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DICTIONNAIRE
POUR UINTÈLLIG ENCE
DES AUTEURS CLASSIQUES,
GRECS ET L AT IN Sy
TANT SACRÉS QUE PROFANES.
TOME ONZIÈME,
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DICTIONNAIRE
POUR V I NTELLIGENCE
DES AUTEURS CLASSIQUES,
GRECS ET LATINS,
TANT SACRÉS QUE PROFANES,
CONTENANT
LA GÉOGRAPHIE, L'HISTOIRE, LA FABLE,
ET LES ANTIQUITÉS.
h Ê D I Ê
A MONSEIGNEUR
xjsr jo izc JD jsr cjsro jt^je: XTX,
Par M. SABBATHIER , Profejftur au Collège de Châlotu-fur-Mame ,
é* Secrétaire perpétuel de l Académie de la mime Ville,
TOME ONZIÈME.
^-^f r A R I s t
Chez DELALAIN, Libraire, rue de la Comédie Françoifè. .
M. D c c. L X X if: ;*;.... , '
.4v« Affrobation & Privilège du. Spi»:^ '.;•,-:'•-*
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A u T ji E S. o y y R A G E s
i)U MÊME AUTEURf
J^î Jk trouvent' cheu le mime Lik^ire. .
t.^ Effai Hfflorfquèr Critique fur fOirigîiie d% la'PuIflance
temporelle des Papes; Ouvrage qui; a remporté le Prix de
l'Académie Royale.de Prufle. Nouvelle édition. Broché iJ^^-io.j^
z.^ Le Manuel des Enfans> ou les Maximes des Vies des
Homme* Illuftrcs de Plutarquc. i. y'oL in-ii.. Relié xji^-io.f.
^.^ Recaeil de Diflertatipns fur divers fujets de THifiotre dç
France, i. P^ol, i»-ii.
4.^ Les Mœurs, Coutumes & Ufages des anciens Peuples,
pour fervir à l'Éducation de la Jcuneffe, }. f^oL /a-n, &
I. yoi% »»-4,« •
sS Les Exercices du Corps chez les Anciens 1 .aulfi pour
fervir à TÉdi^cation de la JeuneiTe. z. f^oL /»-it. & 2,» Fol.
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AVERTISSEMENT.
JE me flattois qu'après ce que )'a vois dit dès les pemières
lignes du fccoad volume de cet Ouvrage , le Publk
a'appréhenderoic plus que mon eâcreprife n'eût point de
fudesbornes. Il paroît cependant que tout le monde n'eft
pas entièrement rafluré là-deflus. 11 y en a même qui
ifemblent craindre que le nombre des volumes ne devienne
exceflSf. Qu'on me permette de le dire , une appréhenfioa
de cette efpèce part d'un défaut d'attention fur lai nature
des premières lettres de l'alphabet & de l'abondance des
matières qu'elles fourniflènt. 11 n'y a qu'à jetter un coup
d'œil fur nos Diâioiînaires , & Ton fe convaincra facile-
ment que dans prefque tous les quatre ou cinq premières
lettres forment près de la moitié de l'ouvrage. C'eft d'après
cette réflexion que le Leâeur doit juger à peu près de
retendue qu'aura celui-ci. D'ailleurs , je le répète , mon
intention eft de borner le nombre des volumes. Quand
"même la nature des lettres fuivantes ne s'y prêteroit pas ,
j'y ferois contraint par la néceffité de ne pas répéter ce
que j'aurois dit dans plufieurs articles des premières lettres,
auxquels il fuffifa de renvoyer.
J'ai auffi avancé dans l' Avertiflenœnt du fécond voluotie^
qu'il n'y auroit point de lettre qui fournît autant que 1^
^we J i & j'çfperg'^ue je ne ferai poiç« démientî fut ce«
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ij AVERTISSEMENT.
article. 11 eft vrai que la leccre C ne fera guère moins
abondance que la leccre A ; & cela n'eft point furprenanr*
On peut remarquer que cecce lettre dans nos Diâionnaires
les mieux feics , fournie prefque toujours plus que la lettre
A. Cependant , dans celui-ci elle ne donnera pas plus de
cinq volumes , comme a fait la lettre A. Peut-être même
que le cinquième , qui formera le douzième volume de
rOuvrage , contiendra une partie de la lettre D. Quant
aux autres lettres , elles fe fuivront de prés. Par ce moyen
je me procurerai à moi-même la fatisfaâion d*avoir fourni
plutôt ma carrière. Les encouragemens*, que je reçois fré-
quemment , & en particulier de ceux qui tiennent le pre-
mier rang dans la Littérature , ne contribuent pas peu à
me porter à accélérer ma marche.
Quelques Gens de Lettres , mais en trop petit nombre ,
ont eu la bonté de m'adreflbr quelques utiles réflexions fur
les premiers volumes de cet Ouvrage. Je leur en fçais un
^ré infini , & tels feront toujours mes fentimens à Tégard
de ceux qui voudront prendre la peine de contribuer à la
perfeftion de mon entreprife. M, rAbbéCounépée,préfec
du collège de Dijon , qui fait fes délices de letude de la
Géographie ancienne , m'a communiqué des remarques fur
plufieurs points de cette fcience ; je m'en ferviraî avanta-
geufement dans Toccafion. Ses talens connus doivent faire
défirer avec empreflèmenr la publication d'un ouvrage
auquel il travaille aduellement. C'eft une defcription géo*
graphique de la province de Bogrgogoe. Il a pour Aflbcié
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AVÉRTISSEME NT. ù\
dans, cette encreprife , un habile hommc^ M..Béguiliec,
membre de plufîeurs Académies.
On dévoie imprimer trois volumes pendant Tannée 177 r.
Il feroic inutile d'expofer ici les raifons qui ont empêché
que la chofe n'eût lieu ; mais il fera pris déformais des
mefures pour q^ue Timpreffion ne fouffre plus de retard/
On ,va même travailler, à réparer la négligence de Tannée
dernière.
Les éditions de cet Ouvrage commencent à fe multi-
plier dans les païs étrangers. On fent bien que ces éditions
contrefaites ne fçauroient être à beaucoup près auffi foi-
gnées que celle que je fais faire fous mes yeux , & à la-
quelle je veille moi-même. Pour avoir cette édition , il
faut s'adreflèr à M. Delalain à Paris. G*eft le feul Libraire
qui en foit chargé aduellement.
On mettra , fans faute , à la tête du volume XI II* la
lifte de MM. los Soufcripteurs. Ceux qui n'auroîent pas
encore envoyé leurs noms , font priés de ne pas différer
davantage.
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^^^^g ' ' I
ApPîiOBA^iolsi DU Censeur Rot AL.
J\Ai la, par Tordre de Monfeigneqr le Chancelier >
le Tome onzièmçf d'un, Manufcrk ayant pour titre :
jbiStmnaire pm C InteÛt^ence, des Aiueuri Clajfiques , Grecs &
Latins , tant Sacrés :que Projfknes > & je crois que la contî-
liuacfon de cer Ouvrage, mérite d'être, accueillie favorable-^
ment du Public. Donné a Paris,' le ^^9 d'Avril 1770.
PHILIPPE DE PRÈTOT.
j- ' f.-
-.-. .; .:li.>.
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DICTIONNAIRE
POUR L'INTELLIGENCE
DES AUTEURS CLASSIQUES,
GRECS ET LATINS,
TANT SACRÉS QUE PROFANES^
CONTENANT
LA GÉOGRAPHIE, L'HISTOIRE, LA FABLE
ET LES AhT IQU ITÉS,
CH
H I A , Chia 3 furnom
de Diane. Elle fut
ainfi appellée da cul-
te qu'on lui rendoit à
Chio, où elle avoii
nue ftatue & un temple. Telle
étoic la faperdition des anciens
Payens , adorateurs de Diane de
Cluo , qu'ils croy oient que fa fta-
tue regardoit avec févérité ceux
qui entroient dans Ton temple > &
avec fatisfaâion ceux qui en for-
toient. Ce phénomène paiToit
pour un miracle^ mais , il n'étoit
pas vrai , ou ce n'étoit qu'un efFet
CH
de l'expofitioo de la fiatue, &
fur tout de hmagiaalion des Ido-
lâtres.
CHIBÉROTHABA , Chihc^
roUiaba , (a) terme Hébreu , qui
veMt dire les Sépulcres de conçu-
pifcence. C'eft le nom que l'on
donna à un campement des Ifraë-
lites , où il en mourut un grand
nombre , après avoir mangé des
cailles. On croit que c'eft le mê-
me campement , qui eft nommé
Jetebatha> Hauteurs <^e conçu-*
pifcence.
CHIBR ATH , Chïbrath , me^
(«) Numer. c. ii. v. 34.
Tm. XL
c. }|. V. 16. 1%.
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a , C H
fure de diftance chez les Hébreux.
Elle étoit de mille coudées Ju-
daïques ; ce qui revenoit à qua-
torze cens foixante-huit pieds Ko-
mains (ix pouces, ou à deux (lades
6c demi. La loi ne permectoit pas
aux Juifs de faire plus de deux
Chibraths , un jour de fabbat.
CHIDNÉENS, Chidnei,
peuples qui habitoient aux envi-
rons du Pont-Euxin, félon Or-
phée dans fes Argonautes cités
par Ortélius.
CHIDON[rAirede],-^rtf^
Chidon, {a) Ceft le lieu où Aza
fut fubitement frappé de mort ,
Eour avoir imprudemment porté .
i main à TArche qui cHancelok
fur fon chariot. Dans le fécond
livre des Rois , cette aire èft nom-
oiée 'X9^te de Nachon. On ne
fçait fi Nachon &' Chidon font
des noms d'hommes , ou des
noms de lieux.
CHIDORE , Chidorus , {b)
Xé//«/)oç , rulfleàu de la Macédoi-
ne dans TAmphaxitide, (èlon Pto-
lémée > qui l'appelle Échédore.
Mais ,- on lit Ghidore dam Héro-
dote. Celui-ci dit que Xerxès ,
parti d* Acanthe pour fe rendre à
Thermes , avec fes trouas <ie
terre , s'éloigna du rivage ttàver-
fânt la Péonie & la Chreflonie
au*deflus du fleuve Chidore, qui
prenant fa fource dans la Chref-
tonie ) coule au travers de la
Mygdonie le long du marais qui
eft au-defTus de TAxius. Il ajoute
que lès Barbares s'étant campés
c H
fur les bords du Chidore > ce fleu-
ve ne put fournir feul aflez d'eau
à tant de monde 9 & tarit. S'il n'y
a point d'hyperbole dans ce tait ,
nous en conclurions que le Chi-
dore eft un torrent qui ceflfe quel-
quefois de couler , & qui reda
à fec juftement dans ce tems là.
M. de rifle , dans fon Atlas »
met la fource de ce fleuve dans
les montagnes, de la Bifaltie , oii
il commençoit à couler vers le
nord-oueft à travers la Chrefto-
nie ; puis fè repliant vers le fud^
ouefl , il arrofoit , félon le même
Géographe, Aflbrus , Palethre,
Apollonie , & Philérus dans la
Mygdonie, & fejettoit enfin dans
l'Axius » après avoir côtoyé le
marais que cet autre fleuve for-
moit entre fes deux branches ,
avant que de fe jetter dans le
golfe Thermaïque. Les Inter-
prètes de Ptolémée nomment pré-*
fentement ce fleuve Câlico.
CHIEN , Canis , Ki/c^r , (c)
animal quadrupède , le plus fa-
milier de tous les animaux do-
Aiefliques.
L Le Chien eft peut-être de
tous les animaux, celui qui a lej
plus d'inftinâ » qui s'attache le
plus à l'homme > ôc qui fe prête'
avec la plus grande docilité à tout
ce qu'on exige de lui. Son naturel
le porte à chafler les animaux
fauvages ; & il y a lieu de croire
que (i on l'avoit laifl<é dans les
forêts , fans Tapprivoifer , fes
mœurs ne feroient guère difFéren->
(«) Reg. L. II. c. 6. V. 6. Parai. L. 1 (O Plut. T. I. p. 195 » 339. Mém.
I. c. \%. V. 9. I de PAcad. des InfcrJpt. & Bell. Letc.
ih) Ptolem. L, II. c. 13. Herod. L. 1 Tom. III. pag. 88 , 90* Tom. IX. pag,
VU, c. 114,117. Iji. & fmiv.
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CH
tes de celles des loups & des re-
nafds, auxquels il refTemble beau-
coup à l'extérieur , & encore plus
à Tintérieur. Mais en l'élevant
dans les maifons ÔC en en faifant
un animal domefiique , on Ta mis
à portée de montrer toutes fes
bonnes qualités. Celles que nous
admirons le plus , parce que no-
tre amour propre en eft le plus
flatté, c'efl la fidélité avec la-
quelle un Chien refle attaché à
fon maître ; il le fuit par tout ,
il le défend de toutes (es forces ;
il le cherche opiniâtrement s*il l'a
perdu de vue » & il n'abandonne
î)as fes traces , qu'il ne Tait re-
trouvé. On en voit fouvent qui
redent fur le tombeau de leur
maître , 5c qui ne peuvent pas vi-
vre fans lui. U y a quantité de
faits trèsfurprenans & très-avé-
rés fur la fidélité des Chiens. La
perfonne qui en efl l'objet , ne
poarroit fe défaire de la Compa-
gnie de fon Chien , qu'en le fai-
ùint mourir ; il fçait la retrouver
malgré toutes les précautions
Qu'elle peut employer. L'oi^ane
e l'odorat , que les Chiens p^-
roiflfent avoir plusy fin & plus par-
bit qu'aucun autre animal , les
fert merveilleufement dans ces
fortes de recherches , & leur fait
reconnoître les traces de leur maî-
tre dans un chemin ^ plufieurs
jours api^ qu*il y a paiTé ; de
même qu'ils diftinguent celles
d'un cerf , malgré la légèreté &
la rapidité de fa courfe , quelque
part qu'il aille , à moins qu'il ne
pafîe dans l'eau , ou qu'il ne fau-
te d'un rocher à l'autre , comme
on prétend qu'il arrive à quel-
CH j
ques-uns de le faire , pour rompre
les Chiens.
L'odorat du Chien efl un don
de la nature ; mais , il a d'au-
tres qualités qui femblent ve-
nir de l'éducation, & qui prou*,
vent combien il a d'iqflinâ , ma*
me pour d^ chofes qui paroiffent
être hors ot fa portée; c'efl > par
exemple , de connoitre à la façt>n
dont on le regarde , ù on efl irrité
contre lui, oc d'obéir au fignal
d'un fiipple coup d'œil , &c. En-
fin , rinilinâ des Chiens efl fi
fur, qu'on leur confie la conduite
6c la garde de plufieurs autres
animaux. Us les maîtrifent comme
fi cet empire leur étoit dû , & ils les
défendent avec une ardeur & un
courage qui leur font affronter les
loups les plus terribles. L'homme
s'aflbcie les Chiens dans la pour-
fuite des bêtes les plus féroces;
& même il les commet à la garde
de fa propre perfonne.
Ces mêmes animaux, qui mon-
trent tant de courage , & qui em-
ployent tant de rufes quand ils
chalFent , font de la plus grande
docilité pour leurs maîtres , &
fçavent faire mille geniillefles ,
lorfque nous daignons les faire
fervir à nos amufemens. Tant &
de fi bonnes qualités ont , pour
ainfi dire > rendu les Chiens di-
gnes de la compagnie des hom-
mes ; ils vivent des refies de nos
tables ; ils partagent avec nous
nos logemens ; ils nous accompa-
fnent lorfque nous en fortons;
Infin , ils fçavent plaire au point
qu'il y a bien des gens qui en por-
tent avec eux, ôc qui les font cou-
cher dans le même lit.
A ij
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4 CH
II. Les Grecs & les Romains
dreflbient leurs Chiens avec foin,
Xénophon n*a pas dédaigné d'en-
trer dans quelque détail fur la
«connoiiTance & l'éducation de ces
animaux. Les Grecs fairoient cas
de^ Chiens Indiens , Locriens &
Spartiates. Les Romains regar-
doient les Molofle#comme les
glus hardis ; les Pannoniens , les
retons, les Gaulois, les Acar-
naniens, &c, comme les plus vi-
goureux ; les Cretois , les Éto-
liens , les Tofcans , &c. comme
les plus intelligens ; les Belges ,
les Sicambres comme les plus
vîtes.
Il eft fait mention d'un peuple
d'Éthiopiè , gouverné par un
Chien , dont on étudioit Taboie-
ment & les mouvement dans les
affaires importantes. Le Chien de
Xantippe , père de Périclès , fut
un héros de la race. Son maître
s*étant embarqué fans lui pour Sa-
lamine , l'animal fe précipita dans
les eaux^ & fuivit le vaiiTeau à la
nage.
L'attachement que quelques-
uns ont pour le Chien , va jufqu'à
la folie. Henri III aima les Chiens
-mieux que fon peuple. » Je me
I» fouviendrai toujours , dit M.
» de Sully , de l'attitude & de
i> l'attirail bizarre où je trouvai
» ce Prince un jour dans fon ca.-
. n hinet. Il avoit Tépée au côté ,
« une .cape fur les épaules , une
» petite toque fur la tête , un pa-
» nier plein de petits Chiens pen-
i> du à fon coup par un large ru-
^ ban ; & il fe tenoit Ci immobi-
» le , qu'en nous parlant il ne re-
n mua ni tête , ni pied, ni main. <c
C H
Les Mahométans ont dans leurs
bonnes villes des Hôpitaux pour
ces animaux; 6c M, de Tourne*
fore aifure qu'on leur laifle des
penfions en mourant , & qu'on
paye des gens pour exécuter les
intentions du teUateur. M. Leib-
nitz a fait mention d'un Chien qui
parloit , & rhiftoire de ces ani-
maux fourniroic des anecdotes
très-honorables pour l'efpèce.
Favin dit que par jugement de
Louis XII & en fa prefence , un
Chien combattit le meurtrier de
fon maître , & en eut la viftoire;
que l'hidoire en eft peinte au châ-
teau de Montargis , & que les
Gaulois fe fervoient de Chiens à
la guerre.
Alcibiade avoit un Chien d'une
taille extraordinaire & d'une
grande beauté , qu'il avoit acheté
foixante-dix mines , & il lui fit
couper la queue qui étoit jufte-
ment ce qu'il avoit de plus beau.
Ses amis s'étant mis à le gronder,
& à lui dire que tout le monde
parloit de cette aôloh , & le blâ-
raoit extrêmement' d'avoir gâté
un fi beau Chien. Foilâ ce que je
demande , reprit Alcibiade en en
riant ; je veux que les Athéniens
s'entretiennent de cela , afin qu'ils
ne parlent pas d'autre chofe , 6»
qu'ils ne difint pas pis de moi»
Sur les médailles, le Chien eft
le fymbole commun de la fidélité.
Il eft fur la médaille ^'Ulyffe ,
parce qu'il le fit reconnoître à fon
retour à Itaque. On le donne à
Mercure à caufe de fa vigilance ,
& de fon induftrie à découvrir ce
qu'il cherche. Diano a fes lévriers
auprès d'elle. Quand il eft auprès
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CH
d'une coquille , & le mufeau bar*
bouille , il marque la ville de Tyr,
où le Chien d'Hercule ayant cro-
qoé le murex , en* revint le nez
tout empourpré ^ & fit connoître
cette belle couleur.
III. On immoloit le Cbîen à
Hécate , à Mars & à Mercure. Il
étoit en grande vénération en
Egypte , & fur tout dans la pré-
feâure Cynopolitaine , qui en ti-
roit Ton nom. Anubis y étoit ado-
îé fous la forme d'un Cbien , te-
nant un fiftre Égyptien , ou une
palme d'une mam , & un caducée
de l'autre , comme on le voit dans
une médaille de Marc-Àurele &
de Faaftine. On fçait qu' Anubis
avoit an temple à Rome , & que
Mundus corrompit les Prêtres
pour abufer -de Pauline femme
de Saturnin , fous le nom d'Anu-
bis. Les Prêtres furent chaffés, &
le temple fut rafé. Les Mytho-
logues s'accordent afliez à recon-
noitre Mercure fous le nom d'A-
nubis. Le refped pour les Chiens
paroît fondé fur ce qu'Ofiris & Ifis
avoient un Chien employé à leur
garde. D'autres rapportent qu'a*
près que Typhon eut aflaffiné
Ofiris , ce fut un Chien oui garda
le cadavre , & qui conduiut Ifîs
jufqu au lieu oii le meurtrier l'a-
voir caché ; & c'étoit pour faire
paiTer à la poftérité la mémoire
de la fidélité de cet animal , qu'aux
cérémonies célébrées à l'honneur
d'ifis I les Chiens marchoient à la
tête.
Si quelque Chien ft trouvoit
CH y
mort dans les maifons des parti-
culiers , tous les domediques fe
faifoient rafer , & en marquoient
leur deuil.
Les Romains facrifioient tous •
les ans un Chien , parce que cec '
animal ri'avoit pas fait fon devoir ,
lorfque les Gaulois s'approchèrent
du Capitole.
(a) IV. Le Chien, dans l'É-
criture 9 eft déclaré impur par la
loi ; & il eft fort méprifé parmi
les Juifs. Ils n'ont rien de plus in-
jurieux à dire que de comparer
un homme à un' Chien mort. Da«
yid , pour faire fentir à Saiil que
la perfécution injufle qu'il fouf-
froit de fa part » ne lui faifoit à
lui-même aucun honneur , lui
dît : Qui pctfécut€{ • vous » roi
d'Ifraël ? Qui perfécutc^^vous t
Vous perfécute^^ un Chien mort^
Lorfque David fit l'honneur à
Miplubofeth , de lui donner fa ta-
ble 9 Miphibofeth en le remer«
ciant » lui dit : Qui fuis- je , moi
votre ferviteur , pour mériter que
vousjettie^ les yeux ^ fur un Chien
mort comme mou Job dit que dans
fa difgrace il étoit infulté par de
jeunes gens , aux pères defquels il
n'auroit pas daigné auparavant
confier le foin des Chiens qui gar«
dolent fes troupeaux.
Le nom de Chien k met quel-
quefois pour un homme qui a
perdu toute pudeur ^ pour un
nomme qui fe proftitue par une
aâion abomisable ; car , c'ed ainfi
que plufieurs entendent la défenfe
que fait Moïfe en ces termes :
(«) Deuter. c %%, v. 18. Reg. L. I.li^. v. 11. Ecclefîaflic. c. i;. v. la. ad
c. 24. V. iç. L. II. c. 9- V. 8. Job. c. jcIPhilipp. Epift. c. 5. v. a. Petr. Epift. %^
T. I. Plalm. 11. V. 179 %u Piofer, c.|c, ». v« is. Apocalyp. c. xx. v. ij.
A iij
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6 G H
Vou/ nofirite^ point darù ta mai-^
fort du Seigneur votre Dieu , la
recompenfe de la proflituée , ni le
prix du Chien , quelque vœu que
♦ vous aye^fait , parce que Vun &
l'autre efl abominable devant le
Seigneur votre Dieu,
C'eft dans le oiême fens que
Ton^ntend ce que dit rEcciéiiafti-
que : (Quelle paix y a-t- il entre
l'hyène & la chienne , c'eft-à-dire,
entre Thonime faint & le méchant
qui a l'impudence du Chien,
On lit dans l'Apocalypfe :
Qu'on laijfe deh<frs les Chiens ,
les empoifonneurs , les fornica'»
teurs , les homicides & les idolâ"
très , & quiconque aime &fait le
menfonge.
Saint Paul donne le nom de
Chien aux faux Apôtres ^ à caufe
de feur impudence & de leur
avidité pour le gain fordide. En-
fin , Salomon & Saint Pierre
comparent les pécheurs qui re-
tombent toujours dans leurs cri->
mes , aux Chiens qui retournent à
leur vomiflement. David com-
pare audi fes ennemis à des
Chiens , qui ne ceflbient d'aboyer
contre lui ,' par leurs médifances
& de le mordre par leurs perfé*
cutions 6c leurs mauvais traite-
mens.
On ne voit pas que les Hébreux
fe fervifTent de Chiens pour la
chaiTe. Le gibier , qui auroit été
tué par un Chien , auroit été fouil-
lé , & ils n'auroient pu en £aire
ufage. Il n'eft fait aucune mention
de Chiens quand il eft parlé de
chafle , ni aucune mention de
chaflie quand il eft parlé de
Chiens* Dans TOrient , on fe fer-
CH
voit plutôt de lions , ou de quel-
ques autres animaux femblables,
qu'un cavalier portoit en croiipe ,
ou devant lui à cheval ; Ôc lorf-
qu'il appercevoic le gil>ier , il
ôtoit une efpèce de bourlet que
l'animal avoit fur les yeux ; &L
dès que celui-ci appercevoit fa
proie y il fe jettoit deftus avec une
très- grande agilité. On ne vou-
droit pas cependant nier que les
Jui& ne fe fervifTent de Chiens »
pourvu qu'ils les empéchaiTent de
tuer les animaux qu'ils pourfîiî-
voient ; car , le Chien ne fouille
pas , tant qu'il eft en vie.
CHIENS DE CHASSE.
Voyej;^ ChaiTe.
CHIFFRE , caraSère, dont on
fe fert pour défigner les nombres.
Les anciens peuples fe font fer vis
de difFérens Chiffres. Les feuls en
ufagè aujourd'hui , du moins en
Europe & dans une grande partie
de la terre, font les Chiffres Ara-
bes au nombre de dix , dont le
zéro [o] fait le dixième. Le zéro
s'eft appelle pendant quelque tems
du nom de Chiffre , Cyphra; en-
forte que ce nom lui étoit parti-
culier. Aujourd'hui on donne le
nom de Chiffre à tous les carac-
tères fervant à exprimer des nom-
bres ; & quelques Auteurs refu-
fent même le nom de Chiffre au
zéro , parce qu'il n'exprime point
de nombre , maiîK fert feulement
à en changer la valeur.
L On doit regarder l'inven-
tion des Chiffres comme une àes
plus utiles , 6c qui font le plus
d'honneur à l'efprit humain. Cette
invention eft digne d'être mife à
coté de relie des lettres ^ l'ai'
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CH
pbabet. Rien n'eft plus admirable
que d'exprimer avec un petit
nombre de caraâères toutes for-
tes de nombres & toutes fortes
de mots. Au refte , on auroit pu
prendre plus ou moins de dix
Chiffres ; & ce n'eft pas précifé-
ment dans cette idée que confifte
le mérite de l'invention , quoique
Je nombre de dix Chiffres foit
affez commode. Le mérite de
l'invention confifte dans l'idée
qu'on a eue de varier la valeur
d'un Chiffre en le mettant à dif-
férentes places ; 6c d'inventer un
caraâère zéro , qui fe trouvant
après un Chiffre ^ en augmente la
valeur d'une dixaine.
L'on fe fen des Chiffres Ara-
bes en Arithmétique y en Algè-
bre, en Trigonométrie & en Af-
tronomie. Les Arabes reconnoif-
fent qu'ils ont reçu ces caraâères
des Indiens , & ils les appellent
figures Indiennes. On a commen*
ce à compter par ces figures du
tems des Sarrazins ; & on croit
que Planude , qui vivoit fur la fin
du XIIIc. fiecle, eft le premier
des Chrétiens qui fe foit fervi de
ces Chiffres. Alphonfe X , roi <le
Caftille s'en étoit fervi avant lui
pour conftruire fes ubles Aftro-
aomiques.
Les Chiffres Arabes » comme
BOUS l'avons déjà dit , (ont an
nombre de dix ; ou bien ils for-
ment dix figures. Les voici » o. i •
2. 3. 4. 5. 6. 7. 8. 9. Le zéro par
lui-même ne fignifie rien. Les
figures foivantes marquent de fui^
te depuis un jufqu'à neuf. Quand
elles font plufieurs accouplées en-
ieaible > la première eft celle qui
CH 7
eft à droite , & en remontant de
droite à gauche , elles croiffept
toujours de dix ; de forte que la
première en ce fens ne marque
que des unités , la féconde des
dixaines , la troifième des centai*
nés , la quatrième des milles , U
feptième des millions , & ainfi des
autres.
Le Chiffre Romain n'avoît or-
dinairement que cinq figures « que
voici , I. V. A. L. C. La premiè-
re figure fignifioit un ; pL multi*-
pliée jufqu'à quatre , elle faifoic
II , deux ; III , trois ; IIII , qua-
tre. La féconde valoit cinq. Avec
les I ^ elle formoit les nombres
jufqu'à dix ; VI , {\x ; VII , fept ;
VIII , huit; VIIII , neuf. La troi-
fième faifoic dix ; 6c en y ajou-
tant les précédentes , elle formoit
les nonâ^res jufqu'à vingt. Pour
marquer vingt , on la doubloit
XX ; pour trente on la triploit
XXX ; & pour quarante joti la
répétoit quatre fois XXXX. La
quatrième figure L , valoit cin-
quante ; & en y ajoutant les pré-
cédentes LX , LXX , &c. on en
(brmoit tous les nombres jufqu'à
cent, qui s'exprimoit par le C^
qui eft la dernière figure. Quand
elle étoit double CC » elle figni-
fioit deux cens \ triple CCC, trois
cens , &c« pour marquer cinq
cens on accouploit 11 & le d
renverfë en cette manière io ; ôc
pour exprimer mille , on ajoûtoic
un C avant l'I de cette forte cid«
on l*exprimoit auffi par une M;
& par la fuite on fit de lo en les
joignant un D> pour fignifier cine|
cens..
On trouva auftl dans la fuiti^
Aiv
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8 C H
des abréviations , qui confiftenc
en ce que une de ces figures mife
avant une autre, fignihe le nom-
bre de la féconde , moins celui de
la première ; par exemple IV fi-
gnifîe cinq moins un, c'eft- à-dire,,
quatre, IX , dix moins un , c'eft-
à-dire , neuf. XIIX , vingt moins
deux , c'eft - à - dire , dix - huit.
XIX, vingt moins un, c*eft-à7
dire , dix- neuf. XL , cinquante
moins dix , c'eft-à-dire , quarante.
XC 5 cent moins dix , c*efl-à-dire,
quatre-vingt-dix. On prétend que
ces abréviations font récentes , &
qu'elles ne fe trouvent point fur
les tiuonumens bien antiques.
L origine du Chiffre Romain
vient de ce qu'on a compté d'a-
bord par les doigts ; de forte que
pour marquer les quatre premiers
nombres , on s'eft (ervi de I , qui
les repréfente ; & pour le cinquiè-
me , on s'eft fervi d'un V , re-
préfente en baiflant les doigts du
milieu , &L en montrant ample-
ment le pouce avec le petit doigt ;
& pour le dixième de X , qui eft
un double V, dont il y en a un
renverfé , & mis au-de(fous de
l'autre. De-là vient que la pro-
gredion dans ces nombres efi tou-
jours d'un à cinq , puis de cinq à
dix. Le cent fut marqué par fa
capitale C. Depuis, ou en cor-
rompant les figures , ou pour la
commodité des Écrivains , Ton a
ajouté deux Chiffres Romains ,
le D, qui vaut cinq cens, & l'M ,
qui vaut mille ^ parce qu'elle a
beaucoup de rapport à l'M Go-
thique. Ainfl , il y a préfentemenr
fept lettres qui fervent à cette for-^
te de nombre.
CH
M. Huet eft perfuadé que itos
Chiffres ordinaires , ou Arabes ,
ont été formés fur les lettres
Grecques. Suivant fon (éntimenc
le ^ a fervi à former le 2 ; du y
on a formé le 3 ; du A , le 41 de
Vi . le 5 ; du 0- ♦ le 6 ; du Z , le 7 ;
de l'H > le 8 ; du 6, le 9. Dom
Calmet prétend que ce ne font
que les notes de Tiron. Toute
leur preuve eft la reflemblance
qu'ils croyent appercevoir , l'un
entre ces Chiffres ôc les lettres
Grecques ; & l'autre entre ces
mêmes Chiffres & les notes de
Tiron. Mais , une marque que nos
Chiffres font de l'invention des
Orientaux , c'eft , comme l'a ob-
fervé Valle , qu'on les fuppute
de droite à gauche , qui eft la
manière de lire de plufieurs
Orientaux.
IL Chiffre fe dit aufB de cer-
tains caraâères inconnus , déguî-
fés & variés , dont on fe fert poar
écrire des lettres qui contiennent
quelque fecret , & qui ne peuvent
être entendus que par ceux qui
font d'intelligence » & qui font
convenus enfemble de fe fervir
de ces caraâères. On en a fait
une fcience qu'on appelle Poly-
raphie ou Stéganographie, c'eft-
dire , écriture diverfifiée & ohC-
cure , laquelle a été inconnue aux
Anciens. De la Guilletière , dans
un livre inthulé , Lacédémone
ancienne & nouvelle , prétend que
les anciens Lacédémoniiens ont
été les inventeurs de l'art d'écrire
en Chiffre. La fcytale qu'ils in-
ventèrent , fut , fdon lui , l'é-
banche de.xet art myilérieux*
C*étoiem deax.ioâleaux de bois
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CH
d'une longueur & d'une épaîflear
égale. Les Éphores en gardoient
un , & l'autre étoit pour le géné-
ral d'armée qui marchoit contre
rennemi. Chaque fois que ces
Magiftrats lui vouloient envoyer
des ordres qiJi fuflent fecrets , ils
prenoient une bande de parche-
min étroite & longue , qu'ils rou-
loient avec jufteiïe au tour de la
fcy taie qu'ils s'étoient réfervée. Ils
écrivoient en cet état leur inten-
tion , qui paroifToit dans un fens
parfait & (uivi , tant que la bande
de parchemin étoit appliquée fur
le rouleau. Mais, dès qu'on la
développoit, l'écriture étoit tron-
quée , & les mots fans liaifon.
Leur général po.uvoit y trouver
de la fuite 6c du fens , en ajoutant
la bande fur la fcy taie, ou rou-
leau femblable qu'il avoit , & en
lui donnant la 4nême afiiêtte, où
les Éphores l'avoiem mife.
Polybe raconte qu'Énéas , fur-
nommé Taâicus , ramafTa , il y
a environ deux mille ans, vingt
manières ^lifférentes qu'il avoit in-
ventées en partie , & dont on
s'étoit fervi jufqu'alors , pour pou-
voir écrire d'une manière où il
n'y eût que celui qui en fçavoit
lefecret, qui y. pût comprendre
quelque chofe. Ainfi , Trithême
n'eft point l'Inventeur de l'art
d'écrire en Chiffre , ni même
Énéas Taâicus. Trithême, & dôjt
puis Jean-Bapcifle Porta , en ont
écrit fort fçavamment. Vigenere
Sl le ?• Niceron- en ont auffi
CHI-KING[Le],(tf)eftun
CH 9
livre de poëfie Chinoiiê. Ce livre
étoit un des ouvrages dont Con-
fucius faifoit le plus de cas. Dans
les livres qui nous reAent de lia
& de fes difciples , on le cite (ba-
vent, ÔC toujours avec de très-
grands éloges. On donne ce nom
de Chi-king à un recueil de trois
cens cinquante odes ou cantiques
qui fe chantoient dans les facrifi-
ces & dans les affemblées pubi-
ques , foit à la cour des Empe-
reurs , foit dans les proviiKes.
Lu-fle-Colao ou premier mimilce
fous les Tchéou , avoit publié
une ample compilation de ces
cantiques , parmi lefquels Coofb-
cius en choifir trois cens cinquan-
te , qu'il crut les plus propres à
porter les hommes à la vertu & à
les inftruire de leurs devoirs. Ce
recueil eft de quelque importan-
ce pour la Chronologie , en ce -
qu'il nous a confervé la date pré-
cife d'une éclipfe de Soleil , que
le calcul agronomique confite
pleinement ; mais , ce n'eu pas ici
le lieu de parler d'un objet de
cette nature.
Ce livre fut enveloppé dans
l'incendie général fous Chihoang-
ti ; on le crut totalement perdn
au commencement des Hane ; 6c
pour y fuppléer, on forma diffî-
rens recueils des cantiques cou-
fervés dans les provinces. Le Loii-
^hi ou recueiF des cantiques da
royaume de Lou ^ a été publié ,
par Kiéou - Léou - pé , & com-
menté par Chine-Cong.* Le re-
cueil des cantiques du royaume
de Tfi fut publié par Yene-cou-
(j) Mém. deTAoïd. des Infcapt. & Bell. Lett. Tojn. XV. pag. 5)8» $|9«
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lo CH
feng y & celui ^u royaume de
Yene le fut par Hane-yu,
Cependant , il s'étoit confervé
«n exemplaire de l'ancien Chi-
king , celui de Se-hia difciple de
Confucîus.' La tradition nous a
tranfmis les noms de ceux par les
flnains defquels il avoit pafié avant
Se de tomber dans celles de
ao-kane fon feptième poflef-
feur, qui y ajouta des notes. Il
y avoit déjà une préface , qui
étoit l'ouvrage de Se-hia lui-mê-
me. Mao*tchang petit -^ fils de
Mao-kane , & célèbre par fon
talent pour la verfification , revit
avec foin toutes les odes, & mit un
court argument à la tête de cha*
eu ne , pour en indiquer le fujet
L'exemplaire de Mao-tchang
fiit préfenté à l'empereur Vou-ti
la onzième année de fon règne ^
Fan 130 avant l'Ère Chrétienne.
C'eft fur cet exemplaire qu'ont
été faites les copies du Chi-king ;
& c'eft par cette raifon que dans
rédition authentique du Che-fane-
king , il porte le titre de Mao-
chi , les odes de Mao ; ce Chi-
king 6t bientôt oublier le Lou-
chi & le Yene-chi. M. Fréret
affure qu'on lui avoit écrit de
Pé-king , qu'un Miffionaire avoit
fait une traduâion du Chi-king ,
qu'il comptoit publier avec des
notes , &L qu'il étoit aâuellement
occupé à la retoucher , ne vou*
tant la laifler paroitre que lorfqu'it
lui auroit donné toute la pérfec*
tion dont il fe crôyoit capable.
• CHILÉUS , ChiUus , X/Aft;« »
(tf) Arcacfien > qui , à ce que l'on
(«} Plut« T. !• p. 114.
fô;
CH
prétend » aida Thémiftocle à af*
loupir les guerres inteflines des
Grecs.
CHILI ARQUE, Ckitiarchûs,
' nom d'un officier à la cour de
*erfe.
Chiliarque, feloni' la force da
mot Grec , fignifie un capitai-
ne de mille hommes ; c'étoit le
nom de pluHeurs emplois fort
différens chez les Perfes. Le Chi«
liarque , dans la guerre , étoit un
emploi qui répondoit à nos colo-
nels felon Hérodote. Xénophon ,
dans le huitième livre de ia Cy-
ropédie, donne ce nom à ceux
3ui commandoient les troupe»
efHnées à défendre les provin-
ces ; c'eft ce que nous appelions
Commandans.
Il y avoit auffi un Cbiliarque
dans le palais , & c'eft de cec
officier que parle Cornélius Nepos
dans la vie de Çonon. Une de
les fondions étoit d'introduire au-
près du Roi les perfonnes , qu'il
vouloit bien admettre à fon au-
dience. Cornélius Népos n'eft pas
le feul qui le dife. Élien nous ap-
prend la même chofe dans fon
hiftoire diverfe. Plutarque le dit
auffi dans la vie de Thémiftocle »
& nous donne à entendre que ce
Chiliarque du palais étoit le ca-
pitaine des gardes , puifqu'il nom»
me Chiliarque, Artaban, que Dio<^
<|k>re de Sicile nomme capitaine
des gardes. Cétoit le premier Offi-
cier de la couronne , il avoit la
furintendance • de toute la maifon
du Roi , & il paroit que fon auto-
rité étoit à peu près telle qu'a été
I (h) Corn, Nep, in Conon. c. |,
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CH
depuis celle des Préfets do prétoire
à Rome , & en France celle des
Maires du palais , qui difpofoient
de toutes le* charges de fa cour ,
& avoient connoidance de toutes
les affaires de TÉtat. Selon toutes
les relations de Perfe , il y a enco-
re dans le palais des rois de Perfe
un officier de grande confidéra-
tion , qui commande à mille gar-
des du dedans du palais , ôc à deux
Viiile gardes du corps qui accom-
pagnenc le Roi quand il fort. Les
-œlations marquent auffi que la
fonâion de ce grand officier eft
d'introduire à l'audience du Roi.
CHILIOMBE , Chiliombe , (a)
terme , qui veut dire facrifice de
mille bétes. Il y a apparence
qu'on a facri6é rarement tant de
viâimes à la fois. Un tel facrî-
fice fou vent répété confomoie-
roit bien des animaux..
CHILMINAR , ou , comme
prononcent les Voyageurs, Tchel-
minar. Ceft le nom que l'on don-
ne aux plus belles & aux plus
magnifiques ruines qui nous ref-
tent de ^'antiquité ; ce font celles
en partie de ce fameux palais de
Perfépolis , auquel Alexandre
étant ivre mit le feu par complai-
sance pour la courtifanne Thaïs.
Les Voyageurs & les Hiftoriens
ont donné des defcriptions fort
circondancié^s des Chilminar ,
entr'autres , Gratias de Silva , Fi-
groa , Pietro Délia Valle , Char-
din & le Brun. Voici en abrégé
ce que c'efl que les Chilminar.
On voit les refies de près de
quatre-vingts colonnes dont les
CH If
fragmens ont au moins Cx pieds
de haut ; mais , il n'y en a qtie
dix-neuf qu'on puifTe dire entiè-
res 9 avec une autre toute feule
éloignée des autres d'environ cent
cinquante pas. Une roche de mar-
bre noir fort dur fervoit de fonde*
ment à cet édifice. Quatre-ving|C«
quinze marches portent au pre-^
mier plan du palais; elles tout
taillées dans le roc. L'entriéeda
f>alais a environ vingt fneàs de
arge ; d'un côté efl la figure d*ua
éléphant , & de l'autre celle d'ue
rhinocéros haut de trente pieds ,
& tous deux d'un marbre luifaot.
Proche ces animaux il y a deux
colonnes , & pas loin de- U^ la fi-
gure d'un Pégafe. Après avoir
pailé cette entrée , on rencontre
quantité de fragmens de colonnes
de marbre blanc , dont les refies
font voir la magnificence de l'on*
vrage. Les moindres de ces co*
lonnes ont quinze coudées de
haut , les plus grandes en ont dix-
huit ; elles ont quarante cannelo-'
res larges chacune de trois grands
pouces ; d'oii l'on peut juger de
toute leur grofTeur 6c des autres
proportions. AfTez proche de ren-
trée , on voit une Infcription gra-
vée fur un carreau de marbre
noir y uni comme une glace ; elle
a environ douze lignes ; les let-
tres font d'une figure extraordi-
naire ; elles reflemblent à des
triangles ou à des pyramides.
Il y a encore beaucoup d'au-
.tres Infcriptions , en caraflères
tout différens de ceux qui font
formés en triangles ; quelques-uns
<«) Antiq. expL. par D. Bern. de Montf. Tom» II» p. ao$i«
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îi C H
approchent des caraftères Hé-
breux , Chaldaïques ou Syria-
ques ; d'autres reffemblenc aux
caraftères Arabes, ou Perfans;
d*autres enfin font Grecs. M. Hy-
ée , qui a expliqué Tlnfcription
qui eft en Grec , en fuppléant
jquelques mots qui font effacés ,
*dtt que ces Infcriptions font gra-
vées avec beaucoup de négligen-
ce, & que peut-être elies l'ont été
par quelques foldats,ou fi elles Tont
été par un graveur , il croit qu'il
était de Palmyre , & qu*ainfi les
Infcriptions de Perfépolis font en
langue Phénicienne ; il ajoute que
puiîqu'elles font à la louange d'A-
lexandre ^ elles n'ont été faites
que depuis le tems où ce conqué-
rant a vécu.
Ce monument fert à préfent de
retraite aux bêtes farouches &
aux oifeaux de proie ; ce qui n'a
pas empêché le Brun, par une
cnriofité qui lui étoit naturelle»
d^entreprendre le voyage dé Perfe
dans le deffein d'y voir les reftes ,
de ce fomptueux édifice.
Ce mot vient du Perfien Tch-
cUeminar, c'eft- à-dire, quarante
tours ou colonnes , à caufe des
quarante colonnes d'i^ne grofleur
prodigieufè que i*on voit parmi
ces ruines.
CHILON , Chilon , X/aw, (a)
Lacédémonien» qu'on met au nom-
bre des fept Sages de la Grèce. Il
fut fait Éphore vers la 56*. Olym-
piade.Ce Philofophe mena une vie
toujours conforme à fes préceptes,
ce qu'on voit afTez rarement ; car ,
CH
la plupart des anciens Philofophes
ont dit de très-bonnes chofes 6c
en ont fait de tr^ - mauvaifes ,
condamnant ainfi par leurs dif-
cours leur propre conduite. Mais ,
Chilon , indépendamment des
exemples de vertu quil a donnés
pendant fa vie , penfoif trè«- jufte ,
& avoit laîfle plufieurs maximes
dignes d'être retenues.
Il difoit ordinairement qu'il y
avoit trois chofes bien difficiles
dans le monde : Garder le fecret ,
fçavoir employer le tems , & fiof'
frir les injures fans murmurer. On
dit qu'il mourut d'un excès de
joie, en embraffant Ton fils, qui
avoit été couronné aux jeux
Olympiques. Diogène Laërce a
écrit fa vie. Pline dit qu'il fit gra-
ver en lettres d'or ces maximes
ou fentences au temple de Del-
phes \ Qu'il fallait fe cùnnoître
foi^même^ & ne défîrer rien de trop
avantageux ^^ que la misère étoit
infép arable des dettes & des procès.
Stobée nous a confervé quelques
autres fentences de lui , comme
celle-ci : Il faut parler peu dans le
vin ; ne point parler mal de fort
voifln ; n'aller que le moins que
Von peut auxfeftins de fes amis ;
plutôt perdre que gagner par un
lucre fordide,
Chilon ne s'étoit pas feulement
di (lingue dans la Philofophie ; il
s'étoit aujfli rendu illuftre parmi
les poëtes Lacédémoniens.
CHILON , Chilon , XiW . (b)
autre Lacédémonien , qui avoit
époufé la fœur du roi Archidame.
(0) Pauf. p. 191 » «5^. Plin. T. I. p. | Infc. & Bell, tett. Tom. XIX. pag. i8i»
19} > 394» 4oS« Mém. de TAcâd. deti (O Xduoph. p. 6^7.
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CH
Xénophon en fait mention au
fepfième livre de fon hinoire de
la Grèce. C'eft vraifemblablement
le mênie qui fuir.
CHILON , Chilon , X/>«r > {a)
autre Lacédémonien. Celui-ci ,
prétendant que le trône de Sparte
lui appartenoit à plus jufte titre
qu'à Lycurgue qu'on y avoit pla-
cé , entreprit de l'en chafTer ^ &
de s'y établir à fa place. Ayant
engagé dans fon parti environ
é^MX cens citoyens , il entra à
main-armée dans la ville > tua les
Éphotes, qu'il trouva tous enfem*
ble à table , & marcha droit à ta
maifon de Lyciygue pour l'égor-
ger. Mais, au bruit de ce tumulte ,
il s'étoit fauve. Chilon fe rendit
enfuite dans la place publique ,
exhorta les citoyens à recouvrer
leur liberté , & leur fît de grandes
promefles. Voyant que rien ne
braploit , & qu'il avoit manqué
fon coup , il fe condamna lui-
même à l'exil , & fe retira dans
l'Achaie.
CHILON , Chilon , X/W, (b)
célèbre Athlète > qui étoit de Fa-
tras, ville d'Achaïe. Il furpaiTa
tous les autres à la lutte > & méri-
ta dix couronnes ; il en reçut deux
à Olympie, une à Delphes 5 quatre
à Corinthe & trois à Némée. Les
Achéens lui érigèrent un tombeau
à leurs dépens , parce qu il étoit
mort en combattant contre les
ennemis. Il fut tué , félon Paufa-
nias , du tçms de Lyfippe , qui fie
fa ftatue f c'eû-à-dire , dans la
(«) Roll. Hift. Ane. T. IV. p. 177 , 1
378.
\,h) Pauf. p. 351. Mém. de TAcad. des]
lAfcript. & fieli. Lett. T. III. p- 15s* 1
CH Tj
bataille de Chéronée contre Phi-
lippe , roi de Macédoine , où ks
Achéens furent défaits avec les
autres Grecs , la troifième année
de la II ce Olympiade ,333 ans
avant J. C. ; ou bien dans celle
que les Grecs gagnèrent comte
Antipater , près du fleuve Lamia
en Theiïalie, la féconde année
de la 114c Olympiade, & avant
J. G. 323. En ce cas, il faudrok
conjeâurer que Chilon n'y cooi.
battit que comme particulier; car,
les Achéens ne s'y trouvèrent
point. Paufanias , dans ks Achaî-
ques , fe déclare pofitivement
pour cette dernière opiniotu
CHILON, ChUon.Xi^o^ , (c)
Achéen , qui s'étoit fait de la ré-
putation à la lutte. Ce fut le (evA
de fa nation , qui fe trouva à la
journée de Lamia. Ce Chilon pa-
roît être le mêmequele précédent.
CHILON , Chilon , X^W^ (J)
Éléen, fut un des premiers à fou-
lever fa nation contre le tyraa
Ariftotime « qui fe réfugia ï Vau^
tel de Jupiter, oh on le poignarda.
CHILON, ChUon, XUr, («)
efclave de Caton le cenfeur. C'é-
toit un fort honnête homme fit on
bon Grammairien , qui donnoic
des leçons à beaucoup d'enÊins*
Caton ne voulut pas cependant
qu'il enfeignât les Belles Lettres
à fon fils, s'étant chargé de le fai««
re lui* même.
CHILON r Q. Magius ] ,
Q. Magiiis Chilon , (/) l'un des
complices de la conjuratipa de
(0 Pauf. p. 408.
{d) Pauf. p. 494.
(•) Plut. Tom. I. p, J48.
( f) Cicer . Orat^ a i . in Catil. c. 5^9,
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14 C H
Catîlina. De concert avec' L. Fu-
rius f il avoit manœuvré fans re-
lâche l'intrigue pour la révolte des
Allobroges. Il y a des éditions
qui lifent Q* Manlius Chilon.
CHILUN, Càilun. Ortélius
dit que les Septante nomment
ainfi un lieu de la PaleRine , que
Saint Jérôme nomme Olon.
L'édition des Septante faire fur
le manufcrit du Vatican porte Cha-
lo ; 6c le texte Hébreu , Cholon.
CHIMARRUS , Chimarrus ,
Jiu/Ltctpfoç , (^a) rivière du pais
d'ArgoS) entre celle d'Érafine &
le bonrg maritime de Lerne , feloil
Paufaaias.
Ortélius met auprès de Gonf-
tanttnople , une petite rivière de
ce nom , & cite Pierre Gylies ,
lans dire en quel ouvrage.
CmUAKUS, Chimarus, (b)
Oétois de nation. C'étoit un fol-^
dat » qui fervoit dans les troupes
de Macédoine,, du tems de Per-
fte , vers l'an i68 avant J. C.
CHIMÈRE t Chimera , XtîfJLi"
^, ville de Sicile » félon Etienne
de Byzance. Ce Géographe cite
Xénophon au premier livre de
rUdoire Grecque ; mais , dans les
exemplaires de cet Hiftorien , on
lit à l'endroit cité Himère. La
fuue d'Etienne de Byzance eft
d'avoir redoublé l'afpiration» en
ajoutant un C à 1'^.
CHIMÈRE , Chimera , (c)
Xii'^ff«c» mont^ne de l'Afie mi-
neure dans la Lycie , félon Vi-
bius Séquefter. Solin , en parle
ainfi: » Ce qu'eft le mont Vefu-
(#) Ptuf. j». 155»
{h) Tii. Ltv. L. XLIV. c. 14.
\c) Solini I^as. a66. Virg. vÉneid
îd. L. j
CH
» ve dans la Campanîe , TÉtna
» dans la Sicile > la Chimère l'eft
D dans la Lycie. Cette montagne
I» jette de la fumée durant la nuir%
M C'eft d'elle qu'eft venue 1% fa-
» ble de ce monftre compofé àt
» trois formes d'animaux, a Là
fable fuppofe qu'il avoir la tête
d'un lion , le ventre d'une chèvre ,
& tout le bas d'un ferpent. Ce
n'eft qu'une defcription poétique t
qui étant bien appréciée , ne Si-
gnifie autre chofe , finon que le
haut de cette montagne étoit oc-
cupé par des lions ; le milieu oh
il y avoit de bons pâturages ,
étoit peuplé de chèvres , & le bas
nourriftbit beaucoup de ferpens.
Virgile parle de cette qualité
de Volcan qu'avoit la Chimère,
C'eft pour cette raifon que les
Lyciens avoient bâti tout auprès
une ville confacrée à Vulcain f
nommée Hépheûie. Pline nous
apprend plus précifément que
cette montagne étoit dans la Pha-
felide contrée de la Lycie.
CHIMÈRE , Chimera , (d)
Xei/A€fet y château fur la côte d É-
pire dans les monts Acrocénau^
riens , à l'endroit oîi aboutilfôient
la mer Ionienne & la mer Adria-
tique. C'eft la même chofe que le
Chimérîum , que Paufanias met
dans la Thefprotide.
Ce lieu eft préfentement une
ville 9 qui garde fon ancien nom »
& le dotane aux montagnes voi-
fmes qui font les monts Acrocé-^
rauniens. Chimera eft au bord
d'une petite rivière auprès de
VI. V. 1^8. Plin. T. I. p. 11».
{d) Plin. T. I. p. 189. Pauf. p. 461,
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CH
Porto Panormo dans la Canîna ,
province de TAlbanie.
CHIMÈRE , Chimctra , X'/jlou^
fa, monftre fameux» à qui les
Poëces , dans leurs fiâions > ont
donné une tête de lion , un corps
de chèvre & une queue de dra-
gon ; & ils ont ajouté que Bellé-
rophon avoit combattu & tué ce
roonftre. Cette fable eft rapportée
6c expliquée fort au long à l'arti-
cle de Bellérophon , auquel nous
renvoyons le Lecteur.
CHIMÉRIUM , Chimerîum,
y.t'if^iftQf , {a) nom d'un lieu ma-
ritime de Grèce , dans la Thef-
protide. Thucydide & Paufanias
en font mention. Ce dernier pré-
tend qu'auprès de ce lieu , l'eau
de la mer fe phihroit & devenoît
douce en paflant fous terre. M.
l'abbé Gédoyn croit que le nom
de Chimérium venoit de ce qu'il
y avoit- là un torrent. Voyc^ Chi-
mère. *
CHIMÉRIUM , Chimérium ,
Xel/ufft'^r Y {b) promontoire auprès
duquel étoit fitué le lieu dont il
eft parlé dans l'article précédent.
CHIMÉRIUM > Chimérium,
X€ifitef^to¥ y montagne de Grèce
dans la Phthiotide félon Pline.
CHIMON-, Chimofiy Xilftotp «
(c) fameux athlète Areien. Il eut
un fils qui ne fe diuingua pas
moins que lui dans la profeiuon
athlétique. Celui-ci fut couronné
aux jeux Olympiques pour avoir
CH ty
doublé le flade » & Cbimon etic
le prix de la lutte. Leurs (latues
étoient fort près l'une de l'autre. .
Celle du fils étoit un ouvrage d€
Pandas de Chio , fils & élevé d€
Softrate. Le père avoit deux (la-
tues qui étoient deux chef* d'œà*
vres de Naucydès, tant celle qii|
étoit à Olympie que celle qui
avoi^ été tranfportée d'Argos à
Rome , 6c mife dans le temple d€
la paix. On dit que Chimon ter-
rafla à la lutte Taurofthène c«
fameux athlète d*Égine , & qvtû
rOlympiade fuivante Tauroimè-
ne eut fa revanche & coucha par
terre tous ceux qui luttèrent con-
tre lui.
CHINOIS, Chinenfes, (i/)
peuples qui paffent pour être fort |
anciens dans le monde, enforta
qu'il en eft de leur origine comm«
de ces grands fleuves , dont on
ne fçauroit prefque découvrir la
fource.
I.
Abrégé Chronolocique
des antiquités de la Chine^
La chronologie des annalei
Chinoifes fait remonter fi haut les
commencemens de cette Monar*
chie , que non feulement elle ft
trouve précédée de ceux de tout
les autres Empires , mais qu'il eft
encore au moins très- difficile da
la concilier avec la chronologie
re^âable de nos Livres iacrés*
Cil) Thucyd. pag. 5t. Pauf. p. 465.
{k) Thucyd. p. )i. Scrab. p. 324.
(c) Pauf. p. 360.
U) Mém. de l*Acad. àes Infcript. &
fiell. Lecc. Tom. III. pag. a6â. é' fniv.
T. V. p. 312. 4sr foiv, Tom. VI. pag.
609. ër fnsv. T. X. p. 577. érfi^iv. T*
XIII. p. 507. é" friv. Tom. XV. p. 49^,
ér fniv, Tom. XVIII. p. 178. & fmiv»
T. XXVÏH. p. 503. & friv.r. XXIX.
pag. I . ér friv. Tom, XXX. pa{, got«
& fitiv»
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i6 C H
Selon les annales Chinoîfes , re-
çaes maintenant de toute la na-
tion , Se autorifées par le fuifrage
d'un tribunal établi exprès pour
examiner les queftions de ce gen-
re , Fo-hi regnoic fur la Chine
dès Tan 29^2 avant J. C. ; la
Chine étoit dès-lors peuplée^ 6c
elle commençoit à fe policer. Fo-
bi eut des fucceilçurs dont ces
annales rapportent les noms &
les allions , & cette hifloire con-
tinue fans interruption depuis Fo«
bi jufqu'à nous. Ainfi parle M.
Fréret dans Tes mémoires Air l'hif-
toire des Chinois ; mémoires d'une
profondeur qui étonne. Ce qu'on
ira lire , ne fera qu'un extrait de
ces mémoires. Quand je puiferai
dans quefque autre fource , j'au-
tai foin d'en nommer les Au-
teurs.
L'Écriture nous apprend qu'a-
près le Déluge les hommes ref-
terent unis entr'eux dans 1^ Mé-.
fopotamie , ne faifant qu'une feu-
le & même famille, julqu'au tems
de Phaleg. Vers le tems de la
ttaiffanceide Phaleg, les hommes
fe féparerent Ôi allèrent former
différentes peuplades , defquelles
font iiïues toutes les nations qui
babkentfurla ter^-e. Ainfi » J'hif-i
toire d'aucune nation ne peut re-
monter avec certitude , félon l'É*
criture , au de^-là du tems de Pha-
bgi Mais , là-defFus , il faut en-
core oblerver que les nations ét^ar
blies dans des païs extrêmement
éloignés de la Méfopotamie , ont
eu befoin d'un tems confidérable
Cur faire çè trajet , parce que
homnxes ne fe répandant que.
de proche en proche , marchant
CH
avec leurs troupeaux , leurs fem«
mes , leurs enfans , leurs meu-
bles , &c. dévoient avancer très-
lentement , & qu'il n'eft guère
probable qu'ils abandonnaHent
un païs tant qu'ils s'y trou voient
au large , & tant que leurs trou-
peaux y rencontroient des pâtura- ^
ges. De-là il refaite que les nations
voiHnes , ou du moins peu éloi-
gnées de la Méfopotamie , com-
me les Babyloniens & les Égyp-
tiens ,. peuvent bien faire remon-
/ter leur origine jufqu'au tems de
Phaleg f parce que leur hiftoire
peut à la rigueur commencer avec
celle des premiers condudeurs de
la colonie ; mais , pour les nations
éloignées , comme celle des Chi-
nois ,,ce n'eft pas la même cho-
fe. -
Les peuples de la Chine font
féparés de la Babylonie par de
vâftes païs , par des déferts arides ,
par des montagnes prefqu'inîpra-
ticables , & par des fleuves larges
& rapides qui ne font guéables'
que vers leur fource ; il leur a
fallu du moins quelques ftecles
pour faire ce trajet. Les difficultés
qu^ l'on trouve aujourd'hui à tra-
verfçr les païs qui féparent la Chine
de la Babylonie, étoient fans doute
infiniment plus confidérables dans*
ces tems voifins du Déluge. Les
fuites de cette inondation devoientt
avoir boule ver fé toute la face de.
' la terre ; les plaines fans culture .
dévoient être couvertes de bois;
la profondeur des rivières n'étoic
point connue, & il falloh cher-
cher les gués çn les fondant , oa
les traverHer fur des radeaux conf-^
truits exprès. Les paflages par
lefquels
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CH
lefquels on peut pénétrer à tra-
vers les montagnes , n'étant point
frayés , il £aIloit un tems conHdé-
table pour les découvrir , & le
plus (buvent cette découverte ne
pouvoit être due qu'au hazard«
Suppofera-t-on que les premières
colonies qui fe rendirent à la Chi«
ne , traverferent ces vaAes dé-
fères, en marchant comme des ca*
ravanes , & fans faire des féjours i
Mais, oîi ces colonies fe propo-^
foient-eJles d'aller s'établir ? Quellç
notion avoient-elles alors des païs
cil elles fe font arrêtées & qu'elles .
habitent maintenant i Dans ce cas
même » il faudroit encore recon-
noître qu'elles ont été contraintes
de faire pluGeurs féjours confidé-
râbles dans les endroits où elles
fe trouvoient arrêtées 9 foit par
les HYières y foit par les chaînes de
montagnes ^ foie par les déferts
& les plaines de fable de plufieurs
journées ,• dans lefquelles dlè^
ignoroient Ci leurs troupeaux pour-
roient rencontrer des pâturages;
car 9 il faut toujours fe fouvenir
que ces pais traverfés par cespre-
inièr^s colonies , étoient dans le
fyftême de l'Écriture ,^ duquel il
ne nous eft pas permis d^ nous
icarter , des pais incultes & inha-
intés 9 oh les colonies ne pou-
voient uouver de refiburce que
dans leur propre induflrie. Cette
confidération ibmble bien fimple »
& paroïc devoir s'être préfentée
d*abord ; cependant, aucun des
Chronologiûes qui , dans des ou-
vrages publiés , ont examiné l'an-
cienne Hifloire , & en particulier
celle de la monarchie Chinoife 9
ny a fait attention ; ils femble^t
Tom.XI.
CH 17
■voir craint de toucher cette dit-v
ficuhé , & n'avoir cherché qu'à
s'itourdir eux 6c leurs {.eâeurs
fur cet article.
M. Fréret conclut de fes re-»
cherches fur cette matière , !.•
que la chronique Tfou-chou ef^
le plus ancien monument , qui
nous donne une fuite complecte
de la chronologie Chinoife ; 2.^
que les caraâères aftronomiques
oc chronologiques (;[ui accompa-
gnent plufieurs de fes dates , io|'«
ment des démonftrations qui étar
bliflent la certitude de Ùl cnrono-^
logie » & la portent au plus haut
di^gré oh cette certitude puiflç
s'élever. ,
Cette chronique remonte juf-
Su'au tems d'Hoang-ri , dont eWp
iLe le commencement i l'an 145 {
avant J. C. ; mais, Hoang-U,
n'a pas été Je premier empereur
de la Chinç. Coiifucius . aiïure
qu'avant lui , Fo-hi & Chine-
noung avoient régné fur la Chine.
La durée de ces deux règnes n'eâ
marquée dans aucun des anciens
monumens de Thifloire Chinoife ;
Sfé«ma-tfiene , le plus ancien U
le plus accrédité des HiftorienSi,
n'a point marqué la durée des re-
fnes avant Yao, Le Ta-tfay-li^
crit au comniencement des Har
ne, donne 100 ans de règne |^
fo-hi; leChi-penei livre comr
.pofé avant Sfé-ma-tfiene ^ mais
fous les Hane , quoiqu'on l'ait
donné pour un Hvre ancien , fait
regner^Chine-noung pendant 84
.ans. Ces deux durées feroient
celle de 184 ans, laquelle ajoutée
à l'an 2455 > donneroit l'an 2639
pour le conunencement de Fq-U
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\8 CH
& i>our t^époque du premier rè-
gne.
Les Écrî^aîns poftérieurs ont
lAlongé la durée ae ces deux ré-
gnés ; Hoang-fou-^i en 166 de
f. C. la fie de 130 ans; l'auteur
du Taï-prng-yu'lane en 976 la
fuppofa au(fi de 130 ans; & Sfé-
fna-couahg en 1086 de 250 ans;
enfin , le 1 ong-kiene , adoptant
la chronologie du Kine-lu-fiang,
fait cette même durée de 25 5 ans ;
ce qui feroit remonter Tépoque à
fan 2710 ans avant J. C, , le
Tong'kiene -marque deux règnes
pendant 102 ans entre Hoang-ti
& Chine-tîotmg. D'autres Chro^
nolpgides en infèrent tm plus
jgrind nombre entre Fo-hi &
feoang-ti ; mais , cela eft contrai-
re à Confucius & à Tfo-kieGU*
^ing , & n^eft fondé que fur les
"traditions fabuleufes des Tao- iTé.
En donnant aux deux règnes de
Fo-hi & d'Hoang-ti 184 ans de
^urée , on remontera comme on
Ta dit à l'an 2639 avant /• C
J'avoue , dit M. Fr^ret , que j'di
•peine à digérer la longue durée
lie ces deux règnes ; au tu lesdeux
•anciens Écrivains Chinois qui en
ont parlé f n*ont-ils pas (emblé
«dignes de foi à Sfé-ma-tfiene^
qui n'a fait aucun ufage de leur
ïÉémoignage.
Quoique le nom de ces deuk
♦Princes fe trouve dans Confudus
& dans le commentaire de Tfo*-
ïi-eou-ming fur leTchune-ffiéon,
le filence que garde à leur fujet h
chronique du Tfou-^chou , fait
penfer <}uè de fon tems on îeno>^
-^roit la durée de leur règne. 5fé-
ma^ifiene obferre mcme qae le
Ctî
Chang*éhou ou l'ancienne compP
lation hif^orique abrégée par Con«^
fucius, commençoit à Yao, &
ne contenoit rien des règnes an-
térieurs. Ainfi , le parti le plus
raifonnable efl de régarder com-
me indéterminée & comme in-
connue la durée des tems anté-
rieurs à Hoang-ti ou à l'an 245 5
avant J. C
La conciliation de la chrono-
logie Chinoife avec celle de l'É-
criture y eft le point le plus im-
Ertant de cet article , parce que
i Hvres de Moïfe , même en
ikrfânt abftraâion du réfpeâ que
nous infpire pour eux la religion ,
font ce que nous connoiflbns de
plus authentique & de. plus an-
cien ; mais , il faut prendre garde
en- examinant ce point ^ de conr
fondre avec l'Écriture les divers
fyHêmes » imaginés par les Criti-
ques pour en déterminer la chro-
tîologie. Ces fyftêmes , qui font
la plâpart oppofés les uns aux
autres f ne font que des opinions
particulières qu'il a toujours été
libre aux Critiques d'examiner 6c
de combattre.
Ainfi f M. Fréret a montré i.^
^ne la vocation d'Abraham de-
Voit être marquée au plus tard à
l'an 2135 avant J. C. & au plu-
tôt à l'an 2155 ; 2.^ que l'inter-
iralle entns la naiiTance de Phaleg
& celle d'Abraham tarioit dans
les différens manufcrits de l'Écri*
ture ; 3.^ que le manufcrit des
Maflbréthes , fur lequel a été fai-
te la Verfion de la Vulgate , ne
-lui donnoit que 326 ans ; enforte
que la naiflance de Phaleg , mar*
quée par TÉcriture comme i'épor
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CH
Se de la dirperfion des peaptes,
oit au plutôt de Tan ^526
avant J. C. ; 4.** que celui des
Samaritains donne 541 ans à ce
même intervalle ; ce qui fait re-
monter répcque de la difperfion
à l'an 2771 ; 5.^ enfin que le nxa-
nufcrit fur lequel la Verfion des
Septante a voit été faite , donne »
iuivant les copies de c^tte Verfion,
vues par Jules Affricain & par
Eufebe, 661 ans à cet intervalle;
ce qui remonte à l'an 2891.
La naiiliance de Phaleg ou la
âifpcrfion , précède donc le com-
mencement d'Hoang-ti de 71 ans
iêlon le manufcrit des Maflbréthes,
de 316 ans fuivant le inanufcrit
Samaritain 9 6c de 436 ans fuivant
celui des Septante. De la naifian-
ce de Phaleg au Déluge, les Maf-
Ibréthes comptent 199 ans; donc
le I>éluge feroit de 2725 feule-
ment ; les Samaritains^ marquent
499 ans 9 ce qui fait remonter le'
Déluge i l'an 3270 avant J. C*
Enfin tous les exemplaires des
Septante donnem 629 ans à ce
mênie intervalle j ce qui remonte
à l'an 3520 & précède le com-
mencement d'Hoang-ti de 1065
sns*
La variété de ces diiEérens ma-
ouicrits , tous également autotifés ,
Aous laifle la liberté du choix ; 6c
a nous eft permis de préférer ce-
lui qui facilite davantage la conci»
liation de ia chronologie des hlf-
toires profanes arec xelle de TÉ-
criture. Cette concittation eft beau-
coup plus importante que ne le
croyent ceux qui , par un refpeâ
mal entendu pour le texte des
Alaflbréihes » prennent le parti
CH 75
de rejetrer toutes celles des tra*
ditions hiftoriques, qu'ils ne peu«
vent ajufter avec leur chronolo*
Les, Critiques qui raifonnent
ainfi , oublient qu*ils ne pouvoiçnt
démontrer aux efprits forts & aux
infidèles la certitude des traditions
Hébraïques , qu'en pofant pour
premier principe de critique , qu'il
ïsùit en croire une nation fur fa
propre hiftoire , lorfque cette hif«
toire eu. fuivie & liée dans fes
ditFérentes parties , lorfqu'elle ne
contient aue des faits admis corn*
me véritaoles par toute la nation v
& lorfque cette perfuafion eft
appuyée fur des monumens d'une
certaine antiquité. En rejettanc
des hiftoires profanes qui ont de^
fembUbles caraôères , n'eft-ce
Eis détruire le principe même fur
quel on fe fonde ? A quel moyen
les 1 héologieiu auront- ils recours
pour détruire les objeâions de
ceux qui ne regardent pas la Bible
comme un livre revêtu d'une au-
torité divine 9 & qui ait été écrit
par des hommes infpirés? Allé-
gueront-ils , comme une excep-
tion en faveur des Juifs > leur at-
tachement à la religion , aux loix
& aux coutumes aiiciennes ? Mais ^
ce même attachement avoit lieu
chez les autres nations , & les
Chinois le peuvent difputer aux
Juifs ; eux , dont la monarchie
fubfifte depuis 4000 ans avec la
même forme de gouvernement,
les mêmes loix & les mêmes ufa-
ges ; eux qui ont toujours été une
nation ftudieufe , qui font le plus
Îpnd cas des jettres 9 ôc qui con^
eryeptjufqu au moindre fragihent
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xo C H
de lears anciens livres avec un
foîn qui va jufqu'à la Aiperftition ,
& qui depuis 2000 ans fait une
des principales attentions du gou*
yernement.
La plupart de nos Théologiens,
en écrivant fur ces matières , rai-
fonnent comme fi les adverfaires
dont ils entreprennent de réfuter
ks opinions , avoient les mêmes
opinions qu'eux fur ce qui fait le
fond de la difpute; & ils ne pen-
fent pas que les principes qu'ils
leur oppofent pour les obliger de
Recevoir les traditions hifioriques
des Jui& , & de rejetter celles des
autres nations , ne font pas admis
par ceux qu'ils combattent. Une
des premières règles ^de la criti-
que , eft de n'employer que des
principes communs aux deux par-
tis , fur tout que ceux que nous
attaquons,ne puîffent pas fe fervîr
contre nous des principes d'oîi
nous partons. Ceft par cette rai-
fon , jointe à plufieurs autres »
2ue M. Fréret s'eft attaché à
claircir & à difcuter Tandenne
chronologie des nacions profanes*
Et il a reconnu , par cette étude ^
qu'en réparant les traditions véri-
tablement hidoriques , anciennes,
fuivies & liées les unes aux au«*
treSy&atteAées ou même fondées
fur des monumens reçus comme
authentiques , qu'en les féparant»
dis-je, de toutes celles qui font
manifeflement faufles, fabuleufes
ou même nouvelles y le commen-
cement de toutes les nations ,
même cellesdonton fait remonter
le plus haut rorigine^ fe trou-
vera toujours d'un tems où la
rraie chronologie de TÉcriture
CH
montreque la teire étoitpeaplétf
depuis plufieurs fiedes. Il appelle
' la vraie chronologie celle des Sep-
tante & celle cfes Sanuritains ;
car , pour celle du manufcrit des
Maflbréthes , qui donne lieu à des
difficultés & à des embarras , dont
les Commenuteurs n'ont encore
pu le tirer , il avoue qu'il n'a pu
la regarder que comme une Chro-
nologie tronquée & altérée , com-
me l'ont prouvé Voffius, le P.
Pezron, le P. Toumemine» ôc
|>lufieurs autres critiques Githo-
iques & Proteflans.
Admetunt , avec le manufcrit
des Septante I fuivt par Eufebe »
1069 ans entre le Déluge & le
commencement du règne oHoan^*.
ti en a45 5 , ce règne fera polie-
rieur de 436 ans à la nailTance de
Phale^i oii l'Écriture marque la
difperfion des peuples ^ & la for-
mation des fodétes politiques oa
des difiérensÉtau particuliers. Ce
tems fera fiiffifant pour conduire
des colonies à la Chine , pour £ai-
re multiplier ces colonies , &
pour qu'elles aient commencé à
le pdicer.
Les défenfeurs de la chronolo-
gie du manufcrit des Mafforéthes
font obligés de fuppoièr que Iln-
tervalle des 314 ans écoulés de-
{)uis la naiâànce 4e Phaleg jufqu'à
a vocation d'Abraham^ avoit été
fttffifant pour remplir d^babitans ,
la terre qui étoit alors partagée
entre plufieurs nations , qui tor-
moienc des États policés , qui
avoient des loix & des cultes dif-
férens, qui connotfToient plufieurs
arts, qui bâtiffoient des villes , en
un mot qui étoiçnt ea général %
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CH
t>ca près au mime état ob elfes
font aujourd'hui. Ce qu'on eft
obligé de fuppofer s'être fait en
514 ans , a pu fe faire en 436
ans, que nous comptons entre
Pfaaieg & Hoang-ti. Rien ne nous
oblige de fuppofer qu'au tems
d'Hoang-ti en 245 5 , la Chine fût
déjà au même état oîi la Chaldée
& TÉgypte fe trouvoient , trois
£ecles après en 2155 ou au tems
de la vocation d'Abraham. Ces
deux paiSyplus voifins que la Chi-
ne de la terre de Sennaar ou du
premier féjour des enfans de Noë ,
dévoient avoir reçu leurs premiers
habitans beaucoup plutôt , & ces
colonies avoient eu plus de tems
pour fe policer, C'eft par cette
raifon que rhiftoire des Égyp-
tiens & des Chaldéens remonte
plus haut que celle des Chinois» ,
II.
Idée générale des principales révo^
luttons arrivées dans l'Empire
des Chinois,
La Chine fe poliça d'abord dans
ùt partie feptenirionale & au nord "
de la rivière Jaune ou du Hoang-
I10. Il eft ûir , par le témoignage
de Con&icius & d'un autre Écri-
vain du même tems » que ce pais
a eu au moins fix Rois avant
Yao ; mab , on ne connoit guère
que le nom de ces Princes , & le
peu que l'on fçait du détail de leur
hiftotre , eft abfblument défiguré
par les fables dont il eft rempli.
C'eft proprement au règne de
Yao, que l'hiftoire de la Chine
commence à être connue avec
certitude » puifque la connoiflance
en étoit fondée fur des écrits 6l
CH «
fiir des monumens que les plus
anciens & les plus habiles Écri-
vains Chinois te font toujours ac*
cordés à regarder comme étant
du tems même de Yao & de fes
fucceffeurs.
Le pals foumb à Yao , à Chujit
& à Vu , qui régnèrent après lui ,
s'étendoit au nord 8( au fud da
fleuve Hoang. On voit encore
dans le Chou-kîng compilé par
Confucius fur les anciennes Anna«
les authentiques 9 une relation des
travaux entreprb & exécutés , du
tems même de Yao , foit pour
deffécher les pais inondés par
les débordemens de ce fleuve 6c
par ceux du Kiang , (oit pour pré*
venir de pareils déborclemens à
l'avenir. Cette relation contient
un détail géographique du cours
de ces fleuves & de celui des ri-
vières dont ils reçoivent les eaux,
de la fituation des montagnes &
de la direâion des canaux creufé»
dans ces montagnes , (bit pour
changer le cours de ces rivières.»
foit pour donner de l'écoulement
à leurs eaux lors dies déborde-
mens. On y voit auffi une defcrîp.
tion aflez exaâe des limites des
neuf provinces ou gouveraemens
dans lefqueis étoit partagé l'em-
pire de Yao. Le chapitre du Chou«
kingi oii cette relation fe trouve, a
toujours paflé pour être du tems
même de Yu conduâeur de tous
ces ouvrages ^ c'eft-à-dire » pour
avoir été écrit vers Tan 2000
avant TÉre Chrétienne ; &^e dé-
tail qu'il rapporte , eft circonftan-
cié de façon qu'il a été facile aa
P. de Mailla de reconnoitre tous
le$ lieux qui ont changé de noo^
B iii
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l± c rt
aajourcl*hal, & d'en drëfler une
carte pour fa traduélion des Anna-
les de l'hiftoire Chinoife. Il aflTu-
re que dans les voyages qa'il â
faits dans ces mêmes endroits ,
en travaillant à la carte générale
de la Chine , il s'eft fouvent arrê-
té à admirer la hardiefle & la fo-
lidité de ces anciens ouvrages qui
fubfiflent encore depuis près de
quatre mille ans. Ce même cha-
pitre du Chou-king contient auffi
un détail des difFérens tributs que
f)ayoiettt -leé ' neuf provinces à
'empereur Yao ; & ce détail ne
nous permet pas de douter que
les arts ne fufTent dès-lors portés
•à un grand point de perfeôion.
On voit parmi ces tributs payés
'en efpèces , des étoffes de foie
teintes ^ rayées ou brochées , des
peaux paffées, des fourrures de
^out genre , des pierres dures tail-
lées , des jàfpes ^ des agathes « des
marbres précieux , &c.
'* Les provinces fituées au midi
'du Kiang [t*eft le fleuve qui cou-
lant de l'oueft à Teft , fépare la
Chine en deux parties > & va fe
jetter dans la mer au-deffoiis de
Nane-king ] reçurent peu à peu
les loix & les mœurs Chinoiles ;
& TEmpire de la Chine acquit
bientôt l'étendue qu'il a encore
aujourd'hui. Chu ne , aflbcié à
l'empire par Yao, lui fuccéda; &
à foh exemple , préférant Yu à
fes propres enfans , il raffocîa a
la fouveraine puiflaoce & lui laHTa
auffi l'Empire.
Après la mort de Yu , la cou-
ronne devint héréditaire dans fa
famille. Elle fubfifta pendant qua-
tre cens trente ans« fous dix-fept
Empereurs , qui î*e font cepetv^
danr que quatorze générations , à
caufe des fuccedions collatérales.
Cette famille porte le nom de
Hia. Les derniers Empereurs de
Hia ayant aliéné les peuples par
leur gouvernement injude & vio-
lent , les provinces fe révoltèrent
& mirent fur le trône Tching-
tang , roi tributaire dé Chang , 6c
defcendu d*Hoang-ti.
Cette féconde Dynaftie porta
d'abord le nom de Chang , & en-
fuite celui de Ine ; elle fubfifta
pendant plus de cinq cens ans
fous trente Empereurs , qui ne
font que dix-fept générations. Les
mêmes raifons qui a voient fait
élever cette famille fur le trône »
fer virent à l'en faire defcendre*
Les provinces irritées par la ty-
rannie de Tchéou ou Ti-fine
[car on lui donne ces deux noms}
fe révoltèrent , & mirent à leur
tête Ouenô-ouang , roi tributaire
de Tchéon , dans le Chene-fi , Sc
defcendu d'un des prédéceffeurs
de Yao. Son fils Ou-ouang ayant
totalement détruit le parti de
Chang , prit le titre d'Empereur ,
& fonda une nouvelle famille qui
porta le nom .de Tchéou , titre da
royaume paniculier des ancêtres
de Oii-ouang. Cette famille fub-
fifta plus long-tems que les pré-
cédentes ; & ayant commencé de
régner vers l'an 1 1 lo avant l'Ère
Chrétienne , elle ne ne ceffa que
l'an 255 avant la niême Ère.
La facilité, que Ou-ouang avoît
eue d*ériger des royaumes tribu-
taires, ayant été imitée par fes
fucceifeurs , ces royaumes fe mul-
tiplièrent tdlement , que les £mv
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CH
pcrews dépouillés de leurs do--
maines , fe trouvèrent hors d'état
de fe faire obéir par des vaffaux
qui étoient devenus beaucoup plui
puîfTans qu'eux. Ils conferverent
cependant le titre & quelques-
unes des prérogatives de la digni-
té Impériale , tant que l'égalité (^
tnaintint entre les Rois tributaires;
mais , lorfque les princes du pais
de Tfine dans U partie occidenta-
le du Chenefi , eurent détruit ou
fournis la plus grande partie des
autres royaumes , ils prirent le
fître d'Empereurs^auquel Tchéou»
JdojTg , le dernier des defcendans .
de Ou-ouang , renonça volodtai^
rement l'an 255 avant J. C.
La nouvelle Dynaftie de Tiîne
ne fubfifta pas long-tems ; Chi^
hoang-ti qui la fonda , regtia
trente- fept ans. Il éteignît tous
les royaumes tributaires ^ & l^ifb
un monument de fa puiATance^
qui étonne encore tous ceui^ qui
Je voyent ; c'eft cette 6meuf«
muraille qui fépare la Chine d^
tous les peuples oui rentoureiii.
Mais > ce Princ^e efl peut-êtr^ en-;
çore plus connu à la Chine p$r ia
baine contre les lettres & contre
tous les anciens livres d'hiftoire ,
de morale & de jurirprudence ,
qu'il vint à bout de fupprimer
prefque eotièremeot; c'eft un évé^
nemeot dont nous aurons lieu de
parier plus au long daas la fuite»
Six ans après fa mort fa Dynafiie
fut éteinte.
Léoo-pang , foldat de fortune ,
qui s'écoit mis à la tète des ré-
voltés, monta fur le trône l'an
%o6 avant J, C. ; &c ayant pris le
motq de Çao-rt£ui , il étdtik U
CH Aï
Dynafiie de Hane , qui fiibfifta
pendant quatre cens foixante-dix
ans fous trois branches différentes.
Les TfiAe > dont le nom s'écrie
& fe prononce différemment de
celui des premiers Tfine , fuccé-
derent aux Hane ^n 265 de J^
C, & occupèrent le trône pen-
dant cent cinquante - cinq ans ;.
niais I ils ne furent d'abord mai*
très que d'une partie de TEmpire.
La Chine fe trQjkvoit ^tors parta-
gée entre trois Souver^ns , ceuic
de Tfine» ceux dç Ouey dans les
provinces ieptentrionales, & ceux
de Ou au fud du Hoang-ho. Cet
Ouey étoient Tartares d'origine;
leurs Rois prenoiem le titre d*£m«
pereurs ; mais^ ils n*ont janriait
été reconnus pour tels dans le
r^Ae de l'Empire* Aux Tfine fuc-
çéderent les dou^g pendant cin-
quante-neuf ans, les Tfi pendant
vingt-iroîs ans , les Léang pen^^nt
cinquante-cinq ans , les Tchine
pendant trente-trpis ans j Si enfiii
les Soui , qui furent maîtres de
toute la Chine pendant vingt- neu^
ans; mais, après avoir déjà ré-
gné pendant lopg-tems fur lea
provinces du Nord ; ils avoient
même pris d^abord le titre d^Em-
fi^eurs , quoiqu^l y eût dans
le$ provinces du Midi des Princet
f ecpnnus pour tels par !ç refte d9
la Chine* La Pyn^fiie des Soui
^ïi l'an 617 de J. C.5 les Tang
leur fuccéderem , & régnèrent
pendant deux cens quatre-vingt-
peiif ans. Après eqx , cinq Dy-
nafties différentes occuf^r^nt fuç-
ççiïiygmeni le irpne Impérial pen-
à^nf cinquante^ trois ans, ou de-
puis l'gn 997 de /. Ç, jufqu'à l'an
B i\r
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H C H .
900. Aax cinq petites Dynaflîes
fuccéderent les Soong, qui régnè-
rent pendant trois cens dix- neuf
ans; ils furent dépouillés en 1282
par les Tartares Mogols ou
Mongou , defcendus de Genghif-
can , qui prirent le nom de ive-
ce. Après cent ûx ans de règne ,
ces Mogols furent chafTés » & une
famille Chinoife monta fur le trô*
ne; cette Dynaftie qui porta le
nom de Taï-ming, a duré pendant
deux cens cinquante-Hx ans , juf-
qu*à Tannée 1644, dans laquelle
les Tartares Mantchou fe rendi-
rent les maîtres de la Chine ; ils
y régnent aujourd'hui fous le titre
de Taï-tfing qu'ils ont donné à
leur Dynaftie. Ce font -là les
vingt- deux familles ou Dynafties
qui ont fucceffivement occupé le
trône Impérial de la Chine, &
dont l'hiftoire compofe les Annales
puUiées en différens tems par les
foins d'un tribunal établi exprès,
& avec une approbation authen-
tique de l'Empereur*
III.
État Chronologique des Hiflorîens
, publics & des hiftoires publiées
en diffirens tems à la Chine.
* Dès les premiers tems il y a voit
Il la Chine un Hiftorien en titre ,
chargé du foin de tranfmettre à la
pofterité , non feulement les évè-
nemens généraux qui pouvoient
intérefler la nation entière , mais
encore les avions particulières ,
& même les difcours des Princes ,
lorfque l'Hiftorien jugeoit que Ton
pouvoit en retirer quelque utilité,
• Le Cou-Jcing, ou le livre hif--
torique dont nous ayons encoret
CH
une partie, n'eft autre chofequ*uH
extrait de cette ancienne hiftoire ,
fait ou revu par Confticius , 6c
qui contient principalement une
compilation des loix , des ordon-
nances , & même des difcours des
anciens Empereurs , à commencer
à Yao. Confiicius & Mengtzé
citent très-fouvent ce recueil , &
le citent comme un ouvrage an-
cien , dont l'autorité eft reconnue
de tout le monde. Le Chon-king
lui-même nous fournit la preu-
ve de ce que nous avançons au
fujet de cet Hiftorien impérial &
de l'exiftence de ces Annales. On
y voit qu'à la mort de Tching-
ouangy arrivée V^n 1068 avant
7. C. , l'Hiftorien impérial foc
chargé de mettre par écrit & d'in-
férer dans les archives , les der-
niers difcours de ce Prince mou-
rant ; on y voit auftî qu'on lui: or-
do^nna de chercher dans les archi-
ves ce qui s'étoic pratiqué ancien-
nement aux funérailles des Em-«
pereurs , & aux couronnement
de leurs fuccefleurs , afin d^en
drefter un mémorial qui fervic de
règle dans l'occafion préfeme.
Tching-ouang écoit fils de Ou-
ouang fondateur des Tchéou , &
on vouloir conftater le cérémo-
nial oui s'obferveroit dans la fuite
fous la famille régnante.
On doit encore conclure d'un
difcours de Tchéou-cong , oncle
de Tching' ouang , rapporcé dans
le Chou-king , que l'on avoit
alors une hiftoire détaillée de la
Dynaftie de Chang ; car , fans
cela , il n'auroit pu être inftruit
de la durée de différens règnes des
Princes de cette famille ^ non plus
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CH
tque de plu/îeurs de leurs aâions
particulières qu*il rapporte.
Outre la grart^le coUedion tirée
des Annales de THiftorien impé-
rial > il y a voit encore des hiftoi-
res écrites par des particuliers.
Confiicius cite avec éloge celle
de Tchéoo-gine , qu'il appelle un
ancien Écrivain ; & dans un autre
endroit il aflure qu'il n'a pu en-
core trouver d'Hillorien capable
de fufpendre Ton jugement dans
les chofes douteufes ; d'où il faut
conclure qu'il y a voit plufieurs
hiftoires écrites par dilFérens Hif-
toriens.
Mengtzé,quî vtvoit un peu plus
^'un fîecle après Coiifucius , cite
une ancienne hiftoire authentique
du règne de Chune fuccefleur de
Yao , & joint Ton témoignage à
celui du Chou-king , pour com-
battre les traditions fabuleufes
^^s HiAoriens du petit royaume
de Tfi , au fujet de ce même
Chune. A cette occafion il établit
de très-bonnes règles de critique
poUr l'interprétation du Chou-
king ou du livre d'hiOoire du
Chi-king ou du livre de poëfie ,
& pour celle des autres anciens
livres*
Les Empereurs n'étoîent pas
les feuls qui eufTent des Hifloriens
publics ; les royaumes tributaires
a voient auili leurs Annales ou leurs
Ki. Confucius eni parle dans le
Tchong-yong ; & Mengtzé , qui
Taflure en termes formels de tous
les royaumes tributaires , nous
apprend quel étoit en pardculier
le titre des Annales publiques de
ceux de Tiine , de Tfou , & de
Lou. Un fait rapporté par Tfo-
C H 45
cbî ou Tfo - kicou - mîng , con-
temporain de Confucius , & qui
étoit lui-même Hiilorien public
du royaume de Tfou dans le
Hou-couang , nous donnera un
exemple des/ précautions que l'on
prenoit dès-lors pour conferver
ces Annales particulières. Ce fait
fe trouve dans le Tfo-tchouene
ou Commentaire de Tfo-chi fur
le Tchune-tfiéou de Confucius.
Voici le fait rapporté par Tfo-
chi. La vingt - quatrième année
de l'empereur Ling-vang , vingt-
troifième des Tchéou [ c'eft Tan
518 avant J. C. ], Tchouang^
cong , roi tributaire de Til , ayant
enlevé la femme de Tfouî-chou »
général de fes troupes ; ce Géné-
ral outré de cet affront fit ailài&-
ner le Roi , & mit fur le trône un
autre Prince de la même famille*
Aufli-tôt le Tribunal d*hifloire
drefTa une relation détaillée de cet
événement , & la mit dans les ,
archives. Voici quel eu Tufage
établi dans ce Tribunal , & c'eft
une tradition conflantf^ à la Chi-
ne , que cet ufage étoit établi dès
les premies tems. Le Tribunal
d'hifloire eft partagé en deux claf->
fes ; la premièrp eft chargée d'écri-
re ce qui (ê paiTe au dehors du
palais , c'efl-à-dire y tout ce qui
concerne les affaires générales ott
du royaume ou de r£mpire ; la
féconde écrit tout ce qui fe paiTe ,
& même tout ce qui le dit au de-
dans du palais , les aâions 6c les
difcours du Prince, de fes miniftret
& de fes officiers , du moins ceu<
dont ils jugent que la connoiiTan*
ce doit palier à la poftérité. Cha-
cun de ceux qui compofent le
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»6. CH
daiTe , écrit fur une feuille ou fur
une tablette la relation de ce qu'il
a appris , il la figne, ôcfans la
"communiquer aux autres , il la
îette dans une efpèce de coffre ou
de grand uonc fermé & placé au
milieu de la falle où s'aOemble le
Tribunal. Ce coflEire ne s'ouvre
que loriqu'it s'agit de mettre ces
mémoires en ordre pour travail-
ler à rhilloire , foit d'un règne
particulier , foit même d'une D/t
mftie entière ; car y depuis les
Hane» c'eft- à-dire, depuis Pan
200 avant J. C. on ne publie
rhîAoire d'une Dynaftie que lorf-
qu'eile n'efl plus fur le trône, ou
du moins lorfque le fceptre ayant
paiFé dans une autre branche , les
Hiftoriens peuvent avoir une en-^
tîère liberté de publier les vérités
ies moins favorables à ceux dont
as écrivent Thiftoire. Mais , reve-
nons au fait rapporté dans le Tfo-
tchouetie.
Dès que le général Tfouï^chou
eut été infermé par ceux du Tri-
bunal qui lui étoient attïichés , de
ce qui venoit de fe pafler , il def-
iitua le Préfident , le fit mettre à
mort, s'empara des différens mé-
moires dreffés par les membres
du Tribunal , & mit un nouveau
Préfident à la place de l'ancien.
Le général Tfoui-chou avok toute
Tautorité feus King-kong, qu'il
avoit fait roi de Tù. A peine le
nonyeau préfident du Tribunal
fot-il en place , qu*il fit drefler de
nouvelles relations pour rempla-*
cer celles qui avoiest été fuppri^
mées , & y fit ajouter le détail de
ce qui étoit arrivé à (on prédé*
éeiTeur. Tibuï-cbou 1 ioftruit. do
CH
cette démarche , jcafla le Trîba^
nal , & fit mettre à mort prefque
tous ceux dont ë étoit compofé*
Auffi-tôt , dit le Tfo-tchouene,
on vit paroître de routes parti
dans le royaume de Tfi 1 . des
écrits qui fe trouvoient affichés
dans les lieux publics , & oii U
conduite du général étoit dépein-
te^vec les couleurs les plus noi-r
res ; ainfi , il jugea qu'il y avoit
moins de danger à féiablir le tri*
bunal , & à lui laifler la liberté
de tranfmectre à la poflérité U
connoiilance de fa honte &i de la
vengeance qu'il en avoit tirée »
que de s'expofer aux effets que
pouvoient produire ces écrits pu-
blies fur l'efprit des peuples.
Les Annales authentiques de U
Dynaftie des Tang nous appre-
nent un autre fait, qui, quoique
d'un tems poftérieur & du Septiè-
me fiecle de l'Ère Chrétienne,
nous fait connoitre quels font le«
principes par lefquels fe condiût
ce Tribunal. Tai-tfang, deuxiè-
me empereur des Tang , demanda
un jour à Tchou-fouï-léang f pré-
fident du Tribunal , au*il lui fît
voiries mémoires deltiné$ pour
l'htftoire de fon règne, n Seigneur^
I» lui répondit le Préfident » la
f» Tribunal écrit le bien 6c le mal
n avec une égale liberté. Aucun
If Empereur n'a Vu ce que l on
n difoit de fon gouvernement; fi
19 on le lui montroit , on ne pour-
» roit pkis écrire que des éloges*
n La liberté avec laquelle le Tri<9
I» bunal écrit tout ce qui fe pafle»
» eu ^n frein capable de retenir
» en plufieors ocç^fions les Prin-
N ces & tes Miniâres. Ceux d*4iit
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CH
i» tr'eox qui. ne (ont pas encore
» tout à fait corrompus , & aux-
. » quels il refte quelque pudeur ,
» redoutent les jtigemens que la
» poftérité portera de leur con-
» duîte. Eh ! quoi , dit l'Eaipe-
» reur , vous qui me devez ce
» que vous êtes , vous qui m'êtes
» û attaché , voudriez>vous inf-
» truire Tavenir de mes fautes ,
» fi j'en CQmmettoîs ? Il ne feroit
» pas le maître de les lui cacher ,
» reprît un des membres 'du Tri-
» bunal ; ce feroit avec douleur
M que nous les écririons , mais tel
•^ eÔ le devoir de notre emploi ; il
» nous oblige même d'inOruire
» la podéricé de la converfation
» que vous avez aujourd'hui avec
!> nous, tt
L'ouvrage de Mengtzé ne nous
permet pas de douter que Téiude
dç lancienne hiftotre ne fût cul-
tivée de fon tems avec foin.
» L'homme fage, dit-il au qua-
» triènie chapitre de fon fecbnd
» Livre, ne fe contente pas de
» converfer avec ceux de fes con-
» temporaîns qui pratiquent la
» vertu ; il veut encore connoître
» les f§ges des fiecles paiTés ; il
» lit foigneufement celles des inf-
» tna^ons qu'ils avoient données
» à leurs contemporains , qui font
» confervées, foit dans le Chou-
n king , foit dans le Chi king ;
» mais , comme cette étude ne
I» lui donne qu'une conrk^ifflance
» imparfaite oe ces grands Hom-
» mes, il cherche à s'inilruire par
» l'hiiloire particulière de leurs
S) aéèions , de la manière dont ils
» ont pratiqué eux-mêmes les
» vertus qu'ib énfeignoient aux
CH 47
» autres ; il examine avec (bîn4*hîr
i> toire des tems oii ils ont vécu ;
91 il veut connoître les moindres
» évènemens de leur vie , & par-
ti là il cooverlè , pour ainfi dire 9
w avec ces grands Hommes «
n comme s'ils étoient encore vi-
n vans. «
La violente perfécution excitée
par Chi-hoang-tî, fondateur des
premiers Tfine , contre les let-
tres , fit périr la ph)s grande par-
tie de ces anciennes hifloires , fok
générales , foit particulières ; Se
quoique la perfécution .n'eût duté
que quelques années , les effets en
furent tels , que lorfquk^n voulut
fous les Hane fucceffeurs de Tiioe,
travailler à réparer les pertes <nie
l'on avoit faites , & raflembler les
- fragmens des anciens livres hiilo-
riques échappés à rinceatjie , oa
ne put remonter avec une pleine
certitude au de - là de Tan 84!
avant l'Ère Chrétienne , c'eA-â-
dire 1 au de* là du tems de la fon-
dation du royaume tributaire àt%
Tfine , érigé en faveur des ancê-
tres de Chi-hoang-ti , lequel avoic
fait épargner Thiltoire particulière
de fa famille. Le Tcbune-tfiéon
de Coftfucius , contenant une par«
tie de rhi{h>ire des rois de Lou ,
ne remontoit même que jufqu'à
l'an 721 avant J. C; aînfi , Sft-
ma^tfiene, qui, par l'ordre de
l'empjereur Voo^ti, écrivit vers
l'an 97 avant J. C. la première
hiûoire publiée depuis la perfé-
cution avec le fceau de l'autorité
publique , ne fit remonter fa chro-
nologie que jufqu'à l'an 841 avant
J, C^ , & jufqu'au règne de Li-
vang ^ dixième Empereur 4çf
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^« CH
Théou. Pour les tcms antériears ,
il fe contenta de donner la fuite
des Empereurs telle qu'il la trouva
dans le Chl-pene; c*éft un livre
dont l'Auteur ni le tems n'étoient
point connus , mais qui contenoit
one lifte des règnes , à laquelle on
ne voit pas que l'on ait rien trou-
vé à changer depuis.
Sré»ma-t(iene ajouta des con-
jeâures iur la durée totale de la
nonaKhie depuis Yao , conjeâu-
tes fondées fur quelques fragniens
des anc^ns livres , & qui ne don-
noient tout au plus qu'un à peu
près ; aufli paroît-tl que Sfé-ma«-
tiîene laiiToit là-deiTus une entière
liberté à (es L'eâeurs. Son ouvrage
intitulé Sfé-ki , ou Ché-ki eft
diftribué en dnq différentes par-
ties; la première eft appellée Ou-
ti'pene-ki , hiftoire des cinq £m«
peréurs , Hoang-ti , Tchouene-
iilo, Tico, Yao & Chune; la
feconde partie eft nommée, Hia-
pene-ki , l'hiftoire de la dynaftie
Hia ; fa troifième eft appellée Ine-
pene^ki , hiftoire de la dynaftie
lue, autrement Chang; la quatriè-
me nommée Tchéoui- pene-ki ,
contient Thiftoire des Tchéou ;
enfin la dernière partie contenoit j
Ibus le titre de Tfine-pene-ki ,
l'hiftoire des Tfine & celle de
i'établiftetnent des Hane. Le Sfé-
kt de Sfé-ma-tfiene paiFe pour un
des livres les mieux écrits en Chi-
nois. Sous les premiers Song » Pe-
yne donna un commentaire fur
cet ouvrage ; & fous les Tang,
Sfé^ma-tchine on Siao-fté-ma\,
l'un des defcendans de Sfé-ma-
tfiene , en publia un autre con-
.jointetwat avec Tchang-^tchéoa-
CH
tfié. Sous la dynaftie des Mtng>
deux Lettréà donnèrent fous le titra
de Sfé-ki- ping» line , une édition
de ces deux Commentaires, arec
des noces.
Pendant que Sfé-ma-tfiene tra-'
vaiiloit à fon hiftoire , Kia-y pu-
blia celle de Chi-Hoan^-ti & de
la dynaftie Tftne ; mais , cette
hiftoire ne fut pas revêtue de l'au-
torité Impériale par l'examen &
par l'approbation du Tribunal.
Sous le règne de l'empereur Ming.
tî > oui commença en 5 8 de J. C. 9
& nnit en 76 y Pane-piao » &
après lui fon fils Pane-cou , eu-
rent ordre de travailler à rhiftoire .
des Hane occidentaux. Le fceptra
avoit paflédans une féconde bran-
che de cette famille , qui ayant
tranfporté le fiege de l'Empire , de
Tchang-ngane ville du Chene-fi ,
à Lo-yang dans le Ho-nane, foK-
moit comme une nouvelle Dy-
naftie qui prenoit peu d'intérêt à
ceux de la branche précédente»
& laiflbit aux Écrivains la liberté
de parler des Empereurs qui l'a-»
voient compofée. L'ouvrage de
Paoe-cou ne fut achevé qu'après
la mort de Ming-ti; mais, com-
me il mourut lui-même avant que
d'y avoir mis la dernière main»
ce fut fa fceur Tfao-ta-cou , fem.
me célèbre parmi les lettrés Chi-
nois , qui fut chargée de la révî-
fion & de l'édition. L'ouvrage ne
parut que fous le règne de Ho-ti ,
après l'examen d'un Tribunal éta-
bli exprès ; il porte le titre de Si-
hane-chu, hiftoire des Haned*Oc<«
cident. Outre cette hiftoire , Pane-
cou avoit compofé un ouvrage
fur l'ancienne chronologie; ilpor*
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CH
te le titre dé Lu-li-tchi , 8c (e
trouve joint avec le Si^hane^chu,
Ma • touane - Une dans ion
Ouene-hiene-tong-cao , hifloire
de la littérature^hinoîfe, publiée
en 1 3 1 5 , 6c très-eAimée à la Chi-
ne p porte un jugement aflez peu
avantageux de Pane» cou ; il le
Bomme un Écrivain fans érudition
& fans critique , qui recevoir fans
choix & faiu examen tout ce que
b uadîtion rapportoit. Ce juge*
ment efi ians doute un peu trop
ngoureux ; mats, il peut n'être pas
tout-à-fait faux ^ fur tout pour la
clironolode établie par Pane-iioii
dans ion jLu*li- tchi*
Les difficultés , que l'on ayoît
trouvées dans la compilation &
dans Tarrangement des mémoires
de l*hiQoire des Hane occiden-
taux, portèrent l'empereur Chune^
ti , qui monta fur le trône l'an 1 16
de /• C » à ordonner que le Tri-
èunal commençât dès-lors à met-
tre en ordre les mémoires de la Dy«
nailie regnante^ou de celle des Ha*
ne orîenlàuxy mais avecdéfenfe
d'en laifler rien tranfpirer au de-
hors; & enfin, rhiAoire des Hane
orientaux ne parut que fous la
Dynafiie fuivante , ou fous celle
des (econds Tfine , qui commença
fan 159 de J. C Elle avoit le
^ litre de Hane-ki ; mais , on la
trouva fi défeâueufe & fi mal
écrite , que Ton chargea Tchine-
cbéou de la revoir , oc d'y faire
tous les changemens néceflaires*
Lorfqu'on vint à ejcanûner l'ou-^
vrage de Tchine-chéou , on en
&t fi m^ontent , ou'on le dégra*
da de fon titre d niftorîen impé-
rial > pour avoir donné le titre
CH 29
d*Emperear aux prinices de Ouéf ,
& pour avoir traité de rebelles ,
non feulement les princes de Ou »
mais encore les Héou-hane , ou
ceux de la troifième branche* des
Hane. Les Ouéy venoient des
Tartares To^pa, établis dans les
plaines fituées au nord & au nord-
eft de Pé-kingi entre le 44 & k
49e degré de latitude. La Chine
avoit été partagée quelque tems
entre ces Onéy » les Ou & l«s
derniers Hane; mais*, ceux-ci
étant de la &mille Impériale ,
étoient regardés comme les ièuls
Empereurs légitimes ; & lesTfiœ,
quoique fortis du pais des Ouéy ,
n*o(èrent s'écarter de ce principe.
Les guerres civiles, qui trou-
blèrent l'Empire fous les Tfine ,
retardèrent Texécution des ordres ,
donnés pour travailler à une troi-
fième hiftoire des Hane orien-
taux ; ainfi , elle ne parut que foos
les Soui » qui commencèrent ea
' 421 à régner fur Aine partie delà
Chine ; il fallut même encore y
retoucher avant que de la publier
avec l'approbation du TrihMtMj.
Elle porte le titre de Héou-hane-
chtt , hifioire des féconds Hane \ 6c
on y joignit , (bus le titre de Sanc-
coué-chi, celle des trois royaumes.
Sous le règne de Our^i , pre-
mier Empereur des Léang,Chine-
yo , Mftorien de l'Empire , publia
en 502 , fous le titre de Tfine-
fong'tfi-chu , une hiftoire des dy^
nafties Tfine , Song & Tfi , à la*
quelle il avoit eu ordre de travail-
ler fous les règnes précédens ;
mais , la divifion de TÈnipire en-
tre plufieurs ' Princes différens »
l'a voit privé de beaucoup de mé^
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9Q CH
moires ; aînfi , Tempereur Taï-
tibng , le fécond des Tang , qui
commença en 627 , & qui , ayant
fcuoïb tous les royaumes parti-
culiers » avoit donné ordre d'ap-
porter à fa cour les mémoires
hidoriques qui éroient confervés
dans les archives de ces royau-
mes , nomma dix -huit Commif^*
iaires , foit pour revoir 6c pour
réformer Fou V rage de Chine-yo,
foit même pour écrire de nouveau
Thiftoire des Dynafties précéden-
tes , Vils jueeorem que cela fût
fiéceiTaire. Ces Commiflaires fe
partagèrent en trois bureaux dif-
férens , le premier chargé de raf-
&mbler & de mettre en ordre les
matières , le fécond d'examiner
les dates & de difcuter ce qui au-
rott rapport à la chronologie ou à
iailronomie , ôcie troifième d a-
bréger les diverses relations , 6c
d'en former un lèul corps d'hiftoi-
re. Cet ouvrage intitulé Ou-taï-
IFe-tchi , mémoires hifioriques
des cinq Dy naflies , parut en Cit
cens kpt livres. Il contenoit auffi
rkifloire des Tartares Ouéy » fous
le titre de Pé-ffe, hiftoire Sep-
tentrionale, 6c celle des princes
du royaume particulier delchéou^
feus le titre de Tchéou-chu.
Après la Dyiiaftie des Tang »
qui finit Tan. 907, la Chine le
trouva fucceffivement occupée
par les cinq petites Dynafties ,
qui ne durèrent toutes enfemble
que quarante-trois ans. Les Song
qui leur fuccéderent en 950 , fon-
gerent en 977 à faire continuer
rhiftoire autaentique de l'Empire.
Celle des Tang parut d abord
feus le titre de Tang-chu 1 com-
CH
prenant en 3eux ceôs vîngt-cîncf
livres ce qui étoit arrivé pendant
les deux cens quatre vingt-neuf
ans qu'avoir duré la Dynaftie*
On donna enfuitt fous le titre de
Ou-taï-fle rhiftoire des cinq pe*
tites Dynafties, divilée en cent
cinquante livres.
La colièâion de toutes les hif«
toires authentiques étoit compofée
d'un û grand nombre de volumes ,
qu'elle étoit devenue d'un prix
exceffif , 6c que fon étendue en
rendoit l'étude très- difficile ; ainii ,
on penfa à en faire un abrégé
méthodique fur le modèle du
Tchune-tfiéou de Confucius , 6c
du Commentaire compofé par
Tfo-kiou-ming fur ces Annales.
Sfé- ma-couang fut celui qui eut
plus de part à cet ouvrage ; mais »
il ne voulut commencer fon abré-^
gé qu*à l'an 42.5 avant J. C. »
c'eft- à-dire , au règne de Hœï-
he-ouang vingt -huitième Empe-
reur des Tchéou , parce que c'é-
toit à ce règne que finiiToit le
Coué-yu , efpèce de continua-
tion ou de fupplément du Tchune*
tfiéou.. L'abrégé de Sfé - ma-»
couang y divifé en deux cens qua-
tre-vingt-quatorze livres , parut
fous le titre de Tfé-tchi-tong-
kiene , vrai miroir du gouverne**
ment* Liéou-jou , qui avoit tra-
vaillé à cet abrégé avec S{é«ma^
couang^ penfa que l'ouvrage ^
pour être complet , devait remon»
ter jufqu'au commencement de la
Monarchie , 6c donner une fuite
continue de tous les Empereurs.
Le Chou-king ne commençant
qu'au règne d'Yao, & ne don*-
nant pas même le nom de tous
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les ttnpereurs , laiflbît ignorer
^ne partie de l'hiftoire. Pour re-
médier à ce défaut , Liéou-joti
publia fous le titre de Tfé-tchi-
<ong-kiene-ouay-ki., une intro-
^aâ^on an Tong-kiene de Sfé-
ma-couangy divifée en dix livres»
Il ajouta les mots Ouay-ki , hif-
toire du dehors ^ dans le même
fens k peu près que Ton a em-
ployé le titre d'Extravagantes que
portent les Décrétâtes ajoutées à
la première coUeâion. Liéou-jou
par les- mots Quay-kî , vouloît
marquer que cet ouvrage avoit
été ajouté au Tong-kiene de Sfé-
ina*-couang,
La réputation de ce Tong-
kîene s^eU maintenue jufqu'à pré-
fent ; & cet ouvrage , augmenté
dans la fuite des abrégés qui fu-
rem faits fous les yeux du tribu^
liai « à mefure que l'on publia de
nouvelles hiftoires authentiques ,
eft encore aujourd'hui le feul
abrégé d'hiftoire qui ait quelque
autorité. Tout le changement que
l'on y a fait, s'efl borné à y ajouter
nne efpèce de texte fommaire,
duquel les récits hiftoriques font
cenfés la glofe. , On donne k ce
texte 9 le titre de Cang-mou , la
mère ou la fource de la narra-
tion ; & c'eft de-là qqe vient le
titre de Tong-kiene-cang«moa j
-que porte aujou^'dliui tout l'ou-
vrage.
Lorfque lliiflôîre des Song ent
été publiée avec l'approbation du
Tribunal , fous King-tfong , qua-
trième Empereur (tes Yvene ou
Mogi^s iflus de Gen^itfcan , on
en joignit l'abrégé au Tong-kiene.
Comme fous les Ming on jugea
CH )i
cette hîfloire des Sone défe^eu*
fe , Tching-tfou , croiuème Empe*
reur des Ming , en £t compofer
une autre , de laquelle on fit auffi
un abrégé pour joindre au Tong*
kiene ; mais , à la place du Ouay«
ki de Liéou-jou , on mit k la tér«
du Tong-kîene de Sfé-ma-couang
le Tfiene-piene , ou les Annakt
antérieures de Kine-lu-flang , di*
vifées en vingt livres. Cet Écri-
vain , n'ayant confervé qu'uni
partie du Ouay-ki 9 composa fon
ouvrage de lambeîux du Cboii«-
king & des autres livres anciens ,
dont Liéou-jou s'étoit fait une re-
ligion de ne rien détacher. Ces
lambeaux font joints les uns aux
autres, par des fupplémens qtii
en remplirent les vuides. L«
Tfiene - piene fait aujourd'hui la
première partie du Tong-kiene i
& le Ouay-ki de Liéou-jou eft
devenu A rare , que le Père Gau^
bil n'a pu le trouver à Pé-king 9
m par coniéquent vérifier quel*
ques citations de ce livre ^ qui fe
trouvent dans le Tfiene-piene ;
vérification qui eut été cepetulant
importante , pour s'alTurer du dé*
gre de croyance que méritent
certains détails chronologiques &
même agronomiques tirés de ce
Ouay-ki.
Lorique les Ming mrem fait
publier rhiftoire authentique des
V vene ou Mogols , on en joignit
l'abrégé avec celui des hiftoires
des Song ; Si ces deux abrégés
forment le Sii-piene ou la troifiè-
me partie du Tong-kiene-cangï-
mou. On n'a point encore publié
d'hifloire authentique de la Dy^
çafii^ df Ming , & les Annalcai
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5* CH
approuvées ne vont poiiit afi de-
là de la fin des Yvenes ou des
Tartares Mogols. La chronologie
fuivte dans le Tong-kiene » eft
celle de Chao-yong , pour les
tems qui ont précédé l'an 841
avant J. C, Depuis cette année on
fuit la chronologie de Sfé-ma-
tfiene , de laquelle on ne s'eft ja-
mais écarté.
- En 1^63, le lettré Sié publia
fous le titre de Kiatze-hoay-ki ,
un abrégé chronologi(|ue de l'hif-
toire Chinoife qui va jufqu'à cette
année & qui e(t très-eftimée à la
Chine. La difpofition méthodique
de cet ouvrage le rend d*une ex*
tréme commodité. Cet ouvrage
eil divifé en quatre bornes qui con-
tiennent cinq parties.
Vers Tan 1660 fous l'empereur
Hoaï-tibng t on publia fous le
titre de Niene^yffé , une collec-
tion des diflPérenres hiftoires au-
thentiques dçs feize Dynaûies,
Ce recueil , qui forme plus de
deux cens volumes , contient les
hiftoires originales dont le Tong-
kiene eft feulement Tabrégé ; mais,
on a ajouté à ces hiftoires la vie
des Hommes célèbres « & plu-
sieurs diflertations fur la géogra-
phie , l'aftronomie , les rites ^ la
inufique f Ôcc. enforte que ce re-
cueil forme lui feul uiie bibliothè-
que prefque complette , foit par
le nombre des volumes, foit par
la variété de ce qu'il renferme.
Malgré toutes les précautions
Î>rifes pour aflurer la certitude &
a (incérité de Thiftoire Chinoife ;
comme ce font des hommes qui
l'ont écrite, & qui ont été char-
,gi$ de re«#iminer , on conçoit
ÇH
qu'elle n'eft pas exempte de dé»-
fauts. La prévention , l'animofué
des Écrivains daiu THiftoire mo-
derne, la crainte de choquer les
opinions reçues , & le dé£aut de,
critique dans l'ancienne hiftoire,
ont dû fans doute les jetter dans
plufieurs erreurs ; mais avec tout
cela , cette biftoire coniidérée en
général , doit pafter pour la plus
parfaite de toutes celles qui nous
font connues.
I V.
De l* Écriture Chinoife.
Les Chinois n'ont jamais connu
que récriture repréfentative des
idées, & fembleçt n'avoir fait au-
cune attention à l'écriture verba*
le, donc les caraâères font plutôt
figues des paroles que des chofesé
CJn fçait qu'il y a eu trois genres
de cette écriture réelle ; l'un qui
repréfentoit les idées par la pein-
ture ou l'image des choies mêmes ;
l'autre qui employoii des repré-
fentations de chofes naturelles »
pour exprimer d'une manière fym-
bolique les chofes incorporelles »
comme les rapports 6c les aâions
des êtres, ou même nos idées,
nos fencimens & nos paiîîons. Par
exemple , chez les Égyptiens 9
un œil ouvert , ôc pofé au bout
d'un bâton , défignoit la pruden-
ce dans le gouvernement d'un
État ^ 6c la providence des dieux
dans la conduite de l'univers. Le
troifième genre de cette écriture
eft compofé de caraâères ou fi-
gnes abiplument arbitraires , qui
n'ont qu'un rapport d'inftitution
avec les chofes ftgnifiées. Les an-
ciens Égyptiens s'étoient attachés
jprincipalemenc
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C R
prittcipalemeiit aux deui premiers
genres de l'écriture repréfentati-:
ve, c'eft-à-dire, aux peintures &
aux Tymboles ; ç'étoit-là, ce fem-
ble , récriture facrée , & Fécriture^
civile de ces peuples*
Les Chinois au contraire ont
préféré le dernier genre , *& ont
toujours employé des Hgnes arbi-
traires , qui n'ont qu'un rapport
d mititution ^vec les chofes ûgni-
fiées. Parmi ces peuples, on ne
connott en aucune façon l'écriture
verbale , dont les caraâères font
figues de la parole ; les caraâè-
rei Chinois font fignes immédiats
des idées qu'ils expriment i Q.n
diroit oue cette écriture auroit été
inventée pour des muets qui igno*
rent Tufage de la parole* Nou^
pouvons comparer les caraâères
qui la compofent avec nos chif-,
fres numéraux , avec les fignes
algébriques , qui expriment les
rapports dans nos livres de ma-*
thématique # avec les caraâères
aftronomiques , & avec ceux que
les Chymiftes employent. Parmi
nous, ces difFérens caraâères ex^
priment immédiatement les idées
dont ils font iienes , 6i les expri«
ment indépendamment de la pa-
role; la preuve en eft fenfible.
Que l'on préfente une démonf-
tration de géométrie exprimée en
caraâères algébriques » aux yeux
de dix Mathématiciens de païs
différens» à l'indant les mêmes
idées s'excicerofit dans leurs eC-
prits;ils entendront la même cho«
fe. Néanmoins , ces dix hommes
font fuppofés parler des langues
différentes ; & ils ne compren-
dront rien aux termes par lefquels
Tom. XI.
'i
CH
ils exprimeront ces idées en
parlant. C'ed la même chofe \ b
Chine. L'écriture eft non feule^
ment commune à tous les peuples
de ce grand païs » qui parlent des
dialeâes très - diitérens ; mais
elle l'eft encore aux Japonois , aux
Tunquinois & aux Cochinchinois,
dont les langues font totalement
diftinguées de celle des Chinois.
Ces peuples ne peuvent con-
verfer ei^femble (ans interprè-
te , parce qu'ils n'expriment pas
leurs idées par les mêmes fons;
mais , ii le même Chinois , qui ne
pouvoit fe faire entendre d'un Ja-
ponois ealui parlant, employé le
lecours de l'écriture, alors les ca-
raâères qu'il a tracés fur le pa-
fier , réveillent dans l'efprit dq
aponois , les idées que le Chinois
vouloit lui communiquer. Ces ca«
raâères font pour lui fignes im-
médiats des idées , & ils les ex-
priment indépendamment de là
parole. L'écriture Chinoife fait
une langue à part ; langue qui
parle feulement aux yeux , qui ne
dépend ni de l'organe de la voix,
ni du fens de l'ouie , & que des
gens muets & fourds de naifTance
auroient pu employer pour con-
verier enfemble.' Les livres Chi-
nois font entendus au Japon , &
les livres Japonois à la Chine ^
Quoique la langue d'un de ces pais
)it ignorée dans l'autre ; mais ,
c'efl que la langue de l'écriture efl
la même à la Chine ôç au Ja-
pon.
L'écriture Chinoife efl compo-
fée d'un nombre prodigieux de
caraâères , que les relations des
Voyageurs &; des MiflTionnaires
C
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54 CH
dnt encore enflée par te privilège
de ceux qui viennent de loin. Les
diâion narres Chinois en comptent
foixante-dix mille ^ l'imagination
éft effrayée à la vue de cette miil-
thude de cara6lè^es• On ne petit
fe perfuader que la vie d'un hom-;
me foie afTez longue ponr appreii*
ère à les connoître , loin de croi-
. re que ta mémoire ptïiffe les rete-
nir tous ; la raifoh en éft fenfible.
On fe les repréfénte comme indé-
f>endans les uns. des autres ^ *6L
cortme atrffi dîftingués entf'eux
épe le font les lettres de nos
alphabets ; maiis , cette idée n'efi
f oint exaàe , il faut plutôt les
comparer aiux mots de l'écriture ,
en tant que châqne mot eil uiî
àftemblage db plarfieurs lettres ;
car , les caraélères Chinois fonk
proprement des combinaifoiis d'un
nombre borné d'élémens frm^s','
dans lefquels on peut les réfoudrë
i*ous. Lescarai^ëres foivent î'analo-'
gie des idées qu'ils expriment ; or ,
fe nombre de nos idées primitives
éd afljez borné. Toutes nos autres
idées , perceptions , jupemetis &
fentimens , font cbmpofis des pre-
mières idées fi m pies diverfement
combinées» Ces différentes corn-
bin^ifons forment encore à tout
moment de nouveaux rapp9rts ^
êi par conféqi^enr de nouveaux
aifemblages ; ainfi , qboîque lè
sombre des idées primordiales
foit affei borné , ceh)i des idées
complexes oto dérivées croît à
proportion que nous avons acquis
plus de connoiffances. On peut
, obferver la même progreiîion
dans les langues. -Un aiîez petit
nombre de termes primitifs , que
d »
Ton appelle racinei^^ répondent
aux idées filnplés » & forment un
très-grand nombre de dérivés,
qui combinés encore entr'eux , oa
jitttc d'autres raeinl!s , forment
tous les mots qui expriment les
idées composes. Le nombre de
tes mots eft prodigieux dans les
langues vitantes ; cependant , il
n'eu perfonnè qtii ne fçache à peu
près tous les termes dé fa langue
îibturelle , correCpotidatis aux iclées
^û^iâ a daiis l'efprît , & qui n ex-^
f>rime fans peine tout ce qu'il
fent , ôc tout ce qu'il penfe dif-
lîndement* On ne s'^n tient pas
ihénie à une fetkle langue. Ceux
^ùl en poiledènt plùfieurs , ne (ànt
iiàfîemeht em1)af rafles de trouver
h figntfication <les mots qui la
eémpofem. il n'y a cependant
aticdn Heu de douter que la fom-<
fhë'iôtàle des termes de trois ou
quatre langues diffi^rentes ne fur-
piiiSTe celle de tous les caraâères
de la langue ChinoiA. Il ne faut
donc pas Croire que la connoif-
fance ^n foit f\ dimcile à acqt^rir ;>
&'que ie'tnême travail qui nous
éoiine celle d'une langue parlée p
ne J10US dtmnât pas celle de la
hmgne écrite des Chinois , ft iK>uf
hoiis y prenions bien ^iour l'étu-
dier. Mais , quand il fenoit iiécef«»
ftîire d'y employer un tems auffî
Confidérable que lé difent les Mit
fibnnaires , dont les relations fem^
blent être faites à deffein de dé-^
cotirager ceux qui auroient voulu
s'appliquer à cette étude , feroit-
ce à nous à le reprocher aux Chi-»
nois ? Nous , parmi lefquds un
très- grand nombre de gens paf-
femieur vie entière à émdier la
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CH
ladgoe non «k kun dtojneas ;
non cdle qu*ik font obliges dd
parier a toutAOttent , inaîs des
laugiits moit^ , dantik n'auront
jamais vue cauuûâiince paiiaûttw
Oa ne ptétesé pas ks. confiai»*
fier ; mais ^ on* peut demander
fXMir Les Cbinois 4a mène indnl-
geiiee donc noos^avoni be£^in ppnr
soas.
li y a plus , c'xft jqudla bngoe
kaôs ao'iis font>obi^és de faite
de Jeitri caraâèrés v doit Ipat don-
ner des idée» iièit0i.6c diâinâcs
de (otttes 4es xhefer défigaées par
^sxaraâèrcs. Une langue réri^
«abiement phdbfdpbktue ftfok
celle qui exfttknsHàvtota^oim» les
idées fimi^ OH •primitives par
des terinesiTatdida^^.& ieé idétfs
complexes par éop termes Hérii^âs
<m compoâs dei^hces pemier«.
ie dernier point 4» perfeâioti
ftroit de $!e«primàf ^ tetle êth
,çoa qse chatpie' »kX' démé tk
^onnoître^àfla piipmito'vuev Aoh
Seulement la coaifiiefition de i*îdée
correijpof^am» , maô encore eh
-quettes idées (tablés il la ki^âron
f éibadre ^n l»dédompofiat. Noâs
ifa^ons point de^ langues où l'on
paroifle avoir etf cette vue , fi ce
tt'eftdansi'écritniieChînoire* Lei
idées fimples ôc primordiales ^ «m
celles qui font participées par un
grand nombre d'Âtres panioiliers ^
y font exprimées parades caraâà-
tes fimplen ôt r^ëiàsair ; & lefc
idées composes ou <dénvées^ font
tepréfem^ par des' caraâères
cosnpofés de tet preti^ftrs , qat
nous avon^ nommés fimples.
Les traits toa ^gures <pi fi>r-^
ment les caraâères Clûcioift en
CH 55
général , fiuit la. ligne droite » la
ligne courbe , quoique plus rarei^
ment , Jbi le point ; chacun d'eux
difiéfeaunent placé , & répété
^s ou moins de fpis , ni,ais toà^
)ours fans faijie aucune çonfufioa
m k viie^ Les dtverfes combinat^
fons de ces. trois fortes de traits
£annent ks deu^ cens quatorze
caraâères radicaui^ , ou élémens
<de récriture Ckinoife. Chacun de
-ces éiélneos répond à une idée
£mpk ou générale^ plus com«
anuiie ; & ce$ élémens combinés
ies uns avec ks antres , forment
le» foixaate ou.ks quatre- vingt
aaiHe. caraâères doat l'écriture
dvnoiie efi compofée. On kli
-èotmne à la Qnne ^ clefs ou raci^
jies; & dans l^^di^otmaires %i
conftituent ks deux cens quatorze
rjdnf&s^ou genc^ diftéreos , fous
kfiqueb on range les caraÂàrcJs
dom ils font kpjmse prinoipak.
Ces caraâères uÀt ^pbdtvi^és pair
^olatfrs fntyant k nofnbre destraiss
4u^; contiennent ( car^ ;c'e4'Ptfu
4à qu'on ks cherche dan&'ks dtcf*
tiomnaiies, & on.yr joint k^r dér
-finition >ou eiqiiication , Cf^i^ fak
len décom^ofantJ^s caraâères , 4t
4es réduifant à leôfs élémeas. >
' Ainfi , loifque rl'on t oon aoîr bien
ia fignification des deux cens qua*
.torze cfa^ ou k-actnes , (m eft eip
ét?t de trouver par ^CM^méme,
ou di» moins sar>oc k fecours da
/Mètoonaipe , la fignification des
panâtes compofes , de ni^ine
qu^i'on peut enten^k^ une ka*
|ue , rdès que. Von poiTede k fi*
;nifidatioo de tous les termes ra^*
licaax.
Pour rendre ce 4p^on vi^fit de
Cij
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3« C H
dire encore plus intelligible / H
&udroit donner quelques exem-*
pies de la compofition 6e de la
flécompoficion de ces carattères;
mais 9 outre que cela ne pourroit
(e faire qu'en les mettant fous les
yeux » il ne feroit pas poffible
d'entrer ici da^ts un détail Tuffi**
iant; tout ce qu'on en pourroit
dire feroit trop fuperficîel. Nous
nous contenterons donc de don*
lier pour un plus grand éclair»
ciflement Thifloire abrégée des
caraâères Chinois, 6c quelques
télexions fur la connoiflancè
^\ie nous croyons néceflaire k
xeux qui voudront pénéuerdans
ie fyftême de ces caraâères , 6t
dans les raifons de leur compjfr-
tion» c*eû-à~dire, une efquittie de
h philofophie Chinoife.
Nous avons déjà obfervé que
les Chinois n'avoient point em-
ployé les deux premiers genres de
récriture repréfentative des idées ;
qu'ils n*om point eu en vue les
images pour les chofes que la
peinture peut mettre ibus lés
yeux y ni les fymboles pour repjré.
tenter par allégorie ou par ^Uur
fion les chofes qui ne le peuvent
être par elles^méines. Le P* Kii^
-cher eft d'un autre avis ; mais , il
paroit en cette occafion avoir uà
peu trop donné à fon imagination.
On ne prétend cependant pasxfue
l'qn ait évité ces reflemUances
entre les chofes & les caraâères^
lorfqu'elles fe ,ibnt préfentées ;
mais y'ûefkdtt qu'on ne les a pi|s
cherchées, 6c qu'elles (ont pref
que toujours détruites par Tana-
lyfe du caraâère où Ton avoit crii
ks appercevoir..
CH
, Les premiers inventeurs de Vi^
criture Chinoife fe font attachés
à des fignes entièrement arbitrai-
res f ou qui n'ont qu'un rapport
d'infiitution avecies chofes figni*
fiées ; en cela , ib ont fuiri le goûc
de la nation Chinoife , qui même
avant Fo-hi, c'eft-àdire, dane'
la plus profonde antiquité , fe fer-
voit de cordelettes nouées en galSt
d'écriture. Lemombre des noeuds
de chaque corde formoic un ca«
raâère^ 6c l'aflemblage des con-
ées tenoitliea d'«ne efpèce delî*-
vre , qui fervoit àrappeller , ou k
Ater dans l'eTprit de!i hommes le
fottvenir des chofes , qui (ans cela
s'en feroieat eâacées*
; Les Péruvtçns «voient une écri*
ture femUabley loifque les E(pai-
Înols'tirem la: conquête du Pérots.
)es coides de différentes cou*-
ileurs , chargées id'itin nombre <fe
-noeuds plus ou moins grands êc
idiveriementcondiinées entrelles,
.£[>rmoiettt des.tegiilres qui conte-
nfuient nonfeulcaieot un eut oU
compte des cev^enus publics de
J'empire du Péipu , mais encore
des annalés-^ni' chroniques de l'bi(-
rtoiredesIncas.Les diver(ès coift^
Jûnaifons des couleurs 6c de^
jiceuds fervoient à rappeller le hvk'
.venir des tâtons de ces Princes »
.de leurs exploits , de leurs c6n-
^étes, de leurs ré|;lemens » 6cçb
Tous lesécrivaitts Ëfpagnols par*
Jent de ceéiît'; 6c quoiqu'ils ne
nous aient point détaillé la mé«
chanique de tette écriture , feurs
fémoignages (ont ù confians , û
uniformes , ii nombreux, qa'il
n'eâ pas poiEble de les révoquer
ea doute. ....
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- CH
Ce fat Fo-hi , fondateur de la
monarchie Chinoife y celui qui
avoit policé la nation , &^qui l'a-
^ Toit tirée de la barbarie dans la-.
quelle elle avoit été plongée juf-
«ju'alors , <|ui fubfiitua à ces cor-
des nouées des caraâères formés
par la combinaifon de plufieurs
lignes droites & parallèles , mais
les unes entières & les autres bri-
bes, pour ^epréfenter ces noeuds.
I^ Chinois confervent encore
des fragmehs d'un ouvrage de
Fo-hi, écrit avec ces caraâères.
Us le nomment lé-kin, le livre
des mutations ou des produc-
tions. On le regarde comme un
monument précieux de la plus
ancienne philorophie , dont on
croit que ces caraâères expliquent
les fendemens ; mais , malgré les
commentaires publiés fur cet ou-
yage I loo ans avant TÉre Chré-
tienne par le roi Vou-vang & le
prince Tchéou-kon fon fils; mal-
gré le nouveau commentaire que
Confucius ajouta à celui de ces deux
Princes, environ 600 ans après
cui , le livre des mutations eil
encore inintelligible. Ainfi , quoi-
que le lé-kin & k% commentaires
ioient compris parmi les livres
claf&ques , fur leiquels on exami-
ne les Lettrés , avajit que de leur
conférer les grades , il n'eft guère
regardé que comme une efpèce
de grimoire 9 duquel les Lettrés du
plus bas étage fe fervent pour pré-
dire l'avenir par le moyen de cer-
taines combinaifons cabaliAiques 1
aiTez femblables à notre Géo-«
inance.
A mefure que les peuples de
la Chine fe policereait jous les fuç*
CH 37
ceflëars de Fo-hi^on fentît Tin-
fuffifance de cette écriture ; on
travailla donc à la perfeâionner ;
on multiplia les caraâères > & on
varia les figures. On montre à la
Chine un livre de pharmacie , &
un traité de la manière de tâter le
pouls , atribués aux médecins da
roi Chine- noune , qui par le fe-
cours de foii Colao , ou Minière
Tfane-kié, avoit donné une non- '
velle forme à l'écriture. Ces deux
ouvrages furent écrits 2800 ans
au plus tard avant TÉre Chrétien-
ne t en fuivant la chronologie.
Chinoife. On voit encore dans le
Chou-kin , des fragmens d'une
bîAoire des empereurs Yao 6c
Chune,écrite fous le règne de Kiou
2200 avant TÉre Chrétienne.
Depuis ces premiers effais ;
l'écriture Chinoife fe perfeâionna
tous les jours , & s'enrichit de
nouveaux caraâères que l'on in-
ventoit à mefure qu'il fe préfen-
toit de nouvelles idées a expri-
mer. Cela continua jufqu'au règne
de Vou-vang, qui monta fur le
trône vers l'an i rio avant l'Ëre
Chrétienne. Alors , cette écriture
fe trouva fuivant les Chinois au
point de fa plus grande perfeâion.
Selon eux , ces anciens caraâères
étoient tous fondés fur des raifons
philofophiques ; ils exprimoienc
la nature des chofes qu'ils figni-
fioient I ou du moins la détermi-
ooient , en défignant les rapports
de ces mêmes chofes avec d'au-
tres mieux connues.
L'empereur Chi-hoang-ti y qui
tegnoit vers l'an 230 avant r£re
Cbrérienne , entreprit > comme il
^^éjà été ohfervé i, de déuuirf
ÇiiJ
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3S . du
tous lois livres qui ne traîtoîent hî'
de médecine , ni d'aftrologîe St-
de divination. Comnhe le' papier
n'afvoit pas eitcote été inventé ,
& que Foft éctivoif , où phtàt
qrïe Fon pdgrioit fur de?5 taWètte^
de bois , les livres étoiétit dîffidléf
i cachet ; ainfi fl s'eri fatoya feft
fJeu.La peifêcutiort cdntîhtfâ foûsf
es fticceffeu^s de Chr-hoâng-eî'; &
l*écritute Chinoife reçut* dort pu
grand écRec. Lès livres de* méde-»
cine & de divi^dtion né cotité-
iToient qu'ufj (>étit nombre de caf-
H&htei ; ori n'ôfoît nfioritrei^e petr
ée Rvrts qtfcf Foà avoit fauve*. Laf
plus grande pafrtie des gens de
lettres étoït périe (ùts \t règne de
ee Prince , qui fes avdit forcé* de
prendre la trueHe , pour travailler
à la conftruâion de cette famebfe
^twaillé qu'il faifoit bâtir podi'
toettre la Chine à couvert de f in-
vasion des Tarrarcj. L'Empeteat
ttt voulant que dés Mààt$ &dei
ftiaçons , dn jfufgé aifément qiae fe*
ïetires ne furent gueres cuMvées*;
àinfî , h tradition ne pdt tùtiièt'*
ter etàétement là eoftntïU&ncé
dé* câràdère^ pérdtrt , avec les Ê^
tires que Ton avoh brûHé*.
Cepentfattt , bperttcotioh ceffai
avec le régné de Isr httAïfé âtt
Tytân. Véne-tî , qtfî rtotïftr fdr te
trône 177311* avant TÉre Chré.
denné,8t 53: an* aprè^ Cht-hoa^gs
il , s'attacha à réparer fe* ééfùt^
dres introduit* pat ce Pirrhcê, qui
A*avoit.pds pfu* ménagé fe* Àjet*
qjue le* fciences. Ve*ie-ti fit re-
chercher totis If* livre* échappés
i h perfé(;ution. Linveùtion dtr
papier\ troavée fous foii regtïè,*
tn facîKu h Aluhipficatioité^ Uil
v^îeux Lettré , qui dans la fbiitude
oii il s'étoii taché , avoit élevé
fa 6l!e pour les fcfences , reftîtuâ^
de mémoire , 6c par le fecotir* de
cette 6île , une partie des caraâè-
r^ perdti*. Peu après le règne de
Verte^tî f <î*eft-à dire, cem qua-
rante âfn* aVânf l*Ére Chrétienne,
rempereorVoteMtf, prince feftieiw
par k% e»pàtittofi»' dam l'onde ,
«'attacKa é'tmé rnanière encore
plus efficace à faire flenrir les let-
tres. U ^ rëëh^rcher tons les livret
&L tott* les fr^gmén» qâi reftoiem ,
fit ràflembler Si mme en ordre
roti* les oavTages de G>nfttciif$ ^
dé Lao-kioune > ôtdé leurs difci-
l^le», y fit jc4fifdre des commen-
tà^ei , & en rit répandre des co«
fres par tout le royaume. La pro-»
teâion qtfe l'Emfpereor accordoit
aux lettrés , invitok fOet le monde
ii s'y appliquer. Chacsn fe piqua
de compôfér & dfe publier des
ouViiéiges ; ce qui ne puè fe faire,
fait* tnvenfér dé noinnea^ix carac-
ihes , pour tenir Ken de ceux
qu'on avoit perdy*. Miftsy comme
on voulut exécuter tOtitd*im coup
ce qui ne fe pOnvoit £aire qu'aprèi
tfne londiïe étnée^de* caraâère#
encore rabOflen* , pour *'in(lrufre
dtr véritable fyftéme de l'ancienne
écHture, 11 *1*trôdin*t im grand
tn>m^e de caraâèretbkfarre* , dc
qnt n'âvoient aucune analogie na-
tnteHe ftvee les ancien*.
L'écritnre Chmoife ëû une vé**
rifdbie fangue, ^dî ne parle ou'k
kl vue ; ainiî , elle a dû fbuftrir
toute* le* même» ekérations que
les langues prononcées. Dane
Ftme & dans FâiMre on avoit corn*
meacé par an kiigege fimple 9 oit
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CH
Ton ne çonnoîflbit que les termes,
propres , & où i|s fe prenoîenc
toujours dans leur acception natu-
relle. Mais 9 peu à peu , fous pré-
texte d'élégance, on employa des
^rmes & des cafàâères figurés^
Qn les tranfporta à des fignifîcsin
tions éloignées par des metaphor
res afiez naturelles dans leur ori^
gine , mais qui devinrent bientôt
extrêmement hardies.
Dans les langues parlées, cettei
raifon empêche fouvent q^e Voa
ue puiiTe découvrir Ifi racine cooir
nuine de deux expreilions , don^
le (on eA très-voifin , & dont les
figaifications font tr^-éloignée;^»
U en eft de même des caraâères
de récriture Chinoife , les méta-r
phores & les figuf«s oqt dû y
çaufer une grsmde irréeMlaitté.
Cette irrégularité elt peui-âtrei
la plus grande caille de la diâi«*
culte que l'on éprouve auionrd'hui
en étudiant ces cisraâères. L>n*
cienne Philotbphie avoit été gq^it
me abandonpé^ depuis long temst
On s'étoit rempli la tête de far
Ues , d'ail^ries , de myftago-
gîes. La P^eSe s'étôk einpfirée de
U PhUor<^e ; & l'on juge ailé-
n^nt quels Ravages file y avoH
hits chez des peMpks d'une îm^r
gination natureUêmçot énâan:!^
mée , & qu'une timidité exceiliv^
avoit entièremeot tourné vers U
fuperflitiom Aii)ti, l'oneoiplpya
pn Çraad neoqnbire de carailW
figurés o«i allé^iques « & i^t\
{ka$ aucun rapport ayei: les cho&s
Aiprioiiées , en a voient ieulepeof
avec quelques com^ populaires ,
& avec des uadisiaQs f^ Wièi.
CH 39
V.
De la Philofophie des Chinois^
Les Chinois , qui fubfiftent aa
moins depuis plus de 4000 ans
avec les mêmes loix , les mêmes
mœurs , & les mêmes ufages , ne
méritent pas moins notre curiofité
que les drecs ^ les Latins & les
Arabes commentateurs d'Ariflp-
te , dont on enfeigne la Philofo^
phie dans nos écoles , ne fût ce
que pour comparer leurs diverfep
9pimons. M» Fréret aiTuxe quf ]&k
Chinob n*oAt jamais e^ une Jbo9-
n^ Métaphyficme ^ ini peut -* $trjS
mêti^e un îyilen^e c(Hi»pl^t 4»^
Philofophie* Du mpins , |eur|
idées, , ajoute-til^lonti-elles dia->
métralement pppofées â ce qu€
nos Philo(<^>hes regardent comm^
des premiers principes & des
nianimfs d'éteroel|e vérité e^
tnorale&enmétapbyriâue. Nou$
%çi pouvons ju|er par la traduc-
tion Latine des livres de Çonfu^
çius, & par celles de depip di^-
rens coipuieotaires Chinois Àur
les oQvrages de ce Phito^phe,
Îui ont été publiées ^ i'JMt^e par 1^
, Complet > $c iWre par îe P^
Noël ^ tous deux JéAnies. Ôq peii|
encore tirer de grandes Uimières
4es différeiis ouvrages compofé*
par les Millionnaires ^ à l'occaf^în
des diiputes fur la. nature du cuhe
jque Ton tend à Cooûiqus & au^
anciens nwjrts. Parmi ces ouvra-
r;^ le plus inflrnâifed celui du
Longobardi, JéfMite »p^rce qu'i^
pontieot un tri^-girand npmbre #
pa&iges des j^cisli^ésphUorp»
Ipjpes Chinois.
, L(S commeiuaîre ^% le v^
C iv
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40 CH
Vou-vang avoit publié ipr le
lé-kin , infpira le goût de la Phi-
lofophie aux Chinois ; & peu
iprès le règne de ce Prince , on
vit de grandes feéles de Philofb-
phes fe former. Lao-kioune parut
le premier. Ses ouvrages fubfiftent
encore , il y a d'aflez belles maxi-
mes de morale particulière ; mai^ ,
On y enfeigne la matérialité de
Ta me, & par conféquent fa mor-
talité. Comme ce Phitofophe $*é-
toit fort appliqué à la médecine , à
la chymie , 6c aux autres parties
de la Phyfique i (es difciples que
Ion nomme Tiene-tzé , ou Doc-
teurs céleftes, cultivent fort ces
connoiflances » & fe font rendu
célèbres par leur moyen. Ils font
même venus à bout de perfuader
la poffibilité de la médecine uni-
verfelle, 6c d'un remède qui rend
les hommes immortels. C'eft-là
ce fameux breuvage d'immortali-
té » dont il eft u fouvent parlé
dans les annales de la Chine , &
que les Empereurs recberchoient
avec tant d*ardeur & de dépenfes.
Lao-kioune enfeignoit auÂi que
l'univers étoit gouverné , de même
que l'empire de la Chine , par un
dieu corporel qui habitoit dans le
ciel , & qu'il nommoit Chan-ti ,
roi d'enhaut ; que fous le Chan-ti
étoit un grand nombre d'êtres in*
telligens avec un pouvoir moins
étendu , mais cependant indépen-
dant du fien.
Ce Philofophe cachoît les fon-
demens de fa métaphyfique ôe de
fa phyfique fous des expreffions
figurées , qui femfaioient ne con.
tenir que des allégories fur les
nombres 6c leurs propriétés» Il
CH
rie paroit pas qu'il fe foit jamais
expliqué bien clairement fur la
Providence > ni fur là diftinôion
du bien & du mai moral, c'eft-à-
dire , du jufte 6c de l'injuile.
Auilî , peu de tems après lui , les
Philofophes fe partagèrent . en
deux feâes ; la première , nom-
mée lanh , foûtenoit que l'amour
propre 6c l'intérêt perfonnei de->
voient être la règle unique de nos
ââions; 6c que les loix , l'autori-
té , la reconnoiflance , 6c tous les
autres devoirs qui forment des
engagemens entre les hommes »
n'avoient de force qu'autant qu'ils
contribuoient à nous rendre heu-
reux. La féconde feâe étoit ap*
pellée Mé ; elle s*étoit jettée dans
l'excès oppofé, puifqu'elle pré-
choit la charité univerfelle , ou
Pamour égal pour tous les hom-
mes fans diflinâion de liaifon ni
d'engagement d'amitié , de paren-
té ou de dignité ; elle enfeignoit
auffi la deftruâion totale de l'a-
mour propre 6c de l'intérêt per-
fonnei.
Confîicitts qui naquit Tan 550
avant l'Ère Chrétienne , prit un
milieu entre ces deux extrémités;
il prêcha à la vérité l'amour uni- '
verfel , ou la charité pour tous
les hommes , mais un amour réglé
6c modifié fur les devoirs établis
par les loix de la fociété où l'on
fe trouve. C'e(l-là le principal
objet du'livre de ce Philofophe ^
intitulé Tchon^yon , le milieu rai«
fonnable , l'accord de Tamour pro-
pre avec la charité univerfelle. U
évita toujours avec foin dé s'ex*
pliquer fur les matières de fpécu-
lation ^ fur la juftice ou l'injuffice
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CH
naturelle , fur la fpirituaîité &
rimmortalhé des âmes, fur lexif-
tence & la nature d*un Dieu dif-
tingué de l'univers , fur le deftin
& la providence. Les ouvrages
de ce Philofophe , lus avec atten-
tion , marquent une affeâatîon
ienfible de ne fe point ouvrir fur
ces matières ; & l'on a même des
paiTages formels , oîi il refufe de
répondre à ces quefiions qu'il
traite de dangereufes.
I*a doârine de Confucius n'af*-
fujettifibit à aucun dogme fpécu*
latif ; elle recommandoic feule-
ment la pratique de la vertu ,
c'eft*à-dire , TobéifTance aux an-
ciennes loix du paîs , la foumif-
fion& lerefpeâpourfesfupérieurs,
la modeOie; & même l'humilité
avec fes égaux » 6c la tendr^fle
pour ks inférieurs ; c*eA à cela
que fe rapportent toutes les exhor*
tarions de ce Philofophe. On juge
aifément que tous les honnêtes
gens embraflerent fa feâe. Le
nombre en groflit tous les jours ;
& comme leur principale étude
écoit la politique & la fcience du
fouvernement , ils remplirent
ientôt les premiers emplois. Les
livres de Confucius furen» cano-
nifés , pour ainfi dire » ayant été
déclarés authenriques , 6i perfon-
ne ne pouvant pofléder de charge
qu'il n'en eût fait une étude parti-
' cnlière»& qu'il n'eût rendu comp*
te de cette étude dans un examen
iblenmel.
Les phitofophes Chinois ne
mettent aucune diftindèion réelle
entre les différentes fubflances ,
dont l'afTemblage compofe l'uni-
irers ; atnfi , à prendra ce mot de
CH 4r
fubftance à la rigueur , & au fens
que lui donne notre Philofophie p
ils ne connoiflent aucune fubftan-
ce. Selon eux » tous les êtres par-
ticuliers n'ont qu'une même exif-
tence » à laquelle ils participent
tous également > 6c qui efi inca«
pable d'augmentation & de dimi-
nution , ceft-à-dire , infinie &^
inaltérable. La force par laquelle
chaque être exifte , ne lui efi point
propre ; il n'exifie point indépeo^*
damment des autres ; mais , fon
exifience eft néceffaire , & il ne
peut jamais être ni détruit ni pro-
duit. Dans le fyflême Chinois ^
tout eft étemel, rien ne commen-
ce ni cefle d'exifter. Ce que nous
appellobs génération & deftruc-
tion y ne font pour ces Fhilofo-
phes que des changemens de mo-
difications & de rapports ; ou plu-
tôt ce n'eft autre chofe que ht
manifeftationÔc le développement
de certaines propriétés de l'Être «
qui fe découvrent à nous » ou ceA-
(ent de nous être connues. Lor(^
que ces propriétés nous devien-
nent fenfibles , qous difons qu'elles
font produites, qu'elles commen-
cent d*exifter. Lorfque nous ne
pouvons plus les apperceyoir,
nous diibns qu'elles font détruites.
Cependant , fiiivant la Philofophie
Chinoife , il ne leur arrive d'au((e
changement dans ces occafions ^
que celui qui fur vient à un objet ,
lorfque nous tournons les yeux
fur lui , & que nous l'envifageons.
Il fe produit à la vérité une nou-
velle perfeâion dans notre efprit ;
mais pour l'objet , il ne s'y pafie
aucun changement réel ; feu-
lement de non apperça qu'H
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4* CH
etoît , il devient apperço.
Aiofi, parmi un nombre infini
ée propriétés contenues égale-
«lent dans le fond de l*Étre , tan-
tôt nous fommes afFeâé» par Ton
étendue, par fa mobilité , (a foli-
ée» fa couleur Se fa figure; alors
sous l'appelions corps ou matière.
Tamôt nous y mettons une force
motrice , & c'eft ce que nous
sommons un être virant qui (é
donne fes mouremens* Tantèi
«»fin nous croyons y appcrce-»
Toir diî femiment y deûv^kmté^
ée la penfée & de la percepcioii ;
te pour lors nous lui donnoiis une
ame & un efprtt . Dans ce iyûè*
me, ces dhrer(es propriétés , quoi*
tpt dîAinguée» encr*eHes par l'idée
^œ nous et» avons , & parTim*
preffion qu'elles nous cadeot, ne
le fom nullemenr ouant à la réalité
delemrêtre» puiiqu'ellei exiilent
séceflakement avec une infinité
d^aotres, âc qu'elle! participent
téttte» également à une feule âe
même exifttnce infinie ôi inaltéra^
Me.
