importe de ne point 
perdre de vue quand on veut réussir dans la cul- 
ture du Cotonnier, c’est d'opérer de proche en 
proche, La vie végétale est plus délicate que la vie 
animale ; elle supporte moins les déplacemens, et 
ce n’est qu'à force de soins et de ménagemens 
qu’elle s’habitue à des situations nouvelles, oppo- 
sées, disons plus, contraires aux circonstances 
qui l’environnent naturellement. Ce n’est donc 
pas de sa patrie même qu’il faut amener le Coton- 
nier dans celle que l’on cherche à lui faire adopter : 
ce n’est pas de l'Amérique, de l'Egypte, de la 
Barbarie, de la Grèce, de Malte , de la Calabre, 
ni des contrées méridionales de l'Espagne, que le 
cultivateur français doit faire venir ses graines, 
mais bien de la Corse et des cantons de l'Italie les 
plus voisins de nos. côtes méditerranéennes : il 
aura moins de peine à familiariser le Cotonnier 
avec notre climat, et il pourra s’en promettre le 
dédommagement que ces soins lui donnent le 
droit d'attendre. Les individus déjà acclimatés 
peuvent monter un peu plus haut et étendre la 
zone où ce genre de spéculation agricole sera 
quelque jour d’une grande importance. 

Les façons fréquentes qu'exige cette culture 
ameublissent la terre et la disposent très-bien à 
recevoir le blé après la récolte du coton. Cette 
considération est d’un grand poids ; ajoutée à celle 
de l'importance des abris pour couvrir les Goton- 
niers contre le souflle des vents froids, elles ne 
peuvent qu’aider aux progrès de notre agriculture 
et décider à multiplier de plus en plus les planta- 
tions d’arbres. (T. ». B.) 

__ COTONNIER DE FLÉAU, nom vulgaire du 
Bombax gossypium. VW. Fromacen. 

Coronnier DE Manor , espèce de Ketmie, l’Æi- 
biscus tiliaceus. 

Coronnier DE Marou, autre espèce de Froma- 
ger, Bombax ceiba. 

CoTonNier sIFFLEUR. Plumier donne ce nom 
vulgaire à une espèce de Ketniie à grandes feuilles 
et à fleurs variées. Toutes ces plantes ont recu 
celte dénomination de ce que leurs graines sont 
entourées d’un duvet qui a quelque ressemblance 
avec celui du Colonnier proprement dit. 


(T. », B.) 
Toxe IL, 


COTONNIÈRE. On donne cenom à des espèces 
différentes appartenant aux genres Filage et Gna- 
phale, mais plus particulièrement au Filago ar- 
vensis el au Gnaphalium uliginosum: (T. ». B.) 

COTTE, Cottus. (poss.) Nous sommes entrés 
à son sujet dans de grands détails en traitant l’ar- 
ticle CHasor. V’. ce mot. (Azru. G. 

COTYLÉDON , COTYLÉDONAIRE, Cotyledo. 
(8cT. Pxax.) Sil’on ouvre une graine d’un volume 
un peu considérable, tel qu’un haricot, une fève, 
on verra la masse de l’amande se séparer en deux 
parties ; et, abstraction faite des rudimens de la 
racine et de la tige, ces parties sont les Cotylé- 
dons. 

Césalpin, qui a l’un des preuniers observé la 
composition de la graine , donna à ces organes le 
nom de Cotylédons,, par analogie avec les parties 
ainsi désignées dans le corps animal. Depuis on a 
pu facilement remarquer que la masse cotylédo- 
paire n’est pas toujours double, et qu’un grand 
nombre de végétaux offrent une amande simple ct 
indivise. De là la division des plantes en monoco- 
tylédonées et dicotylédonées ; ces deux classes ren- 
ferment toutes celles qui se reproduisent par fleur 
et par graine. Le blé, le lis, le palmier, ont un 
seul Cotylédon, et présentent dans leur tige et 
leurs feuilles une organisalion spéciale; les Légu- 
mineuses, les Crucifères et la majorité des pha- 
nérogames ont deux Cotylédons, et diffèrent de la 
première classe dans presque tous les détails de 
leur organisation. 

Quelques végétaux ont plus de deux Cotvylé- 
dons : par exemple, on en compte trois dans le 
Cupressus pendula; quatre, cinq ou huit dans 
quelques pins ; dix ou douze dans le pin-pignon. 
Au contraire, dans d’autres plantes essentielle- 
ment dicotylédonées par leur organisation, les Co- 
tylédons sont plus ou moins soudés ensemble , et 
semblent n’en former qu’un ; exemples : le Marro- 
nier d'Inde, quelques espèces de Chéne. 

Les Cotylédons, dit Bonnet, sont les mamel- 
les qui nourrissent la plante naissante; ils lui don- 
nent leur substance mucilagineuse et sucrée, tant 
qu’elle ne peut encore s’alimenter elle-même dans 
le sol ; à mesure qu’elle se développe et grandit, 
les Cotylédons diminuent d’épaisseur, ils se des- 
sèchent et meurent. Tantôt ils sont restés sous 
terre après la germination de la graine; alors on 
les appelle hypogés (souterrains) ; tantôt ils s’élè- 
vent avec la tigelle, et forment les premières 
feuilles, comme on le voit dans le haricot ; dans 
ce cas ils sont dits épigés. . 

Les Cotylédons sont plus ou moins épais et 
charnus, selon que la graine est ou non pourvue 
d’un périsperme. Ainsiils composent toute la sub- 
stance de la fève, du pois; mais au contraire ils 
sont minces et foliacés dans les euphorbes, don 
la graine est revêlue de périsperme. Ces deux or- 
ganes semblent se suppléer pour fournir aux pre 
miers besoins du végétal nouveau-né. (7/07. En- 
BRYON). (L.) 

COTYLÉDON. {sor. PHan.) Ÿ. Coryzer. 

COTYLET, Cotyledon. (or, puax.) Genre de 


123° LivrAIsON, 45 


COUC 


538 


COUG 


la famille des Crassulées, Décandrie pentagynie, 
établi par Tournefort et adopté par Linné. Plus 
tard, Adanson en sépara un certain nombre d’es- 
pèces pour en former le genre Kazancnor (voyez 
ce mot.) De Candolle, en adoptant ce genre, a 
proposé d'en créer encore un nouveau, formé de 
la principale espèce connue par Tournefort, le 
Cotylet nombril de Vénus. ( Voy.Uurricus. ) 

Ces restrictions laissent encore une trentaine 
d'espèces au genre Gotylet, la plupart originaires 
de l'Afrique méridionale ; ce sont des plantes gras- 
ses, à tige herbacée ou fratescente, à feuilles or- 
dinairement opposées, à fleurs en corymbes ou en 
épis terminaux. Voici leurs caractères : calice à 
cinq divisions; corolle campanulée: ou tubuleuse, 
à cinq lobes ; dix étamines insérées sur la corolle ; 
cinq ovaires supères, chacun muni à sa base 
d’une écaille nectarilère , et portant un pistil ; au- 
tant de capsules oblongues ; pointues, unilocu- 
laires; graines nombreuses. 

On cultive dans nos jardins plusieurs espèces de 
Cotylédons, qui réussissent très- bien quand on leur 
procure une exposition chaude, et, pendant lhi- 
ver, une serre aérée ct exemple d'humidité, Ils 
sont en général assez curieux pour la conformation 
de leur tige et de leurs feuilles; ils offrent quel- 
quefois des fleurs d’un aspect agréable. Tels sont : 

Le Coryzer A FLEURS ÉCARLATES, Cotyledon 

coccinea , qui fleurit vers janvier. 
Le Coryzer onBICULAIRE , C. orbiculata, a des 
feuilles ovales, bordées de pourpre; ses fleurs, 
rougeâtres et assez grandes, sont de longue durée. 
On en possède plusieurs variétés, 

Les C. spuria et €. fascicularis sont aussi assez 
recherchés des amateurs de plantes grasses. (L.) 

COU. F7. Cor. 

COUA, Coccyzus. (ois.) Voy. Coucou. 

COUCHES. (cior.) F7. Srrariricarron. 

COUCHES LIGNEUSES. ( mor. et aan. ) Les 
cercles que le bois présente s’emboitant les uns 
dans les autres, et dont les plus intérieurs, qui 
ont élé formés les premiers , sont denses et dis- 
tüncis, tandis que les extérieurs , d’une date nou- 
velle, sont poreux, Lrès- voisins de l’aubier et par- 
ticipent de sa couleur (voy. Augrex), sont appelés 
Couches ligneuses. Gette espèce d’élui conique-al- 
longé ne s’observe que dans les végétaux dicoty- 
lédonés ; il n’est pas dans toutes ses Couches 
d'épaisseur égale ; les plus intérieures comme les 
plus extérieures sont moins fortes que les inter- 
médiaires ; quelquelois il arrive que celte épais- 
seur est très-prononcée d’un côté, beaucoup moins 
de l’autre , ou bien nulle, ce qui donne à Ja lige 
une forme irrégulière. Lorsque l’accroissement se 
fait avec lenteur , les Couches sont en même temps 
régulières , plus épaisses, et l'arbre monte droit, 
prend une belle forme ; les Couches sont minces 
pendant le premier âge, elles prennent plus de 
consistance et d’ampieur dans l’âge adulte, mais 
à l’époque de la vieillesse, comme l'arbre ne 
pompe plus sa nourriture avec la même puissance, 
les Couches annuelles diminuent sensiblement. Je 
sais bien que cette loi générale éprouve des modi- 


fications à raison des circonstances locales, des 
variations atmosphériques, et de la tendance im- 
primée aux racines ou aux branches par des ob- 
stacles apportés à leur développement, où par la 
taille , par l’élagage, etc. ; mais ces modifications 
ne détruisent point le principe. (Foy. aux mots 
ACCROISSEMENT et Bots.) 

Examine-t-on attentivement une coupe hori- 
zontale de la tige d’un arbre, on reconnaît dans 
la dégradation de teinte des anneaux formés par 
les Couches ligneuses le repos essuyé dans la for- 
mation des couches par la suspension annuelle 
de la séve. Linné a donné à ces anneaux le nom 
d’anneaux résmeux, annuli resinosi, sans doute 
parce qu'ils sont le point du suintement le plus 
abondant des fluides de la plante, el parce qu'ils 
offrent toujours une quantité plus ou moins grande 
de substance résineuse. 

La couleur des Couches ligneuses diffère sui- 
vant les espèces , elle est dans toutes distincte de 
la couleur blanche de l’aubier. 

Quand on compare les Couches ligneuses avec 
les Coucues corricaLes, on voit que le méca- 
nisme de leur formation est le même; la destina- 
tion des secondes est de fournir, par leur déve- 
loppement, les Couches annuelles du bois qui 
doivent augmenter le diamètre de l'arbre. Elles 
ne sont autre chose qu’un faisceau de lames fibreu- 
ses, appliquées les unes sur les autres, chargées 
d'élaborer la substance gélalineuse qu’on peut 
nommer organisatrice. L'ensemble de ces lames 
constitue l'écorce proprement dite (voy: au mot 
Écorce); on les enlève naturellement ou bien 
après macération ; les plus extérieures, perpétuel- 
lement soulevées par celles de l’intérieur , qui vont 
toujours en grossissant, sont d'ordinaire fendues, 
déchirées, gercéesetse détruisent très-facilement: 
c’est ce qui fait que l'écorce n’acquiert jamais 
une épaisseur considérable. (T. ». B.) 

COUCOU, Cuculus. (o1s.) Le Goucou d'Europe 


était nommé Coccux par les Grecs, et Cuculus par 


les Latins; il a été pris par Linné pour letype d’un . 


genre auquel il a donné son nom, genre Cuculus, 
dont les ornithologistes modernes ont fait la famille 
des Cuculidés ou Cuculés. Cette famille appartient 
à l’ordre des Oiseaux Grimpzurs (voy. ce mot); 
les nombreuses espèces qu’elle comprend existent 
sur tous les points du globe, mais plus abondantes 
dans les contrées chaudes: elles se font remarquer 
souvent par la beauté de leur plumage. Le Gou- 
cou d'Europe est célèbre par la singulière habi- 
tude qu’il a de pondre dans des nids étrangers , et 
de laisser à d’autres oiseaux le soin d'éleve: ses 
petits; mais il ne faut pas croire que toutes les es- 
pèces qu’on a rapprochées de lui agissent de même; 
il en est plusieurs qui couvent elles -mèmes leurs 
œufs ef soignent leurs petits après qu’ils sont éclos; 
il en’ est aussi dont les femelles se rassemblent 
en grand nombre et travaillent ensemble à la con- 
struction d’un vasie nid dans lequel elles se réu- 
niront pour couver. 

Les Guculés vivent de fruits, de graines , d’in- 


| sectes, de reptiles ou même de petits oiseaux; dans 


: COUC - 


2 


en 


339 


COUG 


oo 


les contrées froides et tempérées ils émigrent ; 
dans les autres au contraire ils sont sédentaires. 
On les distribue dans les différens genres Malcoha, 
Vouroudriou, Coua, Coucal,etc., auxquels M. Les- 
son joint les Barbacous ( Manuel d’Ornithologie , 
11, p. 125)et les Anis ainsi que les Scythrops 
(Traité d'Ornithologie, p. 128). Voyez pour ces 
derniers les divers mots Bargacou, Ani et Scy- 
THROPS. 


Genre Marcoma, Melias, Glog. 


Bec plus long que la tête, convexe, très-lisse, 
recourbé, pointu et garni de soies à sa base; narines 
en demi-cercle, percées à une faible distance du 
front; tour des yeux nu, papilleux ou revêtu d’une 
membrane turgescente ; ailes courtes , à première 
rémige petite, la troisième et la quatrième dépas- 
sant les autres ; queue longue , étagée, composée 
de dix rectrices. 

Ces’oiseaux habitent les îles indiennes de l’est, 
ils doivent leur nom à la première espèce connue, 
laquelle est nommée Walcoha à Ceylan, sa patrie. 
M: Gloger les a nommées Melias, c'est-à-dire nym- 
phes des arbres, et Vieillot Phœnicophais, qui si- 
gnifie rouge de feu à la vue. On dit qu'ils se nour- 
rissent de fruits. On en connaît présentement six 
ou sept espèces. Nous citerons seulement : 

LeMarcoua TÊTE ROUGE , Cuculus pyrrocephalus, 
Forst., quia le sommet de la tête et une partie des 
joues d’un rouge de feu entouré d'une bande 
blanche; l’occiput et le dessus du couvert noirâ- 
tre taché de blanc; le devant du cou, les ailes , 
le dos et la queue noirs, nuancés d’un peu de vert, 
ét la poitrine blanche ainsi que l’abdomen. Cet 
oiseau a quinze pouces de longueur depuis le bout 
du bec jusqu’à la fin de la queue; il habite Gey- 
lan; ses mœurs sont inconnues , ainsi que celles 
de toutesles autres espèces du même groupe. 

On trouve une bonne figure du Malcoha su- 
perciliosa de Guvier dans l'Iconographie du Règne 
animal, Oiseaux, pl. 55, fig. 1. 


Genre Counoz où Vouroupriou, Leptosomus, 
Vieillot. 


Le mot Vouroudriou ou plutôt V’ourougdriou , 
est le nom que les Madécasses donnent à une 
espèce de ce genre. Celui de Courol a été formé 
par Le Vaillant pour indiquer que les oiseaux aux- 
quels on l’appliquait, avaient à la fois des rap- 
ports avec les Rolliers et les Coucous. Le bec est 
gros, pointu, robuste et un peu trigone; à mandi- 
bule supérieure crochue et échancrée vers le bout; 
narines en scissure oblique, médianes ; ailes poin- 
tues suraigués , c’est-à-dire à première et deuxième 
rémiges les plus longues; queue grande, presque 
égale , composée de douze rectrices. Les Vourou- 
drious n’ont encore élé trouvés qu’ à Madagas- 
car; ils sont frugivores,.et nichent, dit-on, dans 
les forêts. On n’en a long-temps connu qu’une seule 
espèce, le Vouroupriou verr, Zeptosomus viridis, 
Vieill., Guérin, Iconographie du Règne anim, ; 
pl 32, fig. 1, qui est long de quinze pouces, 


une seconde a été distinguée plusrécemment, On 


2 LEE 

l'avait confondue avec la précédente, dont on la 
croyait la femelle, C’est le Vouroupmiou crom, 
Leptosomus crombus, Lesson. 


Genre Coucar, Centropus, Iliger. 


Beccaréné, très-comprimé, terminé.en pointe et 
recourbé; narimes étroites, obliques, percées dans 
une membrane sur le rebord des plumes du front; 
ailes courtes, à première rémige très-pelite, la 
quatrième et la cinquième les plus longues ; tarses 
allongés , robustes ; les doigts antérieurs soudés à 
leur base, et les postérieurs versatiles, c’est-à-dire 
susceptibles de se porter aussi bien en devant qu’en 
arrière; ongle du pouce long et pointu; queue 
grande , très-élagée. 

Coucal est une contraction d’Æ{louette et de 
Coucou ; Le Vaillant a proposé ce nom parceque 
les oiseaux auxquels. il le donne.ont.les caractères 
généraux des Goucous, et l’ongle du pouce long 
et semblable à celui des Alouettes. C’est à cause 
de ce dernier caractère qu'Illiger a proposé de les 
appeler Centropus qui signifie pied aigullonné. Les 
espèces de ce genre sont assez nombreuses ; on en 
connaît dix ou douze qui habitent toutes les con- 
trées les plus chaudes de l'Asie, de l'Afrique et de 
la Malasie. Nous n’en citerons que quelques unes. 

Coucaz NAIN, Centropus pinnulus, Mus. Par., 
est un des plus petits du genre; sa taille ne dé- 
passe pas celle du merle. Onle trouve à Java et 
à Sumatra. Dans le sexe mâle, il est brun-noir 
teinté de roux, avec les ailes d’un roux clair. 

Coucaz Des Paixiprines, Centropus Philippinen- 
sis, Cuv., que l’on trouve aussi à Sumatra, au Ben- 
gale , à Calcutta et dans l’ile Madagascar, a le plu- 
mage d’un beau bleu noir intense en dessus. Sa 
taille est à peu près celle de la pie; onen connaît 
plusieur svariétés. 


£ 


Genre Gova où Gouricou, Coccyzus, Viell. 


Ce groupe, que Le Vaillant avait d’abord distin- 
gué, a les narines en scissure longitudinale ou obli- 
que, percées dans une membrane basale, et les ailes 
courtes, ayant leurs cinq premières rémiges éla- 
gées. Les Couas nichent dans les arbres et cou- 
vent eux-mêmes leurs œufs. 

CGoua DeLaranne; Coccyzus Delalandii, est 
long de vingt-un pouces; on le trouve à Mada- 
gascar. 

Coua px Grorrroy , Cocceyzus Geoffroyi. I] vient 
du Brésil, et a éte figuré dans l'Iconographie de 
M. Guérin, pl. 51, fig. 2. 

Genre Praxe, Piaya. M. Lesson (Traité d'Or- 
nithologie, p. 159) propose d'établir ce groupe, 
dans lequel il place la plus grande partie des es- 
pèces que Vicillot.et Le Vaillant ont mises dans le 
genre précédent. 

Les genres Coucoua et Bougou (voy. ce mot) 
ont aussi été proposés par M. Lesson (Loc. cit.); 
ilen est de même du genre Taccoide. 


Genre Tacco, Saurothera , Vieill. 


Bec robuste, plus long que la tête, convexe et 
crochu. à la pointe; narines ouvertes, dans une 


| 


COUG 


3/0 


- 


COUG 


large membrane; ailes arrondies, à première ré-. 
mige très-courte; queue très-longue, étagée, On 
n’en connaît que deux espèces : 

Tacco viuisLarD, Saurothera vetula, Vieill., qui 
a la tête, le dos et les ailes d’un roux cendré; le 
devant du cou et le thorax gris cendré, et le bas- 
ventre , la région anale ainsi que les couvertures 
inférieures de la queue rousses ; le bec est dentelé 
sur le bord de la mandibule supérieure. Longueur 
totale de l'oiseau, seize pouces. Habite la Guiane 
et l'ile St-Domingue. 


Tacco ne Borra, Saurothera Bottæ , Blainville. 


Belle et grande espèce découverte par M. Botta 
sur la côte de Californie où elle vit de lézards, 
de petits mammifères et de petits oiseaux, et court 
avec rapidité sur le sol. La tête, le cou et le tho- 
rax sont roux, tachés de brun et de blanc: les 
couvertures de la queue vertes ; l'abdomen, les 
flancs et la région anale d’un gris cendré. Une 
touffe de plumes lâches forme sur l’occiput une 
petite huppe d’un bleu d’acier sombre, liseré de 
roux-blanc. 

Genre Coucou proprement dit, Cuculus des au- 
teurs. Bec peuélevé, convexe en dessus, comprimé 
à la pointe, recourbé et un peu crochu; narines 
arrondies, basales, percées dansune membrane; tar- 
ses médiocres; l’un des deux doigts antérieurs, l’ex- 
terne, est très-long; ailes longues et pointues, à ré - 
mises graduellement étagées ; la queue arrondie. 

Le genre des vrais Concous comprend un assez 
grand nombre d'espèces que l’on a réparties dans 
diverses petites sections; preque toutes ces espèces 
sont étrangères à nos contrées , une seule s’y ren- 
contre , c’est celle du Coucou gris; cet oiseau a 
comme l’on sait l'habitude de ne pas couver ses 
œufs ; quelques uns de ses congénères sont aussi 
dans le même cas ; d’autres, à ce qu'il paraît, les 
couvent, ct il est certaines espèces, entre autres 
une observée récemment dans l'Amérique du sud 
par M. d'Orbigny, chez lesquelles les femelles se 
réunissent plusieurs ensemble dans un même nid. 

[. Section des Goucous onnivames. Le type de 
cette section est le Coucou ris, Cuculus canorus, 
représenté dans notre Atlas, pl. 126, fig. 2. Cet 
oiseau, qui a des habitudes si extraordinaires , a 
toujours intéressé les naturalistes ; cependant son 
histoire a été jusque dans &es derniers temps fort 
embrouillée, et on peut dire qu'elle est encore au- 
Jourd'hui fort incomplète. Nous allons d’abord 
donner quelques détails sur les caractères de l’es- 
pèce à ses différens âges, et nous essaierons en- 
snite d’éclaircir un peu son histoire. Les individus 
adultes dans le sexe mâle sont longs de dix pouces 
six ou huit lignes ; les femelles sont un peu plus 
petites; voici comment les couleurs sont distribuées: 
toutes les parties supérieures, le cou et la poitrine 
sont d’un cendré bleuitre plus foncé sur les ailes, 
plus clair sur le cou et la poitrine; le ventre, 
ainsi que les. cuisses, l'abdomen et les couvertu- 
res inférieures de la queue sont blanchâtres . avec 
des raies transversales d’un bran noirâtre: de 
grandes taches blanchâtres existent sur les barbes 


intérieures des pennes alaires; les rectrices sont 
noirâtres avec de petites taches blanches disposées 
le long de la baguette; toutes ont du blanc à leur 
extrémité ; bord membraneux du bec et tour des 
yeux d’un jaune orangé ; iris et pieds jaunes. Les 
jeunes lorsqu'ils sortent du nid ont toutes les par- 
ties supérieures d’un cendré brun, les pennes ter- 
minées par une bande blanche, des taches rous- 
ses sur les ailes et une grande tache blanche à 
locciput. En automne , lorsqu'ils émigrent , leur 
nuque et les pennes de leurs ailes ont quelques 
bandes roussâtres ; quelques lignes de celte cou- 
leur se voient aussi sur leur poitrine. 

Le Coucou est un oiseau voyageur, qui passe 
l'été en Europe, où il pénètre assez avant vers le 
nord, et se retire pendant l'hiver en Afrique ou 
dans les contrées chaudes de l'Asie ; on l’a ob- 
servé dans l'Inde et à Java. Il paraît que dans ces 
dernières localités il est sujet à prendre une co- 
loration rousse ; ce fait, qui n’a pas encore été bien 
confirmé, n’a rien d’extraordinaire si l’on veut se 
rappeler que beaucoup d’espèces d'oiseaux ont of- 
fert dans les mêmes contrées des variations ana- 
logues. Le Coucou se tient dans les bois, au voi- 
sinage des prairies; le mâle décèle facilement sa 
présence par son cri monotone et qui s’entend de 
fort loin comme on le sait ; il répète fréquemment 
les deux syllabes cou-cou, dont nous nous sommes 
servis pour le nommer. Son nom latin Cuculus, 
que les anciens prononcçaient Coucoulous n’a pas 
d’antre étymologie ; ilen est de même de ceux qu’il 
porte aujourd'hui dans toutes les langues de l’'Eu- 
rope. 

Ces oiseaux sont insectivores et se nourrissent 
principalement de chenilles, qu’ils varient suivant 
les saisons, ainsi que l’a observé M. Florent Pre- 
vost, les prenant velues dans un temps, et rases 
dans un autre. Après qu'ils ont digéré, toutes les 
parties non alibiles des corps qu'ils avaient avalées 
se forment en petites pelotes, ct sont ensuite dé- 
gorgées à la manière des oiseaux de nuit. L’esto- 
mac est très-volumineux et descend très-avant 
dans l’abdomen ; aussi faut-il pour rassasier les 
Coucous une prodigieuse quantité de nourriture. 
Les individus que l’on tient en captivité peuvent 
quelquefois être apprivoisés; on peut les nourrir 
indistinctement de chenilles rases ou velues, dis” 
sectes coléoptères , et même de viande; on a re- 
marqué qu'ils meurent presque tous à l’entrée.de 
l'hiver, époque à laquelle ils muent. Ces oiseaux, 
comme on le sait depuis long-temps, ne font pas 
de nid; mais ce qu’on ne sait pas, c’est la raison 
de cette particularité ; bien des explications ont 
été proposées, mais aucune jusqu'à présent n’a 
paru satisfaisante. Presque tons les auteurs ont 
voulu trouver des causes anatomiques, mais 
comme ils n'avaient pas commencé par. étudier 
les mœurs de l’animal, ils sont généralement 
tombés à faux. M. Florent Prevost , chef des tra- 
vaux zoologiques du Muséum de Paris , qui s'est 
livré avec une grande patience à l'étude des 
mœurs des oiseaux, a pu faire sur le Coucou quel- 


| ques observations d'un grand intérêt; quoiqu'il 


COUG 


ne les ait pas encore publiées, il a bien voula 
nous les communiquer et nous a permis de nous 
en servir pour rédiger ce petit article. Voici ce 


qu'il a vérifié et une partie de ce qu’il a observé 


de nouveau. 

Les Coucous sont polygames, mais non à la 
manière des autres oiseaux. Au lieu que, comme 
ceux-ci, les mâles aient plusieurs femelles, ce 
sont, au contraire, les femelles qui ont plusieurs 
mâles; ceci expliqte pourquoi il est si difhicile de 
se procurer un Coucou du sexe féminin. A leur arri- 
vée dans nos contrées, les mâles, qui nous viennent 
par troupes, se partagent le terrain; chacun 
d’eux choisit un petit arrondissement dans quel- 
que bois, et ne souffre pas qu’un autre vienne s’y 
établir: les femelles, au contraire, n’ont pas de 
demeure atitrée; elles prennent , pour ainsi dire , 
une certaine quantité des districts dans lesquels 
résident des individus mâles , et se tiennent tantôt 
avec l’un, Lantôt avec l’autre. Lorsqu’elles ont 
choisi quelque mâle, elles demeurent avec lui un 
Jour ou deux, et se livrent avec fureur aux plai- 
sirs de l’amour ; l’accouplement est souvent répété 
trente fois et davantage dans un même jour. Mais 
cet excès dure peu, et dès le troisième jour, les 
deux amis commencent à se négliger ; la femelle 
quitte son privilégié de la vieille pour en choisir un 
nouveau. On pourrait croire que c’est afin de l’at- 
tirer que les mâles ne cessent de chanter : on les 
entend souvent pendant des journées entières, ils 
semblent vraiment s’épuiser. Lorsque la femelle 
doit pondre , elle ne quitte point le canton du 
mâle chez lequel elle se trouve alors ; on a observé 
depuis très-long-temps qu’elle ne fait point de 
nid, et elle ne pond ses œufs qu’en un très- 
long espace de temps : six semaines selon certains 
auteurs, et souvent davantage selon les observa- 
tions de M. Prevost. Comme nous l’a communiqué 
ce dernier, elle pond ordinairement deux œufs en 
un petit espace de temps, en deux ou trois jours 
par exemple. Elle fait son œuf à terre, ainsi que l’a 
observé Le Vaillant ; elle le fait avec peine, et pa- 
raît beaucoup souffrir ; après qu’elle l’a déposé, 
eile le prend dans sa gorge , qui est à cet eflet di- 
fatée (M. Prevost a tué une de ces femelles , et a 
pu retirer l’œuf qu’elle portait ainsi. Le Vaillant 
avait fait la même observation sur une espèce 
africaine). Elle s'envole avec ce petit fardeau et 
se dispose à le porter dans le nid de quelque autre 
espèce. Elle choisit ordinairement quelque petit 
passereau insectivore, le plus souvent un roitelet, 
un troglodyte, un rouge-gorge ou une bergeron- 
netle ; quelquefois aussi, selon les observations 
de Le Vaillant, elle s’adresse aux fauvettes et aux 
merles. Elle force pour ainsi dire ceux-ci à se 
charger de sa progéniture; elle les surveille , et si 
elle voit qu'elle ne peut réussir à les y contraindre, 
elle retire l'œuf qu’elle leur avait confié et le porte 
dans le nid d’un autre couple. M. Florent Prevost a 
observé que, lorsqu'il tourmentait les oiseaux que 
le Coucou, avait chargés d'élever son œuf, l’ani- 
mal retirait cet œuf et le portait ailleurs ; il a 
essayé un jour de le retirer du nid, et l’a porté à 


341 


COUC 


— 


terre ; la femelle, qui veillait à peu dedistance, l'a 
repris aussitôt et replacé dans le nid. 

Nous avons dit plus haut que la femelle pondait 
ordinairement deux œufs en peu de jours; elle 
place le second dans un nid voisin du premier, 
mais non dans celui-ci. Ge fait est digne de re- 
marque ; il coïncide avec un autre dont nous par- 
lions plus naut, et pourrait bien avoir avec lui 
quelque rapport. On se rappelle que les Coucous 
ont un grand estomac, et qu'ils mangent beau- 
coup. Il est évident que les petits passereaux, qui 
ont déjà besoin pour nourrir un seul de ces oi- 
seaux d’une grande activité, ne pourraient certai- 
nement suflire aux besoins de deux , et à plus forte 
raison d’un plus grand nombre: 

Après que le Coucou femelle est sûr que ses 
œufs seront soignés , il abandonne le canton où il 
s’était Lenu pendant quelques jours , et passe chez 
un autre mâle, avec lequel il s’adonne de nou- 
veau à l'amour. Il fait assez souvent dans le petit 
domaine de celui-ci sa seconde ponte, et ce n’esk 
qu'après deux mois environ qu’il a pondu tous ses 
œufs ; c’est ce qui explique pourquoi on trouve de 
jeunes Goucous non-seulement en mai et en juin, 
mais aussi aux mois de juillet et d'août. Les œufs 
que les femelles pondent dans la saison sont au 
nombre de six et même huit ou dix ; leur couleur 
varie du blanc jaunâtre au verdâtre , avec des ta- 
ches olivâtres ou cendrées. 

Ges observations ont sufli à M. Florent Prevost 
pour lui indiquer la cause qui empêche les fe- 
melles de couver et d'élever leurs petits. Il reste 
maintenant à savoir de quelle raison anatomique 
dépendent d'aussi singulières habitudes. 

On conçoit que la femelle, pondant ses œufs 
en six semaines ou deux mois, ne peut couver 
comme les autres oiseaux; car elle serait obligée 
d'élever un petit et de couver plusieurs œufs, ce 
qui est impossible. De plus, on doit remarquer 
que puisqu'elle ne s’attache à aucun mâle, elle se 
trouverait dans le cas des femelles à mâles poly- 
games qui sont chargées à elles seules du soin de 
couver leurs œufs et d'élever leurs petits. Mais 
celles-ci, quoique souvent elles pondent en un 
espace assez long, n’ont pas autant de difficulté 
pour trouver leur nourriture pendant la couvaison. 
La femelle du Coucou, qui est insectivore, serait 
obligée de faire de longues absences, pendant les- 
quelles les œufs se refroidiraient et perdraient 
toule vitalité, où seraient exposés à toute la bru- 
talité de leurs ennemis. Cet inconvénient ne se 
retrouve point chez les animaux dont nous par- 
lions à l'instant. Tous ceux-ci, exempleles poules, 
les cailles, les paons, etc., sont granivores, et 
se tiennent tellement à portée de leur nourriture, 
dans les prairies ou les champs cultivés, qu'ils 
n’ont besoin pour se la procurer que de faire quel- 
ques pas. De plus, leurs petits sont en naissant 
capables de marcher, ils peuvent suivre la mère, 
qui pour les nourrir n’a pas besoin de les aban- 
donner comme devrait le faire ( si tontefois sa 
couvée arrivait à ce point) la femelle du Coucou, 
puisque ses petits naissent dans un état de fai- 


COUC 


542 


COUD 


blesse extrême, ct Lout-à-fait incapables de voler 
ou de marcher. 

Le célèbre chimiste Van-Mons s’est aussi occupé 
de l'étude des Coucous, et a essayé, dansun mé- 
moire lu en 1853 à l'académie des sciences de 
Bruxelles, de dire pourquoi les femelles ne cou- 
vent pas elles-mêmes leurs œufs, S'il faut l'en croire, 
les Coucous sont bien polygames, mais à la ma- 
nière des autres oiseaux, c'est-à-dire qu'un mâle 
suffit à plusieurs femelles. Ge mâle se perche or- 
dinairement sur le sommet de quelque arbre et, 
sans changer de place, il chante pour appeler les 
femelles qui s’empressent de venir se disputer ses 
faveurs. Ges femelles, après qu’elles ont été fécon- 
dées, ne pouvant à-elles seules se charger de l’é- 
ducation de leurs petits, pour les raisons que nous 
avons énumtrées ci-dessus, sont obligées d’en 
charger des étrangers. 

On trouve quelquefois dans des creux d’arbres 
ou dans des trous de murs , ayant une très-petile 
ouverture, des Goucous parvenus à leur état par: 
fait de développement. Long-temps on a cherché, 
mais en vain, à s'expliquer comment ces oiseaux 
avaient pu pénétrer par d’aussi petites ouvertures. 
H paraît probable que de pelits oiseaux avaient 
fait leur nid dans ces cavités, et que des Coucous 
sont venus leur apporter leurs œuis à élever. Mais 
lorsque les jeunes Goucous ont acquis leur déve- 
loppement, ils se sont trouvés emprisonnés, l’ou- 
verture qui avait permis de lesintroduire, lorsqu'ils 
n'étaient que des œufs, ne se trouvant plus main- 
tenant assez grande pour les laisser partir. 

Chasse des Coucous. Lorsqu'on veut se procu- 
rer des Coucous , le meilleur moyÿen pour les ap- 
procher ou les attirer dans les appeaux, est de les 
appeler en imitant leur cri. 

Les autresespèces qui composent,avec le Coucou 
d'Europe, la section des Goucous ordinaires sont: 
le G. rénummosrre, Cuculus tenuirostris (Gollect, 
Mus. et Lesson, Traité d'Ornith.), qui vient de Ti- 
mor et du Bengale; et le G. criarn, Cuc. clamosus, 
Guv., Le Vaill., Ois. d’Afr. , qui habite l'Afrique 
australe, principalement le cap de Bonne-Espé- 
rance. 

I. Les Enoiros. Il y en a un qui habite le nord 
de l'Afrique; on le voit quelquefois en Europe, 
dans l’Andalousie et aux environs de Marseille. 
C’est le Coucou Gear, Cucul, glandarius, L. , qui 
est gris en dessus , ponctué de blanc, ayec le cou, 
le thorax ct le ventre blancs; ses rectrices sont 
noires, terminées de blanc en dessous. La patrie 
ordinaire de cet oiseau est la Barbarie, l'Egypte 
ct le Sénégal. 

Coucou À coLLIER BLANC, Cuc. coromandus, 
Gm., habite la côte de Coromandel. Coucou #n0- 
u10, Cuc. edolius, Guv., qui a donné son nom à 
la section, a été rapporté de Galcutta, de Pondi- 
chéry, de la côte de Coromandel et du Gap. 
II. Les Guiras. On n’en connaît qu'un seul, 
le Goucou quina-canrara, Cuc. guira, Lath., 
qui est du Brésil. IL est figuré dans l’Iconographie 
de M. Guérin ; pl. 51, f. 2. 

IV. Les Coucous cnos-Becs, forment, pour 


IM. Vigors et Horsfeld, le genre Eudynamis. On 
les trouve dans l'Inde et les.grandes îles voisines. 
V. Les Surnicous, parmi, lesquels on place le 
Goucou A TÊTE Grise, Cuc. flavus, dont on con- 
naît plusieurs variétés. 

VI. Les Cuazrcires. La plupart des espèces sent 
remarquables par le beau brillant de leurs cou- 
leurs. On les nomme aussi Coucous cuivrés et Cou- 
cous éclatans. 


Genre innicareur. Indicator, Vieïlll. 


Cet autre groupe de la famille des Cuculés, a le 
bec très-pointu, convexe; les narines basales, arron- 
dies, bordées; les ailes courtes, aiguës cependant, et 
à première et deuxième rémiges les plus longues ; 
leur queue est échancrée.; elle a douze rectrices. 
Ces-oiseaux sont de la taille des moineaux , leur 
plumage est tout-à-fait sans éclat ; mais leurs sin- 
gulières habitudes les rendent dignes d'intérêt. 
Ils se nourrissent d’insectes, mais préfèrent le 
miel à tout autre aliment; c’est pourquoi ils se 
tiennent aux environs des nids des abeilles sau- 
vages. Les Hottentots les suivent et se guident le 
plus souvent d’après eux pour aller à la recherche 
de ces ruches, et lorsqu'ils en ont découvert, ils 
laissent aux petits Indicateurs quelques débris à 
titre d'encouragement, Le plus commun de ces 
oiscaux est l’INDICATEUR MANGE-MIEL; : Indicator 
major, qui est brun en dessus, roux clair en des- 
sous, avec la queue’ blanche, tachée de noir;il 
vit au cap de Bonne-Espérance. (Genv.) 

COUCOU ( FLEUR el PAIN DE). (BOT. PHAN.) 
On désigne sous ce nom vulgaire le Zychnis floscu- 
culi, le Warcissus pseudo-narcissus, el la Primé- 
vère officinale. 

COUCOUILLO, (1xs.) Les habitans de l'Améri- 
que espagnole désignent ainsi les Taupins phos- 
phorescens. #7, Tauprx. (Gu£r. ) 

COUDE, Cubitus. (Anar. } Ge mot désigne en 
général un angle formé par la réunion de deux 
parties droites. L’articulation du bras avec l’a- 
vant-bras', par la saillie qu’elle produit , en est un 
exemple. On donne aussile nom de Coude-pied à 
la saillie que présente la face supérieure du pied 
près de son articulation avec la jambe. (M. S. A.) 

COUDRE. Ce mot désigne le Goudrier et Ja 
Viorne. Ÿ, ces mots. 

COUDRIER, Corylus. Ce genre se trouve com- 
pris dans les Gupulifères de Richard, et dans la 
Monœæcie octandrie. Voici ses caractères. Fleurs 
monoïques. Les mâles forment de longs chatons 
cylindriques et pendans. Chacune d’elles se com- 
pose d’une écaille profondément bilide, soudée 
avec une autre écaille plus extérieure, entière , 
plus grande, et qui enveloppe toute Ja fleur; les 


étamines sont au nombre de huit; leurs filets 


sont courts et grêles ; leurs anthères sont ovoides, 
allongées et uniloculaires , marquées d’an sillon 
longitudinal par lequel elles s’ourrent. Les fleurs 
femelles, en général , sont réunies plusieurs ensem- 
ble à l’aisselle d’écailles qui constituent une sorte 
de bourgeon conoïde. L’involucre est monophylle, 
et recouvre complétement Ja fleur; le calice est 


COUD 


343 


COUL 


adhérent avec l'ovaire infère et plus où moins glo- 
buleux, et son limbe est court et irrégulièrement 
denticulé, Coupé en travers, l'ovaire offre deux 
loges , très-petites comparativement à la masse ; 
dans chacune, un ovule renversé est attaché à 
la partie supérieure et un peu interne. Cet ovaire 
est surmonté de deux stigmates subulés plus longs 
que’ l’involucre. Le fruit est un gland osseux , 
enveloppé dans un involucre monophylle on cu- 
pule foliacée , plus longue que lui, au fond de la- 
quelle il est attaché par une large base. Le péri- 
carpe est osseux, indéhiscent , plus ou moins glo- 
buleux , en pointe au sommet. La graine n’a point 
d’endosperme ; c’est un gros embryon à deux co- 
tylédons très-épais. Six espèces sont comprises dans 
ce genre; mais l'Europe n’en à eu que deux en 
partage : c'est le Corylus avellana, et le Corylus 
colurna. 

Le premier, connu sous le nom vulgaire de Cou- 
drier commun, ou Noisetier, abonde dans nos fo- 
rêts, où il parvient à la hauteur de dix à douze 
pieds. C’est un arbrisseau que revendiquent éga- 
lement la poésie et la physique occulte. Combien 
de fois n’est il pas nommé dans les églogues de 
Virgile! Aic inter densas corylos, modo namque 
gemellos, etc. , etc. Si Ménalque invite Mopsus à 
venir s'asseoir auprès de lui pour l’accompagner 
de son chalumeau, c’est au milieu d’un fourré 
épais d'Ormes et de Coudriers : Hic corÿlis mixtas 
inter consedimus ulmos ? Le peuplier est l’arbre fa- 
vori d'Alcide; la vigne est chère à Bacchus; la 
belle Vénus a choisi le myrte, et Phébus le laurier; 
mais Phyllis aime les Coudriers , et tant que Phyl- 
lis les aimera , nul de ces arbres, suivant Gorydon, 
malgré leurs augustes protecteurs, ne l'emportera 
sur les Coudriers : Vec myrtus vincet corylos, nec 
laurea Phœbi. Le flambeau nuptial, qui, avant 
Pline, se faisait d’aubépine, était formé, de son 
temps, d’une branche de Coudrier ou de charme. 
Des charlatans se vantaient autrefois de pouvoir 
connaître les endroits qui recelaient des sources, 
des trésors, des mines, etc., etc., au moyen d’une 
baguette de Coudrier, fourchue, que lon devait 
tenir par ses deux branches, bien horizontalement, 
en marchant avec lenteur : lorsqu'on parvenait au 
point du sol qui recouvrait ce qu'on cherchait, 
aussitôt la baguette s’inclinait vers la terre, et l’on 
n’avait plus qu’à fouiller en ce point. C’est Ià cette 
fameuse baguette divinatoire, dont il n’est per- 
sonne qui n’ait entendu parler. L'auteur de cet 
article a vu dans un département reculé de la 
France , au beau milieu de ce siècle de lumières, 
employer cette baguette, d’une manière inefficace, 
comme on le pense bien. N’en soyons point sur- 

ris : l’histoire de ce Jacques Aymar, paysan de 
Sainte Véran , près de Saint-Marcellin, départe- 
ment de l'Isère, qui se rendit très-célèbre dans 
cet art, sous la régence du duc d'Orléans, ne 
date pas de bien loin : ne sait-on pas qu'il préten- 
dait découvrir , avec sa baguelte, non-seulement 
les caux, les mines, les trésors cachés sous terre, 
mais encore les cadavres de ceux qui avaient été 
assassinés, ainsi que Jeurs meurtriers, Le Régent le 


) 


fit venir à Paris, et toute cette cour, composée 
en grande parlie d’esprits forts qui ne croyaient 
absolument à rien, fut émerveillée des miracles 
opérés par Jacques À ymar. 

Lecteurs, ne vous hâtez point de dire : Mais de 
pareilles süperstitions ne sont plus possibles aujour- 
d'hui. Tournez un peu la tête, et vous verrez tout 
près, derrière vous, quelques années seulement 
avant la révolution, 'le charlatan Bletton user de la 
baguette divimatoire, et causer aussiune admiration 
presque universelle ; et, bien après la révolution, 
sous l'empire, la prophétesse Lenormand, établie 
au centre même de Paris, consultée par ce qu’on 
appelle les hautes classes de la société, et les 
étonner par ses oracles. Quand de vains presiiges 
occupaient ainsi les têles dansle chef-lieu de la civi- 
lisation , on doit bien pardonnér à de pauvres vil- 
lageois relégués à deux cents lieues d'ici de s’en 
laisser ébranler le cerveau. Dans diverses localités. 
avec des tigesflexibles dés jeunes Coudriers, on fait 
des espèces d’arcs, qu’on appelle en certains lieux 
Sauterelles, en d’autres Casse- pieds, aux Pyré- 
nées Esplene, et avec lesquels on attrape les oi- 
seaux par les pieds , comme le fait entendre la se- 
conde dénomination. Le Coudrier sert aussi à faire 
des fourches, des cercles de barils, des bossets., 
des bâtons de lignes. Les chandeliers en font 
usage pour mouler la chandelle commune, nommée 
à la baguette. On en fait du charbon, que les 
peintres emploient pour faire des esquisses. 

Le Noisetier s'élève quelquefois au dessus de la 
poésie et de l’économie champêtres : la représen- 
tation de ses fruits avec leur involucre entre dans 
les armoiries, et c’est ce qu’on nomme, en lan- 
gage héraldique, Coquerelles : ce mot vient du 
gaulois Coquerée, qui signifie Voisette verte. 

(G. £.) 

COUGOURDE. (mor. pan.) Nom méridional 
de la Courge. 

COULAC. Nom de l’Alose à Bordeaux. 

COULCHAS. (20oT. Pnan.) Nom égyptien mo- 
derne et de moyenne antiquité du Gouet comesti- 
ble, Arum esculentuin. Selon la Michna, les Juifs 
lui donnaient le nom de Zuph; l'un et l'autre in- 
dique que la plante occupe le sol plus d’une année, 
et qu’elle ne peut se passer d'irrigation : c’est du 
moins ce que nous lisons dans le traité d’agricul- 
ture de Palladius. Cette plante était de son temps 
particulièrement cultivée dans le Delta. #7, au mot 
Gouer. (T.: ». B.) 

COULEQUIN. (mor. Han.) Ce nom, syno- 
nyme des trois espèces connues de Cécropies, 
Cecropia concolor, ipalmata et peltata, indigènes 
aux Antilles (v. plus haut pag. 35), et à diverses 
contrées de l'Amérique méridionale, est employé 
depuis la plus grande antiquité pour désigner l’ar- 
bre dont on se servait pour faire des conduite 
d’eau. C’est encore avec le Coulequin, au bois fort 
tendre, poreux et léger, que l’on se procurait du 
feu bien avant l’époque désastreuse de la conquête 
espagnole. On praliquait pour cet effet un petit 
trou dans le morceau de Coulequin et l’on y en- 
fonçait un éclat de bois dur, taillé pointu, puis on 


D 


PQ 


COUL 


ment rapide allumait le bois de Coulequin et sa 
flamme permettait d'embraser des broussailles et 
le menu bois sec. L'usage du briquet ou du phos- 
phore fait renoncer à celle vieille et ingénieuse 
ratique. (T. ». B.) 

COULEUVRE, Coluber. (nepr.) L’étymologie 
de ce nom, formé du mot latin Coluber, paraît un 
peu obscure ; la plus vraisemblable est celle qui 
fonde cet appellatif sur l’habitude que ces sortes 
d’ophidiens ont communément de rechercher 
l'ombre, Colere umbras; aussi est-ce à cette ori- 
gine du mot Couleuvre que fait allusion l’auteur 
de ce vers connu : 


« Sæpè latet molli coluber sub graminis umbrä, » 
Barrisre de Mantoue. 


L'application du mot Couleuvre est presque aussi 
douteuse dans les écrits des anciens auteurs que 
son étymologie ; chez la plupart , il semble syno- 
nyme de serpent en général. Il se retrouve em- 
ployé à peu près de la même manière chez les au- 
teurs de la renaissance. Les naturalistes systéma- 
tiques restreignirent son application aux ophidiens 
dont la queue est revêtue en dessous de lamelles 
disposées sur deux séries parallèles, Plus tard on 
sépara de ces Couleuvres celles d'entre elles qui 
ont la mâchoire supérieure pourvue de crochets 
venimeux ; puis celles dont les dents , ou les écailles 
du dos et de la tête présentent certaines disposi- 
tions spéciales. Aujourd'hui le nom de Couleu- 
vre se trouve réservé aux ophidiens, ou serpens à 
tête ovalaire, déprimée, distincle du tronc par 
un col assez marqué, revêlue en dessus de pla- 
ques polygones qui s'étendent jusque sur la nu- 
que, pourvue en dessous d’un repli rentrant de 
la peau susceptible de s’amplifier dans l’acte de 
la déglutition ; à narines oyalaires, simples, pla- 
cées sur les côtés du museau obtus et arrondi ; 
aux yeux de grandeur moyenne, dépourvus de 
paupières , à pupille arrondie; à bouche grande , 
dilatable en arrière, à mâchoires diductbles en 
avant; à corps cylindrique, allongé, suivi d’une 
queue conique, longue et grêle, terminée par 
un dé corné, simple, revêtue en dessous d’une 
double série de lamelles, et, ce qui est surtout 
caractéristique, à écailles rhomboïdales, égales 
sur le dos, et à dents petites , nombreuses, sim- 
ples, égales, dirigées vers le gosier , régulièrement 
décroissantes d'avant en arrière , instrées sur l’os 
maxillaire supérieur, l’os palatin, l'os ptérygoïdien 
et l'os maxillaire inférieur, de telle sorte qu'il 
existe en haut de chaque côté deux rangées de dents 
continues, dans l'intervalle desquelles se trouve 
recue la rangée simple d’en bas; quelquefois il ar- 
rive que les dernières dents maxillaires supérieures 
sont plus développées que celles qui les précèdent, 
à peu près comme chez les Hétérodontes : mais ici 
ces dents n’offrent point de sillon sur Jenr cour- 
bure, et les glandules qui leur correspondent n’ont 
pas de caractère différent de celui des glandes sa- 
livaires simples. L’os intermaxillaire en est privé. 
‘ Les Couleuvres proprement dites, ou homopho- 


544 


le tournait avec beancoup de vitesse : ce mouve- 


COUL 


lides isodontes, habitent les bois couverts et les 
prairies qui les avoisinent ; quelques unes préfè- 
rent le voisinage des eaux paisibles dans lesquel- 
les elles poursuivent parfois leur proie; d’autres 
fréquentent au contraire les lieux sablonneux, 
secs et arides; elles se creusent des terriers peu 
profonds ‘au pied des arbres, sur le bord des haies 
et des chemins garnis de buissons ; mais elles 
grimpent rarement sur le tronc des arbres, et ja- 
mais on ne les voit s'élever sur leurs branches, 
Leur nourriture est, à peu près comme pour tous 
les ophidiens , tirée d'insectes, de petits mollus- 
ques terrestres, de petits batraciens ; les plus gros- 
ses Couleuvres avalent même des oiscaux et des 
rongeurs de petite taille. Les Coulcuvres boivent 
à la manière des lézards par un mouvement d’as- 
piration, mais c’est à Lort que l’on a prétendu que 
les Couleuvres aimaient le lait au point d’aller 
traire les vaches pendant la nuit; leurs lèvres 
cornées ne peuvent permeltre de succion, et la 
disposition de leurs dents blesserait trop l'animal 
pour qu’il se Jaissât faire, et ne leur permettrait 

as de lâcher le pis de la vache qu’elles auraient 
saisi. Les Couleuvres s’accouplent comme les autres 
ophidiens ; la durée de leur gestation paraît varier 
beaucoup par l'effet des circonstances environ- 
nantes ; on la dit de deux, trois, six semaines, 
elle peut se prolonger beaucoup au-delà ; elles 
pondent des œufs ellipsoïides nombreux, à enve- 
loppe coriace , qui souvent s’agglutinent les uns 
aux autres à mesure qu'ils sortent du vestibule ; 
Ja femelle les abandonne à l’éclosion spontanée 
dans le sable, les feuilles sèches, dans l'herbe cou- 
pée pour la pâture des bestiaux ou dans les fu- 
miers, à l’action modérée du soleil ou de la cha- 
leur développée par une fermentation lente. L’on 
dit que dans certaines circonstances les Couleuvres 
donnent des petits vivans. Le développement des 
Couleuvres est assez lent, au moins dans l’état de 
captivité où on a pu l’observer ; elles n’atteignent 
pas en général une taille considérable ; les plus 
grandes espèces ne dépassent guère cinq pieds 
de longueur. La durée de leur existence n'est pas 
précisément connue ; c’est erreur de croire, avec 
nos villageois , qu'elle est bornée à deux ans. Les 
Couleuvres vivent isolées, les sexes ne se rap- 
prochent que pour l’accouplement. Ce sont en 
général des animaux timides; leurs principaux 
moyens de défense sont la fuite et la projection 


d’excrémens demi-liquides, à odeur alliacée très- 


pénétrante ; rarement elles mordent , si ce n’est 
pour avaler lear proie. Leur morsure n’est pas ve- 
nimeuse et la frayeur que ces animaux inspirent 
généralement n’est pas fondée : c’est ce que sa- 
vent très-bien nos farceurs et nos bateleurs qui 
se jouent avec des Gouleuvres pour captirer les 
regards étonnés du public ignorant, c’est aussi ce 
que savent très-bien les habitans de plusieurs de 
nos cantons qui chassent les Couleuvres et les 
mangent sous le nom d’anguilles de haies. 

Les Couleuvres sont répandues partout, sur- 
tout dans les contrées chaudes et tempérées ; les 
régions boréales voisines des pôles sont les seules 


où ces 


__— 


0 mm, 


HE COUL 


345 7 


COUL 


D ED 


où ces serpens ne se soient pas propagés. La fa- 
mille des Couleuvres, restreinte aux homopholi- 
des isodontes, est encore extrêmement nombreuse 
en espèces, que la variabilité de leurs couleurs a 
fait multiplier souvent à l'infini. Dans l'impossi- 
bilité de donner ici le tableau de tous les mem- 
bres de cette famille, nous indiquerons ceux d’en- 
tre eux qui ont élé mieux étudiés et qui servent 
de type aux divisions que l’on a tenté d'établir 
parmi les Couleuvres , en indiquant de préférence 
les Couleuvres de nos contrées. 

Parmi les Couleuvres homopholides isodontes, 
il en est'qui ont les écailles dorsales carénées ; on 
leur a donné, à cause de celle circonstance, le 
nom particulier de Zropidonotus , des mots grecs 
tropis, carène, et noton, dos. Dans ce groupe l’on 
trouve la CoULEUVRE À COLLIER , C. natrix, C. lor- 
quata , représentée dans notre Atlas, pl. 126, fig. 
3, d’un vert grisâtre et cendré en dessus , parse- 
mée de taches noires disposées sur quatre rangées 
longitudinales alternes ; les deux supérieures for- 
mées de taches plus petites, les latérales de taches 
plus grandes, plus ou moins confluentes; blanchâtre 
en dessous avec de grandes tachesirrégulièrement 
disséminées d’un noir bleuâtre; derrière la nuque, 
deux taches jaunes en croissant à concavité tour- 
née en avant , suivies de deux grandes taches noi- 
res de même forme, constituent une sorte de col- 
lier qui a fait donner à cette espèce le nom par- 
ticulier qu'elle porte. Cette Couleuvre , très- 
répandue en Europe, atteint trois à quatre pieds 
de longueur; elle se rencontre dans les prairies 
voisines des eaux douces, dans lesquelles elle sé- 
journe quelquefois, ce qui lui a valu , dans quel- 
ques auteurs , le nom de Couleuvre natrice, que 
l’on a ensuite étendu à plusieurs de ses congé- 
pères ; mais il faut observer que dans celte ap- 
plication du mot natrix , les auteurs de la renais- 
sance n’ont pas prétendu rappeler celle des anciens. 
En effet, ils avaient donné le même nom à des ser- 
pens aquatiques plus ou moins analogues aux hydres 
et aux chersydres sur lesquels nous avons peu de 
données, et qu'ils regardaient comme très-mal- 
faisans, comme on le voit par ce passage d’A. Lu- 
canus : 


« Et natrix violator aquæ.….., » 
Pharsalia, lib. 1x, 


Le système de coloration de cette Couleuvre 
est très-sujet à varier, et quelques unes des varié- 
tés de coloralion ont recu des noms particuliers, 
comme la Couleuvre menacçante, C. minax; la 
Couleuvre des murailles, €. murorum. Cuvier a 
signalé, comme espèce distincte , une Couleuvre 
de Sicile dont la taille est plus forte, la teinte des 
couleurs du dos plus foncée , et qui n’a sur la nu- 
que qu’un collier formé par les taches noires. 
Cette Couleuvre a été rapportée par M. G. Bibron, 
Jun de nos collaborateurs, et a recu le nom im- 
propre de COULEUVRE SICILIENNE, C, siculus, puis - 
qu’elle n’est pas propre à cette ile, et qu'elle s’est 
retrouvée depuis en Morée. 

Une autre espèce du même groupe est la Cou- 


Towe IL. 


124° Livraison. 


LEUVRE VIPÉRINE, C. viperinus, décrite aussi sous le 
nom de Couleuvre chersoïde, de Couleuvre ocellée, 
Brunâtreen dessusavecune série de tachesnoirâtres 
alternes sur le dos, souvent confluentes, et formant 
par leur réunion un zig-zag qui rappelle la colora- 
tion de la vipère; sur les côtés d’autres taches noires 
entourent plus ou moins exactement des taches 
jaunâtres, plus ou moins distantes ; le ventre est 
tacheté de noir. Gette Couleuvre habite le midi de 
l'Europe, et n'atteint guère au-delà de trois pieds. 
On à dit qu'elle se trouvait au Brésil, parce que, 
par une erreur singulière; on en avait mis acci- 
dentellement des échantillons dans un bocal qui 
renfermait des serpens de cette contrée. 

Le midi de l'Europe fournit encore une espèce 
de ce groupe, c’est la GOULEUVRE À QUATRE RAIES, 
C. elaphis, le plus grand des serpens de nos con- 
trées ; il atteint parfois cinq à six pieds , aussi a-t- 
on voulu, seulement à cause de sa taille, voir dans 
cet ophidien le Boa de Plinius; il est de couleur 
fauve en dessus , avec quatre lignes brunes noirâ- 
tres, longitudinales, bien arrêtées sur le dos; le 
ventre est d’un jaune de soufre. Gelte espèce est 
sujette à quelques variations de couleur, qui ont 
aussi donné lieu à la création d'espèces nomi- 
nales. 

Le plus grand nombre des Couleuvres homo- 
pholides isodontes a les écailles dorsales lisses ; 
une d’entre elles a même recu, à cause de cette 
particularité, le nom spécial de CouLEUVRE LIssE ; 
on l’a aussi appelé Couleuvre d’Autriche , €. aus- 
triacus, parce qu’on l’a signalée d’abord dans cette 
contrée, où on l’y croyait propre; elle a la tête pe. 
tite, le corps grêle; elle n’atteint guère plus de trois 
pieds de long; elle est d'un gris roussâtre en des- 
sus avec deux séries de petites taches noires le long 
du dos ; le dessous est plus ou moins marbré de 
noir, souvent elle prend une teinte roussâtre gé- 
nérale, qui l’a fait décrire sous divers noms; mais 
celte espèce se reconnaît généralement à l’exis- 
tence de deux petits points noirs, impriniés sur 
l'extrémité postérieure de chaque écaille. Elle est 
assez généralement répandue dans les régions 
tempérées de l’Europe. 

L'on y rencontre aussi la COULEUVRE BORDELAISE, 
C. girondicus , à peu près de même taille que la pré- 
cédente , mais se rapprochant, pour le système de 
coloration, de la Gouleuvre vipérine, dont elle 
diffère par ses écailles lisses. 

La Coureuvre De Riccozr, C. Riccioli, se rap- 
proche des précédentes par ses formes; mais elle 
en diffère par sa coloration grisâtre en dessus, 
marquée sur les flancs de taches flexueuses , larges, 
de couleur foncée; le ventre est jaune avec une 
ligne noire sur chaque côté, accompagnée sur les 
flancs de points d’nn rouge de corail. 

L'on a groupé ces trois espèces , à cause de la 
forme générale de leur corps et de quelques parti- 
cularités dans la disposition des plaques de la tête, 
dans un groupe à part, sous le nom de Zacholus, 
du mot grec Zacholos , violent, emporté. 

L'on a aussi réuni, pour des motifs analogues, 
quelques autres Couleuvres dans un groupe que 


44 


oo 


COUL 


Pon a désigné par le nom de Zamenis, mot grec 
qui a à peu près la même signification que le dé- 
signatif du genre précédent. Telles sont la Cou- 
LEUVRE VERTE ET JAUNE, C. viridiflavus , C. atro- 
virens. Longue de trois à quatre pieds; noire 
verdâtre en dessus, parsemée de petites taches 
linéaires jaune de soufre; ces taches s’agrandis- 
sent un peu sur les flancs et prennent quelquefois 
la disposition d’ocelles plus ou moins marqués ; le 
dessous du corps ést d’un jaune vif verdâtre. Cette 
Couleuvre est assez répandue dans le midi de 
l'Europe, ainsi que la Coureuvre D'EscuLaArE, 
C. Esculapii , ainsi désignée parce que l'on présu- 
me que le serpent d'Epidaure , qui fut amené à 
Rome pendant la peste qui ravagea cette ville sous 
le consulat de Q. Fabrius et Q. Brutus, était 
de cette espèce, et que l’on croit reconnaître cette 
Couleuvre représentée sur les statues du dieu de 
la santé. Celte Couleuvre , qu’il ne faut pas con- 
fondre avec celle que Linnæus à gratifiée arbi- 
trairement du même nom, et qui est de l’'Améri- 
que septentrionale , est d’une taille égale à la 
précédente , d’un brun verdûtre, uniforme en 
dessus , d’un jaune paille en dessous. Elle habite 
les contrées méridionales de l'Europe ; ses écailles 
paraissent assez relevées à leur centre, surtout chez 
quelques individus, pour que l’on ait indiqué cette 
espèce comme pourvue d'écailles carénées. 
Quelques Couleuvres ont deux rangées de plaques 
‘ labiales superposées, de sorte que l'œil est entouré, 
excepté en dessus, de petites plaques; cette dispo- 
sition les a fait grouper à part sous le nom de 
Periops, des mots grecs peri autour, ops œil, qui 
rappelle quelque peu la particularité que ces Cou- 
leuvres présentent. À ce groupe se rapporte la 
CouLEUvVRE FER-A-CHEVAL, C. hippocrepis , ainsi ap- 
pelée à cause de la disposition de la coloration des 
plaques qui recouvrent le dessus de la tête. Cette 
Couleuvre atteint trois à quatre pieds; le dessus 
du corps est d’un blanc jaunâtre , presque effacé 
par uñe série de grandes taches nummulaires 
noires, bien-circonscrites, placées à la suite les 
unes des autres le long de l'échine; des taches 
irrégulières de même coulées s’interposent dans 
l’espace qu’elles laissent sur les flancs; le ventre 
est blanchâtre, irrégulièrement poñetté de noir. 
Cette Couleuvre se trouve dans le midi de l'Europe 
etle nord de lAfrique; or l’a dite du Brésil par 
l'erreur indiquée au sujet de la Couleuvre vipérine, 
c’est donc à tort qu’elle a recu le nom de Coureu- 
vre px Baura, €. bahiensis. La Couleuvre décrite 
dans l’ouvrage de l'expédition française en Eg gypte, 
sous le nom de COULEUVRE AUX RAIES PARALLÈLES , 
appartient à ce groupe : à peu près dela même 
taille que la précédente ; elle est en dessus d’une 
couleur fauve tirant au vert; des taches brunes, 
sinueuses , légèrement sidérécs, sont disposées sur 
trois séries longitudinales , Qui s’anastomosent fré- 
quemment entre elles par leurs tôlés; derrière 
l’œil une tache de même couleur , de forme assez 
irrégulière, est dirigée obliquement enarrièreet en 
bas: le dessous di corps est d’un blanc rougeâtre; 


D 
chez quelques individus l’on observe sur le milieu | 


D 


COUM 


des lames D rndiiqud miilansede RE e | ins tele A une série de points noirs qui 
constituent une raie étroite peu continue. Cette 
espèce habite les sables du nord de l’Afrique, et 
se trouve près des cultures et des points liabités. 

Nous ne nous arrêlerons pasici sur quelques 
genres formés avec des Couleuvres étrangères et 
fondés sur de légères dispositions des plaques de 
la tête, et nous terminerons cet article, déjà un 
peu long, par l'indication de quelques Couleuvres 
dont les écailles dorsales , loin d’être saillantes en 
carènes ou même lisses, sont au contraire exca- 
vées, ce qui leur a fait donner le nom de Cælo- 
peltis, des mots grecs pelté bouclier, et coilos 
concave; c’est par exemple la CouLEuvre À Lo- 
SANGE, C. rhombeatus , fauve en dessus avec la 
tête couverte d’une sorte de capuchon brun, qui 
se continue sur le dos par une bande en zig-zag, 
dans les anfractuosités de laquelle sont placées des 
taches ovalaires ou rhomboïdales , plus foncées à 
la circonférence qu'au centre, et se confondant 
sur la queue en une ligne continue ; le dessous du 
corps est blanchâtre: sa taille est de trois pieds 
environ. Elle habite le cap de Bonne-Espérance 
et l'Afrique méridionale; l’Afrique septentrionale 
fournit une autre espèce voisine , figurée dans l’ou- 
vrage de l’armée francaise sur l’ Egypte, et décrite 
depuis sous le nom de COULEUVRE LAGERTINE, 
C. lacertina, de même taille que la précédente ; 
fauve en dessus avec quatre séries de taches noi- 
râtres, irrégulièrement sidérées, les deux séries 
moyennes ren confondues entre elles: le 
ventre marquelé de noir et de blanc avec trois 
lignes blanchâtres plus nettement arrêtées. Par 
suite de l'erreur signalée déjà pour certaines es- 
pèces précédentes, celte Couleuvre se trouve fi- 
gurée ét décrite à tort parmi les serpens du Bré- 
sil, publiés par Spix et Wagler, Fitzinger a fait de 
cette Couleuvre le type} de son groupe Malpolon, 
genre qui a été modifié depuis , parce qu’il n’était 
pas exactement précisé par son auteur. (T. C.) 

COULEUVRÉE. (vor. Pan.) Nom vulgaire de 
la Brvows. V. ce mot. (GuËr. ) 

COUMAROU , Cownarouna. (8oT. pxan.) Arbre 
de la Guiane (Aublet , t. 296) , famille des Légu- 
mineuses et Monadelphie octandrie de Linné, Son 
tronc est lisse, blanchâtre , s’élevant à soixante- 
dix ou quatre-vingts pieds, sur trois à quatre de 
diamètre. Ses rameaux, nombreux au sommet, 
sont garnis de feuilles très-longues , composées 
de deux ou trois paires de folioles presque sessiles, 
entières, àäcuminées. Les fleurs, d’un violet 
pourpre, disposées en grappes axillaires ct termi- 

nales, ont pour caractères génériques : nn calice 
coriace , turbiné , à trois lobes inégaux , les deux 
supérieurs dressés , l'inférieur beaucoup plus pe- 
tit; une corolle papilionacée, de cinq pétales, 
dont trois sont dressés et veinés de lignes violet- 
tes, les deux autres plus pelits et déclinés; huit 
étamines en un seul faisceau (c’est sans déule par 
inattention que quelques auteurs ont rangé le 
Coumarou dans la Diadelphie décandrie) ; une 
gousse oblongue, colonneuse, renfermant _une 
seule graine. 


COUP 


547 


COUR 


Cette graine, qui a la forme d’une amande , est 
la fameuse fève tonka, dont l’odeur suave parfume 
la tabatière de certains amateurs de la nicotiane ; 
elle croît principalement dans le pays des Galibis 
et des Garipous, qui, tout sauvages qu'ils sont , 
apprécient aussi ses qualités aromatiques ; ils les 
enfilent pour en composer des colliers. Le bois du 
Coumarou est très-dur ; les créoles de la Guiane 
s’en servent aux mêmes usages que le gaïac, et 
lui donnent même ce nom, qui aura pu tromper 
quelques voyageurs, 

Willdenow, qui a remplacé le nom un peu ca- 
raïbe de Coumarou par l'expression grecque de 
dipteriæ, réunit à ce genre le TarABA oPPosITIFO- 
A d'Aublet, Voy. ce mot. (L.) 

COUMIER , Couma. (BoT. paan.) C’est encore 
un arbre de la Guiane, observé primitivement par 
Aublet; mais, décrit d’une manière incomplète 
dans l'ouvrage de ce voyageur, il avait été négligé 
par l’auteur du Genera. Un peu plus tard , Rudge, 
qui a publié un choix des plantes de la Guiane , a 
regardé le Couma comme appartenant au genre 
Cerbera, ce qui est très-inexact. Enfin, Claude 
Richard ayant de nouveau observé cet arbre, la 
science en possède maintenant une descriplion 
complète. 

Le Coumier, Couma guianensis, est un arbre 
de trente pieds environ, croissant au bord des 
fleuves. De son écorce épaisse et grisâtre découle 
un suc laiteux , qui se fige et se convertit en une 


résine assez semblable à l’ambre gris. Autour 
de ses jeunes rameaux, triangulaires et glabres, 


sont des verticilles de trois feuilles ovales, entiè- 
res, acuminées , portées sur un pétiole canaliculé. 
Ses fleurs sont roses, de grandeur médiocre, dis- 
posées au sommet des rameaux en panicules tri- 
chotomes; voici les caractères génériques indiqués 
par R. Richard, dans un mémoire sur ce genre 
(Ann. hist. nat., t, 1) : calice turbiné à cinq di- 
visions étroites, dressées; corolle monopétale, 
tubuleuse, garnie de poils à son entrée, évasée 
au sommet én cinq divisions aiguës, réfléchies ; 
cinq étamines , à filets courts et un peu velus, à 
anthères sagittées ; un style subulé, glabre, por- 
tant un stigmate à deux lobes; une baie arrondie, 
un peu déprimée, renfermant de trois à cinq 
graines, 

Les fruits du Couma, dont la pulpe , de couleur 
ferrugineuse , est d’abord âcre, puis douce et co- 
mestible, se vendent à Cayenne sous le nom de 
poires de C'ouma. 

Le Coumier est figuré dans Rudge, pl. 48 , sous 
le nom inexact de Cerbera triphylla. Voyez aussi 
Aublet, Plantes de la Guiane, Supplém. , p. 39, 
t. 592. s L. 

COUPE-BOURGEON , BÉCHE , LISETTE ou 
PIQUE-BROCG. (1x5. ) On donne ces noms vul- 
gaires à diverses espèces d'insectes des genres At- 
telabe, Gribouri, Eumolpe, Pyrale, Lethrus, etc., 
parce qu’ils détruisent les bourgeons des végétaux 
que nous cultivons et font beaucoup de tort sur- 
*. tout à la vigne. (GuËr.) 

« COUPELLATION. On désigne sous ce nom 


l’an des procédés que l’on emploie pour séparer 
l'argent du plomb et des autres métaux, auxquels 
il peut être associé, ou pour connaître la quantité 
d’alliage qu'ilrenferme. L'opération, qui s'exécute 
en grand quand on traite les minerais de plomb 
argentifère, et en très-pelit quand il s’agit d’es- 
sayer le Litre de l’argent , repose dans les deux cas 
sur la facilité avec laquelle le plomb s’oxide ou se 
convertit en litharge. Pour essayer un lingot d’ar- 
gent, on en détache un certain poids ; on le fond 
avec plusieurs fois son poids d’un plomb bien dé- 
pouillé d'argent; on place l'argent et le plomb 
dans un petit vase formé d’os calcinés, vase que 
l’on nomme Coupelle. L’on chauffe sous une mouf- 
fle , le plomb se convertit en litharge; qui est ab- 
sorbée par la Coupelle avec les autres métaux, 
tels que le cuivre, que l’argent pouvait contenir , 
et il reste un bouton d'argent pur, dont on com- 
pare le poids avec celui de l’argent détaché du 
lingot, S'il manque par exemple un dixième , le 
lingot était au titre de la monnaie ou à g00 mil- 
lièmes de fin. 

L'opération de l’affinage du plomb d'œuvre, ou, 
plomb argentifère, n’est autre chose que la Gou- 
pellation en grand. Le plomb est placé dans un 
fourneau à réverbère, dont la sole, à forme très- 
évasée et peu profonde, est recouverte de cou- 
ches de cendres lavées et battues. La voûte est un 
couvercle en fer qu'on peut élever et abaisser à 
volonté: des machines soufflantes chassent la ‘ 
flamme et un fort courant d’air à la surface du bain 
de plomb ; l’oxide se forme rapidement et vient 
sortir par une ouverture opposée à la bouche des 
souflets, L'argent, qui ne s’oxide pas, reste seul 
sur la sole, et au moment où la dernière pellicule 
d’oxide de plomb a disparu, on voit briller une 
vive clarté, nommée éclair par les ouvriers; c’est 
le signe auquel on reconnaît que la Coupellation 
est terminée. (B.) 

COUPEROSE. (cmm.) Les anciens chimistes 
désignaient sous le nom de Couperose, cuperosa, 
(quasi cupri rosa) , de Cuprum , cuivre, et de rosa, 
rose, ou, plus vraisemblablement, de ros, roris , 
rosée, diflérens sulfates (voyez SuzrATE) métalli- 
ques , tels que celui de fer, de cuivre et de zinc. 
Le premier, de couleur verte, s’appelait Coupe- 
rose verte; le second, de couleur bleue, Coupe- 
rose bleue, et le troisième, de couleur blanche, 
Couperose blanche. Ges vicilles dénominations ne 
sont plus usitées que par le vulgaire. (F.F.) 

COUPEUR D'EAU. (ois.) Synonyme de Brc 
EN Giszaux. Woy. ce mot. (Gerv.) 

COURAGE. (euysiou.) « C’est, a-t-on dit, ce 
sentiment de nos propres forces qui nous fait sur- 
monter un danger s’il peut être écarté, ou nous 
le fait voir de sang-froid, s’il est au dessus de 
nos moyens de l’éviter.» La dernière partie de 
cette définition nous paraît seule exacte : l’éner- 
gie que nous puisons dans la supériorité de nos 
forces est autre chose que du Courage, et en- 
traîne plutôt une idée opposée. On a dit encore 
que dans quelques cas c'était une détermination 
rapide , involontaire et comme instinctive , mais 


A 


à COUR 


5/8 


COUR 


EEE 


cette détermination peut n'être que le besoin de 
se défendre contre une agression inévitable. Nous 
définissons donc le (Courage cette puissance mo- 
rale qui nous donne la faculté d'apprécier le pé- 
ril, de le braver , de le combattre ; cette fermeté 
qui supporte avec résignation la souffrance, le 
malheur. Ce sentiment est si peu le résultat de 
la force musculaire, qu'on le rencontre or- 
dinairement dans des êtres assez mal parta- 
gés sous ce rapport. La férocité de certains ani- 
maux n'est pas toujours la compagne du Cou- 
rage : le loup qui s’élance sur un agneau et le met 
en pièces fuit lâchement au plusfaible brait. Cette 
faculté, qui peut être le résultat d’une disposition 
originelle dent les phrénologistes ont indiqué le 
siége, se développe par l'éducation, s’acquiert 
souvent par l’exemple, ou par l'habitude du dan- 
ger. Que d'hommes timides et craintifs jusque-là 
ont trouvé sur le champ de bataille cette noble 
émulation qui les portait bientôt à des actions 
d’éclat ! que d’autres ont puisé dans une douleur 
constante, dans des malheurs répétés, une énergie 
qu'ils ne s'étaient jamais connue! L’intrépidité n’est 
autre chose que le Courage poussé jusqu’à l’exal- 
tation ; il peut produire alors les plus grandes ac- 
tions ; mais il se soutient rarement à ce haut de- 
é pendant un certain temps; aussi est-il plus fa- 
cile d’être intrépide un jour que courageux dans 
tous les instans. La disposition organique qui porte 
au Courage, porte souvent aussi à en abuser; il 
rend quelquefois les êtres qui en sont doués que- 
relleurs, et sans cesse disposés à se battre. Lors- 
qu'une circonstance quelconque vient mettre celte 
faculté en évidence, tout le corps en ressent les 
effets; il prend alors une attitude particulière ; 
les yeux fixent hardiment et menacent, les mus- 
cles se contractent , le tronc se redresse, la tête 
se relève , la physionomie a quelque chose de fier 
gl souvent de terrible ; l’exaltation cérébrale per- 
met alors de penser, de juger avec rapidité. On 
sait quelle heureuse influence le Courage exerce 
dans la maladie ou sur les blessures graves ; au mi- 
lieu des épidémies les plus meurtrières, que d’hom- 
mes ont dû leur salut à la fermeté stoïque qu'ils 
opposaient aux ravages du mal, ou à l'indifférence 
avec laquelle ils envisageaient la mort! (P. G.) 

GOURANS. (c£ocr. pays). Les navigateurs at- 
testent qu’il existe au sein de l'Océan, principa- 
lement entre les tropiques et jusqu’au 30° degré 
de latitude nord ei sud, un mouvement continuel 
qui porte les eaux d’orient en occident dans une 
direction contraire à celle de la rotation du globe. 
Quoique ce mouvement soit analogue à celui des 
vents alisés , ils assurent qu’on distingue très-bien 
l'action du courant atmosphérique de celle du 
mouvement océanique. Un second mouvement 
porte les mers du nord vers l'équateur, mouve- 
ment qui d’ailleurs a aussi son analogue dans l’at- 
mosphère. 

La cause de ces deux mouvemens semble Lenir à 
l'action du soleil, à celle de l’évaporation des eaux 
et à la rotation du globe. 

Le mouvement de l'est à l’ouest paraît dépen- 


dre de celui du soleil et de la lune, et ces deux 
planètes, en avancant chaque jour à l'occident , 
doivent, selon Buffon , entraîner la masse des eaux 
vers ce côté : de là le retard des marées qui font 
le tour du globe en 24 heures 4g minutes, et en 
reculant chaque jour vers l’ouest, d’où l’on conclut 
la tendance habituelle des eaux vers l’occident. 

Cette théorie ne rendant pas suflisamment 
compte du phénomène, nous allons citer, Jes pro- 
pres paroles d’un savant qui a cherché à lexpli- 
quer. « L'action du soleil et la rotation terrestre , 
diminuent constamment la pesanteur des eaux 
équatoriales, etl’évaporation en fait disparaîtreune 
quantité infiniment plus grande que ne peuvent 
lui rendre les fleuves. Les eaux des mers plus 
éloignées que l’équateur sont donc sollicitées de 
remplir ce vide, et de là proviennent les deux 
courans polaires. Maintenant ces eaux qui viennent 
des zones peu froides (surtout dans le grand Océan, 
où le passage d’un climat à l’autre est peu rapide), 
ces eaux, dis-je, ont une pesanteur beaucoup 
plus grande que celles qu’elles viennent remplacer. 
D'un autre côté, et c’est Jà l'essentiel, elles sont 
animées d’un mouvement de rotation infiniment 
plus lent que ne l’est la partie d’eau qui se trouve 
habituellement dans la zone torride. Or ces eaux, 
par leur force d'inertie, ne se dépouillent ja mais 
tout d’un coup du degré de mouvement qu’elles 
ont une fois acquis. Donc elles ne pourront pas 
suivre la rotation du globe; lourdes et immobiles, 
elles sont tout à coup timbées dans la sphère de 
la plus rapide mobilité; elles conservent pour 
quelques instans leur caractère primitif. Mais la 
part solide du globe est toujours mue vers l’orient 
avec la même rapidité dont elle fuit réellement 
ces eaux qui, en restant toujours un peu en ar- 
rière, semblent se mouvoir vers l'occident, et ainsi 
s’éloignent des rives occidentales des continens, tar- 
dis que sur les rives orientales, la terres’avance vers 
les eaux , et celles-ci, ne se conformant pas avec 
assez de rapidité au mouvement de rotation, sem- 
blent s’avancer vers la terre. » 

Le mouvement qui porte les mers du pôle vers 
l'équateur est plus facile à expliquer. Les rayons 
polaires liquéfient constamment une énorme quan- 
tité de glace: d’où il suit que les mers polaires ont 
toujours une surabondance d’eau , dont elles ten- 
dent à se décharger, et comme l’eau , sous l’équa- 
teur, a une moindre pesanteur spécifique , et que 
l’évaporation en abserbe une grande quantité, il 
est nécessaire que les eaux voisines accourent pour 
rétablir l'équilibre. 

Nous ne parlerons pas du mouvement partiel 
que le mouvement général de l'Océan produit par 
la rencontre d’une grande terre comme la Nou- 
velle-Hollande, ou de ces nombreux archipels 
comme ceux de l'Océanie, et qui forcent une par- 
tie des eaux à prendre une direction contraire à 
celle qu’elles avaient d’abord. On concoit que 
ces mouvemens doivent être aussi mullipliés que 
les obstacles qui les font naître ; de làles Courans 
si contraires et si dangereux décrits dans les Voya- 


ges de Cook, de Lapeyrouse, et de la plupart des 


COUR 


549 


COUR 


navigateurs. Parmi les plus remarquables de ces 
Courans, on doit citer celui qui entraîne dans le 
golfe de Guinée les vaisseaux qui s’approchent trop 
des côtes d'Afrique, et qui ne leur permet de sor- 
tir du golfe qu'avec de grandes difficultés. Dans le 
golfe de Gascogne, il en est un qui se dirige vers 
le nord-est ; dans la Méditerranée , celui qui vient 
de l'océan Atlantique suit les côtes septentriona- 
les de l'Afrique, remonte vers le nord par les cô- 
tes de Syrie, et paraît s’arrêler à l’île de Candie, 
d’où il se dirige vers la Sicile, et de là vers la pé- 
ninsule hispanique. Dans le détroit de Constanti- 
nople , dans celui des Dardanelles et dans l’Ar- 
chipel grec , les Gourans se dirigent toujours vers 
le bassin de la Méditerranée. 

Ilen est d’autres plus importans qui doivent 
attirer notre attention. Tel est le grand Courant 
perpétuel qui règne dans l’océan Indien. Il suit les 
côtes de la Nouvelle -Hollande , de l'ile de Suma- 
tra , et de l’Indo-Chine, toujours dans la direction 
du nord jusqu'au fond du golfe de Bengale, sur 
une ligne de plus en plus inclinée au nord-ouest, 
en suivant la configuration des côtes. Ce Courant 
est le résullat naturel de la pression des Courans 
polaires sur la large ouverture de l'océan Indien 
au sud. Borné à l’ouest et au nord par l’ancien 
continent , c’est-à dire par les côtes de l’Afrique 
et de l'Asie, à l’est par le petit continent de la 
Nouvelle-Hollande et les îles de la Sonde, cet 
Océan ressent faiblement , ou peut-être ne ressent 
pas du tout le Courant équatorial, parce qu’il n’est 
point en contact , au nord, avec une masse d’eau 
froide. D’un autre côté, l'océan Pacifique n’y 
peut porter ses forces: elles se sont dispersées 
parmi ces grands labyrinthes d’iles, d’où il suit 
que la force du mouvement des eaux du pôle aus- 
tral’ domine sans obstacle dans l'océan Indien, 
et y produit le Courant perpétuel qui y règne. 

L'océan Atlantique est aussi le théâtre de plu- 
sieurs grands Courans qu’il doit à sa forme allon- 
gée: le plus important, qui suit dans les deux hé- 
misphères la même direction que les vents alisés, 
-est connu des marins du Nord sous le nom de 
Gulf-stream. M. de Humboldt le compare à un im- 
mense fleuve au moyen duquel la navigation de 
l'océan Atlantique, depuis les côtes d'Espagne 
jusqu'aux Canaries, et depuis ces îles jusqu'aux 
côtes orientales de l'Amérique, offre moins de 
dangers que certains voyages depuis l'embouchure 
de quelques fleuves jusqu’à une trentaine de lieues 
en remontant leur cours. Il s'étend du 16° au 30° 
degré de latitude de chaque côté de la ligne , sui- 
vant la situation apparente du soleil, à la marche 
duquel il semble être subordonné. Il commence 
à se faire sentir au sud-ouest des Acores; il est 
très-faible du 25° au 15° degré de latitude. Près 
de la ligne, la direction est moins constante que 
vers le 10° oule 15° degré. Après s'être dirigé 
vers la baie de Honduras, il traverse le golfe du 
Mexique et se jelle avec impétuosité dans le ca- 
nal de Bahama, où il acquiert une vitesse d’envi- 
ron deux mètres par seconde, malgré un vent du 
mord très-violent qui règne toujours dans ces pa- 


rages. À la sortie de ce canal, le Gulf-stream prend 
le nom de Courant de la Floride. Il dirige alors, 
avec une rapidité de 5 milles par heure, sa course 
vers le nord-est. Au-delà de Maranham, sur la 
côte du Brésil, entre les petites rivières de San- 
Francisco et de Maranhab , le capitaine Sabine lui 
reconnut une vitesse de plus de 4 milles par heure. 
Entre Cayo-Biscayno et le banc de Bahama, sx 
largeur est de 15 lieues, de 17 sous le 28° degré 
de latitude, et de 4o à 50 sous le parallèle de 
Charlestown. Au-delà de ce point , sa vitesse n’est 
plus que d’un mille par heure. Depuis le 41° jus- 
qu’au 67° degré, sa largeur est de 8o lieues mari- 
nes. De là il se dirige tout à coup vers l’est et l’est- 
sud-est jusqu’auprès des Açores, d’où il suit sa 
route sur les Canaries et le détroit de Gibraltar, où 
il va former le Courant appelé oriental. Sous le 
35 parallèle, dit M. de Humboldt, un navire peut 
passer dans le même jour du Courant oriental dans 
le grand Courant équinoxial. Sous la latitude du 
cap Blanc, le Courant, après avoir longé la côte 
d'Afrique, se recourbe, se dirige d’abord vers le 
sud-ouest , et finit par réunir ses eaux à celles du 
Gulf-stream. Une zone de 140 licues de largeur 
sépare le Courant équatorial de celui qui se dirige 
vers l’orient. Ainsi les eaux marines de ce grand 
Courant parcourent une espèce de cercle de 3,800 
lieues de circonférence dans l’espace d’environ 
3 ans, savoir: 13 mois pour aller des Canaries 
aux côles de Garacas ; 10 pour faire le tour du 
golfe du Mexique; 2 pour parvenir près du banc 
de Terre-Neuve, et 10 à 11 pour aller de ce banc 
à la côte d'Afrique. Du 45° au 50° degré de lati- 
tude , le Gulf-stream offre un second bras qui se 
dirige du sud-ouest au nord-est vers les côtes de 
l'Europe. 

La température de cet immense Courant sous 
les 4ocet 41° degrés de latitude est de 18 degrés ; 
hors du Courant, les eaux de la mer n’en ont que 
14 ; sous le parallèle de Charlestown il en à 20, 
et les eaux qui sont en dehors du Courant sont à 
environ six degrés plus bas; près du banc de Terre- 
Neuve il a 7 à 8 degrés. 

Les Courans polaires doivent êlre considérés 
comme de grands Courans. Ils sont surtout très- 
sensibles dans l'Océan glacial arctique, sur les 
côtes du Groenland, de l'Islande et de la Laponie; 
au détroit de Béring, où ils se dirigent quelque- 
fois du nord au sud, et d’autres fois en sens con- 
traire. Dans le Grand Océan austral , on en ressent 
à la Terre de Feu, à la Nouvelle Zélande et dans les 
parages du nouveau Shetland austral. 

Ceux du pôle nord offrent surtout des effets 
remarquables : ce sont eux qui transportent sur 
les côtes de l'Islande une si énorme quantité de 
glaces, que tous les golfes septentrionaux de cette 
île s’en remplissent jusqu’à fond, quoiqu’ils aient 
souvent 590 pieds de profondeur ; ils y amoncel- 
lent même la glace sous la forme de montagnes. 
Dans certaines années ils y amènent, au lieu de 
glaces, d'immenses amas de bois flottant , surtout 
des pins et des sapins. Si ces bois s’amoncelaient 
dans les golfes de la côte méridionale, le fait pa- 


COUR 


0 COUR 


35 


raitrait moins étonnant; mais c’est dans l’enfon- 
cement demi-circulaire de la côte septentrionale 
qu'ils s'accumulent. L’explication du phénomène 
devient plus difficile. Comme il ne peut y avoir 
sous le pôle un pays qui produise de grands arbres, 
il: faut donc admettre que ces bois arrivent de la 
Sibérie et de l'Amérique septentrionale. On y a 
reconnu quelques espèces qui ne croissent qu'au 
Mexique et au Brésil ; mais elles sont en très-petite 
quantité : il faut donc croire que Ja côte sep- 
tentrionale de l’ Amérique et dela Sibérie y contri- 
buent davantage. Au surplus, ces amas de végé- 
taux, accumulés par l’action des Courans, ne sont- 
ils pas Jà pour expliquer la formation de certains 
dépôts analogues qui ont donné naissance aux 
houillères? 

Un autregrand Courant, non moinsremarquable 
que ceux que nous venons de,signaler , est celui 
qui, venant da pôle austral, se dirige vers l’est sur 
les côtes occidentales de l'Amérique méridionale, 
et retourne ensuite à l’ouest vers la Nouvelle-Gui- 
née. Observé par un grand nombre de navigateurs, 
entreautres par Cook, Lapeyrouse, Kruzenstern et 
MM. Bougainville ,Freycinet et Duperrey , ce der- 
nier a tiré de son action des conséquences d’un 
grand intérêt pour la géographie physique. La 
bande méridionale de ce Courant est par le 44° pa- 
rallèle sous le 112° degré de longitude, et par le 
45° parallèle sous le 90° degré. À cette latitude, 
mais sous le 77° méridien oriental, c’est-à-dire 
vers le golfe de Penas, il se divise en deux parties, 
dont l’une va doubler le cap Horn et l’autre longe 
la côte occidentale du nouveau continent jusque 
sous le 10° parallèle, où elle tourne à l’ouest en 
suivant Ja ligne équinoxiale, qu’elle ne franchit 
pont parce que le cap Blanc ou la pointe de 
Payta la force à interrompre sa marche vers le 
nord, pour prendre la direction que nous venons 
d'indiquer. Ge Courant frappe perpendiculairement 
la côte du Chili, de manière que M. Daperrey lui 
attribue le creusement des profonds golfes qui 
bordent la côte, tels que celui de Penas et celui 

- dans lequel se trouve l'archipel de Chiloé , et quel- 
ques autres plus au nord jusqu'à celui de Valpa- 
raiso. Tandis que la portion qui depuis celui de 
Penas se dirige au sud jusqu'aux îles Malouines a 
profondément découpé les côtes occidentales de 
la Patagonie , formé les îles qui la bordent et sé- 
paré du continent l'archipel de la Terre de Feu, 
la portion, au contraire, qui au nord de Valpa- 
re se dirige vers l'équateur, semble avoir creusé 
occidentales du continent américain, entre le 25° 
et le 15° perallèle. 

L'action de ce Courant ne se serait pas bornée 
à donner à ces côtes la configuration qui les ca- 
ractérise et qui, en tournant autour de la lerre 
de Feu, s’est fait sentir au-delà même du cap 
des Vierges, où il aurait formé un assez grand 
golie; elle agirait journellement, sous d’autres 
rapports non moins importans. 


Ce Courant est dans une relation intime avec 


la direction générale des vents, et ceux-ci avec Ja 


le grand enfoncement que présentent les côtes 


marche apparente du soleil. Lorsque cet astre est 
dans l'hémisphère septentrional , c’est-à-dire de- 
puis le 22 mars jusqu'au 22 septembre, le Cou- 
rant s'élève vers le nord ; quand il est dans l’hé- 
misphère austral, pendant les six autres mois, le 
Courant descend vers le sud. En sorte que celui-ci 
oscille entre la portion des deux villes dont nous 
avons parlé, Valparaiso et Valdivia. A partir de 
ces deux points, il influe considérablement sur 
la température générale de tout le littoral ocei- 
dental de l'Amérique méridionale. Ainsi dans la 
partie inférieure du Courant , la chaleur augmente 
à mesure qu'on approche da cap Horn, tandis 
qu'elle diminue en longeant au nord les côtes 
du Pérou. 

Cet effet est très-sensible par l'examen de la 
température des eaux du Courant avant qu’il n’ait 
atteint les côtes de l'Amérique : par exemple, 
entre le 105° et le 90° degré de longitude, où, 
en janvier, elle est de 4 degrés au-dessus de zéro, 
tandis qu'après avoir touché la côte, la portion 
qui va doubler le cap Horn présente à la même 
époque 9 degrés dans les parages de ce cap. Et ce 
qui prouve bien que cette élévation de tempéra- 
ture n’est point un effet de la chaleur continen- 
tale, c’est que, depuis le point de départ de cette 
portion du courant, la température de la mer est 
supérieure à celle de l’air. Sur les côtes du Pérou, 
au contraire, la température de l'air est supé- 
rieure à celle de la mer. 

On voit par là que ce Courant, qui part du 
pôle austral, s’échaufle à mesure qu'il s'approche 
du 50° parallèle ; que, de ce point, il a acquis 
une température supérieure à celle des côtes du 
Chili, qu'il va bientôi modifier en l'élevant, tandis 
que la partie qui continue vers le nord, se trou- 
vant inférieure à celle des côtes da Pérou, va la 
modifier en l’abaissant. Il est à remarquer encore 
que les deux températures des côtes du Chili et 
du Pérou sont inférieures'à celles qu’on observe, 
à latitude égale, partout ailleurs, notamment sur 
les côtes-du Brésil. 

Cette modification de température produite par 
l'influence du Courant austral, explique plusieurs 
faits dont on ne pourrait pas se rendre compte 
autrement. Ainsi sur les côtes du Pérou, dont la 
température est abaissée par l’action du Courant, 
il n'existe point d’esclaves : on n’en a pas besoin 
pour cultiver la terre; et les colonies d'Européens 
s’y sont conservées dans toute leur pureté primi- 
tive : les hommes avec leur taille et leur vigueur, 
les femmes avec la blancheur de leur teint. Tandis 
que sur la côte opposée, au Brésil, sous les mé- 
mes parallèles, l'excès de la chaleur oblige à avoir 
des esclaves africains pour cultiver le sol, et à faire 
sensiblement dégénérer l'espèce européenne. Enfin 
l'élévation de température produite par le Gourant 
au Chili, explique pourquoi la végétation offre les 
mêmes caractères dans ce pays qu'à la Terre de 
Feu, et pourquoi les Golibris se trouvent depuis 
le Chili jusqu’au cap Horn. 

Ces considérations , qui nous ontétlé exposées 
par le capitaine Duperrey, prouvent tout le parti 


se né 


de “ . E . 


AE. + 0 


COUR 


351 


COUR 1 


D 


que l'on pourrait tirer, à l’aide d’observations bien 
faites , de l’action des Courans pour expliquer cer- 
tains faits relatifs aux climats, et même à la con- 
figuration des continens, des grandes îles et des 
Archipels. c (J. H.) 

COURATARI , Couratari guianensis ( 2oT. 
pxan.) Nous devons à Aublet la connaissance de 
ce grand arbre de la Guiane, où il est vulgairement 
appelé Balatas blanc; lesnègres le nomment Waou, 
et les Caraïbes Couratari, que les botanistes lui 
conservent. Il appartient à la famille des Myrticées, 
à la Polyandrie monadelphie , et a de grands rap- 
ports avec une cucurbitacée de Malabar que Rheede 
a figurée sous le nom de Penar-vali; il s'élève à la 
hauteur de vingt mètres et plus, il acquiert un 
diamètre de un mètre un liers. Son bois est blanc 
à la circonférence, rouge au centre; son écorce se 
gerce très-aisément et fournit lorsqu'elle est sèche 
une couleur de cannelle solide. L'arbre se charge 
de nombreux rameaux, étalés, garnis de feuilles 
simples , allernes , ovales, entières, médiocrement 
pétiolées, rougeâtres dans leur jeunesse, longues 
de seize centimètres sur cinquante-quatre miili- 
mètres de large, pendantes , parfaitement glabres 
et d’un vert très-foncé. Les fleurs qui décorent le 
Couratari sont grandes, d’un blanc agréablement 
lavé de pourpre , disposées en épis axillaires plus 
courts. que les feuilles ; leur corolle , portée sur un 
calice court, adhérent, à six divisions profondes, 
est à six pétales arrondis, soudés ensemble à leur 
base, à étamines nombreuses, à ovaire semi-infère, 
terminé par un style simple et assez court. Le fruit 
qui leur succède présente une conformation très- 
singulière : c’est une capsule sèche, coriace , 
oblongue, presque en cloche et légèrement trigone, 
renflée en son milieu, parsemée de points blan- 
châtres de formes très-varices, et de côtes longitu- 
dinales plus ou moins prononcées; son centre est 
occupé de bas en haut et dans toute sa longueur 
par un axe triangulaire, marqué surtout en son 
milieu par trois dépressions qui sont fort sensibles. 
Get axe est terminé par une tête semblable au cha- 
peau du Bolet, sillonnée, aplatie et fermant la cap- 
sule à l’état frais et jusqu’au moment de la matu- 
rité, se repliant sur elle-même à l’époque de l’émis- 
sion des huit à douze semences oblongues, aplaties, 
foliacées ou bordées d’une aile membraneuse, 
que l’axe porte sur chacune de ses faces. Sur la 
partie supérieure et centrale de cette capsule est 
l'empreinte du tubercule qui soutenait le style; ilest 
rare que ce tubercule demeure adhérent ; ilmanque 
au bel exemplaire que je possède et en face duquel 
j'écris cette description. Le bois de ce grand arbre 
est placé au premier rang parmi les bois propres à 
la charpente. 

Comme il serait difficile d'atteindre à la sommité 
du Couratäri et d’ailer y prendre ceux de ses fruits 
si singuliers que le vent ou la maturité n’ont point 
fait tomber , les indigènes de la Guiane ont l’habi- 
tude de couper son écorce en larges bandes, dont 
ils font des cordes en manière d’anneaux, par le 
moyen desquelles, en se-tenant entre le tronc de 
l'arbre et la corde, ils arrivent au sommet. sans 


srande fatigue et sans danger aucun. Ces cordes 
leur servent à grimper de même sur les autres 
grands arbres. 

Raddiaindiqué unenouvelle espèce de Couratari, 
originaire du Brésil; elle se distingue de la précé- 
dente par l'orifice frangé ou découpé de son fruit 
et par ses graines qui ne sont ailées que d’un seul 
côté. La fleur n’a pas encore été observée. Le bo- 
taniste Florentin a donné le nom de Couratari 
estrellensis à cette espèce nouvelle (T.»:B.) 

COUREURS. (ors.) La course est un des modes 
de progression propres aux oiseaux, mais tous ne 
peuvent s’en servir ; ceux qui sont principalement 
coureurs sont les Aulruches, les Gasoars , les Se- 
crétaires, les Cariamas, les Outardes , ete. La 
plupart des autres, qui peuvent aussi se mouvoir 
facilement à la surface du sol, marchent ou sautent 
plutôt qu'ils ne courent. 

Le Coureur est un oiseau du genre CourE-viTE, 
voyez ce mot. 

M. Blainville a donné le même nom à une famille 
de Rongeurs; cette famille des Ronceurs cavrens 
ou COUREURS correspond au genre Cavia de Linné. 

(Genv.) 

COURE-VITE, Cursorius (o1s.), dont le nom 
s'écrit aussi CourT-vire, est un oiseau de l’ordre 
des Echassiers que les méthodistes placent entre 
les Outardes et les Cariamas avec lesquels il offre 
quelques rapports. Ses caractères consistent dans 
un bec grêle, conique et arqué; ses ailes sont 
courtes et ses jambes hautes terminées par trois 
doigts sans palmature et sans pouce. Le Coure-vite 
se voit quelquefois dans l'Europe, on l’a même pris 
en France et en Angleterre , mais il paraît appar- 
tenir plus exclusivement à l'Afrique septentrionale, 
c'est le Charadrius gallicus de Linné, Cursorius 
isabellinus Meyer. [1 se tient dans les lieux secs , 
sablonneux et éloignés des eaux. 

On lui adjoint comme congénère le Coure-vrre 
DE ConomanDez, Curs. asiaticus, pl. enl. 892, re- 
présenté dans lconographie du Règne animal, 
pl. 50, f. 3. Le Coureur À DOUBLE COLLIER, Curs. bi- 
cinctus, qui est de l’Afrique australe et vient quel- 
quefois dans le midi de l'Europe; le Coureur 4 
AILES VIOLETTES, du Sénégal, pl. col. 298, et le 
Cursorius Temminckiü, de Sierra-Leone, décrit per 
M. Swainson dans les Zool. illustr., sont aussi du 
même groupe. (Genv.) 

GOURGE, Cucurbita. (nor. nn. et Aer.) Type 
de la famille des Cucurbitacées, ce genre de plantes 
monoiques est inscrit dans la Monoécie monadelphie 
et ne diffère essentiellement des Concombres que 
par ses semences entourées d’un bourrelet très- 
sensible quand elles sont entières, et échancrées en 
cœur lorsqu'elles sont minces sur les bords. Cette 
circonstance importante autorise non pas à les 
distribuer en deux genres distincts comme l’a pro- 
posé G. Richard, mais à les rangeren deux sections 
bien tranchées et parfaitement naturelles, les Pé- 
pons dont les graines appartiennent à la première 
catégorie, et les Courges proprement dites que 
leurs graines rangent dans la deuxième. Duchesne 
avait établi la différence. des espèces sur la forme 


COUR 


352- 


GOUR 


et Ja couleur des fleurs, sur la configuration et la 
couleur des semences; d’autres ont été chercher 
la nature des glandes, la présence des poils sur les 
diverses parties , et la consistance des feuilles. Une 
telle manière d'envisager les végétaux est trop 
empirique : elle peut plaire aux horticoles , aux 
amateurs qui s'arrêtent aux plus pelites nuances, 
mais elle doit être rejetée par le botaniste philo- 
sophe (v. aux mots Esricr et GENR£). 

Toutes les plantes dé ce genre sont herbacées, 
annuelles, très-nombreuses, à tige charnue, armée 
de vrilles, acquérant souvent de très-grandes 
dimensions. Elles naissent spontanément dans les 
climats brûlans de l'Asie, de l'Afrique, de l'Amé- 
rique et des contrées les plus méridionales de l'Eu- 
rope; ce sont les plantes les plus fortes de la famille 
des Cucurbitacées et celles qui fournissent les plus 
gros fruits connus. Ces fruits, généralement bons 
à manger, même crus, du moins quelques peuples 
les trouvent ainsi de leur goût, sont un peu secs 
et amers, sans cependant présenter ni l’excessive 
amertume de la Coloquinte, ni le parfum du Melon. 

On cultive les Courges en grand et en plein 
champ dans plusieurs contrées, sous le triple rap- 
port de plantes polagères, de nourriture pour les 
bestiaux et de l’assolement des terres. Gelte cul- 
ture est fort ancienne , on la trouve en crédit chez 
les vieux Égyptiens, puis chez les Juifs, et par 
l'entremise de ces peuples se faire jour en Europe; 
mais nulle part elle n’est mieux entendue que dans 
nos départemens de la Sarthe et de Maine-et- 
Loire: c’est ce qui me détermine à entrer dans 
quelques détails. Je les estime très-utiles aux agri- 
culleurs français et je les leur recommande. 

Après une récolte de blé, l’on donne à la terre 
les mêmes labours qu’à celle destinée à porter le 
chanvre ; on la graisse avec le fumier le plus frais, 
et on sème les pepins à la fin d’avril ou bien au 
commencement de mai. L'on arrache les indivi- 
dus les plus faibles , les pieds réservés conservent 
entre eux un mètre de distance ; on les butte avec 
la terre laissée à cet eflet. Bientôt les plantes cou- 
vrent le sol d'un magnifique tapis de verdure, 
parsemé de godels dorés ou de coupes d'argent 
qui charment les yeux. Si la saison est favorable, 
les Courges, qui ne sont plus délicates, même 
sur le choix du terrain , donnent des récoltes in- 
appréciables pour le produit. Leurs fruits mons- 
trueux semblent quelquefois se toucher. Lorsque 
ceux-ci sont voisins de leur maturité, vers les pre- 
miers jours de septembre, les feuilles se cueillent 
pour être offertes aux animaux à grosses cornes : 
comme on se trouve alors dans une saison où la 
verdure estrare, cette ressource devient très-pré- 
cieuse. Au quiuze septembre la récolte a lieu et se 
prolonge jusqu'aux gelées. On hache le fruit et 
l'on met soigneusement les pepins à sécher. La 
pulpe est administrée crue aux vaches auxquelles 
on demande beaucoup de bon lait: on la donne à 
manger aux porcs, mais on préfère en général la 
leur présenter cuite, dans cet état ils la mangent 
avec avidité ; l'on a remarqué qu’en peu de temps 
son usage les fait croître pour ainsi dire à vue 


d’œil et les dispose à prendre l’engraissement qui 
succède à ce régime. - 

Les Courges servent beaucoup dans le ménage 
pour la nourriture des gens attachés à la ferme. 
On fait avec elles de très-bonnes marmelades, 
assaisonnées de différentes manières ; elles s’allient 
bien avec le lait, surtout la chair des Pépons : ce 
mets n’est point à dédaigner, même par ceux qui 
cherchent plus à satisfaire la sensualité que le be- 
soin. En la tenant à l'abri de la gelée, la pulpe de 
ces cucurbitacées se conserve long-lemps. Don- 
née aux oiseaux de basse-cour , particulièrement 
aux canards, elle les jette dans un état complet 
d'ivresse ; ils tombent comme l’homme gorgé de 
vin. J’ai remarqué que les graines produisent le 
même effet sur eux. 

Dans les longues soirées qui suivent la dernière 
récolte , qui a lieu avant le premier novembre, on 
épépine, c'est-à-dire on épluche les pepins. Ce 
travail est celui des hommes, et il y a une sorte 
de triomphe pour celui qui s’en acquitte le mieux 
et le plus vite possible : c’est un spectacle à voir. 
Tout en causant les épépineurs remplissent une 
main de pepins, et presque sans y regarder ja- 
mais, ils font avec une extrême dextérité, en 
deux coups d'ongles, sauter la première enveloppe 
du pepin, que la main pleine a livré aux deux 
pouces et aux deux index ; l’autre main recoit les 
pepins neltoyés, et se vide en un vase quand Ja 
poignée est finie. On est vraiment surpris de l& 
quantité de pepins qu’un seul individu met ainsi, 
dans l’espace de deux ou trois heures, en état d’é- 
tre envoyés au moulin pour en relirer une huile 
abondante et fort utile. 

Cette huile, extraite à froid, n’est pas à dédai- 
gner , surtout la première goutte; quoique sa cou- 
leur extrêmement verdâtre répagne à quelques 
personnes, on l’admet volontiers sur la table : 
elle n’a aucun mauvais goût. Certaines ménagères 
obtiennent celte huile blanche, limpide et très -dé- 
licate en enlevant Ja pellicule verte qui est sur 
amande, ce procédé est fort lent et ne peut par 
conséquent s'appliquer à de grandes quantités. 
La seconde goutte est chauffée ; comme elle est 
de beaucoup inférieure à la première , on la des- 


line au service des lampes : elle brûle bien, ré- 


pand une lumière vive, dure plus long-temps que 
les huiles ordinaires et jette très-peu de fumée. 
Cependant je l'ai vue employée aux fritures, sur- 
tout à celle des poissons. Les gâteaux sont em- 
ployés à l’engraissement des bœufs, des vaches 
et des cochons. | 

Quelques propriétaires brülent les fanes sur 
place, ou bien on en fait de la litière. Dans tous 
les cas, il est important d'enlever liges'et racines ; 
si cles demeuraient enterrées, elles serviraient de 
retraite à une multitude d'insectes qui nuiraient 
infailliblement au blé que l’on sème après les 
Courges. Dans le département du Morbihan, où 
ces plantes sont aussi cultivées en grand, on ra- 
masse avec soin leurs feuilles, on les stratifie avec 
du fumier ordinaire, et quinze jours après on peut 
les employer à engraisser les terres. 


Sur 


ne ne oo 


COUR 


353 


GOUR 


Sur les bords du Rhône, au département de 
Ain, on cultive les Courges dans les intervalles 
du Maïz. On les destine surtout aux bestiaux, 
auxquels on les livre coupées par morceaux. Dans 
quelques localités on donne aux porcs le pepin 
avec son enveloppe, parfois seul, parfois rompu 
grossièrement et mêlé avec les menus grains, ou 
bien avec des glands, des pommes de terre, du 
son, etc. : sous l’une et l’autre formel’animal prend 
ec repas avec plaisir. 

J’ai dit plus haut que le genre Courge se di- 
visait naturellement en deux sections, l’une 
prend le nom spécifique de Pépon et comprend je 
Pépon proprement dit, le Potiron, la Melonnée 
et la Pastèque; l’autre est appelée Courge, elle 
comprend Ja Calebasse et ses variétés. Gelles-ci 
sont très-multipliées, la culture leur a tellement fait 
perdre depuis très-long-temps les traits caractéris- 
tiques du genre original, qu’il est fort difficile d’as- 
signer les limites qui séparent positivement l’espèce 
et la variété : rien n’est constant ni dans la forme 
des fruits et les découpures des feuilles, ni dans la 
disposition des branches et la présenccdes vrilles, 
qui tantôt se conyertissent en feuilles, et tantôt 
disparaissent entièrement. C’est d'après une sem- 
blable certitude que je ne dois indiquer ici que 
les variétés les plus généralement constantes et les 
mieux connues. 

I. PÉron PRoPREMENT Dir, Cucurbita pepo. Fleurs 
jaunes, corolle presque infundibuliforme , fruit 
à peau généralement jaune pâle, dure, crustacée, 
sans côtes; graines ovales, de couleurblanche, con- 
servant long-temps toutes leurs propriétés. Dans les 
régions méridionales, le Pépon se couvre de ver- 
rucosités qui lui donnent un aspect assez bizarre. 
La pulpe est solide, jaune, d’une odeur légè- 
rement aromatique, d’une saveur généralement 
douce, sucrée. Cette espèce renferme six variétés, 
savoir : 1° l’Orangin et les Coloquinelles, vulgai- 
rement appelés fausses Oranges et fausses Colo- 
quintes, C. colocyntha, à cause de leurs ressem- 
blances avec ces fruits ; leurs feuilles sont médio- 
crement découpées, leurs fleurs nombreuses , 
très-fécondes, le fruit de forme sphérique, à pulpe 
jaunâtre , fibreuse, un peu amère , se desséchant 
facilement , acquérant alors une odeur légèrément 
musquée , à coque solide, d’un vert noir à l’état 
de jeunesse et de fraîcheur, passant aû jaune 
orangé dans les Orangins , panachée dans Jes Co- 
loquinelles ; 2° la Cougourdette ou fausse poire , 
C. pyzidaæis : tige grêle et grimpante, fleurs ct 
semences pelites, fruit ovale allongé, à coque 
épaisse , d’un beau vert-brun avectaches et bandes 
d’un blanc de lait, pulpe fraîche , puis fibreuse et 
friable : on en fait des vases agréables ; 3° la Bar- 
barine ou Barbaresque sauvage : C. verrucosa, 
fruit gros, ovoïde ou allongé; coque bosselée, ver- 
ruqueuse, jaune ou panachée et mince ; pulpe 
blanche, bonne à manger jeune, plutôt frite que 
de toute autre manitre; tige grimpante; 4° le 
Turbanet où Pépon turban, C. piliformis , belle 
variété, remarquable par la forme singulière du 
fruit ; sa partie inférieure , très-large , à côtes très- 


Tous IL, 


saillantes et mouchetées ; la supérieure lisse, moins 
grosse, lerminée par quatre cornes dressées , et 
comme implantée sur l’inférieure ; coque solide ; 
pulpe sèche, fort colorée en jaune, et bonne à 
manger cuite; 9° le Giraumont ou Citrouille , 
C. oblonga , au fruit très-gros, à coque de couleurs 
différentes et dont la forme varie singulièrement , 
à chair fine, pâle , excellente à manger; 6° et le 
Pastisson, vulgairement appelé Bonnet d’électeur, 
Arbouse d’Astracan et Artichaut de Jérusalem, 
C. melopepo. Cette variété , cultivée de préférence 
pour la cuisine aux environs de Lyon, paraît plus 
constanteque les précédentes; elle a la chair jaune- 
rougcâtre, ferme, très-dure, ne rendant presque 
pas d’eau, et fort peu filandreuse; elle produit beau- 
coup; son fruit se conserve parfaitement en hiver si 
l'on a soin dele teniren un lieu sec; ilest appélissant, 
très-léger et nourrit bien ; sont goût est sucré , on 
le sert en potages, en tarteleltes el avec différens 
mets. Les bestiaux , les volailles le mangent avec 
avidilé , quan 1 on le leur donne cru coupé par 
morceaux , ou cuit et mêlé avec du son. Toutes 
les plantes de cette espèce occupent une grande 
place; aussi doit-on ne les mettre à demeure 
que là où elles peuvent s'étendre, s’élargir à leur 
aise , sans nuire aux végétaux voisins. 

IT, Poriron ET CourGEroN, C. maxima. Tiges 
d’une étendue considérable ; feuilles très-amples , 
en cœur arrondi, molles, couvertes de poils pres- 
que sans raideur ; fleurs jaunes, très-grandes, pla- 
cées à l’aisselle des feuilles ; fruits d’une grosseur 
énorme, de forme sphérique , aplatie, et même 
enfoncée aux deux pôles, marqués de côtes régu- 
lières, peau fine, chair ferme, quoique juteuse, et 
fondante. On lui connaît trois variétés, le Potiron 
jaune lisse ou brodé , le vert ardoisé, et le petit 
vert. Toutes sont généralement estimées ; on en fait 
des soupes très-agréables, des entremets délicats, 
des marmelades. 

UT. Meconnée, C. moschata. Feuilles anguleuses, 
très-molles, couvertes d’un duvet cotonneux ; fleurs 
blanches en dehors, en partie cachées sous les 
pointes vertes du calice; fruit aplati, sphérique 
ou ovale, quelquefois cylindrique, en massue ou 
en pilon, à pulpe fine, d’un bon goût, dont la cou- 
leur varie depuis le jaune soufré jusqu’au rouge: 
orange, très-rccherchée dans nos départemens du 
midi, en Italie, dans les Antilles, où cette espèce 
est très-répandue ; au nord de la France la Melon- 
née ne réussit qu'avec le secours des couches 
chaudes. 

VI. Pasrèque, C. anguria, Linné la nomme C. 
cilrullus , et vulgairement elle est appelée Melon: 
d’eau. Feuilles d’une consistance ferme, cassante, 
droites , profondément lacinites, couvertes d’un 
duvet très-doux; fleurs jaunes, petites et peu éva- 
sées ; frait orbiculaire ou ovale, lisse, à peau fine, 
mouchetée de taches étoilées et parallélogrammes ; 
chair fort juteuse, rougeâtre, très rarement jaune; 
semences noires, quelquefois rouges, jamais blan- 
ches. Ce fruit est très-bon à manger cru, il rafraî- 
chit et se résout dans la bouche en eau sucrée 
fort agréable. J'en ai mangé avec délices en Italie, 


129° Livraison, 45 


COUR 


394 


COUR É 


surtout à Viaregsio, près de Lucques, où les Pas- 
ièques sont exquises. On cultive la Pastèque en 
abondance dans nos départemens du midi. Dans 
ceux du nord, elle mürit fort rarement. Quelques 
personnes réservent le nom de Pastèque aux va- 
riétés dont le fruit plus ferme ne se mange que 
cuit, en raisiné ou confit avec du vin doux, et celui 
de Melon d’eau à celles qui donnent des fruits à 
chair fondante et que l’on mange crus. Cette dis- 
tinction me paraît plus subtile que vraie, et ne 
mérite pas qu’on l’adopte. ue 

V. CazeBasse, Courge proprement dite, C..leu- 
cantha. Tige grimpante et sillonnée; feuilles ar- 
rondies, lanugineuses, d’un vert pâle, légèrement 
gluantes et odorantes ; fleurs blanches, très-ou- 
vertes, formant dans leur limbe une étoile ou une 
roue; fruits à coque dure, crustacée, de forme 
extrêmement variée, à pulpe spongieuse d'abord 
d’un vert pâle, puis blanche et d’un jaune sale à 
l’époque de la maturité parfaite, à semences de 
couleur grise, dont la peau.est plus épaisse que 
l'amande,échancrées à leursommet. On distingue 
trois variétés, savoir : 1° la Coucourpe , Courge 
flacon, gourde des soldats et des pélerins, C. la- 
genaria. La forme de son fruit affecte celle d’une 
bouteille étranglée à sa partie supérieure et ter- 
minée par un renflement de plus de moitié plus 
petit que le ventre: ce fruit est souvent marqué de 
taches foncées fort irrégulières ; 2° la Gourpe, 
C. latior. Coque dure, renflée, presque pas étran- 
glée ni allongée ; 3° et la TRouPETTE ou Courge 
longue et massue, C, longior, souvent courbée.en 
forme de croissant ou bien renflée aux deux ex- 
trémitéscomme un pilon. Le fruit varie de grosseur, 
sa coque est moins dure et sa pulpe plus charnue 
que dans ses congénères ; on lemange dans le midi 
de l'Europe et en Amérique, mais il faut pour 
cela qu'il soit cueilli avant l’entière maturité, Le 
nom de cette variété lui vient de l’emploi que les 
Nègres en font comme instrument de musique; ils 
le creusent et en Lirent un son aigre en frappant 
sur l'ouverture avec la paume de la main. Toutes 
ces variétés de la Calebasse servent aux voyageurs 
et aux ouvriers à contenir du vin ou de l’eau-de- 
vie; les jardiniers lesemploient pour serrer diverses 
graines, qui s’y conservent très-bien; on en fait 
aussi divers ustensiles assez commodes, 

En général, les différentes espèces du genre 
Courge craignent le froid, les pelites gelées les 
endommagent et les font périr, surtout quand.elles 
sont encore tendres ; aussi demandent-ellesplus de 
soins au nord que dans le midi. La plupart des 
horticoles se plaignent de leur dégénération, qu'ils 
attribuent au climat et à la nature dusol; la grande. 
faute est de leur fait et résulle du voisinage des 
Courgières du lieu où ils cultivent le Melon. Le 
mélange des poussières fécondantes dont le vent 
s'empare et qu’il promène autour des couches nuit 
singulièrement aux productions régulières des deux 
genres, Il faut les tenir éloignés, et la distance qui 
les sépare doit être assez longue. (T. ». B.) 

COURLAN ou COURLIRI, Aramus. (ois. ) 
C’est une espèce d’Echassier voisine des Hérons, 


que Vieillot a érigée en genre. Get oiseau habite 
l'Amérique; il a le cou brun roux, flammé de 
blanc, et le reste du corps brun fuligineux; Linné 
l’a nommé Andea scolopaceæa. (Grnv.) 

COURLIS , VNumenius. (o1s.) Les Gourlis sont 
des oiseaux échassiers de la famille des Ibis ; ils 
vivent de vers et d'insectes et se tiennent dans les 
marais; l’Europe en possède une espèce nommée 
Covnzis cENDRÉ, Numenius arquata, Lath., re- 
présenté dans notre Atlas, pl 127, fig. 1. Le 
plumage de cet oiseau est brun, chaque plume 
étant flammée de blanchître ; le croupion est d’un 
blancpur. Longueurtotale, deux pieds. Le Courlisse 
trouve sur plusieurs points de la surface du globe, 
il est assez commun en France, surtout dans les 
provinces de l’ouest ; lorsqu'il vole il pousse un 
cri triste et lent qui exprime assez nettement le 
nom qu’on lui a donné. 11 niche dans les herbes 
et pond quatre ou cinq œufs olivâtres, tachés et 
ondés de noirâtre et de brun. On trouve d’autres 
Courlis en Afrique, dans l'inde et aussi en Amé- 
rique; un d'eux est nommé CourLIEU où PETIT 
Cours; il a été observé au Cap, dans les Indes, 
à Timor , à la terre des Papous, à Calcutta, dans 
les Mariannes et dans la Caroline du sud. (GErv.) 

COUROL, Leptosomus. (o1s.) Le Vaillant vou- 
lant indiquer les rapports que le V’ouroudriou de 
Buffon présente avec les Rolles et les Goucous, a 
proposé de l'appeler Courol , nom qui n’est qu'une 
contraction de celui de ces derniers. Nous avons 
parlé du Couroz vourouprmtov à l’article Coucou, 
auquel nous renvoyons. (Gærv.) 

COURONNE. (mor. pxaw. et 4er.) Ce mot a 
diverses acceptions dans le langage des plantes et 
dans celui des cultivateurs. Les botanistes en ont 
quatre, savoir : ils appellent Couronne l’ensem- 
ble des fleurettes disposées en rayons allongés, 
aplatis, divergens , qui ornent le disque des fleurs 
radiées ; ces fleuréttes sont blanches dans la Mar- 
guerite des prés, Bellis perennis, d’un rouge vif 
dans la Zinnia multiflora , jaunes dans la Coreopsis 
verticillata, tandis que le disque est jaune dans les 
deux premières, brun dans la troisième, etc. 
Toutes les Corymbifères offrent à la circonférence 
de leurs capitules un phénomène semblable, Cas- 
sini avait proposé d'employer les adjectifs cou- 
ronné et incouronné , selon que les fleurettes exté- 
rieures sont ou ne sont pas différentes de celles du 
centre : ces expressions n’ont pasété généralement 
admises. 

La seconde acception botanique indique l’es- 
pèce d’appendice qui surmonte la gorge de la co- 
rolle dans le Silene nutans, et celle du périanthe 
simple du Convallaria maïalis, du N arcissus pseutlo- 
narcissus , etc. , - 

La troisième acception regarde le calice ou 
débris du calice qui demeure adhérent à la graine 
des Scabieuses, des Camomilles, etc., aux fruits 
du Poirier, du Lierre, du Grenadier, etc. L’ai- 
grette de l’Apocyn, du Nérion, etc., recoit aussi 
le nom de Couronne. 

La quatrième acception est appliquée aux feuil- 


les qui sont disposées enroselte au solmet d’une 
y 
# 


PV. 727 


z.Courlis. 2 Couroucou Ja g Cousin 


ÆE Guerre dr 


GOUR 


555 


COUR 


tige ou de ses divisions, comme les présentent les 
Palmiers, les Fougères en arbre, la Fritillaire, et 
autres plantes. 

Chez les cultivateurs , on emploie le mot Cou- 

ronne pour désigner 1° la zone plus ou moins cir- 
culaire placée entre le bois et la moelle d’un ar- 
bre, et que les physiologistes appellent Erur mé- 
DULLAIRE (v. ce mot); 2° et une maladie des arbres 
que dénoncent la couleur jaunâtre des feuilles et 
le desséchement des branches : un arbre Couronné 
doit être abattu. 
- Enfin les horticulteurs ont adopté l'expression 
Couronne sous trois acceptions. Par la première 
ils entendent parler de la touffe de feuilles qui 
surmonte le fruit de l’'Ananas; par la seconde , ils 
indiquent un arbre auquel ils ont enlevé toutes ses 
branches supérieures pour le-forcer à prendre 
une surface égale; par la troisième, ils désignent 
une sorte de greffe qu’ils appliquent non-seule- 
ment à de jeunes sujets dont les vaisseaux séveux 
ant un. très-pelit diamètre et dont le bois est fort 
dur, mais encore aux arbres fruitiers à pepins. 

Plusieurs végétaux ont reçu vulgairement le 
nom de Couronne, tels sont les suivans : Gou- 
BONNE D’ARIANNE, une espèce d'Apocyn est dési- 
gnée sous ce nom par Rumph; elle n’est point 
assez connue pour qu'elle prenne rang positivement 
dans ce-genre,. 

CouroNKNE DE Moine, le Pissenlit, T'araxacum 
sommune. 

CouroNNE DE TERRE, c’est le Lierre terrestre, 
Glecoma hederacea. 

Couronne Des FRÈRES, un des noms du Carduus 
eriophorus. 1 

CouroNNE pu soLEIL , un des premiers noms du 
Tournesol annuel , Helianthus annuus. 

Couronne 1MPÉRIALE. On donne cenom à la Fri- 
tillaire et à une variété de Courge. 

Couronnx ROYALE, nom ridiculement appliqué 
au Mélilot, Melilotus officinalis. (T. ». B.) 

GOURONNES DES ANCIENS, Plantæ coro- 
nariæ. (8oT. PHAN.) Il était d’usage chez les Egyp- 
tiens et les vieux Grecs de se couronner de ra- 
meaux feuillus et fleuris de diverses plantes, de 
les tresser en longues guirlandes, de les disposer 
en festons joyeux. Dans toutes les circonstances 
remarquables de la vie publique et de La vie pri- 
vée, c’élait un signe d'estime, d'amour et d’allé- 
gresse , une marque d'honneur, et le prix de la 
vertu, l’insigne de la victoire ; du génie, ets le 
gage de la félicité. Quand les Couronnes se com- 
posaient de lierre et de pampre, entremélés de 
roses eb de violettes , qu’elles étaient petites, élé- 
gantes, et, durant l'hiver , formées de fleurs arti- 
ficielles, sur lesquelles on versait diverses odeurs, 
elles annoncçaient devoir orner la tête, le cou, la 
poitrine des convives : le philosophe et le militaire, 
l'épouse et la jeune fille, le magistrat et le simple 
citoyen, s’en couvraient tantôt au commencement; 
tantôt à la fin des repas. Les Romains adoptèrent 
cette méthode, et la poussèrent si loin qu'ils en 
firent l'emblème de lamollesse, du raffinement des 
voluptés. On fut révolté des excès auxquels ces 


sortes de Couronnes entraïînaient les deux sexes ; 
ils’ étaient tels vers le milieu du troisième: siècle de 
l'ère vulgaire, qu'il fallut toute l'énergie, toute 
léloquence entraînante de Tertullien et de Clé- 
ment d'Alexandrie pour y mettre un terme. 

Détournons les ÿeux de ces orgies, enfans de 
Poubli de tous les devoirs du citoyen, passe-temps 
de ces hommes de sang et de boue qui placent 
Fhonneur dans une pièce de monnaie, qui n’ont 
d'autre sentiment que la soif de l'or, et dont le 
passage sur terre n’est marqué que par des exac+ 
tions de tout genre , par la misère du pauvre et 
les plus honteux excès ; revenons aux pieux em- 
plois des Couronnes. 

Celles de pins, de pavot, de jacinthes, de peu- 
plier étaient réservées pour les cérémonies reli- 
gieuses ; le lit des morts chéris se couvrait de Cou- 
ronnes de jasmin, de lis, d’amaranthes, et leur 
tombe d’asphodèles, Le chêne fournissait la Cou- 
ronne civique ; l’ache celle du poète ; le laurier, le 
grenadier et des palmes celle du guerrier. Le 
marin courennait ses vaisseaux de. lauriers en si- 
gne triomphal. La mère de famille préférait pour 
sa parure la verveine sacrée ; la vierge timide voi- 
lait son beau front et son sein palpitant sous une 
tresse de bluets, de roses: blanches et de roses 
roses ; les époux mêlaient à leur Couronne la Berle, 
Sium sisarum , en signe de la douceur qui doit ré- 
gner dans leurs rapports habituels, et la Livêche 
de montagne, Ligusticum levisticum , comme pré- 
servatif des maux. La veuve choisissait la Scabieuse 
aux fleurs d’un pourpre foncé que lon cultivait 
avec soin, ou bien c'était l’Asperge épineuse, quand 
elle voulait convoler à de nouvelles noces. Les 
amans appendaient des Couronnes de myrte aux 
portes de l'habitation où vivait l’objet de leurs . 
pensées. À Ja naissance d’un fils on placait sur son 
berceau la Gouronne d’olivier sauvage , celle pour 
une fille était en flocons de laine. I] n’y avait pas 
jusqu'aux prisonniers de guerre sur la tête desquels 
on ne mit une Couronne de giroflées, quand on 
voulait les vendre comme esclaves : de là lex- 
pression latine sub coron& vendere, vendre sous la 
Couronne. 

Théophraste et Athénée , Pline et les nombreux 
auteurs qu’il a copiés , tant bien que mal, parlent 
avec détail des plantes propres à faire des Gou- 
ronnes; ils nous apprennent qu’on recherchait 
surtout parmi les fleurs champêtres celles dont 
les couleurs et les parfums inspirent les idées les 
plus riantes, peignent à l’œil les images les plus 
gracicuses. Au lieu de dire qu’on allait cueillir des 
fleurs pour s’en orner, on disait cueillir des Cou- 
ronnes , se décorer de Gouronnes. C’est pour per- 
pétuer ce doux souvenir que Linné à conservé à la 
partie la plus brillante des fleurs le nom de Co- 
rolle, diminuüf de Corona. 

Mnésithée et le médecin Callimaque avaient 
écrit sur les vertus médicales des Couronnes un 
traité que le temps et l'ignorance des bas siècles 
nous ont ravi, Mais nous avons le livre curieux de 
Coronis dans lequel Paschalis a réumi tous les textes 
anciens sur ce sujet; malheureusement ce savant 


ERP RE SA D GE 


COUR 


356 


COUR 


était étranger à la botanique et les explications 
qu'il donne s’en ressentent. J’en dis tout autant 
de l'ouvrage de Lanzoni, de Ferrare, quoiqu'il 
eût paru quarante-quatre ans (en 1715) après ce- 
lui de l’érudit français. 

En Egypte, à Athènes, à Rome, il y avait des 
bouquetières dans certaines rues ou places publi- 
ques, dont l’état était plutôt de faire des guirlan- 
des , de préparer des Couronnes, que d’arranger 
en bouquets les plus jolies fleurs, celles qu’au- 
jourd’hui nous regardons à peine et auxquelles nous 
refusons jusqu’au nom de fleurs d'ornement , parce 
qu’elles croissent autour de nous. Dans l'Inde , chez 
les Persans, et chez les peuples qui parlèrent le sans- 
crit, (cette langne où la mode veut que l’on aille 
maintenant chercher le secret de tous les mots, l’é- 
tymologie de chacune des expressions employées 
par les modernes), l’amour des Couronnes fut 
très-grand et de longue durée. Elles ont inspiré 
ane foule de poèmes, et la disposition de ces Cou- 
ronnes, comine l'emploi des fleurs qui devaient 
les constituer, peignaient une pensée d'amour, 
un sentiment cordial, un mot mystique. La cul- 
ture de ces fleurs, que l’on allait puiser au sein 
des forêts, antique demeure des dieux, de même 
que la préparation symbolique des Couronnes, ap- 
partenaient à de jeunes filles élevées sous les yeux 
ct dans la retraite des brames. 

Chez les Américains on retrouve aussi l'usage 
des Couronnes de fleurs pour les fêtes de famille, 
pour les pompes nationales, pour les cérémonies 
religieuses. Geux qui verraient là un des fils rom- 
pus de la primitive civilisation, pourraient bien ne 
caresser qu'une poétique chimère, et s'ils préten- 
daient s’en servir comme témoignage irrécusable, 
ils ne manqueraient pas de tomber à plat dans le 
bourbier des niaiseries publiées jusqu'ici sur ce 
sujet grare et pour jamais énigmatique. (T. ». 8.) 

COUROUCOU, Trogon. (ois.) Les Couroucous 
sont des oiseaux grimpeurs voisins des Coucous 
et des Barbus; ils appartiennent aux contrées les 
plus chaudes des deux continens; leur plumage 
doux et moelleux, à plumes souvent décomposées, 
offre un mélange des couleurs les plus gracieuses. 
Jls ont le caractère tristcet silencieux, et passent 
une grande partie du jour perchés sur quelque 
branche dans un bocage épais; et si par hasard 
le chasseur les découvre dans leur retraite, ils se 
laissent approcher sans paraître effrayés, et au lieu 
de fuir lorsque le danger devient imminent, ils se 
Jaissent saisir, comme s'ils pensaient que leur 
brillante parure les fera respecier; mais le plus 
souvent il n’en est pas ainsi, et les pauvres Cou- 
æroucous qui se sont laissé prendre sont bientôt 
mis à mort, car leur chair est un excellent aliment 
et leurs dépouilles se vendent à un prix très-élevé. 

Les espèces que l’on range dans le genre 7rogon 
ae sont pas très-nombreuses, elles se nourrissent 
principalement d'insectes et recherchent aussi les 
Aruits mous et succulens. Voici quels caractères 
on leur donne : doigts zygodactyles, c’est-à-dire 
deux antérieurs et deux postérieurs, ceux-ci 
réunis jusqu’à leur milieu, et les premiers Jibres ; 


| tarses très-grêles, minces, courts et garnis de 
scutelles ; ailes médiocres , concaves, à première 
rémige eourle, les'troisième et quatrième plus 
longues ; queue étagée ; narines petites > peu ap- 
parentes, percées dans un sillon sur le rebord des 
plumes du front ; soies longues et raides, dirigées 
en avant, placées à la base du bec, celui-ci plus 
court que la tête, fendu jusque sous les yeux, 
plus large que haut, à peu près obtus à son extré- 
mité. Suivant que ce bec est denté ou non sur ses 
bords, les espèces du genre peuvent être réparties 
dans deux sections, qui sont exactement en rap- 
port avec leur distribution géographique : la pre- 
mière de ces sections comprend celles qui ont le 
bec denté sur les bords, et qui toutes sont du 
Nouveau-Monde ; la deuxième est réservée à celles 
de l’Ancien-Monde, qui ont les bords du bec lisses, 

+ Couroucous du Nouveau-Monde; ils ont tous 
les bords du bec dentés. 

Counoucou rocou, Trogon curucui, Gm., habite 
l'Amérique méridionale ; il a la tête, le cou et le 
dos d’un vert brillant, avec les ailes grises, la 
poitrine noire, bordée de blanc en dessous, et le 
ventre rouge. 

Couroucou rosarB4, Trog. collaris, Vieill., se 
trouve dans l’île de la Trinité et de la Guiane. ; 

Counoucou À VENTRE JAUNE , T'rog. viridis, Gm., 
est noir-bleu bronzé, avec le ventre jaune et la 
queue noire et blanche. IL vit au Brésil, qui est 
aussi la patrie du Couroucou oranca, Trog. atri- 
collis, Vieill. 

Counoucou PavoniN, Trog. pavoninus, Spix. 
Getadmirable oiseau,quel’on n’along-temps connu 
que d’après un seul individu non adulte , conservé 
à Londres, se trouve aujourd’hui à Paris en- 
tièrement développé et dans son plus grand éclat, 
au Muséum d'Histoire naturelle, dans le Musée 
Masséna. Il est tont entier, sur la tête, la poitrine, 
le dos, d’un vert d’émeraude, glacé d'or, à reflets 
pourpres, et d’un éclat magnifique; les parties 
inférieures de son corps sont d’un rouge vermil- 
lon. Ge Couroucou est de la taille d’une colombe; 
les couvertures de la queue prennent chez les 
mâles adultes un accroissement considérable et 
s’allongent en quatre rubans gracieux et flottans , 
qui atteignent jusqu’à trente pouces de longueur, 
et ont tout le brillant des plumes du dos. Les ré- 
miges ou pennes des ailes sont noires et les rec- 
trices ou pennes de la queue étagées, noires 
aussi, si ce n’est les deux externes qui sont du 
plus beau blanc. On trouve le Couroucou pavonin 
dans l’intérieur du Brésil et du Mexique ; c’est de 
tous les oiseaux de taille moyenne celui dont les 
couleurs ont le plus de brillant; il est sous ce 
rapport comparable aux plus belles espèces d'oi- 
seaux-mouches. Les anciens Mexicains l’ont mis 
an nombre de leurs divinités, et les dames améri- 
caines de nos jours se servent des belles plumes 
de sa queue pour s’en faire des panaches. Get 
oiseau est très-bien figuré dans l’Iconographie du 
Règne animal. Nous avons reproduit cette figure 
dans notre Atlas, pl 127, f. 2. 

On place aussi parmi les Gouroucous du Nou- 


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Î 


COUR 


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| COUR 


veau-Monde le Counoucou rewnure, Trog. tem- 
nurus, Temm., qui vit à Cuba, et le Couroucou 
A VENTRE BLANC, espèce dont on ne connaît point 
Ja patrie, mais qui a le bec denté sur ses bords : ce 
seul caractère rend au moins très-probable, pour 
ne pas dire certain, que cet oiseau est américain. 

++ Couroucous.de l’ancien contine:t. Ils ont les 
bords du bec lisses. 

Couroucou Narina, Trog. narira, Vieill. Get 
oiseau, dédié par Levaillant à l’aimable Hotten- 
tote Narina , est d’un beau vert à reflets dorés sur 
la tête, le cou, le haut du thorax, le dos et les 
couvertures moyennes de l'aile ; sa poitrine ct son 
abdomen, ainsi que les couvertures inférieures de 
sa queue , sont d'un rouge cramoisi. 

Counoucou monragnarD , Trog. oreskios et Cou- 
roucou DE Dunawez, 7rog. Duhamelii, habitent 
tous deux Sumatra. Il en est de même du Cou- 
ROUCOU KOUDEA et du REINWARDT. 

Un autre a été trouvé récemment dans l'Hi- 
malaya, par M. Gould; c’est le Trog, malabari- 
cus, qui à la tête brun-verdâtre , ainsi que le cou; 
le dos de couleur cannelle ; les plumes alaires 
brunes, bordées de blanc, avec leurs couvertures 
grises. Sa taille est celle du pigeon. (GErv.) 

COUROUPITE, Couroupita. (8oT. Pan.) Genre 
qui a un grand rapport avec le Zecythis, dont il 
se distingue par la forme du stigmate qui se com- 
pose d’un ovaire à demi infère, terminé par un 
petit mamelon conique, tenant lieu de style et 
offrant six stigmates ou six divisions d’un stigmate 
unique, de même que par le fruit, qui est constam- 
ment indéhiscent, et qui, de sa forme, a pris le 
nom de Boulel de canon; il est aussi connu sous le 
nom de Calebasse-bois, Calebasseà Colin. Ce'genre 
appartient à la Monadelphie polygamie de Linné, 
eb à la famille des Lécythidées de Richard. Le 
Couroupite est un arbre des forêts de la Guiane, 
dont Aublet a donné la description et la figure. 
Il s'élève à 30 ou 50 pieds. Son écorce grisâtre 
s’enlève par longues lanières dont on fait de très- 
bons cordages. (G. £.) 

COURS D'EAU. (ctocr. pnxs.) Les épanche 
mens des sources , la fonte des neiges et des glaces, 
forment les ruisseaux. Les eaux des grandes pluies, 
roulant avec plus de rapidité, sillonnent par tor- 
rens les flancs des montagnes, et la réunion de ces 
Cours d’eau prend le nom de Rivière, Mais, avant 
d'aller plus loin, définissons certains termes d’or- 
divaire assez mal compris; l'intelligence des mots 
est souvent d’une grande importance en géogra- 
phie, comme dans toutes les sciences. Un ruis- 
seau, selon nous, est le plus petit de tous les 
Cours d’eau; une rivière, alimentée par un ou 
plusieurs ruisseaux, par une ou plusieurs rivières, 
navigable ou non, se Jette dans un fleuve, comme 
dans une mer. Mais un Cours d’eau qui porte à 
l'océan le tribut de la terre ne mérite la dénomi- 
nation de fleuve qu'après avoir recu dans son 
sein une ov plusieurs rivières navigables. 

L'ensemble des pentes d’où coulent les ruis. 


| seaux et les rivières qui se jettent dans un fleuve 


hydrographique. Les bassins de deux fleuves 
se touchent souvent de près, mais leur communi- 
cation, au moyen de rivières ou d’autres Cours 
d’eau, devient presqüe toujours impossible. Ce-. 
pendant la connaissance des massifs hydrographi- 
ques, c’est-à-dire des plateaux ou des groupes de 
montagnes, est nécessaire pour expliquer la nature 
et la marche des rivières. L’élévation des sources 
détermine la pente, et celle-ci influe sur la rapi- 
dité eu la tranquillité du Cours d’eau. L'étude de 
ces masses saillantes, de ces plateaux, est indis- 
pensable au géographe chargé de tracer les limites 
des empires , au géologiste curieux de pénétrer les 
mystères des anciennes révolutions du globe, au 
minéralogiste qui , par les débris que les eaux en- 
traînent, cherche à connaitre la composition des 
montagnes ; tout s’enchaîne dans la nature, point 
de connaissance stérile ; l'observation des massifs 
hydrographiques nous apprend souvent l’époque 
des débordemens , des inondations , la rapidité, la 
profondeur, le volume des eaux, et même leurs 
qualités physiques. 

Les soulèvemens qui ont produit les montagnes, 
les crevasses formées par les anciennes commo- 
tions souterraines, ont été les premières causes de 
ces grandes fentes qu’on appelle lits des fleuves ; 
jamais un fleuve n’aurait pu s'ouvrir, par ses seules 
forces, une route à travers les roches solides, s’il 
n’en eût trouvé devant lui l’ébauche. Les eaux cou- 
rantes minent , dégradent leurs rives, rendent leurs 
lits plus profonds dans les montagnes et les exhaus- 
sent dans les plaines par leurs alluvions. | 

De prime abord la pente du terrain peut seuie 
déterminer la direction d’un Cours d’eau, mais 
l’impulsion une fois donnée, la pression seule de 
l'eau provoque le mouvement, lors même que la 
pente serait presque nulle : aussi plusieurs grands 
fleuves coulent-ils sur un plan à peine incliné ; 
l'Amazone , par exemple , n’a, sur 200 lieues, que 
dix pieds et demi de pente, Les rivières même les 
plus rapides ont une moindre inclinaison qu'on 
ne le pense communément. 

Aussi l’augmentalion de la masse n’accroît-il pas 


tant la largeur du lit que la rapidité de la course. 


Quelquefois une rivière tombe dans uncautre, 
suspend son cours et repousse ses eaux vers sa 
source. Ainsi l'impétueuse Arve, qui descend des 
montagnes de la Savoie, fait refluer dans le lac de 
Genève les eaux plus tranquilles du Rhône. Bien 
plus, il y a des rivières qui n’ont pas d’écoule- 
ment, faute de pente; la terre ne leur donne pas 
assez d’impuision, ou des sables leur opposent 
une lente résistance. Quelquefois le soleil vaporise 
leurs eaux comme dans les déserts brälans de 
l'Arabie ct de l'Afrique, Plus souvent ces rivières 
tombent dans des étangs ou dans des marais ; 
d’autres encore se perdent dans des sables arides. 

(J.H) 

COURTILLÈRE, Grillotalpa. (ixs.) Genre d'Or- 
thoptères établi par Latreille aux dépens des Grillus 
&e Linné, et auquel il donne pour caracières : 
antennes sétacées, languelte à quatre divisions 


s'appelle le bassin de ce fleuve, ou sa région | étroites, pieds et tarses antérieurs plats et dentés 


COUR 358 COUS 


extérieurement ;: pas de tarrière apparente dans 
les femelles. 

La forme générale des Courtillères est bien re- 
connaissable; elles ont la têté petite, horizontale; 
le corselet très-grand, comprimé surles côtés; l’ab- 
domen long et volumineux , les ailes courtes ; 
quoique rangées dans la division des Sauteurs, 
leurs pattes postérieures sont peu propres à exécuter 
ces fonctions etleurs ailes doivent avoir peine à les 
soulever de terre. Leur tête est inclinée vers’ la 
terre , ovoide, plus étroite vers la bouche, carénée 
en dessus , s’enfonçcant beaucoup sous le corselet; 
les yeux lisses, au nombre de deux, sont ovales, pla- 
cés au milieu de la face vers Pangle supérieur des 
yeux; les antennes sont insérées au dessous des 
yeux près du bord du chaperon , elles sont com- 
posées d’un grand nombre d'articles sétacés; la 
bouche est composée comme à lordinaire, les 
mandibules sont robustes, les mâchoires ont le 
lobe terminal corné, tridenté; le galea en faux, 
corné à son extrémité; le palpe a les deux premiers 
articles très-courts, les trois suivans très-longs , 
comprimés, et lé dernier terminé par une espèce 
de pelote membraneuse; la lèvre est courte, 
échancrée sur les côtés et avancée en pointe à son 
milieu ; la languette est quadrifide , les deux lobes 
latéraux articulés sont méplats terminés par une 
portion comme cornée ; les lobes intermédiaires 
sont coniques, allongés , un peu courbés, extérieu- 
rement cornés , la langue est aussi longue qu'eux. 
Le corselet est formé du prothorax, qui est bombé 
en dessus, échancré pour recevoir Ja tête; les 
élytres ont dans les mâles un espace lisse destiné 
à produire le bruit appelé chant; cette disposition 
fait un peu varier leurs nervures avec celles des 
femelles ; les ailes dépassent les élytres, et font 
l'effet dans lerepos de deux lanièresétroites. L’ab- 
domen est terminé par deux filets articulés, velus, 
assez longs. Ge que ces insecles offrent de plus re- 
marquable sont les pieds antérieurs: ils sont in- 
sérés sur deux hanches très-développées, terminées 
en feston ; le trochanter est divergent, en forme 
de coin triangulaire aigu, très-grand , atteignant 
presque la longueur du fémur; celle-ci est com- 
primée; la jambe, articuléeintérienrement, est faite 
en forme de main, aussi large à son extrémité que 
longue ; dans son mouvement de prostration elle 
passe entre la cuisse et le trochanter; le tarseest 
articulé extérieurement sur le côté de la jambe, 
ne la dépasse pas; les deux premiers articles ont 
une forme digitée analogue à la digitation de la 
jambe. Les autres pieds n’ont rien de remarqua- 
ble ; les cuisses postérieures sont beaucoup moins 
renflées que dans les individus de la même fa- 
mille; tous les tarses ont deux crochets. 

Les Courtillères ne sont que trop connues par 
les dégâts qu’elles causent dans les jardins; elles 
vivent d'insectes , et peut-être même de racines, 
mais quelle quesoit leur nourriture, elles sillonnent 
la terre de tous côlés pour la: chercher, et avec 
leurs pattes tranchantes coupent tout ce qui se 
trouve sur leur passage ; aussi font-elles périr une 
grande quantité de jeunes plants ; et elles s’atta- 


chent principalement aux couches et aux planches 
bien fumées , dont la terre plus meuble contient: 
plus d’insecteset delombries queles terres compac- 
tes. Elles font le désespoir des jardiniers qui ne 
savent souvent comment se soustraire À leurs ra- 
vages. Ce n’est que le soir que ces msectes quit- 
tent leur retraite pour s’accoupler ou chercher 
d’autres endroits propres à leur fournir de la nour- 
riture; c’est aussi le soir que les mâles font en- 
tendre leur chant, pour inviter les femelles x les 
approcher ; une fois la femelle fécondée, elle s’oc- 
cupe du soin de pourvoir à la sûreté des œufs 


qu'elle va pondre ; elle creuse pour cet effet un 


trou à environ un demi-pied de la superficie du 
sol, lui donne la forme d’un four , avec um con- 
duit prenant à l’un des côtés et remontant à la 
superficie par une ligne courbe; toutes les parois 
de cette construction sont lisses ; elle y pond alors 
de trois à quatre cents œufs d’un brun jaunûtre 
luisant ; après la ponte elle ferme l'entrée du nid 
et en abandonne le soin à Ja nature. Le nid ayant 
élé fait au, commencement de l'été, les larves 
éclosent avant l’arrière-saison , et passent à l’étaé 
parfait au printemps suivant. Mais sous quel état 
passent-elles l'hiver , est-ce sous l’état de larve où 
sous celui de nymphe ? C’est ce que je ne saurais 
dire. Les planches de Ræselque je cite dans la sy- 
nonymie présentent tout le développement de ces 
insectes. 

Onrecoit cet insectede tous les pays; maisles dif- 
férentes espèces n’ont pas encore été bienétudiées. 

C. vuzeaiRe, G. vulgaris, Lat., Hist’ ins. , 
t. 12, pag. 121: Rœsel, Locustes, pk 14 et 15. Long 
de 1 pouce 6 lignes à 2 pouces; entièrement d’une 
couleur fauve plus foncée sur la tête et le dos ; ti- 
bia quadridenté; épine basilaire de forme conique, 
légèrement recourbée, aiguë; élytres de la moitié 
de la longueur de l'abdomen , jaunâtres, à nervu- 
res plus foncées ; ailes dépassant un peu l’abdo- 
men. J'en ai vu du Sénégal n'ayant pas plus d'un 
pouce de long. De tous les pays chauds. 

C. mmacryre, G. didactyla, Eat, Hist. 
ins., t 12, pag, 122, n° 9. Long de »5 lignes; 
apparence glu précédent ; tibia bidenté , un point 
blanc cerclé de noir près de la jonction avec le 
fémar; épine basilaire du fémur droite, allongée; 
presque d'égale grosseur partout, arrondie à sonex- 
trémité ; élytres atteignant presque toute la lon- 
gueur de l'abdomen. Amérique méridionale. 

CG. ouguiËe , G. oblita, Mihi. Long de 15 li- 
gnes. Apparence des précédentes; libias quadri- 
dentés; épine basilaire des fémurs très-pelite , 
arrondie ; élytres n’atteignant que le milieu de 
l'abdomen. Cuba. (A. P.) 

COUSIN, Culex. (1xs.) Genre de Diptères de 
la famille des Némocères, établi par Linné el ayant 
pour caractères : antennes. filiformes, de qua- 
torze articles; une trompe longue, avancée, 
renfermant un sucoir de cinq soies; les palpes 
dans les mâles sont plus longs que la trompe ; et 
très-courts dans les femelles. 

Ces insectes ont la tête très-petite, arrondie, 
les yeux globuleux; les antennes, insérées près 


ES 


COUS 


d'eux, sont très-velues dans les mâles; les poils 
qui les ornent sortent d’auprès de chaque articula- 
tion, et forment souvent des panaches; le rostre, 
qui contient latrompe, est allongé ;, les palpes des 
mâles sont très-allongés, et participent dans leurs 
extrémités de la faculté qu'ont les antennes d’é- 
tre très-velues , de sorte qu'on les à quelquefois 
confondus ensemble; le corselet est -très-élevé, 
comme bossu; les ailes, frangées à leur bord etsur 
leurs nervures, sont grandes, dépassant le Corps , 
sur lequel elles sont couchées dans le repos; les 
pattes sont très-longues, les postérieures surtout ; 
les tarses seuls sont presque aussi longs que les f£- 
murs et lestibias pris ensemble; l'abdomen est allon- 
gé,;cylindrique, deux fois aussi long que le corselet. 
#4 Les Cousins sont de petits insectes très-incom- 
modes, en ce qu’ils nous poursuivent avec acharne- 
ment pour se nourrir de notre sang; les lieux bas, 
humides et frais, comme le bord des prairies et 
les bois sombres, sont les endroits où on les trouve 
le plus souvent; ce n’est qu'à la chute du jour 
qu'ils paraissent dans les autres lieux, carils crai- 
gnent la grande chaleur; mais ils se répandent 
dans les appartemens, si l’on n’ä le soin de les tenir 
fermés , et profitent de votre sommeil pour vous 
attaquer ; le petit piaulement qu'ils font entendre 
n’est pas moins incommode , car il vous tient dans 
une inquittade continuelle. Leur piqûre est très- 
douloureuse ; ce qui la rend telle est moins l’in- 
troduction de l'instrument délié qui la produit, 
que l'effet d’une liqueur vénéneuse que l’insecte 
introduit dans la plaie, à l'effet de rendre plus 
liquide la portion de notre sang qui doit passer à 
travers ses organes délicats ; mais c’est dans les 
pays méridionaux que les Cousins sont réellement 
redoutables , et on est obligé, pour se garantir de 
leurs atteintes, d’environner leslits de voiles en 
gaz, appelés cousinières et moustiquières. Les co- 
lonies sont infestées d’autres espèces que les au- 
teurs ont nommées Moustiques et Maringouins, et 
qui sont, au dire de tous les voyageurs, un vérita- 
ble fléau pour les hommes et les animaux ; cepen- 
dant ces espèces n’appartiennent pas toutes au 
genre Cousin proprement dit. Les tourmens que 
les Cousins font endurer dans les pays chauds 
feraient croire que le Nord, déjà peu favorisé, à 
d'autres égards, devrait être à l’abri de cette peste; 
mais il n’en est rien , ct les malheureux Lapons 
en sont réduits à se frotter les mains et le visage de 
graisse, et à vivre continuellement aumilieu de la 
fumée, pour pouvoir se soustraire à leurs attaques. 
Quelque douloureuse que soit la piqüre de ces pe- 
4its animaux , le procédé par lequel elle s’opère 
mérite d’être connu; quand le Cousin s’est posé à 
laplace oùil croit pouvoir faire pénétrer sa trompe, 
il incline sa tête, en tenant ses pattes postérieures 
“levées , il appuie d’abord le bout de son suçoir 
(voyez pl. 127, fig. 4), et fait ensuite pénétrer les 
soies qu'il renferme : mais comme le sucoir ne 
pénètre pas, la quantité dont les soies pourraient 
pénétrer serait bien minime, si la nature n’y avait 
pourvu; le sucoir se plie vers son milieu à angle 
Plus ou moins aigu (Gx. 4-5), comme peut le re: 


399 


COUS 


—_——_——s 


présenter un > mis ‘de côlé, dont les deux 
branches se rapprochent plus ou moins ; selon que 
les soies pénètrent plus ou moins avant, jusqu’à ve- 
nir se toucher. Quand l’insecte se retire, la gaine 
fait un point d'appui qui favorise ce mouvement= 
on croit être sûr que ce sont les femelles seules qui 
nous attaquent avec tant d'acharnement. 

Les Cousins ne trouvent pas toujours des 
hommes, ou des animaux dont ils puissent sucer 
le sang, et il est plusque probable que quatre-vingt- 
dix-neuf sur cent n’en goûtent même jamais; ils 
attaquent alors les plantes , à l'ombre desfeuilles 
desquelles ils se tiennent pendant la chaleur du 


jour, ils s’y balancent continuellement, en pliant 


avec assez de vitesse et en redressant alternative 
ment les articulations de leurs pattes ; à la brane 
ils sortent de leur retraite, soit pour chercher lear 
nourriture, soit pour s’accoupler ; c’est dans l’aûr 
que l’accouplement a lieu; les mâles s’y tiennent 
par groupes, et sy balancent continuelle. 
ment de haut en bas; une femelle joint ce groupe, 
et un mâle se lançant après elle, la Joint et 
l’accouplement s'opère , et souvent ils vo- 
lent quelque temps placés bout à bout; mais peu 
de temps après, la femelle se sépare du mâleet se 
dispose à faire sa ponte : c’est sur l’eau qu’elle doit 
déposer ses œufs, et il faut qu’ils surnagent, et 
que l’insecte lui-mêine se méfie d’un élément qui 
lui serait fatal ; il cherche donc à la surface de 
l’eau une petite feuille, un fétu de paille sur lequel 
il s’attache avec les quatre pattes antérieures ; il 
croise alors ses deux grandes pattes postérieures 
auprès de l'extrémité de son abdomen, et laisse 
couler un œuf, puis deux, etc., etc., dans l’inter- 
valle triangulaire qu’elles forment; à mesure que le 
nombre des œufs augmente, l'intervalle augmente 
aussi, puis il se rélrécit peu à peu, de sorte que 
quand la ponte, qui monte de deux cent cinquante 
àtrois cents œufs, est terminée, la masse ressemble 
assez bien à un petit bateau un peu relevé dans les 
deux bouts: l’insecte alors le laisse couler sur 
l'eau , et l’abandonne aux impulsions du vent; car 
c'est toujours sur les eaux dormantes, comme 
plus tranquilles, que ces œufs sont déposés. Ces 
œufs ont une forme très-singulière , ils représen- 
tent assez bien les cruches en grès où l’on ren- 
ferme la liqueur nommée kirchwasser , exceplé 
que, rangés côte à côte, le goulot se trouve au bas, 
et forme la seule partie qui communique avec 
l'eau; car ces œufs craignent autant l’inondatior 
que la sécheresse; la partie formant le goulot est 
fermée par une membrane très-mince, que brise la 
larve qui sc trouve ainsi de suite au milieu de l’é- 
lément où elle doit vivre. 

La larve est apode (fig. 7); sa tête est arrondie, 
méplate, on y distingue deux points noirs que l’on 
regarde comme les yeux; elle est armée antérieu- 
rement de pelits barbillons dont deux plus grands 
articulés et, qu'elle tient dans une agitation 
continuelle , formant ainsi des tourbillons qui, 
peut-être, atlirent vers sa bouche des animaux 
microscopiques , des débris de végétaux ou des 
portions terreuses dont elle fait sa nourriture; 


2 CD 


COUS s 


3560 


* COUV 


SAR EE 


le corselet est rond, muni de chaque côté de deux 
bouquets de poils ; l’akdomen, long ; plus étroit 
que le corselel à sa jonction avec lui ; et se rétré- 
cissant encore à son extrémité, est composé de 
neuf segmens ayant chacun sur le côté un bou- 
quet de poils; cet abdomen est terminé d’une ma- 
nière singulière; il se courbe d’abord brusque- 
ment à angle droit en dessous pour se tronquer 
carrément; à celte extrémité est l'orifice de 
l'anus, fermé par quatre membranes allongies en 
forme de feuilles; l’avant-dernier anneau offre 
à sa partie supérieure un appendice à peu près de 
même grosseur que la terminaison anale, beaucoup 
plus allongé, se détachant obliquement du corps, 
terminé par une ctoile à cinq pointes; c’est par 
cette étoile que l'insecte aspire l'air dont il a be- 
soin pour vivre, aussi la tient-il continuellement à 
fleur d'eau, tandis qu’il y reste la tête renversée ; 
sitôt que quelque objet l’inquiète ou que l’eau est 
agitée , il donne quelques coups de queue et se 
précipite au fond; mais bientôt, par sa pesanteur 
spécifique beaucoup moindre que l'eau, il remonte 
reprendre sa place habituelle. Il subit plusieurs 
mues, et passe enfin à l’état de nymphe; ici sa 
forme devient tout au moins aussi singulière (fig. 8); 
il offre bien l'apparence d’une chrysalide, c’est-à- 
dire qu’on distingue les antennes , les ailes et les 
pattes ; mais la respiration, qui s’opérait par l’ex- 
trémité du corps, s'opère maintenant par le dos 
au moyen de deux pelits cornets implantés par la 
pointe , et dont it tient l'ouverture à fleur 
d’eau comme la larve y tenait l'extrémité de son 
corps, à l'exception qu’il replie le long de la 
poitrine son abdomen dont l'extrémité est armée 
de deux feuillets arrondis; il se précipite de 
même au fond quand il redoute quelque danger, 
en redressant son corps et en frappant l'eau avec 
sa queue. 

Quand arrive le moment de la dernière méta- 
morphose, la nymphe s'étend horizontalement à 
fleur d’eau , la peau du corselet se fend , et l'in- 
secte commence à sortir; son dos se dégage d’a- 
bord un peu, il contracte son abdomen, parvient 
à se dégager un peu de son fourreau , et, s’en fai- 
santun point d'appui, il élargit l'ouverture et sort 
son corselet; sa tête en même temps se dégage, 
et l'insecte finit par se trouver en équilibre sur 
Fextrémité de son'abdomen , sur un bateau à peine 
aussi grand que Jui, puisque c'est la dépouille 
qu'il va bientôt quitter (fig. 9). Ge moment est le 
plus critique de toutes les métamorphoses par les- 
quelles l’insecte a dû passer; une vague, un souf- 
fle de vent peuvent le renverser; mais, avant que 
Jun ou l'autre arrive, il a pu tirer ses quatre 
pattes antérieures, et aussilôl 1] les pose sur l'eau 
en les écartant; à l'aide de ce point d'appui, il 
parvient à dégager ses atles et ses longues pattes 
postérieures, el quelques instans après il prend son 
vol. Ces insectes donnent plusieurs générations 
par an, el si les oiseaux, les poissons et d’autres 
insccles aquatiques carnassiers, sans compter les 
différens accidens qui peuvent leur arriver sous 
tousles états, n’en faisaient périr une graude quan- 


tité, ils deviendraient bientôt un fléau. On peut 
voir les détails de tous les développemens de ces 
insectes dans Réaumur , et dans notre Atlas, pl. 
127, fig.1àc. 

Les espèces de ce genre que l’on connaît sont 
en partie propres à l'Europe, non qu'elles män- 
quent dans les autres contrées du monde ; mais 
leur petitesse et leur fragilité font qu'on les a tou- 
jours négligées. Ce genrese trouve peu nombreux. 

C.commux, C. pipiens, Linn. , le plus commun 
de tous , brun avec deux bandes plus foncées sur 
lethorax; abdomen gris, annelé de brun; les pattes 
offrent un point blanc à leur extrémité. 

C. anneLé, C. annulatus, Fab. Réaumur, t. 1, 
pl. 15. Long de 5 à 4 lignes, brun avec l'abdomen 
et les pattes annelés de blanc. Cette espèce est plus 
commune en automne. 

C. cnanTanT, C. cantans, Hoffmansegg. Long 
de trois lignes, roux, thorax à bandes obscures , 
ct abdomen annelé de brun; les quatre derniers 
articles des tarses ont un anneau blanc. Il est as- 
sez rare dans notre pays. (A. P) 

COUVAIN.'(iNs.) Nom que les auteurs qui ont 
considéré les abeilles sous le point de vue de l’éco- 
nomie rurale ont donné, soit aux jeunes larves 
que nourrissent les abeilles, soit à celles qui sont 
en état de nymphes; l'expérience a appris que 
c'est principalement dans la partie basse desrayons 
que se trouve ce Gouvain; c’est en partie sur cette 
connaissance qu'est fondée la théorie de toutes les 
espèces de ruches à compartimens, où, après 
avoir Ôlé la partie supérieure d’une ruche conte- 
nant le miel, on la remplace par une hausse vide 
pour forcer les abeilles à recommencer sur nou- 
veaux frais leur provision de miel. (A. P.) 

COUVÉE. (ors.) On nomme ainsi Lousles œufs 
qu'une poule ou tout autre oiseau couve en 
même temps, et ce qui en provient. La couvaison 
est l’époque à laquelle la volaille couve. 7oy. l’ar- 
ticle INcuBATI0N. (Gerv.) 

« COUVERTES ou VERNIS. (win. APPLIQUÉE.} 
Toutes les poteries sans exception demandent à 
être recouvertes d’un enduit que l’on nomme Cou- 


verte où Vernis, destiné à les rendre imperméables b 


et surtout à empêcher les corps gras et chauds de 
les pénétrer. Il était donc nécessaire de trouver 
des substances qui pussent se vitrifier facilement 
à la surface des poteries, des faiences et des por- 
celaines. Les conditions qu’elles doivent remplir 


sont de fondre à une température moins élevée que | 
les pièces qu'elles recouvrent, de prendre un cer- # 


tain degré de dureté par le refroidissement et 
d'être inaltérables par l’action des substances 
même acides que les vases doivent renfermer. Ces 
résultats n’ontété jusqu’à présent oblenus qu’im- 
parfaitement, comme nous allons le voir. 

Le vernis des faïences à pâte jaune ou rouge est 
un émail blanc, opaque, qui masque ces couleurs, 
et qui est composé d'oxides de plomb et d’étain 
vitrifiés avec du sable siliceux. Gelai qui est brun 
ou chiné de brun doit cette couleur à une addition 
d’oxide de manganèse. Les couleurs vertes sont 
dues à une petite quantité d'oxide de cuivre. Pour: 


les Couxertes 


oo 


COUV 


561 


CRAB 


2 ——————_—._———…—_—…“———— D 0 


les Couvertes des terres anglaises ou blanches on 
emploie encore l’oxide de plomb ; mais cet oxide 
est fondu préalablement avec du verre siliceux 
que l’on réduit ensuite en poudre pour le placer 
sur la pièce. Celles des poteries les plus grossières 
sont uniquement formées d’oxide de plomb et, 
par suite, sont très-malsaines. Pour la porcelaine, 
on emploie le feldspath ou pétuntzé des Chinois , 
qui est très-fusible en comparaison de la pâte qu'il 
recouvre, mais qui exige encore un feu trop vio- 
Jent pour qu'il soit possible de s’en servir pour 
les poteries communes. Les poteries de grès n’ont 
pas ordinairement besoin de vernis ; lorsqu'on en 
emploie, ce sont des vernis terreux, souvent même 
on se contente de jeter du sel commun dans le 
four, et sa décomposition par la silice de l'argile 
donne lieu À un enduit de verre siliceux ; mais 
cette poterie se cuit à un feu presque égal à celui de 
la porcelaine, en sorte que ce moyen est imprati- 
cable pour la poterie commune qui n’emploie 
qu'une chaleur beaucoup plus faible. Les défauts 
de presque toutes les Couvertes, celle de la porce- 
laine exceptée, sont leur peu de dureté qui permet 
au couteau de les attaquer, et la présence de 
l’oxide de plomb dont l'effet peut être nuisible à la 
santé quand on laisse séjourner des alimens acides 
dans des vases ainsi vVernissés. 

La manière d'appliquer le vernis est extrême- 
ment simple: après qu'on a fait le mélange du 
plomb sulfuré broyé, de l'argile ou du sable sili- 
ceux qui doit le composer, on le délaie dans une 
certaine quantité d’eau, de manière à lui donner 
la consistance d’une bouillie claire; on passe les 
pièces bien sèches dans ce liquide chargé de ver- 
nis ; elles absorbent l'humidité avec avidité, et 
la poudre s’applique uniformément sur leurs sur- 
faces. Les poteries communes recoivent les cou- 
. leurs dont on les orne avant d’avoir vu le feu et 
avant l'application du vernis, tandis que les faïen- 
ces et surtout la porcelaine ne recoivent de vernis 
qu'après avoir passé une première fois au four ; 
les couleurs et la dorure de la porcelaine se posent 
après la Couverte et forcent à l’exposer une troi- 
sième fois au feu pour les fixer, Dans la fabrica- 
tion de la poterie commune, au contraire, la 
tempéralure peu élevée nécessaire à la cuisson 
suflit pour convertir la galène qui est composée de 
plomb et de soufre en un véritable verre; le sou- 
fre se volatilise, et le plomb , en passant à l’état 
de litharge par l’oxidation , s’unit avec la terre et 
le sable qui lui a été mélangé pour former une 
fritte brillante, très-fusible, mais qui n’a pas 
malheureusement toute la dureté désirable.-'Tout 
récemment M. Thibault, fabricant à Montereau, 
a découvert un nouveau procédé qui doit porter 
uñe grande amélioration dans la fabrication des 
faïences fines ;. il est parvenu à les couvrir d’un 
émail beaucoup plus dur et plus solide que celui 
qui résulte de l'emploi de la galène et qui a l’avan- 
tage d’être inattaquable par les acides. En Angle- 
terre, depuis quelques années , M. Mecigh est éga- 
lement parvenu à composer pour les poteries 
rouges une Couverte qui n’a rien de malsain et 


Towe II. 


126° Livraison, 


qui est plus économique que les vernis de plomb, 
Son procédé consiste à plonger les pièces dans une 
bouillie faile avec une marne rouge, à sécher, 
puis à appliquer le vernis, composé de parties 
gales de feldspath, de cassons de verre et de 
manganèse. On cuit ensuite à la manière ordi- 
naire. On obtient par ce procédé un vernis noir 
compacte, très-durable et qui ne contient rien 
de dangereux ; si on désire une Couverte blanche 
et opaque , on supprime le manganèse. 

Nous renvoyons pour de plus amples détails, qui 
seraient déplacés dans un Dictionnaire d'histoire 
naturelle , aux ouvrages technologiques publiés sur 
cetle matière par Bastenaire, Daudenart, Brard, 
Fourmi, elc., etc., et surtout à ceux de M. Bron- 
gniart. (B.) 

COUZERANITE. (win. ) Un peuple connu 
des anciens sous le nom de Consorant, et qui ha- 
bitait une partie de la province romaine appelée 
Novempopulania , a fait donner le nom de Conse- 
rans à un petit pays de l’ancienne France qui ap- 
partenait à la Haute-Gascogne, ct qui, au x° siè- 
cle, constituait un comté. Par corruption, ce pays, 
qui forme presque entièrement aujourd'hui l'ar- 
rondissement de Saint-Girons, dans le départe- 
ment de l’Ariége, fut appelé Couserans ; et, comme 
si ce changement n’était pas encore assez grand 
relativement à l’étymologie que nous venons de 
rappeler, on est même venu à l'écrire Couzerans : 
de là le nom de Couzeranite qui a été donné à une 
substance minérale que découvrit, en 1825 , un 
naturaliste instruit, M. de Charpentier, au milieu 
de calcaire grenu qui, dans ce petit pays, alterne 
avec le micaschite et le granite. 

La Couzeranite est d’un noir grisâtre, tirant 
quelquefois un peu sur le bleu d’indigo. Elle est 
toujours cristallisée, Lanlôt en prismes à quatre 
faces rectangulaires, tantôt en prismes obliques 
rhomboïdaux, dont les angles ont 84 à 96 degrés 
d'ouverture, et dont la base est inclinée sur les 
pans de 92 à 95 degrés. Ses cristaux sont ordinai- 
rement pelits : les plus gros ont : lignes d'épais- 
seur sur 10 à 12 de longueur. Gette substance 
pèse 2,69, c’est-à-dire plus de deux fois et demie 
autant que l’eau; elle est plus dure que le verre, 
et sc fond en émail blanc à la flamme du chalu- 
meau. Analysée par M. Duafresnoy, ce minéralo- 
giste l’a trouvée composée de la manière suivante : 
silice, 52,57 ; alumine, 24,02; chaux, 11,85; 
magnésie, 1,40; potasse, 5,52; soude, 3,96. 
Ainsi la Couzeranite prend son rang dans la miné- 
ralogie parmi les silicatés d’alamine.  (J. H.) 

COVELLITE ou COVELLINE. ( min. ) Sub- 
stance encore trop peu connue pour être regardée 
comme une espèce minérale. Élle forme des en- 
duits de couleur noire ou bleuâtre à la surface de 
certaines laves du Vésuve; c’est un suliure de- 
cuivre composé de 66 à 67 parties de ce métal et 
de 32 à 53 de soufre. Si de nouvelles analyses 
viennent confirmer le soupçon que celle substance 
forme une véritable espèce, elle devra prendre 
place dans la nomenclature sous lun des deux 
noms que nous venons de rappeler, puisque c’est 


46 


mm oo ee 


CRAB 9 


M. Covelli qui l'a observée le premier dans les fu- 
merolles du Vésuve. (J. H.) 
GRABE , Cancer. (crusr.) Genre de l’ordre des 
Décapodes, famille des Brachyures, deuxième 
seclion , les Anouës, Arcuata. Ce genre, établi 
par Linné, avait une acception générale, et em- 
brassait tous les Crustacés décapodes, stomapo- 
des, amphipodes , et une partie des isopodes, 
Mais depuis, restreint par les auteurs modernes, 
il ne comprend plus aujourd'hui, dans la méthode 
de Latreille, que les espèces qui présentent ces 
caractères : tous les pieds inférieurs el ambula- 
toires ; test large, évasé à sa partie antérieure en 
fornie de segment de cercle; second article des 
pieds-mâchoires extérieurs presque carré, avec 
une écaancrure à l'angle externe de son extrémité 
supérieure pour l'insertion de l'article suivant, Les 
espèces qui composent ce genre ont une carapace 
plus large que longue, et dont le bord antérieur 
présente tantôt des dents en scie , tantôt de larges 
crénelures qui se confondent presque avec les rides 
du test: d’autres fois des crénelures nombreuses et 
régulières au bord d’un test uni; souvent enfin 
des dentelures qui elles-mêmes sont divisées ; quel- 
quefois il arrive que le bord antérieur est mousse 
sans dentelure, et qu’il y a seulement une dent à 
l’angle externe, ou bien qu’il en existe une très- 
petile au milieu du bord. Cette carapace est plus 
ou moinsrétrécie postérieurement. Desmarest, au- 
quel nous sommes redevables des chservations cu- 
rieuses sur la carapace des Crustacés , el qui le 
premier a fait voir que les impressions qu’elle pré- 
sente étaient en rapport constant avec les organes 
essentiels qu’elle recouvre, tels que le foie, l’es- 
tomac , le cœur, etc., a trouvé que dans le genre 
Crabe les régions de la carapace sont plus ou 
moins senties et quelquefois très-marquées; la 
stomacale est très-grande , et forme avec la gé- 
nitale une sorte de trapèze ; celle-ci se prolonge 
en pointe sur le milieu de la première ; les régions 
hépatiques antérieures sont assez grandes et si- 
tuées sur la même ligne que la région stomacale ; 
les régions branchiales commencent en avant des 
angles latéraux de la carapace, et sont bien indi- 
quées ; enfin la région coraiale, placée aux deux 
tiers de la ligne moyenne du corps, laisse en ar- 
rière un espace pour la région hépatique posté- 
rieure, À la partie antérieure de la carapace on 
remarque les yeux rapprochés, portés sur un pé- 
dicule court , et les antennes intermédiaires ou 1n- 
ternes repliées sur elles-mêmes, et couchées le plus 
souvent dans deux fossettes ordinairement trans- 
verses. Les pattes antérieures sont très-fortes, et 
atteignent quelquefois une grosseur extraordinaire; 
l'abdomen de la femelle est proporlionnellement 
moins large et plas oblong que dans plusieurs au- 
tres genres de la famille des Brachyures; celui du 
mâle est étroit et généralement rétréci d’ane ma- 
nière brusque vers son milieu. Les Crabes, trè+- 
communs sur les côtes de l'Octan, paraissent être 
bien plus abondans dans les régions équatoriales 
et des tropiques; généralement ils sont carnas- 
siers , se nourrissent indistinctement d'animaux: 


6> CRAB 


marins privés de vie, et chassent ordinairement 
la nuit ; ils sont craintifs, fuient les endroits fré- 
quentés el se retirent dans les fentes des rochers, 
Risso a observé dans la mer de Nice que chaque 
portée était de quatre à six cents individus, qui 
n'alteignent tout leur développement qu'au bout 
d’une année, Quelques espèces sont assez bonnes 
à manger; Latreille rapporte, comme type dugenre, 
l'espèce appelée sur nos côtes Pourart ou ‘Lour- 
TEAU (Cancer pagurus, Linn, ); elle offre un ca- 


‘racière unique dans celle tribu : l’article basilaire 


des antennes extérieures a la forme d’une lame ter- 
minée par une dent saillante et avancée, formant 
inférieurement le coin interne des cavités oculaires; 
on l’a même érigée en genre distinct sous le nom 
de PLarycancin. Cotle espèce, roussâtre et plane 
en dessus, a les bords latéraux de son test divisés 


| par de courtes fissures ; les espaces compris for- 


ment de chaque côté neuf festons; le front est tri- 
denté ; les doigts sont noirs, avec de gros tuber- 
cules mousses au côlé interne. Il acquiert près 
d’un pied de largeur, et pèse alors jusqu’à cinq 
livres. Il est commun:sur les côtes de France bui- 
gnées par l'Océan, et moins abondant dans la 
Méditerranée. Sa chair est estimée. Nous avons 
représenté celte espèce dans notre Atlas, pl 128, 
fig. 1. 
Il y a des espèces dont les articles inférieurs 
des antennes sont cylindriques ; le: premier, quoi- 
qu'un peu plus grand , ne diffère pas des suivans 
quant à la forme et aux proportions, et ne dé- 
passe pas le canthus interne des fossettes oculaires; 
ceux des antennes intermédiaires s’étendent plu- 
Lôt dans le sens de la largeur que dans celui de 
la longueur. Nous citerons parmi elles le Crape 
BRONZÉ, que nous avons représenté dans noire 
planche générale de l’article Crustacés (pl. 130 ). 
Il en est parmi elles (C. dentatus, Fab. ) dont les 
doigis ont leur extrémité creusée en manière de 
cuiller; ce sont les Croronres, Clorodius de Leach. 
Plusieurs des espèces où ilsse terminent en pointe 
sont remarquables en ce que l’arqûüre des bords du 
test se termine postérieurement par un pli et une 
saillie débordante, en manière d'angle; celles 
dont le front est tridenté, et dont le test n’offre 
de chaque côté que cette saillie ou dent posté- 
rieure , composent son genre GaRpiutE, Carpilius. 
Les espèces de cette subdivision, €. corallinus, 
Fab. , €. maculatus, ejusd. , présentent des mar- 
brures ou des taches couleur de sang ; elles habi- 
tent plus particulièrement les mers des Indes 
orientales, Les Xantnes, Xantho, du même, et 
dont quelques unes, Xantho floridus, Leach, 
Cancer poressa, Oliv., habitent nos côtes, ont 
leurs antennes insérées dans le canthus interne 
des cavités oculaires, et dirigéesen dehors, comme 
dans les précédentes. D’autres considérations per- 
metlraient d'augmenter le nombre de ces coupes; 
mais nous avons dû nous boruer à indiquer les 
principales. Desmarest, Histoire naturelle des 
Crustacés fossiles , a rapporté au genre Crabe six 
espèces antéailuviennes, 

Sur nos.côtes on connaît sous le non: de Grabe 


(PET LPRSEM 


cm” 


nn 


PL. 126. 


D, 2. 

. 

SE — "NW 
(LR) 


à 
SZ = 


€ rabe 2 Craucen 
© 


LCuerin dir 


3.Crapaué. 4. Cratere. 


CRAB 


363 


CRAB 


commun , ou de Ménade, une espèce peu recher- 
chée qui forme le type du genre Garcin (v. ce 
mot). On en voit souvent des quantités sur les 
marchés de Paris; on les apporte cuits et quelque- 
fois encore vivans. (H. L.) 

CRABE DES PALETUVIERS ou CRABE DE 
VASE. (crusr.) Les Golons de Cayenne donnent 
ce nom à une espèce de Tourlouroux du genre 
Uca (v. ce mot). 

Le CRABE DES MOLLUQUES est un LIMULE. 

Le CRABE FLUVIATILE un Poramormze, et le 
CRABE HoNTEUX un CALAPPE. (Guér.) 

CRABIER. ( mam. ) Cette espèce de mammi- 
fère appartient au genre Sarigue ou Didelphes dans 
l'ordre des Marsupiaux, c’est le Did. cancrivora, 
Linn. Seba l'a figuré sous le nom de nation 
grand philandre oriental, on l'appelle aussi Puant 
de Cayenne. Le Crabier est de la taille d’un chat, 
son pelage est d’un jaunâtre terne, mêlé de bru- 
nâtre et traversé de soies brunes. Il vit au milieu 
des Palétuviers, sur les rivages limoneux, et se 
nourrit de petits animaux et principalement de 
Crabes, ce qui lui à fait donner son nom. On le 
trouve à Cayenne et à Surinam. M. Guérin l’a re- 

résenté à la planche 20 de son Iconographie. 

CRABIER DE MAHON, Ardea comata, Gm. 
(ors.) C’est une espèce européenne du genre Héron, 
qui se trouve principalement dans le midi. Get oi- 
seau a le dos brun roussâtre, et les ailes blanches 
ainsi que le ventre. Les adultes ont le cou jaunâtre 
et une longue huppe à l’occiput. Le Crabier a été 
représenté dans les planches enluminées de Buffon 
aux numéros 848, 919 et 911; c'est peut-être, 
suivant Cuvier, la Grue des Baléares, dont Pline à 
parlé dans son xr° livre, 37. Il offre un exemple 
bien remarquable du peu d'accord qui règne dans 
les noms dont les différens auteurs se servent 
pour distinguer les espèces : ainsi, suivant les re- 
cherches de M. Meyer, c’est à cet Ardea comata 
qu’on doit rapporter l_Ærdea castanea, Gm., ou 
Ralloïdes, Scopol., l'Ærd. squacotta Marsigli, 
Pumilia de Gmelin, ainsi que ses £rythropus et 
Malaccensis, qui n’en sont que des variétés d’âge 
ou de sexe, (GErv.) 

CRABRON , Crabro. (ins.) Genre d'Hyméno- 
ptères dela famille des Fouisseurs, tribu des Cra. 
bronites, créé par Fabricius et ayant pour caractè- 
res : antennes insérées près de la bouche, cou- 
dées, presque filiformes; yeux non échancrés ; man- 
dibules très-étroites , seulement dentées au bout : 
les palpes courts, la languette évasée. Les Cra- 
brons ont la.tête carrée, épaisse, les yeux très- 
grands sans être bombés et se rapprochant beau- 
coup près de la bouche; la face entre eux pré- 
sente un enfoncement; près de l'extrémité des 
yeux sont insérées les antennes; elles ont leur 
premier article très-long ; après cet article l’an- 
tenne forme un coude, et est un peu renflée dans 
son milieu, avec la saillie des articles formant la 
scie; le chaperon se redresse après l'insertion des 
antennes, il est court, transverse et caréné dans 
son milieu; ilest, ainsi que le reste de la face, cou- 
vert d’un duvet soycux, argenté; les mandibules 


dépassent à peine le chaperon. Dans les mâles, 
la tête est plus étroite et les ocelles à proportion 
plus gros ; le corselet est arrondi; les ailes ont une 
cellule radiale grande, ovale et légèrement pédi- 
culée, et une seule cellule cubitale , recevant une 
nervure récurrente ; les pattes sont courtes, ro- 
bustes , et garnies exlérieurement et à leur extré- 
mité de beaucoup de petites épines courtes , mais 
robustes ; l'abdomen est ellipsoïde , son premier 
anneau formant un pédoncule. 

Ces insectes ont un peu d’analogic avec les 
guêpes, mais cette analogie consiste plutôt dans 
les couleurs, qui sont comme dans celles-ci mé- 
langées de jaune et de noir, que dans tout au- 
tre chose; ils vivent dusuc des fleurs, sur lesquel- 
les on les trouve assez communément: mais ils 
nourrissent leurs petits de cadavres de diptères et 
d’autres insectes qu’ils empilent dans des trous, 
soit ceux qu'ils creusent, soit ceux qu'ils trouvent 
tout faits; ce trou après la ponte est bouché. De- 
geer a étudié avec beaucoup de soin la composi- 
Lion des organes copulateurs des mâles. 

GC. À cure, ©. cribrarius, Fab. Long de six 

lignes ; noir, avec le duvet du chaperon argenté; 
une ligne interrompue sur le prothorax , et une à 
l’écusson, jaunes; des bandes larges de même 
couleur sur les segmens de l’abdomen, dont la se- 
conde et la troisième interrompues ; tibias jaunes 
avec les fémurs noirs : dans les mâles, les tarses 
antérieurs sont très-dilatés et offrent un double 
crochet dont l’un, beaucoup plus grand que l’au- 
tre, contourné :; mais en outre le tibia se dilate in- 
férieurement en forme d’écusson paraissant comme 
criblé de petits trous; cette disposition a pour 
but de les aider à retenir la femelle dans l’acte de 
l’'accouplement. Rolander avait prétendu avoir vu 
que cette pièce servait à ces insectes à tamiser le 
pollen des fleurs ; mais Degeer, observateur ri- 
goureux, fit justice de celte imposture en prouvant 
que la pièce n’était nullement percée, comme il 
est facile de s’en convaincre avec une bonne loupe, 
et que les’enfoncemens qui s’y trouvent inférieu- 
rement sont seulement destinés à faire un vide 
qui aide à la préhension. 
_ CG; ronre-ENselGnE, C. veæillator, Fab. Long de 
4 lignes. Cette espèce est remarquable par sa tête 
très-comprimée postérieurement, et par la dila- 
tation considérable sur le côté externe du premier 
article des tarses antérieurs dans les mâles ; il est 
noir avec un‘point jaune de chaque côté du cor- 
selet, entre les deux premiers segmens. Les seg- 
mens de labdomen sont bordés de jaune; mais 
cette couleur est interrompue dans les trois pre- 
miers segmens; les pattes sont jaunes avec quel- 
ques taches noires aux postérieures , et des ban- 
des obliques brunes sous la dilatation des tarses 
antérieurs. 

Ces deux espèces se trouvent assez communé- 
ment en Europe. (A. P.) 

CRABRONITES, Crabronites.(is.) Tribu d'Hy- 
ménoptères, de la famille des Fouisseurs , offrant 
les caractères suivans : tête forte; antennes en 
massue ; labre peu apparent; prothorax rétréci ; 


CRAI ù 


364 


CRAI 


abdomen étroit à sa base; ces insectes diffèrent 
peu par leurs mœurs des autres Fouisseurs ; ils 
creusent des trous, soit dans le sable, soit dans le 
bois, souvent même ils se servent de trous faits 
par d’autres insectes et y déposent des insec- 
tes pour la nourriture de leurs larves. Tous les hy- 
ménoplères composant celte tribu sont vifs el 
fort agiles, surlout pendant la chaleur. (A. P.) 
CRACHAT DE COUCOU ov DE GRE- 
NOUILLE. (1ns.) On nomme ainsi de petites masses 
écumeuses que l’on voit au printemps sur les feuilles 
des végétaux, et qui sont produites par les larves 
des Cxrcores. Ÿ, ce mot. (Guër.) 

CRA-CRA. {ois. vor.) En France on donne ce 
nom vulgaire à la Rousserole (Sylvia turdoides , 
L.). En Amérique on le donne à un Héron et au 
Cuculus vetula XL. Enfin ce nom est encore donné 
au fruit de l’Arbutus uva urst dans les Alpes. 

(Guén.) 

CRADEAU. (porss.) La Sardine est désignée 

sous ce nom vulgaire sur nos côles du nord. 
(Guir ) 

CRAIE. (cor. er min. ) Celte roche calcaire, 
à texture plus ou moins lâche ou grossière et quel- 
quelois compacte, constitue dans les diverses lo- 
calités où elle se montre plusieurs étages, dont 
trois bien distincts se font remarquer dans le vaste 
bassin crayeux qui comprend dans son enceinte 
toute la succession des terrains des environs de 
Paris. 

Le plus supérieur est la Craie blanche : elle mérite 
cette dénomination par sa blancheur éclatante ; 
c’est celle dont la stratification est la moins dis- 
tincte, c’est-à-dire celle qui présente le moins de 
traces de couches. À la vérité on y remarque, à 
différentes hauteurs, des lits parallèles et horizon- 
taux de silex pyramoques noirs, que l’on peut 
regarder comme caractéristiques de cette Craie. 
Ils sont quelquefois interrompus, plus ou moins 
nombreux, plus oa moins espacés; mais jamais 
ils ne manquent complétement. Quelquefois les 
fissures de ces silex sont tapisstes de cristaux de 

* Célestine ou sulfate de strontiane. Gette substance 
se trouve dans les environs de Paris, principale- 
ment à Bougival et à Meudon. Un autre minéral 
que l’on rencontre fréquemment disséminé dans la 
Craie blanche, est le sulfure de fer, soit en globules 
striés du centre à la circonférence, soit en nodules 
hérissés de petites pyramides qui ne sont que les 
extrémités des cristaux octaèdres de ce métal. 

Les corps organisés que l’on trouve dans la 
Craie blanche sont moins nombreux que dans les 
deux autres variétés inféricures; cependant les 
espèces en son! généralement assez variées. Ge sont, 
parmi les animaux vertébrés, des poissons, comme 
dans la Craie des environs de Sussex et de Paris. 
-et des dents de crocodile comme à Meudon. Les 
mollusques sont besucoup plus nombreux : ils 
appartiennent principalement aux genres Pélem- 
aite, Lituolite, Scaphite, Nautile, Troque, Huitre, 
Calillus, Peigne, Plagiostome, Térébratule, Magas 
et Cranie. Parmi les échinites on doit citer les 
genres Ananchite, Nucléolite, Galérite, Spatan- 


gue, Cidarite, et parmi les zoophytes, Asterie et 
Alcyon. à 

Au nombre de ces corps il cst deux espèces 
que l’on peut regarder comme caractéristiques de 
la Craie blanche : c’est la Bélemnile mucronée 
(Belemnites mucronatus) et la Téreébratule à huit 
plis ( Terebratula octoplicata). 

La Craie grise, à laquelle la science a conservé 
le nom de Craie tufau que lui donnent les ouvriers 
en Touraine, constitue l’étage moyen de la forma- 
tion crayeuse. Mais d’abord cette Craie se montre 
blanche, parsemée de pelits grains verts et ren- 
fermant des silex cornés ou blonds au lieu desilex 
noirs ; elle est dure et fournit une bonne pierre de 
taille ; enfin elle présente des indices très-pronon- 
cés de stratification : ce que l’on remarque sur les 
bords de la Seine, depuis Rolleboise jusqu’au 
Havre. 

A la partie inférieure de cette Craie d’un blanc 
sale on trouve le tufau de la Touraine, quiest une 
sorle de macigno crayeux, roche plus ou moins 
solide résultant d'un mélange de sable, de Graie et 
de mica. À Saumur et dans les environs de La 
Flèche on exploite ce tufau, quise durcit à l’air et 
devient une assez bonne pierre de construction. 

Cette Craie renferme un grand nombre de corps 
organisés. Parmi les animaux vertébrés nous cite- 
rons quelques dents de poissons, des tortues et un 
grand reptile que l'on a appelé Mosa saurus et dont 
une tête, trouvée dans les carrières de Maëstricht, 
orne les galeries du Muséum d'histoire naturelle 
de Paris. Au nombre des mollusques, nous indique- 
rons les genres Bélemnite, Baculite, 'Nodosaire', 
Turrilite, Ammonite, Nautile, Hamite, Scaplite, 
Iuître, Trigonie, Peigne, Plagiostome, T'érébra- 
tule et Cranie ; on y trouve peu d'échinites , et 
parmi les zoophytes quelques Æ/cyons. Ceux de ces 
corps organisés qui peuvent passer pour caraclé- 
ristiques de la Craie tufau sont le Peigne lamelleux 
(Pecten lamellosus), la Gryphée colombe (Gryphæa 
columba), que l’on trouve souvent ornée de ses 
couleurs naturelles, la Baculite gladiée (Baculites 
anceps) , la Scaphite égale (Scaphites æqualis), ct 
la T'urrilite costulée (Turrilites costatus). 

La Craie inférieure ou la Craie glauconieuse est 
une roche grisälre qui ne rappelle nullement la 
texture de la Craie : celle qu’elle offre est grossière 
et lâche, et sa couleur est due à une multitude de 
grains verts que l'analyse chimiqne a prouvés être 
un silicale de fer, el qui se détachent sur un fond 
d’un blanc sale. On trouve dans cette Craie des 
lits de silex corné souvent interrompus, du phos- 
phate de fer et de chaux, et un grand nombre de 
nodules de sulfure de fer. Elle renferme souvent 
une couche de marne argileuse très-riche en corps 
organisés, dont un grand nombre sont les mêmes 
que ceux de la Craie tufau. 

Cependant on doit citer parmi les mollusques 
les genres Vodosaire, Bélemnite, Ammonite, Hamite, 
Nautile, Trigonie, Iuitre, Inocérame. Modiole ; 
parmi les échinites, le genre"Spatangue; et parmi 
les zoophytes le genre J'urbinolie. 

On peut considérer comme caractéristiques de 


CRAI 


celte partie inférieure de la Craie, la Trigonie scabre 
(Trigonia scabra) , Y Inocérame sillonné (Inocera- 
mus sulcatus), et  Huitrecarénée(Ostrea carinata). 

On rapporte aussi à Ja partie inférieure de la 
Craie deux dépôts qui lui succèdent, et dont l’un, 
le supérieur, a été appelé par M. Al. Brongniart 
Glauconie sableuse : c’est l’/nferior green sand ou 
Sable vert inférieur des géologistes anglais; et dont 
l’autre a recu le nom d’Ærgule veldienne, d’après 
la dénomination de Weald clay qu’on lui donne en 
Angleterre. 

Enfin on peut y joindre aussi le Sable ferrugineux 
inférieur aux deux dépôts précédens et le calcaire 
de Purbeck qui acquiert en Angleterre une plus 
grande puissance que sur le continent, Il fournit 
une bonne pierre à bâtir et même un marbre qui 
doit sa beauté aux nombreuses coquilles qu'il 
renferme. (J. H.) 

CRAIEDE BRIANÇON. (ux.) 'oy. SraTire. 

(6 PE : ls 

CRAINTE. Impression pénible que fait éprou- 
ver la prévision , l'aspect d’un mal ou d’un 
danger réel] ou imaginaire. L’habitude de la Crainte 
est souvent le résullat de la faiblesse de l’organi- 
sation ; mais il n’est pas toujours possible de re- 
connaître les causes qui rendent quelques orga- 
nisations plus craintives que d’autres. Certaines 
espèces d'animaux sont surtout remarquables sous 
ce rapport : le lièvre s’effraic du plus faible bruit, 
ke loup qui n’est pas poussé par le besoin impé- 
rjeux de la faim fuit lâchement au moindre péril. 

Si l’on étudie les effets de la Crainte chez 
l'homme ou chez les animaux domestiques, on 
s’apercoit facilement qu’elle porte le trouble dans 
toutes les fonclions, que ce trouble peut se pro- 
longer et entraîner les plus funestes résultats si ce 
sentiment a duré quelque temps avec intensité. 
C'est surtout à l’épigastre que les premiers effets se 
font ressentir. Le resserrement douloureux qu’on 
éprouve à cette région est d'autant plus fort que 
la susceptibilité nerveuse de l'individu est plus 
grande. Gelte sensation est la suile du trouble ra- 
pide qui d'abord atteint le cerveau. L’effet pénible 
éprouvé par le centre épigastrique s’étend souvent 
à l'intestin, et presque toujours à tous les organes : 
les sécrétions se suspendent ; les menstrues chez 
les femmes se suppriment ; les muscles fléchissent ; 
un tremblement général agile le corps; la circu- 
lation capillaire est ralentie; la peau se fronce, 
se grippe, devient inégale, rude, sèche, puis se 
couvre ensuile d’une sueur froide , condensée en 
goutleleltes; la face pâlil et prend parfois une 
teinte verdâtre ; les idées se troublent et l'individu 
parait pendant un certain temps aussi incapable 
de penser que d’agir. 

Lorsque celte pénible sensation se renouvelle 
avec fréquence ct avec force, elle altère les facul- 
iés intellectuelles, nuit au développement de 
l'individu ou porte une atteinte assez profonde à 
sa santé pour être considérée comme une véri- 
table maladie, Il est donc important dans l’édu- 
calion des enfans, par exemple, de ne point em- 
ployer de ces moyens de répression propres à 


365 


CRAM 


jeter l’effroi dans leur esprit, où de ne pas entrer 
tenir la disposition craintive si naturelle à leu- 
âge, par des épreuves ou par des récits effrayans. 
En les habituant , au contraire , à mesurer le dan- 
ger, en leur montrant les moyens de le surmon- 
ter, on parvient à diminuer leur pusillanimité et 
souvent à Ja changer en véritable courage. Les 
préceples du philosophe de Genève sont à cet 
égard d'une grande vérité. 

L’abattement qui résulte de la Crainte facilite 
l'absorption des miasmes et devient dans les épi- 
démies une des premières causes déterminantes 
de la maladie. Lorsque le choléra dévastait Paris, 
un grand nombre d'individus faillit succomber à 
la seule crainte de la contagion, et beaucoup 
peut-être de ceux qui ont été atteints eussent 
échappé au danger s’ils avaient su le brayer avec 
courage. La commotion violente produite par un 
soudain effroiest parfois aussi devenue un moyen 
de guérison , el l’on à vu, dit-on, des paralyti- 
ques gisant depuis longues années, retrouver 
l'usage de leurs membres pour fuir un incen- 
dic; on a vu des muets recouvrer la parole au 
milieu d’un grand péril. N'oublions pas que cer- 
laincs dispositions organiques semblent être les 
attributs ou plutôt les causes de la pusillanimité, 
Les hommes qui, par suite de ce vice de confor- 
mation qu’on appelle pieds plats, marchent avec 
peine el sont moins capables de résister à toute 


espèce de choc, se montrent en général timides, 


craintifs, et l’on sait que leur défaut de bravoure 
est devenu proverbial, et que le nom de pied-plat 
est une injure. (BAC) 

CRAITONITE. (uin.) Ce nom, ainsi que celui 
de Chrichtonite, a été donné à un titanate de fer, 
qui cristallise en rhomboèdre aigu, et dont la cou- 
leur est le noir violâtre. Ce minéral est assez dur 
pour rayer le verre, et infusible à la flamme du 
chalumeau. Il est composé d’oxide de fer et d’acide 
titanique, Sa cassure est conchoïde (v. MinéraLo- 
aie) et éclante. Il n’est point attirable à l’aimant. 

(J. H.) 

CRAMBE, Crambus. (ixs.) Genre de Lépidop- 
ières de la famille des Nocturnes et de la tribu des : 
Crambites, différant de ceux de la même tribu 
par ses palpes inférieurs grands, dirigés en avant, 
et seulement relevés au bout, ayant une trompe 
distincte et les ailes roulées autour du corps, et 
lui donnant l'apparence d’un cylindre ; les espèces 
de ce genre sont assez nombreuses, mais n’ont 
pas, à l'exception de quelques unes, élé bien dé- 
lerminces. 

GC. pesrrés, C. pratensis, Fab. Aïles cendrées, 
avec une bande blanche se ramifiant beaucoup à 
son extrémilé. Environs de Paris. 

C. ancenTé, C. argenteus, Fab. Ailes supé- 
rieures d’un blanc d'argent. Paris. (As HPur) 

CRAMBÉ, Crambe. (mor. PHan.) Ce nom fut 
primitivement employé pour désigner toutes les 
espèces de chou. Bauhin le limita à l'espèce que 
nous appelons Golza, et Tournefort changea sa 
valeur en l’appliquant au chou marin, qui diffère 
surtout par son fruit du chou proprement dit. 


CRAM 


Cette dernière dénomination est généralement 
adoptée par tous les botanistes. 
Les plantes herbacées ou semi-ligneuses qui 


composent le genre Crambé sont au nombre de. 


quatorze ; on les rencontre dans la région médi- 
terranéenne, sur les côtes de l’Afrique occiden- 
tale, aux Canaries , en Perse et dans le midi de 
PAsie; elles appartiennent à la grande famille des 
Crucifères , à la Tétradynamie siliculeuse, et con- 
stituent le genre le plus naturel, le plus facile à 
distinguer. Leurs principaux caractères sont d’avoir 
la tige droite, rameuse ; les feuilles alternes, plus 
ou moins découpées ; les fleurs blanches , nom- 
breuses, disposées en panicule terminale; le calice 
étalé, égal à sa base, avec quatre folioles ovales, 
‘ caduques ; la corolle à quatre pétales égaux, en- 
tiers, obtus, unguiculés, ouverts à leur sommet ; 
étamines au nombre de six, dont quatre plus lon- 
gues, à filets bifurqués, avec anthères à l’extré- 
rmité de leur branche extérieure; ovaire ovoïde , 
supère, à style très-court et stigmate capité ; sili- 
cule globuleuse, coriace, presqu’en baie, à une 
seule loge et ne s’ouvrant pas; graine sphérique, 
noirâtre , unique dans chaque silicule. 

Deux espèces font exception à ations habi- 
tuelles de leurs congénères, ce sont le Grambeé 
marilime et celui de la Hongrie ; toutes deux mé- 
ritent une mention particulière comme plantes 
alimentaires. Les autres espèces ne sont cultivées 
que par simple curiosité ; deux ont un aspect re- 
marquable par leurs larges panicules, le CRAuBÉ 
Des Canaries, €. strigosa, arbuste de denx mè- 
tres, à tige noueuse et droite, qui fleuriten mai et 
juin, et le Crausé ne Manère, C. fruticosa, dont les 
fleurs sont épanouïes une grande partie de l’année, 

CrawB£ MARITIME, €, maritima, vulgairement 
appelé Chou marin et Chou de mer, parce qu'il a 
tout-à-fait aspect d'un chou, Brassica. Gette es- 

èce croit sur les bords sablonneux de la mer et 
s'étend jusque sur les côtes de l'Europe boréale : 
en ly multipliant, elte contribuerait à donner dela 
consistance et de la fixité aux dunes mouavantes: 
Fabondance de ses racines , de ses tiges hautes de 
près d’un mètre, la grandeur des feuilles char - 
nues qu'elles portent à leur partie inférieure, et 
sa nature persistante, y invitent, et c’est À tort 
que nos cullivateurs riverains n’en tirent point 
tout le parti convenable. Depuis une vingtaine 
d'années on commence à cultiver celte plante 
comme herbe potagère; c’est sartont en Angle- 
terre qu'on se livre plus particulièrement à son édu- 
cation sous ce rapport. Sa culture et ses qualités 
Fy font assimiler à l’asperge: je préfère la traiter 
comme le céleri; on butte pour faire blanchir ses 
feuilles et ses tiges, je l’accommode de la même 
manière que le choufleur, et je lui trouve plus de 
rapporis qu'avec l’asperge. On propage le Crambé 
maritime par les éclats de ses racines ou par ses 
graines, que l’on sème au printemps sur un sol 
Ééger ct sablonneux ; [à son pied s’élargit considé- 
rablement , donne tous les ans beaucoup de jeunes 
pousses excellentes à manger, et dure fort long- 
temps. 


x sf 


ti ot 


366 


CRAN 


Quant au Crameë Dr Hoxenre , C. tataria, il 
est si voisin du CRrAUBÉ oRtENTAL, C. ortentalis, 
qu’on l’a long-lemps regardé comme une simple 
variété ; mais c'est une espèce parfailement dis- 
tincte. On le trouve abondamment sur les côtés 
de l’Albanie, dans la vaste plaine qui, des rives 
du Niéper, s'étend jusqu’à celles du Jaïk, dans la 
Crimée, la Basse-Hongrie, sur les bords du Da- 
nube, dans la Moravie, etc. Il a le port agréable 
et offre dans sa racine ferme, moins spongieuse , 
moins chargée de fibres que celle du chou-rave, 
Brassica-rapa,"un mets de bon goût, sans la plus 
légère veine d’amer ; mais il faut la manger aus- 
sitôt qu'elle est tirée de terre ; en la laissant quel- 
que temps exposée à l’air, elle se contracté peu 
à peu, se durcit , acquiert une amertume insou- 
tenable, et devient tout-à-fait étrangère à elle- 
même. J’en ai mangé avec plaisir crue et cuite, 
aux environs de Durazzo , en Épire , en cherchant 
le fameux Chara des anciens Romains (v. au mot 
Cuara, pag. go). d’ai le premier reconnu liden- 
uité du Crambe lataria avec le pain des soldats as- 
siégeant l’ancienne D yrrachium. (T. ». B.) 

CRAMBITES, Crambites. (1xs.) Tribu de Lépi- 
doptères de la famille des Nocturnes, dont les 
palpes supérieurs ne sont pas toujours très-appa- 
rens ; ils ont les ailes longues , joignant immédia- 
tement le corps, de sorte que l’insecte paraît avoir 
une forme allongée approchant de celle d’un cy- 
lindre; les insectes qui composent cette tribu se 
trouvent assez abondamment dans les pâturages. 

(A. P.) 

CRANCHIE, Cranchia. (mozz. ) Ce genre de 
Céphalopodes, dédié à Cranck par Leach, est 
ainsi caractérisé : nageoires Lerminales , rappro- 
chées et libres à leur sommet ; pieds ordinairement 
inégaux; la paire supérieure est très-courte , Ja 
dernière et la troisième sont graduellement plus 
longues; cou réuni au sac postérieurement et de 
chaque côté par des brides épaisses. 

Deux espèces nous viennent des mers de l’Afri- 
que occidentale, la Grancme RuDE et la CRANCHIE 
TACHETÉE. La première, Cranchia scabra , de 
Leach, à le sac couvert de petits tubercules; la 
seconde, Cranchia maculata, de Leach, a le sac 
lisse , et maculé de taches ovales ou rondes. 


(F.F.) 


CRANE,. (awar.) VW. Souererre. 

CRANGON , Crangon. (crusr.) Genre établi 
par Fabricius , et placé par Latreille dans l’ordre 
des Décapodes, famille des Macroures, section 
des Salicoques , avec ces caractères : antennes 
latérales situées au dessous des mitoyennes, et 
recouvertes à leur base par une grande écaille 
annexée à leur pédoncule: antennes mitoyennes 
ou supérieures à deux filets; les deux pieds an- 
térieurs terminés par une main renflée, à un scul 
doigt; l’intérieur , ou celai qui est immobile, 
simplement avancé en manière de dent ; la se- 
conde paire de pieds filiformes coudée et repliée 
sur elle-même dans le repos , terminée par un ar- 
ticle bifide , mais à divisions peu distinctes ; pro- 
längement antérieur du test, ou bec très-court. 


CRAN 


367 


CRAP 


Les Crangons ressemblent aux Alphées par le 
nombre et la correspondance des pieds ou pinces: 
mais ils en diffèrent essentiellement par le doigt 
inférieur des deux premiers pieds ,et par ceux 
de la seconde paire, qui sont coudés et filiformes. 
Au premier abord, on pourrait le confondre avec 
celui des Palémons; mais il s’en éloigne par les 
deux filets des antennes miloyennes, par la peli- 
iesse du prolongement antérieur de la carapace 
et par la manière @ont se terminent les deux pre- 
mières paires de pattes. Le test de ces crustacés 
est ordinairement incolore ou tirant un peu sur le 
vert, marqué souvent d’une iufinité de points ou 
de lignes noires. Ces couleurs changent singu- 
lièrement lorsqu'on les cuit ou qu'on les plonge 
dans l'alcool; alors ils se colorent en rouge. Ges 
crustacés se trouvent communément sur nos côles 
dans les endroits sablonneux. Ils ont des mouve- 
mens très-brusques, nagent ordinairement sur le 
dos, et frappent souvent l’eau avec leur abdomen 
qu'ils replient contre le thorax et distendent en- 
suite avec beaucoup ce force. Les pêcheurs en 
prennent une grande quantité dans leurs filets, et 
s’en servent quelquelois comme d’amorce pour 
attirer plusieurs poissons riverains qui s’en nour- 
rissent. On les. sert aussi sur nos tables: mais leur 
chair n’est pas à beaucoup près aussi délicate que 
celle des Chevcettes avec lesquelles on les confond 
quelquefois; car on les nomme indistinctement 
Crevette de mer, Chevrette, Cardon; mais les Ghe- 
vrettes proprement dites appartiennent au genre 
Pazfmon (v.ce mot). L'espèce servant de type au 
genre.est le Crancon commun, C. vulgaris, Fab., 
que nous avons représenté dans notre Aulas, pl. 
128, fig 2 ; elle n’a guère plus de deux pouces de 
long. Ge cruslacé est d'un vert glauque pâle, 
ponctué de gris et uni. L'espace pectoral por- 
tant la troisième paire de pieds est avancé en 
pointe. Cette espèce est très-commune sur nos 
côtes océaniques, où on l'appelle vulgairement 
Cardon. On l'y pêche toute l’année dans des 
filets. Sa chair est délicate. On y trouve aussi, 
selon M. de Brébisson, mais très rarement/, le 
Crangon ponctué de rouge, de Risso; mais La- 
treille présume avec lui que ce n’est qu’une variété, 
. Le CG. currassé (Egeon loricatus, Risso; Can- 
cer cataphractus, Oliv., Zool. adriat. , 11, 1) a 
trois arêtes longitudinales et dentelées sur le 
thorax. 

Les mers du Nord offrent une espèce assez 
grande ( Crangon boreas, Pkilipps, Voyage au 
Nord,, pl. xr, 1; Herbst. , xxix, 2). (EH. L.) 

CRANIE, Crania. (mozx.) Ge genre, institué 
par Bruguière et qui doit être séparé des Multi- 
valves , n’a aucune charnière ; il est dépourvu de 
ligament ct de dents propres à retenir les deux 
valves. Sa coquille est inéquivalve,. suborbicu- 
laire ; sa valve inférieure est presque plane, per- 
cée du côté interne de trois trous inégaux et obli- 
ques; sa valve supérieure est conyexe ou conique, 
semblable à une petite palette, et munie intérieu- 
rement de deux callosités saillantes ; point de dents 
ni de Jigament cardinal. . 


Les principales espèces connues, et par espèce 
ici nous entendons la coquille, car l'animal n’est 
pas connu, sont : 

1° La CrANIE EN Masque, Crania personata de 
Lamarck, coquille orbiculaire, qui habite la mer 
des Indes et la Méditerranée, dont la valve in- 
férieure est plane, adhérente , et marquée de 1rois 
impressions qui lui donnent assez l'apparence d’une 
tête de mort, et dont la valve supérieure est con 
vexe, conique , blanchâtre , et munie à l'intérieur 
de deux callosités qui semblent avoir servi de 
point d'insertion à1des muscles. 

2° La CRANIE ÉPaIssE, Crania parisiensis de La- 
marck, coquille très-fréquente à Meudon et dans 
les autres lieux des environs de Paris où l'en ex- 
ploite de la craie. La valve inférieure , la seuie 
que l’on connaisse, et qui est fixée soit aux our- 
sins , soit à des fragmens de Catillus, est épaisse, 
plane, ovale, arrondie eb striée intérieurement ; 
le bord est élevé, lisse et fort épais, 

5° La CRANIE MONNAIE, Cranianummir lus äe La- 
marck, coquille appelée #onnaie de Bratienbourg , 
et dont on ne connaît encore qu’une valve, pre- 
bablement l’inférieure. Cette valve est suborbicu- 
laire, siriée intérieurement et marquée de trois 
fossettes obliques. 

Voy., pour les Cranies antique et striée, l'ouvrage 
de Lamarck sur les animaux sans vertèbres, et sur- 
tout la beile Monographie des Granies publiée par 
M. Hæœninghauss de Creffeld. (FL Ref 

CRANIOLAIRE , Craniolaria. ( Box. van ). 
Genre de la Didynamie angiospermie, L., famille 
des Bignoniacées , ainsi caractérisé par MM. de 
Jussieu et Kunth : calice campanulé, fendu la- 
téralement, en forme de spathe , marqué de cinq 
dents ; corole à tube très-long , à limbe bilabié; 
la lèvre supérieure bifide , l’inférieure trifide 
(le lobe moyen plus large ) ; quatre élamines 
didynames. avec le rudiment d’un cinquième 
stigmate bilamellé; drupe ovoïde, renfermant une 
noix ligneuse quadriloculaire et terminée au som- 
met par deux petites cornes; graines non ailées. 

La Craniolaria fruticosa de Linné appartenant 
réellement aux Gesneria, le genre qui nous oc- 
cupe ne compte plus qu’une seule espèce ; encore 
M. Lamarck voudrait-il la réunir aux Aartynia 
(dont elle diffère) , et anéantir ainsi le genre Cra- 
niolaire. Hâtons-nous, avec M. Kunth, d'inscrire 
comme espèce bien vivante la Crariolaria annua, 
L., plante velue et visqueuse, qui se trouve com- 
munément dans les contrées équaioriales de lA- 
mérique; elle a des feuilles opposées et partagées 
en cinq lobes, des fleurs blanches, disposées en 
grappes. MM. de Humboldt et Bonpland, dans 
leur Voyage, disent que les habitans de la Co- 
lombie préparent une boisson amère avec sa ra- 
cine, qu'ils nomment Scorzonera. (E: 

CRANION. (or. cnypr.) Nom sous lequel les 
anciens désignaient plus particulièrement la truffe 
ou de fort gros lycoperdons. Théophraste dénom- 
mait ainsi l’une de ses quatre grandes divisions 
de champignons. (EF) 


CRAPAUD , Bufo. (nerr.) Ge nom, donné à un 


CRAP 


368 


CRAP 


groupe de Batraciens anoures, paraît n’avoir d’au- 


ire étymologie que l’onomatopée du léger son 
guttural, court, flûté , que ces animaux donnent 
sur le soir au temps de leurs amours. Dans pres- 
que tous les pays, bien que l'on ait traduit ce son 
plus ou moins différemment , il a tellement im- 
pressionné l’imagination qu'on l’a pris pour base 
du désignatif de cos reptiles. Quelques philosophes 
veulent pourtant faire remonter le nom{rancçais du 
Crapaud au motgrec Carphuctos; c’est une question 
qu'il faut laisser aux hellénistes, déjaembarrassés de 
savoir si le Crapaud était connu des auleurs de 
l’aniiquité, et si c’est le P hrunè d’Aristotélès ou le 
Physalos de Lucianos. 

Confondus d’abord avec les grenouilles, les 
Crapauds s’en distinguèrent bientôt par leurs ha- 
bitudes plus terrestres, et l’on paraît les avoir 
désignés à cause de celte circonstance Grenouilles de 
haies, Rana rubeta. Mieux étudiés, les Crapauds 
forment aujourd’hui une famille quise caractérise 
parmi les Batraciens anoures non seulement par 
des habitudes plus terrestres, mais encore par 
une forme générale plus trapue, plus ramassée , 
une tête plus large à sa base, un corps plus glo- 
buleux, une échine moins anguleuse à son arti- 
culation pelvienne , des membres plus gros, plus 
courts, moins disposés dès-lors pour le saut ; des 
pieds peu palmés quine leur permeltent pas de na- 
ger avec autant de prestesse, des doigts courts, 
simples et terminés en pointe mousse , simples 
points d'appui incapables de leur servir pour s’ac- 
crocher, se suspendre où se fixer aux corps 
environnans, ni pour se défendre contre les 
agressions de leurs ennemis; leur peau offre des 
follicules plus nombreux, plus développés, et 
parait parsemée de verrues ou d’épines d’où suinte 
une humeur visqueuse plus ou moins félide; en- 
fin l'absence des dents aux mäâchoires et au palais 
différencie neltement les Crapands des autres 
groupes de la famille. 

Les Crapauds, hors le temps des amours, vi- 
vent à terre, dans des trous ou des fentes de 
murailles , sous les pierres, muets et solitaires 
jusqu'à l'époque de l'accouplement ; alors ils 
sortent de leurs retraites, se rendent vers les 
mares Yoisines, s'appellent, se réunissent et atten- 
dent accouplés la ponte des œufs que le mâle f6- 
conde au fur et à mesure qu'ils sortent de l'ovi- 
ducie de la femelle. Les Crapauds ont en général 
des habitudes plus nocturnes que les autres Ba- 
traciens anoures; mais ils ont du reste à peu près 
les mêmes allures et la même manière de vivre. 

Leur physionomie disgracieuse, leurs habitu- 
des nocturnes et silencieuses , le suintement qui 
s'opère à la surface de leur peau, la propriété 
dont ils jouissent, comme bien d’autres animaux, 
de lâcher ou même de lancer leur urine sur leurs 
ennemis ont fait regarder de toultemps lesCrapauds 
comme des animaux immondes et redoutables. Les 
Romains, peu observateurs de la niture, crédules 
comme le sont toujours les ignorans, firent du 
Crapaud un animal venimeux à l’excès, et le firent 
figurer dansleurs plus fameux philtres, dans leurs 


plus affreux sortiléges: lemoyen-âgerenchéritsurles 
sollises des prédécesseurs, et le Crapaud fut alors de 
tous les maléfices : mais avec l'étude les préjugés 
s’évanouirent. L’on vit que l'humeur sécrétée par 
les follicules n’était pas un poison; M. Pelletier, 
qui l’a analysée, en indiquant qu'avec une sub- 
stance animale analogue à la gélatine, l’on 
trouve un acide en partielibre, en partie combiné 
à une base, plus une matière grasse très-amère , 
a prouvé que si cette substance est âcre et caus- 
tique lorsque ses élémens sont rapprochés , elle 
est loin dans son état ordinaire de posséder les pro- 
priélés que le vulgaire lui attribue. L’urinede ces ani- 
maux ne diffère pas beaucoup decelle des autres rep- 
iles, et n’a rien dans la composition chimique qui 
justifie les soupçons élevés sur son compte. Il n'ya 
pas jusqu’à l’apathie apparente du Crapaud qui n'ait 
élé accusée de charme et de malice; mais les enfans 
de nos villages savent fort bien que le regard fixe de 
ces animaux, qui restent des heures entières dans 
l'attitude immobile d’un métaphysicien en contem- 
plation devant son moi, n’a rien de diabolique ni 
de surnaturel, et que le Crapaud est un animal 
tout-à-fait innocent qui paraîtrait même peu 
protégé contre les attaques des nombreux animaux 
qui peuvent lui nuire, si par un balancement 
harmonique et une sorte de compensation il ne 
possédait ces pelits moyens de défense qui préci- 
sément l'ont fait suspecter parce qu'ils sont inso- 
lites pour ainsi dire, et que l’on ne savait en ex- 
pliquer le mécanisme. C'est ce que lon peut 
dire de la faculté de se gonfler l’abdomen, fa- 
culté plus sensible chez eux que chez les autres 
Batraciens anoures à cause de leurs formes plus 
ramassées ; aussi les Latins leur avaient-ils donné 
le nom de Bufo, mot dont la prononciation exige 
une mimique des parois de la bouche qui rap- 
pelle celte disposition. Ge n’est certainement pas 
l'orgueil qui les enfle ainsi; ce n’est pas qu'ils ac- 
cumulent un venin intérieur pour le projeter sur 
les assaillans; c’est un simple effet de la peur, qui 
chez eux comme chez nous suspend la respiration. 
Cette accumulation de l'air dans leurs poumons 
vésiculeux les rend élastiques comme une sorte 
de ballon, et leur permet de résister en les décom- 
posant aux efforts de chocs assez forts pour les 
faire bondir sur le sol. Plusieurs espèces même 
ont l'instinct de se renverser sur le dos, afin d’of- 
frir à leurs ennemis le côté abdominal de leur 
corps dont les parois plus souples ne transmettent 
aux organes subjacens les impressions des corps 
contondans qu'après les avoir détruits presque en 
totalité par leur demi-rénitence. Ce gonflement 
subit du Crapaud , qui change tout à coup son 
volame, devient aussi par cela seul un sujet d’éton- 
nement el d’effroi pour les petits animaux qui 
le poursuivent et qui se voient ainsi contraints de 
renoncer à une proie dont les proportions cessent 
d'être en rapport avec la capacité de leurs orga- 
nes de déglutition. ; 

Un autre moyen de défense assez singulier a été 
accordé aux Crapauds: ils donnent , comme nous 
l'avons dit, au temps de l’accouplement, un petiè 


= son 


CRAP 


son flûté, court, monotone, qu'ils répètent plu- 
sieurs fois de suite, à des intervalles peu éloignés, 
bien différent du coassement des grenouilles et des 
rainettes ; comme certains insectes , les Crapauds 
ont la propriété de varier l'intensité et le timbre de 
leur voix mélancolique, de telle sorte que l’on 
croit l’entendre s'éloigner , se rapprocher dans un 
sens, puis dans un autre, comme les sons d’un cor 
dont on dirige diversement le pavillon ; souvent 
Von ne sait pas au juste d’où part ce son qui vient 
frapper magiquement la pensée absorbée au milieu 
du silence magnétisant des bois pendant une belle 
soirée d’élé; vainement la curiosité involontaire 
cherche à suivre sa direction; un autre son, modi- 
fié sans doute par la crainte et l’émoi, déroute 
le chasseur au moment où il approche de l’églan- 
tier sous les racines duquel l’amoureux ventrilo- 
que s’est creusé une cellule solitaire. 

Les Crapauds ont été parfois rencontrés vivans 
dans l'épaisseur de pierres plus ou moins com- 
pactes, ou de troncs d’arbres plus ou moins volu- 
mineux , dans des géodes sans communications ap- 
parentes avec l'extérieur, ce qui a fait supposer 
que leur présence dans ces masses calcaires ou 
marneuses , au milieu de ces couches ligneuses, 
datait de leur formation, et que ces animaux avaient 
pu vivre sansnourriture pendant un laps de temps 
inexplicable. Ces observations, souvent mises en 
doute, ont recu cependant un certain degré de pro- 
babilité par les expériences de M. G. Edwards, qui 
a conservé pendant plusieurs mois vivans, des Ba- 
traciens renfermés au milieu d’une masse de plâtre 
d’une certaine épaisseur contenue elle-même dans 
une caisse en bois, sans que ces animaux aient 

paru avoir souffert beaucoup du jeûne qu’ils avaient 
“subi; c’est sans doute à la propriété que ces ani- 
maux possèdent de s’engourdir, comme on dit, 
à la faculté que les fonctions principales de la vie 
| ont chez eux de s’équilibrer dans de larges limites, 
Lsans accident grave pour l’individu, avec les per- 
| tes et les acquisitions de l’économie , qu’il faut at- 
tribuer ce phénomène, qui demandeencore à être 
mieux étudié ; car malheureusement les observa- 
teurs de ces faits si curieux n’ont jamais conservé 
| les individus qui ont été ainsi rencontrés et les pièces 
nécessaires à l’examen de la question. 

Pour compléter l’histoire si merveilleuse des 
Crapauds, il faut dire que ce sont les seuls Batra- 
ciens que l’on ait vus tomber en pluie du haut des 
nues, venant l’on ne sait d’où, apparaissant tout 
{à coup sur un point assez circonscrit , disparaissant 
presque aussi subitement et aussi miraculeusement 
qu'ils sont venus. Nous avons dit à peu près à l’ar- 

|ticle BaTrAcIENS ce que l’on devait penser de ce 
phénomène ; l’on en est du reste à regretter en- 
core que les nombreux observateurs de ces catas- 
ltrophes ne se soient pas donné la peine de conser- 
lver des échantillons de ces Grapauds météoriques. 
M Les Crapauds étaient autrelois employés en 
Imédecine; mais à mesure qu'ils ont perdu leur 
Iprestige et leurs vertus dans la sorcellerie, leurs 
{propriétés thérapeutiques se sont évanouies. 

[ Les cuisses des Crapauds passent assez souvent 


Towe IL, 


| 


127* LivRAIsON. 


Se m 


6 


CRAP 


cn guise de cuisses de grenouilles sur la table des 
amateurs ; la police prépose, il est vrai , desexperts 
à la vente des marchés pour s’opposer à ces sortes 
de supercheries; mais on élude facilement Ja sur- 
veillance des experts , et nous cngagerons ceux qui 
auraient un reste de préjugé, ou de Ja répugnance 
involontaire pour les Crapauds , à étudier les ca- 
ractères différentiels qui les distinguent , et à ne 
s’en rapporter ensuile qu'à cux-mêmes. 


J1 n’est pour voir que l'œil du maitre, 


Les Crapauds présentent des différences notables 
sous le rapport de quelques points de leur organi- 
sation et sous le rapport de leur mode de reproduc- 
tion, ce qui les a fait distribuer en plusieurs groupes 
plus ou moins nombreux en espèces ; ainsi les Cra- 
pauds proprement dits (Bufo) se distinguent par 
leurs pustules dorsales, de grandeur irrégulière, 
par la présence de glandes ou follicules agslomé- 
rés au dessus de l'œil et de l'oreille, désignés gé- 
néralement sous le nom de parotides, et par leur 
tympan visible. Toutefois 1l faut remarquer, à l’é- 
gard du tympan, que la peau se continue souvent 
chez des individus de la même espèce sur le tym- 
pan, en conservant son épaisseur, ses follicules et 
sacoloration, ainsi que Cuvier en a faitla remarque 
pour les Alytes. Ils pondent des œufs à enveloppe 
molle, plongés dans un mucus abondant, gélatini- 
forme , qui les réunit en grands cordons que l’on 
voit au printemps flotter dans les mares et les 
étangs ; à ce groupe se rapportent : 

Le CrarauD commun »'Eurore, Rana bufo, re- 
présenté dans notre Atlas, pl. 128, fig. 3. Gris 
roussâtre ou brunâtre, le dos parsemé de tubercu- 
les lenticulaires ordinairement d’une teinte rou- 
geâtre ; ne s'approche guère des mares et des 
étangs qu’au moment de l’accouplement et de Ja 
ponte; le reste de l’année, il reste caché dans des 
trous, sous les pierres, dans des fentes de murailles. 
C’est le plus domestique, pour ainsi dire, des Cra- 
pauds ; il vient souvent élire son domicile jusque: 
dans l’intérieur des maisons, dans les caves et les 
celliers; on le voit quelquefois devenir suscep- 
tible d’une certaine éducation. Pennant a rap- 
porté l’histoire d’un Crapaud appartenant pro- 
bablement à cette espèce, réfugié sous un esca- 
lier, qui s’Ctait accoutumé à venir tous les soirs, 
sitôt qu'il apercevait de la lumière , dans une 
salle à manger voisine ; il se laissait prendre 
et placer sur une table, où on lui donnait des 
des vers, mouches ct des cloportes ; il semblait 
même, par son attitude, demander à être mis à 
sa place, lorsqu'on négligeait de l'y installer. I] 
vécut ainsi trente-six ans et mourut par suite d’un 
accident, ce qui peut faire présumer que la durée 
de la vie de ces animaux peut se prolonger encore 
au-delà de ce terme, déjà considérable, Ce Cra- 
paud , ordinairement de trois à quatre pouces de 
long , paraît susceptible d'acquérir une taille plus 
{orte ; il n’est pas très-rare d'en voir de six à sept 
pouces, et l’on rapporte des exemples d’un vo- 
lume plus grand encorc. Le Crapaud cendré n’en 
est probablement qu’une simple variété. 


47 


CRAP 


Le CrarauD VARIABLE, Rana variabilis, ainsi 
nommé, parce qu’il paraît susceptible de prendre 
diverses teintes, selon les différentes circonstances 
où il se trouve, appelé aussi Crapaud vert, à cause 
de sa couleur habituelle; sa taille est à peu près 
celle du précédent, ses habitudes sont les mêmes, 
quoique moins casanier el moins domestique; les 
verrues de la peau du dos sont moins saillantes ; sa 
coulenr en dessus est blanchâtre avec des taches 
irrégulièrement arrondies, assez rapprochées les 
unes des autres, d’une couleur verdâtre, assez 
bien circonscrites ; les nuances qu’il revêt acci- 
dentellement sont le vert jaunâtre, brunâtre 
ou violacé. 

Le CrarauD De Rosez(Daudin), confondu avant 
Daudin avec la première espèce, s’en distingue 
par sa peau plus lisse et par ses mœurs plus aqua- 
tiques; il ne s'éloigne guère, en eflet, des mares où 
l’accouplement et la ponte l'attirent ; son dos est 
couvert de grandes taches irrégulières, mal décou- 
pées, de couleur verte olivâtre, sur un fond gris 
brunâtre plus ou moins foncé; son ventre n'est 
pas toujours blanc jaunâtre comme celui du Gra- 
paud commun; lon y voit souvent de petites ta- 
ches brunâtres irrégulivrement disséminées. Sa 
taille est celle du Crapaud commun. 

Le CrapauD cALAMITE, ou €. des jones, C. 
crucial, C. de Ræsel, ( Spallanzani ) , Rana por- 
tentosa, en général d’une taille plus petite que 
les espèces précédentes; ses verrues sont moins 
saillantes, son dos est parsemé de taches vague- 
ment arrondies , verdâtres , parsemées de pe- 
its points noirs; mais ce qui le rend remar- 
quable, c’est une ligne d’un jaune pâle vif, qui 
règne tout le long du rachis et se trouve quelque- 
fois coupée en croix par une autre raie placée en 
travers sur le cou, Ge Crapaud fréquente plus vo- 
lontiers les eaux courantes, et se cache sous les 
pierres , dans les fentes des murs voisins , s’élevant 
parfois à une certaine hauteur , contre l'habitude 
de ses congénères. 

L'Egypte produitun Grapaud voisin , sinon iden- 
tique avec le Crapaud calamite. On le rencontre 
dans les oasis marécageux du désert libyque; lin- 
certitude où lon est à son égard la fait décrire 

rovisoirement sous les noms de Grenouille ponc- 
tuée ( Geoffroy ), de Crapaud d'Egypte (Von- 
heyden et Ruppel) et de Crapaud réguler B. 
regularis (Reuss); c'est probablement aussi le 
Bujo nubicus de Fizinger. 

Cuvier a signalé comme une espèce de ce 
groupe un Crapaud assez commun en Sicile, 
mais plus grand que le Crapaud commun d'Eu- 
rope, d’un brun noirâtre, à pustules grosses, pla- 
tes, irrégulièrement disséminées ; les longues 
traînées de mueus gélatiniforme qu’il laisse sous 
les toufles de palmiers et de figuiers d'Inde (C'ac- 
tus opuntia), à l’époque de la reproduction, donne- 
paient à penser que ce Crapaud s’accouple à terre 
et, comme les Alytes, ne va à l’eau qu'après la 
ponte et pour l’éclosion des œufs. 

Le Crapaur Brun , B. fuscus, Rana bombina, 


diffère des espèces précédentes par son tympan, 


370 


om qe CC ere RS 


CRAP 


quelques auteurs (Dugès) disent qu'il a des dents 
maxillaires et vomériennes; d'autres (Wagler) 
disent qu'il n’en a pas. L’on retrouve encore chez 
lui ces parotides signalces dans le groupe précé- 
dent, mais moins développées; il s'éloigne peu 
des marécages, et paraît mieux disposé pour la | 
natation que les espèces déjà décrites ; il est bru- | 
nâtre en dessus, marqué de grandes taches sinueu- 
| 
| 
| 
| 
| 


caché sous la peau ; sa pupille allongée, verticale; | 
| 


ses, d’une teinte plus foncée dans l’âge adulte, 
plus jaunâtre dans le jeune âge. Ses habitudes l’ont 
fait désigner sous le nom de Crapaud aquatique : 
l’on dit que ses œufs sortent en un seul cordon, 
plus épais que les deux que rend le Crapaud 
commun (Cuvier); mais c’est sans doute à l’ob- 
servation d’un cas accidentel qu’il faut rapporter 
celte remarque chez l’un comme chez l’autre: 
les deux oviductes fournissant alternativement un 
ovule , le cordon que le mucus qui les enveloppe 
constitue doit s’agglutiner dans le cloaque à ce- 
lui du côté opposé, comme cela s’observe certai- 
nement pour le Crapaud commun d'Europe et le 
Crapaud de Rœsel (Daudin). 

Quelques observateurs (Dugès) pensent que la 
GrenouliLe ÉPERONNÉE , R. calcarata, Michaelles, 
Cultripes, Guvier, ainsi nommée à cause de la 
lame cornée, convexe, tranchante, située à la 
base de l’orteil interne des pieds postérieurs.et di- 
rigée en dehors, que l'on observe chez celte es- 
pèce, n'est rien autre chose qu'une variété du 
Crapaud brun. Par ses formes générales, la dis- 
position de la langue et des dents, ce Batracien 
doit effectivement appartenir au même groupe; 
mais la fusion de ces deux espèces semble récla- 
mer un nouvel examen. 

Le CrapauD margré, Pombina marmorata (Deh- 
ne), diffère peu en apparence du Crapaud brun; 
comme lui, il appartient à l'Europe et semble n’en 
être qu’une simple variété. Récemment le Crapaud 
brun a été casé par quelques auteurs, sous le nom 
particulier de Pelobates,nom formé des mots grecs 
pelos marais, et bainein marcher, pour indiquer 
les habitudes particulières de ce genre de Batra- 
ciens. 

D'autres Crapauds à langue entière, privés éga- 
lement de tympan extérieur, et manquant de paro- 
tides, ont les follicules cutanés plus petits, plus 
uniformément développés, ce quiles a fait distinguer 
des précédens, avec lesquels on les avait d’abord 
réunis, parce que, comme eux , 1ls ont des denis 
aux maxillaires supérieurs et aux vomers. Ils ont 
comservé le nom donné d’abord au groupe com- 
mun, Bougixator, à cause de l'espèce type qui 
s’y rapporte, le CnapauD sonxanT , ana bombiva, 
ainsi nommé à causede son cri plus fort et plus re- 
tentissant; C. pluvial parce qu’on le rencontre fré- 
quemment aumilieu des chemins après les pluies 
d’orages; nommé aussi C. à ventre jaune |Guvier), 
ou couleur de feu, à cause de sa coloration. En effet, 
il est d’un beau jaune orangé sous le venire, avec 
de grandes taches irrégulièrement arrondies, d’un 
bleu noirâtre ; en dessus il est d’un noir foncé, sur 
lequel on distingue à peine des Laches d'une mêmes 

fl 


CRAP 


871 


CRAP 


couleur plus intense. Sa taille ne dépasse guère 
un pouce et demi; on le dit très-aquatique , ce- 
pendant on le voit le plus ordinairement dans les 
prairies basses et humides d'Europe, ct ce n'est 
guère qu'à l’époque de la ponte qu'on le rencon- 
tre fur le bord des mares et des eaux dor- 
mantes. 

Les Pazvprcores de quelques anteurs ne diffè- 
rent guère des Bombinators que par! une légère 
différence dans la disposition de la langueet dans 
la saillie plus marquée des callus de la plante des 
pieds; le type de ce groupe est le CrapauD 4 
FRONT BLANC Du BrésiL , B. albifrons. Ge Crapaud 
a environ un pouce ou un pouce et demi de lon- 
gueur ; il est d’un gris blanchâtre en dessus, avec 
de grandes taches noirâtres qui laissent sur le de- 
vant du museau de quelques individus une tache 
blanche qui se continue parfois en une ligne plus 
ou moins marquée lelong du rachis; le dos est 
presque lisse. 

Il est parmi les Crapauds un autre groupe plus 
distinct, smon par les caractères extérieurs des 
individus qui s’y rapportent, du moins par les 
habitudes. Leur corps, comme celui des précé- 
dens, est couvert de pustules, petites, granulées, 
presque égales ; il n’existe pas de parotides ; le 
tympan «est le plus souvent caché ; la pupille est 
allongée , verticale, elliptique plutôt que triangu- 
laire comme on l’a dit (Wagler); ils ont des dents 
maxillaires et palatines ; les pieds postérieurs sont 
marginés ,non palmés; aussi ils vivent presque 
toujours loin des mares, dans des lieux pierreux, 
sablonneux. Ils s’accouplent à terre. Leurs œufs 
membraneux ne sont pas enveloppés d'un mu- 
cus abondant qui les réunit en cordons comme 
dans les groupes précédens , et les femelles ne les 
abandonnent point dass l’eau; mais le mâle par 
ses mouvemens instinclifs les dispose sur les lom- 
bes et les cuisses de la femelle, où ils restent atta- 
chés jusqu’à l’époque de l’éclosion : ce n’est qu'a- 


Jors que la femelle s’approche de l’eau , et on l'y 


voit si rarement que l’on a présumé de celte cir- 
constancequeles petits tétardsparcouraient les pha- 
ses de leurs métamorphoses hors des mares ei dans 
les puits, ou dans les filtrations souterraines des 
sources. Le rôle du mâle dans la ponte , peu diffé- 
rent du reste ici de ce qu'il est chez les autres es- 
pèces, a frappé les observateurs et a fait donner 
à ces Crapauds le nom de Crapauds accoucheurs 
dont Alytes, plus usité dans la science, n’est que la 
tradaction grecque. Le Crapaud accoucheur , as- 
sez répandu en Europe, est d’un gris ardoise poin- 
tillé de noir en dessus , blanchâtre en dessous. Sa 
taille ne dépasse pas dix-huit à vingt-deux lignes. 

Des Crapauds américains avec les parotides, 
des pustules inégales de nos Crapauds, leur pu- 
pille longitudinale et eur tympan visible, offrent 
“cette particularité qu'une sorte de crête osseuse 
s'étend du bord supérieur de l’orbite jusque sur 
Focciput, disposition qui rappelle certaines es- 
-pèces de caméléons , et qui leur a fait donner le 


* mom d’Otilophes, des mots grecs ofis oreille, ct lo- 


-phos crête, Ici se rapportent : le CRAPAUD PERLÉ, 


Rana margaritifera, d’un brun rougeâtre en des- 
sus, une bande d’un gris rougeâtre pâle étendue 
le long du rachis; les flancs marbrés de brun, le 
ventre parsemé de petites taches irrégulières, gri- 
ses brunâtres : des tubercules osseux, formés par 
la saillie de l’épial des vertèbres dorsales et non 
par des follicules pustuleux, comme on la dit, 
lui ont valu le nom qu'il porte. Sa taille est de 
trois à quatre pouces. 

Le CrarauD aqua, Rana marina ( Linné), 
décrit aussi sous les noms de Bufo maculiven- 
tris , B. albicans , paraît se rapprocher de ce 
groupe. Le dessus de son corps est marbré degris , 
de jaune pâle, avec de grandes taches brunes plus 
ou moins foncées et confluentes; quelquefois il 
il est d’un fauve verdâtre uniforme sur le dos ; le 
ventre est blanc jaunâtre, parsemé de points bruns. 
Ge Crapaud est le plus grand de la famille ; il at- 
teint jusqu’à un pied et plus ; ses pustules sont de 
la grosseur d’un pois; sa patrie est le Brésil; son 
nom vulgaire lui a été conservé dans la science. 
C'est sans doute une variation dans la colora- 
tion de ce Crapaud qui l’a fait aussi décrire 
comme espèce distincte sous le nom de Crapaud 
à épaule armée, B. humeralis, désignation tirée 
du volume de ses parotides. 

Quelques Crapauds américains ont le musean 
comparativement assez pointu pour qu’on les ait 
groupés à part. Ge sont les Rhinelles de quelques 
auteurs , les Oxyrhynques de quelques autres ; les 
yeux sont petits, à peine saillans, et les doigts des 
pieds postérieurs libres. Tels sont le CrapauD À 
TROMPE ( B. proboscideus, B. nasutus, B. naricus ), 
tous noms indiquant le même caractère, et don- 
nés à des individus de la même espèce que l’on a 
crus des espèces distinctes. Ge Crapaud est long 
d'environ deux pouces, noirâtre uniforme en 
dessus, cendré plus ou moins foncé en dessous, 
ou si finement tacheté de noirâtre qu’on a donné 
à celte espèce le nom de Rhinelle bicolore ( Va- 
lenciennes ) Iconog. du Règne animal, pl. 27, 
fig. 2. ) Comme les Bombinators, ces Crapauds 
ont des dents maxillaires supérieures et vomé- 
riennes ; point de parotides; le dos est à peine 
granulé où même entièrement lisse. Le CrapauD 
oRNË ( B. dorsalis, B. semilineatus, B. ornatus ) 
est une espèce voisine pour la taille et la forme 
du museau ; il est d’un brun fauve ou jaunâtre, 
marqué sur les côtés du rachis d’une raie longitu- 
dinale noirâtre, avec des ramificalions cruciales 
plus où moins prononcées ; une ligne blan- 
châtre sépare les lignes noires rachidiennes. Ge 
Crapaud habite le Brésil , ainsi que le précédent, 

Des Crapauds de l’ancien continent ont au con- 
traire la tête plus obtuse et le museau moins pro- 
longé ; on leur à donné à cause de cela le nom de 
Bréviceps ; leur bouche moins fendue leur a valu 
plus récemment celui d'Engystoma, des mots grecs 
engus,près,etsioma, bouche. Leur tympanest caché 
sous la peau; ils n’offrent pas de parotides, et leur 
peau paraît plus lisse que chez les autres Grapauds. 
Comme les autres Grapauds proprement dits, ils 
n'ont pas de dents, et leurs pieds sont palmés, 


CRAP 


372 


CRAS 


On rapporte à ce groupe le Crapaud bossu (B. 
gibbosus , Eng. dorsatum, R. systoma), d'un brun 
pâle en dessus , parsemé de points plus foncés ; 
une bande longitudinale dentelée en scie d’un 
blanc jaunâtre étendue tout le long du rachis; blanc 
jaunâtre en dessous. On lui a donné à tort six 
doigts aux pieds postérieurs. Sa taille ne dépasse 
guère deux pouces à deux pouces et demi. L'Inde 
est sa patrie. L'Afrique méridionale en produit une 
espèce voisiné. On a fait de ces Bréviceps un 
groupe particulier sous le nom de Systoma, afin 
de les distinguer des Crapauds du nouveau conti- 
nent, quis’en rapprochent assez sous quelques rap- 
ports, et auxquels on a donné le nom de Chau- 
nus ; leurs doigts libres et leur paupière pour 
ainsi dire valvuleuse leur servent de caractères dis- 
tinclifs. L’on rapporte à ceux-ci le Crapaud glo- 
buleux (B.globulosus, Ch. marmoratus). Ses dents 
palatines ou vomériennes sont seules sensibles 
bien qu'à peine senties. Le dos est d’un vert oli- 
vâtre pâle, semé de taches irrégulièrement cir- 
conscrites d’une teinte plus foncée, laissant sur 
Je rachis un intervalle linéaire jaunâtre ; le des- 
sous du corps est jaunâtre uniforme. La taille de 
ce Crapaud cest de deux pouces. Il paraît fréquen- 
ter les bords des fleuves du Brésil. 

Enfin l’on rapporte encore aux Crapauds un 
Batracien anoure d'Amérique qui offre cette sin- 
gulière disposition; qu'une série de pièces os- 
seuses plates, minces, se développent dans le tissu 
cellulaire sous - cutané de la région dorsale, en 
relation avec les os de l’échine. Cette cuirasse 
vestigiaire, qui rappelle un peu la carapace in- 
complète des Trionyx, se montre jusqu'ici sans 
harmonie sensible avec les habitudes de ces ani- 
maux, et ses usaues restent encore en question. 
Ce Crapaud à d’ailleurs le tympan caché par la 
peau. Il n’offre pas de parotides saillantes. Le dos 
est presque lisse, d’un jaune bleuâtre en dessus 
avec une grande tache noire sur la tête, el une 
seconde en forme de sellette sur le cou, qui lui a 
fait donner le nom de Crapaud à sellette, Bufo ephip- 
pium. Une autre singularité de ce Crapaud est de 
n'avoir, en apparence, que trois doigts non palmés 
aux pieds de devant et aux pieds de derrière, tan- 
dis que les autres Crapauds ont toujours quatre 
doigts en avant à peu près égaux, et cinq plus 
ou moins inégaux en arrière. La brièveté de la tête 
de ce Crapaud à fait donner au groupe qu’il con- 
slitue le nom de Brachycéphale, qu'il faudrait 
peut-être changer puisqu'il n’est que la traduction 
grecque du mot Bréviceps que l’on s'accorde à 
conserver. 

Ce Crapaud a à peine un pouce de longueur. 
On le trouve au Brésil. Sa petitesse a empêché de 
constatét la présence ou l’absence de dents aux 
mâchoires et au palais. (T. CG.) 

CRAPAUD,. (wozz.) Montfort avait désigné ainsi 
les espèces de Murex de Linné qui composent le 
genre Ranelle de Lamarck. 

CRAPAUD AILE. (wozr.) Les marchands don- 
nent ce nom au Sérombus latissimus, Linn. Foy. 
STROMBE, 


CRAPAUD DE MER. (rorss) Synonyme de 
Scorpæna horrida et de Lophius histrio, Linné. 

CRAPAUD ÉPINEUX. (repr.) Nom d’une es- 

èce de Tapaye. Foy. Acawe. 

CRAPAUD VOLANT. (o1s.) Nom vulgaire de 
l'Engoulevent d'Europe. Foy. Excourevenr® 

CRAPAUDINE. (poiss.) On a donné ce nom à 
l'Anarrhique Loup, dans l’idée où l’on était que 
les pétrifications appeltes Buffonites étaient des 
dents fossiles de ce poisson. On donne encore 
ce nom à une plante du genre Sideritis. Enfin 
un minéral porte aussi le nom de Crapaudine. 

(GuÉr.) 

CRAQUELINS ou CRAQUELOTS. (crusr.) Les 
Crustacés qui viennent de subir leur mue en chan- 
geant de peau , et qui sont encore mous, sont dé- 
signés ainsi par les pêcheurs. Ils s’en servent pour 
appât. (Gu£r.) 

CRASSATELLE , Crassatella, :( mozr. ) Ge 
genre, établi par Lamarck, très-abondant à l’é- 
tat fossile, que l’on trouve dans les terrains ter- 
tiaires et surtout aux environs de Paris, ainsi que 
dans l’argile de Londres, à la Nouvelle-Hollande , 
offre les caractères suivans: Coquille inéquilaté- 
rale, suborbiculaire ou transverse; valves non 
bâillantes ; deux dents cardinales subdivergentes, 
et une fossette à côté; ligament intérieur inséré 
dans la fossette de chaque valve; dents latérales 
nulles. D’après ces caractères , on voit que les Cras- 
satelles doivent se rapprocher beaucoup des Mac- 
tres dont elles ont le ligament intérieur , et des 
Erycines dont quelques espèces ont été confon- 
dues avec elles. Guvier placait les Crassatellés 
comme cinquième genre des Mytilacés; enfin 
Férussac en a fait une famille particulière, à la- 
quelle il a joint le genre CGrassine: cette famille 
n’est pas adoptée par tous les conchyliologues. 

Le nombre des espèces vivantes de Crassatelles 
connues est encore fort peu considérable ; celui 
des espèces fossiles l’est davantage. Nous citerons 
les suivantes : 

Crassarezze DE Kine, Crassatella Kingicola 
de Lamarck. Gette espèce rare et précieuse est 


revêtue d’un épiderme brun qui disparaît vers les | 


crochets. On la trouve dans les mers de la Nou- 


velle-Hollande, à l’île de King: sa forme est ovale, | 
orbiculaire ; son épaisseur est assez considérable, | 


sa couleur est d’un blanc jaunâtre, et sa longueur 


est de deux à trois pouces. Elle est obscurément | 


sillonnée et finement striée. 


CRASSATELLE SILLONNÉE , Crassatellu sulcata de | 
Lamarck. Goquille ovale, trigone, très-inéquila- | 
térale, un peu enflée , élégamment sillonnée trans- | 


versalement , anguleuse sur le côté antérieur. Gelte 
espèce nous vient des mers de la Nouvelle-Hol- 
lande, à la baie des Chiens-marins. Ses variétés 
sont au nombre de trois el toutes fossiles. 


DS 7 PP or NE 


(8 


Parmi les espèces fossiles que l’on trouve aux M 


environs de Paris, nous ne citerons que la Crassa- | 


TELLE SCUTELLAIRE , Crassatella scutellaria , Des- 
hayes ; grande coquille ovale , trigone , aplatie et | 
très-épaisse, dont le bord antérieur est anguleux | 
et subrostré, la lunule et le corselet très-enfon-| 


l 
Î 


1 


v 


RE LR ane ann 


= CRAS 


cés, les crochets peu proéminens , la lame cardi- 
nale large, l'impression du ligament grande, le 
bord inférieur des lèvres crénelé , la longueur de 
deux pouces à deux pouces et demi, et la largeur 
de deux à trois pouces. On l’a trouvée à Abbe- 
court , à deux lieues de Beauvais. (EE) 

CRASSINE, Crassina. (moz.) Nom donné par 
Lamarck à un genre voisin des Vénus, déjà établi 
par Sowerby sons celui d’Asranré. , (F. F.) 

CRASSULACGÉES ou CRASSULÉES. ( zor. 
aan.) G’est le nom adopté maintenant par tous 
les botanistes pour désigner la famille des Jou- 
barbes proposée par De Jussieu, ou des Semper- 
vivées comme l’appellent quelques auteurs. Il con- 
vient essentiellement aux plantes de cette famille, 
qui toutes ont les tiges et les feuilles épaisses, char- 
nues et succulentes. Le typeest pris dans le genre 
Crassula dont nous allons parler. Les Crassula- 
cées , outre ce signe distinctif, et d’être herbacées 
et très-rarement frutescentes , ont pour caractères 
d'offrir plusieurs modes d'inflorescence , des fleurs 
parfois remarquables par leurs vives couleurs , un 
calice infère, profondément divisé ; la corolle 
quelquefois complétement monopétale , le plus 
souvent tubulée ou partagée; les pétales insérés 
au fond du calice , en nombre plus ou moins con- 
sidérable, toujours en rapport avec les divisions ; 
étamines alternativement insérées au fond du ca- 
lice et à l'onglet des pétales dont elles égalent la 
quantité, qu’elles dépassent parfois du double; 
anthères obrondes ; plusieurs ovaires intérieure- 
ment joints par leurs bases, extérieurement pour- 
vus de glandes, qui se présentent dans quelques 
genres sous forme d’écailles ; autant de styles et 
de stigmates que d’ovaires ou de pétales; capsules 
uniloculaires, polyspermes, bivalves en dedans, 
s’ouvrant par la suture longitudinale qui règne sur 
leur côté interne. Cette famille, voisine des Ca- 
riophyllées, en diffère par son insertion périgy- 
nique ; la forme du pistil l'approche des Renoncu- 
lacées polyspermes; elle a de très-grands rapports 
avec les Saxifragées , les Nopalées, les Ficoïdes 
et les Portulacées , surtout par l'embryon qui est 
<ourbé autour d’un type farineux; mais elle s'en 
éloigne par le nombre de ses ovaires. 

Les genres de la famille des Crassulacées sont 
aujourd’hui portés au nombre de treize, savoir: 
Crassula , Rhodiola, Sedum, Sempervivum , Sep- 
tas et Tillæœa de Linné; Kalanchoe, d’Adanson ; 
Bryophyllum , de Lamarck ; Ferca, de Wiïdenow; 
Bulliarda et Cotyledon, de De Candolle ; Pentho- 
rum, de Gronovius, et Cephalotos de Labillar- 
dière et Robert Brown; on doit les réduire rai- 
sonnablement à huit ou neuf, que voici: 1° Le 
TizLoŒA auquel appartient d’une manière positive 
le Bulliarda ; 2° le Crassuza , dont le Kalanchoe, 
le V’erea et le Bryophyllum font partie ; 3° le Rno- 
pioza qui comprend le .Rochea et le Globulea , 
4° le Sepum dont on a détaché bien à tort l Æna- 
campseros ; 5° le SemPenvivum; 6° le Serras: 7° le 
Coryzépon tel qu’il a été créé par Linné; 8° et 
sans doute le Penraonuuet le CEPnaLoTos que l’on 
ne connait pas encore assez, (T. ». B.) 


373 


ml 


CRAS 


CRASSULE, Crassula. (BoT. pHan.) Attirant 
les regards par leur singularité , les cent et quel- 
ques espèces que ce genre contient nous en 
offrent plusieurs vraiment dignes de figurer dans 
les collections de plantes d'ornement. Elles sont 
originaires des régions équatoriales ; elles abon- 
dent surtout au cap de Bonne-Espérance, un 
très-pelit nombre se trouve en Europe, trois seu- 
les habitent la France. On les appelle vulgairement 
plantes grasses ; elles servent de type à la famille 
des Crassulacées et sont inscrites par Linné dans 
sa Pentandrie pentagynie. 

Suivant que les espèces du genre Grassule pré- 
sentent une corolle tubulée ou bien une corolle à 
cinq pétales séparés et distincts, on les divise en 
deux groupes : les Crassules monopétales et les 
Crassules polypétales. De Jussieu reporte au genre 
Cotylédon le premier de ces deux groupes, et con- 
serveseulement le deuxième dans legenre Crassula; 
mais le nombre des étamines, égal à celui des 
pétales, et non double, s’oppose à cette réforme. 
De Candolle à cru devoir créer pour la remplacer 
son genre Rochea; mais il n’est pas plus heureux, 
les Grassules ayant un caractère essentiel qui les 
rend inséparables, celui d’avoir toujours les éta- 
mines en nombre égal à celui des pétales ou des 
divisions du calice. D’autres admettent trois cou- 
pes, selon que cesplantes sont vivaces, bisannuel- 
les ou annuelles; d’autres enfin les distribuent en 
deux sections , les espèces à tige ligneuse et les es- 
pèces à tige herbacée. Cette dernière manière de 
classer les Grassules me paraît plus philosophique. 

Disons d’abord un mot des espèces que l’on cul- 
tiveen France ; nous choisirons ensuite parmi les 
autres les individus les plus remarquables du 
genre. 
Il ÿ a près de cent vingt-cinq ans que la Cras- 
SULE ÉCARLATE, C. coccinea, est introduite dans 
nos cultures d'agrément. Cet arbuste , qui croit 
spontanément au cap de Bonne-Espérance, monte 
à un mètre et demi ; sa tige se divise en rameaux 
rougeâtres, garnis de feuilles oyales-lancéolées , 
opposées en croix, un peu engaînantes à leur base 
ct assez rapprochées les unes des autres. Ses-fleurs, 
qui joignent à une couleur rouge magnifique un 
parfum fort agréable, rappelant le jasmin et l’a- 
bricot parvenu à maturité parfaite, sont disposées, 
au nombre de six à vingt, en une sorte d'ombelle 
du plus bel aspect. On la propage de graines et 
bien plus facilement de jeunes branches coupées , 
dont on laisse sécher le bout: elle demande une 
terre franche sableuse, beaucoup de soleil et peu 
d’eau en été. L'hiver on la tient dans l’orangerie. 

Auprès d’elle et comme contraste, on voit en 
pleine terre 1° la CRAssSULE ROUGEATRE , C. r'ubens, 
à tige basse , un peu velue, divisée en son sommet 
en trois ou quatre rameaux avec feuilles alternes, 
éparses , oblongues , et fleurs sessiles dont Ja cou- 
leur blanche est traversée sur chaque pétale 
par une ligne purpurine. Cette plante se trouve 
dans les lieux sablonneux , le long des vignes et 
des chemins aux environs de Paris. On en ren- 
contre une variété aux environs de Montpellier, 


CRAT 574 CRAT 


et une autre auprès d'Angers, que l’on a voulu éle- 
ver au rang d'espèces ; mais, étudiées soigneuse- 
ment, on a dû rayer de la Flore francaise les Cras- 
sula nana et Crassula andegavensis, pour les placer 
au dessous de leur type comme simples variétés. 

2° Et la Cnassure venTicizcée , C. verticillaris, 
ainsi nommée de la disposition de ses très-petites 
fleurs, qui sont rouges dans leur milieu et offrent 
leurs pétales lancéolés , terminés par une barbe, 
Geite petite plante , indigène à l'Europe australe , 
a les tiges diffuses et très-rameuses , les feuilles 
opposées très-rapprochées, ouvertes et un peu tu- 
berculeuses. Sa floraison a lieu en juillet, elle 
commence quand finit celle de l’espèce précé- 
dente. 

Une espèce fort intéressante , et plus que toutes 
les autres, par ses larges bouquets de fleurs nom- 
breuses d’une jolie écarlate, dont l’odeur agréa- 
ble parfume le lieu où elle se trouve , c’est la Cras- 
SULE EN FAUCILLE, Crassula falcata. Elle monte 
à un mètre et un mètre et demi; sa tige droite, 
un peu pubescente, porte des feuilles distiques , 
perfoliées, munies à leur base d’une petite 
oreillette, d’un vert grisâtre, d’abord ovales, 
obliques, ensuite allongées et courbées en faucille. 
La corolle est tubulée à sa base età cinq découpu- 
res ouvertes : elle s'épanouit en été, durant l’au- 
tomne ou en hiver, pourvu qu’elle retrouve une 
température égale à celle du Gap sa patrie. Lors- 
qu'on laisse dessécher sur la plante ses corymbes 
ombelliformes fleuris , il naît de leurs rameaux de 
jeunes individus qui produisent un effet très-sin- 
gulier et qui peuvent servir à multiplier l’espèce. 

On doit chercher à se procurer la Cnrassurs 
ODORANTE, Ü. odoratissima, qui fat apportée en 
Angleterre dans l’année 1793 et a donné des fleurs 
à Paris au mois de mai 1821 pour la première fois : 
on la propage facilement par boutures. La tige un 
peu ligneuse atteint quelquefois un mètre de haut ; 
elle est munie de feuilles longues, chargées de 
petiles dents très-nombreuses, de fleurs d’un 
jaune verdôtre, disposées en petite ombelle de 
six à dix corolles, répandant, surlout pendant la 
nuit, une odeur de tubéreuse très-prononcée. 

Enfin il convient de nommerüci la CRASSULE À 
FLEURS PLANCHES, C. lactea , qui depuis 1800 s’est 
répandue par toute la France ; ce n’est pas, à pro- 
prement parler , un arbuste; mais elle forme un 
buisson épais, remarquable par ses feuilles très- 
entières , ovales, terminées en poinle, marquées 
de points blancs qui rendent leur couleur verte plus 
pâle. Ses fleurs , qui demeurent épanouies en oc- 
tobre, novembre et même décembre, sont assez 
grandes, nombreuses, d'un beau blanc et dispo- 
séesen cime paniculée. Sa culture est des plus 
aisée; on doit l’exposer au grand soleil en été , ‘et 
lui donner très-peu d’eau, l'abriter du froid en 
hiver et ne l'arroser que lorsqu'elle en témoigne 
le besoin. (T. ». B.) 

CRATERES. (Géo. )On a donné ce nom aux ori- 
fices en forme d’entonnoir qui sont situés au som- 
met des cônes volcaniques, Souvent une montagne 
porte sur sés flancs un grand nombre de petits 


cônes avec Gratères, indépendamment de celui 
qui couronne le sommet. On distingue aujourd'hui 
en géologie quatre espèces de Gratères , suivant 
qu'on les attribue à des phénomènes d’éruption, 
d’explosion, d’affaissement ou de soulèvement. Les 
caractères que présentent les Cratères d’éruption 
sont de montrer sur leurs parois intérieures une 
succession de laves ou de matières ayant été à 
l'état fluide, et de débris incohérens plus ou 
moins scoriacés. Il en résulte une espèce de stra- 
tificalion ; mais jamais la même couche de laves 
ne se prolonge dans loute la circonférence du 
Cratère. Si un volcan, dans ses dernières érup- 
tons, n’a fait que projeter des malières incohé- 
rentes , elles s'entassent sous forme de montagne 
conique , autour de la cheminée éruptive, et ces 
Cratères ont toujours une grande saillie; si la 
lave liquide, au contraire, finit par dégorger au 
dessus des bords du Cratère, elle en échancre le 
contour, et rend sa forme irrégulière. Il arrive 
presque toujours que., par l'effet répété des érup- 
tions ou par suite d’une éruption violente , tout 
le sommet du cône est projeté ou s’engloutit, et 
il en résulte alors de vastes cavités circulaires, 
telles que celles des champs Phlégréens près de 
Pouzzoles et de la campagne de Rome. Souvent, 
après des siècies, les actions volcaniques se re- 
nouvellent, et un nouveau cône se forme dans 
l'intérieur du Cratère affuissé; tel est aujour- 
d'hui le Vésuve , au milieu de l’enceinte dé- 
mantelée de la Somma; l’Etna, qui, s'étant af- 
faissé en 1444, forma un immense Gralère, au- 
jourd'hui en partie comblé, mais dont le Val di 
Bove offre encore les traces gigantesques. Quel- 
quefois les cônes s'élèvent en grand nombre sur 
autant d’orifices ouverts dans l'enceinte du Gra- 
tère d'affaissement ; un des exemples les plus re- 
marquables de cette disposition se voit dans le 
centre de l'ile d'Owhyhée. D’après M. Ellis, la 
surface de l'ile et toute $a masse est composée de 
matières volcaniques quis’élèvent de 4,500 à 5,000 
mètres au dessus du niveau de la mer. Le Cratère 
de Kirauea est placé dans une plaine très-élevée, 
bornée par un précipice de 200 à 4oo pieds de 
profondeur. Après avoir marché quelque temps , 
dit M. Ellis, sur une plaine qui résonnait sous nos 
pas, nous arrivâmes enfin au bord du grand Gra- 
tère , où s’offrit à nous le spectacle le plus sublime 
et le plus effrayant. Devant nous .s’ouvrait un 
gouffre immense ayant la forme d’un croissant, 
de deux milles de longueur environ, et d'environ 
un mille de large ; il nous parut avoir à peu près 
800 pieds de profondeur. Le fond était couvert de 
laves, et dans les parties S.-0 et N. bouillonnait 
une matière émbrasée, un liquide de feu, dont 
l'agitation était vraiment effrayante. Du milieu de 
ce lac embrasé et de ses bords s’élevaient 51 cônes 
volcaniques de forme et de position irrégulières 
et présentant autant de Cratères. Vingt-deux de 
ces bouches lançaient sans interruption des co- 
lonnes d'une fumée grise ou des pyramides de 
flammes brûlantes. Plusieurs lançaient en même 
temps des courans de laves que l’on voyait sil- 


CRAT 


379 


CRAT 


lonner de traits de feu. les flancs noirs et hérissés 
des cônes, pour se joindre à la masse bouillante. 
(VF. pl. 128, fig. 4.) 