Ce principe mm fois pcfé , on
▼ott aifêmenc que la PhilofepKid
Chinois n'admet ni création , m
providence , 6c par conféqoent n^
recoiinott point de Dieu ^ c'eA-à*'
dire» d*Êire diftingué do l'umversi
qui ait prodoit ou créé le monde ,
& qui le gouverne ou Wconferve
en confécnieiice des loi x qu'il a
établies. La kmgue Chmotfe n'a
mémel point de termes qui ré^>on«
dent à cette Mée ; ceux de Tiene,
Ciel , Ôc de Tiéne<^tt^ roi du
Cel« eipriment lesîdéeftdes Ma^
térialiftes; 6c ceaa de Tiena«>tae ^
do^eort cékAes , ceUee49i Idor^
CH
litres. Les premiers attribuent lee
événemens à l'aâton du Cîel »
mab à nne aâion deftituée de
connoiffanceôcde volonté ; aâion
pareille à celle que nos Âdrolo-
gués donnent aux infiuences dee
aftres. Le roi du ciel des Idolâtres
agit à la vérité avec counoiflance,
& à la manière des hommes ;
mab, ce n'eft qu'une fubftance
particulière ; c'eft comme l'ame
du ciel y & une ame non diftio^
gaée du ciel matériel , parce cpe
uiivant les idées des Idolâtres^ la
matière eft auffi-bien capable de
penfée 6c de fentiment , comme
de mouvement. Mab , ces idées
(ont prpfcrites par les meilleurs
Philolophes Chinois ^ qui rejettent
tout ce qui pourroit mener à la
connoiffance d'un être înteRigent^
^ diâingué de l'univers , 6c qui té*
moignent un grand mépHs pcmt
cette opinion.
Tout étant néce(&ire datis ce
fyftême , on comprend qu'à par-^
1er exaâement > il n'y a plus de
diftinâion emre le bien 6c le tnal
moral , plus de vertu 6c de vice ^
plus de liberté , plus de perfise-
tion ni d'imperfeâion. Si un être
particelier demble agir fur un aU'v
tre 9 cet autre a non feulement la
force de lut réfifier , force qui ne
peut être anéantie, mab eiKore
la fbrce de réagir f^r ^^^ ^^^ u*^
réalité qui n'eft pas moindre que
la ûenne. Il faut cependam cofl4>
venir qufe ce fyftême n'eft pas ce^
lui du peuple. Les kommes ordi-
naires font trop groiBers à la Chtt
ne f de même qu'ailleurs ^ pour
être iéduits par des erreurs Ci ùih^
ûles fie il déliées. Lejir imag^t
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CH
tîofn ne trouveroit-ià aucune prife.
U leur faut des objets matériels ,
fcnfibtes & palpables ; & ckî me- '
ne que les Indiens & les Japo-
sois » ils iom f4oogés dans un
pagaaifme , fondé iur les fables
ks plus abfitf des*
M^ poar las Lettrés , & fur
tout pour ceux qui font profeilîon
de fëivre Confucius , ôc de ne
joint s*écarcer de i ancienne Pbi-
lofophie, on peut dire qu'ils noiH
point d'aBire fyftiême. Il eft vrai
que dans U pratiqtie ils n'en fui-
vent pas les conféquehces pour
la morale. Les hommes font or-
dinairement inconféquens ; leurs
opinions ne règlent point leut cort-
dnite; & iln'elt pas plus étonnant
de toir des Athées viri'e iftora-
lement bien , & fe fot»niettre par
des moti& de fociété à des loii
qu'ils ne croyent point obligatoi^
res, qœ de voir parmi les nations
feligieufes , des gens pleinement
Eirluadés de l'exiAence d'un
ieu j & de la vérité de leur teli-
E'm, violer à tout moment les
I qu'ils tiennent B«n (eulement
peur obligatoires ^ mais encore
pour divines , & n*obferver au-*
con des préceptes de cette reU*
gion y pour la défenfe de laqi»ell^
lis fe croyent prêts à tout entre*
predre ^ 6t à tout fouffrir.
Les Philofophes Chinois ont
aiêine imaginé nn moyen dé Qon*
ctfer , au moins aux yeux du peu*
pie 9 leurs principes avec la prati<*
que ide la vertà. Ils dilfcm que par
ï'habimde des aâton» vertueufesi
"Dotre ame/7U cette paftie de nous^
qui penfe, qui fent, qui veut^
Mm Ljr en Qâ fn»t fe tondçnfe^
CH 43
fe purifie , i*e pertediotine , & ac-
quiert de nouvelles ibrccs pour
faire plus parfaitement fes fonc-
tions ; de noeme que dans les
corps le mouvement 6c Texercke
en augmentent les forces. Ils ajou-
tent que le vice & les paflioi»
vives affoibliiTent au contraire
l'ame, ou la propriété de|>earer«
& en troublent les fondions; que
l'amour du juûe ou du bien mo-
ral » c'eft- à-dire, de ce qui eft
«vamageux à la fociété | fait
goûter à ceux qui en ibnt 4^em-
plis, la même joie fie la tnfimm
volupté due fait reffentir l'amoue
du beau a ceux qui en obtiennent
ia )ouifiasce. Ils vont jufqu'à dire
que de même qu'il o'eft point
knpoffible, abfolunnemi>arlant^ de
trouver de$ remèdes dont l'eflef
rende les bomnnes immortels, de
même auâi la pratique de 1 ex-
trême vertu peut rendre notre
ame immortelle , c'e(^à*dire «
empêcher la defiruâion de ia pso-
priété que nous avons de penfo
& de vouloir. C'efl par- là qy'ili
ajuftem avec leur fyfiême Je cidte
d^ Ancêues , & celui des grands
Hofluiites morts, comme G» ^
ciu84 Us lêi nomment de$ faims,
des immort^s ; ils leur adreflent'
leurs prierei , leur ibitt des voeux «
leur demandent les richefles, les
talens du corps» ou les don» de
l'efprit , nom qu'ils fe perfuadenc
avec le peuple d'en être exaucés ;
mais , ib regardétit la plupart de
ces aâions cotûtte avantageufes
à la fociété ^ j^ar Timpreffion
qu'elles Ant fur les efprits. Ils
croyent qii'eD accoutumant les
boBunet a ifiiï>eâer Ifi loiX 4At
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44 CH
ciennes , & qu'en leur infpirant
nne efpèce de vénératipn pour les
Ancêtres & pour les grands Hom-
mes morts , on leur fait prendre
les mêmes 'femimens pour leurs
parens vtraos , & pour les Ma-
erats ; & que Ton encourage
particuliers à pratiquer la rer-
tii , pour obcenîr après leur mort
de femblables honneurs 9 & pour
jouir par avance de la confidéra-
tion qu'elle leur attire de leur vi<»
yant.La plupart des lettrés croyent
que ces a^ons font néceflaire-
ment fuivîes du plaifir & du bon-
liear qui accompagnent l'exercice
de fa vertu ; & cette perfuafion ,
Sanâ elle eil un peu vive , leur
r éprouver un plaidr réel , par-
ce qne pour être heureux , il fuffic
de fe perfuader qu'on l'eft. Le dé-
tail des conféquences que les Phi«
lofephes Chinois tirent de leurs
principes pour la Métaphysique
particulière , & pour la Phyfique ,
BOUS meneroit trop loin. Ce oue
BOUS venons de rapporter doit luf-
£re pour remplir ce oue nous
BOUS fommes propofés. Nous ter-
minerons ce paragraphe par le ré-
cit de quelques-unes des fencen-
ces de Confucius , après que nous
aurons raconté de quelle manière
B e(l honoré par les Phtiofophes.
II y a proche de l'école Confu-
ctenne nn autel confacré à fa mé-
moire , & fur cet autel l'image de
Confbcius, avec cette Infcription :
C'EST ICI LE TRONE DE
L'AME DE NOTRE TRÈS-
SAINT ET TRÈS- EXCEL-
LENT PREMIER MAITRE
CONFUCIUS. Là s'affemblent
les Lettrés » tout Jes équiaoxes ,
CH
pour honorer par une offrande fo-
lemnelle le Philofophe de la na-
tion. Le principal Mandarin dn
lieu fait la fonction de prêtre ;
d'autres lui fervent d'accoJyies.
On choific le jour du facriiice avec
des cérémonies particulières ; on
fe prépare à ce grand jour par des
ieûnes. Le jour venu , on exami-
ne l'hoftie , on allume dos cier-
ges I on fe met à genoux , on
prie ; on a deux coupes , l'une
pleine de fang , l'autre de vin ; on
les répand fur l'image de Confu-
cius ; on bénit les adiftans , &
chacun fe retire*
Sentences morales
de Cqafucius.
i.^ L'Éthiqqe politique a deux
objets principaux ; la culture de
la nature intelligente » l'inditutioil
du peuple.
a.^ L'un de ces objets deman-
de que l'entendement foit orné de
la fcience des chôfes , afin qu'il
difcerne le bien & le mal , le vrai
& le faux ; que les paffions (btenc
modérées ; que l'amour de la vé-
rité & de la vertu fe fortifie dan$
le cœur ; ôc que la conduite en-
vers les autres foit décente &
honnête.
3.^ L'autre objet , que le ci-
toyen fçache fe conduire lui-
même , gouverner fa famille »
remplir fa charge , commander
une partie de la nation » podéder
l'Empire.
4.^ Le Philofophe eft celui qui
a une connoiffance profonde des
çhofes & des livres , qui pefe
tout , qui fe foumet à la raifon ,
Çf, qui marche d'un pas alfitré
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CH
d90s Ici voies de la vérité & clé
la juAice.
. <.9 Quand on aura confomtné
la force intelleâueile à approfon-
4iir les chofes » rimention 6l la
volonté s'épureront ; les mauvai-
fes affeâions s'éloigneront de l'â-
me ; le corps fe confervera fain ;
k' domeftique fera i>fea otdonné,
la charge bien remplie , le gou-
.yernenDent particulier bien admi-
pÀfïré , rEmpire bien régi ; il joui-
ra de la paix.
. 6.^ Qu'eft-ce cpie Thomme
tient du Gel ? la nature intelli-
gente ; la conformité à cette àa*
,tiire confiitue la règle ; l'attention
à vérifier la règle & à s'y aflii-
^ttir, eft l'exercice du fage.
: 7.^ Il eft une certaine raifon
ou droiture célefte donnée à tous;
il y a un fuppléroent humain à
<e don 9 quand on l'a perdu. La
raifon célefte eft du ûtint ; k fup-
plément eft du fage»
8.^ Il n'y a qu'un feul principe
de conduite ; c'eft de porter en
tout de la fmcérité , & de fe con-
former de toute (on ame & de
tontes fes forces à la meiure uni*
verfelle. Ne fais point à autrui ce
:que tu ne veux pas qu'on te
iaffe.
9.^ On connoît l'homme en
-examinant fes aâions , leur fin,
Jes paftîons dans le^uelles il fe
complaît 9 le$ cbofes en quoi il fe
repofe.
10.^ Il Êiut '.divulguer fur le
■champ les chofes bonnes à tous ;
{j'en réferver un utage exdufif,
une application individuelle , c'eft
:fpépxifer la vertu , c'eft la forcer
.à un divorce.
CH 4ç
11.^ Que le difciple apprenne
les raifons des choies » qu'il fes
examine , qu'il raiibnne , qu'il mé-
dite , qu'il pefe , qu'il confulte le
Sage , qu'il s'éclaire , qu'il ban-
niile la confufion de fes penlées ,
& l'inftabiiité de fa conduite.
12.^ La vertu n'eft pas feule*
ment conftante dans les chofes ex-
térieures.
13.^ Elfe n*a aucun befoin de
ce dont elle ne.pourroit faire part
à toute la terre , & elle ne penfe
rien qu'elle ne pnifte s avouer à
elle-même k la face du Ciel.
14.^ Il ne faut s'appliquer à h
vertu que pour être vertueux.
15.^ L'hotnme parfait ne fé
perd jamais de vue.
16..? Il y a trois degrés de (â-
geffe ; fçavoir , ce que c'eft que
la vef'tu, l'aimer» lapofTéder.
17.^ La droiture de coeur eft
le fond/ement de la vertu.
18.** L'univers a dnq règles;
îl faut de la juftice enrre le prince
& le fujet ; de la tendrelTe entt«
4e père ôcle 61s ; de la fidélité
entre la femme & le mari ; de la
fubordination entre les ffreres ; de
.la concorde entre les amis. Il y a
trois vertus carxlinales; la pru->
dence qui difcerne , TatiMur uni-
verfel qui embrafTe » le courage
qur foulent ; la drottuke de cteur
::tes foppofe. . -
19.^ Les mouvemens de i'ame
ibnt ignorés dés autres. Si tu e$
fage , veille donc à ce qu'il n'y a
que toi qui voyes. .
20,*^ La vertu eft entre les ex-
trêmes ; celui qui a paiTé le mi-
lieu , n'a pas mieux .fait ^ celui
qui ne l'a pas aueint. ,
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4« CH
ai.^ Il «'y a qu'une chofefré-
cîeufe ; c*eft la vercu.
^^y U»e nation peut {^us par
.la vertu que par l'eau & par le
£su; je n'ai jamais vu périr le peu-
ple qui. Ta priie pour appui*
2).^ Il faut plus d'exemples
aux peuplés que de préceptes ; il
me faut fe charger de kii tranfmet-
tre que ce dont on fera rempli •
24.^ Le Sage ei\ fon ceiifeur
Je plus févere; il eA (on témotn',
ion accuTateur , & Ton juge.
25.^ Ceft «voir aueiat l'ionob-
cence & la perfeâion , qae de
• être furmonié , &c que d'avoir
recouvré cet ancien Ôc piinkif
éxsLt de 4f (Httire céieAe.
26.^ La parelTe eoeourdie ^
l'ardeur incônûdérée , &at xbeux
obftacles égaui au bieni
27,^ .L'ham€De parfait ae
^e^d |>oiat une voie détournée ;
il fuir le cheaiin ordinaire^ :6c s'-^
vêtu 6^rfne*
28.9 L'iioanete homme ,<eft un
Jiomme univ^fel. .
29.^ I^a charité eft cette a|rec«>
'^ion CQuAiiite ôc ratâHinée , qoi
Aous immole au genre humain ,
comvie s*il ne &Ubît avec noi^
qu'un in4ividtt , & qui nous mSor-
cie à (es malheurs & à fes ptoG^
péritéf»
3P.f U ja'y a. que i^honnéfe
homme qui ah droh de hairiâc
'd'ai*w.--.
ji.^ C^ropenfe Tinjai^is rpar
TavetAon ri^ bien**fah par kjfé-
connoiiTance, car c'eft la jufticet
• j%i<> Tomber & ne fe point
^retever , v<^ilàpiK>premem'6ecpie
c'eû^foîUir»
3 3 ,^ Ceû- une efpèce de trop-
CH
Vk d'eTpnt que de (bahattér aox
autres » ou ce qui n'eâ pas eA
notre poHhnte > on é^ dtofes
concrav^oires.
34.<^ L*homma partit agit fc^
Ion foaétat 9 & ne veui riei^ <fA
lui (bit étrange.
3 5 fi Ceki qui étudie la façeffe
aoeuf Duahtét «n vue ; la peripvca-
cité de l'o^ , la finolife de roreille,
la UréiMé du ft^nt» la gravilé da
corps , ia véracité du propos^
l'exaâitude dans l'aéHoh , le coi»-
ieil dans les cas douteux, Texa*
a»en des ftiifes dans la -vengeance
de dans la colère.
La moitié de Confucias eft'»
-comme Ton voit bien fupéricure
à fa Métaphysique 6c à fa PKyft^
oque. On peut confultor BuFfinger
iur ks mavimes qu'il a laiâ^ da
gouvernetRent de la famille , des
£>nâiofi8 ide la ma^rature &<te
4*j^dminiftttt(ioii de 4'Ëmpipe.
• ./,. yi. ■ ;
De I4 fp'ific des CîàtioU*
La langue Oiinoife eft la plos
œuiicale & la plus harmonteuie
•de toutes celles que nous noimoif'
■fons , paiiqoa les mots qu'elle em-
4>loie iqnt ara^iés , non ifeulemem
par les tems plus longs & pkis
(Courts dans lefqueU on les pro-
jionce , mais encore par Téléva^
tioa & ^fbauffenMnt '6xe 4e 4a
vàÀx , & 'j[Ar >d(VdHês if^epQonn
de tons femblahles à celles de ao»-
«re muâepaé.'Néantiioiiis, fesChi*
;nots n'ôm ^tniats comui la imr&-
fîcation cadançée par l'arrange*
ment de cessons muficaux ; leur
Poëûe a feuleaiem été confacf ée
par le nombre des fyllabes « &
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tians la fbite on y a ajouté la rime.
Les premiers vers mefurés étoient
toujours compofé» de quatre mots
OQ fyliabes ; car , les mots Chi-
tieb ie proRoncem en un feoi
tems.
Les vers font aujourd'hui d'un
aombre impair de (ytlabes , de
dnq , de fept ou de neuf ; 6c les
anciens vers de quatre fyliabes
fefit ab^ument méprtfës. Ils font
rimes , ÔC quoique les Chinois ne
âiftinguent point , comme nous ,
les rimes mafculines & femtnmes ,
il n'y a pas moms d*anifice dans
la feçon de les «niremêter dans
ks pièces de vers en rimes va-
f$ées;€ar, ksOiiaoisontd'affez
longs morceaux de Poëfie fur une
même rime , 6c ce gem>e de ter<«
fification eft fort eftimé.
Les (bncesïont toujours com-
^fées d*un nombre pair -, de
l^af^é, de fix, de huit, de dix
ou <louze vers , mais doàt les ri-
Inès fe difpofent 6c s'entremêlent
dlff^eoMnenr. En général > on fait
toujours rimer enfemfble le pre-
tni^ 6t le dernier vers ^ dans les
quatrains , le premier & Ife qua-
trième, le deuxième 6c le troifiè-
tne riment l'un avec Tauifre ; dans
tes iixains , le premier , le qua-
trième êc le fixième riment en-
fenMflk, le Tecond rime avec le
troiitème , .& le cinquièmfe-ne ri-
ittie point ; car , c'eft encore une
i«g(<e générale , que le pénultième
vers Qil libre , lorfque celui qui
4e précède rime avec le dernier.
I^ans le huitain , lé premier , le
^atfième , le Cinquième 6t le
iiui«ième riment et^femble ; fe
'deuxième rime av^ 4e (roiâème ,
CM 47
& le Cxîètne avec le feptîème ;
ainû le huitain fuit la règle de^;
quatrains. Dans le dixain , le pre-
mier , le quatrième 6c le dixième
riment enfemble ; le deuxième
rime avec le troifième , le cio.
4quième avec le huitième , 6c le
fixième avec le feptième , le neu«
vième eft libre. Pour les douzains»
le premier , le quatrième , le neu-
vième 6c le douzième riment en-
femble; le deuxième rime avec le
troisième , le cinquième avec le
hui^me , le fixième avec le iêp-
tièmé , 6c le dixième avec le on-
tième.
VII.
D AS navigations àts Chinois*
: Les Chinois n'ompastoujoun
été renfisnnés dans les bornes «
que la nature fembie avoir aûfes
0u p^ ^qu'ils habitent ; ils ont
ibuvenit feanchi les déferts 6c las
montagnes qui les renieraient dn
coté éa w>và , 6c paccoum ks
«ters'desindes 6c du Japon, qui
les ^covironnem à ïeù & au iud.
Le principal ob^t -de ces ibi^
.tc^deniioyages.étoity on lecom«-
•mecce ^svec. les Stations étrange^
res , ou le deiïein d^ét^die les
limités de le«r Jbnpl&e^ Dans ces
Toyages^^ >les Xjhmois x>at 6iit des
-obier vtaiioos impep-^tet' , tant
fur l^iA^ire que ifur in Géogss-
«phie.Phifienrsde ^lwrs>généraax
oiRt fiak die^erd^ cartes ëes pals
qu^ ''avoient reconnus k ' 6c"ios
Htftoriens cmt rapporté qnekfuefs
routiers dont on peut iaiise jifage.
jDaniirénuméfâcieii oie tous 4es
«différens p)tuples ^tmngers que les
X!!hinoi$ ont connue ^ quelques^
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4« . CH
uns paroHTent devoir être fitués I
rorient de la Tartarie & du Ja-
pon , éfins un païs qui bat partie
de l'Amérique.
C'efi une navigation bien fin-
S'ière & bien bardie pour des
inois, qui ont toujours pafTé
pour des navigateurs médiocres ,
peu capables d'entreprendre de
longs voyages , 6( dont les vaif-
ièaux ne font point d*une conf-
truâion afTez folide , pour réHf-
cer à la fatigue d'une tra^erfée
auifi conûdérable que ycelle de la
Chine au Mexique. Ces naviga-
tions ont paru très- importantes à
M. de Guignes ; & il a confacré
un mémoire à les conftater. Ses
recherches font uniquement ap*
puyées fur des faits authentiqués ^
iuivant ce qu'il nous aflure lui«»
même , & non fur des conjeâures
pareilles^ à celles que nous trou*
vons dans lés ouvrages de plu-
fîeurs Sçavans. Ce qu!ii y a de
furprenant , c'eil de voir les vaif*
féaux Chinois faire le voyage de
l'Amérique plufieurs fiedes avant ,
Chriftophe Colomb , c'eft- à-dite,
il y a plus de douze cens ans.
voici le précis du mémoire de M.
^e Guignes.
Libyen , Hiftorien Chinois , qui
irlvoit au commancement du fep-
lième fiecle, parle d'un païs nom-
mé Fou-fang » éloigné de la Chine
de plus de quarante mille li vers
l'orient ; il dît que , pour s'y renr
dre , on partoit des cdtes de la
.province de Léao-tong ,' fituée
au nord de Pé - king ; qu'apr^
avoir fait douze mille ,lî » on fe
.rendoit au Japon; que de-là^
vers le nord » après une route de
GH
fept mille H, on rencontroît te
païs de Ven*chin; qu'à cinq mille
li de ce dernier, vers l'orient,
on trou voit le païs de Ta-han ,
d*oii on parvenoit dans celui de
Fou-fang , qui étoit éloigné de
Ta-han de vingt mille li. De tous
ces païs nous ne connoiflbns que
le Léao-tong , province fepten-
trionale de la Chinç, oii l'on
s'embarquoit , .& lé Japon qui
étoit la principale dation des vai£^
féaux (Jhinois. Les trois autres
termes où ils abordoient fucceffi-
vement , font le Ven-chin , ïe Ta-
han 6c le Fou-fang. On va voir
que par le premier il faut enten-
dre le Jéfo , par le fécond le
Kamchatka, & par le troiûème
un endroit ûtué vers la Califor-
nie.
A fept mille li du Japon , vers
le nord-eft, le Ven-chin que ron
rencontre , ne peut être que le
Jéfo , fitué au nord-eft du Japon»
& auquel les fept mille li font
terminés. Un Hiftorien Chinois ,
qui nous a laide des mémoires
tort curieux fur le Japon, nous
en fournit des preuves. £n par->
lant des limites de cet Empire , i}
dit qu'au nord-eft des montagne^
qui bQrd^nt le Japon , efi placé
le royaume de Mao-gin ou des
hommes velus, 6c enfuit#|celui
de Ven-chin, ou des corps peinu
diftant du Japon d'environ kp\
mille li. Les premiers font habi-
tans de l'ifle de Matfumai ; ceux,
ci ont pour voiflns au nord les
peuples du Jéfo , qui par confé-
quent doit être le Ven-chin. Ce
pais , fuivant les Hifioriens Chi«-
nois , étoit connu dès l'an 5 lO oit
5^^
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CH
520 de J. C. Ses habitans avoient
une figure femblable à celle dès
animaux. Ils traçoient fur leur
front différentes lignes , dont la
forme fervoit à diftinguer les prin»
cipaux de la nation d'avec le peu-
pie. Ils expofoient aux bêtes fé-
roces les criminels qu'ils avoient
condamnés ; & le préjugé étoit
que s'ils étoient innocens , les
animaux prenoient la fuite» Leurs
villes ou bpurgades n'avoient
point de murailles. La demeure du
Roi étoit ornée de meubles pré-
cieux. Ils ajoutent encore que l'on
y voyoit une fofle , qui paroifToic
remplie de vif-argent , & que cette
matière , eOimée dans le corn-
merce,devenoit liquide & coulan-
te , lorfqu*elle étoit imbibée des
eaux de la pluie. C'étoic au refte
un pais fertile , où Ton trouvoit
en abondance tout ce qui efl né-
ceHaire à la vie. *
Cette defcrîption eft conforme
à ce que nous lifons dans les rela-
tions de ceux qui ont parcouru le
Jéfo. Des Japonois , qui y furent
envoyés autrefois par un empe-
reur du Japon , y trouvèrent des
hommes velus » qui portoient la
barbe à la manière des Chinois ,
mais figrofSers &fi brutaux qu'ils
ne purent en tirer aucune inftruc-
tion. Lorfque les Hollandois dé-
couvrirent le Jéfo, en 1643 » ^^^
y virent les mêmes barbares , tels
que les Chinois & les Japonnois
les ont dépeints, ôc le païs leur
parut abonder en mines d'argent.
Mais , ce qui convient le plus
avec la relation des Chinois, c eft
que ces Hollandois y rencontrè-
rent une terre minérale , qui bril-
Tom. XL
CH 49
loît comme fi elle eût été d'argent.
Cette terre mêlée d'un fable fort
friable , fe fond lorfqu'on y met
de l'eau. C'eft-là ce que le^ Chi-
nois ont pris pour du vif- argent.
Ces preuves , la fituation du Yen-
chin , & fa diftance du Japon fé-
lon les Écrivains Chinois , ne
nous permettent pas de douter
qu'il ne foit Tifle de Jéfo. #
A cinq mille H de diftance de
ce païs , en allant vers l'eft , les
anciens navigateurs Chinois re-
connoiflbient le Ta-han. Ceux
oui avoient deflein de fe rendre
dans ce païs » partoient d'une ville
fituée au nord du fleuve Hoam-
ho , vers le païs des Tartares Or-
tous. Cette ville , nommée par
les Chinois, Tchung-chéoukiang-
tching , doit être la même que
celle qui porte à préfent le nom
de Piljotaihotun. Oif paiToic en-
fuite le grand défère de Cha-mo;
on arrivoit à Caracorom , princi-
pal campement des Hoei - ke ,
peuples confidérables de la Tar-
tarie; de-là on fe rendoit dans
le pais des Ko-li-han & des Tou-
Î)0 , fitués au midi d'un grand
ac , fur la glace duquel les voya-
geurs étoient obligés de paffer. Au
nord de ce lac, on trouve de gran-
des montagnes, & un païs oh le
foleil n'eft , dit-on , fous l'horizon
que pendant le peu de tems que
l'on emploie à faire cuire une
poitrine de mouton. Telle eft l'ex-
preftion fingulière dont les Chi-
nois fe fervent pour défigner un
païs fitué fort avant dans le nord.
Les Tou-po , voifins des Ko-
li-han , ont leur demeure au midi
du même lac. Ces peuples , qui
D
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So C H
ne diftinguent point les différen-
tes faifons , fe renferment dans
des cabannes faites d*faerbes entre-
lacées , oii ils vivent de poiflfons ^
d oifeâux , des autres animaux
qui naiiTent dans leur pais > 6c de
racines. Ils négligent de nourrir
des troupeaux , 6c ne s'appliquent
point à cultiver la terre. Les plus
riches ^d'entr'eux s'habillent de
peaux de zibelines ôc de rennes;
les autres font vêtus de plumes
d oifeaux. Ils attachent leurs motts
aux branches des arbres > les laif-
fent ainû dévorer par les bêtes
féroces , ou tomber en pourritu-
re ; pratique encore uiitée chez
les Tongoufes , qui demeurent
dans le même paîls.
Un autre Hiflorien Chinois
nous fait connoitre quelle ed la
véritable demeure des Ko-li-han ,
en nous apjfrenant que leur païs
eft le même que celui des Kerkis
ou Kergis. Il fait mention des
fleuves Oby & Angara fous le
nom d'Opou & de Gang-kola.
Nous devons conclure de-là que
le lac placé au n6rd des Ko-li*
han y e(l le fameux lac Pai -ical,
Sue ceux qui vont de Ruffie ou
e Sibérie à la Chine » font obli-
gés de pafler fur les glaces , lorf-
qu'ils y arrivent en hiver. Les
Chinois employoient huit jours à
le traverfer. On y met moins de
tems à préfent ; mais , il n'en eft
pas moins dangereux > à caufe de
rimpétuofité des vencs & de l'a-
bondance des neiges.
Il réfulte de ce deuil que le
païs des Ko-li-han eil celui des
Kerkis , peuples belliqueux qui
habitent au milieu des monta<«
CH
gnes > & que noas devons regar«
der comme les ancêtres de ces
Circailiens qui fe nomment en-
tr'eux Kirkez , Ôc qui demeurent
au nord de la Géorgie , où ils ont
pénétré dans la fuite. L'ancien
pais des Kerkis eft fitué dans les
provinces que nous appelions au-
jourd'hui Sélinginskoy & Irkutf-
koy , entre l'Oby & le Sélinga.
C'eft ce qu'il étoil néceftaire de
déterminer , afin de parvenir à
une exaâe connoiflance de la rou-
te qui conduit dans le Ta-han.
En quittant le païs de Ko li-
han 9 on entroit dans celui des
Che-goei. Ces peuples font ûtués
à l'orient du lac Pai-kal 6c du païs
des Ker-kis , fur les rives fepten-
trionales du fleuve Amour. Par la
defcription aflez détaillée que les
Hiftoriens Chinois nous ont con-
fervée de ce païs , on voit que
ces Barbares s'étendoient dans le
nord de la Sibérie , le long de la
Séna , jufqu'aux environs du foi«
xantième degré.
Ce peuple nombreux étoît di-
vifé en cinq hordes principales,
qui formoient comme autant de
nations différentes. Les premiers
appelles Nan- che-goei , c'efl-à-
dire , Che * goei méridionaux ,
étoient fitués au nord des Tana-
res Niutche & Khîtans , aux en-
virons du fleuve Amour > dans un
pais marécageux, froid 6c ûérile,
qui ne produit point de moutons ,
oîi Ton trouve peu de chevaux ,
mais un erand nombre de porcs ,
de bœuh , & fur tout de bêies
féroces dont les habitans fe ga-
rantiifent avec peine. Ces Barba-
res étoient vêtus de peaux de
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CH
cochon , & fe retiroient au Iblfti-
ce d'été au milieu des montagnes.
Ils avoient des chariots couverts
de feutre » à la manière des Turcs^
& ils les fatfoient traîner par des
bœufs ; ils fe conflruifoient des
cabannes avec du bois ôi quelques
rofeaux. Leur écriture étoit de
petits morceaux de bois ; Sa la
manière dont on les difpofoit ,
exprimoit leurs différentes idées.
Celui qui vouloît fe marier com-
mençoit par enlever la fille qu'il
fe deflinoit » & envoyoit enfuite
à fes parens un préfent de bœufs
ou de chevaux. Apres la mort du
mari , les loix du païs obligeoient
la femme de paiTer le refle de fa
vie dans le veuvage , & le deuil
de* la famille étoit de trois ans ,
comme parmi les Chinois. A l'é-
gard des morts , on le» abandon*
noit fur un monceau de bois.
Les antres branches de la même
nation étoient les Che-goei du
nord , ceux que Ton appelloit Po-
che-goei , & les grands Che-goei.
Ils étoient habiliés de peaux de
poiflbn , ne s*occupoient que de la
pêche & deja chaÛe des zibelines ,
& pendant l'hiver ils fe retiroient
dans les cavernes. Au nord de ces
derniers, habitoit une autre na-
tion , qui alloit faire des courfes
fur la mer feptemrionale.
Ceft ainfi que les Hiftoriens
Chinois nous repréfentent les an-
ciens habitans du nord de l'Afie ,
à travers le païs defquels ceux
qui vouloient aller dans le Ta-han
étoient obligés de pafler. En effet ,
après avoir quitté le païs des Che-
goei , & en marchant à Teft pen-
dant quinze jours ^ on trouvoit
CH 5t
les Yu-tche > peuples q^ tlrpienc
leur origine des C)he-goei ; de-là
en dix jours , vers le nord on ea-
troit dans le Ta-han , qui eft le
terme de la route que nous exa-
minons. On fe rendoit encore
dans le Ta-han par mer , & ea
panant de Jéfo. D'où nous de-
vons conclure néceflairement qu«
le païs des Yu-tche > qui £ût par-
tie de la Sibérie » eft litué vers la
rivière Ouda , qui fe décharst
dans la mer de Kamchatka ; fit
2 ue le Ta - ban , placé au nord
es Yu-tche , eà la partie la plus
orientale de la Sibérie « ôc noo
rifle de Gama , qui eu entière-
ment détachée du continent, plus
au midi & vers le Jéfo.
Cette partie de la Sibérie nom-
mée Kamchatka , eft lé païs que
les Japonob appellent Oku-Jéfo
ou Jéfo fupérieur. Us le placent
fur leurs cartes au nord de Jéfo ,
& le repréfentent deux fois grand
comme la Chine , courant a l'eft
beaucoup plus loin que les côtes
orientales du Japon. C'efi-là ce que
les Chinois ont nommé Ta-han»
qui peut fignifier grand comme la
Chine ; nom qui répond à l'éten-
due du pais oc à l'idée que les
Japonois nous en donnent. Mais ,
fuivant les defcriptions plus dé-
taillées que les Ruffes en ont fai-
tes , ce païs eft une langue de
terte qui s'étend du nord au fud ,
depuis le capSuetoi-noff jufqu'au
nord de Jéfo , avec lequel plu-
fieurs Écrivains l'ont confondu.
Il eft en partie féparé de la Si-
bérie par un golte de la mer
orientale qui va du fud au nord.
Vêts l'exuêmité feptemrionale ,
Dii
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5^ CH
il eft habité par dôs peuples très-
féroces. Ceux qui demeurent au
fiîidi font plus civilifés,& tiennent
beaucoup des Japonois ; ce qui a
fait croire qu'ils en étoient des co-
lonies. Il eft vraifemblable que
leur commerce avec les Japonois
& les Chinois^ qui trafiquent fur
leurs c6res , a contribué a les ren-
dre plus fociables & plus doux
que ceux du nord, chez lefquels
ces deux nations policées ne pé-
nétroient que très- rarement.
La pa'rtie méridionale de Kam-
chaïka ou Ta-han , a été connue
encore des Chinois fous le nom
de Liéou kuei. Autrefois des Tar-
tares , qui demeuroient aux envi-
tons du fleuve Amour, s*y rendi-
rent après quinze jours de naviga-
tion vers le nord. Les Hiftoriens
Chinois rapportent que ce pais
cft environné de mer de trois
côtés , que les peuples habitent le
long de la côte & dans les ifles
voifines, & qu'ils ont leur demeu-
re dans des cavernes profondes &
couvertes de bois. Ils font une
efpéce de toile avec du poil de
chien. Les peaux de cochon & de
rennes leur fervent d*habits pen-
dant l'hiver , & celles de poiflbn
pendant Tété. L'air du païs eft
froid , à caufe des brouillards &
des neiges qui y font en abon-
dance. Les fleuves y gèlent , & on
y trouve plufieurs lacs qui four-
niffent du poiflbn , que les habi-
tajns falent pour le conferver. Ils
ne connoiflenc point la divifion
des faifons. Ils aiment la danfe ,
& portent le deuil pendant trois
ans. Ils ont de grands arcs & des
flèches armées d*os ou de pierre.
CH
L'an de J. C. 640 , le Roî # ce .
païs envoya fon fils à la Chine*
Ce détail étbit néceflaire pour
parvenir à une connoiflance exaâe
de la fituation du païs de Fou-
fang , qui eft le dernier terme des
navigations des Chinois. Voici la
defcription que leurs Hiftoriens
nous en ont confervée. Elle a été
faite ^sr un Bonze , qui vint à la
Chine Tan 499 de J. C. fous le
règne de la dynaftie de Tcy.
w Le royaume de Fou-fang eft
» fitué à vingt li à l'orient du pais
n de Ta-han. Il eft aufli à Teft
n de la Chine ; il produit une
M grande quantité d'arbres nom-
M mes Fou-fang , d'où le nom
M qu'il porte , lui eft venu. Les
» feuilles de Fou-fang font fem-
n blâbles à celles que les Chinois
i> appellent tong. Lorfqu'elles
n commeAcent à paroître « elles
» reflemblent aux bourgeons des
Il rofeaux appelles bambous , 6c
Il les habitans du païs les man-
w gent. Son fruit a la figure d'une
i> poire tirant fur le rouge; de
Il fon écorce on fait de la toile 6c
Il d'autres étoffes dont les habi-
II tans fe fervent pour s'habiller.
Il On en fabrique auflfi du papier ,
» ÔC les planches que l'on en ti-
» re , font employées à la conC-
Il truélion des maifons. On n'y
Il trouve point de villes murées.
Il Ces peuples ont une efpèce
Il d'écriture , & ils aiment la paix.
Il Deux prifons placées , l'une au
n midi , & l'autre au nord , font
» deftinées à renfermer les cri-
II mineîs , avec cette différence ,
Il que les plus coupables font mis
n dans la prifon du nord , 6l
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CH
» transférés enfuite dans celle du
» midi , s'ils obtiennent leur gra-
» ce ; autrement ils font condam-
» nés à refter toute leur vie dans
n la première. Ils ont la liberté de
» $y marier ; mais , leurs enfans
» font faits efclaves. Lorfque les
9t criminels fe trouvent tenir un
n des principaux rangs dans la
I» nation , les autres chefs s'afFem-
» blent au tour d'eux, les pla-
n cent dans une fofTe , & font un
' » grand , feftin en leur préfence ;
» on les juge enfuite. Ceux qui
» ont mérité la mort , font enfe-
» velis vifs dans de la cendre , &
» leur poftérité eft punie fuivant
» la grandeur du crime.
M Le Roi porte le titre de no-
n ble Y-chi. Les principaux delà
n nation après lui font les grands
» & les petits Touy-lou , & les
» No-ta-cha. Ce Prince eft pré-
» cédé de tambours & de cornets
» quand îl fort. Il change la cou-
n leur de fes habits tous les ans.
I» Les bœufs de ce païs portent
»> un poids confidérable fur leurs
» cornes ; on les attelle à des
» chariots. Les chevaux & les
w cerfs font employés au même
M afagé. Les habitans nourriHent
I» des bîcl>ès comme à la Chine ,
n & ils en tirent du beurre. On
» trouve chez eux une efpèce de
» poire rouge qui fe garde pen*
n dant un an fans fe corrompre,
n une grande quantité de glayeuls,
i> des pêches , du cuivre ; il n'y a
n point de fer , 6t Tor & l'argent
n n'y font point éftimés,
n Celui qui veuc fe marier ,
V conftruit une maifon ou caban-
» ne près de celle de la fille qu'il
CH n
n a deffeîn d'epoufer ; & il a foin
n de répandre tous les jours pen-
i> dant Tannée une certaine quan-
i> tité d'eau fur la terre ; il époufe
19 enfuite la fille , fi eU^ veut y
n confentir, fi non il va chercher
7} fortune ailleurs. Les cérémo-
i> nies* du mariage font, pour la
i> plus grande partie ^ femblables
n a celles qui fe pratiquent à la
n Chine. A la mort des parens ,
» ils jeûnent plus ou moins de
n jours , félon le degré de cdn-
II fanguinité , & pendant leurs
n prières ils expofent l'image du
n défunt. Ils n*ont point d'habits
Il de deuil, & le Prince qui fuc-
n cède à fon père , ne prend foin
Il du gouvernement que trois ans
Il après fon élévation.
n Anciennement ces peuples
Il n'avoiént aucune connoiffance
n de la religion de Fo ; l'an 45 8 de
n J. C. fous la dynaftie de Sum ,
n cinq Bonzes de Samarcande
Il allèrent prêcher leur doctrine
n dans ce païs ; alors les mœurs
Il changèrent, m
L'Hiftorien dont Ma-tuon-lin
a' copié cette relation , ajoute
qu'on n*avoit aucune connoiffance
du païs de Fou-fang avant l'an
458 ; & M. de Guignes afTure
qu'il n'a vu que ces deux Écri-
vains qui en parlent d'une ma-
nière étendue ; quelques Auteurs
de didionnaires qui en font aullî
mention , fe contentent de dire
qu'il eft fitué dans l'endroit où le
• Soleil fe levé.
Cette relation nous apprend
que le Foo-fang eft éloigné de
vingt mille li du Ta-han ou Kam-
chatka , diftance prefque auâi
Diii
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54 C H
confidérable que celle qui eft en-
tre les côtes du Leao-tong & le
Kamchatka. Ainfî , en partant
d'un des ports de ce dernier ,
comme de celui d'Avatcha , &
faifant vôile à l'orient dans un
efpace de vingt mille li , ce qui
préfente une grande étendue de
»er , la route fe termine fur les
côtoies plus occidentales de TA-
mérique , & vers Tendroic oîi les
RufTes ont abordé en 174 1.
Les Hidoriens Chinois parlent
encore d*un pais plus oriental de
mille li que celui de Fou-fang.
Ils le nomment le royaume des
femmes. Mais, leur relation eft
remplie de fables , femblables à
celles que nos premiers Voya-
geurs ont débitées fur les pais
nouvellement découverts.
19 Les habitans de ce royaume
» font blancs ; ils ont le corps
» velu & de longs cheveux qui
» tombent jufqo'à terre. A la fe-
n conde ou à la croifième lune ,
» les femmes vont fe baigner
)» dans un âenve , & elles de-
» viennent enceintes. Elles enfan-
9} tent à la fixième ou à la fep-
» tième lune. Au lieu de mam- ^
» melles , elles ont derrière la
99 tête des cheveux blancs d'où il
tf fort une liqueur qui (èrt à allai-
n ter leurs enfans. On dit que
» cent jours après leur naiflance »
99 ces enfans iont en état de mar-
» cher , & paroiiTent hommes
I» faits à trois ou quatre ans. Les
ff femmes prennent la fuite à la
9» vue d'un étranger, & elles font
91 très*refpeâueufes envers leurs
91 maris. Ces peuples fe nourrif-
» fent d une plante qui a le goût
CH
fy & l'odeur du fel , & qui pour
n cette raifon porte le nom de
» plante que Ton appelle en Chi-
n nois, Sie-hao» qui eft une efpè-
n ce d'abfinthe. a
Il eft aifé d'appercevoir dans ce
récit , que les femmes de ce pais
allaitoient leurs enfans par deffus
leurs épaules , comme en plufieurs
endroits des Indes ; ce qui a donné
lieu à la fable que l'on rapporte*
On trouve encore dans les mê-
mes Auteurs , que Tan 507 de J.
C ibus le règne de la Dynaftie
des Leam , un vaifTeau Chinois ,
qui faifoit voile dans ces mers,
fut porté par une tempête dans
une ifle inconnue. Les femmes
reflembloient à celles de ]a Chi-
ne ; mais , les hommes avoient
la figure & la voix comme les
chiens. Ces peuples fe nourrif-
foient de petites fèves , avoienc
des habits faits d'une efpèce de
toile , & les murailles de leurs
maifons étoient conftruites avec
de la terre élevée circulairement.
Les Chinois ne purent entendre
leur langue.
Il y a lieu de croire que les
fèves dont cm parle , font le maïs ;
& le chevalier de Tonti , dans fa
relation de la Louifiane , rapporte
que les Taëncas » en parlant à
leur Roi , ont coutume de faire de
f;rands hurlemens, comme pour
ui rendre plus de refpeâ » & fai-
re connoître leur admiration. Une
pratique femblable chez les peu-
ples de rifle dont il s'agit , a pa
faire dire aux Chinois qu'ils avoient
la voix femblable a celle des
chiens.
Nous ne pouvons douter à pré*
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CH
km qoe les Chinois n*a!ent péné«
tré fort avant dans la mer du Sud ,
qu'ils ne Taient parcourue , & que
par conféquent iis n'aient eu aflez
dehardieneâc aflezd'habiletédans
la navieation pour fe« rendre vers
la Californie. L'eiamen de la rou-
te qu'ils tenoient, & les diflances
qulls ont données , prouvent
qu'ils y ailoient Tan 458 de Jefus-
Chrift. Nous trouvons en effet
Elques traces de ce commerce
s nos relations. George Home
nous apprend qu'à l'occident du
païs des Épicériniens , voifms des
Hurons , habitoit un peuple ,
chez lequel on voyoit aborder
des marchands étrangers , qui n'a-
voient pas de barbe , & qui mon-
toient de grands vaifTeaux. Fran-
çois Vafquez de Coronado ra-
conte au Ai que l'on a trouvé à
Quivir des vai^Teaux dont les
poupes étoient dorées ; & Pierre
Mélendez, dansAcofta, parle de
débris de vaifleaux Chinois vus
fur les côtes. C'eft encore un fait
confiant , qu'il venoit autrefois
chez les Catualcans des mar-
chands étrangers vêtus de foie.
Tous ces témoignages joints à ce
que nous avons rapporté, devien-
nent comme autant de preuves
que les Chinois trafîquoient au
nord de la Californie , vers le païs
de Quivir. Nous ferons obferver
encore , ce qui eft une fuite né-
cefTaire de ce commerce , que de
toutes les nations Américaines ,
les plus policées font fituées vers
la côte qui regarde la Chine. Aux
environs du nouveau Mexique ,
on a trouvé des pe uples qui a voient
desmaifons à pluÇeurs étages ,
CH 55
avec des falles , des chambres (k,
des étuves. Ils étoient v^tus de
robes de coton & de peaux ;
mais , ce qui n'efl point ordinaire
aux Sauvages , c'efl qu'ils a voient
des fouliers & des bottes de cuir.
Chaque bourgade avoit fes crieurs
publics , qui annonçoient les or*-
dres du Kot , & par tout on
voyoit des idoles 6c des temples.
Le Baron de la Hontau parle
auffi des Morambecs qui habi-
toient des villes murées, fituées
auprès d'un grand lac falé y & fa*
briquoient &s étoffes de laine,
des haches de cuivre & divers au<*>
très ouvrages.
Quelques Écrivains ont pré-
tendu que ces peuples policés,
(itués au nord , font des refies
des Mexicains qui prirent la fuite
dans le tems que Fernand Cortet
pénétra dans le Mexique, & qui,
remontant au nord de leur païs,
altèrent fonder des royaumes con-
(idérables , entr'autres celui de
Quivir. Quoique cette conjec-
ture paroifTe n'être pas deAituée
de fondement , nous lifons néan-
moins dans Acofla , que les Mezi*
cains eux-mêmes étoient, long-
tems avant l'invafion des £fpa«
gnols « fortis du nord ; ce qui por-
te à croire que les Chinois, qui
abordoient dans cette partie fep-
tentrionale de l'Amérique ,' ont
dû coi^ribuer à les civilifer. La
fondation de l'Empire du Mexi-
que ne remonte pas au de- là de
Tan 820 après J. C. Époque pof*
térieure de plufieurs fiedes aux
navigations des Chinois , dont la
première efl^de 458. Les peuples
qui l'habitoient avant l'an 820 , 66
Div
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5^ CH
qui portoient le noçi *de Chichî-
meqaes , étoient des Sauvages re-
tirés dans les montagnes , où ils
vivoient fans loix , fans religion
& fans Prince pour les gouver-
ner. Vers Tan 820, les Navatal-
ques , nation fage & policée , fe
rendirent au Mexique , dont ils
chafferent les habitans , & y fon-
dèrent le puiffant Empire que les
Efpagnols ont détruit. Les Nava-
talques n'apportèrent pas du nord
la coutume de facrifier des viâi-
mes humaines ; ces facrifices bar-
bares ne furent infiitués qu'après
leur entrée dans le Mexique , &
à Toccafion d'un événement dont
on trouve Thiftoire dans Acoda.
Il efl aifé maintenant , dit M.
de Guignes , d'appercevoir de
quelle manière l'Amérique a été
peuplée. Il y a beaucoup d'appa-
rence que plufieurs colonies y ont
fafjfé par le nord de l'Afie , dans
endroit oii les deux continens
font les plus voifms , & où une
grande iile qui s'étend de l'orient
en occident, & qui femble les
réunir , rend encore le pafTage
plus Éacile. Elles ont pu sy ren-
dre , foit à la faveur des glaces
qui , dans ces mers , durent quel-
quefois pendant deux ou trois
ans , comme on en a vu des
exemples de nos jours > foit avec
le fecours des canots en ufage
chez les Groënlandois & autres
barbares du nord , voifms de la
partie la plus orientale de la Si-
bérie.
On peut alléguer quelques faits
Si confirment la facilité du paf-
^e ; nous les tirons du P. Char-
levoix, qui rapporte que le P.
C H
Grellon , après avoir travaillé
quelque tems dans les Miffions de
la nouvelle France , pafla à celles
de la Chine , & de- là en Tarta-
rie , où il rencontra une femme
Huronne q^i'il avoit connue en
Canada. Elle avoit été prife en
guerre , & conduite d'une nation à
l'autre jufqu'en Tartarie. Un au-
tre Jéfuite de retour de la Chine ,*
raconte auffi qu'une femme Efpa-
gnole de la Floride , qui avoit eu
le même malheur , après avoir
traverfé des régions très- froides ,
s'étoit enfin rencontrée en Tar-
tarie.
Quelques extraordinaires que
puiiTent être ces relations , il n'eil
cependant pas impoflible de les
concilier avec la Géographie. Ces
femmes parvenues au bord de la
mer qui latent les côtes occiden-
tales de l'Amérique, ont d'abord
pafTé avec des canots dans l'ifle
qui fe trouve dans le détroit , d'où
elles ont abordé au continent
d'Afie ; 6r prenant enfuite la route
du Ta-han , que nous avons in-
diquée, elles fe font approchées
de la Chine.
M. de Guignes , dans un autre
mémoire , après avoù: examiné
l'origine des lettres Phéniciennes ,
Hébraïques, &c. effaie d'établir
que le caraftère épiftolique^ hié-
roglyphique & fymbolique des
Égyptiens fe trouve dans les ca-
caâères des Chinois , & que la
nation Chinoife eft une colonie
Égyptienne , & celle de toutes
les colonies de l'antiquité, qui a
le mieux confervé fon origine .&
(es monuipens. » Cette confé-
n quence , ajoute M. de Gui-
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CH
» gnes , me conduit à une autre.
n. Les premiers Empereurs de la
n Chine , enfuite les deux pre-
» mières DynaAies , qui ont régné
w environ douze cens ans , ne de-
» viennent plus que des Dynafties
» Égyptiennes, dont la colonie a
» fait la tête de (on hiftoire. Dans
» les cinq premiers Empereurs
» de la Chine, c'eft-à-dire, Ki
» fuccefleur de Yu , itang ,
» Tchong , Siang , je lis dans les
ff anciens caraâères Yadoa , qui
» répond à Athoës fuccefleur de
-t> Menés ; Yabia^ qui répond à
» Diabiès ; Phenphi , qui répond
n à Pemphos ; Ai m qui répond
9> à Amachus. On voit que ces
» Princes font les premiers rois
» de Thebes. En effet les évene-
» mens concourent à établir tou-
.» tes ces vues Uancienne
» année Chinoife eft la même
» que celle des Égyptiens, La
^ grande muraille eft un ouvrage
91 que des Égyptiens feuls ont pu
» concevoir , & qui eft Compa-
ny rable aux Pyramides. Les An-
» nales parlent d'une famine de .
» plufieurs années , c'eft proba-
n blement la famine de Jofeph.
I» Les grands travaux faits pour
» arrêter les débordemens , ont
» été faits pareillement en Egyp-
te te pour le débordement du
» Mil 9 & ont été accompagnés
» des mêmes circopftances. Yao
fi parott connoître toute la Chi-
li ne ; tous fes fujets paroiflent
n policés. Quinze cens ans après ,
» nous voyons encore la plus
I» grande partie de la Chine bar*
n bare ; c'eft une contradiâion
i> manifefte , qui ne s'explique
CH 57
n qu'en regardant Yao comme un
» Prince qui regnoit en Égyp<e.
» La colonie Égyptienne ne pa-
w roît être venue à la Chine que
n vers ian un avant J. C
,n Alors on voit un Prince qui la
i> partage avec un grand nombre
i> de capitaines pour les récom*
M penfer. Ces capitaines s'éten-
n dent dans les provinces , raA
n femblent les peuples barbares ,
» & les policent ; on apperçoit k
n cette époque la formation d^t^i
» Empire, a
V I I L
Chrétiens établis a la Chine,
Nous ne pouvons douter qu'a-
vant rétablillement des Miflions
qui fubfiftent aujourd'hui dans !a
Chine , il n'y en ait eu de plus
atKiennes » je veux dire y fous le
règne des Mogols, qui ont pofledé
cet Empire pendant environ qua-
tre-vingt-huit ans. Nous en trou-
vons un témoignage authentique
dans les relations des voyages faits
ou à la Chine ou en Tartarie par
Plan Carpin , Rubruquis , Marco
Paulo , 6c les autres voyageurs des
douzième & treizième fiedes. Au
rapport de Haiton , Écrivain con-
temporain , Mangou-khan avoit
reçu le baptême des mains d'un
Évêque qui étoit chancelier da
roi d'Arménie ; fon fuccefleur
Cublai-khan » qui étoil devenu le
maître abfolu de toute la Chine ,
avoit imité cet exemple ; 6c Mar- \
co Paulo y qui vivoit dans le mê-
me tems , dit avoir vu dans phi-
fieurs villes de la Chine , des
Églifes & un grand nombre de
Neftoriens. Il eft vrai que , félon
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58 . CH
Rubraquîs , ces Neftoriens mê-
mes étoient moins Chrétiens que
Mahométans. ou Payens ; ils
avoient oublié le Syriaque qui
étoit leur langue naturelle ; ils
époufoient plufieurs femmes , & ,
à l'exemple des Mufulmans, ils
avoient tranfporté au vendredi la
célébration du dimanche. Ils fai-
foient ordonner prêtres leurs en-
fans au berceau , & dans certains
tems de Tannée , ils alloient offrir
de Fencens aux cavales de l'Em-
pereur. Si les prêtres Neftoriens
tiennent une conduite ù oppofée
à la religion , que devons- nous
penfer du Chriftianifme des Kans
Moeols ? Nous devons cependant
avoir une idée plus favorable de
celui de la Chine > où les peuples
font bien éloignés de cette bar-
barie que nous voyons régner
parmi les Tartares ; mais , quel
que puifle être le Chriftianifme ,
î! eft toujours certain qu'il étoit
établi à la Chine dans le douziè-
me fiecle ; nous le trouvons en-
core dans des tems plus reculés ;
& vers Tan 867 , Mafoudy nous
apprend qu*un rebelle Chinois
ayant pris cette année la ville de
Canfou 9 aujourd'hui Canton » il
y périt fix vingt mille Mahomé-
tans , Jui& , Cnrétiens & Parfis ,
qui y demeuroîent pour leur né-
goce. Voilà le témoignage éiran-
§er le plus ancien que nous ayons
elëtabliffement des Chrétiens à
la Chine ; mais , Tan 1625 on en
a découvert un dans le pais même
beaucoup plus authentique.
En creufant dans un village
près de la ville de Sigânfou , ca-
pitale de la province de Chenfy ,
CH
on trouva une très-grande pierre,'
au haut de laquelle étoit une croix,
& enfuite une Infcription qui en
occupoic toute l'étendue ; une par-
tie étoit en caraâères Chinois , &
l'autre en caraôères Syriens ma-
jufcules , appelles communément
Stranghelo. Le Magiftrat du lieu ,
qui crut devoir la conferver , la
nt tranfporter dans un temple de
Bonzes.
L'Infcription Syriaque portoit
que ce monument avoit été élevé
pendant que Anan-yefou , pa-
triarche des Neftoriens , étoit fur
le fiege , l'an 1092 des Grecs , de
J. C. 781 , par leç mains de
Mar-yazed-buzid, prêtre & chor-
évêque de Chumdan, fils d'un
autre prêtre venu de Balkh, ville
du Tokhareftan. On voit enfuite
les fignatures d'un grand nombre
de prêtres Neftoriens.
Nous apprenons , par l'Infcrip-
tîon Chinoife , que le monument
fervoit à conferver la mémoire de
rétabliflement de la très-illuftre
loi du Ta-^tfm , & qq'il avoit été
érigé par Kim-teim , Bonze d'une
pagode de Ta-tfin. Tout ce qui
fuit contient les principaux dogmes
de la religion Chrétienne ; il y eft
rapporté qu'Aloho , c'eft-à-dire ,
Dieu, en langue Syrienne, créa le
ciel & la terre , Se que Satan
ayant féduit le premier homme ,
Dieu envoya le Meftie pour déli-
vrer les hommes du péché origi-
nel ; qu'il naquit d'une vierge
dans le pais de Ta-tfin, & que
des Perfans vinrent l'adorer , &c.
Ce feroit ici le lieu d'examiner
en quel tems les Chrétiens ont
commencé à pénétrer dans la Chi.
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CH
ne ; c'eft une queftion corîeure t
mais qu'il n*eft pas aifé d'éclaircir
parce que les Chinois n'entrent
pas dans d'ailez grands détails fur
ce qui regarde les païs étrangers ;
cependant , après avoir confidéré
attentivement toute l'hiftoire de
la Perfe , de la Tartane & de la
Chine , depuis le pretnier fiecle ,
on eu porté à croire que les
Chrétiens n'ont pas été long-tems
fans y aller.
Une foule d'Auteurs , tant
Grecs que Syriens, paroiflent ne
pas douter que Saint Thomas n'ait
pénétré dans l'Inde pour y prê-
cher la Religion Chrétienne, après
lavoir annoncée aux Parthes &
aux peuples de la Baôriane. On
dit auffi que Saint Barthélemi y
pénétra. Joignez à ces témoigna-
ges authentiques cette ardeur que
les premiers Chrétiens avoîent de
porter TÉvangiie chez les Infidè-
les. On ne peut fe perfuader qu'ils
aient négligé l'Inde , fi comiue
alors & Il fréquentée , en confé-
quence du commerce qui étoit en-
tre fes habitans , les Syriens , les
Perfes & les Arabes. Or, dans ce
même tems , les Chinois envoient
chercher dans l'Inde les livres
d'une religion qui fe trouve être
celle de Fo , & en Tintroduifant
dans la Chine , ils introduîfent le
culte des idoles. On pourroit être
tenté de croire que cette ambaf-
fade , envoyée dans l'Inde par
l'empereur Mim-ti, regardoit le
Cbriflianifme , qui y étoit prêché
par les premiers Chrétiens ; que
les ambafladeurs le firent connoi-
tre à la Chine 9 mais qu'infenfi-
blement, & faute d'un aiTez grand
CH 59
nombre de Mifilionnaires , il dégé*
néra en un cuite Idolâtre 6c (ê
trouva confondu avec la religioa
Indienne , comme les Chinois le
confondoient encore dans le fep-
tième fiecle ; ainfi , ces peuples
auroient eu connoifiance du ChTif>
tianifine dès l'an 6j de Jefus-
Chrift ; mais , il eft certain qoe
vers l'an 337 les Chrétiens étoient
en grand nombre dans cet Elmpi-
re, puifqu'uD Bonze du Ta-tfin»
c'eft-à-dire , fujet de l'Empire
Romain, qui fe faifoit nommer
Héou-tfe-kouam-jo , à la tête
d'un grand nombre de partifan» ,
voulut fe faire déclarer Empereur,
fe difant fucceffeur de Fo , c'eû-
à-dire, de Jefus-Chrifi.
Quoi qu'il en foit , dans le pre-
mier fiecle les Chinois étoient en
relation avec les nations occiden-
tales ; leurs armées s'étoient avan-
cées jufques vers la mer Cafpien-
ne ; de forte qu'indépendamment
6e la route des Indes , qui étoit
cependant la plus facile , les Mif-
fionnaires pou voient s^y rendre par
la Tar tarie. A peine avoient-iîs
^ quitté les frontières du pais des
Parthes , qu'ils dévoient fe trou-
ver fur celles des Chinois, dont la
domination s'étendoic jufqu'aux
environs de Kafchgar 6c de la
Baâriane. On ne peut doiK s*ima-
giner que les premiers Chrétiens,
difperfés dans la Perfe & dans les
Indes , aient négligé de porter à
la Chine la connoifiance de l'É-
vangile, pendant qu'une foule de *
négocians y portoient leurs mar-
chandifes.
Dans la fuite , quelques fe^ôes
Chrétiennes , qui avoîent puifi
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(>o CH
dans les Indes quantité d'erreurs ,
ont îluffi paffé à la Chine , &ont
contribué à défigurer ce premier
Chriftianirme & à le faire confon-
dre avec celui des Indiens.
Dans le feptième fiecle , les
Neftoriens y établirent une nou-
relle Miflîon ; mais , ces Chré-
tiens tombèrent infenfiblement ,
comme les premiers , dans une
cfpèce dldolâtrie mêlée de Chrif-
tîanifme , & cela parce que le
nombre des MifEonnaires n'étoit
pas fufEfant , dans un fi vafte Em-
pire, pour inftruireles peuples &
maintenir dans la religion ceux
qui l'avoient embrafTée , & parce
que les Empereurs ne l'ont point
protégée jufqu'au point de détrui-
re les autres religions , qui préva-
lurent fous les règnes fui vans.
Ajoutons à cela' le mépris que les
Chinois ont toujours eu pour les
étrangers , & leur attachement
pour les anciens ufages.
Il y auroit encore bien des cho-
fes à dire fur les Chinois ; mais ,
il faut donner des bornes à cet
article ; & je crains même qu'on
ne le trouve déjà trop long, quoi-
que le détail que je viens de faire ,
ioit d'autant plus intérefTant , qu'il
nous préfente une idée générale
de la nation Chinoife.
CHIO , Chïus , ou Ckïos y {a)
Xr ç , ifle célèbre de la mer Egée,
fituée fur les côtes de TAfie mi-
nieure , au couchant de la préf-
et) Plin. Totn. I. pag. 187. Pauf. p.
40» , 404. Strab. p. 589. cîr /i»f . Ptolein.
L. V. c. ». Pomp. Mel. p. 141. Herod.
L. I. c. 18 » 14» « 160. x6i. L. VI. c. %.
4^ feef. Diod. Sicul. p. i)8 , 239. &
fi^, Vell. Paterc. L. I. e. 4. Plut. T. l.
p. "^j. Tucyd. p. 285. & /*j. Tit. Li?,
c H
qu'îfle de Clazomène & à l'ortent
de rifle d'Eobée , entre les ides
de Samos Si de Lesbos , dont la
première eft au fud-eft, & la fé-
conde au nord-eft. La longueur
de rifle eft du nord au midi ; &
fa plus grande largeur eft dans la
partie feptenttionale.
I. Neptune, félon Ion, Poëte
tragique & Hiflorien , cité par
Paufanias , vint dans cette ifle
encore déferte. Il y trouva une
nymphe, dont il devint amou-^
reux. Il en eut un fils, & le jour*
que la nymphe le mit au monde ,
il tomba une fi grande quantité
de neige , que le nom lui en de-
meura ; il fut appelle Chius , par-
ce que Chion en Grec fignifie de
la neige. Neptune eut encore
d'une autre nymphe deux fils.
Angélus & Mêlas ; ce furent- là
les premiers habitans de Tifle. En-
fuite, Œnopion y vint de Crète
avec fes -fils , Talus , Évanthe ,
Mêlas , Salagus & Athamas ; il y
régna , & fes enfans après lui. De
fon tems les Ca riens & les Aban-
tes de rifle d'Eubée s'établirent
aufl[i à Chio. Aux enfans d'CEno-
pion fuccéda Amphiâus ; c'étoit
un étranger d'Heftiée en Eubée ,
qui , fur la foi d'un oracle de Del-
phes étoir venu chercher fortune
à Chio. He£tor , un de (e$ âeC-
cendans étant parvenu à la cou-
ronne , fit la guerre aux Abantes
& aux Cariens établis dans l'ifte.
L. XXXVII. c. »7. L. XXXVIir. c. 59,
érfe^. RolL Hift. Ane. T. II. p. 5. T.
V. pag. 491 , 499. Hift. Rom. Tom. V.
p. 654. «é* fuiv. Méon. de TAcad. des
Infcripc. & Beil. Letc. T. IX. pag. \tç>\
150. T. XII. pag, lia. érfriv. T. XIV,
P-307.
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CH
Une partie fut taillée en pièces ,
fautre fe rendit à difcrétion & fut
obligée d'évacuer le païs. Hef^or,
après avoir pacifié Tifle , fe fou-
?int qu'il devoit célébrer une fête
& un facrifice dans Taffemblée
générale des Ioniens ; il s'en ac-
quitta; & ce fut dans cette afTem-
hlée que pour honorer fa valeur ,
on lui décerna un trépied. Je fçais,
dit Paufanias , que le poëte Ion
rapporte tous ces f^jts ; mais , il ne
nous dit point pourquoi les habi-
tans de 6hiô furent compris dans
le dénombrement des Ioniens.
n Les Miléfiens , attaqués par
Alyattes , prince Lydien , ne re-
çurent de fecours d'aucun Ionien ,
à l'exception de ceux de Chio ,
qui volèrent à leur défenfe , com-
me pour leur rendre la pareille de
les avoir autrefois aflîftés , lorf-
que ceux d'Erythrée leur faifoient
la guerre. •
Paftyas , après s'être foulevé
contre Cyrus , roi de Perfe , fut
envoyé à Chio fur un vaiffeau ;
mais , les habitans , l'ayant arra-
ché du temple de Minerve , où il
penfoit avoir trouvé un afyle , le
rendirent aux Perfes » à condition
qu'on leur donneroit Atarnée ,
qui étoit un lieuvdans la Myfie à
l'oppofite de Lesbos. Ainfi , les
Perfes firent emprifonner Paftyas
pour le préfenier à Cyrus à la
première occafion ; & depuis il fe
pafiTa beaucoup de tems fans que
pas un des habitans de Chio fît
des offrandes aux dieux , de ce
qui venoit d' Atarnée , parce qu'on
ne vouloit point recevoir dans les
fatrifices ce qui venoic de cette
terre.
CH 6i
Dans la fuite , Hiftiée , tyran de
Milet , ayant pris les armes contre
Darius , vint dans l'ifle de Chio.
Ceux de Chio fe faifirent de lui
& le mirent en prifon , s'imagi-
nant que c'étoit un efpion que
Darius avoit envoyé dans leur
iile. Mais y quand ils eurent ap-
pris la vérité de la chofe , & qu'il
étoit ennemi de Darius , ils le mi-
rent en liberté. Cependant , Pac-
tyas étant venu à bout d'engager
tous les Ioniens dtns fa rébellion ,
les habitans de Chio fournirent
pour leur quote-part cent vaif-
feaux. Mais, la plupart des Io«
niens ne montrèrent pas beaucoup
de courage dans la bataille , qui fe
donna devant l'ifle de Lade. Entre
ceux qui tinrent ferme , & qui
combattirent en hommes de cœur,
il n'y en eut point de plus mal-
traités que ceux de Chio , parce
qu'ils ne voulurent point fe mon-
trer perfidei , & qu'ils ne s'épar-
gnèrent point dans cette bataille.
Ils avoient comme nous avons
déjà dit , amené cent vaiffeaux à
cette guerre , fur chacun defqiiels
il y avoit entr'autres foldats , qua-
rante citoyens d'élite ; 6c quoi-
qu'ils euffent reconnu que la plu-
part de leurs alliés étoient des traî-
tres , & qu'ils abandonnoient leur
parti , toutefois ils penferent qu'ils
teroient un« aâion indigne d'eux,
s'ils imitoient cette lâcheté. Ainfi ,
avec le petit nombre qui leur étoit
refté , ils fe jetterent avec furie au
travers des ennemis , 6c com-
battirent Cl vaillamment qu'ils fe
rendirent maîtres de plufieurs vaif-
feaux ennemis , 6c après avoir
perdu quelques-uns des leurs, ils
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6z CH
fe retirèrent avec le refte dans leur
païs. Comme ils teiioient , en fe
retirant la route de Mycale , ils
furent fuivis par Tennemi ; mais ,
ks vaideaux qui avoient été rom-
pus y ne pouvant aller afTez vite ^
on acheva de les rompre ; &
ceux qui écoient dedans s'en re-
tournèrent par terre. Étant arri-
vés de nuit dans le païs d'Éphe-
ie 9 ils prirent le chemin de la
ville y où les femmes célébroient
alors la fête de Cérès. Les Éphé-
iiens , qui les virent entrer armés
dans leur païs , & qui ne fça voient
«ién de leur infortune > les prirent
pour des raviHeurs qui venoient
enlever leurs femmes ; de forte
qu'ils coururent tous enfemble au-
devam d*eux,& défirent ces mal-
heureux ^ qui périrent par cette
aventure i ce qui arriva vers l'an
497 avant J. C.
Quelque» tems après, Hiftiée
fit voile de nouveau à Chlo ac-
compagné des Lesbiens ; & parce
qu'on ne lui vouloir point donner
de fecours « il combattit contre les
habicans de cette iile , en un lieu
appelle le Pais-bas , & en tailla en
pièces un grand nombre. Peu de
tems après , il fe rendit maître
des autres que la guerre avoit fa-
tigués & aSbiblis. Mais » comme
les grands malheurs , qui doivent
défoler les villes & les nations ,
foiu ordinairement annoncés par
quelques préfages , dit Hérodote ,
il en arriva d^étranees aux habi-
tans de Chio avant leur calamité.
Le premier fut > que de cent
jeunes hommes qu'ils avoient en-
voyés à Delphes » il n*en revint
que deux ^ âdque tous Us autres
CH
moururent de la pefle. Et un peu
avant la bataille navale le plancher
d'une maifon tomba fur des en-
fans qui apprenoîent à lire ; & de
fix-vingts qu'il y en avoit , il en
demeura feulement un. Cétoît
fans doute quelque dieu 9 ajoute
Hérodote , qui leur donnoit ces
préfages de leurs malheurs. £a
effet , continue- 1- il « on donna
bientôt cette bataille navale qui
entraîna après* elle la deflruâion
de leur ville. Hi'fUée » étant donc
enfuite arrivé avec les Lesbiens ,
n*eut pas beaucoup de peine à
fubjuguer les peuples de Chio,
qui éroienc déjà abattus par les
calamités précédentes.
Vers Tan 409 avant J.'C. , on
avoit banni de Chio qudîjues ha-
bitans. Ces bannis ayant donné
beaucoup d'argent à Cratéûppi-
das , commandant de la flotte des
Spartiates , il les remena dans
leur ifle^ oii il fe rendit maître
de la cuadelle. Les bannis ren-
trés par ce moyen > chaflerent à
leur tour environ fix cens de ceux
qui les avoient mis hors de leur
patrie. Ces derniers fe réfugièrent
fur le continent qui étoit vis-à-
vis , oîi ils fe faifirent d*Atarnée ,
d'où ils alloient allez fouvent faire
des infultes à leurs ennemis » de-
meurés poflefleurs de Chio.
Depuis, c'eft-à-dire , l'an 358
avant J. C. » les Athéniens ayant
appris que les habûans de Chio,
de Rhodes & de Cos , auili-bien
que les Byzaiitins , s'étoient dé-
tachés de leur alliance , s'engagè-
rent dans cette guerre qu'on ap-
pella fociale , & qui dura trois
années. Ayant nommé* pour com-.
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CH
csandans Charès 6i Chabrîas , ils
les firent partir à la tête d'un ar-
mement convenable. Ceux-ci y
abordant en l'ifle de Chio , y
trouvèrent les fecours que les By-
zantins , les infulaires de Rhodes
& de Cos , & Maufole même fou-
verain de la Carie , a voient en-
voyés aux habitans de cette pre-
mière ifle. Les Athéniens diftri-
buerent leurs troupes de telle forte
qu'ils afBégeoient la ville par mer
& par terre. Charès , chef des
troupes de terre , s'avança juf-
qu'au pied des murailles (k défit
les habitans qui étoient fortis en
grand nombre pour le repouffer.
Chabrias » qui avoit pénétré juf-
qces dans le port , y donna un
combat naval » dont les commen-
cemens furent très-vifs de fa part;
mais y fon vaiffeau ayant été bri-
fé , la fortune du combat changea
totalement. Les vaifTeaux qui Tac-
compagnoient pourvurent à leur
iûreté par la retraite ; mais lui-
même préférant une mort glo-
lieufe à l'aveu de fa défaire^ fe
dé&ndoit encore fur les dernières
planches qui étoient en état de le
foûtenir , 6c il mourut enfin percé
de traits,
Longtems après , l'ifle de Cnio
éprouva , de la part de Mithrida-
te , roi de Pont » les plus horribles
traitemens. Ce Prince fe fouve-
noit toujours d'un vaiffeau de
Chio , qui , au fiege de Rhodes ,
avoit heurté violemment le fien.
De plus, il paroit que dans cette
ifle il y avoit un grand nombre
de partifans des Romains. Il con-
fifca d*abord les biens de plufieurs,
qui s'étoiem enfuis dans le camp
CH ij
de Sylla. Puis , il envoya des
commiflaires pour faire des re-
cherches contre ceux qui pou-
voient être encore foupçonnés de
favorifer le parti de Rome. Enfin,
il s'en prit à toute la ville; ôL
Zénobius , s'étant trànfporté dans
l'ifle par fon ordre avec des trou-
pes comme pour paffer en Grèce,
le rendit maître pendant la nuit ,
& des murs , & de tous les pof-
tes importans. Le lendemain , il
affembia les habitans » leur fie
connoitre les foupçons que le Roi
avoit contr'eux , & ajouta que
pour s'en purger , il falioit qu'ils,
livraffent leurs armes , & don-
naffent en otages les enfans des
principaux citoyens. Ils obéirent
forcément , croyant au moins,
comme on les en flattoit , que
Mithridace s'appaiferoit par-la ,
& ne demanderoit. rien davanta-
ge ; mais , une lettre de ce Prince
leur fit bien voir qu*ils fe trom-
poient dans leur efpérance. Il leur
reprochoit leur attachement aux
Romains. Il faifoit regarder l'ac-
cident du vaiffeau comme un dei^
fein formé & prefqu'exécuté con-
tre fa perfonne. En conféquehce
il leur dédaroit que fon âonfeil
les avoit jugés dignes de mort;
mais qu'il vouloit Jbien fe conten-
ter d'une amende de deux mille
talens. Ceux de Chio allarmés
imploroient la clémence du Roi ,
& ils euffent fouhaité lui envoyer
une ambaffade. Mais , Zénobius
leur en ayant refufé la permiflS^jn ,
ib fe virent contraints de prendre
tous les ornemens de leurs fem-
mes » & de dépouiller même leurs
temples > pour laire la fomme im^
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6^ C H
poiîée. Encore Zénobius , par une
nouvelle perfidie , prétendit-il
qu*il manquoit quelque chofe au
poids ; & fous ce prétexte il les
convoqua de nouveau au théâtre ,
qui étoit le lieu d*aflemblée dans
les villes Grecques. Là , il les en-
vironna de gens armés , & les fit
embarquer lur des vaifleaux pour
les tranfporter en Colchide , met-
tant à part les femmes & les en-
fans , qui furent ainfi expofés aux
infuites & aux violences des Bar-
bares y entre les mains defquels
on les livroit. Les malheureux
habitans de Chio trouvèrent néan-
hioins quelque . foulagement à
leurs difgraces dans la compaffion
de ceux d*HéracIée, leurs alliés
&L leurs amis. Car , lorfque les
vaifleaux qui les emmenoient ,
vinrent à pafier devant cette ville ,
les Héracléens foriirent tout d'un
coup fur eux , & fe rendirent
maîtres des captifs , qu'ils recueil-
lirent avec grand foin , & gardè-
rent fidèlement jufqu'à ce que
Mithridate ayant abandonné TA-
fie par la paix avec Sylla , la li-
berté leur fut rendue de retourner
dans leur patrie.
L*ifle de Chio appartint fuccef-
fivement aux ^Athéniens , aux
Macédoniens , aux Romains , en-
fin aux Empereurs Grecs.
IIL Les vins de Chio étolent
fort célèbres ; ils Temportoient
fur ceux de tous les autres païs de
la Grèce, & effaçoient leur ré-
putation ; jufques-Ià qu'on a cru
. que c'étoit les habitans de cette
iîle qui avoient planté la vigne,
& qui en avoient enfeigné Tufage
aux autres peuples. Pour adoucir
CH
la rudefle des vins de Falerne , &
dompter leur auftérité , on les
mêloit avec les vins de Chio ; &
par ce mélange , on rendoit ceux
de Falerne excellens.
Pline dit qu'Éphore appelle
rifle de Chio , Éthalie par fon an-
cien nom. Etienne de Byzance
dit aufli qu'on peut ufer du nom
d*Éthalite pour fignifier un habi-
tant de Chio; car, Tifle de Chio,
a joute- 1- il , s'appelloit autrefois
ainfi. Elle a été nommée encore
Macris & Pityufe. Le premier de
ces noms marque qu'elle eft lon-
gue , & le fécond qu'elle étoit
Couverte de pins. Il eft furpre-
nant que Tite-Live fe foit trompé
jufqu'au point de croire qu'Éth^-
lie , Chio ÔC Macris étoient trois
ifles différentes. Pline ajoute : il
y a la montagne de Pellen^ ; on
vante le marbre de Chio ; elle a
cent vingt- cinq mille pas de cir-
cuit félon le témoignage des An-
ciens ; Ifidore y en met neuf de
plus. Strabon diminue ce circuit
en le réduifant à neuf cens fiades,
qui ne font qu'environ cent douze
railles , & appelle Pélinée la mon-
tagne que Pline nomme Pellene;
il fait aufli mention des carrières
de marbre. Cette ifle étoit libre .
félon Pline.
Il y eut à Chio un évêque fuf-
fragant de Rhodes , qui fut depuis
Métropolitain. Ce lieu eft devenu
fameux par le martyre de Saint
Ifidore , qui fouffrit fous Dèce.
Une partie de fes reliques fut por-
tée de-là à Conftantinople , au
milieu du cinquième fiecle , deux
cens ans après fa mort ; l'autre
partie fut enlevée au douzième
fiecle
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CH
fiecfe par les Véniciens , qui l'ap-
portèrent dans leur ville , & la
mirent dans une chapelle de Té-
giife de Saint Marc.
Aujourd'hui, la .ville de Chio
e(l habitée par de^ Turcs & des
Ju'ik ; & les FauxJbourgs , par les
Chrétiens , Latins &i Grecs , qui
ont chacun leur évêque (k plu-
fleurs maifons religieufes.Les feoi-
mes y font très-belles & tiès-
curieufes de leur parure. On y
recueille dexcellens vins, &L les
perdrix y font auffi privées que
les- poules le font ailleurs. A qua-
tre milles de la ville , prefque fur
le bord de la mer , on voie un
rocher où font taillés des fieges
au tour d'une chaire pratiquée dans
le même roc , & plus élevée que
les fieges ; ce que les habitans du
païs appellent l'école d*Homèfe ,
parce que, di!ent-ib ^ c'étoit-là
qu'il enfeignoit Tes difciples. A
trois lieues de Chio , fur une
montagne qui e^ au midi , il croit
une quantité de lentifques , qui
font de petits arbriiTeaux , d'oU
coule le roaflic ; ils ont la feuille
approchante de celle du myrte ,
& pouffent des branches fi lon-
gues, qu'elles vont jufqu'à terre
en ferpemant; mais, ce qui eft
furprenant c'eft qu'aufli-tôt qu'el-
les font en bas , elles fe relèvent
peu à peu d'elles-mêmes. On
fend les branches dans les mois de
Mai & de Juin , & il en fort une
efpèce de gomme , que nous ap-
pelions maOic , Ql que les Turcs
nomment fages.Le grand Seigneur
eavoie tous les ans dans cette
C H ^5
ifle^ an certain nombre de bof-
tangis ou jardiniers, qui enlèvent
tous les maftics pour la proviGon
du Serrail , & qui en vendent , lorf>
qu'il y en a extraordinairement*
Toutes les femmes du Serrail en
mâchent inceffamment pour fe
rendre les dents blanches , Ôc pour
avoir l'haleine agréable.
L'ifle de Chio conferve aujour-
d'hui fon nom , avec un léger
changement de lettres. On dit
Scio.
CHIO , Chiuj , Xhç, (a) vUle
de rifle de Chio , iituée vers le
milieu de la côte orientale de cette
ifle. Il eft fait mention de la ville
de Chio dans la plupart des an-
ciens Auteurs ; mais, ce qui con-
cerne cette ville eft confondu
avec l'hiftoire de Tifle de fon nom ,
qu'on peut confulter.
Etienne de Byzance met le
mont Pellinée dans la Carie , 6c
au pied de cette moiitagne une
ville nommée Chio. Il y a , dit- il ,
une autre Chio dans la Carie au
oied du mont Pellinée. Denys le
rériégeteavoitditque Chio eil au
pied de la très- haute montagne
de Pellinée,) mais fans faire men-
tion de la Carie. Saumaife a rai-
fon de dire qu'Etienne de Byzan-
ce revoit , & il devine affez mal ,
lorfquetherchant l'origine de cette
méprife , il remarque que les Ca-
riens avoient poilédé Tifle de
Chio , avant que les Ionien^, qui
les en chaflerent, s'en emparaf-
fent ; mais « Etienne de Byzance
lui-même dit immédiatement au-
paravant , que l'iile de Chio eft
(s) Ptolem. L. V. c. t. Hciod. L. I. c. 14s. L. II. t. 178.
Tom. XI.
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66 CH
«ne ifle très-Éameofe dés Ioniens,
Si qu'elle a une ville du même
nom , en quoi il parle juile ; l'au-
tre Chio de Carie ed imaginaire.
Le même Etienne de Byzance
ttiet une autre ville du nom de
Chio dans TEubée.
CHIOM ARE , Chiomara , {a)
femme d'un haut rang , d'une rare
beauté ^ & plus recommandable
encore par fa vertu. Elle avoir
époufé Ortiagon , Tun des chefs
des Gaulois ou Galaces. Ayant
été prifc; vers Han de Rome 563
avec plu(ieurs autres à la déroute
du mont Olympe , elle étoit gar-
dée par un Centurion , auffi paf-
fionné pour l'argent que pour les
femmes. D'abord il tâcha de l'en-
gager à confentir à fes infâmes
défirs ; mais , ne pouvant vaincre
fa rédftance & fa fermeré , il crut
pouvoir employer la violence fur
une femme que fon malheur avoir
réduite à Tefclavage. Enfuite, pour
lui faire oublier cet outrage » il lui
offrit de la renvoyer en liberté ,
non cependant fans rançon. Il
convint avec elle d'une certaine
fomme ; & pour cacher ce com-
plot aux autres Romains , il lui
permit d'envoyer à fes parens tel
des prifonniers qu'elle voudroic
choifir , & marqua près du fleuve ,
le lieu oii fe feroit l'échange de la
Dame & de l'or. Par hazard elle
Àvoit un de fes efclaves parmi les
prifpiniers. Ce fut lui fur qui elle
jettaTes yeux ; & aufTi-tôt le Cen-
turion le coiiduifit hors des corps-
de- gardes à la faveur des téne-
CH
bres. Dès la nuit fuivante , deux
parens ou amis de la PrincefTe fe
trouvèrent au rendez- vous, où le
Centurion amena aufli fa prifon-
nière. Quand ils lui eurent pré-
fente le talent attique qu'ils avoient
apporté, c'étoit la fomme dont
on étoit convenu , la Dame dit
en fa langue à ceui qui étoient
venus pour la recevoir ,«de tirer
leurs épé^ « & de tuer le Centu-
rion qui s'amuf()it à pefer cet or.
Alors cette femme , charmée
d'avoir lavé par fon courage l'in-
jure faiie à fa chafleté , prit la
tête de cet officier qu'elle-même
avoit coupée ^ ôc^la cachant fous
fa robe , elle alla retrouver fon
mari Ortiagon qui s'en étoit re-
tourné chez lui après la défaite
àes fiens au mont Olympe. Avant
que de l'embrafFer , elle jetta à k%
pieds la tête du Centurion. Étran-
§ement furpris d'un tel fpeâacle,
lui demanda de qui étoit cette
tête, ôc ce qui l'avoit portée à
faire une aâion fi peu ordinaire
à fon fexe. Le vifage couvert
d'une fubite rougeur, 6( enâam«
mée en même tems d'une fiere
indignation , elle avoua l'outrage
qu'elle avoit reçu , & la vengean-
ce qu'elle en avoit tirée. Pendant
tout le refhî de fa vie , elle con*
ferva toujours le même attache-
ment pour la pureté de vie & de
moeurs qui fait la principale gloire
du fexe, & fofitint merveilleufe-
ment l'honneur d'une aéèion fi
mâle & fi généreufe.
Plutarque raconte ce fait dans
(«) Tit. Ut. L. XXXVm. c« 14. RoU. Hift. Rom, Tom. IV, pa;. i6u
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CH
le traité des vertus & des belles
aâions des Daines , & c*eft lui qui
noDs a appris le nom de celle-ci ,
bien digne d'être tranfmis à la
poftérité.
CHION, Chion, {a) l'un des
principaux chefs de la conjuration
formée contre Cléarque , tyran
d'Héraclée. Après avoir tué le
Tyran, il fut lui-même tué par
fes gardes , les autres conjurés ne
lui ayant pas donné un afTez
prompt fecours pour le fauver.
CHION, Chion, (^) nom
d'une cotirtifanne, dont il eAfait
mention dans Juvénal.
CHION , Chion , (c) terme
qui fe lit datw le texte Hébreu
d'Amos. Le paiïage efl cité dans
les Aftes des Apôtres, où l'on
lie ainfi , fuivant la Vulgate. Vous
tfve{ porté U tabernacle de Mo^
loch , & l'étoile de votre dieu
Rempkan , ^ui font des figures j
^ue vous ave:(^ faites pour les ado-
fer. Le texte Hébreu d'Amos dit :
Vous avei porté les tentes de votre
Roi & le piédeftal [ le Chion ]
de vos figures , rétoile de vos
dieux que vous vous êtes faits*
Il y a afTez d'apparence que les
Septante ont lu Rephamou Re-
van I au lieu de Chion , ou Che*-
vtn, & qu'ils ont pris le piédef-
tal pour un dieu. D'autres croyent
voir ici trois fauiTes ^ divinités ,
Moloch , Chion & Remphan.
D'autres veulent que ces trois
noms ne marquent qu'un même
dieu , & que ce dieu étoic Satur*
(4) Juft. L. XVI. c. ç.
(*) Jiiven. Satyr. 3. v. 13(5.
(0 Amos c. ç. V. %6, Aftu, Apoft.
CH 6r
ne & fa planète. Saumaife éc
Kircher avancent que Kiioneft Sa-
turne , & que fon étoile s'appelle
Keiran chez les Perfes & les Ara*
bes , 6c que Remphan ou Rephan
fignifioit la mêihe chofe chez les
Égyptiens. On ajoute que les
Septante qui faifoient leur traduc*
tion en Égypte,ont changé le terme
de Chion en celui de Remphan,
parce qu'ils avoient l'un & l'autre
la même fignification.
D'autres veulent encore qu'Her*
cule fût repréfenté par Chion ,
parce que , difent-ils , ce dieu ea
Egyptien s'appelloit Chon ; & ils
ajoutent que c'étoit le fymbole
du Soleil f parce que foit que ce
nom vienne de l'Hébreu heir ,
col , c'eft- à-dire , il éclaire tout ;
foit qu'il vienne du Grec lUpoc
)t^/ 4, c'eft- à-dire , la gloire dç
l'air , il eft clair qu'il marque le
Soleil ; car , d'où l'air reçoit- il fa
lumière , fi ce n eft du Soleil ?
M. Bafnage « dans fon livre în^
titulé Antiquités Judaïques 9 après
avoir beaucoup difcouru fur Chion
ou Remphan, concliit que Mor
loch étoit le Soleil ^ & Chion ou
Remphan la Lune.
CHIONE, Chione.Xtor^, (d)
fille de Dédalion , étoit d'une ex-
cellente beauté. Dès 1 âge de qua»
torze ans , elle fut aimée de tout
le monde , & recherchée de tous
ceux dont la condition pouvolc
leur donner quelque eipérance. Un
jour , comme Apollon & Mercui-
re revenoient , l'un de Delphes ^
[d) Ovid. Metam. L. Xî. c. 9. Myth.
par M. l*Abb. Ban. Tom. VIII. pag.45,
47. Métn. de TAcad. des Infc U B«lÛ
Lett. Tom. X. pag. «oi.
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68 C H
l'autre du mont Cyllène , îls la
virent, Ôc^tou^ deux en même tems
commencèrent à Faimer. Apollon
différa jufqu'à la nuit pour fatis*
faire fa paîlîon ; mais , Mercure
ne put difFérer plus long-tems ; il
rendort & fe fatisfait ; & dès qu'il
fut nuit , Apollon déguifé en vieil-
le, vint à Ton tour (e fatisfaire.
Chione conçut de Tun & de l'au-
tre , & neuf mois après j elle ac^
coucha de deux fils. Elle eut de
Mercure un enfant ingénieux
qu'on appella Autolycus , & qui
montra par Ton adreHe dans toute
forte de larcins , qu'il ne dégéné^
roit pas de Ton père. Mais , elle
eut du dieu du jour l'excellent
Philammon , qui chantoit parfii-
tôment , 6c jouoit^e même de la
lyre , 6c qui fit voir par (es qua-
lités de quel fang il étoit forti.
Cependant , il ne fervit de rien
à Chione d'être mère de deux en-
fans fi renommés , d'avoir eu des
dieux pour amans , d'être fille
d'un père illuftre , & d'avoir pour
Yon ayeul le plus poiflant de
tous les dieux. Au contraire tous
ces avantages furent la caufe de
fa perte. En étant devenue orgueil-
leuse > elle eut la hardiefle de pré-
férer fa beauté à la beauté de
Diane , & même de la méprifer.
■Mais , elle éprouva bientôt que
les dieux font toujours puifTans , 6c
que leurs vengeances font toujours
prêtes. Diane offenfée de l'orgueil
de cette fille < prit Ton arc , & lui
lira une flèche , qui lui perça la
langue qui avoit commis la faute. ,
Chione perdit de, te coup, pre-
jiiièrement la parole, ôc.enfuite
youlanc s'efforcer de parler , elÏQ
CH
perdit la vie avec Ton fang. ,
L'on dit que Chione eut deux
maris , dont l'un étoit un véritable
Mercure , 6i l'autre un véritable
Apollon ; qu'elle eut un fils de
chaque mari , que ces deux enfans
tenoient chacun de l'humeur de leur
père; que le fils de celui qui reffem*
bloit à Mercure , fut un fourbe &
un voleur ; que l'autre fut un hon-
nête homme qui aima les fciences
& les beaux divertifTemens , &
que ce font ces circonflances qui
ont donné lieu à cette fable. Car ,
de croire que cette femme ait en
même tems coiiçu de deux hom-
mes , c'eft une chofe qui n'a point
lieu , ÔL qui eil contre l'ordre de
la nature. L'on vent donc faire
voir par cette fable que les enfans
tiennent ordinairement <ifi leurs
pères , & que la nature qui garde
inviolablement cette loi en toutes
fes opérations , ^uc la chofe pro^
duite , reffimbU a celle qui l'a
produite , l'obfcrve bien fouvei^
en l'homme. ■
Ce n'eft pas , dîfent quelques-
uns , qu'Autolycus & Philammon
foient nés ni de Mercure , ni d'A-
pollon ; mais on veut montrer
par-là qu'ils font nés fous ces pla*
netes ; & que fi l'on s'arrête à l'o-
pinion dé ceux qui donnent com-
me une puifiance fou ver aine aux
influences des aftres, on peut dire
que les hommes font les enfanis
des planètes fous lefquelles ils font
nés , parce qu£ ces planètes les
forment & les rendent ce qu'iU
font. Autolycus fut donc un vo-
leur, parce que ceux qui ont
comme lui pour leur afcendanc
Mercure y placé dans un mauvais
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CH
endroit du ciel , font pour l'ordî-
D^ire de ]*huineur d'AutoIycus ,
& en ont les qualités. Nous dirons
la même chofe de Philammon ;
car , ceux à la naiffance defquels
le Soleil préfide , placé dans un
bon endroit du ciel , ont de Tin-
dination pour les chofes honnê-
tes , & pour les belles fciences.
Quant à la manière dont Chior
ne fut tuée par Diane , cela n'a
d'autre fondement que fa mort
prématurée. Son père , affligé de
la mort d'une fille unique qu'il
aimoit tendrement, fut changé
en épervier ; fiâion tirée de ce
qu'apparemment il abandonna le
païs pour aller s'établir dans un
lieu éloigné.
CHIONE, Ckîoney Xio'rn, {a)
fille de Borée & d'Orithyic , eut
de Neptune , Eumolpe , qui fut un
homme d'un grand courage.
CHIONE, Ckionty X/O.M, {h)
Tune des maîtreffes de Neptune <
félon Saint Clément d'Alexandrie.
Eft-ce la même qui précède» ou
quelque autre différente ? quel-
ques-uns font Chione mère de
rrîape.
CHIONIDÈS., Chîonides ,
X/W/mç» Poëte d'Athènes, vi-
voit fous la 70e Olympiade , huit
ans avant la bataille de Marathon ,
& 5Ô0 ans avant J. C. Ort le met
ordinairement le premier entre
les Poètes de la commédie an^
cienne.
CHIONIDÈS XYPÉTÉON,
Chionidcs Xypetaon , XtoùïUnç
At/2r(Tci.dtf' « (c) certain homme,
(a) Pauf. p. 70.
(h) Amiq. expl. par D. Bein. de
Montf. Xom. I. pag. 65 , tj6.
c H .69
dont parle Démoflhène dans une
de fes harangues.
CHIONIS , Chionis l Xionç ,
(d) célèbre Athlète de Lacédé-
mone , qui avoit gagné plufieurs
fois le prix aux jeux Olympiques.
Paufanias , dans fes MelTénia-
ques , dit qu'il remporta la vic-
toire pour la troifième fois fou$
Tarchontat de Miltiade ^ en la 29e,
Olympiade ; mais , c'efi une mé-
prife de quelque copifie , qui a
écrit un nombre pour un autre ,
car Paufanias , dans fes Arcadi-v^
ques , dit bien nettement que
Miltiade fut archonte à Athènes
la deuxième année de lajoe Olym-
piade , en laquelle Chionis fut
vainqueur au fiade pour la troi-
fième fois.
Les viâoîres de Chionis étoîent
gravées fur une colonne ^ qui fe
voyoit à Olympie. Quelques-
uns , & c'étoient fans doute des
Éléens, s'imaginoient que cette
colonne avoit été pofée par Chio-
nis lui-même » & non par le peu-
ple de Lacédémone. n Parlet
n ainfi , dit Paufanias , c'efl par-
» 4er en étourdi ; car , l'Infcrip-
n tion dit exprefTément que l'ufa-
n ge de courir armé n'avoir pas
» encore été introduit. Il faudroit
n donc que Chioi^is eût deviné
» que les Éléens introduiroîent
M un jour cet ufage. Oefl fe trom-
n per encore plus lourdement que
n de prendre la (latue qui eft
i> adoffée contre cette colonne
n ^ur la ftatue de Chionis, pui(l
» qu^eft Myron qui Ta faite, et
(t) Oeid^b. ÎAKeasr. p. ^(L
(d) Pauf. pag*.>6o , 261 , j66 , }«7 •
Eiiî
Digit^ed by LjOOQIC
^o CH
Myron Athénien étoîtde beau-
coup aotérieur à Chionis ; ainfi ,
il n'avoit pu faire la flarue de ce
Chionis ; voilà ce que T Au leur
veut dire.
CHIONIS, Chionis, Xm/;,
(à) fameux ftatuaire , qui avoir
fait une Minerve & une Diane |
que l'on voyoit à Delphes.
CHIONITES, Chionita,
peuples d'Afie , voifins des Per-
les 9 félon Ammien Marcellin. Ju*
nius prétend qu'il faut lire Cyna-
snolges. Si ce paiTage étoit unique
dans Ammien Marcellin , un
Grammairien pourroit propofer
ce changement comme une con-
îeâure ; niais , cet Hiflorien parlé
en plufieurs endroits de ces peu-
ples , & les nomme conftamment
Chionices.
Il dit, au livre dix-feptième ,
^e le roi de Perfe fe trouvant
aux frontières des nations excé-
\rieures, & ayant fait alliance avec
les Chlonites Ôc les Gelons, les
plus braves guerriers de tous ,
étoit près de s en retourner dans
fes États , lorfqu'il reçut une lettre
de Sapor. Il dit ailleurs : >i II y
ti avoir en ce tems-là un Satrape
n de Corduene , fournis à la do-
9} mination des Fer fes , nommé
» Jovinien , aipi fecret des Ro-
t> mains Je fus envoyé vers
7> lui avec un centurion » homme
n de confiance Il me donna
» un guide difciet 6c qui connoif-
»9 {bit tous les chemins , & me fie
9» aller fur des roches extrême-
» ment haStes & afTez éloignées
n de* là ; d*où l'on^eût pu voir à
ÇH
1» cinquante milles de diftarice,
f> rien ne bornant la vue que la
n foiblefle des yeux. Après nous
i> être arrêtés deux jours , en cet
i> endroit , le txoifième venant à
n paroîire, nous vîmes tout l'ho-
» rizon couvert de troupes in-
» nombrables; le roi de Perfe
n marchant à la tête , & diftingué
n par des habits qui jettoient un
w grand éclat. A fa gauche mar-
n choit Grumbate , roi des Chio-*
i> nites ; c'étoit un homme entre
19 deux âges , dont la peau avoit
91 déjà des rides , mais dont Vame
19 ne formoit que de grands pro-
99 jets , ÔC qui s^étoit rendu fa-
99 meux par un grand nombre
99 de viâoires. A droite étoit le
99 roi des Albahiens. 6cc. u Ce
même Grumbate , roi des Cîûo-
nites I p&roit encore au fiege d*A-
mide , où il combattit avec d'au-
tant pitis d'ardeur , qu'il venott
d'y perdre fon fils unique , dont
Ammien Marcellin décrit les fu-
nérailles.
Ces trois pafTages fttfiifent,pour
faire voir qu'il ne faut rien chan-
ger au nom du peuple Chioni-
te y & en même tems fervent à
faire voir oii il étoit. Les Gelons,
dont le Ghilan a confervé le nom ,
& l'Albanie Afiatique font des
pais , dont la fituation eft connue*
Le Satrape de la Cordouene com-
mandoit dans la province où font
les Curdes» & qu'on appelle le
Curdiflan. Ainfi , il n'ed pas fur-
prenant qu'il fe foit trouvé des
roches telles qu'en vit l'Hiftorien
cité) entre ce païs & celui qu'ar.ror
{») Pauf. p. tf33.
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CH
fent l'Araxe & le Cyrus ; car ,
Farinée des alliés du roi de Perfe
s'écoit aflemblée vers ces quar*
tiers- là ; les Gelons & les Alba-
niens habicoient les bordi; de la
fser Cafpienne , & les Chionites
étoient leurs voifins ; cela paroit
afTez dans les paflages qu'on vient
de lire,
CHIOS 9 Chios , autrement
Chjo. Voyez Chio.
CHIP PUR, ou KiPPUR,
Chippur , ou Kippur ^ fête de
Fexpiation folemnelle parmi les
Juifs. Ce terme vient de caphor ,
ou Ai/7/7er, expier.
CHIRAME , Chiramus , {a)
Xf.f «^oç , excellent ouvrier pour
toutes fortes d'ouvrages dor ,
d'argent & de cuivre , étoit fils
d'un Tyrien , nommé Ur , &
d'une femme de la Tribu de
Nephthali. Ce fut de lui que Sa-
lombn fe fervit pour travailler aux
chérubins & aux autres ornemens
du Temple. Outre les chérubins ,
il fit deux colonnes de cuivre, qui
avoient dix- huit coudées de haut
& douze de tour, au-deffus def-
quelles étoient des corniches de
fonte , en forme de lys ; 6c on y
voyoit pendre en deux rangs ,
deux cens grenades audi de cuivre.
Chirame floriffoit vers Tan du
monde 3003 , ôc avant J. C.
1032.
CHIRAMAXIUM , Chira-
maxium , petite voiture dont la
conftruâion nous eft inconnue. A
en juger fur l'écymologie du mot,
CH 71
ce pouvoit être une de celles
qu'on pouflbit avec la main, &
qui reflembloit à nos brouettes.
CHIRIDATES, CHIRIDO-
TES, CHIRODOTES, Chiri^
data f Chiridota , Chirodota ^ {b)
forte de vêtement en ufage che?
les Dalmates. Il paroit que c'étoit
un vêtement d'une grande richef-
fe 9 & par conféquent très pré-
cieux.
CHIRIS, Chirîs, vUIe d'É-
|ypte dans la Thébaïde félon
Olympiodore dans fes extraits ,
cité par Ortélius,
CHIRISOPHUS , Chirifo^
phusy XHpirQ<p0Çy (c) célèbre fta-
tuaire. Il y avoit à Tégée une
flatue de ia façon , conlacrée à
Apollon. On fçait que ce flatuaire
étoit de Crète ; mais , on ignore
en quel tems il vivoit,ôc de quelle
école il étoit. Ce qui eft certain ,
c'eft que Dédale fit un afTez long
féjour auprès de Minos à GnoiTç
!>our y fonder une excellente éco-
e de fculpture. Quoi jqu'il en
foit, Ch^rifophus étoit lui-même
en marbre à côté d'Apollon.
CHIRISOPHUS , Chirifi'
{hus , Xtiftvo^ç , (d) capitaine
.acédémonien. Il fut mis à la tête
de huit cens homntes d'infante-
rie , que fa patrie envoya an fe-
cours de Cyrus , fous la quatriè-
me année de la 94c Olympiade,
401 ans avant l'Ere Chrétienne,'
iorfque ce jeune Prince s'étoit
révolté contre fon frère Artaxerx^
Mnénon.
(a) Jo&ph. de Antiq. Judaïç. p. %6o »
(6) Kofin. de Antl V Rom. p. 588 »
589.
(0 PaûC p. 540.
id) Diodi Sicul. p. 405 %^%U
£ iv
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71 CH
CHIROBALLISTRA^ Chiro-
halliflra , Xeip-Cetwhpet f (a) ter-
me , qui veut dire la ballifte à la
main. Ceft Héron , fameux ma-
chinide , qui donna ce nom à une
forte de ballifte, dont voici la def-
cription.
Elle'eft compofée d'une plan-
che ronde par un bout , échancrée
circulairement par l'autre bout.
Le boi$ de l'arc eft fixé vers Tex-
' trêmité ronde ; fur une ligne cor-
refpondante au milieu du bois de
l'arc & au milieu de Téchancrure,
on a fixé fur la planche une trin«
ele de bois , précifément de la
hauteur du bois de l'arc. Cette
tringle eft cannelée femi-circulai-
rement fur toute fa longueur. Aux
côîés de réchancrure de Tun des
|bout^ , on a ménagé en (aillie dans
la planche , deux émidences de
bois qui fervent de poignée à la
ballifte. Il paroît qu'on clevoit ou
qu'on baifîoit la ballifte par ces
poignées ; qu'on en appuyoit le
bout rond contre terre ; qu'on
pla'çoit le corps dans l'éthancrure
de l'autre bout ; qu'on prenoit la
corde de l'arc avec les mains ;
qu'on Tamenoit jufqu'à l'extrémi-
té de la tringle cannelée qui la
reteijioit ; qu'on relevoit la ballifte
avec les mains ou poignées de
bois qui font aux côtés de Téchan-
crure ; qu'on plaçoit la flèche
dans la cannelure de la tringle ;
qu'avec la main, ou autrement, on
taifoit échapper la corde de l'arc
du bout de la tringle cannelée ,
& que la flèche étoit chafTée par
ce moyen fans pouvoir être arrê-
CH
tée par le bois de l'arc ; parce que
la cannelure femi- circulaire de la
tringle étoit précifément au-deftus
de ce boili , dont répaifteur écoit
appliquée & correfpondoit à Té-
paifTeur du bois qui reftoit à la
tringle p au-deflous de la canne-
lure.
CHIROMANTIE , Chirc^
mantia , Tart de deviner la deftî-
née , le tempérament & les in-
clinations d'une^ perfonne , par
l'infpeâion des lignes qui paroif-
fent dans la paume de la main.
Ce mot vient du Grec xh »
manus , main , ÔC de fiayriix »
divinatio^ divination.
Quelque vain & quelque im-
pofteur que foit cet art > un grand
nombre d'Auteurs ne laifTent pas
d'en avoir écrit ; tels qu'Artémi-
dore , Flud , Joannes de Indagi-
ne , ôcc. Taifnerus 6c M. de la
Chambre font les principaux.
Ce dernier prétend que par
i'infpeélion des iinéamens « que
forment les plis de la peau dans
le plat de là main , on peut re-
connoîere les inclinations des hom-
mes; fur ce fondement que les
parties de la main ont rapport
aux parties internes de Thomme ,
le cœur , le foie > &c. d'où dé-
pendent , dit-on , en beaucoup de
chofesy les inclinations & le carac-
tère des hommes. Cependant ^ à
la fin de fon traité » il avoue que
les préceptes de la Chiromantîe
ne font pas bien établis ; ni les
expériences fur lefquelles on les
fonde , bien vérifiées ; & qu'il
faudroit de nouvelles obfervations
(«) Àntiq. expl« par D. Bfecn. de Montf. Tom. IV. p. i|5«
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CH '
Êîtes avec juftefle & avec exafli-
tude , pour donner à la Chiro-
niantîe fa forme & la foiidité
qu'une fcieoce doit avoir.
Deirio didingue djeux fortes de
Chirpmantie , l'une phyfique &
l'autre aûrolcgique , & penfe
que la première eft permife ,
parce qu'elle fe borne, dit-il, à
connoître par les lignes de la main
le tempérament du corps , &
que du tempérament , elle infère
par conjeôure les inclinations de
î'ame ; en quoi il n'y a rten que
de fort naturel. Quant à la fécon-
de, il la condamne comme vaine,
illicite , & indigne du noin de
fcience , par le rapport qu'elle
prétend mettre entre telles ou tel-
les lignes de la main , 6i telles ou
telles planètes , & Tinfluence de
ces mêmes planètes fur les évé-
nemens moraux & le caraé^ère
des hommes.
Lès Anciens étoient fort adon-
nés à cette dernière , comme il
paroît par ce vers de Ju vénal :
Manumque
Prabetit v^ti crebrum popifma
rogantL
Ceft par elle que ces impof-
teurs vagabonds , connus fous le
nom de Bohémiens & d'Égyp-
tens , amufent ôc dupent la po-
pulace.
Deirio entafle plufieurs raifons ,
pour prouver que l'État & l'Églife
C H 7î
ne doivent point tolérer ces di-
feurs de bonne aventure ; mais ,
la meilleure eft que ce font des
vagabonds , que Toifiveté entraine
dans le crime , & dont la préten-
due magie eft le moindre défaut.
Le même Auteur regarde en-
core comme une efpèce de Chi-
romantie , celle où l'on confidere
les taches blanches & noires qui
fe trouvent répandues fur les on-
gles , & d'où l'on prétend tirer
des préfages de fanté ou de ma-*
ladie ; ce qu'il ne défapprouve
pas abfolument. Mais , il traite
cette pratique de fuperftitieufe »
dès qu'on s'en fert pour connoî-
tre les événemens futurs qui dé-»
pendent de la détermination de la
volonté.
CHIRON , Chîron , X#;>«r,
(a) centaure , qui s'eft rendu cé-
lèbre dans la Grèce. Il peut pa(^
kr pour être de la plus haute an-
tiquité de ce pais-là , puifqu'il a^
précédé la conquête de la Toifoii
d or & la guerre de Troye. Sui-
vant la plus commune opinion ^
il étoit fils de Saturne & de Phi-
lyre la Néréide, fille de l'Océan ;
& la Fable le fait naître moitié
homme & moitié cheval , parce
que ce dieu , honteux d'avoir été
pris en flagrant- délit avec fa mai-
trefte par la femme Rbéa , s'étoit
caché fous la forme de cet ani-
mal. Suidas , cité dans le premier
livre de fes Theflaliques par le
(s) Diod. Sicul. p»g. 154. Suid. T. T.
p. 11*7. Hauf. p. 197, 515 , 589. Ovid.
Metam. L. II. c. i) , 14. Virg. Gcorg.
L. m. V. 550. Quintil. L. I. c. 8. Myth.
par M, PAbb. Ban. Totn. VI. p. 315,
3)8. & fifiv. Tgm. Vil. pag. 341 , 34t.
Mém àe PAcad. des Infcript. & BeIK
Letc. Tom. III. pag. so > ai. Tom. VII.
pag. 317. Tom. IX. pag. 6i , 95 , 95.
Tom. XIV. p. 561. Tom. XVII. p. 4e*
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74 CH
fcjîpliafte d'Apollonius deRhodes^
fait Chiron fils dlxio'n & frère de
Piriiiious. Le fcholiafte d'Homère
le dit fils de Neptune ; & Colu-
iselle lui donne Amythaon pour
père. Mats , fa mémoire apparem-
ment Taura trompé , obierve M.
Fabricius , &L lui aura fait prendre
Chiron pour Mélampe dans ce
vers de Virgile.
Phillyrides Chiron Amythaoniuf"
que Mdamplis
Il naquît en TheiTalie, parmi
les centaures , qui les premiers
des Grecs eurent l'adrefTe de mon-
ter un cheval & de le dompter ;
d'où la fable qu'on a débitée fur
leur figure monflrueufe , tire fon
origine. Chiron habitoit d'abord
pne grotte , dans cette partie du
mont Pélion , appellée Péléthro-
nion , comme qui diroit le pied «
la bafe » l'afiTiette , le trône du Pé-
lion ; mais , dans la fuite > tes La-
pithes Ten ayant chaflfé , il fe re-
tira vers le promontoire de Ma-
lée.
On le regarde comme Fun des
premiers inventeurs de la Méde-
cine, de la Botanique y & fur tout
de la Chirurgie ; ne fût-ce que par
aliuiion à fon nom tiré du Grec
ytlf « qui défigne la main ; &
Chiron » comme fils de Saturne ,
devroit prendre date en ce genre
de fcience» avant Apollon & fon
fils Ëfculape. On lui attribue la
découverte de plufieurs plantes
très-falutaires pour la guérifon ,
foie des plaies , foie des maladies ,
& auxquelles od a donné fon
nbrh. Telles font , entr'autres , la
Sryone ^ appellée Chironia » &
CH
deux efpèces de Panacée , fur-
nonlmées Tune Chironium , l'au-
tre Centaurium , qui eft , dit-on ,
notre grande centaurée. Il y avoit
de plus , certains ulcères ihalins
appelles chironiens , à ce qu'on
prétend , parce que pour en faire
la cure, il ne falloit pas moins
qu'un Chiron* Mais , peut-être
cette dénomination leur venoit-
elle principalement de ce caraâère
de malignité , qui les rendoic les
plus difficiles à guérir , les plus
dangereuse , ôc les pires de touf
les ulcères.
On aiTure qu'il exerça le pre«
mier la Médecine chez les Ma*
gnéfiens , d*oh ces peuples de
i heflalie avoient pris la coutume
de lui confacrer tous les ans les
prémices des plantes médicinales
qui croiiToient chez eux ; & d^
tems de la guerre de Troye , on
ne mettoit en œuvre d'autre mé-
decine que celle de Chiron. Une
des plus merveilleufes cuTes de ce
Centaure » fat celle qu il fit > à la
recommandation de Pelée» en la
perfonne de Phénix , depuis gou-
verneur d'Achille , & qu'il guérit
de l'aveuglement , que la barba-
rie de fon pçre Amyntor hii avoit
caufé. Les connoiffances de Chi-
ron ne fe bornoient pas à la feule
médecine. Il y joignit celles de la
philofophie « de Tailrologie , de la
mufique , de la gymnai^ique , de
la chalfe & de l'arc militaire.
Héfiode lui fait époufer Naïs.
D'autres lui donnent pour femme
Chariclo , fille d'Apollon fuivant
quelaues-uns , de Perfée ou de
rOcean félon d'autres. On dit
qu'il en eut un fils nommé C^y f«
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CH
tos. On eft peu d'accord fur le
nombre de Tes filles. Le faux Die
tys de Crète le fait père de Thé-
tis, femme de Pelée. S'il ne l'étoit
pas en effet , du moins fe trouva-
t-il aux noces de ceue Néréide ;.
il fie ton préfem à Tépoux , com-
me les autres convives , qu'il a
plu aux Poëtes de traveilir en
autant de divinités , & ce préfem
confifloit en une lance de frêne.
Ce Prince lui avoir , en quelque
forte , l'obligation d'un mariage ù
avantageux, Ôc le Centaure lui
avoir fuggéré les expédiens les
plus fiirs pour y amener Thétis ,
malgré fes difficultés , & pour la
réduire au poinc de ne pouvoir
plus s'en dédire ; fur quoi les Poë-
tes ont feint qu'à l'exemple de
Protée , elle prenoit dîverfes for-
mes , pour s'échapper des mains
de Pelée. C ,
Apollodore & plufîeurs autres
donnent à Chiron pour fille , E»-
déis , à laquelle ils font éponfer
Éaqu^ ayeul d'Achille , & père
de Pelée & de Télamon. Sur ce
pied-là, Chiron eût été le bi-
Éiyeul d'Achille ; au lieu que dans
l'hypothèfe de Diéîys , qui le fait
père de Thétis , il n'eût été que
i'ayeul de ce héros. Mais , il ne
£iut pas chercher beaucoup de
îudeiie dans les généalogies des
cems héroïques. Il eut encore unç
autre fille nommée Hippo , qui
fut femme d'Éole , auquel elle
communiqua la phyfique , l'aflro*
nomie , & les autres fciences , dont
fon père faifoit profeilion.
La fagefTe de Chiron & fon
grand fçavoir en tout genre , fi-
rent de la grotte ^u'il àabitoit^
CH 7S
récole la plus fameufe & ta plus
fréquentée de toute la Grèce.
Prefc^ue tous les héros de fon tems
voulurent être fes difciples ; 6l
Xénophon qui en fait le dénora«
brement,en compte jufqu'à vingts
on ; fçavoir , Céphale , Efci:»
lape , Ménalion , Neftor , Am-
'phiaraiis , Pelée , Télamon , Mé-
léagre , Théfée , Hippoly te , Pa-
lamède , UlyfTe , Ménellhée »
Diomède , Caflor & Pollux , Ma^
chaon & Podalire , Antiloque »
Énée , Achille. On voit par ce
catalogue, que Chiron a fouvenc
inflruit les pères & les enfans ; Se
Xénophon fait de chacun d'eux ,
un court éloge , qui tourne à la
gloire du précepteur. L*Hifloriea
Grec cependant ne les a pas tous
nommés ; il a omis Hercule ,
Bacchus , Phénix , Cocyte ,
Ariflée, Jafon, & fon fils Mé-
déus 9 Ajax » Protéfilaiis. Ce n eft
point ici le lieu de les pafler
tous en revue ; nous nous conten-
terons de nous arrêter fur quel-
ques-uns de ceux qui femblenc
intéreiTer Chiron plus particuliè-
rement.
Pélée^chaiTé de la maifon de foa
père Éaque , pour un meurtre »
le retira auprès du Centaure, âc
puifa dans ce commerce plufieurs
conno^ances capables de le con-
foler dans fa difgrace. Ce fut du
même maître , s'il en faut croire
Laâance , en cela d'accord avec
Xénophon , qu'Efculape , qui fs
difoir pourtant fils d'Apollon , ap*
prit la médecine. On prétend que
Bacchus fut le difciple bien-aimé
du Centaure , & qu'il apprit de ce
maiire hs réjoaiflances, les orgies ,
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7^ CH
les Bacchanales , & les autres cé-
rémonies qui appartiennent au
culte Bacchique. Ce fut , comme
le témoigne rlutarque , à l'école
de ce Centaure , qu'Hercule étu-
dia la mufique, la médecine & la
juflice.
Ariftée , fils d'Apollon & de la
nymphe Cyrène, fille de Pénée'
roi d*Arcadie, régna dans \e mê-
me païs , & fe diftirtgua parmi
les difciples de Chiro», entre les
mains de qui Ton père le reVnit
dès Tenfance. 11 y devint habilie
dans la médecine, dans l'art de
deviner , dans tou.t ce qui concer-
ne le ménage de- la campagne ,
c'eft- à-dire , la chaiTe , le gou-
vernement des beftiaux , celui des
abeilles , la manière de recueillir
le miel, celle d'exprimer Thuile
des olives , &c. & il répandit ces
connoifiances chez divers peu-
ples. L'antre du Centaure fut en-
core un afyle bien favorable pour
Jafon , que fes parens y portè-
rent , dès Hnftant de fa naiflance ,
pour le dérober à. la fureur de
fon oncle Pélias , à qui on fit ac-
croire que l'enfant étoit mort. Il
reda chez le Centaure juiqu'à l'âge
de vingt ans ; il y fut inftruit dans
tous les louables exercices f &
particulièrement dans l'art de la
médecine , d'où Chiron le nom-
ma Jafon, vrapoc ri» /««'ly^ félon
quelques-uns, à caufede la cure
des maladies , dans laquelle il
excelloit.
> Mais , entre tant de Héros qui
ont été les difciples du Centaure ,
nul ne h\ a fait autant d'honneur
qu'Achille, dont il a partagé en
quelque forte la renommée , &
CH
à réducatîon duquel il a donné
tous fes foins , étant , comme on
l'a vu , fon ayeul ou fon bifayeul
maternel. Ptolémée Hépheftion
raconte que Thétis avoit fait dif-
paroître fecrétement , par le moyen
du feu , les fix premiers enfans
qu'elle avoit eus de Pelée. Elle
vouloit en faire autant du fep-
tième , qui étoit Achille ; mais ,
fon père étant furvenu fort à pro-
pos, le retira du feu , qui ne lut
avoit encore confumé que le talon
droit , &L le porta dans la grotte
de Chiron , qui entreprit de le
guérir. Il 'déterra dans cette vue
le cadavre de Damyfe , le plu$
léeer de tous les géans à la courfe ,
lui ôta l'os du talon , & l'adapta
au pied d'Achille avec tant de
juftefTe , qu'à l'aide des médica-
mens appliqués par le Centaure,
ce talon pofliche prit corps , ôc
répara avantaeeufement la perte
du premier. Dans la fuite, lor&
qu'Achille fuyoit Apollon , ce ta-
•lon s'étant malheureufemem dé-
taché , fit .tomber ce héros , qui
fut ainfi tué par le dieu.
Mais , pour revenir à l'éduca-
tbn d'Achille » le Centaure le
nourrit d'entrailles de lions, de
moelles de cerfs , d'ours , de fan-
gliers; de tels alimens ne pou<»
voient manqber de faire naître
chez lui ce courage invincible ^
qui alloit qu^quecois jufqu'à la
férocité. Il lui enfeigna la méde-
cine , fur tout cette partie qui prè-
fide au régime ; n'oubliant pas
d'y joindre la mufique , fi propre
à infpirer les paffions vertueufes «
& à réprimer celles qui nous ty-
rannifenc. Il lui donna le nona
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CH
tf Achille, au lieu de celui de Lî-
gyroo , que portoit d*abord ce
leune héros. On attribue ce chan-
gement de nom à diverfes caufes ,
qu'il feroit luperflu d'alléguer ici.
Ptolémée Hépheftion prétend que
k Centaure ne le fit qu'en mé-
moire de fon précepteur , qui/ fe
nommoit Achille; c'eft un i'enti-
ment qui eft particulier à cet Au-
teur.
Chîron, parvenu à une extrême
vieilleffe , fut bleffé par une flè-
che empoifonnée , qui l'atteignit,
après avoir percé le bras d'Élatus,
auquel Hercule ^'avoii tirée, en
pourfuivant les centaures dans
leur déroute. D'autres difent que
ce fut Chiron lui-mênie qui fe fit
cette bleffure , en maniant les
flèches d'Hercule , dont l'une lui
tomba fur le pied. Les uns affu-
rent qu'il en guérit , par la vertu
des plantes médicinales , qu'il con-
noifîbit mieux que perfonne. Les
autres n'en conviennent pas , 6c
prétendent au contraire, que dé-
fefpérant de fa guérifon & vaincu
par la douleur , il fouhaita de
mourir , & céda l'immortalité
dont il jouiffoit à Proniéthée , qui
confentit à devenir imniortel. On
plaça Chiron après fa mort parmi
4ey conftellations , par refpeû
pour fes vertus , & par recon-
•fioiilance pour les grands, ferÇices
qu'il âvoit rendus aux peuples de
4a Grèce. On comptoitf dans cette
conftellation jufqu^à trente - trois
.étoiles.
, On n'a pas tnanqué au furplus ,
CH 77
ié fuppofer quelques ouvrages à
Chiron.Suidas lui attribue des pré«
ceptes , compofés en vers pour
Achille , & Ml traité de médecine,
dediné à la cure des chevaux &
des autres beûiaux. Ce Lexico*
graphe prétepd même , que c'eft
de ce dernier écrit qu'eft venue à
Chiron la dénomination de Cen-
taure. D'autres ont mis fur le
compte d'Héfiode les préceptes
attribués à Chiron ; & le poëte
comique Ariftophane s'en moque»
dans une de fes pièces , comme
d'un ouvrage d'Héfiode ; quoi-
que les Béotiens eux>mêmes,&le
grammairien Ariftophane , chez
Quintilien , foûtiennent qu'il n'ap.
partient nullement à ce Poëte.
C'eft fur quoi l'oit peut confuher
la bibliothèque Greque de M.
Fabricius , ainfi que fur plufieurs
autres circonftances qui concer-
nent la perfonne de Chiron. Il en
parle encore dans le treizième vo-
lume de fa bibliothèque , où il le
fait pafier en revue dans fon grand
catalogue des anciens Médecins.
On peut recourir encore fuf le
même article à l'hiftoirede la mé-
decine de Daniel le Clerc- .
(a) Lucien a fait Chiron inter-
locuteur d'un de fés dialogues des
morts.
CHIONIDES PETRiE, nom
d'une montagne dé Grèce , dans
ia ThefTalie , félon Callimaque.
CHIRONIENS , {h) nom de
certains ulcères malins , qui ne
pouvoient être guéris que par un
médecin tel que Chiron. ^.Chiron.
'à U) Lttcian. TomV I. pag. »S j. ër /e^. 1 (j) Mém. de l'Acàd. des Infcript.
^^ ; ,lBeil. Lcu. X. XVII. p. 47,
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7» CH
CHIRONIS VILLA , lieu dà
Péloponoèfe , prèl de la ville de
Mefiène, félon Polybe. Elle fut
détruite &L faccagée' par tes Pi«
rates.
CHIRONIUM ANTRUM ,
lieu dont parle ApoUodore , ^ité
par Ortélius.
CHIRONOMIE, mouvement
du corps y mais fur tout des mains ^
fort ufité parmi les anciens comé-
diens f par lequel , fans le fecours
de la parole, ils dédgnoient aux
fpeâateurs les êtres penfans »
dieux , ou hommes , foit qu'il fût
queilion d'exciter le ris à leurs
dépens , ou qu'il s'agit de les dé«
figner en bonne part. Cétoit auffi
un figne dont on ufoit avec les
enfans , pour les avertir de pren-
dre une pofture de corps conve-
nable. Cétoit encore un des exer-
cices de la gymnaflique.
CfflROPONIES , Chîropo* '
nia , (a) fêtes des Rhodiens , oii
les enfans mendioient en chantant»
Cette manière de chanter s'appel-
loit x^^^^^^l^i^ » chanter comme
les hirondelles.
CHIROPSALAS , Chiropfa^
las , l'on des furnoms donnés à
Bacchus.
CHIROTONIE , Chirotonia ,
yLstooTovia. y (^) imposition des
mains qui fe pratique en conférant
les Ordres facrés.
L'origine de ce terme vient de
ce que les Anciens donnoient leurs
fufFrages en étendant les mains ; ce
qu'exprime le mot Xs.foroy/a ,
compofé de x^h « ^^^^ à >maia.
CH
& de TgiV» ^tendo, je tends. C*e(l
pourquoi , chez les Grecs & les
Romains , Téleâion des Magif-
trats s'appelloit Xf/foToy/a ; com-
me il paroit par la première Phî-
lippique de Démoflhène , parles
harangues d*Efchinc contre Ctéfi*-
phon , & de Cicéron pour Flac-*
eus.
Il eft certain que dans jes écrits
des Apôtres ce ter jie ne figoifîe
quelquefois qu'une éle^ion , qui
n'emporte ^ucun caraôère , com*
me dans la féconde Épître aux
Corinthiens. Mais , quelquefois
auffi elle figni6e une confécration
proprement dite , & difiFérente
d'une (impie éle^Uon ; c'efi fuir
tout lorfqu'il efl parlé de l'ordina*
tion des Prêtres, des Évêques^
&c. comtne dans les Aâes , cùm
eonflUuiffent illu per finsulas Ec^
cUfias preibiteros [le Grec porte
%e//>cTo)'ii«r«i'Tfç ] 6* orajfent cum
jcjunatiombus.
Théodore de Beze a abafé de
cette équivoque pour jufli6er la
pratique dès Égljfes réformées «
en uaduiCant ce paiTage par ces
mots f cum per fuffirapa creajfem
presbyteros , comme fi les Apôtres
s'étoient contentés de choifir des
Prêtres en étendant la main a«
4atlteu de la tmiltitude , à peu près
comme les Athéniens & les Ro«>
mains choifiifotent leurs Magif-
trats.
Mais, les Théologiens Cathot-
4iques > Ôc entr*autres Fronton da
Duc , M. de Marca , 6c les PB.
:PetaQ & Goar , ont obfervé que
(s) Antiq. escpl. par D. Bem.
Montf* Tom* II. p. tix.
dei (6) A&a. Apoft. cl 14. t.
I CoriDcb. £pi(t U. c. 8. ?» if •
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CH
dans les Auteurs eccléfiafliques
X'f^oToria fignifie proprement
une confécration particulière qui
imprime le caraélère , 6c non pas
une (impie députation à un mi-
niûère extérieur , faite par le fim-
ple fufFrage du peuple , ôc révo-
cable à fa volonté,
CHIRURGIE , Chirurgia ,
fciènce qui apprend à connoitre &
à guérir les maladies extérieures
du corps humain , 6c qui traite de
toutes celles qui ont befoin pour
leur guérifon , de l'opération de
la main , ou de fapplication des
topiques. C'eft une partie confti-
tutive de la médecine.
Le mot de Chirurgie vient du
Grec x-'f •^/'7"' » ff^anualis opera'^
tio y opération manuelle , de y^nr^
manus , main, & de tf-^oif , opus ,
opération.
I. La Chirurgie eft fort ancien*
ne , 6c même beaucoup* plus que
la médecine , dont elle ne fait
maintenant qu'une branche. C'é- *
toit en effet la feule médecine
qu'on connût dans les premiers
âges du monde , oii Ton s*appli-
qua à guérir les maux extérieurs ,
avant qu'on en vint à examiner 6c
\ découvrir ce qui a rapport à la
cure des maladies internes.
On dit qu'Apis , roi d'Egypte ,
fat l'inventeur de la Chirurgie.
Efcolape fit après lui un traité des
plaies 6c des ulcères. Il eut pour
fucceffeurs les Philofophes des fie-
des fuivans , aux mains defquels
la Chirurgie fut uniquement con-
fiée , Pythaeore , Empédocles ,
Parménide , Démocrice , Chiron ,
Péon , Cléombrotus qui -^guérit
l'oeil d'Amiochns. Pline rappoi'te ,
CH 79
fur Tautorité de Caffius Hémina ^
qu'Arcagathus fut le premier Chi-
rurgien qui s'établit à Rome ; que
les Romains furent d'abord fort
fatisfaits de ce vulnerarius i corn*
me ils l'appelloient ; 6c qu'ils lut
donnèrent des marques extraor-
dinaires de leur eOime ; mais qu'ils
s'en dégoûteront enfuite , 6c qu'ils
le nommèrent alors du fobriquec
de Carnifcx , à caufe de la cruauté
avec laquelle il couj)oit les mem-
bres. Il y a même des Auteurs
qui prétendent qu'il fat lapidé
dans le champ de Mars ; mais ,
s'il avoit eu ce malheureux fort ,
il feroit furptenant que Pline n'en
eût point parlé.
La Chirurgie fut cultivée avec
plus de foin par Kippocrate , que
par les médecins qui Tavoient pré-
cédé. On dit qu'elle fut perfec-
tionnée en Egypte par Philoxène,
qui en compota plusieurs volu-
mes. Gerzias , Softrates , Héron ,
les deux Apollonius , Ammonius
d'Alexandrie, & à Rome Triphon
le père , Évelpiftus , 6c Mégès ,
la firent fleurir chacun en leur
tems.
II. L'état des Chirurgiens a été
différent , fuivant les révolutions
différentes que la Chirurgie a
éprouvées. On l'a vue dans trois
états différens , 6c les feuls qui
étoient poilîbles pour elle. De ces
trois états , deux ont été com-
muns à toutes les nations étran-
gères , 6c le troifième a été par-
ticulier à la France.
Le premier érat de la Chirur-
gie , celui qui ^nt nos yeux, com-
me le plus éclatant , du moins
chez les nations étrangères ^ ce
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8o . C H
fut celui ob cet arc (e troava après
la renaiHance des lettres dans
TEurope. Quand les connoiffan-
ces dies langues eurent ouvert les
tréfors des Grecs & des Latins,
il fe forma d*excellens hommes
dans toutes les nations & dans
tous les genres. Mais , ce qu*il y
eut de particulier, par rapport à
la Chirurgie , fur tout dans lltalie
& dans TAllemagne , c*eft que
cette fcience fut cultivée 6c exer-
cée par les mêmes hommes qui
cultivèrent la médecine ; de forte
que Ton vit dans les mêmes Sça-
vans , & des Chirurgiens admira-
bles, & de très-grands médecins.
Ce furenc-là les beaux jours de la
Cliirurgie pour l'Italie & pour
l'Allemagne. C'eft à ce tems que .
nous devons rapporter cette foule
d'Hornmes illuières , dont les ou-
vrages feront à jamais le foûcien
& rhonneur de l'une & l'autre
médecine.
La difpofition des loix avoit
favorifé la liberté d'unir dans les
mêmes hommes les deux arts ; ce
fut cette liberté même qui caufa
la chute de la Chirurgie. Il n'eft
pas difficile de fentir les raifons de
cette décadence. Les dehors de la
Chirurgie ne font pas attrayans;
ils rebutent la délicateile. Cet art ,
hors les tems de guerre , n'exerce
prefque les fondions qui lui font
propres que fur le peuple , ce qui
n'amorce ni la cupidité ni l'ambi-
tion , qui ne trouvent, leur avan-
tage que dans le commerce avec
les riches 6c les grands ; de-là les
Sçavans , maîtres de l'un 6c l'autre
arc , abandonnèrent l'exercice de
U Chirurgie. Les maladies médi-
CH
cales font les compagnes ordinai-
res des richefles 6c des grandeurs ;
6c d'ailleurs elles n'offrent rien
qui , comme les maladies chirur-
gicales , en éloigne les perfonnes
trop délicates ou trop feniibles ;
ce fut pour ces raifons , que ces
Hommes illuftres , médecins 6c
chirurgiens tout à la fois , aban-
donnèrent les fondions de la Chi-
rurgie , pour n'exercer plus que
celles de la médecine.
Cet abandon donna lieu au fé-
cond état de la Chirurgie. Les
médecins chirurgiens , en quittant
l'exercice de cet art , retinrent le
droit de le diriger , 6c commirent
aux barbiers les fondions , les
opérations de la Chirurgie , &L
l'application de tous les remèdes
extérieurs. Alors , le chirurgien
ne fut plus un homme feul âc
unique ; ce fuc un compofé monf-
trueux de deux individus ; da
médecin , qui s'arfogeoit exclu-
Tivemem te droit de la fcience ^
6c cpnféquemment celui de diri-
ger ; 6c du chirurgien manœuvre,
a qui on abandonnoit le manuel
des opérations.
Les premiers momens de cette
divifion de la fcience d'avec l'art
d'opérer , n*en firent pas fentir
tout le danger. Les grands maîtres
qui avpient exercé la médecine
comme la Chirurgie , vivoient
encore ; 6c l'habileté qu'ils s'é-
toient acquife , fufHfoit pour diri*
ger l'automate , ou le chirurgien
opérateur. Mais , dès que cette
race hippocratique , comme l'ap-
pelle Fallope , fut éteinte , les
préjugés de- la Cliirurgie furent
non uulement arrêtés , mais l'art
lui-même
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CH
hî-même fut prefqùe éteint ; il
n*en refta , pour ainfi dire , que le
nom. On ceflia de voir Texeinple
de ces brillantes , de ces efiicaces
opérations , qui du^regne des pre-
miers médecins av oient fauve la
vie à tant d*homines. De- là cette
peinture fi vive que fait Magatus
da malheur de tant d*infortuné$
citoyens , qui fe trouvoient aban-
donnés fans reflburce , lorfqu'âu-
nefois fart auroit pu les fauver ^
mais, ils ne pouvoient rien en
efpérer dans cette fituation. Le
chirurgien n ofoit fe déterminer à
opérer , parce qu*il étoit fans lu**
mières ; le médecin n*ofoit pren-
dre fur lui d*ordonner ^ parce qu'il
étoit fans habileté dans ce genre.
L'abandon étoit donc le feyl parti
qui reûât , tk la prudence elle-
même n'en permetcoit point d'au-
tre.
La Chirurgie Françoife ne fut
point expofée aux mêmes incon»
véniens. Une légidation , dont on
ne peut trop louer la fagefle ,
avoit donné à la Chirurgie le feul
état qui pouvoit la conlerver. Cet
état eft le troiûème où la Chirur-
^e s*eft vue , ôi qui jufqu'à nos
jours n'a été connue que de la
France.
Long-tems avant le règne de
François I , la Chirurgie £iifoit
un corps fçavant , mais unique-
ment pccupé à la culture de la
Chirurgie. Les membres de ce
corps poiTédoient la totalité de la
fcience qui apprend à guérir;
mais y ils n'étoient autorifés par la
loi qu'à faire l'application des rè-
gles de cette fcience fur les mala-
dies extérieures ^ 6c nullement fur
Tom. XI.
CH 8r
les maladies internes , qui faifoienc
le partage des phyficiens ou mé-
decins. La fcience étoit liée à l'arc
par des nœuds qui fembloient in-
diflblubles. Le chirurgien fçavant
étoit borné à la culture de (on art.
La vanité ^ l'ambition ou l'intérêt
ne pouvoient plus le diAraire pour
tourner ailleurs fon application.
Tout fembloit prévu ; toute four-
ce de défordre fembloit coupée
dans fa racine ; mais , la fageHe
des loix peut-elle toujours préve-
nir les effets des pailions , & les
tours qu'elles peuvent prendre ?
Les letttes , qui faifoient le par-
tage des chirurgiens François ,
fembloient mettre un frein éternel
aux tentatives de leurs adverfai-
res. Mais , enfin les procès & les
guerres outrées qu'ils eurent à
Ibûtenir » préparèrent l'aviliffe-
ment de la Chirurgie ; la faculté
de médecine appella les barbiers >
pour leur conner les fecours de la
Chirurgie minîArànte ; enfuite ,
elle les initia aux fondions des
grandes opérations de la Chirur-
gie ; enfin ^ elle parvint à faire
unir les barbiers au corps des
chirurgiens. La Chirurgie ainft
dégradée par fon aiTociation avec
des artifans , 'fut expofée à tour \€
mépris qui devoit fuivre une fi
indigne alliance. Elle fut dépouil-
lée , par un arrêt folemnel çn
1660 , de tous les honneurs litté-
raires ; & il les lettres ne $*e:^ile-
rent point de la Chirurgie , du
moins ne parurent-elles y reflet
que dans la honte & dans l'humi-
liation.
Par une efpèce de prodige ,
malgré les lettres pre/aue éteintes
F
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îz C H
dans le nouveau corps 9 la théorie
s'y conferva. On en fut redeva-
ble au précieux refte de Tàncien
corps de la Chirurgie. Ces grands
hommes , malgré leur humilia-
tion , malgré la douleur de fe voir
confondus avec de vils artifans ,
efpérerent le rétabliflement de
leur art. Ils conferverent le pré-
cieux dépôt de la doârine , & fi-
rent tous leurs efforts pour le
tranfmettre fidèlement à des fuc-
ceileurs , qui pourroient un jour
voir renaître la Chirurgie ; leur
zèle n'oublia rien.Parmi cette trou-
pe d'hommes avec qui ils étpienc
confondus , ils trouvèrent dans
quelques-uns des teintures des
lettres , prifes dans une heureufe
éducation ; dans d'autres > des ta-
lens marqués pour réparer , dans
un âge avancé , le malheur d'une
éducation négligée ; & dans tous
enfin , le zèle le plus vif pour la
confervation d'un art qui étoit de-
venu le leur.
Ce fut ainfi que la Chirurgie
fe maintint dans la poneiTion de
la théorie. Ce fut le fruit des fen-
timensque ces pères dei'art, refle
de l'ancienne Chirurgie, fçurent
înfpirer à leurs nouveaux affociés.
Mais, cette poiTeffion n'étoit pas
une pofleffion d'état , une poiTef-
fion publique autorifée par la loi ;
c'étoit une pofTeflion de fait , une
.poiTeffion furtive, qui dès-lors ne
£ ou voit pas long'tems fe foûtenir.
a féparation de la théorie , d'a-
vec les opérations de l'art» étoit
la fuite infaillible de cet état, & la
Chirurgie fe voyoit par- là fur le
penchant de Ùl ruine. On fentit
même plus que le préfage de cet--
CH
te décadence , &l Ton ne doit
point en être furpris ; car , les
diâées & les leâures publiques
étant interdites , on n'avoit d'au-
tre moyen que la tradition pour
faire paiTer aux élevés les connoif-
fances de la Chirurgie ; & l'art
dut néceiTairement fe reiTemir de
rinfuffifance de cette voie, pour
tranfmettre Tes préceptes.
La perte de la Chirurgie étoit
donc alTurée. Il ne falloit rien
moins pour prévenir ce malheur ,
qu'une loi fouveraine qui rappel-
lât cet art dans Ton écat primitif.
L'établiiTement de cinq démonf-
trateurs royaux en 1724 , pour
enfeigner la théorie &c la pratique
de l'art, la fit efpérer. Bientôt
après y elle parut comme prochai-
nement annoncée en 173 1 par la
formation de l'académie royale de
Chirurgie dans le Corps de Saint
Côme ; & ce fut enfin TimpreiSon
du premier volume des mémoires
de cette nouvelle compagnie , qui
amena l'inftant favorable où il
plut au Roi de prononcer. Cette
loi mémorable non feulement; pré-
veint en France la chute de la
Chirurgie , mais en aiTure à ja-
mais la confervation & les pro»
grès, en fermant pour toujours
les voies par lefquelles on avoit
penfé conduire la Chirurgie à fa
perte.
III. Suivant le droit Romain ,
oh l'impéritie étoit réputée une
faute , le chirurgien étoit tenu de
l'accident qu'il avoit occafionné
par fon impéritie. Mais , parmi
nous , un chirurgien n'eil pas reC»
ponfable des fautes qu'il fait par
ignorance ou par impéritie ; il faut
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CH
quil y ait du dol ou quelqu*autre
circonftance qui le rende coupable.
CHITON , Ch'uon , XiTûîr ♦
(a) nom que les Grecs donnoient
à leur habit le plus ordinaite ; &
cet habit étoit la tunique , efpèce
de robe , qui defcendoit jufqu'aux
genoux, & quelquefois jufqu'aux
talons. Ils appelloient ces tuniques
longues , «ïto/m/ïm; X'''"*^''*
CHITONE, Chitone,{h) fur-
nom de Diane. Elle fut ainfi ap-
pellée, du culte qu'on lui rendoit
dans un petit bourg de TAttique ,
ou peut-être du mot Grec X''^ùûy%
habit , parce qu'on lui confacroit
les premiers habits des enfans. On
la nommoitaufli Chitonie.
CHITONÉADE, Chitoneas,
(c) efpèce de danfe en l'hon-
neur de Diane. On y jouoit de la
flûte.
CHITONIE, Chltonia, fur-
nom de Diane , le même que ce-
lui de Chirone, Foye^ Chitone.
CHITONIES . Chïtonia, (d)
Çêtes que Ton célébroit en l'hon-
neur de Diane de Chitone , village
de l'Attique , d*ou cette Diane fut
appellée Chitonie.
CHITONISQUE , Chitonif^
eus , X/T<»fiVx»ç » (e) nom d'une
tunique de laine que les Grecs
portoient fur la peau , & qui leur
fervoit de chemife. Les Romains ,
qui avoient le même vêtement »
l'appelloient fubucula»
(*) Antîq. cxpl. par D* Bern. de
iklontf. Tom. III. pag. 3.
(*) Amiq. cxpl. par D. Bcrn. de
Monif. Tom. II. pag. jï».
(c) Antiq. expl. par D. Bern. de
Montf. Tom. III. pag. 31X.
{d) Antiq. expl. par D, Betn. de
Mom£ T. II. p. xia.
CH 85
CHIUS, Chius, X-c;, (y)
£ls de Neptune & d*une nymphe»
Il eft parlé de Chius au commen-
cement de l'article de Chio. Foyei^^
cet article.
CHIUS , Chius , un des jet$
des dés* Quelques Auteurs pen-
fent que c*étoient les trois trois ;
d'autres , les trois unités»
CHLAMYDE, a/tf/nyj, {g)
forte d'habit » qui fut fur tout cil
ufage chez les Grecs & chez les
Romains. On le mettoit fur la
tunique comme un furtout ou
comme un manteau. Voilà ce qu'il
y a de certain ; car , pour ce qui
eft de fa forme , les Auteurs ne
font pas plus d'accord entr'eux ^
que fur la plupart des autres vê-
temens des Anciens. Quelques-
uns ont dit que c'étoit la même
chofe que la toge Romaine ; mais ,
ce fentiment eit rejette de la plu-
part. D'autres difent plus vraifem-
blablement que la Chlamyde ne
difFéroit point du fagum ou palu-
damentum , fondés fur Tétynrolo-
gie , qui dit que la Chlamyde eft
ce qu'on appelloir (ra7cç % & fur la '
définition de Nonius qui aHure
que le paludamentum étoit ce que
l on appelloit de fon tems , Chla-
ftiyde. Chez les Grecs on fe fer-
voit de cet habit en guerre & en
paix > comme plufieurs Auteurs
en font foi.
La Chlamyde étoit toute ou«
{$) Antiq. expl. par D. Berû. de
Montf. Tom. III. pag. 4.
(/) Pauf. p. 404. ^ ^ .
(/) Antiq. expl. pat D. Bcrn. de
Montf. Tom. III. p. 6. «Jr friv, Mém.
de TAcad. des Infcripc. & ficll. Lecc.
T. IX. p. 185 1 186.
Fij
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84 C H
verte , & s'attachoit avec une
boucle fur l'épaule , enforte que
le côté oîi s'attachoit la boucle
étoit tout découvert. On mettoit
ordinairement la toucle fur l'é-
paule droite , afin que le bras
droit denieurat libre , comme on
robferve fur lès monumens*
Il y avoit deux fortes de Chla-
mydes y la Macédonienne , & la
commune \ la Chlamyde Macé-
donienne étoit» félon quelques-
uns , fermée à rextrêmité d'en
bas ; on prétend trouver la forme
de la Chlamyde commune dans
ce paffage de Macrobe : Les An-
ciens cm dit que toute la terre ha^^
hitahle étoit femblable à une Chla*
myde étendue. Mais , Rubénius
foûtient qu'il n'y avoit aucune
différence entre ta Chlamyde Mai-
cêdonienne & la commune, 11 eft
en effet fort difficile d'entendre
comment une Chlamyde , qui
étoit une efpèce de manteau , pou-
voît être fermée à Fextrêmité
d'en bas. Le paffage d'Ammonius
qu on allègue pour prouver qu'elle
étoit fermée en bhs , peut fort
bien s'entendre en cette manière »
que la Chlamyde Macédonienne
étant fort large , les deux côtés
fe réunifToient par le bas » fans
€tre joints ni cou fus enfemble ,
comme les deux cô;és de nos
manteaux fe touchent fans être
attachés l'un à l'autre.
Démétrius , roi de Macédoine ,
dit Plutatque , fit faire une Chla-
fnyde de grand prix , qui avoit la
figure du monde , & qui repré-
fentoit les aflres; ce qui femble
marquer une Chlamyde étendue
& qui n'eft pas fermée, Pline efl
CH
plus clair , lorfqu'il dit que Dîno-
charès qui bâtit Alexandrie , fous
les ordres d'Alexandre le Grand ,
donna à cette ville la forme d'une
Chlamyde Macédonienne ; qu'elle
avoit la rondeur de la Chlamyde
avec quelques inégalités fur les
bords , & que fes deux angles
s'étendoient à droit & à gauche ;
ce qui marque évidemitient que
la Chlamyde Macédonienne n'é-
toit pas jointe en bas aux angles
des deux côtês« Cela prouve en
même tems que la Chlamyde
Macédonienne ne différoit point
des autres Chlamydes , hors peut-
être pour la grandeur.
11 faut convenir que ce nom de
Macédonienne , donné par les
Auteurs à cette efpèce de Chla«
myde , femble marquer quelque
diiOférence ; mais , on ne fçauroic
dire précifément en quoi elfe dif-
féroit des autres ^ non plu> que U
Theffalienne , dont parle Héfy*
chius ôc les autres Gramipairieas,
& à laquelle Philoflrate ^ dans k%
Héroïques, femble donner une for-
me particulière»
La ChUmyde étoit aufli eo
ûfage chez les Romains ; nous
trouvons dans les anciens monu-
mens plufieurs Empereurs & offi-
ciers d'armée avec cette forte de
manteau qu'on appelloit paluda-
mentum. S'il étoit la même chofe
que la Chlamyde , comme il y a
apparence » & comme le dit ex-
preffément Nonios Marcellus ,
nous ne manquons pas de figu-
res de la Chlamyde. D. Bernard
de Montfaucon nous en donne un
nombre dan« fes amiquhés. Il efl
viaifemblable que l'Éphefiride
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CH
étoît la même chofe que la Chla-
myde ; Ariémidore dit expreffé-
ment que ce qu'on nommoit Chla-
oiyde y s'appelloit auffi Man-
dyas , Épheftride & Birrhus.
Certains prétendent qu'il y avoît
quatre ou cinq efpèces de Chla*
mydes , celle des enfans , celle
des femmes, & celle des hom*
mes ; & parmi les Chlamydes des
hommes , on diflineuoit celle du
peuple & celle de TEmpereur.
^ CHLAMYDIA, a/^/wy</w,
l'un des noms , qu'a porté lifle
de Délos. Voyej^ Délos.
CHLANIS , CHLANIDION ,
Chlanis , Chlanidion, V, Chlene.
CHLARHILES [ la Nation
des ] , ChlarhUorum gens. C'étoit
on peuple des Gaules près du
Rhône , félon FeOus Aviénus,
ou plutôt félon les éditions qu'a
eues Ortélius ; ' car , celle d'Ox-
ford porte Chahilcorum.
CHLENE 9 Chiana , X}iatfct ,
U) efpèce de vêtement , que les
Romains appelloient Lene * étoit
en ufage dès les tems héroïques.
Cétoit une efpèce de furtout » qui
fervoit à garantir du froid & des
autres injures des faifons.
Il y en avoit de doubles , &
d'autres toutes (impies fans four*
rore ; on s'en fervoit la nuit com-
me de couverture. On donna à
Priam , lorfqu'il coucha dans la
tente d'Achille , des Chlenes four-
rées pour fe couvrir la nuit. Saint
Benoit veut qu'on en donne une à
chaque religieux , fans doute pour
cet ufage : Stramenta autcm Icfto'
Tumfu^cîant matta , fagum , /<f-
, CH 8î
na & capitale. Dom Bernard de
Montfaucon croit que le religieux
fe mettoit dans le fagum ou le
faie, & qu'il fe couvroit de la
Chlene. On s'en fervoit à la guer-
re , comme on peut le voir dans
l'Odyffée d'Homère. Il n'eft guè-
re ^'habit, dont l'ufage fe trouve '
plus fréquemment dans les Au«
teurs. Il eft quarré , dit Ammo*
nius ; figure propre à fervir la nuit
comme le jour.
Il y avoit un autre habit à peu
près femblable pour la forme,
qu'on appelloit Chlanis ou Chla-»
nidion , qui étoit d'une étoffe plus
légère & plus douce , & qui fer-
voit aux femmes aufli-bien qu'aux
hommes. On croit auffi que U
fifyre écoit une efpèce ou Chlene
d'une étoffe plus groflière , & qui
fervoit auffi le jour & la nuit.
Le Chlanidion fe nommoit en-
core Hymation. Il paroit par celui
qu'on voit à la femme de Prufias ,
préfet de Tifle de Cos , qu'il ne
defcendoit pas jufqu'aux talons.
Le Chlanidion faifoit auffi [>artie
de l'habillement des Babyloniens ;
mais , il ne defcendoit pas ù bas
aux Babyloniens qu'aux femmes
Grecques.
CHLÉNÉAS , CfiUneas , (^)
Étolien , qui fut député vers les
Lacédémoniens pour les engager
à entrer dans un traité , que teux
de fa nation avoient fait avec les
Romains. Il repréfenta vivement
aux Lacédémoniens , tous les
maux dont les rois de Macédoine
les avoient accablés ; le deffeia
qu'ils avoient toujours eu » &
C*> Antiq. cxpU par D, Bern.
Mootf. T. m. p. 8«
de I (*) RoU. Hia. Ane. T. IV. pag. 408 j^
1^ p ...
t ni
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8^ , CH
qu'ils avoîent encore d*opprîmer
la liberté de la Grèce » en parti-
culier l'impiété facriiege dont avoit
ufé Philippe en pillant un temple
dans la ville de Therme ; la noire
perfidie & la cruauté qu'il avoit
exercées contre les Meuéniens* Il
ajouta qu'ils n'avoient rien à
craindre de la part d^s Achéens ,
lefquels , après toutes les pertes
qu'ils a voient faites dans la der-
nière campagne, fe trouveroient
fort heureux de pouvoir défendre
leur pais ; que pour Philippe ,
. quand il Verroit les Étoliens les
attaquer par terre , les Romains
& Attale par mer , il ne fongeroit
point à porter Tes armes dans la
Grèce. Il conclut , en demandant
que les Lacédémoniens perfévé-
radent dans l'alliance qu'ils avoient
faite avec TÉtolie » ou que du
moins ils demeuraient neutres.
, Le fragment de Polybe , oii cette
harangue eil rapportée , en de-
meure là , & ne marque point
quel en fut le fuccès.
CHLÉVOCHARME , ChU^
yocharmus , %\suoXf*Pf*o^* W C'é-
toit un homme , que Lucien re-
préfente fans chapeau ni (buliers ,
couvert d'un méchant manteau ,
ii qui parloit entre fes dents.
CHUDON , Chlidon , X>r-
/ûtfr» {éi) Thébain, Hippofthéni-
<las, l'un de ceux qui s'étoient
joints à Pélopidas pour délivrer
Thebes de la tyrannie d'Archias
& de Léontidas j vint à sHmagi-
ner que c'étoit une entreprife trop
pleine de difficultés & d'obfiacles ;
CH
& îl réfolut d'engager les conju-
rés à différer du moins l'exécution.
Il leur dépêcha pour cet effet Chli-
don qui étoit un de fes amis. Chli-
don s'en va chez lui en diligence,
tire fon cheval de l'écurie , & com-
mande à fa femme de lut apporter
la bride. Sa femme , ne fçachanc
où elle étoit , & ne pouvant la
trouver , dit qu'elle l'a prêtée à
un voifin. Chlidon s'emporte ; on
en vient aux injures , & de- là aux
malédiâions. Sa fethme vomit
contre lui les imprécations les
plus affreufes , & prie les dieux
que fon chemin lui foit funefte à
lui & à ceux qui l'ont envoyé ;
de forte que Chlidon ayant perdu
par fon emportement la plus gran-
de partie du jour à ce démêlé , &
. tirant même de ce qui venoit d'ar-
river une fprte de mauvais augure,
renonce à ce voyage , & va d'un
autre côté. On dit qu'il alla cher-
cher Hippothénidas & ne l'ayant
pas trouvé , il alla chez un des
conjurés oU il fe doutoit bien qu'il
le trouveroit ; & il y alla pour lui
dire d'envoyer un autre meiïàger
à fa place. Ce fut cependant ce
retardement même de Chlidon,
qui fauva la ville de Thebes , par-
ce que pendant ce tems-là Pélb-
pidas 6c ceux de fa bande y en-
trèrent , & exécutèrent leur def*
fein contre les tyrans.
CHLIDON , Chlidon , X>f-
/«F , (c) forte de bracelet , qui
étoit en ufage çhe:& les Grecs &
chez les Romains.
CHLOE , Chloe , {d) furnom
(s) Lucian. T. II. p. 1005-
(h) Plut. T. I. p. 981.
Iç) Antiq. expl. ^ D. Itercu é
JMontf. Tom. III. p. 50.
{d) Hom. L. UU Ode. ap. r. 1^
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CH
que Ton donnoit à Cérès. Horace
^ parle de Chloé , qu'il appelle ar-
rogante.
CHLOÉ, Chloe, Xaoh, {a)
dame Chrétienne de la ville de
Corinthe , qui fît avertir S. Paul
des contefiations furvenues encre
les fidèles au Ai jet des difFérens
partis qu'ils épouibient » l'un di-
Um je fuis a Paul y Vzutre je fuis
à Apollos f l'un je fuis à Pierre ,
& l'autre je fuis à Jefus-Chrift.
L'Apôtre entreprit d'étouffer ces
faâions , en leur repréfentant que
Paul , Apollos & Pierre n'avoient
pas été crucifiés pour eux , & qu'il
n'y avoit que Jefus-Chrifî qui fût
leur Sauveur ; que Jefus-Chrifl
nëtoit point divifc pour faire tant
de partis, & exciter tant de tumul-
te; que Paul , Apollos & Céphas
ne prêchoient & ne bâtifoient
point pour fe faire des feâateurs,
mais pour gagner des membres
& des difciples à Jefus-Chrifl.
Au refte , Chloé n'écrivit pas
elle-même à Saint Paul ; mais ,
elle fit écrire par quelques-uns de
fa maifon. Saint Chry foftôoie con-
jeâure qu'elle employa pour cela
Etienne, Fortunat & Achaïque ,
qui étoient les premiers de l'A-
chaïe. Quelques-uns ont pris
Chloé pour un homme; mais,
c'eft un nom de femme,
CHLOIES , Chloia , {b) fêtes
que l'on célébroit à Athènes. On
immoloit à cette fête un bélier à
Cérès. Quoique Paufanias dife
que cette dénomination a quelque
chofe de myûérieux , M. Potter
CH 87
dit, avec vraifemblance y qu'elle
peut venir de Chloé , herbe , nom
qui convient à la DéefTe des moif^
ions.
CHLORÉE , Chloreus , (c)
capitaine Phrygien ou Troyen ,
qui étoit confacré à Cybele. I(
avoit été autrefois prêtre dans le
temple de cette Déefle.
Dans une bataille, oii Camille,
reine des Volfques ,^ombaitoit
contre les Troyens , Chlorée
s'offrit par hazard aux yeux de
cette Princefle , avec des armes
éclatantes, monté j|ar un courtier '
écumant , dont la houife étoit une
peau garnie d'or & couverte d*é-
cailles de bronze , en (orme de
plume. Ses habits étoient d'une
teinture étrangère , couleur de
pourpre. Une agraffe d'or re-
trouiîbit fon manteau militaire de
(in )aune. Son arc de corne étoit
de Lycie , & fes flèches de Gorty-
ne ; fes tuniques & fes brode*
quins , à la manière des Barba*-
res , étoient brodés. L'or éclatoit
fur le cafque de ce Prêtre , fur fon
carquois , & fiir fon arc. Camille ,
foit pour avoir la gloire de fuf-
pendre des armes Troyennes à la
porte d'un temple , foit pour
le parer elle-même de ces fuper-
bes armes dans les forêts , ne
cherchoit qu'à combattre contre
ce Phrygien , dont la brillante
dépouille , excitant la cupidité de
fon fexe , étoit l'objet de fes aveu-
gles défirs. Tandis que fans pré-
caution elle s'avance pour l'attein-
dre > Aruns lui lance fon dard.
{a) Ad Corinth. £pifi. I. c. 1. v. 11. iMontf. Tom. H. p. xi%.
ér fi<i, I (e) Virg. i£neid, L. XI. v.
ib) Antîq. expL par P. Bern. de|/ff. L. XU« v. 36^*
Fiv
768.*
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88 CH V
dont il la blefle à mort. Pour
Chlorée , il fut tué depuis par
Turnus.
CHLORIS, Chlorls,XxZpiÇy
(a) la plus jeune des filles d*Am-
phion & de Niobé , naquit à
Orchomène , ob regnoic fon père,
Nélée répoufa à cauf'e de fa par-
faite beauté , après lui avoir fait
une infinité de préfens très- ma-
gnifiques* Elle régna avec lui à
Pylos , & lui donna trois fils ^
Neftor, Chromius& le fier Péri-
clymène , & une fille nommée
Péro , qui , par fa beauté & par
fa fageile , fut la merveille de
fon temSé
L'on voyoit à Argos dans le
temple de Latone, une flatue de
Chloris* Les Argiens prétendoient
que le premier nom de cette prin-
cefTe fut Mélibée ; qu'Apollon 6i
Diane immolèrent à leur reffen-
timent tous les enfans d'Amphion,
à la réferve de cette jeune fille ,
& de fa fœur Amyde , qui feules
avoient bien voulu implorer les
bontés de Latone ; que Mélibée
effrayée de la colère de ces divi-
nités n'avoit pu s'empêcher de
marquer fa crainte par fa pâleur,
& que cette pâleur lui étant tou-
jours reftée depuis , on a voit chan-
gé fon nom de Mélibée en celui
de Chloris. Si Ton en croit les
Argiens , ce furent ces deux filles
qui firent bâtir un temple en
l'honneur de Latone ; mais » pour
tnoi , die Paufanias , qui m'atta-
che à Homère plus fcrupuleufe-
ment que les autres , je ne puis
CH
croire qu'il foit refté aucun des
enfans de Niobé ; le Poëte s'en
explique affez nettement :
Pas un ne fe fauva de leur juflc
courroux.
On peut juger par ce vers fi Ho-
mère n'étoit pas perfuadé que tou-
te la race d'Amphion avoit été
détruite.
Le nom de Chloris en Grec
(x^mÇiQ pallidus , pâle.
Les Éléens difoient que Chlo-
ris fut la première qui remporta
le prix de la courfe, aux jeux qui
avoient été inditués en Thonneur
de Junon.
CHLORIS, Chloris^ Xx^piç^
déefle des fleurs , la même que
Flore , qui fut mariée au vent
Zéphire.
CHLORIS , Chloris , XaS^/ç»
femmf d'Ampyx, duquel elle eut
Mopfus.
CHLORON, Chloron, {h)
terme qui fe \k fur un monument.
M. le comte de Caylus l'interprète
ainfi : Collyre , efpèce de diar-
rhodon , â colore viridi,
CHLORUS, Chlorus, rivière
de l'Afie mineure dans la Cilicie »
félon Pline.
e H N A , Chna. Etienne de
Byzance dit : c'ed ainfi que l'on
appelloit autrefois la Phénicie.
Saumaife , ne trouvant aucun
Ancien qui lui ait donné ce i^om,
croit qu'Etienne de Byzance avoit
écrit : c'ed ainfi que s'appelloit
une ville de Phénicie. Mais, le
içavant Bochart a beaucoup mieux
[s) Homer. OdylT. L. XI. v, 280. ér | T. VI. p. 97.
/f^. Pauf. p. i»4> Î18 , 665. Myih. pari (*) Recueil d'Anwq. par M. le Cûmtt.
M. TAbb. Ban. Tum. IV. p, 196 » i97.|deCayl. Xom. I. p. %%f.
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CH
rencontré , lorfqu'il a dit que Chna
e(l un diminutif de Chanaan , &
le mot Chna fe trouve dans Phi-
Ion de Bibbs , interprète de San-
clîoniaton , dont Eurebe nous a
confervé quelques tVa^mens.
CHNODOMAIRE, Chno-
domarius , roi des Allemands ,
vainquit Décence , frère du tyran
Magnence , en bataille rangée »
fous l'empire de ConOance , l'an
ce J. C. 351, courut les Gaules ,
lîi ravagea fans réfilUnce , &
filla plufieurs villes fort riches.
Julien , après une grande vidoire
cu'il remporta fur lui près du
xhin , le fit prifonnler en 3 57 , &
ienvoya à Tempereur Confiance
â Rome , où il mourut de ma-
hdie.
CHNOUBIS , ou Chnou-
Ms , Chnoubis , Chnoumîs , {a)
>you£); , XK:t/^:ç. On remarque
qie cette Infcription Chnoubis fe
rencontre affez fouvent fur les
^.braxas, & que quelquefois au
liîu du X il y a une croix parfaite
anfi f . Saumaife croit que c'eft
m des trente-fix doyens, qui,
fdon les Gnoftiques , préfidoient
à coût le Zodiaque. Ne pourroit-
01 pas dire que la croix efl là
pour un A » 6c qu*il faut lire
A'it/fe<ç , Anubis , dieu des Égyp-
tiais, qui fe trouve aflez fréquem-
ment fur ces pierres.
CHOANE, Choana y X^av*,
(h) ville d'Afie dans la Médie ,
feUn Ptolémée. Quelques exem-
plares portent Choave. C'eft la
(é Anciq. expl. par D. Bcrn# de
Monrf. Toin. II. pag. }6i,
(*) Ptolem. U Vï. c. i.
(c) Piolcm. L. VI. c. 5.
CH «9
même que Diodore de Sicile, ap-
pelle Chaoi\e.
CHOANE , Choana , Xd%»fle «
(c) ville d*Afie dans la Panhie^
félon Ptolémée.
CHOANE, Choana y Xiorvof,
{d) ville d' Afie dans la Badriane ,
félon ïe même.
CHOANIENS, Choani, {e)
peuples de TArabie heureufe , fé-
lon Pline. On lit dans les Meta-
morphofes d*Ovide :
Infiabant parte fini/ira
Chaonius Molpeus ; dextra Naba^
thaus Ethemon.
Quelques Commentateurs d'O-
vide l'expliquent de la Chaonie
contrée d'Épire ; mais , comme
Tont judicioufemetu remarqué
d'autres Critiques qui ont travaillé
fur cet Auteur ; pourquoi Ovide
auroit-il mis un Grec encre des
Arabes dans un combat donné
en Ethiopie au fujet du mariage
d'Andromède ? Ils ont bien vu
qu'il falloit lire dans Ovide Choa-
nius , & non pas Chaonius. Le
P. Hardouin eft auffi de ce fen-
timenc. On objeéle que les ma-
nufcrits portent tous fans varia-
tion , Chaonius , excepté celui de
Leyde oîi Ton lit Cahonius ; cette
uniformité prouve tout au plus
que la faute eft ancienne , &
qu'elle a été copiée par un grand
nombre de gens , qui n enten»
doient pas ce qu'ils écriv oient.
CHDASPES , Choafpes ,
(i) Ptolem. L.VI. eu.
\e) Plin. T. I. p, 340. Ovid. Mctam,
L. V. c. s.
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9o^ CH
Xo/>tm; , (a) fleuve d'Afie , qui
avoit fa fource dans les monta-
gnes de Médie , au-deffus d'Ec-
batane , ville fituée fur les rives
de ce fleuve. Pline dit qu'il fe
jetcoit dans le Pafitigris.
Strabon , qui fait auflS mention
du Choafpes , rapporte que félon
Polyciete, le Choafpes, TEulée
& le Tigre, c'eft-à-dire, lePafi-
tîgris , fe joignoient dans un même
lac ^ & fe rendoient de-là dans la
mer; ce qu'il faut entendre du
golfe Perfique. Le même Au*
teur , parlant de la ville de Sufe ,
dit : n Elle eft fituée au milieu des
9 terres au de-là du Choafpes
» auprès d'un pont ; la Sufiane
» s'étend jufqu'à la mer ; & fa
» côte eft depuis les frontières
» de celle de Perfe jufqu'à l'em-
» bouchure du Tigre , environ
» Tefpace de trois mille ftades.
» Le Choafpes, qui traverfe la
» Sufiane, finit à cette côte , & a
» fpn origine chez les Uxiens. a
Cette dernière opinion de Strg-
bon n'eft point exa£le , Ci la pofi-
tion que M. d'Anville donne aux
Uxiens , dans fa carte des AiTy-
riens & autres peuples d'Afie, eft
jufte ; car , il les met dans les
montagnes près de la Sufiane.
L'eau du Choafpes , au rapport
de Quinte-Curfe , étoit fort cé-
lèbre pour être exquife & déli-
cieufe à boire. Et Hérodote par-
lant des préparatifs , qu'on avoit
faits pour une expédition de Cy-
rus , dit que Ton portoit entr'au-
tres chofes de l'eau du fleuve
CH
Choafpes qui paiToit dans Sufe,
parce que le Roi ne buvoit point
d'autre eau que de cette rivière.
Une quantité de chariots qui
étoient traînés par des mulets y
portoient dans des vaifleâux d'ar-
gent , cette eau qu'on avoit fait
auparavant bouillir , & fuivoient
par tout le Roi.
CHOASPES , Choafpes , {h)
Xoa0-7Mç y fleuve des Indes , qai
naiflbit au monc Paropamife> &
alloit tomber dans le Cophé.
Quinte-Curfe fait mention de ce
fleuve. Selon cet Hiftoricn , Ale-
xandre le pafla, dans fon expéd-
tion des Indes. L'embouchure du
Choafpes dans le Cophé étoit aa-
deflus de TArachofie.
CHOBA , Ckoba , Xa^U. (c)
Le livre de Judith , félon les Sep-
tante , dit que les Ifraëlites ayant
appris la mort d'Holopherne , &
voyant que les Aflyriens s*ett-
fuyoient en défordre , les pour-
fuivirent jufqu'à Choba , les paf-
fant au fil de Tépée. La Vulgate
ne nomme point ce lieu^ & et
fimplement , ^ jufqu'à l'extrémité
des frontières. Dans le verfei pré-
cédent , on lit qu'Ozias envoya
à Béthomafta , à Bébaï , à Cho-
baï , à Cholam ôi à toutes les ex-
trémités de la terre d'Ifraël peur
leur porter la nouvelle, de ce qui
venoit d^arriver , & les avertir de
tomber tous enfemble for l'ente-
mi qui s'enfuyoit.
CHOBAR, ChoBar, XoCtp^
(i) fleuve dont il eft parlé dans
le prophète Ézéchiel. Ce propteiQ
(a) Plin. T. I. p. 35?. Strab. p. 7*8. le. 10.
Q. Curt. L. V. c. 1. Hero4. L. I. c. 188. | (r) Judith, c. 15. 7. y , 6.
(&J Strab. pag. 697, Q. Cuit. L, Vill, I {d) £zech, c. 1. v« 1. ë>* /«f^
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CH
ëcoît fur îe bord du fleuve Cho-
bar , lorfqu'il eut des vifions di-
vines. Fbye^ Chabor.
CHOBUS , Chohus , fleuve de
la Colchide. Arrien , dans fa lettre
à l'empereur Adrien , contenant
on Périple du Pont-Euxin , comp-
te du (Charles au Chobus 90 fia-
des ; de - là au fleuve Singame
210 Aades tout au plus ; & il en
met 630 du Chobus à Sébaflopo-
lis. Agathias le nomme àuffi Cho-
bus , & Pline lit Cobus fans afpi-
ration ; il dit qu'ayant fa fource
dans le Caucafe, il traverfe le
pais des Suanes.
La carte de la Colchide » par le
père Lamberti, marque bien ce
fieuve, & on y avertit que les
habitans le nomment Copî ; mais ,
il y a une erreur confidérable ;
c'eft qu'il met le Sigamen au Sin-
game d* Arrien entre le Phafe &
le Chobus , au lieu que le Cho-
bus eft , félon Arrien témoin ocu*
laire , entre le Phafe & le Singa-
me. De plus , il fait tomber cette
dernière rivière dans le Phafe , de
forte qu'elle ne va point félon ce
Père jufqu'à la mer. Or , Arrien
dans fon Périple ne fait mention
que des embouchures des rivières
qu'il vit en côtoyant le Pont-
Euzin, & en faifant le tour par eau,
félon que portoit la commiflion ,
dont Adrien l'avoit chargé. S'il
entroît dans quelque rivière » il
avoit foin d'en avertir , comme
il fait en parlant du Chobus.
CHOCHOME , Chochome ,
lieu d'Egypte, dans lequel Véne-
{À) Ezech. c. 17. V. i/Ç.
. (*) Juft. L. XXIV. c. «.
(0 GeAcC c. 14. V. I. é* fij* M6n.
CH 9t
phes V , roi des Thinîtes , fit éle-
ver des pyramides , fuivant Hé-
rodote , cité par Moréri.
CHODCHOD , Chodchod ,
(tf) nom d'une forte de marchan-
diies, que le prophète Ézéchiel
met parmi celles que Ton appor-
toit à Tyr. Les anciens Interprè-
tes ont confervé ce terme dans
leurs traduâions, ne fçachant ce
qu'il fignifioit. Saint Jérôme avoue
qu'il n'en a pu trouver la fignifi-
cation ; le (Jhaldéen l'entend des
perles ; d'autres , de l'onyx , ou
du rubis , ou de l'efcarboucle , ou
du cryilal , ou du diamant. Cha«>
cun devine comme il peut*
CHODION ,'Chodion , (b)
l'un des favoris d'Afinoë , fœur
& femme de Ptolémée , roi de
Macédoine. Il fut député par cette
Princeffe vers Ptolémée , lofC-
qu'elle voulut contraâer avec lui
un mariage , dont les fuites furent
fi funedes, & pour elle & pour les
enfans ^ qu'elle avoit déjà eus d'un
autre mari.
CHODORLAHOMOR , (c)
Chodorlahomor , Xo/oMo70f(op , roi
des Élamites , au tems d*Abraham.
Ce Prince , s'étant joint au roi de
Sennaar 6c à deux autres Rois ^
porta fes armes au midi de TEu-
phrate , & obligea les petits rois
de Syrie & du pais de Chanaan à
lui payer tribut. Ces Princes , étant
demeurés fournis pendant douze
ans , tentèrent de (êcouer le joug
la treizième année ; ce qui obligea
Chodorlahomor de venir avec fes
alliés dans ce pais. Les Chana-
de TAcad. des Infcript. & Bell. Lett.
Tom. III. pag. 348. T. V. p. 334, 335,
386.
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92 CH
néens furent battus ; maïs , Abra-
ham étant tombé pendant la nuit
for l'armée viftorieufe avec fes
fjens & ceux de trois de fes amis ,
a tailla en pièces , & reprit tout
le butin que ces rois emmenoienc ;
ce qui montre que Tarmée de ces
quatre Princes ligués n'étoit pas
confidérable. Comme dans tout
lerede de la Génèfe ilneftplus
parlé de ces rois d*Élam & de
Sennaar , il y a grande apparence
que la viftoire remportée pat
Abraham leur ôta Tenvie de paf-
fer davantage TEuphrate , pour
faire de nouvelles courfes au midi
dé ce fleuve.
CHŒAC y Chœac , Xo/erx %
Îa) nom d*un des mois de Tannée
égyptienne y félon Plutarque. Ce
mois répondoit à notre mois de
Décembre.
ÇHOÊNICIDES , Chocnici^
des. Ce mot , qui fignifie de petits
boiffe^ux f eft le nom que les
Grecs , établis à Sinope fur le
Pont-Euxin , donnoient à certains
creux enfoncés dans les rochers ^
& qui fe rcîmpliflbiem d'eau lorf-
que la mer étoit haute. Les Sino-
péens y pêchoient en abotidance
le poifTon qu'ils nommoient pela-
mides , 6c qui , félon. Rondelet ,
font de jeunes thons*
CHCENIX , Chanix , (h)
X^mg k forte de mefure Greque ,
qui fut adoptée par les Romains.
Quatre mefures différentes
avoient le noth de Chœnix. La
plus petite 9 communément appel-
léc Chœnix Attîque , ayoit trois
CH
cotyles Attiques; la feconde en
avoit quatre. On en comptoit fis
à la troifième, & huit à là qua-
trième , qui eft celle dont Fan-
nius a parlé comme d'une mefure
naturalifée à Rome. Aucun An-
cien que nous connoilHons , n'a
dit qu'elle fût Attique ; mais , il
efl aifé de montrer fon origine &
le lieu de fa naifTance; il faut feu-
lement fe fou venir de ce qu'Héro-
dote a écrit , que la coudée roya-
le de Perfe étoit plus grande de
trois doigts que la coudée Gre-
que 9 OU d'Athènes. Par- là nous
voyons que la proportion entre
les pieds fimples , Ôc par confé-
quent entre les pieds cubes des
deux nations , étoit celle de huit
à neuf. Mais , on ne la trou veroit
pas dans leurs pieds cubes , fî ,
comme il y avoit vingt -quatre
doigts à la coudée , il n'y avoit
eu auffi vingt- quatre Chœnix At-
tiques , au médimne Attique ; car
le même Hiftorien afTure que Tar-
tabe , mefure de Perfe , étoit plus
grande que le médimne Attique
de trois Chœnix Attiques, Or , ce
médimne avoit quatre-vingt-feize
fextiers , comme le dit Galien , oq
cent quatre-vingt-douze cotyles
Attiques ; ainfi, le Chœnix , qui en
étoit la vingt- quatrième partie ,
avoit quatre fextiers , ou huit co-
tyles , comme celui de Fannius.
M. RoUin , parlant de l'ordre
que l'on gardoit pour les vivres
dans les armées des Grecs Ôc des
Romains , dit que la ration de
bled que Von donnoit à chaque
(s) Plut. T. T. p. 14. I V. p. 741, Mém. de TAcad. des Infc. &
ik) RoU. nm. Ane. T. II. p. 390* X* l Bell. Lect, T. VIII, p. )8o, 400. & friv.
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CH
feldat pour fa nourriture ]ourna-
lière , étoit un Chœnix chez les
deux peuples. Il ajoute que c'étoit
auffi la nourriture des efclaves
par jour. M. RoUin évalue le
Chœnix , la huitième partie d*un
boifTeau Romain ; êc le boifTeau
Romain contenoit les trois quarts
du nôtre & un peu plus ; & le
nôtre a feize litrons. Ainfi c'étoit
près de deux litrons par jour. Ce
Chœnix étoit celui qui contenoit
crois cotyles Attiques.
CHŒR ADES , Chœrada , (a)
Xcipei/ctt , ifle de la mer lonienae
fur la côte dltalie près du pro-
montoire lapygien^ félon Thu*
cydide.
Cafaubon, dans Tes notes fur
Strabon , troit que c'eft la même
chofe que ce Géographe appelle
les trois promontoires des tapy--
niens.
CnCERAÙES , Ckawada f
Xoipiffat , noip qu'Héfycbius, Fa-
vorin & autres Lexicographes
donnent aux ifles ou écueils du
Pont- Eu xin. près de rHellefpont.
Ortélius croit que ce font les mê-
ines que les Cyanées.
CHŒRADES , Chœrada,
T^'ytpdttcu. Diâis de Crète , dans
Ton hidoire de la guerre de Troye^
dit : » Ajax , roi des Locriens ,
n ayant tâché de fe fauver à la
i> nage , & les autres ayant faiQ
9) des planches , ou ce qu'ils trou*
» voient pour gagner le bord de
» la mer ; après qu'ils furent ar-
ï9 rivés à Tifle d*Eubée , & qu'ils
99 eurent abordé les écueils nom-
19 mes Chœrades ^ ils y périrent ;
C H 9}
99 car , Nauplius fçachant l'em-
99 barras où les jettoit la tempé-
91 te , ôc voulant venger la mort
» de PaUmède, alluma des feux
99 pour les attirer vers les ro-
99 chçrs , comme fi c'eût été un
99 port. €i Ces écueils étoient voî-
fins du mont Capharée ; de- là
vient que Sénéque , le tragique , les
nomme Para Capharides. Orté-
lius trouve que Phalaris & Dion
de Prufe les nomment Caphéri-
des ; & qu'ils font appelles Ca-
phurides par Q. Calaber, Il ajou-
te que ce fut-là qu'Ajax fit nau-
frage , après avoir violé Gaffait-
dre.
Homère , âans TOdyffée , ap-
pelle ces écueils TvpaUr TtVfJMK,
que Madame Dacier rend par les
roches Gyréennes , fur quoi elle
fait la note fuivante : 99 Les ro-
p chers appelles Gyra & Chot-
99 rades étoient près du promon*
)9 toirç de l'Eubée » lieu très-
99 dangereux ; & c'eft ce qui
99 avoit fait donner à ce promon-
99 toire le nom de Capharée du
99 Phénicien Capharus » qui figni-
p fie un écueil le brifeur , en La-
19 tin fcopulus contritqr ^ félon la
99 remarque de Bqchart. u
CHCERADES, Chœradte ^
Xoipei/ai « iiles OU écueils dans le
Srolphe Perfique , félon Arrien dans
es indiques citées par Ortélius.
On a mis aufli des écueils de ce
nom auprès du détroit de Gibral-
tar. Ortélius obferve qu'il y a en-
core à préfent des écueils dans le
golfe ae Cadix , qui confervent
cet ancien nom, mais traduit dans
(#) Thucyd. p. 511,
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94 C H
les langues modernes ; que les
Efpagnols les nomment los Poer-
cos , & que les François difent
roches de la Truye , ce qui re-
vient au même fens. '
Gerbelius dit que les ifles Ba-
léares font nommées Chœrades
par Apollonius. Ortélius ajoute
qu'elles font appellées de même
par Iface , commentateur de Ly- .
Cophron.
CHCERADES, Chœrada,,
Xo;/}cc/<t/ « ville d'Afie au païs des
Mofynéciens. Scylax dit qu'elle
étoit habitée par des Grecs. Etien-
ne de Byzance en parle auffi fur.
l'autorité d'Hécatée , qui dans fon
Europe la donne de même aux
Mofynéciens.
CHŒRÉAS , Chœreas , {a)
Xoipçctç » nom d'un lieu dans Tifle
d*Eùbée. Il étoit fitué fur la côte
d*É rétrie. Hérodote eft le feul qui
faffe mention de ce lieu. C'eft à
Foccafiort des Perfes , qui débar-
quèrent un jour fur cette côte.
CHŒRÉATES , Chœreata ,
Xo//)eaTa/ , {b) nom d'une tribu
des Sycioniens dans Le Pélopon-
nèfe. Ce mot veut dire la tribu
des Porchers. On attribue cette
dénomination à Cliûhènes.
CHCERILE , Chœrilus , (c)
Xiipaoç , Poëte tragique , qui étoit
d'Athènes ; il floriflbit vers la
64c Olympiade. Quelques-uns
prétendent qu'il inventa les maf-
ques & les habits de théâtre. On
dit qu'il avoit compofé cent cîn-
(a) Herod. L. VI. c. loi.
(*) Hcithi. L. V. c. 68.
(c) Suid, Tom. II. p. 1160.. Mém. de
PAcad. des Infcript. & Bell. Lett. Tom.
XIX. p. «ly.
CH
quante tragédies , & qu'il avoît
remporté le prix treize fois. On
ne trouve le nom que d'une feule
de fes tragédies ; ce nom e(l Alo-
pe. Alope étoit fille de Cercyon ,
de laquelle Neptune eut Hippo-»
thoon , un des dix héros qui
avoient donné leurs noms aux dix
tribus d*Athènes. Euripide & Car-
cinus avoient chacun compofé une
tragédie aufli intitulée Alopc, Dio-
gène Laërce cite Tautorité d'un
poëte Chœrile , pour prouver
que Thaïes avoit été le premier
Philofophe qui eût foûtenu que
\qs âmes font immortelles ; ce qui
prouveroit qu'au moins quelques-
uns des ouvrages de Chœrile
exifloient encore du tems de Dio-
gène Laërce ; mais il n'efl pas fur
que ce Chœrile foit le poëre tra-
gique Chœrile : car » il y a eu
deux autres poètes très fameux de
ce nom,
CHCERILE , Chœrilus , (J)
Xolfiihoç , fameux Poëte ^ dont la
patrie n'eft pas bien connue.
Etienne de Byzance dit qu'il na«
?uit dans la petite ifle appellée
afe , près de la Carie. Héfychius
foûtient qu'il étoit de Samos ; &
fi l'on en croit Suidas, il étoit
d'Halicarnaffe. On peut concilier
ces trois Auteurs , en obfervant
que l'iile , où étoic né Chœrile 9
étoit de la dépendance de Samos ,
& qu'étant allé demeurer à Hali-
carnafTe , il y acquit le droit de
bourgeoifie. Ce fiit dans cette
(d) Suid. T. II. p. II 60, 1161, PluU
T. I. p. 44). Strab. p. 30;.. Mém. de
PAcad. des Infcript. & Bell, Lett. Xt
XIX. p. ai9> aao.
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CH
dernière ville , ainfi qu'on l'ap-
prend des Auteurs cités , qu'il fe
lia étroitement avec Hérodote,
2u'on accufe de l'avoir trop aimé.
i s'appliqua à la Poëfîe ; ôc le
poëme où il décrivît la viâoire
que les Athéniens remportèrent
contre Xerxcs , leur parut fi beau ,
Îi'ils lui firent donner une pièce
or pour chaque vers. Ce qui en
a été confervé par Arifioje dans
fes livres de la Rhétorique , ôc
parJofephe, jufiifie le bon goût
des Athéniens.
Plutarque aflure dans la vie de
Lyfandre , que ce général voulut
toujours avoir Choerile auprès de
lui, pour immortalifer Ton nom
par les vers de ce Poète ; & fi Ton
en croit Suidas , il fut ordonné
que fes poëfies feroient récitées
avec celles d'Homère. Il avoit
auffi décrit en vers la guerre de
Darius , roi de Perfe , >donc Stra-
bon a confervé un beau fragment.
Il avoit encore compofé quelques
autres poëmes , ainfi qu'on l'ap-
prend de Suidas. Il mourut chez
Archélaiis , roi de Macédoine.
CHCERILE, Chœrilus , (a)
Xoîf/Aoç, autre Poëte qui vivoic
près d'un fiecle après le précédent.
Malgré la groffièreté de fes vers
fans goût 6c fans beauté , il fut
eftimé & chéri d'Alexandre. Ce
Prince avoit coutume de dire qu'il
aimeroit mieux être le Therfite
d'Homère , que l'Achille de Chœ-
rile. On dit qu'Alexandre con-
vint avec ce Poëte qu'il lui don-
CH 95
neroît une pièce d'or pour chaque
vers de fon poëme qui feroic trou«
vé Jbon , à condition qu'à chaque
mauvais vers on lui donneroit on
foufflet ; on dit qu'il expira fous
les coups.
Au refte , Alexandre , comme
le remarque Horace, en hono-
norant de fon eflime un poëte tel
3ue Choerile , marquoit bien peu
e goût , lui qui d'ailleurs étoit û
délicat en fait de peinture 6c de
fculpture, qu'il avoit défendu par
un édit , à tout autre pejnrre
qu'Apelle de le peindre , 6c à
tout autre Aatuaire que Lyfippe
de le tirer en airain. Sylla , chez* les
Romains, en ufa aufi[i libérale-
ment , mais plus prudemment
qu'Alexandre à l'égard d'un Poë-
te , qui lui avoit préfenté des vers
pitoyables. Il lui fit donner une
récompenfe , à condition qu'il ne
feroit plus jamais de vers ; condi-
tion bien dure pour un mauvais
Poëte , mais fondée en raifon.
CHCERILE , Chœrilus , (h)
XoiptT^oç , fameux athlète , Èléen.
Il eut rhonneur du Pugilat dans
la clafie des jeunes gens. On
voyoit à Olympie fa ftatue en
bronze , qui étoit un ouvrage de
Sthénis Olynthien.
Le texte de Paufanias , ob il eft
parlé de cet athlète , paroît cor-
rompu. M. l'abbé Gédoyn croît
qu'il faut lire de la manière que
nous venons d'en parler.
CHCERIUS , Chœrius , (c)
Xo/./oç, nom d'un bois du Pélo-
(#) Horat. L. II. Epift. i. v. ij». ér \Tom, XIX. p. aao.
pf. de Art. Poëc. v. 557, 5^8. Boll. } (*) Pauf. p. 375.
Hift. Ane. T. VI. p. 119, i)o Mém. 1 (c) Pauf. p. ai6«
de TAcad. des Infcript. & Bdl. Lcit, I
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96 CH
ponnèfc. Paufanias dit que c*étoit
par ce bois que les Mefféniens,
fuivant qu*il avoit plu à Augutle
de les borner du côté de la Laco-
nie , confinoient avec les Géré-
niens.
CHCEROGLYLLUS, Chœro^
glylliis , XotpoyhvMtoç^ J^a) animal
déclaré impur par la loi de Mo^fe.
Ce Légiflateur dit que le Choero-
glyllus rumine ; mais , comme il
n'a pasl'ongle fendu , il eft cenfc
fouillé. L'Hébreu Schaphan n*eft
f»as bien connu. Quelques - uns
'expliquent du lièvre; & d'autres,
du lapin. Mais , Moïfe a déjà parlé
du lièvre auparavant ; Si le lapin
ne rumine point. Ce ne peut donc
être aucun de ces deux animaux.
Ce n'eft pas non plus le Chœro-
glyllus, ou rhériffon , puifqu'il
ne rumine pas. Bochart croit que
c'eft une efpèce de gros rat , com-
mun en Arabie, bon à manger,
& nommé aliarbuho. Ces ani-*
maux ruminent , demeurent dans
les rochers , & vont en troupes ;
qualités que TÉcriture attribue au
Schapîun. ""^
CHCERUS , Chœrus , Xo/p-ç ,
(/>) père de Smicythus , qui avoit
confacré un grand nombre de
riches préfens dans le bois d'O-
lympie., ^
CHOÈS , ou Chous , Choes ,
Cho'ûs , (c) nom que Ton donnoit
au fécond jour de la fête des An-
thiftéries. Ce jour- là chacun bu-
voit dans fon propre pot , appelle
Ça) Levît. c. II. V. 5.
(b) Pauf. p. 340.
{€) Antiq. expl. par D. Bern, de
Montf. Tom. II. p. 115.
{d) Mém. ^e rAc9d. des Infcript. &
CH
choiis , du Grec xooî» On voit
par- là d'oîi venoit à ce jour le
nom de chous.
Un jour à cette fête , Timon le
mifanthrope & Apémantus étoient
à table tous deux feuls. Apéman-
tus commença « dire : Ha , le bon
fiftin que nous faifons , Timon !
Oui , lui répondit Timon , fi tu
nen étais pas.
Il n'y avoit pas de meilleurs
feftins pour Timon & pour Apé-
mantus ,, audi mifanthrope que
Timon , que celui qu'ils célé-
broient en l'honneur de Mercure
Terreftre , conducteur des morts,
qu'on honoroit pendant la fête de
thoès. Ceft en cela que confifte
tout le fens de ce paiTage , qui
n'en auroit point autrement.
Choès étoit aufli le nom d'une
mefure Attique pour les liquides.
OHCEUR , Chorus , Xc/»iç,
{d) terme , qui , dans la poëfie
dramatique , fignifie un ou plu-
fieurs aâeurs qui font fuppofés
fpeâateurs de la pièce y mais qui
témoignent de tems en tems la
pari qu'ils prennent à l'adion par
des difcours qui y font liés , fans
pourtant en faire une partie eflen-
tielle.
I. La tragédie , dans fon origi-
ne , n'étoit qu'un hymne facrct
chanté & danfé en l'honneur de
Bacchus \ les fujets , dont on pre-
noit occafion de louer ce dieu»
venant à s'épuifer , les Poètes fu-
rent obligés de recourir à diffé-
Bell. Letc. Tom. I. pag. 144 » 145. T.
IV. p. 4S7. Tom. VIII. p. 199. ér f»iv»
Tom XII. pag. 96 , 97. T. xm. p. joj.
Tom. XIX. p. 417. Tom. XXI. p. 149.
& fttiv,
rentes
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CH
rentes inventions pour ne point
toujours rabattre les mêmes cho-
(a. De- là vinrenc ces épifodes
qae nous appelions aftes aujour-
d'hui , qui le récitèrent par un ou
plufieurs hiftrions 9 entre deux
chants de ces hymnes ou Chœurs.
De ces épifodes ou aâes , fe for-
ma dans la fuite le corps de la
tragédie, & infenfiblement les
^ Chœurs n'en furent plus qu-'une
I partie, qu'il fallut ajufter avec
I les autres^d'une manière vraifem-
blable ; mais, ce ne fut pas fim-
' plement , pour fatisfaire à la coû-
1 tume , que l'on les conferva , ce
futàcaufe des grands avantages
que la tragédie en retiroît. Car,
les Chœurs fervoient à rendre la
I tragédie, & plus régulière, & plus
■. variée. Ils lui donnoient de l'iè-
I clat & de la majeflé. Ils en aug-
I mentoient le pathétique.
i.° Chez les Anciens , le lieu
de la fcene étoit toujours le de-
vant d'Cin temple , ou d'un pa-
lais , ou quelque autre endroit
public y 6l c'efl aulTi celui qui
pâroit plus convenable. Il faut
que les (peâateurs puiflenc aifé-
ment fe perfuader qu'ils font
prélens à l'aâion: & comment
peuvent-ils fe l'imaginer, lor(-
qu'elle fe pafTe dans un cabinet ,
ou dans une chambre de confeil ?
Parquel enchanteftient pourroient-
ils croire qu'ils y ont été intro-
duits ? Par quelle efpèce de ma-
gie , en levant un^ (impie toile ,
un lieu exadement fermé de tou-
tes parts, peût-il devenir tout-à-
coup ouvert , & expofé aux yeux
de plufieurs milliers de perfonnes?
En un mot , comment eû-il pof-
Tom. XI.
CH 97
fible qu'un lieu que Ton fuppofe ,
fecret , fdit en même tems public ?
Outre cela , une aâion , pour
pouvoir être expofée fur la fcene
avec vi'aifemblance , doit être
éclatante , fe pafler entre les {>re-
mières perfonnes de l'État, & être
de nature à intéreffer tout un peu-
ple. U s'enfuît de-là qu'elle doit
alTémbler un grand nombre de
témoins qui y prennent part ; ces
témoins torment le Chœur. U ne
feroit pas naturel que des gens in-
térefles à l'aâion , & qui en at*
tendent Tiffue avec impatience,
demeuraflent toujours fans rien
dire ; la raifon veuc au contraire
qu'ils s'entretiennent de ce qui
vient de fe pafFer , & de ce qu'ils
ont à efpérer ou à craindre , lori-
que les principaux perfonnages ,
en cédant d'agir ou de paroître
fur le théâtre , leur en donnent le
loifir ; & voici la matière des
chants du Chœur. C'efl de la for-
te que la néceffité des Chœurs ré-
fuite du choix judicieux de l'aâion
théâtrale & du lieu de la kene^
Comme on ne pourroit avec rai-
fon les introduire dans une cham-
bre de confeil ou dans un cabi-
net, on ne peut pas lesfupprimer
dans. une place publique, & ainfî
le lieu de la fcene , l'aâion 6c le
Chœur, fe prêtent une vraifem-
blance réciproque , dont ils man«
. quent fitôt qu'oil les fépare.
Il fufiit d'examiner,avec un peu
d'attention, telle tragédie de la
bonne antiquité, que Ton voudroit
choifir , pour voir que la plupart
des régies fondamentales de théâ-
tre , font une fuite naturelle des
^ Chœurs.Les Anciens ne manquent
G
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^8 C H
lamaîs de garder l'unité du liéa ;
cette règle leur paroifToit çaême
de nature à ne pouvoir jamais
être violée ; & ils n*en faifoiënt
point de précepte. La raifon en
eA « qu'il vaut beaucoup mieux
manquer à la vraifemblance dans
les chofes où l'on a befoin de rai-
fonnement pour s'en ippercevoir,
que dans les chofes qui frappent
lés fens , & qui ne manquent pas
de révolter à la première vue un
fpeâateur attentif & intelligent.
L'unité du lieu violée eût fufli feu-
le à Athènes pour faire fiffler une
pièce. Un Poète nommé Carci-
nus f au rapport d'Ariflote , fai-
foit fortir Amphiaraus du tem-
ple fans qu'on le vit ; la pièce
tomba , les fpeâateurs ne pou-
vant fouffrir qu*on leur voulût
perfuader qu' Amphiaraus éioit
lorti véritablement, lorfqu'ils n*en
^voient rien vu. Aujourd'hui on
ne nous pérfuade pas feukment
qu'un homme foit forti d'un tem-
ple ou d'un palais ', quand nous
n'en avons rien vu; on va jufqu'à
nous faire croire que ce qui étoit
une falle , il n'y a qu'un moment^
eft devenu tout-à-coup un jar-
din; & l'on nous métamorphofe ,
fans fcrupule, l'appartement d une
Princefle en un temple , ou en une
place publique.
Les Chœurs fufHfoiçnt aux An-
ciens pour les empêcher de tom-
ber dans ce défaut; car, le
Chœur ne fortant prefque jamais
du théâtre , lorfqu'il s'en étoit une
fois emparé , il eût été trop vifi-
blement ridicule de fuppofer que
le théâtre f/^t changé » lorfque les
perfonnes qui l'occupoient n*a«
CH
voient poiot changé de place. Les
Chœurs fervoient encore à mar*
quer la durée de Taâion. La re-
préfentation de leur tragédie ne
duroit guère plus de tems qu'il
n'en auroit fallu pour l'aôion mi-
me repréfentée ; cette régularité
lui donnoit un air de vraifem-
blance > qui faifoit une de fes plus
grandes beautés. Quand bien mê-
me nous fuivrions aujourd'hui cet-
te pratique , elle ne frapperait
prefque pas. La fymphonie qui
remplit nos intermèdes , n'ayant
aucun rapport à la pièce , y fait
un vuide que rien ne fixe ; au lieu
que les danfes & les chants des
Chœurs » étaient une efpèce de
mefure du tems qui s'étoit écou-
lé entre un aéèe & un aâe.
Outre cela, ils arrêtoîeff! le
fpeâateur en continuant de l'oc-
cuper , & ils ne manquoient pas
de lier la fin de l'aàe avec le
commencement del'aâefuivant;
ce qui eft plus important que l'on
ne penfe , puifque cette liaifon
contribue à faire fentir l'unité de
l'adion. Nos cinq aâes ifolés les
uns des autres , forment en quel-
que forte cinq pièces difFérentes ,
que Ion joue les unes après les
autres.
Plufienrs Sçavans ont fait voir
par un grand n^bre de paiTages
d'Auteurs anciens , que les tragé-
dies fe chantoientxi'un bout à Tau-
tre,& que la mufique des Chœurs
n'étoit pas la tnême que celle
des fcenes. Il eft vrai que tout ce
qui regarde la mufique ancienne »
eft plein de difficultés , & qu'on
ne fçait pas bien fi le chant des
tragédies étoit une véritable mu-^^
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CH
fique, telle que la nôtre. Il y a ap*
parence , cependant , que la muu-
que des fcenes revenoit à ce que
nous appelions dans leS' opéras le
récitatif, & que la mufique des
Chœurs étoit ce que nous appel-
Ions des airs.
Quoi qu'il en Toit , îl eft aifé de
voir quelle variété les Choeurs
produifoient dans la tragédie. De
quelle variété^ en effet, n*e(k point
fufceptible une mufique , qui s'ac-
commode à tant de différentes (!•
tuations , & à tant de difFérens
fentimens répandus dans une bon-
ne tragédie ? La poëiie des fcenes^
& la poëfie des Chœurs n*étoit
pas la même ; Tiambe > comme
plus propre aux difcours ordinai-
res , étoit pour les (cènes , & l'on
eniployoit une autre mefure plus
vive , plus cadancée , & plus
harmonieufe pour les Chœurs.
Les expreflîons n'étoient pa^ non
plus les mêmes; durant les aâes ,
ie Poëte facrifioit en quelque forte
une partie de fon feu à la vrai-
femblance de l'aûion , & le mefu-
roit de forte que le dialogue con-
fervoit le naturel qu'il devoit
avoir, fans que le poëme perdît
rien, ni de fa majeflé ni de fon
harmonie ; mais , dans les Chœurs
rien ne le gênant plus , il donnoic
un libre eSbr à fa verve, & mon-
troit qu'il "étoit véritablement Poë-
te ; il employoit alors les penfées
les plus brillantes di les plus rele-
vées , les tours les plus forts , les
cxpreffions les plus hardies & les
plus figurées , & fi durant les ac-
tes il avoit parlé le langage des
Héros & des Rois , on peut dire
que dans les Chœurs il parloit ce«
• CH 99
lu! des Dieux.La mufique s'accom-
tifiodoit fans doute à cette variété ;
une efpècie de mufique plus fimple
regnoit durant le cours de la piè-
ce, une mufique plus compofée
étoit réfervée pour les Chœurs ;
ils étoient toujours accompagnés
de danfes. C'eft ainfi que la tra-
gédie ancienne , variant fans ceffe -
les objets » & offrant continuelle-
ment de nouveaux plaifirs aux
fpeâateurs , fçavoit, fans les fati-
guer, les retenir & les occuper
jufqu'à ce qu'elle les renvoyât
pleins des paf&ons qu'elle fe pro-
pofoit d'exciter en eux.
2.^ Que l'on fe repréfente un
moment , l'effet que devoit faire
fur le théâtre ce grand nombre
d'aâeurs , de différens fexes & de
différens âges , dont les Chœurs
étoient compofés , leurs danfes ,
leurs chants, la magnificence de
leurs habits; tout cela ne contrï-
buoit-il pas merveilleufement à
relever l'éclat du fpeélacle? On
voit qu'un des meilleurs moyens
d'attacher les peuples & de les
tenir comme enchantés , a tou-
jours été d'employer la mufique ,
& les cérémonies que les Anciens
auroient fans doute comprifes fous
le nom général de danfes.
Ce grand nombre de perfon-
nés qui prennent intérêt à l'ac-
tion, en relevé encore l'importan-
ce , & la rend , ÔC plus grande > ôc
plus éclatante ; on a beau vanter
l'intérêt que prend le peuple à une
aâion ; on a beau faire un récit
fidèle de fes craintes , ou de fes
empof temens ; on en efl tout au-
trement frappé , lorfqu'on le voit
paroître lui même repréfente par
Gij
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loo C H *
fes chefs , & que l'on eft témoin
de fes différens mouvemens ,
comme dans TCEdipe de Sophocle.
Les Chœurs , par leurs refpeâs
& par leurs louanges, relèvent
auflî la dignité des perfonnage^, 6c
les rendent plu; grands aux yeux
des fpeftateurs» Voyez dans Eu-
ripide j de queiie forte le Chœur
tannonce l'arrivée de Clytemnèf-
nît & d*Iphigénie. n Les grandes
pFofpérités ne font que pour les
plus grands. Voyez Iphigénie
^ la fille d*Agamemnon ; voyez
^ la fille de Tyndare,Clytemnef-
» tre notre Reine ; elles fortent
» d'une race illuftre » & leur
^ fortune répond à leur naifTance.
» Ce font les Dieux tout-puif-
n (ans qui comblent de biens les
»»-foibles mortels. Filles de Cal-
» cide arrêtons-nous ici , pour
» nous préfenterà la reine à la
»> fortie de fon char ; efforçons-
» nous de lui prouver notre fin-
1} cere affeâion ; qu'elle foit reçue
Il dans nos bras; aidons auffi à
9» defcendre la jeune & timide
» Princeffe. u Un tel Chœur
fi*e{l-il pas en quelque forte une
cour nombreufe Ôc brillante , que
Clytemnefire trouve à fon arri*
vée.
La fin & le but des poëmes
dramatiques , c*eft certainement
rin(lruâion du peuple ; il faut
qu'il remporte toujours du fpec-
tacle quelque maxime utile > dont
il ait été frappé. Or, ilparoît que
les Chœurs étoient autrefois def-
tinés particulièrement à cet ufage,
& que ce fut une des principales
raifons qui les fit conferver. Le
jPoëte n'ofe bazarder dans les fce-
CH
nés un grand nombre de ma«!mes,
parce que rien ne feroit plus op-
polé à la vérité du dialogue ; mais^
' rien ne Tempêche de répandre
dans les Chœurs la morale la plus
fublime ; 6t c'eft audi ce qui
compofoit prefque toujours les
Chœurs des tragédiesanciénnes*
3.^' Mais , le plus eonfidérable
des effets des Chœurs dans la tra-
gédie ancienne ^ c'ell lô pathéti-
qu(e qu'ils y produifoient. Cette
tragédie noble & majeftueufe emr
Eruntoit de la morale ^s plus bel-
îs maxinies , s'autorifoit de la re-
ligion, fics'embellifToit de fes plus
augufles cérémonies ; & dé-
ployant tout ce que la poëfie a de
charmes pour ravir les efprits,&
toucher les cœurs , elle y joi-
gnoit encore tout ce qui peut en-
chanter les fens , fe propofant
toujours , comme fa principale fin,
d'infpirër l'horreur du vice , & de
faire du théâtre uqe école de tou-
tes les vertus , & de le rendre un
des meilleurs moyens qu'eût la
fageffe humaine , de ramener &
d'entretenir les peuples dans tous
leurs devoirs.
La tragédie ainfi conçue a fes
pailions qui lui font propres.
Toute fa perfeâion confifte à les
imprimer fortement dans les ef-
pries , & c'efl à quoi fervoient
beaucoup lc<s Chœurs. Tout le
monde connoît la force de la mu-
fique & de la danfe ; il feroit inu-
tile d'en difcourir ici. Il n'y a per-
fonne qui nefçache, par fa propre
expérience^qu'elles impreflions el-
les font capables de faire. Ainfi ,
i.^ Les Chœurs , par la mufique
& la danfe qui les accompagnoient
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^ CH.
toujours , contribuoîent merveîl-
leufement à remuer les paflîons.
H eftnéceflaire qu'il y ait des in-
termèdes ; mais , il ne faut pas
pour' cela laîder refroidir le fpec-
tateur ; il faut au contraire foute-
nir en lui , & fortifier les pafTions*
qu'on a coir.mencé d'y exciter.
Rien ne prodljifoit mieux cet effet
que les Chœurs , qui par leurs
danfes & par leurs chants , rem-
pliflbient les efprits d'idées conve-
nables aux fujets 9 & ne faifoient
qu'exprimer, & donner par -là
une nouvelle force aux fentimens
que les difconrs des perfonnages
venoient d'exciter ; 2.^ Les
Chœurs fervoient encore à émou-
voir les paffions , en offrant aux
fpeôateurs d'autres fpedateurs ,
pour àinfi dire , fortement tou-
chés. Ce n'eft pas feulement un
fpe£lacle digne de crainte ou de
pitié , qui excite en nous la
crainte ou l^ pitié ;il fuffit fou vent,
pour reffentir ces dçux paffions ,
de voir quelqu'un qui en foit for-
tement touché. C'eft ce que les
peintres ont fort bien conçu ; lorf-
qu'cn tableau eft fait pour émou-
voir , ils ne Ce contentent pas de
repréfenter feulement l'aélion , ils
peignent ehcbrô fur les vifages
des affîftans les différentes paf-
fions que leurs tableaux doivenft
faire naître ; ils vont même jafqu'à
întéreflcr les chofes les plus infen-
^les. Un bon Poëte doit faire la
même chofe ; & Iphigénie fur le
théâtre , doit être environnée de
perfbnnes qui foient fenfibles à fes
malheurs.
Ce qui doit bien nous conv^n-
w des grands effets des Cb€&ur$
CH ror
anciens, c*eft lé fuccès de nos
opéras. On en peut enco^^e juger
par l'Efther & TAthalie de Raci-
ne , où le Chœur fait un fi bel
effet, tout détaché qu'il efl de la
pièce. ^
IL Les Chœufs n'étoient pas
moins néceffaires àjla vieille comé-
die , qu'à la tragédie. Auffi en
avoit-elle toujours.
I.* Ils fervoient à varier le
fpeftacle. La vieille comédie n'é-
toit point partagée régulièrement
en«cinq aâes; feulement Kaâion
étoit entrecoupée de tems en
tems par le Chœur. Il y en avoit
de grands , compofés de plufieurs
parties, qui toutes avoient leurs
noms particuliers , & qui étoient
faites fur le modèle des Chœurs
des tragédies. Quelquefois le
Chœur ne chantoit qu'un ou deux
couplets. Les Chœurs compofés
de plufieurs parties , étoient de
vrais èntr'aâes; les autres étoient
de petits repos entre les fcenes »
& même au milieu des récits , pour
donner aux A6^eurs le tems de
Tefpirer , & pour ne pas ennuyer
les fpeâateurs par trop d'unifor-
mité.
2.® Comme la vieille comédie
étoit an fantôme dé tragédie , elle
avoit befoin d'un appareil brillant;
îrfalloitque le théâtre fut garni.
Le nombre des Aâeurs du Chœur
varia (buvent dans les tragédies ,
il varia de même dans les comé-
dies ; mais , le Chœur des comé-
dies n'étoit inférieur en rien à ce-
lui des tragédies. Ils avoient l'iin
& l'autre , ôc chants & danfes ;
les habits , les décorations , le^
machinef que le Chœur occafioo:^
Gii)
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IÔ2 C H
noit dahs les comédies , ornoîent
beaucoup la fcene , & contraf-
toient quelquefois par leur éclat ,
& par leur magnificence» d'autre-
fois par leur burlefque > avec la
pompe des trag^ies.
3.^ Le Poète comique , tou-
jours rival du Poëte tragique , ne
lui cède dans fes Chœurs , ni par
la beaucé, ni par lafublimicé des
penfées v ni par la force des ex-'
preflions. M. Boivin a fort bien
remarqué que la verfification d'A-
rillophane , en beaucoup d^n-
<lroits , n'efl point inférieure à cel-
le des plus excellens tragiques;
que fes ïambes ôc'fes anapeAes
(ont travaillés avec touc le foin
poffible , ôc que les Choeurs d'Eu-
ripide 6c de Sophocle ne font point
écrits avec plus d*art que ceux du
comique.
4.^ C'étoit dans l'invention des
perfonnages du Chœur que con-
iîûoit principalement la malignité
du Poëte comique ; & c'étoit pour
lui une fource abondante de ridi-
cule. Les nuées avec lefquelles
Socrate converfe , & parmi lef-
quelles il vit> font un emblème
ingénieux des vaines fpéculations
des Philofophes. Le Chœur de
juges repréfentés par des guêpes ,
^ans la comédie qui en porte le
nom^ eft feul une fatyre des ma-
giftrats d'Athènes.
Les A^eur^ du Chœur aidoienc
encore par leur jeu , à rendre le
fpeâacle , & plus réjouifTant , &
plus fatyrique.
Dans la comédie des Oifeaur ,
ce font des oifeaux qui forment le
Chœur ; ils étoient repréfentés
par des hommes prefqueiiusj avep
CH
des crêtes , des becs , des griffes 8t
des plumes en grande quantité ,
parce que cette comédie fut jouée
en hiver , & que pour cette rai-
fon le poëte (uppofoit que les oi-
feaux avoient beaucoup de plu-
mes. Les poftures , les grimaces,
& les figures de ces oifeaux pré—
tcndus,faifoient beaucoup de plai-
(ir au peuple. On pouvoit remar-
quer parmi eux plufieurs particu-
liers d'Athènes , reconnoiiTables
par le m'afque. Ainfiy des oifeaux
de proie repréfentoient des frip-
pons connus 9 des hiboux, des gens
de mauvaife humeur , &c. Il y
a bien de l'apparence que pour
eroffir le Chœur , on y mêloit
des figures de bois ou d'autres
matières qui reffembloient à de
véritables oifeaux ; ajoutés à cela
l'imitation de leurs chants & de
leurs fredonnemens. De pareils
Aâeurs fi mordans & fi bouffons
dévoient beaucoup réjouir la
multitude. Le Chœur , comme
l'on voit , étoit , pour ainfi dire ,
l'ame & la principale partie de la
vieille comédie ; c'eù. pourquoi ,
c'jétoit du Chœur qu'elle prenoit
fouvent fon nom. Aufii , dès
qu'on voulut réformer la vieille
. comédie , on commença par lui
retrancher le Chœur , & dès4ors
elle ne put plus fe foûtenir*
lU. Éfchyle diminua le nombre
des Aâeurs , qui compofoient le
Chœur ; mais » il y fut contraint
par le Magiftrat > à caufe du dé-
fordre qu'avoit produit le Chœur
des Euménides. Ce Chœur corn*
pofé de cinquante perfonnes , qui
repréfentoient des furies , fit une
telle impreffion fur les en£iixs &
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CH
furies femmes grofles » qae plu-
fieors en moururent , & d'autres
(e bleflerent, Il fut donc réglé
qu'à l'avenir le Choeur ne feroit
plus que de quinze perfonnes.
M. Burette obferve que dès le
tems d'Âridote > les Poëces dra-
matiques s'étoient mis dans l'ufaee
commode de ne plus compofer de
Chœurs exprès pour leurs pièces;
mais de prendre çà & là divers
morceaux de poëCe , & de les in-
férer dans leurs entr'aâes , com- '
me autant d'intermèdes , qui par
conTéqueht n'avoient pas plus de
rapport & de liaifon avec la pièce
de théâtre que l'on jouoit , qu'a-
vec toute autre. Ce fut Agathon ,
félon Aridote , qui le premier in-
troduifit ce mauvais ufage ; & l'on
pouvoit accufer Euripide d'une
pareille négligence dans quelques-
unes de Tes tragédies. Ces fortes
de Chœurs méritoient fort la
qualification dé rapfodies 9 & de
poëfies bigarrées.
Donner le Chœur, c*étoit,chez
les Grecs , acheter la pièce d'un
Poëte 9 & faire les frais de la re-
préfemation.. Celui , qui faifoit
cette dépenfe , s'appelloit *à
Athènes (^lv>tege. On confioit
ce foin à l'Archonte , & chez
les Romains aux Édiles.
CHŒURS ou Danses EN
ROND , CApri Circulâtes , (a)
Xopçi §yKÙK>t9U On fait Arion Tin-
venteur de ces danfes. Ainfî , La-
fus n'en fut poim Fauteur ; mais,
du moins il les perfeâionna beau-
coup, au rapport du Scholiaile
(4) Mém. de TAcad. des Infcrîpt. &|
BeU. Lcit. Tom. XV. pag. 313 , ja6. |
(0 PUit. T.I.P.15J. J
CH 10)
d'Arîfiophane » qui produit fes
garans. On appëlloit ceux qui
compofoient la poëfie & la mufl-
que poar ces fortes de danfes ,.
Cycliodidafcales , \que le même
Scholiafle explique Poëtes Dithy-
rambiques ; car , telles étoient la
po^ie & la mufique , qui en-
troient dans ces fortes de danfes*
CHOL ARGUE, Cholargus^
{b) bourg de l'Attique dans la
tribu Acamantide. Plutarque par-
le de ce bourg ; il nous apprend
que Périclès en étoit natif. .
CHOLHOZA , Cholhoia\ (c)
X«>fÇs , fut père de Sellum , oui ,
au retour de la Captivité de Da-
bylone ^ bâtit la porte de la fon-
taine.
CHOLLE, ,CholU, XoMM,
{d) ville d'Afrique , félon Appien;
mais, comme le remarque Ûr-
télius , il faut lire A^holla. Ptolé-
mée met dans la Palmyrene une
ville du nom de Choile.
. CHOLLIDES , ChoUida ,
peuples de Grèce dans TAttique,^
fous la tribu Léontide. Etienne de
Byzance l'écrit par deux LL , ou
AA , & un / fimple. M. 'Spon
met le peuple ChoUides dans la
tribu Égéïde , & dit que ce nom
fe trouve aufîi écrit Cholleides «
malgré la critique trop fcrupu-
leufe de Meurfius , qui n'y veut
point la diphthongue u,
CHOMER , Chômer , ou Ho-
MER , forte de mefure Hébraïque.
C'étoit la même que le Corus,qut
contenoit dix baths , & par con-
féquent deux cens quatre-vingt-
{c\ Efd. L. II. c. 3. V. 15.
{d) Piolem»L. V, c. 15.
Giv
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104 . C H
dix - huit pintes , une cliopîne ,
un demi^feptier , & un peu plus»
CHONÉNIAS , Chonenias ,
XstfKfr/aç 1 {a) chef des Lévites ,
préfidoit à la mùflque.du temple,
du tems de David. Il commençoit
le premier la fainte fymphonie ,
parce qu'il étoit très-fage & nhs-'
habile , dit l'Écriture.
CHONÉNIAS, Chonenias^
Xmtvlctç 9 {h) vivoit du tems de
JofiaS) roi de Juda. Lui & fès frê-
nes Sémeias & Nathanaël, comme
auiH Hafabias , Tehiel & Jozabad,
chef des Lévites , donnèrent aux
autres Lévites , pour célébrer la
Pâque , cinq mille menues bêtes ,
& cinq cens bceufs,
CHONIDAS , Choriidas , (c)
gouverneur de Théfée. Par Ion
application & Tes talens , il répon-
dit^ ù bien aux intentions de la-
yeul de fon élevé , que les Athé-
niens dans la fuite l'honorèrent
comme un demi-Dieu , lui immo-^
km tous les ans un bélier , le jour
qui précédoit la fête de Théfée ;
honorant ainfi,comme le remarque
Plutarque , avec plus de raifdn &
de juftice » la mémoire de celui
quiavoit formé leur héros, que
Silanius & Parrhafius , qui n'en
avoient fait que des fiatues & des
portraits.
CHORA , Chora , X4p(t ,
nom dont lès Grecs fe font fervis
pour déHgner^un lieu. Ils don-
noient à ce mot des étendues fort
dtfiFérentes ; car , ils nommoient
X 'pne ou Xjpoç , un païs , une
région , une province , une terre ,
(a) Parai. L. I. c. 15. ▼. ts.
Ih) Paral.L. U. €.35. V» 9.
CH
on hérîtase, un champ ; ils avoient
auffi le mot Chorion , Xvphy
pour fignifier la même chofe , &
Temployoient' auffi pour fignifier
une citadelle , un château , une
fortereffe , fans parler des autres
fignifications de ces mots, lefquels
n'ont point de rapport avec la
géographie. C'eft dans le fens de
Chora , pris pour une campagne,
qu'un païfan étoit nommé dans
cette langue , Chorites , Xar^/rHç.
CHORA , Chora , {d) tivière
de France. Les Anciens ont fou-
vent fait mention d'une rivière 8c
d'un lieu de ce nom. Adrien de
Valois eft le premier qui ait re-
cherché quelle rivière s'appelloit
ainfi ; & il a trouvé que Chora
efl la Cure qui a fa fource dans le
Nivernois, auprès de Plachei ,
paffé à Domecy-fur-Cure , à Cu-
re , & à Pierre-Pertus , auprès de
Vezelay, à Arci , & fe perd dans
rionne, à Crevan dans TAuxer*
rois.
Quant au lieu du nom de Cho-
ra , Ammien-Marcellin en fait
mention fur la route qui conduit
d'Autun à Auxerre. On trouve
Chora fur cette même route dans
la vie de Saint Colomban , écrite
par le moine Jonas dans le fep-
tième fiecle. M. d'Anville dit que
le nom de ce lieu fubfifle encore
dans l'emplacement d'une métai-
rie , à l'entrée du diocèfe d' Au-
xerre-, en fortant de celui d'Au-
tun. On peut voir dans les éclair-
ciflemens fur l'ancienne Gaule,
qui ont paru en 1741 , les raifons
(«) Myth. par M. l^Abb. Ban. Tom.
VI. p. 97'
(d) Notic. de ULGauL par M. d'Aavill.
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CH
quî ne permettent pas d'adhérer à
l'opinion de M. le Bœuf, en con-
fondant Chora avec Crévan , qui •
étott diAingué par Ton nom de
Crevennum , dès le tems de
Charles Martel , ce qui eft apte-
rieur d'un (îecle à la mention qui
eu faîte de Chora dans la tranila-
lion des Saints George & Aurèle.
Il eft intéreiïant de connoitre la
pofition de Chora par rapport à
cet endroit de la Notice de l'Em-
pire , Prafeêlus Sarmatarum geti"
tilium à Chora Parijîos ufque.
Sanfon , en plaçant Chora à Cor-
beil , ne voyoit point que le nom
de Corboilum, qui efî celui de
Corbeil, ne fçauroit être confondu
avec Chora par une fuppofition
d'analogie.
CHORAGES, Choragiay{a)
partie des théâtres anciens. C'en
étoit comme le fond des coulifles;
c'eft-là qu^on difpoToit quelque-
fois des chœurs de mu^ue,& qu'-
on gardoit les habits oTles inftru-
mens de la fcene ; c'efl de-là que
l'on tiroit tout ce qui paroifioit
aux yeux ; d'où l'on voit ^ue ces
endroits dévoient être afTez fpa-
cieux.
CHORAMNÉENS , Choram^
n(zi ^ Xop<ijujfetTot » (b) peuples de
Perfe ^ félon Etienne de Byzan-
ce , qui dit que c*étoit des fauva-
ges. Il cite Ctéfias au dixième li-
vre des Perfiques , oii il dit qu'ils
étoient fi légers à la courfe, qu'ils
atteignoient & prenoient les biches
tn courant.
CH loç
Ces Choramnéens font fans
doute les mêmes dont il jeù parlé
dans EHodore de Sicile , qui les
met au nombre de ceux qui furent
foumis par Ninus ^ roi des A(Fy-
riens.
CHOROMNÉENS , Chorom^
nai , XofOfivaTot', autrement Cho-
ramnéens. Foye{^ Choramnéens.
CHORASMIENS , Càoraf^
mil ^ Xûùi>ei6f4tct , (c) peuples d*A-
fie , dont parle Quinte - Curfe.
Cet Hiftorien paroit les mettre
dans la Sogdiane. C'eft la pofition
que leur donne Ptolémée ; car , il
nomme les Chorafmians parmi les
nations qui habitoient dans la Sog-
diane. Cela convient avec le té-
moignage de Pline , qui les place
auiu vers ces quartiers-là.
Les Chorafmiens font appelles
Chorafmes , Chorafmi , dans Jui-
tin, qui nous apprend que ces
peuples furent foumis par Ale-
xandre. Du tems de Darius , ils
faifoient partie de la feizième Sa-
trapie y qui payoit trente ralens à
ce Prince. Hérodote , de qui nous
tenons cette particularité , dit ail-
leurs , que les Chorafmiens al-
loient au combat armés de la mê-
me manière que les Ba*âriens.
Denys le Périégete diftingae
les Chorafmiens d'avec les habi-
tans de la Sogdiane ; car , après
avoir parlé des Meffageces , il
ajoute : n Après eux font les
n Chorafmiens vers le nord , &
M après ce(jx-ci eft la Sogdiane ,
I» pan le milieu de laquelle coule ^
(«) Antiq. cxpl. par D. Bem. iejL. VI. c. ii. Plîn. T. I. p. 514. Strab.
Monif. Tom. III. pag. 145. Jp. ^15. Aihen. p. 70. Juft. L. XII. c.
(i) Diod. Sicul. p. 64. 16. Herod. L, lU. c. 93. L, VU, c, 66.
(c) Quint. Coït. L. Vil. c« 4, Ptokm. I
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I
io6 C H
» l'Oxus. tt On doute que ces
Chorafmiens foient les mêmes que
ceux d'Athénée ; mais , ils ne
différent pas des Chorafmufmes
deStrabon, ni même à ce que
nous croyons , des Choramnéens
d'Etienne de Byzance. Ces Cho-
rafmiens , chaires de leur patrie,
fsi jetterent dans la Syrie où ils
temporterent de grandes viâoires
far les Francs , qui y avoient
établi le royaume de Jérufalem.
Ce font les mêmes que M. l'ab-
bé de Vertot appeUe Corafmiens.
Cétoic^ dit. il» des peuples fortis
récemment de la Perfe , & iffus ,
à ce qu'on prétend V des anciens
Panhes ; du moins , ils en habt<"
telcm alors le pais appelle Yraca-
gémi ou Hyrcanie Perfienne,
D'autres les placent dans le Cou*
varzem , proche de la Corofane ;
mais , je ne fçais , ajoute M. de
Vertot , fi ces Corafmiens n'é-
toiem pas plutôt origip^^ires du
royaume de Carizme , que Pcolé-
mée appelle Chorafmia , d'où ces
barbares, la plupart pâtres , & qui
B'avoient guère de demeures fi-
xés , pouvoient être paiTés dans
quelques-unes des provinces^ de
ia Perfe. Quelque haute eftime
qoe les Ouvrages de ce fçavant
abbé m'ayent fait naître pour fa
perfonoe^ dit M. de la Martinièrej
je ne pub diffimuler qul'il y a bien
r de Hneiaâitude dans ce peu de
mots. Outre qu'il devoit direCou-
Fsô-ezm , ou plutôt KNouc^rezem i
& Coraflan ou Khoraflan , il ne
devoit pas ^idinguer le païs dé
CH
Couarezm » de celui de Carîzme i
qui font fynonymes , & répon-
dent à la Chorafmie de Ptolémée^
à quelque différence près des li-
mites. Quant à ce qu'il dit qu'ils
écoient iffus , à ce qu'on prétend^
des anciens Parthes ; cela peut
être vrai , parce qu'il y avoit d'au-
tres Chorafmiens dans la Parthîe»
Pour ceux qui cauferent taiit de
maux dans la Paleftine > & qui
s'étant brouillés enfemble , fe dé-
truifirent eux mêmes , de forte
que tout en périt j jufqu'à leur
nom, cela ne doit pas s'entendre
des Chorafmiens en général ,mais
de ce détachement de la nation ,
qui étoit fous les ordres de Barba-*
can.
CHORASMIENS , tkoraf^
mil , Xœpifr/uiioi , (j) peuples d'A-
ûe dans la Parthie , vers l'Orient,
felon Athénée. Arrien , dans foQ
Hiffoire des guerres d'Alexandre 9
fait ment^ d'un peuple qu'il
nomme Cnorafmenes ; mais , il
eft différent de ceux-là , car il le
met au voifinagede la CôlchideâC
des Amazones.
CHORAUtE, thauroUs, {h)
nom que l'on donnoit chez les
Grecs & chez lès Romains » à
celui qui pçéftdoit fur les Choeurs*
Celui , qu'on voit dans les. antif
quités de D. Bernard de Mont?
faucon^ eft revêtu d*une tunique ,
& tient de chaque main une flûtei
dont le petit bout eft appuyé fur
fa poitrine.
CHORAZIN, Chora^iR.
Voyt\ Corozaïm.
(«) &x\axu p. 70.
I(*) Antiq. cxpL par D. Bern, de
Montf. Tom. III. p. 341.
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CH
CHORÉE, terme , qui , dans
la poëfie Grecque & Latine , Ci-
gnifie un pied ou une mefure de
vers, compofée d'une longue &
d'une brève , comme arma. On
l'appelle ordinairement Trochée.
Foye^i;^ Trochée,
CHORÈGE , Choragus , (a)
fone de Maeidrat à Athènes. Le
peuple d'Athènes étoit partagé
en dix tribus , dont chacune avoit
un Magiftrat , que l'on nommoit
Cfaorège. C'étoit àlui faire les frais
des repréfentations tragiques pour
fa tribu. A la vérité , la tribu
dônnoit une fomme ; mais , il en
coutoit toujours au Chorège 9 qui
ne pouvoir guère dans ces occa^
fions , fe difpenfer de fe piquer
de magniâcence. Lorfqu'il choi-
fiiToit une pièce » on difoit qu'il
lui accordoit le chœur ; c'eft-à-
dire , qu'il fourniiToit au Poëte des
aâeurs , des danfeurs ; des habits,
en un mot , tout ce qui étoit né-
ceiTairé pour faire jouer une pie-
ce. Chaque Chorège cherchoit à
l'emporter fur ks émules , & la
gloire qui lui en revenoit » réjail-
bâbit ft^ir toute fa tribu ; il étoit
iiufli jaloux de cet honneur , que
,d^une viéèoire qu'il auroit rempor-
tée les armes a la main fur les
ennemis de la république ; ce qui
paroît bien par ce que Plutarque
raconte de Thémiftocle. Thémif-
tocle , dit-il , vainquit , Caifant les
fondions de Chorège pour les tra-
gédies , ces jeux étant alors dans
kur plus grande célébrité , & fît
dreiTer un monument de fa vic-
(«) Mém. de PAcad. det Infcript. &
Bell. Lett. Tom. XV. pag. 164. Tom.
XVlILp. 7O971.
C H 107
toîre avec cette Infcription : Thé-
miftocU Phrédrien était Chonge ;
Phrynicus faifoit repréfenter la
pièce ; Adimante préfidoit.
On avoit accordé au Chorège
de la tribu viâorieufe , le droit
de faire graver fon nom fur le tré-
pied que cette tribu fufpendoit aux
voûtes du temple. Cette fonâion
quoique ruineufe , étoit fort re-
cherchée, & devoir l'être dans un
état républicain. Outre qu'elle
conduifoit aux honneurs , comme
la dignité d'Édile Curule à Rome,
eile donnoit beaucoup de cré(|it
dans l'efprit d'un peuple , plus fen-
fible au plaifir qu'on lui procuroit,
qu'à la grandeur des fervices , &
qui eftimoit autant un Chorège
prodigue , qu'un Général viâo-
rieux.
CHORÈIQUE , Choreus, {b)
XcspiîQC, y forte de rhythme , dont
on trouve l'explication dans Arii-
tide Qt^ntilien.
Cet Auteuf qualifie le rhythme
Chorèïque irrationel, parce qu'il
commencfs par le levé , dit Mei-
bom , pour finir par le frappé ; Se
il en fait deux efpèces , . l'iamboï-
de & le trochoïde. Le Chpr^ï-
que-ïamboïde e(l compofé d'une
loiigue pour le levé , & de deux
brèves pour le frappé. // efifem-
blabU au d^6iyU , qfi,ant aii
rhythme y dit Ariftide , 6» i Viam^
be , quant au nombre des fyllabes'
Surquo; le f^avant Meibom fait
cette judicfeufe remarque. Cela
doit s'expliquer en cette manière :
Qua/it au tems des pieds , rïam^
(h) Mém. de TAcad. des Infcript. 8c
Bell. Lett. Tom. XV. pag. sai > iix.
T. XVII. p. lao.
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io8 CH
hoïde répond au daStyle ; mais f
^uant au rhythme » il répond à
Flambe. Car ^ comme le rhythme
îamhique commence par le levé ;
de même V'iamboHque commence
aujjipar le levé. Suivant cette ex-
plication de Meibom , il y a donc
faute dans le texte d'Aridtde, ce
que l'interprète n'a point remar-
qué. Il faut lire 'iamhe au lieu de
da6lyle , & dadyle au lieu d*wm-
he^ en ce^e manière : Il ejlfem"
tlaUe à riambe , quant au rhytH^
me ; & au dafïyle ^ quant au
nombre desfyllabes.
Il patoit que cette faute ou cet-
te méprire eft très-ancienne dans
le texte d'Ariftide, puifqu'elle fe
trouve dans Marcien Capelle,qui
en parlant de ces rhythmes d'a-
près Ariftide, qu'il n'a fait que
traduire en Latin \ s'explique en
ces termes : Suntfane [ rhythmi ]
qui etiam irraiionabiles effe dicun^
tur, quos analogos voc'uamus y
quos etiam chorios appellare con^
fuevimus. Sunt autem numéro duo;
quorum alter diiambi figuram ref-
picit , & confiât ex elatione , qua
longaeft, & duabus pofitioriibus ;
& numéro quidem eft ad daêlyU-
cumfimilis ; partibus verb ad nU'
merum ionicum jungitur & iambi^
cum. Aa travers des fautes d'un
texte Latin fi corrompu , on ne
laii& pas de reconnoitrediftinâe-
ment celui d' Ariftide , tel qu'on
le lit aujourd'hui dans l'édition de
Meibom , & fur lequel celui - ci
rétablit le texte de Capelle > fans
s^appercevoir de la tranfpoiftticm
des deux mots daflylo & 'iambo. -
La féconde efpèce de rhythme
Chorèïque étoit le trochoide^com-
CH
pofé de deux brèves pour le levé,
d'une longue pour le frappé , fie
qui n'étoit que Tinverfe du pré-
cédent. Du refte , le rhythme
Chorèïque tiroit <re nom de l'em-
ploi qu'on en faifoit dans pluûeurs
airs deftinés aux danfes.
CHORÉVÉQUE , Chorepif'
copus 9 nom, y que l'on donnoit à
celui , qui exerçoit quelques fonc-
tions épifcopales dans les bour-
gades & les villages. On l'appel-
bit le Vicaire de rêvêque. Il n'çft
pas queflion dans TÉglife de cette
ronâion avant le IVe fiecle. Le
Concile d'Aniioche tenu en 340
marque fes limites. Armentariui
fut réduit à la qualité de Choré-
vêque en 439 9 par le Concile de
Riez, le premier de ceux d'Occi-
dent où il foit parlé de cette di-
gnité. Le Pape Léon III l'eutabo-
Re , s'il n'en ^i été empêché par
le Concile de Ratisbonne.
Le Chorévôque , au-deffus des
autres Prêtres , gouvernoit fous
rÉvêque dans les villages. U n'é-
toit point ordonné Évéque , il
avoit rang dans les Conciles
après les Evêques en exercice ,
& parmi les Évêques qui n'exei^
çoient pas ; il ordofinoit feu! des
Clers mineurs & des Soûdiacres ,
& des Diacres & des Prêtres fous
l'Évêque.Les Chorévêques d'Oc-
cident, portèrent l'extenfion dé
leurs privilèges prefqu'à toutes les
fondions épifcopales ; mais , cette
entreprife ne fut pas tolérée. Les
Chorévêques cédèrent prefque en-
tièrement au X.e fiecle , tant en
Orient qu'en Occident , où il pa-
roit qu'ils ont eu pour fucceffeurs
les Archiprêtres ^ les Doyens
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C H
Ruznix. Il y a cependant des
Dignitaires encore plui voifms des
anciens Ghorévêques , ce font les
Khds-Vkaîresy tels que celui de
ntoife, auxquels les Évéquesou
Archevêques, ont confié les fonc-
tions épifcôpales fur une portion
d*un diocèle trop étendu pour être
adminidré par un feul fupérieurè'
Le premier des fous- Diacres de
Saint Martin d'Utrecht 9 & le
premier Chantre des Collégiales
de Cologne , ont titre de Cnoré-
vêque, & fondions de Doyens
Ruraux ; TEgliie de Trêves a
auffi dés Chorévêques.
Ce nom vient de *w/>oç , locus »
lieu , & de imaKoTfoç * epifcopus ,
Évêque, c*eft - à - dire , Évêque
d'un lieu particulier.
CHORIAMBE , terme , quî,
dans l'ancienne poëfie , veut dire
un pied ou mefure de vers , com- •
pofée d*un chorée ou trochée , 6c
oun ïambe , c*e(l-à- dire , de deux
brèves entre deux longues, com-
me hïftorïâs. •
CHORIAS , ChorUs , {a)
Xaûflaç-i Ménade , dont on voyoit
le tombeau à Ârgos. C'étoit une
de ces femmes qui fuîvoient Bac-
chus, ôc qui fecvoîent dans Tes
troupes , lorfqu'il vint afliéger
Argos ; on dit que Perfée rem-
porta la vidoire , & que piuHeurs
de Tes femmes ayant été tuées
dans le combat , elles eurent une
commune fépulture ; mais , com-
me celle-ci étoit la plus diftin-
gttée , elle eut fon tombeau à
part. .
G H /109
CHORICOMACHIAN.
Foyei Céladian.
CHORIENIS PETRAJÎeti
de rinde au pais des Parétaaues ,
félon Arrien. C'étoit une torte-
reiTe qui portoit le nom de fon
feigneur , appelle Choriénès.
CHORINÉE , Chorlnaus , (h)
capitaine > qui fut atteint 6i percé
d'une âeche , qu'Afylus lui avoit
décochée.
CHORINÉE , ChorifKxus, (c)
prêtre Troyen. Aprls qu*on eut
recueilli & lavé avec du vin les
cendres de Mifène , ami d'Énée ,
Chorinée les enferma dans une
urne de bronze ; enfuite , prenant
un rameau d'olivier , qu'il trempe
dans Feau , il fait trois fois le touf
deTaflemblée^ afperfe & purifie
les aflîftans » ôc prononce enfin
les derniers mots.
Quelques- nns prétençlent que
ces derniers fl|Éts confidoient dans
ces trois fyllabes , ilicet ^ adref-
fies au peuple ; c*eft - à - dire ,
alle:^ - vous , en la cérémonie efi
finie. Mais, ce mot ilicet étoit
d'ufage dans tous les facrifices,
& c'eft de cette ancienne coûtu-
me qu'eu dérivé Vite , mijfa eft ;
ce que nos Théologiens ne nient
point. Il eft donc vraifemblable
qu'il s'ajgit ici plutôt de Tadiea
qu'on difoit au mort: Vale [tn
l'appellant par fon nom 1 , magna
fupremum voce ciemus. Revenons
au prêtre Cïiorinée.
Ébufe étant venu l'attaquer ,'
ce Prêtre prit un tifon ardent fur
les autels , & le lui porta au vi-
(•) Pauf. p. i«o.
{^) Virg. i£neid. L, ÏX. v. 571.
w
L. XII.v.t98. ër/ff.
V, satf. é*
Digitized byVjOOQlC
iio C H
fage. Le feu ayant pris à la barbe
vd't^bufe , Chorinée profite de Ton
trouble , le prefle , le faifit'aux
cheveux , le renverfe par terre ,
& le perce de Ton épée,
CHORCEBE, CAorœbus.Foyei
Corœbe.
CHOROGRAPHIE, Choro^
graphia , Tart de faire la carte ,
ou la defcription de quelque païs
ou province.
Ce mot vient des mots Grecs
X^po^ » région , contrée , lieu ; &
de 7^a(pûtf » je décris.
La Choragràphie efi différente
de la Géographie, comme la
defcription d'un païs Ve& de toute
la terre.
Elle eft difFérente de la Topo-
graphie , comme la defcription
d'un païs Teft de celle d'un lieu ,
d'une ville , ou de fon didrid.
CHOKKÉENS^korrai . (a)
yoopaioi^ peuples appelles aufli
Horréens. Ce furent les premiers
habitans du païs de Séïr ou Séhïr,
qui fut depuis occupé par les Idu-
méens.'Ils étoient déjà puiffans
du tems d'Abraham , &C long-
tems avant la naifTance d'Éfaii.
Séhïr, fort différent d'Éfaii , étoit
leur père. Les enfans d'Éfaii con-
quirent le pa,ï$ de Séhïr, ou fe
mêlèrent avec les Horréens ,
defcendans de Séhïr ; car, on ne
fçait pas comment cela s'eft fait.
Mais , on fçait qu'ils font regardés
comme ne fjifant qu'un même
peuple , ayant leur demeure dans
l'Arabie Pétrée , & dans l'Arabie
(a) Gcnef. c 14. ?. 6. c. 56. v. 20 , | (h) Suppl. à TAntiq. expK par D»
»i. Deuter. c. a. v. i. c. 33. v, 1. Rcg. j Bern. de Montf. Tom. UI. p. 173.
L. m. c, ti. V. 8, '1 (0 Diod, Sicul. p. 603.
CH
déferre, au midi & à l'orient de
la terre de Chanaan.
On trouve le nom de Hor-
réens dans un fens appellatif , aa
troifième livre des Rois , oh les
interprètes l'ont traduit par Opti»
mates , ou Heroës.
CHORS. {b) L'on trouve
foovent dans les Infcriptions Ciiors
^omt' Cohors^ M. Fabretti , dans
(es Infcriptions ^ en fournit quatre
ou cinq exemples.
CHORTACANE , Chorta-^
cana , Xdpra jtava , (c) ville d'Hyr-
canie « félon Diodore de Sicile.
Elle étoit une des plus, confidéra*
blés du païs , & extrêmement
forte par la nature même de fon
afiîette. C'eft là que le Satrape Sa-
tibarzane s'étoit mis en défenfe
aux approches d'Alexandre , mais
il n'en fut pas, moins obligé de fe
rendre.
CHORZIANES, Choriianij
peuple d'Afie , félon Procope.
M. Coufm^ dans fa tra'. ftion |
ne fïomme pas le peuple , mais
' le païs , 6( dit : » Philimuth ÔC
» Vérus allèrent dans la Chor-
» zianne avec les Éruliens qu'ils
n commandoient , & s'arrêtèrent
i> tout proche de Martin, a Pro-
cope dit, quelques lignes plus haut,
que ce dernier capitaine des trou-
pes d'Orient , étoit arrivé au fort
de Citharife , à quatre journées de
Théodofiopolis où, Valérien étoit
campé.
CHOSE , Re? , nom général,
que l'on donne à tout ce qui eft
dans la nature.
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^ CH
On défigne indiftindement par
ce mot tout être inanimé, (bit
réel , fôit moral , être eft plus gé-
néral que chofe , en ce qu'il fe dit
indiiltndement de tout ce qui eft ;
au lieu qu'il y a des êtres , dont
chofe ne fe dit pas. On ne dit pas
de Dieu , que c'eft une chofe ; on
ne le dit pas de l'homme. Chofe fe
prend encore par oppoHtion à
mot ; ainfi > il y a le mot 6c la
chofe; il s'oppofe encore à Simu-
lacre y ou apparence.
Les chofes appellées mancipi j
chez les Romains , étoient celles
qui étoient profledées en pleine •
propriété. Elles étoient ainfi ap-
pellées de mancipium y qui figni-
noit le droit de propriété & de
domaine, dont les feuls ciroyens
Romains jouiflbient fur tous les
fonds de lltaiie » fur les héritages
de la campagne , fur les efclaves ,
& fur les animaux qui fervoient à
faire valoir ces mêmes fonds.
Toutes ces chofes étoient appel-
lées Res mancipi ^ ou mancipii ,' à
la différence des provinces tribu-
uires des Romains , où les parti-
culiers n'avoiem que Tufufruit &
la poffeiTion de leurs fonds & des
cbofes qui y étoient attachées.
Ceft pourquoi , on les nommoit
Res nec mancipi.
Par l'ancien droit Romain ,ru-
fucapion n'a voit lieu que pour les
chofes appellées mancipi , foit
meubles ou immeubles. Les cho-
fes appellées nec mancipi , éroient
feulement fujettes à la prefcrip-
tion ; mais , Juftinien fupprima
ces diftinélions frivoles entre ces
deux manières de pofféder & de
prefcrire.
CH Ht
Les chofes publiques (ont celles
dont le public a l'ufage , telles quo/
les rivières navigables & leurs
rivages, les rues & places publi-
ques. Chez les Romains « le peu-
ple avoir la propriété de ces Cho-
fes , au lieu que parmi nous ,
elles appartiennent au Roi , ou au
Seigneur haut jufticier , dans la
juilice duquel elle& font fituées.
Les Chofes publiques 6c les
Chofes communes conviennent
en ce que l'ufage en eft commun
à tous les hommes; mais, elles
différent en ce que la propriété ^
des Chofes publiques appartient à
quelqu'un « au lieu que celle des
Chofes communes n'appartient à
perfonne/
Les Chofes religîeufes font \e%
lieux qui fervent à la fépulture
des Fidèles. Chez les Romains ,
chacun pouvoit , de fon autorité
privée , rendre un lieu religieux ,
en y faifant inhumer un mort ;
mais , parmi nous , cela ne fufHt
pas pour mètre ce lieu hors du
commerce. 11 ne devient religieux
qu'autant qu'il eft béni & defliné
pour la fépulture ordinaire des
Fidèles.
Les Chofes facrées font celles
qui ont été confacrées par les
Évêques , avec les folemnités
requifes , comme les vafes fâcrésj
les églifes , &c.
Les Chofes faîntes, en droit,
font celles que les loix ordonnent
de refpeâer^ telles que les portes 6c
les murailles des villes, la perfonne
des fouverains , les ambaffadeurs ,
les loix mêmes. On appelle ces
Chofes, faintes, parce qu'il eft dé-
fendu de leur faire injure ^ ou
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ÏI2 C H .
d'y (donner aucune atteinte.
N CHOS^IOÈS , Chofroes, {a)
' cV/)OMç , 61s de Pacorus , roi des
Parthes , gouverna cette nation ,
après la mort de Ton père. 11 avoit
un ^rere , nommé Parthamafiris ,
félon Texpreil^on de Dion Caf-
(îus. Il efl vrai que quelques li-
gnes plus bas 9 Parthamafiris eft
appelle neveu de Chofroès. Mais,
on doit fuppofer que c'eft par
erreur de copifte » & qu'il faut
lire eècTf Aç>or » au lieu d'a/eA^//?r.
Exédare, roi d'Arménie, avoit
reçu de Chofroès Tinveftiture de
ce royaume. L'empereur Trajan
prétendit que c*étoit un attentat
aux droits de l'empire Romain,
& réfolut d'en tirer vengeance y'
ou plutôt de profiter de Toccafion
pour s'agrandir. Mais , quelque
pafîionné qu'il fût pour les armes»
îl edimoit les bons procédés » ^
îl ne vouloit point paroitre violent
fii injufle. Il s'étoit donc plaint à
ChoiVoès de Tenireprife faite par
lui fur les droits du peuple Ro-
main au fujet de la couronne
d'Arménie. Mais , il en reçut une
réponfe fière , qui le mit à l'aîfe ,
& lui donna pleine liberté de fe
fatisfaire. En conféquence , il 6t
tous les apprêts d'une guerre aufG
importante , & il fe mit lui-même
en marche.
A peine étoit-il arrivé à Athè-
nes , qu'il vit venir à lui une am-
baffade de Chofroès , à qui l'ap-
proche du danger avoit fait pren-
dre d'autres penfées. Le roi des
Parthes lui envoyoit des préfens ^
CH
lui demandoit fon amitié , l'infor-
moit que ne trouvant point qu'É-
xédare convînt ni aux Romains ,
ni aux Parthes ^ il Tavoit dépofé.
£n6n , il prioit Trajan d'accorder
à Parthamafiris , fon frère, Hn-
veftiture du royaume d'Arménie,
comme Néron l'avoit donnée à
Tiridate. |
Il auroit été peut-être difficile . '
à Trajan de rejetter ces propoû-
tions , il elles lui eufTent été faites
d'abord ; mais , elles venoient
trop tard. Il s'étoit mis en avan-
ce , & il fe croyoit en droit de ne
point reculer. Il répondit donc
aux ambafTadeurs de Chofroès ,
que l'amitié fe prouvoit par des '
effets , & non par des paroles ;
qu'il feroit bientôt en Syrie, &
que là , voyant les chofes de près,
il fe détermineroit au parti le plus ;
convenable. Le parti qui lui çon-
venoit , étoit la guerre ; & le fuc-
cès répondit au de-là de fes efpé-
rances. Tout plia devant lui. Par-
thamafiris , ne pouvant çonferver
fon royaume , voulut au moinX
périr en Roi. Il fe fit tuer dans un
combat , & laifTa ainfi les Ro-
mains paifibies po^TefTeurs de l'Ar-
ménie. Trajan , ne bornant point
là fes projets ambitieux , pouffa
plus loin (t% conquêtes ; & Auré-
lius Viâor nous apprend que
Chofroès fut obligé de lui donner
des ôuges.
La guerre fe ralluma -quelques
années après. Trajan fit prifon-
nièré la fille de Chofroès , dépouil-
la ce Prince de fes États , ôc devint
U) Dio. CaflT. pag. 778. ér /«f . Crév. \fmv, Mém. de TAcad. des- Infcript. &
Hilt. des fimp. Toin, IV. pag. ajô^ ^ JBcll. Lett. Tom. XXI. p. 57..
Hiaîire
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• CH
maître du trône d'or , fur lequel
les rois Parthes rece voient les hom-
mages de leurs fujets. Llnfortu-
né Choû-oès dut alors mener une
vie errante & fugitive. Mais ,
Trajan ne crut pas convenable à
ks intérêts de le replacer fur un
trône , que ce Prince n'auroit ja-
, mais regardé comme ua don des
VRomartfrs , mais comme le patri-
moine de fes ancêtres. Il jetta les
yeux fur Parthamafpatès » qui ne
nous eft pas connu d^aiileurs.
Mais ) les Farthes dédaignant ce
Roi , le dépoferent , & ra'ppelle-
tent Chofroès , qui fut reconnu
par Adrien , après la mort de
Trajan. Un bienfait de cette na-
ture n'empêchant pas Chofroès de
fe fouvenir de ce qu'il avoit fouf-
fert de la part des Romains , vou-
lut s'en venger , & fit des prépa-
ratifs de guerre. Mais, Adrien,
qui lui avoit déjà abandonné tou-
tes les conquêtes de Trajan ,
acheva de le calmer , en lui ren-
voyant fa fille , qui étoit reftée
prifonnière entre les mains des
Romains. Il promit de lui rendre
le trône d'or enlevé par Trajan
aux Parthes ; & quoique cette
promefTe n'ait point eu d'exécu-
tion , la paix n'en fubflfla pas
moins entre les deux Empires.
Tiie Antonin ne voulut pas non
plus rendre ce trône d'or à Volo-
gèfe , fils de Chofroès.
CHOUETTE , Noflua (a)
Sirix , oifeau noâurne , que la
loi de Moïfe avoit déclaré impur.
I. Cet oifeau a l'ouverture de
la bouche grande à proportion de
(*) Levît. c. 11, V. 17.
Tom. XI.
CH irj
la longueur du bec ; la langue eil
un peu fourchue à l'extrémité;
fon empreinte e(l marquée fur le
palais. Les yeux font gros & fail-
lans ; la membrane , qui fe trou-
ve entre l'œil & la paupière , a le
bord noir, celui des paupières efl
large & rougeâtre. L'ouverture
des oreilles eft très- grande , ÔC
recouverte d'une pellicule. Les
yeux 6c le menton font entourés
d'un double rang de plumes , qui
forment une efpèce de fraife. Ces
deux rangs de plumes font fitués
l'un derrière l'autre ; celui de de-
vant efl compofé de plumes roi-
des & parfemées de blanc , de
noir 6c de roux ; celles du rang
inférieur font fouples & teintes de
blanc & de couleur de feu. Le
milieu de la tête efl noirâtre ; les
yeux foftt très -près des oreilles ;
il y a au de-là àQs narines au-
defTous des yeux , éti poils ronds
& droits.
La face fupérieure du corps efl
mêlée de couleur noirâtre & de
roux. Les bords des plumes font
roux,ôc le milieu efl noirâtre;mais,
fi on examine de près chaque plu-
me en particulier , on y voit des
lignes ondoyantes qui les traver-
fent , ôc qui font alternativement
brunes & cendrées. Le ventre ÔC
le refle de la face inférieure du
corps , ont à peu près les mêmes
couleurs que le dos. En générai ,
les plumes du corps de la chouette
font plus douces , plus longues &
plus élevées que dans la plupart
des autres oileaux ; ce qui la fait
paroître beaucoup plus groffe
H
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Ti4 CH
qu'elle ne Teft en eflfet.
Les pattes font couvertes pref-
que jufqu'aux ongles d*un pluma-
ge épais de couleur blanche fale ,
avec de petites lignes noires &
ondoyantes ; il n'y a que deux ou
trois écailles annulaires dans cha-
que patte qui foient à nud.
Chaque aîle a vingt -quatre
grandes plumes ; les barbes exté-
rieures de la première font termi-
nées à la pointe par des poils ré-
parés les uns des autres , & dif-
pofés en forme de dent de peigne.
On voit fur les grandes plumes
des ailes & de la queue , fix ou
fept taches Kanfverfales qui font
d'un blanc fale , & teintes de roux
ou de brun. Les petites plumes
des aîles, qui recouvrent les gran-
des , fur tout celles du milieu &
les plus longues des épaules qui
couvrent les côtes du dos , font
marquées de taches blanches ,
fur tout fur les barbes intérieures
de chaque plume,
La queue a fix pouces de lon-
gueur ; elle e(ï compofée de douze
plumes , celles du milieu font les
plus longues , & les autres dimi-
nuent de longueur par degrés juf-
qu'à Texte Heure , qui/eft la plus
courte ; elles font toutes poin-
tues.
La plante des pieds e(l calleufe
& de couleur pâle ; les ongles
font longs & de couleur de corne
ou noirâtre. Il ny a point de
membrane entre les doigts. L'ex-
térieur de devant peut fe plier en
arrière , comme ù en effet c'étoit
CH
un doigt de derrière ; ce qui a feît
dire que cet oifeau avoit deux
doigts de derrière.
(a) IL La Chouette étoit con-
facrée à Minerve. On la lui avoit
donnée comme un fy mbole de
prudence ^ la pénétration de cet
oifeau , dans l'avenir , ayant été
reconnue par les Anciens. Dion
Chryfoftôme cite là-deflus Tapo-
logue d*Éfope , pour faire enten-
dre que c'eft par-là que la Chouet-
te a fçu plaire à la plus belle ôc à
la plus faee de toutes les déefTes.
Ce font (es propres termes , qui
font plus d'honneur à Minerve
que rimagination de ceux qui lui
ont donné des yeux de Chouette,
pour autoriiêr le fy mbole.
Sur les monnoies des Athé.
niens , on voit d'un côté la tête
de cette déefle , 6t de l'autre une
Chouette. On croit que cela peut
avoir quelque rapport aux Athé-
niens mêmes. C'étoit , dit Antî-
phone dans Athénée , un oifeau
fort commun dans leur territoire;
& après cela , il n'y a point d'in-
convénient à confentir qu'il y ait
eu communauté de fy mboles
entre la déeffe & la ville d'A-
thènes. Ce qu'il y a de certain,
c'eft que le nom de Chouettes
avoit été donné aux monnoies de
TAttique. L'efclave d'un riche
Lacédémohien a dit en ce fens-là,
qu'une multitude de Chouettes
nichoient fous le toit de fon maî-
tre.
Mais , pourquoi les Chodettes
font- elles pofées fur des vafes dif-
(4f) Mém. de PAcad. des Infcript. & Bell. LqïU Tom. T. pag. %%i , %t^, Tt
y. pag, »68. T, XVI. p. 104.
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C H
tîngués par différentes lettres ? les
Athéniens y comme la plupart des
Antiquaires Tont cru jufqu'icî ,
auroient-ils voulu fignifier par- là
qu'ils ont inventé la fabrique des
vafes de terre ? c*eft un honneur
qu on ne leur difpute point. On
fçait même que delà leur eft ve-
nu le nom de Prométhées ; mais ,
ils ont trouvé des chofes plus im-
portantes, dont ils ne fe font point
vantés dans leurs monnoies,
La Chouette fe voit aufli avec
Minerve fur une médaille dilium.
Sur quoi Ton propofe cette diffi-
culté; pourquoi trouve-t on avec
la Minerve d'Ilium le fymbole de
celle d'Athènes ? M. l'abbé de
deFontenu répond, i.^ que peut-
être le Palladium deTroye n'étoit
qu'une copie de celui qui étoit à
Athènes depuis l'arrivée de Ce-
crops , & qu'on croyoit auffi être
tombé du ciel. Le culte de Miner-
ve , apporté d'Egypte dans la
Grèce ♦ pafla dans la Samothrace ,
& de-là dans TAfie mineure , oîi
peut-être Dardanus lui-même le
fit connoître. 2.^ Il e(t tièi- pro-
bable que les Iliens , que la valeur
des Athéniens avoient affranchis
de la domination dés Perfes , vou-
lurent , en reconnoiflance de ce
fervice , faire graver fur leur mé-
daille, le fymbole de la déeffe, qui
étoit lé plus en vénération chez
leurs -bienfaiteurs ; comme par un
femblable motif de reconnoiflan-
ce , ils firent auffi graver , fur une
autre médaille de leur Minerve
Hiade , qui eft dans le cabinet du
Roi, le cheval Pégafe qui étoit
CH 115
le fymbole que lui donnoîent les
Corinthiens* 3 .^ Les Iliens vou-
lurent peut-être exprimer par ce
fymbole qu'ils avoient été afTujet-
tis par les Athéniens , dans le
tems que ceux - ci fe rendirent
maîtres d'une grande partie de
l'Afie mineure, comme le rappor-
te Strabon d'après Thucydide ; ÔC
cette réflexion feroit tomber la
critique de Cafaubon , qui accufe
Strabon de n'avoir pas bien en-
tendu le texte de Thucydide.
Pline a vanié la chair de la
Chouette pour la paralyfie. Tous
les auteurs de matières médicales
ont rapporté cette vertu d'après
lui , & comme un trait d'érudi-
tion. Cette .piopriéié 6c quelques
autres qu'ils lui ont auffi accor-
dée, chacun fur l'autorité de fou
prcdécefleur , ne font pas con-
firmées par des obfervations. L'u^
fage médicinal de cet oilëau eft
très- rare parmi nous, ou même
abfolum.ent nul.
^ CHOUETTE , forte de danfe
des Grecs , dont nous ne fçavons
autre chofe , finon qu'elle étoit
dans le cara^èère pantomime ÔC
bouffon.
CHRÊMES , Chrêmes , (a)
fameux peifonnage dans les co-
médies de Térence» Horace ea
fait auffi mention , & il le repré-
fente comme uil vieillard fort
avare.
CHRÉMETES , Chremetes.
Ariftote, faifant une énumératioa
des rivières , pour faire- voir
qu'elles ont leurs fources dans des
montagnes , dit : ^i De même éa
(4) Horat. Spod. Ode 1. v. 3|.
H
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ii6 CH
» Afrique il y en a comme 1*^-
» gon & le Nife qui tombent
I» des montagnes d*£thiopie ; &
n d*aucres , qui étant les plus
f) grandes , entre celles dont on
n parle le plus , comme le Chré-
I» metes qui fe décharge dans la
» mer extérieure [ TOcéan] , ôt
» le premier bras du Nil , ont
n leur fource dans la montagne
» nommée le mont d'argent, ic
Il n*eft pas furprenant qu*Ariftote
fuive l'ancienne erreur , qui met-
toit la fource du Nil aux monta-
gnes de la Lune » puifque de fça-
vans géographes , tels que Mef-
lieurs Sanfon , l'ont maintenue
dans leurs cartes, paruneniéte-
tnent qu'on ne fçauroit louer ,
quelque raifon que l'on ait de ne
parler de leur fcience qu'avec une
cftime refpe^lueufe. A préfent que
l'on connoSt les fources du Nil ,
on fçaic , à n'en point douter ,
que des lieux où il naît , il ne fort
aucune rivière qui fe rende dans
rOcéan. Ainfi , les fignes que
donne Ariftote pour reconnoîcre
le Chrémetes , ne conviennent à
aucune rivière du monde. Cepen-
dant, à les examiner fur le pied
de l'ancienne erreur , on peut
foupçonner qu'il a voulu parler
de la rivière de Zaire. Les An-
ciens , avoient fait le tour de
l'Afrique ; mai^ , ils n'avoient
qu'une connoiflance bien confufe
de toute fa partie méridionale ^
qu'ils ont peuplée ôc entrecoupée,
de rivières ôc de montagnes , con-
formément à leur imagination.
CH
Héfychîus parle au/Ii du Chré^
metes,
CHRÉMON , Chremon , {a)
^pif^uv , l'un des trente tyrans ,
que ceux de Sparte donnèrent
aux Athéniens.
CHRESES , ou Chresis ,
Chrefes , Chrejis , X^momç. C'eft
une des parties de l'ancienne Mé-
lopée , qui apprend au compos-
teur à mettre un tel arrangement
dans la fuite des fons » qu'il en
réfulte une bonne modulation &
une mélodie agréable. Cette par-
tie s'applique à différentes fuccef-
Hons des fons ^ appeliées par les
Anciens , agoge , euthia , ana-
camptofa , 6tc.
CHRESMOTHETES, ar(?/l
motheta , (b) forte de miniftrei
des temples. On appelloit ain(î
ceux qui donnoient les forts à
tirer.
CHRESPHONTE , Chref
phontusj (c) l'un des Héraclides ,
étoit fils de Cléodée & petit-fils
d'Hillus. Après que fes frères 6c
lui fe furent rendus maîtres de
quelques villes du Péloponnèfé,
ils les partagèrent entr'eux, My-
çènes échut à Chrefphonte, qui,
dans la fuite , fe rendit aufli maî-
tre de Mefl ene , d'où il chaiîa les
defcendans de Neftor , Alcméoa
& Péon , qui allèrent fe réfugier
à Athènes. Son fils Épitus lui lue-
céda à la couronne de MeHène »
ôc donna le nom d'Épitides aux
Rois les fucceffeurs.
CHRESTIENTÉ, terme dont
1*5 ne fe prononce point. On ap-
(«) Xénoph. p. 461. I fO Myth. par M. TAbb, Ban. Tom«
\h) Mych» par M. TAbb. Ban. Tom. Ivil. p, 391. & fuiv.
I. p. 49»» 1 V.
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CH
|)elle aînfi les pais , ob la relîgîon
Chréiienne efl la dominante , non
feulement ceux où règne la reli-
gion Catholique, mais même ceux
où l'on fait profeflion du chriftia-
nifme altéré par le fchifme ou par
rhérérie.
CHRESTODEME , Chrcfto-^
demus , auteur d'une hifloire de
Thebes , fi Ton en croit Micliel
Apoftole.
CHRESTOMATHIES , (^}
nom que les Gtecs donnoient a
certains ouvrages. Cétoient ceux
qu'ils compofoient en ramaffant
ce que dans leurs leftures , ils
avoient marqué cl*un xT , pour
fignifier ;v/'«Ç0K bonum , bon.
CHRESTON , Chrefton, {h)
roi de Bithynie , qui fut tué par
Mithridate le grand , roi de pont.
La mort de ce Prince ne lui fut
pas imputée à crime , parce que
le Sénat l'avoit déclaré ennemi du
peuple Romain , 6c qu'il étoit par
conféquent de Tintérêt de cette
nation , que Chrefton fût aflaffi-
né. Judin nous inflruit de ces cir-
conilances dans une' harangue
qu'il met dans la bouche de Mi-
thridate.
CHRESTUS , Chreftus, (c)
Xpî^joç , préfet du Prétoire , fous
l'empire d'Alexandre Sévère. Julie
Marnée , mère de ce Prince > lui
donna le célèbre Ulpien pour
collègue , ce qui fouleva les fol-
dats mécontens de ce nouveau
miniflre. Julie Mamée prévint la
confpiration , & fit tuer Chrefius
& Flavien , qui en étoient appa-
CH 117
remment les auteurs. Xiphilin éc
Zonare difent que ce fut Ulpien
même qui fit afiafiiner les deux
préfets , pour leur fuccéder , l'an
de J. C. 228.
CHRESTUS , Chreftus ^
X/>Î5*:ç , prince de la Cherfonnèfe ,
Ôc tributaire de l'Empire , fous
Dioclétien, entra , en faveur des
Romains , dans les états de Crif-
con ou Sauromate prince du
Bofphore , vers Tan de J, C«
294 , pilla le païs des Sarmates ,
prit la ville de Bofphore, & fit
plufieurs prifonnniers , entre lef-
quels fe trouvèrent les femmes de
Crifcon , que ces avantages obli-
gèrent à demander la paix. Dio*
clétien la lui accorda , 6c en re-
connoifiance des ferv ices de Chre(^
tus, déclara la Cherfonnèfe libre 6c
exempte de tributs.
CHRESTUS , Chrefius ,
X/JÏro; , officier de l'empereur
Confiance dans fon armée des
Gaules , fut un de ceux qui trahi*
rent ce Prince en faveur du tyran
Magnence , qu'ils élevèrent à
l'empire l'an 350 de J. C. Mais ,
il fut défait la même année, âc
puni avec fes complices.
CHRESTUS, Chrcnus ^
Xfviçoç , profeflfeur à Conftanti-
nople , y enfeigna le Latin fous
l'empereur Confiance , qui le fie
fuccéder à Évantius Tan de J. C
359-
CHRETES, Chretes, lac de
Libye , oh fe trou voient trois
ifies 4 félon le Périple de Han-
non.
(s) Mém. de TAcad. des Infcrip. & I
BeU. Lett. Tom. XX. p. 16. [
(k) Juft. t. XXXVIII. e. s
le) Dlod, Cafl*. p. 917.
Hii)
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it8 C h
CHRISTODORE , Chrijîo^
dorus , Kpii'oJ'cupo: ♦ • (tf) poète
Grec , dont on ne trouve rien
dans l'anthologie imprimée , Si
dont il y a des pièces dans l'an-
thologie manufcrite de la biblio-
thèque du Roi.
CHRISTODORE , Chriflo-^
dorus , X/'.rc/w.iç , (^) autre
poëte Grec qui vivoit dans le
cinquième fiecle , fous l'empire
d'Anaftafie. Il compofa un poëme
en fix livres , de la conquête de
rifaurie , par le même Empereur,
avec quelques autres ouvrages
rapportés par Suidas. Il étoit fils
de Panifcus de la ville de Coptos
en Egypte.
CHRITILIUS , Chritilius ,
(c) cenain homme , qui , au rap-
port a^ CicéroQ , fut accufé par
C. Rotbius , & défendu par Si-
fenna.
CHROCUS , Chrocus , (J)
toi des Allemands ^ fut l'auteur &
le chef d'une irruption violente
dans les Gaules , & de mille
Cfuautés exercées par les barbares
Gu'il commandoit. Il fut vaincu
CL tué par un certain Marius , qui
de fimple foldat s'étoit avancé pa^
(a valeur dans les eiiiplois mili-
taires.
CHROMATIQUE, Chroma,
(e) l'un des crois genres de la mu-
iique ancienne. Boëce attribue à
Timothée de* Milet , l'invention
du genre Chromatique ; mais ,
(s) Mém. de TAcad. des Infcript. &
Bell. Letc. Tom. II. p. «65.
(h) Suid. T. II. p. II5S> "Sl*^
(c) Cicer. Brutus c. 141.
(d) Crév. Hitt. des Emp. Tom. V
C H
Athénée la donne à Épigonus,
Ce genre étoit moins naturel &
moins ancien que le genre diato-
nique.
11 y a voit trois efpeces de gen-
re Chromatique ; i.^ le genre
Chromatique mol ou foible , dont
les trois intervalles étoient un tiers
de ton y un autre tiers de ton , un
ton & demi , & un tiers ; 2.^ le
genre Chromatique fefquialtère ,
dont les trois intervalles étoienc
un dièfe ou quart de ton & de-
mi , un dièfe & demi , fept dièfes
ou quarts de tons; 3.® le genre
Chromatique fort ou conique ,
dont les trois intervalles étoient
un demi-ton , un autre demi ton,
un ton ÔC demi.
Des trois efpèces de genre
Chromatique , le tonique étoit le
plus aigu.
Ces réflexions font de M. Bu-
rette , qui , dans un autre endroit,
explique le genre Chromatique,
d'une manière encore plus détaillée.
n Dans le Chromatique mol ou
n foible y dit- il > les intervalles
Il étoient i.^ de Thypate à la
n parhypate , un tiers de ton ou
» un dièfe Chromatique ; 2.* de
n la parhypate au hchanos , un
n autre tiers de ton ; 3.^ du li-
n chanos à la nête , un ton &
n demi & un tiers, par indivis
n ou non divifé. Dans le Chro-
n matique fefquialtère , les inter-
I» valles étoient i.^ de l'hypate
(e) Mém. de TAcad. des Infcrîpt. &
Bell. Lett. Tom. VIII. p. 89. Tom. X^
p. 155, 279. Tom. Xni. p. 175, i8a »
186, «71 , a7a, T. XV, p. 37», «89 $
Î90.T.XVII.P.70.
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CH
» à la parhypate , un tiers &
n demi de ton , ou un dièfe 8c
» demi Chromatique ; 2.^ de la
» parhypate au lichanos , encore
» un tiers & demi de ton ; 3.^
Il du lichanos à la nête , fept
p dièfes enharmoniques ou quarts
)' de ton , ou un ton & demi , 6c
» un quart par indivis. Dans le
» Chromatique tonique ou dur,
» les intery ailes étoient i,^ de
» rhypate à la parhypate , un
» demi- ton; 2.® de la parhypate
n au lichanos , encore un demi-
» ton; 3.^ du lichanos à la nête,
» un ton & demi par indivis ,
» c'eft-à-dire , mi /fa , fa dièfe
n la, a '
On demandé pourquoi le genre
Chromatique étoit exclus de la
Tragédie. Pbtarque nous en allè-
gue une raifon générale, & qu'il
applique également à tous les re-
tranchemens de même nature ,
faits en différentes occa fions ; 8c
cette raifon e(l celle de la décence
de la bienféance , de la convenan-
ce au propre caradère de la tra-
gédie. Il confiûoit^ ce caraâère,
dans la grandeur d'ame , dans le
courage , dans la magnificence &i
dans les autres qualités héroïques,
mifes fur la fcene , ce qui s*ap-
pelloit îfôoç //«rraxT.xài'. Ce ca-
raâcre devoit être foûcenu fur
tout par les chœurs ; & c'eft à
quoi la poëfie & la mufîque dé-
voient concourir à Tenvi. Or , des
trois genres de mufique , le diato-
nique étoit le feul qu'on pût em-
ployer dans ces chœurs avec fuc-
cès ; cette forte de modulation
étant la plus propre à exprimer
les fentimens pleins de grandeur
CH 119
& d*élévatîon , que la poëfie
vouloit infpirer. Le genre Chro-
matique , dont le caraâère avoit
quelque chofe de lâche , de mol
& d'efféminé , n'y eût pas été
convenable. On ne doit donc pas
être furpris qu*il fût banni de la
mudque des tragédies.
A cette première caufe d'exclu-
fîon qu'afïîgne notre Auteur , on
peut en joindre une féconde , qui
fans doute ne laiffoit pas d'y en-
trer pour beaucoup. C'étoit la
difficulté des chants Chromati«
ques > moins naturels <{ue les dia-
toniques , à caufe des demi-ton$
multipliés , & par-là d'une exé-
cution plus épineufe. Moins la
voix fe plie aifement à cette efpè-
ce d'intonation , moins elle eft
capable (l'y chanter bien jufte ;
& il eût été beaucoup plus diffi-
cile de faire chanter d'accord en-
femble dans le genre Chromati-
que , un grand nombre d*aâeurs
muficienS) que dans le diatoni*
que. On y jouoit le Chromati-
que , & même l'enharmonique
avec autant de facilité que le dia-
tonique , parce que ces inffru-
mens , montés ou percés fur un
certain ton , le confervoient plus
invariablement.
Le mot Chromatique vient du
Grec x^^Awe» quifignifie couleur,
foit parce que les Grecs mar-
quoient ce genre par des caraûè-
res rouges ou diverfement colorés,
foit parce que le genre Chroma-
tique ed moyen entre les deux
autres ». comme la couleur entre
le blanc & le noir ; ou , félon d'au,
très , parce que le genre Chro-
matique varie & embellit le eence
Hiv
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J20 C H
diatonique par (es femî-tons , qui
font dans la mufique le même
effet que la variété des couleurs
fait dans la peinture.
CHROME , terme de Belles-
Lettres. Il lignifie couleur , raifon
fpécieufe , prétexte , qu'emploie
un orateur au défaut des motifis
folides & fondés. Ce mot eu ori-
ginairement Grec, X w>« fignifie
a la lettre, couleur.
CHROMIE , Chromîa , (a)
X-po/u ce , fille d'Itonus & petite-
fille d'Amphiftyon. Quelques-
uns prétendent qu'elle fut mariée
à Endymion.'
CHROMIS , Chromis , (b)
Xpof4iç 9 capitaine , qui comnlan-
doit avec Ennomus les Myfiens
durant le fiege de Troye.
CHROMIS , Chwrms, (c)
XpofAtç « capitaine Troyen , qui
fut tué par la reine Camille.
CHROMIS , Chromis, (d)
XpzfJLKi ♦ Tun des Centaures. Il fut
tué par Pirithoiis , l'un des prin-
cipaux d'entre les Lapithes.
CHROMIS , Chromis , Xfi-
fiiç , fiis d*HercuIe , fut foudroyé '
par Jupiter, parce qu'il nburrif-
foit fes chevaux de chair humaine.
Un Satyre prenoit auffi le nom
de Chromis.
CHROMIUS , Chromius , (e)
Xfow.&ç » capitaine Grec qui par-
tit pour le ffege de Troye.
CHROMIUS , Chromius ,
Xpo/nloç , (/) capitaine Troyen ,
(a) Pauf. p. »8f .
(^) Homer. Iliad. L. II. v. %€^,
(c) Virg. iEneid. L. XI. v. 67 j.
(d) Ovid. Metam. L. XII. Fabul.
Centaur.
(«; Homer. Iliad. L. IV. v. »9^.
CH
qui fut tué par Ulyfle. Il y en eut
un autre de même nom , qui fiit
tué par Teucer , fils de Téla-
mon.
CHROMIUS, CAromius,(g)
Xpo/uloç , fils de Nélée & de
Chioris , périt par les mains d'A-
pollon & de Diane.
CHRONIES , Chronia. Foye^
Cronies.
CHRONIUS , Chronius , (k)
Xfir/oç» tua le tyran Ariftoméli-
dcs. Foye^ Ariftomélidas.
CHRONOS , Chronos. Voyti
Cronos.
CHRONUS [Diodore].
Voyc:^ Diodore.
CHROUBIS , ChrouhU , (i)
X^obCiç « nom d'un des dieux par-
ticuliers ou fubahernes des Égyp-
tiens. Mais , peut-être faudroit-il
lire Chnoubis fur le monument
qui nous a confervé ce nom. Un
Î graveur peut avoir mis un P , au
ieu d*un N. C*eft la remarque que
fait M. le comte de Caylus; mais, »
il ajoute que fi le graveur ne s'eft .
point trompé , on pourroit croire
' que ce nom défignoit le taureau
Apis , ou Mnévis adoré en Egyp-
te. Chroub , dans la langue Hé-
braïque , dont l'affinité avec l'an-
cien Égyptien eft connue , /igni-
fioit un veau ou un taureau. Ezé-
chiel donne le nom Chroub à l'a-
nimal qu'il appelle ailleurs Schor,
un veau , ou un taureau. IC ne
doit être regardé que comme une
(/) Homer. Iliid. L. V. v. ^rf* ^»
VIII. V. S75.
f^) Homer. OdyiT. L, XI. v. aSj.
(h) Pauf. p. 5J1.
{i) Recueil d*Antiq. par M. le Comt*
de Cayl. Tom. V. pag. 70. T. VI. vf^
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C H
termînaîfon Grecque ajoutée au
nom Égyptien,
CHRUSIENS, Chrufiy peu-
pies d'Afie , dont le pais éroit
traverfe par le fleuve Halys, félon
Vibius Séquefter , ou plutôt félon
(es copiftes , qui ont défiguré cet
endroit. Ortélius » dont on ne
fçauroit trop louer la fagacité en
mille endroits des Anciens , dont
il a très-heureufement corrigé les
premières éditions , a été trompé,
comme bien d'autres , à ce pafla-
ge. L'édition de Vibius Séquefter,
in- fol, à Pézazo, chez Hierôme
Soncin , porte : Halys Lydia
Enifos tranfit vel Chrufos, Celle
des Juntes porte: Halys Lydia
Chrufos tranfit. On voit par-là
que vel Chrufos eft une efpèce de
note ajoutée par le copiue, qui
ne fçavoit fi le mot , qui fuit celui
de Lydia , devoit être lu Enifos
ou Chrufos. Il eft aifé de voir
qu'il ne faut lire ni l'un ni l'autre;
qu'il n'eft point queftion d'un peu-
ple habitué fur les bords del'Ha-
lys , & qu'enfin Vibius Séquefter
avoit en vue le fameux oracle :
Crctfus Halyn penetrans magnam
pervertet opum vint.
Ainfî y il faut lire dans Vibius
Séquefter Halyn Lydia Crœfus
tranfit. Le fleuve Halys terminoit
la Lydie , ou plutôt l'empire de
Lydie , comme il paroît par la
lettre de Darius à Alexandre. Ce-
la fufHt pour l'appel 1er un fleuve
de Lydie. Crœfus le pafla , trom-
pé par le fens équivoque d'un ora«
{a) Myth. par M. TAbb. Ban. Tom.l («) Homcr. Iliad. L. I. v. 57, 450,
VI. p. 40. 1 4P » 45 1< Scrab. p. 604. & fit»
(i) Plut. T. I. p. I», 1
CH i2t
cle , & trouva fa perte , au lieu
des conquêtes dont il (è flattoit.
Voilà ce que Vibius Séquefter a
voulu dire en peu de mots , Ha"
lyn Lydia Crœfus tranfit.
CHRYASUS , Chryafus ; {a)
cinquième roi d'Argos. Ce fut Tun
de ceux qu'on appella Inachides ,
à caufe d'inachus , qui avoit été le
premier roi d'Argos.
CHRYSA , Chryfa , Xpva^t .
(b) nom d'un lieu de l'Atiique ,
dont parle Piutarque dans la vie
de Théfée. M. Dacier traduit ce
motjla place- dorée. Ce fut près de
ce lieu que fe donna la bataille en-
tre les Amazones & les Athéniens
commandés par Théfée.
CHRYSA , Chryfa ,
Xpv^d , ville de l'Afie mineure
dans la Troade. Foye^ l'article
fuivant.
CHRYSA, Chryfa y Xpu^ct.
(c) autre ville de l'Afie mineiire ,
auflS dans la Troade , étoit fous la
proteéèion particulière d'Apollon.
Homère parle de cette ville.f//yj/<t
dit-il , qui conduifoit à Apollon
VHécatombefacrée , arrive dans le
Îort de Chryfa. Sur quoi Madame
)acier fait cette remarque. » Ho-
n mère eft un Géographe ft exaâ ,
n que non feulement il marque
n la diftance des lieux dont il
» parle ; mais , il les défigne en-
n core de manière qu'on puiffe
n toujours reconnoitre leur (îtua-
n tion. Ici on voit que cette Chry-
91 fa n'étoit pas éloignée du porc
n d'oii Ulyfte étoit parti , du che-
n min d'une journée entière, puif-
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rzi C H
n qu'Ulyffe arrive le même jour
» a allez bonne heure pour faire
» un grand facrifice, qu'il eft fong-
» tems à table , & qu on a tout le
» lolfir pour chanter des hymnes
» à Apollon avant le coucher du
» foleil. Ainfi , Chryfa n'eft éloi-
» gnée du port, que de fix ou fept
» cens ftades, comme Strabon l'a
» remarqué. Or, on compte pour
» le chemin d'une journée , mille
» ou douze cens ftades. Pour ce
» qui eft de la fituation , on voit
» qu a cette Chryfa il y a un port,
» & tout auprès un temple d'A-
n poHon. Cette remarque érok
» néceflaire pour empêcher les
» ledeurs curieux de la Géogra-
» phie , de fuivre Terreur de quel-
le ques Anciens , qui ignorant les
» anciennes Hiftoires , ont cru
w qu'Homère parle d'un autre
» Chryfa qui étoit près d'Hama-
» xite ; car , celle - ci n'avoit
» m port ni temple , & elle ne
9f fut même bâtie que long- tems
^ après la guère de Troye. «
CHRYSA, Chryfa., Xpv'sa^
{a) ifle , Tune de celles qui étoient
auprès de Tifle de Crète du côté
du Péloponnèfe , félon Pline.
^ CHRYSiE FANUM , nom
d'un lieu de la Sicile , dans une
campagne près du chemin , qui
menoit de la ville d*Aflbrus à celle
d*£nna.
CHRYSAME, Chryfama ,
prêtreflfe de la Theffalie,qui ayant
nourri un taureau de certaines
herbes venimeufes , le fit conduire
(a) Pliti. T. I. p. aip.
Ib) Plut. Tom. I pîjr, 317. Xcnoph.
pag. 51. ^/rj. Roll. Hift, Ane. Tom.
CH
vers les ennemis. Les principaux
d'entr'eux, ayant mangé de la
chair de ce taureau , devinrent in-
fenfés ^ & ce ftratagême fit que
les Éréthriens furent facilement
vaincus par les Grecs.
CHRYSANDRIENS , Chry^
fandrii, efpèce de peuples fabu-
leux. Ces peuples faifoient partie
des habitans du royaume de Nu-
raifmacie ou de la monnoie ; 6^
ils parloient toutes fortes de lan-
gues.
CHRYSANTAS , Ckryfanlas,
Xpvrstyrat;, (b) capitaine de Cy-
rus, commandoit Taile droite de la
cavalerie à la bataille de Tym-
brée.
Xénophon trace en peu de
mots un beau portrait de Chryfan-
te. Il n'étoit , dit-il , ni grand de
taille , ni robufte en apparence ,
mais d'une prudence confommée ,
brave & également propre à pbéir
& à commander.
- On dit qu'il fut extrêmement
loué par Cyrus , de ce qu'ayant
un jour fon ennemi en fa puifTance,
& 1 epée déjà levée près de le
tuer , il arrêta le coup , & le laifïa
aller f fitôt qu'il entendit fonner
la retraite.
Chryfantas avoir été gouver-
neur de rionie & de la Lycie,ou,
félon d'autres, de la Lydie..
CHRYSANTHIS , Chryfan^
this y Xpva-oty^iç , (c) apprit à Gé-
rés Tenlevement de fa fille, au
rapport de Paufanias.
CHRYSA'NTINA , Chryfan-^
I. pag. 4^1, 454.
CO Pauf..p. »s.
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CH
t'ina , (a) nom de jeux folemnels ,
qui ^é célébroient à Sardes. Il en
eft fait mention dans les ancien-
nes Infcriptions XPTCANeiMA
ES CAPz^EClN. Us font mar-
qués iur les médailles de Sardes,
de Julia Domna , de Caracalla ,
de Sévère Alexandre, de Tran-
quiliinie & d'Otacilia. M. Vail-
lant penfe qu'ils étoient ainfi nom-
més d!une couronne de fleor d*or,
qui étoit le prix des vainqueurs ;
en effet , cette couronne eft re-
préfentée fur quelques médailles.
L'urne de ces jeux porte une , &
quelquefois deux branches de pal-
mier ; d'où l'on peut inférer que
le fpeâacle étoit compofé d'une
ou de deux fortes de combats. Au
refte , nous voyons dans le droit
Romain , que ces jeux , comme
les jeux Olympiques , fe célé-
broient tous les cinq ans , c'e(l-à-
dire , après la quatrième année
révolue. Les monumens ne nous
apprennent point fi ces jeux étoient
célébrés en l'honneur des dieux
ou des empereurs , ou fi c'étoient
des jeux qui fufient particuliers à
cette ville.
CHRYSAOR , Chryfaor, (h)
m^vcdotp , fils de Neptune & de
Médufe. Voici comme on raconte
fa naiflance. n Le dieu de la mer ,
» dit Héfiode, fut fenfible aux
» charmes de Médufe ; & fur le
19 tendre gazon d'une prairie , au
n milieu des fleurs que le printems
1»^ fait édore > il lui donna des
n marques de fon amour. Elle
CH 12^
» pérît cnfuîte d'une manière fu-
i> nefte. Perfée lui coupa la tête ,
» ÔC du fang qui en fortit naqui-
» reot le héros Chryfaor ÔL le
n cheval Pégafe. Chryfaor tira
Il fon nom d une épée d or qu'il
Il tenoit à la main au moment de
n fa naifTance. Dans la fuite , il
Il devint amoureux de Callirrhoé,
n fille de l'Océan , & en eut
n Géryon , ce fameux géant à
n trois têtes, a
M. Tabbé Banier dit qu'il adop-
te volontiers l'explication , que
M. Fourmont donne de cette fa-
ble. Il regarde Chryfaor comme
un habile ouvrier , qui travailloit
en or & en ivoire ; ce que Tépée
d'or qui lui fit donner le nom de
Chryfaor , marque afleï ; fon
nom même veut dire ouvrier en
métaux. Phorcys s'en fervoit
pour mettre en œuvre les dents
d'éléphant & les cornes de diffé-
rens animaux, que fes vailTeaux
lui portoient. Oferoit-on même
bazarder une conjeâure au fujet
de Tépée d'or , avec laquelle
Chryfaor vint au monde, & dire
que ce fut avec cette épée qu'il
parut pour la première fois à la
cour de Phorcys ? fi le même
Poète dit que Chryfaor époufa
la belle Callirrhoé ,' fille de l'O-
céan , de laquelle il eut Géryon ,
c'eft que Phorcys , pour fixer un
fi bon ouvrier dans fes États, lut
procura un parti confidérable; car
enfin , il faut humanifer ces fic-
tions , & croire qu'on agiffoit
(4) Mém. de PAcad. des Infcript. &ii7t. & fniv, Mém. de PAcad. <le8
Bell. Lett. Tom. XVIil. p. 145. {infcript. & fiell. Lett. T. III. pag. 69.
{h) Pauf. p. 67, Mytb. par M. PAbb. [T. VI. p. 341. T. VU. p. 45 $46, Tom.
Ban, Tom, I. p. 196 > ao». X, VI. pag. |XVI1I. p. 7 , 10.
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1^4 C H
•lors coinme on agiroît aujour-
d'hui en pareille occafion.
Nous trouvons dans les Mé-
moires de r Académie des Infcrip-
fions & Belles Lettres , une expli-
cation de la même Fable , bien
différente de celle qu'on vient de
lire. Quand on nous dit que Chry-
faor naquit du Tang qui fortit de
la tête de Médufe , cela fignifie
que c'étoit un des deux vaifleaux
que Perfée emmena après avoir
tué cette Princefle. On a regardé
ces vaiffeaux comme les enfans de
cette Gorgone , parce qu'ils lui
appartenoient ; & on a dit qu'ils
étoient fortis de fon fang , parce
que fa mort les livra au vainqueur.
Lorfqu'Hygin ajoute que Neptu-
ne étoit leur père , on voit aflez
qu'il a voi^lu dire que de fi bons
voiliers étoient regardés comme
l'ouvrage du dieu des Mers.
CHRYSAOR , Chryfaor, (^)
"X^Virica^ y fils de Glaucus » &
petit-fils de Sifyphe , fonda la
ville de Chryfaoris en Carie , &
lui donna fon nom j au rapport
d'Etienne de Byzance.
CHRYSAORE , Chryfaotus ,
Philo(ophe,difciple du fameux Por-
phyre , qui lui adrefla fon intro-
duâion fur les Univerfaux*
CHRYSAORIS , Chry faons,
'Xp¥9'ioptç , (b) ancien nom de la
vilfe de Stratonice. Foye^ Strato-
nice.
(«) Mém. de TAcad. des InCcript. &
Bell. Lett. T. ÎX. pag. ii6, 119.
a) Paùf. p. 319* Mém. de PAcad.
des Infcripc. & Beli. Lect. Tom. 111.
pag. 110.
(c) Amiq. expl. par D. fiern. de
Mouti. T. I. p. 5|.
CH
Ce nom fut aufii donné à tonte
la Carie , félon Épaphroditus ÔC
Taufanias.
CHRYSAORIUS , Chryfao^
rius , (c) l'un des furnoms de Jupi-
ter.
CHRYSARGYRE , Cbryfar-
gyrium , (d) tribut célèbre , dont
Zozime veut que Condantin foit
l'auteur. Il fe payoit tous les qua-
tre ans par les marchands > le me-
nu peuple , Ôc les gens de mauvaife
. vie. Il y a néanmoins apparence
que ce tribut fe levoit fur des per-
fonnes infâmes , long-tems avaiit
Condantin , comme on le peut
apprendre de Suétone dans la vie
de Caligula , & de Lampride dans
celle d'Alexandre. Evagre , bien
loin de convenir que Conflantia
Tait impofé le premier , rapporte
que l'ayant trouvé établi , il eut
intention de l'abolir; ce que fit
dans la fuite l'empereur Anaftafe,
l'an de J: C. 501.
CHRYSARIUM , (e) Cbryfa-
rlum, Xpvrecptof, perfonnage ima-
ginaire. Lucien dit que c'étoit une
magicienne, qui fe changeoit la
nuit en hibou , & alloit criant par
les cimetières. On dit , ajoute Lu-
cien , qu'elle peut faire defcendre
la lune en terre par fes fortilè-
ses.
CHRYSAS , Chryfas , {f)
Xpt/0«; , ruifleau de Sicile fuivant
Cicéron. Le Chry fas étoit un ruif-
(d) Crév. Hift. def Emp. Tom. VI*
p. 5*s , 1x6.
(«) Lucian T. II. p. 70».
(/) Cicer. in Verr. L. VI. c. 8tf.
Oiod. Sicul. p. 44^. Mém. de TAcad.
des Infcripc. & Bell» Lett. T. V. pag. 94«t
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CH
&ati , qui couloit à travers -les
champs des Aflbrins. Il paflbit
chez eux pour un dieu ,& ils Thono-
roient avec une extrême religion.
Son temple étoit dans la campa-
gne , auprès du chemin par où l'on
alloit d'Aiïbrus à £nna. Il y avoit
dedans , une belle flatue de mar-
bre , qui repréfentoit le dieu
Chryfas. Fazel en parle ainfi:
o De ce temple qui étoit fitué au
» pied du mont AfTorus , il rede
» encore trois grandes arcades de
n pierres quarrées & neuf portes^
» qui font les monumens de l'an-
19 tiquné. a Dans la campagne on
trouve adez communément des
médailles de bronze , oîi Ton voit
fur un côté le Chryfas tout nu , &
de l'autre une léte d'homme avec
ce mot AJforon. Cluvier met ce
temple à la gauche de cette ri-
vière. M. de ilfle l'en éloigne un
peu.
C'eft maintenant la rivière de
Tavi, qui prend fa fource à la
montagne , & près du village de
même nom. Elle ferpente d*abord
vers le midi , & fe tournant vers
l'orient «lie fe perd dans le Dittai-
Do, au midi d'Affaro qui eft TAffo-
rus des Anciens. Fazel la nomme
Afforo. Cluvier & plufieurs autres
la prennent pour le commence-
ment du Dittaino.
CHRYSE, Cbryfe, Xpucr^
(a) ville confacrée à Apollon au-
près de Lemnos, félon Etienne
de Byzance. Cette ville étoit fans
doute dans Tifle de même nom
dont parle Paufanias.Cela eft d'au-
C H I2J
tant plus vraîfemblable que cet Au-
teur met fon ifle de Chryle dans
le voifmage de Lemnos ; & il nous
apprend même une particularité »
qui,fans lui,fetoir peut-être entiè-
rement ignorée. C'eft que les ftors
avoient englouti cette ifte , &
qu'alors une autre ifle .étoit fortie
du fein de la mer. Paufanias don-
ne le nom d'Hierâ à la nouvelle
ifle ; & M. l'abbé Sévin n'eft pas
éloigné de penfer que ce nom eft
de la façon de quelque copifte ,
qui a confondu l'ifle en queftion ^
avec celle d Hiéra bien plus con-
nue y & dont la naiflance eft rap-
portée dans Pline à la féconde
année de la CLXVIII.* Olym-
piade.
CHRYSE, Chryfe, X;,i;rî,
promontoire du pais des 'Sercs.
Ortélius , trompé par de mauvais
exemplaires de Pline , a cru que
c*étoit un golfe. Ce promontoire
étoit voifm de la rivière nommée
Lano^par le même Pline.
CHRYSE, Cbryfc , Xpurj:.
ifle dans le voifmage & au de- là
du fleuve Indus ^ au rapport da
même Pline.
CHRYSE, Chry/e, X/)t/crî,
ville de TAfie mineure dans la
Carie , félon Etienne de By-
zance.
CHRYSE, Chryfi, XptW ,
promontoire de Tifle de Lemnos ,
près d'Épheftias , à roppofite de
hfle de Ténédos , fuivant le me*
me Etienne de Byzance.
CHRYSE, Cbryfi, KpvcS^
ville du Pont, fdoh Sophocle,
(«) Pauf. pa{. 509. Mém. de TAcid. des Inficript. & BelU Lett» Tom. XIV.
p. »05.
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126 CH
dans la tragédie dé PhiloSetc.
Etienne de Byzance parle de
quelques autres lieux de même
nom , mais Ci confufément qa'on
ne peut guère en tirer de fecours
pour la Géographie.
CHRYSE , Cbryfe , Xop.? ,
(a) fille d'Halmus, eut de Mars ,
un fils qui fut nommé Phlégyas.
Ce fut lui qui fuccéda à Étéocle ,
roi d'Orchômène , mort fans en-
CHRYSÉENS , Chryfel , peu-
pies des Indes. Ils habitoient les
montagnes entre llndus 6c le Jo-
manes.
CHRYSÉIS , Chryfels , (b)
X t'Wç , fille de ChryCès, prêtre
d'Apollon; elle eft plus connue
feus le ^om patronymique de
Chryfeis , que fous celui d'Afty-
nomé ^ qui étoit fon nom propre.
Elle fut prife par Achille , loil'qu'il
faccagea Lyrnefle & quelques
Autres endroits voifins de Troye.
Elle étoit mariée au Roi de ce
pais-là. Agamemnon la trouva
fort à fon goût & la retint pour
lui.
Cependant , Chryfês alla aux
vailTeaux des Grecs , chargé de
préfens pour la rançon de fa fille,
& tenant dans fes mains les ban-
delettes facrées d'Apollon avec
lefceptre d*or , & pria humble-
ment les Grecs , & fur tout les
deux fils d'Atrée leurs généraux ;
n Fils d'Atrée , leur dit - il , &
» vous , généraux Grecs , que les
n Dieux qui habitent l'Olympe ,
n vous faflent la grâce de détruire
D la fuperbe ville de Priam , (k de
CH
» vous voir heureufement tie re-
» tour dans votre patrie ; mais ,
i> rendez- moi ma fille en recevant
n ces préfens , & refpeélez en moi
» le fils du grand Jupiter , Apol-
» Ion, dont les traits font inévita-
w bles. « Tous les Grecs firent
connohre par un murmure favo-
rable , qu'il falloit refpeâer le mi-
nière du Dieu , & recevoir fes ri-
ches préfens ; mais , cette deman-
de déplut à Agamemnon aveuglé
par fa colère. Il renvoya dure-
ment Chryies , & accompagna
fon refus de menaces , qui intimi-
dèrent ce vénérable vieillard.
Plongé dans une profonde' triftef-
fe , il s'en alla le long du rivage
de la mer. Quand il (e vit feu l 6i
éloigné du camp ,il adrefla fa priè-
re à Apollon. Ce Dieu defcend
auffi-tôt de l'Olympe , le cœur
plein de colère , avec fon arc 6c
fon carquois. Les flèches ,^ agitées
parle vol rapide de ce Dieu irrité»
retentiflbient fur fes épaules ; 6c
couvert d'un nuage , il marcholt
femblable à la'nuit. Il s'ailit loin
des vailTeaux, & tira fes flèches
qui fendirent les airs avec un fiffle-
ment épouvantable. Il ne frappa
d'abord que les mulets & les .
chiens; mais, bientôt après, les
Grecs furent eux mêmes la proie
de fes flèches martelles, & l'or»
ne voyoit par tout que monceaux
de morts fur des bûchers qui brû-
loient fans ceffe.
On convoque alors une affem-
Wée générale , & l'on confuhe le
devin Calchas ,qui répondit en ces
termes : » Apollon ne fe plaint, ni
U) Pauf. p. ^96.
l (b) Homer. Iliad. L, I. v. 8. & fii*
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, CH
» de vos vœux ni de vos facrîfi-
I) ces ; mais , il eft irrité de ce
n qu'Agamemnon a inaltraitérofi
n facrificateur 9 de ce qu'il ne lui
n a pas rendu fa 611e , ôc de ce
» qu*il a refufé Tes prcfens. Voilà
» le crime dont il rtous punit , &
» dont il nous punira encore ;
» car , il ne ceffera d'appefantir
n Ton bras fur nous , que nous
» n'ayon* rendu la belle Chryféis
I) à Ton père fans rançon , que
ï) nous n*ayons conduit à Chryfa
» une Hécatombe facrée. Peuc-
II être qu'alors touché de nos
n prières, il voudra bien k laifler
» fléchir, tt
A ces mots , Agamemnon ,
quoiqu'oucré de colère , répondit
qu'il aimeroit bien mieux garder
Chryréis,& qu*il la préféreroit mê-
me à la reine Clytemneftre,fa fem-
me I à laquelle elle n'étoit infé-
rieure ni en beauté , ni en efprit ,
ni en adrefTe pour les beaux ou-
vrages; que cependant il vouloit
bien la rendre , fi c'éioit rintérêt
des Grecs.» Qu'on prépare un
» vaiffeau , ajoûta-t-il, qu'on l'é-
I) quipe dfe bons rameurs, qu'on y
lî charge les vidimes pour l'Héca-
» tombe ; que la belle Chryféis y
» monte , & qu'un des chefs de
» l'armée aille pour la conduire 1
n Ajax , ou Idoménée , 00 Ulyf-
» fe. a Ce dernier fut choifi.
Quand oA fut arrivé dans le
port de Chryfa , on commença
par faire fortir les vi6limes. Chry-
féis defcend aufli-, & Ulyfle la
prenant par la main , la mené à
l'autel , & la préfente à fon père »
& lui dit : » Chryfès , le grand
» X9Ï AgamemnoA m*a envoyé
CH T27
» pourvçus amener votre fille,
n & pour offrir à Apollon une
n Hécatombe facrée en faveur
n des Grecs, afin que nous fadîoos
Il tous nos efforts pour appaifer ce
fi Dieu , qui nous a accablés de
Il maux épouvantables ^ que nous
n ne fçaurions afTez pleurer. «
Après lui avoir ainfi parlé , il lui
remet fa fille entre k$ mains.
Chryfès la reçoit avec une extrê-
me joie. En même tems , les
Grecs rangent les vidimes au tour
de l'autel , ils lavent leurs mains 9
& préparent l'orge facrée , né-
cerfaire pour Toblation du facriSr>
ce , pendant que Chryfès , levant
les mains au ciel, prioit pour eux
à haute voix.
Après ces prières qui furent
exaucées dans le moment, ilscon-
facrent les vi^^imes par lorge fa-
crée*, ils leur tournent la tête vers
le ciel ; ils les égorgent & les dé-
pouillent ; ils coupem enfuite les
ciiiiTes ; ils les enveloppent d'une
double graille, & mènent par-
deffus des morceaux de toutes les
autres parties. Le (àcrificateur les
fait brûler lui même fur le bois de
l'autel , & fait les afperfions de
vin. Près de lui de jeunes hommes
tenoient des broches à cinq rangs
'toutes préparées. Quand les cuif-
fes furent toutes confumées par le
feu & qu'on eut goûté aux en-
trailles , on coupa le refte par
morceaux , & on le fit rôtir avec
grand foin. Tout étant prêt , les
tables furent fervies & l'on fe pla-
ça. Chacun fut content de la por-
tion qui lui avoit été diftribuée ;
& quand le repas fut fini, de jeu-
nes gens rempUrem de vin de gran-
Digitized by LjOOQ IC
t28 CH
des urnes ; d'où ils verfoîent dans
les coupes qu'ils préfentoient à
tout le monde. Après avoir fait
les libations > on ne s'occupa le
refte du jour qu a défarmer la co-
lère d'Apollon , en chantant des
hymnes à fon honneur ^ & ce dieu
prenoit plaitir à les entendre.
Chryfeis étoit grofle , lorfqu'elle
fut renvoyée à Ion père. Cepen-
dant , elle fe vantoit <jue perfon-
ne ne l'avoit touchée ; 6c lorfqu'-
elle ne put plus cacher Ton état ,
elle foûtint que ce n*étoit point le
fait d'un homme , mais du dieu
Apollon. Le 61s , dont elle accou-
cha , fut nommé Chryfes ; il n'ap-
prit qu'un peu tard Ton extraâlon.
Le jeune Chryfès fut établi prê-
tre d'Apollon dans Tifle de Smin-
the. Orefte & Iphigénie , s'étani
fauves de la Cherfonnèfe Tauri-
que avec la (latue de Diane, a];>or-
derent dans cette ifle. Chry/es , ne
connoiffant point ce$ deux perlon-
nes, les vouloient renvoyer à
Thoas , roi de la Taurique j mais,
Agamemnon fon père lui fit fça-
voir la fraternité qui étoit entre
lui & ces deux nouveaux venus.
Alors , le jeune Chryfès fe joi-
gnit à Orefte , pour retourner dans
la. Taurique , afin d'y tuer Thoas;
& cela ayant été exécuté » ils s'en
allèrent a Mycènes avec la (latue
de Diane.
Quelques-uns difent qulphigé-
nie étoit fille d' Agamemnon ôc de
Chryféis. D'autres croyent que
Chryfès , ayant fçu le bon traite-
ment que les Grecs firent à fa fille,
(s) Pauf. p. 115 , 167.
(*) Antiq. cxpl. par D.
Montf, Tom. III. p. 14^.
fiein, dej
CH
la ramena à leur armée , & la
remit entre les mains d'Agamem-
non. Briféis & Chryféis écoient
cou fines germaines ; car , Brifès
6c Chryfès étoient frères feloa
Eudathe.
CHRYSEIS, Cbryjeis, {a)
X/>'i,> iç^ prétrefife de Junon dans
un temple que cette Déefle avoit
à quinze ftades de Mycènes. Ce
temple fut brûlé par la faute de
Chryféis , qui , s'étant endormie ,
ne s'apperçut pas que le feu d'une
lampe avoit pris à des couronnes
fort feches qui en étoient trop près.
Cette Prêtrefle s'enfuit auffi-iôt à
Tégée pour fe réfugier à l'autel
de Minerve Aléa ; mais , les Ar-
giens , quelque grand que fut ce
malheur, bien loin de vouloir pu->
nir Chryféis, laifTereht fa flatue
où elle etoit, 6c on la voyoit en-
core du tems de Paufanias , de-
vant le temple qui avoit été
brûlé.
D'autres racontent cette hifloi*
re avec quelques circonftances dif-.
fé rentes. Foyei Chryfis.