Les Cratères des volcans éteints depuis long- 
temps peuvent avoir perdu en grande parlie leurs 
formes par l’action des agens atmosphériques, et 
surtout par les dénudations ct les soulévemens cau- 
sés par les grandes commotions de l'écorce du 
globe : tels sont à nos yeux la plupart des Cratères 
de l'Auvergne, du Vivarais, ainsi que de l’Eiffel 
sur la rive gauche du Rhin. 

Cratères d’explosion. MM. Cordier, Montlosier, 
Elie de Beaumont et la plupart des géologues 
distinguent , en outre , des Cratères à formes par- 
ticulières dans lesquels les gaz seuls ont été en 
action et ont agi à la surface du sol d’une manière 
tout-à-fait analogue à l'explosion des mines que 
l’on fait jouer dans l'attaque et la défense des pla- 
ces. Ces Gratères ont peu ou point de saillies ; ils 
affectent la forme d’un entonnoir irrégulier, dont 
les bords sont composés des couches mêmes du 
sol qui a été percé, Lorsque ces couches sont so- 
lides l’affouissement offre souvent des escarpe- 
mens plus ou moins inaccessibles. On ne voit au- 
tour du gouffre que les débris dispersés et com- 
munément peu abondans du sol qui a été évidé 
par la violence des gaz. Quelquefois les roches 
sont altérées ; mais on ne voit jamais de véritables 
coulées. Le lac Pavin, le lac de Laach, le gouffre 
de Tazenat en sont des exemples bien connus. 
M. de Montlosier les avait appelés Cratères-Lacs, 
d’après la présence fréquente d’un lac au fond du 
Cratère. 

Cratère de soulèvement. Supposons que des 
forces agissant de bas en haut sur des couches 
horizontales, en un point ou sur un axe vertical, 
les brisent, les éfoilent en quelque sorte, puis les 
relèvent ; il en résultera un cône ou plus exacte- 
ment une pyramide ouverte à son sommet el for- 
mée par les fragmens désunis et soulevés qui se 
sépareront d'autant plus que leur relèvement sera 
plus grand. L'ouverture s’accroîtra par la destruc- 
tion facile de toutes les pointes qui convergent 
vers le sommet, et on aura ce qu'on appelle un 
Cratère de soulèvement. Ses caractères seront donc 
de présenter, comme dans les Cratères d’érup- 
tion, une ouverture en forme d’entonnoir située 
au sommet d’un cône , des pentes très-rapides à 
l'intérieur, beaucoup plus douces à l'extérieur; il 
différera du Cratère d’éruption en ce que ses 
parois pourront être formées de couches de toute 
nature, suivant le terrain soulévé, calcaire, grès, 
schiste, etc., ou de nappes volcaniques; en ce que 
ces dernières dessineront des courbes concentri- 
ques , au Jieu de montrer, comme dans les Cra- 
ières d’éruption , des coulées de peu de largeur, 
s’enchevêtrant dans des amas incohérens; il en 
différera surtout en ce que ses flancs exté- 
rieurs seront déchirés par des vallées divergentes 
qui, au lieu de nailre à une certaine distance au 
dessous dela crête , commenceront dans l'intérieur 
même de l'enceinte, Teis sont les caractères que 
la théorie: indique pour les Cratères de soulève- 


ment; el, dans cette question, la théorie ayant 
précédé les faits, nous avons dû suivre la même 
marche, indiquer ce qui doit être , avant de pou- 
voir montrer d'une manière bien positive ce 
qui est. 

M. Léopold de Buch, dirigé sans doute par l'idée 
que les volcans n'avaient pu s'établir sans que 
l'écorce solide du globe füt souievée et brisée, 
chercha si dans lesnombreux volcans ou cteints ou 
enactivilé, on ne pouvait trouver des traces de ces 
anciennes enceintes circulaires , à bords redressés 
vers le foyer actuel, enceintes qui devaient être 
le résultat d'un soulèvement conique. Il crut les 
reconnaître à Palma, à Ténérifle, à Santorin , 
au Vésuve, à l'Etna, à Barren-lsland, au nord 
des îles Nicobar ; d’autres géologues. virent égale- 
ment des Cratères de soulèvement dans les cirques 
des pays de montagnes où l’on ne remarque d’ail- 
leurs aucane trace d’éruption volcanique, comme 
dans les cirques de Troumouse et de Gavarnie dans 
les Pyrénées, et de la Bérarde dans les montagnes 
de l’Oisans, etc. Il parut bientôt incontestable 
qu'un grand nombre des exemples cités apparte- 
naient à des Gratères affaissés, au centre desquels 
s’élaient élevés de nouveaux cônes : néinmoins sa 
théorie fut soutenue avec vivacité par dhabiles 
géologues et combattue de la même manière: 
longue discussion , sans doute loin encore d’être 
terminée > qui montre, mieux que tout ce que l’on 
pourrait dire, que l'idée était préconcue, ou que 
la théorie avait devancé les faits, 

On doit distinguer ici deux questions, l’une 
théorique, l’autre de faits : 1° est-il possible que 
les actions qui s’exercent dans l’intérieur du 
globe produisent des Cratères de soulèyement ? 
2° Ja nature nous offlre-t-elle des formes que 
l’on ne puisse attribuer qu’à des Cratères de sou- 
lèvement? Quant à la première question , toute 
théorique , elle ne peut se résoudre’qu’avec d'assez 
faibles probabilités , attendu que nous connaissons 
à peine et par leurs seuls eflets les causes de la 
formation des montagnes , et que les actions vol- 
caniques qui, suivant nous, en sont bien distinctes 
de ces causes, sont les seules. forces opérant sous 
nos yeux. Toujours est-il que depuis qu’on les 
observe, on n'a pas vu un seul redressement de 
couches produit par les phénomènes volcaniques 
les plus ‘violens ; tout s’est réduit à quelques lé- 
gers bombemens des parties du sol pénétrées par 
les gaz et à de légères trépidations du terrain en- 


.vironnant. 


a dé ape am 


Pour nous les phénomènes volcaniques ne sont 
que les derniers résultats des grands phénomènes 
de dislocation de l'écorce terrestre; c’est un fai- 
ble et dernier eflet des grandes causes qui ont pro- 
duit le redressement des couches et la formation 
des montagnes ; nous ne voyons dans les éruptions 
que le résultat du dégagement des gaz et du ca- 
lorique par des fissures dont les parois sont dé- 
composées ou réduites en fusion, et l’on pourrait 
ayec assez de justesse les comiarer à des feux de 
cheminées. Leur obstruction donne lieu à des ex- 
plosions et au soulèvement des masses fluides , 


CRAT 376 


quelquefois même solides, qui s’y trouvent enga- 
gées, mais jamais à des redressemens coniques de 
couches situées à quelque distance du foyer. 

On peut objecter que si les phénomènes volca- 
niques actuc!s ne produisent pas de soulèvement 
de cône au milieu du terrain qu'ils percent , c'est 
que cet effet a été produit à l’origine , et que nous 
ne voyons s'établir aucun nouveau volcan. Nous 
répondrons qu'étant forcé par les faits d'admettre 
une autre cause, suflisante pour expliquer la pre- 
mière origine des évents volcaniques , nous 
croyons pour le moins inutile de recourir à 
une supposition, le soulèvement en cône de l’é- 
corce terrestre , supposition toute gratuite, et qui 
n'est pas en rapport avec la faible intensité des 
effets qu'on veut lui faire produire. La cause 
à laquelle nous venons de faire allusion est l’in- 
fluence qu'exerce l’intérieur du globe sur son exté- 
rieur dans les différentes périodes de son refroidis- 
sement. C'est à cette action du noyau fluide sur 
son enveloppe refroidie et consolidée que l’on at- 
tribue toutes les grandes fractures de l’écorce 
terrestre , le redressement des couches à d’im-- 
menses distances , et la formation des montagnes. 
Les derniers effets de ces grands phénomènes sont 
de laisser des fissures qui deviennent les centres 
des éruptions volcaniques, et se trouvent naturel- 
lement disposées en ligne droite. En effet, un des 
beaux résultats auquel M. de Beaumont est par- 
venu, est de montrer par les faits que les rides 
ou fractures de la surface terrestre s'étendent 
suivant des arcs de grand cercle, comme la théo- 
rie l'indiquait. Mais, dès lors, la formation par la 
même cause de cônes de soulèvement devient 
très-peu probable, Car il faudrait supposer qu’au- 
tour de l’axe du cône l'effet produit {fût le même 
dans toutes les directions, quoique l'effort s’exer- 
çât dans une direction particulière, et que l’é- 
corce du globe, brisée et disloquée sur tous les 
points, présentât nécessairement des directions 
de moindre résistance. D’après ce qui précède on 
ne concevrait la formation d’un Cratère de soulè- 
vement régulier, comme la plupart des formes 
qu'on a voulu leur attribuer, qu’autant que la 
force fût infinie par rapport à la résistance. 

Ce n’est donc pas comme un cas impossible que 
nous regardons la formation, par mode de soulè- 
vement,d’enceintes circulaires àcouchesredressées 
vers le centre, mais comme un cas exceptionnel , 
un cas limité en quelque sorte, dont nous n'avons 
pas éncore reconnu d'exemple, quoique nous 
trouvions dans la nature plusieurs formes qui s’en 
rapprochent, dans des vallées de soulèvement en 
ellipsoïdes allongées et brisées à leur deux extré- 
mités. 

Ni les actions volcaniques actuelles, ni les cau- 
ses plus puissantes des grandes fractures terrestres 
ne nous conduisent donc à la probabilité des sou- 
lèvemens cratériformes ; mais nous abandonnerons 
sans peine nos inductions théoriques si la nature 
nous offre des faits qui aient incontestablement ce 
caractère, Si nous voyons quelque part des cou- 
ches déposées horizontalement dans l’origine, telles 


CRAT 
So sn 


que les divers dépôts de sédimens marins ou 
d’eau douce, relevées circulairement autour d’une 
cavité à bords abruptes dans son intérieur, à pente 
douce et sillonnée par des vallées divergentes à l’ex- 
térieur , nous reconnañtrons un soulèvement cra- 
tériforme ; si de plus le centre de Ja cavité et Ja 
surface du cône sont occupés par des déjections 
volcaniques, nous serons forcés d'admettre que: 
ce soulèvement est lié à l’action des phénomènes 
volcaniques ; mais jusqu’à présent on n’a pas cité: 
une seule localité qui eût évidemment ces carac- 
tères; partout les pentes du cône sont formées par 
des matières volcaniques que les adversaires de la: 
théorie de M. de Buch regardent comme occu- 
pant leur position originaire. 

La plupart des exemples cités par le savant 
prussien ont cessé d’être lethéâtre sur lequel com- 
battent les partisans et les adversaires de sa théo- 
rie, et c’est aujourd’hui sur le Cantal et le mont 
Dore que la discussion s’est établie. On a eu*re- 
cours au calcul pour montrer quelles étaient les 
relations qui devaient exister entre les divers élé- 
mens d’un cône de soulèvement et les fractures de 
sa surface. Ges calculs peuvent être curieux, mais 
à coup sûr ils ne peuvent éclairer la question : l’é- 
tat de dénudation ou de destruction de la surface 
terrestre est tel qu’on ne peut pas juger de l’état 
primitif d’un cône volcanique par son état actuel. 
Ainsi, par exemple, la théorie n'indique que quel- 
ques centaines de mètres au plus pour le diamètre 
d’un Cratère de soulèvement , et tous les Cratères 
cités comme tels auraient plusieurs milliers de 
mètres d'ouverture. Les defenseurs de la théorie: 
de M. de Buch, s'appuyant sur les lois de l'hy- 
drodynamique , autant que ces lois peuvent s’ap- 
pliquer à des fluides aussi imparfaits que des laves, 
regardent les pentes du Cantal et du mont Dore, 


revêtues de larges nappes basaltiques , comme - 


aussi évidemment produites par soulèvement que 
si elles étaient formées de couches calcaires. D’a- 
près le résumé de leurs opinions, il serait impos- 
sible de se rendre raison de la forme des groupes 
du mont Dore et du Cantal, et de la disposition 
des masses qui les constituent, en les supposant 
des cônes d’éruption démantelés, et tout, au con- 
traire, concourt à les présenter comme le résul- 
tat de soulèvemens opérés au milieu de nappes 
trachytiques et basaltiques. 

Quel que soit le sort réservé à l'hypothèse de 
M. Buch, elle n’aura pas été sans utilité pour la 
géologie ; elle devait amener la connaissance de 
nouveaux faits dans un temps où il n’est pas permis 
d'avancer d’idées théoriques, sans les appuyer par 
l'observation; aussi, depuis que cette hypothèse 
est agitée, la science s’est-elle enrichie d’une 
foule de faits nouveaux sur les phénomènes vol- 
caniques. € 

Si la France ne renferme pas de volcans en ac- 
livité, on trouve dans sa partie centrale, l’Auver- 
ne, un très-grand nombre de volcans éteints qui,. 
se prolongeant dans le Vivarais et la Provence, 
semblent aller s’unir aux volcans de l'Italie. Dans 
l'Auvergne seule on peut étudier de nombreux 


exemples 


D 


CRAU 


377 


CRAU 


0 


exemples de cratères, d’éruption, d’explosion, 
d’affaissement et peut-être même de Eu 
CRATEVIER , Cratæva. (nor. pan. ) Désigné 
vulgairement sous le nom de Tapier, ce genre de 
la famille des Capparidées et de la Dodécandrie 
monogynie, apparlient aux climats les plus ardens 
du globe et a été établi par Linné. Ses caractères 
sont d'offrir des arbres et arbrisseaux inermes à 
feuilles composées de trois folioles; un calice ca- 
duc , à quatre divisions inégales; quatre pétales 
unilatéraux; de douze à trente étamines insérées 
sur le pédicule de l'ovaire et penchées de côté; 
style nul, stigmate en tête; baie globuleuse ou 
ovoïde , portée sur une longue queue , pulpeuse à 
l'intérieur, à écorce mince; semences presque ré - 
niformes, nombreuses , cachées dans la pulpe. On 
en connaît douze espèces, en y comprenant les deux 
Capparis magna et falcata de Loureiro, le Capparis 
radiatiflora des auteurs de la Flore du Pérou. 
Le CRATEvIER TAPIER, C. tapia, que Pison et 
Plumier ont appelé T'apia arborea , est un arbre 
de plus de dix mètres de haut ; le tronc très-gros 
est revêtu d’une écorce verte, à cime étalée et fort 
touffue , chargée d’abord de fleurs terminales por- 
tées sur de longs pédoncules, et ensuite de freits 
globuleux à écorce brune. Il croît dans le Brésil 
et dans quelques unes des Antilles. Le CRATEVIER 
GYNANDRIQUE, €. gynandra, qui habite les buis- 
sons et les terres arides de la Jamaïque, porte un 
fruit sphérique , petit, d’une odeur d'ail très-pro- 
noncée. Le CRATEVIER FAUX-CAPRIER, (. cappa- 
roides , a les feuilles glabres, les fleurs d’un blanc 
verdâtre , disposées en une espèce de corymbe et 
remarquables par leurs pétales très-longs, frisés au 
sommet. Elles s’'épanouissent en juillet et août. La 
plante croît en Afrique sur la côte de Sierra-Leone. 
Le Cratevier de l'Inde, de la côte de Malabar 
et des îles de la Société , que l’on nomme dans ces 
contrées Vürvala , Ranabelou et Pretonou, que les 
botanistes appellent CRATEVIER RELIGIEUX, C. re- 
ligiosa, est un bel arbre, à bois dur, à rameaux 
très-nombreux ,' portant des feuilles lancéolées, 
elliptiques, amincies aux deux extrémités. Il est 
vénéré par les Indous à cause des propriétés médi- 
cinales que les brames attribuent à son fruit pul- 
peux préparépar eux. Sous les auspices descroyan- 
ces religieuses , on fait aussi une décoction de ses 
feuilles et des anthères avant l’expulsion:de la pous- 
sière séminale contre les maladies de la vessie. Les 
fleurs de cette espèce forment une sorte de pani- 
cule à l'extrémité de chaque rameau. Une vertu 


| - particulière est attachée à cette panicule ; aussi 


1 


l 


n'est-il point rare de la voir suspendue dans les 
cases et les habitations les plus somptueuses. 
(T. ». B.) 

| CRAU. (céocr. pays.) Plaine caillouteuse voisine 
de la Camargue et comme elle située dans le dé- 
partement des Bouches-du-Rhône. Elle fait partie 
du territoire des communes de Salon, Istres, Foz, 
et d'Arles, où chaque pierre rappelle une ville ro- 
maine. La Crau présente la forme d’un vaste delta, 
dont le sommet du triangle , tourné vers la Médi- 


Toue IL, 


128° Livrarson. 


terranée , a sa base à peu près de l’est à l’ouest, 
Sa surface est d'environ dix myriamètres ou vingt 
lieues carrées ; elle est nnic, parfaitement hori- 
zontale, à l'exception qu’elle offre une déclivité 
presque insensibleen approchant du lit actuel de la 
mer. La Crau repose sur une couche plus ou moins 
profonde (elle arrive à seize mètres un quart dans 
cerlains endroits) d’un poudinguc arénacéo-cal- 
caire, dont la pâte renferme un très-grand nom- 
bre de petits graviers , el dénonce une formation 
due au dépôt des eaux de la mer. Le sol supérieur 
est un lit de gros cailloux longs ou arrondis, à 
surface polie, que l’on voit tanlôt accumulés par 
monceaux de plusicurs mètres de haut et telle- 
ment pressés les uns contre les autres qu’on n’a- 
perçoil point la terre qui les porte ; tantôt ils sont 
isolés et semblent des flots au milieu d’un champ 
de la plus triste apparence ; tantôt les caïllonx se 
trouvent dispersés, clair-semés et entourés d’ane 
verdure que dévorent les premières chaleurs. Il 
faut voir l’ensemble de la Crau des hauteurs de 
Vitrolles, village pittoresque, le seul sans doute en 
France où l’on trouve encore une famille de lé- 
preux. 

Aucune eau courante ne traverse ce vaste dé- 
sert, si ce n’est le canal d'Adam de Crapone, 
achevé dans l’année 1559, qui le ferme du nord- 
est à l’ouest, et dont une dérivation le longe à l’est, 
Presque au centre de la Crau, l'étang d’Entres- 
sen forme, sur ses bords et dans tout l’espace 
qu'il a cessé de submerger, une espèce d’oasis, 
couverte d'habitations et de terres cultivées. Il en 
est de même des approches des étangs de Dézeau- 
mes, de Meyrane, du marais appelé le Palud de 
Saint-Martin de Crau, et des deux étangs allongés 
de Ligagnan et du Galejou. 

Trois opinions divisent les géologues sur l’E- 
trange accumulation des cailloux roulés de la Crau. 
Les premiers pensent, d’après Guettard, de Ser- 
vières, et autres, qu’elle provient d’un attérisse- 
ment du Rhône, qui, selon eux, déboucha jadis 
de ce côté. Les seconds estiment, d’après Solery, 
Paul de Lamanon, de Truchet , et l'opinion admise 
par tous les habitans des contrées voisines , qu’elle 
est le résultat de l’ancien passage de la Durance, 
qui, après avoir tourné le mont Lébéron et suivi 
les rochers d’Anthéron et de Lamanon, se jetait 
dans la Méditerranée par trois bouches différentes, 
indiquées encore de nos jours par les étangs d’eau 
salée d’Istres, de Lavalduc et de Foz. Les troi- 
sièmes attribuent à un envahissement subit des 
eaux de’la mer la présence des galets qui recou- 
vrent la plaine que nous examinons. Ce sentiment, 
appuyé de la tradition conservée par les anciens, 
dans un style métaphorique, et jusqu'ici rejetée 
comme une fable inventée à plaisir, est plus im- 
portant qu’on ne le pense ordinairement. C'était 
celui de Darluc et du savant De Saussure. 

Mais , avant de nous appesantir sur ce point, 
cherchons à reconnaître la nature des pierres 
existantes sur la plaine de la Crau et celles qu’en- 
traînent avec elles les eaux bruyantes, couleur d’é- 
méraude, de la Durance, et celles si rapides du 


48 


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3 CRAU 


378 


CRAU 


Rhône : il résultera de cet'examen un: fait incon- 
testable qui résoudra nécessairement le problème. 

Les pierres roulées que l’en:trouve en si grande 
abondance sur le vaste lit dela Durance sont cal- 
caires, mêlées à de nombreuses spilithes à cellu- 
les irrégulièrement arrondies, renfermant des 
fragmens de minéraux divers, dont la couleur 
varie du blanc verdâtre au vert sombre:ou même 
noir : ce sont les mêmes que fournissent le Drac, 
l'Isère et toutes les rivières qui descendent des 
Alpes. Les pierres de la Durance sont ‘ordinaire- 
ment petites, plates; leur cassure répand une 
odeur d’argile très-prononcée. 

-Elles sont également calcaires, les pierres rou- 
lées du Rhône ; mais elles sont de plus unies à des 
spilithes que ce fleuve amène .des montagnes du 
Jura, à des galets quartzeux, durs, fragiles, 
écailleux , à gros grains, et à des fragmens de grès 
tendres qui se délitent facilement, qui sont sans 
éclat, d’un rouge vineux, liés par un sédiment 
limoneux. 

Les pierres de la Crau sont :extérieurement de 
couleur jaunâtre ou rouille plus ou moins rem- 
brunie ; l’intérieur est brillant, gris-blanc , quel- 
quelois verdâtre , jaune, rouge.et même d’un très- 
beau pourpre. ήlles sont quartzeuses, plus 
volumineuses que celles du Rhône et de la Du- 
rauce. Elles ne sont point , comme on l’a dit, une 
désagrégation du sol primitif; je leur trouve une 
ressemblance frappante, le volume excepté, avec 
les cailloux de la plaine qui sépare Saint-Vallier 
de Saint-Rambert , département de la Drôme, «et 
ce dernier point du Péage de Rossillon , départe- 
ment de l'Isère; avec les cailloux des environs de 
Nismes et de Montpellier, ebc., etc.; avec les ga- 
lets du Gardon, qui vient des montagnes :des Gé- 
vennes. Si les pierres de la Crau provenaient des 
attérissemens successifs de la mer, elles offriraient 
nécessairement au milieu d’elles quelques débris 
d’animaux ou des coquilles, et.on n’en trouve sur 
aucun point, ni à l’ouest, ni au sud, ni au nord 
où les cailloux roulés de la Crau sont en moindre 
quantité, ni dans les vallées entrecoupées du nord- 
ouest qui séparent la ville d'Arles de la plaine 
pierreuse que nous étudions, ni parmi celles qui 
remontent à Lunel-Vieil,.et qui sont ensevelies sous 
un limon argileux mélé d’un sable extrêmement 
fin et fertilisant. 

Quant à la tradition des anciens qui voulait, 
comme nous l’apprend Eschyle , que cet amas (de 
pierres, étrangères au sol qu’elles cachent , prove- 
nait d'une pluie de pierres fancée par Jupiter sur 
les fils de Neptune ou Liguriens que combattait 
Hercule, cette tradition consacre un événement 
appartenant à une très-vieïlle période géologique 
qui n'était pas, ainsi qu’on l’a avancé très-gratui- 
tement, un envahissement subit des eaux.de la 
Méditerranée, mais bien leur déplacement opéré 
à la suite de violentes commotions terrestres , de 
débâcles volcaniques, qui les précipita dans des 
régions plus basses que celles qu’elles occupaient 
auparavant, etentraina derrière elles des fragmens 
de roches appartenant aux montagnes des Alpes, 


des Cévennes, du Puy-de-Dôme, du Cantal. Cet 
événement géologique se lie nécessairement à la 
rupture du détroit de Gibraltar et du Bosphore 
de Thrace, à l’abandon des plaines lombardes 
par les eaux de l’Adriatique, et ‘est ‘antérieur à 
toutes les traditions écrites ou connues jusqu'ici. 
Parce que sur la lisière de la Grau , parce que 
dans les deux oasis de Saint-Martin et d'Entressen, 
on est parvenu à rendre le sol fertile, quelques 
personnes ont osé dire et publier que toute la 
plaine était susceplible de culture, qu'il suflirait 
pour cela de la rendre à son état primitif en l’é- 
pierrant. Elles ignorent donc la nature du sol pri- 
mitif, que la résistance qu'il offre ‘émousse en 
très-peu d’instans les meilleurs outils , et qu'il faut 
employer la mine pour le faire sauter ; elles igno- 
vent donc qu'en épierrant totalement les champs 
de Syracuse , ils ont cessé de produire , jusqu’à ce 
que des cultivateursimieux avisés eurent rétabli les 
pierres enlevées. Ne pouvant donc point lui faire 
subir les diverses modifications que , à la longue, 
apportentaprèseux les travaux de l’agriculture , la 
Crau me paraît condamnée pour des siècles encore 
à son aridité présente, à moins d’un changement 
géologique imprévu. Le peu de terre végétale qui 
recouvre son sol, partout où les pierres roulées 
abondent le moins, a permis à quelques plantes de 
s’y fixer ; dans Je nombre Arès-petit on rencontre 
de minces buistons formés par le Chêne-Kermès, 
Quercus coccifera , ou le Tamaris , T'amarix gallica, 
par des Bruyères, Fricæ, des Gistes, Cisti, etc, 
et près d'eux ‘des touffes de Phym , Thymus vul- 
garis, de Serpollet, T'hymus senpillum, de La- 
vande, ÆZavandula spica, de Trefle, Trifolium 
pratense, de différentes graminées, et de Chiendent. 
Sur les points où la couche deiterre s'est trouvée 
plus épaisse , on a introduit la culture de la vigne, 
du mûrier et de l'olivier: leurs fruits y ont ga- 
gné , le vin.est:généreux , Ja feuille du mûrier pré- 
coce, l’huile excellente et donnant un beau fil 
d’or. L’asperge y a le goût délicat, quoïqu'elle soit 
légèrement amère. Une immense forêt depins, qui 
s'étend, du nord au sud , et parallèle au cours du 
Rhône, attire un grand nombre d'oiseaux de proie. 
Le plus bel habitant de la Crau est sans contredit 
le brillant Phénicopière qui s’y réunit en troupes 
autour des étangs, et s’y rencontre souvent avec 
d’autres oiseaux voyageurs, tels que les Ibis de 
l'Afrique , les Vanneaux , «etc. La forêt abrite une 
colonie de vaches noires de quatre à cmq cents 
individus, confiée à la garde d’un pâtre , qui veille 
à ce qu’elles ne passent point le fleuve à la nage. 
On voit aussi dans Ja Crau des troupeaux de 
cinq à six cent mille bêtes à laine, divisés par 
masses de cinq à six cents têtes, remises à la garde 
d’un berger et d’un seul chien ; le peu de pâturages 
qu’elles y trouvent est d’une ‘excellente qualité et 
suflit à leur nourriture. Elles y séjournent durant 
l'hiver ; mais aussitôt que l’ardeur du soleil rend la 
stérilité désespérante et vient à dessécher jusqu’au 
timide gazon caché sous les galets, elles gagnent 
les prairies naturelles des Alpes pour y demeurer 
quatre mois. L'ordre adopté pour lour marche, qui 


2 


CRAU 


‘879 


CRAY 


EEE 


dure de vingt à trente jours, est vramment admi- 
rable. Nos lecteurs seront sans doute satisfaits de 
le connaître. Avant le départ, du 20 au 30 mai de 
chaque année , les propriétaires marquent leurs 
agneaux; ensuite le berger en chef, appelé Baile 
comptable, forme de grandes bändes ou campa- 
gnes, selon l'expression d'usage ; il les divise en- 
suite par troupeaux ou Scabots de deux mille têtes, 
ayant chacun six hommes et deux ou trois chiens 
pour les conduire. Les brebis pleines et les brebis 
laitières ouvrent la marche; viennent ensuite les 
agneaux, et derrière eux le baile comptable et son 
adjoint. chargé de la tenue des livres ; les bagages, 
portés. par des. ânes, servent d’escorte à l'infirme- 
rie; la caravane. se termine par les brebis vides et 
les. moutons. Le signal une fois donné , la colonne 
s’'ébranle, et suit pas à pas le berger avant-cou- 
reur qui est en tête avec les chèvres. Les routes 
par où l’on. passe se nomment Drayes. Tous les 
ordres pour les haltes, les campemens, les séjours, 
émanent du baile comptable, et dépendent de la 
localité, de: la température actuelle, des besoins 
du moment, On demeure sur les montagnes jus- 
qu’à la fin de septembre ; alors les bergers avant- 
coureurs descendent dans la Grau, disposent tout 
pour recevoir, en novembre, les agneaux, les 
moutons, et un peu plus tard les brebis et les 
beliers. Les cantons sont assignés à chaque divi- 
sion, on les ferme par une enceinte de pierres et 
le parc se place au centre. Les troupeaux qui vi- 
vent ainsi sont appelés éranshumans. 

C’est un spectacle à voir que le départ et le re- 
tour: de ces. immeuses troupeaux; mais il en est 
un autre qu attire toutes les populations voisines 
ét jusqu'aux habitans de Marseille, Aix et Arles : 
c’est celui de la chasse ou pour mieux dire de la 
pêche aux Macreuses.. Cette espèce de Canards 
(v. tom. 1, p. 612) arrive par bandes aux premiè- 
res gelées eb se jette sur les étangs de la Crau, 
principalement sur les deux grands bassins , appe- 
lés étangs de Berre et de Marignane , qui sont si- 
tués au sud-est de la Crau. Dès qu'elles y sont en 
un grand nombre, on s’assemble, on fixe le jour 
et l'ordre de l'attaque, que l’on nomme battue : 
bientôt des barques s’emplissent de chasseurs, elles 
se disposent en une flotte, divisée en trois parties, 
chacune commandée par le maire des communes 
de Berre , de Vitrolles et de Marignane. On prend 
le mot d'ordre , puis on appareille au bruit du tam- 
bour et du clairon. On marche, en formant un 
demi-cercle , sur les Macreuses qui, de leur côté, 
s'appuient au rivage, se pressent les unes contre 
les autres et nagent sans défiance ; à chaque instant 
le cercle se rétrécit , enfin les barques se touchent, 
elles sont à la portée du fusil ; on donne le signal, 
une décharge générale à lieu, le sang coule, l’oi- 
seau des mers arctiques , atteint par le plomb meur- 
trier, se débat contre la mort, de ses ailes il frappe 
les eaux avec force, pousse des cris rauques et 
meurt, tandisque ceux qui ont échappé cherchent 
leur salut-en s’élevant dans les airs; mais une se- 
conde décharge porte le désordre dans leurs rangs, 
de nouvelles victimes tombent et rougissent de leur 


sang le cristal des eaux. Pendant queles chasseurs: 
se disputent le butin, qu'ils reviennent à terre 
pour sefmettre d'accord et compter ce qui leur 
revient , le restant des Macreuses gagne une aufre 
partie: des étangs, où elles espèrent être plus tran- 
quilles. Mais on les attaque de nouveau, l’on en 
détruit beaucoup, puis on s’arrête pour opérer le 
partage. Le jour se passe ainsi dans plusieurs al- 
ternatives de massacres, d’altercations et de repos. 
Enfin les Macreuses quittent la Crau, se dirigent 
sur la Corse, oùtelles auront encore à souffrir dela 
cruauté des hommes. 

Je ne répéterai point les sottises de tout genre 
dites.et. publiées pour trouver l’étymologie du nom 
de la Crau , je remarquerai seulement que, avant 
que les Grecs n’employassent le mot Ærazein, crier 
faire du bruit, avant qu’onn’allât demander aux Hé- 
breux leur mot Craigg, roche, à l’Arabe son Goreg, 
terre pierreuse, et au Sanscrit son Grana, pierre, les 
vieux Geltes appelaient la Crau, terre de leur pays, 
par un mot à eux, par une expression de la langue 
qu'ils avaient créée, Kra, qui signifie pierre rou- 
lée, champ de pierres, 

Ainsi que dans la Camargue (v. tom. t, pag. 
597 ) le mirage a lieu au milieu de la vaste plaine 
de la Crau, surtout lorsque le temps est calme. Le 
mistral, ou vent du nord-ouest, y souffle avec une 
force extraordinaire. (T. ». B.) 

CRAVAN ou CRAVANT. (ors.) Espèce du sous- 
genre Ore. 77, Canarp. (Guér.) 

CRAVATE. (o1s.) On donne ce nom, modifié 
par des épithètes variables, à différentes espèces 
d'oiseaux : ainsila GRAVATE BLANGHE est le Lanius 
albicollis de Levaillant; la GRAvATE Dorée est 
le jeune de l'Oiseau-mouche, rubis-topaze; la 
CRAVATE prisée est le Merops cincinnatus de 
Latham; la CRAVATE sAUNE est l’Alauda capensis, 
L.; Cravare noire, le 7rochilus nigricollis, Vieillot, 
et CRAVATE VERTE , le Trochilus gularis de Latham. 

(Gu£r.) 

CRAYONS. (win. arrz.) Nous ne considérons 
ici les Crayons que sous le rapport des substan- 
ces minérales employées à leur fabrication. Ces 
substances sont le graphite où la plombagine, 
l’ampellite ou schiste noir, la sanguine ou fer 
oxidé rouge , la craie , le schiste ardoise et l'argile. 
Le grapluite, appelé vulgairement mine de plomb 
quoiqu'iln en contienne pas un atome, est un car- 
bure de fer qui est doux au toucher, se laisse 
tailler avec facilité et imprime sur le papier une 
trace d’un gris de plomb facile à enlever avec de 
la mie de pain ou de la gomme élastique. Le seul 
graphite de bonne qualité pour la fabrication im- 
médiate des Crayons est celui que l’on trouve en 
filons ou en petites couches dans des terrains an- 
ciens: tel est celui de la mine de Borrowdale dans 
le Gumberland ; ceux de Ronda en Espagne, de 
plusieurs parties de l’Allemagne, de Vinay en 
Piémont. On débite ce graphite avec de petites 
scies en baguettes carrées d’une demi-ligne d’é- 
paisseur que l’on introduit dans la rainure d’un 
petit demi-cylindre de bois de cèdre ou de gené- 
vrier, Depuis quelques années on fabrique en’ 


CRAY 


380 


CRÈM 


CR 


Angleterre des Crayons de mine 
d’autre enveloppe qu'un vernis. 

C’est à Conté que l’on doit l'invention ou du 
moins la connaissance des procédés les plus ingé- 
nieux et les plus sûrs pour la fabrication des 
. Crayons artificiels. Jusqu'à la fin du dernier siècle, 
où il les fit connaître, on ne s’était servi que de 
Crayons préparés immédiatement avec de la mine 
naturelle. 

Conté, se fondant sur la propriété que possède 
l'argile de diminuer de volume et de se durcir 
en raison directe des degrés de chaleur, l’em- 
ploya comme matière solidifiante de toutes sortes 
de Crayons. Voici les procédés qu’il indiqua pour 
les Crayons de mine de plomb, procédés qui 
n'ont éprouvé depuis que peu de modifications. 
Le carbure de fer ou graphite est broyé, puis 
chauffé au rouge dans un creuset, et mêlé en pro- 
porlions diverses avec l'argile. Moins on met d’ar- 
gile, moins on fait cuire les Crayons, et plus ils 
sont tendres; plus on emploie d'argile , relative- 
ment au graphite, plus ils sont fermes. Les pro- 
portions qui ont donné les meilleurs résultats sont: 
deux parties de carbure ct trois d'argile, ou deux 
de carbure et deux d’argile. On peut ainsi varier 
à l'infini les proportions et par suite les proprié- 
tés des Crayons, avantage que l’on ne peut avoir 
avec la mine naturelle, 

Lorsque les Crayons sont destinés à dessiner 
l'architecture ou la topographie, ou à former 
des lignes très-fines et très-nettes, il faut, avant 
de les monter, les tremper dans la cire ou le 
suif bouillant; nous devons dire que pour les der- 
hiers usages nos Crayons préparés sont loin de 
pouvoir remplacer les Crayons anglais. 

Les Crayons noirs, que l’on nomme aussi pierre 
noire , pierre des charpentiers, sont faits en général 
avec cetle variété de schiste nommée ampellite 
qui contient une certaine quantité de carbone ; 
mais on emploie aussi des schistes argileux, gri- 
sâtres ou bleuâtres, qui ont, comme les premiers, 
la propriété de laisser une trace sur la pierre ou 
sur le bois ; on les débite à la scie, et on enchâsse 
les baguettes dans de grossiers porte-crayons. Sou- 
vent même les ouvriers se servent d’un morceau 
de schiste taillé grossièrement. La seule variété 
employée par les dessinateurs est la pierre d’Ita- 
lie; elle se vend en baguettes minces d’un noir 
bleuâtre et d’un grain très-fin qui se taillent avec 
facilité, On peut la reconnaître à l'odeur empy- 
reumalique toute particulière qu’elle exhale. On 
remarque souvent dans son intérieur des filets 
blancs et argentés de tale. On ignore d’ailleurs 
son gisement. Les Crayons noirs communs vien- 
nent à Paris du Maine, de la Bretagne et de la 
Normandie, ouon les extrait dans les couches an- 
thracileuses du terrain de transition. M. Héricart 
de Thury cite en outre un grand nombre de gise- 
mens de ce schiste graphite dans le département 
de l'Isère. La composition des Crayons artificiels 
noirs , dits de Conté, a fait presque entièrement 
abandonner par les dessinateurs l'emploi des 
Crayons noirs naturels. 


pure qui n'ont 


Les Crayons rouges, appelés vulgairement san- 
guine, se font avec une argile ocreuse ou de l’héma- 
tite à grains très-fins et très-serrés et dont la cou- 
leur est d’un rouge foncé. Les meilleurs procé- 
dés et les plus récens pour leur fabrication con- 
sistent à broyer de l’hématite (fer oxidé rouge } 
sur un porphyre avec de l’eau filtrée , jusqu’à ce 
qu’elle soit en poudre impalpable , on tamise, on 
suspend dans l’eau agitée, on laisse reposer , puis 
on décante. La colle de poisson ou la gomme ara- 
bique sert à lier la pâte, qu’on fait passer au cy- 
lindre avant de la mouler. La sanguine, presque 
abandonnée de nos jours, était jadis très en usage, 
comme on peut le voir par les cartons des grands 
maîtres déposés au Musée royal. Les Crayons de 
sanguine naturelle ne sont employés que par les 
charpentiers, les maçons, etc. Cette pierre rouge 
se trouve en amas ou en couches minces dans les 
terrains primordiaux. Celle dont on se sert à Paris 
vient de Sarrelouis. 

Les Crayons blancs ne sont autre chose que de la 
craie ; on la purifie par des lavages, onla broie en 
pâte fine, puis on la débite en baguettes. 

Crayons d’ardoise ou Crayons gris. On n’em- 
ploie ces Crayons qu’à écrire ou à dessiner sur l’ar- 
doise. Ils ne sont le plus souvent que des fragmens 
d'une variété d’ardoise un peu tendre. On peut 
en trouver dans toutes les parties de la France où 
règnent les terrains schisteux ; cependant il y a 
peu d'années encore on les tirait exclusivement 
des environs de Nuremberg. M. Brard, auquel on 
doit d’excellens ouvrages et une foule d’inventions 
utiles de minéralogie appliquée aux arts, est le 
premier qui en ait fait extraire en France dans le 
département de la Dordogne. Depuis, on en a fa- 
briqué dans l’Ardenne et dans plusieurs autres 
localités. Nous avons trouvé l'usage des tableaux 
d’ardoise établi en Grèce depuis fort long-temps. 
Les Crayons et une parlie des tableaux dont on 
fait usage dans les écoles et chez tous les mar- 
chands provient d’un petit canton de la Laconie. 

Crayons dits de mine colorée. Ces Crayons, dus 
à l’industrie des frères Joel, ne sont dans le com- 
merce que depuis peu d’années. Leur base est de 
l'argile d’Arcueil, etles matières colorantes sont 
le bleu de Prusse , l’orpin , le blanc de plomb , le 
vermillon et le carmin pur, On les renferme dans 
des éluis de bois comme ceux de mine de plomb. 

(B. 

CRÉATION, CRÉATURE. Voyez Lin 3 
NaTure, ProDucTIoN. (P. G.) 

CRECER. (ois.) Nom vulgaire de la Drenne 
(Turdus viscivorus, L.). Voyez MErce. 

CRÉMASTOCHEILE, Cremastocheilus. (1xs.) 
Genre de Coléoptères de la famille des Lamelli- 
cornes, démembré des Cétoines par Knoch. F. 
CÉTOINE. As Pi) 

CRÈME. (cnrw.) Matière d’un blanc jaunâtre , 
d’une odeur et d’une saveur douces et agréables , 
d’une consistance assez épaisse, plus légère que 
le lait, composée de stéarine, d’élaine, d’une 
substance colorante jaune , des acides butyrique , 
lactique, acétique et carbonique, de chlorure de 


CRÉN 


381 


CRÉP 


potassium, de phosphate de chaux, etc., et que 
l’on obtient en abandonnant le lait à lui-même 
dans un lieu frais. (FE) 

CRÈME DE CHAUX. (cmm.) Pellicule croû- 
teuse qui surnage le soluté aqueux de chaux an- 
ciennement préparé, et qui n’est autre qu'un car- 
bonate calcaire formé aux dépens de lacide car- 
bonique de l'air atmosphérique. (EE) 

CREME DE TARTRE. (cmm.) La Crème de 
tartre , bitartrate de potasse des chimistes mo- 
dernes, mélange de tartrate de chaux, de matière 
colorante, de lieet d’autres corps étrangers, con- 
stitue la croûte cristalline, appelée tartre, qui se 
dépose au fond et sur les parois des tonneaux dans 
lesquels le vin acidule a fermenté. 

Le tartre, de couleur blanche ourouge, suivant 
qu'on l’a obtenu du vin blanc ou du vin rouge, 
se purifie en le faisant dissoudre dans de l’eau 
bouillante , laissant refroidir la liqueur saturée , 
qui fournit des cristaux assez blancs. 

La Crème de tartre est solide , blanche, cris- 
tallisée en prismes tétraédriques, très-peu trans- 
parente, inaltérable à l'air, inodore, d’une sa- 
veur acide , soluble dans 95 parties d’eau froide, 
dans 15 parties d’eau bouillante, rougissant la 
teinture de tournesol; exhalant, quand on la 
chauffe , une vapeur qui a une odeur particulière, 
une saveur acide et piquante , et laissant pour ré- 
sidu une masse charbonneuse, spongieuse, diffi- 
cile à calciner ; donnant à la distillation beaucoup 
de gaz acide carbonique , et d'hydrogène carboné, 
de l'huile empyreumatique de l'acide acétique , 
un peu de carbonate d’ammoniaque. 

La Crème de tartre est souvent falsifiée dans le 
commerce avec du sable, de l'argile et d’autres 
substances analogues; on reconnaît cette fraude 
en traitant le sel suspect par une lessive alcaline 
chaude qui ne dissout pas les corps étrangers. 

Le bitartrate de potasse, donné en petite quan- 
tité, jouit de propriétés tempérantes; c’est à cet 
cffet qu’on l’emploie dans la jaunisse , les embar- 
ras gastriques, etc.; à fortes doses, et surtout en 
poudre, c’est un laxatif dont on fait fréquemment 
usage , à cause de sa saveur beaucoup moins désa- 
gréable que celle de la plupart des sels neutres. 
Dans les pharmacies, on est dans l’habitude, pour 
les besoins de la médecine, de rendre la Crème 
de tartre beaucoup plus soluble dans l’eau , en la 
mélangeant avec une partie d’acide borique pour 
cinq de Crème de tartre , ou pour quatre selon 
Vogel, et versant de l’eau bouillante sur le mé- 
lange. On obtient ainsi un sursel qui ne cristallise 
pas, qui est soluble dans les trois quarts de son 
poids d’eau froide et un quart d’eau chaude, et 
dont la composition, d’après M. Soubeiran , se- 
rait telle que la potasse et l'acide borique y con- 
tiendraient des quantités égales d’oxigène. (F. F.) 

GRENATULE. (morr.) Genre créé par La- 
marck, adopté par tous les conchyliologues et 
ainsi caractérisé : coquille subéquivalve , aplatie, 
feuilletée , un peu irrégulière; aucune ouverture 
latérale pour le byssus; charnière latérale , linéaire, 
marginale, crénelée ; crénelures sériales calleu- 


ses , creusces en fossettes , et qui reçoivent le li- 
gament. 

Les espèces de Crénatules sont rares et encore 
peu connues, surtout à l’état fossile ; on les ren- 
contre dans les mers chaudes : nous citerons les 
suivantes : 

1° CRÉNATULE AVICULAIRE, Crenatula avicularis 
de Lamarck. Coquille rhomboïdäle arrondie , 
comprimée, très-mince, presque membraneuse , 
d’un rouge blanchâtre. On la trouve dans les 
mers de l'Amérique méridionale. 

2° CRÉNATULE VERTE, Crenatula viridis de La- 
marck. Coquille peu régulière , ovale, oblongue, 
verdâtre et présentant des appendices terminaux, 
des crochets obliquement proéminens, et une 
longueur d’un décimètre environ. On la trouve 
dans les mers de l'Asie australe. 

3° CRÉNATULE MYTILOÏDE, Crenatula mytiloïdes 
de Lamarck. Cette dernière espèce nous vient de 
la mer Rouge; elle est petite, violette, ovale, 
oblongue, aiguë vers les sommets, et obscuré- 
ment rayonnée. On la reconnaît aux lames voû- 
tées qui garnissent intérieurement les TRE) 5 

4 

CRÉNELÉ, Crenatus. (1001. 8oT.) On cite 
cet adjectif pour désigner les organes planes des 
animaux ct des végétaux chez lesquels le bord of- 
fre des lobes très-courts, arrondis, et séparés par 
des sinus très-aigus et peu profonds, (Guër.) . 

CRÉNILABRE, Crenilabrus. ( porss.) Genre 
que l’on range parmi les Acanthoptérygiens , que 
Cuvier sépare des Lutjans de Bloch, ct dont le 
caractère consiste en une dentelure au préoper- 
cule, ce qui les sépare des Labres proprement dits, 
qui sont privés de la dentelure préoperculaire. Du 
reste, ces poissons présentent, tant à l’intérieur 
qu’à l'extérieur les caractères des Labres propre- 
ment dits. 

Ce genre est des plus nombreux, ses diverses 
espèces s'étendent dans la Méditerranée et dans 
les mers du Nord. Nous ne rapporterons que les 
plus remarquables : parmi celles que la Méditer- 
ranée produit est le Crenilabrus lupina de Forskal, 
argenté , à trois larges bandes longitudinales for- 
mées de points vermillon; les pectorales sont 
jaunes, et les ventrales bleues. Celles que l’on 
observe dans les mers du Nord sont le Zutja- 
nus buprestis, B1. 1250, fauve, à bandes nuageuses, 
verticales, noirâtres; Lutjanus norwegicus, BL, 
256, brunûtre, tacheté et marbré irrégulièrement 
de brun foncé ; le Labrus milops, orangé, ta- 
cheté de blanc, une tache noire derrière l’œil ; le 
Labrus exoletus ou Palloni, Risso, remarquable 
par les cinq épines de sanageoire anale. (Az. G.) 

CRÉPIDE , Crepis. (8oT. PHan.) Tournefort ct 
Vaillant confondaient ce genre, de la famille des 
Chicoracées et de la Syngénésie polygamie égale, 
avec celui des Epervières , Hieracium , qui en est 
tout voisin. Linné le constitua, lui donna le nom 
de Crepis, on ne sait trop pourquoi, puisque rien 
dans les plantes de ce genre ne rappelle la forme 
d’une sandale ou d’une semelle, valeur du mot 
grec Ærépis. Depuis le botaniste d'Upsal, on a re- 


L 


CREP 


382. 


CRÉP 


formé ce groupe en lui donnant un peu plus d’exac- 
titude , non dans le rapport du nom, mais. dans 
celui des espèces entre elles. On a voulu pousser le 
démembrement plüs loin, et l’on est retombé dans 
le désordre ; en s’arrêtant trop complaisamment à 
des caractères peu constans ou du moins de lé- 
gère importance, il n’y aurait pas un seul genre 
qui n’offrit aux-amateurs une ou plusieurs circon- 
stances de créer un genre nouveau, d'illustrer un 
ami, d'écrire un long mémoire, de fournir des 
dessins microscopiques plus ou moins vrais, plus 
ou moins réguliers. De tous les changemens ap- 
portés à la nomenclature des espèces linnéennes , 
quatre seulement sont approuvés par tous les bo- 
tanistes : le Crepis albida estdevenuun. Picridium; 
le Crepis barbata sert de type au genre Drepania; 
le Crepis pulchra fait partie des Prenanthes, et le 
Crepis rhagadioloïdesest réuni au genre Zacintha. 
Malgré cette élimination , le genre Crépide est 
encore composé de plus de soixante espèces ; leur 
élégance, le bon eflet qu’elles produisent quand 
elles sont tenues en toufles, n’ont point déterminé 
les horticulteurs à les admettre parmi les plantes 
d'agrément ; elles méritent cependant bien autant 
d'attention que l’on en donne à certaines plantes 
exoliques moins belles, mais plus vantées; elles 
ont d’ailleurs l'avantage de n’être aucunement dif- 
ficiles sur la nature du terrain ni sur l'exposition. 
* Cinq espèces de Crépides appartiennent à la 
flore française: ce sont la CréPing DES ALprs, 
C. alpina , dont la tige , haute detrente-deux cen- 
timètres, porte des fleurs d’un janne pâle au mois 
de juillet ; la Grépine PuaNTE, C. fœtida , hérissée 
de poils blancs, aux fleurs jaunes et purpurines 
en dehors; la CRÉPIDE DEs torrs, €. tectorum, 
abondante à Fontainebleau et dans plusieurs autres 
localités où ses panicules lâches produisent un as- 
sez bel eflet ; la Gr£PIDE BIsANNUELLE , C. biennis, 
à tige rameuse, s’élevant à un mètre environ, à 
feuilles roncinées et à grandes fleurs jaunes, épa- 
nouies en mai et juin; et la CRÉPIDE FLUETTE , C. 
virens, que l’on rencontre partout sur la fin de 
l'éié, principalement dans les lieux secs, le long 
des murailles ,\dans les haies, sur les pelouses. 
L'espèce la plus jolie, la CrépineRoucE , C. ru- 
bra, que l’on à cru long-temps ne croître que 
dans l’Apulie, vulgairement dite la Pouille , mais 
que l’on a depuis quelques années observée aux 
environs de Montpellier et dans d’autres parties 
de nos départemens du midi, avait été retirée de 
ce genre par le professeur Moench, morten 1805, 
pour en faire un genre nouveau dédié à son élève 
Barckausen ; il fondait sa distinction sur ce que 
l’appendice du bout de la graine sert de support 
à l’aigrette qui la couronne, tandis que l’aigrette 
est sessile dans les autres espèces. De Gandolle 
a cru devoir adopter ce changement, qui nous 
paraît si minutieux ‘que nous le rejetons d'accord 
avec tous les botanistes raisonnables Quoique 
cette plante , froissée ou simplement remuée , ré- 
pande une odeur peu agréable , sa fleur est très- 
belle, d’un rose foncé qui plait à l’œil, large d’en- 
viron quatre centimètres, et ses demi-fleurons 


sont posés symétriquement sur un réceptacle: al- 


véolare et nu: La Grépide rouge est encore inté- 
ressante à voir quand ses graines se: montrent 
terminées par leur aigrette de poils simples. Ses 
feuilles, longues, fortement échancrées etarmées 
de pointes, sont rares sur la hampe, et fonttouffe 
autour du collet de la racine. (T. ». B.) 

CRÉPIDULE, Crepidula. (mour..) Le genre Cré- 
pidule , établi par Lamarck aux dépens des Pa- 
telles de Linné, offre les caractères suivans : ani 
mal ayant la tête fourchue antérieurement , deux 
tentacules coniques portant les yeux à leur base 
extérieure ; bouche simple , sans mâchoires, pla- 
cée dans la bifurcation de la tête; une branchie: 
en panache, saillante hors de la. cavité branchiale, 
et flottant sur le côté droit, du: cow:; manteau ne 
débordant jamais la coquille; pied petit; anus la- 
téral; coquille ovale, oblongue, à dos presque 
toujours convexe, concave en dessous, ayant 
la spire fort inclinée sur le bord; ouverture en 
partie formée par une lame horizontale. Parmi les 
espèces vivantes ou fossiles du genre Crépidule, 
nous citerons.les suivantes: 


1° CRÉPIDULE PORGELLANE , €. Porcellana, de 


Lamarck. Coquille ovale, oblongue, à sommet 
recouvert sur le bord, d'une couleur le plus sou- 
vent blanche, parsemée de taches triangulaires 
roussâtres ou brunes, et d’une longueur d’un 
pouce et demi environ. On la. trouve assez com- 
munément dans les mers de l'Inde et: à l'ile de 
Gorée, et elle est tellement adhérente aux par- 
ties sur lesquelles elle est fixée, sur les rochers , 
qu'on brise quelquefois la coquille sans avoir dé- 
taché l’animal. 

2° CréPipuce DE Gon£e , C. gorcensis.de Linné. 
Coquille longue de cinq à six lignes, adhérente 
aux rochers de l’île de Gorée, blanche: lisse, 
très-mince, ovale et très-aplatie. L'animal ren- 
fermé dans cette espèce, et qui a été décrit par 
Adanson , présente les caractères suivans : tenta- 
cules chagrinés, et cela à cause des petits tuber- 
cules blancs qui se trouvent à leur extrémité; 
pied et manteau également chagrinés; huit filets 
cylindriques assez longs, qui partent du manteau 
et du derrière de la tête, et qui, d’après Curvier, 
seraient les branchies sortant de la cavité bran- 
chiale. 

3° CRÉPIDULE ÉPINEUSE, C. aculeata, de La 
marck. Celle-ci est ovale, aplatie ; son sommet, 
courbé vers le bord gauche, fait un tour de spire 
environ ; sa couleur est blanche, avec des flam- 
mules roussâtres ; elle est chargée de petites côtes 
peu régulières qui portent des épines ou des 


écailles ; sa longueur est de onze à douze lignes ; 


| on la trouve dans la mer de l'Amérique méridio- 


nale. 

4° Crévinuze DE Haurevisre, C. Altavillensis, 
de Defrance. Coquille épaisse, aplatie, à sommet 
subcentral , et dont l’ouvertureest petite, opposée 
au sommet. 

5° CRÉPIDULE BOsSUE , C. gibhosa, de Defrance. 
Coquille convexe, bossue, profonde, à sommet 
incliné vers le bord, chargée de petites aspérités: 


. 


CRES 
D 00 
irrégulières, et .qui habite les falunières de la 
Touraine , eb.à Levignan près Bordeaux. 
G°Crépinuze »'Iraue, C. italica, de Defrance. 
Espèce assez analogue à une coquille nommée 
vulgairement Satidale, et qui paraît se fixer, se 
:mouler pour aiisi dire, dans d’autres coquilles 
abandonnées. Elle.est irrégulière, lisse, très-mince, 
tantôt concave, tantôt convexe, et son sommet 
«st appuyé sur le bord. (F:K.) 
CRÉPUSCULE. (asrrox.) Le soleil ne paraît 
-pas encore, ét déjà le jour commence à poindre ; 
le soleil vient de se coucher et la clarté subsiste 
«quelque temps après. Ce jour faible qui précède 
Je:lever du soleil et suit son coucher se nomme 
Crepuscule ; c’est à l'atmosphère que nous en de- 
wons Je bienfait ; les particules d’air-et d’eau nous 
renvoient dans une multitude de directions les 
rayons du soleil avant qu'ils puissent nous par- 
venir directement, en sorte que, sàns l’atmo- 
sphère,, le jouretla nuit se succéderaienthrusque- 
#ment. (B.) 
CRÉPUSCULAIRES, Crepuscularia, (ins) Fa- 
mille de Lépidoptères distinguée des deux autres 
-qui, avec elle, divisent cet ordre, parses ailes su - 
périeures, retenues inclinées dans le repos au 
moyen d'un crin propre aux ailes inférieures et 
‘entrant dans ‘une coulisse des -supérieures; mais 
‘ee caractère est commun à la famille des Noctur- 
mes , ilfaut donc ajouter que leurs antennes sont 
en massue, et c’est là leur caractère principal ; les 
chenilles de cette famille, qui ont oujours {seize 
pattes, sont rares, el construisent pour se méta- 
morphoser une-espèce de coque soit en soie lâche, 
soit dans la terre; les chrysalides sont toujours 
lisses et jamais anguleuses comme celles des pa- 
pillons de jour. Gette tribu composait autrefois le 
genre Sphinx de Linné. (A. P.) 
CRESCENTIE , Crescentia. (or. raan.) En 


créant ce genre placé à la dernière limite de Ja fa- 


mille des Solanées et appartenant à la Didynamie 


angiospermie , Linné a voulu payer un juste tribut 
à la mémoire du restaurateur de l’agriculture ita- 
lienne, de cet illustre Pietro de’ Crescenzj, qui , 
bravant les désordres de la guerre civile et la ter- 
reur qu'imprimait partout la présence des farou- 
‘ches soldats allemands , concut, en un siècle bar- 
bare, l’heureuse idée de réveiller l'amour de la 
patrie aux cœurs de ses contemporains en les 
attachant à la charrue qui fertilise , en portant les 
Jumières de l'instruction chez le petit comme chez 
Je grand cultivateur, en appelant l’industrie sur 
les vastes landes, sur les marais non moins éten- 
dus qui rendaient des populations voisines étran- 
gères les unes aux autres, et rompaient à chaque 
pas les liens de Ja civilisation. C’est le traité d’agri- 
‘culture de Grescenzj que lemoine Jehan Corbichon 
traduisit en 1375, et qui fat imprimé à Paris en 1486 
sous le titre de : Livre des prouffits champestres et 
ruraulx. 

Legenre Crescentie, vulgairementnommé Couis 
et Calebassier, est composé d’arbrisseaux à feuilles 
alternes, le-plus souvent réunies en touffes sim ples, 
tous indigènes aux contrées équatoriales de l’'Amé- 


383 


CRES 
oo 
rique. Leurs fleurs sont généralement grandes , 
presque campanulées, à tube inégal, ventru et 
courbé , portées surun calice caduc à deux dé- 
coupures concaves , obtuses et égales ; quatre éta- 
mines didynamiques, c’est-à-dire dont deux plus 
courtes , ayant les anthères bilobées, vacillantes ét 
penchées ; un style plus long que la corolle, à 
stigmate entête, ou plutôt bilamellé d’après la re- 
marque de Jacquin. Baie très-grosse, cucurbitacée, 
à une loge, àécorce dure ; la pulpe.est succulente, 
aigrelette, et renferme de nombreuses semences , 
presqu’en cœur, à deux loges. $ 

Des sept espèces décrites par les botanistes , je 
n’en cilerai que trois ; toutes ne sont pour l'Eu- 
rope qu'un pur objet de curiosité, Il n’en est pas 
de même dans les pays où elles croissent sponta- 
nément , surtout de la CRESCENTIE A FEUILLES LON- 
auEs, ©, cujete. On ÿ recommande l'usage de sa 
pulpe , préparée en sirop , aux personnes affectées 
de maladies de poitrine , et mangée dans son état 
naturel comme un excellent vulnéraire, Avec la 
coque de son fruit on fait des vases agréables et 
plusieurs ustensiles de ménage que les Créoles ap- 
pélent Couis, d'où sont venus les Couets, espèce de 
petits pots de terre que l’on fabrique dans quel- 
ques localités de notre belle France. Arbre de la 
hauteur d’un pommier ordinaire, celte Crescentie, 
vulgairement dite Calebassier, et par les Caraïbes 
Baya , a le tronc tortueux, l'écorce ridée, le bois 
blanc et coriace; ses nombreuses branches sont 
longues, courbées ‘horizontalement , garnies de 
peu de rameaux, et à chaque nœud, de faisceaux 
de feuilles, au nombre de neuf à dix, entières, 
lancéolées, acuminées, glabres et terminées par une 
longue pointe. Les fleurs que l’on voit pendre aux 
rameaux, au moyen d’un pédoncule de trois cen- 
timètres de long, sont solitaires, d’un blanc pâle 
et d’une odeur désagréable; elles produisent des 
fruits ovoïdes , qui ont depuis cinq jusqu’à trente- 
deux centimètres de diamètre , xécorce verte, unie, 
presque ligneuse, couvrant une pulpe blanche , 
aigrelctte, fort recherchée par les oiseaux munis 
d’un bec très-fort. Cette espèce abonde aux An- 
ülles ; on lui connaît deux variétés , l’une à feuilles 
étroites , à fruits moyens, globuleux ou légèrement 
ovales ; c’est le Machamonades Caraïbes; l’autre, 
qui croît à la Guiane, à feuilles ovales, à fruit 
petit, excédant rarement la grosseur d’un œuf de 
poule. Persoon en fait deux espèces distinctes. 

La GRESCENTIE À LARGES FEUILLES, C. cucurbitina, 
qui habite plus particulièrement Haïti et le Brésil , 
élève sa tige droite et branchue à sept mètres; 
elle est recouverte d’une écorce blanchître, lisse, 
qui cache un bois blanc; sa cime est ample et 
étalée, son tronc assez gros ; ses feuilles, alternes, 
sont entières, larges , d’un vert foncé, portées sur 
de courts pétioles. Les fleurs, petites, d’un jaune 
foncé, naissent dans les aisselles des grandes bran- 
ches , et donnent un fruit rond ou ovale, de la 
grosseur d’un citron, un peu mamelonné et à 
écorce très-cassante : on le nomme vulgairement 
Cohyne ; sa pulpe est moins blanche que dans l’es- 
pèce précédente. 


oo, oo 


884 


CRES 


CRES 


oo 


La CRESCENTIE À FEUILLES DE JASMIN, (. jasmi- 
noides, a les fleurs blanches mélées d’un peu de 
rouge, et les fruits, de la consistance d’une poire 
molle , remplis d’une pulpe que l’on a comparée 
à de la casse et pour le goût et pour la couleur. Ils 
sont petits, ovales, d’un vert mêlé de jaune. Ga- 
tesby, qui a trouvé cet arbrisseau, dans la Caroline 
et aux îles de Bahama, nous apprend qu'il s'élève 
au plus à deux mètres, et que son feuillage à beau- 
coup de rapport avec celui du Laurier commun, 
Laurus nobilis. 

Il convient de dire, avant de terminer cet article, 
que les Caraïbes employaient à des cérémonies 
mystérieuses les petits vases préparés avec l’écorce 
du fruit des Crescenties, principalement ceux de 
l'espèce à feuilles longues, qu’ils dépouillaient de 
leur pulpe intérieure en jetant de l’eau bouillante 
dessus. On en trouve encore dans les cabanes, 
remplis de graines de maïz ou de petites pierres 
arrondies, ornés extérieurement de plumes de di- 
verses couleurs , ou lavés de rocou, d’indigo, ou 
bien couverts de figures symboliques d’une exécu- 
tion vraiment étonnante. Ges vases sont d'ordinaire 
placés sur le sol et fixés au moyen d’un petit bâton 
entré dans une ouverture pratiquée à cet effet dans 
le bas. On les’ appelle tamaraka; ils servaient d’in- 
termédiaire entre le chef de l’habitation et le tou- 
pan ou dieu du pays, du moment où le paigi, prêtre 
ou devin , avait soufflé déssus de la fumée de tabac 
et dit quelques mots mystiques. L'on recherche 
aujourd'hui ces vases comme une curiosité, 

(T. ». B.) 

CRESSE, Cressa. (mor. pman.) Famille des 
Convolvulactes, Pentandrie digynie. Caractères : 
calice à cinqdivisions profondes; corolle infundibu- 
liforme un peu plus grande que le calice ; ovaire 
biloculaire à loges dispermes, surmonté de deux 
styles et de deux stigmates capités ; capsule unilo- 
culaire et monosperme (par avortement), à deux 
valves , qui se séparent par la base à la maturité. 

Les plantes de ce genre sont de petites herbes 
couvertes d’un duvet soyeux, à feuilles éparses et 
très-entières, à fleurs axillaires disposées en bou- 
quets serrés aux extrémités des rameaux, et accom- 
pagnées de deux petites bractées. 

Cnesse DE Crète, Cressa cretica, L. C’est la 
seule espèce décrite par Linné; cette plante est 
fort petite; sa tige très-rameuse est couchée et 
étalée par terre ; ses fleurs sont jaunes. On la trouve 
dans toute la région méridionale de l’Europe, depuis 
l'ile de Crète et les îles de l’Archipel jusqu'aux 
côtes de France et d'Espagne, et particulièrement, 
selon Bory de Saint-Vincent, dans le canton de 
l’Andalousie qu’on appelle Marisme, où on la 
brûle avec d’autres plantes dont on veut retirer 
de la soude. Desfontaines l’a retrouvée aux en- 
virons de Tunis. 

Retz (obs. 4, p. 24) en décrit une autre espèce 
très-voisine de la précédente, à corolle un peu 
soyeuse au sommet ct à capsule tétrasperme. C'est 
la Cresse de l'Inde, Cressa indica, qui croît dans 
les lieux maritimes de cette contrée. 


Kunth (Nov. Gen. et Spec, pl. eq., t, 111, 2. 119) 


PR 
——_—_—————————…——— —————…—…—————  ——————————…—…—.…—  ———————— —..— — —__——— ——.——.—.…" "_ —————…—…—…”"— _—… — … ——— 


en fait connaître une autre espèce, la Cressa truxil- 
lensis, qui offre beaucoup de rapports avec celle 
que nous venons de désigner. Elle croît près de 
Truxillo dans le Pérou. —  (G. £.) 
CRESSERELLE. (ors.) Get oïseau, que Brisson 
a décrit sous le nom d’Épervier des alouettes , ap- 
partient au genre Faucon (voy. ce mot); c'est le: 
Falco tinnunculus de Linné. Il se reconnaît à ses 
ailes atteignant les trois quarts de la queue ; à 'sa 
tête et à sa queue qui sont de couleur cendrée , et 
ses parties supérieures rousses , ou d’un blanc très- 
légèrement roussâtre, avec des taches oblongues 
brunes ; le bec est bleuâtre , l'iris jaune ainsi que 
les pieds, et les ongles constamment noirs. Lon- 
gueur, 14 pouces chez le mâle; la femelle est un 
peu plus grande. Les jeunes sujets ont le dessus 
d’un brun rougeâtre , tacheté de noir, et les par- 
ties inférieures blanches, ou d’un blanc roussâtre, 
avec des taches oblongues noires ; iris brun ; cire 
verdâtre : la Cresscrelle peut offrir, suivant les 
circonstances, quelques légères variations. On la 
trouve assez communément par toute l'Europe ; 
elle n’est pas rare en France ; elle fait sa proie de 
souris, mulots, petits oiseaux, grenouilles et in- 
sectes de plusieurs sortes. Sa ponte est de trois ou 
quatre œufs, d’un jaune légèrement teinté de roux, 
et marqué de petites bandes et de taches d’un 
brun rougeâtre. La femelle fait son nid dans les 
crevasses des vieilles murailles, ou dans les vieilles 
tours, quelquefois aussi dans les arbres creux. 
(Gsrv.) 
CRESSERELLETTE. (ois.) Cette espèce , très- 
voisine de la Cresserelle, dont elle diffère par se 
ailes atteignant l'extrémité de la queue, et ses 
ongles de couleur blanche, n’a point été connue 
de Buffon ni des autres naturalistes du dernier 
siècle ; on doit à Natterer de l'avoir distinguée. La 
Cresserellette est longue de 11 pouces seulement 
dans le sexe mâle; elle a les parties supérieures 
d’un roux foncé rougeâtre, le croupion et la queue 


<endré-bleuâtre, et une bande noire sur la queue 


qui est terminée de blanc; bec bleuâtre; cire, 
tour des yeux et iris jaunâtres. La vieille femelle 
et le jeune mâle ressemblent assez pour le plu- 
mage à la Cresserelle femelle. La Cresserellette 
est extrêmement rare en France; on la trouve en 
Italie , en Espagne et dans le midi de l'Allemagne ; 
elle se tient sur les rochers , et se nourrit ordinai- 
rement d'insectes de grosse taille. (GErv.) 

CRESSON. (mor. Puan.) On a étendu ce nom", 
qui est synonyme de Cardamine, à un grand 
nombre de végétaux appartenant à diverses fa- 
milles et à plusieurs genres différens. Ce qui a 
amené cette confusion, c’est que tous ces vé- 
gétaux ont, comme la Cardamine, une saveur 
piquante et agréable , et qu’on s’en sert pour faire 
de la salade. Voici les principales espèces nom- 
mées vulgairement Cresson : 

Cnesson ALENOIS ou NAsITORT , C’est le Lepidium 
sativum de Linné, ou le Thlaspi sativum de Des- 
fontaines. : #9 

Cressox pu Brésiz, c’est le Spilanthus olera- 
ceus , L. 

CREsson 


20000902 A D D DIRE 


CRÊT 


389 


CRÉT 


oo 


Cresson DE cmiEN, le Veronica beccabunga, L. 

Cresson D’Eau , le Sisymbrium nasturtium , L., 
ou Vasturtium officinale de De Candolle. 

Cresson p’Inre, la Capucine ordinaire, Tro- 
pæolum majus, L., que les anciens botanistes ap- 
pelaient Vasturtium indicum. 

Cresson pe L'ILene France, c’est le Spilanthus 
alcmella , L. 


Cresson DE FONTAINE, le Vasturtium officinale, 
c’est celui dont on fait une grande consommation 
comme aliment et comme médicament anliscor- 
butique. Il est naturalisé à l’île de France. 

Cnresson DE JARDIN, le Z’hlaspt sativum , Desf. 
“ Cresson pu para, C'est le Spilanthus olera- 
cea, L. 
 Cresson ou Pérou, le T'ropæolum majus. 

* Cressox Des prés, c’est le nom vulgaire de la 
Cardamine des prés. 

Cresson DE RIVIÈRE , le Vasturtium sylvestre , de 

De Candolle. 

CnessoN DE ROGHE , la Saxifrage dorée. 

CrEssoN DES RUINES OU DES DÉCOMBRES , le Lepi- 
dium ruderale, 


Cresson sauvAGE, le Coronopus ruellii, De 


Candolle. 


CressoN DE sAVANE. On a donné ce nom à plu- 
sieurs plantes qui croissent dans les savanes ; 
tels sont le Lepidium didymum , une espèce du 
genre Peclis, etc. 

CRESSON DE TERRE, C'est l’un des noms vul- 
gaires de l'herbe de Sainte-Barbe , Barbarea of- 
ficinalis. (Guér.) 
 CRÉTACÉ. (cfor.) Cette dénomination est 
employée en géologie pour désigner un terrain 

i comprend les différentes formations de la 
Dos (v. ce mot). C’est précisément le terrain 
Crétacé qui se divise en plusieurs étages compre- 
nant, outre les diverses variétés de craie, les 
marnes , les argiles, les sables et les autres cal- 
caires que l’on doit comprendre dans ce terrain. 
C’est dans la partie inférieure du terrain Crétacé 
que se trouvent les sources d’eau ascendantes qui 
alimentent les puits forés ou artésiens (v. Purrs). 
Les montagnes formées par ce terrain sont tou- 
jours arrondies , mais terminées par des plateaux 
plus ou moins vastes ; jamais elles ne sont fort 
élevées; jamais leurs flancs ne sont escarpés, 
mais ils sont souvent rapides. Les vallées y sont 
assez profondes, mais moins larges que dans les 
terrains tertiaires. Assez généralement elles se 
coupent sous des angles voisins de l’angle droit. 
Quelquefois on y remarque de grands bassins ou- 
werts d’un seul côté. (J. H.) 

CRÈTE. (céocr. Puys.) Nom ancien de l’île qui 
porte aujourd’hui le nom de Gant : elle est si- 
tuée dans la Méditerranée à l'entrée de l’Archipel. 
Elle appartient aujourd hui aux Turcs, qui l’enle- 
vèrent aux Vénitiens après une guerre de vingt-deux 
ans. (V’oy. l'article Canprs. (G. J.) 

CRÈTE DES MONTAGNES. (c£ocr. Pays.) On 


Î 


. donne le nom de Crête à la partie la plus élevée 


fu sommet d’une montagne, La Crête d’une mon- 


Toug Il. 


tagne est en général très-marquée dans les mon 
tagnes à couches inclinées. (CG. J.) ! 

CRÈTE , Crista. (o1s.) On donne ordinairement 
ce nom aux caroncules charnues, souvent colo- 
rées en rouge très-vif, qui décorent la tête des 
mâles du genre Goq. La Crête manque dans quel- 
ques variétés, et est remplacée par une huppe de 
plumes. Chez beaucoup de poules on voit une 
Crête, mais elle est toujours plus petite que chez 
les coqs. On a étendu ce nom à d’autres appendi- 
ces des animaux ou des végétaux qui, par leur 
forme , rappellent la figure d’une Crête de coq or- 
dinaire. Ainsi on nomme CRÈTE D£ coQ, l’huitre 
que Linné a appelée Ostrea crista-galli. On ap- 
pelle encore ainsi le Celosia cristata et les Rinan- 
thes , d’où leur est venu le nom de Cocrètes ou 
Cocristes. a 

CRÈTE DE pAON. Dans nos colonies on donne ce 
nom vulgaire aux Guilandina bonducella et pani : 
culata, au Cæsalpinia sapan, àV Adenanthera pa- 
vonina, etc., dont les fleurs produisent des éta- 
mines prolongées hors de la corolle, ce qui leur 
donne une certaine ressemblance avec l’aigrette 
de la tête des Paons. (Guér.) : 

CRÉTIN. (mam. ) Dans cette partie des Alpes 
qu’on appelle le Valais, dans la Maurienne, la 
vallée d'Aoste et aussi dans quelques vallées pro- 
fondes environnées de hautes montagnes de la 
Suisse, de l’Ecosse, de l’Auvergne, des Pyrénées 
et du Tyrol, on rencontre certains individus idiots 
ou imbéciles, remarquables surtout par quelques 
difformités des parties extérieures ; on leur a donné 
le nom de Crétins. Ce nom est, dit-on, une cor- 
ruption du mot chrétien, parce que, dans leur état 
d’idiotisme, ces individus ne sauraient commettre 
de péché. Cette bizarre étymologie nous paraît 
au moins contestable. Les Crétins sont en géné- 
ral paresseux, apathiques, gourmands ct lascifs ; 
leur aspect a quelque chose de repoussant; ils vi- 
vent dans la saleté ; il y en a d’aveugles , de sourds 
et muets ; ils portent presque tous des goîtres vo- 
lumineux, leurs chairs sont molles et flasques, 
leur peau flétrie et ridée, jaune, pâle, cadavé- 
reuse, couverte de crasse, d’une couche terreuse, 
de gale , de dartres ; leurs paupières sont gonflées, 
leurs yeux rouges et chassieux, saillans et écar- 
tés ; leur bouche béante laisse découler la salive, 
leur langue épaisse est pendante, leur figure apla- 
tie, violacée, bouffie, leur mâchoire inférieure 
allongée , leur front assez souvent déjeté en ar- 
rière ; leur taille s'élève rarement au-delà de qua- 
tre pieds et quelques pouces. Leur existence ne 
s’étend jamais guère à plus d’une trentaine d’an- 
nées. 

Il est encore assez difficile d’indiquer la véritable 
cause du crétinisme ; on l’a d’abord attribué à 
l’usage des eaux de sources, crues et plâtreuses 
(nous ne serions pas loin de penser que le nom 
de cette affection soit plutôt emprunté du mot 
creta, craie, parce que ces-eaux renferment beau- 
coup de matières crayeuses). Mais on a remarqué 
que les habitans des montagnes élevées qui bor- 
dent ces eaux à leurs sources et avant qu’elles 


129° Livraison. 49 


nn 


CREV 


386 


CREV 


pr. 


se soient améliorées en s’aérant dans leur cours 
rapide, ne sont cependant point sujets à cette af- 
freuse infirmité. On lui a plus raisonnablement 
donné pour cause l'air épais, stagnant, corrompu, 
qu'on respire habituellement dans certaines val- 
lées, surtout lorsqu'elles sont exposées aux rayons 
du soleil; mais, il faut bien le dire , ces circon- 
stances atmosphériques existent dans certaines 
localités où l’on ne rencontre pas de Crétins. La 
misère, la débauche, la mauvaise qualité des ali- 
mens doivent entrer pour beaucoup dans la pro- 
duction et le développement de cette maladie. On 
a du reste observé que les Crélins étaient moins 
nombreux depuis qu'un peu d’aisance et d’ins- 
truction améliorait le sort des misérables habitans 
des contrées où l’on en rencontre habituellement, 
Il est difficile de penser que cette affection dépend 
d’un vice congénial, puisqu'elle se développe chez 
des individus qui viennent accidentellement ha- 
biter les lieux où elle est endémique, et qu'elle 
s'améliore ou disparaît lorsque les indigènes qui 
semblent y être disposés vont habiter les monta- 
gnes élevées. Il serait à désirer que par des autop- 
sies multipliées on examinât avec plus d'attention 
l'état des organes des malheureux qui succombent 
à cette maladie, et qu’on trouvât dans ces obser- 
vations quelques moyens de la prévenir, d’en ar- 
rêter la marche, ou de rendre à une.existence plus 
utile les êtres dégradés qu'elle condamne à un 
éternel abrutissement. (P. G.) 

. CREUSIE. (mozz.) Genre formé par Leach aux 
dépens des Balanes, parce que l’opercule n’a que 
deux pièces au dieu de quatre. Une seule espèce , 
la Creuste ÉPINEUSE , Creusia spinulosa, a été in- 
diquée par l'auteur et rapportée par M. ‘de Blain- 
ville à la Balane des Madrépores de Bosc. 

Œ.F.) 

© CREVETTE, Gammarus. ( crusr. ) Genre éta- 
bli par Fabricius , et correspondant à l’ordre des 
Amphipodes de Latreille. Ce genre, depuis sa 
fondation, a subi un grand nombre de chaage- 
mens, et a été beaucoup subdivisé. Aujourd'hui, 
dans les méthodes de Leach et de Latreille, il ne 
comprend plus que les espèces qui offrent pour 
caractères : quatre antennes, dont les deux supé- 
rieures aussi longues ou plus longues que les deux 
autres , et dont le pédoncule est de trois articles, 
avec une petite soie articulée au bout du troisième ; 
les quatre pieds antérieurs semblables dans les 
deux sexes et terminés parun seul doigt. Les Gre- 
vettes, proprement dites, ont les antennes insé- 
rées au devant de la tête entre les yeux, de mé- 
diocre grandeur , composées de trois articles prin- 
cipaux et d’un quatrième, sétacé, mulli- articulé 
et terminal; les supérieures ayant à l'extrémité 
intérieure de leur troisième article un petit appen- 
dice sétacé; mulii-articulé. Les pieds sont aunom- 
bre de quatorze; les quatre antérieurs étantterminés 
par une main large, comprimée, pourvue d’un fort 
crochet, susceptible de mouvement, et qui corres- 


pond au doigt mobile des pinces des autres crus- 


tacés; les pieds qui suivent finissent insensible- 


ment en un doigt simple et légèrement courbé dans | 


quelques ens. L’abdomen est pourvu de longs filets 
bifides, très-mobiles, de chaque côté du dessous 
de la queue, qui est terminée par trois paires d’ap- 
pendices allongés, bifurqués, ciliés, étendus à 
peu près dans la direction du corps quiest oblong, 
très-comprimé, arqué, divisé en treize articula- 
tions, y compris la tête; les premiers anneaux 
présentent une pièce latérale mobile, articulée 
avec eux et recouyrant la base des pattes ; ces 
pièces singulières semblent correspondre aux 
flancs des insectes et des autres crustacés. Les 
Creveltes sont très-communes dans les eaux dou- 
ces courantes et dans la mer. L'espèce que l'on 
peut considérer comme type du genre est la CRE- 
VETTE DES RUISSEAUX, Gammarus pulex, Fab. , 
représentée dans notre Atlas, planche 130, qui 
abonde dans les fontaines, les bassins des sources, 
les filets d’eau des cressonnières, Ce crustacé nage 
toujours au fond , couché sur le côté, et son 
principal moyen de progression consisle dans Ja 
détente rapide et souvent renouvelée des appen- 
dices de. la queue; il est carnassier et paraît vi- 
vre de la chair des poissons morts, et même de 
celle des individas de sa propre espèce. On le 
trouve souvent accouplé , le mâle emportant la fe- 
melle, beaucoup plus petite que lui, entre ses 
jambes. Cette femelle garde ses œufs jusqu’au 
moment où ils éclosent, et les petits qui en sortent 
se mettent pendant quelque temps à l’abri sous 
son ventre el sous les lames latérales -de son corps. 
Degéer a remarqué qu'ils changeaient de peau à 
la manière des écrevisses. Cette espèce est très- 
commune aux environs de Paris. 

Plusieurs espèces sont marines, la plus com- 
mune et la moins connue est la CREVETTE LOGUSTE , 
Gammarus locusta, Leach. Cette espèce, qui a 
été confondue avec le Gammarus pulex de Limné, 
est assez rare en France, mais on la trouve plus 
communément sur les côtes d'Angleterre. Les 
espèces composant le genre Gammarus étaient 
peu connues des anciens, et se réduisaient à un 
très-petit nombre ; mais depuis ce nombre s’est 
augmenté et les espèces ont subi degrands change- 
mens. Dans un mémoire ayant pour titre Recher- 
ches pour servir à l’histoire naturelle des crustacés 
amphipodes, M. Edwards a porté principalement 
ses recherches sur la structure extérieure de ces 
crustacés et sur la classification de ces animaux. 
Du temps de Linné, presque tous les Amphipo- 
des étaient complétement inconnus des natura- 


listes , et dans le premier ouvrage de Fabricius , 


il n’est-question que de trois espèces. Aujourd’hui 
même on n’aétudié l’organisation que d’un très- 
petit nombre de ces animaux; pour faciliter la 
détermination deces crustacés, l’auteur a exposé, 
dans des tableaux synoptiques , les principales dif 
férences qu’on rencontre dans les divers genres et 
espèces. Dans ce travail, ces crustacés sont divisés 
en deux familles naturelles qui sont les Creveiti- 
nes et les Hypérines. La première famille, ou les 
Crevettines peut se distinguer de celte manière : 
pattes-mâchoires, recouvrant toute la bouche, et 
formant une espèce de lèvre inférieure impaire, 


d PL.129 


7. Crevette 5; 3% Criquet 4.Crotale. 


£' Cuerin dr 


CREV 


887 


CRIM Ë 


terminée par quatre grandes lames cornées, et 
deux longues tiges palpiformes ; corps grêle et al- 
longé; tête petite. La seconde famille se distingue 
de la première par les caractères suivans : pattes- 
mâchoires ne recouvrant que la base des appen- 
dices précédens, et formant une espèce de lèvre 
inférieure impaire , terminée par trois lames cor- 
nées et dépourvues de tiges palpiformes, ou n’en 
ayant que des vestiges. Corps en général gros et 
bombé; iête généralement forte. 

La première famille renferme deux tribus, qui 
sont les Sauteuses et les Marcheuses : chacune de 
ces tribus comprend un certain nombre de genres, 
dont les principaux sont désignés à l’article Cre- 
VETTINES (voy. ce mot). La seconde famille, ou 
les Hypérines, se compose d’un assez grand nom- 
bre de genres dont les principaux sont les genres 
Vans, Hypérie, Daima, Dacryrocire, Prro- 
NiME et Trrurs. (EH, L.) 

CREVETTES ou CHEVRETTES , ! SALICO- 
QUES, BOUQUETS, (crusr.) On désigne vulgai- 
rement sous ces noms des crustacés de genres 
diflérens qui se mangent sur nos tubles, et que 
l’on voit continuellement chez Chevet et chez les 
autres marchands de comestibles de Paris, Ceux 
qu'on nomme le plus souvent Chevrettes appar- 
tiennent au genre PALÉMON (voy. cemot) (Palæmon 
squilla, Linn.). Nous en avons représenté un in- 
dividu dans notre Atlas, pl 129, fig. 1. Les au- 
tres sont des GrANGons. Foy. ce mot. (Gu£r.) 

CREVETTINES, Gammarinæ. (crusr.) Fa- 
mille établie par Latreille, dans son Gener. 
Crust. et Insect., tome 1, page 57, et rangée 
depuis par ce même auteur, Règn. anim. de Cu- 
vier , dans l’ordre des Amphipodes et dans la sec- 

tion des Gystibranches, qui appartient à l’ordre 
des Isopodes. Les crustacés qui composent cette 
famille ne sont jamais parasites; ils mènent tous une 
vie errante, et sont en général remarquables par 
leur agilité, Leurs antennes, toujours au nombre 
de quatre, sont srêles , ordinairement très-allon- 
gées et dirigées en avant. Chez la plupart d’entre 
eux, les pattes thoraciques des deux premières 
paires servent principalement à la préhension , et 
présentent des modifications en rapport avec 
leur usage ; les pattes suivantes, au contraire, sont 
ambulatoires, et se terminent par une longue tige 
cylindrique dont les mouvemens s’exécutent sui- 
vant le sens longitudinal, c’est-à-dire d'avant en 
arrière. Les Crevettines , d’après les Recherches 
pour servir à l’histoire naturelle des Crustacés am- 
phipodes par Milne Edwards, ont été partagées 
par cel auteur en, deux tribus naturelles, qui sont 
les Sauteurs et les Marcheurs. La première tribu , 
ou les Sautcurs, est caractérisée ainsi : corps très- 
comprimé; pattes thoraciques des quatre premiè- 
res paires encaissées à leur base ; extrémité posté- 
rieure du corps constituant un organe de saut. 
Cette tribu renferme six genres, dont les princi- 
paux sont: les Tarrrres, les Oncnesrigs, les Au- 
PHTOËS et les Creverres. La seconde tribu, ou 
les Marcheurs, se distin gue de la première par un 
corps peu comprimé, par les pattes thoraciques 


des quatre premières paires qui ne sont point 
encaissées , et par l’extrémité postérieure du corps 
ne constituant pas un organe de saut. Cette tribu 
renferme aussi six genres, dont les principaux sont : 
les Arvres, les Ponocines et les Coropnies. 14 
(H, L.) 
CREX , Crez. (ors.) Bechstein a donné ce nom 
à un petit genre, qu'il a établi dans la famille 
des Râles, pour y placer le Rae’ pes ceNÊTs, où 
Ror pes carzres, fRallus crex, Latham, Vieillot, 
Guvier et Temminck ne l'ont point adopté, Foy. 
l’article Rare de ce Dictionnaire. (GErv.)} 
CRIBRAIRE, Cribraria, (or. crYPpr.) Lyco- 
perdacées. Genre fondé par Schrader, et caracté- 
risé par un péridium membraneux presque globu- 
leux, stipité, rempli de sporules agglomérées ; et 
qui se détruit dans sa moitié supérieure de ma- 
nière à ne plus présenter qu’un réseau délicat et 
filamenteux. ; 
Les espèces de ce genre, très-petites et très- 
élégantes, croissent en groupe souvent assez nom- 
breux sur les bois morts ou sur les feuilles sèches. 


(F2) 
CRICET, Cricetus. (mAm.) Synonyme de Haws- 
TER. Woy. ce mot. (Genv.) « : 


CRIGRI. (o1s.) Les paÿsans donnent ce nom à 
une espèce de Bruant connu des naturalistes sous 
le nom de Proyer. É 

CRI-CRI. (1s.) Nom vulgaire du Grillon des 
champs et du Grillon domestique. (Gu£r.) + 

CRIMÉE. (c£ocr. rnys.) Cette péninsule, qui 
termine l’Europe au sud dans la mer Noire, est 
l’ancienne Chersonèse T'aurique. Le 32° degré de 
longitude la traverse presque dans sa partie cen- 
trale, et elle est située entre le 46° et le 44° de- 
gré 28 minutes de latitude septentrionale. Sa lon- 
gueur de l’est à l’ouest est de 73 lieues , sa lar- 
geur du nord au sud de 45, et sa superficie 
d'environ 1250 lieues. Elle tient au continent 
par l'isthme de Pérékop, qui, dans sa partie la plus 
étroite, a tout au plus une lieue et demie de largeur. 
À l’est de cet isthme s’étend la mer d’Azof, dont 
l'extrémité la plus occidentale comprise entre la 
presqu'île et la terre ferme a recu le nom de Ghi- 
loe-more ou de mer Patride. Cette sorte de golfe 
recoit les eaux de la mer d’Azof par une étroite 
ouverture lorsque le vent souffle de l’est; mais, 
dans le cas contraire, ce n’est plus qu’un marais 
fangeux, dont les exhalaisons se répandent au 
loin. 

La Crimée-se divise en deux parties bien dis- 
tinctes : au nord du Salghir, qui est sa principale 
rivière, et dont les eaux poissonneüses ont um 
cours d'environ 4o lieues, s’étend une vaste 
plaine, couverte de sable dans sa partie occiden- 
tale, imprégnée de sel, et remplie de marais au 
nord jusqu’à l'isthme de Pérékop, mais offrant 
de fertiles alluvions vers le sud. Toute cette moi- 
tié septentrionale de la péninsule appartient au sol 
tertiaire. Un spectacle bien différent se présente 
dans la partie méridionale : ce sont des montagnes 
qui , par leur isolement de toutes les autres mon- 
tagnes de l’Europe, forment un groupe partiçu- 


&- L CRIM 


0 


388 


CRIN 


mm mo 


lier auquel on a donné le nom de Système tauri- 
que. Elles se divisent en deux chaînes, dont la 
plus rapprochée de la mer est la plus élevée, La 
plus remarquable est le Tchatyrdagh, dont Jes 
différens sommets ont, suivant MM. Engelhart et 
Parrot , 1471, 1497, 1854 et 1540 mètres de hau- 
teur. Gette montagne ressemble à un mur long 
de près d’une lieue; son nom signifie en turc 
Montagne de la tente : les anciens l’appelaient 
Trapezus. Toute la partie montagneuse de la Cri- 
mée appartient au sol secondaire : sa principale 
roche est le schiste argileux, accompagné de 
trapp, de grunstein ou diorite, de grès, de cal- 
caire. Les plus hautes cimes sont formées de ces 
dernières roches, et les plus basses de trapp et de 
schisie. Près de la côte elles sont généralement 
calcaires et remplies de corps organisés. On ne 


trouve dans ces montagnes aucune trace de vol-, 


cans; mais On y a signalé cependant quelques 
épanchemens de TRAGHYTE (voy. ce mot), roche 
d'origine ignée. 

La Crimée serait un pays fortuné , un jardin de 
délices, si l’industrie secondait la végétation. La 
pature semble lui avoir prodigué tous ses trésors ; 
ses vallées fertiles produisent toute espèce de 
fruits et de plantes. Au printemps les primevères 
et les safrans mêlent leurs parfums à ceux des 
orangers et des citronniers; les plus riches mois- 
sons de froment, les fraisiers, le sésame, em- 
bellissent les campagnes. Les vignes domes- 
tiques et sauvages s'élèvent à l’envi sur les 
arbres, retombent par festons et se réunissent 
avec la viorne fleurie en guirlandes et en berceaux; 
les grenadiers et les cyprès forment, sans le se- 
cours de l’art, d’admirables bosquets. Mais la na- 
ture ne borne pas là ses merveilles ! Aimez-vous la 
variété, les contrastes, admirez ces belles hor- 
reurs, ces montagnes tapissées d’arbousiers et or- 
nées sur leurs flancs de lauriers verdoyans, de 
chênes qui portent la noix de galle; ces cimes 
couronnées de genêvriers, de sapins et de tous 
arbres verts qui résistent au froid; ces rochers im- 
menses tombés en ruines, etces cascades naturelles. 

La Crimée nourrit les mêmes animaux que 
l'Europe ; les chèvres el les moutons bondisssent 
au milieu des rochers: les chevaux, les bœufs, 
les bufiles, les chameaux paissent dans ses fertiles 
campagnes; parmi les animaux sauvages on re- 
marque des loups, des chevreuils, des cerfs , des 
lièvres gris, des renards et des blaireaux. 

Toutest animé dans cette contrée , tout y retra- 
cerait l’âge d’or; mais malheureusement le bonheur 
ne se trouve pas sur la terre; le climat offre des 
variétés selon l'influence des abris; vers le nord- 
ouest, le froid et l'humidité en hiver, la chaleur 
insupportable en été, occasionent des maladies 
fiévreases et déciment souvent la population; ce- 
pendant, grâce au ciel, ces fléaux n'étendent pas 
partout leurs ravages ; la partie du sud-est , à l'abri 
des montagnes, respire l'air le plus salutaire, et 
jouit d’une heureuse température. (J. H.) 

CRIN, CRINIÈRE. (max) On appelle Crin le 
poil rude et long qu’on remarque à la queue et au 


cou du cheval et de quelques autres animaux; et 
Crinière, l'assemblage de ces Crins qui couvrent 
la partie supérieure de l’encolure du cheval, ou 
qui entourent la tête du Lion. La Crinière présente 
souvent des nuances différentes du reste du pe- 
lage. (Voyez Porx..) (P. G.) : 
CRINODENDRE, Crinodendron. (B0T. pman.) 
Grand arbre du Ghili, décrit par Molina, dans son 
Histoire naturelle de cette contrée; son tronc a 
jusqu'à deux mètres et demi de diamètre. Ses 
feuilles sont persistantes, opposées, lancéolées et 
dentées en scie. Ses fleurs , solitaires et axillaires ; 
exhalent l'odeur du lis. Cet arbre porte dans le pays 
le nom de Patagua. ; 
Il n’est pas facile d’assigner la place du Crino- 
dendre dans les familles naturelles. Il appartient à 
la Monadelphie décandrie de Linné. Voici la des- 
cription de ses fleurs : point de corolle; calice pé- 
taloïde, présentant six sépales contigus latérale- 
ment; dix étamines, monadelphes par la moitié 
inférieure de leurs filets ; un style simple, subulé, 
un peu plus long que les étamines ; ovaire supère, 
devenant une capsule trigone, à une loge; elle 
s'ouvre avec élasticité par son sommet, et con- 
tient trois graines de la grosseur d’un pois. 
Voyez, pour plus de détails, l'Histoire naturelle 
du Chili de Molina, pag. 179, et la 5° dissertation 
de Cavanilles, p. 300, t. 158, fig. 1. (L.) 
CRINOIDES , Crinoidea. (zoopu. écrin.) Mul- 
ler a établi sous ce nom une famille renfermant les 
Encrines de Lamarck. V7. Excrine. (Guér.) 
CRINOLE, Crinum. (mor. Pxan.) Ainsi que 
leur nom l’exprime , examiné dans son étymologie 
grecque, c’est-à-dire dans le verbe Krinô em- 
ployé par Théophraste, toutes les plantes qui 
composent ce genre méritent de figurer dans les 
jardins d'ornement pour la stature élevée, la gran- 
deur et l’attrayant aspect de toutes leurs parties ; 
l'élégance et la beauté de leurs fleurs offrent de 
fort jolis modèles à la peinture et à l’iconographie, 
leurs parfums embaument l’atmosphère et corri- 
gent dans les serres ce que la tannée a de repous- 
sant. Les Crinoles font partie de la nouvelle fa- 
mille dite des Amaryllidées, et de l'Hexandrie 
monogynic; elles ont subi de nombreux déplace- 
mens selon la funeste manie de tout changer qui, 
de nos jours, désole la botanique ; quelques unes (1) 
sont devenues types de nouveaux genres (v. aux 
mots AGaPpanTHE, CYRTANTHE et HÆMANTRHE) ; 
d’autres avaient été confondues avec les Amaryllis, 
dont elles diffèrent cependant par leur ovaire su- 
père, et doivent être rendues au genre Crinum , 
lequel, malgré ces vicissitudes, contient encore 
aujourd'hui une trentaine d’espèces. Ge sont des 
plantes indigènes à l’Inde, au cap de Bonne- 
Espérance et à l'Amérique du sud, munies d’un 
bulbe plus ou moins gros, de feuilles amples et 


RÉ 


(x) Le Crinum afrienm de Linné passe dans les Hémérocalli- 
dées de Robert Brown, pour y former le genre 4gapanthus de 
L’Héritier ; les Crinum angustifolium et obliquum de Linné 
constituent le genre Cyrtanthus d'Aiton ; les Crinum tenellure 
et spirale de Kerr font partie du genre Hæmanthus de Linné. 


CRIN 


389 


CRIN 


1 


‘d'un beau vert, d’une hampe droite, haute, ter- 
minée en son sommet par de grandes fleurs d’un 
blanc éclatant, disposées en ombelle simple, di- 
sons mieux, en sertule pompeuse; leur calice forme 
un long tube à sa partie inférieure, et est soudé 
avec l'ovaire qui est infère. Avant leur épanouis- 
sement , les fleurs sont enveloppées dans une spa- 
the de plusieurs folioles; mais, ce moment arrivé, 
le limbe s’élargit et s'étale au dessus du tube en six 
découpures régulières , le plus souvent réfléchies, 
æt laisse voir six étamines à filets colorés , distincts, 
insérés à l’orifice du tube, et un style simple, ter- 
miné par un stigmate obtus. Le fruit qui succède 
à cet appareil plein de charme, est une capsule à 
irois loges polyspermes, dont les graines gros- 
ses, arrondies, bulbiformes, avortent en grande 
partie. 

Dans le nombre des espèces du beau genre Cri- 

nole, j'en citerai seulement cinq, comme les plus 
remarquables sous tous les rapports. 
: L'espèce la plus anciennement connue est la 
Cnioze D’Aste , C. asiaticum , que l’on trouve én 
abondance dans l'Inde et particulièrement sur les 
sables maritimes des îles Moluques , où , selon les 
observations de Rumph, son bulbe est employé 
comme émélique très-actif et pour la guérison des 
blessures faites avec des armes empoisonnées , ce 
qui décida le célèbre auteur de l’Aerbarium am- 
boinense à le nommer Radix toxicaria. Ce bulbe à 
la forme de la base d’un poireau, et produit un 
grand nombre de feuilles demi-étalées, longues 
d'un mètre à un mètre et demi, sur seize centi- 
mètres de large, du milieu desquelles s’élève une 
ou plusieurs hampes qui se couronnent d’une ser- 
tule hémisphérique de douze et quelquefois de 
vingt fleurs très-blanches, que rehaussent les filets 
empourprés des étamines, le jaune doré des an- 
thères , et l’odeur suave que les fleurs exhalent en 
août. —On regarde comme une variété de cette 
belle espèce , la CRINOLE A FEUILLES EN COURROIE , 
C. lorifolium, que l’on cultive en Chine, à Cal- 
cutta, et que l’on trouve spontanée sur la côte 
orientale du Bengale, dans le Pégu et le Coro- 
mandel; ses longues feuilles effilées et flexibles 
s'étendent à deux mètres et plus ; elles sont domi- 
nées par une hampe solitaire, dont l’ombelle pé- 
donculée est formée d’une vingtaine de fleurs 
très-ouvertes, d’un blanc pur, et odoriférantes. 

Aux îles O-taïti, où les femmes sont si belles , le 
langage si doux et si harmonieux, on trouve une 
Crinole très-remarquable , le Crinum taitense, que 


nous avons vue pour la première fois en fleurs à Pa- 


ris en 1812 durant les mois de juillet et d’août. Elles 


répandent une odeur enivrante, laissent retomber 


sur leurs pétales d’un blanc de neige les longs fi- 
damens roses de leurs étamines, et sont réunies, 
au nombre de plus de trente, en sertule demi- 
sphérique, au sommet d’une forte hampe d’un 
mètre de haut, comprimée et à deux tranchans 
aigus. 

Sous Je ciel embrasé du tropique du deuxième 
hémisphère, parmi les espèces de Crinoles que 
l'on y rencontre, trois demandent à trouver place 


ici. Ce sont 1° la CriNoze D'AMÉRIQUE, C. ameri- 
canum, superbe espèce que l’on cultive depuis 
long-temps et qui est toujours fort recherchée, 
D'une souche rhizome blanchâtre s'élève presque 
latéralement une hampe d’un mètre environ ce 
haut, couverte par les gaines des anciennes feuii- 
les, et entourée à son pied d’une touffe de feuilles 
lancéolées , la plupart redressées, plus longues que 
la hampe. Des fleurs longuement tubulées, blan- 
ches , avec étamines de même couleur dans le bas, 
rougeâtres dans le haut, s’épanouissent en juin, 
juillet et août, au nombre de dix à vingt. Les an- 
thères sont vacillantes, et lors de l’émission de 
leur poussière fécondante, elles couvrent d’un jaune 
d’or les pétales étroits et réfléchis du limbe. — 
2° La Cnrinoze DE Commezin, C. Commelini; on 
estime que cette espèce est celle que le botaniste 
découvrit et fit le premier connaître , sans indiquer 
la localité particulière du sol américain qu’elle 
habite de préférence. Son bulbe est ovale, souvent 
stolonifère , de la grosseur d’une noix garnie de 
son brou, presque entièrement caché dans la terre; 
il donne naissance à un faisceau de six à huit 
feuilles semiinéaires, longues et d’un vert foncé; 
à côté des feuilles sort une hampe purpurine, 
droite, de trente-deux centimètres au plus, qui se 
charge de trois à quatre fleurs blanches, épa- 
nouies en été et munies d’élamines à longs filets 
rosés. Gette espèce distincte a plus d’une fois été 
regardée comme une simple variété : c’est le Cré- 
num americanum , B. de Linné et de L’Héritier, et 
nonle Belutta pola-taly de Rhecde, comme le pré- 
tendent quelques botanisties, ni lÆmaryllis bul- 
bisperma de Burmann; ni l’une ni l’autre de ces 
deux plantes n'appartient au genre Crinole. — 
3° La CRINOLE ROUGEATRE, OC. erubescens, a le 
bulbe fort gros, blanchâtre, muni de fortes et 
nombreuses racines: il en sort une masse de 
feuilles, qui sont lancéolées, cartilagineuses, un 
peu crénelées sur les bords, d’un vert foncé en 
dessous, blanchâtre en dessus, marquées de ner- 
vures longitudinales; les extérieures fortement 
teintées d’un pourpre obscur. De l’aisselle de l’une 
des feuilles supérieuresnaît une hampe assez grosse, 
presque ligneuse, d’un joli pourpre , terminée par 
une spathe de quatre à sept fleurs blanches , très- 
longues, légèrement lavées de rose, répandant 
une odeur agréable mais faible, et présentant sur 
leurs bords extérieurs une ligne d’un pourpre san- 
guin. Les étamines sont longues , en forme d’alêne 
et d’un beau rouge. L’ovaire fait corps avec le 
limbe, qui, après la floraison, se dessèche et se dé- 
tache ; alors l'ovaire grossit et se montre teinté 
d'un rouge pourpre. On multiplie cette char- 
mante espèce par les caïeux, dont elle est assez 
avare. 

Un phénomène particulier au genre Crinole, 
que l’on retrouve chez quelques Amaryllis, et qui 
se fait surtout remarquer sur les Crinum asiaticum, 
erubescens, et taitense, c’est de présenter presque 
constamment dans leurs capsules des graines mé- 
tamorphosées en une sorte de bulbilles arrondies, 
charnues, blanchâtres, acquérant une grosseur 


EMQ 


plus ou. moins voisine de wie d’une noisette or- 
dinaire , et même d’une aveline, semblables à ces 
masses solides qui se montrent parfois à la place 
des fleurs de plusieurs lis. On avait cru jusqu'ici 
devoir les assimiler à des bulbes; mais ce sont des 
graines qui acquièrent un volume extraordinaire 
et se comportent de la même manière que les 
Gemues (v. ce mot). Elles conservent sur un des 
côtés une dépression qui dénonce leur point d’at- 
tache; l'intérieur est blanc et prend une teinte 
verdâtre à la circonférence. (T. ». B.) 
CRIQUET, Acridium. (xns.) Genre d'Ortho- 
ptères de la famille des Sauteurs , établi par Geof- 
roy, auquel on peut assigner lesicaräctènes mi. 
vans : tête ovoide, antennes d'environ vingt- -cinq 
articles, trois ocelles, bouche décphe labre 
échancré , mandibules très- dentées, languette 
bifide, ailes en: toit incliné, trois! articles aux 
iarses, abdomen comprimé sur les côtes, pas de 
tarière dans les femelles. Ce genre’ offre des in- 
sectes de presque toutesles tailles, depuis six lignes 
jusqu ’à trois pouces et plus; mais,; quoique pla- 
sieurs varient beaucoup par la forme de leur tête 
ct de leur corselet, on peut reconnaitre facile- 
ment leurs caractères communs : leur tête est 
ovale, emboîtée à sa partie postérieure dans le 
corselet; les yeux sont ovalaires, saillans; entre 
eux et au milieu du haut de la face sont insérées 
les antennes; au dessus de l'insertion de celles-ci 
sont situés deux yeux lisses , le troisième se trouve 
au milieu de la face entre deux carènes plus ou 
moins prononcées qui y existent le plus souvent, 
et à la hauteur du bas des yeux ; les antennes sont 
cylindriques , filiformes ou un peu renflées dans 
le milieu, les articles intermédiaires un peu 
plus longs que les premiers, les derniers attei- 
gnant ‘ ‘ordinairement l'extrémité -du corselet ; le 
labre est large, arrondi, échancré dans son mt. 
lieu, avec les divisions de la languette il forme 
complétement la cavité. buccale dans le repos ; il 
offre en dessous deux fers à cheval concentriques 
garnis de petites dents mousses; les mandibules 
sont munies d’un grand nombre de dents, celles 
des extrémités, aiguës, propres à couper , etcelles 
de la base propres à broyÿer; les mâchoires ont le 
lobe terminal falciforme, terminé par plusieurs 
dents aiguës ; le palpe interne ou galea est.de deux 
articles, sle premier court, cylindrique , le second 
beaucoup plus large, un peu courbé intérieure- 
ment, arrondi à son extrémité; le palpe externe 
est de cinq articles, dont les deux premiers plus 
courts et les trois autres presque égaux entre 
eux; la languette est large, nefriee dans son 
milieu; des “deux côtés de sa base naissent les 
palpes labiaux, de trois articles cylindriques, aug- 
mentant un peu en longueur du premier au der- 
nier. 
.… Le corselel'est formé du prothorax, qui se pro- 
Jonge entre les deux élytres ; en dessous il offre 
une pointe entre les deux premières paires de 
_paites; les deux autres segmens du sternum sont 
plats, larges, de sorte que les 4 pieds postérieurs 


_sont très-écarlés entre eux : on y remarque plu- 


390 


CRIQ 


sieurs :sutures et des enfoncemens dont l'utilité 
n’est pas encore bieñ connue; les élytres n’offrent 
rien de particulier ; les quatre paltes antérieures 
sont assez courtes: le tarse est de trois articles 
mamelonnés en dessous ; le dernier qui porte les 
crochets est plus long à ui seul que les deux au- 
tres , le second est le plus court ; les crochets ont 
entre eux une pelote mére les, pattes 
postérieures sont très-développées ; les cuisses dé- 
passent l’abdomen, sont très-renflées à leur atta- 
che avec le corps, plates, carénées sur la fact 
externe , et sillonnées en travers a deux carènes 
de stries en forme de chevrons; à leur jonction 
avec les tibias, elles sont plus “pt et forment 
comme une-mortaise où se-meuvent ces derniers ; 
ceux-ci sont d’égale gresseur partout, munis en 
dessus de deux rangs d’épines. Les ailes sont très- 
développées et dépassent l'abdomen dans quelques 
espèces , tandis que dans d’autres elles sont quel- 
quefois très-courtes ; l’abdomen est comprimé la- 
téralement et terminé dans les femelles par quatre 
crochets courts, accolés deux à deux, dont les 
supérieurs sont recourbés en dessus et É deux in- 
féricurs en dessous; ils servent à la femelle À in- 
troduire les œufs; celui des mâles offre quatre 
crochets de forme très-variable ; ce sexe est tou- 
jours plus petit que l’autre et quelquefois dans une 
proportion énorme. 

Ce genre, renfermant un très-grand nombre 
d’espèces, a nécessité plusieurs coupes ; on peut 
consulter à cet égard le travail de M. Audinet Ser- 
ville, qui a étudié tous les Orthoptères avec beau- 
coup de soin, et qui porte à neuf les genres, que 
nous réunissons ici pour ne pas nous répéter; ce 
sont les genres : Pæœkilocère, Phymatée, Pétasie, 
Romalée, Monachidie, Criquet, Calliptame , Om- 


-mexèque et Oxya. F 


Les métamorphoses des Criquets sont celles de 
l'ordre des Orthoptères en général, c’est-à-dire 
que , sous les trois états, ils sont agiles et ne dif- 


fèrent que par la présence des ailes où de leurs 


rudimens; les mâles, pour appeler les femelles, 
font entendre un bruit aigu qui est le résultat du 
frottement de leurs fémurs postérieurs contre les 
élytres ; mais ce bruit ne s'opère que parjune 
patte à la fois et jamais par les deux simaltané- 
ment. Olivier à remarqué à la base de l'abdomen 
deux espaces membraneux demi-circulaires , clos 
par une membrane, et qu’il croit propres à modi- 
fier le son; dans l’accouplement , le mâle saisit la 
femelle de ses quatre pattes antérieures et con- 
tourne son corps inférieurement pour pouvoir se 
joindre à elle ; ses pattes postérieures restent en 
l'air et il les agite lentement par un mouvement 
de pendule ; il ne quitte pas la femelle pendant 
tout l’accouplement qui est assez long, et celle-ci 
l'emporte avec elle si elle est obligée de prendre 
son vol; après l’accouplement elle fait. sa ponte, 
quelques espèces en terre, d’autres sur les gramens; 
elles déposent avec leurs œufs un liquide mous- 
seux qui se durcit à l'air, Ces insectes marchent 
mal, mais sautent avec beaucoup de facilité ; sue À 


-vol peut être aussi très-soutenu. 


à 


en 


Er à 


2 RAR 


CRIQ 


391 


CRIQ 


Mais c’est surtout par les dégâts qu'ils font que 
ces insectes ont attiré l'attention des personnes 
étrangères à l'histoire naturelle, et surtout des 
agriculteurs; quoiqu'en général les pays arides, 
comme l'Afrique, la Tartarie et les parties de 
l'Europe qui l'avoisinent soient celles qui sont 
le plus exposées à leurs ravages, les autres parties 
du monde n’en sont pas exemptes; la Provence 
ne les a vus que trop souvent, et une année ils 
pénétrèrent jusqu’en Suède en passant au dessus 
de la mer Baltique ; ce qui prouve que , quoiqu’on 
ait calculé qu'ils faisaient, lorsqu'ils sont réunis 
en troupe, environ dix lieues par jour, leur vol 
pourrait dans certaines circonstances, et surtout 
lorsque le vent les favorise, être beancoup plus 
souienu, Les espèces qui voyagent ainsi ont été 
nommées Sauterelles de passage; mais, quoique 
Linné n’en ait décrit qu’une espèce sous le nom 
de Grillus migratorius, il est sûr que plusieurs 


“espèces possè dent cetle dangereuse faculté. 


De tout temps leurs dégâts ont été signalés, et 
la Bible les compte comme une des plaies dont 
Dieu dans sa colère frappa l'Égypie à la voix de 
Moïse ; laissons de côté le miracle, et nous n’y ver- 
rons qu’un fait d'histoire naturelle qui, malheu- 
reusement, s’y reproduit assez souvent. Quelques 
commentateurs ont cru reconnaître aussi des sau- 
terelles dans les serpens ailés qui attaquèrent les 
Hébreux après le passage de la mer Rouge; mais 
je ne puis partager cette opinion, car l'Écrilure 
parle de piqûres ou de morsures qui sont tout-à- 
fait hors des mœurs des insectes qui nous occu- 
pent; je serais plutôt tenté de croire qu'il s’agit 
de quelque grande espèce de Diptères , voisins des 
Tabanus ou des Asilus, et la grande quantité de 
bestiaux qu'un peuple pasteur conduisait avec lui 
peut.étayer mon opinion, qui, du reste, est assez 
futile, comme toutes les questions pareilles ; exa- 
minons plutôt le tort que ces insectes nous font 
actuellement. Lorsqu'une troupe a pris son vol, 
son arrivée est annoncée par un bruit sourd pro- 
duit par l'agitation de leurs ailes, et semblable à 
celui de plusieurs chariots roulant dans le loin- 
tain ; le ciel se trouve obscurci, car ils forment 
des masses compactes de quelques centaines de 


pieds de large, sur souvent plus d’un quart de 


lieue de long; un courant d'air vif accompagne 
leur passage; malheur au pays sur lequel ils s’a- 
battent , le bruit de leursmâchoires s’entend bien- 
tô4 au loin ,.eten moins de rien plantes et arbres 
sont dépouillés de leur verdure ; quelques animaux, 
les reptiles , les oiseaux en détruisent beaucoup ; 


. le vent et les pluies froides les font généralement 


périr; mais ces insectes sont encore à redouter 
après leur mort, car lorsqu'ils sont frappés su- 
bitement, leurs cadavres amoncelés répandent des 
miasmes tels qu’ils engendrent des maladies épi- 
démiques dans les mêmes pays où ils ont causé la 
famine ; s'ils meurent naturellement, les femelles 
déposent une si grande quantité d'œufs qu'il 

aurait à craindre la naissance de milliards de Cri- 
quets; et ce que je dis n’est pas trop fort, puis- 
qu’une certaine année, où ils ravagèrent les en- 


« 


virons d’Ârles, on ramassa trois mille mesures 
d'œufs. Les autorités locales ne sauraient done 
prendre des mesures trop prompies et trop simul- 
lanées pour s'opposer à ce fléau aussitôt qu'il 
paraît. Le meilleur moyen c’est, avant la ponte, 
d'en faire ramasser le plus possible , et de les brû- 
ler à mesure, ou les enterrer dans de grands fos- 
sés, afin qu'ils engraissent, plus tard, la terre 
qu'ils ont dépouillée; nrais, comme je l'ai dit, il 
faut agir simultanément ; car sans cela on ne fait 
que les chasser d’un canton dans un autre. 

Chez les peuples où ces animaux font des ap- 
paritions , on à essayé de tirer parti de leur nom- 
bre et d’obvier aux dégâts qu'ils font en les man- 
geant eux-mêmes ; à cet effet on les grille , ou bien: 
on les conserve dans la saumure; on-dit même 
qu’à Alep on les porte sur les marchés, et que la 
quantité en est quelquefois telle, quelle fait baisser 
le prix de Ja viande; quelques auteurs qui en onf 
goûté sont pourtant à peu près d'accord que cela 
fat une triste nourriture , outre les inconvéniens 
attachés à toutes les salaisons. 

Le nombre des espèces connues est très-consi- 
dérable ; il y en a de très-belles comme couleur 
et comme singularité de forme, nous allons en citer 
quelques unes : 

GC. cénéraz, 4. dux, Drury , t. 2, pag. 82, pl 
44. Long de quatre pouces, corselet caréné dans 
sa première partie et comme refendu en trois 
transversalement ; tête, corselet , élytres , parties 
inférieures du corps, pattes verdâtres ; ailes lavées 
de bleu, avec le bord inférieur et un grandnombre 
de taches près de la même partie noirs ; le côté 
externe des fémurs postérieurs est chargé de deux 
rangs de points blanes. Se trouve en Amérique. 

G. soupar, 4. miles, Drury, t. », pl. 42, fig. 
2, Long de 15 lignes ; première partie du corselet 
séparée en trois plis distincts, vert myrte foncé 
brillant; deux bandes jaunes partant des deux côtés 
du labre, remontent aux yeux, redescendent jusque 
derrière la tête, et se retrouvent sur le corselet, 
mais interrompues ; les fémurs antérieurs portent 
un anneau, les intermédiaires deux, les postérieurs 
trois, et chaque tibia un , de même couleur; les 
élytres ont l'extrémité un peu enfumée ; les ailes 
sont jaunes, largement bordées de noir, excepté au 
côté postérieur ; dans la partie noire antérieure, se 
trouvent deux taches jaunes accolées; on voit en- 
core quelques taches jaunes sur les anneaux de 
Pabdomen et les parties inférieures du thorax. On 
trouve des individus où la couleur jaune est oran- 
gée foncée; je ne pense pas qu'ils puissent former 
une espèce. 

G. PETITE 116NE, À. lincola, Fab. Long de 
deux pouces ; corselet un peu caréné dans toute 
sa longueur, gris et marbré de taches noires, 
disposées en long sur sa partie postérieure; les 
élytres de même couleur, avec de petites taches 
un peu plus foncées, presque carrées, disséminées; 
les ailes sont légèrement enfumées avec les ner- 
vures foncées de couleur , la base est lavée de bleu 
très-pâle et cette couleur est séparée du reste de 


J'élytre par un nuage enfumé demi-cireulaire; la 


dE CRIS 


392 


CRIS 


partie externe des fémurs est plus blanche que le 
reste. Du midi de la France. s 

C. ÉMIGRANT, À. müigratorius, Linn., repré- 
senté dans notre Atlas, pl. 129, fig. 3. Long de 2 
pouces ; corselet de même hauteur, portant trois 
stries transverses, entièrement jaune, peut-être 
vert dans le vivant; élytres avec un grand nombre 
de taches carrées, enfumées, plus rapprochées 
vers l'extrémité de l’élytre ; les nerzures à cet en- 
droit sont brunes. D’Orient. 

Olivier en a décrit nne espèce sous le même 
nom, qui est brune et plus mouchette de brun ; 
ces trois espèces font également des dégâts, et 
peut-être ont-elles été confondues sous le même 
nom. 

CG. A BANDE NOIRE, À. nigro fasciatum, Lat. Long 
de 15 lignes; corselet caréné, vert, avec quatre 
petites taches blanches disposées en croix de 
Saint-André sur le corselct ; élytres avec deux ta- 
.ches principales laissant entre elles un espace 
blanc ; et d’autres disposées de même , moins in- 
tenses; ailes diaphanes, verdâtres à la base, offrant 
sur leur disque une large bande noire demi-circu- 
laire ; le reste est diaphane avec les nervures de 
l'extrémité foncées. De la France méridionale. 

C. BLEUISSANT , À. cerulescens, Oliv., repré- 
senté dans notre Atlas, pl 129, fig. 2. Long de 
10 à 12 lignes; grisâtre, avec trois bandes trans- 
verses sur les élytres , plus foncées ; base des ailes 
bleue, avecune large bande noire, ne laissant qu'un 
très-pelit espace diaphane à l'extrémité. Commun 
aux environs de Paris. 

GC. BnuyanT, À, strepens, Lat. Long de dix li- 
gnes , grisâtre; élytres avec deux bandes transver- 
sales, triangulaires, blanches; ailes bleu pâle à 
leur base, verdissant ensuite et se terminant par 
une tache enfumée. Commune partout. 

C. GERMANIQUE, À. germanicum , Oliv. Long de 
10 à 12 lignes; gris brun , avec deux larges bandes 
plus blanches sur les élytres; ailes rouge de sang, 
avec une large bande noire demi-circulaire, lais- 
sant à peine à l'extrémité un espace diaphane. Gette 
espèce est commune partout, 

G. 1rauiqQue, A. ctalicum. Long de % à 19 li- 
gnes; gris brun, une bande jaunâtre de chaque 
côté du dessus du corselet et une de même cou- 
leur à la partie postérieure de chaque élytre ; 
ailes rosées à leur base avec l'extrémité diaphane, 
et un peu enfumée vers la côte externe; dans le 
mâle, les crochets supérieurs de l'extrémité de 
l'abdomen sont très-développés; la femelle a les 
ailes et les élytres courtes, ce qui paraît déjà un 
peu dans le mâle. Ainsi que son,nom l'indique, 
cette espèce se trouve principalement dans les pays 
chauds. (A: P.) 

CRISIE , Crisia. (zoorn. rorr.) Polypier phy- 
toïde, rameux, à cellules à peine saillantes , alter- 
nes, rarement opposées, avec leur ouverture sur la 
même face ; à substance calcaire, avec des articu- 
lations plus ou moins cornées : d’une couleur d’un 
blanc plus ou moins sale, quelquefois très-pur, 
d’autres fois tirant sur le jaune ou le violet ; d’une 
grandeur de cinq à six centimètres. 


Le genre Crisie, qui ne peut être placé parmi 
les Cellaires et les Sertulaires, est parasite ; on le 
trouve principalement sur les hydrophytes , végé- 
taux qu'il embellit par ses petites touffes blanches. 
et crétacées. 

Les Crisies se rencontrent à toutes les époques 
de l’année dans les mers tempérées de l'hémisphère 
boréal ; les climats froids et les mers équatoriales 
en fournissent peu ; la mousse de Corse des phar- 
macies , anthelmintique très-employé , en contient 
beaucoup. Du reste, elles ne sont d’aucun usage ni 

* dans les arts ni dans l’économie domestique. Nous 

nous contenterons de citer et de décrire briève- 
ment les espèces suivantes : 
« Crisie 1VorRE, Crisia eburnea de Lamarck, joli 
petit polypier qui forme des touffes nombreuses 
sur les hydrophytes et les polypiers des mers d'Eu- 
rope, et qui est remarquable par la couleur blan- 
che nacrée de ses articulations , articulations qui 
sont séparées les unes des autres par un petit dis- 
que noirâtre. 

CRISIE VELUE , 'Crisia pilosa de Lamarck. Cette 
espèce, dont la tige est droite, rameuse , formée: 
de cellules alternes , obliques, unilatérales , avec 
Fouverture garnie d’un ou de deux poils longs et 
flexibles , est assez commune sur les productions 
marines de la Méditerranée. 

Cniste FLusTROME, Crisia flustroidea de La- 
marck. Crisie frondescente, plane, tronquée aux 
extrémités, couverte de cellules allongées avec 
deux petites dents au bord antérieur, et qui se 
trouve sur des productions marines de tout genre. 


On en voit même quelquefois sur des homards aux- 


quels elle donne un aspect tout particulier. 4 

CRISIE A TROIS CELLULES, Crisia tricyttara de 
Lamarck, belle espèce que l’on rencontre très - 
communément sur les hydrophytes des mers aus- 
trales , et dont les articulations obliques sont com- 
posées de deux ou trois rangs de cellules oblon- 
gues. 
Cnisie ÉLÉGANTE, Crisia elegans de Lamarck. 
Espèce à tige ramifiée et courbée avec grâce, dont 
les articulations sont peu distinctes et composées. 
de cellules Iyrées , et qui habite le cap de Bonne- 
Espérance. (FR 21 

CRISTAL. ( mx. ) Ce mot tiré du grec devrait 
s'écrire Crystal, conformément à son étymologie. 
Les anciens donnaient ce nom au quartz hyalin in- 
colore que l’on appelle vulgairement Cristal de 
roche, parce qu'ils regardaient cette substance 
comme une eau limpide qui avait subi dans le 
sein de la terre une forte congélation : l’eau soli- 
difiée par le froid n’était pour eux qu’un premier 
pas vers cette congélation. Pour le minéralogiste, 
un Cristal d’une substance quelconque est une 
agrégation intime de molécules de cette substance 
réunies sous une forme régulière. Et comme cette 
forme est soumise à certaines lois, comme elle dif- 
fère selon la nature des principes qui constituent 
le minéral cristallisé , elle est devenue un moyen 
de les reconnaître et la base de deux branches de 
connaissances presque indispensables dans l'étude 
des minéraux : la cristallisation, qui est l’opération. 


pa 


CRIS 


par laquelle une substance dissoute dans un li- 
quide prend une forme solide, régulière; ct la 
Cristallographie, qui a pour but la description 
géométrique des formes cristallines. (Voyez Cnis- 
TALLISATION.) (J. H.) 
CRISTALLIN. (anar.) PV. OErr. 
. CRISTALLISATION et CRISTALLOGRAPHIE. 
Quix. ) La force qui, suivant les lois de l’aflinité 
chimique , réunit les molécules similaires des sub- 
stances mintrales, les solidifie, et Icur donne une 
forme plus ou moins régulière, se nomme Cristal- 
lisation. La forme régulière qui résulte de cette 
opération porte le nom de cristal. Tout minéral 
cristallisé est un assemblage de’ molécules dispo- 
sées par lames, placées parallèlement entre elles 
en différens sens , autour d’un centre commun, 
et ce centre est lui-même un cristal invisible, ou 
du moins qu’on ne peut voir que par suite d’une 
opéralion mécanique. 
Ce cristal central, qui a servi de noyau à d’autres 
lames cristallines, a toujours une forme simple 
qui , dans le langage de la Cristallographie, porte 
la dénomination de primitive; les lames cristalli- 
nes qui se sont disposées de manière à présenter 
un solide tout différent de ce noyau, donnent 
lieu à une autre forme appelée secondaire. L’opé- 
ration mécanique par laquelle on parvient, soit 
par la percussion, soit à l’aide d’un plan coupant 
dirigé dans certaines directions, soit par le moyen 
d’un choc à travers le cristal secondaire , à obte- 
-nir la forme primitive, se nomme clivage. C’est 
ainsi que, si l’on frappe ou si on laisse tomber un 
cristal quelconque de carbonate de chanx, quelle 
que soit la multiplicité de ses faces , on obtient un 
ou plusieurs rhomboïdes , parce que le rhomboïde 
est la forme primitive du carbonate de chaux. 
Tous les cristaux qui appartiennent à une forme 
secondaire peuvent être clivés plns ou moins facile. 
ment ; mais lorsqu'un cristal se prête difficilement 
au clivage, on peut arriver à connaître sa forme 
primitive par la détermination de ses joints natu- 
rels. « On reconnaît, dit Haüy, chacun des joints 
dont il s’agit, lorsque ayant fracturé le cristal , de 
manière à laisser subsister en partie la face qui 
est parallèle à ce joint, on le fait mouvoir à une 
vive lumière. Il arrive alors qu’au même instant 
où le résidu ‘de la face dont je viens de parler 
renvoie à l’œil les rayons réfléchis, on aperçoit à 
J’endroit de la fracture d’autres reflets qui partent 
des lames intérieures, en sorte qu’en faisant tour- 
ner le cristal en divers sens, on voit paraître et 
disparaître simultanément les rayons qui produi- 
sent les- deux reflets. On en conclut qu'il existe 
dans l’intérieur du cristal un joint naturel situé 
parallèlement à la face dont j'ai parlé, » 
- La forme primitive avait été soupconnée par 
Romé de l'Isle : ce fut Haüy qui la découvrit dans 
toutes les substances minérales cristallisées. Mais 
ce savant minéralogiste alla plus loin ; il reconnut 
que, pour expliquer l’origine de la forme primi- 
tive, il faut admettre qu’elle est le résuliat d’un 
nombre considérable de petites parties, ou molé- 
cules , et que chacune d'elles est un polyèdre de 


Tome II, 


393 


130° Livraison, 


CRIS 


la plus grande simplicité, Cette molécule, que l’on 
oblient aussi mécaniquement , a été appelce par 
Haüy molécule intégrante. Muis la théorie va en- 
core plus loin; car la molécule intégrante peut 
être un composé d’autres molécules de même 
forme, ou de forme différente, auxquelles Haüy 
a donné le nom de molécules soustractives. 

Suivant ce savant minéralogiste, la molécule 
intégrante n’affecte que trois formes , le tétraèdre 
irrégulier, le prisme triangulaire et le parallélipi- 
père. On pourrait même les réduire à une seule 
qui serait ce dernier solide, puisque celui-ci peut 
se décomposer en un certain nombre de tétraèdres 
et de prismes triangulaires. 

Les formes primitives sont au nombre de cinq : 
le tétraèdre régulier, V'octaèdre régulier, le prisme 
hexaèdre régulier, et le dodécaëdre rhomboidal. 

Ces cinq formes primitives sont le résultat d’une 
certaine combinaison des trois’ molécules inté- 
grantes : en effet , le té/raèdre régulier résulte de la 
réunion de deux tétraèdres irréguliers ; Y’octaèdre 
régulier, de la réunion de quatre télraèdres irré- 
guliers; le parallélipipède, de la réunion de plusieurs 
prismes triangulaires ou d’un certain nombre de 
tétraèdres, selon qu’il est rectangle ou obliquan- 
gle; le prisme hexaëdre régulier, de la réunion de 
plusieurs prismes triangulaires ; enfin le dodécaèdre 
rhomboidal, de la réunion de vingt-quatre té- 
traëdres. 

La forme primitive se modifie suivant certaines 
règles géométriques de décroissement ; les formes 
secondaires qui en résultent sont tellement variées 
que, dans le carbonate de chaux seul , on compte 
plus de mille exemples de décroissemens qui dé- 
rivent tous du rhomboïde. Ces décroissemens se 
font généralement de trois manières différentes, 
suivant la direction qu’affectent dans celte opéra- 
tion les molécules qui, par leur réunion, forment 
les lames du cristal. Ils s’opèrent tantôt parallèle- 
ment au bord de ces lames, tantôt dans le sens 
de leurs diagonales, ou suivant une ligne inter- 
médiaire. Enfin ils s’opèrent encore dans plusieurs 
sens différens à la fois, ou bien en agissant d’abord 
dans une direction et ensuite dans une aulre, 

Mais ce qui rend les lois de la cristallisation 
dignes de l'admiration de celui qui aime à con- 
templer la nature jusque dans les modifications 
de la matière inerte, c’est que la marche résulière 
qu’elle suit dans la formation de la molécule inté- 
grante d’un cristal, et dans sa forme primitive , 
agit avec tant d'intensité dans les décroissemens des 
formes secondaires , qu’elle n’interrompt presque 
jamais les règles de la symétrie. Aïnsi les faces 
d’un cristal sont toujours parallèles, c’est-à-dire 
que, connaissant un nombre quelconque de ces 
faces, il est toujours facile de retrouver la 
place des autres , soit que le cristal brisé ne pré- 
sente à l'œil qu’une portion intacte, soit que, ren- 
fermé dans sa gangue, il n’offre que quelques uns 
de ses angles. 

Un autre principe qui admet peu d’exceptions 
et qui sert parfaitement à reconnaître les diffé- 
rentes substances cristallisées que l’œil pourrait 


50 


CRIS 


confondre, c’est que l'ouverture des mêmes angles 
est constante dans les cristaux identiques d’une 
même espèce minérale; de telle sorte que leur 
mesure, prise à l’aide d’un instrument appelé go- 
niomètre, conduit à déterminer non-seulement la 
forme cristalline, mais encore la substance à la- 
quelle le cristal appartient. 

M. Beudant attribue les modifications de forme 
qu'éprouve un même minéral à trois causes prin- 
cipales : d’abord à l'influence des mélanges mé- 
-<aniques d’une matière étrangère avec la substance 
cristallisée; en second lieu , à la nature du liquide 
qui a servi de milieu aux molécules pendant la 
-cristallisation ; enfin à la combinaison , en quantité 
variable, de telle ou telle substance avec celle qui 
a formé le cristal. 

Relativement à l'influence du liquide, M. Beu- 
dant fait encore observer qu’elle est très-grande 
sur la cristallisation, puisqu'il peut la modifier en 
développant des facettes additionnelles. Ainsi, 
dit-il, le sel commun cristallise dans l’eau pure 
en cube, et dans une solution d’acide borique , en 
cube tronqué par les angles. Plusieurs autres sub- 
stances, soumises aussi à l’action de différens 
acides, donnent des résultats analogues. C’est ce 
qui explique pourquoi les mêmes minéraux se 
trouvent cristallisés différemment, suivant la na- 
ture des gisemens et selon les acides qui y domi- 
nent. L’arragonite, par exemple, cristallise en py- 
ramides très-aiguës dans les mines de fer, et en 
prismes dans les argiles gypseuses de dépôts sa- 
lifères. Lachauxcarbonatée se trouve en hexaèdres 
réguliers dans les filons métalliques du Hartz, qui 
contiennent différens sulfures d’antimoine, d’ar- 
gent, d’arsenic ; en dodécaèdres dans les minesde 
sulfure de plomb du Derbishire, en Angleterre, 
et en rhomboïdes aigus dans les terrains totale- 
ment calcaires. (J. H.) 

# CRISTATELLE, Cristatella.(B0T. etnon zoopn. ) 
Jusqu'ici l'on a placé les éponges d’eau doute, 
avec Lamarck et Cuvier , parmi les polypiers 
fluviatiles, dans le genre ALcyoNELLE (v. ce mot), 
et l’on a dit, d’après Raspail, que les genres Cris- 
tatelle et Plumatelle, ainsi que le Zubularia re- 
pens de Müller, ne sont autres que des Alcyonelles 
examinées à diverses époques de leur singulière 
existence. Lamouroux, en adoptant le sentiment 
des deux premiers naturalistes cités, déclare de 
plus que ces prétendus Zoophytes offrent, avec Ja 
Dirriucie (v. ce mot), les ébauches des polypiers, 
ou du moins les êtres les plus imparfaits de la fa- 
mille : c’est ainsi que Ræsel les a figurés (Ins. ur, 
pl: 91). Lichtenstein assure que ces petits animaux 
sont les constructeurs des éponges fluviatiles. Le 
botaniste anglais Gray nous ramène à la pensée 
de Linné, qui, dans ses premiers travaux sur Ja 
cryplogamie, classe les Cristatelles au nombre 
des végétaux. Micheli avait reconnu leurs graines 
sphériques , qui sont logées dans des celluies et se 
montrent durant la seconde décade de juillet ; 
Vaucher, auquel on n’a pas toujours rendu la jus- 
ce qu'il mérite, considérait les vésicules dia- 
phanes des Cristatelles comme renfermani le pol- 


594 


CRIS 


len de ces productions végétales. En effet, il résulte 
d'observations faites avec un soin très-rigoureux que 
les éponges d’eau douce appartiennent essentielle- 
ment aux Algues fluviatiles, et qu’elles réunissent 
tous les caractères de la vie végétale. 

Leur masse cellalaire, d’abord étendue en 
couche plane sur les corps submergés, s’épaissit 
ensuite et produit des excroissances mamelonnées 
ressemblant d'assez loin à des espèces de crêtes 
(ce qui sans doute a déterminé Lamarck à leur 
donner le nom de Cristatelles), que l’on voit bien- 
tôt s’allonger en digitations cylindracées, quel- 
quefois dichotomes. Cette masse est d’un beau vert 
herbacé, et non pas jaune comme le dit de Blain- 
ville, médiocrement élastique ; elle répand une 
odeur fétide , pénétrante, dès qu’on la retire de 
l'eau ; sa texture devient de plus en plus fragile en 
séchant. Elle paraît au printemps, acquiert son 
plus grand développement en été, et disparaît en 
automne, la Cristatelle ayant alors rempli le cours 
de son existence. 

De la plante adulte on voit se détacher des cor- 
puscules globulenx. Ce sont de véritables graines, 
elles occupent toujours la partie inférieure et pré- 
sentent de grands rapports avec les tubérosités 
fructifères de Hépatiques et des Conferves. Quel- 
ques jours après leur séparation , elles se couvrent 
de fibres croissant à la manière des végétaux, et 
composant une masse veloutée. Ces graines sont 
de la grosseur d’une graine de chou, transpa- 
rentes, recouvertes d’une enveloppe mince, co- 
riace, résistant au tranchant du scalpel ; l'intérieur 
est rempli d’une substance blanche, mucilagineuse. 
Elles se fixent sur les morceaux de bois submer- 
gés dans les eaux douces. Elles s’ouvrent , forment 
une plaque blanchâtre , arrondie plus ou moins 
régulièrement, qui d’abord est sans épaisseur no- 
table, comme je l’ai déjà dit, puis devient sail- 
lante , et se couvre d’appendices irréguliers , longs 
au plus de huit à dix centimètres, ou bien d’ex- 
croissances cristées. Toute la superficie est héris- 
sée de poils courts, droits, sans articulations, to- 
talement hyalins. En avancçant en âge, la couche 
primitive acquiert plus de densité que le reste de la 
plante ; elle perd la nuance verte de la jeunesse 
pour prendre une robe gris-cendré. Dans aucune 
circonstance la Cristatelle ne sert de retraite à 
des animalcules ainsi que l’ont avancé Bosc et 
Lamouroux. Tous ces faits sont exacts , ils se ré- 
véleront à quiconque voudra les étudier sans pré- 
vention ni système préconçu. (T. ». B.) 

CRISTELLAIRE, Cristellaria. (mor. ) Genre 
établi par Lamarck , et avant lui par Montfort, qui 
a été confondu avec plusieurs autres, et dont voici 
les caractères : coquille semi-discoïde, multilocu- 
laire, à tours contigus, simples, s’élargissant pro- 
gressivement; spire excentrique, sublatérale; cloi- 
sons imperforées. 

Les espèces Crisiellaires à l’état frais sont rares; 
il n’en est pas de même de celles qui existent à 
l'état fossile, et nous éludierons les suivantes, 
comme les mieux connues : 

CRISTELLAIRE PETITE ÉCAILLE , Cristellaria 


a ——_———————————————————————————— —————_——————.— “hs 


CROG 


399 


CROG 


es 


squammula de Lamarck, ou Cristellaria dilatata de res de la famille des Mellifères, établi par Jurine; 


Montfort. Coquille petite, transparente, irisée, 
formée d’une série de cloisons marquées extérieu- 
rement d’un renflement plus ou moins prononcé, 
ayant la forme d’une corne d’abondance à sa base, 
et très-aplatie, On la trouve à l’état frais, d’après 
Montfort , sur les plages de Livourne. 

CRISTELLAIRE PAPILLEUSE , Cristellaria papillosa 
de Lamarck. Coquille remarquable par des gra- 
nulations plus ou moins régulières, placées dans 
le sens de Ia direction des loges qui cachent la 
spire, ainsi que par une crête un peu onduleuse 
ou quelquefois régulière sur les bords, et qui la 
contient entièrement. Cette espèce a de deux à 
trois lignes de longueur, et se trouve en Toscane, 

(EF. F.) 
” CRISTE-MARINE. (8oT. pan.) Ge nom, que 
quelques auteurs écrivent assez singulièrement 
Christe-marine, est un de ceux du CriTHmE (v. ce 
mot) ; il lui vient de ce que ses feuilles, divisées 
comme celles du fenouil, représentent d’une ma- 
nière très éloignée des panaches; les enfans en 
ornent leurs bonnets dans les localités où cette 
plante abonde. (T. ». B.) 

CRITHME , Crithmum. (BoT. pxan.) Plante de 
la famille des Ombellifères, Pentandrie digynie, 
très-voisine du genre Cachrys; elle se distingue par 
ses involucres et involucelles polyphylles, ses pé- 
tales roulés et égaux entre eux, ses fleurs jaunä- 
tres , et ses fruits ellipsoïdes , striés, un peu com- 
primés , et glabres. 

La principale espèce du genre (on en compte 
huit ou dix) est une plante vivace, très-commune 
sur les rochers au bord de la mer , et cultivée dans 
les jardins sous le nom de Pence-r1eRrE, ou plus 
vulgairement Passe-Prerre; on ‘l'appelle encore 
Bacile, et Criste marine; c’est le Crithmum ma- 
ritimum, Linné. C’est une herbe d’un pied environ, 
rameuse, glauque , portant des feuilles charnues, 
engaînantes, découpées en un grand nombre de 
folioles ovales, lancéolées. Ses fleurs sont polyga- 
mes, disposées en ombelles terminales : l’ombelle 
du centre se compose de fleurs hermaphrodites ; 
les autres n’ont que des fleurs mâles, qui restent 
stériles. Chaque ombelle et ombellule est environ- 
née d’une collerette régulière, de dix à douze 
folioles. 

Le Perce-pierre est odorant et aromatique , un 
peu salé au goût ; on fait confire ses feuilles dans 
le vinaigne, et on les emploie comme assaisonne- 
ment (v. au mot Bacire, tom. 1, p. 802). Sa 
culture est assez facile : la graine se sème au prin- 
temps, ou bien aussitôt après sa maturité ; les fentes 
des pierres ou le pied des murs sont les endroits 
les plus favorables dans ce cas pour lui faire pas- 
ser les gelées. (L.) 

CROASSE, (ors.) C’est l’un des noms vulgaires 
de la Corbine: Vieillot pense que c’est de ce nom 
que vient le mot GroassEMENT, cri des oiseaux du 
genre Corbeau. Il ne faut pas confondre ce mot 
avec COAssEMENT qui est le cri des grenouilles. 

(Gu£r.) 

CROCISE, Crocisa, (1ns.) Genre d'Hyménoptè- 


les insectes qui le composent ont les palpes maxil- 
laires de trois articles, et les paraglosses presque 
aussi longs que les palpes labiaux ; le corps très- 
velu par place, l’écusson prolongé et échancré, 
une cellule radiale, trois cubitales dont la seconde 
recevant la première nervure récurrente. 

On croit que ces insectes vivent en parasites , 
car ils ne sont pas conformés de manière à ré- 
colter le pollen des fleurs, et comme on les voit 
d'habitude voler à rase terre et le long des mu- 
railles, on présume que c’est afin de chercher à 
s’introduire dans le nid de quelque autre insecte 
de la même famille. (A. Pa 

CROCODILES , où CROGODILIENS. (rerT.) 
Les philogogues ne sont pas d'accord sur l’é- 
tymologie du mot grec crocodeilos d’où ce nom 
est dérivé; quelques uns veulent que le safran 
nommé ,crocon chez les habitans du Péloponèse 
soit pour quelque chose dans la racine du mot 
crocodeilos , parce que les animaux auxquels il 
s’appliquait avaient, disent-ils, la couleur de 
cette plante, ou parce qu'ils la redoutaient : 
propositions également fausses ; d’autres veulent 
que ce nom provienne des mots deilos, crain- 
üf, et de crocas, rivage, parce que ces animaux 
redoutent les rivages, ce qui n’est pas très-exact ; 
mais du moins cette étymologie serait-elle encore 
la plus vraisemblable s'il était rigoureusement né- 
cessaire que le mot grec crocodeilos dût avoir une 
étymologie. Il paraît que, dans l’origine , le mot 
crocodeilos s’appliquait aux lézards des murailles ; 
les Ioniens l’étendirent aux champsès , et, par la 
suite, les Grecs le donnèrent indistinctement aux 
champsès du Nil et aux gavials du Gange. Les 
auteurs du dernier siècle restreignirent le nom de 
Crocodile aux champsès ; mais la plupart des na- 
turalistes modernes s'accordent à réserver le nom 
de Crocodile ou Crocodilien pour représenter toute 
la famille des reptiles qui ont avec les champsès et 
les gavials des rapports intimes de formes et d’or- 
ganisation , se rapprochant en cela de la significa- 
tion que les Grecs donnaient au mot d’où ces 
noms sont dérivés. 

Les Crocodiles se rapprochent par leurs formes 
extérieures des lézards, avec lesquels on les a 
réunis dans les classifications du dernier siècle : 
mais leur organisation intérieure les en sépare net- 
tement sous un si grand nombre de points, qu’on 
les en a distingués, et qu'on les a groupésdans une 
classe à part à laquelle on à donné parfois des 
noms différens, selon que les classificateurs systé- 
matiques ont pris tel ou'tel système organique de 
l’économie pour base de leur distribution. 

Les Cracodiliens ont la tête pyramidale, fort 
allongée et déprimée, développement dû surtout 
à l'extension des mâchoires et à leur, évasement. 
Le cou est assez marqué; le tronc quadrilatère 
allongé est aussi sensiblement déprimé ; la queue, 
aussi longue au moins que le corps de l'animal, 
est comprimée latéralement, surmontée d’une 
carène double à sa base, simple dans le reste de 
sa longueur; les membres sont courts , les anté- 


CROCG 


396 


CROCG 


PQ QU QUO 


rieurs surtout, et donnent aux Crocodiles une dé- 
marche lourde et plus gênée que ne l’est à beau- 
coup près celle des lézards. Les pieds antérieurs 
sont terminés par cinq doigts courts, simples, 
dépourvus d'ongles. Les pieds postérieurs n’ont 
que quatre doigts apparens , courts, peu inégaux, 
garnis en tout ou partie de membranes palmaires 
et d'ongles forts et crochus, à l'exception du qua- 
trième ordinairement mulique. 

Les narines sont grandes, placées en dessus de 
l'extrémité du museau , fermées par une valvule 
fibro-cartilagineuse semi-lunaire, mobile au gré 
de l'animal: les fosses nasales vont s'ouvrir fort 
en arrière de la gueule , au delà des ptérygoïdiens, 
ce qui permet à l'animal de respirer facilement 
lors même qu'il a la gueule pleine ou disposée à 
saisir sa proie. Sa gueule est vasle , bornée en ar- 
rière par un voile du palais assez marqué et qui 
bouche compléiement l’orifice du gosier lorsque 
la base de la langue s’en rapproche. Celle-ci est 
attachée par toute sa face inférieure au plancher 
de la gueule, si étroitement que les auteurs an- 
ciens ont prétendu que le Crocodile était privé de 
cet organe. Les mâchoires robustes se prolongent 
fort loin sous le crâne, et la mâchoire inférieure se 
continue même au-delà de celte cavité. Gelte di- 
mension des mâchoires permet à la gueule un écar- 
tement qui ne saurait avoir lieu par l’abaissement 
seul de la mâchoire inférieure, borné par la repta- 
tion étroite de l'animal; aussi les anciens croyaient- 
ils quc la mâchoire supérieure était seule mobile. 
Les observalions des zoologistes modernes, et sur- 
tout de M. Geoffroy Saint-Hilaire, ont démontré que 
la mâchoire supérieure est immobile isolément, 
mais que le Crocodile l'élève par un mouvement de 
totalité de la tête qui bascule alors sur la portion 
articulaire de la mâchoire inférieure , comme cela 
s’observe chez l'homme dans l'agrandissement 
forcé de la bouche. Les dents des Grocodiles sont 
nombreuses , grandes , robustes, disposées sur nn 
seul rang le long du bord de chaque mâchoire ; 
leur nombre paraît ne pas varier avec l’âge; les 
postérieures tout au plus sont cachées par la gen- 
cive dans les premiers temps. Elles sont toutes 
coniques, fusilormes à l'extérieur, droites ou à 
peine recourbées en arrière, striées longitudina- 
lement, avec une carène plus saillante en avant 
et en arrière, creuses à l’intérieur, à cavité coni- 
que incapable de se remplir; ces dents sont im- 
plantées dans des trous particuliers pratiqués dan; 
l'épaisseur du corps des mâchoires ; l’on trouve à 
tout âge, au fond de ces alvéoles, un ou deux ger- 
mes dentaires silués au côté interne de l’ancienne 
dent, prêts à se développer lorsque quelque cir- 
constance, en faisant tomber celle que le premier 
germe a fournie leur laissera l’espace nécessaire à 
leur accroissement. La reproduction des dents 
paraît indéfinie chez ces sortes d'animaux; leur 
grandeur réciproque, leur proportion relative ainsi 
que leur nombre varient selon les groupes divers 
de la famille. Les Crocodiles n’ont point de lèvres, 
aussi leurs dents paraissent-elles au dehors, lors 
même que la gueule est dans l'état d’occlusion. 


Le canal intestinal des Crocodiles ainsi que ses 


dépendances ne présentent pas de particularités 


bien importantes. 

Le Crocodile est essentiellement carnassier. 
Dans l’eau, le Crocodile happe sa proie en nageant 
sur elle sans la saisir, non plus que les autres rep- 
tiles, avec ses pieds antérieurs ; à terre, il l'attend 
ordinairement sans bouger. On a dit que le Cro- 
codile allirait les passans dont il voulait faire sa 
proie, par un cri plaintif semblable àcelui d’un en- 
fant en souffrance ; mais les observations des voya- 
geurs modernes ne confirment pas ces assertions.Les 
Crocodiles se mettent ordinairement en embuscade 
dans lesroseaux au milieu desquels ils confondent 
assez bien leur robe verdâtre, restant immobiles, 
la gueule largement béante; celte cavité partout 
lapissée d’une membrane muqueuse d’un jaung 
pâle uniforme, fermée exactement en arrière par 
le voile du palais abaissé sur la langue à peine 
saillante, semble un corps inerte près duquel ou 
sur lequel les animaux qui viennent se désaltérer 
aux eaux voisines croient pouvoir passer impuné- 
ment : erreur fatale aux gazelles timides et aux 
chacals même. dont les regards sont si percans. 
M. Geoffroy dit quelque part qu'ils restent dans 
celle attitide quelquefois couchés sur le flanc. 
Mais celle pose, sans exemple chez les autres rep- 
tiles, parait difficile avec les obstacles que ces ani- 
maux éprouvent pour se mouvoir latéralement : 
c'est celle position du Crocodile épiant sa proie 
la gueule béante, et la circonstance accidentelle 
de quelque oiseau de rivage assez osé pour aller 
saisir jusque dans la gueule du monsire quelque 
insecte vagabondant sans défiance sur les bords de 
ce gouffre , qui a donné lieu à une jolie fable rap- 
portée par Hérodote, et commentée souvent de- 
puis avec plus ou moins d’érudition et de Lalent. 
«Gomme le Crocodile, dit-il, se nourrit particu- 
lièrement dans le Nil, il a toujours l’intérieur de 
la gueule Lapissé de parasites... Toutes les fois 
que le Crocodile sort de l’eau pour aller à terre, 
et qu'il s'étend la gueule entr’ouverte, le Trochy- 
lus s’y glisse et avale tous les insectes qui s’y 
trouvent. Le Crocodile, ajoute-t-il, reconnaissant, 
ne lui fait point de mal. » Piteuse reconnaissance, 
qui n’a sans doute d’autre molif que le dé- 
dain d’une si mince curée ; car, selon la remar- 
que de M. Geoffroy, le Crocodile peut se passer 
des soins du 7rochylus' pour débarrasser ses dents 
encombrées de chairs en lambeaux, en supposant 
que le Crocodile mâche sa proie, en opposition 
sous ce rapport avec les autres repliles, et que 
les dents opposées alternes soient imparfaites 
pour cet office ; le Crocodile peut et sait se servir 
des doigts des pieds de derrière en guise de cure- 
dents, et l’occlusion de la gueule peut suffire pour 
meltre fin aux exaclions devenues importunes des 
animaux parasites malavisés. On dit que le Gro- 
codile exfouit sa proie pendant trois ou quatre 
jours dans des'trous où il la laisse faisander pen - 
dant quelque temps, et la trouve au besoin ; 
mais l'intelligence du Crocodile est si bornée, et 
la prévoyance si rare chez les reptiles, qu'elle 


| 


ET RE ER 


° | CROCG 


597 


CROCG 


0 io mm. mt 


paraît peu probable chez ceux-ci surtout. Une 
circonstance qui confirme pourtant celte observa- 
tion, c’est que, dans les ménageries, on nourrit 
les Grocodiles avec du cœuret du foie d'animaux, 
tandis que les reptiles ne se nourrissent que de 
proie vivante. On trouve quelquefois des cailloux 
dans l'estomac des Crocodiles ; mais il'est peu 
vraisembable qu’ils y aient été ingérés à dessein 
€ pour faciliter l’action de cet organe, comme 
cela s’observe chez les oiseaux ; c’est sans doute 
à celle circonstance que Perrault a eu égard lors- 
qu'il a indiqué l’estomac du Crocodile sous le 
nom de géster. Il n’en a certainement ‘pas la dis- 
position anatomique. M. Geoffroy dit que les fêces 
ou fientes des Grocodiles sont oblongues, moulces 
comme celles de l'homme, d’une consistance peu 
considérable, d’un vert brunâtre, et sans odeur 
sensible. Celles que j'ai été à même d'observer 
étaient fusiformes, présentaient une certaine quan - 
tité de cette substance blanche que M. Geoffroy n’y 
pas vue, et qui me fait présumer, contre l’opinion 
de quelques auteurs, que c’était bien des crottes 
de Crocodiles qui fournissaient , ainsi que Juvénal 
nous l’apprend, le blanc de fard aux dames ro- 
maines ; et ce qui vient à l'appui de ce fait, c’est 
que John Davy a trouvé dans l’urine de l’Alliga- 
tor, que ces animaux rendent souvent avec leurs 
excrémens , outre de l’acide urique, beaucoup de 
de carbonate et de ‘phosphate de chaux. 

Les Grocodiles peuvent supporter le jeûne et le 
défaut d’alimens pendant un temps assez long 
lorsque. leurs fonctions se suspendent par l'hi- 


vernalion qui a lieu pour eux, bien qu’ils habitent 


des contrées au moins tempérées, parce que l’abais- 
sement de la température dans certaine saison, 
quelque léger qu’il nous paraisse au premier 
abord, offre néanmoins une différence considé- 
rable avec son état habituel dans les autres ins- 
tans de l’année ; et si la retraite et la disparition 
des animaux qui doivent servir de pâture au Cro- 
codile ne se présente plus ici comme cause har- 
monique de ce phénomène, on peut dire encore 
que les inondations considérables qui ont lieu 
dans la mauvaise saison des contrées que fréquen- 
tent les Crocodiles gêneraient au moins ces ani: 
maux essentiellement terrestres dans l’exercice de 
leurs fonctions, si la nature ne pourvoyait, par 
l'hivernation aux accidens qui pourraient résulter 
pour eux en pareille circonstance. Mais il paraît 
que, hors le temps de l'hivernation et de leur en- 
gourdissement, ils ne supportent pas également 
bien la diète, puisque Symmaque dit que les Gro- 
codiles conservés pour le Cirque mouraient au boul 
de quarante jours quand on les laissait sans manger. 

Les yeux du Grocodile sont peu volumineux, 
peu saillans, rejetés par l’évasement progressif 
des mâchoires presque sur le côté supérieur de la 
têle, protégés par deux paupières peu inégales et 
une membrane clignotante. L’iris, jaunâtre,.et fen- 
du verticalement , est susceptible de mouvemens 
assez Ctendus pour clore la pupille presque totale- 
ment. La vue des Crocodiles est assez perçante, 
même sous l'eau, bien qu’en ait dit Hérodote; les 


organes de l’ouïe sont ouverts au dehors par une 
fente assez large que ferment deux lèvres verticales 
susceptibles de s'appliquer exactement l’une con- 
tre l’autre; le sens de l'audition paraît assez exquis 
chez les Crocodiles. L'on trouve sous les mâchoires 
des Crocodiles deux poches glanduleuses chargées 
de sécréter une substance puliacée d’une odeur 
fortement musquée, dont on ignore encore les 
usages précis. 

Il ne serait guère possible d'examiner ici en 
détail les différentes pièces qui entrent dans la 
composition de la têle des Crocodiles, bien que 
les discussions qui se sont élevées au sujet de leur 
détermination leur aient donné une certaine im- 
porlance scientifique. Nous dirons seulement que 
la portion cränienne proprement dite est très-peu 
considérable en comparaison de la masse Lotale 
de la tête; que la surface supérieure des os du 
crâne est imprimée à l'extérieur de rugosités pro- 
fondes qui contrastent avec la disposition lisse de 
ces surfaces sur les os de la tête chez les animaux 
des classes supérieures ; la tête s’articule avec la 
colonne vertébrale par deux condyles ; les verlè- 
bres offrent celte particularité que leur face anté- 
rieure est concave et leur face postérieure con- 
vexe ; on en comple sept au cou, douze au dos, 
quinze aux lombes, deux au bassin, et de trente- 
quatre à quarante-deux à la queue : les cinq der- 
nières vertèbres cervicales ont, comme dans Ja 
plupart des sauriens, des côtes rudimentaires qui 
expliquent le peu de mouvement latéral du cou ; 
ces côtes rudimentaires portent déjà des vestiges 
d’appendices récurrens ; l’on compte douze côtes 
dorsales, dont la première et la deuxième ne se 
joignent pas toujours au sternum; les huit ou neuf 
suivantes ont un cartilage sternal qui s’ossifie de 
bonne heure et qui reste pourtant séparé de la 
portion osseuse de la côte proprement dite , par 
un intervalle qui conserve toujours sa disposition 
carlilagineuse ; toutes ont vers la partie moyenne 
de leur longueur une apophyse récurrente qui, du 
bord postérieur de la côte, va s'appuyer sur la 
côle qui la suit , à peu près comme cela s’observe 
sur les côles des oiseaux; au ventre on observe 
cinq paires de côtes sternales cartilagineuses sans 
côtes vertébrales correspondantes. Ces côles flot- 
tantes servent de point d’attache aux aponévroses 
des muscles abdominaux. Les deux dernières vont 
se terminer aux côtés du pubis; le sternum se 
compose d’une pièce osseuse allongée , qui recoit 
sur ses côlés les troisièmes, quatrièmes et cin- 
quièmes côtes ; en avant, celte pièce est précédée 
d’un disque rhomboïdal cartilagineux qui reçoit 
sur ses bords antérieurs les ares-boutans de l'épaule, 
et en arrière les carlilages des premières et sc- 
condes côles; en arrière ce slernum se divise en 
deux languettes cartilagineuses qui reçoivent les 
trois dernières vraies côtes verlébrales et les six 
côtes abdominales. Au point de la bifurcation l'on 
trouve entre les deux branches un xiphoïde ru- 
dimentaire, Le bassin, formé d’une part par les 
deux vertèbres correspondantes, est complété par 
un ilion évasé et par un ischjon i:ès-développé uni 


CROG 


308 


CROC 


à celui du côté opposé par une symphyse étroite, 
allongée , au devant de laquelle on trouve un pu- 
bis rudimentaire , grêle, allongé , qui se porte en 
avant pour soutenir, conjointement avec les côtes 
abdominales, les aponévroses des muscles de cette 
région. Les os des membres postérieurs se rappro- 
chent de ceux des sauriens pour la disposition. 
On compte deux phalanges au premier doigt , trois 
au second, quatre aux deux autres; le dernier 
n’a pas d’ongle, ainsi qu’on l’a dit déjà; le cunéi- 
forme se prolonge ici en dehors sous forme d’apo- 
physe qui semble un cinquième doigt rudimen- 
taire, ou peut-être un doigt soudé de bonne 
heure. L’épaule est constituée par une omoplate 
petite, allongée, grêle, un arc-boutant appuyé sur 
le sternum et désigné tantôt sous le nom de cla- 
vicule, tantôt sous celui de coracoïde, évasé 
comme celui des oiseaux. Cette partie du sque- 
lette répète la même loi de formation que pour 
le bassin; les cavités articulaires des membres 
sont formées en effet chez les Crocodiles par le 
concours de deux os seulement, tandis que chez 
les autres animaux l’on retrouve constamment 
trois os plus ou moins réunis pour effectuer ces 
articles ; la charpente du membre antérieur n'offre 
pas non plus de circonstances bien notables ; le 
premier doigt a deux phalanges , le second trois, 
le troisième et le quatrième quatre, le dernier 
trois; les trois derniers n’ont pas d’ongies. Les 
Crocodiles sont peu agiles en général ; les mouve- 
mens latéraux paraissent gênés par.les apophyses 
récurrentes des côtes; néanmoins il paraît que, 
dans l’eau , leurs mouvemens, favorisés par la pal- 
mure de leurs doigts et leur queue comprimée, 
sont assez vifs ct assez aisés; aussi fréquen- 
tent-ils volontiers les {bords des fleuves, les grands 
lacs, les marais et les flaques que les inondations 
laissent après elles. Leurs organes respiratoires 
leur permettent par leur disposition un séjour 
assez prolongé sous l’eau et une natation presque 
à fleur d’eau, leurs narines ouvertes à l’extrémité 
du museau leur permettant d’enfoncer le reste du 
corps sous le liquide, à la surface duquel ils sont 
obligés de venir chercher l'air atmosphérique né- 
cessaire à leur hématose. Leurs poumons globu- 
leux sont formés par deux sacs à l’intérieur des- 
quels la membrane muqueuse vasculaire forme 
des replis nombreux et profonds qui rendent cette 
surface analogue sous quelque rapport au second 
estomac des ruminans , et constituent des aréoles 
à cellules secondaires et tertiaires polygones qui 
multiplient les points de contact entre l’air respiré 
et le sang qu'il doit modifier. Un diaphragme mus- 
culeux, incomplet et ouvert à sa parlie moyenne, 
sépare les organes thoraciques et abdominaux en 
même temps qu’il facilite la respiration des Gro- 
codiles. On dit qu’ils ont un grognement sourd 
peu continu, analogue à celui du cochon; d’au- 
tres naturalistes comparent leurs cris à ceux d’un 
enfant, Le cœur est divisé chez les Crocodiles en 
quatre chambres, deux oreillettes et un. ventri- 
cule cloisonné complétement à l’intérieur, cir- 
conslance qui, peu appréciée à certaine époque, 


a fait indiquer le cœur des Crocodiles comme 
composé de trois cavilés seulement. Du ventricule 
droit, et près de la naissance du vaisseau afférent 
pulmonaire, naît un tronc vasculaire qui bientôt 
s’anastomose par un vaisseau artériel né d’un 
tronc artériel fourni par le ventricale gauche. Le 
vaisseau qui résulte de cette anastomose prend le 
nom d'aorte descendante ou postérieure, portant à 
l’arrière-corps de l'animal un mélange de sang 
non renouvelé et de sang modifié. Les parties 
situées en avant reçoivent au contraire du sang 
purement artériel par deux carotides qui naissent 
d’une sorte de vestibule qui leur est coramun avec 
l'aorte. (’oy. les mots Cœur et Gimcuzarion). Le 
système nerveux ne saurait être analysé ici; nous 
ferons seulement remarquer que le cerveau est 
très-pelit en comparaison de la masse générale 
du corps; aussi voit-on peu de sagacité dans ces 
animaux; tout leur instinct se borne à attendre 
patiemment leur proie ; mais on ne les voit déve- 
lopper aucune industrie pour la conservation de 
l'individu ou de lespèce. S'ils vivent réunis, ce 
n'est pas pour travailler en commun, et l’on 
doute encore qu'ils veillent, comme on l’assure , 
à la garde des œufs et de leurs petits, et l’éduca- 
tion n'obtient tout au plus d'eux qu’une diminu- 
tion légère de leur férocité brutale ; point de jeux 
ni d'agaceries, et hors le temps de la chasse et 
de l’engourdissement, ils restent apathiques , stu- 
pidement étalés au soleil ; tout au plus quelques 
espèces se creusent-elles dans le sable des trous 
pour retraite ou pour déposer les germes de leur 
progéniture. 

La peau des Crocodiles est confondue sur la tête 
avec les os de cette partie, et rend les rugosités 
qui hérissent leur surface; sur le reste du corps, ou 
du moins sur le dos, le ventre et sur toute la 
queue , elle est parsemée de plaques osseuses 
pyramidales , juxtaposées en quinconces, plus 
saillantes sur les parties supérieures du corps, ver- 
miculées à Jeur-surface et revêtues d’un épiderme 
écailleux assez épais; celles qui constituent les 
carènes de la queue sont plus fortes, comprimées 
sur les côtés , inclinées en arrière, et plus ou 
moins saillantes selon le point où on les examine; 
on retrouve de ces mêmes plaques sur le cou irré- 
gulièrement disséminées, mais en nombre assez 
fixe à ce que l’on croit, selon les espèces, pour 
pouvoir servir de caractères propres à les distin- 
guer, Leur réunion ferme une sorte de cuirasse , 
dont les auteurs ont voulu indiquer la particula- 
rilé, en désignant les animaux de cette famille 
sous le nom de Loricata ; sa densité est telle qu’elle 
résiste quelquefois à une balle de fusil et rend la 
chasse autir de ces animaux peusûreet peu avanta- 
geuse. La coloration de la peau de tous les Groco- 
diles est à peu près la même, c’est-à-dire d’un vert 
olivâtre en dessus, entre - coupé de bandes de 
même teinte plus foncées qui se confondent avec 
l’âge , et une couleur jaune sulfurée sur les parties 
inférieures. { 

Les organes reproducteurs des Crocodiles of- 
frent cela de particulier, que le pénis du mâle est 


A 


CROCG 


399 


CROCG oe 


———_ 


simple comme chez les tortues ; ce qui, avec quel- 
ques autres points{de rapport avec les animaux 
de cette famille, a fait donner aux Crocodiles le 
nom d'Emydo-sauriens. Gomme chez les Chélo- 
nées, des canaux péritonéaux mettent le cloaque 
des femelles en communication avec la cavité de 


la séreuse abdominale ; leur situation, leur trajet. 


et leurs rapports sont les mêmes que chez les tor- 
tues, sauf qu’ils ne communiquent pas avec les 
cellules du corps caverneux. Leurs usages sont 
sans doute aussi les mêmes , mais l’on ne sait rien 
de positif à cet égard. On dit que les Crocodiles 
s’accouplent dans l’eau , que l’accouplement de ces 
animaux à lieu dans une position latérale, et qu'il 
dure à peine vingt-cinq minutes; d’autres auteurs 
disent que l’accouplement a lieu à terre, que le 
mâle renverse sa femelle sur le dos, s’accouple et 
l’aide ensuite à se relever. 

On dit aussi quela fécondité des femelles ne dure 
que quatre ou cinq ans, mais ce dernier fait paraît 

eu vraisemblable; en général les animaux ne vivent 
guère au-delà dutemps nécessaire pour l’éducation 
des petits; et chez le Crocodile, où il n’y a pas 
d'éducation proprement dite, on ne s'explique pas 
bien une longévité avec accroissement continu, telle 

w'on l’observe chez les Crocodiles, si leur exis- 
tence était alors sans but et bornée à une vie vé- 
gétative sans profit pour l'espèce. L'on ignore la 
durée de la gestation des Crocodiles; l’on sait seu- 
lement qu’ils pondent des œufs au nombre detrente 
à quarante dans une ponte qui ne pañait pas se 
répéter plusieurs fois dans l’année. 

L’œuf des Crocodiles est ellipsoïde, un peu plus 
gros que celui d’une oie; son enveloppe est dure et 
calcaire ; l’on ne sait pas au juste le temps de l’in- 
cubation , on la dit d'un mois. Les anciens 
croyaient que la femelle du Crocodile couvait ou 
au moins gardait ses œufs qu’elle dépose dans le 
sable à peu de profondeur ; quelques modernes par- 
tagent cette opinion, mais sans preuve directe et 
conduits par la simple induction que fait naître 
habitude sédentaire des Crocodiles, qui, dans les 
circonstances ordinaires , ne s’éloignent guère du 
domicile qu’ils se sont choisi. Le Crocodile, au 
sortir de l'œuf, a environ sept à huit pouces ; on 
dit que la mère dégorge la pâture dans la gueule 
du petit pendant trois mois ; son accroissement se 
fait assez rapidement dans le premier âge, il pa- 
raît cependant assez long pour les Grocodiles que 
Von peut avoir sous les yeux; peut-être la capti- 
vité est-elle dans ce dernier cas la cause de la 
différence que l’on observe dans ce phénomène ; 
les limites de la taille des différentes espèces de 
Crocodiles paraissent à peu près les mêmes; la 
plupart de ceux que l’on rencontre ont deux, trois 
à quatre mètres de longueur, el quinze, dix-huit à 
vingt-et-un pouces de largeur à la base du crâne; 
mais il paraît que l’en en voit dépasser de beau- 
coup ces dimensions, et arriver jusqu’à onze ct 
douze mètres de longueur, Cétte différence entre 
le point de départ et le termé:de l'accroissement 
des Crocodiles avait déjà frappé les anciens, comme 
on le voit par les passages d'Hérodote et d’Aristo- 


télès , et ‘tient sans doute à ce que leur ac- 
croisement se continue pendant toute la durée 
de leur existence, qui n’est pas aussi bornée que 
celle des animaux plus compliqués; c’est à cette - 
observation que quelques philologues rapportent 
l'étymologie du mot champses où champso, que les 
Arabes prononcent aujourd’hui, dit-on, msa4; ils 
le regardent comme formé de im, préposition qui 
répond volontiers au mot im des Allemands, et si- 
gnifie dans , et du mot sah ou soh traduisible par 
notre mot œuf, les Egyptiens voulait rappeler 
insi que ce gigantesque replile est sorti d’un petit 
œuf. ILest à remarquer que chez les Crocodiles 
naissans , la tête est plus globuleuse et le museau 
beaucoup plus court que chez le Crocodile adulte, 
fait insolite chez les reptiles et qui rappelle ce que 
l'on observe à cet égard chez les animaux supé- 
rieurs; cette circonsiance, signalée surtout par 
M. Geoffroy Saint-Hilaire et Tiedemann , doit être 
prise en considération dans la détermination des 
espèces, que l’on a souvent établie sur l’acuité pro- 
portionnelle du museau. Du reste les Crocodiles, 
comme tous les reptiles, ont à toutes les époques 
de leur vie les mêmes formes et les mêmes propor- 
tions relatives des diverses parties du corps. 

Les Crocodiles se trouvent diversement répan- 
dus sur le globe ; on dirait qu’ils se sont partagé 
la terre : les Champsès sont exclusifs à l'Afrique, 
car l’espèce à trois doigts de M. Véraux est 
comme nous l’avons vu encore douteuse ; les Ga- 
vials sont répandus dans l'Inde, et les Alligators en- 
vahissent les deux Amériques ; ici pourtant se voit 
une exception à la règle, puisqu'un champsès se 
retrouve aux Antilles et dans l'Amérique du nord. 
L’Asie septentrionale et l’Europe en sont préservées 
aujourd’hui; mais l’Europe du moins offre dans 
ses couches secondaires et tertiaires des preuves 
de l'existence d'animaux de cette classe à diver- 
ses époques des siècles reculés, et l’on voit, en les 
étudiant, qu’alors les genres n’étaient pas proprié- 
taires aussi exclusifs, puisque plusieurs assez dis- 
tincts se retrouvent dans les mêmes gisemens : 
ainsi les bancs de Honfleur contiennent une espèce 
distincte de celle des bancs de Caen , et sans rap- 
port avec les restes qu'offrent les plâtrières des 
environs de Paris, qui semblent se rapporter aux 
Caïmans ou aux Champsès. Les carrières de Solen- 
Hoffen en Franconie contiennent des restes qui 
se rapportent à plusieurs genres distincts. 

La chasse au Crocodile s’est pratiquée de tout 
temps, et l’on voit que les Romains se firent un 
plaisir de cette sorte de combat à Rome même, 
dans le cercle de Flaminius, qu’on avait rempli 
d’eau. Sans parler de la chasse au tir à coups de 
flèches, usitée parmi les peuples auxquels les ar- 
mes à feu furent ou sont encore inconnues, et de 
celle à coups de fusil, la plus généralement em- 
ployée aujourd’hui, on voit faire usage pour cette 
chasse de différens procédés plus ou moins ingé- 
nieux el intéressans. Déjà au temps d'Hérodote 
on prenait les Crocodiles au moyen d’un fort ha- 
mecon auquel on attachait un morceau de viande. 
Depuis, Fon voit, dans les relations des voyageurs, 


CROCG 


Loo 


CROC 


RAI D OGC mo 


prendre les Crocodiles en leur donnant à mor- 


dre une planche de boïs peu résistant, dans l’é- 
paisseur de laquelle leurs dents s’enfoncent et sont 
ensuite retenues par l’élasticité des fibres ligneu- 
ses ; mais les anciens ne se bornèrent pas toujours 
à la pêche à l'hamecon des Crocodiles. Ainsi Pli- 
nius raconte que les habitans de Tentyris, pour 
aller chercher jusque dans les entrailles de ces mons- 
tres les restes inanimés des humains qu'ils avaient 
cévorés, afin de leur rendre les devoirs de la sé- 
pulture, se mettaient à la nage, plongeaient près de 
ces animaux, les gagnaient, montaient sur leur 
dos, et leur passant un bäillon dans la gueule, ils 
s’en servaient comme d’un mors pour diriger les 
Crocodiles vers le rivage où ils les égorgeaient. Ce 
récit paraît fabuleux; cependant un voyageur mo- 
derne , Ch. Watterton, rapporte que dans l’Amé- 
rique du Sud, ayant pris sur le cours de l’Esse- 
quibo un Crocodile avec une gaffe amorcée, il l’a- 
mena à quelque distance ‘de lui, sauta sur son dos, 
s’empara de ses pieds de devant, et força ainsi 
l'animal à marcher dans la direction qu'il lui 
imprima, Bruce dit aussi que l'équitation sur le dos 
du Crocodile était un plaisir que se donnaient les 
enfans de l’Abyssinie. D’autres fois on harponne le 
Crocodile comme on le fait pour la Baleine, ou 
bien un plongeur intrépide se jette à l’eau à quel- 
que distance de l’animal, l’atteint, et, passant au- 
dessous de lui, l’éventre avec un poignard qu'il 
tient à la main. D’autres chasseurs emploient pour 
prendre les Crocodiles un morceau de fer pointu à 
ses deux extrémités et armé sur une perche ou 
une gaffe à deux crocs; on l’enfonce dans la gueule 
béante du Crocodile, qui, en rapprochant forte- 
ment les mâchoires, se les enfonce sur les poin- 
tes qui lui tiennent la gueule entr’ouverte assez 
pour que le poids du liquide ambiant surmonte 
la résistance du voile du palais et amène à Ja 
longue l’asphyxie et la mort de l'animal. D’au- 
tres fois on attire le Crocodile àterre, où ses 
mouvémens sont moins faciles, en faisant quelque 
bruit ou en imitant le cri d’an animal , celui du 
cochon par exemple, comme le dit Hérodote, et 
on letue en l’assommant à coups de massue, ou on 
l’égorge après lui avoir jeté de la boue sur les 
yeux pour l'empêcher de nuire: l’on creuse quel- 
quefois, non loin des grèves sur lesquellesles Cro- 
codiles viennent se chauffer au soleil, des fosses 
recouvertes de branchages dans lesquelles ils se Jais- 
sent tomber et prendre facilement. Les sauvages 
américains attachent un chien ou une charogne à 
un piquet au devant duquel ils disposent un nœud 
coulant ; puis ils pipent le Crocodile en frappant 
sur la carapace desséchée d’une tortue de terre 
qu'ils appellent ironiquement la cloche à diner du 
Gorcodile ; et le prennent assez souvent dans ces 
sortes de piéges où ils les étranglent au besoin ; la 
chasse au nœud coulant est surtout usitée lors- 
qu'on veut capturer les Crocodiles vivans ; une 
fois pris, on leur lic'étroitement les deux mâchoi- 
res l’une contre l’autre, on garrotte fortement les 
membres, la queue surtout, le long d’un aviron 
de résistance ou sur le bordage de la barque jus- 


qu’à ce qu’on puisse préparer une caisse ou une 
cuve pleine d’eau dans laquelle on laisse l'animal 
en liberté; on parvient ainsi à conserver en Eu- 
rope des Crocodiles vivans pendant quelques an- 
nées en maintenant la température de l’eau où ils 
séjournent entre douze et dix-huit degrés Réaumur. 

La destinée des Crocodiles a éprouvé les vicis- 
situdes de l'intelligence humaine: jadis recher- 
chés par le peuple le plus avancé en philosophie , 
conservés el cajolés comme une maîtresse, adorés 
comme un dieu, au point de tenir à honneur de 
leur sacrifier ses propres enfans qu’on leur offrait 
à dévorer , embaumés après leur mort à l'instar 
d’un monarque dont les peuples ont été contens, 
les Crocodiles sont aujourd'hui poursuivis , mas- 
sacrés à outrance comme un véritable fléau ; tous 
au plus les recherche-t-on comme objets d’études, 
et les expose-t-on, avec plus ou moins de succès, 
aux regards du public pour piquer sa curiosité 
avide d’étrangetés ; en Egypte même, théâtre de 
leur grandeur passée, ils en sont réduits à ce 
triste rôle de jouct trivial, et des voyageurs mo- 
dernes rapportent que naguère l’on voyait dans les 
processions de la fête. des serpens, des charlatans 
montés superbement sur le dos de l’antique déité 
qu'ils semblaient conduire par une laisse passée 
soit entre les dents de la mâchoire supérieure, 
soit dans l'épaisseur de la cloison des narines. |, 

On tire peu parti des Crocodiles. On mange 
rarement leur chair à cause de l’odeur particulière 
musquée qu’elle possède ; on n’a plus confiance 
dans les remèdes que la polypharmacie ou la mé- 
decine populaire des diverses époques ont em- 
pruntés à ces animaux; leur cuir reste trop per- 
méable à l’eau et l’usage des cuirasses passe de 
plus en plus de mode, A peine leurs dents servent- 
elles pour faire des culots de nipes. (T. G.) 

CROCODILION, Crocodilium. (8oT. PHAN.} 
Genre de la famille des Synanthérées cynarocé- 
phales de Jussieu, tribu des Centaurées de Gas- 
sini, et de la Syngénésie polygamie frustranée de 
Linné. Caractères : calathide radiée ; fleurons du 
centre nombreux et hermaphrodites ; fleurons de 
la circonférence disposés sur un seul rang, très- 
développés et stériles ; involucre d’écailles imbri- 
quées, coriaces, prolongées en un appendice sub- 
orbiculaire, scarieux et terminé au sommet par 
une épine; akènes surmontés de deux aigrettes, 
comme dans les Centaurées. 

L'espèce type de ce genre est le CrocoDILION 
DE Syrie, Crocodilium syriacum, Gass., Centau- 
rea crocodilium, L., plante annuelle, à tige ra- 
meuse striée et hérissée, à ‘feuilles pinnatifides , 
terminées par un grand lobe denticulé; à fleurs 
solitaires, au sommet de longs pédoncules. Elle 
est originaire du Levant. 

De Gandolie , qui, à l'exemple de Linné, a ré- 
duit le groupe des Crocodilions au rang de simple 
section du genre Centaurée, n’en décrit qu'une 
seule espèce, le CnrocoDILION DE SALAMANQUE, 
Centaurea salmantica, L. C’est une très-jolie 
plante à fleurs d’un rouge intense; elle est fort 
comrune dans les contrées méridionales de France, 


et notamment 


CROT 


4oi 


CROT 


CO SE PET ART PR PMR RER PETER nie ARR ren ta ee. à Ve joR RENDUES ÉeT DeESEne 


et notamment dans le département des Bouches- 
du-Rhône. (G. Ë.) 
- CROGUS. (mor. rmax.) Nom latin du genre 
Sarran. Ÿ. ce mot. (Guér.) 

CROISEAU, CROISEURS. (ois.) On donne 
vulgairement le nom de Croiseau au Biset (v. Pr 
«xon). Les marins désignent les Mouettes par le 
nom de Croiseurs. (GuËR.) 

CROIX. (or. Pnan.) Plusieurs plantes, dont 
certaines parties présentent quelque analogie avec 
la figure d’une Croix , ont recu ce nom, suivi de 
quelques épithètes caractéristiques. Voici les prin- 
cipales : 

Croix DE CacaTrava el de SAINT-JACQUES, 
l'Amaryllis formosissima , L. 

Croix E CHEVALIER , le Lychnis chalcedonica , et 
à Cayenne le lribulus cristoides , L. 

Cnorx pe Jérusazem ou de Mazre. Le Lychnis 
chalcedonica porte encore ces noms, qu'il doit 
à la forme de sa fleur et à ce qu'il a été introduit 
en Europe par les chevaliers croisés. 

g. Groix px Lorraine, le Cactus spinosissimus. 

CROIX ou CRUCIFIX DE MER. (mozr.) Le 
marchands donnent ces noms vulgaires au Mar- 
TEAU, Ostrea malleus, L. (Gu£r.) 

CROSSANDRE , Crossandra. (noT. pHaN.) Dans 
son Aortus malabaricus, Rheede a désigné sous 
le nom vulgaire indien Manja-Kurini, un arbuste 
de l'Asie méridionale à feuilles ondulées , s’élevant 
à la hauteur d’un mètre, rarement plus, et dont 
la tige se divise en plusieurs rameaux cylindriques, 
d’un vert presque foncé , qui présentent à l’aisselle 
des feuilles, et portés sur des longs pédoncules, 
des épis serrés, contenant de quarante à soixante 
fleurs d’un rouge de cinabre, imbriquées sur 
quatre rangs. Ges épis sont d’un très-bel aspect ; 
leurs fleurs durent long-temps , se succèdent sans 
interruption depuis les premiers jours de juin 
jusqu’au milieu et même jusqu’à la fin du mois 
d'août. Le calice qui les porte est composé de 
cinq folioles ovales, lancéolées, membraneuses, 
blanchâtres, dont deux plus courtes que les au- 
tres. La corolle est monopétale, x tube grêle, 
renflé, globuleux à sa base, et à limbe grand, 
formant une seule lèvre inférieure, découpée en 
cinq lobes inégaux. Quatre étamines sont insérées 
vers le milieu du tube, deux plus haut et deux 
plus bas. L'ovaire est supère , 1l donne naissance 
à une capsule à deux loges polyspermes. 

Linné avait rapporté cette plante, de la famille 
des Acanthées ct de la Didynamie angiospermie, 
au genre Carmantine ou Justicia, sous le nom spé- 
cifique de Justicia infundibuliformis. Depuis lai, 
Andrew la fit sortir de ce genre pour l’intercaler 
parmi les Ruellies ; Jacquin en fit un genre parti- 
culier sous le nom de Æarrachia, qui n’a point été 
adopté par les botanistes. Salisburÿ a été plus 
heureux en la constituant genre et en lui impo- 
sant le nom de Crossandre, créé par Aiton. 
Comme espèce, il a nommé la plante dont nous 
ayons un beau dessin sous les yeux', et que nous 
avons vue cultivée à Paris, CROSSANDRE A FEUILLES 
onpuLées, C. undulæfolia, (T, ». B.) 


Toue IL, 


CROTALAIRE, Crotalaria. (80T. rnan.) Com- 
pris dans l’intéressante famille des Légumineuses 
ce genre de la Diadelphie décandrie a beaucoup 
de rapport avec les Cytises et les Lupins. Le nom 
quil porte lui vient du mot grec krotalon, qui 
signifie ce que nous appelons aujourd’ui casta- 
gnettes , el est employé pour exprimer le son que 
rendent les gousses, poussées les unes contre les 
autres par le vent, ou lorsque les rameaux sont 
fortement agités par les enfans, amoureux de ce 
bruit qu'augmentent les semences ballottées ainsi 
d'une valve à l’autre. Le Baguenaudier, Colutea 
arborescens , qui peuple les bois et les buissons de 
nos départemens du midi, donne une idée de ce 
bruit ; de Rà le nom que l’on donne à cette Crota- 
lairede Nouveau Baguenaudier. Cependant, il faut 
le dire, il y a loin de ce son à celui que produisent 
les crotales de roseau fendu, de bois ou d’airain 
que les Crotalistriæ des anciens agitaient en accom- 
pagnant leurs danses légères, dont j’ai retrouvé 
l'usage dans les montagnes de la Calabre, 

Les Crotalaires sont annuelles ou vivaces , her- 
bacées ou à tiges ligneuses. Plus de quatre-vingts 
espèces composent ce genre, dont la fixation est 
due à Tournefort; elles habitent les régions voi- 
sines des tropiques et abondent surtout dans 
l'Amérique méridionale, aux Indes , sur le cap de 
Bonne Espérance. IL n'y a encore que très-peu 
d'espèces ligneuses cultivées en France. Cepen- 
dant elles y viendraient bien, en bonne eXposi- 
tion ; leur élégance, la belle variété de leurs cou- 
leurs méritent que l'on mette tout en œuvre pour 
les acclimater. 

Parmi les plus belles espèces, citons les suivan- 
tes : la CRoTALAIRE PouRPRE , C. purpurea, origi- 
naire du cap de Bonne-Espérance; elle a été ap= 
portée en Europe dans l’année 1792, et se cultive 
encorcen caisse pour êlre rentrée pendant l'hiver. 
Ce superbe arbrisseau , de quatre mètres environ 
de hauteur, est garni de rameaux eflilés, chargés 
de poils très-courts; ses feuilles sont allernes 
d’un beau vert; ses fleurs sont pourprées , assez 
grandes, inodorcs; elles se montrent vers le milieu 
du printemps, et forment une grappe d’un très-joli 
aspect. Il leur succède des gousses ovales-oblon- 
gues , d’un vert foncé , renflées et renfermant plu- 
sieurs graines brunes réniformes. 

On confond quelquefois cette espèce ayec la 
GROTALAIRE A FEUILLES D'AUBOURS, C. laburnifo- 
lia, qui nous est venue de l’Inde et ne s’orne de 
ses grandes fleurs jaunes qu'aux mois de juillet, 
août et septembre ; mais à l'inspection des gousses 
on trouve un signe distinctif qui les éloigne l’une 
de l’autre. On la multiplie de boutures en été. 

Une troisième espèce, très-élégante, indigène 
à l’île Maurice, qui doit de préférence entrer dans- 
nos jardins d'agrément, c’est l'élégante Cnora- 
LAIRE EN ARBRE, C. arborescens: elle a l'aspect 
d’un Cytise et s’élève seulement à Ja hauteur de 
deux mètres au plus; ses tiges grisâtres se char- 
gent tous les ans de bouquets de fleurs d’un beau 
jaune légèrement empourpré , qui produisent un 
très-bel eflet vers la fin de l'été et durant l’au— 


251° Livraison. 51 


CRO®T 


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CROT 


tomne. Jusqu'ici l’on n’a pu la conserver en pleine 
terre dans nos contrées septentrionales ; mais elle 
réussit à merveille dans le midi. 

Je dois aussi nommer 1° la CROTALAIRE Tou- 
JOURS FLEURIE, C. semperflorens, sous-arbrisseau 
de l'Inde, dont les tiges en petit nombre se gar- 
nisseut de feuilles vert foncé en dessus , cendré en 
dessous, parsemées de verrues qui s’aflaissent 
premplement el forment des taches blanchätres. 
Ses fleurs, assez grandes, d’un beau jaune doré, 
n'ont ipas d’ odeur, et se Liennent penchées; 2° la 
CROTALAIRE JoNCÉE, C. juncea, qui paraît tout 
argentée par le duvet soyeux dont elle est cou- 
verte; ses feuilles sont lancéolées, et ses grandes 
fleurs couleur soufre ; 3° et la CROTALAIRE REN- 
ELÉE, C. turgida, donnant deux fois J’an des 
fleurs jaunes sillonnées de lignes rougeâtres , et 
portées trois à six ensemble au sommet des ra- 
meaux, au mois de juin et à la fin de l'automne. 

(T. ». B.) 

CROTALE. (ngpr.) Ce nom, dérivé du mot- 
grec crotalon grelot, s'applique à un groupe d’O- 
phidiens, ou Serpens dont la queue est terminée 
par une série de pièces cornées plus ou moins nom- 
breuses, mobiles les unes sur les autres et qui, 
lorsque l'animal agite sa queue, produisent le 
même effet qu'une sorte de grelot ; ces pièces cor 
nées résultent de la chute incomplete du dé 
écailleux dont l'extrémité de la queue des Cro- 
tales est armée; arrondi , comprimé sur ses deux 
faces, avec un sillen médian assez prononcé, étran- 
glé pour ainsi dire transversalement dans deux 
points de sa longueur, rétréci aussi à sa base, son 
rebord libre se racornit sur l’un des étranglemens 
de la pièce suivante, lorsqu'il tombe par i “effet de 
la mue, et il se trouve ainsi plus ou moins retenu 
par l’un de ses renflemens : de à l'accumulation de 
ses pièces en nombre variable selon lescirconstances 
accidentelles, et leur c cliquetis lorsque l'animal re- 
mue Ja queue, agité qu’il est par la peur oula colère. 
Celte disposition singulière des Grotales, qui leur 
a fait aussi donner les noms de Serpens à sonnettes, 
de Grotalophores , et en latin celui de Caudisona, 
leur a mérité une certaine célébrité; mais ce qui 

n’a pas peu contribué aussi à leur réputation, c’est 
la pos du venin que leur morsure inocule. En 

effet, la simple piqûre produite par leurs dents en 
crochets suflit pour faire succomber en quelques 
minutes un animal de forte taille, unhomme même, 

au milieu desangoisses d’uneadynamieg ue éneuse 
qui parcourt ses périodes avec la rapidité de l'éclair 
et laisse rarement le temps d’arrêter ses progrès. 
L'on se rappelle à celte occasion la fin tragique de 
l’infortuné Drake, propriétaire d’une ménagerie à 
Rouen, blessé à Ja main par un serpent à sonnettes, 
qu'il soignait sans précautions ; ; il eut le courage 
des ‘emporter le doigt d’un coup de hache, mais 
sans succès : au. bout de quelques instans il suc- 
comba aux effets de l absorption du venin. Get af- 
freux accident appela l'attention de l'autorité et 
fit prohiber en Suisse, en France et dans quelques 
autres éclats européens, l'introduction des Cro- 

tales viyans. 


La subtilité de ce venin se conserve, après sa 
dessiccalion , pendant des temps presque infinis ; 
et parmi les exémples nombreux que l'on peut rap- 
porler à l’appui de ce fait, nous citerons celui-ci, 
Un homme fut mordu à travers ses bottes, et mou- 
rut; ces bottes furent successivementvendues à deux 
autres Pexsemes: qui succombèrent aux accidens 
propres à la piqûre des serpens toxiques, et ces 
boites auraient sans doule produit encore d’autres 
victimes, si l'on ne s'était enfin apercu que l'ex- 
trémilé d’une des dents venimeuses était restée en- 
gagéc dans le cuir. Le séjour des Crotales dans 
l'alcool paraît décomposer à Ja longue et dé- 
truire le venin de ces animaux; on a comblé beau- 
coup de ie contre la morsure des serpens à 
sonnetles; mais la plupart sont peu rationnels , et 
ceux qui ont effectivement des vertus, sont rare- 


ment praticables dans ces cas qui réclament des 


secours si prompts, el où l’occasion passe d'une 
manière si rapide, Nous renverrons, pour les dé- 
tails sur ce point, aux articles Opurprens, Tox- 
QUES , VENINS, elc. 

Les Crotales ont les formes et l’organisation de 
tous les Serpens téléphiens, à crache maxillaires 
mobiles, desquels ils s’isolent par le dé terminal de 
la queue, Leur têle est cordiforme, déprimée, {or- 
tement renflée en arrière; le museau, comme tron- 
qué, offre en arrière des narines un trou, orifice 
d’une cavité borgne dont on ignore les usages précis, 
et que l’on a comparée aux a de in ru- 
minans; les yeux sont peu saillans, abrités sous un 
rebord orbilaire assez prononcé; hs pupille est h- 
néaire, verticale; le cou parait d’autant plus 
marqué, que la région LÉ est volumi- 
neuse ; le corps esb cylindrique, assez grêle, re- 
vêlu en dessus d’écailles rhomboïdales, carénées, 
imbriquées, alternes, el terminé par une queue 
courte , revêlue en dessous par des lames simples, 
monophylles ou d’une seule pièce, et terminée px 
ce dé corné dont nous avons parlé plus haut, le- 
quel se moule sur la dernière vertèbre caudale, 
qui semble résulter de la soudure de deux ou trois 
vertèbres avortées. 

Les Serpens à sonnettes sont propres à l’Amé- 
rique ; ils se tiennent ordinairement dans les lieux 
marécageux , dans les broussailles et les taillis, 
les claurières et le bord des chemins; ils se nour- 
rissent ordinairement de pelits animaux, tels que 
des rats ou des oiseaux, qu'ils saisissent en s’élan- 
cant sur eux au moyen de leur corps roulé en 
spirale et dûnt ils développent les orbes avec la 
force et la rapidité du trait; mais leur ramper est 
lourd et lent, aussi l’homme évite-t-il facilement 
leurs poursuites. Gomme tous les serpens à mou- 
vemens spiroïdes, ils ne peuvent pas non plus 
grimper aux arbres et enrouler leur proie au 
moyen de leur queue ; leurs habitudes sont ordi- 
nairement lentes et apathiques, aussi ne les re- 
doute-t-on pas dans leur patrie à proportion du 
danger de leur morsure. Les Grotales s'engour- 
dissent à l'approche de l'hiver; alors leur morsure 
paraît moins redoutable, et souvent ils se Jaissent 
prendre à Ja main sans chercher à nuire. Dans leur 


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3 CROT 


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plus grande ardeur, ils ne S’attaquent guère à 
l'homme que lorsqu'ils ont peur ou qu'ils ont été 
ivrités ou provoqués, ou lorsqu'ils sont dans le 
temps du rut et de la reproduction ; l'on est préé 
venu de leur agression par le mouvement et le 
bruit de leur queue qu'ils agitent quelques instans 
ordinairement avant de s’élancer , et l’on peut les 
éviter facilement. Aureste, un coup de fouet ou de 
baguetle un peu fort suflit pour les mettre hors 
d'état de nuire et leur donner même la mort; ces 
animaux paraissent susceptibles d’être influencés 
d’une manière singulière par le son d’instrumens 
à vent, surtout par celui du cor de chasse, 
Voicice que M. de Châteaubriand raconte à ce 
sujet : « Au mois de juillet 1791 , nous voyagions 
dans le haut Canada avec quelques familles sau- 
vages de la nation des Oanoutagnes. Un jour que 
nous élions arrêtés dans une plaine au bord de la 
rivière Génésie, un serpent à sonnettes entra dans 
notre camp. Nous avions parmi nous un Canadien 
qui jouait de la flûte ; il voulut nous amuser, et 
s’avanca contre le serpent avec son arme d’une 
nouvelle espèce. À l’approche de son ennemi, le 
superbe reptile se forme tout à coup en spirale, 
aplatit sa tête, enfle ses joues, contracte ses lè- 
vres , découvre ses dents envenimées et sa gueule 
rougie; sa langue fourchue s’agite rapidement 
au dehors ; ses yeux brillent comme des charbons 
ardens; son corps, gonflé de rage, s’abaisse et 
s'élève comme un soufflet; sa peau dilatée est hé- 
rissée d’écailles et sa queue, en produisant un son 
sinistre , oscille avec tant de rapidité, qu’elle res- 
semble à une légère vapeur. Alors le Canadien 
commence à jouer sur sa flûte; le serpent fait un 
mouvement de surprise et relire sa tête en arrière ; 
il ferme peu à peu sa gueuleenflammée. À mesure 
que l'effet magique le frappe, ses yeux perdent de 
leur âpreté, les vibrations de sa queue se ralentis- 
sent, et le bruit qu’elle fait entendre s’affaiblit et 
_meurt par degrés. Moins perpendiculaires sur sa 
ligne spirale , les orbes du serpent charmé s’élar- 
gissent et viennent tour à tour se poser sur la Lerre 
en cercles concentriques ; les écailles de la peau 
s’abaissent et reprennent leur éclat, et, tournant 
légèrement la tête, il demeure immobile dans l’at- 
titude de l'attention et du plaisir. Dans ce moment 
le Canadien marche quelques pas en tirant de sa 
flûte des sons lents et monotones; le reptile, bais- 
sant son cou, entr'ouvre avec sa tête les herbes 
fines , et se met à ramper sur les traces du musi- 
cien qui l’entraîne, s’arrêtant lorsqu'il s'arrête , 
etcommençant à le suivre aussitôt qu’il commence 
à s'éloigner. Il fut ainsi conduit hors de notre 
camp au milieu d’une foule de spectateurs tant 
sauvages qu'européens qui en croyaient à peine 
leurs yeux. À cette merveille de la mélodie, il n°y 
eut qu'une seule voix dans l’assemblée pour qu’on 
Jaissât le merveilleux serpent s'échapper. » Si le 
serpent à sonnettes est aussi impressionnable, il 
paraît produire sur les animaux un effet aussi très- 
marqué. Son regard fixe, sa vue seule, ou, comme 
on a cherché à le prouver l’odeur, qu'il répand 
autour de lui, déterminent sur eux une sorte de 


paralysie ou de vertige indicible que l’on a dé- 
signé sous le nom de fascination, phénomène sur 


| lequel nous reviendrons au mot Orninrens. Les 


Crotales paraissent même susceptibles d’un certain 
apprivoisement, M. Thiébaut de Berneaud, l’un de 
nos collaborateurs, nous a raconté avoir vu en 
1829 un de ces animaux'qui vivait absolument libre 
chez M. Pallois, médecin à Nantes. Ce Crotale 
sortait de sa retraite aussitôt qu'on lappelait par 
le nom de Coco, qui lui avait été donné ; il venait 
manger sur la table ce qu'on avait disposé pour 
lui, sans s’effrayer de la présence des étrangers 
auxquels on montrait son éducabilité, et sans cher- 
cher à nuire, 

Les Crotales sont vivipares comme tous les ser- 
pens venimeux ; l’histoire de leur reproduction ne 
paraît pas du restetrès-connue dans ses détails, mais 
il paraît que les jeunes recoivent de leur mère pen- 
dant les premiers temps de leur existence une 
tutelle remarquable et si insolite qu’il faut ici 
parrer Île fait rapporté par Palisot de Beauvois', 
sans rien changer au texle de l'observateur. «Dans 
le premier voyage que j'ai fait parmi la nation in- 
dienne Tcharlokée, appelée par corruption Ché- 
roquée et par quelques uns Chéroquoise, jai eu 
l’occasion de voir dans un sentier que je suivais 
en herborisant un Boiquira ou serpent àsonnettes. 
L’ayant apercu de loin, je m’approchai leplus dou- 
cement possible; mais quelle fut ma surprise 
quand, au moment où j'avais levé le bras pour 
pouvoir le frapper, après avoir fait quelques pas 
de plus, je le vis s’agiter en faisant résonner ses 
sonneltes, au même moment ouvrir une large 
gueule et y recevoir cinq petits serpens de la gros- 
seur à peu près d’un tuyau de plume. Surpris de 
ce spectacle inattendu, je me relirai de quelques 
pas, et me cachai derrière un arbre. Au bout de 
quelques minutes, l'animal, se croyant ainsi que 
sa progéniture à l'abri de tout danger, ouvrit de 
nouveau sa bouche eten laissa sortir les petits 
qui s’y étaient cachés. Je me remontrai, les petits 
rentrèrent dans leur retraite, et la mère,emportant 
son précieux trésor, s'échappa à la faveur des 
herbes dans lesquelles elle se cacha. » Les serpens 
à sonneltes atteignent cinq à six pieds de longueur; 
mais il paraît qu'autrefois ils atleignaient des pro- 
portions beaucoup plus considérables, et qu'ils 
étaient beaucoup plus multipliés dans le Nouveau- 
Monde qu'ils ne le sont actuucllement. Aujourd’hui 
les Américains détruisent autant qu’ils le peuvent 
les Crotales , et la culture plus répandue , les com- 
munications plus fréquentes génent les habitudes 
ctla reproduction de ces animaux. À peine les 
populations peu instruites recherchent-elles la 
graisse des Grotales pour le traitement empirique 
de certaines maladies,et recueillent-elles leurs gre- 
lots pour faciliter l'accouchement ; mais jadis les 
serpens à sonneltes étaient révérés à cause de la 
peur qu’ils inspiraient, On n’en tuait jamais, parce 
que, disaient les sauvages, si l’on en tuaitun, son es- 
prit exciterait ses parens ou alliés vivans à venger 
le mal qui lui aurait été fait, et W. Bartram rap- 
porte dans la relation de son voyage une anecdote 


‘. CROT 


à ce sujet qui mérite d’être reproduite ici. «Un 
jour on m’annonça que des Indiens venaient me 
chercher. Je me levai précipilamment pour me 
dérober à leurs importunités , lorsque trois d’en- 
tre eux , jeunes et richement parés , entrèrent ; ils 
m'invitèrent d'un air aisé, noble et amical, à les 
accompagner jusqu’à leur camp pour les débar- 
rasser d'un grand serpent à sonneltes qui s'en 
était emparé; ne pouvant résister à leurs vives 
instances, je consentis à les suivre à leur camp , 
où je trouvai en effet les Indiens très-troublés..……. 
Les hommes se pressaient autour de moi, et me 
priaient d’éloigner l'animal. Armé d’une baguette 
flexible, j'approchai de lui. A l'instant ,il se roula 
en haute spirale et se tint prêt à se défendre. Je 
le frappai aussitôt à la tête et le coup l’étendit 
mourant à mes pieds ; je lui coupai ensuite la tête, 
puis je me retournai vers les Indiens, qui me féli- 
citèrent et me comblèrent de caresses... J'étais 
depuis peu rentré dans mon logis, lorsque je fus de 
nouveau troublé par l’arrivée imprévue de trois 
Indiens qui venaient pour m'égratigner, parce que 
j'avais tué le serpent à sonneltes réfugié dans leur 
camp... Is firent voir les instrumens avec lesquels 
ils prétendaient me taillader; déjà ils tenaient 
mon bras et je résistais, lorsque mon ami, le jeune 
prince (l’un des trois Indiens), s’avanca, les re- 
oussa, lear dit que j'étais un brave guerrier, 
qu'ils ne devaient pas provoquer. A l'instant , ils 
changèrent de conduite , tous ensemble poussèrent 
un cri, me serrèrent la main, me frappèrent sur 
l'épaule, mirent leurs mains sur leur sein en 
signe d'amitié et dirent en riant que j'étais un 
véritable ami des Seminoles; puis ils s’en allèrent, 
Toute. cette scène, à ce qu'il me parut, était une 
farce jouée pour satisfaire leur peuple et pour 
apaiser les mânes du serpent à sonneltes, » 

On distingue plusieurs espèces de serpens à 
sonneltes , que l’on groupe d’après la disposition 
du dessus de leur tête; les uns ont le crâne revêtu 
d’écailles à peu près semblables à celles du dos, 
ce sont les Crotales proprement dits, tels sont : 

Le CrorALE À cuevrons, C'rotalus horridus, Lin., 
Cuvier, C. atricaudatus. Il est d’une teinte cendrée, 
brunâtre en dessus, avec des bandes transversales 
au nombre de vingt à trente, noires , bordées de 
teinte claire , irrégulièrement imprimées sur lé- 
chine et terminées sur les flancs par une tache 
plus ou moins carrée, plus ou moins arrondie ; 
c'est cette espèce qui est la plus répandue aux 
États-Unis. On dit qu'elle traverse parfois les ri- 
vières et les lacs des lieux où elle réside en gon- 
flant son corps par la suspension momentanée de 
la respiration. 

Le CroTALE À LosanGEs ou Boïquira, Cascavela, 
Boïcininga des naturels, C. Durissus, Lin:, Gu- 
vier, représenté dans notre Atlas, planche 129, 
figure 4. D'une teinte brune , avec une série 
rachidienne de grandes taches noires rhomboï- 
dales bordées de jaune, des taches noirâtres in- 
tercalaires et quatre lignes noires longitudinales 
sur le dessus du cou; une légère différence dans 
la disposition des petites plaques qui se trouvent 


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en avant de la tête et sur le museau le distinguent, 
aussi bien que sa coloration, du précédent, avec 
lequel il a souvent échangé le nom latin que Lin- 
næus et Guvier lui ont donné. Les plaques labiales, 
disposées sur un seul rang et cordiformes au point 
de donner au bord des lèvres un aspect dentelé 
en scie, les distinguent aussi de l’espèce suivante, 
que l’on a groupée sousle nom particulier d’Uro- 
psophus , nom composé des mots grecs oura queue 
et psophein sonner. 

Le CROTALE A TBOIS RANGÉES DE TACHES, C. 
Triseriatus. U a le dos olivâtre, avec une série de 
taches rhomboïdales irrégulières , brunâtres, bor- 
dées de noir à leur bord antérieur, et avec une 
série de taches plus petites sur les flancs, distinctes 
des premières en avant ; où elles sont interrom- 
pues par une petite bandelette blanchâtre, con- 
fondues en arrière avec les taches rachidiennes ; 
une bande brunâtre derrière les yeux ; le dessous 
du corps est noirâtre, pâlissant vers le cou. Gette 
espèce a été rapportée du Mexique. Wagler pa- 
raît avoir rencontré des œufs assez avancés dans 
l’oviducte, ce qui séparerait plus nettement en- 
core ce genre des autres Crotales, qui sont vivipares. 

D’autres Crotales ont des plaques sur la tête, 
on leur a réservé plus particulièrement les noms 
de Caunisoxes de GroraroPnores , de ce groupe 
est le Mizcer, C. miliarius. Sa taille ne paraît 
pas alteindre à beaucoup près celle des autres 
espèces et ne dépasse guère, deux pieds à deux 
pieds et demi. 11 est d’un gris rougeâtre en 
dessus, avec une série interrompue de taches 
noires arrondies, bordées de blanc; deux rangées 
de petites taches noires sur les flancs, le ventre 
blanchâtre , avec de petites taches noirâtres irré- 
gulièrement dispersées. (T: G.) ; 

CROTALOPHORE. (ngpr.) Ÿ. CRoTALE. 

CROTON. (zor. Pnan:) Genre de la famille des 
Euphorbiacées, le plus riche en espèces après le 
genre Euphorbe. Voici ses caractères : fleurs mo- 
noïques, ou très-rarement dioïques : dans les 
mâles, le calice est quinquéparti; les pétales, au 
nombre de cinq, alternant avec cinq petites glan- 
des ; les étamines, au nombre de dix à vingt, ou 
plus rarement indéfinies, ont les filets libres, inflé- 
chis dans le bouton et redressés après l'expansion 
dela fleur ; ils s’insèrent à un réceptacle dépourvu 
ou couvert de poils, et dont les anthères, adnées 
au sommet de ces filets, regardent du côté interne. 
Dans les femelles , le calice est quinquéparti et per- 
sistant; point de pétales; trois styles tantôt bifides, 
tantôt divisés régulièrement en un plus grand 
nombre de parties, et des stigmates en rapport 
avec ces divisions ; un ovaire entouré à sa base de 
cinq glandes ou appendices, creusé intérieurement 
de trois loges contenant chacune un ovule, et 
devenant un fruit capsulaire ; qui s'ouvre en deux 
valves. Ce genre renferme des arbres, des arbris- 
seaux, des sous-arbrisseaux et des herbes, dont 
les feuilles sant alternes et pourvues de slipules, 
dentces ou lobées ; couvertes tantôt d’écailles ar- 
gentées ou dorées, tantôt de poils en étoiles qu'on 
doit regarder comme très-caractéristiques. On en 


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retrouve de semblables sur les rameaux, les pé- 
doncules, les calices et les capsules. À ce genre 
se rapportent près de cent cinquante espèces, qui 
apparliennent aux régions équatoriales des deux 
Amériques. 

| LeCroton Tiglium, etsurtout ses graines, connues 
sous le nom de graines des Moluques ou de Tilly, 
sont imprégnés de ce principe âcre qui semble être 
l’attribut de la famille entière. L'huile de Tiglium 
est un purgalif très-fort à faible dose. Cette pro- 
priété est due à un principe de nature résineuse 
qu’on a proposé de nommer T'igline. L’écorce d’une 
espèce de Croton est unesuccédantée du quinquina. 

Les anciens donnaient le nom de Croton au 
Ricin. (G. ɣ.) 5 
: CROUPION, Uropygium. (ors.) C’est ainsi que 
l’on nomme l'extrémité postérieure du tronc chez 
les oiseaux.-Cette partie correspond aux dernières 
vertèbres sacrées et à celles du coccyx, dont la 
dernière, qui est tranchante et à peu près sembla- 
ble au soc d’une charrue, supporte les pennes de 
la queue (voyez PEnne). Chez tous les oiseaux la 
pointe charnue du Croupion renferme des glandes 
qui sécrètent une humeur grasse, laquelle leursert à 
lustrer leur plumage pour l'empêcher de se laisser 
pénétrer par l'humidité. Dans une certaine race 
de nos poules domestiques, dite Poule sans queue , 
le Croupion manque presque en entier. 

(GEnv.) 

CRUCIANELLE, Crucianella. (not. puan.) 
Genre de la famille des Rubiacées, et de la Tétran- 
drie digynie. Involucre embrassant immédiatement 
la base de chaque fleur ; calice adhérent avec l’o- 
vaire, ct limbe non marqué; corolle formant un 
long tube, et se terminant par un limbe à quatre 
ou cinq divisions ; étamines en nombre égal à celui 
des lobes de la corolle ; ovaire surmonté d’un style 
bifide , et dont chaque branche porte un très-pelit 
stigmale; fruit à deux coques accoléés, non cou- 
ronnées par le calice, mais enveloppées par lin- 
volucre persistant. Ce genre comprend une ving- 
taine d'espèces herbacées, annuelles ou vivaces, 
et quelquefois sous-frutescentes à leur base, à tiges 
anguleuses , à feuilles généralement étroites, op- 
posées ou verlicillées; à fleurs petites et à épis 
simples, très-rarement en corymbes. La plapart 
des Crucianelles croissent en Europe, au voisinage 
de la Méditerranée. Ce genre correspond au Ru- 
béole de Tournefort. 

On en compte, en France, quatre espèces : 

La CRücIANELLE À FLEURS ÉTROITES, C. angusti- 
folia,L. Lamarck (£. ur, tab. 61), a unetige carrée, 
rude au toucher, simple et quelquefois rameuse ; 
ses feuiiles sont linéaires et courtes , verticillées 
par six ; ses fleurs sont pelites, en épis simples au 
sommet des ramifications de la tige. On la trouve, 
dans les champs après la récolle , en Anjou et dans 
le midi de la France. 

La CRUCIANELLE À FEUILLES LARGES, C. latifolia, 
L., a les feuilles vertes et larges, verlicillées par 
quatre. On la trouve dans les mêmes localités. 

: La CRuCIANELLE DE MoNrrezuter , C. monspe- 
liaca, L., n’est peut-être , ainsi que la précédente, 


qu'une variété de la première : elle croît dans les 
mêmes provinces. 

La CRUCIANELLE MARITIME, €. maritima, est 
une plante vivace, d’un blanc verdâtre, à tige 
étalée, très-rameuse, à feuilles quaternées, ovales, 
lancéolées , aiguës, rudes , qui croît sur les rochers 
des bords de la Méditerranée, en Provence, en 
Italie, en Espagne, en Egypte, etc. , etc.(G. £.) : 

CRUCIFÈRES, Crucifere. (mor. pnan.) Fa- 
mille de la classe des végétaux dicotylédonés, à 
fleurs polypétales, à élamines hyÿpogynes. Elle 
forme la 5° classe de Tournefort sous le nom de 
Cruciformes , et la 19° classe du système sexuel ou 
Tétradynamie de Linné. 

Par leur aspect, leur port, la structure cet la 
disposition de leurs organes floraux, les Crucifères 
composent une des familles les plus naturelles du 
règne végétal; aucun anteur n’a pu les méconnaî= 
tre, soit en en retirant un genre, soit en y intro- 
duisant celui d’une famille voisine. Quatre pétales 
en croix frappent l'œil le moins exerct; ajoutez à 
ce caractère, que, des six étamines, quatre sont 
plus grandes que les deux autres. On peut à cha- 
que pas vérifier ce type'des Grucifères sur la fleur 
du chou sauvage ou de la moutarde des champs. 

On ne compte point d'arbres ni même d’arbris- 
seaux dans cette famille; ce sont toutes plantes 
herbacées, très-rarement un peu ligneuses à leur 
base. Leur racine est en général perpendiculaire, 
tantôt grêle, tantôt épaisse et charnue. Leur tige 
porte des feuilles alternes; les fleurs , toujours pé- 
dicellées, sont disposées en grappes simples , op- 
posées aux feuilles ou terminales. 

Voici maintenant la composition de la fleur. 
Calice de quatre sépales, ordinairement caduecs, 
tantôt dressés , Lantôt étalés ; deux sont parfois un 
peu plus grands, ou gibbeux à la base, ou même 
prolongés en éperon. Quatre pétales (parfois nuls 
par avortement), allernant avec les lobes dn ca- 
lice , et insérés, comme lui, sur un disque hypo- 
gyne; opposés deux à deux par leur base, et for- 
mant une sorle de croix. Ils sont plus ou moins 
upguiculés, et variables dans leur forme ; ordinai- 
rement égaux; dans quelques genres, deux sont 
plus grands. Six étamines, dont quatre plus gran- 
des, disposées en deux paires placées chacune sur 
un côté du fruit, tandis que les deux petiles cor - 
respondent chacune à l’une des faces; anthères 
introrses, à deux loges. Le réceptacle, qui porte 
les étamines, est marqué de deux ou quatre glan- 
des. Ovaire unique, à deux loges séparées par une 
fausse cloison, et contenant chacune un ou plu- 
sieurs ovules. Un style court, terminé par un 
stigmale capité ou bilobé. Fruit fantôt allongé , et 
soit comprimé, soit cylindrique ou quadrangulaire 
(silique) ; tantôt moins long que large, et globu- 
leux ou comprimé (silicule) : la forme des valves 
de la cloison et le mode de déhiscence varient 
selon les différens genres. Graines globuleuses où 
planes, souvent membraneuses sur les bords, in- 
sérées à Ja base de la cloison. Elles n’ont point de 
périsperme; l'embryon présente des distinctions 
importantes dans la position relative de ses parties 


CRUC 


Ta 


6 _IERUG 


intégrantes; pour ne point les répéter, nous Les 
indiquerons en parlant de la classification des Gru- 
cifères. 

Le nombre des plantes de cette famille est con- 
sidérable ; on n’en compte guère moins de mille 
espèces , réparties en près de cent genres. On peut 
juger des progrès de la science en remarquant que 
Linné connut à peine le quart de ce nombre. La 
plupart croissent en Europe. 

Une propriété commune aux Grucifères, c ’est 
la présence dans toutes leurs parties d’une huile 
volatile âcre , irritante, qui, selon sa quantité, les 
rend plus ou moins antiscorbutiques. On lit que 
des marins, long-temps battus par les flots et la 
tempête, souffrant de la fièvre et de la maladie si 
commune sur les vaisseaux, ont trouvé une 
prompte régénération dans une île déserte à la 
vérité, mais très-riche en Crucifères. Chez nous, 
tout le monde connaît le Cresson, préconisé par les 

marchandes pour la santé du corps, et les pots de 
Cochlearia que l’ouvrier de Paris achète conscien- 
cieusement pour la salubrité de sa bouche. La 
moutarde offre aussi un exemple de l’activité de 
celte huile. 

Mais qu’à ce principe stimulant se joignent des 
fluides mucilagineux et sucrés, angnentés surtout 
par la cullure, alors certaines Crucifères devien- 
nent alimentaires. Le chou, le navet , le radis, sont 
de cette famille. 

D’autres fournissent par leurs graines une huile 
grasse très-abondante ; citons particulièrement le 
Colza et la Navette. ° 

Gomme plantes d'agrément, on voit peu de Cru- 
citères figurer dans nos jardins. Les principa alessont 
la Gir oflée,, la Julienne, les Thluspt, ete. 

Venons maintenant à la classification des Cru- 
cifères. Dans cette vaste famille, où tant d’analo- 
gics rapprochent les genres, on bb ies signes 
dL distinction, sans . trouver ce particuliers à 
chacune. Telle Crucifère, depuis Linné, est de- 
venue Lour à tour espèce ou genre, genre ou es- 
pèce, et huit ou dix noms désignent souvent la 
même plante, selon les botanistes qui l'ont exami- 
née. La grande division de Linné en Siziqueuses 
et SizicuLEusEs (voyez ces mots}, fondée sur la 
dimension du fruit, ne peut être un principe de 
classification, d'autant plus que les espèces d’un 
même genre offrent quelquefois, lune une silique, 
l'autre une silicule; il faudrait, pour ainsi dire, 
une mesure en pouces ou lignes, pour élablir que 
toute silique n'alteignant pas certaine longueur 
doit être réputée silicule. 

Gærtner, Desvaux et R. Brown ont jeté un 
grand jour sur l'étude des Grucifères, et M. De 
Candolle, les examinant de nouveau aves une 
scrupuleuse sagacité, a revu tous les genres, les a 

caractérisés, et peut être en quelque sorte regardé 
comme le législateur de cette famille. Voici sa 
elassification , fondée sur la position relative des 
cotylédons et de la radicule, ce qui distingue les 
ordres, eb sur la structure et le mode de done 
des a de d’où il a tiré les caractères de ses tri- 
bus, Nous ne pouvons énumérer les genres; cha- 


que tribu porie le nom de la plante qui en forme: 
le typect Pexemple. , 

OnDRe PREMIER. Crucifères pleurorhizées. Goty- 
lédons planes, accomlbans ; la radicale est redres- 
sée, eL correspond à la fente qui les sépare. Graines 
comprimées. 

Tribu 1%, Arabidees. — Silique s’ouvrant dans 
sa longueur ; cloison étroite ; graines souventmem- 
braneuses. 

Tribu 2°. Alyssinées. — Silicule s’ouvrant de 
même; cloison large et membraneuse; valves con- 
caves ou planes; graines souvent membraneuses. 

Tribu 5°. T'hlaspidées. — Silicule s’ouvrant de 
même; cloison étroite; valves carénées ; graines 
ovaïdes, quelquefois membraneuses. \ 

Tribu 4% Æuclidiées. —Silique indéhiscente ; 
une ou deux graines dans chaque loge. 

Tribu 5°, Arastaticées. — Silicule s’euvrant lon- 
gitudinalement ; valves offrant à leur face interne 
de pelites cloisons, entre chacune desquelles se 
trouve une graine. Fi 

Tribu be ACakilimééss —< Silique ou silicule se 
rompant transversalement en plusieurs pièces ar- 
ticulées ; à une ou deux loges , contenant chacune 
une ou deux graines. 

Onone peuxIÈME. Cruciféres notorhizees, — Co- 

tylédons planes, incombans; la radicule est ap- 
pliquée sur le dos de l’un d’eux. Graines ovoides, 
non marginées. 

Tribu 7. Sisymbrices. — Silique s’ouvrant lon- 
gitudinalement; cloison étroite; valves concaves 
ou carénées ; graines .ovoïdes ou oblongues. 

Tribu 6°. 6 né lin: — Silicule à valves con- 
caves ; cloison large. 

Tribu 9°. Zépidinées. — Silicule à cloison très- 
étroite; vaives carénées ou très-concaves; graines 
oyoides, 

Tribu 10°. Jsatidées. — Silicule ordinairement 
indéhiscente, uniloculaire ; valves carénées ; une 
seule graine. 

Tuibu 11% Ænchonices. — Silique ou silicule 
s’ouvrant transversalement en plusieurs pièces ar- 
ticulées , monospermes, 

Dust rroisièue. Cruciféres orthoplacées. Go- 
tylédons incombans, pliés longitudinalement , et 
recevant laradicule éansla gouttière qu’ils forment; 
graines ordinairement slobuleuses. ; 

Tribu 19°, Prassicées. — Silique s'ouvrant Jon- 
gitudinalement ; cloison étroite. 

Tribu 13°. Vellées. —Silicule à valves concaves? 
cloison large. 

Tribu 14°. Psychinées. - — Silicule à valves caré- 
nées ; cloison étroite ; graines comprimées. 

Tribu 15 Zuillées. — Silicule imdéhiscente, 
à une ou deux loges monospermes; graines glo- 
buleuses. 

Tribu 16°. Raphanées. —Silique ou silicule s’ou- 
vrant transversalement en plusieurs pièces arti- 
culées, monospermes, ou divisées en plusieurs 
fausses loges. s 

Onone quarmième. Crucifères spirolobées. Co- 
tylédons linéaires , incombans , roulés en spirale, 


Ordres Familles 


Brachyures 
(Crabe bronké}...........! : 


Macroures 


Décapodes.…… | 


lEcrevisse COMMUNE À ne nm mm mn ann scoot do nus 


lnioutrasses 
{Squille mante) 


Stomapo des... 


Bicutrasses 
: Phyllosome DOATADI PE dE Ce reed Jade Er bee \ 


eo) 


{ Crevetaines 


SE] Amphipode s. 


| (Crevete des russeaux |... ) 


di Lœmodipodes [ Cyames 
\ ou de Baleine)... .. 


ee Isopodes… ….fZoportes 
Va Zoporte des masons ]......... 


= 


_# Branchiopodes. / Monoctes 


Mpnocle commun | 


®) 
# 
Xyphosures 
/Limul commun |... 
Pœcilopodes.…. Calgides 


/ Calige commun ) 


Lerneformes , 
/Pichetestion de LEsturgeon & 


| YAraple Cor Ljerer) eue tie Loft 20 ET. MEET. à PORN LE Ca 4 


Trilobites / 


| lAsaphe caudigera } 


CRUS 


a —_———— 


407 


CRUS - 


—— ———"———_—_———_—_—p—Z2 


Tribu 17°. Buniadées. -- Silicule indthiscente à 
deux ou à quatre loges. 

Tribu 18. Érucariées. —Silicule articulée ; ar- 
ticle inférieur à deux loges. 

Onore cinquième. Cruciféres diplécolobées. Co- 
tylédons linéaires incombans, repliés deux fois sur 
eux-mêmes transversalement. 

Tribu 10° Æéliophilées. — Silique oblongue ; 
cloison allongée, étroite; valves planes où un peu 
concaves. 

Tribu 20°. Subulariées. — Silicule ovoïde ; cloi- 
son large, elliptique; valves convexes ; loges po- 
Iyspermes. 

Tribu 21°. Brachycarpées. — Silicule didyme ; 
cloison étroite; valves très-convexes; loges mo- 
nospermes. (L.) 

CRUCIFORME , Cruciformis. (m0T. Pan.) 
Cette expression indique particulièrement la dis- 
position en forme de croix de la corolle polypé- 
tale régulière, lorsqu'elle a quatre pétales opposés 
deux à deux par leur base. 

Les Crucirormes de Tournefort comprenaient 
les végétaux dont la corolle est en forme de croix. 
Voyez l'article Crucirknes ci-dessus. (L.) 

CRUPINE, Crupina. (Bor. rx.) C'estune des 
nombreuses sections faites par les auteurs moder- 
nes au grand genre Centaurée de Linné. Les ca- 
ractères de celle-ci, indiqués par Persoon et mo- 
difiés par Henri Cassini, consistent en ce que ses 
capitules ont les fleurs du centre peu nombreuses, 
flosculeuses et hermaphrodites, tandis que celles 
de la circonférence sont irrégulières et neutres. 
La graine est attachée immédiatement par sa base, 
et non latéralement comme dans.les autres Cen- 
taurées. L’aigrette se compose d’un rang extérieur 
d’écailles imbriquées, minces et plumeuses, et 
d’écailles intérieures plus courtes et tronquées, 

Le genre est formé de la seule Centaurea cru- 
pina de Linné , plante de nos provinces méridio- 
nales, à fleurs purpurines, à feuilles presque en- 
tières à la base de la tige, et découpées profondé- 
ment dans le haut. Elle est cultivée dans les jardins. 

(L.) 

CRUSTACÉS, Crustacea. Les Crustacés for- 
ment une grande classe qui comprend tous les 
animaux articulés, à pieds articulés et respirant 
par des branchies. Leur circulation est double. 
Le sang qui a éprouvé l'effet de la respiration se 
rend dans un grand vaisseau vertical qui le distri- 
bue à tout le corps, d’où il revient à un vaisseau 
et même à un vrai ventricule situé dans le dos, 
lequel le renvoie aux branchies, Leurs branchies 
sont des espèces de pyramides composces de la- 
mes ou hérissées de filets , de panaches ou de la- 
mes simples, et se tenant généralement aux ba- 
ses d’une partie des pieds. Les Crustacés sont 
privés d'ailes, munis de deux yeux à facettes, 
et communément de quatre antennes, et au moins 
de six mâchoires ; jamais de lèvre inférieure pro- 
prement dite. Tels sont les principaux caractères 
qui empêcheront sans doute de confondre les 
Crustacés avec les Arachnides et les Insectes, On 
ne pourrait diviser constamment le corps des Crus- 


tacés en tête , thorax et abdomen : car le plus sou- 

vent la tête de ces animaux n’est pas distincte, 

et l’on ne reconnaît sa pôsilion que par l'existence 

des anténnes, des yeux et de l'ouverture buccale 

qui se trouve intimement confondue avec la par- 

tie la pins considérable du corps, celle qui ren- 

ferme les principaux viscères, qui donne attache 

aux pattes, et qui par ces fonctions a de l’analo- 

gie avec le corselet des insectes. La partie posté- 

rieure de ce corps, divisée en anneaux ou seg- 

mens complétement isolés, vient à la suile, ne 

renferme que l'extrémité postérieure du canal in= 
testinal, et ne porte pas de vrais pieds. Telle est 

l’organisation des Crustacés décapodes, brachyures 

et macroures. Dans d’autres Crustacés, la tête 
est bien détachée; mais il n’y a pas de thorax, . 
et le corps se trouve dans toule son étendue par- 
tagé en segmens ou anneaux assez semblables en- 
tre eux, ‘dont le nombre, qui n’est jamais moindre 
de douze , est quelquefois beaucoup plus considé- 
rable, C’est ce qu'on observe chez les Squilles , 
les Branchipes, etc. Dans quelques autres, les 
Limules , la division du corps en segmens n’est 
apparente qu’en dessous, tandis qu'en dessus la 
tête présente un vaste bouclier, et que le tranc 
et l'abdomen se trouvent confondus et couverts 
par une seconde grande plaque que termine un 
long appendice ensiforme. Enfin, dans certains 
animaux de celte classe, tels que les Cypris, les 
Cythérées, etc. , la tête est plus ou moins dis- 
tincte, et le corps, qui n’est point nettement di- 
visé en tronc et en abdomen, nelaisse voir aucune 
trace de segmens, et se trouve compris dans un 
test bivalve, formé par une expansion endurcie de 
Ja peau du dos. Dans plusieurs cas, on observe 
que les anneaux du corps sont composés de quatre 
pièces distinctes, une supérieure, une inférieure 
et deux latérales. Souvent les six premiers an- 
neaux n'ont qu'une pièce supérieure commune 
à tous, laquelle est très-vaste, lie toutes les au- 
tres, devient en quelque sorte la clef de la voûte 
qu'elles forment , protége les viscères placés sous 
celte voûte, et prend le nom de test ou de cara- 
pace, comprenant la tête, qui supporte ordinaire- 
ment des yeux, des antennes et une bouche, 

Les yeux sont ordinairement au nombre de 
deux, plus où moins distincts lun de l'autre. 
On en distingue de deux genres , les uns sessiles 
et les autres composés ; ces derniers ont un ca- 
racière assez constant et qui leur est propre; ils 
sont pédonculés, c’est-à-dire sitaés à l'extrémité 
ou dans Je trajet d’une tige de même nature que 
le test, très-mobile à sa base, et située quelque- 
fois dans une fossetie particulière. Les yeux lisses 
sont toujours scssiles, peu saillans, ronds ou 
ovales, 

Les antennes sont an nombre de quatre dans 
le plus grand nombre des Crustacés , tels que les 
Crabes, les Ecrevisses, les Cloportes , etc.: celles 
sont très-variables quant à leur nombre , leur dé- 
veloppement, leur composition el leur forme: tan- 
tôt elles sont au nombre de quatre, tantôt au 
nombre de deux seulement , ou bien clles dispa- 


mem" 


CRUS 


408 


CRUS 


Age EL 


raissent complétement; chaque antenne est for- 
mée de deux parties , le pédoncule et le filet ; le 
pédoncule, qui constitue la base proprement dite, 
est formé d’un petit nombre de pièces inégale- 
ment développées et de figures variables ; le filet, 
qui est triple , double ou simple , se compose au 
contraire d’une multitude de petits anneaux ajou- 
tés à la suite les uns des autres, et ne différant 
entre eux que par leur dimension qui va en di- 
minuant de la base au sommet. 

La bouche est toujours située à la partie anté- 
rieure et inférieure de la tête, ou dans la région 
du corps qui la remplace. Les pièces principales 

ui Ja forment , destinées le plus souvent à broyer 
et à déchirer les corps dont ces animaux se nour- 
rissent , sont en nombre pair, et placées latérale- 
ment comme celles qui composent la bouche des 
Insectes mâcheurs. Quelquefois néanmoins ces 
pièces, réunies à d’autres qu’on peut appeler des 
lèvres, sont modifiées de facon à former une sorte 
de bec ou de sucoir, dont l'usage est de pomper 
les liquides dont l’animal qui en est pourvu se 
nourrit. Dans les Crustacés ordinaires, ou mala- 
costracés , les parties de la bouche présentent des 
variations assez fréquentes quant à leurs dimen- 
sions , à leurs formes, de telle facon que les plus 
extérieures d’entre elles sont quelquefois sembla- 
bles à des pattes, et qu'elles en remplissent les 
fonctions. Dans les Entomostracés, ces pièces moins 
nombreuses offrent aussi des modifications telles, 
qu'il est presque impossible de les décrire d’une 
manière générale. Cette irrégularité nous engage 
à donner ici quelques détails sur la composition 
de la bouche des différens ordres de la classe des 
Crustacés. Chez les Crustacés décapodes, la bou- 
che est composée d’un labre, de deux mandibules 
portant chacune sur le dos un palpe de trois arti- 
cles, d’une langue bilobée insérée près du pharynx, 
et de cinq paires de pièces, appelées mâchoires par 
Saviguy , disposées sur deux rangs longitudinaux, 
mais dont les trois dernières et surtout la qua- 
trième et la cinquième sont arliculées en manière 
de pattes, et ont à leur base extérieure un appen- 
dice sétacé, représentant un palpe, ou une petite 
antenne portée sur un long pédicule. Les quatre 
mâchoires postérieures dépendent du thorax, et 
portent des branchies , ainsi que les pieds thora- 
ciques, mais moins développées'que celles de ces 
derniers organes. Savigny désigne les trois der- 
nières paires de mâchoires par l'épithète d’auxi- 
aires : ce sont des pieds-mâchoires. Les quatre 
pièces supérieures seraient des mâchoires propre- 
ment dites. À quelques modifications près, nous 
retrouverons la même composition buccale dans 
les Crustacés stomapodes , ampüipodes eL isopo- 
des. Ici les mâchoires auxiliaires, ou du moins 
celles des deux dernières paires , ressemblent tout- 
à-fait à des pieds, et font même l’oflice des ser- 
res. Les mandibules des Isopodes n’offrent plus de 
palpes. Dans quelques uns, comme les Gyames, 
les deux paires de mâchoires proprement dites 
sont réunies sur un plan transversal , et imitent une 
sorte de lèvre inférieure ; caractère qui est com- 


mun aux insectes myriapodes qui, sous la considé- 
ration des organes manducatoires , ont une grande 
afinité avec les Crustacés précédens. Parmi les 
Crustacés branchiopodes, les uns ont un labre , 
des mandibules, et des mâchoires sétacées comme 
de coutume ; d’autres ont une espèce de bec ow 
de rostre articulé ; enfin les derniers , tels que les 
Limules , n’offrent ni mandibules, ni mâchoires É 
ni bec, mais, ainsi que dans plusieurs arachnides, 
l'article radical de leurs pieds devient un organe 
maxillaire. D’après les observations de Straus et 
d'Adolphe Brongniart sur divers Crustacés bran- 
chiopodes à mâchoires, leur appareil manduca- 
toire n’est point composé numériquement des 
mêmes pièces que celui des Crustacés des ordres pré- 
cédens ; les premiers pieds-mâchoires n’en font pas 
partie, et ne recouvrent pas les organes supérieurs 
en manière de lèvre. Quant au bec ou rostre des 
Branchiopodes suceurs ou ceux de notre seconde 
division , il est probablement formé de parties ana- 
logues à celles qui composent la bouche des Bran- 
chiopodes précédens. Savigny suppose que dans 
Les Galiges les pièces représentant les mandibules 
n'existent point. Un labre prolongé , engaînant un 
sucoir de deux à troissoies, nous aparu conslituer 
le bec des Pandares. A en juger d’après les Ar- 
gules, ce bec renfermerait un sucoir rétractile. 
Le thorax offre des caractères très-différens 
suivant qu'il est distinct de la tête ou confondu 
avec elle; dans le premier cas il se compose d’une 
série d’anneaux également développés , et suppor- 
tant chacun une paire de pattes: dans le second 
celte uniformité dans le développement n’est plus 
aussi sensible, surtout à la partie supérieure, qui 
ne parait composée que d’une vaste pièce, laquelle 
a recu le nom de test ou de carapace. Desmarest, 
auquel la science est redevable d’un excellent tra- 
vail sur les Crustacés fossiles, en examinant avec 
soin des carapaces d’un très-grand nombre de 
Crustacés, a reconnu que les parties saillantes de 
ces carapaces , quelques formes irrégulières ou bi- 
zarres qu’elles semblent affecter, n'étaient pas dues 
au hasard , et qu’au contraire dans tous les genres 
de Crustacés la disposition de ces inégalités était 
constante et soumise à quelques lois qui n'étaient 
jamais contrariées. Réfléchissant d’ailleurs que 
ces Crustacés ont leurs principaux organes situés 
immédiatement sous le test ou la carapace, il a 
été conduit à rechercher s’il existait des rapports 
marqués entre la place qu’occupent ces viscères 
et la distribution des inégalités extérieures du test. 
Nous élions d'autant plus fondés à admettre ces 
rapports, dit Desmarest, qu’on sait qu’à une cer- 
laine époque de l’année, tous les Crustacés, après 
avoir perdu toute leur vieille enveloppe solide, se 
trouvent revêtus d’une peau tendre qui durcit à 
son tour, et se change, au bout de quelques jours, 
en une croûte aussi résistante que celle qu’elle 
remplace ; ct nous pouvions présumer que dans 
les premiers momens la nouvelle peau se moulait 
jusqu’à un certain point sur les organes intérieurs, 
et que son ossification était ensuite influencée par 
les mouvemens propres à ces organes, ou par le 


plus 


oo 


CRUS 


409 


——————_——_—_—_—_—_——_———_—_— 


CRUS 


oo 


plus ou moins de développement de chacun d’eux. 
Partant de cette idée, nous ayons fait en quelque 
sorte, sur une carapace de Crustacé , l'application 
du système du docteur Gall sur le crâne humain; 
et nous nous sommes crus d'autant plus autorisés 
à faire cette application, que les organes mous 
qui, chez les Crustacés , peuvent modifier les for- 
mes extérieures, sont parfaitement distincts les 
uns des autres, etont des fonctions bien recon- 
nues. Ilest facile de s'assurer, en effet, que les 
rapports que nous avons présentés existent ; Car, 
si l’on enlève avec quelque précaution letest d’un 
crabe de l'espèce la plus commune de nos côtes , 
on observe derrière le bord interoculaire un esto- 
mac membraneux vésiculeux, ayant deux grands 
lobes en avant et deux pelits en arrière, soutenus 
dans son milieu par un mince osselet transversal 
en forme d’axe, et ayant en dessus, entre les deux 
grands lobes et sur la ligne moyenne, deux mus- 
cles longitudinaux qui s’attachent d’une part au 
bord antérieur du test, et de l’autre à l’osselet 
transversal. Si l’on examime comparativement la 
carapace que l’on a détachée, on reconnaît sur 
celle-ci l'indication des deux lobes antérieurs de 
l'estomac avec une ligne enfoncée moyenne, cor- 
respondant à l'intervalle qui sépare les deux mus- 
cles dont il a été fait mention ; derrière l’estomac 
se voient des corps blanchâtres sinueux en forme 
d’intestins, et faisant plusieurs circonvolutions : 
ce sont les organes préparateurs de la génération, 
les vésicules spermatiques chez Je mâle, et les 
ovaires chez les femelles ; ils aboutissent en des- 
sous dans des lieux différens ; chez ies mâles, à la 
base de la queue à droite et à gauche, et chez 
les femelles, vers le milieu de la seconde pièce 
sternale de chaque côté; mais en dessus ils occu- 
pent la même place dans les deux sexes; rap- 
prochés de la carapace , ces organes nous ont paru 
occuper l’espace qui paraît circonscrit par des li- 
gnes enfoncées , et que l’on voit derrière celui qui 
répond à l'estomac. En arrière encore, dans un 
enfoncement assez marqué, on trouve le cœur qui 
est déxrimé en dessus, et qui en remplit toute 
l'étendue ; les battemens font facilement recon- 
naître cet organe; chaque bord latéral de la cavité 
où il est placé est solide , très-relevé , et fermé par 
une cloison verticale qui se rend du,sternum à la 
carapace , et qui contribue à donner de la soli- 
dité à celle-ci, étant fixée entre ces deux sur- 
faces. Cette même cloison sert de support à d’au- 
tres cloisons transversales, qui sont en nombre 
égal à celui des séparations des pièces sternales , 
et dans l'intervalle desquelles sont situés les mus- 
cles moteurs des pattes. A droite et à gauche des 
organes préparateurs de la génération et du cœur, 
sont deux grands espaces où les branchies sont 
rangées sur deux tables osseuses obliques qui fer- 
ment en dessus toutes les loges où sont fixés les 
muscles des pattes. Ces branchies sont au nom- 
bre de cinq de chaque côté, et chacune présente 
un double rang de petites lames branchiales trans- 
verses ; leur point d’attache est en dehors, et tou- 
tes leurs sommités sont dirigées vers la ligne qui 


Tome IL, 


sépare du cœur les organes préparateurs de la gé- 
nération. Le test présente au dessus de ‘ces par- 
ties , de chaque côté du corps, un espace bombé 
qui, par son étendue, se rapporte parfaitement 
avec la place qu'elles occupent en dessus; enfin 
des deux côlés de l’estomac , et en avant des 
branchies , se montre le foie, qui est très-volumi- 
neux; sa consistance est molle, sa couleur est 
jaunâtre, et sa surface présente une multitude 
de petites parties vermiculées. Le foie se prolonge 
en dessous des viscères médians que nous avons 
décrits, et se prolonge fort en arrière jusqu’à la 
base de la queue, de telle sorte qu’on le voit en- 
core derrière le cœur; il a, dans ce point, le 
même aspect et la même structure qu’en avant du 
corps , et ilest diviséen deux lobes, qui d’ailleurs 
se touchent assez exactement. Dansles carapaccs, 
les parties qui recouvrent les endroits où le foie 
est visible , lorsqu’on l’a enlevé , sont moins bom- 
bées que les autres, et sont distinctes à cause 
même de ce manque de saillie, surtout les anté- 
rieures. Plusieurs Crustacés de différentes espèces 
ayant été disséqués dans ces mêmes vues, nous 
avons reconnu les mêmes rapports entre la distri- 
bution des organes internes et la configuration ex- 
térieure dutest. Dès-lors, pouvant nous étayer de 
l’analogie, nous avons recherché et nous avons 
trouvé que dans presque la totalité des Crustacés 
brachyures les lignes enfoncées qui séparent les 
espaces répondent aux parties internes dont 
nous venons d'indiquer les dispositions relatives. 
Dans quelques uns néanmoins , plusieurs de ces in- 
dications manquent presque tout-à-fait, comme 
dans certaines Leucosies, par exemple ; mais, dans 
ce cas, la carapace est toute lisse, et aucun autre 
sillon n'indique de divisions qui ne seraient pas 
correspondantes à celles que nous avons annon- 
cées. Dans quelques autres la surface de la carapace 
est, au contraire, marquée d’une infinité de li- 
gnes enfoncées et de nombreuses aspérités , tels 
que les Cancer variolosus, Cancer incisus; mais les 
divisicns principales se retrouvent toujours dans 
la même disposition. 

Nous avons cru devoir donner le nom de régions 
aux divers espaces de la carapace qui recouvrent 
les organes intérieurs, et distinguer ces régions 
par des désignations spéciales qui rappellent le rap- 
port qu’elles ont avec ces mêmes organes : ainsi 
la région stomacale , ou celle qui recouvre l’esto- 
mac, est médiane ou antérieure ; la région génitale 
est médiane et située immédiatement en arrière 
de la stomacale ; la région cordiale est médiane et 
placée en arrière de la génitale ; les régions hépa- 
tiques sont au nombre de trois, deux antérieures 
situées une de chaque côté de la stomacale et en 
avant des branchiales , une postérieure médiane: 
qui vient entre la cordiale et le bord postérieur 
de la carapace; les régions branchiales, au nombre 
de deux, une de chaque côté, sont piacées entre 
les régions cordiale et génitale d’une part, et les 
bords de la carapace de l’autre. Ces régions varient 
en étendue dans les divers genres des Crustacés 
brachyures, et sont plus ou moins fortement tra- 


132° LivrAIsON, 52 


CRUS 


en CRUS 


ko Aer : 


cées. Ainsi les Leucosies , les Dromies , les Pinno - 
thères et les Corystes les ont pour la plupart à 
peine distinctes , tandis que les Inachus, les Do- 
rippes et les Mÿctires surtout les ont au contraire 
très-prononctes, Les Crabes proprement dits, les 
Portunes el les Gonoplaces tiennent à peu près 
le milieu entre tous, sous ce rapport. La région 
stomacale est ordinairement très-développée dans 
la plupart de ces Crustacés , et située sur la même 
ligne transversale que les régions hépatiques an- 
térieures ; mais dans quelques genres , comme les 
Inachus , les Macropodes et autres Crustacés oxy- 
rhynques, et dans les Dorippes, elle fait saillie en 
avant et contribue à donner à la forme du corps une 
figure triangulaire. La région génitale est en gé- 
néral assez distincte, et se prolonge presque tou- 
jours sur le centre de la stomacale en formant une 
sorte de pente qui paraît diviser celle-ci en deux. 
La région du cœur est constamment apparente et 
toujours située à la même place, c’est-à-dire un 
peu en arrière du centre de la carapace, si ce 
n'est dans les Dorippes, où elle se confine au bord 
postérieur de cette même carapace, en faisant 
disparaître la région hépatique postérieure. Les 
régions branchiales, au contraire, varient beau- 
coup ; elles n’ont rien de bien remarquable dans 
les Crabes et les Portunes, tandis qu'elles sont 
très-saillantes et bombées dans les Dorippes et les 
Inachus. Dans le dernier de ces genres, elles sont 
même tellement remplies qu’elles se touchent en 
arrière et prennent à leur tour la place de la ré- 
gion hépatique postérieure. Dans les Ocypodes, 
ou Crabes de terre, elles sont planes en dessus , 
et indiquent sur les côtés une partie de la forme 
carrée de ces Crustacés. Affectant la même figure 
que les Grapses, elles présentent chez ceux-ci, à 
leur surface, des lignes saillantes obliques, qui 
paraissent correspondre aux paquets de branchies 
qui sont au dessous. Dans la plupart des espèces 
dont les angles latéraux de la carapace sont très- 
marqués, il en part une ligne transverse sail- 
lante, qui dessine le bord antérieur de ces régions 
branchiales ; c’est surtout ce qu'on remarque dans 
la plipart des Portunes et dans les Podopthalmes. 
Les Gécarcins, dont le test est en cœur et large- 
ment tronqué en arrière, ont les régions bran- 
chiales si bombées en avant qu’elles envahissent 
la place des régions hépatiques. Quant aux régions 
hépatiques recouvrant des organes inertes de leur 
nature, elles ne forment jamais de saillies très- 
marquées ; elles se distinguent même des autres 
régions par leur aplatissement. Les deux anté- 
rieures sont le plus ordinairement bien apparen- 
tes dans les Crustacés brachyures dont la carapace 
est carrée ou demi-circulaire , tandis qu'elles sont 
presque effacées chez ceux dont la forme est trian- 
gulaire. : 

:: Après les Crustacés brachyures, les Macroures 
doivent attirer notre attention , et nous devons y 
chercher des régions que nous avons reconnues 
dans les premiers. En prenant pour type lAsta- 
cus fluviatilis, nous remarquerons que le test de 
ce Crustacé présente une ligne transversale en- 


foncée, arquée en arrière, qui se partage en deux 
portions à peu près égales , et qui semblent indi- 
quer la séparation d’une tête et d’un corselet ; 
mais lorsque nous enlevons le Lest, nous recon- 
naissons que ce qui est en avant de celle ligne re- 
couvre non-seulement les parties qui appartien- 
nent à la têle, mais encore l'estomac et le foie. 
L’estomac est situé dans la ligne moyenne , et le 
foie se trouve placé sur les côtés eten arrière de 
celui-ci; deux forls muscles attachés contre la 
partie interne de la carapace servent à mouvoir 
les mâchoires. La trace de leur insertion est indi- 
quée au dehors par un espace ovalaire plus fine- 
ment ponctué et rugueux que ce qui l’environne ; 
sur la seconde partie de la carapace, celle qui est 
placée derrière le sillon transversal dont nous 
avons parlé plus haut, se voient en dessus deux li- 
gnes enfoncées longitudinales tout-à-fait analogues 
à celles qu’on observe dans les Crabes à droite et 
à gauche du cœur, et qui, chez ceux-ci, sépa- 
rent la région cordiale des branchiales. L’inspec- 
tion du dessous montre la même disposition, c’est- 
à-dire le cœur au milieu, placé dans une cavité 
formée par la carapace en dessus, et par les cloi- 
sons qui donnent attache aux muscles des pattes 
de chaque côté, et les branchies sur les parties 
latérales, dans la portion la plus large du test. Les 
organes préparateurs de la génération sont situés 
après, et en avant du cœur, à peu près comme 
dans les Crustacés brachyures, mais derrière le 
foie. En dehors , leur place n’est; marquée que 
par quelques rides. Le foie se montre de nouveau 
en arrière du cœur, mais se trouve tout-à fait 
sous le bord postérieur de la carapace. Il est donc 
possible de distinguer dans la carapace de l'Ecre- 
visse plusieurs régions , savoir : 1° en avant du 
test transversal, une région stomacale fort vaste, 
avec laquelle les régions hépatiques antérieures 
sont confondues de manière à ne pouvoir être sé- 
parées; 2° en arrière de ce sillon, une région 
cordiale moyenne avec laquelle se trouve aussi 
confondue la région génitale ; 5° deuxrégions bran- 
chiales situées latéralement, Chez d’autres Crus- 
tacés macroures les régions hépatiques antérieures 
et génitale sont assez bien marquées. Les Gala- 
thées ont une région stomacale, une cordiale , 
deux branchiales, et de plus deux hépatiques tout- 
à-fait latérales, comme chez les Crabes. Les Scyl- 
lares ont la région stomacale triangulaire et très- 
large en avant , deux petites hépatiques latérales, 
une génitale très-bombée et épineuse, une cor- 
diale encore plus relevée , également épineuse , et 
deux branchiales étroites tout-à-fait latérales. 
La Langouste a son test plus compliqué; la région 
génitale est plus indiquée, et dans quelques espèces 
du même genre, les branchiales forment de chaque 
côté une saillie très-remarquable. Chez les Pagures, 
ce test mou, tout déformé et modifié qu'il est par 
la coquille dans laquelle il est enfermé, n’en pré- 
sente pas moins les régions stomacale et hépatiques 
séparées de la cordiale et des branchiales par le 
sillon transverse qu’on trouve dans les Ecrevisses 
et les Homards. Ces diverses régions ne sont plus 


CRUS 


11 


CRUS 


distinctes dans les Crustacés macroures dont le 
test très - mince et flexible conserve l’apparence 
cornée, tels que les Palémons, les Pénées, les 
Alphées, les Crangons, etc. Quant aux Crustacés 
stomapodes , leur carapace n'offre que la région 
stomacale dans son milieu, avec deux ailes ou 
appendices libres, nu de chaque côté. La position 
du cœur dans la partie caudale et celle des 
branchies, changées en sorte de pattes, sous cette 
même partie, ne laissent aucune trace des régions 
sur le test proprement dit. 


La carapace, envisagée sous ce point de vue, 
présente certainement des considérations zoolo- 
giques très-curieuses; aussi M. Desmarest en a-t-il 
tiré un excellent parti pour l'étude des Crustacés 
fossiles ; et il a pu, à l’aide des observations in- 
génieuses que nous venons d'indiquer, arriver à 
une détermination exacte du genre et de l'espèce, 


lorsque les pattes , les parties de la bouche et au- 


ires parties caractéristiques manquaient complé- 
tement , ou étaient tellement détériorées qu’on ne 
pouvait en faire aucun usage. 


Les membres sont , de toutes les parties , celles 
qui sont le plus sujettes à varier; leur nombre, 
leur disposition, leurs fonctions offrent de très- 
grandes différences, suivant qu’on les examine 
dans chaque ordre. On distingue généralement 
deux sortes de pattes , les vraies et les fausses ; 
les vraies appartiennent au thorax et sont com- 
posées de six pièces ou articles dont le dernier est 
nommé tarse ou ongle. La première paire de pat- 
tes proprement dites a recu le nom de pinces, 
lorsque le pénultième article, développé outre 
mesure, constitue une sorte de doigt immobile, 
sur lequel se meut de haut en bas le dernier arti- 
cle ou le tarse, de manière à constituer une véri- 
table pince. On a nommé aussi pieds-mâchoires un 
certainnombre d’appendices locomoteur, qui vien- 
nent s'ajouter accessoirement aux parlies de Ja 
bouche. 


Les fausses pattes s’observent sous l'abdomen 
et à son origine; elles sont terminées par deux lames 
divisées en deux filets. Ces appendices sont tantôt 
des auxiliaires de l’appareil locomoteur, tantôt des 
parties accessoires des organes de la respiration ; 
d’autres fois ils réunissent ces deux usages, et 
dans la plupart des cas ils servent tous, ou du 
moins plusieurs d’entre eux, à soutenir les œufs. 
L’abdomen, qui fait suite au thorax et qui termine 
le corps, a élé désigné improprement sous le nom 
de queue; il varie singulièrement par sa forme, 
ses proportions el ses usages; dans tous les cas 
al contient l'extrémité du canal intestinal, et est 
pourvu d’appendices particuliers dont nous avons 
indiqué les fonctions, 


Le système nerveux a beaucoup d’analogie avec 
celui des Arachnides et des Insectes; il se compose 
d’un cerveau plus large que long, et dont la face 
supérieure est quadrilobée. De cette masse encé- 
phalique , partent des filets nerveux pour les yeux 
et postérieurement deux cordons allongés em- 
brassant l’œsophage, se réunissant au dessous de 


lui en un renflement ou ganglion médian qui 
fournit des nerfs aux mandibules, etc., et qui, en 
arrière, donne naissance à la continuation du SYS- 
tème médullaire proprement dit. Ge système mé- 
dullaire se compose de ganglions plus ou moins 
nombreux, qui sont réunis entre eux au moyen 
d’une paire longitudinale de nerfs. Les organes 
des sens , la vue, le toucher , l’ouie, l’odorat et le 
goût, existent évidemment ; mais il n’y a que les 
trois premiers pour lesquels on ait démontré l’exis- 
tence d'appareils propres à remplir ces fonctions; 
le sens de l’oufe offre même encore quelques dou- 
tes quant à son siége, 

Les Crustacés ont une circulation double qui 
s'effectue à l’aide d’un cœur, sorte de ventricule 
pulmonaire situé sur le dos, et d’un vaisseau ven- 
tral qui peut être considéré comme le ventricule 
aortique, MM. Audouin et Edwards, dans un mé- 
moire sur la circulation des Crustacés, lu à l’aca- 
démie des sciences en janvier 1827, ont démontré 
que le sang ne pouvait arriver aux branchies que 
par les vaisseaux situés à la face externe de ces or- 
ganes; que de là ce liquide traverse les lames 
branchiales, passe au côté interne dé la bran- 
chie, et arrive dans le vaisseau qu’on y remar- 
que ; que du vaisseau interne de la branchie le 
sang se dirige vers le cœur, en traversant des 
canaux logés sous la voûte des flancs; que tous 
les vaisseaux en communication directe avec le 
cœur, à l'exception des canaux latéraux dont il 
vient d’être question, sont des artères destinées à 
porter le liquide nourricier dans toutes les parties 
du corps; enfin que le sang qui a servi à la nu- 
trition des divers organes, et qui est ainsi devenu 
veineux , afllue de toutes parts dans de vastes si- 
nus latéraux (1), d’où il revient dans les vaisseaux 
externes des branchies pour se convertir bientôt 
en sang artériel, et parcourir de nouveau le cer- 
cle que nous venons de tracer. Suivant lesauteurs, 
le sang irait du cœur aux différentes parties du 
corps, ei de ces parties aux sinus veineux; des si- 
pus veineux aux branchies, et de là au cœur. La 
circulation des Crustacés est donc semblable à 
celle des Mollusques, et ce résultat, comme on 
le voit, confirme pleinement l'opinion émise à ce 
sujet par Guvier dans ses leçons d'anatomie com- 
parée. La respiration est une fonction très-dévelop- 
pée et pour laquelle ilexiste des organes spéciaux 
nommés branchies; ce sont des sacs pyramidaux, 
foliacés ou hérissés de filets où de panaches, dont 
la posilion est très-variable; qui, par exemple, 
sont fixés tantôt à la base des pattes ambulatoires, 
tantôl aux appendices extérieurs de la bouche, 


LR ee EE ne ST TS TE ON VUE 


(x) :Ges observations, et surtout l'existence des sinus veineux, 
qui ont valu au travail cité ici un prix. à l’Institut, sont Join 
d'être admises dans la science ; d’après les travaux conscien- 
cieux de plusieurs anatomistes allemands, et notamment de 
M. Krohn{Jsis, 1834, 5 cahier }, ces observations seraient 
drons plus tard sur ce sujet. 


(Guér,) 


inexactes. Nous revien 


Le 


CRUS 


AE 


= 


CRUS 


d’autres fois à l’extrémité postérieure et inférieure 
du corps; souvent aussi ils remplacent les pattes, 
et servent en même temps à la locomotion. 

Les Crustacés sont tous carnassiers ; leur sys- 
tème digestif se compose d’une bouche assez com- 
pliquée , à laquelle on voit succéder un canal in- 
testinal généralement droit et court, et auquel 
on distingue l'æsophage, qui a peu de longueur ; 
l'estomae, qui offre des différences remarquables 
dans son développement, et qui, dans le plus 
grand nombre , est muni d’un appareil crustacé 
sur lequel M. Geoffroy St-Hilaire a fixé d’une ma- 
nière Loule spéciale l’attention des anatomistes. 
A la suite de l'estomac, le canal intestinal se ré- 
trécit et poursuit directement son trajet vers l’a- 
nus, situé à l'extrémité de l'abdomen. Au dessous 
de l'estomac et du cœur, on observe, dans le plus 
grand nombre des Crustacés, le foie, organe sou- 
vent très-volamineux dans certains temps de l’an- 
née ; ilsécrète la bile, qui ensuite est versée dans 
Vintestuin. Les force génératrices sont analo- 
gues à ce qu'on trouve ordinairement ailleurs; les 
sexes sont séparés , à l'exception d’un ordre, ce- 
lui des Entomostracés, chez le plus grand nombre 
desquels on n’a pu encore découvrir des sexes 
distincts. 

Les mâles ont des canaux déférens qui aboutis- 
sent à deux verges, lesquelles sortent du thorax 
derrière la dernière paire de pattes ; les femelles 
ont deux vulves s’ouyrant tantôt sur la troisième 
pièce sternale, et tantôt à la base même des pat- 
tes qui correspondent à ce segment sternal, et 
qui, par conséquent , sont la troisiééae paire. hé 
Crustacés sont ovipares ou ovovivipares, le déve- 
loppement des œufs étant plus ou moins prompt ; 
tantôt ils sont attachés , immédiatement après Ja 
ponte, à des appendices garnissant la face infé- 
rieure de l'abdomen, et connus sous le nom de 
fausses pattes, ou bien à des feuillets particuliers, 
ou bien encore ils setrouvent embrassés dans une 
<enveloppe membraneuse, sorle de matrice ex- 
terne adhérente au corps de l'animal ; tantôt ils 
sont contenus quelque temps dans le corps de Ja 
mère, el y éclosent; d’autres fois enfin, ils sem- 
blent se conserver desséclés pendant un grand 
nombre d'années à la manière de est grai- 

es, el n’éclore que nr les circonstances fa- 
UE à leur développement sont réunies. 

On ne sait encore que très-peu de chose sur 
la distribution géographique des Crustacés; cepen- 
dant voici ce qu'en dit accidentellement Latreille 
dans un mémoire sur la géographie des insectes : 
«Quoique les animaux de la classe des Crustacés 
soient exclus de mon sujet, voici néanmoins quel- 
ques observations générales à leur égard, et qui 
complètent ce Ron Les genres Lithode, Co- 

ryste, Galathée, Homole et Phronyme sont pro 
pres aux mers d’ Europe ; ceux d’'Hépate et d’ Hippe 
n'ont encore élé trouvés que dans l'Océan améri- 
can; du même lieu et des côtes de la Chine et des 
Moluques viennent les Limules; les genres Dorippe 
et Leucosie habitent particulièrement la Méditer- 

ranée et les mers des Indes orientales; celles-ci 


nous donnent exclusivement les Orithyes, les Ma- 
tutes, les Ranines, les Albunées , les Thalassines; 
les autres genres sont communs à toutes les mers; 
mais les Ocypodes ne se trouvent que dans les 
pays chauds. Les Grapses les plus grands viennent 
de l'Amérique méridionale et de la Nouvelle-Hol- 
lande. » 

Les lieux d'habitation des Crustacés sont très- 
variés. Les uns, et c’est le plus grand nombre, 
habitent les mers, et vivent à des profondeurs 
considérables, ou bien sur la plage entre les ro- 
chers ; les autres se rencontrent dans les eaux dou- 
ces; plusicurs sont terrestres et se creusent des 
terriers assez profonds. 