CHRYSENDETA , Cbryfcn-
de ta , X^voerJéra , (h) force de
vafes. On nommoit ainfi ceux,
qui étoient liés de bandes d'or.
CHRYSERMUS , Cbry/er-
mus, Xot/ô^/ucç ^ (c) père d'un
Ptolemée , qui âvoit rendu de
bons offices à Cléomene , roi de
Sparte,pendantque ce Prince étoit
à Alexandrie en Egypte.
CHRYSERMUS, (^ Cbryfer^
mus f XivJ'/^ç% certain peribn-
nage , qui vivoit du tems de Mé-
(«) Plut. T. I. p. 8«*.
(^d) Antiq. expliq par D. fiem. de
Montf. T, II. p. 299*
ron.
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CH
ron. On dît qu'étant pris de tnou-
rir > pour avoir bu du fang de tau*
reau , il fut guéri par Sérapis.
CHRYSERMUS, Chryfer^
mus , XfVT}pfjti(, , (a) Écrivain ,
cicé par TÂuteur du uaité des fleu-
yes. Cet Écrivain , parle d'une
fiante, qu'on tiroit du fleuve
aâole , èc qui plongée dans de
l'or en fufion , fe convertiflbii elle
même en or. Cette abfurdiié fyt
à nous donner un exemple du peu
de difcernement des Écrivains du
moyen âge.
CHRYSÉRUS ou Chryso-
rus , Chryferus , Cbryforus ,
af&ancbi de l'empereur Marc-
Aurele, vers l'an de Jefus-Chrift
162. Ilavoit compofé un ouvrage,
où l'on irouvoit une lifte de tous
ceux qui avoient commandé à
Rome depuis la fondation de cette
ville. Scaliger a inféré cette lifte
dans Tes additions à la chronique
d'Eufebe.
CHRYSÈS, Cbryfcs^ Xpitvu
fils d'Ardis , & prêtre d'Apollon,
fut père de Chryféis. Voyc;;^ Chry-
féis.
CHRYSÈS, Chryfes , X.i/V »
petic-fils du précédent , étoit fils
d'Agamemnon 6c de Chryféis,
Voyc^ Chryféis.
CHRYSÈS , Chryfes , Xpv'inç »
(h) fils de Neptune & de Chry-
logénée , fuccéda à Phlégyas au
royaume d'Orchomène. Il laiffa
en mourant , un fils nommé Mi-
nyas.
CHRYSIPPE , Cbryjïppus ,
XfviTi'Tr'TrGÇ , (c) fils naturel de Pé-
(4) Mém. de TAcad. des Infc It
Bell. Lett. Tom. XXI. pag. 15.
Ci) Pauf. p. 597.
Tom. XL
CH 119
lops.C*éto!t un Prince d'une beauté
incomparable. Latus en devint
λaftionnément amoureux , & l'en-*
eva ; mais , il fut pourfuivi avec
tant de promptitude, qu'on lui
arracha fa proie, & qu'on l'ame-
na prifonnier à Pélops , qui lui
pardonna cette a£lîon , en confia
fidérant que l'amour l'y avok
pouffé.
L'amitié de Pélops pour Chry-
fippe étoit plus grande que celle
qu'il avoit peur (es enfans légiti-
mes. C'eft pourquoi, Hippodamie»
fon époufe , animée de l'eiprit de
marâtre, exhorta Atrée & T hyef-
te , deux de fes fils , à ôter la vie
à ce bâtard, ne doutant point qu'il
ne dût un jour afpirer à la cou-
ronne. Ils lupî refuferent cet aâe
de complaifance , & alors elle prit
la réfolution d'exécuter elle-même
ce mauvais deftein. Elle prit l'épée
de Laius pendant qu'il dormoit ,
& s'en fervit à tuer Chryfippe*
Les foupçons tombèrent fur Laius
à caufe de fon épée ; mais, Chry-
fippe avant que de rendre Tame «
eut foin de le difculper. Pélops fe
contenta de chafter Hippodamie.
Il y a des Auteurs qui difent
qu'elle ne tua point Chryfippe de
(a propre main , mais qu'elle fit ce
meurtre par Atrée &Thyefte, &
qu*après avoir tué Chryfippe > ils
le jetterent dans un puits. Leur
père ne les voulant plus voir , ils
fe retirèrent à Triphylie, dans
l'Élide au Péloponnèfe. Quelques-
uns prétendent que Pélops ne fc
contenta pas de bannir fa femme ,
C«) Pauf, pag. î8i. Athcn. pag, 6o|.
Myth» par M. TAbb. Ban* Tom. VII.
p. 3ti»3a8.
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Tjo CH
& que ce fut principalement fur el-
le qu*il voulut venger la mort de
Chryfippe ; mais , qu'il ne le put ,
parce qu'elle te fauva à Midée,
ville du païs d'Argos. D'autres
difentque fe voyant accufée par
fon mari , elle fe tua. Thucydide
raconte qu'Atrée fe réfugia chez
Euryfthée fon neveu , roi de My-
cènes.
Ce Chryfippe n'eft point diffé-
rent de celui que Clément d'Ale-
xandrie , Arnobe & Firmicus
Maternus ont aflbcié à Gany»
tnéde.
CHRYSIPPE, Cbryjîppus,
X/)wo."3r^oç » (a) célèbre Philoiophe
de la fe£le Stoïcienne, naquit à
Soles , ville de Cilicie, ou àiarfe
félon d'autres. Il étoit "fils d'un cer-
tain Apollonius. D'abord, il s'étu-
dia à bien conduire un chariot , &
fut enfuhe difciple du philofophe
Cléanthe , fucceffeur de Zenon. Il
avoit l'efprit fi fubtil & fi porté à
la difpute , qu'en plufieurs rencon-
tres, il fe faifoit un plaifir de corn*
fcattre les fentimens de fon maître,
auquel il difoit qu'il n'avoit be-
foin que de la connoifiance des
principes, parce qu'il étoit affez
capable de trouver des raifonne-
mens pour les foûtenir. Vâlère
Maxime rapporte qu'à l'âge de
quatre-vingts ans , il acheva fon
trente-neuvième traité de Logi-
que. Il a fi fort excellé en cette
icience, que les payens difoient
CH
qtje fi les Dieux euffent pu fe fer-
vir de la logique , ils n'en auroient
point chbifi d'autre que celle de ce
Philofophe. Diogène Laërce écrit
qu'il laifia trois cens onze traités de
dialeâique* Quelques Auteurs en
font monter le nombre jufqu'à
fept cens cinq.
On prétend que ce qui l'enga-
gea à écrire beaucoup , ce fut l'en-
vj^ qu'il portoir à Épicure , qui
avoit fait plus de livres qu'aucun
autre Philofophe ; mais , il n'égala
jamaisce concurrent. Ses Ouvra-
ges étoient peu travaillés , & par
une fuite néceiTaire peu correâs ,
pleins de répétitions eniiuieufes ,
& fouvent même de contradic-
tions. C'étoit le défaut ordinaire
des Stoïciens, de mêler beaucoup
de fubtilités & de fécherelTe dans
leurs difputes , foit de vive voix ,
foit par écrit. Ils évitoient , ce
femble , avec autant de foin tout
agrément dans le ftyle, comme
tout relâchement dans les mœurs«
Cicéron ne les blâmoic pas beau-
coup de manquer d'un talent en-
tièrement étranger à leur profef-
fion , &C qui n'y étoit pas abfo-
lument néceffaire. Si un Philofo-
phe , dit- il , a de l'éloquence, je
lui en fçais bon gré ; s'il n'en a
point , je ne lui en fais point un
crime. Il fe contentoit qu'ils fuf-
fent -clairs & intelligibles , & c'efl:
par ou il eftimoit Épicure.
Quintilien cite fouvent avec
(*) Plin. T. II, p. 557- Pauf. p, »9,f Mal. L. I. c. 39. Roll. Hift. Ane. T.
■57. Athen. pag. 535. |Quint. L. 1. c,
1 , 3 , 8 , 10. L. XII. c. 7. Lucian. T. 11.
p. 641. Strab. p. 610 , 671. Suid. T. H.
. 1156. Cicer. de Ocat. L. I, c. «7. de
^ffic* L. I1I« c« 10* de finib. Boti^ &
h>
VI. p. 446, 447. Mém. de PAcad. def
Infcript. & Bell. Lett. T. 111. pag. a y.
Tom. VII p. 175. érficiv, T. X. p. 80f
Tom. XXI. p. 19.
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CH
éloge un Ouvrage, que Chryfip-
pe avoit fait fur l'éducation des en-
fans. Ce Philofophe s'aflbcia pen-
dant quelque tems aux Académi-
ciens , foûtenant à leur manière le
pour & le contré. Les Stoïciens fe
plaignirent, de ce que Chryfippe
avoit ramafTé tant & de fi forts ,
argumens pour le fyftême des
Académiciens , qu'il ne put enfui-
te les réfuter ; ce qui avoit fourni
des armes à Carnéade leur anta-
gonifte.
Sa doârîne, fur plufieurs points,
ne faifoit pas honneur à fa feâe^
& nëtoit capable ique de la dé-
crier. Il croyoit les Dieux périffa-
bles , & foûtenoit qu'ils périroient
en effet dans l'incendie du monde.
Il permettoit les incefles les plus
crians &L les plus abominables >
& admettoit la communauté ^es
femmes parmi les f^es. Il avoit
compofé pluficurs écrits remplis
d'obfcénités y qui faifoient horreur.
Voilà ce qu'étoit le Philofophe,
qui paffoit pour le plus ferme ap-
pui du Portique, c'efl-à-dire > de
lafeâe la plus févère du paganifme.
Il doit paroitre étonnant après
cela, que Sénèque faffe de ce
Philofophe , .en le joignant à Ze-
non , un éloge fi magnifique , juf-
qu'à dire de l'un ôc de l'autre qu'ils
ont fait de plus grandes chofes par
les travaux de leur cabinet , que
s'ils avoient commandé des ar-
mées , rempli les premières places
d'un État, établi de fages loix ; 6c
qu'il les confidere comme des Lé-
giiîateurs , non d'une feule ville ,
mais du genre humain entier.
Ce n'eft pas néanmoins que^
Sénèque adoptât indidinâement
CH Tjr
tout ce qu'avoit écrit Chryfippe^
On fçait que l'antiquité avoit ren-
fermé toute la dodrine des grâces
& des bienfaits dans les figurés al-
légoriques , fous lefquelles on
avoit coutume de les repréfenter.
Chryfippe , ayant entrepris de
traiter cet endroit important de
la morale, crut qu'il ne pouvoi^
mieux exécuter ce dedein, qu'en
donnant l'explication de ceb diffé-
rentes figures. Sénèque qui tra-
vailla depuj^ fur la même matière,
blâme fort fon prédéceffeur de s'y
être pris de la iorte , l'accufant d'an
voir traité fon fujet plutôt eii
Poëte qu'en Philofophe , & pré-
tendant qu'on inflruit tout autre-
ment les hommes par des maxi-
mes férieufes , que par des allégo-
xies agréables. Quoi .qu'il en foit »
nous avons au moins l'obligation
à Chryfippe de nous avoir tranf-
mis ce que les Anciens penfoient
fur les attributs des grâces ^ & de
nous avoir révélé les mydères
qu'ils cachoient bien ou mal fous
ces attributs. Nous difons bien ou
mal ; car , on eA obligé de conve-
nir que la plupart de ces fens myf-
tiques font un peu recherchés.
On dit que quelques - uns des
difciples de Chryfippe le prièrent
de fe trouver à un facrifice, &
qu'y ayant bu du vin pur, il en fut
tellement oppreffé, qu'il mourut
cinq jours après ; d'autres ailurent
qu'il mourut de rire , voyam un
âne qui mangeoit des figues dans
un badin d'argent,& commandant
qu'on lui apportât à boire. Sa
mort arriva fous la i43.e Olym-
piade , 207 avant l'Ère Chrétien-
ne. Ce Philofophe étoit âgé dé 73
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ija CH
ans» Mon Diogène Laërce, &<Ie
8i félon Lucien. On lai drefla un
tombeau parmi ceux des plus iU
luâres Athéniens. Sa flatue fe
voyoic dans le Céramique.
' Chryfippe, au rapport de Cicé-
ron , a dit un bon mot entre beau-**
eoup d'autres; que comme dans la
lice>chacun doit faire defon mieux
Jpoureropofterle prix , mais qu*il
n'eff pas permis d6 tendre la jam-
be à fon concurrent , ni de le re-
pouiTer de la main ; de même, dans
la vie , chacun a droit de chercher
ce qui lui peut être utile ; mais non
pas de le prendre aux autres.
CHRYSIPPE , Chryfipvus ,
Xf i/6i7rT«« , (*j) médecin Grec,
qui étoit de Cnide. On ne fçait
{>as en quel tems il a vécu. Il fut
'auteur de la nouvelle feôe des
médecins Empyriques , qui rejet-
te rem la faignée & la purgation
en ufage jufqu'alors, pour établir
des remèdes particuliers. Pline
parle du médecin Chryfippe , en
une infiqité d'endroits f mais , eft-
ce précifément de celui-ci ou de
quelqu'autre ?
CHRYSIPPE , Chryfwpus ,
XoyV/TTTTo?, {b) difciple d'Érafif-
crate » & médecin de Ptolémée.
On parle de plufieurs autres
Chryfippes, dont un avoit écrit
des Géorgiques ;-un autre natif de
Tyanes , étoit auteur d'un livre
de la manière de faire le pain.
Athénée l'a nommé habile difcou«
teur de tarte^ & de gâteaux.
CHRYSIPPE , Cbryfippus^
Hpuat-^TTù^ , (c) l'un des princi-
g,
^4i) Pin. T. II. p. 190. é* /«f •
(») Atben. p. 647.
(0 i-ttciani T, I. p. 374. ^ /#^
CH
paux Interlocuteurs d'un dialogue
de Lucien. C'eft celui oii cet Au-
teur tourne en ridicule les diffé-
rences fe£èes de Philofophes.
CHRYSIPPUS, Cbryfippus,
nom d'un des Chevaux du CirquCé
^oy^\ Chevaux du Cirque.
CHRYSIS , Cbryfis , Xpt/Viç »
\ Prétreffe de Junon à Argos.
^''étte Prêtreffe, ayant mis une
lampe proche des ornemens fa-
crés , & s'étant endormie » fut
caufe par fa négligence y de l'in-
cendie du temple confacré à cette
DéefTe. Elle fe fauva à Phliunte ,
pour éviter le reffemiment des
Argiens, qui créèrent une autre
Prêtreffe en fa place. D'autres
ont cru , d'après Arnobe , qu'elle
avoit péri elle-même dans l'em-
brafement. Saint Jérôme , dans
fon premier livre contre Jovinien,
a obfervé que cettjî prêtreffe de
Junon étoit werge. Marins Viâo-
linus , dans fes notes fur cet en-
droit-là , dit mal à propos que ce
Père parle de Chryféis qu'Aga-
memnon enleva»
Chryfis vivoit avant la guerre
du Péloponnèfe. Il y avoit huit
ans & demi que cette guerte étoit
commencée, quand Chryfis prit la
fuite.
CHRYSIS, Cbryfis y Xpf^ic,
(e) l'une des courtifanne^ de Dé«
métrius.
CHRYSIS , Cbryfis , XpJwc ,
(/) fameufe courtifanne de l'iile
d'Andros , que Térence introduit
dans fon Andrienne. Sa pauvreté
& la négligence de fes parens l'a-
(i) Thucyd. p. 99, 14s.
(«) Plut. T. I. p. 899.
(/) Terent. T. I. p. 19. & ftf.
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CH
Voient contfainie de quitter fon
païs. Elle étoit belle & à la fleur
de fa jeunefle. Au commence-
ment , elle étoit fage , & vivoit
d'une manière dure & laborieufe,
gagnant petitement fa vie , à
nier & à faire de la tapifTerie;
mais , depuis qu*il fe fut préfenté
des amans qui lui promirent de
payer fes faveurs ; comme Tefprit
eft naturellement porté à quitter
la peine pour le plaifir,elle ne put
fe foûtenir dans un pas fî gHfTant.
Elle fe contenta d*abord a un ou
de deux amans ; mais , dans la
fuite elle reçut chez elle tous ceux
qui voulurent y aller. Quand elle
fut morte , fes amans prirent foin
de fes funérailles.
CHRYSIS , Chryfis , XpLciu
a) autre fameufe courtifanne ,
»nt il eft fait mention dans Perfe*
CHRYSIS . Cbryfis , X^inq »
{h) autre fameufe courtifanne >
£lle de Déménétus » au rapport
de Lucien. Elle étoit facile, & on
en pouvoit faire tout ce qu'on
youloit 5 avec peu de chofes. Elle
accQuroit au fon de l'argénr , dit
Lucien , comme les fpeares s'en-
fuient au fon de Tairain. Cette
courtifanne fut fort aimée d'un
jeune homme nommé Gl§ucias.
Lucien , dans un de k% dialo-
gues des courtifannes » introduit
une autre Chryfis, qui s'entretient
avec Ampélis » des maux qu'elle
avoit à foufFrir de la part de Gor-
gias 9 fon amant ; car , elle en étoit
extrêmement maltiaitée, Et Lu*
^â,y Perf; Satyr. 5. t» 165.
\h) Lucîan. T. II. p. 475. jàr /#f • T.
|Ivp. ^^.&f$q.
(0 PauC p. 596,597»
. . . CH I3J
c!en lui fait dire par Aœpélis , que
c'étoit une preuve que Gorgias
Taimoit.
CHRYSIS, Cbryjîs, nom d'un
chien de Chafle. Foye^ Chiens
deChaffe.
CHRYSOGÉNIE, Cbry/oge^
nia 3 XfvaoysyeicL »» (c) fille d'Hal-
mus , eut de Neptune , un fils qui
fut nommé Chryfès, & qui monta
fur le trône d'Orchomène , après
la mort de Phlégyas.
CHRYSOGONUS , Chryfis
^Çonus , Xf»çiyvf9ç% (J) excellent
joueur de âût9 , qui avoit rem-
porté le prix aux jeux Pythiques;
Selon E^uris de Samos , Chryfa-
gonus régloit au fon de la flûte les
mouvemens âc la cadence des ra**
meurs , un jour qu'Alcibiade re^
venoit à Athènes comme ea
triomphe , avec un grand nombre
de vaifleaux , dont la plupart
avoient été pris fur les ennemis*.
CHRYSOGONUS , (c) [ U
Corn.}, ^, Corn, Cbryfogonus ^
le plus riche des affranchis de
Sylla. Un jour, celui-ci faifant
vendre à l'encan le bien 9'un ci-
toyen, qui avoit été comthe prof-
crit, & l'ayant îait adjuger à
à Chryfdgonus , pour la fommè
de deux mille drachmes , Rofcius,
fils , & héritier du mort , en fiic
très-affligé , & fit voir que ce
biea valoit au moins deux cens
cinquante talens. Sylla , qui fe
voyoit par -là coavaincu d'une
înjuftice afFreufe, s'emporta ex-
cefliyement; & à la ibllicitatioa
(<0 Plat. T. L p. 109*
(#) PluN T. I. pag. Stfa. Cicer. Ora^ '
CCoCdiL Amer. fdiJP^u*
T •••
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T34 . C H
& (uggeftion de Chryfogonus , îl
fit à Kofcius une aflPaire criminel-
le , l*accufant d'avoir tué fon père
de fes propres mains.
Voilà , pour le dire en paffant ,
une injuftice bien atroce. Un bien,
qui valoit deux cens cinquante ta-
lens , c'eft-à-dire y deux cens cin-
quante mille écus , Sylla te fait
adjuger à fon affranchi , pour deux
inrlle drachmes , c'eft - à - dire ,
^our mille livres. Ceft ainfi que
' Cicéron lui - même l'écrit dans
fon oraifpn pour Rofcius ; Bona
patris bujufce Sexti Rofcii , qua
funt fexagies , qva de L. Sylla
'duobus millibus nummûm fefe dieu
tmijfe Z. Cornélius Chryfogonus.
Phtarque a fort bien rendu ces
deux fommes , fexagies , c*eft
deux cens cinquante mille écus :
& duobus millibus nummûm y
c'eft deux mille drachmes ; car ,
nummus chez les Latins, eft fou-
vent la même chofe que drachma
chez les Grecs.Et c'eft inutilemeiît
que Scaliger a vouli? corriger ce
paflage qui n'eft nullement cor-
rompu.
Il faut entendre Cicéron lui-
même parler de c«t affranchi.
91 Chryfogonus j dit-il , qnand il
» veut defcendre de fon château
)9 du mont Palatin , a pour les
M délaffemens de fon efprit , une
1» délicieufe maifon de campâgn^e
s> aux portes de Rome ^ outre
ri plufieurs héritages confidérables
f> & à fa proximité. De plus , tfn
f> palais rempli de vafes de Co-
D rinihe & de Délos, entre lèf-
ti quels eft cette fameufe marmite
D qu'il avoit depuis peu achetée
» fi cher , que les paflans à qui
Il Ton en difoit le prix , croyoîent
» que c'étoit un fonds de terre
» qu'on vendoit.Combien croyex-
II vous qu'il ait chez lui d'ouvra-
n ges de gravure en argent ^ de
Il tapifferies fuperbes , de peintu-
» res , de tableaux , de ftatues 6c
» de figures de marbre ? Il y en a,
» Memeurs , autant qu'après les
Il pertes de plufieurs illuftres fa-
it milles , les déprédations & les
Il troubles en ont pu faire rafTem-
II bler dans une feule maifon.
Il Vous dirai- je combien eft
M nombreux fon domeftique « l'art
Il & l'élégance qui régnent dans
Il fa maifon ? LaiÎTons-Iàles talens
Il fubalternes des cuifmiers , des
Il pâtiffiers, des porteurs de lî-
II tière. Il y a pour le feul plaifir
^1 du goût & des oreilles , tant
» d'hommes à fes gages, que le
Il concert des voix , des inftrU-
II mens , des flûtes , & le bruit
w des fêtes célébrées la nuit, font
Il continuellement retentir toutes
il les maifons voifines. Combien
Il penfez-vôus , Meflieurs, qu'u-
» ne telle vie fuppofe de dépen-
n fes & de profufion tous les
n jours ? Quels font ces feftins \
Il Les croirai. )e honnêtes, dans
n cette maifon ? Si ce féjour doit
n être appelle maifon , plutôt que
» le réduit de la débauche & de
Il l'infamie. Pour lui , Meflieurs,
»• vous voyez de quel air , avec
» fà chevelu rp bien arrangée âc
n bien parfum^^ , il va & vient
9 par la place publique , accom-
II pagné d'uïie troupe de gens en
» longues robes ; vous voyez
If d'ailleurs comme il méprife le
p genre humain, & ne connok
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CH
n pcrfonne au-deffus de luî, nî
?> plus heureux , ni plus puiHant.M
CHRYSOGONUS, Cbryfo^
gonus , Xpî «-070^0; , {a) joueur
d'inftrumens.Il donnoit des leçons
aux jeunes gens , moyennant une
certaine rétribution. Juvénal ne
nous dit pas s'il faifoit payer cher,
ou non , {^s leçons.
CHRYSOGONUS , Chryfo-
gonus , Xpvroyofoç , (b) traître ,
qui livra aux Scythes la .ville de
Nicom^die. Le butin en eût été
im^lenfe , fi les habitans , préve-
vant rarrivée des Barbares , ne fe
fufTent enfuis pour la plupart avec
tout ce qu'ils purent fauver de
leurs tréfors. Les Scythes ne laif-
ferent pas d y trouver encore de
quoi fatisfaire abondamment leur
cmpidité^
CHRYSONDION , Cbfy/oa'
dion y ville de Macédoine dans la
Darétide , félon Polybe.
CHRYSOPRASE , Chryfo-
frafus » ILpuco'xpetTû; » (c) nom
d'une pierre préçieufe , qtii ferr
voit de dixième fondement aux
murs de Ja cékike Jérufalem. Sa
couleur eft verte , femblable à la
verdeur d'un porreau ; auili fon
nom figni6e<^t-il un porreau d*or.
Le Grand - Prêtre , au lieu du
Chry^oprafe, ayoit une agathe
dans fon rational.
CHRYSOPOLIS, Cbryfopo.
Us , Xpua-l-TTiTuç > (J) lieu de TAfie
nioeure , fitué près de Chalcé-
dmae* G'étoit comme l'arfenal &
(*) Juven. Saiyr^ 6. v. 74. Satyr. 7.
V. 176.
(b) Crév. Hift, des Emp. Tom. V.
^ 4»7-
v) Apoc. c* IJ. V.tQt
CH 155
le magafm de cette ville.
Pierre Gilles en parle ainfi. On
trouve enfuite , dit Denys de By-
zance, uii port ttès-beau & très-
bon , à caufe de fa grandeur , &
du calme qui y règne. Au-deffus
de la mer ei\ une campagne , qui
par une douce pente defcend vert
le rivage. On l'appelle Chryfopo-
lis , à caufe , félon quelques-uns ^
que les Perfes y étant maîtres , y
afTemblolent des monceaux d*or ,
des tributs levés fur les villes ;
mais , pluHeurs difent que ce nom
lui vient de Chryfès, fils d'Aga-
memnon & de Chryféis ; que ce
jeune Prince fuyant la cruauté
d'iEgifthe & de Clytemneftre, &
voulant fe réfugier dans la Tauri«
que , guprès d'iphigénie fa fœur ,
qui y étoit prêtreUe de Diane »
tomba malade à Chryfopolis , y
mourut, ôc y eut fa fepulture ;de
forte qu'on donna fon nom à cette
ville. On pourroit auffi Tappeller
ainfi, c'eft-à-dire, la ville d'or,
à caufe de la bonté de fon port »
félon l'ufage des Anciens , qui
comparent à l'or tout ce qu'il y a
d'excellent.
Chryfopolis étoit le lieu de corn-
merce des Chalcédoniens. C'eft-là
que Xénophon dit que les Grecs ^
qui avoient fervi fous Cyrus , s'ar-
rêtèrent fept jours pour vendre ce
qu'ils avoient pris. Le même hif-
torien dit dans fon hidoire de la
Grèce , que les chefs des Athé-
niens ayant pris la route de Chry-
(d) Diod. Sicul. p. 565, 41 j. Xenoph.
p. 39». & feq, Strab, p. 56;. Plîn. T.
L p. S91. Crév. Hift. des Emp. Too^
V. pag. 465, T. VI. p. |oj.
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ijô CH
fopolis de Chalcéddine . Tentou-
rerent de murailles , & en firent
une place , pu ils ailembloient
l'argent provenant des dix mes ;
qu'ils y établirent un impôt du
dixième fur les vaifTeaux qui ve-»
noient du Pont-Euzin , & qu'ils
y laifTerenc une flotte de trente
voiles fous deux commandans ,
pour la fureté du port. On lit les
mêmes circonflances dans Diodo-
re de Sicile.
Il paroit que cette place fut en-
fuite démentelée , puifque Strabon
ne la traite que de village. De
. même à préfent ce n'efl plus une
ville, mais un village, dont les
maifons (ont écartées l'une de l'au-
tre ; ce qui fait qu'il a environ
deux mille pas de circuit*. C'efi
préfentement le village de Scuta-
ri , nom qui peut lui être venu de
Scutarii , dont il y avoit de plu-
sieurs fortes dan» les armées Ro-
maines , comme on peut le voir
dans la Notice de l'Empire. Ainfi
on a pu dire Scutarii pour Scuta^
riorum Statio , afin d'abréger. Le
port étoit autrefois beaucoup plus
grand qu'il n'efl à préfent ; une
partie en a été remplie , lorfque la
ville de Chalcédoine a été détrui-
te ; une autre partie , pour enl-
pêcher les Barbares de s'en fervir.
Et Pierre Gilles dit que de fon
tems même , la fille du Sultan So-
litnan en fit combler une partie
pour fervir d'emplacwnent à une
mofquée & a un hôpital , gu'elld
faifoit bâtir/ où tous les toits font
de plomb, & les édifices ornés de
colonnes de marbre , de portiques,
de grandes cours & de fontaines.
. CHRYSOPOLIS , Chry/opo-,
CH
lis , XpudoTToxiç y non donné quel-
quefois à la ville de Béfançon*
Poye^ Béfançon.
CHRYSOPOLIS, C^ry/^jpo-
/w,Xf.t;oo7rox/ç, ville épifcooale d' A-
fie. Il en eflplufieurs fois tait men-
tion dans le Concile de Conftan-
cinople , qui éfl le cinquième Con-
cile général. Ortélius dit qu'on la
nommoitaufli Diofuros> c'efl-à-
dire le théâtre de Jupiter ; c'eft la
même que Chriflopoli$,que Holf-
ténius dit avoir été nommée Diof-
hiéron.
CHRYSOPOLIS, Chryfopo.
lis , Xit^îTToAiç , ville épifcopale
dans le département de la féconde
Mauritanie, félon la Notice de
Léon le Sage. Il ne faut pas con-
clure de - là qu'elle fut en Afrique;
car , elle efl nommée après plu-
lieurs villes de la Sàrdaigne » ou
des villes adjacentes , comme Ca-,
ralis , Turris , Sulchi , Phanfania ,
&c. Aubert le Mire , & le P,
Charles de Saint Paul n'en font
aucune mention.
CHRYSOPOLIS , ar^yc^/To-
/w, X^l/ro7ro^/ç , (7tf ChRISTOPO-
Lis , Cbriftopolis » Xp<s'0'3ro><; >
ville épifcopale du Patriafchat
d'Antioche, fous Boflra métropo-
le. De ces deux noms , le premier
efl dans le texte de la Notice de ce
Patriarchat ^ & le fécond efl en
marge. La Notice de l'abbé Milon
met de même dans ce qu'il ap-
pelle la grande Arabie , fous la
métropole Boflra ou BufTeleth ,
une ville nommée Chryfopolis.
CHRYSOPOLIS , Chryfopo'
lis , X^i'srsTTcA/; , /a même que la
ville d'Amphipolis. Une Notice
des villes qui ont changé de nom.
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CH
porte AmphîpoUsy nunc Chryfo"
polis.
Il faut remarquer que la reflem-
blance des deux noms Chryfopolis
& Chriftopolis , eft taufe que dans
des tems d'ignorance , des copif-
tes, ont pris fou vent Tan pour
l'autre.
CHRYSOUHOAS , a/y/or-
koas , Xpva-ifoaç , (tf) fleuve du
Péloponnèfe f félon Paufanias.
Ceux de Trcezene , à qui appar-
tenoit ce fleuve , le nommoient
Chryforhoas , parce que durant
une féchereffe de neuf années qu'il
ne tomba pas une goutté de pluie ,
& que toutes les autres fources ta-
rirent , il fut le ieul qui conferva
toujours (es eaux , & qui coula à
l'ordinaire.
CHRYSORHOAS, ao/or-
hoas f XovtropQctç^ (b) fleuve de
Sytie , qui , félon Ptolémée , cou-
loit auprès de Damas > & fes in*
terpretes prétendent que fon nom
moderne efl: Adegelo. Ortélius
dit que c'eft Bélon qui le nomme
ainfi. Le même Bélon dit que le
Chryforhoas eft partagé en tant
de rameaux p que chaque maifoq
& chaque jardin de la villa ont
une fontaine qui en eil dérivée.
Cela convient avec le récit des
Anciens ; en effet , on lie dans
Strabon:» Le Chryforhoas , qui
n prend fa fource près de la ville
s» & du territoire de Datpas , k
n confume prefque tout entier en
» ruiffeaux ; car , il arrofe des
n lieux en quantité , & fort pro-
n fonds. « Pline , parlant de la
CH 137
Décapole » dit : » La plupart y
n mettent Damas , que le fleuve
» Chryforhoas rend fertile par
» les arrofemens auxquels fl eft
i> employé, a Etienne de By-
zance nomme Bardine , un fleuve
de Damas , & on croit que c'eft
le même que le Farfar de Saint
Jérôme.
La fource du Chryforhoas ,
Chryforrhoa fontes , pour ufer des
termes de Philippe de la Rue , eft
aiTez mal placée dans VAjfyria
vêtus divlfa in Syriam , &c. de
ce Géographe , d'ailleurs habile
& des plus exaâs fur la Syrie en
général; car, il met cette fource
au midi de la ville de Damas , 6c
c'eft prefque tout le contraire,
puifqu'une bonne partie de fon
cours eft dirigée , & qu'il fe perd
enfin de ce même côté du midi.
Il eft parlé dans le cinquième
chapitre du quatrième livre des
Rois , des rivières de Damas, fous
les noms d*Abana & de Pharphar;
ce qui ne peut s'entendre que des
deux principales branches dn
fleuve nommé • par les Grecs
Chryforhoas ; lequel a encore
changé de nom fous les Arabes
qui l'ont appelle Baradi., Ainfl ,
ceux qui ont pris le Pharphar de
l'Écriture pour TOronte , fe font
doublement trompés.
Ce fleuve eft très-mal repré-
fenié dans la Carte de la Terre
Sainte , par . le Père Bonfrerius ;
mais , il l'eft très - bien dans la
Carte du même païs , dans Don
Calmet. C'eft aujourd'hui le Ba-
(a) Pauf. p. 14c. [755. Plin. T. I. p. 262. Rcg. L, IV^ e.
O) Pcolçm. L, V* c, 15. Strab. p^g.ls* K* is«
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138 CH
radi , feîon M. de la Roque.
CHRYSORHOAS. Chryfo-
thoas , X/>i^co^o£«ç . (<z) fleuve qui
fe déchargeoit dans le Bofphore
de Thrace.
Denys de Byzance , Géogra-
phe cité par Pierre Gilles, fait
]a defcription d*ui> Phare célèbre
fitué à Tecnbouchure de ce fleuve.
Aofommet de la colline, dit- il,
au bas de laquelle coule le Chry-
ibrhoas, on voit la tour Timée
d*une hauteur extraordinaire, d'où
Ton découvre une grande plage
de mer , & que l'on a bâtie pour
la fûteté de ceux qui navigeoient ,
en allumant des. feux à (on fom-
met pour les guider ; ce qui étoit
d^autant plus néceflaire que Tun ÔC
Fautre bord de cette mer eft fans
ports , 6c que les ancres ne fçau-
f oient prendre à fon fond ; mais ,
les Barbares de la côte allumoient
d'autres feax aux endroits les plus
élevés des bords de la mer pour
tromper les mariniers , & profiter
de leur naufragé , lorfque fe gui-
dam par ces faux fignaux , ils al-,
loîent fe brifer fur la côte. A pré-
sent, pourfuit Pierre Gilles , la
four efl à demi -ruinée , & Ton n'y
met plus de fanal.
CHRYSORHOAS, Cbryfo^
rJhàSf X^vcropoo'<;, ancien nom du
Paétole. Fbyei Paôole.
CHRYSORHOAS, Chryfa-
rhoas^ Xwropo^xç , fleuve de la
Cholchide , félon Pline.
Lç nom de Chryforhoas fignî-
fie que le fleuve auquel on le don-
ne , a des paillettes d'or , que fes
(i») Mém. de TAcad. des Infcript. &
Bdl. Lett. T. VI. p. 584. 585»
U) Mém. de i'Acad. des Infcript. &
CH
canx entraînent des montagnes ;
oii elles paiïiçnt, Si qui s'arrêtent
ordinairement, dans le fable, oU
les pauvres vont l'amafler. Tels
font TArriège , le Rhin , le Tage ^
& quantité d'autres fleuves.
CHRYSORRHOAS , Cbry.
forrboas , XpvroffocK; , autrement
CHRYSORHOAS. Foyc^ Çhryfo*
rhoas.
CHRYSOSTOME , Cbryfof.
tomus , Xpviriçcfioç , (^) terme
qui veut dire, qui a une bouche
d'or. C'eft le nom que Ton donne
à S. Jean Chryfoftôme , qui prê-
choit avec tant de fuccè^ fous l'env-
pire du grand Théodofe & d'Ar^
cadius fon fils.
Ce Saint étoit Syrien de nair-
fance, &C il vérifie ce que Saii»t
Jérôme a dit de cette nation , que
les Syriens fe fervent volontiers de
paraboles & de Jîmilitudes, Les
compararfons font fort fréquentes
danscetOrateur.il y fait entrer
tout ce qui fe pafloit de fon tem$
dans la cour des Empereurs , chez
les Confuls, les grands- Seigneurs,
& parmi le peuple. Il décrit les
cirques » les théâtres , & toutes
Tortes de fpeâacles , la forme &
les ornemens des maifons , la ta*
ble , les feflins , & cent autres
chofes , fou vent avec un détail des
plus finguliers.
CHRYSOTHÉMI$, Cbryfo-'
tbemis , XpuroUjutç , (c) fille d'A-
gamemnon & de Clyiemneftre ,
félon les Poètes. Homère en pat*
ticulier en fait mention.
CHTHONIA , Chtbonia, (d)
Bell. Lett. T. XIII. p. 474. & friv,
(O Homer. Iliad. (., IX. vw 1450
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C H
X^cr/a , fille de Phoronée , au rap-
port de Paufanias. Foye^ Cérès
Chihonia.
CHTHONIA, Chthonia, {a)
X^ovlct. , fille de Colontas , fîut
élevée par la deeffe Cérès. Foye^
Cérès Chthonia.
CHTHONIES, Chthonîa,{b)
X'vtcf , fèces que Ton célébroic
en l'honneur de Cérès Chthonia.
Foye^ Cérès Chthonia.
CHTHONIUS, Chthonîus,
X'oYioq , (c) l'un de ceux à qui Ton
donna le nom de Spartes , & qui
fe rendirent fort puiffans fous le
règne de Cadmus.
CHTHONIUS , Chthonius ,
ÏQoK/oç , (^) Tun des Centaures,
lequel fut tué par Neftor.Ce Cen-
taure portoit pour armes une
grande fourche.
CHTHONIUS, Chthonius,
Xôov/oç, (e)furnom, que l'on dit
avoir été donné à Mercure , par-
ce qu'il alloit dans les enfers , ou
félon d'autres, parce qu*il alloit
fur terre ; ce dernier fens eft plus
conforme à l'étymologie.
CHTHONIUS, Chthonius ,
XicVo<;. (J^ On donnoit aufti ce
nom à Jupiter , félon D. Bernard
de Montfaucon; Jupiter Chtho-
nius étoit la même chofe que Ju-
piter Terreflre.
CHUN, Chuny (g) ville de
CH 139
Syrie, qui appartenoit au roî
Adarézer. Elle fut prife par Da-
vid , qui en enleva une grande
quantité d'airain. D. Calmet croit
que c'eft la ville de Cunna , mar-
quée dans l'Itinéraire d'Antonin ,
nommée peut-être Ganna dans
Ptolémée.
CHUS, Chus, X.^ç,(^)fils
aîné de Chan^ , fut père de JNem-
rod. Il avoit eu plufieurs autres
enfans , tels que Saba , Héviia ,
Sabatha , Regma & Sabatacha.
Nous ne connoifTons dans l'É-
criture qu'un feul Chus ; mais , on
y trouve plufieurs païs qui por-
tent ce nom , foit que le même
homme ait demeuré en plufieurs
endroits , foit qu'il y ait eu quel-
qu'autre Chus , qui ne nous eft
point connu. La Vulgate, les
Septante , & les autres Interprè-
tes , tant anciens que modernes ,
traduifent ordinairement Chus par
l'Ethiopie. Mais > il y a plufieurs
pafliages , ou certainement cette
traduâion ne peut avoir lieu. Il
faut donc examiner en particulier
les diverfes acceptions du nom dç
Chus.
i.*^ Chus m.arque.le païs qui
ctoit arrofé par l'Araxe. Ceux ,
qui, en cette occafion,ont traduit
Chus par l'Ethiopie, ont donné
lieu à l'opinion infoûtenable qui
(*) Pauf- pag. 15a*
{h) Pauf. pag. 15a.
^ (f) Pauf. p. 549.
U) Ovid, Mctam. L. XII . c. 1 1 .
Ce) Antiq. expliq. par D. Bern. de
jSiiontF. T. |[. p. ijj.
(/) Antiq. cxpliq. par D. Bern.de
Moncf. T. I. p. 53.
to ParaL L. I. c. iP. v. 8.
Q) Genci. c. 2. v« 13. c. 10. v. 6. ër
feq. Numcr. ci», v. i. Reg. L. IV. c.
f9. V. 9. Parai. L. II. c. 14. v. 9. Job.
c. »8. V. 19. Ifat. c. II. V. II. c. i8.
V. I. Jerem. c. 13. v. %^. Ezecb. c.
%9* V* lo.^abac. c. |. y. 7. Sophon. c.
3. V. 10. Jofeph. de Antiq. Judaîc^
p. I j. Plin. T. I. p. 34a. Hetod. L. I,
c. aoi. L. IV. c. n. Juft. L. I, c. P,
Mém. de PAcad. de» Infcript. & Bell*
Letc, T. Ili. p. 123.
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140 C H
a entendu le Géhon du Nil. Le
Nil eft trop éloigné de TEuphrate
& du Tigre , pour qu'on puifle
dire quil fortoit comme eux du
Paradis Terreftre. Nous croyons
donc , dit D. Calmet , que Chus
Ctr le Géhon n'eft autre chofe que
Fancien païs des Scythes fur l'A-
laxe. Hérodote dit que la premiè-
re demeure de ces peuples fut fur
TAraxe , & qu'ils paflerent ce
fleuve étant chafTés par les Mafla-
getes , 6c fe retirèrent dans le païs
des Ciœmériens. Juftin donne 1 A-
raxe pour limites des Scythes du
c6té du midi. Diodore de Sicile
dit que les Scythes , qui font vol-
fins de rinde , habitèrent d'abord
fur FAraxe , & que les Saces &
les Maffagetes font diverfes bran-
ches des Scythes. Le nom de
Cutbai & à^Cutha , d'où Ton a
fait Scytha ^ ou Scutha ^ eft le
même que Chus. Les Chaldéens
mettent d'ordinaire le tau , les
Hébreux emploient le Sçhiu ; ils
difent , Chut au lieu de Chus, Les
Chutéens , qui vinrent habiter le
pais de Samarîe , étoient originai-
res du pais dçs Medes fur la mçr
Cafpienne. Ils étoient donc du
païs de Chus , dont nous parlons.
On trouve dans les environs de ce
pais , des vefiiges fenûbles du nom
de Chus. Les Quitiens , les Cé-
théens ou Coetae; , les Cy théens ,
les vilfes de Cotatb , Cétémane ,
Gthanum , Cyta, Cytaîa, Ce-
thiseum & Cethena.
2.^ Jofephe dit que les Éthio-
^ piens s'appellent eux-mêmes^ du
nom de Chus , & que toute TA-
fie les nomme de même. Saint
Jérôme dit auOi que les Hébreux
CH
donnent aux Éthiopiens le nord
de Chus , & les Septante ne les
nomment pas autrement. Jérémie
dit que comme un Chuféen » oa
Éthiopien, ne peut changer la
couleur de fa peau , de même les
Juifs ne peuvent changer de coo»
duite. Dans Ézéchiel « le Seigneur
menace de réduire l'Egypte enfo-
Ktude , depuis Mygdoi jufqu'à
Syéne & jufqu'aux confins de Chus
ou de l'Ethiopie. Et dans Ifaïe ,; il
dit qu'il rappellera fon peuple, qui
eft difperfé dans l'Aflyrie , dans
l'Egypte , dans Phétros & dans
le^païs de Chus. Tous ces carac-
tères conviennent à l'Ethiopie
proprement dite , qui eft au midi
de 1 Egypte.
3.* M. Bochart a fort bien
montré qu'il y avoit une terre de
Chus dans l'Arabie Pétrée , fron-
tière d'Egypte ; que ce païs s'é-
tendoit principalement fur le bord
oriental de la mçr Rouge, & ail
fond > à la pointe de cette mer ,
tirant vers TÉgypte & la Palefti-
ne. Voici les preuves de ce fen-
timent, Séphora, femme de Moïfef
laquelle étoit de Madian , eft
nommée Chufite par Moïfe lui-
même. Or , Madian habitoit fur
la mer Rouge , à l'orient de cette
mer dans TArabie , du confeme*
ment de Jofephe , de Ptolémée &
de Saint Jérôme. Chus étoit donc
dans le même païs. Habacuc met
le païs de Chus ou Chufan com-
me fynonyme à celui de Madian.
J*ai vu , dit - il , les tentes de
Chufan mal ajfurées. fai vu Ui
pavillons de Madian ébranlés^ La
Vulgate dit les tentes d*Éthiopic.
Job parle du topafe de Chus } 01 ^
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CH
le topafe, difent Pline & Strabon,
fie fe trouvoît que dahs une ifle
de la mer Rouge , voifine du païs
doi^t nous parlons. Ifaïe &Sopho-
aie nous décrivent TÉgypte com-
me finiée au delà des fleuves de
Chus ; ce qu*on ne peut pas en-
tendre des fieuves d'Ethiopie. Le
roi Tharaca qui vint attaquer
Sennachérib , ôi Zara , qui vint
nne autrefois faire irruption dans
le pais de Juda , étoient rois de
Chus , du païs dont nous venons
de parler , frontière d*Égypte 6c
^ de Paleiline , comme le montrent
toutes les circonflances de THifloi-
re. Ainii , conclut D. Calmet »
voilà trois païs de Chus bien
marqués dans l'Écriture, tous
confondus par les Interprètes
fous le nom général d'Éihiopie.
Après avoir entendu les fenti-
mens de ce fçavant Bénédiâin ,
a eft jufte d'entendre ceux de M,
Huet , dont le fyftême efl très-
difFérent , & qu'il appuie fur des
raifons , qui ne font pas moins
plaufibles.
Je trouve , dit ce doâe Évêque
dans fon livre de la fituation du
Paradis teneftre , trois provinces
de ce nom , l'Ethiopie , l'Arabie
& la Sufiane. Ces deux premières
ont partagé le nom de Chus , qui
eft MU mot général» qui comprend
les païs qui font des deux côtés
du golfe Arabiaue , qu'on appelle
ordinairement la mer Rouge. M.
Bochart , en fon Phaleg , a pré-
tendu que l'Ethiopie neft nom-
mée Chus en aucun endroit de
l'Écriture. Mais , je crois , dit le
même M. Huet , avoir prouvé le
contraire dans mes observations
C H 14T
fur Origène. Cette région de
Chus ou d'Ethiopie étoit donc
partagée en deux lifières » le long
des deux côtés du âeuve Arabi-
que, (k même au de- là de foa
embouchure , nommée aujour-
d'hui Bab-el- Mande ; la hfière
oriemale, qui faifoit une partie
de la grande péninfule de l'Ara-
bie; l'occidentale qui eft entre ce
golfe 6l le Nil. Homère , Héro-
dote & quelques autres « ont par-
tagé de cette forte les Éthiopiens
habitans de cette contrée , & voi-
fmsd'Égypte,en Orientaux & Oc-
cidentaux. Et Euftathe nous ap-
prend que les Anciens ont ainfi
entendu les paroles d'Homère.
De- là vient que les Homérites ,
peuples de l'Arabie, fitués fur la
' côte méridionale , font appelles
Éthiopiens par le Géogrophe Sté-
phanus. Et Holfténius , tout ha-
bile qu'il étoit , faute d'avoir fça
cela, s'eft mépris bien grofllère-
ment , en changeant les paroles
deStéphanus, 6c mettant A'pa^ùr
au lieu d*A'iG/o'jr»i', félon la loua-
ble coutume des Critiques , d'al-
térer dans les Ouvrages des An-
ciens tout ce au'ils n'entendent
pas, La partie de la province de
Chus, qui eft du côté de l'Arabie,
ne s'éloignoit pas beaucoup du
§olfe & de la mer qui eft au delà
e lembouchure du golfe , &
étoit véritablement une lifière; 8c
ce feroit témérairement qu'on
voudroit l'étendre jufqu'au côté
oriental de l'Arabie & à l'embou-
chure occidentale de l'Euphrate ,
Î)our donner quelque couleur à
'opinion qui prend cette embou-
chure pour le Géhon. On n'a ja-
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142 C H
mais étendu jufque-là les bornes
de la Chus Arabique , & c'efl une
preuve décifive contre cette opi-
nion , qu'on a eue du Géhon ;
comme au contraire , fi je prouve
que la Sufiane a porté ce nom , &
le porte encore aujourd'hui , ce
fera une preuve invincible que le
Géhon eft l'embouchure orientale
de TEuphrate.
Toutes les relations des Voya-
feurs nous apprennent que la Su-
ane s'appelle aujourd'hui Chu-
zeflan ; nom compofé de celui de
Chus & de la terminaifon Perfi-
que. Benjamin Navarrois , dit que
la grande province d'Élam , dont
Su(e eft la capitale , &. que le Ti-
gre arrofe, s'appelle ainfi. Cette
province d'Élam eft TÉlymaïde ,
qui s'étend fur la côte du golfe
Perfique à l'orient de l'embouchu-
le de l'Euphrate. Le Géographe
de Nubie & d'autres Arabes ,
l'appellent Chureftan ; mais , la
faute eft venue apparemment des
Copiftes , qui n'ont pas distingué
la lettre r & la lettre { des Ara-
bes , qui ne différent que d'un
point. Les habita ns du païs l'ap-
peilent même fimplement Chus ,
fi nous en croyons Marius Niger, *
Cette même région s'appelle
Chuta dans le quatrième livre
des Rois, félon la diverfité des
dialeéles ; & c'eft de-là en partie ,
que Salmanafar tranfporta une
colonie qui alla occuper la place
des habitans de Samarieôcdes dix
tribus , qu'il avoit fait paffer ail-
leurs. Cette nouvelle peuplade ,
connue dans la fuite fous le nom
de Samaritains , retint aufli le
nom de fon origine, & fat ap-
CH
pellée les Chatéens. Scalîger;
avec tout fon grand fçavoir, s'eft
bien lourdement troihpé , quand
, il a dit que les Samaritains ont
^ été nommés Cuthéens d'une ville
de la Colchide nommée Cytaa ,'
où Salmanafar tranfporta les dix
tribus. Les Samaritains furent
nommés Cuthéens de la provin-
ce de Cutha , d'où ils venoient ;
6c les dix tribus ne furent point
tranfportées dans la Colchide ,
mais dans l'Affyrie ; & quand el-
les auroient été tranfportées dans
la Colchide , il eft ridicule de
penfer que les Samaritains au-
roient pris leur dénomination
d'une ville d'où ils ne vinrent
point , & où ils ne demeurèrent
point , mais feulement parce que
les dix tribus , donc ils prirent la
place , y demeurèrent. Je ne fçais
pas , c'eft toujours M. Huet qui
parle , où Jofephe a trouvé ce
fleuve Cuthus , qu'il dit être l'ori-
gine du nom Cutha, qui a été
donné à cette province de Perfe.
Le mot Cutha ou Cutk , s'eft for-
mé de celui de Chus , dont les
Chaldéens changent fouvent la
dernière lettre en t ou th ^ en lui
donnant un fon plus dur ôc moins
fiflant, comme Dion Ta remarqué.
Ainfi, ils ont dit thor pourybr,
Atyrie pour AJfyrie, Il ne faut
pas croire cependant ce que quel-
ques-uns ont penfé , que le nom
de la ville de Sufe, qui étoit la
capitale de ce pais , vienne de
Chus. Elle a tiré fon nom dés lys,
que (on terroir porte en abondan-
ce ; & le lys s'appelle fufan , en
langue Hébraïque. Les Grecs
n'oac pas ignoré cette origine,
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CH
& plufieurs d'entr'euï Font mar-
quée. Cette ville s*appelle aujour-
d'hui Schoufter.
On trouve encore beaucoup
d'autre traces du nom de Chus
dans la Sufiane. On y trouve les
CofTéens , voifms des Uxiens ,
félon la pofitiou de Pline , de
Ptolémée & d'Arfîen. Schickard
s'eft abufé quand \\ a cru que ces
Ccfleens avoient donné le nom à
la province de Chuzeftan. Le nom
de Chuzeftan & celui de Cofféens
viennent d'une même fource, à
fçavoir de Chus , & non pas l'un
de Tautre. Le nom de la KifTie &
des Kiflîens en vient au (fi , c'étoit
une petite province de la SuHane,
quia donné fon nom h tous les
Sufiens. Le poëte Efchyle parle
aufîâ d une ville de ce nom , fituée
dans le même pais ; de ce qui eft
remarquable , 11 la diftingue par
fon antiquité. Il appelle au(fi Kif-
fienne la mère de Memnon , c'eft-
à-dire , l'A.urore.
CHUS , Chus , ou Choa , en
Grec , Xovç , de Xù.r , fundere ^
répandre; c'étoit une mefure de
liquides chez les Grecs, Les Au-
teurs ne s'accordent point fur la
quantité de liquides , que le Chus
contenoit ; les uns prétendent qu'il
tenoit quatre feptiers ; les autres ,
fo,ou un congé. Fabri dit neuf
livres d'huile , dix de vin , & trei-
ïe livres quatre onces de miel,
Pitifcus , dans fon Diâionnaite ,
eftime que le Chus contient fix
feptiers Attiques , ou douze co-
tyles ; que cette mefure pefoit ,
pleine d'huile,fept livres & demie,
& huit livres & un quart d^eau ou
de vin.
En général , rien de plus obfcur
que ce qui regarde les mefures
des Grecs & des Romains ; leur
variété en divers tems & en dif-
férens païs , leur inftabiiité , les
mêmes dénominations employées
j^our exprimer des chofes différen-
tes , ont jette fur ce fujet » la pJus
grande confufion. Faut- il en être
lurpris? Les mêmes inconvéniens
ne fe rencontrent- ils pas dans les
poids & les mefures des Moder-
nes ? Nous n'avons rien à repro-
cher aux Anciens;& les nations Eu-
ropéennes ont un be(bin journalier
d'avoir perpétuellement là-deflus
un tarifa la main pour faire leur
commerce non feulement chez
l'étranger , mais encore dans les
diverfes provinces d'un même
royaume. Cependant, ceux qui dé-
fireront les détails ou les conjeâu-
res de nos littérateurs fur le Chus
& fur le congé , que quelques-uns
prétendent être une même mefure,
pourront confulter les Mémoires
de l'Académie des Infcripiions 6c
Belles- Lettres , & quantité d'au-
tres livres fur les poids & les me-
fures antiques, qui ne prouvent
que trop l'incertitude qui règne ici.
Voyei aufli Congé à fon article*
. CHUSAI , Chufaï, Xr «r; , {a)
l'un des amis de David , étoit de
la ville d'Arach. Lorfque ce Prin-
ce , obligé de fuir devant Abfalcn
fon fils , arrivoit au haut de la
montagne* où il devoit adorer le
Seigneur * Chufaï vint au-deviint
de lui ayant fes habits déchirés.
(«) Rcg. L. II. c. 15. ?. 31. è-ff^* c. 16* V. 26. ^/fj. c. 17. V. 1. &fif*
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ï44 C H
& la tête couverte de potjflSère.
£>avid lui dit : » n Si vous venez
ft avec moi , vous me ferez à char-
» ge; mais, (î vous retournez à
» la ville , & n vous dites à Âb-
n falon : mon Roi , je viens vous
n offrir mes fer v ices , je vous fer-
ïi virai comme j*ai fervi votre pe-
n re , vous pouvez diffiper lecon-
M feil d*Achitophel. Vous avez
n avec vous les grands-Prêtres
» Sadoc ÔC Abiathar, auxquels
n vous direz tout ce que vous
» ajirez appris du palais. Ils ont
)i leurs deux fils « Achimaas fils
» de Sadoc & Jonathas fils d'A-
9} biî^thar ; vous m'enverrez dire
» par eux tout ce que vous fau-
ff rez. (( Chufaî , ami de Da-
vid , retourna donc à Jérufalem ^
& Abfalon y entroit en même
tems.
Chufaî vint lui faire la révéren-
ce, & lui dit : Que le Roi vive^
que Dieu le conferve. Abfalon lui
répondit : w Eft-ce donc-là la re-
I) connoifTançe que vous ^vez
» pour votre ami ? D'où rient
w que vous n*êtes pas allé avec
i> lui ? Je n*irai pas avec David ,
9> dit Chufaî ; car , je ferai à celui
}> qui a été élu par le Seigneur »
9> par tout le peuple » &l par
i> tout Ifraël » & je demeurerai
» avec lui* Et de plus , oui eA
M celui que je viens lervir ? N'eft-
n ce pas le fils du Roi. Je vous
99 obéirai comme j'ai obéi à votre
97 père. « Abfalon dit alors à
Achitophel: w Confultez enfemble
99 pour voir ce que nous avons
9> à faire. « Après cela , Achito-
phel dit à Abfalon*: j> Je vais
ti prendre dix mille hommes , 8c
Ctt
S) je poufferai DavidI cette mki
99 je tomberai fur lui, & je Tac-
19 câblerai , pendant au'il eft
n épuifé de fatigue. « Cet avis
parut bon à Abfalon , & à totis
les fiens.
Mais » Abfalon voulut encore
fçavoir l'avis de Chufaî, & l'ayant
fait venir, il lui propofa ce qu'A*
chitophel avoit dit. Chufaî ré-
pondit : >9 Le confeil qu'Achito-
99 phel a donné, n'eft pas boa
99 pour cette fois. Vous fçavez
99 que votre père , & tous cenx
99 qui l'accompagnent , (ont très-
99 vaillans ôc outrés de douleur.
n David- efl grand capitaine, il
19 n'aura garde de s^arrêter dans
99 la campagne, il eu peut-être à
99 préfent caché dans quelque ca-
99 verne. Si vous l'attaquez , &
99 que vous receviez quelque
99 échet , on dira audi tôt que le
99 parti d'Abfalon a été battu ; &
99 les plus courageux de ceux qui
99 font attachés à vous , tombe-
99 ront dans le découragement.
99 Mais , voici ce qui me paroit
99 plus avantageux. Faites affem^
99 bler tout Ilraët , depuis Dao ,
99 jufqu'à Betfabée; après cela,
99 vous irez tomber fur votre pc-
99 re ; &. vous ruinerez fon parti,
99 fans qu'il lui refte un feul bom*
99 me ; que s'il s'eft enfermé dans
99 quelque ville , tout Ifraël l'y
99 adîégera, & tirera avec des
99 cordes toutes les pierres de fes
99 murailles dans le torrent , fans
99 qu'il en reAe une feule, a
Cet avis de Chufaî fut approu-
vé d'Abfalon , & de tous les An-
ciens du peuple \ & Dieu pemiit
que le confeil d' Achitophel fut ainfî
renverfé
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CH
renverfé pour le malheur d'Abfa-
Ion. Chutai fit auffi-tôt fçavoir aux
grands-Prêtres Sadoc & Abiathar»
ce qui s'étoit pafliê , & la nouvelle
en fut promptemem portée ^ Da.
vid , qui fit au plus vite paiTer H
Jourdain à toute fon armée y de
peur qu'Abfalon , changeant de
réfolation , ne vint fondre fur lui
avec fes troupes. Achitophel
voyant que fon confeil n'avoit pas
éié fuivi , & prévoyant la perte
d'Abfaloti , s*en retourna dans fa
maifon , & fe pendit de défefpoir.
Nous ne fçavons pas quelle nit la
fin de Ch^faî.
CHUSAN RASATHAIM ,
Cbufan Rafatha*im^ X^t/o-ccf a-«9«!^9
(a) roi de Syrie , ou de Méfopo-
tamie » au rapport de l'Écriture»
Elle l'appelle en effet roi de Syrie
dans un endroit , & roi de Méfo-
potamie dans un autre. Jofephe le
dit roi des Afly riens ,& l'appelle
Chufarthe.
Ce Prince fit la guerre aux If-
raëlites,en tua plufieurs en divers
combats» força une partie de leurs
villes p reçue les autres à compo-
fition y & leur impofa à tous de
très-grands tributs. Aiiifi , ils fe
trouvèrent, durant huit ans , acca-
blés de toutes fortes de maui. Au
bout de ce terme , les Ifraëlites
crièrent au Seigneur ; & il leur
fufdta un libérateur , en là perfbn-
œ d'Othoniel , fils de Cénez, &
gendre de Caleb. Othoniel mar-
cha contre Chufan Rafathaim ;
& le Seigneur le lui livra entre les
mains.
U) Judîc. c. }. V. 8* & /ff f Jofcpht I
4e Amiq. Jadaïc p. 1 50 » 1 5 1 . 1
a) Reg. L. U.c. 18.V. »i. ér/'i* I
Tm. XI.
C H î4y
CHUSARTHE , Chufanhus,
Xoi/o-a/îGc;, le même que Chufair
Rafathaïm. Voye;^ Chufan Raià-
thaïm.
CHVSlyCbufi. Le texte Grec du
livre de Judith, parlant d'Écrébel,
dit qu'il eft près de Chufi , laquelle
eft fur le torrent de Mochmur. Le
texte Latin , beaucoup moins am**
pie que le Grec , ne parle d'aucun
de ces lieux qui étoient dans la
Paleftine > aux environs de Béthu-«
lie.
CHUSI, Çbufi, Xw^\, {h)
fiit charcé par Joab d'aller annon-
cer à David la mort de fon fils
Abfalon. Après lut avoir fait une
profonde révérence , il fe mit à
coiirir. En arrivant devant David,
il lui dit : n Mon Seigneur & mon
t) Roi , je vous apporte une bon-
19 ne nouvelle ; car, le Seigneur a
n jugé aujourd'hui en votre fa-
» veur , éc vous a délivré de la
n main de tous ceux qui s'étoient
Il foulevés contre vous, a Le Roi
demanda à Chufi fi fon fils Ab-
falon étoit en vie ? Chufi lui ré-
pondit: f> Que les ennemis de
ti mon Roi , & tous ceux qui fe
9f foulevent contre lui pour le per-
n dre » foient traités comme il l'a
» été. a Cette nouvelle caufa une
vive douleur à David.
CHUSI , Chufi, X.uû^ {ç)
fut père de Sémélias , donc il eft
Îarlé dans le prophète Jérémie.
1 y en a qui prétendent que ce
Chufi n'eft pas différent de celui
qui précède.
CHUSI , Chufi, X,ycU 00
fe\ Jerem. c. }6. v. 14.
W Sopbon. c I» V. I.
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•t^ CH
£is de Godolias , fut perd du pro-
f>hete Sophonie » comme Tattefte
ui- même ce Prophète.
CHUTÉENS . Chutai , ou
Chutheens, Chuthai, Xoi/6 '/o/,
(<z), peuples qui habitèrent d'abord
au defà de 1 Euphrate. Salmana-
far les tranfporta dans la Samarie,
en la place des Ifraëlites qui y de-
meuroient auparavant. D. Calmet
croit qu'ils éioient venus du pais
de Chus , ou de Chuta fur l'Ara-
se, 6c que leurs premières demeu-
re^ étoient dans les villes des Me-
des , fubjuguées par Salmanafar
& par les Rois d'Aflyrie Tes pré-
décefleurs; & que Ton tranfporta
les Ifraëlites aux mêmes lieux d*oii
étoient fortis les Chutéens.
Ceux-ci ne furent pas les feuls
que Ton établit alors dans les villes
de Samatie. L'Écriture dit qu'on
avoit encore fait venir des habi-
tans de Babylone , d'Avath , d'É-
math & de Sépharvaïm. Lorfque
ces peuples eurent commencé à
demeurer dans la Samarie , corn-
xn« ils ne craignoient point le
Seigneur, il envoya contr'eux des
lions qui les tuoient. On en porta
la nouvelle au roi des Aflyriens ,
& on lui vint dire : » Les peu-'
» pies , que vous avez transtérés
n & établis dans les villes de Sa-
» marie , ignorent la manière
91 dont le Dieu de ce païs • là
n veut être adoré; & ce Dîeu a
» envoyé contr'eux des lions qui
9f les tuent , parce qu'ils ne fça-
91 vent pas la manière dont l^
ji Dieu de cette terre veut être
CH
n adoré. « Alors ^ le roi des Af-
fyriens leur donna cet ordre ,' 6c
leur dit: n Envoyez en Samarie
M l'un des Prêtres que vous avez
» emmenés capti£i ; qu'il y re-
n tourne, & demeure avec ces
M peuples, afin qu'il leur appren-»
n ne le culte qui doit être renda
n au Dieu du païs. n Aïnfi , l'un
des Prêtres, qui avoient été em-
menés captif de la province de
Samarie , y étant revenu, demeu-
ra à Béthel , & il leur apprenoit
la manière dont ils dévoient ado-
rer le Seigneur. Chacun de ces
peuples enfuite fe forgea fon dieu,
& ils les mirent dans les temples
6c dans les hauts lieux , que les
Samaritains avoient bâtis ; chaque
nation mit le Tien dans la ville où
elle habitoit.
Les Babyloniens firent pour
leur dieu Sochothbénoth; les Chu-
theens, Nergel; ceux d'Émath^
Afima. Ceux de Hava firent Né-
bahâz & Tharthao; mais , ceux
de Sépharvaïm brûloient leurs en-
fans en l'honneur d'Adramélech
& d'Anamélech , dieux des Sé-
pharvaïm. Tous ces peuples ne
JaifToient pas d'adorer le Seigneur.
Ils choififlbient les derniers du
peuple pour les établir Prêtres de
leurs hauts lieux ; & ils ofFroient
leurs facrificesdans ces temples. Et
quoiqu'ils adoraiTenc le Seigneur,
ils fervoient en même tems leurs
dieux , félon la coutume des na-
tions, du milieu defquelles ils
avoient été uansférés en Sama-
rie.
(ai) Reg. L. IV. r. 17. v. 6. ér feq. c. | Jofeph. de Antîq. Judaïc. p. 345 , 3$$.
^8. V. S*). Efiir. L. I, c. 4. V. i. & fi^, i& fif.
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CH
Mais , dans la fuite > ils aban*
donnèrent le culte des Idoles , ôc
s'attachèrent uniquement a Tob-
fervance de . la loi de Moïfe ,
comme l'obrervent encore aujour-
d'hui les Samaritains defcendus
des Chutéens. Lorfque les Juifs
furent de retour dç la captivité ,
les Samaritains leur députèrent
quelques-uns d'entr'eux , pour les
prier de trouver bon qu'ils travail-
lafTent avec eux au bâtiment du
temple , difant que depuis le rè-
gne d'Aflaradon , ils avoient tou-
jours adoré le Seigneur. Mais ,
Zorobabel , Jofué fils de Jofédech,
& les Anciens du peuple leur ré-
pondirent qu'ils ne pouvoient leur
accorder ce qu'ils demandoient;
le roi de Perfe n'ayant permis
qu aux feuls Juifs de conflruire un
temple au Seigneur. Il paroît par-
là que jufqu'alors les Cbutéens
n avoient point de temple com-
mun dans leur pais ; mais que
dans chaque ville ils adoroieiit
Dieu , & peut-être les idoles ,
dans les lieux confacrés , ou fur les
hauteurs des anciens lû-aëlites. En
effet y Jofephe nous apprend que
ce ne fut que fous Alexandre le
Grand qu'ils obtinrent de pouvoir
bâtir un temple cohimun fur le
mont Garizim.
CHUZA , Cbu^ayX^vZ^ , (a)
intendant de la maifon d'Hérode
Agrippa , & mari de Jeanne ,
de laqiielle Saint Luc fait men-
tion.
CHYNALADANUS , Chy-
naladanus , autrement appelle
(â) Luc. C.8. V. 3.
(A) Antiq. expl. par D. Bern. de
Montf. Tom. II. pag. 418. & fuiv.
{c) Anciqé espl* par D. Bern* de
CH 147
Saracus. yoyei Saracus.
CHYNDONAX , Chyndo^
nax, X Yitwui,. (^) Jean Guene*
bauld de Dijon , publia Tan i6it
un livre intitulé , le Réveil dt
Chyndonax^ Ce fut à ToccaCon
d'un tombeau de ce Chyndonax ^
que Ton avoit trouvé à cinq cens
pas de la ville de Dijon , en uti
lieu nommé PouHbt. L'infcripùoti
de ce tombeau étoit en caraâèrei
Grecs ; en voici le fens : Dans U
facré bocage de Mithras ^ ce tont"
beau couvre le corps de ChyndO'^
nax j Prince des Prêtres. Retire^»
vous d*ici impie» Les Lyjîens , oU
les dieux Mânes regardent fes cen»
dres»
Dom Bernard de Monifaucon
foupçonne que cette Infcription
Îourroit bien avoir été forgée par
ean Guenebauld. Ce qu'il y a
de furprenant , ajoûte*t-il , c'eft
que les plus habiles , comme Ca-
faubon & Sau&aife, la crurent
véritable > en même tems que plu«
fieurs autres bien moins fçavans «
mais qui peut être connoifToient
mieux Guenebauld qu'eux ^ la rer
gardèrent comme fabriquée par
celui même qui la publia, A la
faveur de deux aufli grands hom-
mes que Cafaubon & Saumaife «
rinfcription paffa enfin , & beau-
coup d'habiles gens s'en fervirent
fans aucun fcrupule^
CHYPRE. Voyei Cypre* ^
CHYTRES , Chytm , XJr^o'/ ,
(c) efpèce de marmite en ufage
chez les Grecs.
CHYTRES , Chytra , (d)
Montf. Tom. III. p. 121.
(d) Antiq. cxpl. par D. Bein« dt
Montf, T, II. p. ai).
Kij
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T48 C H
fête des Athéniens , renouvellée
tous les ans le 13 du mois An-
theftéfion , le troifième des An-
theftéries. La folemnité confiftoit
à faire cuire,dans une marmite,des
femènces de toute efpèce en l'hon-
neur de Bacchus & de Mercure
Terreftre, qui conduifoit les âmes
aux enfers. Selon Athénée , on
repréfentoit ce jour- là des com-
médies & des tragédies. Ce qui
donna lieu à rétabliiTement de
cette fête , c'eft qu'après le Délu-
ge de Deucalion , ceux qui fur-
vécurent , offrirent à Mercure
Terreftre toutes fortes de graines
& defetnences, pour le rendre
propice aux Mânes de ceux qui
avoienc été fubmergés dans les
eaux. Il n'étoit permis à perfonne
de toucher à cette offrande, &
«ucun Prêtre n'y goûtoit.
CHYTRINDA , Chytrînda ,
jeux d'enfans , daiis lequel il y en
a un affis à terre au milieu des au-
tres qui courent au tour , le pouf-
fent , lui font des niches , jufqu'à
ce qu'il en ait attrapé un qui prend
fa place.
CHYTROPODES, Chytro-
podes s Xvrp'.'TieSfç « (a) terme ,
qui fe lit dans le Lévitique. Dieu
commande de brifer les Chytro-
podes » dans lefquelles il feroit
tombé quelque chofe d'impur. Le
terme Hébreu Kiraïm , que Saint
Jérôme a rendu par des marmites,
eil entendu par d'autres» d'un
foyer , ou d'un fourneau , ou d'u-
ne cuvette , ou d'un bailîn à la-
c H
ver le;s pieds. Kiraïm eft au duël ,'
& (îgnine un vaifleau compofé de
deux pièces,
CIANIENS , Ciani ^ nom,
que Tite-Live donne aux habi-
tans- de Cium ou Cius. Voye^
dus,
CIBDÉLl , Cibdeli , nom d'un
lieu dont parle Vitruve , & qui
n'étoit pas loindeTrœzene. Pref-
que tous^ les habitans de ce lieu
avoient les pieds gâtésl, ce qu'il
regarde comme un effet de la
mauvaife eau qu'ils bu voient.
Pline parle aufti de ce mal aux
pieds , & dit que les habitans de
Troëzene y étoient fu jets,mais fans
parler de Cibdéli.
CIBORIUM , Ciborîum, {h)
nom d'une coupe. Athénée nous
en a feulement confervé le nom.
Ce n'eft pas là la feule chofe, dont
les Anciens ne nous aient con-
fervé que le nom. Il y en a mal*
henreufement bien d'autres.
CIBS AIM , Cibfaïm , (c) ville
de Paleftine dans la tribu d'É-
phraïm ; elle fut deftinée pour être
une ville de refuge, & fut affi-
gnée pour demeure aux Lévites
de la tamille de Caath.
ClBYSTRES,Ci^yy?rtf . Voyti
Cybiflres.
CICÉREIUS [C], C. Ci^
cereius , (d) qui avoit été fecré-
taire de ocipion l'Africain. L'ai
de Rome 578 , il fe préfcnta pour
briguer la Préture, & il arrîva que
lé fils de Scipion fe préfenta aufE
pour briguer cette charge. Et on
an
S*
ta) Lcvit. c. II. V. jj. I W) Tic. L. XLI. fuppl. 4. c. %. c. a8.
ih) Antîq. cxpl. par D, Bcrn. deJL. XLII. ct, ai , 16. L. XLV. c. 17.
Moncf. Tom. III. pag. 149, j Ciév. Hiit Kom. Tom. IV. pag. 493 >
ic) /ofu.c«ai,v. aift 1^94
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CH
s'attendoît qu'au moins 51 empor-
teroit la dernière place , toutes les
autres étant déjà remplies. Mais,
il parut avoir tellement dégénéré
des venus de fon père , que tou-
tes les centuries lui auroient pré-
féré C. Cicéreius , fi ce citoyen ,
craignant de fe rendre odieux^
n*eût corrigé par fa modeflie, ou
le crime de la fortune , ou Terreur
de Taflemblée. Il ne put prendre
fur lui de l'emporter fur le fils de
fon patron ; & quittant fans héû-
ter la robe de Candidat , il devint
de rivai afTuré de vaincre , client
plein de reconnoiirance,& partifan
2élé de Scipion. Ainfi , ce fils de
l'Africain obtint, par la retenue de
C Cicéreius y une dignité que le
peuple lui avoit refufee , mais qui
lui fit moins d'honneur qu'à celui
qui la lui cédoit.
La modeftie y que C. Cicéreius
montra en cette occafion , ne rac-
compagna pas toujours dans tou-
tes les ai^tres circonClances de fa
vie, comme on va le voir bientôt.
Dès l'aniiée fui vante , il fut nom-
mé à la Préture. Ayant été en-
voyé contre les Corfes, il les cona-
battit en bataille rangée > leur tua
fept mille hommes , oc en prit plus
de dix-fept cens. Avant cette ac-
tion , il promit un temple à Junon
Monéta. Cette défaite obligea les
Corfes à demander la paix , qui
leur fut accordée à condition de
fournir deux cens mille livres de
ciré. C. Cicéreius , ayant foumis
cette province , pafla dans la Sar-
daigne. Le tems de fa Préture eiç-
piré , il retourna à Rome » & le
C H 749
Sénat lui donna audience dans le
temple de Bellone. Apres qu'il
eut rendu compte de fe$ avions ,
ÔL demandé inutilement lô triom-
phe y il fe le décerna lui-même de
fon autorité privée , & en fit la
cérémonie fur le mont Albin ,
i^irant un ufage qui s'étoit infen-
fiblement établi » au mépris de
l'autorité publique.
Ce fut un des trois commifla!-
res que l'on choifit , peu de tems
après , pour les envoyer en Illy-
rie vers le roi Gentius. Ls avoient
ordre de repréfenter à ce Prince
les hoflilités & les violences ,
dont s'étoient plaints dans le Sé-
nat des peuples alliés des Ro-
mains > 6c d'en demander fatis-
faâion. C. Cicéreius fut encore
envoyé environ cinq ans après ,
en qualité de commiflaire , dans
la même province , & on lui don-
na quatre Collègues. L'objet de
cette commifilion étoit de régler
les affaires de l'Illyrie , avec les
deux généraux Romains , qui
étoient alors datis ce païs.
CICÉRON , Cicero , Ki^^pcov »
(a) nom devenu célèbre , depuis
qu'il a été porté par le père de
l'éloquence Latine. Celui, qui fe
nomma le premier Cicéron , pa-
roit avoir été un perfonnage con*
fidérable,au rapport de Pluta.rque*
C'eft pourquoi , ajoute cet Au-
teur^ fes defcendans ne rejetterejit
pas ce furnom, & le portèrent
avec plaifir, quoique la plupart
s'en moquaflent , parce que ci-
c€r en Latin fignifie un pois chi«.
che , & que celui qui le porta
W Plut. T. I. p, 861. Plin. T, I. p. 97 , 98.
Kiii
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1 50 C H
le premier, avoit au bout du nez
une petite excreHence de chair
comme une verrue , qui reflem-
bloit à un pois ; ce qui lui fit don-
ner ce fur nom.
Selon Pline , ce furnom avoit
line autre origine. Il prétend que
comme Tagriculture étoit en hon-
neur anciennement à Rome &
dans tout le Latium , ôc que la
plupart cultivoient la lerre de
leurs propres mains , le norn de
Cicéron , auffi bien que celui de
Fabius & de Lentulus » venoient
des légumes , que quelqu'un de
' ces familles aimoit ou excelloit à
cultiver , pois , fèves , lentilles.
Quoi qu'il en foit , lorfque Cicé-
ron fe mit fur la route des hon-
neurs, fes amis lui confeillerent
de quitter ce furnom , qui leur
paroifToit avoir quelque chofe dV
gnoble. Mais, il leur répondit avec
xette confiance qu'infpirent le mé-
rite & ta jeunefle , qu'il préten-
doit rendre ce furnom de Cicéron,
plu6 noble que ceux de Catulus
& de Scaurus. La comparaifon
étoit iufte quant aux furnomscon-
fidérés en eux- mêmes ; car , Ca-
tulus fignifie petit chien , & Seau-,
rus, pied- bot.
CICÉRON [M.TuLLius],
M TulUus Ciccro , M. To^mj*
KDLir^m . (a) ayeul de Cicéron
' Torateur. Il demeuroit ordinaire-
ment dans une petite ville du pais
des Volfques, nommée Arpine.
Quoique cç fût le lieu de fa naif-
fance & de fon origine , il n'en
étoit pas pour cela moins citoyen
CH
Romi^în , parce qu'on avoît de^
puis Ibng-tems incorpora peu à
peu la plupart des peuples d'Ita-
lie dans -celui de Rome , en forte
qu'ils jouifibient des mêmes droits
que les Romains naturels ; & c'eft
pourquoi chacun de ces peuples
étoit agrégé à quelqu'une des
trente-cinq tribus, dans lefquelles
celui de Rome étoit divifé. Celle
où les habitans d* Arpine étoient
afibciés , s'appelloit la tribu Cor-
nélia.
M. Tullius Cicéron étoit donc
de cette tribu > & en outre de
l'ordre des chevaliers. Il fe (igna-
la dans Arpine , en réfiftant à M.
Cratidius , frère de fa femme ,
qui y voulut abolir toutes les det-
tes pour fe rendre agréable au
peuple. Le bruit en étant vena
jufqu'àRome^ Marcus Scaurus ,
Conful de cette année-là , & le
plus grand peribnnage de la répu-
blique , dit hautement qu'il auroit
bien été à fouhaiter qu'un homme
de ce courage & de cette probité
eût fait éclater ces qualités dans
la capitale de l'Empire. Ce fut lui
auffi qui dit ce bon mot , que Ci-
céron rapporte dans le fécond li-
vre de l'Orateur : Nos gens font
fcmblables aux Syriens quon ex*
pofe en vente ; celui qui fçait le
plus de Grec ^ efi le plus mé'
cbant,
CICÉRON [M.TuLLitfs],
Ai. Tullius Cictro, (b) M. ToiÎM/eç
K irLffouf , fils du précédent , avoit
époufé Helvia , de la famille des
Helviens:^l{ui étoit une famille
(fi Clcer. de Legib. L. IIL c. |5.
{h) Plut, Tom. I. pag. 8tfi. Dlo, Caf*
I (*) P
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CH
I noble , & en eut Cicéron , le pe-
j re de 1 éloquence Xatine. Il paffa
la plus grande partie du tems à
la campagne .; c'eftà^dire , à Ar- •
pine, oïl il ^occupoit à l'étude
oa à fei affaires domefliques,'
parce qu'il avoic peu de famé.
Un tribun emporté , dans Dion
Cadius , reproche à Cicéron » que
fon père étoit foulon», & avoir
cultivé toute fa vie des vignes &
des oliviers ; mais , outre que cet
Hiftorien eft manifeftement fuf-
peft lur Cicéron, du confentement
de tous les Critiques , & que Sal-
lofte , qui paYoît n'avoir rien ou-
blié , dans la déclamation fanglan-
te qui nous refte , de tout ce qui
fé pouvoir dire contrelui , ne dit
rien de femblable, cela ne s'ac-
corde pas avec ce qui a été rap-
porté de fon ayeul dans l'article
précédent. Il étoit facile à un ora-
teur ennemi , comme le tribun ,
dont parle Dion Caflius , vingt-
cinq ans après la mort d'un habi-
tant de la campagne peu connu à
Rome , tel qtie fe père de Cicé-
ron, de repréfenter fes occupa-
tions œconomiquès Sç rufliques ,
comme s'il en eût fait métier pen-
dant fa vie.
CICÉRON [UTuLLius],
L Tullius Cicero,' A. Totlmoç
KuLipatr , '(a) frère de celui qui
précède, & par conféquei^t on-
cle.de Cicéron l'orateun II vécut
familièrement avec l'orateur Marc-
. ^) Cicer. de Orat; L. H. c. s.
(*) Plut. Tom. I. pag. 877. ër/ef.
Appian. p. 600. Dio. CaiT. p. %i'i,Cx(.
àt Bell. Gall. L. V. p. 178. ér feq, L.
VI. pag. 455. ér fii» Crév, Hift, Roou
CH lyr
Antoine » ayeul du Triumvir de
même nom.
CICÉRON [M. Tullius],
M. Tullius Cicero 9 M. ToJm/o;
KtufiOùt , célèbre orateur Romain.
Foyei ToUius.
CICÉRON [ Q. Tullius ] ,
Q. Tullius Ciccro , K oUt o( « Toi/a-
>i9; KtK§pm% (b) frère du précé*
dent , après avohr été Préteur l'an
de Rome 691 , eut ,au fortir da
charge , le département de l'Afie ,
& il y demeura trois ans. Une (i
longue adminiftration n'offre rien
d^e mémorable , & les plus beaux .
monumens qui nous en reftent»
font les lettres que fon frère lui
écrivit pendant ce tems ; particu-
lièrement la première , qui eft con-
nue de tout le monde , & qui
renferme les plus fages maximes ,
& les avis les plus excellens, pour
tous. ceux qui occupent de gran-
des places. Q, Tullius Cicéron ,
étoit un homme bien différent de
fon frère , impétueux , fantafque»
ai(é à s'irriter. Il eft vrai qu'il re-
venoit aifémenc » ce qui marque
au fond , un bon caraâère.. Mais «
fes emportemens écoient fort à
charge à ceux qui dévoient lui
obéir ; & fes caprices , fes boutades
exercèrent fouvent la patience »
foit de fon frère , foit d'Atticus ,
dont il avoit époufé la fœur. Q-
céron lui propofe plus d'une fois
l'exemple de C. Oûavius , père
d'Augufte,
Q. Tullius Cicéron écoit enco-.
Tom. VI. pag. Ç44. ér fuiv, Tom. Vif.
pag. 158. cr friv. Tom. VIII. pag. i99«
& fuiv, Mém. deî TAcad. des Infcripu
& Bell. Lett. Tom. I. p. 298. ér fuiu^
T.,YU.p.i5},i54.
K îv
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T52 CH
reen Âfie, lorfque Ton frère fat
exilé ; mais , il ne tarda pas à re-
venir à Romei qu'il trouva agitée
de grands débats. Il y arriva dans
un équipage convenable à fa dou*-
kur, & il fut reçu par un très-
grand nombre des meilleurs Ci-
toyens , qui allèrent au-devant de
lui 9 mêlatit leurs larmes aux fien-
nes. Il vint fortifier les follicitatiotit
& les prières du gendre de Cicé*
ron , Pifon Frugi , jeune homme
d'un très-grand mérite , & qui fe
montra ihviolablement attaché à
fon beau-pere , mais qui ne put
recueillir le fruic de fa vertu ^
étant mort un peu avant que de le
voir de retour.
Dans la fuite , Q. TuUius Cicé-
ron fut lieutenant de Céfar dans
les Gaules; & ayant établi fes
quartiers d*hiver au pais des Ner-
viens^ il y fut attaqué par Ambto-
rix y qui » après avoir défait tota-
lement Titurius Sabinus , étoit
venu foulever les Nerviens.Ceux-
ci marchèrent contre Q. Tullius
Cicéron avec tant de promptitude
qu'ils arrivèrent avant même qu'il
fût informé du défaftre de Titurius
Sabinus. Son premier foin avoit
été d'écrire à Céfar, pour Tinf-
truire du péril où il fe trouvoît*
Mais , comme tous les chemins
étoient gardés par lés ennemis,
les différens courriers qu'il dépê-
cha^ furent arrêtés. Il fut donc
réduit pendant un tems aux feuler
reflburces que lui fourniflbient fon
courage & fon habileté dans la
guerre. Il mît en ufage tous les
moyetis connus alors pour la dé-
fenfe des places. Ses foldats em-
ploy oient à confirnire des tours»
CH
à fehifier leurs lignes , à garante
de parapets leurs remparts , tous
les intervalles où* ils n'éto^m
pas obligés de combattre. Leur
Ardeur à Touvra^e étoit incroya-
ble. On ne cefloit de travailler
ni jour ni nuit. Les malades mê-
mes & les bleflfés y mettoient la
main. Q. Tullius Cicéron , quoi-
que d^une trèf-foible famé , ani-
moit tout , préfidoit à tout ; 6c
il falloit que les foldats 1« forçaf-
fent de prendre de tenfs en tems
quelques momens de repos.
Ambiorix , après avdir plufieurs
fois tenté inutilement d'emporter
par la force le camp des Romains,
voulut eflayer de la rufe , qui lui
avoit fi bien réufli auprès de Ti-
turius Sabinus. Mais, Q. Tul-
lius Cicéron ne fut point la dupe
de tous k% artificieux difcours , &
il n'écoiHa aucune propofition.
Les foldats Romains étoient lo-
gés dans le camp fous des huttes
couvertes de chaume. C'eft ce
qui fit naître aux aflaillans la peit*
fée d'y mettre le feu. Le feptième
jour de i'actaque , un grand vent
s'étant levé , les Nerviens tancè-
rent dans le camp Romain des
balles d'aq^lle enflammées , 6c des
javelots brûlans. Le feu aidé par
le vent fe répandit en un inftant
dans toute l'étendue de la place;
& les ennemis encouragés par
Tefpérance d'achever prompte-
meht la viâoire, firent avancer
leurs tours & leurs tortues , & fe
Mifpoferent à efcalader le rempart*
La confiance des foldats Romains
fut telle^que pendant qu'ils étoient
environnés de flammes , & acca-
blés d'une grêle de traits , pea^
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GH
Jant qu'ils voyoient brûler leurs
cabanes ^ leurs bagages , & toute
leur petite fortune, non feulement
aucun ne quitta fon pofte pour
aller fauver quelque chofe de ce
qui lui appartenoit » mais il ne s'en
trouva que très-peu <}ui regardaf.
fent feulement en arrière. Tous
étoient occupés du foin de com-
battre & de reponiler Tennemû
Une il haute valeur fut récom-
penfée par le fuccès ; & fi ce jour
iut le plus difficile & le plus dur
pour les~ Romains 9 ce fut auffi ce-
loi où les ennemis perdirent beau-
coup de monde.
Cependant, îa défenfe devenoit
de jour en jour plus périlleufe
pour les Romains , à caufe du
g and nonibre de leurs bleffés; &
Ifar n'étoit point averti ; aucun
des courriers de Q. TuUius Ciçé-
ron n'avoir pu pafler. Enfin , un
efclave Gaulois , que l'on enga-
gea 4 en lui promettant la liberté ,
a fe charger d'une lettre d'avis ,
échappa aux Nerviens à la faveur
de la conformité de l'habillement
& du langage , & arriva heureu-
fement. Céfar ne nous dit point
cfb il étoit alors ; mais , il falloit
qu'il ne fût pas fort éloiené*
Rien ne paroit plus digne d'ad-
miration daiu Cé(ar , que fon ac-
tivité, qui efl comparable à celle
de la foudre. Il reçut la lettre de
Q. Tullius Cicéron fur le foir,
lorfqu'il n'y avoir plus qu'une heu-
re de foleil. Sur le champ il envoie
ordre à M. CrafTus , qui étoit
dans le païs des Bellovaces , de
partir à nrinoit avec fa légion , &
de le venir joindre. Il dépêche un
autre courrier à*C. Fabiuij qui lu*
vemoic chez les Morîns, & lui
ordonne de mener fa légion dans
l'Artois , qui étbic fur le chemin
E^ur aller à Cicéron. Il écrivit à
abiénus pour lui commander
de fe rendre fur les terres des Ner-
viens. Céfar lui-même raffemble
environ quatre cens chevaux.
Après ces préparatifs , il mar-
che à grandes journée», & fait
prendre lesdevans à un cavalier
Gaulois j porteur d'une lettre ,
dans laquelle il donnoit avis à Q.
Tullius Cicéron de fon arrivée ,
mais qu'il prit la précaution d'é-
crire en Grec , afin que ù elle
tomboit entre les mains des enne-
mis , elle ne fût pas entendue. Le
Gaulois avoit ordre , en cas qu'il
ne pût pénétrer jufqu'au camp,
d'y jetter la lettre avec un javelot,
au tour duquel il l'auroit attachée.
La chofe fut ainfi exécutée , & la
lettre portée par le javelot , s'ar-
rêta par haiard à une tour , oii el-
le demeura pendant deux jours
fans être apperçue. Le troifième
jour, un foldat l'ayant remarquée,
la prit & la remit à Q. Tullius
Cicéron j qui la lut fur le champ
en pleine afTemblée , & répandit
ainlila joie dans tout fon camp*
En même tems , on voy oit la fu-
mée qui s'élevoit des villages voi*
fins incendiés par Céfar; ce qui
ne permettoit pas de douter de
l'approche du fecours.^
Les Gaulois en eurent aufG
avis par leurs coureurs, & ils
prirent le parti de laifler Q. Tul-
lius Cicéron , & d'aller au-devant
deCéfar. Leur armée étoit de
plus de foixante mille hommes. Q
TuUitts Cicéron fit fur iie champ
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is4 CH
donner nouvelle à fon Çénéral de
f U marche des ennemis ; & le len*
demain , Céfar les découvrit lui-
même au de-là d'un grand valloa
traverfé d'un ruiffeau. Comme
rien ne l'obligeoit plus de fe hâ-
ter, il campa dans l'endroit où
il fe trouvoit , pour fe préparer à
combattre.
La confiance des ennemis alloic
fi loin, qu'ils firent proclamer tout^
autour du camp, que fi. quelque'
Gaulois ou Romain vouloir pa{l
fer de leur côté , il le pouvoit
jufqu'à la troifième heure du jour ;
^ mais , qu'après ce moment > ilsne^
feroient quartier à perfonne. Déjà
ils fe préparoient à efcalader le
rempart% & à combler le foffé »
lorfque Célar fait une fortie gêné*
raie par toutes les portes du camp
à la fois* Infanterie 6c cavalerie ,
tout fe jette fur les Barbares , que
la furprife & l'effroi mirent hors
d'état de faire aucune* réfiftance.
Tous prirent la fuite , & un très-
grand nombre reflerent fur la pla-
ce« Auffi fage que hardi , Céfar
ne voulut point poufler trop loin
la pourfuite des fuiards, à caufe^
des bois &L des marais dont le païs
étoit couvert. Comme il avoit peu
de monde avec lui , il fentoit qtte.
le moindre échet pouvott lui être
funefte. Ainfi , fans avoir fouffert
aucune perte * il délivra & joignit
Q. Tullius Cicéron. Quand il vif
les ouvrages des Barbares , leurs
tours , leurs lignes , il en fut frap-
pé d'admiration. Ayant enfuiie
fait la revue des foldats» il trouva,
que fur dix, à peine y en avoir-,
il un qui fût refté fans bleffure ; ce
qui lui fit juger quelle avoir été la
CH
grandeur du péril , Se la vigueur
de la réfidance. Il loua beaucoup
& le commandant , & la légion.
Il donna des marques particuliè-
res d'eftime & de bienveillance
aux officiers dont Q. Tullius Ci-
céron lui rendit un honorable té-
ipoignage.
L'année fuivante , Q. Tullius
Cicéron courut encore le plus
grand péril. Il avoit été laifié avec
une légion dans un fort , où les
Sicambres vinrent l'attaquer. Il
s'en fallut peu que les Romains
ne fuffent entièrement taillés en
pièces. U en périt un nombre con^
ûdérabie. ,
■ Après avoir ainfi fervi plufieurs
années dans les Gaules en qualité
de lieutenant de Céfar , Q. Tul-
lius Cicéron ne laiHa pas de pren-
dre parti pour Pompée dans la
guerre civile, & obtint de. çe^
dernier, la furintendance des bleds
^n Sardaigne pour toute l'Italie.'
Cela ne pouvoic manquer d'of-
fenfer fenfiblement fon ancien Gé-
néral. Bien plus Céfar penfoit que
c'étoit lui qui avoit, déterminé fon
frère à quitter l'Italie , & battu U
caiffe [ c'eft l'expreffion dont il fy
fervit J pour lui donner le fignal
du départ. Cicéron éroit à Brin«
des , fort. en peine de ce qu'il de*-
viendroit lui - même , lorfque CQ
mot de Céfar lui revint. Toujours,
plein de bon cœur 6c d'amitié poui:
fon frère , quoiqu'il ejut déjà quelr
que lieu de fe plaindre de lui » il.
écrivit fur 1^ champ à Céfar en.,
ces cerme^:. » Je. ne m'intéreiTe.
n pas moins- vivçment à mon
n frère, qu'à ce qui me touche
n 'moi-même i mais ^. dans U . fx%
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CH
» taation oîi je fuis , je n*ofe
n vous le recommander. Tout ce
» que je puis me permettre , c*eft
» de vous prier de ne point croi-
)> re qu'il ait tenu à lui , que je ne
» fuiviffe un fyftême de conduite
n qui vous fût agréable , & que
p mon amitié pour vous ne (e
I » foûtint fans aucune altération.
» Il m'a toujours exhorté à de-
» meurer uni avec vous ; & lorf.
n que nous fommes partis enfem-
n ble de l'Italie , il a été mon
n compagnon de voyage , &
» non pas mon guide. A tout autre
» égard , il ne me convient point
» de me rendre fon intercefleur
» auprès de vous. Votre douceur
» naturelle , l'amitié qui eft entre
n vous & luîyvoilà ce qui vous dé-
» cidera. Mais , fi la confidération
9» de mon nom ne peut lui être
n utile , au moins je vous prie
» inflamment qu'elle ne lui fafle
» point de tort. «
Cette lettre , qui refpîre l'amî-
; tié fraternelle, en même tems
i qu'elle étoit écrite avec une pru-
dence & une circonfpeâion infi-
nies , paroît faire beaucoup d'hon-
neur à Cicéron. Son frère au con-
traire , en ufa au plus mal avec
lui. S'étant retiré à P^tras , après
la défaite de Pompée , il ne fe
contenta pas de déclamer contre
Cicéron en préfence de quiconque
voulut l'entendre ; il di paffer fes
indécentes inveâives jufqu'à Cé-
far. Son fils , jeune homme pétu-
lant & impétueux , alla en Afie,
moins pour demander la grâce de
fon père , que pour charger &
accufer fon oncle. Tous les amis
de Cé(ar, qui po^r la plupart le-
CH 155
toîent aufli de Cicéron, furent
indignés de l'ingratitude de fcn
frère. Ils ne laifierent pas de lut
être favorables , parce qu'ils fça-
voient bien que Cicéron étoit fans
doute affligé de la noirceur de fes
proches ; mais qu'il étoit fort
éloigné de défirer d'en être vengé.
Q. Tullius Cicéron le fils , ayant
vu Céfar à Antioche , obtint de
lui I à la recommandation d'Hir-
tius , tQut ce qu'il demandoit.
Q. Tullius Cicéron , fut avec
fon fils , une des viâimes de la
cruauté des Triumvirs, l'an de
Rome 709 & 43 avant Jefus-
Chrifl. Le fils fut pris le premier,
ayant été trahi par fes efclaves.
C'étoit un caraftère qui avoit
donné bien des fujets de plainte à
fa famille ; & les lettres de Cicé-
ron à Atcicus font remplies de
plaintes contre lui. Néanmoins,
dans cette dernière & trifte^oc-
cafion , il fit preuve d'une ten«
dreiTe filiale , qui ne peut être af-
fez louée. Il cachoit fon père , 6c
quoique livré aux bourreaux , qui
le tourmentoient pour lui arracher
fon fecret , il s'obftinoit à garder
un généreux filence. Le père , qui
n'étoit pas loin , &C qui entendoit
tout ce qui fe paffoit , ne put fouf-
frir que fon fils fût fi cruellement
traité à caufe de lui ; il vint fe dé-
couvrir lui-même. Il y eut com-
bat encr'eux,à qui mourroit le pre-
mier. Les bourreaux les mirent
d'accord , en les égorgeant tous
deux en même tems.
Q. Tullius Cicéron devoit être
un homme d'un mérite fort dif-
tingué ; & pour peu qu'on fe don-
ne la peine de lire le commence-
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i5<î C H
ment du premier livre des dialo-
gues de l*orateur,on en fera enco-
re plus particulièrement perfuadé,
par le foin que Cicéron a pris de
lui adneflfer cet ouvrage , comme
ayant été élevé avec lui dans les
belles lettres dès leur enfance , &
ayant cultivé de même les beaux
arts dans leur jeuneffe.
aCÉRON [Q.TuLLius],
Ç. Tullius Ciccro , X. ToJm/oç
KiH^^pcav y fils de Q. Tullius Cicé-
f on & de Pomponia. Il en a été
parlé dans Tarticle précédent.
yoyei cet article.
aCÉRON [ M. Tullius ] ,
M, Tullitts Cicero ^ M. ToJm/oç
KiK^pcûv , (tf) fils de Cicéron lo-
rateur , naquit Tan de Rome 687.
Son père l'envoya à Athènes pour
y prendre les leçons de Cratippe,
qui étoit aafîi honnête homme
que bon Phllofophe, & qui fçavoit
quitter h propos la févérité de la
Phiîofophie, pour entrer dans les
plarfirs & les divertiflemens des
jeunes gens qu'il inftruifoit. Cicé-
%Cfn , qui ne s'aveugloit pas fur le
peu de talens que fon fils avoit
leçn de ta nature, fe promettoit
cependant beaucoup des foins d'un
snaître fi habile , dans une ville fi
célèbre pour les fciences & pour
la politefi!e. II voulut que fon fils
joignît à rétude de la phiîofophie
celle de l'éloquence , & qp'il s'at-
tachât , ponr cet effet , à un certain
rhéteur Grec, nommé Gorgîas ,
qui avoit alors beaucoup de répu-
tation , mais qui étoit fort adonné
aux excès de la débauche , & fur
CH
tout de la bonne chère & du vin*'
M. Junîus Brutus « ^tant venu
à Athènes , mit à l'épreuve le
jeune étudiant ; & fatisfait de fes
progrès , il le louoic beaucoup en
écrivant à fon père : n Votre fils ,
n lui dit-il , me fatisfait tellemenc
n par fon aâivité,par fa confiance
9» dans le travail , par fa grandeur
n d'âme y par fon exaâitude à
I» remplir Ces devoirs , que jamais
Il il ne paroît perdre de vue de
Il quel père il eft né. Perfuadez-
n vous que pour parvenir à des
n honneurs pareils aux vôtres ,
Il la gloire de fon père fera fa
n moindre recommandation.ee II
paroit en effet par différens traits
que l'on peut recueillir des lettres
de Cicéron, touchant fon fils , que
ce jeune homme avoit lecœur bon
& généreux ; enforte que fans
briller beaucoup par les talens de
fefprit , ii auroit pu foûtenir juf-
qu'à un certain degré la gloire de
fon nom , fi dans la fuite il ne fe
fût pas abruti par le vin ; a quoi
il avoit commencé à s'adonner à
l'exemple de fon maître Gorgias.
Tant il eft vrai que l'on prend in-
fenfiblement les habitudes de
ceux que l'on fréquente , & qu'if
efl de la dernière importance de
ne confier l'éducation de la jeu-
nefte qu'à des maîtres auffi ver-,
tueux qu'habiles.
M. Tullius Cicéron fut enve-
loppé avec fon père dans la prof-
cription des Triumvirs ; mais | il
eut le bonheur d'échapper an car-
nage,parce qu'il étoit alors auprès
C^) Appian. p. 600. Plui. T. I. p. 883 , 886. Crév. Hifl. Rom, T. VUL p. 106^
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CH-
ide M. Junius Bri^us»qui lui aroit
donné un commandement dans
fon armée. Après que le parti de ce
dernier eut été entièrement ruiné
par la perte de la bataille de Phi-
lippes , M. Tulliuis Cicéron fe
retira d'abord en Sicile auprès de
Sextus Pompée. Il revint appa-
ramment à Rome par le traité de
Mifène , & fe trouvant ainfi à
portée de recevoir les bienfaits
d'Oâavien , il fut fait augure , &
enfuite élevé au Confulat» qu'il
géra depuis le treize Septembre
de Tannée 30 avant Jefus-Chrift
îufqu'au premier Novembre.
Ce fur pendant ce court efpace
de tems , que les flatues de
Marc- Antoine furent renverfées,
en vertu d'un arrêt du Sénat , au-
quel préfidoit M. Tullius Cicéron,-
en qualité de Conful ; circondance
fingulière , & qui fut remarquée
de tout le monde , comme une
efpèce de confolation accordée aux
mânes de Cicéron , dont le fils
portoit à fon ennemi & à fon
bourreau le dernier coup de flé-
triflure & de vengeance. Car, ce
même Sénatus - Confulte ordon-
iioit que tout ce qui avoit été dé-
cerné en l'honneur de Marc- An-
toine fût aboli , que le jour de fa
naiiTance fût mis au rang des jours
malheureux , ôc qu'aucun de la
famille Antonia ne portât jamais
le prénom de Marcus. Qeft ainfi ,
conclut Plutarque y que la jufti-
ce divine réferva la fin de la
punition de Marc- Antoine à la
(/f) Horac. L, I. Satyr, 5. v. 51. ér
feq,
(h) Ovid. Mctam. L. Vf. c. 15. L. XI.
c. I, Virg. Oeorg. L, IV, y. 540, Plin.
157
CH
malfon de Cicéron.
CICHLES , C'uhîes , port de
Thrace. C'etoit celui de la ville
de Térone » félon Suidas.
CICIRRUS [MEssius],(tf)
MeJJius Cicirrus , certain homrue
dont parle Horace , & qu'il fait
Ofque d'origine. Ce Poëte le m€t
aux mains avec un eiciave , qu'il
nomme Sarmentus. Ilsfe difent
mille injures. Comme Médius Ci-
cirrus avoit fur le fourcil gauche
une vilaine cicatrice y bordée de
poil , Sarmentus en prend occa-
fion de lui reprocher qu'il feroit
terrible , fi on ne lui avoir pas fcié
une corne au front , puifque tout
écorné qu'il eft , il fait eneore
tant de bruit.
Il y a des Commentateurs
d'Horace » qui , au lieu de Ci-
cirrus , lifent Cicerrus. C'eft U
leçon que fuit M. le Batteux.
CICONIENS , Cicones , {h)
Ktit,ov€ç « peuples de Thrace* M,
d'Anville, dans fes Cartes, les'
place fur le bord de la mer Egée ,
à l'oppoGce de Tifle de Samothra-
ce. Ils ont à l'occident la ville de
Maronée , au nord celle de Dy^
me , & à l'orient le fleuve d'He-
bre. Leur païs paroît être cravexfé
par un autre fleuve , du nord au
midi , oii il fe rend dans la mer.
Cette pofîtion & ces circonf-
tances femblent être confirmées
par le témoignage d'Hérodote,
Cet Auteur en parlant de Xerxès,
dit : n Quand il fut parti de
n Dorifque , il pafTa première-
T. î. p. 104. Pomp. Mel. p. 104. Herod,
L. VII. c. 59 , 108. &fiqj Homcr. Iliafl.
L. H. V. 353 , 35^, Ody/r, L, IX. 39. &
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158 CH ,
» ment près d'une ville de Samo-
» thrace, qui eft la dernière du
» côté de l'occident. On Tappelfe
I» Méfambrie ; elle a pour voifine
» une autre ville des Thafiens ^
» nommée Stryme, & entre les
» deux^coule la rivière du Liflus»
» qui ne put fuffire pour Tarmée
» de Xerzès & fut bientôt épui-
sa fée. On appelloit anciennement
f> ce païsGalaïce;-on le nomme
i> aujourd'hui Briantice , & il ap-
7f partient proprement aux Cico->
t> niens. Après avoir paflé le Lif-
n fus 9 que Ton avoir mis à fec ,
» Xerxès traverfa ces villes Grec-
« ques , Maronée , Dicée , Ab-
}> dère j 6c les fameux étangs qui
» font à Tentour.
Pomponius Mêla met les Cîco-
niens auprès de l'Hebre. Pline les
étend au de-là de ce fleuve , du
côté de l'orient. Car, il afTure que
le païs d'^nos , ville libre , leur
appartenoif.
Homère a connu ces peuples ,
ce qui prouve leur antiquité. Il fait
dire à Ulyfle : » Je n'eus pas plu-
^> tôt mis à la voile [ en partant
n de Troye ] avec toute ma
» flotte» que je fus battu d'un
n vent orageux qui me poufla fur
» les côtes des Cicôniens , vis-à-
n vis de la ville d'Ifmare. Là je
j> fis une defcente; je battis les
n Cicôniens ; je faccageai leur
n ville , & j'emmenai un grand
n butin. Nous partageâmes notre
3> proie avec le plus d'égalité
n qu'il fut poffible , & je prefTois
3> mes compagnons de fe rem-
5> barquer, fans perdre de tems ;
n mais , les infenfés refuferent de
19 me croire , & s'amuferem à
CH
» faire bonne chère fur le rivage;
ï> le vin ne fut pas épargné ; ils
» égorgèrent quatité de moutons
» & de bœufs. Cependant , les
i> Cicôniens appellerent à leur fe-
n cours d'autres Cicôniens leurs
)> voifins j qui habitoient dans les
i> terfes , & qui étoient en plus
» grand nombre, plus aguerris
w qu'eux, mieux difciplinés , &
n mieux dreffés à bien combattre
» à pied 6c à cheval. Ils vinrent
" le lendemain à la pointe du jour
» avec des troupes auffi nom-
n breufes que les feuilles & les
>ï fleurs du printems. Alors, la
» fortune commença à fe déclarer
» contre nous par l'ordre de Ju-
w plier , & à nous livrer à tous les
n malheurs enfemble. Les Cico-
» niens nous attaquèrent devant
i> nos . vailTeaux à grands coups
» d'épée 6c de pique. Le com-
V bat fut long 6c opiniâtre. Tout
» le matin pendant que la facrée
i> lumière du jour croiffoit , nous
i> foutînmes heureufement leurs
» efforts , quoiqu'ils tuflent très-
» fupérieurs en nombre ; mais.
Il quand le foleil commença à
51 pencher vers fon couchant , ils
» nous enfoncèrent 6c nous tue-
II rent beaucoup de monde. Je
31 perdis fix hommes par chacun
w de mes vaifl'eaux. Le refte fe
3> fauva , 6c nous nous éloigna-
» mes avec joie d'une plage qui
n nous avoir été fi funefte. c<
Madame Dacier obferve qu'U-
lyfle attaqua les Cicôniens , parce
qu'ils avoient envoyé du fecours
aux Troyens , comme on le voit
dans l'onzième livre de l'Iliade,
cil Homère di.t qu'Euphémus,
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CH
fits de Trœzénus , & petit fils de
Céus^ commandoit les belliqueux'
Ciconiens.
CICONIENS , Cicones , K/.
ïto rf ?;, peuples d*Afie , dont parle
Pline. Peut - être ces Ciconiens
étoient-ils une colonie de ceux de
Thrace.
CICONIENS [ le Fleuve des],
Ciconum Flumen. {a) Pline nom-
me ainfi un fleuve , qui avoit la
propriété d'incrufter de pierre, le
bois que Ton y tenoit quelque
tems. Ovide avoit déjà dit :
Flumen habent Cicones , quod po--
tumfaxeea reddit
yifcera , quod taElis induit marmO'
ra rébus.
Séneque , dans fes queftions na-
turelles , cite ces deux vers d'Ovi-
de 9 & les allègue comme une
preuve du choix que Ion doit
faire des eaux que Ton boit. Mais,
Ovide n*étoit pas grand Phyficien;
& Séneque , qui avoit plus cultivé
la morale des Stoïciens que la
fcience des chofes naturelles , étoit
dans la même erreur que les autres
Philofophes de Tantiquité. En
voyant les incruftations pierreufes,
que certaines eaux produifoient
avec le tems au tour du bois 6c
des autres matières que Ion y te-
noit plongées , ils ont cru que ces
eaux dévoient produire le même
effet fur les entrailles & les vifce*
res du corps humain Cependant ,
Texpérience détruit ce préjugé.
On remarque même que des eaux
qui produisent ces incruflations ,
ne laiiTent pas de difloudre la
CH IS9
pierre , qui Te forme dans le corps
humain ; tant il eft vrai que ces
pierres font d'une nature très-dif>
férente. Le fleuve des Ciconiens
couloit dans le païs de ceux de
Thrace.
CICONIENS [ la Montagne
des], Ciconum Mons, On croit
que cette montagne des Ciconiens
n'étoit autre que le mont Ifmarus ;
& en ce cas le fleuve des Ciconiens
doit être le Liflus.
CICONIENS [ le Promontoi-
re des ] , Ciconium Promontoriunim
Il étoit fur le Bofphore du côté
de l'Afie. Denys de Byzance >
dans Ton traité du Bofphore de
Thrace > dont nous n'avons plus
que des fîragmens dans la collec-
tion d'Oxfort, encore ne les avons-
nous qu'en Latin , le Grec étant
vraifemblablement perdu ; cet
Auteur , dis- je , parle ainfi de ce
promontoire : » Près du promon-
» toire Lycadien eft le Naufima-
» chien , lieu iUuftre par un com-
yy bat naval [ c'eft ce que veut
n dire fon nom] ; enfuite , efl le
w promontoire des Ciconiens ,
fi ainfi nommé à caufe de la mè-
n chanceté de fes habitans. Car,
}> ayant été ruinés par une vio-
» lente fédition , ils furent chaf-
M fés de cet endroit, a
Pierre Gilles , après avoir vu
dans des Scholies très-anciennes «
écrites fur Denys de Byzance/»
que lé Bofphore eft le plus étroit
entre TAnapIe & le promontoire
des Ciconiens , en conclut que ce
promontoire doit être un lieu voi-
fm de Néocaftro, lieu nommé par
(«) Plin. T. I, p. xso«
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léo CH
les pécheurs Cormion. Il ajoute
que ce nom , félon eux , vient
d'un arbre; mais qu'ils fe trom-
pent , puifqu'il n y en a là aucun
de cette efpfcce. Ils ne fçavent
point que ce nom eft corrompu de
Ciconium.
CICURINUS [C] ASIA.
TIC US , Ç. Cicurinus Afiatïcus^
(<ï) garde du temple de Sylvain ,
qu*on appelloit Littoralis. Il nous
reAe de lui un beau monument ,
qui ed une urne fépulchrale. C.
Cicurinus Afiàticus exercée fa
charge pendant Tefpace de (eize
ans ; ce qui ed ^exprimé en ces
termes , Mdïiuavit annis XVI y
& mourut âgé de foixante-dix
an^ neuf mois fept jours. Son fils
Titus Cicurinus Dimarus lui fit
faire ce monument > qui repréfen-
te {\xx le haut , le bufle du père &
du fils, & fur un côté un arbre &
un dauphin. L'arbre , indioue , à
ce que croit D. Bernard de Mont-
faucon , Sylvain , qu'on peignoit
toujours avec un arbre ; & le
dauphin marque Sylvain , qu'on
appelloit Littoralis , parce qu on
rhonoroit au bord de la mer.
CIDÉSSA , Cidejfa , bourg
près de Gifcala , en la tribu d'A(-
îer, aux confins de celle de Neph-
tali.
CIDON , CUo , {V) petit -fîls
de Minos , embellit la ville d'A*
pollonie en Crète , & lui fît por-
ter depuis le nom de Cidônie.
CIE , Cïa , KU { la même que
Cée royei Cée.
C H
CIEL 3 Cœlum , ivpotK^ , (<?J
le plus ancien des dieux y étoit »
félon Héfiode » fils de la Terre.
Seule elle Tenfanta égal à elle-
même » afin qu'il pût la couvrir
de toutes parts & devenir le féjour
des Dieux^
Le del s'allia enfuite avec la
Terre même , & en eue un grand
nombre d'enfans; i.^ L'Océan ôc
Téthys ; de qui naquirent Dioné ^
Métis , plufieurs autres filles , dont
Styx fut la plus illuftre , les Riviè-
res & les Fontaines ; 2.^ Cœus &
Phcebé , de qui vinrent Latone &
Aftérie ; 3.« Hypérion & Théïa,
dont l'alliance produifit le Soleil
la Lune & l'Aurore; 4.<> Japet,quî
de Clymène , l'une des filles de
rOcéan , eut Atlas , Ménœtius ,
Prométhée & Épiméthée; y^
Creios, qui époufa Eurybie , fille
de la Terre &l du Pont , & en eut
trois fils ; fçavoir , Aftréus , Pal-
las & Perfès.
De l'alliance du Ciel & de la
Terre naquirent auffi Rhéa , Thé-
mis & Mnémofyne. Saturne vint
après tous ceux qu'on a nommés ;
& la Terre eut encore après luijes
Cyclopes & les Hécatonchires.Les
Cyclopes furent appelles Brontès,
Stéropès & Argès ; ils n'avoient
qu'un œil au milieu du front ; du
refte , ils étoient femblables aux
autres immortels. Pour les Héca-
tonchires , Coctus , Briarée &
Gygès , ils avoienc chacun cin-
quante têtes & cent bras. Le Ciel
n'en put foûtenir la vue ; & à
{a) Antiq. expl. par D. Bem
Montf. Tom. V, pag. 66
det (c) Mych. par M. TAbb. Ban. T. I. p.
1194 » 195 • Mém. de PAcad. des Infcript.
& Bell. Lett. T. I. p. aoa. T. III. p. ». T
jri. i)ag. 14e,
I VII. p, a. (ùrfrUI* XVIII. p. ). èr fuiv.
jnefure
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CH
mefure qu'Us naquirent , 51 les ca-
cha dans les fombres demeures de
la Terre , & les chargea de chai*
nés.
Le Terre , indignée de les voir
traiter ainfi , foreea une faulx d'a-
cier , & propofa à fes autres en-
fans de la venger ; mais , Saturne
fut le feul qui ofa l'entreprendre ;
auffiavoit-il toujours haï fon pè-
re. Il le furprit pendant la nuit ,
& le mutila. La Terre reçut dans
fon fein une partie du fang qui
coula de la plaie; & de là naqui-
rent les Géans , les Furies & les
Nymphes Mélies. Le refte fui
jette avec la faulx dans la mer
voifme de TÉpire ; & dans Técume
qui s'y éleva , fe forma Vénus ,
cette iinmortelle beauté , que les
flot* conduidrent vers l'ifle de
Cythère , puis en Cypre où elle
defcendit.
Le Ciel , ainfî privé de la fou-
veraineté , fit des reproches à tous
fes eofans ; il les appella Titans ,
à caufe qu'ils avoient approuvé
inconfidérément la vengeance que
la Terre avoît exercée Air lui , &
leur prédit qu'ils s'en repentiroient
un jour. Saturne lui fuccéda.
Il n'eft pas difficile de deviner
pourquoi on a fait paiïer le Ciel
pour le plus ancien des dieux , ÔC
le père de Saturne ou de Cronos,
puifque ce font les mouvemens
céleftesquifontla mefure du tems.
Que fi Ion dit que Saturne a ôté la
fécondité à fon père 9 c'eft parce
qu'avec^ le tems ,1a fécondité du
Ciel a cefTé de produire de nou-
veaux êtres , laifTant à Vénus le
C H j6i
foin de la propagation & de la
multiplication des animaux une
fois formés. Auffi feint - on que
Vénus eft née des parties naturel-
les du Ciel , &L de l'écume de la
mer , comme l'explique Macrobe;
Aiunt Saturnum abfcidijfe patris
pudenda; quihus in mare proje fils,
f^enerem procreatam, quds àfpumà^
unde coaluit , aa3^©//Ti , nomen
accepit.
CIÉRUS, Cîerusy K'^oa^
ville , la même que Çàvls. Voyez
Clus.
CIGU]^ , Cicuta, {a) forte de
plante à fleurs en rofe , difpofées
en ^pibelle , compofées de plu-
{\tm pétales en forme de cœur ,
inégales » & foutenues par un ca-
lice qui devient un fruit prefque
rond , dans lequel il y a deux pe-
tites femences renflées & canne-
lées d*un côté ^ & plates de lau-
cre.
La Ciguë , qu'on appelle Cicuta
Major ,'eik une de celles qu'on
range parmi les venimeufes , &
la plus renommée de fon genre.
La mort de Socrate a feule fuffi
pour en immortalifer les eflPets.
Comme on ne lit point fans
attendriflement dans le Phédon de
Platon , l'Hiftoire circqnflanciée
de ce qui précéda la mort de ce
Philofophe , qui avoit pafl^'é fa vie
à être utile à fa patrie , & à la
fervir de tous fes talens , qui ne
fe démentit jamais dans fa condui-
te ; qui témoigna jufqu'au dernief
fbupir, utle grandeur héroïque,
émanée de la fermeté de fon ame
& de la confiance dans fon inao-
Cl) Ferfî. Satyr. V. y, 144 , 145. Horat. L. II. Epift, II, y, 51. ér fep
Tom. XI. L
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i6i CH
cence; il réfulte néceiTaîrement
de cette le6lure , que tout ce qui
regarde la fin tragique d*un hom-
me fi refpeâ^ble » devient inté-
reflant , jufqu'à la plante même
qui finit (es jours. Le nom de cet-
te plante fe joint dans notre efprit
avec celui de Socrate. Nous la
cherchons dans nos climats , nous
voulons la connoitre par nos yeux»
on du moins nous en lifons la def-
cription avec avidité,
Lorfque le bourreau d'Athènes
vint préfenter à Socrate la coupe
de fuc de Cigae , il l'avertit de ne
point parler , pour que le poifon
qu'il lui donnoit opérât ^us
promptemem. On ne voit™as
comment les eflPets du poifon pou-
voient être accélérés par le filence
de la perfonne qui le prenoit.
Mais que ce fût un fait ou un pré-
jugé > le bourreau n'agifTott ainû
3ue par avarice , & dans la crainte
'être obligé , fuivant la coutume,
de fournir à fes dépens une nou-
velle dofe de ce breuvage ; car ,
Plutarque remarque dans la vie
de Phocion , t^ue comme tous fes
amis eurent bu de la Ciguë , &
qu'il n'en reiloit plus pour ce
grand homme , Texécuteur dit
qu'il n'en broyeroit pas davanta-
ge , fi on ne lui donnoit douze
drachmes, qui étoit le prix que
chaque dofe coûtoit. Alors , Pho-
cion, voulant éviter tout retard»
fit renàettre cette fomme à l'exé-
cuteur ; puifquc , dit- il , dans
Athtgts , i/ faut tout acheter ,,
jufqutàfamort,
Prcfque tout le monde convient
que la Ciguë prife intérieurement
%Q, un poifpni & çQipmg oa fient
CH
de le voir , c'étoit celui des Athé-
niens; mais> quelles que fufient
les qualités morcelles de la Gigue
dont ils fe fervoient , il efl certain
que celle qui croît dans nos con-
trées , n'a point ce même degré
de malignité. On dit qu'on a va
dans nos païs des perfbnnes qui
ont mangé une 'certaine quantité
de fa racine & de fes tiges fans en
mourir.
Ce qui eft fingulier / & dont il
faut pourtant convenir , c'eft que
la Ciguë ne padoit point à Rotne
pour un poifon » tandis qu*à Athè-
nes on n'en pouvoir douter. Aa
contraire , on la regardoit à Rome
comme un remède propre à me
dérer & à tempérer la bile, Perfe
dit là-defTus.
• •.... Calido fuh peHorc maf'-
cula hil'is
Intumuit , quant non extinxerh
urna Cicuta,
Horace en parle aufli , comme
d'un remède ,dans fa féconde épî-
tre : "
» Préfentement que j'ai plus de
n bien qu'il ne m'en faut , ma fô-
n Ik ne feroic-elle pas à l'épreu-
M ve de toute la Ciguë , fi je n'é-
n tois perfuadé qu*il vaut mieux
)> dormir que faire des vers, ce
Pline vante la Ciguë pour pré-
venir l'ivrefTe , & prétend qu'on
en peut tirer plufieurs remèdes.
Il y a une autre efpèce de Ciguë,
nommée Cicuta Minor , qu'oa
fubf^icue à la précédente dans les
boutiques pour l'ufage externe;
& elle ne diffère de 1^ première ,
qu'en ce qu'elle eft plus petite ,
que fa tige o'eft poim marbrée
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CH
de taches rougeâtres , & que (on
odeur n'eil point aufli forte ; da
refte , elle a les mêmes propriétés,
mais moindres. On a nommé cette
dernière efpèce de Ciguë , le per-
fil des fous , par la grande reflem-
blance de Tes feuilles à celles du
perfil ; reffemblance qui a trompé
quelques perfonnes , ôcles a pref-
qu'empoifonnées.
CILÉNO , Cileno\ Tune des
Pleïades.
,CILICIE , Cilicia , K/>/)c/ûc ,
ia) province de TAfie mineure »
ituée fur les bords de la Méditer-
', ranée , à Toppofite de Tifle de
Cypre. Elle étoit bornée au
couchant par la Pamphylie, au
nord par la Lycaonie , la Cappa-
doce & r Arménie mineure, à
l'orient par la Comagène , & au
midi par la Méditerranée. Selon
Hérodote, la Glicîe étoit féparée
de TArménie par l'Euphrate. En
général , ce pais étoit entièrement
environné de montagnes, à l'ex-
ception de la partie qui étoit
baignée par la mer. Le mont;
Amanus s'étendoit à Torient , &
le mont Taurus au nord & au
couchant. La Cilicie étoit beau-
coup plus longue que large. Sa
largeur alloit de l'orient au cou-
chant.
L Les Ciliciens , félon Hérodo-
C H ' j^j
te , s'appellerent d'abord Hypa-
chéens. Ils prirent enfuite le nom
de Ciliciens , de Cilix Phénicien ,
fils d*Agénor. On prétend qu'ils
obéirent à Sémiramis. Quoi qu'il
en foit , la Cilicie fut anciennement
un grand royaume, dont les Sou-
verains prenoient part aux plus
grandes affaires du Levant.On voit
dans Hérodote , qu'un roi de Ci-
licie fut avec le roi de Babylone,
médiateur de la paix entre Cyaxa-
re roi des Medes , & Alyatte roi
-de Lydie. On voit auffi dans Xé-
nophon , que les defcendans des
Rois de Cilicie avoient confervé
quelques marques de leur pre-
mière grandeur ; ils étoient fou-
rnis aux rois de Perfe , à qui la
Cilicie payoit un tribut annuel^ de
cinq cens talens d'argent , dont
t cent quarante étoient employés à
l'entretien de la cavalerie , & le
refte étoit porté dans Içs coffres
du grand Roi ; mais , quoiqu'ils
n'euflem guère plus de pouvoir
que de fimples Gouverneurs , ils
confervoient eiicore le titre de
Rois , & vivoient avec beaucoup
de fplei\deur.
On ne fçait , fi en parlant des
portes de Cilicie , qui étoient peu
éloignées de Tarfe & du golfe If-
fique , Xénophon nous oblige à
croire que la Cilicie ne s'étendoit
( a ) Ptolfin. L. V. f . j , « , 8.
Strab. pag. 668. ér f"j» Pomp. Mch p.
«9« ér feq, Solin. pag. »6i. ér fe<i,
Piin. Tom, I, pag. 169. & fiq> Herod.
L. II, c, 17. dr feq, L# m. c. 90 , 91.
L. V. c. 49 , 5». L. VU. c. 91. L. IX. c.
106. Diod. Sicul. pag. 6i8. & ftq. VcU.
Patercul. L. II. c. 39. Tacit. Annal. L.
IL c.4t. & /«j. L. XH. c. 55. L. XIII.
c. 3J. Plut. Tom. I. pag. 495, ér [«%*
Xcnoph. p. ». ér /#j[. Juft. L. XI. c. ii.
L. XIII. c. 4 , 6. Q. Curt. L. III. c. 4.
ér feq. Tic. Liv. L. XXXÏII. c^ 19 , ao.
L. XXXVIII. c. 18. Mém. de PAcad.
des Infcript. & Bell. Lett. Tom. Ilf. p.
5. Tom. V. pag. 187 , 384. Tom. VIII.
pag. 343. é- /««v. Tom. X. pag. loa ,
103. Tom. XIX. p. 69. T. XXI. p. 411,
& jMiv, T. XXVI. p. 35 , 36 , 404.
L ij
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1^4 C H
plus de fon tems au nord de ces
portes. A l'égard d'Hérodote , 'il
lemble qu'il fait adez comprendra
que ce païs avolt de fon tems bien
plus d'étendue , lorfqu'il le met au
nombre de ceux, dont le nom
étoit commun à de valles contrées,
parce que c*étoit le même peuple
qui les occupoit..
Nous avons d'ailleurs , dans le
com de la Préfedure même où
Mazaca étoit fituée , une preuve
de l'ancienne étendue de la Cilicie
vers le nord. Cette Préfeûure,
s'appelloit Cilicie, dit Strabon,
qui ajoute que les rois de Cappa-
doce pofTédoient encore d'autres
parties de la Cilicie , entr'autres
les villes de Caftabales & de Cy-
biftres , dont la dernière n'étoit
qu'à trois cens (lades de Mazaca.
Il obferve que de ces deux villes
& de leur terroire , les Romains
formerent,après la mort d'Arché-
laus,une onzième Préfefture, qu'ils
joignirent aux dix Préfeduresdont
la Cappadoce étoit compofée ;
mais que la province de la Cili-
cie recouvra la ville d'Éléuffeavec
fon territoire , & tout lé païs d'où
les pirates étoient fonis , quoiqu'il
eût été , comme les autres > fous
la domination d'Archélaiis.
On voit par- là que la Cappa-
doce ayant été agrandie par des
• démembremens des provinces
voifmes , lorfqu'il plut aux Perfes
de faire deux gouvernemens ou
fatrapies de ce nom , celle des deux
fatrapies , qui fut nommée grande
Cappadoce , reçut encore de
nouveaux accroiflemens fous fes
Rois , & toujours aux dépens de
|a CiUcie f à laquelle rien ne nous
CH
empêché de donner dans les tems
qui ont précédé, tout le païs au
midi de THalys , puifqu'Hérodo-
te le lui donne , fans qu'aucun
Ancien le contredife. La Cappa-
doce n'étoit qu'un païs peu con-
fidérable , avant qu'on l'agrandît
ainfi 4 comme il paroît par la mo-
dicité du tribut, qu'elle payoit aux
rois de Perfe. On avoir joint les
Cappadociens avec les habitans de
l'Hellefpont , les Thraces d'Afie ,
les Phrygiens , les Mariandy nés ,
les Paphlagoniens ; & tous en-
femble , ils ne pay oient que trois
cens foixante talens de tribut ;
cent quarante de m^ins que les
Ciliciens feuls. Après cela ^ nous
ne pouvons douter que ceux-ci ne
fufTent un peuple nombreux 6c
fort étendu ; & on n'a pas de pei-
ne à reconnoitre qu'ils occupoient
tout le païs en de-çà de l'Euphra-
te , depuis l'endroit où ce fleuve
fe retourne au nîidi jufau'à ce
qu'il entre dans la Syrie, Ceft-là
qu'étoient la Cataonie & la Méli-
tène , païs autrefois féparés de la
Cappadoce , comme Strablon l'a
remarqué, & qui n'ont pu fai^e
partie de la Cilicie ; car , il faut
obferver que , félon Hérodo'te ,
toute l'Afie en de-çà de l'Euphra-
te étoit divifée en cinq départe-
mens pour les tributs. Il y en
avoit trois pour ce qui étoit en
de - çà de l'Halys , & pour la
Cappadoce ; le quatrième étoit
celui de la Cihcie» & le cinquième
celui de Syrie , où l'on avoit
compris toute la Syrie propre-
ment dite , non feulement la
Phénicie & la Paleftine,mais ViÛ9
lie Cypre ; & tous ces païs en-
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CH
fembîe ne payoient que trois cens
cinquante talens de tribut ; ce qui
montre que la Cilicie avoit plus
d'étendue , puifque ce n'étoit pas
à raifon de fes richeHes qu'on
exigeoit de plus grands tributs , le
commerce étant plus vif dans la
Phénicie , que dans aucune autre
province de la domination des rois
de Perfe.
II. La Cîlicîe , aînfi que le refle
de VAQe mineure, paffa fous les
loix d'Alexandre ; & lorfque ce
Prince fut mort, le gouvernement
en fut confié à Philotas. On l'en
dépouilla enfuite pour en revêtir
Phiioxène.
Les Romains envoyèrent des
armées ^contre les peuples d^ Ci-
licie fous le Proconful P* Servilius,
Ces peuples , voyant l'embarras
aig||kpa
c^Bre
longueur de la guerre cOTtre Mi-
thridate , prireiit la réfolution de
faire des courfes fur terre & fur
mer dans leur voifinage. Ils firent
i forti^er des places pour leur fer-
vir de retraite. Leurs courfes ma-
ritimes s'étendoient dans la mer
Egée , au tour de Tifle de Crète
& du Péloponnèfe , dans la mer
Ionienne , & dans la mer de Cy-
rène le long de l'Afrique. Leurs
courfes de terre s'étendoient dans
la Pamphylle , dans la Carie Se
dans la Lycie. Ils avoient amafle
de grandes richeffes par leurs pil-
lages , ils les avoient retirées dans
leurs villes. P. Servilius les défit
premièrement fur la mer , & les
renferma dans la Cilicie ; enfuite>
U les adiégea dans leurs villes. Les
plus fortes de ces villes étoient
Oricum , Phafélis , Olympe &
C H i6s
Ifaure. P. Servilius prit & démolit
ces places. La pn(e d'Ifaure lui
parut une ù belle conquête , qu'il
en prit le furnom d'ifauricus ; le
Sénat lui confirma ce furnom, ea
lui accordant les honneurs du
triomphe.
Tigrane , roi d'Arménie , avoit
enlevé aux rois de Syrie la Cili-
cie de la plaine , ou la Cilicie
champêtre , dont il fera parlé ci-
après , vers Tan de Rome 670.
Mais, ce Prince , ayant été vaincu
par Lucullus , fut obligé de reti-
rer fes troupes ; & cette partie de
la Cilicie fut foumife à la domina-r
tion Romaine l'an 683;Épiphanre
& les autres villes fubirenc le
même fort. Le gouvernement de
ce païs éprouva difFérens change*
mens ; enfin , la Cilicie forma
feule une province , dans laquelle
Pline, Ptoîénvée , Ammien-Mar-
cellin ont toujours compris la
ville d'Epiphanie. L'Empereur
Arcadius , ou Théodofe le jeune^
partagea la Cilicie en deux pro-
vinces civiles , la première Cilicie
fous la métropole de Tarfe , la
féconde Cilicie fous la métropole
d'Anazarbe. La ville d'Epiphanie
étoit de la féconde Cilicie , & fes
Évêques dépendoient du métro-
politain d'Anazarbe.
III. Quime-Curfe dit que la
Cilicie étoit enfermée d'une chaî-
ne de montagnes rudes &. inac-
ceffibies , qui s'élevoient au bord
de la mer en forme de croifla nt ,
& s'étendoient en pointe jufqu'à
l'autre bout du rivage. Au dos de
ces montagnes , dans les endroits
les plus reculés , il y avoit trois
entrées fort itroites & de difficile
L iij
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j66 CH
accès , par Tune defquelles il fal-
loit pafler pour entrer dans la Ci-
licie ^1 & au bas , en tirant vers la
mer 9 on découvroit des plaines
arrofées de quantité de ruifleaux
& de fleuves célèbres , le Pyrame
& leCydnus. Dans cette contrée,
pourfuit Quinte- Curfe , le tems
avoit effacé plufieurs monumens
célébrés par les Poètes. On y
montroit encore la place oîi éroient
les villes de LyrnefTe & de The-
bes , & l'on y voyoit la caverne
de Typhon , la fameufe forêt de
Coryce , oîi croifToit le fafFran ,
& autres chofes dont il ne reftoit
que le bruit qu*elles avoient fait
autrefois. Selon Quinte-Curfe,
les chaleurs d'été en Cilicie étoienc
audî grandes qu'en aucun lieu du
inonde. Cette opinion ne feroit
pas adoptée de tout le monde.
Les Ciliciens portoient des ar«
mers , & au lieu de boucliers» des
targes couvertes de peaux de
bœuf , leurs habits écoient de
laine ; chacun étoit armé de deux
javelots & d'une épée ,qui refTetn-
bloît à celle des Égyptiens. Ils
avoient inventé une forte d'étoffe
faite de poH de chèvre , dont on
iaifoît des habits pour les matelots
& les foldacs ; comme elle étoit
trolîîère & d'une couleur fombre
i noire,les Hébreux s'en fervoient'
dans le deuil & dans la difgrace.
De-là eft venu le nom de ci-
lice.
Sous Darius , les Ciliciens « qui
faifoient la quatrième Satrapie ;
donnoient tous les ans trois cens
foixante chevaux blancs ; c'efl-à-
dire, un cheval pour chaque jour,
iBc outre cela cinq cens talens
GH
d'argent , dont cent quarante
étoient diftribués dans cette partie
de la Cilicie, oîi l'on nourrifToit
ces chevaux ; le refle entroitdans
l'épargne de Darius,
IV. Comme une partie de la
Cilicie étoit un païs plat & uni ,
& l'autre toute hériffée de mon-
tagnes , entre lefqueiies on trou-
voit rarement quelque plaine ; on
divifoit cette province en Cilicie
champêtre , & en Cilicie monta-
jgneufe. Pour donner une idée de
chacune , nous con^mencerons par
la dernière qui écoitàloccidentde
l'autre.
La Cilicie montagneufe étoit
furnommée par les Grecs Tpotx*'^*»
Trachea , & par les Latins Jfpc'
ra, épithetes, qui veulent dire
raboteufe , inégale ; ce qui con-
vient kjm païs de montagnes. Les
Grecs ™tnes formèrent un fob-
tantif de if>etx^7tt « qui n'étant
qu'unr adjeftif , fuppofoit toujours
le mot de Cilicie , exprimé ou ^
fous -entendu ; & ils en firent un
nom de païs , félon Strabon. Us
l'appellerent donc Tp^x^ij^rti; ,
Tracheotis , & les habitans T|t«-
XsioùTeu » Tracheota* Cette parde
de la Cilicie étoit entre la Pam-
phylie & la Cilicie champêtre.
Les Anciens ne conviennent pas
de l'endroit ôîi elle commençoit
au couchant. Pline dit que l'an-
cienne borne étoit le fleuve Mê-
las. Strabon le donne à la Pam-
phylie , & met le commencement
de la Cilicie à la fortereife de Co-
racéfium. Ptolémée compte de
même cette place , comoie la
première qu'on trouvoit en en-%
trant de la Pampuy'Iie datts la Ci-
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CH
licîe. Pomponius Mêla veut qo'A-
némurium foit la borne entre ces
deux pais. Ils ne s'accordent pas
davantage far le Heu oîi elle finif-
foit à Torient. Strabon Tétend juf-
qu a Soli. Ptolémée la borne aa
promontofre de Zéphyrium, &
commence la Cilicie propre à Co-
rycus.
Pomponius. Mêla , Pline & Scy-
lax , ne diftinguent point les deux
Cilicies , & n'en font qu'une qui
s'étendoit entre la Pamphylic
jufqu'à la Syrie tout de fuite. rto«
iémée , au contraire , fait la dif-
tinâion ordinaire en Cilicie mon-
tagneufe & en Cilicie champêtre ;
mais y il partage encore la pre-
mière en Sélentide & Cétide.
Il met dans la Sélentide , les
villes fuivantes ; fçavoir , lotape »
Sélinus , Antioche fur le Crazus »
Néphélis, Clyftre ou Cayftre ,
Domitiopolis , Philadelphie , Sé-
leucie la raboteufe Se Diocéfarée :
& dans la Cétide » il place Ané-
murium. L'embouchure du fleuve
Arymagdus , Arfinoë , Célende-
ris , Aphrodifias , le promontoire
de Sarpédon , Tembouchure du
Calycadnus, le promontoire de
Zéphyrium & Olbafa.
La Cilicie champêtre ou la Ci-
licie propre , eft appellée m n«//ccç
par Strabon , & lî T/Za par Ptolé-
mée : ce qui iignifte champêtre ou
propre. Le mot champêtre ne doit
fe prendre ici que dans le fens
d'un pais de plaines & de campa-
gnes. Elle avoit à Toccident la Ci-
licie montagneufe , à l'orient la
Comagène ^ & au midi la mer &
la Syrie.
Nous avons déjà ol?fervé que
C H 167
les Anciens ne s'accordent pas fiir
les bornes , qui la diAinguem de
l'autre Cilicie. Ptolémée la com»
mence à Corycus ; Strabon à So-
li , ville qui fut enfuite nommée
Pompeiopolis. Ses bornes du coté
de la Syrie embarraflent moins*
C'étoic le mont A m anus.
Ptolémée donne à la Cilicie
propre ou champêtre , Corycus,
Sébafte y l'embouchure du Làmus,
Pompeiopolis ou Soli, rembou-
chure du Cydnus & fes fources i
l'embouchure du Sarus ou Sina-^
rus , l'embouchure du Firame &
fes fources , Mail us » Serrépolis 9
iEges , Iflus , Tarfe , Adana ,
Céfarée près d'Anazarbe , Mopr
fuefte , Cadabala , Nicopolis i.
Epiphanie ^ & le paflage du mpnc
Amanus.
Ptolémée donne encore de*
noms particuliers à quelques can-
tons de la Cilicie. Ils étoient la
plupart ^u nord , le long du mont
Taurus. Tels étoient , la Dalafida
qui avoit pour ville Nécica ; U
Characine , dont la ville étoit Fia-
viopolis ; la Lamotide , qui tiroit
fon nom de Lamus , ville bàiie fur
une rivière nommée aùffi Lamus ;
la Lacanitide, dont la ville étoie
Irénopolis ; & la Bryélice , qui
avoit pour ville Augufta.
Dans la fuite , ainfi que nous
l'avons déjà obfervé ^ on divifa
autrement la Cilicie ; fçavoir j en
première & en féconde. La pre-
mière étoit gouvernée par un hom-
me Confulaire » & la féconde par
un Préfident.
La première Cilicie avoit huit
fieges épifcopaux » félon les No-
tices de Létn le Sage & de tfié^
Liv
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i68 . C H
rocle$. Cetoient Tarfe métropo-
le, Pompeiopolis [c'eft la Soli de
Strabon ] , Sébafte , Corycus ,
Adana , Agufia félon Hiérodes ,
Auguftopolis félon Léon , Mal-
chus félon Hiérocics , Malus fé-
lon Léon, & ZépKyrium.
Les mêmes Notices donnent à
la féconde Cilicie neuf villes épif-
copales, qui font Anazarbe mé-
tropole , Mopfuefte , ^ges » Epi-
phanie , Alexandrie , Rofus oa
Roflus, Irénopolis > Flavia ou
Flavias , & Caftabale. Celle de
Léon y met de plus CabifTus.
Du tems que ces Notices fu-
rent dreffées , llfaurie 5*étoit fort
accrue aux dépens de la Cilicie ;
car, les villes de Séléucie , Célen-
déris , Anémurium , Lamus , An-
tioche, Sebafte , Sélinus , lotape,
Diocéfarée , & autres qui éioient
de la Cilicie, félon Ptolémée , font
données à llfaurie dans ces Noti-
ces.
La Cilicie fait partie préfeme-
ment de la Cara manie dans la
Turquie d*Afie.
CILICIE, Ciiicia, K<^/xla ,
(iz) province de la Cappadoce ,
félon Ptolémée, Ce Géographe
la qualifie préfefture ou gouver-
nement militaire. Il y met Muf-
tilia , Siva , Campes , Mazaca ou
Céfarée , Coziftra ou Cyfiftra ,
•Sébagéna ou Ébagéna , Archama
ou Archalla , & Soroba ou So-
bara.
CILICIE , CUicia , KimkU ,
(b) pah de la Pamphylie , félon
le même Ptolémée ; & il l'appelle
(a) Ptolem. L. V. c. 6.
(b) Ptolem. L. V. c. 5.
le) Plio. T. I. p. 181. Strab. p. aai »
CH
la Cîlîcîe raboteufe ou inégale. Ce
païs étoit fitué vers le milieu des
terres. On y trouvoit cinq villes ,
Laerte , Cafés, Lyrope , ou Lyr-
be , Colobroffe & Cybire.
Les deux païs , dont on vient
de parler , dévoient être des dé-
membremens de la Cilicie, que
nous avons dit être contigue à la
Pamphylie & à la Cappadoce.
CILICIE. CUicia, KiMiUy
{c) province fituée entre la Troa-
de & l*Éolide auprès du golfe
d'Adramy tte dans T Afie mineure,
à l'oppofite de Tifle de Lesbos. '
Ce païs étoit divifé en deux
parues. La première, la plus fep-
tentrionale, étoit furnommée Thé-
baïca ou la Cilicie Xl^ébaïque , à
caufe de la ville de Thebes qui
en étoit le chef-lieu. La partie la
plus méridionale^ prenoit le fur-
nom de Lyrneffiè , de la ville de
LyrnefTe qui en étoit la capitale,
Pline donne aux habitans de
cette Cilicie , le furnom de Man-
dacadenes , ôi les met au nombre
des peuple* qui alloient Vendre
leurs denrées à Adramytte. Le P.
Hardouin croit que c'étoit une
colonie des Ciliciens. Strabon eft
d'un fenriment tout oppofé, &
dit que félon quelques-uns, les Ci-
liciens , chaffés deiroye , s'étoient
emparés fur les Syriens du pais
nommé enfuite la Cilicie. M. de la
Martinière croît que ce qui a été
remarqué ci-defTus de l'ancienne-
té des étoffes nommées cilices.,
s'accorde mieux avec le fentiment
du P. Hardouin, qu'avec celui de
617 , 6j6, Métn. de PAcad. des Infcript.
& fiell. Lett, Tom. XIX. p. 598, 6ou
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C H 1^9
ClUX,Cmx,KlMÎ.(c)ïun
des fils d'Agénor, qui allèrent
courir le monde pour chercher
leur foeur Europe , que Jupiter
avoit enlevée. Il ie fixa dans cette
parrie de l'Afie mineure qui fut
depuis nommée Cilicie.
CILIX, Cilix, Ki>ii, (d) nom
d*un gladiateur fameux. Il étoit
fort loué au , rapport de Juvé-
nal.
CILIX , Cilix , K/>/^ » (e)
nom d'un voleur , dont Lucien
fait mention dans un de fes Dia-
logues.
CILLA, Cilla, K/m*, (/)
ville de TAfie mineure dans l'A-
dramyttene , qui étoit un canton
de la Troade. Cette ville a été
célébrée par Homère , qui nous
append qu'elle étoit fous la pro-
teâion d'Apollon. Strabon dit
que de fon tems , elle étoit voifine
de Thebes. Il ajoute que dans ce
lieu de Cilla, étoit le temple d'A-
pollon Cilléen ; que tout-auprès
couloit le fleuve Cilléen qui a fa
fource au mont Ida. w Ces lieux ,
99 pourfuit Strabon , font près
99 de l'Antandrie.Il y a auflî dans
99 rifle de Lesbos, Cilléum, qui
99 tire foni nom de Cilla ; & entre
99 Gargare & Antandre efl une
99 montagne nommée Cilléum*
99 Daës Colonien dit que le tem-
99 pie d'Apollon Cilléen fut pre-
99 mièrement bâti à Colone par
99 des Gi;iecs venus d'Éolie. u
Cette même ville , fi nous en
croyons Héfychius, étoit nommée
(ê) Plin. T. I. p. 265, I (d) Ju^en. Satyr. 6. v. i»i.
(() Jofepb. de Amiq. Judaïc. p. 46s. 1 (e) Lucian. T. II. p. 187.
{c) Myth. par M. l'Abb. Ban. Tom.l (/) Homer. Iliad. L. I. v. 58 , 4^»,
yi' p* 115 9 141» I Strab. p. 61» 9 613. Plin. T. I. p. lèu
CH
Strabon. Ce dernier appelle ces
Ciliciens du furnom de Troyens ,
pour les diftinguer des autres, &
fait mentron de Thebes & de Lyr-
nede qui éi9pient leurs villes ; il
leur donne pour voifins les Pélafges
.d'Afie.
Outre les villes dont on vient
de parler , il y en avoit une autre
dans le même païs , celle d'An-
tandros , au pied du mont Ida.
Les Cimmériens s'en étant empa-
rés ; en refterent les maîtres pen-
dant un fiecle entier.
CILIÙE [ la Mer de ] , Mare
Cilicium ou Cilicium Mare. On
appelloit ainfi la partie de la mer
Méditerranée , qui baî^noit les
côtes de la Cilicie.
' CILICIENS , Cilîces , X'^/xeç,
peuples de Cilicie. Voye:^ Cilicie.
CILICIENS [ l'Ifle des ] ,
Cilicum infula. C'étoit une ifle
du Pont-Euxîn , félon Arrieh. Elle
appartenoit au pont Polémonia-
que , & étoit à quinze flades du
promontoire lafonien. *
CILICIUS AULON, C/7icitfx
Aulon. {a) Ce nom , félon Pline,
fe dofuioit à la mer de Cilicie.
Nous l'appelions préfentement
mer de Caramanie ; mais le nom
moderne figiîifie une étendue
beaucoup plus grande.
CILICIUS AULON , Cilî-
dus Aulon 9 KiTiktoç AVAto»» , (^)
ville des Moabite^s, félon Jofephe.
C'étoic une des villes , dont les
Juifs s*étoient emparés.
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170 C H
auffi Callios , Cyléas & Cyly-
péra.
CILLA, Cilla, KiT^oL, {a)
autre ville de l'Afie mineure, dans
TÉolide , félon Hérodote. Mais ,
elle pourroit bien être la même
que la précédente ; 6c il y a tout
lieu de le croire.
CILLA , Cilla , KiMfle , ville
de r Afrique propre , félon Ap-
pien. Saint Cyprien dans le con-
cile de Carthage , fait mention
dTun Évêque de ce lieu.
CILLACTER, CilUéeri, (b)
poëte Grec , dont on ne trouve
rien dans l'Anthologie imprimée ,
& dont il y a des pièces dans l'an-
thologie manufcriie de la biblio-
thèque du Roi.
CILLAS, Cillas, FCiMaç, (c)
étoit récuyer de Pélops. D'autres
Tappelloient Sphérus au lieu de
Tappeller Cillas.
CILLÉUS , Cillauf , furnom
que Ton dotina à Apollon.
QLLICON , ailic(m , K >-
T^if^r » citoyen de Milec , s'enri-
chit lâchement , en livrant fa pa-
trie aux habitans de Priene, Lorf-
qa'il étoit fur le point d'exécuter
(k trahlfbn , on lui demanda ce
qu*!l méditoit ? Rien que de bon ,
répondit -il ; d où eft né le prover-
be Grec: -.ra/r* àycêct <àh%^^^ Kiu •
jCMK 9 rien que de bon , comme a die
Cillicon.
On rapporte qii'un jour qu'il
achecoit à Samos de la viande
d'un boucher nommé Théagènes,
(a) Herod. L. I. c. 149. 1
(i) Mém. de TAcad. des Infctipt. &
leli. Lett. T. II. p. 165.
(r> Pauf. p. 305.
{4) Dio. CaiT. p« 687. Xaçit. Annal.
CH
& qu'il en vouloit faire couper
un morceau qui lui paroifloit trop
gros 9 le boucher lui coupa la
main 9 en lui reprochant , qu'il ne
s'en ferviroit plus à vendre d'ai}^
très villes. ^
CILNIUS MÉCÈNE , CU^,
nius Mecanas, Foye^ Mécène.
CILO [ JuNius ] , Junius
Cilo f wm^ Kl^uff « (^) étoit in«
tendant de Bithynie & du Font ,
oh il fit paroître fon avarice^ & fa
méch^^nceté. Les Bithyniens s'en
plaignirent à l'empereur Claude >
& demandèrent qu'il fût puni. Ce
Prince , n'ayant pas bien entenda
ce que les Bythiniens difoient > fe
tourna vers d'autres gens pour
les écouter & leur rendre juftice.
Alors un nommé NarcifFe , qui
portoit les intérêts de Taccufé , dit
hardiment que ceux de Bithynie
rendoient grâces à Junius Cilo de
la manière douce & bienfaifante
dont il les avoit traités, durant
tout le tems de fon intendance :
Hé bien ^ dit l'Empereur, qu'il
gêuverne ces provinces encore deux
ans,
Mithridate , qui avoit été roî du
Bofphore , fut livré à Junius Ci-
lo s qwi le conduifit à Rome , &
qui-, en reçut pour récorapenfe les
ornemens du Confulat.
CILO [ L, Fabius Septi-
MUS ] , £. Fabius Septimus Cila^
Ce) appelle Chilo dans Idace &
dans la chronique d'Alexandrie ,
fut un des iavof is de l'empereur
L. XII. <i. »i. Crév. Hift. des Emp. T.
n. p. 194, 195'
(e) Dio. CaflT. pâg. 87a , 873- Crév,
Hift. des Emp» T, V, p. 147 , 14S.
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ÇH
Sévère. II géra deux fois le confu-
lat en 192 , & 204, & fut Préfet
de Rome fous ce Prince. Il (au va
la vie à Macrin , depuis Empe-
reur, qui ëtoit fur le point de pé-
rir avec PIautien,dont il étoit alors
intendant. Le crédit de L. Fabius
Septimus Cilo parut fe foûtenir
fous Caracalla , qui l'appelloit fon
nourricier , fon biewaiteur , &
fouvent fon père. Cependant ,
Farce qu'il avoit voulu ménager
union de ce Prince & de fon frère
Gét^ , Caracalla réfolut de fe dé-
faire de lui ; il n ofa pas cependant
ordonner ouvertement fa mort.
Mais, des fôldats conduits par
un Tribun , agiflant néanmoins
comme par un zèle volontaire
pour TEmpereur , allèrent enlever
L. Fabius Septimus Cilo dans le
bain , pillèrent fa maifon , & le
traînèrent indignement dans les
rues , lui déchirant fa chemife de
bain, qui étoit le feul vêtement
qu'il eût fur le corps, & le frap-
pant au vifage. Leur plan étoit de
le conduire ainfî au palais , pour
recevoir à fon fujet les derniers
ordres de l'Empereur. La vue
d'un homme fi refpeélable traité
fi outrageufement , excita une fé-
dition. Les foldats des cohortes de
la ville 9 qu'il avoit commandés
en fa qualité de Préfet de Rome»
firent des mouvemens qui effrayè-
rent Caracalla. Il accourut , &
couvrant L. Fabius Septimus Ci^
lo de fa cafaque , il s'écria : n Que
l'on cejfc de frapper mon père, mon
maîtreycelui qui m'a élevé dans mon
enfance ; V attaquer , c'eji m'atta*
Ca} Cicer. ad Heren. L, III. p. sg.
CH 171
quer moi-même^ Il fut atnfi con-
traint de laifler la vie à L. Fabiuf
Septimus Cilo. Mais, il s*en vep-
gea fur le tribun & fur les foldats ,
qui furent mis à mort fous pré-
texte des excès auxquels ils ^*é-
toient portés contre L. Fabius
Septimus Cilo ; &, dans la vérité,
pour ne l'avoir pas tué dès qu'ils
s'écoient vu maîtres de fa per-
fotine.
CILON, Cilon^ Athénien;
fortoit d'une famille puiflante &
ancienne. Après avoir remporté
le prix aux jeux Olympiques , &
avoir époufé la fille de Théagène,
tyran de Mégare , il confulta l'o-
racle de Delphes fur le defTein
qu'il avoit de s'emparer de la
fortereffe d'Athènes; & il eut
ordre de l'exécuter à la grande fê-
te de Jupiter. Secondé de fes amis
& de quelques troupes de^ fon
beau -père , il en fit l'entrcprife
pendant les jeux Olympiques ,
s'imaginant que c'étoit la plus
grande fête de Jupiter^ la premiè-
re année de la 45.6 Olympiade ,
& l'an 600 avant Jefus - Chrift.
Mais, étant aflîégé par les ci-
toyens , il fiit obligé de s'enfuir
avec fon frère. Ceux de fon parti,
qui s'étoienc réfiigiés à l'autel des
Éuménides, y furent maflacrés ;
ce qui fut pris pour un ttès-grand
facrilege; de forte que ceux qui
avoient violé cet afyle , paflerenc
pour des impies , tant eux que
leurs defcendans , & furent bannis
d'Athènes.
CIMBER , Cimber, (.2) héros,
que Cicéron met au nombre dQ
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17^ CH
ceux quî voulurent fuborner Iphî-
génie, Agam^mnon 6c Ménélaus.
CLMBER GABÏNIUS , (a)
Cimber Gabinîus , l'un des prin-
cipaux agens de la conjuration de
Catilina. Gceron Tayant envoyé
chercher , il commença d'abord à
fépondre avec impudence. Mais ,
à ta fin » il convint de tous les
faits. Oeft tout ce que l'on fçait
de ce Cimber Gabinius, qu on ne
connoît point d'ailleurs.
CIMBER, Cimber, Klf^^po;*
{è) Van de ceux qui entrèrent
dans la conjuration contre Céfar.
Le vin ne lui fit point échapper
cet important fecret , quoiqu'il fût
très-fujet à s*enivrer, & qu'en
plaifantant fur le vin auquel il
ctoit enclin , il eût dit : Moi qui
ne puis porter le vin , comment fup»
porter ai 'je Céjar^
Le jour marqué pour l'exécu-
t\on du complot, lorfque Céfar
fat entré , & que le Sénat fe fut
levé pour lui faire honneur, Cim-
b^lui denvanda le rappel de Ton
^ere. En même tems , tous les
conjurés environnèrent Céfar ,
comme pour joindre leurs prières
a cette de Cimber. Céfar rejetta
toutes leurs fupplications , & fe
fôcha même contr'eux. Alors
Cimber , lui prenant fa robe avec
{es deux mains, lui découvrit le
col. C'étoit le (îgnal dont les con-
(a) Ciccr in Catil. Orat. 5. c. ç» , 57.
{h) Plut. Tom. I. p. 759. Crév. Hitt.
Rom. T. VIII. p. 46 , 54.
(c) Tir. Liv. L. XX VIII. c. 57.
iS) Vell. Patcrc. L. II. c. 8. & /r^.
tacit, Hift. t. ly. c. 75. de Morib.
Germ. c. %y. Plut. Tom. I. pag. 411.
é^ïfi. Ptolcm. L, II. c. II. Plin, Tom.
C H
jurés étoîent cohvenus pour fc
jetter fur lui.
Plutarque donne à Cimber le \
prénom de Métillius. C'eft plutôt
Tillius. Il fe lit ainfi dans un ma-
nufcrit; & Suétone l'appelle de
même : Illicoque Cimber Tillius^
qui primas partes fufceperat , quafi
aliquid rogaturus , propiàs aC'»
cejjit,^ Il eft vrai qu'Appien l'ap-
pelle Atilius . Cimber ; & on le
trouve aind dans une médaille ,
Atilius Cimber, Mais , cette mé-
daille e(l fufpe6èe aux antiquaires
avec raifon. H faut lire dans Ap-
pien , Tillius Cimber. Ni Fulvius
Urfmus , qui a ramafTé toutes les
médailles de la famille Atilia , ni
Antonius Augudinus qui a fait un
long dénombrement de tous ceux
qui en ont été , ne reconnoilTent
cet Atilius Cimber. Le paffage de
Plutarque pourroit faire croire que
ce Cimber s'appelloit M. Tillius
Cimber , & que de M. Tillius, les
copiées ont fait Métillius.
CIMBIS, Cimbis, (c) lieu ma-
ritime d'Efpagne dans le voifinage
de Gades , félon Tite-Live. Juf-
te-Lipfe , par une démangeaiibn
de corriger, vouloir qu'on lût
dans cet Auteur Ambros p au
lieu de Cimbim,
CIMBRES, Çîmbri.K '/jlQooi, {J)
peuples qui fortirent des bords de
l*Océan feptentt;ional , c'eft.à-dire>
du voifinage de la mer Baltique.
I. pag. 106 , «»o. ^ /ej. Tom. H. pag.
«j. &feq, Roll. Hift. Ane. Tom. V. p.
396 , 397. ter ftiiv» Crév. HtU. des Emp.
Tom. 1. p. 14a , 143. Mém. de l*Acad,
des Infc, & Bell. Leit. Tdrn. X\''III. p,
61. Tom. XIX. pag. 591 , J91, T. XX.
pag. 75. é* fniv.
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CH
I. Ces peuples ont été fi peu
Connus , qu'on a fait à leur fujec
des fabie's infinies. On peut voir
le feptième livre de Strabon , qui
approuve la conjeâure de Pofido-
nius , qui croit que les Cimbres
étoient des peuples errans & des
bandis , qui ne faifoient que piller»
& qui s'éiendirent par les armes
Jufqu'aux Palus - Méotides , &
donnèrent au Bofphore le nom de
Cimméiien , comme Cimbrien,
les Grecs donnant le nom deCim-
mériens aux Cimbres.
Selon Plutarque, le peu de
commerce , que les Cimbres
avoient avec leurs voifins , & le
grand éloignement des pais qu'ils
occupoient , font qu'on ne fçait au
vrai , ni quelles nations c'étoient , '
ni d*ovi elles étoient parties pour
yenir fe répandre comme un gros
nuage fur la Gaule & fur lltalie.
On conjeâuroit feulement que
c*étoient quelques nations de la
Germanie , à çaufe de leur grande
taille , 6i de leurs yeux , d'une
couleur entre le verd & le bleu ,
& parce que les Germains appel-
aient les voleurs & les bandis ,
des Cimbres.
D'autres diftntquela Celtique,
à caufe de la profondeur & de la
vafte étendue de fon continent .
qui s'étendoient depuis la mer de
1 Océan & les climats feptentrio-
naux, vers le levant, jufqu'aux Pa-
lus Méotides , touchoit d'un côté
à la Scythie Pontique ; & qu'à
caufe du volfinage,ces deux nations
fe mêlèrent enfemble , & foni-
rent de leur païs non pas tout à la
fois ni tout de fuite , mais chaque
année vers je printemsj & gagnant
aînfi peu à peu du terreîn par Jes
armes , enfîn après plufieurs an-
nées elles eurent traverfé ce grand
continent de l'Europe , & arrivè-
rent en Italie, C'eft pourquoi,
quoiqu'elles euflent plufieurs
noms différens , félon la diverfité
des peuples qui les compofoiem ^
toute leur armée fut pourtant cona-
prife fous un nom général , & ap-
pellée les Celto-Scy the«.
D'autres enfin pi étendent que
ces nations étoient une partie de
ces Cimmériens , connus des an-
ciens Grecs , & que cette petite
partie , ayant pris la fuite , ou
ayant été chafTée parles Scythes,
a{Bès quelque fédition , pafTa des
Pafus-Méotides en Afie , fous la
conduite d'un chef appelle Lyg-
damis. Mais , les autres , qui
étoient le plus grand timbre , ôc
ce qu'il y ayoit de plus belliqueux,
habitoient à l'extrémité de la terre
près de l'Océan feptentrional,dans
un païs toujours couvert d'épaif-
fes ténèbres , & fi rempli de boii ,
que le foleil ne le pénétroit jamais
de fes rayons , à caufe de la hau^
teur & de l'épaifTeur de ces forets,
qui étoient d'ailleurs fi vaftes &
fi profondes , qu'elles s'étendoient
jufqu'à la forêt Hercinienne. Ils
étoient fous c^tte partie du ciel ,
où l'élévation du pôle eft ù haute
à caufe de la déclinaifon des cercles
parallèles , qu'elle fait prefque le
point vertical de^ ces peuples , &
que les nuits égales aux jours ,
partagent le tems en deux parties
égales. C'efl ce qui a donné à
Homère l'idée de la fable de fes
enfers , qu'il place dans le païs des
CuttmérieQs.
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174 C H
Voilà d'où partirent ces Barba-
res, pour venir en Italie. D abord,
ils ^furent appelles Cimmériens ,
& enfin Cimbres , fans que leurs
mœuts euffent aucune part à cet-
te appellation. Mais , quant à
ces chûfes , on les devine plutôt
par conjecture , qu*on ne les fçait
avec certitude par le témoignage
de l'Hiftoire.
Il y a peu d'exaâitude dans ce
récit de Plutarque; car, en pre-
mier, lieu , tout le païs des Cim-
bres s*étendant à peine jufqu'au
cinquante-feptième degré trente-
cinq minutes de latitude » il eu,
bien éloigné d*avoir l'élévation du
pôle, ou le pôle même pour pottt
vertical. Cette égalité des jours
& des nuits eft une chimère , 6c
dans ce pais-là comme dans tout
le refte de l'Europe, elle ne fe voit
qu'au tems des équinoxes. En fé-
cond lieu , Homère y n'a jamais
fongé à mettre fes enfers dans la
Cherfonnèfe Cimbrique, ni mê-
me chez les Cimmériens Scythi-
ques , mais en Italie dans la Cam-
panie > près du lac d'A verne , de
B^les Si de Cumes. Les ténèbres
Cimmériennes , qui ne convien-
nent qu a ce dernier lieu , ont été
tranfportées dans le Scythie &
dans la Cimbrique , & ont donné
lieu au profeffeur Rudbeck , Sué-
dois , de tranfporcer les Cimmé-
riens de l'antiquité au fond de la
Scandinavie , ou ce qui eft la mê-
me chofe , chez les Lapons ; car ,
ce profefleur avoit la foibleffe de
vouloir attirer de gré ou de force
. dans fa patrie ^ tout ce qu'il lifoit
de fingufîier. La Suéde étoit pour
lui une efpèce de gibecière dans
CH
laquelle il fourroit bien ou mal ,'
tout ce qu'il pouvoit recueillir
dans les Écrits des Anciens. C'ed
ce qui a jette un ridicule ineffaça-
ble fur fon Atlantica , livre rem-
pli d'ailleurs d'une érudition peu
commune.
Mais, revenons à Plutarque. Il
fe trompe encore , quand il croit
que le peuple, dont il s'agit ,fut
d'abord appelle Cimmérien , &
enfuite Cimbre. Il devoit dire
tout le contraire. Son vrai nom
étoit les Cimbres , & ce ne fur
que par la négligente des Grecs,
que ce nom iè trouva confondu
avec celui des Cimmériens , peu-
ple très-différent , quand même
il feroit certain qu'ils venoient
l'un de l'autre. Les noms des
François & des Allemands font
des noms de peuples très-dîffé-
rens , quoiqu'ils foient voifins , ÔC
que les Francs foient venus d'au
de- là du Rhin , c'eû-à-dire,
d'Allemagne.
II, On avoit à peine reçu à
Rome la nouvelle de la prife de
Jugurtha , qu'on y apprit la def-
ceiue des Cimbres. D'abord , on
eut de la peine à croire ce qu'on
difoit du nombre & de la force de
leur armée ; mais, bien*tôt après,
on connut que tout ce qu'on en
rapportoit , étoit "encore au-def-
fous de la vérité. Car, il y avoit
trois cens mille hommes portant
les armes , & ils étoîent fuivis
d'un plus grand nombre de fem-
mes & d'enfans , tous demandant
des terres capables de nourrir cette
multitude innombrable, & des vil-
les pour s'y établir , comme ils
ayoient oui dire que les Celtes
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(
CH ,
avoîent fait avant eux , s*étant
emparés de TÎtalie , la meilleure
,& la plus fertile , qu'ils ôterent
aux Tofcans.
Il eu Cionflant , & la plupart des
Hifloriens en conviennent 9 4"^ ^^
nombre des Cimbres , bien loin
d être moindre , étoii encore plus
grand que nous ne lavons dit.
Pour le courage, Taudace y la vi-
vacité & la torce , qu'ils témoi-
gnoient dans les combats, on
peut les comparer à l'impétuofité
& à la violence de la foudre. Rien
ne pouvoir tenir devant eux , ni
refluer à leurs efforts; par tout oîi
ils pafToient , les peuples étoient
entraînés comme des troupeaux
dont ils faifoient leur proie.
£n effet , les Cimbres , s'étant
d*abord avancés du côté de la
Bohême, furent repoufTés par les
Boïêns, habitans du païs. Mais, ils
s approchèrent du Danube, le
paflerent , & pénétrèrent juf-
qu'aux Scordiques , que l'on pla-
ce fur la Save. DeAz tournant
vers l'occident , ils entrèrent dans
k païs des Tau rifles ou Tauri-^
ciens,qui répond à ce que nous ap-
pelions aujourd'hui la Styrie.Tou-
tes les nations, par iefquelles nous
venons de tracer la route des Cim-
bres, étoient Gauloifes d'origine.
Il ne paroit point qu'ils aient pu
ou voulu fe 6xer dans aucune de
ces régions. Ainfi continuant leur
marche, ils entrèrent dans le No-
rique , y faifant leurs ravages or-
dinaires ; ôc ce fut là qu'ils le trou-
vèrent pour la première fois com-
mis avec les Romains.
Ce païs , qui renferraoit à peu
.'ft^ ce que nous comprenons
C H 175
maintenant fous les noms de hau-
te Autriche & de cercle de Ba-
vière , jnettoit les Cimbres trop
à portée de l'Italie , pour ne pas
donner de la jaloufie aux Ro-
mains. Le conful Cn. Papirius
Carbon fe poila dans les gorges
des Alpes pour leur fermer le paf^
fage. Puis voyant que les Cim-
bres paroifloient avoir de tout
autres deffeins , il devint plus har-
di, & envoya des députés leur
demander avec menaces,pourquoî
ils ravageoient les terres des No-
riques , qui étoient amis & hôtes
des Romains. Il n'y avoit pourtant
point de traité d'alliance , qui
obligeât les Romains à prendre la
défenfe de ces peuples. Les Cim-
bres chargèrent des ambaffadeurs
d'aller porter leur réponfe , qui
fut tfès modérée. Ils proteflerent
qu'ils refpeâoient le nom Romain^
qu'ils ne vouloient attaquer au-
cune nation qui fût alliée de Ro-
me ; qu'ils alloient fortir du No-
rique , & fe chercher un établifTe-
ment dans les pais auxquels les
Romains n'euffent point de raifon
de s'inféreffer. Le Confol, prenant
apparemment pour timidité ce qu;
étoit un effet de modération dans
ces Cimbres , plus équitables qu^
lui , crut faire un grand coup de
prudence de tâcher de les fur*
prendre. Il donna à leurs ambaf-
fadeurs des guides qui les condui-
firent par de longs circuits ; & lui,
menant fon armée par des che-
mins plus courts , il marcha con-
tre les Gmbres , qu'il trouva
campés près de Norcia , ville que
Freinshémius croit être Gorice en
Carimhie* Sa rufe lutréuffît maL
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176 Ç H
Les Cîmbres quoique furprîs &
attaqués pendant la nuit , trouvè-
rent une refTource dans leur cou-
rage. Le Conful fut repouffé avec
perte ; & li une groffe pluie n*eût
mis ûîï au combat , Tarmée Ro-
maine auroit été taillée en pièces.
Les vainqueurs ne fçurent pas
profiter de leur avantage ; ôc fans
qu'on en puifTe dire la raiibn , ils
tournèrent du côfié de la Gaule &L
des Helvétiens.
Ces peuples , aujourd'hui les
SuifTes , bien différens alors de ce
qu'ils font maintenant , étoient
fort riches au rapport de Strabon,
& p^iTédoient beaucoup d'or.
Mais , comme ils virent que leurs
nouveaux hôtes , par le pillage
de tant de contrées , étoient deve-
nus encore plus riches qu'eux , le
métier leur parut bon, particulier
rement aux Tiguriens & aux Tu-
géniens. Les peuples de ces deux
, cantons fe joignirent aux Om-
bres ; mais , il eft difficile d aiïi-
gner la date de cette jonftion ,
qui pourroit bien ne s'être faite
que quelques années après la , dé-
faite de Cn. Papirius Carbon.
On perd de vue les Cimbres
pendant trois ou quatre ans , au
boutdefquels, ils reparoiflTent dans
la Gaule , demandant au conful
Silaifns des terres où ils puifTent
s'établir ^ & offrant aux Rçmains
à ce prix le fervice de leurs armes
& de leurs bras. On n'avoit garde
^ d'accepter de pareilles offres. Ils
réfolurent] donc d'obtenir par la
force ce qu'on refufoit à leurs
prières. Ils allèrent attaquer le
Conful, & remportèrent fur les
Rgmaips une féconde viâoire*
CH
Les Teâofages , ci- devant al-
liés des Romains , s'éiant laiffés
entraîner à la révolte par les pro-
meffes des Cimbres , furprirent ÔC
mirent dans les chaînes la garnifon
Romaine ,• qu'ils avoient dans
leur ville. Cépion marcha contre
eux, & à l'aide d'une intelligence,
il entra dans Touloufe, & livra la
ville au pillage. Ce n'eft pas ici le
lieu de raconter les fuites de cet
événement. *
L'année fui vante , l'an de Ro-
me 64J , & avant Jefus - Chrift
105 9 M. Aurélius Scaurus , l'un
des Lieutenans généraux du con-
ful Cn. Manlius , fut défait par les
Cimbres avec un aflez gros déta-
chement qu'il commandoit , &
refta prifonnier entre les mains des
vainqueurs. Bientôt après , les
Cimbres , ayant appris la jondion
des deux armées Romaines , fup-
pofant qu'elle étoit l'effet de la
réunion dQs efprits [ car ils avoient
été informés de la difcorde quire-.
gnoit entre les généraux ] , en-
voyèrent des députés vers les Ro-
mains pour traiter de paix. Cé-
pion , dans le camp duquel ils en-
trèrent d'abord, voyant que ce
n'étoit point à lui , mais au Con-
ful , qu'ils avoient ordre de s'a-
drefTer, en conçut une baffe &
ridicule jaloufie , & bien loip de
leur tenir un langage pacifique ,
peu s'en fallut qu'il ne les fît met-
tre à mort.
Une conduite fi miférabîe eut
le fuccès , qu'elle devoir avoir , &
attira aux Komains la plus horri-
ble défaite qu'ils euffent jamais
éprouvée. 11 ne nous refle aucun
détail de cette aâion fanglame.
N
ous
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CH
Nous ne fçavons pas même au
jufte le lieu oii elle fe donna , que
l'on peut pourtant conjeâurer n'a-
voir pas été loin d'Orange. Nous
apprenons feulement de quelques
Abréviateurs , que le carnage fut
affreux ôc prefque incroyable.Les
deux armées furent abfolument
taillées en pièces, les deux camps
furent pris. On fait monter le
nombre des morts, jufqu'à qua-
tre-vingt mille foldats y tant Ro-
mains qu alliés , entre lefquels on
compte deux fils du Conful , &
quarante mille valets, ou autres
gens qui fuivoient l'armée. On
prétend qu'il ne s'échappa pas du
carnage plus de dix hommes,
pour en aller porter la nouvelle..
Les Ombres , avant le combat ,
s'étoient engagés par un vœu ,
aflez ordinaire alors parmi les
Gaulois & les Germains, à fa-
crifier aux dieux,6c à détruire tout
ce qui tomberoit en leur pouvoir.
Ils s'acquittèrent avec fidélité de
ce voeu barbare. Voi & Targent
fûifent jettes dans le Rhône ; le
bagage fut mis en pièces , les ar-
mes ôc les cuiraiïes brifées, les
brides des chevaux rompues « les
chevaux eux-mêmes noies , Se les
hommes pendus à des arbres. Le
célèbre Sertorius qui , fort jeune
alors, fer voit dans l'armée de Cé-
pion, eut aflez de force & de cou-
rage pour pafler le Rhône à la na-
ge tout armé avec fa cuirafTe & fon
bouclier.
Eutrope & Orofe nomment
quatre peuples qui eurem part à
cette viàoire , les Cimbrqs , les
Teutons, les Tiguriens, ôt les
Ambrons. Plutarque en attribua
Tom. XI.
CH 177
le principal honneqr aux Am-
brons , qui paroiffent avoir été un
canton helvétique. Il en parle
comme dugiprps le plus brave &
le plus tefcle de toute Tarmée
liguée. Ils étoient au nombre de
trente mille.
Après une fi grande viftoire ,
bn délibéra fur ce qu'il çonvenoit
de faire pour en profiter. Les avis
ne fiirent point partagés, on con-
vint qu'il ne falloit point laifTer
aux ennemis le tems de fe recon-
noître. Les Cimbres , ayant û
facilement vaincu ceux qu'ils
avoienj rencontrés , réfcdurent de
ne s'arrêter & de ne s'établir nulle
part , qu'ils n'euflenc iuiné Ro- '
me , & faccagé toute l'Italie.
On comprend aifément quelle
allarme 6c quelle confternation
jeita dans Rome une perte fi ter-
rible , qui menaçoit d'un danger
encore plus grand. On voyoit
aux portes de ritalie,une nuée ef-
froiable de Cimbres , trois cens
mille hommes portant armes ,
marchant avec leurs femmes &
leurs enfans , non pour fubjuguer
l'Italie , mais pour l'envahir , s'é-
tablir dans les villes , s'emparer
des terres , & exterminer la plu-
part des habîtans. La renommée ,
dès le commencement , avoit pu-
blié des chofes effi-aiantes de leur
force , de la grandeur de leur
taille , de leur valeur , ou plutôt
de leur férocité , qui emportoit Se *
ravageoit tout," comm^ un torrent '
impétueux ; & les effets furpaf- -
foient encore ce que -la renom- •
mée en avoit d'abord annoncé.
Les Romams ," toujours fages '
. dans l'adverfitéi arcwenr enfin pris *
M
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178 CH
les meilleures mefures pour aVrê- '
ter la tempête qui les menaçoit.
Mais , ces mefures auroiem été
peut-être tardives , û l^roviden-
ce f qui veilloit à la cflfervation
de Rome , & qui dedinoit cette
ville à devenir la capitale & la
inaîtreffe de l'univers , n'eût pris
foin d écarter d'abord & d'éloi-
gner le danger. Le tems n'étoit
pas encore venu , où l'empire
îlomain devoir être la proie des
Barbares. Nous venons de laifler
les Cimbres dans la réfolution de
marcher contre Rome. Et s'ils
euflient exécuté fur le champ cette
réfolution , tout étoit à craindre»
Mais , fans qu'on en fçache la rai-
fon , ils tournèrent le dos à l'Ita-
lie, & après avoir ravagé tput le
pais , depuis le Rhône jufqu'aux
Pyrénées, ils paflerent en Efpa-
gne. Ainfi , les Romains eurent le
tems de fe remettre de leur frayeur.
Cependant, les Cimbres ne fu-
rent pas heureux dans leur expé-
dition d'Efpagne. Les Celtibériens
les vainquirent ; mais , il faut que
leur perte n'ait pas été confidéra-
ble. Ils revinrent joindre les Teu- .
tons , & fe préparèrent à faire en- -
fin tomber tous leurs efforts (ur
l'Italie. Avant que les deux peu- ;
pies fuflem réunis, Marius fut
élu Conful pour la quatrième fois, î
avec Q. Lutatlus- Caculus* .
Nos deux Cotifuls , qui a voient.,
tout préparé pour fe mettre tn ,
Campagne y partirent^ de Rome ,
dès qu'ils .apprirent que les enne^
mis étoientiea jmarche. Ceux-ci , -
ayant part9g,é ieurs. troupes , s'a* .
vançQient;pa£:deyx routes diffé-
ireates. h^ Cimbf ç$ prenoieat par
CH
leNorique pour entrer dans l'Ita*^
lie par le .Treiuin. Les Teutons
èi les Ambrons fe propofoient de
traverfer la province Romaine,
& de tourner par la Ligurie. Les
Confuls, fur. ces nouvelles , fe fé-
parerent auili. Q. Lutatius Catu-
lus fe porta du côté des Alpes
Noriques pour y atteindre les
Cimbresi& Marius alla camper an
confluent de llfère & du Rhône,
pour s'oppofer aux Teutons &
aux Ambrons. Nous laifferons-là
le récit de ce qui regarde ces der«
niers , comme étranger à notre
fujet.
La marche des Cimbres fut
longue ; mais , étant eniin arrivés
près des Alpes du côté du Tren-
tin } ils fe préparoient à entrer en
Italie. Q. Lutatius Catulus , qui
s'étoit d'abord faifi des hauteurs
pour y arrêter Içs Cimbres , crai-
gnant que forcé de féparer fon ar-
mée en pluûeurs pofles , il n'en
fût trop affoibli , prit donc le par-
ti de defcendre en Italie, mit de*
vant lui la rivière d'Athéfis , ^l
forma fur les deux rives, deux
campi pour en défendre le paiTa-
ge , le plus grand en deçà de Ja
rivière , & l'autre au de-là , du
côté où arrivoient les Cimbres ;
&L pour la communication de ces
deujc camps , iL jetta fur TAihéfis
un pont , qui le mettoit en état
d'aikr au (ecours de to^ut ce qui
pourroit être attaqué par les en-
nemis. Les Cimbres avoient tant
de inépris pour fe& Romains , &
étôient fi pleins* d*ufte folie arro-
gance , que pouMiîontrer fimple-
metit leur force &' leur audace ,
f^as aucune u^ilté- ou néceflité.
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CH
Ils s'expofoient à la neige tous nus,
grimpoient aux fommets des mon-
tagnes , aux travers des monceaux
de neige & de glace ; & quand ils
étoient au haut , mettant leurs
boucliers fous eux , ils s*abandon-
noient ainfi aux penchans de ces
montagnes , & fe laifToient xou-
1er le long de ces rochers , dont
la pente étoit fort roide , & qui
avoient fous eux des fondrières
& des abîmes épouvantables.
En6n , après qu'ils fe furent
campés près des Romains , 6c
qu'ayant fondé la rivière , ils eu-
jent vu qu'ils ne pouvoient la
pafler, ils entreprirent de la com-
bler ; 6c déracinant les plus gros
arbres , détachant d'énormes maf-
fes de rochers , & roulant de gref-
fes buttes de terre , ils les traî-
noicnt dans le fleuve , dont ils
refîerroient par- là le cours. Pour
ébranler les poutres qui fervoient
comme dé fondement au pont des
Romains, ils jettoient dans la ri-
vière de groiTes mafles , qui étant
rapidement entraînées par le iil
de l'eau , battoient rudement le
pont,& lui donnoient des fecouf-
fes fi terribles, qu'il ne pouvoit
réfifter long-tems.
La plupart des foldats Romains,
faifis de frayeur à cette manoeuvre
des ennemis , abandonnèrent le
frand camp & fe retirèrent. Q.
utatius Catulus tint en cette oc-
cafion une conduite , qui a été
louée par Plutarque, mais qqi
néanmoins eft fufceptible d'une
interprétation peu avantageufe.
Voyant qu'il ne pouvoit retenir
les fuyards , il ie mit lui-même à
leur tête , afin de fauver Thonneur
C H 179
delà nation, & n^ voulant pas
qu'il fût dit que les Romains euf-
fent fui devant les Cimbres ,
mais qu'ils paruflent plutôt avoir
fuivi leur général. Q. Luiatius Ca-
tulus facritia donc ici fa gloire à
l'honneur du nom Romain ; & on
ne peut fe difpenfer deTeri louer ,
s'il ne pouvoit mieux faire.
Mais , il eût mieux valu fans dou-
te ranimer le courage de fes fol-
dats, que de fauver ainfi leur
honneur. Marius en une pareil-»
le occafion , n'auroit pas voulu
mériter une pareille louange,
Auffi, Plutarque dit-il ailleurs, que
Q. JLutatius Catulus étoit peu
guerrier.
Ceux qui étoient dans le petit
camp au de-lâ de la rivière , quoiy
que plusexpofés, montrèrent plus
de réfoluîion. Ils fe défendirent û
vigoureufement , que les Cim-
bres , admirant leur valeur , leur
, pern.irent de fe retirer , en leur
accordant une capitulation hono-
rable qu'ils jurèrent fur leur tau-
reau d'airain. Après la prife du
petit camp , tout le païs des envi-
rons étant fans défenfe , les Cim-
bres fe répandirent par tout & le
pillèrent.
On ne trouve rien , nulle autre
part , de ce taureau d'airain , fur
lequel les Cimbres juroiem, Plu-
tarque en parle pourtant comme
d'une chofe connue. Les Cimbres
adoroient-ils un taureau ?
Flc^rus prétend que s'ils avoient
marché droit à Rome, ils auroient
pu y eau fer les. mêmes défaftrcs
qu^avoient fait long-tems aupa-
ravant les Gaulois en pareille
conjonfture. Mais , pour attendre
M ij
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i8o C H
, leurs compagnons , comme ils en
étoient convenus avant que defe
féparer , ils s'arrêtèrent dans cette
contrée , dont la douceur les char-
ma. Cet agréable féjour , où ils
trouvoient tout en abondance ,
leur devint funefle en énervant
leurs corps ^ ôc en amollifTant
leurs courages par des délices
auxquelles ils fe Hvroient avec
d'autant plus d'avidité & d'ardeur,
qu'ils y étoient nloins accoutu-
més.
Dans cette extrémité , Marius
partit pour aller joindre Q. Luta-
tius Catulus 4 & fit venir Tes trou-
pes de la Gaule Natbonnoife , oîi
il les avoit laiiïées après la défaite
des Teutons. Il paroît que Q.
Lutatius Catulus avoit mis le Pô
entre lui & les Barbares , puifqu'il
eft dit que Marius , lorfqu'il fe
fut joint avec lui , pafla ce fleuve,
& que ce fut auprès de Verceil
que la.bataille fe donna.
Les Cimbres étoient à peu de
diftance des Romains ; mais , ils
diiféroient de donner labataille,at-
tendant toujours les Teutons avec
impatience , foit qu'ils ignorafl!snt|
foit [ ce qui eft plus vraifembla-
i)le]qu'ils ne voulufTent pas croire
leur défaite. Voyant que les deax
généraux avoient réuni leurs trou-
pes , ils envoyèrent à Marius des
ambafTadeurs » lui demander pour
eux, 6c pour leurs frères, des terres
& des villes fufHfantes pour les lo-
fer & les nourrir. Interrogés^ qui
toient ces frerei dont ils par-
loient, ils répondirent que c'é-
toient les Teutons. Toute l'affem-
blée fe mit à rire , & Marius , en
fç mpqugpt , leur çlit : Laipi^U
CH
déformais vos frcres f & ne vous
en mettes^ point en peine. Ils ont la
terre que nous leur avons donnée ,
& ils la garderont éternellement.
Le Cimbres piqués de l'ironie,
lui dirent d'un ton menaçant qu'il
fe repentiroit de cette infulte y &L
qu'il en feroit puni inceflamment
par les Cimbres, & bien-tôt après
par les Teutons,dès qu'ils feroient
arrivés. Ils font arrivés ^ reprit
Marius , les voici : Et il ne feroit
pas honnête que vous vous en
allaffie\ avant que d'avoir falué
& embrajfé vos frères. En même ,
tems, il ordonna qu'on 'amenât
les Rois des Teutons » chargés de
chaînes.
Quand les Ambaffadeurs eu-
rent fait ce rapport aux Cimbres,
ils prirent la réfolution de com-
battre ; & Boiorix , un de leurs-
Rois , à la tête d'un petit corps
de cavalerie , s'approchanc du
camp du Conful , l'appella à hau-
te voix , & le défia à prendre jour
& lieu pour en venir aux mains ,
& décider qui demeureroit maître
du païs. Marius lui répondit que
jamais les Romains ne prenoient
confeil de leurs ennemis fur ce
qui regardoit le combat ; mais
qu« cependant il vouloit bien
avoir cette complaifance pour les
Cimbres. Ils convinrent donc que
ce feroit le troifième jour après
celui où ils parloient aâuellement,
& dans la plaine de Verceil % qui
paroifToit conimode aux Romains
pour déployer leur cavalerie , &
aux Cimbres pour y étendre leurs
nombreux bataillons.
Ni les uns ni les autresne man-
quçifnt au rçnd^ï ^ V9(^s« i^ ^^
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CH
mettent en bataille. Q* Lutat'ius
Catulus avoit fous lui vingt mille
trois cens hommes d'infanterie , &
Marks trente-deux mille. Q. Lu*,
tatius Catulus fut mis au centre ,
& les troupes de Marins furent
partagées furies deux ailes , com-
me Tecrit Sylla qui fe trouva à
cette bataille. On dit que Marius
rangea ainfî Tarmée malicieufe-
ment, dans l'efpérance qu'avec les
deux aîles, il tomberoit fur fes en-
nemis 9 & les romperoit ; &
qu'ainfî la viâoire feroit entière-
ment due à fes troupes , fans que
Q. Lutatius Catulus y eût aucune
part , & qu'il fe fût feulement
mêlé avec les Cimbres. Car, tou-
tes les fois qu'un front de bataille
eft fort large & fort étendu , il
arrive ordinairement que les ailes
font avancées, & le centre enfon*-
cé ; & ce qui confirme ce fait ,
ajoûte-t-on , c'eft l'apologie que
Q* Lutatius Catulus même fut
obligé de faire , dans laquelle il fe
plaignit hautement de la malice
de Marius , & du mauvais tour
qu'il lui avok joué.
Les Cimbres faifoient fortir
leur infanterie de leurs forts , dou-
cement & fans bruit , & les ran-
geoienten bataille en leur donnant
autant de profondeur que de
iront ; de forte que c'étoit une ba-
taille quarrée » dont chaque face
occnpoit trente Aades de terrein.
Leur cavalerie^qui étoit de quinze
mille chevaux , marchoit en fu-
perbe équipage. Tous les cava-
liers a voient des cafques en forme
de gueules ouvertes, & des mufles
de toutes fortes de bêtes étranges
& épouvantables ; & les rehauf-
CH i8t
fanrpar des pannaches faits com-
me des ailes > & d'une hauteur
prodigieufe , ils paroiflbient enco-
re plus grands. Ils étoient armés
de cuiralfes de fer très-brillantes ,
& couverts de boucliers tout
blancs. Ils portoient chacun deux
javelots à darder de loin; & quand
ils avoient joint l'ennemi , ils fe
fervoient de grandes & de fortes
épées. En cette rencontre ils n'al-
lèrent pas heuner les Romains de
front ; mais , prenant à droite , ils
avançoient peu à peu , cherchant
à les enfermer entr'eux & leur in-
fanterie qni étoit à la gauche.
Les généraux Romains s'apper-
curent incontinent de cette rufe ;
mais , ils ne purent retenir leurs
foldats. L'un d'eux s'étant mis à
crier que les ennemis fuyoient,tous
les autres commencèrent auffi-tôt
à courir pour les pourfuivre. Ce-
pendant , l'infanterie des Cimbres
s'avançoit comme les flots de
la mer. Dans ce moment , Ma-
rius , s'étant lavé les mains , les
leva vers le ciel , & voua aux
Dieux une hécatombe ; & Q. Lu-
tatius Catulus , levant aufB fes
mains, fit voeu de confacrer la
fortune de ce jour , en lui dédiant
un temple. On dit que Marius
ayant fait fon facrifice , on ne lui ,
eut pas plutôt montré les entrailles
des viâimes , qu'il s'écria : La
viâoire eft à moi. ^
Mais , quand on fe fut ébranlé
pour donner, il arriva un accident
qui ^ comme l'écrit Sylla , parut
un effet de la vengeance divine
contre Marius. Il s'éleva , comme
cela eft vraifemblable, une Çi gran-
de pouflièrei que les 4eux arméei
Miij
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i82 C H
en forent couvertes & cachées.
Marius, qui s'étoit ébranlé le pre-
mier pour charger avec (qs trou-,
pes , eut le malheur de manquer
rennemi dans cette obfcurité où
les deuit armées étoient enfevelies;
& ayant pouffé fort loin au de-là
de leur bataille, il fut long-tems
errant dans la plaine fans pouvoir
fe retrouver. Cependant , le bon-
heur de Q, Lutatius Catulus fit
que les Ombres tombèrent fur
lui , & que , contre Tintention de
Marius , il n'y eut que lui ÔC les
foldats au nombre defquels étoit
Sy lia , qui foûtinffent tout Teffort
de cette bataille. La chaleur da
pur , qui étoic fort grande , & le
foleil qui donnoic dans le vifage
des Cimbres , aidèrent beaucoup
aux Romains. Gar , les Cimbres,
naturellement endurcis à fuppor-
.ter les plus grandes gelées , &
nourris dans des lieux froids &
couverts de bois , ne pouvoient
réfider au chaud , mais fondoient
tous en eau , 6c n'avoient que la
force de mettre leurs boucliers
devant leur vifage pour fe garan-
tir du foleil, ; car , ce combac fe
donna après le folftice d*été , trois
jours avant la nouvelle lune du
mois d'août ,qui étoic alors appelle
Sextilis. La pouilière ne fut pas
moins favorable que le foleil aux
foldats de Q. Luiatiu's Catulus ,
& elle fervit beaucoup à augmen-
ter leur audace Si leur confiance,
en leur cachant la plus grande
partie de leurs ennemis ; car , il
s*en fallut beaucoup qu'ils ne
viffent leur multitude innombra-
ble. Mais, chaque corps ayant
ÇOMïix promptement charger ce
CH
qui étoît devant lui , lis enéto'ient
aux mains avant que d'avoir pu
être effrayée par cette vue. D*ail-
leurs , ils étoient fi endurcis à
la fatigue & au travail , fi exercés
& fi aguerris , qu'on ne vit pas
un feul Romain fuant , quoique la
chaleur fût extrême , l'attaque
très-vive ^ & qu'ils eufîent couru
de toute leur force pour charger.
Car , c'eû ainfi que Q. Lutatius
Catulus lui-même l'a écrit , en
relevant beaucoup la force ÔC le
courage de fes troupes.
La plupart donc des ennemis ,
& tous les plus braves furent tail-
lés en pièces ; car , tous ceux des
premiers rangs 9 afin qu'ils ne puf-
fent rompre leur ordonnance ,
étoient liés les uns aux autres par
de longues cordes qui tenoient à
leurs baudriers. Tops les autres
furent renverfés & pou (Tés jufqu'à
leur camp. Lci , on vit les chofes
du monde les plus tragiques & les
plus épouvantables. Les femmes ,
vêtues de robes noires étoient fur
leurs chariots , d'où eljes tuoient
les fuyards ; les unes, leurs maris;
les autres , leurs frères ; ceUes-là ,
leurs pères ; celles-ci , leurs fils.
Enfin i voyant qu'il n'étoit pas
pofliible de réûfter aux vain-
queurs , elles députèrent à Marius
pour lui demander, finon la liber-
té « du moins un efdavage con-
venable à leur iexe & à leur ver-
tu , s'ofFrant d'êtr^ efclaves des
Veftales, à condition qu'elles
garderoient comme elles une
perpétuelle continence. Mais ,
cette grâce leur ayant été refufée,
elle^ fe livrèrent au défefpoir le
plus affreux. Prenant leurs petits
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cnfans , elles les. étouffoîent de
leurs propres mains, & les jet-
toient fous les roaes des chariots,
& fous les pieds des chevaux , &
fe tuoient enfaite elles - mêmes.
On dit qu'il y en eut une qui fe
pendit au bout de fon timon ,
après avoir attaché par le cou à
Tes deux talons , deux de fes en-
fans , Fun deçà , l'autre de-là. Les
hommes, faute d*arbres pour fe
pendre , fe mettoient au cpu un
noeud coulant, qu'ils attachoient
aux cornes ou aux jambes des
bœufs; & piquant ces bêtes pour
les faire marcher, ils périiToient
miférablement , ou étranglés ou
foulés "aux pieds. Cependant, quoi-
qu'ils périfTent ainii par tant de
différentes voies , on ne laifla pas
de faire plus de foixante- mille pri-
fonniers , & celui des morts mon-
ta aa double.
Les foldats de Marins prirent
les bagages; mais , les dépouilles,
les enfeignes,v& les trompettes
furent portées dans le camp de
Q. Lùtatius Catulufi ; ce qu'il fit
valoir comme une preuve que
c'étoit à lui^fèul que la vr6loire
étoit due; îl n'çft pomt dit quelle
part Mawus prit à cette querel-
le , qui devoir l'intéreffer fi vi-
vement. Mais, là difpnte s'échatjf-
fant entre les foldats des deux iar-
mées , on choiHt p«ur arbitres
les Ambaffadeurs de Parme , qui
fe trouvèrent préfens. Les foldats
de Q. Lutatius Catulus les menè-
rent fur le champ de bataille vifi-
ter les morts ;' ils leur firent voir
qu'ils étoient toas percés de leurs
javelots, qui étoient aifé ment &
fûrement reconnoiiïables , parce
CM 185
que Q. Lutatius C^/ulus avoit
pris foin de faire grav^^r fon nom
fur le bois de toute' les piques de
fes foMats. Si le* faits font conl-
tans , on ne peut douter que Q.
Lutatius Catulus ne foit îe vérita-
ble vainqueur des Cimbres. Mais,
la renommée en a autrement déci-
dé. Tout l'honneur de cette gran-
de journée eft refté à Marins ; &
Q. Lutatius Catulus n'efl connu
que des Sçavans. Lors même que
l'événement étoit tout récent , on
crut lui faire afTez d'honneur de
l'afTocier en fécond à la gloire de
Marius.
IIL Quoique l'expédition des
Cimbres contt'e les Âomains ne
foit pas leur première fortie , &
aue Plutarque dife qu'ils avoient
déjà long-tems^couru toute l'Euro-
pe ; c'efl pourtant la première dont
nous fçachions les détails. Quin-
tilién dit , en parlant d'eux , que
cette nation , qui avoit déjà par-
couru la plus grande partie de la
terre , 6c qui s'étoit rendu formi-
dable par fes viâoîres , fut arrêtée
par la valeur de Marius. Les hif.*
toriens Romains om peut-être
exagéré la déroute de ce peuple.
Sa défaite ne fut pas fi totale »
qu'il n'en échappât un corps affez
confidérable , iinon pour tenter
de nouveau fortune contre (es
vainqueurs , du ipoins pour faire
une retraite. Les débris de cette
armée pafTerem par les Gaules ,
où apparemment quelques - uns
s'arrêtèrent. Céfar dit dans {qs
Commentaires , que les Aduati-
ques étoient fils des Cimbres &
des Teutons. On trouvoit fur le
Rhin des Harudes , & ce nom cft
M iv
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i84 C H
le même que les- Charudes , peu-
ples que Pline met dans la Cher-
îonnèfe Cimbrique ; & ainfi de
quelques autres peuples , <|ui fati-
gués des mauvais fuccès d'une
longue & pénible expédition , &
n'ayant rien Jaiffé dans leur pa-
trie qui les y attirât , s'arrêtèrent
d^ns les lieux où ils trouvoient
occaûon de s'établir. Les autres
regagnèrent le païs comme ils pu-
rent. Leur païs étoit raifonnable-
ment peuplé ; & ils faifoient une
nation qui n'étoit;pas à méprifer ,
félon Strabon ; lorfqu' après avoir
harcelé les Romains , ils envoyè-
rent à Augufle des députés pour
lui demander l'oubli du paiTé , une
meilleure imelligence à ravenir,&
pour lui préfenter,to^me un gage
de la paix , une chaudière qu'ils
regardoient comme un vafe très-
facré.
Il paroît cependant que dès ce
tems-îà le nom des Cimbres n'étoii
plus que celui d'une très-petite cir
té de la Germanie , les peuples
qui compofoient autrefois cette li-
gue, l'ayant quittée pour fe joindre
â celle des Sicambres ou des divers
euples 9 compris fous le nom de
uèves. Au tems de Tacite , il ne
leur reftoit plus que la célébrité
attachée à leur nom. Il efl proba-
ble que les , Sicambres étoient un
démembrement des Cimbres , &
/de ceux qui étoient voiHns de la
mer 9 comme leur nom le fignifîe.
Les Sicambres, félon la remarque
de Rudbeks , Cimhri Maritimi ,
avoient été nommés ainfi fans
doute par oppofition aux Cimbri
Medu.erranei , dont parle Pline.
Avec le tems , les Cimbres
I
C H
s'appliquèrent à la marine & à U
piraterie ; & comme- les Saxons
s'y étoient rendu très- célèbres , ik
fe joignirent à eux , & leur nom fe
perdit infenfiblement ; de forte
qu'ils furent <:onfondus fous celui
de Saxons: On les appelloit enco-
re Cimbres du tems d'Honorius»
Claudien dit :
Hac & Teutonico quondam pate^
faB,afurori
, Colla catenati vidît fquallentia
Cimbri,
Il appelle Cimbrique la mer i
où le Rhin a fes embouchures.
...... Je Cymbrica Tethys
Divifum bifido confumit , Rhene,
meatu.
Il eft à remarquer que les Cim-
bres relevoient leurs cheveux fur
le haut de la tête comme les Prin-
ces des Suèves , tandis que les
Rois & les Princes portoient leurs
cheveux épars & âottans fur \es
épaules. Cette coutume fubfifta
parmi les Francs^ jufqu'aa tems
de la conquête jie la Gaule. ^
IV. Quant à l'origine du nom
des Cimbres , nous avons déjà
obfervé , d'après Plptar^ue , que
les Germains donnoient ce nom
aux voleurs ; & un voleur en
Grec s'appelle, ^kMoiii;. Feftus dit
que le;s voleurs étoient appelles
Cimbres dans la langue des Gau-
lois. Cimbri linguâ Gallicd la-
trônes dicuntur» Ailleurs, il expli-
que le mot latrones d'un homme
qui. s'engage dans une guerre
étrapgère pour une folde , qui
conduài militant. L'explication ,
que Plutarque 6c Feflus donnent
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CH .
au mot Cimhrcs o\x Kimher , &
Kimriyeù, conforme à ce qui nous
refte de monumens des plus an-
ciennes langues du Nord. Le mot
Kember & Kemper s'y trouve em-
ployé pour défigner celui qui s'en-
gage dans le fervice militaire pour
une folde , ou par Tefpoir du pil-
lage ; ce mot dans Ton origine H-
gniâoit proprement un homme
robufte , un lutteur. ,
Ainfî , les mots de ^mctS; & de
latro ^ par lefquels Plutarque &
FeAus rendent celui de Cimber ,
n'avoient rien d'ofFenfant dans les
principes des nations Celtiques &
Germaniques. Céfar dit , en par-
lant de ces dernières ' Latrocinia
nullam habent infamiam » qu^
extra fines cujufque clvilatis fiunt,
Poiybe nous apprend que les
Gaulois d'Italie turent toujours
dans les mêmes principes. Et Ti-
te-Live > faute d*y avoir fait atten-
tion , a pris pour des guerres avec
le corps entier de la nation Gau-
loife, ce qui n'étoit que des cour-
tes d'une bande d'aventuriers, que,
Tenvie de piller faifoit entrer fur
les terres des Romains & de leurs
alliésy invafions faciles à repouder,
& que la nation ne foûtenoit
point , parce qu'elles étoient faites
fans fon aveu.
On voit , par ce qu'on vient de
lire, que le rtiot latro, que l'on
reni aujourd'hui par larron , vo-
leur , brigrand ,avoit autrefois une
iigniâcation bien différente. Il fi^
gnifioit un foldat , Ôc plus parti-
culièrement un garde du corps.
C H i8s
Plaute dit latrones , pour dire des
foldats , & latrocinari, pour dire
faire la guerre. Les Romains ,
ayant anciennement appris que le
nom de Cimbres fignifîoit dq|
guerriers > l'expliquèrent en Latin
par latrones , qui a voit alors un
fens favorable. Les ravages , que
ce peuple caula dans la luite , fit
qu'on continua d'expliquer leur
nom par le même mot Latin ,
mais qui fe prenoit alors en mau-
vaife part.
CIMETERRE , (tf) forte d'ar.
me. Ce fut une des principales
divinités des Scythes. Ces peuples
juroient par le Cimeterre , com-
me étant une des caufes les plus
ordinaires de la mort.
CIMETRE , Cimetra , (b)
ville d'Italie , fituée au païs des
Samnites. Elle fut priie l'an de
Rome 455 »parleconful Q. Fa-
bius , qui y fit deux mille quatre
cens prifonniers , & y tua envi-
ron quatre cens trente de ceux
qui oferent fe défendre.
CIMINIE , ou CIMINIEN-
NE , Ciminia , {c) nom d'une
forêt d'Italie , fituée dans l'Étru-
rie. Il eil eft beaucoup parlé dans
le neuvième livre de la première
décade deTite-Live. Cet Auteur,
fous l'an de Rome 444 , dit que
les Étrufques , ayant été vaincus
par les Romains , s'enfoncèrent
dans la forêt Ciminienne;il prend
de-là occafion de donner une def-
cription de cette forêt. i> La forêt
n Ciminienne » dit-il , étoit alors
91 plus impénétrable & plus af-
(4) Mém. de l'Acad. des Inlcript. &| (f) Tît. \M, L, IX. c. 35. & fif
Bell. Leit. Tom. 1. p. 196. j Plin. T, I. p. 116,
(*) Tit, Uv, t. X, c. M« l
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lU C H
» freafe , que celle d'Her cynîe ne
n Ta paru depuis peu.à nos foldats
» en Germanie. Perfonne jufqu'à
79 ce tems-là n'en avoit pénétré
M répaiffeur ; les marchands
» avoient toujours craint de s y
» engager. Il n*y avoit perfonne
» dans Tarmée qui crût qu'on en
» dût tenter l'aventure , excepté
» le général. Tous les autres
» étoient retenus par le fou venir
j» des défilés de Caudium. ^lors,
yr un de ceux qui fe trouvoient
n dans le Confeil , s'offrit d'aller
n la reconnoître, promettant d'en
» rapporter bientôt des nouvelles
» certaines. c< C'efl ce qu'il fit en
effet.
Sur (on rapport , le Conful ût
partir Tes bagages à la première
Teille dé la nuit j & ayant ordon-
iré à l'infanterie de les iuivre , il
fefta avec fa cavaleriie; & dès que
fe jour fut venu , il alla caracoller,
îufqo'aux gardes avancées y que
les ennemis avoient laiflees hors
des bois. Après les avoir tenues
aflez long-tems en haleine, il
rentra <}ans ifon camp ; puis étant
fcrti par h porte oppofée, il rejoi-
gnit fes troupes avant la nuit. Le
lendemain , au point du jour , il
fe retrouva fur le fommet du
mont Ciminien. De- là ayant con-
templé à fon aife les riches plaines
de la Tofcane , il y conduifit fes
(oldats. Us avoient déjà fait un
grand butin , lorfque quelques co-
hortes , compofées des habitons
de la campagne , 6c levées à la
hâte par les premiers de ce can-
ton , vinrent au-devant des Ro-
CH
maîns avec fi peu d'ordre & de
difcipline , que peu s'en fallut
qu'elles ne devinflent elles-mê-
mes la proie de l'armée Romaine,
au lieu de lui arracher celle qu'-
elle venoit de faire fur leurs ter-
res. Les Romains les ayant taillées
en pièces ou mifés en déroiite ^ 6c
ravagé tout le païs d'alentour, s'eo
retournèrent dans leur camp ^
viélorieux 5c chargés d'un riche
butin de toute efpèce.Ce fut alors
qu'il arriva en ce lieu cinq dépu-
tés avec deux tribuns qu'on avoît
dépêchés de Rome, pour venir
défendre au Conful , de la part da
Sénat , de s'engager daiis les rou-
tes inconnues de la forêt Cinfii^-
nienne. Ils furent ravis d'être ar-
rivés apris une expédition à la-
quelle on les avoit chargés de
s'oppofer , & Ven retournèrent à
Rome porter la nouvelle d'une
viéloire qu'ils auroient empêchée,
s'ils avoient été plus diligens.
CIMINIE, Ciminia.^ con*
trée d'Italie , félon Ammien-^
Marcellin, qui dit qu'une ville,
qu'il nomme Succinïenfc oppidum,
y fut engloutie par un tremble-
ment de terre. Voye;^ l'article fui-
vant.
CIMINIEN [ le Mont], (^)
Ciminîus Mons. Cette montagne ,
fituée en Italie dans l'Étrurie ,
étoit au nord & au noi*d-eft du
lac du même nom. Nous avons
dit un mot du mont Ciminien
dans l'article précédent , au fujec
de cette expéditio» que les Ro-
mains firent dans la forêt Cimi-*
nienne , l'an de Rome 444 ; &
ia) TicXî?. L. IX. c. 36 , 37. Virg. jEneid. L. VII. v. 6^'^. Sirai>. p. t26U
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CH
cette expédition quoîque fort heu-
reufe, ne fervit -qu'à attirer un
plus grand nombre d'ennemis à la
République. Car , ceux qui habi-
I toient au pied du mont Ciminien,
indignés des ravages qu*on avoit
exercés fur eux , fouleyerent non
feulement les peuples de la Tofca-
ne, mais même ceux qui étoient
dans le voifinage de l'Ombrie.Ileft
vrai que ce foule vement général
n*eut pas le fuccès, qu'on â'étoit
flatté. Tous ces rebellés furent
vaincus & opprimés dans leur
camp.
Virgile parle du lac , de la fo-
rêt , oc de la montagne , en un
ièul vers :
Et Ciminî cum monte lacum lucof-
que Cdpenos,
Luci Capeni ne font ici autre
chofe que l'extrémité orientale de
cette forêt où étoitî Capcne. Un
chemin, qui traverfoitla montagne
& la forêt dans leur partie occi-*
dentale , & qui paiToit à l'orient
du lac , étoit nommé Ciminia via»
C*eft apparemment tout ce can-
ton que Marcellin appelle Cimi-*
me; & peut-être que le Succi^
nienfe oppidum , qui fut abforbé
par un tremblement de tene ,
occupoîc la place du lac qui fe
forma dans le creux , que ce ter-
rein laiiTa en s'afTaifTant. On a
quantité d'exemples d'événemens
pareils.
CH 187
Clavier foupçonne que le n^ont
Ciminien efl préfentement le
mont di Viterbo , & le lac , ce-
lui qu'on nomme di RoncigHone.
CIMINiUS SALTUS. Foyci
Ciminie.
CIMMÉRIEN [ LE Bospho-
re ]. Foy<r^ Bofphore.
CIMMÉRIENS , Cîmmtriî ,
KtjUfAtptci , (a) peuple fort connu
dans l'antiquité. Les Cimmériens
font la plus ancienne colonie
étrangère , que nous fçachions
avoir habité les païs fitués au nord
du Danube , & à l'occident du
Pont-Euxin. Mais , quelque célè-
bre que fût le nom de ce peuple
dans l'antiquité , le détail de fes
aventures ne nous eft connu que
très - imparfaitement i & nous
ne pouvons former la fuite de
fon Hiftoire , qu'en réunifiant
quelques témoignages détachas
les uns des autres > & qui
laifTent entr'eux des vuides qu'il
fout néceffairement remplir par
des conje^ures & par des fuppo-
(itions , fondées fur ce que nous
connoiffons de l'état de ce peuple,
& de la nature du païs qu'il oc-
cupoit , ou même fur ce que nous
pouvons imaginer au fujet des
motifs qui le déterminoient , ou
le dévoient déterminer à former
les entreprifes , dont l'hj^oire nous '
aconfervé le fouvenir. Ainfi parte
M. Fréret dans un fçavant mé-
moire fur cette nation ; mémoire
{s) Strab. p. 6. 149, ér feq. Hcrod.
L. I. c. 6 • 1 5. «^ fej^t !-• IV. c. 1 , 1 1.
ér f^* Homer.'Odyfr. £. XI« v. 14» i^«
ër /«î. Pomp. Mel. p. 19. Plin. T. I.
paj;. 154 , )io. Plut. Tom. I. pae. 411.
Mém. de TAcad. des Infcript^ & Bell,
Lett. Tom. IV. pag. «oj. Tom. V. pag.
165. ièr friv* T. Vlï, p. 145 , 159 ♦ 544.
& fitiv. Tom. XII. p. i;4, ^24) %%^,
Tom. XVIII. p. 61. Tom. XIX. p. 577.
& friv, ' ■
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ï88 CH
dont a été extrait ce qu'on va
lire.
I. Pofidonius croyoit que les
Cimtnériens , établis au nord du
Danube , étoient de la même na-
tion que les Cimbres, qui fortis
du voifinage de la mer Baltique,
& des bords de l'Océan feptentrio-
nal , traverferent la Germanie ,
& s'avancèrent jufque dans la
Gaule & jufque dans l'Italie , &
furent vaincus par Marius un (ie-
cle avant TÉre Vulgaire. Quoi
qu'il en foit , il eft vifible que les
Cimmériens venoient de la Ger-
manie proprement dite , & de la
prefqu'ifle qui a long-tems con-
îervé leur nom.
Le tems précis de Tarrivée de
ces peuples fur les bords du Pont-
Euxin nous éft inconnu ; mais ,
0ousne pouvons douter que leur
établiiTement dans ce païs ne fût
^rès-ancien, & qu'ils n'euffent dé-
jà acquis une certaine célébrité ,
\rrfqu*Homère écrivoit fes Poë-
mes , c*eft-à-dire , dans le 9.^ Cie-
de avant Jefus-Chrift. Ce Poëte
parle des Cimmériens dans fon
Odyflee ; mais , tout ce qu'on
peut conclure de ce qu'il en dit ,
c'efl qu'ils habitoient au nord &
^ au nord-ouefl de la Grèce , fous
on climat voiHn du Pôle. Car,
c'eft ainfi que les Anciens ont ex-
pliqué ce que dit ce Poëte de leur
léjour dans le païs des Cimbres ,
& dans le voifmage de ces portes,
d'où la nuit fort tous les foirs pour
aller répandre les ténèbres âcTob-
fcurité fur toute la terre.
Cette étrange aftronomie étoit
encore celle -des poëtes Grecs,
long- tems après Homère. Sopho-
CH
cle, cité par Strabon, plaçoît dan^
fon Orithye , le palais de Borée ,
auprès des fources de la nuit , &
de l'ancien jardin de Phébus. Les
Grecs ne commencèrent à pren-
dre des idées un peu exaâes des
pais (itués au nord & à l'occident
de la Grèce , qu'après qu'ils y eu-
rent établi des colo'nies ; & les
Poëtes ne purent même jamaif
s'aflujettir tout-à-fait à fuivre une
Géographie & une Aftronomie ,
conformes aux nouvelles décoa-
vertes. Il fuffic, pour s'en con-
vaincre , de lire le Prométhée
d'Efchyle", & d'examiner la route
qui eft prefcrite à la nymphe la»
pourfe rendre du pied du Caucafe
jufque fur les bords du Nil. Ce
Caucafe d'Efchyle, qui eft au nord
de la Grèce, & à l'occident da
Bofphore , eft fans doute le Car*
path des modernes.
Les poëtes Latins ne (ont gue-^
re meilleurs Aftronomes que les
poëtes Grecs. Virgile & Ovide
font pafTer l'axe du monde par le
mont Atlas , & par la zone torri-
de; c'eft- à-dire, qu'ils confondent
le Pôle avec l'équateur.
Eufèbe, dans fa Chronique , 011
il avoit fait entrer un précis des
principaux ouvrages de ce genre ,
donnés par les anciens Grecs,mar-
que à l'ap 1076 avant Jefus-Chrift,
ou 108 ans après la prife de
Troye » une incurfion des Cimmé-
riens & des Amazones dans l'Afie
mineure. Orofe en rapporte une
autre vers l'an 782 , trente ans
avant la fondation de Rome , &
dix ans avant la guerre de Mefli*
ne , à laquelle il joint cet évépe^
mem.Str^on prétend que ai
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CH
temsd*Homère, on même^n peu
avant Ton fiede^ les Cimmériens
& les Amazones entrèrent dans
l'Afie mineure , & pénétrèrent
jufque dans TÉolie & dans llonie;
ce qui peut avoir quelque rapport
à rinvafion qu'Euiebe met à Tan
lO/ôyCar , Homère doit être né,
félon Hérodote , vers Tan 880.
Pofidonius afîure que lesCim-
mériens , s'étoient avancés d'a-
bord de proche en proche des
bords de TOcéan | jufque dans le
milieu de la Germanie , & que de
nouveaux eiTains fe joignant tous
les ans aux premiers , ils avoient
à la fin occupé tous les païs qui
s'étendent depuis l'Océan jufqu'au
Pont-Euxin. Ce n*étoit-là , félon
les a|>parences , qu'une conjeâure
de Fofidonius ; mais , elle eft affez
probable , quoiqu'il ne faille pas
(ans doute luppofer que la ligue
des Cimmériens avoit effeâive-
ment rempli cette vafte étendue
des païs , & que tous les peuples
qui l'occupoient , n'eufient formé
qu!une feule cité ou corps politi-
que , au même fens que Céfar le
dit de la ligué des Suèves , dont
les cent cantons ou pap compre-
noient tous les païs qui s'étendent
depuis le Rhin jufqu'à l'Océan ,
& même jufque dans la Scandina-
vie.
M. Fréret fuppoferoit au con-
traire que les Cimmériens ayant
pailé le mont Carpath , & s'étant
avancés le long du Tyfas & de
l'Hypanis 9 jufque fur les bords du
Pont-Euxin , fe féparerent des
Oimmériens occidentaux , qui
étoient reftés dans la Germanie ,
& formèrent une cité indépendant
C H 189
te. Cette cîté des Cimmériens
orientaux dévoie cependant être
très-nombreufe & très-puiflante ;
fansf quoi elle n'auroit pas été en
état d'envoyer au loin des armées
•confidérables , comme on vote
qu'elle l'a fait plus d'une fois .
Hérodote , le feul des Anciens
qui ait donné l'hiftoire décès Cim-
mériens avec une certaine fuite
& un certain détail^ nous apprem^
i.^ Que leur principal établiffe-
ment , & pour ainfi dire le chef-
lieu de la cité , étoit vers les bords
du Tyras , puifque c'étoit-là qu'ils
s'afFemblerent pour tenir la diète «
ou le coiifeil général de la natioii,
au fujet de l'invafion des Scythes.
2.^ Que s'étant avancés vers l'O-
rient, ils avoient traverfé THy-
panisôc le Boryflhène, Ôcavoienc
paiFé dans la Cherfonnèfe ou pref-
qu'ifle qui a toujours confervé leur
nom. Celui de Crime ou de Cri-
mée qu'elle porte encore aujour-
d'hui , n'eft qu'une corruption de ^
Pancien nom de Kimmeria, 3.^
Qu'après être rentrés dans ce païs,
ils s'étoient avancés jufqu'au Bof-
phore ou détroit qui le fépare de
TAfie , & par lequel les eaux du
Tanaïs , après avoir formé le lac
oU Palus- Méotide, fe déchargent
dans le Pont - Euiin ; qu'ils s'é-
toient emparés des deux rivages
de ce détroit p8c qu'ils y conftrui-
firent des forts ou retranchemens,
dont on voyoit des vertiges de fon
tems , ôc qui portoienc encore leur
nom.
Strabon parle d'une ville de
Çimméricum , conftruite fur la ri-
ve Afiatique du détroit , fur le
promontoire qui en forme l'en-
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190 CH
trée du côté Palus - Méotide.
Les Cimmériens n'avoient pu tr^-
verfer ce détroit , & pafler en
ailez grand nombre fur la côte
d'Alie , fans avoir des barques, &
fans quelque ufage de la oaviga-*
tion.
Nous voyons encore dans Hé-
rodote , que les Cimmériens »
après avoir traverfé le détroit ,
fuivirent la côte de la mer, & s a-
vancerent le long de cette mer
jufque dans l'Âfie mineure.
Sans doute que leurs premières
entreprifes furent contre les peu-
ples, qui habitoient les monta-
gnes qu'occupent aujourd'hui les
Circaffes & les Abcades ; mais
que trouvant un païs pauvre , ÔC
des peuples belliqueux , ils fe conr
tentèrent de. les contraindre à leur
donner paffage, parce que leur
projet étoit de s avancer dans TA-
lie mineure ; païs plus fertile , &
occupé par des naâons que les ri-
cheffes & le luxe avoient amol-
lies.
Strabon répète en divers en-
droits ce qu'il avoit dit au pre-
mier livre, que les Cimmériens
ravagèrent plufieurs fois difFérçn-
tes , l'Afie mineure. Hérodote
femble ne parler que de la der-
nière invafion qu'ils firent dans ce
païs , au tems même où les Scy-
thes ravageoient la Médie & la
Paleftine. Mais, ce qu'il dit de
rétabliffemenc des Cimmériens
dans la prefqu'ifle de Sinope, doit
fe rapporter à un tems antérieur j
car , la fondation de Sinope par
les Grecs, eft de Tan 1631 avan{
l'Ère Vulgaire , félon Eufèbe , &
• C H
du tems même de l'invaHon des
Scythes, félon Scymnus deChîo,
qui avoit vu l'ouvrage de Deny s
de Chalcis, furies colonies Grec-
ques du Pont-Euxin & de la Pro-
pontide , & qui le cite en quelques
endroits. Il faut pourtant obferver
que Scymnus donne peut - être
une trop grande antiquité à la ville
Grecque de Sinope ; car , il en
fait remonter la fondation au tems
d'une expédition contre les Ama-
zones. Il ajoute qu'Andron de
Milet y mena depuis une nou-
velle colonie , & que ce fut fiir
ce même Andron que les Cimmé-
riens en firent la conquête; mais
que dans la fuite ils en furent chaf-
fés par des bannis de Milec , qui
vinrent y chercher une retraite ,
& qui en firent une ville confidé—
rable. Hérodote fuppofe au con-
traire , que la prefqu'iile de Sino-
pe étoit déferte ^ Icrfque les Cim-
mériens s'en emparèrent.
Nous ne parlerons point ici des
anciennes invafions de l'Afie mi-
neure par les Cimmériens ; le dé-
tail nous en eft inconnu. Nous
n'examinerons point non plus
commcfnt ils purent traverfer les
défilés des Heniochi & des Zyg-
hi o\i de la Circadie , ceux qui
féparent la Çolchide des régions
Pontiques, & comment ils vin-
rent à bout de furmonter tous les
obftades qui durent fe préfehter à
eux. Il eft fur , par le fait , que ces
obftades ne les arrêtèrent point ,
& qu'ils pénétrèrent le long de la
mer jufqu'à Sinope , où ils formè-
rent un premier étabfifiement. Ils
ne purent arriver dans ce païs, en
fuivant le bord de la mer , fans
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C H •
tmverfer de grandes rivières , en-
tf'aucres le Thermodon & l'Ha-
lys. Avoient-ils des barques ?
Conftruifirent - ils des radeaux, ?
C*e(l ce que nous ignorons.
Nous connoiflbns deux inva-
fîons de ces peuples dans TAfie
mineure , poftérieures l'une &
l'autre à Tan 1076. Il eft proba-
Jble que ce fut dans la première de
ces deux expéditions, qu'ils s'em-
parèrent d'Antandre , ville fituée
au pied du mont Ida , au fond du
golfe d'Adramytte , & dans, la
Cilicie voifine de la Troade.
Ariflotecité par Etienne de By-
zance , difoit, dans un Ouvrage
-hiftorique dont nous n'avons plus
que des lambeaux , que ces peu-
ples avoieni donné le nom de
Cimméris à cette ville , & qu'ils
en refterent les maîtres pendant
un Hecle entier.
Callinus , cité par Strabon , di-
foit que dans chacune de ces deux
invaiions , les Cimmériens avoient
pris 6c pillé la ville de Sardes ;
que dans la première , ils fe con-
tentèrent de la piller , mais que
dans la feconde,ils y mirent le feu,
& qu'elle fut entièrement détrui-
te, à la réferve de la citadelle.
Hérodote n'a fait mention que de
cette dernière prife de Sardes , &
il la place fous le règne d'Ardys ,
fils de Gygès , dont le règne a dû
finir vers ran'628 ; mais , au rap.
port de Calliflhène , le poète Cal-
linus avoit parlé de la première
prife de Sardes , comme d'un fait
arrivé de fon tems.
Strabon nous a confervé un
rers de ce Poëte , danss lequel il
C H , rçr
dît que l'armée des redoutables
' Cimmériens s'avança dans le'païs
des Éfionéens , c'eft.-à-dire , des
Lydiens de la plaine du Cayftie,
nommée Afia dans Homère , fui-
vant la remarque de Scepflus. L«
vers cité par Strabon femble faire ■
partie de l'Élégie compofée par
Callinus , pour exhorter les peu-
ples de rionie à prendre les armes,
& dont Stpbée nous a confervé
vingt- deux vers. Le Poète y re-
prélente aux Ioniens qu'ils ne dé-
voient pas efpérer de refter tran-
quilles , lorfque la guerre défoie
les païs qui les entourent.
Ce poëme de Callinus étoit
adrefféjdit Strabon, aux Magné-
fiens du Méandre , & fuppofoit
leur ville dans un état floriflant ^
puifqu'ils venoient de ^îemporcer
plufieurs avantages dans une
guerre contre les Éphéfiens, Ils ne
profitèrent point des avis de Cal- •
linus , ou du moins ils firent de
vains efforts pour fe défendre
contre les Cimmériens , qui
prirent & détruifirenc leur ville.
Le Poëte Archiloque faifoit
mention de cette deftruâion de
Magnéfie ; d'où Strabon conclud
que le tems du poëte Callinus &
celui de l'invafion des Cimmériens
avoient précédé le Cecfe d' Archi-
loque.
Le même Écrivain dit que ce
fut dans la guerre , dont les vers
de Callinus faifoient mention, que
Midas , roi de la grande Phrygie ,
ayant été vaincu par les Cimmé-
riens , fe donna la mort pour ne
pas jomber vif entre les mains de
ces barbares. É tienne de Byzâti-
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1^1 C H
ce dit, en parlant de Syaflus^
bourgade de la grande Phrygie ,
que les Cimmériens y trouvèrent
une grande quantité de bled ren-
fermé dans des foûterreins. Nous
n^obfervons cette circonAance peu
.importante , que pour montrer
qu'on avoit le détail de cette in-
vaHon, dans les anciens Hido-
riens , peut-être dans Xanthus de
Lydie-, contemporain de Darius
& de Xerxès.
Comme Hérodote ne donne
aucun détail de Thiftoire de Ly-
die avant le règne de Gygès , il
n'eft pas étonnant qu'il n'ait point
parlé de la première prife de Sar-
des , qui doit être arrivée fous
Candaule , ou peut- être même
fous le règne de fon prédéceffeur
qui a fini vers Tan 732.
Scrabon donne aux peuples qui
pillèrent Sardes, & détruifirent
Magnéfie, tantôt le nom de Cim-
-mériens , commun à toute la na-
tion , tantôt celui de Trères ou de
Trérons , qui étoit celui d'un peu-
ple particulier. Il appelle leur chef
Lygdamis ; ôc c'eft auffi le nom
que lui donne Callimaque , qui
dit que Lygdamis écoit roi des
Cimmériens, qui vinrent de la
Scythie & des bords du Pont-
Euxin , ravager les plaines du
Cayftre. Héfychius affure que
ce Lygdamis pilla la ville>& brûla
le temple d'Éphèfe. Callimaque
xie convient pas de ce dernier fait,
& prétend que l'arc & les flèches
de Diane n'ont jamais cédé de
protéger fon temple, & que Lyg-
damis périt dans l'Afie uns pou-
voir retourner dans fa patrie.
IL Hérodote dit que les Cim-
CH
ménens,)£tablis fur les bords dtk
Danube , apprenant que les Scy-
thes avoient traverfé î'Araxé > 6c
s'avançoient avec une armée for-
midable vers TQccident, en furent
extrêmement allarmés.Cet Araxe
n'eft pas le même que celui dont
Hérodote parle ailleurs , & qu'il
fait tomber dans la mer Cafpien-
ne , en coulant vers l'Orient , ce
qui défigne l'Araxe d'Arménie ;
c'eft le Volga , auquel Ptolémée
donne le nom de Rha. La marche
des Scythes , pour fe rendre de
la Scythie ou des bords orientaux
de la mer Cafpienne fur le bord
du Tanaïs , montre qu'ils dévoient
rencontrer le Volga ou le Rha fur
leur route.
Les Cimmériens fe trouvèrent
partagés dans la diète générale in-
diquée vers les bords du Tyras >
fur le parti qu'ils dévoient pren-
dre. Les chefs des différens can-
tons , ceux à qui Hérodote don-
ne le nom de Rois , étoient d'avis
de marcher au devant des Scythes,
& de les combattre. Cet avis
n'ayant pas été reçu par le corps
de la nation, la difputes'échaufÈa;
& pour en prévenir les fuites , on
convint de choifir un nombre égal
de champions pour chacune des
deux opinions , 6c de remettre la
décifion au fort des armes. Héro-
dote ne nous apprend point quel
fut le fuccès du combat ; il dit feu-
lement que les morts avoient été
enterrés fur les bords du Tyras ,
& que de fon tems on montroit
encore leurs tombeaux. On peut
obferver^en paCant^que cette ma-
nière de décider les queftions dou-
tçufes par les firmes, étoit parti- ,
culière
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Cl
tuliire aux nations Germaniqueit
& Celtiques , & qu'elle a fubtiflé
longrcems chez eux ; mais , 'nous
ne voyons pas qu'on ait fait atten-
tion à cet exemple , qui montre
combien la coutume écoit ancien-
ne paraii les Germains.
On voit par la defcription àa
pais qu'occupoient alors les Cim-
mériens entre le Danube & le
Bory(Uiène,qu*ils avoient derrière
eux au nord & au nord-oueft ,
un païs ouvert & d'une grande
étendue , par oii ils s'Itoient
avancés de la Germanie fur les
bords du Pont^Euxin , & par le-
quel il leur étoit facile de fe reti«
rer & de s'éloigner des Scythes »
qui cherchant feulement un païs
oii ils puffent s'établir, & vivre
avec leurs troupeaux , fe feroient
contentés de celui que leur aban-
donnoient les Cimmériens , &
n'auroient eti garde de s'engager
i les pourfuivre dans un païs in-
connu» Il n'y a voit d'ailleurs aa«
^un fujet de haine particulière en-
Ire les deux nations.
Ce parti n'eft point celui qu'-
Hérodote ùût prendre aux Citn-
mériensà II fuppofe que réfolus
d'abandonner leur païs , parce
qu'ils ne fe croyoient pas en é»t
de réfiûer aux Scythes , ils s'a-
vancèrent vers rOrient ; i.^ C*é-
toit aller à leur rencontre , & non
pas les éviter ; i.^ Par cette
route ils fe mettoient dans la né-
ceffité de traverfer le Boryfthène ,
&l'Hypanis, qui ne font point
guéables , même aux endroits oh
les Tartares les traverfent aujour-
d'hui ; car , il faut qu'ils fe met-
tent à la nage, & qu'ils fe fou*
Tom.XI.
CI î9)
tiennent psr des efpèces de ra-
deaux , ou par des fafcines de
rofeaux qui s'attachent même aux
chevaux. Peut-on fuppofer qu'une
nation qui ne penfoit qu'à éviter
un ennemi , qu'elle n'ofoit at-
tendre f & qui marchoit avec
fes troupeaux , fes femmes & fes
enfans , eût choift une pareille
route î
3.^ Au de-là du Boryfthène
les Cimmériens qu'Hérodote lup-
pofe avoir formé le projet de fe
rétirer dans l'Afie mineure , pou-
voient prendre deux routes; la
première ^ en fuivant les bords du
Palus- Méotide , jufqu'au Tanaïs^
& alors il falloit qu'ils trouvaffenc
le moyen de traverfer encore cet-'
te rivière. Mais , par cette route ,
ils s'expofoient à rencontrer les
Scythes dans les plaines de Cir-
cadie , & ils ne pouvoienc éviter
d'être enveloppés ôc taillés en
pièces par la cavalerie de ces peu-
ples. Le fécond chemin , que
pouvoient prendre les Cimmé-
riens , étoit d'entrer danslaCher-
fonnèfe Taurique par l'ifthme qui
l'attache au continent , & d'aller
gagner le détroit ou Bofphore fur
lequel ils avoient des places. Ils
pouvoient , il eft vrai y efpérer de
le traverfer fur les barques & fur
les radeaux qu'ils confervoienc
dans ces places; mais, au de- là ils
fe trouvoiei^t dans le même in-
convénient de rencontrer les Scy-
thes , à moins de s'engager dans
les montagnes impraticables des
CircalTes. Et on ne comprend pas
que les Cimmériens , marchant en
corps de nation avec leurs effets
& leurs familles , euiïent jamais
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194 Cl
pu les tràverfer ; car , îls n'étoîeflt
pas alors dans le même cas que
les armées qui les avoieot précé-
dés. Ces armées ne portoient que
leurs armes , 6c elles étoient en
état de s*ouvrir un pafTage par
la force en cas de réfiftance.
Hérodote dit que les Scythes »
s'étam emparés du païs des Cim*
mériens , envoyèrent une armée à
leur pourfuiie du côté de TOrient;
que cette armée ayant perdu leui'
trace dans les montagnes , s*égara
en traverfant le Caucafe , Si qu'a-
yant fuivi une vallée qui la mena
fur les bords de la ^ner Cafpienne,
elle continua cette route qui la
conduifit dans h Médie , tandis
que les Cimmériens , ayant pris
à r Occident du Caucale , fui vi-
rent les bords du Pont-£uxin , ôc
fe rendirent dans FAfie mineure
par la Colchide.
Au fond ce n'étoît qu'une con-
jeâure d' Hérodote ; les termes
Îu'il emploie le font voir. Les
limmériens paroiffent , dit - il t
être venus dans TAfie mineure en
fuyant les Scythes ; & les Scy-
thes femblent être entrés dans la
Médie en pourfuivant les Cimmé-
rienj^. Hérodote^ avoit appris d'une
part que les Scythes peu après s'ê-
tre établis dans la Cimmérie ,
étoient entrés dans le païs des
Medes par le pafiage qui efl entre
le Caucafe & la mer Cafpienne ;
de Pautre , que dans le même tems
les Cimmériens avoîent ravagé la
Lydie & Tlonie , détruit Magnéfie
& brûlé Sardes.
Hérodote chercha à lier ces
deux faits; & comme il paroit
avoir ignoré que les Cimmériens
CI
étolem depuis long - tems iant
r Afie mineure, & qu'ils cpnferve—
rent leurétablilTement d'Antandre
ou de Cimméris pendant un (ie-
de , il imagina qn'au tems de la
ruine de Sardes fous Alyacte , la
nation entière étoit venue dans
VACie mineure , fuyant les Scy-
thes, fans trop examiner fi cette
fuppo(ition étoit probable , & fi
elle pouvoit s'ajuàer avec les da-
tes de fa propre Chronologie»
III* On doitconfidérer,la na<^
tion des Cimmériens comme étant
divifée en trois parties différentes
au tems de l'invafion des Scythes,
i.^ Ceux qui étoient dans l'Afie
mineure , & qui , ouoique maîtres
de deux places, de oinope & d' An«
tandre , formoient moins un peu-
ple qu'une armée , plus occupée
du défir de piller le pais , que d'y
former un établiâement fiable*
%.^ La Colonie de la Cherfonnèfe
Taurique > qui avoit des établifife-
mens fixes fur les bords du Bof^
phore Ciramérien , mais qui étoit
féparée du gros de la nation pat
le Boryfthène & par THypanis.
3 .^ Enfin , le corps principal de
la nation , qui occupoit les païs fu
tués entre le Danube & le Boryf^
tHIne , & qui avoit fes plus con-
fidérables établiflemens fiir les
bords du Tyras , & dans la val-
lée fertile oh coule ce fleuve fur
lequel il y a aujourd'hui d*afiez
grofies villes & un grand nombre
de villages.
Nous allons examiner féparé-
menc ce qui a pu & dû arriver à
chacune de ces trois portions des
Cimmériens. i.^ Les Cimmériens
de r Afie mineure , formant moins
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et
tah peuple, comme nous Tavonk
déjà obfervé , qu'une armée ac-
coutumée à vivre de brigandages
& de rapines , continuèrent de
faire des incu riions dans les diver-
fes provinces de ce paifs;mais,com-
ine t'invaHon des Scythes & la re--
traite des Cimmériens du Tyras
les mectoient hors d^état de faire
aucunes recrues, le défaut dé ma-
gafins , d'économie & de difcipli-
ne les obligeait de fe partager
en difFérens petits corps pour fub-
fider ; & plufieurs , ne pouvant
manquer d*être enveloppés &
taillés en pièces » foie par les pay.
fans , foit parles troupes Lydien-
nes , oii conçoit qu'ils dévoient
S*affoiblir de joui" en jour; en for-
te qu'Al^atte , Prince habile &
courageux , vint en6n à bout de
réduire ce qui en reftoit*
Ceux des Cimthériehs j qui
avoient échappé au fet dès vain-
queurs , furent i-éduits en efclava-
ge , & difperfés dans les campa-
gnes de la Lydie & de la Méfié.
Alors , n'ayant plus de commercé
les uns avec les autres > ils prirent
les mœurs & la langue de leurs
maîtres ; &L leurs entatis , perdant
bientôt tout ce qui pouvoit lés
faire fouvertir de leur première
origine , devinrent Lydiens^ My-
fiens ou Phrygiens.
Les Galates, qui pafferent
quelques fiecles après dans la
Phrygie , étoient dans une fitua-
tion bien différente ; & quoiqu'ils
ne fuifent qu'au nombre de dix ou
douze mille guerriers , il leur fut
facile de fe conferver en corps dé
nation. Ils étoient appelles par
ks tob de Bithynie qui fe lièrent
avec eux par un traité folemnel »
dont la fubftance fe trouve dans
les extraits de Memnon. Les rois
de Bithynie , qui regardoient ces
Gaulois comme un rempart qu'ils
oppofoient aux entreprifes des rois
de Pont y de Cappadoce ôc dé
Pergame , leur fournirent les fe-
cours dont ils avoient befoin pour
commencer un établidement. Oé
plus y ces Gaulois avoient mené
avec eux leurs femmes & leurs
enfans ; ils étoient conduits par
leurs Rois ou par leurs Chefs , Sc
obfervoient entr'eux une policé
exaâe. On peut juger de l'ordre
qu'ils avoient établi par le grand
nonjbrede {Petits cantons, dai^
lefquels les trois peuples qui com-
poioient la nation , étoient divifés;
Pline les (ait monter à cent quatre-
vingt-quinze. Les divers cantons
envoyoient des députés aux aflem-
bléés générales qui fe tenoient
régulièrement , & dans lefquelles
on régloit les affaires communes.
C'efi par cette police , & par l'u^
nion que ces trois peuples Gauloii
de la colonie conferverent entré
eut y qu'ils fe rendirent la terreur
de tout ce pais , 6c qu'ils furent
en état de fe faire refpèâer par
les rois de Poilt , de Cappadoce ,
de Pergame , & même par ceux
de Bithynie ; ce qui continua juf-
qu'au tems oîi les Romains firent
la conquête de l'Afie , 6c ils né
cédèrent qu'à cette puiffance à
laquelle rien n'avoit pu réfifter.
Si les Cimmériens qui brûlèrent
Sardes , avoient été en état de
former un corps de nation , ils fe
feroieht fans doute maintenus dans
leurs établidemens , & n'auroiént
Nij
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196 C I
pu être détruits par les Lydiens.
2.*^ Les Cimmériens de la
CherConnèfe Taurique & du Bof-
phore avoient des villes fur les
deux bords de ce détroit , ôc ils
écoient probablement les maîtres
de toute la prelqu'ifle ; mais , il
leur auroit été difficile de la dé-
fendre contre les Scythes. La
CherfonnèfeTaurique n'eft jointe,
i la vérité, avec le Continent que
par un lilhme de peu de largeur ,
& facile à couper ; mais , comme
la mer e(l guéable des deux cô-
tés de riAhme » un retranchement
n'auroit pas empêché la cavalerie
des Scythes d'entrer dans le pais.
Les Cimmériens de la Cherfonnè-
fe Taurique ne pouvoient entre-
E rendre de fe rejoindre au gros de
i nation, fans s'expofer à être
coupés & enveloppés par les Scy-
thes^ dans les plaines qui font
entre le Boryfthène & le Tanaïs,
parce qu'étant obligés de conduire
9vec eux leurs femmes & leurs
effets , ils n*auroient pu faire
qu'une marche très-lente. Ainfi ,
il eft fon probable qu'abandonnant
ies plaines voiflnes de IKlhme &
du Bofphore» ils fe retirèrent dans
les montagnes qui font au midi &
a Torient de la Péninfule , mon-
tagnes fertiles , mais d*un accès
difficile à la cavalerie des Schy*
thés.
Il faut voir à l'article de Cher-
fonnèfe Taurique, ce qui e(l rap-
porté touchant les Cimmériens qui
s'y étoient établis.
3.® Le corps le plus confidéra-
bie des Cimmériens, ou ce qui
compofoit proprement la cité ÔC
la nation , habitoit , comme nous
CI
l'avons dit , entre le Danobe & je
Borydhène , & fon principal éta-*
bliffement étoit fur les bords da
Tyras. Au tems de Darius^ c'eft-
à-dire , vers Tan 500 avant Jefus-
Chrift , & cent trente ans après
la retraite des Cimmériens , les
Scythes étoient encore les maîtres
de tout le païs qui s'étend depuis
le Volga jufqu'au Tanaïs , 6c de-
£uis le Tanaïs jufqu'au Danube,
es Grecs avoient plufieurs colo-
nies fur la côte maritime ; & les
colonies , qui avoient étendu leor
commerce dans l'intérieur du païs
où elles avoient même formé
' quelques établiHemens , connoif-
foient aflez bien les Scythes & les
nations, qui habitoient au de-là
de ces peuples vers le nord.
C'eft fur ce rapport & fur les
converfations qu'Hérodote avoit
eues , avec un prince Scythe ,
obligé d'abandonner (à patrie f
qu'il a compofé la defcry)tion très-
détaillée qu'il a faite de ces païs.
Il n'y a aucun des peuples dont
il parle, de qui le nom , la figure
ou les mœurs , aient quelque rap-
port avec les nations Germani-
ques. Tous ceux de ces peuples
qui a'étoient pas Scythes ou Sar-
mates , écojent des Nomades «
d'origine fennique , ancêtres des
Lithuaniens d'aujourd'hui , & qui
parloient une langue différente de
celles des Sarmates , des Ger-
mains Ôc des Scythes.
Il faut conclure de-Ià que les
Cimmériens avoient non feule-
ment remonté jufque fur le fom-
met ou plateau du mont Car-
path, mais qu'ils étoient même
defcendus dans la partie occidema-
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Cl
le de cette montagne , & vers les
fources de la Viftule & de l'Oder.
Dans cette retraite, ou plutôt
dans cette fuite , les diflférens peu-
ples qui cofspofoient la ligue des
Cimmériens , fe réparèrent les uns
des autres , & s'arrêtèrent en des
endroits différeps, La ligue ne
fubfifle plus, le nom qui la défî-
gnoit , ceHa d'être en ufage. Cha-
que peuple commença à former
une cité particulière , indépen-
dante des autres, & reprit fon
ancien nom, à peu près comme
il arriva du. tems d'Augufte aux
Sicambres ou Cimbres maritimes,
dont le nom s'éteignit dans la
Germanie 6c dans la Gaule , après
que les plus mutins eurent été
tranfportés & difperfés en de-çà
du Rhin dans la Belgique. Ce
nom ne fubfida plus que dans les
Ouvrages des Poètes & des Écri-
vains,, qui, pour Ce donner un
faux air d'érudition , affectent
d'employer les anciens noms des
peuples.
Les Cimmériens n'ayant eu
d'autre objet en quittant le païs ,
que celui d'éviter les Scythes , ils
durent s'arrêter dans les endroits ,
où ils crurent pouvoir fubfider
fans avoir rien à craindre de ces
peuples. Comme ils marchoient
avec une fuite embarraffante , il
eft probable que ceux niiême qui
pouffèrent le plus loin , firent plu-
fieurs fiations , & qu'il fe paffa
plufieurs années avant qu'ils fe
fuflfent déterminés à former des
établiflemens fixes.
M. Fréret foupçonne même
[car fur ces matières où nous
n'avons aucunes notions certaineS|
CI 197
il peut être permis de propofer des
foupçons , pourvu qu'on les don-
ne pour ce qu'ils font ] , que ks
Cimmériens cherchant à fe rap*
procher du Danube , pafTerent à
la fin au midi des montaghes qui
féparent la Siléfie d'avec la Mo-
ravie, & que de-Ià ils entrèrent
dans la Bohème ou dans le païs
auquel les Boïens donnèrent peu
après leur pom.
La lenteur avec laquelle les
Cimmériens durent s'avancer vers
l'Occident , après avoir quitté les
pais voifins du Pont-Euxin vers
l'an 630 avant Jefus-Chrîfi , don<*
ne lieu de croire qu'il fe pafTa
plufieurs années , avant qu'ils fuf*
lent parvenus dans la Moravie &
dans le Boiohemum. Cette len-
teur étoit une fuite néceflaire de
la marche des femmes , des enfans
& des troupeaux qu'ils dévoient
conduire avec eux, car il ne faut
pas perdre de vue qu'il ^'agit ici
de la migration d'un peuple entier,
& non de la marche d'un corps
de troupes.
IV. Hérodote parle de certai-
nes races de chevaux fauvages ,
blancs comme la neige > qui fe
trouvoient entre le Danube & le
Boryflhèae ; ôc tout le monde
fçait que les plaines 6c les forêts
des païs^ voifins du Tanaïs & du
Volga , ont été de tout tems rem-
plies de chevaux fauvages. Cet
animal qui n'efi point féroce , 6c
qui s'accoûtuine aifément avec les
hommes , étant extrêmement
commun dans les païs qu'habî-
toient les Cimmériens , ces peu*
pies ont dû trouver dès les pre-
miers tems I le moyen d'en ùxtx
Niij
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598 CI
du fervice » & de le drefier non
faulement à traîner des chars ,
mais encore à porter des cavaliers,
Ainfi , il eu naturel de croire que
ce font eux qui ont porté l'art de
l'équitation dans les païs oii ils ont
pénétré , & où cet art étoit in-
connu avant leur invafion.
Il y en a qui croyent que le
nom des Cimmériens n*étoit qu'-
une épithete honorable, prife de
la langue que ce peuple parloit ;
&. que ce nom défîgnoit la bra-
voure , l'intrépidité , la célébrité.
V. Dans tout ce qu'on vient de
lire , il n'a point été queftion d'une
colonie de Cimmériens ^ que quel-
?ies Auteurs placent dans la
ampanie en Italie > auprès de
Baies. Ephorus , cité par Strabon,
dit que ces Cimmériens habitoient
dans des fouterreins qu'ils appel-f
loient Argiles , & qu'ils paifoient
les uns chez les autres par des ca**
yernes , & menoient par le même
chemin leurs hôtes vers un oracle
qu'ils avoient xlans un lieu fort
profond ; qu'ils gagnoient leur vie
a creufer des mines ; qu'ils rece-
▼oienc de Targent de ceux qui
renoient confulter l'oracle » • * •
Qu'enfuite ib furent détruits par
un Roi , parce que la prédiâioi^
de l'Oracle ne s'étoit pas accordée
avec l'événement , & que l'Ora-
de fut tranfporté ailleurs. Strabon
traite cela de fables inventées par
ceux qui avoient vécu avant lui.
|<ï'a.-t-il pas raifon?
Il y en a qui croyei^t que cVft
de ces Cimmériens d'Italie , plu-
tôt que de ceux du Bofphore ^
qu'efi venu te proverbe ancien des
^nébres Çimoi^i'iennes, comme
CI
on peut le voir dans Ovide , qui
tnet au même^aïs le ténébreux
palais du Sommeil. C'eft auffi ce
qui a fait croire à quelqpes-uns »
que les Cimmériens ont tiré leur
nom du mot Phénicien , Cammar
ou Cimmer ; ç'eft-à-dire , devenir
noir & obfcur. Ces peuples
étoient extraordinairement Aiper^
ftitieux , à quoi contribuoh fort lai
nature de leurs p^ïs , dont ils ado-»
roient les bois , les fleuves & les.
fontaines. Il y avoit auffi un antre
fameux par où ils croyoient qu'on
defcendoit aux enfers, & oii il
n'^toit permis d'entrer ^ qu'après
avoir facrifié aux dieux infernaux.
C'eft fur cette faufle imagination
de ces peuples, qu'Homère a fon*
dé la fable des enfers , que Virgi**
le a imitée au fixieme livre de TÉ*
néïde,
JPline donne aux Cimmériens
d'Italie , une ville qti'il appelle
Cimmérium. Cette ville paroit à
Cellarius , aufli iabaleufe que fe
peuple Cimmérien de cepaïs-Ià ^
malgré le témoignage de Fline ; ÔC
il croit que tous ceux , qui ont
parlé de ce ptétendu petiple , &
de cette prétendue ville , ne Tout
fait que fur l'autorité d'Homère.
Cette ville des Cimmériens.
d'Homère a donné lieu au paf*
fage de Pline ; 6c fi de toute né-
cèBitê il lui falloit trouverûne pla-
ce, elle ne pourroit être mieux que
dans la vallée décrite parFelhis ,
au mot CimmeriL » On appelle ,
f> dit- il , CimmérieiQS , ceux qui
n habitent des terres, où il faie
n un troid extrême , telles qu'ont
n été celles qui font entre Baies
» fy Çuimçs , dans cette contrée
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CI
h oh eft une vallée entourée d*Diie
» aiïez haute montagne. Le fo-
n leil n'y donne ^ ni matin ni
i> foir. a
Madame Dader , dans Tes re-
marques for rOdyflée, dit au
iujetdes Cimmériens d'Homère:
p Ce Poëte , connoiiTant non
» feuleoient le nom de ces peu-
» pies 9 mais auffi leurs climats ,
» les a tranfportés fur les côtes
» de la Campanie , & il les y a
» tranfportét avec toutes les té-
» nébres dont il font enveloppés,
f comme nens verrons dans le
» livre foivant , qu*il a tran^orté
n à Circeï la ville d'^aea « de la
» Colchide avec toutes fes pro-
» priétés. Ha bien vu c{Ue ces té-
» nébres ÔL cette obfcurité des
» Cimmériens convenoient à un
n lieu où il plaçoit la defcente des
I» eiifers. a
CIMMÉRIS , Cimmerîs , {a)
furnom qu'Héfychius donné à Cy-
bêle » à caufe du culte que lui ren-*
doient les Cimmériens.
CIMMÉRIUM, Cimnurium,
KtfAfJiiptov^ ville de la Campanie.
Il en a été fait mention fur la fin
de l'article des Cimmériens.
CIMMÉRÏUM, Cimmerium^
Kifiuiptov , (b) ville d'Afie for le
Bofphore Cimmérien. Pomponius
Mêla la met à l'entrée , & Pline
au fond de l'entrée de ce Bofpho-
re. Selon ce dernier , on la nom-
û)oit auparavant Cerbérion, Cette
(«) Antiq. expl. par D. Bera. de
Montf. Totn. I. pag. 14.
ib) Potnp. Mel. p. 90. Plia. Tom. I.
p. t05.
(c) PtoIem.L. Iir. c.tf.
Uj Piolcm. t. V, c, 9|
CI 199
ville étoit à l'entrée du Bofphore
Gmmérien , à l'égard de ceux qui
EafToient des Palus-Méotides dans
i Pont Euxin ; elle étoit au fond
à regard de ceux qui faifoient une
route contraire à l'orient du Bof-
phore.
CmMÈKlVM,Cimmerium,{c)
K./n/uipw^ ville, que Ptolémée
met dans la Cherfonnèfe Tauri-
que , vers le milieu des terres ;
c'eft-à-dirè , qu'elle étoit différen-
te de celle qui étoit fur le boitl ôc
à l'orient du Bofphore Cimmé-
rien , de laquelle il ne fait aucune
mention ; peut-être auili eft-ce la
même ville déplacée par cet Au-
teur,
CIMMÉRIUM ^ Cimmerîum ,
KifJt/uiptof , (d) promontoire d'A-
fie , fur la côte méridionale des
Palus-Méotides , entre la ville
d'Apature & l'embouchure du
Vardan , félon Ptolémée.
CIMMÉRIUS, Cimmerius,
(è) nom d'une montagne de la
Cherfonnèfe Taurique. 11 en eft
parlé dans Strabon.
CIMMÉRIUS , Cimmerîus ,
Kiiuinfpioç , (/) l'un de ces braves,
officiers 9 qui fécondèrent fi bien
Lyfandre à JEgos Potamos. Cet
officier étoit d'Ephèfe.
CIMOLE , Cimolus , K/iui>Aeç «
(g) ifle de la mer Egée, une des
Cydades > fituée entre Siphnos &
Mélos > qui étoient auffi deux
ifles du nombre des Cyclades.
(e) Strab. p. 309.
(/) Pauf. p. 6»5.
0 Scrab. p. 484. Plin. T. I. p. sf j.
T* II. p 718, 719. Ptoletn. L. 111. c^
17. Ovid. Metam» L. VII. c. la.
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tQO CI
Ces trois ifles étoient à l'oppofite
du golfe , qui féparoit la Laconîe
de TArgolide. On tiroit de Fifle
de Cimole une forte de craie , qui
étoit excellente pour ôter les ta-
ches des habits. On s'en fervoit
aufli dans la médecine. Ptolémée
parle d'une ville , qui fans douU ,
porcoit le mêqfie nom que Tifle ,
qu'il appelle Cimolis,
Les Italiens nomment cette ifle
Argentaria. Elle prit ce nom ,
dans le tems qu'on y découvrit
des mines d'argent. On y voit en-
core les reftes des atteliers & des
fourneau^i; où l'on travailloit ce
ipétal ; mais , on n'oferoit repren-
dre aujourd'hui ces fortes de tra.
yaux , fans la permifBon des
Turcs ; & les Turcs , fous prétex-
te que les hâbitans de l'ifle en re-
tireroient de gros profits , ne man-
., -queroient pas de les accabler d'im-
f pots. Les gens du païs croyent
^' que les principales mines font du
côté qui regarde Poloni , petit
port de rifle de Milo.
Dans le renverfement de l'Em-
Sire des Grecs par les Latins ,
larc-S^nudo , noblç Vénitien ,
joignit l'iile d'Angentaria au duché
de Naxie, avec quelques autres
îfles voifmes. Elle fe trouva 6n«
fuite enveloppée dans la conquête
que; Barb^roufiè fit de l'Archi*»
pel.
Les habîtans d'Argentaria font
prefque tous du rit Grec, &
jouiflent encore dans leurs cha-
(a) Herodv L. VI. c. loj.
(*) Pluft. T. I. p. 478 , 47^ ér fiq»
Corn. Nep, in Cimon. c. i. ër feq»
Suid. Tqai. I. p. 1459. Athen. p. 531.
Piod. Sicul. jp* t^a. ^ /«;• Juâ. L, II.
Cl
peHes d'une vingtaine de petites
cloches ; ce qui n'eft pas un petit
privilège fur les terres des Turcs.
Les Latins y font en petit nom-
bre ; & leur églife eft deffervie
par un vicaire de l'Évêque de
Milo , de laquelle Argentaria efl
comme le fauxbourg. La judice y
efl adminifirée par un juge am«
bulant , qui eft le feul mufalman
du païs. Ordinairement » il n'a ni
valet ni fervante , & il n'oferoit
parler haut , de peur que les hâ-
bitans ne le fiflent enlever par
quelques Cor&ires de Malte.
CIMOUS , Cimolis , Kifz^-
»/< t la même que Cimole. Fbye{
Cimole.
CIMON , Clmon, Ktfj^w , {a)
fils de $téfago)-as , petit fils de
Miltiade L II fut chaOé d'Athènes
par Pififlrate , & ne fut rappelle
qu'après la mort du Tyran , qui
arriva la première année de la
63.6 Olympiade » 52,8 ans avant
Jefus Chrift. Il gagna deux fois le
priix aux jeux Olympiques , &
^'acquit l'amitié du peuple ; mais ,
les filles de Pififtrate le firent af-
faffiner. Il eut deux fils » Mil&ade
II , père de, Cimon le Grand > Sc
Sté{ag;oras.
ÇIMQN , Cimon , K/^«r , {b)
Athénien, l'un des plus grands
capitaines de la Grèce * étoit fils
dé Miltiade & d'Hégifipyle ,
Thracienne de nation » o^ fille du
roi Qlorus. Miltiade > ayant été
condamné à une amende de cin-
c. 15. Thucy4. paf. 65. & fiq, ïloIK
HifU Ane. T. II. p. 171. & friv» Mém.
de l»Acad. des Infcnpt. & Bell, l^tr,
Tom. XII. p. 155,
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CI
qnante talens » fut mis en prSfon
pour le payement & y mourut ,
laifTant Ton fils Cimon encore fort
jeune, & fa fille Elpinice qui n'é-
toit pas encore en âge d'être ma-
riée. Cimon fe vit réduit par les
loix établies à Athènes ^ à garder
la même prifon , ians efpérance
d'en Cortir , qu*il n'eût payé la
fomme à laquelle fon père avoit
été taxé.
Il y a des Auteurs qui difent
que Cimon , dans fa jeuneiTe , fut
accufé d*un commerce criminel
avec fa foeur; mais , d'autres affû-
tent qu*il avoit époufé Elpinice ,
conformément aux coutumes de
(a patrie , qui autorifoient le ma-
riage d'un frère avec une fœur ; Se
que la véritable raifon de ce ma-
riage étoit leur pauvreté , qui ne
permettoit pas à Elpinice de
trouver un mari d'auffi bonne fa-
mille qu'elle, On ajoute que dan$
la fuite Callias , qui étoit un des
plus riches partis d'Athènes , en
étant devenu amoureux , 6c ayant
offert de payer l'amende à laquelle
fon père Miltiade avoit été con-
4aniné , û on vouloit la lui accor-
der , Elpinice y cpnfentit , &;
Cimon la lui donna en mariage.
Dès qu'il C(Hnmença â fe mêler
du gouvernement, il fut reçu avec
de grands témoignages de joie ; &
comme on étoit déjà las de Thé-
miflocle, on lui déféra les plus
grands honneurs & les premières
charges , parce qu'il paroifToit
agréable , aifé & commode à la
multitude» àcaufe de fa douceur
& de fa flmplicité. Mais , ce qui
contribua encore beaucoup à fon
firancement , ce fut la proteâion
CI Aot
d'Ariflkte , fils de Lyfin^acbus ,
qui , remarquant dans fes mœurs
un naturel heureux qui promet-
toit beaucoup^ voulut fe fervir de
lui comme d'un contre- poids à la
5rande habileté 6c a laudace de
^hémiflocle. Les Medesne furent
pas plutôt chafTés de la Grèce p
qu'il fut élu Capitaine général de
la flotte , les Athéniens n'ayant
point encore alors la principauté
parmi les Grecs , mais étant fou-^
mis aux ordres de Paufanias 6c des
Lacédémoniens.
La première chofe qu'il fît;
ce fut de faire admirer dans toutes
fes campagnes le bel appareil de
fes troupes, 6c encore plus la
bonne volonté par laquelle elles fe
diflinguoient entre tous les confé-
dérés. Cependant, Paufanias entra
fecrétement en pourparler avec
les Barbares pour trahir la Grèce.
Il écrivit même au Roi des lettres
à cet effet , 6c pendant ce tems-
là il traitoit (es alliés avec une
extrême rigueur ^ avec une fier-
té fans exemple , fe portant con-
tr'eux aux dernières infolences à
caufede la grande autorité dont
il étoit revêtu , 6c de l'orgueil
infenfé dont il étoit plein. Cimon,
profitant de fa folie , recevoit avec
bonté 6c avec douceur ceux qui
avoient fouffert fes outrages , 6c
vivoit avec eux très - gracieufe-
ment 6c avec toute forte d'huma-
nité. Par ce moyen , il tranfporta,
fans qu'on y prît garde , des La-
cédémoniens aux Athéniens ,
l'Empire 6c le commandement de
la Grèce , non par la force des
armes, mais par la douceur de
fe» difcours 8c par la facilité de
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toi Cl
iés tnœars. Car , la plupart des
alliés, ne pouvant fupporter la
idureté &«rarrogance de Paufa*
nias , fe rangèrent fous les ordres
de Cimon & d'Ariftide , qui , en
les attirant à eux , envoyèrent en
même tems avenir les Éphores
qu'ils dévoient rappeller leur gé-
néral f parce qu'il déshonoroit
Sparte > & qu'il troubloit toute
la Grece.^
. Cimon , après que tous les al-
lies fe furent réunis fous fes or-
dres, s'embarqua avec toute foa
armée pour aller en Thrace »
parce qu'il avoit appris que quel*
ques Perfes des plus confidérables,
& parens même, du Roi, s'é*
toient emparés de la ville d'Éïon
fur lé fleuve du Strymon ; & que
de- là ils incommodoient fort les
Grecs qui habitoient dans ces
quartiers. En arrivant « il battit
leurs troupes dans un grand com-
bat , & les obligea de (e renfermer
dans la ville. Il fe jetta enfuite dans
la Thrace qui étoit au-deilus du
Strymon; 6c d'oh la ville xtiroic
fes convois ; il en chafla les kabi-
tans 9 fe rendit maître de tout le
pais f & réduîfit par ce moyen les
affiégés à une fi grande extrémité,
que Butés, Général du Roi,dé-
fefpérantde (ts affaires, mit le feu
à la ville , & fe brûla avec tous
ies amis & toutes (es rîchefles.
Cimon ne retira donc pas un
grand avantage de la prîfe de cet-
te ville , tout ayant preique périt
dans Fembrafement avec les
. Barbares ; mais , comme le pals
étoit très-beau & très-fertile , il
le donna à habiter aux Athéniens,
q|ui^ pour lui marquer Içur ret;
CI
connoiffance , lui permirent de
dreiler dans la "ville trois Hermès
de marbre, avec des Infcrîptions ,
pour conferver la mémoire de ce
grand exploit. Ce fut pour Cimon
le comble de l'honneur ; car , ni
Thémiftocle, ni Mihiade n'en
avoient jamais reçu de pareil.
D'oh vient donc , demande Plû-
tarque , que les ierviçes & les ex-
ploits de Cimon furent fi fort
exahés & récompenfés ? Ce fut
fans doute, répond le même Plu-
tarque , parce que foos les autres
Généraux, les Athéniens n'a*»
voient combattu que pour défen-
dre & 'pour fauver leur patrie ; ^
au lieu que fous Cimon ils avoient
attaqué & battu les Barbares dans
leur propre pais , où ils avoient
fait des conquêtes. Car , ils con-
quirent Eïon 6c Amphipolis où
ils envoyèrent des colonies ; ils en
envoyèrent auflî dans l'ifle de
Scyros » dont Cimon fe rendit
maître par une aventure que nous
allons raconter.
Cette îfle étoit habitée par les
Dolopes , très-peu entendus à
cultiver la terre, mais grands Cor-
faires de toute ancienneté. Non
contens de faire des coùrfes , ils
fe mirent à piUer ceux qui relâ-
choient cheieux.Un jour,quelques
marchands Theffaliens étant entrés
dans leur port de Ctéfium , ils les
pillèrent & les menèrent en pri-
fon. Mais , ces prifonniers ayant
trouvé le moyen de rompre leurs
chaînes & de fe fauver , portèrent
leurs plaintes devant les Am-
phiûyons, & firent condamner
toute l'ifle à rendre à ces mar-
chands tout ce qui leur avoit été
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CI
pris, 5c à les dédommager de
leurs pertes. Ceux , qui n'avoient
point eu de parc au pillage , re-
luferent de contribuer à ce dédom-
magement , & dirent que c*étoit a
ceux qui avoient pillé à rendre
leur butin. Ceux-ci , craignant d'y
être forcés , écrivirent à Cimon
pour le prefTer de venir avec fa
flotte» prendre pofTeffion de Me,
qu'ils étoient prêts à lui livrer,
Cimon , s'en étant rendu maître ,
de cette manière , en chafTa d'a-
bords les Dolopes » & rendit ainû
la mer Egée libre , 6c la purgea
de ces Pirates qui rinfeftoiene.
Enfuite , ayant appris que Thé-
fée , fils d'Egée , s'enfuyant d'A-
thènes, s-étoit retiré dans cette
ifle , & qu'il y avoir été tué en
trahifon par le roi Lycomede , qui
craignoit que s'il lui donnoit un
afyle , il n'attirrât fur lui les
Athéniens , il mie tout en œuvre
pour trouver fon tombeau. Car ,
les Athéniens avoient reçu depuis
peu un oracle d'Apollon , qqi leur
ordonnoit de ramafler tes os de
Théfée, de les porter à Athènes,
& de lui rendre les honneurs con-
venables comme à un héros. Mais,
on ne Içavoit point l'endroit où il
avoit été enterré ; & les Scyriens
ne vouloient ni convenir qu'il eût
été tué dans leur ifle , ni permet*
tre que l'on y cherchât fon tom-
beau. Cimon en fit la recherche
avec tant d'empreflement & de
zèle , qu'enfin on le trouva. Il fit
donc charger iês os dans fa galè-
re , les orna magnifiquement , 6c
les porta ainfi dans fa patrie ,
Îrès de quatre cens ans après que
béfk en fut parti -, ce qui fit un
C ï 2o^
fi grand plaifir au peuple , qu'il
lui en voulut toujours du bien.
Pour confèrver la mémoire de cet
événement , ils établirent un com-
bat de Poètes tragiques, qui fut
très- célèbre.
Un ancien Poète racontoit
qu'étant encore fort jeune 6c nou-»»
vellement arrivé de Chio à Athè-
nes chez Laomédon , il foupa un
foir chez Cimon ; 6c qu'après le
louper, dès que les libations furent
faites , on pria Cimon de chanter ;
6c il le fit n agréablement , que
toute l'aiTemblée le combla de
louanges , 6c dit qu'il étoit plus
poli que Thémifiode , qui , ayant
été prié de chanter à un repas ,
répondit , qu'il ne fçavoit ni chan-
ter ni jouer de la lyre , mais que
d'une ville petite 6c pauvre , il en
fçavoit faire une ville grande 6c
riche.
Après qu'il eut ceiTé de chan*
ter , la converfation tomba fur fes
aâions ; 6c chacun rappelhoit cel-
les qui lui paroiflbient les plus
grandes. Pour lui il ne fit mention
que d'une rufe dont il avoit ufé ,
6c qui lui paroifibit la chofe la
plus fage 6c la plus fenfée qu'il
eût jamais faite. Los alliés avoient
fait quantité de prifonniers fur les
Barbares dans les villes de Sefle
6c de Byzance. Pour &ire hon-
neur à Cimon , ils le prièrent de
faire le partage du butin. Cimon
mit d'un c6té les prifonniers tout
nqs, 6c de l'autre tous leurs orne-
mens 6c toute leur dépouille. Les
alliés fe plaignirent d'abord de ce
partage , comme y trouvant trop
d'inégahté ; mais , Gmon leur
donna le choix , 6c leur dit qjue
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io4 CI
les Athéniens fe cotitenteroîent
de la part qu'ils auroient refufée.
Alors , un certain Hérophytus de
Samos leur ayant confeillé de
choifir plutôt la dépouille des
Perfes que les Perfes mêmes , ils
le crnrent , prirent les ornemens
des Perfes , & laifferent les prî-
Ibnnrers aux Athéniens.
Gmon partit donc avec le lot
qui lui étoit refté , paflant pour
un ridicule faifeur de partage ; car,
les alliés emportoient beaucoup de
chaînes , de colliers & de bracelets
d or , quantité de riches habits ,
& de beaux manteaux. Les Athé-
niens au contraire n*avoient pour
leur part que des corps tout nus ,
il qui étoient très peu propres au
fîavatl. Mais, bientôt après, on
vit arriver de la Phrygie & de la
Lydie les parens & les amis de
ces prifonniers , qui les racheté-
lent jufqu'au dernier , à groffes
Ibmmes d'argent ; de forte que ,
des deniers qui revinrent de cette
rançon , Cimon eut de quoi en»
irecenir fa flotte quatre mois > Ôc
qu'il y eut encore beaucoup d or
de reile pour le tréfor public.
£n cr tems-là , les alliés con-
tînuoient bjen de payer les con«
tributions auxquelles ils avoient
été taxés ; mais , las de tant de
campagnes quils avoient faites »
n'ayant plus befoin de continuer
la guerre, & ne défirant déformais
que de cultivet leurs héritages , &C
de vivre en repos , les ennemis
s'étant retirés & ne les incommo-
dant plus par leurs courfes, ils n'en-
▼oyoîent plus ni les hommes nt
les vaiiTeaux qu'ils dévoient four-
nir. Les autres généraux des
CI
Athéniens tâchoient de les y for-
cer par toutes fortes de voies. Ils
traînoient en juftice ceux qui y
manquoient , & obtenoient contre
eux des condamnations à des
amendes 6c à des peines même
corporelles ; ce qui rendoit odieux
& infuportable aux alliés le gou-
vernement des Athéniens. Ci-
mon , élu général , prit une voie
toute contraire ; il ne foVça aucun
des Grecs; mais, prenant l'argent
de ceux qui ne vouloient pas Ter—,
vir en perfonne^fic leurs vaiffeaux
vuides» il permit qu'attirés par
la douceur du repos , ils demeu-
raient tranquillement dans leurs
maifons , 6l que de bons hommes
de guerre qu'ils étoient, ils de-
vinuent, par leur parefle, par
leur luxe & par leur folie, de
bons laboureurs & de bons né-
focians , mais lâches & timides,
aifant donc monter ces vaiffeaux
par les Athéniens tour-à-tour ,
les endurcifTant ainfi aux travaux
& au;t fatigues , & les aguerrif-
iant de plus en plus par toutes ces
expéditions , il fe trouva qu'en
très-peu de tems les contributions
& la folde,que les alliés payoient,
lui eurent fervi à rendre les A^hé-^
niens maîtres de ceux mêmes qui
les foudoyoient , & les entretc-
noient. Car , comme les Athé-
niens étoient continuellement fur
mer, qu'ils avoient toujours le
harnois fur le dos & les armes à
la main , ôc qu'ils étoient nourris
& exercés dant toutes ces guer-
res, les alliés s'accoutumèrent peu
à peu à les craindre 6c à les flatter;
6c par-là , fans s'en appercevoir ,
ils fe trouverenc tout d'un coup y
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CI
an lieu d'alliés des Athéniens;
leurs tributaires & leurs efcla-
ves.
Il faut dire encore que jamais
capitaine Grec^ ne rabaiiïa ni
n'humilia fi fort Torgueil & la
fierté du grand roi de Perfe , que
Cimon ; car , après l'avoir chaffé
de la Grèce » il ne le quitta point.
Mais , le fuivant pied à pied fans
lui donner le tems de refpirer &
de rétablir fes troupes , il ravagea
ion païs , lui prit plusieurs villes ,
& en obligea plufieurs autres à fe
révolter , Ôc à embrafler le parti
des Grecs ; de forte que dans
toute TAfie mineure > depuis l'Io-
nie jufqu'à la Pamphylie , on ne
voyoic pas briller un feul étendard
des Perfes. On dit même qu*ayant
appris que ks généraux du Roi
étoient fur les cotes de la Pam-
phylie y avec une grofTe armée
& un grand nombre de vaifleapx ,
il voulut les épouvanter de maniè-
re qu'ils n'ofadent plus paroitre
dans cette mer qui étoit en de-çà
des iiles Chélidonies ; c'eft pour-
?uoi , il fit voile des ports de
^nide & de Triopium , avec
deux cens galères que Thémifto-
de avoit fait faire très-légères &
très- propres à tourner & à être
maniées avec une extrême agilité ,
& qu^il élargit alors en faifant fur
chacune avec des planches | un
pont qui débordoit des deux cô-
tés ; afin que tenant un plus grand
nombre de combattans , elles fuf-
fent plus redoutables & fifient un
plus grand effet contre l'enne-
mi.
Il cingla d'abord vers la ville
des Phafélites ^ qui étoient Grecs
CI ftos
de nation , mais qui ne vouloient
ni recevoir fa fiotte dans leurs
porcs y ni fe déclarer contre le roi*
Après avoir fait le dégât dass
leur pais , il s'approcha de leurs
murailles pour les afliéger. Ceux
de Chio , qui fervoient fur fa flot-
te , & qui de toute antiquité
étoient amis des Phafélites, ta*
choient d'adoucir la colère de Ci-
mon ; & pendant qu'ils y travail-
loient, ils avertifibient les Phaiè*
lites de tout ce qui fe pafibit ,
par des lettres attachées à des fie«
ches qu'ils jettoient dans la place,
par deffus les murs. Enfin , ils mé-
nagèrent leur accomodement , à
condition qu'ils payeroient dix u-
lens , qu'ils fuivroient les Grecs «
& qu'ils combattroiem avec eux
contre les barbares.
Ceux-ci étoient à l'ancre avec
toute leur fiotte « à l'embouchure
de l'Eurymédon ; 6c ils ne vou-
loient pas bazarder le combat con-
tre les Grecs , parce qu'ils atten-
doient un renfort de quatre-vingts
vaifieaux Phéniciens , qui leur
venoient de Cypre. Cimon, su
contraire , pour prévenir ce rem-
fort, s'avança contr'eux en ba-
taille , ré fol u , s*ils ne voulojeat
pas combattre de bon gré, de les
y obliger par la force. Les barba-
res , pour éviter cette nécefiité »
entrèrent dans le fleuve :. mais,
comme les Athéniens les y Sui-
virent , ils vinrent enfin à leur
rencontre avec fix cens voiles,
ièlon Phanodémus , ou avec troii
cens cinquante , fi l'on s'en rap-
porte à Ephorus. Dans ce combat
naval ils ne firent rien qui répon-
dit à de fi grandes forces ; car ,
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tournant d'abord leurs prooes vefs
la terre , les premiers qui purent
en approcher , s'y jetterent & fe
letirerent dans l'armée de terre qui
étoit en bataille affez près du ri-
vage ; les autres tombèrent entre
les mains des Grecs > & furent
fort maltraités. Une preuve cer-
taine que les vaiiTeaux des Barba*
tes étoient en très>grand nombr^^
c*e{l que quoiqu'il y en eût beau-
coup qui fe fauverent f comme
cela eft vraifemblable » & beau*
coup d'autres, qui ftirent brifés
ou coulés à fond , les Athéniens
ne làifTerent pas d*en prendre deux
cens.
Après cette défaite de la flotte,
Tarmée de terre s'approcha du ri-
vage. Cimon trouvoit que c'étoit
une entreprife très'hazardeufe^que
de tenter une defcente en préfen-
ce de l'ennemi , 6c de mener des
troupes déjà fatiguées & affoiblies
contre des troupes fraîches 6l fu-
périeures en nombre. Mais ,
voyant que le courage de fes fol-
dats étoit infiniment relevé par
leur première viâoire , que leurs
forces en écoient même* augmen-
tées, 6c qu'ils ne demandoient
qu'à être lâchés comre les Barba-
res , il fit defcendre fon infante-
rie pefammént armée , encore
coûte chaude du combat. Cette
infanterie faute à terre avec de
grands cris , 6c fe jette impétueu-
(ement fur les Petfesi Ceux - cî
les reçoivent avec courage , 6c
foûtiennent leur premier choc
fans s'ébranler ; le combat fut ru-
de. Beaucoup des plus confidéra-
bles 6c des plus braves Athéniens
y furent tués ', enfin , après de
grands eflTorts , les Grecs rottipi-
rent les Barbares , les mirent en
fuite 6c en firent un grand carna-
ge. Tout ce qui ne périt pas par
répée fut pris , 6c on fe rendit
maître de leurs pavillons qui
étoient remplis de toutes fortes dé
richeffes.
Mais , Qmon , comme un re-
doutable Athlète , après avol<:
vaincu en un feul jour , dans deux
combats § 6c avotr par fon com-
bat de terre , furpaflTé l'exploit
de Salamine , 6c par fon combat
de mer, celui de Platée, ajouta
encore un nouveau trophée à ces
deux viéloires. Car , ayant été
averti que les quatre-vingts vaif-
feaux Phéniciens , qui n'avoient
pu fe trouver à la bataille , étoient
arrivés au port d'Hydre , il y alla
en toute diligence avec fa fiotte.
Ces barbares ne fça voient encore
rien de certain de ce qui étoit ar-
rivé à ces deux grandes armées;
ils ne pouvoient s'imaginer qu'el-
les euffent été battues , 6c ils dé-
meuroient en fufpens , flottant
entre la crainte 6c l'efpérancei
Mais , quand ils virent arriver La
flotte viâorieufe , ils furent fi
abattus , qu'ils ne firent prefquô
point de réfiftance. Tous leurs
vaiileaux furent pris , 6c la plus
grande partie de leurs troupes tail-
lées en pièces.
Ce grand échec humilia fi fort
la fierté du grand Roi , qu'il con-
fentit à figner ce traité de paix fi
célèbre ; dont les deux princi-
paux articles étoient qu'il fe tien-
droit toujours éloigné des ^ mers
de la Grèce , de la carrière d'un
cheval , 6c qu'il ne navigeroit ja-.
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Cî
ttiaîs en deçà des roches Cyanées
& des ifles Chélidonies avec au-
cune armée , ni autres vaiflieaux
de guerre.
Après que les dépouilles eurent
été vendues à Tencan > il fe trou*
va tant d'or & d'argent dans l'é*
pargne , que les Athéniens eurent
abondamment de quoi fournir à
toutes les dépenfes publiques , &
que de ces mêmes tonds ils firent
bâtir la muraille de la citadelle qui
regardoit le midi. On dit aufli que
les grandes murailles , qu'on ap-
pelloit les jambes, & qui joi-
gnoient le Pirée à la ville , furent
à la vérité , bâties après Cimon ^
mais que ce fut lui , qui , des
fruits de fa viâoire , en fit jettcr
les premiers fondemens avec
beaucoup de travail» ôc une gran-
de dépenfe. Car , comme le ter-
rein , où on étoit obligé de les
affeoir , fe trouvoit au milieu des
eaux & des marais » il fallut déf-
icher & confolider les marais à
force de cailloux & de groffes
pierres de taille qu'on y jettoit.
Il fut aulTi le premier qui embellit
la ville de ces lieux deflinés aux
exercices & aux jeux honnêtes
des gens de condition , qui dans la
fuite furent dans une très-grande
vogue ; car , il planta quantité de
beaux arbres dans la place publi-
que ; & de l'Académie , qui étoit
un lieu aride 6c nu , il en fit un
parc ôc un bocage délicieux , ar-
rofé de quantité de belles fon-
taines y & percé de plufieurs gran-
des allées couvertes pour fe pro-
mener , & de longues lyces pour
y faire des courfes.
Quelque tems après , ayant
et J2C7
appris que quelques Perfes ne
vouloient pas abandonner ia
Cherfonnèfe de Thrace , dont-
ils s'étoient emparés , & qu'ils
appelloient à leur fecours les
peuples de la haute Thrace pout
s'y maintenir ; il alla contr'eus
avec quatre galères. Les barbares
ayant appris qu'il étoit parti d*A^
thènes avec ce peu de vaifTeaux ^
n*en faifoient aucun compte ;
mais • avec ces quatre galères , ii
ne laifla pas de les attaquer. Il
prit treize de leurs vaifTeaux , les
chafTa entièrement de leur païs ,
fournit les Thraces, & réduifit
toute la Cherfonnèfe fous le pou-
voir des Athéniens.
Après cette expédition, il mar-
cha contre ceux de Fifle de Tha-
fe , qui s'étoient révohés , les
battit dans un grand combat na-
^ val , prit trente-trois de leurs na*
vires , affiégea leur ville , la prie
d'afl'aut , acquit aux Athéniens les
mines d'or qu'ils a voient dans le
continent voifin , & leur fournit
toutes les terres qui étoient de 1«
dépendance de cette ifle.
De-là , il lui étoit aifé de
paiïer dans la Macédoitie , Ôc
d'enlever aux Macédoniens une
grande partie de leur païs , com-
me il ne voulut pas profiter de
cette occafion , elle donna lieu de
l'accufer de s'être laiffé corrom-
pre par les préfens d'Alexandre ;
& là-deflus il fut pourfuivi en
juftice par fes ennemis , qui s'é-
toient ligués contre lui. Dans les
juAifications qu'il employa auprès
de fes juges, il dit : » Que jamais
n il n avoit fait amitié ni alliance
" avec les Ioniens , ni avec les
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Ao8 ' CI
w Theflaliens , peuples trè$-rî-
» ches , comme l'avoienc fait
w plufieurs de leurs généraux,
M qui avoient c .erché à fe faire
n faire la cour ^ ^- s'enrichir ;
» mais f qu'il s'^cbit lié avec les
n Macédoniens, parce qu'il ad-
91 miroit ôc qu'il tâchoit d'imiter
79 leur fimplicité , leur frugalité ÔC
n leur tempérance , qu*il préfé-
n roit à toutes les richefles du
n monde ; que du refte , il pou*
n voit fe vanter que perfonnè n'é-
f> toit plus aitê que lui d'enrichir
n fa ville des dépouilles àfi (es
i> ennemis, u Ces moyens de
juflifîcation firent impredion fur
Tefprit des juges ; ôc il fut ren-
voyé abfous.
Pendant tout le tems qu'il gou-
verna la république , il retint &
réforma toujours la licence du
I Peuple, qui mettoit le pied far
a gorge aux nobles , & attiroit à
lui toute la puiilance & l'autorité.
Mais, quand il fut (^arti de nou-
veau pour aller commander l'ar-
mée , le peuple , fe voyant libre ,
& fe fentant appuyé par Ephialte,
bouleverfa tout l'ancien ordre du
gouvernement , renverfa toutes
les lolx fondamentales 6c les an-
ciennes coutumes dont il avoit
ufé de tout tems , ota au Sénat
de l'aréopage la connoiflance de
la plupart des caufes qui étoient
portées devant lui , ne lui laiflant
que les plus communes , & en
très*peti: nombre , & fe rendant
maître abfolu de tous les tribu-
naux. Ainfi y il jetta la ville dans
une pure démocratie , Périclès
étant déjà puiflant ^ & favorifant
ce parti de tout fon pouvoir, C'eft
CI
pourquoi , lorfque Cimon fut dei
retour, il témoigna fon méconten-
tement de voir la dignité du Sénat
foulée aux pieds , ÔC tâcha par
toutes fortes de moyens de le re-
mettre en pofleffion de fon auto-
rité ,^ÔC de faire revivre l'Arifto-
cratie , qui avoit été établie du
tems de Cliftène. Mais , fes enne-^
mis fe mirent à crier & à exciter
contre lui le peuple , en renou-
vellant les bruits qui avoient cou.
ru de fon commerce avec fa fœur
Elpinice , 6c en lui reprochant le
grand attachement qu'il avoit pour
les Lacédémoniens. Sur quoi , il
y eut des vers d'Eupolis , qui du-
rent fort célèbres, 6c qui por-
toient : » Il n'étoit point méchant
n homme ; mais , il étoit fujet au
» vin , & très-néglîgent , 6t il
I» prenoit fouvent la liberté de
» découcher pour aller à Sparte »
» lailTant fa pauvre fœur Elpinice
n toute feule avec une grande
n cruauté* a
Si , étant auffi négligent & auffi
adonné au vin que le dit ce Poëte,
Cimon n'a pas laiiïé de prendre
tant de villes , & de remporter
tant de viâoires, il eft certain que^
s'il eût été vigilant & fobre , au-
cun des capitaines , qui ont été
avant & après lui, ne Tauroit
furpafTé en beaux exploits. Il
faut convenir que dès le commen-
cement de fa vie , il eut beaucoup
dlnclination pour Lacédémone.
Car , de deux enfans jumeaux
qu'il eut d'une femme Clitorien-
ne , fuivant Stéfichore , il nomma
l'un Lacédémonies , & l'autre
Éléus. Ceft pourquoi, Périclès
reprocha fouvent à ces enfans leur
race
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Cl
née du c6té de leur mère. Mais;
felon Drodore le Géographe , ces
deux enfans & un troifième en-
core , qui fut appelle Theflalus ,
lui naquirent dlfodice , 611e d'Eu-
i;yptolème, fils de Mégaclès, &
par conféquent Athénienne.
Ce qui contribua le plus à l'é-
lévation de Cimon , ce fut la fa-
veur des Lacédémoniens qui
écoient ennemis déclarés de Thé-
miftocle , & qui aimoient mieux
que Cimon , qui étoit jeune , eût
dans Athènes la principale puif-
fance & la plus grande autorité.
Les Athéniens le virent d'abord
avec plaifjr , parce que cette bien-
veillance des Spartiates pour Ci-
mon leur apportoit de grands
- avantages. Mais , quand ils turent
devenus plus puiffans , ils en fu-
rent très- fâchés ; car , en leur
parlant , Cimon ne ceflbit , à tout
propos , d'exalter Laçédémone ,
îur tout quand il les reprenoit de
quelque chofe , bu qu'il vouloit
les piquer. Il avoit coutume de
leur dire : Ce nefl pas-là ce que
font les Spartiates. Cette conduite
ki attira l'envie &: la haine de fes
citoyens.
Mais , ce qui lui' porta le plus
grand coup , ce fut une calomnie
horrible. Laçédémone , qu'un
tremblement de terre venoit de
réduire à la dernière extrémité ,
envoya à Athènes pour deman-
der du fecours. On dit que Cimon
préférant l'utilité des Lacédémo-
niens à ragrandiffement de fa pa-
trie , entraîna le peuple par Ton
éloquence,& marcha au fecours de
Sparte avec quatre mille hommes
de pied. Ion rapportoit même Ten-
Tom. XI.
Cl J209
droit de fon difcours » qui frappa
6c qui perfuada le plus les Athé-
niens. Car , il dit ,|u'il les exhorta
à ne pas laifTp" ^^ Grèce boiteu-
fe ^ 6c leur yui fans contre-
poids.
Par ce mot, Cimon judifie
fufHfamment le confeil qu'il don-
noit de fecourir Sparte. Il eft cer-
tain que Sparte 6c Athènes pou-
voient être regardées comme les
deux jambes de la Grèce ; car ,
c'étoit fur ces deux villes que tou-.
te la Grèce étoit appuyée. Ainfi ,
Tune venant à périr, la Grèce de-
tneuroit comme boiteufe. Il eft
certain encore que le peuple d'A-
thènes étoit Ç\ enflé de fa grandeur^
fi fier 6c fi mutin , qu'il avoit be-
foin d'un frein capable de modé-
rer fa fougue ; 6t il n'y en avoit
pas de meilleur que Sparte. C'é-
toit elle feule qui pouvoit fervir
de contre- poids à l'emportement
des Athéniens. C'éioit<}onc ren-
dre un grand fervice à Athènes ,
que de fecourir Sparte , 6c de
l'empêcher de tomber , 6^ c'étoic
un coup d'un grand politi(;iue.
Peu de tems après , les Athé-
niens reçurent des Lacédémoniens
un affront dont ils conferverent
beaucoup de reffentiment ; 6c fur
le moindre prétexte qu*ils purent
trouver , ils bannirent Cimon par
le ban de l'Oftracifme, c*eft-à-di- -
re, pour dix ans. Il arriva pendant
ce tems-là que les Lacédémoniens
revenant d'une expédition oîi ils
avoient affranchi la ville de Del-
phes de la dépendance des Pho-
céens , 6c étant campés dans la
plaine de Tanagre, les Athéniens
allèrent à leur rencontre pour les
o
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j^iio C I
combattre. En cette occafion ;
Cimon fe crut difpenfé de garder
fon ban , ôc fe rendit avec fes
armes dans fa tribu (Enéide, pour
fervir fa patrie , & pour combat-
tre l'ennemi avec fes compatrio-
tes* Le Confeil des cinq cens , en
étant informé , & craignant, fur
les clameurs de fes ennemis»
qu'il ne fût venu pour les trahir ,
en troublant l'ordonnance de leur
bataille , & pour mener enfuite
dans Athènes les Lacédémoniens
vidèorieux , envoya faire défenfe
expreffe aux capitaines de le re-
cevoir dans leurs bandes. Il fut
donc obligé de fe retirer ; mais ,
avant que de partir y il s'adrefTa à
Euthippe, du bourg d-Anaphlune,
& à quelques autres de fes com-
pagnons qui étoient le plus foup-
çonnés de favorifer les Lacédé-
moniens , 6c les conjura de com*
battre de toutes leurs forces ôc
fans fe ménager, afin que cette
journée fervît de preuve à leur
innocence, 6d effaçât de Tefprit de
leurs citoyens un foupçon injufle
qui les déshonoroit.
Voilà une grande a6lion. Ci-
mon vient de recevoir de ks ci-
toyens le plus grand affront qu'on
puiflfe faire à un brave homme ;
oc il ne s'en venge qu'en exhortant
ceux qui font foupçonnés comme
lui , à bien faire leur devoir , pour
détruire cette calomnie. Et ces
braves gens , animés par fes ex-
hortations , combattirent avec
tant d'acharnement, qu'ils fe firent
tous tuer.
Cela fut caufe que les Athé-
niens ne perfévérerent pas long-
^ems dans leur colère «ontre
Cl
Citnon ; adoucis en partie > com-
me il efl vraifemblable , par 1<
fouvenir des fervices qu'il leur
avoit rendus , & en partie rame-
nés par la conjonâure facheufe
où ils fe trouvoient ; car , «yanc
été défaits dans le grand combat
qui fut donné à Tanagre » 6c at-
tendant le printems prochain, une
armée du Féloponnèfe , qui viea-
droit fondre fur eux , ils rappelle-
rent Cimon de fon banniffement.
Et ce fut Périclès luimâme qui
en drefTa 6c propofa le décret ;
tant les querelles étoient alors ci-
viles 6c honnêtes , 6c les animoii-
tés modérées 6c prêtes à s'appai*
fer , dès que l'utilité publique le
demandoit ; 6c tant rambition ,
qui efl la plus vive 6c la plus forte
des paf&ons , cédoit 6c fe confor-
moit aux tems 6c aux befoins de la
patrie.
Dès que Cimon iut de retour,
il travailla promptement à étouf-
fer la guerre , qui étoit déjà alla»
mée, 6c à réconcilier les deux
villes. Mais , quand la paix fut
faite , voyant que les Athéniens
ne pouvoient demeurer en repos,
6c qu'ils vouloient fe donner du
mouvement , 6c fe fervir de leurs
armées pour s'agrandir ; il eut
peur qu'ils n'inquiétaffent quelque
peuple de la Grèce , ou qu'en ro«
dant autour des ifles du Félopon-
nèfe avec une fî grande flotte , ils
ne donnafTent quelque prétexte
d'accufer leur ville d'avoir excité
des guerres civiles , ou d'avoir
donné des fujets de plainte a leurs
alliés. Il arma donc deux cens
galères pour les mener encore
une fois faire la guerre en Égyp-.
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Cl
te , & en Cypte. Par-là il vouloU
accoutumer les Athéniens , & les
exercer à faire la guerre contre les
Barbares , & en même cems , les
enrichir par des voies juftes &
permifes , en* les mettant en état
de rapporter dans leur patrie , les
dépouilles & toutes les richeffes
de leurs ennemis naturels.
Quand tout fut prêt, & que
Farmée fut fur -le point de s*em-
barguer , Cimon eut la veille ce
fonge. 11 lui fembla qu'une 4ice
fort en colère , aboyoit contre
lui ; 6c qu'au milieu de fon aboi ,
elle prononça d'une voix humain*
& très-bien aniculée : Ficns^ car
tu nous /iras plaijïr , à moi & à
mes petits. Ce fonge paroifToit
difficile à expliquer. Mais , un cer-
tain Adyphilus de Pofidonie, ami
particulier de Cimon , grand de-
vint bon interprète de$ fonges ,
lui déclara que ce fonge lui pré-
difoit la mort.
Ce fonge fut fuivi d*un autre *
qui n'étoit pas moins furprenant*
Un jour que Cimon offroit un fa-
crifice à Bacchus , le prêtre ayant
ouvert la viâime après l'avoir
égorgée , il vint une quantité pro-
digieufe de fourmis , qui enlevè-
rent le (àng qui étoit ngé , le por-
tèrent peu à peu auprès de Ci-
mon, éi lui en enduifirent le gros
doigt du pied^ fans que per-
fonne y prît garde , pendant un
aflez long-tems. Enfin, Cimon
s'en apperçut ; & comme il les
regardoit , le facrificateur vint lui
préfenter le foie de la victime, qui
s'étoit trouvée fans tête.
Malgré ces fmiftres préfages ,
il ne laifia pas de s'embarquer ;
Cî iit
tSLt^ilh^y avoit plus moyen dé
s'en dédire. Il envoya d'abord en
Egypte foixante de fes vaiffeaux »
& avec les autres , il retourna fur
les côtes de Pamphylie» battit
l'armée navale du roi , compofée
de vaiffeaux de Phénicie 6c de Ci-
licie , fe rendit maître de toutes
les villes des environs , & épioit
cependant l'occafion de pénétrer
en Egypte ; car , il ne concevoit
pas de médiocres deffeins, 6c il ne
penfoit à rien moins qu'à ruiner
6c détruire abfolument l'Empire
du grand roi de Perfe. Ce qui
l'excitoit le plus à cette haute en-
treprife , c*étoit l'envie 6c la ja«
loufie , dont il étoit animé contre
Thémiflocle , fur ce qu'il avoit
appris que fa gloire 6c fa puifFance
étoient très -grandes parmi les
Barbares , depuis qu'il avoit pro<^
mis au roi , que s'il entreprenoit
là guerre contre les Grecs , il
conduiroit lui-même fon armée ^
6c le fervirott très-utilement. Mais,
on dit qu'avec ces magnifiques
promcfTes , Thémiftode défefpé-»
rant de pouvoir jamais venir à
bout de la Grèce , 6c furmonter
la fortune 6c là vertu de Cimon ,
fe fit mourir volontairement lui-,
même.
Cependant j Cimon , qui avoit
formé plufieurs grands projets, 8L
comme donné le fignal de plu-
fieurs grandes batailles ^ fe tenoic
avec fa/ flotte à la rade de Cypre*
De-là il envoya à l'oracle de Ju-
piter Ammon , quelques - uns de
fes gens les plus fidèles & les plus
affeâionnés , pour confulter ce
Dieu fur des chofes fort fecretes ;
car, perfonnên a jamais fçu pour*
Oij
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2.11 CI
2uoi il les avoit envoyés. Le
)ieu ne leur rehdit pas même
d'oracle ; mais , dès qu'il les vit
entrer dans fon temple , il leur or-
donna de s'en retourher,parce que
Cimon s'étoit déjà rendu auprès
de lui. Ces paroles ouïes , ces am-
ba (Fadeurs reprirent incontinent
le chemin de la mer.Étant arrivés
au camp des Grecs, qui étoit fur
les côtes d'Egypte , ils apprirent
la mort de Cimon ; & rapportant
le tems de cette mort à celui oii
le Dieu leur avoit annoncé qu'il
s'étoit déjà rendu auprès de lui ,
ils connurent que fous cette efpè-
ce d'énigme , il leur avoit déclaré
fa mort , en leur faifant entendre
qu'il étoit déjà avec les Dieux.
Tel eft le récit de Plutarque , au-
quel le leâeur n'ajoutera pas
beaucoup de foi.
La plupart des Hiftoriens rap-
portent qu'il mourut de maladie»
au fiege de Citium , ville de Cy-
pre ; d'autres difent que ce fut
d'une bleffure qu'il reçut en com-
battant contre les Barbares. En
mourant , il commanda à fes offi-
ciers de ramener promptement la
flotte à Athènes , en cachant foi-
gneufement fa mort; ce qui fut
exécuté avec tant de fecret , qu'ils
avoient gagné leurs portes , 6c
s'écoieint mis en fureté , avant qu'-
aucun des ennemis, ni même des
alliés , fe fût apperçu que Cimon
n'étoit plus en vie. Cimon , tout
mort qu'il étoit , conduifit &L com-
manda en quelque forte fa âotte
pendant trente jours.
On dit que les os de Cimon fu-
rent rapportés dans l'Attique.Une
preuve , félon Plutarque » c'eft
cr
que Ton y voyoii fon tombeatf J
qui étoit nommé Cimonia. Ce-
pendaiit » les habitans de Citium
bonoroient encore du tems de no-
tre Hiflorienj un certain tombeau»
Îu'ils appelloient le* tombeau de
limon , au rapport de l'orateur
Nauficratès , qui ajoute qu'ils lui
rendoient cet honneur , parce que,
dans un tems de Ûérilité 6c de fa-
mine , le Dieu qu'ils alletrent con^
fulter , leur répondit de ne plut
négliger Cimon , mais de l'hono-
rer 6c de le révérer comme un
Dieu.
DIGRESSION
Sur le portrait de Cimon.
Plutarque , qui nous a fourni ce
qut nous venons de dire des ex-
ploits de ce grand , homme , va
auffi nous fournir de quoi tracer
fon portrait,
Cimon étoit beau 6c bien-
fait de fa perfonne. Il avoit la tail-
le haute 6c majeAueufe > 6c une
grande quantité de beaux cheveux
irifésy qui ombrageoient fes épau-
les.
Dans fes premières années , il
eut une très-mauvaife réputation»
6c fut fort diffamé comme un
homme très-difTolu , grand bu-
veur 6c entièrement femblable
à fonaieul Cimon, qui, à caufe
de fa flupidité Sl de fa bêtife , eue
le furnom de Coalemos^ qui fi-
gnifie hébété. Stéfimbrotus de
Thafe , contemporain de Cimon ,
avoit écrit qu'il n'apprit, ni la
mufique, ni aucune des autres
fciences qu'on fait apprendre aux
enfans de bonne maifon , 6c qui
écoient fort eh vogue en Grèce ^
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CI
qu*îl étoît entièrement prîvé de
cette éloquence , de cette facilité,
de cette grâce de parler ^ qu'on
remarquoit dans les enfans <i'A-
thènes ; mais qu'il y avoit dans
fes difcours beaucoup de magna-
nimité , de vérité & de franchife ,
& que Ton naturel tenoit plus d'un
homme du Péloponnèfe , que d'un
Athénien. Ainfi , on peut lui
appliquer ce qu'Euripide dit
d'Hercule : GroJ^er au dehors ,
fans nul ornement, mais homme de
bien aufouverain degré,
Cimon fut fort enclin à l'a-
mour des femmes ; car , le poëte
Mélamhius , en badinant avec lui
fur (es amours dans fes élégies ,
faifoit mention d'une Afténa de
Salamine , & d'une Mneftra ,
comme de fes maîtreffes. D'ail-
leHrs y il eft coudant qu'il eut une
paiBon un peu trop forte pour
Kodice , quoique fa femme légiti-
me ; car , il fut inconfolable de fa
mort , comme cela paroit par les
élégies qu'on lui adrefTa pour le
confoler.
Mais , <lans tout le refte dej
mœurs de Ciinon , il n'y eut rien
que de grand & d'admirable; car,
il ne cédoit ni à Miltiade en cou-
rage & en audace , ni à Thémif-
tocle en fagefTe & en bon fens.
Et tout le ntonde convient qu'il
étoitplus jufte^ plus homme de
bien que l'un & l'autre ; & que ,
ne leur étant en rien inférieur dans
lés vertus militaires, il les fur-
paflbit infiniment tdus deux dans
les vertus politiques , lèrs mê-
me qu'il étoit encore ; jeune, &
qu'il n'avoir aucune expérience de
la guerre. En effet, à l'tnvarion
CI ui
des Medes , lorfque Thémiftocle
confeilla aux Athéniens d'aban-
donner leur ville pour aller fe
porter fur leurs vaiffeaux devant
Salamine, 6c combattre là par
mer , tout le monde , parut éton-
né & concerné d'un confeil fi
hazardeux 6c fi téméraire ; mais ,
on vit Cimon , fuivi de fes cama-
rades , & avec un vifage gai ,
monter le long de la rue du Cé-
ramique à la citadelle , pour y
confacrer dans le temple de Mi-
nerve un mords de bride qu'il
portoit à la main, comme (i la
ville , dans la conjondure oii elle
fe trouvoit alors , n'eût plus eu
befoin de gens de cheval , mais
de bons hommes de mer. Après
avoir fait l'offrande de ce mords ,
il prit un des boucliers qui étoient
appendus aux parois du temple ,
fit fes prières à la Déefle , defcen-
dit fur le rivage , & fut le premier
qui , par fon exemple , infpira la
confiance à la plupart des auttes ,
& leur donna le courage de s'em-
barquer.
Tous les grands biens , que Ci-
mon avoit fi honorablement ga-
gnés fur les Barbares , il les dé-
pënfa plus honorablement encore
pour le foulagement des citoyens.
Car , il ôta les clôtures de fes
terres & de fes jardins , afin que
les pauv refis de fa patrie , & les
étrangers même , puflfent y aller
ceuillir en toute liberté, les fruits
dont ils aciroient befoin. Tous les
jours , il avoit chez lui ua fouper
(Impie , mais fuffifant pour uit
grand nombre de gens. Tous les
pauvres, quivouloient y aller,
étoient bien reçus , & aroient là
Oiij
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jii4 C I
leur nourriture (ûre; afin que n*i^
tant point obligés de travailler de
leur métier pour gagner leur vie ,
ils pufTent donner tout leur tems
aux affaires de la république. Il eft
vrai qu' Ariftote écrit que ce fou-
per n*étoit pas pour tous les pau-
vres d'Athènes indifféremment,
mais feulement pour les pauvres
de Ton bourg de Lacia.
Quand il alloit dans les rues,
il fe faifoit fuivre par un grand
nombre de gens fort bien vêtus ;
& lorfqu'il renconuoit quelque
pauvre vieillard, qui n*avoit qu'un
méchant habit , il lui &ifoit don-
ner celui d'un de fes domeftiques.