Les rapports qui existent entre les Crustacés et 
les classes voisines, telles que les Annélides, les 
Arachnides et les Insectes, ont été signalés de- 
puis long-temps par les classificateurs. Les anciens 
naturalistes placèrent les Crustacés entre les Pois- 
sons et les Mollasques ; Linné les réunissait aux 
Insectes qui comprenaient également les Arach- 
nides, et il les rangeait avec celles-ci dans une di- 
vision particulière désignée sous le nom d’Aptères. 
Bichon revint à la classification ancienne ; il dis- 
tingua les Crustacés des Insectes, les plaça à la 
suite des Poissons ; mais il leur associa les Myria- 
podes et les Arachnides. Dans la méthode de Fa- 
bricius, les Crustacés faisaient de nouveau partie 
des Insectes, et ils constituèrent le quatrième or- 
dre sous le nom d’Agonata. Latreille (Précis des 
caractères généraux des Insectes) établit trois or- 
dres, le premier sous le nom de Crustacés, le se- 
cond sous celui d'Entomostracés , et le troisième 
sous celui de Myriapodes. Plus tard, Cuvier, se 
fondant sur des caractères anatomiques , effectua 
un changement motivé ; il transporta d’abord les 
RU à la tête de e classe des Insecles, et 
peu de temps après il établit d'une manière dis- 
tincte la classe des Crustacés. En jelant un coup 
d'œil sur les divisions qui ont été établies dans les 
Crustacés constituant uu ordre, on verra qu'à 
mesure que la science a marché, elles ont aug- 
menté dans une proportion considérable. Linné 
partageait les Crustacés en trois genres : les Cra- 
bes, Cancer, qu’il divisait en Brachyures el en 
Macroures ; les Cloportes , Oniscus, et les Mono- 
cles, Monoculus. Fabricius, profitant des obser- 
vations de Daldorf”, partagea les Crustacés en 
trois ordres: 1° les Polygonata, mr des 
genres Oniscus et Monoculus de Linné ; les 
Klcistagnata, comprenant les Crabes re 
du même auleur et une portion des Limules de 
Müller ; 5° les Exochnata , embrassant la division 
des Crabes macroures de Linné. Guvier (Tableau 
élémentaire de l'hist. des anim.) établit des cou- 
pes qui renferment les grands genres Monoculus, 
Canter et Oniscus. 

Lamarck (Syst. des anim. sans verlèb.) divise 
la classe des Crustacés en deux ordres : les Pédio- 
les ( yeux pédiculés ), et les Sessiocles ( yeux scs- 
siles ) Latreille (Genér. Crust. et Insect., et Con- 
sidér. génér.) partage cette classe en deux ordres : 
le premier porte le nom d'Entomostracés et le se. 


CRYP 


er 


cond est désigné sous celui de Malacostracés ; dans 
cet arrangement , les Oniscus étaient réunis aux 
Arachnides. Leach a fait connaître (Trans. of the 
Linn. societ., t. x) une classification complète de 
l’ordre des Crustacés, dans laquelle il établit un 
grand nombre de genres nouveaux et plusieurs 
divisions. Enfin Latreille dansle Règne animal de 
Cuvier partage la classe des Crustacés en deux 
grandes divisions, qui sont : les Mazacosrracés et 
les Evromosrracés. Les Malacostracés compren- 
nent cinq ordres : les Décarones, les Sromaro 
Des, les AmPxipones, les Losmporopes et les 
Isopones; la seconde grande division, celle des 
Entomostracés, ne comprend que deux ordres: les 
Brancuroropss et les PosciLopones. Les TriLogr- 
TES, animaux fossiles des terrains anciens, ont 
été classés à la suite des Entomostracés. Il sera 
parlé plus en détail de ces grandes divisions et des 
ordres, aux articles qui en traiteront. Nous nous 
bornons ici à donner, dans la planche 1530 qui ac- 
compagne cet article , un tableau offrant la figure 
d’un type de chacune des grandes divisions , d’a- 
‘près la dernière édition du Règne animal. 
(H. L.) 

CRYOLITHE. (un. ) Ce nom , qui signifie pierre 

de glace, a été donné à l’alumine fluatée alcaline. 
(Guér.) 

CRYPTE, Cryptus. (ins.) Genre d'Hymé- 
noptères de la famille des Pupivores, tribu des 
Ichneumonides, établi par Fabricius comme un 
démembrement du grand genre Ichneumon de 
Linné, On peut lui assigner pour caractères : tête 
transverse, point prolongée en manière de mu- 
seau; mandibules bifides, palpes maxillaires de 
cinq articles très-allongés , les labiaux de quatre ; 
languette peu profondément échancrée ; abdomen 
oyalaire, porté sur un pédicule allongé, grêle et 
arqué; larière saillante. Les insectes de ce genre 
ne sont pas en général d’une grande taille, mais 
il en est de si petits qu'ils vivent à l’état de larve 
dans les œufs des autres insectes ou dans le corps 
des pucerons ; les larves d’une espèce, le €. glo- 
bulatus , forment une agglomération de coques at- 
tachées aux graminées, qui atteignent jusqu’à un 
pouce de longueur ; celles d’une autre espèce pla- 
cent de même leurs coques à côté les unes des au- 
tres, mais sans leur faire une enveloppe commune; 
enfin une troisième dispose les siennes de manière 
que, quand elles sont vides, leur masse représente 
assez bien en petit un rayon fait par des abeilles ; 
<e genre est nombreux en espèces, et toutes sont 
loin d’être connues. On peut consulter, à leur 
égard , les travaux de M. Gravenhorst. 

C. armATEUR , C, armator , noir, avec l’écusson 
el un anneau aux antennes blancs; l'abdomen et 
les pieds sont fauves. 

C. piQuanrT, C. cumpunctor , noir avec la bou- 
che et les pattes fauves. 

Plusieurs espèces de ce genre ont leurs femelles 
aplères, et comme les formes de leur corselet dif- 
fèrent un peu de celles des autres, on pense qu’on 
pourrait peut-être en former un autre genre. 


(A. P.) 


L13 ù 


CRYP 
CRYPTES. (a£os.) On désigne ainsi des galeries 


souterraines plus ou moins étendues, qui parais- 
sent, pour la plupart, avoir été creus£es par des 
hommes. Ÿ”. Cavennes. (Guër.) 

CRYPTOCÉPHALUS. (ins. ) V. Grisounr. 

CRYPTOGAMIE, Cryptogamia. (BoT.) La 
Cryptogamie de Linné (vingt-quatrième classe de 
de son système sexuel) , l’Agamie de quelques au- 
teurs , l'OEthæogamie de quelques autres, l’Acoty- 
lédonie de Jussieu, renferment des végétaux appelés 
Inembryonés par Richard, dont les organes ne sont 
pas distincts pour les deux sexes, ou du moins 
dans lesquels la forine des organes est très-diffé- 
rente de celle des étamines et des pistils des au- 
tres plantes. Quelques naturalistes avaient proposé 
d'établir, pour les Cryptogames, un règne à part 
entre les animaux et les végétaux ; mais l’analogie 
d'organisation intérieure que présentent les êtres 
de cette famille st ceux des autres familles natu- 
relles n’a pu laisser admettre cette idée de clas- 
sification. 

Les plantes cryptogames ont, en général, 
moins d'organes à considérer que les plantes pha- 
nérogames; mais la forme de ces dernières variant 
beaucoup, leurs noms ont également varié dans 
chaque famille. 

Ainsi que les Phanérogames, presque toutes les 
Cryplogames présentent deux systèmes d'organes : 
un pour la reproduction , c’est ce que l’on observe 
surtout dans la famille des Urédinées ; un autre, 
appelé végétatif, qui est destiné à produire, à 
supporter et à protéger le premier. Les organes 
de ce second système varient extrêmement depuis 
les Fougères, les Lycopodes, etc. , où l’on trouve 
les mêmes organes de la végétation que dans les 
plantes les plus parfaites, jusqu'aux Hypoxylées, 
aux Chaodinées ou aux Urédinées, où ces mêmes 
organes paraissent manquer entièrement. 

Les organes reproducteurs des Cryptogames 
consistent en séminules situées et enveloppées 
d’une manière très-variable , et en organes fécon- 
dans qui n’ont encore été bien observés que dans 
un petit nombre Je familles. 

Les séminules ou sporules (sporuli, seminula, gon- 
gyla) sont des corps arrondis , d’une ténuité telle 
qu'on n’a pu encore éludier leur structure, et 
qui varient probablement beaucoup dans les di- 
verses familles. Ainsi dans les Cryplogames cellu- 
leuses , telles que les Champignons, les Lichens , 
les Algues, etc., les séminules représentent une 
masse homogène celluleuse, ou quelquefois pres- 
que fluide à l’intérieur, sans aucune espèce de 
tégument propre. Ges séminules sont en nombre 
variable , mais peu considérable dans une même 
capsule : toutes les Pezizes en ont huit, le Geo- 
glossum viscosum trois, l'Erysiphe biocellata deux, 
la plupart des Mucédinées et des Lycoperdacées une, 
les Urédinees et les Mucors beaucoup plus. 

Le caractère des sporules est de se développer 
librement , de nager au milieu du fluide contenu 
dans les capsules; le caractère de ces dernières 
est d’être attachées aux filamens ou à la substance 
charnue ou ligneuse ; enfin le caractère des grai- 


CRYP 


414 


CRYP 


nes est d’adhérer, à certaines époques, aux pa- 
rois de la capsule, sur lesquelles on n’observe point 
de placentas : telles sont les différences des sémi- 
nules, des capsules et des graines, organes de 
fonctions analogues. 

Si avant l’époque de la maturation des sémi- 
nules on vient à ouvrir une capsule d’une Cryp- 
togame, on la trouve remplie par un fluide muci- 
lagineux qui enveloppe les vraies sporules ; telles 
sont les capsules des Fougères , des Lycoperdacées, 
des Marsiléacées , des Charagues, les grains arron- 
dis des Prêles, l’urne des Mousses , la capsule des 
Hépatiques , les apothécies des Lichens ; les 
capsules qui couvrent la membrane des vrais 
Champignons , celles qui remplissent le péridium 
des Hypoxylées , celles qui composent entièrement 
les Urédinées, enfin la poussière des Lycoper- 
dacées et des Mucédinées, et les capsules des 
Fucoïdes. 

L’enveloppe immédiate des séminules ou spo- 
rules des Cryplogames ayant recu des noms diffé- 
rens et Lant soit peu arbitraires , il est bon d’en 
limiter le nombre et le sens qu’on doit y attacher, 
afin de faire mieux ressortir les rapports de strac- 
ture des plantes de familles différentes, Nous ap- 
pellerons donc Capsule celle des Cryptogames vas- 
culaires, des Mousses et des Hépatiques; Thèque 
celle des vrais Champignons et des Hypoxy- 
lées; Sporidie où mieux Sporange celle des Urédi- 
nées et des Fucacées ; Spore celle des Lycoperda- 
cées, des Lichens, des Ulvacées, et /nvolucres les 
tégumens des Fougères , les imvolucres des Marsi- 
léacées, les disques et les cornets membraneux 
des Prêles, la coiffe des Mousses, le conceptacle 
des Fucoïdes, etc. 

Les organes de Ja fructification des Cryptoga- 
mes se réduisent, en dernière analyse, à des 
capsules uniloculaires où très-rarement multilo- 
calaires, renfermant une ou plus souvent plu- 
sieurs sporules , tantôt isolées, comme dans les 
Mousses, les Hépatiques, les Charagues , tantôt 
réunies,comme dans les Ghampignons,les Lichens, 
ou enfin enveloppées dans un iivolucre commun, 
comme dans les Marsiléacées, les Équisétacées : 
les Hypoxylées, les Lycoperdacées et les Fucacées. 

Quant aux organes fécondateurs , dont l’exis- 
tence, mise en doute par quelques auteurs, niét 
absolument par quelques autres , est admise comme 
certaine dans toutes les Gryptogames, sans avoir 
pu être démontrée, ils paraissent exister réelle- 
ment dans les Marsiléacées. 

Les organes de la végétation chez les Crypto- 
games , organes très-variables dans leur forme et 
leur structure, manquent complétement dans un 
grand*nombre d’Urédinées ; on les rencontre au 
contraire, mais sous forme de filamens tubuleux, 
continus ou articulés , simples où rameux, dans 
les Arthrodiées, les Chaodinées, les Confervées , 
les Céramiaires, les Mucédinées et plusieurs Ul- 
vacées ; enfin dans les Ulvacées et dans plusieurs 
Champignons, ce ne sont que des membranes di- 
versement repliées. Dans les Lycoperdacées ils 
sont formés d’an pédicule terminé par un péri- 


dium, sorte d’involucre charna ou filamenteux, 
renfermant les spores; dans les Fucactes et les 
Lichens, ils consistent en une véritable fronde ou 
expansion membraneuse ou foliacée; dans les 
Hépatiques et les Mousses on distingue une tige et 
des expansions vastes tout-à-fait analogues aux 
feuilles des Phanérogames ; enfin quelques Cryp- 
togames diffèrent très-peu, sous le rapport de 
leur végétation , avec les Monocotylédones. 

Dans l’état actuel de la science, la Cryptoga- 
mie est divisée en trois classes, et celles-ci en 
vingt familles. La première renferme des végétaux 
qui sont dépourvus de vaisseaux et d’appendices 
foliacés, qui ne présentent aucune trace d’orga- 
nes sexuels , et dont les sporules , renfermées dans 
des capsules indéhiscentes, manquent de tégu- 
ment propre; telles sont les Arthrodiées, les Chao- 
dinées , les Confervées, les Céramiaires, les Ul- 
vacées, les Fucacces , les Urédinées les Mucédi- 
nées , les Lycoperdacées , les Champignons , les Hy- 
poæylons et les Zichens. 

La seconde classe comprend les végétaux cryp- 
togames dépourvus de vaisseaux, mais garnis de 
frondes ou appendices foliacés ; dont les organes 
sexuels sont douteux , et chez lesquels les sporu- 
les ,très-nombreuses et contenues dans des capsu- 
les déhiscentes, sont pourvues d’un tégument 
propre. Exemple : les /épatiques , les Mousses. 

Enfin dans la troisième classe se trouvent les 
végétaux pourvus de vaisseaux , de frondes folia- 
cées et d'organes sexuels, du moins dans quel- 
ques uns, et dont les sporules sont contenues dans 
des capsules polyspermes et déhiscentes, ou mo- 
nospermes et indéhiscentes. Cette dernière classe 
renferme les Equisétacées , les Fougères , les Lyco- 
podiacées, les A arsiléacées et les Characces. (F.F.) 

CRYPTOPHAGE, Cryptophagus. (as.) Genre 
de Coltoptères, de la section des Pentamères , fa- 
mille des Clavicornes, tribu des Engidites, établi 
par Herbst. Il diffère peu des Dacnes, et on peut 
même les réunir ; Fabricius lesa appelés Engis , 
Olivier ps, Knoch Antherophagus; mais, sous 
quelque nom qu’ils aient été rangés, ils offrent 
les caractères suivans : corps ovalaire, avec l’ex- 
trémité de la tête un peu avancée ; mandibules 
presque cachées par le labre , échancrées à l’extré- 
mité; palpes un peu plus gros à leur extrémité; 
antennes lerminées par une massue perfoliée de 
trois articles, quatrième article des tarses très-pe- 
tit ; tous les insectes composant ce genre, ou plu- 
tôt cette petite tribu, sont de petite taille et n’of- 
frent dans leurs mœurs rien de remarquable. 

(A.Bo): : 

CRYPTOPODES, Cryptopoda. (enusr.) Tribu 
établie par Latreilleet faisant partie, dans son Cours 
d’entomologie, de la section des Homochèles de la 


famille des Brachyures, ordre des Décapodes, et - 


ayant pour caractères, suivant lui: test demi-cir- 
culaire, en voûte, avec les angles postérieurs di- 
latés de chaque côté , et recouvrant les quatre der- 
nières paires de pieds dans leur contraction. Cette 
tribu comprend deux genres : CaLavrs et Ærnre. 


(H. L.) 


CTEN : 


415 


CTEN 


CRYPTOPS, Cryptops, (1ns.) Ce genre , établi 
par Leach, appartient à l’ordre des Myriapodes 
et à la famille des Chilopodes de Latreille ; il 
diffère des Scolopendres proprement dites par 
l'oblitération des yeux, par un corps plus étroit, et 
par l'absence des dentelures au bord supérieur de 
la seconde lèvre, Leach ne cite que deux espèces 
de ce genre : la première, dont il donne une fi- 
gure, est nommée hortensis ; la seconde est dédiée 
à Savigny, sous le nom de Savignu. Elles se trou- 
vent l’une et l’autre dans les jardins en Poe 

(. L.) 

CRYPTORHYNQUE, Cryptorhynchus. (ins. ) 
Genre de Coléoptères de la famille des Porte-becs; 
ce genre a élé démembré du genre Rhynchænus 
de Fabricius, auquel nous renvoyons ; il fait partie 
de ceux de ce genre où le sternum offre une gout- 
tière propre à cacher la trompe. F. enr pe 

CRYPTOSTOME, Cryptostoma. (mozr.) Genre 
établi par Blainville et ainsi caractérisé : animal 
linguiforme aplati , un peu plus convexe postérieu- 
rement qu’antérieurement; bouche cachée sur le 
rebord antérieur du manteau; pied quatre ou cinq 
fois plus grand que le corps; yeux placés à la base 
et à la partie externe des tentaculés ; coquille inté- 
rieure très-analogue à celle des Sigarets et placée 
à la partie postérieure et la plus élevée de la- 
nimal. 

Les deux Cryptostomes connus sont : 1° le 
CrypTosrome DE Leacu, Cryptostoma Leachi ; es- 
pèce ovale, oblongue, plus allongée que la sui- 
vante; dont les tentacules sont petits, plus coni- 
ques, plus étroits et plus distans, les appendices 
plus petits, et la partie antérieure du corps plus 
longue que la postérieure ; 2° le CRYPTOSTOME RAG- 
courcr, Cryptostoma breviculum ; espèce large et 
plus arrondie, dont la partie antérieure est pres- 
que égale à la postérieure, les tentacules grands, 
larges et déprimés, et les appendices propor- 
tionnés. (F.F.) 

CRYSTALINE. (sorT. PHax.) Nom vulgaire 
d’une espèce de Mesembryanthemum , plus connue 
sous le nom de GxLAcIALE, v. ce mot. (Guir.) 

CTENE, Ctenus. (aracn.) Ce genre, qui ap- 
partient à l’ordre des Pulmonaires, famille des 
Fileuses , section des Gitigrades , a été établi par 
M. Walckenaër, dans son Tableau des Aranéides: il 
se compose de grandes espèces d’Aranéides propres 
à l'Amérique méridionale, qui, par leurstarses biun- 
guiculés et garnis de brosses sous les deux crochets, 
tiennent des LaT£rierAnes, et par les autres carac- 
tères , des Docomkpes et des Lycoses, v. ces mots. 
Les caractères distinctifs sont d’avoir les yeux dis- 
posés sur trois lignes transverses , savoir : 2, 4, 9; 
les deux inférieurs, ou les deux premiers, forment, 
avec les deux intermédiaires de la seconde ligne, 
un carré, et chaque œil latéral de celle-ci est placé, 
avec l’un des deux de leur dernière, sur une élé- 
vation commune ; celle-ci est un peu plus en de- 
hors ; la lèvre est carrée, plus haute que large, ré- 
trécie à sa base; les mâchoires sont droites, écartées, 
plus hautes que larges, coupées obliquement et 


légèrement "échancrées à leur côté interne; les 
pattes sont allongées, étendues latéralement; les 
cuisses sont renflées ; la première paire est plus 
longue que la seconde, et la seconde plus que la 
troisième ; la languette est carrée el presque iso- 
métrique. Ce genre a été établi sur une espèce d'A: 
ranéide assez grande, qui se trouve à Cayenne; 
c’est le Crkne pouTEux, Ctenus dubius, Walck. 
Cette espèce, qui avait été envoyée à la Société 
d'histoire naturelle de Paris, manquait de la qua- 
trième paire de pattes et de l'abdomen; depuis 
on en a découvert quelques autres , soit de la 
même colonie, soit du Brésil, mais toutes inédites. 
(EH. L.) 

CTENODES, Cienodes. (ixs.) Genre de Go- 
léoptères de la section des Tétramères, famille 
des Longicornes, tribu des Cérambycins, ayant 
pour caractères: corselet plus long que la tête, 
transversal, denté sur les côtés, tuberculeux ; an- 
tennes pectinées intérieurement , plus courtes que 
le corps; élytres s’élargissant postérieurement. 
Ce genre a été créé par Olivier, et adopté par 
M. Klug dans ses monographies sur les insectes du 
Brésil; ces insectes ont la têle assez petite et les 
mandibules avancées ; les antennes atteignent en= 
viron la moitié des élytres; tous leurs articles , 
excepté les deux premiers, sontégaux, assez courts; 
la dilatation en forme de feuille oblique est plus 
large que l’article n’est long, mais diminue vers 
les derniers anneaux de l’antenne ; le corselet est 
plutôt festonné que denté sur les côtés ; il est plus 
large postérieurement ; l’écusson est petit , les ély- 
tres vont en s’élargissant jusqu'à leur extrémité, 
où elles sont plus ou moins arrondies ; elles ont 
deux côtes très-saillantes sur leur surface. 

G. À zone, C. zonata, Klug. Entomol. Brésil. , 
p. 39, pl. xur, fig. 1. Long de neuf à dix lignes; 
noir, avec les côtés du corselet verts; une tache 
vis-à-vis le vertex, d’autres vis-à-vis l’écusson et 
sur lui, et une large bande en forme de chevron 
traversant les élytres, jaune d’ocre. Du Brésil. 4 

(A::Po}b 

CTÉNOME, Ctenomys. (mam.) Ce [genre ap- 
partient à l’ordre des Rongeurs , et à la famille des 
Murins. M. de Blainville, qui l’a établi (Ann. sc. 
nat. , t. 1x), lui donne pour caractères : corps as- 
sez allongé, terminé par une queue médiocre ; 
têle ovale ; yeux petits ; orcilles visibles, mais fort 
petites; vingt dents ; deux fortesincisives à chaque 
mâchoire et quatre molaires partout; membres 
assez courts, à cinq doigts armés d’ongles fouis- 
seurs, 

La seule espèce du genre est le CrÉNoME ou 
BrésiL, Ctenomys brasiliensis, Blainv. Get ani- 
mal, dont le nom indique la patrie, est de la taille 
de noire rat d’eau; il a le pelage doux et de cou- 
leur roussâtre , légèrement blanchâtre en dessous ; 
les poils de sa queue sont bruns. (GErv.) 

CTÉNOPHORE, Ctenophora. (ins.) Genre de 
Diptères de la famille des Némocères, tribu des Ti- 
pulaires, établi par Meigen sur des Tipules de Linné, 
ayant les antennes peclinées, d’où vient le nom qu’il 
leur a donné, qui signifie porte-peigne. Ge genre a 


Lo 


CTEN 


416 


CUBA 


pour caractères: antennes pectinées de treize arti- 
cles; les deux premiers n’ont aucunedilatation; mais 
les suivans , qui sont cylindriques, sont accompa- 
gnés de rameaux à deux, trois ou quatre branches; 
les antennes de la femelle n’offrent aucune dilata- 
tion; les palpes sont de quatre articles dont le dernier 
très-long et flexible. Les métamorphoses de ces 
insectes sont encore peu connues; on sait que les 
femelles introduisent leurs œufs dans le terreau 
des vieux arbres. 

G. acntagze , C. festiva , Meig. Long de neuf 
à onze lignes; noir ; palpe , excepté l'extrémité, 
fauve ; antennes, excepté le premier article, de 
même couleur ; une tache sur le prothorax vis à- 
vis le.vertex, espace membraneux du flanc, jaunes; 
sur le premier segment deux taches latérales à 
son extrémité ainsi qu’à celle du suivant, une 
large tache sur le troisième, et deux points sur 
le quatrième, fauves ; les ailes sont légèrement en- 
fumées, avec une tache foncée près de l’extrémité 
et touchant le côté antérieur (la femelle) ; les pat- 
tes sont fauves. Assez rare en France. 

G. orné, C. ornata, Meig. Long de huit li- 
gnes ; fauve ; yeux, parlie postérieure du thorax, 
Îlancs , trois bandes sur les premiers segmens 
abdominaux, noirs ; un anneau noir à l’extrémité 
des fémurs postérieurs. (A. P.) 

CTENOSTOME , Ctenostoma. (1ns.) Genre de 
Coléoptères, section des Pentamères , famille des 
Carnassiers , tribu des Gicindélètes ; tête grosse , 
antennes presque aussi longues que le corps , sé- 
tacées ; palpes terminés par un article plus gros 
que les précédens, conique; lobe terminal des 
mâchoires sans onglet sensible au bout; troisième 
article des deux tarses antérieurs des mâles sétacé. 
Ces insectes ont une forme allongée, cylindrique ; 
leur tête est beaucoup plus large que le corselet, 
rétrécie postérieurement , avec les yeux globuleux ; 
les antennes sont filiformes ; les deux premiers 
articles sont plus courts et plus épais queles autres, 
qui sont cylindriques et vonten diminuant un peu 
de longueur jusqu’au dernier; chaque articulation 
est garnie de poils ; les mandibules sont longues 
et croisées dans le repos ; les mâchoires manquent 
de ce crochet mobile qui distingue la tribu dans 
laquelle on range ces insectes ; le lobe Lerminal 
est un carré long un peu plus large ct arrondi à 
son extrémité, garni ainsi que le corps même de 
la mâchoire de poils raides intérieurement; le 
palpe interne est de deux articles dont le premier 
droit , un peu plus épais à son extrémité, aussi 
long que le lobe terminal de la mâchoire; le se-- 
cond, aussi long que le premier, se courbe après 
son inserlion avec lui, et vient s’avancer au des- 
sus du lobe de la mâchoire ; le palpe externe est de 
quatre articles , le premier court, cylindrique, le 
second aussi long à lui seul que les trois autres, 
un peu cambré à la partie externe, s’élargissant 
vers l'intérieur jusque vers les deux tiers de sa 
longueur, se rétrécissant ensuite jusqu’à son ex- 
trémilé; les deux derniers articles sont d’égale 
grandeur entre eux, le dernier est tronqué obli- 
quement à son extrémité ; la lèvre est échancrée, 


tridentée dans son échancrure ; les palpes maxil- 
laires sont plus longs que les labiaux , de quatre 
articles, dont le premier et le second alteignent 
à peine l'extrémité de la lèvre, le second étant 
trois fois plus petit que le premier; le troisième, 
plus grand que les trois autres pris ensemble, dé- 
passe de beaucoup la largeur du menton; enfin 
le dernier , égalant les deux premiers ensemble, 
est un peu coniforme, tronqué obliquement à son 
extrémité; le corselet est cylindrique, plus épais 
dans le milieu qu'aux deux extrémités , qui sont 
fortement rebordées ; les élytres, d’abord rétrécies 
à leur jonction avec le corselet, s’élargissent en- 
suite beaucoup, et sont tronquées à leur extré- 
milé ; les pattes sont très-longues, grêles: dans 
les quatre tarses antérieurs des mâles elles offrent 
une particularité remarquable: le troisième arti- 
cle est dilaté intérieurement, de sorte que l’article- 
suivant se trouve inséré sur le côté de celui-ci. 

Ce genre est jusqu’à présent propre à l'Améri- 
que méridionale ; leurs mœurs et leurs métamor- 
phoses sont peu connues. 

C. rormicamE, C. formicarum, Fab. Klug., 
Ent. Brésil., p. 28, pl. xxr, fig. 7. Noir, avec une 
bande jaune , interrompue au milieu des élytres. 

CRRRE 

CUBA (Ile de). (céocr. Pays.) L'ile de Cuba’, 

ar sa forme étroite et allongée, offre un im- 
mense développement de côtes: la plus grande de 
toute les Antilles, elle est voisine à la fois de 
Haïti et de la Jamaïque; de la Floride, qui est 
la province la plus méridionale des États-Unis ; 
et du Yucatan , qui est la province la plus orien- 
tale de la Confédération mexicaine. Sa surface n’est 
pas moins grande que celle du Portugal, et, à un 
huitième près, elle {atteint celle de l'Angleterre, 
sans le pays de Galles. D’après les observations 
et les mesures les plus récentes, elle présenteune 
area de 3645 lieues marines carrées de 20 au de- 
gré. Dans cette évaluation on comprend lasurface 
de toutes les petites îles ou Cayos qui se trou- 
vent sur ces côtes, ainsi que celle de la grande 
île de Pinos. Pour donner ici une idée de sa forme 
allongée , nous dirons que dans sa plus grande lon- 
gueur elle offre une étendue de 227 lieues, tandis 
que dans sa plus grande largeur , elle n’a que 37 
lieues, et dans l’endroit le mieux cultivé , entre la 
Havane et le Batabano, la largeur de l'île n’est 
que de 8 lieues marines, Son pourtour présente un 
ruban de 520 lieues de côtes dont 280 appartien- 
nent au littoral sud. 

M. le baron de Humboldt, qui a habité long- 
temps l’île deCuba, a publié d'excellentes observa- 
tions sur cette île. Laissons-le nous donner lui- 
même Ja configuration et la texture de la superfi- 
cie de l’île. 

L'ile de Cuba, dans plus des quatre cinquièmes 
de son étendue , n’offre que des terrains très-bas. 
C’est un sol couvert de formations secondaires et 
tertiaires , à travers lesquelles ont percé quelques 
roches de granite-gneiss, de syénite et d’eupho- 
tide. On ne possède jusqu’à ce jour pas plus de 
notions exactes sur la configuration géognostique: 


dupays 


ER 


CUBA 


L13 


CUBA 


2 2 oo, 


du pays que sur l’âge relatif et la nature des ter- 
rains qui le composent. On sait seulement que le 
groupe de montagnes le plus élevé se trouve à 
l'extrémité sud-est de l’île, entre Cabo-Cruz, Punta- 
Maysi et Holguin. Cette partie montagneuse, ap- 
pelée la Sierra ou las montanas del Cobre, située 
au nord-ouest de la ville de Santiago de Cuba, 
parait avoir plus de 1200 toises d’élévation abso- 
luc. D’après cette supposition , les sommets de la 
Sierra domineraient el ceux des montagnes Bleues 
de la Jamaïque et les pics de la Selle et de’la 
Hotte de l'ile de St-Domingue. La Sierra de Tar- 
quino, à cinquante milles à l’ouest de la ville de 
Cuba, appartient au même groupe que les mon- 
tagnes de Cuivre. De l'est-sud-est à l’ouest nord- 
ouest, l’île est parcourue par une chaîne de col- 
lines qui s’approchent , entre les méridiens de la 
Ciudad de Puerto-Principe et de Villa-Clara, dela 
côte méridionale ; tandis que plus à l’ouest, vers 
Alvarez et Matanzas, dans les Sierras de Gavilan, 
Camarioce, et de Maruques, elles se dirigent vers 
les côtes septentrionales. En allant de l’embou- 
chure du Rio Guaurabo à la Villa de la Trinidad, 
j'ai vu au nord-ouest les Lomas de San-J'uan, qui 
forment des aiguilles ou cornes de plus de 300 
toises de hauteur , et dont les escarpemens sont 
assez régulièrement dirigés vers le sud. Ce groupe 
calcaire se présente encore d’une manière impo- 
sante , lorsque l’on est à l'ancre près du Cayo de 
Piedras. Les côtes de Xaguaet de. Batabano sont 
très-basses , et je crois qu’en général il n’existe, 
à l’ouest du méridien de Matanzas, à l'exception 
du Pan de Guaixabon , aucune colline de plus de 
200 toises d’élévation. Dans l’intérieur de l’île, le 
sol, doucement ondulé comme en Angleterre, 
n'est élevé que de 45 à Go Loises au dessus de 
la surface de l'Océan. Les objets les plus visi- 
bles de loin et les plus célèbres parmi les naviga- 
teurs sont le Pan de Matanzas, cône tronqué qui 
a la forme d’un petit monument; les Ærcos de 
Canasi, qui se présentent entre Puerta escondido 
et Jaruco comme de petits segmens de cercle; la 
Mesa de Mariel; les Tetas de Managua, et le Pan 
de Guaixabon. Ce niveau décroissant des forma- 
tions calcaires de l’île de Cuba vers le nord et vers 
l’ouest , indique les liaisons sous-marines des mé- 
mes roches avec les terrains également bas des 
îles Bahama, de la Floride et du Yucatan. 

La partie ouest de l’île est granitique , et il y a 
tout lieu de croire que ce sont ces formations 
granitiques qui fournissent les alluvions de sable 
aurifère, qui furent exploitées avec tant d’avidité 
par les conquistadores ; aujourd'hui ces lavages 
d'or sont peu productifs ; mais on ne peut en tirer 
aucune conséquence pour le passé : car il faut se 
rappeler qu’au Brésil le produit des lavages d’or 
est déchu, de l’année 1790 à l’année 1820, de 
6600 kilogrammes d’or à moins de 595. La partie 
centrale et occidentale de l'ile renferme deux for- 
mations de calcaire compacte, l’une de grès argi- 
leux qui a beaucoup de rapport avec la formation 
jurassique, l’autre de gypse. Cette formation cal- 
caire renferme un grand nombre de cavernes, 


Toue II 


près de Matanzas et de Jaruco ; lesquelles produi- 
sent de fréquens éboulemens: c’est. ainsi qu'ont 
été détruits les moulins à tabac de l’ancienne 
ferme royale. Près de la Havane, au pied du 
Castilla della Punta, on trouve des bancs de 
rochers caverneux , dont la surface, noircie et ex- 
cavée par les flots, offre des ramifications à choux- 
fleurs comme on les observe sur des courans de 
laves. La mer, en entrant dans les fentes du ro- 
cher , et dans une caverne au pied du Castilla del 
Morro, y comprime l’a, et le fait sortir avec un 
tel bruit, qu'on a donné à ces écueils, bien con- 
nus des navigateurs, le nom d’écueils ronfleurs , 
Baxos roncalores. 

Peu derivières arrosent la surface del’ile de Cuba, 
et encore elles sont de peu d'importance ; nous 
citerons cependant le Aio de Guines, le Rio Ar- 
mendaris où Chorrere, dont les eaux sont con- 
duites à la Havane par le Zanja de Antonelli ;: le 
Rio Cauta au nord de la ville de Bayamo ; le Rio 
Maximo, qui naît à l’est de Puerto Principe, le 
Rio Sagra grande, près de Villa Clara ; le io de 
las Palmas, qui débouche vis-à-vis Cayo Galindo; 


‘les petites rivières de Jarneo et &e Santa-Crux , 


entre Guanabo et Matanzas, qui étant navigables 
à quelques lieues de leurs embouchures, favori- 
sent beaucoup l’embarquement des caisses de 
sucre ; le Rio San-Antonio, qui, se perd dans les 
cavernes de la roche calcaire dont nous avons 
déjà parlé; le Rio Guarabo, à l’ouest du port de 
Trinidad; et enfin le Rio Galafre, qui court se jeter 
àla mer dans la Laguna de Cortez. 

La partie méridionale de l'ile de Cuba est la 
plus humide ; on y rencontre beaucoup de marais; 
la partie occidentale est exposée à de rudes sé- 
cheresses que l’on doit attribuer à la texture ca- 
verneuse des formations calcaires, qui absorbent 
les cours d'eaux, au peu de largeur de l'ile, à la 
fréquence et au déboisement des plaines. 

Malgré celte sécheresse ei le manque de ri- 
vières , l’île de Guba est extrêmement fertile: cette 
fertilité cependant n’est pas également distribuée 
sur toule la surface de l'ile ; il y a des parties plus 
ou moins heureusement partagées, et parmi les 
plus fécondes nous citerons les districts de Xa- 
gua , de Trinidad, de Matanzas et du Mariel. La 
juridiction de la Havane n'offre pas un sol bien 
productif; aussi la canne à sucre y est peu cultivée, 
et toule la plaine est occupée par des fermes à 
bétail , et des cultures de maïs et de fourrages. 
La proximité de la capitale de l’île, dont la con- 
sommation est considérable, produit d'immenses 
avantages pour les cultivateurs. Au surplus, en 
général, la couleur de la terre indique les denrées 
qui doivent y être cultivées. Ainsi la terre noire, 
qui est argileuse et chargée d’humus, est ordi- 
nairement consacrée à la canne àsucre, tandis que 
la terre rouge, plus siliceuse et mêlée d’oxide de 
fer, est réservée à la culture da caféier. 

Malheureusement pour les besoins de l’île , l’im- 
prudente activilé des Européens a interverti l’or- 
dre: de la nalure ; la canne à sucre, le caftier et 
Je tabac sont les seules denrées qu'ils veulent faire 


195° Livraison. 53 


CUBA 


la4 


A ———————_—_—_—— 


CUBA 


produire à la terre: et cependant combien ne de- 
vraient-ils pas être éclairés dans leurs faux calculs, 
en examinant que les États-Unis leur fournissent 
chaque année 113,000 barils de farines , représen- 
tant une valeur de 1,864,000 piastres, et que 
l'Europe importe 50,000 barils de vin ou d’eau-de- 
vie, d'une valeur de 1,200,000 piasires, ce qui, 
en totalité , représente une importation étrangère 
de 3,300,090 piastres: encore, si l’on voulait 
avoir le.chiffre exact de cette consommation exté- 
rieure, faudrait-il ajouter les importations de riz, 
de légumes secs, et de viandes sèches et salées. 
Espérons que les colons de Cuba ouvriront enfin 
les yeux , et verront l’immense intérêt qu'ils pour- 
raient retirer de leur capital, s’ils lemployaient 
à une culture autre que la culture des denrées tro- 
picales. 

Nous avons vu que les principales cultures con- 
sistaient en cannes à sucre, caféier et tabac. 

L’exportation du sucre est fort considérable ; 
les registres des douanes indiquent un nombre de 
309,000 caisses de sucre; mais comme il y a une 
contrebande assez active, on peut, en la portant 
à un quart du chiffre des douanes, évaluer l’ex- 
portation totale de l’île, par des voies licites et il- 
licites, à 380,000 caisses ou 70,000,000 de kilo- 
grammes de sucre. L'ile consomme: en outre en- 
viron 60,000 caisses de sucre ; ce qui alors porte 
la production totale de l’île à 440,000 caisses de 
sucre. Ces 440,000 caïsses ou 81,000,000 de kilo- 
grammes sont le produit de 650 sucreries répan- 
dues sur la surface totale de l'ile. 

Avant que les émigrés de St-Domingue ne vins- 
sent se réfugier à l’île de Cuba, la culture du ca- 
féier y élait inconnue: ce n’est qu'en 1796 et 
1798 que l’on commença à y planter l’arbrisseau 
qui produit la fève appelée café. Depuis, cette 
culture a pris beaucoup d'extension , et l’expor- 
tation qui se fait de cette denrée n’est pas de moins 
de 14,000,000 de kilogrammes , ce qui représente 
une somme de 5,660,000 piastres. 

Le tabac est la dernière cultureimportante dont 


nous parlerons. Tout le monde sait combien leta- | 


bac de l'ile de Cuba est estimé ; ce n’esé pas au- 
jourd'hui où l'usage de famer est si répandu, 
où toutes les promenades publiques sont parse- 
mées de jeunes et élégans fumeurs, qu’il est né- 
cessaire d'établir l’incontestable supériorité des 
cigarres de la Havane. Aussi l'exportation des ci- 
garres s’élève-t-elle à 100,000 livres par an. Em- 
pressons-nous d'ajouter que dans ce chiffre nous 
pe parlons pas de la contrebande, et il n’en est 
pas qui soit si active que la contrebande des 
cigarres. Examinons maintenant la population 
qui force laterre à produire les denrées dont nous 
venons de parler. 

Et d’abord disons que la population est partagée 
en deux classes , les hommes libres et les esclaves, 
Les hommes libres eux-mêmes forment deux races 
qui ne se mêlent jamais, les blancs et les hommes 
de couleur. Le dénombrement , fait en 1827, par 
l’ordre du gouvernement espagnol , a fait connaf- 
tre que Ja ‘population totale de l'ile s'élevait à 


704,487 âmes : sur ce nombre on a 311,051 
hommes de la race blanche, 106,494 hommes de 
couleur libres, et 286,942 esclaves. Si mainte- 
nant on compare ce chiffre avec les autres chiffres 
des populations \des autres îles qui composent 
l'archipel des Antilles , on trouve que les hommes 
de couleur, libres ou esclaves , forment une masse 
de 2,560,0n0 âmes, nombre qui représente les 
les + de la population totale. Quel effrayant ave- 
nir ne peut-on pas prophétiser à la race blanche, 
si, oubliant l'horrible catastrophe de Saint-Do- 
mingue, les blancs croient leur pouvoir inébran- 
able, et ne cherchent à adoucir, par des princi- 
pes d'humanité et de justice que leur intérêt leur 
commande de suivre, la législation brutale et bar- 
bare qui pèse de tout son poids sur les hommes 
de couleur ! L'esprit se refuserait à croire les af- 
freuses vengeances auxquelles se livrerait la race 
de couleur, si elle venait à s'emparer du pouvoir, 
et par une révolte bien conduite, à se rendre 
maîtresse de la race blanche. Et croit-on qu’un pa- 
reil sort ne serait pas mérité, quand les colons 
discutent froidement s’il vaut mieux, pour le pro- 
priétaire, de ne pas fatiguer à l'excès les esclaves 
dans le travail, et par conséquent de les remplacer 
moins souvent, ou d'en tirer en peu d’années 
tout le parti possible, sauf à faire plus fréquem- 
ment des achats de negros bozales ? La cupidité 
a-t-elle jamais pu inspirer un plus abommable 
raisonnement ? Hâtons-nous cependant de dire que 
tous les colons ne sont pas parvenus à un pareil 
raflimement d’égoisme, et que plusieurs proprié- 
taires se sont occupés de la manière la plus loua- 
ble de l'amélioration du régime des plantations. 
Mais quel chemin n’y a-t-il pas encore à parcourir 
avant que les hommes de couleur soient traités 
avec l'humanité et la justice que tout homme a le 
droit de réclamer de son semblable ! 

L'ile de Cuba est entourée d’une chaîne pres- 
que non interrompue de bas-fonds , qui est repré- 
sentée sur les cartes comme une pénombre , et qui 
rend les abords de l'ile très-dangereux en beau- 
coup d'endroits. Cependant quelques parties des 
côtes sont exemptes de tous ces dangers, récifs, 
bancs de sable ou autres , et permettent alors aux 
embarcations de s'approcher du rivage. C’est au 
sud-est, surtout, que sc trouvent les endroits les 
plus commodes, entre le Cabo-Cruz et la Punta- 
Ma ysi ,et au nord-ouest entre Matanzaz et Caba-. 
nas. Le premier des espaces que nous venons d’in- 
diquer à 72 lieues marines, et le second 28 
lieues. 

Les dangers qui bordent l'ile dans presque toute 
son étendue portent dans le pays le nom de 
Cayos ; ils sont en si grand nombre et si près du 
niveau de la mer , que si Océan mexicain venait 
à baisser de 20 à 30 pieds seulement, il laisserait à 
découvert une île aussi grande que Haïti, l’an- 
cienne Saint-Domingue. 

Au milieu des ports de l'ile de Cuba, il en est 
un qui se distingue particulièrement , et qui a mé- 


rité de devenir la capitale de cette possession es- 


pagnole. Mas laissons parler M. de : Humboldt : 


CUBA 


415 


CUCI 


« L'aspect de la Havane, à l'entrée du port, est un 
des plus rians et des plus pittoresques dont on 
puisse jouir sur le littoral de l'Amérique équi- 
noxiale, au nord de l'équateur. Ge site, célébré 
par les voyageurs de toutes les nations , n’a pas le 
luxe de végétation qui orne les bords de la rivière 
de Guayaquil , ni la sauvage majesté des côtes ro- 
cheuses de Rio-Janeiro, deux ports de l'hémi- 
sphère austral ; mais la grâce qui, dans nos cli- 
mats, embellit les scènes de la nature cultivée, 
se mêle ici à la majesté des formes végétales et à 
la vigueur organique qui caractérise la zone tor- 
ride, Dans un mélange d’impressions si douces, 
l’Européen oublie le danger qui le menace au sein 
des cités populeuses des Antilles ; il cherche à sai- 
sir les élémens divers d’un vaste paysage, à con- 
templer ces châteaux forts qui couronnent les ro- 
chers à l’est du port, ce bassin intérieur , entouré 
de villages et de fermes, ces palmiers qui s'élèvent 
à une hauteur prodigieuse, cette ville À demi ca- 
chée par une forêt de mâts et la voilure des vais- 
seaux, » 

Le peuple Havancros , habitant d’un aussi beau 
pays, est actif et intelligent ; il saisit avec ardeur 
les occasions de s’instruire et de développer les 
facultés de son entendement : aussi, de Loutes les 
Antilles, aucune n’est plus propre que l'ile de 
Cuba à recevoir les institutions nécessaires au dé- 
veloppement de la prospérité coloniale. 

La météorologie de ce pays offre un fait assez 
singulier , c’est que la neige n’a jamais paru dans 
aucun endroit de l'ile : et cependant le thermomè- 
tre descend à plusieurs degrés au dessous de zéro ; 
cette observation semblerait mdiquer que d’autres 
conditions que l’abaissement de température sont 
nécessaires pour la formation de la neige. Termi- 
nons cet article en disant que les Cayos qui en- 
tourent l’île offrent aux yeux les phénomènes les 
plus variés de la suspension et du mirage, Une 
partie de ces bancs de sable, que Christophe Co- 
lomb décrit comme verdes blenos de arbotedas y 
graciosos , présente en effet un aspect très-agréa- 
ble. Le navigateur voit changer la scène à chaque 
instant, et la verdure de quelques îlots paraît 
d'autant plus belle qu’elle contraste avec d’autres 
cayos qui n'offrent que des sables blancs et arides. 
Tout cela est dû aux sables échauffés par les rayons 
du soleil : aussi une traînée de nuages suflit pour 


_rasseoir sur le sol etles troncs d'arbres et les rochers 


suspendus , pour rendre immobile la surface on- 
doyante des plaines, et dissiper ces prestiges que 
les poètes arabes, persans et indous ont chantés 
«comme les douces tromperies de la solitude du 
désert ». (CG. d.) 

CUBÈBE, Cubeba. (soT. pman.) Le Cubèbe, 
ou Poivre cubèbe , est le fruit du Piper cubebu 
de Linné, arbuste qui croît à Java et à l'ile de 
France, et qui appartient à la famille des Pi- 
pirinées de De Candolle, ou des Urticées de 
Jussieu. 

La tige du Piper cubeba est sarmenteuse, ar- 
liculée ; les feuilles sont pétiolées, ovales, coria- 
ces; les fleurs sont pédonculées, en épis allongés 


et pendans ; le fruit (partie usitée) est une baie 
piriforme , sous-arrondie, ridée à sa surface (les 
rides , disposées en réseau, sont formées par la 
partie charnue qui est désséchée) , brunâtre à l’ex- 
térieur , blanchâtre , huileuse à l’intérieur , d’une 
odeur aromalique particulière, d’une saveur 
chaude, âcre et piquante ; les semences sont jau- 
nâtres, 

Vauquelin, qui a fait l’analyse des fruits du Poi- 
vre cubèbe, les a trouvés composés d’une huile 
volatile presque concrète, d’une résine analogue 
à celle du copahu, d’une autre résine colorée , 
d’une matière gommeuse colorée, de quelques 
sels, d’un principe extractif analogue à celui que 
l’on trouve dans les légamineuses , etc. 

Le Poivre cubèbe jouit de propriétés excitantes 
assez marquées; mais c’est surtout sur les mem- 
branes muqueuses, et principalement sur lappa- 
reil génito-urinaire, qu'il paraît agir d’une manière 
spéciale. On l'emploie journellement en méde- 
cine dans le traitement des blennorrhagies , soit 
aiguës , soit chroniques; on le donne , comme le 
copahu, en bols, en pilules, en opiats, sous forme 
d'injection , de lavement , etc. (F. EF.) 

CUBICITE. (min.) Quelques mincralogistes ont 
donné ce nom à l’Anabriure, parce que cette sub- 
stance cristallise dans le système cubique. 

(J. H.) 

CUCIFÈRE, Cuciféra. (8or. man.) Sous ce nom 
et celui de Cuciophora, les anciens nousont laissé 
la description d’un palmier de la Thébaïde, qui, 
avec les monumens de cette antique contrée , à 
été retrouvé par les savans de l'expédition d’É- 
gypte. Avant eux, la botanique ne possédait sur 
cet arbre que’des observations très-incomplètes. 
Nous tirerons les détails ci-après de leur grand ou- 
vrage (Botanique par Delile , pl. 1, 2). 

Le Cucifera thebaïca, appelé Douu par les Ara- 
bes , est un palmier voisin du genre Chamærops. I 
est représenté dans notre Atlas, pl. 158, fig.Get 7. 
Son stipe s'élève à vingt-cmqou trente pieds, sur 
une circonférence de deux ou trois à la base, Des an- 
neaux superposés marquent légèrement sa surface. 
Un peu au dessus du sol, il se partage en deux 
branches , qui, à leur tour, se bifurquent plusieurs 
fois. Les feuilles, groupées en faisceaux, sont pal- 
mées , longues de six à sept pieds, et composées 
de folioles soudées dans leur moitié inférieure; 
leurs pétioles sont demi-cylindriques, et creusés 
en gouttière, longs de trois à quatre pieds , engaî- 
nans à la base et bordés d’épines, 

* Les fleurs du Gucifère sont dioïques, et dis- 
postes en grappes renfermées dans des spathes 
qui naissent à l’aisselle des feuilles. Un calice à six 
divisions inégales, et autant d'étamines, composent 
la fleur mâle, Dans la fleur fernelle les divisions 
du calice sont plus grandes et à peu près égales ; 
au milieu est un ovaire libre, à trois lobes et 
trois loges. Le fruit , appelé kouki par Théo- 
phraste, est un drupe sec, simple ou marquée 
de deux ou trois lobes : son écorce , fine et d’un 
brun clair, recouvre un lissu fibreux, dans lequel 
est un noyäu osseux. L’amande se compose d’un 


CUCU 


416 


CUCU 


CE 


périsperme corné , creux au centre el portant l’em- j 


bryon à son sommet (l'embryon est au côté de la 
graine dans le Chamaærops). 

Le fruit du Cucifère n’est d'aucun usage. Son 
bois, plus dur que celui du daltier, est employé 
à faire des planches. (L.) 

CUCUBALE, Cucubalus. (nor. pmAn.). Genre 
de la famille des Garyophyllées , Décandrie 1rigy- 
pie, Linn. Il réunit tous les caractères du Silène, 
et s’en éloigne seulement par son fruit bacciforme, 
circonstance qui l'isole aussi des autres Garyo- 
phyllées, qui toutes portent une capsuie. Plusieurs 
botanistes ’ont pas jugé cette anomalie suffisante 
pour fonder un genre, et ont réuni le Cucubalus 
aux Silènes; d’autres, Gaertner le premier , puis 
De Candolle, l’ont conservé d’après Linné, en en 
retirant les espèces capsulaires que le législateur 
y avait placées sans raison bien plausible. Le 
Cucubalus a doncuncalice campanulé, à cinqdents; 
une corolle de cinq pétales unguiculés, à limbe 
bifide, sans écailles; dix étamines, trois styles , 
et une baie uniloculaire polysperme. 

Gette consistance charnue du fruit, exception 
unique, comme nous l'avons dit, dans la famille 
des Caryophyllées, est aussi particulière à une 
seule plante, appelée vulgairement CGARNILLET , 
Cucubalus bacciferus, Linn., herbe très-rameuse, 
haute de deux à trois pieds ; ses feuilles sont ova- 
les, aiguës, rétrécies à la base en un court pétiole; 
ses fleurs, à pétales blancs, étroits et auriculés 
près de leur base, naissent solitaires au sommet 
des rameaux et à leurs bifurcations. Cette plante 
est assez commune dans les haies et les buissons. 

CUCUJE, Cucujus. (ns.) Genre de Goléoptères 
de la section des Tétramères, famille des Platyso- 
mes, ayant pour caractères : mandibules saillantes, 
languette bifide, palpes courts ; antennes à arli- 
cles en forme de cône renversé, Ce genre a été 
établi par Fabricius ; il renferme encore peu d’es- 
pèces dont aucune n’acquiert une grande taille, et 
qui vivent sous les écorces des arbres; aussi leur 
forme est-elle très-appropriée à ce genre d'habita- 
ton; ils ont tous le corps très-plat; les yeux petits, 
sallans ; la tête dépasse un peu la largeur du cor- 
selet ; celui-ci est presque carré ; les élytres sont 
beaucoup plus larges que lui, arrondies à leur 
extrémité; les pattes sont courtes. 

C. péprué, C. depressus, Fab. Long de six 
lignes, une des plus grandes espèces du genre; cor- 
selet, élytres rouge velouté sanguin; antennes el 
parties inférieures du corps noires. Il se trouve 
plus communément en Allemagne. (A. P.) 

CUCUJUS, CUGUJO , COUCOUYE. ( ins. ) 
Noms que l’on donne, dansles colonies espagno- 
les, aux insectes phosphorescens des genres Tau- 
pin et Lampyre. Au rapport des voyageurs, la lu- 
mière des premiers est assez vive pour permeltre 
de lire les plus petits caractères, lorsqu'on appro- 
che un scul individu d'un livre. Il paraît que les 
soirées d'été, dans les contrées boisées de l’A- 
mérique, offrent un spectacle admirable par la 
multitude de ces insectes qui voltigent sur tous 


les buissons et les rendent lumineux. Voy. Tav- 
pin el LAMPYRE. (Guër.) 

CUCULLAN , Cucullanus. (zoopn. 1Nresr.) 
Genre de l’ordre des Hématoïdes , comprenant un 
petit nombre de vers qu’on trouve dans le canal 
intestinal des poissons. [ls sont très-petits et sont 
remarquables surtout par une espèce d’ampoule 
striée, ou capuchon, Leur peau offre des stries 
transversales comme celles des Ascarides ; la Lête 
est arrondie, souvent distincte du corps par une 
dépression large, peu profonde; la bouche est 
grande, circulaire, parfois garnie de papilles; le 
corps, d'abord égal à la tête ou même plus gros 
qu’elle, va en diminuant vers la queue, droite dans 
la femelle, presque toujours fiéchie dans le mâle 
et assez souvent garnie de deux prolongemens 
membraneux qu’on a nommés les ailes. Le capu- 
chon, qui en avant se continue avec la bouche et 
en arrière avec l'intestin, est contractile et semble 
destiné à fixer ces animaux aux villosités intesti- 
nales. L’anus est situé près du bout de Ja queue, 
les organes génitanx environnent l'intestin ; l’'or- 
gane mâle est double, et sort par une espèce de 
gaine. Les diverses espèces des Cucullans présen- 
tent des caractères peu tranchés: les urs sont 
ovipares, les autres vivipares. On en compte dix- 
sept : savoir, le Cucullan élégant, qu’on rencon- 
tre dans les intestins de l’Anguille et du Turbot; le 
C. tronqué, qu’on trouve dans le Silure; le C. ailé, 
dans le Turbot; le €. globuleux, dans la Truite sau- 
monte; C. tête noire, dans le petit Maquereau et 
la Bonite ; C. faviolé , dans les Gades, le Mole et 
le Congre; le C. accourci, dans le Perca Cirrosa ; 
C. nain, dans le Moineau de mer ; C. hctérochrome, 
dans le Pécaud; €. de la Tortue orbiculaire; C. de 
la Vipère commune; C. de l'Esturgeon ; C. de la 
Pie: C. de la Sole: C. de la Perche de Norwège; 
C. de la Mendole:; C. de la Tanche. (P. iG:) 

CUCULLÉE, Cucullæa. (morz.) Le genre Cu- 
cullée, séparé par Lamarck du genre Arche de 
Linné, dont il ne diffère que par des dents laté- 
rales transverses en plus ou moins grand nombre 
sur les angles antérieur et postérieur de Ja char- 
nière, se reconnaît aux caractères suivans : CO- 
quille équivalve, inéquilatérale , trapéziforme, 
ventrue, à crochets écartés, séparés par Ja fos- 
sette du ligament; impression musculaire anté- 
rieure formant une saillie à bord anguleux où au- 
riculés; charnière linéaire, droite, munie de petites 
dents transverses, et ayant à ses extrémités deux 
à cinq côtes qui lui sont parallèles ; ligament tout- 
à-fait extérieur. 

Du très-petit nombre d'espèces de Gucullées 
connues, une seule est vivante ou à l’état frais, 
les autres sont fossiles; celles-ci se rencontrent 
dans les terrains anciens, Nous citerons les deux 
espèces suivantes : 

Cucuizée AURICULAIRE, Cucullæa auriculifera , 
de Lamarck. Cette espèce se distingue par les at- 
taches musculaires, par les stries fines qui se croi- 
sent sur sa surface, par sa couleur fauve cannelle 
en dehors, et violâtre en dedans, et par sa char- 
nière qui n'offre qu'une ou deux côtes transverses. 


= 


CUCE 


417 


a 


CUIL 


a 


oo 


La Cucallée auriculaire, nommée vulgairement 
Coqueluchon , nous vient de la mer des Indes, où 
elle acquiert quelquefois trois à quatre pouces de 
largeur. a 

CucuLLÉE CRASSATINE, Cuculliea crassatina, de 
Lamarck. Goquille plus longue et plus large que la 
précédente, dont les impressions musculaires ne 
présentent point d’appendice auriforme, et dont 
les côtés de la charnière , plus larges, sont munis 
de quatre à cinq côtes transverses. Gette espèce, 
très-remarquable en ce que la disposition des 
stries pourrait la faire partager en deux, se ren- 
contre fossile aux environs de Beauvais, à Bra- 
cheux et à Abbecourt, où elle est très-commune, 
et aussi très-friable, (Fa) 

CUCURBITACEÉES. (8oT. pra.) Famille natu- 
relle de plantes appartenant à la classe des Dico- 
tylédonées polypétales, et tirant son nom scienti- 
fique du genre Courcz (v. ce mot), l’un des 
dix-sept qui la constituent. Toutes les Cucurbita- 
cées sont herbacées, en général annuelles, persis- 
tantes, très-rarement vivaces ; elles occupent un 
rang important dans l'histoire de l’agriculture, et 
-sont étroitement liées à l’économie rurale et do- 
mestique. Dans chacun des genres, on verra le 
rôle qu'ils y jouent , les ressources qu'ils offrent et 
l'emploi que l’on en fait, je renvoie donc aux ar- 
ticles Concomsre, Gourcr, Dupaim et MEzow, qui 
présentent les espèces les plus recherchées. 

Les caractères des Cucurbitacées sont d’avoir 
des tiges volubiles ou rampantes, garnies de feuilles 
alternes, souvent rudes ou couvertes de points 
calleux et munies de vrilles simples où rameuses , 
non pas axillaires comme on l'écrit, mais naissant 
sur le côté des feuilles: fleurs axillaires , mo- 
noïques , quelquefois dioïques et par exception 
réunissant les deux sexes ensemble dans trois 
genres seulement, le Gronove, le Mélothrie et 
le Solena ; les pédoncules portent une ou plu- 
sieurs fleurs : celles-ci ont le calice supère, res- 
serré sur l'ovaire , s’élargissant ensuite en cloche, 
coloré, divisé à son limbe en cinq lobes, garni 
vers son milieu extérieur de cinq -appendices ver- 
dâtres ; la corolle ‘généralement peu distincte, 
soudée avec le calice , réduite à son état de sim- 
plicité dans le genre Gronove. {'leurs mâles, cinq 
€tamines instrées au dessous du limbe, à filets 
tantôt distincts, tantôt réunis ensemble ou sépa- 
rément, à anthères uniloculaires, oblongues, 
quatre souvent géminées, laissant la cinquième 
isolée. Au centre on remarque parfois le rudiment 
d’un ovaire qui ne se développe point. Fleurs fe- 
melles, ovaire simple, faisant corps avec le fond 
du calice, que Tournefort et Linné nomment à 
tort Coroze (v. ce mot) ; il forme étranglement 
au dessus du calice et s’évase ensuite. en un limbe 
plus ou moins ouvert; de son centre s’élève un 
style terminé d'ordinaire par plusieurs stigmates 
“et entouré quelquefois de cinq filets d’étamines 
stériles, Ainsi recouvert, cet ovaire devient une 
baie de grosseur et de forme très-variables, à 
écorce ordinairement solide, uniloculaire, mono- 
sperme ou polysperme et multiloculaire poly- 


sperme, dont les semences ovoides, attachées à des 
placentas pariétaux et relevés : elles sont cartilagi- 
neuses ou crustacées, et renferment un embryon à 
radicule droite et à lobes planes , sans péri- 
sperme. 

Tous les genres de la famille se rangent naturel- 
lement sous trois catégories , 1° à fruit uniloculaire 
monosperme : le Gronovia, le Sieÿos et le Sechium, 
de Linné ; 2° à fruit uniloculaire polysperme : le 
Bryonia, du même botaniste , l'Eluterium de Jac- 
quin, le Muricia et le Solena de Loureiro ; 3° à 
fruit multloculaire polysperme : le Aelothria, le 
Trichosanthes, le Momordica, le Cucurbita et le 
Cucumis de Linné, dont je détache le Dudaïm et 
le Aelo pour les élever en genres distincts, l’'An- 
guriæ de Plumier , lEcballium de C. Richard, le 
Luffu de Cavanilles, le Ceratosanthes de Burmann, 
et le curieux Myrianthus de Palisot de Beauvois, 
dont on ne connaît encore que les fleurs mâles. : 
” Quelques auteurs, Dumont de Courset entre 
autres, avaient placé à la fin des Gucurbitacées, 
comme devant être divisés en une et même deux 
autres sections, des genres semblables à la famille 
dont nous nous occupons par leur port, leurs ti- 
ges grimpantes, leurs vrilles axillaires , leurs fleurs 
articulées sur les pédoncules, leurs graines atta- 
chées sur'des placentas pariétaux; mais ils forment 
aujourd'hui des ordres distincts. Ainsi les Grena : 
dilles constituent la famille des Passiflorées, réu- 
nissant les genres Passiflora, Carica et Napoleo- 
næa; les genres F'evillea et Zanonia sont réunis 
sous le nom de Nandhirobées ; de la sorte on n’a 
plus de Gucurbitacées douteuses. (77, aux mots F£- 
VILLÉE, GRENADILLE, NANDnIROBÉ£ES, NAPOLÉONE, 
Papayer, PassirLor£es et Zanonie.) 

Les Gucurbitacées proprement dites se rappro- 
chent de certaines Euphorbiacées grimpantes qui 
n’ont qu’un style et dont les élamines sont réunies 
en colonne; elles en diffèrent par leurs anthères , 
par la structure du fruit et celle des semences. 
Elles sont liées aux Passiflorées et aux Urticées 
par les genres Grenadille et Papayer, ainsi qu'aux 
Nandhirobées, créées par Auguste Saint-Hilaire. 

(T. ». B.) : 

CUILLER. (mozr.) Les marchands donnent ce 
nom vulgaire à plusieurs espèces dn genre Céri- 
the ; ils nomment @RANDE Curzzer 4 ror le Ceri- 
thium palustre; perire Curirer a por le Cerithium 
sulcatumn; Cuiczer D'ÉBÈNE le Cerithium ebeninumr 
des auteurs. 

Le nom de Cuizzer D'IVOIRE à été donné égale- 
ment, par les marchands, à la grande espèce de 
Pholade connue des naturalistes sous le nom de 
Pholas dactylus. (Guër.) 

CUILLERONS. (rns.) Quand on regarde avec 
attention certains Diptères , on aperçoit à la base 
de l'aile une petite pièce quelquefois simple , 
quelquefois double, de forme demi-circulaire , 
blanchâtre, en forme de coquille d’huiître et qui, 
lorsqu'elle est double, limite encore davantage 
puisau’elle en présente les deux parties ; quand 
l'aile est au repos les deux valves reposent l’une 
sur l’autre; quand l'aile est étendue, une des val- 


CUIV 


4x8 


CUIV 


ves suit son mouvement ; quelle peut être l'utilité 
de celte pièce, cela n’est pas encore connu ; on 
croit que les cnillerons aident à l’action du vol, 
ou à certains mouvemens dans le vol; cependant 
ces pièces manquent dans plusieurs genres, mais 
alors on a remarqué que les ba'anciers , pièces qui 
leur sont inférieures par la position, étaient beau- 
coup plus développés, (A. P.) 
CUIR. (z001.) On appelle ainsi la peau de cer- 
iains quadrupèdes, et ce nom est alors synonyme 
de Der (v. ce mot). On devrait le réserver pour 
désigner l'enveloppe cutanée lorsqu'elle est ren- 
due plus solide, plus imperméable et incorrupti- 
ble par la préparation du tannage. La portion de 
la tête de l'homme couverte par les cheveux, et 
dont le tissu est plus dense, plus serré, plus 
compacte, esb aussi désignée, assez impropre- 
ment, el en raison de cette disposition, par le 
nom de Cuir chevelu. (P. G.) 
CUIR DE MONTAGNE. (min.) On désigne sous 
ce nom, et sous celui de Liège de montagne, une 
substance blanche ou jaunäâtre, composée de 
fibres réunies et formant un tout que l’on ne peut 
ni casser ni déchirer qu'avec difliculté. Ge miné- 
ral a été regardé par la plupart des minéralogistes 
comme une variété de l’Asbeste, ow Amiante; 
mais l’analyse chimique le rapproche beaucoup 
plus du talc. Bergmann y a signalé environ 62 
parties de silice, 22 de manganèse , 10 de chaux, 
et 5 à 4 de fer.f On le trouve en amas dans les 
roches anciennes qui accompagnent le granite, 
mais principalement dans les micaschisies, (J. H.) 
CUISSE. (zoor.) Partie du membre inférieur 
comprise entre le bassin et la jambe : en général 
la Cuisse est plus volumineuse supérieurement 
qu'inférieurement , et présente la forme d’un eône 
renversé et tronqué, Elle est formée d’un grand 
nombre de muscles, de vaisseaux sanguins et 
lympbatiques dispesés autour d’un seul os, le fé- 
mur, et Lous enveloppés et relenus par une très- 
forte aponévrose. L’acception de ce nom n’est pas 
aussi précise pour les insectes, et les auteurs ont 
varié dans l'application qu’ils en ont faite. (Foyez 
Ixsecres.) (P. G.) 
GUIVRE. (win, ). Ge métal, que l’on peut re- 
garder comme l’un des plus utiles, se présente 
dans la nature dans des degrés d’oxidation si dif- 
férens, et dans des états de combinaison si nom- 
breux , que, pour ne-pas dépasser les bornes qui 
nous sont prescrites, nous décrirons rapidement 
les caractères des diverses espèces qu'il constitue. 
À l’état de pureté, il porte le nom de Cuivre 
natif; sa couleur est alors rouge, sa ductilité est 
très-prononcée et sa cristallisation appartient au 
système cubique : quelquefois il se présente en 
prismes rectangulaires et plus souvent enoctaèdres. 
Mais lorsqu'il n’affecte point la forme régulière, 
il s'offre én mamelons , en lames irrégulières plus 
où moins grandes, ou bien en filamens plus ou 
moins déliés, 
A l'état de protoxide on lui donne le nom de 
Cuivre vitreux ; les Allemands le nomment encore 
ziegelerz, d'où l'on a fait le nom francais de zigue- 


line. Les caractères de cette espèce sont la cou 
leur rouge et l'aspect vitreux. Sa cristallisation est 
l’octaèdre régulier. 

Un autre protoxide, connu sous le nom de Cui- 
vre oxidé noir, a mérité celui de mélaconise, com- 
posé de deux mots grecs qui signifient poussière 
noire, parce qu’en effet il se présente loujours en 
cet état ; il ne cristallise jamais, 

Uni au soufre, le Cuivre forme plusieurs espèces 
minérales : ainsi le Cuivre sulfuré ou la Chalka- 
sine, substance d’un gris et d’an brillant d’acier, 
tendre, fragile et se laissant entamer par un ins- 
trument tranchant , se compose d'environ 75 par- 
ties de Cuivre, de 20 de soufre et de quelques 
traces de fer. Le Cuivre pyriteux ou la Chalkopy- 
rile, toujours d’un jaune de bronze, cristallisant 
en octaèdre, est formé de Cuivre, de soufre et 
de fer à peu près en quantités égales. Le Cuivre 
pyriteux panaché, nommé par M. Beudant Phil- 
lipsite , en l'honneur du ehimiste anglais Phillips, 
qui, le premier, a fait connaître que sa composi- 
tion est 23 à 2/4 pour cent de soufre, 61 de Cuivre 
et 14 de fer, est une substance d’un brun rou- 
geâtre mêlé de bleuâtre, cristallisant dans le sys- 
tème cubique. Un mélange de Cuivre, de soufre 
et d’antimoine, auquel se joignent de l’arsenic, 
du fer, du zinc et de l'argent, produit l’espèce mi- 
nérale à laquelle on à d’abord donné le nom de 
Cuivre gris, ebqui, par la présence de tous ces 
métaux , a mérité d’être appelée Panabase. Cette 
substance est d’un gris d’acier et cristallise en té- 
traèdres réguliers. On confonduit autrelois avec 
celle-ci, sous le nom de Cuivre gris, une autre 
substance qui constitue aujourd'hui une espèce 
appelée Tennantite, parce qu'elle a été dédiée aw 
chimiste Tennant, Sa couleur est le gris de plomb; 
sa cristallisation le dodécaèdre rhomboïdal , et sæ 
composition un mélange de soufre, d’arsenic, de 
Cuivre et de fer. 

Gombiné avec le métal appelé Secenruu (voyez 
ce mot), dans la proportion de 4 à 6, le Cuivre 
constitue uneespèce particulière appelée Cuivre: 
sélénie , et plus récemment Berzeline:, enfl honneur 
du célèbre chimiste suédois Berzelius. Sa couleur 
est le blanc d'argent; mais il se présente souvent 
en rameaux déliés et noirâtres à la surface d’une 
roche calcaire de la Suède. Une autre espèce , 
connue autrefois sous le nom de Cuivre sélenié ar- 
gental et appelée aujourd'hui Euchairite, se mon- 
tre en petites masses compactes ou cristallines , 
d’un gris de plomb, dans le même calcaire de la 
Suède, 

L'arséniure de Cuivre, onu ce métal combiné 
avec l’arsenic, est encore trop peu connu pour que 
nous puissions indiquer aucun de ses caractères ; 
mais son-existence a été constatée d’une manière 
précise par une analyse du chimiste Berzelius. 

Le chlorure de Cuivre, appelé par plusiears mi- 
néralogistes Cuivre muricté, forme une espèce 
minérale ‘qui a recu le nom d’Atakamite, parce 
que l’une des parties de PAmérique méridionale 
où on la trouve le plus communément est le désert 
d’Atakama au Pérou C’est une substance verte 


|’ 


mate pemrenregtt 


CUIV 


419 


CULT 


TR memes arue, 


qui cristallise en prismes rhomboïdaux, mais qui 
se présente plus fréquemment en fibres ou en ai- 
guilles. 

Il nous reste à présenter les diverses espèces 
qui résultent des combinaisons du Cuivre avec 
différens acides. Elles sont assez nombreuses , et 
qnelques unes sont même intéressantes par leur 
utilité. 

Le Cuivre arsénialé forme aujourd'hui quatre 
espèces : l'Erinite, composée de 33 à 34 parties 
d'acide arsénique, de 59 à 6o d’oxide de Cuivre 
et de » d’eau, offre une belle couleur d’un vert 
éméraude, et des cristaux en lames hexagonales ap- 
partenant au système rhomboédrique. L’Olivenite 
doit son nom à sa couleur d’un vertolive : elle est 
formée de 4o parties d’acide et de 6o de Cuivre, et 
cristallise dans le système du prisme rhomboïdal 
droit. L’Aphanèse contient 30 parties d'acide, 
54 de métal et 16 d’eau, et cristallise en prisme 
rhomboïdal oblique; sa couleur est le vert bleuâ- 
tre. La Liroconite se compose de 14 parties d’acide, 
de 49 d’oxide de Cuivre et de 35 d’eau; elle est 
d’une couleur bleue, et cristallise dans le système 
octaédrique. Il semblerait que la quantité plus ou 
moins grande d’eau influe non-seulement sur la 
cristallisation de l’arséniate de Cuivre, mais en- 
core sur sa couleur qui passe du vert au bleu plus 
ou moins clair. 

L’acide phosphorique combiné au Cuivre forme 
deux espèces minérales qui étaient comprises en 
une seule sous le nom de Cuivre phosphaté. L’Y po- 
léine est une‘substance verte qui cristallise en 
prismes obliquesrhomboïdaux, At quirenferme en- 
viron 22 parties d'acide, 63 d’oxide de Cuivre et 
19 d’eau. L’Æphérèse, d’un vert plus foncé, con- 
tient moitié moins d’eau et un peu plus d’acide, 


Elle cristallise en octaèdres. 


La décomposition des sulfures de Cuivre, 
qui s’opère naturellement dans certaines mines, 
produit les sulfates dece métal: l’un, appelé Cya- 
nose à cause de sa couleur bleue, est un véritable 
sulfate de Cuivre , et cristallise en prismes obli- 
ques ; l’autre, dédié à M. Brochant de Villiers, sous 
le nom de Brochantite, est un sous-sulfate, et se 
présente en prismes droits rhomboïdaux : cette 
substance se distingue de la précédente par sa 
couleur verdâtre; l’une et l’autre se reconnais- 
sent facilement à leur saveur styptique. 

L’une des plus importantes combinaisons du 
Cuivre est celle qu'il forme avec l’acide carbonique; 
mais le Cuivre carbonaté constitue dans la miné- 
ralogie chimique trois espèces minérales: l’une 
st la Malachite, ou le carbonate vert, qui cris- 
tallise en prismes rhomboïdaux, mais qui se trouve 
plus communément et en assez grande abondance 
en mamelons pour alimenter de grandes exploita- 
tions de métal, surtout dans les monts Ourals , 
et pour être employé dans les ouvrages d’art des- 
Ainés à servir d’ornemens ; l’autreest l’Azurite, ou 
le carbonate bleu, qui cristallise suivant le sys- 
1ème rhomboédrique. Ces deux earbonates con- 
tiennent ordinairement 6 À 10 pour cent d’eau; 
mais un troisième carbonate de Cuivre, appelé 


Mysorine parce qu'il a été trouvé sur la frontière du 
pays de Myÿsore dans l'Hindoustan, est dépourvu 
d’eau et se reconnait à sa couleur d’un brun noi- 
râtre sali de vert et de rouge. 

Quelquefois la malachite contient plus de 25 
pour cent de silice; sous ce rapport ellese rapproche 
d’une espèce appelée la Chrysoco!e, et par plusieurs 
minéralogistes Cuivre hydro-siliceux, dans laquelle 
la silice joue le rôle d'acide , et se trouve dans la 
proportion de 26 à 37 pour cent. Mais ce qui dis- 
tingue cette espèce de la malachite silicifère , c’est 
que dans le carbonate de Cuivre ce métal est À 
l’état de deutoxide, tandis que dans le silicate il 
est à l’état d’oxide. Du reste la chrysocole est fa- 
cile à reconnaître à sa couleur d’un vert clair ou 
d’un vert bleuâtre et à son aspect vitreux. 

La chrysocole ne cristallise point; mais une sub- 
stance qui s'en rapproche beaucoup est le Dio- 
ptase ou l Achirite, remarquable par sa belle couleur 
verle et sa cristallisation en prisme hexagone , 
terminé par des faces rhomboédriques, Cette sub- 
stance est rare, parce qu'elle ne s’est encore 
trouvée qu’en Asie et dans les steppes des Kirghiz, 
contrée que les Européens fréquentent très-rare- 
ment. 

Le Cuivre pyriteux et tous les sulfures de ce 
métal, sont d’une grande importance pour l’ex- 
ploitation ; on les trouve principalement en filons 
et en amas dans les terrains de gneiss et de mi- 
caschistés ; les carbonates, qui sont aussi d’une 
grande richesse, ont leurs gisemens dans les grès 
rouges , roches qui appartiennent au terrain 
houiller. Les autres espèces , beaucoup moins inté- 
ressantes sous le rapport métallique , se trouvent 
ordinairement en petite quantité dans iles .diffé- 
rentes roches qui appartiennent aux terrains pri- 
mitifs et, secondaires. (J, H.) 

CUL-BLANCG. (ors.) C’est le nom vülgaire du 
Morreux orne , Motacilla ænanthe. 11 y a en- 
core beaucoup d’animaux dont le nom commence 
par la même syllabe; mais, à l'exemple d’un natu- 
raliste plein de pudeur, nous nous abstiendrons de 
les mentionnerici;nousnous contenterons de repro- 
duire la phrase de ce naturaliste, M. Bory de Saint- 
Vincent, dans laquelle ilexprime ainsi sa vertueuse 
indignation : «On a étendu à plusieurs autres oi= 
» seaux ce nom grossier qui devrait être proscrit 
» de la science, ainsi que tous ceux qui commen- 
» cent par la même syllabe, et que nous ne rap- 
» porterons pas dans ce dictionnaire, par respect 
» pour le bon langage.» (Gué£r.) 


CULEX. (1ns.) P. Cousrx. 

CULOTTE DE SUISSE. (por. Pnax.) Nom 
vulgaire d’une variété de poire et de la Passiflora 
cærulea , L. (GuËR.) 

CULTRIROSTRES. (ours. ) L'auteur du Règne 
animal a compris sous ceite dénomination une 
famille d'oiseaux échassiers, que Linnæus avait 
presque tous rangés dans son genre Ardea. Ges 
oiseaux se reconnaissent à leur bec gros, loug et 
fort , le plus souvent tranchant ct pointu ; ils sont 
répartis dans {rois tribus différentes : 

1° Grues, A gamis, Courlans et Courols. 


0 


CUNO 


420 


CUPH 


000 


: ! 9° Savacous, Hérons. 
3e Cigognes, Marabous,Jabirus, Ombrettes, Becs- 
euverts, Dromes, Tentales et Spatules. Voyez ces 
différens mots. (Genv.) 
CUMIN. (mor. Pran.) Du genre Cuminum de 
Linné ; de la famille des Ombellifères de Jussieu , 
une seule espèce est employée en médecine, c'est 
le Cuminum cyminum, où Cumin oflicinal; plante 
annuelle qui offre les caractères botaniques sui- 
vans : tige plus ou moins élevée, rameuse, di- 
chotome; glabre inférieurement , légèrement velue 
supérieurement ; feuilles biternées et composées; 
folioles glabres, ovales, Jlancéolées, découpées ; 
fleurs tantôt blanches et tantôt purpurines , dispo- 
sées en ombelles terminales à rayons peu nom- 
breux : fruits velus, d’une odeur et d’une saveur 
aromatiques très-agréables : les babitans du Nord 
en mettent dans leur pain, et les Hollandais dans 
leurs fromages. 
.… Le Cumin est cultivé en Europe et surtout en 
Allemagne; on l’emploie en médecine dans les 
mêmes cas que l’anis, le fenouil et d’autres om- 
bellifères, c’est-à-dire comme stimulant assez 
énergique. Les vétérinaires en font une grande 
consommation comme tonique. 
Nota. On appelle Cumin des prés le Carum 
carvi; Gumin noir, le Vigella sativa; Cumin in- 
dien, le Myrtus cumini; Guümin cornu, l'Hype- 
coum procumbens ; Cumin bâtard, le Zagæna cu- 
minoides. (02) 


CUNONE, Cunonia. (Box. rHAN.) Sous ce nom } 


linnéen , il ne faut pas confondre le Cunonia de 
Miller, qui est une Æntholiza; le genre du bota- 
niste législateur n’est encore composé que d'une 
seule espèce, sous-arbrisseau du cap de Bonne- 
Espérance, d’où il a recu le nom de Cunon'a ca- 
pensis. I fait partie de la famille des Saxifragées et 
de la Décandrie digynie. Ses caractères essentiels 
sont d’avoir la tige noueuse, terminée par une fo- 
liole oblongue particulière; les feuilles opposées, 
pétiolées, assez grandes, ailées, avec une impaire, 
composées de cinq à sept folioles lancéolées , den- 
tées , très-glabres sur l’une et l’autre face, portées 
sur des pétioles articulés; fleurs jaunâtres, pe- 
tites, ornant une grappe axillaire droite, et ayant 
à leur base des stipules grandes, planes, pétiolées 
et que l’on retrouve sur la tige ct les rameaux su- 
périeurs dans le voisinage des feuilles. C’est une 
glande , selon Linné, qui s’est développée. Le ca- 
lice est monosépale, à cinq divisions profondes et 
persistantes ; dix étamines plus longues que les 
pétales, surmontées par des anthères arrondies ; 
Vovaire profondément bilobé, avec deux styles 
assez longs et deux stigmates oblus. Aux fleurs 
sucrède une capsule ovale, acuminée, à deux 
loges polyspermes. Cette plante demande chez 
nous l'orangerie. (T.p. B.) 
GUNONIACÉES. (59T. run.) Quoique très- 
naturellement placé avec l'Hydrangée et le Wein- 
mannie à la fin de la famille des Saxifragées, et 
comme servant de passage à la famille des Gactées, 
à cause de son port,-de sa Lige quasi-arborescente 
et de ses feuilles opposées , le genre Cunone a été 


élevé au rang de famille par Robert Brown. Cette 
innovation n’est pas heureuse et ne peut être ap- 
prouvée par les botanistes. On est surpris de la 
préférence accordée à un genre ayant une espèce 
unique , tandis qu’on lui associe le genre Hydran- 
ste qui en compte au moins quatre, le Weinman- 
nie qui en à dix ; le Codia et le Callicoma dont les 
fleurs sont en tête; l’/tea chez qui les feuilles sont 
alternes et les fleurs en épis lâches. IL vaut mieux 
laisser ces genres dans une dernière section des 
Saxifragées, comme le propose Kunth, que d’é- 
loigner des plantes qui se tiennent unies par les 
lois de l’organisation. (T.». B.) 
CUNTUR. (o1s.) Nom péruvien du Goxpor. 
(GuËr.) 

CUPES, Cupes. (1ins.) Genre de Coléoptères, 
de la famille des Clavicornes, de la tribu des 
Lime-bois, ayant pour caractères : mandibules 
unidentées; bouche découverte, palpes courts et 
semblables dans les deux sexes ; languette bilobée, 
menton demi-circulaire; antennes compostes d'ar- 
ticles presque cylindriques, pénultième article 
des tarses bifide; ces insectes ont le corps de con- 
sistance solide, cylindrique ; le dessus de la tête 
est inégal et sillonné; les tarses courts. 

GC. À BELLE TÊTE, C. capitata, Fab., Oliv. 
I. Ins., nr, xxx, 1. Long de six ou sept ligres,; 
corps raboteux , d’un brun obscur, avec la tête 
jaune. De l'Amérique septentrionale.  : (A. P.) 

CUPHÉE, Cuphca. (BoT. Pan.) Genre appar- 
tenant aux Salicarcées et à la Dodécandrie mono- 
gynie, el qui renferme des arbustes et des herbes 
généralement très -visqueux , sous-divisé en vingt- 
cinq ou trente espèces , dont plus de la moitié ont 
été découvertes par-Humboldt et Bonpland , et 
ont été décrites par Kunth (in Humb., N. G. et 
Sp. 6). Voici le caractère générique : feuilles op- 
posées, plus rarement verticillées par trois ou 
quatre, toujours très-entièrés et dépourvues de 
stipules; fleurs solitaires sur des pédoncules ex- 
tra-axillaires, alternes , accompagnés de bractées 
et se réunissant pour former des épis ou grappes 
terminales, penchées et généralement violettes, 
jamais blanches; calice tubuleux, présentant en 
dessus, à la partie postérieure, une gibbosité ou \ 
une sorte d'éperon obtus ; ayant un limbe à douze 
ou rarement à six dents peu profondes, coloré , « 
pétaloïde; corolle irrégulière, à six pétales iné- 
gaux, insérés entre les dents du calice ; élamines « 
au nombre de onze ou douze, rarement moins M 
nombreuses, inégales, dressées, attachées à la 
gorge du calice; anthères biloculaires, s’ouvrant 

ar le côté interne; ovaire sessile libre, accom- 
pagné à la base d’une glande placée du côté de 
l'éperon. Coupé transversalement, ilprésente une, 
très-rarement deux loges, contenant de trois à 
un nombre considérable d’ovules dressés, attachés 
à un trophosperme central; fruit membraneux à 
une; très-rarement deux loges, renfermant une 
ou plusieurs graines lenticulaires, enveloppé dans 
le calice persistant, indéhiscent, ow s’ouvrant 
d’un seul côté; graines en forme d'ailes latérales, 
se composant d'un tégument mince et coriace, 


recouvrant \ 


ah 


CUPU re: 


L25 


CUPU 


à 


recouvrant immédiatement un embryon dressé, 
et dont la radicule est inférieure, dont les deux co- 
tylédons sont arrondis et foliacés. 

On cultive, dans les jardins de botanique, la 
Curnke visqueuse, Cuphea viscosissima, Jacq., 
originaire du Brésil , dont la tige est très-visqueuse, 
et la fleur, rouge, solitaire et pédonculée. 

(C. £.) 
” CUPIDONE, Catananche. (80T. PnAN.) Quoique 
originaire de nos contrées méridionales, et par 
conséquent un peu délicat, ce genre de plantes, 
de la famille des Chicoracées et de la Syngénésie 
égale , est introduit dans les jardins de nos dépar- 
temens septentrionaux, et y produit un bel effet 
par l'apparence, la durée et le nombre de ses 
fleurs, qui se succèdent pendant long-temps; 
mais il lui faut encore, comme individu non en- 
core parfaitement acclimaté , quelques soins , une 
terre légère et une bonne exposition. On multiplie 
ses espèces par, la séparation du pied, ct on les 
plante contre des murailles, des palissades, des 
haies, si l’on veut les voir résister en plein air. 

Des quatre espèces décrites , l’une, la Cata- 
nanche græca de Linné, est passée dans le genre 
Scorzonkre (v. ce mot); l’autre, la C. cespitosa, 
que Desfontaines a découverte sur l'Atlas, où elle 
croît en épais gazon, ne peut convenir que pour 
fixer les sables mouvans; la troisième et Ja qua- 
trième seules méritent de trouver place ici. 

La Curipone BLEUE, C. cϾrulea, abonde dans 
les lieux stériles et montagneux du Midi, depuis 
les rives de la Méditerranée jusque sous la latitude 
de Lyon. Elle est remarquable par les grandes 
fleurs bleues qu’elle donne en juillet et qui la dé- 
corent en août, septembre et même octobre. Sa 
tige grêle, élevée à la hauteur de soixante-cinq 
centimètres , est divisée à son sommet en plusieurs 
petites branches etégayée par des feuilles longues , 
étroites, velues, trmervées et à deux dents. C’est 
une plante vivace que l’on prendrait pour une 
immortelle , et que l’on désigne vulgairement sous 
les noms de Chicorée bâtarde et de Gomme bleue. 
s Moins belle que la précédente, la Curmmone 
JAUNE, C. lutea, plus communément appelée Pied- 
de-Lion, a deux ou trois tiges qui s'élèvent au 
plus à quarante-huit centimètres , et sont cou- 
ronnées par une simple tête de petites fleurs jau- 
nes s’épanouissant en juin el juillet. Les écailles 
du calice , rougeâtres orangées dans l'espèce 
bleue, sont blanches dans l'espèce jaune et an- 
nuelle. Le genre Gupidone a été créé par Tourne- 
fort et adopté par Linné. Son nom vient de ce 
que les anciens Grecs l’estimaient excitatifaux ébats 
amoureux, comme l’exprime le mot katanancha- 
zein. (T. ». B.) 

CGUPULE, Cupula. (soT. pan.) Espèce d’invo- 
lucre particulier aux végétaux à fleurs unisexuées 
inférovariées , tels que le Chêne, le Hêtre ; il en- 
vironne une ou plusieurs fleurs femelles etrecouvre 
leur fruit en partie ou en totalité. 

La Cupule se présente sous trois aspects diffé- 
rens : 1° autour du gland de Chêne, ce sont de 
petites écailles imbriquées , ligneuses, soudées 


Tone II, 


ensemble dans leur partie inférieure ; 2° autour 
de la noisette, elle est foliacée, composée de fo- 
lioles plus ou moins longues et libres; enfin la 
châtaigne et la faine sont enveloppées dans une 
Cupule en forme de péricarpe, hérissée d’épines, 
et s’ouvrant en plusieurs pièces régulières ou ir- 
régulières. 

On a souvent donné le nom de Cupule au calice 
des Conifères, tels que le Sapin, l'If, etc. (L.) 

CUPULIFERES, Cupuliferæ. (8oT. paax.) Nom 
appliqué aux végétaux dont le fruit est porté dans 
une Cupule, Voyez l’article suivant. ; 

CUPULIFÉRÉES, Cupulifereæ. (nor. pan.) Fa- 
mille établie par Richard dans la classe des végé- 
taux dicotylédones, à fleurs monopérianthées in- 
férovariées ; elle se compose de celles des Amen- 
tacées de Jussieu qui ont leurs fleurs femelles en- 
vironnées d’une Cupule : ce sont le Chêne, le 
Coudrier, le Çharme, le Châtaignier et le Hêtre ; 
voici leurs caractères généraux : 

Les fleurs des Cupulifères sont unisexuées, et 
presque toujours monoïques. Les mâles sont dis- 
posées en chatons , composées d’écailles d’abord 
serrées et imbriquées, puis s’écartant les unes 
des autres : chaque écaille, de forme simple ou 
trilobée , ou calicinale , porte six, huit, douze ou 
plus d’étamines. 

Les fleurs femelles, tantôt solitaires, tantôt 
groupées en sorte de chaton, sont en général pla- 
cées à l’aisselle des feuilles et toujours portées sur 
une Cupule qui les recouvre plus ou moins. Leur 
ovaire est infère, ordinairement à deux ou trois 
loges , rarement au-delà ; le nombre des stigmates 
correspond toujours à celui des loges. Le fruit est 
un gland, marqué d’un pelit ombilic à son som- 
met, renfermant d’une à deux graines, et enve- 
loppé en tout ou en partie dans une Cupule. L’em- 
bryon, placé immédiatement sous le tégument 
de la graine , se compose de deux cotylédons épais 
et très-gros, fréquemment soudés entre eux par 
leur face interne. 

Les Cupulifères se distinguent donc des Coni- 
fères par le manque de périsperme, et par leur 
ovaire multiloculaire; des Salicinées, des Ulma- 
cées et des Myricées, par leur cvaire infère ; enfin 
des Bétulacées, parce que leurs fruits sont simples 
et environnés d’une cupule. 

MM. Loiseleur et Marquis avaient précédem- 
ment formé leur famille des Quercinées avec les 
mêmes genres, en y ajoutant le Noyer. (L.) 

CUPULITE. (zoor. Aca.) Quoy ct Gaimard 
ont établi ce genre de l’ordre des Acalèphes li- 
bres, qu’ils ont ainsinommé parce qu’ils ont trouvé 
à ces animaux la forme de la cupule d’un gland ; 
ils ont attribué à ce genre les caractères suivans : 
«animaux mous , transparens, réunis deux à deux 
par leur base, et entre eux par les côtés , à la file 
les uns des autres, formant des chaînes flottantes, 
dont une des extrémités est terminée par une 
queue rougeâtre , rétractile, probablement formée 
par les ovaires; chaque animal, ayant la forme 
d’une petite outre, a une seule ouverture commu- 
niquant à un Canal très-évasé au dedans. » Ghaque 


154° Livraison, 04 


CURA : 


[| 4o6 


CURG Pc 


animal, pris séparément , est arrondi sur les cô- 
tés, aplati à son fond, et portant à l’autre extré- 
mité un petit col renflé, terminé par une ouver- 
ture étroite et arrondie ; c’est la bouche, dont les 
bords servent à la progression de chaque individu 
etagit, de concert avec la queue rétractile, com- 
rune à ous , lorsqu'il yen a un certain nombre 
de réunis. (P. G.) 

CURARE. (sor7.) Le Curare est un poison vé- 
gétal avec lequel les habitans de l'Orénoque em- 
poisonnent leurs flèches. Ce poison provient d’une 
liane qui appartient probablement à un genre voi - 
sin du strychnos , et qui présente les caractères 
botaniques suivans: rameaux , ceux qui sont jeu- 
nes, presque cylindriques, velus, surtout entre 
les pétioles , terminés en pointe filiforme , alter- 
nes ; feuilles opposées sans stipules membraneuses, 
ovales-oblongues , très-aignës, très-entières , tri- 
nervées , presque glabres, bordées de cils, d’un 
vert tendre, plus pâles en dessous; pétioles non 
articulés ; fleurs et fruits encore inconnus. 

D’après le célèbre voyageur Humboldt, voici 
comment se prépare le fameux poison Curare : on 
racle avec un couteau l’écorce et une partie de 
l'aubier du Bejuco de Mavacure (nom donné à la 
liane à Esmeralda ): cette opération se fait indis- 
tinctement sur les branches fraîches ou sèches 
et dans une étendue de quatre à cinq lignes de 
diamètre ; on enlève ensuite l'écorce eton la broie 
entre une pierre semblable à celle dont on se sert 
pour préparer la fécule de manioc. Le sucobtenu, 
de couleur jaune, regardé comme non vénéneux 
lorsqu'il est encore récent , est jeté avec la por- 
tion filamenteuse de l'écorce , dans une feuille de 
bananier roulée en forme d’entonnoir ou de cor- 
net, ct soutenue par d’autres feuilles de galmier 
disposées de la même manière. On arrose le tout 
avec de l’eau froide, et on obtient, après quelque 
temps, un liquide jaunâtre , qui ne devient réel- 
lement vénéneux que par la concentration. Ge li- 
quide peut être goûté sans danger, caril n’est dé- 
létère qu'autant qu'il est immédiatement en con- 
tact avec le sang. LL à 

Le suc de Mavacune ne pouvant devenir assez 
épais par l'évaporation pour s'attacher aux flèches, 
les Imdiens le mêlent avec le suc gluant du Kira- 
caguero ; le mélange se fait à chaud et quand le hi- 
quide vénéneux est très-concentré. Aussilôt que 
les deux liqueurs sont réunies , la masse noircit 
et prend {a consistance du goudron ou d’un sirop 
très-épais, 

Le Curare le plus estimé , celui de l'Esmeralda 
et de Mandacava, se vend à peu près trois francs 
l’once; on le livre au commerce renfermé dans 
des fruits de crescentia. Desséché , il ressemble 
à de l’opium; exposé à l'air, il atlire fortement 


l'humidité ; ilest d’une amertume très-désagréables | 


on peut l’avaler sans danger, À moins qu’on ne sai- 
gne des lèvres ou des gencives, et les Indiens le 
considèrent comme excellent stomachique. 
Ainsi que les poisonsdu Nouveau-Monde connus 
sous les noms de Woorara , Ticuna, le Curare 


tue aussi promptement que les Strychnées de l'A- | 


sie, telles que la noix vomique , l’upas-tieuté et la 
fève de St-Ignace, mais sans provoquer de vomis- 
semens lorsqu'il est introduit dans l’estomac ; 
et sans exercer de violentes contractions de la 
moelle épinière. à, 
Le Curare tue les plus grands oiseaux en deux 
ou trois minutes , etilen faut souvent plus de 
dix ou douze pour un cochon ou un pécari. Son 
action est d'autant plus prompte qu’il est plus frais 
et que son contact avec la circulation est plus 
considérable. Les symptômes auxquels il donne 
lieu sont : des congestions cérébrales, des verliges , 
l'impossibilité de se tenir debout, des nausées , 
des vomissemens , une soif dévorante, et un en- 
gourdissement des parties voisines de Jaiplaie. 2 
Selon Leschenault , de tous les spécifiques van- 
tés contre la propriété toxique du Curare, le sel 
marin et le sucre méritent la préférence; cette 
opinion n’est pas partagée par tous les observa- 
teurs. (F.F.) 
CURCULIO. (ins.) Joy. CHARANCON. 
CURCUMA. Curcuma. (80T. Pan.) Genre de 
la famille des Cannées de Jussieu , Scitaminées de 
Brown, et de la Monandrie monogynie de Linné, 
Caractères génériques : périanthe double; Fexté- 
rieur à trois divisions courtes , l'intérieur campa- 
nulé, trifide; labelle trilobé; anthère double 5 
munie de deux sortes d'éperons; filet de l’étamine 
pétaloïde et à trois lobes ; stigmate crochu: fleurs 
disposées en épi très-dense sur une hampe qui 
s’élève de la racine, laquelle est charnue et tu- 
béreuse. Ce genre necomprenait d'abord que deux 
espèces, toutes deux indigènes des Indes orien- 
tales, et que Linné avait nommées €. longa et 
C. rotonda ; mais Roscoë (Trans. Linn. Soc. vol. 
VIII, pag. 594) rapporte cette dernière au genre 
Kempferia, sous le nom de K.ovata. Au reste, 
la perte que Roscoë fait éprouver au genre Cur- 
cuma est bien plus que compensée par les nouvel- 
les acquisitions qu'il doit à Roxburg (FI. Corom. 
vol. 2, tab. 151). De toutes les espèces de Cur- 
cuma, nous ne décrirons que la €. longa: cette 
préférence est motivée par l'emploi qu’en font la 
thérapeutique, les arts et la teinture, Cette plante 
a les feuilles lancéolées , longues de plus de trois 
décimètres , glabres, à nervures latérales obliques, 
et engaînantes à la base. Du mieu des feuilles 
sort un épi court, gros, sessile, imbriqué d'écail- 
les qui soutiennent chacune deux fleurs environ- 
nées à leur base de spathes. Rheede et Jacquin ont 
figuré celte plante, l’un dans son Hort. Malab. 
t. 10, l'autre dans son Hist. vol. 3, t. 4. Elle est 
âcre , un peu amère, d’une odeur pénétrante. Sa 
racine est très-analogue à celles des plantes de Ja 
même famille , et jouit, comme elles, de proprié- 
tés stimulantes. Elle renferme un principe colo- 
rant qui donne le jaune orangé le plus éclatant 
que l’on connaisse, mais presque aussi fugilil que 
ces flammes qu’en fait briller aux yeux d’un pape 
nouvellement élu, en lui disant ces paroles : Sic glo- 
ria transit mundi ! On l'emploie principalement 
our dorer le jaune de la zaude, et pour donner plus 
de feu à l'écarlate. Ce principe est soluble dans 


CUSG 


427 


CUSP 


ocannnttnenenn gere" oo 


les corps gras ; aussi les pharmaciens en font-ils 
usage pour colorer leurs huiles, leurs pommades 
et leurs cérats, On connaît le papier de Gurcuma, 
réactif si sensible. La racine de cette plante, con- 
nue sous le nom de Terra-Merita , a été analysée 
par Pelletier et Vogel ; ils y ont trouvé, outre la 
matière colorante analogue aux résines, 1° une 
substance ligneuse, 2° de la fécule amylacée, 
3° une matière brune extractive, 4° une petite 
quantité de gomme, 5° une huile volatile très- 
âcre, 6° un peu d’hydrochlorate de chaux. 

La plupart des plantes exotiques riches en ma- 
tière colorante jaune ont été nommées impropre- 
ment Safran par les voyageurs, et Curcuma par 
les Arabes: les uns et les autres ont confondu, 
sous le nom de Gingembre et de Galanga, les 
Cannées âcres et amères , ce qui a fort embrouillé 
la nomenclature de cette famille. ( V’oy. De Can- 
dolle, Essai sur les propriétés des plantes.) 

Le nom de Curcuma vient du grec Kourkou- 
mon, loupe, et a été donné à ce genre de plan- 
tes à cause de la forme des racines, (GC. £.) 

CURE -OREILLE. (1ns. et BoT. crypt. ) Ges 
noms vulgaires ont été donnés à un insecte or- 
thoptère, le Forficula auricularia, Linn., et à un 
champignon , l’Aydnum auriscapium.  (Gu£r.) 

GURET. (20r.) Nom donné par les ouvriers aux 
Laiches, aux Prèles et aux Charagnes, parce 
qu’on s’en sert pour nettoyer ou récurer les us- 
tensiles de ménage. (Guér) 

GURIMATE. (porss.) Cette espèce est pour Cu- 
vier le type d’une subdivision du genre CHaraciN 
(voy. ce mot). (Asp. G.) 

GUSGUTE , Cuscuta, (8or. PHaAN.) D’ordinaire 
on rangece genre de plantes, de la famille des Con- 
volvulacées et de la Pentandrie digynie, parmi les 
parasites. C’est une erreur grave; les Cuscutes 
sont pourvues de racines qui germent en terre et 
doivent prendre place parmi les faux-parasites. 
Leurs tiges sarmenteuses, presque capillaires et 
très-rameuses, se portent sur les végétaux voisins , 
s’y accrochent, s’entortillent autour d’eux, les 
pressent avec force et les font périr en peu de 
temps, non pas seulement en introduisant de pe- 
tits suçoirs dans leur substance, non pas en ab- 
sorbant uniquement , comme on l’a dit jusqu'ici , 
tous leurs sues, mais en ne leur permettant pas 
de circuler librement et de pourvoir aux besoins 
de toutes les parties végélantes aériennes. Sans 
cesse reflués vers les racines, ces sucs sont aspi- 
rés par les radicelles très-vivaces de la Cuscute , 
et les plantes qui lui servent d'appui se dessèchent, 
tandis qu’elle leur survit. Comme elles’étend très- 
rapidement, un seul de ses pieds peut, en trois 
mois de temps , faire périr tout ce. qui l’environne 
à plus de deux mètres de circonférence. L'espace 
qu'elleoccupe devient stérile, et, semblable à l'aire 
ensanglantée du tyran, elle ne laisse autour d’elle 
que cadavres mutilés, que ruines et décombres. 

L'Amérique du Sud est désolée par un grand 
nombre de Guscutes diverses; on y compte plus 
de dix espèces, Deux autres habitent la Nouvelle- 
Hollande ; nous ne connaissons point toutes celles 


de l'Afrique , de l'Asie et de l’Europe orientale. 
On ne leur en donne jusqu'ici que trois. La France 
en à trois selon quelques botanistes , cinq selon 
d’autres. Ces derniers constituent espèces deux 
simples variétés, comme nous allons le voir. 

Voiei les trois espèces vraiment constatées chez 
nous, Elles sont également redoutées par le cul- 
tivateur; il emploie divers moyens pour les dé- 
truire, mais inutilement, parce qu'il n’attaque 
pas le mal à sa naissance, Arracher à la main les 
tiges, ainsi qu'on le fait avant ou après la florai- 
son, c’est donner une nouvelle activité aux su- 
çoirs implantés sur les végétaux que l’on cherche 
à en purger. Il fant faire le sacrifice de la portion 
de terrain où la Guscute se montre, y mettre le 
feu , tout réduire en cendres ; de la sorte elle ne 
reparaît plus, car on n’a point à craindre que les 
vents, même les plus impétueux, charrient ses 
lourdes semences, ct les apportent de Loin. Tout 
autre procédé manque l'effet. 

Notre espèce commune, C. europæa, que Linné 
avait bien observée, a deux variétés positives : 
l’une, que certains auteurs appellent C. major , a 
les fleurs rougeûtres, s'attache particulièrement 
au Houblon, Humulus lupulus , à l'Ortie blanche, 
Urtica dioïica, et autres plantes élevées; l’autre , 
dite, C, minor, se fixe sur la Luzerne , Medicaga 
sativa , le Genêt herbacé, Genista sagittalis, les 
Cotèles, Rhinanthus, et sur les herbes des prairies. 
Ses fleurs sont blanches, légèrement teintes de 
rose et naissent plusieurs ensemble, en petits fais- 
ceaux lâches, à l’aisselle d’une écaille fort petite, 
C’est la Teigne vulgaire des prés secs. 

La seconde espèce, la CuscUTE À FLEURS SER- 
RéEs , C. densiflora, parfaitement distinguée par 
Soyer-Willemet, et connue des cultivateurs sous le 
nom vulgaire de Angure du lin, s’attache de pré- 
férence à cette plante et au chanvre. Elle a les 
fleurs d’un blanc verdâtre, réunies douze et quimze 
ensemble et très-rapprochées les unes des autres. 
Cette espèce se distingue de l'espèce commune 
par son port, sa corolle égale au calice et par ses 
têtes florales. Les Allemands l’appellent C. epilinum. 

Une troisième espèce, la GuscuTEe Er1Tuxm, €. 
epithymum , plus petite que les précédentes, dont 
elle se distingue par ses fleurs sessiles , par sa co- 
rolle à quatre divisions seulement ; elle attaque le 
thym, le serpolet, les bruyères, et s’unit souvent 
aux deux autres pour ruiner les cultures, surtouL 
les luzernes , les chanvres, le lin, etc. 

Pendant un certain temps on a fait servir les 
Cuascutes contre les rhumatismes , les obstructions 
des viscères; la véritable médecine les dédaigne 
aujourd'hui, il n’y a plus que les empiriques qui 
les conseillent comme incisives, apéritives et lé - 
gèrement purgatives. (T. ». B.) 

CUSPARÉ, Cusparia. (mor. pman.) L'arbre 
élevé de l'Amérique du sud qui fournit l'écorce 
employée dans l’art pharmaceutique sous le nom 
d’Angosture et d’Angustura, que l’on recomman- 
dait pour sa saveur aromatique et en même temps 
amère et âcre, comme succédanée du quinquina,, 
n’était connu depuis 1777 que par sa provenance 


AA EP D 


CUSP 


428 


CUVI 


de la ville la plus voisine des forêts où ce bois 
abonde. L’arbre a été découvert sur les rives de 
l’Orénoque, et sur la côte de Paria , par Bonpland, 
qui l’envoya à Willdenow sous son nom vulgaire 
de Cusparé. Le botaniste de Berlin décrivit et 
figura , en 1802, cette plante sous le nom de son 
inventeur, ignorant que déjà Cavanilles avait 
créé sous son nom, dans la famille de Polémonia- 
ciées un genre nouveau, généralement adopté. Un 
semblable désappointement n’eût pas eu lieu si, 
liant la nomenclature méthodique à la nomencla- 
ture vulgaire, qu’il serait si utile de rapprocher, 
Willdenow eût adopté le nom vulgaire. Pour ré- 
parer l’erreur, Roemer et Schultes ont cru devoir 
adopter de préférence le mot Angostura, qui ne 
vaut rien, puisqu'il caractérise un pays qui n’est 
point celui du Cusparé. Depuis, Auguste Saint- 
Hilaire a repris le nom d’Aublet et désigne notre 
arbre sous lenom de Galipea; je ne l’adopte 
point et je conserve le nom de Cusparia. Le genre 
auquel il appartient n’a pas été plus heureux; suc- 
cessivement ballotté dans les Sapindacées, les Mé- 
liacées et les Simaroubées, il a pris enfin place 
parmi les Rutacées. Il fait partie de la Décandrie 
monogynie. 

Le CusrarË£ FÉSRIFUGE, C. pus est un 
grand arbre à écorce grise , à fibres longitudina- 
les, serrées, parsemées de points brillans, et de 
rameaux cylindriques, couverts de petites taches 
blanchâtres et oblongues, garnis de feuilles alter- 
nes, très-grandes , glabres, d’un vert luisant en 
dessus, nerveuses en dessous, parsemées de très- 
petits points demi-transparens. Ses fleurs blanches 
sont solitaires sur une grappe axillaire; la corolle 
deux fois plus longue que le calice ; dix étamines, 
dont deux seules, plus courtes que les huit autres, 
conservent leurs anthères. Le fruit est une capsule 
à cinq coques renfermant chacune une seule 
graine pendante. Quant à l’écorce, elle est d’un 
brun fauve, recouverte par un épiderme blanchä- 
tre, d’une texture dure et ferme : réduite en 
poudre, elle a l'aspect très-jaune. Les Anglais ont 
beaucoup vanté ses propriétés médicinales , et lcs 
ont préconisées contre les fièvres intermittentes', 
adynamiques, la dysenterie et la prétendue con- 
tagion de la fièvre jaune, du choléra-morbus, etc.; 
celte écorce a beaucoup perdu de son crédit de- 
puis que l’on s’est apercu qu’elle est souvent mé- 
langée à une écorce ferrugineuse, provenant , 
dit-on, d’une espèce ou d’un genre voisin du Cus- 
paré, qui a déterminé plus d’une fois des acci- 
dens très-graves. Ce mélange est dû à la cupidité 
du commerce et à l'ignorance des personnes char- 
gées de recueillir les bonnes écorces. (T. ». B.) 

GUSPARIÉES. (mor. Pman.) On connaît plu- 
sieurs genres de Cuspariées; mais on n’est pas 
d'accord sur les noms à leur imposer définitive- 
ment. Tous renferment des arbres, des arbris 
seaux, et même, mais plus rarement, de simples 
tiges annuelles ; ils ont les feuilles alternes ou op- 
posées, dépourvues de stipules, pétiolées, com- 
posées de trois folioles ; leur tissu , ainsi que celui 
des jeunes écorces, est fréquemment chargé de 


glandes. Les fleurs, presque généralement dispo- 
sées en grappes , ont cinq pétales, parfois simple- 
ment agglutinés, le plus habituellement soudés 
en leurs bords, de manière à représenter une 
corolle pseudo-monopétale; les étamines sont 
nombreuses et très-variables dans leur quantité, 
deux au moins sont fertiles, toutes les autres de- 
viennent stériles. L’ovaire est entouré par un go- 
det à rebord glanduleux, saillant, et formé de 
cinq coques réunies à leur centre , terminées par 
un seul style qui cependant paraît provenir de cinq 
styles soudés ensemble. La capsule est à cinq co- 
ques monospermes, s’ouvrant par leur côté in- 
térieur. Toutes les Cuspariées appartiennent aux 
parties les plus chaudes du continent américain, 
et forment une petite tribu à la suite des Rutacées, 
ce qui les fait regarder comme'des Rutacées ano- 
males. 6 
D’après le nom de cette tribu, il semblerait 
qu’elle a pour type le genre Cusparia que nous ve- 
nons de décrire ; mais, par une singularité qui sur- 
charge sans cesse la nomenclature botanique , on 
a supprimé le genre pour en faire un Galipea, et 
l’on a conservé le nom de Cuspariées à la tribu 
qui, contre toutes les règles du bon sens, va 
s'emparer du nom vulgaire d'une espèce pour 
s’en faire un. Il serait, à mon avis, plus raison- 
nable de conserver le genre Cusparia et de sappri- 
mer le Galipea s’il est réellement le même. Voici 
les genres actuels : 1° le Ticorea d’Aublet, dont 
Schreber a fait un Ozophyllum; 2° le GaziPea 
d’Aublet, adopté et agrandi par Auguste Saint- 
Hilaire de plusieurs espèces et du genre fonda- 
mental Cusparia ; on lui a, depuis les observations 
de Kunth et de C. Richard, réuni le genre Ra- 
puntia, créé par Aublet, que Schreber avait 
changé en Scturis et Necker en Pholidandra ; 
3° le MonnierA de Linné, que Persoon veut appeler 
Aubletia; 4° le Dicrorris de Martius et Nees 
d'Esenbeck; 5° et l’'ErnyrnnociTon des mêmes 
botanistes, l'un des plus remarquables de toute 
la tribu. Les Cuspariées ont besoin d’être revues 
et fixées d’une manière plus sage.  (T. D. B.) 
GUSSON ou GOSSON. (1xs.) Nom vulgaire du 
Charancon du blé dans certaines contrées de la 
France. W. CaLanDre. (GuËn.) 
CUTEREBRE , Cuterebra. (1xs.) Genre de Diptè- 
res de la famille des Athoricères, que l’on peut 
réuair au genre OËstre, dont il diffère peu. Foy. 
OEsrre. (A. P.) 
CUVIÈRE, Cuviera. (8or. rnax.) Ge nom est 
un bien faible hommage rendu au plus illustre 
savant de ce siècle. M. De Candolle la attribué 
àun arbuste de la Sierra Leone, observé par 
Speathman ; il appartient à la famille des Rubia- 
cées, Pentandrie monogynie, L.; ses rameaux sont 
divariqués ; ses feuilles courtement pétiolées , ova- 
les, oblongues , acuminées; il porte des fleurs dis- 
posées en panicules terminales. i 
Un caractère particulier à la Cuvière est la 
structure épineuse de ses pétales ; aucune autre 
plante n’offre d’exemple de cette dégénérescence : 
les cinq segmens de la corolle se terminent en 


Î 


CYAM 


429 


CYAM 


eq 


pointe aiguë, d’où le nom spécifique d'Acutiflora, 
qui toutefois ne pourrait étre conservé si l'on 
trouvait une seconde espèce du même genre. Un 
stigmate en forme de cloche renversée , monté sur 
un style grêle, complète la bizarrerie de celte 
plante. Le nombre quinaire des parties de la fleur 
et des loges du fruit, la distingue encore de la 
plupart des Rubiacées. 

M. De Candolle place la Cuvière dans sa tribu 
des Guettardacées, entre les genres Vanguera et 
Nonatelia ; il l'a figurée dans les Annales du Mu- 
séum, vol. 9, pl. 15. 

Le nom de Cuvier avait été primitivement 
donné par Koeler à une espèce de graminée , qui, 
par tous ses caractères , rentre dans le genre Æly- 
mus, L. 

CUVIÉRIE. (zoopx. Acar.) Deux naturalistes, 
guidés par le sentiment d’admiration que leur inspi- 
Trait le nom illustre de Cuvier, ont donné celui 
de Guviérie à un petit groupe de Méduses, dont 
ils ont fait un genre particulier. Ce genre n’offre 
pas de caractères assez tranchés pour légitimer 
son admission : Lamarck l’a confondu avec les 
Eouorées. (7. ce mot.) (P. G.) 

CUVIÉRIE. (mozr.) Genre de l’ordre des Pté- 
ropodes, fondé par M. Rang, mais qui, d’après 
de nouvelles observations de M. d’Orbigny, ne 
peut être conservé et doit être réuni à un autre 
genre de cet ordre. W. Prérorones. (GuËr.) 

CYAME, Cyamus. (crusr.) Ce genre, établi 
par Latreille, est classé par lui dans l’ordre des 
Isopodes, section des Cystibranches; il a pour 
caractères « quatre antennes dont les deux supé- 
rieures plus longues, de quatre articles, le der- 
nier simple ou sans divisions; deux yeux lisses ; 
corps ovale formé de segmens transversaux, dont 
le second et le troisième n’ayant que des pieds 
rudimentaires; cinq paires de pieds à crochets, 
courts, de longueur moyenne et robustes. Malgré 
Panalogie qu'ont les Gyames avec les Leptomères, 
les Protons et les Chevrolles, ils en diffèrent cepen- 
dant par la forme de leur corps, par la longueur 
moyenne de leurs pattes et par le dernier article 
des antennes supérieures qui est simple. Ce genre 
avait été peu connu des auteurs anciens et mo- 
dernes, lorsque M.\Roussel de Vauzème jeta le plus 


grand jour sur son anatomie, ses mœurs et le 


nombre des espèces. 

Le corps du Cyame est large, orbiculaire, dé- 
primé, solide et coriace ; on peut le diviser en 
tête, en thorax et en abdomen; la tête est petite, 
allongée en forme de cône tronqué; on y remar- 
que deux paires d’antennes, les organes de l’ouie, 
la bouche et deux yeux composés. Les antennes 
sont au nombre de quatre , placées entre Ja bou- 
che et les yeux. Les plus grandes ou intermédiai- 
res se composent de quatre articles à base plus 
étroite que le sommet. Les petites antennes, ou 
antennes externes, à peine visibles, sont 'égale- 
ment formées de quatre articles, dont le premier 
est fort court , le second plus gros et cylindrique ; 
le troisième a la même forme et moins de volume 
que le précédent. Le dernier, d'apparence coni- 


que, présente quelques soies fines au sommet. 
A la base des petites antennes, vers le côté externe 
et'antérieur, se trouve un mamelon déprimé; le 
test crânien présente en ce lieu une espèce d’éva- 
sement au fond duquel paraît cet organe, et que 
l’auteur de ce mémoire présume renfermer le 
sens de l’ouïe. Les yeux, au nombre de deux, for- 
ment une légère saillie demi-sphérique entre les 
grandes antennes et le premier segment ; ils sont 
composés de cristallins qui ne laissent pas d’em- 
preintes sur la cornée. Lorsqu'on a enlevé cette 
membrane lisse et continue de l’épiderme, l’œil 
paraît au microscope comme un fruit et même les 
cristallins ont une forme ovoïde ; ils sont implan- 
tés par le petit bout dans un pigmentum noir, et 
ceux qui occupent le pourtour, travers à cause 
de leur position oblique par les rayons lumineux, 
représentent autour de l’œil, ou sous la loupe, 
une auréole de perles blanches et brillantes. Tous 
les auteurs ont désigné comme organes de vue 
ces deux petits points noirs chatonnés sur le som- 
met de Ja tête, sans en indiquer la structure ; 
mais M. Savigny est entré dans plus de détails à 
cetégard. «J'ai inutilement cherché, dit M. Rous- 
sel de Vauzème, indépendamment des yeux lisses, 
les yeux composés que ce savant naturaliste a in- 
diqués sur les parties antérieures et latérales de la 
tête , entre les antennes. Je conclus de mes obser- 
vations que les yeux composés de M. Savigny 
n'existent pas , et que les yeux lisses au contraire 
sont des yeux composés. » La bouche présente un 
labre, une paire de mandibules, deux paires de 
mâchoires, la langue et une lèvre suivie d’une 
pièce mobile, avec deux palpes. Le labre est situé 
sur la ligne médiane en rapport latéralement avec 
les mandibules, et articulé en arrière avec le test 
crânien. La face supérieure présente un onglet 
qui occupe environ le quart de son étendue. La 
partie moyenne de la face inférieure s’élève en 
une espèce de crête ou apophyse labro -palatine 
qui s’interpose entre les mandibules et continue 
en arrière pour former la partie supérieure du 
pharynx. Les mandibules ont une forme irréguliè- 
rement triangulaire. Elles s’articulent, par une 
base très-large, sur le crâne à côté du labre. Leur 
face externe est bombée et sans palpes. Leur som- 
met présente deux divisions dont chacune est ar- 
mée de cinq dents coniques. Celles de la seconde 
rangée tiennent à une espèce de main mobile, 
d’où part une crête qui se porte en dedans et se 
termine par un prolongement auquel s'attache le 
muscle adducteur. Les dentelures des deux man- 
dibules se joignent au dessus du labre, qui les 
couvre et les protége. La première paire de mâ- 
choires se trouve presque entièrement cachée par 
les mandibules et par la seconde paire. Ge sont 
deux lames membraneuses en forme de croissant 
qui ont avec la langue une telle adhérence qu'il 
est difficile de les en séparer. Elles sont légèrement 
cornées vers l’exirémilé interne et libre. La se- 
conde paire de mâchoires est très-forte et conti- 
guë par sa base avec la lèvre qui lui est intermé- 
diaire; sur sa face dorsale on remarque un palpe 


CYAM 


430 


CYAM 


à deux articulations, Le sommet est armé de dents 
crochues très-fortes, au nombre de quatre, et plus 
bas on remarque une seconde: rangée de trois 
dents pareilles, mais plus petites. La langue, placée 
au milieu de la cavité buccale, est un corps al- 
longé , musculeux , terminé par une extrémité bi- 
fide et légèrement soyeuse. Située d’abord un peu 
au dessous des griffes de la seconde paire, demächoi- 
res, elle passe entre l’arcade que forment au dessus 
d’elle les-croissans dela première paire, et se perd 
dans le pharynx, qui est composélui-même par les 
membranes internes de la langue , du labre et des 
mandibules réunies dans le gosier en forme d’en- 
tonnoir. La lèvre est impaire, sur la ligne mé- 
diane , entre les secondes mâchoires, mais plus 
en arrière et plus bas. Elle se compose de deux 
pièces soudées l’une à l’autre par le bord. interne, 
et bombéesen dehors. Son sommet présente deux 
échancrures surmontées de quelques soies fines 
articulées, palpiformes. Après s’être couchée en 
arrière, elle se termine sur une pièce évasée en 
cœur, fixée aux deux prolongemens du crâne qui 
servent de support à la seconde paire ; le tiers 
supérieur de la lèvre est mobile d'avant en arrière 
et centinu par sa base avec le frein de la langue, 
Plus en arrière , sur la ligne médiane , on voit deux 
palpes de cinq articles à peu près cylindriques, 
insérés sur une pièce échancrée , soyeuse et mo- 
bile de bas en haut. Dans l’état de repos, ces. deux 
palpes embrassent les parties latérales de la bou- 
che et s'appliquent sur la face externe des man- 
dibules. Le thorax est partagé en sept anneaux 
ou segmens de formes diverses, portant l’abdo- 
men, les pattes, les branchieset l'appareil externe 
de la génération. Les anneaux, vus dans leur en- 
semble, augmentent de longueur jusqu’au qua- 
trième , à partir duquel ils diminuent progressive- 
ment pour se terminer en pointe mousse. Le pre- 
mier segment est petit, globuleux, soudé à la 
tête et incliné dans sa direction, il s’articule en 
arrière avec le suivant. L’estomac contenu dans 
son intérieur , détermine sur l'enveloppe calcaire 
une bosselure quiressemble au vertex. Le second 
anneau, plus large que les autres, a, pour ainsi 
dire , la forme d'un arc tendu. Le troisième et le 
quatrième sont transversaux, et excavés latérale- 
ment pour le passage des branchies. Le cinquième 
et le sixième, articulés sur leurs bords, comme 
un cornet d'oubli, présentent (excepté sur les 
deux premiers segmens et le dernier) deux inter- 
ruptions en long et en travers, unies par des 
membranes. A la base du dernier anneau tho- 
racique , est annexée une petite queue ou segment 
abdominal terminé par un anus circulaire que 
ferment trois valvules , dont deux latérales et une 
postérieure. Ge rudiment globuleux reçoit l'extré- 
mité de l'intestin et donne issue aux matières fé- 
cales. Les pattes, aunombre de cinq paires ungui- 
culées, se présentent sous trois formes diverse- 
ment énoncées par les auteurs, et dont chacune 
mérite une description particulière. Les pieds an- 
térieurs, fixés au premier anneau, sont grêles et de 
cinq articles ; la hanche est longue et fusiforme; 


le trochanter et la jambe, assez courts, sont suivis 
du carpe, qui présente une dent obtuse, formant 
pince à genou, avec la griffe terminale, La seconde 
paire, plus forte que toutes lesautres, attachée au 
second segment, se dirige d’arrière en avant. On 
y compte quatre articles au lieu de cinq, parce 
que la pièce qui représente la cuisse a disparu. 
La hanche est grosse, arrondie en dehors, et par 
dessous prolongée en une plaque dentée. A son 
extrémité antérieure s'implante un trochanter py- 
riforme, sur lequel pivote le carpe qui est ovoïde, 
aplati et armé de deux dentelures profondes. 
Une, fausse griffe monodactyle rend ces pieds 
plus aptes à la préhension qu’à la marche. Les 
trois paires suivantes, ou ambulatoires proprement 
dites, issues des trois premiers segmens, ne dif- 
fèrent entre elles que par une diminution progres- 
sive de longueur et de volume, la forme des arti- 
cles étant d’ailleurs exactement la même. Ces 
membres se composent de cinq pièces ; la première 
ou la hanche est un peu ronde en dessus, et cou- 
verte par le prolongement latéro-sternal du seg- 
ment. Elle se montre en dessus échancrée sur 
deux de ses bords et arrondie sur l’autre. Le tro- 
chanter est étroit et de forme triangulaire, ainsi 
que la cuisse,qui a deux bords creusés, le troisième 
libre et convexe. La jambe, longue , plate et cour- 
bée sur elle-même, se termine par une grille ro- 
buste, finement acérée. Les branchies, au nombre 
de huit, sont annexées par paires aux extrémilés 
des troisième et quatrième segmens. La forme du 
canal branchifère peut être comparée à une souche 
qui, vers l’extrémité de chacun de,ces anneaux, 
se bifurque en deux tiges cylindriques lisses, 
transparentes, inégalement longues, et croisées 
sur le dos de l'animal avec celles du côté opposé. 
Au bas des fourches branchiales du troisième seg- 
ment, on aperçoit chez les mâles un appendice 
grêle , et de moitié moins long que la seconde tige 
dont il embrasse le contour; mais les doubles 
branchies du quatrième anneau diffèrent de celles 
du troisième, en ce qu'au lieu d’avoir à leur base 
un. seul appendice , elles en ont deux inégaux. Les 
branchies de la femelle sont plus petites et ordinai- 
rement contournées l’une sur l’autre. Les appen- 
dices qui existent chez Les mâles ont disparu et sont 
remplacés par les opercules des œufs, au nombre 
de quatre, deux pour chaque anneau. Ges petites 
valves, frangées sur leurs bords, se réunissent 
avec celles du côté opposé pour former une es- 
pèce de matrice externe, dans laquelle les œufs 
sont contenus. Chaque valve, appuyée par son 
pédicule sur le tronc commun des branchies, est 
composée de deux membranes transparentes, 
formant un sac sans ouverture extérieure. Les 
opercules des œufs ne servent pas à la respiration 
comme le pensait Treviranus; car chez les mâles 
desséchés, les appendices ne sont pas organisés 
comme les branchies, mais cornés, tandis que 
les tiges branchiales proprement dites sont mem- 
braneuses, et contiennent les vaisseaux afférens 


et efférens. Les appendices, avec leurs parois 


épaisses, ne sont nullement propres à permettre 


1.Cyame 


’ 


2.Cyathée. 


L£-Cuënin dir. 


fi & 


PRET: 


: A ee 


CYAM ; 


J’oxigénation. Ils sembleraient se rapprocher da- 
vantage de la nature des pattes, et peut-être de 
ces ofganes qui ont élé reconnus comme propres 
à entretenir chez certains crustacés l'humidité 
nécessaire aux branchies. Quant aux opercules 
des œufs, transformation des appendices en ma- 
trice externe, sans canaux pulmonaires, trop 
vastes pour la quantité de fluide mis en circula- 
tion, il est certain qu'ils ne remplissent pas le rôle 
des poumons. L’appareil.externe de la génération, 
double comme chez tous les crustacés, paraît sur 
les mâles à la fin du dernier anneau, entre les 
dernières pattes , sous forme de deux verges coni- 
ques, séparées à leur base, et divergentes. Ces 
tubes,dans lesquels viennent aboutir les extrémités 
des canaux déférens, sont appuyés sur un organe 
excitateur à sommet bifide, en forme de gland, 
qui se replie sur lui-même en forme de verge et 
va se confondre en haut et en arrière avec le tu- 
bercule anal. Chez la femelle on trouve les deux 
vulves au milieu du quatrième anneau, derrière 
les opercules des œufs; elles se joignent sur la 
ligne médiane , en un cintre qu’on dirait formé de 
deux pyramides adossées par leur base. En écar- 
tant ces organes et en les rerversant, on aperçoit, 
au fond d’une espèce de cornet, deux ouvertures 
très-pelites, communiquant par deux canaux 
obliques avec les ovaires. Ges canaux ou oviductes 
sont dirigés de dedans en dehors et conformes à 
la direction des verges. Sur le milieu des deux 
derniers segmens et la hanche des deux dernières 
pattes , on observe chez les deux sexes plusieurs 
tubercules coniques, dont l'usage est probable- 
ment de fixer l'animal sur la baleine , ou pendant 
la copulation. | 

Après avoir exposé les organes extérieurs de ces 
crustacés , nous allons examiner maintenant le 
tube digestif, le foie, les organes génitaux internes, 
le sysième nerveux et une partie de l’appareil cir- 
culatoire. Le système digestif comprend les or- 
ganes de la bouche, l'æsophage , l'estomac et l’in- 
testin. L’œsophageest un canal étroit contenu dans 
la têle ; il se renfle au niveau de l'insertion des 
pieds antérieurs, c'est-à-dire dans le premier seg- 
ment thoracique , pour former l'estomac, A partir 
du pylore , le tube alimentaire se rétrécit de nou- 
veau et se courbe à son passage dans le second 
anneau du thorax. Là il présente un léger renfle- 
ment duodénal, correspondant à l'insertion des 
vaisseaux du foie. L'intestin continue ensuite son 
trajet directement jusqu’à l'anus, où il se termine 
en une pointe, dans une espèce de rectum formé 
par trois valvules. L’estomac est pourvu d'un ap- 
pareil de ruminalion; à droite et à gauche du 
cardia , se trouvent deux colonnes charnues dans 
lesquelles sont implantées trois arêtes cartilaginen- 
ses qui, par leur extrémité libre et bifide, se 
rencontrent au devant d’une pièce triangulaire, 
pour. opérer la seconde irituration des alimens. 
Plus bas, les parois de Ja cavité stomacale sont 
transparentes, et soutenues par des arceaux carti- 


lagineux. Pour trouver les glandes salivaires , des 
© D LL 


perquisitions inutiles ont fait trouver souvent , 


431 


CYAM 


dans les tuniqués de l'estomac, des matières blan- 
ches, de forme variée, dont on n’a pu déterminer 
la nature. Le tube digestif est formé de deux tuni- 
ques, dans lesquelles sont contenues les matières 
fécales, noires, semblables au détritus de Ja peau 
de la baleine ; le foie, organe double, serpente le 
log du tube alimentaire, en formant trois cour- 
bures principales , depuis le milieu du second an- 
neau thoracique jusqu’au commencement du der- 
nier. Îl finit en pointelibre; ses vaisseaux excréteurs 
s’abouchent dans le renflement duodénal de l'in- 
testin, par des digitalions que voile en partie le 
second ganglion nerveux du thorax. Les organes 
générateurs mâles, également doubles, sont placés 
immédiatement derrière le foie. Ils s’étendent.sur 
les côtés du canal digestif, depuis le milieu du troi- 
sième anneau jusqu'à la fin du dernier. Arrivés au 
milieu du dernier segment , ces organes se replient 
de bas en haut ; bientôt ils quittent cette direction 
et pénètrent horizontalement dans les verges si- 
tuées à l'extérieur. Les ovaires, au nombre de deux, 
placés derrière le foie et parallèles au tube intes- 
linal, commencent vers le milieu du second an- 
neau et finissent à la partie moyenne du cinquième, 
au dessus des vulves où ils s’abouchent. Les œufs 
sont arrondis; unis entre eux, et maintenus dans 
leur totalité parune membrane peliucidefortmince, 
quise termine en deux tubes, communiquant avec 
les vulves de dehors en dedans. Le système ner- 
veux, occupant toute la longueur du tube digestif, 
se compose de neuf renilemens disposés par 
paires, enveloppés dans un névrilemme commun et 
plus ou moins réunis par les deux chaînes de 
communication. Le cerveau, organisé en deuxlobes 
convexes, placé entre la bouche et les yeux , 
fournit en avant les nerfs des antennes avec plu- 
sieurs filets minces, eten arrière des nerfs optiques. 
De sa base partent deux cordons assez forts qui 
embrassent l’æœsophageet forment, en seréunissant, 
deux ganglions sous-æsophagiens, rapprochés, dont 
l’antérieur appartient à la tête , el envoie quelques 
ramuscules aux organes buccaux , tandis que le 
postérieur, destiné au premier segment thoracique, 
fournit d'avant en arrière deux branches à la pre- 
mière paire de pattes. Le second ganglion du 
thorax, plus volumineux que les autres, anime les 
gros pieds monodactyles, et couvre en partie les 
insertions digilales du foie; les deux suivans tien- 
nent sous leur dépendance les branchies et leurs 
accessoires, Ces trois derniers ganglions sont placés 
un peu en arrière du point central de leurs seg- 
mens respectifs , et les anneaux qui en partent se 
dirigent d’arrière en avant. Les cinquième, sixième 
et seplième se rendent aux trois paires de pattes 
ambulatoires. Le vaisseau, dorsal accolé au tube 
digestif suivant toute sa longueur, est un canal 
transparent, composé de fibres circulatoires , ja- 
mais affaissé sur lui-même. On n’a découvert dans sa 
cavilé ni ouvertures ni yalvules , maïs seulement, 
à la hauteur des troisième et quatrième anneaux, 
cerlainséraillemensquiseraient, d'après. Strauss, 
les orilices auriculo-ventriculaires, et suivant 
MM. Audouin et Edwards, ceux des conduits bran- 


eg 


CYAN 


chio-cardiaques. Ayant souvent injecté le vaisseau 
dorsal par le dernier anneau du thorax, on a tou- 
jours vu le liquide pénétrer dans les branchies, 
en suivant les canaux qui traversent les troisième 
et quatrième segmens. On ignore si ces vaisseaux 
s'ouvrent directement dans le vaisseau dorsal, 
quoique le liquide puisse passer par leur filière du 
vaisseau dorsal dans les branchies. La liqueur 
n'ayant jamais rempli les opercules ovifères, ni 
les appendices branchiofères mâles, on en a conclu 

ue ces organes étaient étrangers à la respiration. 
de genre , dont on ne connaissait encore qu’une 
seule espèce, se compose maintenant de trois. 
Celle qui lui sert de type est le CYAME OVALE, 
Cyamus ovalis , Latr., représenté dans notre Atlas, 
pl. 151, fig. 1,et pl. 150. Couleur blanchâtre ; 
corps elliptique, aplati; segmens rapprochés, 
quatre paires de branchies inégales. Ces animaux 
vivent agelomérés sur les éminences cornées de la 
tête des baleines ; ils y sont en si grande quantité, 
qu’on voit de fort loin en mer leur carapace de 
craie blanchir sur la tête des baleines, lorsqu'elles 
viennent respirer à la surface de l’eau. Une autre 
espèce est le CyAME ERRANT , C. erraticus, Rouss. 
de Vauz. Couleur d’un rouge vineux ; segmens du 
thorax écartés ; crochets des pattes forts et acérés, 
quatre branchies simples, très-longues , pourvues 
à leur base de deux appendices inégaux et 
pointus. 

Les individus de cette seconde espèce se cram- 
ponnent à la base des tubercules , dans l'intervalle 
qui les sépare , sur la peau lisse. Ils errent sur la 
surface du corps, ou se réfugient dans les plis des 
sourcils, de {la commissure des lèvres, du nom- 
bril , des régions génitales et anales. [ls recherchent 
aussi les plaies récentes et les fissures des ancien- 
nes cicatrices, n'importe où elles se trouvent. Une 
baleine qui portait sur le dos une plaie purulente, 
entretenue par un fragment de sabre d’espadon, 
était en cet endroit même couverte de Cyames 
crrans , attirés par l'odeur fétide qui s’en exhalait, 
ou par l'attrait d’une nourriture plus succulente. 
Cette espèce, dont le corps est découpé, svelte, ar- 
mée de pattes remarquables par la force et la lon- 
sueur des griffes, peut affronter impunément le 
choc des vagues sur la peau nue des baleines. La 
troisième espèce est le CYAME GRÈLE, C. gracilis, 
Rouss. de Vauz. Couleur d’un jaune clair; corps 
petit, oblong; anneaux du thorax échancrés sur 
leurs bords, quatre branchies pédiculées, ayant 
chacune à leur insertion deux appendices très- 
courts. Gette espèce demeure sur les protubé- 
rances de la tête, avec le Cyame ovale. 

(A. L.) 
* CYANÉE, Cyanea. (zoopn. acaz.) Genre que 
Peron et Lesueur ont établi dans la famille des 
Méduses , que Lamarck a classé dans ses Radiaires 
médusaires et Cuvier dans les Acalèphes libres. 
On lui assigne les caractères suivans : corps orbi- 
culaire transparent, ayant en dessous un pédon- 
cule à son centre , quatre bras plus ou moins dis- 
tincts el plus ou moins chevelus ; une ou plusieurs 
cavités aériennes centrales; quatre estomacs ct 


432 


CYAN 
AE 
quatre bouches au moins. Presque toutes les es- 
èces sont originaires des mers tempérées et sur- 
tout des mers d'Europe. Ces espèces sont nom- 
breuses, les principales sont la CYANÉE De Lamarcr 
à ombrelle aplatie, garnie au bord de seize échan- 
crures ; huit faisceaur de tentacules, huit auricu- 
les marginales; vésicules aériennes au centre de 
l'ombrelle, avec un orbicule intérieur à seize 
pointes ; sa couleur est d’un beau bleu. On la 
rencontre sur les côtes de la Manche. CYANÉE DE 
Lesugur : ombrelle rousse avec un cercle blanc 
au centre ; trente-deux lignes blanches formant 
seize angles aigus à sommet dirigé vers l'anneau 
central. On la rencontre sur les côtes du Calva- 
dos et de la Seine-Inférieure. CYANÉE POINTILLÉE, 
que Lamarck a réunie avec la Cyanée Spilogone, et 
qui n’en diffère que par son volume et que parce 
quelestrente-deux lignesrousses, qui forment dans 


la première seize angles autour de l'ombrelle, sont 


remplacées dans l’autre par seize taches fauves. 
Ces différences paraissent à quelques naturalistes 
être le résultat de l'accroissement. CYANÉE DE LA 
Ménrrerranée : ombrelle hémisphérique , glabre, 


blanche, marquée de seize stries fauves, rayon- 
nantes , avec quatre bras en forme d'étoile ou de 


croix , d’une belle couleur de vermillon. On la 


trouve dans la Méditerranée. Enfin Lamarck en 
reconnaît encore dix à douze espèces dont quel- 
ques unes sont douteuses. 


(P. G.) : 
CGYANELLE, Cyanella. (BoT. PHan.) Genre 


de plantes monocotylédonées de la famille des As- 
phodélées, et de l’Hexandrie monogynie de Linné. 
Ses caractères sont : calice pétaloïde à six divisions 
profondes et inégales ; six étamines rapprochées , 
conniventes, dont les trois anthères supérieures 
sont recourbées , rapprochées les unes des autres 
latéralement, égales et semblables entre elles; 
les deux autres sont'placées sur les côtés, et 


semblables aux précédentes, seulement la dernière 


est pluslarge etpendante : ovaire globuleux , à trois 


côtes arrondies, déprimé au centre où s’insère le 
style, qui, un peu plus long que l’étamine , se re- 
courbe en S, et se termine par un très-petit stig- 
mate à trois divisions aiguës ; capsule globuleuse, 
déprimée au centre, à trois côles arrondies, à 
trois loges contenant de six à dix graines chacune, 
et s’ouvrant en trois valves à sa maturité. 

On ne connaît que quatre espèces de ce genre, 
toutes indigènes au cap de Bonne-Espérance. La 
racine de ces plantes est surmontée d'un bulbe ar- 
rondi , d’où naissent des feuilles radicales étroites, 
et une hampe terminée par de jolies fleurs en 
épi ou en grappe; ces fleurs sont, en général, mu- 
nies de petites bractées et portées sur des pédon- 
cules plus ou moins penchés. 

Cyanerre pu Car, Cyanella capensis, L. Lamk,. 
(Hi 239). Le bulbe de cette espèce sert d’aliment 
aux Hottentots. Cette plante a les feuilles étroites, 
linéaires, lancéolées , aiguës et d’un vert clair ; 


Jes fleurs violacées et supportées par des pédoncu-. 


les presque horizontaux. 
Les autres espèces de Cyanelles sont les Cya- 


nella alba , Thunb. ; Cyanella lutea , Thunb. ; "! 


Cyanella 


CYCA 


433 


CYCL 


PR 


Cyanella orchidifolia , Jacq. On les cultive en 
serre. (G. £.) 
CYATHÉE, Cyathea. (nor. crypr.) Fougères. 
Genre fondé par Smith et caractérisé par des 
groupes de capsules insérées à l'angle de division 
des nervures, et entourées par un tégument qui se 
divise transversalement comme une sorte d’oper- 


-cule. Les espèces de ce genre, et par consé- 


quent les véritables Cyathea, sont les Cyathea ar- 
borea ( voyez notre Atlas, pl. 131, fig. 2), deal- 
bata, medullaris et afjinis. 

Toutes les espèces qui composent le genre Cya- 
thée-et les autres genres formés à ses dépens, sont 
remarquables par leur tige arborescente, simple, 
droite , marquée d'empreintes très-régulières for - 
mées par l'insertion des feuilles, et surmontée d’un 
chapiteau de larges feuilles profondément décou- 
pées , qui rappellent tout à la fois le port majes- 
tueux des palmiers et l'élégance des autres fou- 
gères. 

Les Cyathées habitent les lieux humides des ré- 
gions équinoxiales; elles sont un des principaux 
ornemens de ces pays. Leur tronc offre une orga- 
nisation qu’on peut comparer à celle de quelques 
unes de ces tiges si nombreuses dans les forma- 
tions houillères, ét leur écorce présente des 
impressions d’unerégularité admirable; cette parti- 
cularité, que l’on observe également dans quel- 
ques autres Fougères arborescentes, ne se re- 
trouve dans aucune tige des monocotylédones et 
des dycotylédones, (EF. F.) 

CYATHIFORME, Cyathiformis. (mor.) On 
donne ce nom aux parlies des végétaux qui ont la 
forme d’un gobelet, comme, par exemple, la co- 
rolle du Symphitum tuberosum , plusieurs lichens 
ct champignons , elc. (Guér.) 

CGYCADÉES. {2or. Pnax.) Petit groupe de plan- 
ies fort singulières que l’on placçait jusqu’en 1810 
parmi les Fougères arborescentes , à cause de leurs 
folioles enroulées avant leur parfait développe- 
ment , dans le voisinage des Palmiers, à cause de 
leur port et de l’organisation de leur tige, de la 
disposition du bouquet de feuilles qui la couronne; 
mais que Jes observations de Du Petit-Thouars et 
celles de G. Richard ont appelées parmi les Dico- 
tylédonées , à la suite des Conifères, avec les- 
quelles elles offrent les plus grands rapports par 
les organes de la fructification. La famille des Cy- 
cadées appartient à la Dioécie polyandrie, et se 
compose de deux genres, le Cycas qui lui donne 
son nom, etle Zamia, si flatteur par son feuil- 
lage luisant. Comme nous examinerons particu- 
lièrement chacun de ces deux genres, nous ren- 
voyons à leur article. (T. ». B.) 

CYCAS, Cycas. (BoT. PnAx.) Genre de plantes 
fort remarquables par un port des plus pittores- 
ques, rappelant le stipe‘de plusieurs grandes mono- 
cotylédonées , terminé à son sommet en un faisceau 
de feuilles semblables à celles du dattier , toujours 
vertes. Du sein de cette ioufle se montrent des 


| fleurs mâles, formant une sorte de cône ovoïde 
| comme on en voit chez les Conifères, mais ayant 


| 


TRES 


une longueur deux et six fois plus grande: elle 


Towe Il, 


135€ Livralson. 


arrive souvent à quatre-vingts centimètres et même 
à plus d’un mètre. Les fleurs femelles, au con- 
traire, se cachent dans une fossette longitudinale 
ouverte sur un spadice coriace, et le fruit qu’elles 
donnent dénonce l’organisation de celui du 
noyer. En effet, c’est un drupe presque ovale, 
rougeâtre, renfermant sous un brou charnu, peu 
épais, une coque mince, ligneuse, à une seule 
loge, comme certains noyers de l'Amérique, con- 
tenant une amande bonne à manger, nourris- 
sante, d’une saveur agréable, mais un peu dure et 
marquée d’une fossette à la base. | 

Originaires des contrées les plus chaudes, abon- 
dantes dans l’Asie méridionale, etexigeant une tem- 
ptrature très-élevée pour remplir lentement les 
premières phases de leur végétation, les huit ou dix 
espèces de ce genre semblaient devoir exciter peu 
d'intérêt ; mais la bizarrerie de leur organisation 
et la beauté de leur aspect leur ont donné accès 
dans les principales serres de l'Europe. L'espèce 
la plus répandue est le Cycas Des Innes, C. cir- 
cinalis, qui monte à quatre, cinq et six mètres, 
devient rameux en son sommet et est couronné 
par un faisceau de feuilles d’un mètre de long, 
ailées, à deux rangs de folioles très-nombreuses , 
pointues, piquantes, fermes et d’un beau vert 
luisant. Son fruit à la chair mince, rouge; il est 
pyriforme et son noyau blanchâtre. Les Indiens 
mangent son amande avec ‘plaisir. Les Japonais 
retirent du tronc très-gros du Cycas revoluta un 
sagou très-estimé. Ses folioles sont nombreuses , 
mais fort étroites el terminées par une pointe épi- 
neuse. Nous avons représenté ce curieux végétal 
dans notre Atlas, pl. 131, fig. 3, 4et 5. 

(T. D. B.) 

CYCHLE, Cychla. (vorss.) Sous-genre de la 
famille des Labroïdes; les espèces qui le com- 
posent ne diffèrent des Chromis que par un corps 
allongé, et par leurs dents toutes en velours sur 
une large bande. (Azrn. G.) 

CYCHRE, Cychrus. (1xs.) Genre de Goléoptères 
de la famille des Carnassiers, tribu des Carabi- 
que$, ayant pour caractères: mandibules droites, 
dernier article des palpes extérieurs presque en 
forme de cuiller; menton profondément échancré ; 
élytres soudées ; tarses semblables dans les deux 
sexes; tête fort avancée; chaperon très-pro- 
fondément refendu dans les côtés , recouvrant 
presque entièrement les mandibules ; les palpes 
maxillaires etlabiaux ont le dernier article plus 
court que les précédens ; les antennes sont séta- 
cées; corselet cordiforme, tronqué postérieure- 
ment, un peu relevé sur les côtés et à ses angles 
postérieurs ; l'abdomen est ovoïde , très-bombé : 
les élytres sont soudées , carénées et embrassant 
beaucoup l'abdomen sur les côtes, Les pieds sont 
de grandeur moyenne ; ces insecles doivent avoir 
les mœurs des Carabes. 

C. a museau, C. rostratus, Fab. Longs de 7 à 
8 lignes, noir, très-finement chagriné, (À. P.) 

CYCLADE, Cyclas. (mozr.) Genre confondu 
long-temps avec les T'ellines et les Vénus, séparé de 
ces dernières par Bruguière d’abord , puis par La- 


55 


il 


CYXCL - 


454 


CYCLE 


marck, Schweigger, Draparnaud, Cuvier, etc., et || où elle flenrit au printemps, puis en septembre et 


caractérisé ainsi par Lamarck, : coquille ovale , 
bombée, transverse, équivalve,, à crochets protu- 
bérans; dents cardinales très-petites, quelqnelois 
presque nulles ;, tantôt, deux sur chaque. valve, 
tantôk une pliée en deux ; tantôt une-senle pliée ou 
lobée sur une valve , et deux sur l’autre ; dents la- 
térales allongées. transversalement, comprimées , 
lamelliformes ; ligament, extérieur. Ajoutons 
comme complément de cette deseription , que, 
Fanimal étané dans. la coquille , deux tubes ou st- 
phons font saillie d’un côté , et que de l’autre; sort 
un, pied mince, allongé et linguiforme.. 

Lamarck à, le premier, décrit une, espèce de 
Cyclade à l'état fossile; avant lui on ne; connaissait 
pas cette particularité géologique. 

. Toutes les Cyclades habitent, les eaux douces 
des deux continens:;, elles sont généralement pe - 
tites,, diaphanes et recouvertes d'un:épiderme vert 
ou brun ; leurs crochets ne sont jamais écerchés, 
Nous allons en faire connaître quelques unes : 

Gyezane pEs RIvIBRES , Cyclas rivicola, de La- 


marck. Goquille de vingt millimètres de longueur, | 
tom. mx, n° 2680, un Cyclamen linearifolium., que 
l'on dit avoir été recueilli par l’entomologiste 


subglobuleuse:, assez solide, élégamment striée, 
subdiaphane , d'une couleur cornée , verdâtre ou. 
brunâtre, et, présentant le plus souvent deux ow 
trois zones plus pâles. 

Cxcrane conne , Cyclas cornea, de Eamarck. 
Espèce dont les stries sont très-fines , la couleur 
cornée peu foncée, la, forme.également sabglobu- 
leuse, l’épaisseur moins, considérable que dans la 
précédente , ne présentant versson milieu qu'une 
seule zone pâle, et ayant son bord jaunâtre. Gette 
Gyclade offre deux variétés , l’une plus globaleuse, 
l’autre plus transverse : toutes deux viennent de 
l'Amérique septentrionale. 

Cycrapn caziGurés, Cyclas caliculata, de Dra- 
parnaud, Celle-ci est rhomboïdale, orbiculaire,, 
déprimée , très-mince, transparente, d’un: blanc. 
sale, ou d’un jaune verdâtre peu foncé ; ses cro- 
chets sont proéminens eb tubereuleux,, et ses stries 
très-fines ; sa langeur est de huit millimètres. On 
la trouve dans les mares. des environs de Paris-et 
de Fontainebleau. 

Cxezans usse, Cyclas lævigata. Petite espèce 
fossile , inéquilatérale, déprimée, très-mince, très- 
fragile, subquadrangulaive; crochets petits, peu 
proéminens;, dents cardinales à. peine: visibles, 
même avec une forte loupe; dents latérales biemx 
marquées, l'autérieure plus grande: et plus forte; 
largeur, cinq millimètres. On la rencontre, non: 
très-communément. il est vrai, dans, les marnes 
calcaires qui accompagnent les lignites: à la mon- 
tagne de Bernon.près d'Epernay. (F..F:} 

CYCLAME, Cyclamen.. (som: Pan.) Six es. 
pèces de plantes herbacéés,, à feuilles: tontes-nadi- 
cales. entières , x fleurs-:pendantes;, .salitaires au: 
sommet des hampes qui les-portent , quelquefois 
nombreuses, constituent ce genre de la famille dés 
Primulacées et de la Pentandtie monogymie: La 
plus commune de toutes, celle: que l'on. trouve 
vivace. dans les lieux'ombragés,, les haies: les fos= 
sés.et les bois frais. de nos départemens-: dir midi. 


en octobre, est connue sous le nom vulgaire de 


| Pain de pourceaw, parce que cet auimal est très- 
| friand de sa racine; les Arabes l’appellent 4rtha- 
 nita, le peuple: napolitain Melo terragna. Son nom 
! scientifique Gxcuame »'Eurorx, €, europæum , 
| vient du mot grec Æyklon, cercle, c’est-à-dire 


de la forme orbiculaire qu’affécte sa racine, tubé- 


 reuse, brune: en dehors, blanche en dedans, 

ferme comme un navet , marquée d'yeux comme 
le tubercule de la pomme de terre , eb garnie de 
fibres menues ; ow peut-être. des spires que ses pé- 
 diculesfdécrivent, pour amener la capsule à terre, 
afin qu'elle y mürisse les graines déposées dans 
son sein globuleux. Les: fleurs sont blanches ow 
| légèrement purpurimes ; on les cultive chez quel- 
| ques amateurs envienx de leurs formes élégantes. 
| On: leur préfère, chez d’antres, le Cxcrams Des 
 Ixwss.. dit de Perse, €. indicum, qui porte des 
fleurs d’un blanc de lait, odorantes , grandes, plus 
précoces, eb dont les pétales sont lavés de rose 
: vers leur extrémité. 


On trouve mentionné dans la Flore francaise , 


Olivier dans les bois un peu Humides nommés les 


| Séouves, entre les Arcs et Dragaignan , départe- 


ment du Var. Voici la description de cette. espèce, 
que l’on trouve figurée dans les Zcones Galliæ ra- 
 riores de De Candelle, pl. 8 : «Cette belle plante 
.» diffère extrêmement de toutes les espèces con- 
i» nues, par ses feuilles linéaires, longues: de près 
» de deux décimètres, larges de: trois à quatre 
|» millimètres dans toute leur étendue, entières , 
|» obtuses. Ges féuilles naissent d'une souclie radi- 
|» cale, noirâtre et écailleuse, qui donne aussi naïs- 
|» sance: à une ow deux hamipes’uniflores.,. un: peu 
:» plus longues; que les feuilles. La fleur ressemble 
» presque-entièrement à»: celle du Gyclame d'Eu- 
»-rope. Elle fleurit à l'entrée de l'automne. » 
| Gomme ona vainement recherché celte espèce dans 
la localité indiquée, et même dans cellés voisines, 
on à d'abord contesté: son existence; puis on a 
prétendu qu'elle. avait été: fabriquée ow du moins 
tronquée. Peut-être Olivier a-t-il été trompé par 
quelques récolteunside plantes, ow peut-être en- 
core a-til mêlé ensemble des fleurs isolées du 
Cyclamen europæum et des feuilles liméaires de 
quelque. autre plante’, où bien, si l'individu est 
entier comme le donnent à croire le dessin publié 
et la lettre que m'écrivit à ce: sujet De Gandülle, 
il faat dire:1° qu il appartient au Cyclamen euro- 
pœum owaa Gyclamen: hiederæ folium, et 2° que par 
une(çause quelconque, il a eu.le limbe desfeuilles 
aronté'etle pétiole plus développé qu’à l'ordinaire. 
Le-phénomène observé à ce sujet dans les-ftmilles 
des Acaeias hétérophylles est beaucoup plus-fré- 
quent qu'on ne le croit, Ghacun: sait. que: dans: ce 
groupe lés folioles avortent dans la plupart des 
feuilles, et lé pétiole se dilate en phyllode: Le 
même phénomène a lieu dans l/ndigofèra: junceæ 
et: quelques autres légnmineuses, avec cellenuanee- 
que l’avortemententraîne-peu de chiangemens-dans: 


Z 


CYCL 


435 


CYCL 


le pétiole. On rencontre quelquefois des pieds de 
Sagittaria sagittifolia dont les pétioles sont allon- 
gés et dilatés en forme de rubans, et dont le limbe 
manque en enlier. Dans tous les cas, le Cyclamen 
linearifolium n’est pointune espèce, maisseulement 
une variété accidentelle qui ne $’est plus repré- 
sentéeel qui doit être rayée de la Flore française, 
queique De Candolle m'atteste la posséder avec 
l’'herbier recueilli en France par Olivier. H est bon 
de dire que dans l’herbier du Muséum , un mé- 
chant botaniste a osé intercaler dans l’herbier 
rapporté de l'Orient par le savant entomologiste 
un Cyclamen linearifolium composé des feuilles pré- 
parées d’un autre végétal avec des fleurs de l’es- 
pèce commune , et appuyer cet échantillon de fa- 
brique d’une étiquelte indiquant les localités dési- 
gnées dans la Flore francaise, et'en imitant l’écri- 
ture d'Olivier. 
£ Laracine du Cyclame d'Europe, prise fraîche et 
admimistrée en petite quantité, sèche, réduite en 
poudre et mêlée à de la gomme, a joui long-temps 
de la qualité de vermifuge et de purgatif pour les 
enfans. On en préparait aussi un onguent sous le 
nom arabe d'Arthanila. Quelques médecins la 
recommandent encore dans les maladies chroni- 
ues. (T. ». B.) 
CYCLANTHE, Cyclanthus. (got. pan.) Plante 
originaire des Antilles et de la Guiane ,appartenant 
à la famille des Aroïdées. Son organisation est fort 
singulière , et en fait presque une exception dans 
le règne végétal. Ses fleurs sont portées sur un 


spadice, comme cellestdu Pied-deveau, du Pothos, | 


et autres Aroïdées ; mais leur disposition présente 
un aspect bien différent. Qu'on se figure, dit 
M. Poiteau (Mémoires du Muséum , vol. 1x, p. 34), 
deux rubans creux, roulés en spirale autour d’un 
cyhndre , l’un rempli d’étammes, l’autre d’ovules; 
on aura l’idée dela situation des fleurs du Cyclan- 
the sur le spadice. Rien ne les sépare, rien n'en 
fait des fleurs distinctes. De plus, le calice des 
fleurs mâles adhère dans presque toute son éten- 
due avec celui des fleurs femelles ; au fond sont 
les étamines , à filet court, à anthère allongée et 
biloculaire. Le calice des fleurs femelles, iplas 
grand que celui des mâles , est, par son côté in- 
terne, soudé avec l'ovaire, qui paraît infère. Ge 
dernier porte un stigmate bifide , et contient un 
grand nombre d’ovules qui occupent sa partie in- 
terne. 

Malheureusement onne connaît pas le fruit mûr 
da Cyclanthe , et l'on ne peut pas bien apprécier 


avaleur des caractères assignés aux ovules : ceux- 


ci pourraient bien être, selon M. Richard, des 
pistils attachés en grand nombre aux parois d’un 
mvolacre; alors l'ovaire serait réellement supé- 


-rieur , etleCÿclanthe rentrerait dans l’organisation 
‘commune des Aroïdées. Cependant M. Poiteau, 


qui a vu et décrit la plante , a cru devoir créer pour 
elle une nouvelle famille dans la classe des Mono- 
cotylédonées. 

On connaît deux espèces de Cyclanthe. L'une, 
décrite par Plumier dans ses manuscrits, a des 
feuilles marquées de nervures, et bifides à ‘leur 


fi, 


sommet.M. Poiteau lanomme Cyclanthus P lumieric. 
L'autre, vue et décrite pour la première fois par 
M. Poiteau, à reçu de lui le nom de ‘C. bipartitus, 
parce que ses feuilles sont fendues jusqu'à leur 
base. Elle croît dans les lieux les plus humides de 
la Guiane , où on l'appelle vulgairement Ærouma 
diable. 1 (L.) 
CYCLANTHÉES, Cyclanthee. (B0T. PHAN.) 
Cest le nom donné par M. Poiteau à la nouvelle 
famille qu’il établit pour son genre Cyclanthus. 
Ses caractères se trouvent décrits à l’article pré- 
cédent. | (L.) 
CYCLÉMYDE. (nevr.) . Émyps. 
GYCLIDE. (z0oPu. 1nr.) Genre de la première 
division de la classe des Microscopiques ; Muller, 
qui l’a établi, lui assigne les caractères suivans : 
forme ovoïde, postérieurement atténuéeen pointe, 
corps presque membraneux et comprimé. C'est 
surtout cette compression qui caractérise essen- 
tiellement les Cyclides et les distingue des Enche- 
lis, avec lesquelles il serait facile de les confondre 
tout d'abord. Nous nous contenterons d’en indi- 
quer quelques espèces dont on pourrait prodigieu- 
sement augmenter le nombre si l’on ne se mon- 
trait pas un peu difficile sur les caractères qui doi- 
vent les différencier. 1°Cvccips rransparenre : Fort 
petite, ovale, aplatie, aiguë et presque terminéeen 
pointe, d’une transparence parfaite. On la rencon- 
tre dans diverses infusions, surtout dans celles 
des céréales; elle nage en vacillant, comme par 
tremblementicontinuel. 2° Cycrinr repris : Sem- 
blable à un pepin de pomme, de couleur brunâ- 
tre. 8° CYGLIDE céncaroïine : Sa forme est celle 
d’une poire fort amincie, sa partie postérieure 
s’allonge beaucoup. Elle est tout-à-fait transpa- 
rente. 4° CYCLIDE ENCHÉLOÏIPE : Sa figure rappelle, 
dit-on , celle du Vucleus , mais elle est plus courte 
et plus renflée. à° Cycripe nNormATRe : Allongée, 
très-pointue d’un côté, obscure , agile, s’allongeant 
beaucoup quand elle nage. Elle est très-commune 
dans les iifusions. 6°Cvcrine oprusanre. Parfxi- 
tement hyaline , plus grosso que ses congénères , 
pyriforme, ‘{rès-aiguë par sa pointe quand elle 
s’allonge ; on la trouve danses infusions de céréa- 
les. 7° Gyarne vanrrAgse : Transparente, agile, 
ovale, oblongue, quelquefois obtuse ou aiguë des 


-deux côtés, changeant rapidement de forme. La 


quantité en est quelquefois si considérable dans 
une petite goutte d’eau, que, pour s’y mouvoir, les 
individus sont obligés de s’allonger et de se dé- 
former les‘ uns les autres, Gette espèce est la plus 
commune ; on la trouve dans presque toutes les 
infusions : le blé, les pois, le chenevis la donnent 
en abondance, (EME) 
CYCLOBRANCHES. (morr.) Nom donné par 
Blainville à un groupe formé aux dépens des Mol- 
lusques céphalés de Cuvier, ‘et caractérisé de la 
manière suivante : organes dé la respiration symé- 
triques, branchiaux, en forme d’arbuscules rangés 
en demi-cercle à la partie postérieure du dos; corps 
nu, tuberculeux, bombé: pied large, propre à 
ramper, oceupant tout l'abdomen ; animaux het- 
maphrodites. Les Gyclobranches ne renferment 


CYCL 


456 


CYCL 


qe les trois genres Onchidore, Doris et Pero- 
nium. (F. F.) 

CYCLOLYTHE. (rozxr.) Genre de l’ordre des 
Caryophyllaires , de la division des Polypiers en- 
tièrement pierreux, placé par Lamarck dans la 
première section de ses Polypiers lamellifères, et 
caractérisé ainsi par lui : masse pierreuse, orbi- 
culaire ou elliptique, convexe et lamelleuse en 
dessous, avec des lignes circulaires concentriques ; 
une seuleétoile, à lames très-fines, entières et non 
hérissées, occupe la surface supérieure. 

L’assertion de Lamarck, qui veut qu'il existe 
une Cyclolythe vivante dans l'Océan indien , n’est 
pas partagée par tout le monde. Quoiqu'il en soit, 
voici les quatre espèces, à l’état fossile, admises 
par ce savant naturaliste. | 

C. HÉMISPHÉRIQUE, C. hemisphærica. Cyclolythe 
orbiculaire, très-convexe, à lacune oblongue avec 
des lames nombreuses et très-minces ; son dia- 
mètre dépasse quelquefois deux pouces. On la 
trouve fossile dans le Dauphiné. 

GC. euzrprique, C, elliptica. Espèce vulgairement 
appelée Cunolile, la plus grande de toutes! cel- 
les que l’on connaisse, et remarquable par sa 
forme ovale ou elliptique , et sa lame centrale qui 
n’est pas toujours unique. On la rencontre fosssile 
dans plusieurs parties de la France. 

La CYcLoLYTHE NUMISMALE, que l’on trouve en 
France, etlaGxcLroiyrne a crêtes, dont on ignore la 
localité, complètent , jusqu'à ce moment, le genre 
dont nous venons de nous occuper  {F.F.) 

CYCLOPE , Cyclops. (crusr.) Ge genre, établi 
par Müller, appartient à l’ordre des Lophyropodes, 
famille des Séticères. Il a été formé aux dépens 
des Monocles de Linné , de Degéer et de Geoflroy. 
Les caractères que lui assigne Latreiïlle sont : un 
corps plus ou moins ovalaire , mou ou gélatineux, 
se partageant en deux portions, l’une antérieure, 
composée de la tête et du thorax, et l’autre pos- 
iérieure ou la queue. Le segment précédant immé- 
diatement les organes sexuels, et qui dans les fe- 
melles porte deux appendices en forme de pelites 
pattes, peut être considéré comme le premier 
de la queue, qui n’est pas toujours bien nettement 
ou brusquement distinguée du thorax : elle est 
formée de six segmens ou articles; le second 
porte en dessous , dans les mâles , deux appen- 
dices articulés , tantôt simples, tantôt ayant au 
côté interne une petite division ou branche, 
de formes variées, et constituant en tout ou en 
partie les organes de la génération ; la vulve, chez 
les feinelles, est située sur le même article; le 
dernier se termine par deux pointes ou stylets 
formant une fourche, ct plus ou moins garnis 
de soies ou de filets penniformes. L'autre portion 
du corps, où l'antérieure , est divisée en fquatre 
segmens, dont le premier, beaucoup plus grand, 
compose la tête et une portion du thorax ;, qui sont 
aussi recouverts par une écaille commune. Il porte 
l'œil, quatre antennes, deux mandibules munies 
d’un palpe simple ou divisé en deux branches arti- 
culées, deux mâchoires ou lèvres avec des barbil- 
Jons, et quatre pieds divisés chacun en deux tiges 


cylindriques , garnies de poils ou de filets barbus ; 
la paire antérieure, représentant les secondes mä- 
choires, diffère un peu des suivantes; elle est com- 
parée à des espèces de mains par Jurine ; chacun 
des trois segmens suivans sert d’attache à une paire 
de pieds. Deux des antennes sont plus longues, séta- 
cées, simples et composées d’un grand nombre 
de petits articles; elles facilitent , par leur action , 
les mouvemens du corps et font presque l'office de 
pieds; les inférieures sont filiformes, n’offrent le plus 
souvent que quatre articles, et sont tantôt simples , 
tantôt fourchues; elles font, par leurs mouvemens 
rapides , tourbillonner l’eau. Dans les mâles, les 
supérieures, ou l’une d’elles seulement, présentent 
des étranglemens et un renflement suivi d’un ar- 
ticle à charnière. Au moyen de ces organes ou de 
l'an d'eux, ils saisissent soit les dernières pattes , 
soit le bout de la queue de leurs femelles, dans 
leurs préludes amoureux , et les retiennent malgré 
elles dans des situations appropriées à la manière 
dont ils se fixent; elles emportent leurs mâles, 
lorsqu'elles ne veulent pas d’abord se prêter à leurs 
désirs, La copulation s'opère comme dans les 
autres crustacés et par des actes prompls et 
réitérés ; Jurine en a vu trois dans l’espace d’un 
quart d'heure. On avait cru jusqu'alors que les 
organes copulateurs des mâles étaient placés aux 
antennes supérieures, et cette erreur paraissait 
d'autant mieux fondée, que les Arachnides pré- 
sentent des faits analogues. De chaque côté de ja 
queue des femelles est un sac ovale, rempli 
d'œufs, adhérant par un pédicule très-délié au se- 
cond segment, près de sa jonction avec le troi- 
sième, et où l’on voit aussi l’orilice du canal dé- 
férent de ces œufs. La pellicule formant ces sacs 
n’est qu'une continuation de celle de l'ovaire in- 
terne. Le nombre des œufs qu'ils contiennent aug- 
mente avec l’âge; d’abord bruns ou obscurs, ils 
prennent ensuite une teinte rougeâtre , et devien- 
nent presque tranparens lorsque Jes pelits sont 
près d’éclore, mais sans grossir ; ces œufsétant isO- 
lés ou détachés, du moins jusqu'à une certaine 
époque , le germe périt. Une seule fécondation peut 
suffire à plusieurs générations successives. La durée 
du séjour des fœtus dansles ovaires’ variede deux à 
dix jours, ce qui dépend de la température des 
saisons et de diverses autres circonstances. Les 
sacs ovifères présentent quelquefois des corps al- 
longés, glandiformes, plus ou moins nombreux, 
et qui paraissent être des réunions d’animalcules 
infusoires. À leur naissance les petits n’ont que qua- 
tre pattes, et leur corps est arrondi el sans queue. 
Müller avait formé avec de jeunes individus son 
genre Amymone. Quelque temps après (quinze 
jours , de février en mars) , ils acquièrent une au- 
tre paire de pieds ; c’est le genre Nauplie, Vau- 
plius du même ; après la première mue, ils ont la 
forme et toutes les parties qui caractérisent l’état 
adulte, mais sous des proportions plus exiguës ; 
leurs antennes ct leurs pattes sont proportionnel- 
lement plus courtes. Au bout de deux autres mois, 
ils sont propres à la génération. La plupart de ces 


:Entomostracés nagent sur le dos, s’élancent avec 


à 


CYCL F 


457 


CYCL 


vivacité et peuvent se porter aussi bien en arrière 
qu’en avant ; à défaut de malières animales, ils at- 
taquent les substances végétales; mais le fluide 
‘dans lequel ils vivent habituellement ne passe point 
dans leur estomoc. Le canal alimentaire s’étend 
d’une extrémité du corps à l’autre. Le cœur, dans 
le Cyclope castor, est immédiatement situé sous 
le second et le troisième segment du corps , et ova- 
daire ; chacune de ses extrémités donne naissance 
à un vaisseau, dont l’un va à la tête et l’autre à la 
queue ; immédiatement au dessous de lui est un 
autre organe analogue, mais en forme de poire , 
produisant aussi, à chaque bout, un vaisseau re- 
présentant peut-être des canaux branchio-cardia- 
ques dont nous avons parlé en traitant de la cireu- 
lation des Crustacés décapodes. Il résulterait de 
plusieurs expériences de Jurine, sur des Gyclopes 
alternativement asphyxiés et rappelés à la vie, que 
dans cette sorte de résurrecton, l’extrémité du 
canal intestinal donne les premiers signes de 
vie, et que l’irritabilité du cœurest moins éner- 
gique ; celle des antennes, et plus spécialement 
de celles des mâles, des palpes et des pattes 
ensuite , est inférieure. Lorsqu'on coupe une por- 
tion d'antenne, il ne s’y fait aucun change- 

rent; la réintégration s’effectue sous la peau, 
puisque cet organe reparaît dans toute son inté- 
grité à la mue suivante. Le Cyclope staphylin 
forme une division particulière, à raison de ses an- 
tennes plus courtes , et dont les supérieures ont 
beaucoup moins d’articles que les mêmes des au- 
tres Cyclopes, tandis que les inférieures en offrent, 
au contraire davantage; à raison encore de son 
corps, qui s’amincit graduellement vers son extré- 
mité postérieure, demanière qu'il semble n’avoir 
point de queue, du moïns brusquement formée, 
et qui, en dessus,est armé, dans la femelle, 
d’une! sorte de corne arquée en arrière. Le 
Cyclope castor et quelques autres dont les anten- 
nes inférieures et les palpes mandibulaires sont di- 
visés, au- delà de leur base, en deux branches, 
peuvent composer aussi un autre groupe. Celui 
que Leach désigne sous le nom de Galane , Cala- 
aus, pourrait, en effet, former un sous-genre pro- 
pre, s’il était vrai que l’animal dont il est le type 
n’eût point d'antennes inférieures ; mais s’en est-il 
assuré par lui-même, ou n’en parle-t-il que d’a- 
près Müller ? c’est ce qu’on ignore. 

Ce genre renferme plusieurs espèces, les prin- 
<ipales et les mieux connues sont : le CycLoPz 
commun, Cyclops vulgaris , Leach, Monoculus qua- 
dricornis, Linn; Monocle à queue fourchue, Geoff., 
Monoculus quadricornis rubens , Jurine ; il a toutes 
les antennes simples ou sans divisions. Les infé- 
rieures ont quatre articles, et leur longueur n’égale 
guère que le tiers des supérieures. Le corps pro- 
prement dit est assez renflé et presque ovoïde ; la 
‘queue est étroite et de six segmens. La couleur 
varie beaucoup ; les uns sont rougcâtres , les au- 
tres blanchâtres ou verdâtres. La longueur totale 
est de deux lignes. Cette espèce est assez commune. 
On la trouve dans les eaux stagnantes. 

+ Le Gyciors castor, Cyclops castor, Jur. Le 


corps de cette espèce est allongé , peu renflé, 
formé de six segmens ; la queue est assez courte, 
et en a, dix; les antennes postérieures sont 
courtes, bifides; les œufs de la femelle sont 
bruns , formant une seule masse ovale , placée au 
dessous de la queue; la longueur totale est une 
ligne et demie ; la couleur de la femelle est bleuâ- 
tre, celle du mâle est rougeâtre. 

Le Cyczore sraPayuin, Cyclops staphylinus, 
Desm. Forme allongée; corps composé de dix 
segmens, dont le premier ou l’antérieur est le 
plus grand , et dont le dernier ou le plus petit est 
terminé par une queue bifide ; la couleur des fe- 
melles est d’un bleu d’aigue-marine, celle des 
mâles est d’un joli vert ; la longueur totale est de 
cinq douzièmes de ligne; les œufs sont d’un bleu 
verdâtre ,. rassemblés dans une bourse pyriforme 
qui pend au dessous du ventre dela femelle. Cette 
espèce est remarquable en ce qu’elle tient ordi- 
nairement relevée l'extrémité postérieure de son 
corps sur l’antérieure, à peu près comme le font 
les insectes du genre Srapayuin. Voy. ce mot. ; 

(BL) : 

GYCLOPTÈRE, Cyclopterus. (porss.) Les Cy- 
cloptères sont remarquables par un caractère très- 
marqué dans leurs ventrales, dont les rayons 
suspendus autour du bassin, et réunis par une 
seule membrane, forment un disque ovale et 
concave, dont le poisson se sert comme d’un sucoir 
pour se fixer aux rochers. Ce genre a la bouche 
large , garnie aux mâchoires de petites dents 
pointues ; les opercules petits ; les pectorales très- 
amples , et s’unissant presque sous la gorge; la 
peau visqueuse et sans écailles , mais couverte de 
petits grains durs. On le divise enfdeux sous-genres. 

Les Luwrs, Guvier, ont une première dorsale 
visible, quoique très-basse, à rayons simples , et 
une seconde dorsale à rayons branchus. Leur 
corps est très-épais. L’espèce sur laquelle repose 
ce genre est le Lump de nos mers, Grosro- 
let, Cyclopterus lumpus, Linné, Bloch, 90; sa 
première dorsaleest tellement enveloppée par une 
peau épaisse et tuberculeuse, qu'à l'extérieur on 
la prendrait pour un simple repli du dos. Trois 
rangées de gros tubercules coniques le garnissent 
de chaque côté, Il se nourrit de Méduses et autres 
animaux gélatineux: sa chair est molle , insipide. 
Lourd et de peu de défense, il devient la proie 
des phoques, des squales et autres poissons. Le 
mâle, dit-on, garde avec soin les œufs qu’il a fé- 
condés. 

Les Lirans , Liparis, Artedi, n’ont qu'une 
seule dorsale assez longue , ainsi que l’anale; leur 
corps est lisse, allongé et comprimé postérieure- 
ment. Nous mentionncrons seulement,comme type 
du genre , le Gxcroprère ziparis, Cyclopterus 
liparis, Linné, Bloch. , 123 , qui habite sur nos 
côtes. C’est un pelit poisson à ligne latérale très- 
prononcée, à museau arrondi, à tête large ct apla- 
tie; la dorsale et l’anale s'unissent ensemble dès 
l'extrémité de la queue. Le Liparis est recherché 
comme aliment dans plusieurs endroits ; mais sa 
chair est également médiocre. (Azeu, G.) 


CYCL 438 


CYCLOSTOME, Cyelostoma. (mozz. ) Genre | 
confondu pendant long-temps panmi les Œurbots, | 
que Lamarek a mangédams la famille«des Colima- | 


ICYGN 


guère que neuf à dix Jignes de longueur; on le 
rencontre à ‘Grignon, à Parnes, à La Ghapelle 
près Senlis, à Valmondiers, au pelit village de. 


£és, dans la seconde division :qui renferme les | 


coquilles terrestres dont Les >amimaux n’ont que 
deux tentacules, vet:dont les :caracières sont les 
suivans :-coquille de forme variable, à tours de 
spire arrondis; ouverbure ronde , régulière: pé- 
ristome continu, ouvert ou réfléchi avec l’âge ; 
animal ayant deux tentacules émoussés, ondés à 
la base; cavité respiratoire ouverte au dessus de 
la tête, recevant immédiatement le contact de 
l'air; pied-petit, placé surile col et muni posté- 
rieurement d’un opereule corné fermant exac- 
tement l'ouverture de la coquille. 

Tous les Gyclostomes sont terrestres et privés 
de nacre intérieure , ainsi que d’épines et d’écail- 
les; leurs espèces vivantes sont assez considéra- 
bles; il n’en.est pas de même des fossiles. Nous 
citerons les suivantes : 
| + CycLosrome rRocHIPORME , Cyclostonva voloulus, | 
de Lamarck. Espèce présentant à sa partie supé- | 
rieure des tours de spire, des fascies brunes, va- | 
riables; reconnaissable à sa forme presque sem- 
blable à celle d’un Turbot, par son mbilic pro- 
fond, et par ses stries transverses qui:se nvontrent 
plus grosses à la partie supérieure, dont le som- 
met est aigu, l'ouverture blanche eu jaunâtre à 
l'intérieur, et qui est réfléchie ét mumie d’un 
bourrelet. Lalocalité decette coquille, qui aequient 
quelquefois un pouce et demi de diamètre à la 
base, n’est pas bien connue. 

GYGLOSTOME VARIABLE , (Cyclostoma uwriabile. 
Cétte espèce, rapportée par Delalande d’un voyage 
en Afrique, est trochyforme, médiocrement om- 
biliquée , composée de cinq vours arrondis ,disses, 
qui présentent sur un fond blanc grisâtre un 
nombre variable de zones brunes; celle du milieu 
estle plus ordinairement la plus foncée; les autres 
sont d'autant plus multipliées qu’elles sont plus 
fines, et elles peuvent se rapprocher tellement 
que la spire de la coquille senible toute brume 
dans quelques individus ; dans d’autres , presque 
toutes les bandes pälissent ou disparaissent, et 
alors les tours sont blancs, avce une zone mé- 
diane très-pâle ; l'ouverture est pen réfléchie et 
n’a point de bouraclet ; son bordest blanc , amais 
à l'intérieur elle est fauve et laisse apercevoir le 
même nombre de bandes brunes qu'à lin 
iérieur. On cite des Gyclostomes variables qui 
ont près de six lignes de diamètre et sept de len- 
Sueur. 

CxaLosroms momie , Cyclostoma mumia , de La- 
marck, Goquille tnrriculée, conique, subeylin- 
drique inférieurement , composée de huit à neuf 
tours arrondis et ornés dans toute leurisurface 
d’un grand nombre de: striestrès-fines, croisées 
par d'autres longitudinales moins apparentes ; 
d’une couleur lie de win, avec-deux bandes d’un 
rouge brun ocoupant la partie moyenne de chaque 
tour. de. spire, et dont l'ouverture est petite, 
ovale, à bords réfléchis sur un petit: bourrelet 
marginal subintérieur, Le Cyclostome momie n’a 


Chambord entre Parnes el Chaumont, dans les 
terrains de mélange , ekc., ebc. 

Quelques autresespèces , que l’on trouve à l’état 
fossile aux environs de Paris, ne seront pas décrites 
ici. Nous renvoyons pour leur étude au quatrième 
volume des Annales du Muséum , où Lamarck les 
a fait connaître, (F.F.) 
= GYCLOSTOMES, Cyclostomi. (porss.) Famille 
créée par Daméril dans sa Zoologie analytique , et 
adopiée ensuite par Guvier, pour des poissons. 
chondroptérygiens, dont les branchies, au lieu de 
former des peignes comme tous les autres pois- 
sons , présentent la forme de bourses. :Ges cartila- 
gineux , dits chondroptérygiens , au premier aspect 
ressemblent assez aux anguilles par la forme al- 
longée ‘et arrondie de leur corps, qui est dénué 


| d'écailles et qui paraît comme tronqué en avant 


à cause de la singulière conformation de leur 
bouche circulaire ou demi-cinculaire , ayant pour 
support am anneau cartilagineux ou membraneux. 
Les Gyclostomes présentent des plis transversaux 
plus ou moins distincts etcontractiles, auxquels 
les muscles adhèrent; leur tête est intimement 


unie au corps, et ils n’oflrent jamais de membres 


ticulés, ls ont un sang rouge circulant dans des 
vaisseaux , des organes respiratoires, un canal in- 
testinal très-simple, me formant qu'un seul et 
unique tube droit et mince, 

Toutes les espèces de celte famille, étant privées 
de vessie natatoire, tombent au fond de l’eau dès 
qu'elles cessent de s'y mouvoir; mais elles em- 
ploient divers moyens pour se fixer, afin de ne pas 
être :entrainées par le tvourant des eaux : C’est 
surtout à l’aide du disque charnu et circulaire 
de leur beuche , qui fait l'eflice d'une ventouse. 

Tels sont les poissons qui composent la famille 
naturelle que l’on regarde comme la plus voisine 
des animaux sans vertèbres par leur organisation ; 
c'est particulièrement ‘avec les annélides que l’on 
a cru observer les plus grands rapports de res- 
sexmblance. Les genres dont les noms suivent com- 
posent celle famille : 1° les Zampraies, Lam- 
preyons; 2° les Heptatrèmes; 3° les Gastérobran- 
ches et les ÆAmmocètes. Nous irailerons chaque 
article en particulier, (Azprx. G.) : 

CYGNE, Cygnus. (ors.) C’est à la famille des 
Caxanps (»..ce mot), ou Palmipèdes lamellirostres, 
qu'appartiennent les espèces du genre des Cygnes ; 
ces beaux oiseaux se distinguent au premier abord 
par leurs proportions nobles et élégantes ainsi 
que par la longueur et la grâce de leur cou, On 
peut ajouter qu'ils ont le bec long et plus haut 
que large à la base, laquelle est quelquefois sur- 
montée d’un tubercule ; les mandibules sont aussi 
larges à leur extrémité qu'à leur racine; elles 
sont droites ; la supérieure dépasse un peu l’infé- 
rieure; les narines sont percées dans leur milieu; 


les pieds sont très-larges, les tarses placés un 


peu enfarrière , moyennement Jongs et d'une 
grande force, Ges caractères suflisent pour dis- 


0 


CYGN 


459 


CYGN - . 


tinguer les Gygnes de tous les Lamellirostres et 
surtout des Oies et des Ganards, avec lesquels ils 
offrent le plus, de rapports. En eflet, les premiers 
ont lé bec plus court, eb aussi plus étroit à son 
extrémité, qu’à sa base, et les seconds ont le cou 
fort court. Les auteurs, qui: ont élabli la caracté- 
ristique du genre Gygne ont dib, comme s’appli- 
quant à toutes les espèces , que le lorum (espace 


i se trouve entre Fœil et lé bec) est glabre, 


c'est-à-dire dépourvu dé plumes. Gette asser- 
tion, qui était vraie il n’y a qu'un petit nombre 
d'années, est aujourd’hui inexacte, en ce sens 
qu'elle ne peut plus se dire de tous les Gygnes. En 
effet on possède dans plusieurs cabinets un oiseau 
originaire d'Amérique, lequel se rap porte aux Gy- 
gnes par tous ses caracbères , sice n’est par celui 
du lorum, qu'il a entièrement emplumé. 

Les Cygues sont les plus beaux eb les plus 
grands de tous nos oiseaux aquatiques; où en 
connaît aujourd'hui cinq ou six espèces , lesquelles 
se trouvent dansles lieux aquatiques, sur les lacs, 
lesrivières et les côtes de presque tous les points 
de la terre ; ainsi 1l en existe en Europe, en Asie, 
dans les deux Amériques et aussi à la Nouvelle- 
Hollande, L'Afrique paraît être le seul continent 
dans lequel on n’en trouve point ou au moins qui 
n’en ait pas d'espèce qui lui soit particulière. Les 
Cygnes nagent avec aisance et rapidité ; ils volent 
aussi. très-bien, mais ils marchent plus difficile- 
ment; cependant lorsqu'ils s’abattent à la surface 
du sol, ils s’y meuvent mieux que la plupart des 
canards. Ces oiseaux se nourrissent de plantes, de 
facuset aussi d'insectes aquatiques, ainsi que de 
petits poissons; ils vivent par troupes plus ou 
moins considérables , et ne se séparent qu’au mo- 
ment de la ponte. Les mâles sont monogames ; ils 
entrent en amour, dans nos régions au moins, 
pendant le mois de février ; ils sont très-ardens et 
préludent à leur union par les caresses les plus 
tendres et les plus gracieuses; les deux sexes s’ap- 
prochent fréquemment, se pressent mutuellement 
avec le bec, et entrelacent leurs cous avec volupté. 
La femelle provoque souvent le mâle ; elle l'invite 
encore après qu'il s’est joint à elle. Les œufs 
sont très-gros, et au nombre de six environ. à cha- 
que couvée ; il s'écoule un jour d'intervalle entre 
la ponte de chacun d'eux. L’incubation dure six 
semaines ; le mâle-ne la partage pas d'ordinaire, 
mais lorsque les petits sont éelos , ilse charge avec 
la femelle du soin de les conduire et de les proté- 
ger. Les jeunes Cygnes, au moment de leur naïs- 
sance, sont entièrement couvents d’un duvet gris 
ou légèrement: jaunâtre ; ils ne prennent le:plu- 
mage des adaltes qu'avec leur: troisième année; 
mais néanmoins ils grossissenb avec rapidité, Le 
lông espace de temps qu'ils mettent à acqnérir 
tout leur développement: a fait penser que leur vie 
était de longue durée : presque tous les-auteurs 
s'accordent à dire: qu'elle est plus que: sécu- 
laire. 


| Le plumage de ces: oiscauxiest bien: fourni-et. 
très-abondanten duvet :1l!constituerune fourrure! 


très-recherchée: Sa couleur, blanche chez la-plu- 


part des espèces , est noire en tout où en partie 
chez quelques autres, 

On pourrait distribuer-ces oiscaux en deux sec- 
tions ou sous- genres distincts , selon qu'ils ont le 
lorum emplumé: où tout-x-fait nur. 

+ Cygnes à lorim emplumé, Of n’en connait 
qu'une seule espèce encore innominéce el qui pro- 
vient d'Amérique (du Brésil). Cet oiseau est un 
peu moins grand quie notre Cygne domestique , 
son bec est plus long, de couleur pâle, plus 
élargi et non tuberculé à sa base. Le plumage 
est entièrement blanc, si ce n’est l’extrémité des 
grandes rémiges alaïres qui est légèrement rem- 
brunie, 

Tr Cygnes à lorum glabre. Ce sont les Cygnes 
préprement dits; on en connaît quatre espèces 
bien distinctes, dont deux sont de l'Ancien- 
Monde (Cygne à bec rouge et Cygne à bec noir); 
une de l'Amérique (Cygne à tête noire), et la dér- 
nière de la Nouvelle-Hollande (Cygne noir). 

Cyenr A sec RouGE , Anas olor, Gm:, Cygnus 
olor, Vieïll. On le nomme encore Cygne domesti- 
que et Cygne tuberculé. Il ale bec rouge, bordé de 
noir, et chargé à sa base d’une protubérance ar- 
rondie , noire ainsi que le tour des yeux. L'iris est 
brun, les pieds:sont d’un noir nuancéide rougeä- 
tre. Les adultes sont, longs de quatre pieds six 
pouces et davantage , ils ont tout le plumage: d’un 
beau blanc de neige. La trachée-artère ne présente 
rien de particulier dans sa forme. Les femelles sont 
un peu moins grandes que les mâles, la protubé- 
rance de leur bec est aussi moins développée. Les 
jeunes , à la premiere année, sont d’un brun cen- 
dré, ils ont alors le bec et les-pieds dé couleur 

lombée; à la seconde année ils les ont jaunâtres, 
et le brun de leur plumage:est varié de blanc par 
endroits. 

Get oiseau vit à l'état sauvage dans les grandes 
mers de l’ancien continent, principalement én 
Asie et dans les contrées orientales: de l'Europe; 
ilniche dans les roseaux, sur le bord’ des eaux et 
pond de six à huit œufs d'un verdâtre clair. 

C'est à l'espèce du Cygne à bec rouge que l’on 
doit rapporter tous nos Cygnes domestiques. Ces 
beaux oiseaux, qui font depuis long-temps l’orne- 
ment de nos habitations, où ils-vivent et se per- 
pétuent, sont moins des esclaves que dés amis; 
libres sur. nos eaux, ils-n°ÿ séjournent qu’en y 
jouissant.de toute leur indépendance. « Ils-veulent 
à leur gré débarquer au. rivage:, s'éloigner au 
large. ou venir, longeant la rive,s’abriter, sous les 
bords ,.se cacher dans les joncs, s’enfoncer dans 
les: anses les plus écarlées; puis, quittant la sol: 
tude , revenir à,la société , et jouir du plaisir qu'ils 
paraissent prendre et goûter en s’approchant de 
l’homme , pourvu qu'ils trouvent en. nous des 
hôtes et des amis, et non des maîtres et des Ly- 


Trans.» 

Les individus sauvages. viennent. quelquefois 
s'établir autour de nos! demeures, quelquefois 
même ils s’introduisent: dans les grands parcs et 
ils. y restent tant qu'ilss y trouvent en sécurité, 


CYGN 


44o 


CYGN 


Mais dès qu’on les tourmente, ils s’éloignent pour 
re plus revenir. C’est ce qui à lieu chaque jour 
aux environs des villes à mesure qu’elles prennent 
plus d’accroissement; c’est ce qui est arrivé à Pa- 
ris, où les Gygnes venaient autrefois régulièrement 
et en grand nombre sur les eaux de la Seine, 
tandis que maintenant on ne les y voit plus, même 
accidentellement. 

Les Cygnes sont depuis très-long-temps do- 
mestiques, et cependant ils ont peu perdu de 
leurs qualités premières ; on les élève bien plutôt 
commeornement que pour en tirer quelque profit ; 
leur chair eneflet est noire et coriace, et ils coûtent 
beaucoup à nourrir; leur peau seule, qui est garnie 
d'une épaisse, fourrure de plumes et de duvet, 
peut être employée utilement, mais elle n’a pas 
assez de valeur pour courir la dépense de leur 
entretien. Ges oiseaux nagent bien ct avec une 
telle rapidité qu’un homme, placé sur le rivage, 
aurait peine à les suivre, même en courant; ils 
volent aussi, et souvent ils quittent les parcs où 
on les tient, pour retourner à l’état sauvage. On 
évitera facilement deles perdre ainsi, en ayant soin 
de leur rogner les ailes quelque temps après cha- 
que mue. 

Cyens À Bec nom, Cygnus ferus. Cette espèce, 
que l’on nomme aussi Cygne sauvage, a été prise 
par Buffon pour la source de nos Cygnes domesli- 
ques; mais on sait aujourd'hui que ces derniers pro- 
viennent d’un autre Cygne, le Cygne olor (v. ci- 
dessus), que nous avons dit exister aussi à l’état sau- 
vage dans les contrées orientales de l’Europe. Le 
Cygne sauvage se distingue d’ailleurs de ceux avec 
lesquels Buflon le confondait par ses caractères 
qui ne permettent point de douter qu'il ne consti- 
lue une autre espèce ; ainsi il a le bec noir ( de là 
son nom de C. à bec noir) et couvert à sa base 
d’une cire jaunâtre ; l’espace nu qui entoure ses 
veux est aussi de cette couleur ; l'iris est brun et 
les pieds noirs. Tout le plumage est blanc chez 
les adultes, à l'exception cependant de la tête et 
de la vuque, qui sont légèrement nuancées de jau- 
nâtre; un autre caracière distingue encore cel 
oiseau , c’est la disposition de sa trachée, qui s’in- 
troduit dans un creux du sternum, et va y former 
deux circonvolutions, ce qui n’a pas lieu chez le 
Cygne précédent. 


Le mâle de cette espèce est long de quatre 
sieds huit ou neuf pouces , depuis le bout du bec 
jusqu’à l'extrémité de la queue; la femelle est un 
peu moins grande. Les jeunes ont le plumage 
d’un gris clair, le devant de leur bec est noir, leur 
cire et l’espace nu du lorum sont de couleur de 
chair, et leurs pieds d’un gris rougeûâtre. 

Le Cygne à bec noir se nourrit de plantes aqua- 
tiques ou d’insectes; on le trouve très-avant dans 
le Nord, et ce n’est qu’accidentellement et pen- 
dant les hivers les plus rigoureux qu’il s’avance 
jusque dans nos contrées. Îl niche rarement chez 
nous; sa ponte est de cinq à sept œufs d’un vert 
olivätre. La femelle les dépose dans un amas de 
roseaux qu'elle a préparés, le plus souvent en 


pleine eau, mais si bien 'assis sur la vase qu'il 
faudrait une très-grande force pour les déplacer. 
Elle fait un véritable nid très-ample et quelquefois 
élevé de trois ou quatre pieds au dessus du niveau 
du liquide; dans l’intérieur sont quelques ma- 
tériaux plus doux et souvent des plumes et du du- 
vel, dont la femelle s’est dépouillée pour le garnir. 


La chasse des Cygnes est une des plus difficiles; 
car ces oiseaux, lorsqu'ils volent, se tiennent fort 
élevés, ou bien s'ils sont à terre, ils se laissent 
très-difficilement approcher. On les tue générale- 
ment avec le fusil; mais il faut que l’arme porte 
loin et soit chargée avec du gros plomb. Il paraît 
qu'en Irlande et au Kamtschatka, on les pour- 
suit lorsqu'ils sont en mue, parce qu’alors ils 
volent difficilement. Les Russes des environs de 
l’Oby ont recours à un autre moyen; ils attendent 
l’époque de la fonte des neiges, et lorsqu'elle a 
lieu , ils atürent ces oiseaux dans les endroits où 
le dégel est établi en y plaçant des peaux d’oies 
et de canards empaillées. Les CGygnes, qui ont 
beaucoup d’animssité contre ces oiseaux , se jet- 
tent sur eux avec fureur , et les chasseurs, placés 
derrière les retranchemens qu’ils se sont prati- 
qués avec des branchages ou de la neige amon- 
celée, peuvent les tirer à leur aise. 

C’est principalement à l'espèce qui nous occupe 
que les anciens ont accordé une voix si harmo- 
nieuse; cependant quelques recherches qu’aient 
faites les observateurs, on n’a pu encore saisir ce 
moment si désiré où le Gygne se fait entendre. Ce 
que l’on sait parfaitement, c’est que dans toutes 
les circonstances de sa vie où on l’a étudié cet 
oiseau ne rend d’autres sons qu'un cri dur et 
désagréable à l’oreiïlle ; et même dans les momens 
les plus tendres, les accens qui lui échappent 
ressemblent plas à un murmure qu'à aucune es- 
pèce de chant. Tous les poètes, au reste, ne se 
sont pas laissé tromper, et ce préjugé ne paraît 
pas avoir été aussi général qu'on l’a cru. C’est 
ainsi que Virgile nous dit que les Cygnes ont la 
voix rauque ; 


Dant sonitam rauci per stagna loquacia cygni; 


et que Lucrèce dit aussi, livre 1v : 


Parvus cygni canor, 


Ovide a très-bien rendu l'espèce de grincement 
de ces oiseaux par le mot drensant : 


Gras gruit , inque glomis cygni prope flumina drensant, 


«Nalle fiction en histoire naturelle, dit Buffon, 
nulle fable chez les anciens n’a été plus célébrée, 
plus répétée , plus accréditée ; elle s'était emparée 
de l'imagination vive et sensible des Grecs. Poètes, 
orateurs, philosophes même l'ont adoptée comme 
une vérité trop agréable pour vouloir en douter. 
IL faut bien leur pardonner leurs fabies ; elles 
étaient aimables et touchantes ; elles valaient bien 
de tristes, d’arides vérités , c’étaient de doux em- 
blèmes pour les âmes sensibles. Les Cygnes, sans 
doute, ne chantent pas leur mort; mais toujours, 
en parlant du dernier essor et des derniers élans 


d'un 


CYLA 

De Ce en 
d’un beau génie prêt à s’éteindre, on rappellera 
avec sentiment cette expression touchante : c’est 
le Chant du Cygne.» 

: M. Yarrel a décrit, dans les Transactions Lin- 
néennes, t. xvi, nne espèce de Gygne propre au 
nord de l’Europe, et dont il a observé, pendant 
l'hiver de 1829 à 1830 , quelques individus sur les 
côtes de l'Angleterre. Gette espèce, si toutefois 
elle en est véritablement une, se rapproche beau- 
coup de la précédente par la couleur de son bec, 
qui est noir , et la forme de sa trachée, qui forme 
une anse sternale très-développée. Le plumage est 
blanc. C’est le Cyene ve Bewick, Cygnus Beiwickti, 
Yarr., loco cit. , depuis peu figuré dans les Jllustr. 
ornith. de MM. Selby et Jardine. 

CxexE À TÈTE NOIRE, C. nigricollis. Gette es- 

èce se trouve dans toute l'Amérique méridionale, 
depuis le détroit de Magellan jusqu’au Chili; elle 
existe aussi aux îles Malouines; elle est moins 
grande que nos Gygnes d'Europe; sa longueur to- 
tale est de trente-huit à quarante pouces, et son 
envergure de cinq pieds ; elle est blanche sur le 
corps, avec le cou et la tête noire ; une bande 
blanche s'étend de l'œil à l’occiput; le bec est 
d’un rouge de sang dans sa première moilié et passe 
au noirâtre vers son extrémité. Ces oiseaux farou- 
ches, dit Molina, vivent en troupes nombreuses ; 
la femelle pond ordinairement six œufs ; lorsqu'elle 
quitte le nid pour aller chercher sa nourriture, elle 
emporte ses petits sur son dos. 

Gens om, C. atratus. Il a le plumage entiè- 
rement noir , le bec rouge ainsi que la cire dont sa 
base est couverte, et les pieds d’un gris foncé. C’est 
une espèce de la Nouvelle-Hollande, si commune 
dans certains endroits, que les navigateurs ont pu 
en charger un canot avec le produit d’une seule 
chasse. 

Suivant G.Cuvier, onne peut séparer des Gygnes 
quelques espèces rangées parmi les Oies, dont le 
bec est surmonté d’un tubercule ; mais ces oiseaux 
n’ont point la gracieuce élégance des Gygnes, et 
d’ailleurs leurs pieds, leur cou et leur bec plus 
étroit à sa pointe , paraissent les éloigner beaucoup 
de ces oiseaux, auxquels on voudrait les réunir. 
Voyez l'article Ore du présent Dictionnaire. 

CGYGNE ENCAPUCHIONNE. (ors.) On a quel- 
quefois appelé ainsi le Dronre. Voyez ce mot. 
CYGOGNE. (ots.) Voyez Craocne. (GErv.) 
GYLAS, Cylas. (ins. ) Genre de Goléoptères , 
de la famille des Rhynchophores, tribu des Bren- 
tides ; ce genre a été établi par Latreille, qui lui 
donne pour caractères : antennes de dix articles, 
dont le dernier formant une massue ovale ; corse- 
let divisé en deux nœuds; abdomen ovale. Les 
Gylas sont de petite taille ; la tête et le corselet font 
la moitié de la longueur du corps, les antennes 
sont insérées près de l'extrémité du museau, et 
n’alteignent pas l’extrémité de la première partie 
du corselet ; celui-ci est en poire dans la première 
partie , et la seconde, qui est beaucoup plus courte, 
est plus étroite ; l’abdomen est très-bombé, beau- 
coup plus haut que large. 

CG. BLeuissanT , C, cyanescens , Schæn. Long de 


Toue II. 


‘441 | 


CYMB 


2 à 6 lignes; d’un bleu noir presque soyeux. Du 
Sénégal. 

On peut voir une bonne figure d’une espèce 
voisine, le Cylas longicollis de Chevrolat, dans l'I- 
conographie du Règne animal, Insectes, pl. 36, 
fig. 10. (Ass) 

CYMBIDIER, Cymbidium. (mor. rnan.) De 
nombreuses espèces composent ce genre de la 
famille des Orchidées et de la Gynandrie monan- 
drie. Plusieurs ont été détachées pour former des 
genres séparés, entre autres l’espèce indigène à 
l'Europe, le Cymbidium corallorhizon ; celles qui 
lui restent appartiennent aux climats les plus 
chauds de l'Asie, de l'Afrique et de l'Amérique. 
On les divise en deux sections, les Parasites et les 
Terrestres; les premières s’implantent sur l'écorce 
des arbres , les secondes naissent de bulbes cachés 
sous le sol, {sinon en totalité, du moins en grande 
partie. Toutes ont les fleurs disposées en épis ou 
en grappes terminales, généralement élégantes, 
d’une forme attrayante et ornées de belles cou- 
leurs. Quelques unes ont long-temps figuré 
parmi les Limodorum, d’autres parmi les Æpiden- 
drum. Citons les plus remarquables dans l'une et 
l’autre catégorie ; elles se multiplient également par 
caïeux, qu'il faut séparer avec précaution. 

I. Espèces terrestres. — Le CyMBIDIER POURPRE , 
C. purpureum , originaire des Antilles, est cultivé 
depuis long-temps en France dans le terreau de 
bruyère. Il repose sur un tubercule ayant près de 
lui le tubercule de l’année précédente; la hampe 
sort de côté, tandis que de la base s’élance un 
faisceau de feuilles lancéolées, d’un beau vert et 
engaînantes. Sur la hampe on voit trois ou quatre 
écailles membraneuses fort courtes , et à sa partie 
supérieure cinq à huit fleurs purpurines, assez 
grandes.—Le Cymgiprer ÉLÉGANT , C. pulchellum, 
dont les fleurs sont également purpurines et belles; 
on le trouve danstoute l'Amérique; ct, plus vigou- 
reux que ses congénères , il monte jusque dans le 
Canada. —Le CymBiprer IAUNE, C. luleum, remar- 
quable par ses feuilles et ses grandes fleurs jaunes, 
est recherché par les Chiliennes nouvellement 
accouchées; son suc, mêlé à du bouillon, leur pro- 
cure une grande abondance de lait. On estime que 
l'espèce dite à grandes fleurs, C. grandiflorumi, 
qui se trouve dans la Guiane, est la même ou du 
moins une simple variété. 

IL. Espèces parasites. — Sur le stipe du Cocotier 
on observe le Gymginier £cnir, C. scriptum, ainsi 
nommé des lignes pourprées qui couvrent les sé- 
pales et ressemblent à des caractères orientaux ; 
ses fleurs sont d’un très-beau jaune et se montrent 
dans tout le luxe de leur élégance aux îles de l’ar- 
chipel indien. Les jeunes filles et les femmes les 
plus riches de l’île de Ternate ont seules le privi- 
lége de s’en décorer. —- Le CYMBIDIER A FEUILLES DE 
Jonc, C. juncifolium , s'attache fortement aux ra- 
cines des vieux arbres qui peuplent les bois de la 
Martinique , tandis que la hampe très-grêle, lon- 
gue de soixante-dix centimètres , se fixe à l'écorce, 
et l’orne de ses dix belles fleurs jaunes parsemées de 
taches rouges, —Le CGYMBIDIER À FEUILLES D’ALOËS , 


136° LIivRAISON, 56 


CYMO 


CYMO 


Gis | 


a —_—_—_—————————————2 


C. aloïfolium, admis dans nos jardins depuis la 
première année du x1x° siècle, provient de la côte 
du Malabar. Comme il croît sur l'arbre qui porte 
la noix vomique, Sbrychnos nux vomica, il participe 
des mêmes élémens, et réduit en poudre, Rheede 
nous apprend que le Xansyram-maravara provo- 
que le vomissement; les indigènes s’en servent 
aussi contre la diarrhée.et la paralysie. Sa racine 
est grosse, vivace , roussâtre , garnie d’une grande 
quantité de fibres, et la hampe qu'elle fournit 
sur le côté de ses feuilles engaïînantes porte une 
dizaine de fleurs, sur lesquelles le jaune et le 
pourpre se marient agréablement. 

Il serait facile de nommer ici un plus grand 
nombre d'espèces ; mais, comme elles sont encore 
‘étrangères à nos cultures, et qu’elles vivent dans 
des contrées fort loin de nous , il suffit de celles que 
nous avons indiquées pour faire connaître le genre 
Cymbidium,. (T. ». B.) 

CYMBULIE , Cymbulia. (mozx.) Genre décrit 
d’abord par Péron et Lesueur, placé par Blain- 
ville dans ses Ptérodibranches, par Cuvier dans 
ses Ptéropodes à tête distincte, et caractérisé ainsi 
par Lamarck : corps oblong , gélatineux , transpa- 
rent, renfermé dans une coquille; têle sessile ; 
deux yeux; deux tentacules rétractiles ; bouche 
munie d’une trompe aussi rétractile ; deux ailes ou 
nageoires opposées, branchitères, connées à leur 
base postérieure par un appendice intermédiaire 
en forme de lobe; coquille gélatinoso-cartilagi- 
neuse, transparente , cristalline, oblongne, en 
forme de sabot, tronquée au sommet, à ouver- 
ture latérale et antérieure, 

La Cyueuzre DE Péron, Cymbulia Peronti, de 
Lamarck, est la seule espèce connue. Sa coquille 
en nacelle oblongue, en forme de sabot, habite 
la Méditerranée près de Nice; elle a à peu près 
deux pouces de longueur. On en voit une très- 
belle figure dans l’Iconographie du Règne animal, 
Mollusques, pl. 4, fig. 2. (F. F.) 

CYMINDIS, Cymimdis. (ois.) C'est nn petit 
groupe de la famille des Faucons, caractérisé par 
ses ailes obtuses et son bec très-crochu, étroit et 
assez allongé ; on n’y range que quelques espèces, 
toutes de l'Amérique. 

Le Cyumnpis pe CAYENXE se trouve à la Guiane 
etan Brésil; Cyminpispusoine, appelée aussi Buse 
mantelée, des mêmes contrées, ainsi quele Cymin- 
vis 8Ec ENcROocC. M. Lesson a fait de ce dernierun 
sous-genre à part sous le nom de Rostrame. Gette 
subdivision est à peu près inutile. On peut consul- 
ter, pour l'histoire des Gymindis, un très-bontra- 
vail de M. de Lafresnaye, inséré dans le Magasin 
de zoologie de M. Guérin. (GErv.) 

CYMODOCÉE. (zoorx. rorvr.) Genre de l’ordre 
des Sertulariées établi par Lamouroux, dans la 
division des Polypiers flexibles à cellules non irri- 
tables, et caractérisé ainsi: polypiers phyloïdes 
à cellules cylindriques, plus ou moins longues, 
filiformes , alternes ou opposées, portées sur une 
tige fistuleuse , annelées inférieurement, unies 


pour la plupart dans la partie supérieure et sans 


cloison intérieure. La tige des Gymodoctes est un 


tube continu, corné ou cartilagineux, simple ou 
rameux, et qui, dans l’état de vie, doit être rem- 
pli d’une matière animale irritable , à laquelle 
aboutissent les nombreux polypes placés sur la 
surface des tiges. Cestsurtout ce caractère qu'om 
a invoqué pour les séparer de l’ordre des Tubula- 
riées, et pour les regarder comme intermédiaires 
entre celles-ci et les Sertulariées. Leur forme est 
simple ou peu rameuse; leur substance cornée, 
un peu transparente et fragile ; leur couleur d’un 
fauve rougeâtre ou d’un fauve blond et vif; leur 
grandeur variable. Elles adhèrent aux corps soli- 
des par une base mince de laquelle sortent des 
tiges, ou sur laquelle ces tiges rampent et se con- 
tournent avant de s'élever. Les principalesespèces 
sont la Cymopocée cueveLus, à tiges droites, cy- 
lindriques , couvertes de petites ramifications ca- 
pillacées, nombreuses, verticillées, flexueuses , 
articulées et polypifères, présentant à chaque 
articulation une cellule courte, annelée à sa base 
et presque invisible à l’œil nu. On la trouve sur 
les côtes d'Angleterre. La Cymonoc£e RAMEUSE , 
qu'on rencontre dans la mer des Antilles, et dont 
les tiges, rameuses et annelées, à cellules opposées 
à chaque anneau ou alternes d’un anneau à l’autre, 
s'élèvent d’un empatement commun. La Cymono- 
cË£E ANNELÉE du cap de Bonnc-Espéranee, et la 
CGxmopocér simpe des côtes d'Angleterre , appar- 
tiennent encore à ce genre de Sertulariées. 
(P. G.) 

CYMOLITHE. (mix. ) On nomme ainsi une sub- 
stance argileuse, très-douce au toucher et dont la 
couleur est le gris de perle ou le rougeâtre, que 
l’on trouve dans l'ile d’Argentière autrement ap- 
pelée Kymolo (le Kymolis des anciens Grecs), dans 
l’Archipel. C’est l’ile qui a donné son nom à la 
substance dont il s’agit. Gelle-ci est un silicate 
d’alumime composé de 63 parties de silice, de 
23 d’alumine, de 12 d’eau et de 1 ou 2 d’oxide de 
fer. (J. H.) 

CYMOPHANE. (wix.) On donne ce nom à une 
substance vitreuse d’un vert jaunâtre, cristallisant 
dans le système prismatique rectangulaire, rayant 
facilement le verre, et même le quartz ou le cris- 
tal de roche, et résistant à l’action des acides. 
Suivant quelques analyses, ce serait un silicate d’a- 
lumine, contenant quelquefois d’autres substances 
en quantité variable. Mais notre savant ami 
M. Seybert a reconnu dans ce minéral, outre 5 à 
6 pour cent de silice, 68 à 74 d’alumime, 1 à 
5 de titane, 5 à 5 de protoxide de fer, une quan- 
tité aussi notable de glucine que dans l’émeraude , 
c’est-à-dire 15 à 16 pour cent. 

La Cymophane se trouve disséminée dans des 
roches appelées Pegmatiles, composées essentiel- 
lement de feldspath et de quartz, et appartenant à 
la formation granitique. C’est dans l'Amérique 
septentrionale, c’est au Brésil, c’est dans l'Asie 
méridionale et dans l’île de Ceylan, que cette sub- 
stance a élé trouvée jusqu'à présent, 

Elle est employée par les lapidaires ; les varié- 
tés transparentes sont d'un beleffetet conséquem- 
ment assez rechercrchées lorsqu'elles sont taillées 


TER 


2. Cymothoa £ 2. Cynocéphale 3. Cvpres. 
à s £ ( dE 


2 Guérin de 


- CYMO 


443 


CYMO 


à facettes. Selon ses nuances on lui donne les noms 
de Chrysolithe et de Topaze orientale; et l’on 
taille en cabochon celle dont le chatoiement offre 
des reflets bleuâtres avec une teintelaiteuse.(J.H.) 
CYMOTHOA ou GYMOTHOE, Cymothoa. 
(crusr.) Ge genre, établi par Fabricius, appartient 
à l’ordre des Isopodes; Latreille le range dans sa 
deuxième section des Normaux, Vormalia. Ses 
caractères sont : branchies libres, membraneuses, 
vésiculeuses, disposées sur deux rangs sous la 
queue; quatre antennes apparentes; queue com- 
osée de six anneaux avec un appendice de cha- 
que côté, formé de deux lames portées sur un pé- 
dicule commun et mobile; pieds insérés près des 
bords latéraux du tronc , courts et terminés par un 
crochet fort , très-aigu et non divisé à sa pointe, 
Ce genre ainsi caractérisé comprend plusieurs di- 
visions établies par Leach, et se trouve au con- 
traire moins restreint que dans l’ouvrage de Fa- 
bricius. Suivant Latreïlle, les Gymothoés propre- 
ment dits ont le corps essentiellement composé 
à la manière des autres Isopodes, et le plus sou- 
vent bombé ou convexe, et uni en dessus : la tête 
est triangulaire , obtuse en devant el souvent reçue 
à sa base dans une échancrure du premier seg- 
ment du tronc : elle porte latéralement des yeux 
peu saillans et à réseaux très-distincts; les antennes, 
au nombre de quatre, s’observentà son extrémité 
antérieure et quelquefois sous le chaperon; elles 
sont ordinairement courtes. presque égales , séta- 
cées, à articles peu nombreux, et situées par 
paires sur deux rangs lesunes au dessus des autres; 
la bouche présente les mêmes parties que celle 
des autres Crustacés isopodes; le tronc se compose 
de segmens portant chacun une paire de pieds, 
et les bords latéraux de plusieurs d’entre eux sem- 
blent être augmentés d’un appendice en forme 
d'article, au dessus de la naissance des pattes. 
Gelles-ci, au nombre de quatorze, sont courtes, 
également développées et attachées de chaque 
côlés surlebord même du segment ; elles secom- 
posent d’une cuisse épaisse et coupée en $, d’une 
jambe plus mince, enfin d’un ongle très-crochu 
et presque aussi long que la jambe; l'abdomen 
présente six segmens, dont les cinq premiers 
courts, et le dernier grand, et plus ou moins ovale 
ou arrondi; il n’est point voûlé en dessous ; à cha- 
que côté du bout de l'abdomen est articulée une 
espèce de nageoire , pareille à celle que l’on ob- 
serve en celte partie dans les Décapodes macrou- 
res: les branchies, au nombre de dix à douze en- 
viron, forment des espèces de vessies ou bourses 
d'une couleur blanche, ct quisont susceptibles de 
se renfler ; elles sont situées sur deux rangs le long 
du dessus de l’abdomen ; la poitrine, chez la fe- 
melle, a plusieurs écailles en recouvrement, placées 
au dessus des œufs; elles s’écartent pour donner 
une libre issue aux petits qui éclosent dans ces 
espèces de matrices extérieures. Suivant Risso, 
chaque ponte est composée de trente jusqu'à six 
cents petits, et elle se renouvelle deux ou trois 
fois dans l’année, 


EC 


nom de Poux de mer, sont des Crustacés voraces 
et parasites. Ils se fixent sur divers poissons ; 
et semblent affecter de préférence certaines es- 
pèces. On les trouveordinairement près des ouïes, 
aux lèvres, à l’anus ct dans l’intérieur même de 
la bouche, Ge genre, qui se compose d’un grand 
nombre d'espèces , a été réduit par Leach dans sa 
classification des Malacostracés, et il a formé à ses 
dépens un grand nombre de genres. L'espèce qui 
peut être regardée maintenant comme en formant 
le type est le CyMoTHOË oEsTRE, 1Cymothoa æs- 
trum, Leach, Dict. sc. nat., tom. xI7, pag. 332; 
Oniscus æstrum , Linné; Cymothoa æstrum , Fabr. 
Latr. Garènes des huit dernières cuisses acuminées, 
saillantes à leur base; tête carrée, transverse ; 
extrémité en quelque sorte rétrécieet droite ; celte 
espèce est représentée dans notre Atlas, pl. 132, 
fig. 1. Joy. pour les autres espèces Desmarest', 
Cons. génér. sur les Crustacés. (EH L.) : 

CYMOTHOADÉES, Cymothoadeæ. (crusr. ) 
Cette famille a été établie par Leach ; elle se com- 
pose du genre Gymothoa de Fabricius, dont les espè- 
ces sont connues des pêcheurs sous le nom de Poux 
de poissons, parce qu'ellesse fixent sur ces ani- 
maux et en sucent le sang. Les anciens leur ap- 
pliquaient aussi la dénomination d'OEstres et 
d'Asiles, par allusion aux Diptères du genre des 
Taons, qu'ils désignaient de même. La queue est 
formée de quatre à six segmens, et munie en 
dessous de plusieurs appendices formés de deux 
sacs ovalaires, vésiculeux, aplatis et lamelliformes 
lorsque l'animal est hors de l’eau, portés sur un 
tubercule commun, paraissant remplir les fonc- 
tions de branchies, et disposés sur deux rangs. 
Les mandibules sont petites, peu dentées, et sans 
saillies ou rameau au côté interne, ce qui les dis- 
tingue de celles des familles suivanies , où ces or- 
ganes sont beaucoup plus robustes et fortement 
dentés au même côté. De plus, elles paraissent 
terminer une sorte de long pédicule, portant les 
palpes, et dont la base est de niveau avec celle des 
deux pieds-mâchoires. Suivant M. Milne Edwards, 
ces palpes sont triarticulés. La bouche des femel- 
les diffère un peu de celle des mâles. Les pieds , 
ou ceux au moins des paires antérieures, sont 
courts et terminés par un fort onglet ou crochet, 
Des écailles membraneuses, imbriquées et pecto- 
rales, recouvrent les œufs. Le docteur Leach a 
partagé le genre Cymothoa deFabricras en beau- 
coup d’autres, mais que l’on peut, d’après des 
considérations générales, ou moins minutieuses , 
réduire à quatre, auxquels nous en aJouterons 
un qu'il n'a pas connu, 4 

Le genre SeroteE, Serolis, Leach, se distingue 
par des yeux portés sur des tubercules au sommet 
de la tête, et par la queue composée seulement 
de quatre segmens. Dans tous les autres genres 
les yeux sont sessiles ; mais leur composilion n est 
pas identique. 

Ici la cornée est divisée en petites facettes; les 
antennes sont évidemment placées sur deux lignes. 
Les premières paires de pieds, au moins , sont ter- 


Les Cymothoés , connus vulgairement sous le | minées par un fort crochet, 


CYNA 444 


CYNA 


[AU 


Les Cxmornofs, Cymothoa , dont la queue est 
composée de six segmens , et dont les mandibules 
ne sont point saillantes à 

Les Synopus ,Synodus, Latr., semblables quant 
à la composition de la queue, mais où les mandi- 
bules sont avancées. 

Les Nécocyres, Velocyra, Leach, où la queue 
ne présente que cinq segmens. Ses antennes in- 
férieures sont sensiblement plus longues que les 
mêmes des genres précédens, leur extrémité at- 
teignant le cinquième segment du corps , et les 
pieds sont moins fortement unguiculés. Là les 
yeux sont formés de petits grains ou d’yeux lisses 
rapprochés ; les quatre antennes sont insérées sur 
une même ligne. Tous les pieds sont ambulatoi- 
res. La queue est composée de six segmens, dont 
le dernier grand, orbiculaire. Tels sont les carac- 
tères du genre Limnorre, Limnoria, Leach. Quoi- 
que l’espèce servant de type soit très-petite, elle 
n’en est pas moins très-nuisible par ses habitudes 
etsa multiplication. Elle perce le bois des vais- 
seaux en divers sens avec une grande prompti- 
tude ; de là le nom de T'érébrans qu’on lui à donné. 

(H. L.) 

CYNANQUE, Cynanchum. (BoT. pan.) Genre 
de la famille des Asclépiadées et de la Pentandrie 
digynie. Il est composé de plantes herbacées ou de 
sous-arbrisseaux le plus souvent volubiles , à Liges 
grêles, rameuses, rempliés d’un suc laiteux et gar- 
nies de feuilles opposées, simples, entières; à fleurs 
généralement petites, axillaires outerminales, dis- 
posées en bouquels, en épis, ou en corymbes, 
ayant un calice très-petit, persistant, à cinq 
dents étroites et profondes, une corolle monopé- 
tale à tube court, cinq lobes ouverts en étoile ; 
cinq étamines, un ovaire supérieur bifide, deux 
styles très-courts entourés:de l’anneau qui BEST 
l'entrée de sa corolle. Deux follicules ovoïdes , 
oblongues , simples, rarement doubles, s’ouvrant 
d’un seul côté par une fente longitudinale, consti- 
tuent le fruit, qui contient des semences nom- 
breuses , imbriquées et couronnées d’une aigrette 
de poils blancs et soyeux. 

Tous les Gynanques sont purgatifs à un degré 
plus ou moins éminent. On vend souvent pour la 
véritable Scammonér, quiest une espèce de LiseRoN 
(voy. ces deux mots) le suc épaissi et devenu noi- 
râtre par la cuisson du GyYxanQuE DE MonTPELLIER, 
C, monspeliacum. Gelte espèce , la seule indigène 
à la France, se trouve non seulement aux envi- 
rons de Montpellier, de Narbonne, de Cette, 
mais encore dans les lieux sablonneux et mariti- 
mes de nos départemens du sud-est, sur les bords 
du beau golfe de Naples, et depuis le Monte-Cir- 
cello jusques à Gaeta. Elle a les racines blanches, 
fusilormes et rampantes , les tiges herbacées, lon- 
gues de près d’un mètre, les feuilles cordiformes, 
gläbres et d’un vert blanchâtre, les fleurs blan- 
Ches, découpées en étoile, réunies en ombelle, 
épanouies de juillet à septembre. Le suc miellé 
qui entoure l'appareil génital , et principalement le 

sügmale, attire les insectes, le muscides surtout. 
Ils insinuent leur trompe dans l’espace situé au 


dessous de l’anthère pour le pomper ; ce mouve- 
ment irrite la corolle ; lorsque l’insecte veut reti- 
rer sa trompe, la contraction devient plus forte, 
et plus les efforts qu’il fait pour se débarrasser 
sont grands, plus la contraction augmente : elle 
devient telle que l’insecte périt bientôt. Le suc du 
CGynanque de Montpellier est blanc, gluant , et en 
même temps visqueux, fétide : son odeur a beau- 
coup de rapport avec celle du poisson pourri; 
il abonde dans les feuilles, dans les tiges; quand 
on les cueille sans précaution, il n’est point rare 
de le voir déterminer sur les mains une affection 
érysipélateuse, à la suite de laquelle il y a des- 
quamation de la peau. 

Il paraît certain que le CYNANQUE A FEUILLES 
POINTUES, C. acutum de Linné, n’est qu’une variété 
du précédent, dont elle ne diffère que par son feuil- 
lage plus étroit, plus pointu, par ses pédoncules 
plus allongés. Elle se trouve en Espagne et dans 
quelques autres contrées de l’Europe méridionale , 
ainsi que sur les côtes de la Barbarie. 

Quelques auteurs inscrivent au nombre des Cy- 
nanques, l’Asclépiade blanche, Asclepias vincetoxi- 
cum, dont j'ai parlé plus haut, tom. 1, pag. 500; 
mais je doute que l’on approuve une changement 
semblable, malgré l'extrême voisinage des deux 
genres, 

Une espèce assez singulière et que l’on cultive 
à cause de sa ressemblance avec une Euphorbe , 

c’est le CyNanQuE nu, C. viminale, qui ne se dé- 
core jamais de feuilles. Cette ‘plante, originaire du 
désert de Suez, a les tiges grêles, eMees yer- 
dâtres, un peu à longues d’un et 
deux mètres, et seulement garnies de rameaux 
opposés. 

On cultive aussi, comme contribuant à l'agré- 
ment des jardins, par ses fleurs ou étoiles très- 
nombreuses , disposées en corymbes lâches et la- 
téraux, le GYNANQUE prorr , C. erectum, qui nous 
est venu de la Syrie. Il forme des toufles viva- 
ces, égayées par le vert clair de ses feuilles. Dans 
les Indes on possède une espèce plus digne d’é- 
tre recherchée: c’est le CYNANQUE oporanr, C. 
odoratissimum , dont le parfum pénétrant rappelle 
celui du jasmin. Ses fleurs sont jaunes", disposées 
en bouquets |très-serrés. 

L'ipécacuanha du commerce est fourni par les 
racines du CYNANQUE vVOoMiTiIF, C. vomitorium , dé- 
couvert par Sonnerat aux îles Maurice et Masca- 
reigne. Sa saveur âcre et amère est beaucoup 
moins énergique que l'ipécacuanha du Brésil, 
Cephalis ipecacuanha. Hn’en est pas de même des 
feuilles du Gynaxoue D'Écyrre, C. arguel, que 
la fraude mercantile mêle aux feuilles des diverses 
sortes de séné , surtout du séné dit de la Palthe, 
le meilleur de-tous , celui dont les feuilles sont 
minces, d’un vert plus prononcé et légèrement 
pubescentes à leur face inférieure; tandis que celles 
de l’Arguel, qui purgent avec violence et causent 
souvent des coliques dangereuses , sont épaisses , 
coriaces, d’un vert cendré et parfaitement gla- 
bres. 

Sous le nom de CYNANQUE DE LA CAROLINE , C. 


ë! 


} 


{ 
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x du 9 LS On 


caroliniense, Jacquin nous a fait connaître la 
plante qui servait aux premières peuplades de 
ces contrées pour empoisonner leurs flèches. Ils 
recueillaient son suc , le pétrissaient avec de l’ar- 
gile réduite en poudre, ct en préparaient de pe- 
tites boules qu’ils fixaient dans les cavités ména- 
gées près de la pointe des flèches. Cette argile dé- 
layée par le sang rendait la plaie hbriellé La 
même plante est appelée Vincetoxicon gonocarpos 
par Walter, et Gonolobus macrophyllus par Mi- 
chaux. CF De.) 
CYNICTIS, Cynictis. (mam.) M. O’Gilby donne 
ce nom à un nouveau genre de la famille des Car- 
nivores ; l'espèce unique qu’il décrit est le Cynictis 
Stedmani, animal de la Cafrerie. Le mémoire de 
M. O'Gilby est inséré dans le t. 1° des Trans. of 
the zoolog. soc. of London. Il en a été donné un 
extrait dans les Annales des sc. nat. et dans le 
Bulletin zoologique, 1° année. (GEnv.) 
CYNIPS, Cynips. (is.) Genre d'Hyménoptères 
de la famille des Pupivores, tribu des Gallicoles, 
dont les caractères essentiels sont d’avoir l’abdo- 
men ovoide, plus épais et arrondi en dessus; les 
antennes filiformes ; ailes n'ayant qu’une cellule 
complète avec trois cellules cubitales ; ces insectes 
ont la tête très-pelite, transversale ; les antennes 
insérées au milieu de la face, de treize articles, 
dont le second plus petit que le premier et le troi- 
sième qui sont presque égaux; à partir de celui-ci, 
ils vont toujours en diminuant de longueur jus- 
qu’au dernier qui est ovoïde ; le corselet est 1rès- 
élevé, beaucoup plus gros que la tête, ce qui fait 
paraître cet insecte comme bossu ; ae ailes sont 
grandes et dépassent de beaucoup le corps ; l’ab- 
domen est à peu près de la longueur de la tête et 
du corselet , tronqué un peu obliquement en des- 
sous, les anneaux de la partie supérieure de l’ab- 
domen ont tous une direction qui, inférieurement, 
les réunit près de la poitrine ; de cet endroit naît, 
dans les femelles, la tarière: cetie tarière dans 
le repos cst souvent pas ou peu apparente, faisant 
sur elle-même plusieurs circonvolutions en guise 
de tire-bouchon, et son extrémité étant couchée 
dans une gouttière que forment les anneaux du 
ventre ; celte pièce, qui paraît simple au premier 
coup d'œil, est composée de plusieurs pièces pour 
former un oviducte propre à conduire les œufs 
dans le trou qu’elle a préparé, et pour cette der- 
nière opération clle est armée à son extrémité de 
petites dentelures, ce qui, comme on le voit, offre 
de l’analogie avec ce que nous offrent les T'enthredes 
ou MAULeS à scie; mais dans ces dernières l’en- 
taille faite produit rene un pelit gonflement, 
tandis que dans les petits insectes qui nous occu- 
pent maintenant, elle produit {sur les plantes des 
excroissances tout-à-fait singulières, dont nous 
allons parler tout à heure : ; l'œuf déposé dans 
l'arbre possède la faculté de grossir, remarque que 
l'on a faite aussi pour celui des Tenthrèdes dont 
nous venons de parler; la galle continue de grossir 
avec assez de vitesse, et latte sorlant de l'œuf 
trouve autour de lui fé logement et la nourriture; 
cés larves sont apodes, mais garnies de pelits ma- 


+ me nes 


445 CYNI 


melons qui leur tiennent lieu neue nn lineloos got lèue enheAt lié de Das gti dé pieds ; quoique 
leur accroissement soit assez prompt, elles passent 
près de six mois dans la galle qui leur sert de ber- 
ceau, et emsortent insectes parfaits ; chaque insecte 
n'est pas toujours seul dans une galle, souvent 
plusieurs vivent en société dans une même loge , 
souvent aussi chacun a sa loge particulière da 
une même galle; les femelles re à l'infini, sui- 
vant les espèces, les moyens de loger leur progé- 
niture. 

Disons maintenant un mot des galles que pro- 
duisent ces insectes ; il est assez diffiéile de dire 
pourquoi la piqûre de ces insectes produit des 
excroissances , tandis que celle des autres insectes 
agissant de même, avec des instrumens presque 
pareils pour le même but, et introduisant des 
œufs qui jouissent de la même propriété, n’en font 
pas développer ; on peul supposer, car rien n’est 
sûr à ce sujet, que ces pelils insectes font couler 
dans la Re quelque liqueur qui dérange le cours 
de la séve , et lui donne une ee d’acli- 
vité, qui se développe au dehors; ces galles se 
FE sur différentes parties des plantes, sur 
les feuilles, les pétioles, les branches ; les unes 
sont plates comme des lentilles , les autres ressem- 
blent à de petits gobelets ; on en voit en forme de 
pepin, de cerise, de grappes, de groseilles, d’ar- 
tichauts, de champignons, quelques autres sont 
branchues: celles-là tiennent immédiatement à 
l'arbre, celles-ci ÿ sont attachées par un pédicule; 
il en existe qui alteignent la grosseur et offrent toute 
la couleur d’une pomme d’api; qu'il me soit à cet 
égard permis d'exposer un doute: celte célèbre 
pomme de Sodome aux couleurs si altrayantes , 
qu'on trouve sur quelques arbustes aux environs 
de la mer Morte et dont tous les voyageurs ont 
parlé, dont l’intérieur est cotonneux, acerbe, et 
dont je ne crois pas qu’on ait encore donné la so- 
lution, ne serait elle pas’une galle de Cynips ? La 
couleur, la taille et la compusilion interne me le 
feraient volontiers croire. 

Il me reste à mentionner deux galles remarqua- 
bles. L’une, que l’on trouve assez souvent sur le 
rosier sauvage , est de la grosseur d’une forte noix 
et environnée d’un Ussu CRULDE “très-serré ; elle 
est, selon la saison, verte ou jaune et nuancéc de 
roue ; l’autre est la galle qui nous vient du Levant 
et qui est connue bre le commerce sous le nom 
de noix de galle ; elle est aussi le produil d’un irès- 
petit Cynips. Une espèce très-pelile place ses œufs 
dans les graines de figuier. Les anciens, qui s’é- 
taient persuadé que Les figues altaquées par ces 
insectes mürissaient plus” vite que les aulres, 
avaient soin de répartir quelques figues attaquées 
sur les autres arbres, de sorte quel'i insecle sortant 
chargé de pollen se rendait sur les autres figues, 
les fécondait et aclivait par ce moyen leur matu- 
rité ; ils appelaient ce procédé caprificalion ; il est 
encore suivi dans la Grèce moderne; mais cet 
usage n’est qu’un des mille préjugés queles peuples 
rorie avec tant de soin, tandis qu'ils laissent 
tomber dans l'oubli les plus belles et Jes plus 
utiles décour ertes. 


— ———— 4 —_—__ —_—_— ———  — ———— —— — — —_— ——"”"’———— ——"”—”"——— 


CYNO 


C. DE LA GALLE A TEINTURE, C. gallæ tinctoriæ, 
Oliv. D'un fauve très-pâle, soyeux, avec une tache 
Brune sur l’abdomen ; on trouve souvent l’insecie 
parfait dans les galles qui viennent par le com- 
merce du Levant. On voit une figure de cette es- 
pèce et de la galle qu'elle produit sur le chêne, 
dans notre pl. 133, fig. 1 à 5 ; la figure 3 repré- 
sente une larve grossie. On voit sous le n° 2 l’ab- 
domen de linsecte parfait femelle, armé de la 
tarière avec laquelle il perce les tissus végétaux 
dans lesquels les œufs sont déposés. 

G. ne L'ÉéezanTier, C. rosæ, Linn. Long de deux 
lignes; noir, avec l’abdomen et les pattes rouges. 
D'Europe. (A. P.) 

CYNOCÉPHALE, Cynocephalus. (mamm.)Le mot 
avvoxioxloc, c’est-à-dire tête de chien, avec lequel 
les Latins ont fait Cynocephalus et nous Cynocé- 
phale, existait tout formé dans le langage des an- 
ciens Grecs, qui l’appliquaient à un ou plusieurs 
singes probablement de même espèce que ceux 
que nous nommons aujourd'hui ainsi, Les Cyno- 
céphales forment, parmi les SINGES GATARRHININS 
(v. ce mot), un genre qui ne renferme pas moins 
de six ou sept espèces. Ges animaux ont trente- 
deux dents, quatre incisives , deux fortes canines 
et dix molairesà chaque mâchoire ; ils sont manis 


d'abajoues et de callosités; leurs maïns sont à : 


cinq doigts , le pouce étant bien séparé antérieu- 
rement et postérieurement; leurs membres sont 
d’égale longueur, et, ce qui fait leur trait caracté- 
ristique , leur museau est allongé et comme tron- 
qué en boutoir à son extrémilé; les crêtes surci- 
lières sonttrès-développées et s'élèvent au dessus de 
leurs yeux, aussi le front est-il entièrement effacé 
et leur angle facial réduit à trente ou {rente-cinq 
degrés. 

Les Cynocéphales ‘existent dans les parties 
chaudes de l’ancien continent, c’est en Afrique 
qu'ils sont le plus nombreux; ils sent générale- 
ment forts ct de grande taille, la plupart ne le 
cèdent point sous ce rapport à nos chiens de plus 
forte race. Ils ont les sens assez développés, 
principalement celui de l’odorat; les narines sont 
ouvertes en avant et très-dilatées; elles sont de 
plus renforcées par le grand développement que 
prennent chez les adultes les cornets et les sinus 
olfactifs, La langue est douce et très-extensible, 
et les abajoues fort développées ; le pelage est gé- 
néralement touffu, mais plus abondant sur le dos 
qu'aux parties inférieures; la face, les mains et 
de larges espaces entourant les callosités sont to- 
talement nus; ces espaces ainsi que le visage 
sont souvent ornés des plus vives couleurs. 

Ces animaux sont, après les Orangs et les Chim- 
panzés, les plus grands et les plus méchans de tous 
les singes; ils sont doués de forces musculaires 
tres-grandes. Quoiqu'ils se nourrissent de fruits , 
de graines ou d'insectes, ils sont cependant d’un 
caractère féroce et d’une brutalité sans exemple. 
Leurs désirs amoureux les portent aux plus cruels 
excès. Dans les momens de rut ils sont très-redou- 
tables ; tout ce qui a vie paraît leur être à charge, 
ils brisent, {uent et déchirent tout ce qui se 


a 2 


CYNO: 


trouve à leur portée. Alors ils ne’craignent point 
d'attaquer l'homme lui-même, et ils lui font sou- 
vent des blessures morieties. On connait leur lu- 
bricité; et ce sont, comme le fait remarquer 
M. Fréd. Cuvier, des animaux mal nourris et sous 
l'influence de nos climats froids et humides qui 
nous en donnent la preuve. Que doit-il en être, 
ajoute le savant observateur, dans ces contrées 
brûlantes de la zone torride, où ces animaux 
trouvent constamment une nourriture abondante 
et substantielle ! Aussi des voyageurs dignes de foi 
assurent qu’il est dangereux pour une femme , en 
Afrique, de s’exposer dans des lieux qu'habitent 
ces terribles animaux, et qu’on a vu ceux-ci enle- 
ver des négresses et les conserver au: milieu d’eux 
pendant plusieurs années, ca à 

Dans sa vieillesse, le Cynocéphale devient hi- 
deux par la laideur de ses formes et ses propor- 
Lions disgracieuses ; c’est l'expression du vice dans 
toute sa laideur, Les femelles n’ont point les 
passions aussi violentes, elles sont généralement 
plus traitables que les mâles et peuvent souvent 
s’apprivoiser. Les jeunes diffèrent considérable- 
ment des adultes ; ils n’ont point le museau aussi 
allongé, et le volume de leur crâne est proportion- 
nellement plus considérable ; leurs mœurs sont 
beaucoup plus douces et leur intelligence plus dé- 
veloppée. Aussi peut-on les dresser et les rendre 
même très-dociles ; mais à mesure qu’ils avancent 
en âge, les organes des sens brutaux prennent 
l'accroissement qui leur est ordinaire ; le museau 
se développe dans toutes ses parties , ainsi que les 
crêtes frontales et surcilières, et bientôt ces ani- 
maux ont perdu toutes les bonnes habitudes qu’ils 
paraissaient avoir contractées ; ils s’oublient alors 
jusqu’au point de méconnaître la main qui les 
soigne, et souvent ils la déchirent pour répondre à 
ses caresses. On les prendrait pour des êtres nou- 
veaux, et la différence est telle que les natura- 
listes eux-mêmes S'y sont trompés, prenant, 
comme ils l'avaient fait pour l'Orang-outang et 
son adulte le Pongo, des variétés d'âge d’un même 
animal pour des espèces et souvent des genres dif- 
férens. 

L’esclavage est loin d’apaiser le farouche ca- 
ractère des Gynocéphales ; il paraît au contraire 
l'aigrir ; ces animaux manifestent leurs désirs par 
leurs regards animés et leurs gestes obscènes ; la 
présence des hommes et celle surtout des femmes, 
qu'ils apprennent à distinguer par l’odorat, les 
porte souvent aux actions les plus dégoûtantes. 
On remarque, au sujet de ces appétits , que lorsque 
les Cynocéphales sont renfermés dans des loges 
assez grandes pour qu'ils puissent se soustraire au 
châtiment, il arrive toujours qu'ils se procurent 
seuls les plaisirs de l'amour ; alors ils se livrent à 
ces désordres presque sans mesure, et ils le font 
dès leur première jeunesse ; au contraire lorsqu'ils 
sont placés dans des loges assez étroites pour qu’on 
puisse les atteindre et les frapper, ils finissent par 
se corriger. 

Les femelles éprouvent tous les mois des accès 
de rut; on ignore le temps que dure Jeur gesta-. 


145 Cymps Ô Cypripede 7.68. Cypris. 


À Guerin dir 


ne PE 


CYNO 


447 


CYNO 


asie | 
tion : les petits qu'elles mettent au monde ne com- } bleuâtre; les poils de son camail et surtout ceux 


mencent à être adultes que vers leur sixième an- 
née, ce qui peut faire croire que la durée totale 
de leur vie est de cinquante ans environ. 

Les diverses espèces du genre diffèrent entre 
elles par quelques caractères assez importans pour 
qu'on ait pu les partager en trois sections dislinc- 
tes , caractérisées par la disposition de leur queue, 
laquelle est tantôt aussi longue que le corps on 
à peu près de même longueur que lui, tantôt au 
tontraire très-courte ou bien même tout-à-fait 
nulle. 

I. Basouins. Ge sont des Gynocéphales à queue 
de la longueur du corps ou à peu près. 

CynocéPHaLe BABouIN, Cynocephalus babouin. 
Cette espèce, représentée par M. _Fréd. Cuvier 
dans son bel ouvrage sur les Mammifères , est le 
petit Papion de Buflon, et vraisemblablement l’ani- 
mal que les snciens ont connu sous le nom de 
Gynoctphale. Voy. la fig. 2 à la planche 152 de 
notre Atlas. Le Babouin a le pelage d’un jaune 
verdâtre, la face de couleur de chair livide et les 
favoris blanchâtres; le cartilage de ses narines ne 
dépassant pas les os de la mâchoire supérieure. 
Longueur du corps, deux pieds trois pouces; de 
Ja queue , un pied quatre pouces. Habite l’Afrique 
septentrionale. 

CynocérHAze pArION, Cyn. papio. C'est le Si- 
mia sphinx de Schreber et le Papion de Buffon. Ii 
a pour caractère distinctif son pelage qui est d’un 
brun jaunâtre, sa face noire et ses favoris fauves. 
Le cartilage des narines dépasse la mâchoire. Lon- 
gueur du corps , deux pieds trois pouces et de la 
queue un pied huit pouces. Le Papion possède à 
un haut degré toutes les habitudes que nous avons 
énumérées en faisant l'histoire du genre. C’est un 
singe plein d'intelligence, très-doux dans son 
jeune âge, mais qui acquiert en vieillissant une 
brutalité effrayante. Il habite la côte occidentale 
d'Afrique et yrincipalement la Guinée ; on le trouve 
aussi au Gap. On le voit fréquemment dans les 
ménageries ambulantes, L 

Le CynocéPnare Porc où CGHacmA, Cyn, porca- 
rius, Singe noir de Levaillant, 2° Voy., estune autre 
espèce du midi de l'Afrique , haute de deux pieds 
quatre pouces. Son pelage est d’un noir verdâtre 
en dessus, et sa face olivâtre.Le mâle est très-in- 
docile et très-féroce; il se distingue de la femelle 
par une sorte de crinière qu'il a sur le cou. Le 
cap de Bonne- Espérance est le lieu où se trouvent 
principalement les Chacmas. 

Le TarTAriN ou PApPioN À PERRUQUE est aussi 
de cette section; c’est le Cyn. hamadrias des no- 
menclateurs. Cet animal, dont la férocité est 
inouie et la force prodigieuse, vit en Arabie et en 
Ethiopie ; il se pourrait bien que ce fût lui qui eût 
donné naissance à la fable du sphinx. Les anciens 
Egyptions l’ont adoré ct souvent représenté sur 
leurs monumens ; ils en ont aussi fait des momies, 
comme l’atteste l'individu parfaitement conservé 
que le célèbre voyageur Belzoni a retiré des grot- 
tes sépulcrales. 

# Le Tarlarin a le pelage d’un cendré légèrement 


des côtés de sa tête sont très-longs ; son visage 
est de couleur de chair. 

I Maxonus. Ils ont le museau encore plus al- 
longé queles précédens; leur queue est très-courte. 

Mapa, Cynocephalus maimon. Les auteurs 
en ont fait plusieurs espèces. Ainsi Lirnæus la 
décrit sous les noms de Simia inaïmon et $. mor- 
mon , et Buffon sous ceux de AZandrill, Boggo et 
Choras. Le Mandrill habite les côtes occidentales 
de l'Afrique. C’est un de ceux que l’on amène le 
plus fréquemment en Europe. Il est remarquable 
el très-bien caractérisé par sa face noire , son nez 
rouge et surtout les plissemens d’un beau bleu 
qui garnissent ses joues. Les parties nues de ses 
fesses sont aussi teintes des couleurs rouge €t 
bleue les plus vives. Le pelage est en dessus d’un 
brun verdâtre assez uniforme, et blanchâtre en 
dessous. Ge singe alteint jusqu’à quatre pieds ct 
demi lorsqu'il est debout ; ses désirs sont effrénés, 
et sa force est très-considérable. 

Dr, Cyn. leucophæa. Tous les auteurs , jus- 
qu'à M. Fréd. Cuvier, l’ont confondu avec le pré- 
cédent , dont il ne diffère que-par sa face entière- 
ment noire sans aucune apparence de bleu, et ses 
parties inférieures qui sont d’une nuance plus 
foncée. 

Ajoutez à cette liste le Gynocérnare DE Wa- 
Gzer, Cyn. Waglert, espèce peu connue et dont 
on n’a d'autre description que celle donnée par 
M. Agassiz, dans le tom. 21, pag. 801, du journal 
PAsis. 

UT. Cynorrrniques. On n’en connaît qu'une 
seule espèce, laquelle manque tout-à-fait de 
queue el paraît faire le passage des Cynocéphales 
aux Magots, 

C’est le CynocÉPHALE NÈGRE, Cyn. niger, qui 
vit aux Philippines. On trouve dans la partie 
zoologique du Voyage de l’Astrolabe, tome 1°, 
une bonne description zoologique et anatomique 
de cet animal, et aussi une figure très-exacte. 

Klein a nommé CynockPHALE BLANC et Cynocé- 
PHALE GLAUQUE deux espèces de Requins (voyez 
ce mot). (GErv.) 

CYNOCEPHALUS. !(z0T.) Pline a donné ce 
nom à une plante que quelques personnes croient 
être le Mufle de veau, Antirrhinum majus (voyez 
Murzrer. (GErv.) 

CYNOGLOSSE, Cynoglossum. (20T. pra.) 
Genre de la famille des Borraginées de J. et de la 
Pentandrie monogynie de L. Caractères : calice à 
cinq divisions-profondes ; corolle infundibuliforme, 
courte, à cinq lobes ; entrée du tube munie d’é- 
cailles convexes et rapprochées; stigmate émar- 
giné ; fruits déprimés, attachés latéralement an 
style. C’est un de ces genres tourmentés par les bota- 
nistes, et dont on pourrait dire qu’ilest abandonnéä 
leurs disputes. En nous appliquant le vers deVirgile, 


Non nostrum inter vos tantas componerelites, 
nous conserverons le genre C'ynoglosse dans toute 
son intégrité primitive; el nous dirons qu'il com- 
prend une cinquantaine d'espèces, qui, en géné- 


CYPÉ 


448 


CYPÉ 


ral, sont des herbes à tiges rameuses, et garnies 
de fleurs le plus souvent d’une couleur rouge vi- 
neuse. Elles croissent dans les contrées méridio- 
onales des zones tempérées. R. Brown a décrit 
trois nouvelles espèces de Gynoglosse, dans son 
Prodrome de la Flore dela Nouvelle-Hollande. 

Nous nous contenterons de mentionner ici la 
Cynoglosse oflicinale, Cynoglossum officinale, qui 
croit dans les lieux pierreux et incultes de toute 
l'Europe, et dont la tige droite, velue, très-ra- 
meuse , s'élève à cinq ou même huit décimètres. 
Ses feuilles radicales sont pétiolées, plus grandes 
que les caulinaires ; celles-ci sont sessiles, alternes, 
ovales, lancéolées, molles, d’un vert blanchâtre, 
à poils courts et soyeux. Quant aux fleurs, elles 
sont petites, d’un rouge foncé ou violet, et ran- 
gées en épi allongé, un peu roulé en crosse à 
l’extrémité. Il y en a une variété à fleurs blanches. 

Les feuilles de la Cynoglosse officinale, cuites 
dans l’eau et appliquées à l’extérieur, passent 
pour émollientes et anodynes. 

Les fleuristes cultivent la Cynoglosse argentée, 
Cyn. cheirifolium ; la Gyn. à feuilles de lin, C. li- 
nifolium; la CGyn. printanière, C. omphalodes. 
Cette dernière a les fleurs en?grappe, petites à la 
vérité, mais du plus joli bleu d’émail. 

Le nom vulgaire Langue de chien, donné au 
genre dont nous venons de nous occuper, n’est 
que la traduction du nom botanique, qui est tiré 
du grec, kunos chien, glossa langue. 

F6 (CG. £.) 

! CGYNOME, Cynomys. (mam.) C'est-à-dire rat- 
chien. Gest un petit genre de Rongeurs améri- 
cains dont on doit la distinction à M. Rafinesque. I 
est voisin des Hamsters. On en connaît deux es- 
pèces, le Cynomys socialis, où écureuil jappant, 
et le Cynomys griseus, tous deux des bords du 
Missouri. L'existence de la seconde espèce paraît 
douteuse à'quelques auteurs. (GERv.) 

CYPÉRACÉES, Cyperaceæ. (Bot. Han.) fa- 
mille naturelle de plantes monocotylédonées hy- 
pogynes, très-voisines des Graminées. Celle famille 
se compose de végétaux herbacés, croissant, en 
général, dans les lieux humides, sur le bord des 
ruisseaux et des étangs, dont la racine est annuelle 
ou vivace, fibreuse, ou composée d’une souche 
ou rhizome s'étendant horizontalement et présen- 
tant parfois, de distance en distance, des tuber- 
cules charnus, plus ou moins volumineux, remplis 
d’une substance blanchâtre et amylacée, dont la 
üge est un véritable chaume cylindrique, ou à 
irois angles aigus, tantôt muni, tantôt dépourvu 
de nœuds. Dans quelques espèces, le chaume est 
nu, et toutes les feuilles sont radicales. Dans les 
espèces qui ont des feuilles caulinaires, celles-ci 
sont alternes, en général linéaires, étroites , ai- 
guës, terminées à leur base par une Jongue gaîne 
galière, c’est-à-dire qui n'est pas fendue dans 
toute $a longueur, ainsi que cela a lieu dans les 
Graminées. Assez souvent l'entrée de la gaîne est 
garnie d’une ligule membraneuse et circulaire, qui 
manque dans beaucoup de genres. Les fleurs sont 
tantôt hermaphrodites, tantôt unisexuées. Géné- 


ralement les épis sont ovoïdes, globuleux ou cy- 
lindriques ; et, en se réunissant ou se groupant 
diversement , ils constituent des panicules ou des 
espèces de corymbes enveloppés dans les gaînes 
des feuilles supérieures. Lorsque les fleurs sont 
unisexuelles , les fleurs mâles et les fleurs femelles 
sont ou placées dans des épis différens, ou confu- 
sément mêlées dans le même. Chaque fleur her- 
maphrodite offre une simple écaille de forme très- 
variée, qui tient lieu d'enveloppe florale, et à 
laquelle le professeur Lestiboudois, de Lille,propose 
de donner le nom de Gamophylle. Cette écaille 
n'est qu'une bractée analogue à celles qui existent 
dans les fleurs des Graminées. Il n’y en a jamais 
qu'une pour chaque fleur. En général, le nombre 
des étamines se borne à trois, et même à moins 
dans certaines espèces de Scirpus et de Cyperus. 
Cependant les genres Gahnia et Lampocarya en 
ont six; le genre T'etraria en a huit, et le genre 
Evandra douze. Dans tous, le filet est très-grêle 
et capillaire ; il se termine par une anthère cordi- 
forme ou sagittée, échancrée à la base, mais ter- 
minée en pointe au sommet, tandis que, dans 
toutes les Graminées , l’anthère est également 
échancrée aux deux extrémités. L’ovaire globuleux, 
comprimé où triangulaire, ne contient qu'un ovule; 
il se termine supérieurement par un style, en gé- 
néral assez court, continu ou simplement articulé 
avec l'ovaire et portant au sommet deux ou trois 
stigmates linéaires et glanduleux. En dehors et à 
Ja base de l'ovaire , et quelquelois en dehors des 
étamines, est un organe particulier dont la forme 
et la structure sont extrêmement variées; ce sont 
tantôt de petites soies simples au nombre de trois 
ou six, ou même beaucoup plus nombreuses, 
comme dans les Zrichophorum et Eriophorum ; 
tantôt des soies barbues et comme plumeuses laté- 
ralement, comme dans le genre Carpha. Enfin, 
dans les genres Carex et Uncinia, c’est une utricule 
monophylle qui recouvre l'ovaire en.totalité et Jui 
forme une sorte de péricarpe accessoire. Le fruit 
est un akène globuleux, comprimé, quand il n’y 
a que deux stigmates ; triangulaire, quand il y en 
atrois. La partie interne du péricarpe est crustacée, 
et ne contient qu’une seule graine à tégument très- 
mince dans lequel l’endosperme forme toute la 
masse de l’amande. Dans l’intérieur de cet endo- 
sperme ct-tout près de sa base, est un petitembryon 
monocotylédoné, recouvert inférieurement par une 
lame mince de l’endosperme. Le tubercule radi- 
cellaire est toujours simple, et la gemmule est 
renfermée dans l'intérieur du cotylédon , qu’elle 

erce latéralement lors de la germination. La 
famille des Gypéracées a beaucoup d’aflinité avec 
les Graminées et les J'oncées ; mais elle se distingue 
des premières, 1° par le nombre et la. disposition 
des écaiiles florales ; 2° par la gaîne des feuilles ; 
3° par le fruit; 4° par l'embryon. 

Kunth, dans ses considérations générales sur la 
famille des Cynoglosses, y a établi quatre sec- 
tions : : 

1e, Scirpées. Écailles imbriquées en tous sens ; 
fleurs hermaphrodites, S 

Eriophorum 


CYPR 


Eriophorum L. Trichophorum Rich, etc., etc. 

2°, Cypérées. Écail'es distiques; fleurs herma- 
phrodites. 

Cyperus L.' Abildguardia Vahl, etc., etc. 

3. Caricées. Écailles imbriquées en tous sens ; 
fleurs unisexuelles ; akène renfermé dans une 
utricule. 

Carex L. Uncinia Pers, ete., etc. 

4. Sclérintes. Fleurs diclines ; fruit plus ou 
moins dur et osseux. 

Scleria L. Diplacrum R. Brown, etc., etc. 

(G. £.) 

: CYPRÈS, Cupressus. (RoT. PHAN.) Quoique in- 
digène aux pays voisins du large bassin de la Médi- 
terranée , et l’un des arbres les plus anciennement 
observés, le Gyprès est encore fort peu et même 
très-mal connu des pépiniéristes et des botanistes 
qui ne vivent qu’au milieu des plantes sèches. Nous 
en fournirons les preuves en ctudiant ce genre 
placé en tête de la famille des Gonifères et dans Ja 
Monoécie monadelphie. Les différentes espèces qui 
le composent, au nombre de douze environ, offrent 
toutes de grands arbres ; très-peu restent confinées 
parmi les arbres de troisième grandeur ; toutes ont 
les racines nombreuses, déliées, ramassées en- 
semble ou courant horizontalement, le tronc élevé, 
dont les rameaux, souvent alternes, sont couverts 
de feuilles extrêmement petites , élroitement im- 
briquées les unes sur les autres. Les fleurs , uni- 
sexuées et monoïques, forment de petits chatons 
très-nombreux, terminaux; les mâles sont ovoides, 
avec vingt écailles arrondies, affectant la forme 
d’un bouclier à leur sommet , et opposées ; quatre 
étamines reposent sur chaque écaille; les chatons 
femelles présentent un cône fort court, presque 
globuleux, ayant de huit à dix écailles, sous les- 
quelles sont les ovaires. Le fruit, formé par l’ag- 
#lomération des écailles devenues épaisses et assez 
semblables à destêtes de clou, s'ouvre au moment 
de leur séparation et fournit des semences oblon- 
gues, menues, anguleuses, müres à la fin de 
Y'hiver. 

Presque toutes les terres conviennent aux Cyprès, 
qu’elles soient sèches ou humides ; j'en ai vu, sous 
le beau ciel de l'Italie, de superbes individus dans 
un sable presque pur; d’autres prospérer dans des 
lieux extrêmement aquatiques , et même, par un 
contraste bien frappant, sur des rochers où il ne 
se trouvait pas seize centimètres de Lerre végétale. 
Les Cyprès que l’on rencontre dans un terrain 
sujet à être inondé, courent le risque d’être ren- 
versés par les grands vents, s’ils ne sont abrités 

ar d’autres végétaux ligneux comme aux marais 
de l'Amérique septentrionale. Rien de plus aisé que 
d'enlever un Cyprès avec sa molte; plantez-le sans 
y toucher aucunement, quoi qu’en disent certains 
pépiniéristes, et ne l'enfoncez pas trop en terre; 
veillez à ce qu'il ne fasse qu'une lige; s’il en pro- 
duit plusieurs, supprimez les plus faibles, l'arbre 
n’en souffre nullement et vous donnez plus de va- 
leur à la tige future. Les Cyprès font des progrès 
rapides dans les terres dites de bruyère : c’est un 
moyen de rendre utiles ces fonds qu’usurpent l’a- 


Tous Il 


449 


CYPR 


jonc et la bruyère cendrée. On met deux mille 
cinq cents pieds sur un hectare, en plaçant les 
Cyprès à deux mètres de distance entre eux; le 
père de famille jaloux de profiter de toutes les 
ressources que la nature lui présente, met des 
pommes de terre dans les espaces vides durant plu- 
sieurs années. 

On se figure généralement que la croissance des 
Cyprès est lente, parce qu’on les a mal observés. 
J'ai vu de jeunes tiges acquérir au bout de dix 
ans près de cinq mètres de haut sur quarante cen- 
timètres de circonférence ; d’autres arriver à leur 
quinzième année à treize et seize mètres et demi 
d’élévation. 

Leur défaut est d’être d’un vert obscur, de ré- 
pandre autour d’eux un air de tristesse et même 
un silence lugubre. Ce reproche, que les nom- 
breux agrémens de la saison des fleurs ne laissent 
pas le temps de leur faire, est une suite de l’anti- 
que habitude de les voir autour des tombeaux, 
prêter leurs rameaux aux funérailles, et d’en mettre 
dans les cercueils ; en hiver, quand les autres ar- 
bres sont dépouillés, quand la terre est jonchée de 
neige , les Cyprès seuls égaient la vue, rappellent 
la verdure naissante. Ils ont le précieux avantage 
de purifier l'air. Dans les îles de Archipel et dans 
tout le Levant on les placait à cet effet au voisinage 
des habitations , on en élevait des tigesnombreuses 
sur le bord des eaux stagnantes, qui, plus tard, 
constituaient la dot des filles, tant cet arbre est 
d’un bon rapport. de ne redirai point que le bois 
du Gyprès passe pour incorruptible , que les vieux 
Grecs s’en servirent pour tracer les lois des Douze 
Tables, et que les anciens Romains l’employaient 
dans la construction de leurs vaisseaux, son im- 
mersion dans l’eau le rendant plus dur, et son 
odeur forte, son âcreté, l'abondance du suc rési- 
neux le préservant de l'attaque des insectes ; mais 
je ferai remarquer 1° que le vert de son feuillage, 
sa tige vacillante et sa tête élancée donnent plus 
d’ampleur, plus de grandiose aux édifices, aux 
quais, aux places publiques ; 2° que cet arbre est 
le plus robuste de tous ceux des régions tempé- 
rées , et que, dans sa décrépitude , il lutte encore 
contre la puissance destructrice des siècles ; 3° que 
le bois prend un fort beau poli, dont la couleur est 
agréable à l'œil. 

Quand on veut multiplier les Cyprès, il faut 
choisir les cônes les plus gros et les plus noirs, les 
ouvrir avec un couteau; si la graine est rousse, elle 
est mûre : si elle est blanche, elle ne vaut rien, 
Les cônes, que l’on nomme aussi des noix, qui 
restent deux ans sur l'arbre, sont à préférer ; ils 
renferment la meilleure graine. Il convient de se- 
mer épais, de couvrir peu, d'entretenir le semis . 
toujours humide, jusqu'à ce qu'il soit levé, et 
pendant l'été d’arroser souvent. Dans les contrées 
septentrionales de la France on met dessus des 
paillassons durant la’saison rigoureuse ; au centre 
et dans le midi cette précaution est inutile, quoi- 
que certains auleurs recommandent le contraire et 
qu'ils veulent que le semis se fasse en pots, et 
qu’on le rentre en orangerie. Plantez au plantoir 


137° Livraison, 97 


a ———————————————— ——<— -——— —— — — — — ——————— — — — — 


.CYPR 


et soyez certain d’une réussite complète , si vos 
élèves sont demeurés deux el trois années en pé- 
pinière. Le routinier agit autrement, aussi perds 
une grande partie des individus sur lesquels il 
compte. 

De ces conseils, qu’approuveront les cultivateurs 
intelligens et expérimentés , passons à l'examen des 
espèces. Les principales sont les suivantes : 

I. Le Cyrnks pynammar, C. fustigiata, que l'on 
a dit originaire de nos landes du sud-ouest, tan- 
dis qu’il nous est venu depuis fort long-temps de 
l'ile de Crête, est un arbre du plus beleffet, dont 
la tige monte droit à l'instar de celle du Peuplier 
d'Italie , et dont les rameaux, dressés et appliqués 
tout près d'elle, forment une touffe impénétrable 
aux rayons du soleil. Il a le tronc très-fort, cou- 
vert d’une écorce brune; le bois, de couleur rou- 
geâtre très-pâle, d’une odeur forte, est moins 
compacte que dans l’espèce suivante, à cause du 
manque d'air dont l'accès est interdit par les bran- 
ches qui se pressent contre la tige. 

IT. Le Cypnis nonzonraz, C. horizontalis, que 
quelques routiniers s’obstinent à regarder comme 
une simple variété. de l'espèce pyramidale, quoi- 
qu'il soit positif que dans les semis séparés de.leurs 
graines on ne trouve jamais d’autres individus que 
ceux de l'espèce d’où la graine provient. Duhamel 
et De Fougeroux, Miller et Tschoudy ont attesté 
ce fait; mais les auteurs du Bon jardinier, s’ap- 
puyant des asserlions plus que hasardées de Bosc, 
prétendent prouver le contraire , et ce qu'il y a de 
plus remarquable, c’est qu'ils dénaturent le texte 
de Duhamel pour le forcer à cadrer avec l'erreur 
qu'ils professent, Les deux espèces sont parfaite- 
ment distinctes; jamais les semences de l’une ne 
donneront des individus de l’autre. Les branches 
du Cyprès horizontal sont écartées de la tige et 
font un angle ouvert avec elle, Son bois est rou- 
geâtre , parsemé de quelques veines , d’une odeur 
suave , et d’une haute qualité. Les anciens distin- 
guaient les deux espèces : ils appelaient la première, 
le Cyprès femelle, et la seconde, le Cyprès mâle. 