Et il n'y avoii point de pauvre
citoyen qui ne tint à grand hon-
neur de recevoir publiquement
de lui cette libéralité. Ces mêmes
domeftiques portoient toujours fur
eui beaucoup d'argent , &en paf-
iànt fur la place , ils s'approchoîent
des plus honnêtes de ces néceffi-
teux , & leur mettoient dans la
main quelque pièce d'argent,
très-fecrétement 6i fans être vus
de perfonne. Ceft de ce dernier
trait que Çratinus , poëte comi-
que, femble faire mention dans
une de fes pièces , intitulée Us
ArchÛoques yo\i il dit : Pour moi^
Métrobius, greffier^ je me fiauois de
la douce efpérance depaffer heureu^
fement ma vieillejfe auprès de Ci-*
mon, le plus divin, le plus hofpita^
lier , le plus charitable de tous les
hotnmeSy& le premier des Athéniens
tn toute venu; mais, malheureufe^
ment f il eft mort le premier. £c
Gorgias le Léontin , dit fort
bien que Cimon amaffoit des
richeffes pour s'en fervir , & qu'ils
CI
s*en fertroît pour fe faire efiîmet
& honorer. Critias même, qui
fut un des trente tyrans , fouhaite
dans fes élégies , les richefiés des
defcendans de Scopas , la mag-
nanimité de Gmon , & les tro-
phées d'Agéfilalif le Lacédémo-
nien.
La libéralité de Cimon fur-
paffbit infiniment l'humaiûté &
la charité des anciens Athéniens ;
car , ceux-ci , dit Plutarque , ont
bien répandu parmi les hommes,
la femence d<e la nourriture, s'il
efi permb de parler ainfi , en leur
enfeignant à (emer le bled. Ils leur
om montré encore Tufage des
fontaines , & l'utilité' du feu pour
fubvenir à leurs befcùns. Mais,
Cimon , en Caifant de fa maifon ,
comme le Prytanée commun de
tous les hommes , en leur aban-
donnant les prémices des fruits de
fes terres , ql de tout ce que les
faifons lui apportoient de meilleur
& de plus beau , & en permetum
aux: plus étrangers même d'en
prendre tant qu'ils vouloiént , &
d'en ufer comme de leur bien
propre, a comme rappelle dans
la vie cette ancienne communau-
té , fi vantée du tems de Saturne
& du fiede d'or. Quant à ceux
qui, pour déprimer ces largeffes
de Gmon , di&nt que c'étoient
des moyens pour Natter le peu-
ple , pour 6*inAnuer dans fes bon-
nes grâces , & pour atdrer k%
faveurs , ils font aifez refutés par
le reile de la vie de ce perfonna-
ge , qui tenoit pour l'Ariftocratie,
& étoit entièrement porté pour le
gouvernement des Lacédfmo-
luens^cpmmeille témoigna hau*
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CI
tement en fe joignant à Arîftîcle
pour s'oppofer à Thémiftocle qui
élevoit la Démocratie plus haut
qu'il ne falloit -, & depuis encore §
en s'emportant extrêmement con-
tre Ephialte , qui , pour faire plai-
lîr au peuple , vouloit caffer le
Sénat de TAréopage.
Quoiqu'il vît tous les autresv
Gouverneurs de fon tems , hors
les feuls Ariftide & Ephialte , en-
richis par les concumons & les
voleries au*ils falToient fur le pu-*
bhc 4 il fe maintiiy toujours in-
corruptible , conferva Tes mains
pures 9 non feulemenc de toutç
concûffion, mais encore de tôuc
préfent , & continua jufqu'à la fin
fle fa vie de faire & dire gratuite-?
ment tout ce qui étoit utile 6c ex-
pédient pour la république.
CIMON , Ciman, Klf^u^f , (a)
fameux peintre , natif de Cleo-
ae. 11 efl parlé de ce peintre dans
Wï padage de Pline ; éi ce paiTaee
a donné lieu à M. le comte dé
Caylus y de faire quelques obferr
yations , qu'on Hra avec d'autant
plus de plaifir, qu'elles ne fervent
pas peu à donner «ne idée da
peintre dont il s'agit^ & des pro-
grès dont la peinture lui fut re-
devable. Voici d*abord le pafîage
' de Pline : Hic [ Cimon ] Cota»
gr^ha invmt , hoc eft , obliquas
imagines , ^ varie formare vuîtus^
refpicienUs , fufcipientefque 6» def-
picientes ; articulif etiam membra
diftinxitf venus protuUt , praterqm
in vefte & rugas ^fittu% invenit.
CI iTJ
M. Durand le traduit ainfi :
M Cimon 9 avant tous les agtres ,
n fit des vifages de profil , &
» généralement toutesfortes d'ob-
n jets qui fe préfentent obli-
n quement ; & il s'avifa le pre-
» mier de varier fçs figures &
w ûs airs de tête, en diverfes
Il manières , en les faifant tourner
}i ou en bas ou en haut , ou de
n côté ou par derrière , félon le
jï fujet. Il pouffa rinduftrie enco-
n te plus loin , en diflinguant les
}> articles 6i les joimures des
Il membres ; ce qu'on n'avoit pas
n encore tenté, il fit paroitre les
w veines & les mufcles , & don-
w na enfin aux draperies des plis
n naturels & des ondulations lé-
» gères. «
Il s'en faut bien aue M. le
comte de Caylus adopte une
telle interprétation, n Comment ^
» Pline, dic-il , auroir-il pu dire
n que Cimon étoit le premier
n qui a voit fait des vifages de
» profil? Pouvoij-il ignorer que
» la première tête deuinée , celle
n que la fille du fculpteur Dibu-
n tade avoit apperçue dans uri^
» ombre , s'étoit préfentée nécef-
h fairement de profil •
i> Et puifqu'il efl ici queilion de
n progrès , la remarque de Pline
n ne doit porter que fur les nou-
n veautés dont on étoit redeva-
>i ble à Cimon, Mais, fans tn'em*
» barraffer de Texpreffion Grec-
» que Catagrapha, qui fe trouve,
I» à ce que l'on m'a dit , différenv
n ment écrite dans les manufcrits,
. (a) Plin. Tom. II. p, 690t Méffl* de TAcad. des Infcript. & Bell. Lett» Toni^
SX. p. 170. & friv»
O iv .
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ziS CI
M il eft à croire que Pline eaten-
i> doit auffi bien le Grec qu*on le
» fait aujourd'hui ; & comme il
»> traduit en Latin le mot Grec ,
M quel qu'il foie , par ohliqu(9
» imagines ; Je crois par confé-
w quent . qu'il faut entendre par
>» ces mots , non des vifages de
9> profil , maid des têtes vues en
» racourci. J obferverai même
V ^ue le mot imago^ ne doit point
» être pris ici pour une figure ,
» mais feulement pour une tête ,
n un portrait. C*étoît à peu près
n à quoi la peinture étoit bornée
w dans Ton premier âge. On n'a-
99 voit repréfenré les têtes quç
» dans un feul afpeé^ , c'efl-à-di-
» re , de profil. Cimon hazàrdâ
n le premier d'en defBner dans
•> toutes fortes de fefis> contraires
I» à celui' ci; & il mit„ par ce
i> moyen » une grande variété
19 dans la repréfentation des tê-
»> tes : celles , qu'il deffinoit , re-
» gardoient tantôt le fpeftateur ,
»> c'eft- à-dire , qu'elles fe préfen-
n toient de face ; quelquefois il
» leur faifoit tourner la vue vers
n le ciel ; & d'autresfois il les
n faifoit regarder en bas. Ce n'é-
n toit point varier les airs de têtes ^
» comme le dit le fleur Durand ;
» la peinture n'étoit point encore
i> parvenue à ce degré de per-
i> fieâion ; il ne s'agiffoit que de
»i pofition ôc non d'expreffion ÔC
» de fentiment. Cimon ne devait
M pas nonplus^aire voir des têtes
19 par derrière ; il . vouloit faire
» des portraits ; Se ce n'auroit pas
n été le moyen de les rendre re-
» connôidables ; car , je ne fors
I» point de cette idée, que c'eft
CI
n par des portraits que les pr6«
9> miers peintres ont dii commen-
» cer. Que l'on examine le cœur
9» humain ^ & Ton en fera con-
99 vaincu» Les chofes ne pren«
99 nent faveur qu'autant qu'on jr
99 met de l'intérêt. Le grand art
99 de Cimon confifloit donc à
99 avoir ^ pour ainfi dire , ouvert
99 le premier » la porte aux ra»
99 courcis* Ce premier pas étoit
99 d'une grande importance » & il
99 méritoit bien qu'on lui en fit
99 honneur. Sans doute qu'il fit
99 pafTer dans les attftudes de fes
99 figures , la même variété de
99 pofitions qu'il a voit imagi*-
99 né d'introduire dans fes têtes ,
» quoique Pline n'en dife rien ,
n Si qu'il faille en effet ne point
}> trop donner aux artifles , dans»
99 ces premiers commencemen»
99 de la peinture , oîi tout doit
99 marcher pas à pas.
99 Quant SLiiTt autres progrès qoe
99 Cimon avoit fait faire à la
99 peinture, ils n'étoient pas moîn»
99 importans , & je crois^ qu'on les
99 peut envifager ainfi. AnicuUs
99 membra diflinxit , il eateodit
I» mieux que ceux qui l'avoient
99 précédé, les attachemens; fans
99 quoi ' les figures paroiflent un
9> peu roides & d'une feule pièce;
99 défaut de tous les artifles qui
99 ont paru dans tous les lems*
i> Lorfque la peinture étoit enco-
99 re dans fon enfance , les mains
w & les bras , les pieds & les
19 jambes , les cuifFes & les han-
99 ches, la tête & le col , &c«
» tout cela , dans leurs Ouvra-
99 ges y efl 9 comme on dit , tout
n d'une venue ^ Se les figurrel
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CI
l> rfont aucun mouvement. Ci-
V mon avoit entrevu la néceffité
» de leur en donner. Il avoit
» commencé à donner à Tes têtes
» des mouvemens diverfifiés; il
n étendit cela aux autres parties
n de fes figures ; ce qui ne pou-
n voit fe faire qu'en attachant
» avec juilefTe chaque membre
» enfemble. Cela eft plus intelli-
V gible , que de dire avec le fieur
If Durand , que le peintre difli/i"
» gua les articles & Us jointures
p des membres.
» Venas protuUt. Voici un
» peintre qui commence à être
V convaincu de l'utilité de Tétu-
» de de l'anatomie , & qui la met
» en pratique ; il fait paraître tes
» veines , c'eft-à.dire , que s'é-
» tanc apperçu des effets que le
» mouvement produit fur le na-
p turel 9 en changeant la fituation
» des mufcles, toutes les fois que
P la figure prend une nouvelle
» fituation , il eflaie d'en enrichir
» la peinture. Il commence par
» la repréfentation des veines ; il
» étoit bfen près de connoître •
» Tuiage & l'office des mufcles ,
9 & peut-être que l'expreffion
» Latine vena peut fouffrir cette
» extepfion.
» L'art de la peinture n'avoit
» pas fait les mêmes progrès
» dans la couleur qu'on lui voit
s» fair^ dans le deflein ; ainfi , j'ai
» peine à croire que le mot vena
» (bit ici une expreffion figurée ,
» dont Pline fe foit fervi , pour
» faire entendre que Cimon avoit
» animé la couleur , & y avoit,
» pour ainfi dire , mis du fang.
» On dit des carnations du Ticieoj
Cl 217
M qu*on voit le fang couler fous
» la peau. Un fiecle plus tard,
n i'admettrois volontiers cette
n explication ; mais , il faut parler
V fuivant les tems y & les con-
n jeâurestrop éloignées nedoi*
I» vent point être admifes.
» Praterque , in vefle &» ruga^
M &Jinus invenit. Avant Ciinoa
w tout écoit , comme l'on voit ,
n extrêmement informe dans la
» peinture. Les figures , vues de
Il profil , ne fçavoient fe préfen-
» ter que dans unfeulafpeâ. Les
» habillemens étoient exprimés
» tout auffi fimplement ; une
D draperie, n'étoit qu'un fimple
Il morceau d'étofie qui n'offroie
Il qu'une furface unie., Entre les
Il mains de Cimon, cette drape-
Il rie prend un caradère, il s'y
» forme des plis. On y voit des
Il parties enfoncées, d'autres par*
n ties éminentes qui forment des
Il finuofités , celles que la nature
n les donne , Ôc que doit prendre
n une étoffe jettée fur un corps
» <]ui a du relief, u
CIMON, Cimon y K^^ù^ ,
vieillard extrêmement pauvre.
Ayant été condamné à Rome>
pour quelque crime , à mourir
de faim , il fut nourri dans la
prifon par fa fille , qui venoit lui
donner à tetter , 6c qui lui fauva
la vie par cette aâion» Les juges,
étant informés de la chofe , firent .
tt^ce au père en faveur de la fille;
l l'aéUon fut repréfentée .dans un
tableau , qu'on plaça enfuite dans,
le temple de la Piété.
CIMON , Cimon , KlfJLcaf ,
Hitlérien. Entr'autres chofes il
avoit décrit la bataille > oii les.
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:2l8 CI
Amazones furent taillées en Pièces
par les Athéniens. Cet Hiftorien
eu cité par Arrien.
CIMON , Ci/non , XlfjLo^v.
( il ) Suidas parle d'un Cimon
Athénien , qu*it diftingue de Ci-
mon, fils de Mihiade. Et après
hii avoir attribué quelques traits,
que les Anciens donnent à ce der-
nier , il ajoute qu'il avoit compo-
fé irn traité admirable de l'art de
oonnoitre lek chevaux.
CIN , Cin y fut le père des
Cniéens. Foye^ Cinéens.
CIN A 9 Cindy ou plut^ Cyna.
Voye^i Cyna.
ClNARADAS, Cinaradas ,
grand facrificateur de la Vénus
qoe l'on honoroit à Paphos.
CIN ARE , Cinarùs , iile dont
parle Athénée. Plutarque , dans
^traité de l'exil, dit qu'elle efl
flérile , & que fon terroir eft peu
favorable aux plantes. Pline la
nomme Cinara. Elle étoit votfine
de rifle de Léros.
QNARE E^ THESSAlïE.
On lui donne deux filles , qui ^
pour s'être préférées à Junon ,
furent mét'amorphefées en tnar-
ciies , qu'on fouloit en efttf^itit
dans l'un des tem{âes de cette
Déeffe
CINCIBILIS , Cindhms , (h)
TOI des Alpes. Ce Prince , l'an ^e
Rome 582 f envoya de<s ambafTa*
deurs à Rome y pour fô plaindre
du mauvais traitement qoe C.
Çaflius , qui avoit été Conful
l'année précédente , avoit fait à
C«) Suid. Tom. I. p. 1459.
ih) Tit. Lif . L. XLIII. es*.
(c) Tit. Liv. I*' Vlï. c. î. L. 3CXT. c.
38. L. XKVL c. H > t8^ L, XXVU. g.
CI
quelques peuples (es alliés » qui
demeuroient entre les Alpes. Le
frère de ce roi , qui porta la pa-
role , repréfenta fi bien l'iniuftice
& la violence de ce Conful , que
le Sénat fe crut obligé de répon-
dre qu'il n'aupprouvoit pas le pro-
cédé de Camus; néamxKMns qui!
était injufle de condamner un
homme fans l'avoir entenda , fur-
tout , quand il étoit abfent pour
les affaires de la république ; que
lorfqu'il feroit revenu de la Ma-
cédoine , oii il étoit alors , on
poOrroit 1 accufer en fa préfence ,
& qu'on leur rendroit juftice. Ce-
pendant, ponr marquer l'eftime
qu'on faifoit de Cincibilis , on dé-
pêcha C. Lélius & M. iEtniliits,
en qualité d'âmbaffadeurs , pour
lui faire connoître ce qui avoit
été réfolu , & l'on renvoya les
Gaulois avec de très beaux pré-
(bns.
CINCINNATUS , Cincinna-
tus , Foy«{ QuïNTius.
CINCIUS (L.] ALIMEN-
TUS , £. Cincius AHmcntus , (c)
Auteur latin, qui ^éra plnfieurs
emplois impoTtans. Il iut élevé à
la Préture l'an de ^ome 541 , ou
542 , ^ envoyé. en Sicile , pour
gouverner cette province. On loi
donna^'les "feîdâts ée Cannes , qui
montoiént '>à deux légions , afin
qu'il p>ôt mieux contenir les peu*
pies confiés \ fes foins. Il eut le
matheur d'être fait prifonnier fur
&i de la féconde gtierre punique»
vers Tan aoi avant Jefus - Chrift.
7; «9. Mém. de PAcad. des InXcn^u
& Bell, Lert. Tom. \U ?• 15 > ï^» Ï»
XXI. p. J18. é'ftêiv.
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Cl
Tite Lîve cite fouvent L^Cîncius
Alimentus comme un auteur qui
avoit recueilli tout ce qui pou voit
avoir rapport aux antiquités Ro-
maines. Il dit, par exemple , qu'il
s'en rapporteroit plus volontiers
à lui qu'à tout autre , fur le nom-
bre des troupes qu avoit Annibal
à fon arrivée en Italie , s'il s'ex-
pliquoit clairement fur ce nombre*
Sans difHnguer les troupes qu' An-
nibal avoit par lui-même , de <:el-
les cfuî fe joignirent à lui (ur fa
route , il écrit qu'avec les Gaulois
& les Liguriens, ce Général amena
en Italie 80000 hommes d'infante-
rie, & 10000 de cavalerie. Puis, il
ajoute qu'il a oui dire à Annibal
lui-même 9, que depuis qu'il eut
paffé le Rhône ju£:|u'à ce qu'il
arrivât en Italie , où il fe rendit ,
en pafTant » au fortir de la Gaule ,
par le pais des Tauriniens , il avoic
perdu 36000 foldats , & un grand
nombre de chevaux Si d'autres
bêtes de fomme.
L. Qacius Alimentus avoit écrit
en grec des annales ou une hidaire
Romaine. On lui attribtfe une au-
tre hiftoire en Latin , un ouvrage
de l'art nnilitaire , dont Aulo-gelle
allègue quelque choie ; un autre
des faftes , rapporté par Macrobe;;
un autre des mots anciens ; un
autre du pouvoir des Q^nûils^
vn autre de l'oiEcede jurifcon-
fulte.
CINCIUS [M] ALIMEN.
Tus , M. Cincius jilimentus '{a^
étoit tribun du peuple, l'an de
Rome 548 , & 204 avant J. C,
Il fut un des députés qu'on en-
"i
CI
yoyz cette année au général
Scipion , qu'on accufoit de plu-
(ùeurs faits fort graves , mais qui
fe juilifia pleinement , eh mon-
trant que la conduite qu'il avoit
tenue jufques - là étoit irrépro-
chable.
M. Cincius Alimentus 6t pafler
la loi Fannia , par laquelle on ré«
gloit les dépenfes fuperflues des
banquets. Il fut auffi l'auteur de
celle qu'on appelloit Munérale»
faite contre les avocats , qui pre-
noient de l'argent de leurs parties,
pour plaider leurs caufes : Ne quis
ob caufam orandam , donum mu^
nufve cafereté La même loi rçn»
fermoit au(H une clauie contre ceux
qui corrompoient le peuple par des
préfens , pour obtenir les charges*
Cette loi défendoit à ceux qui bri*
guoient les offices y de venir aux
affemblées avec une double robe,
fous laquelle ils puiïent cacher de
l'argent , comme ils avoient ac-*
coutume de faire , pour acheter
les fuf&ages du peuple.
M. Cincius Alimentus, étant
gouverneur de Pifês,rande Rome
J58 , écrivit aux confuls 6&% let">
très , par lefquelles il leur man-
doit que 20000 Liguriens , ea
conféquence d'une tronjuration
faite dans l'aflemblée générale de
la nation > avoient pris les armes ^
& qu'après ^votr ravagé les cam*
peigne de Luna , ils étoiènt paiTéf
dansceHes de Pifes^dbh ils avoient
couru & défolé toutes les côtes
maritimes. En conféquence de
cette nouvelle , le cont'ul Minu-
cius , à qui la Ligurie étoit échue*,
(«) Tlt. Ur, L. XXIX. c. 10. L. XXXIV. c 3 > 56* Xadt. Annal. L. XI. c. %i
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A20 C I
après avoir pris Tavîs des Séna-
teurs , monta for la tribune aux
harangues , Si de- là , ordonna
aux deux légions de la vide , qui
avoient été levées Tannée précé-
dente , de fe trouver à Arrétie
dans dix jours.
CINCIUS [P.],P. Cincius. {a)
Il eft parlé dé ce P. Cincius dans
rOraifon de Cicéron pour Sylla.
CINCIUS [ M.] THEOPHI.
LUS , M, Cincius Theopbilusy {b)
fib de Marc< Dans une urne qui
nous refte de lui , il eft qualifié Vef-
tiarius tenuarius , c'eft-à-dire,
faifeur ou vendeur d'habits d*é-
toâê fine. Cette urne eft remar-
quable par le caprice de l'ouvrier,
qui a repréfenté fur le devant de
Turne, un lion ÔC un tiere avec des
aîles d'un aigle, & wr le côté,
deux efpèces de griffons , qui ont
le corps d'un lion , & la tête avec
les ailes d'un aigle. Les grands
candélabres , aux angles de l'urne^
font encore à remarquer.
CINCIUS [C] PRIMIGE-
NIUS, (c) C. Cincius Primigenius y
dont nous avons une urne de mar-
bre » remarquable par rinfcription.
Le fèns en eft tel : C. Cincius Pri-
migenius avoit accordé à Primille
Eftione , & aux facrés Domefti-
ques, fix ollas minores j<\\x\ étoient
ordinairement des urnes de terre.
Elles dévoient être mifes dans le
Conditorium ou l'Hypogée des
ancêtres de C. Cincius Primigé-
nius. Il donne à Primille , après fa
(s) Cicer. Orat. pro. p. Syll. c« 41.
ér fe<i'
{b) Antîq. expl. par D. Bera, de
Montf. Tom. V. pag, 9s.
((> Anciq. expU par D« .Bcmt ^
CI
mort , cette urne de marbre , tant
pour elle que pour fon petit - fils
^lius Septimilhis^ôc pour Lucien.
Primille eft repréfentée en habit
de matrone. On remarque que des
noms numériques font changé» ici
en furnoms dans la même famille ;
la grand* mère s'appelle Primilla ,
& le petit-fils ^Uus Septimillus.
Cela fe faifoit anciennement pour
les prénoms, Tértius , Quartus,
Quinttts , Sextus.
CINCTUS G ABINUS, Cinc-
tus Gabinas , {d) forte de vête-
ment, ou plutôt d'ornement, dont
parle Tite Live en plufîeurs en-
droits. On croit que le Cin^us
Gabinus avoit lieu, lorfqu'un pan
de la robe , jette en arrière par-
deflus l'épaule gauche , étoit retiré
par-deflbus l'épaule droite jufque
fur la poitrine'; en forte qu'un
homme en étoit ceint à peu près
comme un diacre de nos Jours Teft
de fon étole, quand il fait quelque
• fonâion de fon minîftère. Ce fiit
en cet état que les deux Décius fe
dévouerem pous les armées Ro-
maines. Voyci Céthégus , Camille
Romaine.
Le Père Catrou , au fujet d'un
vers de Virgile, oïl il eft feit men-
tion du Ctnôus Gabinus , dit :
i> Pour le Cin^us Gabinus , c'é-
n toit une robe longue , comme
n la portoient les Romains , mais
» qu'on n'endoflbit pas. On la £»•
»» loit paffer en forme d'écharpe.
n fur les épaules & fur la poi-
Kfom£ Tom. V. p. 7» » 75.
(d) Tii. Liv. L. V. c. 46. L. vm. 6
9. L. X, c. »8. Virg. iEneid, L. Vll.ï,
6xa«
>
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CI
h Irîne. Ce qui donna lien à cette
t} coutume militaire , c'efl « dit
n Tite Live , que les habitans de
» Gabie, ville de la Campagne
» de Rome , ayant été furpris par
t> l'ennemi , lorfqu'ils facrifîoient ,
» fe ceignirent de leurs robes.ppur
" n'en être pas incommodés oans
» le combat. C'étoit une manière
9> de porter la robe à la guerre, n
C^NDIADE, Cindias, {a) fur-
nom de Diane. On rapporte que
quoique la ilatue de Diane Cindia*
de fût à l'air , il ne neigeoit ni ne
pleuvoit jamais defTus. Ce traie
^buleux fe trouve dans Polybe.
CINEAS, Cineas, KW«c* (^)
Thedalien , qui s'attacha à Pyr-
thus , roi d'Épire. C'étoit un hom-
me d'un grand fens , & qui, ayant
été difeiple de Démofthène, , paf-
foit pour celui des Orateurs de ce
tems-là, qui pouvoit mieux le rap*
peller dans l'efprit de fes auditeurs,
comme l'ombre & l'image de la
force & de l'éloquence de ce grand
maître. Auffi Pyrrhus fe fervoit-il
de Cinéas pour l'envoyer en am-
baffade vers les villes aveclef-^
quelles il avoit quelque chofe à
traiter. Dans tous ces emplois,
Cinéas confirma la. vérité de ce
mot d'Euripide » que l'éloquence
emporte tout ce que le fer ennemi
pou rrojt emporter. Auffi Pyrrhus
djfoit-il que l'éloquence de Cinéas
lui avoit gagné plus de villes,
qu'il n'en avoit conquis par les ar-
mes ; c'eft pourquoi il avoit beau-
coup de confidération pour lui ,
le combloit d'honneur , & l'em-
Cl lit
ployoit à toutes fes plus grandes
affaires.
Cinéas , voyant Pyrrhus fe pré-
parer à pafTer en Italie » & le
trouvant un jour d'aflez bonne
humeur, entra avec lui en conver-
fation , 6c lui parla ainfs : S^i^
gneur , les Romains paffènt pour
de grands hommes de guerre , & ils
coAimandent à plujieurs nations
très'belliqueufes & très^ aguerries^
fi Dieu nous fait la grâce de les
vaincre , quel avantage tirerons^
nous de notre viEloire? Pyrrhus
lui répondit : Cinéas , tu me d^-
mande une chofe qui parle d^ellc^
même. Les Romains une fois vain*
eus , // n'y aura dans leur pais , ni
ville barbare , ni ville grecque^ qui.
ofe nous réfifter. Nous ferons d'a^
bord maîtres de toute l Italie, dont
la grandeur , la force & la puiffance
doivent être moins ignorées de toi
que d'aucun homme du monde. A
ces mots , Cinéas fut quelques mo-
mens fans parler ; enfin il conti«»
nua : Mais , Seigneur], quand nous
ferons maîtres de l'Italie, quefe^,
rons' nous ? Pyrrhus, qui ne voyoit
pas encore où il en vouloit venir :
Voilà , lui dit-il , la Sicile qui nous
tend les bras , île abondante en tou"
te forte de biens, très ' peuplée &
très 'facile à prendre. Car , depuis
la mort d'Agathocle , tout y efl en
combufiion ; il n'y a point de chefs
dans les villes , 6» tout y eft gou^
vernépar les orateurs ^ efprits re^
muans & vénaux. Tout ce que vous^
dites là , répondit Cinéas, eft très"
vraifemblable ; mais la Sicile prife.
(s) Antiq. cxpl
Mornf. T. 1. p. 64.
{}) Plut. T. I. p. J91
par D. Bem. detad Amie. L. IX. Epift. 15. Roll. Hift.
At^. T. IV. p. ao8. é- fuiv, Hia, Rom.
^ fêf, Cicer. | T. il. p. 192. dy friv*
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^11 Cî
fera- ce là la fin de nos expédition^?
Au contraire , repartit vivement
Pyrrhus , fi Dieu nous accorde la
viâloiref & que nous réujjijjîons, ce
ne feront^ là que les préludes de
plus grandes entreprifes. En effet ,
de la Sicile 3 qui efl-ce quipourroit
s'empêcher de pajjer en j4frique &
à C art b âge F II n'y a qu'un pas.
j4gathocle lui - même ^ étant parti
fecrétement de Syracufe , ^ ayant
traverfé ce petit bras de mer , avec
peu de vaijfeaux , fut fur le point
de s'en rendre maître» Or^ l'Afrique
foumife^ quelqu'unofera-t-ilnidire
fiipenfety qu aucun de tous ces en»
nemis , qui nous font aujourd'hui
de la peine , & qui nous harcèlent
de toutes parts , ofe feulement lever
la tête F Non certainement , ré-
pondit Cinéas , en Pinterrompant.
Cary continua Pyrrhus, tu vois
lien qu'avec un e fi grande puiffance^
il nous fera bien aifé de recouvrer
la Macédoine y & de régner tran»
quillement fur toute la Grèce, Cela
efi évident , répondit Cinéas ; mais^
quand nous aurons tout conquis ^
que ferons- nous ? Ce que nous fe-
I rons , nous vivrons en repos , nous
pafferons les jours entiers en ban^
quels j en converfations ^ en fêtes ;
nous nepenferons qu'a nous réjouir.
Alors , Cinéas l'arrêtant : £h l Sei-
gneur y lui dit- il , qu'eft'Ce qui nous
empêche dès aujourd'hui de vivre
en repos ^défaire des banquets , de
célébrer des fêtes , de nous réjouir ?
Nous avons dès maintenant en nO'
tre puiffance ^ fans aucune peine ,
fans aucun foinyCe que vous youle^
aller acheter par tant de travaux ,
par tant de périls & par tant^de
maux j que nous fouffrirons & que
CI
nous ferons fouffrir aux autre fl
Ce difcours de Cinéas afRigea^
Pyrrhus, fans le corriger ; il voyoit
bien qu'il abandonnoit une félicité
fûre y mais, il n'avoit pas la force
de renoncer à des efpérances qui
flattoient k% défirs à fou ambi-
tion.
M, Pafcal examine cette réfle-
xion de Cinéas, dans le chapitre
26 de (es Penfées , où il explique
d'une manière admirable , quelle
eft l'origine de toutes les ocicupa-
tions tumultuaires des hommes ,
& de tout ce qu'on appelle diver-
tiffement ou pafle-tems. L'ame ,
dit- il , ne trouve rien en elle qui la
contente ; elle n'y voit rien qui ne
Tafflige quand elle y penfe. C'eft
ce qui la contraint de fe répandre
au dehors , & de chercher , dans
l'application aux chofes extérieu-
res, à perdre le fouvenir de fon
état véritable. Sa joie confifte dans
cet oubli, & il fuffit , pour la ren-
dre miférable , de l'obliger de fe
voir & d'être avec foi.
Cela pofé ^ après un grand nom-
bre d'exemples , qui démontrent
la vérité de cette réflexion , il
ajoute ce qui fuit : Lorque Cinéas
difoit à Pyrrhus , qui fe propofoit
de jouir du repos, après avoir
conquis une grande partie du mon-
de , qu'il feroit mieux d'avancer
lui - même fon bonheur , en
jouifTant dès-lors de ce repos,
fans l'aller chercher par tant de
fatigues ; il lui donnoit un confeil
qui recevoit de grandes diflicultéS|
& qui n'étoit guère plus raifonna-
ble que le deilein de ce jeune am-
bitieux. L'un & l'autre fuppofoit
que ilionuiie fe pût contenter de
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CI
(b'i-méme & de (es biens préfens ,
fans remplir le vuide de fon cœur
d'efpérances imaginaires , ce qui
eft faux. Pyrrhus ne pouvoit être
heureux , ni devant ni après avoir
conquis le monde ; & peut-être
aue la vie molle que lui confeilloit
(on miniilre , étoit encore moins
capable de le fatisfaire , que Fagi*
tation de tant de guerres 6c de tant
de voyages qu'il méditoit.
Mais , ni Je philofophe , ni le
conquérant , n'étoient en état de
connoitre ainfi le fond du coeur
humain. Pyrrhus envoya donc
d*abord Cinéas aux Tarentins «
avec 3000 hommes de pied ; &c il
ne tarda pas lui-même a le fuivre.
Cependant, le conful Lévinus s'a-
vançoit à grandes journées. On
en vint aux mains > & Pyrrhus
remporta une grande viâoire^ qu'il
dut à Tes éléphans. Le nombre des
prifonniers qu'il a voit fait , étoit
très-confidérable. On envoya de
Rome pour les racheter ; & Pyr-
rhus , félon fa coutume , ^flembla
fon Confeil à cette occafion.
Quand ce fut à Cinéas de parler:
» Grand roi dit- il , c'eft mal con-
t> noitre les Romains , que de fe
» flatter que l'échec qu'ils ont re-
» çu, les ait rendus plus timides 6c
» plus traitables. Ils ne font jamais
Il paroître plus de fermeté & de
» grandeur d'atne , que dans l'ad-
D verfité. Le meilleur confeil
Il donc que je penfe pouvoir vous
n donner , c'eft de taire ufage ici
V de votre générofité ordinaire,
» de leur rendre leurs prifonniers
» fans rançon » puis de leur en-
n voyer au plutôt des ambaiFa-
n deurs, avec de magnifiques pré-
C I 21J
p fens, pour traiter avec eux de
n la paix. Vous le pouvez faire
i> maintenant avec honneur j 6c à
n des conditions avantageufes»
M Mais , Seigneur , permettes*
Il moi de vous le dire ; vous êtes
Il homme > 6c les chofes peuvent
n changer. Ne laiiTez point échap«
n per une occaGon fi favorable ^
n 6c peut-être unique. » Toutle
confeil applaudit à un avis fi fage»
& le Roi s'y rendit.
Un jour , comme on étoit à
table avec les ambaffadeurs Ro-
mains^du nombre defquels étoit le
célèbre Fabricius , on fit pafFer en
revue les différentes feâes des phi*
lofophes. Cinéas infifla particulier
rement fur Épicure , 6c détailla ce
que les Épicuriens penfent des
dieux , 6c de l'éloignement que le
fage , félon eux y doit avoir de
l'adminidration des affaires publi-
ques , 6c du gouvernement des
états. Il dit qu'us faifoientconfifier
la dernière nn 6c le fouverain bien
de l'homme dans la volupté; qu'ils
fuy oient les dignités 6c les charges,
comme la ruine 6c le poifon de
cette douce indolence , dans la-
quelle ils faifoient confifler le
bonheur ; qu'ils ne donnoient à la
divinité , ni amour , ni haine , ni
colère ; qu'ils foûtenoient qu'elle
neprenoit aucun foin des hommes,
6c qu'ils la reléguoient dans une
vie tranquille , où elle paffoit tous
les fiecles fans affaires , &i plon-
gée dans toutes fortes de délices
oc de voluptés. Il y a bien de
l'apparence que la vie molle 6c vo-
luptueufe des Tarentins donna lieu
à cet entretien. Pendant que Ci-
4iéas parloit encore , Fabricius «
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pour qui cette doârîne étoît toute
nouvelle , & qui ne concevoit pas
comment un homme, qui débitoit
de telles maximes , ofoit fe don-
ner pour fage , & cela dans la ville
la plus remplie do fcience & d'ef-
prit , s'écria de toute fa force : O
grand Hercule , puijfent les Sam-
nites & Pyrrhus fuivre cette
doêirine pendant qu'Us feront la
guerre aux Romains»
Quelques jours après le départ
des ambafladeurs Romains , Pyr-
rhus fit partir les (iens. Cinéas
étpit à leur tcte. Il arriva à Rome
avec un équipage magnifique » 6c
il y fut reçu & traité avec une
difiinâion particulière. Il s'abou-
cha avec les premiers de la ville 9
& leur envoya à tous 6c à leurs
femmes , des préfens de la part du
roi. Perfonne ne les reçut. Ils ré-
pondirent tous , 6c leurs femmes
de même , que quand Pyrrhus
feroit devenu , par un traité fo-
lemnel, ami 6c allié de Rome , il
auroit tout lieu d'être content de
chacun des Romains.
Dans le peu de féjour qu'ij fit
à Rome , il eut grand foin , en
homme fenfé & en habile négo-
ciateur , de s'inftruire des moeurs
& des coutumes des Romains, 6c
fur- tout du caraélère de ceux qui
parmi eux avoient plus de crédit
6c de réputation ; d'examiner leur
conduite , tant publique que par-
ticulière ; d'étudier la forme de
leur gouvernement , 6c de s'infor-
mer , dans le plus grand détail
qu'il lui fut poflible , des forces 6c
des revenus de la république.
Quand Cinéas eut été introduit
dans le fénat , il expofa les propo-
CI
fitîons de (on maître , qui oiFroif
de rendre , fans rançon , aux Ro«*
mains leurs prifonniers « qui pro-
mettoit de leur aider à conquérir
toute l'Italie , 6c qui ne demandoic
autre chofe que leur amitié, 6c une
entière sûreté pour les Tarentins.
Il ne manqua pas de faire ufage
de toute fon éloquence dans une
occafion aufli importante , pour
exprimer fortement le défir vif
6c fmcère qu'avoit Pyrrhus de
faire alliance avec une république
Ç\ puifTante 6c fi remplie de grands
hommes ; 6c en même tems , pour
mettre dans tout leur jour , les
raifons preiTantes qui Tobligeoient
de s'intérefTer , comme il faifoit ,
pour les habitans de Tarente.
Plufieurs des fénateurs , touchés
du difcours de Cinéas, paroiffoient
incliner à faire la paix avec Pyr-
rhus , la regardant comme nécef^
faire, ou du moins comme fort
avantageufe à l'État, 6c cette pen-
fée n'étoit point farts fondement
ni fans raifon. Les Romains ve-
noient d'être vaincus dans une
grande bataille ; ils étoient à la
veille d'en livrer une féconde. On
avoit tout Heu de craindre » les
forces de Pyrrhus étant confidé-
rablement augmentées , par la
jonction de plufieurs peuples d'I*
talie , (es confédérés. C'étoit le
vainqueur lui - même qui deman-
doit la paix avec autant d'empref-
femént , que s'il avoit été vaincu,
6c , par conféquent , l'honneur de
Rome étoit à couvert. La délibé-
ration dura plufieurs jours ; 6c
comme rien ne cranfpiroit au de-
hors , elle tenoit Cinéas dans une
grande inquiétude.
Le
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CI
Le courage des Romains eut
befoîn 5 dans ces circonftances ,
d*étre ranimé par le célèbre Ap*
pias Claudius » fénateur îHuftre ,
que Ton grand âge , & la perte de
la vue « avoient obligé de fe reti-
rer des affaires , & de fe renfer-
mer dans fa maifon. Son autorité
entraîna tout le Sénat. D'un com-
mun accord , & d'une voix una-
nime, on fit cette réponfe à Ci-
néas : n Que Pyrrhus commençât
w par fortir de l'Italie ; qu'alors, s'il
n vouloit 9 il envoyât demander
» la paix ; mais que tant qu'il fe-
)> roit en armes dans leur païs « les
» Romains lui feroîent la guerre
» de toutes leurs forces , quand
» même il auroit battu mille Lé-
» vinus, n
Cinéas avoU reçu des ordres
de fortir de Rome ce jour- là mê-
me ,& il le fit. La réponfe du Sé-
nat jetta Pyrrhus dans une étrange
furprife. Comme il demandoir à
Cinéas ce qu'il avoit penfé du Sé-
nat & de Rome , dans le féjour
qu'il y avoit fait, ce fage miniftre,
qui n etoit point accoutumé à flat-
ter , & qui avoit le bonheur d'a-
voir affaire à un maître qui ne de-
mandoit point qu'on le flattât , lui
répondit : Que la vilU lui avoit
paru un temple y & le Sénat une
ajfemblée de Rois, Noble & jufle
idée>de Tune & de l'autre l tant
les dieux étoient généralement
refpeâés dans Rome , & tant les
délibérations du Sénat Romain
avoient de dignité & de grandeur.
£t fur la quantité d'habitans dont
C I 2^y
il avoit vil leurs villes & leurs
campagnes peuplées , Cinéas lut
dit , qu'il craignoit beaucoup que
Pyrrhus ne combattît contre une
hydre capable de s'accroître & de
fe multiplier par fes propres forces,
CINÉAS, Cinéas i K. f«r,, (tf)
autre Theffalien , qur avoit réduit
•en abrégé les livres qu'a voit com-
pofé Énée fur l'art militaire. Il
nous refte encore quelque chofe
de (t% ouvrages. Ce Cinéas efl ap-
paremment le même qui précède,
CINÉAS, Cinéas, K/r/ac, {b)
certain traître , dont Démofihène
fait mention dans fa harangue de
la. couronne.
CINÉDOPOLIS , Cincedopo^
lis^ (c) ifle de T Afie mineure , dans
le golfe Céramique, à peu de dif-
tànce du continent. On raconte
ainfi l'origine du nom de Cinédo-
polis. l/n jour , Alexandre le
Grand ayant remarqué que foti
armée commençoit à fe corrom-
pre par les délices de t'Afie , êc
qu'il y avoit dans fon camp un
grand nombre d'impudiques , fit
rechercher avec foin tous ceux k
qui l'on pou voit faire jugement
. des reproches fi honteux ; & pour
les féparer des autres , il les fit me-
ner dans une petite île du golfe de
.Cérame. Le lieu oîi ils ^rent
tranfportésy eut part à leur infa-
mie ; car , en mémoire de ce qu'ils
y furent relégués , on l'appella
Cinédopolis«
C I N É E N S , Cinal , peuples
defcendus de Cin. (d) Ils habi-
toient au couchant de la mer inori-
(«) AntJq. cxpl. par t). Bern.
Momf. Tom. IV, pag. ii^;
ik) Demofth. de Coron, p* 51^
Tçm. XI.
de
|(ç) Plin. T. I, p. >86, Fxeinf. fMppI.
ip Q. Curt. L. II. c. 10.
Ç2) Gencf. c. Ï5. V. i^.' Kumcr. c*
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^z6 CI
te , & $*étendoîent aflez avant
dans l'Arabie Pétrée , puifque Je*
thro, beau- père de Moife,& prê-
tre de Madian, étoit Cinéen^ &
2ue da teois de Saiil > les Qnéens
toient mêlés avec les Amalécites.
Quoique tes Ciaéens fuflent du
nombre des peuples , dont le Sei-
gneur avoir promis les terres aux
defcendans d* Abraham , cepen-
dant 9 en confidérajtion de Jéthro ,
beau-pere de Moife ^ on conferva
dans leur pays , tous ceux qui fe
fournirent aux Hébreux ; les autres
fe retirèrent apparemment parmi
les Iduméens 4c les Amalécites.
Les terres des Cinéens fe trouve-
irent dans le partage de Juda.
Balaam , ayant été appelle par
Balac 9 roi de Moab , pour mau-
dire les Ifraëiites , lorfqu'il fiit fur
une montagne , d'oîi il pouvoic
voir le camp d'Ifraël & le pais de
Cin, dit ces paroles, s'aareiTant
aux Cinéens : n Votre demeure eft
t» forte d'affiecte ; ma'is , quand
n vous auriez établi votre demeure
i> dans le roc , & que vous feriez
n les plus vaillans de la race de
n Cin > combien de tems pourrez-
» vous fubfifter ? Car , Auur vous
n prendra, n La demeure dçs Ci-
néens étoit dans des montagnes &
des rochers prefque inaccc^bles.
Le nom de Cin marque un nid ,
un trou I une caverne ; & Cinnim
<en grec , fe pourroit traduire par
Troglodytes. Les Cinéens furent
yaincus , & menés en captivité
«4* V* fti » ftt» Jttdic. c. !• T. |6.
Keg. L. I. c. 15» ?• 6. Parai. L. I. c a.
y* 55'
fs) RoHn. de Antiq. Rom. p, 58s.
Ik) Aa»<i* dxiil. par Pt fiem« de^
CI
par Nabuchodonofor^ U n*eft plus
Élit ancune mention des Cinéens
depuis Saiil ; mais, ils ûibfifterent .
confondusaveclesIduméens,&les {
autres peuples de TArabie Pétrée. '
CINÉRAIRE , Citurarîus, {a)
domeftique occupé chez les Ro-
mains à frifer les cheveux des
femmes , & & préparer les cendres
qui entroient dans la poudre dont
elles fe fervoient, U étoit appelle
Cméraire^ de ces cendres , ou de
celles dans lefquelles il £ûfoit
chauffer foq fer à frifer.
CINÉRARIA, Cineraria. {I)
Cétoient des cellules à conferver
des cendres dans des urnes de
pierre ou de marbre , <)u'on appel-
ioit Offuaria,Spon croit que c eft la
même choie que Columbarîa. U y a
quelque apparence que ce mot Co^
lumharia s'appliquoit auffi aux Ci-
ncritrM,quand ilsavoiem des troos
& des niches , comme les pigeon-
niers. M. Fabretti prend pour un
Cinérarium , un bâtiment oU l'on
voit une efpèce de portail , & un
efcalier. Ce monument eft repré-
(ènté dans TAntiquité de Ô. Ber-
nard de Montfancon.
CINÉRÉUS , Cînereus, U)
autrement Cendré. Ceft une dés
couleurs , que les Infcriptions
donnent quelquefob aux chevaux
du Cirque.
CINGA-, Cinga, {£) tmht
d*Efpagne, félon Céfar. Voici ce
qu'il dit de cette rivière : » Le
» camp étant entre deux riviires,
Momf. TI^Y.p. 47*
(c) Antiq. lexpl. par D. Bem*. de
Montf. Tom. III. p. aP6.
(^ Csfit de Ml* Cifil.L, I. p. 4889
Digitized byLjOOQlC
CI
» ta Segre & la Cnga , l'efpace
tr de trente milles , on ne pouvoît
» pafTer ni l'une ni l'autre « ainfi j
» tous étoient refierrés dans ce
» détroit* p Lucain dit :
Campofque cocrcet^
Cinga rapax^
C'efi au)ourd*hai la Gnca » qui
a plufiduis foucces aux Pyrénées
fur les frontières de France. La
principale eft près de Bielfa^ Ces
fources fe joignent à Ainfa & au«
deffus. A GiftrO} elle reçoit la
rivière d'Effera , pafle à Balbaf-
tro , à Monçon > à Akolea , re-
çoit l'Alcanadre au-defTus de Fra-
|a , & ie pred dans la Segre à
Méquînenza. Tout fon cours eft
dans l'Arrangon»
CINGÉTORIX , Cîngctorix ,
(fl) l'un des principaux des Tré-
vires y du tems que Céfar faifoit
la guerre dans les Gaules. Cette
cite étoit alors partagée en deux
faâions , dont Tune avolt pour
chef Cingétorix^ âc l'autre Indu«*
tiomarus.
Cingétorix ^ qui fe trouvoit
apparemcaent }e plus foible , vint
fe jetter entre les bras de Céfar»
Taflurant de fon attachement &
de celui de tout fon pani pour les
Romains* Indutiomarus au con-
traire affembloit des troupes \ &
après avoir retiré les' femmes &
les enfans dans le fond de la forêt
d'Ardenne , il fe préparoit à foû-
tenir la guerre* Mais , comme il
vit que plufiçurs de ceux, fur lef-
quels il avoit le plus compté^
CI 117
effrayés par les armes de Céfar ^
ou gagnéf par les foUicitations de
Cingétorix | fe détachoiént de Iiii;
il craignit d*étre abandonné , & 'A
prit enfin, quoique de mauvaife
trace , le parti de la foumiffion»
^éfar , qui ne vouloic pas s'arrê-
ter dans ce pals , feignit de rece*
voir fes excufes , & lui accorda la
paix ; mais en eiigeant de lui
deux cens ôta&es , Se entr'autres
fon propre nls. Indutiomarus ,
déjà peu content ^ fut encore ex-»
trêmement piqué des carefles que
Céfar faifoit à Cingétorix , & da
foin qu'il prenoit de lui^ concilier
les eiprits des principaux de la
nation. Il fe retira j le dépit dans
le cœur , & avec le deflein de re-
nouveller la guerre à la première
occafion. C'efl: ce qu'il ne tarda
pas à exécuter.
En effet, dans une aflemblée
générale , qu^il fit convoquer bien-
tôt après , Cingétorix fut déclaré
ennemi. Il avoit pourtant époufé
la fille d'Indutiomarus* Mais , fa
qualité de gendre ne fut pas capa-
ble de modérer le reflentiment de
ce beau-pere* Bien plus, tous les
biens de Cingétorix furent confif-
qués* Malgré cela , toujours fidèle
au parti qu'il avoit embraflé , il
alla informer les Romains de ce
ui fe paffoit. Ceux-ci , profitant
le l'avertiflement , marchèrent
contre Indutiomarus , dont la tête
fut mife à prix. L'entreprife réuf-
fit; car, la tête de ce Général né
tarda pas à être apportée au camp
des Romains* La mort d'Indutio*
a;
isi Caef. d€ BeU. Gall. L. V. p« 159 9 itfo, »o8. L. VI. p. siy. Crév. Hlfit.llonit
Tom» VII. p. 15s , 133 1 17».
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^28 CI
tnarus fut fuivie de la reddition
générale du païs , donc on confia
k gouvernement avec unç auto*
rite abfolueà Cingétorix , pour le
récompenfer de u fidélité conf^
lante au peuple Romain.
CINGÉTORIX , Cingetorix ,
(j) roi d'un canton de la grande
Bretagne. Ce Prince fe joignit à
trob autres rois du pais pour atta-
quer le camp de Céfar )» mais ,
leurs efforts ne réuiUrent pas. Ils
furent repouflés avec une perte
confidérable des leurs.
CINGILIE, Cingilia , {b) ville
dltalie , qui appartenoit aux Vef-
tins. Elle fut emportée d'affaut
Tan de Rome 430 , par le conful
D. Junius , qui en accorda le bu-
tin à fes foldats » pour récompen-
fer une valeur ^ à qui les ennemb
avoient inutilement oppofé leurs
portes & leurs murailles.
C1N.GONIUS VARRON ,
Cingonius Varro , (c) Sénateur
Romain. Lan de J. C. 61, Pé-
danius Sécundus fut aflafliné chez
lui par un de fes efclaves ; &
fuivant un ancien ufage , tous les
autres efclaves , qui s'étoient trou?
yés dans la maifon dans cette cir-
conftance , & qui étoient au nom-
l^re de quatre cens , furent con-
damnés à mort. Cingonius Var-
ron opina encore pour que l'on
bannît de l'Italie tous les affran-
chis • qui avoient logé fous le met
rne toit avec leur patron affafîiné.
Néron jugea qu'il faffifoit bieo
gue la commifération n'eût point
{#) Cacf. de Bell. Gall. p. 176.
{b) Tir. Liv. L. VIII. c. 19.
(<r) Tadt. Annal, I. XIV. c.4S.Hift.
t^ I. C, é. 17, p^T, Diàî A\i top. X,
CI
adouci la loi , & il ne voulut point
qu'on y ajoutât une nouvelle ri-.
gueur»
.. Qngonius Varron, étant coB'
iîil déugné , fut mis à «nort par
Tordre de l'Empereur , comme
complice de Nymphidius , vers
Tan de J. C. 68. Mais , comme il
n'avoit point été oui dans fes dé-
fenfes , il pafla pour innocent dans
Tefprif du public.
CINGULUM , Cingulum, (i)
ville d'Italie , firuée dans le Picé-
num. Céfar en fait mention dans
le premier livre de fes Commen-
taires fur la guerre civile. Il dît
qu'il lui vint des députés de Cin-
gulum , ville que Labiénus avoir
fait bâtir à fes dépens. Ces dépu-
tas lui ayant promis qu'on feroit
tout ce qu'il ordonneroit, il de-
manda qu'on lui envoyât des
troupes , ce qui fut exécuté.
Cicéron parle auffi de la ville
de Gngulum dans une dé fes let-
tres à Atticus. n Nous fommes
n maîtres de Cingulum , dites-
n vous , & nous avons perdu An«
n cône, n Pline en nomme les
habitans Cingulani y & Frontia
fait mention de Cingulanus agtu
Siliusltalicu$, dit:
Celfis Labienum CingulaSaxâ
Miferunt mûris*
C'eft aujourd'hui Cingolî oa
Gngolo dans Tétat de l'ÉgUte , &
dans la marche d'Ancone fiir le
Mufone.
n. p« 349. T. m. p. 10.
{d) Caef. de Bell. Civil. L. I. p. 4^X|
Çiccf. ad AttiCi L» VII, Efifii lit
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Cl
ÇINIFLONS, C//ï//È)/ï^^;
ëtoîent les mêmes que lès Ciné-
raires. Fove{ Cinéraire.
CINITHIENS, Clnithn, (a)
Çîuples d'Afrique , dpnt parle
acite. Cet auteur die que ce n*é-
toit pas une nation à méprifer.
Vers Tan de Jefus-Chrift , . fous
l'empire de Tibère , les Ciniihiens
fe joignirent à Tacfarinas 5c à
Mazippa contre les Romains.
Il y en a^qui placent ces peuple»
^x environs de la petite Syrte.
Ortélius prétend qu'il faut lire
Cinyphiens, du nom du fleuve
Cinyphé > fur les bords duquel
habitoît cettef nation.
CINNA [ L. Cornélius] ,
X, Cornélius Cinna , A. Kopiîpkioc
XjWaç , {b) Tun des plus violens
oppreiTeurs de la République. Il
étoit Patricien , & de la fa6lion
oppofée à Sylla , quoique fon
proche parent. Ce dernier, ce-
pendant , ne s'oppofa point à ce
qu'on le nommât Conful pour
Tannée 665 , & avant J. C. 87.
Seulement il prit la précaution de
le mener au Capitole , & là de lui
faire prêter ferment qu'il n'agiroit
point contre fes intérêts. L. Cor-
nélius Cinna fie le ferment prefcrit
en préfence de plufleurs témoins ,
& tenant en fa cpain une pierre,
il pria Jupiter , s'il manquoit à fes
jengagemens , de le chaOer de la
ville 9 comme il jettoit lui-même
cette pierre hors de (a main. Il ed
étonnant que Sylla pût prendre
. fil) Tacît. Annal. L. II, c. 5». Crév.
Hift. des Emp. T. I. p. 45».
' • (i) Corn; Ncp. in Tit. Pomp. Atttc.
c. s. Appian. p. 389. & fêq. Plut. T. I.
pt 458. è"/e^..VçlU Paterc. L. II. c« ao«
C I 11^
quelque confiance aux fermens
d'un ambitieux. Il ne s'y fia pas
tellement , qu'il ne prit encore la
précaution de lui donner pour
collègue Cn. Oélavien , homme
de bien , amateur de la paix ôc dii
bon ordre , mais trop* doux pour
réfiHer à un furieux. Sylla eut
bientôt lieu de fe repentir de tou»
ces mçnagemens.
;, En effet , à peine L. Cornéliu*
Cinna fut-il entré en charge , qu'il
fit voir combien Sylla avoir eu
tort de prendre quelque confiance
en lui , 6c de le croire capable de
refpeûer fon ferment. Il n'eut riert
plus à cœur que de le preffer de
fortir de l'Italie, alléguant , pouc
raifon , la nécçilité d^arrêter les
progrès de Mithridate , mais dans
le fond ne cherchant qu'4 fe déli-
vrer d'un tel furveillant , pour exé-
cuter fes projets en toute «liberté»
Sylla, par cette même raifon, ne
fe preiToit pas. Le Conful s'avifa j
pour vaincre fes retarde mens , de
le faire accufer paf le tribun M.
Virgilius. Une loi mettoit a l'abri
de ces fortes de pourfuites ceux
qui étoient employés pour le fer-
vice de la République. Sylla donc
laifTam là le Conful & le Tribun,
fe mit en mer , & paffa en Grèce.
L. Cornélius Cinna ,ne fe vijt
pas plutôt débarraffé du feul obfta-
de qui le retenoit , qu'il commen-
ça à travailler au rappel de C. Ma-
rius. Turbulent & inquiet , il ne
pouvolt fupporter le repos & le
ér /«^. Tacit. Hift. L. ïïï. c. 8t. Roll.
Hift, Ancien. T. V. p. 34s. Crév. Hift.
Rom. T. V. p. 555 , 556. &friv. T. Vf.
p.' 7. & friv» Mém. de TAcad, des Info
& Bell, Utt. T. V. pag. 18». & fmv%
PU)
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ijo CI
calme. De plus $ une ambSrîofi
infenfée le portdît à vouloir fe
rendre maître de la République*
Enfin » à ces motifs , fe joignif enc
trois cens talens , qui lui furent
donnés par les partifans de C.
Marius. Ceft Appien qui rappor-
te ce dernier fait, & qui avoit
cbferré un peu auparavant que
des perfonnes très riches , hom«
mes & femmes » s'intérenoient
pour cet illuftre fugitif.
L. Cornélius Gnna prit donc
en main fa caufe, & fembla pren«
dre en même tems fon erprit ; car ,
il eut foin de déguifer Ta marche ^
& d aller à fon but par des voies
obliques. Il ne manifeûa point
d*abord le deffein qu*il avoit de
rétablir les exilés ; mais , il en*
treprit de remettre en vigueur la
loi qu'avoit portée le tribun Sul*
picius jpour mêlei* les nouveaux
citoyens dans leurs anciennes tri«
bus. A ce fignal , une multftnde
immenfe de ces nouveaux citoyens
accoururent dans la ville ; &
Rome redevint le théâtre d'une
divifion furieufe , les anciens ré*
fiftant auffi vigoureufement qu'ils
fe voyoient attaqués* Les^ deux
fartis avoient chacun un Gonful
leur tête ; les deux partis pren-
nent le$ armes, L. G)rnéliur
Cinna , comme le plus audacieux,
en fit ufage le premier.
Le plus grand nombre des tri-
buns du peuple s'oppofoit à la
loi; il n'y avoit pas moyen de
pafler outre , fans employer la
violence. AufE vit- on dans le
moment briller les épées , & une
foule de féditieux , L. Coniélhis
Kaoq» à la tête^ fe jetter iur 1er
, CI
Magîftrats /oppofans > pour les
chaSier de la tribune. Alors , Cn.
Oâavien, au tour duquel s'étoîem /
rangés en, armes les anciens ci-
toyens , & tous ceux qui aimoiem
la tranquillité publique « emre
dans la place , attaque les feâieux^
les coupe en deux bandes & les
Afperfe. Puis, refpeâant la di-
gnné confulaire dans L. Cornélius
Cinna ^ & ne voulant point en
venir aux mains avec fon cdk*
eue, il tourne vers le temple de
Cafior. Mais, ceux qui l'accom-
pagnoient , n'imitèrent pas k ti-
mide circonfpeâion. Ils ponflent
leur avantage , tuent tin grand
nombre des adverfaires , & ine- .
nent battant les autres jufqu'aux
portes de la ville. L. Cornélius
Cinna , qui étoit fnpérieur par k
nombre , étonné de fe voir vaip-
a recours à la dernière ref-
cu
fource des défefpérés. Il appelle à
lui les efdave^ , en leur promet-
tant la liberté. Ce fut inutilement;
perfonne ne fe joignit à lui, &il
tut obligé d'abancbnner la vîlfe,
& de fe retirer en Campattie. Le
combat avoit été très fanglaot.
Cicéron aflure que la place publi-
que regorgea du fang des citoyens,
o£ fut toute remplie de motfceaoz
de corps morts ; & Plutarqne bk
mofiter à dix miMe le nombre de
ceux qui périrent du côté fenle#
ment de L. Cornélius Gnna. Il
emmena avec lui quelques Séna-
teurs , dont le plus illufire , fins
comparaifdn , étoit Sertorlus. Des
circonftances maiheureufes pour
ce grand homme Tavoient jette
dané ce parti.
Cependant, le Sénat fit lepro;;
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ex
ces s L. Cornélius Cînna , St^é-
Clara la place de Conful , qu'il
^Dccapoit , vacante tant par déier-
tion , que pour le crime d'avoir
appelle Iqs efclaves à la liberté ;
aSront dont L. Cornélius Cinna
étoit bien digne ^ mais d'an exem-
i>le qui pouvoit être flcheux. On
ui fubftitua L. Cornélius Mérola,
qui étoii prêtre de Jupiter, Fk*
mn DMis^
lu. CornéKusGnnâ,afaifipoufli
à bout , n'avoît plus de reflburce
que dans les cens de guerre. Com-
ice lltalie n étoit pas encore en-
tièrement pacifiée , & que les
Samnites étoient toujours en ar-
mes ^ les Romains tenoient aiuffi
des armées de différens côtés , &
I 3 y en avoir une aâutilement en
Campanie /que commanéoit App.
Claudiust L. Cornélius Cinna ,
ayant gagné les principaux offi-
I ciers de cette armée-, entra dans
1 le camp ; & les foldaÀ s'étant raC^
fdmblés au tour de lui , il renvoya
j fes Liâeurs , comme n'étam plus
qu'un fimple particulier. En mê-
me tenss , verfatnt ^es larmes en
abondance %, il adrefla ce difcours
à la multitude : ii Chers cito}rens ,
w j*avois reçu de Vous la prerhière
I w dignité de la RépuHîque^, & le
» Sénat m'en a privé fans votre
y» conlkmemenr. Ce ne font pa$
I w néanmoins mes difgraces per-
! 1^ foniielles qui me touchent le
I » plus. Je plains vos droits vb-
» lés , votte pouvoir anéanti ;
'^ car , croî déftn'inaîs s'empreffe-
; » ra de loUiciter les fiiffrages des
» Tribus ? Qui fe dôrfnera des
^ mouvemens pour mériter vos
» bonnes grâces ? Comipîent vous
CI x'^i
i> fera-t-îl permis de vous regar-
n der comme les maîtres des
ff éleâions , comme les difbibu*
i> teurs des emplois & des digni-
» tés , fi vous ne pouvez aflurer
ly la jouiflance de vos bienfaits à
n ceux que vous en avez revêtus «
n & fi vos créatures font expofées
» à fe voir dépouittées fans vous ,
n de ce que vous feuls leur avez
n donner n II ajouta plufieurs
autres chofes dans le même fens ,
& termina fon difcours par def-
cendre du tribunal , déchirant fes
habits , & fe jettant aux pieds des
foldats. Tous attendris d'un tel
fpèâaclé, le relèvent , le font re-
monter fur le tribunal , Tinvitem à'
rappeller fes Ltâeuts , & lui pro-
tègent qu'ils le reconnoiflent tou-
jours pour Conful. En même
tems ) les oiEciers qài avoient été
gagnés s'avancent , & lui prêtent
mment les premiers comme à
leur Général. Puis ils font faire le
même ferment chacun aux troupes
qu'il commandoit.
C'en étoit aflez pour metti^e L.
Cornélius Cinna en état de ne
rien cramdre. Mys, il vouloit de
plus fe rendre redoutable à fes
actverfaires , & reprendre fur eux
l'autorité du gouvernement ^ dont
ib s'étoient mis en pofleflion.
Ainfi, pôurgroffir fon par^, il
courut dans toutes les villes d'Ita-
lie > repréfentant aux nouveaux
citoyens que c'étoit leur querelle
Si'tl avoit foûtenue , & qu'il avoît
é la viâime de foit zde pour
leurs intérêts. Il fut écouté fans
doute favorablement; il trouva &
hommes & argent en abondance ;
^ il vit à fes ordres jufqu'à trcnfr
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A3^ CI
cens cohortes ou trente légions l
formées des difFérens peuples d'I-
talie ; puifTance formidable» &
qu'il n'eil pas à croire qu'il ait
réunie enfemble en corps d'ar-
mée , mais qui doit faire conce-
vpir combien grandes étoient Tes
forces ^ & combien a voient lieu
de trembler ceux qui l'avoient
cb^Hç de Rome.
Pendant ce tems-là arrive C*;
Marius , qui jufque-Ià s'étbit tenu
en Afrique. L. Cornélius Cinna
fe hâta de le recevoir , & le dé-
clara Proconful. Alors ) il marcha,
contre Rome > & en forma le
flege avec quatre armées , qui fe
pofterent , 1 une ayant C. Marius
pour chef au-deflbus de la ville
du côté de la mer ; l^autre com-
mandée par Sertorius , au-deilus*.
L. Cornélius Cinna lui-même Sd
Carbon prirent leurs quartiers en-
tre ceux de C* Marius & de $çr-i
torius. Leur premièrç attention,
fut d*affamer la ville l ce qui leur*
fut aifé , parce qu'ils étoient maî-
tres du Tibre. La difette augmen-
tant de jour en jour , commença;
à exciter les pkintes & les ippr-^
mures de la multitude ; de forte
qu^ le Sénat découragé, & ap-.
préhendant que la ville ^e fût
prife de force , ou livrée par tra-;
hifon^ envoya des députés à L.
Cornélius Cinna pour traiter d'ac-
commodement.
L. Cornélius Crnna les arrêta,
tout court 9 en leur demandant fi,
ceux qui les envoyoient , le re-
connoiflbient pour Conful. Ils
n'ayoient point , ce qui eft affez
furprenant, d'inûrudions fur cet.
article 9 & îU s'en reto^irnerça^/
CI
fans aroir même entanné tané'^
godation. Cette démarche de foi-
bleife que le Sénat avoit faite,
n'eut donc d'autre fruit que d'ac-
croître la conflernation de ceux
qui lui étoient attachés » & de
rehauflèr le courage de Tennemi.
Il ne reftoic d'autre reiFource à
cette augufte compagnie que de
tranfi^er avec L. Cornélius Cinna,
aux conditions les plus dopces
qu'il feroit poffible d'obtenir. La
plus grande difficulté c'étoit de loi
rendre le confulat , L. Cornélias
Mérula en ayant été revêtu ; mais,
celui-ci , par amour pour fa pa-
trie f confentit. a l'abdiquer.
Alors, on envoya de nouveaux
députés à L. Cornélius Cinna,
avec ordre d^ le reconnoître pour
Conful; Leurs inAruâions étoient
fort cotâtes. Ils n'étoient chargés
de den^ande;;r autre chofe à L.
Cornélius Cinna , ilnon qu'il jurât
d'épargner la vie des citoyens. Il
ne da^a. pas, (aire de ferment,
& voulut qu'<H) fe contentât de la
parole cpi'il donnpit de ne caufer
volontairement la mort à per-
fonne. On va voir comment il
tint cette p^ole ; jmais , il n'auroit
pas été plus fidèle au ferment. Il
ajouta un avis pour.Cn. Oâavien:
Qu'il ncfcM^arde point à pam'
tre en puèljç f dit^ii aux députés,
de peur, que. contre mon gré il ne
lui arrive malheur. Il donna cette
audience étant affis fur fon tribu-
nal i ayant ^vant lui fes Liâeurs»
& environné de tout l'appareil de
h majeflé confplaire.
L. Cornélips Cinna , fe voyant
vainqueur,, tint un grand confeil
avec Ç. Marius & les principaux.
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CI.
tliefsde leur parti, pour délibérer,
fur la manière dont ils uferoienr
cle la viâoire. Il fut conclu que
ians s'embarraffer des paroles
données aux députés du Sénat ,
ils feroient mab-bafTe fur tous
leurs ennemis; afin que leur fac-.
tîon , demeurant feule maîtreffe
du gouvernement , difpofât de
tout avec une entière autorité. ^
. Cependant , le Sénat , qui igno-
roit cette crpejlp délibération , ne
tarda pas à envoyer de nouveaux,
députés pour inviter L. Cornélius
Cinna & C. Marius à entrer dans
la ville. Car , on avoit ajouté ex-
preffément le nom de C. Marius „
parce qu'on fçavoit fort bien que
c'étoit lui qui étoit Tame de tous
ces mouvemens , & que L. Cor-
nélius Cinna , k. propren;ient par-
ler, ne faifoit quejui prêter Ton
nom. L. Cornélius Cinna fit donc
fon entrée , précédé de Tes Lic^
teurs, & environné de fes gardes.
Auffi-tôt Rdme fut livrée a tou-
tes les horreurs de la guerre. Tou-
tes les portes de la ville furent
fermées , afin que perfonne ne
pût s'enfuir ; & fous prétexte de
cKercher les ennemis de C. Ma-!
rîus , les foJdats fe, répandirent
4ans, tous les quartiers. Un très-
grand nombre de citoyens furent
tués. Tes femmes déshonorées, les
Qiaifons pillées.. En un niot, Ro-
me fut traitée comme une ville
prife d'afTaut.
L'année fuivante , L. Cornélius
Cinna fe nomma Conful avec
C. Marius fans aucune forme
d'afTemblée ni d'éle£lion. Il le fut
encore avec Carbon Tannée d'a-
j)rès, qui. étoit la 667.^ de Rome ;
Cl 2n
& comme fl cette dignité lui fût
devenue propre , Tannée fuivante
Ten vit revêtu pour la quatrième
fois. Cette année fut en même
tems la dernière de fa vie. Sa >
mort eÙ. racontée <jifféremmenc
par les Auteurs.
Selon Plutarque , Poiftpée J
quelque tems après fon mariage
avec Antiûia , fe rendit au camp
de L. Cornélius Cinna , où il fut
d'abord en butte à la calomnie.
Ç'efl (Pourquoi , croyant avoir
tout à craindre d'un Général com-
me celui-là , il fe déroba fecréte-
ment. Comme on ne le vit plus
paroitre^ il fe répandit auffi-tôt
un bruit dans l'armée que L. Cor-
nélius Cinna Tavoit fait tuer ; &
fur le moment ceux qui haïflbient
L. Cornélius Cinna , & qui ne
pouvoient le fupporter accouru-
rent pour fe jetter fur lui. Il prit
la fuite , & ayant été atteint par
tin capitaine , il fe jetta d'abord à
fes genoux & lui préfenta fon an-
neau qui lui fervoit de cachet , &
qui étoit d'un fort grand prix. Le:
capitaine répondît avec infolence :
Mais , je ne viens pas pourfceller "
un Contrat , je viens pour punir un
Tyra(i injufte & impie , & le tua.
Appien donne un autre motif
à la (édition des foldats , & voici
comment il rapporte la mort de
L. Cornélius Cinna..
Sylla , qui avoit fait la paix
avec Mithridate , fe préparoic à
revenir en Italie. L. Cornélius
Cinna & Carbon , s'étant déclarés
eux-mêmes Confuls , levèrent
auffi-tôt de nouvelles troupes ,'
dans Tintention de les faire pafler
par mer dans la Liburnie , &
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^U C I
d aller à fa rencontre. Ceax quî
pafTerent les premiers , abordè-
rent heureufement ; mais , ceux
qui les fuivirent , furent repoufles
par la tempét* for les côtes de
lltalie. Les foldats , étant fortis
des vaiffeaux , déclarèrent qu'ils
«te vouloiênt point faire la guerre
contre leurs citoyens, & ^ reti-
rèrent dans leur païs. Leur exem-
ple fut fuiri par le refte des trou-
pes , qui refufa de $*eml»rquer.
L. Gornélius Cinna indigné fit
convoquer une affemblée pour
reprocher à fes foldats leur défo-
béiffance , & peut-être pour les
en punir. Ils s'y rendirent y la co-
lère peinte fur le vifage , & irès-
difpofés à une révolte ouverte ,
lorfqu'un Lideur , qui vouloir
faire faire place à L. Cornélius
Gnna , frappa un foldat qui ne fe
langeoit pas affez vite. Un cama-
rade de celui-ci maltraita le Lic-
teur. L. Cornélius Gnna ayant
Toulu faire arrêter ce foldat , auifi-
tôt le camp retentit de cris af-
freux , les pierres volèrent dô
toutes parts , & ceux qui étoient
auprès de L. Cornélius Cinna
le tuèrent,
C'étoît un gain pour L. Cor-
nélius Cinna , comme le remar-
Îue Velleïus Paterculus , de périr
ans une fédition de foldats. n
méritoit les plus grandîs fupplices ,
6c il ne pouvoir les éviter , s*il fût
tombé emre les' mains de Sylla
vainqueur. Mais , quant aux élo-
ges que le même Auteur donne à
Ion courage & à fa bravoure, il
eft fort douteux que Ton doive y
foufcrire. Dans tout ce qu'a fait
L. Cornélius Cinna $ on ne voit-
Cl
que les intrigues d'un faffieux; &
s'il domina pendant trois ans dans
Rome , il en (iit redevable à l'ab-
fence de Sylla , & non pas à foa
propre courage.
Au reAe , la narration de FIu-
tarque, touchant la mort de L«
Cornélius Cinna, efttrès-fiifpefie,
quand on l'examine de ptès. Il dit
Sue Pompée étoit dans le camp
e L. Cornélius^ Cinna , c'étQÎt
apparemment pour fervir foqs ki*
Or, ce fait ne paroît nallement
i^raifemblable ; car « il e(k confiant
far le témoignage de Velleins
atercnlus , & par dlm de Tau-,
teur de TÉpitonie de Trte-Livet
?ue Pompeius Strabon , père de
ompée , après avoir long-tems
'reflé neutre entre les deux par-
tis , pour être en état' de choi-
fir celui qui lift feroit le plus avan-
tageux , le déclarai eiifitt contre L«
Cornélius Cinna , à quî il liv^
bataille fous les murs de Rome.
n eft encore certain , par Qcéron>
Par Velleïus Paterculus & pat*
iutarque même , que Pompée
fervit fous fc«i père dans la guerre'
Contre L. Cornélius Cirina. I^u-
tarque rapporte tnéme^le celui-
ci fubornaunr Ludtt^ Téreiitius,
3ui iaifoit chambrée avec fe jeune
ompée , & qui s'engagea à Vzf^
fafliner , pendant que d'autres
conjurés dévoient mettre le feu à
la tente du père. Ottnepeuteit*
cote douter que Pompée , aprè»
le retour de Sylla , n'ait pris hau-
tement fon parti, & Ton fçsfit les
férvices importaiii qu'il lui rendit*
A la véritfé , Appien ditqiie lô'rf-
que Syllâ revint en ItaBe , Pom-
pée tao pafToit pas pôuf dere
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CI
|)orté ponr lui ; msis sll eft vrai
que Pompée ait eu quelque cha-
grin contre Sylla , il ne dura pas
long-tems , & il fe déclara pour
kii quelque tems après fon retour*
. De tous cet faits , il faut con-
clure qu'il n'eft point croyable
Se Pompée , après la mort de
1 père , fe (bit lié d'intérêt avec
les ennemis de fa maifon , qu'il fe
foit livré lui-même à un homme
qui avoir voulu le £iire tuer par
une noire trahifqn , & que dans
h fqite il ait repris le parti de
Sylla qu'il avoit abandonné ; &
fi ces faits font vrais , Phitarque
eft înexcufable de ne les avoir pas
marqués précifément , foit pour
édaircir fa narration , & pour
prévenir l'embarras d'un leâeur
attentif, tout étonné de voir Pom-
pée dans le camp de fes plus cruels
ennemis , (bit pour faire remar-
quer la l^ereté de Pompée, puif.
que Plutarque dit lui-même que
ton but principal eft de peindre le
caraâère & les mœurs , & de
faire le portrait del'ame. Mais,
cette inconftance de Pompée,
quoiqu'elle ne foit pas morale-
ment împoiBble , ne doit pas être
iuppoféey lorfqu'aucun Hiftorien
n'en parle pas formellement;& cet-
te circonftance de la narration de
Plutarque fuffit feule pour la hne
rejetter. Il faut donc s'en tenir à
ce que dit Appîen ; car » il ne pa-
roît pas poflibte de conciBer ces
deux narrations.
Un Sçavam Ta pourtant voulo:
faire , on plutôt des deux il n'en
a fait qu'une, en ajràtant à Tune,
& en retranchant à l'autre ; ç'eft
Freinsbémins. Quoique l'ouvrage
C I 13>
de cet Auteur en général foit très-
bon y on ofe dire qu'en cette occa-
fion il a prévariqué contre les rè-
gles de l'hiftoire. Dans le 83.6 li-
vre de fes fupplémens fur Tite-
Live , en rendant compte de la
mort de L. Cornélius Cinna , il
adopte d'abord le commencement
de la narration de Plutarque , St
après avoir dit que Pompée fut
obligé de fortir du camp , & que
les foldats crurent qu*il avoit été
tué , il pafle au récit d'Appien ; &
fupprimant tout ce que cet Hif-
torien dit du refus que les foldats
firent de marcher contre Sylla ,
ri raconte que L. G)rnélius Cin-
na s'avançant peur appaifer (es
foldats irrités contre lui , parce
qu'ils te croyoient auteur de la
mort de Pompée , fon LiâeUi^
frappa un foldat » 6c le refte qut
eft dans Appîen ; puis il reviens à
Plutarque fur la manière dont iiit
tué L. Cornélius Ciifha. Ainfi, it
a compofé fa narration de cir-
conftances, qu'il appliqué à des
£iits , dont ne parle pas l'Auteuif
d'où il les a tirées ; il rejette ce
qui pourroit h\re connoirre la
différence qu'il y a entre Plutar-*
que & Appien , & H induit airifi
en erreur ceux qui ne liront pas
les orieinaux , & qui s'en repôfe*^
ront fur bi.
On peut apprendre ck ces ré-
marques critiques » qui font de
M. SecoufTe , avec quelle précau-
rion il faut lire certains Auuenrs ,
Bc Combien if y a peu à compter ,
fur ce qu^Us nous racontent quel-
3uefois. Les Anciens & les Mo^
emes (ont dans ce cas afTei fré-
quemment; Un peir de Fy frbûûift
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tne, , en fait d'hiftolre , loin de
nuire , peut devenir très- utile ,
fur tout s'il donne lieu à des re-
cherches , qui Raflent diâinguer la
Xérité du menfoiige.
CINNA [ L, Corn. ] , (^)
L, Cornélius Cinna ^ A. Kcpvm'a/oç
iCwaç, préteur l'an de Home 708.
Ce fut un de ceux qui eurent part
9U meurtre de Céfar. Peu de tems
g^rès qu'il eut été aflaffiné, L.
Cornélius Cinna , s'avifa un jour
d'inveâiver contre loi d'une ma-
nière ou trageufe. Il alla jùfqu'à fe
dépouiller des ornemens de fa
inagiftrature , qu'il difoit avoir
f eçue d'qn tyran contre les loix*
Le peuple , à qui la mémoire de
Çéfar étoit chère , témoigna fon
indignation par des clameurs . 6c
par des menaces .co^ue L. Cor-
nélius Cinna.
' CINNA [ Helvius ] , HeU
vins Cinna , (J?) tribun , qui étoit
un des amis de Céfar. La nuit qui
précéda le meurtre de ce dernier ,
Helvius Cinna eut un fonge affez
étrange. Il iongea , dit-on , que
Çéfaf rinvitoii à fouper , & que
comme il le refufoit , Céfar le
prit par la main « & l'entraîna
malgré lui y quelque réfi(lance
^a'iipût faire. Dès qu'il eut ap-
Î>r;s que l'on brûloic dans la place
e corps de Céfar , il fe leva 6c
alla lui rendre les derniers hon-
neurs , quoique ce fonge lui de-
meurât toujours* fur le cœur , &
qu'il eât même la fièvre. Dès
qu'il partit fur la place , quelqu'un
(^) Appîati. p. ^04. ?lut. Tôm. I. p.
991. Crév. Hili. Rom.T. Vllf. p. &%.
, •(*) Plut. T, I. p. 740 t 99λ Appian.
p. $11. Crév. Hitt* Rom* Tom. VUL p.
CI
du penple dît fon nom à un antre
qui le demandoii; cet autre ledit
à fon voifin , & dans le moment
il courut de bouche en bouche
que c'étoit un de ceux qui avoll»
tué Céfar ; car , parmi les conju-
rés , ainfi qu'on l'a dit dans Tar-x
tîcle précédent > il y en avoit un
qui portoit auffi le nojm de Cin-
na ; & lé prenant pour ce meur-
trier, tout le peuple fe jetta fur
lui , & le mit en pièces dans la
place même.
Ce malheureux , félon Pl^itar*
que , étoit un poëte. C'étoit peut*
être celui dont il eft parlé ci-;
après.
CINNA [ Cn. Cornélius ] i
Cn. Cornélius Cinna y (c) petit
fils , ou arrière-petit fils de Pom-
pée, étant fils d*une petite fille Je,
ce grand hpmme. Il ne fut point
héritier des qualités éminentes d9>
fon ayeul ; car , ce fut un homme,
de peu de mérite. Il fut dinpncé à
Augufle,comme chef d'une conju-^,
ration tramée contre lui.C'étoit ui»
des complices qui donnoit cet avis»
ic il marqua le lieu , le tems , les>
arrangemens pris pour tuer l'Ém-^
pereur , pendant qu'il offriroit ui»
facrifice ; de façon que le crime
étoit avéré , & ne poùvoit fouffrir
aucun doute. Augufle réfolut de
faire juftice du perfide Cn. Cor-
nélius Cinna , & indiqua à cet
effet pour le lendemain un confeil
de fes amis. .
L'intervalle de la nuit donna
lieu à des réflexions , dont il fut
U) Crév. Hi(i, dss Emp. Tom. U
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• CI
tlolemment agité » n'envifageant
qu'avec une lone d*effroi la né-
çeffité de condamner un citoyen
de la plus haute noblede , 6c qui ,
à ce feul article près , étoic fans
reproche* Il ne pouvoit plus fe dé*
terminer à ordonner la mort d'un
coupable , lui qui autrefois avoit
diâé en foupant avec Marc-
Antoine f redit de la profcription.
Ayant donc contremandé Tes amis,
& ayanç appelle Cn." Cornélius
Cinna feul , il fit fortir tout le
inonde de fa chambre , lui ordon-
na de s'aiTeoir, & lui parla en ces
termes : n J'exige avant tout ,
99 que vous m'écoutiez fans m'in-
19 terrompre, que vous me laif»-
9> fiez achever tout ce que j'ai à
a> dire , fans vous récrier. Lorfque
•» j'aurai fini , vous aurez toute
99 liberté de me répondre. Je vous
99 ai trouvé , Cinna , dans le camp
9» de mes ennemis. Vos engage-
n mens mêmes contre moi n'e-
st toient pas l'effet d'un choix qui
9> pût changer , mais une fuite de
99 votre naiâance. Dans de telles
99 circonftances , je vous ai accor-
3» dé la vie , je vous ai rendu
» votre patrimoine. Vous êtes
99 aujourd'hui fi riche, & dans
M une fitùation fi florifiante , que
99 plufieurs des vainqueurs portent
n envie à la condition du vaincu.
I» Vous avez fouhaité un (àcerdo-
M ce , 6c je vous l'ai donné par
1» préférence fur des compéti-
99 teurs , dont les pères àvoient
>» combattu pour moi. Après que
99 je vous ai comblé de tant de
99 bienfaits , vous voiliez m'affaf-
p finer. u
(«) QuintlU L. X. c» 4,
-Cl 2^7
A ce mot, Cn. Cornélius Gnna
s'étant écrié qu'une telle fureur
étoit bien loin de fa penfée:
w Vous ne me tenez point paio-
M le , reprit Augufte;nous étions
f> convenus que vous ne m'in-
9} terromperiez point. Oui , je
» vous le répète , vous voulez
i> m'afTaffiner. <c II lui expofa en
détail toutes les circonftances «
tous les apprêts ; il lui nomma les
complices ; 6c en particulier celui
qui devoit porter le premier coup,
n finit cn lui^ difant : n Je vous
1} fais grâce de la vie une féconde
9} fois , Cinna. Je vous ai épargné 5
» quoique vous fuffiez mon en-
99 nemi ; je vous pardonne mainw
» tenant que vous avez ajouté à
n ce titre ceux de traître & dé
» parricide. Commençons aujour-
» d'hui à être amis fincerement ;
n piquons nous d'émulation , mol
» pour foûtenir mon bienfait,
» vous pour y répondre ; effor-
» çons - nous de rendre douteux
>i s'il y aura de ma part plus de
» générofité , ou de la vôtre plus
n de reconnoifiance. a
A un langage fi noble, il joignit
les effets» Il donna à Cn. Corn. Cin-
na le Confulat pour l'année fuivan-
te , fe plaignant obligeamment de
la'circonfpeâion timide qui l'avoît
empêché de le demander .L. Cor-*
nélius Cinna,de foncôté,fit preuve
de fenfibilité & de bon cœur. Il
devine ami fidèle du Prince, à
qui il étoit deux fois redevable de
la vie , & en mourant il l'inflitua
fon feul héritier.
ClNNA[C.HELVius],(tf)
C. Helvius Cinna , poëte Latin |
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Jlyi CI
qui vtvoh du tetns des Trmmvîrsl
Il avoit compofé un poëme en
vei% hexamètres, iatmléSmyrna,
dans lequel il décrivoit Tamour
incedueux de Myrrha. Plufieurs
Auteurs en ont fait mal à propos
une tragédie , qu'ils ont appeiiée'
. la Smyrne de C. Helvius Cinna ,
& n'ont pas fait attention ^ue
9',uvf>vci en Grec, étoitla mêms
chofe que Myrrha, & que les vers
que Servius & Prifden nous ont
coniervés de cette pièce j^ quoi-
qu'en* petit nombre, fuffifent pour
ùïre voir , que ce n*étdit pas une
pièce de théâtre.
M. de la Monnoie a repris le
S te Briet , de ce qu'il dit de C»
elvius Cinna , dans l'introduc-
tion à Ton livre ïnntuléiAcutè diBa
vtterum Po'étarum Latinorum* Le
père Briet ayant lu , dit - il ,
ces mots dans le recueil d'ancien-
nes épigrammes , donné par
Pierre Pitliou en 1590, In corn-
mentarium L* Craffiùi grammatici
in Smymam. C. Helv'ù Cinna ; &C
trompé par le point mis mal à
propos après Smymam , crut que
C. Helvius Cinna étoit Tauteur ,
non feulement de Tépigramme uni
CraJJitio, qui étoit autant contre
C. Helvius Cinna lui-même, que
conue Craflitius , mais encore des
quatre fulvantes , dont la premiè-
re a pour titre , de Achille , la fé-
conde , de Telepho , les deux au-
tres , in Xerxem^ La faute du père
Briet, ajoute M. de la Monnoie ,
â entraîné M. Baillet& beaucoup
Cl #
d'autres dans la même m^riiê;
Maîsy M. de la Monnoie s*eu lui-
même trompé ; & ce que le père
Briet dit , eft iufte.
CINNAMOMINUM , {a)
Cinnamomimum , forte de parfum
dont la compoûtion étoit de^ran-
de dépenfe.
CINNAMUS [ PuBLius ] i
Publius Cinnamus. (^) Noos ne
le connoifFons que par fon tom-
beau. Le fens de llnfcription eâr
tel : Publias ConfcHus Ariftus a
fait faire ce monument pour PU"
blius Cinnamus fon cher fils d^un
fi doux naturel. Il Va fait avffi
pour lui-même , pour fes affran^
chis 6* fes affranchies j 6* pour
leurs defcendans.
CINNÉRETH [ LE Lac de ] ,
ou LE Lac DE Cenereth. Foyei
Cénéreth.
CINNlUS,Cw/ii«^,(c) étoît
un furnom d'Apollon. tX Ber-
nard^de Montfaucon met ce fur-
nom d'Apollon ail nombre dei
furnoms locaux de ce Dieu.
CINOBELLINUS , CinobeU
linus » {d) roi d'un peuple de la
grande Bretagne > (ous l'empire
de Cabgula. Il chafla fon fils Ad-
minius, qui alla fe rendre aux Ro«
mains , d'où l'Empereur prit oc«
cafion de s'atuibuer un triomphe
chimérique fur toute la grande
Bretagne , vers l'an de Jefus-
Chrifr40. L'Hiflotre donne enco-
re deux fils à Cinobellinus, iça-
voir ,Caraâacus & Taeodumnus»
La réfidence ordinaire de ce Prin*
(^) Antîq. expL par D, Bem* dei {e) Antiq. expl. par D. Bem. dr
Moncf. Tom. III. pag. «07. i Monti. T. I. p. 107.
ih) Suppi' ^ TADciq. ezpl. par D. | {d) Crév. Hift. des £mpt Tom. U.
Bcrn. de Momf. Xoab V. p. 6g» Ip. 50» H%» \^*
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Cl
ce étoit la ville de Camolodu-
CINQUIÈME , terme de col-
lège. Oeft le nom , que l'on don-
ne à la cinc^îème des clafles des
humanités, en commençant à
compter par la rhétorique, qui eft
la première c» dignité.
Cinquiènr^e fe dit encore du
lieu , de la falle , oh s'affemblent
les écoliers de la Cinquième claf-
fe, pour recevoir les leçons du
profefleor , & y faire les exerci-
ces de cette tclafie.
CINTIUS, Ci^/iw, (tf) offi-
cier Romain , qui fut chargé de
radminiflration de la Syrie, Tan
de Jefus-Chrift 63 , fous l'em-
pire de Néron. Les éditions or-
dinaires de Tacite portent Cin-
cius , ou Cintius. M. Crévier ,
dans fbn Hiftoire des Empereurs ,
lit Ceflius; & pour juAifier ùl
correâion , il ajoute cette note :
i> J'adopte la correâion que Pi-
n ^ghius a fahe fur le texte de Ta-
» cite , qui porte par erreur Gn«
If cius ou Cincius. Celui , dont
» il s'agît ici , eft un Ceftius qui
». commença la guerre contre les
» Juifs ^ & qui ayant afliégé Jé-
n nifalem , fut repouffé avec
p perte & ignominie^ a
CINYPHE, Cinypbus, K/k-
««ç « fleuve , le même que le
Cinyps. Fyy^i Cinyps.
. aNYPS. Cinyps, K.W. (*)
fleuve d'Afrique , dans la ré^on,
appellée Tjripolitaine , vers le
commencement de la grande
CI 139
Syrte, en de-çà du promontoire
de Céphales, an-deffus de la
grande Leptis.
Hérodote dît que ce fieove
avoit (a fource dans une colline
nomo^ée le mont des Graces,qu'il
traverfoit le pais d'une nation ap-
pellée MacM ^ & fe jettoit dans la
mer. Selon Strabon , il y avoit un
mur bâti par les Carthaginois , . &
un pont , à la faveur duquel on
pafloit quelques mauvab fonds
qui avançoient dans le pais* Ce
fleuve , qui étoit fort petit par rap-
port à rétendue de fon cours , eft
préfentement nommé Magro.
CINYPS, Ci/2y/7^, Klw-i^. (c) .
contrée de l'Afrique Tripolitaine,
fituée entre le mont des Grâces &
la Méditerranée, & traverféepar
le fleuve Cinyps, qui lui donnoit
fon nom«
Selon Hérodote , il n'y avoit
point de païs , oui f^t plus propre
pour le bled , oC qui eti produisît
davantage. Auffi , la terre en
étoit-elle noire , & humeâée de
fontaines ; elle n'appréhendoit ,
ni les féchereffes , ni les grandes
pluies, quoiqu'il plût dans cet
endroit de l'Afrique. Ce pais ne
rapportoit pas moins que la con-
trée deBabylone. Celle des Évef-
pérites étoit auffi fort bonne ; &
dans les meilleures années , elle
rendoit le centuple; mais, le pais
de Cinyphs donnoit trois cens fois
davantage qu'il n'avoir reçu.
C'eft préfentement le pais de
l'état de Tripoli , entre le mont
(4) Tadt. Annal: L. XV. c. t^.lp, 147. Pomp* Mel. p. ti.
Cfév. Hift. des Emp. Tom. II. p. 191. | (0 Hcrod. L. IV. c. 198. Plîn. T. I,
(k) Serai), pag. 835. Herod. L. IV. c.lp. 147.
M7^. Ptolcm. L, IV, c. }. Pliai Tom. 1. 1
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'^O Cl
Garian & la mer Méditerranée.
CINYPS , Cinyps , klru-^. (a)
Virgile ayant dit dans fes Géorgi-
ques : '
Nec minus inter uicmrbas incana^
que m, «I^q
Cinypbii tonde -^ hirci ^ fetafquc
^comai.îes ;
Ufum in caflrorum & miferis vela^
mina nantis.
Le grammairien Probus en a
pris prétexte de mettre en Afri-
que au païs des Garamantes , une
ville & un fleuve du nom de Ci-
nyps. Servius avoit beaucoup
mieux dit , [ Cinypbii hirci ] Li-
byes à ftuvio Cinyphe , c*eft-à-
dire , les boucs Cinyphiens , ou
de Libye à caufe du fleuve Ci-
nyps. Tous les bons commenta-
teurs de Virgile ne cherchent
point d'autre origine à ce mot
Cinyphii^ que le nom de ce fleu-
ve , au bord duquel on nourriflbit
des chèvres.' Rien n'empêche
qu'on ne l'entende aufl[i du pais
de même nom ; & cela convient
mieux qu'à cette prétendue ville ,
dont Probus eft vraifemblable-
ment le fondateur. Le P.Catrou,
dans fa traduâion de Virgile ,
change le vers , & au lieu de
Cinyphii tondent hirci , fetafque
V comantes , il veut qu'on life ,
Cynipbiis tondent hircis fetafque
comantes.
On ne dira rien du change-
ment du génitif Cinyphii hirci, en
un datif pluriel Cinyphiis hircis.
CI
'II peut être atrivé que la lettre i
à,^ fêtas ayant fait omettre à quel-
que copifte celle du mot hircis ,
des Grammairiens trouvant hirci ,
aient retranché âuflli Vs de Ciny^
phii ; mais , pour le changement
'd'orthographe,on eft furpris que ce
Père l'ait hazardé. Quand tous les
manufcrits & toutes les éditions de
Virgile auroient Cyniphii ou Cyni-
phiis 9 ce (eroit toujouts une faute
qu'il faudroit corriger,far l'autori-
té de tous les Hiftoriens & de tous
les Géographes qui ont eu occa-
fion de parler de Cinyps , n'y en
ayant pas un , ni Grec ni Latin ,
qui n'ait écrit la première fyllabe
de ce nom par un i fimple.
CINYRAS, Cinyras', (h)
Klfvfet^^ roi de Chypre , ou d'A(-.
fy rie félon d'autres , eut de Cen-
chris fa femme, une fllle nommée
Myrrha , dont il fut aimé, & qu'il
reçut dans fon lit fans la connoî-
tre , & de laquelle il eut Adonis.
Il étoit fi puiflant , que fes richef-
fes ont donné lieu au proverbe
Cinyra opes. On dit que fon
royaume fut détruit par les Grecs,
auxquels ilavoitmanqué de parole,
après s'être engagé de leur fournir
des vivres au hege de Troye. H
eft compté parmi les anciens de-
vins , & on veut qu'il ait été l'a-*
mant & le prêtre de Vénus , &
qu'il ait eu cinquante flUes méta-
morphofées en alcyons » ou en
pierres.
Quant aux rapports prétendus
que M. le Clerc trouve entre Ci-
rynas & Noé , ils font fi forcés ,
(*) Virg. Georg. L. III. v. jn. ir-fi». | Metam. L, X. Myth. par. M. TAbb. Bai^.
(»; Tacic. Hilt. L. II. c. 3. Ovid.lX, III. p. 13. é^/mv.
qu'il
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CI
3' Q*îl feroit inutile d'en faire \A la
ifcuflion. Sans s'arrêter aux au-
tres difficultés > comment les par-
tifans de cette application fe dé-
barrafferont-ils de ranachronifme
grodier dans lequel ils s'engagent?
Tout le monde fçait la grande
étendue de tems qu'il y eue entre
Noë & la prife de Troye. Eft-il
aifé de rapprocher deux hommes
il fort éloijgnés l'un de l'autre , &
de fuppo(er avec vraifemblance
qu'ils aient été contemporains ?
On trouvera à Tartide de Myr-
rha une hiftoire abrégée de Tes
incefles avec Cinyras, auffi * bien
qu'une explication de cette fable.
Voy€7^ Mvrrha.
CINYRUS , Cïnyrus , (j)
X/rrpoç , fils de Scintharus , étoit,
au rapport de Lucien i un grand
garçon , de belle taille , & fore
bien fait. Il devint amoureux
d'Hélène , & elle de lui^ Leur
amour ne put être long-tems ca-
ché ; car , ils fe faifoienc mille ca-
refies a table; 6c quelquefois après
le repas ils s'éearoient tout ieuls
dans la forée. À la fin , ils réfolu-
rent de fe retirer dans quelqu'une
des ifles voifmes. Ils prirent la nuie
pour l'exécution de leur deiTein »
& cinglèrent en haute mer , fans
queperfonne s'en apperçût,
CIOS , Cios , Kreç * {b) ville
de l'Afie mineure dans la Bithy-
nie. Pline dit que ç'avoit été une
ville de commerce pour la Phry-
cie, qui en étoit voifine , & que les
Miléfiens l'avoient bâtie , quoique
dans le lieu nommé Afcanie de
(/») Lucian, T. I. p. y6% , 765.
{b) Hin. T. I. p. »89.
\c) Ovid. Metam. U XV. c. 11. l
Tm. Xt.
c I £4t
Phrygle. G'eft la même ville que
Cius. Voye7CX\xs.
CIPPUS [M. GÉNUTitJS ] ,
M. Genutius ^' — us , (c) apper-
çut des corner ' ' Ion front en fé
regardant dan. J^t e; 6( s'ima-
ginant que c'éto. ne illufion, ôc
que fes yeux étoie "h trompés par
Quelque fantôme qdi avoit pris fa
ùgure 9 il porta plufieurs fois its
mains fur fa tête « & touchs^ ce
qu'il avoic vu. Cela l'obligea àé
s'arrêter comme il revenoit vifto-
rieux des ennemis du peuple Ro-
main ; 6c levant alors au ciel les
yeux & les cornes : ô Dieu , dit-
il , quoi que ce prodige nous puijje
annoncer l Si c'eft une cbofe heU'-
reufe , que ce foit pour la patrie
& pour le peuple de Rome ; &t s* il
n annonce que des malheurs y qu'ils
tombent feulement fur moi^ En mê-
me tems , il fit brûler de l'encens
fur un autel de gazon ; il remplit
des coupes de vin , di immola
deux brebis pour chercher dans
leurs entrailles l'explication de ce
prodige. Lorfque le devin les eut
regardées, il y vit de grandes
cho(*es , fans être pourtant éciairci
de rien. Mais , dès qu'il eut levé
les yeux de deflus les entrailles
des viâimes 9 & qu'il eut confidé-
ré les cornes de M. Genutius Cip-
pus : Je vous falue comme Roi ,
dit- il. Rome & l'Italie vous obéi-
ront & obéiront à vos enfans ; d»
les cornes que vous ave^ , font des
préfaces infailUbes que vous por^
tere^ la couronne. Ne diffère^ donc
pas davantage , hdte^^vous d'en-
IMyth. par M. PAbb. Ban. Tom. Vllf,'
p. 70. & faivt
Q
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2^1 Cl
trer dans la ville , les deftîns le
veulent & vous le commandent ;
/vous n'y fere^ pas plutôt entré
quon vous en donnera l'empire ^
& vous y regnerei long-tems en
paix , Prince aimé de votre peuple,
& redouté de vos ennemis.
M. Géhutius Cippus , ayant
oui ces paroles , fe retira comme
d'horreur ' de celui qui les pro-
nonçoit , & détourna Tes yeux de
la ville. Non , non , dit- il , je ne
veux point de cet honneur , &
je prie les Dieux immortels , de
faire tomber autre part les me-
naces de ce préface. Je viveraï
plus jugement dans un exil que
fur un trône i 6» je me hannU
rai moi - même avec plus d* hon-
neur & de gloire ^ que fi fentrois
dans le Capitole avec un fcep"
tre à la main. En même tems, il
manda le Sénat & le peuple ;
mais , avant que de fe préfenter
à rartembléè , il fe couvrit d*une
couronne de feuilles , pour em-
pêcher qu'on pe vît (qs cornes,
Ènfuite , il monta fur une levée
de terre^ qu^il avoit fait faire pour
les foldats , & après avoir implo-
ré les Dieux , fuivant Tancienne
coutume: » Il y a ici quelqu'un,
i> dit-il , qui fera bien-tôt votre
19 Roi , n vous ne le bannifTez de
n la ville. Je ne vous dirai point
91 fon nom » je vous dirai feule-
9> ment les fignes qui vous le fe*
99 ront reconnoitre. Il a des cor-
99 nés fur le front , & les devins
9> vous menacent que s'il entre
9> une fcîs dans Rome , il fera
91 votre fouverain , & vous im-
99 pofera des loix. Il a été en fon
19 pouvoir d'entrer glorieufement
Cl
99 dans la TiUe ; mais, j'a! eu afles
» de courage pour l'empêcher de
» paffer outre, quoiqu'il n*y ait
» perfonne au monde qui me
9> touche de fi près que lui. £m«
99 péchez donc , ô peuple Ro-
» main > qu'il n'entre avec vous
» dans Rome ; & fi vous le ju*
>9 gez digne des fers, chargez (on
99 corps de fers ôc de chaînes , ou
99 délivrez-vous de toute crainte
99 par le meùrue de ce tyran* ic
Si on a quelquefois entendu
fifHer le vent dans un bois planté
de pins , dit Ovide , ou fi quel-
quefois l'on a entendu de loin le
bruit que fent les flots de la mer^
on s'imaginera celui qui s'éleva
des voix confufes d'un fi grand
peuple aiTemblé. Tout le monde
parloit enfemble, tout le monde
étoît étonné , & parmi cet éton-
ne ment ôr la confufion de tant de
voix , on n'entendoir que celle-ci,
qui éclatoit par-defTus les autres :
Qwi eft'ce ? qui efl-ce ? Ils fe re-
gardent tous au front , ils cher,
chent les cornes qui lear font
peur ; mais , pour les tirer de,*pei-
ne , M. Génutms Cippus repre-
nant la parole : Voilà , dit-il en fe
montrant, voilà celui que vous
cherche:^. En même tems » il fe
découvrit la tête , ÔC fit voir les
cornes qu'il avoit au front. Cha-
cun baiue la vue à l'afpeâ de ce
prodige ; l'on en fou pire de dou-
leur , & quoique chacun aimât
une tête Ç\ précieufe & fi illufire,
néanmoins,qui le pourroit croire?
Chacun en détourna les yeux , &
la regarda malgré foi. Mais, on
ne put permettre que M. Génu-
tius Cippus demeurât plus long-.
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CI
tems fans honneur. On lu! remît
fur le front la couronne de fon
triomphe & de fa viâoire; & le
Sénat , le voyant réfolu de ne
rentrer jamais dans la ville , lui
donna autant de terre qu'il en
put renfermer depuis .le ma-
tin jufqu'au foir , avec le fillon
d'une charrue. Pour conferver la
mémoire de la vertu d*un Ci grand
homme, on 6t graver fur la portei
par oîi il étoit fprtî de la ville ,
one tête cornue qui lui reffem-
bloit.
La fable femble avoir repris
cette aventure à l'Hiftoire , com-
me n rhiftoire Tavoit aupara-
vant prife à la fable. En effet ,
elle paroît bien plus fabuleufe
qu'hiflorique ; & jamais hifloire
ne reOembla mieux à une fable
que celle-ci. Néanmoins , quel-
i ques-uns fe font efforcés de faire
j voir que cela pouvoit arriver , &
que cette même humeur ^ de la-
quelle fe forment les cornes des
animaux , peut aufli fe rencon-
trer dans quelques hommes. Ils
rapportent , fur ce fujet, plufieurs
exemples ; & Ton dit même qu'au
fiede dernier-, il fe trouva dans
un bois f un payfan qui avoit une
corne fur la tête. De plus» les
Céraftes qui habitoient Tifle de
Chypre , & qui a voient dés cor-
nes a la tête , pourroient auflî
en fervir de preuve.
Mais , en regardant ce que la
nature peut faire , il femble que
fious ayons perdu le foin de con-
fidérer ce que peut produire la
vertu, dont les ouvrages font
, aoffi merveilleux que ceiax de la
nature. L'intention de cette fable
C I ^45
eft de nous montrer par l'exem-
ple de M. Génutius Cippus ,
qui refufe le royaume, & qui
(e^ bannit lui-même plutôt que
de fe rendre fouverain , que
rhomme de bien n*affeûera ja.-
mais de fe, rendre maître de fou
pais , quelque favorable occafion
qui s'en jpréfente ; qu'il choifira
plutôt Texil ; & tous les maux
qui l'accompagnent , qu'une do-
mination injufle ; 6c que fi fa pa-
trie ne peut être heureufe que
par fon malheur , il aimera foa
malheur qui rendra fon païs heu-
reux. Ainfi , Élius , Préteur ^ fe
rendit célèbre par le choix qu'il
fit lui-inême de fon infortune,
pouvant jouir du bonheur que les
augures lui promettoient. Car, un
jour qu'il étoit fur fon fiege , &
qu'il y rendoit la juftice , un pivert
vint fe repofer fur fa tête ; & l'a-
rufpice ou le devin , ayant été
confulté là-deffus , répondit que
tant qu'Éliùs conferveroit cetoi-
feau , fa maifon feront heureufe ,
N& la république miférable ; mais ,
que n on le tuoit , le contraire ne
mahqueroit pas d'arriver. Élius ,
qui préféroit la gloire de fon païs
à la fienne , le tua auffi-tôt en la
préfence du Sénat. Quelque tems
après, fuivant la réponfe du de-
il perdit à la bataille de
vm
Cannes dix-fept jeunes hommes
de fa maifon , dont le moindre
étoit capable de la rendre glo-
fieufe; ôc depuis la république
triompha de (es ennemis , & fon
Empire devint fi grand qu'il s'é-
tendit par tout le monde.
Ce font là des exemples qui
iont bien dignes d'être imités , &*
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2jU C I
que r.onjpeut imiter. Sylla , Ma-
rius & (jinna , s*en moquèrent
autrefois , &i les ambitieux d'au-
jourd'hui s'en moqueront de
même. Mais » ce n'efl pas le vice
qu*il faut confulter pour fçavoir
le prix de la venu.
^ CIRATARINIENS , Cirata^
fini , {a) peuples de Sicile. Cicé-
ron , qui nous en a confervé le
nom y les range au nombre de
ceux que Verres avoit dépouillés.
Leur ville n'étoit point confidé-
rable.
CIRCÉ , Circe , K//>xm . {b)
fille du Soleil & de la nymphe
Pérfa, fille de l'Océan. Homère
ajoute qu'elle étoit fœur d'iEétès,
roi de Golchos , qui vivoit du
tems des Argonautes^ Mais » félon
Diodore de Sicile ^ elle étoit non
fœur , mais fille d'iEétès , qui
Tavôit eue d'Hécate.
Quelques Auteurs , qui regar-
dent cette généalogie comme une
fable y ont dit que cette Princefle
n'a paflé pour être la fille du So-
leil , que parce qu'elle avoit une
trande connoiHance des plantes
C de la médecine , dont Apollon,
pu plutôt le Soleil , étoit le dieu.
D'autres croyent que cette fic-
tion e(l uniquement fondée , félon
Diodore de Sicile , fur ce que fon
bifayeul s'appelloit ÉliuS| ou
Soleil.
Circé s'adonna à la connoifTan-
ce des herbes , oîi elle réuflit fi
bien , qu'elle trouva plufieurs
remèdes; mais» comme elle /e
CI
fervît de fes fecrets pour fe reii«
ger de fes ennemis par le poifon ,
elle pafTa pour une magicienne.
On dit même qu'ayant époiné lô
roi des Sarmates , ou des bcy thés,
elle Tempoifonna ; ce qui la ren-
dit fi odieufe à (ts fujets » qu'elle
fut obligée de fortir de fon royau«
me pour fe retirer fur les côtes
d'Italie , dans le lieu qui depuis
porta le nom de promontoire
Circéen , fur la mer de Tofcane.
Apollonius affure qu'ApoUoOi
père de cette Princefle , la retira
des mains de ks fujets » qoi voa-
loient la faire périr , 6c la tranf-
porta fur fon chariot en Italie ; ce
qui veut dire qu'elle échappa
heureufeittent , & contre toute
apparence , à la vengeance des
Scythes , s'étant fauvée fur quel-
que vaifTeau à voiles*
Homère donne le nom d'ifle
• d*i£éa , au lieu oii Circé étoit
allée s'établir. Jafon & Médée ,
après avoir tué & coupé par
morceaux le jeune Abfyrte, abor-
dèrent dans cette ifle , pour y
être expiés par Circé. Cette Prio-
cefTe y fœur , ou félon d'autres ,
tante de Médée « les reçut avec
bonté 9 fans les connoître. Us s'a-
vancèrent l'un Ôc l'autre, les yeux
ba^it!ib> & fans proférer une feule
parole, fslon la coutume des
fupplians, jufqu'au foyer, où Jafon
ficha en terre l'épée dont il avoit
tué fon beau -frère. Leur filence
&. leur fituation firent aifénaent
connoitre à Circé qu'ils étoient
(4») Ciccr. în. Vcrr. L. V. c. 8^. (Ban. T. VI. p. 414. é" /«v. Mém. <Jc
{h) Diod. Sicul. p. I73.0?id. Métam. jrAcad, des Infcripc. & Bell. Lett.Tom.
t, IV. c. I , 6. ^ feq. Homer. Odyfl; L. 11. p. ai, 45. T. VII. p. 151. T. XU. p,
:Ki V. ijj. ër /ej. Myth. par M. i'^ljb. Ix»7, ér fniv, T, XVIII. p, iq.
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CI
fugStî& & coupables de quelque
homicide , & elle fe prépara à les
expier. Elle fit d'abord apporter
un petit cochon de lait qui te.toic
encore , & l'ayant égorgé , elle
frotta de Ton lang les maiiis de
Jafon & de Médée. On fit en-
fuite quelques libations à Thon-
neur de Jupiter expiateur. Après
quoi , ayant hit jetter dehors les
refies du facrifice , elle brûla fur
l'autel des gâteaux paîtris de fa-
rine , de fel & d'eau , & acconj-
pagna ces aâions de prières pro-
pres à fléchir la colère des cruel-
les Euménides. Dès que la céré-
monie fut achevée , Circé fit af-
feoir fes hôtes fur des fieges ma-
gnifiques , pour les traiter fplen-
didement. Il efl inutile de dire ici
qu'ayant reconnu fa nièce , elle
la chafTa de fon palais , fad^ ofer
pourtant lui faire aucun mauvais
traitement, parce que Médée
avoit imploré fa proteÛion en état
de fuppliante.
Malgré les autorités fur lef-
quelles ce récit efl appuyé ^ M.
l'abbé Banier croit que Circé n'a
d'autre rapport avec Médée, que
la reffemblance de caraâère ; &
il fe fonde fur le témoignage de
Strabon , qui remarque fort ju-
dicieufement qu*Homère ayant
oui parler de la navigation de Ja-
fon dans la Colchide , & dans le
ville d'^éa , qui en étoit la ca-
pitale , 6c fçachant toutes les fa-
bles qu'on avoir publiées au fujet
de Médée & de Circé , de leurs
enchantemens 6c de la conformi-
té de leurs mœurs , a dit qu'elles
étoient parentes ; & il a été fuivi
en cela par Onomacrite , ôc par
CI ^4j
Apollonius de Rhodes. Que fi
le même Homère a tranfporté le
féjour de Circé au milieu de l'O-
céan , c*étoit pour donner plus
de merveilleuse au récit qu'Ulyffe
faifoit de fes aventures aux Phéa-
ciens , qui aimoient les fictions »
& étoient trop ignorans pour
pouvoir le démentir*
Comme Circé vivoit à peu près
au tems de la guerre de Troye ,
on pourroit croire qu'UlyfTe
abdrda dans le lieu oh elle habi-
toit , & que véritablement il en
devint amoureux. C'efl du moins
ce qu'ont penfé ceux qui afTurent
qu'il en eut un fils nommé Télé-»
gone. Les charmes de cette Prin-
cefTe lui ayant fait oublier le foin
de fa gloire , ainfi qu'à fes com-
pagnons , ils fe plongèrent dans
les plaifirs d'une cour voluptueu-
fe ; ce qui a fait dire à Homère
qu'elle les avoit changés en pour-
ceaux. Et fi l'on a ajouté que Mer-
cure donna à te Prince > une
plante nommée moly , avec la-
quelle il avoit évité les enchan-
temens de Circé , c'efl pour nous
apprendre qu étant enfin revenu
de fes égaremens , il avoit con-
feillé à fes compagnons de fbrtir
d'un féjouf fi dangereux. Cette
plante , fi difficile à trouves, au
rapport d'Homère, efl la pru-
.dencedont UlyflTefit ufage pour
retirer fes fbldats du féjour de U ^
volupté; & l'on doir croire que
tous les cbangemens qu'Homère,
Ovide 6c tous les auires Poètes ,
difent que cette PrincefTe opéroit,
étoient plutôt les effets de fe#
charmes & de fa beauté , que de
fa magie» qaoiqu'Hom.ère fad^^
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2^6 Cl
affez entendre que les breuvages
qu*elle donnoitopéroient ces mer-
veilles, n Vous fçavez , dit-il , ce
n que Ton conte du chant des
» Sirènes , & des breuvages de
91 Grcé. Si Ulyffe eue été auffi
r infenfé , & auffi efclave de Tes
n paffions que ceux de fa fuite ,
n & qu'il eût bu fans précaution
19 dans la coupe de cette magi-
» cienne , ou l'eût vu comme ces
91 animaux , qui n*aiment que la
» fange & l'ordure, traîner une
V vie honcéufe fous Tempire d'une
9> infâme proftituée. «
Pour foûtenir la qualité de ma-
gicienne, qu'on donnoit à Ci^cé,
on alla juîqu'à dire qu'elle poffé-
doîr l'art de faire defcendre les
étoiles du ciel > afin de nous faire
voir que la volupté abrutit les
âmes les plus élevées ; fi toute-
fois on n'aime mieux dire avec
Bochart , [ car les moralités font
bien arbitraires ] , que la fable
des cpchantemens de Circé venoit
du mot Phénicien lat , ou latim ,
qui veut dire enchantemnnt, d'où
cous les Latins ont été appelles
des enchanteurs. Bochart avoit
lu dans les Anciens , que le pais
Latin abondoit en plantes veni-
meufes , 6c propres à faire des
forts &. des enchancemens , ainii
qu'on peut le voir dans Théo-
phra(le , dans Strabon , dans le
Scholiafte d'Apollonius , & dans
pludeurs autres.
Comme la Pfinceffe,dont nous
parlons , excella dans cet art ,
& furpafTa de beaucoup les autres
habitans de ce païs , c'efl fans
Cl
doùtç ce qui a fait dire qu'elle
étoit fille d'Apollon , le dieu de la
médecine , à laquelle appartient
1^ connoiflance des plantes.
Au re(le,ce qu'il y a de plus vrai
dans toute cette Hiftoire,c'eft que
Circé , malgré fes enchantemens
& fes mœurs dépravées , ne
laiila pas de recevoir les hon-
neurs divins; & du tems de Cir
céron , elle étoit encore adorée
par les habitans de la côte d'Ita-
lie , oîi elle avoit fixé fon féjour.
Remarquoiis d'après un fça«
vant Mythologue , qu'il y a eu
deux Circés, qu'on a confondues
dans la fuite. Celle , que Diodore
de Sicile , d'après Héfiode , dit
être petite fille du Soleil, étoit
plus ancienne qu'Ulyfle , puif-
qu'elle vivoit du tems des Argo-
nautes , & qu'elle étoit fœur
d'i£étès. Celle , chez qui Ulyfle
s'arrêta , 6c qui regnoit fur les
côtes d'Italie , vers le tems de la
guerre de Troie , étoit fille de la
première Circé , arrière-petîte-
fille d'Élius , & fœur d'iEétès IL
Comme peu d'Auteurs diftin-
guent ces deux Cifcés, & ces
deux i£étès , Rois de Colchos ,
on ne dpit pas s'étonner de trou-
ver tant d'obfcurité dans cette
hifloire. Bocace , qui eft le My-
thologue dont nous parlons, avoit
pour lui l'autprité de Théodon-
tion , dont l'ouvrage ed perdu.
Ovide ajoute « à tout ce qu^on
vient de dire , que Circé , étant
devenue atnoureufe de Picus , roi
d Italie > le changea en pivert.
CIRCÉEN {a) [ le promon-
. C^») Ptoiem. L. III. Cl it
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CI
toîre ]] , Circaum Prontontorium ,
XMpxaror axpoK. Ce promoncoire
étotc fitué en Italie > auprès de
la ville de Circées , au païs des
Volfques.
CIRCÉEN [ le mont ] , {a)
Mons Circaus , o^pç Jt/f)it«r '• Cette
montagne d'Italie , auprès de la-
quelle on voyoit la ville de Cir-
cées , s'appelle préfentement
monte Circello , dans la campa-
gne de Rome. Elle eft fort haute,
& paroit une ifle , étant envi-
ronnée de la mer de Tofcane vers
le midi , & des Palus pontines au
nord.
CIRCÉES , Circeii , (b) ville
dltalie , au païs des Volfques ,
fituée près du promontoire Cir-
céen , au pied d'une montagne ,
qui fe nomme aujourd'hui monte
Circella. Tarquin le fuperbe , roi
de Rome , voulant étendre les
bornes de Ton Royaume par des
colonies , en envoya une à Cir-
cées , dans refpérance que . cette
place , feroit très utile à Rome ,
tant par terre qie par mer. Dans
la fuite , C. Ma r lus , fi connu fous
le nom de Coriolan, s^étant re-
tiré chez les Volfques., après avoir
été ^banni de Rome , fut mis ,
comme on fçait , à la tête des
armées que ces peuples vouloient
oppofer aux Romains. Pour fa
première expédition , il chafla de
I Circées tous ceux que la républi-
que y avoir envoyés en colonie »
éi remit cette ville en la dépen-
dance des Volfques.
Pline dit que cette ville étoit
(a) Strab. p. 13»,
\ {b) Strab. p. aji , 13a. Tit, Liv, L. I.
I C. 5$. L^ II, c. )9. L. VI. c. ii> 21.
C I 2^7
autrefois entourée de la mer , &
entièrement ifolée; fur quoi il cite
l'autorité" d'Homère. Le père
Hardouin accufe Pline de n'avoir
pas bien entendu le poète Grec ,
& prête à ce dernier une allégo-
rie aflez ingénieufe. n L'ille de.
» Circé , dit-il , c'eft la terre en-
i> tourée par tout de l'Océan ,
» & Homère l'appelle A/aa ,
)i c'ed la même qu'il nomme ail-
n leurs (pvt-il^cûoi oSol , parce
Il qu'elle pioduit'tout ce qui eft
•I néceifaire à la nourriture des
» hommes. Homère donne à
Il Circé un frère, nommé iEétès,
Il c'eit-à-dire , terreftre. Il feint
Il qu'ils avoient l'un & l'autre le
Il Soleil pour père , & pour mère
Il la nymphe Perfa , fille .de l'O-
II céan ; ce ftere de Circé , ou
Il de la Terre , eft la vigueur de
» la terre , caufée par le Soleil ,
Il & nourrie par les eaux de l'O-
i> céàn. Cl C'eft ainfi que les My-
thologues s'exercent à trouver
un fens phyfique ou moral dans
les fixions d'Homère , quoique
vralfemblablement ce poëte n'y
ait ^mais entendu tant de fi-
nèfle. ^
Théophrafte , qui , félon le té-
moignage de Pline, eft le premier
étranger qui ait écrit avec foin
touchant les Romains, parle de
cette ifle dans le livre de l'hiûoire
des plantes , qu'il a écrit fous
Nicodore , magiftrat des Athé-
niens, c'eft- à-dire , l'an de Rome
440 , & dit que l'ifle de Circées
avoir quatre vingts ftades , c'eft-
Plin. T. I. p. 114 , 15» , ijj^Ptolcm.
L.III.c. u
Qiv
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2^i c I
à dire , dix mille pas de grandeur.'
Pline conclut de-là que tout ce
qu'il y a de terre au tour de cette
ifle , outre les dix miUe pas de
circuit , dont on vient de parler ,
e(i un accroidement qui a été
ajouté à ritalie.
Sur les ruines de cette ville, ed
préfenrement un village nommé
Santa Felicita.Ortélius a été trom-
pé , quand il a cru que c'étoit
préfentement Civita Vecchia, qui
^ en eft à environ foixante-dix mil-
ks.
CIRCEIENS , Cicrceîenfes ,
étoient les habitans de Circées.
Voyes;^ Circées.
CIRCÉSIE, Circefium, {a)
Kipnv.mv , ville d'Afie. Eutrope
l'appelle Circeffum , ce qui eft
une faute des copifies ; car , Paea-
nius , Ton tradudeur Grec , dit
fort bien K//»CHWor» avec un r de
trop à la vérité. Jiurrope, 'parlant
de la mort de l'empereur Gor-
dien , dit : n Le foldat lui érigea
n un monument à vingt milles
» de Circeflum , qui eft une for-
» terefTe appartenante encore aux
n Romains , au pied de laquelle
» pafle l'Euphrate» «
La Notice de l'Empire met
Gircéfium dans le département
de rOfrhoëne. Capitolin appelle
cette fortereffe Circeium Cai"-
trum , & dit qu'elle étoit furies
frontières de Perfe. Il prétend q.ue
ç'eft là que fut élevé le monu-
ment , dont il rapporte même
Flnfcription.
Ammien - Marcellin l'appelle
Çercufium , & dit que c'eft une
CI
place forte, très-fflre & bîeflt
bâtie , dont TAbora & TEuphra-
te entourent les murs, & font une
efpèce d'ifle. Il ajoute que l'empe-
reur Dioctétien la trouvant pe-
tite & trop expofée, l'entoura dç
murs & de hautes tours.
• Cela eft conforme à ce que dît
Procope, que Circéfton eft une
forterefle dans la Méfopotamie p
à l'endroit où le fleuve Morras fe
décharge dans l'Euphrate. Ce fort
relevoit des Romains , & avoit
été conftruit par l'empereur Dio-
détien. Mais , Juftinien voyant
qu'il avoit été tellement ruiné par
l'injure du tems , qu'il étoit aban-
donné , le rebâtit , 6c en ht une
ville fort grande & fort considé-
rable. On ne l'avoit pas enclos
tout-à- fait des murailles du tems
de Dioclétien, mab feulement juf-
ques fur les bords de l'Euphrate,
où Ton avoit élevé deux tours ^ux
deux côtés, dans la penfée que
ce fleuve le défendoit affez de ce
côté-là. L'Euphrate ayant miné ,
avec le tems , le pied de la tour ,
qui étoic du cdté du midi , de
telle forte qu'elle fembloit près de
tomber , à moins qu'on ne la ré-
parât promptement ; Juftinien à
qui Dieu avoit téfetvé la gloire
d'être le reftaurateur de toutes les
parties de l'Empire, foûtim la
tour , ôc continua la muraille le
long de l'Euphrate. Il en éleva
une autre en dehors , à l'endroit
où les deux fleuves fe rencon*
troient , & rendit la place impre*
nable. De plus, il y laifTa une
forte garnifon fous un v^ili^^l
Ci) Crév. Hift, des En>ç. Tom. V. p. 184* T. VI. p. 16^
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Cl
tommandanc. Il répara encore le
bain public , qui ne pouvoit plus
fervir, & rembeliit de plufieurs
ornemens. Le cours du fleuve
ayant afToibli par la fuite des an-
nées , l'édifice qui avoit été bâti
au-defTus des fourneaux, Jufti-
nien le fit réparer de telle forte ,
que l'eau ne le put plus endom-
mager y 6c il conferva de la forte
le divertiflemenc du bain à la gar-
nifom
CIRCONFLEXE [Accent ] ,
Accentus Circumfltxus. Cet ac-
cent indique une fy Uabe longue.
En François , l'accent grave fe
marque avec un petit chapiteau
fur la fyllabe, qui marque fou-
vent le retranchement de quelque
lettre ^ qui faifoit la fyllabe lon-
gue & ouverte , comme p4te pour
pajle , tête potrr tejle , nous fû"
mes pour nous fufmes.
En Grec, autrefois on le mar-
^ quoit de même que nous le mar-
quons en François. Mais, depuis
que les coplûés eurent changé la
forme des caraôères, & qu'ils
eurent mis en ufage les lettres
courantes , ils changèrent auffi la
forme de l'accent circonflexe ; &
au lieu d'en former l'angle avec
foin , il Tarrondirent , & en écri-
vant vite , ils y ajoutèrent un
trait , qui enforma un s* renver-
se , & couchée horizontalement,
ce qui produit cette figure ~ , au
Keu de celle-ci'^.
CIRCONLOCUTION,
Circumlocmio , Circuitio , tour
d'expreffion, dont on fe fert, ou
lorfqu'on n'a pas pour ainfi dire
fous la maiq, le terme propre à
^xpritnerdireâementSc immédia-
CI ^49
tecnent une chbfe , *oti lorfqu'on
s'abftient d'employer le terme
propre par refpeÔ pour ceux à
qui l'on parle , ou pour quelqu*-
autre raifon. Ce ifiot eft compofé
du hmn Circum loqttbr , je parle
au tour.
En rhétorique , la Circonlocu-
tion ed une figure qu'on emploie
pour éviter d'exprimer, en termes
direâs , des chofes dures , ou dé-
sagréables , ou peu convenables ,
qu'on fait entendre en etnpruntant
d'autres termes qui rendent la
même idée, mais d'une manière
adoucie , & en la palliant.
Cicéron , par exemple , ^e
pouvant nier que Clodius n'eût
été tué par Milon , ou du moins
par fes ordres , l'avoue indire£le^
ment par cette Circonlocution:
Les domefliqiïes de Milon^n ayant
pu fecourir leur maître , quon di^
/oit avoir été tué par Clodius , jî-
rent en fon abfence , & fans fa.
participation ou fon confente^
ment , ce que chacun pourroit at^
tendre des fîens en pareille occa^
Jîon.
CIRCONSPECTION,
Retenue , Considération ',
ÉGAR03 , MÉNAGEMENS.
Une attention réfléchie & mefu-
rée fur I^a façon de parler , d'agir ,
& de fe conduire dans le com-
merce du monde par rapport aux
autres , pour y contribuer à leur
fatisfaâion,plptôt qu'à la fienne,efl
Hdée générale que ces cinq mots
repréfentent d'abord , fuivant
la remarque de M. l'abbé Girard.
Voici ce femble les différences
qu'on y peut mettre.
La circonfpeâion eft principa*
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z^o CI
lement dans le difcours; la rere-
nue e(l dans les paroles comme
dans les aélions , èi a pour défaut
oppofé l'impudence ; la confidé-
ration , les égards , & les mena-
gemens font^pour les perfonnes ,
avec cette différence , que la con-
fidération & les égards font plus
pour l'état» la lituation & la
qualité des gens que l'on fréquen-
ce» & que les ménagemens regar-
dent plus particulièrement leurs
inclinations ôc leur humeur.
La confidération femble encore
indiquer quelque chofe de plus
fort que les égards ; elle marque
mieux le cas qu'on fait des pei>
fonnes que l'on voit ; Teftime
qu'on leur porte en réalité ,
ou feulement en apparence, ou
un devoir qu'on leur rend. Les
égards tiennent davantage aux
règles dç la bienféance £ de la
politeffe-
Toutes ces qualités , circonf-
peêiion y retenue , confidération ,
égards f ménagemens » font uni-
quement les fruits de l'éducation »
6c l'on peut les poiïeder éminem-
ment fans être plus vertueux.
Mais » comme on ne cherche
guère dans la fociété que l'écorce»
on a mis à ces qualités , bonnes
en elles - mêmes , un prix fort
fupérieur à leur valeur. Les gens
du monde , n'ont par^deflus les
autres hommes qu'ils méprifeot f
qu'un peu de vernis qui les cou-
vre , & qui cache à la vue , leur
médiocrité > leurs défauts, 6c leurs
vices.
CI
CIRCUMPADANI CAMPI,
(a) nom que. Tite-Live donne
aux plaines qui s'étendoient de-
puis les bords du Pô jufqu'au pied
des Alpes.
CIRIADE t'Ciriada , lieu mu-
nicipal f ou bourg de TAttique
dans la tribu Hippothoontide ,
félon Etienne de Byzance & Hè*
fychius.
CIRIBE , CirihttJ , K//>iCiç»
(b) certain perfonnage , qui ga-
gnoit fa yie à faire du pain , & en
.taifoit vivre toute fa famille.
CIRNUS , Cirnus, (c) roi de
rifle de Théramène , fut , feloii
Juftin , père d'Ariftée , furnommé
Battus ou le Bègue. Ce Prince »
chagrin 6c même honteux que fou
fils , devenu grand , ne fçût pas
encore parler, alla à Delphes , 6c
fit des prières à Apollon fur le
fujet qui l'amenoit. Il lui fut ré-
pondu que Battus paOTât en Afri-
que y qu'il fondât une ville , &
que ce feroit-là qu'il recouvreroit *
l'ufage de la parole. Comme cette
réponfe paroiffoit une efpèce de
moquerie [ car qu'elle apparence
qu'on pût trouver affez de monde
dans une ifle auffi déferte que
Théramène, pour aller fonder une
ville dans un p^ïs auffi étendu que
l'Afrique , ainfi que l'oracle l'or-*
donnoit ] Ctrnus en négligea les
avis. Le dieu , traitant ce Roi 6c
fes fujets comme des rebelles , les
affligea quelque tems après d'une
pefle fi violente , qu'ils furent
contraints de lui obéir , quoiqu'il»
fafTenc en fi petit nombre , qu'un
(*) Th. Li?. t. XXI. c. JJ.
ih) Xenoph. p. 756.
1
(0 juft. L. xni. c. 7.
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C I
feul vaîffeau éioit plus c^ue fufE-
fant pour les porter tous. Quand
ils eurent abordé en Afrique > ils
donnèrent la chaiïe aux habitans
du mont Cyra dont ils s'emparè-
rent , tant à caufe de l'agrément
du lieu j que pour la commodité
de l'eau , qu'une fontaine leur
fournifToit en abondance. Ce fut-
là que la langue de Battus , leur
cher, commmença à Te dénouer ,
& que ce Prince fe mit à parler
pour la première fois.
Ce récit eft tiré de Juftin , mot
pour mot. D'autres anciens Au-
teurs racontent la chofe différem-
ment , furquoi on peut confulter
Farticle de Battus.
CIRQUE, Circxw, (tf) grand
bâtiment , toujours plus lotig que
large , oîi i*on donooit difterens
fpedacles.
Un des bouts » le plus étroit ,
étoit terminé en ligfie droite ; lau-
tre étoit arrondi en demi- cercle.
Les deux côtés » qui partoient des
extrémités de la face droite , &
qui alloient rencontrer les deux
extrémités de la face circulaire ,
étoient les plus longs ; ils fervoient
de baf^ à des lièges ou gradins
placés en amphithéâtre pour les
fpeâateurs. La face droite & la
plus étroite étoit compofée de
douze portiques pour les chevaux
& pour les chars; on les appelloit
carceres ; là il y avoit une ligne
blanche » d*ou les chevaux çom-
mençoient leurs courfes. Aux qua-
(4) Roll. Hilt. Rom. Tom. I. p. 116.
Tom. II. Préf. p. 19. & fuiv.T. VIII.
p. 4x8. Antiq. explfq. par D. Bern. de
Montf. T. m. p. a75. éy fiUv, Myth.
B^ M. TAbb. Bàa. Tom, VIII, p. 167.
CI 251
tre angles du Cirque , fur le pour-»
tour des faces , il y avoit ordinai-
rement quatre corps de bâtimens
quarrés ^ dont le haut étoit chargé
de trophées ; quelquefois il y en
avoit trois autres cfôns le milieu
de ce pourtour , qu'on appelloit
meniana.
Le milieu de Tefpace , renfer-
mé entre les quatre façades dont
nous venons de parler , étoit oc-
cupé par un maf£f d'une maçon*
nerie très- forte , de douze pieds
d'épaiffeur , fur fix de haut ; on
l'appelloit Spina circL II y avoit
fur la Spina des autels , des obè-
lifques, des pyramides» des (latues,
& des tours coniques. Quelque-*
fois les tours coniques étojent éle-^
vées aux deux extrémités fur des
maflifs de pierres quarrées , & ré-
parées par un petit intervalle de
la Spina ; enforte qu'elles pana-
geoient chacun des efpaces àos
extrémités de la Spina aux façades
intérieures du Cirque en deux
parties 9 dont la plus grande de
beaucoup » é;oit entre la façade 6c
les tours. Au-deiïous des gradins
en amphithéâtre > placés fur les
façadçs duCirque > on avou creu-
fé un large foilé rempli d eau , &
deftiné à empêcher les bêres de
s'élancer fur les fpeâateurs ; ce
fofTé s'appelloit Euripe.
Les jeux , les combats , les
courfes , 5cc. fe faifoient dans
Tefpace compris de tous côtés ,
entre l'Eu ripe Ôc la Spina ; cet
ér fttiv* Mém. de IMcad. des Infcript.
& Bell. Lcit. Tom. III. p. aSo, ^14,
J15. Tom. IX. p. %%, ér fmv. T. XIII.
p. 480. T. XVII. p. 209 ^ 219 ' 220* ^*
XXI.P.J44.
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±^1 CI
efpace s'appdloit Aréa:
A l'extérieur , le Cirque étoît
environné de colonnades , de ga-
teies , d'édifices , de boutiques de
towes fortes de marchands, &
ée tietix pubFics.
Les bâtimens qu'on appelloît
Cirques à Rome , s'appelloient en
Grec Hippodromes. On en attri-
bue rinftitation à Romulus , qui
Je» appella Confualia , nom pris
de Confus , dieu des confeils ,
que quelques-uns confondent avec
Keptane équeftre. Les jeux, qui
lé cétébroient dans les Cirques ,
fe faifoient auparavant en pleine .
campagne, enfuite dans de grands
endos de bois , puis dans ces fu-
perbes bâtimens dont nous allons
parler.
On célébroît dans les Cirques ,
des conrfes de chars , des com-
bats de gladiateurs à pied , des
combats de gladiateurs à cheval ,
la futte 9 les combats contre les
bétes , les exercices du manège
par les jeunes gens , les combats
sacraux.
On comptoit à Rome jufqu'à
quinze Cirques ; mais , ils n'é-
tment pas tous , ni de la même
grandeur , ni de la même magni-
ficence.
Nous allons en rendre compte en
commençant par te grand Cirque.
I. ,
Grand Cirque.
Le grand Cirque étoît dans
Tonzième région. On Tappelloit
le grand , parce qu on y célébroif
les grands jeux , ou les jeux con-
lacrés aux grands Dieux, ou parce
qu'il étoit le plus grand des Cir-
CI ,
ques. Il étoit dans la vallée Mur^
cia , entre les monts Palatin 6c
Ave'ntin. Il fut commencé fous
Tarquin l'ancien. Les Sénateurs
& les Chevaliers Romains s'y
faifoient porter des banquettes de
bois , appellées fori , qu'on rera-
portoit à la fin des jeux. lUfuc
dans la fuite orné , embelli » &
renouvelle fous plufieurs Empe-
reurs , mais fur tout fous Jules
Céfar. Sa longueur étoit de trois
ûades & demi , & fa largeur de
quatre arpens. Il pouvoit con-
tenir 150000 , félon quelques-
uns , 260000 , ou même 380000
félon d'autres. Sa façade de
dehors avoir deux rangs d'ar--
chitefture à colonnes, au-deflus
defquels il y avoir un plus petit
ordre. A fon extrémité circulaire,
il y avoit trois tours quarrées , &
deux à Tautre extrémité. Dans let
derniers tems , ces tours apparte-
noient à des Sénateurs , & paf-
foient à leurs enfans. Le bas de
ce Cirque en dehors étoit un ranç
de boutiques ménagées dans les
arcades lei plus baffes. Son Eu-
ripe avoit dix pieds dô largeur ,
fur autant de profondeur. La pre-
mière rangée des fieges étoit de
pierre , les autres de bois.
L'Empereur Claude fit mettre
en marbre les carceres , ou en-
droits , d'ob partoient les chevauxj
& les chars^ & dorer les bornes ,
& défigna une place fur la Spina
pour les Sénateurs. Les carceres
étoient à la petite façade du côté .
du Tib|e , au nombre de douze.
La première chofe , que Toa
trouvoit en s'approchant de la
Spina , par ce côté, étoit le petit
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Cl
temple appelle Mdes Murcla , on
autel dédié à Vénus. Vers ce tem-
ple étoit celui du dieu Confus ; il
tôuchoit prefque les trois pyrami-
des rangées en ligne droite qu'on
appelloic meta , les bornes. Il y
eo avoit trois autres à l'«iutre bout»
ce qui ne faifoit que Cix , quoique
Théodoric en ait compté fept.
La Spina étoit contenue entre
ces trois bornes d'un côté , &i les
trois autres bornes de Tautre. Il y
avoit d'abord fur la Spina , Tautel
des lares , puis Yara potentium ,
l'autel des Dieux puiiTans ; deux
colonnes avec un fronton formant
comme l'entrée d'un temple ; un
autre morceau femblable , dédié à
Tutéline avec un autel ; une co-
lonne porum la ftatue de la Vic-
toire y quatre colonnes dont l'ar-
chitrave , la frife , la corniche ,
étoienti ornées & furmontées de
dauphins. £lles formoient une
efpèce de temple à Neptune ; la
ilatue de Cybèle afTife fur un
lion I au pied du grand obélifque ,
vers le centra du Cirque , un tem-
pie du Soleil ; un trépied à la porte
de ce temple ; une ilatue de la
Fortune fur une colonne; un bâ-
timent à colonnes , couronné de
pierres rondes , oblongues & do-
rées , qu'on appelloit les œu£s des
courfes , ova currkulorum , &
qu'on ôtoit pour compter le nom-
bre des courfes ; des temples ^ des
colonnes p des flatues , &c. ; une
flatue de la Viâoire fur une co-
lonne ; l'autel des grands Dieux ;
un obélifque plus petit que le pré-
cédent , confacré à la Lune ; enfi^
les trois autres bornes , meta.
Augufle fit fubftituer un obé-
CI 251
Ufque à un grand mât , qui étoic
dreflé au milieu du Cirque , Ik
qui lui donnoit l'air d'un vaideau^
L'empereur Confiance y en éle-
va un fécond plus haut que le
premier., Celui-ci eft maiticenaDt
à la porta del Popolo ; Tauire eft
devant l'églife Latéranne. Aux
façades du Cirque en-dedans, il
y avoit comme aux amphitfoéa-*
très le podium ou place des Séna-
teurs 9 aU'defTus les fieges des
Chevaliers Romains ; plus haiit
une grande galerie régnant tonc
au tour du Grque ; au-deHus de
- cette galerie de nouveaux gradins
continués par ordre au-dèifus dai
autres jufqu'au haut ai la façade ^
oîi les derniers gradins étoieoc
adofTés contre l'extrémité du pedc
ordre d'architeâure dont nous
avons parlé.
Dans les jours de jeux , oë
jonchoit l'arène de fable blanc
Caligula 6c d'autres Empereurs j
firent répandre pour plus de ma-
gnificence i du j^ nabre , du fiic-
cin & du bleu. On y avoic pratà-**
que un grand nombre de portes.
Il fut brûlé fous Néron , & il
s'écroula fous Antonin le pieux;
mais 9 on le releva toujotu-s , yaU
qu'à ce qu'il fut rafé entièrement «
fans qu'on f^çache à quelle occa-
fion. Il n'en ref^e plus que des
veftiges , à l'endroic appelle VaiSe
di cerchl
Cirque d'Adrien.
Le Cirque d'Adrien étoit dans
la quatorzième région , près de
l'endroit où eft aujourd'hui le châ-
teau Saint- Ange. Il fut ainiLap-
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^54 CI
pelle de l'empereur Adrien qm le
fit conftruire. Il n'étoit pas ma-
gnifique. Les uns prétendent qn2
ce ne fut qu'un enclos de bois ;
d'autres , qu'il étoit de pierre
noire. On croit encore en remar-
quer des vefiiges
Cirque d" Alexandre Sévère.
Ce Cirque étoit dans la neu-
vième région , où eft à préfent la
place Navonne. On en voie la
figure fur quelques monnoies d'A-
lexandre oévère. On l'appelloit
auffi le Cirque agonal , parce
Îu'on y avoit célébré les jeux de
anus Agonius. On prétend que
c'eft pat corruption d'Agonius
Îu*on a fait le nom de Navonne.
)n dit qu'on découvrit des reftes
de ce Cirque, en creufant les fon-
demens de l'églife de fainte Agnès.
Cirque d*Antonîn Caracalla,
Le Cirque d'Antonin Caracal-
la , ou peut-être de Gallien , étoit
dans la première région, à l'en-
droit où efl aujourd'hui la porte
faint Sébaftien , anciennement
appellée la porte Capène. On
croit en voir des reftes entre
réglife faint Sébaftien & le Capo
di Bove. Le pape Intiocent X Hï
ériger fon obélifque fur la magni-
fique fontaine de la place Navon-
ne. L'aire de ce Cirque efl aâuel-
lement une prairie de 223 cannes
de long} fur 331 de large.
Cirque d'Aurélien.
Le Cirque d'Aurélicn étoit
CI
dans la cinquième région ; mais »
il faudroit plutôt l'appeller le
Cirque d'Éliogabale , parce qu'Au-
rélien ne fit que le réparer.
Ciiqtie Caftrenfis.
Le Cirque Caftrenfis étoit de-
vant la porte Lubicana ou de
Prénefte , aujourd'hui la porte
Maggiore , non loin de l'amphi-
théâtre Caftrenfis, derrière Saime-
Croix en Jérufalem. On prétend
qu'il n'étoit qu'à Tufage des fol-
dats 9 & que c'eft auffi le même
que celui d'Éliogabale.
Cirque de Domitia*
Ce Cirque étoit dans la qua-'
torzième région. Il y a lieu de
conjedurer que c'étoit le même
que celui d'Adrien.
Cirque d'Éliogahale,
Le Cirque d'Éliogabale étoit
dans la quinzième région. Son
obélifque eft regretté des Sçavans ;
il étoit chargé d'hiéroglyphes. H
reftoit encore , il n'y a pas long-
tems 9 des veftiges de ce Cirque.
Cirque de Flaminius»
Le Cirque de Flaminlus étoit
dans la neuvième région , dans
des prés appelles alors prata Fia'
minia» Il fut bâti l'an < 30 par
Cneius Flaminius , Cenleur , le
même qui fut défait par Annibal
près du lac Trafimène. Il avoic
une double galerie de colonnes
cotinthiennes. Il étoit hors de la
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Cl
Ville. Cétoît-là que commençoît
la marche des triomphes. On y
donnoit la paie aux foldats. On y
célébroit les jeux Appollinaires
& les Nundines. Quand il étoit
inondé du Tibre , la célébration
des jeux fe transféroit au mont
QuirinaL On croit qu'il fut ruiné
dans la guerre des Goths & de
lempereur Juflinien ; & l'on prér
tend qu'en 1 50o,on en voyoit en-
core des vertiges, à l'endroit oU
e(l aujourd'hui l'églife de faint
Nicole aile Calcare.
lO.?
Cirque de Flore.
Le Cirque de Flore étoît dans
la fiiième région , dans un en-
foncement, entre le Quirinal & le
Piotius. C*étoit-là qu on célébroit
les jeux Floraux. On prétend que
ce fut un théâtre. Il j'appelle au-
jourd'hui la Piazza Grimana.
Circus Intîmus.
Ce Cirque étoit dans la vallée
Murcia ; mais , comme le grand
Cirque s'y trouvoit aufli , on les
confond.
12.^
Cirque de Jules Céfar.
On prétend que ce Cirque s'é-
tendoit depuis le maufolée d'Au-
gufle jufqu'à la montagne voifme ;
mais , il y a du doute, même fur
fon exidence.
Cl
ajî
Cirque de Néron.
Le Cirque de Néron étoît dans
la quatorzième région , entre le
Janicule & le Vatican , où efl an*
jourd'hui l'églife de faint Pierre de
Rome , devant laquelle Sixte-
Quint fit placer fon obélifque.
Cirque de Sallufte.
Le Cirque de Sallufte étoît
dacs la fixième région , près de la
porte Colline , vers le Quirinal
& le Pintias. Il en refte des veftU
ges , quoique la plus grande partie
en foit copprife dans les jardins
Ludovifiens , où Ton en voit To-
bélifque.
Cirque Vatican»
Ce Cirque eft le même que
éelui de Néron.
C\S, Cis.Kk (tf)filsde Jé-
hiel, appelle auffi Abigabaon, 6c
de Maâcha. L'Écriture lui donne
pluiieurs frères.
CIS , Cis , Kk% {h) de la triba
de Benjamin, étoit un homme
pûiffanc & fort. Le premier livre
des Rois dit 'que Cis étoit filsd'A-
biel ; & le premier livre des Pa-^
ralipomènes , qu'il Tétoit de Ner.
Tout le monde fçait que Cis fut
père de Saiil , premier roi des en-
fans de Juda.
CIS,C«,fÇ|ç, (c) lévite de la
famille de Mérari. Il étoit fils
d'Abdi.
[m) Parai. L. I. c. 8. v. jo.
\h) Reg. L. I. c. 9. V. 1 , 1. Parai. L.
iT. c. 8. V. îî- c. ç.v. 39.
I (C) Parai. L. U. €..29. v. it*
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M^è C I
CISALPIN , Cifalpînus , nom
dont les Romains (e fervoient
pour marquer qu'un peuple , un
païs étoient en de^çà des Alpes à
leur égard ; aind , Hs difoient la
Gaule Cifalpine pour diftinguer
ce que les Gaulois pofTédoient en
Italie > d'avec la Gaule propre-
ment dite y qui étoit au de-là des
Alpes par rapport à eux.
CISALPINE C la Gaule ] ,
Gallia Cifalpina. Foye^ Gaule
Cifalpine.
CISIA, Cijia, (a) forte dô
voiture des Anciens* Cicéron en
fait mention dans fon oraifon pour
Sext. Rofcius Amérinus. Ceft la
jnême qui fuit*
CISIUM, Cifium, {b) étoit une
efpèce de char fort léger , à dçux
roues , dans lequel on mettoit une
caiffe de bois ou d oliers , où s'af-
feioit l'homme qui alloit fur cette
voiture. 11 étoit tiré à trois mules.
On s'en fervoit quand on vouloit
faire diligence. Dans les paiTages
des Auteurs qui parlent du Ci^
fium , ce font toujours des hom-
mes qui vont dans cette voiture ,
& jamais des femmes.
CISON y Cifon , KitrZft ou
CissoN , ou KissoN > (c) tor-
rent de Paleftine , qui avoit fa
fource dans la vallée de Jezraël ^
couloit le long de cette vallée ,
au midi du mont Thabor, & alloit
fe dégorger au port de Ptolémaï-
de dans la Méditerranée. Le père
Nau dit^en parlant dés montagnes
à une lieue defquelles pafTe ce tor-
Cl
rent , autant qu'il put juger à là
vue I qu'il eft là fec la plus grande
partie de l'année » & qu'il n'a de '
l'eau en tout tems , que depub
Eudor , doQt il eft proche jufqu'à
la mer de Galilée « où il fe dé*
charge du côté d'Orient. Il ajou-
te : il en a auili toujours , à ce
qu'on m'a dit , vers le mont Car-
mel , le long duquel il coule , ÔC
va s'emboucher dans la mer Mé-
diterranée à l'Occident.
Le torrent de Cifon eft célèbre
clans l'Écriture. Dans le livre des
Juges , le Seigneur dit à Barac »
parla bouche de Débora:» Quand
Il vous ferez au torrent de Cifon ^
Il je vous amènerai Sifara , géné-
II rai de larmée de Jabin , avec
n tous fes chariots & coûtes fes
n troupes y & je vous le livrerai
n entre les mains, u On fçait que
la chofe fut exécutée à la lettre*
Ce fut auprès du torrent de Ci-
fon , qu'Élie fit mourir les pro^
phetes de Baal.
CISPIUS [ le Mont ] , Cifpîus
Mons, C'étoit une montagne de
la ville de Rome , félon Feftus »
qui en fait une des Çit collines qui
formoient le mont Efquilin.Varron
femble diftinguer le mont Cifpius
du mont Efquilin* Le mont Cif-
pius , dit- il 9 a fept fommets au**
près du temple de Junon Lucine;
c'eft où demeure l'ofHcier, à la
garde duquel ce temple eft con-
fié. .
CISPIUS [L.], L. Cifpius i
Çd) lieutenant de Céfar , qui le
(a) Cicer. Oratpro Sext. Rofc. Ameni (r) Judic. c. 4. v. 7. «^ /f^. c. %, v.
c. II. |ii- Reg. L. m. c. iB. V. 40. Pfalm. 8ft.
(h) Antiq. expl. par D* Bem. delv. 10.
MoDdf. Xom. IV. pag. xya. * {d) Hirt, Panf. de Bell. Afrk. p. 798.
fit
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Cl
ût partir un jour à la tête de
vingt- fept galères , avec ordre de
fe tenir à Tancre à Thapfe pour
fervir d'efcorte à fes convois.
CISPIUS [ M. ] , M. Cifpîus ,
{à) tribun du peuple , qui fut
chafTé de la place publique par
les partifans de Clodius. Cicéron ,
qui le nomme dans fon oraifon
pour P. Seflius , en fait un grand
éloge.
CISSÉE , Cifeus , (h) roi de
Thrace , fut père d'Hécube , qui
époufa Priam.
CISSÉE , Ciffeus , (c) fils de
Mélampe , compagnon des pé-
rilleux travaux d'Hercule. Le
grand Gyas étoit frère de Ciffée;
ils étoient armés , Tun & Fautre ,
d*énof mes maflues, qui abattoient
ies rangs entiers de foldats. Mais,
ni leurs forces , ni les leçons de
Mélampe leur père , ni les armes
même d'Hercule, ne purent lès
garantir du coup que leur porta
Énéç , 6c dont ils furent renver-
fés.
CISSÉUS , ajfeus , rivière
dont parle Apollodore.