IT. Le Cyprès FAux-Tnuxa, C. thuyoides, vul- 
gairement nommé Cèdre blanc. Cette espèce est 
originaire du Canada et habite les lieux humides ; 
elle a le feuillage aplati du Thuya, mais dans dif- 
férens sens , d’une forme élégante, d’un vert ten- 
dre; les feuilles sont petites, pointues, imbriquées 
sur quatre rangs, et munies sur le dos d’une glande 
placée dans une fossette. La tige monte à vingt, 
trente et même quarante mètres sur le sol de l’A- 
mérique septentrionale, et acquiert an plus un 
mètre de diamètre : son accroissementest très-lent, 
Les cônes arrondis qu’elle porte sont de la gros- 
seur des baies de genièvre, de couleur bleuâtre à 
l'époque de la maturité. L'arbre est introduit «en 
Europe depuis l’année 1756. Son écorce est rous- 
sâtre, filamenteuse, sous laguelle on trouve une 
résine transparente, qui ne côule jamais qu’en très- 
petite quanlité. Le bois est léger, à grain fin , pre- 
nant une couleur roséeen séchant; il se travaille 
aisément, 


IV. Quoique originaire de l'Inde, aux environs 


450 


CYPR 


de Goa, leCypnès rENDANT , C. pendula , peut être 
cultivé dans nos départemens du midi; des moines 
portugais l'ont introduit en Portugal, et il s’y est 
promptement naturalisé : c'est de Jà que quelques 
botanistes lui ont.donné le nom ‘très-impropre de 
Cyprès de Portugal , et qu’on l'appelle encoreCé- 
dre de Busaco, de l'endroit, près de Coïmbre, où 
il a été vu la première fois, Cet arbre, que je 
.trouve encore désigné sous le nom de Cypres 
glauque, est un arbre peu élevé, ayant la tige 
droite et rameuse , le beis odorant, les branches 
alternes, pendantes, bosselées , le feuillage glau- 
que et argenté, le fruit arrondi, de couleur 
grise , les semences anguleuses, en bon nombre, 
et mûres au printemps suivant, 

V. Enfin le Cypnks nisrique, €. disticha, in- 
troduit en France dans l’année 1748, Je n'ignore 
pas que l’on a détaché cette espèce extraordinaire 
du genre Cyprès pour en faire tantôt un Schubertia, 
nom qu'on lui a enlevé ensuite pour le donner suc- 
cessivement à une Ombellifère et à une Asclépia- 
dée; tantôt un Taxodium, que l’on doit aussi sup- 
primer de la nomenclature botanique. Le motif de 
ce changement est que le Cyprès chauve, ou des 
marais, comme on l'appelle quelquefois, diffère 
de ses congénères par ses fleurs mâles, dont les 
chatons, extrêmement petits et globuleux, sont 
disposés en grappes rameuses, au lieu d’être soli- 
taires et terminaux; et par ses fleurs femelles, qui 
sont des chatons écailleux,f arrondis ,*'dont les 
écailles ne portent que deux fleurs dressées , au lieu 
de plusieurs, En inscrivant cet arbre parmi les 
Cyprès, Linné a bien reconnu cette différence ; 
aussi l’a-t-il placé en dernier lieu comme transition 
naturelle au genre Thuyÿa , qui suit, et avec lequel 
cette organisation des fleurs le lie essentiellement; 
d'un autre côté la disposition du fruit, celle des 
écailles en forme de clous le fixent au rang que le 
législateur lui imposa. Pourquoi n’en a-t-on pas 
fait un Mimosa, puisque le Cyprès chauve a les 
feuilles distiques simulant des feuilles finement 
pennées? Il y a sans aucun doute d’importans 
changemens à faire dans les nomenclatures , quand 
on étudie la nature vivante et qu’on ne s’arrête pas 
à des circonstances minimes ou fugaces, comme 
cela se pratique dans l’école moderne. Mais ils 
doivent, ces changemens, êlre proposés avec pru- 
dence, et si bien justifiés qu’ils satisfassent pleine- 
ment la raison. C'est surtout à l'égard des fautes 
de G. Richard que l’on est en droit dese récrier , 
lui qui se montra si scrupuleux observateur et en 
même temps si justement ennemi des innovations 
téméraires, désastreuses. 

Cette belle espèce , un des arbres les plus remar- 
quables par sa hautenr, son port, sa grosseur et 
le phénomène de ses racines, est indigène à l'A- 
mérique centrale ; on la trouve en forêts immenses 
sur les vastes rivages du Mississipi, et dans les ter- 
rains tourbeux, dans tous les marais depuis la 
Virgmie jusqu’au Mexique; elle y acquiert de 
trente à Lrente-cinq mètres d’élévation , sur quinze 
à vingt de circonférenec. Dans son Histoire de la 
Louisiane, Lepage Dupra!z atteste en avoir vu une 


CYPR 


tige ; près de la Nouvelle-Orléans , qui offrait douze 
brasses de tour, sur une hauteur extraordinaire 
qu'il ne désigne pas. La base du tronc est toujours 
très-forte , comparativement au reste ; l'arbre di- 
minue de grosseur jusqu’à la sommité , et se ter- 
mine par un jet qui n'a pas plus de diamètre 
qu'une de ses plus petites branches. Croît-il iso- 
lément , le Cyprès dit d'Amérique et Cyprès de la 
Louisiane a les branches nombreuses, disposées 
horizontalement par étages; elles forment, par 
leur rapport entre elles , une pyramide obtuse de- 
puis la base jusqu'à la cime. Ses feuilles, d’une 
jolie couleur verte , réunissent à une disposition 
agréable l’avantage d’être d’un éclat, d’une fi- 
nesse, d’une légèreté vraiment dignes de remar- 
que ; elles prennent , en automne , une teinte rou- 
geâtre , qui les rend de plus en plus pittoresques, 
et comme celles du Mélèze, ZLarix europæus, elles 
tombent vers la fin de novembre. Durant l'hiver, 
le Gyprès distique ressemble à un arbre mort; son 
écorce grisâtre et raboteuse augmente encore la 
tristesse de l’aspect qu’il présente. 

Destiné à vivre sur un sol marécageux, la nature 
a pourvu cet arbre de mayens propres à résister à 
la puissance des vents, à l’envahissement subit des 
eaux; il est muni non seulement de gros et longs 
pivots à l’extrémité de ses racines verlicales , mais 
encore de la faculté de produire , d'espace en es- 
pace, et jusqu’à deux mètres de sa base, des ex- 
croissancesconiques, ligneuses, qui l'entourent plus 
ou moins exactement et lui servent de contre-forts. 
Ces protubérances de différentes grandeurs ne se 
montrent que quand le Cyprès distique atteint sa 
quinzième ou vingtième année; ellesexcèdent tantôt 
de très-peu la surface du sol, tantôt elles s'élèvent 
à deux et trois mètres sur un diamètre d’un mètre 
et quelquefois plus ; elles naissent à la surface su- 
périeure des racines horizontales , sont composées 
d’un bois mou, spongieux , recouvert d’une écorce 
mince, rougeâtre , comme celle de l’Arbousier à 
panicules, Arbutus andrachne, et ne produisent 
jamais ni rejets, ni branches, ni feuilles, ni bour- 
geons, On les scie rez-terre , on les. évide et on en 
fait des seaux , et autres ustensiles de ménage. 

Il serait facile d'employer en France le Cyprès 
distique. Les individus répandus par de Malesher- 
bes et Varennes de Fenilles ont opposé une forte 
résistance aux hivers de 1789, 1820, 1830, et 
prouvé qu'ils adoptent volontiers notre climat. Il 
serait avantageux de le multiplier sur les bords des 
marais. Son bois est excellent pour couvrir les ha- 
bitations, à cause de sa légèreté et de la finesse de 
son grain; il ne se fend pas de lui-même; sa cou- 
leur rougeâtre est belle ; employé même quand il 
est frais, on assure qu'il ne travaille nullement, 
L'arbre se renouvelle d’une manière particulière, 
surtout en Amérique : quelque temps après qu’on 
la coupé, l’on voit sortir de ses racines un jet co- 
nique, ayant en grosseur le quart de son élévation; 
il s'élève ainsi, sans pousser aucune branche, 
quelquefois jusque au-delà de dix mètres; alors il 
se garnit de rameaux, de feuilles, de fleurs et de 


‘fruits, La résine de ce Cyprès est peu abondante, 


451 


CYPR 


limpide et héroïque contre les blessures récentes; 
la teinture retire des feuilles une belle couleur 
cannelle. Sa graine est très-aimée des oiseaux ; elle 
conserve long-lemps sa propriété germinative. 
F, notre Atlas , pl. 132, p. 3. (T. ». B.) 

CYPRES (rerrr). Nom vulgaire donné à la 
plante que les botanistes appellent Santolina cha- 
mæ-cyparissus. P. SANTOLINE AURONE. 

CYPRESS-MOSS. C’est le nom que porte vul- 
gairement en Angleterre le Lycorone pes Arpes. 
V, ce mot. (T. ». B,) 

CYPRIGARDE, Cypricardia. (mozz.) Genre 
que Lamarck a caractérisé de lamanière suivante: 
coquille libre , équivalve , inéquilatérale , allongée 
obliquement ou transversalement ; trois dents car: 
dinales sous les crochets , et une dent latérale se 
prolongeant sous le corselet ; point de côtes longi- 
tudinales comme dans les Bucardes et les Cardites: 
surface ordinairement lisse, et si elle présente des 
lames ou des sillons, ces derniers sont toujours 
transversaux, c’est-à-dire dans la direction des 
bords; charnière présentant trois dents cardina- 
les, au lieu d’une ou deux, comme cela s’observe 
dans les Cardites. 

Les espèces connues sont peu nombreuses: 
quatre vivantes et trois fossiles ont été décrites 
par Lamarck; deux autres ont été trouvées par 
Deshayes aux environs de Paris. 

CvPnicarDe DE GuINéE , Cypricardia guinaica , 
de Lamarck. Coquille oblongue, semblable à une 
modiole obliquement anguleuse ; couverte de stries 
fines ; côté antérieur aminci, comprimé ; crochets 
arrondis et peu proéminens ; blanche à l’intérieur, 
jaunâtre à l'extérieur, et ayant environ deux pou- 
ces dans son diamètre transversal, On la trouve 
dans les mers de la Guinée. ‘3 

CYPRIGARDE DATTE, Cypricardia coralliophaga. 
Coquilleremarquable par la faculté qu’elle a, comme 
quelques modioles, de se loger dans la base des 
polypiers ou dans les masses madréporiques. 

Cette espèce habiteles mers de Saint-Domingue, 
et se trouve à l’état fossile en Italie. Elle est plus 
cylindrique, plus étroite, plus mince que les mo- 


-dioles ; ses stries sont fines; lestransversales, sur- 


tout celles qui sont vers les bords, se relèvent en 
lames; les crochets sont moins arrondis, plus 
proéminens, terminés par des taches pourprées ; 
sa longueur est de deux pouces environ. (F.F.) : 

CYPRIN, Cyprinus, (porss.) Les Cyprins for- 
ment un genre très-nombreux et très- facile à 
distinguer par un corps écailleux, par une petite 
bouche sans dents, par des lèvres allongeables ou 
protractiles, et par une seule nageoire du dos. 
Ce sont des poissons d’eau douce et les moins car- 
nassiers de toute la classe; vivant d'herbes, de 
graines , et même de limon. On les divise comme 
il suit : 1° en Cyprixs proprement dits, à dorsale 
longue, avec épme dentelée pour deuxième rayon, 
anale conformée de même, comme la Carpe; 
en Barseau, Barbus, Guv., qui a quatre barbil- 
lons, dont deux sur le bout du museau, et deux à 
l'angle de la mâchoire; comme le Barbeau com- 
mun ; 5° en Gousoxs, Gobio, Cuv. auin'ont que 


CYPR 


452 


, 


CYPR 


deux barbillons aux angles de la mâchoire, comme 
le Goujon; 4° en Tancues, T'inca, Guv., qui réu- 
nissent aux caractères des Goujons, celui de 
n’avoir que de très-petites écailles, comme la Tan- 
che vulgaire; 5°en Cyrrmnes, Guv., dont la dorsale 
est plus grande que celle des Gobio et les barbil- 
lons placés sur le milieu de la lèvre supérieure (Cy- 
prinus cyrrhosus, B1.); 6°en Brêues, Brama, Cuv., 
qui n’ont ni épines ni barbillons, et dont la dor- 
sale est courte, siluée en arrière des ventrales ; 
telle.est la Brême commune ; 7° en Lag£ons, La- 
beo, dont la dorsale est longue comme dans les 
Gyprins proprement dits, mais où les épines et 
les barbillons manquent , et où les lèvres, char- 
nues et crénelées , sont d’une épaisseur remarqua- 
ble: 8° en Carasromes, Catastomus, Lesueur, 
qui réunissent les mêmes lèvres que les précédens, 
mais où la dorsale est courte comme dans les 
Ables ; 9° en Ares, ou Imberbes, qui manquent 
d’épines et de barbillons : les espèces que l’on 
observe sont! le Meunier, le Gardon, la Rosse, 
la Vandoise, le Nez, la Rotengle et l’Ablette; 
10° en CueLas, où la dorsale répond sur le com- 
mencement de l’anale : tel est le Rasoir; 11° enfin 
en GononuyNQues, Gonorhynchus, Gronov., qui 
ont le corps et la tête allongés et couverts , ainsi 
que les opercules, de petites écailles; le museau 
saille en devant d’une petite bouche sans dents ni 
barbillons : l'espèce que l’on connaît est originaire 
du Cap (Cyprinus gonorhynchus, Gm.). Voir ces 
mots. (Azrn. G.) 

CYPRINE, Cyprina. (mozr.) Le genre Cyprine, 
établi par Lamarck, un des plus voisins des Gy- 
rènes, et servant de lien ou de passage de la fa- 
mille des Conques fluviatiles à ‘celle des Gonques 
marines, a reçu les caractères suivans: coquille 
équivalve, inéquilatérale, en cœur oblique, à 
crochets obliquement courbés; trois dents cardi- 
males inégales , rapprochées à leur base, un peu 
divergentes supéricurement, une dent latérale 
écartée de la Lrrière: disposée sur le côté an- 
térieur , quelquefois peu prononcée ; callosités 
nymphales, grandes, arquées , terminées près des 
crochets par une fossette; ligament extérieur s'en - 
foncant en partie sous les crochets. 

Les Cyprines vivent à l'embouchure des fleu- 
ves dans des eaux peu salées; leurs coquilles sont 
généralement grandes, épaisses , et revêtues d’un 
drap marin persistant; leurs espèces sont plus 
nombreuses à l’état fossile qu’à l'état vivant. 

La plus commune dans les collections est Ja 
Cyrnnep'IsLanne, Cyprina islandica de Lamarck, 
espèce qui vit dans les mers d'Islande et dont 
on ne connaît pas bien absolument la forme, les 
figures connues étant loin d’avoir été faites avec 
la précision convenable. Nous établirons le même 
doute sur celle qui se trouve dans l'Encyclopédie, 
et qui a été indiquée par Lamarck dans sa syno- 
nymie; car, outre qu'elle ne présente pas la forme 
générale des Cyprines, clle n’en offre pas non 
plus la charnière, puisque la figure représente 
deux dents Jatérales bien exprimées et striées, ce 


et se voit au contraire dans un certain nombre de 
Cyrènes. 

La CxPnine IsLANDicoÏDE, Cyprina islandicoides, 
de Lamarck, est absolument analogue à la précé- 
dente; on la trouve fossile à Bordeaux, à Dax, 
en Italie et en Angleterre. 

La CyPRINE SCUTELLAIRE , Cyprina scutellaria , 
espèce qui n'a pas été reconnue par Lamarck et 
Defrance, qui a été considérée comme une Cy- 
thérée par le premier de ces naturalistes , et qui 
ressemble assez à la Cyprine d'Islande. Elle se 
distingue néanmoins de cette dernière par ses 
crochets très-proéminens, par sa forme plustrans- 
verse, par ses rides plus écartées et disparaissant 
sur les crochets, enfin par sa dent latérale, tou- 
jours grande et bien exprimée, tandis que la fos- 
selle qui termine les nymphes est toujours plus 
petite. (F.F.) 

CYPRINODON. (rorss.) Petit genre de poissons 
rangé par Cuvier dans l’ordre des Abdominaux , 
tout à côté des Fondules et des Molinesia , avec 
lesquels jl présente en effet de nombreux rapports 
tant extérieurs qu'intérieurs, 

Les Cyprinodons ont encore beaucoup de res- 
semblance avec les Pæcilies et les Lebias par la 
forme de leur corps ; mais leurs dents sont en fin 
velours, et ils ont six rayons aux ouïes. On en 
observe un dans les lacs d'Autriche, et particu- 
lièrement dans les eaux souterraines ( Cyprinus 
umbra, Guv., Umbra, Cramer), petit poisson 
d'un brun roussâtre, avec quelques taches bru- 
nes. (Arpn. G.) 

CYPRINOIDES. (rorss.) Première famille des 
poissons Malacoptérygiens abdominaax , établie 
par Guvier, dans ‘la deuxième édition du Règne 
animal, tom. 2, pag. 269, et à laquelle il assigne 
pour caractères distinctifs et communs : un corps 
écailleux , une bouche peu fendue , à mâchoires 
faibles , le plus souvent sans dents , et dont le bord 
est formé par les intermaxillaires ; à os pharyn- 
giens fortement dentelés, qui compensent le peu 
d’armure des mâchoires, et à rayons branchiaux 
peu nombreux. (Acrn. G.) 

CYPRIPEDE, Cypripedium. (mor. pnan.) Ce 
genre singulier, le plus distinct de la famille des 


‘ Orchidées et de la Gynandrie diandrie, n’est pas 


nombreux en espèces ; on ne lui en connaît encore 
que douze, toutes herbacées, vivaces. Ginq appar- 
tiennent à l'Amérique septentrionale; quatre pro- 
viennent de la Sibérie; une est particulière au 
Japon; la Laponie nous présente la onzième; la 
dernière, la plus commune, habite les bois mon- 
tagneux de nos Alpes el se trouve dans presque 
toute l'Europe, dans le nord de l'Asie et du conti- 
nent américain. 

La forme concave du labelle, c’est-à-dire de la 
parie inférieure de sa corolle, lui a fait vulgaire- 
ment donner le nom de Sabot de Vénus ou de la 
Vierge (i); c’est ce qu'exprimerait aussi le nom 
scientifique, si au lieu de Cypripedium , qui n’est 


(.) Cest anssi le nom qu'il porte chez les Indiens. Moccasiu 


. , . . 3° 0 + Q 
qui n'a Jamais eu dans les véritables Cyprines, | répond au mot pantoufle de femme, 


D om 


CYPR 


CYPR 


oo , 


point latin, on eût dit Cypripedilium (des mots 
grecs Xypris, Vénus, ct pedilon , chaussure). Le 
mot Cypripedion signifie littéralement champ ou 
lien de Vénus. Dodonée et Bauhin l’appelaient 
plus convenablement Calceolus marianus, puisqu'il 
redit le mot vulgaire. G’en est assez; arrivons aux 
caractères du genre : d’une racine tuberculeuse 
cachée sous un grand nombre de fibres , sort une 
tige simple, dressée, porlant des feuilles larges, 
entières, alternes, très-verles et engaînantes à 
leur base, et à son sommet une ou deux, rarement 
trois fleurs solitaires, assez grandes, d’un joli 
aspect. Elles ont le calice étalé, à cinq ou six par- 
Lies irrégulières, dont quatre, quelquefois cinq, 
supérieures et latérales lancéolées ; la dernière ou 
inférieure , très-grande , renflée, ventrue, dépour- 
yue d’éperon, concave, en forme de sabot ; deux 
anthères arrondies, portées latéralement par le 
pistil, se développent tandis que l’'étamine centrale 
avorte ; l'ovaire , brièvement pédicellé, infère , 
surmonté par un style que termine un stigmate 
charnu ; capsule ovale, oblongue, s’ouvrant en 
trois valves et contenant dans une seule loge des 
graines très-pelites, luisantes, brunes et nom- 
breuses. 

Quoique difficiles à cultiver, quoiqu'elles de- 
mandent un endroit frais, sans être humide, le 
terreau de bruyère et une bonne exposition, trois 
espèces méritent qu’on leur accorde de l'attention ; 
ce sont principalement : 1° le GyPRIPÉDE saBor, 
C. calceolus , dont les fleurs, épanouies au mois de 
mai, répandent une odeur de fleur d’oranger et se 
font remarquer par la bizarrerie de leur forme et 
de leur position. Leurs quatres pétales, étroits, 
longs, posés comme les ailes d’un moulin à vent, 
sont d’un brun pourpre qui fait ressortir le beau 
jaune du labelle: l'intérieur est pointillé de rouge. 
Les fleurs et la tige disparaissent en août. 

2° Le CyPRIPÈDE PUBESCENT, C. pubescens, qui 
croît sur le bord des rivières et dans les terrains 
sablonneux de la Caroline. Il ressemble beaucoup 
au précédent; il est plus grand dans ses dimen- 
sions, il a les fleurs entièrement jaunes, et de- 
mande à être couvert pendant la saison des frimas 
ayec un peu de paille ou des feuilles sèches. 

9° Le Cyrnirèpe veru, €. spectabile, provenant 
du Canada. Sa tige est velue , ainsi que ses larges 
feuilles, aiguës à leur sommet ; sa fleur est blanche, 
grande , avec un vaste labeile de couleur purpu- 
rine, Nous l'avons figuré en notre Allas, pl. 185, 
fig. 6. 

J'ai reçu de la Laponie, sous le nom de Cypri- 
pedium bulbosum , l'espèce que Willdenow rejette 
dans le genre Limodorum, dont elle s'éloigne, le 
labelle n'étant point, comme dans les autres Cy- 
pripèdes, muui d’un éperon. Swartz l'inscrit parmi 
ses Cymbidium; elle a bien quelques rapports 
avec les premières espèces de ce genre, mais elle 
diffère de toutes par son style ailé et Le petit pe- 
loton de poils assez raides qui occupe le milieu de 
laièvre inftrieure. D’un autre côté, les feuilles cali- 
cinales, qui sont au nombre de cinq, et le petit 
bulbe qui supporte la tige, l'appellent parmi les 


on 


Cypripèdes. Comme je ne l’observe que sur un 
échantillon sec, du reste fort beau, je ne prononce 
pas d’une manière positive. (T. ». B.) 
CYPRIS, Cypris. (crusr.) Genre établi par 
Müller et rangé par Latreille dans l’ordre des Os- 
trapodes, famille des Cladocères. Ces crustacés 
ne présentent que six pieds, et leurs deux an- 
tennes sont terminées par un faisceau de soies en 
manière de pinceau. Le test ou la coquille forme 
un corps ovalaire, comprimé latéralement, arqué 
et bombé sur le dos, ou du côté de la charnière, 
presque droit et un peu échancré en manière de 
rein au côté opposé. En avant de la charnière, 
dans la ligne médiane, l'œil forme un gros point 
noirâtre et rond. Les antennes , immédiatement 
insérées au dessous, sont plus courtes que le 
corps, sétacées, composées de sept à huit articles, 
dont les derniers, plus courts et terminés par un 
faisceau de douze à quinze soies, servent de na- 
geoires. La bouche est composée d’un labre ca- 
réné, de deux grandes mandibules dentées, por- 
tant chacune un palpe divisé en trois articles au 
premier desquels adhère une petite lame bran- 
chiale offrant cinq digitations, et de deux paires 
de mâchoires; les deux supérieures, beaucoup plus 
grandes, ont au bord interne quatre appendices 
mobiles et soyeux, et au côté extérieur une 
grande lame branchiale pectinée à son bord anté- 
rieur ; les secondes sont composées de deux arli- 
cles, avec un palpe court, presque conique, inar- 
ticulé, soyeux au bout, ainsi que l'extrémité 
de ces mâchoires. Une sorte de sternum comprimé 
fait l’oflice de lèvre inférieure. Les pieds sont 
divisés en cinq articles, dont le troisième repré- 
sente la cuisse et le dernier le tarse. Les deux 
antérieurs sont insérés au dessous des antennes, 
beaucoup plus {forts que les ‘autres, dirigés en 
avant, avec des soies raides , ou de longs crochets, 
rassemblés en un faisceau, à l'extrémité des deux 
derniers articles. Les quatre pieds suivans en sont 
dépourvus. Les seconds, situés au milieu du des- 
sous du corps, sont d’abord rejetés en arrière, 
arqués, et terminés par un long et fort crochet se 
portant en avant. Les deux derniers, ne se mon- 
trant jamais au dehors, se relèvent ct s'appliquent 
sur les côtés postérieurs du corps, pour soutenir 
les ovaires , et se terminent par deux petits cro- 
chets. Le corps n'offre aucune articulation dis- 
lincie, et se termine postérieurement en une es- 
pèce de queue molle, repliée en dessous , avec 
deux filets coniques ou sélacés, garnis de trois soics 
ou crochets au bout, se dirigeant en arrière et 
sortant du test. Les ovaires forment deux gros 
ValsSCaUX , simples el coniques, en cul-de-sac à 
leur origine, situés sur les côtés postérieurs du 
corps, au dessus du test, el s’ouvrant l’un à côté 
de l’autre à la partie antérieure de l'abdomen, où 
le canal formé par la queue établit entre eux une 
communication. Les œufs sont sphériques. Les 
pontes et les mues de ces crustacés ne sont pas 
moins nombreuses que celles des Cyclopes et au- 
tres entomostracées, et Jeur manière de vivre eit lu 


} méme, Le docteur Müller dit en avoir vu d’iccou- 


CYPR 


454 


CYRE == 


plés. Cependant aucan des naturalistes modernes 
qui les ont le plus observés n’a pu découvrir po- 
sitivement leurs organes. sexuels, ni être témoin 
de leurs réunions. Straus a vu, au dessous de l’o- 
rigine des mandibules , l'insertion d’un gros vais- 
seau conique , rempli d’une substance gélatineuse, 
paraissant communiquer avec l’œsophage par un 
canal étroit, qu’il soupçonne être un tubercule ou 
une glande salivaire. Les individus soumis à cette 
observation ayant des ovaires , les Cypris seraient, 
dans la première supposition, hermaphrodites ; 
mais cela est d'autant plus douteux , qu'il remar- 
que lui-même que les mâles pourraient bien ne 
paraître qu'à une certaine époque de l’année, et 
que le vaisseau dont il parle , communiquant avec 
l’œsophage, paraît avoir plus de rapport avec les 
fonctions digestives qu'avec la génération. 

Suivant d'urine, les antennes sont de véritables 
nageoires, dont ces animaux développent et réu- 
nissent à volonté les filets , selon le degré de rapi- 
dité qu'ils veulent donger à leur progression; tan- 
1ôt ils n’en font paraître qu'un seul, et d’autres fois 
ils les éparpillent tous. Nous pensons aussi que 
ces filets et ceux des deux pattes antérieures 
peuvent tout aussi bien concourir à la respiration, 
que ces lames des mandibules et des deux mà- 
choires supérieures que Straus distingue par l’é- 
pithèle de branchiales. Les dernières, ou celles 
des mâchoires, nous paraissent être un véritable 
palpe , mais très-dilaté, et les deux autres un ap- 
pendice des palpes mandibulaires, 

D’après le naturaliste génevois précité, ces ani- 
maux, lorsqu'ils nagent, meuvent avec autant de 
rapidité que les antennes leurs deux pattes anté- 
rieures , mais elles vont plus lentement quand ils 
marchent sur la surface des herbes marécageuses. 
Ces pattes, conjointement avec les deux terminées 
par un long crochet, ou les pénultièmes, suppor- 
tent alors le corps. Il suppose que celles qui, 
selon lui, forment la seconde paire, sont destinées 
à établir un courant aqueux et à le diriger vers 
la bouche : ce qui assimilerait leurs fonctions à 
celles des antennes inférieures , qu'il nomme an- 
tennales. Les deux filets composant la queue se 
réunissent eb semblent n’en former qu’un seul, 
lorsqu'ils sortent du test, ils servent, à ce qu'il 
présume, à nettoyer son intérieur. 

Les Cypris ont des habitudes assez curieuses; 

Îles habitent les eaux tranquilles, se nourrissen 
généralement de substances animales mortes, mais 
non putréfiées ; elles mangent aussi des conferves. 
Au lieu de porter leurs œufs sur le dos ou sous le 
ventre, après la ponte, comme le font ordinaire- 
ment les Branchiopodes et les Décapodes, les Cy- 
pris les déposent de suite sur quelque corps solide 
en les réunissant en amas souvent de plusieurs 
centaines, provenant de différens individus;! les y 
fixent par le moyen d’une substance filamenteuse 
verte, semblable à de la mousse, et les abandon- 
nent. Ces œufs restent dans cet état pendant en- 
viron quaire jours et demi avant d'éclore: les 
jeunes qui en sortent naissent avec l’organisation 
qu'ils doivent toujours conserver ; ils ne sont pas 


sujets à des métamorphoses comme les Apus et les 
Cyclopes ; ils oflreat Loutefois quelques différences 
dans la couleur et la forme des valves, dans le 
nombres des soies des antennes. On a lieu d’être 
surpris de voir souvent que des mares qui étaient 
desséchées, se trouvent peuplées de ces petits 
animaux lorsqu'une forte pluie est venue de nou- 
veau les remplir. Ce phénomène trouve son expli- 
cation dans la faculté qu'ont les Cypris de pouvoir 
s’enfoncer dans la vase humide et d’y rester vivan- 
tes jusqu’au retour des pluies. 


Ce genre est composé de plusieurs espèces : la 
plus connue est la Cypris fusca , qui a été décrite 
par Straus, Mém. du Mus., tome 1, partie 2°, 
page 104. Sa longueur totale est de À de milli- 
mètre ; les valves de cette epèce sont brunes, ré- 
nilormes, plus étroites eb plus comprimées en 
avant , couvertes de poils épars à peine sensibles ; 
les antennes sont pourvues de quinze soies. Nous 
l'avons représentée dans notre Atlas, pl. 132, 
fig. 7 et 8. (H. L.) 

CYRÈNE, Cyrena. (morr.) Genre séparé par 
Lamarck des Vénus et des Cyclades avec les- 
quelles il a les plus grands rapports de forme, 
d'habitation, etc. , et que l’on reconnaît aux carac- 
ières suivans: coquille arrondie, trigone , enflée 
ou ventrue, solide, méquilatérale, épidermifère , 
à crochets écorchés ; charnière ayant trois dents 
sur chaque valve; les dents latérales presque tou- 
jours au nombre de deux, dont une seulement est 
rapprochée des cardinales ; ligament extérieur sur 
le côté le plus grand. ( 

Toutes les Cyrènes habitent les eaux douces 
des pays chauds ; on en trouve à l’état fossile aux 
environs d'Epernay et de Paris, et toujours on 
les rencontre mélangée avec des coquilles ma- 
rines, quelle que soit d’ailleurs la position des 
couches. 


Pour faciliter l’étude ‘des Cyrènes, Lamarck 
divise les espèces en celles qui ont les dents laté- 
rales striées , el celles qui les ont lisses. 


+ Dents latérales serrulees ou dentelces. 


CyRÈNE REMBRUNIE , Cyrena fuscata, de Lamarck. 
Coquille cordiforme, d’un brun verdâtre, sillon- 
née transversalement; sillons subimbriqués , très- 
rapprochés en dedans ; d’une couleur violette vers 
les crochets; dents latérales très-longues, finement 
dentelées ; large de douze à treize lignes. On la 
trouve dans les fleuves de la Chine et du Levant. 

CyRÈNE CERCLÉE, Cyrena fluminea, de Lamarck. 
Coquille cordiforme , globuleuse , d’un vert fauve, 
élégamment sillonnée: sillons concentriques ; inlé- 
rieur marqué de taches blanches et violettes, ou 
bien offrantune bande demi-circulaire noire ou d’un 
violet plus foncé; comme dans la précédente, 
dents latérales longues et finement dentelées ; dia- 
mètre transversal de onze lignes. Elle habite éga- 
lement les fleuves de la Ghine et du Levant. 

Cyrène nonacrace, Cyrena donacialis. Cette 
espèce fossile des environs de Paris se rappro- 
che un peu de la précédente, et a la forme d'une: 


| 


| 


CYRE 


455 


CYRT 


a ——_—_—_——_——————— 


Donace , avec cette différence cependant, qu'elle 
est plus bombe et plas cordiforme lorsqu'on la 
voit du côté de la lunule. Elle est oblique, sub- 
triangulaire , irès-inéquilatérale , irrégulièrement 
striée , plutôt par ses accroissemens que par ses 


stries constantes ; dents latérales (lantérieureest Ja 


plus longue) finement dentelées; trois dents car- 
dinales à chaque valve. 

Cynèxe ozique, Cyrena obliqua. Espèce qui 
me diffère de la précédente que par un peu moins 
d'inéquilatéralité ; elle est transverse, non trian- 
gulaire , aplatie, à crochets peu saillans, irrégu- 
lièrement strice; stries très-fines; dents latérales 
presque également longues , finementstriées ; trois 
dents cardinales , celle du milieu bifide ; cinq à six 
lignes de largeur. 


++ Dents latérales entières. 


Chnène DE Ceyzan, Cyrena ceylanica , de La- 
marck. Coquille* enflée, subcordiforme, à cro- 
chets écorchés peu saillans, souvent rongés ; iné- 
quilatérale ayant son côté antérieur subanguleux; 
finement et irrégulièrement striée ; épiderme ver- 
dâtre ; blanche en dedans ; large quelquelois de 
deux pouces et demi. Elle habite les rivières de 
Ceylan. 

Les principales espèces fossiles de cette seconde 
division du genre Gyrène sont la Cyrène depri- 
snée.et la Cyrène cordiforme. 


Cyrène DérnuËe, Cyrena depressa. Grande et: 


belle coquille très-rare, subinéquilatérale , aplatie, 
suborbiculaire; angle antérieur saillant; côté an- 
térieur aminci et séparé du reste par une côte ar- 
rondie qui descend obliquement des crochets; 
crochets petits, peu saillans ; extérieur lisse, quel- 
quefois rustiqué par des accroissemens assez 
réguliers ; trois dents cardinales, la médiane et 
la postérieure bifides ; dent latérale antérieure 
courte et entière, et près des cardinales; dent la- 
térale postérieure plus allongée et séparée des car- 
dinales par la longueur du ligament ; ligament 
enfoncé, implanté sur des nymphes bien apparen- 
tes, suture bâillante ; à peu près deux pouces de 
largeur. Deshayes l'a recueillie à Houdan. 
Cyrne corprroRME, Cyrena cordiformis. Co- 
quille ventrue , bombée, cordiforme (à cause des 
crochets qui sont saillans), inéquilatérale , subor- 
biculaire , lisse, mince; trois dents cardinales à 
chaque valve; dents latérales entières, courtes, 
eu saillantes. Cette espèce, qui a ététrouvée par 
Deshayes à Valmondois , et qui a sept à huit li- 
gnes de large, varie un peu. Ainsi quelques indi- 
vidus deviennent subtransverses, etprésentent quel- 
ques stries irrégulières ; dans quelques autres la 
luoule est peu sensible; dans d’autres enfin elle 
«st bien prononcée. KE : 
CYRAANDRACÉES. (8or. rHan.) Quoique pu- 
bliée sous les auspices dela Société linnéenne de 
Londres, cette famille nouvelle ne mérite point 
l'approbation des vrais botanistes. Une coupe mal- 
heureuse est proposée pour élever le genre Cyr- 
tandre , dont nous allons parler, au rang de fa- 
mille; mais, n’offrant aucun point de différence 


réelle avec les Bignoniacées , auxquelles il appar- 
tient , il faut la rejeter et maudire de plus en plus 
l'esprit de désordre qui domine les novateurs et la 
légèreté qui préside aux opérations actuelles en bo- 
tanique. (T. ». B.) 

CYRTANDRE , Cyrtandra. (nor.rnan.) Genre 
dela Diandrie monogynie, établi par Forster dans 
Ja famille des Bignoniacées. Lors de sa création, 
on-n’en connaissait que deux espèces ; Martin Vahl 
en ajouta une troisième ; William Jack en compile 
aujourd’huionze. Toutes sont originaires de l'Inde, 
herbacées ou sous-frutescentes. La plus belle est 
le GyRTANDRE A BouquETS, C. cymosa; il a les 
tiges rameuses , couvertes d’une pousssière fer- 
rugineuse, surtout vers la sommilé; les feuilles 
opposées, intgales à l'un de leurs côtés, glabres 
en dessus, pubescentes en dessous, d’un beau 
vert; les fleurs blanches , lavées de pourpre, réu- 
pies en bouquets, auxquelles succède une baie 
oblongue, biloculaire, contenant plusieurs se- 
mences. k (TE. ». B.) 

CYRTANTHE, Cyrthanthus. (mor. rran:) 
Genre de plantes bulbeuses appartenant à la 
grande famille des Liliacées et à l'Hexandrie mo- 
nogynie: il a été détaché du genre Grinole, dont 
il formait une section à ovaire inférieur ou adhé- 
rent, Les quatre espèces connues proviennent du 
cap de Bonne-Espérance , et malgré la beauté de 
plusieurs d’entre elles, introduites en Europe de- 
puis plus d’un demi-siècle, on les rencontre en- 
core rarement dans les jardins botaniques et chez 
les amateurs les plus distingués, Le CxrTANTHE 
oBLique, C. obliquus, que Linné et Thunberg ap- 
pelaient Crinum obliquum, est remarquable par 
son bulbe couvert de tuniques brunes, très-gros , 
du sommet duquel sort un faisceau de feuilles 
longues, droites , d’un vert foncé, et près de lui 
une hampe verte dans le bas , rougeâtre dans le 
haut, chargée d’une douzaine de fleurs pen- 
dantes, jaunes vers la base, rouges dans le reste 
de leur étendue. Ces superbes fleurs se montrent 
en août. Le CYRTANTHE A FEUILLES ÉTRoITES , €, 
angustifolius, ne donne que deux ou cinq fleurs 
au plus, presque horizontales, d’un rouge écar- 
late; elles sont débordées par le style, qui est 
blanc, filiforme, et terminé par les trois lanières 
arquées du stigmale. Le GxrTanTHE ax, C. vit- 
tatus , de Desfontaines, se distingue de ses con- 
génères par les bandes rouges et longitudinales 
qui décorent le limbe de sa fleur. Enfin le Cxr- 
THANTE A TUBE VENTRU, €. ventricosus, ainsi 
nommé du tube de sa corolle, qui est ventru et 
non cylindrique comme dans les autres espèces; 
ses fleurs sont d’un rouge vif , inodores ct la spathe 
qui les porte est d’un rouge de sang. 

Il ne faut point confondre le genre Cyrtanthus 
créé par Aiton avec celui de Schreber; ce der- 
nier avait élé désigné par Aublet sous le nom de 
PosoquenrrA (voy. ce mot) : ilest conservé. 

(T. ». B.) 

CYRTE, Cyrtus (.1xs.) Genre de Dipières dela 
famille des Tanistomes,-établi par Latreille, qui lui 
assigue pour Caractères : antenucs très-pelites, de 


CYS 


deux articles avec une soie au bout du dernier ; 
une trompe prolongéeen arrière, Dans ces insectes 
la tête est petite, globuleuse et insérée tellement 
bas, qu’en regardant l’insecte en dessus, on croi- 
rait qu'il en est tout-à-fait privé; le corselet au 
contraire est très-grand , globuleux, les ailes tom- 
bent de côté dans le repos, les cuillerons sont 
très-grands et couvrent les balanciers; l'abdomen 
est plus grand que le corselet et bouché comme 
lui; les pattes sont de grandeur moyenne et grêles. 

CG. zossu, €. gibbus, Fab. Long de quatre lignes, 
noir sur le corselet, deux taches carrées parallèles 
en arrière ; la tête et trois points disposés en triangle 


sur les côtés, jaunes; chaque segment abdominal 


est largement bordé de la même couleur par une. 


bande sinuée interrompue au milieu ; ses pattes sont 
jaunes et les ailes légèrement enfumées. Rare aux 
environs de Paris. (AEuP) 

CYSTIBRANCHES , Cystibranchia. (cnusr.) 
Section de l’ordre des Isopodesétablie par Latreille 
dans la première édition du Règne animal de 
Cuvier. Ces crustacées présentant des caractères 
d’une importance telle que Latreille, dans la nou- 
elle édition du Règne animal de Cuvier, a érigé 
cette scction en un ordre particulier sous le nom 
de Lœmodipodes ; ces caractères sont d’avoir tous 
quatre antennes sétacées et portées sur un pédon- 
cule de trois articles, des mandibules sans palpes, 
un corps yésiculaire à la base des quatre paires de 
pieds au moins, y compris ceux de la tête; le Corps, 
plus souvent filiforme ou linéaire, est composé, 
en comptant la tête, de huit à neuf articles, avec 
quelques petits appendices, en forme de tuber- 
cules, à son extrémité postérieure et inférieure, 
Les pieds sont terminés par un fort crochet; les 
quatres antérieurs , dont les seconds plus grands, 
sont Loujours terminés en pince monodactyle ou 
en griffe. Dans plusieurs les quatre suivans sont 
raccourcis, moins articulés , sans crochet au bout, 
ou rudimentaires, el nullement propres aux usages 
ordinaires. Les femelles portent leurs œufs sous les 
second et troisième segmens du corps, dans une 
poche formée d’écailles rapprochées. 

Ces crustacés sont Lous marins; Savigny les 
considère comme avoisinant les Pycnogonides, et 
faisant avec eux le passage des Crustacés aux 
Arachnides. Selon Latreille, cet ordre se diviserait 
de la manière suivante : 


Corps ovale, formé de segmens larges et trans- 


versaux; des yeux lisses ; pieds de longueur 
moyenne et robustes; la quatrième et dernière 
pièce des antennes simple, ou sans articulations. 
Genre Gyame (v. cemot). Ici se ranzent des espèces 
vivant en parasites sur des célacés et des poissons 
et n'ayant que dix pieds parfaits; le second et le 
troisième anneau du corps en sont dépourvus et 
offrent à leur place des appendices grêles, articulés, 
qui portent les organes vésiculeux présumés respi- 
ratoires. 

Corps filiforme ; les $egmens très- étroits et 
longitudinaux ; point d’yeux lisses ; pieds longs et 
srêles , la quatrième et dernière pièce des antennes 
supérieures articulte. Genres Lxrrouère, Nau- 


456 


CYST 


.— 


PRÉDIE et Cnevrore. Les espèces appartenant à 
ces trois genres se tiennent parmi les plantes ma- 
rines , marchent à la manière des chenilles arpen- 
teuses, tournant quelquefois avec rapidité sur 
elles-mêmes, ou redressant leur corps en faisant 
vibrer leurs antennes ; elles courbent, en nageant, 
les extrémités de leur corps. (H. L.) 

CYSTICERQUE, Cysticercus. (zoopu. 1NTEST.) 
Genre de vers entozoaires, de l’ordre des Vésicu- 
laires, qu'on reconnaît aux caractères suivans : 
kyste extérieur’ simple , renfermant un animal 
presque toujours solitaire, sans adhérence, dont 
le corps, presque cylindrique ou déprimé, se ter- 
mine en arrière par une vésicule remplie d’un 
liquide transparent, Lête armée de quatre sucoirs 
et d’une trompe à crochet. Leur kyste épais, sans 
ouverture , leur sert de demeure et de prison, et 
au milieu de la faible couche de liquide qui les 
sépare de cette enveloppe, ils peuvent exécuter 
quelques mouvemens. Le kyste est formé d’un 
seul feuillet membraneux ct assez résistant; sa 
surface interne est lisse, l’extérieure adhère aux 
parties qui l’environnent au moyen de prolon- 
gemens celluleux et vasculaires; les tissus au milieu 
desquels on les rencontre ne sont pas détruits, ils 
semblent seulement refoulés ou déprimés. Pour ob- 
server le Gysticerque vivant, dit M. Cruvelhier, 
on peut ouvrir l'abdomen d'un lapin nourri pen- 
dant quelques jours dans un lieu bas et humide 
avec des substances pénétrées d'humidité. On 
verra alors des vésicules transparentes, opaques 
et blanches seulement dans le point qui répond à 
la tête, appendues à divers points de l’épiploon 
ct enveloppées d’un kyste séreux. 

On doit distinguer dans le Cysticerque une vessie 
etun/corps. La vessie caudale est en général sphé- 
roïde, quelquefois aplatie, conoïde, plusou moins 
volumineuse-en raison inverse du corps. Celui-ci, 
ordinairement enfoncé dans l'hydatide morte, a 
de 2 à 10 millimètres de long. Il est composé 
d’anneaux superposés comme les tænias, ce qui l’a 
long-temps fait ranger parmi ceux-ci. La structure 
de ce corps est entièrement inconnue : on la consi- 
dère comme une substance homogène, dépourvue 
de cavité. On ne sait rien non plus de positif sur 
les suçoirs, et on ignore s’ils conduisent à autant de 
canaux, et s'ils sont solides comme le pensent 
Zeder et Steinbuch. Les seules fonctions qu’on 
puisse reconnaître dans le Cyslicerque sont la 
sensibilité et la contractilité. Plongé dans l’eau 
tiède ou dans le sang, il présente un mouvement 
unique :_ c'est larétraction de la tête dans la vessie 
caudale et la sortie de ce corps hors de la vessie 
par un mouvement qu’on à comparé au renverse- 
ment d’un doigt de gant. 

Les naturalistes ont reconnu plusieurs espèces 
de'Gysticerques, qu'ils ent distinguées par certaines 
circonstances de leur organisation. Telles sont : Je 
CysricerQue FASCIOLAIRE, long de six à sept pouces, 
pourvu d'une tête à grands sucoirs avec une trompe 
cylindrique, épaisse, obtuse. Son corps est allongé, 
aplati, couvert de rides régulières, ce qui le 
fait paraître articulé. On l’a trouvé dans le foie 


des rats, 


RES tm mis 


CYTH 


457 
TR ET CDR DEN ee) VU 


CYTH 


des rats, des chauves-souris. Le GysriCERQUE ‘A ! à la locomotion. Ces Crustacés habitent les eaux 


coz ÉTRoIT, long d’un à deux pouces et qu'on 
trouve dans Je péritoine et la plèvre des animaux 
domestiques. Le CYsTIGERQUE DU TISSU CELLULAIRE, 
qu’on rencontre en si grande abondance chez les 
cochons dans la maladie connue sous le nom de 
ladrerie. Enfin le CYsTICERQUE P1sIFORME , long de 
cinq à huit lignes, à tête moyenne, armée de 
sucoirs profonds , d’une trompe courte et grosse , 
couronnée de crochets médiocres. Son corps est 
rugueux, légèrement aplati et à peu près aussi 
long que la vésicule caudale ; on le trouve dans le 
fois et dans l'estomac du lièvre, du lapin. 

Les pathologistes ont distingué les Cysticerques 
en raison du lieu dans lequel ils se développent, et 
n’ont en général observé aucune différence notable 
entre ces entozoaires recueillis chez les animaux 
et ceux qu'on trouve chez l'homme. Le Cxsricer- 
QUE DU TISSU CELLULAIRE a pour la première fois 
été observé dansles tissus de l’homme par Werner. 
Depuis on l’a souvent rencontré dans l’interstice 
des fibres musculaires , dans l'épaisseur du 
cœur, etc. Enfin ils ont trouvé des Cysticerques 
dans la substance cérébrale, dans les plexus cho- 
roïdes, dans l'épaisseur des circonvolutions du cer- 
veau, dans le tissu cellulaire sous - arachnoï- 
dien , etc. (P. G.) 

CYSTICOLE , Malurus. (o1s.) Genre de Passe- 
reaux dentirostres voisin des Becs-finset des Merles. 
On en doit, la distinction à M. Temminck. 

; (Genv.) 
: CYTHÉRÉE, Cythere. (crusr.) Genre établi 
par Müller et placé par Latreille dans l’ordre des 
Ostrapodes , de la famille des Cladocères. Ses ca- 
ractères sont : corps renfermé dans un test bivalve, 
généralement réniforme, qui a la plus parfaite 
ressemblance avec celui des Cypris. Test non dis- 
tinct; un seul œil; deux antennes simples, sétactes, 
formées de cinq ou six articles, ct pourvues de 
quelques soies qui sont implantées à l'extrémité de 
chaque articulation; pieds au nombre de huit, 
articulés, pointus et garnis de quelques soies, les 
antérieurs et les postérieurs étant plus longs queles 
intermédiaires, laissant tous voir leur extrémité 
hors du test. La différence dans le nombre des 
ieds est la principale qui existe entre les Cypris 
et les Cythérées ; mais nous avons tenu compte 
de ces membres chez les premières d’après les 
observations très-exactes de Straus, et nous 
sommes obligés de nous en rapporter à la descrip- 
tion de Müller pour les dernières. Il se pourrait 
donc que plusieurs des pieds intermédiaires des 
Cythérées fussent des organes particuliers, et que 
le nombre de leurs vrais pieds ne différât pas de 
celui des Cypris; ce ne sera que lorsque ces 
animaux auront été examinés de nouveau par un 
naturaliste bien exercé dans l’art des observations 
microscopiques , qu'on pourra fixer définitivement 
leurs caractères génériques. D’après l’analogie des 
formes générales, il y a lieu de croire que les 
Cythérées, comme les Gypris , ont leurs lames 
branchiales annexées aux mandibules et aux mâ- 
choires , ct que leurs pieds sont senlement destinés 


Tone Il, 


saumâtres des bords de la mer, et vivent à la ma. 
nière des Cypris, au milieu des varecs et des con- 
ferves. Ce genre est composé de plusieurs espèces ; 
celle qui peut être regardée comme type est la 
CyrnËrée VERTE, Cythere viridis, Müll, Entom. ; 
pag. 64, tab. 7, fig. 1 eL 2 ; Cytherina viridis, 
Lamck., Anim. sans vert., tom. 5, pag. 123. La 
longueur de cette espèce est 1/6 de ligne ; le test 
est court, réniforme, vert et tomenteux. Voir, 
pour les autres espèces, Desmarest, Consid. génér. 
sur les Crustacés. (H. L.) 

CYTHÉRÉE, Cytheræa. (woix.) Genre qui 
joint à l'élégance des formes le brillant naturel 
si rare parmi les coquilles bivalves, qui a été établi 
par Lamarck et beaucoup d’autres aux dépens des 
Vénus, et dont voici les caractères : coquille équi- 
valve , inéquilatérale , suborbiculaire , trigone ou 
transverse; quatre dents cardinales sur la valve 
droite : trois de ces dents sont divergentes, rappro- 
chées à leur base, et une est tout-à-fait isolée et 
située sous la lunule ; trois dents cardinales diver- 
gentes sur l’autre valve, et une fossette un peu 
écartée parallèle au bord ; dents latérales nulles ; 
point d’épiderme au drap marin ; de là l'éclat vif 
et brillant. 

L'animal des Gythérées ressemble beaucoup 
probablement à celui des Vénus, et, comme lui 
aussi, il doit avoir deux tubes extensibles. 

Toutes les Cythérées sont marines, etle plusgrand 
nombre est lisse ou marqué de sillons ou de côtes 
parallèles aux bords; quelques unes , dont Cuvier 
et Férussac ont fait une section, ont des côtes 
longitudinales. Voyons quelques unes des espèces 
qui peuvent servir de point de ralliement pour les 
groupes. 

1° Coquilles pectinées. is 

Cyrnérée PeGTINÉE, Cytheræa pectinata, de 
Lamarck. Coquille ovale, irrégulièrement marquée: 
de taches: fauves ou rouge-brun sur un fond 
blanc: ornée à l'extérieur de côtes longitudinales 
granuleuses : celles du milieu sont tout-à-fait lon- 
gitudinales ; côtes latérales plus obliques, courbées 
et bifides ; bord interne des valves crénelé. 


2° Coquilles aplaties, suborbiculaires , & crochets 
aplatis. 


CyTnËRÉE PLATE, Cytheræa scripta, de Larmarck, 
Coquille sublenticulaire , à crochets peu proémi- 
nens; bords antérieur et postérieur réunis aux 
crochets sous un angle droit; ligament très-enfoncé; 
surface extérieure sillonnée ou striée transversa- 
lement , diversement pointée de taches fauves ou 
brunâtres plus ou moins foncées, sur un fond blanc 
ou grisâtre ; lunule enfoncée et étroite; grandeur 
et largeur, un pouce et demi à deux pouces. On la 
trouve dans l’océan Indien. 


5° Coquilles orbiculaires. 


CYTNÉRÉE EXOLÈTE ; Cytheræa exoleta, de La- 
marck. Coquille très-variable dans ses couleurs : 
quelquefois toute blanche, avec quelques flammules 


198° Livralsox, 58 


CYTI 


458 


CYTI 


d’un fauve pâle; d’autres fois les taches fauves sont 
très-multipliées ct disposées en rayons Cette Cythé- 
rée est orbiculaire, lenticulaire, peu bombée, striée 
ou sillonnée parallèlement àses bords ; sa lunule est 
cordiforme et bien marquée ; elle a environ deux 
pouces de diamètre , et elle habite toutes les par- 
ties des mers d'Europe. ; 


4° Coquilles ovales, 


CyrHËRÉE cépo-NuLu, Cytherea erycina, de La- 
marck. Coquille très-recherchée dans les collec- 
tions à cause de ses belles couleurs , grande, ovale, 
agréablement colorée par des rayons plus ou moins 
nombreux d’un fauve rougeâtre, dont quelques 
uns plus larges sont plus fortement prononcés ; 
surface chargée de silions larges et obtus; lunule 
orangée et bien circonserite. 

Cette belle Cythérée présente deux variétés : 
la première, sur un fond blanc , n’offre que deux 
rayons ; la seconde, également sur un fond blanc, 
présente un grand nombre de rayons d’un rouge 
violâtre, disposés assez régulièrement sur toute 
la surface. On la trouve vivante dans les mers de 
l'Inde; et son analogue fossile, que Lamarck a 
nommée CYTHÉRÉE ERYCINOÏDE, Cytherea eryci- 
noides , se rencontre en France aux environs de 
Bordeaux. 

Cyruénée crrrine, Cytheræa citrina,de Lamarck. 
Cette coquille, assez rare dans les collections, qui 
présente beaucoup d’analogie avec une fossile des 
environs de Paris, est cordiforme, globuleuse , 
subtrigone , striée transversalement , quelquefois 
rusliquée vers les bords ; ses crochets sont proé- 
miuens, sa lunule grande , cordiforme, marquée 
par un trait enfoncé ; son corselet est roussâtre ou 
brunûtre, lancéolé, séparé par une ligne plus 
foncée ; son intérieur, à l’état frais , est rose poux- 
pré, excepté l’angle antérieur qui est brun; la dent 
lunulaire ou latérale est petite, rudimentaire 
dans quelques individus ; son extérieur est jaune- 
citron un peu pâle; sa largeur est d’un pouce et 
demi. On la trouve dans les mers de la Nouvelle- 
Hollande. Son analogue, qui est fossile et qui ne lui 
esL différente que par le manque de couleur dû à 
son long séjour dans la terre, se rencontre à Orsay, 
près Versailles ; elle a recu le nom de Cyxrnéréx 
GLOBULEUSE , Cytheræa globulosa. (F. F.) 

CYTINÉES. (or. PHAN.) Encore une famille 
de récente création à mettre au néant. Elle est 
d'abord établie sur un petit genre qui ne pos- 
sède qu'une seule espèce : il est abusif de vouloir 
en faire le type d’une division primaire ; ensuite, 
pour lui donner une certaine consistance, on va 
chercher deux plantes étonnées de la faveur qu’on 
leur accorde; car tout les éloigne les unes des 
autres. La Cytinelle, dont nous allons parler, est 
à fleurs monoïques, tandis que le Népenthès les 
a dioïques, et que la Rafllésie est une véritable 
cryptogame. Dans le premier genre le fruit est 
une baie, dans le second c’est une capsule qua- 
driloculaire; et ce que l’on a pris pour des an- 
thères dans le troisième, ce sont des conceptacles 
remplis de séminules, Voilà cependant où nous 


conduit l'esprit prétendu progressif de nos bota- 
nistes que lon suit aveuglément. Ils veulent à 
toute force refaire, ils ne font qu'augmenter le 
désordre. 7. aux mots Boranrque, Cyrinezre, Es- 
rèce, Fame, Nérenruës ct Rarrzésre. (T, D. B.) 

GYTINELLE , Cytinus hypocistis. (80r. PHAN.) 
Espèce unique d’an genre que nous estimons devoir 
demeurer à la suite des Aristolochiées ; elle appar- 
tient à la Gynandriedodécandrie, et a le port d’une 
Orobanche ;comme elle, la Cytinelle est parasite, 
et s’attache de préférence aux racines des Cistes, 
d’où lai vient le nom vulgaire d’Aypociste. On Ja 
trouve dans quelques uns de nos départemens du 
midi ; elle abonde surtout en Italie, sur les plages 
sablonneuses et maritimes des états de Naples, en 
Grèce, dans l'Asie mineure , en Barbarie’, Espa- 
gue et Portugal. Sa tige est courte, épaisse, droite, 
un peu succulente, rougeäâtre , quelquefois jaune, 
et fixée par sa base sur la racine des Cistes ligneux ; 
en place de feuilles , elle est entièrement couverte 
de petites écailles imbriquées, charnues; ses 
fleurs , qui se montrent au printemps , sont pelites, 
monoïques, presque sessiles , rougeâtres ou jaunes, 
disposées en épi terminal, globuleux:et au nombre 
de cinq à dix; les fleurs femelles occupent tou- 
jours la partie inférieure ; point de corolles ; chez 
la fleur mâle, le calice est double, persistant , co- 
loré, tubuleux campanulé, à limbe quadrifide , ses 
divisions ovales-oblongues , un peu inégales, ve- 
lues en dehorset ciliées sur le bord ; huit étamines, 
soudées ensemble et par les filets et par leurs an- 
thères ; un rudiment de stigmate. Dans les fleurs 
femelles, le calice est de même; l'ovaire, infé- 
rieur, est surmonté d’un style épais disposé en 
colonne couronnée par un stigmate charnu, 
tronqué , à huit côtes obtuses, séparées les unes 
des autres par autant de sillons profonds. Le fruit 
est une baie couronnée, ovale, coriaee, à huit 
loges, contenant plusicurs petites graines arron- 
dies, dont le suc acide, très-astrmgent , retiré 
par expression , est converti en extrait que les an- 
ciens vantaïent beaucoup pour calmer les hémor- 
rhagies, les flux muqueux, la leucorrhée; le 
praticien prudent et habile lui préfère, de nos 
jours, les préparations onctueuses et mucilagi- 
neuses. Le meilleur extrait de Cytinelle venait de 
l'ile de Crète. (T. ». B.) 

CYTISE, Cytisus. (or. Pnan.) Genr: d’ar- 
bustes et d'arbrisseaux, au nombre d’une cinquan- 
taine environ , faisant partie de la grande famille 
des Légamineuses, et inscrit par erreur dans la Dia- 
delphie décandrie , au lieu de a Diadelphie _mo- 
nandrie. Plus de vingt espèces sont indigènes à 
l'Europe. Je parlerai d'abord du Cytise des an- 
ciens , et je terminerai par les espèces connues des 
botanistes modernes,‘ en ayant soin, à chaque ar- 
ticle, de dire l'emploi que l’industrie agricole a su 
en tirer jusqu'ici, 

Cxrisz Des ANCIENS. S'il faut en croire le na- 
turaliste qui a péri lors du fameux incendie du 
Vésuve en l'an 79 de l’ère vulgaire , le Gytise au 
rait recu son nom de l'ile de Gythnos, en l’archi- 
pel grec, où il fut trouvé, ct de Rà transporté dans 


I 


CYTI 


nn 


459 


CYTI 


oo 


les diverses parties de la Grèce ; mais on sait que 
Pline, en puisant à toutes les sources existantes 
encore de son temps, les a brouillées et appliquées 
à sa manière, Le Cytise abondait au pays des Hel- 
lènes. Selon leurs écrivains, il était la première 
des plantes fourragères, il convenait à tous les 
animaux de la ferme, auxquels ïl offrait un très- 
bon fourrage vert durant huit mois de l’année, et 
pendant les quatre autres un fourrage sec fort 
estimé; l'abeille industrieuse recherchait la longue 
grappe de ses fleurs , et partout où il se trouvait 
le miel était excellent ; la vache, la brebis et la 
chèvre qui en mangeaient donnaient beaucoup de 
lait, un laït caséeux, avec lequel on préparait les 
fromages de Cythnos si délicats , si renommés par 
toute la Grèce, et qui se vendaient fort cher. Les 
graines du Cytise étaient avidement recherchées 
par les oiseaux de basse-cour ; une infusion de ses 
feuilles bue par la nourrice chez laquelle le lait 
venait à tarir, lui rendait de suite cette hqueur agréa- 
ble , premier aliment de l’homme, fournie de ses 
précieuses qualités : c'était aussi le moyen le plus 
sûr d’en entretenir l'abondance. Sous le rapport 
de la culture, le Cytise n’était pas moins extraordi- 
naire : il se multipliait très-aisément , croissait sur 
toutes les sortes de terre, et pour réussir dans sa 
brillante végétation, il n’exigeait aucun soin; en 
un mot, cet arbrisseau était un véritable trésor 
pour le propriétaire rural : Cytisum in agro esse 
quamplurimum maxime referet, dit Columella, 
quod omni generi pecudum utilissimus est. 
: Une aussi longue série d’éloges , répétée et par 
les poètes et par les géogones, méritait bien que 
l'on cherchât à connaître le Cytise des anciens. 
Une opinion émise au 16° siècle, par Maranta, 
fit croire que cette plante était la Luzerne arbo- 
rescente de Linné, Medicago arborea. Gette opi- 
nion fut reproduite et soutenue par quatre bota- 
nistes modernes, en 1772 par Manetti de Flo- 
rence, en 1787 par Amoreux de Montpellier , en 
1799 par Marsili de Padoue, et en 1798 par 
Kurt Sprengel de Halle, sans qu'aucun d'eux fit 
mention de celui qui la leur inspirait. Le troupeau 
des compilateurs la répète à satiété, sans se dou- 
ter que la Luzerne arborescente est rare aux envi- 
rons de Rome et dans l'Italie méridionale, ainsi 
qu'en Sicile; qu'elle gèle souvent en Grèce et 
qu’elle n’habite nullement l’île Themia , l’ancienne 
Gythnos, et que nulle part elle n’a été cultivée 
en grand. En mai 1814, j'ai démontré à l'Acadé- 
mie des sciences de Finstitut de France le tort 
que l’on a de suivre la route battue, et que, pour 
retrouver le vrai Gytise des anciens, il fallait, 
comme je l’ai fait, étudier les textes grecs et la- 
tins sur le sol même qu'ils habitèrent, et recon- 
naître dans le Cytise aubours, Cytisus laburnum, 
la plante que les anciens aimaient à voir autour de 
leurs habitations. Tous les passages des auteurs s’ap- 
pliquent d'eux-mêmes aux diverses parties de l’ar- 
brisseau que je viens de nommer et” aux emplois 
ue l’on en fait encore de nos jours en Grèce , en 
talie, aux contrées montueuses de l'Europe tem- 
pérée et de l’Asie méridionale, 


Crise pes mopennes. En restituant aux Cytises 
le nom que les temps obscurs de l'ignorance leur 
avaient fait perdre, en les constituant genre, 
Tournefort et depuis lui Linné ont uni ensemble 
des plantes voisines et que nous désignons aujour- 
d'hui par les noms génériques de Genêt , Genista, 
et Spartier, Spartium. De Lamarck a épuré le 
genre Cytisus eb lui a imposé les caractères essen- 
tiels qui le distinguent, Ces caractères sont d’of- 
frir des arbrisseaux remarquables non-seulement 
par la beauté de leur feuillage, constamment 
terné et accompagné de stipules fort petites mais 
encore par l'élégance et le nombre de leurs fleurs, 
le plus habituellement d’un jaune d’or et disposées 
en grappes ou en épis ; le calice est presque divisé 
en deux lèvres, dont la supérieure est bidentée 
et l’inférieure tridentée, tantôt court et campa- 
nulé, tantôt cylindrique ou allongé ; corolle pa- 
pilionacée ; étendard relevé, réfléchi sur les deux 
côtés; ailes et carène conniventes, simples, en- 
veloppant entièrement les organes de la reproduc- 
tion; dix étamines dont les filamens sont réunis 
dans les trois quarts de la longueur en un seul 
corps , formant gaîne complète autour de l'ovaire, 
qui est oblong, surmonté d’un style simple, re- 
dressé, terminé par un stigmate obtus; légume 
oblong, comprimé , rétréci à la base, à une seule 
loge polysperme ; semences réniformes, noires, 
plus ou moins brillantes. 

On sépare les nombreuses espèces de ce genre 
en deux sections, les espèces à fleurs disposées 
en grappes et celles à fleurs en ombelles ou axil- 
laires. On à formé aux dépens de plusieurs autres 
des genres que l’on n’a pas encore généralement 
adoptés, parce qu'ils ne sont établis que sur des 
échantillons d'herbiers ou sur des notes de voya- 
geurs plus collecteurs que bons observateurs, ou 
sur des données fournies par la détestable manie 
de tout changer et d’attacher son nom à use no- 
menclature nouvelle. 

La plus belle espèce du genre est, sans contre- 
dit, le Cyrise ausours, Cytisus laburnum, qui 
croît spontanément dans les forêts montagneuses 
de la France centrale , que j'ai retrouvé en Suisse, 
sur les Alpes, en Italie et dans les parties de la 
Grèce que j'ai pu visiter ; à il monte à cinq mètres 
au moins et souvent plus, laisse flotter au gré des 
vents sa longue grappe pendante et bien fournie , 
dont la couleur d’or se marie avec tant d'élégance 
à son écorce verdâtre et unie, à ses feuilles char- 
gées de poils soyeux et que portent de longs pé- 
tioles. On le place dans les jardins et les bosquets 
comme arbre d'ornement entre la Rose de Guel- 
dres, Viburnum opulus, qui se charge de boules 
de neïge , le Gainier de Judée, Cercis siliquastrum, 
dont les fleurs brillent de tout l’éclat des feux de 
l'aurore , le Robinier carouge, Robinia pseudo aca- 
cia, que le plus léger vent dépouille de ses fleurs 
blanches qu'il éparpille sur le sol. Le seul pays 
où je lai vu cultiver avec soin, afin d'en présen- 
ter Le feuillage aux bestiaux, c’est l’ancienne pa- 
trie des Sannites , cette Apulie où les mœurs et 
les usages reportent la pensée et le cœur vers C6 


DACT 


peuple si magnanime dans les combats et après la 
victoire. On y effeuille le Cytise de Virgile, comme 
on l'appelle vulgairement , et on le donne en vert, 
ou bien on le mêle avec de la paille quand il est 
sec. Cette belle parure de l’arbre en pleine végé- 
tation a des propriétés médicinales ; elle est émé- 
tique et purgative pour l’homme. Hippocrate , 
Galien, Oribase, Ætius, Paul Æginète et leurs 
disciples l'ont appris aux modernes. La découverte 
des proprictés énergiques des semences date seu- 
lement de l’année 1808. 

Son bois s’allonge plus qu'il ne grossit ; cepen- 
dant Miller atteste en avoir vu portant quatre- 
vingt-dix centimètres de diamètre à deux mètres 
au dessus du sol. Quoique j’aie observé de très- 
nombreuses tiges d’Aubours, il ne m'est point 
arrivé d’en rencontrer d’un pareil volume. Ge bois 
est très-élastique ; les anciens Gaulois l’'employaient 
à fabriquer leurs arcs ; on retrouve cet usage aux 
environs de Mâcon, dans quelques parties du 
Jura, où l’on m'a montré des arcs datant de près 
d’un siècle , conservant encore toute leur force et 
leur souplesse. Outre cet avantage, ce bois est 
très-dur, d’abord agréablement veiné de noir et 
de blanc, puis devenant très-noir, d’où le nom de 
faux E bénier lui est appliqué par plusieurs auteurs: 
i reçoit un poli satiné. L’aubier en est fort blanc, 
le cœur verditre, l’unet l’autre passent ensuite 
au noir foncé. Si le bois égalait alors en pesanteur 
le véritable bois d’ébène et s’il prenait un poli 
plus brillant, il pourrait aisément tromper l'œil 
inexpérimenté et couvrir la ruse du commerce 
qui limmerge dans une teinture noire. On lui 
attribue parfois des propriétés vénéneuses qu'il 
p’a nullement. | 

Willdenow a érigé en espèce, sous le nom de 
Cytisus alpinus, une simple variété ayant acci- 
dentellement, et par suite de sa position sur les 
Alpes, les feuilles glabres et seulement ciliées, au 


lieu d'offrir les poils blancs couchés que l’on: 


observe sous les feuilles de l’Aubours en toutes 
les autres localités. 

Depuis quelques années on cultive en pleine 
terre dans nos jardins le GyTise PouRPRE , C. pur- 
pareus, originaire du climat méridional de l'Italie, 


460 


qe 


DACT 


le CyTisE TOMENTEUx du cap de Bonne-Espérance, 
C, tomentosus, ainsi que le CyTiISE AUX FEUILLES 
sESsiLES, C. sessilifolius, qui s’arrondit en buis- 
sons d'un aspect fort agréable et qui supporte 
volontiers les hivers les plus rigoureux. 

Tous les Cytises se couvrent de fleurs en mai 
et en juin; ils devancent souvent cette époque, 
principalement quand la saison est précoce. 

Je ne finirai point cet article sans mentionner 
le GyrisE BLANC des Canaries, C. nubigenus, que 
Linné fils a le premier décrit sous le nom de Spar- 
tium suprabunium, et sur lequel Broussonnet a re- 
cueilli de plus amples connaissances durant son 
séjour en ces îles, avant d'aller, sous le ciel des- 
potique de Maroc, chercher le repos et la liberté 
que lui refusait son ingrate patrie. L’arbrisseau 
domine le sommet des montagnes, et particuliè- 
rement le pic de Teyde ( Ténérifle) ; il y forme 
des buissons touffus de plus de deux mètres de 
haut ; ses petites feuilles soyeuses, d’un vert cen- 
dré, tombent bienlôt, et font que ses rameaux 
grêles, disposés en jets rapprochés, prennent 
l'aspect de ceux du Genêt d'Espagne, Genista jun- 
cea, d’où lui vient le nom de Genét blanc qu'on 
lui donne quelquefois ; les Canariens l’appelient 


- Retama blanca. Des fleurs blanches, petites , très- 


odorantes, le garnissent en mai de telle sorte 
qu’il semble surchargé de flocons neigeux; leur 
parfum attire les abeilles de très-loin. Il pourrait 
aisément s’acclimater en France. Ge bel arbrisseau, 
que Lamarck recommandait sous le nom de Cy- 
tisus fragrans , est avidement dévoré par les 
chèvres ; la consommation que l’on en fait aux 
Canaries comme bois à brûler, les coupes nom- 
breuses et intempestives auxquelles il est soumis 
pour ainsi dire chaque jour, les incendies causés 
par imprudence ou par la foudre en dévoreni des 
quantités incalculables, et pourraient donner à 
penser que l’on finira par le perdre entièrement ; 
heureusement il se reproduit promptement , avec 
une étonnante abondance , non-seuicment à peu 
de distance de la mer, mais encore jusque sur le 
Luf le plus dénudé , et va terminer la dernière zone 
végétante sur Jes crètes les plus élevées. (T. D. B.) 


D. 


* DACNIS. (o1s.) C’est le nom latin que Cuvier 
a donné aux Prrrirs, oiseaux de la famille des 
Passereaux conirostres. Voy. le mot Prrrrr. 
é (GEnv.) 
DACTYLE, Dactylis. (mot. rHAN. et cr.) 
Genre de la famille des Graminées et de la Trian- 
drie digynie, généralement composé de plantes 
vivaces, nombreuses , à balles mulüflores, iné- 
gales et glomérées. L'espèce la plus répandue, le 
DacrTyze cLomËRÉé, D. glomerata, celle que l’on 
trouve abondamment dans les prés, le long des 
chemins, etc. , fait un mauvais foin ; les bestiaux 
ne la mangent que lorsqu'elle est jeune ; plus âgée, 
elle est dure, On a cependant prétendu en avoir 


obtenu d’excellentes prairies : celte asserlion est 
mensongère sous toutes les climatures où je l'ai 
observée. C’est d’autant plus fâcheux que celte 
graminée pousse lrès-vite , se renouvelle prompte- 
ment, qu’elle vient dans des sols et aux exposi- 
tions où de meilleures graminées réussissent mal, 
et que l'ombre ne Jui nuit en aucune manière. On 
ne peut J’employer qu'à former des gazons dans 
les jardins; plus on la coupe, plus elle se montre 
vigoureuse : on peut porter le nombre de ces cou- 
pes à quatreet même à six. Les autres espèces n’of 
frent aucune utilité, si ce n’est le DacTyLE RAM- 
PANT, D. repens, qui croît dans les sables du dc- 
sert de Zaara et sur les côtes de la Barbarie; on 


DACT 


461 


DACT 


pourrait s’en servir à rompre la triste monotomie 
des dunes et à les fixér. (T. ». B.) 

DACTYLÈTHRE, Dactylethra. (nxpr.) Nom 
formé du mot grec dactulethra, dé à coudre, et 
donné par G. Cuvier à certains Batraciens anou- 
res qui offrent entre autres particularités d’orga- 
nisation d’avoir les trois premiers doigts des pieds 
postérieurs armés d'ongles ou de cônes cornés 
légèrement recourbés en ergots, circonstance qui 
leur avait déjà faitidonner, quelque temps, avant 
le nom moins significalif de Xenopus, des mots 
grecs æenos , élrange, et pous , pied. 

Les Dactylèthres, par la forme générale de 
leur corps, se rapprochent ces grenouilles. Ils ont 
d’ailleurs la peau lisse, c’est-à-dire sans verrues sail- 
lantes ni parotides. Leur tête est petite, leur bouche 
médiocre, Les maxillaires supérieurs sont pourvus 
de dents petites, égales, coniques, simples, à 
peine recourbées en arrière; les vomers en sont 
dépourvus ainsi que les maxillaires inférieurs. Les 
Dactylèthres n’ont pas de langue, et ce que Cu- 
vier et Wagler ont pris pour cet organe n’est que 
l’œsophage et l’estomac relournés à la manière 
d’un doigt de gant, et ainsi entraînés dans la bou- 
che soit par l’hamecon, au moyen duquel ils ont 
peut-être été pris, soit par un mouvement parti- 
culier de régurgitation accordé peut-être à ces ani- 
faux en compensation du défaut de l'organe 
chargé , entre autres fonctions, du contrôle des ali- 
mens chez les autres animaux. Les yeux sont pe- 
tits. Le tympan des Dactylèthres est caché par la 
peau ; les pieds sont grands, les antérieurs termi- 
nés par quatre doigts longs, grêles, libres, pres- 
que égaux, tous composés de trois articles; les. 
pieds postérieurs sont terminés par cinq doigts 
également longs , grêles , presque égaux et entière- 
ment palmés, composés le premier, le second et 
le cinquième de trois articles , le troisième de qua- 
tre et le quatrième de cinq; le quatrième et le cin- 
quième doigt sont mutiques. Le squelelte de ces 
animaux offre quelques particularités remarquables 
qui les rapprochent beaucoup des Pipas; avec les- 
quels on les a confondus pendant quelque temps ; 
ainsi la troisième et la quatrième vertèbre portent 
des côtes ou apophyses transverses prolongées, 
très-développées et qui s’élendent fortement en ar- 
rière; les apophyses transverses de la vertèbre 
pelvienne sont dilatées en appendices sécuriformes. 
Le sternum cartilagineux rhomhoïdal est très- 
grand et très-dilaté ; il supporte en avant un cora- 
coïide court , et en arrière une clavicule dont la 
disposition longue et grêle contraste avec ce que 
l'on observe à son égard chezles autres Batraciens ; 
le bord rachidien de l’omoplate est fortement 
échancré , et fait paraître cet os comme composé 
de deux omoplates accolées par leurs bords. Cet 
os n’est pas brisé en deux parties comme chez les 
autres Batraciens anoures. L’on trouve chez les 
Dactylèthres un vestige de bassin largement ouvert 
en avant; les pubis rudimentaires étant séparés et 
distincls chez ces animaux, où ils se retrouvent 
sous forme de petits disques osseux accolés par un 
point de leur circonférence, tandis que chez Les au- 


tres Batraciens ces os paraissent confondus par 
leur face ; de cette circonstance résulle que les 
cavités cotyloïdes ne se touchent pas immédia- 
tement par leur fond, et qu’elles sont séparées par 
un léger intervalle comme chez les Pipas. 

L'on ne connaît guère les habitudes de ces ani- 
maux. Leurs pieds, fortement palmés, font présu- 
mer qu'ils séjournent habituellement dans l’eau, 
mais l’on ne saitsi la disposition ongulée des doigts 
coïncide avec un mode de vivre particulier. Tous 
viennent du cap de Bonne-Espérance. 

Les Dactylèthres connus se rapportent à une 
seule espèce, le DAGTYLÈTHRE DE DELALANDE, dé-- 
crit sous les noms divers de Crapaud lisse, Bufo 
lœvis, Pipa lævis, de Pipa bufonia , et enfin de 
Xenopus Boiei. Long de trois pouces environ ; 
d’un gris brunâtre en dessus, vermiculé finement 
de brun, donnant quelquefois un aspect grisâtre 
ou brunâtre ponctué de blanc; blanchâtre ou 
jaunâtre en dessous. 

DACTYLOPTÈRE, Dactylopterus.  (poiss.) 
Parmi les poissons acanthoptérygiens à joues cui- 
rassées, il est peu de genres dont la forme soit 
aussi remarquable que celle des Dactyloptères, 
vulgairement nommés, avec les Exocets, Poissons 
volans, Arondes ou Hirondelles de mer. 

Les Dactyloptères sont revêtus d’écailles dures 
et carénées, leur museau est court et sans proémi- 
nences ; leur bouche est située en dessous ; il n’y 
a à leurs mâchoires que des dents arrondies en 
petits pavés, leur casque est long et large , mais 
plat et peu élevé, leur préopercule se termine en 
une longue ct forte épine qui devient une armure 
puissante. Leurs pectorales n’ont point de rayons 
libres , mais elles se divisent en deux parties; une 
antérieure de longueur médiocre, et de peu de 
rayons , et une postérieure, presque aussi longue 
que le corps. Lorsque cette partie s'étend , elle de- 
vient aussi large que longue, et c’est au moyen de 
la grande surface qu'elle présente que le poisson 
peut s'élever dans l’air, s’y soutenir quelques ins- 
tans pour se soustraire à la poursuite des autres 
poissons qui le dévorent. Cet osseux, qui est un 
très-bon manger pour l’homme, se pêche en 
pleine mer. 

Parmi les espèces de ce joli genre, nous men- 
tionnerons premièrement le DAcTyLoPTÈRE cow- 
MuN , Dactylopterus volitans, Cuv. Trigla volitans, 
Lin. Bloch, 351. Ce poisson a, comme les Trigles, 
le corps rond, allongé, diminuant vers la queue, 
et la tête est plus plate et plus allongée que celle 
d'aucun Trigle; ses écailles sont dures, carénées à 
leur bord, celles du dos sont relevées d’une arête 
longitudinale, finement crénelées; et les autres, 
disposées très-régulièrement, se joignent pour 
former des arêtes tranchantes qui règnent en ligne 
droite sur la longueur du poisson. La longueur la 
plus ordinaire du Dactyloptère est d’un pied; brun 
en dessus, rougeâtre en dessous, nageoires noirâ- 
tres, diversement tachelées de bleu, Ce Dac- 
tyloptère est très-connu dans la Méditerranée. Tous 
les auteurs qui ont traité des poissons de celle mer, 
en ont parlé en déluil, Bélon , Salvien , Rondelet, 


DAIHL = 


462 


DAHL 


en ont donné des figures, sinon parfaitement 


exacles, du moins très-reconnaissables et même 


fort bonnes pour leur temps. On le nomme à Mar- 
seille Landole et Rondole, à Montpellier Aronde, 
Arondelle, ou Rate-penade, c’est-à-dire Chauve- 
souris. À Rome, Nibio et Pesce-rondine, nom 
qu’on lui donne aussi en Sardaigne; dans l'Adriati- 
que, Rondela et Rondola , à Nice Gallina ; en Es- 
pagne Volador, en Sicile et à Malte, Galinedda 
et Pesce-falcone. Ce poisson se nourrit de petits 
crustacés. La seconde espèce est le DAGTYLOPTÈRE 
TAGHETÉ de la mer des Indes, Dactylopterus orien- 
talis , Cuv. Son caractère le plus sensible consiste 
en ce que le casque osseux de sa tête est échancré 
en arrière, som premier rayon dorsal s’avance 
jusque dans l'angle de cette échancrure ; ce rayon 
est aussi beaucoup plus long que les autres, il a 
près du triple de la hauteur du corps en cet en- 
droit. Ses nageoires sont semées de taches brunes 
plus longues et d’autres taches blanchâtres plus 
petites que dams le Dactyloptère commun. La 
taille ordinaire de l'espèce est de douze pouces. 
(Azen. G.) 

DAGUE, DAGUET, (mam.) On donne ce nom 
au premicr bois qui pousse à la tête du cerf vers 
sa seconde année. On appelle les cerfs de cet âge 
Daguets. (Guër.) 

DABEIA, Daklia. (vor. AN. et acr.) En 1812 
j'ai publié sur ce genre de plantes un mémoire 
dont divers écrivains se sont approprié les observa- 
tions sans en citer la source. Des cultivateurs leur 
ont aussi donné une certaine valeur que j'ose ré- 
clamer dans la seconde édition, imprimée en 1834, 
augmentée de nouvelles études et du résultat de 
mes expériences. On me permettra d'y renvoyer 
ceux qui voudront en suivre tous les détails; je 
n'en donnerai dans eet article que les sommités, 
afin de ne point dépasser les limites tracées par la 
nature même de louvrage. 

Les Dahlias sont originaires du Mexique; leur 
introduction en Europe date de 1790, et leur cul- 
ture en France seulement de l’année 1802. Ils ont 
recu le nom qu'ils portent de Cavanilles, qui dédia 
le genre par lui créé à Dahl, le botaniste danois. 


Willdenow a voulu substituer à ce nom celui de | 


Georgina, el Gassini détruire le genre etn’en faire 
qu'une simple espèce de son genre Coreopsis. Il 
faut-repoussser tout changement inutile et conser- 
ver la pensée du fondateur, quand elle ne blesse 
point les lois fondamentales de la science. 

Ces belles plantes radiées font partie de la fa- 
mille des Corymbifères et de la Syngénésie; elles 
sont herbacées ; vivaces par leurs racines , annuel- 
les par leurs tiges ; leur hauteur les rapproche des 
sous-arbrisseaux; elle va d'ordinaire de un à qua- 
tre mètres; leur port est léger, pittoresque. La 
tige est creuse, ramifiée, cylindrique, glabre, 
souvent rougeâtre , garnie de feuilles vert foncé en 
dessus, pâles en dessous, dentées, un peu rudes, 
opposées, une et deux fois pinnatifides, presque 
connées, à nervures constamment pennées, et ter- 
minées par une foliole impaire. Les feuilles les plus 
élevées sont toujours simples, Les fleurs qui pa- 


rent le sommet des tiges et des rameaux s’épanouis- 

sent durant les derniers mois de l’année; on les 
remarque non-seulement pour leur grandeur et 

leurs formes gracieuses, mais encore pour l'éclat 

très-varié de leurs demi-fleurons et le jaune bril- 

lant des fleurons. Le calice est presque membra- 

neux, double, extérieurement composé de cinq 

folioles spatulées, recourbées, intérieurement mo- 

nophylle, à découpures droites, ovales. Récepta- 

cle plane, garni de paillettes nombreuses. L'épo- 

que naturelle de la floraison des Dahlias a été 

changée par la culture : dans leur pays elle a lieu 

au premier printemps ; chez nous, en juin et juil- 

let paraissent les fleurs simples et demi-doubles ; 

de juillet à septembre, nous voyons les plus belles 

flears ; du quinze septembre aux premières gelées, 

on n’en a plus que d’une médiocre grandeur, dont 

les couleurs sont encore assez vives pour lutter 
avec le Kamellia et l’Astère radieuse. 

Je divise les Dahlias en deux espèces distinctes : 
1° le Dahlia superflua , dont les fleurons sont mo- 
noclynes au centre et neutres à la circonférence ; 
les tiges hautes, très-robustes ; les feuilles 
grandes, d’un vert foncé; les fleurs de couleur 
purpurine, descendant par gradation au rose et 
passant au jaunâtre ; le style plus ou moins déve- 
loppé, mais toujours imparfait ; les tubercules ré- 
tréeis insensiblement en un pédicelle assez court; 
2° le Dallia frustranea , dont les fleurons du dis- 
que sont monoclynes, tandis que ceux implantés 
sur son bord sont toujours stériles: latige.-de cette es- 
pèce est moimsélevée , plus délicate, toujours cou- 
verte d’une poussière glauque; les feuilles sont 
petites, d’un vert clair; le style tout-à-fait avorté ; 
les tubercules supportés par de longs pédicelles ; 
les semences arrivent rarement à maturité. 7 

On ne peut regarder comme espèce le Dahlia 
nain ; il est le produit de la culture, et quand ses 
semences parviennent à leur élat de perfection , 


les individus qui en naissentrentrent presque aussi- 


tôt dans l’une ou l’autre espèce indiquée. On lui 


| doit de fort jolies variétés à fleurs en globe et à 
| fleurs d’anémone, qui passent promptement au 


semi-double et au simple, 

S'il fallait s’en rapporter aux catalogues des 
fleurimanes et des marchands, le nombre des va- 
riétés arrivcrait à neuf cents et même à quinze 
cents : ce délire est un moyen de plus de tromper; 
je n’en reconnais que six à la première espèce et 
cinq à la seconde. L’une et l’autre peuvent pré- 
senter plusicurs sous-variétés qui se perdent 
bientôt. 

Quoique l’on ait parlé de Dahlias bleus , il n’en 
existe pas. Tous les moyens ont été mis en usage 
pour y arriver, aucun n’a réussi, la nature s’y 
opposait. Dans aucune circonstance on ne voit le 
bleu pur s'associer au jaune; le bleu passe sans 
peine au rouge brique et au blanc, jamais au jaune; 
il en est de même du jaune à l'égard du bleu. 

Voulez-vous distinguer d'avance les pieds à 
fleurs simples de ceux à fleurs doubles ? promenez 
les yeux sur les touffes de Dahlias de l’une ou l’au- 
tre espèce, et assurez-vous de la conformation du 


(em 


DAIM 


463 


DALÉ 


nn 


bouton. Toutes les fois que vous le rencontrerez 
parfaitement plat en son sommet, la fleur est 
simple ; quand il se présente renflé et terminé par 
un mamelon aigu, très-sensible même sur le bou- 
ton à peine formé, vous pouvez êlre certain que 
la fleur sera double. 

La culture de ces superbes plantes est très-fa- 
cile ; elles sont maintenant parlaitement acclima- 
tées. On les multiplie de semis et par tubercules 
entiers ou seulement par éclats, par la greffe her- 
bacée et au moyen de boutures ou de marcottes. 
Le premier moyen est le meilleur quand les graines 
sont nouvelles , c’est-à-dire de l’année précédente, 
celles de l’année même sont sujettes à avorter. La 
récolte des tubercules a lieu dans les premiers 
jours de novembre. Ils sont allongés, charnus, 
d’une consistance solide , réunis par faisceaux au 
nombre de cinq, six et rarement neuf; les blancs 
donnent des fleurs blanches ; les jaune-pâle, des 
fleurs jaunes ; les rouge-violets des fleurs ponceau; 
les bruns, des fleurs pourpres, etc. Ils jouissent 
d’une grande puissance végétative. On les con- 
serve sur un lit de sable sec, dans le cellier où la 
gelée ne pénètre pas, après les avoir débarrassés 
de la terre qui les encroûte, et coupé la tige à cin- 
quante-quatre millimètres du collet, 

Dans les jardins paysagers les Dahlias sont d’une 

ande ressource; de quelque manière qu’on en 
dispose les touffes , elles forment une superbe dé- 
coration; plantés en massifs, on met les Dahlias 
de la première espèce au centre, autour d’eux se 
placent les Dahlias de la seconde espèce, et de- 
vant ceux-ci le Dahlia nain que l’on multiplie en 
éclatant la tige avec un talon dès qu'il est arrivé à 
seize ou vingt-deux centimètres de haut, qu'il soit 
né en pot ou en pleine terre. 

Traités comme plantes économiques les Dahlias 
offrent dans leur feuillage et même dans leurs tu- 


bercules une nourriture agréable aux bestiaux; les | 


poules et les dindons s’engraissent en mangeant le 
tubercule simplement bouilli à l’eau ; l'âne en est 
très-friand ; le cheval, le mouton, le porc, le bœuf et 
particulièrement les vaches l’appètent avec plaisir 
cuit àla vapeur. On peut employer les tiges et les 
feuilles, ainsi que les tubercules gâtés , à l’engrais 
des terres. Au Mexique les tubercules sont alimen- 
taires pour l’homme: c’est un mets simple, salubre, 
nourrissant; certaines personnes les trouvent d’une 
saveur peu agréable. Mis sous la cendre , ils per- 
dent un huitième de leur volume , l'enveloppe ex- 
térieure se détache aisément, ct la pulpe prend 
quelque chose de légèrement sucré qui plaît. On 
les mange aussi divisés en rouelles, roussies dans 
le beurre ou bien préparées avec une sauce blan- 
che. Onles convertit en gelée, et des pétales violets 
on retire une natière colorante très-propre pour 
juger des quantités d’alcali et d’acide que contient 
unc teinture. (T. ». B.) 
DAIL. (morr.) C'est l’un des noms les plus vul- 
gaires de la Pholade, sur les côtes de France. 
PV. Puozane. (Guën.) 
DAIM, DAINE. (wau.) Nom d’ane espèce du 


genre Cenr. W, ce mot. (Gun.) 


DAIS, Dais, (Bor. PHan.) On ne connaît en- 
core que quatre espèces de ce genre de la famille 
des Thymélées et de la Décandrie monogynie: 
ce sont de jolis arbrisseaux , dont la verdure per- 
pétuelle est relevée par l'élégance de leur ombelle 
fleurie. Orginaires des contrées les plus chaudes de 
l'Afrique et de l'Asie, ils sont encore rares dans 
nos serres, el jusqu'ici assez mal observés par les 
botanistes , puisqu'ils unissent ensemble des plan- 
tes à cinq, à huit et à dix élamines , à baie mo- 
nosperme et disperme. Le Daïs À FEUILLES DE 
FUSTET , D. cotinifolia, du cap de Bonne-Espé- 
rance, est mieux connu; il se voit en Europe de- 
puis un demi-siècle environ, où il fleurit dans les 
serres tempérées, comme tous les autres végé- 
taux que nous possédons du même pays. Get ar- 
brisseau monte à quatre et rarement cinq mètres; 
ses tiges droites se divisent en branches opposées, 
revêtues d’une écorce brune, et de rameaux d’un 
vert tendre, garnis vers leur sommet de feuilles 
ovoïdes, opposées, vertes, et à peine pétioltes. 
Ses fleurs, au nombre de huit à quinze , et sou- 
vent beaucoup plus, sont ramassées en un faisceau 
terminal, ombelliforme, accompagné d’une col- 
lerette de quatre folioles ovales et velues ; le ca- 
lice est élégant, long, pubescent en dehors, di- 
visé à son limbe en cinq découpures linéaires, 
d’une couleur lilas clair agréable, et répand un doux 
parfum, pendant les quinze jours que la fleur de- 
meure épanouie, en mai, en juin et quelquefois 
plus tard. Dix étamines ayant leurs filamens insé- 
rés dans la partie supérieure du tube calicinal; 
cinq d’entre eux sont plus longs , et alternent avec 
cinq plus courts ; tous portent des anthères jaunes, 
oblongues ; l’ovaire supérieur, chargé à son som- 
met de quelques poils ; c’est pour lavoir décrit 
sur un échantillon sec que Linné le crut adhérent 
au calice. Le style est filiforme, beaucoup plus 
long que le tube, et même quelquefois que les 
découpures du limbe, terminé par un stigmate 
globuleux que la loupe montre formé d’un grand 
nombre de petits poils glanduleux, disposés en 
houppe. Le fruit est une baie monosperme. 

(T. », B.) 

DALÉCHAMPIE , Dalechampia. (por. na N.) 
Cegenre, dela famille des Euphorbiacées et de la 
Monoécie monadelphic , a été créé par Plumier et 
par Jai dédié à un botaniste érudit et infatigable 
du seizième siècle, à Jacques Daléchamps qui 
nous a laissé, sous le titre de Aistoria gencralis plan- 
tarum , l'histoire de 2751 plantes, enrichie d’ob- 
servalions exactes et le plus souvent de bonnes 
figures. 

Les vingt espèces que l’on donne aujourd’hui à ce 
genre sont toutes des arbrisseaux à tige grimpante, 
originaires de l'Amérique intertropicale, garnis de 
feuilles alternes , simples ou profondément lobées, 
munies de stipules; leurs fleurs, portées à l’ex- 
trémité de pédoncules axillaires, sont réunies dix 
ensemble sous forme d’ombelle, et accompagnées 
à leur base extérieure de quatre petites folioles 
lancétolées. Les fleurs mâles sont entourées d’un 
involucre à deux folioles, calice à cinq ou six di- 


DALÉ 


oo 


464 


DALM 


CS ete eee 


visions profondes , contenant plusieurs étamines, 
légèrement monadelphes à leur base; les fleurs 
femelles ont un involacre à trois folioles qui ren- 
ferme trois fleurs, dont le calice est partagé jus- 
qu'à la base en cinq, six, dix, douze divisions 
profondes, dentées ou ciliées, persistantes, avec 
un ovaire supère, un style simple, allongé, di- 
laté au sommet, un stigmate élargi en disque ou 
creusé en cntonnoir, La capsule qui succède est à 
trois coques globuleuses, chacune bivalve et 
monosperme. 

Le Brésil a fourni beaucoup d'espèces à Dom- 
bey et à Joseph de Jussieu : quelques unes exis- 
tent aux Antilles ; deux seules ont jusqu'ici été 
trouvées dans l’ancien hémisphère, l’une , la Da- 
LÉCHAMPIE A PETITES FEUILLES, 1). parvifolia , pro- 
vient de la Ghine, où elle a été recueillie par le 
jésuite d'Incarville ; elle est petite dans toules ses 
parties ct de couleur cendrée; l’autre est indi- 
gène à l'Inde, d’où Poivre nous l’a rapportée , on 
la nomme DALÉCHAMPIE A FEUILLES DE TAMINIER, 
D. tamnifolia, à cause des rapports de son feuil- 
lage avec celui du T'amnus communis, seulement 
elles sont plus grandes. 

L'espèce la mieux connue, la seule que lon 
cultive par curiosité, c’est la D'ALÉCHAMPIE VELUE, 
D. villosa, nommée dans l’origine scandens , parce 
qu’on ignorait alors que les autres espècesoffraient 
le même caractère. Elle est annuelle, abondante 
aux Antilles , surtout dans les bois de Haïti, ve- 
lue sur toutes ses parties, et s'élève, en grimpant, 
jasqu’à la hauteur de quatre mètres. Ses rameaux 
sont garnis de feuilles alternes, à trois lobes lan- 
céolés avec des stipu'es strites à leur base, et se 
terminent par un paquet de fleurs, épanouies en 
juin et juillet, renfermé entre deux grandes brac- 
Lées sessiles. (T. ». B.) 

DALEE, Dalea. (nor. ruax.) Linné a fondé ce 
genre de la famille des Légumineuses et de la Dia- 
delphie pentandrie en faveur de Dale, botaniste 
anglais ; il l'avait d’abord parfaitement distingué du 
genre Psoralea, avec lequel il a de grands rap- 
ports: même nombre d’étamines , même structure 
de la corolle, des ailes, du tube et da style; il 
les réunit ensuite, trompé par l'étude d’une seule 
espèce connue de son temps; éclairé par les dé- 
couvertes postérieures , de Jussieu a rétablilegenre 
Dalea. Depuis, on la enrichi des Petalostemum 
d'André Michaux, qui s’en éloignent par léurs 
étamines, au nombre de dix, et par l'insertion 
des pétales, et que nous détachons du vrai genre 
Dalée à l'exemple de Nattal, malgré leur port, qui 
est absolnment semblable. Les trois genres de- 
meurent distincts à nos yeux les uns des autres, 
je Dalea occupe le miiieu. 

Des douze espèces , tontes indigènes à l’Amé- 
rique , toutes plantes herbacées , nousne citerons 
que les suivantes, 

Trouvé au pays des Illinois, le DaLÉE À FLEURS 
POURPRES, D). purpurea ; attire les regards par son 
port agréable, par ses longs épis d’un violet rose 
éclatant, et a mérité le privilége de figurer parmi 
les plantes d'ornement. Ses tiges s'élèvent rare- 


ment à un mètre, minces, rameuses , striées, un 
peu pubescentes, elles partent d’uneracine fibreuse, 
et se garnissent de feuilles disposées en faisceaux, 
alternes et soutenues par un assez long péliole ; 
les unes sont ternées , les autres ailées, à folioles 
petites, linéaires, nombreuses, d’un vert foncé, 
légèrement pubescentes et glanduleuses. Les fleurs 
sont petites, rangées régulièrement par anneaux ser- 
rés et qui fleurissent successivement en août et sep- 
tembre. 

Non moins intéressant, le DaLée PsoRALÉE, 
D. Linnæt, présente ses épis cylindriques, velus 
et serrés , décorés de leurs petites fleurs bleues à 
la même époque ; ses feuilles sont toutes ailées et 
accompagnées de beaucoup de folioles oblongues 
et ponctuées. Son port est fort joli, mais comme 
cette espèce est annuelle, on lui donnemoins d’at- 
tention. Elle croît surles rives des deux plus grands 
fleuves de l'Amérique septentrionale, le Missouri 
et Le Mississipi. Linné l’appela D. psoralea ; Will- 
denow D. cliffortiana; elle doit le nom qu’elle 
porte aujourd’hui à Michaux. 

Il faut citer encore le D. mutabilis de Gava- 
nilles, dont les fleurs blanches sont marquées de 
quelques taches violettes et disposées sur un épi 
conique , ainsi que le D. bicolor à la corolle pa- 
nachée de blanc, de jaune et de violet. Toutes ces 
espèces fournissent une petile gousse monosperme, 
un peu velue et couverte par le calice. | 

Parsh a embrouillé ce genre, confondu des 
espèces et cité d’autres sous divers noms; il de- 
mande donc à être revu sévèrement sur Ja nature 
vivante et non pas sur des échantillons secs, sou- 
vent récoltés avec peu de soin, dénaturés par le 
transport, et toujours mal décrits par les botanis- 
tes de cabinet, Üne plante étudiée sous toutes ses 
phases végétatives se décrit mieux, et quand on lui 
a donné sa véritable place, il est impossible de la 
changer. (T. ». B.) 

DALMATIE. (aéoc.) Gette contrée forme une 

etite région naturelle assez distincte, sur le bord 
oriental du golfe Adriatique ; c’est le versant occi- 
dental des Alpes Dinariques depuis leur origine 
jusqu’au Montenegro. La Dalmatie se partage en 
Dalmatie turque ou Hertzegorine , et Dalmatie au- 
trichienne ; la première est le bassin de la Narenta 
et de ses aflluens, compris d'un côté entre les 
monts Prologh et leur prolongation méridionale 
et la chaîne principale du mont Ivan. La Dalmatie 
autrichienne forme une bande étroite sur le lit- 
toralet comprend en outre , vers le nord, le bassin 
sans issu2 d'Ottochatz. Cette vallée élevée, de 
20 lieues de longueur, est fermée par les monts 
Gapella au no®d, et Wellebitsch au sad; plus loin 
vers le sud, les monts Prologh et Dinara longent 
la côte du golfe Adriatique et se prolongent jus- 
qu'au Montenegro. Dans cette région toute mon- 
tueuse , les sommets les plus élevés sont le pic de 
Badanv dans les monts Wellchitsch, 1355"; le 
mont Dinaro, 2275" ; le mont Prologh, 1820" ; le 
mont Ivan, dans la chaîne principale, doit attein- 
dre une hauteur encore plus grande. La côte est 
bordée d'un grard nombre d'îles allongées ; les 


unes, 


DAMA 


e — 
unes, au sud, appartiennent à un système de di- 
rection est et ouest, comme le mont Hémus, 
dont elles sont le prolongement; les autres, au 
nord, se dirigent N.-0.-S.-E. comme toutes les chai- 
nes de la Dalmatie et le système de l’Olympe, 
auquel elles appartiennent. Le sol de la Daimatie, 
composé de roches calcaires de l’époque secon- 
daire, montre partout l’aridité, les formes anfrac- 
tueuses, les bassins sans issue, les cavernes , les 
gouffres et les sources rares et volumineuses qui 
forment les caractères topographiques les plus re- 
marquables de la Grèce. L 

Les îles présentent en outre une disposition 
très-singulière : quoique fort longues et étroites, 
elles renferment dans leur intérieur une vallée qui 
se prolonge d’une extrémité à l’autre entre deux 
chaînes de rochers. 

La Kerka est la plus remarquable des rivières de 
la Dalmatie ; elle sort d’une caverae au pied d’un 
rocher, se précipite de cascades en cascades el 
tombe dans la mer après avoir traversé deux lacs 
près de Scardana. La Getlina sort également de 
deux cavernes et roule entre des précipices. Les 
bouches du Cattaro, véritable phénomène naturel, 
montrent une suite de golfes s’enfonçant profondé- 
ment au milieu de montagnes rocheuses sans re- 
cevoir aucun cours d’eau. Au dessus s’élèvent les 
cimes sauvages du Montenegro. L’ile Bua renferme 
une sonrce d’asphalte ; l'ile Veglia fournit des mar- 
bres rouges, et Meleda est célèbre par les détona- 
tions souterraines qui s’y font entendre. L'action 
volcanique se manifeste sur tout le littoral par des 
tremblemens de terre, dont les principales villes, 
Raguse, Zara, Spalatro et Gattaro ont souffert à 
plusieurs époques. Le climat de la Dalmatie est 
malsain ; la chaleur humide de l'atmosphère y 
cause les fièvres qui règnent également sur une 
grande partie du littoral de l’Adriatique et de la 
mer Egée, fièvres attribuées bien à tort aux ma- 
rais qui n'existent presque nulle part : leur cause 
est plus générale , les miasmes des marais ne font 
que les aggraver. (B.) 

DAMAN, Æyrax. (maw.) Ces animaux, qui ont 
été si longtemps inconnus aux naturalistes , 
avaient été vus certainement par les Israélites, qui 
en ont parlé dans les livres saints sons le nom de 
Saphan. Vosmaër et Pallas d’un côté, et Buffon 
dans son Histoire des animaux de l’autre, sont les 
premiers auteurs qui en aient fait mention; mais, 
outre qu'ils n’ont pas su distinguer les différentes 
espèces auxquelles ils se rapportent, ils ont aussi 
ignoré quelle place ils devaient occuper dans la 
série des Mammifères. Tous s’en sont laissé impo- 
ser par quelques uns des caractères exléricurs des 
Damans, etles ont rangés, à cause de leur fourrare 
épaisse et de leur petite taille, parmi les Rongeurs, 
sans s'inquiéter si l’étude de leurs parties inté- 
rieures viendrait justifier cette détermination. 
Cuvier , ayant eu l’occasion d'examiner les Damans 
avec plus d'attention, a bientôt reconnu qu’ils 
devaient être rapprochés des Pachydermes et par- 
ticulièrement des Rhinocéros , avec lesquels ils sont 
intimement liés par leur système dentaire, la 


Tous IL, 


465 


DAMA 


forme de leur tête, et celle de leurs ongles qui res- 
semblent à des sabots, ainsi que le nombre de leurs 
côtes. Celte manière de voir est aujourd'hui géné- 
ralement adoptée. Voici en résumé les caractères 
du genre Daman : pieds antérieurs à quatre doigts 
tous munis d'ongles plats en sabots , les postérieurs 
à trois, dont deux seulement ont des sabots, l’ex- 
terne étant armé d’un ongle long et crochu, sem- 
blable à celui des Lémuriens ; 34 dents (incis. ?, 
can. 0, molaires 77); les incisives supérieures 
consistent en deux pelites dents sans racine et 
triangulaires, les inférieures, au nombre de qua- 
tre , sont tranchantes : les mâchelières semblables 
à celles des Rhinocéros ; deux petites canines dans 
la jeunesse ; un simple tubercule au lieu de queue; 
six mamelles, deux peclorales et quatre ventrales:; 
yeux grands ; oreilles larges et arrondies ; langue 
douce ; un petit mufle séparant les narines ; pelage 
épais et fin ; taille petite; 20 ou 22 côtes ; estomac 
divisé en deux poches. 

Les Damans sont propres à l'Afrique méridio- 
nale ct orientale ainsi qu'aux contrées asialiques 
avoisinantes ; ils vivent de fruits et d'herbages , et 
se tiennent sur les rochers et les montagnes ; ils 
sont d’un naturel très-doux et deviennent assez 
souvent la proie des animaux carnassiers ; on les 
apprivoise dans cerlaines contrées, et on se nourrit 
de leur chair; leur fourrure peut aussi être em- 
ployée. On a quelquefois amené des Damans dans 
nos contrées , ils y souffrent beaucoup du froid. 
Les Israélites les ont nommés, ainsi que nous l’a- 
vons dit, Saphan , les Hollandais du Cap les ap- 
pellent Klip-daas où Blaireaux de rocher, et les 
Arabes Agneaux d’1sraël, 

Suivant MM. Hemprich et Ehrenberg (Symbolæ 
physicæ, 1° décade des Mammifères) , on doit ad- 
mettre quatre espèces distincies parmi ces animaux, 
sayoir : 

Damwax pu Car, Uyrax capensis, Gm. Il a les 
poils doux, d’un brun cendré en dessous, avec 
une ligne noiïre plus foncée sur le dos; il est blan- 
châtre en dessus; tête épaisse; 48 à 5o vertè- 
bres, sur lesquels 22 ou 21 supportent des côtes; 
os interpariétal grand, triangulaire. Taille du 
Japin. 

C’est l'espèce la plus anciennement connue et 
que l’on voit le plus souvent dans les cabinets, 
Elle habite le cap de Bonne-Espérance. Les au- 
tres espèces ne diffèrent point pour la grandeur c& 
les formes. 

Dawan À occtpuT Roux, yr. ruficeps, H. et 
Ehr., loc. cit., pl. 2. Poils plus raides, d’un brun 
roussâtre, d’un roux plus vif sur l’occiput dans 
l’âge adulte. Os interpariéta] quadrangulaire, Ha- 
bite le Dongala. 

Daman DE Syne, Æyr. syriacus, Gm., H. et 
Ebr. , planche 2 de l'ouvrage cité. Il a les poils 
plus durs, d’un brun fauve en dessus, sans ligne 
dorsale, et blanchâtre en dessous. Sa tête est ONE 
épaisse que celle du Capensis ; l'os interpariétal est 
pentagonal ; les vertèbres sont au nombre /6 ou 
47, dont vingt ou vingt-une portent des côles. 

Dauax D’Asyssine, Üyr. abyssinicus, H, et 


139° LivralsoN. 9 


: 


DAMP 


466 


DANT 


Ehr., loc. cit., pl. 9, sous le faux nom de Zyr. sy- 
riacus. Il est d’un roussâtre plus clair, surtout en 
dessous; sa tête est plus grêle, son interpariétal 
semi-orbiculaire et son pelage assez dur. Il a été 
trouvé en Abyssinie dans les montagnes qui bor- 
dent la mer Rouge. (GEnv.) 
DAME et aussi DAMETTE (ors.). Ge sont deux 
noms que l’on donne quelquefois à la MÉsancE À 
LONGUE QUEUE, Parus caudatus, Linn. (GEnv.) 
DAMIER. (ois.) Le Damier est un oiseau du 
genre Pérrez (voy. ce mot}, c’est le P£TREL pu 
Car, Procellaria capensis, des nomenclateurs. 
Son nom Damier lui a été donné par les voyageurs 
à cause de la disposition de ses couleurs, qui pré- 
sentent sur le dos un mélange de blanc et de noir. 
Dans l’âge adulte, le Damier a treize pouces de 
longueur depuis le bec jusqu'à l'extrémité de la 
queue, eb vingt pouces d'envergure. Il habite le 
cap de Bonne-Espérance. (GErv.) 
DAMIER. (mozc.) Nom vulgaire de deux variétés 
de Cône; le Daurer DE LA Gin et le Faux Da- 
MER. . Cons. (Guér.) 
DAMIER. (is.) Les amateurs de papillons dé- 
signent sous ce nom, d’après Geoffroy, plusieurs 
espèces du genre AnGynne. (W. ce mot.) 
(GuËr.) 
DAMIER. (8or. Pnan.) On donne ce nom à la 
Fritillaria meleagris, Lin. V. Fririsramme. 
j (Gu£r.) 
DAMPIERE, Dampiera. (8oT. Pan.) Tous les 
botanistes se rappellent que la première florule de 
la Nouvelle-Hollande fut dressée par l’habile na- 
vigateur anglais William Dampier, qui fit de si 
belles découvertes en botanique et en géographie 
moderne; on savait aussi que l’on conservait au 
muséum d'Oxford, parmi les végétaux qu’il a rap- 
portés de son voyage dans l'Australie, une espèce 
par lui conservée vivante et demeurée vierge 
jusqu’au moment où Robert Brown créa, avec 
elle, le genre Dampière, dont il avait recueilli 
treize espèces sur le continent de la Nouvelle- 
Hollande. Toutes appartiennent à la famille des 
Lobéliacées et à la Syngénésie monogynie. Ge 
sont d'ordinaire de petits sous-arbrisseaux, ou 
simplement des plantes berbacées vivaces, d’un 
aspect raide, à feuilles alternes, coriaces, entières 
ou légèrement dentées; leurs fleurs sont bleues 
ou rougeâtres , disposées en épis ; leur corolle mo- 
nopétale, presque infundibuliforme, fenduc en 
cinq lobes (deux supérieurs , les trois autres in- 
férieurs, constituant deux lèvres) , repose sur un 
calice à cinq découpures recourbées en oreillettes 
au bord de leur base ; il adhère à l'ovaire, qui est 
infère; les étamines, au nombre de cinq, ont 
leurs filets subulés, les anthères distinctes à leurs 
deux extrémilés, mais unies entre elles par le mi- 
lieu, environnant le style et persistant avec lui. 
Le fruit cst une noix crustacée, indéhiscente, 
ombiliquée à son sommet et monosperme. Aucune 
espèce n’est encore cultivée en Europe. Toutes 
sont couvertes de poils simples ou plumeux , ou 
bien étalés en étoile, (T. ». B.) 
DANAIDE, Danais. (ixs.) Genre de Lépido- 


ptères de la famille des Diurnes, tribu des Papi- 
lionides, ayant pour caractères : pieds antérieurs 
courts , repliés contre la poitrine , mais conformés 
comme les autres; antennes en massue, oblongues, 
un peu contournées; palpes écartés entre eux, 
ayant le dernier article court ; la cellule discoïdale 
des ailes inférieures est enticrement fermée , et le 
bord anal embrasse à peine le corps ; les ailes sont 
grandes à proportion du corps; les supérieures 
sont triangulaires, un peu échancrées au bord 
extérieur ; les inférieures'sont arrondies, avec une 
espèce de poche près d’une des nervures infé- 
rieures dans les mâles. 

Ce genre est composé de papillons exotiques 
qui tous affectent la même disposition dans les 
couleurs; une espèce cependant a été trouvée, 
dit-on, à Naples; c’est la D. cunvsipre, D. chry- 
sippe, Linn. Envergure, 2 pouces et demi , tête et 
corps noirs, avec des points blancs; abdomen 
fauve ; ailes fauves', la partie externe bordée de 
noir diffus sur tout le sommet des antérieures, 
qui forme un triangle entier ; ce sommet offre trois 
ou quatre taches blanches disposées obliquement, 
et le reste du pourtour offre un rang de petits 
points blancs ; il y a en outre trois ou quatre pe- 
tites taches noires sur le disque des ailes infé- 
rieures. Le dessous est pareil au dessus, excepté 
que l'extrémité du sommet des premières ailes au- 
delà des taches blanches est jaune, au lieu d’être 
noir. Gette espèce vient d'Afrique, d’Asie,et même, 
dit-on , de Naples. 

Danaïne ancre, D. archippus, Fab. Enver- 
gure trois pouces et demi, corps noir, taché de 
blanc jaunâtre. Ailes un peu sinuées, fauves, 
avec des veines et le limbe postérieur noirs; le 
dernier ponctué de blanchâtre; les supérieures 
ayant le sommet noir, avec des taches fauves. 
Cette belle espèce vient des Antilles, du Brésil et 
des autres parties de l'Amérique méridionale jus- 
qu’à la Virginie, Elle est commune. Nous l’avons 
représentée dans notre Atlas, pl. 134, fig. 1. 

D. seuxe, D. juventa, Cramer. Envergure 2 
pouces et demi, noir enfumé, avec des points blancs 
sur la tête et le corselet, dessous de l’abdomen 
blanchâtre; du corps partent en rayonnant sur 
les ailes un grand nombre de bandes étroites , 
droites , diaphanes, mais un peu opalines , suivies 
de trois rangs irréguliers de taches pareilles allant 
toujours en diminuant jusqu'au côté externe, où 
ce ne sont plus que des petits points. Gelte espèce 
vient des Indes orientales. (A: :) 

DANTHONIE, Danthonia. (or. pHan.) Genre 
de la famille des Graminées et de la Triandrie di- 
gynie , dédié à Etienne Danthoine , botaniste mar- 
seillais , par De Candolle , légitimé par mon ami Pa- 
lisot de Beauvois et augmenté par Robert Brown 
d'espèces nouvelles provenant de la Nouvelle- 
Hollande. Les caracteres principaux de ce genre 
sont : deux glames très- grandes, concaves, ren- 
fermant deux à six fleurs à deux balles, dont 
l’externe est échancrée au sommet, et munie, au 
fond de l’échancrure, d’une arête tantôt longue 
et torlillée, tantôt demi-avortée ; trois étamines:; 


1 Tps Li 
fl 2 TANT 
Pr 
ce 


2. Danaïde. 2 Daphnie 3.Dasypogon. 4.Dasyure. 


LCuérir dr. 


DANU 


467 


DANU 


un ovaire supère, surmonté de deux styles ter- 
minés chacun par un stigmate plumeux. La graine 
est ovoïde, obtuse, libre et sans rainure. Les 
Danthonies sont très-voisines des Méliques et des 
Avoines; nous en possédons deux espèces en 
France, que l’on trouve aussi dans presque toute 
l'Europe. 

» La Danraonre iNGuINÉE , D. decumbens, qui est 
très-commune aux environs de Paris, dans les pâ- 
turages et dans les bois, était précédemment ran- 
gée parmi les Fétuques et appelée F'estuca decum- 
bens. Plante vivace, dont les chaumes, hauts de 
virét-et-un à trente-deux centimètres , assez droits 
d’abord, sont ensuite inclinés à l’époque de la ma- 
turation des graines.Leur panicule est resserrée en 
épi et composée d’épillets blanchîtres ou légère- 
ment violacés, contenant chacun trois à quatre 
fleurs. 

La Danrnonte cac, D. calycina, que l’on a 
sottement étiquetée du mot provençale, puisqu'elle 
n’est pas seulement propre à cette ancienne con- 
trée de la France, et qu’on la rencontre dans 
presque tous nos départemens du sud-est et dans 
plusieurs autres pays voisins. Je préfère rappeler 
le nom primitif que Villars lui avait imposé, celui 
de Avena calycina. Ghez elle, les chaumes sont 
grêles , un peu coudés à leur base, ensuite redres- 
sés, garnis de quelques feuilles filiformes et de 
panicules droites composées de quatre à cinq épil- 
lets solitaires. Gomme la précédente, elle est vi- 
vace. (T.». B.) 

DANUBE. (céocr.ruys.) Ce fleuve, le plus grand 
de l'Europe après le Volga, est nommé Donau 
par les Allemands ; les anciens le désignaient sous 
les noms d’Jster et de Danubius, dont le dernier 
s’appliquait principalement à la partie supérieure 
de son cours. 

Entre la région septentrionale de l’Europe qui 
verse ses eaux dans les mers du Nord ,et la région 
méridionale dont les eaux descendent rapidement 
à la Méditerranée, il existe au centre de l'Europe 
une vaste dépression bornée au sud par les hautes 
chaînes des Alpeset des Balkhans , et aunord par 
un enchaînement de montagnes moins élevées et 
moins continues. Cette région basse se compose, 
depuis le plateau de la Suisse jusqu'à la mer 
Noire, d’une suite de plateaux ou de bassins étagés 
s’abaissant graduellement vers l’est, et dont l’en- 
semble forme le bassin du Danube. Les dépressions 
successives dont il se compose, comblées par des 
matières de transport et par les dépôts des lacs qui 
en occupaient la place, communiquent entre elles 
par des brèches ou fractures ; la plus profonde 
s’élant trouvée située vers l’est dans les monta- 
gnes du Bannat, a ouvert aux eaux de tout le 
bassin un débouché vers la mer Noire. Telle est 
l’origine du fleuve, dont le cours, aujourd'hui à 
peu près régulier, s’étend, sur une longueur di- 
recte de 400 lieues , des montagnes de la Souabe 
à la mer Noire. 

Sinous parcourons l'enceinte du bassin hydro- 
graphique du Danube, nousvoyons d’abord à l’ouest 
des collines sablonneuses séparer ses premiers af- 


fluens de ceux du Rhin ; puis viennent, au nord, 
les montagnes de la Forêt-Noire, les Rauhe-Alb, le 
Fichtelberg , puis le Bohmerwald qui se rappro- 
che tellement des bords du Danube, dans la par- 
tie moyenne de son cours, que les sources de la 
Moldau, affluent de l’est, ne sont pas à plus de 7 
lieues du Danube près de Passau. Ce rapproche- 
ment des sources d’un grand fleuve du milieu du 
cours d’un autre fleuve montre bien le peu de fon- 
dement de ous ces systèmes par lesquels on cher- 
che à lier l’orographie avec l'hydrographie. 

: Les montagnes de la Bohême , en retournant 
vers le nord-est, élargissent le bassin du fleuve, qui 
n’est plus borné que parla vaste enceinte des Su- 
dètes et des Karpathes. Au sud, l'enceinte du 
bassin est plus élevée et plus régulière; les Alpes 
et les Balkhans décrivent, depuisles Alpes de VAII- 
gau, en Suisse , jusqu'aux environs de Chumla, 
en Turquie, un immense af de cercle. 

La surface totale du bassin du Danube est de 
40,000 lieues carrées ou plus du treizième de Ha 
surface totale de l'Europe. On peut la concevoir 
divisée naturellement en 3 principales régions phy- 
siques. 

La première, ou la région supérieure, est limitée 

vers l’est par une branche des Hautes-Karpathes 
qui vient gagner la rive gauche du Danube entre 
Gran et Pesth, et se prolonge sur l’autre rive 
exactement dans la même direction N.-E.-S.-0. 
par les montagnes de Bakony et de Latja. Elle 
comprend les parties méridionales de Bade, du 
Wurtemberg , de la Bavière, l’Autriche, la Mo- 
ravie et la plaine occidentale de la Hongrie. Dans 
celte région supérieure , le Danube recoit sur sa 
rive droite l'Iller, le Lech, l'Ina , le Raab:; sur sa 
rive gauche, la Naab, la March, le Waag, le Gran 
et l’Ipoli. 
» La région moyenne ou centrale comprend}, au 
nord , l'immense plaine hongroise et la Transyl- 
vanie; au sud, l’Esclavonie, la Bosnie et la Ser- 
vie ; la chaîne méridionale de Transylvanie cou- 
pée par le Danube entre Orschova et Panchova, 
et les collines au sud du fleuve qui forment l’en- 
ceinte du bassin de la Moldava, la limitent vers 
l'est. C’est dans cette région que le Danube recoit 
ses principaux affluens : à la rive droite, la Drave, 
la Save, la Morawa ; à la rive gauche, la Theiss, 
fleuve plus grand que la Seine et réceptacle de 
toutes les eaux de la Hongrie orientale et de la 
Transylvanie. 

La région inférieure ou orientale , pays de plai- 
nes uniformes, comprend la Valachie , la Molda- 
vie et la Bulgarie ; le fleuve y recoit une foule de 
rivières dont les plus considérables sont le Sereth 
et le Pruth. 

Les géographes qui veulent, à limitation des 
anciens , chercher des sources remarquables pour 
y placer le berceau des fleuves , placent celui du 
Danube dans la cour du château de Donaueschin- 
gen; au lieu de cette origine plus poétique que 
géographique, nous regärderons le Danube comme 
formé par la jonction de deux petites rivières , la 
Brigach et la Brege, qui descendent des mon- 


DANU 


468 


DANU 


tagnes de la Forêt-Noire. Dans cette première par- 
tie de son cours, le fleuve coule dans des vallées 
pittoresques, dont les rochers de gneiss et de gra- 
nite sont recouverts de forêts. À Geysingen, les ri- 
ves. du fleuve sont déjà formées par des couches 
de calcaires secondaires, et un peu au-delà de 
Kiedlingen il entre dans les vastes plaines de la 
Bavière qui forment la continuation du plateau de 
la Suisse et sont recouvertes comme lui de dé- 
pôts tertiaires et alluviens. Le fleuve à Ulm n’a 
encore que 100 pieds de largeur; au dessous 
de l'embouchure du Lech, ilen a déjà 400; à 
Passau , son cours est resserré par le rapproche- 
ment des montagnes; plus loin, des collines peu 
prononcées bordent les deux rives du fleuve jus- 
qu’à Ens. Entre Amstetten et Molk, il est de nou- 
veau barré par une petite chaîne de montagnes 
primitives qui resserrent son lit et se joignent au 
nord aux montagnes élevées de la Bohême, dont 
elles forment la base. Remarquons qu'ici le Da- 
nube coule dans une étroite fracture au milieu des 
montagnes primitives , tandis qu'entre ces monta- 
gnes et les Alpes il y a des collines de sables, et 
très-près des Alpes un vaste canal d'écoulement 
occupé en partie par les eaux de la Traun. Après 
avoir franchi cet obstacle, le Danubes’étend dans 
une plaine alluviale qui dépend du bassin légère- 
ment ondulé de Saint-Polten, qui n’est séparé de 
la plaine de Vienne que par des collines tertiaires. 
Dans ce trajet, le Danube varie dans sa largeur de 
400 à 800 pieds, et, dans certaines parties, son lit 
est semé d’iles nombreuses. 

La plaine de Vienne cesse avant d'atteindre 
Presburg, où le Danube franchit les portes de la 

Hongrie à travers une chaîne granitique , ramilfi- 
cation des montagnes de la Moravie, au nord, et 
de la Styrie, au sud. 

Le château de Presburg est bâti sur un rocher 
granitique qu'on regarde comme le premier pro- 
montoire de la chaîne des Karpathes occidentales. 
Ici le Danube a déjà 715 pieds de largeur (la Seine 
n’en a que 450 au jardin des Plantes). 

Une vaste plaine alluviale, où le Danube forme 
des îles d’une très-grande surface, s'étend depuis 
Presburg jusqu'au-delà de Komorn, sur les deux 
rives du fleuve ; le Danube la traverse oblique- 
ment, et son lit acquisrt en-decà de Bude jusqu’à 
2000 pieds de largeur. Au-delà de Gran, la chaîne 
des monts de Bakony et de Latja borne, comme 
nous l'avons dit, la plaine de Presburg et le Da- 
nube supérieur, en se joignant vers le N.-E. aux 
Karpathes centrales. La partie de ces montagnes 
dans laquelle le Danube pénètre, entre Gran et 
Wast, appartient aux roches trachytiques , et 
forme un groupe isolé parmi les nombreux ter- 
rains volcaniques de la Hongrie. Le Danube 
baigne le pied du rocher sur lequel on voit les 
ruines pittoresques du château de Wissegrad, où 
se conservait religieusement la couronne de 
Hongrie. 

Après avoir franchi cet obstacle, ils’étend dans 
l'immense plaine hongroise ; mais, au lieu de sui- 

-vre sa direction vers l'est, il tourne brusquement 


à À 


vers le sud, quoique des collines de sables fassent 
le seul obstacle qu’il eût à surmonter; il suit cette 
nouvelle direction pendant Go lieues, et dans ce 
trajet à travers une contrée déserie ct des plus 
monotones , ses bords sont couverts d'immenses 
marais. Lorsque son lit n’est pas partagé en plu- 
sieurs bras il atteint 5000 pieds de largeur, et 
sa pente insensible n’est pas d’un demi-mètre par 
licue. 

Où voit par la nature du sol de cette plaine, 
l’une des plas grandes de l'Europe, qu’elle fut un 
golfe avant de devenir un immense lac d’eau douce 


‘dont les marais actuels sont les derniers restes. 


La direction moyenne du fleuve devient en- 
suite E.-S.-E, ; il longe le pied des montagnes de 
la Servie, dans lesquelles son cours se resserre en 
se précipitant dans des gorges profondes, entre 
la prolongation de ces montagnes et celles du 
Bannat. À Neu-Orsova , il sort de son bassin cen- 
tral et des états hongrois, franchit de nouveaux 
obstacles qui s'opposent à son passage et s'étend 
dans les plaines de la Valachie et de la Bulgarie. 
Remarquons encore ici que, d’après les observa- 
tions récentes de M. Hoffmann , il existe au sud 
d’Orsova , dans les collines qui forment l'enceinte 
du bassin de la Morawa, une région basse ter- 
tiaire et alluviale qui indique une large communi- 
cation avec la mer Noire et qui eût été le cours 
naturel du fleuve, si les fleuves avaient creusé leur 
li. 

Le Danube se jette dans la mer Noire par trois 
embouchures principales nommées Boghaz, après 
avoir formé un delta de plus de 20 lieues de lar- 
geur et d'autant au moins d’étendue littorale. Les 
sondages du capitaine Gauthier montrent que ce 
delta prolonge sous la mer à une très-grande dis- 
tance ; en effet, à 21 lieues du rivage, la sonde 
donne 50 brasses, fond de vase, ce qui indique en 
outre la formation d’un vaste dépôt avec une pente 
d’un mètre pour mille, ou en couches sensible- 
ment horizontales. | 

Les obstacles que ce fleuve franchit dans son 
cours rendent sa pente très-irrégulière. Si on le 
considérait comme coulant sur un plan uniforme, 
sa pente serait environ d’un mètre pour quatre 
mille mètres; mais il n’en est pas ainsi; dans 
toute la Hongrie, on sait qu’il n’a qu’une pente 
peu sensible, tandis que sa rapidité met un ob- 
stacle à la navigation dans le passage de la Hon- 
grie à la Valachie. Les hauteurs suivantes , rappor- 
tées au niveau de la mer, mettront à même d’ap- 
précier ces changemens de pente. 


DUMAS sect: ce eds che dre ee OPINERS 


à Donauyworth . + + » + -.+ + 0 
à Ingolstadt. . . . . . . . . . . . 900 
à:Ralisbonne., : mire cet PO 
À Passat ue + spa 16 42 RU 
à NJeNRPELAUeLs à de ape de RNA 
À NÉS ee + + « 0 de 02 D 
A Dee eee ui ae. 
PA VOMbOT ee » ee le) ce 0 RS 


Parmiles villes importantes qu’arrose le Danube, 


EEE Rs 


DAPH 


nous nous bornerons à citer Ulm, Vienne, El- 
chingen, Ratisbonne, Lobau, Esling, noms qui 
nous rappellent des souvenirs glorieux.  (B.) 

DAPHNÉ , Daphne. (mor. ruax.) Rappellerai-je 
ici la fuite de cette jeune nymphe poursuivie par 
un dieu exilé; la manière merveilleuse dont sa 
chasteté échappa au péril qui la menacait, et le 
cruel désappointement de son amant éperdu , lors- 
que, l'ayant saisie, il sentit qu'il n’enlaçait dans 
ses bras, au lieu d’une. taille svelte et souple, 
qu’un tronc dur et noueux ? Non, ne nous expo- 
sons point aux sarcasmes des romantiques , et n'ex- 
humons point la pauvre Daphné de cette littérature 
fossile où gisent désormais tous les mythes de la 
Grèce et de Rome. Aussi bien, malgré l'identité de 
nom, n'est-ce pas de l'arbre dans lequel elle fut 
changée qu’il s’agit ici. Notre Daphné est même 
“d’une famille différente : il appartient aux Thymé- 
lées deJussieu et à l’Octandrie monogynie de Linné. 
Nous devons à Wikstroom une excellente monogra- 
phie du genre qui fait le sujet de cet article. Carac- 
tères : calice coloré et pétaloïde, tubuleux, presque 
infundibuliforme, dont le limbe est à quatre divi- 
sions Ctalées: étamines au nombre de huit, insérées 
aux parois du calice, et disposées sur deux rangs 
superposés, ayant des filets très courts, et les an- 
thères introrses à deux loges qui s'ouvrent par un 
sillon longitudinal ; cvaire libre, quelquefois légè- 
rement pédicellé , offrant à la base un petit disque 
‘annulaire et hypogyne, el n'ayant qu'une loge où 
se trouve un seul ovule dressé; style très-court 
terminé par un stigmate épais, discoïde , légère- 
-ment ombiliqué à son centre; drupe charnu, pi- 
-siforme, un peu allongé, nu, contenant un 
noyau monosperme, dont l'embryon, qui est très- 
gros, est renversé dans un endosperme charnu et 
“peu épais. 

Ce genre renferme une quarantaine d'espèces, 
répandues en Asie, en Amérique et dans la Nou- 
velle-Hollande. Ce sont des arbustes ou arbrisseaux 
à feuilles éparses ou rarement opposées; à fleurs 
roses , blanches ou violacées , groupées, en géné- 
ral, à l’aisselle des feuilles; quelquefois, cependant, 
elles sont terminales. Dans quelques espèces , 

elles s’épanouissent avant le développement des 
feuilles. 

Le genre Daphné est très-voisin du genre Passe- 
ina, et un grand nombre d’espèces ont allérna- 
-tivement passé de l’un à l’autre. Ce qui les distin- 
sue, c’est que, dans les Passérines, le calice est 
“persistant et recouvre le fruit, ce qui n’a point lieu 
dans les Daphnés. En outre, dans les Passérines, 

le fruit est presque sec, tandis que, dans les 
Daphnés il est manifestement charnu. 
La positicn des fleurs détermine, dans ce genre, 


Ù x 


| es deux sections suivantes : 


LE 1° Fleurs axillaires et latérales. 

4 Darnxé BOIS-JOL1, Bois-GENTIL, ou MÉzÉRéON ; 
l - Daphne mezereum, L: Bull. (Herb., t. 1). Gette es- 
| "pèce est un arbuste d'environ quatre pieds de haut, 
| IL se plaît dans les bois humides et montueux de 


| a France, de l'Allemagne et de l'Italie. De dé- 


469 


DAPH 


nt 


cembre en février , il produit des fleurs sessiles> 
latérales, petites, odorantes, violâtres ou blan- 
ches. On le multiplie aisément de graines. 
Darané Launtoze, D. laureola, L. Bull. (t. 37). 
Arbuste indigène de trois à quatre pieds de haut. 
Les feuilles de cette espèce sont réunies vers le 
sommet des branches. Le D, lauréole fleurit quel- 
quefois quand la terre est couverte de neige. On 
le trouve dans toutes les forêts qui couvrent les 
montagnes de l'Europe. C'est sur le D. lauréole 
qu’on greffe toutes les autres espèces de Daphnés, 


{ à l'anglaise ou à la pontoise. 


Daruné ronTiQuE , D. pontica, L. Andr. (Rep., 
fig. 73.) Cette espèce nous vient, comme son nom 
l'indique, des côtes de la mer Noire. Elle parvient 
à une hauteur de deux à quatre pieds. Ses rameaux 
flexibles, à feuilles obovales elliptiques, glabres 
et coriaces, balancent agréablement, de mars en 
mai, des fleurs nombreuses, grêles et verdâtres, 
odorantes, géminées. Le Daphné pontique peut 
croître sous le ciel de Paris en pleine terre, 
pourvu qu’on prenne certaines précaulions, comme 
de le couvrir l'hiver. 


2° Fleurs terminales. 


Daruxé DE LA CGuiNE, D. sinensis, Lamk., D. 
odorata, Aït. Jacq. Hort. Schon., £. an, p. 54, 
fig. 351. Joli arbuste à feuilles ovales, glabres, 
luisantes, et à fleurs réunies au sommet des ra- 
meaux, pédicellées, rougeûtres, pubescentes en 
dehors , exhalant une odeur suave. Get aimable 
étranger ne supporte chez nous les rigueurs de 
l'exil que lorsqu'on réussit à le tromper par la 
douce température d’une bonne orangerie. 

Daruxé Gien, D. gnidium , L., petit arbuste 
commun dans le midi de la France , en Italie, en 
Espagne. Sa tige, qui s’élève à deux ou trois pieds, 
est très-rameuse, surtout à la partie supérieure ; 
les feuilles sont très-rapprochées, lancéolées, 
étroites , molles et un peu pubescentes ; les fleurs 
forment une sorte de petit corymbe au sommet des 
ramifications des branches : elles sont petites, 
inodores, soyeuses en dehors, légèrement roses en 
dedans ; drupes secs, noirâtres, très-peu char- 
nues. La médecine fait usage de l'écorce du 
Daphné gnidien, que l’on désigne vulgairement 
par le nom de Garou ou Saint-bois. Cette écorce est 
fibreuse, dure, résistante, grise en dehors , jaune 
en dedans; elle a une saveur amère et extrême- 
ment âcre. Ramollie durant quelques heures 
dans du vinaigre, et appliquée immédiatement 
après sur la peau , elle y détermine une rubéfaction 
et une inflammation, et par suite des ampoules ; 
propriétés qui en font un bon exutoire. Au reste, 
elles sont communes à toutes les espèces du genre. 

Dapxxé oporanT, D. cneorum, L. Bull. t. 121, 
D. odorata, Lamk. FI. fr. Cette espèce abonde 
en France, en Italie, en Espagne ; etc. C’est un 
fort petit arbuste qui ne s'élève guère qu'à un 
pied : il est rameux; ses feuilles sont éparses, 
sessiles , cunciformes , lancéolées, entières, coria- 
ces, persistantes, d’un vert foncé, luisantes en 
dessus; ses fleurs sont rougeâtres, presque sessiles, 


DAPH 


470 


DAPH 


et se groupent en capitule terminal ; elles exhalent 
une odeur très-Suaye : le fruit estun drupe ovoïde, 
soyeux et fort peu charnu. Il y en à deux va- 
riétés, l’une à fleurs blanches, l’autre à feuilles 
panachées, Le D, cneorum fleurit en avril et mai. 
Voyez}, pour les autres Daphnés qu’on peut cul- 
tiver dans nos jardins, l’Almänach du Bon dJar- 
dinier. 

Le docteur Mérat, dans sa Flore des environs de 
Paris, adopte la famille des Daphnés, dont le 
genre que nous venons de décrire est le type, et 
qu'il caractérise ainsi : «Plantes à feuilles simples, 
» ordinairement alternes ; fleurs hermaphrodites ; 
» périanthe tubuleux, coloré; étamines insérées à 
» l’orifice du tube , en nombre double de ses divi- 
»sions ; ovaire supère ; un style à stigmate simple; 
» fruit monosperme, parfois recouvert par le pé- 
»rianthe , ou bacciforme. » (G. £.) 

DAPHNIE, Daphnia. (arusr.) Ge genre, éta- 
bli ‘par Müller, est rangé par Latreille dans le 
septième ordre, celui des Lophyropes, et dans 
la deuxième famille de cet ordre, les Clado- 
cères ; les caractères des Daphnies sont : deux an- 
tennes en forme de bras, entièrement découvertes, 
aussi longues ou presque aussi longues que la tête et 
le test, On ne voit aucune tache oculaire au devant 
de leur œil, Les troisième et quatrième articles, 
ou les deux derniers des huit premières paltes, 
forment une sorte de nageoire bordée de soies et 
de filets ; le côté interne du troisième article de Ja 
seconde paire et des deux suivantes offre, en ou- 
tre, une lame branchiale, mais plus fortement 
prononcée, à raison des soies plus nombreuses et 
plus serrées, aux troisième et quatrième paires 
de pattes; les filets du dernier article de ces trois 
paires de pattes branchiales sont articulés, bar- 
bus, et forment une sorte de digitation ou de pei- 
gne ; l'extrémité du troisième article des secondes 
pattes présente aussi au côté interne des soies 
barbues, Les deux derniers articles de la dernière 
paire se prolongent en manière de pointes séta- 
cées, dirigées en sens opposés, el dont l’une 
velue, La partie correspondante, à la lame bran- 
chiale, est dépourvue de soies ou de filets. Le qua- 
 trièmeet dernier article des deux premières pattes 
est terminé par un crochet, mais plus fort dans le 
mâle : ici l’article précédent offre aussi une lon- 
gue soie, Ges derniers individus ont, en général, 
les antennes inférieures plus longues, la tête pro- 
portionnellement plus courte, avec le bec moins 
saillant, le test plus étroit, moins gibbeux posté- 
rieurement , et plus ouvert en devant; il se ter- 
mine d’ailleurs de même dans les deux sexes, en 
une pointe ou stylet dentelé, qui se raccourcit et 
devient obtus avec l’âge. Le corps proprement dit 
est parfaitement libre ou dégagé du test, divisé en 
huit segmens, avec une pointe au quatrième, et 
une rangée de mamelons sur le dessus du sixième. 
Le long de ses côtés antérieurs sont situés les 
ovaires ; ils s'ouvrent séparément dans une cavité 
dorsale , entre le corps proprement dit et le test, 
et que Jurine nomme matrice. Il attribue à une 
maladie une grande tache obscure etrectangulaire, 


appelée ephippium on selle par Müller, qui, à quel- 
ques époques de l’année, et principalement en été 
et après la mue, se imontre dans les femelles à Ja 
pare supérieure de la coquille. Suivant Straus, 
qui a observé ces animaux avec une rare patience, 
et en a donné une très-bonne monographie, cet 
éphippium, qui se divise, ainsi que les valves dont 
il fait partie, en deux moitiés latérales, présente 
deux ampoules ovalaires, transparentes, placées 
l’une au devant de l’autre, et formant, avec celles 
du côlé opposé , deux pelites capsules -ovales 
s’ouvrant comme une coquille bivalve, où le test, 
L'intérieur de cet éphippium en offrirait un 
autre, mais plus petit, à bords libres, excepté le 
supérieur tenant aux valves, et dont les deux moi- 
tiés, jouant en charnière l'une sur l’autre, pré- 
senteraient les mêmes ampoules que les battans 
extérieurs, Chaque capsule renferme un œuf sem- 
blable aux œufs des autres entomostracés, mais 
se développant plus lentement et devant passer 
l'hiver sous cette forme. A l’époque de la mue, 
cet éphippium, abandonné avec les œufs, leur 
servirait d'abri. Ils sont absolument libres dans 
les réceptacles qui leur sont propres. 

Cet observateur n’a jamais vu éclore ceux qui 
avaient été desséchés, quoique Schaeffer assure 
qu'une longue dessiccation ne leur est point nuisi- 
ble. Suivant Jurine, le petit naît en été, au bout 
de deux ou trois jours après la ponte. Au rapport 
de Straus, qui a suivi ces œufs dans toutes les 
saisons de l’année et sous le climat de Paris , il faut 
au moins cent heures. Le fœtus commence à se 
mouvoir à la quatre-vingt-dixième, lorsque l'œil 
a paru, et que les bras et les valves se sont allongés. 
Il est très-actif à la centième. Vers la fin du cin- 
quième jour , la queue, qui termine les valves dans 
le jeune âge, et les soies des bras, se débandent 
comme un ressort, et les pattes commencent seu- 
lement à s’agiler; les petits devant paraître au 
jour, la femelle abaisse son abdomen, et ils s’é- 
lancent au dehors. Le naturaliste génevois précité 
a suivi les développemens progressifs du fœtus en 
hiver , et comme les petits n’ont paru que le 
dixième jour, il a pu observer leur formation 
d’une manière plus précise et plus détaillée. I faut 
recourir à l'ouvrage de ce naturaliste pour bien 
connaître ces changemens. Nous dirons simplement 
qu’en thèse générale, l’œuf, dès son principe, se 
compose d’une bulle centrale, paraissant corres- 
pondre au canal alimentaire, entourée de plusieurs 
autres bulles plus petites, avec les molécules co- 
lorées dans les intervalles; que le nombre de ces 
petites bulles décroît au fur et à mesure que les 
organes se développent ; que le huitième jour elles 
ont presque entièrement disparu; mais la centrale, 
occupant le canal alimentaire sous le cœur, sub- 
siste encore; le dixième, le petit, entièrement 
formé, sort de la matrice et resté un instant im- 
mobile. Les mâles sont très-ardens à poursuivre 
leurs femelles , et souvent le même individu. Ju- 
rine, plus heureux à cet égard que Straus, a vu leur 
accouplement, Le mâle, placé d’abord sur le dos 
de sa compagne, la saisit avec les longs filets de 


0? 


DAPH 


471 


DASY 


oo 


ses pattes antérieures , rapproche ensuite le bord 
inférieur de sa coquille du même bord de celle 
de sa femelle , y introduit les filets et les crochets 
de ses pattes, et ramène sa queue près de la sienne. 
La femelle ne cède pas toujours, el emporte sou- 
vent avec elle l’autre individu. Les œufs , d’abord 
sous la forme de petits grains verts, rosés ou bruns, 
suivant les saisons , remontent graduellement dans 
la matrice pour y prendre la grosseur et la figure 
qui leur sont propres. Au témoignage du même 
observateur, les mâles seraient moins nombreux 
que les femelles. On n’en trouve que diflicilement 
au printemps et en été; ils sont moins rares en 
automne. Huit jours environ après leur naissance, 
les petits subissent une première mue : non-seule- 
ment le corps, mais les branchies et les soies des 
rames se dépouillent alors de leur épiderme. Les 
mues suivantes ont lieu par intervalle de cinq à 
six jours, selon le plus ou moins d’élévation de la 
température. Ce n'est qu'à la troisième que ces 
crustacés ont acquis la faculté reproductrice, La 
ponte n’est d’abord que d’un œuf; mais les sui- 
vantes augmentent progressivement 3 et une es- 
pèce, Daphnia magna, produit jusqu'à cinquante- 
huit œufs. Un jour après la ponte , la femelle mue, 
et les tégumens abandonnés renferment les coques 
des œufs de la dernière ponte. Un moment après, 
elle change encore de peau. Les jeunes d’une 
même portée sont presque toujours du même sexe, 
et sur cinq à six pontes continuelles, il s’en trouve 
au plus une de mâles. 

Les mues et les pontes cessent aux approches 
de l'hiver. Les œufs contenus dans les éphippiums, 
et qui avaient été déposés en été, éclosent au prin- 
temps suivant. Straus n’a jamais remarqué que ces 
animaux, rassemblés en grand nombre, donnassent 
aux eaux qu’ils habitent une couleur rouge, ainsi 
qu’on l'avait avancé. Ils nagent par petits bonds et 
ne se nourrissent, suivant lui, que de parcelles de 
substances végétales. Il leur a vu avaler jusqu’à leurs 
propres excrémens, que le courant de l'eau, pro- 
duit par les mouvemens de leurs pattes, avaient 
portés à leur bouche; l'extrémité de leur queue 
leur sert souvent à nettoyer leurs branchies. 

Les espèces qui composent ce genre sont peu 
nombreuses , la plus commune et en même temps 
la plus abondante dans nos eaux est la DaPunie 
puce , Monoculus pulex, Linn. , le Perroquet d’eau, 
Gcofl., ou la Puce aquatique arborescente de 
Swammerdam. Les soies des branches de ses anten- 
nes sont plaumeuses. Son bec est grand et convexe. 
Le premier mamelon du sixième segment du corps 
est en languette. Les valves de la coquille, dente- 
lées au bord inférieur , se terminent par une queue 
courte, obtuse dans les femelles. Cette espèce est 
représentée dans notre Atlas, pl. 154, fig. 2. 

HE.) 

DAPHNOT, Bontia. (RoT. pHan.) On trouve 
aux Antilles un bel arbrisseau qui se plait de 
préférence dans les lieux maritimes, Mais qui ne 
refuse aucune sorte de terrain , puisqu'il se soumet 
à former des haies autour des-jardins, particuliè- 
rement daus les îles des Barbades. Là, il porte 


le nom vulgaire d'Olivier sauvage ou bâtard, sous 
lequel Plukenet (Amalg., tab, 209, fig. 3) l'a 
décrit et figuré, Il constitue un genre à la suite 
des Solanées et se place dans la Didynamie an- 
giospermie. Le Dapuxor ps Anrizzes, B. da- 
phmoides de Linné, est encore la seule espèce con- 
nue du genre. Toujours vert, d’un assez beau 
port, cel agréable arbrisseau est recherché par les 
amateurs de-végélaux exotiques , comme jetant de 
la variété dans les serres; mais, en ces étroites 
prisons , où tout est obligé de plier sous une tem 
pérature égale, de vivre immergé dans une at- 
mosphère corrompue par la tannée, de ne rece 
voir d’eau qu’à des époques réglées, il s’étiole, 
pousse à contre-temps, ne se garnit point dans 
toute sa hauteur, demeure bas et souffre de ne pas 
jouir d’un air souvent renouvelé. Sur son soi in- 
digène, le Daphnot acquiert un tronc très-gros, à 
écorce cendrée , et une élévation de cinq mètres ; 
il pousse autour de sa racine un grand nombre 
de rejets rampans, touffus, très-ramifiés, d’un 
joli aspect et montant, en dix à quinze mois, à 
près de deux mètres de haut, Les rameaux se char- 
gent d’un très-grand nombre de feuilles vertes, 
éparses, glabres sur les deux faces et parsemées 
de points transparens; les fleurs s’épanouissent 
en juin , elles sont jaune-rougeâtres ou de couleur 
orange pâle; elles donnent des baies ovales, 
lisses, jaunâtres, à peu près de la grosseur et de 
la forme d’une olive, renfermant un noyau mo- 
nosperme. On les man gerarement, à cause de leur 
âcreté, (T. ». B.) 

DAREZA. (mor. cryrr.) Des fougères indigènes 
à l'Australie avaient été érigées en genre par de 
Jussieu sous le nom de Darea qu’adoptèrent Smith 
et Willdenow ; mais Bergius crut pouvoir changer 
cette dénomination en celle de Cænopteris, et 
agrandir le genre de plusieurs emprunts faits 
aux genres voisins. Thunberg et Swartz se rangè- 
rent au sentiment de Bergius. Durant son séjour 
dans la Nouvelle-Hollande, Robert Brown observa 
la nature vivante ; il a supprimé le genre Darea, et 
en a réuni les différentes espèces au genre #sple- 
nium. V, au mot AsPLÉNIE , Lom. 1, p. 516. 

(T. ». B.) 

DASYORNIS. (o1s.) Ge genre peu important de 
Passereaux ténuirostres a été établi par M. Swain- 
son aux dépens de celui des $’ynallaxes, Vieil. La 
seule espèce qu'il compren ne est le Turzur de 
Levaillant (Ois. d'Afrique). Foy. SxNaLLAxE. 

(GERv.) 

DASYPODE, Dasypoda. (ins.) Genre d'Hy- 
ménoptères de la section des Porte-Aiguillons, fa- 
mille des Mellifères, tribudes Andrénettes, auquel 
Latreille, qui l’a établi, assigne pour caractères : 
mandibules pointues, mâchoires et lèvres plus lon- 
gues que la tête; lèvre terminée en pointe souvent 
plumeuse, ayant deux paraglosses tres-courts, 
renfermée à sa base dans un tube cylindrique; 
palpes maxillaires courts, de six articles ; labiaux 
de quatre, mais allongés. 

Ces insectes ont la tête en triangle allongé, le 
chaperon bombé, les yeux très-oblongs, écartés» 


DASY 


472 


DASY 


D mo 


pas échancrés ; le corselet est carré, les ailes assez 
petites à proportion du corps; l'abdomen s'élève 
brusquement après sa jonction avec le corselet , il 
est carré, presque tronqué à son extrémité, un peu 
méplat; l’insecte est très-couvert de poils, mais 
ce sont surtout les jambes et les tarses postérieurs, 
et les derniers anneaux de l'abdomen, qui en sont 
garnis; ces insectes , comme ceux de la même 
tribu, 'creusent des trous en terre et y dé- 
posent le pollen qu'ils récoltent sur les fleurs au 
moyen des poils de leurs pattes et de leur abdo- 
men : on les voit souvent la tête à l'ouverture du 
trou, gueltant le moment de sortir; c’est sur les 
fleurs qu'on les trouve le plus souvent. 

D. Himriwbne, D. hirtipes, Panzer ; le mâle, fase. 
55,tab. 14; la femelle , fasc, 47, tab. 16. Long 
de sept lignes, noir, couvert d’une grande quan- 
tité de poils roussâtres, moins serrés sur le corse- 
let ; segmens de l'abdomen bordés d’un duvei fort 
raide couché sur le segment suivant , blanchâtre ; 
le mâle est plus petit que la femelle et s’en dis- 
tingue par l’absence de poils aux pattes posté- 
Heures. On trouve ces insectes à la fin de l'été et 

endant l'automne, (A. P.) 

DASYPOGON, Dasypogon. (1ixs.) Genre de 
Dipières de la famille des Tanistomes , tribu des 
Asiliques. Meigen leur assigne pour caractères : 
trompe renflée au milieu , antennes de trois arti- 
cles, dont les deux premiers courts, le troisième 
allongé , terminé par un style souvent de deux ar- 
ticles distincts ; cellule marginale des ailes et qua- 
trième cellule postérieure ouveries. Ces insectes ont 
le plus grand rapport avec les Asiles dont ils ont 
été détachés; ils ont la tête plate, les antennes 
assez longues ainsi que la trompe, le corselet 
très-bossu et l'abdomen un peu déprimé , concave 
en dessous; les pattes sont d’un bout à l’autre, y 
compris les tarses, presque de même grosseur 
partout. 

D. Poxcrué, D. punctalus, Meig. Long de 7 à 
g lignes ; 1nâle entièrement d’än noir violet, avec 
les ailes presque noires; femelle de même cou- 
leur, avec les pattes fauves, une large tache rou- 
geâtre près de l'extrémité de l'abdomen, les ailes 
jaunâtres , avec les nervures plus foncées. 

D. savoyarD, D. sabaudus. Long de 8 lignes’; 
tête, corselet noirs, mais très-couverts de poils 
courts jaunâtres, pattes et abdomen fauves. Il est 
représenté dans notre Atlas, pl. 134, fig. 3. 

Ces deux espèces se trouvent dans le midi de 
la France. (A. P.) 
= DASYPUS. (mam.) Nom latin correspondant à 
Tatou. Voy. Tarouv. (GERV.) 

DASYTE, Dasytes. (ixs.) Genre de Coléoptères 
de la section des Pentamères, famille des Serri- 
cornes , tribu des Mélyrides , établi par Paykul ct 
offrant les caractères suivans : palpes filiformes, 
antennes au moins de la longueur de la tête et 
du corselet, crochets des tarses bordés par un ap- 
pendice membraneux. Ce sont des insectes d’assez 
petite taille, dont quelques uns sont très-com- 
mups sur les fleurs: leur tête est un peu prolon- 
gée en forme de museau et leurs antennes légère- 


ment en scie; le corselet est carré, relevé sur les 
côtés ; les élytres sont grandes, parallèles; on ne. 
connaît rien de leurs mœurs. 

D. Géant, D. grandis, Fab. Long de 6 à 7 
lignes ; bleu violet brillant, avec une large tache 
jaunâtre traversant les deux élytres au milieu de 
leur disque ; les deux côtés du corselet sont garnis 
de poils raides. 

D. nérissé , D. hirtus, Linn. Long de 3 lignes ; 
très-noir, brillant, avec tout le corps couvert de 
poils longs de la même couleur; le mâle a l’épine 
de l'extrémité du tibia très-développée en forme 
de crochet. 

On trouve la figure d'une belle espèce prove- 
nant du Chili, le Dasytes trifasciatus, Guérin, 
dans l’Iconogr. du Règne animal, pl. 15, fig. 2. 

(A. P.) 

DASYURE, Dasyurus. (mam.) On nomme ainsi, 
d’après M. Geoffroy, un genre de Mammifères Dr-- 
DELPHES (v. ce mot), propres à la Nouvelle-Hol- 
lande et à la terre de Diemen, qui se font remar- 
quer par les caractères suivans : dents au nombre de 


quarante-deux (£=£ molaires, = canines, arrondies. 


TE 

et crochues, # incisives tranchantes, à peu près 
égales et disposées régulièrement entre elles); 
museau allongé, garni, sur les côtés de la mâchoire 
supérieure, de fortes moustaches, et terminé par 
un large mufle dans lequel sont percées les narines ; 
pieds à cinq doigts antérieurement , et quatre pos- 
térieurement, tous munis d'ongles fouisseurs ; 
queue de longueur moyenne et non prenante; 
pelage épais et doux; taille moyenne ou même 
petite. 

Le genre Dasyure ne comprend plus aujour- 
d'hui toutes les espèces que son fondateur y avait 
placées ; quelques unes ont offert aux observateurs 
des caractères assez saillans pour qu’on ait pu 
en faire des groupes distincts. Nous en parlerons 
aux*articles Puascocace et THYLACINE. 

Philipp et John White sont les premiers obser- 
vateurs qui aient fait mention des Dasyures. 

Ces animaux ressemblent pour la forme à nos. 
Genettes et à nos Fouines ; ils en ont aussi les ha— 
bitudes, ils sont nocturnes et fouisseurs, et n’oné 
point, comme la plupart des autres Didelphes , Ja 
faculté de grimper aux arbres ; ils n’ont point non 
plus les membres postérieurs changés en mains, 
et le nom de Pédimanes ne pourrait en aucune 
facon leur convenir. Les Dasvures se nourrissent 
de viande; mais souvent ils ne peuvent s’en pro- 
curer de fraîche; aussi se rabattent-ils sur les 
cadavres, qu'ils recherchent principalement sur 
le bord des eaux. Ils s’approchent fréquemment. 
des habitations, et lorsqu'ils peuvent s’introduire 
dans les basses-cours, ils s’y comportent comme le 
font chez nous les fouines, et occasionent de 
grands ravages. Pendant tout le jour ils se tiennent 
cachés dans leurs terriers, el ce n'est guère que 
de nuit qu’ils se mettent en campagne. Ils sont 
néanmoins d’un caractère assez doux, et avec 
quelques soins on peut réussir à les apprivoiser. 
On en connaît cinq ou sixespèces au moins ; VOICE 
les plus communes : 


DASYURE 


( 


DATI 


475 


DATT 


a 


Dasvure ursin, Dasyurus ursinus , Geoff., Ann. 
Mus., t. mr. Il est à peu près de la taille d’un 
Blaireau; son pelage est noir, sa queuc assez 
courte et à ce qu'il paraît légèrement prenante. 
On le trouve à la terre de Diémen; c’est une des 
plus nuisibles. 

Dasyune À QUEUE LONGUE , Dasyurus macrourus, 
Geoff. Le même que le Dasyure sachet de Péron, 
et le Spottes martin de Phillip. Il est long d’un 
pied et demi pour le corps , sa queue en a presque 
autant; sa couleur est en dessus d’un marron de 
même teinte que le pelage de la Loutre, avec 
quelques taches blanches plus grandes sur les 
côtés quesur le dos, et d’un blanc pâle en dessous. 

Nous donnonsici (pl. 154, fig. 4) la figure d’une 
espèce voisine dela précédente, le Dasyurus viver- 
rinus; élle est noire , avec des taches blanches. On 
la trouve au Port Jakson. (GErv.) 

DATISQUE, Datisca. (BoT. PHAN. et AGr.) Sous 
le nom vulgaire de Chanvre ou Cannabine de 
Crète, on connaît une plante vivace et très-rus- 
tique, dont la racine supporte les froids les plus 
rigoureux de nos hivers sans en être aucunement 
endommagée, qui pousse chaque année environ 
une centaine de tiges fasciculées de deux mètres et 
demi de haut, et forme un très-large buisson, 
garni de grandes feuilles alternes, ailées, avec 
impaire à neuf et onze folioles lancéolées, aiguës, 
dentées en scie, la terminale souvent incisée et 
trifide , glabres et d’un vert jaunâtre. Depuis le 
mois de juillet jusqu'à la fin de septembre, les 
grappes terminales, assez grandes, qui décorent 
les tiges, se chargent de fleurs petites, jaunes, 
très-légèrement odorantes, auxquelles succèdent 
des capsules oblongues, trigones, portant trois 
cornes À leur sommet, et contenant dans une 
seule loge polysperme des semences menues, 
ovoïdes , un peu chagrinées, Gelte plante est le 
Darisoue ou Levaxr, D. cannabina. Le nom qu’elle 
porte lui vient de la ressemblance de son port, de 
son aspect et de ses feuilles avec le chanvre. 

Comme. cette dernière plante, le Datisque 
constitue un genre de la famille des Urticées. $es 
fleurs sont unisexuées et dioïques; les fleurs mâles 
ont un calice à cinq divisions égales , une quinzaine 
d’étamines, dont les anthères sont sessiles, plus 
longues que le calice ; les fleurs femelles présentent 
un calice supérieur à deux ou trois dents; l’ovaire 
infère , saillant entre les dents calicinales, trigone ; 
trois styles bifides et terminés chacun par deux 
stigmates subulés. 

Veut-on propager le Datisque du Levant, on 
recueille avec soin les graines bien unies venues 
sur les individus femelles les plus voisins des 
mâles, et on les sème en automne; les autres sont 
d'ordinaire stériles ; ou bien par la séparation des 
racines au printemps. Cette plante est digne de 
figurer dans les jardins pâysagers. Elle mérite de 
plus une attention particulière de la part du cul- 
tivateur. Ses feuilles, mises en décoction, don- 
nent une couleur jaune magnifique, également 
remarquable et par sa vivacité et par sa solidité ; 
l’on en obtient aussi, mais en moindre quantité, 


Tous II, 


de l'extrémité fleurie et des jeunes tiges. Elle croît 
dans tous les sols, à toutes les expositions, n’exige 
aucun engrais, et une fois plantée elle ne demande 
réellement aucun soin, elle résiste aux intempé- 
ries el triomphe de toutes les difficultés de loca- 
lité. D'un autre côté, l'accroissement rapide de 
ses tiges, l’abondante quantité de son feuillage, 
la certitude que j'ai acquise que l’on peut la fau- 
cher deux et même trois fois dans l’année, sont 
autant de considérations pressantes à l'appui de 
la recommandation que j'en fais au cultivateur 
intelligent. 

Üne autre espèce, le Darisque veru, Datisca 
hirta , a été découverte dans l'Amérique du sud ; 
elle est plus grande que la première et sa tige est 
hérissée de poils. Je ne la connais qu’en échan- 
tillon sec et ne puis en parler convenablement. , 

(Tnt B4) 04 

DATNIA, Datnia. (voiss.) Genre de poissons 
élabli par Cuvier aux dépens des Thérapons. Il a 
pour expression caractéristique : le corps élevé, 
un profil concave, un museau pointu, et des 
épines plus fortes que les Thérapons. 

Le seul poisson connu dans ce genre, le DaTnra 
ARGENTIN , vit dans les mers de Java, et ne par- 
vient qu'à une très-pelite dimension. Toul ce 
poisson est argenté, et légèrement teint de grisâtre 
vers le dos; les épines de ses nageoires sont éga- 
lement argentées. 

Cette espèce se trouve également à toutes les 
embouchures du Gange, elle est commune au: 
marché de Calcutta , où elle est peu! estimée. 

Le nom de Datnia, chez les naturels de Java, 
est lui-même générique. (Azrn. G.) 

DATTE (5oT. Pxan.) Fruit du Dattier, dontnous 
allons nous occuper. C’est un drupe mou, de la 
forme d’une olive, plus gros, revêtu extérieure- 
ment d’une pellicule très-lisse, mince, brun-jaune 
foncé , tirant un peu sur le rouge ; sous cette pel- 
licule est une pulpe grasse, épaisse, douce, sucrée, 
au centre de laquelle est un noyau membraneux, 
presque ligneux et marqué d’un sillon longitudinal 
sur une de ses faces seulement. Sur le dos, vers le: 
milieu, un ombilic placé horizontalement, dénonce 
l'existence de l'embryon. On compte beaucoup de 
variétés parmi les Pattes, les meilleures ont la chair. 
ferme et une couleur jaunâtre ; j'en ai mangé de 
très-grosses et fort succulentes provenant de Toz- 
zer, le grand marché du Bilédulgérid, quin’avaient 
point de noyau: c'était un cadeau que je tenais 
d’un Tunisien que j'ai eu le bonheur de sauver 
de la mort à laquelle l’affreux droit de guerre ve- 
nait le condamner. 

Les Dattes naissent sur des grappes pendantes, 
touffues, qui ont souvent un volume considérable 
et pèsent chacune de douze à quatorze kilogram- 
mes ; elles s’y trouvent sous trois degrés de matu- 
rité ; la première sorte comprend les Dattes prêtes 
à mûrir, ou qui ne sont mûres qu’à leur extrémité 
inférieure ; la seconde , celles qui sont à moitié 
mûres , et la troisième, celles qui ont atteint leur 
perfection. Toutes se recueillent en même temps, 
à trois jours d'intervalle l'une de l’autre. On met 


140° Lryralson. 60 


DATT 


474 


DATT 


le plus grand soin à n’en laisser tomber aucune ; 
la chute les meurtrit et leur enlève tout mérite. 
Le collecteur, placé sur le sommet de l’immense 
colonne du Dattier, cueille les grappes, les dépose 
soigneusement dans une grande corbeille , et les 
descend à terre au moyen d’une longue corde. 
Poriées au logis, on les place sur des nattes afin 
de se perfectionner durant plusieurs jours sous 
l'influence du soleil, puis on les perce, on les enfile 
et on les suspend pour les faire sécher. Aïnsi dis- 
posées, on les livre au commerce. Une grappe belle 
et reconnue de haute qualité se vend dans le Bilé- 
dulgérid de trois à quatre francs. La Datte est alors 
excellente , sucrée , très-nourrissante , répandant 
un parfum agréable , laissant dans la bouche une 
saveur bienfaisante, et est d’une digestion facile : 
c’est l’aliment des peuples de l'Afrique et de l'Asie, 
où le Dattier croît en abondance et où la culture 
lui donne les soins qu’il réclame pour produire de 
beaux et bons fruits. Sèches et un peu anciennes, 
telles que celles que nous fournit le commerce, les 
Daittes sont plus difficiles à digérer; elles convien- 
nent à peu d’estomacs et doivent être de préférence 
employées médicalement. On les a recommandées 
contre la toux, les douleurs de vessie et des reins, 
surtout comme très-propres à adoucir la poitrine 
et les organes du poumon qui se trouvent lésés , 
à donner de la force à l'estomac. On a copié les 
médecins arabes qui écrivaient pour leur pays, et 
Von n’a point fait attention que la majeure partie 
des Dattes nous arrivent privées de leur suc, sou- 
vent altérées, et que le miel, les figues, les jujubes, 
nos raisins secs peuvent les remplacer avantageu- 
sement. Toutes les propriétés des Dattes reposent 
sur la légère stypticité qu’elles offrent unie à des 
qualités mucilagineuses et adoucissantes. 
” Avec les Dattes, dont ils ont enlevé le noyau, les 
Arabes préparent un sirop très-agréable. Ils les 
jettent dans un vase percé de trous en son fond , 
foulent et compriment. Get extrait épais prend le 
nom de miel de Dattes. On s’en sert pour faire 
d'excellentes pâlisseries, des gâteaux très-délicats, 
et même, en guise de beurre, dans les préparations 
culinaires du r1z. D’autres fois, ils mettent ce fruit 
à sécher à l’ardeur du soleil jusqu’à ce qu'il soit 
susceptible d’être facilement réduit en poudre, 
c’est ce qu’ils appellent farine de Daites. Ainsi 
préparée, ils la pressent fortement en tablettes, 
l'enferment dans des sachets pour Ja garantir de 
Yhumidité de l’air, et portent avec eux cette pré- 
cieuse conserve dans leurs courses lointaines à 
travers l’aride désert et dans leurs expéditions 
guerrières. Elle se garde plusieurs années sans la 
moindre altération ; et lorsqu'ils veulent s’enservir, 
ils en coupent un morceau, le délaient dans une 
petite quantité d’eau, et le savourent avec délices. 
En mettant des Dattes à fermenter avec de l’eau, 
les anciens en obtenaient une liqueur vineuse pé- 
tillante : cet usage s’est conservé dans la Natolie. 
Aujourd'hui l’on en retire de l'alcool, auquel on 
associe différens aromates qui le font avidement 
rechercher par les Arabes. 
_ Un Dattier femelle peut rapporter par année de 


dix à douze grappes, ou cent kilogrammes de Dattes, 
lorsqu'il est arrivé à son point de plus hanté vigueur; 
d'ordinaire la récolte annuelle est, sur chaque 
pied, de quarante à cinquanie kilozrammes. 

Les noyaux des Daites sont brûlés par les Chi- 
nois pour entrer dans la composition de leurencre. 
En Espagne, on les réduit en charbon que l’on 
broie soigneusement pour s’en servir à nettoyer 
les dents; ils font aussi la base de ce que le com- 
merce appelle woire brülé, L'on dit que bouillis, ces 
noyaux sont recherchés par les bœufs ; on ajoute 
que l’usage en existe dans quelques contrées de l'E- 
gypte: je crains qu’il n’y ait méprise; l’essai que 
j'en ai fait ne m'a nullement réussi, quoique les 
noyaux fussent frais. (Er 8.) 

DATTES. (morr.) On donne ce nom vulgaire à 
plusieurs coquilles univalves et bivalves quand el- 
les ont quelque ressemblance avec les dattes; 
ainsiles Olives, les Moules, Modioles, Gardites, etc., 
portent généralement ce nom, (Guër.) 

DATTIER , Phœnix. (por. Pman. ) Sur le vaste 
océan de sable qui, du trentième degré de lati- 
tude, descend de plus en plus aride jusqu’à la 
ligne équatoriale , s’il se trouve cà et là, et de loin 
en loin, des îles de verdure, où l'herbe croît fine, 
épaisse , odorante, où, sous les rameaux légers et 
fleuris de nombreuses Mimoses, vient paître la 
timide Gazelle, où se balancent de jolis guépiers 
chaddæjr (le Merops viridis ), où l'homme peut 
cultiver la canne à sucre, le dourah, les fèves, 
et réunir autour de lui les images enchanteresses 
de la plus brillante végétation, on en doit l’exis- 
tence aux Dattiers, dont le stipeélevé se montretan- 
tôt isolé, tantôt réuni en bois de l'aspect le plus pit- 
toresque et le plus ravissant, Le voyageur européen, 
transporté sous la voûte festonnée de ces végétaux 
extraordinaires, enveloppé d’un ombrage épais, 
d’une aimable fraîcheur, d’un printemps perpé- 
tuel, qu’il était loin de soupconner, oublie aisé- 


| ment le désert qu’il touche pour ainsi dire de la 


main , l'air embrasé qui plombe sur un sable prêt 
à se soulever en énormes tourbillons au momdre 
souffle du vent, et se livre tout entier aux charmes 
d’une douce contemplation entretenue par la pré- 
sence d'oiseaux n’ayant pas à redouter le plomb 
meurtrier du chasseur, la variété des fleurs, des 
fruits, des rameaux flexibles remplissant l’atmo- 
sphère de leurs parfums, sollicitant l’œil et l'ap- 
péüt, s’enroulant de mille manières sur le stipe 
du’Dattier. Assis aux pieds de cette superbe mo- 
nocotylédonée , il veut étudier son histoire, et 
bientôt il apprend, par les phénomènes de son 
existence, les phases de sa végétation et les nom- 
breux avantages qu'il assure aux habitans des 
pays où il croit, où la reconnaissance le cultive. 

Le genre Dattier ne compte encore qu’une où 
deux espèces. Il fait partie de l’intéressante famille 
des Palmiers et de la Dioécie hexandrie ; ses fleurs 
incomplètes et dioiques offrent pour caractères 
essentiels : dans les individus mâles, un calice fort 
petit, monophylle, persistant ; trois divisions ex- 
térieures plus courtes , les trois intérieures oblon- 
gues, concaves, profondes, à bords épais, comme 


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128 Dattüer - 9. Dauphin 


à Æ-Cuerin dir. 


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475 


DATT 


tronqués, trois fois plus grandes que les premières; 
Linné les appelait avec raison pétales ; ils compo- 
sent , en effet, la corolle, où sont logées six éta- 
mines, dont les filamens très-courts, élargis à la 
base, portent des anthères sagitlées, linéaires , 
sans cesse vacillantes et biloculaires ; enfin, trois 
rudimens d’ovaires, très-courts, divergens et al- 
ternes avec les pétales, occupent le centre de la 
fleur. Dans les individus femelles, le calice est 
plus ample, la corolle a trois pétales larges, minces 
en leurs bords, qui entourent obliquement trois 
gros ovaires, inégaux chez les plants cultivés, al- 
ternes avec les parties de la corolle, convexes en 
dehors, anguleux en dedans, surmontés chacun 
d’un style ou stigmate court, conique, recourbé 
en bec d'oiseau. Autour de ces ovaires on distingue 
six élamines avortées, dont trois, opposées aux 
pétales , sont un peu plus longues. Les individus 
libres ont les ovaires égaux et offrent toujours 
trois fruits réunis dans la même enveloppe florale, 
tandis qu’en ceux qui sont soumis à la culture, 
comme en Egypte , dans les oasis d'Afrique, en 
Perse, etc., les ovaires sont inégaux, les deux 
plus petits avortent , le seul gros prend son déve- 
loppement et donne un drupe mou, ovale-oblong, 
à une seule semence presque ligneuse, oblongue 
et marquée à une de ses faces d’un sillon longitu- 
dial. Ce fruit se nomme Darre (v. ce mot ). 

Une spathe axillaire renferme des fleurs de 
l’un et de l’autre sexe ; en se déchirant sur un des 
côtés opposés aux sutures, elle laisse sortir les 
nombreux rameaux d’un spadice. Ghez l'individu 
mâle, ils sont simples, flexueux, chargés alter- 
pativement d’un grand nombre de fleurs blanchà- 
tres , à étamines abondamment pourvues de pol- 
ler. Ceux de la femelle, plus raides , également 
flexueux, portent une infinité de petites fleurs 
globuleuses , verdâtres. Comme il est facile de 
leremarquer, en comparant les travaux précédens 
sur ce beau genre, le détail danslequel je viens d’en- 
trer sur les organes essentiels de la vie végétale dif- 
fère essentiellement de celui donné par les bota- 
nistes qui n’étudient les plantes que dans le cabi- 
net; c’est qu'ils ont écrit sur des échantillons secs, 
et que ce que je dis a été écrit en présence de la 
nature vivante. 

De ces détails, reportant les yeux sur le genre 
Dattier, on voit d’une racine déliée, dont les fibres 
sont ramasstes en faisceau, surgir un stipe pres- 
que droit, d’égale grosseur dans toute sa longueur, 
à part quelques étranglemens que l’on remarque 
cè et là , et des cicatrices raboteuses, rangées en 
spirale et déterminées par la chute successive des 
feuilles. Le sommet de cette colonne, dont la 
hauteur dépasse souvent trenie-cinq mètres, offre 
1° douze à quinze feuilles , sous forme depalmes, 
infléchies , longues de deux mètres environ, qui 
Vembrassent dans leur partieinférieure au moyen 
d'une membrane que l’on a comparée au tissu 
d’une grosse toile, et appelée du nom de Chou, 
tandis que la moins développée d’entre ces feull- 
les, dressée, ayant encore ses nombreuses folioles 
pressées contre la côte moyenne, à la manière 


d’un éventail, prend le nom de Flèche ; 2° un très- 
grand nombre de folioles étroites, lancéolées , 
aiguës , raides, d’un vert clair et plissées en deux 
dans le sens de leur largeur. C’est du milieu de 
ces feuilles que se montrent de vastes spathes 
dures, coriaces, presque ligneuses, renfermant 
les organes de la génération , et qui se fendront 
par un de leurs côtés pour laisser échapper de 
grandes panicules fleuries , très-rameuses, que 
l’on désigne sous le nom de Aégime. 

Quand les Dattiers sont réunis en forêts ou 
rapprochés les uns des autres, on conçoit aisément 
que la fécondation s'opère sans aucune difficulté : 
la poussière vitale s'échappe des anthères en si 
grande quantité que, au lever du soleil, le bois 
entier est enveloppé d’une vapeur jaune de soufre, 
ayant une saveur acidule peu agréable et décelant 
la présence d’une substance glutineuse, animale, 
semblable à celle de la liqueur séminale, L'analyse 
chimique confirme ces rapprochemens, qui jettent 
un faible rayon Inmineux sur un sujet important, 
mais ils ne nous révèlent point la propriété mysté- 
rieuse qui le distingue. Les Dattiers sont-ils éloi- 
gnés? Les mâles confient aux vents le nuage 
fécondant, et le soleil est témoin de l’hymen solli- 
cité par l'aspiration des fleurs femelles. L'homme 
a profité de cette observation pour entretenir les 
produits de ses Dattiers ; il recueille le pollen, tan- 
tôt en s’emparant du régime des fleurs mâles quel- 
ques instans avant l’explosion des anthères, il 
monte jusqu'au sommet des pieds femelles en ap- 
puyant le pied sur les débris des anciens pétioles, 
quand l'individu est jeune; car en vieillissant le 
stipe devient lisse, marqué seulement de bourre 
lets transverses et peu élevés ; il faut alors, pour ar- 
river au couronnement de la colonne, se soutenir 
sur une corde nouécen cercle passée sous les ais- 
selles et autour du stipe, en ayant soin d'éviter la 
piqûre, souvent dangereuse, des fortes épines 
dont la base des pétioles est armée. Parvenu près 
des fleurs femelles, on secoue fortement le régime; 
la poussière s'échappe et la plante va devenir fer- 
ile, Tantôt, pour prévenir les incendies que les 
ambitieux ou les tyrans, jaloux d’affamer le pays 


afin de le réduire plus aisément , ne manquent ja- 


mais d'allumer aux pieds des Dattiers mâles, le 
cultivateur conserve précieusement le pollen qu’il 
a su ménager, et vaen répandre des quantités con- 
venables: Ce pollen garde toute sa propriété fé- 
condante pendant plusieurs années ; on en porte 
le nombre jusqu'à dix-huit ans, Ge sont les Per- 
sans qui, les premiers, ont imaginé ce moyen de 
déjouer les mesures atroces du despotisme ; pour 
n’avoir point usé de cette précaution, les Dattiers 
des environs du Kaire ne fructifièrent point en 
1800; les troupes francaises et: musulmanes sans 
cesse en présence, désolant àtout instant les cam- 
pagnes , ne permirent pas que les travaux paisi- 
bles de l’agriculture s'exécutassent librement. L’an- 
Liquité la plus reculée connaissait ce phénomène ; 
Théophraste en parle en des termes non équivo- 
ques, et illuiservit à confirmer l'existence des sexes 
dans les végétaux , à constater l'identité du pollen: 


DATT 


avec la liqueur séminale , et à rapprocher l'odeur 
qu’exhale celui du Dattier avec ceux de l’Epine- 
yinette, du Châtaignier , du Peuplier, etc. 1] faut 
ajouter ici que la fécondation opérée par le mi- 
nistère des vents est fort chanceuse ; elle dépend 
de la distance, de la force du vent, de mille ha- 
sardsincalculables, et lorsqu'elle a lieu trop loin 
les fruits sont petits, acerbes , et fort peu suscep- 
übles d’être mangés, le pollen ayant alors élé 
usé, pour ainsi dire, par le roulement. Plus près, 
les fruits sont de bonne qualité. S'il faut en croire 
le poète Pontanus , dans l’histoire du Datlier mâle 
de Brindisi et le Dattier femelle d'Otranto, la 
distance peut être de quinze lieues pour que la 
fécondation soit parfaite. Cependant si l’on veut 
des fruits suaves , succulens et d’une belle gros- 
seur, c’est à la culture qu’il convient de les aller 
demander. On en compte de vingt à trente variétés 
créées par elle, dont la forme et la saveur, l’é- 
paisseur et l'excellence de la chair sont vraiment 
remarquables. 

Je ne dirai rien de l'accroissement du Dattier: 
jen parlerai avec détail à l’article Pazmrer : il ne 
peut être comparé à aucune plante de nos forêts 
d'Europe. Mais je m'arrêterai sur l’une des trois 
espèces connues. 

I. La première est le DarTrier commun, P. dac- 
tylifera, représenté, avec ses fleurs et ses fruits, 
dans notre Atlas, pl. 135, fig. 1 à 8. I] croîtisur 
les terrains humides et sablonneux de la Barbarie, 
de l'Égypte, de la Syrie, de l’Archipel grec, de 
la Perse et de l’Inde; on le voit en Espagne, 
en Italie, dans les départemens du midi de Ja 
France, surtout à Saint-Tropez, à Fréjus et à 
Hyères, département du Var. Les individus qui 
croissent dans le voisinage de la mer sont très- 
inférieurs à ceux du désert. Les Dattiers existaient 
encore en forêts dans les îles Canaries au qua- 
torzième siècle, avant la guerre d’extermination 
dont on a voulu cacher les excès sous le titre pom- 
peux de conquête; mais Béthancourt , Herrera , 
Pedro de Vera, Alonzo de Lugo et leurs barba- 
res soldats, après avoir détruit les populations va- 
leureuses qui leur disputaient pied à pied le sol 
national, ont tenté de détruire toutes les produc- 
ons indigènes : ce qui leur a échappé montre 
combien furent grandes les pertes essuyées. À 
Marseille , le Dattier n’est qu’un objet d'agrément 
et de curiosité ; il y vient très-bien, s’y conserve 
en pleine terre, y fleurit, ses fruits seulement n’y 
parviennent point à maturité. Dans les serres, il 
étale sa beauté, mais il y demeure stérile. 

Cette belle monocotylédonée est cultivée avec 
beaucoup de soins, en la riante contrée de la Bar- 
barie que l’on nomme le Zilédulsérid où pays des 
Dattes. Là, dans un très-large vallon, situé en- 
ire deux chaînes de montagnes et arrosé par des 
ruisseaux nombreux, près du Dattier croissent , 
au milieu d’une immense quantité de plantes et de 
fleurs aux formes, aux couleurs, aux émanations 
de toutes les sortes, outre la vigne chargée de grap- 
pes juteuses, des grenades au rouge vif, des aman- 
diers couverts de fleurs et de fruits, l'olivier, 

ne + 


476 


DATT 

fils de l'Atlas, l’oranger aux fruits exquis; et à 
leurs pieds vit une popalation active, brillante de 
santé, de bonheur, aimant le travail et jouissant 
en paix des profits qu’il procure , à deux pas du 
désert qui recèle des hordes habituées aux bri- 
gandages , aussi paresseuses que leur ciel est em- 
brasé. C’est de ce coin de terre, arraché par la 
main de l'iñdustrie à la plus hideusestérilité, que 
proviennent les meilleures dattes, celles qui sont 
le plus avidement recherchées!pour leurs hautes 
qualités. Il n’est point rare d’y voir le Dattier at- 
teindre trente-cinq et quarante mètres d’élévation, 
offrir un stipe cylindrique dont le sommet, le plus 
souvent unique, se bifurque quelquefois et produit 
deux grosses branches divergentes. Il exhale un 
parfum délicieux quand il est chargé de fruits. 

On le multiplie par les semis et par boutures ; 
les Dattiers venus par le premier moyen croissent 
lentement et demandent quinze et même vingt ans 
pour fructifier ; ceux oblenus parla voie des bou- 
tures s'élèvent beaucoup moins, mais aussi vers 
la cinquième ou la sixième année ils sont en plein 
rapport. 

Non seulement les Dattes offrent une nourriture 
agréable et rafraîchissante, les feuilles recueillies 
avant leur entier développement se mangent en 
salade préparées avec de l'huile et du vinaigre ; la 
substance médullaire du stipe encore jeune est 
d’un goût fort agréable; mais on obtient encore 
du Dattier une liqueur connue sous le nom de 
Vin de Palmier où Lakhby , selon l'expression des 
Arabes. Gomme cette extraction épuise la plante, 
on fait choix, parmi les individus mâles, de ceux 
qui peuvent être sacrifiés sans nuire aux culiures, 
ou bien parmi les individus femelles, de ceux que 
leur âge arendus stériles; on coupe les feuilles et à 
peu de distance du sommet on pralique une inci- 
sion circulaire et un sillon profond, vertical , à la 
base duquel on met un vase pour recevoir la li- 
queur laiteuse, douce et rafraîchissante , qui s’é- 
chappe en abondance ; et de peur que les rayons 
solaires n’en déssèchent la source, n’en arrêtent 
promptement l'écoulement, on garnit toutes les par- 
Lies incisées d'une masse de feuilles. Cette liqueur 
veut être bue de suite, elle s’aigrit en peu d'heures. 

De la base des pétioles on retire des filamens 
qui se convertissent en cordes , en ficelles, en ca- 
nevas, en toile grossière ; avec les feuilles, ren- 
dues souples par leur mactration dans l’eau, l’on 
tresse des tapis, des naltes, des corbeilles, des 
chapeaux ; et avec le bois très- dur et presque in- 
corruptible que fournit le stipe , on fait des pi- 
liers , des poutres, des solives pour les constructions 
rurales. Ce bois est formé par l'assemblage de 
grosses fibres solides , lisses , flexibles , légèrement 
comprimées, et se prolongeant d'ordinaire , sans 
interruption, depuis la base jusqu’au sommet, 

Les plus beaux Dattiers que j'aie vus existent à 
Bordighiera , joli village dans une situation ravis- 
sante sur le beau golfe de Gênes. La magnifique 
monocotylédonée y est parfaitement acclimatée et 
ses fruits y mûrissent très-bien. Un voyageur qui 
revenait du Bilédulgérid comparait devant moi la 


PR 


DATU 


477 


DAUP 


D EEE EIRE POSER PRÉC TE EE TT OR TENNIS 


situation de ce petit village et les Dattiers dont son 
sol étonné reçoit l'ombrage tutélaire, à la bourgade 
de Gorbata, l’un des points capitaux du riche pays 
des Dattes. S'il en est ainsi, l'acquisition du Dautier 
est assurée pour l’Europe. Bordighiera fait un com- 
merce considérable de ses palmes qu’elle expédie 
sur Naples et particulièrement sur Rome au mois 
d'avril; elle en vend beaucoup en automne aux 
juifs de la péninsule, et même à ceux qui habient 
la Hollande, pour les cérémonies religienses. 

II. Le Dattier du cap de Bonne-Espérance, que 
Jacquin appelle Darrier arqué, P. declinata, ne 
paraît pas être autre qu'une variété du Dattier 
commun ; ses fruits sont deux fois plus pelits, et 
les feuilles ont leurs folioles supérieuressemblables, 
mais plus läches entre elles. 

III. On rencontre dans l'Inde une espèce, haute 
au plus d’un mètre, dont les feuilles ont le double 
de longueur , dépourvues de piquans et composées 
de folioles linéaires, lâches, très-ouvertes ; les 
fleurs offrent six étamines et les fruits sont fort 

etits. Loureiro, qui l’a observée dans la Gochin- 
chine, la nomme Phænix pusilla; Roxburgh, 
dans sa Flore du Coromandel, l'appelle P. farini- 
fera. Le sol sur lequel ces deux botanistes l’ont 
trouvée étant sec, sablonneux et chargé de pierres, 
c’est sans doute par cette circonstance qu’elle ne se 
développe pas davantage; car le Dailier veut de 
l'eau, il ne prospère que là où son pied est hu- 
mecté et où une eau courante entrelient la frai- 
cheur autour de lui. Je ne connais point cette es- 
pèce, cependant je la soupconne une simple 
variété comme la précédente. (T. ». B.) 

DATURA , Datura. (8oT. HAN.) Genre suspect, 
dit-on, d’une famille réputée suspecte (les Sola- 
nées). Ne serait-ce pas là une calomnie? et quel 
reproche peut donc mériter une famille à laquelle 
nous devons la Douce-amère si efficace contre les 
affections cutanées ; la Morelle si recherchée 
comme aliment aux îles de France ct de Bourbon : 
le Coqueret, puissant diurétique, et surtout la 
Pomme-de-terre, providence destemps de disette ; 
et cette merveilleuse plante, si chère au fisc, qui 
s’exhale en fumée pour le consommateur , et se 
condense en bel et bon or pour le gouvernement? 
Quoi qu'il en soit, le Datura, qui appartient à la 
Pentandrie monogynie de Linné, est un genre ren- 
fermant une douzaine d'espèces, toutes admira- 
bles par leurs fleurs , et quelques unes par leurs 
propriétés médicinales. Voici ses caractères: ca- 
lice tubuleux, allongé, anguleux, à cinq lobes 
peu profonds, caduc, à l’exception de la parlie 
inférieure qui persiste et forme un petit bourrelet 
saillant ; corolle monopétale , longue, tubuleuse , 
évasée supérieurement, à cinq plis longitudinaux, 
terminés chacun par un lobe acuminé; étamines 
au nombre de cinq, à filets très-longs, à anthè- 
res lerminales oblongues, ayant deux loges qui 
s'ouvrent par une fente longitudinale ; ovaire li- 
bre, sessile, à quatre loges multioyulées , terminé 
par un long style à stigmalcun peu lobé ; capsule 
globuleuse ou ovoïde , tantôt lisse, tantôt hérissée 
de pointes raides, à quatre loges communiquant 


ensemble deux à deux (ce qui semble annoncer 
que , dans la réalité, la capsule ne doit en avoir 
que deux, ainsi que cela s’observe dans les autres 
Solanées), s’ouvrant en quatre valves, quelque- 
fois deux, ou même se rompant d’une manière 
irrégulière ; graines très-nombreuses, rénilormes, 
noires , chagrinées , attachées à quatre gros tro- 
phospermes saillans dans chaque loge. 

Les plantes de ce genre sont des herbes, rare- 
ment des arbrisseaux, à feuilles simples et alter- 
nes ; à fleurs axillaires très-grandes , parfumées 
parfois, plus souvent d’une odeur nauséabonde. 
On les a divisées en deux seclions, ainsiqu'il suit : 


+ Capsules lisses. 


DarurA EN ARBRE, D. arborea, L., du Pérou et 
du Chili. C’est à Dombey que nous sommes rede- 
vables de ce beau Datura, qui s'élève à 10 et 
même 19 pieds , el qui produit, de juillet en oc- 
tobre , de belles fleurs, d’un pied de long, en 
entonnoir plissé et à cinq angles , pendantes, très- 
odorantes, d’un beau blanc rayé de jaune pâle, 

Daruna uisse , D, levis , L. Plante herbacée, 
annuelle, originaire de l’Abyssinie. 


++ Capsules hérissées, 


Darura STRAMOINE , D. stramonium, L., vul- 
gairement Pomme épineuse. Cette plante, qui se 
trouve communément dans les lieux incultes, les 
endroits sablonneux , les amas de décombres, etc., 
est la seule de son genre qui appartienne à la 
Flore française. Encore assure-t-on qu'elle nous 
vient originairement de l'Amérique; capsules gros- 
ses comme une noix, hérissées de pointes aiguës, 
fortes; fleurs blanches ou d’un violet clair. « Cou- 
» pée au pied, dit la Flore agénoiïse, dans son état 
» adulte , et desséchée, cette plante devient quel- 
»quefois un meuble utile chez nos paysans: ses 
»rameaux dichotomes sont exackement nivelés à 
» son sommet ; elle esl renversée: une chandelle 
» placée dans le canal médullaire, éclaire la fa- 
» mille, les voisins, les amis, qui, réunis autour 
» de cette espèce de candélabre, passent, en fai- 
» sant de vieux contes, ou dans une activité la- 
» borieuse , les longues soirées de l'hiver, » 

DarurA FASTUEUX, D. fastuosa, L. Celle es- 
pèce, connue vulgairement sous le nom de Pomme 
épineuse d'Égypte , parce qu’elle est originaire de 
ce pays, produit un très-bel effet dans les jardins, 

ar ses tiges de deux pieds, violâtres et branchues; 
par ses feuilles larges et sinuées, ct parses fleurs 
à deux ou trois corolles blanc-violâtre, l’une dans 
l’autre. Il y en a une variété à fleurs blanches, 
doubles. 

Viennent ensuite les Dalura féroce, D. ferox, 
L., de la Chine, T'atula L. de l'Inde, Métel, etc. 
Voyez le magnifique ouvrage de Humboldt, Nova 
G. et Sp. PL (Grub il * 

DAUPHIN , Delphinus. (mam.) Parmi les êtres 
nombreux qui peuplent l'étendue des mers, les 
Dauphins ont dü certainement être remarqués des 
premiers ; l’homme les trouve sur tous les points 
du vaste Océan, sous les zones tempérées et les 


DAUP 


478 


DAÜP 


mm 


brûlans tropiques, aussi bien que dans les régions 
polaires; partout il les voit légers et pleins de 
gaîlé s’agiter à la surface des ondes et se presser 
en foule autour de ses embarcalions ; leur pré- 
sence lui fait oublier par instans l’ennui iasépa- 
rable des longues traverses, 

Ces animaux, que les naturalistes de tous les 
temps ont étudiés avec plus ou moins de sagaciié, 
et dont l’histoire est encore loin d’être complète, 
appartiennent à la classe des Mammifères, et non à 
celle des Poissons comme on le pense vulgarement : 
ils se rangent dans l’ordre des Gétacés, et prennent 
place parmi ceux qu’on a nommés Souflleurs et dont 
le caractère est d’avoir à la partie supérieure de la 
tête un orifice correspondant aux narines et nommé 
évent. 

Ïs n’ont point la tête disproportionnée , ce qui 
les distingue des Gachalots, Physeters et Baleines; 
ils n’ont point de fanons et ont les deux mâchoires 
garnies de dents égales entre elles et jamais dis- 
posées en défenses. Voici d’ailleurs un énoncé 
plus précis des caractères au moyen desquels on 
les distinguera des autres genres de leur ordre. 

Tête proportionnée au corps ; celui-ci allongé , 
fusiforme ; mâchoires plus ou moins allongées en 
forme! de bec, d’autres fois très raccourcies, ar-- 
mées toutes deux de dents souvent très-nom- 
breuses et à peu près semblables entre elles; ja- 
mais de fanons, évent simple , ordinairement cir- 
culaire ou en croissant, 

Les Dauphins forment une famille très-raturelle 
et très-nombreuse en espèces ; ils ont commeles au- 
tres Gétacés la queue horizontale, ce qui les distin- 
gue extérieurement des poissons qui l'ont toujours 
verticale; leur corps est dépourvu de poils et cou- 
vert d’une peaunue, à derme assez épais et reposant 
sur une couche épaisse d’une graisse huileuse (les 
jeunes de quelques espèces, ceux du Marsouin par 
exemple, ont, ainsi que l’a remarqué M. Rousseau, 
quelques brins de poils en forme de moustaches ; 
une espèce récemment découverte en a sur tout 
le museau et les conserve même dans l’âge adulte). 
Les nageoires antérieures ow les bras (les posté- 
rieurs manquent chez tous les Gétacés) varient pour 
la forme ; elles constituent le plas ordinairement 
deux espèces de rames au moyen desquelles l’ani- 
mal se dirige; quant à celles du dos elles parais- 
sent n'être que d’une importance très-secondaire, 
ce sont de simples pincemens adipeux sans rayons 
ni pièce osseuse aucune, et qui varient considéra- 
blement pour la forme , quelquefois réduites à une 
simple'saillie, d’autresfois au contraire très-éten- 
dues ; le plus ordinairement il n’en existe qu’une 
seule placée sur le dos, ou bien encore sur les 
Jombes : quelques espèces sont entièrement pri- 
vées de ces nagcoires ; tels sont les Delphinapières; 
d’autres au contraire en ont deux, ainsi qu’on le 
voit chez les Oxyptères. 

IL paraît que ces animaux ne lancent pas l’eau 
eomme le font les Baleines et les Gachalots. Voici 
du moins ce que dit M. Lesson, qui a fait le voyage 
autour du monde à bord de la corvette la Coquille. 
« Nous avons dit que les Dauphins ne rejetaient 


pas l’eau par leurs évents à une certaine hauteur, 
et que le liquide avalé -ruisselait seulement sur les 
bords de ces canaux, Cela lient au peu d’épais- 
seur qu'ont les plans musculaires qui surmontent 
le canal osseux; nous avons examiné pendant 
des heures entières des espèces très-différentes de 
Dauphins jouant autour de notre vaisseau, sans 
que jamais nous ayons pu apercevoir la moindre 
colonne d’eau ou de vapeur jaillir de l’ouverture 
supérieure de l’évent. MM. Quoy et Gaimard 
pendant leur longue navigation à bord de l’Ura- 
nie, ont aussi fait la même observation , ce qui pa- 
raîtrait devoir faire admettre comme générale l’o- 
pinion que les Dauphins ne rejettent jamais par 
longs jets l'eau qu’ils ont avalée en saisissant leur 
proie, si Spallanzani et M. de Humboldt n’assu- 
raient avoir constaté ces jets, l’un dans les eaux 
douces de l'Orénoque, l’autre dans la Méditerranée. 

On a remarqué de tout temps que les Dauphins 
se plaisent autour des vaisseaux, et qu'ils s’y ras- 
semblent en troupes plus ou moins nombreuses 
s’agitant au milieu des flots, allant et venant au- 


| tour du navire comme on voit les chiens danois 


courir devant les équipages. Toutes les personnes 
qui ort élé à la mer ou qui connaissent un peu 
les mœurs des Dauphins {savent parfaitement la 
cause de ces visiles assidues; le vulgaire cepen- 
dant s’y est trompé , et l'opinion, depuis si long- 


temps admise, que les Dauphins sont des amis de. 


l’homme et recherchent sa société pour le plaisir 
de l'accompagner ou même de luiêtre utiles ; cette 
opinion, dis-je, est encore aujourd’hui asez géné- 
ralement répandue. Cependant, s’il est moins poé- 
tique, il est plus vrai de dire que la même raison 
qui nous attire la visite des Esturgeons et des Re- 
quins dont certes on ne sera pastenté de faire les 
amis de notre espèce, nous procure aussi celle 
des Dauphins , qui arrivent comme eux dans l’es- 
poir que les débris de la cuisine du bord et les 
bancs nombreux de poissons que ces débris alti- 
rent leur fourniront une proie assurée. Les Re- 
quins, se jettent sur ces poissons et les engloutis- 
sent dans leur énorme gosier ; ils attaquent aussi 
de grosses proies, des hommes même lorsque 
ceux-ci tombent à la mer, aussi sont-ils partout 
un objet de crainte et de haine. Jamais. au con- 
traire les Dauphins ne se sont rendus coupables de 
tels méfaits. Les hommes n’ont pas fait difficulté 
de penser que l'intérêt que ces animaux portent à 
noire espèce élait leur seul guide, et Jamais ils 
n'auraient songé, si l'anatomie ne le leur avait 
démontré que ce qu’ils prenaient pour une vertu. 
était bien plutôt une nécessité, leur organisa- 
tion ne permettant pas aux Dauphins d’attaquer 
des proies un peu volumineuses et les forcant à 
se contenter de petits poissons ct de mollusques 
nus, de ptéropodes principalement, comme, le 
font aussi les énormes Baleines et les Cacha- 
lots. Mais la vérité a été long-temps ignorée, et 
mille fables, toutes plus ingénieuses les unes que 
les autres , ont élé racontées sur les qualités pré- 
cieuses des Dauphins. Les poètes grecs et latins 


les ont chantées, et les êtres qui en faisaient le, 


+  DAUP 


479 


DAUP k 


et les monumens publics ; leur nom a même été 
donné à une ville célèbre par sesoracles, Héritiers 
du goût pour les arts que les Grecs ont poussé si 
loin, les habitans de l'Europe moderne ont aussi 
représenté le Dauphin, mais ils n’en ont pas tracé 
une fisure plus exacte ; les formes élégantes qu'ils 
lui donnent sont bien loin de lui appartenir, et 
ces écailles, ces épines sur les nageoires du dos 
ainsi que la queue verticale qu'ils lui attribuent 
en font bien plutôt un poisson qu’un véritable cé- 
tacé. Nous avons donné plus haut des détails suf 
fisans pour qu’il soit aisé de reconnaître comment 
ces modifications sont fautives. 

Si nous passons maintenant à l’étude des facul- 
tés intellectuelles des animaux qui nous occupent, 
nous verrons qu'on les a aussi mal appréciées que 
leurs formes et leurs instincts. S'il fallait en croire 
quelques auteurs , les Dauphins auraient un cer- 
veau très-considérable , et leur serait intelligence 
de moilié supérieure à la nôtre. Mais, comme on le 
sait parfaitement aujourd'hui, il n’en est pas ainsi; 
leur cerveau est, relativement à la masse totale de 
leur corps, plus petit que celui de l’homme , ses 
circonvolutions sont moins nombreuses et les di- 
verses parlies qui le composent sont autrement 
disposées. Voyez pour plus de détails l’article 
C£TaAc£ de ce Dictionnaire. 

Comme tous les animaux de leur classe, les Dau- 
phins sont vivipares , et ils portent des mamelles, 
lesquelles sécrètent un lait analogue à celui des 
autres mammifères et destiné de même à la nour- 
riture des petits. L’accouplement a lieu dans l’eau, 
la femelle recoit le mâle en se renversant sur le 
dos et le serre avec ses pectorales. On ignore quel 
est rigoureusement la durée de la gestation; chez 
les espèces de nos côtes elle peut être évaluée à 
dix mois : elle a pour résultat la naissance d’un, ra- 
rement de deux petits qui ne quittent pas leur mère 
pendant tout le temps qu'ils ont besoin de téter : 
ce temps est d’une année. 

La chair des Dauphins porte la même odeur que 
celle de la plupart des poissons; elle est dure et indi- 

este, aussi ne la mange-t-on pas dans nos contrées. 
Les Groënlandais cependant la recherchent ; ils la 
font bouillir et rôtir après l'avoir laissée se corrom- 
pre en partieet perdre sa dureté, [ls mangent aussi 
les entrailles, la graisse et même la peau. D’au- 
tres salent ou font fumer ces diverses parties. La 
graisse du Dauphin n’est pas assez abondante pour 
qu'on l’exploite en grand. M. Chevreul en a retiré 
une espèce d'huile particulière, qu'il a appelée 
Phocénine, de Phocæna, nom que l’on donne au 
Marsouin. 

On trouve les Dauphins dans toutes les mers, et, 
comme nous l'avons dit, quelques espèces remon- 
tent à certaines époques dans les grands fleuves ; 
mais généralement elles ne s’y établissent pas à 
demeure fixe. Il en est une cependant , dans l’A- 
mérique du sud, qui ne quitte jamais les eaux 
douces, c’est l’Inta de Bolivie. Toutes Jes autres 
sont entièrement marines. On ne saurait dive pré- 
sentement le nombre exact des différentes espèces 


sujet ont été partout représentés sur les temples ! qui composent Ja famille des Dauphins; on en 


comple aujourd’hui environ quarante (44, Lesson, 
Manuel de mammalogie), parmi lesquelles plusieurs 
sont encore mal déterminées. On a établi parmi ces 
animaux plusieurs genres caractérisés par la férme 
et le nombre des dents , ainsi que des nageoires 
dorsales, et la proportion des mâchoires. Ces 
genres ne sont pas très-nombreux ; nous allons les 
étudier successivement en nous guidant d’après les 
travaux de MM. de Blainville et Desmarest. 


Genre DEcrmnoraynquE , Delphinorhynchus, 
Blainv, 


Ce groupe, établi par M. de Blainville, est 
caractérisé par son museau prolongé en un bec 
fort mince et fort long, non séparé du front par 
un sillon; ses mâchoires presque linéaires , et gar- 
nies de dents nombreuses. Il n'existe qu’une seule 
nagcoire dorsale, ou seulement un pli longitudinal 
de la peau légèrement élevé et placé un peu en 
arrière. Les espèces les plus remarquables sont les 
suivantes : 

Daurmn De Grorrroy, Delphinus Gcoffroyt, 
Desm.; Delphinus geoffrensis, Blainv. ; Dauphin à 
bec mince, Guv. Il habite les côtes du Brésil; son 
corps est cylindrique et long de quatre pieds et 
demi. 

Davpmin couronné, Delphinus coronatus, Frë- 
minv. Ce Dauphin a été observé dans la mer Gla- 
ciale, où il est commun ; il acquiert jusqu’à trente 
ou trente-cinq pieds de longueur et quinze de cir- 
conférence. Il est peu défiant et s'approche fré- 
quemment des navires. 

Daurain pu Gance, Delph. gangeticus, Desm. 
Il est commun dans les eaux du fleuve dont il porte 
le nom et fréquente aussi les diverses plages voi- 
sines ; il a environ six pieds de longueur totale. 
Sa tête est arrondie ct terminée par un bec très- 
effilé ; ses dents sont nombreuses, et sa peau , un 
peu rugueuse, est très-brillante, d’un gris de 
perle sur le dos et blanchâtre sur le ventre. 

Davpmin DE PerneTri, Delphinus pernettensis, 
Blainv., Desm. Cette éspèce est encore douteuse; 
on la donne comme étant de l’océan Atlantique; 
sa couleur est noirâtre sur le dos, et blanchâtre 
avec quelques taches grises ou noires sur le ventre, 


Genre Davran, Delphinus, Blainv. 


Ce nom, que Linnæus appliquait à toutes les es- 
pèces de la famille, est réservé par M. de Blain- 
ville pour celles qui offrent ces caractères : mu- 
seau prolongé en un bec médiocre, large à sa base, 
arrondi à son extrémité comme le bec d’une oïe 
et séparé du front par une espèce de sillon; mä- 
choires plus larges postérieurement , à bords gar- 
nis de dents nombreuses ; une seule nageoire dor- 
sale. Tels sont : 

Davrnin DE Bory, Delphinus Boryi, Desm. Es- 
pèce trouvée par M. Bory entre les îles Madagas- 
car , de France et Mascareïgne, et qui se recon- 
nait à son bec assez long, très-déprimé et fort 
large près de la tête; la nageoire dorsale est au 
milieu du corps , lequel est coloré en gris légère- 


DAUP 


ment foncé en dessus et très-clair en dessous ; les 
côtés de la tête sont d’un blanc pur. 

Le Dauphin Bory est de même taille que le 
Dauphin de nos mers , il a aussi les mêmes habi- 
tudes. IL a été figuré dans l’Atlas du dict. class. 
d'Hist. nat, : 

Daurmn vurcame, Delphinus delphis, L., re- 
présentée dans notre Atlas, pl. 135, fig. 9. C'est 
l'espèce la plus anciennement connue, et à la- 
quelle on rapporte généralement toutes les fables 
que les Grecs répétèrent sur leur Delphis. Nous ne 
chercherons pas ici à relever ces erreurs de la 
mythologie paienne, dont nous avons en partie 
fait justice en commencant cet article. Le Dauphin 
vit dans les mers de toute l’Europe; mais il paraît 
plus fréquent dans les zones tempérées que dans 
celles du midi; il est communément long de six 
ou sept pieds, et quelquefois, mais plus rarement, 
de huit, neuf et même dix. Son museau, à partir 
du front, égale en longueur le reste de la tête, 
dont il est séparé par un sillon ; les pectorales sont 
médiocres et taillées en faux; la nageoire dorsale, 
placée un peu au-delà de la moitié du corps, est 
au contraire assez élevée. Les couleurs sont celles 
de toutes les autres espèces, noirâtres supérieure- 
ment et passant au gris sur les côtés pour devenir 
blanchâtres sous le ventre ; elles ont également un 
aspect satiné et luisant, qui tient à la nature de la 
peau. Ces animaux sillonnent le sein des eaux par 
troupes plus ou moins nombreuses ; leurs bonds et 
leur rapide natation , observés journellement par 
Jes habitans des côtes, les ont depuis long-temps 
rendus célèbres. On n’a rien observé chez eux 
dont ne jouissent tous les autres Dauphins, et leurs 
mœurs certainement ne juslifient pas la distinction 
particulière dont on les a honorés ; ils sont peut- 
être plus carnassiers que leurs congénères, vivant 
de poulpes, de sardines et de harengs dont ils font 
une grande consommation. Leur chair est médiocre 
et ne peut être mangée que par des gens dans la 
détresse. Les anciens supposaient à leur foie et à 
quelques autres de leurs parties des vertus médi- 
cinales que la saine raison ne saurait admettre. 

Long-temps on a cru que la musique avait le 
pouvoir de captiver le Dauphin; cette opinion, que 
nous à léguéc l'antiquité , est sans doute l’origine 
de l'habitude qu'ont aujourd'hui les marins, et 
principalement les Provençaux, de siffler lorsqu'ils 
voient un ou plusieurs de ces animaux accourir 
près des navires; mais on doit à la vérité de dire 
que le Dauphin ne se présente plus à nous avec les 
gracieuses habitudes dont nos pères l'avaient doté. 
Pline l’a décrit au chapitre vu du livre neuvième 
de son Aistoire naturelle; mais il a mêlé à ce qu'il 
en dit des faits qui certainement se rapportent à 
plusieurs animaux de nature différente. et notam- 
ment au Requin. Ce sont des fables bien dignes 
d’un auteur qui parle d’éléphans dansant sur la 
corde; celle du Dauphin du lac Lucrin pourra nous 
donner une idée des autres. Un Dauphin, s’il faut 
en croire le naturaliste romain, ce qui est un peu 
difficile, aimait un jeune enfant qui lui donnait 
du pain et qui ordinairement contournait tous 


480 
EE ns + on 


DAUP 


les jours le lac Lucrin pour aller à l’école à Pouz- 
zole; pour lui abréger le chemin, l’animal pre- 
nait l'enfant sur son dos et le portait de l’autre 
côté du lac. Cette intimité dura plusieurs années, 
mais, l’enfant étant venu à mourir, le sensible Dau- 
phin ne tarda pas lui-même à succomber à la 
douleur que lui causa cette perte. 

Davrnix Cunois, Delph. sinensis, Desm. IL ha- 
bite les mers de Chine, et le Davexix nom, Delph. 
niger, Lacép., celles du Japon. 

Davrmx pouTeux, Delph. dubius, Cuv. Est de 
la taille du Dauphin vulgaire, dont il diffère par 
son museau fin et pointu, et sans renflement à la 
mâchoire supérieure. Il n’est connu que par des 
têles osseuses conservées dans le cabinet d’anato- 
mie du Muséum. 

DauPuiN GRAND SOUFFLEUR, Delph. tursio, le 
Coudui de Duhamel. Habite les mers d'Europe. I} 
est beaucoup plus grand que le Dauphin ordinaire, 
et alteint communément dix pieds de longueur ; 
on dit que certains individus en acquièrent jusqu’à 
quinze ct même davantage, La nageoire dorsale 
est placée à peu près au milieu du corps, son 
sommet est arrondi et obtus, et sa base assez élar- 
gie; les pectorales sont oblongues et pointues ; 
l’évent est placé au dessus des yeux, sa forme est: 
celle d’un croissant à cornes dirigées en avant. Le 
Delph. tursio se trouve dans l'Océan et aussi dans 
la Méditerranée. M. Risso rapporte que sa prise 
donne toujours lieu, aux pêcheurs de Nice, de 
faire des réjouissances ; ils ornent l’animal de fleurs 
et le promènent à travers la ville en faisant reten- 
ir l'air de leurs cris d’allégresse. Le cortége s’ar- 
rête devant les demeures des riches, qui grati- 
fient les capteurs de quelques pièces de monnaie, 

Ce Dauphin est aussi nommé Dauphin oudre ; 
Lacépède le décrit sous le nom de Nésarnack ; Bé- 
Jon en parle sous les dénominations d'Orea et Ou- 
dre, dans son Histoire des étranges poissons mar. 
Sur les côtes occidentales de France on l'appelle 
Grand souffleur et Souffleur ; à Nice c’est Caudues 
et Capidoglio. 

Davruin DE Bayer, Delph. Bayeri. M. Risso 
donne ce nom à une espèce primitivement décrite 
par Bayer dans les Mémotres de la société Léopol- 
dine des curieux de la nature; il en a étudié un 
dessin , lequel avait été fait en 1726, d’après un 
individu échoué sur les côtes de Nice. Ce Dauphin 
est remarquable par la grandeur de sa tête, qui 
égale à peu près le tiers de celle du corps entier. 
La longueur totale est de quarante-deux pieds à 
peu près. Le corps est d’un bleu obscur en dessus 
et blanchâtre en dessous. 

Davrmin onQuE, Delphinus orca, L. Ce Dau- 
phin, dont M. Eydoux a déposé dans la collection 
du Muséum une têle osseuse, atteint des dimen- 
sions très-considérables. On le trouve dans la Médi- 
terranée. Son histoire est encore très-incomplète. 

Les espèces suivantes sont également peu con- 
nues ; on ignore surtout quelles sont leurs habitu- 
des : Daurmin cnucrGère, Delph. crucigera, Quoy 
et Gaimard, Zool. de l’Uranie, pl. 2, fig. 3 et 4. 
Il habite les côtes de la Nouvelie-Hollande; il en. 


est 


1 


A eg mn 


DAUP 


481 


DAUP 


PE 


est de même du DavPrnin ALBIGÈNE, Delph. albi- 
gena, Quoy et G., qui lui ressemble beaucoup. 
Daurain TAcRETÉ, Delph. maculatus, Lesson et 
Garn. Zool., de la Coquille, observé dans les mers 
des îles de la Société et de l'archipel des Papous. 
Dauvaix marais, Delph. malayanus , Less. Garn. 
ibid., trouvé entre Bornéo et Java. DauruiN Fu- 
nÉNASs, Delph. lunatus, Less. Garn. ibid., nommé 
ÆFunénas au Ghili (baie de la Conception), dont il 
fréquente les côtes. Les mêmes auteurs ont aussi 
décrit, dans le même ouvrage, le DAuPHIN TRÈs- 


PETIT , Delph. minimus. Celui-ci a deux pieds au: 


plus de longueur ; son bec est effilé, et sa couleur 
générale brune : on le trouve par grandes troupes 
dans les mers équatoriales, près les îles Salomon; 
il s’élance souvent hors de l’eau à la manière des 
Scombres. 


Genre Oxyrrère, Oxypterus, Rafin. 


M. Rafinesque a proposé ce nom pour des es- 
pèces en tout semblables aux précédentes, mais 
qui ont deux nageoires dorsales. 

Daurmnmonerrors, Delphinus mongitori, Rafin. 
On n’a de cet animal ni figure ni description 
complète. [1 est commun sur les côtes de la 
Sicile. 

OxyPTkne rmnocéros , Delphinus rhinoceros, 
Quoy et Gaim. Zoologie de l’Uranie. N'est guère 
mieux connu que le précédent. Sa taille est dou- 
ble de celle du Marsouin ordinaire; le dessus de 
son corps est tacheté de blanc et de noir. Il ha- 
bite le Grand-Océan équatorial, par cinq degrés 
vingt-huit minutes de latitude nord. 


Genre Sousou, Platanista, 


‘ M. Lesson (Histoire des Cétacés) propose, d’a- 
près l'indication de Cuvier, de distinguer généri- 
quement le Dauphin du Gange ou Sousou, qui 
a le museau en bec allongé, garni de dents nom- 
breuses, mince, comprimé sur les côtés et enflé 
à son extrémité de telle sorte qu’il est plus gros à 
cette partie qu'à son milieu. L’évent est linéaire. 

La seule espèce qui compose ce genre est com- 
mune dans les eaux du Gange, c’est le Delphinus 
rostratus, Shaw, Delphinus gangelicus, Lebed, 
figuré sous le nom de Platanista gangetica dans 
les Illustrations of Indian Zoology, d’Hardi- 
vicke. Sa couleur générale est brune en dessus et 
en dessous, avec cinq petites taches de chaque 
côté de la queue. Longueur : sept ou huit pieds. 
Les habitans des bords du Gange ont donné à cet 
animal la dénomination de Sousou. 


Genre IxrA, Znia, d'Orb. 


M. d’Orbigny a récemment fait connaître (Nou- 
velles Ann. mus. , t. 1) ce genre, dans lequel il 
place une espèce nouvelle qu'il a eu l’occasion 
d'observer pendant son voyage dans l'Amérique 
méridionale; voici quels caractères il lui donne: 
nageoire dorsale réduite à une simple proémi- 
nence, museau allongé, presque cylindrique et 
muni de poils fermes ; mâchoires garnies de dents 


Towe II. 


141° Livraison. 


nombreuses, dont les premières ont un talon à 
leur côté interne et ressemblent assez à des mo- 
laires. 

L’Ixra pe Bouivre, nia boliviensis, d'Orb. (loco 
citato, pl. 3), seule espèce que l’on connaisse 
encore, est irès-remarquable sous le point de 
vue de son habitation. C’est un! Dauphin d’eau 
douce, qu’on trouve dans l'Amérique méridio- 
nale ; ilest commun dans les rivières qui traversent 
la république de Bolivie, et remonte jusqu’au 
pied des dernières montagnes du versant est de 
la Cordilière orientale, à plus de sept cents lieues 
de la mer, où il est probable qu'il ne va jamais, 
L'organisation de cet animal n’est pas moins re- 
marquable ; les poils qui recouvrent son museau 
fournissent un fait tout-à-fait neuf en cétalogie, 
et qui tend à faire modifier la caractéristique des 
cétacés, que l’on décrit généralement comme des 
animaux tout-à-fait privés de poils. 

L’Inia de Bolivie a de longueur totale six pieds 
environ ; les Brésiliens le nomment Doté; les In- 
diens de la république de Bolivie l’appellent Znia, 
nom qui lui a été conservé. : 

Genre Mansouin, Phocæna, Guv. , *:. 


Ù 


Les Marsouins commencent la série des Dau- 
phins à museau court, bombé et non terminé par 
une espèce de bec; leurs dents sont nombreuses 
et peurégulièrement placées sur chaque mâchoire; 
leur dorsale est unique. 


Mansouin commun, Delphinus phocæna, L. Cet 
animal est de tous les Cétacés celui que les peu- 
ples modernes connaissent le mieux; il vit en 
effet sur nos côtes, où il est assez commun, ne 
nous quitte en aucune saison el remonte souvent 
par troupes assez nombreuses les eaux douces des 
fleuves. Sa taille est plus petite que celle du Dau- 

hin vulgaire, avec lequel sa coloration et ses 
habitudes lui donnent de nombreux rapports; elle 
dépasse rarement quatre pieds et demi ou cinq 
pieds de longueur ; mais elle n'arrive pas toujours 
à ce terme. Le poids varie aussi beaucoup. Cu- 
vier cite un M. Cardon qui prétend avoir vu à 
Saint-Valery un Marsouin pesant mille livres. : 

Le Marsouin, dit ce célèbre naturaliste, est ab- 
solument dépourvu de poils ; il n’a pas même de 
cils aux paupières. Sa peau est parfaitement lisse, 
et son épiderme, très-doux au toucher, se détache 
facilement. Il n’a pas de lèvres proprement dites ; 
mais la peau, toujours lisse et noire, se renforce 
un peu pour s'unir aux gencives ; l'œil est petit, 
fendu longitudinalement et situé presque dans 
l'alignement de l’ouverture de la bouche; les pau- 
pières sont molles et ont un peu de jeu; leur 
face interne est enduite de mucus ; il paraît que 
les Marsouins, de même que les autres Dau- 
phins, ne répandent point de larmes , il n’ont pa 
de points lacrymaux. L'iris de l’œil est jaunâtre, 
et la pupille a la forme d’un V renversé. L’onver- 
ture de l’orcille est extrêmement petite ; celle des 
narines, qui constituent l’évent , est placée sur le 
sommet de la tête, précisément entre les yeux, et 
Gi 


0 


DAUP 


ressemble à un croissant dont la éavité serait di- 
rigée en avant. La nageoire anale et celle de la 
queue sont entièrement molles et comparables aux 
nageoires adipeuses des poissons; elles ne sont 
pas susceptibles de mouvemens particuliers; la 
dorsale occupe à peu près le milieu du dos; les 
pectorales sont longues et obtuses à leur sommet. 
Le Marsouin a le dessus du corps d’un beau noir 
bleuâtre , s’affaiblissant sur les côtés et remplacé 
sous le ventre par un blanc argenté; les nageoires 
pectorales qui représentent les membres sont 


brunes, bien que naissant au milieu de la couleur : 


blanche des flancs. 

| L'appareil digestif se compose , dans ‘cette es- 
pèce et probablement dans la plupart des autres , 
de quatre estomacs (suivant quelques auteurs de 
trois seulement) qui ont pour but ‘de faire subir 
aux subtances ‘alimentaires diverses élaborations 
successives. Le cerveau est large, convexe, pré- 
sente assez de circonvolutions ; il recouvre le cer- 
velet en arrière, ce qui ne se voit que chez 
l'homme et les singes, 

L'espèce qui nous occupe se trouve dans toutes 
les mers d'Europe , aussi bien dans l'océan Atlan- 
tique que dans la Méditerranée ; elle ÿ vit par 
iroupes, et ne paraît pas s'éloigner beaucoup 
des côtes, puisqu'on ne la rencontre pas en 
baute mer; elle remonte quelquefois les fleuves, 
ainsi que nous l’avons dit, mais sans jamais s’é- 
carter beaucoup de la mer. Lorsque l'onde est 
calme, on voit les Marsouins s’entre-jouer à sa sur- 
face, ce qui arrive surtout dans les beaux jours de 
l'été, au moment où les mâles sont à la recherche 
des femelles ; souvent ils se disputent la possession 
de celles-ci et se livrent entre eux des combats à 
outrance; leurs instincts sont alors tellement per- 
verlis, qu'ils vont sans s’en apercevoir se heurter 
contre les navires ou s’échouer sur la côte. La 
femelle porte six mois et ne met au monde qu’un 
seul petit qu’elle surveille et nourrit pendant une 
année avec la plus grande sollicitude, 

Le nom de Marsouin, donné à ces animaux, est 


regardé par tous les étymologistes comme prove-! 


nant de l'allemand, Meer schwein, signifiant Co- 
chon de mer; c’est ce que paraît confirmer la graisse 
abondante qui enveloppe le corps de ces animaux. 
Cependant M. Lesson pense, et probablement avec 
raison, qu'on pourrait plutôt indiquer comme 
racines de ce nom, deux mots provencaux, Mar 
et Suin, qu’on peutrendre littéralement par graisse 
et cochon de mer. Les anciens appelaient les Mar- 
souins, Jus Mars, 


* Mansourx £paurarD, Delph. grampus, Hunter. 
On le trouve dans l’océan Atlantique; ansi que 
le Marsouin ns, Delph. griseus, Cuv., le Mar- 
SOUIN VENTRU, Delph. ventricosus, Hänter, et le 
Mansouin À TÊTE RONDE, Delph. globiceps, Gur. 
Marsouix DE Russo, Delph. rissoanus, Guvier. 
Fréquente dans la Méditerranée les parages de 
Nice ; sa longueur totale est de neuf pieds envi- 
ron. Il est noirâtre en dessus, blanc en dessous, 
sa Lête est obtuse, sa dorsale peu élevée :et ses 


482 


 DAUP 


mémbres très-développés. MM. Lesson et Garnot 
ont fait connaître, dans la Zoologie du voyage de 


la Coquille, le MarsoUIN À TÊTE BLANCHE, Delph, 


leucocephalus, le Mansouix 4 8anpes, Delph. bivit- 


tatus, et le Mansour A souncizs BLANS, Delph, 


superciliosus. 


Genre DerrniNArmEre , Delphinapterus, Lacép. 


Les espèces qu’on y place ne diffèrent des Dau- 
phins des genres précédens que par l'absence to- 
tale de nageoire sur le dos ; leur museau est obtus 
et leurs dents variables quant au nombre. 

B£zuca (voy. ce mot ), Delphinus leucas , Gm. 
C'est le plus ‘anciennement connu; on le trouve 
dans les mers du pôle boréal , sa longueur est de 
douze à dix-huit pieds et sa couleur d’un blanc 
jaunâtre. 

DELPHINAPTÈRE SENEDETTE, Delphinapterus se- 
nedetta. Lacépède, qui décrit cet animal, lui donne 
de très-grandes dimensions, et l’indique comme 
étant de l'Océan et de la Méditerranée; Cuvier 
pense que c’est une-espèce fictive. 

Decvninarrkre DE PÉRON, Delphinus Peroni, 
Lacép. Cette espèce, d’abord décrite par Péron 
sous le nom de Delphinus leucoramphus , et rangée 
parmi les Marsouins, a été reportée dans ces der- 
niers temps par MM. Lesson et Garnot dans le 
genre des Delphinaptères. C’est leur Delphinapterus 
Peronit ( Zool. Coquille, pl. 9, fig. à ). Sa lon- 
gueur totale est de cinq ou six pieds, et sa cireon- 
férence de vingt-quatre pouces. « Arrondi dans ses 
contours, gracieux dans ses formes, lisse dans 
toutes ses parties , ce célacé est recouvert d’un 
véritable camail d’un bleu noir, qui prend sur le 
sommet dela tête entre les yeux, se recourbe sur 
les flancs et se continuesur la partie supérieure 
du dos; le bout du museau, les flancs et les na- 
geoires pectorales et caudales sont d’un blanc 
argentin ; le rebord des nageoires est brun. » Le 
Delphinaptère de Péron représente le Beluga 
dans les mers de l'hémisphère austral ; il est sur- 
tout commun aux environs de la terre de Van- 
Diemen; il vit en troupes nombreuses et nage 
avec une extrême rapidité. 


Genre H£r£ronon, Âeterodon , Blainv. 


Dents toujours peu nombreuses ou même tout- 
à-fait nulles ; la mâchoire inférieure plus dévelop- 
pée que la supérieure ; une nageoire dorsale, Le 
museau est comme chez les Marsouins. 

Les ‘espèces connues sont : l’Ananank, Delph, 
ananarcus , Desm. ; qui vit dans les mers du Groën- 
land ; le Dionox,- Delph. Hunteri, Desm., Delph. 
bidentatus, de Hunter, qui en a étudié un indi- 
vidu pris dans Ja Tamise, en 1783. Longueur : 
vingt-un pieds. L'Hiréronox ns Dare, Delphinus 
edentulus , Desm. , F. Cuv.,liv. xxxv. Un individu 
de cette espèce échoua au Havre, en 1855; àl a 
été décrit avec soin par M. de Blainville, voyez 
le Bullet. de la soc. philomatique, même année. 
Il avait quinze pieds de. longueur et sept et demi 
de circonférence. On cite encore l'H£Téronon DE 


DACP ñ 


483 


DAUR 


. ; 


Horreur, Delph. butskopf, Bennaterre, IL fut 
pris à Honfleur, le 8 septembre 1788. Cuvier le 
rapporte à l'Hétérodon de Dale, ainsi que le Del- 
phinus chemnitzianus de M. Blainville. 

Héréronon sowensy , Pidens, Sowerby, Delph. 

sowerbensis, Blainv. Dimension : dix-sept pieds 
de longueur environ , sur onze de circonférence ; 
il babite les mers d'Europe. H£r£ronon £r10D0N , 
Delph. epiodon, Desm. Il habite les mers de Sicile; 
on le connaît seulement par la phrase suivante : 
corps oblong, atténué postérieurement, museau 
arrondi; mâchoire inférieure sans dents, plus 
courte que la supérieure, qui a plusieurs dents 
obtuses ; point de nageoire dorsale, 
Les Nanwnars forment un groupe tout-à fait 
distinct de celui des Dauphins , mais placé comme 
lui dans la famille des Cétacés soufileurs à petite 
tête. Nous en parlerons dans un article à part. 
Voy. NarwnaL. (GERv.) 

DAUPHIN. (mozr.) On a donné ce nom à une 
espèce de Coquille du genre Turso ; c’est le Turbo 
delphinus des auteurs. 

Les agriculteurs appellent DavrniNe une va- 
riété de LaïTue cuzrivée, Lactuca sativa, et aussi 
une sorte de Prune grosse et comprimée, dont la 
couleur verte est tachetée de gris et de rouge. 
(GErv.) 

% DAUPHIN. (vorss.) Les marins ont appliqué ce 
nom vulgaire aux CorypHoënes (voy. ce mot). 

À (Gu£r.) 

© DAUPHINELLE, Delphinium. (ot. Pan.) 
Genre appartenant à la famille des Renonculacées , 
ou à celle des Helléboracées, et à la Polyandrie 
trigynie de Linné, Il est caractérisé de la manière 
suivante: calice coloré, à cinq sépales inégaux , 
caducs (le supérieur se prolonge à la base en un 
éperon creux, dont la longueur varie beaucoup) ; 
corolle pentapétale , irrégulière; nectaire entier ou 
bifide ,terminé par un appendice en forme de corne 
droite qui s'enfonce dans l’éperon du calice; éta- 
mines fort nombreuses et hypogynes ; le nombre 
des pistils varie de un à cinq ; ils se changent en 
autant de capsules imitant des siliques, et s’ou- 
vraut par une fente longitudinale. 

Les espèces de ce genre, au nombre d’environ 
soixante, sont des plantes herbacées, annuelles 
ou vivaces , à tige dressée, simple ou rameuse; à 
feuilles alternes , pétiolées , divisées en un très- 
grand nombre de lobes digités ; à fleurs généra- 
lement bleues, blanches ou roses dans certaines 
variétés cultivées, en épis simples ou panicules 
dressées et terminales. Chaque fleur a trois brac- 
tées, une à la base de son pédicelle, deux vers la 
partie supérieure, 

Elles se divisent en quatre sections : 


1% Consolida, 

2°  Delphinellum. 
3°_:Delphinastrum. 
4° Staphysagria. 


On cultive dans nos jardins le Delphinium Aja- 


cis, qui, malgré-son nom, n’est: point, comme le 


pensait Linné, l/yacinthus des poètes, cette fleur 


en laquelle fut changé Ajax, fils de Télamon; la 
Davrninezce A GRANDES FLEURS , D). grandiflorum , 
de Sibérie ; la Davrminezse ÉLevée, où Pied d’a- 
louette vivace, D, élatum, de kSibérie; la Dau- 
PHINELLE AZURÉE, D, azureum, etc., etc. 

Tout le monde connaît le D, consolida, L., Pied 
d’alouette des champs, qui se trouve abondam- 
ment dans les moissons, (G, £.) 

DAUPHINULE, Delphinula. (mozz.) Genre éta- 
bli par Lamarck, adopté par tous les conchylio- 
logues et caractérisé de la manière suivante: co- 
quille subdiscoïde ou conique , ombiliquée , solide, 
à tours de spire rudes ou anguleux ; ouverture en- 
tière, ronde , quelquefois trigone , à bords conti- 
aus, le plus souvent frangés ou munis d’un bour- 
relet ; ouverture fermée par un opercule , surface 
hérissée d’épines ; ombilic large, péristome con: 
ünu et souvent entièrement libre; pas de colu- 
melle, i: 

On connaît beaucoup d’espèces de Dauphinu- 
les vivantes et: fossiles ; l'espèce que nous allons 
décrire d’abord, la DaupHinuse LAGINIÉE, Del- 
phinula laciniata, de Lamarck, a servi de type 
au genre. 

Cette Dauphinule, la plus anciennement con- 
nue, dont on trouve la figure dans presque tous 
les auteurs , est subdiscoïde épaisse, marquée de 
sillons écailleux ou granuleux: quelques uns de 
ces sillons, les plus gros, portent des appendices 
laciniés plus ou moins longs; sa couleur est rouge 
ou fauve. On la trouve dans dla mer des Indes ,.et 
elle a jusqu’à vingt-cinq lignes de diamètre, | 

Daurmnuze DisronTE , Delphinula distorta, de 
Lamarck. Goquille subdiscoïde et épaisse comme 
la précédente , d’une couleur rouge pourpre;:mar- 
quée de sillons tuberculeux, dépourvue d’appen- 
dices laciniés, et dont les tours de spire, les su- 
périeurs principalement, sont anguleux et plissés 
dans le sens de leur longueur. 

Davrrnuse rAaPE, Delphinula lima, deLamarck, 
Coquille orbiculaire , convexe , épaisse, ornée de 
sanacre quoiqu’à l’état fossile , sillonnée transver- 
salement-et en forme d’écailles , que l’on a trou- 
vée à Courtagnon et dans les environs de Senlis, 
et dont les tours de spire sont subanguleux, 

Davrmnure ABOURRELET, Delphinula marginata, 
de Lamarck. Goquille orbiculaire, convexe, à 
tours de spire ‘lisses, dont l’ombilic est marqué 
d’un petit bourrelet granuleux, qui présente en- 
core quelques traces de sa coloration fauve autour 
des spires, qui a trois lignes et demie de diamètre, 
et que l’on trouve souvent à Grignon, à Dore à 
| (FF. 

DAURADE, Chrysophris. (roiss.)-Les Daurades 
ont beaucoupde rapports avec les. Serrans par 


leurs formes générales et par plusieurs détails de 
‘leur organisation. Elles ont ,:eomme cesderniers, 


reçu des armes remarquables , au moins relative- 
ment à leur force et à leur grandeur, Celles des 


-Serrans consistent en des piquans destinés à les 


protéger et dont. ils se servent:ayec ayamtage 
contre l'ennemi qui des poursuit : aussi ne 
semblent-ils armés que pour.se garantir des efforts 


2 D 


DAUR 


d’un dangereux ennemi, arrêter son attaque et le 
forcer à cesser sa poursuite et ses combats ; pen- 
dant que les Daurades et tous les Spares en parti- 
culier, qui ont à la place de ces instrumens puissans 
des dents sur plusieurs rangées, propres à déchi- 
rer une victime ou à écraser de dures enveloppes 
sous lesquelles leur proie tâche en vain de trouver 
un asile, paraissent destinés pour l’attaque plutôt 
que pour la défense. Les Spares provoquent, et 
les Serrans attendent les poissons qui leur font la 
guerre. L Î 

Tel est du moins le premier aperçu qui se pré- 
sente lorsqu'on les compare. Les Daurades, comme 
tous les autres Spares , ont le corps tout couvert 
d’écailles; leurs mâchoires sont garnies sur les 
côtés de molaires rondes, formant au moins trois 
rangées à la mâchoire supérieure, et sur le devant 
quelques dents coniques ou émoussées. 

Parmi les espèces les plus intéressantes de Dau- 
rades , la première qui se présente à nous et à la- 
quelle on a donné le nom de DAURADE vuLearE, 
Chrysophris aurata, Linn., Bloch., 266, se fait 
remarquer par quatre rangs de molaires en haut, 
cinq en bas, dont une ovale beaucoup plus grande 
que les autres; les lèvres sont charnues, la tête 
comprimée, très-relevée à l'endroit des yeux; le 
corps élevé, le dos caréné, et l’ensemble du corps 
et de la queue sont couverts d’écailles; c’est un 
bon et beau poisson que les anciens nommaient 
Chrysophris (sourcil d’or), à cause d’une bande 
en croissant de couleur dorée qui va d’un œil à 
l’autre; telles sont les formes principales de la 
Daurade, et sa grandeur est ordinairement assez 
considérable. Ge Spare recoit des pêcheurs des 
Côtes maritimes des noms différens, suivant son 
âge et sa grandeur, tels que Daurade, Aourade, 
Ourado dans plusieurs contrées de France ; Sau- 
quesme, lorsque l’animal est encore très-jeune ; 
Méjane, lorsqu'il est moins jeune; Subre-Daurade, 
lorsque l'animal est très-grand; Orato à Rome et 
à Gênes; Ora à Venise; Canina en Sardaigne, 
Aurada à Malte; Orade à Alger ; Sipuris par les 
Grecs modernes; Vergulde, Goud braassem en 
Hollande; Gilt-head, Gilt-poll en Angleterre, 
Gold brassem en Allemagne. Les Daurades vivent 
dans tous les climats ; toutes les eaux leur convien- 
nent, les lacs, les rivières, l’eau douce, l’eau salée, 
l’eau trouble et épaisse, l’eau claire, entretienuent 
‘leur existence et conservent leurs propriétés ; le 
changement de température paraît n’altérer non 
plus ni leurs qualités ni leurs habitudes; elles ne 
-Succombent pas du moinslorsque le froid n’est pas 
excessif. On a écrit que les Daurades craignaient 
le chaud aussi bien que le grand froid; cette as- 
‘sertion ne paraît fondée en aucune manière. Si 
une température chaude était contraire aux Dau- 
rades, on ne trouverait pas ces poissons dans les 
mers très-voisines des tropiques; en effet, quoique 
les Daurades habitent dans la mer du Nord et 
dans toute la partie de la mer Atlantique qui sé- 
‘pare l'Amérique de l’Europe, on les pêche aussi 
‘dans la Méditerranée ; non seulement auprès des 
“côtes de France, mais encore auprès de celles de 


484 


DAUR 


Rome, de Naples, de Sardaigne, de Sicile; elles 
sont abondantes au cap de Bonne-Espérance , et 
dans quelques unes de ces dernières contrées, 
comme par exemple auprès des rochers que l’on 
observe sur une grande étendue des bords de la 
Méditerranée, les Daurades. passent une assez 
grande partie du jour dans les creux que ces ro- 
chers peuvent leur offrir; ce n’est pas, au moins 
le plus souvent, pour éviter la chaleur trop in- 
commode produite par la présence du soleil, 
mais pour se livrer avec plus de calme au som- 
meil, auquel elles aiment à s’abandonner pendant 
le jour, et qui, suivant Rondelet, est quelquefois 
si profond, qu’on peut alors se saisir de ces Spares 
en les harponnant, ou en les perçant avec une 
fourche. 

Les Daurades aiment à se nourrir de crustacés 
et d'animaux à coquilles, dont les uns sont cons- 
tamment attachés à la rive ou au banc de sable 
sur lequel ils ont pris naissance. D'ailleurs , ni le 
test des crustacés, ni même l’enveloppe dure et 
calcaire des animaux à coquille, ne peuvent les 
garantir de la dent des Daurades , dont les mâchoi- 
res sont si fortes qu’elles plient les crochets des 
haws lorsque le fer en est doux; elles écrasent avec 
leurs molaires les coquilles Les plus dures et les plus 
épaisses ; elles les brisent assez bruyamment pour 
que les pêcheurs reconnaissent leur présence aux 
petits débris de ces enveloppes cassées avec vio- 
lence; et, afin qu’elles ne manquent d'aucun 
moyen d’apaiser leur faim, on prétend qu'elles 
sont assez industrieuses pour découvrir, en agitant 
vivement leur queue, les coquillages enfouis dans 
le sable ou dans la vase. Ge goût pour les crustacés 
et les animaux à coquilles détermine les Dau- 
rades à fréquenter souvent les rivages où les 
mollusques et les crabes abondent le plus; cepen- 
dant il paraît que sous plusieurs climats l’habita- 
tion de ces Spares varie avec les saisons ; ils crai- 
gnent le très-grand froid, et lorsque l’hiver est 
très-rigoureux, ils se relirent dans les eaux pro- 
fondes où ils peuvent assez s'éloigner de la sur- 
face, au moins de temps en temps, pour échapper 
à l'influence des gelées, Dans le temps du frai, et 
par conséquent dans le printemps , les Daurades 
s’approchent non seulement des rivages, mais 
encore des embouchures des rivières ; elles s’en- 
gagent à celte époque, ainsi que vers d’autres 
mois, dans les élangs ou petits lacs salés qui 
communiquent avec la mer. Elles s’y nourrissent 
de coquillages qui y abondent, elles y grandissent 
au point qu'un seul été suffit pour que leur poids 
devienne trois fois plus considérable qu’aupara- 
vant. Elles y parviennent à des dimensions telles, 
qu’elles pèsent neuf ou dix kilogrammes, et en s’y 
engraissant, elles y acquièrent des qualités qui 
les ont toujours fait rechercher beaucoup plus que 
celles qui vivent dans la mer proprement dite. 

Ona préféré, dans les départemens méridionaux 
de la France, celles qui avaient vécu dans les 
étangs d'Hières, de Martigues.et de. Latte, près 
ducap de Cette. Les anciens Romains, les plus dif- 
ficiles dans le choix des alimens, estimaient aussi les 


mes en 


DAUR 7 


485 


DAW 


oo, 


Daurades des étangs beaucoup plus que celles de la 
Méditerranée : voilà pourquoi ils en faisaient élever 
dans les lacs intérieurs qu'ils possédaient , et par- 
ticulièrement dans le lac Lucrin. Au reste, lors- 
qu’on veut jouir du goût agréable de la chair des 
Daurades, il ne suflit pas de préférer celles de 
-eertaines mers, et particulièrement de la Méditer- 
-ranée, à celles de l'Océan, comme Rondelet et 
d’autres écrivains l’ont recommandé, de recher- 
cher plutôt celles des étangs salés que celles qui 
n'ont pas quitté la Méditerranée, et d'estimer 
avant toutes les autres les Daurades qui vivent 
dans de l’eau douce ; il faut encore avoir l’attention 
de rejeter celles de ces Daurades qui ont été pé- 
chées dans les eaux bourbeuses et sales, celles 
qui sont trop grandeset par conséquent trop vieil- 
les et trop dures, ct d’altendre l’automne, pour 
s’en nourrir, saison où les propriétés dec es pois- 
sons ne sont altérées par aucune circonstance, 

C’est pour ne pas avoir usé de ces précautions 
que l’on a souvent trouvé des Daurades difficiles 
à digérer, ainsi que Celse l’a écrit, et c’est au 
contraire parce que les anciens Romains ne les 
négligaient pas, qu'ils avaient des Daurades d’un 
goût exquis, d’une chair légère et très-salubre ; 
aussi en :offraient-ils un très-grand prix, et un 
Romain nommé Serge attachait-il une/sorte d’hon- 
neur à être surnommé Orata, à cause de sa pas- 
sion pour les Daurades. Les qualités médicinales 
qu’on a attribuées à ces poissons, et particulière- 
ment la propriété purgative et la faculté de gué- 
rir de certaines indigestions , ainsi que de préser- 
ver des mauvais eflets de quelques substances 
yénéneuses, ont de même, pendant plusieurs 
siècles, fait rechercher ces poissons. Du temps 
d’Elien, on les prenait en formant sur la grève, 
que la haute mer devait couvrir, une sorte d’en- 
ceinte composée de rameaux plantés dans la vase 
ou dans le sable. Les Daurades arrivaient avec le 
reflux; et arrêtées par les rameaux lorsque la 
mer baissait et qu’elles voulaient suivre le cou- 
rant, elles se trouvaient retenues dans l’en- 
ceinte, où des femmes et des enfans les saisissaient 
avec facilité. Rondelet dit qu'on employait, à 
l’époque où il écrivait, un moyen à peu près sem- 
blable pour se procurer des Daurades dans l'étang 
de Latte, sur les bords duquel on se servait aussi 
de filets pour les pêcher. Lorsqu'on prend une 
très-grande quantité de Daurades, on en fait saler 
pour pouvoir en envoyer au loin, et lorsqu'on 
veut les manger fraîches, on les prépare d’un 
très-grand nombre de manières que Rondelet a 
eu le soin de décrire avec beaucoup d’exacti- 
iude. 

Une seconde espèce, la DAURADE A MUSEAU rEN- 
FLÉ (Cluysophrys crassirostris, Guv.), de la Médi- 
terranée, mérite d’être remarquée par la grosseur 
de son mnfle et par la forme allongée de son cerps; 
sa nuque est aussi beaucoup plus éleyée à propor- 
tion , et son œil plus grand que dans la Daurade 
vulgaire. Cette espèoe est d’un bleu foncé sur le dos, 
à reflcts dorés très-vifs. Ces reflets proviennent 
d'un trait doré tracé sur chaque écaille. Sur 


| l'épaule et sur le haut de l’opercule on voit une 


large tache noire, le front est plat, le devant de 
la tête est bleuâtre, à reflets cuivrés; entre les 
yeux il existe un croissant, plus arqué que celui 
de la Daurade vulgaire, et de la plus belle cou- 
leur d’or poli; sur chaque tempe est une très- 
belle tache aussi brillante que le croissant , le des- 
sous de l'orbite est également doré, les nageoires 
paraissent grises. Ce chrysophris, long de dix- 
huit pouces, se nourrit de crustacés et de mol- 
lusques. 

La DAURADE À FRONT BOMBE, Chrysophris globi- 
ceps, Guv., diffère de la commune par son chanfrein 
relevé et globuleux. Ses dents sont grosses , nom- 
breuses. La couleur des individus adultes paraît un 
gris bleuâtre sur le dos, s’affaiblissant sur les côtés 
et passant au blanc argenté sous le ventre; il y a un 
beau croissant doré entre les yeux, et une tache 
noire sur l’opercule; les jeunes individus ont des 
bandes longitudinales grises très-marquées, el trois 
ou quatre bandes transversales , formées par une 
double série de points noirs ; ces bandes s’effacent 
à mesure que le poisson croît, et ne paraissent 
plus du tout sur l'adulte. Kolbe parle de cette 
Daurade dans la Relation de son voyage, et dit 
que l’on en fait une pêche très-abondante depuis 
le mois de mai jusqu’au mois d'août. (Azrs. G.) 

DAVIÉSIE , Daviesia. (BoT. rnan.) Genre de 
plantes de la famille des Légamineuses et de la 
Décandrie monogynie. Il est formé d’arbustes, 
tous originaires de la Nouvelle-Hollande , dont les 
rameaux raides sont garnis de feuilles simples al- 
ternées et de petites fleurs jaunâtres axillaires , 
quelquefois disposées en grappes ou en ombelles , 
ayant le calice anguleux , simple, dépourvu d’ap- 
pendices, quinquéfide, la corolle papilionacée, 
dix étamines libres, le stigmate aigu , la gousse 
comprimée, à une seule semence. Ge genre a de 
si grands rapports avec le Pultenæa , son voisin, 
qu'Aiton, Persoon et Willdenow mêlent souvent 
leurs espèces, malgré les différences essentielles 
que leur assignent et Smith, le créateur des deux 
genres, et Ventenat : ce qui prouve que l’un et 
l’autre demandent une révision sévère. Labiiiar- 
dière l'avait entreprise pour les Daviésies. Ces 
plantes sont très-peu répandues : il faut en excep- 
ter trois qui se rencontrent dans quelques jardins : 
1° Ja DAviËsiE À FEUILLES RARES, D. denudala , ve- 
marquable par ses pétioles nus, très-allongés , qui 
remplacent les feuilles presque aussitôt leur appa- 
rition ; ses fleurs jaunes sont tachées et rayées de 
pourpre; elles annoncent sa fin très-prochaine ; 2° la 
Daviësre À LARGES FEUILLES , D. latifolia, dont les 
tiges sans épines se chargent de belles grappes 
dorées et de grandes feuilles alternes , veinées et 
d’un vertriant; 3° et la DAVIËSIE À convMBES, D. mi- 
mosoides, portant plusieurs fleurs en corymbe à 
corolle panachée de blanc et de pourpre, 

(LT. ». B.) 

DAW. (mam.) C’est une espèce du genre Ghe- 
val, propré au midi de l'Afrique ; nous en avons 
déjà parlé. (7/07. Guevaz.) C’est aussi le nom 
anglais du Choucas. (GErv.) 


DÉCA 


486 


DÉCA 


DÉCAGYNIE, Decagynia, (por. pnan.) Linné 
a nommé ainsi l'ordre des végétaux qui ont dix 
styles. Tous appartiennent à la Décandrie. Voyez 
l’article suivant, ’ (L.) 


* DÉCANDRIE, Decandria. (Bor. pnan.) C'est 
la dixième classe des végétaux dans le système 
sexuel de Linné; elle eomprend tous ceux dont 
la fleur a dix étamines ; et, selon le nombre des 
pistils, elle se divise en cinq ordres, savoir : Mo- 
nogynie, Digynie, Trigynie, Pentagynie, Déca- 
gynie. Parmi les familles naturelles de Jussieu , 
les Caryophyllées appartiennent en général à la 
Décandrie. 

Nous remarquerons qu’au-delà de dix , les éta- 
mines ne se rencontrent plus en nombre défini, 
et que, par conséquent , la Décandrie est la der- 
nière des classes fondées seulement sur le nombre 
des étamines. (L.) 

_ DÉCGAPITATION. 7, Décorrarrron. 

: DÉCAPODES,. (mozr.) On désigne ainsi, d’a- 
près Leach, la séconde famille des Céphalopodes 
cryptodibranches. Cette famille comprend le genre 
Calmar et quelques autres sous-genres établis à 
sés dépens. Ÿ,. Garmar. (Gu£n.) 

DÉCAPODES, Decapoda. (crusr.) Premier or- 
dre de la classe des Crustacés ayant pour carac- 
ières : tête intimement unie ‘au thorax, et recou- 
vérle avec lui par un tést ou carapace entièrement 
continu, mais offrant le plus souvent des lignes 
enfoncées, se divisant en diverses régions, qui 
indiquent les places occupées par les principaux 
organes intérieurs ; branchies situées sur les 
côtés du test, deux yeux portés sur un pédicule 
mobile ; quatre antennes généralement sétacées , 
dont les intermédiaires ont leur tige partagée en 
deux ou trois filets ou soies articulées; organes 
extérieurs de l’ouïe situés à la base des anténnés: 
bouche composée d’un labre, de deux mandibules 
palpigères, d’une languette, de deux paires de 
mâchoires multifides , de trois paires de pieds-mâ« 
choires accompagnés extérieurement d’un appen- 
dice en forme de palpe, les deux dernières paires 
munies de deux branchies; dessus du corps re- 
couvert, à l’exception de son extrémité postérieure 
ou du post-abdomen, d’une écaille ou test géné- 
valement dur, en grande partie calcaire ; post- 
abdomen en forme de queue; dix pieds propre- 
ment dits, dont les deux antérieurs au moins 
terminés ordinairement en pince; organes sexüéls 
doubles, ceux du mâle situés à l’article radical des 
deux dernières paires ; ceux de la femelle s’ouvrant 
soit au même article des pieds de la troisième paire, 
soit sur l’espace pectoral compris entre eux; œufs 
portés par des appendices pédiformes ou bifides , 
disposés par deux paires sous le post-abdomen ; 
forme des premiers anneaux différant souvent selon 
le sexe ; les branchies, au nombre de sept paires , 
sont cachées sous les bords latéraux du test; les 
deux paires antérieures sont situées à l’origine des 
quatre derniers pieds-mâchoires, et les autres à 
celle des picds proprement dits. Tels sont les prin 
cipaux caractères qui empêcheront sans doute de 


confondre cct ordre avec les autres ordres des 
Crustacés. 

L'analyse chimique du test de ces animaux 
nous a fait connaître qu’il est formé de chaux car- 
bonatée et de chaux nhosphatée unie , en diverses 
proportions , à la gélatine. De ces proportions dé- 
pend la solidité du test ; il est bien moins épais et 
flexible dans les derniers genres de cet ordre; plus 
loin il devient presque membraneux. Par l’action 
de la chaleur, l’épiderme prend une teinte d’un 
rouge plus ou moins vif, et le principe colorant se 
décompose à l’eau bouillante; mais d’autres com- 
binaisons de ce principe produisent, dans quelques 
espèces, un mélange de couleur très-agréable , et 
qui tire souvent sur le bleu ou le vert. 

Desmarest a profité des diverses impressions 
que présente la surface de ce test, pour la parta- 
gér en différentes aires, correspondantes aux or- 
ganes intérieurs, et a établi à cet égard une no- 
menclature ingénieuse. Quoique cette écaille ne 
présente aucune division, elle n’est réellement 
qu’une série des tégumens supérieurs de la tête et 
de ceux des demi-segmens pareillement supérieurs 
des huit premiers articles du corps, intimement 
soudés les uns aux autres et confondus-en une seule 
pièce. Afin de distinguer le thorax dans les Crus- 
tacés et les Arachnides, on a créé deux nouvelles 
dénorhinations , thoracide et alvithoracide. La pre- 
mière s'applique aux crustacés dont le test re- 
couvre la tête et un tronc supportant les six pieds- 
mâchoïres et les cinq paires de pieds thoraciques. 
Si ce nombre d’organes est moindre, comme dans 
plusieurs Entomostracés et les Arachnides, où la 
têle est toujours confondue avec le tronc, nous 
employons la dernière dénomination. 

La tête sert de support à quatre antennes, aux 
pédicules oculaires et aux parties de la bouche 
renfermées dans une cavité propre. Elles sont 
composées d’un labre, de deux mandibules por- 
tant chacune un palpe, d’une languette et de deux 
paires de mâchoires membraneuses ou foliacées , 
ainsi que la pièce précédente. Les quaire antennes 
sont composées d’un pédoncule épais,et quelquefois 
de trois tiges, toujours multi-articuées , en forme 
de filets plus ou moins allongés et allant en pointe. 
Les latérales ou les extérieures n’en ont jamais 
qu'une , mais il y en la au moins deux aux inter- 
médiaires; et lorsque celles-ci sont plus courtes, 
repliées et logées dans deux cavités sous-frontales, 
ces deux tiges sont plus courtes, coniques, de 
grosseur inégale , ét semblent imiter deux doigts’, 
forme qui a déterminé à les distinguer sous le nom 
de chélicères, antennes en pince. 

Les quatre antennes des Décapodes s’allongent 
en général, lorsqu'on est arrivé aux Macroures ; 
les mtermédiairés ne sont souvent plus coudées , 
et se terminent, dans plusieurs, par trois filets. 
Suivant Robineau Desvoidy, les antennes exté- 
rieures seraient les organes de l’ouie, et les inter- 
médiaires, qu'il nomme antennes ou pelites an- 
tennes, celui de l’olfaction; les premières seraient 
des antennes auditives ,'et les secondes des anten- 
nesolfactives ‘par leur position et leur'organisation, 


—————————————————————""û ——————————————————————.——.——————— — ——————__—— 


DÉCA 


487 


DÉCA 


oo 


elles deviendraient les antennes des insectes hexa- 
podes. Mais ce qui semble indiquer qu'elles dis- 
paraissent, c’est que dans les Cloportes et quelques 
autres genres analogues , crustacés qui se rappro- 
chent le plus des insectes, ces antennes sont pres- 
que rudimentaires. Dans les Ocypodes et les Tour- 
ourous, crustacés très-carnassiers , et qui doivent 
avoir un odorat très-fin, ces mêmes organes sont 
beaucoup moins développés que dans les autres 
Décapodes. Jusqu'à présent rien ne nous ayant 
démontré que ces organes soient le siége de l’ol- 
faction, il n’y a que des expériences directes 
qui puissent nous éclairer sur la destination de 
ces organes. Le labre ressemble à une petite lan- 
gue membraneuse , renflée et carénée: les man- 
dibules sont osseuses et ont la figure d’une forte 
dent tranchante à son sommet ; elles ont chacune 
sur le dos un palpe triarticulé. La languette, 
située immédiatement au dessus des mandibules, 
æst lamelleuse, échancrée profondément, et comme 
formée de deux lobes arrondis au sommet et réunis 
inférieurement. Les mâchoires sont pareillement 
Jlamelleuses et plus ou moins multifides, et l’ex- 
äérieur semble représenter le palpe flagelli- 
forme des-pieds-mâchoires. Tous ces organes peu- 
vent être considérés comme des sortes de pieds 
modifiés et devenus buccaux, Nous avons dit qu'il 
y avait trois paires de pieds-mâchoires, déno- 
mination que l’on a substituée à celle de mâ- 
choires auxiliaires, employée par Savigny. Les 
deux paires inférieures ressemblent à de petits 
pieds, composés ordinairement de six articles, 
courbés à leur sommet et portés sur un article 
basilaire, qui donne naissance extérieurement à 
une pièce ressemblant à une petite antenne, for- 
mée d’un pédoncule terminé par une tige sétacée, 
composée d’un grand nombre de petits articles. 
Cette pièce a reçu de Fabricius le nom de flagelli- 
forme. Les pieds-mâchoires des Décapodes ma- 
croures sont plusétroits et plus allongés. Les pieds 
sont composés de six articles; les deux antérieurs, 
quelquefois même les deux ou quatre suivans, 
sont ordinairement en forme de serres, ou termi- 
més par un grand article, ayant au bout deux 
doigts, dont l'un mobile et l’autre fixe, c’est ce 
qu’on nomme main ou pince ; l’article radical de 
es pieds est la hanche, le suivant le trochanter, 
le troisième le bras, et le quatrième le carpe; le 
suivant jusqu’à l'origine des doigts, abstraction 
faite d'eux, deviendra le métacarpe; on appelle 
doigt mobile le sixième ou dernier article, Les 
proportions respectives et la direction des organes 
locomotiles sont telles que ces animaux peuvent 
amarcher de côté et à reculons. Le post-abdomen 
ou la queue est divisé en sept segmens , mais dont 
le nombre, dans plusieurs, Brachyures, paraît 
moindre, parce que quelques uns des intermédiai- 
es se soudent, et que les soudures s’oblitèrent. 
Le dessous .de cetie queue est garni de quatre à 
cinq paires d’appendices, formés de deux tiges 
portées sur un article commun el radical, et plus 
développés danses Macroures que dans les Bra- 
-chyures : à ceux des femelles sont attachés des 


œufs, Ils contribuent même à la natation; on peut 
les considérer comme des pieds raccourcis, et 
de là la dénomination de fausses pattes qu’on leur 
a donnée, Nous n’exposerons pas ici le système 
neryeux et la circulation des crustacés Décapodes, 
ni la manière dont s'opère la mue chez ces 


animaux, ni les moyens que la nature emploie 


pour réparer les pertes qu'ils sont sujets à 
faire de quelques uns de leurs membres. Ces dé- 
tails, ainsi que tous ceux qui ont pour objet les 
autres organes intérieurs, doivent trouver place 
soit à l’article Crustacés, soit plus spécialement à 
celui d'Écrevisse, Les Crustacés décapodes se 
tiennent pour la plupart dans l’eau, mais ne 
meurent pas sur-le-champ lorsqu'ils en sont de- 
hors; on les conserve même plus long-temps en 
vie dans cette situation, que si on les mettait dans 
ce fluide sans avoir soin de le renouveler. Quel- 
ques espèces ont une organisation particulière et 
ont la faculté de vivre habituellement hors de cet 
élement; elles nevont à l’eau qu’à l’époque de leurs 
amours, et pour y déposer leurs œufs. Selon 
Thomson, les Cancers et genres voisins sont tou-- 
jours aquatiques dans leur premier âge, ou ce qu'il 
appelle état de larve. Il paraît, au reste, que les 
espèces même vivant à terre s’établissent dans des 
lieux frais et humides ; sans cela, leurs branchies 
pourraient se dessécher et se désorganiser , ce.qui 
entraînerait la destruction de ces animaux. Quel- 
ques uns fréquentent les eaux douces. Tous sont, 
en général, voraces et carnassiers. Il en est qui 
vont jusque dans les cimetières , pour y dévorer les 
cadavres. Leur croissance est lente, et quelques 
uns atteignent une grandeur extraordinaire. Le 
corps de certaines langoustes et de quelques ho- 
mards a quelquefois près de trois pieds de long. 

La chair des Crustacés décapodes, quoique 
d'une digestion difficile, est cependant géné- 
ralement recherchée. Mais, pour éviter la cor- 
ruption et les désagrémens qui en résulteraient, 
il faut avoir la précaution de faire cuire vivans ces 
animaux. Quelques espèces, et particulièrement le 
Crabe fluviatile d'Italie et du Levant , avaient au- 
trefois une grande réputalion en médecine. Mais 
elle s’est évanouie ou du moins singulièrement 
affaiblie avec le temps, puisque ces animaux ne 
sont presque plus employés dans la matière mé- 
dicale. 

Les uns ont la queue courte , appliquée sur la 
poitrine, sans nageoires ou appendices analogues 
à son extrémité, les branchies solitaires ,.et l'issue 
extérieure des organes sexuels féminins située 
entre les pieds de la troisième paire, Ils constituent 
la famille des Décapodes à courte queue ou celle 
des BRACuYUuREs. 

Dans les autres, celte queue est généralement 
aussi longue ou plus longue que le test, simple- 
ment.courbée, munie latéralement à son extrémité 
de deux petites nageoires, en formant une générale 
et en éventail avec le dernier segment, les bran- 
chies rapprochées à leur base par faisceaux, et 
les vulves situées au premier article de ces mêmes 
pieds ou de la troisième paire. [ls composeront la 


—————— 


DÉCL - 


488 


DÉCO 


famille des DÉCAPODES À LONGUE QUEUE ou celle des 
Macroures. W, ces mots et l’article Crusracés. 
TU (H. L.) 

* DÉCIDU, Deciduus. (mor. pax.) Les botanis- 
tes ont adopté cette expression pour distinguer le 
temps rélatif de la chute de certains organes. Ainsi 
le calice des Crucifères est décidu parce qu'il ne 
tombe que long-temps après son développement ; 
mais on appelle caduc celui de quelques Renoncn- 
les, parce qu'il tombe aussitôt que la fleur est 
épanouie. (L.) 
— DÉCLIEUXIE, Declieuxia. (mor. Han.) Nous 
avons dit à l’article GAFÉIER, que c’est le capitaine 
Déclieux qui transporta à la Martinique les pre- 
miers pieds de l'arbre d'Éthiopie. Ajontons ici 
que, pendant une longue et pénible traversée sous 
le climat de l'équateur, le scrupuleux marin eut 
le courage de se priver d’eau pour en arroser les 
plants qu'on avait confiés à ses soins. Il méritait 
bien que son nom füt gravé dans le souvenir des 
amis des sciences naturelles. C’est donc un devoir 
que M: Kunih a rempli, comme botaniste, en ap- 
pelant Déclieuxie une des plantes décrites dans le 
Nov. gener. plant. æqu. 

Le Declicuxia chiococcoïdes, Kunth , est un ar- 

buste indigène des bords de l’Orénoque; ses ra- 
meaux sont quadrangulaires , ses feuilles opposées, 
entières, coriaces et munies de stipules; ses fleurs 
blanches, en corymbes terminaux. Voici les ca- 
ractères indiqués par M. Kunth : calice adhérent 
à l’ovaire, à quatre dents; corolle infundibuli- 
forme, à quatre divisions régulières et étalées , un 
peu velue à l'entrée de la gorge ; quatre étamines 
insérées à l'entrée de la corolle, saillantes ; ovaire 
infère ; un style portant un stigmate bifide ; deux 
noyaux didymes, comprimés, couronnés par le 
limbe du calice, contenant chacun une seule 
graine. Le Declieuxia se place donc dans la famille 
des Rubiacées , Tétrandrie monogynie de Linné. 
+ Nous remarquerons que Willdenow a inexacte- 
ment rapporté cet arbuste au genre Æoustonia , 
dont il diffère cependant par sa fructification. Il 
s'éloigne aussi du Canthium et du Chiococca par 
2 nombre quinaire de ses parlies. (L.) 

DÉCLINAISON. (envs.) On est convenu d’ap- 
peler Déclinaison de l'aiguille aimantée , l'angle 
que forme sa direction avec celle da méridien du 
lieu. Ainsi, à Paris, l'aiguille de la boussole, au 
lieu de se diriger exactement sur le pôle boréal, 
décline vers l’ouest d’un angle de 22°, La Décli- 
naison varie d’un lieu à l’autre de la terre: elle 
n’est pas même constante dans un même lieu. À 
Paris en 1580 elle était orientale et de; 11°,30, 
elle se rapprocha progressivement de la ligne du 
nord et en 1665 l'aiguille se dirigeait exactement au 
nord; elle continua son mouvement vers l’ouest et 
atteignit en 1815 sa plus grande Déclinaison acci- 
dentale, 22°28. Depuis elle parait revenir par un 
mouvement rétrograde dans la’direction du pôle. 
On a reconnu récemment que la ligne de Décli- 
paison, en un point quelconque du globe , est per- 
pendiculaire à la ligne isodynamique passant par 
ce point, c'est-à-dire à Ja ligne formée par la suite 


des positions où l'intensité dela force magnétiqueest 
la même. M. Duperrey croit en outre avoir reconnu 
l'identité des lignes isodynamiques et des lignes 
isothermes , ou d’égale température. Les anciennes 
observations ne sont sans doute pas d’une grande 
exactitude; mais elles prouvent cependant degrands 
déplacemens dans la direction de l'aiguille aiman- 
tée depuis deux siècles ; ces déplacemens auraient 
dû être accompagnés de variations considérables 
dans Jes climats relatifs, si les lignes isothermes 
avaient suivi les mouvemens de la Déclinaison, et 
rien n’annonce qu'il en ait été ainsi.! Ÿ. Macxt- 
TISME TERRESTRE. (B.) 
DÉCOLLATION. (exsror.) Action par laquelle 
on sépare la tête du tronc. On s’est longuement 
occupé de savoir si après la décapitation la vie 
persistait quelque temps, si la douleur pouvait en- 
core pendant ce temps se faire ressentir dans cha- 
cune des parties séparées. Gette-question , si inté- 
réssante pour la physiologie, était aussi d’une 
haute importance pour les moralistes et pour les 
législateurs, qui devraient toujours se rendre 
compte ‘de la nature du châtiment avant de le 
faire entrer dans la loi. IL n’est pas de notre su- 
jet d'examiner à quelle époque et chez quels peu- 
ples la décapitation fut d’abord mise en usage 
comme supplice : un fait qu'il faut remarquer ce- 
pendant, c’est qu’en Europe ce supplice n’est plus 
guère employé qu'en France et en Turquie, c’est- 
à-dire aux deux extrémités de la civilisation euro- 
péenne. Dans presque tous les autres pays de cette 
partie du monde, si des lois barbares, qui s’efface- 
ront sans doute un jour du code de l'humanité, 
prononcent encore la mort d’un homme , du.moins 
on épargne aux autres l'horreur de voir couler 
son sang sur l’échafand. b 
Ce fut après de nombreuses expériences, ré- 
pétées dans des vues d'humanité, que le médecin 
Guillotin proposa à la Convention, et fit adopter 
par cette assemblée l'instrument de supplice au- 
quel il eut le triste privilége de donner son nom. 
Les recherches de Guillotin l’avaient conduit à 
penser que cet instrument, en tranchant rapide- 
ment Ja tête , éteignait aussitôt la vie et épargnait 
aux suppliciés de longues douleurs et les tortures 
d’une affreuse agonie. On est revenu depuis sur 
les expériences de Guillotin, et l’on peut aujour- 
d’hui révoquer en doute les conséquences qu'il en 
a tirées. | 
Après Sæmmering, Mojouet Castel, le docteur 
Sue fut un de ceux qui tentèrent avec plus d'in- 
sistance de prouver que les assertions de Guillotin, 
appuyées de celles de Cabanis et de Petit, ne mé- 
ritaient pas le crédit qu'on leur accordait. Nous 
ne pouvons ici rapporter que quelques unes des 
expériences de Sue, en les étayant des principaux 
raisonnemens de ce savant; mais il sera facile de 
voir qu'on ne peut en conclure que la mort arrive 
immédiatement après la décapitation, et que le 
sentiment de la douleur ne se condense pas dans 
la tête et dans les divers points du tronc. Après 
avoir coupé la tête à un coq, Sue put observer 
que celle-ci conserva ses mouvemens pendant plus 


d’une 


nn 4 


DÉCO 


489 


DÉCO 


EE 


d’une minute; le corps s’agita pendant trois, et 
le cœur ne cessa de battre qu'après quatre minu- 
tes. En répétant cette expérience il constata éga- 
lement, sur la tête, des signes évidens de douleur. 
Les résultats furent encore plus concluans après 
avoir tranché la tête à un dindon: non seule- 
ment les mouvemens de la tête persistèrent , les 
mandibules, remuèrent en même temps que les 
paupières clignotaient sous l'impression de la lu- 
mière, mais le corps se releva , se tint une minute 
sur les pattes, marcha , agita ses ailes, fléchit les 
pattes, puis retomba et mourut au milieu d’af- 
freuses convulsions, Des beliers, des moutons, des 
veaux, des chiens ont donné, après la décapita- 
tion, des signes évidens de souffrance , et les 
mouyemens se sont conservés, soit à la tête, soit au 
tronc, pendant huit, dix, douze minutes, Il était 
déjà facile de pressentir que, placé bien au dessus 
de ces animaux par son organisation compliquée 
et par la prédominance de son système nerveux , 
J'homme devait offrir à la mort une plus longue 
résistance. Aldini, par une séric d’exptriencesten- 
tées en Italie et en France sur des décapités, s’est 
convaincu que les contractions des muscles de la 
tête persistaient trois quarts d'heure après la décol- 
lation; il a vu, plus d’un quart d'heure après leur 
séparation du tronc, des têtes de suppliciés fer- 
mer les yeux lorsqu'on les exposait à la lumière , 
après avoir relevé les paupières. Il s’est assuré que 
ces têtes étaient sensibles à l’action des stimulans:; 
que la langue sortie de la bouche et piquée avec 
une aiguille se retirait assez rapidement et que les 
traits alors exprimaient une pénible sensation ; il 
a pu constater que l'organe de l’ouïe restait en- 
gore quelque temps impressionnable : on raconte 
même que quelques unes de ces têtes ont tourné 
les yeux du côté où on les appelait. Quelques phy- 
siologistes n’ont point hésité à rapporter à un 
sentiment d’indignation la rougeur qui couvrit le 
front de Charlotte Corday lorsque le bourreau ou- 
tragea d’un soufllet sa tête sanglante. On a sans 
doute cherché à expliquer cette rougeur comme 
un résultat de la pression exercée par la main de 
J’exécuteur ; mais cette explication n’est-elle pas 
au moins contestable ? S’il est vrai qu’on ait ob- 
servé dans des têtes supendues à la main du bour- 
reau différens mouvemens des paupières , des yeux, 
des lèvres, s’il est vrai qu’on ait entendu en même 
temps d'horribles grincemens de dents, que les 
mâchoires se soient serrées comme pour mordre, 
Sue n'a-til pas eu raison de dire que dans la Dé- 
collation, à travers les désordres nerveux, vascu- 
leux, musculaires, la puissance pensante entend, 
sent et juge la séparation de tout son être, en un 
mot la personnalité, le mot vivant ? N’a-t-il pasrai- 
son de dire que tout tend à prouver que le cou, 
la poitrine, le bas-ventre, les extrémités ont aussi 
leurs sensations, leur moi particulier? Pour appuyer 
cette pensée il a rappelé au reste une observation 
fort commune dans les hôpitaux, c’est la douleur 
dont certains amputés se plaignent dans les mem- 
bres qu'ilsont perdus. Le fait suivant, dont tous les 
horribles détails ont été garantis, tend encore à 


Tome IL 


prouver que la section de la moelle épinière n’em- 
pêche pas la doulcur de persister et de se mani- 
fester. Deux époux avaient été condamnés à Ja 
peine des parricides pour avoir empoisonné leurs 
parens, Pour la première fois cet épouvantable 
supplice allait eflrayer la ville de Poitiers ; l’exé- 
cuteur ordinaire des hautes œuvres consentit à 
demeurer sur l’échafaud, mais refusa de prêter 
son ministère ; il fallut faire venir un bourreau de 


Ja ville voisine. Traïnés à travers les rues, pieds 


nus et la facevodée, ils arrivèrent auprès du fa- 
tal instrument ; le mari monta le premier; son 
poing fut abattu par une hache ct sa Lête tomba 
sous le couperet; la femme fut ensuite portée à 
la place sanglante de son mari en poussant d’affreux 
hurlemens : la précipitation avec laquelle on es- 
saya d'abréger ce hideux spectacle fit sans doute 
négliger quelques précautions , et l’instrument de 
mort divisa seulement la colonne épinière sans 
pouvoir aller plus loin ; il fallut le relever avec ef- 
fort, s’assurer qu'il glisserait mieux; mais pendant 
le temps employé à ces affreux préparatifs la mal- 
heureuse ne cessa de pousser des cris el, dit-on 
même , d’articuler desimprécations. Si nous étions 
chargés de plaider ici contre la peine de mort et 
Ja publicité des supplices sanglans , nous dirions 
que Ja populace qui se pressait au pied de l’écha- 
faud semblait manifester plus d'horreur contre une 
loi barbare que contre les coupables dont elle fai- 
sait des victimes. Ajoutons que le bourreau dont la 
main n'avait pas voulu se prêter à ce terrible of- 
fice mourut d’effroi deux jours après Mais nous 
n'avons à déduire de ce hideux tableau qu’une con- 
séquence physiologique: c’est que la division de 
la moelle épinière n’empêche pas immédiateraent 
les diverses parties du corps et de sentir et de 
manifester leurs sensations. 

S'il fallait encore corroborer les faits énoncés 
jusqu'ici par des expériences tentées sur des ani- 
maux de diverses classes, nous verrions la vie per- 
sister pendant un temps bien plus considérable 
après la décapitation ; ainsi chez la tortue la cir- 
culation sanguine continue plus de douze jours 
après ; on en a vu qui ont vécu six mois la tête - 
coupée: une tèle de vipère séparée du corps de- 
puis plusieurs jours mordit et fit encore de dange- 
reuses blessures à un individu qui s’en était em- 
paré. S’il faut en croire Galien, c'était un diver- 
tissement de l’empereur Commode que de tran- 
cher subitement la tête à des autruches qui n’en 
couraient pas moins jusqu’au bout de la carrière. 
Sue pense qu'on ne peut expliquer cette persis- 
tance de la vie dans les parties ainsi séparées qu’en 
admeltant que les nerfs peuvent naître, croître , 
se développer, sentir indépendamment du cerveau; 
que ceux qui en tirent leur origine peuvent jus- 
qu’à un certain point suppléer aux fonctions de:- 
ce viscère; que chaque nerf et même chaque por-. 
tion de nerf a la force vitale nécessaire pour arri- 
ver et même faire ressentir aux parties dans les- 
quelles ils se distribuent les impressions qu’ils 
éprouvent; qu'ils agissent ensemble ou isolément 
en s’aidant au besoin de leur force plexulaire et. 


142° Livraison, 62 


DÉCO 


49v 


DÉCO 


a ——————————————— . — ———_—————p— 


qu’enfin la vie est d’autant plus tenace dans les 
foyers animaux qu'il y a plus de nerfs. De ces 
données il a donc dû conclure que la Décollation, 
ainsi que nous l’avons repété, ne privait pas im- 
médiatement de la vie et laissait encore pendant 
un certain temps et la tête et le tronc en proie à 
la douleur. Pout-être ne serait-il pas inutile de 
rappeler aussi que les plus faibles lésions de la 
moelle épinière entraînent ordinairement d'horri- 
bles convulsions, qu’en piquant la portion mise à 
nu dans la décapitation on reproduit ces contrac- 
tions convulsives, pour en tirer celte conséquence 
que la division violente de cette substance doit 
être ‘accompagnée d’une sensation atroce, d’au- 
tant plus atroce qu’elle estplus rapide. 

Sous l'influence de l’exaltation qui précède sou- 
vent la mort et la violence des sensations, on peut 
prétendre avec Sue, quelecentre d’activité du cer- 
veau étant augmenté, la pensée, loin d’être éteinte, 
vit tout entière quelque temps après la décapitation. 
Et lorsque nos législateurs ont conservé à nos lois 
le droit barbare de punir le crime par le crime, 
la mort par la mort, ne doit-on pas leur rappeler 
sans cesse que le supplice de la guillotine est un 
des plus douloureux, des plus terribles, des plus 
atroces ? la physiologie Va prouvé , la morale fpu- 
blique le dit depuis assez long-temps. (P. G.) 

DÉCOLORATION. (pPuysior.) Nous devons 
laisser à la médecine le soin d’étudier et d’expli- 
quer les changemens de couleur que subissent les 
fluides et les solides , par suite des altérations mor- 
bides auxquelles ils sont exposés. Pour le patho- 
logiste il doit être indispensable de savoir les causes 
qui tout à coup font perdre au sang la couleur 
rouge-pourpre , pour la transformer en rose pâle, 
ou changer la teinte citrine de l’urine en brun, en 
jaune foncé, elc. ; il doit être indispensable de 
savoir pourquoi la peau devient d’un blanc laïteux, 
se nuance de rouge, de jaune , de noir, de vert, 
ou d’une teinte bleue foncée comme dans le choléra 
ou dans certaines affections du cœur ; ces chan- 
gemens ont tous une cause dans les dispositions 
morbides de quelques organes qu’il faut reconnaf- 
tre pour les guérir. [ci nous indiquerons seulement 
quelques circonstances particulières qui font per- 
üre aux êtres organisés leur couleur primitive. 
Les progrès de l’âge doivent être considérés comme 
une cause remarquable de la Décoloration des 
tissus. Ainsi l’on ne saurait comparer la teinte 
rosée de la peau d’un jeune homme à la couleur 
terreuse et brune de ce tissu chez un vicillard dé- 
crépit, ni la rougeur intense de la chair muscu- 
laire du premier aux fibres pâles du second. Mais 
une circonstance qui n’a pas moins d'influence, 
c’est la différence des climats. La même plante, 
sous une latitude différente, ne présente plus Ja 
même coloration ; l’homme et les animaux subis- 
sent également par cette cause et sous ce rapport 
des changemens aussiremarquables. La privation de 
la lumière et du soleil décolore les tissus. Voyez 
Azcninos , Nice, Peau. (P. G5 


DÉCOMBANT , Decumbens. (or.) Get adjectif 


exprime la situation d’une tige qui, s’élançant d’a- 


bord droite, se courbe ensuite, et s'étale sur le 
sol, Telle est la tige de lÆrctotis decumbens. (L.} | 

DÉCOMPOSÉ, Decompositus. (80T.) La feuille 
dont le pétiole se divise en plusieurs pétioles se- 
condaires, Ja tige qui ‘dès sa base se partage em 
plusieurs ramifications, sont Décomposées, Ce mot 
n'est pas toujours employé aussi rigoureusement ; 
on l’applique quelquefois aux feuilles découpées 
d’une manière diffuse, et aux autres organes telle - 
ment irréguliers qu’on n’en peutreconnaître la vé= 
ritable figure, (EE 

DÉCORATION DES JARDINS. (4cn. et BoT.) 
Ce serait une erreur de croire que les diverses 
productions de la terre ne sont point susceptibles 
de recevoir une distribution plus gracieuse que 
celle imposée par la main de la nature; le culti- 
vateur industrieux sait rapprocher ce que les cli- 
mats éloignent, obliger les végétaux à croître autour 
de sa demeure , et, tandis qu'il leur demande ce 
qu'ils ont d’utile, il sait aussi les faire servir à son 
agrément. Si la symétrie, l’uniformité, la régula 


rité laissent l'imagination inactive et le cœur froid, 


le désordre, l’entassement des ruines factices, des 
temples sans but philosophique, de larges ponts 
jetés sur des rivières sans eau , des lacs creusés de 
quelques mètres de diamètre, de gros cailloux 
que l’on décore du nom de rocher , etc., excitent 
autant la pitié que le dégoût. L’un et l’autre écart 
n'auront jamais le privilége de plaire, encore moins 
d’émouvoir. La véritable Décoration des jardins 
privés ou publics est celle qui résulte de la conve- 
nance locale ; qui dénonce le caractère de la des- 
tination , qui marie l'effet pittoresque de l’ensem- 
ble aux objets environnans. Cachez soigneusement 
l'art ; la plus légère trace d’une combinaison mé- 
canique porte atteinte au goût et révèle une pré- 
tention ridicule : le véritable embellissement est 
limitation de la neture : simplicité, propreté har- 
monisent l’ordre et le sentiment du beau. Les scènes 
intérieures doivent être en rapport avec l'emploi 
du sol, le genre d'exploitation , et largement des- 
sinées; le luxe, une vaine pompe ne trouver aucune 
place, et les vues extérieures se fondre avec le pays. 
À cet effet, les clôtures sagement couvertes, va- 
riées avec goût, ne se feront sentir sur aucun point, 
les masses d’arbres et d’arbustes serviront à ca- 
cher, à rendre plus pittoresque la construction 
qu’on n’a pu éviter. En un mot, pour obtenir dans 
un espace limité toutes les couleurs, tous les 
tons , tous les tableaux de la nature ornée, eulti- 
vée et agreste, le grand secret est de lier entre 
elles les diverses parties sans rudesse, de les op- 
poser sans symétrie froidement calculée, et de les 
mélanger sans confusion. L'étude des productions 
de la nature perfectionne le goût, l'habitude de 
l'observation donne de l’étendue au sentiment , et 
quand l’utile est le terme de l’œuvre, le plaisir et 
l'agréable demeurent sans cesse en compagnie. 
"CEE 
DÉCORTICATION. (4er. et nor.) Séparation 
naturelle ou artificielle de l'écorce. Le tronc du 
Chëne-liége, Quercus suber, ceux äu Platane, 
Platanus orientalis et occidentalis, dela Vigne, Witis 


| 
| 


DÉCO 


491 


IDÉCU 


vinifera, etc. , se dépouillent tous les ans d’une 
plus ou moins grande portion de leur enveloppe 
corticale : il en est de même de certains Ghampi- 
gnons, le Lycoperdon variolosum, entre autres : 
c’est un bien pour la plante, elle souffrirait et pé- 
rirait même si cette séparation n'avait point lieu. 
Quand la Décortication provient d’une blessure, 
d'un accident, de la gelée ou d'une maladie in- 
terne , et qu’elle a mis à découvert une partie con- 
sidérable du tronc, la séve n’ayant plus de rela- 
tions complètes avec les racines et les parties 
aériennes, l’arbre ne tarde pas à perdre sa vie vé- 
gétale. Cependant l’homme, toujours attentif à 
améliorer ce qui doit assurer ses jouissances, à 
voulu faire servir la Décorticalion à augmenter la 
densité, la force et la durée du bois ; il y a réussi. 
Buffon a fait sur cet objet un grand nombre d’ex- 
périences pour en justifier l’utilité; mais, comme 
il ne les avait pas combinées de manière à en dé- 
duire les lois théoriques, Varennes de Fenilles a 
poussé plus loin l'observation, et il aurait été beau- 
coup plus loin encore si la mort ne l’eût inter- 
rompu dans ses importans travaux. Il nous a 
prouvé deux faits essentiels : 1° la Décortication 
diminue plutôt qu’elle n’augmente la pesanteur 
spécifique ; 2° elle ne convient point aux bois 
blancs, dont elle diminue la force ; mais, comme 
je m'en suis assuré en suivant l’essai commencé 
par l’illustre agronome , elle les rend moins cas- 
sans, moins sujets à travailler et par conséquent 
plus propres à la menuiserie. 
_ L'arbre que l’on a soumis à la Décortication se 
couvre de feuilles et de fleurs, seulement les pre- 
mières sont plus petites et les secondes avortent ; 
—T’année suivante, s’il n’a point succombé durant 
l'hiver, les feuilles sont plus rares et celles qui se 
montrent ne tardent pas à se dessécher; il faut 
abattre aux approches de l'hiver. Le Chêne roure, 
Quercus robur, m'a plus d’une fois offert cette 
série de décadence; chez le Hêtre, Fagus sylvatica, 
la Décortication décide de la perte de son bois si 
susceptible de se fendre ; du Marronier, Æsculus 
hippocastanum, décortiqué, l’on obtient de bons 
fruits la première année, ceux de la seconde année 
sont mauvais , à la troisième année ils avortent. 
ô (T. ». B.) 
2 DÉCOUPÉ, ncisus. (8oT. rman.) Le calice, la 
corolle , la feuille, dont le limbe est partagé en 
plusieurs lobes ou segmens, sont dits Découpés. 
Si les incisions n’atteignent guère que jusqu'à la 
moilié du limbe, on dit que ces organes sont ou 
bifides, ou trifides, ou multifides ; mais si elles pé- 
nètrent plus profondément, on emploie alors l’ex- 
pression de biparti, ou triparti, etc. 

La plupart des ombellifères ont leurs feuilles 
Découpées ; le calice des Primevères est Découpé 
en cinq lobes ou quinquéfide; la carène de plusieurs 
légumineuses est bipartie, c’est-à-dire profondé- 
ment Découpée en deux lobes. (L.) 

DÉCOUVERTS (rnurrs), Fructus nudi. (mor. 
PHan.) Ce mot, qui s'explique de lui-même, s’em- 
-ploie pour désigner les fruits , tels que les cerises, 


les groseilles, etc, , qui ne sont masqués ni cou- 


verts par un calice ou toute autre espèce d’en- 
veloppe. Lu 
DÉCGRÉPITATION. (comm. } Phénomène qui se 
passe dans l’hydrochlorate de soude (sel de cui- 
sine), soumis à l’action de Ja chaleur, sur des 
charbons ardens, par exemple. Le bruit que l’on 
entend est dû au dégagement subit de l’eau qui se 
trouve engagée entre les molécules du sel, et qui 
prend la forme de gaz. Cependant quelques sels 
qui ne contiennent pas d’eau, tel que le sulfate de 
potasse, sont également susceptibles de décrépiter, 
de se fendiller bruyamment et de sauter en éclats 
lorsqu'on les chauffe brusquement; dans ce cas 
l'effet doit être attribué à la séparation instantanée 
des molécules par le calorique. (EF. F.) 
DÉCRÉPITUDE. (Pnysior.) Dernier degré de 
la vieillesse ; époque de la vie qui succède à la ca- 
ducité et précède la mort. Cette époque n’a point 
de terme fixe pour l’homme et dépend des chances 
innombrables à travers lesquelles s'écoule l’exis- 
tence. Chez quelques uns la Décrépitude arrive à 
l’âge où commence à peine la vieillesse pour les 
autres ; tandis que quelques êtres privilégiés par- 
courent une longue carrière sans jamais passer 
par cet état déplorable, et semblent, après cent 
années, arriver à la mort comme on cède aux 
douceurs du sommeil. La Décrépitude est carac- 
térisée par l’affaiblissement de tous les sens , par 
la difficulté avec laquelle s’exercent toutes les 
fonctions : la vue, l’ouïe , l’odorat , le toucher per- 
dent progressivement leur sensibilité ou s’éteignent 
tout-à- fait; la circulation ne se fait plus qu'avec 
lenteur; les extrémités, dans lesquelles le sang ne 
paraît plus qu'avec peine, restent constamment 
froides, glacées ; le fluide nerveux cesse de porter 
dans tous les organes sastimulation indispensable : 
les facultés intellectuelles s’affaiblissent ou se 
perdent; une faiblesse générale , une difficulté ex- 
trême dans tous les mouvemens forcent le corps 
à une inaction presque continuelle ; l’amaigrisse- 
ment , la couleur terreuse de la peau, la perte de 
toutes les dents, des cheveux; l’état d'enfance, 
d’imbécillité annoncent assez que le terme de la 
vie est arrivé et que les organes dont l’action 
était nécessaire à son entretien vont subir une 
inévitable décomposition. $ 
Les effets de la Décrépitude ne sont pas moins 
faciles à observer chez les animaux que chez 
l'homme, surtout chez ceux qui sont soumis à 
l’état de domesticité. (P. G.) 
DÉCRESCENTE-PINNÉE (reuirze), Decrescen- 
tipinnatum. (sor.) On désigne ainsi la feuille ai- 
lée- de quelques Légumineuses , telle que le Ficia 
sepium , dont les folioles décroissent en grandeur 
à mesure qu’elles approchent du sommet de leur 
étiole commun. (L.) 
DÉCROISSEMENT. (win.) Voy. CGrisTaLLisA- 
TION. L 
DÉCURRENT , DÉCURRENTE , Decurrens. 
(8or. pxan.) Une feuille est dite Décurrente lorsque 
le [limbe, au lieu de s’arrêter à son point d'in- 
sertion sur la tige, se prolonge jusque sur celle- 
ci, et y forme deux espèces d’ailes, Telles sont les 


DÉFL 


492 


DÉGÉ =: 


ne 


feuilles des Chardons nutans et crispus, du Bouil- 
lon blanc, elc. On nomme ailées les tiges portant 
des feuilles Décurrentes. 
.DECURSIVE-PINNÉE (reuizre), Decursive-pin- 
natum. (5or. pHan.) C’est la feuille ailée , dont les 
folioles sont décurrentes sur le pétiole commun. 
Les trois espèces du genre Melianthus portent des 
feuilles Décursives-pinnées. (02) 
DÉFÉCATION. (Paysror.) Ge mot a une double 
acceplion : on l'emploie pour indiquer la série 
des acles par lesquels le résidu provenant de la 
digestion des alimens se forme et est poussé peu à 
peu jusqu’au rectum , où il s’accumule et séjourne 
pendant un temps plus ou moins long. Il sert aussi 
à désigner l'acte par lesquels ce résidu excrémenti- 
tiel est expulsé à l’extérieur. Voici comment s’exé- 
cute cette double fonclion : en traversant les gros 
intestins , les matières qui n’ont point servi à Ja 
nutrition changent de couleur, prennent avec plus 
de consistance une odeur particulière ; arrivées à 
l'intestin rectum elles y provoquent par leur ac- 
cumulation l’ensemble des actes nécessaires à leur 
expulsion : les fibres charnues qui entourent l'anus, 
et qu'on désigne sous le nom de muscle spluncter, 
sont continuellement contractées et mettent ainsi 
obstacle à la sortie des matières amassées dans le 
gros intestin. Mais lorsque, par leur volume, elles 
déterminent les contractions des fibres musculaires 
de l'intestin, celles du sphincter cessent et Lous les 
muscles de l'abdomen ainsi que le diaphragme 
concourent à rejeter au dehors ces matières excré- 
mentitielles, en pressant la masse des viscères 
contenus dans cetle cavité. (P. G.) 
DÉFENSES. (zoo1.) On donne ce nom aux 
dents des Eléphans, Sangliers, Babiroussas , etc., 
qui saillent hors de la bouche. (foy. Anues.) 
(GuËr.) 
DÉFÉRENT. (anar.) Conduit qui naît de l’épi- 
didyme , et qui, après de nombreuses flexuosités, 
s’unit à des vaisseaux et à des nerfs pour former 
le cordon spermatique ; vers l'anneau inguinal il 
se sépare de ces vaisseaux el de ces nerfs, se dirige 
en arrière et en bas sur le côté de la vessie, puis 
adhérant au bas-fond de cet organe, il se ‘porte 
presque horizontalement en avant en convergeant 
avec son congénère jusqu'à la base de la prostate, 
et Jà, s’unissant à lui, après avoir recu le conduit 
‘qui vient des vésicules séminales de son côté, ils 
ne forment plus qu’un seul canal connu sous le 
nom de conduit éjaculateur. (P. G.) 
DÉFLEURAISON. (8oT.) À l'instant où le fruit 
est formé, ou pour mieux dire que la fécondation 
de l'ovaire est certaine, la corolle se flétrit, les 
anthères et leurs filets, les stigmates et leurs 
styles se dessèchent pour que touie la puissance 
végétale se concentre sur lui. Si dans quelques 
espèces la corolle persiste encore quelque temps, 
c’est que sa présence est nécessaire pour abriter 
le fruit ; mais elle n’a plus aucun éclat, mais elle 
est aflfaissée sur elle-même et dénonce la décré- 
pitude la plus prononcée. Quand le calice échappe 
à la destruction de ses brillans accessoires, c’est 
-qu’il doit accompagner le fruit jusqu'au moment 


de la dissémination, comme dans la Sauge, la 
Bourrache, le Ghanvre , le Coqueret , etc., ou bien 
qu'il fait corps avec lui, comme dans Ja Poire, la 
Nèfle, etc. : ce sont ses divisions supérieures et 
desséchées qui constituent dans la Pomme, la Gre- 
nade, etc., la petite couronne que lon voit au 
sommet de ces fruits. Dans le Pavot, c’est le 
stigmate qui termine la capsule ; les pointes que 
l'on remarque sur les gousses des Légumineuses, 
des Crucifères , sont les styles. On peut intervertir 
cette loi de la nature en retardant l’époque de la 
fécondation ou bien en l'empêchant tout-à-fait ; de 
la sorte on prolonge la durée des fleurs. Eloignez 
les fleurs mâles des fleurs femelles dans les plantes 
dioiques, et ces dernières, au lieu de périr en 
quelques jours, dureront deux mois environ. 
af (CE 87 
DÉGÉNÉRATION. On a rejeté ce mot en his- 
toire naturelle, parce que, a-t-on dit, rien ne 
dégénère dans le sens véritable qu’on doit lui attri- 
buer. On n’a donc point considéré comme Dégé- 
nérations les changemens que subissent les êtres, 
soit qu'ils acquièrent de nouveaux organes , soit 
qu'ils en perdent ou que ceux-ci se transforment. 
Pris dans une aulre acception , ce mot appartient 
à l'anatomie pathologique : il est synonyme de 
Décénérescencs. (P.:&) 
DÉGÉNÉRESCENCE. (Pnysior.) Ce mot, et 
celui de DÉGÉNÉRATION, son synonyme, indiquent le 
changement de nature d’un objet quelconque, ou 
mieux encore le passage de l’état primitif à un 
état inférieur ou pire. Ce mot paraît donc appar- 
tenir plutôt à l'anatomie pathologique qu'à l'his- 
toire nalurelle. Quant aux changemens que su- 
bissent les êtres par le développement anormal de 
nouvelles parties, ou par leur absence, l'histoire 
en appartient à l'étude de ces parties, et pour ex- 
poser ici les théories par lesquelles on les a expli- 
qués , il faudrait repreduire des raisonnemens et 
des faits contenus déjà dans un grand nombre 
d'articles. Ce que nous disons au reste ne peut 
s'appliquer qu'à la zoologie. (P. G.) 
DÉGÉNÉRESCENCE. (acn. et mor.) Assez 
communément on attribue à la nature des herba- 
ges, aux eaux, à la température des climats, etc., 
les seules causes de la Dégénérescence de l'espèce 
pour les animaux domestiques : c’est une erreur; 
la véritable, la première , je pourrais peut-être dire 
l'unique cause de la petitesse, de la laideur, de la 
faiblesse de ces êtres utiles est dans la liberté ab- 
soluce du cemmerce des deux sexes. Le pâturage 
commun des mâles et des femelles les excite à se 
livrer aux ébals amoureu:: dès les premières solli- 
citations de la nature. Ces sollicitations sont tou- 
jours précoces quand les deux sexes se trouvent 
habitueilement ensemble, avant l’âge propre à 
l'acte propagateur ; elles le sont d'autant plus que 
le nombre des mâles excède celui des femelles ; 
l'approche d’un seul allume l'incendie, et les uns 


-se trouvant alors, à l'égard des autres, trop faibles 


ou trop forts, trop jeunes ou trop vieux, trop ar- 
dens ou trop épuisés , il en résulte des accouple- 
mens prématurés, des avortemens fréquens, des 


I 


493 


: DÉGÉ 


DÉGÉ 


EEE 


gestations pénibles , des produits misérables , des 
embarras de tout genre pour le cullivateur. Il est 
aisé de prévenir ces désordres, ces inconvéniens 
graves ; il suflit d’éloigner les mâles des pâtures 
communes , et de calculer le nombre des femelles 
réellement disponibles , de les distribuer par séries, 
de telle sorte que la production des petits et du 
beurre se fasse successivement, et qu'il n’y ait pas 
surcharge à une époque et.disette absolue dans 
l’autre. 

Relativement aux végétaux, les moyens artifi- 
ciels quenousemployons, sous les noms de greffes, 
boutures, marcottes, etc., peuvent bien, à la 
longue, amener la Dégénérescence et même la 
perte totale d’une espèce, d’une variété constante; 
mais elles s’opèrent très-lentement, et d’une ma- 
nière tellement insensible qu’il est difficile de les 
déterminer; il n’en est pas ainsi du défaut de soins 
et de persévérance, de l'inhabileté, de la négligence 
des cultivateurs ; non seulement ils augmentent les 
défauts de certaines variétés obtenues par les 
semis, mais ils précipitent encore leur ruine d’une 
manière vraiment pénible. Quand on connaît bien 
le terrain qui convient à une plante quelconque; 
quand la greffe et les autres moyens de propaga- 
tion sont employés avec réflexion, avec entente 
des lois de la nature, avec l'assurance puisée dans 
une pratique raisonnée , loin que la culture amène 
la Dégénérescence, elle conserve, elle améliore, 
elle perpétue au-delà des bornes imposées à l’exis- 
tence des individus, elle perfectionne les qualités, 
ctles entretient mdéfiniment. Siles anciens eussent 
connu nos excellens procédés , nous n’aurions pas 
à regretler la perte des diverses espèces de fruits 
et de raisins décrites par leurs géopones , surtout 
par Caton et Golumella ; si dans plusieurs localités 
les Pommiers dits Calvilles blancs et Calvilles 
rouges , les Poiriers appelés Beurrés gris et Bézy 
de Chaumontel ne donnent plus que des arbres pe- 
tits, délicats, maladifs, n’en accusez que l’inca- 
pacité des horticoles et des jardiniers ; vainement 
on en accuse la méthode de greffer; c’est parce 
que l'opération est mal faite, qu’elle est remise 
en des mains grossières, que tout finit par se perdre, 
Envoyez vos horticulteurs aux écoles pratiques, 
exigez qu'ils soient instruits, et vous opérerez dans 
vos cultures d’utiles changemens, d'importantes 
innovations. 

Quelques botanistes de cabinet confondent sous 
le nom de Dégénérescence des métamorphoses 
d'organes, et les explications qu’ils donnent sont 
tellement étrangères aux lois de la nature qu’elles 
font de ces légers changemens de véritables mons- 
truosités, des vices d'organisation, et qu'elles les 
limitent à ce qu'ils appellent plantes amphibies. 
Nous verrons plus tard (v. au mot MÉ£ramorPnose) 
l’idée que l’on doit se former de ces phénomènes, 
pour le moment contentons-nous de dire que la 
voie des semis nous offre une compensation de 
beaucoup supérieure aux pertes dont nous menace 
incessamment la courte durée des présens de la 
nature. Multiplions les variétés utiles par les semis, 
-et, à l'exemple de Van Mons, nous découvrirons 


des moyens ingénieux propres à nous en assurer la 
possession : ces moyens abrégeront beaucoup le 
Lemps qu'exigeraient des procédés vieïllis, et mul- 
tiplieront les chances pour arriver à de nouveaux, 
à de plus heureux résultats. Aux semis joignons 
les croisemens; l’union de variétés différentes 
fournit toujours des espèces nouvelles qui ont plus 
de vigueur et sont moins sujeltes aux maladies 
que les variétés ordinaires : c’est sans aucun doute 
à ce système expérimental, tenu secret par son 
inventeur, ou perdu durant les âges d’ignorance, 
que le froment, d’abord humble habitant des ga- 
zons des contrées tempérées, a, par un heureux 
choix des graines confiées à la terre bien prépa- 
rée , et par des soins assidus , acquis plus d’éléva- 
ton, un grain plus gros, plus nombreux, mieux 
nourri, et qu'il est enfin parvenu à occuper le 
premier rang parmi les végétaux utiles, parmi les 
plantes cultivées , et à devenir la base nourricière 
de la majeure partie des habitans du globe. (7. aux 
mots FROMENT , GRAINES, SEMIs.) 
Il ne faut point appeler Dégénérescence, comme 
on le fait d'ordinaire, ce qui se passe chez l’ani- 
mal et Ja plante améliorés par l’homme quand ils 
retournent vers leur type primitif; ils subissent 
une loi de la nature, ils se régénèrent , ils rentrent 
dans la ligne qui leur est propre. Il n’y a Dégéné- 
rescence proprement dite que par l’absence des 
soins convenables, que par paresse ou par igno- 
rance : c’est la faute de l’homme, il perd par un 
contresens le fruit de l'éducation, l'expérience des 
temps écoulés. (T. ». B.) 
DÉGLUTITION, Deglutitio. (pnysto1.) Fonction 
par laquelle les alimens, broyés par les dents et 
imprégnés de salive, passent dans l'estomac en 
traversant le pharynx et l’æœsophage. Lorsqu'elle 
commence, les alimens, rassemblés sur le dos de la 
langue, sont poussés par elle d’avant en arrière 
contre le voile du palais ; pour leur livrer passage, 
cette cloison s'élève horizontalement, et s’inter- 
pose ainsi entre eux et les fosses nasales dans les- 
quelles ils pénétreraient sans cet obstacle. La ré- 
sistance que le voile du palais leur oppose contribue 
à les faire descendre dans le pharynx. Ils n’ont 
alors qu’un espace très-court à franchir ; mais ce 
passage doit être rapide afin d'éviter le larynx 
dans lequel leur introduction causerait une suffo- 
cation imminente. Voici donc ce qui arrive : à 
l'instant où le bol alimentaire , c’est-à-dire la masse 
des alimens broyés, touche le pharynx, tout entre 
en mouvement; celle cavité se contracte et em- 
brasse le bol alimentaire , pendant que d’un autre 
côlé le larynx s'élève ct va au devant de ce 
corps pour rendre plus rapide l'ouverture de la 
glotte. C’est alors que les bords de celte ouverture 
se ferment exactement, et l’épiglotte, pressée 
contre la base de la langue, s’abaisse de f>çon à 
couvrir l'entrée du larynx. Le bol alimentaire ainsi 
pressé par la contraction du pharynx, glisse à la 
surface de l’épiglolte, et parvient à l’œsophage, 
dont les fibres circulaires, en se contractant suc- 
cessivement , le fon cheminer jusque dans l'eslo- 


mac. P. Got; 


| 


DÉJE 


DELE 


494 : 


DÉHISCENCE, Dehiscentia. (mor. Pnan. ) Ge 
mot signifie action de s’ouvrir , et, dans les végé- 
taux, s'applique à l’anthère et au fruit. 

La Déhiscence des anthères , c’est-à-dire la ma- 
nière dont elles répandent la poussière fécondante, 
a lieu ordinairement par le sillon longitudinal si- 
tué entre les deux loges. Voici les autres modes, 
qui sont plus rares : dans la Bruyère, le pollen 
s'échappe par deux petits trous ou valvules qui 
s'ouvrent au sommet de chaque loge; l'antère de 
la Pyrole à ces valvules placées à la partie infé- 
rieure de ses loges. Les Lauriers, les Berbéridtes, 
émettent le pollen par des valves ou panneaux qui 
s’enlèvent du bas au sommet de l’anthère. Enfin 
le genre Pyæidanthera doit son nom à ce que la 
moitié supérieure de l’anthère s’enlève, à l'instant 
de la fécondation, comme le couvercle d’une 
boîte. 

Quant aux fruits, éloïgnons d’abord ceux qui 
par leur nature me sont pas déhiscens; tels sont 
les Melons, les Cerises, les Pommes et en général 
les fruits charnus : il est aussi un certain nombre 
de fruits secs, ceux à une seule loge et une seule 
graine, qui ne s’ouvrent point à l’époque de leur 
maturité. Maintenant, dans les autres fruits, nous 
distinguerons les modes suivans de Déhiscence : 

1° Certains péricarpes se rompent lorsque la 
graine est mûre, et se partagent irrégulièrement 
en un nombre de pièces qu'aucune sature n’in- 
diquait d'avance. On les appelle Péricarpes rup- 
tiles : tels sont plusieurs fruits charnus. . 

2° Îlse forme, au sommet du péricarpe, un cer- 
tain nombre de trous, par lesquels les graines 
mûres s’échappent. La capsule de l'Antirrhinum 
et celle du Pavot en présentent des exemples. 

8° Dans la plupart des Caryophyllées, telles que 
T'OEillet, la Saponaire, la Déhiscence a lieu par le 
moyen de petites dents placées au sommet de la 
capsule, et qui, d’abord unies entre elles, s’é- 
cartent, et laissent une ouverture terminale. 

- 4° Enfin le fruit s’ouvre en un certain nombre 
de pièces appelées valves, placées soit longitudina- 
lement, soit superposées. Nous avons décrit ce 
genre de Déhiscence à l’article Garsuze (voyez ce 
mot), et distingué les trois modes que M. Richard 
a nommés loculicide, septicide, et septifrage ; le 
nombre des valves qui composent un fruit est très- 
variable. Gelui du Laurier-rose, de l'Asclépiade, 
s'ouvre en une seule valve, c’est-à-dire qu'il se 
fend longitudinalement sur l’un de ses côtés ; les 
Légamineuses, les Crucifères, ont deux valves; 
d’autres familles en présentent un plus grand 
nombre. En général la Déhiscence a lieu par un 
nombre de valves égal à celui des stigmates si le 
péricarpe n’a qu’une loge, et à celui des loges , si 
le péricarpe en a plusieurs. Z’oyez les articles 
Fnurr et Pénicanre. (L.) 

: DÉJECTION. (ruvsior.) Excrétion des matières 
fécales ; ce mot s’emploie le plus ordinairement au 
pluriel et signifie ces matières elles-mêmes. La 
“quantité des matières évacuées estordinairement , 
‘dans l’état de santé, de quatre à cinq onces par 
Jour; elles sont rendues à peu près une fois.dans 


les vingt-quatre heures et assez souvent le matin : 
il est cependant des individus qui ne vont à Ja 
selle que tous les deux, 1rois, quatre jours et 
même tous les huit jours. La couleur des Déjee- 
tions est d’un jaune-brun ; elle varie en raison des 
alimens; elles sont consistantes sans être dures, 
elles doivent être évacuées facilement et sans dou- 
leurs ; elles ont une ‘odeur particulière plus ou 
moins désagréable, Nous parlons toujours de l’é- 
tat de santé, car dans les maladies, les Déjections 
varient sous ces divers rapports en raison de la 
gravité de l’affection et des organes qui en sont le 
siége. (B:G}re 

DÉIDAMIE, Deidamia. (mor. Pxan.) Nom scien- 
tifique imposé par Dupetit-Thouars à un arbuste 
de Madagascar, appelé Vahing-F'iloma par les in- 
sulaires, Ses tiges sont anguleuses et grimpantes à 
la manière des lianes ; ses feuilles, alternes et ai- 
lées, ou composées de cinq folioles, ovales et 
échancrées au sommet ; des glandes urcéolées re- 
couvrent la surface des pétioles généraux et par- 
ticuliers ; à l’aisselle des premiers se trouvent sou- 
vent des rudimens plus ou moins développés de 
vrilles. La fleur a de très-grands rapports avec 
celle des Passiflorées ; en voici les caractères : ca- 
lice à cinq ou six divisions pétaloïdes, ovales; co- 
rolle nulle, remplacée par un rang de filets ou 
nectaires , plus courts que le calice ; cinq étamines, 
dont les filets sont réunis par la base; ovaire su- 
père, surmonté de trois ou quatre styles ou stig- 
males; fruit capsulaire, ovoide, à quatre valves 
déhiscentes et autant de loges ; graines en partie 
recouvertes d’un arille. Cette forme du fruit 
s'éloigne, il est vrai, des Passiflorées; mais les 
autres caractères ne permettent pas de placer la 
Déidamie dans une autre famille. 

Le fruit de la Déidamie alata (voyez Dupetit- 
Thouars, Histoire des végétaux des îles australes 
d'Afrique), à peu près de la grosseur d’un œuf, 
est, dit-on, un aliment en usage chez les Madé- 
casses ; le nom même qu'its donnent à la plante 
signifie liane bonne à manger ; mais qu’en mange- 
t-on? car ce fruit est sec et coriace; la graine et 
sa maigre enveloppe ne doivent pas non plus four- 
nir une nourriture bien succulente; c’est là cepen- 
dant, assure-t-on, ce qui satisfait l’appétit ou la 
sensualité des Madécasses. (L.) 

DELESSÉRIE, Delesseria. (not. cryrr.) Hys 
draphytes. Genre de la famille des Floridées , éta- 
bli depuis long-temps, confondu par Linné avec 
les Fucus, et dédié à M. Benjamin Delessert. Ce 
genre , extrêmement nombreux en espèces, a pour 
caractères : des tubercules ronds ordinairement 
comprimés, un peu gigartins, sessiles ou pédon- 
culés, situés sur les rameaux, le bord des feuilles, 
ou épars sur leur surface. 

Parmi les nombreuses divisions établies dans ce 
genre, voici celle qui paraît devoir être adoptée: 

1° Genre Deiesseria qui compte six espèces ; 
2° genre Odonthalia qui enrenferme cmq; 3° genre 
Delisea qui en contient trois; 4° genre Vidalia 
qui en renferme une seule; 5° genre Dawsonia 
qui en a neuf; 6° genre Aalymenia dans lequel 


DELT 


495 
2 ADS Le 


DELT 


on en trouve vingt-et-une, et plusieurs groupes ; | deux principales embouchures du Nil, à cause de 


7° genre Volubilaria; une espèce; et 8° genre 
Erinacea, trois. 

Maintenant que nous connaissons le nombre et 
la distribution des espèces du genre Delesseria , 
voyons quelle en est l’organisalion. Les tiges sont 
formées d’un tissu cellulaire qui présente trois 
modifications bien distinctes : une centrale, qui 
n’est autre, quelquefois, qu’une large lacune; une 
extérieure très-mince, ou épiderme ; et la troisième 
intermédiaire, presque égale, et constituant le 
corps principal des tiges. 
T Les feuilles, dépourvues de nervures, ne pré- 
sentent point la première modification que nous 
venons de signaler pour les tiges. Les tubercules 
varient moins dans leur forme que dans leur gran- 
deur et leur situation. Beaucoup d’espèces offrent 
une fructification double ; quelques unes n’ont ja- 
mais de tubercules , et les capsules sont éparses 
sous l’épiderme. La couleur offre toutes les nuan- 
ces possibles, depuis le rose et l’écarlate le plus 
vif jusqu’au brun foncé , en passant par le jaune, 
le vert, le violet et le pourpre. 
: Les Delesséries se conservent très-facilement ; 
très-peu deviennent noires ou olivâtres par leur ex- 
position à Pair ou à la Iumière, à moins qu’ellesne 
soient en contact avec certaines fucacées. La plu- 
part habitent les lieux submergés par les marées ; 
quelques unes sont parasites et ornent les tiges 
des grandes Laminaires; enfin il y en a qui se plai- 
sent dans les lieux les plus exposés à la fureur des 
vagues, tandis que d’autres cèdent au choc des 
flots. Toutes varient plus ou moins, suivant la na- 
ture du corps sur lequel elles reposent, suivant 
le climat , l'exposition , la profondeur, le voisinage 
des eaux douces. Enfin les Delesséries sont très- 
rares, peu nombreuses en espèces dans les mers 
polaires. On les voit au contraire augmenter jus- 
qu'au 39° degré de latitude nord, et diminuer 
jusqu’à l'équateur : le même ordre d’accroisse- 
ment s’observe dans l'hémisphère austral. 


\ (9 a 
DÉLIQUESCENT. (or. crypr.) Nom donné 


d’abord à l’agaric atramentaire, et par suite à 
d’autres espèces du même genre, dont le chapeau 
se résout promptement en eau gélatineuse et com- 
munément noirâtre. SpA Du 
DÉLIQUESCENCE. (cmm.) Propriété d’un 
corps , d’un sel surtout, de s’humecter à l'air, de 
s’y réduire en liqueur ; tels sont le chlorure de 
calcium, l’acétate de potasse (terre foliée de tartre), 
la potasse , etc. (F:E.) 
DELPHINAPTÈRE. (wam.) #. Davrmin. 
DELPHINORHYNQUE. (mam.) #. Daupmi. 
DELTA. (céocr. pays.) Quand un fleuve, avant 
d'entrer dans la mer ou dans un lac, se divise en 
plusieurs bras qui souvent divergent de manière à 
former deux côtés d’un triangle dont la mer est la 
base, on nomme Delta le sol toujours formé d’al- 
luvions qui est sillonné ou embrassé par les bras 
du fleuve. Ce nom fut d’abord donné par les an- 


ciens à l'espace triangulaire compris entre les 


sa ressemblance avec la forme de la lettre grec- 
que A ; plus tard il fut appliqué aux attérissemens 
de la bouche de tous les grands fleuves, quelle que 
füt d’ailleurs leur forme. Les Deltas ne sont réel- 
lement que la plaine alluviale formée à l’embou- 
chure d’un fleuve depuis que la mer est dans ses 
limites actuelles. Il résulte de ce mode de forma- 
tion que leur pente est à peine sensible, et que 
l'exhaussement du lit principal par les alluvions 
rejette fréquemment le fleuve dans de nouvelles 
branches qu’il se creuse avec facilité. La tête du 
Delta cest le point où se séparent les premières 
branches du fleuve. Les Deltas se forment aussi 
bien dans l'Océan que dans les mers fermées et 
dans les lacs ; nous allons citer quelques uns des 
exemples les plus remarquables. Le Rhin forme 
un premier Delta dans le lac de Constance, Le 
Rhône, en se jelant dans le lac de Genève, recule 
continuellement son embouchure, tellement que 
le port Vallais est aujourd’hui à un mille et demi 
du rivage. Ge fleuve , après avoir clarifié ses eaux 
dans le lac de Genève , ne tarde pas à se charger 
de nouveau des débris siliceux des Alpes et des cal- 
caires, des sables et des argiles qui descendent de 1x 
Côte-d'Or, du Jura et des montagnes volcaniques 
du Vivarais. Quand ilentre dans la Méditerranée, 
il teint en jaune les eaux azurées de cette mer à 
une distance de six à sept milles. Les accroisse- 
mens du Delta du Rhône sont des plus rapides ; 
sans parler des preuves qu’on en peut déduire de 
divers passages des géographes anciens, nous di- 
rons seulement que Notre-Dame-des Ports, havre 
en 898, est aujourd'hui à une lieue de la mer. 
Remarquons en même temps que la tête du Delta, 
où se fait la division des bras du fleuve, reste 
toujours au même point, éloigné aujourd’hui à 
quarante mille mètres de sa base. 

Les sondages exécutés récemment par le capi- 
taine Smith nous montrent comment le Delta du 
Rhône se prolonge sous la mer à une distance de 
plus de 2 lieues et avec une pente très-légère ; 
cette distance , le fond est encore formé par des sa- 
bles, des argiles et des coquilles marines réunis. La 
merAdriatique, à l'embouchure du Pô, réunit toutes 
les circonstances les plus favorables pour la for- 
mation rapide des Deltas ; un golfe enfoncé dans 
les terres, une mer sans marées et sans courans, 
le débouché de deux grands fleuves, le P6 et 
l'Adige, et d’une foule de torrens et de rivières qui 
charrient les débris des Alpes. Aussi, depuis le 
fond du golfe jusqu’au sud de Ravenne, les atté- 
rissemens dans l'intervalle de 2000 ans ont acquis 
d’une lieue à 7 lieues de largeur sur une longueur 
de 30 à 4o lieues. 

Le Delta du Nil est le plus célèbre de la Méditer- 
ranée. L'Égypte entière, suivant ses prêtres, était 
un don du Nil, ce qui ne pourrait étre vrai que de 
la partie alluviale située au dessous de Memphis. 
Aujourd’hui la tête du Della est à 30 lieues de la 
mer. En s'appuyant sur des textes d'Homère ct 
d’autres écrivains de l'antiquité, on a beaucoup 
raisonné sur la marche progressive des alluvions 


DÉLU 


496 


DÉLU 


du Nil et on a voulu s’en servir comme d’un chro- 
nomètre pour déterminer l’époque de la dernière 
révolution du globe; on supposait à tort que la 
marche progressive du Delta était proportionnelle 
au temps, tandis qu'elle est toujours moindre , à 
mesure qu'en s’avançant dans la mer il devient 
plus exposé à l’action des courans. Il paraît même 
que , dans ce moment , le courant qui part du dé- 
troit de Gibraltar et rase la convexité des côtes 
de l'Egypte, s'oppose à tout nouvel accroissement 
du Delta. 

Le Rhin se divise près de Glèves; c’est là l’ori- 
gine de son Delta, qui est à plus de 80 milles de la 
ligne générale des côtes ; il paraît que, depuis les 
temps historiques, le Delta du Rhin, loin de s’ac- 
croître, a diminué par l’action de la mer. 

Parmi les Deltas océaniques il n’en est pas de 
plus remarquables et de mieux connus que ceux 
du Gange et du Burrampooter, fleuves qui, des- 
cendant de l'Himalaya, chaîne la plus élevée du 
globe, se joignent, avant d’atteindre la mer, au 
milieu de leurs immenses alluvions réunies aujour- 
d’hui en un seul Delta. La surface du Delta du 
Gange, sans comprendre celle de son affluent, est 
plus du double de celle du Delta du Nil. Son som- 
met est à plus de 73 lieues de la base, dont la 
partie comprise entre les deux principaux bras du 
Gange a 66 lieues de longueur. C’est une surface 
de près de 2400 lieues ; dans sa partie inférieure 
ce n'est qu'un labyrinthe de rivières et de lagunes 
infesté par les tigres et les alligators. Le Gange se 
jette dans la mer par six ouvertures principales, et 
la quantité de sables et de troubles qu'il transporte 
dans la saison des pluies est si grande, que la mer 
ne reprend sa transparence qu'à 20 lieues de la 
côte. 
du golfe de Guinée, on a reconnu dans ces derniè- 
res années, un des Deltas les plus grands dumonde, 
c'est celui du Niger ou du Quorra; il se prolonge 
dans l'intérieur à plus de 80 licues du rivage sur 
lequel il occupe une longueur de 100 lieues; on 
estime que sa surface est la moitié de celle de 
l'Angleterre. On ne peut douter, d’après cette 
masse immense d’alluvions , que le bassin encore 
inconnu du Quorra n’occupe une vaste étendue 
dans l’intérieur du continent africain.  ( B.) 

DELTOIDE. Muscle triangulaire qui forme le 
moignon de l'épaule et recouvre l'articulation 
scapulo-humérale. Il s'étend du tiers externe de 
la clavicule, de l’acromion et de l'épine du sca- 
pulum à Ja partie moyenne et externe de l’humé- 
rus, Ses fibres se rendent toutes, en formant des 
faisceaux qui se coupent à angle aigu, sur un 
tendon très-fort , fixé à l'empreinte deltoïdienne 


de l'os du bras. C’est ce muscle quiélèxe directe- 


ment le bras lorsque l'épaule est fixée et qui le 
porte en avant et en arrière. Lorsque le bras est 
élevé, les fibres postérieures peuvent s’abaisser ; 
si le bras est rendu immobile, le deltoïde déprime 
l'épaule. (P. G.) 

ù DÉLUGE. (Gior.) On entend par Déluges des 
inondations qui se seraient étendues sur une partie 


Nous citerons encore un dernier exemple : au fond.| 


très-considérable de la surface terrestre ou même 
sur la totalité, comme dans le cas du Déluge mo- 
saïque. Nous ne trouvons dans les temps histori- 
ques que des inondations locales ; mais tout gran- 
dit quand on remonte aux temps héroïques ou 
fabuleux, et aux prétendues traditions des peu- 
ples. 

Les Délnges d'Ogygès, de Deucalion , celui de 
la Samothrace, s'ils ont quelque chose de réel, 
ne furent que des inondations locales causées, 
pour les deux premiers, par l’exhaussement des 
eaux dans les bassins de la Thessalie ou de la Béo- 
tie , et pour le dernier par quelques phénomènes 
volcaniques sous-marins. La Grèce a dû éprouver 
souvent de semblables catastrophes. Les eaux du 
bassin fermé de Phonia, en Arcadie, se perdent 
dans des gouffres et reparaissent sur le revers op- 
posé des montagnes pour aller grossir l’Alphée. 
Ces gouffres se sont obstrués depuis quelques an- 
nées; la plaine et les villages ont disparu sous un 
lac de 4o mèires de profondeur, et ce lac s’est 
élevée à 300 mètres avant de trouver une issue 
superficielle ; voilà un Déluge pour les habi- 
tans de la contrée, réfugiés aujourd'hui sur les 
montagnes; mais si, par la pression des eaux, 
ou par un tremblement de terre, les gouffres 
viennent à se dégorger, cet immense amas d’eau 
se précipitera dans la vallée de l’Alphée en détrui- 
sant tout sur son passage. Ge que nous venons de 
dire n’est pas une simple hypothèse, Strabon nous 
apprend que cet événement est déjà arrivé dans 
l'antiquité, et que, par suite , Olympie et toute Ja 
vallée furent inondés. Ammien Marcellin nous cite, 
comme témoin oculaire, un exemple d’inonda- 
tions analogues à celles de la Samothrace, dans 
les effets d'un tremblement de terre qui souleva 
les eaux de la Méditerranée à une si grande hau- 
teur et sur une si grande étendue, qu'elles attei- 
gnirent les toits des maisons à Alexandrie et je- 
tèrent un vaisseau à un quart de lieue dans l’inté- 
rieur des lerres, à Mothone sur la côte du Pélo- 
ponèse. , 

Mais il n’en est pas ainsi du Déluge universel 
de la Genèse : il nous est révélé comme un miracle 
et nous l’acceptons comme tel; lui chercher des 
causes probables dans les phénomènes physiques 
est une erreur grave des géologues théologiens de 
l'Angleterre. Le célèbre docteur Buckland est de 
tous celui qui a recherché avec le plus de zèle et 
de talent les traces du Déluge mosaïque. Il repré- 
sente ce phénomène comme une irruption vio- 
lente et passagère des eaux de la mer qui dénuda 
la surface de la terre jusqu’à une grande profon- 
deur, creusa des vallées et donna naissance à d’im- 
menses dépôts d’alluvion transportés jusque sur 
les plateaux et les sommets des collines. 11 ne 
mauquait que deux choses à ses explications, 
c'était d’être d'accord avec la Genèse et avec les 
faits. Les théologiens se chargèrent d’opposer, 
d’après le texte sacré, la longue durée de l'inon- 
dation , les cataractes du ciel ouvertes , et jusqu’à 
la branche d’olivier rapportée par la colombe, 
fait qui prouvait que le sol n’avait pas été détruit 


par 


A 


DÉLU 


497 


DEMI 


RAT 


par le mouvement des eaux. Les géologues objec- 
tèrent que le prétendu dilavium du docteur n’ap- 
partenait pas à un seul phénomène , mais à des 
causes violentes ou régulières de diverses époques; 
que les ossemens qu’on y trouvait par milliers ne 
montraient nulle part les débris de la coupable 
race humaine que le Déluge avait dû punir, mais 
bien plus, des mastodontes et d’autres animaux 
d'espèces tout à- fait différentes de celles que l'ar- 
che de Noé avait conservées et transmises jusqu’à 
nos jours. Si le lecteur trouvait ces critiques hors 
de saison, je le renverrais à l’un des derniers nu- 
méros de la Revue philosophique d'Edimbourg, où 
il trouverait un article prolond sur la place où 
échoua l'arche de No. 

Si l’on ne tient pas à la lettre de la Genèse, si 
l'on n’y voit que la tradition défigurée d’une im- 
mèénse inondation, les découvertes récentes de la 
géologie montrent non seulement la possibilité , 
mais la réalité de tels phénomènes. 

Le soulèvement brusque de quelques grandes 
régions sous-marines à pu balayer sinon la surface 
entière du globe, du moins des régions très-éten- 
dues, et l’un de ces événemens peut être assez 
récent pour que déjà l’homme réuni en socitté en 
ait conservé le souvenir. Plusieurs savans célèbres 
ont adopté cette opinion ; l’un d'eux , M. de Beau- 
mont, a été jusqu’à avancer que le soulèvement 
de la chaîne des Andes pauvait avoir été la cause 
de notre Déluge. 

La doctrine du renouvellement des races par 
l’eau et le feu est exprimée d’une manière plus ou 
moins positive par tous les philosophes de l’anti- 
quité. Je n’en citerai qu'un exemple peu connu, 
et bien remarquable par l'accord qu’il montre 
avec certaines idées géogoniques actuelles. Suivant 
les Gerbanites , secte d’astronomes arabes qui flo- 
rissait quelques siècles avant notre ère, un cou- 
ple d'animaux de tout espèce, mâle et femelle , 
est produit après une période de 56,425 ans ; ils 
se propagent et peuplent le monde; après la ré- 
volution complète de cette période, tont est dé- 
truit et de nouveaux genres, ainsi que de nouvelles 
espèces de plantes et d'animaux sont reproduits, 
et ainsi pour toujours. Des idées analogues se 
trouvent dans Platon, dans Aristote et dans Sé- 
nèque. ( 

On s’est beaucoup étonné de trouver la croyance 
au Déluge dans toutes les cosmogonies et dans 
les traditions d’un peuple même à peine civilisé, 
et on a voulu y voir la tradition du Déluge hébreu. 
Il est très-probable que la plupart de ces traditions 
se rattachaient à des inondations locales, mais on 
doit reconnaître en outre que les peuples, dans 
l'enfance de la civilisation, ont une fable prête 

our rendre compte de tous les faits naturels 
inexplicables pour eux: dans toutes les parties du 
monde, ils voyaient en abondance des coquilles 
marines dans les sables des plaines et les rochers 
des montagnes ; eh bien , les prétendues traditions 
de Déluge ne sont à nos yeux que l'explication 
convertie en fait historique du phénomène des 
coquilles fossiles. 


Tone IL, 


143° Livraison, 


Cette explication populaire était sans doute la 
plus simple si elle n’était la plus juste, et elle était 
surtout beaucoup plus rapprochée de la vérité que 
celle donnée plus tard par les savans ; ils imagi- 
nèrent , au beau temps des disputes scholastiques, 
que les coquilles fossiles n’étaient autre chose que 
des jeux de la nature produits par une certaine 
puissance imitative qu’ils nommaient plastica vir- 
tus. Cette idée, qui nous paraît aujourd’hui si ridi- 
cule, fut combattue par les habiles naturalistes que 
l'Italie possédait dès le 16° siècle. La plupart, il 
est vrai, recouraient au Déluge pour expliquer l’ori- 
gine des coquilles fossiles, mais on peut douter 
que ce fût parfaitement sincère; ce n’était, je 
crois, qu'un argument de plus en faveur de l’opi- 
nion qu'ils soutenaicnt avec chaleur. A cette 
époque , de 1600 à 1700 , une nuée de théologiens 
descendit dans l’arène, et celui qui aurait osé nier 
que les fossiles prouvaient le Déluge eût été taxé 
d'incrédulité, Il fallut près d’un siècle pour établir 
que les fossiles n’étaient pas un jeu de la nature, 
il en fallut autant pour reconnaître qu’ils n’avaient. 
pu être ensevelis dans les couches solides du globe 
par le Déluge de Noé; en faudra-t-il autant pour 
prouver que ce Déluge n’a pu être la cause pro- 
ductrice du Dicuvium ? (Voy. ce mot.) 

Nous pouvons entrevoir dans l’avenir des causes 
probables de Déluges d’une immense étendue; 
ainsiles grands lacs de l'Amérique du nord, dont 
quelques uns s'élèvent de plus de 6oo pieds 
au dessus du niveau de l'Océan et qui ont jusqu’à 
1200 pieds de profondeur, peuvent couvrir un 
jour une partie de l’Amérique par une inondation 
passagère. 

La dépression de l'Asie centrale, à l’est de la 
mer Caspienne , et à une profondeur de 100 à 300: 
picds au dessous du niveau de la mer, peut don- 
ner lieu à la création d’une grande mer intérieure. 

B. 

DEMI-AIGRETTE. (ors.) On donne ce Su à 
l’Ardea leucogaster, Gm. Foy. Héron. 

Plusieurs autres animaux portent des noms com- 
posés de la même manière, ainsi on a appelé : 

Demi-AMazoNE , une variélé que l’on prétend 
être produite par le croisement du Perroquet ama- 
zone et d’une autre espèce. 

Deur-1r01Low, le papillon connu des naturalis- 
tes sous le nom de Parnassius mnemosyne, L,. 

Dewi-aurour, les Autours de moyenne taille. 

Dew-#ec, des Poissons des genres Esoce et. 
Héminampue. Woy. ces mots. 

Deur-cuamrienons , les Champignons de la dix-- 
neuvième famille dansla méthode ridicule dePaulet. 

Deui-peuir, un papillon du genre Satyre, le- 
Satyrus galathea , L. 

Demi-pranze, un insecte hémiptère du genre 
Memsrace. Voy. ce mot. 

Deui-runs , la Mouctte cendrée, Voy. Mauvret 
MouETTeE. 

Dew-pazué , le Tringa semi-palmata, L. Voy. 
Bécasseau. Enfin les doigts des oiseaux sont demi- 
palmés, quand la moitié de leurs phalanges sont 
engagées dans une membrane, (Guén.) 


63 


’ 


DEND 


498. 


DEND 


DEMI-FLEURONS, Semi-flosculus, (gor.rman.) | puscules qui les supportent viennent à se détacher, 


Une partie des plantes de la famille des Synanthé- 
rées sont composées de pelites fleurs. dont la co- 
rolle , à peu près en forme de cornet, est déjetée 
de côté et se prolonge en une languette tronquée 
et dentée à son sommet. C'est ce qu'on nomme 
demi-fleurons, pour les distinguer des fleurons, 
qui ont leur corolle tubuleuse et régulière. 

La Chicorée, le Pissenlit, la Laitue, portent 
des demi-fleurons, ainsi que toutes les plantes 
réunies par Tournefort sous, la dénomination de 
Semi-flosculeuses. (L.) 

DEMLMÉTAUX. (emm.) Ancienne et ridicule 
dénomination appliquée aux substances métalliques 
qui ne jouissaient pas de la malléabilité, de la 
ductilité, etc. ; l'Antimoine , l’Arsenic étaient de 
ce nombre, (EF. F.) 

DEMOISELLE. (zoo.) Ge nom vulgaire a été 
appliqué à des animaux de diverses classes; ainsi 
on nomme : 

Demwoisezce , la Mésange à longue queue, Parus 
caudatus, L. ; le Couroucou à ventre rouge, Tro- 
gon roseigaster, Vieillot, et le Troupiale doré, 
Oriolus æanthornus , L. 

Demorseze De Nuwinie , l’Ardea virgo, Linn. 
Voy. Grue. 

Plusieurs Poissons portent aussi le nom de 
Demoiselle ; les principaux sont Je Squalus zigæna, 
L., et le Labrus J'ulis. 


| Enfin on donne le nom de Demoiselles aux in- 
sectes du genre des Lisezzures. Voy. ce mot. 
(Gu£r.) 
! DENDRELLE, Dendrella. (zooPn. nr ) Genre de 
Psychodiées, établi par M. Bory St-Vincent aux dé- 
pens des Vorticelles de Muller. On lui assigne les 
caractères suivans: corps conique, s’ouvrant an- 
térieurement en une bouche ou orifice nu, c'est- 
à-dire dépourvue de cirrhes ou autres organes 
ciliés , et terminé postérieurement par un pédi- 
cule qui tient à un système ramifié, formé d’une 
famille de plusieurs individus. Les Dendrelles dif- 
fèrent des GonvazzaiRes (voy. ce mot), en ce que 
leur corps, au lieu d’être campaniforme, imite, en 
s’amipcissant par la base, un cône plus ou moins 
allongé , eten ce qu'elles sont solitaires ; et des Vor- 
ticelles proprement dites , par l'absence de cirrhes. 
Sous d’autres rapports elles ont avec ces dernières 
beaucoup d’analogie (voy. VonricezLaimes). Ces 
petits animaux habitent exclusivement les eaux : 
ils y sont parasites sur. les Conferves, les Pota- 
mots, les Cératophylleset autres plantesaquatiques. 
On les trouve aussi contre les piquets immergés. 
Ce genre comprend jusqu'ici les espèces suivan- 
tes. Denprezre De Lynesie. On l’a découverte 
d’abord dans les ruisseaux de l’île de Féroé où elle 
adhère entre les pierres des. masses globuleuses , 
variant de la grosseur d’un pois à celle d’une noix. 
M. Bory de St-Vincent l’a trouvée depuis dans 
lusieurs cantons européens ét dans des conditions 
semblables. Ses filamens, simples d’abordet se bi- 
furquant ensuite, sont confondus dansla mucosité 
qui les environne. Ge n’est que lorsque les cor- 


que ceux-ci nagent librement dans les eaux, sans 
qu’on puisse deviner par quel mécanisme s’exercent 
leurs mouvemens. La DenpReLLE ces, Elle 
habite les Myriophylles, les Gératophylles et sur 
plusieurs Conferves, Son pédicule très-simple , as- 
sez long, libre et presque toujours solitaire, se 
fourche à l’extrémité et supporte deux urnes, dont 
le pédoncule propre égale à peu près la longueur, 
subcylindriques, ouvertes à leur extrémité , élargie 
en un orifice parfaitement rond et simple ; sa lon- 
gueur totale est presque d’une ligne. La Dex- 
DRELLE STYLLAROÏDE. Sa tige est filiforme, une ou 
deux fois dichotone. Les urnes sont géminées et 
sessiles à l'extrémité des bifurcations. Leur cou- 
leur est jaune-brun ; l’urne a l'aspect d’un cornet 
au milieu duquel disparaît l’axe diaphane qu’on 
ÿ remarque, mais où l’on aperçoit une cloison 
valvulaire. Dexprezce ne Mouexor. Son stipe, sim- 
ple ou muni d’un seul rameau, porte des urnes 
quelquelois solitaires, plus souvent géminées , ses- 
siles , divergentes. La DenDRELLE BERBERINE , à pé- 
dicule droit, simple, bifide, trifide, ou produi- 
sant plusieurs rameaux fasciculés, s’élargit vers 
l'insertion des urnes, qui ressemblent très-bien à 
la baie du Vinetier. Denprezze DE Baker. Elle 
forme dans les eaux douces de petits arbustes dont 
le tronc, montant, rigide et assez épais, se divise 
en petits rameaux dont.chacun porte de quatre à 
six capitules dont la forme est absolument celle 
d’une pipe de terre ; l’orifice très-ouvert est muni 
d’un petit rebord en forme d’anneau, M. Bory 
de St-Vincent, auquel nous empruntons tous ces 
caractères , rapproche les espèces que nous ve- 
nons de nommer dans une même section , parce 
que toutes ont des pédicules contractiles , tandis 
que la dernière espèce est à pédicule subcontrac- 
tile, c’est la Dexprerce DE Murrer. Cette élégante 
espèce, dit encore M. Bory deSt-Vincent , est lon- 
gue de plusieurs lignes, et facile à distinguer à 
l'œil désarmé : elle forme un duvet blanchâtre sur 
les corps inondés par l’eau douce des lacs du nord 
de l’Europe. On la peut élever et conserver dans 
des vases ; elle y présente alors sous la lentille du 
microscope lun des plus élégans spectacles que 
puisse prodiguer la nature à l'observateur émer- 
veillé. Ses rameaux et ses pédicules s'étendent alors 
en partie ou tous à la fois ; ils présentent la figure 
d’un arbuste dont la tige simple, droite et rigide , 
se divise en petits rameaux ressemblant à ces plu- 
mes frisées appelées marabouts. (P. G.) 

DENDRITE. (wn.) Voy. ArBoRIsATIONS. 

DENDRITINE, Dendritina. (mozr.) Genre éta- 
bli par M. D'Orbigny aux dépens de ses ÆHélico- 
stèques nautiloïdes. 

Les Hélicostèquesnautiloïdes constituent un ordre 
de Camérines (classe des Géphalopodes) , dont les 
cellules sont simples et disposées en spirale, et 
dont les spirales s’enveloppent les unes dans les ‘ 
autres. Les Dendritines sont des êtres infiniment 

etits et peu intéressans. (F.F.) 

DENDROCITTE , Dendrocitta. (o1s:) C'est ler 


nom d’un genre nouvellement formé-dans: la fa- 


DEND 


499 DENS 


0000 


mille des Corvidés ou Gorbeaux par M. J. Gould 
(Trans. zool. soc. Lond. , vol. 1). Ge genre ne 
contient que trois espèces assez voisines des Pies 
et appartenant toutes à l’Inde. L’une d’elles est la 
DenprociTTE À VENTRE BLANC, Jendrocitta leuco- 
gastra, décrite et figurée par M. Gould (Loco citato). 
Nous avons rapporté ses caractères dans le Bulle- 
tin zoologique de M. Guérin. (GErv.) 

DENDROCOLAPTES. (o1s.) Ge nom, qui était 
donné par les Grecs aux Pies , a été imposé par 
Herman aux espèces du genre Picucule. Vieillot 
l'a changé en celui de Dendrocopus et appliqué à 
une autre division. (GERv.) 

DENDROLITHES. (wn.) Joy. AnBorisaTrons. 

DENDROLOGIE. (or. et a@r.) Partie de la 
science horticulturale qui s'occupe uniquement de 
la connaissance des arbres tant indigènes qu’exo- 
tiques; elle les considère dans leur manière d'é- 
tre, de se propager, dans le sol et l'exposition qui 
conviennent à chacune des espèces, dans leur 
grandeur, la couleur et la durée du feuillage , 
l’époque de la floraison et de la fructification, afin 
d'apprendre les effets qui résultent de leur mé- 
lange, de leur association graduée, et pour en ti- 
rer le plus d'avantages possible relativement aux 
scènes à créer, à embeilir, à perfectionner dans 
les jardins paysagers. 

Avant que Linné eût montré les rapports exis- 
tant entre les plantes herbacées et ligneuses, rap- 
ports qui ont forcé à fondre dans une scienceunique 
la connaissance des végétaux de toutes les clas- 
ses , de toutes les tailles, de toutes les natures et 
de tous les pays, la Dendrologie ou Dendrogra- 


. phie et Dendranatomie, comme quelques auteurs 


l’appellent encore, avait inspiré plusieurs ouvra- 
ges remarquables , parmi lesquels je citerai seule- 
ment ceux de Mirzaud, publiés en 1560, de Jac- 
ques Howel, d’Aldrovandi, de Jonhston, etc. 
Ne confondez point avec ces livres la belle Mono- 
graphie des arbres et arbustes de Duhamel du 
Monceau ; les premiers ont vieilli, le dernier est 
un excellent guide pour le cultivateur. 
(T. ». B.) 

DENDROPHIDE , Dendrophis. (nepr.) Nom dé- 
rivé des mots grecs dendron, bois, et ophis, ser- 
pent, et formé pour représenter un genre d'Ophi- 
diens voisin des Couleuvres, mais qui s’en distingue 
par un corps légèrement comprimé, des écailles 
lisses, subverticillées, fort allongées , inclinées en 
arrière, de manière à offrir sur le dos des sortes 
de chevrons , composés d’écailles quadrilatères, 
fort étroites , séparées sur le rachis par une série 
d’écailles dilatées, rhomboïdales , passant selon 
leur plus ou moins grand rapprochement à une 
forme pentagonale ou hexagonale; les lames et les 
lamelles abdominales et caudales sont marquées 
de deux carènes, et leur bord libre paraît légère- 
ment trifolié comme chezles Couleuvres. Ges Ophi- 
diens ont leur museau mousse, arrondi, des dents 
maxillaires supérieures palatines et des maxillaires 
inférieures ; les yeux sont assez grands , à fleur de 
tête, la pupille circulaire; la tête est revêtue de 
grandes plaques, Ces Serpens , comme leur nom 


l'indique , ont pour habitude de vivre sur les ar- 
bres, particularité qui les distingue, non moins que 
les caractères indiqués ci-dessus, des Couleuvres 
proprement dites. L'espèce la mieux connue est 
le Denprornine BRUN, Coluber fuscus, Linn, , 
Bungarus filum, brunâtre en dessus avec une raie 
noire, passant sur les côtés du museau, sur l'œil, 
où elle est très marquée , s'étendant jusque 
sur les côtés de la queue, où elle se perd; au des- 
sous d’elleest une raie blanche longeant la mâchoire 
supérieure, et bordée sur les flancs par une se- 
conde ligne noire qui naît vers le cou et l’ac- 
compagne jusqu’à sa terminaison vers le tiers 
antérieur de la queue; le ventre est blanchâtre, 
Ce Serpent atteint trois à quatre pieds, la queue 
en forme presque le tiers , il paraît assez répandu 
dans le littoral de l'océan des Indes, au Bengale, 
à Java, à la Nouvelle-Irlande, etc. Il se retrouve 
au Sénégal ei dans l’intérieur de l’Afrique. 
(T. GC) 

DENDROPLEX. (o1s.) M. Swainson donne ce 
nom à un petit groupe d'Oiseaux de l’ordre des 
Passereaux. (GErv.) 

DENSITÉ. (puys.) La Densité, qui correspond 
à la pesanteur spécifique (voyez PEsaNTEUR sPÉcr- 
FIQUE ) , n'est autre chose que le rapport qu'il y a 
entre la masse d’un corps quelconque ei le volume 
de ce même corps. On dit que deux corps sont 
plus ou moins denses, selon qu'ils renferment , à 
égal volume, plüs ou moins de particules maté- 
rielles, également pesantes. On sait aussi qu'un 
corps poreux peut occuper plus d'espace qu’un 
autre corps non poreux, contenir cependant moins 
de molécules intégrantes que ce dernier , et par 
conséquent peser moins. Enfin, un corps est d’au- 
tant plus dense qu’il est plus pesant et moins vo- 
lumineux ; ou, en d’autres termes , la Densité est 
en raison directe de la masse et en raison inverse 
du volume, 

Le poids d’un corps n’est pas le même dans 
tous les lieux, et la balance ne pouvait faire con- 
naître cette variation ; il a fallu avoir recours à 
d’autres moyens d'évaluation. C’est à l’eau pure, 
portée à 8°,92 ; température de son maximum de 
Densité, qu'on rapporte la Densité des solides et 
des liquides, et c’est l’air à o° de température ; et 
à o°76® de pression , qui sert de terme de compa- 
raison pour les fluides élastiques permanens et non 
permanens (vapeurs). CFAEN 

DENSITÉ DE LA TERRE ET DES PLANÈTES. 
(cho. ) On a fait connaître ce que l’on entendait 
par la Densité des corps, et comment on était par- 
venu à la déterminer pour tous les corps solides, 
liquides et gazeux. Trouver la Densité du globe 
entier pris dans son ensemble, ou sa Densité 
moyenne, est une question ‘bien plus difficile, en 
apparence , qu’on est cependant parvenu à ré- 
soudre:par divers procédés. Le principe sur lequel 
ils reposent tous est la loi de la gravitation univer- 
selle, en vertu de laquelle tous les corps s’attirent 
en raison directe de leurs masses, et en raison 
inverse du carré de leurs distances. ( Foy. GRAvI- 
TATION.) Laplace était arrivé par les seules cons]- 


DENS 


500 


DENT 


dérations astronomiques à penser que la Densité 
du globe terrestre croissait à mesure que l’on s’en- 
fonçait dans son intéricur, et, en supposant que 
l'accroissement fût progressif jusqu’au centre, il 
trouvait que la Densité moyenne devait être égale 
à environ une fois et demie celle des couches de 
la surface. 

Les physiciens ont cherché à déterminer direc- 
tement cette Densité moyenne en comparant la 
force d'attraction que le globe exerce en vertu de 
sa masse avec les phénomènes de même nature 
produits par des corps dont la masse , c’est-à-dire 
le volume, et la Densité sont bien connues. 

On conçoit que les montagnes isolées ct d’un 
volume considérable doivent offrir, sur une assez 
grande échelle, un moyen de comparaison. La Con- 
damine s’apercut, en effet, lors des célèbres observa- 
tions astronomiques qu'il fit au pied du Chimborazo, 
que celte montagne faisait dévier le fil à plomb 
de ses instrumens d'environ ?; mais il n’en tira 
aucune conséquence sur la Densité de la terre, 
parce que cetle montagne, étant volcanique, pouvait 
être creuse en parlie, etqu'ilnevoyail aucun moyen 
de juger de sa masse. Un physicien anglais, M. Mas- 
keline, mit à profit l'observation de La Gondamine : 
en l’appliquant à une montagne de l'Écosse qui, 
par son isolement et l’uniformité de sa composi- 
tion, permettait de bien apprécier son action , il 
trouva qu’elle faisait dévier le fil à plomb d’envi- 
ron 6", et conclut de là que la Densité de la terre 
devait être d'environ le double , ou les 2° de celle 
de la montagne. Il ne resterait donc plus qu’à 
connaître la Densité de celle-ci : un examen atten- 
tif de ses roches montra qu’elle devait peser deux 
fois et huit dixièmes autant qu’un pareil volume 
d’eau, ou autrement que la Densité de la montagne 
était 2,8. En multipliant ce nombre par ?, on 
trouvait 5,04 pour Densité de la terre, c’est-à-dire 
qu'elle pèse environ cinq fois autant qu’un pareil 
volume d’eau. 

Cavendish est arrivé à déterminer celte même 
Densité, avec plus de précision , sans sortir de 
son cabinet et par un moyen très-ingénieux. Il se 
servit de la balance de torsion , instrument inventé 
par Goulomb , pour mesurer de très-petites forces. 
En présentant de grosses boules de plomb aux 
deux extrémités du bras de cette balance, il dé- 
termina leur action attractive; il l’a comparée en- 
suile à celle que la terre exerce dans le phénomène 
du pendule, action mesurée par la durée de ses os- 
cillations , et il trouva que, la Densité de l’eau étant 
toujours prise pour unité, celle du globe était 5,48 
ou à peu près cinq fois et demie plus grande. Les 
géologues doivent voir, d’après ce résultat, ‘que la 
Densité des couches terrestres ne croit que d’une 
manière absolument insensible , à mesure que l’on 
pénètre vers l’intérieur du globe , puisqu’à la moi- 
tié da rayon terrestre elle est tout au plus le 
double de celle des masses qui composent son 
écorce extérieure. 

Cette question nous semblait sans doute bien 
difficile à résoudre; mais de là à déterminer com- 
bien pèse la Lune, le Soleil et les Planètes, le pas 


doit sembler immense; on y est cependant par- 
venu. Pour la Lune, on s’est servi du phénomène 
des marées , en comparant l'attraction de cet astre 
à celle exercée par la terre. On a reconau que la 
Densité de la Lune n’est que les 0,615 ou environ 
les ? de celle de notre globe, c’est-à-dire 3,3 , par 
rapport à la Densité de l’eau : en comparant à ces 
astres des substances connues, on peut dire que 
la Lune a, à peu près, une Densité moyenne égale 
à celle du diamant , tandis que celle de la terreest 
intermédiaire entre la Densité des métaux les plus 
légers et des pierres les plus pesantes. 

La Densité du Soleil n’est que le quart de celle 
de la terre, quoique sa masse soit 355 mille fois 
plus grande; on peut la comparer à celle de la 
houille compacte. Cette faible Densité, dans un 
astre d’un volume aussi énorme, exige que par 
l'effet d’une chaleur intense la matière solaire 
acquière une élasticité capable de résister à la 
pression immense qu'elle supporte. 


Mercure , la planète la plus voisine du Soleil , a 
une très-grande Densité, quinze fois celle de l’eau, 
c’est un peu plus que celle du métal qui porte le 
nom de cette planète. Vénus, qui dans tous ses 
é'émens présente le plus de rapports avec la terre, 
a la même Densité à peu de chose près. Mars , 
qui vient ensuite, n’a que la Densité des bois mé- 
diocrement pesans. Jupiter est aussi dense que Je 
Soleil ; mais Saturne ne peut être comparé à cet 
égard qu'aux bois les plus légers, et l’on ne peut 
douter que les Gomètes n’aient une Densité infi- 
niment moindre. (B.) 


DENT, Dens. (1001. ) Ce mot est employé comme 
nom spécifique pour désigner quelques espèces de 
diverses classes. Ainsi l’on appelle vulgairement 
DenT DE cHiEN ou DENT DE Loup, un poisson du 
genre Gynopon. Dexr pougce, un Lutjau, DENT 
p'Ez£puanT , une DEnraze. V, ce mot, etc. 

(Guér. ) 

DENT DE LION. (or. pxan.) Nom vulgaire 

du T'araxacum Dens-Leonis. V. Taraxacum. 
(Guée. ) 

DENTAIRE, Dentaria. (Box. PHan.) Genre de 
la famille des Crucifères, Tétradynamie siliqueuse 
de Linné, établi par Tournefort, et adoplé par 
les modernes. Son nom vient de la forme de ses 
racines, espèces de souches tubéreuses en quel- 
que sorte dentées par des écailles. Il a pour carac- 
tères : sépales oblongs, connivens, caducs; pé- 
tales onguiculés, planes; anthères légèrement 
sagillées ; sligmates émarginés ; silique ensiforme, 
à valves planes, sans nervures; graines ovoides, 
unisérices. Ces caractères placent la Dentaire dans 
la tribu des Arabidées de De Gandolle, près des 
Cardamines, dont elle diffère par son stigmale 
échancré et formant une corne au bout de la si- 
lique. 

Les Dentaires sont des herbes à feuilles alternes, 
à fleurs en corymbes ou grappes terminales, blan- 
ches ou violacées. On en comple seize espèces 
(selon De Candolle) indigènes de l'Amérique du 
nord, de l'Asie septentrionale, et de quelques 


$ TEE - 


Vrai 
\ 


z &æ 20 Dents des Mammiferes 21. Dermeste 22. Desman 
9 ; 


ÆCnerin dr 


DENT 


parties des Alpes. Les deux suivantes se trouvent 
dans les contrées montueuses de la France. 

La Denraie nierrée, D. digitata, Lamarck, a 
des fenilles composées de cinq folioles unies par 


eur base, en forme de digitation, ce qui la dis-. 


tingue complétement de toutes les autres espèces. 
Ces fleurs sont grandes , et purpurines ou vio- 
lettes. 

La DENTAME PINNÉE , 1). pinnata, se distingue 
par ses feuilles ailées à cinq ou sept folioles. Ses 
fleurs sont ordinairement blanches. Elle est com- 
mune au Mont-d'Or. 

Parmi les autres espèces , nous citerons la Den- 
taria enneaphylla, ou plutôt triphylla, car elle ne 
porte réellement que trois feuilles, composées 
chacune de trois folioles; la D. bulbifèra, qui a 
des bulbes aux aisselles de ses feuilles , etc. 

En général les Dentaires ont un goût âcre et 
piquant; une espèce de la Caroline sert d’assai- 
sonnement dans le pays. (L:) 

DENTALE. (annëz.) Genre peu counu, placé 
généralement , et avec doute cependant, surtout 
de la part de Cuvier, dans la classe des Annelées 
tubicoles , par d’autres dans celle des Mollusques, 
et que l’auteur du Règne animal caractérise ainsi : 
coquille en cône allongé, arquée, ouverte aux deux 
bouts, et que l’on a comparée en petit à une corne 
d’éléphant ; animal sans articulation sensible, ni 
soies latérales, mais ayant en avant un tube mem- 
braneux renfermant une sorte de pied ou d’oper- 
cule charnu et conique; sur la base de ce pied 
est une tête petite et aplatie, et sur la nuque sont 
-des branchies en forme de plumes. 

Lamarck , qui fait aussi du genre Dentale une 
Annélide de l’ordre des Sédentaires et de la fa- 
mille des Maldonies, le décrit de la manière sui- 
vante : corps tubicolaire très-confusément connu, 
ayant son extrémité antérieure extensible en bou- 
ton conique entouré d’une membrane en anneau; 
bouche terminale; extrémité postérieure de la 
têle évasée orbiculairement, à limbe divisé en 
cinq lobes égaux ; tube testacé, presque régulier, 
légèrement arqué, atténué insensiblement vers 
son extrémité postérieure, et ouvert aux deux 
bouts. 

Enfin Savigny, qui, dans cette partie de l'his- 
toire naturelle, peut faire autorité, assigne au 
genre Dentale, qu'il rejette de la classe des Anné- 
lides, des caractères entièrement différens de 
ceux que nous venons de décrire. Nous allons 
laisser parler l’auteur lui-même. « J’ai sous les 
» yeux, dit-il, l'animal du PDentalium eutalis, que 
» M. Leach vient de m'envoyer, et je ne lui trouve 
»pas à l'extérieur le moindre vestige d’articula- 
»lion; il n’a certainement ni pieds ni soies. C’est 
sun animal très-musculeux, de forme conique 
» comme sa coquille , très-lisse et très-uni dans son 
» contour, terminé postérieurement par une queue 
» distincte , roulée en demi-cornet, au fond de la- 
» quelle est l’anus ; la grosse extrémité du corps est 
» tronquée , avec une ouverlure voûtée assez sem- 
» blable à la bouche d’un Trochus, de laquelle sort 
vun panache conique, produit par lentrelace- 


501 


DENT 


» ment d’une innombrable quantité de petits ten- 
» tacules filiformes, très-larges, terminés tous en 
»massue, L'animal est en outre pourvu d’une 
» trompe et déploie, après son complet développe- 
»ment, un luxe de tentacules beaucoup plus grand 
» encore que celui que l’état de contraction laisse 
» d’abord supposer. Le tube intestinal, qui descend 
»entre deux énormes colonnes de muscles, paraît 
» aller droit à l’anus et n'être accompagné d’au- 
» cun viscère remarquable. » 

Les habitudes des Dentales sont peu connues. 
Ces animaux se rencontrent principalement sur 
les côtes sablonneuses des mers des pays chauds, 
où ils vivent plus ou moins enfoncés verticalement 
dans la vase. 

Les Dentales, vivant actuellement en assez grand 
nombre dans nos mers, pourraient être divisées en 
deux ou trois sections établies sur l’état de la sur- 
face des tubes, qui sont tantôt lisses, tantôt 
striés, et tantôt anguleux ou polygones. (F.F.) 

DENTALINES. (mozr.) Genre établi par 
M. d'Orbigny aux dépens de la famille des Styco- 
stègues, ordre des Gamérines , dans les Céphalo- 
podes, dont les cellules sont simples et enfilées sur 
un seul axe droit ou peu courbé, (F. F.) 

DENTÉ, Dentex. ( vorss. ) Guvier désigne sous 
le nom générique de Denté, des Sparoïdes qui ont 
un caractère facile à saisir dans leurs dents coni- 
ques aux deux mâchoires et sur une seule rangée, 
et dont quelques unes s’allongent en grands cro- 
chets. Ces poissons se lient étroitement aux Lé- 
thrynus pour leurs dents également en crochets; 
mais leurs joues écailleuses les en distinguent de 
suite. Tous les poissons du genre qui nous occupe 
vivent de préférence parmi les rochers, et leur 
chair est généralement estimée. La Méditerranée 
en nourrit deux espèces. 

Le DENTÉ oRDiNAIRE, Dentex vulgaris , B1., 268. 
Ce Denté a le corps ovale, allongé, un peu plus 
courbé sur le dos que sur le ventre. Son corps est 
d'une couleur argentine, se nuançant sur le dos 
en bleu céleste , et orné de points bleuâtres sur les 
côtés ; l'or, l'argent se réfléchissent par ondes sur 
le museau ; ses pectorales et sa caudale sont rou- 
geâtres, Risso assure que ce poisson atteint trois 
pieds de longueur et pèse alors vingt livres. On le 
nomme à Marseille Denté, à Montpellier Marmo, 
à Nice Lenté, à Rome Dentole, à Venise Dental, 
et les vieux Dentai. 

Le Denré À cros Yeux, Dentex macrophthalmus, 
Cuv. BI , 272. Beaucoup plus rare que l'espèce 
précédente, et reconnaissable à la grandeur de ses 
yeux. Sa couleur est uniformément rouge; son 
sous-orbitaire et le dessous de la mâchoire sont ar- 
entés. (Azrx. G.) 

DENTE , Dentatus. (zoo1. BoT.) Gette dénomi- 
nation s’applique aux organes des animaux et des 
plantes qui, sur les bords, sont garnis de petites 
saillies , pointues qui ne s’inclinent ni d’un côté 
ni de l’autre, Ainsi les feuilles, les aigrettes, les 
calices, le pollen, les stipules peuvent être Dentés, 
Le mot dentelé est synonyme de Denté en anato- 
mie humaine; plusieurs muscles ont recu, en 


EG 


DENT 


raison de leur configuration, le nom de Den- 
telés. (P. G.) 

DENTELAIRE , Plumbago. (8or. rnax.) Genre 
de plantes herbacées ou ligneuses, à feuilles semi- 
amplexicaules, à fleurs en épis terminaux, de 
couleur rose, blanche ou bleue. IL a été composé 
par Tournefort, et est devenu , depuis ce père de 
la botanique, le type d’une famille naturelle , les 
Plumbaginées. Il appartient à la Pentandrie mono- 
gynie, L., et présente pour caractères : calice tu- 
buleux, à cinq dents, constamment hérissé de 
glandes plus ou moins visqueuses ; corolle infun- 
bualiforme , à cinq segmens ovales (quelques au- 
teurs considèrent cette corolle comme un second 
calice, et rangent par conséquent la Dentelaire 
parmi les plantes apétales) ; cinq étamines hypo- 
gynes , à filets élargis à leur base et entourant l’o- 
vaire; un style à cinq stigmates; une capsule, 
s’ouvrant par le sommet en cinq valves, et renfer- 
mant une seule graine. 

La principale espèce de ce genre est la Denre- 
Laime D'Eurore, Plumbago europæa , appelée Mal- 
herbe dans le midi de la France. C’est une herbe 
d'environ deux pieds, à tige droite, cannelée et 
rameuse; ses feuilles sont ovales, un peu ondu- 
lées, légèrement velues en dessous et sur les bords : 
les fleurs, purpurines ou bleuâtres , sont ramassées 
en bouquets au sommet des branches. Gette plante 
est très-âcre , et sa racine s'emploie efficacement 
comme détersive dans les affections psoriques. 

La DENTELAIRE A TIGES SARMENTEUSES, Plum- 
bago scandens , partage les propriétés de la précé- 
dente. Ses fleurs sont d’un bleu pâle très-agréable. 
On la cultive dans les serres chaudes , ainsi que la 
Denrezarre ROSE, Plumbago rosea, dont les tiges 
sont articulées inférieurement. 

DENTELAIRES. (or. pHax.) Voyez PLumpacr- 
NÉES. (L.) 

DENTELLE DE MER. ( zooPx. poyr.) C'est 
le nom vulgaire de diverses espèces des genres 
Micrépone, Escnare, Frusrre, etc. f. ces mots. 

DENTELLE DE VENUS. (z0orx. rover.) Nom 
de l’Anadyomena  flabellata de Lamouroux. 

DENTICULÉ. V. Denré. (Guén.) 

DENTIROSTRES. ( os.) Guvier (Règ. anim.) 
a donné ce nom, qui signifie bec denté, à une fa- 
mille ou sous-ordre de l’ordre des Passereaux ; les 
oiseaux de ce sous-ordre ont pour caractère uni- 
que d’avoir, de chaque côté de l'extrémité de la 
mandibule supérieure, une dentelure ou plutôt 
une échancrure plus ou moins évidente selon les 
espèces. Les Passereaux dentirostres sont extré- 
mement nombreux, et très-difliciles à répartir en 
genres; ils sont pour la plupart insectivores ; quel- 
ques uns d’entre eux vivent de graines, d’autres 
attaquent des proies vivantes qu'ils choisissent 
parmi les animaux des classes supérieures , telles 
sont par exemple certaines Pies-grièches, etc. , qui 
chassent aux oiseaux et même aux petits quadru- 
pèdes, 

Les principaux groupes admis parmi les Denti- 
rostres de Cuvier sont les suivans : 

1° Les Pies-grièches, Vangas, Langrayens, 


5o2 


DENT 


Cassicans, Bécardes, Ghoucaris, Pardalottes, Pies- 
grièches proprement dites, etc.; 2 les Gobe- 
mouches, Tyrans, Moucherolles, Platirhynques, 
Céphaloptères, Cotingas, Drongos, etc.: 5° les 
Tangaras, Euphones et Ramphocèles ; 4° les Mer- 
les, Grives, Crinons, Fourmiliers, Cinles, Philé- 
dons, et Mainates ; 5° les Martins ; 6°les Chocards: 
7° les Loriots ; 8 les Goulins ; 9° les Lyres ; 1o°1les 
Becs-fins, Traquets, Rubiettes , Fauvettes , Roite- 
lets, Troglodytes, Bergeronnettes, Farlouses:; 
11° Manakins; 12° Eurylaimes, 

Tous les ornithologistes, n’ont pas entièrement 
adopté cette disposition , il en est même plusieurs, 
tels que Vieillot, Temminck, etc. , qui l’ont com- 
plétement rejetée. Quelques autres, ce sont 
M. Isid. Geoffroy, Lesson, Ch. Bonaparte, et de M.la 
Fresnaye, ont cherché à lui faire subir quelques 
modifications ; ils se sont principalement attachés 
à faire voir que le caractère employé par Cuvier 
n’a pas autant de valeur qu'on lui en a accordé, 
et que souvent , si l’on veut se laisser guider par 
lui d’une manière rigoureuse, ont est forcé de 
rompre les rapports naturels ; car il arrive que des 
oiseaux en tout semblables, quant aux mœurs, 
aux caractères généraux et souvent même à la co- 
Joration, diffèrent néanmoins en ce que les uns 
ont le bec échancré, tandis que les autres l’ont 
uni. C’est, pour citer un exemple entre dix, ce que 
nous présentent les Craves ou Choucas et les 
Chocards en troupes, et que lillustre auteur du 
Règne animal a classés dans deux sous-ordres très- 
différens , séparés par plus de soixante-dix genres. 
(Voyez Guocar».) Nous ajouterons aussi que des 
oiseaux à bec distinctement échancré ont cepen- 
dant été rapportés à un sous-ordre autre que ce- 
lui des Dentirostres, le plus souvent à celui des 
Conirostres, Guv. Telle est, comme l'indique M. Isi- 
dore Geoffroy (Mém. sur les caract. en Ornith. , 
Nouv. Ann. Mus., 1), une espèce du genre Mé- 
sange, et, comme Cuvier l’a lui-même reconnu , 
le Rollier de la Chine, Coracias sinensis, Lath. 

A cette liste, qu’on pourrait accroître beaucoup 
plus encore, nous joindrons seulement le Geai X 
ventre blanc, (arrulus leucogastra, Garrulus bispe- 
cularis, Gould et aussi le Moineau domestique , 
Fringilla domestica, L., qui présente tantôt une, 
tantôt deux échancrures tout aussi distinctes que 
celles de la plupart des Dentirostres. Ce fait paraît 
singulier au premier abord ; mais il le devient moins 
si l’on considère que les Passereaux Conirosrres 
(voy. ce mot), dont les Fringilles forment le prin- 
cipal groupe, sont intimement liés aux Dentiros- 
tres et en particulier aux Tangaras par les Gros- 
becs, etc. , à tel point qu’il est plusieurs espèces 
que l’on a placées successivement parmi les Gros- 
becs et parmi les Tangaras, et dont le genre esten- 
core aujourd'hui incertain. Woy. le mot Passs- 
REAUX. (Gerv.) 

DENTITION. (z001.) On désigne ainsi l’ensem- 
ble des’phénomènes qui ont lieu pendant les diver- 
ses périodes de la formation des Dents. Ÿ’,ce mot. 

DENTS. (zoo.) Organes extrêmement durs, 
d'apparence osseuse, qui garnissent les mâchoires 


EE 


DENT 


503 


DENT 


PR 


ou l'orifice antérieur du canal digestif, et servent, 
chez la plupart des animaux , à saisir, retenir, 
diviser, broyer les alimens, et qui, chez quelques 
uns , sont encore de véritables armes offensives et 
défensives. Les Dents, au premier aspect, res- 
semblent à de petits os ; elles diffèrent cependant 
de ceux-ci par leur organisation : les os vivent et 
se nourrissenbsans cesse ; les Dents, au contraire , 
ne sont pas le siége d’un mouvement nutrilif, et 
les matériaux dont elles sont formées ne se re- 
nouvellent pas ; elles sont le produit d’une sécré- 
tion. Les organes qui les sécrètent sont de petits 
sacs membraneux, nommés capsules ou matrices , 
au fond desquels on rencontre un petit noyau pul- 
peux, appelé germe, et qui semblent essentielle- 
mentformés de filets nerveux et d’un grand nombre 
de vaisseauxsanguins. Cegerme laissant transsuder 
une humeur gélatineuse qui remplit la capsule, 
bientôt on voit se déposer à la partie supérieure de 
sa surface quelques granulations pierreuses qui 
se multiplient et se confondent en enveloppant le 
noyau pulpeux dont elles proviennent. Cette enve- 
loppe résistante se moule exactement sur le germe. 
Le volume de la Dent s’augmente ainsi par l’addi- 
tion de couches pierreuses successives et concen- 
triques, et le germe se trouve renfermé dans un 
canal qui occupe le milieu de ce corps, et dimi- 
nue progressivement. Lorsque le germe n’adhère 
au fond de la capsule que par un seul point, la 
Dent ne se termine que parun seul tube ou racine; 
mais lorsqu'il y tient par plusieurs points, la ma- 
tière pierreuse qu’il sécrète, pénètre entre les 
pédoncules, enveloppe le dessous du noyau et 
forme! alors, en se prolongeant, autant de tubes 
ou de racines qu'il y a de points d’adhérence. 
Toute celte partie centrale, sécrétée par le 
germe, se nomme l’ivoire. En même temps qu il se 
dépose , par lames , dans l'intérieur de la Dent, la 
surface de celle-ci se couvre d’une autre substance, 
que sécrète la capsule et qu'on appelle l'émail. 
C’est d’une multitude de petites vésicules , dispo- 
sées avec ordre vers la partie supérieure du sac 
membraneux qui enveloppe le germe, que s’é- 
anche, en petites gouttelettes, une liqueur parti- 
culière s’épaississant ensuite pour former cette 
espèce de vernis d’un blanc laiteux et très-dur. 
Ge qui distingue essentiellement l’une de l’autre 
ces deux parties constituantes des Dents, c’est que 
le tissu de l'émail est compacte et fibreux et que 
sa! dureté est si grande que cette substance fait feu 
comme un caillou. L’émail et l’ivoire composent 
seuls les Dents de l’homme et des animaux carni- 
vores , mais chez les herbivores on rencontre une 
troisième substance qui recouvre l'émail et que par 
cette raison on nomme corticale. Elle se dépose, 
comme l'émail, par une sorte de cristallisation, 
mais avec cette différence qu’au lieu de se pré- 
senter d’abord sous forme de lame unie et conti- 
nue, elle se cristailise plus confusément et par 
petites masses. Elle est sécrélée par la capsule et 
présente beaucoup d'analogie avec livoire, La 
composition -chimique de l'ivoire présente avec 
celle de l'émail des différences notäbles. La pre- 


mière de ces substances est formée de gélatine 
mêlée à du phosphate de chaux, et contenant aussi 
une petite quantité de carbonale de chaux. L’é- 
mail est formé en très-grande proportion de phos- 
phate de chaux (environ 72 pour cent), de vingt 
pour cent de matière animale et de huit parties de 
carbonate de chaux. Selon quelques chimistes, on 
y rencontrerait aussi une très-petite quantité de 
fluate de chaux. 

Nons avons dit comment les Dents se dévelop- 
paient et comment elles étaient composées. À me- 
sure que de nouvelles couches, soit d’émail , soit 
d'ivoire, ajoutent à leur développement, elles se 
rapprochent du-bord de la mâchoire, font saillie 
à travers la gencive, et montrent ainsi à l’exté- 
rieur une de leurs extrémités, tandis que celle qui 
est formée en dernier reste cachée dans l'intérieur 
de la mâchoire. La partie saillante au dehors a 
reçu le-nom de couronne; celle qui demeure ca- 
chée se nomme la racine; on appelle collet le point 
où toutes deux se réunissent, Enfin on a donné le 
nom d’alvéole à la cellule osseuse dans laquelle est 
implantée la racine de la Dent. La couronne est 
recouverte d’émail; la racine en est dépourvue , 
la portion de la capsule qui sécrète ce vernis 
pierreux|ne se trouvant en rapport qu'avec la 
partie supérieure de la Dent, et ne descendant 
pas jusqu’au pédoncule; il en résulte que cette 
partie supérieure en est seule protégée, lorsque sa | 
situation et ses usages exigeaient pour elle seule 
cette protection. A l'instant où, pour l’enfant, il 
devient nécessaire d’associer au lait, sa première 
nourriture , des substances alimentaires plus soli- 
des, la nature prévoyante arme les mâchoires de 
pièces indispensables à la trituration des corps ali- 
mentaires. C’est alors que vingt Dents, dix à 
chaque mâchoire, se présentent successivement 
deux à deux dans un ordre et à des époques dé- 
terminés, et à peu près constans. Ces vingt pre- 
mières Dents forment ce qu’on appelle la première 
dentition ; destinées à être remplacées par celles 
de la seconde, on leur a donné le nom de Dents 
temporaires ou Dents de lait ; celles de la seconde 
dentition , au nombre de trente-deux , ont recu le 
nom de Dents de remplacement. Ces Dents dif- 
fèrent par leur forme, et ont recu en raison de 
cette différence des noms divers; on les,divise en 
trois classes : 1° les encisives au nombre de huit, 
quatre à chaque mâchoire; ainsi nommées, parce 
que la couronne, taillée en biseau, présente la 
forme d’un coin tranchant ; 2° les canines au nom- 
bre de quatre (une de chaque côté et à chaque 
mâchoire), offrant une racine plus longue aue 
celles des autres Dents et une couronne conoïde 
aiguë ; disposition qui lesrend propres à déchirer; 
5° Les molaires, au nombre de vingt (cmq de 
chaque côté à chaque mâchoire); sont remarqua- 
bles par leur volume plus considérable, leur cou- 
ronne tuboïde dont l'extrémité libre est munie de _ 
tubercules ou pointes. Les plus petites, au nom- 
ibre de huit, quatre pour chaque.mâchoire, s’ap- 
pellent pelites. molaires; les douzes dernières , 
plus volumineuses; ont recu le nom de grosses mo- 


CG A PL 


DENT 


504 


DENT 


Laires. Les premières n’ont ordinairement qu’une 
racine , les autres en comptent deux ou trois. 

L’éruption des Dents de la première dentition 
commence vers le sixième mois après la naissance 
et se termine à quarante mois environ. Du qua- 
trième au dixième mois apparaissent ordinaire- 
ment les incisives moyennes inférieures, bientôt 
après les incisives moyennes supérieures ; du hui- 
tième au seizième mois, les incisives latérales in- 
féricures, puis les incisives latérales supérieures ; 
du quinzième au vingt-quatrième, les premières 
molaires inférieures et supérieures ; du vingtième 
au trentième les canines inférieures, puis les su- 
périeures ; enfin du vingt-huitième au quarantième 
mois apparaissent les secondes grosses molaires 
qui complètent les vingt Dents de lait. « Ainsi, dit 
M. Martin St-Ange auquel nous empruntons cet 
exposé (voy. Traité élémentaire d'Histoire natu- 
relle par G. J. Martin St-Ange et F. E. Guérin, 
deux forts vol. in-8° avec 160 planches, chez 
Arthus Bertrand), en divisant le nombre des mois 
par le nombre des Dents, on a deux mois pour 
l'apparition de chaque Dent, ce qui donne d’une 
manière approximative l'âge de l’enfant. En effet, 
il se trouve avoir environ huit mois lorsqu'il a 
quatre Dents incisives; seize mois à l’époque où 
les huit incisives sont dehors ; deux ans lorsqu'il 
présente, en outre, les premières petites molaires ; 
les Dents canines lui donnent huit mois de plus, 
et les dernières molaires sestrois ans quatre mois.» 
Cette théorie, fort ingénieuse sans doute, est loin 
d’être applicable dans tous les cas, ainsi que le 
remarquent les auteurs que nous venons de citer; 
elle est soumise à de nombreuses exceptions, 
Quant à ce qui est relatif à la seconde denti- 
tion, ajoutent-ils , il faut remarquer que vingt 
Dents sont de remplacement, et douze nouvelles. 
Les premières grosses molaires se montrent d’a- 
bord et apparaissent de la cinquième à la septième 
année ; elles semblent présider, si l’on peut s’ex- 
primer ainsi, aux deux dentitions ; car elles font 
suite aux Dents de lait, avec lesquelles elles co- 
existent quelque temps, etelles précèdent de beau- 
coup les Dents permanentes. La première grosse 
molaire existe déjà très-développée dans les mâ- 
choires d’un enfant de six à huit mois environ, 
époque à laquelle les germes des huit dernières 
molaires ne sont pas encore visibles. A cette épo- 
que existent , aussi cachées dans les alvéoles , les 
incisives el les canines de la seconde dentition ; 
mais comme elles sont ‘tuées plus profondément 
que les premières grosses molaires, il en résulte 
que celles-ci sortent avant. Après la sortie des 
premières grosses molaires , l’on voit apparaître 
les deux incisives moyennes inférieures de six à 
huit ans; puis les incisives moyennes supérieures 
de sept à neuf; les incisives latérales de huit à dix; 
les premières petites molaires de neuf à onze; les 
canines de dix à douze ; les deuxièmes grosses mo- 
laires de douze à quatorze; enfin les troisièmes 
grosses molaires, de dix-huit à trente ans. 

D’après les savantes recherches zoologiques sur 
les Dents des mammifères par M. Frédéric Cuvier, 


les deux petites molaires de la première dentition 
sont remplacées par deux fausses molaires. Il est 
évident, en effet, qu’à part la forme différente de 
la couronne, le volume des deux petites molaires 
de lait est presque double de celui des molaires. 
de remplacement. Or, s’il est vrai, dit M. Martin 
St-Ange, et cela nous paraît démontré par les in- 
génieuses recherches de M. Miel, que le même 
espace alvéolaire de chaque mâchoire renferme , 
à des époques différentes, les vingt Dents de lait et 
les vingt Dents de remplacement , il doit néces- 
sairement arriver que les petites molaires, ou faus- 
ses molaires de M. Cuvier, seront obligées de se 
contenter , sil’on peut parler ainsi, de l’espace que: 
leur laissent les incisives et les canines de la seconde 
dentition. Cela devient plus évident encore, si 
l'on considère que les molaires de sept ans, les 
plus grosses de toutes, parce qu’elles ne sont point 
gênées dans leur développement, se montrent 
avant l’éruplion de la seconde dentition , et qu’a- 
lors elles servent, pour ainsi dire, de bornes, ce 
qui détermine M. Martin St-Ange à leur donner 
le nom de molaires limitrophes. Ces mêmes Dents 
limitent l’espace destiné aux dernières molaires , 
de sorte que le développement de celles-ci est 
subordonné à l'accroissement plus ou moins ra- 
pide ct plus ou moins grand de la partie la plus 
reculée des os maxillaires. Des nerfs, des artères, 
des veines , pénètrent dans l’intérieur des Dents ; 
les uns et les autres, suivant une direction sem- 
blable , ont recu le nom de nerfs, d’artères et de 
veines dentaires. 

Presque tout ce que nous avons dit jusqu'ici du 
développement, du nomber, de la forme des Dents, 
s'applique plus particulièrement à l’homme. Dans 
les diverses espèces d'animaux, la disposition des 
Dents varie suivant que ces êtres doivent se nour- 
rir de substances animales ou végétales, de chairs 
molles ou de petits animaux revétus d’une enve- 
loppe coriace ct même cornée, comme les insec- 
tes, de plantes fraîches et tendres, ou de branches 
plus ou moins dures; ces différences sont assez 
notables pour qu’au premier aspect on puisse in- 
diquer d’une manière certaine les mœurs et la 
structure de la plupart des mammifères. Ainsi chez 
les carnivores les molaires sont comprimées et 
tranchantes, de facon à agir les unes contre les 
autres, comme les lames d’une paire de ciseaux ; 
chez ceux qui vivent d'insectes, ces Dents sontihé- 
rissées de pointes contiguës qui se correspondent, 
de manière que lesunes s’emboîtent dans les inter- 
valles que les autres laissent entre elles. Les Dents 
des frugivores sont garnies de tubercules mousses; 
celles des herbivores, destinées à broyer des sub- 
stances végétales plus ou moins dures, se terminent 
par une large surface aplatie et rude comme celle 
d’une meule. Chez tous ces animaux ,“l'existence 
des molaires est plus constante que celle des inci- 
sives ou des canines, et en effet ce sont les plus 
utiles. Ces dernières, indispensables pour saisir et. 
déchirer une proie vivante, se remarquent constam- 
ment chez les carnassiers; mais elles manquent 
chez plusieurs herbivores. 


En 


DENT 


505 


DENT 


En examinant les espèces animales qui se rap- 
prochent le plus de l’homme, on voit quela plupart 
des Singes offrent le même nombre de Dents que 
chez celui-ci , tant pour les Dents de lait que pour 
les Dents permanentes. Il en est cependant plu- 
sieurs espèces chez lesquelles ce nombre est plus 
considérable , telles que les Alouates, les Atèles, 
les Sajous, les Saïmiris, les Fakis, qui en ont 
trente-six. Mais leur mode de formation est le 
même que chez l’homme, Ne pouvant ici indiquer 
toutesles différencesqu'on remarque dans les nom- 
breuses espèces comme dansles divers genres, nous 
dirons en résumé que dans l’ordre des Quadru- 
manes , la famille des Singes présente en général 
quatre Dents incisives, verticales, à chaque mâ- 
choire; les molaires sont garnies seulement de tu- 
bercules mousses ; que les Ouistites ont , comme les 
Singes, quatre Dents incisives à chaque mâchoire, 
mais qu’elles sont obliques et proclives, surtout 
à la mâchoire supérieure, et que leurs molaires 
sont remarquables par l'apparence des tubercules 
qui s’engrènent comme dans les inseclivores. Dans 
l’ordre des Carnassiers , les Chéiroptères présen- 
tent des Dents molaires à couronne plate ou hé- 
rissée de pointes coniques ; elles offrent cette der- 
nière disposition dans la famille des Insectivores , 
et sont tranchantes dans celle des Carnivores: tou- 
tefois parmi ces derniers la partie tranchante des 
Dents molaires est moins considérable que la 
surface tuberculeuse de. ces mêmes Dents lors- 
qu'ils ne se nourrissent pas exclusivement de chair. 
C'est ce qu’on peut voir dans l’Ours, tandis que 
chez les Lions, les Tigrés , les Chats, toutes ces 
Dents, à l'exception d’une, sont au contraire tran- 
chantes. Chez eux on a distingué les Dents en 
fausses molaires, ce sont celles qui suivent la ca- 
nine ct qui sont petites, tranchantes et poin- 
lues; en Dent carnassière ; celle de la mâchoire 
supérieure placée après les fausses molaires est 
plus grosse que les autres, elle est ordinairement 
pourvue d'un talon tuberculeux; la Dent cor- 
respondante à la mâchoire inférieure porte le 
même nom; enfin les tuberculeuses, situées au 
fond de la mâchoire , sont presque entièrement 
plates, plus petites que les autres, et servent à 
mâcher l'herbe que ces animaux avalent quelque- 
fois. Le nombre de ces Dents tuberculeuses coïn- 
cidant avec des dispositions plus ou moins sangui- 
naires, a servi à la classification. Dans l’ordre des 
Rongeurs, les incisives sont séparées des molai- 
res par un espace vide;,elles sont remarquables 
par leur longueur , leur force et la manière solide 
dont elles sont implantées dans les alvéoles; leur 
extrémité est taillée en biseau tranchant , et elles 
n'ont point de racines; mais elles continuent tou- 
jours à croître ; il en résulte que si chacune d’elles 
ne s'usait incessamment en se frottant avec la 
Dent correspondante , elles acquerraient une lon- 
gueur considérable ; c'est ce qui arrive en effet 
lorsque l’une d’elles est enlevée ; celle qui lui cor- 
respond croît toujours et finit par devenir mons- 
trueuse. Les Dents molaires des rongeurs ont une 
couronne large et plate; les tubercules qu’elles 


Towe IL, 


présentent d’abord s’usent à la manière des inci- 
sives, et leur surface devient tout-à-fait plane. Les 
Muséides, qui forment une tribu de cet ordre, ont 
les incisives inférieures pointues. L'ordre des 
Édentés emprunte son nom de l’absence des Dents 
sur le devant de la bouche; leurs canines sont aï- 
guës et assez longues , et leurs molaires ont la 
forme de cylindres, au moins pour ce qui regarde 
la famille des l'ardigrades ; celle des Édentés or- 
dinaires manque non seulement d’incisives, mais 
encore de canines et quelquefois de molaires ; les 
fourmiliers en sont tout-à-fait privés. Parmi les 
Monothrèmes, il en est qui manquent compléte- 
ment de Dents; chez ceux qui en sont pourvus, 
elles ont une structure bien différente de celle 
des Dents ordinaires: elles sont enchâssées dans 
les mâchoires, et en quelque sorte appliquées à la 
surface. L'ordre des Marsupiaux présente sous le 
rapport du système dentaire des différences nom- 
breuses : les uns sont pourvus d’incisives, de ca- 
nines, de molaires tuberculeuses, tandis que d’au- 
tres ressemblent aux insectivores, aux rongeurs 
ou aux édentés. L’ordre des Pachydermes mérite 
peut-être de fixer long-temps notre attention rela- 
tivement au sujet qui nous occupe ; les éléphans, 
seul genre de la première famille de cet ordre, 
tirent leur principal caractère zoologique de leurs 
Dents molaires, dont le corps se compose d’un 
certain nombre de lames de substance osseuse 
enveloppées d’émail et liées ensemble par de la 
substance corticale. La manière dont ces Dentsse 
succèdent les rend aussi remarquables que leur or- 
ganisation. Tandis que chez l'homme et chez les 
autres mammifères les Dents de remplacement 
succèdent verticalement aux Dents de lait, chez 
l'éléphant c’est d’arrière en avant que cette suc- 
cession a lieu , de manière qu'à mesure qu’une 
mâchelière s’use, elle est en même temps poussée 
en avant par celle qui la doit remplacer. 

Il en résulte que l’animal a tantôt une, Lantôt 
deux mâchelières de chaque côté, selon les épo- 
ques, ct on assure que ce changement s'opère 
jusqu’à huit fois. Les défenses ne se renouvellent 
qu’une fois. Ges défenses sont les incisives de la 
mâchoire supérieure ; elles prennent un accrois- 
sement extrême, se recourbent en bas et en avant. 
Chez les élépharis les canines manquent, et à la 
mâchoire inférieure il n’y a que des molaires. Les 
défenses de l'éléphant des Indes sont ordinaire- 
ment assez courtes, celui d'Afrique en porte qui 
ont quelquefois huit pieds de long. Aussi est-ce 
d'Afrique qu’on lève tout l’ivoire que notre in- 
dustrie emploie sous tant de formes et applique à 
tant d’usages. L'appareil dentaire des Hippopo- 
lames se compose de quatre incisives à chaque 
mâchoire, dont les inférieures sont longues et 
couchées en avant; de canines très-grosses, qui 
s’usent l’une contre l’autre, et dont l’inférieure 
est recourbée en haut; enfin de six mâchelières 
partout, précédées en haut d’une petite fausse 
molaire rudimentaire. Chez les Gochons les canines. 
sortent de la bouche et se recourbent l’une et 
l’autre vers le haut et forment ainsi de puissantes 


144° Livraisox 64 


DENT 


506 


DENT 


EE 


défenses. Les ineisives sont au nombre de quatre 
ou de six à la mâchoire supérieure et de six à l’in- 
férieure, où elles sont couchées en avant; enfin 
les mâchelières, au nombre de vingt-quatre à vingt- 
huit, sont tuberculeuses au fond de la mâchoire 
et tranchantes en avant ; les défenses des Sangliers 
sont prismatiques,recourbées en dehors et un peu 
en haut; elles sont dépourvues de racines. Le 
genre Gheval, de la famille des Solipèdes, qui ap- 
partient à cet ordre, porte à chaque mâchoire six 
incisives , suivies de chaque côté d’une canine , 

ui manque souvent chez les femelles, à la mä- 
choireinférieure surtout , et d’une série de six mo- 
laires à couronne carrée, marquée de quatre crois- 
sans formés par les lames d’émail qui s’y enfoncent; 
entre les canines et les molaires se trouve un grand 
espace vide qu'on nomme les barres. Les change- 
mens qui marquent les diverses époques de la 
dentition du cheval, servent à faire reconnaître 
l’âge de ces animaux; mais l’histoire complète de 
ces changemens appartient à l’article Cheval. Les 
animaux qui composent l’ordre des Ruminans 
n’ont, en général, aucune Dent incisive à la mâ- 
choire supérieure; ils en ont huit à la mâchoire 
inférieure, d'autant plus développées qu’elles se 
rapprochent plus du centre. Elles sont toutes tail- 
lées en biseau aux dépens de leur face interne, La 
couronne est très-distincte de la racine, qui est fu- 
siforme. Le bœuf n’a pas de canine, ainsi que le 
pasan , le chamois, le coame , le bubal, le belier, 
le bouc , la girafe , tandis qu’on en trouve chez les 
chevrotins, les cerfs, les chevreuils, le renne, etc. 
Les chameaux , les lamas, les vigognes ont non 
seulement une canine de chaque côté , mais aussi 
deux incisives à la mâchoire supérieure , placées 
sur les côlés et ressemblant à des canines. Dans 
l’ordre des Gétacés, ceux qui composent la famille 
des Cétacés herbivores portent des Dents mo- 
laires à couronne plate, tandis que ceux qui font 
partie de la famille des souflleurs ont la bouche 
armée de Denis aiguës lorsqu'il en existe. Le sys- 
tème dentaire des principaux reptiles diffère es- 
sentiellement de celui des animaux que nous ve- 
nons de passer en revue, Ainsi que nous l'avons 
fait pour ceux-ci , nous nous contenterons de citer 
quelques exemples pris parmi les plus remarqua- 
bles, et nous les emprunterons en partie à l’excel- 
lent traité d'anatomie comparée du système den- 
taire par le docteur Em. Rousseau. Les crocodiles, 
dit cet anatomiste, naissent avec le nombre de 
Dents qu'ils doivent avoir toute leur vie ; mais leur 
volume augmente jusqu’à ce que ces animaux aient 
atteint leur croissance , pendant laquelle ils chan- 
gent assez souvent de Dents : elles sont coniques 
et plus ou moins droites. Elles n’ont rien de veni- 
meux, sont très-nombreuses, et quand ils ferment 
la gueule, elles s’engrènent l’une dans l’autre. 

Le lézard vert ocellé n’a pas ses Dents implan- 
tées dans les alvéoles comme le crocodile; elles 
sont juxta-posées au bord interne des maxillaires 
et néanmoins conoïdes, échancrées à la face in- 
terne de leur base ; à laquelle on voit de très-pe- 
tits germes dentaires qui doivent remplacer celles 


qui tombent. Le lézard vert a des Dents palatines 
soudées aux os du palais et qui ne se renouvellent 
pas : elles sont destinées probablement à empêcher 
que;la proie qui leur sert de nourriture ne puisse 
rétrograder et leur échapper. Les Dents de la cou-- 
leuvre à collier sont soudées aux os qui les sup- 
portent et de forme conique, très-aiguës, creuses 
dans leur intérieur , en sorte que quand elles vien- 
nent à manquer, il en existe an dessous d'elles 
qui occupent immédiatement la même place. Chez 
les vipères, les Dents de la mâchoire inférieure et 
celles des branches !palatines se forment et se 
remplacent de la même manière que celles des 
couleuyres, et ne sont pas plus venimeuses : c’est 
du maxillaire supérieur que partent les Dents 
venimeuses connues sous le nom de crochets. Ces 
Dents sont implantées dans cet os, et quand l’une 
vient à manquer, il y en a une par derrière qui la 
remplace ; elles sont coniques, quelquefois cour- 
bées et ont un sommet très -aigu, taillé à sa partie 
antérieure comme le bec d’une plume à écrire. 

M. Geoffroy Saint-Ililaire a présenté le bec des 
oiseaux comme offrant une grande analogie d’or- 
ganisation avec le système dentaire; mais les faits 
nese plient pas exactement à cette théorie. Selon lui, 
on aperçoit dans le fœtus de quelques espèces, ek 
notamment de la perruche à collier et du canard, 
une série de denticules ou mieux de petits corps 
blancs arrondis et plus larges à leur extrémité, 
Mais les différences de structure sont ici tellement 
nombreuses, qu'il n’est guère possible d'admettre, 
avant de nouvelles recherches , les rapprochemens 
établis par ce savant professeur. 

Le développement et les diverses évolutions des 
Dents sont loin de présenter une marche aussi 
constante que celle que nous leur avons assignée. 
L'ordre de leur apparition peut être interverti; il 
peut aussi survenir une foule de circonstances qui 
rendent leur nombre, leur forme, leur situation 
variables ; mais ces circonstances sont presque 
toutes maladives, et leur histoire appartient à la 
pathologie : on a vu des cas où il y avait absence 
complète de Dents ; d’autres où les sujets ne pré- 
sentaient que des incisives ; d’autres enfin où les 
Dents surnuméraires étaient placées tantôt dans 
le rang , tantôt hors du rang de l’arcade dentaire; 
il y a des individus qui présentent ainsi double 
rangée de Dents. La direction vicieuse qu’elles 
prennent souvent, en franchissant les gencives, 
tient fréquemment au peu d'espace que leur 
laissent les Dent svoisines; mais, nous le répétons, 
cette cause et toutes celles qui troublent la mar- 
che régulière de leur apparition et de leur accrois- 
sement, appartiennent à d’autres études. Si nous 
ne devons pas icinous occuper des maladies ou des 
accidens qui surviennent aux Dents, nous devons 
au moins rappeler quelques uns de leurs résultats 
physiologiques. La première dentilion est, on le 
sait , la source des plus terribles accidens pour l’en- 
fance; c’est une des plus fréquentes causes de ces 
convulsions horribles qui torturent ou font périr 
tant d’enfans; aussi est-ce un événement de famille 
que l'apparition d'une première Dent ; on en parle 


ee 


mm 


DENT 


507 


DENT 


Ce 


avec bonheur , on le célèbre avec joie. Pour être 
- moins orageuse , la seconde dentition a cependant 
ses dangers, et si l’on ne se prémunit contre eux, 
on voit encore assez souvent à celte époque les 
jeunes sujets languir, ou devenir les victimes d’ac- 
cidens cérébraux dont on n’a pas toujours trouvé ja 
première cause. Soumises à l'impression succes- 
sive et souvent répétée de la chaleur et du froid , 
à l’action dissolvante des substances âcres ou 
acides quientrent dans la préparation des alimens, 
au choc des corps durs et à un grand nombre de 
causes tout aussi destructives, il ne faut pas s’é- 
tonner si les Dents sont si souvent atteintes de 
maladies graves, et s’il est rare de rencontrer, chez 


un sujet avancé en âge, toutes les Dents saines et. 


bien conservées. Les douleurs qui accompagnent 
un grand nombre de leurs affections ont un ca- 
ractère tellement aigu , tellement atroce, que les 
courages les plus énergiques manquent souvent 
de résolution pour les supporter; elles troublent 
le sommeil, arrachent des cris, brisent les forces 
et portent quelquefois l’agitation jusqu'aux con- 
vulsions, et le‘ désordre des fonctions intellectuelles 
jusqu'à la fureur, jusqu’au délire. Si une sage 
prévoyance présidait toujours aux actions les plus 
ordinaires, que de soins n’apporterait-on pas à 
prévenir des maladies qui causent de pareils tour- 
mens et qui laissent après elles des traces si 
désagréables.- Car ce n’est pas seulement la dou- 
leur, qui passera, mais c’est encore l’aspect repous- 
sant d’une bouche dégarnie ou seulement armée 
de Dents noires et cariées ; c’est surtout l’odeur 
fétide qu’elle répand et qui rend le sujet insup- 
portable à ceux qui l’approchent ; ce sont aussi les 
troubles inévitables dans la digestion, par suite 
d'une mastication incomplète, avec un système 
dentaire désormais inhabile à remplir ses fonctions; 
ce sont tous les accidens qui en résultent, qu’on 
pourrait prévenir par quelques soins hygiéni- 
ques fort simples , lorsqu'il n'existe pas de dispo- 
sition organique. Ces soins, pour la plupart du 
temps, pourraient se borner à une grande pro- 
preté , à éviter de briser avec les Dents des corps 
trop durs, à ne point tirer avec elles sur des corps 
résistans, à ne point les faire servir à couper cer- 
tains tissus, du fil, etc. , et surtout à ne pas les 
soumettre trop subitement à l’impression succes- 
sive de la chaleur et da froid. C’est un proverbe 
des plus vulgaires que si le petit verre de vin après 
le potage ôte un écu de la poche da médecin, il 
en met deux dans celle du dentiste, On sait que 
l'usage des alimens chauds et fréquemment répé- 
tés.a une grande influence surla conservation des 
Dents ; que les Hollandais, qui boivent beaucoup 
de thé et de café, doivent peut-être autant les 
Dents noires qu’on remarque chez presque tous 
à cet usage qu’à l'humidité du climat, source fré- 
quente de rhumatismes. Les Dents s’usent avec 
Pâge, et, quoique cette usure soit lente, elle n’en 
est pas moins manifeste ; avec l’âge aussi elles tom- 
bent, et le rétrécissement progressif des alvéoles 
semble les chasser de la place qu’elles occupent 
c’est lorsqu'elles se perdent ainsi, que Ja vieillesse 


poraît se caractériser davantage; les mâchoires 
se rapprochent; le nez et le:menton, plus près l’un 
de l’autre, semblent aussi plus saillans ; les joues 
tombent en grosses rides, et la physionomie change 
tout-à-fait d'expression. Les individus, au con- 
traire, qui conservent leurs Dents, ont l’air de 
vieillir moins vite et peuvent long-temps déguiser 
leur âge, L 
Les Dents ne sont-elles pas en effet le plus bel 
ornement de la figure humaine. Leur arrangement 
régulier , leur blancheur ravissent la vue, et ren- 
dent plus remarquable encore la beauté du visage; 
quelle que soit l'étendue de la bouche , de belles 
Dents font oublier ce désagrément ; le sourire em- 
prunte quelque chose de gracieux de leur blan- 
cheur; elles semblent adoucir expression de la 
physionomie , et l’on n’a pas le courage de blâmer 
la coquette prétention qui les montre en souriant, 
ou plutôt qui sourit pour les montrer. Sila beauté 
des Dents ajoute à celle des traits, elle pare la 
laideur et larend supportable. Que de fois on a dit: 
« Gette femme est laide, mais elle a de belles Dents.» 
Les anciens avaient sur la beauté des Dents les 
mêmes idées que nous; Salomon , Homère, Ho- 
race, Virgile, Juvénai, Lucrèce pensaient à cet 
égard comme on pense de nos jours. Ailleurs 
qu’en Europe ces idées sont bien différentes ; les : 
Japonais les teignent en noir, les Péruviens et 
quelques habitans des continens océaniques se 
font arracher une incisive par coquetterie; à Java 
quelques baïadères les couvrent d’une plaque d’or 
lorsqu'elles chantent ; les autres habitans les cou- 
vrent d’un enduit noirâtre, les teignent pour di- 
minuer les fâcheux effets de l’usage immodéré du 
bétel. Quelques peuplades africaines les taillent 
en pointes aiguës, et emploient à cet usage des 
cailloux tranchans. Nous sommes trop éloignés de 
pareilles idées pour croire que les bizarres ca- 
prices de la mode puissent les introduire jamais 
chez nous; et nous tenons tant à la régularité, 
à la conservation et à la blancheur des Dents, que 
l’art du dentiste est arrivé de nos jours à un de- 
gré de perfection qu’on était loin de soupçonner 
autrefois. Ce n’est pas seulement à leur rendre 
leur éclat, à les égaliser, à remédier à leurs 
maladies , que se sont appliqués les hommes oc- 
cupés de cette partie de la science : ce qu'ils onf 
surtout perfectionné, ce sont les moyens de remé- 
dier à des déviations ou défavorables aux fonctions 
ou désagréables à l'aspect; c’est à prévenir les 
dangers de la dentition, les résultats des mauvai- 
ses dispositions de l’organisation à cet égard; c’est 
surtout à remplacer, de facon à tromper les yeux, 
les Dents détruites par l’âge, les accidens ou les af- 
fections maladives. Plusieurs substances ont été 
mises à contribution pour réparer ce réparable 
outrage. On n’a pas craint souvent d’acheter à 
prix d’or‘la Dent saine d’un individu bien portant 
pour la transplanter à la place d’une Dent malade 
qu’on était forcé de faire arracher ; cependant , 
disons-le, ce trafic de la misère avec l’égoisme est 
assez rare pour qu'il ne soit plus nécessaire d’ar- 
mer contre Jui la colère du philosophe, Mais ce 


D É 


508 


DENT 


DENU 


ES 


qui est assez commun de nos jours, c’est de ravir 
les Dents aux morts pour parer la bouche des 
vivans. C’est un véritable commerce pour les infir- 
miers de certains hôpitaux ; ils apprennent à ex- 
traire les Dents des morts avec dextérité et s’ap- 
pliquent surtout à ne pas briser les racines ; ils 
les vendent ensuite à des dentistes qui les net- 
toient et les préparent. On m'a assuré que dans 
un grand hôpital, un infirmier cherchait un jour 
à extraire une Dent à un cadavre gisant sur la 
pierre des morts, lorsqu'il entendit un profond 
soupir, un cri étouffé, et aperçut un léger mou- 
vement , qui l’avertirent que l'individu n'était point 
mort réellement, On concoit quel dut être son 
étonnement ou plutôt son effroi. L’ivoire de l'hip- 
popotame ou de l'éléphant , la porcelaine et di- 
verses autres préparations minérales servent à fa- 
briquer des Dents artificielles ; l’avantage de ces 
diverses substances est de se tailler exactement sur 
l’espace laissé vide par la Dent perdue ; mais elles 
n’ont pas comme les Dents humaines l'avantage de 
présenter une blancheur semblable , et la facon 
dont elles tranchent sur les autres les rend dés- 
agréables à la vue et inspire une sorte de dé- 
goût : aussi leur préfère-t-on généralement des 
Dents humaines empruntées aux morts. 

Notre travail sur les Dents ne pouvait être qu’un 
résumé très-succinct des notions contenues dans 
les nombreux ouvrages que la science possède au- 
jourd’hui sur ce sujet; renfermé dans les limites 
d’un article de Dictionnaire il nous était impossi- 
ble de le compléter : nous nous sommes donc 
borné aux données les plus essentielles. Nous sup- 
pléerons toutefois aux développemens qui Ini man- 
quent en offrant, dans la planche 136 de notre 
Atlas, quelques exemples de dentition pris dans les 
diverses classes des mammifères. Voici l'explica- 
tion de cette planche. Les figures 1 à 8 repré- 
sentent les Dents d’une demi-mâchoire inférieure 
d’un homme de trente ans et dans l’ordre suivant: 
1. Incisive moyenne. 2, Incisive latérale. 3, Ga- 
nine. 4 , Première petite molaire. 5, Seconde pe- 
tite molaire. 6, Première grosse molaire ou dent 
limitrophe de M. Martin de St-Ange. 7, Seconde 
grosse molaire. 8, Dernière molaire ou Dent 
de sagesse avec sa racine contournée en crochet. 
9 ; Demi-mächoire inférieure ganche d’un eñ- 
fant de six ans, vue par la face interne , avec les 
Dents de lait sur l’arcade alvéolaire, et les Dents 
de remplacement encore renfermées dans leurs 
alvéoles ; puis la première grosse molaire, dont les 
deux premiers tubercules commencent à paraître 
sur le bord gencival , et les deux autres plus pos- 
térieurs sont sur le point d’en sortir ; la seconde 
grosse molaire renfermée dans la paroi alvéolaire; 
l'appendice de l’incisive moyenne de la seconde 
dentition ; l’appendice de l’incisive latérale de Ja 
seconde denlition; l’appendice de la canine: il 
n’y a d'apparent qu’une partie de son prolonge- 
ment, cette Dent se trouvant cachée par l’incisive 
latérale et la première petite molaire ; l'appendice 
de la seconde petitemolaire. 10, Cinquième paire 
de nerfs par sa face interne ; arbre de vie du cer- 


velet ; portion de la carotide interne; artère den- 
taire principale inférieure ; origine et division de 
la cinquième paire: 1", 2° et 3° branches; nerfs 
dentaires postérieur et supérieur, antérieur, infé- 
rieur et nerf dentaire proprement dit ; nerfs men- 
tonnier, vidien ou ptérygoïdéen, palatin ; ganglion 
spino-palatin ; branche antérieure et externe du 
nerf palatin ; rameau coupé formant un anneau 
autour de l’arlère maxillaire interne; nerf sous- 
cutané molaire; corde du tympan; nerfs masséte- 
rin, milo-hyoïdien, buccinateur, lingual ; rameau 
de ce dernier allant au larynx; nerfs temporal, 
profond et superficiel. Les Dents de cette figure 
sont vues par leur face interne. 11, Dents de la 
chauve-souris, 12, Dents du desman. 13, Dents 
du chien. 14, Dents du kanguroo, 15 ct 16 du 
lièvre; 17, du castor; 18, du fourmilier,; 19, du 
mouton; 20, de l'éléphant d'Afrique. (P. G.) 
DENTS. (mozL.) Voy. Coquixm Moyens d'union 
des valves (charnière et ligament), page 304, 
ligue 25. (Es) 
DÉNUDATION. (céocr.) On appelle ainsi le 
phénomène que présente une vallée ou une plaine 
lorsque, les couches qui forment les collines ou 
plateaux environnans ayant été enlevées, le sol 
inférieur est mis à découvert. Dans une vallée 
de Dénudation, les couches sur chaque versant 
ne sont jamais très-éloignées de la position 
horizontale, et elles se correspondent si exacte- 
ment qu’on ne peut mettre en doute leur conti- 
nuilé primitive. Les plaines de Dénudation se re- 
connaissent à leur niveau inférieur à celui des 
plateaux qui les environnent et aux collines ou 
lambeaux nommés outlivers par les Anglais, qu'on 
voit reposer comme des témoins à leur surface. En 
Angleterre un exemple de Dénudation souvent 
cité est la vallée ou le bassm de Weald, au sud 
de Londres. D’anciens courans diluviens ont fait 
disparaître, sur une parlie légèrement bombée et 
dirigée de l’est à l’ouest, le terrain tertiaire, la 
craie, une partie du grès vert,et mis à nu au fond 
du bassin les couches ‘inférieures de cette der- 
nière formation. En France, nous pouvons citer 
non loin de Paris des exemples de Dénudation en- 
core plus remarquables, dans la grande ceinture 
de terrains crayeux qui environne les dépôts 
tertiaires. Si, partant de Paris, on se dirige vers 
Mézières, Reims, Châlons ou Vitry-le-Francais, 
on marche sur un plateau assez régulier dont la 
hauteur à sa limite varie entre 230 et 245".Ce pla- 
teau se termine brusquement par une pente ra- 
pide (20°, 25° et jusqu'à 3°), qui montre à nu 
les tranches horizontales du terrain tertiaire, et 
l'on a devant soi une immense plaine de craie, 
dont La hauteur, de Vitry-le-Français à Châlons, 
de cette ville aux environs de Reims, est de 90 
à 100 mètres inférieure au plateau tertiaire, Quel- 
ques collines abruptes , entièrement détachées du 
plateau, s’avancent sur la plaine crétacée ; tel est 
le mont Aimé près Vertu : toute la ceinture de 
craie dans laquelle se dépose le terrain tertiaire 
se trouve au dessous de son niveau; les bords du 
vase sont aujourd'hui de 100 mètres plus bas que 


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D 


DÉPE 


909 


DÉPI 


0 


les matières qu’ils renfermaient. Ces eflets ne 
peuvent s'expliquer qu'en supposant que des cou- 
rans violens, venus probablement dans la direc- 
tion du S.-E., ont balayé la craie et rongé les 
bords du dépôt tertiaire qui venäient s’y appuyer. 
Les grands amas de silex de la craie qui couvrent 
les plaines basses du lit de la Seine, tels que le 
bois de Boulogne, sont des témoins de cette ca- 
tastrophe. (B.) 

DÉPERDITION. (Pnysro.) Les végétaux rejet- 
tent à l'extérieur les substances qu’ils ont absor- 
bées ou qui, produites par la végétation, ne sont 
plus utiles à leur nutrition. C’est cet acle qu’on 
appelle Déperdition. Les substances ainsi rejetées 
sont tantôt des fluides à l’état de vapeur, tantôt 
des gaz , tantôt des liquides ou même des solides. 
Dans le premier cas cet acte s'exerce par transpi- 
ration, dansle second par expiration, dans le 
dernier par excrétion. La transpiration est cette 
fonction par laquelle la plante laisse exsuder par 
ses organes foliacés l’eau qu’elle contient en 
surabondance. Lorsqu'elle est en pelite quantité 
l'air l’absorbe à l'instant; mais si au contraire 
elle est considérable, on la trouve réunie sous 
forme de gouttelettes , facilement apercevables. 
C’est surtout au lever du soleil, quand la fraîcheur 
de la nuit condense cette vapeur, qu’on peut Ja 
voir briller sur la pointe des feuilles de certaines 
plantes : des graminées, du chou, par exemple. 
Long-temps on avait attribué Ja présence de ces 
goutteleltes limpides à la rosée; mais les expé- 
riences concluantes de Musschenbræck , répétées 
depuis par Hales, par MM. Desfontaines et Mirbel, 
ont suflisamment démontré qu’elles étaient le pro- 
duit de la transpiration du végétal, condensée 
par la fraîcheur de la nuit. On a pu même appré- 
cier la quantité d’eau qui s’échappait ainsi : elle 
égale les deux tiers de celle que le végétal absorbe. 
Il a été possible de s’assurer également que cette 
transpiration est d'autant plus considérable que 
la chaleur atmosphérique est plus grande et l'air 
plus sec, tandis qu'elle diminue par le froid et 
l'humidité ; que cette fonction est d’autant plus 
active que la plante est plus jeune et plus vigou- 
reuse, et que l'intégrité de la nutrition dépend de 
l'équilibre entre l'absorption et cette transpiration. 
Eneflet, lorsque celle-ci, par l'effet d’une chaleur 
trop intense, par exemple, dépasse la force avec 
laquelle l’autre s'exerce, la plante se fane, languit 
et finit par mourir. 

Comme les animaux, les plantes aspirent une 
certaine quantité d'air atmosphérique,dont une por- 
tion se combine avec leur sabstance et dont l’au- 
tre est rejelée. C’est l'émission au dehors de celte 
portion de l'air inutile à l’existence du végétal, qui 
constitue l'acte quenous avons appelé expiration. 

On peut s’assurer de la manière dont s'exécute 
cette fonction en plongeant un rameau d’arbre 
ou une jeune plante dans une cloche de verre 
remplie d’eau; on verra alors se dégager à la sur- 
face de cette plante de petites bulles d’un air très- 
pur et presque entièrement composé d'oxygène si 
le vase est exposé à la lumière, et d'acide carbo- 


nique ou de gaz azole si l'expérience a lieu dans 
l'obscurité. 

Les matières excrétées par les végétaux sont 
des fluides plus ou moins épais, susceptibles de 
se condenser et de se solidifier. Ge sont tantôt des 
gommes , des résines, des huiles volatiles, tantôt 
des huiles fixes , des matières sucrées , telles que 
la manne, etc. Ces trois actes fonctionnels, la 
transpiration, l'expiration et l’excrétion, consti- 
tuent dans les végétaux ce qu’on appelle la Déper- 
dition ; mais n’y a-t-il pas encore ici une erreur de 
langage, puisqu’en eflet les plantes ne rendent ja- 
mais qu’une partie de ce qu’elles ont absorbé, et 
que l’autre sert à leur nutrition, à leur accroisse- 
ment ? (P. G.) 

DÉPIQUAGE. (4acn.) Action de séparer le grain 
des céréales par le piétinement des bœufs, des 
chevaux ou des mules. Le Dépiquage consiste à 
disposer en plein air une place dont on bat le sol 
avec force et soin , et après la récolte d’en garnie 
la surface de gerbes droites dont on coupe les 
liens de manière à former des cercles où la paille 
occupe la partie supérieure, tandis que les épis 
reposent directement sur le sol. On promène sur 
les diverses couches des cercles une des trois 
espèces d'animaux indiqués , attachés deux à deux 
à une corde dont le conducteur tient le bout et 
dont on presse l’activité au moyen d’un fouet. Le 
conducteur occupe le centre du cercle, aux ex- 
trémités sont disposés des valets pour pousser 
sous les pieds des animaux la paille qui n’est pas 
complétement brisée et l’épi qui n’est point assez 
froissé. Le cheval et la mule sont préférables aux 
bœufs ; ils trottent mieux, pressent moins la paille 
et font sortir plus vite, par leurs contre-coups, 
le grain de la balle. Selon l'importance de la ré- 
colte, et la nécessité de hâter l'opération du bat- 
tage, on emploie deux, trois et même quatre 
paires; elles marchent de front, et pour éviter 
qu’elles ne soient bientôt étourdies de cette course 
tournante, on leur bouche les yeux. Le travail 
commence au moment où le soleil se montre à 
l'horizon et se prolonge jusqu'à celui où il dispa- 
raît à nos regards : on ne leur accorde de repos que 
durant les courtes heures des repas. 

Tout expéditive qu’elle peut être , celteméthode 
est vicieuse; l’autorité des anciens, l'usage que 
l’on en faisait chez les premiers peuples de l’Afri- 
que et de l'Asie, chez les Celtes et les Gaulois, sa 
vieille adoption chez les Egyptiens, les Grecs, les 
Romains et dans diverses localités de nos dépar- 
temens du midi, ne peuvent, avec l’avantage de 
tout rentrer en peu de jours, compenser les in- 
convéniens qui l’accompagnent partout. Le Dépi- 
quage est toujours incomplet quand le grain n’est 
point parfaitement mûr ou que le temps est plu- 
vieux ou seulement humide ; la paille est broyée, 
salie par les déjections des animaux, et entre 
promptement en fermentation, ce qui la rend 
désagréable, fatigante, et la fait repousser par tous 
les bestiaux qui l’acceptent avec avidité quand 
elle est fraîche et propre. 

Pour remédier à ces inconvéniens, on a imaginé 


DERM 


‘510 


DERM 


des tables hérissées de pointes, des cylindres den- 
telés , des voitures pesantes , mais tous cesmoyens 
demandent à être simplifiés, à coûter moins cher, 
et disposés de manière à économiser le temps, à 
rendre le battage parfait, et à causer moins de 
fatigues aux animaux employés à les mettre en 


mouvement. La mécanique , aidée par la pratique 


et la connaissance des diverses sortes de grains, 
nous fournira peut-être cette ressource inappré- 
ciable. Nos vœux accompagnent et sollicitent le 
génie inventif de nos artistes. (T. ». B.) 

DÉPOT. (c£or.) Voy. TERRAIN. 

DÉPRIMÉ. (anar. zoo1.) Se dit d’un organe 
comprimé de haut en bas, par opposition au mot 
comprimé, qu’on emploie lorsque la compression a 
lieu d’un côté à l’autre. On dit que le bec des 
oiseaux est déprimé lorsqu'il est aplati sur sa hau- 
teur. On appelle feuilles déprimées celles dont les 
bords sont plus épais que leur disque. Une radi- 
cule est déprimée lorsqu'elle est aplatie du som- 
met à la base, comme celle du thé. (P. G.) 

DERBE, Derbe. (1xs.) Genre d'Hémiptères de 
la section des Homoptères, famille des Cicadai- 
res, tribu des Fulgorelles : tête comprimée, bica- 
rénée longitudinalement, deux ocelles près des 
carènes, antennes insérées bien au dessous des 
yeux, le premier article claviforme , rostre ayant 
son dernier article très-court; tibias non épi- 
neux. Ces insectes, de très-pelite taille, ont le 
prothorax tellement échancré postérieurement 
qu’il paraît ne former que deux larges épaulettes , 
les ailes sont larges et deux fois plus longues que 
le corps, l'abdomen est conique, le premier ar- 
ticle des tarses est beaucoup plus long que les 
autres et le second le plus court. 

D. race, D. pallida, Fab., Percheron, Mag. de 
Zool. de Guérin, 1832, pl. 36. Long de À lignes, 
ailes jaunâtres , avec quelques ondulations plus 
foncées. De l'Amérique méridionale. (A. P.) 

DERME. (z001.) Partie la plus profonde et la 
plus épaisse de la peau, formant une enveloppe 
générale à tout le corps, et variant d'épaisseur en 
raison des diverses régions qu’elle recouvre. Ainsi, 
chez l’homme le Derme est plus épais au crâne 
qu'à la face, il est surtout très-aminci aux lèvres 
et aux paupières ; au tronc, il présente générale- 
ment une épaisseur double à la partie postérieure 
que devant , et offre plus de finesse aux joues et à 
toutes les parties qui sont le siége de vives sensa- 
tions. Une membrane très-fine le recouvre en de- 
hors; cette membrane a recu par cela même le 
nom d'Érmerme (voy. ce mot). En dedans le derme 
s'applique soit immédiatement à des muscles, soit 
à un tissu lamineux plus on moins lâche et qui 
Panit plus ou moins intimement aux parties sous- 
jacentes ; dans quelques endroits il correspond à 
une couche musculeuse qui le ride et l'épanouit ; 
c’est ce qu'on voit plus généralement chez les ani- 
maux que chez l'homme; chez eux cette couche 
musculeuse constitue le panniculecharnu, dont les 
muscles occipito-frontaux, faciaux , thoraco-facial, 
ne sont dans l’homme que des vestiges. Chez les 
quadrupèdes il existe un muscle étendu de l’hu- 


mérus à l’abdomen; c’est celui qui fait tressaillie 
la peau qui recouvre leurs flancs: ce pannicule 
charnu est surtout très-remarqualile chez le hé- 
risson, où par les mouvemens qu'il imprime au 
Derme il sert à relever et à abaisser les aiguil- 
lons dont est armée la peau de cet animal. Le 
Derme s’applique encore sur des vaisseaux arté- 
riels, veineux , lymphatiques, sur des nerfs qui 
rampent au dessous de lui avant de contribuer à 
sa formation. Il se termine à chacune des ouver- 
tures naturelles qui conduisent dans les organes 
de la digestion, de la respiration, de la sécrétion 
urinaire , de l’odorat, de l’ouie, de la vue, et se 
confond à leur naissance avec les membranes 
muqueuses qui tapissent ces organes. Il recouvre 
enfin immédiatement les petits organes qui pro- 
duisent les Pors (voy. ce mot); il est percé de 
trous pour le passage de ces poils. Sans nous ar- 
rêter à l'opinion des anciens sur l’organisation du 
Derme, nous indiquerons de suite le résultat des 
recherches tentées par les modernes. Malpighi fut 
le premier qui, à cet égard, émit des idées di- 
gnes d’être recueillies. Il considéra le Derme 
comme composé de trois couches qu’il nomma le 
corion , le corps papillaire et le corps réticulaire ou 
muqueuz. Le corionest la couche la plus profonde, 
Ja plus interne, la plus résistante ; il est formé de 
fibres denses, entrecroisées à la manière d’une 
étoffe feutrée , percé comme un crible pour le pas- 
sage des poils et des rameaux vasculaires et ner- 
veux qui doivent constituer les couches les plus 
externes ; il est étranger aux fonctions d’exhala- 
tion , d'absorption et de sensibilité des autres par- 
ties du Derme , et semble n’être que le soutien de 
ces parties. Le corps papillaire est la deuxième 
couche extérieure au corion. Malpighi la considé- 
rait comme produite par les extrémités des ra- 
meaux nerveux qui venaient se subdiviser à l’in- 
fini à la surface du corion et former de petits 
pinceaux ou papilles nerveuses auxquelles la peau 
devait la facuité d'apprécier par le tact les divers 
corps ; le nombre variable de ces papilles dans les 
diverses régions explique la différence de sensibi- 
hité. Le-corps réticulaire, la couche la plus super- 
ficielle du Derme et superposée aux deux autres, 
est regardée par Malpighi comme un enduit mou, 
produit par une sécrétion de la peau, dépourvu 
de nerfs et de vaisseaux et destiné à protéger le 
corps papillaire et à le maintenir toujours dans un 
état de souplesse. On avait d’abord pensé qu'il 
était percé de trous pour le passage des papilles ; 
mais on reconnut bientôt que c’est une lame con- 
tinue qui se moule sur elles. C’est dans le corps 
muqueux qu’on placait le siége de la couleur de 
la peau de l’homme et des animaux. Cette théo- 
rie relative au corps réticulaire, qui fut adoptée par 
M. Cuvier, a été combattue par Bichat, qui veut 
que cette troisième couche du Derme soit enlacée 
de vaisseaux formés par les ramifications et les 
anastomoses infinies de ceux qui ont traversé lé 
corion et qui viennent ainsi constituer à la surface 
un système capillaire intermédiaire au corion et 
à l’épiderme; que ce système capillaire est à la 


DERM 


511 


DERM 


fois le siége des exhalations et des absorptions et 
l'organe sécréteur du fluide colorant de la peau ; 
qu'il est très-rapidement pénétrable, et que c’est 
à cela que la peau doit de rougir rapidement dans 
les émotions vives, dans les mouvemens rapides , 
dans les fièvres éruptives, et de s’injecter avec fa- 
cilité dans les asphyxies, etc. Ainsi, au lieu d’être 
une simple couche protectrice et inorganique, ce 
tissu serait au contraire, suivant Bichat, chargé 
des fonctions les plus importantes dela peau. Dans 
un mémoire qui eut ungrand crédit , M. Gauthier 
prétendit que le corps muqueuxétait composé de 
quatre couches : 1° une couche formée par l’en- 
semble de petitsbourgeons composés deramuscules 
veineux et artériels ; 2° une membrane dite al- 
buginée formée de vaisseaux blancs qui provien- 
nent des bourgeons sous-jacens; 3° au dessus d’elle 
une troisième couche formée de petits corps en 
nombre égal à celui des bourgeons, composée éga- 
lement de ramuscules artériels et veineux impré- 
gnés d’une substance colorante et faciles surtout à 
distinguer dans la peau du nègre ; 4° enfin au dessus 
de ces petits corps une autre membrane albuginée 
superficielle analogue à celle qui recouvre les pre- 
miers bourgeons. M. Chaussier rejette ces théo- 
ries , et regarde le Derme comme un tissu particu- 
lier, étendu en membrane, composé 1° de fibres la- 
mineuses, denses, résistantes, qui s'appliquent les 
unes aux autres, s’entrecroisent à l'infini et laissent 
entre elles des aréoles, des vacuoles , que remplit 
un fluide albumineux et à travers lesquelles passent 
les poils; 2° de ramuscules artériels, veineux, 
lymphatiques , nerveux, réunis en petits mame- 
lons mommés papilles, et qui sont les organes de 
lexhalation , de l'absorption et de la sensibilité de 
la peau; 5° enfin de follicules répandus dans les 
aréoles de son tissu et destinés à sécréler une hu- 
meur huileuse qui entretient la souplesse des té- 
gumens. 

Riolan, Winslow, Barrère ont à tort prétendu 
que la couleur différente de la peau consistait 
dans l’épiderme. On sait aujourd'hui que c’est 
dans le Derme que cette différence existe, comme 
on sait aussi qu'il faut en rechercher la cause dans 
des circonstances organiques indépendantes de 
toutes influences étrangères. Cette cause adoptée, 
il reste à chercher le siége de cette matière colo- 
rante; Malpighi et presque tous les anatomistes 
l'ont placé dans le corps muqueux. M. Chaussier 
et M. Cuvier disent que lelacis vasculaire de la 
peau sécrète un suc diversement coloré que l’exha- 
lation et l'absorption renouvellent, M. Cuvier fait 
dépendre de cette cause la couleur de Ja peau des 
quadrupèdes, des reptiles, des poissons, des in- 
sectes et même des coquilles. M. Gauthier regarde 
la substance colorante comme fournie par les bul- 
bes des poils et versée dans les première et troi- 
sième couches qu’il indique dans le corps muqueux. 
(V'oy. PEau.) (P. G.) 

DERMESTE, Dermestes, (ins.) Genre de Co- 
léoptères de la section des Pentamères, famille 
des Clavicornes, tribu des Dermestins, établi par 
Linné, différant des genres de la même tribu par 


ses antennes de onze arlicles, dont les trois der- 
piers , presque égaux ; forment une massue perlo- 
liée; le sternum avance peu sur le menton et les 
antennes ne sont point recues dans des fossetles 
spéciales du dessous du thorax; la tête est globu- 
leuse, enfoncée jusqu'aux yeux dans le corselet 
qui est profondément échancré pour la recevoir ; 
le corselet est un peu lobé vis-à-vis l’écusson, 
celui-ci est arrondi. 

D. pu caro, D. lardarius, Fab. Long de 3 li- 
gnes, noir, avec une large bande coris-jaunâtre, 
traversant les deux élytres à leur base dentelée 
au bas , et portant deux ou trois petits points noirs. 
Nous avons représenté celte espèce dans notre 
Atlas, pl. 136, fig. 21. 

D. renanD, D. vulpinus, Fab. Long de 3 à 4 
lignes, noir mélangé de gris ; tête, corselet d’un 
noir roux avec beaucoup de points noirs ; l’abdo- 
men et la partie postérieure de la poitrine en des- 
sous sont blanchâtres ; celte espèce varie beaucoup. 
L’individu que je viens de décrire vient du midi 
de la France , et par sa taille et ses couleurs tran- 
chées forme peut-être une autre espèce, 

D. pes capavres, D. cadaverinus. Long de 3 
lignes; noir, avec des poils gris-jaunâtres nom- 
breux; parties inférieures du corps blanchâtres. 

Ces espèces sont communes partout; la der- 
nière particulièrement se trouve dans toutes les 
parties du monde, (A. P.) 

DERMESTINS, Dermestini. (ins.) Tribu de 
Coléoptères de la famille des Clavicornes , section 
des Pentamères , offrant pour caractères : pro- 
sternum dilaté en manière de mentonnière, tibias 
contractiles sur les fémurs, laissant le tarse libre ; 
mandibules courtes et dentées; antennes au moins 
de dix articles, plus courtes que la tête et le cor- 
selet; ces insectes ont tous la tête inclinée et le 
corps arrondi aux deux extrémités et demi-cylin- 
drique ; destinées par la nature à hâter la dispari- 
tion de dessus la terre, conjointement avec d’au- 
tres insectes, des cadavres qui reslent à sa sur- 
face , les larves de ces insectes ont recu des mä- 
choires capables de ronger les substances les plus 
coriaces qui ont échappé aux larves des diptè- 
res et autres qui n’attaquent que les parties ten- 
dres ; la peau , les plumes, les parties tendineu- 
ses, la corne , rien ne peut leur résister, aussi 
font-ils des squelettes parfaitement disséqués ; mais 
ce goût, ce besoin, ce but enfin pour lequel ils 
ontété créés font qu'ils deviennent souvent un fléau 
pour l’homme , en attaquant les substances de 
même nature qu'il conserve pour son goût ou pour 
son usage ; les collections d'animaux ou d’oiseaux 
empaillés en sont quelquefois infectées ; celles d’in- 
sectes ne sont pas plus épargnées que les autres ; 
les plumes, les pains à cacheter, la reliure des 
livres , tout leur est bon; j'ai vu dans le midi , où 
ces animaux se développent avec une effrayante 
rapidité , des boîtes d'insectes contenant quelque- 
fois un millier d'individus réduits en poussière 
en huit ou dix jours d'absence ; comme ces larves 
ne travaillent jamais à découvert , on ne s’aper- 
çoit souvent'de leur dégât que lorsqu'il est con- 


oO 


DÉSE 


512 


DESM 


sommé ; elles attaquent aussi dans les offices les 
provisions de bouche que Ton conserve à l’état 
sec , entre autres le lard jasque dans les chemi- 
nées où on le conserve à la fumée: on a conseillé 
beaucoup de moyens pour se préserver de ces dé- 
gâts; mais aucun ne paraît mériter une grande con- 
flance, celui qui jasqu’à présent a le mieux réussi 
pour les objets de collection empaillés est le savon 
arsénical de Becœuer, mais l’emploi comme on le 
voit en est limité ; le vrai moyen , c’est beaucoup 
de soin et d'attention et de faire prendre le jour 
souvent aux objets que l’on suppose atteints. On 
a depuis peu de temps employé cependant un 
moyen dont on vante l'efficacité et qui est très- 
rationnel; c’est de soumettre les pièces. que l’on 
soupconne attaquées à une chaleur de 80 à 160 
degrés, au moyen d’un appareil au bain-marie qui 
fait périr effectivement les larves et insectes par- 
faits, mais qui, peut-être , n’atteint pasles œufs ; 
ce moyen a un autre avantage, c'est de n’attaquer 
aucunement les couleurs des individus qui y sont 
soumis. Ces larves ont une tête écailleuse armée 
de mandibules très-tranchantes; elles sont plus 
larges à la partie postérieure du corps, ct ont l’ex- 
trémité de eur abdomen muni d’une touffe de 
poils qu’elles redressent à volonté ; leurs pattes, 
au nombre de six, sont terminées par un seul on- 
glet. Les insectes parfaits marchent assez lente- 
ment, et, lorsqu'on les touche, contractent leurs 
antennes ct leurs pattes; renfoncent leur tête 
dans leur corselet, el font les morts jusqu’à ce qu’ils 
regardent le danger comme passé. (A. P.) 

DERRIS, Derris. (2or. Pnan. ) Loureiro (F1. 
Cochinch. 11, p. 525). Genre qui se rapporte à 
la famille des Légumineuses de Jussieu et à la 
Diadelphie décandrie de Linné; caractères : ca- 
lice tubuleux, crénelé sur les bords et coloré; 
corolle papilionacée à 4 pétales presque égaux; 
étamines au nombre de dix, à filets monadel- 
phes en dépit de la classification; style de la 
iongueur des étamines, portant nn stigmate sim- 
ple; légume oblong, oblus, très-comprimé , 
membraneux, lisse, à une seule graine longue et 
aplatie. 

Lourciro a fait connaître deux espèces de ce. 
genre : la première, sous lenom de Dennis PENNÉE, 
D. pinnata; et la 2°, sous celui de D. rrrouife, 
D. trifoliata. La première est un arbuste des forêts 
de la Cochinchine, à tige rampante , longue , très- 
rameuse ; à feuilles alternes, pinnées, dont les 
folioles sont petites, rhomboïdales , glabres , très- 
entières et très-nombreuses ; à fleurs blanches, 
portées sur des pédoncules axillaires. Les Cochin- 
chinois font usage de sa racine, qui est très-char- 
nue, pour remplacer le cachou; ils la mâchent 
avec les feuilles du poivrier bétel, pour parfumer 
lcur haleine ct rendre leurs lèvres plus vermeilles. 

L'autre espèce a les feuilles ternées , les fleurs 
en grappes, longues et axillaires. Elle croît en 
Chine, dans'les foréts de la province de Canton. 

| (G. à.) 

DÉSERT. (céocr. Paysio.) On donne ce nom à 

de vastes espaces inhabités et inhabitables, qui se 


font remarquer dans l’ancien et le nouveau conti- 
nent. Ordinairement ce sont de grands plateaux ; 
mais toujours ce sont des plaines : de là vient que 
dans l'Amérique les Déserts portent le nom de 
Llanos (plaines). 

Ces espaces ne sont restés inhabités, du moins 
dans leur plus grande étendue, que parce que lx 
végétation ne peut y établir son empire , et qu'ils 
ne se couvrent ça el là que de plantes herbactes 
qui généralement ne résistent point aux chaleurs 
de l'été, ou de plantes qui contiennent une grande 
quantité de soude , d’où leur est venu le nom gé- 
nérique de Salsola, ou enfin que de buissons épi- 
neux : c’est un des caractères que présentent les 
steppes de l’Asie. Cependant le caractère le plus 
général qu'offrent les Déserts de l’ancien continent, 
c'est de s'étendre sur un sol sablonneux ou pier- 
reux, argileux dans certaines parties, mais tou- 
jours plus ou moins imprégné de carbonate de 
soude ou de chlorure de soude , ou sel marin, et 
quelquefois même d’autres substances salines. C’est 
dans les parties basses et argileuses que les eaux 
pluviales se rassemblant, forment des ruisseaux 
qui vont se perdre dans les sables et dont les bords 
s’ombragent de grands végétaux. Ges amas de ver- 
dure ont reçu depuis long-temps le nom d'Oasis: 
ce sont les seules parties habitables des Déserts de 
l'Asie et de l'Afrique. (Voyez Oasis.) Les deux plus 
vastes Déserts de l’ancien continent sont celui de 
Kobi en Asie, et celui de Sahara en Afrique. 
Nous renvoyons à leur description pour pouvoir 
donner une idée exacte de ces immenses solitudes 
et des phénomènes physiques qui les distinguent. 

(J. H.) 

DESMAN, Mygale. (mau.) Ce genre, établi 
par Cuvier dans la famille des Carnassiers insecti- 
vores, pour y placer un petit animal vulgairement 
connu sous le nom de Rat musque de Sibérie, 
comprend aujourd’hui deux espèces distinctes, 
dont une est propre à notre pays. Les caractères 
que présentent les Desmans sont assez remarqua- 
bles , et tendent à les faire rapprocher des mnsa- 
raignes; le corps rappelle, pour la forme générale, 
celui de ces dernières et celui des rats; mais la 
tête est conique et terminée par un museau avancé 
en forme de petite trompe aplatie, mobile, et dont 
l'extrémité présente l'ouverture des narines; 
celles-ci sont arrondies; la queue est longue et 
compriméc dans une grande partie de son éten- 
due, de manière à servir de rame comme celle 
des Tritons ou Salamandres aquatiques ; les pattes, 
de médiocre longueur, ont cinq doigts entière 
ment palmés en arrière, et qui le sont seulement 
en partie antérieurement ; la gueule est assez fen- 
due ; les conques auditives sont nulles et les yeux 
très-petils. 

Le système dentaire, que l’on n’a long-temps 
connu qu'imparfaitement , l’est aujourd’hui d’une 
manière tout-à-fait complète, au moins pour 
l'espèce de France. M. Geoffroy l’a bien décrit, et 
l’auteur de l’Iconographie du règne animal la 
représenté très-exactement. Le nombre total 
des dents est de 44, savoir: à la mâchoire su- 


périeure 


DESM 


913 


DESM 


A 


périeure deux grandes dents antérieures, appelées 
canines par M. Geoffroy ct incisives par M. Desma- 
rest; de plus, dix mâchelières, dont sept petites 
ou fausses molaires et trois plus grosses , Lrès-dis- 
tinctement épincuses, qui sont les vraies molaires. 
A la mâchoire inférieure la disposition est la même, 
si ce n’est qu’on voit entre les grandes dents anté- 
rieures , deux très-petites incisives, ce qui semble- 
rait indiquer que celles-ci sont de vraies canines; 
il y a de chaque côté une fausse molaire de moins. 
Les Mygales sont aquatiques, ils représentent 
dans leur famille les Nageurs de l’ordre des Glires. 
Leur pelage est court, mais lustré et feutré à la 
manière de celui des castors ; ils vivent dans des 
galeries souterraines qu'ils se creusent sur le bord 
des eaux et qui n’ont d’issue qu'au dessous du ni- 
veau de celles-ci; on assure qu'ils n’hivernent 
pas et qu'ils restent pendant toute la saison ri- 
goureuse cachés dans leur retraite. Ils manquent 
des glandes sécrétoires que les musaraignes ont sur 
les côtés du corps; mais cependant ils répandent 
une odeur très-forte de musc, laquelle est due à 
des cryptes particulières situées sur les côtés de la 
queue. Dans les Desmans de Russie cette propriété 
est assez développée pour qu'on place dans le 
linge les queues de ces animaux pour le parfu- 
mer ou en éloigner les teignes. 
- Onn’aencore trouvé de Desmans qu’en Europe ; 
lesespèces, sont ainsi que nous l'avons dit, au nom- 
bre de deux : la première et la plus ancienne- 
ment connue est le Drswan ne Moscovie , Mygale 
moscovita, Guv., qui est long de quinze pouces, 
sur lesquels la queue, qui est écailleuse , presque 
nue et étranglée à sa base, en mesure sept; le pe- 
lage varie du brun clair au brun foncé; en dessous, 
il est blanchâtre. Cct animal vit dans une grande 
parie de la Russie méridionale. I1 se pratique au 
bord des élangs et des rivières des galeries de 
trente à quarante pieds, nage avec une grande 
facilité et ne se montre que rarement à terre; sa 
nourrilure consiste en larves et insectes aquatiques; 
l’odeur qu’il répand est des plus fortes et empêche 
que sa peau, qui est assez belle, puisse servir 
comme fourrure. Le plus souvent le Desman vit 
seul, ou seulement en compagnie de sa femelle. 
La seconde espèce est le Drsman pes Pyrénées, 
Myg. pyrenaica, que M. Geoffroy a décrit dans le 
tome xvir des Ann. du Mus. Il a de longueur 
huit pouces et demi , dont quatre et demi pour la 
queue ; celle-ci n’est pas étranglée à son origine ; 
mais seulement vers son extrémité , elle est garnie 
de quelques poils; le pelage est brun en dessus et 
d’un gris argentin en dessous, de fortes mousta- 
ches se montrent sur les côtés de la tête. M. Des- 
rouais est le premier naturaliste qui ait eu con- 
naissance de cet animal; l'individu qu'il a*observé 
a été pris aux environs de Tarbes (Hautes-Pyré- 
nées) , et envoyé immédiatement au Muséum de 
Paris. Depuis, le Desman a été signalé à Bagnères 
de Bigore et à Bagnères de Luchon; quoique ce 
soit un animal rare , il est plus que probable qu’on 
le retrouvera sur une étendue plus considérable, 
_Gelte espèce intéressante est représentée dans 


Tome II 


l’Iconographie du Règne animal et dans notre 
Atlas, pl. 136, fig. 22. (Gurv.) 

DESMANTHE, Desmanthus. (por. max.) Genre 
de la famille des Légumineuses, section des Mimo- 
sces, établie par Willdenow aux dépens du genre 
Aimosa, et de la Diadelphie décandrie de Linné. 
Voici ses caractères : calice en forme de cloche 
à cinq dents; corolle pentapétale et hypogyne ; 
étamimes au nombre de dix, excepté dans une es- 
pèce (2, diffusus), où il n'y cn à que cinq, à filets 
Lbres et capillaires et à anthères biloculaires; 
ovaire libre terminé par un style et un sligmate 
simple; gousse non articulée , sèche, à une seule 
loge s’ouvrant en deux valves, et contenant un 
nombre variable de graines. 

On compte une douzaine d’espèces de Desman- 
thes : ce sont des plantes herbacées, plus rarement 
des arbustes, sans épines , rameux, élalés, quel- 
quefois dressés, ou nageant à la surface des eaux, 
à feuilles alternes , doublement pinnées, compo- 
sées de folioles très-petites et sensibles, ayant deux 
stipules adhérentes à la base du pétiole ; à fleurs 
en épis axillaires , pédonculés, ovoïdes, ou glo- 
buleux, généralement fort petites et blanches. On 
les trouve dans l'Amérique méridionale et quelques 
unes dans l’Inde. 

Nous nous contenterons de mentionner les qua- 
tre suivantes : 

Deswanree grisé, D. virgatus, Wild. (Sp. 4, 
p. 1047). Mimosa virgata, L, Originaire de l’inde, 
cultivé, fleurs blanches en petiles Lêtes. 

Deswantue NAGEANT, D). natans, Wild. (Sp. 4, 
p. 1044), Mimosa natans, Vabl. Symb. Roxb. 
(Gor. 2, t. 119). À tiges flexueuses , étalées à la 
surface de l’eau; à fleurs en épis, à gousses ren- 
fermant 6 à 8 graines. Il est originaire des Grandes 
Indes comme le préctdent. 

DEsMANTHE Poncrué, D. punctalus, Wilid. 
(Sp. 4, p. 1047), Mimosa punctata, L. Joli pelit 
arbuste , à tiges ligneuses et parsemées de points. 
calleux ; à feuilles bipinnées, ayant quatre paires 
de pinnules, dont les folioles sont petites et fort 
nombreuses ; à épis ovoïdes, allongés , longuement 
pédonculés. Il est originaire de la Jamaïque. 

DeswantTue péprimé, D. depressus, Willd. 
Kunth. Cette espèce a été découverte en 1800 
par Hamboldt et Bonpland sur le littoral de l’o- 
céan Pacifique, dans le Pérou. Ses tiges sont li- 
gneuses , diffuses , étalées, glabres et sans épines; 
ses feuilles, bipinnées, à pinnules bijuguées, dont 
les folioles sont opposées au nombre de treize à 
quatorze paires, linéaires , aiguës, ciliées ; ses épis 
sont pauciflores , ses gousses allongées et linéaires, 

(G. £.) 

DESMARESTIE, Desmarestia. (B0T. crypr. ) 
ydrophytes. Genre dédié à Desmarest et dont les 
caractères sont : rameaux el feuilles planes, se rétré 
cissant en pétioles, ayant leurs bords garnis de 
petites épines; fructification inconnue; épines, vues 
au microscope, cloisonnées et paraissant contenir 
de petites séminules. 

Les Desmareslies croissent sous la zone tempérée 
boréale ; une seule, le Desmarestia herbacea , ha- 


145° LivrAIsON, 65 


om 


DETO 


514 


DEUT 


0 


bite le cap de Bonne-Espérance et plusieurs par- 
ties de l'hémisphère austral, Toutes sont annuelles 
et se trouvent sur les rochers qui ne découvrent 
jamais. 

Les espèces connues sont : 1° le Desmarestia 
Dresnayi, du nom de Du Dresnay, botaniste distin- 
gué; 2° le Desmarestin herbacea; 3° le D. ligulata; 
4° le D, viridis ; 5° le D. aculeata; 6° le D. pseudo- 
aculeata. (F. F.) 

DESSICGATION DES PLANTES. (8or.) Tout 
échantillon destiné à faire partie d’un herbier veut 
être séché aussi promptement que possible ; quoi- 
que lopération soit simple, elle est plus impor- 
tante qu'on ne le croit d'ordinaire, et elle de- 
mande à être suivie avec attention. Un bon herbier 
est celui qui présente à l'étude des moyens de vé- 
rifications faciles et d'observations exactes ; on ne 
saurait donc trop recommander un choix sévère, 
une compression douce et cependant suflisante 
pour atteindre le but, répondre aux investigations, 
en laissant intactes toutes les parties essentielles 
de la plante et surtout celles de la fleur, Pressez 
sans efforts et changez plusieurs fois votre échan- 
tillon de papier. Deux ou trois heures après la pre- 
mière mise en presse, revoyez la plante, donnez- 
lui un peu d’air en la tenant libre dans un lieu sec, 
d’une température douce; ressuyée de la sorte, 
placez-la sur une autre feuille de papier non collé 
et pressez de nouveau. Rarement une plante exige 
plus, à moins qu’elle ne soit succulente; dans ce 
cas il convient de la mettre à sécher dans un four 
une heure après la sortie du pain ; on lui donne, à 
cet cffet, deux ou trois feuilles de papier pour 
sommier, et on les assujettit au moyen de cartons 
sur lesquels reposent des poids; puis on range 
tous ses échantillons entre des feuilles de papier 


collé qu’on a eu le soin de passer dans une disso- | 


lution d’alun. A l’article Hermixr, je dirai plus 
amplement ce qu’il faut faire pour s’en créer un 
utile, agréable et d’une longue conservation. Je 
conseille aussi de lire à ce sujet la huitième lettre 
de J.-J. Rousseau sur la botanique. Sa méthode 
de Dessiccation était très-bonne, puisque ses her- 
biers sont encore parfaitement beaux et qu’ils ne 
laissent rien à désirer au botaniste.  (T. D». B.) 
DESTRUCTEUR DES CHENILLES. (1s.) Les 
anciens auteurs, et notamment Goedard, ont dé- 
signé ainsi la larve du Calosome sycophante, qui 
se nourrit des Chenilles du Bombyx procession- 
naire. Ÿ, CaLosoms. (Guër. 
DESTRUCTEUR DES CROGODILES. (man. ) 
On à donné faussement ce nom à la Mangouste, 
parce qu’on croyait qu’elle mangeait des Croco- 
diles. Gct animal ne mange que leurs œufs. . 
Mancousre. (Guër.) 
DESTRUCTEUR DU PIN. (1ws. ) On donne ce 
nom au Tomique du Pin, parce qu'il perce cet 
arbre dans tous les sens. Voy. Tomique. 
( Guér. ) 
DÉTONATION. (cum. pvs. ) Inflammation 
violente et subite, accompagnée de bruit, comme 
celle de la poudre à canon, mélange inventé au 
quatorzième siècle, par Roger Bacon ou par le 


moine Barthold Schwartz. La Détonation a lieu 
toutes les fois qu’il se produit dans un temps très- 
court une grande quantité de gaz ou vapeurs qui 
se répandent dans l'air et en repoussent vivement 
les molécules. (F>E:) 
DETRITUS. (céoz.) On nomme ainsi les débris 
divers de la destruction des roches et de la végé- 
tation répandus sur la surface de la terre. Quelques 
géologues désignent leur produit sous le nom de 
Terrain détritique; ils le divisent en terre végétale, 
dont le terreau forme une partie essentielle; en 
terre aride ou impropre à la végétation; en éboulis 
ou fragmens disposés en talus; les moraines des 
glaciers sont le résultat des éboulis qui se forment 
à leur surface. Les dépôts tourbeux, résultat de la 
destruction d’une végétation actuelle et sur place, 
devraient encore être considérés comme des dé- 
pôts détritiques. Les terrains détritiques contien- 
nent beaucoup de corps organisés, dont la majeure 
partie appartient aux espèces qui vivent encore sur 
les lieux, et en outre beaucoup de débris de l’in- 
dustrie humaine, (B.) 
DETROIT. (céocr. pus.) On désigne sous ce 
nom les ouvertures peu larges par lesquelles les 
golfes ou les mers intérieures communiquent avec 
l'Océan. Parmi les Détroits les plus remarquables, 
on doit citer : le Détroit de Gibraltar entre l'Eu- 
rope et l’Afrique, le Détroit de Bering entre l’A- 
mérique et l'Asie, le Détroit de Bab-el-mandeb 
qui joint la mer Rouge à l’océan Indien. Le géo- 
graphe qui n’est point éclairé des lumières de la 
géologie est toujours tenté de voir dans ces ou- 
vertures le résultat de l’action prolongée de la 
mer; ainsi, combien de fois n’a-t-on pas écrit 
que le Détroit de Gibraltar s’était formé où par 
les efforts de l'Océan qui s'était ouvert un passage 
dans l’intérieur , ou par les eaux élevées de la Mé- 
diterranée qui avaient rompu leurs barrières; le 
seul fait reconnu aujourd'hui de la profondeur du 
Détroit , qui atteint plus de trois cents brasses, ré- 
pond à toutes ces hypothèses : les Détroits ne sont 
que des fractures au dessous du niveau de la mer, 
comme il s’en trouve sur toute la surface de la 
terre au dessus du même niveau. Ainsi, pour n’en 
citer qu'un exemple, la grande dépression entre 
les Pyrénées et les montagnes du centre de la 
France présente, près de Carcassonne, un véri- 
table Détroit terrestre. (B.) 
DEUIL, DEMI-DEUIL. (1xs. ) On donne ces 
noms à plusieurs espèces de Lépidoptères, parti- 
culièrement à ceux du genre Saryre. Ÿ. ce mot. 
( Guér. } 
DEUTOCHLORURE DE MERCURE. ( cm. } 
Le Deutochlorure de mercure, Sublimé, Sublimé 
corrosif, Muriate suroxygéné de mercure des an- 
ciens, est un produit solide, cristallin, qui se 
présente en masses plus ou moins volumineuses , 
pesantes, circulaires, concaves d’un côté, con- 
vexes de l’autre, affectant enfin la forme des vases 
dans lesquels le sel a été préparé. Ges masses sont 
parfaitement blanches, inaltérables à l'air, et 
demi-transparentes sur les bords ; elles présentent 
dans leur circonférence, et principalement du 


SEE 


DEUT 


515 


DIAB 


ne 


côté convexe, des cristaux aiguillés prismatiques 
ou de simples prismes quadrilatères. Leur odeur 
est nulle, et leur saveur âcre, caustique, métalli- 
que et extrêmement désagréable. 

Soumis à l’action de la chaleur , le sublimé cor- 
rosif fond, entre en ébullition, puis se volatilise ; 
il est soluble dans seize parties d’eau froide , trois 
d’eau bouillante, deux et un tiers d’alcool froid, 
une et un sixième d'alcool bouillant , et dans un 
tiers de son poids d’éther sulfurique ou hydratique. 
Il est également soluble, sans se décomposer, dans 
les acides sulfurique , nitrique et hydrochlorique; 
il est précipité en jaune par la potasse et la chaux, 
en blanc par l’ammoniaque et le nitrate d’argent, 
en noir par iles hydrosulfates, etc. Enfin beau- 
coup de corps, tels que la gomme, l’amidon, le 
lait, la matière extractive, etc., le décomposent 
et le ramènent à Fétat de Calomélas ou Proto- 
chlorure. 

On obtient le Deutochlorure de mercure par 
plusieurs procédés. Le plus sûr et le moins dispen- 
dieux est de mêler dans un mortier de porcelaine, 
ou de verre, parties égales de deutosulfate de mer- 
cure sec et non lavé et de sel marin décrépité, 
d'introduire le mélange dans une grande fiole ou 
dans un matras à col long et large, et de l’expo- 
ser sur un bain de sable à une chaleur graduel- 
lement croissante. Au bout de quelque temps on 
a le sel avec la forme et les caractères que nous 
venons d'indiquer. 

Le Deutochlorure de mercure est le spécifique 
par excellence des affections syphilitiques, surtout 
de celles qui sont rebelles et anciennes, et que l’on 
a nommées constitutionnelles. Son administration 
demande beaucoup de soin et de prudence de la 
part des médecins, car son action vénéneuse est 
très-énergiqne , el au moins égale à celle de l’ar- 
senic. On le donne en frictions, en bains, en pi- 
lules , en solution , dans de l’eau, du sirop, ebc., 
seul ou associé avec l'extrait d’opium et d’autres 
substances. 

Appelé pour constater la présence du Deuto- 
chlorure de mercure ou de tout autre sel mercu- 
riel dans un liquide ou un mélange quelconque, 
le médecin et le pharmacien doivent avoir présens 
dans leur esprit tous les caractères physiques et 
chimiques de ces différens composés. 

Un des réactifs les plus sensibles pour décou- 
vrir les traces les plus légères de Deutochlorure de 
mercure dans une liqueur suspecte est, sans con- 
tredit , la petite pile électrique formée d’or et 
d'étain. On sait que la lame d’or blanchit quand 
elle est en contact avec le mercure, et que, celui- 
ci venant à être chassé par la chaleur, la couleur 
jaune .du premier métal reparaît. Mais ce moyen 
ne peut suflire pour aflirmer la présence du poi- 
son mercuriel. [Il faut, dit le professeur Orfila , 
retirer du mercure métallique en chauffant forte- 
ment la lame d’or, lame d’or qni a dû être traitée 
préalablement par l’acide hydrochlorique pur et 
concentré, puis lavée ; car sans cette seconde ex- 
périence, tout-à-fait concluante, on peut com- 
mettre les erreurs les plus graves. En eflet, le 


même chimiste a observé que le pelit appareil que 
nous venons d'indiquer se comportait à peu près 
de même dans des liqueurs non mercurielles lé- 
gèrement acides , ou contenant seulement une 
petite quantité de sel commun. 

Parmi les antidotes du sublimé et des sels mer- 
curiels, l'acide hydrochlorique, le lait, le blanc 
d'œuf, et surtout le blanc d'œuf, signalé d’abord 
par M. Orfila, sont ceux que l’on emploie avec le 
plus de succès. On donne le blanc d'œuf délayé 
dans de l’eau : trois ou quatre blancs d'œuf suf- 
fisent pour une pinte de liquide. 

Les matières animales ayant la propriété de se 
combiner avec le Deutochlorure de mercure, de 
se contracter, de devenir plus fermes , plus blan- 
ches et non putréfiables , on s’est servi des solutés 
de ce sel pour conserver des pièces anatomiques 
et même des cadavres entiers. (F.F.) 

DEUTOXIDE. (cmm.) Deuxième degré d’oxi- 
dation. V’oy. OxrparTron. (ER) 

DEUTOXIDE D’ARSENIC. (cmm.) Foy. Ansg- 
NIC. (F.F.) 

DEVIN. (repr.) Nom de l'espèce la plus com- 
mune du genre Boa. F. ce mot. 

DEVIN et DEVINERESSE. (1ws.) On a donné 
quelquefois ces noms à des Orthoptères du genre 
Mante. Leurs formes bizarres ont souvent attiré 
l'attention, et leur ont encore valu du vulgaire 
les noms de Sorcières, Cheval du diable, etc. 
V. Manre. (Gu£n.) 

DIABASE. (aéor. et mix.) Nom donné à une 
roche plus connue sous celui de Dionre. Voyez 
ce mot. (J. H.) 

DIABASE , Diabasis. (rorss.) Desmarest a éta- 
bli sous ce nom, dans ses Décades ichthyologi- 
ques , un genre de l’ordre des Acanthoptérygiens, 
auquel Cuvier a donné le nom de Gorette, vulgai- 
rement Gueule-rouge aux Antilles. Ce dernier 
nom , ayant l’antériorité , a été conservé dans le 
catalogue ichthyologique du Règne animal. Foy. 
GorETTE. (Azrn. G.) 

DIABLE. (z001.) Beaucoup d’animaux de divers 
pays ont recu ce nom, à cause de la laideur de 
leurs formes et de leurs couleurs , ou de leur sin- 
gulière figure ; ce nom a été appliqué, avec quel- 
ques épithètes caractéristiques , à des espèces de 
toutes les classes : ainsi l’on appelle, parmi les 
mammifères : SHOT 

Diagze De Java ou DE TAVAYEN , le Pangolin. 

Drasce De vois , l’'Ouarine et le Coaita , espèces 
de singes, 

Parmi les oiseaux : 

PeTiTs DIABLES OU DIABLOTINS , une espèce du 
genre des Petrels, et non la Chevèche à terrier, 
comme on l'avait cru d’abord. 

Draëze ENRAUMÉ, un T'angara. 

Dragce DE MER , la grande F'oulque ou Macroule, 
Fulica aterrima, L. 

DiABLE DES PALÉTUVIERS OU DES SAVANES, l'A#ni. 

Parmi les reptiles : 

Dragre Des Bois, un petit lézard de Surinam 
qui paraît être l’Agame ombrée, et une espèce de 
Gecko. 


DIAC 


DIABLE DE JAVA , une grande espèce d’Iguane, 
mal décrite. 

Parmi les poissons : 

Dragze DE Mer, une Scorpène aux Antilles, et 
sur nos côtes, les grandes Raies, les Scorpènes, 
les Baudroies et le Gotte scorpion. 

Parmi les insectes : 

Drasce. À Saint-Domingue, c’est le Gharanson 
de Spengler qui porte ce nom, parce qu'il fait un 
grand tort aux plantations de cannes à sucre en 
détruisant leurs feuilles. 

Gran Dragze. Un insecle hémiptère du genre 


Lèdre,. 


Deuwr-Drasze et PETIT Drare, deux espèces 
du genre Meugrace. W, ce mot, (Gu£R.) 


DIACOPE , Diacope. (porss.) La mer des Indes 
nourrit des poissons qui possèdent quelques uns 
des caractères des Serrans, mais qui s’en éloignent, 
et qui se distinguent facilement de tous les pois. 
sons analogues, par une échancrure du bord du 
préopercule dans laquelle s'engage une'tubérosité 
saillante de l’interopercule. Les espèces décrites 
jusqu'à présent sont assez nombreuses ; plusieurs 
se font remarquer entre elles par leur beauté et 
leur bon goût. La Dracope sega, Diacope sebeæ, 
est de ce nombre; Ja forme générale de ce poisson 
est à peu près celle d’un Spare, peu allongée et 
assez haute, Son crâne, son museau et ses mâchoi- 
res sont sans écailles; mais il y en a sur la joue 
etsur les pièces operculaires; celles du corps sont 
assez grandes, On observe sur un fond pâle trois 
larges bandes obscures dont la première prend 
de la nuque et avance jusqu’au museau, en en- 
tourant l'œil : la seconde descend verticalement 
depuis le milieu de la dorsale jusqu'aux ventrales ; 
la troisième se dirige obliquement jusqu’à la base 
de la dorsale. Cette espèce est longue de douze 
pouces. M. Leschenault assure que l’espèce par- 
vient à la taille de trois pieds ; il ajoute qu’on la 
recherche comme aliment; mais elle est assez rare 
dans la rade de Pondichéry. 

La Dracopr À LIGNES FLEXUEUSES , Diacope rivu- 
lata, Guv. Ses formes sont à peu près celles de la 
première espèce, à l'exception de la dorsale, qui 
s'élève moins ; elle est violette, avec des points 
blancs obliques sur la tête, et sur les opercules 
des lignes irrégulièrement flexueuses qui forment 
des anneaux. Chacune des écailles du corps est 
marquée d’un point blanc. 

Elle atteint jusqu’à trois pieds et demi de lon- 
gueur. C’est un mets recherché à Pondichéry. 

Nommons encore la Dracorz macoror , Diacope 
macolor, Guv., qui doit son nom à la disposition 
de ses couleurs. Gelte espèce ressemble parfaile- 
ment aux précédentes, avec la seule différence que 
son museau et son front sont un peu plus concaves. 
Son dos est noir, avec cinq taches rondes et blan- 
ches de chaque côté; trois sont situées près de la 
dorsale, et deux un peu plus bas. Une large bande 
blanche s'étend en ligne droite depuis les ouïes 
jusqu'à la candale. Cette bande est séparée du 
blanc du ventre et de la poitrine par une bande 

' 


516 


ne 


DIAD 


noire qui commence derrière l’aisselle de la pec- 
torale et s’élend jusqu’au bord inférieur de Ja 
caudale. La tête a le bout du museau noir, entouré 
par une large ceinture blanche que suit encore 
une ceinture noire dans laquelle est l'œil. 
(Azpu. G.) 

DIADELPHE. (8or. puax.) On nomme ainsi Ja 
plante ou la fleur dont les étamines sont réunies 
par leurs filamens en deux ou plusieurs corps, ou 
faisceaux. Un de ces corps n’est quelquefois com- 
posé que d'un seul filament. Le plus grand nom- 
bre des plantes à fleurs papilionacées et à fruits 
légumineux ont leurs étamines Diadelphes, ou Dia- 
delphiques , ainsi que l’écrivent quelques bota- 
nistes. Mirbel a voulu changer la valeur du mot 
créé par Linné en ne l’attribuant qu'aux petits 
supports qui, comme dans la Fumeterre , Fuma- 
ria officinalis, et ses congénères , soutiennent cha- 
cun plusieurs anthères; d’autres ont critiqué le 
législateur en montrant que dans le Polygala il ÿ 
a véritablement deux faisceaux égaux entre eux, 
mais que dans les genres Phascolus, Pisum et autres 
de la famille des Légumineuses, neuf étamines 
conslituent ensemble un seul corps, tandis que 
la dixième étamine est libre ; ils veulent bien que 
le premier genre soit Diadelphe; mais il faut, 
selon eux, rendre les autres aux étamines mona- 
delphes. «Par ma foi, répondrait le comique , 
c'est avoir les nerfs par trop délicats. » Soyez 
moins sévères envers votre maître, souvenez-vous 
que monadelphe veut dire groupe unique de frè- 
res, et Diadelphe, double groupe de frères ; 
Linné n’a jamais dit que les groupes fussent par- 
faitement égaux, mais seulement qu'ils sont deux. 
Si l’on jugeait aussi rigoureusement les novateurs 
modernes , quel est celui d’entre eux qui soutien- 
drait long-temps les regards investigateurs ? Ils 
n’ont une certaine réputation que parce que la 
camaraderie envahit en ce moment les approches 
du temple, et que’ la voix de la saine critique est 
étouffée par les hurlemens d’une foule de saltim- 
banques. Le temps n'est pas éloigné où ces colos- 
ses d’argile rentreront dans la poussière. 

(T. ». B.) 

DIADELPHIE. (soT. Pan.) Dix-septième classe 
du système sexuel des plantes ; elle renferme tous 
les végetaux dont les organes mâles sont séparés 
en deux corps distincts, parfois absolument égaux 
en nombre , parfois la masse réunie en faisceaux , 
tandis qu’un seul de ces organes demeure libre. 
Cette classe est divisée en quatre ordres, la Dra- 
DELPHIE PENTANDRIE, comprenant le seul genre 
consacré à la mémoire de Lemonnier, qui fut mon 
ami, Monnieria; la DiabELPHIE HEXANDRIE, à la- 
quelle appartiennent toutes les Fumariacées; la 
DraDezPHiz OCTANDRIE, où viennent se ranger 
toutes les espèces de Polygales, Polygala; et la 
Dranerpuig DÉcanNDRIE qui embrasse toutes les 
Légumineuses à fleurs papilionacées. Le mot Dia- 
delphie est composé de deux racines grecques, 
dis, deux , et adelphos, frères, et exprime régu- 
lièrement la présence de deux corps réunis ayant 
la même origine. (T. ».B.) , 


DIAL 


917 


DIAL 


DIAGRAMME, Diagramma. (porss.) Les espèces 
de poissons osseux qui constituent ce genre on 
été regardées par Bloch comme appartenant aux 
Lutjans, mais à Lort, comme Cuvier s’en est as- 
suré en étudiant les individus mêmes. Ce sont de 
wéritables Sciénoïdes qui manquent de fosselte sous 
da symphyse , mais qui ont deux petits pores anté- 
rieurs, et en outre deux pores plus gros sous 
‘chaque branche des mâchoires ; dureste, ils présen- 
tent Lous les caractères des Pristipomes, Ge genre 
peut, sans inconvéniens, être réuni à celui que 
Lacépède a établi sous le nom de Plectorhynque ; 
Cuvier en forme seulement une seconde division. 
En eflet, parmi ces Diagrammes, il en existe 
qui ont le corps couvert d’écailles plus grandes , 
caractère propre à celles qui s’observent dans 
l'Atlantique. Celles des Indes ont les écailles plus 
petites, le front plus convexe, le museau très- 
court, Parmi les espèces qui sont propres à l’Atlan- 
tique, on observe le DIAGRAMME A FRONT CONCAVE, 
Diagramma cavifrons, Cuv., Lutjanus luteus, 
Bloch, 247. Ce poisson, dont le nom indique la 
conformation et la disposition de la tête, montre 
l'absence d’écailles sur le devant du museau, sous 
le sous- crbitaire, même aux mâchoires; mais 
tout le reste de la tête en est couvert, Ce poisson 
parait argenté, avec des lignes de reflets le long 
de chaque rangée longitudinale d’écailles. Les 
mers des Indes nourrissent le DIAGRAMME PLECTO- 
RHYNQUE , Diagramma plectorhynchus, Cuv., Plec- 
torhynchus chætodonoïdes, Lacép., Chcætodon plec- 
torhynchus, Sh. Son corps est court. La disposition 
du blanc et du noir par grandes taches sur un fond 
noir, dans ce poisson, est assez remarquable. 

(Azpn. G.) 

DIALLAGE., (nn. ) La Diallage est une substance 
assez commune dans la composition des roches 
ignées d’une certaine période , que l’on pourrait 
appeler période magnésienne, parce que la ma- 
gnésie s’y montre abondamment. Les matières 
avec lesquelles la Diallage peut être confondue, à 
raison de son aspect, sont l’amphibole et quelque- 
fois le mica ; comme elles, la Diallage se montre 
disséminée en lamelles peu étendues au milieu 
des roches cristallines, el forme, en outre, des ro- 
ches distinctes, Ses couleurs varient du vert au 
brun, et sont brillantes sur les grandes faces ou 
lames rhomboïdales que l’on produit par un cli- 
vage facile; l’aspect de cette pierre est d’ailleurs 
terne et mat lorsqu'on la regarde dans les autres 
sens. Ses lames rhomboïdales se distinguent ainsi 
de celles de l’amphibole, qui présentent dans deux 
sens un clivage également net et brillant, 

La Diallage se laisse facilement rayer par l’acier 
et raie à peine le verre; elle fond au chalumeau 
en un verre blanchâtre, après avoir donné de 
l’eau par la calcination. 

Jusqu'à présent on n’a pureconnaître de carac- 
tères généraux de composilion dans les substances 
nommées Diallages, et ilest probable qu’elles 
renferment encore plusieurs espèces dont le seul 
caractère commun est de contenir, en fortes pro- 
portions, les silicates de peroxide de fer et de 


magnésie. La Diallage verte smaragdite de Saus- 
sure, qui contient beaucoup d’alumine , a été ré- 
cemmment séparée de ce groupe et a repris son 
rang d'espèce parmiles silicates. (Ÿ. SuanaGiTE.) 
M. Beudant prend pour Lype de composition de 
l'espèce , une Diallage qui se rencontre à la Spe- 
zia dans une roche d’albite (euphotide); elle se 
compose, sur 100 parlies, de 47 de silice, 24 de 
magnésie, 19 de chaux, 7 de protoxide de fer, 
4 d'alumine et 3 d’eau. 

La DIALLAGE CHATOYANTE, spath chatoyant, a 
l'aspect brillant et miroité de certains métaux, 
aspect qui paraît et disparait selon l’inclinaison 
sous laquelle on regarde l'échantillon; elle se 
trouve dans les roches serpentineuses, M. Beudant 
la considère comme une Diallage métalloïde , et 
montre qu'elle diffère peu dans sa composition de 
la substance dont nous avons donné l'analyse, 

La DracLAGE MÉTALLOÏDE, ou BRONZITE, a la 
texture très-feuilletée ; les feuillets durs, plans et 
d’un jaune de bronze plus ou moins doré. Son ana- 
lyse a donné des résultats diflérens des précédens ; 
elle contiendrait, d’après Klaproth , 6o parties de 
silice , 27,5 de magnésie, 10,9 de fer et 0,5 d’eau. 

La Diallage forme une partie constituante es- 
sentielle d’une belle roche cristalline nommée eu- 
photide. Remarquons cependant qu’une grande 
partie des euphotides renferment plutôt de la Sma- 
ragdite (Diallage verte) que dela véritable Diallage. 
On la trouve, en outre, dans toutes les roches 
ophiolitiques, et la serpentine en paraît quelquefois 
entièrement composée : c’est là sans doute ce qui 
avait fait penser à quelques minéralogistes qu’elle 
pourrait être une roche de Diallage non cristal- 
lisée, présomption qui n’est pas confirmée par 
l’analyse. 

Cette pierre offre, dit-on, quelques variétés dont 
les lapidaires italiens ont su tirer parti. La variété 
la plus jolie est d’un vert d'herbe, avec des reflets 
chatoyans gris de perle ; d’autres variétés donnent 
des reflets bronzés. On les taille en cabochons qui, 
malgré leurs agrémens , n’ont jamais un grand 

rix. È (B.) 

DIALLAGITE. (min.) (Beudant.) Carbonate 
de manganèse; chaux carbonalée manganésifere, 
Substance assez rare, d’une couleur ordinairement 
rose, quelquefois blanche ou jaunâtre, cristalli- 
sant dans le système rhomboédrique, comme la 
plupart des carbonates ; d’une dureté moyenne 
entre le calcaire et l’arragonite. La Diallagite 
donne au chalumeau une fritte d’une couleur verte 
bien prononcée; elle se dissout dans l'acide nitri- 
que avec peu d’effervescence. Les diverses analyses 
qui en ont été faites indiquent pour sa composi- 
tion un carbonate de protoxide de manganèse plus 
ou moins mélangé de carbonate de fer, de chaux, 
et de magnésie. 

La composition la plus simple est cefle que 
M. Berthier a reconnue dans la Diallagite de Nagy- 
Ag; sur 100 parties, acide carbonique 38,6, pro- 
toxide de manganèse 56,0, chaux 5,4. La chaux 
se présente constamment dans les diverses ana- 
lyses, et le rhodonite, silicate rouge de manga- 


? DIAM 


518 


DIAM 


LD 
RE oo 


nèse, que l'on croit confondu avec la Diallagite , 
y est très-souvent mélangé. 

Les variétés cristallisées sont ouen rhomboèdres 
ou en dodécaèdres, souvent aussi en lames entre- 
mélées de quartz. La variété compacte est toujours 
mélangée de silicate de manganèse. 

Cette substance n’a été jusqu’à présent trouvée 
que disséminée dans des filons et en petite quan- 
tité. (B.) 

DIAMANT. (anx.) Adamas des anciens, Almas 
des Orientaux. Bien des siècles avant Pline, le Dia- 
mant était déjà la plus précieuse de toutes les pro- 
ductions de la nature ; il en est encore ainsi aujour- 
d'hui, et rien n’annonce qu’il doive perdre un 
jour le haut prix que nous lui attachons. Ge n’est 
cependant pas sur l'utilité que sa valeur se fonde, 
mais sur tout ce que nous regardons comme le plus 
inconstant, sur la mode. Peut-être en étudiant ses 
propriétés, trouverons-nous les raisons qui ont fixé 
la mode, s’il est permis de dire que la mode eut 
jamais ses raisons. Le Diamant, le plus dur de tous 
les corps, en devient le plus brillant lorsqu'il est 
taillé et poli. On désigne sous le nom d'éclat ada- 
mantin, éclat excessif et tout particulier dont il 
jouit. Les zircons ou hyacinthes présentent seuls 
quelque chose d’analogue. Gependant depuis quel- 
ques années les fabricans de pierres fausses ont 
porté leur art à un point de perfection tel, que leurs 
strass produisent aux lumières une illusion à peu 
près complète. Le Diamant brut ne présente or- 
dinairement qu'une surface terne et raboteuse; 
souvent les faces des cristaux sont couvertes de 
stries profondes et leurs plans sont un peu con- 
vexes. Malgré ces imperfections et les facettes mul- 
tipliées qui recouvrent la plupart des cristanx, la 
forme géométrique, octaèdre régulier , se repro- 
duit toujours avec facilité par le clivage. On sait 
que l’octaèdre régulier est un solide terminé par 
huit facestriangulaires égales. Le Diamant se trouve 
rarement amorphe, où sans quelques facettes 
cristallines ; ses variétés de formes sont d’ailleurs 
peu nombreuses, et presque toutes présentent celle 
particularité remarquable d’avoir des faces un peu 
bombées et par suite des arêtes courbes, Le cube 
est une variété extrêmement rare ; le dodécaèdre 
rhomboïdal, solide terminé par douze losanges, l’est 
beaucoup moins, et les formes sphéroïdales sont 
les plus communes. Sa pesanteur spécifique n’est 
que de 5,52; ce n’est donc pas la plus pesante des 
pierres fines, puisque les saphirs (corindons) et 
les hyacinthes (zircons) pèsent beaucoup plus, et 
que la topaze a le même poids. Sa dureté surpasse 
celle de tous les corps connus, sur lesquelsil peut 
graver sa trace; mais sa fragilité est très-grande , 
quoi qu’en aient dit les anciens. 

Le Diamant est an corps combustible ; ce n’est 
autre chose que du carbone pur cristallisé dans 
des circonstances que jusqu’à présent la chimie 
n’a pu reproduire. Les anciens le regardaient 
comme une substance inaltérable par le feu aussi 
bien que par le choc du marteau, et le nom d’4- 
damas exprimait son indestructibilité. 

On attribue communément à Newton la décou- 


verte de la vraie nature du Diamant: cependant 
c’est Boèce de Boot qui le premier, en 1609, soup- 
çonna que ce minéral pourrait bien n'être pasune 
pierre, mais un corps inflammable ; Boyle en 1673 
parvint à le brûler, et en 1704 Newton, reconnais- 
sant que le Diamant exercait sur la lumière une 
puissance de réfraction égale à celle des corps 
combustibles, annonça qu'il devait être une sub- 
stance grasse coagulée. Ces premiers aperçus fu- 
rent suivis de nombreuses recherches, et enfin, 
dans ces dernières années seulement, de la décou- 
verte de Davy, qui a prouvé que le Diamant ne 
renfermait que du carbone pur. Placé dans du gaz 
oxygène et exposé aux rayons du soleil concentrés 
par une forte lentille, il s’enflamme , brûle avec 
une flamme brillante, même après avoir été retiré 
du foyer de la lentille, et le produit de la com- 
bustion est exactement la même quantité d’acide 
carbonique que donnerait un poids égal de car- 
bone, Voilà l'analyse aussi parfaite que nos moyens 
chimiques permettent de la faire; malheureuse- 
ment on peut dire avec certitude que la synthèse 
ou la reproduction du Diamant par l’acide carbo- 
nique ou le carbone, est encore à faire, malgré les 
prétendus Diamans de fabrique présentés récem- 
ment à l’académie. 

La plupart des Diamans sont limpides et inco- 
lores ; il s’en trouve cependant deroses, de jaunes, 
d’orangés , de bleuâtres, de verdâtres et même de 
noirs ou de bruns; ces derniers portent dans le 
commerce le nom de Diamans savoyards; les 
Diamans roses sont rares et tout aussi estimés que 
les Diamans incolores. 

Le Diamant a la réfraction simple ou ne produit 
pas de double image , comme toutes les substances - 
qui cristallisent en octaèdre ; mais il possède, en 
outre, un caractère optique qui permet aux 
physiciens de le reconnaître aussitôt ; c’est la ma- 
nière dont la lumière est polarisée à sa surface. 
L’angle'de Porarisarion (voyez ce mot), extrème- 
ment faible relativement aux substances avec les- 
quelles on pourrait le confondre , n’est que de 22°, 
tandis qu’il est de 31° dans la topaze et de 35° dans 
le verre. Ge caractère exige malheureusement 
l'emploi d'instrumens et de procédés très-délicats, 
et la dureté resle le seul bon caractère distinctif 
d'un usage faeile. 

Gisement. Pendant long-temps cette substance 
précieuse n’avait été trouvée que dans des dépôts 
de transport superficiels , ou tout au plus recou- 
vert de quelques couches aliuviales qui présentent, 
dans les diverses parties de l'Inde , am Brésil et à 
l’Oural, la plus étonnante analogie ; depuis quel- 
ques années on à reconnu sa présence dans des 
couches de grès d’une époque plus ancienne. 

Au Brésil on donne le nom de Gascalho au 
poudingue ferrugineux au milieu duquel on le 
rencontre dans la province de Minas-Geraès; ce 
poudingue est un agrégat formé principalement de 
fragmens et de cailloux roulés de quartz, liés entre 
eux par un sable très-ferrugineux; les substances 
avec lesquelles le Diamant est en outre associé, 
sont : le fer oxydulé, le fer oligisie, des fragmens 


oo 


DIAM 


519 


DIAM 


oo 


de diorites, de schistes talqueux, etc.; toules ces 
substances sont des malières de transport, et nous 
ignorons quelle est la roche à laquelle le Diamant 
a été enlevé. Le Cascalho s’étend sur d'immenses 
espaces dans le Brésil ; mais il n’est exploité régu- 
lièrement que dans le comarque de Serro-Frio, 


aux environs de la ville de Tejuco, et seulement 


sur une étendue de 16 lieues du nord au sud et de 
8 de l’est à l’ouest. Le petit district dont Tejuco 
est le chef lieu en a pris le nom de Diamantino. 
Dans l'Inde, le Diamant est exploité de temps im- 
mémorial dans les provinces de Visapour , Hydé- 
rabad (Golconde), Orissa, Allahabad, qui font 
partie du Dekan, et au Bengale. Un géographe mo- 
derne annonce que les mines célèbres de Golconde 
n’ont jamais existé, et que cette ville n’était que le 
marché des Diamans de l'Orient; sans doute, il n°y 
eut jamais de mines dans la ville de Golconde, 


-mais cette ville était la capitale d’un petit royaume 


où l’on exploita à la fois jusqu’à vingt mines célè- 
bres. Tout récemment M. Callinger, dans son 
voyage au Bengale, a visité les mines de Diamant 

rès de Punnah, et il y distingue deux gisemens 
très-différens. Les uns se trouvent dans un agglo- 
mérat ferrugineux tout-à-fait identique au Cas- 
calho du Brésil, et d’une origine tout aussi récente; 
les autres sont dans un grès solide, recouvert par 
du schiste chloritique, et il serait possible qu'ici les 
Diamans fussent en place ou dans la couche 
même où ils auraient été produits par modifica- 


tions postérieures. Divers points de l’île de Bornéo 


recèlent des Diamans tout aussi estimés que ceux 
de Visapour et de Golconde. Parmi ceux que 
M. Leschenault rapporta de cette île, il s’en trouva 
plusieurs d’une fort belle eau et cristallisés en 
octaèdres. On ignore d’ailleurs leur mode de gise- 
ment. 

La découverte des Diamans de l’Oural ne date 
que de quelques années, et la notice communi- 
quée à la société de géologie par le comte 
Cancrine, ministre des finances de Russie , ne per- 
met plus de douter de sa réalité. C'est dans le gou- 
yernement de Perm, sur la pente occidentale des 
monts Oural et aux bords du Bissersk, petit af- 
fluent de la Kama , qu’est située la mine d’'Adolph, 
où cette précieuse découverte a été faite. Le nom- 
bre des Diamans trouvés dépasse déjà quarante, 
tous d’un petit volume, mais bien cristallisés et 
d’une belle eau. Leurs formes présentent ou 12 
ou 42 faces à arêtes curvilignes. La moitié du dia- 
mètre de la terre sépare l’Oural du Brésil, et ce- 
pendant c’est dans des alluvions superficielles ri- 
ches comme celles du Brésil en or et en platine, 
que le Diamant se trouve ici associé aux mêmes 
substances. 

Le dépôt d’alluvion diamantifère de l’Oural est 
formé d’une couche d’argile ferrugineuse, mêlée 
de sables d’un rouge foncé ; elle contient beaucoup 
de cristaux, de quartz et d’oxyde de fer; mais, en 
outre, de Ja calcédoine , des prases, du fer oligiste, 
de la dolomie noire, du schiste talqueux : c’est le 
gîte de l'or, du platine et du Diamant. Au dessous, 
on trouve des couches formées d’un sable calcaire 


noirâtre, qui provient de la destruction de cou- 
ches dolomitiques. Les montagnes voisines sont 
composées de micaschistes et de schistes talqueux, 
au milieu desquels sont quelques couches de do- 
lomies. Déjà on avait remarqué au Brésil et à 
l'Oural l'abondance des minéraux magnésiens, 
tale, serpentine, amphibole, au milieu des allu- 
vions riches en métaux précieux et des roches d’où 
on les supposait provenir ; la présence de la dolo- 
mie cristalline dans les mêmes gisemens est en- 
core un fait de même nature , puisque cette roche 
n’est autre chose qu’un calcaire converti par l’ac- 
tion des matières ignées en carbonate double de 
chaux et de magnésie. 

Devons-nous citer un nouveau gite de Diamant 
dont la France serait bientôt en possession, si le 
fait se vérifie ? Un négociant d'Alger a vendu trois 
Diamans qu'il disait avoir reçus en paiement d’ha- 
bitans de Constantine : au dire de ceux-ci, les 
Diamans se trouveraient avec l’or en paillettes dans 
les sables du Gummel, rivière de la province de 
Constantine. Ce fait peut être réel; car nous sa- 
vons que les Carthaginois faisaient un grand com- 
merce de Diamans, provenant de l’intérieur de 
l'Afrique. Attendens avant de prononcer, avec 
quelques incrédules, qu’ils arrivent de la Casauba 
par cette route détournée. 

Extraction. La recherche du Diamant a lieu par 
lavage et triage des matières dans lesquelles il est 
renfermé, Au Brésil le gouvernement emploie des 
nègres qui , malgré toute la surveillance exercée, 
trouvent moyen de vendre en contrebande les 
Diamans les plus beaux. Ils sont cependant encou- 
ragés par des primes, et celui qui en trouve un 
dont le poids dépasse 17 carats est mis solennelle- 
ment en hiberté. Le lavage du Cascalho se fait dans 
des caisses où l’on fait arriver un courant d’eau 
qui enlève toutes les parties terreuses ; on cherche 
ensuite dans le gravier qui reste les Diamans qui 
peuvent s’y trouver. Les principaux lavages sont 
établis à Mandangasur ledigitonhonha dans le dis- 
trict de Serro-Frio et sur lesbords du Rio-Pardo. On 
a observé dans ces deux localités que les Diamans 
recouverts d’une croûte verdâtre présentent la plus 
belle eau lorsqu'ils ont été taillés. Un fait non 
meins remarquable est l’uniformité avec laquelle 
ils sont dispersés, en sorte qu'on peut juger d’après 
la masse du Cascalho de la quantité de Diamans 
renfermés. On dépose chaque mois dans le trésor 
de Tejuco les Diamans que l’on recoit des diffé- 
rentes mines du district. De 1730 à 1814 le pro- 
duit annuel fut de 36,000 carats, environ 15 li- 
vres ; d’après M. Maw, de 1801 à 1806 il n’a été 
que de 19,279 carats. En comparant ce produit à la 
dépense du gouvernement, ilen résulte que le ca- 
rat brut coûte environ 40 francs d'exploitation. 
On évalue, en outre, la contrebande au tiers du 
produit précédent , en sorte que l’Europe recoit 
annuellement du Brésil 25 à 50,000 carats ou 1a 
à 15 livres de Diamans qui sont réduits par la taille 
à 8 ou 900 carats. 

Usages. Le Diamant occupe le premier rang 
parmi les pierres précieuses ; 1l le doit à sa dureté, 


14 


En. 


DIAM 


520 


DIAM 


à son éclat, à sa force de réfraction qui décom- 

ose la lumière et la fait jaillir en faisceaux de 
mille couleurs. On estime surtout celui qui est 
d’une parfaite limpidité et sans traces de ces tein- 
tes jaunâtres qui en altèrent un grand nombre. 
Deux formes sont adoplées presque exclusivement 
pour la taille du Diamant : l’une, qui constitue ce 
qu’on appelle les brillans, se produit en laissant à 
la partie supérieure de la pierre une tablette plane 
entourée d’une multitude de facettes qui compo- 
sent ce qu’on appelle la dentelle. La partie infé- 
rieure, cachée par la monture, doit être moitié 
plus épaisse que la partie apparente; elle se ter- 
mine ésalement par une face plane que des facet- 
tes appelées pavillons joignent à la dentelle ; l’autre 
forme, qui donne les roses et ne s’applique qu'aux 
pierres d'un petit volume, présente à la place de la 
table, une pyramide à plusieurs faces, et est bien 
loin d’avoir l'éclat du brillant. 

Le Diamant ne peut être que d’un prix très-élevé, 
puisque un poids de 4 grains où d’un carat revient 
au gouvernement brésilien au prix de 4o francs ; 
aussi les Diamans qui, à raison de leurs défauts 
ou de leur petitesse, ne peuvent être employés 
dans la bijouterie, se vendent-ils encore 30 ou 86 
francs le carat pour faire la poudre de Diamant 
dite Égriste qui sert à tailler , à polir et à graver 
les différentes picrres dures. 

Les petits Diamans bruts, de bonne forme pour 
la taille, se vendent en lots à raison de 48 francs 
le carat; mais lorsqu'ils dépassent un carat, on les 
estime par le carré de leur poids multiplié par 
48 francs prix du carat ; ainsi un diamant de 12 
carats vaut 12 X 12, ou 144 X 48, ou 6,912 
francs. 

Ce que nous venons de dire n’est relatif qu'aux 
Diamans bruts ; leur valeur lorsqu'ils sont taillés 
devient beaucoup plusélevée. Les plus petites roses 
employées pour les entourages se vendent 6o à 80 
francs le carat, et ce prix s’accroîit rapidement avec 
le volume. Les plus petits brillans valent de 168 
à 192 francs le carat, et lorqu'ils atteignent ce 

oïds ils se vendent jusqu’à 240 à 280 francs s’ils 
sont d’une belle eau. À 19 grains (trois carats) les 
brillans sont très-recherchés pour des centres de 
collier, et s'élèvent au prix de 1,700 à 1,950 francs. 

On estime en général le Diamant taillé par le 
carré de son poids multiplié par 192 francs, prix 
du carat; mais lorsqu'ils dépassent un certain poids 
il n’y a plus aucune règle applicable. Ainsi le vice- 
roi d'Égypte a payé récemment 760,000 francs un 
diamant de 49 carats ou 196 grains, qui, d’après 
l'évaluation précédente, n’aurait valu que 461,000 
francs. 

Les Diamans de 5 à 6 carats sont déjà de fort 
belles pierres; ceux de 12 à 20 carats sont rares, 
et à plus forte raison ceux d’un poids plus élevé. 
On n'en connaît qu'un petit nombre qui dépassent 
100 carats. 

Nous citerons quelques uns des Diamans les 
plus célèbres par leur volume extraordinaire. Le 
plus gros paraît être celui du rajah de Matun, dans 
les Indes orientales. Il est de la plus belle eau et 


pèse 367 carats. Un gouverneur de Batavia voulut 
en faire l'acquisition; iloffrit au-delà de 800,00ofr., 
deux bricks de guerre armés, ete., sans pouvoir 
l'obtenir. Celui que, au temps de Tavernier, pos- 
sédait l’empereur du Mogol, pesait 279 carats et. 
avait perdu la moitié de son poids par Ja taille. 
Ce voyageur l’estimait 11,723,000 francs. Gelui de 
l'empereur de Russie pèse 193 carats; il est de 
la grosseur d’un œuf de pigeon, et a été acheté 
2,160,000 francs et 96,000 de pension viagère. 
Celui de l’empereur d'Autriche pèse 139 carats; 
il est d’une mauvaise forme et d’une teinte un peu 
jaunâtre ; on l'estime néanmoins 2,600,000 francs. 
Le régent où Diamant &i roi de France pèse 
186 carats : remarquable par sa forme et sa lim- 
pidité, il a9 lignes d'épaisseur sur 13, et 13 lignes 
et demie de diamètre. IL provient de la mine de 
Fasteal dans l’ancien royaume de Golconde et fut 
acheté par le duc d'Orléans régent 2,250,000 fr.; 
il a été estimé le double à raison de sa perfection. 
Dans l'immense quantité de Diamans fournis par 
le Brésil, aucun n’approche du volume de ceux 
que nous venons de citer. À l'époque du voyage 
de Maw, la collection du roi à Rio-Janeiro ren- 
fermait 5,000 carats eslimés à 72 millions, et un 
seul Diamant atteignait le poids de 95 carats trois 
quarts. Tout récemment le capitaine anglais Bur- 
nes, lors de son voyage à Lahore , en 1830, a vu 
dans le trésor du prince Runjet-Sing, le fameux 
Diamant nommé KowiNour ou montagne de lu- 
mière. Rien n’est plus magnifique que cette pierre 
qui est grosse comme la moitié d’un œuf et de la 
plus belle eau. ñ} 

Histoire. Les anciens connaissaient notre Dia- 
mant,et lui donnaient le nom d’Adamas,qu'ils ap- 
pliquaient en même Lemps à quelques pierres diffé- 
rentes. Homère ne paraît pas l'avoir connu, du 
moivs rien ne l'indique dans ses écrits ; Pline nous 
a transmis, et de la meilleure foi du monde, toutes 
les propriétés fabuleuses qu’on attribuait au Dia- 
mant. Le feu ne pouvait l’altérer, mis sur une en- 
clume il faisait éclater marteau et enclume plutôt 
que de se briser. Cependant on réussissait lors- 
qu'auparavant on l'avait plongé dans du sang de 
bouc, etc. Pline distingue six espèces de Diamant 
sous les noms suivans : Diamant des Indes, d'Ara- 
bie, le Cenchros, le Diamant de Macédoine, le 
Diamant de Ghypre et le Sydérites. Il est facile de 
voir que les deux derniers n'étaient pas de véri- 
tables Diamans; mais en même temps on doit 
remarquer la justesse de cette observation que le 
Diamant de l’Inde ne se trouve pas associé à l'or, 
comme on le croyait de celui d'Ethiopie. Cet ar- 
ticle de Pline montre, en outre, que les anciens 
connaissaient en Afrique des gîtes de Diamans 
aujourd’hui perdus. Plus loin il nons apprend que 
l'usage des pointes et de la poudre de Diamant 
pour graver sur les pierres rares était connu des 
anciens, et c’est à son emploi que nous devons 
leurs intailles et leurs magnifiques camées. 

Ce fut seulement en 1476 que Louis de Be- 
rynem découvrit l’art de polir et de tailler le Dia 
mant à l’aide de sa propre poussière, Le premier 


Diamant 


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z. Dianelle 2.Diçitale 3. Dindon. 


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521 


DIAN 


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Diamant poli appartint à Gharles-le-Téméraire , 
qui le portait au cou , entouré de trois rubis ba- 
lais. Il le perdit à la bataille de Morat en Suisse, et 
il devint, par la suite , la propriété de Philippe IT, 
roi d'Espagne; on dit, mais sans beaucoup de 
preuves, que c’est notre Sancy. Long temps avant 
cette époque on portait des Diamans comme ob- 
jets d'ornement; on estimait surtout ceux qui 
cristallisaient en octaèdres offrant une pointe na- 
turelle ; on les nommait alors pointes naïives. Le 
Manteau de Charlemagne ainsi que celui de Saint- 
Louis étaient ornés de semblables diamans. 
Pendant long-temps on se borna à les polir au 
moyen de leur poudre nommée Egrisée, plus 
tard on abrégea beaucoup le travail au moyen du 
clivage. Cette opération s'exécute avec un extrême 
ménagement, en enlevant les parties que l’on veut 
sacrifier par un choc léger appliqué sur un plan 
coupant placé dans le sens des lames de superpo- 
sition. Ce procédé n'étant pas sans danger, on a 
recours plus fréquemment au sciage à l’aide d’un 
fil d'acier enduit d’égrisée humectée de vinaigre. 
Nous terminerons par quelques mots sur l'emploi 
si commun du Diamant pour couper le verre et 
les glaces. On a remarqué que les corps les plus 
durs , taillés en pointes acérées, rayaient bien le 
verre, mais ne le coupaicnt pas, et que le Dia- 
mant seul jouissait de cette propriété. On pense 
qu'il la doit à ses arêtes courbes et à ses faces 
bombées; en effet, on choisit toujours pour 
l'usage des vitriers des pierres brutes nommées 
étincelles , où cette forme est nettement pronon- 
cée ; les arêtes courbes et les faces bombées qui 
s’y réunissent pénètrent comme un coin, et font 
éclater le verre. (B.) 
« DIAMANT D’ALENCÇON. On nomme ainsi des 
cristaux de quartz hyalin d’une grande limpidité, 
que l’ontrouve dans les sables granitiques d’Alen- 
Con et de beaucoup d’autres localités. Leur forme, 
“a est due à la réunion de deux pyramides à six 
aces, les distingue, encore mieux que leur peu 
d'éclat, des véritables Diamans. (7oy. Quarrz.) 
(B. 
DIANDRE. (s0oT. Pan.) Adjectif employé ie 
désigner tous les végétaux dont la corolle ne pré- 
sente que deux étamines. On se sert aussi de l’ex- 
ression diandrique. 
DIANDRIE. (or. Pxan.) Ge mot est composé 
de deux racines grecques, dis, deux, andria, 
virilité. La Diandrie est la deuxième classe du sys- 
tème linnéen; elle renferme, comme je viens de 
le-dire, les plantes qui ont deux étamines libres: tels 
sont les genres de la Sauge, Salvia ; du Troëne, 
Ligustrum; du Jasmin, Jasminum; des Véroni- 
ques, Veronica, etc. Elle est divisée en trois or- 
- dres fournis par le nombre des ovaires. La Dran- 
‘DRIE MONOGYNIE comprend les genres Olea, Chio- 
nanthus, Syringa, Lycopus, Collinsonia , et tous 
ceux qui n’ont qu’un seul pistil. La DraNDRIE TRi- 
eye, ou à deux pistils, ne présente qu’un genre 
unique, l’Anthoxanthum; la DiANDRIE TRIGYNIE 
n’en compte que deux, le Piper et le Peperomia, 
qui sont munis chacun detrois pistils, (T. D. B.) 


Towe IL, 


146° Livmaison., 


DIANÉE , Dianæa. (zoom. acar.) Ce genre, 
très-voisin de celui des Géryonies , a été établi par 
Lamarck ; il est classé par M. Blainville dans l’or- 
dre des Pulmogrades ou Médusaires proboscidées. 
Voici quels caractères on lui donne: corps hémi- 
sphérique, garni dans sa circonférence d’un petit 
nombre de fibres tentaculaires, excavé en dessous 
et pourvu dans son milieu d’un fort appendice- 
proboscidiforme, saïillant, avec quatre appendi- 
ces brachidés à l'extrémité. Deux espèces de ce 
genre ont été figurées et décrites avec soin par 
MM. Quoy et Gaïmard dans la Zoologie de l’Ura- 
nie; l’une est la Dranée DE Dugaur observée dans. 
la Méditerranée, l’autre la DIANÉE DE GABeRT , qui 
vit sûr les côtes de la Nouvelle-Hollande. 

(GERv.) 

DIANELLE , Dianella. (8oT. pHan.) Genre éta- 
bli par De Lamarck dans la famille des Asparagi- 
nées et dans l’Hexandrie monogynie, dont les 
caractères sont d'offrir des plantes vivaces , herba- 
cées et rameuses, monocotylédonées, à fleurs in- 
complètes, voisines par leurs fruits des Drago- 
niers, Dracæna, et par leurs feuilles, des Iris. 
Leurs élégantes fleurs sont disposées en panicules 
lâches terminales ; les ramifications et les pédon- 
cules munis de spathes ; calice coloré, à six divi- 
sions profondes, caduques , égales entre elles et 
étalées ,, dont trois alternes plus intérieures; six 
étamines à filamens courts, épaissis en leur som- 
met qui se termine par une anthère linéaire = 
ovaire supère, globuleux et déprimé à son centre; 
style et stigmate simples; capsule bacciforme , 
bleuâtre , oblongue, à trois loges contenant cha- 
cune de quatre à cinq semences noires , très-lui- 
santes. 

Des dix espèces connues, il en est une que Ia 
beauté de ses fleurs bleues s’épanouissant au pre- 
mier printemps et se succédant les unes aux au- 
tres durant plusieurs mois, de mars à juin, a fait 
rechercher et admettre dans nos jardins : je veux 
parler de la Dranezce BLEUE, D. cerulæa, origi- 
naire des environs du port Jackson, dans la Nou- 
velle-Hollande, et figurée dans notre Atlas, pl. 137, 
fig. 1. Cette jolie plante, introduite en France 
depuis les années triplement désastreuses de 1815: 
et 1816, a la tige haute de seize centimètres, tor- 
tueuse, garnie à sa base de feuilles d’un vert 
foncé, glabres , pliées en carène, disposées sur 
deux rangs, engaînantes à leur base et munies sur 
leurs bords de petites dentelnres épineuses. Les 
fleurs, d’un beau bleu d’azur que relève encore 
la couleur jaune de leurs anthères, forment une 
panicule lâche fort agréable à voir. L’œil se re- 
pose avec plaisir non seulement sur l’inflores- 
cence, mais encore sur les fleurs tantôt renver- 
sées de manière à laisser les étamines pendantes, 
tantôt étalées en roueet offrant une étamine cou- 
chée sur chacune des six divisions. Le stigmate 
est légèrement frangé. Ù 

La Dranecre Des Bots, D. nemorosa, qui se 
propage aisément par ses racines noueuses et odo- 
rantes, dont les feuilles ont trente-deux centimè- 
tres de long, la tige un mètre d'élévation, et dont. 


66 


DIAP 


522 


DIAT : 


A ——"————————_——————— _ _————"… —…——"—".——_—_—_—_—_————…….—.—…—…… _…….…_…_…"_——_————….——…_——““““’û | 


la panicule est chargée de fleurs d’un bleu d’amé- 
thyste de médiocre grandeur auxquelles succèdent 
des baies ovales-oblongues non moins belles, mé- 
riterait aussi de figurer dans nos jardins, si elle ne 
demandait pas autant de soins et de chaleur. Elle 
abonde dans les bois des îles Maurice et Masca- 
reigne. Bonpland a trouvé au mont Silla de Ca- 
racas , en l'Amérique du Sud, une espèce nou- 
velle , la DianeLe voureuse, D. dubia, aux fleurs 
inclinées et d’un bleu foncé. Cette espèce et la pré- 
cédente sont les deux seules Dianelles étrangères 
au sol de la Nouvelle-Hollande, qui fut long-temps 
réputée l'unique patrie du genre.  (T. ». B.) 
DIAPÈRE, Diaperis. (ins. ) Genre de Coléoptè- 
res de la tamille des Taxicornes, tribu des Diapé- 
riales, établi par Geoffroy et offrant pour caractè- 
res: antennes composées d’articles en forme de 
disques enfilés, grossissant insensiblement ; pal- 


pes maxillaires terminés par un article un peu plus: 


gros que celui qui le précède ; jambes à peine di- 
latées à leur extrémité. Ces insectes sont de forme 
ovoide, bombée, leur tête est courte, triangulaire; 
les antennes, dont le dernier article est pyriforme, 
atteignent à peine la longueur du corselet; celui-ci 
est transversal, un peu lobé postérieurement, l’é- 
cusson est très-pelit; les élytres sont plus larges 
que le corselet; les pattes sont de grandeur 
‘moyenne, toutes identiques de forme ; ces insec- 
tes vivent dans l’intérieur des champignons , dont 
ils rongent la pulpe soit à l’état de larve, soit à 
l'état parfait. On n’a long-temps distingué que l’es- 
pèce que nous allons citer, et qui était ballottée 
de genre en genre, jusqu’à ce qu’elle vint à former 
elle-même un genre particulier, 

D. pu 802ET, D. boleti, Linn. Long de trois 
lignes, noir brillant avec trois taches transversa- 
les jaunes sur les élytres, une à la base, une à 
l’extrémité et une au milieu ; la base des fémurs 
intérieurs brunâtre. Commun partout. (A. P.) 

DIAPHRAGMATIQUE, Diaphragmaticus. (80T.) 
De Diaphragma, déopayuæ, qui appartient au 
diaphragme. On donne ce nom à divers vaisseaux 
et nerfs. Pour les artères et veines Diaphragmati- 
ques voy. GIRGULATION. Quant aux nerfs Diaphrag- 
matiques ou phréniques , ils sont au nombre de 
deux, et placés l’un à droite, l’autre à gauche. 
Ils naissent du plexus cervical au niveau de la 
partie moyenne du cou, pénètrent dans la poi- 
trine et vont se distribuer dans l’épaisseur du 
diaphragme. (M. S. A.) 

DIAPHRAGME , Septum transversum. (ANAT.) 
C’est un muscle impair, membraneux , très-large, 
obliquement situé entre le thorax et l'abdomen , 
qu’il sépare l’un de l’autre. Le centre de ce mus- 
cle est occupé par une large aponévrose, à laquelle 
on a donné le nom de centre phrénique; toute sa 
face thoracique est revêtue par la plèvre et le pé- 
ricarde , l’autre face est tapissée par le péritoine. 

- Le Diaphragme présente des ouvertures pour le 
passage de la veine cave inférieure, de l'artère 
aorte, du canal thoracique , de l’œsophage et des 
nerfs pneumo-gastriques , et des cordons nerveux 
qui font communiquer les ganglions thoraciques 


avec ceux de l’abdomen; il recoit des nerfs et dés 
vaisseaux considérables. 

On trouve dans les auteurs plusieurs casde perfo- 
ration congéniale du Diaphragme accompagnée du 
déplacement de quelques viscères abdominaux ou 
thoraciques. Suivant le plus grand nombre d’ana- 
tomistes, la perforation du Diaphragme est le 
résultat d’un arrêt de développement , dépendant 
de la non-réunion des deux moitiés , primitivement 
distinctes , qui composent le muscle, comme tous 
les organes médians. 

Outre les cas de perforation congéniale du Dia- 
phragme, accompagnée du déplacement de quel- 
ques viscères, on cite des observations dans les- 
quelles il y a hernie de l’estomac ou des intestins 
à travers le Diaphragme, mais hernie produite À 
la suite d’une blessure quelconque de ce muscle, 


(M. S. À.) 


DIAPRIE , Diapria. (ins.) Genre d'Hyménoptè= 


res de la famille des Pupivores , tribu des Oxyures, 
ayant pour caractères : antennes de quatorze arti- 
cles dans les mâles et de douze dans les femelles, 
presque de la longueur du corps; palpes allongés, 
filiformes ; mandibules dentées ; les ailes n’offrant 
aucune espèce de nervure, Ces insectes sont très- 
petits, de forme allongée, lisses , leur tête est ar- 
rondie , le premier article de leurs antennes plus 
long que les autres, et les derniers prèsque égaux 
entre eux, mais un peu plus gros; les ailes sont 
plus longues que le corps et velues. L’abdomen 
est ovoide , allongé, formé de six anneaux, dont le 
second , très-grand , forme à lui seul les deux tiers 
de cette partie du corps; leurs pattes sont allon- 
gées , avec les fémurs légèrement en massue à leur 
jonction avec les tibias. On ignore les mœurs dé 
ces insectes; mais il est probable que ceux qui ont 
été jusqu’à présent renfermés dans ce genre méri- 
teraient d’être le sujet d'observations suivies, 4 
D. £ÉLÉGanT. D. elegans, Jurin., Méth. pour 
classer les Hyménoptères, planche 13, figure 48. 
Long d’une ligne , corps noir, antennes et pattes 
fauves; les articles des antennes sont allongés e£ 
munis de poils raides sur toute leur longueur.  : 
(A. P.) 
DIASPORE. (ww.) Ce minéral, que l’on ue 
point encore admis comme espèce dans les no- 
menclatures, est toutefois un hydrate d’alumine, 
composé de 76 à 80 pour cent de celte substance, 
de 14 à 17 d’eau et de 5 à 7 d’oxide de fer. Il se 
présente ordinairement en lames jaunâtres ou 
brunâtres, un peu fibreuses, qui rappellent la tex- 
ture de certaines variétés de disthène, Cependant 
il paraît que dans les monts Ourals on en a trouvé 
d’un brun foncé cristallisé, dont la cassure est vi- 
treuse, Le Diaspore se trouve dans une roche ar- 
silo-ferrugineuse qui appartient au terrain grani- 
tique. (4. H.) . 
DIATOME. (zoo. BoT.) Genre établi d’abord 
par M. Bory de Saint-Vincent , sous le nom d’Ar- 
chimédée et désigné depuis par De Candolle par le 
nom sous lequel nous l’adoptons. Il est caractérisé 
par des segmens où lames formant d’abord un 
petit filament simple et très-comprimé qui , en se 


oo 


DICÉ 


523 


DICH 


000 oo) 


disjoignant dans leur longueur, ne demeurent unis 
que par deux de leurs angles diagonalement oppo- 
sés, et présentent dans leur écartement la figure 
du zig-zag. Les Diatomes sont fort petits et for- 
ment sur les plantes aquatiques des fontaines ou 
de la mer, ün duvet roussâtre de couleur ferrugi- 
neuse, qui devient verdâtre par la dessiccation.On 
en connaît sept à huit espèces ; les plus communes 
sont le DiaToME VULGAIRE, à segmens de forme 
quadrilatère, solitaires ou se tenant de deux à 
quatre ensemble , après leur disjonction ; brunâ- 
tres vers le centre ou marqués à cet endroit d’un 
point parfaitement transparent. Ils sont communs 
sur les extrémités du Conferva glomerata, L., dans 
les courans rapides ; on les trouve abondamment 
aux environs de Paris. Le DraromE Danois , dont 
les segmens sont plus carrés que ceux du précé- 
dent, et qu’on rencontre sur les fucus, les céra- 
mies et les conferves de l'Océan. (P. G.) 

5 DIAZONE, Diazona. (mozx.) Les Diazones sont 
des mollusques acéphales non testacés de l’ordre 
des Hétérobranches, Blainv. Ils forment dans la 
famille des Ascidies ou Ascidiens un petit genre 
dont on doit l'établissement à M. Savigny. Ge sont 
des animaux agrégés, réunis dans une sorle de 
polypier charnu, où ils sont disposés sur plusieurs 
cercles concentriques; leur orifice branchial est 
fendu en six rayons réguliers et égaux, l'anus 
présente la même disposition ; le thorax ou cavité 
renfermant les branchies est cylindrique et oblong, 
l'abdomen est étroit et largement pédiculé. La 
seule espèce connue est la DIAzONE VIOLETTE (Sa- 
vigny, Mém. sur les An. sans vert., partie 11, 
pl. 2 et 12), observée par Delaroche dans le port 
d'Ivica, l’une des Baléares. Cette Diazone est 
orbiculaire, blanchâtre; sa masse charnue est 
transparente et ses cellules sont d’un violet léger 
à leur base, mais plus foncé à leur sommet, 

(Gerv.) 

DICÉE, Dicœum. (ors.) Ce genre forme un 
groupe très-naturel de Passereaux , appartenant à 
la famille des Ténuirostres de Guvier et voisin des 
Souimangas et des Philédons. Le nom de Dicæum, 
que lui a donné Cuvier, se trouve dans Elien ap: 
pliqué à un oiseau qu’on n’a pu reconnaître. 

Les Dicées ont le bec court, non dentë, élargi 
à sa base et un peu recourbé à sa pointe; leurs 
parines sont petites et arrondies; leurs ailes ob- 
tuses, à quatrième et cinquième rémiges les plus 
longues , et leur queue médiocre. Les espèces con- 
nues sont toutes des îles de l'archipel d'Asie et de 
JOcéanie. Leur taille est petite et leur plumage 
souvent teint par partie du rouge le plus vif. Nous 
citerons le Dic£e A POITRINE ROUGE, Dicœum eri- 
throthorax, Less. Coquille, pl. 30, qui habite une 
grande partie de l'archipel des Moluques, princi- 
palement l'ile Bourou. 

Dicée Nom, Dic. niger, Less., cent., pl. 27. Il 
est propre à la Nouvelle-Guinée; sa longueur est 
de quatre pouces; le mâle a les parties supérieures 
de la queue d’un noir bronzé; le dessous de son 
corps est d’un vert sale. La femelle est verdâtre, 
ses rectrices et ses rémiges étant brunes, 


Voyez dans le Magasin zoologique un Mémoire 
de M. de Lafrenaye sur les Dicées. (GErv.) 
DIGÉRATE, Diceras. (mour.) Ces coquilles, 
que l’on ne rencontre qu’à l’état fossile , et dont 
l'animal est par conséquent inconnu , forment dans 
la famille des Camacées un genre distinct, mais 
très-voisin de celui des Games proprement dites. 
Leur coquille est irrégulière, inéquivalve et à 
sommets coniques presque régulièrement contour- 
nés en spirale et simulant assez une paire de cor- 
nes; la dent cardinale est très-développée , elle 
fait partie de la grande valve. On n’a long-temps 
connu dans ce groupe qu’une seule espèce , la Dr- 
CÉRATE ARIÉTINE, Diceras arietina, Lam., qui est 
commune à Saint-Mihiel (Meuse) et au mont Sa- 
lève près Genève, où Deluc et Saussure l’ont 
observée. Une autre espèce a été récemment distin- 
guée, c’est la DicéRaTE caucne, Diceras sinistra 
Deshayes, Dict. class. Elle a, dans les plus grands 
individus deux pouces de large. (GErv.) : 
DICHOBUNE, Dichobune, (mam. ) Ge genre 
n’est connu qu'à l’état fossile, ainsi que presque 
tous ceux établis sur des mammifères aujourd’hui 
perdus; on le doit aux recherches de Cuvier ; sa 
place est dans l’ordre des Pachydermes ordinaires 
à côté des Anoplothérium et des Hippopotames. 
Il renferme plusieurs espèces toutes de petite 
taille, et ayant leurs dents molaires garnies de 
tubercules distincts. Ges espèces sont : 1° le Drcno- 
BUNE LIÈVRE, que Cuvier a d’abord placé, ainsi que 
l'espèce suivante, parmi les Anoplothérium; sa 
taille et les formes générales paraissent être celles 
d’un lièvre ; 2° le DicnoruNE RONGEUR, gros comme 
un cochon d'Inde, et 5° le DicHOBuNE o8ziQuE , à 
peu près de même dimension. Ce dernier est re- 
marquable par l’obliquité des branches montantes 
de sa mâchoire inférieure. (GErv.) 
DICHOSANDRE, Dichosandra. ( 80T. PHAN. ) 
Un genre nouveau a été créé, depuis 1820, aans la 
petite famille des Commelinées , entre les genres 
Commelina et Tradescantia; il est originaire du 
Brésil et appartient à l’Hexandrie monogynie. 
Nous n’en connaissons encore qu’une seule espèce 
cultivée, fleurissant partout en France depuis 1829, 
sous le nom de DicHOsANDRE A FLEURS EN THYRSE , 
D. thyrsiflora. Sa tige part d’un tubercule charnu, 
muni de petites fibres éealées, et monte à un mètre 
au plus; elle est cylindrique, géniculée ou flexueuse 
dans sa partie inférieure , d’un vert foncé parsemé 
d’une infinité de petites lignes longitudinales d’un 
vert plus pâle. De chaque articulation sort une 
gaîne au vert pâle, avec taches d’un bran-pour- 
pre. Les feuilles qui terminent cette gaîne sont 
alternes, lancéolées , ondulées ou crispées sur 
leurs bords, sessiles à leur naissance; dans leur 
partie moyenne, elles offrent une côte saillante et 
des nervures longitudinales ; leur couleur est d’un 
vert noir et luisant en dessus, moins intense en 
dessous. Au sommet de la tige s’élève une pani- 
cule florifère, inodore , chargée de ramifications 
cylindriques, courtes, alternes, d’un vert pâle 
violacé, avec une bractée subulée à la base, large 
au point de son attache, et portant à leurs extré- 


DICH 


524 


DICO 


mités une à trois et cinq fleurs pédonculées, très- 
caduques, ne se développant que successivement. 
Chaque fleur a trois pétales extérieurs et trois in- 
térieurs; les premiers sont ovales, creusés en 
cuiller ; le supérieur mucroné, vert à son extré- 
mité , bleu lilas à sa.surface externe et d’un blanc 
pur à l’intérieur ; les deux autres pétales infères , 
présentant les mêmes couleurs. Des trois seconds 
ou intérieurs, deux sont latéraux et le troisième 
inférieur beaucoup plus grand, en forme de lo- 
sange obtus, d’un beau bleu d’azur. 

Au centre de la fleur, on trouve six étamines à 
filets très-courts, surmontés d’anthères quadran- 
gulaires, d’un jaune mat; quatre élamines sont 
rapprochées, les deux autres arquées, comme 
deux cornes, vers la partie supérieure. Le pistil est 
court, rudimentaire, placé au centre d’un disque 
arrondi. Le fruit est une capsule presque globu- 
leuse , légèrement trigone , à trois valves et à trois 
loges, contenant plusieurs grains. 

L'espèce que je décris d’après la nature vivante, 
habite particulièrement aux environs de Rio-Ja- 
peiro. Elle a fleuri auprès de moi pour la première 
fois en France, dans l’année 1824, aux mois 
d'août et de septembre. (T. ». B.) 

DICHOTOME et DIGHOTOMIE. (80T.) La Di- 
chotomie est un mode de division ek de subdivi- 
sion, qui procède toujours par deux ou par four- 
che. Une tige Dichotome est d’abord simple, puis 
elle se bifurque en deux branches, et chacune de 
celles-ci se subdivise de même plusieurs fois en 
deux jusqu’à leur sommet : la Mâche, V’aleriana 
locusta, l'OEüillet couché, Dianthus deltoides, le 
Guy, la plupart des Mertensies, beaucoup de Ly- 
copodes fournissent un bon exemple de cette dis- 
position. Les feuilles du Cornifle âpre, Ceratophyl- 
lum demersum; les pédoncules du Fusain, Evonymus 
vulgaris , de la Stellaire de nos haies, Stellaria 
holostea : le style du Sébestier domestique, Cordia 
mixta ; de la Varrone de Cuba, Varronia mirabi- 
liodes , etc. , etc., sont Dichotomes. (T. ». B.) 

DICHROISME. (mn. ) Propriété optique des 
minéraux. On sait que la double réfraction con- 
siste en ce que les minéraux qui en sont doués 
forcent les rayons lumineux qui les traversent à se 
partager en deux faisceaux, en sorte que de petits 
objets vus d’une face à l’autre paraissent doubles. 
Mais dans ces minéraux , ilexiste une ou plusieurs di- 
rections dans lesquelles on n’apercçoit qu’un nuage, 
c’est ce qu’on appelle axe de double réfraction. On 
a reconnu que les substances qui n’ont qu’un axe 
de double réfraction ont la propriété de montrer 
deux couleurs extrêmes ; l’une quand la lumière 
traverse le cristal parallèlement à l’axe; l’autre , 
lorsqu'elle le traverse perpendiculairement; c’est 
là ce qui constitue le Dichroïsme, propriété que 
l'on avait d’abord cru n’appartenir qu’à la Cordié- 
rite et qui lui avait valu le nom de Dichroïte. Cette 
substance apparaît bleue dans un sens, et ‘d’un 
bleu violâtre dans l’autre ; la Tourmaline est d’un 
noir opaque, parallèlement à l’axe, verte, brune 
ou rouge, perpendiculairement à ce même axe. 
Les substances qui ne sont point susceptibles de 


produire la double réfraction , telles que tous les 
cristaux du système .cubique, sont Unichroites ; 
celles à un axe de double réfraction sont Dichroi- 
tes, celles enfin à deux axes, telles que la topaze ñ 
sont Trichroites, ou présentent trois couleurs diffé- 
rentes, (B.) 
DICLINE. (80. PHAN.) Ainsi que l'indique l’é- 
tymologie de ce mot, composé des deux racines 
grecques dis, deux, cliné, lit, Dicline se dit d’une 
plante dont les organes sexuels ne sont pas réunis 
dans chaque corolle, mais distincts sur des indi- 
vidus différens , par conséquent unisexués. Les 
fleurs Diclines pures composent la Monoécie de 
Linné, quand les étamines et les pistils habitent 
sur la même plante, comme dans l'Epinard , Spi- 
nacia oleracea ; ou bien elles appartiennent: à la 
Dioécie, quand les organes mâles existent sur un 
pied, tandis que les organes femelles se trouvent 
sur un autre, comme Je Chanvre, Cannabis sativa, 
Celles que l’on dit mélangées d’hermaphrodisme , 
soit sur le même individu, soit sur des individus 
différens , rentrent dans la Polygamie du système 
linnéen , telle est la Pariétaire, Parietaria offict-. 
nalis. Dans la méthode dite naturelle, les plantes 
Diclines forment la quinzième et-dernière classe, 
qui renferme les Euphorbiacées, lès Cucurbita- 
cées, les Urticées, les Amentacées et les Conifères. 
Cette classe n’est pas heureusement fondée, il faut 
la supprimer; il y a très-peu de plantes exactement 
Diclines ; exemple : toutes les espèces du genre 
Mercurialis offrent de véritables fleurs Diclines, 
puisqu'il n’y a point apparence de pistil dans les 
fleurs mâles, ni d'étamines dans les fleurs femelles: 
mais le plus grand nombre des genres inscrits 
parmi les plantes Diclines ne le sont que par ac- 
cident ou par avortement : dans les genres Cucu- 
mis et Cucurbita , par exemple, on trouve sur les 
fleurs femelles trois filets d’étamines sans anthères, 
et sur les fleurs mâles, la place de l’ovaire est vide 
ou bien occupée par une glande nectarifère. Au- 
cune méthode n'est réellement inspirée par la 
nature, à chaque pas les lois convenues sont ren- 
versées par ces lois que nous découvrent le temps, 
l'expérience, une étude approfondie et loin de tout 
système. (T.D.B.) 
DICOTYLES. (wam.) Cuvier donne ce nom, 
qui signifie double nombril , aux animaux du genre 
Pécari. Voyez les articles Cocox et P£canr. 
(GEnv.) 
DICOTYLÉDONÉES (Pants). Troisième 
grande division des végétaux selon la méthode 
dite naturelle; elle comprend tous ceux dont la 
semence est à deux lobes, cotylédons ou feuilles 
séminales qui se montrent d'ordinaire à la surface 
du sol au moment de la germination. C’est la di- 
vision la plus nombreuse ; sur quinze classes, elle 
en compte onze, et réunit à elle seule les quatre 
cinquièmes des plantes connues. L'organisation des 
Dicotylédonées est tout-à-fait différente des Mono- 
cotylédonées, qui n’ont qu’un seul lobe, et des 
Acotylédonées, qui sont réputées n’en avoir au- 
cun. Dans les tiges récentes de Dicotylédonées on 
distingue aisément un épiderme, une enveloppe 


mme 


DIGO se 


cellulaire , une écorce proprement dite, un corps 
ligneux, une moelle centrale ; les branches et les 
rameaux sont communs ; les feuilles présentent 
des réseaux très-variés , et les fleurs se montrent 
le plus souvent munies des deux enveloppes con- 
nues sous les noms de calice et de corolle. 

Pour faciliter l'étude particulière des plantes 
Dicotylédonées , on a dû chercher les élémens de 
divisions plus nombreuses que celles adoptées pour 
les Acotylédonées et les Monocotylédonées. L'in- 
sertion relative des étamines ou de la corolle mo- 


nopétale staminifère n'étant plus chez les végétaux 


Dicotylédonés qu’un caractère secondaire , on est 
allé en demander un primordial à la corolle, et 
comme cet organe se trouve manquer chez les uns, 
exister unique chez les autres, et être multiple 
dans un grand nombre, il en est résulté trois cou- 
pes de premier ordre : les Dicotylédonées apétales, 
les Dicotylédonées monopétales et les Dicotylédo- 
nées polypétales. Le caractère de l'insertion primi- 
five des étamines est devenu de second ordre, et 
l'on a eu les apétales et les polypétales à étamines 
hypogynes, périgynes ou épigynes; tandis que, pour 
les monopétales, on a recours d’abord à l’inser- 
tion de la corolle, puis on admet une subdivision 
pour la corolle épigyne puisée dans la disposition 
des anthères , selon qu’elles sont libres ou réunies. 
® Il convenait de donner un nom distinctif à 
chacune des onze classes comprises parmi les vé- 
gétaux Dicotylédonés ; voici ceux adoptés par Ant, 
Laurent de Jussieu : 


x. PLANTES DICOTYLÉDONÉES. 
étamines épigynes. . — Epistaminie. 
ÂAPÉTALES .,. L . + < . . périgynes.. — Péristaminie. 
+... . hypogynes. — Hypostaminie. 
Corolle hypogyne . .— Hypocorollie. 
+... périgyne. . . — Péricorollie. 


Movorérazes, {+ * + - + épigyne . . .— Epicorollie. 


anthères réunies. .—Synanthérie. 

distinctes. — Corisanthérie. 
étamines épigynes. .— Epipétalie. 

PoLyrÉTALEs. &. . .. . hypogynes. — Æypopétalie. 
+... . périgynes. . — Péripétalie. 


‘ On ajoute d’ordinaire à la suite de ce tableau 


comme dernière classe les plantes diclines; j’ai 
dit à ce mot ce que je pense des caractères qu’on 
Jui attribue ; en la supprimant, le petit groupe de 
plantes diclines peut aisément prendre place 
parmi les apétales avec l’épithète idiogynes, c’est- 
à-dire étamines séparées du pistil. 

Si l’étymologiste venait à se récrier contre les 
locutions employées, parce qu’elles sont en oppo- 
sition manifeste avec les règles grammaticales de 
la langue grecque, et qu’elles expriment même 
par leur inversion un sens différent de-celui qu’on 
leur donne, il faudra lui répondre avec l’inven- 
teur que, par une définition précise, il a sauvé 
toutes les difficultés. L'adoption générale légitime 
tout, les valeurs sont conventionnelles et le plus 
habituellement en opposition manifeste avec celle 
attribuée primitivement aux mots employés. 

(T. ». B.) 


525 


DICT : 
DICRANE ou DICRANIE, Dicranum: (BoT. 


caypT.) ( Mousses. ) Ge genre, caractérisé par un 
péristome simple, composé de seize dents larges 
divisées en deux , à peu près jusqu'à moitié, par 
une coiffe fendue latéralement , offre à considérer 
deux sections bien tranchées : dans la première, 
ou les Fessidens d'Hedwig, les feuilles sont verti- 
cales et insérées sur deux rangs opposés; leur bord 
supérieur est divisé en deux lames qui contour- 
nent la tige. Cette section renferme les Dicranum 
bryoides, D. adianthoides , D. taxifolium, etc., de 
De Candolle, espèces assez communes et d’une 
forme très-élégante. 

Dans les autres Dicranum, qui du reste sont 
assez analogues aux précédens par leur port, les 
feuilles embrassent la tige, et sont souvent déjetées 
d’un seul côté ; la tige est presque toujours ra- 
meuse, les rameaux sont dressés et serrés. 

Les Dicranes poussent par touffes serrées , ou 
bien constituent ces beaux tapis de verdure qui 
couvrent le sol des bois et des berges de sable, 
Gomme espèces remarquables du genre nous cite- 
rons : 1° le Dicranum scoparium, plante très- 
commure aux environs de Paris et l’une des plus 
grandes du genre, dont la tige, droite, est simple 
ou à peine rameuse, les feuilles longues et déjetées 
toutes d’un seul côté; les capsules terminales 
ordinairement solitaires, longuement pédicellées 
et arquées, l’opercule très-long ; 2° le Dicranum 
glaucum, Dicrane qui fructifie assez rarement, 
qui a des capsules petites , peu pédicellées et d’une 
couleur brune foncée, qui a des tiges vertes , ra- 
meuses et très-rapprochées les unes des autres, 
des feuilles presque blanches et obtuses, et qui 
forme, dans nos bois, des touffes larges et très- 
serrées, d’un vert blanchâtre. (CRUE 

DICTAME DE CRÈTE. (8or. pxan.) Sous ce 
nom , la docte antiquité nous a vanté la plante que 
nous appelons aujourd’hui OnriGan (v. ce mot), 
que l’on trouve non seulement aux mêmes loca- 
lités désignées chez les Grecs par Hippocrate ; 
Théophraste “et Dioscoride chez les Latins par 
Virgile et Pline , mais encore que l’on rencontre 
dans le midi de l’Europe et de la France, où elle 
est susceptible de fournir du camphre. Le Dic- 
tame de Crète, recueilli sur le mont Ida, jouissait 
de la plus haute estime ; il offrait des propriétés 
essentiellement héroïques. Le préjugé que le Dic- 
tame donnait à la biche, dont la vie était menacée 
par la flèche décochée sur elle, le pouvoir de se 
débarrasser du fer meurtrier , a fourni au chantre 
des Géorgiques et de l'Entide des vers pleins de 
charme, qu’on lit toujours avec plaisir, tant la 
description du remède et la manière de l’employer 
semblent exactes. 

Les anciens disaient également Dictame et Dic- 
tamne. Quelques botanistes ont appliqué celte dé- 
nomination à des plantes fort opposées les unes 
aux autres. Ainsi on les voit appeler DicTAME DE 
Vie, une espèce de Thym originaire de l’A- 
mérique septentrionale, le Thymus virginicus ; 
donner le nom de DicramE Faux au Marrube cen- 
dré d'Italie et d'Espagne, le Marrubium crispum, 


nd te RE NS à 


DICT 


526 


DICT 


po 


et celuÿ de DiCTAME FRAXINELLE ou de DICTAME 
gLaNc à l’espèce unique du genre que nous allons 
décrire. (T. ». B.) 
DICTAMNE, Dictamnus. (mor. rHan.) Très- 
petit genre de plantes de la famille des Rutacées 
et de la Décandrie monogynie, qui n’est encore 
composé que d’une seule espèce, originaire des 
terrains rocailleux des contrées méridionales de 
TEurope ct très-abondante en Orient. Simplement 
et plus généralement appelé l'raxinelle, à cause 
le son feuillage imitant celui du frêne, le Drc- 
TAMNE FRAXINELLE, D. albus, selon Lamarck, et 
beaucoup mieux D. fraxinella, selon Persoon, fait 
partie de la Flore française : c’est une plante vi- 
yace , à racine ligneuse ; ses tiges droites, cylin- 
driques, rougeâtres en leur partie supérieure, 
montent à soixante-cinq et quatre-vingt-dix centi- 
mètres, se garnissent de feuilles alternes, impari- 
pinnées, dont les folioles sont ovales, aiguës, 
glabres, luisantes, dentées, et portent à leur 
sommet des fleurs grandes , disposées en long épi, 
de couleur pourpre claire rayée d’une nuance 
plus foncée, qui s’épanouissent en juin et juillet. Il 
existe une variété chez qui les fleurs sont parfaite- 
ment blanches. Toute la plante répand une odeur 
résineuse assez forte ; elle perd ses tiges en hiver. 
Le Dictamne improprement appelé blanc in- 
téresse au même degré l’horticulteur et le bota- 
aiste ; au premier, il offre une plante réussissant 
dans presque tous les terrains et à toutes les expo- 
sitions, produisant un très-vif effet dans les jar- 
dins du printemps, n’exigeant d’autres soins que 
d’être sarclée et serfouie une fois ou deux dans 
l’année. Sa végétation devient superbe, très-pitto- 
resque, quand elle est placée sur un sol substan- 
tiel, frais, bien exposé. Les individus provenant 
de semis faits en pleine terre avec la graine aus- 
sitôt arrivée à sa maturité, ne fleurissent guère 
qu'à leur cinquième année; aussi lorsqu'on pos- 
sède un ou plusieurs vieux pieds, on a raison de 
profiter du petit nombre déclats qu’ils fournissent, 
pour propager la plante ct jouir plus tôt de ses 
fleurs, l’un des beaux ornemens de nos parterres. 
Au botaniste, la Fraxinelle présente un phéno- 
mène très-remarquable, dont la première observa- 
tion est due à Ix fille aînée de Linné, à cette 
pieuse Elisabeth qui recueillit avec soin tous les 
écrits de son père pour les distribuer à ses vrais 
admirateurs (j'en tiens d’elle piusieurs qui me sont 
doublement précieux). Les pédoncules qui portent 
les fleurs du Dictamne , le calice et ses cinq divi- 
sions profondes, ainsi que l’extrémité supérieure 
des tiges, sont chargés d’une multitude de petites 
glandes pédicellées, sécrétant une huile volatile 
très-abondante, d’une odeur très-forte. Durant 
les hautes chaleurs de l’été, l’action des rayons 
solaires rend cette sécrétion très-sensible et en si 
grande quantité, que, sur le soir , quand l’air de- 
vient frais, il condense cette sécrétion en forme 
d’atmosphère éthérée environnant la plante. Ap- 
prochez de cette atmosphère une bougie, aussitôt 
elle s’enflamme sans endommager aucunement la 
plante; elle brûle rapidement, jette une lueur vive, 


tigrée de rouge et de vert dans la variété à fleurs 
purpurines, toute verte dans la variété à fleurs 
blanches. Les vésicules dans lesquelles l'huile es- 
sentielle est contenue ont la forme de petites ou- 
tres, terminées par une sorte de goulot conique , 
effilé en pointe à son extrémité; elles abondent 
particulièrement sur les parties les plus vigoureu- 
ses du végétal, à partir du point où la tige sort de 
la masse du feuillage. Quand les utricules sont 
faibles, le phénomène n’a pas lieu ; lorsqu’elles sont 
gonflées, mais pas encore entièrement mûres, l’ap- 
proche de la bougie ne produit que de simples 
crépitations locales ; l’embrasement n’est complet 
qu'au moment où la plante est bien développée, 
vigoureuse , toutes ses fleurs épanouies, les glandes 
nombreuses et pleines. Il est plus prompt, plus 
brillant commencé de bas en haut; il perd de son 
intensité, de son énergie, si la constitution atmo- 
sphérique a été long-temps froide, (T. ». B.) 