CISSÉUS, Ciffeus , Kta-irfvç,
{d) petit Prince, dont TÉtat étoit
voifm de la Macédoine. Il fut dé-
fait par Caranus ^ roi dès Macé-
doniens.
CISSIE , Cifia, Ktirr'^y (e)
contrée d*Afie. Hérodote , parlant
des Matienes, dit: » Ils font voi-
« fins de la Ciilie , où efl fituée
» la ville de Suie , près du fleuve
n Choafpe. « Dans un autre en-
. (*) Cicer. Orat. pro Seft.'c. 64,
(h) Virg. i£ncid. L. XI. v. 67^.
(O Virg. i£neid. L» X. v. 317. & fiq-
"• {d) Pauf. p. 606.
Tom, XL
CI a57
droit , U s'exprime ainfî : ce II y a
n de rArméJaie jufqu'à Matiene»
n quatre gites ; & de Matiene
i> )ufqu*à la Ciffie, & jufqu'au
n fleuve Choafpe , qu^loupaiTe
n auili dans des bateaux , & fur
i> lequel eft bâtie la ville de Sufe,
19 il y en a treize,en quarante deux
» parafanges & demi, n Fbye^
Ciffiens. ^
CISSIENNES [les Portes];
Ciffia Porta, (/) Hérodote parle
de cesf portes ^ & il nous apprend
que c'étoît des portes de Babylo-
ne, qu'on appelloit ainfi. C'étoienc
peut-être celles où aboutiflbit la
route du païs des CifCens*
CISSIENS , Cifii, XiWc/ , (g)
peuples d'Afie , dont il efi parle
dans Diodore de Sicile. Us habl-
toient un canton de la Médie , à
une journée de Babylone , félon
Philoftrate. Ce canton eft con-
nu fous le nom de Ciflia. Dio-
dore de Sicile nous donne les Cif-
fiens pour une nation très-belli-
queufe.
Hérodote parle aufli des Cif-
fiens. Selon lui , ils formoient
avec les Sufîens , la huitième fa-
trapie , qui payoit au roi des Per-
fes , trois cens talens tous les ans.'
Les Ciffiens fe trouvèrent à l'ex-
pédition de Xerxès contre la Grè-
ce ; & ils marchoient fous la con-
duite d*Anaphes ou d*Anaphanes,
fils d'Ocanes ; ils portoient les
mêmes armes que les Perfes , &
étoient vêtus de la même forte ,
CO rtcrod. t. V. c. 49 , 5t,
(/) Herod. L. III. c, 15^ , 1^8.
f^) LMod. Sicul. p. 146. Herod. L, III,
c. 91* L, VII, c. 6», 86.
R
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As8 CI
finon qu'ils ponoient des txiltres
au lieu de tiares.
CISSIENS, Cijfii, ou Cijp,
Eîuples du Pont Cappadocien.
es Ciffien» habitoîent aux envi-
rons du fleuve de Cifla , dont ils
prenoîent le nom.
CISSIENS , Cijfù , {a) mon-
tagnes de la Sarmacie en Afie,
félon Pline , qui y mec la fource
du fleuve Imitye.
CISSONIUS , Cipnîus , {h)
turnom de Mercure* Dnbitatia
Caflula , Syrienne de nation ,
avoit bâti à Befançon , à fes pro-
pres frais, un temple avec un
portique en Thofineur de Mercure
Ciflbnius. Cétoit apparemment
un furnom local de ce Dieu ; car,
f ien n*étoit plus commun que ces
fortes de furnoms.
CISSOTOMIES , Cijotomîa,
(c) fêtes inflituées en l'honneur
d'Hébé , déefle de la jeuneflie. Ce
nom fe prenoit apparemment de
ce qu'on y coupoit des JFeuilles de
lierre.
CISSUS,Ci/tf^, Kkfroç.{d)
montagne de Macédoine , félon
Lycophron. Ifaac Tzetzès dit
qu'elle fut enfuite furnommée
JEnus , parce qu'Énée s*y arrêta
Îuelque tems après la prife de
>oye. Ortélius croit qu'il fe
trompe en cela , comme en bien
d'autres chofes.
L'Abrégé de Strabon porte dans
le feptième livre , vers la fin, qui
(#) Plia. T. I. p. 507.
{h) Antiq. cxpl. par D. Bem. de
Montf. Tom. IV. p. 415.
(c) Antiq. expl. par D. Bçrn. de
^ Montf. Tom. II. pag. ai|,
{d) Strab. p. 3J9.
et
manque dans le livre même de ce
Géographe , qu'Énée & Ciffus
écoient deux villes diflerenres. On
y ajoute : 1» On croiroit qu'Am-
n phidamas étoit de cette .Ciffus;
» car , Homère dit qu'il avoit été
» élevé par fon ayeul qui étoit
o CifFéen , dans la Thrace qui
n efl préfemement nommée la
1» Macédoine. <i
Héfychius met une montagne
de ce nom en Macédoine , & une
ville du même nom dans la Thra*
ce ; & Leunclavius dit que c'eft
préfentement Cis. Ortélius croit
que la montagne ôc la ville étoient
auprès de Theflalonique vers la
mer.
CISSUS, C/Jtf J , KiVcreç , {i)
jeune homme , qui , ayant perda
la vie dans la fureur d'une fête de
Bacchus , fut métamorphofé en
lierre. C'efl en partie poiy cela
que l'on prétend que cette plante
étoit confacrée à Bacchus.
CISSUS , Cijfus , K/(r<roç , (/]
étoit un dévoc à Sérapis. On ra-
conte que cet homme ayant été
empoifonné par fa femme avec
des, œufs de ferpent qu'elle lui
avoit fait manger, eut recours à
Sérapis , qui lui ordonna d'acheter
une murène , animal venimeux »
& de mettre fa main dans le vafe
où elle feroit. Il le fît ; la murène
le mordit à la main, & il fe trouva
fubitement guéri.
^ CISSUS , Cijfus , K.Woç . il)
(#) Myth. par M. TAbb. Ban. Tom.
IV. p. »57, 168.
(/) Antiq. cxplîq. par D« M€m» i%
Mont£ X. IL p. 299.
(g) Plut, T. I. p. 689.
1
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CI
fun des lleutenans d*Ateïandre ;
fut des premiers à venir appren-
dre à ce Prince la fuite & Tinfi-
déiité d*Harpalus , à qui il avoit
conéé la garde des tréfors ÔC des
revenus de Babylône, Il en fut
affez mal récompenfé ; car , Ale-
xandre le fit mettre en prifon , le
traitant de menteur & de calom-
tiiateur.
CISSUSE , Ciffiifa , Kiccovs-ctif
(a) fontaine de Grèce » dans la
Béotie , fituée entre la ville de
Thèbes & celle d'Haliarte. n Les
n fables » félon Plutarque , difent
n que les nourrices de Bacchus y
tp lavèrent ce dieu dès que fa mère
9 en fut délivrée; & la preuve
n qu'elles en donnent , c*eft que
n (es eaux font d'une belle coa«-
» leurxle vin , très-claires & très-
f» bonnes à boire. Non loin de- là
i> naiflent les cannes Crétoifes ,
n dont on fait les javelots , d'oîi
9> les Haliartiens concluent que
9> Rhadamanthe a autrefois habité
M dans ce païs-là , & ils montrent
M même fon tombeau , qu'ils ap*
*> pellentAléeXe tombeau d' Aie-
n mène eft tout auprès ; car , on
M prétend qu'elle tut enterrée en
19 ce lieu-là , ayant époufé en fe-
n condes noces Rhadamanthe,
» après 1^ mort d'Amphitryon, a
M* Dacier, dans une remarque
fur la fontaine de CiiTufe , s'ex-
prime ainfi : i> Je ne fçais fi on
i> trouve ailleurs quelque mention
» d'une fontaine aux environs
n d'Haliarte , qui ait eu le nom de
U> Plut. T. î. p.'449. Pauf. p. 591.
Strab* p. 411 » 41 ).
(b) Antiq. expl. par D. Bern. de
Montf. toin, III. p. 148.
CI 2^9
n .Ciffufe. Te n*en connois point*
n MaisjPaufanias parle de la fon^
n taine de '^ilphufa , qu'il place à
Il cinquante (lades , c'eft- à-dire >
Il à fix mille deux cens cinquante
n pas de la vilb* Ceft la même
n fontaine que Strabon appelle
» Tilphofa , fous le mont Tilpho*
n fion , au voifinage d'Haliarte.
Il Et je ne doute pas qu'il ne faille
i> corriger ce paflage de Plutar*
}> que , par celui de Paufanias ,&
n par celui de Strabon, m
CISSYBIUM , Clfybim , (h}
efpèce de coupe » qui avoit des
anfes» Nous n'en fçavons pas da-
vantage , Athénée ne nous ayant
confervé que le nom de cette
coupe.
CISTOPHORE , Ciftophorus^
(c)du Grec xiVm , eifia^ corbeil-
le , & ^#V»« fero 9 je porte. Le
terme de Ciilophore veut donc
dirf qui porte une corbeille, JEgge-
ling croit, &avec aflez de vrai^
femblance , que c'efl de certains
paniers » gravés fur le revers des
médailles , que vient le nom de
Ciftophore, & non pas de la fi*^
gure d'homme ou de femme por-
tant un panier fur la tête, comme
Tout cru Hadrianus Junius & plu^
fieurs autres. Car , ces figures ne
fe voyent prefque jamais (ur les
médailles ; au lieu que les autres y
fynt fort communes. Il efV certain
que le Ciftophore étoit fi ordinai-
re , que la levée des tributs s'ap-^
pelloit , du moins en certains païs,
la levée du CiHophore. Le Cifto-.
(O Antiq. expU par D. Bern. de
Montf. Xom. II, pag. 183. Mém. de
TAcad. des Infc. & Bell. Lett. Xom»,
XII. p. 214,
R ii
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iCo C I
phore étoit donc une forte de
monnoie ou de médaille.
CISTOPHORES, Ciflopho-
ri, ^a) nom queTon donnoit à
de jeunes filles , qui à la fête 'des
Orgies , fuivoient les chariots
dans lefquels étoient les tonneaux,
les cruches, les vafes , &c. & qui
portoient elles - mêmes les cor-
beilles 6c les cadettes , oii étoit
enfermé ce qu'il y avoir de plus
myAérieux dans cette fête,
CISUS , Cl/us y KfiO-Oi^ {b)
fils de Téménus , roi d'Argos. Il
avoit pluHeurs frères , 6c une
fœur , nommée Hyrnétho. Com-
me l'aîné de tous » il fuccéda à
fon père au royaume d'Argos.
Sous fon règne > les Argiens , tou-
jours jaloux de leurs privilèges 6c
de leur liberté, reOraignirent l'au-
torité royale à un tel point j qu'ils
ne laiflerent que le nom de roi à
Cifus 6c à fes defcendans. Il arriva
même dans la fuite que Meltas ,
fils de Lacidas , 6c petit- fils de
Médon, fut condamné par le peu-
ple à perdre le royaume 6c la
vie.
CITADELLE , fortcreffe que
l'on bâtit , ou pour la défenfe d'u-
ne ville contre l'ennemi , ou mê-
me pour contenir les citoyens dans
le refpeft, ôc empêcher qu'ils ne
fe mutinent contre le Souverain.
C'eft pour cela qu'on a foin , en
choif&fiant le lerrein, d'en trouver
un oui commande la ville. Quel-
quefois les Citadelles font join*
tes au corps de la ville , ayant une
même enceinte, quoiqu'elles en
foient toujours féparées par divers
(«) Myth. par M. TAbb. Ban, T. IV. 1
j?. »26 , 117. J
cr
ouvrages auflî ménagés qcre cens
du dehors , parce que la garnifoa
s*y retire lorfqu'elle ne peut plus
défendre la ville , ôc elle y tient
fouvent encore long-tems après
que l'ennemi eft maître de la pla-
ce. Quelquefois, les Citadelles
font fur une hauteur. Cela dépend
du terrein où la ville eft fituée.
Nous avons pris ce mot des Ita-
liens dans la langue defquels il
fignifie une petite ville , félon fon
étymologie.
Cita RI NES , atarini
On lit ce nom comme celui d'un
peuple de Sicile dans la Ill.e Ver-
rine de Cicéron ^ il faut lire Ce-
rarini. C'étoient les habitans de
Cétarie.
CITÉ , Civitas. Le mot CiU
défignoit anciennement un état,
un peuple avec toutes fes dépen-
dances, nne république particu-
lière. Ce nom ne convient plus
guère aujourd'hui qu'à quelques
villes d'Allemagne ou des cantons
SurfTes.
Quoique les Gaulois ne fuflent
qu'une même nation , ils étoient
cependant divifés en plufieurs
peuples , formant prefque autant
d'États féparés , que Céfar appel-
le Cités , Civitatcs. Outre que
chaque Cité avoit fist afTemblées
propres, elle envoyoit encore des
députés à des afTemblées généra-
les , où Foii difcutoit les intérêts
de plufîeurs cantons. Mais, la
Cité, ou Métropole» ou Capitale ,
où fe tenoient les afTemblées, s'ap-
pelloit par excellence Civitas. Les
Latins difoient Civitas JEduorum^
(}\ Pauf. p. 118 > lia 9 ij^t
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Cl
CîvîtAs Lingonum , Clvïtas SenO'
aum ; & c'eft fous ces noms
qu'Autun, Langres', & Sens,
(ont déûgnés dans Tltinéraire
d'Antonin.
Dans la fuite 9 on n'appella
Cité que les villes épifcopales.
Voye^ Civitas.
Ce mot fe prend aujourd'hui
Amplement pour une ville , même
au éguré ; mais 9 fur tout dans le
ftyle oratoire & dans la poëHe.
On dit : La Cité célefie , nous
n avons point de Cité permanente
dans ce monde , une grande Cité »
une Cité nombreufe , Jérusalem eft
appellée la fainte Cité.
Il fe'prend encore dans les gran-
des villes anciennes, pour la par-
tie la plus ancienne de la ville. Une
ville s'eft peuplée , il s'eft formé
des faubourgs tout à Fentour. Le
nombre des habitans s'étant fort
multiplié , ces fauxbourgs fe font
trouvés environnés d'une encein-
te hors de laquelle il s*eft bâti dp
nouveaux fauxbourgs ; infenfible-
ment on a laiiTé tomber comme
inutiles les murs , qui féparoîent
ces premiers fauxbourgs d*avec la
ville. En ce cas , on appelle Cité
Tancienne ville » & Taugmenta-
tion qu'elle a reçue autour d'elle ,
prend la qualité de ville ; & com-
me dans les villes anciennes , l'É-
glife primitive ou la première bâ-
tie , eft dans le plus ancien quar-
tier, dans quelques-unes le lieu où
eft cette églife , eft la Cité.
CITÉ [ Droit de ]. Ceft la
qualité de citoyen on bourgeois
d'une ville , & le droit de partici-
per aux privilèges , <|ui font coin-
G I i.Ct
mufls à tous les citoyens de cette
ville.
Chez les Romains , le droit de
Cité, c'eft-à-dire, la qualité de
citoyen Romain , fut confidérée
comme un titre d'honneur, & de-
vint un objet d'émulation pour les
peuples voiiins qui tâchoient de
l'obtenir.
Il n'y eut d'abord que ceux qui
étoient réellement habitans de
Rome^qui jouirent du titre & des
privilèges de citoyens Romains*
Romuilus communiqua le droit de
Cité aux peuples qu'il avoit vain-
cus , & qu'il amena à Rome ; fes
fuccefleurs firent la même chofe,
jufqu'à ce que la ville étant aflez
peuplée , on permit aux peuples
vaincus de refter chacun dans leur
ville; & cependant, pour les,
attacher plus fortement aux Ro-
mains y on leur accorda le droit
de Cité ou bourgeoifie Romai-
ne , en forte qu'il y eut alors
deux fortes de cicoyens Romains ;
les uns qui étoient habitans de
Rome , & que l'on appelloit Ci^
y es ingenui ; les autres qui de-
meuroient dans d'autres villes , &
que l'on appelloit municip^s. Les
Confuls & enfuite les Empereurs,
communiquèrent le droit de Ci-
té à différentes villes & à différens
peuples foumis à leur domination,
La loi 7 au code de incolis ,
porte que le domicile de quelqu'-
un dans un endroit , ne lui attri-
bue que la qualité d'habitant »
mais que celle de citoyen s'ac-
quiert par la naiffance, par l'af-
franchiftement , par l'adoption, &
par l'élévation à quelque pofte
hQïwrftblç-
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igi CI
Les droits de Cité confiflolent
cliez les Ro mains; i^. à jouir de la
liberté; un efclave ne pouvoit être
citoyen Romain , & le citoyen
Romain qui tomboit dans i'efda-
vage,perdoit les droits de Cité. 2.®
Les citoyens Romaitis n'étoient
point fournis a la puifliince des
magiftrats en matière criminelle ;
ils arrêcoient leurs pourfuites en
difant , Civis Romanus fum ; ce
3ui tiroit Ton origine de la loi des
ouze tables , qui avoit ordonné
qu'on ne pourroit décider de la
vie & de l'état d'un citoyen Ro-
înain » que dans les comices par
centuries. 3.^ Ils avoient le droit
dé fuffrages dans les affaires de la
république* 4.^ Ils étoient les
feuls qui euftent fur leurs enfans
la puiuance telle que les loix Ro-
maines la donnent. 5.^ Ils étoient
aufli les feuls qui pufient exefcer
le facerdoce &la magidrature^fic
avoient plufieurs autres privilè-
ges.
Le droit de Cité fe perdoit;
X.9 en fe faifant recevoir citoyen
d'une autre ville; 1.^ en com-
- mettant quelque aâion indigne
d'un citoyen Romain, pour la-
3uelle on encpuroit la grande
égradation appellée maxima ca-
pitls diminutio > qui ôtoit tout à la
fois le droit de Cité, & la liberté.
3.^ La moyenne dégradation ,
appellée média capitis diminutio ,
ôtoit auffi le droit dé Cité ; telle
ëroit la peine de ceux qui étoient
effacés du rôle des citoyens Ro-
mains , pour s*être fait infcrire fur
le rôk d^une autre ville. Ceux qui
étoient exilés ou relégués dans
vm iile, <buâ[roieat aufli cettQ
tnoyetine dégradation*, &confé^
quemmem perdoient auffi le droit
de Cité.
Parmi nous , il n'y a que la
naiffance ou les lettres du Prince
Îui attribuent les droits de Cité.
)n confond quelquefois le droit
de Cité avec celui de bourgeoifie;
cependant, le droit de Cité eft
plus étendu qtie celui de bour-
geoifie; il comprend auffi quelque-
fois l'incolat, & même tous les
effets civils*
En effet , celui qui eft banni
d'un lieu , ne perd pas feulement
• le droit de bourgeoifie , il per3
abfolument les droits de Cité,
c'efl-à*dire , tous les privilèges
accordés aux habitans du lieu« £t
fi le banniffemem eft hors du
royaume y il perd tous les effets
civils.
On peut perdre les droits de
. Cité, fans perdre la liberté , com*
me il arrive à celui qui eft banni;
mais , la perte de la liberté em->
porte toujours la perte des droits
de Cité.
CITERNE. Il y avoit plu-
fieurs citernes à la campagne ,
dans la Pâleftine* Il y en avoit
auffi dans les villes , & dans les
maifons particulières. Comme la
plupart des villes étoient bâties
fur des montagnes, ^ que les
pluies ne tombent régulièrement
dans la Judée qu'en deux faifons
de l'année , au printems & en au-
tomne , on ét^it obligé de con-
ferver de l'eau dans les Citernes
à la campagne, pour abreuver
les animaux , & dans les villes ,
pour les befoins des hommes. On
en voit encore aujourd'hui dans
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CI
la Paleftîne, de très-grandes, dont
les unes font longue» de cent cin-
quante pas , & larges de foixante;
d'autres longues de cent vingt-
deux pas , 6c larges de cinquante-
quatre. On en voit une à Rama «
qui A trente- deux pas de long ^
« vingt- huit de large. On con-
fond auez fouvent les puits & les
Citernes , 6c mêtne les fontaines
& les fources , dans le langage dç
1 Ecriture*
CITES, Cita f peuples ,
qui étoient venus trafiquer à
Troye , félon Diâys de Crète.
Ortélius croit que ce font les
Çlites dont parle Tacite , qui dit »
dans un endroit de fes annales >
qu'ils étoient dans la Cilicie ; &
dans un autre , qu'ils étoient dans
la Cappadoce,
CITHÉRIADES, Citharla-
des 2 (a) furnom des Mufes. Ce
furnom leur venoit du mont Ci-
théron.
CITHÉRIS , Cithçrh , f^) af-
franchie de P. Volumniu;5, t*étoit
une fenune de joie , & qui avoit
Tefprit bouffon. Après avoir fervi
aux plaifirs de fon patron , elle fe
donna au poçte Cornélius Gai-
Jus , qu'elle quitta pour fuivre
Marc-Antoine. Cicéron parle de
cette femme débauchée dans une
de fes lettres.
. CITHÉRON ,\Cltb4ron , (c)
Kt^ctifiv « montagne de Grèce ,
dans la Béotie. Elle fervoit à fé-
parer cette province deTAttique,
(«) Antîq. expl, par D. Bcm. de
MoQif. Tom. I. pag, no.
{h) Cicer. ad Amie. L. IX. Epift. i6.
(«i Strab. p. 408 , 409. l'auf. p. 71 «
>4Î > S4S« ?lini X<Wi I. p» 157. Fomp.
C 1 26^
depuis que ta ville d*Éleuthère »
s*étoit foumife aux Athéniens; car,
auparavant , c*étoit cette ville qui
féparoit les deux états.
Le mont Cirhéron avoit pris
fon nom de Cithéron , un des pre-
miers rois des Platéens. Sous cette
montagne , aux environs de Pla-
tée , en prenant un peu à droite »
on appercevoit les ruines d'Hy-
iies & d'Erythres» qui étoient au-
trefois deux .villes de la Béotie.
Srrabon dit que le mont Cithé-
ron fimlFoit non loin de Thèbes ,
& que TAfope couloit aux pieds
de cette montagne. Du côté du
couchant , il s^abaiflbit peu à peu
avec un détour , au-deHus de la
mer de CrifFa, Il commençoit aux
montagnes de TAttique & du ter-
ritoire de Méeare , auxquelles il
étoit contigu ; de-là s'étendant de
côté & d'autre dans les campa-
gnes , il venoit finir à Thèbes.
Le mot Cithéron, félon Paufa-
nias ,' étoit confàcré à Jupiter Ci-
théronius. Suivant Pline , il Tétoic
aux Mufes ; & Pomponius-Méla
dit qu'il étoit fameux par les fa-
bles ôc par les écrits des Poètes.
En effet , ils y ont mis la fable
d*Aéléon p les orgies de Bacchus^
Amphion élevant les murs de Thè-
bes au fon de là lyre, le fphynx
d'(Edipe,&c,
Plutarque le Géographe , dans
fon traité des fleuves 6c des mon-
tagnes , obferve que le mont Ci-
théron étoit auparavant nomtné
Mel. p. III. Ptolem. L. m. c. 15. Virg»
Gorg. L. ni. V. Al. iEndd. l,. IV. v.
^oj. Tic. Lîv. L. XXXÎ. c *6. Plut- T.
I. pag. 3*5 , 449. Myth. par M, VÂh\^^
,6an. Tpm. m, p. 364.
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^6^ CI
Aftérius , & rapporte à fon or-
dinaire des origines fabuleufes de
ces noms.
ÇITHÉRON, CitbaroMy(a)
Kt^a:i. -y^ Prince qui régna fur les
Placéens avant Afopus.
Junon fe fâcha un jour contre
Jupiter; on ne fçait pas pourquoi ;
mais , on affure que de dépit elle
fe retira en Eubée. Jupiter , n'a-
yant pu venir à bout de la fléchir,
vint trouver Cithéron. Ce Prince,
qui étoit Thomme le plus fage de
ion tems , confeilla a Jupiter de
faire faire une ftatue de bois , de
rhabiller en femme , de la mettre
fur un chariot attelé d'une paire
de bœufs, que l'on traineroit par
b ville , & de répandre dans le
public , que c'étoit Platéa, la fille
d'Afopus qu'il alloit époufer. Son
confeil fut fuivi. Auffi-tôt la nou«
velle en vint à Junon , qui part
dans le moment , fe rend a Platée,
t'approche du charior , & dans fa
colère voulant déchirer les habits
de la mariée , trouve que c'eft une
ftatue. Charmée de l'aventure,
elle pardonna à Jupiter (à tsom-
perie, & fe réconcilia de bonne foi
avec lui.
^ CITHÉRONIA , Citharonia^
K/6a/)v io , (J>) furpom de Junon,
Cette Oéeiïe fut aînfi furnommée
du mont Cithéron.
CITHÉRONIDES , Citharo.
nîdes , Ki^%ifmiêtq\ (c) furnom
des Nymphes. Elles furent ainfi
fumommées du mont Cithéron ,
qui leur étoit confacré. Onyoyoit
(s) Pauf. pafT. 54^. Myth. par M.
PAbb. Ban. Tom. Ilf . pag. 39;,
CM Plut. T. I. p. ;i5.
<0 Pauf. p. 548. Antiq. expU par
CI
fqr cette montagne l'antre des
Nymphes Cithéronides.On appel-
loit ce lieu Sphragidium, &on af-
furoit qu'autrefois ces Nymphes
avoient le don de prophétie. Du
nom de ce lieu les mêmes Nym-
phes étoient auffi appellées Sphra-
gitides , comme le dit Plutarque
dans la vie d'Aridide.
CITHÉRONIUS , Citharo'
mus y Kt^atpuvloç , {J) fumom
donné à Jupiter , parce qu'on lai
avoit confacré le mont Cithé«
ron.
CITIENS, Ci/i«, (^) pciiple
dont parle Plutarque dans la vie
d'Alexandre le Grand. Mais , cet
Auteur n'en dit pas aflez pour
marquer quelle forte de peuple
c'étoit. » Alexandre , dit- il, avoit
M une épée très-légère à la main ,
» & d'une trempe merveilleafe,
n que le roi des Citiens lui sfvoit
n donnée , & qu'il portoit dans
I» les combats, u C'étoient peut-
être les habitans de quelqu'une des
villes de Citiun).
CITIENS , Citu, Ktrict , peii-
ples qui habitoient la ville de Ci-
tium en Chypre. Foye^ Citium.
CITIENS , CitiaL Cicéron
nomme ainfi des gens venus de
Phénicie , & qui étoient Cliens de
Caton. Ortélius doute s'ils étoient
de Citium dans Tifle de Chy pre,oa
fi ce.n'étoient pas plutôt des Chu-
téens.
CITIUM, Cicitim, Klncr, ville
de rifle de Chypre, (/) Elle étoit
fituée dans la partie méridionale
D. Berf. de Montf. Tom. h p. l85.
(d) Pauf. p. S4S«
(#) Plut. T. I. p. 684.
(/} Ptolem, L, V. c. 14. PIut.T.li
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CI
iJe cette îfle , félon Ptolémée. Wa-
tarque noos apprend que Cimon,
célèbre général d'Athènes , mou-
rut de maladie au fiege de Citium.
La même chofe eft rapportée dans
Cornélius Népos. Zenon , qui
étoit né dans cette ville , en avoit
^ris le furnom de Citius. Le P*
Hardouin cenfure Cujas d'avoir
penfé autrement.
Citium fut le fiège d'un Évêque,
comme on le voit dans les Notices
de Léon le Sage & d'Hiérocles.
Ce lieu s'appelle préfentement
Chiti , félon le P. Hardouin , &
donne fon nom au promontoire
voiiïn , qui eu nommé à caufe de
tt\îi Capodechiti, ,
CITIUM, Citium, Klrtov, (a)
ville de Macédoine, au rapport de
Tite-Live. Ce fut-là, félon cet
Hiftorien , que Perfée , roi de
Macédoine, l'an 171 avant Jefus-
Chrift , ordonna à fes ofGciers
d aflemblei .outes fes troupes. Il
s'y rendît lui-même accompagné
de tous les grands de fa cour &
de ks gardes, après avoir fait avec
une magnificence royale , un fa-
crificede cent viâimes , à Miner-
ve furnommée Alcideme. Il y
trouva toutes les forces de Macé-
doine , & les troupes auxilaires
des étrangers , campées devant la
ville, & les rangea en bataille dans
la plaine. Le nombre étoit en tout
de quarante-trois mille hommes >
dont environ la moitié formoit ce
qu'on appelloit la phalange.
P^f» 49» • Corn. Nfip* in Cimon. c. 5.
Plin. T. I. p. «84. Diod, Sicul. p. 705.
Thucyd. p. 7» , 7j.
(a) Tit Liv. L. XLir. c. 51.
(*) Tit, Lh. U XLIU. c. ai.
CI !i6s
Le père Lubin , dans fes tables
géographiques , drefTécs pour l'in-
tellieence des vies des Hommes
illustres de Plutarque , dit que
cette Citium étoit une colonie ve-
nue de l'autre Citium , dont il eft
parlé dans l'article précédent.
'f^iTIUS [ le Mont ]\ {b) Mons
CUius. Il en eft parlé dans Tite-
Live, au fujet de Perfée , roi de
Macédoine. Ce Prince , étant
parti d'Élymée , arriva le troifiè-
me Jour au mont Citius , qu'il ne
paila qu'avec de grandes difficul-
tés, à caufe des neiges dont ii
étoit couvert , & qui étoient fi
hautes, qu'à peine lui permirent-
elles de camper. Auffi en partit-il
bientôt, non que le chemin qui lui
reftoit à faire , fût plus commode,
mais parce qu'il n'étoit pas poflï-
ble d'y féjourner.
Ortélius croit que cette monta-
gne étoit quelque part vers TÉtolie.
CITTUS , Cittus , K.TToç»
{c) nom d'une montagne lituée
au-deffus de la Macédoine , félon
Xénophon. II y avoit dans cette
■montagne beaucoup de bêtes fau-
ves , tels que des lions , des léo-
pards , des lynx , des panthères »
des ours & autres. Ortélius doute
fi ce ne feroit point le mont Ci-
tius de Tite-Live.
CITTUS, Çitcus ^ Khrcc^
(d) banquier , dont il eft patlé
dans la harangue de Démofthène
contre Phormion. !
CIVICA [ CÉRÉALIS ] , Ce)
' Cf) Xenoph. p. 99c. ■'
Id) Demofth. in Phorm. p. 941*
• (^ey Taciti in Agric. c. 4a. Crév. Hift.
des Emp. T. IV. p, jp.
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^iG C If
Cerealis Civica i . dconfiil 4'Afie,
fous renipire d ; ^^mitien. Il fut
inis à mort cb> ^' on propre gou-
vernement , ^ >' l'ordre de ce
Prince , fous Injiux prétexte d*un
deffein prémédité de révolte; mais
en effgt , pour avoir accepté cette
province , qui lui étoit échue psit
le fort.
Cl Vie A, Civîca^ {a) oncle
de l'empereur Yérus. Il accompa-
gna Lucille, fille de Marc-Aurè-
le , lorfque cette Princeffe alla
joindre Verus en Afie , pour ac-
complir fon mariage avec cet Em-
pereur ^ qui faifoit alors la guerre
aux Parthes.
CIVILIS [ JuLius],/tt/iii^
Civilis , {b) jouiffoit d'un grand
crédit parmi les Baca^s. Ce fut
ce qui le fauva vers Tan de Jefus-
Chrift 69. Ajoutez la crainte
qu'eurent les Romains , d'aliéner
par fôn fupplîce une nation fière &
puifTante.
CIVILIS [Claudius], (c)
Claudius Civilis^ faineux Batave^
diftingué encre ceux de fa nation ,
par fa nailTance qu'il ciroit du fang
royal , par fa bravoiire perfonnel-
le , par un efprit rufé , inventif,
& fécond en expédiens. Son noo^
cft peu connu parmi nous ; mais j
il "mérite autant de l'être que celui
de bien des guerriers fatneux dans
rHiftoire.
Il n'avoit pas (ujet de (è louer
des Romains. Son frère Julius
Paulus , fauflemenc açcufé. de
trahifon , avoit été mis à mort par
ordre de Fontéius Capito , corn-
{a) Crév. Hift. des Emp. T. IV. p.
(»; Xacit. Hift. L, !• c. t9«
Cl
mandant de la baflfe-Gernaanlé
avant Vitellius. Claudius Civilis
lui même fut chargé de chaînes
& envoyé à Néron. Renvoyé
abfous par Galba , il courut une
féconde fois rifque de la vie ibus
Vitellius, dont 1* armée demandoit
fon fuppUce avec indance.
Le reflentîment , qu'il confer-
voit de ces mauvais traitemens ^
le porta à faifir Toccafion de la
guerre civile pour fe venger.
Mais» il étoit trop habile pour
agir à découvert , & pour avertijr
les Romains par une révolte ma<^
nifefte, de le regarder & dç le
traiter en ennemi. Il fe propofoit
Sertorius *& Annibal pour mo-
dèles ; ôc prétendant les repré*
fenter par fadreffe de l'intrigue,
de même qu'il portoit leur refiem-
biance fur le yifage , ayant com«>
me eux un œil de moins , il réfo-
lut de travailler fourdement »
& de cacher fon jeu. Il feignit
donc d'époufer la querelle de
Vefpafien ; & il en avoit un pré-
texte très-ipécieux , & tout-à-fait
propre à donner à fes démarches
un air de fincérité. Antonius Pri-
mus lui avoit écrit d'empêcher le
départ des fe cours mandés p^r
Vitellius , & d'occuper les légiont
qui gardoient le Rhin , par l'ap-
parence de quelque trouble en
([xermahie. Hordéoiiius Flaccus -,
qui commandoit fur les lieux , lui
donnoit de femblables avis , tant
par inclination pour le parti de
Vefpaffèn, que par afFeâion pour
la république , qui ésoit en dan-
(c) Tacît. Hift. L. IV. c. ij. ér /«f.
L. V. e. 14. érfti* Ctév. Hiit, des Eim
T.m.p. 781»^». <ir iiiv.
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CI
j^er de périr , Q une nouvelle
inondation de troupes nombreu-
fes venoit encore fondre en Ita->
lie, 6c y renouveller la guerre-
Claudius CivilU voyant donc
3tt'U 'pou voit mafquer fon projet
e révolte fous une déférence ap-
parente aux ordres fecrets des gé-
néraux Romains , ne tarda pas à
mettre la main à l'œuvre ; & il
trouvoit les Batave^ aâuellement
difpofés à fe foulever par une
circonftance particulière. Vitellius
avoit ordonné des levées de fol-
dats parmi eux ;& cette charge,
onéreufe par elle-même, deve-
noit abfolument intolérable par les
procédés tyranniques de ceux qui
&ifoient les enrolemens. Avides
& concuffionaires , ils prenoient
des vieillards , des hommes infir-
mes pour les rançonner , & les
contraindre d'acheter leur congé.
Un motif encore plus infâme Tes
engageoit à enlever de jeunes en-
fans au-deflbus de l'âge requis
pour porter les armes. Toute la
nation fut indignée; & les émif-
faires, apodes par Claudius Civi-
lis , pour fouffler le feu de la fédi-
tion y perfuaderent fans peine aux
Bataves de refîifer de s'enrôler.
, Claudius Civilis , lui-même, fous
prétexte d'un grand feflin , affem-
bla dans un bois (acre les premiers
de la nobleffe , & ceux que la bra-
voure & l'ardeur iignaloient par-
mi la multitude ; & lorfqu'il les
vit échauffés par le vin & la bonne
chère , il s'ouvrit à eux.
Il commença par relever la gloi-
te ancienne de la nation , qu'il
leur repréfenta ensuite comme
dégradée & flétrie; par les indi«
CI 267
gnîtés & les ou-^at, s qu'elle fouf-
froit , étanc trai^f^ non plus en
alliée , mais en t ts . ve. Il ajouta
que jamais l'occa/it . n'avoit été &
belle de la remt; ^ en liberté*
n Les Romains , dit-il , font affoi*
i> blis par leurs divifions. Dans
I) leurs camps fur le Rhin , il ne
n refte plus que des vieillards &
n un butin auf& riche qu'afluré.
n Ofe^ feulement lever les yeux ,
^ & ne craignez point de vaines
n ombres de légions fans réalité.
» Nous fommes puiffans en ca-»
n Valérie & en infanterie. Nous
f> pouvons compter fur l'appui
n des Germains nos voifms &
» nos frères. Les Romains eux-
n mêmes feront peu fâchés^ de U
f> guerre que nous fufciterons. Si
n le fuccès en eft douteux , nous
Il nous en ferons un mérite 'au-
» près de Vefpafien. La vi^ .oire
I) porte avec elle fon apologie. ^'
Ce difcours fut reçu de tous ceux
qui l'entendirent avec de grands
applaudifTemens , & Claudius Ci-
vilis leur fit prêter ferment félon
le rit le plus augufle & le plus
redouté parmi ces nations barba*
res. Il follicita auffi les Caninéfa-
tes , qui de même origine que les
Bataves , & établis dans la même
iile, ne leur étoient point infé-
rieurs en vertu , & ne leur ce-
doient que pour le nombre. Il agit
pareillement auprès de huit co-
hortes Bataves , qui , renvoyées
par Vitellius en Germanie , fe
trouvoient alors à Mayence.
Les Caniné&tes fe mirent les
premiers en aâion ; & en atten-
dant que Claudius Civilis 6c les
Batdves letaflent le mafque , ils
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^68 CI
fê donnèrent an chef recomman'»
dable y nommo Brinno» fous la
conduite duquel ils forcèrent les
Romains de fe retirer dans la par-
tie fupérieure de Tifle. Mais ,
Qaucuns Civilis roulut d'abord
employer la rufe > & feignant
d*être toujours ami des Romains s
il blâma les préfets d*avoir aban-
donné leurs cbâceaux. II les ex-r
bona à regaener leurs quartiers
d'hiver , & a fe repoièr fur lai
do (bin de didiper avec fa cohorte
nne poignée de révoltés. Son def-
fein étott de fe préparer une vic-
toire aifée fur des troupes féparées
les ânes des autres. Les officiers
Romains fentireni la fraude ; &
d'ailleurs il leur Venoit de toutes
pans des avis qui ne leur permet-
tcnent point de douter que le vrai
chef de la révolte ne fût Claudius
Cvilis , â qui Brinno ne faifoit
que prêter fon miniftere & fon
Boro» Les Germains > padionnés
pour (a guerre , n'avoient pas pu
garder un fecret qui le^r faifoit
trop de plaifir.
Claudius Civilbt voyant que
la rufê ne lui réuifidoit pas , eut
recours à la force ouverte. Il fe
mît à la tête des rebelles , & vint .
attaquer les Romains dans leurs
poftes , fuivi des Canioéfaîes ,
des Frifons , & des Bataves , dif-
tribués en corps de nations. Les
Romains fe préparèrent à les bien
recevoir , & mirent en bataille
leurs troupes de terre & de mer.
Mais , à peine en étoit-on venii
aux mains , qu'une cohorte de
Tongriens parfa du côié de Clau-
dius Civilis ; & cette trahifon dé-
concerta beaucoup çe^x %^y fe
CI
virent abandonnés , & ttiêmé
afiaillis tout à la fois par leurs
ennemis ôc leurs alliés. La fiotte
ufa de là même perfidie, de forte
que la viâoire de Claudius Civi-
lis fut complette.
Ce premier exploit (ut très-
avantageux aux rebelles > en ce
qu*il leur fournit des armes & des
vaiiTeaux, dont ils manquoient ;
& il y eut un grancl éclat dans la
Gaule Çc la Germanie , où Clau-
dius Civilis ÔC fes aflbciés furent
célébrés comnie les vengeurs de
la liberté commune. Les Ger-
mains , plus voifins & plus fiers y
lui offrirent à Tenvi leur fecours.
La Gaule étoit plus difficile à
s*ébranlçr , & il n*y eut rien que
Claudius Civilis ne mît en œuvre
pour s'en procurer Tailiance. Les
cohortes qu*il avoit vaincues ,
étoient Gauloifes , auffi-bien que
leurs commandans. Il renvoya
fans rançon les officiers qu'il avoit
fait prifonniers ; il donna aux fol-
dats le choix de refter avec lui ou
de s'en aller , promettant à ceux
qui s'attacheroient à fa fortune
toutes fortes d*agrémens 6c de
diftinâions dans le fervice , & ne
laifTant pas même partir les autres
fans les gratifier de quelque por-
tion des dépouilles des Romains.
Ces largefles étoient une amor-
ce pour leur faire mieux goûter
les difcoors par lefqueis il les
exhortoit à fe révolter. Il leur
repréfentoit les maux extrêmes
qu'ils foudroient depuis tant d'aii-
nées,appellantdu nom de paix une
miférable fervitude.» Les Bataves,
n difoit-il , quoiqu'exempts de
M tributs^ ont pris les armes cou*
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CI
» tre les Tyrans de l'univers ; &
n dès la première occafion qui
i> s'eft préfentée de combattre ,
» ils ont vaincu 6c mis en fuite les
n Romains. Que fera-ce , fi les
» Gaulois fecouent le joug ?
n Queft-ce que les forces qui
» reftent à lltalie ? Ceft par le
» fang des provinces , que les
» provinces font aflervies. « Il
citolt l'exemple de la Germanie ,
qui , par la défaite & la mort de
Varus , s'étoit rétablie en poflef-
fion de fa liberté ; & cela , daiis
un tems où il s'agifloit d'attaquer
Augufte, & non pas Vitellius. Il
obfervoit que la valeur naturelle
des Gaulois étoit encore aidée
par la difcipline à laquelle ils
s'étoient formés en fçrvant dans
les armées Romaines ; & après
les avoir remplis de Tefpérance
du fuccès , il les aiguillonnoit par
le fentiment de l'amour de la li-
berté, w Que la Syrie , difoit- il ,
» que PAfie , que l'Orient, ac-
n coutumes à obéir à des Rois ,
» fupporteni la fervitude. La Gau-
f> le a encore plufieurs citoyens
M nés avant la date de l'impofîtion
n des tributs. Les animaux mé-
I) mes font jaloux de conferver la
w liberté , que la nature leur a
n donnée. Et des hommes pleins
n de valeur renonceroient à un
I) bien fi précieux ? Profitez de
n l'occafion favorable , que vous
i> offrent les dieux. Vos tyrans;
n font embarraiTés par leurs divi-
n fions ioteflines ; vous n'avez
n qu'une feule affaire. Ils font
V fatigués par leurs pertes , Se
n vos forces font entières. Tan-
i> dis qu'ils fe partagent entre Vi-
C I 269
n tellius & Vefpafien , vous pou-
n vez vous délivrer de l'un & de
n l'autre, a C'eft ainfi que Ciau-
dius Civilis , portant en même
tems fes vues fur les Gaules &
fur la Germanie y fiatcoit les peu-
ples de ces vafte» ôc puiflances
régions de l'idée de la liberté ,
pour fe préparer 4es voies à s'en
rendre le maître.
Cependant, Mummîus Lapé-
rus , qui commandoit le camp ,
appelle Vétéra , oh hivernoienc
deux légions , eut ordre de fe
mettre en campagne, ôc de mar-
cher contre" l'ennemi. Qaudius
Civilis ne (e fit pas long-tems
chercher. Ce fier Batave te pré-
fenta , faifant porter les drapeaux
des cohortes qu'il avoit vaincues ,
comme un trophée capable d'ani-
mer les fiens par le fouvenir de
leur gloire récente , & d'infpirer
la terreur aux ennemis. Il plaça
fuivant la coutume des Germains ,
derrière les rangs , fa mère 6c (es
fœurs , les femmes & les petits
enfans des officiers & desfoldats,
afin que des objets fi chers en-
cou rageaflent les combattans à
vaincre, oa les retinffent par la
honte , s'ils lâchoient le pied. /
Au fignal donné , tous enfem-
ble, ho.Times ôc femmes, firent
retentir les airs , les uns de leurs
chants de guerre, les autres de
leurs hurlemens. Les Romains n'y
répondirent que par un cri foible,
& qui dénotoit la peur, Ea
effet , ils voyoienc leur aile gau-
che mife à découvert par la dé-
fertion de la cavalerie Batave,
qui paffa du côté des ennemis ; &
fe couri\a tout d'un coup conue
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470 . CI
ceux qu! la regardoîent un înflant
auparavant comme alliée. Cepen-
dant , les légions tinrent ferme 6c
gardèrent leurs rangs. Mais , les
auxiliaires , tant les Ubiens que
ceux de Trêves , prirent honteu-
fement la fuitt , & fe répandirent
dans la campagne. Les Germains
s'attachèrent à les pourfuivre , &
donnèrent ainfi moyen aux légions
de Te retirer dans leur camp.
Claudius Labéo , commandant
de la cavalerie Batave , embarraf-
foic Claudius Civilis. Il y avoir
entr'eux une rivalité ancienne ; ils
étoient dans le païs« chefs de fac-
tions oppoiees. Claudius Civilis
appréhenda donc » s'il le faifoit
mourir, de (e rendre odieux au-
près de fes compatriotes ; 6c s'il
lui laiiToit la vie , d'avoir en lui
un auteur éternel de troubles 6c
de difcordes. Il prit un parti mi-
toyen f 6c le tranfporta dans la
Frife au de-là du Rhin. Il reçut
peu après un puiflant renfort par
la jonâion des huit cohortes Ôa-
taves qu'il avoit follicitées. Elles
étoient en marche , fuivant les
ordres de Vitellius , lorfque le
courietï de Claudius Civilis les
atteignit. Leur réfolution fut tout
d'un coup prife d'embrafTer la
querelle commune de la nation.
Claddius Civilis , voyant Tes
forces fi confidérablement aug-
mentées n'en conçut point un
orgueuil de barbare , 6c ne s'en-
fla point d'une foie audace. Il
coiinoiffoit la puiflance des Ro-
mains, 6c Tentant qu'il lui étoit
împoffible de fe mefurer encore
avec eux , il j>erfifta dans fon
plan de dif&mulatioa , 6c il fit
Cî
prêter le ferment de fidélité ai
Vefpafien par toutes les troupes
qu'il avoit fous fes ordres. Il fol-
lictta même à fe ranger au même
parti les deux légions qui s'étoient
renfermées dans le camp de Vé-
téra. Il lui fut répondu que des
Romains ne ' prenoient poioc
confeil d'un traître 6c d'un enne-
mi ; qu'ils reconnoiffoient Vitel-
lius pour leur Empereur » & lui
garderoient fidélité jufqu'au der-
nter foupir ; qu'il conyenoit mal à
un déferteur Batave de faire le
perfonnage d'arbitre du fort des
Romains , 6c qu'il devoir plutôt
s'attendre à fubir la jufte peine de
fa perfidie. Une réponfe fi fiere
enflamma la colère de Claudius
Civilis* Il fe mit aufli-t6t en mar-
che pour aller attaquer le camp
avec tous fes Bataves , foûtenus
des fecours qu'avoient envoyés
d'au de-là du Rhin les Tenâères
6c le& Bruâères , 6c il dépêcha
des courriers par toute la Germa-
nie, pour en inviter les peuples à
venir avec lui partager la gloire 6c
le butin.
Il arrive , occupant le centre de
fon armée avec l'élite de ks Ba-
taves. Les troupes venues de
Germanie couvrent la rive du
Rhin au-deflus 6c au-^leflbus du
camp ; la cavalerie battoit la cam-
pagne ^ les vaiiTeàux remontoient
le fleuve. D'une part , des figures
de loups 6c d'autres bêtes , qui
fervoient d'enfeignes aux nations
Germaniques , de l'autre les dra-
peaux- des cohortes qui avoient fi
long-tems fervi dans les armées
Romaines , préfentoient l'image
effrayante d'une guerre civile 6c
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CI
<trattgère tout enfemble. L'éten-
. due du camp , dreffé pour deux
légions y & qui contenoit alors à
peine cinq mille hommes ^ en
rendoit la défenfe plus difficile ;
mab, la multitude des valets ôc
des vivandiers que la crainte y
a voit fait accourir de toutes parts ,
comme dans un afyle , aidoit les
foldats 9 & les foulageoit pour
certains minifteres. L'accès de ce
camp étoit aifé, & muni feule*
ment de quelques fortifications
légères ; parce qu'Augufle , qui
Tavoit établi , s'étoit perfuadé que
la valeur du foldat Romain fuffi-
foit pour contenir les Germains
dans le devoir ; & que jamais on
ne fe trouveroit dans une fituation
fi trille , que les Bataves ofaiïent
venir eux-mêmes attaquer les lé«
gions.
Le cas arriva pourtant ; & les
Bataves d*un'côté^& les Germains
de Pautre , s'animant par une
émulation nationale , livrèrent au
camp un furieux afjfaut. Mais ,
après plufieurs tentatives inutiles ,
défefpérant de réuffir par la force,
ils convertirent le fiege en blocus.
Cependant ^ Claudius Civilis fe
fortifioit puifTamment. Toute la
Germanie voifme du Rhin s'étoit
déclarée en fa faveur ; & il em-
ploya fes nouveaux alliés à faire
des courfes fur les terres des peu-
ples amis des Romains. Les uns
avoient charge de piller & de ra-
vager le pais de Trêves , les au-
tres celui des Ubiens, Quelques-
uns pafTerent même la Meufe , &
vinrent infeâer les Ménapiens ,
les Morins , & toute cette lifière
feptentrtonale des Gaules. Mais^
C î 171
nul peuple ne fut plus maltraité
que les Ubiens. Claudius Civilis ,
voulant tenter un nouvel affaut ,
diftribua les différentes opérations
entre les Bataves & les Geritiains
venus des pais d*au de-làdu Rhin.
Cette féconde tentative ne réuffic
pas mieux que la première. Re-
buté du mauvais fuccès , il en
revint à bloquer la place; & corn*
me il fcignoit d'agir pour Vefpa-
fien , il follicitoit les afCégés par
des mefTages fecrets , & par des
promefTes , à abandonner le parti
de Vitellius , fe propofant de le^
mener plus loin ^ lorfqu'il leur
au roi t fait faire ce premier pas.
Too^ ce que nous venons da
raconter de la guerre de Claudius
Civilis , yéfoic pafTé avant la ba-
taille de Crémone , dont la nou-
velle fut annoncée en Germanie
par des lettres d'Antonius Primus,
accompagnées d'une ordonnance «
que Cécina avoit rendue en fa
qualité de Conful. Et le porteur de
ces dépêches étoit un ofHcier du
nombre des vaincus ^ nommé Al*
pinus Montanus , qui , par fa prë«
fence ôc par fes difcours» atteftoit
la vérité des. faitSé
Un événement fi important^
qui décidoit la querelle entre Vef-
pafien & Vitellius , devoit réunir
pour le parti du vainqueur les
officiers ôc les foldàts de l'armée
de Germanie j & conféquem-
ment forcer Claudius Civilis , ou
de fe fou mettre , ou de fe démaf-
quer , & de fe déclarer nettement
ennemi des Romains. L'opiniâ-
treté indomptable des foldats lé-
.gîonnaires empêcha cet heureux
effet , entretint la divifion , &
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zj± Cl
donna moyen à Claudlus Civills
de remporter de nouveaux avan-
tages 9 plus grands que ceux qu'il
avoit eus jufqu'alors. Ils prêteront
ferment à Vefpafien , mais de
mauvaife grâce , en évitant d'ar-
ticuler Ton nom , & confervant
dans le cœur Tattarchement à Vi-
teliius.
Vocula , qui de même que
tous les autres chefs , étoit décidé
pour Vefparien ^ envoya Alpinus
Montanus à Claudius Civilis , 6c
lui ordonna de repréfenter à ce
Batave , qu'il n'étoit plus tems
pour lui de déguifer une guerre
étrangère fous un faux \prétexte
de diflenfion civile ; & que fi fon
deflein avoit été de féconder Vef-
pafien , il avoit rempli fes vue»,
& de voit par conféquent pofer les
armes. Claudius Civilis , avant
que d'avoir démêlé le caraâere
d'Alpinus Montanus , s'enveloppa
dans des réponfes vagues , qui ne
fignifioient riei?. Mais bientôt il
fentit qu*il pouvoit fe fier à lui,
& il s'expliqua fans ambiguïté.
Il commença par fe plaindre
des fatigues qu'il avoit eues à foû-
tenir des périls fans nombre aux-
quels il s*étoit vu expofé pendant
vingt-cinq ans de fervice dans les
armées Romaines, n J'en ai reçu ,
n ajouta- 1> il enfuite , une digne
9> récompenfe , par la mort de
» mon frère , par les chaînes que
i> j'ai portées » par les cris furieux
» de l'armée de Germanie , qui
Il demandoit mon fupplice. Le
!»• droit naturel m'autorife à la
9> vengeance , & c'eft le jufte mo-
» tif qui m'anime. Et vous auffi ,
» peuples de Trêves , & tout ce
Cl
lï que vous êtes de Gaulois fou*
i> mis au joug , quel prix attendez-
» vous de votre fang fi fouvent
» verfé pour les Romains ? Une
n milice ingrate , des tributs fans
» relâche , les rigueurs des ver-
)i ges , & des haches ^ ôc la né-
» ceffité d'effuyer tous les capri-
» ces des Tyrans que l'on vous
n envoie de Rome , fous le noni
» de généraux & de gouverneurs.
M Confidérez mon exemple. Je
» n'étois qu'un fimple préfet de
>i cohorte ; & avec le feul appui
» des Caninéfates Ôi des Bataves^
i> nations bien peu nombreufes fi
f> on les compare à tout le reile
Il des Gaulois, j'ai humilié nos
M maîtres , je leur ai enlevé des
» camps', je les tiens aâuelle-
n ment afiiégés. Que rifquons-
m nous à montrer de l'audace ?
» Ou nous recouvrerons notre
)> liberté , ou fi nous fommes
» vaincus y nous ne pouvons que
» retomber dans le même état
» 011 nous étions, m Ce difcours
fit imprefiion fur Alpinus Mon-
tanus; il revint entièrement g^-
gné , & ayant rapporté à Vocula
une réponfe concertée avec Clau-
dius Civilis , il difiimula le refte,
fe réfervant à agir auprès de fes
compatriotes , pour exciter parmi
eux des mouvemens , qui ne car-
dèrent pas à éclater.
Cependant , Claudius Civilis
poufibit vivement la guerre, &
bien inftruit du peu d'intelligence
qui étoit entre les chefs & les fol-
dats Romains , il fe crut afiez fort
pour partager fes troupes en dei^x
corps , dont l'un iroît attaquer
Vocula au camp . de Gelduba ,
pendant
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CI
pendant que l'autre contlnueroh
le fiege. Peu s'en fallut que Ten-
treprife ne lui réufsît. Vocula
n'étoit point fur Ces gardes. La
vidoire refta néanmoins de fon
côté ; maïs , il ne profita pas de
fes avantages. S'il eut pourfuivi
les ennemis , il faifoit lever dans
Tinftant le fiege de Vétéra. Ce ne
fut qu'au bout de quelques jours
qu'il fe mit en marche pour aller
à Claudius Civilis..
Le rufé Batave avoit profité de
cet intervalle pour folliciter les
afliégés k fe rendre , en cachant
de leur perAïader que le fecours
qu41s attendoient, étoit détruit,
« que les fiens avoieiit remporté
une viâoire compleite. Il éialoit
à leurs yeux les drapeaux pris fur
les Romains ; il leur montroit les
prifonniers. Mab , ce fut ce qui
le décela. L'un de ces prifonniers
eut le courage d'élever fa voix
pour faire coonoître aux afliégés
la vérité qu'on leur déguifoic. Les
Germains le maflacrerent fur la
place , & accréditèrent ainfi fon
témoignage.
Enfin , Vocula arriva j & alla
fur le champ préfenier le cotnbac
à Claudius Civilis ^ qui ne recula
point, L'a6lion ne commença pas
avantageufement pour les Ro-
mains. Les plus féditieux étoient ,
comme il ne manque jamais d'ar-
river , les plus lâches. Quelques-
.uns néanmoins , fe fou venant de
leur gloire récente , tenoient fer-
me dans leur pofte , & s'encou-
îageoient inutilement à achever
«dignement leur entreprife. Les
affiégés , voyant du haut de leurs
«nurs tout ce qui fe paffoit, firent
Tom. XI.
C I 171
très-à propos une fortie , qui trou-
bla beaucoup les Bataves ; & la
viftoire fut déterminée en faveur
des Romains par l'accident de
Claudius Civilis. Il tomba de che-
val » & dans les deux armées , le
bruit courut qu'il étoit mort oa
blefFé. Il efl incroyable quelle
confiance c^tte nouvelle infpira
aux uns « qU6l|| confternation elle
jetta parmi les autres. Elle décida
pleinement du fuccès ; le fiege fut
levé y & Vocula vainqueur entra
dans le camp de Vétéra.
Cependant y Claudius Civilis,
rétabli de fa chute , ne carda pas
à reparoître. Il vint attaquer un
convoi entre Vétéra ôc Gelduba,
lorfqu'il fe mettoit en route pour
aller prendre de nouvelles provi-.
fions ; & s'il ne le défit pas entiè-
rement , parce que la nuit mit fin
au combat , au moins il lui coupa
le retour. Vocula fonit de la place
pour fauver fon convoi , & pour
l'aider à forcer les paflages ; &
aufli-tôt le Batave vint remettre
le fiege devant Vétéra. Ainfi , tous
les avantages remportés par Vo-
'cula s'en allèrent, en fumée , & les
thofes fe retrouvèrent au même
état qu'auparavant. Il y eut plus,
elles empirèrent. Le commandant
Romain abandonna Gelduba , &
fe retira à Nuys ; & Claudius
Civilis fe rendit maître du pofte
abandonné , & livra près dç Nuys
un combat de cavalerie, dont le
fuccès lui fut avantageux.
Pendant ce tems-là , la nou-
velle de la mort de Vifellius por-
tée en Germanie , y augmenta la
fureur de la guerre & les forces
des rebelles. Claudius Civilis .
s
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474 CI
renonçant à la diflimulatîon dont
il avoit ufé jufqu'alors , fe déclara
ouvertement ennemi du nom Ro-
main. Les Gaulois , dès Iong*tems
ébranlés » fe joignirent enfin à lui«
Alors , les négociations fe pouf-
fèrent avec vivacité entre Clau-
dius Civilis & Julius Clafficus né
dans le pais de Trêves. On y
ajoute Julius Tutor & Julius Sa-
binus. Les trois liduveaux chefs
travaillèrent chacun de leur côté à
fonder^ par des entretiens fecrets,
tous ceux qu'ils crurent capables
d'entrer dans leurs vues , ô^ de
leur être utiles pour l'exécution.
Ils eflayerent enfuite de tromper
& de (urprendre Vocula* Mais ,
leurs tentatives n'ayant point
réufli , Julius ClafBcus fit tuer le
Général par un déferteur Ro>
main ; & les légions qu'il avoit
commandées , prêtèrent ferment
aux Gaulois.
Reftoit le camp de Vétéra , oh
les légions afliégées avoient fup-
porté]ufques-làîes plus affreules
extrémités de la difette. On leur
dépêcha les plus corrompus &
les plus lâches de ceux qui s'é-
toient fournis , pour leur offrir le
pardon , s'ils s'accommodoient
aux circonflances , & leur décla*
rer qu'autrement ils ne dévoient
s'attendre qu'à, périr miférablc*
ment par le fer ou par la faim.
Ces dignes députés alléguèrent
pour dernier motif leur propre
exemple. Les afTiégés héaterent
quelque tems entre le devoir &
les maux extrêmes qu'ils fouf*
froient , entre la gloire & la hon-
te. Qui commence à délibérer en
pareil cas ^ eft bientôt teadu. Us
CI
fe déterminèrent à déshonorer $
par une conclufion honteufe » le
courage & le mérite de leur belle
défenle » & ils envoyèrent une
députation à Claudius Civilis pour
lui demander la vie. On refufa
de les écouter , jufqu'à ce qu'ils
euflent juré fidélité à l'empire des
Gaulois. Après qu'ils le furent
liés par cet indigne ferment ,
Claudius Civilis leur promit la
vie fauve , & la liberté de fortir
en armes de leur camp ; mais , il
s'en réferva poiir lui & pour les
fiens tout le butin , & il y fit fur le
champ entrer des troupes qui
avoient ordre de retenir l'argent j
les valets & les bagages.
Cette capitulation fi honteufe
fut encore mal obfervée. -Les
Germains qu'on leur avoit donnés
pour efcorte , les attaquèrent à
cinq miUes de Vétéra. Quoique
furpris , les Romains fe mirent en
détenfe. Les plus braves fe firent
tuer fur la place ; plufiêurs p s'é-
tant difperfés par la fuite , furent
pourfuivis ÔL maffacrés. Les au-
tres s'en retournèrent au camp^
& portèrent leurs plaintes à Clau-
dius Civilis , qui blâma les Ger«
mains , & leur reprocha leur per-
fidie. S'il patloit fincerement , ou
s'il ne cherchoit qu'à garder les
dehors , c'efi ce que Tacite ne
décide point. Mais , la eonduite»
que tint ce Batavc à l'égard des
malheureux reftes des légions
Romaines » rend fa foi plus que
fufpeâe. Car , après avoir pillé
le camp « il y mit 4e feu , &
tous ceux qui s'étoient fauves da
combat ^ périrent dans les flam*
tne$«
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Cl
Claudius CivîHs, qui, fuîvatit
un ufage reçu parmi les nations
barbares , avoit fait vœu , au
commencement de la guerre , de
laiffer croître fes cheveux, crut
fon vœu accompli , lorfqu'il eut
détruit les légions de Votera , &
il rafa fa chevelure. On lui im-
pute d'avoir fait faire à fon fils ,
encore en bas- âge , reflai inhu-
main de fes premières armes , de
fes âeches, de fes traits, fur des
prifonniers Romains , qui lui fer-
voient de but» Ce feroit une hor*
rible cruauté.
Il eft remarquable que Clau«
dius Civilis fut attentif à ne point
s'engager lui-même , & à n'en-
gager aucun Batave envers les
Gaulois , par la prédation du fer-
ment que Ton exigeoit des Ro-
mains. Il fe réfervoit fes droits &
fes prétentions ; & s'il lui falloit
un jour entrer en conteAation
avec les Gaulois pour l'Empire ^
il comptoit bien que les forces des
Germains & 1 éclat de fa réputa^-
tion perfbnnelle lui feroient aifé-
ment emporter la préférence» Il
fit hommage de fa Viâoire à la
prétendue prophéteffe VcUeda ,
qui Tavoit prédite.
Claudius Civilis & Tulius Claf-
ficus , enflés de leurs fuccès , dé-
libérèrent s'ils livrer oient au pil-
lage la ville de Cologne* Le
goût de la cruauté & l'avidité du
Butin les y portoient ; la politique
les retenoit. Ils fentoient que fon-
dant un nouvel Empire , rien ne
leur étoit plus utile que la réputa*
tien de clémence. D'ailleurs , un
motif de reconnoiffance agit fur
le cœur de Claudius Civilis , dont
CI ,iy$
le fils s*étant trouvé à Cologne
dans les commencemens des trou-
bles , n'avoit éprouvé de la part
des habitans , que les traitemens
les plus favorables. Cette ville fut
donc épargnée.
Claudius Civilis entreprit de
gagner à fon parti les peuples du
voifînage , ou de réduire par la
force ceux qui voudroient faire
réiiftance. Il s'empara du païs des
Suniciens, & enrôla leur jeu neffe,
qu'il didribua en cohortes. Com-
me il fe préparoit à aller plus loin,'
Claudius Labéo , fuivi.de troupes
levées tumultuairement parmi les
Nerviens , les Tongres , & les
Bétafiens, vint à fa rencontra, fie
l'arrêta au pont de la Meufe. Pat
l'avantage de ce pofle , il foutint
fièrement le combat , jufqu'à ce
aue les Germains , ayant paffé ce
fleuve à la nage , vinrent le pren-
dre en queue. En même tems ,'
Claudius Civilis , foit par un trUit
d'audace fubit, foit qu'il eût aupa-
ravant concerté cette démarche ,
s'avança vers les Tongres, 6c
leur dit en élevant la voix : „ Nous
M n'avons point pris les armes,
» pour acquérir aux Bataves ôi à
n ceux de Trêves , l'empire fur
9> les nations. Une telle arrogance
» eft bien éloignée de notre pen-*
» féé. Recevez notre alliance , je
» fuis prêt à paffer de votre côté ,
» foit que vous me veuilliçz pren-
» dre pour chef ou pour foldat. ce
Ce difcours adroit fit impreffion
fur la multitude ; & déjà les fol-
dats, à qui il étoit adreffé, remet-
toient leurs épées dans le four-
reau , lorfque Campanus & Ju-^
venalis , qui tenoient le premier
Si)
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â76 CI
rang entre les Tongres , vinrent
offrir à Claudius Civilis les fervi*
ces de toute la nation. Claudius
Labéofe.fauvay avant que d'être
enveloppé. Les Bétafiehs & les
Nerviens fuîvirent l'exemple des
Tongres ; & Claudius Civilis »
grolù des troupes de ces trois
peuples , fé vit au comble de ia
gloire & de la puiffance. Tout
Î>lioit devant lui , de gré ou de
brce.
Les nouvelles de ces grands
fuccèsy que la renommée enfloit
encore 9 caufoientde vives inquié-
tudes aux Romains. Pétilius Cé-
rialis , guerrier hardi & entrepre-
nant , qu'on avoit choifi pour
commander dans la bafle-Ger-
manie, vint fe mettre à la tête des
troupes Romaines. Une vidoire
qu*il remporta fur ceux de Trê-
ves f obligea ce peuple de fe fou-
mettre. Les légions , qui avoient
prêté ferment aux Gaulois, fe
joignirent aufli à l'armée de Péti-
lius Cérialis. Les Langrois firent
la même chofe. En un mot , toute
la Gaule s'étoic entièrement déu-
thée du parti de Claudius Civilis
& de Julius Clafficus. Ceux-ci ,
dans ces circonftafices , écrivirent',
à Pétilius Cérialis , quMs fça-
voienr que Vefpafien étoit mort ,
Guoique l'on s'efforçât d'en étouf-
fer la nouvelle; qu'il ne refioit
plus aucunes forces à la ville &L à
l'Italie 9 épuifées par les maux de;
la guerre civile ; que Mucien &
Domitien n'étoit que de vains
noms , qu'il fufEfoit de méprifer ;
que û Pétilius Cérialis vouloit
prendre l'empire des Gaules^ pour
^ux, ils fe renfermoient dans les
CI
bornes des territoires de leui^
peuples ; que s'il aimoit mieux le
combat, ils ne s'y refuferoient
pas. Pétilius Cérialis ne fit aucune
réponfe à Claudius Civilis & à
Julius ClafCcus , & il envoya à
Domitien le porteur de leurs let-
tres.
Claudius Civilis , comprenant
qu'il falloit combattre, ramafla
toutes ks forces , ôc de toutes
part» les troupes des peuples qui
le reconnoiffoient pour cnef , fe
rendirent auprès de lui* Pétilius
Cérialis , dont le vice étoit la né-
gligence , n'empêcha point la réu-
nion de tous ces pelotons qu'il lui
' eût été aifé de battre féparément*
Seulement , comme il voyoit que
l'armée des ennemis groffiffoit
beaucoup, il ajouta des fortifica-
tions à fon camp , qui jufques>là
n'en avoit aucune. Claudius Civi-
lis tint confeil de guerre , & les
avis fe trouvèrent partagés. Le
fien étoit que l'on attendît les fe-
cours qui dévoient venir des pais
au de-là du Rhin , & dont la ter-
reur écraferoit l'armée Romaine.
Julius Tutor au contraire préten-
doit que les délais étoient favora-
bles aux Romains, à qui il arrivoit
de puiffans renforts. Ce dernier
avis prévalut , parce que Julius
Clafficus Tembraffa , & on fe mit
fur le champ en devoir de l'exé-
cuter. Les Bataves & leurs alliés
vinrent en bon ordre attaquer le
camp des Romains.
Pétilius Cérialis ne les attendoît
pas ; il n'avoit pas même paffé la
nuit dans fon camp. On vint lui
annoncer , pendant qu'il étoit en«
core dans fa chambre à Trêves» fiç
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CI
dans fon lit , que les ennemis
avoient furpris le camp , & que^
les Romains étoient vaincus. Il ne
voulut pas croire cette nouvelle^;
il accula de timidité ceux qui la
lui apportoient. Mais bientôt » il
fe convainquit par Tes yeux de la
vérité du fait. En arrivant au
camp , il trouva les lignes forcées,
la cavalerie mife en déroute , & le
pont fur la Mofelle , qui joignoît
la ville à la rive gauche du fleuve^
occupé par les ennemis» Pétilius
Cérialis , intrépide dans un (î
grand danger , faifilTant les fuyards
par le bras, ne fe ménageant point
& fe jettant au plus fort de la mê-
lée, par cette heureufe témérité
raflembla les plus braves autour
de lui , & commença par repren-
dre le pont , fur lequel il plaça un
bon corps de garde. Ce commen-.
cernent d'avantage décida du fuc-
cès.de Taftion, En vain, Julius
Tutor , Claudius Civlfis , & Ju-
lius Clafficus , tenterent-ils de ra-
nimer le courage de leurs com-
battans par les exhortations les
plus puifTantes. Vainqueurs un
moment auparavant, les Bataves
& les alliés prirent la fuite. La
caufe de leur défaite fut leur avi-
dité pour le pillage. Au lieu de
pouffer les Romains»qu*ils avoient
furpris & mis en défordre , ils ne
fongerent qu*à fe difputer les Uns
autres leurs dépouilles , 6c ils leur
donnèrent ainfi le tems de fe re-
connaître & de fe rallier. Pétilius
Cérialis avoit prefqu.e ruiné les
affaires par fon défaut de vigi-
lance i il les rétablit par fon in-
trépidité , & profitant de la for-
^^^^» il pourfuivic ki ennemis»
CI ^77
força leur camp , & les détrnifir.
En même tems , ceux de Co-
logne voulant rentrer dans l'al-
liance des Romains, envoyèrent
offrir à Pétilius Cérialis de lui re-
mettre entre les mains la femme
& la fœur de Claudius Civilis» &
la fille de Julius Clafficus, qui
avoient été laiffées chez eux corn-
tne des gages d'alliance 6c d ami*
tié. En même tems , Ils implo-
roient fon fecours contre un enne-
mi irrité, dont ils craignoient la
vengeance. En effet , Claudius
Civilis avoit tourné de ce côté»
comi^tant trouver à Tolbiac, dans
le territoire de Cologne , une co-
horte de Cauques & de Frifons ,
trèii-ardente pour .fon fervice.
Mais , il apprit en chemin que
cette cohorte avoit péri par la^ru-
fe des habitâns de Cologne y qui,
ayant didribué des viandes & da
vin en abondance à ces Germains,
les enivrèrent » & mirent enfuite
le feu à la ville , dont ils fermè-
rent les portes ; enforte qu'il n'en
échappa aucun. Sur cet avis »
Claudius Civilis changea de route
ÔC de deffein , d'autant plus qu'il
fçut que le général Romain ac.
couroit en diligence pour fauver
des alliés qui avoient befoin de fon
fecours.
Une autre, inquiétude furvint à
Claudius Civilis. La quatorzième
légion étoit arrivée de la grande-
Bretagne > & il craignoit que fou-
tenue de la flotte qui Tavoit ame-
née, elle ne tombât fur les Bataves
du c6té où leur iile fe termine à
l'Océan. Il fut bientôt délivré de
cette crainte. Fabius Prifcus,com-
n\^ndant de la légion , la condi^*;
S 11)
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^7» C I
fit fur les terres des Nerviens &
^des Tongres , qui rentrèrent fous
robéiflance des Romains. La
âotte fut attaquée elle>même &
battue par les Caninéfates , qui"
prirent ou coulèrent à fond un
grand nombre de bâtimens. Et
tout de fuite d'autres fuccès reie-
verent les efpérances de Claudius
Civilis* Les mêmes Caninéfates
mirent en fuite une grande multi-
tude de Nerviens , qui , par zèle
pour les Romains , s'étoient at-
troupés, 6c avoient voulu prendre
part à la guerre. Julius Claflîcus
défit un détachement de cavalerie,
que Pétilius Cérialis avoir envoyé
à Nuys. Ce n étoit pas.là des per-
tes confidéra^les pour les Ro-
mains ; mais , venant coup fur
coup , elles faifoient tort à l'éclat
de ja viûoire qu'ils venoient de
remporter.
Claudius Civilis , ayant trouvé
des reflburces au de- là du Rhin
, pour réparer fes pertes , vint avec
vne nombreufe armée fe camper
à Vétéra , pofte avantageux par
lui-même , & qui rappellant aux
Bataves les grands fuccès qu'ils y
avaient remportés , pouvoit par
ce fouvenir échauffer leurs coura-
ges. Pétilius Cérialis l'y fuivit, ac-
cru d'un puifFant renfort. '
Ni l'un ni l'autre des deux
chefs n'aimoit à temporifer; 6c ils
en feroient tout d'un coup venus
aux mains , fi la nature du terrein
qui les féparoit n'y eût mis obfta-
de. Cétoit une plaine humide 6c
fangeufe par elle-même , 6c de
plus inondée des eaux du Rhin ,
3ue forçoit de s'y répandre une
igue conilruite par Claudius Ci-
CI
vilis,qm gênoirle cœur du fleuve^
6c le rejettoit de ce côté. Un pa-
reil champ de bataille étoît biea
contraire au foldat Romain , pe-
famment armé , 6c en danger de
perdre pied à chaque inftant , 6c
d'être obligé de fe mettre à U
nage ; au lieu que les Germains »
accoutumés dès l'enfance à tra-
verfer hardiment les fleuves, trou-
voient encore dans la légèreté de
leur armure 6c dans la grandeur
de leur taille , un fecours pour
s'élever au deflus des fiots.
Les Bataves , qui feiitoîent
leur avantage , harceloient fans
cefTe les Romains ; 6c enfin , il
s'engagea un combat , plutôt par
Taudace des particuliers , que par
le commandement des chefs. Lefs
plus impatiens de l'armée Ro-
maine s'avancèrent contre les- en-
nemis , qui les défioient ; fie. bien-
tôt ils fe trouvèrent dans une
trifle pofition , tombant dans des
creux fi profonds , qu'ils avoient 9
hommes 6c chevaux , de Teau par
defFus la tête. Les Germains, qui
connoifToient les gués, ie portoient
aifément de, quel côté ils vou-
loient ; 6c le plus fouvent, au lieu
d'attaquer les ennemis de front,
ils les prenoient en fianc ou en
queue. Les Romains , accoutumés
à combattre de pied ferme , ne
fe reconnoifToient plus au milieu
des courans , par lefquels ils
étoient emportés 6c dîfperfés çà
6c, là , comme il arrive dans un
combat naval ; 6c foit qu'ils per-
dident terre, ou qu'ils trou vafient
un appui folîde , fur lequel ils
cherchaffent à s'établir^ confon-
dus pêle-mêle , les bleffés avec
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Cî
ceux qui ne l'étoîent pas , les bons
nageurs avec ceux qui ne fçavoîenc
point nager , ils s'embàrrafToient
mutuellement ; & loin de fe prê-
ter fècours, ils naifoient à leur
conunune défenfe. Le carnage ne
fut pourtant pas aufli grand que
le trouble & le défordre , parce
que les Bataves n*oferent pour-
fuivre les Romains au de-U de
l'endroit inondé , & fe retirèrent
dans leur camp.
L'événement de ce combat en-
gagea les deux chefs , par des mo-
ti6 oppofés , a fe hâter d'en venir
à une aâion générale. Claudius
Civilis vouloir pouffer fa bonne
fortune ; Pétilius Cérîalis fe pro-
pofoit d'effacer fon ignominie. Les
Bataves étoient enhardis par lé
Succès, les Romains aiguillonés par
la honte. Les uns pauerent la nuit
dans les cris de joie & les chants
de triomphe , les autres dans dés
fentimens d'indignation 6i le défir
de la vengeance.
Le lendemain , les deux armées
fe rangèrent en bataille. Pétilius
Cérialis mit en première ligne fes
cohortes auxiliaires , accompa-
gtiées de la cavalerie fur les ailes.
Les lédons formèrent la féconde
ligne , oc il fe réferva un corps de
, troupes d'élite , pour les befoins
imprévus. Claudius Civilis ne s'é-
tendit point en front , mais diftri-
buafes troupes en bataillons poin-
tus , les Bataves & les Cugernes
à droite , les fecours de la grande
Germanie à gauche* appuyée au
fleuve.
Les Généraux parcourant les
rangs , avant que le combat comr
ii^^çât , animoient les foldats par
CI ^79
tous les motifs que fourniffoient
les circonftances. La vue de Vé-
téra eioît un puiffant encourage-
ment pour le refte des légions
Germaniques , & Pétilius Céria-
lis leur faifoit fentir quel intérêt
ils avoient à reconquérir un camp
qui leur appartenoit , une rive ea
poffeffion de laquelle ils s'étoient
vus fi long-tems. Claudius Civi-
lis retournoit en faveur des fiens
ce même motif en fens contraire*
i> Ce champ de bataille , leur dit-
i> il , efl déjà témoin de votre va-
» leur. Vous êtes poftés fur les
» monumens de votre gloire , &
n vous foulez aux pieds les cen-
n dres & les offemens des légions
n que vous avez exterminées.
n Vos ennemis font dans un cas
n bien différent. De quelque
n côté qu'ils portent leurs regards,
9> tout leur rappelle les idées les
» plus finiftres , ignominie y dé-
n laftre , captivité. Ne vous ef-
» frayez point du fuccès peu
19 avantageux de la bataille d^
» Trêves ; c'eft la victoire des
n Germains qui leur nuit. Ils fe
M font trop hâtés de vouloir en
n jouir , en pillant ceux qu'ils
n avoient défaits ; & elle leur a
n échappé. Mais , depuis , com-
» bien de profpérités ont com-
n penfé cet accident l Toutes les
» mefures que pouvoir prendre
» l'habileté d'un chef, ont été
n prifes. Vous combattez dans
99 des plaines marécageufes dont
99 vous connoiffez le fol , & qui
99 forment un périlleux embarras
99 pour les ennemis. Vous avez
99 devant les yeux le Rhin & les
19 dieux de la Germanie. Allez au
Si?
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^8o CI.
9) combat fous leurs aurplces^vous
n rappellant le fouvenir de vosi
» femmes , de vos mères , de
» vos enfans. Ce jour comblera
» la gloire de vos encêtres , ou
99 vous couvrira 3'ignOminie dans
19 toute la poflé^-ité. a
Les Barbares ayant applaudi à
ce difcours par des mouvemens
expredifs à leur manière , par des
danfes , par un horrible cliquetis
de leurs armes , le combat com-
mença , non pas de près. On fe
lança d*abord des pierres , des
balles de fer ou de plomb, des
traits de toute efpèce. Enfin , les
efforts que faifoiént les Bataves
pour/attirer les Romains (Jans le
marais , réuffirent. On en vint à
fe battre au milieu des eaux y 6c
la première ligne des Romains fut
culbutée. Il fallut que les légions
rdevaflent les cohortes auxiliai-
res > oui ne pouvoient plus tenir.
Elles ment ferme , ôc arrêtèrent
TeQnemi ', mais , ce qui décida de
la viftoire , fut un friouvement
que fît à propos Pétilius Cérialis ,
fur un avis qui lui fut donné par
un transfuge Batave. Ce transfu*
ge lui indiqua un pafTage folide &
mal gardé fur fa gauche,à Textrê-
mité du marais ^ 6c il s*oiFrit, û on
lutdonnoif quelque cavalerie,d*al-
let prendre en queue les ennemis.
Pétilius Cérialis détacha deux ré-
gimens de cavalerie, qui, conduits
par le Batave , tournèrent la droite
de Tarmée ennemie , & Tattaque-
rent par derrière. Le cri qui s*éle-
▼a en cet endroit, s'étant porté
aux légions , les encouragea à
prefTer en front avec une nou-
velle ardeur. Les Germains ne
Cl
purent réfifter à cette double atta-
que ; enfoncés & rompus^ ils s'en-
fuirent vers le Rhin. La guerre au-
roit été terminée par ce combat ,
ù la flotte, que les Romains te-
noient fur le Rhin , eût fait dili-
gence pour couper les fuyards. La
cavalerie même ne les pourfuivic
pas loin , parce qu'il furvint une
groffe pluie , ôc que la nuit appro-
choit. Âinfi, les Germains vaincus
fe retirèrent à leur aife ; & leur
armée fut plutôt diflipée que dé-
truite.
Le fruit de cette viftoîre ne
laifTa pas que d'être confidérable
pour les Romains. Claudius Ci-
vilis abandonna tout le païs qu'il
tenoit hors de l'ifle des Bataves ,
6c il fe renferma dans cette ifle
fa patrie ; mais , après avoir pris
la précaution de renverfer la di-
gue , que Drufus avoit autrefois
cônftruite à l'endroit où le Rhin
commence à fe divifer en deux
bras. Ces bras font inégaux. La
pente des eaux fe porte vers le
Vahal; Si le bras droit , qui con-
ferve le nom de Rhin , demeure
le plus foible. Drufus , aux vues
duquel il c^nvenoit d'avoir beau-
coup d*eau dans ce bras droit,qu'il
joignit à rliTel par un canal qui
fubfide encore aujourd'hui , avoit
dirigé fa digue de façon qu'elle
rejettoit les eaux vers la droite.
Claudius Civilis , ayant un inté-
rêt contraire , la ruina ; Si de
cette opération il tira deux avan-
tages. En grofBflfant le Vahal , il
fortifîoit la barrière , qui le fépa*
roit des Romains ; 6c le bras qui
bornoit fon ifle au Septentrion,
fe trouvant réduit prefque à ie€>
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CI
lui ouvroîtune commonîcatîon H-
hre avec la Germanie. Il y pafla,
aufli-bien que Julius Tutor , &
Julius Clafficus, 6c cent treize
Sénateurs de Trêves. L'argent ,
qu'ils diftribuerent parmi les Ger-
mains , la commifération, le goût
que ces 6ères nations avoiencpour
les hazards de la guerre , tous ces
motifs concoururent à procurer de
Euidans fecours à Claudius Civi-
s.
Pendant qu'il étoit occupé à les
raflembler, Pétilius Cérialis pro-
fita de fon abfence pour s'établir
dans l'ifle des Bataves. Il s'y em-
para de quatre poftes importans ,
Arenacum, Batavodurom, Grin-
nès , & Vada ; & pour s'affurer la
pofTeffion de ces lieux , qui
étoient les clefs du païs^l y plaça
des corps de troupe» confidéra-
bles.
Claudîas Civilis , avac les for-
ces qu'il avoit tirées de Germanie,
fe crut en état d'attaquer en un
feul jour ces quatre poftes à la fois.
Il ne fe promettoit pas de réuflir
par tout également. Mais , en
o(ant beaucoup , il efpéroit qu'au-
moins quelqu'une de fes tentati-
ves ne leroit pas infruélueufe ; &
comme il connoiflbit Pétilius Cé-
rialis pour un général hardi &
peu précautionné , il ne croyoit
pas impoflible de le furprendre ,
& de fe rendre maître de fa per-
fonne , pendant que fur les diffé-
rens avis qu'il recevroit , il cour-
roit de l'un à l'autre des endroits
attaqués. Claudius Civilis ne força
aucun des quatre poftes qu'il
affaillit ; il courut même rifque ,
en voulant retenir les fuyards ^
CI ±if
d'être fait prifonnier. Maïs , il ne
laifTa pas de tuer du monde aux
Romains , 6c il leur échappa en
pafTant le Rhin à la nage.
Les affaires des Germains de-
venoieht de jour en jour plus cri-
tiques. Claudius Civilis tenta^ pour
dernière reflburce , un combat
naval contre les Romains à Tem-
bouchure de la Meufe ,& n'ayant
pas réufîi , il fe découragea entiè-
rement ; il abandonna une cntre-
prife malheureufe , & fe retira au
de- là du Rhin. Pétilius Cérialis
ravagea l'ifle des Bataves^ & y
exerça toutes fones d'hofiilités »
épargnant néanmoins , fdtvanc une
rufe, fouvent pratiquée par les
Généraux , les terres de Claudius
Civilis.
Cependant , la faifon s'avan-
çoit ; & les pluies abondantes
qui furvinrent , ayant grofîi le
fleuve , il fe déborda dans l'ifle.
Si la convertit en un grand étang.
Les Romains qui n'avoienc pas
pfévu cet inconvénient , fe trou-
vèrent fort embarralTés. Leur flotte
étoit loin ; ils n'avoient point de vi-
vres ; & dans un païs plat & uni,qui
n'a aucune inégalité,aucune colline,
ils étoient privés de toutes refFour-
ces pour mettre leur camp à l'abri
de l'inondation. Ils pouvoient périr,
Cl les Germains les eufTent atta-
qués en cet état , comme ils ^
eurent la penfée* Claudius Civi-
lis fe fit dans la fuite un mérite
auprès des Romains d'avoir fçu
en détourner fes compauiotes.
Peut-être difoit-il vrai ; car , il
fongeoit alors à faire fa paix.
ïl étoit las de lutter contre la
fortune j & l'efpérance de la vie.
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ji82 Cl.
dit Tacite, amollit fouveot même
les grandes âmes. Il demanda donc
une entrevue à Pétilius Cérialis,
• mais avec des pricaations fingu-
lieres pour fa fiireté. On rompit
un pont fur une rivière ^ dont le
nom 4 altéré dans Tacite , paroît
devoir être celui d'une des bran-
ches du Rhin. Les deux Chefs s'a-
vancèrent aux deux extrémités
du pont rompu qui fe regardoient;
& Claudius Civilis fit un difcours ,
dont nous n'avons que le com-
mencement dans Tacite y parce
que cet excellent hiftorien nous
manque tout d un coup. Nous y
voyons que Claudius Civilis em-
ploya la faude & miférable excufe
d'avoir pris les armes pour la que-
relle de Vefpafien , & il finit fans
doote par implorer la clémence
du vainqueur. La foumiflion de
Claudius Civilis fut reçue par le
Général Romain ; & Ton doit
croire que les autres chefs des
rebelles fuivirent l'exemple de
celui qui tenoit entr'eux le premier
rang. La paix fut rétablie dans
ces contrées , & l'on n'y vit de
long-tems renaître de nouveaux
troubles.
Ce que nous venons de racon-
ter dans cet article de la guerre de
Claudius Civilis contre les Ro-
mains , fe rapporte à Tan de J.
C 69 , & à l'année fuivante.
CIVISMARUS, Civîfmarus,
(tf) roi célèbre des Gaulois. Ce
Prince , s'étant déclaré pour les
O) Tit. Lîv. L. XXtV. c. 41.
(h) CxC de Bell. Gall. L. I. p. i},
14. L. VII. pag. s8o, a8i , ft8ft , 18) ,
3 51 , 255. Plin. Tom. I. pag. 148 , 149,
T. II. pag. 548, Xacit. Annal, L. III. c.
Carthaginois durant la féconde
guerre Punique 4 fut tué dans un
combat , qui fe livra en Efpagne
près de la ville d'Aurinx. Voyei^
Aurinx.
CIVITAS , {b) terme Latin.
Nous n'en avons point dans notre
langue de propre pour exprimer
celui-ci , dans le fens que les an-
ciens Auteurs lui donnent ; car ,
il ne fe prend pas , comme on l'a
fait au déclin de l'empire Romain,
pour une ville , mais tout enfem-
ble pour l'étendue ou jurifdiôion ,
état ou diocèfe entier d'un peuple»
& pour le peuple même , ou mê-
me la plupart du tems , pour un
corps formé de plufieurs peuples
confédérés.
Que Civîtas foît autre chofe
que Urbs & Oppidum , ville %
c'eft ce que Céfar montre diftinc-
tement , lorfqu'il dit : Cœfar ad
Oppidum Avaricum , quod erat
maximum munitijjimumque infini*
bus Biturigum , atque agriferti*
lijffîma regione , profeélus eft ;
qubd eo oppido recepto , Civita"
tem Biturigum fe in potefiatem re^
daéiurum confidebat ; c'eft- à- dire,
i> Céfar prit fon chemin vers
n Bourges , qui étoit la plus
n grande & la plus forte ville,
19 & dans le quartier le plus fer-
» tile de, tout le Berri ; parce
n qu'en la prenant , il efpéroit de
)) réduire en fon pouvoir toute
I» Ja Cité dès peuples Bituriges ,
i> c'eft-à-dire , toute l'étendue du
44. Ptolem. L. II. c. 7. ér fetf, Jofcph.
de Bell. Judaïc. p. 806. Mém. dePAcad.
des Infcript. & Bell. Lect. Tom. XVIU.
p. 51. <<r friv, T. XIX. p. 495 , 67»!
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CI
•> Berri. ci Et lui peu plus bas îl
ajoute : Ddiberatur de Avarico in
communi concilio^inccndi placer tt^
an défendu Procumbunt Gallis
omnibus , adpedes , Biturges ; ne
pulcherrimam prope totius Gallia
urbem^ qua , &prafidio , & orna"
mento , fit Civitati , fuis manibus
fuccendere cogerentur. n On pro-
II pofe en plein confeil , s'il falloit
91 brûler Bourges ou la défendre ;
» ceux du pais fe jetterent aux
Il pieds de cous les Gaulois , Ôc
n les fupplierent qu'ils ne fuiïent
Il pas contraints de brûler de
Il leurs mains la plus belle ville
n de toute la Gaule , & qui étoit
M la fortereffe 6c l'ornement de
» fon État. « L'on voit claire-
ment dans ces paroles , que Civi-
tas eft autant différent d'Oppi-
dum & à'Urbs , qu'un tout diffère
de fa partie ; & Ton peut remar-
quer par les fuivantes , que l'éten-
due de païs , comprife fous ce
nom Civitas , contenoit fonvent
plufieurs villes » puifque le m^me
Auteur dit dans un autre endroit :
C^no die amplius XX Urbes Bi^
turigum incenduntur»
Comme l'on a pris Civitas pour
un peuple , Civitates a été pris
pour plusieurs ; ce qui fe trouve
encore nettement dans Céfar ,
lorfqu'il fait le dénombrement
général des gens de guéVre , que
chaque Civitas de voit fournir con-
tre Céfar lui-même : Univerfis
Civitatibus qua Oceanum attin-'
P^nt quo funt in numéro Cu-
riofolites , Rhedones, Ambibarii ,
Cadetes ^ Ofifmii , Lemovices ^
l^rmlli , Sena [ mïllia'] ; c'eft-à-
dire« Il A toutes les cités qui font
; c I 28}
». fur l'Océan , entre lefquelles
Il font celles des Curie iblites ,
Il des Rhédons , des Ambiba-
11 riens , des Cadetes , des Ofif-
Il miens , des Lemovices y . des
Il Unelles , il fut commandé de
Il fournir fix mille hommes cha-
II eu ne. a Or , il eft clair que
Curiofplites y Rhedones , 6cc, font
autant de peuples.
Pline fe fert encore du mot de
Civitas au même fens que Céfar ,
en ces termes : Tungri Civitas
Gallia f>ntem habet infignem ....
ferruginei faporis , où il entend
par cette fontaine les eaux de
Spâ y qui font dans le territoire ,
ou plutôt dans le diocèfe , &
non dans la ville de Tongres.
De même encore ailleurs, & auflli
clairement : Oppidum Vediantio^
rum Civitatis Cemelion, n Cémé-
n lion , ville de la Civitas des
Il Védiantiens. a Et encore : ^-
contiorum Civitatis fœderata duo
capita, Vafto & Lucus Augufti^
Il Vaifon & Luc font les deux
Il principales places de la Civitas
n ou de l'état des Vocontiens. u
La différence, qui eft encre Ci-
vitasy & Urbs & Oppidum , étant
connue , il eft bon de voir en quoi
ce même mot Civitas diffère de
Pagus, Ces Civitas , ou peuples
de la Gaule , étoîent, félon Tacite,
au nombre de foixanie- quatre.
Ptoléméé n'en met à la vérité que
foixante ; fçavoir , dix-fept en
Aquitaine , vingt-quatre dans la
Lyonnoife , & dix-neuf dans la
Belgique ; mais , y en ayant réel-
ment vingt-trois dans la Belgique
au lieu de dix-neuf, il eft facile
par-là d'accorder ces deux Au-
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^84 C I •
tcnrs. Ces foîxante- quatre peuples
eu Civitatesy étoient divifés cha-
cun, in plures plagos , en plufieurs
cantons. Céfar dit : Omnis Civitas
Uelvetia in quatuor pa^o s dïvifa
efi; n Les Helvétiens ou Tétat des
» Helvétiens eft divifé en quatre
p cantons, u On en peut conclu»
re que les autres Civitates des
Gaules étoient aufîi divifées cha- *
cune en différens cantons ; les
DDCs en ayant plus , les autres
moins. Et ces cantons étoient
quelquefois fi grands & fi puîf-
fans , que fou vent ils ont été pris
pour dès peuples ; comme il fe
voit en Tigurinus Pûgus , qui
étoit un canton du païs des Hel-
vétiens , & que Céfar appelle
dans la. fuite Tigurini , comme
on peuple entier de ce nottu',C*eft
de-Ià fans doute que Plutarque ,
dans la vie de Céfar, dit qu'il avoit
dompté dans les Gaules trois cens
nations ; & que Jofephe affure que
la Gaule étoit peuplée de trois cens
quinze nations , ce nombre de na-
tions n étant que les pagi ou païs
des foixante-quatre Civitates.
On pourroit*j pour une plus
grande clarté , appeller Pagi de
petits peuples , & les Civitates de
grands peuples ; mais , une chofe
a laquelle il faut prendre garde ,
c'eft que les mots Civitas & Pagus
/ont quelquefois donnés fi confu-
fément par d'anciens Auteurs &
fur tout par Pline , que le plus
fouvent on n'y peut difcerner les
uns d'avec les autres , principale-
»ient avec Ptolémée , qui ne don-
ne que les grands peuples ou Ci-
ritates»
La façon ^ dont M, Fréret
CI
s'explique fur la fignificatîon dil
mot Civitas ou Cité, peut fournir
beaucoup de lumières fur cet ob-
jet. Voici fes obfervations , tirées
de fes mémoires fur l'origine Se
le mélange des anciennes nations
& fur la manière d'en étudier
rhiftoire. » On doit rechercher ,
» autant qu'il eft poffible , quelles
» caufes ont porté certaines na-
ît tions à fe divifer en divers
9> corps politiques , dont le gon-
» vernement & les intérêts fuf-
» fent féparés ; en Cités diftin-
n guées par des noms particu-
n liers , & très-fouvent ennemies
}i les une» des autres. Tels étoient
n par exemple les Sarmates , déf-
it quels Pomponius Mêla dit : Una
9» gens , aliqupt popuU & aliquot
Il nomina ; & les Lygii , qui oc-
» cupoient les pais fitués entre la
» Germanie & le Boryfthène»
n ou ce que nous défignons au-
}i jourd*hui par le nom général
» de Pologne ; Lygiorum nomen,
» in plures Civitates diffufum.
n Quand il s'agit de l'hifioire
Il du moyen âge , nous em-
n ployons le terme de nation.
Il pour défigner un certain nom-
n bre de Cités , dont l'origine eft
» la même , qui parlent une mê^
n me langue , mais avec des dia-
II leâes différens, qui joignent au
Il nom commun à toutes , un
Il nom particulier à chacune
Il d'elles; oîi quelquefois , enfin ,
Il on remarque parmi les hom-
» mes une certaine configuration
» propre , qui les diftingue de
91 ceux d'une autre nation ; à
91 peu près comme dans les plan-
w tes } ou dans les fleur»» toutes
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Cl
j> les efpèces d'un même genre
M ont certains caraâères com-
» muns. Nous employons le ter-
» me de Cité , pour défigner Taf-
n fociation politique de plufieurs
» peuples ; & par le terme de
» peuple , nous entendons un
» certain nombre d'hommes unis-
n par des liens qui les rendent
» membres d'un même corps ,
n les foumettent aux mêmes loix ,
» les attachent aux mêmes inté-
» rets.
» Il faut obferver que les com-
99 binaifons , qui 9 des diverfes
99 parties d'une même nation ^
99 forment difFérens aflemblages,
99 peuvent varier » & varient en
99 effet à l'infini fuivant les con-
99 jonâures. En conféquence de
99 tel ou tel événement , il peut
99 arriver que plufieurs petits peu-
99 pies fe réunifient en une feule
99 Cité , & qu au contraire une
99 Cité fe divife en plufieurs petits
19 peuples.
99 Au premier cas , le nom
99 d'un peuple peu confidérable
9> dans fon origine , & qui n'oc-
» cupoit qu'une très-petite éten-'
99 due de pais , pourra devenir
99 tout d'un coup celui d'une Cité
99 piiiflTante ; parce que ce peuple
99 aura donné fon nom à tous les
99 autres qui fe feront unis à lui.
99 C'eft ainfi que le nom Mes
99 Goths ou Gothons , fortis d'un
99 canton peu étendu de la Scan-
99 dinavie , eft devenu le nom
99 général d'une Cité . très-nom-
99 breufe. Par une raifon fembla-
99 ble , le petit canton de Schouitz
19 a donné fon nom à la ligue
» entière des SuiiTcs ^ quelque
Cl ^85
V peu confidérable qu*ii foit par
99 fon étendue. .
9> Au fécond cas , c*eft-à-dire,
99 lorfque la )igue qui avoit réuni
99 plufieurs divers peuples en une
99 même Cité, s'eft détruite; il eft
99 arrivé que le nom d'un peuple,
99 qui avoit été long-tems cé!^-
99 bre f a difparu prelque entière- •
99 ment ; parce qu'alors les difFé-
99 rens peuples particuliers ont
99 repris les noms qui fervoient
99 auparavant à les difiinguer en-
99 tr'eux 4 mais qui n'étoient pas
99 connus des étrangers.
99 Dans l'un & l'autre cas , il
99 eu. très-pofi[îble qu'il ne foie
n arrivé aucun changement dans
99 la nation quioccupoit un païs,
99 que fes anciens habitans n aienc
99 été ni détruits ni chafl*és , 6c
n qu'il n'en foit pas venu de nou-
99 veaux s'y établir.'
99 Prefque tous les Écrivains,'
99 faute d'avoir fait cette réflexion,
9) fe font trouvés dans des em-
99 barras , dont ils n'ont pu fortir
99 qu'en multipliant des fuppofi-
» tions toujours gratuites & fou-
99 vent abfurdes. Cependant , tes
99 exemples s'offrent en foule
99 pour rendre ce principe impor-
99 tant , aufiî fenfible qu'il eft vrai.
99 Les Sicambres formoient , au
99 tems de Jules Céfar , une Cité
99 puifFanie , dans la Germanie
99 inférieurei Depuis la fin de
99 l'empire d'Augufte , il n'eft
99 plus parlé d'eux dansl'Hiftoire,
99 mais de plufieurs peuples par-
99 ticuliers qui occupoient le mê-
99 me païs. Tacite s'exprime , à
9) la vérité, comme fi le corps
99 entier des Sicambres eut été
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i.26 Cl
n détruit & tranfporté dans la
n Gauïe ; Sicamhn excijî & in
» Gallias trajeÛL Mais , cela ne
$} fe doit entendre que du petit
i> peuple 9 qui , dans Torigine »
f) avoit donné Ton nom à toute
f> la Cité. Les armes Romaines
n ayant forcé les difFérens peu*
>i pies qui la compofoient, » de
79 renoncer à la- ligue qui les
ff unifToit , chacun d eux refta
n dans le pais qu'il avoit toujours
n habité ; mais , il quitta le nom
j> de Sicambres pour reprendre
Il fon nom particulier. Les cho-
9» fes repèrent fur le même pied
n jufque vers Tan 240 de J. C;
n que ces peuples qui avoient
n autrefois compofé la Cité des
» Sicambres , s*unirent par une
i> nouvelle affociation, qui prie
» le nom de Francs , & qui , par
i> fa bravoure & fon attention à
i> profiter des circonfiances » fe
n mit en état de former une Mo-
19 narchie puifTante. ce
Civitas étoit encore un terme
confacré pour exprimer le droit
de bourgeoifie que Ton accordoit,
comme une faveur fingulière.
Voyei Bourgeoifie , & cité [ droit
de 1.
CIUM , Cium , ville de Bithy-
nie f la même que Cius, Foyei
Gius;
CIUS , Clus, KTc^ > (a) ville de
Bithynie , province de TAfie mi-
neure , étoit fituée fur le bord de ,
la Propontide , au fond d'un petit
golfe, auquel elle donnoit fon
(a) Pomp. Mel. p. 84. Strab. p. %6^.
Dio. Cair. pag. 841. Tit. Liv. L. XXXI.
c. 31. L. XXXIII. c. 30. Diod. Sicul.
p. 791. Crév. Hifif des Emp, T, V. p.
CI
nom , qu! s*efl confervé jufqu'à
nos jours. Cependant , Pompo-
nius Mêla dit que ce golfe n*avoic
point de nom. Quoi qu'il en foit p
Philippe , fils de Démétrius &
père de Perfée, ruina cette ville ,
dont il donna remplacement à
Prufias , fils de Zélas , qui Tavoît
aidé à la ruiner. Prufias, ayant
rétabli depuis cette ville , Tappella
de fon nom Prufe.
Elle étoit au pied du mont Ar-
ganthonius , félon Cellarius , dont
le (èntiment paroît appuyé fur
des raifons très-folides.
La ville de Cius eft célèbre
dans les écrits des Anciens , 61
Earticulièrement dans ceux de
lemnon , qui l'appelle Kls^cç ,
Cierus , mot à la place duquel
Saumaife voudroit fubftituer ce-
lui de KiWcç , Cieius ; corre6Hon ,
qui ne fçauroit fiibfifter , puifque
Memnon , qui parle de cette ville
en plufieurs endroits , ne la nom-
me jamais que Klepoq» D'ailleurs ,
les habitans de cette ville y font
défignés par l'adjeôif Klspuroç ^
Cierinus ; & cet adjeftif ne fçau-
roit être dérivé du fubftantif
Kle/6ç.
C'eft à Cium que fut tué , fé-
lon Diodore de Sicile , un roi
Mithridate , fournis par Antigo-
nus , mais qu'on croyoit être paffé
dans le parti de CafTandre. Ce
Prince avoit été fouverain de Cius
auffi-bien que d'Arrhime pendant
trente-cinq ans.
Dion Caffius parle de la ville de
^% » 4*7* Mém. de PAcad. des Infcript.
& Bell. Lett. Tom. V. pa£. 2^7 , ft»8.
T. IX. p. 84. T. XII. p. %xu T. XVI,
p. X47.T.XIX.P.71.
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CI
Cîus , & dît que ce fut entre cette
ville & celle de Nicée ^ que fe
donna le combat entre les armées
de Niger & de Sévère, qui fe
difputoient l'Empire après la mort
de Pertinax.
Cius fut pillée par des peuples
Scythes fous l'empire de Valérien.
Elle étoit Épifcopale , & la Noti-
ce de Hiérocles lui donne le fep-
tième rang ehtre les villes de cette
province.
Les habitans du pais la nom*
ment préfentement Chorafîa ; &
les Turcs 9 Chéris. On prétend
^ que fon nom vient de l'abondance
ces cerifes qu'on y cueille.
CIUS, Cius, Km. {a) ville
de Myfie , félon Xénophon. Ce
devoit être la même que Cius de
Bithynie, province limitrophe de
la Myfie.
CIUS , Cius , Kro;, ifle, l'une
àe$ Cydades dans le voifmage de
l'Attique , félon Suidas. Cet Au-
teur ajoute que Lyfias l'appelle
Polin , c'eft-à-dire , ville ; & que
les orateurs ont fouvent appelle
villes , les ifles.
CIUS , Cius , KM , {h) fleuve
de la BaiTe Myfie. Il avoit fa
fource aux montagnes de Thrace ,
& tomboit dans le Danube. De-
nys Iç Périégète dit que ce fut
auprès de ce fleuve qu'Hylas ,
garçon d'Hercule , fut enlevé par
une nymphe, c'eft-à-dire , plus
fimpiement, qu'il s'y noya.
Euftathe,dans fon commentaire
fur Denys , dit qu'il y avoit au-
près de ce fleuve une ville du
(s) Xenoph. p. 438.
(h) Herod. L. IV. c. 49.
(r) Mém. de l*Acad. des lofcript. & | Xenoph. p. 6^9
CL 297
même nom ; cela fe voit aufli
dans la Notice de l'Empire, oïl
l'on lit Cuneus equitum StabUfia^
norum Cii. L'Itinéraire d'Antonia
met Cion , qui eft le même lieu ,
entre Carfon & Biroë , à dix mille
pas de la première , & à dix-huit
mille pas de la féconde.
Hérodote qui parle du Cius^
dit aufli qu'il fe rendoit dans le
Danube, 6c il ajoute que ce fleuve
divifoit le mont Hémus , en def**
cendant de PéonijC & du tnont
Rhodope.
CIUS , Cius , KM » (c) l'un
des Argpnautes* Quoique Gus
n'y foit nommé par aucun de
ceux qui ont écrit fur l'expéditioa
de Jalon , cependant l'autorité de
Strabon a paru fuflifante pour le
mettre au nombre des Argonau-
tes. Cet Auteur , parlant de la
ville de Prufe dans la Bithynie,
rebâtie par Prufias , dit qu'elle fe
nommoit autrefois Gus du nom
de fon fondateur, qui l'avoit bâtie
à fon retour de la Colchide ; ce
qui eft confirmé par Euftathe
dans fon Commentaire fur Denys
le Périégète.
C L
CLADAUS , ou CLADÉUS;
Cladaus , CladeuSf {d) K^<t/acc ,
K^a//cç, fleuve du réloponnèfe
dans l'Élide. Paufanias le nomme
Ciadéus ; 61: Xénophon , Cladaus.
Le preipier dit qu'il vient de l'É-
lide, & qu'il fe mêle avec l'Ai-
phée. Le dernier , fans parler de
la fource du Cladaus , auure^ qu'il
|Bel]. Lett. Tom. IX. p. 84.
id) Eauf. pag. «98, Î05, Ji6, 384*'
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^88 CL
coule près de TÂlté ou Altîs , &
le fait aufli mêler avec l'Alphée.
Les Éléens rendoient des hon-
neurs divins au Qadaus ; ^ ce
fleuve étoir, après TAlphée, celui
qui en recevoit de plus grands.
CLADOTERIES , Cladoie^
ria^ (a) fêtes que Ton céiébroit
quand on tailioit la vigne. Héfy-
chius fait mention de ces fêtes.
Le nom de Cladoteries eft pris
du Grec kau/oç« qui fignifieune
branche flexible.
CLAMPÉTIE , Clampetia ,
{b) ville d'Italie , fituée au fond
d'un golfe dans le pais ées Brut-
tiens. Elle fut prife par les Ro-
mains Tan de Rome 548. Pline
ne nomme cette ville, qu'un lieu
fimplement , parce que de fon
tems elle étoit ruinée. Mais , elle
s'eft rétablie depuis ; & c'eft pré-
fentement l'Amantéa fur la côte
de la Calabre citérieure.
Les anciennes éditions de Tite-
Live portoient dans un endroit,
Dampétie , qu'on a corrigé dans
les nouvelles, en Clampétie, com-
me on Ht ailleurs dans cet Auteur.
CLANÈS , Clanes , K>«Vm; ,
(c) torrent des montagnes fituées
au-deffus de la Vindélicie, Il fe
jettoit dans le DanulSe 9 félon
Strabon. Clazius croit que c'eft
le Glan , qui arrofe la Bavière.
CLANIS , Clanis , K^<yVi<; ,
(d) rivière d'Italie dans l'Étrurie.
Elle fe perdoit d'abord dans le
Tibre ; mais , on fit dans la fuite
un changement dans fon -cours.
CL
Tacîte rapporte au premier livre
de fes Annales , qu'après un dé-
bordement du Tibre , qui avoît
fait du ravage dans Rome , fous
Tibère , le Sénat chercha les
moyens de s'en garantir à l'ave-
nir. Celui , qui (e préfentoit le
plus naturellement étoit de dé-
tourner les rivières & les lacs qui
tombent dans le Tibre ; mais ,
entre toutes les autres rivières ,
la plus aifée à détourner étoit le
Clanis 9 appelle maintenant la
Chiana ; car , entre les monta-
gnes de la Tofcane , il fe forme
dans une longue plaine , un grand
lac que la Chiane traverfe , & oit
fes eaux ibnt tellement en équi-
libre , qu'elles n'ont pas plus de
pente pour couler du côté d'O-
rient dans le Tibre , que du côté
d'Occident dans l'Arne qui pafle
à Florence; de forte qu'elle coule
de l'un & de l'autre côté. Elle
contribue beaucoup aux inonda-
tions", tant du Tibre que de l'Ar-
ne. On pouvoir donc , en la dé-
tournant entièrement dans l'Arne,
ôter au Tibre une des caufes de
fes débordemens ; mais , on eût
fauve Rome aux dépens de Flo-
rence ; & quoique cette ville ne
fui alors qu'une colonie peu con-
fidérable , elle fie au Sénat des
remontrances qui furent écoutées.
Les habitans de quelques au-
tres villes d'Italie , menacés du
même malheur , en firent auffi ,
& cherchèrent fi foigneufement
toutes les laifons qui pouvoient
(4») Anijq. expl. par D, Bern. de I (c) Strab. pag. 107.
Montf. T. II. p. ai). 1 {d) Tacii. Axuiai. L. I. c. 79. Strab.
{h) Tii. Liv. L. XXIX. c. 38. L. XXX. j p. ajy.
c. 19. Piin. T. I. p. 15S. I
leur
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CL
kar être favorables , qu'its repré*
fenterenc , & la dimmutîon de la
gloire du Tibre qui auroit moins
de fleuves tributaires , & le ref-
peâ dû aux limites établies par la
nature , & le renverfement de la
reliebn de plufîeurs peuples qui
ne ffouveroient plus dans leut"
païs,'des fleuves à qui ils ren-
doient un culte. Les Romains |fe
déterminèrent alors à laifTer les
chofes comme elles étoient ; mais
depuis ils bâtirent une grpfTe mu-
raille , qui fermoit , d'une monta-
gne à Tautre , la vallée par oîi pafTe
la Chiana pour fe jetter dans le
Tibre; & ils laifTerent au milieu
une Quverture pour régler la
quantité d'eau qu'ils vouloient
bien recevoir. Cette muraille fe
voit encore aujoui-d'hui.
Les conteflations fur le cours de
la Chiana fe renouvellerent entre
Rome & Florence , fous le pon-
tificat d'Alexandre VIL Le Pape
&le Grand Duc convinrent de
nommer des cotnmifTaire^. Le
Pape nomma le cardinal Carpe-
gne , qui dévoit être aidé de M.
Caflini, qu'on a vu depuis à l'Ob-
fervatoire de Paris , & menrtbre
de TAcadémie Royale des Scien-
ces ; & le Grand Due nomma le
fénateur\Miehelozïi & M. Vivia-
ni. lljs réglèrent en 1664 , ^ ^^
1665 , ^3"^ c® ^^*^^ y ^voit à faire
de part & d'autre , que la ma-
nière de l'exécuter. Mais , comme
il arrive aflez fouvent dans ce qui
ne regarde que le public , on n'alla
pas plus loin que le projet*
CLANIS , Clanisy K;^ar/ç, {a)
autre rivière d'Italie dans la Cam-
CL li^
panîe. M. l'abbé Langlet du Fref- .
noy prétend queCIanis , Clanius ,
& Liternus , (ont la même chofe
2ue le Glanio ou le Patria ; fur quoi
). \Mattheo Égitio obferve que
Liternum oppidum , o\x Scipion fe
retira , étoit près du lac de même
nom & de la Silva GalUnaria ;
que ce lac efl appelle lac de Pa-
tria , parce que Scipion , en fe
plaignant de Rome , difoit f /n-
grata Patria nec quidem oïïa me^
hahes. n Le Clanis ». ou Clanio ,
n ajoute- t^il^ efi un fleuve qui
n prend la fouree dans la mon-
if tagne d'Abella , & traverfe
n enfuite le territoire de Noia 6c
w d'Acerra , d'où il va fe jetter
)} dans la mer , proche de Patria ;
i> & en paifarit , il prête fes eaux
n au lac Liternus» peu au-deflus
Il de l'ancien Liternum. On l'ap-
n pelle Fiume di Patria ; mais »
» plus avant dans lei terres , oh
Il le nomme Lagno , qui e un
Il mot corrompu de Clanius , donc
Il Virgile dit :
,< • • . Clanius non aqùus Acerrlii
n Cluvier , cotitinûe D. Mat-
II theo Égitio , prétend , fur uii
» paffaged'Appiend'Aleitandrie,
Il que ce Clanius a été appelle
Il Liris , mais il fe trompé ; car,
\?i au contraire le véritable Liris ,
n c'efl-à-diré , le Garigliano eft
Il celui qui a été appelle aufG
Il Glanis , au rapport de Pline :
h colonia Miritutna Liri amne di»
J> vifa , Glani quondatn appellatoi
I) Strabon nous apprend la même
» chofe. Voilà ce qui a fait prén-
n dre le change à Cluvier , 6<^
i») Strab. p. 133. Virg, Georj..L. Il, y. a»5,
Tarn. XL
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7 y
590 C L
i> même au fçavantBothart. Voilà
s> l'origine du mot de Garigliano
}i par l'addition & la tranfpofi-
n tion de quelques lettres, m
Il s'enfuit de4à que le Qanîs
ou le Clanius 9 que M. de la Mar*
tinière a diftingué ^ font la même
chofe ; que le P. Catrou« en ex-
pliquant le pafTage deVirgile, que
nous avons rapporté 9 n*a pas fi
mal rencontré , en di&nt que le
fleuve, qui s*appelloit autrefois
Clanius , porte aujourd'hui le nom
de Laeno. Ce en quoi ce cé-
lèbre Traducteur de Virgile f«
trompe , c'eft qu'il a écrit TAgno
pour Lagno ; qu'il a fuppofé que
le Clanius n'avoit point d'autre
nom , quoiqu'il porte auffi celui
de Clanio ; & qu'il a avancé qu'il
f>a(roit par la ville de Noie , au
jeu qu'il ne pafle que par le ter-
ritoire de cette ville.
CLANIS , Clanïs , Kao^/; ,
rivière d'Efpagne , au rapport
d'Etienne de Byzance.
CLANIS, CUnU, {a) l'un des
Centaures , périt fous les coups
de Théfée.
CLANIS , Clanis , autrement
Danus. Voye\ Danus.
CLANIUS , Clanius. Voye^
Clanis , rivière de la Campanie.
CLARÉOTIS, Clareotis, {b)
K^a^iSriç* nom d'une tribu des
Tégéates dans le Péloponnèfe. II
en eft fait mention dans Paufa-
nias.
CL ARIA , Claria, Ky^iptct , (c)
nom que Ton donnoit à Sparte
(a) Ovîd. Metam. L. XII. c. 10.
(5) Pauf. p". S40.
(c) Plut. T. I. p. Soi.
id) Plut. T. I. p. yai
CL
aux contrats & aux obligatîorif i
au rapport de Plutarque.
CLARISSIME , eft un mot
Latin, Clariffimus , fuperlatifde
Clams, illuftre, qui par confé-
quent lénifie très-illuftre.
CLARIUS , Clarius , K^/oc»
nom d'un fleuve de 1'* de
s
lypre. Plutarque en fait men-
tion dans la vie de Solon. On
voyoit , félon lui , fur les bords
de ce fleuve , une petite ville qui
avoir été bâtie pat Démophon ,
fils de Théfée. ^
CLARIUS [Apollon],
Apollo Clarius, AVo'mwj^ KAa>/&ç.
Ce dieu étoit ainfi fumommé à
caufe du culte qu'on lui rendoit
dans l'ifle de Claros , & dans un
lieu de même nom en lonîe.
^oy^î Apollon Clarius,& ci-après
l'article de Claros » ainfi que celui
de Colophon.
CLAROS , Claros , Kxa>cç ,
fe)(nom d'un bois & d'un temple
de l'Afie mineure dans llonie, au
païs des Colophoniens. Ils étoieitt
confacrés à Apollon , qui y avoît
un oracle. Strabon dit : » Colo«
n phon , ville d'Ionie ; devant la
i> ville eft le bois d'Apollon Cla*
19 rius dans lequel il) y avoît au-
)> trefois un ancien oracle, u Pline
ne parle que du temple .d'Apol-
lon Clarius ; il ne fait aucune
mention du bois facré.
Le fcholiafte d'Apollonius dit
qu'il y avoit une ville , nommée
Claros , auprès de Colophon , 6c
qu'elle écoit confacrée à Apollon ,
(e) Strab. p. 64s. Plin. T. L p. m ,
«79. Pauf, p. 400. ér fii* Vire, iEneid.
L. m. f . j6ç^.
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CL
qui y avo'it un oracle. Servîus ^
expliquant un vers de TÉnéide
de Virgile, dit: » Claros [C/tf-
M rium oppidum ^ ] eft une ville
n aux confins des Colophoniens
)> oii Apollon eft adoré , ôc d oh
i> il efl appelle Apollon Clarius. <c
L'on prétend qu'il y avoit auiG
au même endroit » une montagne
du nom de Claros. On lit dans
un Commentateur : n Claros ,
M montagne & ville d'Afie auprès
» de Colophon , d'où Apollon
9» eil fumommé Clarius. a
Cellarius n'eft pas trop per-
fuadé de l'exiftence de la ville &
de la montagne. Il ne trouve que
le bois & le temple qui foient
fondés fur des autorités iufEfantes.
Cependant, Vibius Séquefter met
dans Ton catalogue des monta*-
gnes, Clarius de la Colophonie,
duquel Apollon efl furnommé
Clarius. iElien parle de Claros
vHle des Colophoniens. Paufanias
en parle auffi. Il efl vrai que ce
dernier ne dit pas précifément
que ce fût une ville. . Il rapporte
feulement que ceux de Colophon
avoient à Claros un temple & un
oracle d'Apollon , qu'ils préten-
dpient être d'une grande antiquité.
A en juger par le récit que fait
enfuit^ Paufanias , il paroît que
Claros étoit le port des Colopho-
niens.
CL ARUS MONS. Foye^ Au-
gufta Nemetum.
CL ARUS, Clams, {a) capî-
taine Troyen , frère d'Hémon &
de Sarpédon , fîgnala fa valeur
contre les Rutules.
CLASSE , ClaJJls , Schola. {b)
(«) Virg. i£neid, L. X. y. x»6.
C L içr
Ce terme vient du Latîn Calo ,
qui eft formé du Grec xaAç&i Ôc
par contraâion , %ahS « appeller,
convoquet , aflembler. Âinfi ,
toutes les acceptions de ce mot
renferment l'idée d'une convoca-
tion ou aflemblée à part. Ce mot
fignifîe donc une diftinâion de
perfonnes ou de chofes que l'on
arrange par ordre , félon leur na-
ture , ou félon le motif qui donne
lieu à cet arrangement. Ainfi , on
range les êtres phyHques en plu-
fleurs ClafTes , les métaux , les
minéraux , les végétaux , &c. On
fait auffi plufieurs ClafTes d'aniv
maux , d'arbres , de fîmples ou
herbes , &c. par la même ana*
logie»
ClafTe fe dit auffi des différen*
tes falles des collèges , dans lef-
auelles on diflribue les écoliers ,
félon leur capacité. Il y a fix
ClafFes pour les humanités , 6c
dans quelques collèges , fept. La
première en dignité c'efl la Rhé-
torique ; or , en commençant à »
compter par la Rhétorique y on
defcend jufqu'à la fixième ou fep-
tième , & c'eft par Tune de celles-
ci que Ton commence les études
clafiiques. Il y a deux autres
ClafTes pour la Philofophie ; l'une
eft appellée Logique & l'autre
Phyfique. Il y a auffi les écoles
de Théologie, celles de Droit,
& celles de Médecine ; mais ^ on
ne leur donne pas communément
le nom de ClafTe.
Ileflvrai, conime on le dît;
que Quintilien s'efl fervi du mot
de ClafTe , en parlant des écoliers ;
mais , ce n'eft pas dans le même
I {h) Quinill. L. I. c. s. L. IL c, «t
Tij
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%^i C L
fèns que nous nous fervons au-
jourd'hui de ce mot. Il paroit , par
le pafTage de Quintilien , que le
maître d'une même école divifoit
fes écdiers en différentes bandes ,
félon leur différente capacité. Ce
que Quintilien en dit , doit plutôt
fe rapporter à ce qu'on appelle
parmi nous , faire composer &
donner les places > ce qui nous
donnoit, dit- il, une grande ému-
lation , ea 'nobis ingens pa/ma
contentio ; & c'étoit une grande .
gloire d'être le premier de fa dj-
vifîon , duc ère vero Clajfem multo
pulcherrimum.
Au refte , Quintilien préfère
réducation publique , faite , com-
me il l'entend , à l'éducation do-
meftique ordinaire. Il prétend que
communément il y a autant de
danger pour les mœurs dans l'une
que dans l'autre ; mais , il ne veut
pas que les Claffes foient trop
nombreufes. Il faudroît qu'alors
la Claffe fût divifée , & que cha-
que divifion eût un maître parti-
culier.
Le chapitre , oU Quintilien
traite cette matière , efî rempli^
d'obfervations judicieufes ; il fait
voir que l'éducation domeflique a
des inconvéniens , mais que l'é-
ducation publique en a aufli. Se-
roit-îl impoffible de tranfporter
dans l'une ce qu'il y a d'avanta- i
geux dans l'autre? L'éducation
ëomeftique eft-elle trop folitaire
& trop laiieuiffante ? Faites fou-
vent des aUemblées , des exeroî-
ces, des déclamations , &c. L'é-
ducation publiaue éloigile-t-elle
trop les enfans de l'ufage du mon-
^ i 4e fajEQn que. iorfqu'iU font
CL
hors de leur collège , ils paroiffeiil
auffi embarraffés que s'ils étoient
tranfportés dans un autre mondée
Faites -leur voir fou vent des per-
fonnes raifonnables ; accoutumez*
les de bonne heure à voir d'hon-
nêtes gens ; qu'ils ne foient pas
décontenances en leur préfence.
Faites que votre jeune homme ne
foit pas ébloui , quand il voit le
Soleil 9 & que ce qu'il verra un
jour dans le monde ^ ne lui pa-
roiffe pas nouveau. L'éducation
publique donne lieu à l'émulation.
Firmiores in litteris profeâlus dit
amulàtio 6* licet ipfa vitium
fit amb'uio ^ fréquenter tamcn caufa
virtutum </?.
Ce que dit Quintilien fur la
vertu & la probité que l'on doit
rechercher dans les maîtres , eft
conforme à la morale la plus pu-
re ; & ce qu'il ajoute dans le cha-
pitre fuivant , fur les peines & le»
châtimens dont on> punit les éco-
liers y efl bien digne de remarque.
D dit que cç châtiment abat l'ef-
prit, refringit animum 6» abj'icit
lucis fugam , 6* tadium difiat.
CLASSICIANUS [ JuLius],
Julius ClaJJicianus, Foye^ Juliu$.
CLASSICUS [ JuLius ] , Ju-
lius Clajicus, Foyei Julius.
CLASSIQUE, Clajficus, ter-
me qui ne fe dit que des Auteurs
que l'on explique dans les collè-
ges. Les mots oc les façons de par-
ier de ces Auteurs fervent de mo-
dèle aux jeunes ,gens.
Pour les Auteurs Latins , on
donne particulièrement ce nom à
ceux qui ont vécu dujems de la
République , ou qui ont été con-
temporains ou prefque contempo>r
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CL
raîns d'Augufte ; tels font Téreti-
ce , Céfar , Cornélius Népos , Ci-
céron , Sallufte , Virgile , Horace,
Phèdre i^Tite-Live, Ovide, Va-
lere Maxime j Velleius Patércu-
lus , Quinte -Curce , Juvénal^
Martial , Frontin , Quintilien ,
Lucain ^ Perfe , &c. auxquels on'
ajoute Corneille Tacite , qui vi-
voie dans le fécond fieclç , auffi-
bien que Pline le jeune , Florus ,
Suétone, Juftin, Eutrope, & quel-
ques autres.
Quant aux Auteurs Grecs , que
Ton peut appeller Claffiques , ils
ont vécu en des téms bien diffé-
rens ; tels qu'Homère , Démof-
thène , Polybe , Thucydide , Hé-
rodotc , Éfope , Pindare , Arifto-
fhane , Xénophon , Plutarque ,
.ucien , Polyen , Élien , Héro-
dien , Jofephe , Diodore de Sici-
le , Denys d'Halicarnafle , Ap-
pien , Dion Caffius , Euripide ,
Platon , Ifocrate , faint Chryfoftô-
me , faint Bafile , faint Grégoire,
&c. "
L'adjedif CîaJJîcus en Latin ,
n'a pas la même valeur ou accep-
tion qu'il a en François.
I ,^ Clajfîcus fe dit de ce qui
concerne les flottes ou armées \îa-
vales, comme dans ce vers de
Properce :
Aut canerem Sicula Claffica hella
ClaJJica corona , la couronne
Navale qui fe donnoit à ceux qui
avoient remporté la viâoire dans
on combat nava^. ClaJJîci dans
Quinte- Curce fignifie les mate*
lots,
^.® ClaJJici cives , ét(»ent les
C L ^ 595
citoyens de la première claflfe ;
car , il faut obferver que le roi
Servius avoit partagé tous les
citoyens Romains en cinq claffes.
Ceux , qui félon l'évaluation qu'on
en avoit faite , avoient mille deux
cens cinquante livres de revenu au
moins, ou qui en avoient davan-
tage ; ceux-là , dis-je , étoient
appelles Clafliques. ClaJJîci tef'
tes , fe difoit des témoins irré-
prochables , pris de quelque clafTe
de citoyens.
C'eft de- là que dai^s Aulu-
Gelle Autores Claffici ne veut pas
dire les Auteurs Clafliques , dans le
fens que nous donnons parmi nous
à ce mot ; mais , Autores ClaJJîci^
(igniâe les Auteurs du premier
ordre , Scriptores prima nota &
praftantijjîmi , tels que Cicéron »
Viroile , Horace , &c.
On peut , dans ce dernier fens,
donner le nom d'Autears Clafli-
-ques François , aux bons Auteurs
du fiecle de Louis XIV , 6c de
celui-ci ; mais on doit plus partie
culièrement appliquer le nom de
Claffiques aux Auteurs qui ont
écrit tout à la fois élégamment âc
correâement jtels que Dépréaux ,
Racine , &c.
Qu'il me foit permis de faire
ici une réflexion au fujet des Au-
teurs Claffiques , dont j*ai eu pour
objet principal de faciliter l'intel-
ligence , en entreprenant cet Ou-
vrage. Des perfonnes que je con-
fidère beaucoup , & qui donnent
les plus grands élogçs à ma tâche,
ont cru que le terme de Claffiques ^
ajouté au titre de cet ouvrage^
n'en donnoient pas une idée afle^
étendue > puifque ce terme fçov^
Ti4Î
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JÎ94 C L
bloit le borner dans la fphere des
Auteurs que l'on employé dans
les clafTes. L'énumération , que
je viens de faire des Auteurs
Claffiques , appuyée de l'autorité
des maîtres de l'Art & des plus
habiles Littérateurs, montre que
l'on entend par Auteurs Qaffi-
ques , tous ^les bons 'Auteurs
Grecs Ôc Latins , dont les ouvra*
ges font parvenus jufqu'à nous en
tout eu en partie. Les Auteurs
François Claffiques , font auffi
entrés dans mon plan , cbmme
en font foi plufîeurs articles de
ce Diâionnaire; tels font ceux
de Grammaire Françoife & au-
tres. Quiconque faifira donc bien
toute rétendue qu'a le terme
d'Auteurs Claffiques , n'improu-
vera pas , ce me femble , que je
Taie placé au frontifpi^ d'un Ou-
vrage qui eft confacré à leur in-
telligence*
CLASSIS PROCINCT A. (a)
Le plus difiingué des Flamines fe
fâifoit un fcrupule de voir au de-
là du Pomérium une armée en
bataille ; ce qu'on appelloit Cla/^s
Procinda,
CLASSITIUS , Ctajfitîus,{b)
l'un des Satellites d* Antoine ^ au
rapport de Cicéron.
CLASTÏDIUM , Claftidium ,
(c) bourg dltalie , qui étoit fitué
dans la gaule Cifalpine en de-çà
dii Pô 9 par rapport aux Romains.
Ce lieu ne paroît avoir été connu
que des Hiftoriens > tels que Tite-
Live > Polybe , Cornélius Népos ,
{a) Coût, des Rom. par M. Nieup.
pag. 107.
(h) Cicer. Philip, 5. c. 176,
CL
Plutarque. Les Géographes -n'en
font aucune mention.
C'étoit une place fortifiée du--
rant la féconde guerre Punique*
Les Romains, en ayant fait leur
magafin, y avoient raflemblé une
grande quantité de bled. Annibal^
\e trouvant dans une grande di-
fette , fut obligé d'y envoyer ua
parti. Celui qu'il avoit chargé de
cette expédition , tenta d'abord
de s'en rendre maître par la force.
Mais , Dafius de Brindes , qui
commandoit dans cette place 9
ayant offert de la lui livrer pour
de l'argent , il accepta la propofi*
tion de ce traître ; & il n'en coûta
à Annibal que quatre cens pièces
d'or , pour acheter de quoi nour-
rir fes troupes » pendant tout le
tems qu'il demeura aux environs
de Trebie. Il traita favorablement
la garnifon qu'on lui avoit livrée
avec la place 9 afin de fe donner
dans le commencement la répu-
tation d'un général plein de dér
mence.
Ce fut dans le voifin^ge de
Claftidium , que M. Marcellus
défit les Gaulois , commandés
par le roi Viridomare. Au milieu
de It mêlée , frappé de l'éclat des
armes de ce Prince , il pouffe à
lui de toute fa force , & perce fa
cuirafFe avec fa pique. Le coup ,
augmenté par la vîtefTe ôc par la
force du cheval , fut fi roide , qu'il
jetta le roi à la renverfe. M. Mar-
cellus revient fur lui » lui appuie
un fécond & troifième coup qui
achèvent de le tuer \ & fautant >
(e) Tit. Lîv. L. XXL c. 48. b. XXIX.
c. II. Plut. T. I. p. 30* Com. Nep. in
Annlb. c, 4*
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CD
promptement à terre , îl le dé-
pouille de Tes armes & les voue'
à Jupiter Férétrien, Dès qu'il fut
arrivé à Rome, fon premier foin
fat de les placer dans le ten^ple de
ce dieu. Plutarque ob(erve que M.
Marcellus fut le troifième général
Romain qui eut cet honneur , &
que jufqu au tems qu'il écrivoit »
aucun autre ne Tavoit reçu. Une
autre obfervation de Plutarque,
& qui regarde Claffidium même,
c'eft que cette place ^ félon lui , .
n'étoit foumife que depuis peu
aux Romains ,' lorsqu'elle fut té-
moin de révenement dont on
vient de faire le récit.
Le texte de Plutarque porte
Capidium , au lieu de Qaflidium.
Cet Auteur n'en fait qu'un bourg ;
D autres en font une .ville. C'eft
aujourd'hui Chiaflezzo ou Chiaf-
teggio » dans le Milanois , au ter-
ritoire de Pavie.
CLASTIDIUM , CtaHidium.
Tiie - Live {a) , dans fon trente-
deuxième livre, dit : Oppida Cla-
ftidium & L'Uttbium , utraque Li^
gurum. Sigonius croit qu'il faut
lire ici Cariilum , qui étoit une
ville du pais des Liguriens , dans
le territoire des Statiellates.
CLATERNE, CUurna (b) ,
KAflfTfpa, ville d'Italie, dans la
Gaule Cifalpine. L'Itinéraire
d'Antonin met cette ville à dix
milles de Bononie ; & celui de
Bordeaux à Jérufalem , marque
la même diHance. L'un & Tautre
Itinéraire compte de Claterne à
Forum CorneUi , c'eft-sPdire , Imo-
^ C L ^95
la , treize mille pas. Cicéron par-
le de cette ville en plufieurs en-
droits. Pline en fait aufli mention^
& la met au nombre des Colo-
nies. Ptolémée dit aufli que c'é-
toit une des villes de la Gaule ,
furnomtnée Togata. Ce nom fe
trouve écrit Cliterna dans Stra-
bon ; c'efl une faute des copifles.
Cluvier lie dans Tite-Live : ab
altero ptatore Sempronio Tuditano
oppidum Cliterrium expugnatum ,
& veut qu'on life Claternum au
neutre ; mais , les éditions pofié-
Heures portent Aternum,
Claterne étoit déjà bien déchue
du tems de faint Ambroife, com-
me il paroit par la huitième de Tes
Lettres) Il n'en refte pas grande
chofe ; & ce refte s'appelle Qua-
derna , aufli bien que le ruif-
feau qui coule auprès.
CLAXRA, CUtra (c) , fu^-
nom donné à Diane, dans un mo-
nument Etrufque , où l'on voit
cette Déefl*e porter les fymboles
de plufieors divinités.
Clatra étoit , félon quelques-
uns y la déefle des grilles 6c des
ferrures ; elle avoit à Rome un
temple^ en commun avec Apol-
lon , fur le mont Quirinal. Cla-
tra n'étoit y f^lon d'autres , qu'un
furnom d'Ifls.
CLAUDE I , ou CLAU-
DIUS, [TiBÉRius Claudius
Néro DKVS\JS^']Tiberius Clau"
dius Nero Drujus , empereur Ro-
main. Voye^^ Tibérius.
CLAUDEII, ottCLAU-
DIUS [M. AuRÉLius Clau-
(») Tir. Lîv. L. XXXII. c. tp. IStrab. p. iitf. Tit. L. XXIV. c. 47.
C*) CScer. ad Amie. L. XII. Epîft. 5. | {c) Antiq. expl. par D. Bem.
«^lia. T. I, p. 17». Ptolçm. Im IU, Ct u IMonti, T, I. p. loy.
da
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3.^6 C L
Dius ] M. Aurelius Claudms, Em-
pereur Romain , connu auffi fous
le nom de Claude le Gothique.
Voye^ Gothique.
CLAUDIA , Claudia {a),
▼ilie de la Norique, félon Pline.
Elle eil nommée Claudivium dans
Ptolémée. Cluvier croit que c*eft
Clàufen » village de Bavière , au-
près de Marquarftein & du Chiem-
fée. Lazius, fuivi par Ortelius &L
par le P. Hardouin, dit que c'eft
Claeenfurt , village de Carinthie.
CLAUDIA , Claudia , con-
trée de i'Afie mineure , félon
Diodore de Sicile. Cette contrée
étoit du côté de Milet.
CLAUDIA [la Voie ],
Claudia Via (^). Il eft parlé de ce
grand chemin dans Ovide. Il
commençoit au pon^ Milvius , &
alloit aboutir à la voie Flaminia
près du libre , à quelque diftance
de Rome. On trouvoit plufieurs
villes confidérables fur la voie
Claudia. Il y en a qui lifent Clo-
dia , au lieu de Claudia. Ce grand
chemin étoit un des plus confidé-
rables de Tltalie. Il paffoit au ua-
vers de TÉtrurie.
CLAUDIA, Claudia ( c ) ,
Dame Romaine , fœur de Clau-
dius Pulcher • qui fit périr par fa
faute la flotte Romaine. Cette Da-
me , l'an de Rome 506 , fut ap-
pellée en jugement devant le peu-
ple; ce qui' étoit fans exemple,
comme coupable du crime de le-
?e-Majefté. Voici à quelle occa-
fion.
C L
Un jour qu'elle revenoitdes jenri
& que fon char alloit lentement à
caufede la multitude du peu pie qui
rempliflbit les rues , il lui échappa
de dire » en s'écriant d'une voix
haute : flût aux D'uux que mon
frère pût revivre^ & commandât en*
cote la flotte. Se fentant incommo-
dée de la multitude , elle en fou*
haitoit la diminution. Quelques
efforts que fiflent fes parens &les
amis de fa famille qui étoiem les
premiers de Rome , en remoff-
trant que les loix ne punifToiem
point les paroles indifcretes , mais
feulement les aâions criminelles «
eUe fut condamnée à une amende,
qui fut employée à bâtir un petit
oratoire à la liberté.
CLAUDIA QUINTA,
Claudia Quinta. Voye^ Quinta.
CLAUDIA, Claudia (d),
veftale, fille de Claudius. Comme
fon père triomphoit malgré les
Tribuns ,* ceux-ci entreprirent de
le renverfer de fon char , au mi-
lieu même de la marche de fon
triomphe. Claudia , qui avoit fui-
vi tous leurs mou vemens, fe mon-
tra à propos , & fe jetta dans le
char , dans le moment même
qu'un Tribun alloit renverfer Clau-
dius ; elle fe mit entre fon père &
lui, 6c arrêta par ce moyen la
violence du Tribun ; retenu alors
malgré lui par cet extrême ref-
pe6è qui étoit dû aux veftales , &,
qui ne laiflbit à leur égard qu'aux
pontifes fèuis la liberté des re-
montrances & des voies d^ fait ;
1
(a) Plin. T. I. p. 179. Pcoletn. L. II. | Hift. Rom. T. II. p. 559.
ç, 14. I (d) Mém. de TAcad. des Infcript. ft
(b) Ovid. de Ponto. L. I. Eleg. 9. 1 Bell. Lett. Tom. IV. p9g, 188 « 189. X*
0) pu tiv, L. XIX. Epie. &oU.IXXL|>. 337,
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CL
aînfî, dit Valère Maxime, l'un
alla en triomphe au capitole , &L
Tautte au temple de Vefta ; & on
ne peut dire à qui on de voit le
plus d'acclamations , ou à la vic-
toire du père , ou à la piété de la
fille. ^
Suétone , çn parlant de la fa-
ixîille de Tibère , c'eft-à-dire , de
la race des Claudius , & entrant
dans le détail des aâions bonnes
& mauvaifes de tout ce qui avoit
porté ce nom , n'9 pas manqué de
citer raâion de cette veftale;
mais , félon lui » la chofe regardoit
le frère , & non point le père de
Claudia. Une vierge veflale , dit-
il , fuivit jufqu'au capitole , fon
frère qui triomphoit contre Taveu
du peuple; ellç étoit montéç avec
lui dans le char de triomphe , pour
prévenir la violence & Toppoti-
tion des Tribuns; mais peut- être
e(l-ce une faute dans le texte ; &
faut-il litçpatrem au liçu de /rj-
tremî du moins ^ Cicéron , dans
fa harangue pour Cœlius , s'ac-
corde avec Valère Maxime fur
le triomphe du père.
Ovide parle d'un temple de la
Bonne déefle , bâti par une Clau-
dia , & rétabli depuis par Livie.
CLAUDIA, Claudia (a),
fille de M. Silanus^ fut la pre-
mière feiTinie de Caligula , mais
elle mourut peu de tems après
qu'elle eut époufé ce prince.
CLAUDIA PULCHRA ,
Claudia Pulchra. Foye^ Pulchra.
CLAUDIA, Claudia {h),
danie Romaine qui fut convertie
C L 297
par faim Paul. Voye^ l'article fui-
vant.
CLAUDIA RUFINA.
Claudia Rufina , native de la
grande Bretagne , vivoit vers Tan
100 de Tere chrétienne, (k fu(
célèbre par fon efpric.
Quelques-uns croyent qu'elle
étoit Chrétienne , & que c'eft la
même dont parle faint Paul fur
la fin de la féconde É pitre à Ti«»-
mothée. On prétend- qu'elle étoit
parente de l'empereur Claudius ;
qu'elle demeuroit à Rome , &
qu'elle y époufa Aulus Rufus Pu-
dens , qu'on dit être le même
dont parle faint Paul au même
endroit. Le martyrologe Romain
fait mention , au 19 mai , de Put-
dens & de Pudentienne fa fille*
Celle-ci fouffrit le martyre ver$
l'an 1 40. La chronologie eft dif-
férente dans les Auteurs qui par-
lent de Pudeiis & de Claudia,
qui cpmpofi quelques ouvrages
en vers.
CLAUDIASACRATA,
Claudia Sacrata. rbye^ Sacrata.
CLAUDIA LiETA , Clau-
dia lata. Foyei Lsta.
CLAUDIA , Claudia ( c ) ,
fille de Crifpus , frère de l'empe-
reur Claude II , époufa Eutro-
pius , l'un des plus illuflres fei-
gheurs de la nation des Darda-
niens. De ce mariage naauit Con-
fiance Chlore , père au grande
Conflantin.
CLAUDIA [la Tribu],
Ùaudia Tribus (d). Cétoit une
ifi) T^piî. AniJal. L. VI. c. 10 , 45. |p. 4 » » 59.
(b) Ad Timoth. Eplft. II. c. 4. v. ai. | {d) Tic. Liv. L* II. c. J>6i
lÔ Crév. Hiâ» des Emp. Tom. VI. |
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^9.8 C L
Tribu Romaine , qui avoît pris
fon nom d' Appius Claudius , au
f apport de Tite-Live.
CLAUDIA, Claudia (a),
nom d'une légion Romaine. Elle
étoit ainfi nommée de l'empereur
Claude.
CLAUDIA , Claudia (b) , nom
commun à plusieurs loix Romai-
nes. Elles furent ainfi nommées
de ceux qui les avoient portées.
Il y en avoit une touchant les af-
lemblées des magiflrats ; une au-
tre touchant les alliés; une autre
touchant les tuteles , &c.
CLAUDIAN A CASTRA. K
Caftra Claudiana.
. CLAUDIANA , Claudiana ,
{c) nom que Tacite donne à la
feptième légion , en pluileurs en-
droits de Tes hiftoires.
CLAUDIEN , Claudius ,
Claudianus (4) , fameux poëte
latin , qui vivoit dans le quatrième
fiècle , fous l'empire de Théo-
cbfe , & de fesfils Arcadius & Ho-
norius. Plufieurs Sçavans croyent
qu'il étoit Égyptien , natif de Ca^
nope ; ce que Crinitus juge être in^
conteftable , d'après ce que Clau-
dien avoue de lui-même dans Tépi-
gramme au proconful Gennadius.
Cependant , ce fentïment n'eft
pas le plus univerfel , car plufieurs
le font Efpagnol ; & Pétrarque ,
Ange Politien & Landini , ont cru
qu'il étoit originaire de Florence.
D'autres alTurent que Claudien
étoit Gaulois , & que la ville de
CL
Vienne en Dauphiné étoît le lîett
de fa naiffance ; fondés fur ce que
la famille des Claudiens a été il-
luftre dans cette ville , & féconde
en beaux efprits. Quoi qu'il en
foit , Claudien étoit Païen , & flo-
riflbît fous l'empire d' Arcadius &
d'Honorius qui lui firent drefler
dans Rome une ftatue , avec une
infcription qui fe trouve dans Li«
lio Gy raidi. Ce monument lai fut
élevé de fon vivant même»
Il eft , fans contredit , le pre-
mier de tous les poètes qui ont
paru depuis le fiède heureux
d'Augufte;& Marc- Antoine Sa«
bellic femble avoir eu raifon de
dire qu'il efl le dernier des anciens
poètes , & le premier des nou-
veaux. M. Godeau , après divers
autres critiques d'Allemagne &
dltalie, témoigne que de tous
ceux qui ont tâché de fuivre ÔC
d'imiter Virgile ,* il eft celui qui
approche le plus de la majefté de
ce Poëte , & qui fe fent le moins
de la corruption de fon fiècle. Un
Critique ÉcofTois préfère fans fa-
çon Claudien à Virgile.
i**. Pour ce qui regarde le gé-
nie , il faut Convenir qu'il l'avoit
admirable. Crinitus témoigne qu'il
femble être formé par la nature .
même pour la poëfie , & qu'il y
étoit heureufément porté. La plu-
part des crîtiques en ont jugé à
peu près de même. Les anciens
Auteurs ecdéfiaftiques mêmes ,
tels qu'Orofc & Paul Diacre , ne
i») Antiq. expl. par D. Bern. de| {d) RoU. Hift. Ane. T. VI. p. ix}*
Montf. Tom. IV. pag. is. ICrév. Hift. des Emp. Tom. IV. p. 419.
(h) Rofin. de Antiq* Rom. pag. ^%y À Hift. tin Bas Emp. par ,M. le Geau Tonii
819,8^1. Iv.p.496^
(c) Tadt, Hift. L. UI.ç, %i ^ %j, |
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C L
luî ont pas refufé cette gloire.
Louis Vives dit que Claudien
étoit né poëte ; qu'il poflédoit I cf-
prit poëtique dans toute fa pléni-
tude ;^ qu'il étoit tout rempli de
ce feu qui produit l'enthoufiarme.
Ceft ce qu'ont auffi reconnu Bu-
chanan , Jufte-Lipfe , Contarini ,
Hankius.
2®. Pour la fcience , Claudien
ne laîiToit pas d'en avoir beau-
coup. Il s'étoit rendu habile dans
la fcience des chofes naturelles ;
dans celle des loix & de la jurif-
prudence , & dans celle de l'art
militaire. Mais M. Baillet croit
que Claudien étoit favant en poè-
te; c'eft-à-dire , que fans appro-
fondir toutes ces connoidances ,
qui demandent chacune un hom-
me tout entier^ il s*étoit contenté
d'en faire l'accefToire de fa pro-
feffion principale ; peut-être mê-
me ne les avoit-il étudiées que
dans Homère & dans Vircile.
5*** Pour ce qui eft du 8yle de
Claudien, la plupart des Critiques
conviennent qu'il eft teau , pur ,
châtié , élégant , doux , grave ,
élevé , noble ; & ce qu'on y a le
plus admiré , c'eft de le voir cou-
lant & facile, avec tant d'autres
qualités oui fe trouvent rarement
réunies dans les autres Poètes.
Quelques Auteurs modernes ce-
pendant ont tro^vé que fa lati-
nité n'eft pas affez pure. M. Ni-
cole dit qu'il a trop de faillies de
jeaneffe , & qu'U eft trop enflé ;
les pères Briet & Rapin, jéfuhes ,
ont remarqué après lui la même
chofe. Ce Poëte , dit le Gyraldi ,
commence un fujet avec beau-
Coup de feu & de courage ; n\ai$
C L ^99
le vent lui manque, & il eft rare »
félon |ui , que la fin de fes pièces
réponde à leur commencement.
4^. Entre les diverfes pièces
de poëfie que Claudien a pu-»
bliées , les inveâives contre Ru-
fin & contre Eutrope , font fes
plus belles , au jugement de M^
Godeau ; félon lui , on ne peut
rien faire en ce genre de plus
achevé. Après ces pièces , il n'y
en a pas de plus eftimées que le
Poëme de l'enlèvement de Pro-
ferpine. Le Poëme du Confulat
d'Honorius marche après. Il eft
bon de remarquer avec Jules
Scaliger , que Claudien a intro-* .
duit dans la poëfie une efpèce de
nouveauté y dont on n'avoit point
encore eu d'exemple ailleurs que.
dans Perfe. C'eft celle de mettre
des préfaces à la tête de chaque
ouvrage, comme il a fait à U
plupart des fiens. Parmi les édi-
tions de Claudien , celle de Hein-
fius fils eft la meilleure, ; celle
de Bathius eft aufti fort bonne;
mais le commentaire eft un peu
trop long. On efiime aufti celle
qui a été donnée en lôjjidd ufum
Delphinu
Quant^ au Poëme de Jéfus-
Chnft, qui paroît fous le nom
de Claudien , il n'çft pas de lut.
Quelques-uns l'attribuent au pape
Damafe ; & d'autres à Claudien ,
furnommé Af^am^rr/^j, qui vivoit
fous l'empereur Zenon. Jules-Cé-
far Scaliger dit dans fa Poëtique »
que Claudien a hUé accablé par le
peu de nobleffe de ^ fa matière ,
& qu'il a fuppléé à fes défauts
par la fertilité de fon efprit.
(QLAUDIEN, Claudianus;
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500 C L
poëte Grec,' qui a été inconnu à
Voflius.
CLAUDIENNE [la famille],
ou ' la famine des Claudiens ,
Claudia gens , Claudiorum gens ,
7Hroç K>«t;//i)v (tf). C'éioit une
illuflre famille Patricienne de Ro-
me. £11^ étoit originaire du pais
des Sabins. Celui (|ui en fut la ti-
ge , fe nommoit Atta Claufus ;
mais étant venu s'établir à Ro-
me 9 il prit le nom d*Appiu$
Ciaudius. Ses defcendans rempli-
rent les premières places de la
République.^ Ciaudius, qui a été
formé de Claudus , fignifie boi-
teux.
Cette famille fe fit toujours re-
marquer par fa hauteur & par
ia fierté. Oppofée par fyfiême au
gouvernement Populaire , elle fut
dévouée dans tous les tems à la
grandeur du Sénat.
M. Dacièr , dans une de fes-
remarques fur la vie de P. Valé-
rius Publicola , dit qu'il y avoir
deux familles de Claudiens à Ro-
me , l'une Patricienne , & l'autre
Plébéienne. La première étoit des
Claudiens , furnommés Pulchri;
& l'autre des Claudiens, furnom-
més Marcelli. Dans la fuite des
tems , il y eut dans la Patricienne
vingt- trois confuls , cinq diéèa-
teurs , fept cenfeurs , fept grands
triomphes & deux petits. L'empe*
reur Tibère defcendoit de cette
famille.