DICTYOPHORE, Dictyophora. (Bot. cayrT.} 
On comprit long-temps ensemble, sous le nom de 
Phallus, diverses espèces de champignons très- 
différentes entre elles; en 1809, l'examen donné 
à un organe d’une structure remarquable fit sentir 
la nécessité de créer, avec les individus qui le 
présentent, un genre particulier, dont la véritable 
place est naturellement déterminée à la suite des. 
Phallus et avant les Morchella non moins singu- 
lières. Le nouveau genre reçut le nom de Dictyo- 
phore, de deux racines grecques, dictyon réseau, 
et pherô je porte. Le docteur H. Léveillé a établi 
ainsi ses caractères distinctifs dans le cinquième 
volume des Mémoires de la Société Linnéenne de 
Paris : valve fugace, d’une texture délicate, et 
disparaissant entièrement lorsque le champignon 
a acquis tout son développement ; pédicule creux, 
cylindrique , surchargé de vésicules , et enveloppé 
d’un réseau partant d’un bourrelet frangé , inséré 
au corps du pédicule : le réseau se déploie suc- 
cessivement et ressemble à un filet dont les mailles 
sont plus ou moins rapprochées ; à l’intérieur le 
pédicule est charnu ; chapeau campanulé, perforé 
au sommet , mobile, ayant sa face supérieure la- 
cuneuse , parsemée d’un grand nombre d’alvéoles 
à quatre et cinq angles; les alvéoles forment à la 
marge du chapeau des plis qui s’anastomosent 
ensemble , et au sommet de légers sillons ; le latex 
ou membrane gélatineuse qui renferme les spores 
répand d’abord une odeur que l’on a comparée à 
celle du seringat; elle rappelle ensuite celle du 
musc, et finit par affecter très-désagréablement 
l’odorat par son âcreté, par sa félidité. cf 

Les deux espèces de Dictyophores connues 
jusqu'ici sont originaires des contrées les plus 
chaudes; l’une , le Dicryopnore saryre, D. phal- 
loidea, provient de la Guiane hollandaise, où 
Vaillant l’observa et la recueillit en 1755 , près 
des bords de la mer et sur les rives du fleuve aux 
environs de Surinam; l’autre, le DiCTYoPHORE EN 
cLocHE , D. campanulata, appartient à l'ile de 
Java , où il a été étudié en 1825 , sur des racines 
de Rocou, Byxa orellana, et de Bambou, Zam- 
busa arundinacea, par Zippelius, directeur du 


| 


mm … 


DICT 


527 


DIDE 


oo 


jardin botanique de Ruitenzorg. Tous deux se font 
remarquer par le tissu léger qui se développe au- 
tour du pédicule. Dans les premiers temps, sa 
couleur est d’un beau blanc, mais en vieillissant 
elle devient roussâtre ; celui de la seconde espèce 
a la légèreté de la gaze, ses mailles très-petites, sa 
trame extrêmement fine ; il donne au Dictyophore 
l'aspect le plus agréable et le rend le plus curieux 
de tous les Cryptogames, sans en excepter l’Aga- 
ricus araneosus et ses nombreuses variétés. Les 
deux Dictyophores dont je viens de parler sont 
figurés dans les Actes linnéens, cités t. v, pl 13. 
(T. ». B.) 
? DICTYOPTÈRE, Dictyopteris. (mor. cryPT.) 
Genre de plantes marines de la division des Dic- 
tyotées , établie en 1809, par Lamouroux, aux dé- 
pens de quelques espèces de fucus et d’ulves de 
Linné , et dont voici les caractères : feuilles sim- 
ples ou divisées, souvent dichotomes, toujours 
partagées par une nervure qui va se perdre vers 
leur extrémité; capsules petites, disposées en 
masses un peu saillantes , éparses sur les feuilles , 
sur une ou deux lignes parallèles à la nervure, et 
très-rarement en séries transversales; tissu con- 
fusément et irrégulièrement réticulé. 

La grandeur des Dictyoptères est très-variable ; 
quelques unes s'élèvent à peine à quelques centi- 
mètres, tandis que d’autres dépassent souvent 
trois décimètres: Elles diffèrent encore suivant 
qu’on les examine après ou avant leur dessiccation ; 
ainsi , à l’état frais, elles sont charnues, raides, 
presque cassantes ; desséchées, elles apparaissent 
très-minces et très-flexibles. 

Les Dictyoptères habitent les zones chaudes et 
tempérées ; on les rencontre vers le 50° degré (de 


. latitude nord: enfin, très-communes dans la Mé- 


diterranée, elles deviennent plus rares à mesure 
qu’on se rapproche de l’équateur. Parmi les dix à 
douze espèces connues, nous citerons : le Dic- 
tyopteris J'ustii des Antilles, le Dictyopteris polypo- 
dioides de la Méditerranée, le Dictyopteris serru- 
lata de l’Austrasie, les Dictyopteris delicatula et 
rolifera des mers des Indes, FF.) 
. DICTYOPTÈRE. (ws.) Latreille a donné ce 
nom à un sous-genre formé avec quelques Lycus. 
Voy. ce mot. (Guér.) 

DICTYOTE, Dictyota. (8oT. cryrT.) Aydro- 
phytes. Genre établi en 1809, par Lamouroux, aux 
dépens des fucus et des ulves de Linné, et dont 
voici les caractères : feuilles sans nervures , géné- 
ralement dichotomes ou comme déchirées, à 
substance réliculée; capsules en petites masses 
éparses, rarement en lignes. 

Dans le principe, le genre Dictyote avait été 
divisé en deux sections ; la première, considérée 
par Adanson comme un genre particulier, avait 
reçu le nom de Padine : ce genre a été conservé ; 
la seconde constitue le genre Dictyote proprement 
dit, genre que l’on doit regarder comme le plus 
naturel de la nombreuse famille des Hydrophytes. 

La substance qui entre dans la composition des 
Dictyotes consiste en ua réseau irrégulier d’une 
finesse extrême, invisible à l’œil nu, et soutenu 


lui-même par un autre réseau, mais plus appa- 
rent. Les feuilles ou .frondes sont toujours sans 
nervure, rarement rameuses, presque toujours 
dichotomes , ordinairement linéaires, jamais ve- 
lues, excepté à leur partie inférieure, où l’on aper- 
çoit quelques poils semblables à ceux qui recou- 
vrent la totalité de la racine. La fructification, 
généralement éparse, est très-rarement linéaire. 
Les capsules sont nombreuses et réunies en masses 
plus ou moins saillantes. La couleur verdâtre plus 
ou moins foncée de ces plantes, qui ne change 
presque pas par la dessiccation, acquiert une teinte 
prononcée quand on les expose au contact de 
l'air et de la lumière. 

Les Dictyotes se rencontrent dans presque tou- 
tes les mers, et surtout dans le centre des zones 
tempérées. Leurs espèces sont très-nombreuses. 
Nous citerons en particulier le Dictyola ciliata des 
côtes de France, le D. dentata des Antilles, le 
D. dichotoma de l'Océan européen, les D. laci- 
niata , penicellata , rhizodes, etc. (F. F:) 

DIGTYOTÉES, Dictyotæ. (mor. crypr.) Hy- 
drophytes. Ordre de plantes marines établi par 
Lamouroux, ayant pour caractères une organisa- 
tion réticulée et foliacée, une couleur verdâtre 
qui ne change point à l’air, et cinq genres au 
moins qui sont très-distincts les uns des autres. : 

Les Dictyotées ont une tige, des rameaux cË 
des feuilles, avec et sans nervures; leur tissu est 
cellulaire et leur épiderme très-épais. Leurs mail- 
les ou cellules , souvent irrégulières , presque tou- 
jours hexagonales ou carrées , sont remplies d’um 
autre tissu cellulaire plus régulier, plus petit, à 
peine visible à l’œil nu, et rempli d’une substance 
mucilagineuse colorante ; leurs fructifications, 
très-nombreuses et jamais tuberculeuses, consis- 
tent en capsules granifères, innées dans la sub- 
siance même de la plante , et recouvertes d’un 
pédicule épidermoïde qui se détruit avant la ma- 
turité des graines; leur racine est une callosité 
fibrillaire , très-velue, d’une couleur blanchître 
à l’état frais, et jauuâtre ou brunôâtre après la 
dessiccation et le contact de l'air, | 

Les Dictyotées sont annuelles ou vivaces ; pres- 
que toutes celles qui sont pourvues de nervures pa- 
raissent vivaces et habitent les contrées tempérées 
ou équatoriales, et celles qui sont sans nervures 
sont annuelles et se trouvent dans toutes les mers. 

La famille des Dictyotes renferme les genres 
AuansiE, Dicryorrkre, PanDine, Dicryote et 
FragezLaire. W, ces mots. FF.) ,1 

DIDELPHES ou MARSUPIAUX, ( am. ) Les 
Didelphes, appelés aussi Marsupiaux ou animaux 
à bourse, forment, dans la classe des Mammifères, 
un groupe très-important et tout-à-fait distinct des 
autres par la distribution géographique, les habi- 
tudes, les caractères extérieurs et surtout le mode 
de génération des espèces qu’on y remarque. Etu- 
diés sous ce dernier point de vue, les Didelphes 
ont mérité de former une sous-classe distincte; 
ils rappellent à quelques égards certains animaux 
inférieurs chez lesquels les œufs, échappés de bonne 
heure aux conduits génitaux , passent à l'extérieur 


. 


DIDE 


ét sont reçus, comme on le voit chez un grand 
nombre de crustacés , etc. , dans des organes 
protecteurs particuliers que les parois de l’abdo- 
men concourent le plus souvent à former; chez 
les Didelphes, en effet , les germes ou ovules ne 
séjournent que très-peu de temps dans l'utérus et 
ses annexes; il se fait une sorte d’avortement, et 
les embryons viennent, par un mécanisme parti- 
culier, se hanter aux mamelles , lesquelles sont 
toujours abdominales et ordinairement placées 
dans une bourse ou poche formée par un repli de 
la peau : il se passe alors comme une seconde 
gestation qu'on pourrait appeler une gestation 
mammaire , et pendant laquelle se succèdent 
toutes les phases de la vie fœtale. Aucun animal 
de la classe des Mammifères, étranger au groupe 
des Didelphes , ne nous offre la moindre apparence 
de conditions analogues ; les Mammifères ordi- 
naires, ou Monodelphes, mettent toujours bas des 
petits pourvus de tous leurs organes, et les Mo- 
notrèmes, ou Ornithodelphes, qu’on avait à tort 
rapportés aux Marsupiaux,sont ovovivipares comme 
tout le monde l’admet aujourd’hui; leurs ovules 
manquent de placenta, et les petits qui en naissent 
rompent probablement dès qu'ils viennent, au 
monde extérieur leurs enveloppes adventives, et 
lorsqu'ils apparaissent , ils ont déjà pris un déve- 
loppement analogue à celui des jeunes Mammifè- 
res monodelphes. 

Ceci dit comme prolégomènes, nous allons 
maintenant entreprendre l'étude des animaux qui 
font le sujet de cet article et passer successivement 
en revue leurs caractères extérieurs et profonds, 
afin de nous rendre compte, s’il est possible, de 
leurs habitudes, et rechercher quelle place ils 
doivent occuper dans la classification. Mais, avant 
de l'essayer, disons que c’est surtout aux travaux 
de MM. de Blainville et Geoffroy-Saint-Hilaire 
que nous aurons recours. On reconnaîtra pres- 
que à chacun de nos paragraphes les découvertes 
et les observations que la science leur doit et que 
nous avons puisées dans leurs ouvrages ou re- 
cueillies à leurs lecons. 


+ Caracteres et habitudes. 


© Si nous commençons par l’examen des sens, 
nous voyons que leurs organes chez les Didelphes 
présentent bien quelques modifications, mais en 
général peu apparentes; on peut les comparer, 
ainsi que l'intelligence, à ce que nous offrent le 
plus grand nombre des Carnassiers ; quelquefois, 
comme chez les Phascolomes, les Kanguroos et 
les Phascolarctos, ils sont moins perfectionnés et 
ne paraissent pas être supérieurs à ceux des Mam- 
mifères rongeurs. La conque auditive ou la partie 
externe de l'organe de l’ouïe ne varie que très- 
peu; le plus souvent de grandeur moyenne, elle 
est quelquefois, comme chez les Kanguroos, assez 
étendue pour rappeler celle des Lièvres et des 
Lagomys; d’autres fois elle est très-courte , ainsi 
qu’on le voit chez les Didelphes fouisseurs ; mais 
jamais elle ne vient à manquer. L’æil, chez un 
grand nombre d'espèces, paraît modifié pour ob- 


; 528 
D . 


DIDE 


server à une lumière peu intense ; aussi sa pupille 
est-elle ordinairement très-dilatée, et quelquefois 
verticale. L’odorat est plus ou moins actif, il est 
surtout développé chez les Insectivores et les Car- 
nivores ; les narines sont toujours percées dans un 
petit mufle, lequel s’allonge quelquefois , et peut 
prendre assez de mobilité, ainsi qu’on le voit chez 
les Péramèles. Le toucher réside principalement 
dans ce mufle, et aussi dans le pied , quelquefois 
la queue; les membres postérieurs, ont chez les 
espèces de plusieurs genres, leur pouce opposa- 
ble, ce qui fournit une véritable main. ; 

Les dents, chez les animaux de cette sous-classe, 
sont au moins de deux sortes : incisives et mo- 
laires ; le plus souvent il s’y ajoute des canines ; 
elles se rapportent , ainsi que l’a remarqué M. F. 
Cuvier, à trois types différens, celui des Insecti- 
vores (:Péramèles, Sarigues, Dasyures); celur 
des Carnivores (Thylacines) , et celui des Ron- 
geurs ou Frugivores ( Phalangers, Kanguroos, 
Phascolomes ). 

Les poils sont laineux ou soyeux; ils existent 
chez tous les Didelphes, et ne sont jamais trans- 
formés en piquans ni écailles ou squames , comme 
cela se voit chez les Hérissons, les Echidnés et les 
Pangolins ; ils ne sont pas non plus remplacés 
par des incrustations en forme de carapace, 
comme chez les Tatous et les Ghlamyphores. Les 
poils existent sur tout le corps; la queue, les pattes 
et le mufle sont les seules parties qui puissent en 
manquer; chez les fœtus naissans, on n’en tronve 
aucune trace. Ils sont, sur les joues des adultes, 
transformés en moustaches. 

L'inspection des membres fournit aussi pour 
distinguer les Didelphes des caractères importans ; 
ils ont leurs doigts libres à tous les pieds ou bien 
ont deux des doigts postérieurs soudés ensemble 
jusqu’à l’ongle : M. de Blainville (voy. la Zoologie 
de Pouchet ) a donné aux espèces qui offrent cette 
disposition le nom de Syndactyles ; nous propo- 
serons pour les premières celui d’Eleuthérodac- 
tyles, en faisant remarquer (que cette forme des 
doigts, qui rappelle celle des oiseaux de l’ordre 
des Passereaux, pourrait bien, ainsi que l’a fait 
pour ceux-ci M. [sid. Geoffroy, servir à établir 
deux familles ou plutôt deux ordres distincts parmi 
les Didelphes. 

Les espèces dites Elcuthérodactyles nous offrent 
deux modifications importantes : ou bien le pouce 
est nul ou non opposable s’il existe, ou bien il est 
parfaitement formé , dépourvu d’ongle et opposa- 
ble aux autres doigts, de manière à constituer une 
main ; de là le nom de Pédimanes, déjà donné à ces 
espèces. Toutes ces dernières sont américaines et 
ne se retrouvent point dans l'Océanie ; elles sont 
aussi les seules de la sous-classe qui vivent dans 
le Nouveau-Monde. Toutes ont la queue prenante, 
et il en est parmi elles qui joignent à cette parti- 
cularité , d’avoir les membres postérieurs palmés, 
ce qui leur permet de nager avec facilité. 

Si nous retournons maintenant aux Didelphes 
syndactyles, nous voyons que les uns ont les mem- 
bres postérieurs beaucoup plus longs que les anté- 


rieurs 


AR 


DIDE 


529 


DIDE 


oo 


rieurs (Péramèles, Kanguroos), tandis que les 
autres ont les quatre extrémités égales ou à peu 
près égales. Parmi ces derniers, il en est qui ont 
la queue prenante; un plus grand nombre qui 
l'ont lâche, et quelques autres chez lesquels elle 
est rudimentaire et tout-à-fait inutile. Chez les 
Kanguroos , au contraire, dont nous parlions plus 
haut et qui l’ont allongée , elle est très- robuste, 
et fournit comme un troisième membre postérieur 
indispensable à la marche. 

Ajoutons que certains Didelphes ont , entre les 
membres, des expansions de la peau des flancs, 
semblables à celles des Sciuroptères et presque des 
Galéopithèques , et nous verrons qu'on peut éta- 
blir, avec M. Isid. Geoffroy, qu'il existe parmi 
eux, ainsi que chez les Carnassiers insectivores et 
les Rongeurs, cinq modifications principales des 
organes de la progression, d’où résulte la possi- 
bilité de marcher et de fouir, de grimper, de vol- 
tiger, de sauter et de nager. 

La taille des Marsupiaux varie dans des limites 
assez étendues, mais cependant d’une manière 
qui n’est pas comparable à ce que présentent les 
autres Mammifères , si l’on considère en même 
temps les monstrueux Cétacés, les volumineux 
Pachydernes et les faibles Rongeurs ou Insecti- 
vores. La plus grande différence que l’on puisse 
constater, est celle que nous offrent le Sarigue 
nain , qui n’a en tout que six pouces de long , et 
le Kanguroo laineux ou géant, qui a plus de huit 
ou neuf pieds. Mais ce sont à les points les plus 
distans l’un de l’autre et on peut établir en prin- 
cipe que les Didelphes sont ordinairement des 
Mammifères de taille moyenne. 

Après ce que nous avons dit des dents et de la 
forme extérieure, il est facile de se faire une idée 
des mœurs de ces animaux. Les uns sont frugi- 
vores ou herbivores , d’autres préfèrent les insec- 
tes, les petits animaux ct les œufs; enfin il en 
est qui ont des appétits plus carnassiers, et qui, à 
la manière des Fouines, des Renards et des Loups, 
chassent des proies assez volumineuses ; la plupart 
d’entre eux ont coutume de s'approcher des ha- 
bitations ; ils se glissent dans les basses-cours, 
et attaquent même les troupeaux. 


++ De la génération des Didelphes. 


L'opinion que les jeunes Didelphes naïssent aux 
tétines de leur mère, est celle qu'ont avancée les 
premiers observateurs, et qu'on a pendant long- 
temps soutenue; elle est même encore aujourd’hui 
la plus généralement répandue dans le pays des 
animaux à bourse. «La poche, écrivait Marcgraaff, 
est proprement l'utérus des Carigueya; la semence 
y est élaborée , et les petits ÿ sont formés. » « La 
poche des Philandres , dit aussi Valentyn , est une 
matrice dans laquelle sont conçus les petits. » Enfin, 
pour citer un troisième naturaliste (Beverley, 
ouvrage sur la Virginie), « les jeunes Sarigues 
existent dans le faux ventre, sans jamais entrer 
dans le véritable ; ils se développent aux tétines 
de leur mère. » Bien que quelques naturalistes de 
mérite aient adopté ces explications comme satis- 


Tome IL. 


faisantes , plusieurs, parmi lesquels Buffon , Dau- 
benton , Duvernay se faisaient remarquer, refu- 
sèrent de s’y rendre; ayant constaté qu’il n'existait 
entre la poche et les ovaires aucun conduit de 
communieation , et ne pouvant expliquer par Ix 
théorie physiologique de la génération ce qui 
était généralement rapporté, ils le regardèrent 
comme inexact et impossible , et les Marsupiaux 
furent considérés comme des êtres dont la nais- 
sance prématurée était compensée par une sorte 
d’incubation dans la bourse. Ce fut, en effet, ce que 
l’on reconnut bientôt par l'observation. D’Aboville, 
et Barton après lui, constatèrent que les Didelphes 
mettent bas, non des fœtus, mais des corps gélati- 
neux , des ébauches informes, comme ils le disent, 
des embryons sans yeux ni orcilles. Nés de parens 
gros comme des chats, ces animaux ne pèsent 
à leur première apparition, qu'un grain envi- 
ron ; quinze jours suflisent pour les amener à 1 
taille d’une souris, et lorsqu'ils ont atteint celle: 
d’un rat, ils cessent d’adhérer aux mamelles: mais 
ils peuvent les reprendre momentanément à Ja 
manière des autres Mammifères. Barton conclut 
de ces faits qu’on peut distinguer aux Didelphes 
deux sortes de gestation, l’une qu’il appelle uté- 
rine , et qu'il estime être de vingt-deux à vingt-six 
jours, et l’autre qu’il nomme marsupiale , c’est-à- 
dire se passant dans la poche : comme la poche 
n'existe pas dans tous les Didelphes, et que d’ail- 
leurs c’est bien plutôt au moyen des mamelles 
que les jeunes animaux sont en rapport avec la: 
mère, nous avons préféré donner à celte gestation 
l’épithète de mammaire. . 

Maintenant que nous avons une idée plus com- 
plète de la reproduction des Didelphes, étudions 
brièvement l’organisation de ces animaux et cher- 
chons quelles importantes modifications ont subies- 
les organes qui exécutent cette fonction. 

[. Des organes génitaux internes. Nous ne parle- 
rons pas des systèmes vasculaire et nerveux, tou 
jours unis d’une manière si intime, et qui offrent 
chez les animaux qui nous occupent une disposition 
assez en rapport avec ce que l'on voit chez les oi- 
seaux. Ces dispositions ont été surtout décrites et 
représentées par M. Geoffroy. Nous renvoyons à 
ses Mémoires. Arrivons de suile aux conduits de 
la génération , que l’on a nommés, avec tant de: 
raison, des intestins génitaux. La détermination 
des divers segmens de cet appareil a long-temps- 
embarrassé les naturalistes; c’est encore à M. Geof- 
froy que l’on doit la dénomination aujourd’hui 
généralement adoptée. Le canal que cet anato- 
miste a nommé urélro-sexuel, et qui est réduit. 
chez les mammifères ordinaires à des dimensions 
si peu considérables qu’on l’a souvent méconnu ,. 
est au contraire très-développé chez les Didel- 
phes, et représente assez le mêmesegment chez 
les oiseaux. Daubenton et tous les autres anato- 
mistes en avaient fait le vagin. Mais M. Geoffroy 
reconnu que celui-ci consiste en deux tubes en 
anses , disposés sur les côtés et communiquant 
avec l’utérus supérieurément, et avec le canal 
urétro-sexuel inférieurement, La duplicité du va- 


147° Livraison. 67 


; È ” 


ï = 


DIDE 


‘530 


DIDE 


mm 


gin, dit M. Geoffroy , ne doit pas plus nous sur- 
prendre que celle: d’une partie du pénis chez les 
mâles; chacun des deux canaux recoit dans l’ac- 
couplement sa parlie correspondante-du pénis : 
ajoutez à cela que les’oiseaux ont aussi an double 
vagin, l’un à gauche, l’autre à droite. L’utérus 
placé au dessus de ces tubes, est aussi différent 
de celui des autres mammifères ; c’est un simple 
£anal sans rétrécissement inférieur ou col; il ré- 
sulte de la réunion des deux vagins. Chez les fe- 
melles vierges, au lieu d’être disposé en un simple 
conduit , il est séparé-en deux par un diaphragme, 
et forme alors véritablement deux organes dis- 
tincts. L'absence de col à l'utérus levanttout obsta- 
cle opposé à la sortie du produit ovairien:, celui-ci 
s'échappe, ainsi que le fait observer M. Geoffroy, 
et s'écoule nécessairement par une sorte d’avorte- 
ment normal chez les Didelphes et chez les ovi- 
pares. Dans les premiers lovule traverse plus 
rapidement encore le vagin et le canal urétro- 
sexuel ; il a besoin d’être ultérieurement alimenté, 
et va se grefler aux mamelles: chez les ovipares 
l'ovule se recouvre dans le vagin ou oviducte d'une 
couche de matière albumineuse ; il prend la nour- 
riture qui doit, avec le vitellus, alimenter le germe 
après qu'il aura été pondu. | 
IL Mamelles, bourse, os mursupiaux. Les ma- 
melles sont toujours abdominales et le plus sou- 
vent nombreuses; elles ont été bien étudiées pour 
les Kanguroos par M. Home ; elles sont recouvertes 
et protégées par la bourse ; celle-ci, qui n'existe que 
chezles femelles, s’observe dans leplus grand nom- 
bre des espèces ; mais il en est quelques unes qui en 
manquent ; il y a alors des rides longitudinales de 
la peau de l'abdomen. 

Deux os paraissent particuliers aux Didelphes 
et ne se retrouvent, bien distincts, dans la classe 
des Mammifères , que chez les Monotrèmes. Ces 
deux os, dont on a tant parlé, ne sontpas, comme 
pourrait le faire croire leur nom (dérivé de mar- 
supium) , en rapport immédiat avec la poche; ils 
constituent deux appendices articulés en avant du 
pubis et dirigés de dedansen dehors au milieu des 
muscles de l'abdomen. On a pensé long-temps 
qu'ils étaient propres aux Didelphes et aux Mono- 
trèmes, et qu'aucun des animaux de la sous-classe 
des Mammifères ordinaires n’en offrait de repré- 
sentans. On s’est même servi de cotte opinion 
pour arguer contre la théorie dite des analogues. 
Quelques anatomistes, zélés partisans de cette 
théorie, ont cru pouvoir répondre à l’objection 
en annonçant que les os marsupiaux, chez les 
Mammifères ordinaires, faisaient partie de la _ca- 
vité cotyloïde, dont ils formaient une des parois ; 
qu'ils étaient alors réduits à des os de petit vo- 
lame, que l'on observe surtout chez les jeunes 
lions et aussi chez les jeunes sujets de plusieurs 
autres Mammifères ; mais celte détermination peu 
heureuse fut bientôt combattue d’une manière 
victorieuse par Cuvier (qui fit voir que l'os de Ja 
cavité cotyloïde peut exister en même temps que 
le véritable os marsupial, exemple, chez les 
Phalangers, etc. ). C'était d’ailleurs une déter- 


» 


termination contraire aux préceptes de Ja belle 
conception qu'elle voulait soutenir, oubliant, 
sans doute le précepte du maître, qu’un organe 
peut varier dans sa consistance , son ‘volume et 
même ses fonctions, mais jamais dans ses con- 
nexions. C’est en suivant etne perdant pas de vue 
ce précepte fécond , que M. Laurent a pu arriver 
à une détermination plus rationnelle; suivant lui, 
l'os de la cavité cotyloïde serait une sorte d’os 
wormien, c’est-à-dire accessoire et intermédiaire 
à plusieurs os principaux qui dans leur développe- 
ment convergent les uns vers les antres. 

D'après le même anatomisie, los marsupial 
représenterail le pilier interne du muscle grand 
oblique, ce qui est vérifiable chez les Didelphes, 
dont les testicules sont en dehors de l'abdomen , 
et chez lesquels cet os forme avec le pilier externe 
l'anneau inguinal par lequel passe le cordon testi- 
culaire. Par suite de cette détermination, M. Lau- 
rent est conduit à désigner los, improprement: 
nommé marsupial, par le nom d'os prépubien bi- 
latéral, pour le distinguer de l'os prépubien mé- 
dian de la salamandre. 

Si l’on voulait trouver une des fonctions de ces 
élémens ossifiés, on pourrait dire qu’ils sont des- 
tinés à fournir aux muscles de l'abdomen un point 
d'attache plus solide ; car ces muscles sont inces- 
samment tirés vers le sol par le poids des petits sus- 
pendus aux mamelles, et doivent être doués d’une 
résistance plus grande ; mais ce qui paraît d’abord 
contraire à celte hypothèse, les Monotrèmes ont 
des os marsupiaux et leurs petits ne sont jamais 
suspendus à leurs mamelles à la manière des Di- 
delphes ; chez eux, les os marsupiaux paraissent 
avoir une autre fonction , également en rapport 
avec le mode de génération. L’ovule est volumi- 
neux ; il passe dans la matrice et les oviductes à la 
manière de celui des oiseaux, sans ÿ contracter 
d’adhérence ; mais, comme chez les ovovivipares, 
il y subit toutes les phases de la vie fœtale; c’est, 
pourrait-on dire, un poids qui tend sans cesse à 
avorter, et qui pèse sur les parois de: l'abdomen : 
les os marsupiaux sont là également pour fournir 
aux muscles une plus grande force de résistance ; 
ils les aident , pour ainsi dire , à supporter le far- 
deau intérieur, comme chez les Didelphes ; nous 
les avons vus aider à supporter le fardeau exté- 
rieur ; el ce qui paraît confirmer cette manière de 
penser, c’est que les salamandres terrestres, qui ont 
aussi une généralion ovovivipare ét les oviductes 
souvent remplis d’un très-grand nombre de petits, 
ont également des os marsupiaux. 

Une autre fonction que celle que nous indiquions 
plus haut peut être reconnue aux os marsupiaux, 
c'est celle de tirer en bas les mamelles et de les 
approcher (au moyen de contractions du muscle 
crémaster ou iléomarsupial) de l’orifice des or- 
ganes de la génération, quieux-mêmes se portent 
au dehors par une partie du canal arétro-sexuel,. 
et viennent lors dela parturition mettre l'ovule en 
rapport avec le mamelon. Ainsi s'exécute, dit 
M. Geoffroy, ce que Barton a raconté d’après ses 
propres observations. Le vagin, qui a la faculté de 


0 


DID 


-531 à DIDE ! 


toucher toutes les surfaces internes de la bourse, 
apar conséquent, et à plus forte raison, celle.d’y 
déposer les produits accumulés dans l’oviducte. 

Le germe une fois enté sur la mamelle y subit 
toutes les phases de son développement; il prend 
sa nourriture parla bouche, sans jamais, ainsi 
que l’a constaté M. de Blainville, être en rapport 
avec sa mère au moyen de l’ombilic. (On voit dans 
un ouvrage récemment publié par M. Geoffroy les 
figures de plusieurs Didelphes fixés aux tétines et 
étudiés dans quelques unes de leurs parties.) Après 
qu’ils ont pris leur développement, ces animaux 
abandonnent, ainsi que nous l'avons déjà dit, la 
mamelle; ils peuvent sortir de la poche , mais ils 
jouissent , comme chaeun le sait pour les Sarigues, 
de la facilité d’y rentrer lorsqu'un danger les me- 
nace. Ghez. quelques Didelphes qui n’ont pas de 
poche.ou bien qui, enétant pourvus, ont la queue 
prenante, les petits s’accrochent au moyen decet 
organe à. la même partie de leur mère, etils res- 
tent placés sur son dos; tel est le caside la mar- 
mose ; quelques autres, tels que les Koalas, por- 
tent leurs petits cramponnés sur leur dos ou lenr 
tête. 

Les mâles des Didelphes.ont le pénis: ordinaire- 
ment bifide; leur serotum pend à l'extérieur 
comme, chez quelques animaux des ordres, supé- 
rieurs ; ils ont les os marsupiaux, mais ils manquent 


de bôurse. 
+++ Distribution géographique et classification. 


Quoique des faits depuis long-tempsétablis dans 
la science tendissent à prouver le contraire, Buf- 
fon a pensé que les animaux à bourse étaient 
exclusivement propres au Nouvean-Monde ; mais 
on sait parfaitement aujourd'hui que les Didel- 
phes existent aussi dans les îles de la mer des In- 
des, aux Moluques principalement , et dans toute 
l’Australasie; ils sont même dans ces contrées 
beaucoup plus nombreux que dans l’Amérique, 
et c’est à peine si l'on compte un mammifère or- 
dinaire terrestre, contre vingt espèces de leur 
groupe. Buffon, pour établir une loi aussi contraire 
à la vérité, dut révoquer en doute le témoignage 
de Valentyn, que seul il connut ; il le dit emprunté 
à Marcgraaff et aux autres voyageurs en Améri- 
que; mais il n’eût puen dire autant de ce qu'avait 
rapporté Clusius, antérieurement à la découverte 
du Nouveau-Monde. Cet auteur parle d’un pha- 
langer d’Amboine qu'ilnomma Cusa ; c’est, dit-il, 
un animal de la taille d’un chat , et qui fut observé 
par l’amiral Vanderkagen, lors de son troisième 
voyage à Amboine ; il porte sous le ventre un sac 
dans lequel pendent les mamelles; les petits s’y 
forment et restent adhérens aux tétines, dont ils 
ne se séparent qu'après avoir pris une taille suf- 
fisante : et, après leur naissance, ils peuvent y ren- 
trer de nouveau. Gesanimaux,, ajoute Clusius, vi- 
vent de, grains, d'herbes vertes et de légumes ; 
les Portugais les mangent habituellement; mais les 
mahométans s’interdisent leur. chair. On peut 
ajouter, avec Desmoulins', que les. anciens eux- 
mêmes paraissent avoir eu.de ces animaux de 


Inde quelque connaissance. «Fixez, dit Plutar- 
que dans son Traité de l'amour des parens pour 
leurs enfans, fixez votre attention sur ces chats 
qui, après avoir produit leurs petits vivans, les 
cachent de nouveau dans leur ventre , d’où ils les 
laissent sortir pour aller chercher leur nourriture’, 
et les y reprennent ensuite pour qu'ils dorment em 
repos. «Buffon, qui a:si souvent fait preuve d’une 
profonde érudition, n’eût pas dû ignorer ce pas- 
sage , non plus que celui de Clusius, et certaine 
ment il ne l'eût pas rapporté aux animaux du nou- 
veau continent. Mais ce-qui paraît avoir surtout 
occasioné son erreur, c’est que Séba donna à 
un yrai Sarigue le nom de Philandre que Valentyn 
avait appliqué à son Didelphe d’Amboine. 

On trouve donc les animanx dé cette nom- 
breuse tribu dans l'Amérique, principalement 
dans l’Amérique méridionale; ils existent aussi 
dans les îles de l'archipel des Indes ‘ainsi qu’à la 
Nouvelle-Hollande; mais ces contrées sont les 
seules qui les possèdent. Dans l'Amérique ; ils ne 
sont pas très-nombreux et se rapportent tous, 
comme nous-l’avons vu plus haut, au-groupe des 
Pédimanes, Dans l’Australasie les Didelphes sont 
presque les seuls mammifères: (1) ; à la Nouvelle- 
Hollande les mammifères monodelphes qu’on a 
trouvés avec eux sont l'homme et le chien qui 
probablement y ont été transportés, une espèce 
de Ghéiroptère, la Roussette à tête cendrée, ainsi 
que les Monotrèmes (Echidnés et Ornithorhyn- 
ques), qui tous se trouvent aussi à Van-Diémen ; 
mais de plus, dans quelques îles voisines de cette 
terre, on rencontre les Hydromys, petits ron- 
geurs assez semblables aux castors, et les seuls 
animaux de leur ordre que cesparages aient pro- 
duits. Dans les îles de l’immense archipel Océa- 
nien les plus voisines de la Nouvelle-Hollande, les 
Didelphes sont presque partout les seuls mammi- 
fères que l’on rencontre , encore y sont-ils très- 
peu nombreux; mais bientôt ils semblent dispa- 
raître. Leur rapport avec la quantité des mono- 
delphes qu’on y rencontre est en raison inverse de 
ce qi'il était dans le Sud. On voit apparaître suc- 
cessivement les Cerfs, les Cochons et les Babi- 
roussas , les Paradoxures, les Écureuils, et les 
Chauve-souris qui sont de plus en plüs fréquentes 
el se rapportent même à plusieurs groupes dis- 
tincts. À Timor, à Java, Sumatra, Bornéo, etc.', 
on ne voit plus de Didelphes ; ilne paraît pas non 
plus qu’il en existe dans le continent de l'Inde. «| 

Classification. Les animaux marsupiaux, dont 
nous ferons, avec M. Blainville, une.sous-classe 
sous le nom de Didelphes, ont été, suivant les di- 
vers naturalistes, considérés comme formant um 
simple genre, une famille ou «un ordre. Brisson, 


(x) Bien entendu que nous ne paflons pas des Mammifères 
aquatiques, tels que les cétacéstet Jes amphihies qui sont géné- 
ralement répandus dans toute l'étendue des mers et sur toutes 
les côtes ; à la Nouvellé-Hollande, commeen Amérique, en Asie; 
comme en Afrique, etc. Nous n'avons pas non plus l'intention 
de parler des animaux, tels que les rats, les chats, etc., qui onë 
été transportés à la Nouvelle-Hollande depuis sa découverte; 
et parisuite de ses rapportstavec l’ancien monde, 


DIDE 


532 


DIDE 


Linnæus et quelques autres en ont fait le genre 
Didelphis, nom qui est devenu celui de toute la 
famille et s’applique encore au groupe des Sari- 
gues. Le nom de Marsupiaux par lequel on a voulu 
le remplacer ne paraît pas aussi heureux, puisque, 
s’il veut dire que les animaux auxquels il s’étend 
ont une bourse, il ne saurait comprendre tous 
les Didelphes, et que, d’un autre côté, il laisse 
confondus avec eux les Monotrèmes , s’il veut in- 
diquer la présence de l’os marsupial. 

G. Cuvier, dans la classification qu’il aproposée 
avec M. Geoffroy, a élevé le genre Didelphis au 
ang de famille, et l’a placé parmi les Carnassiers; 
puis, dans la deuxième édition du Règne animal, 
ill’a considéré comme formant un ordre à part, 
en indiquant toutefois qu'il pourrait également 
constituer une sous-classe. 

Cette dernière disposition des animaux à bourse 
est celle que M. de Blainville avait depuis long- 
temps indiquée et même exécutée dans son pro- 
drome d’une classification des mammifères. Ce sa- 
vant naturaliste avait d’abord proposé de réunir 
en une sous-classe à part les Marsupiaux et les 
Monotrèmes (Echidnés, Ornithorhynques) ; mais 
depuis (Cours de la Faculté des sciences , 1834) 
il a modifié sa classification et fait des Monotrè- 
mes, qu'il appelle Ornithodelphes , une troisième 
sous - classe de mammifères. Il paraissait en effet 
peu rationnel de réunir dans un groupe commun, 


“ 


Membres postérieurs à doigts 
tous séparés, palmés ou non 
palmes. 

ELEUTHÉRODACTYLES, 


2° sous-classe des WMamm. 
DIDELPHES. 


“Animaux mammifères em- 
bryopares, à gestation 
mammaire, pourvus le 
plus souvent d’une poche 


abdominale et toujours queue 
d'os marsupiaux , ce qui Membres postérienrs longue, 
‘les rapproche des Mono- à doigts indicateur 
trèmes ou ORNITHODEL= et médian soudés 
| PHES, jusqu'à l’ongle: ja- 
mais palmes. 
SYNDACIYLES, queue 
courte 
ou nulle, 


Ce tableau ne mène, comme on le voit, que 
jusqu'aux familles; il partage les Didelphes en- 
deux ordres. Nous allons essayer d’arriver, par des 
caractères aussi faciles à saisir, jusqu’à la con- 
naissance des genres , c'est ce que nous ferons par 
la courte analyse qui suit. 


1 ordre, ELEUTHÉRODACTYLES. 


Pouce des pieds de derrière développé, op- 
posable,. eu nant en, 106 np 


r. è ë ë : 
Pouce des mêmes pieds nul ou rudimentaire, 
mais jamais opposable. . . . . . . n°3. 
1" famille, Pédimanes. 
Pieds postérieurs palmés. —Genre Chironecte, 
ex Chironectes. 


Pieds postérieurs à doigts non palmés. — 
Genre Sarigue ou Didelphe, Didelphis. 


par cela seul qu’ils sont pourvus d’os marsupiaux, 
des animaux dont la génération, et en général 
tout le système organique est si différent. Desmou- 
lins (Physiologie de M. Magendie), et M. Duver- 
noy (Discours de clôture, Strasbourg, 1822), se 
sont aussi occupés de classer les mammifères; le 
premier a emprunté à M. de Blainville presque 
toute sa classification, et donné quelques noms 
aux groupes qu il avait établis; le second n’a fait 
que modifier légèrement le même travail. Tous 
deux laissent les Didelphes et les Monotrèmes dans 
la même sous-classe. Ê 

M. F. Cuvier (Art. Zoologie du Dict. se. nat., 
et ouvrage sur les Dents des Mammifères , a été 
conduit à suivre une tout autre marche; plaçant 
en première ligne les caractères fournis par le 
système dentaire, il a dû répartir les divers gen- 
res de Didelphes dans différens ordres de la classe 
des mammifères. Ceux qui ont les mâchelières 
épineuses ont été rapportés par ce naturaliste à 
son ordre des Znsectivores; les Thylacines sont 
placés parmi les Carnivores ; et les Pétauristes , 
Phalangers, Kanguroos, Phascolomes , etc., for- 
ment un ordre distinct sous la dénomination de 
Marsupiaux frugivores. 

Nous terminerons en donnant le tableau ci-joint 
de la classification des Didelphes , lequel est l’ex- 
pression très-légèrement modifiée de ce qu’a pro- 
posé M. de Blainville, 


à pouce développé, opposable, { Didelphe, ou Sarigue. 
Pédimanes. Chironecte. 
à pouce nul ou rudimentaire, jamais { Dasyure. 
opposable, Phascogale. 
Phascogales. Thylacine. 
Membres poste- 
non utile à la rieurs les plas | Péramele. 
marche. longs. 
Phalangers, Phalanger. 
Membres égaux, ] Couscous. 
ou à peu près, | Pétauriste, 
Acrobate. 
utile à la marche, membres postérieurs { Potorou. 
toujours plus longs, Kanguroo: 
Sauteurs. Halmature. 
. { Phascolarctos. 
Fouisseurs, 
Phascolome, 


2° famille, Dasyures. 


T=T 


T7" n° 4. 
-£. — Genre Dasyure, Da- 


Dents molaires 
3. { Dents molaires 
syura. 
Incisives égales, molaires toutes carnas- 
sières. — Genre Thylacine, T'hylacinus. 


=7ielan,s © 7e - be l'epée) += 
€_6 
6—6 


4. Incisives inégales, molaires postérieures in- 
sectivores. —Genre Phascogale, Phascogale. 

2e ordre, SYNDACTYLES. 
; Quene-longliesansemue: 3125 veto sot 
* | Queue courte ou nulle. . . . . . . n°9. 


Queue inutile à la marche, lâche ou pre- 
nante. . . 1% n° 3. 
Queue toujours utile à la marche et lâche, 
membres postérieurs beaucoup plus longs 
que les antérieurs... 4. "4 ‘n°7. 


CCC ere re © + ee 


2. 


& 


© 


533 


DIDE 


DIDE 


002 


1 famille, Phalangers. 


" Membres postérieurs plus longs; tête el mu- 
seau fort allongés. — Genre Péramèle, Pe- 


5. rameles. 
Membres postérieurs à peu près égaux. n°4. 
L Queue prenante. . . . . . .« + « « + N° 4. 
* | Queue non prenante. . . . . . . . n°6. 


Queue tout-à-fait velue. — Genre Phalanger, 
Phalangista. 

Queue en grande partie nue, — Genre Gous- 
T* cous, Cuscus. 

Queue à poils distiques. — Genre Acrobate, 

Acrobata. 

Queue à poils non distiques, — Genre Pétau- 
Fe riste, Petaurus. 
‘ 2° famille, Sauteurs, 
| Des canines à la mâchoire supérieure. — 


T ut 


Genre Potorou, Potorus. 
Point de canines aux mâchoires. . . n° 8. 


Molaires =. Genre Kanguroo, Macropus. 


Molaires :=, — Genre Kalmature, Kalma- 


5—5 


turus. 
3° famille, Fouisseurs. 


Doigts des pieds 5-4 ; ceux-ci divisés en deux 
paquets opposables. —Genre Koale, Phasco- 
larctos. 

‘ (Doigts5-5.—Genre Phascolome, Phascolomys. 

*" Voyez pour ces divers genres, les mots Cui- 

RONECTE, SARIGUE OU DIDELPHE, PHALANGER, DA- 

SYURE, KANGUROO, etc. (Genrv.) 

DIDELPHE ou SARIGUE, Didelphis.' (ma.) 
Nous avons vu plus haut que les Sarigues forment 
avec les Chironectes toute la série des animaux à 
bourse propres à l'Amérique. Ils se distinguent 
entre eux par leurs membres, palmés chez les 
derniers, non palmés chez les premiers. Leur 
queue est prenante, plus ou moins dénudée, et 
le pouce de leurs membres postérieurs est tou- 
jours long, sans ongle et opposable. Ils ont un 
nombre très-considérable de dents, cinquante, 
ainsi distribuées : dix incisives à la mâchoire su- 

érieure; deux canines; six fausses molaires et 

uit vraies ; à la mâchoire inférieure huit incisives 
cylindriques et couchées en avant, deux canines, 
six fausses molaires et huit vraies. 

LesSarigues sont des animaux de taillemoyenne, 
ou pelite, qui vivent dans les bois, les plaines, ou 
quelquefois sur les rochers qu’ils gravissent avec 
beaucoup de facilité. Leur queue prenante leur 
permet de s’accrocher aux arbres et dese mouvoir 
comme le font la plupartdes singes du même pays. 
Ils se nourrissent d'insectes, d'œufs et même de 
petits animaux. Leur naturel, quoiqu’un peu sau- 
vage, peut cependant être adouci, et avec quel- 
ques soins on parvient facilement à les apprivoiser. 
Ce sont les animaux à bourse les plus ancienne- 
ment connus des naturalistes, et auxquels Buffon 
a voulu, mais à tort, rapporter ce qu'avait dit 
Valentyn des Didelphes vivant dans les Moluques. 
Tous n’ont pas de bourse; mais tous, comme les 
autres animaux de leur sous-classe, mettent au 


monde leurs petits avant qu’ils ne soient dévelop- 
pés, et ils remédient à une sorte d’avortement des 
embryons par une seconde gestation qui se fait à 
la mamelle. Dans les espèces à poche, les pelits, 
après avoir quitté les tétines de leur mère , peu- 
vent les reprendre lorsque le besoin les y engage, 
et ils trouvent dans la poche un abri sûr contre 
les ennemis qui chercheraient à leur nuire. 

G. Cuvier a fait connaître une espèce de Sari- 
gue fossile, voisine de la Marmose, et trouvée dans 
les carrières à plâtre des environs de Paris. Depuis, 
quelques autres espèces ont aussi été observées. 
Le gisement de ces fossiles est sans doute très-re- 
marquable; mais toutefois on doit dire que les 
animaux auxquels ils appartiennent élant tous 
d’un genre américain , on ne peut rien en conclure 
qui se rattache à l’histoire de l'apparition sur le 
globe des Didelphes australasiens. 

+ + Espèces dont les femelles ont une poche sous le 
ventre pour recevoir les petits après leur naissance. *, 

DipeLPHE Ou SARIGUE A OREILLES BICOLORES, 
Didelphis virginiana , Penn. Cet'animal, dont on 
a parlé sous les divers noms de Manicou, Opossum, 
Sarigue des Illinoïs , etc., est de la taille d’un la- 
pin : son poil laineux est blanc près de la peau, 
brun à l'extrémité et traversé par des poils plus 
longs et le plus souvent blancs; le dos est plus 
foncé que le reste du corps, le ventre blanc ainsi 
que la tête, et les oreilles, brunes à leur base, ont 
leur pointe blanchâtre ; la queue est velue dans 
son premier tiers,'et les mamelles sont au nombre 
de treize, douze disposées cn cercle et une cen- 
trale, Ce Sarigue est un des plus connus; on le 
trouve dans toute l'Amérique , depuis le Paraguay 
jusqu’au pays des Illinois ; il se tient dans les bois 
et les champs, pénètre de nuit dans les habita- 
tions et y tue les volailles. Sa démarche est très- 
lente, La gestation ne dure que vingt jours, et les 


petits en naissant ne pèsent qu’un grain ; ils restent 


altachés aux mamelles de leur mère pendant cin- 
quante jours environ, et lorsqu'ils commencent 
à sortir ils ne sont guère plus gros que des souris ; 
d’abord ils ne s’éloignent que très-peu et rentrent 
dans la poche au moindre danger. 

SARIGUE CRABIER, Didelphis cancrivora, L., figuré 
dans l’Icon. du Règn. an., pl. 20. C’est le grand 
Philandre oriental de Séba, et le grand Sarigue 
des'Européens du Brésil et de Cayenne. Il est très- 
semblable au précédent par la grosseur du corps, 
Ja longueur et la forme de la tête; mais il s’en 
distingue par son pelage, 'qui est jaunâtre terne, 
mêlé de brunâtre et traversé par des soies brunes. 
Le Cräbier est surtout commun à Gaïenne et à 
Surinam ; il se retrouve aussi dans presque tous 
les pays où vit le précédent; on assure qu’il re- 
cherche de préférence les palétuviers et les endroits 
marécageux, et qu’il se nourrit de petits oiseaux, 
de reptiles et d'insectes, mais principalement de 
crustacés, ce qui lui a valu son nom. 

SARIGUE D'Azana, Did. Azaræ, Schreb., Did. 
aurita, bien décrit dans les Monogr. mamm. de 
Temm. C'est le Gamba ou Micoure premier de 
d'Azara. Quelques auteurs l’ont confondu avec 


- DIDÉ 


Vespèce précédente ; son museau est longiet son 
pelage composé de poils soyeux blancs dans toute 
létendue du corps, à l'exception du tour des 
yeux, des extrémités des membres, de la nuque, 
de la face et des oreilles, qui sont noirs. Habite l’A- 
mérique méridionale et particulièrement le Brésil. 

SARIGUE MYOSURE, Did, myosurus, c’est-à-dire 
à queue de-rat. C’est un animal de la Guiare, de 
Surinam et du Brésil, dont on doit la description 
à M. Temminck (loc. cit.). Sa taille est celle d’un 
jeune putois, ses oreilles sont grandeset arron- 
dies, son pelage est doux, court et serré, brun 
et fauve roussâtre, plus foncé sur le dos; le des- 
sous du corps est blanchätre, et la queue, assez 
semblable à celle d’un rat, grêle et bicolore; les 
oreilles sont très-grandes et comme arrondies, 

SariGug QUICA, Did. quica, décrit également 
par M. Temminck. Il provient des mêmes contréés 
que le précédent, et lui ressemble sous plusieurs 
rapports. 

*. SARIQUE OPOssUM , Did. opossum, Desm. L’Opos- 
sum, appelé Quatre œil et Carigueia par les Bré- 
siliens, a la taille de l’écureuil d'Europe ; il habite 
l'Amérique méridionale et se trouve fréquemment 
à la Guiane. C’est une des espèces les plus an- 
ciennement connues ; ses mœurs n ont rien qui là 
distingue des précédentes. : 

SARIGUE PIULANDRE , Did, philander, Temm. 
Cette espèce, placée par M. Desmarest dans son 
sous-genre des Didelphessans poche, sous le nom de 
Didelphe cayopallin, doit, suivant MM. Temminck 
et Lesson, être rapportée au groupe qui nous 0c- 
cupe; c’est le Cayopollin de Schreber, et le Pki- 
lander africanus de Brisson. Il a le pelage grisr 
fauve en dessus et blanc-jaunâtre. en dessous; le 
tour de ses yeux est brun, ainsi qu'une bande 
existant sur son nez ; sa queue est tachetée de noi, 
râtre et beaucoup plus longue que le corps. 

Le Philandre habite principalement la Guiane. 
° fi Les femelles de ce groupe n’ont point depoche 
sous le ventre, mais seulement un repli longitudinal 
de la peau de cette partie, lequel ne couvre paint 
entièrement les mamelles. 

SARIGUE GRISON, Did, cinerea, Temm. Ikn’est 
pas plus gros que le rat domestique ; ses oreilles 
sont un peu plus étranglées à la base et nues; sa 
queue, beaucoup plus longue que le reste, est 
grêle et pointue; le pelage.est fourni, court, d’un 
gris cendré clair en dessus et :blanchâtre en des- 
sous , avec la poitrine tirant au roux; les femelles 
sont entièrement de cette couleur. La découverte 
du Grison est due au prince de Neuwied, qui l’a 
rapporté de son voyage au Brésil. 

SARIGUE DORsAL , Did. dorsigera ,: L. De la 
même taille que le précédent ; il a la queue grise, 
pointuc el assez étendue ; ses yeux sont placés au 
milieu d’une tache rousse assez foncée; son pe- 
lage est fort court et peu fourni ;:le front est d'un 
blanc jaunâtre , ainsi que les joues. Surinam. 

SARIGUE MARMOSE , Did. murina, L. La Marmose, 
appelée par les Brésiliens Toibi, est du volume 
d'un lérot; son ‘pelage, gris-fauve en dessus , est 
jaunâtre en dessous; un trait brun passe sur ses 


554 


EE EEEEEELELELELELELELELELEZEZEZEZEZEZEZEpEppcm ee annee mmremnneS 


DIDY 


yeux, et sa queue, longue comme.le corps, est 
entièrement nue. Gelle espèce, dont Buffon et 
d'Azara ont parlé, avait élé nommée Âarmotte 
par Séba; elle se tient sur les troncs d'arbres, 
les rochers et les haies vives, où elle se meut avec 
facilité en s’aidant de sa queue prenante. Il n’est 
pas bien certain qu’elle manque de poche abdomi- 
nale, La Marmotte se trouve à Caïenne et à Suri- 
nam, ainsi qu'au Paraguay et dans une grande 
partie de l'Amérique méridionale. Elle porte sou- 
vent ses petits-sur son dos, attachés à sa queue au 
moyen de la leur, 

SARIGUE Tuoan, Did. tricolor, Geoff, On le 
trouve à la Guiane, où il se tient dans les bois, 
La femelle fait de dix à douze pelits: Son pelage 
est noirâtre sur le dos, roux vif sur les flancs, eë 
blanchâtre en dessous. ; 

SARIGUE BRACHYURE, Did. brachyura, Gm. {le 
Mus sylvestris americanus de Séba. [l'a le corpslong 
de six pouces seulement , et la queue de trois. Les 
couleurs sont à peu près les mêmes que celles du 
précédent , avec lequel Gmelin l’a confondu. 

Sariqug NAIN, Did. pusilla, Desm. Le Mécouré 
pain a trois pouces seulement de longueur, depuis 
le bout du museau jusqu’à l’origine de la queue ; 
celle-ci mesure également trois pouces. Ge joli 
petit animal a le pelage d’un gris de souris , légè- 
rement obscur en dessus et blanchâtre en dessous: 
sa queue est entièrement nue.et blanchâtre. IE 
habite les jardins et les plaines de plusieurs pro- 
vinces du Paraguay. 

L'Yarock, décrit par Zimmerman. sous le. nom 
de Lutra memina , forme pour les auteurs moder- 
nes un genre distinct, sous le nom de CHiRONECTE 
(voy. ce mot.et la pl. 105, fig. 4 de.notre Atlas). 
Les Sarigaes. dont nous venons de parler. forment 
avec lui la série complète des mammifères Didel- 
phes ou Marsupiaux étrangers à l'Océanie, qui 
tous, comme nous l'avons vu, sont particuliers 
aux contrées chaudes del’Amérique , et ne se re+ 
trouvent: point ailleurs. (GEnv.) &: 

DIDYME. (sor.) Gorps à deux lobes arrondis, 
réunis par leur eôlé interne , et paraissant , aw pre- 
mier coup d'œil, formé de deux parties distinctes, 
Les anthères de la Mercuriale de:nos potagerss 
Mercurialis annua, et d’un grand nombre d’autres 
plantes; l'ovaire; chez presque toutes les Ombelli- 
fères; la silicule de la Lunetière, Biscutella auri- 
culata ; la racine tubéreuse de l’'Orchis milita- 
ris, etc., sont Didymes. C’est par erreur tÿpo- 
graphique ,. respectée maladroitement. par, les 
compilateurs, que l’on désigne la Monarda sous 
l'adjectif Didyma, 1} fant lire Didynama ; cette 
plante offre, non quatre étamines bien parfaites, 
mais quatre filets très-distincis ; dont deux avec 
anthères et deux sans anthères : elle n’est donc 
point Didyme, mais bien Didyname. (T, ». B.) 

DIDYMADON, Didymadon.. (BOT. cnxpT. } 
Mousses. Nom donné à un genre de Mousses qui 


_est voisin des Trichostomes , et qui est caractérisé 


par un péristome simple, composé de trente-deux 
dents filiformes, rapprochées par paires, et quel- 
quefois même soudées par leur base, Dans, ce 


genre viennent se placer, 1° plusieurs plantes dé- 
rites sous le nom de Trichostomum ; 2° le Cynon- 
todium etle Swartzia d'Hedwig; et 3° le Dicranum 
de Hooker. 
y Parmi les espèces de ce genre, qui sont peu 
nombreuses ét qui croissent presque toutes dans 
les montagnes, la plus remarquable , et celle que 
l'on peut regarder comme le lype de toutes les 
autres, est le Didymodon capillaceum, ou Sivartzia 
capillacea d'Hedwig, plante très-commune dans 
quelques parties des Alpes, qui forme des touffes 
serrées d’un beau vert pâle et d’un aspect soyeux , 
ét dont les tiges, assez longues, couvertes de 
feuilles sétacées et presque distiques , supportent 
des capsules droites et cylindriques. (ES RS) 
DIDYNAMIE , Didynamia. (sor. Pnan.) C’est- 
à-dire double puissance. Nom de la quatorzième 
classe du système sexuel, caractérisée par quatre 
étamines , dont deux plus grandes que les deux 
jutres. Elle se divise en deux ordres : la Gymno- 
spermie , comprenant les végélanx qui portent 
quatre graines nues en apparence au fond du calice 
(nous verrons à l'art. GYMNOSPERMIE que ces 
graines ne sont point réellement nues ), et l’'Æn- 
giospermie , formée des végétaux portant une cap- 
sule. Au premier de ces ordres correspond Ja 
fämille naturelle des Labiées; au second, celles 
des Scrophulariées, des Rhinanthacées, des Ver- 
bénacées et des Orobanchées. (L.) 
! DIFFORMITÉ. (puysroc. ) Vice de conformation; 
lorsqu'il est naturel, son étude appartient à la 
physiologie ; lorsqu'il est accidentel , il est du do- 
maine de la pathologie. Le bec de lièvre, l’acé- 
phalie, la privation congéniale d’un ou de plusieurs 
membres, le nombre anormal de ceux- ci, la 
transposition de certains organes, sont des Diffor- 
mités naturelles; la distorsion des membres, la 
courbure de la colonne vertébrale, par suite du 
rachitisme, doivent être considérées comme des 
Difformités accidentelles. Nous nous occuperons 
seulement des premières au mot MonsrruosiTÉs. 
(P: G. 
* DIFFLUGIE, Difflugia. (zoovn. rozvr.) M. Le 
clerc a décrit sous ce nom (Mém. Mus., t. 11), 
comme formant un genré distinct, un très-petit 
animal d’eau douce, auquel il donne les caractè- 
res suivans : corps très-pelif, gélatineux, contrac- 
tile, pourvu de tentacules inégaux, rétractile dans 
ne sorte de fourreau ovale, subspiral, prolongé 
en ligne droîte à sa terminaison. La Difflugie, au 
rapport de M. Leclerc, se rencontre fréquemment 
en France dans les eaux pures peuplées de plantes 
aquatiques , entre lesquelles elle se meut avec une 
extrême lenteur. Elle se présente jsous deux états 
un peu différens ; tantôt on lui distingue un petit 
test assez semblable à celui de quelques mollusques, 
tantôt ce test exsude une matière glutineuse qui 
fixe sur lui de petits grains de sable, et prend alors 
apparence de cône tronqué. Dans chacun de ces 
deux états , on voit sortir par l'ouverture du petit 
fourreau , laquelle est antérieure, de longs bras 
d’un blanc de lait, et dont la grosseur, le nombre, 


Mo. 25 


quelquefois même l'animal les retire tout-à-fait , 


«et les cache, dit l’auteur, dans ce que j hésite 


à nommer sa coquille, etalors aucun œil, si péné- 
trant qu’il fàt, ne pourrait soupconner son anima= 
lité. » La Difflugie n’a guère plus d’un dixième de 
ligne de longueur. C’est, quoi qu’on en ai dit, 
amsi que l'Alcyonelle, la Cristatelle , etc. , un vé- 
ritable animal. Suivant M. Raspail (Mém. de la 


DRE SRE PM EC 75 
Soc. d’hist. nat. par.), elle ne serait , ainsi que la 


Leucophre , la Plumatelle et la Cristatelle, qu'un 


des âges du même polype auquel ilréserve le nom 
d'Alcyonelle; une Alcyonelle, au moment où elle 
vient de quitter son œuf, erre libre de toute ad- 
hérence, et sans polypier aucun. Mais on doit faire 
remarquer que les tentacules difiluens de la Dif- 
flugie sont bien éloignés de ressembler au pana- 
che de la Cristatelle, et que d’ailleurs son test 
tout-à-fait singulier, si toutefois 1l a été décrit 
exactement, ne permet pas de le rapprocher de 
cette dernière. Telle est aa moins l'opinion émise 
par M. de Blainville, qui a observé un petit test 
calcaire qu'il ‘pense être celui d’une Difilugie. 
Voici d’ailleurs ce que dit ce naturaliste (Man. 
d'Actin. ) : « M. Michau nous à confié un petit 
corps brun, enroulé en planorbe, et couvert de 
grains de sable, qu’au premier aspect on prendrait 
pour une coquille. Nous supposerons volontiers 
que c’est un tube de Difflugie : car ce ne peut 
être celui d’une larve de frigane ou de tout autre 
insecte voisin, qui est toujours droit ; alors nous 
douterions un peu que la Difflugie soit un simple 
degré de développement de la Cristatelle, » 

M. Ehrenberg fait de la Difflugie un animal 
microscopique , qu'il classe dans sa seclion des 
Pseudopodes à cuirasse indivisible. Les espèces de 
cette section ont la bouche ventrale et le corps 
protéiforme cuirassé et pourvu de protubérances 

édiformes variables. (GERv.) 

DIGASTRIQUE. Ce nom tiré du grec, qui 
signifie & deux ventres, sert à désigner plusieurs 
muscles qui présentent deux faisceaux charnus, 
réunis par un tendon moyen; on l’a spécialement 
appliqué à un des muscles de la région hyoïdienne. 
C’est celui que M. Chaussier appelle Mastoïdo-gé- 
nien; il est épais et charnu à ses extrémités, grêle 
et tendineux à son milieu. Il a pour fonctions d’a- 
baisser la mâchoire inférieure, ou d'élever l'os 
hyoïde et de’le porter en avant ou en arrière. IE 
peut aussi contribuer à l'élévation de la mâchoire 
supérieure, en agissant sur le crâne. (P. G:) 

DIGESTION. (»nysroz.) Fonction par laquelle 
les êtres vivans font subir aux substances alimen- 
taires des changemens qui les rendent propres à 
être absorbées et à servir à la nutrition. Cette fonc- 
tion consiste essentiellement dans l’action de cer- 
tains fluides sur ces substances, action par suite 
de laquelle ces substances éprouvent diverses al-. 
térations et sont séparées en deux parties, l’une 
destinée à s’assimiler à leurs organes, et nommée 
chyle, et l’autre devant être rejetée au dehors 
comme impropre à cet usage. 

Une sensation particulière avertit les animaux 


ainsi que la disposition, varient à chaque minute; 1 de la nécessilé de prendre des alimens, Cette sen- 


DIGE 


536 


DIGE : LE 


oo 


sation, qu'on appelle Farm (voy. ce mot), a son 
siége principal dans l’estomac. Les divers actes 
par lesquels les alimens sont pris, divisés, broyés, 
imprégnés de sucs, transformés en matière nutri- 
tive, absorbés ou expulsés en traversant l'appareil 
digestif, font assez pressentir que cet appareil se 
compose d’un grand nombre d’organes. Îl est évi- 
dent aussi que la Digestion doit s’accomplir dans 
une cavité intérieure du corps, renfermant les 
sucs digeslifs et disposée de façon à contenir les 
alimens sur lesquels ils doivent agir. L'existence 
de cette cavité disgestive distingue les animaux 
des végétaux, chez lesquels les particules nutritives 
sont absorbées sans avoir subi de préparation 
préalable. Chez les animaux dont l’organisation 
est la plus simple, le sac alimentaire n’est qu’une 
sorte de repli de l'enveloppe extérieure qui pénè- 
tre profondément dans le corps et s’y termine en 
cul desac. C’est ce qu’on remarque, par exemple, 
chez les Hydres et les Polypes d'eau douce, ani- 
maux qu’on peut retourner comme un gant sans 
changer leur manière de vivre : la face extérieure 
devient alors intérieure et forme la cavité où les 
alimens sont recus et se digèrent. Chez l'homme, 
et dans la plupart des animaux, la cavité digestive a la 
forme d’un long canal divisé en plusieurs chambres 
ou poches. Ce canal est formé intérieurement par 
une membrane muqueuse, offrant une grande ana- 
logie de structure avec la peau, plus molle cepen- 
dant, et pénétrée par une grande quantité de 
vaisseaux capillaires et de follicules sécréteurs et 
dépourvus d'épiderme. Cette membrane est enve- 
loppée de fibres musculaires plus ou moins abon- 
dantes, ct enfin dans une grande partie de son 
étendue, elle est environnée par une membrane 
séreuse, nommée péritoine. 
Indépendamment du tube instestinal, l'appareil 
digestif se compose encore d'organes destinés à 
saisir, à diviser les alimens; de diverses glandes 
sécrétant les sucs nécessaires à la Digestion ; de 
vaisseaux chargés de l'absorption et du transport 
de la matière nutritive élaborée. Ces diverses par- 
ties ont recu des noms différens : la bouche se pré- 
sente la première; sa partie postérieure se nomme 
arrière- bouche où pharynzx; vient ensuite l’æso- 
phage, puis l'intestin grêle, le gros intestin, qui se 
termine à l’anus (voy. ces mots). Chez l'homme 
et les animaux qui s’en rapprochent davantage, la 
bouche contient les organes qui servent à diviser 
les alimens, ce son les dents, Chez les oiseaux, ce 
travail s'opère dans l'estomac. Les principales 
glandes sont les salivaires, les follicules gastriques, 
le foie, le pancréas ; enfin les canaux particuliers 
qui, dans l’homme , les mamanifères , les reptiles , 
les poissons, servent à l'absorption des produits 
digestifs, sont appelés vaisseaux chiliferes ou Lactés. 
A l'exception de la bouche, du pharynx, de l’œ- 
sophage, des glandes salivaires, tous ces organes 
sont logés dans une grande cavité nommée abdo- 
men. En nous occupant seulement ici des fonc- 
tions que remplissent ces diverses parlies, nous 
renvoyons pour leur description aux articles qui 
leur sont destinés, 


. 


L'ouverture par laquelle la bouche communi-. 
que au dehors s’élargit et se ferme à voionté, soit. 


par le mouvement des lèvres, soit par le rappro- 
chement ou l’écartement des mâchoires: c’est. 
ainsi qu’elle sert à la préhension des alimens. 
Chez la plupart des animaux, la bouche va au- 
devant des alimens pour les saisir; mais chez. 
l’homme et chez les espèces qui s’en rapprochent 
davantage les membres antérieurs remplissent 
cette fonction. Les alimens liquides ne sont pas 
pris de la même manière que les alimens solides ;. 
tantôt ils sont versés dans la bouche, d'autres fois 
pompés par cette cavité, à l’aide de la dilatation du 
thorax et des mouvemens de la langue qui se re-< 
tire en arrière comme un piston. Les boissons tra- 
versent rapidement la bouche, mais les alimens 
solides y séjournent plus long-temps, et y sont: 
soumis à unc première préparation qui consiste 
dans la mastication et l’insalivation : la mastication, 
ainsi que nous l’avons indiqué, s'opère à l’aide 
des dents et des muscles qui servent à mouvoir 
les mâchoires; l’insalivation, par le secours des 
glandes salivaires. Les substances alimentaires , 
ramenées sans cesse entre les dents par l’action 
des joues et les mouvemens de la langue, s’y di- 
visent en petites parcelles; elles sont broyées et 
réduites en une espèce de pâte par le mélange da 
suc salivaire. Plus cette opération est complète 
lus la Digestion est facile. Dans le même temps, 
elles s’imbibent de salive et se dissolvent même 
quelquefois. 

Jusqu'au moment où la mastication-s’achève ,: 
l'ouverture postérieure de la bouche reste fermée. 
par le voile du palais, qui demeure abaissé et ap- 
pliqué contre la base de la langue; mais , lorsque 
celle opéralion est terminée, celte cloison s'élève, 
et alors commence une autre série d’actes dont. 


| l’ensemble constitue ce qu'on appelle la Déezurr- 


zION (voy. ce mot). La déglulition est le plus 
compliqué de tous les mouvemens qui concourent 
à la Digestion; c’est par elle que s’opère le passage 
des alimens de la bouche dans l'estomac à travers le 
pharynx'et l’æsophage. Parvenues dans l'estomac, 
les substances alimentaires s’y accumulent, et là 
sont fortement pressées, par les parois muscu- 
laires de l'abdomen. Cette pression tendrait à les 
faire remonter vers l'œsophage, si l’ouverture de 
ce conduit, ouverture nommée cardia, ne se trou - 
vait fermée par la contraction des fibres. La ré- 
sistance que celle contraction oppose au retour 
des alimens est cependant vaincue quelquefois, et 
alors surviennent des phénomènes qu'on appelle 
régurgitation ou vomissement. Pour passer dans le 
tube intestinal , il faut également que les matières 
contenues dans l'estomac aient subi une élabora- 
tion suffisante ; et ce n’est que lorsqu'elles sont ar- 
rivées à ce point qu'elles parviennent à vaincre Ja 
résistance que leur oppose l'ouverture inférieure 
que l’on nomme pylore. Le mélange des alimens 
avec le suc gastrique, l’action de la chaleur et 
l'action musculaire des parois transforment la 
masse alimentaire en une sorte de pâle, appelée 
chyme. Pendant que celte transformation s'opère, 


les 


PS 


DIGE 


937 


DIGI j 


oo 


les parois de l'estomac agissent en se contractant 
sur la masse alimentaire, et poussent le chyme 
dont elle est recouverte vers le grand cul-de-sac 
de l'estomac, et ensuite dans un sens opposé, 
c’est-à-dire vers le pylore, et jusque dans l'intestin 
grêle : la promptitude avec laquelle les substances 
destinées à l'alimentation passent à l’état de chyme 
dépend et de leur nature et desdispositions indivi- 
duelles. Le canal intestinal dans lequel elles sont re- 
cues après ce nouveau changement , est un tube 
membraneux contourné sur lui“même, Chez les 
animaux qui se nourrissent exclusivement de chair, 
les intestins sont en général moins longs que chez 
l’homme et les autres animaux omnivores ; ils sont 
au contraire d'une longueur plus considérable 
chez les herbivores: ainsi, dans le lion, cette 
longueur est égale à trois fois celle de l’animal, elle 
est égale à vingt-huit fois dans le belier. On con- 
coit, en effet, que moins les substances destinées 
à l'alimentation contiennent de parties nutritives, 
plus leur séjour doit être prolongé dans le conduit 
alimentaire. En traversant l'intestin grêle, la masse 
soumise à l’action digestive, se mêle à divers sucs, 
produit de la sécrétion, qui, par leur mélange, 
donnent à cette masse de nouvelles propriétés. Ces 
sucs ou humeurs sont la brle, que la foie sécrète, et 
le suc pancréatique, formé par/la'glande pancréas. La 
pâte chymeuse, en arrivant dans l’intestin , y dé- 
termine des mouvemens péristaltiques, semblables 
aux contractions exercées sur elle par l'estomac. 
Ces mouvemens vermiculaires la font cheminer 
dans l'intestin où elle éprouve encore des change- 
mens remarquables ; en effet, on apercoit alors à 
la surface de la membrane muqueuse intestinale, 
une substance tantôt blanche, tantôt grisâtre , en 
raison des alimens dont elle provient, et à laquelle 
on a donné le nom de chyle. Gette matière, essen- 
tiellement nutritive, passe du canal alimentaire 
dans la masse du sang qu’elle est destinée à renou- 
veler, à l’aide des vaisseaux chylifères ou lactes. 
Ces vaisseaux naissent à la surface des villosités 
de la membrane muqueuse intestinale. Le résidu 
solide, provenant de la Digestion des alimens , est 
poussé peu à peu jusque vers l'extrémité du gros 
intestin, où il séjourne pendant un certain temps. 
Là, ce résidu acquiert une consistance, une cou- 
leur et une odeur particulières. Enfin un dernier 
acte vient débarrasser le tube alimentaire; c’est 
celui par lequel ces matières sont expulsées , reje- 
tées au dehors, et qu'on appelle défécation ; dans 
l'intestin grêle, comme dans le gros intestin , il se 
dégage de la masse alimentaire, divers gaz qui, 
dans la première portion de ce tube, sont ordi- 
nairement formés d’oxide carbonique, d'hydro- 
gène, pur ou mélangé, d'azote, et dans la dernière 
. D ? ? 
portion , d'hydrogène carboné et d’un peu d’hy- 
drogène sulfuré. 

Les subtances liquides inutiles ou nuisibles à 
l’économie sont rejetées au dehors par une autre 
voie, par l’excrétion urinaire, Houe 

Les phénomènes de l’acte digestif ne sauraient 
être entièrement les mêmes dans les diverses 
classes d'animaux; ils diffèrent, se compliquent 


Tome IL 


148° Livraison, 


ou se simplifient en raison de l’organisation. Ainsi, 
par exemple, chez les animaux ruminans il existe 
quatre cavités distinctes qui remplissent la fonc- 
tion du seul estomac qui existe chez l’homme. 
Les alimens arrivent d’abord dans une vaste poche, 
appelée panse où herbicr ; ils y restent pendant un 
certain temps, puis passent dans le second estomac 
oubonnet, et sont ramenés dans la bouche pour y 
être broyés par les dents et imbibés de salive ; ils 
descendent ensuite dans le troisième estomac ou 
feuillet, et de là dans la caillerte, 

Nous ne pouvons suivre ces différences dans 
toutes les classes d'animaux; nous nous sommes 
contentés ainsi d'indiquer les phénomènes les plus 
remarquables de ce grand acte physiologique dans 
l’homme et dans les êtres qui s’en rapprochent 
davantage ; mais , comme nous l’avons dit en 
commençant, celte fonction doit être considérée 
comme une série de phénomènes qui tous méritent 
une étude particulière , et qui tous, en effet , sont 
traités à leur place dans ce Dictionnaire. Ces phé- 
nomènes ne sauraient également être convenable- 
ment appréciés, si l’on n'étudie les organes dans 
lesquels, ou plutêt par lesquels ils s’'accomplissent. 
Nous renvoyons donc aux divers articles destinés 
à la descriplion de ces organes. (P. G.) 

DIGITAL, DIGITALE, Digitalis, adjectif em- 
ployé pour désigner les organes ou parties d’orga- 
nes qui ressemblent à un doigt, ou auxtraces que 
le doigt laisserait sur un corps mou, Ainsi l’on 
nomme assez improprement appendice digital du 
cœcum l’appendice vermiforme de cet intestin. 
On appelle impressions digitales ces dépressions 
profondes qu’on observe à la surface interne des 
os du crâne , et qui correspondent aux circonvo- 
lutions du cerveau. (P. G.) 

DIGITALE, Digitalis. (80T. pxax.) Vingt-cinq 
à trente espèces de plantes herbacées ou suffrutes- 
centes, dont les feuilles sont alternes et les fleurs 
disposées en grappe terminale , d’un aspect agréa- 
ble, presque toutes indigènes à l’ancien conti- 
nent, composent ce genre de la famille des Per- 
sonnées et de la Didynamie angiospermie. Ses 
caractères sont d’avoir le calice à cinq folioles 
inégales, persistantes ; la corolle monopétale, tu- 
bulée à sa naissance, ensuite élargie, ventrue , 
beaucoup plus grande que le calice, ouverte, à 
limbe oblique, partagé en quatre, quelquefois en 
cinq lobes inégaux; quatre élamines inclinées 
ayant leurs filamens attachés à la base du tube, et 
portant des anthères bilobées et didymes ; un ru- 
diment d’une cinquième étamine; un ovaire su- 
père, à style simple, terminé par un stigmate 
presque ovale , parfois à deux lames ; une capsule 
ovale , acuminée, à deux valves, et à deux loges 
contenant des graines nombreuses , très-fines , ir- 
régulières et d’un jaune rougeâtre. 

Une espèce très-pittoresque, qui fait partie de 
notre Atlas, pl. 157, fig. 2, la DiciTaLe pourPRéE, 
D. purpurea, croît dans les bois montueux aux 
environs de Paris; elle abonde dans nos départe- 
mens du centre au milieu des champs; nulle part 
on n’en trouve des tiges plus nombreuses, plus 


68 


DIGI 


réellement héroïques que dans le département de 
la Mayenne, que cette belle plante paraît affec- 
tionner d’une manière spéciale. Elle est rare dans 
nos contrées méridionales, on n’en trouve plus au- 
delà des Pyrénées, au-delà des Alpes, et si l’on en 
rencontre quelques pieds isolés en Italie, ce n’est, 
comme je l'ai dit, tom. 1, p. 852, qu'à son ex- 
trême frontière septentrionale. Rien de plus flat- 
teur pour l’œil que les pyramides empourprées de 
cette Digitale, chargées en juillet et août , de leurs 
grandes fleurs tigrées intérieurement, pendantes 
en cloches d’un seul côté de la tige, dont le 
sommet est légèrement incliné, On l’a admise 
dans quelques jardins, mais, en général, on la 
néglige parce qu'elle est commune autour de 
nous. La médecine la recherche pour sa propriété 
diurétique ; elle fait un très-heureux emploi de ses 
larges feuilles, réduites en poudre et en décoction, 
de ses fleurs préparées en liniment, ou en tein- 
ture éthérée, contre les tumeurs scrofuleuses et 
les autres maladies du système lymphatique, 
contre le croup, l’hydropisie, les spasmes , etc. 
Quelques auteurs la classent parmi les plantes 
virulentes; ce reproche est la conséquence des 
résultats trop énergiques provenant de son usage 
prescrit à des doses exagérées par des médicastres. 

La Digitale se plaît dans les terres glaiseuses , 
mais légères, arides, sèches et friables , et non pas 
dans les terrains frais comme le prétendent cer- 
tains compilateurs. D'une racine fusiforme, rou- 
geâtre , s'élève une Lige droite, cylindrique , velue, 
d’un vert rougeâtre, et atteignant depuis un jus- 
qu’à deux mètres; les feuilles qui l’ornent, sur- 
tout à sa base, sont ovales, lancéolées, légère- 
ment dentelées, d’un vert foncé en dessus, 
blanchâtres en dessous et cotonneuses ; l’intérieur 
de ses fleurs est parsemé de poils longs et de ta- 
ches d’un rouge foncé, souvent presque noir, et 
entourées d’une auréole blanchâtre qui tranche 
avec le rouge violacé de l'extérieur. 

Près d’elle l'amateur prendra plaisir à voir 1° la 
Dicirauz À GRANDES FLEURS, 2). grandiflora, que 
Bauhin a le premier nommée ainsi, qui habite les 
montagnes des Vosges, les Basses-Alpes, les bois 
sablonneux de la Suisse, de l’Autriche, et dont 
les fleurs d’une belle couleur jaune produisent un 
effet piquant en mai et juin; sa tige visqueuse 
s'échappe d’une toufle de feuilles très-vertes , lon- 
gues de trente-deux centimètres , et s’allonge en 
épi de fleurs nombreuses ; 2° la Dicrrare sceprre, 
D. sceptrum , originaire de l’île de Madère , aux 
fleurs jaunes mêlées de rouge, qui est très-velue 
dans sa jeunesse, ensuite fort rameuse et garnie 
au sommet de ses branches d’une large rosette de 
feuilles blanchâtres; 3° et la Dicrrare rerruer- 
NEUSE, D. ferruginea, provenant du Piémont , re- 
marquable par ses corolles d’un jaune rougeâtre, 
ayant leur lobe inférieur très-allongé et lanugi- 
neux; sa tige monte à un mètre et demi. 

Plukenet et Gommelin ont les premiers décrit la 
Diciraze DEs Canaries, D. canariensis, que la 
forme de ses fleurs d’un beau jaune safrané rap- 
proche de celles de l’Acanthe et représente en 


538 


DIGI 


quelque sorte une gueule béante ; comme elles du- 
rent long-temps ou du moins qu’elles se succèdent 
les unes aux autres durant une bonne partie de 
l'été, celles du bas s’ouvrant les premières , on a 
promptement fait l’acquisilion de ce sous-arbris- 
sean, médiocrement rameux, élevant rarement 
sa tige unique au-delà d’un mètre et demi, et qui 
supporte volontiers trois et quatre degrés de froid. 
Aux îles Fortunées, il habite les berges et les ra- 
vins qui aboutissent aux montagnes et coupent le 
pays dans tous les sens, 

DIGITALE FAUSSE. (sot.) Les jardiniers 
et les marchands donnent ce nom vulgaire à la 
Cataleptique, Dracocephalum virginianum. Voy. 
DRACOCÉPHALE. 


DIGITALE ORIENTALE. (soT.) Sous ce nom, 
appartenant à une espèce du genre Digitale , qui 
vit dans le Levant et porte de grandes fleurs blan- 
châtres, l’on confond d’ordinaire le Sésame, 
Sesamum orientale, et une plante de Haïti que Des- 
portes et Nicholson appellent Gigeri. 

DIGITALE PETITE. (80or). Nom vulgairement 
donné à l'espèce la plus commune du genre Gra- 
tiole , la Gratiola officinalis, à cause de la ressem- 
blance de ses fleurs avec la Digitale à fleurs jaunes. 

(T. ». B.) 


DIGITALINE. (Bor. ? Zoor. ?) Genre de Psy- 
chodiées microscopiques ,: de la famille des Vorti- 
cellaires, distingué par les caractères suivans :stipe 
fistuleux , peu flexible, simple, ou le plus com- 
munément dendroïde , se divisant dans ce cas en 
rameaux rigides. Les pédicules supportent une 
urne cylindracée, oblongue, non campaniforme , 
unie à la gorge, oùclleest uniquement tronquée, 
de manière à présenter dans Ja troncature la 
figure plus ou moins régulière d’un cœur. Les 
Digitalines se rencontrent sur les pelits crustacés 
aquatiques, les Cyclopes, les Monocles et les 
Daphnies. IL arrive, dit M. Bory de St-Vincent, 
qui plusieurs fois a observé ce fait, une époque où, 
comme dans les autres Vorticellaires , les urnes se 
détachent et, individualisées, voguent librement. 
On les trouve dans les eaux douces et même, sui- 
vant Muller, dans Ja mer. On en connaît trois 
espèces: 1° la Digitaline simple, 2° la Digitaline 
de Rœsel; 3°]Ja Digitaline anastatique. (P. G.), 

DIGITÉ. (sor.) Les botanistes ont adopté cette 
expression pour désigner toutes les parties d’un 
végétal qui présentent des divisions en forme de 
doigt , ou dont la disposition sur un support com- 
mun offre quelque analogie avec les doigts de la 
main. Ainsi l’on appelle feuille digitée celle qui, 
à l'instar des feuilles du Lupin, Lupinus albus, du 
Marronier, Æsculus hippocastanum, du Gattilier 
commun, Vitex agnus-castus, etc.”, se trouve 
composée de plus de trois folioles distinctes , in- 
sérées au sommet d’un péliole commun; mais 
c’est abusivement que l’on applique ce mot à une 
espèce de Quamoclit , l’Zpomæa digitata , puisque 
ses feuilles sont palmées, à divisions très-profon- 
des. IL en est de même du Fucus digiratus, de 


l’'Heliophyla digitata. 


L) 


DIGY 


939 


DILL 


Un épi digité estun peu écarté et réuni sur une 
tige commune , tels sont ceux du Panic sanguin et 
du Dactyle, Paricum sanguinale et P. dactylon ; 
ce qui a déterminé Palisot de Beauvois à nommer 
digité l’axe des graminées, quand il se compose 
de plusieurs épisinsérés sur le même point, comme 
dans le Dactyloctenion, que l’on rencontre égale- 
ment dans l'Orient, en Egypte, sur tout le conti- 
nent américain au nord ou au midi, et que Wäll- 
denow a tort d'inscrire sous la dénomination de 
Dactylotenium ægyptiacum. 


On donne avec raison l’épithète de digitée à une 
espèce de Lichen, à une Clavaire, à un Garex, 
à l’Apluda digitata, etc. (T. ». B.) 


DIGITIGRADES. (man. ) Ge nom a été donné, 
d’après CGuvier, aux Mammifères carnassiers de la 
famille des Garnivores qui progressent en appuyant 
sur le sol leurs doigts ou seulement l’extrémité 
de ceux-ci, sans jamais faire toucher la face 
plantaire. Les principaux genres sont, comme 
nous l'avons dit à l’article Carnassters, ceux des 
Chiens, des Martres et des Chats, parmi lesquels 
se trouvent placés les Lions, les Tigres, et tous 
les Carnassiers les plus forts et les plus redou- 
tables. 

Quoiqu’on n’ait donné le nom de Digitigrades 
qu'aux animaux d’une seule famille, il,ne faut 
pas croire qu'il n’existe pas parmi les Mammifè- 
res d’autres animaux ayant le même mode de 
progression. Nous citerons par exemple le nou- 
veau genre Euplère parmi les Carnassiers insecti- 
vores, la plupart des Didelphes, ainsi que presque 
tous les Rongeurs et les Edentés. D’autres ani- 
maux de la même classe, qu’on pourrait croire 
de véritables Digitigrades parce que dans le sque- 
letie ce sont les extrémités des doigts sur les- 
quelles repose le corps, ne peuvent cependant 
recevoir cette dénomination: ce sont les Rumi- 
nans et presque tous les Pachydermes dits ongu- 
logrades , qui reposent sur des pièces cornées par- 
ticulières connues sous le nom de sabots. Dans les 
autres classes nous voyons que les Digitigrades sont 
bien plus nombreux ; tous les oiseaux, si l’on veut 
en excepter le Manchot, pourront recevoir ce nom. 
Les Reptiles appuient plus souvent sur les doigts 
que sur la plante du pied; il en est quelques uns 
cependant qui offrent une autre disposition, ce 
sont quelques Tortues, les Plésiosaures, les Ichthyo- 
saures dont les membres constituent de véritables 
rames. (Gerv.) 

DIGYNIE. (mor. PHAN.) C’est le nom du se- 
cond ordre des treize premières classes du sys- 
ième sexuel, dans lequel sont inscrits les divers 
végétaux de ces classes, la neuvième exceptée , 
qui ont deux pistils, ou, selon l'étymologie grec- 
que, deux organes féminins. 

Toutes les fleurs pourvues de deux ovaires, de 
deux styles ou de deux stigmates, appartiennent , 
selon Linné , à la Digynie. Ainsi les Ombellifères 
ayant deux ovaires et deux styles, sont digynes , 
aussi bien que les genres OEillet, Dianthus, Sa- 
yonière , Saponaria, elc., qui ne présentent qu’un 


ovaire; mais il est couronné de deux styles; 
l'Orme, Ulnus, dont l'ovaire unique est sans style, 
mais il porte deux stigmates, etc. , etc. De Jus- 
sieu ne reconnaît pour fleurs digynes que celles 
qui ont positivement deux ovaires. (T. ». B.) 
DILLÉNIACÉES. (vor. pHan.) Famille de 
plantes dicotylédonées , polypétales, hypogynes, 
formée aux dépens des Magnoliacées et des Rosa- 
cées , et placée entre les Renonculacées et les Ma- 
gnoliacées. Toutes les plantes qui la composent 
ont sans aucun doute quelques caractères qui les 
unissent entre elles ; mais d’un autre côté l’on en 
rencontre à chaque pas qui les éloignent, qui 
les séparent positivement. Dans aucune d’elles les 
fleurs n’aflectent de disposition uniforme : il y en 
a qui présentent trois, quatre et jusqu’à cinq pé- 
tales; on a cru remédier à cet mconvénient grave, 
en établissant deux tribus, les Délimacées, dont 
le genre Delima est le type, chez lesquelles les 
filamens des étamines sont manifestement dilatés 
à leur sommet et portent des anthères arrondies, 
et les Dilléniées , qui prennent pour type le genre 
Dillenia , dont les anthères sont très-allongées et 
les filets non élargis. Mais est-il bien naturel de 
placer sur la même ligne des individus à étamines 
parfaitement libres, tandis que les autres les on£ 
tantôt réunies en plusieurs faisceaux, tantôt tou- 
tes insérées d’un seul côté des ovaires ? Peut-on 
dire que des genres sont classés méthodiquement, 
quand ici l'on trouve deux, trois , cinq, huit et 
même jusqu’au-delà de vingt pistils,fet que là les 
pistils sont distincts ou bien soudés plus ou moins 
entre eux ? Heureusement pour l'inventeur de celte 
famille nouvelle que les quatre-vingt-seize espèces 
jetées successivement dans ces deux tribus sont 
toutes exotiques et vivent dansles régions les plus 
chaudes du globe ; il n’est point facile de combat- 
tre ses idées; espérons cependant que la science, 
en pénétrant en ces contrées lointaines, nous 
procurera tôt ou tard des données régulières sur 
chacun des genres, que l’on étudiera en présence 
de la nature, etnous permettra de porter avec cer- 
titude une réforme indispensable sur ce groupe de 
plantes, et de les rendre aux familles naturelles qui 
les réclament. Il faut se méfier de tout travail en- 
trepris sar des échantillons desséchés ou venus 
dans des serres : dans l’un ou l’autre cas , la vérité 
demeure sous le boisseau. Si l’on eût eu soin de 
consacrer ce principe et de le faire religieusement 
observer, la botanique ne serait pas tombée dans 
le chaos par les excès des ambitieux , par les pau- 
vres botanistes de cabinet. (Ten. B.) : 
DILLÉNIE , Dillenia. (Bot. puan.) Linné a con- 
sacré ce genre de la Polyandrie polygynie, à la 
mémoire de Jacques Dillen, célèbre botaniste 
allemand , auquella science doit plusieurs ouvrages 
excellens , et surtout une histoire des mousses, 
où le dessin et l’art de décrire rivalisent d’exacti- 
tude et de perfection. Les espèces qui composent 
ce beau genre appartiennent à l'Asie méridionale, 
et ne s'élèvent pas plus haut que les dernières rives 
de l’Inde., Dans l’origine, elles étaient inscrites 
parmi les Magnoliacées, et formaient à leur suite 


DILL 


240 


DILU 


un groupe séparé; depuis on les a prises pour 
type d’une famille nouvelle ; mais, comme les élé- 
mens admis jusqu'ici pour cette création me pa- 
raissent incohérens , il faut attendre une époque 
meilleure , il faut attendre que le temps de l’anar- 
chie cesse enfin et soit justement oublié, pour 
fixer la destination définitive qu’on pourra donner 
aux Dillénies. Gontentons-nous d’enregistrer les 
caractères du genre : calice persistant , à cinq fo- 
lioles coriaces , obrondes; corolle formée par cinq 
pétales grands, étalés, arrondis ; étamines nom- 
breuses, libres , égales entre elles et disposées sur 
plusieurs rangées , ayant leurs anthères allongées, 
‘adnées aux filets; vingt ovaires environ réunis; 
autant de ‘stigmates ouverts en étoile ; chaque 
ovaire devient une capsule oblongue, multilocu- 
laire, couronnée par les styles et les stigmates, 
Toutes les capsules sont attachées circulairement 
à un grand réceptacle charnu, central , et rem- 
plies d’une substance pulpeuse, à la superficie de 
laquelle on voit nichées un grand nombre de 
graines très-peiles. 

Au temps de Linné l’on ne connaissait que 
trois Dillénies ; nous en possédons maintenant six, 
et des trois espèces primitives une seule est de- 
meurée dans le genre; les deux autres font partie 
du genre Aibbertia créé par Salisbury. (Foy. au 
mot HIBBERTIE.) 

La Diccénix ÉLÉGANTE, D, speciosa de Thun- 
berg et que Linné nomma D. indica, est origi- 
naire du Malabar, de Ceylan et de l’ile de Java. 
C’estun grand et bel arbre dont les rameaux épais 
sont ridés, glabres , étalés et de couleur cendrée, 
chargés de feuilles alternes, très-grandes, d’un 
vert foncé, dentées en scie, ondultes , analogues 
à celles du-châtaignier, marquées de nervures Ja- 
térales , longues de trente-deux centimètres sur 
dix de large. Les fleurs également grandes sont 
blanches, solitaires et durent une partie de l'été ; 
leur ample calice persiste et voit ses cinq divisions 
s’épaissir après la fructification, tandis que les pé- 
tales, de planes qu’ils étaient, se renversent. La 
baie sphérique qui leur succède est à vingt loges, 
bonne à manger quoique d’une saveur très-acide. 
Les peuples de l'Inde méridionale recherchent ce 
fruit, l’'emploient dans leurs condimens , et, uni 
à une certaine quantité de sucre, ils en préparent 
un sirop rafraîchissant fort agréable. Cette es- 
pèce, que les indigènes appellent Syalite, ne doit 
pas être confondue avec le Dillenia speciosa de 
Curtis; le botaniste anglais a maladroitement 
ajouté ce synonyme à ceux déjà assez nombreux 
de l’Hibbertie à grandes fleurs. 

La Drcrénre norR£E, D. aurea, se fait remar- 
quer autant par son port élégant, le beau jaune 
doré de ses grandes fleurs, son feuillage d’un vert 
agréable, que par ses fruits de la grosseur d’une 
petite orange ; elle abonde dans l'Inde. La DicLÉNIE 
A FEUILLES ELLIPTIQUES, D. elliptica, que lon 

trouve plus particulièrement aux îles d'Amboine 
et des Célèbes, donne des fruits plus gros, d’une 
saveur plus douce, légèrement acides et remplis 
d'un suc jaunâtre; on les sert sur les tables, 


cuits ou crus, et en les mange d'ordinaire avec 
du poisson. Le bois de cet arbre assez élevé est 
tendre, mais il durcit en vieillissant ; on incise 
son tronc pour en retirer une liqueur très-abon- 
dante. Ses fleurs sont blanches et très-caduques. 
Les trois autres espèces ont été décrites sous les 
noms de D. integra, D. relusa, et D. serrata , 
par Thunberg, qui a observé le genre entier aux 
pays qu'il habite. | (T. ». B.) 
DILUVIUM et TERRAIN DILUVIEN. (cio.) 
Le Diluvium est une création des géologues théo- 
logiens de l'Angleterre, qui travaillent encore au- 
jourd’hui à mettre d'accord les révélations de la 
Genèse et les faits géologiques. Dirigés par leur 
conviction religieuse, ils cherchèrent et virent 
dans les matières charriées et déposées par les 
eaux sur les plaines, les plateaux et les flancs des 
valiées, où les cours d’eau actuels ne pouvaient 
les avoir transportés, les effets d’un phénomène 
unique , le déluge de Moïse , et ils en désignèrent 
les prétendus produits sous le nom de Diluvium. 
Des observations plus précises , et faites dans un 
esprit moins systématique, firent voir que ces dif- 
férens dépôts n’étaient, dans toute l'Europe, que 
le résultat ou de catastrophes violentes de diverses 
époques ou de l'écoulement régulier des eaux, 
lorsque la configuration du sol n’était pas la même 
qu'aujourd'hui. On avait confondu, et beaucoup 
de géologues commettent encore cette erreur, les 
produits des grandes inondations passagères dues 
à des débâcles de lacs, au déversement des eaux, 
suite du soulèvement des montagnes, et à d’autres 
causes violentes, avec les produits en couches à 
peu; près régulières des cours d’eau anciens. Aux 
premiers appartient de nom de Dépôts diluviens 
ou mieux elysmiens, aux seconds le nom de Dé- 
pôts alluviens. Ayant confondu des choses de na- 
ture et d’origine si différentes, il n’est pas éton- 
nant qu'on ne füt pas d'accord sur la cause qui 
les avait produites. D’autres géologues, tout en 
abandonnant le Diluvium des Anglais, établissent 
une époque et un terrain diluviens qu’ils placent 
immédiatement avant l’époque actuelle et après 
les dépôts tertiaires. Ils y font entrer, indépendam- 
ment des produits clysmiers et alluviens d’origine 
ancienne et très-probablement des époques ter- 
tiaires les plus récentes, les dépôts des fentes et 
des cavernes , et quelques amas coquilliers marins 
situés à peu d’élévation au dessus des rivages. 
Quoique tous ces dépôts, à l’exception des derniers, 
n'aient d’autres rapports que d'avoir été formés 
sur la surface émergée des continens, ou d’être 
épigéiques sans appartenir ni à un même phéno- 
mène ni à une même époque, nous sommes forcés, 
dans l’état actuel de la science, d’adopter provi- 
soirement cette grande division géologique sous les 
noms de Terrains diluviens ou quaternaires. Nous 
allons parcourir les divers groupes qui la com- 
posent. Û 
Les alluvions anciennes appartiennent, par exem- 
ple, aux couches successives de limon, de sables 
et de galets toutes remplies d’ossemens d’éléphans, 
couches qui comblèrent lentement les anciens lacs 


oo 


DILU 


et le lit de l’Arno supérieur. Nous attribuerons à 
la même époque et aux mêmes causes les alln- 
. . LR ST J 2 
vions volcaniques de l'Auvergne , d’où M. Croizet 
a déjà exhumé huit ou neuf espèces nouvelles de 
grands pachydermes, éléphans , rhinocéros, mas- 
odontes, sangliers, tapirs, chevaux, hippopo- 
todont gl tap che hippopo 
ames, et vingt-huit esp de ruminans , do 
t F gt-huit espèces d dont 
deux du genre Sténéodonte , entièrement détruits, 
deux du g Sténéodont tiè t détruit 
et les autres de genres encore existans, mais pour 
a plupart étranger Europe. Tel est, en effet, 
la plupart étrangers à 1 P 
e principal car re de ce terrain, de présente 
le principal caractère d t de présenter 
partout des animaux dont les genres existent en- 
core, tandis que les espèces en sont éteintes et 
que les genres eux mêmes habitent aujourd’hui 
es climats plus chauds. Les alluvions anciennes 
des climats plus chauds. Les all 
de l'Amérique contiennent une immense quantité 
de mastodontes, et quelques géologues pensent que 
les débris de cet animal s'élèvent jusqu'aux dépôts 
des époques actuelles; mais en outre elles ont 


montré réunis des ossemens de bœuf, de cheval .. 


d’éléphant , jusque dans l'Amérique méridionale, 
sur le plateau de Quito, quoique ces genres con- 
servés dans l’ancien continent eussent entièrement 
disparu dans l'Amérique. 

Les depôts ossifères des cavernes sont encore en 
grande partie des alluvions anciennes, On a dé- 
couvert depuis une vingtaine d’années dans toute 
l'Europe et dans l'Amérique septentrionale une 
grande quantité de cavernes situées en général 
dans le sol calcaire et dans les formations secon- 
daires, et renfermant une immense quantité d’os- 
semens. Ces cavernes montrent toutes dans leurs 


parois usées et arrondies l’action des eaux cou- 


rantes , et il est certain que, si elles durent leur 
origine aux fractures et soulèvemens des couches, 
elles doivent leurs formes actuelles aux passages 
de cours d’eau souterrains, Dans toute la Grèce, 
les eaux se perdent encore aujourd’hui dans des 
gouffres pour ne reparaître qu’au loin sous la 
mer ou à peu d’élévation au dessus de son niveau ; 
nous avons fait voir par la comparaison de la na- 
ture trouble et limoneuse de ces eaux au moment 
de leur perte et leur pureté à la sortie des rochers, 
par la grande quantité d’air qu’elles absorbent 
dans le trajet, par la constance de leur tempéra- 
ture, qu’elles devaient traverser des suites de ca- 
vernes ou des lacs souterrains communiquant en- 
tre eux par d’étroits canaux ou même des siphons 
naturels. Les dislocations récentes du sol de l’'Eu- 
rope, telles que celles produites par le soulève- 
ment des grandes Alpes, ont changé la direction 
des cours d’eau souterrains aussi bien que celle 
des eaux superficielles, et on trouve aujourd’hui 
beaucoup de cavernes dont l’ouverture se pré- 
sente sur les flancs des vallées ou même près du 
sommet des collines, et qui, n’étant plus traversées 
par des cours d’eau, montrent à découvert leurs 
anciensidépôts. Le fait le plus remarquable qu’elles 
présentent est la multiplicité des ossemens fossiles 
enfouis dans des couches limoneuses et argileuses, 
où ils forment quelquefois de véritables brèches. 
Avant d’atteindre le terrain ossifère, on a presque 
toujours à traverser des croûtes de stalagmites 


D41 ë 


DiLU 


—— 


qui ont été formées à la surface du sol desséché 
par les eaux d'infiltration. Ici, comme dans les 
alluvions superficielles, on devra distinguer des 
époques successives avec plus de rigueur qu’on ne 
Va fait jusqu’à présent. Ainsi, dans plusieurs ca- 
vernes du midi de la France , on a trouvé des os- 
semens humains et des débris d'industrie qui ap- 
partenaient les uns à l’époque de l'invasion ro- 
maine , d’autres à l’état de barbarie que signalent 
encore les pirogues trouvées dans les tourbières 
de la Flandre, et les instrumens en silex si com- 
muns dans les alluvions de toute l’Europe. Quel- 
ques géologues, poussés par l'amour du merveil- 
leux, ont voulu en conclure que l’homme était 
contemporain de toutes les espèces d'animaux 
éteintes que l’on trouvait dans les mêmes cavernes, 
tandis qu’on ne devait y voir qu’une succession 
de phénomènes analogues, ou plus probablement 
encore le résultat de l'habitation par-les hommes 
du sol desséché des cavernes. 

Parmi les ossemens des cavernes, les neuf dou- 
zièmes appartiennent à des ours, près de deux 
douzièmes à l’hyène, le douzième restant appar- 
tient aux éléphans ct aux autres animaux du sol 
alluvial ancien. La grande abondance des carnas- 
siers, la présence de leurs excrémens , du moins 
dans les cavernes de l’Angleterre et de la Franco- 
nie, avaient fait penser au docteur Buckland que 
ces animaux avaient vécu sur le sol où l’on trou- 
vait leurs débris, observation qui peut être vraie 
dans certains cas, mais qu'il avait trop générali- 
sée; beaucoup de cavernes ont montré depuis 
d’une manière incontestable que les ossemens y 
avaient été entraînés et roulés par les eaux. 

Jusqu’à présent nous n’ayons mentionné dans 
les cavernes que les divers animaux, éléphant, 
hippopotame, rhinocéros, bœuf, cheval, ours’, 
hyène , etc., que l’on rencontre dans toute l’Eu- 
rope, au milieu des alluvions anciennes ; mais de- 
puis quelques années ces mêmes géologues, qui 
croyaient avoir trouvé l'homme au milieu de ces 
animaux de genres existans, mais d'espèces étein- 
tes, signalent dans les cavernes du midi des genres 
dont on ne retrouve les analogues que dans les 
dépôts tertiaires, tels que les palæothérium et les 
chæropotames, et, au lieu d’y voir une succession 
d’époques, depuis celle de l’homme, s’imaginent 
que tous ces êtres vécurent en même temps. Ap- 
puyons, au contraire, sur ce fait si singulier, que 
ni l’homme ni aucun débris de la familie des sin- 
ges n’ont jamais été trouvés au milieu des débris 
de toutes ces espèces étcintes, mais dont les gen- 
res vivent encore aujourd'hui, quoique les caver- 
nes, ces ossuaires du monde ancien, aient été fouil- 
lées par centaines dans l'Europe entière, l'Améri- 
que septentrionale, l'Inde anglaise et la Nouvelle- 
Hollande. 

Les brèches osseuses constituent un phénomène 
fort remarquable , lié aux précédens pour l’époque 
et pour l’origine, Ce sont des roches dont le ci- 
ment rougeâtre enveloppe divers fragmens et une 
grande quantité d’ossemens brisés. Elles remplis- 
sent des fentes ouvertes dans les roches calcaires 


DILU 


qui environnent le bassin de la Méditerranée. On 
les a observées à Gibraltar, à Cette, à Antibes, 
à Nice, en Sardaigne, en Sicile, en Grèce. En 
général , elles ne s'élèvent que fort peu au dessus 
du niveau de la mer, et le ciment qui les forme 
est identique à l’argile ocreuse des alluvions an- 
ciennes de toute cette région. Les ossemens appar- 
tiennent en grande partie à de petits rongeurs ; 
mais on y trouve aussi des débris de l'ours des 
cavernes, de mastodonte, de rhinocéros, etc. 
Nous avons rapporté de la Grèce des brèches tout 
aussi dures que les brèches osseuses anciennes, eb 
qui se forment aujourd’hui dans les fentes du ri- 
vage par l’agglomération de fragmens de roches, 
de poteries et d’ossemens. Malgré cette analogie, 
on doit penser que le phénomène si général des 
brèches osseuses dans le bassin de la Méditerra- 
née provient d'une grande catastrophe qui fen- 
dilla les roches calcaires, et de pluies torrentielles 
qui entraînaient dans les fentes du rivage l’argile 
ocreuse des pentes littorales, et les animaux qui 
les habitaient. Des brèches osseuses parfaitement 
semblables à celles de la Méditerranée ont été ob- 
servées dans l'Australie, et il est à remarquer 
qu'à l'exception de l'éléphant, tous les débris 
qu'on y rencontre, kanguroo, dasyure, phas- 
colomys, etc., etc., paraissent déjà y indiquer 
une population distincte de celle du reste du 
globe. 

Les brèches osseuses, par leurs indices de 
transport violent, nous amènent aux produits 
clysmiens de la même période. Nous citerons quel- 
ques uns des elfets de ces passages de grandes 
masses d’eau sur la terre à uneépoque géologique 
peu éloignée de celle où nous vivons. 

Les environs de Paris (plateau du bois de 
Boulogne, de la forêt de Saint-Germain, et une 
foule d’autres localités) sont formés d’amas de 
cailloux et de blocs de gros volume qui ne peu- 
vent avoir été charriés que par une violente dé- 
bâcle. On y a trouvé des ossemens d’éléphans , 
d’hippopotames, et des débris de palmiers. Tout 
annonce qu’à l’époque dont nous traitons, d’im- 
menses couraps ont dispersé leurs débris des Al- 
pes sur une partie des régions voisines, et ont 
donné naissance à de grandes plaines uniquement 
formées de ces débris. Si on suit les vallées de la 
Durance et du Drac, on trouve les fragmens les 
plus gros et les plus anguleux vers l’origine des 
vallées; ils diminuent de volume à mesure que 
Von s'approche de la grande plaine de la Grau, où 
ils viennent se réunir et s’étaler sous la forme de 
cailloux arrondis qui couvrent une surface de plus 
de vingt lieues carrées. 

Les collines calcaires du pied des Alpes vers 
Vtalie sont revêtues de débris de granites et de 
gneiss arrachés de ces montagnes’et au milieu des- 
quels se trouvent des masses de même nature, 
mais d’un volume énorme. Il en est encore ainsi 
sur les pentes du Jura qui regardent ces Alpes,'et 
surtout en face de l’ouverture des vallées. On a 
donné le nom de Blocs erratiques aux fragmens 
irès-volumineux que l’on trouve épars dans ces 


542 


DILU 


diverses localités, et surtout dans les grandes 
plaines de l'Europe qui s'étendent de la Westpha- 
lie aux monts Ourals. Ici, la nature de ces blocs 


est très-variée ; ils appartiennent , en général, aux : 


roches primordiales les plus cohérentes , et ce qui 
est bien remarquable, celles sont entièrement 
étrangères au sol sur lequel elles reposent et pa- 
raissent provenir des montagnes de la Suède, où 
l'on trouve en place toutes les roches analogues. 
Leur disposition en longues traïnées dirigées vers 
le nord, semble encore indiquer leur origine. La 
Baltique n’a point arrêté leur transport, car on 
les retrouve sur les rivages opposés se dirigeant 
à travers les plaines jusqu'aux montagnes de la 
Norwége, qui semblent être leur point de départ. 
Dans la Russie et dans la Prusse, ces blocs sont 
quelqueïois si volumineux qu’on a fait à Berlin 
une coupe de 21 mètres de circonférence d’un 
seul bloc de granite. 

Cette portion de blocs énormes provenant des 
Alpes et dispersés sur la surface du Jura à une 
hauteur de plus de 600 mètres malgré la grande 
dépression de la vallée de la Suisse, la dispersion 
des roches de la Scandinavie dans les plaines de 
la Prusse et de la Russie, malgré l’obstacle que la 
mer Baltique semblait opposer, sont un des phé- 
nomènes les plus étonnans de la géologie et un 
de ceux sur lesquels on a bâti le plus de systèmes, 
Le soulèvement des montagnes par des catastro- 
phes subites, et dont le plus considérable, da moins 
en Europe, celui des Alpes, est d’une époque 
très-récente, paraît la cause la plus probable à 
laquelle on puisse s’arrêter. On aura une idée de 
l'immense impulsion que de tels phénomènes du- 
rent imprimer à la masse des eaux, en pensant 
aux mouvemens impétueux de la mer par suite de 
tremblemens de terre à peine sentis sur les riva- 
ges. Si cette cause est applicable à la grande masse 
des matières diluviennes, l'hypothèse de Deluc, qui 
pensait que les.blocs erratiques avaient été lancés 
dans les airs par la force qui avait soulevé les 
montagnes ne nous paraît pas non plus dénuée de 
probabilité. 

Un phénomène non moins extraordinaire est la 
grande accumulation de débris et de squelettes 
entiers d’éléphans, de rhinocéros, de buflles et 
d’autres animaux dans les boues glacées de la Si- 
bérie. 

Pallas découvrit, en 1750, sur les bords du 
Wilni, affluent de la Léna, un rhinocéros conser- 
vant encore sa peau et ses poils. Près de l’embou- 
chure de la Lena on trouva, en 1799, dans une 
masse de glace ou de boue glacée, un éléphant 
qui avait encore sa peau couverte d’un poil laï- 
neux. Depuis cette époque, ces animaux ont été 
trouvés par milliers sur les rivages de la Sibérie, 
tellement que quelques petites îles paraissent for- 
més presque entièrement de leurs débris. Le poil 
laineux dont ces espèces diluviennes étaientrecou- 
vertes, montre qu'elles étaient destinées à habiter 
un climat plus froid que celui où vivent les espèces 
actuelles; mais, néanmoïns , depuis cette époque, 
la température dela Sibérie doit s’être abaissée, car 


sa végétation faible et de courte durée ne pourrait 
suffire à leur nourriture. 

| Au terrain des alluvions anciennes appartiennent 
la plupart des gites exploités du diamant; de l'or, 
du platine, de l’étain ; ils fournissent, en outre, la 
plupart des pierres précieuses, telles que les co- 
rindons , spinelles , topazes , etc. Le fer y est très- 
abondant, et exploité sous les noms de fer d’allu- 
vion et de fer en grain. 

Quelques géologues placent dans la même épo- 
que un dépôt marin récent, formé de bancs de 
coquillages, ou de graviers coquilliers, que l’on 
rencontre près des rivages, et à une hauteur va- 
riables mais jamais très-grande. Le caractère qui 
les distingue des dépôts terliaires est de ne présen- 
ter que des coquilles peu altérées et d'espèces vi- 
vantes habitant les mers voisines. Les banes d'hui- 
tres de Saint-Michel en l’Herm, les couches co- 
quillières de Saint-Hospice, près Nice, sont les 
dépôts de cette nature les plus anciennement étu- 
diés ; chaque jour on en découvre de nouveaux sur 
les rivages de la Méditerranée et ceux de l'Océan. 
Les géologues y voient les effets de petits soulè- 
mens du sol'qui ont précédé immédiatement l’épo- 
que actuelle. Nous répétons, en terminant , que 
cette grande division des Terrains diluviens n’est 
que provisoire , et qu'une partie des dépôts qu’on 
y comprend pourrait fort bien être aussi an- 
cienne que la formation tertiaire que l’on nomme 
subapennine, (B. 

DIMÈRES. (mns.) Coupe de Coléoptères qui a 
été supprimée , les insectes dont on l'avait com- 
posée ayant au moins trois articles aux tarses. 

(A. P.) 
© DIMORPHINE, Dimorphina. (morr.) La fa- 
mille des prétendus Céphalopodes microscopiques, 
que M. d'Orbigny a réunis sous le nom de F'orami- 
nifères, formant une réunion pour ainsi dire ef- 
frayante, à cause du nombre des groupes ou genres 
qu'on y à établis, nous avons pensé qu'il serait 
plus convenable de réunir dans un seul article 
tout ce qui a trait à l’histoire des principaux d’entre 
ces groupes : ce sera, Ce nous semble, éviter aux 
lecteurs de ce Dictionnaire un travail et des re- 
cherches certainement fastidieuses. Aussi renver- 
rons-nous pour la description des Dimorphines et 
des autres genres analogues , à l’article Foramini- 
rères, dans lequel il sera aussi question de l’im- 
portante application qu'ont pu faire les géologues 
de l'étude de ces singuliers produits, ainsi que 
de la nature des animaux qui leur donnent nais- 
sance. (GERV.) 

DINDE. (ors.) Femelle du Dindon. 

DINDON , Meleagris. (o1s.) Le genre des Din- 
dons est propre à l’Amérique, particulièrement à 
V Amérique septentrionale , et comprend deux es- 
pèces, dont l’une est depuis long-temps réduite en 
domesticité; il appartient à l’ordre des Gallinacés, 
et vient se placer à côté des Paons et des Coqs, 
dans la famille des Gallinacés à doigts bridés par 
une courte membrane. 

: Les Dindons se distinguent des autres oiseaux 
par leur taille élevée, leur bec médiocre, convexe, 


et surtout par la caroncule ou membrane charnue, 
érectile, mamelonnée, qui recouvre leur têle et 
s'étend sur une partie du bec et du eou; les tarses 
sont assez longs, à ergots peu développés; les 
ailes sont arrondies, et la queue, pourvue de qua- 
torze rémiges, a ses couvertures un peu allongées 
et jouissant de la propriété de se relever de ma- 
nière à faire ce qu on nomme la roue, 

Les Grecs appelaient Meleagris des oiseaux 
d'Afrique que nous savons parfaitement être nos 
Pintades ; ce nom aurait même dà leur être con- 
servé dans le langage des naturalistes ; mais, par 
une erreur vraiment singulière , Linnæus l’a donné 
aux Dindons, qui sont d’un tout autre pays. 

On possède, comme nous l'avons dit, deux es- 
pèces de Dindons , l’une anciennement connue , et 
qui a fourni tous les individus que nous tenons en 
domesticité ; l’autre beaucoup plus remarquable 
par l'éclat de ses couleurs, qui nous “présentent 
tout ce que les Paons , les Lophophores et les Co- 
libris ont de plus brillant. Comme on ne sait que 
peu de chose sur cette dernière et que son histoire 
sera par conséquent fort courte, c’est par elle que 
nous commencerons. 

Dinpon ocezLé, Meleagris ocellata, Cuv. In’a 
été connu en Europe que depuis le commence- 
ment de ce siècle ; il vient de la baie de Honduras, 
et est encore fort rare dans les collections. C’est 
à G. Cuvier qu’on en doit la découverte ; il l’a dé- 
crit dans le t, vi des Mémoires du Muséum ; de- 
puis, M. Temuinck l’a également étudié et fait 
figurer dans son recueil de planches coloriées 
(pl. 112) ; enfin l’on en voit une belle figure dans 
l'Iconographie du Règne animal, pl. 41, fig. 2. 

La taille du Dindon ocellé est celle du Dindon 
vulgaire ; chaque plume du dos et de la queue est 
d’un blanc vert, à reflets, passant au cuivre de 
rosette et ocellé de bleu d’azur, cerclé de noir 
avec un bord jaune doré ; le cou est nu, recouvert 
d’une membrane bleuâtre, semée de tubercules 
d’un rouge vif; les moyennes rémiges sont de 
couleur de cannelle, et les primaires et les secon- 
daires blanches, raytes de brun. 

Dinnon oRDINAIRE , Meleagris gallopavo , repré- 
senté dans notre Atlas, pl. 157, fig. 3. Le Din- 
don sauvage , duquel descendent tous les individus 
qui vivent dans nos habitations, est d’un brun ver- 
dâtre, glacé de cuivré; il a, comme on voit, subi, 
par l’eflet de la domesticité, de‘nombreuses va- 
riations ; étant le plus souvent d'un brun noir, 
d'autrefois gris, mélangé de noir et de blanc ou 
bien tout-à-fait de cette dernière couleur. Get oi- 
seau a été connu en Europe peu de temps après 
la découverte de l’Amérique, mais le plus souvent 
on a ignoré sa véritable patrie; c’est ainsi qu'Al- 
drovande, Gesner, Ray, Belon, etc., prétendi- 
rent qu’il était africain , tandis que d’autres, trom- 
pés par son nom de Coq d’Inde, pensèrent qu'il 
venait des Indes orientales et non des Indes occi- 
dentales, c’est-à-dire de l'Amérique. Le nom de 
Turkey qu'il porte en Angleterre, et que tous les 
naturalistes de son pays lui ont conservé, nous 
indique une erreur semblable, 


PT 


DIND 


544 


DIND 


A —————————————— " “Î0 


Les premiers Dindons qui parurent en Europe 
farent vus en Espagne; c’est de ce pays qu’on les 
importa en Angleterre vers l’année 1525; ce fut 

robablement de la même contrée que vinrent ceux 
qu'on montra en France. Le premier qui fut 
mangé chez nous, le fut, dit-on, aux noces de 
Charles IX. 
‘, M. Audubon, savant ornithologiste et observa- 
teur zélé, a donné, dans son Histoire des Oiseaux 
de l'Amérique du nord, des figures très-remarqua- 
bles des oiseaux qui nous occupent, et de longs 
détails sur leurs mœurs. C’est dans ces détails, 
déjà reproduits par M. F. Guvier dans ses Suites à 
Buffon, que nous puiserons ce qui va suivre. 
k Les parties sauvages des Etats-Unis, du Ken- 
tucky , des Illinois et d’Indiana , immense étendue 
de pays qui occupe le nord-ouest de ces districts , 
sur Je Mississipi et le Missouri, et les vastes régions 
que baignént ces deux fleuves depuis leur con- 
fluent jusqu'à la Louisiane, en y comprenant les 
parties boisées des Arkansas, du Tennessée et de 
l'Alabana, sont, d’après M. Audubon, les lieux où 
l’on rencontre en plus grand nombre les Dindons 
sauvages. Dans la Géorgie et la Caroline, ces oi- 
seaux sont moins nombreux ; dans la Virginie et la 
Pensylvanie , ils sont encore plus rares et ne se 
voient ordinairement qu’à de longs intervalles. 

Les Dindons sauvages vivent par troupes plus ou 
moins nombreuses ; ils se livrent souvent À des 
voyages assez longs, mais toujours sans régularité; 
aussi ne méritent-ils pas le nom de voyageurs dans 
le sens que les ornithologistes lui appliquent. Ce 
sont des espèces d'émigrations, déterminées par 
le besoin de nourriture ; les mâles marchent réunis 
en nombre plus ou moins considérable, variant 
de dix à quatre-vingts et même cent ; les femelles 
vont de leur côté, soit isolément et chacune avec 
sa couvée, soit par troupes presque aussi nom- 
breuses que celles des mâles : toujours elles sont 
altentives à éviter ces derniers, qui attaquent leurs 
petits et souvent les tuent à coups de bec : jeunes 
et vieux cependant, mâles ou femelles suivent la 
même direction, allant toujours à pied , et ne pre- 
nant le vol que lorsqu'il faut traverser quelque 
fleuve ou éviter un ennemi. Lorsqu'ils arrivent au 
bord d’une rivière, ils se rassemblent sur les émi- 
nences les plus élevées, et ils y demeurent un 
jour entier, quelquefois deux , comme s'ils avaient 
à délibérer. Pendant cette halte, on entend les 
mâles crier en se rengorgeant, faire beaucoup de 
bruit comme s'ils voulaient élever leur courage à 
la hauteur de la circonstance où ils se trouvent : 
les femelles et les jeunes imitent souvent aussi la 
démarche solennelle de ceux-ci, ils épanouissent 
leur queue, courent les uns autour des autres, 
en gloussant fortement et faisant des sauts extra- 
vagans. Enfin lorsque le temps est calme, et que 
tout aux environs paraît tranquille, la troupe ga- 
gne le sommet des arbres les plus élevés, et de là, 
au gioussement de l’un des guides , tous ensemble 
prennent leur vol pour le rivage opposé ; les indi- 
vidus adultes et vigoureux traversent facilement , 
lors même que la rivière présente un mille de Jar- 


geur; mais les jeunes et ceux qui sont moins forts, 
tombent fréquemment dans l’eau. Cependant ils 
ne s’y noient pas, comme on pourrait le croire ; 
ils rapprochent leurs ailes de leur corps , et leur 
queue , qu’ils épanouissent, sert à les soutenir; ils 
étendent le cou , et frappant l’eau de leurs jambes 
avec énergie , ils se dirigent rapidement sur le ri- 
vage. Un fait remarquable, c’est qu'après avoir 
quitté l’eau , ils courent dans tous les sens pendant 
quelques instans, comme s'ils étaient hors d’eux- 
mêmes. Dans cet état ils deviennent facilement la 
proie des chasseurs. 

Quand les Dindons arrivent dans des lieux où 
les graines sont abondantes, ils se séparent en 
troupes plus pelites où des individus de tout âge , 
et des deux sexes , sont confondus , et ils dévorent 
tout ce que produit le terrain. Souvent ils s’appro- 
chent des fermes et viennent jusque dans leur 
intérieur chercher la nourriture des oiseaux do- 
mestiques. 

Dès le mois de février, les Dindons sauvages 
commencent à ressentir le besoin de se reproduire; 
les mâles recherchent avec ardeur les femelles ; 
celles- ci les évitent et se retirent à l'écart; mais 
bientôt elles se laissent fléchir et souvent elles les 
appellent à leur tour. Quand ceux-ci entendent le 
cri d'appel, ils répondent aussitôt par des sons 
répétés avec rapidité. Si le cri de la femelle est 
venu de terre, ils s’y élancent ; puis, à peine 
l'ont-ils touchée, qu’on les voit épanouir et re- 
dresser leur queue, porter la tête en arrière 
jusque sur les épaules, abaisser leurs ailes avec 
une secousse convulsive et marcher avec une gra- 
vité solennelle ; ils s’arrêtent d'espace en espace 
pour écouter ou pour regarder, et ils continuent 
ces mouvemens, soit qu'ils aient ou non apercu la 
femelle. Dans ces circonstances il arrive souvent 
que les mâles se rencontrent, et alors ils se livrent 
des combats acharnés qui se terminent par des 
blessures, souvent même par la mort des plus 
faibles, qui saccombent sous les coups multipliés 
que les vainqueurs leur portent à la tête. Lorsque 
le mâle a découvert une femelle, et que celle-ci 
est âgée de plus d’un an, on la voit aussitôt glous- 
ser et se rengorger; elle tourne autour de lui, 
tandis qu’il continue ses mouvemens, et tout d’un 
coup ouvre ses ailes , se précipite au devant de Jui, 
et, comme si elle voulait mettre un terme à ses 
retards, se laisse tomber et recoit enfin ses caresses. 
M. Audubon suppose que lorsqu'un mâle et une 
femelle se sont ainsi unis, ils restent dans les 
mêmes rapports pendant toute Ja saison, quoique 
cependant le mâle ne reste pas exclusivement at- 
taché à une seule femelle ; car j'ai vu, dit-il, un 
Dindon en couvrir plusieurs, lorsqu'il lui était 
arrivé de pénétrer dans les lieux où elles se ras- 
semblaient : les dindes néanmoins s’attachent au 
coq qui les a choisies; elles se perchent non loin de 
lui et souvent sur le même arbre, jusqu'à ce 
qu’elles commencent à pondre. Elles se séparent 
alors pour lui soustraire leurs œufs , car il les bri- 
serait afin de prolonger ses plaisirs amoureux. Dès 
ce moment aussi, les mâles deviennent Jents et 


peu 


TE EE A Aa IT CO VTT IR CU 


DIND 


545 


DIND 


oo 


peu soigneux d'eux-mêmes, si l’on peut ainsi dire; 
plus de combats, plus de ces fréquens glousse- 
mens; leur indifférence oblige leurs femelles à faire 
toutes les avances ; elles les appellent sans cesse et 
avec force , elles accourent vers eux et semblent 
vouloir par leurs caresses et leurs efforts ranimer 
leur vigueur expirante. 

Vers le milieu d’avril, si la saison est sèche, les 
poules commencent à chercher une place pour y 
déposer leurs œufs. Cette place doit être autant 
que possible hors de la vue des corneilles ; car ces 
oiseaux épient le moment où la mère a quitté son 
nid, pour en ôter et manger les œufs. Le nid, 
formé de quelques feuilles sèches , est placé à terre 
dans une excavation creusée à côté d’un vieux 
tronc d'arbre, ou au milieu des feuilles de quel- 
ques branches tombées ou desséchées, ou bien 
sous quelque bouquet de sumac, de ronces, etc.; 
mais toujours dans un endroit sec. Les œufs, d’un 
blanc de crème, semé de points rouges, sont 
quelquefois au nombre de vingt, mais le plus 
communément au nombre de dix à quinze. Au 
moment de les déposer, la femelle gagne son nid 
avec une extrême précaution ; il est rare qu’elle 
y arrive deux fois par le même chemin , et quand 
elle doit le quitter , elle le couvre de feuilles avec 
une telle précaution, qu'il est fort difficile à celui 
qui aperçoit l'oiseau, de savoir où est son nid. Il 
est même certain qu'on ne le trouve guère que 
lorsque la mère l’a quitté précipitamment, ou 
qu'un lynx, un renard ou une corneille en ont 
mangé les œufs et répandu leurs coquilles aux 
alentours. Si un ennemi passe à la vue de la fe- 
melle , quand elle est occupée à pondre ou à cou- 
ver , elle ne bouge point, à moins qu’elle n’aper- 
çoive qu’elle est découverte ; elle se tapit au con 
traire jusqu’à ce que le danger soit éloigné. Dans 
quelque circonstance que ce soit, elle n’aban- 
donne pas ses œufs lorsqu'ils sont près d’éclore. 
Sa persévérance va même jusqu’à souffrir qu’on 
élève autour d’elle des palissades et qu’on l’empri- 
sonne. Avant d'emmener sa couvée, la mère se 
secoue d’une manière violente, nettoie et re- 
place les plumes le long de son ventre, et prend 
un aspect tout nouveau. Elle tourne alors les 
yeux dans tous les séns , tend son cou pour s’as- 
surer qu'elle n’a à craindre ni faucon ni ennemi 
d'aucune espèce ; elle se hasarde ensuite à faire 
quelques pas, ouvre un peu ses ailes en marchant, 
el glousse doucement pour avertir et conserver 
auprès d'elle son innocente famille. Les petits mar- 
chent lentement, et comme ils éclosent ordinai- 
rement vers la fin du jour, ils retournent à leur 
nid pour y passer la première nuit. Ensuite ils se 
retirent à quelque distance, se tenant toujours sur 
les parties élevées des ondulations du terrain, La 
mère redoute beaucoup la pluie, à cause d’eux; 
car rien dans cet âge ne leur est plus contraire : 
aussi dans les saisons très -pluvieuses les Dindons 
sont-ils peu communs, les jeunes qui ont été 
mouillés périssant presque toujours. Pour préve- 
nir le fâcheux effet du mauvais temps, la poule 
d'Inde, avec une sollicitude et une prévoyance 


Towe II. 


admirables, arrache les bourgeons des 
aromatiques , et les offre à sa couvée. 

Gependant les jeunes Dindons se développent 
rapidement , et au mois d'août ils sont déjà en étab 
de se préserver des attaques imprévues des loups, 
des renards, des lynx et même des couguars; 
ils s'élèvent rapidement de terre, en sautant et: 
s’aidant de leurs ailes, et se réfugient sur les bran 
ches des arbres voisins. 

Ces oiseaux courent plus souvent qu'ils ne vo 
lent , et cependant il est fort difficile de les at- 
teindre ; ils fatiguent souvent le meilleur cheval ; 
les chiens ne les prennent aussi que rarement , 
mais lorsque ceux-ci ont de l'habitude, ils les 
sentent à des distances très-considérables. Læ 
chasse des Dindons est une des plus usitées dans 
l'Amérique du nord, elle y est souvent très-pro— 
ductive; aussi arrive-t-il que le prix de ces oiseaux 
soit quelquefois très -faible : on les paie souvent 
moins que des poules ordinaires. 

Les Dindons sauvages se rapprochent souvent 
de ceux que l’ontient en domesticité ; ils s’asso— 
cient à eux ou bien ils leur enlèvent leur nourri— 
ture, et même les frappent. Les mâles quelque- 
fois font leur cour aux femelles domestiques, et 
sont, en général, fort bien accueillis par elles et. 
par leurs maîtres, qui connaissent parfaitement les 
avantages résultant de semblables unions; ces pro 
duits croisés sont en effet beaucoup plus vigoureux: 
que ceux des individus domestiques , et sont plus: 
facilement élevés. Le poids de ces oiseaux est en 
général de neuf livres , il s'élève quelquefois jus- 
qu’à quinze et dix-huit. Les soies que les mâles: 
ont à la poitrine sont souvent très-longues. M. Au- 
dubon rapporte qu'il a vu, au marché de Louis- 
Ville , un Dindon qui les avait de plus d’un pied. 
Le poids total de cet individu était, dit-il, de- 
trente-six livres : chez les femelles, l’appendice est. 
plus petit et ne pousse que plus tard.  (Gzrv.) 

DINDON. (con. run.) Oiseau de basse-cour im-- 
porté en Europe, vers le milieu du quinzième siè- 
cle, de l'Amérique du centre, où il est beaucoup 
plus gros et plus nombreux en variétés. Il existe en: 
France depuis l’année 1518 ou 1520. Les pre- 
miers individus furent élevés à Bourges , et c’est 
des environs de cette ville que le Dindon s’est 
répandu partout vers l’an 1650 et qu'il à fait par- 
tie des repas de famille. 

Aldovrandi et Bélon crurent reconnaître ce vo- 
latile dans la Méléagride des anciens: c’est une er— 
reur.La Méléagride est notre Pintade. Le Dindon 
sauvage est d’un brun noir , avec des petites lignes 
fauves recourbées et des reflets métalliques. L’es- 
pèce domestique offre des couleurs qui varient du 
noir au blanc ; cette dernière est le signe certain 
d’une constitution faible. Le Dindon aime la li- 
berté; tenu habituellement dans les cours il est. 
inférieur en qualité à celui qui erre dans les bois, 
les bruyères et les champs : témoins ceux des fer-. 
mes des déparlemens de la Seine-Inférieure, de 
la Somme , du Pas-de-Calais , etc. , qui ne sortent, 
pas de la cour, et ceux de la Sologne (Loiret), de: 
la Meuse , dela Meurthe, des Vosges , de la Haute-. 


plantes 


149° Livraison, 69 


DIND 


546 


DIND 


Saône. de la Côte-d'Or, etc., qui, sont conduits 
dans les prés et même, dans les taillis, Il n’est 

oint diflicile sur la nourriture, mais il aime 
qu’elle soit variée. Il'se jette avec la même avidité 
sur les substances animales et sur les substances 
végétales, Il mange beaucoup d'insectes, surtout 
les larves des Coléoptères, Jeune, il préfère les 
baies et l'herbe qu’il. paît toujours. avec plaisir ; 
en automne il dévore les glands avec avidité.Tou- 
tes les températures comme toutes les natures de 
sol lui conviennent , mais il vient mieux dans les 
landes, les friches, les bois dégradés, les monta- 
gnes. pelées , les côteaux arides. Rentré à la ferme, 
ilfaut qu'il y trouve un abri suflisamment aéré , 
des arbres ou des mâts garnis d’échelons, pour se 
hucher pendant la nuit. Quand on le renferme dans 
le poulailler, il devient maigre et se couvre de 
vermine. Le mâle est plus gros que la femelle ; 
celle-ci se reconnait en tout temps à la petitesse 
de ses caroncules, de ses ergots et du pinceau de 
poils de la poitrine, à son piaulement plus faible, 
à sa démarche plus lente et plus humble: dans 


sa jeunesse elle est plus grosse que le mâle, mais. 


celui-ci ne tarde pas à gagner l'avantage, Il entre 
ên amour du moment que les gelées d'hiver ces- 
sent; sa tête, dégarnie de plumes, prend une teinte 
rouge très-prononcée, il fait habituellement la 
roue et glousse, Mieux il est nourri, plus abon- 
dante, plus précoce et plus certaine.est la ponte. 
Un mâle suflit à huit ou dix femelles. Il doit 
avoir deux ans, plus jeune il est trop faible , plus 
vieux les œufs sont souvent inutiles à la reproduc- 
tion. On s’est assuré qu'un bon mâle peut fécon- 
der dans l’année jusqu'à quinze cents œufs. Les 
premières couvées sont les meilleures. 

La Dinde pond ordinairement de 15 à 20 œufs, 
elle les fait de deux jours l’un et aime à les. ca- 
cher loin de la maison, dans les haies, les buis- 
sons, les prés. Gomme ils y seraient la proie des 
passans, des belettes, des fouines, desrenards, etc. , 
il convient de la surveiller pour découvrir son 
nid. Il est facile d’y parvenir , le cri particulier de 
la Dinde au moment de la ponte, son inquiétude, 
sont des indices certains. Les œufs une fois réu- 
nis sont mis dans des. paniers et. confiés à une 
ou plusieurs couveuses. Avant.et pendant la ponte 
il faut séquestrer les mâles de l’année précédente, 
afin de ménager leurs forces pour l’année. sui- 
vante, ct après la ponte tuer le mâle de deux ans 
qui, plus vieux, serait trop, méchant, aurait Ja 
chair coriace et ne pourrait plus être de défaite, 
Il arrive quelquefois que la Dinde fait une seconde 
ponte en automne ; elle est rarement de plus de 
douze œufs, et comme l'approche des froids ne 
permet pas d'espérenqueles petits arriventàbien, 
il vaut mieux destiner ces œufs à la. consomma- 
tion que de les laisser couver. Le lieu de la cou- 
vaison doit être sec, chaud, peu éclairé, loin du 
grand bruit, et les nids, établis à terre sur quel- 
ques brindilles de bois et un peu de paille recou- 
vertes de foin, se trouver séparés les uns des au- 
tres par des planches assez larges et assez hautes 


pour que les couveuses: ne puissent se:voir, Dans. 


chaque nid,on met vingt œufs ; c’est abuser des 
forces de la couveuse que d’en augmenter le nom- 
bre et de joindre à ses œufs, ceux de poules, 
d’oies et de canes: La Dinde est la meilleure cou- 
veuse de la basse-cour; l'espèce de fièvre qu'elle 
éprouvesur le nid, en élève la température à près 
de 50 degrés. Elle s'attache tellement à ses œufs 
qu'elle demeure habituellement dessus, y oublie 
jusqu'au. boire et, au manger, et y maigrit consi- 
dérablement. Aussi durant le temps de l'incuba- 
tion faut-il avoir le soin de lui fournir et sa nour- 
riture et sa boisson. Ce doit toujours. être la même 
personne qui. fasse ce service, elle se gardera bien, 
quoique ce soit un. usage, de retourner les œufs 
sous la couveuse, c’est à celle-ci à le faire ; seule- 
ment elle 'replacera dans le nid l’œuf qui aurait 
roulé dehors. La Dinde qui ne veut pas couver, 
celle qui casse les œufs et les mange, seront tuées: 
toute voie de contrainte est inutile. Après l’incu- 
bation, il importe de bien nourrir la couveuse 
pour qu’elle puisse se refaire. Son repas lui sera 
donné séparement de celui des Dindonneaux. 

Lacouvaison dure de 24 à 30 jours , son terme 
le plus ordinaire est de 26 jours. Au moment où 
le Dindonneau sort de la coquille, il.passe quel- 
quefois subitement d’une chaleur de 30 degrés 
dans une atmosphère très basse, de 5 à 6 degrés, 
et peut-être même moindre encore à cause de 
l'humidité dont ses plumes sont imbibées: c’est 
pourquoi l’on devrait avoir un poêle dans le lieu 
où l’on élève des Dindons un peu en grand, afin 
d'y entretenir une température de 19 à 20 de- 
grés, ou bien, tenir les nids au dessus du four. 
Cette précaution est d'autant plus importante que 
le Dindonneau souffre beaucoup du froid, et qu'il 
est sans cesse exposé à périr tant qu'il n’a pas 
poussé son rouge, surtout dans les quinze pre- 
miers jours de sa vie. La première nourriture à 
lui présenter, c’est de la. mie de pain mêlée avec 
des œufs durs. écrasés, ou bien des insectes , ou 
mieux encore un peu de viande bien hachée unie 
à de la farine d'orge, à des pommes de terre 
cuites. Il. faut la lui donner en petite quantité et 
plusieurs. fois dans. la journée. Dès.qu'il sort de 
la cour avecsa mère pour aller aux champs. voi-. 
sins, c’est-à-dire le quinzième jour après l’éclosion, 
on le fait suivre par des petites filles d’un carac- 
tère doux, et palient, armées, de deux longues 
baguettes, à l'effet de forcer les Dindonneaux à 
demeurer réunis auprès. de leur mère, et pour 
diriger lentement leur marche. On les mène deux 
fois par jour à la pâture, et l’on varie les courses 
afin de donner aux insectes le temps.de se repro- 
duire, On. évitera les bois dans la crainte des foui- 
nes, des ,pulois. qui sont très-friands de la chair 
des Dindonneaux; on choisira les landes, les 
friches et autres lieux découverts, où ces animaux 
trouvent beaucoup d'insectes, des graines, des. 
feuilles et de l’herbe. Ils attaquent la taupe, le 
mulot, les lézards et les reptiles, ‘qu'ils tuent à 
coups de bec. 

Environ deux mois.après sa naissance, le Din- 
donneau devient triste, il cesse tout à. coup de, 


rm 


DIND 


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DIOD 


manger avecson avidité ordinaire. Get état dure 
huit jours ,:c’est le temps de la poussée du rouge. 
Il convient alors de reprendre la pâtée employée 
au moment de l’éclosion , mais on l’aiguise avec un 

eu d’eau salée; on tient le petit à la cour afin de 
l’abriter de la pluie, de la rosée, du froid et du 
chaud, et s'il refuse de manger, on lui donne 
quelques gorgées de vin chaud. Du moment que 
les caroncules de la tête et du cou sont devenues 
rouges, le danger est passé, le Dindonneau prend 
aussitôt de la force, il s’'accommode de tout, et il 
peut demeurer tout le jour aux champs. En ren- 
trant il veut encore manger, il faut qu'il trouve 
de quoi se repaître dans la cour: plus il mange, 
mieux il va et plus il devient gros et ‘gras. Nous 
voici au moment de le soumettre à la castration 
dans les pays où cet usage est en vogue, car elle 
est inutile lorsquelle n’est pas dangereuse. A qua- 
tre mois, le Dindonneau est déjà bon à entrer 
dans la cuisine; mais il est bien meilleur à six 
mois , en septembre et octobre. Comme il cesse 
alors de croître, c’est le moment de le soumettre 
à l’engraissement. Partout où il trouve sur le 
chaume, à l'issue de la moisson, et beaucoup de 
grains et beaucoup d'insectes, il s’engraisse ra- 
pidement et peut être livré au commerce sans 
autres soins; mais là oùle luxe demande des vo- 
lailles remarquables par leur grosseur et la ‘sura- 
bondance de leur embonpoint , il faut l’engraisser 
artificiellement. Il ÿ a plusieurs méthodes pour y 
parvenir , la meïlleure est celle qui donne les en- 
grais les plus prompts'et un goût des plus fins. On 
enferme les Dindons dans un lien sec, chaud, 
obscur et tranquille , ils mangent d’abord seuls, 
puis on les emboque dès qu'ils rebutent le man- 
ger. On leur administre en commencant la pomme 
de terre , parce qu'elle est débilitante, ensuite on 
donne le maïs, enfin or en vient aux boulettes de 
châtaignes , de farine de froment, de pois, de 
vesce , elc., dont on les emboque , en ayant soin 
qu'elles soient toujours fraîches et tenues dans des 
vases propres. La graisse de pomme deterre seule 
a peu de saveur; celle de noix donne un goût 
d'huile à la chair ; celle du gland la rapproche du 
‘sauvage; celle du maïs et de la châtaigne est la 


“meilleure de toutes. La durée de l’engraissement 


ést d’un mois pour les mâles de moyenne taille, 
et de quinze jours au plus pour les femelles. On 
mange la chair du Dindon rôtie ; confite dans la 
graisse salée. Les œufs ne sont pas aussi délicats 
que ceux de la poule; on les préfère pour la pâtis- 
serie qu'ils améliorent d’une manière sensible. Les 
maladies de ce volatile sont les mêmes que celles 
des poules. IL est de plas sujet à une sorte d’é- 
ruption que l’on nomme la Dindonnade. 

“Buffon a commis une erreur quand il a dit que 
la Dinde ne possède point les muscles releveurs 
propres à redresser les plus’ grandes plumes de 
la queue supérieure ; elle jouit comme le mâle de 
cette faculté, mais. comme la roue est chez ce 
volatile l'expression du désir, elle fait rarement la 
roue, le mâle ne lui laisse-pas le temps d’avoir des 
désirs ‘il la fatigue par ses jouissinces réitérées, 


Le Dindon est un ‘animal pacifique, suscepti- 
ble d’affections très-vives. On lui attribue de la 
stupidité , parce que ses mouvemens sont guindés 
et qu'ils le sont encore plus du moment qu'il 
sirrite : c'est l’effet de la domesticité. Semblable 
aux courtisans, il cache son état dégénéré sousun 
dehors de fierté et sa colère violente sous un air 
grave que sa forte taille , que ses actions démen- 
tent incessamment., Et, quoiqu'il se batte avec 
moins de violence que le coq, il n’est pas moins 
acharné, à 

Les mâles se livrent entre eux des combats 
à mort, ils se portent de violens coups de bec sur 
la tête, dans les yeux, et cherchent à saisir le 
mamelon qui est placé sur la tête de l'adversaire. 
Une fois pris , il ne le lâchent plus , à moins qu'ils 
ne tombent en faiblesse. (T. ». BB.) : 

DINOPS, Dinops. (mam.) M. Savi a établi ce 
petit genre dans la famille des Ghéiroptères insec- 
tivores , et a fait connaître l'espèce qui en est le 
type, dans le Nuov. giorn. de lett., n° 21: c’est le 
Drvors ne GEsronwr, D. (Cestoni, découvert aux 
environs de Pise. .. (Gerv.) 

DIODON, Diodon. (porss.) La dénomination de 
Diodon, employée par Linné pour des espèces 
généralement répandues dans toutes les mers des 
pays chauds, est restreinte par Guvier aux poissons 
dont les mâchoires indivises ne présentent qu’une 
seule pièce en haut et une en bas. De là vient le 
nom qu'on leur a donné, et qui signifie qu’ils n’ont 
que deux dents, e 

Les Diodons ont de très-grands rapports, dans 
leur conformation et dans leurs habitudes, avec 
les Tétrodons. Mais ils en diffèrent encore par la 
nature de leurs piquans, beaucoup plus longs, 
beaucoup plus gros et beaucoup plus forts que ceux 
des Tétrodons les mieux armés ; ces piquans sont 
d’ailleurs très-mobiles, et répandus sur toute la 
surface du corps des Diodons. Cette dissémination, 
ce nombre, cette grandeur , ont fait regarder avec 
raison les Diodons comme les analogues des porc- 
épices et des hérissons , dans la classe des poissons. 
Ce genre remarquable renferme un assez grand 
nombre d'espèces. Les unes ont des piquans longs, 
soutenus par deux racines latérales. 

La plus commune de ce groupe est le Diodon 
atinga, Bloch. , figuré par Séba, tom. 111, pl 32, 
fig. 2. Cette espèce, qui atteint plus d’un pied de 
diamètre , a le corps allongé et les piquans très- 
rapprochés les uns des autres, 

L’Atinga est brun ou blanchâtre sur le dos , et 
blanc sur le ventre; toute la partie supérieure, 
ainsi que les nageoires, sont semées de petites 
taches lenticulaires et noires, Ce cartilagineux se 
nourrit de petits poissôns , de crustacés; et d’ani- 
maux à coquilles , dont il brise aisément l’enve- 
loppe dure par le moyen de ses fortes mâchoires. 
HN ne s'éloigne guère des côtes; il sait si bien, lors- 
qu'on (latiaque, se retourner en différens sens , 
exécuter des mouvemens rapides, s’agiter , se 
couvrir de ses armes, en présenter la pointe, qu’il 
est très-difficile ét même dangereux dele prendre. 
Aussi Je‘poursuit-on d'autant moins que sa chair 


. nn . 


DIOD 


est dure et peu délicate. C’est principalement dans 
les momens où l’on veuf le saisir qu'il se gonfle. 
Il augmente ainsi son volume pour donner plus 
de forceià sa résistance, ou pour s'élever et nager 
avec plus de facilité; il se grossit et se tuméfie 
particulièrement lorsque, après l'avoir saisi, on 
cherche à le tenir un moment suspendu. Quelque 
cause qui le contraigne à se boursoufler, il se 
détend tout d’un coup, et, faisant alors sortir avec 
rapidité l’eau par l'ouverture de sa bouche, par 
celle des branchies, ou par son anus, il produit 
un bruit analogue à celui que font entendre les 
Balistes, les Ostracions et les Tétrodons. La vessie 
natatoire de l’Atinga est très-grande, et d’après 
la nature de la membrane qui la compose, il pa- 
rait que, préparée comme celle de l’Accipenser 
ou Esturgeon , elle produirait une colle supérieure 
par sa bonté à celle que l’on pourrait obtenir d’un 
grand nombre d’autres espèces. 

Lorsqu'on a mangé de l’Atinga , non-seulement 
on peut éprouver de graves accidens, si on a laissé 
dans l’intérieur de cet animal quelques restes des 
alimens qu’il préfère et qui peuvent être très-mal- 
sains pour l’homme; car, suivant Pison, la vésicule 
du fiel de ce poisson contient un poison si aclif, 
que, si elle crève quand on vide l'animal, et qu’on 
l’oublie dans le corps du poisson , elle produit sur 
ceux qui mangent de l’Atinga les effets les plus 
{unestes: les sens s’émoussent , la langue devient 
ämmobile , les membres se raidissent, ct à moins 
qu'on ne soit promptement secouru, une sueur 
äroide ne précède la mort que de quelques instans. 

Diopox anTeNNirère, Cuv. Cette espèce a plu- 
sieurs filamens charnus sur le devant de la tête, 
et dans quelques autres parties du corps. Sa leinte 
générale est d’un gris roussâtre, avec des taches 
symétriques d’un rouge foncé. Nous l'avons re- 
présentée dans notre Atlas, pl. 138, fig. 1. 

D’autres ont des piquans courts, portés sur 
trois racines divergentes, tel est le Diopon one. 
Ce nom désigne la forme presque sphérique que 
présente ce cartilagineux; il ressemble d’autant 
plus à une boule, surtout lorsqu'il se tuméfie, que 
ses nageoires sont très-courles, el que, son museau 
étant très-peu avancé, aucune grande proéminence 
w’altère la rondeur de son ensemble. Les piquans 
dont sa surface est hérissée sont très-forts, mais 
ils sont plus courts et moins nombreux, à propor- 
lion du volume du poisson , que ceux de l’Atinga ; 
ils semblent d’ailleurs retenus sous la peau par 
-des racines à trois pointes, plus étendues et plus 
dures ; ils ressemblent davantage à un cône, dont 
des faces seraient plus ou moins marquées ; ils 
peuvent faire des blessures plus larges; ils donnent 
-à l'animal des moyens de &éfense plus capables de 
résister à une longue attaque; et voilà pourquoi 
J'Orbe a été nommé par excellence, et au milieu 
des autres Diodons, le Poisson armé; c’est sous ce 
nom que sa dépouille a été conservée pendant si 
dong-temps, dans un grand nombre de cabinets de 
physique, de laboratoires de pharmacie, même 
de magasins d’herboristerie. Ce poisson a la faculté 


548 


no 


DIOI 


l'air et en remplissant de ce fluide son estomac, 
ou plutôt une sorte de javelot très-mince et très- 
extensible, qui occupe toute la longueur de l’ab- 
domen. Lorsqu'il est ainsi gonflé, il calbute, son 
ventre prend le dessus, et il flotte à la surface de 
l'eau sans pouvoir se diriger ; mais c’est pour lui 
un moyen de défense, parce que les épines qui 
garnissent sa peau se relèvent ainsi de toule part. 
Il fait entendre, quand on le prend, un son qui 
provient sans doute de l'air qui sort de son es- 
tomac. Il se nourrit de petits poissons, de crus- 
tacés, et de fucus; sa chair est un aliment plus 
ou moins dangereux, au moins dans certaines 
circonstances, comme celle de l’Atinga et d’au- 
tres Diodons. 

D’autres espèces, enfin, ont des piquans grêles 
comme des épingles ou des cheveux; tel est le 
Diodon pilosus, Mitchill, poiss. de New-Yorck, 
1, 47a (Azru. G.) 
DIODON, Diodon. (ois.) Ce petit groupe, que 
M. Lesson a distingué parmi les Faucons, a les ailes 
obtuses, la queue longue et arrondie, le bec 
courbé dès sa base, el, ce qui fait son principal ca- 
ractère, doublement denté à la mandibule supé- 
rieure, On connaît deux espèces de Diodons: l’une 
est le Falco bidentatus, Lath., pl. col. 58 et 208; 
l’autre est le Falco diodon de Temminek, col. 198. 
Ces oiseaux sont tous deux propres au Brésil; ils 
ne conslituent probablement, ainsi qu’on l’a fait 
remarquer, qu'une seule espèce. M. Lesson, qui 
adopte celle manière de voir, les réunit sous le 
nom commun de Diopox pu Brésiz; Diodon bra- 
siliensis. PV, le Traité d’Ornith., p. 95. (Genv.) 

DIOECIE, Diccia. (mor. puan.) C'est-à-dire 
deux demeures. Vingl-deuxième classe du système 
sexuel de Linné, comprenant les végétaux à fleurs 
unisexuces , et portées sur des pieds distincts. Tel 
est le Datlier ; on sait que le pied où se forme le 
fruit est distinct de celui qui porte les étamines. 

La Diœcie se divise en 15 ordres , caractérisés 
ainsi qu'il suit : 

D’après le nombre des étamines : 1° Diæœcie mo- 
pandrie ou-à une élamine; 2° D. diandrie ; 
5° D. iriandrie; 4° D. tétrandrie; 5° D. pentan- 
drie; 6° D. hexandrie; 7° D. octandrie (il n’y a 
point de fleurs dioïques à sept étamines); 8° D. en- 
néandrie ; 9° D. décandrie ; 10° D. dodécandrie; 

D’après le mode d'insertion des étamines : 
11° Diœcie icosandrie , ayant les étamines insérées 
sur le calice; 12° D. polyandrie, ayant les étamines 
hypogynes ; 

D’après la réunion des étamines par leurs filets : 
13° Diœcie monadelphie ; 

D'après leur réunion par les anthères : 14° Diæ- 
cie syngénésie ; 

D'après leur soudure avec le pistil : 15° Diæcie 
gynandrie. (L.) 
+  DIOIQUES (PLANTES). (BoT. PHAN.) On nomme 
ainsi les plantes comprises dans la 22° classe du 
système linnéen, ou Diœcie. 

On trouve, par exception, quelques plantes 
Dioïques dans les autres classes : ainsi la Valériane, 


‘de se gonfler comme un ballon, en avalant de | qui appartient à la Triandrie, a l’une de ses es- 


; Ml 738: 


24. Diodon. 2: Diopsis. 3. 4. Dolabelle. 5. Doris 6.7 Douin. 


’ 


5 E° Cuerin dr 
‘ 


+ 


DION 


549 


DIOP 


D 


pèces Dioïque c’est-à-dire que les fleurs mâles et 
femelles sont portées sur des pieds distincts. Nous 
citerons encore comme exemple le Zychnis Lo 

DIOMOCEDEA. (ors.) C’est le nom latin des Ax- 
garros. V’oy. ce mot. (GEnv.) 

DIONÉE, Dionæa. (mor. pan.) Genre de 
plantes dicotylédonées de la Décandrie monogynie. 
L'auteur de la méthode dite naturelle n’a point 
déterminé quelle est la famille de la Dionée; il l’a 
inscrite parmi les végétaux dont son système laisse 
la place incertaine; il s’est contenté d'indiquer 
son affinité douteuse avec le Drosera. Il y a bien 
‘quelques rapports entre ces deux plantes pour les 
phases de la végétation; mais ils ne Lardent point 
à se rompre quand on s’arrête à l'examen des 
graines; dans le Drosère, elles sont adhérentes 
aux parois des valves, tandis que dans la Dionée 
-on les voit fixées à un placenta central. Ventenat 
regarde le genre Dionée comme devant un jour 
former le type d’une famille nouvelle. Quelques 
autres botanistes ont émis l’opinion qu'il convien- 
drait , eu égard aux différentes parties de la fruc- 
üfication , à la famille des Capparidées , ou mieux 
“encore à celle des Caryophyllées, surtout aux 
genres de la première section. D’autres, fondés 
sur l'insertion vraiment hypogynique et sur l’at- 
tache des graines , le portent auprès des Hypérici- 
nées. De Gandolle lui assigne le septième rang de 
sa famille des Droséracées, quoiqu'il s’en éloigne 
incontestablement par trois caractères essentiels : 
l'insertion, la structure de l'ovaire et du fruit , et 
par l’organisation de la graine. S’il m’était donné 
de fixer à ce sujet l'incertitude , j’adopterais le 
sentiment de Ventenat, et j'inscrirais la famille 
nouvelle à la suite des Hypéricinées ; mais cet hon- 
neurest réservé , pour un temps plus éloigné, auré- 
formateur de la botanique moderne. 

On ne connaît encore qu’une seule espèce de ce 
genre ; c'est la DioNÉE ATTRAPE-MOUCHE , Dionœa 
amuscipula de Linné. Découverte aux lieux humi- 
des et marécageux de la Caroline par Solander, 
(le même qui fit ensuite le voyage autour du mende 
avec Cook et Banks), elle a été introduite en Eu- 
rope durant l’année 1768, par John Bartram ; mais 
on n’a pas su la conserver également bien dans les 
divers jardins où on la tient sur une terre tour- 
beuse, toujours humide : il lui faut la serre tem- 
pérée pendant l'hiver , et pour la propager on a 
recours à la séparation des roseltes de feuilles en- 
racinées, de préférence à la voie des semis presque 
toujours incertaine dans nos pays. 

Cette petite plante herbacée, à racine vivace, 
plus curieuse qu’agréable à la vue, se fait remar- 
quer par la grandeirritabilité des lobes vermeils de 
ses feuilles. Lorsqu'un insecte vient à se reposer 
sur leur surface supérieure , ou bien à insinuer sa 
trompe entre les pointes qui entourent des glandes, 
d'où s'échappe une liqueur distillée assez abon- 
dante, les deux lobes se rapprochent aussitôt, 
croisent les cils de leurs bords, et plus le petit 
animal se débat, plus la pression devient grande : 
elle est telle à Ja in que les deux lobes paraissent 


si étroitement unis, qu'on les déchirerait plutôt que 
de les ouvrir. La mort de l’insecte met un terme 
à celte irritabilité ; dès lors les lobes s’ouvrent et 
reprennent leur position habituelle. On peut en- 
core obtenir le phénomène en touchant les feuilles 
avec une épingle. Un changement subit dans Ja 
température, le souffle d’un vent fort produisent 
le même effet pendant un espace de temps plus 
ou moins long. Ce mouvement de plication n’in- 
dique point, comme l'ont dit quelques auteurs, 
une intention, une volonté, une faculté analogue 
à celles que nous admirons chez les animaux: il 
est purement mécanique , il appartient tout entier 
à la puissance vitale ou excitabilité, sans laquelle 
aucune existence , aucun acle physiologique n’est 
possible. Ainsi, rions du poèle qui se sert de ce 
phénomène pour donner à la plante un sentiment 
de cruauté, qui voit sa feuille en embuscade 
pour déchirer sans pitié l’insecte qu’elle attire par 
le suc de ses glandes, et la comparer au fil animé 
de l’agile araignée. Laissons le moraliste y recon- 
naître les piéges que la débauche tend incessam- 
ment à une jeunesse trop fougueuse pour les éviter 
à temps, trop imprudente pour profiter des lecons 
que leur offrent les hôpitaux et les maladies cruel- 
les, qui empoisonnent les dernières heures d’une 
vie sans utilité pour la patrie. Le naturaliste se 
contente d'observer régulièrement, et s’il aper- 
çoit, par un heureux rapprochement, quelques 
pensées philosophiques , il en fait son profit ; mais 
il n’outrage point un végétal innocent. 
Considérons maintenant la Dionée dans ses dé= 
veloppemens. Du collet de sa racine écailleuse et 
chargée de plusieurs fibres, sort une touffe de pe- 
tites feuilles épaisses, d’un vert tendre, échancrées, 
toutes radicales, étalées en rosette, terminées par 
deux lobes demi-ovales , garnis en leurs bords de 
cils raides , de petites glandes rougeâtres, succn- 
lentes, et de quelques soies qui se dressent au plus 
léger mouvement. Le pétiole de ces feuilles est 
ailé comme celui des orangers. Du centre de la 
touffe s’élève une hampe nue, cylindrique , haute 
de seize à dix-huit centimètres, dont le sommet en 
corymbe présente de six à dix fleurs blanches, 
portées chacune sur un pédoncule muni à sa base 
d’une petite bractée pointue, et qui s’épanouissent 
en juillet et août. Leur calice, moitié plus court 
que la corolle, est formé de cinq folioles oblon- 
gues, aiguës, persistantes. Les cinq pétales con- 
caves etstriés longitudinalement, s’ouvrent en rose, 
ils alternent avec les folioles calicinales ; ils enve- 
loppent dix étamines étalées, à anthères arrondies, 
un ovaire creusé de dix sillons que surmontent un 
style court, un stigmate ouvert et frangé. Le fruit 
de la Dionée est une capsule orbiculaire, dépri- 
mée, à cinq angles arrondis, formée d’une seule 
loge qui se déchire par plusieurs fentes, lors de la 
maturité, et qui contient un grand nombre de 
pelites graines, luisantes , obovoïdes , et attachées 
un peu obliquement par leur base. (T. ». B.) 
DIOPSIDE. (min.) Espèce minérale du sous- 
genre PynRoxËne (voyez ce mot). On comprend 
sous le nom de Diopside les substances que dif- 


DIOP 


550 


DIOS 


férens auteurs ont appelées Ællalite, Baikalite, 


Fassaite, Maclurite, Malakolite, Mussite, Pyr- 


‘gome , Pyroxène blanc, Sahlite et Salaite. 

(J. H.) 
 DIOPSIS, Diopsis. (ixs.) Genre de Diptères de 
la famille des Athéricères, établi par Linné ct 
ayant pour caractère principal : yeux el antennes 
situés à l’extrémité des deux parties latérales de 
la tête, en forme de corne : ces insectes très-extra- 
ordinaires sont bien faciles à reconnaître et ont 
été signalés de tout temps; leurs corps est assez 
allongé, avec les ailes de sa longueur, couchées 
en dessus dans le repos ; la tête est ce qu'ils offrent 
de plus singulier, la partie principale est petite 
par rapport au corps voûüté; la cavité buccale est 
protégée par deux épines avancées ; mais à droite 
et à gauche du vertex, «elle forme deux prolonge- 
mens qui s'élèvent en s’écartant du point de dé- 
part , et finissent par égaler au moins la longueur 
de la moitié du corps; c’est à l'extrémité de ces 
prolongemens que sont situés les yeux; ils sont 
globuleux et plus gros que le prolongement qui 
les porte ; les ocelles, au nombre de trois, sont 
situés sur le vertex autour d’une petite éminence; 
son antenne est composée deitrois articles, dont les 
deux premiers très-courts , le troisième arrondi, 
large, terminé par une soie très-longue , insérée 
à son côté: l’antenne elle-même est attachée à la 
partie antérieure du prolongement datéral de Ja 
têle près de l'œil. Le corselet est globuleux avec 
son écusson terminé par deux épines diver- 
gentes , presque aussi longues que le corselet ; l’ab- 
domen est étroit à sa base et s’élargit ensuite jus- 
qu'à son «extrémité. | 

Dalman a donné une ‘excellente monographie 
de ce genre; nous nous contenterons d'en citer 
ure seule espèce : 

D. pu SÉNÉGAL, D. sencegalensis , Macquant 
(représenté dans notre Atlas, pl. 138, fig. 2). 
Long de 2 lignes, rouge fauve; yeux, tubercule 
des ocelles, une bande oblique sur le front, une 
épine au milieu des prolongemens de la tête et le 
corselet, noirs ; les ailes portent une petite tache 
enfumée à leur extrémité. Da Sénégal. (A::P.) 

DIOPTASE. (urn.) Haüy a désignésous ee nom, 
Les Russes sous celui d’Aclurite , et les Allemands 
sous celui de Kupfer-Smaragd, un silicate de 
cuivre, composé de.30 à 4o pour cent, de silice, 
45 à 55 d’oxide de cuivre et de 11 à:12 d’eau. 
Gette substance , qui ne forme point encore:dans 
la nomenclature une espèce minérale , parce que 
les chimistes qui l'ont analysée ne sont point tom- 
bés d'accord sur.sa composition, est d’une belle 
couleur verte, diaphane, un peu plus dure.que le 
verre , et cristallise. dans le système ‘du prisme 
hexagone. 

Elle doit son nom d’Achirite à un marchand, 
appelé! Achirka, natif de Tachkend, dans le Tur- 
kestan indépendant, qui la découvrit dans l’Altin- 
T'oubé ou colline d'Or, petite: chaîne de la steppe 
des Kirghiz, qui sépare le territoire de la Grande- 
Horde de celui de la Petite. Elle est encore assez 
rare, parce qu'il est difficile d’explorer.un pays 


! habité par des nomades barbares. (Woyez Cur- 
VRE. ) (J. H.) 

DIORCHITE. (ross.) Quelques auteurs ont dé- 
signé sous ce nom des fossiles que d’autres avaient 
précédemment appelés Priapolithes; mais ces deux 
mots ne méritent point une place dans la science. 
On sait maintenant que ces corps fossiles sont des 
Polypiers du genre Alcyon , et de l'espèce que 
Lamouroux à décrite sous ie nom d’Alcyon con- 
combre (Alcyonium cucumiforme) , et dont les va- 
riétés les plus remarquables sont : lÆl{cyoniure 
pyramidale, A. boletus, A. infundibulum, et Æ, 
phalloides. On trouve plusieurs de ces Alcyonis 
dans les terrains secondaires , et spécialement 
dans le calcaire à polypier des environs de Gaen. 

J. JH. 

DIORITE. (céor.) Nom d’une roche Eee M. À 
Brongniart a appelée aussi Diabase, Elle est com- 
posée essentiellement d’amphibole et de feldspath, 
et contient, disséminés , du quartz, du mica, du 
grenat, de l’épidote, du sulfure de fer , du titane, 
et quelquefois même d’autresminéraux. Sa texture 
est très-variée : quelquelois elle est grenue, comme 
dans la Diorite granitoïde, que l’on trouve fré- 
quemment dans les environs de Nantes et dans 
les Vosges; d’autres fois, sa structure est fissile, 
c’est-à-dire facile à se déliter : c’est alors la Dio- 
rite schistoïde; où bien des cristaux de feldspath 
compacte y sont disséminés, ce qui constitue une 
variélé appelée Diorite porphyroïde; enfin, une 
roche précieuse dont on fait des vases et d’autres 
objets d’ornemens d’un grand prix, et qui est 
connue souskenom de Granite orbiculairede Corse, 
ést encore une variété de Diorite qui a recu le 
surnom d’'Orbiculaire, que lui méritent les cercles 
d’amphibole alternant avec des cercles de quartz 
qui en font la beauté par leur nombre et leur ré- 
gularité. 

La Diorite était estimée des anciens, ainsi que 
le prouvent plusieurs monumens de l'Egypte. 
Quelques variéléssprennent un très - beau poli. 
Gette roche constitue des montagnes entières dont 
les couches sont fort redressées, comme aux cavi- 
rons de Nantes et des Vosges. Quelquefois elle st 
intercalée entre des granites, ce qui indique une 
origine «contemporaine des roches granitiques, «et 
d’autres fois elle se trouve dans des terrains d'une 
époque moins anciénne, (J..H.) 

DIOSCORÉES, Dioscoreæ . (RoT. man.) C'est 
une des trois divisions établies par R. Brown, dans 
la famille des Asparaginées de Jussieu. 11 y place les 
genres qui, avec un ovaire infère, ont des fleurs 
dioïques, ét pour fruit une capsule. M. Richard , 
en adoptant ce nouveau groupe , l’a étendu , et:y 
-a compris toutes les Asparaginées à ovaire: anfère , 
que leurs fleurs soient hermaphrodites ou uni- 
sexuées., et leur fruit sec ou charnu. 

Ainsi définie, la famille des Dioscorées comprend 
Jes genres / gnaine et Rajanie, dont le fruit est une 
cäpsule; le, TJlamus, qui a des fleurs dioïques et-un 
fruit charnu ; enfin, le Fluggea et le Peliosanthe , 
qui portent, des fleurs hermaphrodites. (L.) 

DIOSMA., Diosma..(8or. PHaN.) Genre et type 


DIOS 


551 


DIOS 


oo 


d’une section de la famille des Rutactes, fort 
nombreux en espèces, toutes originaires du cap 
de Bonne-Espérance. Ge sont des arbustes élégans, 
ayant le port des Bruyères, remarquables par 
leur feuillage toujours vert, et par l’odeur suave 
qu'ils exhalent. Leursfeuilles sont petites, simples, 
chargtes en. dessous de points. glanduleux. Leurs 
fleurs, blanches ou rosées, sont tantôt solitaires, 
tantôt groupées en. sorte de corymbes, Voici leurs 
caractères génériques. 

Galice à cinq divisions très-profondes, persistant 
ordinairement jusqu’à la maturité du fruit qu’elles 
enveloppent; corolle de cinq pétales, égaux, éta- 
lés, alternant avec les divisions du calice ; dix 
étamines , dont cinq avortent, et se transforment 
soit en appendices pétaloïdes, soit en filamens ou 
écailles glanduleuses : les étamines et les pétales 
sont tantôt placées en dehors et au pourtour de la 
base du disque, tantôt insérées à sa paroi externe; 
c'est-à-dire qu’elles sont tantôt hypogynes, tantôt 
périgynes: Ovaire libre, à cinq côtes et autant de 
loges, qui chacune contiennent deux ovules, ra- 
rement un seul; style simple, stigmate à cinq lobes; 
capsule ovoide ou globuleuse, à quaire ou cinq 
côtes , et autant de loges; elle se sépare en quatre 
ou cinq coques s’ouvrant avec élasticité par une 
fente longitudinale; une ou deux graines dans 
chaque coque. jh 

On compte environ quatre-vingts espèces de 
Diosma ; aussi, a-t-on voulu scinder ce genre en 
plusieurs autres, d’autant plus que ses caractères 
offrent parfois des modifications assez marquées. 
Wendland , puis Wildenow en ont fait quatre 
groupes ou genres, que M. De Candolle adopte, en 
en créant un cinquième, comme autant de sec- 
tions propres à faciliter la distinction des espèces, 
Les voici : 

1° ApenanDrA (étamines glanduleuses). À pour 
caractères particuliers : disque périgyne; les cinq 
étamines fertiles ont leurs anthères glanduleuses 
au sommet; feuilles alternes et planes. 


Le Diosma uniflora, L. , qui fait partie de cette 
section , est l’Hartogia uniflora de Bergius, et l'E - 
riostemon de Smith. C’est un arbuste rameux, 
d’un à deux pieds, avec des fleurs blanches, so- 
litaires, au sommet de chacure des ramifications 
de la tige. 

2 Banosma (odeur forte). Wendland appelait 
cette section Parapetalifera, afin d'exprimer que 
les étamines stériles sont dilatées en forme de pé- 
tales. Les fleurs sont, axillaires et pédicellées ; les 
feuilles opposées, glabres et planes. 

La principale espèce de cette section est le 
Diosua à FEUILLES DENTÉES EN SCIE, Î). serratifolia, 
charmant arbuste à tige brunâtre, à feuilles den- 
tées, poncluées, et glanduleuses sur les bords, 
Les fleurs sont blanches, situées deux à deux à 
Vaisselle des feuilles supérieures. 

8° AGaruosma (excellente odeur). Les élamines 
stériles. sont également dilatées et pétaloïdes, ce 
qui a fait décrire la corolle comme étant compo- 
sée de dix pétales, Les feuilles sont alternes, et 


{ les fleurs disposées à peu près en corymbes ter- 


minaux. 

C'est dans cette section qu'on retrouve plusieurs 
espèces de Diosma, appelées Bucco chez les 
Hottentots, eL cilées comme médicamens par les 
voyageurs. En effet, on peut retirer des Diosma 
une huile aromatique plus ou moins abondante ; 
les habitans du Cap s’en servent à l’intérieur dans 
certaines maladies. 

4° Dicuoswa. M. De Candolle a voulu exprimer 
dans ce mot grec que les pélales sont bifides; c’est 
une exceplion unique dans le genre. Le Diosma 
bifida a ses feuilles presque imbriquées , et ses 
fleurs sont réunies en une sorte de capitule ter- 
minal. 

5° Euprosua ou Diosma (odeur divine), C’est la 
principale section du genre. Les cinq étamines 
stériles sont presque nulles, ou sous la forme 
d’écailles glanduleuses. Nous citerons pour exem- 
ple le Diosma rubra, arbuste de quatre à cinq 
pieds, à feuilles très-nombreuses, éparses. Les 
fleurs sont très. petites, sessiles; onremarque cinq 
cornes au sommet de l'ovaire, 

Un grand nombre de Diosma sont cultivés dans 
nos jardins ; ils demandent lous la terre de 
bruyère , et l’orangerie ou la bâche pendant les 
froids. On les multiplie, soit de boutures,, soit de 
graines; mais celles-ci doivent être semées aussi- 
tôt: après leur maturité, car elles perdent promp- 
tement la vertu germinatrice. (L.) 

DIOSMÉES , Diosmeæ. (or. PHAN.) C’est, se- 
lon R. Brown, Kunth et De Candolle, une des 
deux grandes tribus ou sections de la famille des 
Rutacées, et ces botanistes y comprennent tous les 
genres qui ont les pétales libres ou distincts à leur 
base, égaux entre eux, et constituant une corolle 
régulière; leurs graines sont munies d’un endos- 
perme. Mais A. de Jussieu, auteur d’un travail 
plus récent sur la famille des Rulactes, donne le 
nom de Diosmées à une section beaucoup moins 
nombreuse en genres, et place ceux qu’il en retire 
dans ses tribus des Rutées et des Zanthoxylées 
(voy. ces mots). 

Voici donc, d’après A. de Jussieu, lies carac- 
ières distinctifs et les principaux genres de la tribu 
des Diosmées : 

Fleurs hermaphrodites ; loges.de l'ovaire conte- 
nant deux ou plusieurs ovules; endocarpe cartila- 
lagineux, bivalve , se separant du sarcocarpe. 

Genre européen : Dictamnus, L. 

Genres du cap de Bonne-Espérance : Diosma, 
L. ; Calodendron , Thunb. , ÆEmplevrum, So- 
land. | | 

Genres de l’Australasie : Diplolæna, Brown, 
Desf, ; Correa, Smith; Phebalium, Vent.; Crowea, 
Smith; Æriostemon, Smith; Philotheca, Rudge; 
Boronia.et Zieria, Smilh. 

Genres d'Amérique : Choisya et Esenbeckia 
Kunth; Melicope et Evodia, Forster ; Galipea, 
Monniera et Ticorea, Aublet; Metrodorea, Al- 
meida et Spirantheræ,. Si-Hil, $ Erythrochiton 
Diglottis, Nees, etc. (L.) 

DIOSPYROS. (no7. rHax.) Sous celte déno- 


DIPH 


552 


DIPH : 


a ————  — —— ——— —— ———_—_————— ——— ——…—— —…"_— — — — — —"——— ——’  — —————————  —" _ ——— 


mination les botanistes modernes entendent parler 
du Plaqueminier, dont les espèces sont répandues 
sur l’un et l’autre hémisphère (voy. au mot PLa- 
quemiNIER). Ghezles anciens ,ce mot, qui signifie 
mot à mot Blé des dieux, et non pas Âlamme de 
Jupiter , comme l’a traduit le pauvre Gaza, se- 
rait le Gremil (Lithospermum ) , selon Ruel et 
Mentzel; l'Alpiste (Phalaris canariensis), la Larme 
de Job ( Coix lacryma), l'arbre chéri des peu 
ples lotophages ( Zizyphus lotus), le Micocou- 
lier que Pline appela par erreur Faba græca, 
selon les autres commentateurs. Je ne partage 
aucune de ces opinions parce qu'elles n’indiquent 
point, comme les textes grecs le veulent, un ar- 
bre dont le fruit a la forme ct la grosseur de la 
cerise ct présente, sous sa pulpe, un noyau très- 
dur, J’émettrai mon sentiment en parlant du Pla- 
queminicr faux-lotier, le Diospyros lotus de Linné. 
(T. ». B.) 

DIPHAYDES. (zoopn. Acar.) Quoy et Gaimard 
proposent de donner ce nom à unc famille d’ani- 
maux établie par eux avec le genre Diphye de 
Cuvier. Voy. ci-après. (Gerv.) 

DIPHVYES, Dihpya. (zoopn. aAcar.) M. Bory 
St-Vincent (Voyage aux quatre îles d'Afrique) est 
le premier naturaliste qui ait observé, où mieux 
décrit les animaux qui nous occupent: trompé 
par leur forme extérieure, ilenfit des Biphores, et 
donna à l'espèce qu'il fit connaître le nom de Bi- 
phore biparti, Salpa biparta. Guvier vint ensuite 
qui sépara le Biphore biparli des animaux aux- 
quels on l'avait associé, et proposa d’en faire un 
genre distinct qu'il appela Diphye, et qu’il ran- 
gea parmi ses Acalèphes hydrostatiques dans 
l’embranchement des Zoophytes. Gette manière 
de voir, adoptée par MM. Quoy et Gaimard, par 
M. Lesson , etc. , a été depuis combattue par M. de 
Blainville, qui, ayant eu l’occasion d’étudier avec 
soin les Diphyes et profitant des observations de 
ses prédécesseurs ainsi que de celles inédites que 
lai ont communiquées MM. Lesueur et Botta, 
reconnut chez les Diphyes un véritable nucleus 
ainsi qu’un système vasculaire distincts, et proposa 
de les rapprocher des Mollusques biphores dont 
on les avait éloïgnées. Dans son Traité d’Acti- 
nologie, M. de Blainville place les Diphyes parmi 
les Zoophytes fuux, animaux à tort rapportés aux 
Zoophytes. MM. Quoy et Gaimard, ayant rencontré 
dans leurs voyages un grand nombre de Diphyes 
nouvelles , ont fait du genre Diphya de Guvier une 
famille distincte sous le nom de Diphydes , et éta- 
bli dans cette famille plusieurs genres dont nous 
parlerons plus bas. 

Les Diphyes ou Diphydes sont des animaux 
d’une grande transparence, qui vivent dans les 
caux de la mer où il est le plus souvent très-diffi- 
cile de les distinguer. Elles sont beaucoup plus 
abondantes dans les mers des pays chauds que 
dans celles des régions tempérées et disparaissent 
tout-à-fait vers les pôles. Elles flottent et nagent 


à quelque distance de la surface , et sont ordinai-” 


rement en nombre très-considérable. Presque tou- 
tes les espèces ont le corps composé de doux par- 


ties subcartilagineuses, polygonales et transpa- 
rentes placées l’une à la suite de l’autre, et comme 
emboîtées. De ces deux parties l’une est anté- : 
rieure, et renferme, selon M. Blainville , une sorte 


de nucléus enveloppé par le cartilage et réuni à 


lui au moyen de filamens probablement vasculai- 
res. Cette partie est creusée d’une ou deux cavités: 
elle présente à sa base un long appendice cirrhi- 
gère que l’on croit être un ovaire; cet appendice 
a dans toute sa longueur de petits suçoirs au moyen 
desquels l’animal se fixe aux corps ; comme il est 
à peu près la seule partie colorée qu'offrent les 
Diphyes, on lui doit souvent d’apercevoir ces ani- 
maux. La partie postérieure ne présente qu’une 
seule cavité , laquelle sert comme celles dela par- 
tie antérieure à faciliter la progression. Elle est si 
faiblement unie à cette partie antérieure que le 
plus souventelle s’en détache; alors chacune con- 
tinue à voguer et même à vivre séparément: c’est 
ce qui avait fait penser à quelques naturalistes 
qu'une seule de ces parties constituait la Diphye 
complète , et que lorsqu'on en voyait deux ensem- 
ble, c’étaient deux individus réunis pour l'acte 
générateurs. Il arrive en eflet de rencontrer plus 
souvent des fragmens détachés de Diphyes que 
des animaux entiers. ( 

Les genres que l’on a établis dans la famille des 
Diphydes ne sont pas tous fort distincts, et il est 
plusieurs d’entre eux qui certainement seront sup- 
primés lorsqu'on aura pu les étudier avec plus de 
soin , et déterminer la nature des animaux, ou 
plutôt des fragmens d'animaux, sur lesquels on les 
a établis. Nous diviserons ces genres, ainsi que le 
fait M. de Blainville, en deux sections différentes, 
selon que les espèces qu'ils comprennent ont une 
seule ou deux cavités àleur partic antérieure. A la 
suite de ces deux sections viendront les espèces 
douteuses ou composées d’une seule partie, dont 
M. de Blainville fait une troisième catégorie. 


+ Diphydes dont la partie antérieure n'a qu’une 
seule cavite. 


Genre Cucugae , Cucubalus. Ge genre, établi 
par MM. Quoy et Gaimard , ne renferme qu’une 
seule espèce, le Cucubalus cordiforme, animal long 
de deux lignes au plus. | 

Genre Capucnow, établi par les mêmes na- 
turalistes. Il comprend une espèce observée par 
eux dans le havre de Dorey à la Nouvelle-Gui- 
née; c’est le Cap. de Dorey, que l’on retrouve 
dans presque toutes les mers depuis la côte du Pé- 
rou jusque dans l'archipel Indien, et qui pourrait 
bien n’être selon M. Botta qu’un des âges de la Di- 
phye proprement dite. 

Genre Nacezre, Cymba. On en trouve des es- 
pèces dans l’océan Atlantique et à l'entrée de 1a 
Méditerranée auprès de Gibraltar. L'espèce de 
cette dernière localité est la Nacelle sagittée de 
MM. Quoy et Gaimard. On pourrait réunir aux 
Nacelles les genres Cusoïpe, Cuboïdes , et ENNEA- 
Gone, Énneagona des mêmes, dont quelques es- 
pèces le Cuboïde vitré, l'Enneagone hyalin, ec. , 
se rencontrent aussi à Gibraltar, 


Genre 


_—— 


nes 


DIPH 


553 


DIPL 


oo 


Le Genre Awrmroa, Amphiroa, que l’on doit à 
M. Lesueur , n’est connu que par ce qu’en dit 
M. de Blainville. On en cite plusieurs espèces des 
mers de Bahama. 


++ Diphydes dont la partie antérieure à deux 
cavités distinctes. 


Nous citerors le genre des Vrares Dipnyes , Di- 
phya, qui renferme plusieurs espèces ayant les 
deux organes natateurs presque semblables pour 
la forme et les dimensions ; la mieux connue est 
le Brrnore giparTi ou Dipnye DE Bory, qui est 
d’un blanc hyalin imitant un morceau de cristal 
taillé à facettes. On la rencontre dans l’océan At- 
lantique , la mer des Indes, et jusque sur les cô- 
tes de la Nouvelle-Hollande. On voit de très-bon- 
nes figures de cet animal dans le Voyage de l’U- 
ranie , le Dictionnaire des sciences naturelles , etc. 
M, Lesson a reproduit presque toutes ces figures 
dans sà Centurie zoologique, et il en a ajouté quel- 
ques unes qu'il a dessinées lui-même d’après le 
vivant. Uneespèce du genre Diphye se trouve dans 
les mers du Nord. C’est la Diphye appendiculée 
d'Eschscholtz, système des Acalèphes. 

+t+ À la suite de ces deux sections M. de Blain- 
ville place les espèces composées d’une seule partie et 
qui sont pour la plupart mal connues et même 
douteuses. Quelques unes ne sont probablement 
que des fragmens de Physsiphores , animaux de la 
famille des Physales. Nous citerons seulement le 
genre Nocrirvoue, ÂVoctiluca, qui a été établi 
par M. Surriray pour un très-petit animal fort 
commun dans les bassins du Havre, le NocrizLvque 
MILIAIRE, /Voctiluca miliaris. Cet animalcule, dont 
la grosseur égale celle d’une tête d’épingle, paraît 
assez régulièrement sphérique , mais un pen fendu 
ou excavé dans sa partie antérieure. Du milieu de 
cette excavalion sort une espèce de tentacule cy- 
lindrique , mobile dans tous les sens à la manière 
d’une trompe, et probablement terminé par un 
suçoir ; c’est en agitant ce pelit appendice que l’a- 

* nimal se meut. «Dans l’état de vie, dit M. de Blain- 
ville (Man. de Zoophytologie) les Noctiluques sont 
excessivement phosphoriques , et j’ai vérifié, avec 
M. Surriray, qu’au Havre la phosphorescence de 
la mer est due à ces animaux.» En passant l’eau 
à travers une étamine pour la priver des Noctilu- 
ques, on voit qu'elle perd sa phosphorescence, la- 
quelle, d’ailleurs , est beaucoup plus forte dans les 

temps chauds et orageux , bien plus faible au con- 
traire dans l'hiver et nulle par un vent d’ouest. 
(GERv.) 
© DIPHYLLIDIE , Diphyllidia. (mozr.) Ce genre, 
très-voisin de celui des Phyllidies, a été établi par 
Cuvier dans l’ordre des Gastéropodes inférobran- 
ches. Nous en parlerons avec plus de détails en 


traitant de la famille des Parzzypiens (voy. ce mot). 


Selon M. de Blainville, et comme l’admet lui- 
même Cuvier, le genre Diruyzuipie correspond à 
son groupe des Linguelles, et d’après M. Rang on 
doit aussi lai rapporter, comme identique, le 
genre Ærminia de M. Rafinesque. (GErv.) 
DIPHYSE, Diphysa, (zoopx. Acaz.) De Blain- 


Toue II. 


150° Livraison, a 


ville donne ce nom à un genre établi par lui dans 
la famille des PnysaLes. V’oy. ce mot. (Gznv.) 


DIPLAZION, Diplazium. (mor. cmt.) Fou- 
gères. Genre établi par Swartz, et reconnaissable 
aux caractères suivans : capsules en groupes al- 
longés , placées le long des deux côtés des nervu- 
res secondaires, recouvertes par un tégument 
double qui naît également des deux côtés de Ja 
nervure , et dont l’une s’ouvre en dedans et l’autre 
en dehors; frondes grandes, simples ou une fois 
pinnées, rarement deux fois; pinnules larges, 
lancéolées ; nervures deux fois pinnées et placées 
à angle aigu. 

Parmi les espèces assez nombreuses de ce genre, 
dont plusieurs ont été décrites sous le nom géné- 
rique de Callipteris, par M. Bory de Saint-Vincent, 
dans son Voyage aux îles australes d'Afrique, une 
seule est remarquable par sa tige arborescente, 
ses frondes grandes et bipinnées, et ses pinnules de 
trois à quatre pouces de longueur. (EF) 


DIPLODACTYLE, Diplodactylus. (expr.) Nom 
donné à des geckos à queue cylindrique renflée et 
à doigts légèrement tuméfiés à leur extrémité, 
comme divisés en dessous par deux disques char- 
nus, lisses, ovales, un peu obliques, et terminés 
tous par de petits ongles fortement rétractiles. 
C’est celte disposition des doigts que rappelle le 
nom de Diplodactyle, dérivé des mots grecs di- 
plasios double , et dactulon doigt. Ces geckos ont 
les écailles du corps à peu près égales, petites, 
lisses, un peu plus développées sur le ventre que 
sur le dos ; celles de la queue sont beaucoup plus 
grandes et disposées en anneaux; les plaques la- 
biales sont pelites, les trois antérieures le sont 
un peu moins que les suivantes. Les Diplodactyles 
n’ont pas de pores au voisinage de l'anus. 

On n’a encore signalé qu'une seule espèce de 
ce groupe. 

Le Dirronacryce à BaAxDEs, D. vittatus. Long 
de trois pouces un quart, dont un peu plus d’un 
pouce pour la queue, brunâtre en dessus, avec 
deux bandes longitudinales jaunes plus larges au 
dos que sur la queue. Il y a sur les flancs deux 
rangées de petites taches de même couleur, qui 
deviennent plus larges sur le dessus de la queue, 
et qui se dissipent sur les membres. 

Ce gecko vient de la Nouvelle - Hollande. L’on 
ne possède à ce qu'il paraît aucun détail sur les 
mœurs et les habitudes de cet animal. (T. C.) 


DIPLOË. (anar.) Tissu celluleux qu’on remar- 
que entre les deux tables des os plats, et particu- 
lièrement de ceux du crâne. Les anciens nom- 
maient encore ainsi l’une des membranes de l’uté- 
rus. Le tissu osseux auquel on a réservé mainte- 
nant ce nom est plus abondant à la circonférence 
qu’au centre des os plats. Il n’est pas aperceva- 
ble dans les premiers temps de la vie; mais il se 
développe de plus en plus avec l’âge, en sorte 
que chez les vieillards on trouve un écartement 
de plusieurs lignes entre les deux tables des os du 
crâne, et cel espace est rempli par le Diploé. Les 
aréoles de ce lissu sont tapissées par une mem- 


70 


DIPS 


554 


DIPS É 


brane molle, rougeâtre, très-ténue, parsemée 
d’une grande quantité de radicules vasculaires. 
(P: G.) 

DIPLOLÉPAIRES, Diplolepariæ. (ws.) Troi- 
sième tribu, des Hyménoptères pupivores plus 
connue actuellement sous le nom de GazLicoLes. 
Voy. ce mot, (A. P.) 

DIPLOLEPE, (iws.) Nom sous lequel Geoffroy 
avait distingué les Cynips de Linné. Voy. Cynirs. 

(A. P.) 

DIPLOPTERES. (1x3), Famille d'Hyménoptè- 
res, fondée par Latreille et comprenant tous les 
genres qui ont les ailes supérieures doublées dans 
leur longueur. Cette famille comprend. les genres 
Vespa de Linné, et Masaris de Fabricius. Voyez 
Guëpx et Masanis. (GuËr.) 

DIPLOPRION,, Diploprion. (rorss.) Genre de la 
famille des Percoïdes,, établi par Kubhl et Van 
Hasselt. Le Dipropmon 4 peux BaNvEs, Diploprion 
bifasciatum, Guv., car c’est la seule espèce. connue 
jusqu’à ce jour, a, comme les Perches, le préo- 
percule dentelé, l'opercule osseux terminé par 
deux épines; mais ce qui le distingue particuliè- 
rement, c’est la forme singulière de son corps et 
de sa tête qui sont comprimés au point que son 
épaisseur n'est que le dixième environ de sa Jon- 
gueur totale. Il est d’un beau jaune, ayec deux 
larges bandes noires, dont la première descend 
de la nuque et se prolonge sur la joue ; la seconde 
également noire, mais plus large que la précé- 
dente, occupe le milieu du corps, d’où lui vient 
le nom spécifique de Bifasciatum. Cette espèce, qui 
se lrouve à Java, est longue d'environ cinq à six 
pouces, (Azpx. G.) 

DIPLOSTOME , Diplostoma. (mam.) Nous ne 
parlerons pas ici des caractères de ces Rongeurs, 
qui paraissent devoir conserver le nom de Sacco- 
mys que leur a donné M. F. Cuvier. (//oy. ce mot.) 
Nous ne ferons qu'indiquer leurs synonymes pour 
faire voir combien le plus souvent on a décrit 
comme nouveaux des animaux qui avaient déjà 
reçu plusieurs dénominations. Le genre Saccomys 
de M. F. Cuvier répond aux différens genres Pi- 
plostoma Rafinesque, Pseudostoma Say, Saccopho- 
rus Kuhl, et Æscomys Lichtenstein. L'espèce qu'il 
comprend est de l'Amérique septentrionale, des 
États-Unis principalement. (GErv.) 

DIPSACÉES, Dipsaceæ. (mor. pan. ) Famille 
naturelle de la classe des Plantes dicotylédones à 
corolle monopétale, à ovaire infère, à étamines 
libres. Elle se compose des genres Dipsacus (voyez 
l'art, Canpire) qui lui sert de type, Scabiosa, 
Morina et Knautia : ce sont des herbes, an- 
nuelles on vivaces, à feuilles opposées (verticillées 
dans le Morina), simples ou divisées plus ou moins 
prôfondément. 

Les Dipsacées ont au premier aspect la plus 
grande ressemblance avec la vaste famille des 
Gomposées; mais examinez en détail ces agréga- 
tions de fleurs (pl. 55, fig. 4), et vous verrez que 
chacune est accompagnée et distinguée par un 
double calice; de plus les étamines sont libres, 
non soudées par leurs anthères, On ne confon- 


‘ 


dra donc point ces deux, familles; mais:on recon- 
naîtra que la nature a procédé à l’une par l'autre. 

Les capitules ou têtes de fleurs des Dipsacées sont 
environnées d’un involacre polyphylle; un récep- 
tacle plus ou moins saillant porte les fleurs , entre 
lesquelles naïssent ordinairement des écailles ou 
des soies plus ou moins longues. La fleur a deux 
calices : l'extérieur est appliqué sur l'ovaire, et a 
ses bords entiers, ou dentés, ou marqués de soies 
il persiste, et enveloppe le fruit à sa maturité; 
l’intérieur, adhérent à l'ovaire, dépasse ordinaire- 
ment le premier , et se termine par un bord tron- 
qué ou par des soies. La coroile est tubuleuse, 
plus ou moins arquée ; son limbe, oblique , a qua- 
tre ou cinq divisions formant souvent deux lèvres. 
On compte quatre ou cinq étamines:( deux seule- 
ment dans le Morina), en général saillantes hors 
de la corolle , et ayant leurs filets et leurs anthères 
libres. L’ovaire , à une seule loge et un seul ovule, 
porte un style et un stigmate simple, Le fruit est 
un akène enveloppé dans les deux calices, dont 
l’un présente de petites fossettes , séparées par des 
lignes saillantes. La graine est pendante dans un 
péricarpe mince, et composée d’un périsperme 
charnu, et d’un embryon droit. 

Telle est en détail la structure d’ane fleur dans 
les quatre genres qui composent la famille des 
Dipsacées. De Jussieu y joignait la Valériane, qui 
ayant ses fleurs distinctes, un calice simple, un 
fruit triloculaire, etc., doit former une famille à 
part. On trouve une monographie des Dipsacées 
dans les Mémoires de la société de physique de Ge- 
nève, 1823, par le docteur Thomas Coulter. (L.) 

DIPSAS. (rerr.) Ce mot, dérivé du radical 
grec dipsa, soif, désignait chez les anciens une 
sorte de serpent, dont la morsure faisait mourir 
au milieu des angoisses d’une fièvre ardente et 
d’une soif inextinguible. A. Lucanus, donne dans 
le poème de la Pharsalia , le tableau de l’'infortuné 
Aulus, succombant aux tourmers de la blessure 
d’un Dipsas. Lassé d’engloutir sans succès des 
flots de liquides , le malheureux Aulus s’ouvre en< 
fin les veines pour chercher, mais vainement en- 
core, à assouvir par les ruisseaux de son propre 
sang la soif qui le dévore; mais à cette peinture 
énergique des effets. du venin du Dipsas se bor- 
nent les renseignemens qui nous ont été transmis 
sur ce reptile, et l’on peut seulement présumer, 
par un autre passage du même poème , que ce fu- 
neste serpent était aquatique. À. Lucanus dit en 


effet : 


In medicis sitiebant dipsades undis. 
Pharsalia, lib, 1x. 


Dans la perplexité où les laissait le vague. et l’obscu- 
rité des auteurs anciens sur-les caractères zoolo- 
giques des Dipsas , quelques anteurs de la renais- 
sance ont donné ce nom à des, serpens d'arbre 
nullement venimeux ; leur décision a été adoptée, 
et avec les progrès de la science , les Dipsas mo- 
dernes ont été de mieux en: mieux déterminés. 
Les Dipsas se rapprochent des Gouleuvres par 
la disposition des plaques de la tête, des lames 


DIPT 


” 


599 


mm 


DIPT 


TS 


ventrales et des lamelles caudales; comme elles, 
les Dipsas ont des dents maxillaires et palatines 
petites, uniformes, simples, sans sillons; car il 
ne faut pas prendre pour telle la rainure qui ré- 
sulte de la confusion de deux ou trois des dernières 
maxillaires qui, par accident, semblent comme 
greffées par approche; mais leurs yeux sont aussi 
médiocres , à pupille subelliptique, verticale ; leur 
corps est plus allongé que celui des Couleuvres; il 
estcomprimé sur les côtés, les écailles du dessus 
du corps sont , comme chez les Dendrophides, al- 
longées, lisses, subverticillées en chevron avec 
une série d’écailles rachidiennes, plus dilatées et 
polygones par leur plus ou moins grand rapproche- 
ment. Comme les Dendrophides, les Dipsas pour- 
suivent leur proie sur les arbres et de branche 
en branche. Les espèces les plus communes sont: 

Le Dirsas penprormze, D. dendrophilla. D'un 
brun noirâtre, avec trente à quarante anneaux 
étroits ,jaunâtres, espacés assez régulièrement sur 
le dos et la queue , interrompus vers l'abdomen; 
le dessous de la gorge est entièrement jaune. Ge 
Dipsas est assez commun à Java ; il atteint près de 
cinq pieds de longueur et un diamètre de plus 
d’un pouce. 

Le Drpsas cencuoaTz, Coluber cenchoa ; Linn. 
Brunâtre en dessus avec des taches nummulaires 
d’une teinte plus foncée, liserées de noir, dispo- 
séesen série longitudinale sur le rachis, quelque- 
fois légèrement confluentes, d’un blanc jaunâtre 
en dessous du corps. Ge Dipsas n’atteint pas tout- 
à-fait les dimensions du précédent, et se trouve 
répandu dans l'Amérique du sud. 

Le Drrsas gucépnaze, D. indica, Guv. Col. 
bucephalus de quelques auteurs, se rapproche du 
précédent pour les proportions; il est brun en 
dessus avec des taches irrégulièrement discoïdales, 
plus pâles, liserées de noir , terminées sur les côtés 
par de petites macules argentées. Cette espèce est 
assez commune dans les Indes orientales, ce qui 
lui a valu un des noms indiqués ci-dessus. 

Aux :Dipsas 1l faut rapporter, mais comme un 
groupe distinct, une espèce qui offre tous les ca- 
ractères extérieurs de ce genre, mais qui se dis- 
tingue par quatre dents plus allongées que les au- 
tres, insérées en avant des maxillaires supérieures 
et inférieures. Elles pourraient bien avoir quel- 
quusage particulier et servir à l’inoculation de 
quelque venin, par exemple; cette disposition a 
valu à cette espèce le nom de Drpsas cyNonow, 
(D. cynodon , Gurv.); elle est de la taille des pré- 
cédens; grisâtre en dessus avec des taches noires 
transversales, disposées en chevron.  (T, C.) 
st DIPTÈRES, Diptera. (1xs.) Ordre d’insectes fa- 
cile à distinguer par le caractère qu’indique son 
nom, c'est-à-dire n'ayant que deux ailes ; on peut 
y ajouter que ce sont des insectes suceurs, ou 
dont la bouche est conformée de manière à pom- 
per des sucs alimentaires, et nullement à broyer; 
enfin des organes particuliers situés au dessous 
des ailes, nommés Balanciers et Guillerons, com- 
plètent la différence qui existe entre eux et les au- 
tres insectes, Les insecles qu'il renferme , appelés 


vulgairement cousins, mouches , moucherons, ete., 
ont, d'un accord unanime des auteurs, toujours 
porté le nom sous lequel nous les désignons; Fa- 
bricius seul, ayant basé sa méthode exclusivement 
sur les caractères seuls de la bouche, les a nommé 
Antliata. 

Cet ordre ne présente pas de ces géans pareils 
aux scarabées, à certaines sauterelles ou aux pa- 
pillons; quelques uns cependant sont d’une taille 
moyenne, mais la plus grande parlie est composée L 
de petits insectes : 

Leur tête est de forme variable, globuleuse 
dans la division des tipules et analogues, demi. 
sphérique dans presque tous les autres avec le côté 
postérieur coupé droit ; quelques genres de la fa- 
mille des Pupipares, ayant la tête comprimée en 
dessus, font cependant encore une exceplion; 
dans tous, cetle tête est porlée sur un pédicule 
court , très-mince, ce qui lui permet des mouve- 
mens oscillatoires pareils à ‘ceux qu’elle pourrait 
faire sur un pivot, au point de pouvoir tourner la 
face qui ordinairement se trouve vers la poitrine 
jusque vers le dessus du dos. 

Les yeux sont silués aux côtés de la tête, très- 
développés, pouvant devenir même contigus sur 
le devant de la face dans certains mâles ; ils n’of- 
frent rien de particulier, si ce n’est la propriété 
qu’ils ont, dans quelques genres, d’être rayés par 
bandes de couleurs brillantes comme or et pour- 
pre; mais ces brillantes teintes disparaissent 
malheureusement après la mort de l'animal; les 
ocelles existent toujours, aux cousins près, au 
nombre de trois disposés en triangle , mais situés 
presque sur la tranche de la partie postérieure de 
la tête. 

Les antennes sont insérées au dessus de la ca- 
vité buccale, dans l’espace qui reste entre les 
yeux ; elles varient beaucoup de forme; dans la 
première partie, celle qui répond aux culicides , 
lipulatres, etc., elles sont allongées, composées 
d'un assez grand nombre d’articles, variant de dix 
à trente, grenues, souvent ornées à chaque article 
de faisceaux de poils, ou de branches latérales ; 
davs une autre division, celle contenant les in- 
sectes pourvus d’une trompe propre à percer les 
corps durs, et vivant en général soit de proie, 
soit du sang de gros animaux, les antennes n'ont 
guère plus de neuf articles, dont les derniers, for- 
mant un style à division peu distincte, ont été, je 
ne sais pourquoi, jusqu’à M. Macquert, considérés 
comme des articles supplémentaires en dehors de 
l'antenne, plutôt que comme des articles même 
de cet organe; une autre division présente ‘des 
antennes de trois articles, dont les deux premiers 
peu apparens, le dernier, en forme de palette, 
s’appuyant dans deux fosseltes de la face, et accom- 
pagnées d’une soie, soit simple, soit plumense, in- 
sérée à l'extrémité ou le plus souvent sur le côté 
du dernier article; enfin dans la famille des Pu- 
pipares, elles deviennent presque rudimentaires. 

La bouche , comme je l'ai déjà dit, a tous les 
organes allongés et propres à former un suçoir ; 
elle se compose, dans les individus où elle est le 


DIPT 


596 


DIPT 


A —————————— —————— — — — —— 


mieux composée, de six soies, deux impaires repré- 
sentant le labre et la langue , et quatre autres op- 
posées par paires représentant les mandibules et 
les mächoires des insectes broyeurs; les mâchoires 
portent assez souvent des palpes; dans les Tipu- 
laires ils sont composés de quatre ou cinq articles, 
et courbés inférieurement; dans les Tanistomes, 
Asiles, etc. , de deux seulement se couchant sur 
le dessus de la lèvre. La dernière partie de la bou- 
che est la lèvre; elle forme en dessus un tube qui 
contient plus ou moins les organes buccaux , elle 
est dans la première section toute droite, elle s’é- 
paissit à son extrémité dans la seconde, c’est-à- 
dire ceux qui sont ou carnassiers ou sanguisuges ; 
mais elle finit par se terminer par deux lèvres char- 
nues, susceplibles d’écartement , de renflement et 
se rentrant à volonté, dans tous ceux qui vivent des 
différens sucs répandus à l'extérieur. Gelle compo- 
sition de la bouche des Diptères est celle du plus 
grand nombre, mais subit, en partant du plus 
composé au plus simple, différentes variations ; la 
première consiste dans la disparition des pièces 
remplaçant d’abord le labre et la langue, ensuite 
de celles représentant les mandibules; les palpes 
maxillaires manquent ensuite, puis les mâchoires; 
la lèvre même finit dans quelques genres par dis- 
paraître aussi , et la bouche paraît alors totalement 
atrophiée. 

Le corselet est formé d’un prothorax très-court, 
d’un mésothorax très-grand et d’un métathorax 
très-pelit qui s’unit à l’abdomen. Plus ou moins 
bombé, arrondi à ses angles, le raétathorax est 
suivi d’un écusson, ordinairement assez grand, 
mutique, quelquefois cependant , comme dans les 
Stratiomides, armé d’épines; dans un genre très- 
singulier il prend un développement tel qu'il re- 
couvre entièrement l’abdomen, à la manière de 
celui de quelques Hémiptères scutellaires ; le cor- 
selet porte quatre organes distincts, les ailes, les 
cuillerons, les balanciers et les pattes. 

Les ailes, au nombre de deux seulement , sont 
ovales, oblongues , membraneuses , plus ou moins 
diaphanes ou nuancées , quelquefois glabres , quel- 
quefois velues, ou dans quelques genres même 
portant sur leurs nervures de pelites écailles pres- 
que semblables à celles des papillons; pendant 
long-temps les nervures de ces ailes avaient été 
négligées , quoique à différentes époques quelques 
auteurs eussent cherchés à en tirer parti; d’abord 
Frisch, auteur allemand ancien, et qu'on ne 
saurail trop consulter, les avait étudiées avec soin 
à une époque où l’on ne faisait guère que des à 
peu près ; plus tard Harris, dans son ouvrage in- 
ütulé An exposition english insects,, etc..., avait 
fait de même, et avait donné d'excellentes figu- 
res d'insectes de cet ordre; Jurine en publiant 
la nouvelle méthode de classer les Hyménoptères 
et les Diptères, dont la première partie seule- 
ment avait paru , avait dû mettre sur la voie, ce- 
pendant des auteurs qui se sont occupés spécia- 
lement de cet ordre les avaient complétement né- 
gligées , lorsque M. Macquart les tira de l'oubli où 
elles étaient, les étudia avec soin, et s’en servit 


avec succès pour établir la meilleure méthode qui 
existe maintenant pour classer ces insectes. Voici, 
d’après lui, les principales cellules que forment les 
nervures, qui entrent dans leur composition; une 
discoïdale deux basilaires, une costale, une mé- 
diastine, une stigmatique , une ou deux margi- 
nales, une à trois sous-marginales, trois à cinq 
postérieures , une anale, une axillaire et une 
fausse. 

Au dessous des ailes, et les touchant presque 
immédiatement, sont les Cuillerons ; ce sont deux 
petits corps concaves représentant les deux co- 
quilles d’une huître, appliquées l’une contre l’au- 
tre, et en ayant aussi la couleur nacrée ; quand 
l'aile s'étend, la valve supérieure se lève et suit 
ses mouvemens ; alors elle se trouve sur le même 
plan que la partie inférieure ; cette valve inférieure 
manque souvent; on ignore l'usage de cet organe, 
et quel équivalent il peut avoir dans les autres 
insectes. IL en est de même d’un autre organe situé 
au dessous des cuillerons , ce sont les Balancicrs; 
cet organe, qui, ainsi que le précédent, est propre 
aux Diptères , a été long-temps controversé quant 
à son analogie et à son usage; quelques autcurs 
l'ont regardé comme le rudiment des ailes infé- 
rieures ; mais on a objecté qu'il faudrait pour cela 
qu'ils prissent naissance au métathorax, tandis 
qu'ils naissent du premier segment abdominal qui 
clot la cavité du thorax; alors l’analogie a porté à 
les considérer comme un analogue de quelques 
organes qui se retrouvent dans les cigales et quel- 
ques orthoptères , et comme élant un organe mu- 
sical et donnant naissance au bourdonnement que 
produisent les mouches, même quand elles ne 
volent pas; mais cette nouvelle opinion n’est pas 
complétement démontrée ; d’autres les ont consi- 
dérés comme destinés à faire un contre-poids pro- 
pre à favoriser le vol de ces insectes; c'est même 
ce qui leur a fait donner leur nom de balanciers; 
mais.pour exercer une pareille fonction, ils parais- 
sent bien courts ; quoi qu’il en soit de leurs fonc- 
tions, ils sont doués, indépendamment du mou- 
vement des ailes de l'insecte, d’un mouvement 
propre de vibration très-vif, et leur grandeur est 
toujours en raison inverse de celle des cuillerons. 

Les pattes n’offrent dans leur formation rien de 
particulier; elles varient beaucoup de longueur 
suivant les genres; les hanches sont de grandeur 
moyenne, le trochanter très-petit, le fémur, le 
tibia et le tarse sont le plus souvent presque égaux 
en longueur ; le premier article du tarse est aussi 
long à lui seul que les quatre autres; le tout est 
terminé par deux crochets, entre lesquels sont 
situées deux ou trois pelotes vésiculeuses; la 
composition de ces pelotes vésiculeuses et mem- 
braneuses est telle qu’elle permet aux Diptères de 
saisir sur les corps les plus polis en apparence , 
comme les glaces, des inégalités insensibles à nos 
yeux et d’y marcher avec sécurité, même dans 
une situation renversée. 

L’abdomen offre toutes les formes ; cependant 
il est presque toujours convexe en dessus et con- 
cave en dessous; il n'offre le plus souvent que 


+ on E  e 


DIPT 


557 


DIPT 


QE 


cinq à six anneaux; le reste dans les femelles prend 
la forme de tuyaux rentrant les uns dans les au- 
tres, comme les tubes d’une lunette, et sert à for- 
mer une espèce de tarière propre à introduire 
leurs œufs. Dans les mâles les organes sexuels ap- 
parens ne consistent que dans une paire de cro- 
chets robustes, avec lesquels ils saisissent l’extré- 
mité de l’abdomen des femelles ; mais pour que le 
reste du vœu de la nature puisse s’accomplir, il 
faut que la femelle, de son consentement, fasse 

énétrer la tarière dans l’intérieur de l’abdomen 
pour y aller chercher les véritables organes copu- 
lateurs. . 

L’anatomie spéciale de ces insectes n’est pas 
encore très-avancée ; c’est dans les travaux de 
Swammerdam, Rhamdor, Dutrochet et Léon Du- 
four qu'il faut aller puiser ce que nous en savons 
jusqu’à présent. 

Les larves des Diptères sont molles, apodes, 
mais munies quelquefois de mamelons qui leur 
tiennent lieu de pieds; elles n’éprouvent pas de 
mue pendant le cours de leur accroissement ; leurs 
stigmates, au lieu d’être, comme dans celles des 
autres ordres, répartis tout le long des côtés du 
corps , ne se voient plus que sur le premier anneau, 
tandis que tous les autres en nombre variable 
sont répartis sur une plaque située à l'extrémité 
du corps ; leurs organes manducatoires consistent 
dans deux crochets recourbés dirigés en bas, au 
moyen desquels elles hachent les substances dont 
elles font leur nourriture. Les unes, qui changent 
de peau pour passer à l’état de nymphe, forment 
une première division; elles ont toujours une 
tête de forme constante plus ou moins écailleuse ; 
elles vivent le plus souvent en terre, telles sont 
celles des tipules et des mouches carnassières, 
d’autres sont aquatiques comme celles des cousins, 
qui affectent des formes singulières ;-les nymphes 
de cette division présentent les principales parties 
de l’insecte parfait ; les larves qui ne changent pas 
de peau pour passer à l’état de nymphe ont en 
général la forme d’un cône allongé dont la partie 
étroite est la tête; celle-ci n’a aucune forme fixe, 
étant molle comme le reste du corps , et n’est re- 
connaissable que par les crochets maxillaires ; les 
vers nommés aslicots nous en offrent le type. 
Quand ces larves ont acquis tout leur accroisse- 
ment, leur peau se raccourcit peu à peu, se dé- 
tache des parties intérieures , se durcit et devient 
une coque sous laquelle s’opère la dernière méta- 
morphose; si l’on ouvre cette coque, on trouve 
une masse blanchâtre sans aucune forme et d’une 
consistance à peine capable de se maintenir réu- 
nie en une seule masse. Linné et presque tous les 
auteurs après lui ont considéré ce passage comme 
un état intermédiaire entre l’état de larve ct celui 
de nymphe ; ils lontnommé état de boule allongée; 
un peu de réflexion cependant aurait fait voir que 
cet état existait dans tous les insectes ; quand une 
larve quelconque , une chenille par exemple, ap- 
proche du moment de la dernière métamorphose, 
il arrive un instant où le nouvel épiderme intérieur 
se détache de l’ancien, et il est de toute évidence 


que, dans ce moment, la substance environnant 
les inteslins ne peut avoir aucune forme autre que 
le moule qui la contient , et si ce moule est une 
boule allongée, elle aura la forme d’une Boule 
allongée ; mais dès qu’elle est livrée à elle-même, 
les faisceaux des différens muscles encore glaireux 
acquièrent au contact immédiat de l’air un com- 
mencement d'énergie ; chacun fait effort vers son 
point d’attache ; peu à peu l'effet augmente, de- 
vient plus prononcé, et voilà les membres moulés, : 
Quand la chrysalide a une certaine consistance, 
l’ancienne peau qui l'entoure la gêne, elle fait 
effort , la crève et se met plus immédiatement en 
contact avec l’atmosphère ; la même opération a 
lieu pour l’insecte parfait ; il en est de même pour 
les larves des Diptères, puisque, si on les ouvre 
après que la peau s’est desséchée , au lieu de les 
ouvrir presque immédiatement , on trouve une vé- 
ritable chrysalide bien conformée; mais dans ces 
insectes, la peau devant tenir lieu de coque, la sé- 
paration de la substance interne se fait dans un 
temps où elle a encore moins d’énergie,de cohésion 
que dans les autres insectes ; mais cela ne consti- 
tue pas une différence, comme on a voulu l’établir 
pour une partie de ces insectes. 

Si de l’organisation des Diptères nous passons 
à leurs mœurs, nous ne trouvons pas moins de va- 
riétés; les uns, et ce sont les Cousins, cherchent 
le suc des plantes et le sang des animaux; d’au- 
tres , comme les Taristomes, munis de lanceltes 
redoutables, attaquent nos bestiaux , et leur font 
des piqûres d’où l’on voit le sang découler, et les 
rendent quelquefois furieux par la force de la dou- 
leur ; il paraît que le lion, malgré son titre de roi 
des animaux, n’est pas à l'abri de leurs atteintes, et 
que le bourdonnement d’une petite espèce de Ta- 
banins qui habite le désert le fait fuir au loin; un 
certain nombre, comme les Asiliques, vivent de 
proie qu'ils saisissent de leurs pattes antérieures 
qui sont munies de poils raides, et qu'ils vont sucer 
à leur aise sur quelque arbre voisin ou à terre ; leur 
trompe est longue , robuste , et capable de percer 
même l'enveloppe de quelques coléoptères. Ces es- 
pèces ont le vol très-rapide; enfin le plus grand 
nombre vit de substances liquides qui se trouvent 
à l'air libre ; mais si quelques unes recherchent le 
suc des fleurs, souvent les plus brillantes sont loin 
d’être si difficiles dans le choix de leurs alimens, 


“et les excrémens de toute espece sont pour elles 


un mets recherché; ces différentes espèces sont 
plutôt désagréables que nuisibles; mais il en est 
d’autres dont les larves attaquent les graminées et 
causent souvent de grands dégâts. 
L’accouplement s’opère comme dans tous les 
autres insectes. Dans les T'ipulaires les mâles for- 
ment des. nuages innombrables qui se balancent 
de bas en haut en attendant que quelques femelles 
viennent s’y joindre; les sexes sont dans celte 
division disposés bout à bout dans l’accouple- 
ment, tandis que la femelle porte le mâle dans 
les autres. Après la fécondation les femelles cher- 
chent à déposer leurs œufs, et la nature prend soin 
de leur indiquor la place où peut vivre la larve 


DIPT 


qui doit en sortir; on pout présumer que l'odorat 
joue un grand rôle dans le discernement de :ces 
substances, mais il est quelquelois en défaut, car 
une espèce de mouche qui dépose ses œufs ordi- 
nairement dans les excrémens, les dépose quel- 
quefois, trompée par l'odeur, sur une espèce d’A- 
rum qui à une odeur analogue; les unes les dé- 
posent sur l’eau, d’autres dans les . substances 
corrompues; les femelles des O£stres, dont les 
larves vivent à l’intérieur du corps de divers qua- 
drupèdes,, ont l'adresse de les déposer sur diflé- 
rens endroits de leur corps où ces animaux se 
lèchent, et chargent ainsi leurs victimes de les 
introduire elles-mêmes ; quelques unes percent le 
cuir ct introduisent un œuf sous la peau, la larve 
éclot et produit un ulcère où elle vit au milieu de 
la sanie qui en suinte ; celles-ci les confient au fro- 
mace, les larves qui en sortent sont des sauteuses 
irès-habiles ; celles-là les confient aux liqueurs qui 
ont passé à l’élat acétique. Les femelles de cer- 
iaines espèces placent leurs œufs, à la manière 
des Ichneumons, dans le corps d’autres insectes 
el surtout des chenilles ; d’autres vivent dans les 
champignons; enfin une espèce parvient à faire 
pénétrer ses œufs ou ses larves dans les truffes où 
elles acquièrent leur accroissement, Ges œufs sont 
ordinairement arrondis; mais quelquelois ceperr- 
dant ils affectent des formes particulières, comme 
par exemple ceux des Gousins qui sont en forme 
de boutcilles renversées, tandis que celles desti- 
nées à vivre dans des matières à demi-liquides sont 
souvent surmontées de poils ou d’aigrettes des- 
tinées à les empêcher d’être submergées. Toutes 
les femelles de Diptères ne sont point ovipares ; un 
assez grand nombre est vivipare, c’est-à-dire que 
les œufs éclosent dans leventre de la mère etn'en 
sortent qu'à l’état de larve, et ce sont celles dont 
nousavons le plus à redouter pour les alimens qui 
couvrentnos tables;ces grosses mouches bleues que 
l'on voit si communément dans l'été et qui font 
entendre un si fort bourdonnement en font partie, 
et sont Je désespoir des bouchers et des cuisiniè- 
res; enfin une famille ne met au jour que des 
nymphes, c'est-à-dire des individus qui dans le 
ventre de la mère passent de l'état d’œuf.à l'état 
de larve, et de l’état de larve à l’élai de nymphe ; 
aussi les femelles de ces espèces ne pondent-elles 
qu'un œuf à la fois, Jequel œuf est presque aussi 
gros qu’elles, et leur ponte se borne-t-elie à un 
petit nombre d'individus. 

Si les insectes nous sont incommodes ou nuisi- 
bles; il faut convenir que la nature, qui ne fait rien 
en vain, leur a donné un important emploi dans 
l’économie du monde , en les chargeant de hâter 
la décomposition et la disparition de dessus Ja 
ierre des substances en décomposition qui en 
s’accumulant fniraient par l’infecter, et cette 
action est telle, attendu leur prompte et nom- 
breuse multiplication , que Linné à cru pouvoir 
dire que trois mouches consument le cadavred’un 
cheval aussi vite que le fait un lion; en outre elles 
servent de pâture à une grande quantité d'oiseaux 
insectivores, de poissons, de reptiles, qui eux- 


558 


DIRE 


mêmes à leur tour entrent dans notre nourriture. 
Par ces raisons nous ne devons pas nous hâter de 
maudire les insectes pour quelques douleurs qu'ils 
nous causent passagèrement ou pour quelques 
mouvemens d’impalience que nous occasione 
leur importupité; 1l vaut mieux regarder du bon 
côté, et dire avec le docteur Pangloss que tout est 
pour le mieux dans le meilleur des mondes possibles, 
même les Dipteres. (A. P.) 

DIPTÉRODON, Dipterodon. (poiss.) Le mot 
générique de Diptérodon est tiré du grec, et rap- 
pelle les deux nageoires du dos et la forme des 
dents : d, en grec, veut dire deux; rréu, aile, 
nageoire; oo , dent; ses caractères peuvent être 
ainsi exprimés : dents tranchantes, taillées obli- 
quement en biseau, non coudées ; la dorsale épi- 
neuse séparée de la molle par une échancrure 
profonde. , 

D'après cela, on voit que ce genre est fort voi- 
sin des Piméleptères, lesquels en diffèrent essen- 
tiellement parce qu'ils ne présentent qu’une seule 
nageoire dorsale, et que leurs dents, sur une seule 
rangée , sontporiées sur un talon , ou base hori- 
zontale, 

On n’en connaît qu'un du Cap, Dipterodon 
capensis, Guv. , à corps ovale, comme chez les 
Piméleptères, mais moins comprimé, el un peu 
plus allongé; les écailles qui garnissent son corps 
sont de grandeur médiocre. Gest un beawet grand 
poisson dont les couleurs paraissent brunes, avecun 
trait vertical blanchâtre sur chaque écaille; son dos 
est brun , avec l'abdomen blanchâtre, (Azrm. G.) 

DIPUS. (mau. ) C’est le nom latindes animaux 
du genre Gerboise, que l’on appelle vulgairement 
Rats à deux pieds parce qu’ils ont Jestextrémités 
postérieures beaucoup plus développées que les 
antérieures. Ges Rongeurs sont propres aux con- 
trées chaudes de l'Asie et de l'Afrique. Ils se tien- 
nent dans les lieux secs et arides. Nous en traite. 
rops à l’article GEnsoise de ce Dictionnaire. 

(Gerv. 

DIRECTION ET INCLINAISON DES COU- 
CHES ET DES FiLONS. (ur.) Il est de la plus 
grande importance pour les recherches métallur- 
giques ei géognostiques, de connaîlre exactement 
ja direction et l’inclinaison des couches, et surtout 
des filons métallifères. Ainsi, connaissant lun af- 
fleurement de filon, sa direclion. et l'angle sous 
lequel il plonge, on peut calculer pour un point 
quelconque du voisinage la profondeur à laquelle 
on doit le rencontrer ; il est entendu que l’on sup- 
pose le plan du filon se prolongeant avec régula- 
rilé dans l’intérieur de la terre. La direction eë 
l'inclinaison des couches enseignent au géologue 
si une couche passe dessus ou dessous un système 
de couches données, lorsqu'un bras de mer, une 
rivière ou une plaine allaviale empêche de juger 
le fait direct des superpositions. 

Pour prendre la direction des couches on se 
sert de la boussole ; sa boîte doit être carrée afin 
d'appliquer un de ses côtés, parallèlement à Ja 
ligne de o° à 180°, sur une ligne horizontale tracée 
sur le plan de la couche ou du filon. L'angle in: 


RE A 


DIRE 


559 


DISG 


FE 


diqué par l'aiguille est la direction de la couche. 
On se trompe fort souvent en prenant pour direc- 
tion d’une couche celle de son aflleurement ; il est 
important de remarquer , pour éviter cetleerreur, 
qu'un plan incliné renferme des lignes dirigées dans 
toutes les directions, et que la ligne horizontale 
dans le plan donne seule la direction. 

L'inclinaison de la couche où du filon se me- 
sure au moyen d'un perpendicule ou tige métalli- 
que libre qui est adaptée au pivot. Onplace la face 
de la boussole à laquelle correspond le zéro sur le 
plan dans une direction perpendiculaire à la pré- 
cédente ou suivant la ligne de plus grande pente, 
et on suit l'angle indiqué par la pointe du perpen- 
dicule, angle qui est égalà celui que fait la couche 
avec le plan horizontal. On doit se servir des 
expressions plonger ou relever de tant de degrés , 
vers telle direction de l'horizon, plutôt que d’éncli- 
ner, dont le sens moins précis prête à l'erreur. Il 
serait convenable aussi que tous les géologues s’en- 
tendissent pour compter les angles à partir du 
nord ou o° jusqu’à 180° vers l’est ou vers l’ouest, 
plutôt que de se servir des divisions de la rose des 
vents el surtout de la division bizarre en heures de 
la boussole des mineurs allemands. 

Lescouches redressées montrent ordinairement 
unegrande constance de direction sur des contrées 
étendues; dans les chaînes de montagnes, elles 
sont ordinairement parallèles à la ligne des faîtes, 
el ce parallélisme se maintient jusqu'à une grande 
distance du pied de la chaîne. Quelquefois aussi, 
comme dans les Vosges , dans les montagnes schis- 
teuses de la Grèce et des Apennins, les roches 
anciennes font un angle constant avec la ligne des 
faîtes, tandis que les couches plus récentes les re- 
couvrent en suivant exactement sa direction. Dans 
les pays de plateau, tels que le Maine et une partie 
de la Bretagne, ce parallélisme se maintient éga- 
lement sur une étendue de plus de 20 lieues, 
comme entre Nantes et Fougères. 

La direction dans laquelle les couches plongent , 
ou leur inclinaison, n'est pas aussi constante. Or- 
dinairement les couches s’appuient de part et d’au- 
tre sur l’axe central d’une chaîne, et l'inclinaison 
va en diminuant à mesure qu'on s’en écarte. 
Souvent, quand la chaîne principale a un relief 
très-considérable, elle est bordée de chaînons pa- 
rallèles dans lesquelles les couches sont plissées 
et ondulées, en sorte qu’elles plongent à chaque 
instant en sens inverse. Cet effet est très-sensible 
dans les montagnes du Jura ct même dans les 
collines schisteuses de la Bretagne. 

Les observations sur la direction des couches 
avaient eu de tout temps une grande importance 
en géologie ; mais les beaux travaux de M. Elie de 
Beaumont y ajoutent un nouvel intérêt, et exi- 
gent qu’elles soient faites aujourd'hui avec plus de 
précision que jamais. Ge savant a remarqué que 
toutes les montagnes de l'Europe pouvaient se rat- 
tacher à un petit nombre de systèmes affectant 
une direction particulière et constante. IL à pu 
reconnaître, en observant les couchés où forma- 
tions que le soulèvement de ces montagnes avait 


redressées et celles au contraire qui depuis 
s'élaient déposées sur leur pied et maintenues en 
place, il a pu, dis-je, reconnaitre que toutes les 
chaînes affectant une même direction s'étaient 
formées À une même époque, el que les direc- 
tions différentes appartiennent à d’autres époques. 
C'est ainsi qu'il à établi la chronologie relative 
des montagnes de l'Europe. Il distingue anjour 

d'hui 12 systèmes de direction, ct reconnaît que 
le nombre pourra en être accru. Nous ne citerons 
que ceux qui ont eu le plus d'influence sur la 
configuration du sol actuel de l'Europe, en com- 
mençant par les plus anciens. 

IL. Ze système des Ballons des Vosges et des 
collines du Bocage (Calvados), se dirige N. 74° 0., 
et est antérieur à tous les dépôts secondaires et 
même au terrain houiller. 

VIII. Ze système du mont Viso, que MM. Bo- 
blaye et Virlet ont nommé système Pindique, se 

dirige N. 22°0., ou N.-N.-0.; ila redressé tou- 
tes les couches jusqu’à la craie supérieure exclu- 
sivement ; il a produit peu de relief dans le nord 
de l'Europe, mais dans la Grèce et l'Italie tous 
les principaux reliefs lui appartiennent : 

IX. Le système des Pyrénées, dont la direction 
est le N. 72° O., affecte toutes les couches de 
la craie et ne dérange point l’horizontalité du ter- 
rain tertiaire, Son apparition fut une des plus 
fortes convulsions qu’éprouva l'Europe. 

XI. Le système des Alpes occidentales, dont la di- 
rection est le N. 26°E., a été soulevé après le dé- 
pôt des couches de l’élage tertiaire moyen. 

XII. Le système de la chaîne principale des Alpes 
depuis le Valais jusqu'en Autriche , se dirigeant 
N.78° E., a soulevé à une très-grande hauteur les 
couches de l’époque tertiaire supérieure. C’est à 
ce grand phénomène, d’une époque si récente, 
et à laquelle déjà les mêmes êtres organisés peu- 
plaient en grande partie l’Europeet ses mers, que 
notre continent doit. les formes générales qu'il 
montre aujourd'hui, et que la plupart de nos val- 
léeset de nos plaines, doivent leur excavation. (B. 

DISCIPLINE et DISCIPLINE DERELIGIEUSE. 
(Bor. Han.) Noms vulgaires donnés par les jardi- 
niers à deux espèces d'Euphorbes et à l’Amaran- 
tus caudatus , L. (Guér.)} 

DISCOBOLES. (porss.) Ge mot vient de deux 
mots grecs qui signifient nageoires réunies ; il dé- 
signe une famille de poissons malacoptérygiens 
subbrachiens, c’est-à-dire à nageoires paires infé- 
rieures situées sous la gorge , dont voici les carac- 
tères : ouïes ordinairement peu fendues, nageoires 
ventrales réunies à leur base par une membrane 
en forme de disque. Tous les poissons de cette fa- 
mille se tiennent fixés aux rochers, sous les sail- 
lies desquels ils se placent pour se soustraire plus 
facilement aux poissons qui les poursuivent, où 
pour surprendre avec plus de facilité la proie dont 
ils veulent s'emparer. C’est par le moyen de lears 
nageoires ventrales réunies en une seule, ct en 
forme de disque, qu’ils se cramponnent pour ainsi 
dire contre les rocs, la vase et le fond des mers, 

| et semblent s’y attacher d'autant plus fortement 


4 


2 DC 2 oo 


DISQ 


560 


DISS 


So 


que tout leur corps est couvert d’une matière 
visqueuse. On a divisé les genres qui composent 
cette famille en deux groupes ; dans le premier de 
ces groupes on observe les espèces dont le corps 
est lisse et sans écailles, comme dans les Porte- 
écuelles, Lepadogaster, et quelques autres voisins; 
les espèces de la seconde division ont le corps 
également sans écailles, mais semé de petits grains ; 
cette division ou groupe contient le genre CycLo- 
PTÈRE. (Azrn. G.) 
DISCOIDE , Discoideus. (8oT. Han.) Se dit de 
tout organe orbiculaire très-déprimé, ayant les 
bords légèrement saillans et présentant la forme 
d'un disque. Linné appelle Discoïdées les plantes 
à fleurs composées n’offrant qu'un disque sans 
couronne; c’est le titre qu'il a donné à une sub- 
division du grand ordre des Composées, qui com- 
prend toutes les flosculeuses non capitées, et dont 
la fleur totale, allongée , offre un disque sembla- 
ble à celui d’une Radiée privée de sa couronne. 


Disque est dit hypogyne s’ilest au dessous, pé- 
rigyne s’il est autour, et épigyne s’il est placé sur 
le sommet même de l'ovaire. 

1° Le Disque hypogyne présente différens carac- 
tères , et a recu différens noms tirés du grec pour 
exprimer son aspect ou sa conformation. Ainsi om 
l'appelle podogyne lorsqu'il sert de support à 
l'ovaire, soit qu'il y adhère, comme dans le Lise- 
ron, soit qu'il en paraisse totalement distinct, 
comme dans le Cobéa ; — pleurogyne, si, comme 
dans la Pervenche, il consiste en un ou plusieurs 
tubercules qui pressent l'ovaire latéralement ; — 
épipode, si ces lubercules sont absolument libres 
et distincts de l'ovaire, comme on le voit dans 
les Crucifères ; — enfin le Disque hypogyne recoit 
le nom de périphore, si, s'élevant du fond du 
calice, il porte les étamines et les pétales atta- 
chés à sa surface externe; on voit un exemple 
dans l’OEillet. 

2° Le Disque périgyne se présente sous l’aspect 


Ainsi, selon le législateur, la Tanaisie, Tanacetum d’une substance glanduleuse , tapissant Ja paroi 


vulgare, V'Armoise, Artemisia abrotanum , l'Im- 
mortelle blanche, Gnaphalium margaritaceum , et 
leurs congénères, sont des fleurs Discoïdées. Mir- 
bel nomme Discoïde tout nectaire qui, à l'exemple 
de celui de la Gratiole, Gratiola officinalis, est 
orbiculaire, déprimé, el sert de soubassement à 
l'ovaire. Selon Cassini, on doit limiter lapplication 
de ce mot aux Synanthérées dont les fleurs de la 
couronne ne sont pas plus longues que celles du 
disque et dont elles suivent la même direction. Ce- 
pendant on dit que le fruit du Sablier, Aura crepi- 
tans, du raisin d'Amérique, Ph) tolacca decandra, 
du Plantain d’eau, Ælisma plantago, que les grai- 
nes de la noix vomique, Shrychnos vomica, etc., 
sont Discoïdes. (T. ». B.) 
DISCOLITE, Déscolites. (wour.) Les Discolites 
n'étant que de véritables polypiers appelés indif- 
féremment par Lamarck Orbulite ou. Orbitolite, 
nous renvoyons à ces mots pour l'étude de ces 
corps naturels. PV. OrpuriTe. (EF. F.) 
DISCRASE ou Antimoniure d'argent. Voyez 
ARGENT. 
DISOMOSE. (win) On a donné ce nomà un 
sulfo-arséniure de nickel. (J. H.) 
DISQUE, Discus. (#or. pnan.) Adanson a le 
premier observé et nommé disque un corps glan- 
duleux, ordinairement jaune ou verdâtre, qui, 
dans la plupart des végétaux, se trouve au des- 
sous ou autour de l'ovaire. Par exemple, dans la 
Rue, Ruta graveolens, le Disque supporte l'ovaire, 
et l'élève au dessus du fond de la fleur : il forme, 
dans les Scrophulaires, une sorte d’anneau ou 
bourrelet autour ou sur un côté seulement de 
l'ovaire ; dans beaucoup de Rosacées, il tapisse 
Ïa paroï interne du calice ; enfin il se montre plus 
ou moins saillant sur le sommet de l'ovaire des 
Ombelliféres. Cet organe, variable de position et 
de forme, souvent très-petit et à peine distinct, 
est devenu d’une assez grande importance dans 
les descriplions caractéristiques , depuis les savan- 
tes et scrupuleuses observations de MM. Richard. 
Selon sa position, relativement à l'ovaire, le 


interne du calice, et suivant sa forme jusqu'à cer- 
laine distance de son bord ou de ses divisions. 
C’est ce que l’on voit dans le Cerisier, la Filipen- 
dule , etc. 

3° Le Disque épigyne existe seulement dans les 
plantes dont l'ovaire est infère en tout ou en par- 
tie. Dans plusieurs Saxifrages et Rubiacées, il 
forme une sorte de bourrelet au point de jonction 
de l’ovaire et du calice; dans les Ombellifères, 
où l’ovaire est complétement infère , ilen occupe 
le sommet. 

Telles sont les principales modifications du 
Disque proprement dit. Ajoutons une remarque 
intéressante. Quelques plantes, entre autres le 
Diosina , présentent dans leurs espèces une grande 

anomalie relativement à la position du Disque : 
ainsi cet organe , hypopyne dans les Diosma hirta 
et ciliata, est périgyne dans les D, Airsuta et 
uniflora. 

Quelques auteurs ont appelé Réceptacle l'organe 
que nous venons de décrire sous le nom de Disque ; 
et, au contraire , on appelle souvent Disque le cen- 
tre du réceptacle des Gomposées ; c’est alors une 
comparaison , plutôt qu’une expression rigoureu- 
sement exacte, { FR) 

DISSEMINATION DES GRAINES. (zor.) Dis- 
persion naturelle et semis spontané des graines 
parvenues à leur parfaite maturité. Ce mode puis- 
sant de propagation et de reproduction n’est point 
limité dans la station plus ou moins étroite assi- 
gnée à telle espèce , à tel genre, à telle famille ; i} 
étend ses effets au loin; il se plaît à déjouer les 
règles dictées par l’esprit humain , à renverser les 
barrières géographiques qu’il cherche à prescrire 
à la végétation. La nature altache la plante au sol, 
elle semble au premier aspect lui interdire les 
moyens de s’élancer au-delà, et cependant elle a 
modifié cette loi sévère en lui fournissant la voie 
de la Dissémination, je ne dis pas, avec certains 
écrivains , de la migration, parce que ce dernier 
mot exprime un acte de la volonté. Les voies de la 
Dissémination sont très-variées, les étudier c’est: 


élargir 


D 


DISS 


561 


DISS 


22 0m 
| 


élargir la route des jouissances douces que pro- 
cure la botanique, c’est pénétrer plus avant dans 
Je domaine de la physiologie végétale. 

La nature ne s’est pas contentée de voir les se- 
mences transportées au loin par les oiseaux et les 
poissons qui avalent beaucoup de baies, dont ils 
digèrent la pulpe et rendent les noyaux ou les 
graines non seulement intacts, mais encore plus 
aptes à germer promptement; elle ne s’est point 
reposée sur les négligences et l'oubli des animaux 
qui font des magasins sous terre pour l'arrière- 
saison ; elle a voulu rendre la Dissémination plus 
étendue, plus assurée; en conséquence elle a 
pourvu diverses plantes de moyens particuliers, 
afin d’aider à leur propagation lointaine. Elle a 
voulu qu'un péricarpe élastique lançât dans l’es- 
pace les graines qu’il enferme et que celles-ci fus- 
sent alors dans leur état de plus haute perfection ; 
elle a voulu qu’elles s’accrochassent aisément à la 
terre, qu’elles y germassent et pullulassent, qu’elles 
envahissent des contrées entières et qu'elles s’y 
multipliassent à l'infini : tels sont l'Ajonc, Ulex 
europæus , le Genêt à balais, Spartium scoparium , 
la Balsamine, /mpatiens balsamina, le Concom- 
bre sauvage, Momordica elaterium, etc. 
= Tantôt elle les a munies d’une ou deux mem- 
branes en forme d'ailes, comme celles de l’Orme, 
Ulmus campestris, de l’Erable, Æcer platanoides, 
du Houblon, Æumulus lapulus , etc.; ou bien d’ai- 
grettes soyeuses, comme celles du Pissenlit, T'a- 
raxacum commune, de toutes les Valérianes, des 
Scabieuses , des Asclépiadées, etc. A l’aide de cet 
auxiliaire , les semences, entraînées par l’action 
toujours vibrante de l'air, et soutenues plus ou 
moins de temps dans leur course incertaine, va- 
gabonde, finissent par être déposées çà et Rà à des 
distances considérables. Tantôt elle les a armées 
de crochets , d’appendices avec arêtes plameuses, 
torses, géniculées, etc., avec lesquelles elles s’at- 
tachent aux corps mobiles qui passent ou stalion- 
nent momentanément auprès de leurs souches 
maternelles ; puis elles voyagent avec eux : c’est 
ce qui arrive aux semences du Bident des lieux 
aquatiques, Bidens tripartita, de la Bardanc, 
Arctium lappa, de l'Aigremoine, Agrimonia offi- 
cinarum etc. Enfin, elle a taillé certains fruits en 
gondoles légères pour qu'ils puissent voguer sur 
Îles eaux, s’abandonner aux flots et parvenir ainsi 
sous des climatures étrangères : ils sont, à cet 
effet, doués d’une telle vertu germinative, que 
confiés à la terre, ils y végètent et y croissent. Le 
Coco, Cocos nucifera, le Gornaret, Martynia an- 
nua, Jes longues gousses du Mimosa scandens, 
traversent ainsi souvent tout l'Océan et ainsi de 
YAmérique méridionale sur les côtes de l'Europe 
et jusque sur les bords de la Norwége; les gros 
fruits doubles de la Lodoïcée des Maldives, Lo- 
doicea Sechellarum , cédant aux courans qui les 
entraînent, descendent à plus de quatre cents 
lieues du pays qui les a vus naître. 

Beaucoup d’autres plantes phanérogames ont 
des graines très-fines et tellement susceptibles de 
céder au moindre vent, qu’on les trouve non seu- 


Towe IL 


lement répandues sur les plaines ondulées , mais 
encore au sommet des plus hautes montagnes et 
des édifices , et jusqu’au fond des cavernes aux 
replis tortueux. Il en est de même des séminules 
des Vesseloups, Lycoperdon vulgare, qui s'échap- 
pent de leur globe nu, comme la gerbe de fumée, 
de pierres et de flammes s’élance du cratère mu- 
gissant; de celles des Pézizes qui remuent leur 
chapeau ; de celles des Fougères qui sortent par 
secousses intermittentes: de celles impalpables des 
Moisissures, Mucor, ne laissant aucun réduit sans 
y pénétrer, et lorsqu'elles rencontrent les condi- 
tions nécessaires à leur développement, ne tar- 
dent pas à s’y montrer d’un air triomphant. 

Une plante de l'Amérique du nord, cultivée dans 
nos jardins depuis 1782, nous offre un mode de 
Dissémination fort remarquable, fort peu connu 
et qui mérite, sous ce double point de vuc, de 
trouver place ici : je veux parler de l’Aristoloche 
siphon, Aristolochia macrophylla. À ses fleurs 
axillaires, d’un vert brun, ayant la forme d’une 
pipe orientale par son tube courbé, ventru , vert- 
rougeâtre , et par l’orifice bien rond de ce même 
tube , dont le limbe à trois lobes égaux , veinés et 
ponctués d’un pourpre noirâtre , imite le chapeau 
dit à trois cornes, succède une capsule hexagone, 
ovale-conique, s’ouvrant par la pointe, Getle cap- 
sule forme six loges extérieures et six intérieures 
appelées diaphragmes. Chaque loge contient en- 
viron douze graines et est composée d’une des 
pièces extérieures et de deux intérieures qui ser- 
vent en même temps de cloison pour les deux loges 
voisines, Chaque loge est tapissée d’une membrane 
papyracée fort mince, dont les fibres sont trans- 
versales et tendent à se diviser dans ce sens en 
autant de portions qu’il y a de graines dans cha- 
que loge. Cette membrane, au lieu d’être adhé- 
rente aux parois de la loge, enveloppe ja graine. 
Celle-ci, disposée en forme de cœur dont la pointe 
est dirigée vers le centre de la capsule, est lisse 
d'un côté, couverte de petites aspérités de l’au- 
tre, très-plate, à bords retroussés ou fort larges. 
Entre chaque graine, on voit un fragment de sub- 
stance spongieuse, légère , de la même forme que 
la graine, mais muni, à sa pointe, d’un petit cro- 
chet destiné, sans aucun doute, à soutenir la 
graine contre cette pièce jusqu’au moment de sa 
maturité. Les graines sont attachées sur le bord 
intérieur de chaque diaphragme par un petit filet 
fragile qui s’applique contre le morceau spongieux, 
en commencant par la pointe, jusqu'aux deux tiers 
environ de sa longueur ; puis, s’enfoncant dedans 
jusqu’au milieu de son épaisseur, le traverse. à sa 
base dans ce milieu , et se trouve de la sorte im- 
planté entre les deux lobes qui constituent la forme 
en cœur de la graine. La moilié des graines ren- 
fermées en chaque loge est connée sur un des 
côtés, tandis que l’autre moitié, en allernant , est 
fixée sur le second côté, A chaque graine est soudée, 
près du petit filet, une portion de la membrane 
papyracée dont la largeur se compose de l’épais- 
seur de la graine et du corps spongieux qui lui est 
réuni ; quant à sa longueur, elle est déterminée par 


191° LivralsoN, 7à 


DISS 


562 


DIST 


PT 


celle des bords de ces deux corps ensemble. Une 
fois que les graines sont arrivées à l’époque de leur 
maturité, el qu'elles doivent cesser de vivre en 
commun avec la tige qui les a portées, la séche- 
resse fait retourner en dehors les six pièces exté- 
rieures de la capsule et écarter les diaphragmes. 
Durant cette action la moitié des graines se jette 
d’un côté, l’autre partie se retire de l’autre, em- 
portant chacune avec elle un fragment du corps 
spongieux et une portion de la membrane papyra- 
cée. Au moindre vent, le petit filet se rompt, la 
graine s'échappe suspendue à une sorte de para- 
chute , et la voilà transportée à une distance plus 
ou moins considérable, selon les obstacles qui 
l’arrêtent ou les courans d’air qui l’entrainent. Je 
me suis assuré, en suivant ce phénomène à di- 
verses reprises, que dans le petit nombre de se- 
mences demeurant inertes, on trouve bien le corps 
spongieux et le rudiment de la graine, mais la 
membrane papyracée n’est point adhérente. Leur 
voyage serait sans but utile, aussi la nature ne 
permet-elle pas qu’il ait lieu. 

Il y a des plantes qui recherchent pour ainsi 
dire la société de l’homme et s’attachent à ses 
pas. La Pariétaire, Parietaria officinalis , les Or- 
ties, Urtica urens et dioica, le Lamier vulgaire, 
Lamium album, la grande et la petite Oseille, 
Rumex acetosa et acetosella, etc., croissent autour 
des habitations, le long des murs dans les villages 
et dans les rues des villes; elles suivent le pas- 
teur et montent avec lui sur les lieux les plus éle- 
vés. Partout où vous en trouvez une colonie , le 
sol recèle les décombres d’une maison abandon- 
née, elle s’y maintient, malgré la fureur des au- 
tans, malgré le froid extrême, pour attester 
qu’elle y est venue avec l’homme , pour y perpé- 
tuer le souvenir de sa présence , pour y redire au 
voyageur philosophe : «Là vécut ton semblable, 
l'espoir d’un mieux-être l'y avait fixé, le despo- 
tisme , qui sollicite sans cesse la misère, qui l’ag- 
grave et l’étend , l’en a expulsé. » 

Que l’on ne s'étonne point si les plantes culti- 
vées ne disséminent pas leurs graines avec le même 
succès que les végélaux spontanés : la main de 
l'homme, en s’imprimant sur ceux qu'il a rendus 
domestiques, les a dépouillés d’une partie de leurs 
facultés primitives, de plusieurs caractères essen- 
tiels; elle a modifié les saveurs et les couleurs ; 
elle a changé les formes et jusqu’à la durée de 
leur vie. Les noyers, les pêchers, les amandiers 
qui couvrent nos vallées, qui garnissent nos jar- 
dins , qui peuplent nos vignes, sont habitués aux 
soins des cultivateurs; ils leur laissent ceux de 
semer leurs graines, de les abriter durant leur 
enfance , de les amener à l’état des plantes mères. 
S'ils ne se propagent pas par la voie de la Dissé- 
mination, c’est qu’ils ont perdu leur patrie. 

Si l’on à bien compris le phénomène des appa- 
ritions spontanées que j'ai développé dans le tom. 1, 
pag. 239 et suivantes, on nele confondra point avec 
celui de la Dissémination des graines. L’un et 
l’autre sont absolument distincts, Dans le premier 
eas, ce sont des semences ensevelies sous le sol 


o 


qui les a vues naître pour reparaître à des époques 
plus ou moins reculées et réhabiliter la mémoire 
des végétaux, effacée durant un certain nombre 
d’années , de siècles; dans le second, ce sont des 
messagers qui vont ailleurs fonder des colonies 
végélales. (T. n..B,) 

DISSÉQUEURS ou SCARABÉES DISSÉ- 
QUEURS. (1xs.) On a donné ces noms vulgaires à 
plusieurs espèces du genre Dermesre. Ÿ. ce mot, 

(Guër.) 

DISSOLUTION. (emx.) Opération par laquelle 
un solide se dissout dans un liquide après en avoir 
décomposé une portion ; tel est le liquide qui ré- 
sulte de l’action de l'acide nitrique sur lemercure, 
Dans la Dissolution , il n’y a pas, comme dans la 
SoLuTion (voyez ce mot), simplement disgrégation 
des molécules du corps dissous, mais combinaison 
entre les parties intégrantes de ce dernier corps et 
les élémens du dissolzant. Ainsi, si l’on vient à 
évaporer le soluté mercuriel dont nous venons de 
parler, on obtiendra , non plus du mercure mé- 
tallique, mais un oxide de mercure; si, au con- 
traire, on sépare à l’aide de la chaleur l’eau qui 
aura dissous du sucre ou du sel, on aura pour 
résidu les deux mêmes corps dans leur état pri- 
mitif, | (F.F.) 

DISSOLVANT. (cmm.) Liquide quelconque 
servant à détruire l’agrégation moléculaire des 
corps. 

Le Dissolvant le plus généralement employé est 
l’eau pure ou l’eau ordinaire ; cependant d’autres 
corps, tels que l'alcool, l’éther, les huiles, les 
acides , les graisses , les métaux fondus , etc., peu- 
vent également être employés comme Dissolvans, 
Enfin le calorique pourrait peut-être aussi être 
considéré comme Dissolvant. (EE): 

DISTHÈNE. (uix.) Cyanite, Schrol bleu, Sap- 
pare, etc. Ge minéral se distingue facilement par 
sa couleur ordinairement d’un bleu très-clair, 
son état vitreux el sa forme la plus habituelle en 
lames ou tables quadrangulaires très-allongées, 
strices sur les petites faces. 

Tels sont les principaux caractères qui nous ont 
souvent fait reconnaître le Disthène dans les mi- 
caschistes à staurotides de la Bretagne. 

Si on voulait donner plus de précision à ces ca- 
ractères minéralogiques , on dirait que ses cris- 
taux, facilement clivables dans un sens, dérivent 
d'un prisme oblique à base de parallélogramme 
obliquangle; que sa pesanteur spécifique est de 
5,50, qu'il raie le verre, mais est rayé par une 
pointe d’acier ; qu’il est infusible au chalumeau , 
et enfin qu'il appartient par sa composilion à Ja 
famille des Silicates d’alumine ou de ses isomor- 
phes. substances ainsi nommées parce qu’elles 
peuvent se remplacer sans changer la forme 
des cristaux. Suivant M. Beudant, l'oxygène 
dans la silice serait la moitié de celui contenu 
dans les bases; il donne l'analyse suivante du 
Disthène blanc du Zillerthal : silice 32, alamine 
68, quelques traces de chaux , de potasse et d'acide 
fluorique. Il est à remarquer que cette analyse 
tend à faire réunir au Disthène la Pinite de Saxe 


DIST 


563 


DIST 


oo 


qui offre la même formule de composition et à 
peu près les mêmes élémens. 

Le gisement habituel du Disthène est dans les 
roches de micaschiste (Bretagne ; Saint-Gothard , 
Tyrol, Styrie), dans les hyalomictes, roches de 
quartz et de mica, dans la dolomie (au Simplon), 
dans le calcaire grenu (‘aux Pyrénées, dans 
l'état de New-York), et dans diverses roches 
schisteuses et granitoïdes. M. Virlet a trouvé dans 
l’île de Syra un rocher de Disthène associé à des 
amphibolites. Le seul usage auquel le Disthène ait 
été appliqué est de servir, à raison de son infusibi- 
lité, de pièces de support dans les essais au cha- 
lumeau. (B.) 

DISTILLATION. (cmrm.) La Distillation est une 
opération par laquelle , à l’aide de la chaleur et 
de vases convenables, on parvient à séparer les 
uns des autres des corps de volatilité différente, 
Cette opération est fondée sur la propriété dont 
jouissent les vapeurs de passer à l’état liquide par 
le refroidissement. 

L'art de la Distillation, découvert , dit-on, par 
les Arabes, ne date pas de très-loin, Dioscoride 
ne le connaissait pas ; toutefois, ce célèbre phar- 
macien de la Grèce avait observé qu’une éponge 
froide et sèche , placée pendant quelque temps au 
dessus d’un pot contenant de l’eau en ébullition, 
se gonflait, et donnait, par l'expression, une cer- 
taine quantité d’eau. Alrhazes est le premier qui 
ait parlé de la Distillation, et il la compare au 
rhume de cerveau. L’estomac, dit ce médecin 
arabe , est la cucurbite, la tête est le chapiteau, 
et le nez est le réfrigérant par lequel le produit 
s'écoule goutte à goutte. 

Les vases propres à la Distillation sont les alam- 
bics et les cornues , que l’on place dans des four- 
neaux construits de manière à perdre le moins 
possible de calorique. L’alambic (ce mot est arabe) 
est un instrument en cuivre étamé dont on se sert 
toutes les fois que l’on opère en grand, comme 
dans les distilleries d’eau-de-vie, dans la Distilla- 
tion du vinaigre, de l’eau chez les pharmaciens, 
des liqueurs, elc., et qui se compose de trois 
pièces principales : la cucurbite, le chapiteau et Je 
serpentin. À ces trois pièces s’en joignent deux 
autres pour compléter l'appareil distillatoire ; ces 
pièces sont : le récipient et le bain-marie. 

1° La cucurbite est la pièce qui se trouve immt- 
diatement en contact avec le feu, et dans laquelle 
on place les substances à distiller ; elle doit être 
plus large que profonde, afin que la vaporisation 
du liquide s’y fasse plus aisément. La cucurbite 
offre à sa partie supérieure, antérieure et moyenne, 
une ouverture que l’on ferme très-exactement 
quand on distille à feu nu , qu’on laisse libre quand 
on distille au bain-marie , et qui sert à introduire 
dans l’appareil le surplus du liquide à distiller. 

9° Le chapiteau, en étain ou en cuivre étamé, 
appelé tétar dans les grandes distilleries, est la 
pièce dans laquelle viennent se rendre les vapeurs 
formées dans la cucurbite. À sa partie médiane et 
supérieure est une ouverture destinée à l’intro- 
duction dans l'appareil d’une nouvelle quantité 


de liquide ; et à sa partie latérale se trouve soudé 
un tuyau, également en étain et recourbé à son 
extrémité pour l'adapter à la partie supérieure du 
serpentin, 

5° Le serpentin , pièce de l’appareil dans laquelle 
viennent se rendre et se condenser les vapeurs, 
est un long tube en étain, ayant la forme d’une 
spirale afin d’avoir plus de longeur sans occuper 
pour cela plus d’espace. 

Le serpentin est placé dans un seau en cuivre 
et entouré d’eau. Cette dernière, absorbant le ça- 
lorique latent des vapeurs, détermine la conden- 
sation de ces dernières et finit par s’échauffer 
au point d’avoir besoin d’être renouvelée. C’est 
ce que l’on fait à l’aide d’un long tuyau de fer- 
blanc surmonté d’un entonnoïir, et qui descend 
jusqu’au fond du seau de serpentin : à mesure que 
l’eau froide arrive par ce conduit, l’eau chaude, 
plus légère, et occupant la partie supérieure du 
bain réfrigérant (eau entourant le serpentin), 
s'écoule par une ouverture appelée trop-plein, 
placée à la partie supérieure et latérale du seau de 
cuivre. 

Le bain-marie est un vase en étain qui, fait à 
peu près sur le même modèle que la cucurbite, 
peut être introduit dans cette dernière et recevoir 
le chapiteau. C’est dans ce vase que sont placées 
les substances quand on distille par intermède,. 
Ce même vase, muni d’un couvercle très-exacte- 
ment adapté, sert en pharmacie à une foule d’opé- 
rations, telles que macérations, digestions , infu- 
sions , etc. 

Les récipiens, ou vases dans lesquels sont re- 
cus les vapeurs condensées ou les produits de 
Distillation , varient de forme selon la nature des 
liquides obtenus. 

La cornue est un vase de terre, de verre, de 
porcelaine ou de métal, ovoïde , dans lequel on 
distingue la panse, la vote et le col, parties qui 
correspondent ,, la première à la cucurbite, la se- 
conde et la troisième au chapiteau. 

Tous les corps ne se réduisant pas en vapeur 
aux mêmes degrés de température , on a établi 
trois modes diflérens de Distillation. On distille à 
feu nu, au bain-marie, au bain de sable ou à la 
cornue. 

1° On distille à feu nu, ou sans intermède, tous 
les liquides qui ne se réduisent en vapeurs qu’à 
80° de Réaumur : tels sont tous les liquides aqueux ; 

2° On distille au bain-marie, ou avec intermède , 
tous les liquides qui se réduisent en vapeurs à une 
température inférieure à celle de l’eau bouillante ; 
tels sont les liquides alcooliques et éthérés ; 

5° Enfin on distille dans une cornue et au bain 
de sable, quand on a affaire à des substances qui 
ne se réduisent en vapeurs qu’à une température 
supérieure à celle de l’eau bouillante; tels sont le 
succin, la corne de cerf, etc. Toutefois il faut 
observer que ce dernier mode opératoire donne 
plutôt des produits de décomposition que des 
produits de Distillation. Les intermèdes agissent 
ou en modérant l'intensité du calorique, comme 
le fait l’eau des bains-marie, ou en accumulant çe 


DIST 


564 


DIUR 


dernier dans l’intérieur de l’appareïl, comme le 
fait le sable, mauvais conducteur de ce fluide im- 
pondérable. (EoE.) 

DISTOME, Distoma. (zoopx. INrEsT.) Genre 
de l’ordre des Parenchymateux , offrant pour ca- 
ractères : un corps mou, aplati ou presque cy- 
lindrique ; pores solitaires, l’un antérieur, l’autre 
ventral, La position de ces pores ou suçoirs les fait 
facilement distinguer des autres TREMATODES (voy. 
ce mot). Les Distomes sont de petits animaux dont 
les plus grands n’atteignent pas un pouce de long 
et d’une consistance molle , d’une forme plus ou 
moins allongée, aplatie ou presque cylindrique. 
de couleurs variées, susceptibles de s'étendre ou 
de se raccourcir, soit en totalité, soit partielle- 
ment, comme les sangsues. Leur organisation assez 
simple consiste dans un corps parenchymateux , 
d’une consistance médiocre, contractile dans tous 
ses points, sans fibres musculaires apparentes, 
sans cavité viscérale, parcouru par des vaisseaux 
séminifères et ovifères, recouvert d’une peau très- 
fine ; présentant à l’extéricur les deux ouvertures 
appelées pores, dont l’un, antérieur, sert d’orifice 
aux vaisseaux nourriciers, et l’autre,inférieur, sorte 
de ventouse, sert à fixer l’animal à la surface des 
organes dans lesquels il habite; enfin une sorte 
de mamelon, nommé cirrhe , rétractile, placé au 
devant du pore ventral et qui doit être considéré 
comme un des principaux organes de la généra- 
tion. La portion de l’animal située entre les deux 
pores se nomme col; le reste porte le nom de 
corps. Dans quelques espèces la partie du col qui 
supporte le pore antérieur est distinguée par une 
rainure ; on lui donne alors le nom de Lête, et dans 
ce cas elle est couronnée d’aiguillons. Lorsque 
l'extrémité postérieure s’amincit, on lui donne le 
non de queue. Trois ou quatre pelits aiguillons di- 
rigés en arrière se remarquent quelquefois à la sur- 
face des Distomes; le pore inférieur, formé par 
une sorte d’entonnoir musculeux , a son extrémité 
plus large tantôt à ouverture circulaire, tantôt 
triangulaire , il est quelquefois terminal; on dit 
alors qu’il est infère. 

On n'aperçoit guère les vaisseaux nourriciers 
que lorsque les Distomes se nourrissent d’un suc 
coloré, c'est ce qui arrive chez le Distome hépa- 
tique. Le vaisseau nourricier né du pore nourri- 
cier se divise en deux branches qui circonscrivent 
le cirrhe, communiquent entre elles par un ra- 
meau transversal, et marchent ainsi parallèlement 
jusqu’à l'extrémité postérieure en donnant de 
nombreux rameaux à la surface, en s’anastomosant 
de mille manières pour former un réseau très- 
serré , el finissant par se réunir à un rameau com- 
mun placé sur la ligne médiane , et qui se termine 
à l'extrémité postérieure du corps. On peut con- 
ciure de cette disposition anatomique que les sucs 
nourriciers dans Jesquels les Distomes vivent plon- 
gés sont absorbés par le pore antérieur; portés 
ensuite dans ceux des vaisseaux dont le calibre 
reste à peu près le même dans toutes les divisions, 
ils y subissent une élaboration par suite de laquelle 
leurs parties les plus ténues sont absorbées par les 


vaisseaux secondaires; leur résidu est ensuite re- 
jeté en parcourant en sens inverse les voies par 
lesquellés ces sucs sont entrés. La disposition des 
organes génitaux porte à croire que les Distomes 
sont hermaphrodites. Goëze, qui avait rencontré 
deux de ces animaux accouplés,pensait qu'ils étaient 
androgynes. On pense que leur accroissement est 
promptement achevé; ils habitent l'intérieur des 
voies digestives ; on en trouve parfois dans les voies 
aériennes , dans les kystes accidentels, même sous 
la conjonctive. On compte plus de deux cents es- 
pèces de Distomes, ct il serait possible de les mul- 
tiplier si l’on tenait compte des nuances différen- 
Lielles qu’on observe dans ce genre, en raison des 
circonstances dans lesquelles on les rencontre et 
des animaux dans les organes desquels on les 
trouve. Les principales espèces sont : le Disrome 
HÉPATIQUE , le DISTOME A PORE cLoBuLEux, le Dis- 
TOME SIMPLE , le Disroms AcTÉ , le DisTomE p1vER- 
GENT, etc. (PP: Gi)": 
DISTYLE, Distylus. ( mor. pnan.) Ce mot se 
dit d’un pistil qui a deux styles. Tels sont les pistils 
de l'OEïillet , des Ombelliféres , etc. (G. É.) 
DITRACHYCEÈRE , Ditrachyceros. (zooPx. 1x- 
TEST. ) Genre de l’ordre des Parenchymateux de 
Cuvier , placé par Zeder parmi les Cysticerques, 
auquel on assigne les caractères suivans : corps 
ovale , enveloppé d’une tunique lâche, à tête sur- 
montée de deux prolongemens en forme de cornes, 
recouverte de filamens. Sultzer ayant seul donné 
la description de cet animal, son existence était 
mise en doute par beaucoup de naturalistes , entre 
autres par Rudolphi et par Bremser , lorsque Le- 
sauvage, professeur à Caen, le retrouva dans les 
selles d’un malade. Si l'existence de ce vers intes- 
tinal n’est plus aujourd'hui révoquée en doute, les 
occasions de l’observer ont été si rares qu'il est 
impossible d'ajouter encore aux descriptions quien 
ont été faites. Le docteur André , qui exerçait il ÿ 
a quelques années encore dans une ville de pro- 
vince, nous à parlé d’un ver intestinal dont la 
description nous paraît appartenir au Ditrachy- 
cère ; mais son observation manquait de détails. 


(P. G:) 


DIURNE. (sor. zoo. ) Ce nom s’applique, en . 


botanique , aux plantes qui s’épanouissent pendant 
le jour; chez les oiseaux, il sert à désigner l’une 
des grandes divisions des Rapaces, qui livrent la 
guerre aux autres animaux. Enfin, dans les in- 
sectes, Latreille a donné ce nom à une famille de 
l’ordre des Lépidoptères, à laquelle il assigne les 
caractères suivans : ailes toujours libres ; point de 
frein ou de crin écailleux, raide et pointu, à la 
base du bord extérieur des inférieures pour rete- 
nir dans le repos les supérieures ; ces dernières 
moins élevées perpendiculairement, lorsqu'elles 
sont dans cet état; antennes grossissant insensi- 
blement de Ja base à la pointe, ou terminées en 
bouton dans les uns, plus grêles ou crochues au 
bout dans les autres. Les chenilles des Lépidop- 
tères de la famille des Diurnes ont constamment 
seize pieds et vivent à découvert sur les feuilles. 
Les chrysalides, ordinairement anguleuses, sont 


EG RS 


DOCI 


565 


DODO 


oo 


souvent nues, attachées par la queue et soutenues 
par un fil soyeux qui croise le milieu du corps en 
travers. L’insecte parfait ne vole que pendant le 
jour. Les ailes sont diaprées, à leur surface infé- 
rieure, de couleurs vives et éclatantes. La bouche 
se compose toujours d’une trompe, munie de pal- 
pes maxillaires fort petits. Nous reproduisons ici 
les différentes coupes établies dans ce genre par 
Latreille. 1°° coupe : une paire d’ergots ou d’épi- 
nes à leurs jambes, partant de leurs extrémités 
postérieures; quatre ailes s’élevant perpendiculai- 
rement dans le repos ; antennes tantôt renflées à 
leur extrémité, en manière de bouton ou de pe- 
tite massue tronquée ou arrondie à son sommet, 
tantôt presque filiformes. Leurs chenilles sont 
allongées , presque cylindriques; leurs chrysa- 
lides presque toujours anguleuses, quelquefois 
unies , mais renfermées dans une coque grossière. 
2° coupe : jambes postérieures ayant deux épines, 
savoir, une à leur extrémité et l’autre au dessus; 
ailes inférieures , ordinairement horizontales dans 
le repos; extrémité des antennes terminée fort 
souvent en pointe très-crochue ; leurs chenilles, 
dont on ne connaît qu'un très-petit nombre, plient 
les feuilles, s’y filent une coque de soie très-mince 
et s’y mélamorphosent en chrysalides, dont le 
corps ne présente aucune éminence anguleuse. 
P. G. 
DIVARIQUÉ , DIVARIQUÉE , het 
(zoo. 80T.) Organes qui, chez les animaux ou dans 
les rplantes, sont distendus brusquement et sans 
diection fixe. Ainsi les cornes peuvent avoir leurs 
andouillers Divariqués. Dans la chicorée , les tiges 
sont Divariquées ; les panicules de la Renouée le 
sont également. (P. G.) 
DIVERGENT, DIVERGENTE, Divergens.(z001. 
80T.) Ge mot se dit, tant en zoologie qu'en bota- 
tanique, de toutes ramifications qui vont s’écartant 
d’un point commun. Il est opposé à convergent. 
Gas: 
DIVERGI-NERVÉE. (20T.) Une file est Di 
vergi-Nervée, quand ses nervures sont disposées 
comme les branches d’un éventail déployé. 
C. £. 
* DIVERSIFLORE. (50T. pra.) re ce D 
s'applique quelquefois aux épis et aux grappes, il 
est plus particulièrement destiné à désigner l’om- 
belle, composée de fleurs régulières au centre, et 
de fleurs plus grandes et irrégulières à la circon- 
férence. Cette disposition se remarque surtout dans 
les Coriandres , Coriandrum sativum et testicula- 
tum, les Tordyliers, Tordylium maximum et offici- 
male, que l’on rencontre dans nos cultures ou spon- 
tanés dans nos départemens du Midi. (T. ». B.) 
DIVERTICALE. { anar. ) Appendice creux et 
terminé en cul-de-sac, s’élevant à la surface du 
canal intestinal et dont la cavité communique avec 
celle de ce canal, (P. G.) 
DOCIMASIE ou DOCIMASTIQUE. ( mx. } On 
désigne sous ce nom l’art de déterminer, par des 
moyens chimiques et des essais, la proportion et 
la nature d’un métal contenu dans son minerai. 


| téeinal-2$is 30 (GuËr.) 


DODÉCAËDRE. (w.) Cristal à douze faces po- 
lygones, parallèles deux à deux et d’une même es- 
pèce par le nombre de leurs côtés. Ÿ. CrisraArLo- 
GRAPHIE et MINÉRALOGIE. (Guër.) 

DODÉCANDRIE, Dodecandria. (B0T. PAN. ) 
C'est la onzième classe du système sexuel de 
Linné, comprenant les végétaux qui ont depuis 
douze jusqu’à vingt étamines libres et distinctes 
entre elles. 

Cette classe se divise en six ordres, d’après le 
nombre des pistils, savoir :-1° Dodécandrie mo- 
nogynie; 2° D. digynie; 8° D. trygynie; 4° D. té- 
iragynie; 5° D. pentagynie; 6° D, polygynie. 

(L.) 

DODONE, Dodonæa. (8oT. pnax.) Plamier 'a 
dédié ce genre de la famille des Sapindacées et de 
l’Octandrie monogynie à Rembert Dodoens (dont 
le nom latinisé à la mode du seizième siècle est 
Dodoneus), botaniste né dans un village de la Frise 
en 1517, qui sut imprimer à la science une di- 
rection nouvelle en appelant l'étude sur l’ensem- 
ble des caractères et l’emploi raisonné des pro- 
priétés végétales, On à de lui un ouvrage remar- 
quable, Stirpium historiæ pemptades VI, dont 

“es figures sont d’une belle et bonneexécution. Le 
genre Dodone est composé d’arbusles peu brillans, 
quoique d’une verdure agréable et d’une forme 
élégante ; ils sont tous originaires des pays équa- 
toriaux , et ont le calice caduc , à quatre divisions 
profondes, sans corolle; de cinq à huit étamines, 
dont les filets extrêmement courts portent des an- 
thères ovales, presque sessiles ; l'ovaire supère, 
triquètre ; le style dressé, partagé à son sommet 
en deux ou trois lobes; le stigmate légèrement 
trifide. Leur fruit est une capsule de consistance 
membraneuse, renflée, avec trois ailes, divisée 
intérieurement en trois loges renfermant chacune 
deux semences dures, sphéroïdes, comprimées, 
Les espèces, au nombre de douze, sont toujours 
vertes, munies de feuilles simples, alternes, odo- 
rantes, visqueuses ; celles de la DoponE À FEUILLES 
ÉTROITES, D. angustifolia, exhalent, lorsqu'on les 
froisse entre les doigts, une odeur de pomme de 
reinelte tellement prononcée, que la plante en à 
recu le nom Bois de reinelte. Les fleurs sont pe: 
tiles, sans éclat, de couleur herbacée, accom- 
pagnées de bractées, souvent polygames , ou même 
dioïques par avortement, et disposées en grappes 
terminales et axillaires. Des espèces connues, 
quatre apparliennent à la Nouvelle-Hollande, deux 
aux îles Sandwich, deux à l'Inde, une à l’île Mas- 
careigne, une à l'Afrique occidentale et deux à 
l'Amérique du Sud. 

Celle de la côte sablonneuse d'Oware, dite 
Dopone visQuEusE, D. viscosa, est cultivée chez 
quelques amateurs ; on la recherche parce qu’elle 
répand une odeur agréable ; elle monte à deux et 
trois mètres, et son gros tronc à écorce brune, 
droit, se couronne de rameaux visqueux et de 
feuilles qui le sont seulement durant leur jeunesse. 
Son bais est blanchâtre. Il fleurit en juin ct juil- 
let. Les ailes de ses capsules sont plus larges que 
celles des autres espèces. (T. », B.)« 


DOIG 


566 


DOLA 


À 
DODONÉESetDODONÆACÉES. (nor. rman.) ! ces organes dela préhension , et l’on saitqu'ils s’en 


Kunth a, sous ce nom, fondé une coupe dans la 
famille des Sapindacées, qu’il compose des genres 
Alectryon de Gærtner, Amirola de Persoon, Do- 
donæa de Plumier , Xoclhreuteria de Lamarck , et 
Llaguna de G. Richard. (T. ». B.) 
DOGUE. (maw.) Nom dela race de chiens qui 
offre Les plus grands individus. Foy. Cure. 
(Gu£r.) 
DOIGTS. (awaT. zoo.) Organes placés aux 
extrémités des membres des Mammifères, des oi- 
seaux et des reptiles, et qui sont formés de petits 
os, auxquels on a donné le nom de phalanges. 
Dans les Mammifères on n’en compte jamais plus 
de cinq, ordinairement à deux ou trois articula- 
tions. Le nombre des Doigts n’est pas tonjours le 
même aux membres antérieurs et aux membres 
postérieurs. Le nombre des Doigts, leur disposi- 
tion et leur rapport avec le reste de l’organisation, 
ont fourni d’excellens caractères pour les classifi- 
cations. Dans les oiseaux ils ne sont distincts qu'aux 
extrémités inférieures ; aux supérieures ils sont 
recouverts et cachés par la peau , et servent d’at- 
tache aux principales rémiges ; composés de deux, 
irois, quatre ou cinq phalanges, leur nombre, leur 
forme , leur longueur varient beaucoup et ont éga- 
lement servi de caractères distinctifs entre les di- 
verses espèces. Presque toujours ils présentent à 
leur extrémité un ongle dont la courbure et les 
dimensions sont également très-variables. Leur 
flexibilité et la vigueur des muscles qui s’y insèrent 
donnent aux oiseaux les moyens de rester long- 
temps immobiles sans fatigue, comme sans crainte 
d’être renversés. On sait que beaucoup d'espèces 
perchent, pendant leur sommeil, en enroulant leurs 
Doigts autour des très-faibles branches d'arbres, 
Les Doigls sont au nombre de quatre dans un 
grand nombre d’espèces ; mais leur position est 
variable ; tantôt on en compte trois en avant et 
un seul en arrière ; tantôt il y en a deux devant et 
deux derrière. Dans le premier cas celui de der- 
rière se nomme pouce et il a souvent la faculté 
de se rapprocher des trois premiers. Dans les au- 
tres espèces les quatre Doigts sont placésen avant, 
Il en est chez lesquelles le pouce est totalement 
oblitéré; chez d’autres c'est un des Doigts de de- 
vant qui manque entièrement. L’autruche n’a que 
deux doigts , tous deux en avant. Lorsqu'il y en 
atrois en avant, le Doigt intermédiaire est plus 
long; ïl compte trois phalanges quand l’interne 
et l’externe n’en comptent souvent que deux; le 
pôuce est toujours situé à une certaine élévation, 
sur la pattes. postérieures, au bord interne du 
tarse, Les Doigts sont ou libres ou réunis par une 
membrane qui fait très-bien l'office d’une forte 
rame lorsque les oiseaux se maintiennent sur l’eau 
ou cherchent à plonger; quelquefois celte mem- 
brane est remplacée par un simple prolongement 
membraneux , découpé irrégulièrement , ou déli- 
catement dentelé. Parfois les Doigts sont recou- 
verts de duvet ou de plumes jusqu'aux extrémités; 
souvent ils sont nus, lisses, écailleux ou verru- 
queux. Les Perroquets et les Accipitres emploient 


servent avec une grande adresse. 

Dans les Reptiles, on ne trouve plus pour ces 
organes de caractères assez tranchés pour les faire 
servir de base à la classification ; mais ces caractè- 
res, pour être moins saillans, n’en ont pas moins 
d’une grande importance en ce qu’ils complètent les 
moyens de bien isoler les groupes génériques. Dans 
quelques Reptiles, les Remetttes et les Geckos par 
exemple, les Doigts sont munis de pelotes qui 
rendent leur progression , leur course plus solide 
et plussûre, même sur les surfaces polies, en rem- 
plissant pour ainsi dire l'office de ventouse. Dans 
les Caméléons il sont disposés à peu près comme 
on le remarque chez certains oiseaux, les Pies et 
les Perroquets ; et servent par cette disposition à 
donner à ces reptiles la facilité de saisir lesrameaux 
d'arbres qu’ils habitent. 

Chez l’homme, dans les Bimanes et les Qua- 
drumanes , la merveilleuse disposition des Doigts 
doit être considérée comme une des grandes cau- 
ses de la supériorité de l'intelligence. C’est dans 
ces organes que le tact s'exerce au plus haut de- 
gré. Chez l’homme il existe cinq Doigts à chaque 
main et à chaque pied. Ils sont composés de trois 
phalanges placées bout à bout ; le pouce n’en a que 
deux ; la dernière porte l'ongle ; ils sont très-mo- 
biles, et dans leurs mouvemens indépendans les 
uns des autres. Des muscles fléchisseurs et exten- 
seurs se fixent aux phalanges et assurent la pré- 
cision et l’exércice de ces mouvemens. Les Doigts 
du pied comptent le mêmenombre de phalanges 
que ceux de la main ; mais ces os sont plus courts 
et beaucoup moins mobiles. Le pouce n’est pas 
détaché des autres et ne peut leur être opposé. 
Les Doigts de la main sont très-longs: un grand 
nombre de papilles et de nerfs viennent s’épa- 
nouir la sur le chorion qui repose sur une couche 
épaisse de tissu cellulaire graisseux très-élastique, 
et que recouvre un épiderme fin, mince et poli. 
Ces circonstances organiques si avantageuses 
expliquent l'extrême sensibilité de ces organes et 
la facilité avec laquelle ils peuvent saisir tous les 
corps, quelle que soit l’irrégularité de leur figure. 
Si l’on y ajoute surtout la faculté d'opposer le 
pouce aux autres Doigts de facon à pouvoir serrer 
les petits objets entre les parties de la main qui 
sont le siége de la plus exquise sensibilité, on con- 
cevra facilement que le philosophe Anaxagore , et 
de nos jours Helvétius , n'aient pas balancé à at- 
tribuer la supériorité de l'homme à lheureuse or- 
ganisation de ces parties ; l’on ne saurait trop, en 
effet, admirer un instrument si parfaitement dis- 
posé à exéculer tout ce que médite l'intelligence. 
(Voy. Main). MG) 

DOLABELLE, Dolabella. (mois. ) La famille 
des Aplysiens ou Laplysiens (voy. ce mot) com- 
prend, avec les Actéons et les Bursatelles, le 
groupe sinombreux des Aplysies proprement dites, 
dont certains naturalistes font plusieurs genres 
distincts, parmi lesquels se place celui des Dora- 
BELLES , Dolabella, Lamarck. Ces dernièresiont le 
corps rétréci en avant el très-large en arrière, où 


DOLÉ 


567 


DOLI 


oo 


il est toujours tronqué par un plan ou disque 
oblique ; la fente dorsale est toujours médiane et 
formée par le rapprochement des deux côtés du 
manteau , lesquels sont très-étroits et impropres à 
la natation. La coquille est toujours calcaire et 
plus grande que dans les autres Aplysies, elle est 


- cachée en grande partie par les expansions du 


manteau; c’est une pièce à peu près triangulaire, 
peu commune dans les collections, et dont le prix 
est par conséquent assez élevé, 

Les Dolabelles sont très-répandues dans les 
mers de l'Inde, et dans une partie de l'Océa- 
nie : l'Europe et l'Amérique ne paraissent pas en 
posséder. Elles répandent une liqueur pourprée , 
très-abondante, au moyen de laquelle elles se dé- 
robent aux attaques de leurs ennemis ; elles sont, 
comme nous l'avons dit plus haut, peu favorable- 
ment organisées pour nager ; mais en revanche 
leur pied leur permet de marcher avec facilité. 
Quelques espèces atteignent souvent un volume 
assez considérable, jusqu'à quinze ou dix-huit 
pouces de long;: elles vivent sur les côtes, dans 
les endroits tranquilles, les ports, les baies , etc. , 
ou bien se tiennent dans les fonds vaseux , et s’y 
enfoncent en ne laissant passer au dessus que leur 
siphon, au moyen duquel l'eau arrive à leurs 
branchies. 

Ces animaux sont vulgairement appelés Lièvres 
marins ; dans quelques îles, les naturels les re- 
cueillent pour s’en nourrir ; nous citerons la Do- 
LABELLE CALLYSE,) Dolabella Rhumphi, Lamk., 
représentée dans notre Atlas, pl. 138, fig. 3-4. 
Animal de couleur verdâtre obscure, à reflets sou- 
vent métalliques; le corps, couvert de petites as- 
pérités aiguës , a de douze à quatorze pouces de 
long. C’est l'espèce la plus anciennement connue; 
elle vit dans les mers d'Asie, aux Moluques, à l’île 
de France , ainsi qu'aux îles Waigiou et Rawack. 

Dorasezze TÉréMDI, Aplysia teremidi. Cette 
espèce est également d’une taille assez grande. 
Elle a été décrite et représentée par M. Rang, dans 
sa belle Monographie des Aplysiens. Elle vit dans 
les îles de la Société, où les habitans la recueillent 
pour s’en nourrir. 

Une autre espèce remarquable est la Dora- 
BELLE GÉANTE, Aplysia gigas, Rang, qui a dix- 
huit pouces de longueur et peut-être davantage ; 
elle est de la mer du Sud. 

M. Rang, dans l’ouvrage cité ci-dessus, ainsi 
que dans son Manuel de l'hist. nat. des Mollusq. , 
réunit dans le genre unique des Aplysies, comme 
n’en étant que de simples sections, les Dolabelles, 
les Notarches et les Aplysies proprement dites. 

(Gerv.) 

* DOLÉRITE, Haüy; Mimose, Brong. (min. ) 
C’est une roche composée essentiellement de 
pyroxène el de la variété de feldspath à base de 
soude , à laquelle on a donné le nom d’Albite, 
pour la distinguer du feldspath commun à base 
de potasse. La couleur de cette roche est le gris 
noirâtre. Les parlies accessoires sont le mica, le 
péridot et l'amphigène. On en distingue les va- 
riétés suivantes : 


Dolérite porphyroide : le pyroxène domine et 
forme la masse principale qui enveloppe des cris- 
taux d’albite, 

Dolérite granitoïde : les deux élémens sont en 
proportions à peu près égales, la texture est celle 
du granite. 

Dolérite amygdalaire : la masse est toute criblée 
de vacuoles arrondies , tapissées d’agates, de 
calcaires, de zéolithes, etc., etc. ; et enfin la 
Dolérite néphélinique, où de nombreux cristaux de 
néphéline grisâtre sont enveloppés dans une 
pâte de Dolérite porphyroïde. Cette roche, comme 
les basaltes, avec lesquels elle a les plus grands 
rapports, se présente souvent en masses , divisées 
en prismes et en grands sphéroïdes irréguliers. 

Si l'identité présumée du pyroxène et de l’am- 
phibole venait à être démontrée, il ne resterait 
de caractères essentiels entre les Diorites et les 
Dolérites , que la présence du feldspath de potasse 
dans les premières, et du feldspath de soude ou 
albite dans les secondes. Le gisement serait en- 
core une circonstance distributive. Les Dolérites 
appartiennent presque exclusivement aux terrains 
basaltiques, tandis que les Diorites se groupent 
avec les roches granitiques. Werner, qui avait ob- 
servé la Dolérite du mont Meisner, en Hesse, et 
remarqué ses passages au basalle, la confondit 
d’abord avec les Syénites et les Grunsteins ou 
Diorites, quoiqu'il fùt le premier à établir des 
différences entre le pyroxène et l’amphibole. Les 
géologues français, qui retrouvèrent celte roche 
dans les volcans éteints de la France centrale, en 
firent une espèce distincte, que M. Brongniart 
nomma Mimose. (Ces deux noms, Dolérite et Mi- 
mose, expriment par leurs racines dolos, trom- 
perie , et mimos , imitateur , les erreurs auxquelles 
leurs apparences avaient donné lieu. 

# L'association de la Dolérite au basalte n’a rien 
d'étonnant ; car il paraît que cette dernière roche 
n’est qu'une Dolérite compacte; on voit dans la 
plupart des terrains basaltiques des passages gra- 
duels de la roche granitoïde à la roche compacte. 
Les Dolérites les mieux caractérisées, où le feld- 
spath de soude albite; et le pyroxène sont par- 
faitement distincts, se modifient petit à petit ek 
passent par toutes les nuances au basalte compacte. 
Ces variétés extrêmes de la même roche se mon- 
trent jusqu'aux deux extrémités d’un même bloc. 

La Dolérite se rencontre dans tous les terrains 
où les phénomènes ignés se sont manifestés par 
l’épanchement des basaltes, comme au Kaiserstuh], 
où elle est amygdalaire, au sommet du mont Meis- 
ner, en Hesse; au volcan de Beaulieu, en Pro- 
vence; près de Saint-Flour , en Auvergne, et sur 
le Cantal, où M. Cordier en cite d'immenses pla- 
teaux. Cette roche, au contraire, n’est citée ni 
dans les volcans trachytiques des Cordilières , ni 
dans l’archipel de la Grèce, où les trachytes se 
montrent aussi exclusivement. (B. 

DOLIC, Dolichos. (vor. PHaAN. ) Les plantes 
économiques et alimentaires que nous avons tirées 
de l'Inde et de l'Amérique du sud, auxquelles on 
a donné le nom grec qu’elles portent dans la langue 


DOLI 


botanique à cause de la longueur de leurs gousses, 
appartiennent à la grande famille des Légumi- 
neuses et à la Diadelphie décandrie. Long-temps 
elles ont été confondues avec les Phaseolus; Linné 
le premier a distingué les deux genres et leur a 
assigné des caractères tranchés que les découvertes 
nouvelles ont pleinement confirmés. Cela n’a pas 
empêché certains botanistes, qui ne travaillent 
que sur des échantillons desséchés et sur des 
graines isolées de leurs enveloppes, et par consé. 
quent dépouillées de certains caractères essentiels 
que la culture peut seule révéler en nos climats, 
de chercher à limiter. de plus en plus le nombre 
des espèces propres au genre Dolichos, afin d’aug- 
menter la masse des innovations et réduire le temps 
que réclame la véritable science à l’étude stérile 
et fatigante de la nomenclature. Si l’on cédait à 
leurs caprices , on finirait par effacer entièrement 
le genre Dolic : la tentative de Moench en est une 
preuve fort remarquable. Je regarde toutes ces 
prétentions comme des changemens inutiles, mal 
fondés, à l'exception de l'espèce appelée jusqu'ici 
Dozic oŒIL DE BOURRIQUE, À). urens, qui doit être 
réellement érigée en un genre à part, comme Adan- 
son et Scopoli l'ont démontré, comme nous le di- 
rons, d’après eux, en parlant du Mucuxa(v. ce mot). 

Je vais parler des Dolics , non d’après les livres, 
mais sur des données fournies par une culture 
soignée, par des observations faites sur la plante 
en pleine vie. Ces végétaux, à feuilles ternées et 
munies de stipules, forment deux sections bien 
distinctes, les Dolics à tiges volubiles, grimpantes, 
et les Dolics à tiges droites ou couchées et nulle- 
ment grimpantes. Les premiers ressemblent da- 
vantage aux Haricots que les seconds; les uns et 
les autres peuvent s’acclimater en France, plu- 
sieurs y viennent très-bien et mûrissent parfaite- 
ment leurs graines. Déjà quelques uns de ceux 
réputés naguère encore comme n’y pouvant point 
prospérer, tels que le Dozrc À onGcets, D. ungui- 
culatus , originaire des îles Barbades , y vivent non 
seulement en pleine terre, mais ils font encore 
partie des végétaux que le laboureur du départe- 
ment du Var enfouit, lorsqu'ils sont en fleurs , au 
mois de mai, pour servir d'engrais aux terrains 
schisteux. Gelte espèce a la tige peu sarmenteuse, 
haute d’un mètre au plus, portant des gousses 
droites, cylindriques, peu noueuses et terminées 
par une pointe en crochet, d’où lui est venu le 
nom botanique qu’elle porte. Ses fleurs sont d’un 
pourpre pâle, ses graines pelites, rondes et pour- 
pre violacé. 

Dans la première section , outre l’espèce que je 
viens de nommer, on trouve 1°le Dorrc BULBEUX, 
D. bulbosus, espèce de l'Inde, qui n’est point 
difficile sur la nature du sol, et s’accommode de 
tous les terrains ; cependant sa racine arrondie, 
pivotante, semblable pour la forme et le volume 
à la rave douce d'Europe, Brassica rapa maxima, 
et mieux encore au navet, Brassica napus, se plaît 
de préférence en une bonne terre substantielle, un 
peu humide; elle y prend un goût flatteur et très- 
délicat. La plante donne des tiges menues, volu- 


968 s 


mm 


DOLI 


biles , couvertes de feuilles anguleuses et dentées’, 
de fleurs rougeâtres disposées en grappes pédon- 
culées, et de gousses oblongues, cylindriques , 
aiguës, remplies de graines ovales de couleur fon- 
cée. Comme cette espèce de Dolic croît très-vite , 
et qu'elle ne demande que trois ou quatre mois 
pour remplir toutes les phases de la vie végétale, 
semée en avril, sa racine est mangeable dès le 
mois de juillet; elle vient combler utilement le 
vide que laissent entre elles les anciennes et les 
nouvelles pommes de terre , dont les plus précoces 
ne paraissent ordinairement qu’en août, huit mois 
après la plantation. Il faut attendre que les se- 
mences soient parfaitement mûres pour arracher 
les porte-graines; mais les racines destinées à Ja 
table veulent être enlevées bien avant ce moment, 
sans cela elles prennent, en vieillissant , une con- 
sislance ligneuse qui les rend d’une digestion 
difficile et leur fait perdre tout leur mérite. À Java, 
dans les Philippines, où ce Dolic comestible est 
communément appelé /quama et Bankowang , on 
mange sa racine plutôt cuite que crue, coupée 
par tranches et préparée au sucre, au beurre et 
à la cannelle ; elle figure sur toutes les tables 
comme mets aussi sain que savoureux. Les Malais 
réduisent les graines en farines et en font des 
sauces et une sorte de bouillie, sous le nom de 
Kadjen-Kadele. L'on dit à Manille que ces graines 
sont vénéneuses, pour empêcher les étrangers de 
les accaparer. Les bestiaux mangent la racine avec 
plaisir, son usage les engraisse promptement, les 
porcs surtout qui en sont très-friands. 

2° Le Dozic zieneux, D. lignosus, très-joli 
sous-arbrisseau de l'Inde, qui croît avec la plus 
grande rapidité dans sa patrie, et pousse de nom- 
breux jets, grêles, flexibles, très-propres à faire 
des berceaux , à couvrir des murailles en fort peu 
de temps; il reste orné de ses feuilles toute l’année, 
et depuis le mois de mars jusqu’en juin il fournit 
abondance de grappes fleuries, pourpres ou rosées, 
très-jolies, et répandant une charmante odeur, En 
juin, on peut déjà recueillir ses graines bien müû- 
res. D’Alger, où elle vient à merveille, cette belle 
espèce a été transportée dans nos départemens du 
Midi, où on la cultive en pleine terre. Les Indiens 
mangent ses gousses brunes ou oblongues, lors- 
qu’elles sont jeunes; elles renferment des graines 
d’abord jaunâtres, qui deviennent ensuite d’un 
beau noir luisant; leur ombilic est ovale-allongé, 
protubérant, très-blanc et bâllant. Ce Dolic aime 
les terres légères, un peu humides; il se multiplie 
très-aisément. 

3° Le Douicn'Ecyrre, D. lablab, l'espèce la plus 
anciennement connue et celle que Prosper Alpin 
estimait vivre plus d’un siècle, tant elle est vivace 
sous le ciel de l'Egypte; transportée chez nous, 
elle est simplement annuelle. Ses tiges grimpent à 
deux mètres en s’entortillant autour des supports 
placés dans son voisinage; ses fleurs, panachées 
de pourpre, de violet et de blanc, forment de 
superbes grappes, el sont remplacées par des 
gousses courtes , ovales, renflées, terminées par 
un crochet et contenant de quatre à six graines 


d'un 


EE RER RRQ EUR 


DOLI 569 


. DOLO 


d’un noir mat, blanchâtre ou rougeâtre, selon 
les variétés, mais toutes marquées d’un ombilic 
blanc, arqué presque en demi cercle, saillant. 
Elles sont bonnes à manger, accommodées comme 
nos haricots ordinaires. 

On a obtenu dans les environs de Saragosse, 
en Espagne, et dans notre département de la 
Dordogne , une variété précieuse, à fève brunâtre, 
qui fournit également une cosse bonne à manger. 
La récolte qu’elle procure est toujours abondante 
ct se soulient jusqu'aux premières gelées. On a 
donné à cette variété le nom de Dozic CARACOLLE, 
qu'elle porte en Espagne. 

4° Le Dorrc pe LA Cine, D. sinensis, dont les 
semences ovales sont excellentes à manger et d’une 
grande blancheur, avec ombilic brun-noir; les 
matelots en font de fortes provisions pour leurs 
voyages. Il jette des rameaux gréles, herbacés, 
rampans, sur lesquels se détachent des fleurs 
purpurines et de longues gousses pendantes. 
Dans certaines variétés, les semences sont rouges, 
couleur sang ou rouge foncé ; parmi elles, on 
range le Dorrc marekA de l'Inde, D. gladiolus; le 
Dozic sancuin des Antilles, D. sanguineus ; le 
Dozic À GOUSSES D'UN DEMI-MÈTRE DE LONG, D, 
sesquipedalis , de l'Amérique du sud. 

5° Le Dozrc sarre, D. ensiformis , plante de la 
Jamaïque , que l’on nomme vulgairement à Haïti 
Pois souche, et que l’on cultive dans l'Amérique 
centrale. Sa tige est ligneuse à sa base, elle monte 
au dessus des plus grands arbres et porte des 
gousses longues de près d’un mètre sur quarante 
millimètres de largeur; elles sont pendantes et 
contiennent des semences plates, larges, d’un 
blanc sale, avec ombilic droit, roussâtre ; leur 
peau est dure, mais la pâle en est d’un goût très- 
agréable, 

Parmi les Dolics qui ne sont pas grimpans, je 
nommerai seulement le Dozrc pu Japon , D. soja, 
avec lequel les habitans de ce pays préparent, uni 
à des jus de viandes, cette sauce fameuse connue 
sous le nom de Sooia, et une sorte de bouillie, 
appelée iso, qui leur tient lieu de beurre. On 
estime que c’est celte même sauce dont les Anglais 
font un fréquent usage sous le nom de Saye; elle 
est claire, d’un brun foncé, point épaisse, d’un 
goût un peu caramélé; l’on dit qu’elle se garde 
long-temps, qu’elle raccommode les sauces et 
leur donne une saveur agréable. La tige de ce 
Dolic monte droite à quarante centimètres; elle 
est chargée de poils roussâtres; ses fleurs, fort 
pelites , purpurines , donnent naissance à des 
gousses de quarante millimètres de long, pen- 
dantes, pointues , roussâtres, remplies de graines 
rondes, rouge foncé. L'autre espèce, le Dozrc 
JEANNOTTE Ou à gousses menues, L). caltang , se 
trouve également dans l'Inde, à la Jamaïque et 
dans l'Amérique du sud. Dans la première de ces 
contrées, elle est, après le riz, l'aliment dont on 
fait le plus d’usage. Elle produit un grand nombre de 
sous-variétés ; la couleur ordinaire de ses graines 
est d’un blanc sale, avec une tache noirâtre ou 
rougeâtre à l’ombilic: ce sont celles qui jouissent 


Towe IL, 


d’une plus haute vogue; chez les autres, les taches 
embrassent : quelquefois un tiers, la moitié, et 
même toute l'étendue de la graine; son volume 
varie depuis la grosseur triplè du grain de riz, 
jusqu’à la grosseur de nos petits haricots. Les tiges 
peu rameuses , menues, droites, portent des fleurs 
blanches , ou roses, ou bleuâtres, et les gousses 
qui leur succèdent sont presque droites. IL paraît 
que ce Dolic fut connu de Théophraste, du moins 
ce qu’il dit, sous le nom de Phacos indicé, s’ap- 
plique bien à lui. 

Tousles Dolics ne demandent, pour prospérer en 
France, d’autres soins que ceux que l’on donne 
d'habitude aux haricots, et comme la plupart ont 
le goût plus fin que ces derniers, le père de fa- 
mille est intéressé à les joindre à ses cultures. 
Quelques uns figurent très-bien parmi les plantes 
d'ornement. (T. ». B.) 

DOLICHOPE, Dolichopus. (ixs.) Genre de Dip- 
tères, établi par Latreilie et dont les caractères 
consistent à avoir le troisième article des antennes 
cylindrique, acompagné d’une soie insérée sur 
le côté, et les pieds velus; dans ce genre, la tête 
est demi-sphérique, bordée de soies raides au- 
tour de la partie postérieure ; l'intervalle entre les 
yeux est assez large, le corselet est arrondi, l’ab- 
domen comprimé sur les côtés , les organes mâles 
repliés en dessous atteignent la moitié de sa lon- 
gueur , ses pieds sont ornés de deux rangs d’épi- 
nes raides. On ne connaît pas les métamorphoses 
de ces insectes. 

D. à crocuers, D. ungulatus, Fab., tête et 
pattes jaunâtres, corselet et abdomen vert bronze 
doré; antennes, épines de la têle et des paltes, 
organe sexuel dans les mâles, noirs, (A. P.) 

DOLICHOPODES, Dolichopoda. (ins. ) Tribu 
de Diptères de la famille des Tanistomes, ayant 
pour caractères : yeux le plus souvent séparés; 
antennes terminées par un style; trompe courte ; 
le deuxième article des palpes déprimé ; abdomen 
allongé, comprimé sur les côtés; organes mâles 
armés de lamelles très-allongées, recourbées en 
dessous du corps. Les ailes sont couchées sur le 
corps dans le repos, elles ont, selon M. Macquart , 
«une cellule médiastine très-petite, fermée ; 
point de discoïdale ; ordinairement trois postérien- 
res; nervure externomédiaire plus ou moins flé- 
chie ; cellule anale petite. Les pieds sont grêles.» 

(A. P.) 

DOLOMÈDE, Dolomedes. (aracun.) Genre de 
l’ordre des Pulmonaires, famille des Aranéides, 
tribu des Gitigrades, établi par Latreille qui lui 
donne pour caractères : yeux disposés sur trois Ji- 
gnes transverses, 4 , 2, 2, représentant un qua- 
drilatère un peu plus large que long, avec les deux 
derniers ou postérieurs situés sur une éminence ; 
la seconde paire de pieds aussi longue ou plus lon- 
gue que la première, ceux de la quatrième sont 
les plus longs ; la languette est carrée , aussi large 
que haute. Walckenaër, dans son tableau des 
Aranéides, place ce genre dans la division des 
Coureuses. Latreille le partage en deux sections, 
converties par Walckenaër en deux familles, qui 


192° LivraIson, 7? 


Da. 


DOLO _ 


570 


EE —————————————_———_—_—pp 


DOLO 


sont : les Riverines, Riparicæ, les Sylvines, Syl- 
variæ; les unes ont les deux yeux latéraux de la 
ligne antérieure plus gros que les deux mitoyens 
compris entre eux, et l'abdomen en ovale oblong 
‘et terminé en pointe. Cette section comprend les 
Sylvines dont on ne connaît encore qu’une seule 
espèce, qui est le Docombpe ADMIRABLE, D. mira- 
bilis, Walck., ou l_Aranea obscure de Fabricius 
et Aranea rufo- fasciata de Degéer. Les femelles 
se construisent, aux sommités des arbres chargés 
de feuilles, ou dans les buissons, un nid soyeux, 
en forme d’entonnoir ou cloche, y font leur 
ponte , et lorsqu'elles vont à la chasse, ou qu’elles 
sont forcées d'abandonner leur retraite, elles em- 
portent avec elles leur cocon, qui est fixé sur la 
poitrine. Clerck dit avoir va des individus sauter 
très-promptement sur des mouches qui volaient 
autour d'eux. Les autres ont les quatre yeux de de- 
vant égaux, et l'abdomen ovale et arrondi au bout; 
celte seconde section comprend le DocouinEr BorDÉ, 
Dolomedes marginatus de Degéer, le Dozouine 
ENTouRÉ, D. fimbriatus de Linné, ou l’Aranea pa- 
ludosa de Clerck. Ces espèces habitent le bord des 
eaux, courent sur leur surface avec une vitesse 
surprenante, et y entrent même un peu sans se 
mouiller. Les femelles font entre les branches des 
végélaux, une grosse toile irrégulière, dans la- 
quelle elles placent leur cocon. Elles la gardent 
jusqu'à ce que les œufs soient éclos. (H. L.) 

DOLOMIE. (win. et afocr.) Galcaire lent, chaux 
carbonatée magnésifère. Gelte substance mérite 
une attention particulière par le rôle important 
qu'elle joue dans la structure des grandes masses 
minérales du globe , et par les thtories auxquelles 
on a eu recours pour expliquer sa formation. 

Considérée minéralogiquement , la Dolomie est 
un sel double composé de carbonate de chaux et 
de carbonate de magnésie, dans les proportions 
d’un atome de l’un contre un atome de l’autre ou 
en poids de 54 carbonate de chaux et de 46 car- 
bonate de magnésie. Ses cristaux diffèrent peu, 
dans leurs formes, de ceux du carbonate de chaux: 
ce sont des rhomboèdres dont les angles sont de 
106°15 et 73°45 , au lieu de 105,5 et 74,55. Leur 
pesanteur spécifique, 2,8 à 2,9, est un peu plus 
grande que celle du carbonate de chaux. Leur 
éclat est souvent nacré, ce qui leur avait valu le 
nom de Spath perlé. La dureté de la Dolomie est 
plus grande que celle du calcaire et moindre qne 
celle de l’arragonite. Le caractère qui sert à la 
distinguer avec plus de facilité est la lenteur avec 
laquelle elle se dissout dans l’acide nitrique, sans 
produire d’effervercence bien sensible, 

La proportion d’un atome de carbonate de chaax 
contre un atome de carbonate de magnésie existe, 
à n’en pouvoir douter, dans des Dolomies de pays 
très-éloignés ; mais il paraît en outre exister d’au- 
tres Dolomies cristallines, dans lesquelles la ma- 
gnésice carbonatée n’entrerait plus que pour un 
atome contre deux ou trois de carbonate calcaire, 
de telle manière que, dans la Dolomie véritable, 
la saturation du calcaire par la magnésie serait à 
son maximum. [ndépendamment de ces espèces 


cristallines où l’on doit s'attendre à trouver des 
proportions définies , il existe des calcaires magné- 
sifères ou des Dolomies compactes , dont la com- 
position est très-variable ; une partie du carbonate 
de chaux en excès se trouve à l’état de simple 
mélange, et se dissout alors avec une vive efferves- 
cence. 

On peut distinguer dans les roches de celte na- 
ture trois variétés principales : 1° la Dolomie gra- 
nulaire, en masses non stratifiées, en bancs puis- 
sans, en couches dans des terrains très-divers , 
mais plus fréquemment au milieu de roches cris- 
tallines, dont elle renferme souvent des élémens, 
telles que de l’amphibole, de la trémolite, des 
pyroxènes, du talc, du mica, etc. ; elle est souvent 
très-friable , en quelque sorte pulvérulente, et sa 
désagrégalion donne lieu à des montagnes coni- 
ques , dont les flancs sont couverts de sables et de 
débris ; 2° la Dolomie lamellaire , moins commune 
que la précédente ; elle est remarquable par une 
blancheur éblouissante , un éclat nacré et aventu- 
riné ; elle a été employée dans l'architecture an- 
cienne, on peut citer comme exemple quelques 
colonnes du Temple de Sérapis, près de Pouzzoles; 
5° la Dolomie compacte , à cassure fineet conchoïde, 
rarement blanche; elle a présenté quelquefois les 
véritables proportions de la Dolomie , dans les 
Alpes, à Bourbonne-les Bains, près de Namur; 
mais, en général, elle montre des caractères chi- 
miques et minéralogiques très-variés dans les nom 
breuses couches qu'elle constitue, au milieu des 
groupes secondaires inférieurs de toute l'Europe. 

La Dolomie cristallisée affecte diverses struc- 
tures , elle est souvent incrustante, mamelonnée, : 
semi-globuleuse, concrétionnée, stalaclitique ; la 
cellulosité qui la rend âpre et poreuse à petits 
pores angulaires, est encore un de ses caractères 
généraux. 

La Rauwacke n’est qu’une variété de Dolomie 
grise ou noirâtre, fétide , et tellement criblée de 
cavilés, qu'elle s'écrase en craquant sous les pieds. 
L’Asche, cendrée, bitumineuse, est encore ane 
Dolomie très-{élide et entièrement pulvérulente. & 

Les calcaires plus ou moins magnésiens et les 
véritables Dolomies cristallines se trouvent, en 
général, dans deux modes de gisemens qui indi- 
quent deux origines différentes; les premiers sont 
en couches régulières plus ou moins compactes, 
alternant avec.des marnes et des argiles, et con- 
servant les empreintes de nombreux fossiles ; les vé- 
ritables Dolomies setrouvent plus fréquemment en 
amas sans stralification. Mais les exceptions sont 
fréquentes dans ces deux cas. Les couches de cal- 
caire magnésifère appartiennent en général à la 
partie inférieure du terrain secondaire. Elles sont 
très-multipliées sur le revers occidental des Vosges, 
comme dans la Souabe et la Franconie au milieu 
des marnes irisées, groupe géologique intercalé 
entre deux formations de calcaire secondaire, le 
Lras et le Muscuezkaix (v. ces mots). Sur le haut 
Necker, près de Rotweil, on remarque de vérita- 
bles Dolomies en couches alternatives, avec des 
grès chargés de débris de végétaux et renfermant, 


« 


À 


DOLO 


571 


DOLO \ 


oo 


en outre, des débris de sauriens et des coquilles 
bivalves. Dans le Hanovre, des couches jurassi- 
ques, appartenant au Goral-Rag, conservent leur 
régularité et les traces des nérinées et autres fos- 
siles de cet étage, quoiqu'elles soient en partie à 
l’état de Dolomie. 

En Angleterre, un grand système de couches 
calcaires, contenant beaucoup de carbonate de 
magnésie et que l’on nomme par ce motif Ha- 
gnesian limestone, recouvre la formation carbo- 
nifère et répond au zechstein qui, en Allemagne, 
est également magnésien, Le magnesian limestone 
de l'Angleterre renferme souvent de véritables 
Dolomies , des rauwackes et des calcaires cellu- 
laires, à grandes masses concrélionnées et bo- 
tryoides : dans la même contrée les calcaires de 
transition eux-mêmes sont quelquefois magné- 
siens. 

En Angleterre, les principales rangées de col- 
lines , formées par le calcaire dolomique , s’éten- 
dent de Sunderland, sur la côte nord-est , x Nottin- 
gham. On les voit, dans tout ce trajet, recouvrir les 
tranches des couches houillères et même celles des 
dykes trapéens, qui ne pénètrent pas le calcaire 
magnésien. Dans le bassin houiller de Newcastle , 
on croit avoir remarqué que le charbon de terre 
est attiré partout où il est en contact avec le cal- 
caire magnésien. On cite encore beaucoup de Do- 
lomies en couches régulières dans le terrain pencen 
de l’Allemagne, groupe placé, comme le calcaire 
magnésien d'Angleterre, entre le Muschelkalk et 
le terrain houiller. 

La régularité de stratification et les diverses 
apparences de la texture ainsi que de la structure 
des roches dans les gisemens que nous venons de 
citer, ont fait penser à quelques géologues que ces 
calcaires magnésiens et les véritables Dolomies 
elles-mêmes étaient le produit de dépôts aqueux. 
L'un d'eux , M. Lyell, va plus loin ; il n’y voit que 
des travertins, parce que ces derniers forment 
aussi des masses poreuses concrétionnées et cristal- 
lines. Nous pourrions citer une foule de preuves 
qui démontrent que cette explication ne convient 
pas à la généralité des faits, nous nous bornerons 
aux plus remarquables. 

Dès l’année 1779, Arduino , naturaliste italien, 
avait émis l'opinion que les Dolomies ou les mar- 
bres magnésiens de l’Apennin n'étaient que des 
calcaires secondaires pénétrés de magnésie par 
l’action d’une force ignée souterraine ; M. de Buch 
s’est emparé de cette idée et l’a appuyée par des 
faits nombreux et notamment par ses belles obser- 
vations sur les environs de Lugano. Dans cette 
contrée, ainsi que dans la célèbre vallée de Sassa 
dans le Tyrol, le porphyre pyroxénique a percé 
le sol à une époque plus récente que le terrain ter- 
taire; des porphyres rouges, des granites signa- 
- lent des époques d’éruption antérieure. M. de Buch 
décrit ainsi la position relative et la nature des 
calcaires secondaires de Lugano par rapport aux 
masses ignées. Les couches calcaires se relèvent 
de toutes parts vers le centre d’éruption où percent 
les porphyres pyroxéniques; d’abord compactes, 


homogènes et gris de famée, elles se montrent ,en 
approchant du sommet de la montagne, traver- 
sées de veinules minces, dont les parois sont tapis- 
sées de Dolomies ; plus haut la roche devient toute 
fissurée et la stratification cesse d’être distincte ; 
enfin au sommet les couches cessent d’être cal- 
caires et deviennent une masse uniforme de Do- 
lomie : la transformation sraduelle du calcaire en 
Dolomie est ici évidente. Dans les Âpennins, des 
passages de cette nalure ont été observés en grand 
nombre par les géologues italiens : à leurs yeux 
le marbre de Garrare, la Dolomie grenue ou com- 
pacte, le marbre bardiglio de Serra Vezza ne 
proviendraient que de modifications diverses d’une 
même roche par suite de laction de la chaleur 
seule ou combinée avec le dégagement de la ma- 
gnésie dans la production de la Dolomie. Les mé- 
mes agens auraient converti les argiles schisteuses 
et les grès de l'Apennin en jaspes ou en stéa- - 
chistes. 

Dans les environs de la Spezzia, sur le golfe de 
Gênes , les Dolomies se montrent souvent en amas 
droits ou en couches irrégulières au milieu du 
terrain oolitique régulièrement stratifié , mais dis- 
loqué ; et il est essentiel de remarquer que les par- 
ties dolomitiques sont placées au centre du soulè- 
vement. Une observation récente montre que la 
conversion du calcaire en Dolomie peut apparte- 
nir aux terrains les plus modernes : la colline de 
Saint-Christoval, près de Badajoz , est formée de 
couches redressées d’un calcaire lacustre tertiaire 
alternant avec des marnes: vers le centre, des 
masses d’origine ignée, diorite et euphotide , pé- 
nètrent dans les calcaires de bas en haut, et cette 
roche est convertie au contact et dans les espaces 
intermédiaires en une véritable Dolomie tantôt 
compacte, tantôt cristalline et criblée de cavités. 
Nous pourrions citer une multitude de faits sem- 
blables qui montreraient tous la conversion de 
calcaires régulièrement stratifiés en masses dolo- 
mitiques, et presque toujours-dans le voisinage de 
roches iguées plus ou moins magnésiennes et ap- 
parentes à la surface du sol. Quoique cette der- 
nière circonstance ne se présente pas aux environs 
de Paris, l’existence de la Dolomie au milieu de 
la craie est un fait trop remarquable pour être 
omis. M. de Beaumont a découvert dans le vallon 
de Besnes, près de Grignon, un amas dolomitique 
placé au milieu de la craie et autour duquel se 
relèvent les couches superposées du terrain ter- 
tiaire. La Dolomie contient 43 pour cent de ma- 
gnésie , quoique la craie, comme on le voit, n’en 
renferme que 10 à 12 pour cent, 

La Dolomie s'étend sur une grande partie des 
hautes Alpes du Tyrol et de leur prolongation 
vers l'Autriche; les montagnes qu’elle constitue 
sont remarquables par leur blancheur de neige, 
leur stérilité et les formes abruptes et déchi- 
rées de leurs sommets; la célèbre vallée de Go- 
sau en peut donner une idée; les pics aigus qui 
se montrent sur le dernier plan et ferment la 
vallée au midi sont en partie dolomitiques. Quel- 
quefois les montagnes de cette nature imitent 


Fes 


DOMB : 


972 


DOMB 


les cones volcaniques, tels sont les monts Bakony 
dans l’angle que forme le Danube près de Bude. 
Ce sol, occupé par la Dolomie, est en général 
aride et peu fertile, ce que l’on attribue à tort, 
suivant nous, à la présence du carbonate de ma- 
gnésie , tandis que sa grande perméabilité doit en 
être la cause principale. La chaux faite avec quel- 
ques unes de ses variétés a la propriété des bonnes 
chaux hydrauliques; mais on ne doit l’employer 
qu'avec un extrême ménagement dans l’'amende- 
ment des terres à cause de sa grande activité sur 
la végétation. 

Nous terminerons par quelques mots sur la 
théorié de la dolomitisation ; si nous devons ad- 
mettre avec son célèbre auteur, M. de Buch, que, 
dans tous les cas, les Dolomies cristallines et en 
masses , et fort souvent les Dolomies en couches 
régulières, sont le résultat de la fusion des cal- 
caires par suile de l’épanchement des roches 
ignées, fusion qui aurait permis de nouvelles asso- 
ciations de molécules, ct la création du double 
carbonate , devons-nous admettre en même temps 
que la magnésie n’y élait pas préexistante, mais 
qu'elle y a été introduite par des vapeurs magné- 
siennes au moyen d’une espèce de cimentation ? 
Beaucoup d’objections combattent celte hypothèse: 
ce sont, 1° dans les faits , des alternances de cou- 
ches dolomitiques et calcaires, l'absence de Dolo. 
mies au milieu des calcaires de la Grèce, boulever- 
sés par la sortie des serpentins ; 2° dans la théorie, 
la difficulté de concevoir un état de pression et de 
température qui permit la sublimation de la ma- 
gnésie et empêchât cependant le dégagement de 
l'acide carbonique des calcaires. Ges objections 
théoriques tomberaient d’elles-mêmes si on avait 
reconnu assez souvent et surtout assez rigoureu- 
sement que la quantité de magnésie’s’accroît gra- 
duellement dans une même couche, à mesure 
qu’elle change de caractères minéralogiques, en 
s’approchant des masses ignées ou du centre de 
soulèvement où elle est à l’état de Dolomies. 
L'abondance du carbonate de magnésie dans la 
plupart des calcaires secondaires anciens est telle, 
qu'il ne serait pas nécessaire de recourir à des su- 
blimations pour expliquer leur passage à l'état de 
Dolomies, sila plupart des calcaires magnésiens 
analysés n’étaient déjà des roches altérées. Ter- 
minons par un fait remarquable qui vient bien à 
l'appui de la théorie de M. de Buch : les épanche- 
mens des roches granitiques qui ne contiennent 
que très-peu de magnésie ne sont jamais, du moins 
à notre connaissance, accompagnés de Dolomie, 
comme le sont les porphyres, les trapps basaltes 
et autres roches magnésiennes; les seules modi- 
fications produites par le granite ont consisté à 
changer le calcaire en marbre grenu ou en mar- 
bre talqueux (cipolin, ophicalce) dans lesquels 
la magnésie est à l’état de silicate, comme dans 
l'argile qu'ils renfermaient. (B.) 

DOMBEYACEES, Dombeyaccæ. (B0T. PraN.) 
C’est une des cinq sections établies par M. Kunth 
dans la famille des Malvacées ; elle a pour type le 
genre Dombeya, et présente pour caractères gé- 


néraux : un calice à cinq divisions persistantes , 
souvent accompagné de bractées ; une corolle de 
cinq pétales libres, inéquilatères et persistans ; 
vingt étamines environ (dont cinq stériles et aller- 
nant avec les pétales) , souvent soudées par leurs 
filets en un faisceau , quelquefois libres ; anthères 
biloculaires , sagittées ; ovaire libre, à cinq ou dix 
loges ; cinq styles, souvent réunis; capsule globu- 
leuse, à cinq côtes et autant de loges, s'ouvrant 
tantôt en cinq valves, tantôt se séparant en cinq 
coques ; graines réniformes , parfois ailées. 

Les Dombeyacées sont en général des arbres ou 
des arbustes, rarement des herbes ; elles ont leurs 
feuilles alternes et simples, munies de deux sti- 
pules ; et leurs fleurs axillaires ou disposées en co- 
rymbes. Voici les principaux genres de cette fa- 
mille : Dombeya , Gavanilles ; Trochetia , De Gand. ; 
Assonia, Ruizia, Cavan.;. Astrapeja, Lindley ; 
Pentapetes, Li. ; Pterospermum , Schreber ; Mel- 
hania , Forsk. (L.) 

DOMBEYE, Dombeya. (RoT. paax.) Genre de 
la famille des Malvacées, Monadelphie dodécan- 
drie , ainsi nommé par Cavanilles en l'honneur du 
botaniste-voyageur Dombey ; il se compose d’ar- 
bres ou arbustes des îles orientales d'Afrique, à 
feuilles alternes , pétiolées , munies à leur base de 
deux stipules; leurs fleurs sont groupées en co- 
rymbes axillaires et pédonculés. IL a pour carac- 
tères distinctifs : un calice à cinq divisions pro- 
fondes, persistantes, accompagné d’un involucre 
triphylle et unilatéral caduc ; une corolle de cinq 
pétales étalés ; quinze à vingt étamines soudées 
en un faisceau par la base de leurs filets (sur ce 
nombre cinq sont stériles); un ovaire libre à cinq 
côtes et autant de loges ; un style simple surmonté 
de cinq stigmates linéaires; une capsule globu- 
leuse, déprimée, à cinq loges, se séparant en 
cinq coques dispermes , à deux valves; les graines 
sont terminées en pointe , et renferment des coty- 
lédons condoubles et bifides. 

Parmi les huit ou dix espèces de Dombeye, nous 
citerons : 

La Dowseye paLMËE , Dombeya palmata (figurée 
par Cavanilles dans sa 5° dissertation, pl. 38, 
fig. 1), arbre de l'ile Bourbon, appelé Mahot- 
tantan par les insulaires. Sa tige rameuse porte 
des feuilles palmées, divisées en sept lobes, dentées 
en scie, et longuement pétiolées. Les fleurs sont 
jaunâtres, et réunies en corymbes axillaires. On 
trouve celte espèce cultivée dans quelques jar- 
dins. 

La Dowseye ponctuée, D. punctata (figurée , 
pl. 4o de la 5° dissert. de Cavanilles), offre des 
feuilles ovales-oblongues, longues de trois à qua- 
tre pouces sur un demi de la:geur, et marquées 
en dessus de points brillans formés par de petites 
écailles sèches et minces. 

La DomBeye 4 FEUILLES EN cour, D. cordifolia, 
est la seule espèce particulière à l'Inde. 

En géntral les Dombeyes ont une écorce très- 
tenaceet en même temps souple et liante ; à Bour- 
bon, à Madagascar, on en fait des cordages. 

Le nom de Dombeye avait d’abord été donné 


: DOMI 


573 : 


0 


DONA 


par Lamarck à l'arbre appelé depuis raucaria par 
Jussieu ; ensuite L'hérilier l’appliqua au T'ourrelia, 
mais on n’adopta point ce changement. Lamarck 
a décrit la Dombeya sous le nom de Pentapetes en 
modifiant- les caractères assignés par Linné à ce 
«dernier genre. (L.) 
DOMINICAIN. (ors.) Ge nom a été donné par 


D'’Azzara à un oiseau qui paraît être le Muscicape 


bicolor de Gmelin. 


DOMINO. (o1s.) Quelques espèces de Frin- 
gilles de la mer des Indes ont été ainsi appelées 
à cause de la disposition de leurs. couleurs. 

(Genv.) À 

‘: DOMITE. (ctor.) Ce nom a été donné, par le 
savant géologiste allemand de Buch, à une roche 
d’origine ignée qui compose toute la masse de la 
montagne appelée Puy de Dôme. Avantlui M. Beu- 
dant avait appelé cette roche trachyte terreux 
parce qu'elle passe par différentes nuances au tra- 
chyte. 

Le Domite est composé d’une pâle d’argile en- 
durcie qui forme une roche appelée argilolithe. 
Sa texture est terreuse et sa structure grenue. $es 
différentes variétés se distinguent par la couleur : 
ainsi il y a le Domite blanchäâtre, jaunätre, gri- 
sûtre, brunâtre ou rougeûtre, Les principaux mi- 
néraux qu’on trouve disséminés dans cette roche 
sont le feldspath , le mica, le fer oligiste ; les au- 
tres sont Tamphibole, le pyroxène , le quartz- 
hyalite, le titane calcaire siliceux , le fer titane et 
le soufre. Nous devons encore citer l'acide hy- 
drochlorique parmi les substances que l’on y re- 
marque. 

Cette roche constitue non-seulement le Puy de 
Dôme, mais encore, près de- cette montagne, le 
Puy Chopine , le Grand Sarcoui et une partie du 
Cantal. On trouve aussi le Domite aux îles Ponces, 
et dans l'Amérique méridionale, aux environs de 
Popayan. Elle ne paraît pas avoir coulé à la ma- 
nière des layes, mais être sortie du sein dela terre 
par des crevasses et dans un état pâteux, parce 
qu'on y trouve souvent des fragmens d’autres ro- 
ches telles que des scories, du basalte, du-tra- 
chyte et de la ponce, comme on le remarque dans 
quelques localités du département du Puy de 
Dôme. Nous avons même observé des fragmens 
de granite dans le Domite qui constitue la mon- 
tagne du Grand Sarcoui; et M. Al. de Humboldt 
cite aussi des morceaux de gneiss dans le Domite 
des environs de Popayan. 

Les montagnes que forme le Domite onttoujours 
leurs sommets et leurs flancs arrondis , ce qui tient 
en grande partie au peu de solidité qui distingue 
cette roche. On a prétendu qu’elles pouvaient être 
sorties du sein de la terre par des bouches volca- 
niques ou cratères dont elles auraient bouché et 
recouvert l'orifice ; mais à l'aspect du Puy de 
Dôme, de ce colosse qui s'élève à 700 mètres au 
dessus de sa base, on se demande quel immense 
cratère il faudrait pour qu'il pût rejeter une si 
grande quantité de matières. N’est-il pas plus simple 
de penser, à l'exemple de M. de Buch, que cetle 
monlagne s’est formée par un soulèvement qui, 


rompant la masse granitique qui lui sert de base, 
aura élevé la roche feldspathique , que l’action du 
feu a altérée et changée en Domite. Lorsqu'on 
a examiné, dans le voisinage du Puy de Dôme, le 
Puy Chopine où l’action du soulèvement est altes- 
tée par l'inclinaison des couches de diorite, de 
granite et de gneiss qui traversent le Domite, il 
semble naturel d'adopter cette opinion. Il est vrai 
qu'on ne voit point au Puy de Dôme les bancs 
granitiques sortir du Domite ; mais est-il essentiel 
qu'il y ait conformité dans leurs compositions 
pour admettre une analogie d'origine entre ces 
deux montagnes ? 

Le Domite n’est d'aucun usage dans l’indus- 
trie ; mais il n’en était pas de même chez les an- 
ciens, On sait que la montagne appelée en Au- 
vergne le Grand Sarcoui, entièrement composée 
de Domite, doit son nom à la coutume qu’avaient 
les Romains d’en extraire des blocs dont ils fai- 
saient des sarcophages. Ils avaient remarqué que 
cetie roche tendre, poreuse, et cependant inal- 
térable à l’action de l'humidité, jouissait de la 
faculté de conserver pendant fort long-temps les 
corps que l’on y renfermait. (J. H.) 

DOMPTE-VENIN. (mor. pan.) Nom vulgaire- 
ment donné à l’Asclépiade blanche, Æsclepias 
vinceloxicum, parce qu’on l’a cru pendant plusieurs 
siècles propre à détruire le venin causé par la 
morsure des serpens et des chiens enragés: c’est 
une erreur , le prétendu Dompte-venin est un vé- 
ritable poison, il faut éviter d’en mettre les feuilles 
ou les tiges porte-soies à la bouche; l'instinct 
des animaux les détourne de cette plante, dont 
quelques botanisies veulent changer le genre ct 
l'inscrire parmi les Cynanques (/’oy. aux mots 
Ascéprape et Cynanoue). Il convient aussi de 
prémunir les jeunes pâlres contre les racines tu- 
berculeuses du Dompte-venin; elles sont dange- 
reuses. (T. ». B.) 

DONACE, Donazx. (mozr.) Ce genre, établi par 
Linné, appartient à la classe des Mollusques bi- 
valves et prend place parmi les Cardiacées de Cu- 
vier (Conchacés, Blainv.), auprès des Bucardes 
et des Gapses. Il renferme un assez grand nombre 
de coquilles remarquables par l'élégance de leur 
forme et souvent la pelitssse de leur volume. Ces 
espèces se rencontrent à l’état fossile. Parmi les 
premières il en est qui sont propres à nos côles, 
un assez bon nombre des secondes se trouve com- 
munément en France , M. Deshayes en compte 
jusqu’à sept dans les terrains des environs de Pa- 
ris; Dous citerons seulement la DonACE TELLINE , 
de Parnes, Grignon, Mouchy, Gastagnan, etc. , et 
la Doxace émoussée , la plus grande de nos en- 
virons; elle est moins commune que la précé- 
dente; c’est principalement à Parnes qu’on l'a ob- 
servée. Quelques Donaces fossiles se montrent 
aussi auprès de Bordeaux, plusieurs d’entre elles 
n’ont point encore recu de nom. (GEnrv.) 

DONACIE , Donacia. (is. ) Genre de Goléop- 
lères, de la section des Tétramères, famille des 
Eupodes , tribu des Criocérides; il diffère des 
autres genres quelle renferme par les caractères 


ee + DO 


574 


DORA 


suivans : antennes à arlicles allongés un peu ren- 
flés à leur extrémité, palpes filiformes, mandibules 
allant en pointe et ayant à l'extrémité deux ou 
trois dents, veux entiers , cuisses postérieures 
renflées, dernier article des tarses presque entière- 
ment caché dans une échancrure du précédent. 
Les Donacies sont des insectes de taille assez petite, 
ornés de couleurs métalliques assez brillantes ; leur 
bouche est un peu avancée; les antennes, de la 
longueur au moins de la moitié du corps, sont 
rapprochées à leur base et insérées entre les yeux, 
au dessus du chaperon, elles sont séparées par un 
sillon profond; les yeux sont globuleux, très-sail- 
lans : le corselet est en carré long, un peu plus 
large à sa partie antérieure; les élytres sont beau- 
coup plus larges que le corselet, se rétrécissant 
vers leur extrémité, elles sont finement ponctuées; 
ces insectes se trouvent habituellement sur les 
plantes aquatiques, et leurs larves vivent dans 
leurs racines, elles sont nues et les nymphes sont 
attachées par un de leurs côtés à leurs filamens, 
comme l'avait déjà observé Linné. Les espèces 
indigènes sont assez nombreuses et bien faciles à 
reconnaître, 

Donacre A anosses cuisses, Donacia’crassipes, 
Lion. Longue de quatre à cinq lignes, d’un vert 
doré, très-fortement munie de siries penctuées 
sur les élytres, antennes brunes, pattes fauves, 
duvet de l’abdomen blanchâtre. Commune aux 
environs de Paris. (AP 

DONAX. (or. Pxan. ) C’est un des nombreux 
genres fondés par Palisot de Beauvois, dans la 
famille des Graminées: ce laborieux agrostographe 
avoue même qu'il aurait volontiers subdivisé son 
Donax en trois autres genres ; heureusement il ne 
l'a pas osé, car, à notre tour , nous n'aurions pas 
osé le refondre en un seul. Ce genre est formé de 
diverses espèces d’Arundo, de Poa et de Festuca, 
el il a pour type l’Arundo donax , de Linné. Gette 
belle graminée des provinces méridionales se 
voit aussi dans nos jardins, où sa hauteur dépasse 
souvent huit pieds. Ses tiges, dures et légères , 
forment la charpente des cerfs-volans de nos en- 
fans ; en Provence, en Espagne, on la cultive en 
haies de clôture. Voici ses caractères distinctifs : 
fleurs en panicules composées; lépicène membra- 
neuse, contenant de trois à sept fleurs; glume 
inférieure à trois soïes, dont la moyenne est la 
plus longue; glume supérieure tronquée, échan- 
crée ou bidentée ; écailles lancéolées, entières ou 
bien tronquées et frangées ; ovaire dont le sommet 
est ou velu où glabre; style à deux branches, 
stigmale plumeux; graine entière ou marquée de 
deux cornes. 

C'est sur les variations dans la forme de la 
glume supérieure des écailles et de l'ovaire que 
Palisot voulait fonder ses trois genres. Mais l’a- 
grostographie, cette partie encore si confuse de la 
botanique, fera bien peu de progrès tant qu’on 
s’attachera trop à des détails qui varient à chaque 
degré de latitude, Les généralités déterminées par 
le port et par la disposition des parties du végétal 
sont les plus importantes ; aussi, malgré quelques 


différences , le Donax, que nous venons de citer, 
n’est et ne sera jamais qu'un Roseau, ainsi que 
Linné l'avait établi. (L.) 

DONZELLE, Ophidium. (porss.) Le genre des 
Donzelles a beaucoup de traits de ressemblance 
avec les anguilles, il est lié particulièrement avec 
ces dernières par la forme de son corps, et la dis- 
position des nageoïire anale et dorsale qui se joi- 
gnent à celle de la queue, pour terminer le corps 
en pointe. Mais on a cru devoir le comprendre 
dans un genre différent, à cause des caractères 
remarquables qu'il présente et qui consistent dans 
des branchies bien ouvertes, munies d’un oper- 
cule très-apparent, et dans deux barbillons qu'il 
porte sous la gorge, adhérens à la pointe de l'os 
hyoïde. 

Dans la Méditerranée , et dans tous les parages 
qui l’avoisinent , on trouve la D'oNZELLE cOMMUNE;, 
Ophidium barbatum, BI., pl. 59. Ge barbu a 
beaucoup de rapports, ainsi que toutes les autres 
espèces de son genre, avec les Murènes et les 
Ammodytes, par son œil tapissé d’une membrane 
demi-transparente, 

Quant à ses couleurs, en voici l’ordre et les 
nuances. Le corps et la queue sont couleur de 
chair ; les nageoires sont brunes, celles du dos et 
de l’anus sont également brunes, liserées de noir. 
Ge poisson a la chair délicate, et atteint rarement 
plus de dix pouces. 

La Donzezze BRUNE , Ophidium vassalli, Risso, 
s’observe également dans les mêmes eaux que la 
précédente. Les barbillons, qu’elle porte sous la 
symphyse de la mâchoire inférieure, sont égaux 
entre eux; son Corps est de couleur brune, comme 
son nom l'indique ; mais sans liseré aux nageoires. 
Cette espèce, comme toutes celles de son genre, 
est recherchée comme aliment. 

On en distingue une troisième espèce du Brésil, 
Ophidium brevibarbe, à barbillons très-courts, 
comme on peut le voir sur le tableau méthodique 
de son genre. Le Brevibarbe , dont le nom indique 
la conformation et la disposition des barbillons, est 
brun comme les espèces précédentes. 

C’est vers les mers du sud qu'habite l’Ophidium 
flacodes, Schn., pag. 484. Sa couleur n’est ni 
argent, ni jaune, mais d’un beau rose, tacheté 
de brun , que l’on voit régner sur toutes les parties 
de son corps, excepté sur les nageoires du dos, de 
l'anus et de la queue; sa chair est très-bonne à 
manger. Ce poisson parvient à d'assez grandes 
dimensions , et par conséquent devient plas grand 
que la Donzelle brune, dont la longueur n’est or- 
dinairement que de huit à dix pouces. 

(Azvn. G. ) 

DORADE. (rorss. ) Nom vulgaire du Cyprinus 
amarus, Linné. Cette espèce importée en France 
s’y est fort multipliée, et fait l'ornement de nos 
bassins , à cause de l'éclat et de la varicté de ses 
couleurs. Voir l’article Garpz. (Azrn. G.) 

DORADILLE, (mor. crypr. ) Nom vulgaire des 
Fougères du genre AsPLÉNIE. (EF. F.) 

DORAS. (rorss.) Dénomination employée par 
Lacépède pour désigner un petit groupe géné- 


TS 


DORÉ 


rique qu'il a établi dans le genre Silure des ichthyo- 
logistes anciens , et qui doit contenir des espèces à 
deuxième dorsale adipeuse , où la ligne latérale est 
cuirassée par une rangée de pièces osseuses, rele- 
vées chacune d’une épine ou d’une carène sail- 
lante. Leurs épines dorsales et pectorales sont très- 
fortes et fortement dentelées , leur casque est âpre 
etse continue jusqu’à la dorsale. Cuvier, auquel 
on est redevable de tant d'observations sur ce 
genre, en décrit quelques espèces qu’il partage en 
deux sections. Dans la première de ces divisions 
ou sections, se trouvent les espèces dont le vomer 
est armé de dents; nous citerons particulièrement 
le Doras costatus, Lin., Bloch, 576, à tête revé- 
tue d’une enveloppe osseuse qui s'étend vers la 
nageoire dorsale. La seconde division renferme les 
espèces où le museau est pointu, et où les dents 
sont nulles ou à peine sensibles. Le Doras oxyr- 
hynchus, c'est-à-dire museau allongé, qui en 
fait partie, se fait facilement remarquer par cette 
singularité. Gette espèce vit à Surinam. 
Li (Azpu. G.) 
- DORÉE, Zeus. (roiss.) Genre de la famille des 
Scombéroïdes, créé par Guvier et composé seule- 
ment de deux espèces ; habitant Ia Méditerranée 
et son voisinage, les Dorées se distinguent du genre 
Capros, dont elles sont très-voisines, par leurs 
épines accompagnées de longs lambeaux de la 
membrane, el par une série d’épines fourchues 
situées le long des bases de la dorsale et de l’anale; 
elles ont du reste la dorsale échancrée des Capros. 

LaDonée, Zeus faber, Lin., BL, 41. Sa mâchoire 
inférieure est plus avancée que la supérieure; celle- 
ci peut s’étendre à la volonté de l'animal; les yeux 
sont gros eb rapprochés, les branchies ont une 
large ouverture, et les narines ent de grands orifi- 
ces. L'ensemble du poisson ressemblant un peu à 
un disque , au moins si l’on en retranchait le mu- 
seau et la caudale, il n’est pas surprenant qu’on 
lait comparé à une roue , et qu'on ait donné le 
nom de Rondelle à l’animal; sa couleur, générale- 
ment jaunâtre , est mêlée d'un peu de vert d’or, 
voilà pourquoi ce poisson à été appelé Dorée. Sa 
parure, quoique très-belle, paraît enfumée; des 
teintes noires occupent le dos avec une tache ronde 
et noire sur chaque flanc , la partie antérieure de 
l'anus, ainsi que la dorsale, le museau et quel- 
ques portions de la tête, ce qui lui a valu le nom 
de Forgeron. Cet osseux se trouve également dans 
l'océan Atlantique; dès le temps d'Ovide il avait 
été observé dans celte dernière mer. Pline savait 
que , très-recherché par les pêcheurs de l'Océan, 
ce poisson l'était depuis long-temps, et de préfé- 
rence à tous les autres, par les habitans de Cadix ; 
eb Columelle , qui était de cette ville et qui a écrit 
avant Pline , indique le nom de Zée comme très- 
ancien; cet auteur connaissait ainsi que Pline le 
nom de Forgeron, que l’on a employé pour ce 
poisson, parliculièrement sur les rivages dela mer 
Atlantique, et que Linné et plusieurs autres na- 
turalistes modernes lui ont conservé. 

Dans des temps bien postérieurs à ceux d'Ovide, 
de Columelle et de Pline, des idées très-différen-- 


979 


DORI G 


tes de celles qui occupaient ces naturalistes, firent 
imaginer aux habitans de Rome que le Zée, dont 
nous avons donné une notice, élait le même ani- 
mal qu’un poisson fameux dans l’histoire de 
Pierre, le premier apôtre de Jésus , et que tous les 
individus de celle espèce n'avaient sur chacun de 
leurs côtés une tache ronde et noire , que parce 
que les doigts du prince des apôtres s’élaient ap- 
pliqués sur un endroit analogue, lorsqu'il avait 
pris un de ces Zées pour obéir aux ordres de son 
maître ; et comme les opinions les plus extraordi- 
naires sont celles qui se répandent le plus vite, et 
qui durent aussi le plus de temps, on donne en- 
core de nos jours, sur plusieurs côtes de la Médi- 
terranée, le nom de poisson Saint-Pierre au Zée 
forgeron. I1 parvient communément à la longueur 
de quatre ou cinq déchnètres, et il pèse alors cinq 
ou six kilogrammes; il se nourrit de petits pois- 
sons qu’il poursuit auprès des rivages lorsqu'ils 
viennent y pondre ou y déposer leurs œufs ; il est 
si vorace qu'il se jette avec avidité et sans aucun 
discernement sur loutes sortes d’appâts, et l’es- 
pèce d’audace qui accompagne celte voracité ne 
doit pas étonner dans un poisson qui, indépendam- 
ment des dimensions de' sa bouche et du nombre 
ainsi que de la force de ses dents, a une rangée 
longitudinale de piquans non seulement de chaque 
côté de la dorsale, mais encore à droite et à gau- 
che de l’anale. | 
De même que quelques balistes, quelques tri- 
gles et autres poissons, le Forgeron jouit de la fa- 
culté de comprimer ses organes inléricurs, pour 
que des gaz violemment poussés sortent par les 
ouvertures branchiales, froissent les opercules, et 
produissent un léger bruissement ; celte sorte de 
bruit a été comparée à un grognement , et à fait 
denner le nom de Truie au Zée dont nous par- 
lons. La Méditerranée en possède une autre espèce, 
distinguée par une forte épine fourchue a son 
épaule. Zeus pungio, Cuv. Rondel., 382. 
(Azru. G.) 
DORIPPE, Dorippe. (cnusr. ) Genre de l’ordre 
des Décapodes, famille des Brachyures, section 
des Homochèles, tribu des Notopodes (Cours 
d’Entomologie de Latreille). Ge genre, établi par 
Fabricius et adopté par Latreille, a pour carac- 
tères : test en forme de cœur renversé, aplati , 
largement tronqué en devant; yeux très-écartés 
entre eux eb situés aux angles latéraux et anté- 
rieurs du test; second article des pieds-mâchoires 
extérieurs étroit, allongé, allant en pointe; les 
deux pinces courbes, les quatre pieds suivans 
longs, étendus, comprimés, terminés par un tarse 
allongé et pointu; ceux de la troisième paire, les 
plus longs de tous ; les quatre derniers insérés sur 
le dos, pelits, rejetés sur les côtés, et terminés 
par deux articles plus courts que les précédens, et 
dont le dernier crochet forme avec l’autre une 
sorte de griffe ou de pince. Les antennes latérales 
ou extérieures assez longues, rétrécies, insértes au 
dessus des intermédiaires, celles-ci pliées, mais 
ne se logeant pas entièrement dans les cavilés pro- 
pres à les recevoir, Les Dorippes, ainsi que tous les 


DORI 


576 : 


DORI 


Notopodes, offrent une particularité très-remar- 
quable; leur carapace, étant tronquée postérieu- 
rement, ne recouvre plus les dernières pattes , ce 
qui permet à celles-ci de se recourber à la partie 
supérieure, comme si elles étaient insérées sur le 
dos. Ces crustacés sont encore caractérisés, sui- 
vant l'observation de Desmarest , en ce qu’on voit 
de côlé, au dessus de la naissance des serres, une 
fente en forme de boutonnière, oblique, coupée 
longitudinalement par un diaphragme. ciliée ainsi 
que lui sur les bords, communiquant avec les 
branchies, et servant d’issue à l’eau qui lesabreuve. 
Les mœurs de ces crustacés sont encore peu con- 
nues : ils se tiennent à de grandes profondeurs 
dans les mers; la disposition de leurs pieds 
donne à penser qu'ils s'emparent de divers corps 
étrangers, et qu'ils les placent sur leur dos en ma- 
nière de bouclier, pour se soustraire à la vue de 
leurs ennemis et tromper leur voracité, Plusieurs 
espèces sont connues, celle qui peut servir de 
iype au genre est la DontPrE LAINEUSE, D. lanata, 
Latr. , très-bien figurée par M. Guérin, dans son 
Iconographie du Règ. anim. de Cuvier, pl. 13 , 
fig. 2. Gette espèce se trouve dans les mers Médi- 
terranée et Adriatique ; les habitans de Rimini la 
nomment Facchino. La Méditerranée en fournit 
deux autres espèces;'les autres sont des mers 
orientales , et l’une d’elles (2. quadridens, Fab. ; 
Herbst., x1, 70) se trouve à l’état fossile. 
(I. L.) 

DORIS, Doris. (morr.) Ces animaux appartien- 
nent à l’embranchement ou type des Mollusques, 
et se rapportent à l’ordre des Gastéropodes nudi- 
branches de Guvicr ; M. de Blainville les a placés 
avec les Péronies ou Onchidies et ies Onchidores, 
dans son ordre des Cyclobranches, qui a pour 
caracière d’avoir les branchies ou organes de la 
respiration disposés en forme d’arbuscules, plus 
ou moins développés et rassemblés symétrique- 
ment auprès de l’anus, lequel est situé sur la 
ligne médiane de la partie postérieure du corps. 
La peau est nue chez tous les Cyclobranches, et 
plus ou moins tuberculeuse. Nous allons succes- 
sivement étudier tous les groupes coinpris dans 
cet ordre, dont quelques naturalistes font, avec 
M. de Férussac, la famille des Doris. 


Genre Doris, Doris. 


Ce groupe, d’abord établi par Bohadsch, sous 
la dénomination d’ÆArgo, a recu de Linnæus le 
nom qu'il porte maintenant. On doit au premier 
de ces naturalistes et à G. Cuvier, d’avoir fait 
connaître l'organisation des animaux qu'il com- 
prend. : 

Les Doris’ont le corps de forme ovalaire et plus 
ou moins déprimé; leur dos est presque toujours 
couvert de tubercules de dimension variable; on 
y voit deux cavités plus ou moins profondes , au 
milicu desquelles existe un tentacule que l’animal 
développe dans son état de tranquillité, et qui 
peut, à la moindre apparence de crainte, être 
entièrement caché. Deux autres tenlacules exis- 
tent en avant du corps, ils sont inférieurs aux 


précédens. La bouche est ouverte à l'extrémité: 
d’une petite trompe, elle présente une éminence 
linguale, hérissée de denticules ; l’estomac est 
simplement membraneux , il forme une espèce de 
sac au fond duquel, par une multitude de petits 
trous , arrive la bile. Les organes de Ja respira— 
tion sont placés comme chez tous les Cyclobran- 
ches ; l’anus, autour duquel ils se réunissent, est 
situé un peu en arrière. 

Les Doris sont hermaphrodites, c’est-à-dire que: 
chaque individu porte les deux sexes ; on ignore 
comment a lieu la fécondation. L’orifice des or- 
ganes existe sous le rebord droit du manteau. 

Les espèces du genre Doris ont surtout été étu- 
diées par MM. G. Cuvier, de Blainville, Quoy et 
Gaimard ; elles sont très-nombreuses, et vivent 
dans toutes les contrées du globe. Elles sont her- 
bivores, ainsi que l’a indiqué Dupont de Nemours 
dans ses Mémoires sur l’histoire naturelle; leur 
frai est expulsé sous la forme d’une poudre gluti- 
neuse qui adhère aux corps sous-marins. La plu- 
part des Doris sont de taille médiocre, et repré- 
sentent assez bien des limaces. M. de Blainville 
les divise en deux sous-genres. i 

A. Espèces qui ont le bord antérieur du man- 
teau divisé en plusieurs lanières symétriquement dis- 
posées. Ce groupe comprend les espèces dont 
Cuvier a fait le genre Pelycère, Polycera. 

Telles sont les Doris quadrilineata et cornuta 
de Muller; la Doris flava (Trans. soc. linn., VIT}, 
et la Polycera lineata de Risso. Gette espèce, 
décrite dans l’histoire sur les productions de l'Eu- 
rope méridionale, vit dans la Méditerranée, aux 
environs de Nice, ainsi que presque tous les ani- 
maux que l’auteur a décrits dans son ouvrage. 

B. Espèces dont le bord antérieur du manteau est 
indivis. 

Genre Doris, Cuvier. RTE 


I. Corps prismatique, ou à peu près de celte 
forme. 

Doris LAcÉRÉE, Doris lacera , Cuvier (Ann. 
Mus., IV). L 

Donis À BonDs Noirs, À). atromarginata, Guvier 
(Ann. Mus. , IV), rapportées de Timor par Péron 
et Lesucur, représentée dans notre Atlas, p. 138, 
fig. 5. 

IT. Corps très- convexe dans les deux sens, et 
débordant assez le pied. 
= Donis vERRuQUEUSE , Doris verrucosa , Linn. Elle 
vit dans les parages voisins de l'Ile de France. 

Dorts ÉToILÉE, Doris stellata, Bomé. Cette 
espèce ; des mers d'Europe, est longue d’un 
pouce, son corps, parsemé en dessus de petits 
tubercules arrondis, est d’un gris cendré où de 
lin; les tentacules supérieurs sont roux à leur 
sommet ;’les branchies, formées de sept feuilles, 
occupent le tiers postérieur de l’animal. 

Doris porLue, Doris Lisse et Doris MURIQUÉE , 
sont trois espèces du Nord, la troisième est assez 
commune dans la Manche. 

III. Corps comprimé, museau dépassant Leau- 
coup le pied, 

Dons 


oo 


DORO 


5 


7 DORS 


oo 


Dons arco, D. argo, l'une des espèces les 

plus anciennement connues, el que paraissent 
avoir observée Columna, Aldrovande, etc. Elle 
est commune sur les côtes de Naples; son corps 
est ovale et long de trois pouces six lignes. 
… Donis ne Forster, D. Forstert, Blainville, as- 
sez voisine de la D. fusca. Elle a été d’abord ob- 
servée par le voyageur dont elle porte le nom. On 
Ja irouve dans l'Adriatique. 

Les autres espèces sont également propres à di- 
verses mers du globe; plusieurs d’entre elles vien- 
nent des côtes de la Nouvelle - Hollande, et ont 
été figurées dans la Zoologie de l’Astrolabe. 


Genre OxcuiDorr, Onchidoris. 


M. de Blainville a proposé ce genre pour un 
animal observé par lui dans la collection du Mu- 
séum britannique, c'est 

L'Oxicuonore Dr Leacn, Onich. Ecachi., B),, 
dont on ignore la patrie ; il a quatre tentacules , le 
pied ovale , les organes respiratoires formés d’ar- 
buscules très-petits, l’anus médian , et les orifices 
des organes génitaux très-distans, maïs unis entre 
eux par un sillon extérieur occupant toute la lon- 
gueur du côté droit. 


Genre PÉRoNtIE, Peronia. 


Ce groupe, dont le nom rappelle celui du cé- 
lèbre et malheureux naturaliste qui a fait le 
Voyage aux Terres australes, est aussi placé par 
M. de Blainville dans sa famille des Gyclobran- 
ches. Il paraît qu’on doit le rapporter aux Pulmo- 
nés aquatiques , à côté des Limaces ; c’est, sui- 
vant Guvier, le même genre que celui des Onchi- 
dies de Buchanan. (Voyez Oncumix.) (GErv.) 

DORMAN-DORMEUR. (roiss.) Les habitans des 
Antilles donnent ce nom à une espèce du genre 
Eléotris ; on l’a nommée ainsi, sans doute à cause 
du peu de vivacité ou du peu de fréquence de 
ses mouvemens (Ÿoy. Ézéormis).  (Azrx. G.) 

DORONIC, Doronicum. (80T. PHax.) Genre de 
plantes de la Syngénésie polygamie superflue que 
De Jussieu a placé parmi ses Corymbifères, et Gas- 
sini au nombre de ses Synanthérées, comme Sé- 
nécionées anomales, sans être d'accord avec les 
autres botanistes sur les espèces qui doivent le 
constituer. Les disputes élevées à ce sujet repo- 
sent sur des vues particulières dont le résultat ne 
peut servir Ja science , mais seulement à la placer 
dans Je domaine vague et hyperbolique des sub- 
bilités ; nous ne leur accorderons aucune attention, 
et nous parlerons seulement des espèces indigènes 
aux montagnes de l'Europe. 

Les Doronics sont herbacés, propres à orner 
les jardins d'agrément; ils y produisent de J’effet 
par leurs fleurs radiées , assezgrandes , d’un beau 
jaune , épanouies dans un temps où les fleurs sont 
encore rares, Ilssont très-rustiques, d’une cullure 
très-aisée et d’une multiplication d'autant plus 
facile que leurs rejetons ou drageons poussent à 
foison tous les ans. 

Des quatre espèces que possède la France, trois 
vivent sur les Aipes et les Pyrénées; la quatrième 


Tous Il, 


habite les bois montueux de l’intérieur et particu- 
lièrement ceux des environs de Paris, surtout à 
Saint-Germain en Laye et à Montmorency, où elle 
est en fleurs dès le premier printemps. Celle-ci est 
le Dononic 4 FEUILLES DE PLANTAIN, D. plantagi- 
neum ; dont la tige simple, terminée par un seul 
capitule de fleurs d’un jaune pâle, présente à sa 
base des feuilles ovales dentées, tandis que celles 
caulinaires sont sessiles et les supérieures lancéo- 
lées. 

On a long-temps attribué des propriétés mal- 
faisantes à la racine aromatique du Donoxic 4 
FEUILLES EN COUR, À). pardalianches, vulgaire- 
ment appelé Mort aux panthères; d’autres l'ont 
déclarée une véritable panacée universelle , rani- 
mant les forces vitales ; sans être absolument in- 
nocente, elle a perdu dans la pharmaceutique de 
son crédit, on n’en fait plus usage. Une tige mon- 
tant quelquefois à deux mètres et d'ordinaire à 
un et un et demi; des feuilles ou radicales et pé- 
tiolées, ou fixées à la tige qu’elles embrassent, 
toutes en cœur , d’un vert jaune, douces au tou: 
cher; des fleurs grandes, solitaires, d’un jaune 
éclatant, épanouies dès la fin d’avril et placées à 
l'extrémité des troïs ou quatre rameaux qui gar- 
nissent la tige, donnent à cette plante un beau 
port d’un aspect éclatant, que relève encore la 
durée des fleurs. Celles-ci se renouvellent à la fin 
de l’été si l’on a eu soin d’arroser convenable- 
ment le pied durant les sécheresses et de couper 
le haut des rameaux à mesure que les fleurs se 
sont fanées. Elle estoriginaire des Alpes, et comme 
saracine est rampante, l’on fera bien de la maîtriser 
et de supprimer une grande partie de ses rejetons 
pour la rendre moins incommode aux aujres vé- 
gétaux placés dans son voisinage.  (T. ». B.) 

DORSAL , DORSALE, Dorsalis. (anarT.) 
Qui appartient ou qui a rapport au dos. Plu- 
sieurs parlies ont recu ce nom: ainsi On ap- 
pelle grand dorsal (lombo-huméral de Chauss, ) 
ce muscle aplali, mince, large, quadrilatère, 
placé sur larégion postérieure latérale et inférieure 
du tronc. Il s'attache à la moitié postérieure de 
la lèvre externe de la crête iliaque , à la face pos- 
iérieure du sacrum , aux apophyses épincuses ‘des 
six ou sept dernières vertèbres dorsales, à toutes 
celles des lombes, aux quatre dernières côtes ab- 
dominales, et se termine par un fort tendon au 
bord postérieur de la coulisse bicipitale de l'hu- 
mérus. Ce muscle porte le bras en arrière en l’a- 
baissant, et en le faisant tourner sur son axe de 
dchors en dedans: il tire aussi en arrière et en 
bas le moignon de l’épaule, Enfin, lorsqu'on est 
suspendu par le bras et qu’on fait un eflort pour 
s'élever, ilentraîne le tronc vers le bras. Onnomme 
aussi long dorsal un muscle qui remplit en grande 
partie les gouttières verticales ; il maintient la co- 
lonne vertébrale dans sa rectitude, peut la re- 
dresser et même la renverser en arrière. Il con- 
court aussi au mouvement de rotation de tout le 
tronc. On dit encore vertèbres dorsales , voy. Ver- 
règres, R£aron ponsazg , du pied, dela main, etc. 


| (P. G-.) 


155° Lryralson. 75 


— DORS 


578 


DORY 


mt 


: DORSALE." (porss.) Les zoologistes appellent 
aussi de ce nom Ja nageoire située sur le dos des 
poissons , el dont la grandeur , la forme et la po- 
sition présentent des caractères très-bons pour la 
classification et la distribution des genres. Cette 
Dorsale peut être simple comme chez les anguil- 
les, manquer chez quelques poissons comme les 
gymnotes, êlre doubles comme dans lessaumons et 
beaucoup d’autres espèces , triple comme dans les 
morues, régner tout le long du dos comme dans 
les coryphènes et les anarrhiques, parfois n’oc- 
cuper que le milieu du dos comme dans la carpe, 
être échancrée comme dans les perches et certai- 
nes espèces de Sciénoïdes, basse comme dans les 
exoceis,. hauie comme dans les callionymes, 
squameuses comme dans les chétodons. 

Cette nageoire, qui sert à la progression de l’a- 
nimal, a été appelée Dorsale, en raison de sa po- 
sition; le plus généralement la nagcoire Dorsale 
est une membrane soutenue par des rayons plus 
ou moins nombreux et plus ou moins forts, 

: DORSIBRANCHES. (anx.) G. Cuvier (Règ. 
anim.) réunit sous ce nom, comme formant le 
deuxième ordre de la classe des 'AnnÉLDES , les 
Anénicozes, les Ampminomes, les Eunrces, les Ni- 
R£IDES , les Acciores, les LomgrinÈres, les Aprnro- 
Dites, les Caororrkres , elc. , auxquels il donne 
pour caractère commun d'avoir sur la partie 
moyenne du corps ou le long de ses côtés, des 
branchies en forme d'arbres, de houppes, de 
ames ou de tuhercules dans lesquels les vaisseaux 
se ramifient. Tous ces animaux sont marins, 
la plupart se tiennent dans la vase, d’autres nagent 
librement, quelques autres enfin seséerètent des 
tuyaux (GErv.) 

DORSTÉNIE, Dorstenia. (nor, nan.) Très- 
remarquable par sa fructification , ce genre, dont 
la presque totalité des espèces appartient au con- 
tinent américain , fait partie de la famille des Ur- 
ticées et de la Tétrandrie monogynie, Il a été créé 
par Plumier en faveur de Thierry Dorsten, de 
Marbourg, auteur d'un Botanicon sanitatis, où il 
se montre aussi habile médecin que botaniste 
exact. Les caractères du genre sont d’avoir un 
réceptacle concave, ouvert en coupe , rond ou 
anguleux, chargé intérieurement de fleurs nom- 
breuses, sessiles, monoïques et, selon quelques 
auteurs, hermaphrodites. Chaque fleur présente 
un calice simple où une fosselte à quatre angles, 
quatre étamines, l'ovaire surmonté d’un style 
court et d'un stigmate simple, obtus, arquel suc- 
cède un fruit consistant en plusieurs semences s0- 
litaires , plongées dans le réceptacle commun, 
violacé durant la floraison , épais, charnu , blan- 
châtre à mesure que la fructification avance. 

L'espèce la plus célèbre est la Donsrénæ À 
FEUILLES DE BERCE, À). contrayerva , ‘que Nicolas 
Monarda a fait connaître comme offrant dans sa 
racine un tonique Lrès-prononcé pour le traitement 
des fièvres adynamiqnes, accompagnées d’une 
grande prostration des forces. Cette racine , spon- 
tance au Mexique, dans tout le Péron, et surtout 
très-abondante aux environs de Huanuco, rt- 


publique de Bolivia, est composée de petits 
troncs noueux et tuberculés, longue de huit à dix 
centimètres, garnie de filets rameux, fibreux, 
Jigneux ; couleur extérieure d’un rouge brun, 
et blanche à l’intérieur : d’une saveur d’abord un 
peu amère, puis âcre et ensuite brûlante employée 
fraîche; mais dans l’état de siccité, sa saveur-est 
très-aromatique , un peu astringente et d’une odeur 
approchant de celle du figuier. Réduite en poudre 
et prise en extrait, ses effets sont beaucoup plus 
marqués ; ils deviennent presqne nuls, mise en dé- 
coction. Gelte décoction est tellement chargée de 
mucilage qu'il est impossible de la passer au filtre. 
Malgré la haute réputation de cette racine, on lui 
préfère maintenant leQuinquina et même la grande 
Gentiane, Gentiana lutea , et la petite Centanrée, 
Gentiana centaureum. Sous le rapport botanique , 
la Dorsténie contrayervan’en est pas moins fort 
remarquable par la singularité de son organisation. 

Da collet de la racine sortent de cinq à six 
feuilles pétiolées, pinnatifides , à découpures ova- 
les , pointues , inégalement dentées en leurs bords, 
un peu velues, rudes au toucher et d’un vert 
foncé; elles sont entremélées de hampes nues, 
de dix centimètres de haut, portant chacune un 
réceptacle à quatre angles , sinué ou angulé à son 
bord, aplati en dessus, large de vingt-sept milli- 
mètres, convert de petites fleurs sessiles. Dans la 
varicté dite D. drakena, les feuilles sont entières 
en leurs bords, non dentées, le réceptacle est 
ovale et non anguleux : on la rencontre particu- 
lièrement aux alentours de la Vera-Cruz. 

Une autre espèce non moins intéressante parmi 
toutes celles connues jusqu'ici, c’est la DonsTÉNIE 
A FEUILLES EN COEUR, À), cordifolia. Sa racine four- 
nit une petite tige noueusc terminée à son som- 
met par plusieurs pétioles qui tous portent des 
feuilles ovales, en cœur, pointues, dentées, 
presque anguleuses, minces et d’un vert léger ; le 
réceptacle est petit , globuleux. La racine est de la 
grosseur d’une aveline , blanche , aromatique. . 

(T. ». B.) 

DORTHÉSIE, Dorthesia. Genre d'Hémiptères 
de la famille des Gallinsectes, établi par Bosc et 
dont nous avons donné la description à l’article 
CocmeniLze. W. ce mot. (A. P.) 

DORYANTHE, Doryanthes, (or. pan.) Genre : 
de la famille des Amaryllidées , Hexandrie mono- 
gynie, L., très-voisin de l'Agave et caractérisé 
ainsi qu'il suit par Robert Brown : calice coloré, 
infundibuliforme , caduc, partagé en six divisions 
profondes ; six étamines, à filets subulés et adnés 
par la base aux divisions du périanthe ; anthères 
dressées ; style à stigmate trigone ; capsule à trois 
loges, et trois valves ; graines réniformes, dispo- 
sées sur deux rangs, 

L’uniqueespèce de Doryanthes est une plante de 
la Nouvelle-Holiande, haute de douze à quinze 
pieds, garnie à sa bace de feuilles larges et ensi- 
formes, et, sur sa tige, de feuilles plus petites. 
Les fleurs, presque enveloppées par des brac- 
tes colorées , sont disposées en un capitule d'épis 
pourpre-foncé. 


DOUB 


979 DOUL 


Corréa de Serra , auteur de ce genre, l’a figuré 
dans les Transactions de la: société linnéenne, 
vol. 6, tab. 23 et 24. (L.) 

DORYPHORE, Doryphorus. (rerr.) W. Sret- 
LION. (T. GC.) 

DORYPHORE, Doryphora. (1xs.) Genre de 
Coléoptères établi par Illiger aux dépens des 
Chrysomèles, et qui n’en diffère spécifiquement 
que par le mésosternum dilalé en une longue 
pointe courbe s’avançant jusqu’au dessous de la 
têle; ces insectes offrent tous un faciès bien tran- 
ché ; leur têle est large, avec les yeux oblongs 
posés 'obliquement ; les antennes sont plus dilatées 
et comprimées à leur extrémité; le corselet est 
transversal, fortement échancré antérieurement 
pour recevoir la tête; l’écusson est très-petit , tout 
le corps est très-bombé au milieu, plus ou moins 
arrondi. Toutes les espèces sont propres à lV’A- 
mérique méridionale; leurs métamorphoses sont 
inconnues; ce sont de beaux insectes dont on con- 
naît déjà plus de cent espèces. M. Chevrolat, en- 
tomologiste distingué, en prépare une mono- 
graphie. 

D. 4 pusrures, D. puslulata, Oliv. Longue de 
8 lignes, noire avec quatre lignes transverses de 
gros points orangés sur chaque élytre ; les deux 
premières en ont cinq, la troisième quatre, les 
dernières trois ; 1l existe en outre trois taches lon - 
gitudinales de chaque côté de l'extrémité de la 


sulure. (A. P.) 


DOS. (zoo.) Partie posttricure du tronc, 
étendue depuis la partie inférieure de la tête jus- 
qu'au point où commencent les extrémités in- 
férieures. Ainsi, chez le cheval, par exemple , 


_ c'esb la région qui s'étend du garrot à la croupe. 


On dit aussi Dos de la main, du pied , du nez, etc. 
pour désigner la face supérieure de ces parties. 
(BaGe) 

DOS BLEU. (ors.) Nom vulgaire de la SiTTELLs. 
ÿ, ce mot. 

DOS ou VENTRE DE CRAPAUD. (&or. cnyer.) 
C'est le nom vulgaire de l’Agaricus maculatus. 
V, Acanic. (GuE£r.) 

DOUBLE. (z001. roT.) Dans un temps où la 
nomeuclature, en histoire naturelle, n’était pas 
encore bien arrêtée, on désignait souvent des 
animaux ct des végétaux qui avaient une certaine 
ressemblance avec d’autres espèces plus petites et 
déjà connues, en leur donnant le nom de ces 
petites espèces et en le faisant précéder du mot 
Double : ainsi l’on appelle chez les Oiseaux. 

Dousre-mécassine, le Scolopaæ major, Gm. 
V. Bicasse. 

Dovsre-MAcREUsE , l_Anas fusca. V. Canarn. 

Dousze-sourcir, une Fauvelte décrite par Vail- 
lant. 

Chez les Poissons : 

DovusrE-arquizcon ou Douge-ÉPinE, une espèce 
du genre Baliste. 

Dousze-20ssE , l’Antennarius bigibbus de Gom- 
merson. /”. Lopme, Baupror et CnirroNECTE. 

. DouszE-Liexe , une espèce d’Achire, 


Dovszrs, les Soles ou Pleuronectes qui sont éga- 
lement colorés des deux côtés, 
Chez les Reptiles : 

. Dousze-warcneur, les Æmphisbènes. Ces rep- 
tiles ayant le corps formé d’anneaux cylindriques, 
contractiles, et ayant la tête toute d’une venue’, 
comme la queue, passent pour jouir de la faculté 
de marcher dans les deux sens. 

Chez les Mollusques : 

Doveze-Boucne, le Trochus labio, VF, Moxo- 
DONTE. 

Chez les Plantes : 

Dovsce-vuise, l’/ris sisyrinchium, L. 

Dovgre-crocue, les variétés des Primevères 
doublées par la culture, ct le Datura fastuosa, L. 

Dousix-rLeur, une belle variété de Pommier à 
fleurs semi-doubles, (Gu£r.) 

DOUBLE RÉFRACTION. (uin.) F7, RÉFRAGTION. 

(GuËr.) 

DOUBLET. (mx.) On désigne ainsi les pierres 
fausses formées de deux pièces ajustées par une 
surface plane, et dont l'inférieure est un verre 
coloré, tandis que la supérieure est de cristal 
de roche ou de topaze incolore. (GuËRr.) 


DOUC. (wav. ) Nom d’une espèce du genre Guz- 
Non. Ÿ, ce mot. (GuÉR.) 

DOUCE-AMÈRE. (or. pHAN.) C’est le nom 
vulgaire du Solanum dulcamara. VW, Monezze. 

(GuËr.) 

DOUCET. (rorss.) On donne ce nom sur nos 
côtes au Callionymus dracunculus. Foy. Carrio- 
NYME. 

DOUCETTE,. (50T. PHan.) Ce nom vulgaire est 
donné en France au Prismatocarpe Miroir de 
Vénus, et à la Valérianelle ou Mâche dont on 
fait des salades. 


DOUCIN. (soT. pran.) Variété de Pommier 
cultivé seulement pour servir de sujet aux greffes 
des autres espèces, (GuËr.) 

DOULES , Daules. (porss.) Parmi lesespèces qui 
forment ce genre de la famille des Percoïdes, Gu- 
vier a réuni plusieurs espèces que Bloch placait 
dans son genre Holocentre , ensuite détachées du 
premier et restituées par Lacépède sousle nom de 
Gentropome. " 

Les Doules se rapprochent sous plusieurs rap- 
ports des Centropristes, avec lesquels ils ont 
beaucoup d’analogie ; maïs'ils s’en éloignent par 
plusieurs caractères dont le plus important con- 
siste dans le nombre des rayons à la membrane 
branchiostége qui est toujours de six. 

Ils se lient également aux Priacanthes et aux 
Thérapons. C’est Cuvier qui a le premier’ distin- 
gué ce genre. Il est composé de plusieurs es- 
pèces de l’un et de l’autre Océan: Par ce nom 
de Doules (esclave) l’aateur'a voulu indiquer la 
ressemblance de ces poisssons avec ceux que de- 
puis long-temps il a appelés Thérapons, nom qui 
lui-même, assez arbitraire , n’est que la traduction 
de l’épithète donnée à l’espèce de Thérapon décrite 
le plus anciennement, sous le nom de Æolocen- 
trus servus , Bloch. . 


DOUL < 


80 


DOUR 


Nous ne possédons qu’un pelit nombre de Dou- 
les, tous d’eau douce et de petite taille. Nous al- 
lons signaler les deux espèces les plus remar- 
quables. 

La première est appelée Douze cocner, Dules 
auriga, Guv., à cause de la forme de foue que 
prend sa troisième épine dorsale, au moyen de 
son allongement et de la longue soie qui la ter- 

- mine. 
Le Dourr pr rocng, vulgairement Poisson: de 
roche, Dules rupestris', Guv. Centropomus rupes- 
tris, Lacép. , parvient à des dimensions plus con- 
sidérables. IL se tient dans les eaux douces, ou 
auprès desembouchures des rivières. Commerson 
la vu particulièrement dans la ravine de Gol de 
l’île Bourbon. Sa chair est de très-bon goût ; de 
petites taches noires sont répandues sur les oper- 
cules ; les écailles qui garnissent le dessous de sa 
poitrine ne sont noires qu’à leur base, une nuance 
brune plus ou moins foncée est répandue sur les 
nageoires, Gepoisson se nourrit de cruslacés ; l’on 
a observé dans son estomac les débris d’un pagure. 
(Azvn. G.) 
DOULEUR. (ruysroz.) Sensation très-pénible, 
difficile ou impossible à supporter, ayant son siége 
immédiat dans la fibre sensitive, et qui reconnait 
pour cause actuelle ou commémorative, directe ou 
indirecte, une excitation anormale de celle fibre. 
Si la Douleur ne peut être éprouvée qu'à l’aide 
des nerfs , il est évident que plus un organe en 
recevra, plus la sensibilité sera exquise, plus il 
sera susceptible de sensations douloureuses, Tou- 
tefois il est digne de remarque que les nerfs qui 
servent à transmettre la Douleur, et que le cer- 
veau qui la perçoit, ne sont pas des organes doués 
de sensibilité. Des expériences nombreuses de 
Haller, Bichat, Legallois , Fodéra et Flourens ne 
laissent aucun doute sur celte asserlion, Pour que 
la Douleur soit transmise par les nerfs et perçue 
par le cerveau, il existe au reste certaines condi- 
tions anatomiques ect physiologiques qu'il est fa- 
cile de comprendre: il faut d’abord qu’il n’y ait 
aucune inlerruplion dans le tronc nerveux que 
doit parcourir la sensation; et en effet, si l’on 
coupe le tronc ou l’origine d’un nerf qui se distri- 
bue à une partie en proie à la Douleur, celle-ci 
cessera à l'instant ; il en est de même si l’on com- 
prime le cerveau. Il faut encore, pour que la sen- 
sation douloureuse se manifeste, que le cerveau ait, 
dans certaines limites, sa liberté d'action: aussi 
la Douleur ne se manifeste-t-elle pas ordinairement 
dans la manie, dans le délire, dans les passions 
violentes, dans l’extase, dans l'ivresse apoplec- 
tique , etc. 
. La Douleur peut être aureste un acte spontané ; 
elle peut arriver sans l’intervention immédiate 
d’impressions sur les organes ; elle peut se réaliser 
dans le centre de perception indépendamment de 
l'exercice des sens; de même que la vue perçoit 
des objets, l’ouïe entend des bruits, le goût se 
rappelle des saveurs, l’odorat des odeurs qui 
n'existent pas; de même aussi il peut se manifes- 
ter spontanément des sensations douloureuses. 


Ainsi dans le sommeil, il arrive souvent d'éprou- 
ver une Douleur assez vive et d’en être éveillé sans 
que le point douloureux ait été le siége d'aucune 
altération physique. Les maniaques montrent sou- 
vent les blessures qu'ils disent avoir recues et ra- 
content les tortures qu'ils prétendent avoir éprou- 
vées. Nous'avons dit ailleurs comment il arrivait 
fréquemment que long-temps après l’amputation 
d'une parlie , des tiraillemens, des élancemens se 
faisaient encore sentir dans cette partie qui n’exis- 
Lait plus, C’est donc là un simple souvenir, une 
erreur de sensation , mais pendant laquelle la 
Douleur se manifeste réellement. On n’a pas craint 
même, à cet égard, d'avancer une théorie que rien 
ne repousse, bien qu’elle semble tout d’abord au 
moins hasardée ; on a dit que «certaines Douleurs 
qui ne se manifesient par aucun signe sensible, 
qui ne reconnaissent aucune cause matérielle, cer- 
taines névralgics, par exemple, pouvaient avoir 
pour cause unique une modification de la faculté 
perceplive. » 

La Doulcur est un élément nécessaire du plus 
grand nombre des états morbides ; elle peut être 
délerminée par tous Jes agens physiques, chimi- 
ques, mécaniques, physiologiques , qui modifient 
par leur action, ou plulôt exaltent la sensibilité 
percevante. Tous les organes, toutes les portions 
d'organes ne sont pas au même degré impressionna- 
bles à la Douleur, etnous avons déjà dit quel’échelle 
de leur susceptibilité pouvait se graduer en rai- 
son du plus où moins grand nombre de nerfs qui 
s’y distribuaient. Le sexe , l’âge , les tempéramens, 
une foule de circonstances rendent aussi très-va- 
riable l'intensité de la Douleur ; les climats, les 
saisons, en excitant ouen diminuant l’excitabilité, 
rendent aussi plus ou moins aiguës les sensations 
douloureuses. Dans leur énergie , comme dans leur 
nature, celles-ci varient surtout en raison de la 
cause qui les produit et de l’organisation de la 
partie qui en est le siége. Ainsi elles peuvent être 
lancinantes, déchirantes, brûlantes, corrosives , 
térébrantes, mordicantes, prurigineuses, etc. , elc. 
Il est au reste une chose qu’il faut rappeler et ne 
pas perdre de vue, c’est que la Doulear peut d’a- 
bord être parvenue dans le cerveau et être en- 
suite reportée vers les organes de la périphérie, ou 
commencer par ceux-ci, qui transmettent alors au 
centre sensitif l'impression douloureuse. 

ILest dans beaucoup de cas assez diflicile de 
fixer les limites qui séparent la Douleur des sen- 
sations agréables. «I1 semble, a-t-on dit, querien 
ne soit plus éloigné que le plaisir et la Douleur ; 
cependant le plaisir, lorsqu'il est porté trop loin, 
devient douloureux, et il est des Douleurs légères 
qui ne sont pas exemptes de plaisir. (P. G.) 

DOUM, DOUME. (sor. pxan.) Nom arabe de 
l'espèce de Palmier qui constitue le genre Cucr- 
rère (v. ce mot). Nous avons représenté celte 
belle espèce dans notre Atlas, pl. 158, fig. 6, 7. 

(GuËr.) 

DOURAH. (207. PHax.) Sous le nom générique 
de Deurah, que l’on écrit aussi, mais à tort, 
Doruh et Dorha, on cultive de toute antiquité 


1 


DRAC 


81 


ee 


DRAC 


dans l'Egypte plusieurs espèces de graminées à 
tiges ligneuses, que l’on distingue les unes des 
autres par des noms particuliers. Ainsi le PDourah 
beledy des Egyptiens, et T'a’am des Arabes, est 
le Sorgho, Aolcus sorghum, dont on fait trois 
récoltes par année : c’est le symbole le plus an- 
cien du Nil. Le Dourah chämy est le Millet qui 
sert de nourriture à l'homme, aux volatiles do- 
mestiques et aux oiseaux, Panicum ilalicum et 
miliaceum. On nomme encore en Egypte Dowrah- 
el-bachemin ou Millet des marais, les graines du 
Nénufar bleu, Vymphæa cærulea, quiservent d’ali- 
ment aujourd’hui comme aux temps d'Hérodote 
et de Théophraste. Le Pourah kysan est le Maïs , 
Zea mays, que l’on y cultive peu. (T. ».B.) 
DOUROUCOULI. (mam.) C’est le nom de l’uni- 


que espèce du genre Nocrnores. W, ce mot. 


(GuËr.) 

DOUVE. (zoopu. inresr.) Nom donné au Dis- 
tome hépatique (voyez Disrous). C’est un helmin- 
the propre aux voies biliaires, observé jusqu'ici 
chez le bœuf et le mouton, jamais chez l’homme, 
Il n'appartient point aux helminthes filiformes, 
mais aux acanthocéphales de Rudolphi. 

On donne aussi le nom de Douve à deux es- 
pèces de Renoncules ( À. lingua, R. flammula), 
toutes deux vénéneuses et qui croissent dans les 
marais. (P. G.) 

DRABA. (8oT. pxan.) Nom scientifique de pe- 
tites plantes herbacées , vivaces ou annuelles, dont 
nous parlerons plus bas (v. au mot Drave). L'E- 
cluse cite trois espèces de plantes sous ce nom 
générique; la première, Draba vulgaris, est la 
même crucifère que Dioscoride désignait par le 
mot Drabès et comme très-abondante dans la Cap- 
padoce; c’est le Draba muralis des botanistes 
modernes. La seconde espèce, Draba dentata , est 
V’Arabette des Alpes de Matthioli, Lobel et au- 
tres, l’Ærabis alpina de nos plus récentes no- 
menclatures , et selon quelques auteurs le Cranson 
dravier , Cochlearia draba de Linné. La troisième 
espèce, le Draba succulenta, se rapproche de l’A- 
rabette du Caucase: mais elle en diffère assez 


pour que Schrank en fasse une espèce particulière 


sous le nom de Ærabis clusiana. Dodoens se sert 
aussi du mot Draba pour désigner le Thlaspi des 
jardiniers ou gris de lin, Jberis umbellata, qui 
fleurit en juin et juillet et vit spontanément dans 
toute l’Europe méridionale, surtout dans l’île de 
Crète ou de Candie. (CB 
DRACOCEÉPHALE, Dracocephalum. (8oT.rnax.) 
Une irrégularité remarquable dans la corolle, dont 
l'orifice enflé lui donne une ressemblance plus ou 
moins éloiynée avec la tête du reptile saurien ap- 
pelé Dragon, a déterminé le nom que porte ce 
genre de plantes de Ja famille des Labiées et de la 
Didynamie gymnospermie, Presque toutes les es- 
pèces qui le composent sont herbactes, étrangères 
au sol de l'Europe, ornées de feuilles opposées, 
tantôt entières , tanlôt trifides ou pinnatifides, de 
fleurs ordinairement bleues ou violactes , quelque- 
fois uniflores, le plus souvent ramifiées en épis. 
La culture s’en est emparée et leur a donné accès 


dans les jardins d'agrément, où on les tient en 
touffes. Aucune n’est difficile sur la nature du ter- 
rain, ni sur l’exposition ; seulement elles deman- 
dent que les semis de leurs graines se fassent avec 
soin , qu’on garantisse le jeune plant des gelées et 
qu’on l’arrose quand la sécheresse est trop longue 
et trop forte. 

Plusieurs Dracocéphales méritent une mention 
particulière. La DracocéPnaze px Vince, D. vir : 
ginianum , que l’on appelle vulgairement la Cata- 
leptique, offre un phénomène dont il est facile de 
se procurer le spectacle pendant les mois de juillet, 
août et septembre. Il a été observé par De la Hire, 
et consiste dans la propriélé qu'ont ses fleurs 
d’obéir à la main qui les fait aller et venir horizon- 
talement dans l’espace d’un demi-cercle, de pren- 
dre la position qu’elle veut leur donner et d’y 
demeurer tant qu’elle ne leur en impose pas une 
nouvelle. La similitude de ce phénomène avec la 
maladie dite catalepsie est la cause du nom vul- 
gaire que porte la plante. Du reste , c’est une jolie 
espèce qui ressemble beaucoup pour la forme et 
l'élégance de ses fleurs à la Digitale, Digitalis pur- 
purea, elles ont sa couleur purpurine, et sont dis- 
posées en un bel épi terminal, muni de très-pe- 
tites bractées. La tige, haute d’un mètre environ, 
est simple, droite, garnie de feuilles opposées, 
légèrement dentées, iancéolées, glabres, et de 
fleurs violacées qui répandent une douce odeur. 
Ventenat a reconnu que la DRAGOGÉPHALE DE LA 
Carouinr, D. variegatum, présente le même phé- 
nomène que celle de la Virginie, et il en conclut 
qu'il doit exister sur d’autres plantes labices ; j'ai 
cherché à m’assurer de l'exactitude de celte asser- 
tion ; je dois déclarer que dans aucune circon- 
stance, sous les divers climats par moi visités et 
habités, il ne m'a jamais élé possible de l’ob- 
tenir. 

La DracocéPpnaze pes Canaries , D. canariense, 
si remarquable par son odeur camphrée, par ses 
fleurs blanc-rougeâtres, par ses pélioles soutenant 
de trois à cinq folioles lanctolées et ridées , ainsi 
que la DracocÉPnaLe morpavique, D. moldavicum, 
une des plus anciennement connues et dont l’o- 
deur lui a fait donner le nom vulgaire de Mélisse 
de la Moldavie, sont très-réputées en médecine; 
l'infusion théiforme de leurs feuilles est recom- 
mandée dans les maladies de langueur et les affec- 
tions spasmodiques occasiontes par des flatuo- 
sités. On fait un ratafñat avec les fleurs de celle 
dernière ; beaucoup de personnes le trouvent peu 
agréable. L'huile essentielle qu’on en retire est 
employée en pharmacie, 

On recherche comme plantes d'ornement la 
DracocéPnare DE SIBÉRNE, D. grandiflorum, à 
cause de ses grandes fleurs bleues; la Dracocé- 
PHALE DU LEVANT, D. canescens, d’un aspect co- 
tonneux, à petites liges, et dont les belles fleurs 
blanches avec une teinte légère de violet sont atta- 
chées trois ensemble; la DrAcOCÉPRALE À FEUILLES 
D'nysorE, 1). ruyschianum, qui croit spontanément 
aux lieux montagneux du département de l'Isère, 
en Piémont, en Suisse, en Allemagne ct jusqu’en 


DRAG 


582 


DRAG - 


Suède et en Danemarck, etqui est décorée de fleurs 
assez grandes el du plus beau bleu. Je ne parle pas 
ici de la Dracockruaze »'Aurrioue, D, austriacum, 
quoiqu'elle soit aussi digne que les précédentes 
d'attirer les regards , parce qu’elle trace beaucoup 
plus que toutes ses congénères, et nuit quand on 
ne l’arrache point tous les ans, au printemps, pour 
en faire des pieds séparés. 

Dans les gazons on aime à voir figurer la Dra- 
cocépnaze De Crimée, D. odoratissimum; elle 
s'élève au plus à seize centimètres, le plus sou- 
vent elle reste au dessous ; ses Liges cendrées, ses 
rameaux grêles et rougeâtres, contrasient avec la 
blancheur de la corolle et le vert tendre qui cou- 
vre le sol. : les touffes qu’elle. donne récréent agréa- 
blement l'œil. (T. », B.) 

DRACONTE, Dracontium, (Box. Pan. ) On 
compte huit espèces de ce genre de la famille des 
Aroïdées et de l'Heptandrie monogynie;; toutes sont 
exotiques, herbacces; trois seulement se cultivent 
dans nos serres chaudes, à cause de la singularité 
de leurs feuilles et de leur grandeur. Elles ont pour 
caractères essentiels : une spathe cymbiforme, 
placée à, la base d’un spadice cylindrique, court, 
chargé de fleurs, ayant chacune un calice com- 
posé de cinq folioles colorées; point de coralie ; 
sept étamines soutenant des anthères quadrangu- 
laires ; un ovaire supérieur ; un style, un stigmate 
trigone. Le fruit qui succède à ces fleurs est une 
baie ronde, polysperme. Les feuilies sont ordinai- 
rement simples, pourvues d’un pétiole élargi à sa 
base en gaine embrassante. 

Les trois espèces les mieux connues sont le Dra- 
CONTE A FEUILLES PERCÉES, À). pertusum; le Dra- 
CONTE PINNATIFIDE, À). polyphyllum ; et: le Dra- 
CONTE PINNÉ, D. pinnatum. La première espèce, 
originaire de, l'Amérique méridionale, est une 
plante grimpante, qui s'attache aux arbres comme 
le licrre par quantité de racines. vermiculaires et 


latérales: ses feuilles sont d’un beau vert, assez 


grandes , ovales lancéolées, remarquables par des 
ouvertures oblongues placées entre les nervures; 
la spathe est axillaire, d’un blanc jaunâtre, lon- 
gue de seize centimètres , avec chaton gros, cylin- 
drique, jaune. Les tiges, couvertes d’écailles un 
peu livides, restes de la base des pétioles qui sont 
tombés, donnent à la planie l'aspect de la peau 
chagrinée du serpent. Aussi jouit-elle parmi les 
indigènes de la réputation d’éloigner ce reptile et 
de préserver de sa morsure : ils.en portent toujours 
un fragment sur eux, principalement lorsqu'ils 
entreprennenk un voyage. 

Désignée dans l'Inde et le Japon sous le nom 
de Konjaku, la seconde espèce, que l’on trouve 
aussi spontanée dans la Guiane, surtout aux envi- 
rons de Surinam, sort d'un tubercule arrondi, 
assez gros, un peu déprimé, en une feuille unique, 
portée sur un péliole de quarante centimètres de 
haut, cylindrique, tachetée de blanc, de vert et 
de pourpre, et ayant son épiderme déchiré, comme 
écailleux., Cette feuille se divise en trois folioles à 
sa parlie supérieure, et celles-ci se partagent en 
deux et trois ramifications, Du moment que cette 


feuille est fanée, il s'élève du tubercule une hampe 
très-courte, soutenant une fleur dont la spathe, 
d’un violet foncé en dedans, plus léger en dehors 
est terminée en son sommet par une pointe aiguë ; 
elle renferme un petit chaton, à fleurs. jaunes, 
exhalant une odeur félide , cadavéreuse. Le tuber- 
cule est âcre, purgalif, et sert dans le Japon, au 
rapport de feu mon ami Thunberg, de puissant 
emménagogue, 

Quant à la troisième espèce, elle est parasite 
sur les arbres aux environs de Caracas, Dans 
l'Inde et au Ceylan on retire de la racine longue, 
épaisse et munie de tous côtés de tubereules épi- 
neux du DrRacOoNTE ÉPINEUx, D. spinosum, une 
fécule très-estimée et souvent d’une grande res- 
source, Gette plante y abonde aux lieux ombragés, 
monte d'ordinaire fort haut. Ses feuilles sont sa- 
gittées. (T.'ms B.) 

DRAGANTE. (8or. pHan.) Nom vulgaire de 
l’Astragale qui produit la gomme adragante. 
V, ASTRAGALE. 

DRAGEES DE TIVOLI. (xx. ) On désigne 
ainsi des globules calcaires à couches concentri- 
ques, dont la formation a eu lieu dans une eau 
agitée de lournoiemens, comme ceux qui pro- 
viennent des bains de Tivoli, près Rome. 

(Guir.) 

DRAGEONS. (zor. Pnax. et AGR. ) Branches 
cnracinées accompagnant le pied de l’arbrisseau 
et de la plante ligneuse , ou le tronc de l'arbre qui 
les a produits, que l’on peut en détacher pour les 
rcplanter ailleurs. Cette opération demande quel- 
ques précaulions ; il faut conserver aux Drageons 
le plus de racines possible, et cependant ne pas trop 
mutiler celles qui doivent rester peur l'arbre ; il 
est. bon aussi de les mettre dans une-terre-sem- 
blable à celle où ils ont pris naissance, On leur 
donne parfois le nom de rejets enracinés ; mais on 
brouille tout, on méconnaît la valeur propre: à 
chaque mot , quand on appelle Drageons les Sto- 
lons ou petites tiges stériles, nues, traçantes, qui 
poussent. des. racines de. distance: en distance, 
comme dans le Fraisier, Fragaria vesca, ou aux 
nœuds, des graminées vivaces; quand:'on attribue 
celte dénomination aux Gourmands naissant au 
dessous de la grefle ou provenant de branches 
greffées, Tous les dictionnaires offrent. à ce: sujet 
une confusion vraiment honteuse. On aurait Jiew 
de s’en étonner, si l’on ne savait quela plupart 
des articles y sont rédigés par des théoriciens plus 
ou moins-habiles et le plus souvent par des com- 
pilateurs étrangers à la pratique de la science. Le 
cultivateur peut forcer les végétaux ligneux ou 
frutescens qui n’ont pas la disposition naturelle de 
drageonner, à s’y prêter volontiers en faisant des. 
blessures légères à leurs racines. Ÿ, aux mots 
GourmanD, RAcINE et SroLon. (T:. B.) 

DRAGON, Draco. (repr.) Beaucoup d'auteurs 
ont consumé , au temps de la renaissance-des let- 
tres, des veilles nombreuses pour savoir et décider 
si les Dragons , tant célébrés dans l'antiquité, ont 
ou n’ont pas existé. Les lecteurs nous dispenseront 


de suivre ces patiens érudits dans des discussions: 


39 


JL ET 


CERTA 


% 


Draocomer 


2.3. 4.5.0 


E Cueri dir 


DRAG 58 


5 DRAG 


0 


dont la réflexion et l'étude ont fait justice ; mais 
n’ést-ce pas chose remarquable dans l'histoire 
philosophique de l'intelligence humaine , que cet 
engouement universel si long-temps propagé pour 
un être aussi fabuleux ? Les nations les plus lettrées, 
les Hébreux, autant qu’on en juge par la traduc- 
tion de leurs livres, les Grecs, si éclairés sous tant 
de rapports, adoptent avec enthousiasme l’idée 
des Dragons, que l’on retrouve après plusieurs 
siècles dans les légendes du christianisme, dans 
les féeries du moyen-âge. Tout ce que l’imagina- 
tion exaltée peut inventer de plus bizarre , tout ce 
que la pensée peut réunir pour constituer un être 
capable d’inspirer au plus haut point l’épouvante 
et l’effroi, semblent s’accumuler avec complai- 
sance sur cet idéal de l’horrible matérialisé. Sup- 
pôts de malice, les Dragons surgissent tout à coup 
à la voix d’une déité ou d’un protégé des enfers, 
pour servir sa vengeance et son courroux; ils 
succombent ordinairement sous la puissance plus 
grande d’un Dieu bienveillant ou d’un privilégié 
du ciel, et cessent d'exister aussi-mystérieusement 

ils ont commencé à vivre; ils s’anéantissent, et 
le froid et analytique naturaliste, curieux de les 
étudier, cherche en vain leur squelette ou leur 
peau; néanmoins on donne leur histoire, on in- 
dique leur patrie : les crêtes aiguillonnées, la 
barbe , les serres ou les griffes, les yeux qui étin- 
cellent, la gueule qui vomit le feu et la flamme, 
les allures aériennes que donnent des ailes confi- 
gurées comme les nageoires des poissons acan- 
thoptérygiens, tout cela se groupe pour constituer 
le Dragon non seulement sous le style ou la plume 
du poète illuminé, mais encore sous le burin du 
sévère historien, et cela sur la foi du vulgaire et 
d'une sorte de notoriété publique; car on ne 
possède même pas les restes fossiles de ce Dra- 
gon, que Perseus a pétrifié en lui montrant la fa- 
meuse tête de Méduse, lorsque le héros amoureux 
voulut préserver Andromède des infâmes bruta- 
lités da monstre auquel la superbe Junon avait 
exposé l’infortunée, pour punir sa coquetterie. Les 
reptiles étaient trop redoutés, les serpens surtout 
inspiraient trop d'aversion, pour qu’on ne leur 
empruntât pas quelque chose pour la fabrication 
de ces monstres chimériques. Ils fournirent les 
longs et tortueux replis de leur corps enlaçant, 
et quelques écrivains plus sceptiques, quelques 
poètes pénétrés de celte vérité que lhyper- 
bole manque son effet, et dès lors son but, lors- 
qu’elle est portée au-delà du vraisemblable dans 
l'opinion du siècle auquel on s’adresse , se conten- 
tèrent de donner les Dragons comme de simples 
serpens ailés ; mais ces derniers n’existèrent jamais 
non plus, et les ptérodactyles, plus vieux de beau- 
coup que les ères des histoires de l’homme, ne 
peuvent aucunement faire conjecturer leur exis- 
tence. 

Les Egyptiens , qui dans leurs emblèmes se plai- 
saient à amalzamer si pittoresquement des êlres 
de mature différente, paraissent avoir résisté seuls 
à l'entraînement gén@ral pour ces conceptions 
fictives, dans tous leurs détails ; l'idée plus posi- 


tive de caractériser l'instinct prédominant d’un 
individu ou l’ensemble de ses inclinations, en lui 
adaptant la tête de l’aminal où ce cachet moral 
particulier est le mieux imprimé , paraît avoir pré- 
sidé toujours à la formation de leurs créations sim- 
plement allégoriques , et ils semblent mériter en- 
core ici celle haute réputation de sagesse, que 
leur ont value leurs connaissances étendues dans 
les sciences des calculs. Aujourd’hui les Dragons 
n’ont plus décidément de vogue et de faveur; on 
ne s’en laisse pas imposer par ces facéties d’indus- 
triels plus ou moins adroits, qui, spéculant sur 
l'ignorance et la crédulité, accouplent artistement 
des organes d'animaux divers, ou bien resserrant 
certaines parties d’un animal, d’une aïe par 
exemple, dilatant quelques unes , contournant les 
autres, produisent des simulacres curieux que, 
sans un examen attentif, on pourrait prendre en 
effet, comme cela est arrivé quelquefois, pour des 
types en raccourci des Dragons de l'antiquité. 
Le nom même des Dragons, conservé par une 
sorte de puérilité à certains corps militaires, est 
maintenant sans prestige, non plus que l’uniforme 
de ces troupes, d’une simplicité assez mesquine de 
nos jours, mais que jadis l’on surchargeait d’ac- 
cessoires aussi frivoles que ridicules , pour faire de 
ces guerriers de singulières mascarades, ou, si 
l’on veut, une imitation des Dragons effrayans de 
l’histoire ancienne. Aussi les Dragons ne se pro. 
duisent-ils plus guère que sous les pinceaux vaga- 
bonds des Japonais arriérés , ou parmi les ressorts 
misérables de quelques chrorégraphes rococos, 
embarrassés d’un dénouement. Dans les temps 
modernes, on a donné par allusion le nom de 
Dragon à certains sauriens qui se distinguent du 
reste de la famille, surtout par un caractère orga- 
nique bien remarquable ; les six premières fausses 
côtes ou côtes asternales, au lieu de contourner 
l'abdomen, s'étendent directement en dehors ef 
se prolongent beaucoup plus que chez les autres 
sauriens, entraînant avec elles la peau des flancs, 
qui les recouvre de manière à former, de chaque 
côté du tronc , une sorte de voile triangulaire qui 
se replie sur elle-même et se plisse le long des 
flancs, ou se déploie au gré de l’animal. Ces ap- 
pendices, qui ont fait comparer ces petits sau- 
riens aux anciens Dragons, ne doivent pas êlre 
confondus avec les ailes des oiseaux, les pté- 
rygoides des Ghauve-souris ou les balanciers mem- 
braneux des insectes , ils ont une disposition pro- 
pre ; ils n’ont pas non plus les mêmes usages ; ils 
servent seulement à soutenir ces sauriens dendro- 
philes à la manière d’un parachute , lorsqu'ils s’é- 
lancent d’une branche à une autre; mais ils ne 
peuvent aider l'animal à s'élever en l'air : aussi 
a-t-on proposé dans ces derniers temps de les ca- 
ractériser par le nom particulier de Patagium. On 
a dit que ces sortes de rames aériennes servaient 
aussi à ces animaux pour nager ; mais la direction 
des mouvemens dont elles sont susceptibles ne 
paraît pas favorable à ce mode de progression, et 
le reste de l’organisation de ces sauriens ne donne 
pas à présumer qu’ils aient effectivement des ka- 


RE RSR en e t Se ee 


DRAG 


584 


DRAG 


Se 


bitudes aquatiques. Leur tête est pyramidale, 
quadrangulaire , à côlés presque égaux ; le museau 
oblus, mousse à sa pointe ; les yeux ont deux pau- 
pières inégales dont l’inférieure plus grande ; l'œil 
est lui-même peu saïllant, à pupille arrondie; la 
bouche est pelite, peu sinueuse, la langue étroite, 
mince, extensible, écailleuse à sa surface , bifur- 
quée à son extrémité; de chaque côté des mâ- 
choires il y a deux incisives petites, une laniaire 
longue, conique, saillante, suivie de douze à 
seize molaires comprimées, triangulaires et trilo- 
bées ; derrière ou en dedans des dents l’on trouve 
quelquefois des dents de remplacement, qui ont 
fait varier les rapports des auteurs sur le nombre 
de ces organes. Sous la mâchoire l’on trouve un 
fanon mince, étroit, triangulaire, long de six à 
huit lignes, se repliant sur lui-même en rides con- 
centriques, soutenu par l’uro-hyal, destiné à con- 
tenir momentanément, dit-on, les insectes dont 
ces animaux font leur proic; sur chaque côlé on 
voit aussi un autre fanon rudimentaire, soutenu 
par les branches postérieures de l’hyoïde; ces or- 
ganes sont proportionnellement plus développés 
chez les mâles que chez les femelles; le tympan 
est ouvert à la surface de la peau, la nuque offre 
une dentelure légère plus ou moins prononcée. Le 
corps est peu renflé, la queue longue du double 
de la longueur du corps, grêle, ronde; les pieds 
courts, terminés par cinq doigts grêles, cylindri- 
ques , simples, de longueur inégale, de grandeur 
comparative, médiocre, armés de pelits ongles 
fixes, légèrement crochus. IL n'existe point de 
pores aux cuisses ou au devant de l’anus. Le corps 
est revêtu en dessus d’écailles rhomboïdales pe- 
lites, imbriquées en réseau; elles sont un peu 
plus développées sur le rachis, et plus encore sur 
les membres, sur l'abdomen et autour de la queue, 
où elles deviennent de grandeur plus égale et plus 
manilestement carénées. La iête est recouverte de 
très-pelites plaques polygones, qui se confondent 
presque avec les écailles du cou et du dos. 

Les Dragons sont de pelits êlres innocens qui 
vivent seulement d'insectes qu’ils poursuivent sur 
les arbres et les buissons; on dit qu’ils descendent 
rarement à terre, qu'ils s’accouplent sur les bran- 
ches, et que les femelles déposent leurs œuls pisi- 
formes, à enveloppe membraneuse coriace, dans 
quelques creux d'arbres ; ils ne dépassent guère 
la taille de notre lézard des murailles. On en dis- 
tingue plusieurs espèces qui toutes viennent des 
îles et du littoral de l’océan Indien. Telles sont : 

Le Dracox vert, dont Jos patagiums sont mar- 
qués de quaire ou cinq taches verdâtres, plus 
larges à leur départ du bord antérieur du patagium, 
et s’anastomosant entre elles vers le milieu de cet 
organe, de manière à fofimer des marbrures ondu- 
lées qui circonscrivent des taches blanchâtres, 
irrégulièrement arrondies, que l’on retrouve plus 
ou moins distinclement sur le dos et le dessus des 
membres. 

« Gette espèce vient de Java, du Bengale, etc. 

Le Dracon Brun parait être de la même es- 
pèce. 


Le Dracon rayé, Draco lineatus , a les écailles 
rachidiennes plus développées, plus manifestement 
carénces ; le dessus du corps est grisâtre, avec de 
petiles taches noires à ocelles blancs, irréguliè- 
ment disséminées ; les patagiums sont marqués de 
petits traits étroits, blanchâtres, plus ou moins con- 
linus, dirigés d'avant en arrière, et simulant ainsi 
des lignes qui ont valu à cette espèce le nom par- 
ticulier qu’elle porte; ces traits se répètent, mais 
moins dislinctement, sur le dessus des membres ; 
les parties inféricures sont blanches. 

Le Dracon rrancé, Draco fimbriatus. C’est le 
plus grand de Ja famille ; il a les écailles du dessus 
du corps très-pelites, eL presque granulées ; celles 
du bord des cuisses sont, au contraire, un peu 
plus prononcées que chez les autres espèces , et 
ont molivé son nom spécilique ; on voit sur le dos 
de grandes taches blanches, pupillées de vert bru- 
nâtre ou noirâtre , disposées symétriquement au 
nombre de huit sur les côtés du rachis, séparées 
par de grandes marbrures de teinte foncée; le 
dessin des patagiums se rapproche assez de celui 
qu'offre ceux de l'espèce précédente, pour que 
quelques auteurs croient devoir réunir ces deux 
espèces. Le Dragon frangé est figuré dans notre 
Atlas, pl. 159, fig. 1. 

Le Dracox pe L'ize ne Timor, Draco timorien- 
sis, a les écailles rachidiennes plus développées 
que dans les espèces précédentes ; la disposition 
de ses couleurs se rapproche assez de celle des 
couleurs du Dragon vert; mais les taches brunâ- 
tres paraissent , en géiéral, un peu plus divisées , 
moins neltes, et sc rapprochent davantage du ca- 
ractère connu sous le nom de marbrures. 

(LG 

DRAGONIER, Dracæna. (sor. nan.) Voici l’un 
des genres de végétaux monocotylédonés Jes plus 
singuliers et Jes plus célèbres; il appartient à 
l'Hexandrie monogynie el à la famille des Aspara- 
ginées ; il a le port et l’organisation intérieure des 
Palmiers ; il s’en rapproche encore par les carac- 
ières de la fructification ; mais il s’en éloigne par 
les dimensions extrordinaires que prend son stipe 
ligneux, par ses rameaux qui portent une toufle 
terminale de feuilles simples, ensiformes. La co- 
rolle est à six pétales adhérens à leur base; point 
de calice ; six étamines, dont les filamens se mon- 
trent renflés dans leur partie moyenne et soudés 
ensemble dansl'inférieure; l'ovaire supère et libre; 
le style et le stigmate simples; baie globuleuse, 
ordinairement à trois loges monospermes, dont 
deux avortent quelquefois. 

On compte de vingt à vingt-cinq espèces de 
Dragoniers, spontanées aux régions intertropica- 
les ; les unes habitent l’Inde, la Chine et les îles 
de l'océan Pacifique, les autres se voient au cap 
de Bonne-Espérance, sur les côtes de l'Afrique aus- 
trale ou dans les îles qui les avoisinent. Une seule 
existe dans la partie la plus septentrionale du con- 
üinent américain, dans le haut Canada et sur les 
bords glacés de la baie d'Hudson. Toutes aiment 
les terres arides et se plaisent sur le rivage de la 
mer; elles s'élèvent jusqu’à huit cents et mille 


mètres 


0 


DRAG 


589 


É 


DRAG 


mètres au dessus de son niveau. Quand on veut les ? dont les merles se régalent avec avidité. Durant 


tenir dans nos jardins, il faut les traiter comme 
les Aloès , leur donner une terre franche et douce; 
elles redoutent l'humidité stagnante , et se mulli- 
plient par leurs rejetons, que l’on enlève lorsqu'ils 
sont enracinés. Les Dragoniers montent à de gran - 
des hauteurs quand ils se trouvent sur un sol fa- 
vorable ; ils restent bas sur une coulée de Javes. 

Une espèce des plus connues est celle que l’on 
trouve dans l'Inde et aux Canaries ; on la désigne 
par le nom de DRAGONIER GIGANTESQUE Où à fouil- 
les d'Yucca, D. draco. Il découle de son stipe 
un suc gommeux, mou d’abord, puissec , friable, 
inflammable; sa couleur est d’un rouge foncé 
comme le sang ; les vieux Guanches, dont l'hé- 
roïque population a été détruite par le flibustier 
Jéhan de Bethencourt, s’en servaient pour leurs 
embaumemens; les peintres chinois le font entrer 
dans leur vernis rouge; c’est une branche de com- 
merce très-importante. L’art de guérir s’en est 
emparé pour employer extérieurement ses boules 
rondes , opaques, pesantes, de la grosseur d’une 
prune moyenne, réduites en poudre, pour dessé- 
cher les ulcères, cicatriser les plaies, et intérieu- 
rement contre les dysenteries , el les hémorrha- 
gies passives de l'utérus, mais dans ce dernier cas 
le prétendu sang de dragon n’a pas toujours jus- 
tifié sa réputation antique. 

Je vais emprunter à Sabin Berthelot, qui a de- 
meuré dix années aux îles Canaries, et qui va 
nous donner une Flore de ce pays, ce que j'ai à 
dire de la vie végétale de cette plante, dont tous 
les voyageurs ont parlé fort légèrement. On la 
voit figurée en notre Aulas, pl. 139, fig. 2 à 6, 
dans ses trois âges, avec sa panicule, fig. 4, et 
son fruit , fig. 5. 

Au premier âge de ce Dragonier , il ressemble 
à un fût de colonne surmonté d’une gerbe de 
feuilles; son stipe simple donne-déjà du suc gom- 
meax, mais en petite quantité. Parvenu à son se- 
cond âge, il se fourche en plusieurs branches ; 
ses rameaux, formés d’arliculations comme le 
Cactus en raquettes, Cactus opuntia , plus petites, 
se couronnent d’une louffe étalée de cinq à vingt 
feuilles, planes et à bords tranchans, longues de 
quarante centimètres sur vingt-sept millimètres de 
largeur, et attachées par une Gaine courte, rou- 
geâlre: c’est l’époque de la puissance reproduc- 
tive ; le stipe se recouvre d’une écorce coriace, 
divisée par plaques unies les unes aux autres ; la 
base grossit d’une manière fort remarquable; les 
fleurs paraissent, elles sont peliles, très-nom- 
breuses, verdâtres avec une ligne rouge, réunies 
en verticilles de quatre en quatre, de cinq en cinq, 
le long d’une panicule ample, terminale et ra- 
meuse, épanouies à la fin d'août ; beaucoup avor- 
tent et Lombent à la plus légère secousse. Elles 
demeurent fermées tout le jour, dès que le soleil 
dere l’occident de ses mille feux étincelans, elles 
s'ouvrent pour se refermer aux premiers rayons 
de l’astre du jour. Il leur succède une baie jaunâ- 
tre, charnue, succulente, de la grosseur d’une 
cerise des bois, d’une saveur assez agréable, ct 


Towe II. 


celle seconde époque de la longue vie du Drago- 
nier, la production de la gomme est très-abondante. 
Du moment qu’elle diminue, l’âge caduc com- 
mence; alors la plante se charge de racines 
aériennes , réunies plusieurs ensemble, principa- 
lement à la naissance des branches secondaires ; 
dans les bifurcations , on voit surgir des jets peu 
adhérens , végélant en véritables parasites, et que 
l’on soupçonne provenir de graines qui ont germé; 
tandis que dans l’intérieur se développent des ex- 
croissances glanduleuses , brun-rougeñtres, de 
forme et de grosseur irrégulières, toutes hérisstes 
de pointes proéminentes. La plante continue lon- 
gues années encore à fleurir, à porter des fruits , 
à donner tous les signes d’une vie robuste, d’une 
jeunesse éternelle, 

Le premier âge du Dragonier gigantesque est 
de vingt-cinq à trente ans; du moins c’est après 
ce laps d'années qu'il se fourche. Il n’est point 
aussi facile de déterminer Ja durée des deux au- 
tres âges. Celui qui domine toute la superbe vallée 
de l’Oratava, appelée autrefois Taoro, et située 
à Ja base du pic de Ténériffe, déroute tous les 
calculs que l’on peut faire. A l’époque de la con- 
quête, en 1402, il était déjà réputé très-vieux et 
jouissait dans tout le pays d’une antique vénéra- 
tion pour sa grosseur, pour les avantages qu'il 
procurait et pour l'énorme cavité qu'il présentait 
déjà. Il ne paraît pas avoir vicilli depuis celte date 
si fatale ; car il est encore aujourd’hui d’une vi- 
gueur remarquable. Il a seulement perdu une de 
ses grosses pranches, toute chargée de rameaux, 
durant l’ouragan du 21 juillet 1819. On a couvert 
la place de manière à empêcher les caux de s’in- 
filtrer : une inscription consacre ce souvenir, La 
base de son vaste pied offrit, en 1794, à Brous- 
sonnet, proscrit par les hommes qui se sont fait un 
certain nom en profitant de ses travaux scientif- 
ques, un peu plus de quinze mètres de circonfé- 
rence, sur une hauteur de vingt-quatre mètres ct 
un Liers. Ceux qui veulent que les populations du 
monde soient toutes parlies de l'Orient, préten- 
dent justifier leur assertion par l'existence du 
Dragonier gigantesque aux îles Canaries, qui, di- 
sent-ils, y a été apporté par des hommes sortis de 
l'Inde, patrie première , selon eux, de ce végétal. 
Ce n’est point ici le lieu de combattre cette assertion 
ridicule, que démentent la conformation des crânes 
des diverses races humaines, et les débris végé- 
taux conservés dans le vaste réservoir des tour- 
bières. 

Parmi les autres espèces je nommerai les sui- 


vantes: 1° le DRAGONIER pourpre de la Chine, 


D. terminalis, vulgairement appelé Collis des 
Chinois, remarquable par la couleur empourprée 
de sa panicule, composée de grappes lâches ct 
rameuses , de ses fleurs très-nombreuses, de ses 
feuilles lancéolées et rétrécies inférieurement en 
un pétiole canaliculé, un peu élargi, embrassant 
à la base. Parfois cette teinte s'étend sur le stipe 
qui est cylindrique, grisâtre, nu dans la plus 
grande partie de sa longueur, et marqué de cica- 


154° Livraison, 74 


2 ee 


DRAG 


irices circulaires formées par la chute des ancien: 
nes féuilles. La partie supérieure du stipeest cou- 
ronnce par un faisceau de dix-huit à vimgt feuilles. 
= 9° le Draconiern EN PArasoz de Madagascar , 
D. umbraculifera, vulgaivement appelé A4ssy de 
l'ile Maurice: cette belle espèce monte à trois mè- 
iwés, se charge à son sommet d’une toufle de 
grandes feuilles lancéolées, presque ensiformes, 
et de fleurs blanches, nombreuses, très-rappro- 
chées, disposées en corymbe, qui s’épanouissént 
successivement et durent peu d'heures. Lune et 
Pautre espèce se culiivent en France chez quel- 
qües amateurs; elles sont très-répandues dans 
l'Inde. 


Le DRrAcONIER A FEUILÉES OvALES, À. borealis, 


est herbacé, présque sans tige; il est mani de 
feuilles elliptiques, pointues, assez larges, à ner- 
vures parallèles ; du milieu de ces feuilles s’ékve 
le stipe qui se termine par une espèce de corymbe 
dont les fleurs s’épanouissent au mois de juin. 
(T. ». B.) 

DRAGONNE. (nepr.) On a réuni sous ce nom 
des Sauriens assez différens entre eux, qui ne rap- 
péllent guère, par la simplicité de leurs formes, 
les Dragons fabuleux de l’antiquité ou les Dragons 
plus positifs des temps modernes. Ces Dragonnes 
ont pour caracières communs : la forme générale 
des sauriens , la tête pyramidale, quadrangulaire, 
révêtue en dessus de larges plaques polygones ; des 
dents solides, confondues avec les maxillaires , 
coniques , simples, légèrement comprimées à leur 
base et un peu recourbées en arrière ; discrètes et 
alternantes, au nombre de vingt environ sur cha- 
que côté des mâchoires ; le palais en est privé, la 
langue cst libre, écailleuse à sa surface , bifarquée 
comme chez les lézards ; l’œil peu saillant, muni 
de deux paupières, dont l’inférieure plas grande ; 
le tympan est visible, le corps peu renflé, cylin- 
drique ; les pieds courts , à doigts simples, libres, 
allongés, au nombre de éinq à chaque pied, ter- 
minés par ün ongle fixe, court, légèrement cro- 
chu; la queue cor primée est relevée, ‘comme chez 
les crocodiles, de éeux grandes carènes en scie, 
formées de grandes écailles anguleuses, disposées 
sur deux rangées convergenles vers l'extrémité de 
Ja quenre ; les cuisses sont garnies de follicules po- 
“reux à leur côté intérne ; les écussons qui revêtent 
le corps de ces sauriens varient de forme chez les 
üns, que l’on à distingwrés par les noms peu sieni- 
ficatifs de Ada et de Thorictis, mot grec qui si- 
güific cuirassé, Les écussors commés, assez peLits 
sur le dos, sont ondulés à leur surface ct surmon- 
tés d’une carène tranchante plus ou moïns pro- 
poncée, surtout en arrière, entrémélés d'écussons 
beancoup plas grands et à carènes saillanles en 
aiguitlon , disposés assez résulièrement sr sept 
lignes longitudinales, au milieu des bandes trans- 
vérses d'écüssons plus petits, se continuant au 
nombre de deux séries plus prononcées sur la 
queue. Au ventre les écussons, plus allongés, sont 
de Srandeur plus égale; la carèné y ést moins mar- 
quée, ct le gninconce qu'ils forment est plus régu- 
licr. On ne connaît qu'üne espèce : 


586 s 


DRAG 


else 

La Dnacoxxe DE 14 Gurañe, rapportée de 
Caïenne, de trois à quatre pieds de longueur, on 
dit même six pieds, dont la queue consiitae envi- 
ron lcs deux tiers ; d’un vert brunâtre en dessus, 
jaune chlorotique en dessous. Cet animal terre, à 
ce qu’il paraît, au voisinage des marécages, pour= 
suivant quelquefois sa proie au milieu des eaux; il 
se mange ainsi que l'Iguane. Avec l’âge les derniè- 
res dents maxillaires s’émoussent et prennent ane 
apparence pisiforme qui les ferait prendre pour 
de véritables dents molaires, si la mastication 
pouvait être soupconnée chez les reptiles. 

Les autres Dragonnes, désignées sous le nom 
de Crocorirvres, des mots grecs Crocodeilos Cro- 
codile, et Oura queue, ont les écussons quadrila- 
tères , égaux, disposés en gemme, assez sembla- 
bles à ceux des Monitors et des Sauvegardes, 
petits, peu saillans sur le cou et les membres, 
plus grañds et relevés d'un léger conoïde sur le 
dos, où ils sont disposés en verticilles; lisses, 
mais beaucoup plus développés et rangés en quin- 
conce sur l’abdomen; allongés enfin et carénés 
sur la queue, où ils constitüent des anneaux trans- 
verses plus ou moins prononcés. On n’en connaît 
qu’une espèce : 

Le CroconiLure LÉzarprr, où G. des Amazones, 
CG. ocellé de la Guiane et äu Brésil; long de 74 
centimètres environ , la queue en forme à peu près 
45, et gros de 7 à 8; vert-brunâtre en dessus avec 
de petites Laches plus foncées ou noires, irrégu- 
lièrement disséminées, plus fréquentes sur les 
côtés ; jaune de soufre en dessous. 

Les Dragonnes paraissent avoir à peu près les 
mêmes habitudes que les Monitors et les Sauve- 
gardes. 4 L PUCES Gp: 

DRAGONNEAU, VER DE GUINÉE, FILAIRE. 
(zooPn. inresr.) C’est au médecin plutôt qu'au 
naturaliste qu’il faut emprunter la description de 
ce singulier entozoaire, dont plusieurs ont nié 
l'existence, mais que des observations conscien- 
cieuses ne permettent plus de rejeter aujourd‘huï, 
Nous ne chercherons pas à signaler ici les diffé- 
rences qu’on remarque dans les diverses descrip- 
tions qu'en ont données les auteurs, différences qui 
nous paraissent tenir aux circonstances dans les- 
quelles il l’ont observé , et au plas ou moins d’at- 
tention qu'ils ont mis à le décrire. Bremser est, 
selon nous, celui qui lui assigne les caractères les 
plus ordinairement signalés : selon lui, le Dragon- 
neau est cylindrique, filiforme, d’une grosséur à 
peu près égale dans toute son étendue, si ce n’est 
à Ja queue, qui est plus amincie el un peurecourbée,. 
Sa grosseur varie depuis celle d’un fil assez ténu 
jasqu'à celle d’une ficelle. Sa longueur est quel- 
quelois de quelques pouces seulement ; elle peut 
s'étendre à plusieurs aunes. Son siége ordinaire 
est le tissu cellulaire sous-tégumentaire des jambes 
et des cuisses, ct le plus ordinairement autour des 
malléoles. On l’a quelquefois rencontré aux bras, 
au cou, au tronc, et aussi sous la langue. 

Comme tous les entozoaires , on n’a pas manqué 
d'attribuer sa présence à un grand nombre de 
causes exlérieures ; La nature des eaux , du climat, 


DRAS 


987 


DRAV 


des boissons et des alimens ordinaires ; on a sup- 
posé aussi qu'il s'introduisait sous la peau, lorsqu'il 
élait encore imperceptible; en un mot on l’a re- 
gardé presque toujours comme une cause plutôt 
que comme un résultat de maladie. Nous pensons 
-qu'ilne s’y développe que dans certaines circon- 
stances morbides, et qu'il y prend naissance à la 
manière des Gysticerques, des Acéphalocystes , 
dont il faudra bien avouer un jour la génération 
spontanée. Ge qu’on ne peut nier, c’est que le cli- 
mala la plus grande influence sur les circonstances 
maladives qui contribuent à produire le Dragon- 
neau, qu'on n’observe jamais que dans l'Arabie pé- 
trée , sur les bords du golfe Persique, de la mer 
Caspienne, du Gange, dansl’Abissynie etla Guinée. 
Souventsa présence est à peine sensible ; souvent 
aussi les premiers temps de son développement 
sont annoncés par une démangeaison plus ou moins 
vive. Mais si par son accroissement considérable 
il ajoute à la maladie préexistante, ilen augmente 
l'intensité et devient à son tour la cause de graves 
accidens. Des moyens internes et externes ont été 
mis successivement en usage pour détruire cel 
cniozoaire, Il n’entre*pas dans la nature de cet ou- 
vrage de les indiquer-ici. (P. G.) 

DRAP. (mozr.) Les amateurs et les marchands 
emploient ce mot, suivi d’une épithète spécifique, 
pour «désigner un assez grand nombre d'espèces de 
coquilles , surtout. de celles du genre Cône. Nous 
allons citer, parmi ces noms vulgaires, ceux qui 
sont.Je plus répandus : 

Drar p’ancenr, le Conus stercus muscarum, L. 

: Drap rrameté , le Conus auricomus, L, 

Dnar:D'or, le Conus textilis, L. 

- Drap por À DEnrezzgs, le Conus abbas. 

Dnap p’or vioer , le Conus archiepiscopus. 

Drar oranc£ , le Conus auratus, Brug. 

Daar riqueTé, le Conus nussatella , Brag. 

Dnar »etrr , le Conus panniculus, Lam. 

Drap montuaime , l'Olva lugubris, Lam. 

On donne le nom de Drap marin à la couche 
épidermoïde qui revêt le plus grand nombre des 
coquilles , lorsqu'on les retire de la mer. 7. Co- 
quiLLe et MorLusque. (GuËr.) 

DRAPIER où GARDE-BOUTIQUE. (o1s.) On 
désigne ainsi vulgairement le Martin - pêcheur 
d'Europe (alcedo ispida; L.), parce qu’on s’est 
imaginé que la dépouille de cet oiseau avait la pro- 
priélé d’éloigner les teignes. 

DRAP MORTUAIRE. (ixs.) Nom vulgaire-donné 
par Geoffroy à la Cétoine stictique. Ÿ. Céro:xx. 

(Guir.) 

DRASSE , Drassus. (anacan.) Genre de l’ordre 
des Pulmonaires , famille des Aranéides , section 
des Tubitèles, établi par Walckenaër et adopté 
par Latreille, qui lui assigne pour caractères : mâ- 
choires arquées au côté extérieur, formant un 
cintre autour de la lèvre, qui-est allongée et'pres- 
que ovale; huit yeux placés très-près du bord 
antérieur du corselet, disséminés quatre par 
quatre sur deux lignes transverses ; la quatrième 
paire de pieds et ensuite la première sont très- 
manifestement plus longues que les autres, Les 


3 


jambes et le premier article des tarses sont armé 
de piquans. Ces Arancides se tiennent sous les 
pierres , dans les fentes des murs, l’intérieur des 
feuilles, et.s’y fabriquent. des cellules d’une soie 
très-blanche. Les cocons de quelques unes sont 
orbiculaires, aplatis et composés de deux valves 
appliquées l’une sur l’autre. Walckenaër distribue 
les Drasses en trois familles, d'après la direction 
et le rapprochement des lignes formées par les 
yeux, el le plus où moins de dilatation du 
milieu des mâchoires. L'espèce qui peut servir de 
type au genre et qui comppse seule sa troisième 
famille, est cells qu'il nomme le Drasse verT, 
Drassus viridissimus, Walck., Hist. des Aran., 
fase. 1v, 9. Gette espèce construit sur la surface 
des feuilles une toile fine, blanche et transparente, 
sous laquelle elle s'établit. L’une des plus jolies 
espèces, et que l'on trouve assez communément 
aux environs de Paris courant à terre, est le 
Daasse nezuisantr, D, vrelucens, Latr.5 elle est 
petite, presque cylindrique, avec Le thorax fauve, 
recouvert d’un duvet soyeux et pourpre; l’abdo- 
men mélangé de bleu , de rouge et de vert, avec 
des reflets métalliques et deux lignes transverses 
d’un jaune d’or, dont l’antérieure arquée. On y 
voit aussi quelquefois quatre points dorés. 
(H. L.) 

DRAVE, Draba. (BoT. pran.) Genre de la fa- 
mille des Crucifères , Tétradynamie siliculeuse, 
iuslitué par Linné, adopté par De Candelle, qui 
le place dans sa tribu des Alyssinées, près des genres 
Alyssum et Cochlearia ; il en vetranche les espèces 
Pyrenaïca et Verna , érigées en genres (voyez P£- 
rrocazuis et ErorxiLA), et lui assigne en définitive 
les caractères suivans : calice à base non gibbeuse; 
pétales entiers, obtus ou un peu échancrés; éla- 
mines non denticulées; fruit ovale ou oblong 
(c’est-à-dire que le Draba porte tantôt une silique, 
tantôt une silicule), entier , à valves planes ou con- 
vexes; semences disposées sur deux rangs, non 
bordées. On voit que ce genre diffère fort peu des 
Arabis et surtout des Turrilis, lorsque son fruit 
est siliqueux. j 

Les Draves sont des plantes vivaces ou annuelles, 
ordinairement couvertes de poils mous.et veloutés, 
tantôt rassemblées en toufles courtes, comme des 
gazons , tantôt allongées et solitaires. On en compte 
plus de cinquante espèces, c’est-à-dire que celte 
plante varie selon les lieux; son aspect est en gé- 
néral élégant , gracieux ; elle plait à l'œil, et le 
botaniste y suit avec intérêt les nuances que la 
nature prodigue partout; sous ce rapport. l'étude 
des Draves, malgré leur complète inutilité, vaut 
celle de la plupart des autres Grucifères. 

De Candolle, qui les a bien observées , répartit 
en cinq sections les nombreuses espèces de ce genre. 
Les voici : 

I. Axzorsis. Onze espèces , indigènes des mon- 
tagnes de la Sibérie et de quelques chaînes de 
l'Europe. Plantes vivaces, à scape nue, feuilles 
raides et ciliées, fleurs jaunes, style filiforme. 
L'espèce la plus remarquable est le Draba aizoides, 
jolie plante printanière , dont les fleurs jaune.d'or 


DRÉM 


se détachent avec élégance sur les touffes vert- 
sombre de ses feuilles. 

II. Curysoprara. Douze espèces, des hautes 
montagnes septentrionales de l’Europe et de l'A- 
sie ; excepté deux qui sont du Mexique. Racines 
vivaces ; feuilles molles ; fleurs jaunes; style très- 
court, parfois presque nul. 

IT. Lrucoprapa. Quinze espèces, la plupart des 
Alpes et des Pyrénées. Racines vivaces ; feuilles 
molles ; fleurs blanches, à pétales obtus ou légè- 
rement échancrés. Quelques unes croissent pres- 
que au milieu des neiges ; tel est le Draba nivalis. 

IV. Horanczs. Huit espèces, des contrées sep- 
tentrionales. Leurs fleurs sont ordinairement blan- 
ches , et ont un style court. 

V. Dnapezra. Qualre espèces, dont deux indi- 
gènes en France. Racines annuelles ou vivaces ; 
fleurs très-petites, jaunes ou blanches , sans style. 
Nous citerons le Draba muralis, qu'on trouve 
quelquefois aux environs de Paris, sur les murs 
ou dans les terrains sablonneux. 

Le Draba verna, que les jeunes botanistes cou- 
rent observer au bois de Boulogne dès le premier 
soleil du printemps , a recu de M. De Candolle la 
dignité de genre avec le nom d'Erophila.  (L.) 

DRÈCHE. (#cow. run. ) Résidu de graines cé- 
réales et particulièrement d’orge germée, que l'on 
a réduites en farine pour les employer à la fabrica- 
tion de la bière et des liqueurs alcooliques. Gomme 
elle retient encore, intactes ou peu altérées, di- 
verses parties nulritives , le cultivateur intelligent 
l’administre aux bœufs, aux vaches, aux porcs 
qu'il veut engraisser rapidement ; les chevaux la 
mangent avec plaisir. On peut encore s’en servir à 
l'engrais des terres, à l'instar des Anglais. 

é (T. ».B.) 

DREISSENE, Dreissena. (mozz. ) M. Vanbene- 
den donne ce nom à un nouveau genre de Mollus- 
ques bivalves qu'il éthblit sur l’espèce des Moules 
d’eau douce, espèce que l’on a successivement dé- 
critesousles différens roms de Mytilus polymorphus, 
M. Volgæ, A1. Chemnitzi, M. Hageini, M. li- 
neatus, ct M. «rca. L'animal à pour principal 
caractère , son manteau qui esl fermé et présente 
trois ouvertures distinctes pour le passage des ex- 
crémens, du bissus, de la languette et du siphon, 
au lieu d’êlre entièrement ouvert comme cela se 
voit chez les moules marines. Gelte disposition, 
très-remarquable, semble éloigner les Dreissènes 
des Mytilactes, pour les rapprocher des Gamacées. 
L'espèce que nous avons indiquée est propre à 
l'Europe : on la trouve dans la mer Caspienne, le 
Volga, le Danube, la Meuse, le lac d'Harlem, ete. 

Une autre espèce a été récemment observée par 
M. Vanbeneden, qui doit la décrire bientôt ; elle 
vient du Sénégal, et vit également dans les eaux 
douces, c’est le D. africanus, Vanb. ; (Grrv.) 

DREMOTHERIUM, Dremotherium. (mam. ) Ce 
nom, qui veut dire animal bon coureur, à élé ré- 
cemment appliqué par M. Geoffoy à un nouveau 
genre de Mammifères fossiles dont on ne connaît 
encore qu'une espèce, le Dréu. DE Ferexoux, 
Drem, F'eignoui, Geoffroy, Etudes progressives , 


588 


DRIL 


p. 72, 1% cahier. C’est un ruminant très-voisin 
des Chevrotains, dont il se rapproche par l’absence 
de bois, mais qui n’a pas comme eux de longues 
canines à la mâchoire supérieure. M. Geoffroy a 
trouvé les débris de ce Mammifère dans les brèches 
à ossemens de Saint-Gérand-le Pui, département 
de l’Allier; il suppose qu’on pourra rencontrer dans 
la même localité quelque nouvelle espèce du même 
groupe. (Genv.) 

DRENNE. (ors.) Ce mot, que l’on écrit aussi 
Dreine, est le nom d’une espèce de Grive, le 
Turdus viscivorus. Voyez Grive et Menre. 

(Genv.) ” 

DRÉPANE, Drepane. (roiss.) Genre érigé par 
Cuvier aux dépens des Chætodons de Linné et 
auires naturalistes. Aujourd’hui, dans la méthode 
ichthyologique de cet auteur, il ne comprend 
plus que les espèces qui offrent pour caractère : 
trois épines à l’anale, jointes à des peclorales lon- 
gues el pointues. Guvier a cru pouvoir leur appli- 
que le nom de Apersr, qui exprime Ja forme 
particulière que présentent leurs nageoires pec- 
torales. 

Toutes les espèces connues de ce genre appar- 
tiennent à la mer des Indes, où elles sont peu re- 
cherchées comme aliment. Deux espèces seulement 
constituent ce genre. 

La Da£eane poxcrufe, Drepane punctata, Gux., 
se fait remarquer par ses pectorales en forme de 
faux, et par son corps argenté , parsemé d’un 
grand nombre de taches ou points bruns , d’où elle 
tire son nom. La deuxième, décrite sous le nom 
de Drépane peigne, Drepane longimana, est une 
espèce qui se trouve à Java : on la rencontre éga- 
lement à Pondichéry, où elle a été observée par 
M. Leschenault. On pourrait la confondre au pre- 
mier coup d'œil avec la précédente ; mais la lon- 
gueur de ses pectorales suffit pour l'en distinguer. 

(Azrn. G.) 

DRESSÉ, DRESSÉE, £rectus. (mor. ) Se dit 
d'une tige dont l'axe est perpendiculaire à l’hori- 
zon. Qu'on se garde bien de confondre Dressé, 
Erectus, avec droit, rectus. Sans doute une tige 
peut être tout à Ja fois Dressée et droite ; mais si 
l’on songe que droite signifie, qui n’a pas de cour- 
bure, on concevra facilement qu'une tige Dressée 
peut être sinueuse, et une tige droite, oblique où 
couchée. (GC. £.) 

DRILE, Drilus. (ins. ) Genre de Coléoptères, 
de la section des Pentamères, famille des Serri- 
cornes, tribu des Lampyrides, établi par Olivier, 
et ayant pour caractères : têle non prolongée en 
forme de museau ; antennes écartées entre elles à 
leur naissance, fortement pectinées dans les mâles 
au côté interne, seulement dentées en scie dans les 
femelles ; les palpes des uns et des autres sont plus 
épais vers leur extrémité, mais se terminent en 
pointe. La femelle est aptère. 

Le mâle de l'espèce qui sert de type à ce genre 
est connu depuis long-temps; mais on ignorait 
comment était la femelle , et toutes ses mélamor- 
phoses, lorsque M. Miclzinsky trouva une larve 
assez ressemblante aux femelles des Lampyres ; 


à DROM 


qui attaquait les limaçons, se nourrissait de leur 
substance, et subissait ses mélamorphoses dans 


“l'intérieur de leur coquille. Ces larves ont le 


corps plus éiroit antérieurement et garni de 
deux rangs de mamelons couverts de poils, ainsi 
que de deux rangs d’aigreltes sur des prolonge- 
mens dela peau; l'extrémité du corps est fourchue; 
l'anus est tuberculeux, et sert de point d'appui 
à l’insecte dans la progression. Après leur dernier 
changement , elles lui donnèrent des insectes ap- 
ières, mais comme il ne Jui était sorli que des 
femelles , il en forma un genre qu’il plaça auprès 
de celui des Lampyres, sous le nom de Cochleoc- 
tone; ces remarques intéressantes excitèrent M, Des- 
marest el presque simullanément M. Audouin à 
répéter et suivre plus en grand les expériences 
de M. Miclzinsky, pour tâcher d’obtenir la so- 
lution complète de la difficulté. On sut d’abord 
que ce que cet auteur avait pris pour la nymphe 
n'était rien autre que la larve, mais dans un en- 
gourdissement produit par le froid de l'hiver ; que 
la métamorphose s’opérait au printemps dans la 
coquille, dont l’insecte beuchait l’entrée avec sa 
dépouille de larve, qu'elle se tenait habituelle- 
ment dans le troisième tour, le ventre vers la 
spire, el la tête regardant le fond, tandis que la 
nymphe se trouvait tournée vers l'ouverture; enfin, 
deux nymphes de différentes tailles étant venues 
à l’état parfait, on connut positivement le mâle et 
la femelle ; ces observations sont d'autant plus in- 
téressantes qu'elles éclaircissent les mœurs de toute 
la tribu. 

D. saunarre, D, flavescens, Oliv. col. t. 11, 
25,1. Le mäle est long d’environ trois lignes ; 
cependant il varie beaucoup de grandeur, il est 
noir, avec les élytres jaunâtres très-velues ; la fe- 
melle est trois fois plus grande, d’un jaune orangé; 
elle ressemble à celle des Lampyres, mais n’est pas 
phosphorescente. On trouve le mâle assez com- 
munément aux environs de Paris ; mais pour se 
procurer la femelle il faut élever la larve. 

(AC OP 

DRIGUE. (ois.) Nom vulgaire d’une espèce de 
fauvette. Ÿ. Bec-FIN.- (GuËr.) 

DRILL. (wam.) C’est une espèce de singe du 
genre Cynocephalus, distingué par Fréd. Cuvicr. 
Le Drill se rapproche beaucoup du Mandrill, et 
prend place dans là même section que lui; nous 
avons parlé de l’un et de l’autre, en trailant des 
CGynocépnaLes. V, ce mot. (Genv.) 

DROC. (8or. pra.) On donne vulgairement ce 
nom à l’Ivraie. Ÿ,. ce mot. 


DROGON. (mor) C’est le nom marchand du 


© Triton lotorium, V. Trirox. 


DROGUE. (mor. rx.) Nom vulgaire de l'Ajonc 
dans quelques unes de nos provinces. #. Urxx. 
(Guér.) 
DROMADAIRE. (uaw.) Cet animal, sur lequel 
nous avons déjà dit quelques mots à l’article Cha- 
meau de ce Dictionnaire, est le CmaAMEAU A UNE 
BOSSE, Camelus dromedarius des naluralistes. Il se 
distingue de son congénère par son museau moins 
renflé, le sommet de sa tête moins élevé, son 


589 


E] 


DROM 


cou proportionnellement plus court, et surtout 
par sa bosse qui est unique, arrondie et jamais 
tombante; le ‘poil est doux, laineux, médiocre- 
ment long; sa couleur ordinaire est d’un gris 
presque blanc , devenant roussâtre avec l’âge. 

Le Dromadaire est bien plus répandu que le 
Chameau à deux bosses. Il est fort commun en 
Arabie et dans toute la partie septentrionale de 
l'Afrique, depuis l'Egypte jusqu’en Barbarie. On 
le retrouve au Sénégal, en Abyssinie , etc. , et en 
Asie, dans la Perse et la Tartarie méridionale. 
MM. Bory et Isid. Geoffroy nous ont appris, dans 
l'ouvrage sur la Morée , qu'il avait été accidentel- 
lement transporté en Grèce, et qu'il s’y élait par- 
faitemenut acclimaté. (GEnv.) 

DROMIE , Dromia. ( cnusr. ) Genre de l’ordre 
des Décapodes, famille des Brachyures, section 
des Homochèles , tribu des Notopodes, Cours 
d'Entomolosic de Latreille, Ce genre, qui a été établi 
par Fabricius, a pour caractères : pieds propres 
à la course et à la préhension ; longueur des dix 
premiers diminuant graduellement , à connnencer 
des serres ; les quatre derniers insérés sur le dos, 
et terminés par un double crochet; test ovoide, 
court et presque globulcux, bombé, laineux ou 
très-velu. Ces crustacés , par la forme de leurs an- 
tennes, par les parties de la bouche et par la 
composition de leurs pieds, ont beaucoup de res- 
semblance avec les crabes proprement dits; ce- 
perdant la position des pieds postérieurs insérés 
sur le dos est un caractère qui, sans aucun doute, 


suffira à les distinguer des genres connus, à l’ex- 


- ception des Dorippes et des Homoles'avec lesquels, 


sous ce rapport, ils ont beaucoup d’analogie; mais 
dans le premier de ces genres, les quatre pieds 
relevés se terminent par un crochet simple, et le 
second n’a qu'une paire de pattes dorsales. Les 
Dromies se font encore remarquer par un certain 
nombre de caractères. La carapace est ovale, ar 
rondie , très-bombée ; sa partie antérieure est un 
peu rétrécie el prolongée en manière de museau ; 
les antennes extérieures, très-pelites, sont insérécs 
au dessous des pédoncules oculaires ; les intermé- 
diaires naissent en dessous et un peu en dedans 
des yeux ; les pieds-mâchoires extérieurs ont leur 
troisième article presque carré, légèrement échan- 
cré à son extrémité et en dedans ; les serres sont 
égales, grandes et fortes ; les doigts en sont ro- 
bustes, creusés en goutlière dans leur milieu, avec 
des dents sur les bords qui s’engrènent muluelle- 
ment; la seconde et la troisième paires de paltes se 
Lerminent par un article simple en forme de cro- 
chet fort aigu; les deux paires suivantes sont plus 
courtes, insérées sur le dos de l’animal, et termi- 
nées par un arlicle pointu et arqué; une autre 
épine plus petite et de même forme existe sur 
l’article qui précède le tarse , et la réunion de ces 
deux épines constitue une sorte de pince qui pa- 
rail avoir pour usage de saisir divers corps élran- 
gers pour les fixer sur leur dos: ie 

Ces crustacés, assez indolens dans leur démar- 
che, vivent dans des lieux où la mer est médio- 
crement profonde, et ils choisissent pour leur 


DRON 


——— 


habitation les endroits où les rochers ne sont point 
gachés sous la vase. On les trouve presque tou- 
jours recouverts d'une espèce d'alcyon ou de 
valves de coquilles, qu'ils retiennent avec leurs 
quatre pieds de derrière, et dont ils semblent se 
servir comme d'un bouclier qu'ils opposent aux 
attaques de leurs ennemis. Les Alcyons , qui sont 
en général de l’espèee appelée Alcyonium domon- 
culæ, continuent même à se développer et à s’é- 
tendre sur leur carapace , qu'ils finissent par 
cacher entièrement, Au mois de juillet, suivant 
Risso , les femelles sortent de l’état d’engourdisse- 
ment qui leur est ordinaire, et se rendent sur des 
basfonds pour y déposer un très-grand nombre 
d'œufs. On connaît plusieurs espèces de Dromies; 
celle qui est la plus connue ( Cancer dromia, Lin. 
Rumph., Mus. xv, 1; Herbst, xvurr, 108 ) est 
répandue dans tout l'Océan, celui du Nord ex- 
cepté. Elle est couverte d’un duvet brun, avec 
cinq dents à chaque bord latéral et trois au front; 
les doigts sont forts, très-dentés sur les deux 
bords et en partie couleur de rose; quelques au- 
teurs l’ont dite venimcuse. La Droïie TÊTE DE morT, 
Cancer caput morluum, Lin. , est plus petite, plus 
bombée, presque globuleuse, avec trois dents de 
côlé à ses bords antérieurs, le front court, 
échangré au milieu, et sinué latéralement. On la 
trouve sur les côtes de Barbarie. (EL. KL.) 
RONGO, Edoluis. (ois.) Les Drongos, que 
Vicillot a nommés Dicrurus et Cnvicr Ædolius, 
sont des passereaux à bec dentéqui viventen grande 
partie dans l'Inde, principalement dans les îles 
voisines du continent; ces oiseaux , dont les tein- 
tes sont généralement noires et la qmenefourchue, 
ont les narines cachées par de longnes 
les tarses robustes , mais assez courts. Leur nour- 
riture se compose principalement d'insectes, ‘et 
il en est plusieurs parmi eux dont le ramage est 
comparable à celui du Rossignol. Les espèces 
connues sont au nombre de treize ou quatorze, 
presque toules dues aux recherches de Levail- 
lant ; quelques unes cependant n'ont pas élé 
inconnues aux naturalistes du siècle dernier et se 
trouvent décrites ou figurées dans Buffon, Gme- 
lin, etc. Nous citerons : L 
Le Droncounurré, Edolius cristatus, Enl. indrqué 
par Buffon comme étant le grand Gobe-mnouche 
noir, et dont Linnæus a fait le Lanius forficatus. 
Cet oiseau, rapporté d’abord de Madagascar, se 
trouve aussi au cap de Bonne -Espérance et en 
Cafrcrie. IL a dix pouces de longueur depuis le 
bout du bec jusqu’à extrémité de la queue, c’est- 
à dire que sa taille est à peu près celle de notre 
merle ; son plumage est entièrement noir. Levail- 
ant rapporte , d’après des indications qu'on lui‘a 
communiquées , que, dans la saison des amours, 
ce Drongo fait entendre un ramage très-harmo- 
mieux, 


soies et 


Drancrar, Dicrurus musicus, Vieill. Comme: 


l'indique son nomlatin , celte seconde espèce jouit 
aussi d’an chant agréable; elle a été décrite par 
Levaillant et représentée à la pl. 169 de son His- 
toire des oiseaux d'Afrique. Sa couleur est égale- 


590 


DRON 


ment noire, comme chez l'espècemprécédente; mais 
elle manque de huppe , et sa taille est inférieure. 

# Dnonai£, Lev., pl. 170, Dicrurus leucophæus, 
Vieill. Queue très-longue et très-fourchue, cou- 
leur générale d’un bleu ardoisé. C’est une espèce 
de Ceylan, 

Dronco À raquerTres, Lev., pl. 175, Dic. pla- 
turus , Vieill.; Édolius platurus, Dumont; Edolius 
relifer, Temm. C’est aussi le Cuculus paradisœus 
de Brisson ; il vit sur la côte de Malabar ; les deux 
rectrices externes de sa queue sont terminées 
par deux longs brins sans barbules, et s’élargis- 
sant à l'extrémité où les barbules commencent à 
se montrer. Gelte espèce est représentée dans 
notre Atlas, pl. 140, fig. 1. 

Droxco Bronz£, Edolius cœneus, Dum. Levaill., 
pl. 176. Sa couleur est d’un noir bronzé; il vit au 
Bengale, : 

Dronco À names, Ædolius remifer, Temm., 
pl. col. 178. Ce Drongo , beaucoup plus petit que 
le Drongo à raqueltes, est entièrement d’un bleu 
noir à reflets brillans ; les deux tiges qui partent 
des deux rectrices externes sont légèrement bar- 
bulées et terminées par des barbes formant deux 
raqueltes ovalaires oblongues, La femelle ne pré- 
sente point celte disposition. 

L'Edolius remifer vit sur les côtes de l'Inde 
aimsi qu'à Java-et Samatra. (Gerv.) 

DRONTE, Didus. (o1s.) Un des faits les plus 
intéressans de lornithologie, et qui offre avec les 
points les plus élevés de la philosophie zoologique 
des rapports immédiats, est certainement eclui du : 
Dronte, oiscautrès-commun jusqu’au dix-seplième 
siècle dans les îles de France et de Bourbon, et 
dont l'espèce paraît aujourd'hui totalement anéan- 
tie, Les premiers Européens qui vinrent s'établir 
dans les iles qu'habitzient ces singuliers animaux, 
les ÿ trouvèrent en très-grand nombre; et cepen- 
dant nous n'avons plas pour constater qu'ils ont 
vraiment existé, que quelques phrases vagues et 
disséminées dans les nombreux écrits des voya- 
geurs, quelques portraits grossiers, une seule 
patte el une tête. 

Lorsque les Hollandais, commandés par l'amiral 
Cornelisz van Neck, abordèrent en 1598 à l’île 
de France (alors connue sous le nom de Maurice 
et auparavant d’ilha do Cirne ou do'Cisne, c’est-à- 
dire Île aux Cygnes, que lui avaient donné les 
Portugais) » ils y trouvèrent en très-grande abon- 
dance uneespèce d'oiseau qu’ils nommèrent #aly- 
vogel ou oiseau du dégoût , tant à cause de Ia du - 
relé de sa chair, que de sa physionomie bizarre. 

Plus tard , en 16:18, les navigateurs d’un vais- 
seau également hollandais, et commandé par 
Bontekoé, ayant jeté l'ancre sur la côte de Mas- 
karénas, aujourd'hui Bourbon, rencontrèrent 
dans cette île les mêmes oiseaux qu'avait vus Van 
Neck. Bontekoë parla de ces animaux dans la re- 
lation qui fut imprimée de son Voyage (Réc. des 
voy. d'Hacluyt, de Purchas, etc., Paris, 1665) ; 
son récit fut même accompagné d’une figure por- 
tant le nom de Dronte. 

Clusius parla aussi de cet oiseau; il est même 


LA one di 


2 Dronoo » Die 


Æ CGuerus de 


De tt 


DRON 


un de ceux qui nous ont laissé sur lui le plus de 
détails : il le nomme indistinctement Cygnus cu- 
culatus (cygne encapuchonné) et Gallus galli- 
naceus peregrinus. Il nous apprend que le Dronte, 
oiseau dela taille d’une oie, a sur la tête une sorte 
de capuchon; que son corps est peu garni de 
plumes ; que ses jambes sont de grosseur égale, 
et que ses ailes n’ont que quatre ou cinq pennes. 
Le corps est très-gros, surlout à sa partie posté- 
rieure, où il porte, au lieu de queue, quelques plu- 
mes frisées. Niéremberg, Bontius et Willugby 
n'ont rien ajouté à ce récit, et Herbert, dans 
ses voyages, confirme ce qu'avait déjà annoncé 
Clusius ; savoir, que le Dronte avale des pierres ; 
il croit même qu'il a la facilité de les digérer, 
et ne sait que penser d’une telle force d’assi- 
milation. Edwards, dans ses Glanures, a aussi 
parlé du Dronte, il en donne une figure, la- 
quelle est faite d’après un dessin rapporté de 
Maurice. 

Les classificateurs ont été long-temps embarras- 
sés pour trouver la véritable place du Dronte, 
quelques uns ont fait de cet oiseau un palmipède, 
d’autres, un granivore voisin des autraches, et 
quelques autres un accipitre de la section des Vau- 
tours. Quelques uns ont trouvé plus commode de 
le passer sous silence. M. de Blainville a le pre- 
mier pensé que le Dronte devait avoir avec les 
Vautours de nombreuses ressemblances ; ayant eu 
occasion d'étudier le pied et la tête conservés dans 
la collection du Musée d'histoire naturelle d’Ox- 
ford , il a reconnu que ces parties avaient beaucoup 
de rapports avec les mêmes chez les Vautours. Il a 
donné sur ce sujet à l’Académie des sciences un 
Mémoire dont on trouve l'analyse dans les comptes 
rendus de l’Académie, par G. Cuvier. Depuis, 
M. de. Blainville a eu l’heureuse idée de faire mou- 
ler la tête dont rous parlons ci-dessus, ét il en a 
présenté dernièrement le plâtre à l’une des-séances 
de l’Institut, en rappelant qu'il conservait tou- 
jours la même opinion , et annonçant que plusieurs 
savans ornithologistes anglais, M. Gould entre 
autres , la partageaient entièrement. C’est surtout 
G. Cuvier qui a pensé que le Dronte devait être 
un palmipède ; il l’a rapproché des Pingouins 
à cause des stries longitudinales de son bec; d’au- 
tres ont pensé que ce serait plutôt une espèce 
d’Albatros. On doit dire d’abord que les Albatros 
volent peut-être mieux que la plupart des oiseaux, 
et que les Drontes étaient dépourvus de cette fa- 
cilité; de plus la palte conservée dans le Muséum 
-anglais n’est point palmée, et la figure d'Edwards 
nous présente aussi des doigts libres. Les voya- 
geurs nous représentent d’ailleurs cel oiseau 
comme éminemment terrestre, ce qui ne peut 
faire penser qu’il ait pu ressembler aux Pingouins 
ni aux Albatros: ils nous disent aussi que le 
Dronte est un granivore avalant des pierres pour 
broyer ses alimens; ceci pourrait faire penser 
que le Dronte, ayant, il est vrai, les pieds et le 
bec d’un Vautour, n'avait pas cependant sa ma- 
nière de vivre. 

Didus inoptus, à cause de son peu d’agililé, est 


991 


DROS 


le nom qu'ona donné au Dronte; on l'appelle 
aussi quelquefois Dodo. (GEnv.) 

DROSERACLES , Droseraceæ, (BOT. PIAN.) 
Famille de la classe des Dicotylédonées à corolle 
polypétale, établie par De Candolle, qui en prit 
pour type le genre Drosera, et lui assigne les ca. 
raclères suivans: calice monostépale à cinq divi- 
sions régulières, persistantes; corolle de.cinq pé- 
tales, planes, égaux et réguliers, alternant avec 
les divisions du calice; cinq (quelquefois dix) éta- 
mines hypogynes , à fiiets libres, à anthères bi- 
loculaires: un ovaire libre, ordinairement à une 
loge; trois à cinq sligmates, en général sessiles, 
simples ou bipartis, courts et épais, ou bien al'on- 
gés et étalés en rosace; ‘capsule ovoïde, à uue ou 
plusieurs loges, s’ouvrant en plusieurs valves; 
graines recouvertes d’un tissu aréolaire ou espèce 
d’arille , contenant un embryon dressé, 

À. Richard a modifié ces caractères en un 
point important : selon ce professeur, l'insertion 
des étamines est périgynique. Dans les Drosera, 
dit-il, des pétales et les étamimes sont insérés à 
la partie inférieure du tube calicinal , au dessus 
de son fond ; dans le Parnassia (même familie), ils 
semblent naître de la paroi externe de l'ovaire, 
un peu au desssus de sa base, en sorte que l'in- 
serlion est réellement périgynique. 

Cependant A, Richard n’éloigne pas les Dro- 
séracées des Violacées, bien que dans celte der- 
nière famille l'insertion soit hypogynique. En ef 
fet, les deux familles présentent un même nombre 
de parties, et la même structure dans le fruit eë6 
la graine. Mais un port différent , et la présence 
de stipules chez les Violacées, les distinguent aus- 
sitôt. 

Les Droséracées sont en général des herbes an- 
nuelles ou vivaces , à feuilles pétiolées , alternes , 
souvent garnies de poils glanduieux, plus ou moins 
ivritables au toucher. Voici les genres que De 
Candolle comprend dans cette famille: Lrosera , 
Linn.'; Parnassia, Linn. ; Drosophyllum, Link ; 
Aldrovanda , Monti; Romanzowia, Ghamisso; By- 
blis, Salysb.; Rovidula, Linn., et Dionæa , Ellis. 

Richard retranche des Droséracées le Roman- 
zowia , dont la corolle est monopétale; et le 
Dionxa (voy. ce mot), dont les étamines sont ma- 
nifestement hypogynes. (L.) 

DROSÈRE, Drosera, (mor. pan.) Genre de 
la Pentandrie trigynie, Linn., placé d’abord par 
Jussieu dans la famille des Capparidées, puis re- 
gardé par De Candolle comme le type d’une nou- 
velle famille naturelle. Il offre pour caractères un 


calice monosépale, persistant, partagé en cinq 


divisions régulières ; une corolle de cinq pétales 
étalés, égaux; cinq étamines alternant avec les 
pétales, attachées ainsi qu'eux à la partie infé- 
rieure du tube calicinal (Richard), au dessus de 
son fond, et par conséquent périgynes ; un ovaire 
libre , à une loge; trois à cinq styles allongés e£ 
bipartis, d’abord dressés, puis étalés ; une cap- 
sule ovoïde , erveloppée dans le calice, s’ouyranË 
par sa moilié supérieure en trois ou cinq valres 
incomplètes. 


TT 2 


DRUP 


992 


DRYM 


EE ES 7 LEE ERNE 


! On compte trente-deux espèces de Drosères 
(Prodrome de De Candolle, 1, p. 317), répandues 
sur les différentes parties du globe; ce sont de 
petites herbes assez élégantes, presque toujours 
humides ou spongieuses (d’où le nom grec Drosera, 
couvert de rosée) , et croissant dans les marais, 
au milieu des Sphaignes : elles ont des fleurs blan - 
ches disposées en épis, et des feuilles alternes, par- 
fois toutes radicales, couvertes de longs poils 
glanduleux. De Candolle divise les Drosères en 
deux sections, distinguées d’après la forme des 
styles, tantôt presque simples et capitulés à leur 
sommet , tantôt mullifides et comme pénicilli- 
formes. 

ï. Nous citerons les deux espèces qui se rencon- 
trent aux environs de Paris : 

Ü DnosÈRE A FEUILLES RONDES, Drosera rotundi- 
folia, Linn. Jolie plante, assez commune dans les 
marais de Monimorency, de Saint-Gratien, etc. 
On la nomme aussi Rossolis, ou rosée du soleil. 
Ses feuilles, toutes radicales, petites , arrondies, 
et portées sur de longs pétioles velus, sont recou- 
vertes à leur face supérieure, et surtout sur les 
bords, de poils glanduleux, rougeâtres ; qu’une 
mouche se pose sur la feuille, et l’on voit se re- 
nouveler le phénomène d’irritabilité dont nous 
avons parlé à l'article Dioxxa : les poils qui la 
bordent se rapprochent, s’entrecroisent, et en- 
ferment l'insecte dans une étroite cage. Mais la 
colère du Drosera n’est pas aussi longue que celle 
des dieux ; au bout d’un instant, la feuille se rou- 
vre et laisse échapper le captif. Les fleurs du Ros- 
solis sont blanches, presque sessiles, et forment un 
épi simple ou bifurqué au sommet d’une hampe 
de quatre ou cinq pouces. 

Le Dnosère À LONGUES FEUILLES, 1). longifolia , 
Linn., se distingue de l’espèce précédente par ses 
feuilles allongées , ses pélioles glabres, ct sa hampe 
toujours simple. 

Le Drosera lusitanica, Linn., à &té érigé en 
genre par Link, sous le nom de Drosormyrrun. 
(Foy. l'article suivant.) (L.) 

DROSOPHYLLE, Drosophyllum, Linn. (or. 
pan.) Genre de la famille des Droséracées, Dé- 
candrie pentagynie, Linn., créé par Link pour le 

Drosera lusitanica de Linné, lequel diffère de ses 
‘anciens congénères par ses dix élamines , ses cinq 
styles filiformes, et sa capsule à cinq valves ,-pa- 
raissant à cinq loges à cause des replis intérieurs 
des valves. Le Drosophylle croît en Portugal, en 
Espagne et dans les îles occidentales d'Afrique. Sa 
tige est frutescente, et porte des feuilles linéaires, 
entières, couvertes de glandes stipitées. Ses fleurs 
sont jaune-soufre , et disposées en corymbes. 
(L.) 
7 DRUPACE, Drupaceus, (B0T. rrax.) Ressem- 
blant à un drupe par son aspect el sa nature. 
Dans ses fragmens d’une méthode naturelle , Linné 
donne le nom de plantes drupactes à toutes celles 
ayant des fruits à noyau, comme l’Amandier, 
Amygdalus ; le Pranier, Prunus, etc. Le fruit des 
Cycadées a de l’aflinité avec le drupe, il en est de 
même de plusieurs autres et plus particulièrement 


de l'Umari de la Jamaïque, Geoffrea inermis, placé 
à la fin des Légumineuses, (L.) 

DRUPE, Drupa. (8or. Pan.) Fruit charnu ou 
pulpeux, renfermant un seul noyau, telles sont les 
Cerises, les Pêches, etc. Il est pulpeux dans le 
Prunier ; charnu dans l’Abricotier; sec, cassant 
et coriace dans l’Amandier, le Noyer; crustacé 
dans le Cocotier pierreux ; fibreuxi dans le Chou 
palmiste ; filamenteux dans le Manguier ; lactes- 
cent dans l’Illipé; sébacé, c’est-à-dire semblable 
à du suif, dans le Bosé des Canaries , Posea yerva- 
mora; fongueux dans la Lobélie éclatante, Zo- 
belia fulgens; subéreux dans la Duhamel écarlate, 
Duhamelia coccinea. 

Considéré dans sa forme, le Drupe est acuminé 
seulement au sommet dans l'arbre au vernis, Rhus 
vernix, au sommet et à la base dans la Pimpre- 
nellesanguisorbe, Poteriumsanguisorba; arqué dans 
le faux Brésillet, Comocladia brasiliastrum ; cym- 
biforme dans le Badamier, T'erminalia : cylindri- 
que dans quelques variétés d'Olivier , Olea sativa ; 
ovoïde dans le Coucpia de la Guiane; pyriforme 
dans le Pied d'oiseau, Ornithopus perpusillus : pi- 
siforme dans le Laugeria; pyramidal dans le Bu- 
tonica speciosa de l'Inde; réniforme dans le V’al- 
kera; subulé dans le Rubanier, Sparganium erec- 
tum ; et terminé par deux pointes allongées dans 
la Lampourde commune, Xanthium strumarium, 
ou bien obové dans l'arbre de neige du Ceylan, 
Chionanthus zeilanica , ou bien encore à pointe 
eflilée et piquante dans le Sébestier, Cordia se- 
bestena. 

Il y a des Drupes ambigus qu'il est difficile de 
déterminer et que l’on peut prendre tantôt pour 
une baie, tantôt pour une capsule. Les Drupes 
fausses-baies sont ceux du Cornouiller, Cornus, du 
Camara des régions intertropicales, Lantana, etc. ; 
ils ressemblent à une baie par la forme, le 
volume, la couleur et la nature de la pulpe ; 
et cependant ils en diffèrent par le noyau soli- 
taire qu'ils contiennent. Il en est de même des 
Drupes fausses-capsules ; ils s'ouvrent bien spon- 
tanément à l’époque de la maturité comme les 
capsules; mais ils ne peuvent être confondus avec 
elles à raison de lenr double péricarpe bien pro- 
noncé ct de l’affinité de leur pulpe avec celle des 
yrais Drupes. 

Enfin on appelle faux-Drupes ceux qui parais- . 
sent en avoir les caractères el qui cependant n’ont 
avec eux aucun rapport réel. Tels sont les fruits 
du Raisinier, Coccoloba; les baies sèches du Mus- 
cadier, Myristica; les gousses membraneuses du Pté- 
rocarpe d'Amérique, Pterocarpus lunatus: les si- 
licules en forme de petites masses du Goquillier au 
bedeau, Bunias erucago , etc. (T. », B.) 

DRYMIDE, Drymis. (BoT. rnax.) Genre des 
Magnoliacées et de la Polyandrie polygynie, établi 
par Forster, et offrant les caractères suivans : ca- 
lice entier, caduc ou persistant, ou bien di ou 
tri-sépale; corolle composée de six à vingt-quatre 
pétales formant une ou deux séries ; étamines en 
grand nombre , à filets courts et épaissis au som- 
met, couronnés d’anthères à deux loges écartées 


l'une 


0 


DRYM 


593 


DUG: 


PU 


lune de l’autre; pistils dont le nombre varie de 
quatre à huit, se pressant les uns contre les autres 
au centre de la fleur, ayant chacun un ovaire à 
une seule loge polysperme, surmonté d’un stig- 
mate punctiforme; baies uniloculaires polysper- 
mes. Ce genre, nommé Wintera par Murray, con- 
tient cinq espèces , arbres ou arbrisseaux à feuil- 
lage toujours vert, à écorce âcre et aromatique, 
à feuilles pétiolées, ovales, oblongues, glabres et 
très-entières ; à fleurs pédonculées, latérales ou 
axillaires, à stipules aiguës, roulées, très-cadu- 
ques. Les Drymides habitent la partie de l'Amérique 
qui s'étend du Mexique au détroit de Magellan , à 
l'exception d’une seule espèce, la Drymis aæillaris, 
(Forster, Gen. tab. 42), qui appartient à la Nou- 
velle-Zélande. 

La plus intéressante espèce du genre est la 
Davmpe De WiINTER, DrymisW interi, Forster, Gen. 
p. 84, tab. 42. D. C., Syst. nat. 1,p. 445; Winteru 
aromatica , Murr. Elle ombrage les coteaux escar- 
pés du détroit de Magellan. Tantôt humble arbris- 
seau , atteignant à peine un mètre ou un mètre et 
demi de haut ; tantôt arbre majestueux, s’élançant 
avec fierté à treize mètres et plus d’élévation , la 
Drymide de Winter est un emblème assez frappant 
de notre humanité. On reconnaît celte espèce à 
ses feuilles alternes, allongées, obtuses, un peu 
coriaces, vertes en dessus , glauques en dessous, 
à ses fleurs petites, parfois solitaires, ou bien réu- 
nies au nombre de trois ou quatre au sommet du 
pédoncule commun , lequel est ou simple ou divisé 
en autant de pédicelles qu’il y a de fleurs ; à ses 
petites baies globuleuses , glabres et de la grosseur 
d’un pois. L’écorce de Winter se débite dans les 
pharmacies en plaques roulées d’environ trente- 
deux mètres de long , et de six à sept millimètres 
d'épaisseur ; elle est d’un gris rougeâtre ou couleur 
de chair, quelquefois d’un brun foncé. Sa cassure 
est compacteet rougeâtre, sa saveur âcre, aromali- 
que et poivrée. Hewey y a découvert une substance 
résineuse , de l'huile volatile, du tannin, une ma- 
tière colorante et quelques sels. Elle est tonique, 
stimulante, et, suivant l’auteur que je viens de 
citer, spécifique contre le scorbut. Toutefois elle 
est peu employée pour combattre cette té) 
 DRYMOPHILE, Drymophila. (ors.) Les Drymo- 
philes, érigés en genre par M. Temminck, sont 
des Passereaux dentirostres, voisins des Gobe-mou- 
ches. On connaît plusieurs espèces propres aux 
parties chaudes de l’Afrique, de l'Amérique et de 
l'Asie. Nous citerons seulement le Drymornire 
voicé, Drymophila velata, Temm., pl. 334, re- 
marquable par une bande noire qui recouvre son 
front, sa gorge et ses joues de manière à présenter 
une espèce de masque ou de voile; un plastron 
d’un roux cannelle existe sur le devant du cou et 
la poitrine; le reste du corps est d’un bleu d’ar- 
doise. Cet oiseau, long en totalité de sept pouces, 
habite Timor et Java. DRYMOPHILE TRIBANDE, 
Temm.,lpl. 418. Gelte autre espèce offre, avec un 
masque noir, une teinte rousse répandue sur les 
côtés de son cou, de sa poitrine et des flancs ; sa 


Tome IL. 


tête, son dos, ses aïles sont ardoisés ; son ventre 
est blanc et sa queue brune à pennes égales et 
terminée de blanc. Les autres espèces ont été dé- 
crites par M. Temminck dans ses Planches coloriées, 
quelques unes sont dues aux recherches de M. Svain- 
son, d’autres étaient anciennement connues et ont 
été rangées par Vieillot dans le groupe du Musci- 
capa. (GErv.) 
DRYOPS, Dryops. (ins.) Genre de Coléoptères 
de la section des Pentamères , famille des Clavi- 
cornes, tribu des Macrodactyles, établi par Olivier 
et le même auquel Fabricius a donné le nom de 
Parnus ; il offre pour caractères : antennes suscep- 
tibles de s’insérer dans une cavité située sous les 
yeux, recouvertes en grande partie par le second 
article qui a la forme d’une palette, dépassant en 
manière d'oreilles , palpes peu apparens; les tarses 
sont de cinq articles, dont le dernier plus grand, 
muni de deux forts crochets. Ce sont des insectes 
de petite taille, vivant presque toujours dans 
l'eau, couverts d’un duvet fin assez long. Leurs 
métamorphoses sont inconnues. 

D. À orerrres, D. aurita, Geoffroy. Long de 
deux lignes, dessus du corps brun, partie mférieure 
rougeûtre. (AP) 

DRYPTE, Drypta. (ins.) Genre de Coléopières 
de la section des Pentamères, famille des Carnas- 
siers , tribu des Carabiques, établi par Latreille, 
qui lui donne pour caractères : menton en forme 
de croissant , sans dentelures au milieu , languette 
saillante, terminée par trois épines et accompagnée 
de deux petits paraglosses ; premier article des an- 
tennes long et rétréci à sa base ; pénultième arti- 
cle des tarses bilobé, avec le dessous garni de 
duvet. Ge sont des insectes de petite taille, ornés 
de couleur bleue ou verte ; leur tête est triangu- 
laire, avancée, le corselet est allongé, un peu plus 
large à sa partie antérieure, mais moins large que 
la tête; les élytres sont deux fois plus larges que 
lui et presque tronquées à son extrémité. Ge genre 
est encore peu nombreux en espèces. 

D. écuaxcré, D. emarginata, Fab. Dejean, 
Icon. des Coléopt. d'Europe, fasc. 2, x, 1. Long 
de trois à quatre lignes; d’un beau vert bleu soyeux 
avec les pieds rougeâtres , et les antennes un peu 
plus foncées. Se trouve plus communément dans 
le midi de la France, mais quelquefois cependant 
aux environs de Paris. (A. P.) 

DUC, Bubo. (o1s.) Les Ducs, dont nous avons 
dit quelques mots à l’article CHougTTE de ce Dic- 
tionnaire, appartiennent à la section des Sirigidés 
à disque incomplet et à tête surmontée d’une huppe 
ou de plumes érectiles; leurs ouvertures auricu- 
laires sont de grandeur moyenne, et leur bec est 
courbé dès sa base. 

Les espèces aujourd’hui comprises dans le genre 
Bubo sont au nombre de trois :: 

GranD Duc 8aRRÉ, Sérir virginiana et magella- 
nica , Gm., le même que le Pinicola de Vieïllot, 
I vit aux États-Unis et à la Caroline : la varicté 
magellanique, que Gmelin a prise pour une es- 
pèce distincte, habite, ainsi que l'indique son nom, 
l'extrémité sud de l'Amérique ; on la trouve aussi 


199° Livraison, 75 


DUDA 


dans les îles Malouines. On trouve une figure de 
cet oiseau dans l’Iconographie du Règne animal, 
Oiseaux, pl. 5, fig. 1. 

Duc suzran, Bubo sultanus , Less. Cette espèce 
a été décrite très-brièvement par M. Lesson dans 
son Traité d’ornithologie. On ignore quelles con- 
trées elle habite. 

Gran» Duc »'Eurore, Strix bubo, Enl. 434, et 
pl. 4o des Oiseaux d'Afrique, de Levaill. Le grand 
Duc est le plus grand de tous les oiseaux de proie 
nocturnes ; son plumage entièrement fauve est La- 
cheté d'innombrables raies longitudinales brunes, 
et de plus petites transversales. Il vit dans les fo- 
rêts d’une grande partie de l’Europe; on le trouve 
aussi en Afrique. En France, il n’est pas aussi rare 
qu'on le croit généralement ; M. FL Prevost l’a tué 
à Fontainebleau, et l’a depuis observé quelquefois 
dans d’autres localités des environs de Paris: mais 
il ne s’y trouve guère qu’accidentellement. Dans 
la montagne de Ghaum au contraire, près Saint- 
Béat, et quelques autres localités de la Haute-Ga- 
ronne, dans les Hautes-Pyrénées, et plusieurs dé- 
partemens voisins, il se tient pendant presque 
toute l’année. Partout il vit solitaire ou par paires; 
il est très-défiant et ne se laisse que difhicilement 
approcher. Il se nourrit de mulots, de souris , de 
petits mammifères et aussi d'oiseaux et de rep- 
üles, Nous en donnons une figure originale dans 
notre Atlas, pl. 140, fig. 2. (GErv.) 

DUCTILITÉ. (aun.) C’est la propriété qu'ont 
certains corps et particulièrement les métaux, de 
s'étendre et de s’allonger par une pression quel- 
conque. 7”. Méraux. (Gu£r.) 

DUDAIM, Dudaim. (8or. pan.) En traitant du 
Concousre (v. ce mot), j’ai dit qu'il fallait établir 
dans le genre Cucumis trois coupes distinctes , 
l’une pour le concombre, l’antre pour le melon, 
et la troisième pour le Dudaim. Des caractères 
particuliers justifient pleinement mon sentiment, 
Ceux du Dudaïm sont d’avoir les feuilles inférieures 
arrondies , tandis que les supérieures se montrent 
constamment anguleuses et dentées; les fleurs, 
jaunes et axillaires, donnent naissance à des fruits 
globuleux, de la forme d’ane orange, exhalant 
une odeur suave et décorés d’une couleur verte. et 
jaune agréable à l’œil; mais, comme dans les au- 
tres Cucurbitacées, la couleur du Dudaïm jeune 
change, pälit en vieillissant, pour reprendre un 
peu plus de vivacité lorsque la maturité est com- 
plète. Les fruits sont ombiliqués légèrement. du 
côté du pédoncule, 

On a cru reconnaître dans le Dupaïm cuzmivé,, 
D. sativus, la seule espèce du sous-genre qui nous 
est venue de la Perse, le fameux Doudaime des 
Hébreux : c’est du moins l'opinion de Forskaël, 
que, plusieurs botanistes allemands ont adoptée 
sans parler de celui qui la leur.a fournie. L’illustre 
élève de Linné s’appuyait sur ce que cette plante 
abonde en Egypte, sur ce, qu’elle entrait, ainsi 
que les autres Cucurbitacées , dans le régime ali- 
mentaire des Hébreux durant leur séjour en ce 
pays, et que ce sont eux qui les ont apportées. en 


Europe. Les rabbins, et les Septante, de. même: 


que la Vulgate, traduisent le mot Doudaïme par 
celui de Mandragore, l'Atropa mandragora de 
Lioné , la Mandragora officinalis de Miller , quand 
ils citent la Genèse; ils appuient leur sentiment 
sur la prétendue ressemblance qu'ils croient trou- 
ver à sa racine épaisse, vivace, partagée en 
deux branches, avec le tronc et les extrémités infé- 
rieures du corps humain, et sur la grande influence 
de sa décoction dans l’acte essentiel de la vie. Se- 
lon eux, le Doudaime chanté par Salomon et le 
doux parfum de ses fleurs ne se rapportent qu’à 
la violette. 

Bruckmann a déclaré, en 1720, que le puissant 
Doudaime des Hébreux était la Trurre, T'uber 
cibarium , sans faire attention que ce singulier vé- 
gétal n’est point aphrodisiaque , quoiqu’on dise et 
écrive le contraire, et que les anciens qui ont vanté 
les truffes d'Afrique ne leur attribuent jamais celte 
propriété,, D’autres ont vu en lui le Bananier, 
Musa sapientum, dont le fruit, qu’on nomme Fi- 
gue banane, est fort estimé. dans tout l'Orient, 
Virey pense qu'il s’agit du salep des Orientaux qui, 
comme on sait, n’est formé que de bulbes dessé- 
chés de divers Orchis. Beaucoup de personnes se 
sont rangées à cel avis. Les ouvrages des agrono- 
mes arabes ne me permettent pas de l’adopter. Le 
Check-el-duhaim est une plante épineuse que l’on 
a arrachée à l’état sauvage pour l’introduire dans 
les cultures ; d’après le texte de la Michna, il s’a- 
girait de l’artichaut, plante tellement vivace dans 
les jardins de l'Egypte, qu’il est presque impossi- 
ble de l'en extirper , tant elle trace, tant les rejets 
qu'elle fournit sont appliqués au collet des racines, 
Comme on le voit, le champ est encore ouvert aux 
conjectures ; mais il est à l’avenir limité d’une ma- 
nière assez positive, (T. ». B.) 

DUFOURÉE , Dufourea. (Bot. rHax.) Une pe- 
tite plante aquatique, trouvée à l’île de Maurice 
par Bory de Saint-Vincent, a reçu de ce savant le 
nom de Léon Dufour, entomologisie très-distingué, 
Décrit incomplétement dans le Species plantarum 
de Willdenow, ce genre s’est accru depuis de deux 
nouvelles espèces; voici ses caractères , modifiés 
et déterminés par Auguste Saint-Hilaire : fleurs 
hermaphrodites, solitaires, pédonculées; ealice 
membraneux, à trois divisions profondes, persis- 
tantes ; corolle nulle ; une seule étamine hypogyne, 
à filet capillaire et plane, à anthère biloculaire ; 
ovaire libre, à trois loges, surmonté de trois styles, 
et stigmates; capsule oblongue, à trois loges ; 
graines très-menues. Ces caractères laissent um 
peu indécise la place que doit occuper la Dufourée 
dans les familles naturelles ; elle se rapproche par- 
ticulièrement des Restiacées et des Joncées, Dans 
le système linnéen, elle appartient à la Monan- 
drie, et y forme un ordre nouveau , à cause de ses 
trois pistils. 

Les trois espèces de Dufourea sont de petites 
herbes croissant sur les pierres, au fond des eaux 
courantes. La D, trifaria , trouvée, par Bory, vient 
en toufles épaisses dans les torrens de l’île de Mau- 
rice ; sa tige.est transparente. et flexible, et pousse 
des rameaux plus ou moins allongés suivante cours 


DUGO 


des eaux ; ses feuilles, très-petites , entières , em- 
brassantes, et de forme elliptique, sont rappro-: 
chées par trois ou par deux. C’est cette espèce que 
Dupetit-Thouars à décrite sous le nom générique 
de T'risticha. 

La seconde espèce a été trouvée par ce dernier 
voyageur dans les ruisseaux de Madagascar ; elle 
diffère de la précédente en ce que ses feuilles sont 
toutes alternes ou éparses. 

La troisième espèce , Dufourea hypnoides , trou- 
vée au Brésil par Aug. Saint-Hilaire, est très= 
petite, et ressemble à une mousse ; ses feuilles sont 
courtes , raides, et presque imbriquées. (L.) 

DUFOURÉE, Dufourea. (por. pHan.) C’est en- 
core un hommage rendu à Léon Dufour par 
Kunth , qui sans doute ne connaissait pas le genre 
institué par Bory de Saint-Vincent depuis 1806. 
Ge nouveau genre, qu’il faut nécessairement chan 
gér, appartient à la famille des Convolvulacées , 
Pentandrie digynie, L., et se compose de deux 
espèces d’arbustes de la Nouvelle-Grenade , assez 
voisins des Liserons : leurs tiges sont grimpantes; 
leurs feuilles , alternes , entières, ponctuées ; leurs 
fleurs forment des panicules terminales, ou sont 
groupées à l’aisselle des feuilles. En voici les ca- 
ractères : calice à cinq divisions inégales, dont deux 
très-grandes, planes, entières, réniformes ; et trois 
intérieures , ovales, oblongues, aiguës , concaves; 
corolle en entonnoir, à tube court, à limbe plissé; 
cinq étamines incluses, attachées au tube de la 
corolle ; filets subulés : anthères cordiformes, ai- 
guës , à deux loges; ovaire libre, à deux loges ; 
style profondément divisé, et portant deux stig- 
mates ;. capsule ovoïde , recouverte nar le calice ; 
ses deux loges contiennent chacune une graine. 

L'une des deux espèces de Dufourée, décrites 
par Kunth dans ses Vova genera , 11, p. 113 , est 
un arbuste très-rameux, volubile : ses feuilles sont 
soyeuses , d’où la désignation spécifique de D. se- 
ricea ; les fleurs forment des panicules terminales; 
les deux grandes divisions du calice sont colo- 
rées. 

» La seconde, D. glabra, a des feuilles entière- 
ment glabres; les fleurs sont groupées à l’aisselle 
des feuilles sur des pédoncules multiflores; les 
deux divisions extérieures du calice sont vertes 


dans cette espèce. (L.) 
DUGO. (o1s.) C’est le nomitalien du Grand-Duc. 
(GERv.) 


= 7 DUGONG , Halicore. (man. ) L'ordre nombreux 


des Mammifères à deux pieds ou cétacés a été sub- 
divisé par Guvier en deux grandes familles, com- 
prenant, l’une les Cétacés ordinaires ou Soufileurs, 
qui se distinguent par la présence d’évents, et 
l’autre les Cétacés herbivores, qui manquent de 
ce caractère, Ces derniers, parmi lesquels vien- 
nent se ranger les Dugongs, diffèrent encore des 
vrais cétacés, sous quelques autres points ; aussi 
plusieurs naturalistes les en ont-ils éloignés pour 
les rapprocher des éléphans et des hippopotames. 
Leurs dents sont à couronne plate, et leur régime 
est tout-à-fait différent ; ils vivent, ainsi que leur 
nom l'indique, d’herbes qu’ils prennent au fond 


defla mer ou sur le rivage ; il paraît qu'ils ont la 
propriété de sortir de l'eau pour rampér sur le 
rivage; plusieurs d’entre eux ont de véritables on- 
gles , eb il en est aussi qui ont le corps garni de 
quelques poils. 


Les Dugongs ont pour caractères distinctifs + 
leur queue échancrée , leurs nageoires pectorales 
sans ongles , et leurs dents à couronne plate et 
comme formée de deux cônes accolés! Le nombre 
de ces dents varie ; dans l’état le plus complet , il 
y en a trente-deux, ainsi réparties : vingt molaires, 
cinq de chaque côté et à chaque mâchoire, et 
douze incisives , huit inférieures qui tombent or- 
dinairement , et quatre supérieures , dont deux 
seulement , les externés, sont persistantes et re- 
présentent de longues défenses, recouvertes par 
un museau qui rappelle celui des hippopotames ; 
les molaires varient aussi beaucoup pour le nom? 
bre; il arrive souvent qu’il n’en reste que quatre 
à chaque mâchoire. 


On ne connaît qu'une seule espèce dans cé 
genre, c’est le Ducoxc nes Inpes, /alicore indicus, 
lilig. , qui vit principalement dans la mer dont il 
porte le nom, aux Moluques, aux Philippines, 
et dans le détroit de Sincapour , ainsi que sur les 
côtes de la Nouvelle-Hollande ; il paraît qu’on l’a 
retrouvé dans la mer Rouge. La taille de cet ani- 
mal est ordinairement de dix à douze pieds; quel- 
quefois elle s'élève encore plus. 


Les Dugongs sont, comme nous l’avons dit , 
herbivores ; ils recherchent les plantes marines 
pour s’en nourrir , et ils les arrachent avec leurs 
défenses : leur tête, vue de profil, représente assez 
celle du lion; les lèvres, surtout la supérieure, 
sont très-grosses ; les yeux sont petits, à paupière 
supérieure garnie de cils, et tout le dessus du 
corps présente des poils, plus nombreux chez les 
adultes que chez les jeunes : les narines sont 
placées dans une bosselure de la lèvre supérieure. 
MM. Quoy et Gaimard ont remarqué chez un Du- 
gong qu’ils ont disséqué,et qui était long de six pieds, 
que l'intestin avait quarante-cinq pieds; l'estomac, 
en forme d’outre arrondie, présentait du côté du 
duodénum deux sortes d’estomacs plus petits et 
assez semblables à des cœcums. Les dents étaient 
au nombre de vingt-six seulement. 


Les Malais se livrent à la pêche des Dugongs , 
pour se procurer la chair de ces animaux et la 
manger. [ls ne prennent ordinairement que des 
individus de taille moyenne , et longs seulement 
de huit pieds environ, les plus forts leur échappant 
presque toujours. Lorsqu'ils se sont procuré un 
mâle , ils lai coupent le pénis, attachant à cet acte 
des motifs de pudeur, parce qu'ils trouvent que 
cet organe ressemble x celui de l'homme. 

Le véritable nom du Duagong est Duyong ; cet 
animal, d’abord figuré par Renard, dans sa sin- 
gulière, mais souvent exacte, Iconographie des 
poissons de l'Inde, l’a été depuis par M. F. Cu- 
vier, dans son Histoire des Mammifères, et par 
MM. Quoy et Gaimard ( Zoologie de l’Astrolabe). 
Les beaux dessins de ces derniers zoologistes ont 


DUNE 


été reproduits dans notre Atlas, pl. 141, fig. 1.et 2; 
ils sont accompagnés de détails anatomique fort 
curieux. 

M. J. Christol, dans un mémoire récemment 
inséré dans les Annales des sciences naturelles , 
novembre 1834, a fait connaître qu'il existait des 
Dugongs à l’état fossile; une espèce se trouve dans 
la France méridionale. C’est celle que Cuvier avait 
décrite sous le faux nom de Moÿen HiPPOPOTAME, 
IHippopotamus dubius. (GErv.) 

DUMONTIE , Dumontia. (Bor. cryrT.) Hydro- 
phytes. Genre dédié à M. Charles Dumont , établi 
par Lamouroux dans la classe &es Floridées , aux 
dépens des Fucus et des Ulves de Linné, et dont 
voici les caractères : substance presque gélati- 
neuse ; fructifications isolées, éparses, innées ou 
ne formant jamais de saillie sur la surface de 
là plante; couleurs brillantes; point de feuilles 
proprement dites ; frondes fistuleuses , divisées 

tantôt en dichotomies régulières, tantôt en ra- 
meaux épars, ayant l'apparence des feuilles cy- 
lindriques et chsrnues de quelques liliacées ; 
organisation délicate, ne reprenant jamais sa pre- 
mière forme après qu’elle a été détruite, compri- 
mée par le dessiccateur. 

Les Dumonties naissent, croissent, fructifient et 
périssent dans la même saison ; leur hauteur varie 
entre un mètre et plus et deux ou trois centimè- 
tres. Parmi les vingt espèces connues, et qui nous 
viennent des mers d'Europe et de la Méditerranée, 
nous citerons les Dumontia fastuosa, Calvadosit , 
incrassata , ventricosa, interrupta, etc.  (F.F.) 

. DUNES. (c£ocn. Pays.) On donne ce nom à des 
rivages élevés, formés par des sables amoncelés 
sur le bord de la mer. 

En examinant une masse de Dunes, on recon- 
naît qu’elle est composée de monticules placés les 
uns à côté des autres, et formant de petites chaî- 
nes séparées par des vallées assez souvent humides, 
et dans lesquelles le sol délayé s’entrouvre sous 
les pas du voyageur imprudent. On les nomme sur 
les côtes de Gascogne, Bedouzes, Blouses, ou trem- 
blans. En général, les monticules s'étendent en 
longueur dans le sens d’une ligne tirée de la côte 
vers l’intérieur des terres, et toujours suivant celle 
du vent de mer qui domine dans la contrée. C’est 
ainsi, Comme l’a observé M. Rozet, que depuis 
Dunkerque jusqu’à Bayonne , les Dunes ont la 
forme de triangles, dont la base est appuyée sur 
la côte et le sommet dans les terres , de telle sorte 
que la ligne qui joint le sommet vers le milieu de 
cette base, est dirigée du sud-ouest au nord-est, 
c'est-à-dire dans la direction générale du vent qui 
domine sur tout le littoral. 

Nous venons de dire que les collines des Dunes 
sont séparées par des vallées humides ; cesallées 
forment quelquefois des bassins dans lesqnels les 
eaux se réunissent en petits étangs, et en cours 
d’eau qui coulent les uns à la mer, les autres dans 
l'intérieur des terres, suivant l’inclinaison du ter- 
rain. Ce qui retient ces eaux, ce sont des lits 
d’une tourbe sableuse composée de végétaux her- 


596 


DURB. 


bacés, et qui dans quelques localités alternent 
jusqu’à trois fois avec des dépôts de sable. 

Sur les côtes septentrionales de France, les 
Dunes forment des monticules d’une trentaine de 
pieds de hauteur ; mais sur celles du golfe de Gas- 
cogne, elles s'élèvent jusqu'à 28 ou 30 mètres. 
Dans ces dernières Dunes, les étangs acquièrent 
aussi une plus grande étendue que dans celles du 
nord ; tels sont ceux que l’on connaît sous les 
noms de Canan, Cazaux, Hourtain, Aurélian et 
Biscarosse, etc. Les vents ouest qui poussent les 
Dunes vers l’intérieur du pays, y font refluer ces 
étangs , dont les eaux vont alors détruire les pro- 
priétés établies près de leur rive orientale. 

Mais ce qui rend les Dunes plus redoutables 
pour l’homme, c’est la violence avec laquelle le 
vent les reloule vers l’intérieur des terres; c’est 
aussi leur rapidité. Bremontico, qui a fait de si 
utiles travaux pour arrêter leurs progrès , estimait 
leur marche à 20 mètres par an. Un grand nom- 
bre de faits attestent leurs progrès destructeurs : 
le colonel Bory de Saint-Vincent a vu le long du 
canal de Furnes, dans la Flandre occidentale, une 
église engloutie dont le clocher seul sortait du 
milieu des sables accumulés ; vers les embouchu- 
res de la Garonne et de l’Adour, les Dunes s’a- 
vancent en couvrant des forêts et des villages ; le 
même témoin cite vers la Teste de Buch, une anti- 
que forêt dont les arbres dépouillés ne dépassent 
pas de 8 pieds la superficie du sable qui l’a en- 
gloutie; un grand nombre de villages, mentionnés 
dans des titres du moyen-âge, ont disparu sous 
ces sables; enfin Mimizan, ancienne ville située à 
15 lieues au nord-ouest de Mont-de-Marsan , n’est 
plus qu’un village qui depuis une vingtaine d’années 
surtout lutte contre la marche de ces Dunes. 

Les conseils de Bremontico, qui a démontré la 
nécessité de semer sur les Dunes (pour en retenir 
les sables), quelques plantes qui y croissent très- 
bien, entre autres la Sabline ou l’Arenaria, n’ont 

oint encore été complétement suivis.  (J. H.) ;: 

DUODÉNUM. (anar.) V. Inresrins. 

DUPLIGATURE. (anar.) On a désigné par ce 
mot les plis que forment les membranes en s’ados- 
sant avec elles-mêmes. Ces Duplicatures sont 
nombreuses dans le péritoine, et ont reçu des 
noms particuliers : tels sont les ligamens trian- 
gulaires du foie, les ligamens larges de l'utérus, etc. 

(P. G.) 

DURBEC, Strobiliphaga. (ois.) Ce genre, que 
Cuvier nomme Corythus, et Vieillot Strobiliphaga, 
sera probablement réuni à celui des Psittacins; il 
appartient à la section des Passereaux conirostres 
et se distingue par son bec très-fort et bombé, 
recourbé supérieurement à peu près comme chez 
les perroquets ; les narines sont arrondies et ca- 
chées par de petites plumes dirigées en avant ; la 
langue est épaisse et émoussée à sa pointe. La seule 
espèce connue est le Dureec onpiNaIRE, Loxia 
enucleator, Linn. Enl., 135, et que Vieillot a fi- 
guré dans sa galerie des Oiseaux, pl. 53, sous le 
nom de Strobiliphaga enucleator. Get oiseau, dont 
la longueur est de huit pouces environ, et qui re- 


n] 


ANNEES 


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PRE Dugono: à 
S © 


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Durbec 


ÆGuérin de 


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Pere RS DUSO 


597 


DYKE 


présente assez pour la taille le Gros-bec ordinaire, 
a la tête, le croupion, les couvertures supérieures 
de la queue, la gorge, le cou, la poitrine et le 
dos d’un brun mêlé de gris et de rose; une dou- 
ble ligne blanche se remarque sur les couvertures 
de ses ailes ; les plumes abdominales et anales sont 
grises. 

Les Durbecs varient un peu pour la couleur; 
ils habitent tout le nord du globe, en Europe, en 
Asie et en Amérique. On en trouve beaucoup au 
Canada et à la Baie d'Hudson, pendant la belle sai- 

. son; ils y arrivent vers le mois d'avril et se mettent 
alors à chanter; mais bientôt ils cessent de se faire 
entendre et s’occupent de la construction de leur 
nid, qu'ils placent sur les arbres. La ponte est de 
quatre œufs blancs, qui éclosent vers la fin de 
juin. Nous avons représenté cet oiseau dans notre 
Ailas, pl. 141, fig. 3. (Genv.) 

h DURE-MÈRE. (anar.) 7. Memsrane et Ger- 
VEAU. 

DUSODYLE. (wn.) M. Cordier a donné ce nom 
à un combustible fossile très-rare jusqu’à présent, 
mais qui présente des caractères assez constans 
pour pouvoir être classé comme espèce minérale. 
Son nom est tiré de l’odeur fétide qu’il répand en 
brûlant, propriété qui lui a fait donner par ies 
habitans du pays où on le trouva d’abord, la Si- 
cile, le nom de Merda di Diavolo. Dès le milieu 
du 16° siècle, il avait attiré l’attention des natura- 
listes par la singularité de ses caractères, et Boc- 
cone le décrivit sousle nom de Z'erra sogliata 
puzzolenta. Le Dusodyle se présente en masses 
feuilletées très-élastiques, et comme papyracées, 
d’un gris verdâtre ou jaune sale. On dirait de lar- 
ges feuilles placées les unes sur les autres et forte- 
ment comprimées ; ses couches repliées ‘sur elles- 
mêmes représentent absolument du papier ou du 
carton plié. Plongé dans l’eau, les feuillets se sépa- 
rent, deviennent translucides et très-flexibles. IL 
brûle facilement en répandant une odeur combinée 
de bitume et d’ail, analogue à celle de l’asa fœ- 
tida : la combustion laisse un résidu terreux assez 
abondant. 

* Dolomieu observa le gisement de cette sub- 
stance à Melili, près de Syracuse; elle forme des 
couches minces entre des bancs de calcaire ter- 
tiaire , et renferme entre ses feuillets des emprein- 
tes de poissons et de feuilles dicotylédones. De- 
puis cette époque elle a été trouvée près Lintz sur 
les bords du Rhin, associée à des lignites du ter- 
rain tertiaire , dans une position semblable près 
de Bonn, et enfin tout récemment dans les dépôts 
tertiaires lacustres de l'Auvergne. Dans cette 
dernière localité, on voit entre les feuillets des 
débris de plantes fossiles analogues aux graminées, 
et parfois des squelettes de petits poissons de 4 
à 6 lignes de longueur. Le Dusodyle d'Auvergne 
est mis à découvert par un ravin près de Saint-Sa- 
turnin ; il forme plusieurs couches qui ont jusqu’à 
un décimètre de puissance, alternant avec un grès 
tertiaire feldspathique, ou arkose, composé de 
débris de granite. Une coulée basaltique, de plus 
de 75 mètres de puissance , a recouvert les diffé- 


reus dépôts du lac où s’était formé le Dusodyle, , 
(B.) ! 

DUVET. (ors.) Le duvet se compose de 10e 
fines, à barbes déliéeset barbules lâches, que l’on 
trouve sur le corps d’un très-grand nombre 
d'oiseaux, placées immédiatement au dessous des 
plumes ordinaires. Ilest surtout abondant chez 
les oiseaux de nuit et chez les palmipèdes; chez 
ces derniers il est enduit d’une matière huileuse 
qui ne permet pas à l’eau de le pénétrer, et il pro- 
tége ainsi l'animal. (7. le mot Prumes de ce Dict.) 
Le Duvet est un produit important sous le point 
de vue commercial, et que l’on recherche pour la 
confection des oreillers, des couchettes les plus 
délicates, etc. Foy. les mots Ganarr et Emner. 

Les botanistes ont, par analogie, appelé Duvet 
une sorte de coton plus ou moins épais qui recou- 
vre les feuilles ou la tige de certaines plantes. 

(GERV.) 

DUYONG. (maw.) C’est le véritable nom du 
Ducona (voy. ce mot), ainsi appelé par les natu- 
ralistes européens, qui auront pris sans doute 
dans le manuscrit de Renard l’y pour un g#. Voy. 
Ducoxc. (GErv.) 

DYKE. (ctor.) Ge mot, emprunté à la langue 
anglaise , désigne une masse de roches aplatie en 
forme de muraille, qui remplit l'intervalle entre 
les deux parois d’une fracture,et qui, se prolongeant 
presque toujours en ligne droite, interrompt ainsi 
la continuité des couches de part et d’autre. Ces 
Dykes sont toujours formés par des matières d’ori- 
gine ignée ou analogues aux roches volcaniques ; 
on voit presque toujours sur les parois des couches 
qu’elles traversent des traces du violent effort 
exercé par la masse fluide au moment de son in- 
troduction : les couches sont fracturées , recour- 
bées et souvent modifiées dans leur nature jusqu’à 
une certaine distance du contact, On a cru remar- 
quer que l'épaisseur des Dykes croissait avec la 
profondeur. Les Anglais désignent sous le nom 
générique de trapps toutes les roches qui entrent 
dans la composition des Dykes si fréquens dans 
leurs bassins houillers. Les porphyres, les gruns- 
teins et les basaltes en sont les roches les plus 
communes ; ces substances , étant plus dures 
que la plupart des roches qu’elles traversent, 
ont mieux résisté à la décomposition, et on lesvoit 
dans plusieurs parties de l'Ecosse, du pays de 
Galle , de la Saxe, etc., s'élever comme des mu- 
railles d’une épaisseur plus ou moins considérable, 
et se prolonger quelquefois à plusieurs milles à la 
surface du sol. Les Allemands les ont nommés en 
certains cantons murs du diable. 

On remarque dans toutes les roches des modi- 
fications au contact avec les Dykes qui les traver- 
sent. M. Murchison vient de montrer que. dans 
un grand nombre de localités du pays de Galles, 
les schistes et les grauwackes sont devenus, dans ce 
cas, durs et siliceux ; les grès sont passés à l’état 
de quartzites cristallins, des calcaires argileux à 
l’état de porcellanites. Depuis long-temps on avait 
observé en Angleterre que les Dykes basaltiques 
qui traversaient des couches de houille les avaient 


DYTI 


598 


DYTI 


converties en coak en les privant de leur bitume, 
ou mieux les avaient réduites à l’état de cendres. 
Les calcaires deviennent dans Je même cas durs, 
cristallins et quelquefois dolomitiques, par l’intro- 
duction de la magnésie. Un Dyke est nécessaire- 
ment d’une époque plus récente que les couches 
qu'il traverse; ainsi les murailles de basalte qui, 
en Angleterre, près de Cleveland, traversent non- 
seulement les houilles, mais le calcaire jurassique, 
celles qui, en Irlande, pénètrent jusque dans la 
craie, sont d’origine plus récente que ces forma- 
tions; mais pour connaître leur âge il faudrait les 
voir s'arrêter à une formation sans la pénétrer, 
Lorsque la roche d’un Dyke affecte la structure 
prismalique ou colonnaire, les prismes sont per- 
pendiculaires aux parois. 

Les cratères des volcans éteints et des volcans 
en activité montrent dans leur intérieur de nom- 
breux exemples de Dykes remplis de laves com- 
pactes, et la plupart dans une position verticale. 
Au Vésuve, en 1828, on en comptait sept dont 
quelques uns n'avaient pas moins de 4 à 500 pieds 
de hauteur et s’amincissaient avant d’atteindre la 
partie supérieure du cône. Ces Dykes étant plus 
durs que le lit de cendres , de scories et même de 
laves qu'ils traversent, se sont décomposés plus 
lentement et forment à la surface du cône un relief 
très-prononcé. Il est évident qu’ils résultent du 
remplissage de larges fissures par la lave liquide, et 
que les fissures n’ont pu se former que par l’ex- 
pansion du volume du cône par l'effet d’un soulève- 
ment. Ajoutons qu’au Vésuve on a la certitude que 
les Dykes du cratère actuel ne sont pas antérieurs 
à l’année 59 après d.-C., puisque, à cette époque, 
l’ancien cône fut détruit. (E. B.) 

DYTISQUE, Dityscus. (iNs.) Genre de;Coléo- 
ptères de la section des Pentamères, famille des 
Carnassiers, tribu des Hydrocanthares. Ge genre 
bien naturel a été établi par Geoffroy sur les Ca- 
rabiques de Linné vivant dans l’eau, mais de- 
puis a subi de nombreux démembremens ; tel qu’il 
est restreint, on peut lui assigner pour caractères : 
antennes de onze articles diminuant graduellement 
jusqu’à leur extrémité, palpes maxillaires externes 
filiformes, palpes labiaux obtus à leur extrémité, 
base des pieds découverte, tarses de cinq articles 
distincts, dont les trois premiers dilatés dans les 
mâles pour former une palette. Les Dytisques sont 
des insectes d’assez grande taille ; la forme de leur 
corps approprié à la natation est légèrement bom- 
bée en dessus, formant la carène vers la poitrine, 
et mince sur les côtés ; leur tête est large, trans- 
verse, les veux globuleux, les antennes insérées 
contre et au dévant des yeux ; le corselet est trois 
fois plus large que haut, échancré sur toute sa 
largeur pour recevoir la tête ; l’écusson est petit, 
arrondi; Je présternum offre une pointe courte , 
dirigée en bas, qui va s’emboîter dans une échan- 
crure dela carène du mésosternum, Gette dispo- 
sition et l'observation de Fabricins apprennent 
que, lorsqu’ilest sur le dos, il parvient en faisant 
ressort à se remettre sur ses pattes, ainsi que le 
font les Taupins; dans quelques femelles les élytres 


sont profondément striées pour aider le mâle dans 
l’accouplement; les pattes antérieures sont plus 
courtes que les autres, et leurs tarses offrent une, 
disposition très-singulière : les trois premiers ar- 
ticles sont très-dilatés en large, de manière à for- 
mer une palette arrondie , le dessous de cette pa- 
Jette est muni de soies raides , de papilles et même 
d'enfoncemens faisant suçoir ou ventouse pour 
aider le mâle dans l’accouplement à se maintenir 
sur la femelle ; les tarses intermédiaires participent 
de celte disposition , mais sans changer de forme; 
les postérieurs, au contraire, sont très-allongés ; 
comprimés, se terminant en pointe, fortement ci- 
liés sur les côtés, destinés à faire les fonctions de 
rames, el attachés au corps de manière à ne pou- 
voir opérer qu'un mouvement horizontal; ces 
insectes ainsi conformés sont essentiellement na- 
geurs, vivent dans l’eau , de proie qu'ils attaquent; 
on dit que l'espèce la plus commune dans nos 
pays (D. sonné) attaque l’hydrophile brun, qui est 
deux fois plus grand que lui , et le tue facilement; 
sa larve est bien connue sous le nom de ver assassin 
(v. notre Atlas, p. 141,f. 8) : dans l'espèce que nous 
venons de citer elle atteint, à son état parfait, jus- 
qu’à deux pouces de long; sa têle est plate, ronde; 
sa bouche se compose principalement, de deux 
mandibulces très-arquées, susceptibles d’un écar- 
tement énorme, percées en dessons d’une fente 
longitudinale au moyen de laquelle elle suce la 
partie liquide des insectes qu'elle parvienne à: 
saisir; son corps est formé de douze segmens, tous 
couverts d’une plaque écailleuse; le premier est 
beaucoup plus long que les autres, et donne nais- 
sance à une paire de pattes ainsi que les deux sui- 
vans; le corps depuis la tête va en augmentant 
jusqu'au milieu, ensuite il diminue, le dernier 
segment est conique, et se termine par deux appen- 
dices velus qui servent à l’insecte à se suspendre 
à la surface de l’eau; entre eux sont deux petits 
mamelons percés d’un trou à leur extrémité qui 
sont les ouvertures communiquaut aux trachées; 
on voit cependant le long du corps les ouvertures: 
ou du moins les rudimens des stigmates. Les 
pattes sont frangées et facilitent la natation, mais 
l'instrument qui y sert le plus est la queue de la 
larve, avec laquelle elle bat l’eau avec force quand 
elle veut changer de place. Ces larves sont très- 
carnassières, attaquent les larves de libellules, 
de friganes, et de bien d’autres insectes; à une 
époque j'ai nourri de ces larves avec de jeunes 
têtards, et même avec de petits poissons dont elles 
s’accommodaient très-bien ; quand elles ont acquis 
tout leur accroissement , elles sortent de l’eau et 
s’enfoncent en terre, mais il faut que cette terre 
soit toujours très-humide; Ræœsel a donné, t. 2, 
pl. 1 des insectes aquatiques, le détail de tout le 
développement de cette larve; les œufs.des Dy- 
tisques éclosent au bout d’une douzaine de jours; 
dans les chaleurs de l’été un de ces insectes peut 
acquérir tout son développement dans une qua- 
rantaine de jours, mais en général il est beaucoup 
plus long. 

On connaît un assez grand nombre d'espèces à 


og 


599 


EAU 


EAU 


mais celles qui, d’après les derniers travaux isur 
cette famille, sont restées dans ce genre, sont 
pour la plupart propres à l'Europe. 

D. rrès-Lance, D. latissimus, Linn. Long de 
-20 lignes, élytres offrant sur toute leur longueur 
à leur bord antérieur, une lame tranchante; la 
femelle a les siennes profondément striées presque 
jusqu'à l'extrémité, brun de poix , avec le pour- 
tour du corselet , la côte externe des élytres, une 
bande diffuse transverse avant leur extrémité, et 
le chaperon fauves; les pieds et l'abdomen sont 
rougeûtres. D’Allemagne. 

D. sonné, D. marginalis, Linn. Long de 14 li- 
gnes , élytres de la femelle régulièrement striées 
jusqu'aux deux tiers de leur longueur, brun de 
poix, chaperon, labre, pourtour du corselet, bord 
externe des élytres, pattes, partie inférieure du 
corps fauves. Commun dans les caux de la France. 
Nous l'avons représenté, ainsi que sa larve et sa 
pymphe, pl. 141, fig. 4 à 8. (A. P.) 

DZIGTAI. (ma. ) Ce nom, que Pallas écrivait 
Dshikketey, et que plusieurs naturalistes écrivent 
indistinctement Dziggtai ou Dzigguetai, a été 


donné à une espèee du genre Cheval, l'Equus he- | 


mionus des nomenclateurs, sur laquelle M. F. Cu- 
vier nous a donné récemment des détails très-in- 
téressans observés par Duvaucel. 

Les Dzigtai vivent dans une grande partie de l’A- 
sieet de l'Himalaya, en Mongolie, dans le Népaul; 
une des races auxquelles ils ont donné naissance 
est employée, comme celle de l’âne, à tous les tra- 
vaux de la vie domestique. Ges animaux, dans l’état 
de liberté, vont par troupes, composées de femelles 
et de poulains, et conduites par un vieux mâle 
qui les protége contre leurs ennemis. Ils sont de 
la taille d’un cheval de grandeur moyenne, et ils 
ont les formes et les oreilles de l’âne : toutes les 
parties supérieures de leur corps sont d’un baï 
très-clair, et les inférieures blanches, La face in- 
terne des oreilles est noire, ainsi que la crinière, 
qui est droite et élevée : cette dernière est blanche 
à sa base; une ligne noire se continue le long de 
l’épine dorsale et va se terminer à la queue dont 
l'extrémité présente un long flocon de poils noirs, 
Le pelage, lisse et brillant en été, devient plus 
long et un peu frisé en hiver; sa couleur est alors 


plus foncée, (GEnv.) 


E. 


T EAU, Aqua, (cam.) L'Eau, considérée pendant 
long-temps comme un élément ou principe com- 
mun à un grand nombre de composés, est un 
corps ordinairement liquide, formé de deux au- 
tres corps, oxigène et hydrogène; nous disons ordi- 
nairement liquide, car on trouve encore l’eau dans 
la nature à l’état solide , et à l’état de fluide élas- 
tique ou vapeur. Les nuages suspendus dans l’at- 
mosphère, les brouillards plus ou moins épais qui 
nous enveloppent de toutes parts, la rosée qui le 
matin humecte nos parterres, la pluie qui nous 
inonde, la neige qui blanchit nos habitations, 
‘ enfin la grêle quitrop souvent désole le cultiva- 
teur, représentent ces trois différens états. 
L'importance du corps que nous allons exami- 
ner , le rôle immense qu’il joue dans la nature, 
ses usages fréquens dans les arts et l'économie do- 
mestique, nous ont engagé, pour faciliter son 
étude , à le considérer sous sept parties ou sections 
différentes. Nous traiterons dans la première des 
Eaux ordinaires, c’est-à-dire des Eaux de source, 
de pluie, de citernes, de puits, etc. Dans la se- 
conde, de l'Eau liquide proprement dite; nous 
examineronsses propriétés physiques et chimiques, 
sa composilion , ses usages , etc. Dans la troisième 
nous parlerons de l'Eau solide ou glace, de sa 
conservation et de ses usages; de la glace artifi- 
cielle et des mélanges frigorifiques. Dans la qua- 
trième, de l'Eau à l’état de fluide élastique où 
vapeur. Dans cette section, se trouveront expo- 
sées les théories sur la formation des nuages, 
l'origine de la pluie, de la neige, de la grêle, du 
brouillard, de la rosée, etc. Dans la cinquième , 
nous ferons l'étude géologique des Eaux, et nous 
exposerons brièvement la formation des sources, 


torrens , ruisseaux , rivières , fleuves , mers, lacs, 
mares et marais. Nous établirons également les 
caractères des Eaux dites douces, salées et minéra- 
les. La sixième sera consacrée à faire connaître 
la composition de l’Eau de la mer, et les moyens 
proposés pour la purifier. Enfin dans la septième 
nous définirons ce qu’on entend par Eau distillée, 

I. L'Eau, prise à la surface ou dans le sein de la 
terre, n’est jamais pure. Gontenant en solution ou 
en suspension une quantité plus ou moins grande 
de substances terreuses , alcalines ou métalliques, 
quelques gaz, du soufre ou des matières végétales 
ou animales, elle se purifie bien un peu par le 
repos, mais ce n’est que par la distillation qu’on 
l'obtient exempte de tous corps étrangers. 

L’eau la plus ordinaire est prise dans les sour- 
ces , les puits, les rivières , les marais et les étangs; 
celle qui est fournie par la neige et la glace fon- 
due , celle qui constitue la pluie doit encore être 
considérée comme de l'Eau ordinaire. Mais, quoi- 
que ordinaires, toutes ces Eaux ne sont pas potables. 
Les unes, celles des sources et des puits , que l’on 
désigne quelquefois sous le nom d’Æaux crues, con- 
tienaent beaucoup trop de sulfate de chaux ; d’au- 
tres, celles des marais et des étangs, dites stagnan- 
tes, renferment des matières organiques plus ou 
moins corrompues ; enfin les Eaux de neige et de 
glace ne sont pas assez chargées de l’air nécessaire 
à leur digestibilité. On purifie la première en y 
ajoutant du carbonate de potasse qui précipite la 
chaux; les secondes se purifient par l’ébullition et 
l'agitation, les troisièmes par l'agitation seule- 
ment. 

Pour être potable, l'Eau doit être incolore, 
inodore , d’une saveur ni fade, ni piquante, ni 

LI 


EAU 


600 


EAU 


salée, mais fraîche et agréable ; elle ne doit don- 
ner qu’un résidu à peine sensible après son éva- 

oration. L’air qu’elle contient, et dont on prouve 
ha présence à l’aide d’un soluté de sulfate de fer , 
soluté qui donne lieu à un précipité rouge (oxide de 
fer au maximum d’oxidation), est plus oxygéné 
que l'air atmosphérique. 

Parmi les moyens mis en usage pour constater 
la pureté de l’Eau ordinaire, pour savoir si elle 
peut servir dans les besoins économiques, comme 
boisson ou véhicule propre à la cuisson de nos 
alimens journaliers , nous cilerons son évapora- 
tion , la facilité avec laquelle elle dissout entière- 
ment le savon, cuit les légumes, etc. Son évapo- 
ration , nous venons de le dire , ne doit donner 
qu’un résidu à peine sensible ; le savon doit s’y dis- 
soudre complétement ; dans le cas où celui-ci se 
caillebote sur-le-champ , ou peut aflirmer qu'elle 
contient une très grande quantité de sels terreux , 
sels qui ne conviennent pas pour le savonnage 
et qu'on précipite ou qu’on enlève à l’aide d’un 
peu de lessive de cendres. Ces mêmes sels ter- 
reux sont la cause qui empêche les légumes secs, 
tels que haricots, fèves, pois, etc., de cuire 
dans l'Eau. Cet effet n’a pas été expliqué de la 
même manière: selon les uns, il est dû au dépôt 
des sels terreux à la surface des légumes , dépôt 
qui à lieu pendant l’évaporation du liquide, qui 
obstrue les pores de ces derniers, et qui empêche 
l’eau de les pénétrer; selon d’autres, il tient au 
composé insoluble formé entre la matière végéto- 
animale des légumes et la chaux de l'Eau séléni- 
teuse. 

Tout le monde connaît les effets laxatifs de 
J'Eau de Paris sur les étrangers. Ces’effets, qui 
sont plus fréquens en élé qu'en hiver, qui pro- 
viennent de la grande quantité de matières étran- 
gères dues aux immondices entraînées par les 
égouts, et que l’on signale par l'expression popu- 
laire : Payer le tribut de Paris, sont combattus et 
souvent évités, quand on a le soin de faire bouil- 
lir l'Eau avant de s’en servir, ou bien quand on 
y ajoute, par tasse, une ou deux cuillerées à café 
d'Eau de vie. 

Une autre manière de purifier l'Eau de Paris , 
de la rendre potable et de la priver de ses effets 
purgatifs, c’est d'enlever les corps étrangers qu’elle 
retient en solution ou en suspension à l’aide des 
filtres qui sont ou en pierre poreuse , ou prépa- 
rés avec le sable ou le charbon en poudre; ce der- 
nier genre d'épuration est le plus généralement 
mis en usage. 

Les Eaux de puits sont également peu propres 
à tous les usages domestiques ; leur impureté pro- 
vient tantôt du sol dans lequel ils sont creusés, 
tantôt des lieux qui les avoisinent et des matières 
que ces mêmes lieux laissent suinter à travers leur 
épaisseur, tantôt enfin des matériaux avec lesquels 
on à établi les puits. On assainit les puits en con- 
struisant leur partie basse en pierres siliceuses et 
sans mortier, en les éloignant des écuries, des éta- 
bles , des cloaques, des égouts, des fosses d’ai- 
sance, etc, 


Les Eaux de pluie sont les plus pures de toutes, 
surtout si on a eu le soin de les recueillir dans 
des réservoirs pratiqués exprès et si on a mis de 
côté les premières tombées. Celles que l’on con- 
serve dansles citernes , où elles sesont écoulées di- 
rectement, ne sont jamais bien pures ; elles entraf- 
nent toujours avec elles des matières étrangères qui 
proviennent de la surface des habitations, et qui 
font qu’elles croupissent plus ou. moins prompte- 
ment. Elles contiennent de l'air atmosphérique , 
et un peu d’acide nitrique, surtout quandelles pro- 
viennent des orages. 

Maintenant que nous avons jeté un coup d’œil 
rapide sur les différentes espèces d'Eaux dites or> 
dinaires, voyons quelles sont les propriétés physi- 
ques et chimiques de l'Eau liquide proprement 
dite. 

IL. A l’état liquide et pure ,l’Eau , oxide d’hydro- 
gène des chimistes modernes , est transparente , 
incolore, inodore, d’une sapidité agréable, élas- 
tique, très-légèrement compressible , et huit cent 
cinquante fois plus pesante que l'air. 

L'Eau distillée , prise à son maximum de den- 
sité, c’est-à-dire à la température de 4 degrés 
5 dixièmes du thermomètre centigrade , pèse (pour 
un centimètre cube) 1 gramme ou 18 grains 841 
millièmes de l’ancien poids de marc de Paris; cette 
pesanteur spécifique est représentée par l’unité, 
et sert de mesure comparative pour tous les au- 
tres corps. | 

L'Eau distillée conduit très-imparfaitement le 
fluide électrique et très-mal le calorique; elle ré- 
fracte la lumière, dissout beaucoup de gaz, peu 
de corps combustibles simples, quelques oxides 
métalliques, beaucoup de sels, etc.; elle forme 
avec certains oxides des composés appelés hydratess: 
elle est décomposée , à la température ordinaire , 
par une série de métaux qui lui enlèvent son 
oxygène : d’autres métaux ne la décomposent qu’à 
une forte chaleur. L’estomac ne la digère que 
très-difficilement , à moins qu’elle n’ait été brassée 
pendant quelque temps avec le contact de l'air. 

Exposée à l'air, l'Eau s’évapore, se réduit peu 
à peu; elle se réduit d'autant plus lentement 
qu'elle est plus froide, et d’autant plus rapide- 
ment qu’elle est plus chaude, qu’elle offre plus 
de surface, qu’on l'agite davantage et qu’elle est 
sous une pression atmosphérique moindre. ( Woy. 

VAPORATION). Aussi, toutes choses égales d’ail- 
leurs, et la chaleur à laquelle on la soumet étant 
la même, l'Eau se transforme plus promptement 
en vapeurs au sommet qu'à la base des hautes 
montagnes. À 

Soumise à l’action de la chaleur, sous une 
pression égale à vingt-huit pouces ou soixante- 
seize millimètres de la colonne barométrique , 
l'Eau entré en ébullition (voy. ÉBuzcirion) à la 
température de quatre-vingts degrés de Réaumur, 
ou à cent degrés du thermomètre centigrade. 
Dans le phénomène de l’ébullition, la température 
de l'Eau reste la même. Il ne peut en être autre- 
ment, puisque le calorique que l’on continue d’äp- 
pliquer est entraîné par les vapeurs auxquelles 


il donne 


EAU 


il donne naissance ; mais si la pression atmosphé- 
rique vient à augmenter, si on augmente égale- 
ment la densité de l'Eau en y ajoutant quelques 
corps solubles , la température s’accroît et l’ébul- 
jition est retardée ; enfin le contraire a lieu si la 
pression diminue, ou, ce qui revient au même, 
si on opère dans un lieu très-élevé, 

La vapeur, formée pendant l’ébullition de l'Eau, 
occupe un volume ou un espace seize cent quatre- 
vingt dix-huit fois plus considérable que l'Eau à 
l’état liquide, et sa tension ou force est proportion- 
nellement inverse à sa densité. Quant à la quantité 
de calorique employé à la formation de cette 
même vapeur, clle est telle qu'un volume de va- 
peur d'Eau à 100° suffit pour amener cinq volu- 
mes d'Eau à o°, à 00° de température; de à les 
innombrables et économiques applications de la 
vapeur comme moteur inanimé , et comme moyen 
d’échauffer promptement des masses énormes 
d'Eau nécessaires aux besoins journaliers du bai- 
gneur, du blanchisseur, du teinturier , etc. 

L'Eau est la boisson la plus commune de 
l’homme et des animaux; la pharmacie en fait le 
véhicule des tisanes , des sirops, des potions, des 
bains, etc; enfin la médecine et la chirurgie lui 
reconnaissent des propriétés qui varient selon la 
température à laquelle elle est employée. Ainsi , 
d’après les disciples d'Hippocrate , l'Eau chaude 
excite, l’eau tiède relâche, l'Eau fraîche désaltère, 
l'Eau très-froide donne du ton , de l'énergie , etc, 

Nous avons dit en commencant cet article que 
l'Eau n’était pas un élément , mais bien un corps 
composé de deux autres corps, l'oxygène et l’hydro- 
gène; mais ce que nous n'avons pas dit et ce que 
nous ne pouvons laisser ignorer à nos lecteurs, ce 
sont les noms des chimistes qui les premiers ont 
contribué, par leurs immortels et importans tra- 
vaux, à ne plus laisser croire aux quatre élémens 
d'Aristote. Déjà en 17:6, Macquer et Sigaud-La- 
fond virent que de l'Eau tapissait les parois des 
vases au dessous desquels on brûlait du gaz hydro- 
gène : nous voyons la même chose avoir lieu tous 
les jours dans les magasins qui sont éclairés par le 
gaz, et dans lesquels on a le soin de placer, au 
dessus de la flamme de chaque bec, une petite 
capsule appelée, je crois, fumivore, et qui est 
surmontée d’un petit tuyau en forme d'S allongé 
qui va se rendre dans un réservoir en cristal. En 
1781, Priestley vit de l'Eau ruisseler dans l’inté- 
rieur du vase où il venait de faire détoner un 
mélange de gaz oxygène et de gaz hydrogène. 
Mais c'est à Cavendisch que doit être attribué le 
plus grand honneur de la découverte de la com- 
position de l'Eau ; car dans l’été de 1781, il en 
obtint plusieurs grammes, en répétant les expé- 
riences de Priestley. Enfin en 1784, Lavoisier, 
Laplace et Meusnier, à Paris, démontrèrent éga- 
lement , devant l’Académie des sciences , la com- 
position de l'Eau, composition que l’illustre Monge 
avait mise hors de doute, à peu près dans le même 
temps, dans le laboratoire de l’École de Mézières. 
Toutefois cette belle et riche découverte ne fut pas 
admise sans difficulté au nombre des vérités de la 


Tome IL. 


Go1 


a 


EAU 


science ; beaucoup de physiciens se refusèrent à 
l'évidence, et sans les Lefèvre-Gineau, Fourcroy, 
Vauquelin, Séguin , qui firent de l'Eau de toutes 
pièces , les sophismes des partisans du phlogisti- 
que auraient eu le dessus. On sait que l'Eau est 
formée, en poids, de 88,94 parties d'oxygène, et 
11,06 parties d'hydrogène; en volume, de x 
d'oxygène et 2 d'hydrogène. 

Maintenant que nous connaissons l'Eau liquide 
sous le rapport de ses propriétés physiques et chi- 
miques , de ses usages, de sa composilion , voyons 
le rôle important qu’elle joue dans les nombreux 
phénomènes de la vie organique ; nous la consi- 
dérerons ensuite sous ses rapports zoologiques. 

Tous les êtres organisés, c’est-à-dire tous les 
végétaux et les animaux, sont composés de solides 
et de liquides; ceux-ci, d’où naissent les premiers, 
les solides, sont en plus grande quantité; et la base 
de tous ces liquides, c’est l'Eau. On trouve donc 
de l'Eau dans le sang et dans toutes les humeurs 
des animaux ; on en trouve également dans la séve 
et dans tous les sucs des végétaux. C’est elle qui 
facilite le frottement des parties solides des ani- 
maux les unes sur les autres, et qui sert de véhi- 
cule aux substances assimilables que nos organes 
extraient de nos alimens ; enfin elle entre dans la 
composition des tendons, de la gélatine, de l'al- 
bumine , etc. Quelques corps inorganiques , quel- 
ques sels et oxides métalliques, quelques pierres 
précieuses, renferment également une certaine 
quantité d'Eau, Eau qu’on leur enlève plus ou 
moins facilement par des procédés variables , et à 
laquelle ils doivent , en grande partie , leur forme, 
leur aspect, leur couleur, leur stracture, etc. 
L'Eau contenue dans les sels solubles et cristalli- 
sables s’y trouve sous deux états; dans l’an elle 
est combinée avec chacune des molécules inté- 
grantes du sel ; alors on la nomme Eau de cristal- 
lisation : dans l’autre elle est libre et n’est qu’in- 
terposée entre ces mêmes molécules. 

Considérée sons ses rapports zoologiques, nous 
avons à étudier l'Eau sécrétée par la membrane 
amnios , et l'Eau que sécrètent les membranes sé- 
reuses : cette étude sera très-courte. La première 
Eau, dite Æau de l’amnios, Eau dans laquelle le 
fœtus reste plongé jusqu’à l’époque de sa naissance, 
dont les fonctions paraissent être de garantir le 
fruit de la conception des effets des chocs exté- 
rieurs, et de faciliter sa sortie lors de la délivrance, 
est un liquide ordinairement transparent ou blan- 
châtre ; sa nature et sa composition varient dans 
les différentes espèces d'animaux. D’après Vauque- 
lin , l'Eau de l’amnios de la femme renferme de 
l’albumine, de la soude, du chlorure de sodium, 
et du phosphate de chaux; celle de la vache, un 
acide appelé acide amniotique , une matière extrac- 
tiforme azotée, du sulfate de soude, du phosphate 
de magnésie et du phosphate de chaux; celle de 
la jument et de la chienne , de l'acide amniotique, 
d’après Drapiez. 

L'Eau des hydropiques, contenue dans l’abdo- 
men, d'une couleur jaune citron , légèrement fé- 
tide , d’une saveur amère , contient de l’albumine, 


1 56° Livraison, 76 


N sd é 


EAU 


'Go2 


EAU 


des matières animales muco-extractives, des 
hydrochlorate, phosphate et sous carbonate de 
soude. 

IH. Eau à l'état solide où Glace. La glace se 
présente sous une forme cristalline, quelquefois 
assez nette pour être déterminée. Romé de Lisle , 
Bosc et Haüy, ont avañicé qüe sa figure primilive 
était l’octaèdre régulier; Hassenfralz ét Cordier, 
l'ont trouvée en prismes Héxatdriques ; enfin on en 
voit tantôt en longues aignilles droites, tantôt en 
plumes, tantôt én feuilles brillantes ét écailleu- 
ses, CIC. 

La structure de la glace, souvent compacte et 
vitreuse, d’autres fois grenue comme on le voit 
dans les glaciers , ou bien saccharoïide comme on 
l’observe dans les masses de neiges accumulées et 
endurcies , a été comparée à celle du quartz. Sa 
formalion , qui est le poiñt de départ des thermo- 
métres les plus usilés, est accompagnée d’une 
augmentation de volume que l'on à comparée à 
un quatorzième de la masse totale de l'Eau qui se 
congèle. C’est à celte dilatation que l'on doit at- 
tribuer, pendant les grands froids, le brisement 
des tubes et des flacons qui renferment de l'Eau à 
l'état liquide, le déchirement des arbres, l’ébou- 
lement de certaines roches, etc.; phénomènes que 
l’on attribuait à la présence de l'air atmosphérique 
dans l'Eau, mais que l’on attribue à son mode 
particulier de cristallisation , maintenant que 
l'expérience a prouvé que l'Eau qui a été soumise 
à l’ébullition , et qui, par conséquent , est privée 
d'air, angmentait également de volume en se so- 
lidifiant. 


L'Eau se congèle toujours à zéro, à moins 
qu'elle ne soit très-pure, qu'on J'ait fait bouillir, 
‘ou qu’elle soit placée dans un lieu de repos, circon- 
stances qui peuvent retarder sa solidification de 
quelques degrés (2, 5 et quelquefois 5°-0). A l’é- 
tat de pureté, la glace est transparente, incolore , 
très-sapide, très-élastique , très-dure , très-tenace, 
et plus légère que l'Eau : cette légèreté doit être 
attribuée à un arrangement particulier de ses mo- 
lécules; elle réfracte fortement la lumière, c’est au 
point qu'on peut en faire des lentilles ardentes ; 
elle conduit la chaleur pour tous les degrés au 
dessous de zéro, mais.elle est mauvais conducteur 
du calorique. Au dessus de zéro, elle absorbe ce 
dernier et se. réduit en Eau; au dessous (19 à 
16° par exemple) on peut la mener à l'état de pou- 
dre impa/pable. Elle est électrique par de frotte- 
menti. 

La glice se consérve dans de grands réservoirs 
souterrains, disposés exprès, appélés glacières, et 
que l'on n’a connusen France qu'à laïfin du seizième 
siècle. Guand les glacières sont épuisées,, ce qui 
arrive assez souvent , surtout quand des hivers 
n’ont pas été très-rigoureux, et que peu de glace 
a été formée ; on à recours à la glace artificielle et 
aux mélanges réfrigérans, pour les usages auxquels 
on emploie la:glace naturelie. 

Les usages de la glace sont très-éténdus. La 
médecine, la chirurgie l'aÿpliquent soit sur la 


tête des frénétiques, soit sur les inflammations, 
les bubons pestilentiels , etc. 

Dans l’économie domestique’on s’en sert, aprés 
l'avoir grossièrement concassée, pour y plonger 
pendant un jour oudeux, comme dans une sorte 
de bain , les liqueurs'qu'on vient de préparer , afin 
de fondre ensemble l’eau:de-vieet les diversarômes 
qui les composetit, et‘leur dunner ainsi la saveur 
douce et agréable que, sans cette précaution, elles 
n'acquièrent que par le temps. Les pharmaciens 
emploient le même moyen pour donner plus de 
suavité aux Eaux distillées de plañtes ét les rendre 
plus propres à être conservées. L'art gastromique 
en consémine une très-grande quantité dans la 
préparation de tous les mets glacés, connus sous 
les noms de glaces , sorbets, fromuges , ete. 

Les boissons glacées datent de la plus haute 
antiquité. Salomon. les Grecs, les Romains, en 
firent usage; les Oricntaux eurent le même goût, 
et c'est probablement par suite de leurs fréquentes 
communications avec ces derniers , que les Italiens, 
les Espagnols et les Portugais prirent l’habitude 
de ramasser de la neige pour l'été. Les habitans 
de la Péninsule se servent aussi de vases de terre 
non vernissés, nommés Æ#lcarazas, pour rafraîchir 
leur Eau. 

Sous le règne de Henri DIT, les boissons glacées 
étaient déjà connues à Paris ; on se contentait 
alors de jeter de petits morceaux de glace dans 
le vin, et ce mode de rafraîchissement dura jus- 
qu'en 1620. Avant celte époque , les Italiens con- 
naïssaient et se servaient de mélanges réfrigérans 
pour refroïdir les boissons. Ces mélanges servirent 
plus tard, entre les mains du fameux Procope , à 
transformer des sucs des fruits, la Timonade, le 
lait , les crèmes , ebc. , en glaces mousseuses qui}, 
depuis 1660 , font les délices de tous les gourmets 
des deux mondes. 

Les boissons glacées conviennent plus aux jeu- 
nes gens et aux adultes qu'aux vieillards et aux 
enfans ; les femmes doivent s’en priver pendant 
leurs règles; elles sont moins nuisibles en été 
qu'en hiver , et plus agréables à prendre le soir 
que dans la journée ; on doit s’en abstenir quand 
on a le corps couvert de suear; celles qui sont 
acides font lousser , fatiguent Pestomac , du moins 
chez besncoup de personnes : on peut remédier à 
ces mconvénieus en ÿ mélangeant un peu de rhum, 
de kirsch ou d’eau-devie. Celles qui sont prépa- 
rées au Chocolat , au’café, à la vanille, ou avec 
d’aütres aromiles , incommodent généralement 
moins que les autres. 

Glace ‘artificielle. — Mélanges refrigérans ou 
frigorifiques. On sait que toutes les fois qu’un 
sélse dissout dans l’eau, il devient liquide; que 
pour devenir liquide il absorbe da calorique et 
que celte absorption du calorique donne du froid. 
On sait encore qu'un mélange de neige et d’un 
sel sec, mais très-avide d'humidité, donne un so- 
Jaté salin qui enlève aux corps environnans la 
plus grande partie de leur calorique. C’est sur ces 
faits chimiques que repose la préparation des 
glaces , et l'expérience qui ‘consiste à faire geler 


a ——— 


EAU 6Go3 


EAU 


une assiette dans une chambre chaude : il suffit, 
pour obtenir cette congélation , de disposer une 
certaine quantilé du mélange ci-dessus , dans, une 
assiette placée sur un peu. me ‘Eau. 

+ IL existe encore plusieurs autres mélanges fri- 
gorifiques à l’aide desquels on peut, en été , et 
sans le secours. de la glace ou.de la neige, ie 
de l'Eau solide, Nous en cilenons quelques uns : 
1° 5 parties de sel ammomiac réduit en poudre 
five; D parties de salpêlre également pulvérisé ; 
16.parties. d'Eau de puits, à 10° au dessus de 0, 
donnent un froid de 12°; 2° 10 parties de salpêtre 
en poudre fine ; 52 parties de sel ammomiac en 
poudre fine; 32 parties de chlorure de chaux en 
poudre fine ; Eau , quaire fois la quantité des sels 
ci-dessus, donnent également un froid de 12°; 5°9 
parties de phosphate de soude cristailisé et pul- 
vérisé, 4 parties d'Eau forte, donnent un froid 
de 24° ; 4° 1 partie de chlorure de chaux calcinéet 
pulvérisé, avec 1/2, 213ou:parlie égale de neige, 
donnent un froid artificiel avec lequel on parvient 
à solidifier le mercure, l’ammoniaqueliquide, l’é- 
ther, etc. Toutelois, il faut, pour ce dernier mé- 
lange, agir dans les hivers très rigoureux, opérer 
dans un vase de bois, contenu dans un autre éga- 
lement en bois, et faire, couche par couche, le 
mélange du sel calcaire et de la neige , que l’on a 
préalablement tamisés. Enfin, on produit encore 
un abaissement de température tres-considérable 
par: l'évaporation des corps volatils, et sous le 
vide de la machine pneumatique. 

IV. Eau à l'état de fluide élastique où vapeur. 
Quelles que soient les influences sous lesquelles 
l'Eau s’est réduite en vapeur, celle-ci se mêle tou- 
jours. à l’air atmosphérique dans des proportions 
qui sont directes avec le degré de tempéra- 
ture de l'espace danslequel;on opère. Ainsi, plus 
l'air est chaud, plus il est chargé, de vapeur d'Eau; 
plus au contraire il est froid, plus il est sec. On 
a la preuve de la première vérite que nous venons 
d'avancer, toutes les foisique , dans les beaux jours 
d'été, on monte une bouteille dela cave. On voit 
aussitôt Ja bouteille se couvrir d’une humidité qui 
n'est antre.que la vapeur-d'Eau qui était tenue en 
suspension dans l’air, et qui a été condensée par 
suite de son contact avec la bouteille qui est plus 
froide:que l'air extériear. Le même phénomène n’a 
pas lieu pendant les fortes gelées, par les raisons 
que nous avons données iln'‘y a qu’un instant, 

L'air chargé de vapeur d Eau est, invisible ; il 
en est ainsi, tant que la quantité de vapeur ne 
dépasse passa capacité de saturation, Mais aussi- 
104 que le plus léger refroidissement à lieu, on 
voit diminuer la capacité de saturation ; de là des 
phénomènes nouveaux qui varient selon la hauteur 
de l’atmosphère dans laquelle labaissement, de 
température a été produit, selon la quantité de 
vapeurs condensées , et selon la pesanteur spéci- 
fique de ces mêmes vapeurs. Ges phénomènes, qui 
nous occuperont dans un instant, sont la forma- 
tion des nuages, de la pluie, de la neige, de la 
grêle, du brouillard, de la rosée, et de la gelée 
blanche. 


On mesure la quantité relative d'Eau tenue à 
l'état de vapeur dans l'atmosphère, à l'aide. d’in- 
strumens de physique, appelés Hygromètres (voy. 
HycrométrRie ); quant à la quantité absolue, on 
la connaît de: la manière suivante. : dans: une clo- 
che de verre, contenant une quantilé donnée 
d'air chargé ‘e vapeur inmisible, on place un Corps 
très-avide w/ humidité , comme de. l'acide sulfuri- 
que concentré, de la potasse caustique, du chlo- 
rure de calcium calciné, etc., dont on a pris. le 
poids exact. Aubout de quelques jours de contact, 
on pèse l'air et le corps hygrométrique ; la dimi- 
pulion du poids de l’un, comparée à l'augmentation 
du poids de l’autre , est justement la quantité de 
vapeur d'Eau contenue. 

La vapeur d'Eau n’a ni couleur, ni odeur, ni 
saveur; sa légèreté est plus grande que AN de 
l'air. Légèrement refroidie et condensée , elle 
constitue les nuages ou amas de vésicules, dont 
le diamètre varie entre + de pouce, el =. 
Quand ces vésicules viennent à se heurter, elles 
crèvent et forment une petite goutte. 

Nuages et pluies. On concevra facilement la 
formation des nuages. et l'origine de la pluie, si 
l'on pense, 1° que Rs deux phénomènes ont lieu 
dans un espace uniformément échauffé , et au mi- 
lieu d’un repos parfait dans les couches supérieu- 
res et inférieures de l'atmosphère; 2° que l'Eau 
des-lacs , des fleuves, des rivières et du sol hu- 
mide s'évapore avec une lension proportionnée à 
Ja température de l’air; 3° que cét air qui recoit 
le gaz aqueuX devient plus léger. tant à cause de 
pu mélange avec le gaz, qu'en raison de son 
échauffement par la lumière solaire ; qu’il s’élève 
et fait place à de lair moins ie De cette 
manière , il monte peu à peu jusqu’à ce qu’il par- 
vienne à une hauteur où il éprouve du refroidis- 
sement , refroidissement qui est tel que l'Eau dont 
il est.chargé ne peut plus demeurer à l'état gazeux, 


et se précipite sous la forme de vapeur. Cette va- 


peur s'accroît, s’amoncelle peu à peu, et constitue 
les nuages , lesquels nuages sont plus où moins 
visibles, plus où moins colorés, plus ou moins 
transparens , selon leur volume , leur hauteur et 
la manière dont le soleil est placé par rapport 
à eux. 

Peu à peu on voit les nuages augmenter et flot- 
ter quelque temps dans les hautes régions de l'air; 
cela tient à ce que les petites vésicules de la va- 
peur aqueuse qui les constitue ont une pesanteur 
spécifique à peu près égale à celle de l’air; mais 
comment se fait-il qu ‘ils se maintiennent quelqne- 
fois des jours entiers suspendus dans, l'air? on 
l'ignore encore, Lorsque les nuages ont atteint une 
certaine densité, on les voit descendre peu.à peu, 
et une fois que les vapeurs:sont arrivées dans une 
couche d'air plus chaude , elles se redissolvent par 
degrés, jusqu’à ce que l'air ait atteint son maxi- 
mum d'humidité : c’est ainsi que des nuages en- 
tiers peuvent s’abaisser sans qu'il tombe encore 
une seule goutte de pluie ; mais lorsqu'ils ont at- 
teint e maximum , que l'atmosphère éprouve un 
léger refroidissement, la pluie commence à tomber. 


————————_—_—_————————————————.———————— 


EAU 604. 


EAU 


CE 


Les gouttes d’eau sont le produit du contact des 
vésicules aqueuses traversant un air trop humide 
pour les dissoudre. Une fois qu’elles ont commencé 
à se former, elles se propagent avec rapidité d’un 
nuage à un autre, varient de volume dans leur 
chute, sont plus grosses en été qu’en hiver, au 
commencement qu’à la fin d’une pluie, etc. Tous 
ces phénomènes tiennent à la différence de tem- 
pérature des régions atmosphériques qu’elles par- 
courent. 

La pluie ne tombe pas toujours sur le point 
d’où est partie la vapeur aqueuse qui l’a formée, 
parce que celle-ci est souvent entraînée bien loin 
par les vents avant de se condenser par le refroi- 
dissement et de se précipiter. 

La quantité d'Eau qui tombe dans un même 
pays varie d’une année à l’autre; mais cette va- 
riation est peu considérable quand l'observation 
se fait sur plusieurs groupes d'années. On sait 
d’ailleurs que la quantité d'Eau tombée est d’au- 
tant plus grande qu’on s'approche davantage de 
l'équateur, partie du globe où l'air est plus hu- 
mide. 

L'instrument , appelé kydromètre, dont on se 
sert pour évaluer la quantité d'Eau tombée dans 
un temps donné, consiste en un entonnotr évasé, 
dont la pointe plonge dans un vase fermé. De ce 
vase, l’eau passe dans un autre dont la capacité 
a pour mesure la surface de l’entonnoir, et chaque 
mesure correspond à un centimètre d’eau tombée. 

A égalité de latitude, la quantité de pluie qui 
tombe dans un pays, est modifiée par la localité, 
la forme , l'élévation, etc., de ce pays. Ainsi, les 
montagnes d’un pays voisin de la mer, détermi- 
nant le refroidissement de Pair, saturé de vapeur 
d’eau, donneront lieu à des pluies abondantes. 
C’est de cette manière qu’en explique les pluies 
fréquentes de la Norwége, des côtes occidentales 
et orientales de l'Afrique , la sécheresse des envi- 
rons de Madrid. 

Les divers degrés de violence avec lesquels la 
pluie tombe, l'ont fait désigner en pluie fine, pluie 
battante, etc., différences qui tieanent autant à la 
hauteur des nuages qu’à des phénomènes électri- 
ques : cette dernière cause agit surtout dans les 
pluies d'orage. La pluie est fine quand les nuages 
sont très-près de la terre; c’est le contraire dans 
Ja pluie battante, où les gouttes d'eau sont plus 
larges et plus rapides dans leur chute. 

On sait que l'instant qui précède une pluie plus 
ou moins durable est ordinairement annoncé par 
un abaissement de température. La raison la plus 
probable de ce fait physique, c’est que l’air qui 
nous environnait, ayant été chargé d'humidité, est 
devenu plus léger, qu'il s’est élevé à une hauteur 
plus ou moins considérable, et qu'il a été rem- 
placé par un autre plus dense, plus sec et plus 
iroid. 

Neige. La neige se produit dans des circonstan- 
ces qui sont à peu près les mêmes que celles de 
la pluie ; seulement il faut que les nuages soient à 
une température au dessous de zéro. Les cristaux 
de vapeur aqueuse qui la constituent s’accroissent 


dans leur chute, comme cela a lieu pour les gouttes 
d’eau, et forment souvent des flocons en s’accu- 
mulant. 

Gréle. La grêle, produite également par un 
abaissement subit de température dans l’atmo- 
sphère, mais dans des circonstances tout-à-fait 
différentes de celles qui donnent lieu à la pluie et 
à la neige, ne se voit qu’en été ou dans les pays 
chauds, et lorsque le soleil est sur l'horizon. Elle 
consiste en grains arrondis, et non en cristaux ré- 
guliers, comme la neige. Sa grosseur, qui varie à 
l'infini, n’est point, aussitôt sa formation, ce 
qu’elle peut être après sa chute ; elle augmente en 
traversant les différentes couches d’air quila sé- 
parent de la terre, et cela, en entraînant la vapeur 
aqueuse qu’elle rencontre, et qui se solidifie autour 
d'elle; son augmentation de volume est encore 
due à la réunion de plusieurs petits grains les uns 
avec les autres. ! 

La grêle est très-souvent accompagnée de ton- 
nerre etconstamment de phénomènes électriques ; 
quant à la cause du froid subit qui la produit, on 
ne la connaît pas encore. 

Brouillard. Les mêmes causes qui produisent 
les nuages produisent le brouillard, et celui-ci 
peut être considéré comme un nuage très-léger 
placé tout près de la terre. On le voit naître aus- 
sitôt que la température de l’air ambiant tombe 
de quelques degrés au dessous de la température 
du sol. Pour concevoir sa formation , il faut, par 
la pensée , et cela est exact, voir l'Eau des mers, 
des rivières, des prairies marécageuses, etc., 
s’évaporer avec une tension correspondante à la 
chaleur du sol, former un gaz aqueux qui se re- 
froidit, se condense dans l’air, monte plus ou 
moins haut, ou descend selon les mouvemens qui 
se passent à la surface de la terre, ou bien retombe 
en pluie quand il n’a pu être dissous par l'air 
échauffé par le soleil. 

Le brouillard s’observe aussi bien en hiver qu’en 
été, et l'on voit souvent dans les journées froides 
d'hiver s'élever une vapeur plus ou moins forte 
des courans d'Eau non gelés : cela est dû à ce que 
la température de ces courans est un peu plus 
élevée que celle de l’air atmosphérique. 

Lorsque le brouillard tombe par un froid vif, 
ct que dans sa chute il rencontre des, arbres ou 


tout autre corps, il y est retenu sous forme cristal-. 


line , et constitue alors ce qu’on appelle givre. 

Rosce. La rosée est encore le produit de la con- 
densation de la vapeur d'Eau contenue dans l'air 
atmosphérique. Le refroidissement qui en est la 
cause et qui a lieu ordinairement la nuit, se fait 
dans les corps qui existent à la surface de la terre, 
et non dans l’atmosphère , comme nous l’avons 
vu pour les brouillards, la pluie, etc. La preuve 
qu'il en est ainsi, c’est que la rosée ne se dépose 
pas en égale quantité sur tous les corps; elle bai- 
gne davantage ceux qui sont mauvais conducteurs 
du calorique, moins ceux qui sont conducteurs. 

Gelée blanche. Voyez, pour la formation de la 
gelée blanche , ce que nous avons dit pour la for- 
mation de la glace artificielle. 


EAU 


Go5 


EAU - 


Ne voulant ‘pas pousser plus loin l’exposé des 
théories généralement admises dans l’état actuel 
de la science pour expliquer la formation des 
nuages , l'origine de la pluie, de la neige, de la 
grêle , des brouillards, de la rosée, de la gelée 
blanche, nous allons faire connaître rapidement 
ce que deviennent, après leur liquéfaction, les 
neiges et les glaces amoncelées çà et là sur la sur- 
face du sol, dars les hautes montagnes, etc., en 
d’autres termes, nous allons considérer l'Eau sous 
ses rapports géologiques. 

V. Eaux. (aéoz.) Revenue à l'état liquide, l'Eau 
qui formait les neiges et les glaces constitue, en 
pénétrant dans les fissures du sol, ce qu’on ap- 
pelle des sources, suintemens liquides qui, après 
un trajet souterrain plus ou moins profond et plus 
ou moins long, finissent par se faire jour, soit dans 
les montagnes elles-mêmes, soit dans les pays plats 
qui les avoisinent. ' 

Les sources sont chaudes ou froides: leur Eau 
est pure ou chargée de substances salines, ga- 
zeuses, acides, etc. 7’oyez EAUX MINÉRALES. 

Les Eaux provenant des neiges et des glaces 
donnent encore naissance aux forlens, Ccourans 
rapides qui labourent les montagnes d’où ils par- 
tent , ou bien qui les creusent en ravins profonds. 
Arrivés aux pieds des montagnes, les torrens se 
ralentissent dans leur course, forment les ruis- 
seaux qui arrosent et fertilisent les terrains qu'ils 
serpentent en tous sens. Par leur réunion, les 
ruisseaux augmentent de volume , de largeur et 
deviennent rivières; celles-ci sont navigables ou 
non navigables, parcourent souvent plusieurs 
lieues, plusieurs départemens, et, en se réunis- 
sant'avec d’autres rivières, forment les ffeuves. 
Ceux-ci se rendent dans la mer, réservoir immense 
où vont se perdre tous ceux que nous venons d’é- 
numérer , et dans lequel l'atmosphère vient puiser 
toutes les vapeurs aqueuses qui doivent retomber 
ensuile sous les différens états que nous avons 
étudiés plus haut. 

Enfin il existe encore des masses d'Eau qui ne 
vont pas, comme les précédentes , se rendre dans 
âa mer; ces masses portent les noms de Zacs, de 
Marais, de Mares , etc. 

Considérées sous le rapport des corps étrangers 
qu'elles contiennent , les Eaux liquides qui exis- 
tent libres sur le globe, sont divisées en Eaux 
douces, en Eaux salées et en Eaux minérales. Nous 
allons donner quelques détails sur ces trois espèces 
de liquides aqueux. 

1° Eaux douces. Gomme leur nom l'indique, les 
Eaux douces ont une saveur peu prononcée et 
leur température est égale à celle de l'atmosphère; 
elles sont courantes ou stagnantes , constituent les 
lacs, les rivières, les marais, les étangs, etc. , et 
nourrissent souvent dans leur sein des végétaux et 
des animaux dits fluviatiles , pour les distinguer 
des autres corps organisés que l’on trouve dans les 
Æaux salées. 

Dans leur marche, les Eaux douces forment des 
chutes, des cascades, des cataractes, etc. ; elles 
peuvent aussi creuser le sol qu’elles parcourent, 


détacher et rouler des pierres, du sable , etc. Ce- 
pendant ces derniers effets sont bien restreints, 
car il est plus ordinaire de les voir combler et 
élever les lieux sur lesquels elles passent, en y 
déposant les parties ténues qu'elles charrient. 

2° Eaux salées. Les Eaux salées, qui recouvrent 
près des trois quarts de la surface du globe, et 
qu'il serait plus exact de nommer Æaux marines , 
si certains grands lacs sans issue ne jouissaient 
pas de leurs propriétés, ont une saveur d’abord 
salée, puis amère et nauséabonde qui ne peut 
manquer de les bien caractériser, et de les dis- 
tinguer des Eaux minérales proprement dites. 
Leur temptrature est à peu près égale à celle de 
l'atmosphère , surtout dans leurs couches supé- 
rieures ; enfin dans leur intérieur vivent des plantes 
et des animaux dont il sera question à l’article Mer 
de ce Dictionnaire. 

5° Eaux muncrales. On appelle Eaux minérales, 
les Eaux de sources tenant en solution ou en sus- 
pension des substances minérales dans des propor- 
tions telles que leurs propriétés physiques et chi- 
miques sont changées et remplacées par d’autres 
dites médicamenteuses. Le hasard, dit-on , révéla. 
le premier les vertus des Eaux minérales. Sans 
croire, comme les anciens, qu’une divinité pré- 
side à la garde de chaque source minérale , nous 
ne pouvons refuser, à quelques unes du moins, des 
propriétés spéciales et même spécifiques pour la 
cure de certaines maladies, surtout si on sait 
quand et à qui on doit les conseiller. Nous conve- 
nons aussi qu'elles ne sont pas plus utiles, dans 
beaucoup de circonstances, que d’autres agens 
thérapeutiques ; car s’il leur arrive de guérir des 
malades qui n’ont pu l’être par un traitement d’une 
autre nature , il leur arrive également d’échouer 
dans des cas où une autre méthode eût peut-être 
réussi, Deux raisons peuvent expliquer ces obser- 
vations pratiques : la première, c’est que les ma- 
ladies les plus analogues diffèrent encore les unes 
des autres par mille points divers; la seconde, c’est 
que plusieurs malades atteints de la même mala- 
die, ne peuvent pas toujours être traités absolu- 
ment de la même manière. 

Examinées sous le rapport des principes qui 
font la base de leur composition, les Eaux miné- 
rales sont divisées en cinq classes principales : les 
Eaux salines , les Eaux gazeuses, les Eaux ferru- 
gineuses , les Eaux sulfureuses, et les Eaux iodu- 
rées, Bien entendu que cette classification n’est ni 
rigoureuse, ni absolue; elle n’est admise dans la 
science que pour faciliter l'étude de ces produits 
naturels ; car on trouve journellement des sources 
qui sont tout à la fois salines et acidules, d’autres 
qui sont ferrugineuses et sulfureuses, etc. Sous le 
rapport de leur température, les Eaux minéra - 
les sont froides ou tempérées, chaudes ou thermales. 
Enfin , pour distinguer celles que la nature crée, 
de celles que, par imitation, l’on prépare dans les 
pharmacies , on les distingue en Eaux minérales 
naturelles, eten Eaux minérales artificielles. 

N'ayant que des conjectures à émettre sur la 
formation des sources minérales; croyant avec 


Ù EAU 


606 


EAU 


tous les auteurs que, dans cet acte important dé 
la nature, l'électricité, le voisinage des voleans,, 
Yaffinité des corps les uns pour les autres , l'infinie 
divisibilité de ces derniers, jouent un rôle qu’on 
pe peut encore expliquer, nouspassons de suite à 
Fétude de chacune d'elles en particulier, nous 
réservant toutefois de ne citer que les plus usitées 
et les micux connues; nous laissons à d’autres 
le soin hardi et difficile de pénétrer des secrets de 
la vérité desquels, nous en demandons bien par 

don aux grandes vanilés scientifiques , toutes les 
théories du monde resteront. encore fort long- 
temps éloignées. 

A. Eaux minérales salines. On appelle Faux 
minérales salines, celles qui, outre quelques au- 
tres principes minéralisateurs., tels que des traces: 
d'acide carbonique et d'acide hydrosulfurique, de 
l'hydrochlorale de chaux, du carbonate de chaux 
ou de magnésie:, elc., tiennent en solation une 
grande quantité de matières salines auxquelles 
elles doivent leurs propriétés purgatives ou exci- 
tantes, selon qu'on les administre à hautes ou à 
petites doses. Ces Eaux sont chaades ou froides, 
et peu aliérables ; leur saveur est amère, quelque- 
fois piquante et nauséeuse, suivant la quantité et 
la nature des sels,qu’elles renferment. 


Eaux salines thermales. 


Eau de Plombières. Plombières , petite ville du 
département des Vosges, à vingt-quatre lieues de 
Nancy, à six lieues d'Épinal, possède sept bains 
désignés par les noms de Pains des dames, Sources 
du Crucifiz, Grand bain, Bain tempéré, Petit bain, 
Bain neuf, Sources de Bassompière. 

Les Eaux de Plombières sonkincolores, presque 
insipides , un peu onctueuses ; d'une température 
de 56 à 74° cenligrades , etc. Selon Vauquelin , 
elles sont composées de:sous-carbonate de soude, 
sulfate de soude, chlorure de sodium , souscar- 
bonate de chaux, silice, matière animale (1). 

Elles s'administrent en bain ou en boisson (5 
4 verres le matin) dans-le traitement de Ja chlo- 
rose, des entérites chroniques, dessorofules, etc. 
Elles sont peu purgatives, 

Eau de Luxeuil. Luxeuil , petite ville du dépar- 
tement de la Haute-Saône , xdouze ou treize lieues 
de Besancon, dont les Eaux, par leurs propriétés 
physiques, chimiques et médicinales , eb par leurs 
doses ct modes d'administration, ont beauconp 
d'analogie avec celles de Plombières , possède cinq 
bains qui sont ; le Zain des femmes , le Bain des 
hommes , le Bain neuf, le Grand bain, le Petit bain 
ou Pain des Cuvettes. Les Eaux de Luxeuil ont une 
temptraiure de 25 à 42° centigrades. 

Eaude Bourbonne-les-Bains. Les Eaux de Bour- 
bonne-les-Bains, petite ville de la Haute: Marne , 
à dix licues de Langres, treize de Chaumont et 
soixante-douze de Paris, sont claires.et limpides ; 
d’une odeur légèrement sulfureuse; d’une légère 


(x) C'est à cette matière animale, de nature particulière, que 
lon doit attribuer l’aspect onctueuz des eaux de Plombières. 


or 


saveur salée et amère; leur température varie de 
46 à Gg’centigrades, etc. 

Elles, sont composées, de : hydrochlorate de 
soude, hydroclilorate de chaux, hydrochlorate de 
magnésie, acide carbonique libre, sulfate de 
chaux, sulfate de magnésie , carbonale.defer. 

Ces Eaux conviennent. dans les fièvres-quantes , 
dans les maladies du,sysième lymphatique, les tu- 
meurs. blanches , les paralysies,, les vieilles:entor- 
ses, les accidens.de la congélation, etc. , etc. On 
les administre en bains et en douches, rarement 
à. l’intérieur. 

Eau de Chaudes-Aigues. Chandes-Aigues, petite 
ville du Cantal , à quinze lieues d’Aunillac, possède 
deuxsourcesprincipales, quisont : la, Belle fontaine 
du parc, la Source de la grotte dusmoulin du:parc. 

Les Eaux de Chaudes-Aigues sont, incolores , 
inodores, d’une saveur fade où très-légèrement 
astringente et styptique; susceptibles de. se con- 
server assez Jlong-lemps sans s’alérer , une fois 
hermétiquement fermées; acquérent un peu de 
fétidité par leur exposition à l'air; douces, .onc- 
tueuses au toucher; déposant à la longue, une 
grande quantité de carbonate de chaux ; d’une 
température qui varie de 50 à 88 centigrades. 

D'après M. Berthier , elles sont composées de: 
hydrochlorate de soude, sous-carbonate,de.soude, 
carbonate de chaux, carbonate de fer , silice. 

M. Grassal y a trouvé : acide carbonique libre, 
un peu d'hydrogène sulfuré, chaux, soude, etc. 

Les Eaux de Chaudes-Aigues paraissent devoir 
être les succédanées des Eaux de Garlshad. 

Eau de Bularuc. Balaruc, bourg du dépanrte- 
ment de l'Hérault, à quatre lieues.de Montpellier, 
possède prèsid'un étang salé qui communiqne avec 
la Méditerranée, une source dont.les, Eaux. sont 
lnpides, d'un,goûl salé et un peu amer; onctueu- 
ses, très-chaudes (49 à 50° Réaumur) , un peu 
gazeuses ; ebc. 

Les Eaux de Balarue contiennent, d'aprèsM. Fi- 
guier : acide carbonique libre, hydrochlorate.de 
soude, hydrochlorate de magnésie, hydrochlo- 
rate de chanx, gaz azote (d'après M. Picrre) , fer 
(des traces), carbonate de chaux, carbonate 
de magnésie, sulfate de chaux. 

Elles, conviennent dans les paralysies,, les:rhu- 
matismes chroniques, les scrofules, les dégéné- 
rescences des viscères abdominaux , etc. Elles doi- 
vent être défendues aux apoplectiques. On les 
administre en bains, en douches ou en boisson 
(par tasses ou verres jusqu’à eflet pungatif). 

Eau d'Aix en Provence. Les Eaux d'Aix, en 
Provence, ville capitale des Bouches du-Rhône , 
à seize lieues d'Avignon , sont limpides, transpa- 


rentes , inodores, très. légèrement amères:et styp- 


tiques, très-légères, d’une témpérature de 52, à 
54° centigrades. Elles sont composées, d'après 


M. Laurent , de: carbonate de chaux, carbonate 


de magnésie, sulfate de chaux, oxygène , el d’une 
malière végéto-animale à laquelle elles doivent 
leur aspect onctueux. 

Les Eaux d’Aix en Provence conviennent pour 
combattre Jes affections cutanées , lesleucorrhées; 


EAU 


607 


EAU 


EE 


lictère , les rhumatismes, les dartres ;on-les donne 
ordinairement en bains. 

Eau de Bagnères-Bigorre. Bagnères-Bisorre , 
petite:ville des Hantes-Pyrénées , sur l'Adour , à 
quatre lieues de Barréges et vingt-trois de Tou- 
louse, compte jusqu'à vingt-deux sources miné- 
rales, dont les eaux limpides , diaphanes , inodores 
(excepté celles deLasserre, qui ont une odeur hé- 
patique), ont'une saveur piquante , saline et un 
peu styptique : une température qui varie de 20 à 
46° Réaumur, etc. 

Les Eaux de Bagnères-Bigorre sont compostes 
de :hydrochlerate de magrésie , hydrochlorate de 
potasse , chlorure de sodium, sulfate de soude, 
silice, sulfate de chaux, carbonate de chaux, car- 
bonate depotasse, carbonate de magnésie, car- 
bonate de fer, etc. 

On vante beaucoup lasage des Eaux de Ba- 
gnères-Bisorre , dans les affections mélancoliques, 
atoniques, les flux immodérés, etc. On les donne 
en buissons , en bains, en douches, en fomenta- 
tions, etc. 

Eau de Néris. Néris, gros bourg du départe 

ment de l’Allier, à une lieue et demie de Mont- 
 Lucon, à quatre-vingts lieues de Paris, possède 
quatre sources minérales : le Puits de la Croix, le 
Grand puits ou Puits de César, le Puits carré ou 
tempéré , la Source nouvelle. 

Les Eaux de Néris sont pétillantes : un gaz s’en 
dégage sans cesse, surtout dans les temps d'orage; 
leur limpidité est parfaite ; leur saveur particu- 
lière devient fade et désagréable par le refroidisse- 
ment ; leur odeur , nulle à la source, acquiert de 
la fétidité par le repos ; leur onctuosité est très- 
marquée; leur température varie de 40 à 41° 
Réaumur. D’après Vauquelin elles renferment : 
carbonate de soude , sulfate de soude , hydrochlo- 
rate de soude, carbonate de chaux, &ilice, gaz 
encore inconnu , etc. 

Les Eaux de Néris conviennent dans toutes les 
phlegmasies chroniques, quelques névroses, elc. 
On les admimistre en bains, en fumigations, en 
douches et à l’intérieur (deux ou trois verres le 
motin , à la source). 

Eau de Lucques. Lucques , grande et belle ville 
d'Itake , àtrois lieues de Florence, à quatre de 
Pise , possède dix sources d'Eaux minérales, dont 
la température varie de 30 à 45° Réaumur, dont 
la limpidité est parfaite , l'odeur nulle, etc. 

Les Eaux de Lucques sont composées de : acide 
carbonique libre, sulfate de chaux, sulfate de ma- 
gnésie, alun, hydrochlorate de soude, hydro- 
chlorate de magnésie, carbonate de chaux, car- 
bonate demagnésie silice, alumime, oxide de fer. 

Elles conviennent ans la goutte , les rhuma- 
tismes , la dyspepsie, la chlorose, la leucorrhée 1 
les dégénérescences viscérales, les scrofules , etc. 
On les donne à l’intérieur et à l'extérieur. 


Eaux salines froides. 


Eau de Sedlitz. Sedlitz, village de Bohême, 
près de Prague et de Tæplitz , possède une source 
dont les Eaux sont limpides , transparentes, pétil- 


lantes, d’une odeur particulière, d’une saveur 
salée et amère. 

Elles sont composées, d’après Hoffmann, de: 
sulfate de magnésie , sallate de soude, sulfate de 
chaux, carbonate de chaux , carbonate de magné- 
sie, acide carbonique, matière résineuse. 

On les emploie comme cathartiques , chez tou- 
tes les personnes lymphatiques et hypochondria- 
ques ; chez celles'quisont sans cesse tourmentées 
par des borborygmes , des constipations opiniâtres, 
à la dose de 1 à 2 livres par jour. 

Eau de Seydchutz. Seydchutz, village de Bo- 
hême , près de Sedlitz, possède des Eaux claires, 
limpides, modores, d’une saveur très-amère «+ 
salée, dont les propriétés médicinales, les doses 
et le mode d'administration sont les mêmes que 
pourles Eaux de Sedlitz. Analysées par Bergmann, 
elles ont donné : carbonate de chaux, carbonate 
de soude, sullate de chaux, hydrochlorate de ma- 
gnésie, sulfate de magnésie. 

Eau d'Epsom. Epsom, village d'Angleterre, à 
sept lieues de Londres, ne possède qu’une source 
minérale dont les Eaux sont limpides, inodores, 
amères et sales. 

Les Eaux d'Epsom sont principalement miné- 
ralisées par le sulfate de magnésie ; elles en con- 
tiennent 0,03. On peut les administrer aux mêmes 
doses et dans les inêmes circonstances que les pré- 
cédentes ; mais on prélère employer les sels 
qu’elles contiennent. 

B. Eaux minérales gazeuses. On désigne ainsi les 
Eaux qui ont pour principe minéralisateur l'acide 
carbonique. Ces Eaux sont limpides, incolores, 
d'une odeur légèrement piquante, d’une saveur 
fraiche, acidule ou alcaline ( de là leur distinction 
en Æcidules gazeuses et en Ælcalines gazeuses ), 
rougissant la teinture de tournesol, formant un 
précipité blanc avec l'Eau de chaux, laissant dé- 
gager beaucoup de bulles quand on les agite, dé- 
gagement dû, ainsi que la plupart des autres 
propriétés, au gaz acide qui leur a fait donner 
leur nom, et dont elles contiennent quelquefois 
cinq à six fois leur volume, C’est à l'abondance de 
cet acide que quelques uns des carbonates, des 
hydrochlorates et des sulfates de chaux, que l'on 
rencontre dans ces Eaux, y sont tenus en disso- 
lution ; mais, ce gaz venant à se dégager , les Eaux 
se troublent , et une partie des sels se précipitent. 

Les Eaux gazeuses sont tantôt thermales , tan- 
tôt froides. Les premières jouissent de proprié- 
tés stimulantes plus prononcées que les secon- 
des que l'on emploie comme rafraîchissantes , 
qui calment la soif, excitent légèrement les ap- 
pareils digestif et urinaire ; cependant les unes 
et les autres ont une action marquée sur le 
système nerveux. Les premières s’administrent em 
bains, dans les affections cutanées, rhumatismales 
et arthritiques, les tumeurs blanches, ete. A petites 
doses, les secondes conviennent dans les phlegma- 
sies légères des voies digestives. À plus hautes 
doses , on les emploie avec succès dans un grand 
nombre de maladies chroniques, surtout celles qui 
dépendent de l’atonie des organes digestifs, dans 


EAU = 608 . 


EAU 


om 


les affections nerveuses, telles que la chlorose, 
lhypochondrie, l’aménorrhée, les catarrhes chro- 
niques, les ensorgemens du foie, elc. 
Les Eaux gazeuses les plus importantes sont , 
our les Eaux thermales, celles du Mont-d’Or, de 
Clermont-Ferrand, de Vichy , de Bourbon-l’Ar- 
chambault, de Dax, etc. ; pour les Eaux froides , 
celles de Pougues, de Bar, de Mont-Brison, de 
Langeac, de Seltz ou Selters, ctc. 


Eaux thermales. 


Eau du Mont-d'Or. Mont-d'Or, petit village du 
département du Puy-de-Dôme, situé au pied de la 
montagne de l’Angle, à huit licues de Clermont- 
Ferrand, possède sept sources mintrales très-rap- 
prochées les unes des autres, et dont nous énumé- 
rerons les quatres principales seulement. La 
première, dite Sante-Marguerite, a 10 à 12° de 
température; la deuxième, dite le Grand-Bain, 
a des Eaux onctueuses au toucher, d’une saveur 
fade et de 39 à 45° de température; la troisième, 
ou Bain de César, a 45° de température ; enfin la 
quatrième , dite Fontaine de la Madelaine, a 42° 
de température, et des Eaux acidules d’abord, 
puis salées. 

Les Eaux de la Fontaine de la Madelaine con- 
tiennent , d’après M. Bertrand : de l'acide carbo- 
nique, du carbonate de soude, du carbonate de 
chaux , du carbonate de magnésie , hydrochlo- 
rate de soude, sulfate de soude, alumine, oxide 
de fer, ou plutôt carbonate de fer. , 

Celles des autres sources ne diffèrent que par 
les proportions différentes des mêmes substances. 

Les Eaux du Mont-d'Or conviennent dans les 
maladies chroniques du poumon, sans fièvre col- 
liquative ; dans l’atonie et la flaccidité de tous les 
organes, la goutte, les rhumatismes, etc. On les 
administre le matin, à la dose de trois ou quatre 
verres , pures ou coupées avec du lait ou une 1i- 
sance quelconque , ou bien en bains, en douches, 
en fomentations , etc. 

Eau de Clermont-Ferrand. Clermont-Ferrand, 
capitale du département du Puy-de-Dôme, à trente 
lieues de Lyon et à quatre-vingt-seize de Paris, ne 
possède plus que deux sources d'Eau minérale. 
La première , appelée Fontaine de Jaude, coule 
tantôt d’une manière paisible et uniforme , tantôt 
avec des bouillonnemens rapides et désordonnés; 
la seconde. celle de Saint-Alyre, serpenite au 
travers des jardins potagers, et y dépose un sédi- 
ment très-considérable et très-compacte, dont les 
babitans tireht parti pour laisser pétrifier, ou 
mieux incruster des fruits, des oiseaux, et antres 
objets, qu'ils vendent ensuite aux voyageurs. (Foy. 
PérTriricarions.) 

Les Eaux de Clermont sont claires et limpides, 
d’une saveur agréable et vineuse, et légèrement 
astringente; leur température est de 25° centi- 
grades. Elles sont composées de : acide carboni- 
que, carbonate de chaux, carbonate de magnésie, 
carbonate de soude, hydrochlorate de soude, sul- 
fate de soude, oxide de fer. 


. Elles conviennent dans l’aménorrhée, les flueurs 


blanches, les fièvres intermittentes légères, etc. 
On les administre par tasses ou verres dans la 
matinée. ï 

Eau de Vichy. Vichy, petite ville du départe-. 
ment de l'Allier , à quatre-vingt-sept lieues de 
Paris, quinze de Moulins, trente-deux de Lyon, 
possède sept sources minérales, dont une seule, 
appelée Grande-Grille, mérite d’être citée. L'Eau 
de celte source, qui ne diffère de celle des autres. 
que par ses degrés de température qui varient de- 
29° à 46° centigrades, est limpide et incolore, d'une 
saveur acidule}, peu alcaline. Elle est composée , 
d’après M. Longchamps, de : acide carbonique 
libre, carbonate de soude saturé, carbonate de 
chaux, carbonate de magnésie, carbonaie de fer, 
hydrochlorate de soude, sulfate de soude, silice , 
malière végéto-animale. 

Les Eaux de Vichy conviennent dans toutes les 
maladies qui sont sous la dépendance de l’état de 
souffrance des viscères du bas-ventre : dans l’hy- 
pochondrie , l'aménorrhée , etc, M. Darcet, qui a 
constaté par un grand nombre d’observations que 
ces Eaux avaient la propriété de rendre l'urine 
alcaline pendant tout le temps qu’on les prenait, 
s’est convaincu en même temps de leur utilité 
pour ramener à l’état alcalin l’urine qui est acide. 
De là l'usage de tablettes dites de Darcet , que l’on 
emploie dans le même but, et que l’on trouve 
dans toutes les pharmacies. 

Deux ou trois verres dans la matinée, pure ou 
coupée; on en fait également usage en lotion, 
bain, fomentation , etc. 

Eau de Bourbon-V Archambault. Bourbon -Y Ar- 
chambault, petite ville da département de l’Allier, 
à soixante-cinq lieues de Paris, sept de Moulins et 
trente-deux de Lyon, possède des sources dont 
les qualités sont diverses , et que nous avons lais- 
sées cependant au nombre des eaux gazeuses, 
malgré les propriétés salines et ferrugineuses dont 
elles sont douées et auxquelles, il faut avoir égard 
en thérapeutique. Parmi les principales , deux 
sont froides et peu usitées, ce sont les Eaux de la 
fontaine de Jonas , et celles de la fontaine de Saint- 
Pardoux. Mais celle dont les vertus rendent depuis 
si longtemps célèbre le nom de Bourbon-J’Ar- 
chambault , est la source d'Eau minérale thermale, 
dont la température varie de 58 à 60° centigrades. 
Son Eau pétille, bouillonne sans cesse : phéno- 
mènes dus au dégagement du gaz acide carboni- 
que qu’elle renferme en très-grande quantité, et 
à sa température très-élevée ; sa couleur est ver- 
dâtre dans le fond des bassins, blanchâtre à leur 
surface; son odeur d'hydrogène sulfuré devient 
quelquefois très-forie et dangereuse; sa saveur, 
qui est acidule, est alcaliné dans les eaux froi- 
des, etc. 

M. Faye l’a trouvée composée de : hydrochlo- 
rate de chaux, hydrochlorate de magnésie, hy- 
drochlorate de soude, sulfate de chaux, hydrogène 
sulfuré, carbonate de fer, silice, gélatine, gaz 
acide carbonique, azote (M. Lonchamps ). 

On va spécialement à Bourbon-l’Archambault 
pour les paralysies , les rhumatismes , les maladies 


des 


mm 


EAU 


609 


EAU 


om 


des os, les rétractations des membres, les vieilles 
plaies d’armes à feu, etc. On les boit à la source, 
à la dose de une à deux pintes par jour. 

Eau de Dax. Dax, petite ville du département 
des Landes, située sur l’Adour, à dix lieues de 
Bayonne et de Bordeaux, possède plusieurs sources 
dont les eaux sont claires et limpides, inodores, 
d’une saveur aigrelette, d’une température*qui 
varie de 25 à 66° centigrades. 

Ces Eaux, composées de : acide carbonique, 
hydrochlorate de soude, hydrochlorate de ma- 
gnésie, sulfate de soude, carbonate de magnésie , 
sulfate de chaux, sont très-avantageuses dans les 
rhumatismes, les paralysies, les vieilles plaies, etc. 

On les administre comme celles de Bourbon- 


J’Archambault. 


2 


Eaux froides. 


ÆEau de Pougues. Pougues, bourg du départe- 
ment de la Nièvre, situé sur la route de. Paris à 
Lyon par Moulins, possède une source minérale 
très-abondante , dont les Laux sont froides (10° à 


+31), d’une saveur aigrelette d’abord, piquante, 


puis douceâtre , rougissant la teinture de tourne. 
sol, devenant alcalines quand.on les chauffe, etc. 

Soumises à l'analyse elles ont fourni : du sul- 
fate de chaux, du carbonate de chaux , du 


-carbonate de soude , carbonate de magnésie, 


hydrochlorate de soude , acide carbonique. 

De plus, elles contiennent en suspension une 
matière floconneuse, composée d'oxide de fer, 
d’alumine et de carbonate de chaux, que l’on 
peut facilement séparer par la filtration. 

Les Eaux de Pougues sont essentiellement 1o- 
niques et purgatives. On va dans ce pays pour 
ranimer les forces digestives, pour les affections 
du foie , les pertes utérines, etc. 

On les administre seules ou coupées , à la dose 
de plusieurs verres {trois ou cinq) dans la ma- 
iinée. 

Eau de Bar. Bar, village du département du 
Puy-de-Dôme, près Saint-Germain-Lambron, à 
neuf lieues de Clermont, possède plusieurs sources 
dont les Eaux sont limpides , d’une saveur acide 
et salée, etc. Elles contiennent, d’après M. Mon- 
net, de l'acide carbonique, des carbonates de 
magnésie et de soude ;, et du sulfate de chaux. 

- On administre les Eaux de Bar dans les engor- 
gemens chroniques des viscères abdominaux, les 
fièvres intermittentes légères, etc., en boisson seu- 


‘lement , à la dose d’une pinte ou deux par jour. 


Eau de Mont-Brison. Mont-Brison, ville du 
département de la Loire , sur la petite rivière du 
Vezize, à quinze lieues de Lyon et cent lieues de 
Paris, possède trois sources appelées , la première, 
Ja Romaine ; la deuxième , l Hôpital ou les Zadres; 
la troisième, la Riviere, et dont les Eaux, peu 
différentes par leurs principes , sont froides, aci- 
dules et un peu austères, composées de carbonate 
de soude et de magnésie, d’un peu de carbonate 
de fer, surtout la source la Romaine. On les.con- 
seille dans les engorgemens chroniques des vis- 
cères abdominaux, et dans les affections scrofu- 


Towe IL. 


leuses, L'Eau de la première source paraît mieux 
convenir dans les leucorrhées constitutionnelles , 
l’'aménorrhée avec langueur et faiblesse , etc. On 
peut en boire cinq à six tasses dans la matinée. 

Eau de Langeac. Langeac, ville du départe- 
ment de la Haute-Loire, à sept lieues du Puy, et 
à dix-sept de Clermont, possède, dans une prairie 
près de la ville, une source appelée Brugeiron , 
dont l’eau est claire, fraîche et limpide, d’une 
saveur acidule et un peu ferrugineuse. 

L'Eau de Langeac contient de l'acide carboni- 
que , des carbonates de soude, de magnésie et de 
fer, convient dans la langueur des organes diges- 
tifs , les engorgemens chroniques du foie, les af- 
fections catarrhales des vieillards , etc. , etc. Elle 
se donne, dans la maiinée, par tasses ou verres, 
seule ou mélangée avec le vin des repas. 

Eau de Seltz ou de Selters. Seltz ou Selters , 
petite ville du Bas-Rhin, x quelques lieues de Stras- 
bourg , possède une fontaine dont l'Eau, claire et 
transparente , acidule , est composée , d’après 
Bergmann , de : acide carbonique, hydrochlorate 
de soude , carbonate de soude, carbonate de ma- 
gnésie, sulfate de soude, carbonate de chaux, 
oxide de fer, silice. 

Cette Eau , appelée par Zimmermann l’£uu des 
poètes et des gens de Lettres, est une de celles dont 
l'usage est le plus fréquent et le plus commun au- 
jourd’hui ; on la donne dans tous les âges et à tous 
les sexes. Elle convient principalement dans le 
scorbut, les fièvres adynamiques , les leucorrhées 
et les ménorrhagies passives , les affections calcu- 
leuses, etc. ; souvent même elle augmente la pro- 
portion des urines. 

C. Eaux minerales ferrugineuses. Ges eaux, 
appelées encore Eaux martiales, Eaux chalibées, 
prises à la source, sont, pour la plupart, limpi- 
des, inodores, d’une saveur styptique et métal- 
lique. Exposées au contact de l'air, elles se re- 
couvrent assez promptement d’une pellicule de 
couleur irisée ou rougeâtre, et déposent, sous 
forme de flocons jaunes ocrés , une certaine quan- 
tité de protoxide de fer. 

D’après M. Longchamp , l’oxide de fer des Eaux 
ferrugineuses ne se trouve pas toujours à l’état 
de carbonate; il y joue, dans quelques unes du 
moins, le rôle d’acide , et s’y trouve combiné avec 
la chaux, à l’état de Ferrate de chaux. 

Les Eaux ferrugineuses contiennent, outre le 
métal qui leur donne leur nom, des sels de soude, 
de chaux, de magnésie , et même de manga- 
nèse, etc. 

L'action de ces Eaux, qui sont chaudes ou froi- 
des, sur l'économie, est presque semblable à 
celle des préparations ferrugineuses. 

Les Eaux ferrugineuses les plus employées sont, 
pour les thermales , qui sont plutôt purgatives que 
toniques, celles de Carlsbad, de Téplitz, ete. Pour 
les froides , celles de Spa, de Forges, de Provins, 
de Passy près Paris, etc. ; etc. 

Eau de Carlsbad, Carlsbad, petite ville de 
Bohême, sur la Toppel, célèbre par ses bains 
d'Eau chaude qui guérirent le czar Pierre , et par 


197° Livraison. 77 


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EAU 


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le congrès qui s’y est tenu, possèdetune très-grande 
quantité de sources dont la plus ancienne, la plus 
forte et la plus chaude, est appelée Sprudel, et 
dont les Eaux, claires, transparentes, incolores 


et inodores, ont, dit-on, en sortant de la croûte 


calcaire qui les emprisonne, une saveur de bouil- 
lon et un arrière-goûLt alcalin, nauséabond, au- 
quel on finit par s’accoutumer. , 

D'aprèsle célèbre Berzélius, les Eaux de Carls- 
bad contiennent : sulfate de soude , carbonate de 
soude, chlorure de sodium , carbonate de chaux, 
hydrofluate de chaux, phosphate de chaux, car- 
bonate de strontiane, magnésie pure, sous-phos- 
phate d’alumine , oxide de fer, oxide de manga- 
nèse, silice, acide carbonique (un excès). 

Les gouiteux, les hypochondriaques, les hysté- 
riques , etc., etc. , elc., se trouvent très-bien de 
l'usage de ces Eaux, en bains ou en boisson : on 
en prend trois ou quatre verres les premiers jours, 
et on élève successivement la dose. 

Eaux de Téplitz. Téplitz ou Tæplitz, gros bourg 
ou petite ville de Bohême, situé dans un lieu ex- 
trémement agréable, possède plusieurs sources 
ou bains, dont le principal est appelé Bain des 
hommes. 

Les Eaux de Téplitz, qui ont la plus grande res- 
semblance avec celles de Carlsbad, et prennent 
dans les bains une couleur vert-d’eau, sont claires, 
transparentes , inodores, d’une saveur salée et 
d'une température extrêmement élevée (117° du 
thermomètre de Fahrenheit). Elles sont compo- 
sées, d’après le docteur Ambrozzi, de : sulfate de 
soude , hydrochlorate de soude, carbonate de 
soude, carbonate de chaux, silice, oxide de fer, 
matière extracto-résineuse, acide carbonique ; 
elles conviennent absolument dans les mêmes 
cas que les Eaux de Carlsbad et s’administrent 
de même. 


Eaux ferrugineuses froides. 


Euux de Spa. Spa, grand bourg du royaume 
d'Allemagne, à dix lieues d’Aix-la-Chapelle, et à 
neuf de Liége, possède sept sources minérales, 
dont la plus célèbre et la plus fréquentée, située 
au centre de la ville, et appelée Pouhon, a des 
Eaux claires et transparentes, pétillantes et mous- 
seuses, d’une saveur piquante, aigrelette et ferru- 
gineuse. Composées , d'après Bergmann et M. Jo- 
nes, de carbonate de chaux, carbonate de ma- 
gnésie, carbonate de soude, hydrochlorate de 
soude, carbonate de fer, gaz acide carbonique, 
elles conviennent dans presque toutes les affections 
chroniqües, el sont nuisibles aux tempéramens 
irrilables. 

Les Eaux de Spa se boivent à la dose de trois à 
cinq verres par jour, qu'on peut augmenter suc- 
cessivement jusqu'à douze ou quinze. On les 
administre également en bains, lotions, injec- 
tions, etc. 

Eaux de Forges. Forges , bourg situé à vingt- 
cinq lieues de Paris, à neuf de Rouen, dans la 
vallée de Bray, département de la Seine-Inférieure, 
possède trois sources d'Eau minérale, appelées, la 


première, Rainette, en l'honneur de l’infante d’Au- 
triche, qui en avait fait usage; la deuxième, la 
Royale, celle qui avait servi à Louis XIII ; la troi- 
sième , la Cardinale, en mémoire du cardinal de 
Richelieu qui, malade, avait accompagné le roi. 

Les Eaux de Forges, composées, d’après M. Ro- , 
bert , pharmacien de l'Hôtel-Dieu de Rouen , d’a- 
cide carbonique , carbonate de chaux, carbonate 
de fer, hydrochlorate de soude , sulfate de chaux, 
hydrochlorate de magnésie, sulfate de magnésie, 
silice , sont claires, limpides , d’une saveur astrin- 
gente et métallique très-marquée, mais non désa- 
gréable. On les administre comme excellent toni- 
que , à la dose de deux à six verres par jour, pures 
ou coupées avec du vin. 

Eau d’Aumale. Aumale , petite ville du dépar- 
tement de la Seine-Inférieure , à quatorze lieues 
de Rouen et huit d’Amiens, possède trois sources 
minérales, appelées la Bourbonne, la Savari et la 
Malon. Ses Eaux ne diffèrent de celles de Forges 
que par leur saveur plus styptique ; elles sont com- 
posées de : acide carbonique, acide hydrosulfuri- 
que, carbonate de fer, carbonate de chaux, hy- 
drochlorate de chaux. 

On les emploie, à la dose d’une livre ou deux 
par jour, pendant un mois, six semaines , comme 
toniques, stimulantes et apéritives. “ 

Eau de Rouen. Rouen, chef-lieu du départe- 
ment de la Seine-Inférieure, à trente lieues de 
Paris, compte un assez grand nombre de sources, 
tant dans la ville que dans Jes environs. Les trois 
sources qui alimentent les fontaines de la Marec- 
querie , et qui sont les plus employées, sont : la 
Royale, la Dauplune et la Reinette. 

L'Eau de Rouen est transparente , limpide, ino- 
dore, d’une saveur fraîche et styptique ; elle est 
composée, suivant M, Dubuc, pharmacien de la 
même ville, de : acide carbonique, carbonate de 
fer, hydrochlorate de chaux, carbonate de chaux, 
matière extracto-végétale. 

On la boit à la source, car elle ne se conserve 
pas, à la dose de quatre à cinq verres par jour, 
comme fébrifuge , astringente et antipsorique. 

Eau de Passy. Passy, près Paris, sur la rive 
droite de la Seine, compte cinq sources minérales, 
placées assez près les unes des autres. De ces 
sources, deux sont nommées anciennes, et trois, 
nouvelles. Les premières sont presque compléte- 
ment abandonnées maintenant; les nouvelles, 
claires et limpides , d’une saveur ferrugineuse et 
un peu acide, très-actives , et plutôt astringentes. 
que toniques dans leur état naturel, ont besoin, 
pour être supportées par les malades, d’être épu- 
rées par le temps et le repos. 

Analysées comparativement par MM. Deyeux et 
Barruel , les Eaux de Passy, dites nouvelles, con- 
tiennent, en sortant de la source : sulfate de chaux, 
protosulfate de fer, sulfate de magnésie, hydro- 
chlorate de soude, alun , carbonate de fer, acide 
carbonique, matière bitumineuse ; après l’épura- 
tion, sulfate de chaux, sulfate de magnésie,, sul- 
fate d’'alumine et de potasse , proto-sullate de fer, 
hydrochlorate de soude. 


EAU 


Gaz 


EAU 


mm Lihosas ENT 


On les administre , épurées, par tasses ou verres 
(trois ou quatre ) dans le courant de la journée : 
on peut en donner jusqu’à trois ou quatre livres , 
seules ou mêlées à du vin. Non épurées, on les 
emploie à l'extérieur, comme astringentes , en in- 
jections , lotions, douches, bains, etc. 

Eau de Provins. Provins , petite ville du dépar- 
tement de Seine-et-Marne, à viogt-deux lieues 
de Paris, ne possède plus aujourd’hui qu'une fon- 
taine minérale, dite source de Sainte-Croix, si- 
tuée sur une des plus belles promenades. 

Un goût astringent et styptique, une grande 
limpidité et une légèreté bien marquée due à de 
l'air interposé et à du gaz acide , sont les princi- 
paux caractères des Eaux de Provins. Analysées 
par Vauquelin et M. Thénard , elles contiennent : 
carbonate de chaux, oxide de fer, magnésie, 
manganèse, silice, hydrochlorate de chaux, 
hydrochlorate de soude, matière grasse, acide 
carbonique. 

MM. Gallot et Cardon , médecins justement re- 
nommés de Provins, retirent journellement de 
très-grands avantages de lemploi des Eaux de 
leur ville, dans le traitement des fièvres intermit- 
tentes rebelles, de la chlorose et de la faiblesse 
extrême dans laquelle languissent quelquefois cer- 
tainsconvalescens. On en boit tous les matins deux 
ou trois petites tasses à la source; car elles ne 
peuvent être conservées ni transportées facilement 
sans s’altérer. 

Eau de Bussang. Bussang , village des Vosges, 
à dix lieues de Plombières, près des sources de la 
Moselle, à sept lieues de Remiremont, possède 
quelques sources d'Eau minérale, dont une seule 
est entretenue avec soin. Composée de carbonate 
de fer, de carbonate de soude et d'acide carboni- 
que libre, l'Eau de Bussang jouit de tous les ca- 
ractères physiques des Eaux acidules ferrugineuses 
froides ; elle en a la saveur, la couleur, eic. Elle 
fait sauter les bouchons des bouteilles qui la ren- 
ferment, dépose une matière ferrugineuse , et con- 
vient dans les affections chroniques de l'estomac, 
des intestins , etc. On la boit dans le courant de 
la journée par tasses ou verres, ou bien pendant 
les repas. 

Eau de Pyrmont. Pyrmont, jolie petite ville de 
la Basse-Allemagne , à l’ouest du Weser (cercle de 
Westphalie), compte un grand nombre de sour- 
ces minérales , dont les unes sont salines et purga- 
tives , et les autres simplement acidules. La plus 
importante, la plus fréquentée, celle enfin qui 
jouit de propriétés ferrugineuses, se nomme le 
Puits-Saint ou Puits-Sacré. La température de ses 
Eaux, claires et limpides comme le cristal, est 
d'environ 15°, D’après Bergmann et Westrumb , 
on trouve dans ces Eaux : chlorure de sodium 
hydraté, hydrochlorate de magnésie, sulfate de 
soude , sulfate de magnésie , carbonate de chaux, 
carbonate de fer , carbonate de magnésie , acide 
carbonique. L 

Les Eaux de Pyrmont ont été vantées et regar- 
dées comme capables de guérir toutes les maladies. 
De toutes les parties du monde on venait boire au 


Puits-Saint, tant était grande la confiance aveugle 
et exagérée qu’on avait dans ses propriétés médi- 
cinales. Aujourd’hui que la superstition a fait place 
à la raison et à l'expérience, on regarde ces Eaux 
comme étant simplement un excellent tonique, et 
on les administre comme tel dans une foule de 
maladies où il est nécessaire de réveiller le système 
général. ÿ 

Les Eaux de Pyrmont se donnent à la dose d’une 
livre ou deux dans le courant du jour , seules, ou 
mêlées au vin ou à d’autres boissons. 

Eau de Contrexeville. Les Eaux de CGontrexe- 
ville, petit village du département des Vosges, à 
quatre lieues de Mirecourt et à six de Bourbonne- 
les-Bains, sont sans odeur sensible, limpides et 
transparentes ; leur saveur , fraîche et douceûtre, 
devient acidule et siyptique, si on les agite dans 
la bouche : abandonnées à elles-mêmes, elles se 
couvrent d’une pellicule légèrement irisée, qui 
disparaît par l'agitation, et reparaît de nouveau 
par le repos. Elles sont composées , d’après l’ana- 
lyse qui en a été faite tout récemment par M. Gol- 
lard de Martigny, de : sulfate de chaux, sulfate 
de magnésie , sous-carbonate de chaux, sous-car- 
bonate de magnésie, sous-carbonate de soude, 
silice, hydrochlorate de chaux, hydrochlorate 
de magnésie, nitrate de chaux, matière organi- 
que (1). 

A zéro de température, et sous la pression deo,770 
de mercure , elles contiennent un peu moins que 
les deux tiers de leur volume de gaz composé à 
peu près de : oxygène, 11; azote, 30; acide car- 
bonique 59. 

Le dépôt ocracé que l’on trouve sur les parois 
du bassin où elles sont recues, est formé de : per- 
oxide de fer, sable siliceux , sous-carbonate de 
chaux , sous-carbonate de magnésie, sous-carbo- 
nate d’ammoniaque , sulfate de chaux. 

Les Eaux de Contrexeville conviennent dans les 
maladies des voies urinaires, et notamment, comme 
l’a observé un grand nombre de fois M. Mamelct, 
contre la gravelle compliquée de la goutte, le ca- 
tarrhe vésical, les vices de la masturbation, les 
leucorrhées , etc. 

On les boit à la source; car leur gaz est très- 
fugace , à la dose de deux ou trois verres par jour, 
à un quart d'heure de distance. Si elles passent 
difficilement , on éloigne les doses. Enfin, si leur 
gaz ne convient pas aux buveurs, on les en dé- 
barrasse en les exposant quelques minutes à 
l'air. 


Eaux minérales sulfureuses. 


Les Eaux sulfureuses où hépatiques sont des 
liquides extrêmement fétides , limpides, doux au 
toucher, d’une saveur salée très-désagréable ; d’une 
température tantôt froide et tantôt. chaude (de 22° 
à 75°, thermomètre centigrade) , mais le plus or- 
dinairement chaude, et dont les principes miné- 


(t) Insoluble dans l'ean, soluble dans l'alcool, surtont à 
chaud, plus soluble dans l’éther. 


EAU 


G12 


EAU 


ralisateurs sont l'hydrogène sulfuré, les hydrosul- 
fates simples et les hydrosulfates sulfurés. 

Les Eaux sulfareuses jouissent des mêmes pro- 
priétés et se donnent dans les mêmes circonstan- 
ces que le soufre et le foie de soufre. 


Ces Eaux sont, nous l’avons déjà dit, therma- 
les cet froides. Les premières sont subdivisées en 
celles qui, traitées par les acides, dégagent du 
gaz hydrogène et précipitent du soufre, et celles 
qui dégagent du gaz hydrogène sulfuré sans pré- 
cipiter du soufre ; les secondes, en celles qui dé- 
gagent du gaz hydrogène sulfuré par les acides 
sans précipiter du soufre, et celles qui dégagent 
du gaz hydrogène et précipitent du soufre. 


Eaux thermales sulfureuses. 


‘ 


Eau de Baréges. Baréges, village des Hautes- 
Pyrénées, près de Tarbes , à deux cent dix lieues 
de Paris, possède trois sources minérales qui, 
d’après leur température, sont désignées par les 
noms de Chaude, Tempérée et Tiède (de 30 
à 40°). 

Les Eaux de Baréges ont une odeur d'œufs 
pourris que tout le monde connaît, une saveur 
fade et nauséabonde, un aspect onctueux, gluant, 
que la gélatine imite mais ne remplace pas; elles 
ont fourni à l’aualyse , selon M. Lonchamp : soude 
caustique, hydrosulfate sulfuré de soude, sous- 
carbonate de chaux, sous-carbonate de magnésie, 
silice, azote, malière animale ou barégine, 

On les donne en bains, en lotions et en ijec- 
tion ; en boisson, à la source, à la dose de 3 à 4 
verres le soir. 

Eau de Saint-Sauveur. Saint-Sauveur, bourg des 
environs des Hautes-Pyrénées , près de Luz, pos- 
sède plusieurs sources, dont la principale a des 
eaux presque tolalement semblables à celles de 
Baréges, et que l’on emploie aux mêmes doses et 
dans les mêmes circonstances, c’est-à-dire comme 
toutes les préparations sulfureuses , dans les af- 
fections cutanées anciennes et rebelles, dans la 
goutte, les rhumatismes, les engorgemens scro- 
fuleux , elc. 

Analysées par M. Pommier, elles ont fourni : 
gaz acide hydro-sulfurique, acide carbonique, 
hydrochlorate de magnésie, hydrochlorate de 
soude, sulfate de magnésie, sulfate de chaux, 
carbonate de chaux, soufre, silice. 


Eau de Cauterets. Cauterets, à sept lieues de 
Baréges , compte jusqu’à douze sources minérales, 
dont les principales sont celles de la Raillère et 
de Mahourat. Les Eaux de Gauterets, dont les 
propriétés physiques sont celles des Eaux sulfu- 
reuses en général, sont composées, d’après M. Pom- 
mier, comme celles de Saint-Sauveur, d'acide 
hydrosulfurique , acide carbonique, etc. Mêmes 
propriétés médicinales ; mêmes doses que les pré- 
cédentes. 

Eau de Bagnères de Luchon. Bagnères de Lu- 
chon, petite ville du département de la Haute- 
Garonne, à deux lieues des frontières qui séparent 
la France de l'Espagne, offre aux malades un 


grand nombre de sources minérales dont les Eaux, 
et surtout celles de la fontaine dite de la Reine, 
contiennent , d’après M. Pommier, outre les mé- 
mes substances que les précédentes, une petite 
quantité de barégine. 

Eau de Bonnes. Bonnes, petit village des Basses- 
Pyrénées, à sept lieues de Pau , offre trois sources 
dites : la f’ieille, la Neuve et la source d’Ortech, 
et dans lesquelles , outre les substances déjà énon- 
cées, M. Pommier a trouvé de l'azote et de la 
barégine. 

Eau de Saint- Amand. Saint-Amand, dont les 
eaux et les bains sont situés dans le département 
du Nord, possède trois sources principales , appe- 
lées fontaines du Bouillon, d’ Arras et F'roide fer- 


rugineuse, composées , selon M. Lonchamp, de gaz 
hydrogène sulfuré, de sulfate de magnésie, etc. 
Les boues de Saint-Amand contiennent une plus 
grande proportion de soufre que les sources. Ces 
Eaux sont employées avec succès pour la guérison 


des blessures anciennes, des douleurs, etc. 
Eau d'Aix-la- Chapelle. Ais-la-Chapelle, ville 
de Prusse, près de Liége, à huit lieues de Spa, 


possède trois sources principales qui forment au- 
tant de bains , et dont on distingue surtout le bain 


de l'empereur et le herrenbad. Le bain de l’empe- 
reur a fourni à l’analyse : hydrochlorate de soude, 
carbonate de soude, sulfate de chaux, acide car- 
bonique, carbonate de chaux, silice, acide hy- 
drosulfurique , azote. 

Eau de Bade en Suisse. Bade en Suisse, pelite 
ville des bords de la Limmat , à quatre lieues de 


Zurich, offre diverses sources , dans lesquelles on 


a trouvé une assez grande quantité d'hydrogène 
sulfuré , d'acide carbonique , une très-petite quan- 
tité de fer et de manganèse, etc. 

Eau de Bade en Souabe. Bade en Souabe est une 
jolie petite ville, près du Rhin, à huit lieues de 
Strasbourg et à deux de Rastadt, dont les eaux 
sont claires et limpides, d’un goûl un peu acide 
et salé, et formées, selon M. le docteur Krapf, 
d'hydrochlorate de soude, acide sulfurique, xaz 
hydrogène sulfuré , sulfate de soude, hydrochlo- 
rate de magnésie, hydrochlorate de chaux. 

Eau de Bade en Basse- Autriche. Les bains de 
Bade, au nombre de seize, sont à six lieues de 
Vienne, au pied des monts Cétiques; leurs eaux 
sont un peu laiteuses, d’une odeur sulfureuse ou 
de poudre qui brûle, d’une saveur désagréable , 
salée et acide, un peu pétillante, composées de : 
sulfate de soude , hydrochlorate de soude, sulfate, 
de chaux, carbonate de chaux, hydrochlorate 
d'alumine, sulfate de magnésie, carbonate de 
magnésie, gaz carbonique et hydrosulfurique , etc. 

Eau d'Aix en Savoie. Aix, petite ville de Savoie, 
près de Chambéry, possède deux sources princi- 

è £ - ; ; 
pales, l’une dite de soufre, V'autre dite d'alun. 
Les eaux de la première sont très-fétides, d’une 
saveur douceître ct terreuse; celles d’alun ont 
un goût plus styptique, plus amer que celles de 
soufre. “ 

D’après le professeur Soquet, les eaux d'Aix 
sont composées, celles de soufre, de : hydrogène 


EAU 


sulfuré, acide carbonique, extractif animalisé, sul- 
fate de soude, sulfate de magnésie, sulfate de 
chaux, hydrochlorate de magnésie , hydrochlorate 
de soude , carbonate de chaux, carbonate de ma- 
gnésie. 

Les eaux d’alun ne diffèrent que par moins 
d'acide hydrosulfurique, plus d'acide carbonique 
libre et un hydriodate alcalin. 


Eau sulfureuse froide. . 


Eau d'Enghien. Enghien-les-Bains, village près 
de Montmorency, à quatre lieues de Paris, dans le 
département de Seine-et-Oise, possède deux sour- 
ces, appelées l’une la Fontaine de la Pécherie, l'au- 
tre le Ruisseau puant , et dont l'établissement est dû 
à M. Péligot, ancien administrateur des hôpitaux 
et hospices civils de Paris. 

Les eaux d'Enghien ont une odeur fétide , très- 
désagréable , une saveur d'œufs couvés, puis 
amère et astringente , une tempéralure de 14° cen- 
tigrades , une limpidité parfaite. 

D'après M. Lonchamp, on y trouve : azote, 
hydrogène sulfuré, acide carbonique , sulfate de 
polasse , sulfate de chaux, sulfate de magnésie, 
hydrochlorate de potasse, hydrochlorate de ma- 
gnésie, hydrosulfate de potasse, hydrosulfate de 
chaux , carbonate de chaux, carbonate de magné- 
sie, silice, alumine, matière végétale. 


Eaux minérales iodurées. 


L’analogie frappante des propriétés de quelques 
Eaux minérales sulfureuses avec celles de l’iode 
dans le traitement des affections scrofuleuses, des 
goîtres et des engorgemens des viscères abdomi- 
paux , devait naturellement faire soupconner l’exis- 
tence d’un spécifique dans ces liquides. Des re- 
cherches furent faites, et l’analyse ne tarda pas 
à réaliser ce que l'expérience thérapeutique avait 
sanctionné sans le savoir. La première analyse 
faite avec succès fut celle de M. Angelini, qui 
conslata la présence de l’iode dans les Eaux mi- 
nérales de 7’oghera et dans celles de Sales. Bien- 
tôt après , M. Cantu, professeur de chimie à Turin, 
fit la même observation dans les Eaux de Castel- 
Novo-d Asti, en Piémont, dans les Eaux d'Aix, 
en Savoie , et de Saint-Genis, qui sont très-em- 
ployées à Turin dans le traitement des goitres et 
des scrofules. Enfin MM. Balard , professeur 
adjoint à l’École de médecine de Montpellier, et 
Boussingault, naturaliste français, en trouvèrent, 
le premier, dans les Eaux de la mer Méditerranée, 
le second, dans l'Eau d’une saline de la province 
d'Antioquia, dans l'Amérique du Sud. Les Eaux 
iodurées se donnent en boissons à petites doses 
(un verre ou deux), pures ou coupées avec dn 
lait, ou bien en lotions, en bains, etc. 

VI. Eau de mer, sa composition, sa purification. 
L'Eau de mer , dont la saveur est salée et un peu 
amère , dont l’odeur est assez désagréable , surtout 
vers les côtes, contient en dissolulion des sels dont 
la quantité varie entre 3 2/5 et 4 pour 100: le 
sel commun yest pour 2 2/5 pour cent: les au- 
tres sels sont: des chlorures de chaux, de ma- 


613 


EAU 


gnésie, et du sulfate de soude. Tous ces composés 
salins paraissent provenir des mines de selgemme 
que la mer baigne et dissout continuellement. 

D'après Marcet, 1000 parties d'Eau de mer 
contiennent: chlorure de soude ou sel marin, 
26, 6; sulfate de soude, 4, 66; chlorure de chaux, 
1, 282; chlorure dé magnésie, 5, 154. 

Wollaston y a trouvé du chlorure et du sulfate 
de potasse dans les proportions de 0,0005. Elle 
ne renferme aucun nitrate; mais elle dépose, 
quand on la soumet à l'évaporation, une assez 
grande quantité de carbonate de chaux, sel qui 
sert à la formation des coquilles, des mollusques 
testacés marins. Enfin l'Eau de la mer renferme 
encore du brôme et de l'iode combinés avec la 
soude et la magnésie. 

La salure de la mer n’est pas la même dans 
toules ses parties et dans tous les temps ; les va- 
riations en plus ou en moins dépendent évidem- 
ment des Eaux douces qui y sont charriées en plus 
ou moins grande quantité dans un temps donné; 
toutefois les différences ne sont pas très-considé- 
rables. On sait quel’Eau du grand Océan est plus 
salée que l'Eau de la mer Baltique et de la mer 
Noire ; qu’elle l’est moins que l'Eau de la Médi- 
terranée ; que du côté des pôles , l'Eau est moins 
salée que dans les pays chauds ; on sait enfin que 
la portion d'Eau de mer qui gèle et que l'on fait 
fondre ensuite est douce et potable. 

De tous les moyens proposés pour purifier l'Eau 
de la mer et la rendre propre à servir de boisson 
aux navigateurs, c’est la distillation et la congé- 
lation à qui l’on doit donner la préférence ; car là 
filtration à travers du sable, ne donnant qu'une 
très-petite quantité d'Eau douce, à moins qu’on 
ne renouvelle très-souvent la co!onne desable sec, 
ne peut être mise en usage. 

L'Eau de la mer est conseillée à l’intérieur, 
par les médecins, dans une foule d’affections 
chroniques. En Angleterre on l’emploie principa- 
lement contre les tumeurs scrofuleuses, les en- 
gorgemens des ganglions mésentériques , la chlo- 
rose, etc. À l'extérieur, on l’admimisire contre 
les ulcères scorbuliques , les entorses, les con- 
tusions , etc. 

On fait boire l'Eau de mer à la dose de douze 
à quatorze onces par jour; mais c’est surtout en 
bains qu’on en fait usage ordinairement. On dis- 
tüingue, quant à la manière d’administrer les bains 
de mer, les bains à la lame, les bains par immer- 
sion prolongée, et les bains par ondées. Le premier 
mode consiste dans des immersions subites et de 
courte durée que l’onlrépète autant de fois qu’on 
le juge convenable ; le second demande un certain 
courage pour s’y soumettre: dans des réservoirs 
disposés exprès, on se plonge la tête la première, 
en tenant entre les mains une corde fixée au plan- 
cher , et on ressort par l’exirémité opposée. En- 
fin , la troisième, manière ou les bains par ondée, 
se prennent dans une machine dite baignoire & 
ondées et qui ressemble assez bien à une guérite 
de sentinelle. Le baigneur, renfermé dans cette 
machine, fait faire la bascule, à l’aide d’un mé- 


ÉBÉN 


G14 


ÉBÉN e 


, : . sd 


canisme convenable , à un baquet plein d'Eau qui 
se trouve au dessus de sa tête. L'Eau, recue d’a- 
bord dans un réservoir dont le fond est rempli 
d’une quantité innombrable de petits trous, ne 
tarde pas à arroser le corps du baigneur. 

VIT. Æau distillée. L'Eau distillée des chimistes 
n’est pas la même que les Æaux distillées des phar- 
maciens. Les premiers désignent par la première 
dénomination l'Eau ordinaire privée de tous corps 
étrangers à l’aide de la distillation; les seconds 
appellent Eaux distillées de plantes l'Eau ordinaire 
chargée de principes médicamenteux à l’aide de 
la même opération. 

Les Eaux distillées sont modores ou aromati- 
ques, suivant qu'elles sont privées ou chargées 
d'huile volatile provenant des substances qui ont 
été soumises à la distillation. 

L'Eau distillée simple doit être transparente, 
incolore, inodore, insipide, sans action sur les 
teintures de violettes ou de tournesol, ainsi que 
sur les solutés de nitrate d’argent et de baryte, 
d’oxalate d'ammoniaque , de sous-acétate de 
plomb, etc. Cependant elle blanchit un peu ce 
dernier quand elle est ancienne et qu’elle a ab- 
sorbé un peu de gaz acide ‘carbonique. On l’em- 
ploie constamment comme dissolvant dans les la- 
boratoires de chimie. 

Dans sa préparation, on met de côté les pre- 
mières portions qui contiennent les corps volatils 
dont l'Eau ordinaire est chargée; on suspend éga- 
lement l'opération quand elle est arrivée aux trois 
quarts afin de ne pas décomposer les corps étran- 
gers fixes qui sont dans l'Eau. CP.) 

EAU-DE-VIE. (cuiw.) Produit de la distillation 
du vin. Ÿ. Arcoor. (SRI) 

ÉBÉNACÉES , £benacee. (Bor. pran.) Famille 
naturelle d'arbres ou d’arbrisscaux étrangers à l’Eu- 
rope, dont le boïs noir et dur est employé sous le 
nom d’'Ebène Xlafabrication de divers meubles et us- 
tensiles, On lui donne pour caractères : des tigesnon 
lactescentes: des feuilles alternes, très-entières, sou- 
vent coriaces et luisantes; des fleurs, tantôt solitai- 
res, tantôt réunies à l’aisselle des feuilles, et le plus 
souvent unisexuées ; un calice monophylle , à trois 
ou six divisions égales, persistantes ; une ‘corolle 
monopétale régulière, assez épaisse, fréquemment 
pubescente en dehors, glabre à sa face interne, 
portée sur le fond ou au sommet du calice, cadu- 
que ; étamines généralement en nombre défini, 
égal à celui des divisions de la coroîle, ou double, 
plus rarement en nombre indéfini, réunies alors 
par le bas de leurs filets en un seul tube ou en 
plusieurs paquets ; anthères lancéolées , fixées par 
la base à deux loges s’ouvrant en un sillon lon- 
gitudinal; ovaire libre, sessile , à plusieurs loges; 
style unique ; stigmate simple ou divisé. Le fruit 
qui succède à ces appareils est une baïe globu- 
leuse ou ovoïde , dont les loges s'ouvrent quelque- 
fois avec une régularité remarquable; chacune 
contient une seule graine par suite d’avortemens, 
attachée au sommet de la loge et pendante, recou- 
verte d’un tégument propre, mince , membraneux. 
Les botanistes systématiques ne sont point d’ac- 


cord sur les genres qui constitwent cette famille : 
les uns suivent de Jussieu, qui lui avait donné 
d’abord le nom de Guayacanées , puis celui plas 
facile à retenir de Plaqueminiers; les autres adop- 
tent les Æbénacées, comme les ont entendues G, 
Richard, Robert Brown et Kunth. Les caractères 
que nous avons tracés sont les guides les plus fi- 
dèles et les seuls qu’il convient de bien connaître, 
De tous les genres de cette famille, deux seuls 
intéressent l’art de guérir, les Azrpousienrs et les 
PLaquemniers. Voyez à ces deux mots. 
. (T. ». B.) 
ÉBÉNASTER. (mor. pnan.) Nom d’une espèce 
du genre Praqueminrer (voy. ce mot), que l’on 
donne aussi quelquefois au Gytise des Alpes, Cy- 
tisus laburnum. (T. ». B.) 
ÉBÈNE. Une espèce de mollusque, appartenant 
au genre CÉRITHE (voy. ce mot), porte ce nom, 
que les botanistes du moyen-âge appliquaient à 
plusieurs plantes de genres différens , dont le bois 
ou certaines partiesexttrieures sont colorés en noir 
plus ou moins foncé , plus ou moïns général. Aïnst 
l’on appelle Æerostichum ebeneum , un Acrostique 
dont les feuilles ont un pétiole lisse , luisant, d’un 
rouge noirâtre où même quelquefois d’un noir 
décidé; Érène save, le Bignone des Antilles, 
Bignonia leucoxylon; ÉBÈNE NOTE, un grand arbre 
des forêts du Ceylan, Diospyros ebenum , et l'A- 
mérimnon de l'Inde, Pteracorpus ebenus ; EnÈNE 
VERTE , une espèce de Plaqueminier, elc. On dé- 
signe aussi sous le nom d’ErÈxe rossire , le Jayet 
et le Lignite, à cause de la couleur noire de ces 
substances minérales. (T. ». B.) 
ÉBÈNEDE CRÈTE, Æbenus cretica. (BOT. HAN.) 
Cette plante d’un charmant effet par son feuillage 
soyeux, comme argenté, par sa touffe de fleurs pur- 
purines qui termine chacun de ses rameaux , avait 
servi de type à Linné pour son genre Ebenus: ce 
genre n’ayant point paru devoir être conservé, La- 
marck, de Jussieu et Wildenow ont réunile joli ar- 
buste de l’île de Crète aux /nthkyllts. (V’oy. au mot 
Anrnvezpe.) Bauhin l'avait inscrit dans son Pinax, 
sous la dénomination de Cytisus incanus creticus. 
ÉBÉNIER. (nor. Pman.) Les anciens appelaient 
ainsi notre Cytise des Aîlpes, Cytisus laburnum ; 
plus tard, on ne le nomma plus que Faux-Ebe- 
nier, et l’on conserva vulgairement la dénomina- 
tion d'EBÉNIER DE MONTAGNE, à une espèce de 
Bauhinie dont les calices se terminent en une 
longue pointe avant Ja floraison, Bawhinia acu- 
minata ; celle d'Egénier D'ORrenT à l’Acacie du 
Malabar, sans épines et aux fleurs disposées en 
tête ombelliforme , Mimosa Lebbeck; et celle d'E- 
BÉNIER ÉPINEUX à cette espèce de Palmier de l’A- 
mérique du sud que Thevet et Daléchamps nom- 
maient //airy où Ayri, du nom vulgaire qu’on lui 
donne au Brésil. ep) 
ÉBÉNOXYLE, £benoxylum. (#oT. Pman.) Arbre 


des vastes forêts de la Cochinchine, où Loureiro 


l’a observé, qu’il estime étre le véritable bois d'É- 


bène, et qu'il placé dans la Diœcie triandrie. IE 
prétend que c’est la même plante appelée par 


.Ramph Caju arang ; de Jussieu veut que ce soit 


ro 


ÉBOU 


G15 


ÉBUR 


Rem eme 


une espèce de Diospyros ; mais, comme on manque 
encore de renseignemens exacts sur ce, végélal , 
on ne doit, à mon avis, le citer que pour mémoire 
et attendre qu'un botaniste instruit confirme ou 
infirme , par une description et une bonne figure, 
l'opinion de l’observateur portugais. (T. D. B.) 

ÉBOURGEONNEMENT. ( acr. } Opération par 
laquelle on retranche les bourgeons d’un arbre 
que l’on dit être superflus et contraires à l’équili- 
bre exact que l’on doit maintenir entre les bran- 
ghes, afin d'économiser la séve et de s'assurer d’ex- 
cellentes récoltes durant plusieurs années, L'Ebour- 
geonnement de la vigne se fait en avril ou en mai, 
suivant le plus ou le moins de précocité de la vé- 

étation; on ne laisse au cep que trois ou quaire 
belles tiges , et l'on supprime le reste : cependant, 
s'il ne présente que quelques tiges à fruits et 
d’autres plus fortes sans fruits, on conserve ces 
dernières dans l'espoir que plus tard elles. fourni- 
ront un bon provignage. Quand la fécondité de la 
vigne s’annonce par l'abondance de grappes , on 
supprime tous les petits bourgeons du pied , en- 
core bien qu’ils montrent déjà chacun une grappe. 

L'Ebourgeonnement des arbres en pépinières 
se fait rigoureusement sur les pousses qui se ma- 
nifestent aux deux séves, et surtout à celle du 
printemps , dès qu'elles ont de dix à douze centi- 
mètres de long; trop tôt on n'empêche pas la pro- 
duction de nouveaux jets et l’on fatigue inutile- 
ment la plante ; trop tard, l'opération détermine 
degrandes plaies, et on a laissé se divertir une séve 
précieuse sans en tirer aucun profit, Il en est de 
même à l'égard des espaliers, seulement pour-eux 
l'exactitude doit être poussée jusqu’au scrupule. 

Gertes , l'autorité de Rozier, de Schabol, de 
Jean Mozard, et surtout de ce Pierre Pepin, le 
cultivateur le plus distingué de Montreuil, et le 
dernier descendant de la famille, qui, il y a plus 
de deux siècles, y introduisit, y perfectionna la 
culture des arbres à fruits , est bien capable d’ap- 
puyer la théorie de l’'Ebourgeonnement. Malgré 
de telles puissances en horticullure, je n’hésite pas 
à la combattre. Je peux attester que des arbres 
non ébourgeonnés donnent autant, d'aussi beaux 
et d'aussi bons fruits que ceux soumis à cette opé- 
ration, Je parle par expérience: il n’est pas d’es- 
palier, de contre-espalier et même de buissons 
taillés que l’on puisse comparer pour la beauté à 
Yarbre venu en plein vent ; les fruits de celui que 
vous ne mutilez point ont autant, pour re pas dire 
plus, de parfum , de saveur, de succulence. Mais la 
routine a dit le contraire, la voie battue est tou- 
jours celle que suit la masse des voyageurs; le 
naturaliste seul s’ouvre une route à travers les 
sentiers les moins fréquentés; il éprouve plus de 
mal, mais aussi ses jouissances sont plus vives, 
plus variées, plus durables, mais aussi les résultats 
qu'il obtient sont plus nombreux, plus inté- 
ressans, 

Les sectateurs de l’Ebourgeonnement fournis- 
sent-eux mêmes de puissans argumens contre leurs 
principes, et c'est à eux seuls que je dois les traits 
de lumière qui m'ont armé et m'arment pour 


toujours contre l’opération. Et quand je la vois 
remise aux mains inhabiles et grossières d’enfans 
ou d'ignorans qui agissent sans calcul, sans exa- 
men critique , je trouve de nouveaux moyens pour 
en démontrer l’inutilité, je dirai plus, le danger. 
Que ceux qui veulent se rendre compte de mon 
sentiment , pour l’adopter ou le rejeter, se placent 
en face de la nature, qu'ils l’observent avec soin, 
sans prévention, qu'ils comparent les faits sur des 
arbres ébourgeonnés et sur d’autres abandonnés 
à eux-mêmes : je ne fais aucun doute qu'ils se 
rangeront de mon avis. (T. ». B.) 


EBOURGEONNEUR. (o1s.) On donne quelque- 

fois ce nom vulgaire au Bouvreuil et au Gros-bec. 
(Guér) 

EBULLITION. (puvs.) Phénomène dû à une 
diminution de cohésion dans les molécules des 
corps que l’on a fortement chaufffs. Ce phénomène, 
caractérisé par un bruissement plus ou moins pro- 
noncé , consiste dans le déplacement continue] de 
petites bulles. de gaz formé aux dépens d’une por- 
tion du corps soumis à l’action de la chaleur. 


L’Ebullition est subordonnée, 1° au degré de 
pression exercée par l’atmosphère; 2° à la hauteur 
du liquide. Je m'explique : quand un liquide quel- 
conque va entrer en Ebullition , on voit partir du 
fond du vase de petites bulles qui, pour arriver à 
la partie supérieure et se dégager sous forme de 
vapeurs, soulèvent tout à la fois et le liquide placé 
au dessus d'elles, et l’air dont le poids s'exerce 
sur ce même liquide. Or il est facile de concevoir 
que , moins la hauteur du liquide et moins la pres- 
sion atmosphérique seront grandes, plus vite 
l'Ebullition se manifestera. Le contraire aura lieu 
dans les circonstances entièrement opposées ; dans 
ces circonstances aussi il faudra que Ia tempéra- 
ture soit plus élevée. 

On sait encore que l’Ebullition a lieu plus 
promptement dans le vide qu'à l'air libre, dans 
des vases de métal que dans des vases de verre, 
quand les liquides sont en contact avec des surfa- 
ces anguleuses et inégales, etc. Toutes ces choses 
sont de la plus grande importance dans les arts, 
où l’industrie , qui opère en grand, ne saurait né- 
gliger les plus petites économies de temps et de 
combustible. EF.) 


EBURNE , Eburna. (mour.) Ge genre, institué 
par Lamarck et admis comme sous-genre par Cu- 
vier, a pour caractères : une coquille ovale ou 
allongée , à bord droit très-simple ; une ouverture 
longitudinale , échancrée à sa base ; une columelle 
ombiliquée dans la partie supérieure et canaliculée 
sous l’ombilic. L'animal est encore inconnu, 


Parmi les espèces peu nombreuses du genre 
Eburne nous citerons : 

1° L'EBURNE ALLONGÉE , Æburna glabrata de La- 
marck ; coquille lisse, allongée, d’un jaune orangé 
clair, à sutures couvertes , et qui vient de l’océan 
américain ; 

2° L’Envrne DE CEyLan, Æburna ceylanica de 
Lamarck, quiest allongée, ovale, lisse, blanche, 
et tachetée de fauve brun, dont la-suture est vi- 


2 


ÉCAI 


sible, l’ombilic onvert , violet, et la longueur de 
trois pouces. (Er) 

ÉCAILLE, Squama. (zoor1.| or.) Ge nom 
s'applique à des objets fort différens en histoire 
naturelle et en agriculture ; nous allons présenter 
brièvement le tableau de ses valeurs, en remon- 
tant du règne végétal aux animaux. En général on 
appelle Ecailles toute partie disposée en lame plus 
ou moins mince , ordinairement pelite, qui, par 
sa substance plus ou moins sèche, son application 
ou sa tendance à s’appliquer sur ce qui la porte ou 
l'accompagne, remplace un corps plus susceptible 
-de recevoir impunément l’action directe de l'air, 
des intempéries, de l’eau, que celui qu'elle re- 
couvre. 

IL Dans ‘es PLANTES, les Ecailles paraissent 
n'être que des feuilles avortées et demeurées à 
l’état rudimentaire. Leurs formes, grandeur et 
nombre varient sans fin. On les trouve sur diverses 
parties du végétal; on en remarque à l'extérieur 
des racines de la Clandestine écailleuse, Zathræa 
squamaria, de la Surelle blanche, Oxalis aceto- 
sella, de la plupart des Polypodes, Polypodium , 
des bulbes du Lis, Lilium candidum , de la Saxi- 
frage granulée, Savifraga granulata : elles sont 
appliquées en recouvrement les unes sur les autres 
à la manière des tuiles sur un toit. Elles tiennent 
lieu de feuilles et sont disposées le long de la tige 
du Nid d'oiseau, Ophrys nidus-avis, de la grande 
Orobanche, Orobanche major, du Tussilage com- 
mun, L'ussilago farfara. Dans la Lauréole, Daphne 
mezereum; le Lilas aux belles panicules pyrami- 
dales, Lilac vulgaris; le Marronier, Æsculus 
hippocastanum ; le Pommier, Malus communis , les 
Ecailles recouvrent si exactement les rudimens de 
la jeune pousse enfermée dans le bouton, que 
l’on peut conserver intacts, sous l’eau, pendant 
des années des boutons détachés de l'arbre, en 
ayant l'attention de les enduire de résine à leur 
base. 

On donne quelquefois le nom d'Ecailles on de 
productions écailleuses, 1° aux bractées imbri- 
quées qui composent l'involucre ou calice commun 
des Composées, telles que la Cupidone bleue, 
Catananche cœrulea ; YImmortelle, Xeranthemum 
annuum ; la Carline dite sans tige, Carlina acau- 
lis, etc. ; 2° aux bractées florifères des chatons du 
Saule, Salix alba ; du Charme, Carpinus betulus ; 
du Coudrier, Corylus avellana, etc. ; 8° aux brac- 
iées qui accompagnent les organes sexuels des 
Graminées ; 4° enfin à la glande nectarifère placée 
à l'onglet de chacun des pétales de la Renoncule 
blonde, Ranunculus auricomus , et de toutes les 
espèces qui constituent le genre auquel cile ap- 
parlent. 

Je ne parle pas de la couleur des Ecailles ; elle 
varie beaucoup; le jaune, le vert et le blanc do- 
minent sur les autres nuances. Le nombre est éga- 
iement très-variable ; il est moindre dans la jeu 
nesse de la plante, mais il augmente avec l’âge : 
on n’en compte que huit sur un jeune Chêne, 
Quercus robur, et lorsqu'il est vieux, ce nombre 
s'élève à trente, et un peu plus. Les Ecailles 


616 


a ————————————————…—…—…"…——————_—————……  — 


ÉCAI 


———_û_————————— 


abondent davantage sur les boutons du sommet 
que sur ceux inférieurs ; le contraire a lieu, par 
exception, sur les espèces si jolies du genre Spi- 
rée , Spiræa. Les Ecailles sont parfois tellement 
ramassées qu’elles finissent par se souder ensem- 
ble et par former un seul corps, comme on le 
voit dans l’olive de l’Araucaria du Chili, Ærau- 
caria Dombeyi; dans la baie du Genévrier, Junipe- 
rus communts , dans le cône du grand Pin mari- 
time, Pinus maritima. 

IT. Dans Les animaux, l'Ecailleestune substance 
dure et cependant flexible , d’une nature analogue 
tantôt à celle de la corne, tantôt à celle des poils 
et des cheveux; elle est disposée par plaques plus 
ou moins solides, dont les molécules se groupent 
en tubercules, en aïguillons, en piquans, et Ja 
malière qui la constitue est à peu près identique 
dans toutes les espèces d’animaux. D’après les di- 
verses analyses chimiques elle renferme de l’albu- 
mine coagulé, du phosphate de chaux, du phos- 
phate de soude , un peu d’oxide de fer et un corps 
huileux qui lui donne de la flexibilité. Examinons- 
la dans chacune des grandes divisions du règne 
animal. 

Les Arachnides, les insectes et les autres inver- 
tébrés sont généralement couverts d’'EÉcailles , dont 
la forme, -la grandeur et la couleur diffèrent selon 
les parties qu’elles sont chargées d’abriter ; quant 
à leur structure, elle n’est point aussi simple qu’elle 
le paraît au premier coup d'œil. Elles sont com- 
posées d’une triple lame dont les deux extérieures 
sont écailleuses, cannelées, et l'intermédiaire 
membraneuse, Le jeu de la lamière sur cette triple 
lame est la cause déterminante de l'éclat des Pa- 

illons. 

Chez les Poissons, les Ecailles sont une partie 
essentielle, elles recouvrent la peau, s'étendent 
en lames minces , transparentes , el sont unies aux 
técumens par des petits vaisseaux nourriciers ; 
elles se crispent, se roulent sur elles-mêmes par 
l’action du feu. Très-rarement elles adhèrent en- 
tre elles, si ce n’est lorsqu'elles doivent former 
revêtement osseux. Quand un poisson semble en- 
tièrement privé d’écailles, ce qui se présente si 
peu que l’on peut accuser l'observateur de négli- 
gence , son corps est couvert, comme Brousson- 
net l’a fait remarquer, d’Ecailles microscopiques 
que cache une poussière brillante, chargée de 
l'abriter contre l’action des courans et du fluide 


-dans lequel il vit. Quelques poissons ont les Ecail- 


les absolument à découvert , comme certaines Clu- 
pées; d’autres, comme chez l’Anguille, les on6 
recouvertes par la peau ou même cachées dans 
son épaisseur. Cette position des Ecailles dépend 
de la forme de chaque espèce et de sa manière 
de vivre. Elles sont imbriquées dans les Perches, 
les Spares; la Carpe; éloignées ou répandues sur 
le corps dans l’Anarrhique ; contigués, mais n’em- 
piétant point les unes sur les autres dans les vrais 
Balistes: rares dans les Donzelles ; multipliées 
dans le Labre; très-grandes dans les Muges; en 
plaques dans les Hippocampes ; petites dans la 
Loche ; presque insensibles dans les Gymnoles; 


molles 


TEA 2. 


Date M Li) MN 
ss. 


2 caille... 2. Echasse. 3. Echenilleur 4. Echidne 


Æ  CGuerir dir 


tt 


ÉCAI 


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ÉCHA 


———û————@——————————— 


molles dans le Hareng; osseuses dans les Polyptè- 
res: cornées dans la Girelle macrolépidote; et 
presque toujours enrichies des couleurs métalliques 
les plus variées tant que le poisson est dans l’eau. 

Parmi les reptiles, les Batraciens seuls sont en- 
tièrement dépourvus d’Ecailles. Celle de la Tortue 
est très-connue , formée de plaques assez larges, 
épaisses, imbriquées les unes sur les autres, et se 
présentant jaspée sur un fond de couleur blonde, 
brune ou noirâtre. Les Ecailles des Ophidiens et 
des Sauriens sont disposées par petites lames et 
souvent sous forme de tubercules; osseuses et 
rangées par bandes sur les Crocodiles, elles af- 
fectent l’ovale sur les jeunes, pour devenir des car- 
rés parfaits quand ils atteignent un âge avancé ; 
petites, plates et le plus ordinairement pentago- 
nales sur les Lézards; elles se terminent en pointe 
épineuse sur la queue des Cordyles ; en crête den- 
tée ou pectinée sur le dos des Iguanes ; en lames 
cornées continues dessus la tête des Couleuvres et 
des Boas; changées en tubercules miliaires , durs 
et résistans sur la peau des Acrochordes, en an- 
neaux circulaires sur les Amphisbènes. 

On ne trouve d’Ecailles chez les Oiseaux que 
sur les pattes ; les Manchots en ont aussi sur leurs 
petites ailes. 

De tous les Mammifères, les Phatagins et les 
Pangolins seuls sont entièrement couverts d'Ecail- 
les; celles des Tatous adhèrent à la peau, sont 
juxta- posées et deviennent osseuses ; celles de la 
queue des Rats, des Capromys, des Castors, des 
Sarigues et de plusieurs Singes, sont en lames 
écailleuses. 

III. En ménecine, on donne le nom d’Ecailles 
aux portions minces et légères de l’épiderme qui 
se détachent de la peau dans différentes circon- 
stances , et notamment dans la plupart des affec- 
tions cutanées. Parfois , elles recouvrent sponta- 
nément la peau en très-grande quantité sans qu’il 
y ait dans l'individu principe d'aucune maladie 
organique ; on estime alors qu’elles sont dues au 
défaut de nutrition de l’épiderme. 

IV. Synonyme. Le mot Ecaille est devenu sou- 
vent spécifique dans le langage vulgaire pour dé- 
signer quelques insectes, mollusques et poissons. 
Geoffroy s’en est servi pour plusieurs espèces de 
Lépidoptères ; Duméril l’a imposé à un sous- 
genre de Bombyx. Voici les principaux de ces 
noms : 

Ecarrze Brune, c’est le Bombyce aulique. 

Ecaisre nérissoNE ou martre, le Bombyce caja, 
représenté dans notre Atlas, pl. 142, fig. 2. 

Ecarcze MARBRÉE , le Bombyx villica. 

Ecaice MoucuetÉEe , le Bombyx plantaginis. 

Ecaizse ROSE, le Bombyx Hebe. 

Les marchands de coquilles appellent Ecaïzres 
DE ROCHER et EcaiLces DE MER presque toutes les 
Patelles, et 8ezze Ecairre la coquille polie de 
l'espèce Patella testudinaria qui ressemble assez 
à l'Écaille de Tortue. 

Divers poissons, dont les Ecailles sont d’une di- 
mension remarquable, prennent le nom de EcaïLce 
GRANDE dans les nomenclatures vulgaires ; de ce 


Toue II. 


nombre sont un Chétodon, l’Esoce caïman, un 
Labre , un Pleuronecte , etc. 

V. Eupcor Économique pes Ecaizzes. Générale- 
ment on nomme Ecailles dans le langage agricole, 
les coquilles d’huîtres, quoique leurs formes, con- 
sistance et propriétés, soient bien différentes des 
Ecailles proprement dites. On les emploie fraîches 
et entières comme engrais très-puissant à raison 
du sel marin et des matières animales qu’elles con-- 
tiennent ; calcinées, elles fournissent une chaux 
très-pure dont l’action est vraiment merveilleuse 
sur les terres argileuses. Dans le premier cas, 
l'effet est lent, insensible, mais aussi il dure bien 
plus long-temps ; dans le second, on en éprouve les 
heureux résultats dans l’année même. Il ne faut 
pas abuser de cet engrais ; il finit par rendre les 
terres si tendres, au bout de six à sept ans, que 
le blé y pousse trop abondamment, et donne des 
chaumes si longs qu’ils ne peuvent se soutenir. 

(T. ». B.) 

ECAILLEUX. (z0or. BoT.) Animaux ou végé- 
taux recouverts ou munis d’écailles. 

ECGARDONNEUX. (ors.) Nom vulgaire du 
Chardonneret,. 

EGARLATE (Graine d’). (1xs.) C’est le nom 
vulgaire de la Cocuenuze. . ce mot. (Guér.) 

ECBALLION , Æcballium. (BoT. rHax.) Une 
plante très-commune dans les lieux incultes de 
nos contrées méridionales, où on l'appelle vul- 
gairement Concombre d'âne, est le type du nou- 
veau genre fondé par Richard sous le nom d’Æc- 
ballion. Linné l'avait comprise avec les Momordi- 
ques; elle en diffère par l’indéhiscence de son 
fruit, qui, au lieu de se rompre en plusieurs val- 
ves, ne donne passage aux graines qu’en quittant 
le pédoncule. 

L'Ecgarrron, Elaterium, Rich., ou Momordica 
elaterium ; L., a une tige charnue, couchée sur le 
sol, chargée de poils, et par conséquent de la 
poussière des chemins; elle n’a point de vrilles, 
ses feuilles sont alternes, à peu près cordiformes, 
et ondulées sur les bords. Les fleurs, de couleur 
jaunâtre , forment des épis axillaires. Les carac- 
tères du genre , si l’on en trouve une seconde es- 
pèce, sont conformes à ceux des Momordiques, 
quant à la corolle et au calice ; les étamines et les 
pistils sont disposés comme dans les autres Cu- 
curbitacées ; le fruit est ovoide-allongé, semblable 
au concombre , ou plus exactement, au corni- 
chon; sa surface est très-hispide. Comme nous 
l'avons dit, ce fruit ne s’ouvre point, mais à l’épo- 
que de la maturité, si on le détache du pédoncule, 
ou s’il en tombe naturellement, les graines s’élan- 
cent avec impétuosité par le trou qui se forme, 
et se projettent à une assez grande distance. On 
cultive l’Echallion dans quelques jardins, où il 
amuse les écoliers et même les graves professeurs. 
(Voyez aux mots Concousne et ÉLareriun.) (L.) 

ECHALOTTE. (mor. rnan.) Nom d’une espèce 
du genre Aic. W, ce mot. 

ECHANCRÉ , ECHANCRÉE. . Emanarné. 

(Guénr.) 

ECHASSE , Æimantopus. (os. ) Les oiseaux 


198° Livraïson, 78 


ÉCHA 


618 


ÉCHA 


auxquels la longueur vraiment démesurée de leurs 
tarses a fait donner ce nom, appartiennent à la 
famille des Echassiers longirostres : ils se distinguent 

ar leur bec cylindrique, effilé, présentant de 
chaque côté de la mandibule supérieure un sillon 
longuudinal dans la rainure duquel sont percées 
les narines; les tarses sont, comme nous l’avons 
dit, très-élevés, et, proportionnellement à la taille 
de ces petits animaux, beaucoup plus grands que 
chez aucun autre Echassier, ce qui ne leur permet 
que de marcher avec peine lorsqu'ils se trouvent 
sur un terrain sec; les doigts sont petits, sans 
pouce, et réunis à leur base par une membrane ; 
les ailes sont longues, sur-aiguës, c'est-à-dire à 
première rémige dépassant toutes les autres. Les 
Echasses, dont on connaît plusieurs espèces, sont 
des oiseaux voyageurs , que l’on rencontre dans 
presque tout l’ancien et le nouveau continent. 
Elles se tiennent dans les lieux humides et les 
prairies inondées, ainsi que sur les bords de la 
mer, où leurs longues jambes leur permettent de 
marcher avec facilité et sans mouiller leur plumage : 
leur nourriture consiste en insectes aquatiques , 
en larves et en petits mollusques qu’elles se procu- 
rent dans les lieux indiqués ci-dessus. 

Ecnasse A MANTEAU NOIR, flimantopus melano- 
pterus , Meyer. Cette espèce , représentée dans 
notre Atlas, pl. 142, fig. 2, est la mieux connue 
de tout le genre. On la trouve en Europe, dans 
quelques parties de l'Asie et aussi en Afrique, en 

gypte, au Sénégal, etc. Elle a dix-neuf pouces 
de longueur : toutes les parties supérieures de son 
corps sont noires, à reflets verdâtres, les infé- 
rieures blanches, légèrement tachées de rosé; le 
col est blanc; l’occiput noir ainsi que le bec, et 
les rectrices cendrées ; l'iris et les pieds sont co- 
lorés en réuge. Elles n’ont point les reflets verdä- 
tres qui caractérisent les mâles. Leurs teintes 
noires sont d’ailleurs, ainsi que celles des jeunes 
sujets, d’une nuance moins foncée. On trouve cet 
oiseau dans une partie de l’Europe; mais il est 
assez rare partout; en Afrique, il est plus commun; 
.nous ne saurions dire en quel nombre il existe 
dans l'Asie et l'Amérique où on l’a aussi indiqué. 

Écuasse À cou noir, llimant. nigricollis, Vieilll. 
Autre espèce de l'Amérique méridionale qui 
n’offre avec la précédente que de très-légères 
différences, ce qui l’a fait considérer comme n’en 
étant qu’une simple variété. 

Une autre a déjà été décrite par Brisson, sous 
le nom d’Himantopus mexicanus. Vieillot la con- 
sidère comme devant former une véritable es- 
pèce, et change son nom en fimant, melanurus. 

(GEenv.) 

ECHASSIERS, Grallatores. (ois.) On nomme 
ainsi , avec la plupart des ormithologistes, un 
ordre fort nombreux de la classe des Oiseaux dans 
Icquel viennent se ranger tous les oiseaux de ri- 
vage; ces espèces ont pour caractère principal d'a- 
voir les tarses fort allongés et les jambes dénudées 

à leur partie inférieure, 

Quoique plusieurs oiseaux, tels que les autru- 

ches, les casoars , etc. , présentent aussi le carac- 


tère d’avoir de longs tarses , on ne les réunit pas 
cependant aux véritables Grallatores ; car ils sont 
granivores , et, au lieu de fréquenter le berd des 
eaux, ils se tiennent dans l’intérieur des terres. 
Tous ont d’ailleurs des caractères d'ailes, de bec 
et de queue fort diflérens, et il parait plus conve- 
nable d’en faire avec Blainville, Vieillot, etc. , un 
orde distinct , lequel cependant doit rester à côté 
des Grallatores , el paraît conduire de ce dernier 
aux Gallinacés. 

Cette séparation une fois établie, il nous reste 
parmi les Grallatores ou Echassiers, un nombre 
encore lrès-considérable d'oiseaux , mais qu'il est 
facile de subdiviser , en ayant égard aux caractères 
des pieds et du bec. Tous les Echassiers, ou au 
moins le plus grand nombre de ces oiseaux, sont 
de bons voiliers et aiment à se livrer à de longs 
voyages. [ls vivent tantôt solitaires, tantôt réunis 
en troupes plus ou moins considérables; ils varient 
aussi pour la construction de leur nid , que les uns 
font sur les arbres, les rochers ou les vieux édi- 
fices; d’autres, au contraire, sur le sol, dans les 
herbes ou sur une masse de terre qu’ils ont amon- 
celée ; et d'autres enfin, au milieu des eaux , dans 
les jones et les herbes aquatiques. Beaucoup d'oi- 
seaux ont la facilité de se tenir perchés sur une 
seule jambe; mais les Echassiers prennent plus 
fréquemment que les autres cette singulière atti- 
tude ; ils restent ainsi fixés pendant des heures 
entières, et le plus souvent lorsqu'ils se livrent 
au sommeil. On à remarqué, c’est à M. Duméril 
que l’on doit celte abservation, que cette fa- 
culté dépend de la forme singulière de leur ar- 
ticulation fémoro-tibiale ou du genou , laquelle 
présente par l'engagement de la petite tête du pé- 
roné dans une échancrure du condyle externe du 
fémur, une sorte d'engrenement à peu près sem- 
blable à celui du ressort d’un couteau. 

On peut partager les Echassiers en quatre fa- 
milles, dans lesquelles les nombreux genres que 
cet ordre comprend viennent se ranger ainsi qu’il 
suit : 
1° Pressirostres, qui ont le pouce nul ou très- 
court, et ne touchant pas à terre; leur bec est 
médiocre et un peu variable. 

Genres : Outarde, qui pourrait être rapportée 
aux Gallinactes; Pluvier, OEdicnème, Vanneau, 
Huîtrier, Court-Vite , Cariama. 

2° Cultrirostres, dont le bec est gros, long, fort, 
souvent même tranchant, et représente assez , 
dans chacune de ses mandibules, la lame d’un 
couteau. 

Genres : Grue, Agami, Courlan , Savacou, 
Héron, Cigogne, Marabou, dJabiru, Ombrette, 
Bec-Ouvert, Drôme, Tantale, et Spatule qui fait 
le passage aux Ibis. 

5° Longtrostres, à bec souvent beaucoup plus 
long que la tête, subulé, droit ou courbé, 

Genres : Ibis, Gourlis, Bécassine, Rhynchée, 
Barge, Maubèche, Sanderling, Falcinelle, Com- 
battant , Phalarope , Tourne-Pierre , Chevalier , 
Echasse, Avocelte. 
= 4° Macrodactyles, à doigts fort longs et propres 


ÉCHÈ 


619 


ÉCHÉ 


à marcher dans les herbes des marais ou même à 
nager, lorsqu'ils sont bordés de membranes. 

Genres : Jacana, Kamichi, Mégapode, Râle, 
Poule d’eau, Talève, Foulque. 

Les Becs-ouverts, les Glaréoles et les Flammans, 
que Gavier place à la suite des Macrodactyles, 
comme étant d’une place douteuse, incertæ sedis , 
comme on dit souvent, paraissent devoir être rap- 
portés, les premiers aux Gallinacés, à côté des 
Tinochores ; les seconds, aux Räâles; et les der- 
niers, aux Cultrirostres, entre les Savacous et les 
Gigognes. Ÿ. tous ces divers mots. (GErv.) 

ECHELLES DU LEVANT. (céocr. pays.) On 
appelle Echelles du Levant les ports de la Turquie 
d'Asie où le commerce européen vient @nlever à 
ces belles contrées leurs magnifiques et somptueux 
produits. C’est là où nos vaisseaux vont chercher 
les étoffes de soie d'Alep, Damas, Mardin, Bagdad 
et Brousse ; les étoffes de coton de Mossoul, Da- 
mas, Alep, Diarbekir, Smyrne et Manissa; les 
toiles de Brousse, de Tokat, d’'Amasia, de Tré- 
bizonde et de Mardin: les camelots et les châles 
d’Angora ; les tapis de Brousse, de Karahissar et 
de Pergame ; les maroquins de Konieh , Kuskin et 
Orfa: le tabac de Latakia, et la coutellerie de 
Damas. 

Le commerce de ces magnifiques contrées est 
bien loin d’être aujourd'hui ce qu'il fut autrefois. 
Mais, malgré le manque de routes, de canaux, et 
Yabandon du gouvernement, les riches produc 
tions du sol, les nombreux produits de l’industrie 
des grandes villes, contribuent à donner encore 
une certaine activité aux relations commerciales 
du Levant. Smyrne, Latakia, Saint-Jean-d’Acre 
et Tripoli, sont les ports principaux et les entre- 
pôts les plus considérables de tout le commerce 
qui se fait sur ces côtes. (G. d.) 

ECHELET , Climacteris, (o1s. ) Le vrai genre 
des Echelets, dans lequel l’oiseau qui porte ordi- 
nairement ce nom n’est plus aujourd'hui classé , 
appartient au sous-ordre des Passereaux ténuiros- 
tres de Cuvier, et prend place avec les Ticho- 
dromes , les Picucules, les Grimpereaux et les 
Dicées , dans la famille des Certhiadées ou Grim- 
PEREAUX, mot auquel nous renvoyons. (GErv.) 

ECHELETTE. (ors.) C’est le nom vulgaire du 
Grimpereau des murailles, qui est devena pour 
Cuvier celui d’un sous-venre. (Gu£r.) 

ECHÈNE ou ECHÉNÉIDE, Echeneis. (votss.) 
Cette famille, créée par Blainville (dans sa Classi- 
fication ichthyologique), appartient à la division 
des poissons Malacoptérygiens subbranchiens, que 
l'auteur détache des Discoboles de Cuvier, avec 
lesquels elle a les plus grands rapports. Les pois- 
sons qui composent la famille qui nous occupe 
auront donc pour caractères et pour limites : une 
tête supportant un disque aplali, grand, com- 
posé de lames dentelées ou épineuses à leur bord 
postérieur et mobiles, de manière qu’en faisant le 
vide ou en accrochant leurs épines , ces poissons 
se fixent facilement aux différens corps , aux ro- 
chers , à la carène ou même aux ancres des vais- 
seaux, ce qui a donné lieu au préjugé que l’'E- 


chénéis pouvait arrêter subitement la course d’un 
vaisseau la plus rapide ; consulter à ce sujet l’arti- 
cle Ecnénérs. (Azrx. G.) 
ÉCHÉNEIS, Æcheneis. (vorss.) Quoique la struc- 
ture de ce genre soit parfaitement connue, on n’a 
pu jusqu'à présent le rapporter avec certitude à 
aucune des familles déjà établies; néanmoins ce 
poisson a été regardé par Cuvier comme apparte- 
nant à cette petite division que lai-même a quali- 
fiée de Discoboles; mais aucune observation ne le 
prouve. Ce genre présente les caractères suivans : 
corps allongé , revêtu de petites écailles , une seule 
nageoire du dos ; la tête tout-à-fait plate en des- 
sus, les yeux sur le côté, la bouche fendue hori- 
zontalement, arrondie, la mâchoire inférieure 
plus avancée que la supérieure, garnie de petites 
dents en cardes. Les Echénéis sont remarquables 
entre tous les poissons par un disque aplati qu'ils 
portent sur la tête , et qui se compose d’un certain 
nombre de lames cartilagineuses transversales , 
obliquement dirigées en arrière , dentelées ou épi- 
neuses à leur bord postérieur, et mobiles, de ma- 
nière que le poisson, soit en faisant le vide entre 
elles , soit en accrochant les épines de leurs bords, 
se fixe aux diflérens corps, tels que rochers, 
vaisseaux , poissons , etc. L'auteur du Règne ani- 
mal indique quatre espèces : la première, la plus 
connue de la Méditerranée, est célèbre sous lenom - 
de R£mora, Æcheneis remora, Lin., Bloch, 172. 
Sa longueur totale égale rarement trois décimè- 
tres. Son corps et sa queue sont couverts d’une 
peau molle et visqueuse , revêtue de petites écail- 
les ; son museau arrondi ; les lames qui revêtent 
le dessus de sa tête, et arrangtes par paires ; 
sont au nombre de dix-huit ; leur longueur dimi- 
nue d'autant plus qu’elles sont situées plus près 
de l’une ou de l’autre des deux extrémités du bou- 
clier ovale. Sa couleur est noirâtre et sans taches. 
Depuis le temps d’Aristote jusqu’à nos jours, cet 
animal a été l’objet d’une attention particulière ; 
on l’a examiné dans ses formes , observé dans ses 
habitudes, considéré dans ses effets, on ne s’est 
pas contenté de lui attribuer des propriétés mer- 
veilleuses , des facultés absurdes, des forces ridi- 
cules ; on l’a regardé comme un exemple frappant 
des qualités occultes départies par la nature à ses 
diverses productions; il a paru une preuve con- 
vaincante de l'existence de ces qualités secrètes 
dans leur origine et inconnues dans leur essence. 
I a figuré avec honneur dans les tableaux des 
poètes, dans les récits des voyageurs, dans les 
descriptions des naturalistes ; et cependant à peine 
si l'image de ses traits, de ses mœurs, de ses effets, 
a été tracée avec fidélité. Ecoutons, au sujet de ce 
Rémora , l’un des plus beaux génies de l'antiquité. 
L'Echénéis , dit Pline, est un petit poisson accou- 
tumé à vivre au milieu des rochers : om croit que, 
lorsqu'il s’attache à la carène des vaisseaux, ilen 
retarde la marche; et de là vient le nom qu’il 
porte, et qui est formé de deux mots grecs dont 
l'un signifie je retiens, et l’autre navire. Il sert à 
composer les poisons capables d’éteindre les feux 
de l'amour. Doné d’une puissance bien plus éton- 


ÉCHÉ 


nante, agissant par une faculté morale, il arrête 
J'action de la justice et la marche des tribunaux : 
compensant cependant ces qualités funestes par des 
propriétés utiles, il délivre les femmes enceintes 
des accidens qui pourraient trop hâter la naissance 
de leurs enfans ; et lorsqu'on le conserve dans le 
sel, son approche seule suffit pour retirer du fond 
des puits les plus profonds, l'or qui peut y être 
tombé. Mais tous ces passages sont remplis de fa- 
bles et d'erreurs. Cherchons donc uniquement à 
faire connaître les véritables habitudes du Rémora. 
Nous allons réunir pour y parvenir les observa- 
tions qui ont été faites par Gommerson, et con- 
signées dans ses manuscrits. Ge poisson s’attache, 
ajoute-t-il, aux cétacés et aux poissons d’une très- 
grande taille, tels que les Squales ; il y adhère très- 
fortement par le moyen des lames de son bouclier, 
dont les petites dents lui servent, comme autant 
de crochets, pour se cramponner. Ces denis, 
qui hérissent le bord de toutes les lames, sont:si 
nombreuses, et multiplient à un tel degré les points 
de contact et d'adhésion du Rémora, que toute la 
force d’un homme très-vigoureux ne peut pas 
suflire pour arracher ce pelit poisson du côté du 
squale sur lequel il s’esi attaché , tant qu’on veut 
l’en séparer dans un sens opposé à la direction des 
lamés ; ce n’est que lorsqu'on cherche à suivre 
cette direction, qu’on parvient aisément à déta- 
cher l'Echénéis du Squale, ou plutôt à le faire glis- 
ser sur la surface du requin , et à l’en écarter en- 
suite. Gommerson, dans ses manuscrits déjà cités, 
rapporte qu'ayant voulu approcher son pouce du 
bourslier ou disque d’un Rémora vivant qu'il obser- 
vait , il éprouva une force de cohésion si grande, 
qu’une stupeur remarquable et même une sorte 
de paralysie saisit son doigt, et ne se dissipa que 
long-temps après qu'il eut cessé de toucher l'Eché- 
néis. Le même naturaliste ajoute que, dans celte 
adhésion du Rémora au Squale, le premier de ces 
deux poissons n’opère aucune succion , comme on 
l’avait pensé; et la cohérence de l'Echénéis ré- 
mora ne lui sert pas immédiatement à se nourrir, 
puisqu'il n’y a aucune communication proprement 
dite entre les lames du disque et l’intérieur de la 
bouche. Le Rémora ne s’attache, par le moyen 
des nombreux crochets qui hérissent son bouclier, 
que pour naviguer sans peine, profiter, dans ses 
déplacemens , de mouvemens étrangers, et se 
nourrir des restes de la proie du requin , comme 
presque tous les marins le disent. Au reste ; il de- 
meure collé avec tant de force et de constance à 
son conducteur , que lorsque le requin est pris, et 
que cesquale, avant d’être jeté sur le pont, éprouve 
des frottemens violens contre les bords du vaisseau, 
il arrive très-souvent que le rémora ne cherche 
pas à s'échapper, mais qu’il demeure cramponné 
au corps de son terrible compagnon, jusqu'à Ja 
mort de ce dernier et redoutable animal. Gom- 
mers on dit aussi que lorsque l’on met un Rémora 
dans un récipient rempli d’eau de mer plusieurs 
fois renouvelée , on peut le conserver en vie pen- 
dant quelques heures, et que l’on voit presque 
toujours cet Echénéis, privé de soutien et de corps 


620 


ÉCHÉ 


étranger auquel il puisse adhérer, se tenir ren- 
versé sur le dos, et ne nager que dans cette posi- 
tion très-extraordinaire. Lorsque les Rémoras ne 
sont pas à portée de se coller contre quelque grand 
habitant des eaux , ils s’accrochent à la carène des 
vaisseaux, et dans l'instant où cette carène est 
pour ainsi dire hérissée d’un grand nombre d’E- 
chénéis, elle éprouve , au dire de plusieurs obser- 
vateurs, en cinglant au milieu des eaux, une ré- 
sistance semblable à celle que feraient naître des 
animaux à coquilles très-nombreux et attachés 
également à sa surface; elle glisse avec moins 
de facilité, et elle ne présente plus la même 
vitesse. Et il ne faut pas croire que les circonstan- 
ces où les Echénéis se trouvent ainsi accumulés 
contre la charpente extérieure d’un navire soient 
extrêmement rares dans tous les parages. IL est des 
mers où l’on a vu ces poissons nager en grand 
nombre autour des vaisseaux, et les suivre ainsi 
en troupes pour saisir les matières animales que 
l'on jette hors du bâtiment, pour se nourrir des 
substances corrompues dont on se débarrasse, et 
même pour recueillir jusqu'aux excrémens. C’est 
ce qu’on a observé particulièrement dans le golfe 
de Guinée; et voilà pourquoi, suivant Barbot, 
les Hollandais , qui fréquentent la côte occidentale 
d'Afrique, ont nommé les Rémoras poissons d’or- 
dures. Des rassemblemens semblables de ces 
Echénéis ont été aperçus quelquelois autour des 
grands Squales, qu'ils paraissent suivre , environ- 
ner et précéder sans crainte, et dont on dit qu'ils 
sont alors les pilotes; soit que ces Squales aient, 
ainsi qu'on l’a écrit, une sorte d’antipathie contre 
le goût ou l'odeur de leur chair, et dès lors ne 
cherchent pas à les dévorer , soit que les Rémoras 
aient assez d’agilité, d’adresse ou de ruse pour 
échapper aux dents meurtrières des Squales, en 
cherchant, par exemple, un asile même sur la 
surface de ces animaux, à laquelle ils peuvent se 
coller dans les instans de leur plus grand danger 
aussi bien que dans les momens de leur plus grande 
fatigue. Ge sont encore des réunions analogues et 
par conséquent nombreuses de ces Echénéis , que 
l'on a remarquées sur des rochers auxquels ils ad- 
héraient comme sur la carène d’un vaisseau , sur- 
tout lorsque l'orage avait bouleversé la mer, qu'ils 


D 
craignaient de se livrer à la fureur des ondes et 


que d’ailleurs la tempête avait déjà brisé leurs 
forces. 

L’Ecn£néis NAucRATE. On trouve dans presque 
toutes les mers, et particulièrement dans celles qui 
sont comprises lentre les deux tropiques, celte 
espèce d'Echénéis, qui ressemble beaucoup au 
rémora, et qui en diffère cependant, non seule- 
ment par sa grandeur, mais encore par le nombre 
des plaques que son bouclier comprend, et par 
quelques autres traits de sa conformation. On lui a 
donné le nom de Naucrate, qui, en grec, signifie 
pilote, ou conducteur de vaisseau. Les individus 
qui la composent parviennent quelquefois jusqu'à 
la longueur de vingt-trois décimètres. Le bouclier 
placé en dessus de leur têle, présente toujours 
vingt-deux paires de lames transversales et dente- 


EEE 


ÉCHÉ 


621 


ÊÈCHE 


lées. D'ailleurs la nageoire de la queue du Nau- 
crate, au lieu d’être fourchue comme celle du 
rémora , est arrondie. De plus, les nageoires du 
dos et de l’anus, plus longues à proportion que 
sur le rémora, montrent un peu la forme d’une 
faux. Le Naucrate offre des habitudes très analo- 
gues à celles du rémora ; on le rencontre de même 
en assez grand nombre autour des squales. Ses 
mouvemens ne sont pas toujours faciles; mais 
comme il est plus grand et plus fort que le ré- 
mora , il se nourrit quelquefois de coquilles et de 
crabes, et lorsqu'il adhère à un corps vivant ou 
inanimé, il faut des efforts bien plus grands pour 
l’en détacher que pour séparer un rémora de son 
appui. Commerson, qui l’a observé sur le rivage 
de l’île de France , a écrit que ce poisson fréquen- 
tait très-souvent la côte de Mosambique, et qu’au- 
près de cette côte on employait, pour la pêche des 
tortues marines , et d’une manière bien remarqua- 
ble, la facilité de;se cramponner dont jouit cet 
Echénéis. Nous croyons devoir rapporter ici ce 
que Commerson a recueilli au sujet de ce fait très- 
curieux, le seul du mème genre que l’on ait en- 
core observé. On attache à la queue d’un Nau- 
crate vivant un anneau d’un diamètre assez large 
pour ne pas incommoder le poisson, et assez étroit 
pour être retenu par la nageoire caudale ; une corde 
irès-longue tient à cet anneau. Lorsque l’Echénéis 
est ainsi préparé, on le renferme dans un vase 
plein d’eau salée, qu’on renouvelle très-souvent, 
et les pêcheurs mettent le vase dans la barque. Ils 
voguent ensuite vers les parages fréquentés par les 
tortues marines. Ges tortues ont l'habitude de 
dormir souvent à la surface de l’eau sur laquelle 
elles flottent, et leur sommeil est alors si léger, 
que l'approche la moins bruyante d’un bateau 
pêcheur suflirait pour les éveiller et les faire fuir 
à de grandes distances , ou plonger à de grandes 
profondeurs. Mais voilà le piége que l’on tend de 
loin à la première tortue que l’on aperçoit endor- 
mie. On remet dans la mer le Naucrate garni de sa 
longue corde : l'animal délivré en partie de sa 
captivité, cherche à s’échapper en nageant de tous 
les côtés ; on lui lâche une longueur de corde à la 
distance qui sépare la tortue de la barque des pé- 
cheurs. Le Naucrate, retenu par ce lien, fait d’a- 
bord de nouveaux efforts pour se soustraire à la 
main qui le maîtrise : sentant bientôt qu’il s’agite 
en vain, et qu’il ne peut se dégager, il parcourt 
tout le cercle dont la corde est en quelque sorte le 
æayon, pour rencontrer un point d'adhésion, et 
par conséquent un point de repos. Il trouve cette 
sorte d'asile sous le plastron de la tortue, s’y at- 
tache fortement par le moyen de son bouclier, et 
donne ainsi aux pêcheurs, auxquels il sert de 
‘crampon , le moyen de tirer à eux la tortue en re- 
tirant la corde. 

L'Écuénéis rayé. Le naturaliste Menzies, dans 
le premier volume des Transactions de la société 
linnéenne de Londres , donne la description de ce 
poisson , qui diffère des deux Échénéis dont nous 
venons de parler par le nombre des lames qui 
composent sa plaque ovale. 


En effet cet osseux n’a que dix paires de stries 
transversales dans l'espèce de bouclier dont sa 
tête est couverte. D'ailleurs sa nageoïre caudale , 
au lieu d’être fourchue comme celle du rémora, rec- 
tiligne ou arrondie comme celle du naucrate, se 
termine en pointe. Sa mâchoire inférieure est plus 
longue que la supérieure ; les dents des deux mâ- 
choires sont petites, ainsi que les écailles qui re- 
vêtent le corps de l’animal. La couleur générale 
est d’un brun foncé, et relevée de chaque côté par 
deux raies blanches qui s’étendent depuis les yeux 
jusque vers le bout de la queue. L'Échénéis rayé 
se trouve dans ile grand océan connu sous le nom 
de mer Pacifique: on l’a vu adhérer à des tortues. 
L’individu décrit par l’auteur anglais avait treize 
centimètres de long. On en a découvert un (Æche- 
neis osteochir, Guvier) dont les rayons des pecto- 
rales sont osseux, comprimés et terminés par une 
palette légèrement crénelée. (Azrn. G.) 

ÉCHENILLEUR, Ceblepyris (oïs.) Les Éche- 
ailleurs , distingués primitivement par le célèbre 
voyageur Levaillant, qui arendu de si grands ser- 
vices à l’ornithologie, sont des oiseaux de l’ancien 
continent propres à l'Afrique et aux îles indiennes. 
Leurs mœurs sont encore fort peu connues; mais 
Levaillant a constaté que plusieurs d’entre eux se 
nourrissent principalement de chenilles, ce qui leur 
a valu leurnom. Aujourd’hui cesoiseaux portent en 
latin la dénomination de Ceblepyris que leur a im- 
posée Guvier; celle de Campephaga, proposée par 
Vieillot, n’a pas prévalu. Voici les caractères qu'on 
leur donne: Bec gros, échancré à sa pointe, 
élargi à sa baseetun peu bombé; narines basales, 
latérales, ovoïdes, cachées par les plumes du 
front ; pieds faibles et courts; ailes médiocres, à 
première rémige courte, et la quatrième ou la 
cinquième seulement les plus longues; queue 
large ; croupion garni de plumes à baguettes raides, 
souvent terminées de pointes aiguës. 

Citons quelques unes des principales espèces. 

CHENILLEUR GRIS, Campephaga cana ,: Vieill. 
Il a été figuré par Levaillant aux planches 162 et 
163 des Oiseaux d'Afrique ; M. Temminck lap- 
pelle Ceblepyris Levaillantit. Ses parties supérieu- 
res d'un gris bleu d’ardoise, les inférieures plus 
pâles; le tour de son bec, le front et les joues 
étant noires. Longueur ,huit pouces. Onle trouve au 
cap de Bonne-Espérance , ainsi qu'à Madagascar. 
Il est représenté dans notre Atlas, pl. 142, fig. 3. 

CHENILLEUR NOIR, Campephaga nigra , Vieillot. 
Vient de la même patrie; il est entièrement d’un 
noir luisant avec les couvertures inférieures de la 
queue vertes. Sa longueur est de sept pouces. il 
a aussi été décrit par Levaillant et figuré à la plan- 
che 155 des Ois. d’Afr. 

ÉCcHENILLEUR oRANGA , ou Turdoïde oranga, Ce- 
blepyris aureus, Temm., pl. 382, 2. De même 
taille que le précédent. Il est d’un bleu pourpré 
en dessus , avec les côtés du cou, les couvertures 
et les rémiges secondaires des ailes bordées du 
blanc le plus pur; un trait blanc passe au dessus 
de l’œil; la poitrine, le ventre et les plumes ana- 
les sont d’un rouge brique foncé; la queuc est éta. 


ÉCHI 


Go22 


ÉCHI 


gée; elle a ses deux pennes externes œillées de 
blanchâtre en dessous. L'Oranga habite dans Pile 
de Timor les montagnes boisées. 

ÉcasmiLeur À ganmizuows , Ceblepyris lobatus , 
Temm. , pl. 279 et 280, Cette espèce très-re- 
marquable, à un large appendice charnu ou pla- 
que dénudée qui couvre la commissure de son bec; 
sa tête, ainsi que la nuque, les côtés et le devant 
du cou, sont d’un beau vert foncé à reflets métal- 
liqués ; la poitrine, le ventre et le croupion, d’un 
roux vif; les couvertures du dessous de la queue 
verdâtres passant au jaune. La longueur est de 
sept pouces deux lignes. L’Echenilleur à barbil- 
lons habite Sierra-Léone ; sa femelle manque du 
caractère auquel il doit son nom. 

EcHENILLEUR À ÉPAULETTES ROUGES, Ceblepyris 
phænicopterus , Is. G. Autre espèce que M. Tem- 
minck a décrite comme un merle sous le nom de 
Turdus phoœænicopterus , et dont la femelle est, d’a- 
près les observations de M. I. Geoffroy, l’EÆchenil- 
leur jaune de Levaillant , Ois. d'Afrique., pl.:164. 
Le mâle de cet Échenilleur a le plumage noir avec 
des reflets violets et bleuâtres ; les ailes ct la queue 
sont d’un noir mat, les pennes bordées de vert 
métallique , et les pelites couvertures des ailes 
d’un rouge vif. La femelle est assez différente , 
mais le jeune mâle offre un mélange de ses cou- 
leurs ainsi que de celles du mâle adulte. Voyez le 
Mém. de M. L. Geoffroy dans le Magasin de zoologie. 

M. Swainson a décrit récemment deux espèces 
d'Échenilleurs propres à la Nouvelle-Hollande. Ce 
sont l'ÉCHENILLEUR À BANDES, Ceblepyris lineatus , 
et l'ÉCHENILLEUR TRICOLORE , Ceblepyris tricolor. 

(GEnv.) 

ECHIDNÉ , Échidna. (wa. ) Ces animaux , voi- 
sins des Ornithorhynques, sont placés à côté d'eaux 
par Cuvier dans la famille des EneNTÉs moxorrk- 
MES (voy. ce mot) et par Blainville dans la sous- 
classe des Monotrèmes où Ornithodelphes , parmi 
lesquels ils forment la famille des Fouisseurs. Les 
Echidnés ont les organes de la génération disposés 
comme les OnnirnoRnyNQUES (voy. ce mot), et vi- 
vent comme eux dans l'Australie, à la Nouvelle 
Hollande et à Van-Diémen. 

Home et Shaw sont les premiers naturalistes 
qui aïent connu ces animaux ; mais ils les ont-con- 
fondus l’un avec les Fourmiliers sous le nom de 
Myrmecophaga aculeata , V'autre avec les Ornitho- 
rhynques sous celui d'Ornithorhynchus aculeatus : 
plus tard G. Guvierreconnut qu’ils devaient former 
an genre distinct, et il leur donna le nom d'E- 
chidné, Echidna, qui rappelle la nature de leurs 
tégumens. Les caractères principaux qui distin- 
guent génériquement les Echidnés sont les smivans: 
tète mince et allongée , terminée par une ‘très-pe- 
tite bouche; narines placées dans ün sillon en 
croissant; langue très-extensible ; mâchoires ‘en- 
tièrement dépourvues de dents; corps ramassé, 
couvert de piquans dont le nombre æt la force va- 
rient suivant l'âge; pieds à cinq doigts, robustes 
et armés d'ongles fouisseurs ; un'ergot aux mem- 
bres postérieurs des mâles ; queue fort courte. 

Nous ne pouvons nous arrêter ici sur le mode 


de génération des Echidnés, non plus que sut 
la place qu'ils doivent occuper dans la série ani- 
male; nous renvoyons les détails sur ces deux 
questions importantes à l’article MonoTrÈue : étu- 
dions seulement quelques particularités du sque- 
lette de ces singuliers êtres. Leur tête est allongée, 
comme nous l’avons dit plus haut, et leur crâne 
très-étroit ; mais le volume apparent de celui-ci 
est considérablement augmenté par l'ossification 
des voûtes temporales ou plutôt de l'aponévrose 
des muscles crotaphytes : ce fait, signalé par M. Lau- 
rent, est un nouveau point de ressemblance en- 
tre les Echidnés et certains reptiles : les membres 
pourraient aussi donner lieu aux mêmes rappro- 
chemens. Contrairement à ce que nous offrent 
tous les mammifères, la surface externe de l’omo- 
plate est concave ; et la partie articulaire du même 
os, au lieu d’être terminée par ane seule facette, se 
renfle de manière à en fournir trois, séparées 
entre elles par des arêtes et destinées à l’articula- 
tion des trois parlies osseuses qui forment la partie 
antérieure de la quille sternale. La première de ces 
pièces est en forme de T ; on peut la comparer à 
la fourchette des oiseaux, elle se compose elle- 
même de trois parties, l’une impaire en forme 
d'Y , les deux autres transversales ; celles-ci sont, 
d’après les déterminations de Cuvier, les vérita- 
bles clavicules, et la partie de l’omoplate qui, après 
avoir concouru à la formation de la fosse humé- 
rale, vient s'appuyer sur la quille sternale, est l’a- 
nalogue de l’apophyse coracoiïde; le manche de 
la pièce en T, et deux pièces qui le flanquent en 
dessus, sont, d’après le même auteur , des os par- 
ticuliers à ces animaux : toutefois on doit dire que 
leurs analogues existent chez les lézards. L'humé- 
rus des Echidnés, disposé pour fouir, a beaucoup 
de rapports avec celui des taupes ; il enest à peu 
près de même de l'avant bras et des pattes. Les 
ongles sont itrès-grands et émoussés , ils emboîtent 
la phalange presque jasqu'à sa tête articulaire. Les. 
membres pelviens ne sont pas moins remarquables: 
il existe à la partie antérieure du pubis de vérita- 
bles os marsupiaax analogues à ceux des Dineupnes 
(voy. ce mot), et letarse, àpeu près disposé comme 
celui des autres mammifères, présente deax ‘os 
surnuméraires dont l'antest articulé avec l’astra- 
gale , et porte, chez les mâles , l'éperon corné qui 
existe à cette partie; l’autre est situé entre l’as- 
tragale et le scaphoïde; les doigts sont ici, comme 
aux membres de devant, au nombre de cinq; leurs 
ongles sont aussi très-puissans. Î1 existe chez les 
Echidnés quinze paires de côtes , et par conséquent 
quinze vertèbres dorsales; les lombaires sont au 
nombre de trois, et les cervicales desept, comme 
chez tous les autres mammifères. Les mâchoires 
sont privées de dents à toutes les époques de la 
vie, et le palais est hérissé de lames cornées beau- 
coup plas dures que chez les oiseaux. Les sens 
n'ont acquis aucun développementextracrdinaire ; 
le goût a son organe considérablement modifié , 
et des narines, qui président à l’odorat, fournissent 
aussi par leur partie extérieure un très-bon instru- 
ment de tact. 


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ÉCHI 


. Les Echidnés appartiennent aux singulières pro- 


ductions de l'Australie, où ils paraissent représen-, 


ter à la fois les Hérissons et les Fourmiliers; Cu- 
vier en a distingué doux espèces ( Æchidna histrix 
et setosus), mais il paraît, d’après les observations 
des voyageurs, qu'il n’en existe réellement qu’une 
seule, M. Lesson propose de lui donner le nom 
d'Echidna australiensis. Get animal, dont la taille 
dépasse beaucoup celle du hérisson, est dans son 
jeune âge pourvu d'un moins grand nombre de 
piquans, c’est alors V Echidna setosus. Plus tard ilen 
est presque entièrement couvert, et c'est l'Æchidna 
histriæ, représenté dans notre Atlas, pl. 142, 
fig. 4. Ses piquans, longs d’un pouce à peu près, 
sont dirigés en arrière ; leur couleur, blanchâtre 
dans les deux premiers tiers, devient noire vers 
l'extrémité. On ignore les habitudes de cet ani- 
mal à l'état sauvage; on sait seulement qu'il vit 
dans des terriers, et qu’il se nourrit d'insectes, 
de fourmis principalement ; pendant la sécheresse 
il setient caché dans sa retraite et n’en sort que 
lors des temps humides. Ses mœurs en capli- 
vité ont été mieux étudiées. Presque tous les na- 
turalistes des expéditions récentes, ceux de l’As- 
trolabe, de la Coquille , de la Favorite, ont pu se 
procurer des Echnidés vivans, et les conserver à 
bord pendant quelque temps ; mais tous les ont per- 
dus avant de revenir en Europe. Voici ceque disent 
MM. Quoy et Gaimard de lindividu qu'ils ont ob- 
servé : « Get animal, dont nous fimes l'acquisition 
à Hobard-town, capitale de la terre de Van-Dié- 
men, vécut à bord de l’Astrolabe. Pendant le pre- 
mier mois il ne prit aucune espèce de nourriture et 
maigrit sensiblement sans paraître en souffrir. Get 
‘animal apathique , stupide , recherche l'obscurité, 
se blottit au grand jour et fuit l'éclat dela lumière; 
il se ramasse en portant la tête entre les jambes , 
mais sans pouvoir se rouler en boule comme le 
hérisson, et il présente, ainsi que lui, de toutes 
parts, une masse de piquans à ses ennemis. Mal- 

ré le peu de mouvement que semble se donner 
TEchidné, il paraît cependant aimer la liberté, 
car il faisait sans cesse des efforts pour sortir de 
la vaste cage dans laquelle nous le tenions enfermé. 
Il fouit avec une rapidité vraiment étonnante ; 
lorsque nous le metlions sur une grande caisse 

leine de terre qui contenait des plantes, en 
moins de deux minutes il parvenait au fond de Ja 
caisse. Son museau, quoique d’une sensibilité très- 
vive, aide dans ce travail ses pieds, qui sont très- 
robustes. Après un mois d’abstinence ïl se mit 
d’abord à lécher, puis à manger un mélange li- 
quide d’eau , de farine et de sucre , dont il con- 
sommait à peu près un demi-verre par jour. Nous 
pensons qu'il serait assez facile de transporter de 
ces animaux en Europe, sur un navire qui s’y 
rendrait directement; d'autant mieux qu'ils de- 
meurent engourdis pour peu que le froid se fasse 
sentir. Notre Echidné mourut après avoir été lavé 
trop fortement... » Les mêmes naturalistes ont 
décrit quelques particularités anatomiques de cet 
animal; nous ne rapporterons ici que ce qu'ils 
ont dit de son ergot: c’est une sorte d’ongle cy- 


623 


ÉCHI 


lindrique , recourbé, pointu, translucide, ayant 


‘dans son intérieur un canal qui s'ouvre près de la 


convexilé de la pointe. Il est enveloppé dans les 
deux üers de sa base parun cône également corné, 
brun, qu'on peut enlever sur l'animal vivant par 
une traction un peu forte. Gelte arme est libre 
dans les chairs , et enveloppée à sa base par un 
tubercule spongieux dans lequel il se cache en 
partie. Son conduit interne paraît être un vrai ca- 
nal, et non point, comme dans la dent venimeuse 
des serpens, un simple repli de paroi. Si cet ap- 
pareil, disent les naturalistes auxquels nous em- 
pruntons ce passage, n’acquiert pas plus de dé- 
veloppement à certaines époques de l’année, au 
temps des amours, par exemple, il faut le consi- 
dérer comme rudimentaire et incapable de léser 
en aucune manière. En effet, dans trois voyages 
que nous avons faits à la Nouvelle-Hollande , nous 
n’avons pas entendu parler d'accident occasioné 
par celte piqüre, et nous-mêmes avons touché, ir- 
rité cet Echidné sans qu’il ait jamais cherché à se 
servir de son arme, pas même lorsque nous exer- 
cions sur elle une assez forte pression. 

M. Lesson a aussi donné sur les mœurs de ces 
animaux des détails intéressans , et M. Eydoux, qui 
a fait une circumnavigalion à bord de {a Favorite, 
prépare avec M. Laurent une description anato- 
mique des Echidnés qu’il ne tardera pas à publier 
dans le Magasin de zoologie de M. Guérin. Son 
ouvrage donnera aussi une bonne figure de l’ani- 
mal adulte. (Gerv.) 

ÉCHIMYS, Æchimys. (mam.) Ces mammifères, 
de l’ordre des Rongeurs , appartiennent à la fa- 
mille des Murins ou Fouisseurs , et se rapprochent 
surtout, par la disposition de leur système den- 
taire, des Campagnols ; le nom d’Æchimys, c’est- 
à-dire rats à piquans , que leur a donné M. Geof- 
froy, rappelle la forme de leurs poils, qui sont durs 
et presque changés en épines, Les Echimys sont 
des Rongeurs de taille moyenne, qui vivent dans 
le nouveau continent; leurs dents sont au nombre 
de vingt, £ incisives et + molaires ; ces dernières 
sont simples , à couronne offrant des lames trans- 
verses réunies deux par deux ou isolées; la tête 
offre un caractère distinctif très-remarquable dans 

"élargissement du trou sous-orbitaire, et dans le 
frontal qui se dilate de chaque côté en continuant 
la crête temporale, pour fournir un plafond à l’or- 
bite. L’occipital, en descendant latéralement vers 
l'oreille, se bifurque de manière à enclaver la 
partie montante de la caisse et du rocher, et à 
former à lui seul les deux tubercules, dont le pos- 
térieur ou mastoïde lui appartient seal ordinaire- 
ment. Les Echimys ont cinq doigts aux membres 
postérieurs, et quatre seulement avec un rudiment 
de pouce aux antérieurs : leur corps: est allongé 
comme celui des rats, et garni ; surtout à ses par- 
ties supérieures, de poils très-durs, courbés «et 
carénés , qui représentent des espèces de piquans; 
celte disposition se retrouve, mais à un moindre 
degré, chez quelques rats ; on sait à quel point elle 
a été exagérée chez plusieurs autres animaux de 
même ordre. La queue est arrondie, tantôt nue, 


———_—_—_—_—_—_—_—_—_—_————————————————————————————————————————_— ae 


ÉCHI 


624 


ÉCHI 


I 


tantôt écailleuse; dans une seule espèce elle est 
couverte de poils; sa longueur varie beaucoup. 
Les Echimys sont des animaux fouisseurs, très- 
distincts de tous les autres par leur distribution 
géographique et leurs caractères; ils se nourrissent 
en partie de fruits et de racines. 

Ecmmys nupré, Echimys cristatus, Desm., re- 
présenté dans notre Atlas, pl. 143, fig. 1. Cet 
animal ressemble au rat par sa taille; aussi Buffon, 
dans let. vin de ses Supplémens, l’a-t-il appelé 
Rat à queue dorée ; son corps est de couleur mar- 
ron tirant sur le pourpre, plus foncé aux côtés de 
la tête et sur le dos ; plus clair au contraire sous 
l'abdomen. Cette couleur s’étend aussi sur la queue 
à une pelite distance de son origine, puis elle 
change au noir vers le milieu et au jaune doré à 
l'extrémité; une longue tache jaune se voit aussi 
sur le front. Cette espèce habite Surinam; élle à 
neuf pouces environ de longueur, sans compren- 
dre la queue, qui mesure un pied. 

Ecuimys DacrTyYzIN, Æchim. dactylinus, Geoff., 
et Iconog., du Règ. an., pl. 24. Il est brun mêlé 
de gris ou de jaunâtre en dessus, avec les flancs 
roussâtres ; ses poils sont raides et secs, mais pas 
précisément épineux ; deux des doigts antérieurs 
sont plus longs que les autres et garnis d’ongles 
presque plats. Le corps a huit pouces, la queue est 
écailleuse et en a près de quatorze. L'Amérique 
méridionale est la patrie de cet Echimys. 

Ecnmvys roux , Æchim. spinosus, Desm., que 
l’on appelle aussi quelquefois Æchimys épineux, ou 
avec d’Azzara Rat épineux; ilest d’un brun obscur, 
mélangé de roussâtre en dessus et d’un blanc sale 
en dessous; les poils de son dos sont entremêlés 
de piquans assez forts , et la queue est plus courte 

ue la moitié du tronc, lequel a sept pouces. 
L'espèce habite l'Amérique méridionale. 

Ecnimys À AIGUILLON, Echim. hispidus, Geoff. 
Cet animal, qui vient des mêmes régions que les 
deux précédens, se distingue par sa queue écail- 
leuse et aussi longue que le corps : celui-ci, qui 
a sept pouces, est d’un brun roux, moins foncé 
inférieurement ; les poils épineux qui le couvrent 
sont raides et très-larges. 

Ecnimys pipecenoine , ÆEchim. didelphoides, 
Geoff., dont la forme générale rappelle celle de 
certains Sarigues , a la queue poilue à sa base dans 
l’étendue d’un pouce seulement, et de la longueur 
du corps, lequel a cinq pouces ct n'offre de poils 
épineux qu’au dos et à la croupe; la couleur est 
brune, un peu plus claire sur les flancs et jaunâtre 
sur le ventre. 

Ecmmvys DE Cayenne, Æchim. cayennensis, 
Geoff. Il est roussâtre passant au brun sur le mi- 
lieu du dos; ses tarses sont très-allongés, ce qui 
lui donne une forme toute particulière. La der- 
nière espèce connue présente aussi cette disposi- 
tion; c'est l'Ecnimvs soyrux, Æchim. setosus, 
Geoff. , dont les poils, plus doux et moins mélangés 
d’épines que chez les autres, sont roussâtres en 
dessus et blanchâtres en dessous, ainsi que sur 
les membres. La patrie de cette dernière espèce 
n’est pas copnue; on sait seulement qu'elle vient 


d'Amérique, mais sans indication de contrée. 
(GErv.) 

ÉCHINIDES, £chinideæ. (£cmin.) Division des 
Radiaires échinodermes, établie par Lamarck dans 
son Histoire des Animaux sans vertèbres , renfer- 
mant toutes les espèces du genre Oursin, vulgai- 
rement Hérissons de mer, et dont voici les carac- 
tères : peau intérieure immobile et solide; corps 
subglobuleux ou déprimé, sans lobes rayonnans , 
non contractile ; anus distinct de la bouche; tu- 
bercules spinifères immobiles ; épines mobiles. 

Cuvier, dans son Règne animal, n’a point con- 
servé le nom d'Echinides ; il a préféré celui d’Our- 
sins. Voyez Ounsix. (F.F:) 

ÉCHINITES. (écrin. ) Genre d’Oursin formé par 
Van-Phelsum, adopté par Leske qui l’a composé 
des Conules de Klein, dont le corps est presque: 
arrondi ou pentagonal , avec des ambulacres dou- 
bles et larges, et dont les espèces peu nombreuses 
sont disséminées dans plusiears genres de la pre- 
mière division des Echinides de Lamarck. 

On a encore donné le nom d’Echinites à beau- 
coup d’oursins fossiles, que l’on trouve, les uns 
entiers , les autres brisés, dans les terrains secon- 
daires, tertiaires ou d’alluvion, mêlés avec les 
Ammonites, les Bélemnites, les Polypiers, etc. 
Ces Echinites constituent quelquefois des masses 
assez considérables, recouvertes de silex , de car- 
bonate de chaux ou silice, etc. , et hérissées des 
piquans qui sont propres à ce genre d'animaux. 

(F. F. 

ECHINOCOQUES, Æchinococcus. (INTEST.) + 
Entozoaires forment dans l’ordre des Vésiculaires 
un genre très-voisin des Acéphalocystes; ils repré- 
sentent des espèces de vésicules doubles ou sim- 
ples qui renferment dans leur intérieur de très- 
petits anirhaux; ceux-ci ont le corps ovalaire et la 
tête armée d’une couronne de crochets ainsi que 
de sucoirs. C’est surtout pour ces derniers carac- 
tères qu'ils diffèrent des Acéphalocistes; on les 
trouve d’ailleurs dans les mêmes parties que ces 
derniers, mais ils sont plus rares et fort peu con- 
nus. Rudolphi en admet trois espèces. Ecnnoco- 
QUE DE L'HOMME, Æchin. hominis, Rud., qui n’a été 
vu qu'unefseule fois par Meckel, qui confia les in- 
dividus qu’il avait recueillis à Goëze sans lui in- 
diquer l’organe dans lequel il les avait trouvés. 

Ecninocoque Du siNGE, Æchin. simiæ., Rud. 
Il vit dans les organes abdominaux et thoraciques 
de plusieurs Quadrumanes , du Magot , de certains 
Macaques, etc. 

EcninocoquE ORDINAIRE, Æchin. veterinorum ; 
Rud. C’est celui que l’on connaît le mieux ; on le 
trouve dans le Cochon, le Bœuf, le Mouton, le 
Chameau ., le Dromadaire, etc. Goëze en a fait un 
tænia et Gmelin une hydatide. (GEnv.) 

ECHINODERMES ou CIRRHODERMAIRES. 
(zooPn.) Ces animaux appartiennent au type des 
Rayonnés ou Actinozoaires , improprement appe- 
lés Zoophytes, parmi lesquels ils forment une 
classe fort distincte et différenciée à l’égard de 
tontes les autres, non par la présence d'épines , 
comme leur ancien nom d'Echinodermes parai- 


trait 


PL. 259 


Genres 


| Astème. 


A COPIE ST à 


Enerme. 


E. d'Europe... 


= 
RL 
S È Oursin 
>) : O. comestible... 
à 
À 
À 
à 
2 
E Holothurie 
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& 7/7 ER Roy AN 
, Ÿ CAT 
E RU N 227727 
2 Molpadie 
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= Ÿ Priapule. 
8 À Pcguete. LILI EN. 
= 
x 
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F  { Lithoderme 
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È Siponcle. 
Ÿ SEE ADI de, ste RER UE / 
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Bonellie . 
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Thalassème 
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Æecrie -Baron 4! 


Echinodermes 


Æ. Cucrir dr 


oo 


ÉCHI 


625 


ÉCHI 


po) 


trait l'indiquer, mais par celle de sucoirs ou cirrhes 
exsertiles, épars sur tout le corps ou disposés en 
séries longitudinales; c’est par la considération 
de ce caractère que M. de Blainville a été conduit 
à remplacer (Cours de 1855, à la fac. des sc.), 
le nom si impropre d’Echinodermes par celui de 
Cirrhodermaires , qui prévandra sans doute. Tous 
les Cirrhodermaires sont marins , et beaucoup plus 
nombreux dans les mers des contrées chaudes que 
dans De de notre latitude ou des latitudes plus 
rapprochées des pôles ; on les connaît sous les noms 
d'Astéries, d'Etoiles de mer, d'Holoturies, etc. 
Ce sont de tous les animaux de leur type les plus 
franchement rayonnés. Etudions avec quelques 
détails leurs différens systèmes d'organes. 

La peau varie assez Chez ces animaux; cepen- 
dant elle est le plus souvent encroûtée de pièces 
calcaires qui lui donnent l'aspect d’un véritable 
test: d’autres fois, comme dans les Holoturies , 
le derme, quoique très-épais, ne présente aucune 
incrustation : on voit au dessous de lui un pigmen- 
tum coloré, mais point de couche vasculaire; 
quant à l’épiderme, il paraît être entièrement nul. 
Mais un caractère qui est commun à tous les Cir- 
rhodermaires, celui qui leur a même fait donner 
ce nom, c’est que de la peau il sort une multitude 
de petits organes très-singuliers, des espèces de 
cirrhes, rangés dans une disposition radiaire et 
que l’on ne peut comparer qu'à de petits tenta- 
cules qui bordent le manteau des mollusques acé- 
phales. Ce sont, en effet, de petits cylindres creux, 
très-extensibles, renflés à leur extrémité en un 
petit disque formant ventouse et contractiles dans 
toutes leurs parties. L’extrémité de ces tentacules 
qui reste dans l'intérieur du corps est vésiculaire, 
et une liqueur yest épanchée, laquelle peut au gré 
de l'animal se porter dans la portion cylindrique 
extérieure qu'elle distend, ou bien rentrer dans 
la première, et alors l’autre s’affaisse. C’est en al- 
longeant ainsi ces petits pieds ou tentacules qu'ils 
ont en grande quantité, que les Girrhodermaires 
exécutent leurs mouvemens progressifs. Geci est 
propre à tous les animaux de cette classe ; mais 
quelques uns ont de plus des sortes de poils ou de 
petites épines distribuées sur toute la surface de 
leur corps ; ils pourraient censerver en propre le 
nom d'Échinodermes. C’est surtout de la considé- 
ration de ces parties, ainsi que de la forme générale 
tantôt allongée, globuleuse, discoïde, étoilée ou 
même arborescente des animaux quinous occupent, 
que l’on a tiré les caractères au moyen desquels 
on les distingue entre eux. Le système nerveux a 
été très-peu étudié, aussi ne peut-il être employé 
dans la caractéristique; il paraît que, c’est surtout 
chez les Cirrhodermaires qu’il présente la disposi- 
tion rayonnée, étant le plus souvent disposé en une 
série de ganglions qui forment un collier autour 
de la bouche. Chez beaucoup d'espèces et même 
de groupes, le système nerveux n’a pas été observé 
d’une manière suflisante. L’organe digestif consti- 
tue tantôt un véritable canal à deux orifices , bou- 
che et anus, tantôt seulement un simple sac à une 
ouverture fonctionnant à la fois comme orifice 


Tome IL. 


d'entrée et de sortie. Dans ce dernier cas l’estomac 
se prolonge quelquefois dans l’intérieur du corps 
par des espèces d’appendices cœæcaux; dans le pre- 
mier, la position des orifices varie, et celui qui 
fonctionne comme bouche offre des pièces calcaires 
très-compliquées auxquelles on a donné le nom de 
dents. 

On ignore encore si tous les Echinodermes pos- 
sèdent l’organe mâle et l’organe femelle ; mais ce 
qui est certain, c’est que leurs ovaires sont très- 
développés,et qu’ils peuvent engendrer sans le se- 
cours d’un autre individu. 

Les Cirrhodermaires jouissent à un haut degré de 
la faculté de reproduire certaines de leurs parties ; 
c’est ainsi que, dans les Astéries, une seule des 
branches qui les composent suflit pour reproduire 
des individus entiers. 

Aristote, Pline et la plupart des anciens auteurs 
ont remarqué les animaux de celte classe; mais ils 
les ont confondus avec les mollusques testacés. 
Rondelet est le premier qui les ait réunis aux Zoo- 
phytes ; Guvier, qui les a laissés parmi ces derniers, 
les partage en deux ordres : les uns, qu'il nomme : 
Pédicellés (ce sont les Holoturies, les Oursins, les 
Astéries), forment le premier ordre; ilssont munis de 
cirrhes et souvent d'épines; les autres, qu’il appelle 
Echinodermes sans pieds (ce sont les Priapules, 
les Siponcles, les Bonellies, etc.), manquent des 
cirrhes caractéristiques de la classe et aussi d’épi- 
nes. M. de Blainville (Man. d’actin. et Dict. sc. 
nat.) reporte ces derniers parmi les vers, et il par- 
tage les vrais Cirrhodermaires (qu’il appelle en- 
core dans l’ouvrage cité Echinodermes ou Echino- 
dermaires ) en trois ordres correspondant aux tois 
genres linnéens Holoturia, Echinus, Asteria, et 
quil nomme Aoloturides, Echinides, Stellérides. 
Revenons sur les caractères de chacun d’eux. 

I. Holoturides, Ges animaux, nommés généra- 
lement Holoturies, sont assez communs dans la 
Méditerranée ; leur corps est plus ou moins allongé, 
quelquefois sub-vermiforme , mou ou flexible et à 
sucoirs très-nombreux; la bouche est antérieure, 
placée au fond d’une sorte d’entonnoir et soutenue 
par un cercle de pièces calcaires ; l’anus s’ouvre à 
l'extrémité postérieure du corps par un véritable 
orifice disposé en cloaque. Les Holoturides se 
partagent en plusieurs genres dont nous parlerons 
ailleurs. Foy. le mot Hororurie. 

IT. Æchinides. Plas connus sous lenom d’Oursins, 
ces Cirrhodermaires présentent à l'observateur les 
phénomènes et les dispositions organiques les plus 
bizarres. Leur corps est ovale ou circulaire, revêtu 
d’un test ou croûle calcaire composé de pièces 
anguleuses , et percé d’une quantité innombrable 
de petits trous, par lesquels passent les pieds 
membraneux ou cirrhes. La surface de cette 
croûte est armée d’épines articulées sur de petits 
tubercules et mobiles au gré de l’animal, dont elles 
forment, avec les pieds situés entre elles, les orga- 
nes locomoteurs ; la bouche est armée ou non ar- 
mée et percée dans ane échancrure du test con- 
stamment inférieure ; l'anus est toujours distinct, 
mais variable dans sa position, et l'intestin fors 


159° LivraIson. 79 


ÉCHI 


656 


OR TO EN 
ÉCHI 


a —————————— ——"————"—_—p—— 


longést ättaché aux parois intérieures du tégument 
solide par un mésentère. 

III. Stellérides. Comprennent les ÆAstéries de 
Linné, plus les Encrines dont ce naturaliste fai- 
sait des Isis et des Pennatules. Ils ont le corps 
généralement déprimé , large , régulièrement dis- 

osé à sa circonférence en angles plus égaux, sou- 
vent allongés en lobes où rayons, ce qui leur 
donne l'aspect des étoiles, dont on leur a même 
imposé le nom. Leur canal intestinal est pourvu 
d’un seul orificé non armé, mais entouré de su- 
çoirs tentaouliformes. Voy. les mots Encre, 
Asrérie , Ounsiw, HoLoTuriE , etc.  (Gerv.) 


ÉCHINOMYIE, Æchinomyia. (ins. ) Genre de 
Diptères, de la famille des Athéricères , tribu des 
Muscides, établi par Duméril sur un démembre- 
ment du genre Tachine de Fabricius, et ayant pour 
caractères propres : antennes, ayant leur second 
article plus long que les autres , terminées par une 
soie nue; épistome non prolongé en manière de 
bec; ailes écartées dans le repos, avec deux cel- 
lules terminales du limbe postérieur fermées par 
une nervure transverse; deux très-grands cuille- 
rons recouvrant les balanciers ; les larves de ce 
genre vivent dans les bouses de vache, leur bouche 
n’est munie que d’un seul crochet , la terminaison 
de leur abdomen est tronquée carrément ; il offre 
un polygone à neuf pans un peu concavyes; au mi- 
lieu on remarque deux mamelons qui sont l’ori- 
gine des stigmates. L’insecte parfait a le corps 
court, ramassé et très-garni de soies raides, lon- 
gues ; les yeux n'occupent dans les deux sexes 
qu'une partie de la tête , la face est un peu con- 
cave. 

E. Géante, Æ. grossa, Fab. Longue de sept 
lignes , assez semblable à un bourdon ; corps noir 
bleu; tête, base des ailes, membrane des crochets, 
les tarses jaunâtres avec les poils noirs; yeux, an- 
tennes et trompe châtain; les pattes sont aussi plus 
claires que le corps; mais la quantité de poils noirs 
dont elles sont couvertes les font paraître de la 
même couleur. Cette espèce n’est pas très-rare aux 
environs de Paris. (A. P.) 


ÉCHINONÉE, Echinoneus. (soovn. ) Ge genre 
d'Echinodermes appartient à l’ordre des Échinides 
ou Oursins (voy. ce mot). On en doit l’établisse- 
ment à Van-Phelsum. Lamarck, Leske, Gold{uss, 
Blainville et Defrance l’ont ensuite adopté : il est 
surtout caractérisé par la disposition de ses lignes 
ambulacraires, qui sont au nombre de cinq et 
composées chacune de deux séries de pores fort 
rapprochés, et formant une pétite gouttières les 
tubercules spinifères sont à peu près égaux et 
régulièrement distribués; la bouche est centrale 
ou subcentrale et sans dents ; l’anus distinct de 
celle-ci et variant un peu dans sa position ; enfin 
les pores gémitaux sont au nombre de quatre. On 
ne comple parmi les Echinonées qu’un petit nom- 
bre d'espèces, les unes vivantes et propres aux 
mers d'Asie ou d'Amérique, et les autres fossiles. 
Ces dernières ont été décrites par M. Goldfuss, 


elles proviennent des couches de la craie. (Gzrv.) | 


ÉCHIN OPHORE, Æchinophora. (nor. PHAN. ) 
Genre de la famille des Ombellifères, Pentandrie 
digynie, L., justifiant assez bien son nom de 
Porte-épine par les pointes qui hérissent son fruit 
ou terminent ses feuilles. Il se compose de deux 
espèces de plantes particulières aux bords de la 
Méditerranée; elles ont pour caractères communs : 
ombelle de cinq à quinze rayons, à collerette de 
trois ou quatre folioles ; ombellule à collerette mo- 
nophylle divisée en six segmens inégaux; fleurs 
marginales de l’ombellule mâles, pédicellées, À 
pétales inégaux, étalés ; fleur centrale femelle, 
sessile, à pétales échancrés; ovaire enfoncé dans 
la base de la corolle ; fruit recouvert par la colle- 
rette partielle et par les pédicelles des fleurs mâles, 
qui deviennent épineux; l’un desdeuxakènes avorte 
souvenk. 

Le type du genre est l’Ecnivornore ÉPINEUSE, 
Echinophora spinosa , L., plante à tige forte, 
haute de trente centimètres, cannelée; ses feuilles, 
presque bipinnées , sont découpées en segmens 
étroits, aigus et spinescens. On trouve cette es- 
pèce le long de nos côtes du sud-ouest et jusqu’à 
Nantes. 

L'autre espèce , Æchinophora tenuifolia, se dis- 
tingue par sa tige un peu plus haute, dure, pleine, 
ramifiée en panicule, et légèrement striée; ses 
feuilles radicales sont très-grandes et trois fois 
ailées. On la trouve sur les côtes de la Pouille.. 

L. 

ÉCHINOPORE, £ chinopora. (porxr.) “ever 
et Sweisger donnent ce nom à un genre de Poly- 
piers pierreux voisin des Astrées, et que quelques 
auteurs confondent avec elles. (Genv.) 

ÉCHINOPSIDÉES, £chinopsideæ. (8or. Han.) 
Groupe établi par le professeur Richard à la suite 
des Garduacées, et composé des genres de cette 
famille qui ont leurs fleurons accompagnés chacun 
d'un involucre particulier, et réunis en capitule 
avec ou sans involucre commun. Tels sont les 
genres Æchinops, Rolandra, Lagasca, et Gunde- 
la. Ils ont pour caractères communs des fleurons 
hermaphrodites réguliers , accompagnés chacnn 
d’un involucelle particulier ; un style dont le som- 
met est renflé et velu ; un fruit couronné par une 
aigrette marginale et fimbriée. 

Le genre Échinope , L., Æchinopes, a servi de 
type à ce petit groupe; cependant, si on détaille 
chacun des organes floraux, on trouvera quelques 
variations entre les plantes que Richard lui associe. 
Ainsi, l mvolucelle parliculier est tantôt tubuleux 
et irrégulièrement divisé en cinq parties, tantôt il 
est formé d’écailles inégales, imbriquées et sou- 
dées. Les fleurons , distincts dans l’Echimope, sont 
soudés par quatre ou cinq dans le Gundelia. Enfin 
le fruit de ce dernier genre est renflé à sa partie 
moyenne, etsimplement cylindracé dansles autres 
genres. 

Cassini n’avait point adopté le groupe de Ri- 
chard; il fait une section à part de l’Echuinops 
sous le nom d’Æchinopsées, et reporte les autres 
genres dans sa tribu des Vernoniées. (L.) 


ÉCHINORHYNQUE, Echinorhynchus. (axr.) 


ÉCHI 


627 


ÉCHI 


00000000 


Les Echinorhynques sont des entozoaires ou vers 
intestinaux, que l’on trouve dans un grand nombre 
d'animaux vertébrés de toutes les classes, ainsi 
que dans plusieurs sortes d'invertébrés , particu- 
lièrement dans les crustacés , les mollusques, etc. 
Les espèces que l’on connaît sont fort nombreu- 
ses; on en cite déjà plus de soixante; aucune 
ne se trouve dans le corps de l’homme. Elles se 
distinguent des autres entozoaires par un prolon- 
gement antérieur , rétractile , garni de crochets et 
que l’on anommétrompe; leur corps est en général 
allongé, quelquefois ridé, ce qui les à fait confon- 
dre avec les Tænias ; toutes se tiennent dans les in- 
testins auxquels elles adhèrent le plus souvent par 
leur trompe : mais dans l'eau, elles ne tardent pas 
à opérer une absorption de liquide qui occasione 
une distension considérable de leurs tégumens ; les 
rides du corps disparaissent alors entièrement et la 
trompe devient beaucoup plus apparente. Etudions 
avec M. Deslongchamp les diverses parties, trompe, 
cou et corps, que l’on distingue généralement dans 
ces animaux. La trompe, qui termine antérieure- 
ment l’Echinorhynque, lui sert à se fixer aux 
membranes sur lesquelles il se trouve, et probable- 
ment aussi à se mouvoir : sa forme varie singuliè- 
rement selon les espèces ; elle:est ovale, oblongue, 
fasiforme, en conque ou bien encore en massue, et 
présente à sa surface externe une multitude de 
petits crochets disposés régulièrement, mais va- 
riant pour le nombre et la grosseur ; le nombre des 
rangs formés par ces crochets peut s'élever de 
trois ou quatre à soixante et plus encore. Lors- 
qu'un Echinorhynque veut se fixer sur un point 
quelconque de l'intestin, il enfonce sa trompe dans 
la membrane muqueuse en la déroulant comme 
un doigt de gant; par ce mécanisme il pénètre 
assez avant, la traverse même quelquefois et peut 
venir tomber dans la cavité abdominale. Lorsqu'il 
veut se détacher, il fait rentrer sa trompe dans son 
cou ou dans son corps, etles crochets, cessant 
d’être dirigés inférieurement, ne le retiennent 
plus. Quand on veut enlever de vive force un 
Echinorhynque adhérent, on ne peut le faire qu’en 
emportant avec lui un morceau de l'intestin ou bien 
en brisant sa trompe. 

Le cou de ces animaux est placé entre le corps 


et la trompe , il manque quelquefois; mais ordi- | 


naïrement il se distingue des deux parties qui l’a- 
voisinent par une rainure plus ou moins prononcée; 
il est toujours inerme, c’est-à-dire sans épine , et 
suit les mouvemens de la trompe. 

Le corps*comprend tout le reste de l'animal , la 
trompe et le cou ayant été mis à part; presque 
toujoars il est ridé, aplati et plus ou moins allongé : 
sa surface est lisse dans la plupart des espèces , 
quelquefois cependant elle est hérissée. Les parties 
internes sont encore mal déterminées , et les in- 
testins n’ont pas été complétement distingués des 
organes générateurs. Les sexes sont portés sur des 
individus différens, et l’on remarque que les Echi- 
norhynques mâles sont plus petits et moins nom- 
breux que les femelles. On ignore comment se fait 
la fécondation; toutefois il est probable qu'il n’y 


a pas d’accouplement réel, mais que la liqueur 
séminale est répandue par le mâle au milieu des 
mucosités intestinales, et que les œufs déposés 
par la femelle sur quelque surface voisine, sont 
fécondés par leur contact avec les mucosités. 

Le genre des Echinorhynques a été adopté par 
presque tous les helmintologistes; Rudolphi la 
partagé en deux groupes distincts : le premier ren- 
fermant les espèces dont le corps et le cou sont 
inermes ; le second, au contraire , celles qui ont 
ces parties armées. Nous citerons seulement : 

L'EcrnonuyNque GÉANT, ÆEch. gigas, Bloch, 
qui à jusqu'à treize et même quinze pouces de 
long, et deux ou trois lignes de diamètre. IL.est 
très-commun dans les intestins des cochons sau- 
vages et domestiques. 

EcninornyNQuE DE LA BALE, Ech. balænæ, 
Zéder , dont le corps long d’un pouce, a près de 
deux lignes dans sa partie la plus large , et repré- 
sente assez bien une massue très-finement anne- 
lée. Il vit dans les intestins du cétacé dont on lui 
a donné le nom, 

EcninoruyNQuEe sTRIÉ, Æch. striatus, Goëze, 
beaucoup plus petit que les précédens. Il se trouve 
dans les hérons, les cygnes, les pygargues, etc. 

ECuINORHYNQUE HOŒERUQUE , Ech. hæruca, Rud, 
On le rencontre dans les intestins de la grenouille 
rousse, 

EcaiNoruyNquE ÉTrotT , Ech. angustatus. Il n’a 
que deux à six lignes de long , son corps est plus 
étroit antérieurement. J1 vit dans les intestins du 
brochet. , 

On doit à M. Zenker la description de deux 
espèces d'Echinorhynques très-remarquables par 
la petitesse de leur taille. Elles vivent aux dépens 
des crevettes d’eau douce, non pas dans la cavité 
des intestins , mais dans le tronc lui-même, et se 
fixent le plus souvent vers le dos ; l’une de ces 
espèces est lÆchinorhynchus miliarius , Zenk. 
(Mém. sur la Crevette, fig. 2), l’autre estl’Æch. dif- 
fluens, du même. (GEnv.) 

ECHINUS. (z001.) Nom latin du Hérisson et 
des Oursins. 

ÉCHIQUIER. (1ns.) Geoffroy a donné ce nom 
à une espèce du genre Hespérie , dans l’ordre des 
Lépidoptères. Ÿ, HesPérie. (GuËr.) 

ÉCHITE, Æchites. (or. Pman.) Genre appar- 
tenant à une famille qui compte dans son sein Ja 
plante favorite de Jean-Jacques, l’arbrisseau qui 
décore les rives poétiques des fleuves dela Grèce, 
et beaucoup d’autres charmans végétaux presque 
tous étrangers à notre climat, mais que nous y 
avons amenés par droit de conquête : c’est la fa- 
mille des Apocynées. Dans le système deLinné, ce 
genre dépend de la Pentandrie monogynie. Il se 
compose d’arbustes volubiles, à feuilles opposées, 
entières , munies à leur base de poils simulant des 
stipules. Les fleurs en sont grandes et éclatantes, 
de’couleur blanche , rose, jaune ou pourpre , sui- 
vant divers modes d'inflorescence , pédonculées , 
formant tantôt des sertules ou ombelles simples , 
tantôt des grappes plus ou moins ramifiées. Le 
calice est court, à cinq divisions profondes et 


ÉCLA 


étroites; la corolle est monopétale , régulière, tu- 
buleuse , infundibuliforme , ou hypocratériforme; 
son limbe est à cinq lobes inéquilatéraux , étroits 
et aigus, ou larges et arrondis. Les étamines, au 
nombre de cinq, sont tantôt incluses, tantôt sail- 
lantes hors de la corolle. Les anthères sont sagit- 
tées , à deux loges ; l’ovaire est double, surmonté 
d’un seul style filiforme, que couronne un stigmate 
discoïde, bilobé; cet ovaire est environné d’un 
disque hypogyne qui se compose de cinq lames 
glan duleuses , redressées. Le fruit est un double 
follicule, très-rarement un follicule simple, al- 
longé, très-gréle et quelquefois filiforme. Les 
graines ont une sorle d’aigrette à leur extrémité 
inférieure. 

Ce genre renferme un grand nombre d’espèces 
originaires de l’Amérique ou de l'Inde. Nous n’en 
mentionnerons que deux : 

Ecuite À DEUX FLEURS, Æchites biflora, Jacq, 
Am. t. 21. Arbuste sarmenteux de l'Amérique 
méridionale et des Antilles, qui s'élève , en se rou- 
lant cn spirale autour des arbres voisins, à cinq 
ou sept mètres. De toutes ses parties découlent, 
quand on les presse , un suc âcre , laiteux et blan- 
châtre, ce qui lui est commun avec toutes ses con- 
génères. Ses feuilles sont courtement pétiolées, 
oblongues, aiguës, coriaces, glabres en dessus, 
glauques à leur surface inférieure. Ses fleurs sont 
blanches, très-grandes, et au nombre de une à 
trois sur un pédoncule axillaire ; la corolle est in- 
fundibuliforme, à cinq lobes très-larges; les an- 
thères sont velues à leur sommet; les fruits, longs 
de huit à dix centiraètres , sont dressés et de la 
grosseur d’une plume. 

EcuTe À convmse, Æchites corymbosa, Jacq. 
Am., t. 30. Belle plante de Saint-Domingue, sar- 
menteuse, grimpante , à feuilles ovales, lancéo- 
lées, à fleurs rouges , dont la corolle est presque 
rotacée , à cinq divisions étroites, aiguës et réflé- 
chies, et dont les étamines sont saillantes au dessus 
de la corolle. 

Kunth en a décrit dix-sept espèces, presque 
toutes nouvelles, et en a figuré une, l’Eclutes 
bogotensis. (CG. Ë.) 

ÉCLAIR. (Pnys.) L'Eclair est l’étincelle vive et 
subile qui sillonne les nuages pendant les temps 
d’orage, qui précède toujours le bruit du tonnerre, 
et qui n’est, selon les uns, qu’une modification 
de l'électricité, selon d’autres, qu’un effet de la 
forte compression de l'air par l'explosion électri- 
que, ou bien encore le résultat de l’union des 

deux électricités opposées. 

Le feu électrique ressemble tout-à-fait à celui 
qui se dégage pendant les combinaisons chimiques, 
et il jouit, ainsi que ce dernier, de la propriété 
d’enflammer l'hydrogène, l’éther et tous les corps 
combustibles. Sa force et son état sont en raison 
directe de la quantité d'électricité produite et de 
la sécheresse de l’air atmosphérique ; sa couleur, 
qui varie beaucoup, est ordinairement violâtre ; 
son odeur, celle de l'ail ou du phosphore; et la 
sensation qu’on en éprouve sur la peau a été com- 


628 


ÉCLI 


parée à celle que causerait le contact d’une toile 
d’araignée,. 

Beaucoup de personnes ont encore l'habitude 
de se signer toutes les fois qu’un éclair brille dans 
l’espace, et cela dans la confiance où elles sont 
qu'un tel acte de dévotion les préservera du dan- 
ger du tonnerre. Nous, qui respectons toutes les 
croyances religieuses , et qui cependant ne devons 
pas taire la vérité, nous dirons que, loin de se 
recommander ainsi à la Divinité, on la remercie, 
sans s’en douter, d'avoir échappé au danger que 
l’on vient de courir. En effet, pendant les orages, 
ce n’est pas le bruit du tonnerre qui peutincendier 
nous Qu nos maisons, c’est au contraire l'éclair 
lui-même qui est la foudre proprement dite , et cet 
éclair, nous ne pouvons le prévoir, tant sa forma- 
tion et son passage sont subits. (EEL) 

ECLAIR. (mozz.) Nom vulgaire donné à l’Ano- 
mie pelure d’ognon, par les marins de La Ro- 
chelle, parce qu’elle est phosphorescente la nuit. 
Voy. Anomies. (Guér.) 

ECLAIRE , ECLAIRETTE, ou PETITE ÉCLAIRE, 
Noms vulgaires du Chelidonium majus , et du Æa- 
nunculus ficaria. Voy. Gnézipoine et RENONCULE. 

(GuËr.) 

ECLIPSES. (asrrow.) Il y a deux genres 
d’'Eclipses; les Eclipses solaires et les Eclipses lu- 
naires. Pour bien faire comprendre aux lecteurs 
les causes de ces phénomènes remarquables, il est 
nécessaire que nous lui indiquions la marche de 
la lune autour de la terre , et les différentes posi- 
tions qu’elle occupe par rapport à la terre et au 
soleil. 

La lune est un satellite de la terre, qui suit 
notre planète dans sa marche autour du soleil; 
elle décrit une orbite à peu près circulaire : elle 
met 27 jours 7 heures 43 minutes et 11 secondes 
à accomplir d’occident en orient sa révolution 
autour de la terre par rapport aux points équi- 
noxiaux ; mais par rapport aa soleil, qui pendant 
la marche de la lune paraît s’avancer lui-même 
dans la même direction, elle emploie 29 jours 
12 heures 44 minutes 3 secondes, à parcourir la 
circonférence entière du ciel, en y ajoutant la 
distance parcourue en apparence par le soleil et 
en réalité par la terre. C’est là ce qu’on appelle la 
révolution synodique de la lune, et ce qui forme le 
mois lunaire. On est convenu de regarder comme 
le point de départ de la lune le moment où elle se 
trouve entre la terre et le soleil : ce point où la 
lune n’a point celte lumière argentée dont elle est 
douée dans d’autres positions, se nomme la con- 
jonction. Le point opposé à celui que nous venons 
de décrire, et où par conséquent tout le disque 
est éclairé, puisque dans cette position la terre se 
trouve entre la lune et le soleil, a recu aussi un 
nom particulier; on dit que, dans cette situation, 
la lune est en opposition. Ainsi donc voilà deux 
points fort importans bien déterminés dans l'esprit 
de nos lecteurs : dans la première position , lors- 


-que la lune est en conjonction, ou en d’autres 


termes qu'il y a nouvelle lune, obscurité complète 
pour nous, puisque Je soleil n’éclaire que la partie 


ÉCLI 


629 


ÉCON 


dela lune quine nous regarde pas: dans la seconde 
position , lorsque la lune est en opposition, ou en 
d’autres termes qu’il y a pleine lune , disque bril-… 
lant et lumineux, puisque le soleil dans cette si- 
tuation éclaire entièrement la partie de la lune 
qui est tournée vers nous. 

C’est justement lorsque la lune se trouve dans 
ces deux positions qu’il y a pour nous Eclipses de 
lune ou de soleil. Ici une objection se présentera 
à l'esprit de nos lecteurs : ils se demanderont 
comment il n’y a pas toujours Eclipse de soleil lors- 
que la lune est en conjonction , puisque dans cette 
position, elle se trouve entre la terre et le soleil, 
et comment il n’y a pas toujours Eclipse de lune 
lorsque la lune est en opposition, puisque, dans cette 
position la terre se trouve entre la lune et le soleil: 
nous aurions ainsi tous les quinze jours ou Eclipse 
de lune ou Eclipse de soleil. Mais cette petite diffi- 
culté sera bientôt levée lorsqu'on saura que le plan 
dans lequel la lune décrit son orbite autour de la 
terre n’est pas le même que le plan dans lequel 
la terre décrit son orbite autour du soleil; l’incli- 
maison du plan orbitaire de la lune sur le plan de 
l’écliptique étant de 5° 8' 48’, la lune, lorsqu’elle 
est en conjonction, ne peut pas toujours ss trou- 
ver sur Ja ligne qui joint les centres de la terre et 
du soleil; mais elle se trouve un peu au dessus, 
un peu au dessous, ce qui ne peut empêcher 
que nous ne voyons le disque du soleil : la 
même raison exisle pour qu'il n’y ait pas toujours 
Eclipse de lune, lorsque cet astre est en opposition : 
la condition sine qu& non, pour qu’il y ait Eclipse, 
est donc que la lune se trouve au moment de la 
conjonction ou de l'opposition sur la ligne d’in- 
tersection des deux plans dans lesquels sont tracés 
les orbites décrites par la terre dans sa marche au- 
tour du soleil, par la lune dans sa marche autour 
de la terre : les points occupés alors sur cette ligne 
par la lune se nomment les nœuds. 

Je viens de dire que, pour qu'il y eût Eclipse 
de lune , il fallait que la lune fût placée au point 
que l’on nomme nœud, lorsqu'elle est en opposi- 
dion : ceci est vrai toutes les fois qu’il s’agit d’une 
Eclipse totale; mais il n’y a pas que des Eclipses 
totales , il y a aussi des Eclipses partielles , et ces 
Eclipses partielles ont licu lorsque la lune s’ap- 
proche suffisamment des nœuds : en effet la lune 
peut, après avoir traversé le pénombre, avoir 
une partie d'elle-même engagée dans l'ombre de 
Ja terre, et par conséquent éclipsée. 

Les Eclipses solaires sont ou totales ou partiel- 
les, ou annulaires : les Eclipses totales ont lieu 
lorsque le disque du soleil est entièrement obs- 
-curci par la superposition du disque de la lune; 
dans ce cas, l'obscurité est complète à un tel 
point que l’on peut voir briller les étoiles à midi : 
elles sont fort rares. Les Eclipses partielles ont 
lieu lorsque la lune n’occulte qu’une partie du 
disque solaire ; enfin lorsque la lune est centrale- 
ment superposée au soleil, et que sa distance à la 
terre est telle que son diamètre angulaire est 
moindre que celui de cet astre, on voit alors le 
phénomène si singulier d'une Eclipse annulaire ; 


dans cette position, les bords du soleil forment 
pendant quelques instans autour du disque obscur 
de la lune un anneau brillant de lumière et de 
clarté. 

Les observations d'Eclipses sont d’une grande 
utilité en géographie pour déterminer la position 
des différens lieux terrestres; on s’en sert avec 
fruit pour fixer Les longitudes. Elles offrent aussi 
une grande source d'intérêt et d'instruction sous 
le point de vue physique. Ainsi les Eclipses nous 
prouvent que la lune est un corps opaque, terminé 
par une surface réelle et bien tranchée qui inter- 
cepte la lumière comme ferait la surface d’un so- 
lide. Elles nous indiquent encore que, lorsque la 
lune échappe à nos regards, elle n’en existe pas 
moins pour cela, et poursuit toujours Sa Course en 
obéissant à de certaines lois imvariables ; elles nous 
font connaître que lorsque nous ne voyons qu’un 
léger filet argenté, le reste du disque lunaire 


existe dans son entier, mais se trouve dans l'ombre. 


Nos lecteurs concevront sans peine toute la 
terreur qu’un pareil phénomène doit inspirer aux 
peuples qui ne savent à quoi attribuer la dispari- 
tion subite de l’astre qui nous éclaire ; ils doivent 
voir nécessairement dans une Eclipse de soleil 
quelque chose de surnaturel et de terrible, tandis 
qu’en réalité il n'y a dans ce phénomène rien que 
de très-simple ; car ce n’est autre chose que l'effet 
produit par la main placée devant la bougie qui 
éclaire un salon. (Cr 1000 

ECOBULE. (8or. pHax.) On donne ce nom à 
l’Aira cespitosa, L., dans les départemens de 
l'Ouest de la France; cette plante est employée 
pour fixer les dunes. (Gu£r.) 

ECONOME. (ma. ) Espèce du genre GamPAGxor. 
V. ce mot. (GuËr.) 

ECONOMIE RURALE. Ainsi que l’exprime l’éty- 
mologie grecque de ce mot, l'Economie rurale est 
la loi de lamaison , ou l’art d'exploiter un domaine 
rural de manière à lui faire produire le plus de 
revenu net qu’il puisse donner sans épuiser le sol, 
sans viser à la quantité aux dépens de la qualité. 
C’est, en un mot, le résultat de la théorie et de 
la pratique étroitement unies; c’est l'application 
de la science à tout ce qui est du ressort de Ja 
maison ou du ménage des champs. L’Economie 
rurale exige de celui qui s’y livre beaucoup d’in- 
telligence, et par-dessus tout un sens très-juste, 
pour donner à son administration la direction con- 
venable à chacune de ses nombreuses parties, 
pour améliorer ses outils, ses procédés, pour va- 
rier ses produits selon que les besoins du moment 
le commandent , selon que les chances de la vente 
sont favorables , selon que les caprices de la vogue 
les sollicitent, mais toujours en ayant soin de 
calculer l'avenir, afin de ne point laisser de lacunes 
dans le service intérieur ni dans le profit. Il lui 
faut avoir l'œil à tout et partout, saisir ce qui 
est avantageux, éviter on cesser ce qui devient 
onéreux : c'est faute de s’être exactement rendu 
compte de toutes leurs opérations, que des culti- 
vateurs se sont ruinés en se berçant d'illusions, 
et en révant une fortune fallacieuse, Acquérez ce 


ÉCOR 


630 


ÉCOR 


qui vous manque, défaites-vous du superflu , ne’ 
cédéz point aux séductions du luxe, visez sans 
cesse à produire du bon, logez convenablement , 
payez exactement et sans lésine ceux que vous 
employez , ne vous créez point de besoins factices; 
économisez pour assurer un avenir à votre vieil- 
lesse et à votre famille , pour donner d’utiles con- 
naissances à vos enfans, pour faire pénétrer lins- 
truction parmi les individus que vous prenez pour 
aides : la maison rurale doït respirer une douce 
aisance, et être l’asile du bon emploi da temps, 
des vertus civiques et privées, de la bonne foi, 
de l’ordre , de l'honneur , de l’économie bien én- 
tendue , de la franchise et de cette union que l’on 
ést convenu d'appeler patriarcale. L'agriculture 
est alors réellement la source de la véritable pros- 
périté des états, et du bien-être des familles. 
(008.7 

" ÉCORCE, Cortex. (nor. pan.) Les plantes 
acotylédonées et les monocotylédonées n’ont point 
d'Ecorce ; parmi les végétaux hydrophytes ou ma- 
rins , les Fucacées sont les seules qui présentent 
visiblement cet organe, quoique chez plusieurs 
son peu d'épaisseur, la petitesse des tiges et des 
rameaux le rendent insensible à l'œil inexpéri- 
menté. D’un autre côté, les caractères sont diffé- 
rens et dépendent du milieu dans lequel les plantes 
vivent. Chez celles qui habitent les eaux, ayant une 
organisation à part, l’Ecorce des Fucactées a une 
organisation également sui generis, dont il sera 
question quand nous parlerons d’elles (v. au mot 
Fucacé£es). La véritable Ecorce, l'Ecorce propre- 
ment dite, appartient aux seules plantes dicot ylé- 
donées qui sont munies d’un tronc ligneux. Exa- 
minons-la très-attentivement : c’est un organe 
essentiel à leur constitution. 


L’Ecorce est composée de plusieurs parties su 
perposces que l’on désigne par des noms particu- 
liers : la cuticule que d’autres appellent impropre- 

[ Ë 
ment épiderme, l'enveloppe herbäcée, les cou- 
ches corticales qui sont véritablement l'Ecorce et 
le Liber. 


1° La cuüuticule est cette membrane trèsmince, 
lisse et quelquefois colorée qui recouvre extérieu- 
rement toutes les parties des végétaux, depuis et ÿ 
compris la racine jusqu’à la dernière production 
de la ramille la plus faible; elle les défend du 
contact immédiat de l'air, entretient chez elles 
ure douce fraîcheur, et, quoique susceptible de 
supporter une’très-forte dilatation sans se rompre, 
on l’enlève assez facilement. Quand l'arbre est 
avancé en âge, elle se déchire, se crevasse , de- 
vient raboteuse ; élle se détache chaque année par 
feuillets plas où moins larges , plus ou moins en- 
roulés sur les Bouleaux, les Platanes, et se régé- 
nère promptément. 


2° L’enveloppe herbacée a beaucoup d’analogie 
avec la Moszre (v. ce mot), dans son organisation 
et les fonctions qu’elle est appelée à remplir. Ma- 
lière résineuse, humide, succulente, molle, 
spongieuse, verte chez presque tous les végétaux, 
elle prend un très-grand, un rapide développe- 


ment dans quelques uns sous le nom de Lréce 
(v. ce mot), et est le foyer de la décomposition 
du gaz acide carbonique absorbé dans l'atmosphère 
par lés extrémités aériennes de la plante. Le car- 
bone va de ce foyer pénétrant à l’intérieur , tan- 
dis que l'oxygène, mis à nu, est rejeté à l’exté- 
rieur. 

3° Après l’enveloppe herbacée viennent les 
couches corticales. Elles sont composées de mail- 
les aïlongées, superposées les unes aux autres ; les 
plus extérieures se montrent courtes, très-ouvertes, 
tandis que les plus intérieures sont longues «et ser- 
rées; elles forment un étui fibreux, n’ayant qu’une 
seule couche sur les tiges de l’année , mais dont le 
nombre augmente à mesure que l’arbre avance en 
âge. Les couches corticales ont pour fonctions es- 
sentielles d'élaborer la substance gélatineuse, qui 
n’est autre que la substance organisatrice ; elles se 
fendent , se criblent de gercures, de crevasses, 
de rugosités, et deviennent l’asile d’une foule de 
cryptogames et d'insectes. 

4° Par - delà les réseaux fibreux des couches 
corticales est le Lirer (v. ce mot), qui se change 
en boïs et est appelé à augmenter la masse du corps 
ligneux, au moyen d’un suc viscoso-gélatineux 
connu sous le nom de Gamgrum (v. ce mot). 

Comme on le voit, l'Ecorce est, pour la végéta- 
tion, la partie la plus importante des plantes, 
puisqu'elle contient éminemment touslesprincipes 
nécessaires à l’entretien de leur existence, puis- 
qu’elle renferme les élémens reproducteurs, puis- 
que c’est par elle que se ‘ferment les plaies faites 
aax arbres, que les boutures prennent des racines, 
dont la production est favorisée par les nœuds qui 
s’y trouvent. C’est encore dans les vaisseaux de 
l'Ecorce que les sucs s’élaborent et que s’opérent 
les sécrétions. 

Voulez-vous des arbres d’une belle venue ? 
donnez quelque attention à leur Ecorce , les acci- 
dens qui leur arrivent proviennent en grande partie 
de ceux que souffre l'Ecorce. Une transpiration 
trop abondante épuise Ja séve et rend les arbres 
languissans ; tandis que son défaut épaissit les 
liquides, et mot cbstacle à leur libre circulation. 
Pour prévenir cesinconvéniens, enveloppezletronc 
de vos arbres avec de la paille à l'exposition du 
midi durantles grandes chaleurs, et au nord lorsque: 
soufflent les noirs frimas ; enlevez les mousses, les 
lichens qui couvrent l'Ecorce, les nids d'insectes 
qui sont cachés dans ses crevasses où puliulént leurs 
nombreuses familles dévastatrices; choïsisez pour 
ce travail le moment où la séve se met en mouve- 
ment. 

Dans les usages économiques l’Ecorce joue un 
rôle remarquable. Celles du Chêne, Quercus robur, 
du Redoul, Coriaria myrtifolia, de deux espèces 
de Sumac, Æhus coriaria et cotinus , fournissent le 
tan si nécessaire pour donner au cuir de la sou- 
plesse , l'empêcher de se corrompre, pour l’affer- 
mir, le rendre imperméable à l’eau et le disposer 
à se prêter aux formes différentes que l’industrie 
véut lui imprimer. L'Ecorce du Mûrier, Morus: 


‘alba, donne des fils soyeux, très-beaux, que je 


ÉCOR 


631 


ÉCOR 


ferai connaître plus amplement en parlant de cet 
arbre, et je dirai ce qu'il faut faire pour en tirer 
un paaji convenable ( v. au mot Murer ). L’Ecorce 
du Tilleul, Tilia europæa, présente dans ses fibres 


un moyen de plus d’avoir des cordages excellens 


et de toutes les forces ; celle du Bouleau à canots, 
Bétula nigra, sert dans le nord de l'Amérique à 
fabriquer des pirogues légères, que l'eau ne peut 
pénétrer ni attaquer; celle du Genêt d'Espagne, 
Spariium junceum, sert à faire des toiles, des 
étoffes. On retire du papier des Ecorces du Fu- 
sain, Evonymus europæus , du Coudrier de Con- 
stantinople , Corylus colurna, du Broussonnétie , 
Broussonnetia papyrifera, et de plusieurs autres 
arbustes. L’Ecorce du Bois à dentelle, Zagetta lin- 
tearia, est composée de différentes couches que 
lon prendrait pour un ouvrage fait à l'aiguille, 
tant elles offrent de régularité dans leurs mailles, 
dans leur dessin ; on en fait à Manille et aux An- 
tilles des manchettes, des fichus, des garnitures 
de robes, de bonnets, etc. Le liége est produit par 
une espèce de Chêne qui habite nos départemens 
du midi et toutes les contrées méridionales de 
l’Europe, Quercus suber. C’est de l’Ecorce des Sa- 
pins, des Pins, des Mélèzes, du Lentisque que dé- 
coulent la poix, la térébenthine, le mastic, etc.; 
d’autres fournissent des gommes, des résines, 
le stirax, le benjoin, l’encens, la sandaraque, etc. ; 
d’autres des aromates, des parfums, et surtout 
de grandes ressources à l’art de guérir, telles sont 
les Ecorces du Quinquina, Cinchona officinalis, 
du Saule, Salix alba, du Sureau, Sambucus ni- 
gra, etc. ; les unes assaisonnent et parfument nos 
alimens, telles sont la cannelle, le sassafras ; les 
autres, en assez grand nombre, ajoutent à nos 
richesses tinctoriales. 

L'absence ou la présence de l’Ecorce sur les 
arbres que l’on veut employer comme bois de 
construction, n’est pas indifférente à la qualité 
des poutres et chevrons qu'ils auront à fournir. 
Vitruve aux premiers âges de l'ère vulgaire, et 
John Evelyn à la fin du dix-septième siècle, annon- 
cèrent que les gros arbres privés de leur Ecorce, 

uand ils demeuraient sur pied et durant la révo- 
lution de la séve, acquéraient plus de force, de 
dureté et une plus longue durée. Cette découverte 
importante frappa Buffon , il entreprit de la véri- 
fier par une suite d'expériences, de la mettre dans 
tout son jour et d’en rendre les avantages tellement 
irrésistibles qu'on devrait désormais l’adopter. De 
Malesherbes et surtout Varennes de Fenilles ont 
non seulement augmenté la masse des faits à 
l'appui de cette pratique, mais ils l'ont encore 
éclairée d’une foule d'observations du plus haut 
intérêt. (V. ce que j'ai dit plus haut, pag. Ago et 
491, au mot DÉcorricarion.) 

J’ajoutcrai que l’écorcement est nuisible à la 
production des jeunes souches dans les taillis; 
elles cessent tout à coup de végéter ou du moins 
pour le plus grand nombre elles donnent: dès lors 
tous les signes d’une langueur désespérante ; mais 
il en est autrement des futaies ; on peut, on doit 
écorcer les baliveaux et Les arbres dits de service. 


Plus un arbre est vieux lorsqu'on l’abat, moins sa 
souche épuisée peut produire; ainsi, soitque l’on 
écorce ou non, les souches des arbres de service 
fourniront peu, lorsqu'on aura attendu le temps 
de la vieillesse de ces arbres pour les abattre. À 
l'égard des troncs de moyen âge, qui laissent or- 
dinairement à leur souche ja force de reproduire, 
la décortication ne la détruit pas, pourvu qu'ils 
puissent jouir de l'influence de l'air, si nécessaire 
pour leur accroissement, 

Une attention qu'il faut avoir, c’est d’attendre 
pour cette opération le temps de la plus grande 
séve ; les canaux étant plus ouverts, la force de 
succion plus puissante, les liqueurs coulent plus 
aisément, circulent plus librement , et par consé- 
quent les tuyaux capillaires conservent plus long- 
temps leur besoin d’attraction. Il y a donc avan- 
tage pour le végétal ; celui du cultivateur est aussi 
certain. L’écorcement fait à celte époque est ra- 
pide : un seul homme peul en moins de deux heures 
enlever de haut en bas toute l'Ecorce d’un grand 
arbre ; en tout autre temps, l'opération est lon- 
gue, difficile et d’un résultat médiocre, 

Dans le langage vulgaire on s’est servi fort long- 
temps du mot Ecorce pour désigner certains ar- 
bres ou l'emploi que l’on en faisait, Ces mots sont 
demeurés dans la pharmaceutique, dans le com- 
merce, dans les narrations des voyageurs ; il est 
donc bon de connaître les principales de ces déno- 
minations,. 

Ecorce cARYOCOSTINE, c’est la même que celle 
de la cannelle blanche. 

Econce »'ANGEzuINà. Arbre indéterminé des An- 
tilles, où l’Ecorce est employée avec succès comme 
excellent vermifuge. 

Econce »’AnausrurA. Nom communément donné 
à l'Ecorce du Cusparé (v. ce mot), et au Brucera 
antidysenterica de la Floride, ainsi qu’au Strych- 
nos colubrina. 

Econce DE crrorLe. La cannelle giroflée. 

Ecorce DE Lavora, fournie par la Badiane anis 
étoilé, {llicium anisatum. 

Ecorce pe Macecax. Nom donné par le voya- 
geur Winter, en 1979, à la même Ecorce que 
l'Ecluse a depuis appelée de son nom, et que l’on 
ne connaît bien que depuis 1768. 

Econce DE Massoy. L'arbre qui la porte n’est 
point encore connu; l’on sait seulement qu’il existe 
dans la Nouvelle-Guinée, et que son Ecorce a un 
peu l’aromate de la cannelle. Les naturels du pays 
s’en servent, broyée et réduite enpâte , pour s’a- 
briter la peau contre le froid et la pluie. 

Ecorce DE Pogcer£ga. Vogel et Murrai parlent 
de cette Ecorce comme provenant d'Amérique et 
propre à arrêter les dysenteries, les flax hépati- 
ques, etc. On la connaît depuis 1758, et cependant 
on ne sait encore à quelle espèce d’arbre on doit 
la rapporter. 

Ecorce pe Winter. Provient de la Drymide 
aromatique, Drymis, Wintert, arbre des côtes 
Magellaniques , qui sont situées entre le 36° et le 
49° degré de latitude méridionale. Gette Ecorce 
a long-temps été confondue avec la cannelle blan : 


PRE EE RP EG SE D 


ÉCOS 


632 


| ÉCOS 


qe 


che; on a depuis reconnu leurs différences. L'E- 
corce de Winter nous arrive en fragmens roulés, 
quelquefois aplatis, plus ou moins compactes, 
ridés, d’un jaune rouge en dessus, moins colorés 
en dessous. Son odeur aromatique est analogue à 
celle du girofle ; sa saveur est, comme celle des 
baies , piquante et brûlante ; elle est éminemment 
antiscorbutique ; mais on la remplace avec avan- 
tage en recourant au suc exprimé de la Fumeterre, 
Fumaria officinalis , de la Roquette sauvage, Bras- 
sica erucastrum, du Pétasite, Tussilago petasi- 
tes, etc. (/. au mot Drymer.) 

Ecorce nu Pérou. C’est le nom primitivement 
donné à toutes les Ecorces des diverses espèces de 
Quinouixa, Cinchona. F. ce mot. 

Ecorce ÉLEUTRÉRIENNE. Certains botanistes dé- 
signent sous ce nom la Cascarille, Croton casca- 
rilla, qui nous vient de la Jamaïque, et dont l’E- 
corce aromatique répand, lorsqu'on la brûle, une 
odeur agréable, et que la médecine emploie comme 
fébrifuge. D’autres l’attribuent à une secondeespèce 
du même genre à laquelle Swartz et Wildenow 
ont donné le surnom de Croton eleutheria. 

Econce sans PAREILLE. Un des noms imposés par 
l'enthousiasme à la Drymide aromatique, Drymis 
JV interi. 

Chez les marchands de coquilles on trouve, sous 
le nom d’'Ecorce DE cirRoN, une espèce du genre 
Cône, le Conus citreus ; et, sous celui d'Ecorce 
D’oRANGE, une autre espèce, le Conus aurantiacus. 

, (T. ». B.) 

* ÉCORCHÉ. (mozr.) Les marchands donnent ce 
pom au Conus striatus. 

ÉCORCHEUR. (ors.) Nom d’une espèce du 
genre PIE-GRIÈCHE. V. ce mot. 

ÉCOSSE. (atocr. ruys.) L'Écosse, avec l’An- 
gleterre proprement dite et l'Irlande , compose ce 
qu’on appelle le Royaume-Uni de la Grande-Bre- 
tagne : elle s'étend du 4° au 9° degré de longitude 
occidentale du méridien de Paris, et du 55° au 
59° degré de latitude. Sa surface est montagneuse, 
et c’est dans son sein que prennent naissance les 
petites chaînes de montagnes qui parcourent le 
Royaume-Uni ; ainsi le chaînon septentrional s’é- 
tend au nord du canal calédonien dans les com- 
tés d’Inverness , de Ross, de Sutherland, ete. Son 
point culminant est le mont Vevis, haut de 582 
Loises , dans le comté de Ross : le chaînon des Gram- 
pians s'étend entre le canal calédonien, ja Clyde 
et le Forth: son point culminant, haut de 682 
toises, le Bein Nevis, est situé dans le comté d’In- 
verness: enfin les monts Cheviots séparent l’An- 
gleterre de l'Écosse , et étendent divers rameaux 
sur l’un et l’autre de ces pays. 

Lesprincipales rivières de l'Écosse sontle Twed, 
dont le cours inférieur sert de limite entre l’An- 
gleterre el l'Écosse; le Forth, qui donne son nom 
au golfe où il vient se jeter dans la mer du Nord ; 
le T'ay, qui traverse le lac de May et vient se jeter 
dans le lac du Tay; et la Clyde, qi se jette dans 
la mer d'Irlande après avoir arrosé l’industrielle 
Glascow. 


Nous renvoyons nos lecteurs à l’article ILrs Brr- 
TANNIQUES pour plus amples renseignemens. (C. J.) 
: ÉCOSSÉ (nouveze). (Géocr. Pays.) Cefte pres- 
qu’île de la Nouvelle-Bretagne, dans l'Amérique 
septentrionale, est située entre 45 degrés 50 minu- 
tes et 45 degrés 54 minutes de latitude au nord de 
l'équateur, et entre 63 degrés 10 minutes ct 68 
degrés 50 minutes à l’ouest du méridien de Paris. 
Elle est bornée au nord-ouest par la baie de Fundy 
et par le Nouveau-Brunswick, auquel elle est unie 
par un isthme de 7 lieues de largeur; au nord 
elle est baignéc par les eaux du détroit de Nor- 
thumberland qui la sépare de l’île du Prince 
Édouard , au nord-est par le détroit de’ Canseau , 
qui la sépare de l'ile du cap Breton, et sur ses 
autres points par l'océan Atlantique. Sa longueur 
du sud-ouest au nord est est de plus de 90 à 100 
lieues, et sa largeur de 10 à 55. Sa superficie est 
de 1820 lieues. 

De tous côtés elle est profondément découpée 
par un grand nombre de golfes et de baies, Sa par- 
tie septentrionale est couverte de montagnes assez 
élevées ; au sud il n’y a que des collines; près 
des côtes le sol est sablonneux et aride, et dans 
l'intérieur argileux et fertile. 

La constitution géoznostique de cette péninsule 
annonce partout des terrains appartenant à l'épo- 
que secondaire. On y trouve du cuivre, du fer, 
de la houille, du gypse et du calcaire servant de 
pierre de taille. 

Ses rivières ne sont pas d'une grande étendue, 
mais elles sont assez profondes pour que les navi- 
res puissent généralement les remonter pendant 
l’espace de 10 lieues, Les principales sont lAnna- 
polis, le Liverpool, le Pigaquid et le Shubenaca- 
die, qui sort d’un lac du même nom qui a 7 lieues 
de longueur: c’est un des plus considérables de la 
contrée. 

Cette presqu'ile est exposée à des marées d’une 
hauteur prodigieuse : elles varient de 24 à 6o et 
même 70 pieds. Son aspect est généralement âpre 
et sévère ; cependant elle renferme quelques co- 
teaux rians et fertiles, principalement autour de 
la baie de Fundy et sur le bord des rivières qui 
s’y jettent. Lorsqu'elle commença à être colonisée , 
elle n’offrait qu'un sol marécageux et humide, 
que l’agriculteur a su rendre fertile. Les forêts 
qui couronnent ses hauteurs sont en général compo- 
sécs de pins, de sapins et de bouleaux qui four- 
nissent au commerce du goudron et de la téré- 
benthine. 

En 1898 sa population se composait de 124,000 
individus, savoir, 63,700 hommes, et 60,500 
femmes ; mais cette population est destinée à s’ac- 
croître assezrapidement , s’il est constant , comme 
les renseignemens officiels semblent le prouver , 
qu'il y a deux fois plus de naissances que de décès. 

Ainsi que nous l’avons dit ailleurs, cette petite 
portion de l'Amérique a eu son Colomb et son 
Vespuce : en 1497 l'Anglais Sébastien Cabot la 
découvrit, mais le Florentin Verazzani qui y aborda 
en 1524 la nomma Acadie, Ce ne fut qu'en 1598 
que Guillaume-Alexandre de Neustrie, à qui Jac- 


ques [* 


ÉCRE 


633 


ÉCRE 


ques [e l'avait cédée, lui donna le nom de Vouvelle- 
Ecosse, qui lui est définitivement resté. (J. H.) 

ÉCOSSONNEUX. (ois.) Nom vulgaire du 
Bouvreuil et du Pic-vert. 

ÉCOUFLE ou ESCOUFLE. (ois.) Noms vul- 
gaires du Milan. (Guër.) 

ECPHIMOTE, Ecphimotes. (repr.) Ge mot, 
dont on ne s'explique pas très-bien l’étymologie , 
sert à désigner un genre de Sauriens voisin des 
Marbrés ou Polychres; ils ont comme eux la tête 
couverte de plaques; des écailles imbriquées, 
rhomboïdales , petites, carénées sur tout le corps; 
des pores au côlé interne des cuisses ; des dents 
comprimées aux mâchoires et au palais ; la langue 
épaisse, entière , fonguense à sa surface, libre et 
légèrement extensible ; le tympan visible à l’exté- 
rieur; mais la forme générale de leur corps est 
moins comprimée que chez ces genres et elle 
se rapproche davantage de celle du corps des Aga- 
mes ; la queue, également grêle, est plus courte, 
et les écailles qui la revêtent sont plus dilatées. Le 
type de ce groupe est l'EcPmMOTE À COLLIER, Tro- 
pidurus torquata, Agama tuberculata nigricollis , 
cendré en dessus avec des gouttelettes blanchâtres 
irrégulièrement dispersées sur les parties supé- 
rieures , une tache noire en forme de demi-collier 
sur la nuque. 

Cette espèce atteint la taille de nos geckos, 
c’est-à-dire quatre à cinq pouces de longueur pour 
le corps; la queue prend à peu près Ja même di- 
mension ; le corps devient un peu plus gros que 
le pouce. Cette espèce se trouve au Brésil. Ses 
habitudes sont peu connues. Gomme celle de 
tous les sauriens, sa morsure est parfaitement in- 
nocente. (T. C.) 

ECREVISSE, Astacus. (cnusr.) Genre de l’ordre 
des Décapodes, famille des Macroures, tribu des 
Homards, ayant pour caractères , suivant Latreiile, 
quatre antennes insérées presque sur la même 
ligne , les intermédiaires terminées par deux filets ; 

édoncule des latérales na avec des saillies en 
forme d’écailles ou de dents; les six pieds anté- 
rieurs terminés par une pince à deux doigts ; pièce 
extérieure des appendices natatoires du bout de 
la queue divisée en deux parties. Ce genre a été 
établi par Gronovius, aux dépens des Cancer de 
Lioné; ilembrassait primitivement tous les crusta- 
cés décapodesbrachyures, à l'exception des Hippes; 
mais après il a subi de grands changemens ; d’abord 
Fabricius le décomposa ‘pour en extraire les gen- 
res Pagure , Galathée, Scyllare. Daldorff fie en- 
suite plusieurs travaux sur les crustacés ; Fabricius 
en tira parti et restreignit davantage les Ecrevisses 
en établissant dé nouveaux genres sous les noms 
de Palinure, Palœmon , Alphée , Pénée et Cran- 
gon. Enfin, dans ces derniers temps, le docteur 
Leach forma encore aux dépens des Ecrevisses le 
genre Néphrops. Ce genre, ainsi réduit, né com- 
prend plus maintenant qu'un très-petit nombre 
d'espèces, les unes marines , les autres fluviatiles. 
Parmi elles on remarque surtout l'EcrevIsse DE 
rivière, dont tous les auteurs ont parlé depuis 
Aristote, Astacus fluviatilis, ou le Cancer as- 


Toe II. 


tacus de Linné et le Cancer fluviatilis de Rondelct, 
espèce qui a été décrite avec beaucoup de soin et 
figurée par Rœsel (Ins. t. 11, tab. 54-61.) Les 
antennes extérieures sont aussilongues que le corps, 
sétacées, multi-articulées, supportées par un pé- 
doncule formé de très-gros articles dont le premier 
est pourvu vers son extrémité et en dehors d’une 
petite écaille découpée, garnie de pointes et de 
poils sur les bords; les intérieures sont bifides, 
multi-articulées, sétacées et portées sur un pédon- 
cule tri-articulé simple. Les pieds-mâchoires exté- 
rieurs sont longs, avec leurs deux premiers arti- 
cles garnis de cils raides et de petites épines sur 
leur côté interne. Les mâchoires de la seconde 
paire sont découpées en six lanières : les mandi- 
bules sont très-fortes et dentelées sur leur bord in- 
terne. Les pattes antérieures ou serres sont iné- 
gales , très-longues et fort grosses, ayant la main 
et le carpe plus ou moins tuberculeux et épineux ; 
les pieds de la seconde et de la troisième paire 
sont allongés, minces, terminés par de petites pinces 
dont le doigt externe est mobile; ceux des qua- 
trième et cinquième paires finissent par un article 
ou ongle simple, pointu et crochu; la carapace 
est allongée , demi-cylindrique , terminée en avant 
par un rostre plus ou moins allongé, épineux et 
non comprimé; tronquée en arrière et marquée 
dans son milieu d’un grand sillon transversal der- 
rière la région stomacale. L’abdomen,qu’onnomme 
improprement la queue, est très-développé et 
formé par six anneaux très-convexes en dessus et 
légèrement roulés en dessous. Des muscles nom- 
breux et puissans lui impriment des mouvemens 
robustes; ces muscles forment deux masses dis- 
tinctes, l’une supérieure et lautre inférieure. 
L’abdomen est pourvu en dessous de parties re- 
marquables qu’on retrouve dans la plupart des 
crustacés; ce sont des filets, sortes de pattes rudi- 
mentaires qui varient en nombre et en figure dans 
les deux sexes. Ils sont mobiles à leur base ; l'Ecre- 
visse les fait flotter dans l’eau en les agitant d’avant 
en arrière comme de petites nageoires. La femelle 
en a quatre, placés sur le second, le troisième , le 
quatrième et le cinquième anneau. Ils se ressem- 
blent tous, et sont composés chacun d’une tige 
aplatie, cartilagineuse, qui jette deux branches 
dont la postérieure est divisée en deux portions 
par une articulation mobile; les deux branches 
sont également mobiles sur la tige à laquelle elles 
sont unies , de sorte que ces filets se meuvent avec 
la plus grande facilité. Ges branches sont garnies 
de longs poils barbus auxquels l’Ecrevisse attache 
ses œufs. Le mâle offre aussi des filets abdomi- 
naux; mais ceux du seeond anneau diffèrent sen- 
siblement des mêmes filets chez la femelle. Les 
mâles portent encore au dessous, du premier an- 
neau de l'abdomen deux autres parties qu’on ne 
voit pas sur la femelle ct qui, mobiles à leur base 
et présentant ]à une articulation, s'appliquent , 
dans l’inaction, sur le sternum entre les pattes, et 
ressemblent à des tiges un peu aplaties, droites, 
d’un blanc bleuâtre et de substance cartilagineuse ; 
leur moitié antérieure est courbée et roulée sur 


160° Lrypaison, 80 


EEE me 


ÉCRE 


634 ù 


ÉCRE 


elle-même longitudinalement, de manière à former 
une sorte de tuyau. Ces appendices singuliers , 
sur l'usage desquels l’observation n’a encore rien 
appris, pourraient bien être des organes copula- 
teurs : l'abdomen est terminé par cind pièces 
plates, minces et ovales, en forme de feuilles. La 
pièce intermédiaire ou inférieure n’est autre chose 
que le dernier anneau abdominal , et les deux pro- 
longemens latéraux sont les appendices de l’anneau 
qui précède. Ges parties sont un véritable appa- 
reil de natation, au moyen duquel l’'Ecrevisse 
donne, en les dirigeant vers la tête, des coups 
réitérés dans l’eau. Il en résulte naturellement une 
natation en arrière ou à reculons. L’abdomen est 
percé postérieurement et à sa face inférieure par 
l'anus. 

L’anatomie interne des Ecrevisses présente quel- 
ques traits d'organisation assez curieux que nous 
allons parcourir en empruntant à Rœsel et à Cu- 
vier les principaux détails. L’estomac, situé en 
quelque sorte dans la calotte calcaire qui le recou- 
vre, est formé de membranes fortes et assez 
épaisses; ilest muni inférieurement de trois dents 
écailleuses, pointues, supportées par un appareil 
remarquable que M. Geofroy St-Hilaire a décrit 
et représenté avec soin. Ge savant anatomiste re- 
trouve dans l'estomac des pièces analogues à celles 
qui composent la tête des animaux vertébrés, et 
il ramène ainsi à un type connu une organisation 
aussi anomale en apparence. C’est principalement 
sur l'Ecrevisse de mer ou le Homard qu'il a fait 
ses diverses recherches, Le grand intestin part de 
l'estomac ; il est situé dans l’abdomen et s’ouvre à 
l'anus. Cuvier, dans un Mémoire sur la nutrition 
des insectes, donne une description exacte de la 
structure et des fonctions du foie de l’Ecrevisse ; 
suivant lui, les vaisseaux biliaires de ce foie sont 
très-développés, et leur fonction n’est point équi- 
voque : on sait en général que le foie est plus vo- 
lumineux dans les animaux aquatiques à sang rouge 
que dans les terrestres, et il paraît que la même 
loi existe pour ceux à sang blanc. Les vaisseaux 
biliaires des Ecrevisses sont donc très-gros, au 
nombre de plusieurs centaines, et disposés en deux 
grosses grappes dont les vaisseaux excréleurs 
communs forment les tiges. [ls s’insèrent tous 
contre le pylore et y versent une liqueur épaisse, 
brune et amère. Leurs parois sont colorées d’un 
jaune foncé et paraissent d’une texture très-spon- 
gieuse. Ge sont eux qui forment la plus grande 
partie de ce qu'on nomme la farce dans les £itrilles, 
les Homards et autres grandes espèces que l’on 
mange communément, et l'humeur qu’ils pro- 
duisent communique à cette farce l’amertume 
plus ou moins forte qu’on y remarque. Guvier (Loc. 
cit. ) s'exprime de la manière suivante à propos de 
la respiration et de la circulation : Les Ecrevisses 
et les Monocles n’ont aucune trachée, et ce sont 
précisément ceux chez lesquels on trouve un cœur 
ou du moins un organe de structure semblable. I] 
faut pourtant observer qu’il n’existe peut-être pas 
entre eux et les autres insectes une différence aussi 
grande qu'on le croirait d’abord; ils ont, à chaque 


côté du corselet, des paquets de vaisseaux capillai- 


res rangés d’une manière très-régulière sur deux 
des faces de certains corps en forme de pyramides 
triangulaires; toutes ces pyramides sont compri- 
mées et dilatées alternativement par le moyen de 
quelques feuillets membraneux que l’Ecrevisse 
meut à volonté, Mes essais d'injection, poursuit 
Guvier, m'ont bien permis de porter la liqueur de 
ces branchies vers le cœur; mais je n’ai pu la di- 
riger en sens contraire ; tandis que, du cœur, on 
peut la faire parvenir par tout le corps, au moyen 
de vaisseaux nombreux et très-visibles dans cer- 
taines espèces , notamment dans le Bernard-l’Her- 
mite , où ils sont colorés en blanc opaque. S'il se 
trouvait, par des recherches ultérieures, qu'il n’y 
eût ni second cœur ni trou commun Yeipeux, qui, 
devenant artériel, portât le sang aux branchies par 
une opération à peu près inverse de celle qui a lieu 
dans les poissons; alors on pourrait croire que les 
branchies ne font autre chose qu’absorber une 
partie du fluide aqueux et le porter au cœur, qui 
le transmettrait à tout le corps. Ce prétendu cœur 
et ces vaisseaux ne seraient donc, en dernière 
analyse, qu'un appareil respiratoire, qui ne différe- 
rait de celui des insectes ordinaires que par cet 
organe musculaire qu'il aurait recu de plus, et on 
concevrait aisément la raison de cette différence, 
attendu que la substance respirée étant sous la 
forme liquide, et ne pouvant se précipiter, comme 
l'air le fait, dans les trachées par l'effet de son 
élasticité , il lui fallait un mobile étranger qui est 
cet organe qu'on a pris pour un cœur. Quant à la 
nutrition proprement dite, elle se fait exactement 
comme dans les insectes ordinaires et dans les 
zoophytes , C'est-à-dire par une simple imbibi- 
Uon. » 

Les organes générateurs mâles de l'Ecrevisse, 
situés sur le thorax, se composent de testicules di- 
visés en trois parties, deux.en avant et une plus 
grosse en arrière. D’autres vaisseaux blancs, tor- 
tucux, très-développés et turgescens à l’époque 
de Yaccouplement, ont été regardés comme les 
vaisseaux séminifères ; ils remplissent un assez 
grand espace, occupent les côtés et la partie pos- 
térieure du cœur; l'appareil de la femelle consiste 
en deux ovaires occupant les côtés da corps et di- 
visés comme les testicules en trois portions. À 
l’époque de la ponte, ils sont allongés et très-dis- 
tendus par les œufs. Ils aboutissent au premier 
article de la troisième paire de pattes. L’accouple- 
ment des Homards, et, par analogie, celui des 
Ecrevisses, se fait, à ce quil paraît, à la manière 
de quelques mouches, c’est-à-dire ventre à ventre. 
Le mâle attaque la femelle qui se renverse sur le 
dos, etle couple amoureux s’enlace alors étroite- 
ment à l’aide des pattes. La ponte a lieu deux mois 
après; elle est assez abondante, et l'on compte 
quelquefois vingt, trente œufs et même davan- 
tage. Ceux-ci sont fixés aux filets mobiles qui gar- 
nissent la queue , à l’aide d’un pédicule, sorte de 
tuyau membraneux, flexible, élargi à sa base et 
qui paraît être la continuation de l’enveloppe la 
plus extérieure de l'œuf. Les femelles portent ces 


CRE 


635 


ÉCRE 


espèces de grappes jusqu’à la naissance des petits, 
qui, d’abord très-mous, trouvent sous le ventre 
de leur mère un refuge assuré contre les dangers, 
et n’abandonnent cet abri que lorsque leur test, 
plus consistant , peut les protéger. Les Ecrevisses 
renouvellent leur enveloppe tous les ans entre le 
mois de mai et le mois de septembre. Réaumur a 
décrit avec soin cette espèce de mue. Quelques 
jours avant le dépouillement de leur peau, dit cet 
auteur, les Ecrevisses cessent de prendre de la 
nourriture ; alors, si on appuie le doigt sur l’écaille, 
elle plie, ce quiprouve qu’elle n’est pas soutenue 
par les chairs. Quelque temps avant l'instant de 
la mue, l'Ecrevisse frotte ses pattes les unes con- 
tre les autres, se retourne sur le dos, replie et étend 
sa queue à différentes fois, agite ses antennes et fait 
d’autres mouvemens dans le but sans doute de 
détacher sa peau pour la quitter ; elle gonfle son 
corps, et il se fait entre le premier anneau de l’abdo- 
men et la carapace qui s'étend depuis elle jusqu’à 
la tête , une ouverture qui met à découvert le corps 
de l'Ecrevisse. Il est d’un brun foncé, tandis que 
la vieille écaille est d’un brun verdâtre. Après cette 
rupture, l'animal reste quelque temps en repos ; 
ensuile il fait différens mouvemens et gonfle les 
parties qui sont sous la carapace. La partie posté- 
rieure de celle-ci est bientôt soulevée, et l’anté- 
rieure ne reste attachée qu’à l'endroit de la bou- 
che ; alors il ne faut plus qu’un demi-quart d’heure 
ou un quart d'heure pour que l'Ecrevisse soit en- 
tièrement dépouillée ; elle tire sa tête en arrière, 
dégage ses yeux, ses antennes, ses pinces el suc- 
de noi toutes ses pattes. Les deux premières, 
ou les serres, paraissent les plus difficiles à dégai- 
ner, parce que la dernière des cinq parties dont 
elles sont composées est beaucoup plus grosse que 
l'avant dernière ; mais on conçoit aisément cette 
opération , quand on sait que chacun de ces arti- 
cles écailleux qui forment chaque partie est divisé 
en deux pièces longitudinales qui s’écartent l’une 
de l’autre, dans le temps de Ja mue, 
V’animal leur fait violence. Enfin l'Ecrevisse se re- 
tire de dessous sa carapace, et aussitôt elle se 
donne brusquement un mouvement en avant, 
étend la queue et se dépouille de ses anneaux. 
C'est ainsi que se fait l'opération de la mue, qui 
est si violente que plusieurs Ecrevissesen meurent, 
surtout les plus jeunes; celles qui résistent sont 
très-faibles. Après la mue les pattes sont molles, 
et l'animal n’est recouvert que d’une membrane ; 
-Mais en deux ou trois jours, et quelquefois en 
vingt-quatre heures, cette membrane devient une 
nouvelle enveloppe, aussi dure que l’ancienne. Il 
est important à l'Ecrevisse que la nouvelle peau 
se durcisse bientôt; car si elle était rencontrée 
par d’autres Ecrevisses, n’étant plus défendue par 
son écaille ; elle ne manquerait pas de devenir leur 
proie; © ’est pourquoi aussi, lorsqu elle est prête à 
muer, elle cherche une retraite dans les trous et 
d’autres endroits où elle puisse être à l’abri du 
danger. Dans la suite, le nouveau test ne devient 
ni plus dur, ni plus épais, ni plus grand , de sorte 
que l'Ecrevisse, qui augmente de volume chaque 


lorsque 


année, étant gênée dans son enveloppe, est con- 
trainte d’en Sortir, Chez les Ecrevisses prêtes à 
muer, on trouve constamment sur les côtés de 
l'estomac deux corps calcaires connus vulgaire- 
ment sous le nom d’yeux d’Ecrevisses, à cause de 
leur figure arrondie ; ces deux pièces disparaissent 
pendant la mue, et on ne les trouve plus dans les 
espèces qui ontéprouvé ce changement. L'opinion 
des auteurs à beaucoup varié sur l'usage de ces 
parties. Geoffroy a cru qu’elles servaient, ainsi 
que la membrane du vieil estomac, pour nourrir 
l'Ecrevisse durant la mue, Mounsey présente une 
observation analogue, et il pense avec Réaumur, 
qu'étant dissoutes dans l’estomac, elles servent à 
la formation ou au durcissement de la nouvelle 
enveloppe. Au contraire, Ræsel, n’admettant pas 
l'opinion de Réaumur, croit que l'Ecrevisse se dé- 
charge de ces pièces en entier dans le temps qu’elle 
se dépouille de son test , et qu’elles ne se dissolvent 
ni ne diminuent dans son corps en aucune manière, 
Quant à ce dernier fait, il paraît cependant con- 
siant, et l'opinion de Réaumur, quoiqu’elle soit 
susceptible d’objection, est encore plus admissible 
que celle de Ræsel qui pense que les yeux d’Ecre- 
visses pourraient bien être l’assemblage ou lerésidu 
de différentes parties internes de l'Ecrevisse. 

Les Ecrevisses présentent un autre fait non 
moins remarquable; c’est la faculté qu'ont les 
pattes, les antennes et les mâchoires de repousser 
après leur amputation, sans qu’on puisse, dans 
l’état actuel de la science, expliquer convenable- 
ment ce phénomène. Réaumur a le premier tenté 
des expériences sur cet objet. Il nous a appris que, 
si l’on casse dans la jointure d’une articulation la 
patte d’une Ecrevisse, on aperçoit, un ou deux 
jours après , une espèce de membrane légèrement 
rouge qui recouvre les chairs. Cinq jours plus 
taie cette membrane fait saillie et paraît renflée, 
puis elle devient conique, s’allonge de plus en 
plus, se déchire et laisse voir une jambe molle qui 
croit en grosseur et en longueur et se recouvre 
d’une enveloppe solide. Un fait bien digne de fixer 
l'attention , c’est qu’il ne naît à chaque jambe que 
ce qu'il fat précisément pour la compléter. 

Personne n’ignore l'usage alimentaire des Ecre- 
visses. On employait autrefois en médecine, comme 
absorbant, les pièces calcaires connues sous le 
nom d’yeux d'Écrevisses; mais, la raison ayant 
fait justice de ce médicament ridicule, elles ne 
sont maintenant d'aucun usage, et ont été rem- 
placées par le carbonate de magnésie, La pêche de 
l’'Ecrevisse se fait de diverses manières : d’abord 
avec un filet que lon suspend le soir au dessous 
d’un morceau de chair putréfiée. Les Ecrevisses 
sont attirées quelquefois en grand nombre par cet 
appât. On met aussi quelquefois de la viande dans 
un fagot menu que l’on retive lorsque les Ecre- 
visses ont pénétré de toutes parts entre les bran- 
ches du bois. Plusieurs personnes emploient des 
baguettes fendues ; on met dans la fente un appât 
et on les place dans les lieux où les Ecrevisses sont 
abondantes. Celles-ci ne tardent pas à s’attacher 

à l’appât; on retire ensuite les baguettes avec 


ÉCRI 


636 


ECTO 


beaucoup de précaution et on glisse sous chacune 
d’elles un panier. À peine sortie de l’eau, l’Ecre- 
yisse abandonne le corps qu'elle dévorait, et tombe 
dans le panier. On prend aussi les Ecrevisses à la 
main, dans leurs trous; on les pêche aussi au 
flambeau. 

Ce genre présente plusieurs espèces remarqua- 
bles parmi lesquelles on doit distinguer l’Ecrevisse 
DE RIVIÈRE, Astacus fluviatilis, Fab. (représentée 
dans notre Atlas, à la planche quiaccompagne l’ar- 
ticle Grusracés), elle a les pinces antérieures cha- 
grinées et finement dentelées au bord interne des 
mordans. Le museau à une dent de chaque côté, 
et deux à sa base; les bords latéraux des segmens 
de la queue forment un angle aigu. Des circon- 
stances accidentelles font varier sa couleur, qui 
est ordinairement d’un brun verdâtre. M. Guérin, 
dans l'Iconographie du Règn. anim. de Cuvier, 
Cr., pl. 19, fig. 2, a représenté une variété de 
celte espèce qui est remarquable en ce que, au 
lieu d’être d’un brun ordinaire , elle est d’un beau 
bleu cobalt. L’Ecrevisse de rivière se trouve dans 
les eaux douces de l'Europe ; elle se tient sous des 
pierres ou dans des trous, el n’en sort que pour 
chercher sa nourriture, qui consiste en petits 
mollusques, en petits poissons et en larves d’in- 
sectes. Elle se nourrit aussi de chairs corrompues, 
de cadavres, de quadrupèdes flottant dans l’eau. 
La durée de sa vie s’étend au-delà de vingt ans, et 
sa taille s’accroît à proportion. On préfère celles 
qui vivent habituellement dans les eaux vives et 
courantes. On trouve sur leurs branchies une 
annélide parasite , observée depuis long-temps par 
Rœsel, mais qu’on ne connaissait qu'imparfaite- 
ment avant les recherches de M. Odier. 

L'Ecrevisse uomarDp , Astacus marinus, Fab., 
Cancer gammarus, Lin., Astacus marinus , Denn. 
Carapace unie, terminée antérieurement par un 
rostre tridenté de chaque côté, avec une double 
dent à sa base supérieure; pinces très-grosses , 
inégales, l’une ovale, avec des dents fortes el 
mousses , l’autre plus petite, allongée, avec des 
petites dents nombreuses; bords des sezmens de 
l'abdomen obtus: couleur brune verdâtre, avec 
les filets des antennes rougeâtres. Getle espèce, 
qui a jusqu'à un pied et demi de longueur, se 
trouve sur les côtes de l'Océan, de la Manche et 
de la Méditerranée. Elle se tient dans les lieux 
remplis de rochers à une profondeur peu considé- 
rable, dans le temps de la ponte, qui a lieu vers 
le milieu de l'été. Sa chair est très-estimée. Les 
eaux douces de l'Amérique septentrionale nous 
offrent une autre espèce, l'Ecrevisse DE BaRTON, 
et dont Bosc nous a donné une figure (Hist. nat, 
des Crust. , 11, x1;1), une autre du même pays 
habite ces rivières , et leur nuit beaucoup , au té- 
moignage de M. Le Comte, un des naturalistes des 
États-Unis. 

L'ÉGREVISSE NORWÉGIENNE, Ast. norwegicus, 
Fab. Cette espèce est le genre Nepurops du docteur 
Leach. F, ce mot. (H. L.) 

ECRITURE. (mozr.) Ce nom et celui de Co- 
quilles écrites ont été donnés par les marchands à 


- 

des coquilles de différens genres qui présentent 

des traits imitant plus ou moins des caractères. 
(Guër. ) ? 

ECROUELLE. ( crusr. ) Nom vulgaire du Can- 

cer pulex , Lin. J. Creverre. (Guér.) 
# ECROUISSEMENT. (cam. ) Propriété qu’ont cer- 
tains métaux de devenir plus durs, plus denses et 
plus élastiques lorsqu'on les bat à froid pendant 
un temps suflisant. (F.F.) 

ECTOSPERME , Æctosperma. (mor. crypT. ) 
Genre parfaitement décrit par Vaucher , que l’on 
a confondu, à tort, avec les Gonferves, que l’on 
a voulu , à tort également , rapprocher des Ulva- 
cées tubuleuses; il a pour caractères : des filamens 
simples ou rameux, tubuleux , absolument inar- 
ticulés, plus ou moins transparens , remplis or- 
dinairement d’une substance verte, analogue à 
celle qui colore les charagnes, et la plupart des 
plantes aquatiques ; et pour fructification , des 
capsules extérieures en tube , ovales ou arrondies, 
sessiles ou pédicellées, solitaires ou réunies en 
plus ou moins grand nombre, opaques et remplies 
de corpuscules graniformes. 

Les Ectospermes sont plus ou moins rudes au 
toucher , disposés, soit en gazons, soit en toufles 
arrondies , soit enfin en nappes au fond des bassins 
des eaux vives; leur couleur est généralement 
d’un vert assez foncé. 

Il n’est pas rare de voir quelques espèces d'Ec- 
tospermes continuer à croître là où les eaux qui 
les recouvraient se sont évaporées. Elles forment 
alors , soit sur la vase, soit sur les paroïs des fossés 
ou des rochers humides , des masses plus ou moins 
pressées, plus ou moins compactes, qui ont une 
couleur d’un vert soyeux et l’aspect d’une éponge. 
D’autres fois , les extrémités de leurs filamens 
s’entrecroisent, se mêlent d’une manière assez 
inextricable, et constituent en quelque sorte des 
coussinets à surface assez rude. 

Les Ectospermes fructifient tantôt vers la fin de 
l'automne , tantôt dans les premiers jours du 
printemps. On à classé en plusieurs groupes les 
dix-huit ou vingt espèces connues. Dans le premier 
groupe, ou EÉctospermes à capsules solitaires , 
obovales, latérales, épaisses et entièrement nues, 
se trouvent : 

1° L’EcrosPenME nIcnoToME , Æctosperma dicho- 
toma , de N., ou Conferva dichotoma, de L., es- 
pèce la plus commune de tout le genre, dont les 
extrémités sont très-obtuses, la grandeur assez 
forte, et qui abonde dans toutes les eaux. 

2° L'EcrosPerme TricuoToME, Æctosperma tri- 
chotoma , de N. , espèce qui ressemble à la précé- 
dente par sa couleur, son aspect et sa consis- 
tance , dont les rameaux, au lieu de se fourcher, 
se partagent toujours en trois, et qui paraît être 
originaire des canaux de l'Egypte. 

Dans le deuxième groupe, ou Ectospermes à 
capsules sessiles, rondes, latérales, solitaires ou 
géminées , ét accompagnées d’un appendice brac- 
téiforme , on ne cite qu'une espèce, l'ECTosPERME 
HÉTÉROCLITE, Éctosperma heteroclita, de N., qui 
est irès-commun dans nos mares. 


ÉCUR 


Dans le troisième , Ectospermes à capsules so- 
litaires et pédicellées , les espèces ont le pédicule 
qui supporte la fructification , simple , fourchu ou 
accompagné de ramicules bractéiformes. Les prin- 
cipales sont : les Æctosperma ovata , hamata , ter- 
restris, etc. 

Dans le quatrième, Ectospermes à capsules 
sessiles, géminées, opposées vers l'extrémité de 
l’appendice qui les supporte, les espèces les plus 
remarquables sont : les Æctosperma geminala, 
cespitosa, cruciata , elc. 

Dans le cinquième , Ectospermes à capsules 
groupées en plus ou moins grand nombre sur 
des appendices bractéiformes , soit sessiles, soit 
stipités , les espèces sont : les Æctosperma race- 
mosa, mullicornis, multicapularis, etc. 

Enfin , dans Je sixième, Ectospermes à capsules 
ovoïdes , terminales , à rameaux terminés en pe- 
tites massues , il n’y a qu’une seule espèce , l’£c- 
tosperma clavatela. CEE, 

ECUEILS. (actocr. pays. } On appelle Ecueils, 
en géographie , des rochers sous-marins, dont les 
sommets s'élèvent à fleur d’eau, et offrent de 
grands dangers pour les vaisseaux qui les appro- 
chent. Tous les Ecueils connus et qui sont de 
quelque importance, sont indiqués sur les cartes 
marines au moyen de petites étoiles *,*,*, dont la 
disposition fait connaître la forme et l'étendue du 
danger. (CG. J.) 

ÉCUELLE D'EAU. (zor. pra.) Nom vulgaire 
de l'Hydrocotyle vulgaris, Lin. (Guén.) 

ÉCUME DE MER. (z0oL. or.) On désigne ainsi 
sur nos côles un composé de plantes marines et 
de polypiers que les vagues jettent sur le rivage. 
On s’en sert pour engraisser les terres. 

ÉCUME DE MER. (uin.) On donne ce nom à 
une terre magnésienne fort tendre et blanche, dont 
on fait des pipes très -recherchées. Ceite terre 
a été nommée Macnésire. Voyez ce mot. 

| ( Guér. ) 

ÉCUME PRINTANIÈRE, ÉCUMEUX. (ins. ) 
PV. Cercors. (Guér.) 

ÉCUREUIL, Sciurus. (mam.) Des quatre ou cinq 
familles qui composent l’ordre des Mammifères 
rongeurs , celle des Sciurins ou Ecureuils est sans 
contredit la plusnaturelle,et les espèces qu’elle com- 
prendont, en eflet, le plus de rapports entre elles 
dans leurs caractères et leurs habitudes. Ces jolis 
animaux, répandus sur toute la surface du globe, ex- 
ceptéen Australie, où lesmammifères monadelphes 
sont si rares, sont certainement les plus agiles, les 
plus gais et en même temps les plus intelligens de 
tous les Rongeurs; aussi cherche-t-on partout à les 
apprivoisier, ce qui est facile à cause de la douceur 
de leur caractère. Un instinct irrésistible les porte 
à grimper, et ce penchant est considérablement 
aidé par la disposition de leurs membres, qui sont 
plus longs postérieurement qu’antérieurement et 
armés d'ongles crochus; leur corps est d’ailleurs 
svelle, et la grâce de leurs formes est encore re- 
haussée par leur queue ordinairement longue et 
touffue, qu’ils relèvent comme un panache au 


657 


ÉCUR 


dessus de leur corps. Les poils de cette queue sont 
le plus souvent distiques, c’est-à-dire qu'ils vont 
en divergeant comme les barbes d’une plume; 
d’autres fois ils n’offrent que de faibles traces de cet 
arrangement ou bien ils sont comme chez les au- 
tres animaux. Le pelage est plus ou moins long 
sur tout le corps et teint de couleurs très-agréables, 
Les sens sont assez développés , les yeux sont irès- 
ouverts, et les oreilles, de grandeur moyenne, of- 
frent souvent à l'extrémité de la conque un pin- 
ceau de poils qui les surpasse de plusieurs lignes : 
Je tact est assez fin, et ce qui est rare parmi les 
animaux de leur degré d'organisation, les Ecu- 
reuils, qui sont tous claviculés, jouissent de la 
faculté de porter les alimens à leur bouche au 
moyen de leurs membres antérieurs. Ces animaux 
se tiennent, comme l’on sait, dans les forêts , et 
vivent sur les arbres où ils construisent le plus 
souvent leur demeure; celle-ci est une sorte de petit 
nid placé à l’enfourchure de quelque branche, et 
dans lequel ils trouvent un abri contre l’homme, 
les mammifères grimpeurs et les oiseaux de proie, 
qui sont leurs principaux ennemis; quelques espèces 
se creusent au pied des arbres un pelit terrier. 
Leur nourriture consiste en écorces, en graines 
de toutes sortes, mais principalement en céréales : 
dans quelques contrées ils recherchent la séve 
sucrée des graminées, et Kalm nous apprend que 
leur nombre s’est considérablement augmenté en 
Pensylvanie et en Virginie depuis que l’on y cultive 
le maïs. 

Les espèces vivent toujours réunies par couples; 
toutes celles que l’on a examinées ont huit ma- 
melles, dont six ventrales et deux pectorales ; le 
nombre de leurs petits est de quatre ou cinq. Buf- 
fon avait pensé que les Ecureuils étaient propres 
aux contrées septentrionales du globe; mais on sait 
aujourd’hui qu'ils existent aussi dans les con- 
trées méridionales, et qu’ils y sont même en plus 
grand nombre que partout ailleurs. Ils sont, comme 
l’on voit, cosmopolites, si ce n’est qu'ils man- 
quent à l'Australie, et ces Rongeurs sont surtout 
nombreux dans l'Asie et les grandes îles voisines. 
Après cette partie du monde, l'Amérique est celle 
qui offre le plus grand nombre d’espèces , ensuite 
l'Afrique qui n’en a que quatre ou cinq, et enfin 
l’Europe qui n’en possède que deux. 

Les caractères de ces animaux peuvent être 
résumés ainsi qu'il suit : « Dents molaires À, sim- 
ples et à couronne tuberculeuse , incisives infé- 
rieures très-comprimées. Doigts 4-5 ou quelquefois 
5-», lorsque le rudiment des pouces antérieurs 
prend plus d’accroissement ; queue longue, touf- 
fue , à poils souvent distiques; des abajoues chez 
quelques espèces, chez d’autres la peau des flancs 
étendue entre les quatre membres et formant une 
sorte de parachute; taille moyenne.» C’est en 
considérant les variations en plus ou en moins, 
l'existence ou la non-existence de ces caractères, 
qu’on est parvenu à répartir en plusieurs genres 
les nombreuses espèces de la famille des Ecu- 
reuils; ces genres peuvent être distingués ainsi 
qu’il suit 


ÉCUR 


+ Sciurins à membres libres. 


- À. Queue longue, très-poilue, distique, point 
d’abajoues; doigts 4-5. — Genre Ecureuiz, Sciu- 
rus , Auct. 

B. Queue longue, distique , point d’abajoues ; 
doigts 5-5.— Genre Anisonyx, Anisonyæ , Rafi- 
nesque, 

C. Queue longue, assez poilue, distique; doigts 
5-5 , des abajoues. — Genre Cynomys, Cynomys , 
Raf. 

D. Queue longue, non distique, pas d’abajoues. 
—Genre GuineuerceT , Macrozus , F. C. 

E. Queue longue, non distique, des abajoues ; 
système de coloration par bandes. Genre Tama, 
T'amia , Ilig. 


% 27 VA l 
tt Sciurins à membres engagés dans la peau 
des flancs. 


7 F. Partie antérieure des os nasaux bombée; tu- 
bercules des dents molaires très-nombreux. — 
Genre Prérouys, Pteromys, F. G. 

G. Partie antérieure ou profil de la tête for- 
mant une ligne droite; dents comme chez les 
Ecureuils ordinaires. — Genre PocaToucne, Sciu- 
ropterus, F. GC. 

Nous ne parlerons ici que des Ecureuils pro- 
prement dits. Woy. pour les autres genres, les 
mois GuincuerLer, CyNomys, PoLAToucuE, etc. 


Genre Ecureuiz , Sciurus. 
! ilest, comme on le voit , un démembrement de 
celui des Sciurus de Linné ; mais cependant c’est 
encore celui qui comprend le plus grand nombre 
d'espèces; il est surtout distingué à l'égard des 
autres par l'absence des membranes entre les 
membres, par ses pieds antérieurs tétradactyles, 
le pouce n’y étant que rudimentaire , par sa queue 
plus ou moins longue et toujours distique , et en- 
fin par le défaut d’abajoues. 

Nous allons énumérer le plus grand nombre 
des espèces connues, parce que toutes sont inté- 
ressantes par leurs formes et la distribution de 
leurs couleurs, et que de plus un grand nom- 
bre d’entre elles se voient déjà dans beaucoup de 
collections. 

Commencons par les espèces d'Europe; on n’en 
a long - temps distingué qu’une seule, mais au- 
jourd’hui on en caractérise nettement deux, peut- 
être en trouvera-t-on davantage. 

EcurguIz commun, Sciurus vulgaris, L., repré- 
senté dans notre Atlas, pl. 143, fig. 2. Cette es- 
pèce vit par toute l'Europe et aussi dans le nord 
de l’Asie ; on sait qu’elle habite les grandes forêts 
et qu'elle se tient sur les arbres les plus élevés, 
où elle trouve sa nourriture, construit son gite ct 
élève ses petits, 

Comme la plupart des autres, ces Ecureuils 
vivent par paires , et l'arbre qu’ils ont choisi n’est 
pas pour eux une habitation passagère ; c’est un 
petit domaine qu’ils ne souffrent pas que d’autres 
animaux envahissent; ils y passent une grande 
partie de leur vie, et ne s’en écartent que pour 
aller chercher leur nourriture, ou se jouer au 


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milieu du feuillage. C’est toujours près de la 
réunion de deux ou de plusieurs branches qu'ils 
construisent leur petite demeure; celle-ci est à 
peu près sphérique, et couverte de mousses qui ne 
permettent souvent pas de la distinguer ; sa capa- 
cité est assez grande pour que le père, la mère et 
les petits puissent y prendre place. 

Les Ecureuils y trouvent un refuge assuré contre 
les cnats et les oiseaux de proie, qui dans nos 
contrées sont, avec l’homme, les seuls ennemis 
qu'ils aient à redouter. Ces petits animaux sont 
d'une grande propreté; leur demeure n’est ja- 
mais salie par aucun excrément, et ils sont pres- 
que toujours occupés à se lisser le pelage. Leur 
couleur est d’un roux vif sur toutes les parties su- 
périeures du corps, excepté les côtés, où se voit, 
surtout dans le jeune âge, un peu de gris , résul- 
tant de poils jaunâtres annelés de noir, Le ventre, 
la gorge et la face interne, les cuisses, sont d’un 
beau blanc et ie bord des oreilles est garni de 
poils formant un pinceau long d’un pouce à peu 
près. Les moustaches sont fauves. 

Ces mammifères vivent de fruits à coque dure, 
et sont sans cesse en mouvement; leur voix est un 
cri très-aigu qui décèle souvent leur présence. 
On distingue parmi eux plusieurs variétés , dont la 
plus remarquable est sans contredit le Petit-gris , 
que l’on trouve dans les régions septentrionales de 
l’ancien monde. Sa fourrure, très-agréable à l'œil, 
douce au toucher et à la fois chaude et légère , 
est très-recherchée dans le commerce; elle est sur 
tout le dessus du corps d’un joli gris, très-légè- 
rement nuancé de jaunâtre, et d’un blanc pur 
inférieurement ; les poils de la queue, ainsi que 
ceux du dos, sont annelés de brun sur un fond 
gris, mais à cercles bruns plus larges. Les oreilles 
ont un pinceau de poils, de même que chez l'E- 
cureuil vulgaire ; la queue présente la même forme 
et les dimensions ne sont pas différentes. Le Petit- 
gris de Buffon est d’une tout autre espèce; c’est 
un Ecureuil américain , provenant de la Caroline. 

Ecureuiz pes Pyrénées, Sc. alpinus, F. C. 
Hist. nat., Mam., livr. xxiv. On a long-temps cru 
qu’il n'existait en Europe qu’une seule espèce d’E- 
cureuil, et l’on considérait celui-ci comme n'étant 
qu'une variété du précédent ; cependant il s’en 
distingue assez par la couleur de sa robe, et 
aussi par ses mœurs, pour qu'on ait dû l’en sépa- 
rer : son pelage est d’un brun foncé, piqueté de 
blanc jaunâtre sur le dos ; une bande fauve coupe 
le blanc du cou et le gris des membres du brun 
du dos; les poils de la queue sont longs et noirs, 
les pieds fauves et les oreilles pénicillées. Get Ecu- 
reuil ressemble au Sc. vulgaris pour la taille et les 
proportions; il vit dans les Pyrénées et aussi dans 
les Alpes, ce qui fait conjecturer qu’il appartient 
plus spécialement aux régions élevées. On lit dans 
le Bullet. d'Hist., nat., de France, sect. 1, que 
cet animal à été trouvé au milieu des hêtres et 
des sapins du Pic-de-Gers, et du sam d'Occupat 
près les Eaux-Bonnes (Bass.-Pyr. ); à Irats près 
Saint-Jean-Pied-de-Port; dans les forêts de Ba- 
gnères de Luchon; dans celles de la vallée de 


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Barrouse. Il s'éloigne peu des montagnes; cepen- 
dant on l’a pris aussi à Roquefort, près de Saint- 
Martery , et dans le bois de Garraison, voisin de 
Boulogne (Haute-Gar.), à huit lieues de la chaîne; 
mais il y est rare. 

Ecureuizs D'Arrique.—EcurEuIL BARRBARESQUE, 
Sc. getulus, Gm. Cette espèce, que Buffon a con- 
nue, vit sur les palmiers dans le nord de l’Afri- 
que, et notamment en Barbarie ; elle est longue 
de dix pouces environ, variée sur le dos de quatre 
lignes longitudinales blanches, qui se prolongent 
jusque sur la queue. 

EcurEuIz FOssOyYEUR, Sc. erythropus, Geoff., 
n’a été long-temps connu que par une peau bour- 
rée, dont on ignorait l’origine, et qui ayant pro- 
bablement appartenu à un individu modifié par la 
domesticité, avait les ongles extrêmement allongés, 
ce qui fit soupconner à M. Geoffroy que l'espèce 
avait l'habitude de fouir. Cet Ecureuil vit au Sé- 
négal, comme M. F. Cuvier l’a fait savoir de- 
puis; son corps est long de sept pouces et demi 
environ, et sa queue de six : toutes ses parties 
supérieures sont d’un fauve plus ou moins verdà- 
tre , Les inférieures ainsi que le tour des yeux sont 
blanches ; la queue grise en dessus est fauve en 
dessous , et les oreilles sont de couleur noire. L’E- 
. cureil fossoyeur paraît avoir les mœurs de l’es- 
pèce ordinaire; un individu observé à la ménagerie 
de Paris était cependant un peu moins actif, ce 
qui tenait sans doute au changement de climat. 

EcurEuIL AUX COURTES OREILLES , Sc. brachiotus, 
que MM. Emprich, Ehremberg, Symb. phys., 
déc. 1, décrivent, mais avec doute, comme 
étant le même que le rutilus de VAlt., de Ruppel, 
pl. 24, n'en diffère certainement pas; il vient, 
comme lui, d'Abyssinie. Sa taille est celle du 
vulgaris; mais sa queue est plus courte , et à poils 
très-peu fournis, et, de plus, ses oreilles sont cour- 
tes et non pénicillées; caractères qui servent à 
M. Ehremberg pour établir une coupe distincte 
sous le nom de X'erus. Les poils sont roux, blan- 
chissant à leur pointe et quelquefois noirs; le des- 
sous du corps est d’une teinte plus pâle. 

Ecureuiz ne Manacascar, Sc. madagascariensis, 
Shaw. Cette espèce. peu connue, est décrite comme 
étant d’un noir foncé en dessus, avec tout le des- 
sous blanc varié de jaunâtre ; sa queue est grêle, 
plus longue que le corps et noire. Ajoutons'une 
autre espèce de l’Afrique continentale, le Sc. abys- 
sinicus, Gm., qu’on n’a pas revu et qui n’existe 
probablement pas, du inoins dans la contrée d’où 
on l’a voulu faire venir. 

Ecurguisn Asie. —Ce sontles plusnombreux de 
tous. 

2 Ecureuiz PaLMISTE , Sc. palmarum, L. , décrit 
par Buffon dans le t. x de son Hist. nat. ; il est 
gris avec des bandes brunes sur le dos, c’est pour 
quelques auteurs un véritable Tamia. M. Lesson 
(Illustrations zool.) le distingue génériquement 
sous le nom de Funambule, ce qui paraît tout-à- 
fait inutile, mais il en a donné une bonne figure. 
Le palmiste.s’apprivoise aisément et devient fami- 
lier quoique libre ; il pénètre alors jusque dans les 


appartemens et vient aux heures des repas ramas- 
ser les miettes qui tombent sur la table. Quoiqu'il 
fasse beaucoup de tort aux fruits, les Indiens re- 
gardent comme une grande faute de le tuer. Son 
cri aigu et prolongé est souvent fort importun; il 
peut se rendre par la syllabe tuit, exprimée d’une 
manière aiguë et sonore : l'animal le répète quelque- 
fois pendant un quart d'heure sans interruption. 

Gran Ecureurz pu Marapar, Sc, maximus, 
Gm. , dont le Sc. indicus n’est sans doute qu’une 
variété , habite les palmiers sur la côte dont il porte 
le nom. Sa taille est celle d’un chat; il est de cou- 
leur marron, pourpré en dessus, avec le dos, les 
lombes et la queue d’un bran noir; son ventre et 
la face interne de ses membres étant d’un jaune 
pâle. On trouve encore dans le continent asiati- 
que : l’'Ecureui De Prevosr, Sc. Prevostii, Desm., 
Mamm. , qui vient de l'Inde; ïe Sc. erithrœus, 
Gm., espèce peu connue des mêmes contrées ; 
l'Ecur. ne KérauDREN, Sc. ferrugineus, F. Guv. ou 
Sc. Keraudrenit, Reynaud, Cent. zool. de Less., 
pl. 1, qui vit dans les vastes forêts qui couvrent 
le Pégu; l’'Ecur. À croupion Roux, Sc. pygery- 
thrus, I. Geoff., Voyage Bel. , pl. vir, des forêts 
de Syriam, au Pégu ; l’Ecur. DE Sym, Sc. syria- 
eus, Ehremb., Symb. phys., décade 1, pl. vu; 
l'Ecur. ANomaz, anomalus, Gm. , de Géorgie, et 
le persicus, du même auteur; ces deux derniers 
sont encore mal connus. Les grandes îles voisines 
de l'Inde fournissent l'Ecur. civer, Sc. affuus, 
Rafl., de Sumatra; le cey lanicus, de l'ile Ceylan, 
et les Se. Leschenaulti, Desm. , ou albiceps , 
Geoff. ; bicolor, Sparm. , ou javanicus, Schreb. ; 
bilineatus , Geoff., le même que les Plantani, 
Horsf., et notatus, Bodd.; le griseiventer, I. Geoff. 
Mag. zool., flavimanus, 1. G. ibid.; hippurus, 
I. G. cbid., et aureiventer , id. ibid. , tous de Java. 

Les Ecureurrs »’AMÉRIQUE sont presque aussi 
nombreux : Ecureuiz »'Hupson, Sc. hudsonius. 
Voy. le genre Tamia. 

On trouve aux États-Unis, dans la Caroline, en 
Pensylvanie, etc., l'Ecur. cris, Sc. cinereus, 
Desm. , qui est le Petit-gris de Buffon ; le Carr- 
STRATE, Ôc. capistrata, Desm, ; l’Ecur. À VENTRE 
roux, 9c. rufiwventer, Geoff. ; l’Ecur. À BANDE 
ROUGE , Sc. rubrolineatus, Desm. ; l'Ecur. xorr, 
Sc. niger; l'Ecur. DE La Caroune, F. C., Mam- 
mifère; l'Ecur. »E La Louisiane, Sc. ludovicianus, 
Curtis,etle Sc. leucotis, Grapper, Zool. journ., 1830. 
Deux espèces ont été découvertes par l'expédition 
du major Lang; ce sont : le Sc. lateralis, Say , 
qui vient des montagnes rocheuses, et l'Ecur. A 
GRANDE QUEUE, Sc, macrourus, Say, et magnicau- 
datus, Harl., des bords du Missouri. Ajoutez 
l'Ecur. À QUEUE LINÉOLÉE, Sc. gramnurus , Say; 
trouvé aux sources de l’Arkansaw dans les mon- 
tagnes rocheuses, et qui vit dans des trous sans 
jamais monter aux arbres. C’est peut-être un 
T'amia ? 

On rencontre à la Nouvelle-Espagne l'Ecur. co- 
QUELLIN , Ôc. variegatus , Desm., que M. F. Cuvier 
resarde comme une variété du Capistrate. 

Ecur. rouGE, Sc. ruber, observé par M. Raf- 


mm 


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ne 


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Cr 


nesque ; il vit sur les bords du Missouri , il a près 
de deux pieds de longueur, en comprenant le corps 
et la queue. 

Ecur. pu Mexique , Sc. mexicanus, Gm. Espèce 
douteuse , donnée comme ayant sept bandes 
blanchâtres longitudinales sur le dos des mâles , et 
cinq sur celui des femelles. Son nom indique la 
patrie qu'on lui suppose. 

Ecur. pe LA Cazironnie, Sc. leucogastra,F, Cuv., 
Mam. Il paraît appartenir exclusivement aux 
contrées occidentales de l'Amérique septentrio- 
pale, et surtout au Mexique et à la Californie. Il 
a toutes les parties supérieures d’un gris un peu 
foncé, ct les inférieures d’un gris roux brillant. 
Son corps a dix pouces de long , et sa queue en 
ahuit. 

Ecur. ne Borra, Sc. Bottæ, Less., Cent. , pl. 70, 
dont le nom rappelle celui du voyageur qui l’a 
découvert , se trouve aussi en Californie. Sa queue 
est presque arrondie, et son pelage est partout de 
iongueur médiocre, serré , généralement fauve, 
ondé de noir sur les parties supérieures et externes, 
et d’un fauve clair tirant au blanchâtre en dessous. 
La longueur totale est de seize pouces, sur lesquels 
la queue en mesure six et demi. 

Nous avons déjà vu des Ecureuils dans le nord 
de l’Europe et de l'Asie , dans celui de l'Amérique 
ainsi que dans les contrées les plus chaudes des 
deux premières parties ; nous avons vu que le sol 
brûlant de l'Afrique en possédait aussi; l'Amérique 
méridionale paraissait en être seule dépourvue, 
c'élait du moins ce que pensaient les naturalistes ; 
mais on sait aujourd'hui positivement qu’elle a 
aussi les siens. Le prince Maximilien en a décrit ua 
du Brésil sous le nom de Sc. æstuans ; il paraît 
qu'il en existe aussi aux Antilles, et que le Sc. ni- 
ger des auteurs vit dans plusieurs de ces îles, à Ja 
Martinique principalement. (GErv.) 

ÉCUREUILS VOLANS. (wam. ) On donne ce 
nom aux espèces du genre Poraroucne. F. ce 
mot. (GErv.) 

ÉCUSSON. (zoor.) On appelle ainsi les pièces 
écailleuses ou cornées qui recouvrent les doigts 
d’un grand nombre d'oiseaux. 

Dans les Mollusques bivalves , on nomme Écus- 
son un petit espace compris dans le corselet et qui 
est séparé par une ligne enfoncée ou colorée, 

Dans les Insectes, c’est une petite pièce ordi- 
nairement triangulaire , située derrière le protho- 
rax, et à la naissance des élytres chez les Coléo- 
pières. 

Dans un travail qui doit faire regretter la mort 
de son auteur, puisqu'il n’a pas été continué, 
M. Lachat a montré que ce qu’on appelle Écusson 
est une pièce qui varie beaucoup, mais que l’on 
retrouve toujours quand on suit ses rapports de 
connexion. Il en.sera parlé plus en détail à l’article 
Tnorax. Voy. ce mot. (Guër.) 


ÉDENTÉS. (wam.) Les animaux mammifères 
qui dans la méthode de Cuvier forment sous ce 
nom un ordre distinct, le sixième de la classe, 
ont pour caractère commun ;, non pas de manquer 
de dents, mais d’avoir ces organes assez an0Maux 
et jamais d’incisives. Ils forment un groupe tout- 
à-fait disparate dont on trouve des espèces en 
Afrique, en Amérique et à la Nouvelle-Hollande, 
et dans lequel se rangent ceux de tous les mammi- 
fères qui ont le système tégumentaire le plus pro- 
fondément modifié (soit en carapace , comme chez 
les Tatous et les Encouverts, ou en espèces d’é- 
cailles, chez les Pangolins). Guvier partage cet 
ordre en trois familles, qu’il caractérise ainsi : 

1° T'ardigrades; ïls ont la face courte. Leur 
nom vient de leur excesssive lenteur, suite d’une 
structure vraiment hétéroclite , où la nature sem- 
ble avoir voulu produire quelque chose d’impar- 
fait et de grotesque. 

2° Édentés ordinaires : à museau pointu , les uns 
ont encore des mâchelières, les autres n’ont plus 
aucune sorte de dents. 

5° Monotrèmes ; n’ont qu’une seule ouverture 
extérieure pour la semence , l’urine et les autres 
excrémens. Leurs organes de la génération pré- 
sentent des anomalies extraordinaires, et, quoiqu'ils 
n’aient point de poche sous le ventre, ils portent 
sur leur pubisles mêmes os surnuméraires que les 
Marsupiaux. 

M. de Blainville, qui a aussi établi dans sa clas- 
sification un ordre des Édentés, ne le compose 
pas des mêmes espèces que Cuvier; il en a retiré 
les Tardigrades où Bradipes et les Monotrèmes, 
qu'il place les uns dans la troisième sous-classe 
des Mammifères sous le nom d’Ornithodelphes , et 
les autres parmi les Quadrumanes dont ils se rap- 
prochent en eflet par la disposition de leur encé- 


phale, leur intelligence et tout leur squelette. 


M. de Blainville a fait subir au groupe des Éden- 
tés une autre modification remarquable, mais peut- 
être moins heureuse que les précédentes, en en 
rapprochant, sous le nom d'Édentés aquatiques , 
les cétacés souflleurs, qui n’ont d’autre caractère 
autorisant cette détermination que la disposition 
anomale de leur système dentaire. (Genrv.) 
ÉDINITE. (uix.) Ce nom, qui dérive de celui 
de la ville d'Édimbourg, a été donné à une sub- 
stante encore peu connue qui a été trouvée dans 
les basaltes des environs de la capitale de l'Ecosse. 
Cette substance ne figure encore dans aucune no- 
menclature minéralogique ; mais si l’analyse en a 
été bien faite, c’est un silicate de chaux, voisin de: 
l'Edelforse ou de la Trémolite. Elle renferme un 
peu plus de 51 pour 100 de silice, 32 de chaux, & 
de soude, avec quelques traces d’alumine, d’oxide 
d’étainet d'acide chlorhydrique. .(. H) 
EDOLIUS. (ors.) Nom latin des oiseaux du 
genre Droxco. Voy. ce mot, (GErv.) 


FIN DU TOME DEUXIÈME. 


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