Pour moi ,. s'il m'eft permis
(a) Plut. T. I. p. To8 > ii8. Tit. Liv.
I,. M. c. 16. Roll. Hitt. Rorp. T. I. p.
sao , m. Nfém. de l*Acad. d«s Infcript.
& Bell. Lett. Tom. XIX. p. 501 , J04.
{b) Plut. T. I. p, X08, Tit. Uv. L. Il,
CL
d*împrouver le fentiment d'an fi
favant homme, je croirois plutôt
qu'il n'y avojt qu'une feule fa-
mille Claudienne de l'ordre àes
Patriciens , & que cette Éimille
étoit divifée en deux branches,
les Pulchri & les Marcelli^
' // faudra chercher par leurs
Surnoms , ceux dont on ne trou^
ver a pas les articles ci- après,
CLAUDIES, (les eaux) Clau*
4idB aqua, Suétone ^ dans la vie
de l'empereur Qaudius , fait men-
tion de deux fontaines de ce nom ,
au voifinage de Rome. Elles
avoient outre cela chacune un
nom particulier. L'une s'appelloit
Caruleus, c'eft-à*dire , la Fon-
taine bleue ; l'autre Curtius & Al-
budinus.
CLAUDIUS [ Appius ] ,
Appius Ciaudius ( ^ ) , AVtti'oç
KxctV(tioç , natif de Régillum , vil-
le des Sabins. C'étoit un homme
qui avo^t de grands biens , qui s'é-
toit rendu recommandable pat fa
force 6c par fon courage , & qui
paffoit pour le plus éloquent 8c
le plus vertueux de tous les Sa-
bins. Cet homme n avoit pu évi-
ter le fort de tout ce qu'il y a de
grand, qui eft d'attirer l'envie;
car, fous prétexte qu'il vouloît
empêcher la guerre contre les
Romains , on l'avoit accufé de les
faVorifer, & de vouloir accroî-
tre leur puiffance , pour s'en fervir
à affujettir fa Patrie , & à s'en
c. 15 , ti. ô* fiq» Roll. Hift. Rom. T.
I. pag. tio » IX I. & friv, M^oi. de
TAcad. des Infcript. £ç Bell. Lett. Tom^
XII. pag. 6j.
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CL
^end^e le tyran. Voyant donc que
le peuple prêtoit volontiers To-
reille à ces calomnies , & qull
étoit haï des gens de guerre , &
de tous ceux qui ne vouloient pas
entendre parler de paix; & crai-
gnant qu'on ae l'appellât en jufti-
ce , il fit venir à Ion fecours un
très-grand nombre de Tes pafens
& de fes amis y & forma dans Ton
pais un parti qui fut la feule caufe
du retardement de la guerre.
Le conful P. Valérius Publico-
la , qui n'oublioit rien , non- feu-
lement pour être informé de ce
qui ie pafToît parmi les Sabins ,
' mais encore pour fomenter &
pour irriter leurs divifions , avoit
auprès d'Appius Claudius, des
gens afHdés & habiles qui lui di-
foient que P. Valérius Publicola
le croyoit trop jufte & trop hom-
ine de bien , pour vouloir fe ven-
ger contre fa Patrie de Tinjudice
de fes citoyens , quelque mau-
vais traitement qu'il en eût reçu ;
mais que s'il vouloit fe dérober à
leur haine , & fe mettre à cou-
vert de leur fureur , il feroit reçu
dans Rome , & en public , & en
particulier, avec tous les hon-
neurs qui étoient dûs à fon ' mé-
rite , & qu'il pouvoit attendre de
la magnificence des Romains.
Appius Claudius , après avoir
^ fbuvent penfé à cette propofition ,
trouva que c'étoit le meilleur par-
ti qu'il pût prendre dans la nécef-
fité oh il fe trouvoit. Ayant donc
aflemblé fes amis J & ceux-ci en
ayant attiré encore d'autres , il
enleva aux Sabins cinq mille
hommes , avec leurs efclaves ,
Uurs femmes & leurs enfans , ôc
CL 3ôf
les mena à Rome. Cétoit - la ce
qu'il y avoit de plus paifible dans
le païs , & qui étoit le plus accou-
tumé à une vie douce & tran^
quille. P. Valérius Publicola , qui
étoit averti de leur marche > les
reçut à bras ouverts & avec tou-
tes fortes de bons traitemens ; car
dés l'entrée , il leur donna à tous
le droit de bourgeoifie , & diflri-
bua à chacun deux arpens de terre
le long de la rivière de TAnio. Il
en donna vingt -cinq à Appius
Claudius , & rhonora de la dignité
de Sénateur. Appius Claudius ,
ayant commencé par-là d'avoir
part à l'adminifiration dé la Ré-
publique f fe conduifit avec tant
de prudence & de fageffe , qu'il
parvint au plus haut degré de
l'autorité » du crédit & de la puif-
fance.
Il s'étoit appelle jufque-là Atta
Claufus ; il prit depuis le nom
d'Appius Claudius , & fut la tige
de riltu(tre famille des Claudiens.
Ceux qui l'avoient fuivi à Rome »
formèrent une nouvelle Tribu ,
qui fe nomma la Tribu Claudia.
Appius Claudius fu: un zélé
parcifan 6c un ardent défenfeur
de l'ordre , dans lequel on l'avoit
fait entrer. Le récit que Ton va
faire d'après Tite-Live , en fera
-une preuve. Il parvint au con-
(ulat Tan de Rome 259, avec P,
Servilius. Cette année fut très-
•heureufe pour la République naif-
fante , & marquée par la défaite
des Volfques. Appius Claudius
les vainquit ; & après cet exploit ,
il fit couper la tête à tous les
otages quils avoient à Rome ,
ajoutant cette peine à celle que la»
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301 CL
lortunp des armes leur avoit fait
fouffrir , pour avoir violé les
trêves & la foi des traités , dont
la vie dés otages devoit répon-
dre.
Une difcorde inteftine que la
guerre contre les Volfques avoit
forpendue, fe renouvella bientôt
après. Cette difcorde étoit prin-
cipalement fufcitée par ceux d'en-
tre le peuple qui étoient enchaî-
nés pour leurs dettes. P. Servi-
lius leur avoit promis qu'on leur
procureroit du foulagement dès
' que la guerre feroit finie ; & ils
s'attendoient à l'exécution de cette
promefTe. I^ais , Appiûs Claudius
fuivant fon naturel emporté > &
voulant faire voir que fon collè-
gue avoit donné une parole qu'il
n'étoit pas en état de tenir , pro-
nonça contre les débiteurs des
fentences plus rigoureufes que ja-
imaîs. On remit entre les mains
de leurs créanciers , ceux qui en
avoient été tirés , & on leur en
livra de nouveaux , qui n'avoient
point été encore liés. Cependant ,
on apprit que les Sabins fe prépa-
roient à la guerre. Le Sénat or-
donna aufli-côt des levées; mais,
il ne fe trouva perfonne pour s'en-
rôler. Alors , Appius Claudius
entra dans une furieufe colère,
furtout contre fon Collègue. Il lui
reprochoit que poor faire la cour
au peuple , il trahiïïbit la Répu-
blique par un filence affeâé ; ôc
que non content de l'injuftice
qu'il fàifoit à ceux qui avoient
prêté leur argent , en les empê-
chant d'^en pourfuivre le payement,
il refufoic encore de faire les le-
vées que le Sénat avoit décernées ,
CL
pour être en état de s'oppofer aux
ennemis ; mais que la République
n'étoit pas entièrement abandon-
née j ni la majefté confulaire teU
lement abaiffée , qu'il ne fût en
état, lui feul , de la relever, auffi-
bien que celle du Sénat* Ainfi ,
en préfence de la multitude qui
l'environnoit , armé de fon audace
ordinaire , il ordonna à fes Lic-
teurs de fe faifir d'un des chefs de fa
fédition , qui fe faifoit remarquer
parmi tous les autres. Les Lic-
teurs mettoient déjà la main fur
lui , lorfqu'il appella des ordres
du Conful. Appius Claudius fe
feroit moqué de cet appel , au-
quel il ne doutoit pas que le peu-
ple ne fût favorable. Mais , fon
opiniâtreté fe laiffa vaincre , plu-
tôt par les avis & l'autorité des
premiers du Sénat , que par les
clameurs de la multitude , tant il
avoit de fermeté 6c de courage
pour foûtenir tout le poids de la
fureur d'un peuple révolté.
Cependant , le mal croifToit
tous les jours ; & le peuple ne fe
contentoit pas , comme il avoit
fait jufques-là , de crier contre
l'orgueil ôc la cruauté des Patri-
ciens. Mais , ce qui avoit des
conféquences bien plus dangereu-
fes , il faifoit bande à part , tenoit
des aflemblées , &- prenoit des
mefures pour fa fureté. Enfin , les
deux Confuls fortirent de charge,
également haïs du peuple ; avec
cette différence, que P.' Servilius
avoit mécontenté les deux partis,
au lieu qu' Appius Claudius avoit
entièrement gagné l'eftime ôc la
bienveillance des Sénateurs.
Ils eurent pour ^fucceifeur A,
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j
CL
Virgînîus & T. Vétufius , fous
lefquels les difcordès continuèrent
comme auparavant. Le Séna^t (fe
trouvoit partagé en difFérens fen-
timens fur les moyens qu'il con- ,
venoit de prendre ; & Appius
Claudius t perfiftant dans fon ca-
raâère impitoyable , foûtint que
les troubles de la République
avoient pour principe , non la
mifere du peuple , mais la licence
à laquelle on foufFroit qu'il fe por-
tât impunément ; & qu'on ne de-
voit pas regarder ce qui fe paflbit,
comme une fédition, ma» com-
me une inquiétude occafionnée
par le repos & l'oifiyeté ; que
tout le mal ne venoit que de la
liberté qu'on lui avoit accordée
d'appeller ; qu'en effet , l'autorité
des Confuls fe bornoit à de (im-
pies menaces fans effet ; depuis
qu'il étoit permis d'appeller des
punitions qu'ils avoient ordonnées
contre le crime, à ceux-là mêmes
qui en étoient complices. Si vous
m'en croyez, ajoûtà-t-il, créons
an Oidateur, dont les ordonnan-
ces ne font point fujettes à l'appel ,
& vous verrez que ce grand feu ,
qui parok devoir tout embrafer,
fera éteint dans le moment.
N'ayez pas peur qu'il s'en trouve
un feul qui foit aflfez téméraire ,
pour repouffer le liâeur d'un Ma-
gifirat qu'il fçait être en droit de
faire battre de verges , ou même
de punir de mort quiconque re-
fcferoit d'obéir à fes ordres.
La plupart des Sénateurs trou-
yoient le fentiment d' Appius Clau*
C L 50J
dius dur & atroce , comme il Véiokt
en effet ; mais , fa faâion , & l'in-
térêt des particuliers , qui , dans
les délibérations , a toujours été ^
& fera toujours pernicieux au biea
public , prévalut fur l'opinion des
autres ; 6c peu s'en fallut qu'on '
ne rélevât lui-même à la diâatu-
re, ce qui auroit infailliblement
foule vé le peuple. Mais , les Con-
fuls ôc les Sénateurs eurent foin
qu'une autorité redoutable par elle**
même , fût confiée à un hommç
d'un naturel doux 6c modéré.
CLAUDIUS [ Appius ] , (4)
Appius Claudius t h'irmo^ K>.civ^
//oç , fils du précédent , ne fut
pas moins ennemi déclaré du
peuple y que ne l'avoit été fon
père. Il fut élevé au confulat i'ao
de Rome 283 , maleré fes refus
& fa réfiftance, qu'il pouffa juf-
qu'à s'abfenter des comices ; mais,
tout abfent qu'il étoit , il fut élu«
On lui donna pour collègue
T. Quintius Capitolinus , d'un
caraâère âuffi doux & modéré ,
que l'autre étoit emporté & vio-
lent ; dans l'efpérance que ion
exemple & (es conCeils pourroient
adoucir ce qu'il y avoit des trop
fier ôc de trop hautain dans les
manières d'Appius Claudiuç.
Dès le commencement de l'an-
née 9 on remit fur le tapis , une
loi , qui n'alloit à rien moins qu'à
ruiner de fond en comble la puif-
ÙLïice du Sénat , 6c sa la faire paf-
fer entre les mains du peuple.
Voléron Publilius , qu^ en étoit
l'auteur » fuivoit fon entreprife. -
(«) Tit. Liv. L, n. c, 5d, ^ /#f . Flor, L. I. c. »t. RolU Hift. Rom. T. I. pa^
J41. a* friv.
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304 C L
Mais , Létorius Ton collègue ,
comme le plus nouveau dans le
tribunal, étoit aufli le pluS vif 6c
le plus ardent à en pourfuivre
rétablifTement. Le jour de raflem-
blée , les Tribuns parurent les
premiers dans la place. Les Con-
duis, avec toute la Noblefle, ne
manquèrent pas de s'y trouver,
pour rejetter la loi. Létorius or-
donne à Tes appariteurs ou fer-*
gens de les faire écarter , & de ne
ibuffrir dans l'aiTemblée que ceux
qui dévoient y donner leurs fuf-
fr âges. Les jeunes geris de qualité
redoient dans leurs places, fans
fe mettre en peine des infiances
des fergens. Alors , Létorius com-
manda qu'on fe faisît de quelques-
uns d*entr'eux. Mais, le corifut
Appîus Glaudios loi foûttnt que
le pouvoir des Tribuns ne s'éten-
doit que fur les Plébéiens ; qu^ils
étoient les Magiflrats , non du
peuple Romain en général , mais
de la fimple populace ; que le
Tribun lui-même ne pouvoit em-
ployer qae les prières , & non
îautorité , pour fe faire faire pla-
ce , puifque la loi de leur établif-
fement s'exprimoit en ces termes i
Retirez-vous , MeJJieurs , fi vous
le voulei bien. Il n'étoit pas diffi-
cile à Appius Claudius d'embar-
rafTer Létorius dans les queflions
de droit , où il étoit fort ignorant.
Ainfi , ce Tribun bouillant de
colère , ordonne à fon fergent
de s'approcher du Conful , &
le Conljjl à fon Liâeur de s ap-
procher du Tribun , lui dé-
clarant qu'il n'étoit qu'un fimple
particulier , fans pouvoir & fans
magiftrature. Et le Tribun alloit
CL
être outragé, fi toute raflémttéé
ne fe fût élevée avec furie contre
le Conful , en faveur de foq ad-
verfaire, 6c que toute la multitude
n'eût accouru dans la place pu-
blique de toutes les parties de la
ville. Appius Claudius foûtenoit
cependant cet orage avec un cou-
rage opiniâtre & inflexible , & il
eil confiant qu'il y auroit eu du
fang répandu ,. Ci fon collègue
n'eût chargé tous les confulaires
de recenife» Appius Claudius par
force , s'ils ne le pouvoieni autre-
ment ,.& de le retirer de la place
publfque. Cependant , il trai'ailU
lui-même à appaifer le peuple;
& il eut bien de la peine à en ve-
nir à bout.
Le Sénat tint enfuite fon aflem-
blée ; & les fentimens furent
d'abord partagés. Mais , après
que Ton eut fait de férieufes ré-
flexions , on prit le parti de la
modération^ Toute l'affemblée
fupplia Appius Claudius de ne
point expofer la République aux
malheurs d'une guerre intefline ,
pour vouloir porter trop loin l'au-
torité confulaire ; que dans ce
démêlé funefle , pendant que les
Tribuns & les Confuls tiroient à
eux toute l'autorité , la Républi-
que refloit au milieu , fans puif-
fance & fans force , déchirée paf
les efforts de ceux qui cherchoient
plutôt à s'en rendre martres y qu'à
la fauver. Appius Claudius , de
fon côté , prenoit les dieux & les
hommes à témoins de la lâcheté
& de la trahifon des Sénateurs ^
qui ruinoient la République « en
refufant de s'unir au Confttl »
quoique de fon côté il demeurât
.inviplablemenc
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CL
învîolablement attaché au Sénat;
qu'ils dévoient s'attdodre que leur
complaifance leur altoit impofef
des ioix encore plus dures que
celles du Mont facré. Il fe tint ce-
pendant en repos , à la prière de
tout le corps des Sénateurs; &
les Tribuns profitèrent de cet in-
tervalle de paix pour porter la
loi.
A Toccafion de la féditîon , qui
$*étoit élevée dans le public , les
Éques & les Volfques rfenouvel-
lerent leurs hoftilités contre les
Romains. Appius Claudius eut
ordre de marcher contre les der*
niers ; & fon collègue , contre Içs
autres. Appius Claudius ne relâ-
cha rien dans la guerre , de la hau-
teur avec laquelle il avoit traité
les citoyens dans la ville & pen-
dant la paix. Il la porta même
plus loin^ n^ayant point à lutter ,
comme à Rome , contre Toppo-
fition & la réfiftânce des Tribuns.
Il haïffoit le peuple plus que n*a-
voit fait fon père. Il étoit au dé-
fefpoir , quand il faifoit réflexion
que la loi avoit pafTé fous fon
confulat , contre Fefpérance des
Sérwteurs , qui avoient compté,
en le créant Conful , qu'il feroit
lui feul capable de l'empêcher;
d'autant que les Confuls ptécé-
dens en éroient venus à bout fans
peine , dans un tems où le Sénat
n'avoit pas de ù grandes reffour-
ces. La co)ère &c Tindignation
portoient ce caraftère , naturel-
lement fier & haut , à ufer à l'é-
gard de fes foldats de Tautorité la
plus févère & la plus dure. Mais,
ils étoient fi aigris contre lui , que
toute fa rigueur ne fut pas capa-
Tom. XL
ex 50J
ble de les dompter. Ils £aifoient
tout avec lenteur , avec noncha-
lance , & avec un efprit de réûf-
tance & d'opiniâtreté. Ils étoient
infenfibles ^ ôc à la honte de cé-
der aux ennemis , 6c à la crainte
d*être punis par leur Général.
S'il leur ordonnoit de doubler le
pas , ils rallentifloient à defTein
leur marche. S'il étoit témoin de
leur travail , & qu'il les exhortât
à continuer, ils difconcinuoient ex-
près Tadivité à laquelle ils s'étoient
portés d'eux-mêmes. Ils baiflbient
les yeux en fa préfence ; & quand
ilpaffbit vis-à visd'eux, ils pro-
nonçoient en fecret contre lui mille
exécrations ; enforte que ice coura*
ge , qui avoit foûtenu & m^rifé
à Rome toutes les menaces d'un
peuple entier , étoit quelquefois
fur le point de céder à l'opiniâtre-
té de l'armée. Aprè^ avoir inuti-
lement employé toute la rigueur
de la difcipline militaire , il fut
obligé d'abandonner les foldats à
leur mauvaife difpofition , fans
leur rien commander. Il repro-
choit aux Centurions de les avoir
débauchés , & par des railleries
piquantes , les traitoit de Tribuns
du peuple & de Volerons.
Les Volfques , qui étoient in-
formés de tout ce qui fe pafToit
dans le camp des Romains , fai-
foient de jour en jour de plus
grands efforts pour les attirer au
combat. Ils efpéroient qu'Appius
Claudius ne trouveroit pas moins
de réfiflancé dans fes foldats , que
le conful Fabius en avoît trouvé
dans les fiens. Ils ne fe trompè-
rent pas. L'armée d' Appius Clau-
dius porta encore plus loin la dé-
V
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5o6 C L
fobéiflanite. Les foldats de Fabius
ayoient feulement refufé de vain-
cre ; ceux-ci voulurent être vain-
cus* Auffi-tôt que le Conful les
eut raneés en bataille , ils tour-
nèrent le dos , & fe retirèrent
honteufement dans leur camp^^
où ils demeurèrent les bras croi-
fés, jufqu'à ce que voyant leur
arriere-earde taillée en pièces par
les Voliques , & lès ennemis dif-
pofés à les forcer dans leurs re-
tranchemens , ils reprirent enfin
leurs armes ; mais , ils n'en ufe-
rent que pour empêcher les Volf-
ques d'y entrer , leur abandon^
nant au refte tous les autres avan-
tages qui fe trouvèrent dans la
viâoire , & fe faiiànt un plaifir
& un mérite de leur honte & de
leur défaite. Appius Claudius,
dont rien n'étott capable d'abattre
décourage, vouloit les punir fé-
lon les loix de la guerre ; ôc dé)à il
convoquoit raflemblée dans cette
intention , lorfque les Lieutenans
& les Tribuns étant accourus à fa
tente , l'avertirent de ne point
rifquer une autorité qui dépendoit
abiolument de la foumimon des
inférieurs ; que les foldats difoient
hautement qu'ils ne viendroient
point à l'afTemblée ; que d'un con-
tentement unanime , ils deman*
doient qu'on les retirât de deflus
les terres des Volfques ; qu'il n'y
ayoit qu'un moment qu'on avoit
vu l'ennemi viâorieuz , près de
forcer les retranchemens des Rq-
mains » 6c d'entrer dans leur
camp ; qu'ils voyoient devant leqrs
yeux, non l'apparence équivoque,
mais les fignes évidens de la plus
horrible tempête*
CL
Il fe rendit enfin à leurs remort-
trances , bien aiTuré que tes mu-
tins ne perdroient rien pouf atten<*
dre ; & ayant ûxé leur retraite an
lendemain , il fit donner le fignai
du départ , dès qu'il fut jour.
Dans le tems même qu'il mettoit
fes bataillons en marche, à mefure
qu'ils fortoient du camp , les
Voiïques , comme s'ils euflent
pris le même fignal pour eux ,
vinrent fqndre for ceux qui écoient
à l'arrière^-garde des Romains.
Les cris, que ceu::^-ct jetterent,
ayant été portés jufqu'à la tête,
cauferent tant de défordre ôc de
confufion dans les ranes 6i parmi
les étendards, que (ans écouter
les ordres qu'on leur donnoit de
fe mettre en défenie , ils prirent
tous ouvertement la fuite ; & fe
précipitant à travers des mon-
ceaux de corps 6c d'armes , ils
ne ceiTerent de courir , que quand
l'ennemi fe fut laiTé de les pour-
fuivre. Alors , le Conful qui ne
pouvant les arrêter , avoit été
obligé de les fuivre , les rafliembla
de tous les endroits oii la frayeur
les avoit difperfés. Ce fut alors
qu'il leur reprocha , avec autant
de véhémence que de jufiice , leur
lâcheté , leur défobéiiïance & leur
trahifon , leur demandant ce qu'ils
avoient fait de leurs étendards &
de leurs armes. Il ne s'en tint pas
à une ftmple invedive. Mais ,
ayant fait mettre à part les foldats
qui avoient jette leurs armes , les
enfeignes qui avoient perdu( leurs '
drapeaux , les centurions' qui
avoient abandonné leurs rangs ,
fans épargner ceux qui recevoient
double paie pour leur bravouie
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et
paiïée , & qui fe trouVoient cou-
pables de la même 6iute » il leur
fit à tous trancher la tête ^ après
les avoir préalablement fait battre
de verges. Il fit décimer le refie
de Tarmée , & traita de la même
façon ceux à qui le fort fut con-
traire.
L'année fuivaiite , il fut appelle
en jugement. Jamais on n*avoit
amené devant le tribunal du peu-
ple, un accufé qui lui fut plus
odieux. Il y parut tranfporté de
toute fa colère , furchareée de
celle qu'il avoir héritée de kn pè-
re. Les Sénateurs , de l^r côté ,
fe déclarèrent pour lui avec plus
de zele qu'ils n'avoient jamais fait
pour aucun Patricien. Ils étoietit
allarmés de voir expofé à toute la
furie des Tribuns ôc du peuple »
ce défenfeur zélé de la majeilé du
Sénat , à qui on ne pouvoit re-
procher d'autre crime , que d'a-
voir fait paroitre un peu trop
d'aigreur dans les difpuces qu'il
av6it eues avec fes adverfaires.
Un feul Sénateur , c'étoit Appius
Claudius4ui-même, méprifoit &
les Tribuns & le peuple ^ Ôc le
procès qu'on lui avoit intenté. Ni
les menaces de la multitude irri^
tée , ni les prières des Sénateurs ,
ne purent jamais l'obliger , je ne
dis pas de changer d'habits , ou
de s'abaifTer à la qualité de fup-
pliant , mais de rien rabattre de
fa fierté &c de fa hauteur dans les
difcours qu'il avoit à faire devant
le peuple gour fe défendre. Il
porta jufqu'au bout la même ar-
C t 307
dear & la même intrépidité dans
fes yeux & fur fon vifage , la mê-
me hardiefTe & la mlême véhé-
mence dans fes harangues ; enr
forte que la plupart des Plébéiens
ne le craignoient pas moins , quand
il fe préfentoit à eux comme àc^
cufé , que quand il les avoit com-
mandés comme Conful. Il né
plaida qu'une feule fois pour fà^
défenfe ; & fon ftyle , oii il né
rabattit rien dé fa violente ac*
coûtumée 9 refTembla bien plus à
une accufation , qu'à une apolo-
gie. Par cette fermeté fans exem-
ple , il étonna tellement , & les
Tribuns , & tout le peuple avec
eux , que d'eux-mêmes ils remi-
rent le jugement à un autre tems ,
laiflant infenfiblement languir la
procédure ; de façon que Taccufé
mourut de maladie , avant que lé
jour auquel ondevoit prononcer,
fût arrivé. Les Tribuns voulurent
s'oppofer à fon oraifon funèbre ;
mais ^ le peuple ne voulut pas
qu'on privât un citoyen Ci confi-^
dérable., d'un honneur qu'on ac-
cordoit à tous (es femblables. Les
éloges , qu'on lui donna après fa
mort , ne lui firent pas moins
de plaifir , que les reprochés qu'on
lui avoit faits de fon vivant ; & il
y a eu peu de Patriciens dont le
convoi ait été honoré d'un plus
grand concours. ♦
CLAUDIUS [C] , C. Clau'
dïiis , K . Khot, ' /o; , (d) freré
du précédent, étôit Conful l'ait
de Rome 294 , avec P. Valérius
Publicola, Cette année , les Tri--
(*) Tit. Liv. L. m. f . 15 , 35 , 40 , sS. L, IV. c, 6, Roll, Hift. Rom. tom. iV
|>ag. 36J. ér fiiiv.
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^ô8 C L
buns du peuple répandirent dans
Rome le bruit d une conlpiration
terrible , donc ils avoient eu , di-
foiem-ils « des avis certains de
plufîeurs endroits & par pluHeurs
lettres ; ils avoient eux • mêmes
fabriqué ces lettres. C. Claudius ,
qui connoiflbit bien les Tribuns,âc
qui fçavoit de quoi ils étoient ca-
pables , foûcint que cette préten-
due confpiration étoit une pure
&ble I controuvée à plaifir pour
allarmer les efprits foibles , ôc
il le prouva clairement par les
cîrconitances mêmes darécit qu'ils
en avoient fait.
Dans la fuite > C. Claudius, ne
pouvant fouâfrir les crimes des
Décemvirs ^ &l l'abus énorme que
faifoit Appius Claudtus fon neveu^
de la puiHance fuprême, s'étoic
retiré à Régillum fon ancienne
patrie ; mais , quand il apprit qu'il
avoit été conduit en prifon » il
r^uitta fa retraite & revint à Ro«
ine> pour aider de tout fon crédit^
dans un danger fi prefTant , ce me-
û\e neveu dont on fçavoit qu'il
avoit déteflé tous les excès. On
.vit paroître dans la place ce vé-
nérable vieillard revêtu d'un ha-
bit de deuil , & accompagné de
tous ceux de fa famille & d'un
grand nombre de cliens. Il prioit
qu'on ne fit pas cet affront à la
famille des Claudius > de les faire
regarder dans la^oûériré comme
des citoyens qui avoient mérité
les fers & la prifon. Il repréfentoit
que c'éteit une chofe bien indigne
de voir chargé déchaînes dans un
CL
cachot avec des voleurs & des
fcélératSy un homme quicenaine-
ment devoit faire honneur à Tes
defcendans par les places confidé-
rables qu'il avoit remplies , qu'on
pouvoit regarder comme le légif-
larèur de Rome , & comme l'au-
teur du droit public & des fages
réglemens qui venoient d'y être
établis. Il conjuroit les Romains
de faire céder leur jufle colère aux
fentimens de bonté 6c de compaf-
fion , qui leur étoient naturels» 6c
d'accorder la grâce d'un feul cou-
pable aux humbles fupplications
de la famille entière des Claudius,
plutôt que de rejetter les prières
de tant de perfonnes pour le crime
d'un feul. Que pour lui , s'il fe
rendoit fuppliant pour Appius
Claudius , ce n'étoit pas qu'il fût
rentré en grâce avec fon neveu ;
qu'il faifoit cette démarche uni-
quement pour l'honneur de (à fa-
mille. Qu'on avoit recouvré la
liberté par le courage ; que la
voie pour aâTermir l'union entre
les deux ordres étoit la clémence.
Plufieurs furent touchés de ce
difconrs t moins par rap{>ort à
Appius Claudius , que par confi-
dération pour fon oncle.
CLAUDIUS [ C Claudius
CiCÉRON ] , C Claudius Cicero,
Kp K7iav/joç K/xffO0r , (a) étoit
tribun du peuple, Tan de Rome
300. Il appella en jugement Ro-
milius 9 qui fut condamné à cinq
cens livres d'amende,
CLAUDIUS L Appius]; M
Appius Claudius f A* w 3^10; K^aw-
W Tit.Liv. L. m. c. 31.
ib) Tit. Liv, L, 111. c. 3}.
IDionyf. Halic. L.
L. XI, c. I. & f€i.
X. c. îi. & ffi»
Flor» L. It Ct 14*
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CL
ito^ , fut conful Tan de Rome
302 avec T. Génutius. ^Mais ,
corn pie le Sénat réfolut enfuite
qu'on nommeroit des Décemvirs,
les deux Conful^ fe démirent de
leur charge , & Appius Çlaudius
fut le premier des Décemvirs
qu'on choifit. Il réunit en fa per-
sonne TaUtorité de tous fes Collè-
gues , par la faveur du peuple ;
car , il s'étoit fait dans (on carac
tère un changement fi furprenant,
que de Tennemile plus déclaré^
& du perfécuteur le plus atroce de
la multitude, il étoit devenu fon
plus zélé partifan & fon plus aj:-
dent proteâeur.
L'année fuivame , lorfqu'il fut
quefllon d'élire de nouveaux Dé-
cemvirs , les Sénateurs les plus
dtflingués par leur âge & par leur
mérite • demandèrent cette char-
ge « dans la crainte fans doute que
s'ils ne fe préfentoient point , des
gens faâieux & turbulent n'en
lufTent revêtus , & ne caufafTent
un dommage confidérable à la
république. Appius Çlaudius , qui
avoit un fecret deffein de fe faire
continuer , voyant ces grands
hommes , qui avoient pafie par
toutes les charges , fe commettre
en quelque forte pour celle-ci , en
fut véritablement allarmé. Lç
peuple , charmé de la manière
dont il s'étoit conduit dans le
Décemvirat , témoignoit ouver-
tement vouloir l'y continuer pré-
férablement à tout autre. Il fit
femblant d'abord d'avoir de la ré-
pugnance à fe charger une fecon-
C L 309
de fois d'un emploi laborieux ôc
capable de lui attirer de la jalou*
fie ; & pour infpirer à fes collè-
gues le deflein dy renoncer, il
déclaroit publiquement qu'ayant
rempli tous les devoirs de bons
citoyens pgr le travail adîdu d'une
année entière , il étoit jufle de
leur accorder du repos & des
fucceffeurs. Plus il fe montroit
difficile , plus on le prefToit de fe
rendre aux défirs & aux vœux de
tous les citoyens. Il feignit enfin
de céder avec peine & malgré lui
aux infiarices de la multitude. Il
farpaffoit tous ceux qui fe préfen-
toient pour cette charge , en adref-
fe , en rufe , en fçavoir faire. On
le voyoit « dans là place publique»
faluer l'un , doiiner la main à
l'autre , fe promener avec un air
de fattsfaâion au milieu des Dui-
lius & des Icilius , les chefs du
Îeuple, & pouratnft dire^lesarcs-
outans du Tribunat , & faire fa
cour par leur moyen à la multitu-
de. Plus fes démarches populaires
étoient faufTes & oppofées à fon
caraâère , plus il affeâoit de les
multiplier , pour les faire paroître^
s'il étoit pof&ble , plus naturelles
& plus vraifemblables ; en quoi il
fe trompoit fort. Auffi fes Collè-
gues , qui jufques-là lui avoient
été entièrement dévoués, com-
mencèrent à ouvrir les yeux , &
conçurent que tant de popularité
& même de baffefTe , n'étoit pas
une chofe gratuite dans un hom-
me d'un etprit naturellement fier
& hautain^
R0IK Hift. Rom. Tom. I. pag, ^96. & frsv, Mém. de TAcad. dei InCcript^
k Bell. Uu. Tom. XII. p. 41,
y «I
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|io CL
lis n'oferent pourtant pas s'op-
pofer direâement à Tes vues ; ils
prirent un détour qu'ils crurent
pouvoir leur réuflir. Ce fut de le
choifir , comme le plus jeune d'en-
tr'euz , pour préfider à raflem-
blée. L'ufage étoit qu| le préfi-
xent nommât > en concluant, ceux
en faveur de qui fe réuniflbit la
pluralité des TufFrages. Ils comp-
toient par ce moyen mettre Ap-
pius Claudius hors d'état de fe
nommer lui-même ; ce qui ne s*é-
toit point encore vu , finon parmi
les Tribuns. Encore en avoit-on
été fort choqué y comme d'une
pratique contraire aux bienféances
Ci à 1 honnêteté publique. Foibles
barrières contre l'ambition ! Auffi
Appius Claudius accepta-t-il avec
joie cette oflFre, & il fçut bien
tourner en moyens de réui&r , les
obdacles mêities qu'on lui oppo»
foie. Non concent de s'être fai(
élire lui-même , U travailla à faire
tomber fur fes amis le choix du
peuple pour les neuf autres places,
& à donner Texclufion aux plus
Cliftingués de fes compétiteurs , ÔL
même à tous fes Collègues du pre-
mier Décemvirat , & il en vint
à bout. Là finit la comédie , qu'il
avoit jouée l'année précédente. D
leva le mafque & fe montra tel
qu'il étoit. Nous n'entrerons point
ici dans le détail de ce qui concer-
ne le Décemvirat. On le trouvera
à l'article des Oécemvirs.
Les laques & les Sabins étant
venus faire des incurfions fur Jes
terres de la république, on fongea
à repoufTer l'ennemi. Quand les
légions furent prêtes , il fut quef-
ÛQO entre les t>écemvir$ de npm-
CL
mer ceux d'enrr'eux , qui condui<$
roient l'armée. Mais , comme la
guerre qui les menaçoit au dedans,
leur paroiflfoit plus dangereufe que
celle qu'ils' avoient à foûtenir au
dehors , & qu'ils craignoient plus
leurs citoyens que leurs ennemis,
ils jugèrent Appius Claudius, dont
le caraâère étoit violent & haut ,
plus propre qu'aucun auti^ , à ré-
prif6er les tumultes de la ville. Il
y fut donc laiiïé de concert avec
les partifans du Décemvirat; il
pilla impunément & les biens du
public & ceux des particuliers. U
m auffi des levées dans chaque
tribu ; il enrôla tous ceux qd
étoient en état de porter les ar-
mes, pour remplacer les foldats
qui avoient été tués , & pour
rendre les Centuries eomplettes.
Ils pofta des troupes dans les en-
droits «de la ville les plus commo- .
des & les plus avantageux , tant
pour y faire fentinelle , que pour
empêcher que ceux du parti op-
pofé ne remuaffent fous- main. Ses
précautions ne fe bornèrent pas làf
Pour fe dé&ire plus furemeiu de
ceux qui lui étoient oppofés , il
écrivit fecrétement des lettres aux
Décemvirs qui étoient en campa*
gne. Il les exhorta de faire mourir
par artifice les plus notables , d'a-
gir ouvertement contre ceux qui
étoient de moindre confequence 9
& de trouver enfin les moyens
de fe délivrer de tous ceux qui en
vouloient à leur autorité , foit par
fineffe , foit en leur fuppofant
quelques^rimes , afin qu'il parât
que c'étoil avec juftice qu'on les
punifibit de mort. Un fi perni-
cieux çonfeil ne fut exécuté c^u^
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/CL
trop ponâuellement.
.Appius Claudius > fou tenu de
(es parcifans , fignala fa cruauté
^ans Rome même par des coups
femblabies. Il fit périr un grand
nombre de citoyens , qu'il croyoit
t>ppofés à fes intérêts. L^ peuple
néanmoins fit peu d^attention à la
Erte de tant de gens , que les
écemvirs facrifioient à leur par^
fion de dominer. Mais , la mort
cruelle & injufte du plus illuftre
des Plébéiens , qni s'étoit rendu
célèbre par fa valeur & par fes
grands exploits ^ difpofa les efprits
a une révolte générale. Ce brave
Plébéien s*appelloit Luçius Siccius
Dentatus. Il s'étoit trouvé à fix
vingts batailles , & avoit rempor-
té dans toutes des prix de valeur.
Ce qui acheva de révolter ouver-
cernent tout le peuple contre les
Décemvirsy ce fut une paflion
infâme qu'avoit conçue Appius
Claudius , jointe à fes funeftes
fuites.
II étoit devenu éperdument
amoureux de Virginie , fille deL,
Virginius , qui commàndoit ac-
tuellement en qualité de Centurion
une compagnie des cinq légions
qui étoient' fur les terres des
Éques. Cette jeune perfo.nne étoit
d'une beauté incomparable. Son
Îere Tavoit Jpromife en mariage à
.. Icilius. Comme elle étoit déjà
en âge d'être mariée , Appius
Claudius I l'ayant' vue lirfe à l'é-
cole de la jeunefle , qui étoit pour
lors auprès du grand marché Ro-
main , fut aufii-tôt épris de fa
grande beauté. La pailion de Ta-
mour qui s'étoit emparée de fon
«Qçur» s'alluma de jour en jour,
CL . 3rr
& le mit, pour ainfi dire, hors
de lui même, étant obligé de paf-
fer fouvenc auprès de l'école. Il ne
trouva point d'autre moyen de
fatisfaire fon défir impur , que
d'ufer d'artifice ; & d'abord il tâ-
cha de gagner cette jeune fille par
argent. Virginie avoit perdu fa
mère ; elle vivoit fous la conduite
de fes gouvernantes. Appius
Claudius s'adreiTa à celles - ci»
Tous les jours , il leur envoyoit
quelques confidentes de fes fe-
crets , leur faifoit de riches pré-
fens & de magnifiques promeffes,
fi elles voulôient lui rendre fervi-
ce. Il avoit défendu à fes confi-
dentes de le nommer ; elles
avoient feujement ordre de dirç
aux gouvernantes de Virginie ,
que celui qui la recherchoit , étoit
un homme puiiTant , qui pouvoir
faire ou beaucoup de bien ou
beaucoup de mal à qui il vou-
dront.
Quand il vit qu'il ne pouvoît
gagner les gouvernante^ , & qu'-
elles gardoient leur jeune élevé
avec plus de foin qu'auparavant ,
fa paiTion s'alluma de plus en
plus , 6c il réfoliit de tenter les
moyens les plus hardb. Il envoyé
donc M. Claudius pour l'enlever
ide force ; mais , le peuple la dé^
livre d'entre les mains du ravif-
feur, qui en appelle au tribunal
d'Appius Claudius.
Peu de tems après , Publius Nu-
mitorius , onde maternel de Vir-
ginie 4 & un des plus confidérables
d'entre les Plébéiens , arrive avec
une troupe de fes amis & de Ces
parens. L. Icilius , à qui X. Vir-
gimus avoit fiancé fa fille j vtçQK
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51^ CL
prefque en même tems avec une
bonne efcorte de jeunes Plébéiens,
Il s'approche du tribunal tout hors
d'haleine ; il demande qui eu ce-
lui qui a ofé mettre la main fur la
fille d*un citoyen , & quelles font
fes prétentions.
Âufli tôt il fe £ait un profond
filence , & M. Claudîus » qui
avoit voulu enlever Virginie , fait
un difcours pour prouver qu'elle
ed fille de fon efçlave , & que
c'eA en cette aualité qu'il a voulu
l'enlever. P, PJumitorius, ayant
répondu aux raifons de M. Clau-
dîus, réclame Virginie comme fon
oncle, en Tabfence de fon père, &L
demande que Ton diffère le juge-
ment jufqu'à ce qu'on ait eu le
îtems de faire venir L. Virginius.
Mais , Appius Cla^^dius adjuge
par provifion Virginie à M. Clau-
dius , à condition , qu'il donnera
des cautions pour la repréfenter
par tout oh boToin fera. L. Icilius
s'oppofe à l'exécution de cette fen-
tence. Il ()rend Virginie entre (es
bras , & protede qu'un le tuera
plutôt que de la lui enlever. Les
Liâeurs le repouflfent ; & M.
Claudius fe faifit de Virginie.
Mais , le peuple lui fait lâcher
prife. Appius Claudius révoque
auffi fa fentence ; il remet Virgi-
^nie entre les mains de fon oncle ,
6c lui accorde un délai jufqu'au
lendemain pour faire revenir L.
Virginius du camp. Les parens de
Virginie demandent en vain un
plus long délai. Appius Clauiâius
le leur refufe » & envoie fecréte-
ment au camp pour faire garder
Lw Virginius dans une étroite pri-
^n« Ses courriers font prévenus
CL
parle fils de Numitorius, & I^
frère de L. Icilius. Ceux-ci a vertif»
fent L. Virginius de ce qui fe pafibit.
L. Virginius obtient fon congés 6c
vient à Rome par une route dé-
tournée ; il évite la rencontre de
ceux qui étoieni poftés fur les che-
mins pour l'arrêter. Appius Clau-
dius 9 ifurpris de l'arrivée de L.
Virginius , fe rend à (on tribunal.
M. Claudius lui demande juflice t
mais L. Virginius réfute les raifons
de M. Claudius*
Appius Claudius" y femblableà
un phrénétique , enivré de la
grandeur de fa puiffance^ enâé
d'orgueil » aveuglé par fa pafCon ,
brûlé incérieuiement par le feu de
l'amour qu'il avoit pour Virginie^
ne faifoit aucune attention aux
difcours de ceux qui prenoient fa
défenfe. Loin de fe laifFer atten-
diir par les larmes de cette jeune
fille , il s'ofFenfoit même de la
compadion que railemblée té-
moignoit pour elle. Tout occupé
de fa pafQôn , il fe croyoit lui-
même le plus à plaindre ; il fouf-
froit les maux les plus terribles à
la vue de cette rare beauté , dont
il.étoit épris , &c qui le rendoit ef-
clave. Livré à la violence de fon
amour 9 il tint des difcoi^rs fi
honteux , que pour peu qu'on y
fît attention , il étoit aifé de voir
qu'il àvoit lui-même inventé des
faufTetés Si des calomnies contre
Virginie» Mais » il ne fe*borna pas
à (k fimples parc^es ; il poufla
l'efiFromerie jufqu'à faire l'aâion
la plus cruelle & la plus tyranni-
que. Il adjuge Virginie à M. Ciaa-
dius; il rend lui-même témoigna-
ge qu'elle eft fille de fon efdav e ,^
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CL
& qu'a y along-tems qu'il le fçâît.
Alors , L. Virginius , accablé de
douleur, demande la pertniflîon
d'embraÔer fa fille pour la dernière
fois y & de lui parler fans témoins.
Appius Claudius lui accorde cette
faveur. L. Virginius avance quel-
ques pas^ 6l prenant un grand
couteau , il le plonge dans les en<
trailles de fa fille , en difant feule-
ment ces paroles : » J.e t'envoie
» ma,chere fille , joindre les ma-
» nés de tes ancêtres avec ta li-
» berté & ton honneur. Si je te
» laifTpis vivre > tu ne pourrois
» conferver ni Tun ni Tautre fous
V un cruel tyran, a
Dès qu' Appius Claudius ap-
prend la fin tragique de celle qui
faifoit l'objet de fa paffion , il fau-
te de fon tribunal , il veut pour-
fuivre L. Virginius, il fait plufieurs
chofes indécentes , &c tient des
difcours peu convenables à un
magidrat» Ses amis le retiennent ;
ils le rangent autour de lui , & le
conjurent de ne pas faire de nou-
velles fautes. Il cède enfin , & fe
retire chez lui fort en colère contre
^ux tous. Cette affaire ayant mis
Rome dans le plus grand danger
qu'elle eût jamais couru , Valé-
rius & Horatius ,. qne leur vertu
faifoit refpeâer du peuple 6l du
Sénat, entreprirent d'appaifer Té-
motion; ils en vinrent heureufe-
.ment à bout , & l'ancien gouver-
nement confula ire fut rétabli.
Dès Tannée fuivante » qui étolt
la 3ô6.e de Rome, L. Virginius
appella en jugement devant le
peuple Appius Claudius. Celui-ci
U) Tii, LU, L, IV, c» S5 , 36,
C L M5
comparut efcor té d'une troupe de
jeune Patriciens. On ne l'eut pas
plutôt apperçu lui & fes fatelli-
tes j que le fou venir de fonénortne
puifiance ralluma l'indignation
dans tous les efprits. Quoiqu'Ap-
pius Claudius n'eut rien à eipérer,
ni du fecours des Tribuns , ni des
fufTrages du peuple , cependant
auffi-iôt qu'il vit le Liâeur s'ap-
procher pour le faifir : J*en appel-
le, dit*ii, aux tribuns &aupeu^
ple^ Ce feul mot , qui port oit le
caraélère de la liberté ^forti d'une
bouche qui , quelques jours aupa-
ravant , avoit prononcé en faveur
de la^fervitude , impofa filence à
tout le monde. Mais , Appius
Claudius 9 s'étant apperçu que le
peuple écoutoit plus favorable-
ment les prières de L. Virginius
que les fiennes , fe déroba par
une mort volontaire aux fuites
d'un jugement qu'il prévoyoic
bien lui devoir être contraire.
On dit qu*il étoit un fçavant
Jurifconfulte , & qu'il avoit beau-
coup travaillé aux loix des douze
Tables.
CLAUDIUS [Appius]
CRASSUS , {a) Appius Claudius
Crajfus , {a) fils du précédent ,
Tribun militaire » Tan de Rome
331. C'étoit un jeune homme,
courageux 6c entreprenant , &
qui avoit fucé>pour amfi dire avec
le laic^ la haine des Tribuns du
«peuple^ 6c du peuple même. Il
reda à Rome pour garder la ville »
pendant que fes Collègues allè-
rent prendre connoifîance des pil-
lages, que les Vplfques exei*
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314 CL
çoient fur les terres des Hernî-
qiies.
CLAUDIUS [Appius]
CR ASSUS , (tf) jéppius Claudius
Crajfus y petit nls du Décemvir ,
& par conféquent fils de celui qui
précède*
Ua jour ^e tous les Sénateurs
étoient dans Tétonnement & dans
le filence , après un difcours plein
de hardieiTe & d*arrogance ^ que
les Tribuns du peuple venoiènt de
Élire à Toccafion' de la loi y qui
^Toit communiquer le confulat
aux Plébéiens ; Appius Claudius
Craflus, moins dans l'efpérance
de réuffir , que pour exiger (a
jjttj^e colère , qu'il ne pouroit re-
tenir , prit la parole & s'étendit
beaucoup. Tout TefiFet que pro-
dtiîfit fon difcours > ce fut de iaire
d^érer la tenue de TafTemblée
pour l'acceptation d'une loi > qui
déplaifoit fi fort aux Patriciens.
Van de Rome 393 , le conful
X. Çénutius fut défait & tué dans
«ne embuTcade , que les Herni-
j<que$ lui avoient tendue. Cet éve-
jpnement donna lieu de créer un
l^^iâateur; & le choix tomba fur
Al^pius Claudius Craflus, qui
orc iontia auffi-tôt au peuple d'in-
ten ompre. tout autre exercice ,
pou r ne fonger qu!à mettre des
troupes fur pied. Il nomma pour
gém ^ral de la cavalerie . Q. Servî-
Gus* Avant qu'ils fuflent arrivés à
Farm ée 9 le lieutenant C. Sulpiciu3
avoit déjà remporté ipielque avan-
tage fur l^n ennemis* iCoomie
ceux** ci comptoient bien quSl
CL
vîendroît de nouvelles troupes Sa
Rome , ils avoient aufiTi groCfi les
leurs , & avoient mandé toute la
fieur de leur jeuneiïe. Dès que les
deux armées furent en préfence,
on donna le fignal L'aâion fut des
plus vives ,& le fuccès long-tems
douteux. La cavalerie Romaine
mit pied à terre ^ & vint com-
battre à la tête de fon infanterie.
Du côté des Herniques, l'élite de
leurs troupes & de toute la nation
s'avança pour foûtenir ce;(choc.
Ainfi la perte devint confidérable
' de part & d'autre , non feulement
par le nombre, mais encore par
la qualité & le mérite de ceux qui
périflbient. Enfin, les Herniques
furent enfoncés , & mis en fuite.
La nuit empêcha de les pourfui-
vre. Le lendemain , ils abandon-
nèrent leur camp f dont les Ro^
mains fe rendirent maîtres.
Appius Claudius Crafliis par-
vint au Confulat l'an de Rome
406. Cette année , Rome eut
deux fortes d'ennemis à repoufler;
d'un côté , les Gaulois , qui ne
laiffoient guère de repos ; de l'au-
tre , des Pirates de Grèce , quK in-
feftoient les côte^ de l'Italie. Mais,
Appius Qaudins Craffus mourut
pendant qu^'on failbit les prépara-
tifs de la guerre.
CLAUDIUS [M.], {h) M.
Claudius , M. K^aw/rç, clieilt
d'Appius Claudîas le Décemvir.
C'étoit un homme« hardi, cffrontéi
& de ces «os qui ne s'introdui-
fent dans m confiance des Grands
que: par une complaifance crimi-
(«) Tît- Um\ L. VI. c. 40.^ & feq,\ {h) Tu. tîv. L. III. C. 44. ér /ej,
!.. VIL c. 6. ér fiq- ^oU. Holt. Roi^ J Rotl. Hifl. Rom. T. I. p. 414. & /»iv.
T, 11. jp. iji. <^^««v. I
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CL
ittelle pour leurs plaîfirs. Infâme
miniftre des débauches de Ton pa-
tron , il le fervit de Ton mieux dans
la paffion criminelle qu'il a voit
conçue pour la jeune Virginie.
Mais, cette affaire, 'ayant eu les
fuites les plus tragiques,ainri qu'on
peut le voir ci-deuus , M. Clau-
dius fut accufé Se condamné à
mort. On lui laiiTa cependant la
vie s & il s'en ^Ua en exil à Ti-
bur..
CLAUDIUS [Appius]
CRASSUS , Appius Claudius
CraJJusy (tf) Tribun militaire, l'an
de Rome 3 5 2. Il fat laiffé à Rome
exprès par Tes Collègues , pour
réprimer les {éditions , que les
Tribuns du peuple voudroient ex-
citer, n s'écoit accoutumé dès
ÙL jeunefle à lutter contre U
violence & l'emportement de la
multitude; & c'étoit lui qui, plu-
fieurs années auparavant, avoit
donné aux Sénateurs le confeil fa-
lutaire de rendre inutiles tous les
efforts des Tribuns, par Toppo-
fition de quelques-uns de leurs
Collègues. Tite - Live dit qu'il
avoit perfeâionnépar de fréquens
exercices, le talent de bien parler,
<{u'il avoit reçu de là nature ; &
il lui met dans la bouche un dif-
|:ours plein d'une éloquence fo-
nde.
CLAUDIUS [C] HORTA.
TOR , rC. Claudius Hortator.
Voyei l'article ft^ivant.
CLAUDIUS [C] RÉGIL.
^ U) Tit. Liv. L. V.*x. 1. é- /«?.
Eoll. Hitt. Rom. T. II. p. t. ér fri».
(h) Tit. Liv. L vm. c. 15.
(c) Juft. L. XVIIi. c. ». Tit. Liv. L.
tX, ç, »j, ij«r /rj. L. X-. C. 7. & fep
CL 5^5
LENSIS, C. Claudius Regillenjis.
{b) L'an de Rome 418 , le Sénat,
irrité contre les Confuls , dont la
lenteur avoit trahi la caufe dé
leurs alliés , ordonna qu'on créât
un Di^ateur. On nomma C*
Claudius Régillenfis , qui choifit
pour maître de la cavalerie C,
Claudius Hortator. Mais, les au-
gures ayant déclaré cette nomina-
tion vicieufe, on fe fit un fcrupule
de leur obéir , ce qui les obUgea
d'abdiquer.
CLAUDIUS [Appius ] , (c)
Appius Claudius , A''7r7rlc(; K^at/-
//oç , furnommé Caecus ou l'A-
veugle, fat Cenfeur Tan de Rome
442 avec C. Plautius. Sa magiCr
trature fat célèbre par le fervice
qu'il rendit aux Romains de Ton
tems, ôc à tous leurs defcendans ,
en faifant paver le grand-chemin,
qui de Ton nom fat appelle depuis
la voie Appia ; ôc en conduifant
dans la ville , par des canaux foÛ9>
terreins , une eau aufli claire qu'a?
bondante; ce qui avoit manqué
jufques-là dans cette grande ville;
Il acheva feul ces doux ouvrages
importans, parce que fon collè-
gue avoit abdiqué la cenfare , ne
pouvant foûtenir les reproches de
Tes citoyens , à qui il s'étoit fendu
odieux par la conduite infâme
qu'il avoit tenue dans le choix des
Sénateurs. Appius Claudius , conr
fervant ce caraâère d'opiniâtreté ,
qu'il avoit hérité de fes ancêtres ,
ne voulut point qu'on remplaçât
Pkit. Tom. I. pag. 394 , 39c. Roll. Hift.
Ane. T. IV. p. 116. Hift. Rom. T. II.
pag. 283. & fitiv* Mém. de TAcad. des
Infcript. & Bell. Letc. Tom. h pag. 99»
Ï,XXI.|».40|.
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3i6 CL
Ion Collègue^ & exerça feul la
cenfure.
Ce fut par Ton confell > que les
Potltiens , feuls prêtres du temple
d'Hercule , feuls tniniftres des fa-
crifices qu'on offroic fur Ton autel,
apprirent ai des efclaves publics
les cérémonies qu'on devoit ob-
ferver dans le culte de ce dieu ^
& confièrent à des mains ù indi-
gnes un minïAère fi refpeèUble. Si
en en croit la tradition, ce mépris
eut des fuites furprenantes , ôc
bien capables d'ôter aux hommes
Fenvie de rien changer dans les
affaires de Ist religion ; car , les
douze familles des Pçtitiens que
Ton çomptoit alors , compofées
de trente fujets , tous en âge de
puberté ,. furent entièrement
éteintes dans l'efpace d'un an.
Appius Claudius ,- qui leur avoit
donné un confeil fi impie» n'é-
chappa pas lui-même â la ven-
geance célefte ; car , quelque tems
après , il devint aveugle , & de-
meura dans cet état le refle de fes
jours.
Appius Claudius fut le premier
qui introduifit dans le Sénat lés
enfans des affranchis ; & enfuite
voyant que tout le monde défap-
prouvoit ce choix , & qu'il n'a-
voit pas acquis par-là dans le Sé-
nat toute l'autorité qu'il avoit ef-
péré , il remplit toutes les tribus
de ce qu'il y avoit de plus mépri-
fable dans la ville , & corrompit
par-là les aflemblées de la place
publique & du champ de Mars.
Après avoir exercé la cenfure
pendant les dix-huit mois » aux-
quels la loi ^milia avoit fixé fa
'durée , il ne pue être engagé à ab-^
CL
dîquer , nî par l'exemple de C.
Plautius fon Colfégue, ni par
toutes les inflances , qu'on put
lui faire. T. Sempronius , alors
tribun du peuple , l'entreprit vi-
vement. Après lui avoir reproché
les violences de fa famille toujours
impérieufe , toujours ennemie de
la liberté du peuple Romain y &
qui par cette raifon lui étoit deve-
nue plus odieufe que celle des
Tarquins ; après lui avoir rappelle
le fouvenir de l'infâme & cruel
décemvir Appius Claudius ^ qui
s'étoit continué lui-même dans fa
charge , au méprb de toutes les
loix : Il Sont-ce donc là , lui dit-
n il y les exemples que vous vous
}> propofez à imiter ? Quoi ! un
i> règlement établi dans la repu*
n blique depuis plus de cent ans »
n obiervé inviolablement par tant
fi xl'Hommes iiluftres , qui iufr
M qu'ici ont été Cenfeurs > vous ,
j> Appius , vous le mépriferez ,
» & le violerez audacieufement î
I» la vue &L fous les yeux du Sé-
» nat & du peuple ? Jamais de-
n puis la prife de Rome » un Cen«
» feur n'eu demeuré feul en char*
n ge. Tous » quand leur Collègue
n efl mort, ont abdiqué. Et vous,
n ni le lems. de votre magiflratu-
n re expiré , ni l'exemple de vo-
II tre Collègue qui fe retire , ni li
}i pudeur y ni la loi ne vous arrê-
II tenr. Vous &ites conûfler votre
}i honneur & votre mérite dan^
n l'arrogance, dans l'audace, dans
Il le mépris des dieux Ôc des
fi hommes. C'eft avec peine que
Il je Vous parle de la forte. La
9} dignité , que vous avec exer-
n cf e , eft digne de ' refpe^
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CL
fc Maïs , votre inflexible opînîâ-
» treté me force à ne vous point
» ménager ; & je vous déclare
n que il vous n*obéiflez à la loi
» Amilia , je vous ferai mener
n en prifon. « En effet , Appîus
Claudips ne répliquant que par
de mauvaifes raifons , le tribun
ordonna qu*on fe faific de fa per-
fonne , 6c qu'on le conduifît dans
les prifons. Appius implora le fe-
cours des autres Tribuns. Six ,
outre Sempronius, étoient con-
tre lui; tous fe déclarèrent en
fa faveur » & à la honte des loix ,
ÔL de tous les ordres de l'État ,
il exerça feul la Cenfure pendant
tout le reûe du tems.
Il fut nommé Conful avec L.
Volumnius , Tan de Rome 446.
Voyant que fon Collègue éioit
chargé de ùlit9 la guerre contre
les Salentins , nouveaux ennemis
de la république | il refta à Rome,
pour augmenter fon crédit & fa
pulflance par des voies politiques,
puifqu'on laiffoit aux autres la
gloire qui s'acquiert parles armes*
Quelques années après , lorfqu'il
futqueflion de donner entrée aux
Plébéiens dans les dignités d'Au-
gures & de Pontifes , Appius
Claudius s'oppofa fortement à la
loi , qui ne laiffa pourtant pas de
pafler. U fut inter-roi l'an de Ro-
me 45 3. Trois ans après, il par-
vint de nouveau au Confulat ,
avec le mcme L. Volumnius ; il
eut ordre de marcher dans l'É-
trurie, après que fon Collègue
étoit déjà parti pour le Samnium*
Il oiena avec lui deux légions, &
douze mille hommes de troupes
alliées, fy. alla camper près de
CL 317
l'ennemî. Sa prompte arrivée fer.
vit à arrêter quelques peuples
d'Étrurie prêts à prendre les ar-
mes ; mais du refle^ il montra pea
d*habi(eté dans fa conduite, &
eut peu de fuccès. Il donna plu-
fieurs petits combats dans des
tems & des lieux peu favorables ;
ce qui augmenta beaucoup la fier-
té des ennemb, & jetta un grand
découragement dans l'armée Ro-
maine , enforte que ni le Conful
ne comptoit fur fes troupes, ni les
troupes fur le Coniul.
Les chofes étant dans cet état ,
L« Volumnius arrive du Samniurai
avec fon armée, fur une lettre
qu'il prétendoit^oir reçue de foa
Collègue. Appius Claudius nioit
lui avoir écrit, ôi il le reçut fort
mal , lui demandant avec un ton
d'infulte > comment 9 lui qui fuf-
fifoit à peine aux affaires de fa
province , s'iagéroit de venir
au fecours d'autrui fans en être
prié. L. Volumnius , fans s'émou-
voir , répondit qu'il n'étoit venu
qu'en conféquence de la lettre
qu'il avoit reçue de lui ; que puif-
qp'elle fe trou voit fauffe, il parti -
roii fur le champ pour retourner
dan^ le Samnium ; qu'il aimoit
beaucoup mieux avoir fait un
voyage inutile , que de trouver
l'armée de fon Collègue dans ua
état qui eût befoin de fon fer vice.
Ils fe féparoient déjà l'un de l'au-
tre , lorfque les Lieutenans eènc-
raux d'Appius Claudius Si les
principaux officiers de fon armée
l'environnent, & le prient avec
infiance de ne pas rejetter un fe-
cours , que la fortune lui prèfen-
toity & qu'il auroit dû demander
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5î8 CL
lui-même. D'autres fe mettent
%u.devant de L. Volumnius , &
le conjurent de ne ppint trahir la
république par une pique mal en-
iendue contre fon Collègue.
Cependant , l'armée s'étoit af-
femblée infenfiblement autour des
deux Confuls. Les mêmes chofes
quiavoient étédite^ en particu-
lier , fe répétèrent là en public ,
mais avec plus d'étendue.* Et
comme L. Volumhius , fupérieur
fans contredit à fon Collègue pour
le fond de la caufe > mais beauT
coup inférieur pour Téloquence y
qui étoit le grand talent d'Ap>
pius Claudius , s'exprimoit néan-r
moins afTez bies^ôc affez facile-
ment ; Appius Claudius > d un ton
tailleur , dit qu'on lui avoit obli-
gation "xie ce que L. Volumnius ,
autrefois prefque muet , étoit
devenu difert Ôc éloquent; que
dans les commeyemens de (on
premier Confulat , à peine pou-
voit*il ouvrir la bouche » & que
maintenant il faifoit des difcours ,
& haranguoit d'une façon popu-
laire. Taimerois bien mitux , ré-
pliqua L. Volumnius , que vous
eujiei appris de moi à bien faire f
que moi de vous à bien parler. Il
ajouta que pour décider lequel
•'àts deux Confuls étoit , non le
meilleur oratenr, de quoi la répu-
blique avoit peu befoin dans la
conjonâure préfente, mais le
meilleur Général, il lui donnoit le
choix du Samnium ou de TÉtru-
rie ; & que pour lui il feroit con-
tent de celle des deux provinces
qui lui feroit laifTçe par fon Col-
lègue. Les foldatà alors demandè-
rent ouvertement qu'ils fiflent en-
et
femble la guerre en Étrurle. !•
Volumnius , voyant ce confente-
mei^t unanime : » Après avoir en
» le malheur , dit-il , de m'être
ï> trompé fur ce que vouloit de
i> moi mon Collègue , je ne m*ex-
M po&rai pas à Tétre encore fur
n ce que vous dèfirez de moi<
n foldats. Si vous fouhaitez que
» je demeure , faites le moi con-
II noitre d'une manière qui ne foit
» point équivoque, a II s'éleva
dans le moment un cri fi violent
Ôc fi général dans toute l'armée 9
qu'il fit fortir de leur camp les
ennemis, qui fe rangèrent auffi-
tôt en bataille. L. Volumnius en
fit autant. On dit qu' Appius Clau*
dius , voyant que foit qu'il com-
battît ou non, fon Collègue auroic
tout l'honneur de la viâoire ,
douta d'abord du parti qu'il de-
voit prendre; mais qu'enfuite la
crainte qu'il eut que fes troupes
ne fuiviffent L. Volumnius , le
détermina à leur donner aufG le
fignal qu'elles d'emandoient avec
empreffement*
/ Ni de part ni d'autre les ar*
mées ne fe rangèrent convena.
blement. Gellius Egnatius , géné-
ral des Samnites , étoit allé au
fourrage avec un petit détache*»
ment ; & fes foldats , combattant
fans chefs & fans ordre , ne fui-
voient que leur propre impétuo^
iité. Les armées Romaines , d'un
autre côté, nes'étoient pas ébran-
lées eh même tems , & n'avoient
pas eu le tems de former leurs
rat?gs comme il auroit fallu. Vo-
lumnius en étoit aux mains avec
les ennemis avant qu'Appias
Claudius arrivât ^ c'eft pourquc» f
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et
U front deTa bataille étoit inégal.
Le hazard voulut que par une .
forte d'échange fortuite , L. Vo-
lumnius eût en tête les Étrufques ,
& Appius* Claudîus les Samnites.
Celui-ci dans le feu du combat ,
voua un temple à Bellone , & crut
dans lé moment fe fentîr animé
d'une ardeur nouvelle. Les deux
Confuls rempliiTent également
tous les devoirs de Généraux. Les
foldats 9 de leur côté » font des
efforts extraordinaires pour ne
point laifTer à Tautre armée l'hon-
neur d avoir donné le premier
branle à la viâoire. Ils rompent
donc & mettent eu fuite les enne«
mîs , & les pourfuivent jufqu'à
leur camp. Gellius Egnatius, avec
fes Samnites , y étant accouru , le
combat recommença tout de nou-
veau , & avec plus de vivacité
encore qu'auparavant. Il fallut que
les ennemis cédaiTent encore. Dé-*
jà les vainqueurs attaquoient le
qtmp. Les deux Confuls animent
à l'envi leurs foldats > qui arra-
chent les pallifTades ^ franchiffent
les foffés 9 & fe rendent maîtres
du camp. Le butin 9 qui étoit fort
conûdérable , leur fut abandonné.
Il y eut plus de fept mille hom-
mes de tués du côté des ennemis»
& plus de deux mille faits pri-
fonniers.
L'année fui vante, Appius Clau-
dîus fut nommé Préteur; Si on lui
donna pour Collègue P. Décius.
Il fut envoyé contre les Samnites»
fur {efquels il remporta quelques
avantages.
L^an de Rome 472 , Pyrrhus ,
roi d'Épire , envoya à Rome Ci-
né^ , l'un de fes minières , pour
C L 310
y propofer la paix au Sénat, es-
pérant que la conjonâure d'une
viâoire qu'il venoit de remporter
& la préfence de fon armée , fe^
roient trouver cette propofitioa
fort douce aux Romains. On dé«-
libéra de cette importante affaire
dans le Sénat. La délibération du-
ra plufieurs jours ; & comme riea
ne tranfpiroit au dehors , celate*»
noit Cinéas dans une grande in«*
quiétude.Le courage des Romains
^ut befoin^dans ces circonftances,
d'être ranimé par Appius Qau-
dius , que fon grand âge & la
perte de la vue aroient obligé de
fe retirer des affaires , 6c de fd
renferme^ dans fa maifon , qui
étoit pour lui une petite républi-
que. Il avoit quatre fils , hommes
^its 9 & cinq filles , fans compter
un grand nombre de cliens qui
étoient fous (a proteâion* Toat
aveugle & avancé en âge qu*il
étoit 9 il gonvernoit cette nom««
breufe famille avec un ordre mer-
veilleux. Il avoit toujours l'efpiit
tendu comme un arc 9 ne fe laif-
foit point abattre par la vieillefife»
& ne s'aloandonnoit point à ixne
molle langueur. Il étoit craint de
fes efclaves , refpeâé par fes e n-
fans 5 chéri de tout le monde. II
avoit fçu fe conferver dans fa nu ii->
fon toute Tautorité du conimande-
ment ; elle étoit regardée comi ne
une école de vertu & d'amour de
la patrie , oui les règles Si les tt la-
ximes ancietmes étoient religieu fe-:
ment obferv ées.
Tel étoit i^ppius Claudîus. !Sur
le bruit four d qui couroit dan: s la
ville , que Iç? Sénat étoit difpb fé à
accepter les; offres de Pyrrhus , il
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510 CL
le fit porter dans Taflemblée i oîi
Ton garda un ^profond filence , dès
qu*on le vit paroître. Là , ce vé-
nérable vieillard , à qui le zèle
pour l'honneur de fa patrie fem-
bloit avoir rendu toute Ton an-
cienne vigueur , montra par des
raifons également fortes & fenfi-
bles qu'on alloit détruire par un
honteux traité , toute la gloire
que Rome jufques-Ià s'étoit ac-
quife. Puis , tranfporté d*une no-
ble indignation : n Que font donc
n devenus, leur dit-il, ces difcours
V fi fiers que vous teniez , & qui
» ont retenti par toute la terre,que
99 fi cet Alexandre le Grand étoit
9> venu en Italie du tems de notre
» jeuneffe & de la vigueur de Tâge
9> de nos pères , il n'auroit point
i> acquis la réputation d*invinci-
» ble ; mais que par fa fuite ^ ou
n par fa mort , il auroit ajouté un'
» nouveau luftre à la gloire de
n Rome ? Quoi ! vous tremblez
s) maintenant au feul nom d'un
» Pyrrhus , qui a paffé fa vie à
Il faire la cour à un des gardes de
n ce même Alexandre; qoi erre
n comme un aventurier de con-
n crée en contrée , pour fuir les
M ennemis qu'il a dans fon païs ;
» & qui -a Pinfolence de vous pro*
n mettre la conquête de l'Italie,
i> avec ces mêmes troupes, qui
>i n'ont pu le mettre en état de con-
w ferver une petite partie de la Ma-
» cédoine.ci II dit beaucoup d'au-
tres^chofes pareilles , qui ranimè-
rent la généro(îcéRoraaine,& difli-
perent toutes les craintes du Sénat.
Caton, ou plutôt Cicéron , em-
ploie cet exemple d'Appius Clâu-
diHS f pour montrer que le grand
CL
âge ne met point les vieillards hors
d'état d'être utiles à leur patrie.
Ce n'eft point par la force ni par
l'agilité du corps , que fe font les
grandes affaires , mais par le bon
(ens , par la droite raifon , par de
fages confeils fondés fur une lon-
gue expérience ; avantages que la
vieilleiïe augmente & fortifie, loin
d'y donner aucune atteinte. A qbi
doit-on la bonne conduite d*ua
vaiffeau? £(l-ce aux moufles qui
courent, qui montent , qui defcen-
dent y & font toujours en mouve-
ment, ou à l'habileté du Pilote»
qui tranquille fur fon fiege i manie
le gouvernail? C'eft ce que fit
Appius Claudius dans l'occafion
dont il s'agit. Son autorité entraîna
tout le Sénat. D'un commun ac-
cord & d'une voix unanime, on fit
cette réponfe à Cinéas : Que Pyr*
rhus commençât par fortir de l'I^
talte» Qu'alors y s'il voulait , U
envoyât demander la faix. Mais ,
qut tant qu'il ferait en armes dans
leur païs , les Romains lui fc'*
raient la guerre de toutes leurs
forces , quand même il auroit battu
mille Lévinus.
Voilà de ces grands traits qui
caraéèérifent le peuple Romain,
& de ces grands principes de po-
litique, qui l'ont élevé à un fi
haut point de réputation & de
pui (Tance : De ne céder jamais à
l'ennemi dans Vadverfîté ^ & de
faire paraître alors plus de coura"
ge & de fierté que jamais»
Appius Claudius mourut peu
de tems après. Il étoit fort habile
dans la jurifprudence Romaine;
& Cicéron le met au nombre des
anciens orateurs Romains.
CLAUDIUS
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CL
CLAUDIUS [Appius]
CAUDEX, {d\ Appius Claudius
Caudex , fils crAppius Claudius
Cœcus , fut Conful avec M.
Fulrius Flaccus , l'an de Rome
488.
Cette année , ie peuple Ro-
main s'étant déterminé à fecourir
les Mamertins , attaqués par
Hiéron ^ tyran deSyracufe , Ap-
pius Claudius Caûdex , partit à la
tête d'une armée , & fit toute la
diligence pofiibie. Il s'aeiflbic de
pafler le détroit de Meibne , que
gardoient les Carthaginois. L'en-
treprife étoit hazardeufe , ou pour
mieux dire téméraire , & même ,
félon toutes les règles de la vrai-
femblance, impoffible. Les Ro-
mains n*avoient point de fiotte ,
mais feulement des batteaux grof-
fièrement conftruits , que Ton
peut comparer aux canots des In-
diens. Car c'eft ce que paroît fi-
gnifier le terme Caudicaria Na*
, ves , dont fe fervent les Anciens
en parlant du fait que nous rap-
portons ; & c*eft de-là que vint
au Conful le furnom de Caudex»
Les Carthaginois , au contraire ,
avoient une flotte bien équipée &
très-nombreufe. Appius Claudius
Caudex , dans cet embarras qui
auroit rebuté tout autre , eut re-
cours à la rufe. Ne pouvant pafler
le détroit occupé par les Cartha-
ginois , il feignit d'abandonner
I entreprife , (S. à^ retourner du
côté de Rome avec tout ce qu'il
avoit de troupes de débarquement.
Sur cette nouvelle , les ennemis
qui bloquoient Mefline du côté de
CL 311
la mer , s'étant retirés comme s'il
n'y avoit plus eu rien à craindre ,
le Conful , profitant de leur ab->
fence , & des ténèbres de la nuit ,
traverfa le détroit , & arriva en
Sicile.
L'endroit oh il aborda, étoit
aflez près du camp des Syracu-
fains. Il exhorta fes troupes à
tomber brufquement fur eui, leur
promettant une viâoire afluré»
dans la furprife oh ils les trouve-
roient. L'événement répondit aux
promefles du Conful. Hiéron ,
qui ne s*attendoit à rien moini ,
eut à peine le tems de ranger fes
troupes en bataille.. Sa cavalerie
eut d'abord queloues avantages ;
mais , l'infanterie Komaine, ayant
donné dans le gros de fon armée,
renfonça bientôt , & la mit entiè-
rement eh déroute. Appius Clau-
dius Caudex , après avoir fait
dépouiller les corps morts des
ennemis , fe retira , & entra dans
Mefllne , où il fut reçu comme
un libérateur venu du ciel , &
remplit les Mamertins d'une joie
d'autant plus grande & plus fen-
fible , qu'elle n'étoit prefque plus
efpérée.
Appius Claudius Caudex /dé-
livré de toute inquiétude de ce
côté-là , fongea à profiter de la
terreur que le bruic de cette pre-
mière viftoire avoit répandue
même chez les Carthaginois. Il
alla donc les attaquer dans leur
camp, qui paroiflbit inacceffible,
tant par fa fitpation naturelle, que
par les retranchemens dont on
i'avoit fortifié. Auffi fut - il re-
(«) RoU. Hift. Rom. T. II. p. 474. & fniv.
Tom. XL
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iiz CL
pouffé avec quelque perte , &
obligé de'fe retirer. Les Cartha*
Î^inois » regardant cette retraite
orcée , comme un effet de leur
bravoure y & de la frayeur des
ennemis, fe mirent à les pourfui-
vre. Ceft à quoi le Conful s'at-
tendoit. Il tourna face. Alors ^ la
fortune du combat changea ajrec
Il fituation du lieu. Il Âe refla à
chacun q\)e fon propre courage.
. Les Carthaginois ne tinrent pas
devant les Romains. Il y en eut
un grand nombre de tués. Les uns
fe uuverent dans leur camp , les
autres dans les villes voifines ; &
ils n'oferent plus fortir de leurs
retranchemens tant qu'Appius
Claudius Caudex demeura dans
Meffine.
Se voyant donc maître de la
campagne ^ il ravagea impuné-
ment tout le plat païs , &i brâla
les bourgs des alliés des Syracu-
fains. Une confternation fi généra-
le lui infpira le deffein hardi d'ap-
procher de Syracufe même. Là il
le donna plufieurs combats , dont
le fuccès varia fort , & dans l'un
defquelsie Conful courut un grand
danger. Il eut encore ici recours à
la rufe. Il dépécha un officier à
Hiéron comme pour traiter de
paix. Le Roi écouta volontiers
cette propofîtion. Ils eurent en*
iemble quelques entrevues ; ôc
pendant ces pour-parlers , Ap^-
pius Claudius Caudex fe tira in-
fendblement du mauvais pas où il
s'étoit engagé. 11 y eut encore
des proportions entre quelques
particuliers des deux armées. Il
CL
paroit que les Syracufains
haitoient la paix ; mais , le u c
voulut point alors y entenur'
apparemment parce que le Ç
fui , forti une fois de danger fe
rendoit plus difficile.
Ces divers mouvemens occu-
pèrent ane grande partie de l'an*
née. Appius Claudius Caudex re-
tourna à Meffine » où il laifla une
forte garnifon , capable de mettre
la ville en (ûreté , puis il pafla à
Rhège, pour fe rendre de-là à
Rome. Il y fut reçu avec de
grands applaudiffemens , & une
|oie univerfelte. Son triomphe fur
Hiéron & fur les Carthaginois
fut célébré avec d'autant plus de
folemnité & de concours , que
c*étoit le premier qui eût été
remporté fur des peuples féparés
deritalieparla mer.
CLAUDIUS GLICIAS,(^)
Claudius Glicias , homme de la
lie du peuple , fut nommé Dic-
tateur par P< Claudius Pulcher,
Tan de Rome 503. Mais comme
cette nomination aviliflbit & dé-
gradoit la première charge de L'É«
tat, Claudius Glicias rat obligé
de fe démettre , & on nomma à
fa place Atitius Calatinus» On dit
que Claudius Glicias avoit éfé
greffier ou huiffier de P« Claudius
Pulcher.
CLAUDIUS [Q.], {b)q.
Claudius y Tribun du peuple ,
Tan de Rome 534» porta une loi,
qui faifoit défenfe à tout Sénateur
& à tout citoyen qui feroic père
de Sénateur ^ d'avoir une barque
qui tint plus de trois cens feptiers*
C«) RoU. Hifit Rom. T» II. p« ss^ I (^) ^Hi Uv. t. XXI, c. ^|.
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CL
*rouvoît que c'étoit affez pour
il irporter à Rome les fruits que
' ^ *! Sénateurs recueilloient dans
* » ^'Ts terres , & qu'il étoit indigne
dv leur rang de faire fervir leurs
vaiflfeaux de charge à tranfporier
la récolte des autres citoyens pour
de Targent.
CLAUDIUS CENTHpN
te. ] , C. Claudius Centho , (tf)
Is d'Appius <31audius , fut créé
inter-roi Fan de Rome 536. Trois
ans après il Fut nommé Di6lateur
par le conful T. Sempronius, pour
préfider aux aflemblées ; & il fe
choifit pour maître de la cavale-
rie, Q. Fui. Flaccus. Dès le pre-
mier joxir dés aflTemblées , le Dic-
tateur nomma Conful le même
Q. Fulvius Flaccus , fon maître
de cavalerie , & Appius Claudius
Pulcher , qui a voit été Préteur en
, Sicile.
CLAUDIUS ASELLUS ,
Claudius Affellus, Foye^ Jubel-
lius Tauréa.
CLAUDIUS [C], C. Clau-
dius , K. KhcLv^tUt, , {b) Prêtre de
Jupiter , Tan de Rome 541. Il fut
privé du facerdoce pour avoir
mal préfenté les entrailles de la
vi6lime.
CLAUDIUS FLAMËN [Q],
Q. Claudius Flamen , { c ) fut
nommé Préteur Tan de Rome
544. La ville de Tarente lui échut
pour xlépartement. L'année fui-
vante , on lui laiiTa ce même dé*
parlement avec la qualité de Pro-
préteur. Cette année 9 on lui ame-
CL 325
naun jour quatre cavaliers Gau-
lois , & deux Numides , qui
avoient été pris par des fourrageurs
de l'armée Romaine. Ils tâchèrent
d'abord de rembarraffer par des
réponfes vagues. Mais , la crainte
des tourmens , dont il étala l'ap-
pareil à leurs yeux , les ayant
bien- tôt forcés de dire la vérité»îU
lui avouèrent qu'ils portoient des
lettres à Annibal de la part d'Af-
drubal fon frère. Sur le champ » le
Propréteur les mit entre les mains
de L, Virginius, tribun des foldats,
f^vec les lettres cachetées comme
elles l'étoient , & lui ordonna de
les conduire au conful C. Claudius
Néron , lui donnant pour efcortë
deux efcadrons de Samnites.
CLAUDIUS [ P. ].P,C/az^-
dius , n, K^ott^J^o;, \d) Préfet
des alliés dans l'armée du conful
C. Claudius Néron , l'an de Ro-
me 545.
CLAUDIUS ASELLUS [T.].
T. Claudius Afellus , {e) tribun
militaire l'an de Rome 545. Il
fervoit en même tenu & dans la
même armée que le précédent. Un
jour, ils furent détachés de l'ar-
mée à la tête de cinq cohortes &
de cinq compagnies d'infanterie,
avec ordre d aller fe cacher dans
un vallon , & de n'en fortir qu'au
moment qui leur avoit été mar-
qué,
T. Claudius Afellus fut nom-
mé Préteur Tannée fuivance , &
eut la Sardaigne pour départe-
ment.
m) Tit. Liv. L. XXIÎ. c. 34. L. XXV. ! 43.
c. a- I {d} Tit. Liv. L. XX VU. c. 41.
{h) Tit. Liv. L. XXVI. c. 43. f Le) Tit. Liv. L. XXXVII. c. 41. L.
{fi Tit. Liv. L. XXVII. ç. »i , 1» , ' XXXVIU. c, 10.
Xij
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5^4 C L
CL AUDtUS ASELLUS [T.],
J. Claudius Aftllus ^ {a) fut créé
Édile Plébéien avec M. Junnis
Pennusy Tan de Rome 548.
CLAUDIUS CENTHON
[ C. ] , C. Claudius Centho , {b)
lieutenant dans l'armée du confui
P. Sulpicius Galba , Tan de Ro-
me 55 1. Il fut envoyé à Athènes
avec vingt vaifleaux de guerre ôt
quelques troupes pour faire lever
le fiege de cette ville. Étant arrivé
dans le Pirée avec fes galères , il
rendit aux habitans le courage ÔC
la con6ance. Il ne fe contenta pas^
de mettre la ville & tout le pais
voifm en fureté ; mais , ayant ap-
pris que la garnifon de Chalcis ne
gardoit aucune règle ni aucune
difcipline, comme éloignçe de tout
danger , il partit avec fa flotte »
arriva près de la ville avant le
i'our , Ôc ayant trouvé les fentinel-
es endormies, y entra fans peine,
mit le feu aux greniers publics
remplis de ble & à Tarfenal qui
étoit plein de machines de guerre»
tailla en pièces toute la garnifon ,
& après avoir fait porter dans fes
raiffeaux le butin immenfe qu'il
avoir amaiTé , il retourna au Pirée,
d'oîi il étoir parti,
CLAUDIUS [P.]./'. C/^^'
dius , n. K>ai//i'9$ , (c) Tribun
militaire de la féconde légion, fut
tué dans un combat contre les
Boïens l'an de Rome 556.
CLAUDIUS CENTHON
[ Appius ] , {d) Appîus Claudius
Centho , parvint à Tédilité curule
CL
I*an de Rome 573. Quatre 9m
après , il fut Préteur , & envoyé
en Efpagne. Les Celtibériens ,
tranquilles fous le gouvernement
de fon prédéceffeur, fe révoltèrent
à fon arrivée dans la province; ÔC
pour déclaration de guerre , ils
vinrent tout d'un coup tondre faf
le camp des Romains. Le jour
commençoit à paroître, lorfque
ceux qui faifoient fentinelle fur le
rempart I & ceux qui étoient ea
fadion devant les portes , ^pper-
cevant de loin les ennemis qui
s'avançoient , crièrent aux armes.
Appius Claudius Centhon donna
aufli tôt le fignal du combat, 6C
ayant exhorte fes foldats en peu
de mots , les fît fortir fur les enne-
mis par trois portes en même
tems. D'abord, les Romains com«
battirent fans aucurt avantage 9
parce que les Celtibériens les
arrêtant aux pones , il n'y en
avoir qu'une partie qui pût agir
dans l'efpace étroit qu'on leur laif-
foit. Mais , lorfqu'à force de fe
pouffer les uns les autres , Us fo-
rent une foisfortis de leurs retràn-
chemens ^ & qu'ils eurent formé
un front égal à celui des ennemis
qui les entouroient, ilsles preffe-
rent avec tant de vigueur , qu'ils
ne purent foûtenir une attaque fi
impétueufe. Il n'étoit pas huit
heures que les Celtibériens avoient
déjà pris la fuite. Les Romains
leur tuèrent ou leur prirent autour
de quinze mille hommes , & leur
enlevèrent trente étendards. Ils
{s) Lit. Liv. L. XXIX. eu. I {À) Tit. Liv. L. XL. c. jç. L. XLI.
{h) Tit. Liv. L. XXXL c. 14,21,10. 18, %6 > »8. L. XLIL c. 5 , 15. L.
fts. Rotl. Hift. Ane. T. IV. p. 461 , 461. IXLIII. c. 9, 10. RolK Hiit. Ane. X(UIU
(0 Tit, Liv. L. XXXin. c. }6, I V. pag. 57,
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CL
s*€mpareretit de leur camp dès le
même jour , & par-là virent la
guerre terniinée ; car , ceux qui
s'étoient échappés du combat ,
s'en retournèrent chacuh 4ans
leurs villes 6c dans leurs bourgs ;
& depuis ce jour , ils demeure-
rem en repos , & obérrent aux
Romains*
On fît à Rome un jour de
prières & de procédons pour
remercier les dieux de cet heureux
fuccès d'Appius Clandius Cen*
thonj & on leur immola vingt
viâimes ; & quand Âppius Clau-
dius Centhon fut revenu d'Efpa-
gne, le Sénat lui permit, par un
arrêt rendu exprès , d'entrer dans
la' ville avec i'konneur du petit
triomphe.
L'année fuivante » on apprit à
Rome que le» TheiTaliens étoient
armés les uns contre les autres^ &
on envoya Appius Claudius CenW
thon pour prendre connoiffance
de leurs divifions , 6c les appaifer.
Ce Général > ayant fait aux che£i
d^ deux partis les réprimandes
Su'ils méritoient , retrancha des
ettes ^ la partie dont une ufure
ifijufte les avoit furchargées > &
ordonna que ce qui étoit légiti-
mement dâ , fût acquitté en divers
payemens , dans un certain nom-
bre d'années. Le même Appius
Claudius Centhon employa les
mêmes voies pour rétablir la traa*
quillité dans la Perrhébie.
;L'an de Rome 582 , Appius
Claudius Centhon fut envoyé
avec quatre mille, hommes de pied
par le conful A. Hoftilius , pour
défendre les peuples voifins de
rillyrie. MaiS| ne fe contentant
CL
325
pas dégroupes qu'il avoit ame
nées avec lui 9 il tira tous les fe-
cours qu'il put des alliés » 6c en
compofa un corps de huit mille
hommes de différentes efpèces ;
6c ayant parcourt] tout le pais , il
s'arrêta auprès de Lychnide dans
la DafTarétie.
Aiïez près de- là étoit la ville
d'Ufcana fur les contins du royau-^
me de Periée.Les habitans envoyè-
rent avertir fecrétement Appius
Claudius Centhon , que s'il von-
loit s'approcher -de leurs murailles ,
avec fon armée , il y auroit aux
portes des eens dîfpofés à les lui
ouvrir, 6c a le recevoir , dans la
ville ; qu'il ne perdroit ni fes pas
ni fa peine , 6c qu'il y trouveroît
affez de butin pour enrichir, non
feulement lui 6c (es amis, mais,
encore fes foldats. Ce lieutenant
fe laifTa tellement aveugler par la
paffion du gain f que ians' fonger
ni à retenir quelques-uns de ceux
qu'on lui avoit envoyés , ni à de-
mander aux habitans de la ville
des otages pour fureté de leur
parole , ni même à envoyer re-
connoître le pals, il partit de Lych-
nide au jour marqué. Mais , dès
Sue les Romains furent à la portée
u trait , la garnifon avec les ha-
bitans fondit fur eux par deux
portes en même tems ; ce qui les
frappa tellement » qu'ils ne foô-
tinrent pas feulement le premier
choc des ennemis» Aind « il y en
eut plus de tués dans U fuite que
dans le combat. Le Lieutenant en
ramena à peine deux mille dans
le camp; car» comme il étoit fort
éloigné , l'épuifement éh offrit un
plus grand nombre aux coups (]qs|
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^26 CL
vainqueurs qui les pourfi^olent #
iavant qu'ils puffent le gagner.
Appius Claudius Centhon ne s'y
arrêta pas même pour recueillir
ceux que la fiiite avoit difperfés
dans la campagne , & à qui cette
attention auroit pu fauver la vie ;
mais , il ramena fur le champ à
Lychnide > les triftes reftes de fa
défaite.
CLAUDIUS ASELLUS [L.],
X, Claudius Aftllus , {a) étoit
Préteur Tan de Rome 578, &
eut en partage la Sicile.
CLAUDIUS [ C. ] . C. CUu*
diusj K. KaupcT/oç, (b) l'un des
deux commiflaires , qui furent
envoyés en Achaïe y Tan de Ro*
me 585 , pour réder les aiFaires
de cette province, vîes deux com*
miflaîres étoiem vendus à Tin-
jufbcè ; mais , Ton l'étoit encore
plus que l'autre , fuivant Paufa*
nias y q^ ne nous dît point lequel
des deux c*étoir»
CLAUDIUS [ Appius ],(c)
■Appius Claudius , Pl-ïïtU^ fixais
/(oç , jeune homme , qui vivoit
du tems de Sylla , & qui fiit tué
avec un grand nombre d'autres
dans une aâbn devant les murs
de Rome. Il étoit très»brave de
fsL perfonne. Celui qui le fit tom-
iber fous fes coups > lui & fes ca^
marades , étoit un Samnite , nom<'
tné Téléfimis.
CLAUDIUS ISIDORUS,
Claudius Ifidorus , {d) déclara ,
(m) Tit. Lîv. L. XLL c. 10.
(h) Tit. Liv. L. XLV. c. 31. Pauf. p.
416. KoU. Hift. Ane. Tom. V. p. 104 ^
105. .
(c) Plut. T. I, p. 470.
Xd) coût.* des Rom» fltr M. Nieup.
p^ |to. .
CL
par fon teftament , que quoSqu'il
eût beaucoup perdu pendant la
guerre civile , cependant il laiflbit
a fes héritiers quatre mille cent
feize eftlaves , trois mille fix cens
paires de bœufs , deux cens cin-
Juante-fept mille autres animaux,
c fix cens millions de federces.
CLAUDIUS [ L. ],Z,C/^-
dius, A, KT^av/loç , {e) roi des
facrifices. Ctcéron parle de ce L.
Claudius dans (a lutfangue fur les
réponfes des Arufpices^
CLAUDIUS [ T. ] , r. Clou,
dius , (/) certain perfônnage j
dont il eil (ait mention dans To-
raifon de Cicéron contre Vati*
nius.
Cicéron fait mention de plu«
fieurs autres Claudius dans fes
oraifbns.
CLAUDIUS [ Appius ],(^)
Appius Claudius, A'xrioç K^av-
/io$ , l'un des corrupteurs de Ju-
lie, ille d*Augufie.
. CLAUDIUS COSSUS, (A)
Claudius Coffus , Tun des dépu-
tés , que les Helvétiens envoyè-
rent à l'Empereur Yitellius l'an
de J« C. 69. Ils trouvèrent ce
prince & les légions dansr les dif*
pofitions les plus facheufes à leur
égard. Les foldats demandoient
que la nation fût exterminée» &
ils préfencoient leuts poings fer-
més Si leurs épées nues au vifage
des tléputés. Vitellius lai-méme
n'épargnent ni les reproches ni les
(e) Cice^. Omt. de Arufpl RefpoQL
c. to.
. (/) Ciccr. Omt. in Vatîn. c. s.
(g) Vcll. Pâcerc. L. II. c. koo.
{h) Tacit. Hift. L. I. c. 69. Crév. HifL
des £âf)p. T» fil. p. 69.
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CL
imenaces. Uéloqueocede Glaudius
Coffus fauva (a patrie* Il parut
tremblant , déconcené , verfant
des larmes , &c par un difcours
convenable à fa douleur , il atten-
drit une multitude, toujours prête
i palTer d'une extrémité à l'autre»
& auffi prompte à fe laifler tou-
cher de commifération , qu'à fe
porter aux plus violens excès. Les
Soldats changés joignent leurs lar-
mes à Relies dei fupplians , &
plus fermes dans le parti de la clé-
mence au*il$ n'afoient été ardens
{)our celui de la rigueur , iU ob**
tinrent de Vitellius la grâce des
HelvétFeoff*
CLAUDIUS APOLLINAI-
RE, Claudius Apollinaris , (<f)
commandoit en cnef la âotte de
Misène pour Vitellius , lorfqu*on
vint le loUiciter de fe déclarer en
faveur de Yefpafien. On n'éprou*
va pas beaucoup d'obftades , parce
que la fidélité de Claudius Apol-
linaire étoit chancellante ; mais ,
il manquoic auffi de vigueur potir
ibûtenir une perâdie» Apinius Ti-
ro y ancien préteur » le fortifia , &
fe mit à la tête de l'entreprtfe. Ils
agirent de concert ; après avoir
fait déclarer la flotte , ils follici-
lerent les villes de Campante ,
Îui les fuivirent fans difficulté.
^oye;^ Julianus f Claudius ]•
CLAUDIUS HERMINIA-
NUS , Claudius Hcrminianus , in«
tendant de Cappadoce pour les Ro-
mains, traita cruellement les Chré*
(«) Tacic» HJft* L. III. c. 57. Crév.
Hift. des Emp. T. Itl. p. ^19 , «lo.
(») Crév. Hitt. des Êiop. Tom. V.
p. %\%»
(O Xit. Uv. L. VIII. c. 19* !.• IX.
CL 317
tiens ; mais, par un jufle châtiment
de Dieu,les vers le mangèrent tout
vivant. Il empêcha y autant qu'il
le put » que cela ne devint public ;
de peur , difoit-il « que les Chré-
tiens ne s'en réjouiflent. Cela arri«
va l'an de J. C. 208.
CLAUDIUS ATTALUS ,
Claudius Attalus , {b) proconfui
de Chypre , fut mis à mort par
Hélioeabale , parce qu'il avoir été
l'un des principaux amis de Ma*
crin , fon prédécefTeur à TEmpire.
CLAUDIUS , Claudius, (c>
K^etvJhç^ certain Hiilorien , que
Tite-Live cite en plufieurs en-
droits. Il avoit traduit en Latin ,
les annales qa'Acilius avoit écrites
en Grec. On ne fçait point qui
étoit ce Claudius. Peut-être étoit-»
ce le même que Claudius ou Clo*
dius Licinius , ou Claudius Qua«
drigarius , ou quelqu'autre qu'on
ne fçauroit défigner.
CLAUDUS , Claudus , X^atT-
cToç , ifle de la Méditerranée.
Fbyei Caode.
CLAVIGER, C/^;|er> (J)
c'efl- à-dire « porte-mauue j ott
porte-clef. On donnoit le furnom
de Claviger à Hercule & à Jamis.
CLAUSALA , Claufala , (e)
fleuve d'Illyrie. Tite-Ltve dît
qu'il arrofbit la ville de Scodra à
l'orient.
C'efl préfentement la Boyana,
qui, coulant au levant de Scutarî,
tombe dans le eolfe de Drin , oit
elle porte auffi les eaux du la6
<S, 5« L« A5é c. }9.
(<j) Antiq. expliq par D. Bera. de
Montf. T. 1. p. sb8.
(f) Tit.Uv.L.XLIV.c. |u
Xiv
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5^8 C L
Zenta , qui eft le Laheatis Palus
des Anciens*
CLAUSUS [ Atta] , Atta
Claufus , (<j) nom que porta d'a-
bord Appius Claudius, le chef de
la famille Claudienne. On fit pour
lui un nom propre de ce qui n'é-
toit qu'un terme de civilité & de
refpeéè , Atta n'étant que ce que
les (jrecs difoient » ^tta -Trii^p.
C'étoit un des premiers citoyens
de la ville de Régillum. On chan-
gea enfuiie Ton nom , & il fut
appelle Appius Claudius.
Virgile introduit Claufus dans
fon Énéïde. n On vit alors paroi-
9i tre , dit-il , à la tête d'une
1) nombreufe troupe un guerrier,
I» qui lui feul valoit un bataillon.
» C*étoit .le fameux Claufus ,
» d'une maifon illudre parmi les .
91 Sabins ...... Sous fes ordres
V marcheient les cohortes d*Ami-
» terne , de Cures , d'Érete , de
p Mutufque, pals couvert d'oli-
n viers , de la ville de Nomente ,
i> des campagnes humides du
ly Vélino y des horribles monts
I» Tétrique & Sévère,des champs
n de Cafpérie , & de Forule ;
99 ceux qui boivent les 'eaux d'Hi-
n melle , du Tibre Se du Faba-
9» ris ; enfin les habitans de la
}> froide Nurfie , du pais d'Horra ,
V & des funefies bords de l'Allia.
9» Toutes ces troupes étoient fi
9> nombreufes , qu'on compteroit
99 auffi aifément » foit les fiots de
99 la mer de Libye foulevés par
99 l'orageux Orion , lorfqu'en hi-
99 ver il fe plonge dants les eaux ;
CL
99 foit les épis mûris par le foleil ,
99 dans le païs arrofé des eaux
99 de THermus , & dans les ferti-
99 les campagnes de la Ly cie.
99 L'air retentit du bruit des bou-
99 cliers , & la terre eft ^mue par
99 la marche de tant de fojdats. u
CLAVULARE , CUvuUrc ,
(b) forte de chariot ou de brouet-
te > dont nous ne connoifTons guè-
re que le nom. On fçaic feule-
ment que ce chariot étoit compofé
de claies.
CLAVUS. Foyei Latus Cla-
vus.
CLAZOMÈNE [la pref-
qu'ifle de ]. (c) Cette prefqu'ifle
étoit fituée fur les côtes de l'Ionie
dans l'Afie mineure > & prenoic
fon nom de la ville de Clazomène.
On trouve dans le fecond livre
des fupplémens de J. Freinshé-
mius pour Quinte - Curce une
defcription de la prefqu'ifle de
Clazomène , que nous allons pla-
cer ici. 19 Les Clazoméniens , dit
99 cet Auteur , habitent dans le
99 golfe de Smyrne ytts l'endroit
99 où le terrein e(l plus étroit , &
99 fait unj^ forme de péninsule en
99 attachant au continent les ter-
99 res qui s'avancent dans la mer
99 environ foixante flades. Téos
99 efl fur l'autre rivage de l'Iflhme
99 vis-à-vis de Qazomène ; & la
99 ville d'Érythre , fameufe en-
99 core en ce tems-là par la vertu
99 des ces femmes qui prédifoient
99 l'avenir i e{l à l'extrémité de la
99 péninfule. La haute montagne
19 de Mimas qui efi proche de
(*) Virg. iEneid. L. VII. v. 706. & j Montf. Tom. IV. pag. 197.
fiq. I (c) Freinf» fupplem. in Q. Cuit. L|
(i) Antiq. cxpl. par D. Bcrn, dejll.c»/.
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CL
» cette ville, & qui regarde Tifle
» de Chio , découvre de tous
M côtés dansia mer. Et Te laiflant
» peu à peu aller en pente , elle
» Te vient terminer en une plai-
» ne , non loin de Tendroit oU
» font fitués les Clazoméniens.
» Alexandre, ayant confidéré
» Tafliette ôc la di/poiition de ce
» lieu^ réfolut de le couper &
» de le féparer de la terre ferme ,
» afin d*enfermer Érythre & Mi-
» mas de la mer , & de joindre
» enfemble Tun & Fautre golfe.
» On dit que ce fut-là la feule
» chofe , dont le fucccs ne ré-
o pondit pas à Tintention de ce
» prince ; car , la fortune favorifa
» toutes (es autres entreprifes
V comme s'il eût été de fa gloire
i> qu'Alexandre n'entreprît rien
» vainement. Enfin , Ton crut ,
" comme un point de religion,
^ qu'il n'étoit pas permis aux
»> hommes de changer la face £c
» la difpoAtion que la nature avoit
I» donnée à la terre ; fur tout
f> parce que d'autres ayant eu les
f> mêmes defTeins , n'avoient pas
» eu plus de fuccès. Néanmoins ,
» il attacha Clazomène à la terre
f ferme par une digue de deux
n ftades ; car , autrefois , les Cla-
» zoméniens l'avoient tranfpor-
n tée , dans une ifle par la crainte
» qu'ils avoient des Perfes. a
CLAZOMÈNE , Cla[omene ,
Kxxlv/ufvC , (a) ville de TAfie
nineure fur les côtes de Ilonie.
(4) Vell. Paterc. L. I. c. 4. Strab. p.
58 > 644, 64s. Pauf. pag. 375 , 40a,
406. Plin. T. I. p. 179. Diod. Sicul. p.
î6^ , 467. rierod. L. I, c. 16 , 51 » 14s. _-. -
l^ II. c. 178. L, V. c. 1*3. Tit. Liv. L, p. 17J,
C L 529
Paufanias en attribue la fondation
aux Ioniens, & on place l'époque
de cette fondation fous la 31c.
Olympiade > environ Tan 656
avant TÉre Chrétienne. Clazo-
mène, ajoute Paufanias^ ne fut
pas feulement habitée par des
Ioniens ; il y vint auffi des Cleo-
néens , des Phliafiens , & plu-
fieurs autres qui , après le retour
des Doriens dans le Péloponnèfe ,
furent obligés, de quitter leur pre-
mière demeure , les uns pour
une raifon , les autres pour une
autre.
Hérodote , dans un endroit ^
attribue la ville de Clazomène,
à la Lydie ; &i dans un autre , il
la donne à l'ionie. Elle lui appar-
tenoit en effet , & étoit fituée fur
le golfe de Smyrne , vers l'en-
trée d:urte prefqu'ifle , qui en prc-
noit le nom de prefqu'ifle de Cla-
zomène. Cette ville occupoit la
partie feptentrionale de l'il^hme ,
& la ville de Téos en occupoit \a
partie méridionale ; mais de ma-
nière que cette dernière étoit fi-
tuée beaucoup plus avant dans le
continent. Cette pofition de Cla-
zomène & de Téos fert à enten-
dre ce paffage de Velleius Pater-
culus , qui dit , en parlant de
Tiflhme ; Hinc Teos , illinc Cla^
{omena ; d'un côté eft Téos , ^6c
de Kautre Clazomène.
On prétend que la ville de
Clazomène n'a pas toujours occu-
pé la même place ; car , Strabon
XXXVni. c. 39. Virg. iEncid. L. IV. v.
545. Plut. Tom. I. pag. ^ja. Roll. Hift.
Ane. Tom. II. p. 16. Méin. de PAcad.
des Infcript, & Bell. lett. Tom. XI{«
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5?o C L
à\t qU'on aj>pelloit Chytrîam ;
I endroit oîi étoit auparavant Cla-
zontene^ & que de la manière dont
la nouvelle ville étoit fuuée ^ il y
avoit vis-à-vis huit pérîtes ifles qui
ctoîent cultivées. Un autre paflage
fie Strabon femble montrer que Ta
fwerqu'Me de Clazomène étoit au-
trefois une iile. Ajoutez à cela que
Paufanias afFure que la peur que les
Ioniens eurent des Perfes, fit qu'ils
paiïerent dans l'ifle qui étoit fituée
vis-à-vis Tendroit où ils avoieot
(d'abord bâti la vHJedeClazomène»^
& qu*cnfuîte Alexandre voulut
joindre Tifle à la ville par le moyen
eone cbauflee.
M. de la Martmière regarde
tout cela comme une fable ^ ne
croyant pas que Tifthme ait ja-
mais pu être autrement qu'il o'eft^
parce que le mont Corycus, qui
commence à la pointe du fud-oueû
de la prefqu'ifle , vers le promon-
toire Corycus , forme une chaîne
qui travene cette prefqu'ifle , 6c
qui s*avance par rifthme dans
]'Ionie« Cette circondance en
effet détruit entièrement la pré-
tention de ceux qui veulent que
]â prefqu'ifle de Clazomène ait
été anciennement une ifle.
Les Romains accordèrent la
franchifê à ceux de Clazomène.
Cette ville a été renommée par
la naiflance du Philofophe Anaxa-
goras , dit le Phyficien » & par
celle de plufleur» autres grands
Hommes. Etienne de Byzance dit
Qu'anciennement elle fut appellée
Grynes , & qu'il y avoit un tem-
ple d'Apollon , qu'effeôivement
Virgile appelle Grynéen , célébré
par les oracles que le dieu y rea-
CL
doit ; on apprend d'une médaffle
de Valérien , où Cy bêle eft repré-
fentée la tête couronnée de tou-
relles > aflife , tenant en fa main
droite une petite ftatoe vailée,
avec la légende 0EA KAA-
ZOMEMH . que cette déefle
étoit la principale divinité de
Clazomène. Une autre médaille
préfente la tête d'Augufte avec
ces lettres K A AZCM » & le
revers GEA AIBIA » ilca li^
bia , la. dée(Ee Livie , femme
d'Augufte.
Les Clazoméniens avoient des
bains également falutaires & ma-
gnifiques» où ils rendoienc une
efpèce de culte à Agamemnon.
Auprès étoit un antre qu'ils di-
foient être l'antre de la mère de
Pyrrhus , & ils faifoient je ne fçaîs
quel conte de Pyrrhus berger ,
dit Paufanias.
On dit que quelques Clazomé-
niens , hommes hardis » fe trou-
vant à Lacédémone, remplirent
de boue & d'ordure les chaires
des Éphores , deflinées à rendre
la juflice 6c à régler les affaires de
l'Eut. Ces magiftrats affeâerenr
de n'en point paroître oflenfés ;
ils firent Amplement annoncer
dans les rues » par un crieur pu-
blic , cette ordonnance véritable-
ment laconique : Qa^/i fçache
qu'il eft permis aux Cla^^améniens
défaire des fottifes*
Entr'autres fameux athlètes j
qu'avoit produits Clazomène , on
compte Hérodote. Les Clazoïr^
niens lui firent ériger une flat^ie
à Oly mpïe , parce qu'il fut le pre-
mier d'encr'euxi qui remporta te
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C L
prix du {{ade fur la jeunefle aux
jeax Olympiques.
La ville -de Ciazamène prend
aujourd'hui le nom de Kelifman
dans la Turquie d'Afie , autre-
ment dans la Nacolte.
CLAZOMÈNES, Cli^iomena,
KM^e/neveit. Prefque tous les Au-
teurs anciens écrivent ainfi en
pluriel ce nom» quoiqu'il foit pafTé
en ufege de 1 écrire en fingulier
dans notre langue.
CLAZOMENIENS , Claio^
menii , Ky^alofxifiQi , peuples ainfi
sommés de la ville de Clazomène.
Voye^ Clazomène.
ChtApE.'Çleadas, {a) Thé-
bain , qui avoit été fait priibnnier
par Alexandre , lor(que ce prince
afliégeoit la ville de Thebes.
Quand elle eut été prife , Cléade
ayant eu permiilion de parler ,
effara d'excufer en partie la re«
bellion; fautes félon lui, qu'on
devoit plutôt imputer à une cré-
dule & téméraire imprudence ,
qu a une mauvaife volonté & à
^e perfidie déclarée. Il remontra
3 ne fur le faux bruh de la mort
'Alexandre, faifi avec trop d'a-
vidité, ils/s'étoient révoltés , non
contre le Roi > mais contre fes
facceffeurs ; que quelle que fût
leur faute , ils en avoient été ri-
goureufement punis par le& maui
extrêmes qu'ils avoient foufferts ;
Su'il oe reAott dantla ville qu'une
>ible troupe de femmes , d'en-
£ïn$ & de vieillards , dont on
n*avoit rien à cifatndre > 6c qui
éroit d'autam plus digne de corn*
^ C*> Juft. L. XI. c. 4» RDlh Hift. Anc.|
T. m. p. ^6i.
(*) Anuq. cspl. par *p* Bcm.
> Ancl
Cl. à»\
pamon, qu'elle n'avoit point eu
de part à la révolte. U finiiToit »
en faifant reflbqvenir Alexandre
que Thebes , qui avoit donné
nalHance à tant de dieux & à
tant de héros , dont il comptoit
plufieurs au nombre de fes ancê-
tres , avoit été audî le berceau
de la gloire nailTante de Philippe
fon père , & lui avoit tenu lieu
comme d'une féconde patrie. Ces
motifs étoieot puiflTans , mais la
colère du vainqueur prévalut , &
la ville fut détruite.
CLÉAGR A , CUagra , {b) nom
que les Anciens donnoient à une
fourchette ou croc à tirer la vian*
de du pot.
CLÉANAX , Cleanax ,
K ^e 'ivoti, , Argien , ami particu-
lier de Mélanopus , l'ayeul d'Ho-
mère. Voye:^ Homère.
Khiç^vSpoc V devin qui étoit de Phi*-
galie en Arcadie. S'étant fait chef
des efdaves Argiens , il entretint
Iong-t(»ms la guerre , qui s'étoit
élevée dans Argos entre les efcla-
ves & les maîtres. Après que
Cléomène , roi de Lacédémone ,
eut défolé plus de flx cens familles
d'Argos, vers la 71.C Olympiade,
496 ans avant J. C», les efclaves
s'emparèrent des biens de leurs
maîtres , & en privèrent les pu-
billes. Ceux-ci , étant venus en
âge , chaflèrent ces ufurpateurs
de leur patrimoine. Cléandre fe
mit alors à la tête des efclaves;
mais enfin , le parti injufte fut le
plusfoible^ 6c ks légitimes héii-
Montf. T. III» p. lit.
Cf) Herod. L. VI. c. 8j.
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55^ CL
tiers demeurèrent en pofTeffion
des biens qdt leur appartenoient,
* CLÉANDRE, Cléander, (a)
K>f«K/^o;» natif de Patarée, po/-
féda pendant fept ans ia tyrannie
de Geie. Au bout de ce tems-là,
3 (ut taé par un Géléen , nommé
Sibyllus» & il eut pour fuccefleui:
Ion frère Hîppocrate.
CLÉANDRE , CUander, {b)
Kxiur/poç , neveu du précédent ,
étoit fils d'Htppocrate ; mais » il
ne fttccéda point à Ton père , Gé-
Ion s'étant emparé de la tyrannie
Ibus prétexte de réduira les babi-
tuAsdeGeb» qui refufoient d'o-
béir à Qéandre*
CLÉANDRE, CUander, (c)
K^ffltri^ç, gouverneur de By-
zance , lorfque les dix mille Grecs
arrivèrent dans cette ville. Il traita
avec beaucoup dlionnêteté Xé-
SK>phon , qui les commandoît , &
donna tous fes foins à leurs mala-
des , que le» Byzantins par fon
, ordre reçurent dans leurs mai-
fons,
CLÉANDRE , CUandcr ^ (J)
Kxfflti'//)oç , lieutenant d'Alexan-
dre le Grand. Un jour que ce
prince , faifant le fîege de Tyr ,
éioit dans une grande perplexité ,
ne içachant s*il devoit le continuer
ou le lever y Cléandre lui amena
les troupes grecques , qu'il avoir
padées depuis peu par mer en Afie.
Il fut nommé depuis lieutenant de
foi dans la province de Médie.
It f étoit encore » lorfqu'il reçut
rs-) Herod. L. Vif. c. 1^4.
(*) Herod, L. VIL c. 155.
(ey Xenof b* p. 394. ér fff»
CL
ordre de tuer Parménîon , qai
étoit aftuellement dans cette pro-
vince. Pour exécuter cet ordre » il
failit le moment oîi Parménion
lifoit une lettre ; il loi plongea le
poignard dans le flanc , & lui
donna encore un autre coup à la
gorge. Quelques-uns d'entre ceux
Jui étoient attachés à cet officier
rénéral , demandèrent à Cléandre
qu'il leur fût permis de lui donner
la fépulture ; ce qu'il refufa lonç-
tems 9 craignant d'ofFenfer le Roi ;
mais , comme ib s'opiniltrerent à
le demander , jugeant qu'il failoit
ôter tout fujet de fédition , il leur
permit d'eniêveiir le corps , après
en avoir fait féparer la tête , qu'il
envoya à Alexandre.
Cléandre 9 étant Venu dan» la
fuite à la cour , fut bientôt fuivi
des députés de fa province » qui
étoient chargés^ de l'accufer. li
avoit rendu un graïkd fervice à
Alexandre » en tuant Parménion ;
mais » ce fervice n'étoit pas capa-«
ble d effacer ou d& compenfer fes
crimes. Car , non content d*avoif
défolé les ^milles par fes brigan-
dages , il avoit pillé jufqu'aux
temples Seaux fépulcres; oc les
dames les plus illuftres pleuroient
avec des larmes de fang leur pu«
dicité vblée. Ce qui avoit fiir-
tout contribué à rendre Cléandre
fort odieux , c'efl qu'après avoir
forcé une fille de condition , il
Tavoit donnée pour concubine à
un de fes efdaves. Il ne fut pas
néanmoins condamné , mais feu-
lement chargé de chaînes.
(d) Q. Curt; L. IV. c. j. L. VII. c.
». L. X. c. i.RoU. mtt. Ane. T. UL
pJ»g. 706* 707. .
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CL
CLÉANDRE , Chander , (4)
K>fay/^ç, itiiniftrede Tempereur
Commode, eft un exemple fa-
meux de ce qu'on appelle les
jeux de la Fortune*
Phrygien de naiffance &efclave
de condition , il fut vendu dans
ion païs » & tranfporcé à Rome
pour y remplir les plus vils mi-
liiftères.Étant entré dans le palais,
^ devenu efclavede l'Empereur,
il plut à Commode encore enfant
par la fociété des mêmes inclina-
tions. Il nourrit foigneufement ce
commencement défaveur; & le
jeune Prince , après la mort de
ion père , l'affranchit , le prit pour
A>n. premier chambellan , & lui
fit époufer l'une de Tes concubines,
nommée Damoftratia. Cléandre
écoit de tous les pl^ifirs , ou pour
parler plus jufte , de toute? les dé-
bauches de Commode ; & ayant
gagné fa confiance, il fut pendant
quelque tems le rival 3e Péren-
nis, & enfin appuyé de la faâion
des affranchis du palais , dont il
étoit le chef, il parvint à le per-
dre.
Héritier de fon pouvoir , il en
abufa avec toute l'indignité d'une
ame baffe , & il porta dans le mi-
niflère tous les vices de la condi-
tion fervile. Tout étoit à vendre
auprès de lui , les places des Sé-
nateurs , les commandemens des
armées , les gouvernemens des
provinces , les intendances ; 6c il
ie faifoit payer fort cher. Il y eut
des acheteurs , que la fureur de
l'ambition engagea à fe dépouiller
CL 3î^
de tout ce qu'ils poffédolent pour
devenir Sénateurs. De ce nombre
fut JmHus Solo, homme inconnu ,
de qui on difoit , que par la con-
fifcation de fes biens, il étoit par-
venu à fe faire reléguer dans le
Sénat. Ni le mérite , ni la naif-
fance n'étoient comptés pour rien.
Des affranchis furent faits Séna-
teurs , ôc même mis au rang des
Patriciens ; titre ju(qu*alors réfervé
aux premières mailbns de Rome.
Cléandre , pour n^ultiplier fes
gains , multiplioit les charges , &
il nomma ce qui ne s*étoit jamais
vu , vingt-cinq Confuls pour une
feule année. Il ne refpeâoit ni les
loix,ni les chofes jugées* Quicon.
queavoitde l'argent à donner,
étoit fur d'être abfbus, quelque
crime qu*il eût commis ; ou réin-
tégré , s'il avoit fubi précédem-
ment la condamnation, & fouvent
même avec un accroiffement de
dignité ÔC de fplendeur. Nul ci-
toyen ne pou voit fe promettre de
conferver ni fes biens , ni fa vie
même j s'il avoit un ennemi ric^e9
qui voulût donner de l'argent
pour le perdre. Condamnation à
l'exil , à la mort , à divers genres
de fupplices , confîfcation, priva-
tion de fépulture « tout s'achetoit»
il ne s'agiffoit que du prix.
Le favori amaffa,par ces cruels
& abominables trafics , des tréfors
immenfes ; ôc pour s'affurer de la
* poffeffion de fa proie , il la parta-
geoit avec les concubines du
Prince, & avec le Prince lui-
même. Au refte , il ufoit magni-
(O Dîo. Caff. pag. 8a i. é* ff^* Cr6r. Hift. des Enip. Tom. IV. p. 485 ,4
490. ér/wv.
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3î4 C L
fiqu^ment de (es richeffes , fomp-
tueuj( en batîmens, non feulement
pour fon uiage , mais pour la
commodité 6l la décoration de
plufieurs villes. Il bâtit dans Ro-
me des thermes , qu'il appella
Commodiennes du nom de Ton
maître.
Il ne prit pas d*abord la charge
de Préfet du Prétoire , trop dif-
proportionnée à la baffeife de fa
condition ; mais » il %*y fraya la
voie en la dégradant , &-l*avilif-
fant par de fréquentes mutations.
U faifoit & défaifoit \e% Préfets
du Prétoire à fa volonté. Il y en
eut un de cinq jours , un autre de
ûx heures. Enfin , lorfque Cléan-
dre crut avoir mis cette puifTame
charge à fa portée , il s en revêtit,
en (e donnant deux Collègues,
qui étoient (es créatures , ai en*
fièrement dans fa dépendance.
Alors on vie pour la première fois
trois Préfets du Prétoire.
Avant que Cléandre fût parve-
nu à ce haut grade , un des pre-
miers Sénateurs , beau- frère de
Commode , AntiAius Burrus , ofa
élever fa voix contre les excès
énormes de l'infolent affranchi, 6c
porter (es plaintes à l'Empereur ,
de Tabus que Ton faifoit de fon
autorité & de fon nom. Cléandre
retourna Tattaque contre (on ag-
gredeur; il Taccufa de projets
ambitieux , de delTein formé d'u-
furper le trône. Antiflius Burrus '
fuccomba , fut mis à mort , & en-
traîna dans fon infortune ceux qui
eurent le courage de prendre (a
défenfe. Une autre «viâime non
moins illufire de la tyrannie de
Cléandre I fut Arrius Antoninus ,
CL
dont le nom iêmble annoncer one
parenté avec Commode. Il fut fa-
crifié par le Préfet du Prétoire à
la vengeance d'un certain Attale ,
qu'il avoit condamné étant Pro-
conful d'Aiie.
Arrius Antc^ninus étoit tellement
eflimé dans Rc^me , que Lampri-
de attribue à Tnidignation que
caufa fa mort injufèe 6c cruelle ,
le fbulévement du peuple qui
amena la chute de Cléandre.
Dion Caffius & Hérodien don-
nent pour caufede cefoulévement
une famine violente ; intérêt tout
autrenient puiffant fur les efprits
d'une mtiltitude. Ces deux récits
peuvent fe concilier. U efl très-
poffible que deux motifs différens
aient concouru à un même effet.
Quoi qu'il en foit , une maladie
contagieufe qui avoit précédé , Sc
ravagé pendant long-tems Rome
& rftalie , produifit la famine par
une fuite naturelle ; & la malice
des hommes augmenta la calami-
té. Ici nos deux adteurs Grecs (e
partagent. Suivant Dion Caffius,
ce fut l'intendant des vivres , Pa-
pirius Dionyiius, qui , au lieu de
remédier au mal , affçâa de l'ag-
graver , dans le deffein de perdre
Cléandre 9 en faifant retomber fur
lui la haine de la mifère publique.
Hérodien charge de tout le feul
Cléandre. Il dit que ce favori ,
enivré de fa fortune , donna l'eilbr
à fes défirs ; & ne voyant que
l'Empereur au-deflus de lui, pro-
jetta de le détrôner 6c d'ufurper
fa place ; que dans cet efprit >
ayant fait de grands amas d'ar-
gent & de bled, il accrut à deffein
la cherté 6c la difecte , afin qqje
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les recours qu*U donneroit enfuîte
par Tes l^rgeffes , fuflent d'autant
mieux reçus , & lui gagnaflenc à
l'ioftam tous les cœurs.
S'il avoit cette penfée , elle lui
réuffit très-maL Le peuple > qui
le haiflbh depuis long-tems^ à cau-
ù de fon iofatiaUe avidité , s'en
Î>rit à lui , des maux qu'il fouf-
iroit. Dans les théâtres » dans les
jeux y il $*éleva des<:lameurs me-
naçantes contre le minifire , qui
affamoit U ville de Rome. Dion
Caflius raconte ^ à ce fujet » une
fcène fingulière, & qu'il habille
prefqu'en merveille , mais dont les
reflbns font bien aifés à deviner.
Il nous débite qu'au milieu dune
courfe de chariots qui s'exécutoit
dans le cirque y une troupe d'en-
fans tout d'un coup s'avança ,
ayant à fa tête une jeune fille d'une
grande taille & d'un regard fier
i& audacieux. On jugea , ajoute-
t^il , par révénement qui fui vit ,
qqe ce devoit être quelque démon,
quelque génie, il étoit bien plus
umple de penfer, & Dion Caf-
iius eût dû le dire , qu'une main
habile & intrigante taifoit jouer
cette machine, pour ameuter le
peuple déjà très-mécontent, &
porté à la fédition.
Ce chœur d'enfans élevé la
VoiX| poulie des cris, fouhaitant
mille profpérités à Commode ; &
faifant des imprécations contre
Cléandre. Ce fut un fignal pour
toute i'aflemblée. On répète les
mêmes cris , on fe levé , on quit-
te le fpeâacle , on court en foule
au lieu oii Commode fe tenoit
renfermé, ne fongeant qu'à fes
plaifirs , pendant que la ville étoit
C L 3Î5
enfeu.Cétoit une grande & vaûc
maifon dans un des fauxbourgs de
Rome. U ne fut pas poiOble à i»
muhitude de pénétrer jufqti'à
l'Empereur. Cléandre , qui ob^
doit toutes les avenues , empêcha
qu'on ne l'avertit de tout ce qui fe
paffoit ; & il fit ibrtir fur cette
troupe fans armes la cavalerie
Prétorienne , qui en bleHa 8c ea
tua plufieurs,en foula d'autres (ous
les pieds des'chevaux. Le peuple
fi cruellement m^ahraité s'etmait
en défordre jufqu'aux portes de la
ville , mais ne le rendit pas ; & là
ayant reçu un puiflant renfort par
la jonâion des cohortes de la ville:,
qu'une ancienne jalpufie difpofoit
à prendre parti contre les Préto-
riens, il renouvelle le combat »
dont la fortune fe balance , en-
forte qu'il périflbit beaucoup de
monde de part & d'autre.
Dans un fi grand mal , pendant*
qu'une efpèce de guerre civile
inondoît Rome de fang, peribnne
n'ofoit en donner avis à Commo*
de , tant le miniftre étoit redouté.
Enfin , l'extrémité du péril en-
hardit Fadilla , fœur de Commo-
de , fi nous en croyons Hérodieii,
ou Marcia fa concubine , fi nous
aimons mieux nous en rapportera
Dion Caffius. L'une ou l'autre ,
ayant les cheveux épars , & avec
tous les fignes de la plus vive
confiernation , vint fe jetter aux
pied» de Commode, Sl lui repré-
lénta le danger qu'il couroic , les
vues ambitieufes & criminelles de
Cléandre , 6c la néceffit^^ de fa-
crifier ce miférable efclave à la
haine de la multitude , 6c à fa
propre fureté. Commode étoit
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33^ CL
une ame timide , fur qui la peur
ponvoit beaucoup. EfFrayé du dif-
cours i foit de Fadilla , foit de
Malrcia , il n'héfita pas ; & ayant
mandé Cléandre, il lui fit couper
la tête en fa préfence. On attacha
cette tête au bout d'une pique , &
on en donna le doux 6c agréable
fpeâade au peuple irrité. Dans le
moment , tout le tumulte ceiTa » le
peuple étant fatisfait.
Toutes les haines fe réunirent
contrq la famille & les créatures
de cet indigne miniftre. Deux en-
fans mâles qu'il avoit, & dont l'un
encore en bas- âge étoit élevé fur
les genoux de Commode , furent
malTacrés ; on extermina tous fes
amis, toutes fes liaifons> 6c en
particulier un grand nombre d'af-
franchis du palais ; & leurs corps
outragés en mille manières , traî-
nés avec des crocs dans les rues ,
I furent jettes dans les égoûts.
CLÉASOR, Cleanor, (a)
K>tivù}{* Il y avoit deux officiers
de ce nom dans Farmée des dix
«lille Grecs. L'un étoit d'Orcho-
mène 6t l'autre d'Arcadie. Xé-
nophon fait mention de ces deux
officiers.
CLÉANTHE , CUantbes , {b)
KAf«»6Hç « philofophe Stoïcien ,
Êls de Phanias , naquit à Aiïus
dans la Troade. Il floriffoit envi-
ron 240 ans avant TÉre Chrétien-
S3e. Il s*adonna d'abord à l'athléti-
que ; mais , dans un voyage qu'il
6t à Athènes , il fe mit au nombre
des difciplcs de Zenon , & s'ap-
(a\ Xenoph. pag. \%% , 398.
{h) Strab. p. 610. Suid. 1. 1. p. 1467.
CicéT. Acad. Queft. L. IV. c. it6. de
Finib. Bon. & Mal. L. II. c. 69. L. IV.
CL
pliqoa entièrement à la phîlofo-
phie. La grande affiduité qu'il
avoit au travail , lui fit donner le
nom d'Hercule. ,
Il-n*avoit que quatre dragmes
ou environ quinze fols , quand il
entra à Athènes. Il s'y rendit fort
recommandable par la patience
courageufe avec laquelle il foûte-
noit les plus durs & les plus péni-
bles travaux. Il padoit la nuit pref-
cju'entière à puifer de l'eau pour un
jardinier ,afin d'avoir de quoi vivre^
& de pouvoir s'appliquer à l'étude
de la philofophie pendant le jour*
Cité devant les juges de l'Aréopa-
ge, pour rendre compte, félon
que Tordonnoit une loi de Solqn ,
de quoi il vivoit , il produisit en
témoignage lé jardinier, & fans
doute (qs propres mains endurcies
par le travail , & pleines de callo-
fîtes. Selon quelques-uns , il pro-
duiHt auffi une femme , dont il
paîtriiToit le pain. Sur la déclara-
tion de ces deux témoins , il fut
renvoyé abfous. Les juges ^ ravis
en admiration , ordonnèrent qu'-
on lui fournît du tréfor public , dix
mines, c'eft-à-dire , iix cens livres.
Zenon lui défendit de les accep-
ter ; tant la pauvreté étoit en hon-
neur parmi ces Philofophes.
On dit que Cléanthe écrivoit
fur des tuiles 6c fur des os de
bœufs y ce qu'il avoit appris de
Zenon , parce qu'il n'avoit point
d'argent pour acheter des tablet-
tes. Cléanthe fuccéda^à Zenon, &
eut pour difciples le roi Antigo-
c. 7. Roll. Hift. Ane. T. VI. pap. 44s»
446. Mém. de PAcad. des Infcript. &
Bell. Lcti. Tom. IX. pag. 1. T. X. p. 80.
T.XVMI. p. 109.
DUS;
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Bus\ & Chryfippe aui fut fofi
fucceffeur. U étoit déjà fort âgé >
lorfque fa gencive s'enfla & (e
pourrit ; il fut deux joars fans
manger , par ordonnance des mé-
decins f ce qui lui rendit la famé ;
de forte qu'il auroit pu reprendre
fa première manière de vivre.
Mais , il ne voulut plus prendre
de nourriture , difant qu'il avoit ^
achevé fa carrière , & il fe laiiTa
mourir de faim à l'âge de ioixame-
dix ans.
Diogène Laerce cite plufieurs
Ouvrages, que Cléanthe avoit
compoies > dont nous avons enco-
re quelques lambeaux dans Sto-
bée & dans les Str ornâtes de Saint
Clément d'Alexandrie.
Cléanthe avoit naturellement
Tefprit pefant & tardif; mais , il
furmonta ce défaut par une appli-
cation opiniâtre au travail. L'é-
lo^ence n'étoit pas fon talent. Il
s'avifa pourtant de icompofer une
rhétorique , auffi-bien que Chry-
fippe ; mais f l'un & l'autre avec
fi peu de fuccès , que fi l'on en
croit Cicéron , bon Juge certaine-
ment en cette matière , ces ou-
vrages n'étoient propres qu'à
rendre un homme muet.
On range Cléanthe au nombre
des Philolophes qui prétendoient
gue le feu , devenu plus fort , fub-
jugueroit un jour les autres élé-
mens; que l'univers feroit confumé,
& que de (es cendres pour ainfi
dire , il en renaitroit un autre qui
(s) Plut. T. I. p. 79|.
(h) Lucian. T. II. p. 846 , 854.
(e) Xenoph. p. 364.
idj Pauf. p. 374.
{•) Diod. Sicul. pag. 357 , ^66 > 584 ,
Tom. XI.
. . GL 337
lui feroît entièrement femblable.
CLÉANTHE, CUanthes ,{a)
KAe<er6Mç 9 affranchi de Catoil
d'U tique, s'étoit rendu habile dan«
la médecine.
CLtMnmS, CUanthis,{b)
Khioa^k , fille d'Arifténete , tut
mariée au fils du banqnier Eucri*
te. Le' repas, donné à l'occafion
de ce mariage, eft le banquet de
Lucien , appelle Siuffi les Lapitbes^
Pendant qu'on étoit à table, 1«
cynique Alcidamas , ayant de-
mandé le nom de la mariée,&s'é-^
tant fait faire filence, tourna la
vue du côté des femmes , &^ dit :
Je bots à toi , CUanthis , au nom
d* Hercule notre patron; & comme
tout le monde (e fut pris à rire:^
Quelle impertinence , dit- il , de f(t
moquer de ce que j'ai bu à elle , au
nom d* Hercule F Si elle ne méfait
raifon ^ & ne prend le verre de ma
main , elle ne fera pas un enfant
robufte & vigoureux comme moi ,
tant de corps que d'efprit.
CLÉARATUS , Clearatus;
K^^«fO'^^;, (c) officier dans l'ar-
mée des dix mille Grecs , fut tué
dans une expédition qu'il s'étoit
avifé de faire de fon chef , & cela
contre toute juftice.
CLÉARESTE , Cleareftus ^
K^saff^Toç» (ji) fameux Athlète,
qui fut vainqueur au pentathle*
Cette viéloire lui mérita l'honneut
d'une flatue à Olympie*
CLÉARQUE, Clearcbus i
K/éotpx^i^ (tf) célèbre capitaine
401 . & fiq» riut. T. I. p. 10x4. & fetfà
Xenoph. p. «44. & fee[, Roll. Hift. Ane*
T. II. p. 556. é* fitiv. Mém. de TAcad.
des Infcript. & Bell. Lctt, Tom.* XI Vt
p. »74' & /«iv»
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jacédénfTonien , fils de Ramphius.
Il étoit habile > expérimenté , &
plein de courage. L'an 466 avant
rÉre Chrétienne , Callicratidès
fur le point de livrer une bataille ,
oii> félon la prédiâion des devins»
H de voit perdre la vie : Jt nomme
des àpréfent , dit -il ^ pour prendre
ma place au moment que je ferai
tué y CUarque , homme connu de
tout le monde , pour très-expéri-'
mente dans la guerre.
Trois ans après , les Byzantins,
divifés entr'eur , & ne pouvant
terminer leurs querelles inteftines »
demandèrent un chef à Lacédé-
mohe. Les Spartiates leur en-
voyèrent Cléarque. Dès qu'on
eut dépofé toute l'autorité entre
fes mains , il fe fit une garde de
Soudoyés , 5c changea en tyran-'
nie la fonâionde chefôc d'arbitre
qu'on lui avoit confiée. Il com-
mença par faire égorger tous les
Magiflra;s adembles par fon ordre,
fous le prétexte d'un feftin de re-
ligion. La ville fe trouvant par-là
ians aucune forme de gouverne-
ment ni de police , il fit étrangler
avec de gi'offies cordes trente des
plus conhdérables , & s'appropHa
leurs biens. Il choifit les plus ri-
ches dans tout le refte ; & leur
imputant des crimes imaginaires ,
il condamna les uns à la mort , ôc
les autres au bannifTement. Se
voyant bien des tréfors par cette
voie , il augmenta fa garde & af-
fermit fon autorité. Cependant , le
bruit de fes cruautés & du pouvoir
tyrannique qu'il exerçoit , s'étant
bien>tôt répandu , les Lacédémo-
;iiens4es premiers lui envoyèrent
des députés pour lui confeiller de
CL
fe démettre lui - même ; maïs l
comme il né fe rendit pas à cette
propofition, on fit marcher contre
lui des troupes , à la tête defquel-
les on mit Fanthoïdas.
Dès que Cléarque en eut la
nouvelle , il fe retira avec foa
efcorte à Sélymbrie , qui étoit
auffi fous fa domination. Il ne
doutoit pas que Byzance , qu'il
avoit fi indignement traitée, nefe
joignît aux Lacédémoniens pour
le perdre. C'eft pour cela que Sé-
lymbrie lui paroifTant une place
plus forte , il s'y étoit tranfporté
avec fes troupes & fon argent.
Dès qu'il fçiit que les Lacédémo-
niens approchoient , il alla au-
devant d'eux jufqu'à un endroit
nommé le Paffage , oh il livra le
combat à Panthoidas. Le ifuccès
en fut incertain quelque tems ;
mais , enfin , la valeur des Lacé-
démoniens l'emporta , & l'efcorte
du tyran fut taillée en pièces.
Cléarque, avec le peu d'hommes
qui lui reftoient, fe fauva dans
Sélymbrie , oîi il fut affiégé. Mais»
s'y voyant bien-tôt en danger , il
en fortit la nuit , 6c s'enfuit par
mer dans l'Ionie. Là s'étant atta-
ché à Cyrus le jeune , frère d'Ar-
taxerxe , il parvint à avoir le
commandement de fon armée ;
car , Cyrus nommé chef des Satra-
pes maritimes, ôc qui> étoit plein
de courage & d'ambition , fort-
geoit à porter la guerre à fon frè-
re. Âinli, trouvant dans Cléarque
toute la hardiefle qui lui conve-
noit , il lui confia de grofles fom-
mes pour lever le plus qu'il pour-
roit de foldats étrangers; & il
crut avec raifon avoir rencontré
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eti lui un homme très- propre à lé
féconder dans fes entreprifes.
Cléaraue employa mille Dari-
ques à lever des troupes , ôc fit
d'abord la gierre aux Thraces ,
qui habitoieiH rHellefpont. Il alla
enfuite joindre Cy rus, qui ne tarda
pas à Te mettre en chemin pour
marcher contre fon frère. Quand
on fat arrivé à Tarfe.lesGrecs re-
fuferentde paiTer outre^fe doutant
bien qu'on les menoit contre le
Roi, & criant hautement qu'ils ne
s'étoient point enrôlés à cette con-
dition. Cléarque,quiles comman-
doit,eut befoin de toute fon adrefle
& de toute fon habileté pour étouf>
fer ce mouvement dans fa naiflan-
ce,Il avoit d'abord voulu employer
la voie de Tautorité & de la force,
qui lui avoit fort mal réuffi. Il
cefla de s'oppofer de front à leur
deffein, il parut même entrer
dans leurs vues , & les appuier de
fon approbation & de fon ctédit.
Il déclara ouvertentent qu'il ne fe
fépareroit point d'eux , & leur
conleilla de députer vers le Prin-
ce , pour fçavoir de lui - même
conrre qui il prétendoit les mener,
afin de le fuivre volontairement (i
le parti leur plaifoit ; finon de lui
demander la permiffion de fe re-
tirer. Par ce détour adroit , il ap-
paifa le tumulte , & ramena les
efprîts. Il fut député lui - même
avec quelques officiers. Cyrus ,
qu'il avoit averti de tout fecréte-
ment , répondit qu'il vouloit aller
combattre Abrocomas fon enne-
mi , qui étoit à douze journées
delà fur l'Euphrate. Quand on
leur eut rapporté cette réponfe ,
quoiqu'ils viffent bien où c>n lés
ftienoit^ ils réfolurent de marcher^
& demandèrent feulement qu'on
augmentât leur paye. Cyrus , au
lieu d'un Darique qu'il donnoit pat
mois à chaque foldat , leur en
promit un 6i demi.
La bataille fe donna à Cunaxa^
& Cyrus y perdit la vie. Quand
Cléarque vit le centre & les ailes
de l'armée en défordre , il fe dif-
pofa à la retraite, ne voulant point
attirer fur les Grecs toute l'armée
des Barbares qui pouvoir les ex-
terminer. Cependant , les troupes
du Roi ayant diffipé tout ce qui
s'oppofoit à elles, pillèrent d'abord
la tente de Cyrus; & la nuit étant
venue , elles fe jetterent en foule
fur les Grecs. Ceux-ci les reçurent
avec tant de courage , que les Bar-
bares eux-mêmes ne réfifterent
que peu de tems ; & furmontés
par la valeur 6c par l'expérience
des Grecs , ils furent mis eux-mê-
mes en fuite; de forte que les
troupes de Cléarque qui tes pour-
faivoient , en ayant tué encore urt
grand nombre , & fe retirant avant
qu'il fût* jour, drelTerent un tro-
phée f & furent rentrées dansleuif
camp dès la féconde veille de 1$
nuité
Le lendemain , Cléarque re-
conduifit les Grecs dans fâ pre-
mière retraite , où "tous les autres
alliés s'étant rendus , ils délibère^
rent enfemble , s'ils fe rapproche-
roient de la mer , pour retourner
dans leur patrie. Ils convinrent
d'abord de ne point reprendre la
route qu'ils avoient tenue en vei-
nant , d'autant plus qu'une partie
de cette route étant extrêmement
défsrte, & l'autre occupée par ks
Y «i
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54o .CL
ennemb , ils auroient beaucoup
de peine à y trouver leur rubfii-
tance. Us réfolurent donc de ga-
f^ner la Paphiagonie , aé nord de
'Afie mineure, Ôc ils fe mirent
auf&tôt en marche » mais à pe-
tites journées , comme ayant be-
foin de chercher en même tems
des vivres. Cependant , Artaxer-
ze ayant appris que Tes ennemis fe
retiroient» & prenant leur retraite
pour une fuite , fe mit inceflam-
ment à leur queue avec un grand
nombre de troupes ; & comme ils
n*alloient pas vite , il les eut bien-
tôt atteints, Scfe trouva dès -la
.première nuit auprès de leur camp.
Dès qu'il apperçut à la pointe du
jour que les Grecs fe raneeoient
en bataille , il leur envoya des dé-
putés , par lefquels il leur fit dire ,
avant coûtes chofes , qu'il leur
donnoit trois jours de trêve. Dans
cet intervalle, il confentit lui-
même de leur livrer un pâiTage fur
à travers fes provinces , de leur
donner des guides pour les con-
duire jufqu*à la mer , & de leur
faciliter Tachât des provifions dont
ils auroient befoin fur la route. Il
a(fura en particulier tous les fol-
dats de Cléarque 6cd*Aridée,qu*il
ne leur feroic fait aucun tort là-
deflus. Les uns & les autres re-
prirent leur marche , & Artaxer-
xe ramena à Babylone ^ l'armée
qui Tavoit accompagné.
Cependant ^ ce Prince voyoit
avec peine les Grecs retourner
dans leur patrie. TifFapherne , qui
s'en apperçut aifément> lui propo-
fa de les faire tous périr ; s*il lui
donnoit des forces confidérables
pour l'exécution de ce deflein. Le
CL
Roi reçut avec plaifir cette pro^
pofition , & lui permit de ckoifir
dans tout le corps de fa milice ^
ceux qu'il jugeroit tes plus capa-
bles d'exécuter cette entreprife.
^ Dès que TifFapherne fe fut pour-
vu de ce fecours , il fe hâta d'at-
teindre l'armée des Grecs , & par-
vint en effet à camper prè^ d'eux.
De-li il envoya inviter Cléarque
à venir jufques dans fa tente , ac-
compagné de tous les officiers fes
camarades, parce qu'il avoh à
letir faire part de quelque chofe
Îui concemoit l'intérêt commun.
Iléarque accepta cette offre»& fut
fuivi , outre fes officiers , de deux
cens hommes qui voulurent l'ef-
corter,& qu'on admit dans le camp
des Perfçs comme une garde légiti-
me, TifTapherne reçut dans fa ten-
te les officiers ; mais, tout lereflè
demeura au dehors. Au bout de
quelque tems , Tiflàpherne ayant
fait élever au-deffus de & tente
parle dedans,* un étendard rouge
comme fignal , il fit faifir les om-
ciers Grecs , pendant qu'on égor-
geoit au dehors, par fon ordre »
l'efcorte qui les atteadoit,& qu'on
aifaffinoit de même les autres fol-
dats , qui , fur la foi publique »
s'étoient répandus dans le marché,
pour y faire leurs provifions, U
n'en échappa qu'un feul qui alla
porter au camp la nouvelle de
cette trahifon. Cléarque fut mené,
avec les autres officiers , vers
le Roi , qui leur fit trancher la
tête.
Ctéfias , au rapport de Plutar-
que , écrit que Cléarque , après
u'il eut été arrêté , le pria de lui
ire recouvrer un peigne ; que
fa
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CL
rayant obtenu , & s'en étant pei-
gné 9 il y prit tant de plaifir , que
poar lui marquer fa reconnoiflan-
ce , il lui donna Ton anneau , afin
que s'il alloit un jour à Lacédémo-
ne 9 cet anneau lui fervit auprès de
fesamis & de les parens,de (igné &
de gage de Tamitié qu*ii avoit eue
pour mi ; & que fur la pierre de
cet anneau étoit gravée une danfe
de Caryatides. U ajoute que tous
Jes vivres qu*on envoyoit à Cléar-
que, étoient enlevés par les autres
prifonniers Grecs, qui n'en fai-
foient qu'une très -petite part à
Cléarque ; que lui Ctéfias remé-
liia à cela , en fiifant enforte qu'on
en envoyât une plus grande quan-
tité à Cléarque» & qu'on en donnât
d*autres en particulier aux autres
pnfonniers urecs i qu'il lui rendit
ce fervice^ & hii fournit ces vi-
vres du confentement & par la
£aveur nséme de Pary fatis ; Se que
comme il envoyoit tous les jours
à Cïéarquo , parmi ces provifions,
un jambon « Cléarque lui iniinua
& le pria inflannsent de cacher
dans un jambon on petit poignard,
& de le lui envoyer , afin de ne
pas laiiTer fa vie à la difcrétion &
à la cruauté du Roi ; mais que
craignant ce Prince ^ il avoit refu-
fé de le faire. Il dit encore que le
. Roi accorda la grâce de Cléarque
aux preflantes prières de la reine
(a mère , & qu*il promit avec fer-
ment qu'il ne le feroit pas mourir ;
mais que dans la fuite , à la per-
fuafion de ^tatira, il fit ipourir
tous les prifonniers , excepté Me-
non.
Il eft évident, dit Plutarque,
que cet Hifiorien invente tout ce
C L 34r
récit t comme une fable dé tragé»-
die , pour faire honneur à la mé-
moire de Cléarque, puifqu'il
ajoute même que tous les officiers
Grecs qu'on mit à mort, furent
déchirés par les chiens & par les.
oifeaux ; mais qu'un furieux
tourbillon de vent s'étant levé »
porta fur le corps de Cléarque un
très grand monceau de fable»
dont il lui fit un tombeau ; qu'au-
tour de ce tombeau il crut quel-
ques palmiers , qui en très- peu de
tems formèrent un bois admira-
ble , qui ombragea ce tombeau ,
de forte que le Roi , frappé de ce
miracle , fe repentit véritablement
d'avoir fait mourir Cléarque , qui
étoit fi aimé des dieux.
Portrait de Cléarque.
Cléarque , félon Xénophon ,
étoit brave , hardi , intrépide, Sx.
propre à former de grandes entre-
prifes* En lui le courage n'étoit
point téméraire ; mais conduit par
la prudence , & au milieu du plus
grand danger , il confervoit tout
Ion fang. froid. Il aimoit les trou-
pes , & ne les laifToit manquer de
rien. Il fçavoit fe faire obéir, mais
par là crainte. U avoit la mine
févère , la parole rude, le châti-
ment prompt & rigoureux ; il s'a-
bandonnoit quelquefois à la colère,
mais revenoit bientôt à lui. Il pu^
niflbit toujours avec juflice. Sa
V^nde maxime étoit qu'on ne
içauroit rien faire d'une armée
fans une févère difcipline ; & c'eft
de lui qu'on tient ce mot « qu'un
foldat doit plus craindre fon géné^
rai que les ennemis. Les foldats
lelUmoienc fon courage, ^ r^Oj
yiij
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H^ c li
doient judîce à Ton qiérîte ; mais»
ils redoutoient Ton humeur , &
n'aîmoient point à (ervït fous lui.
En un mot, die Xénôphon, les
troupes le craignoiem comme des
écoliers craignent un févèrc péda-
gogue. On pourrait dire de lui ce
que dit Tacite , que par une fé-
vérité outrée , il gâtoit mém^ ce
qu'il faifoit de bien d'ailleurs.
CLÉ ARQUE, Clearchusy {a)
Ka/ût^X^ç', capitaine Macédonien,
du tems de Philippe , père d'Ale-
xandre le Grand. Ce fut un des
députés , que Philippe envoya à
Thèbes , pour qu'ils s'oppofaffenf,
& répondifTent à tout ce que les
ambaffadeurs d'Athènes propo-
feroient contre fcs intérêts. Dé-
mofthène étoit un de ces der-
niers.
CLÉARQUE , Clearchus , {b)
Khidoyji'; , natif d'HéracIée , ville
du Pont dans l'Afie ininçure , fut
le premier qui ufurpa la fouverai-
ne puifTance dans fa patrie. L'a-
mour de la phtlofophie lui fit faire
un voyage à Athènes, où il étudia
fous Platon; 'mais , il quitta Ton
école fur un fonge , &' revint dans
fa patrie , d'où il fut banni par les
intrigues de fes ennemis. Il fe re-
tira auprès de Mithridate , roi de
Cappadoce.
Cependant , le peuple d'Héra-
cIée ayant demandé avec violence
l'abolition <les dettes & le parta-
ge des terres; & l'affaire ayant éré
long' tems débattue dans le Sé-
nat > fans pouvoir être terminée ;
(a) Plut. T. I, p. 85^. I Infcript. & Bell. Lett. Tom. VI. p. 178.
{b) Juft. L. 16. c. 4» %* Diod. Stcul. I Tom. XIV. pag. «79. & friv* JotJBu
p, 500. Athen. p. 8ç. Roll. Kilt. Ahc.fXIX. p,y^.
Tom. IV. p. 14. Mém. ûe l'Acad. des]
CL
enfin, les Nobles, pour réprimer
l'impétuofité d'un peuple , que
trop de repos rendoit inlolent,
demandèrent du fecours à Timo-
thée , chef des Athémei^s , & en-
fuite à Épaminondas , général des
Thébains. Sur le refus de l'un ÔL
de l'autre , ils eurent) recours à
Cléarque. Leurs mifères furent fi
prenantes , qu'elles Jes rédoifirem
a la néceffité de rappeller^pcar la
défenfe de la patrie « celui qu*ils
avoient banni de la patrie. Mais »
Cléarque , devenu plus fcélérat
par fon exil , & regardant la dif-
xorde populaire comme une oc-
càfion propre à ufurper la tyran*
nie , a d'abord une conftérence
(êcrete avec Mithridate , ennemi
mortel des Héradéens ; & ils
font tous deux un traité, par leqad
Cléarque promet que dès qu*il fera
reçu dans la ville , il la mettra
entre les mains de Mithridate qui ,
de fon côté , s'engage à lui en
'laifler le gouvernement. Mais-,
Cléarque tourna contre Mithri-
date même, latrahifon qu'il avoit
tramée contre fa patrie ; car , à
peine y fut- il rentré , qu'il prit
le moment même , où il dévoie
la lui livrer pour feiâifîr & de lui
& de fes amis , & ne lui rendit la
liberté qu'après qu'il la lui eut
vendue bien chèrement.
Comme d'allié de Mithridate ,
il en étoit tout d'un coup devemi
d'ennemi ; ainfi partm changement
non moins foudaln , de détenfeur
du Sénat , il fe fit le proteâèur
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CL
du peuple. Il ne fe contenta pas
de fouie rer la populace contre
les Sénateurs , auxquels il devoit
fon autorité , Ton rappel , & le
commandement de la forterefle ;
il exerça encore fur eux tout >ce
que la tyrannie la plus ingénieu-
fement cruelle fçauroit inventer
de. plus déieftable. Ayant donc
fait aflembler k multitude , il leur
dit que bien loin d'appuyer enco»
re la caufe des Nobles trop long-
tems & trop durement déchaînés
contre le peuple, il étoit tout
prêt à s'oppofer à leurs cruautés,
«'ils n'y mettoient bientôt un frein;
que s'ils croyoient être affez forts
pour balancer la puiiïance des
Sénateurs , il fortiroit de fa patrie
a?ec fes foldats , & s'épargneroit
le chagrin de voir les troubles qui
la défoloient ; mais que s'ils fe dé-
ficient de leurs propres forces , il
offroit les fiennes à leur vengean-
ce ; qu'ainfi c'étoit à eux de déci-
der s'il leur feroit plus avantageux
qu'il partît , ou qo-'il demeurât
pour ]oindre fes armes aux leurs ,
& qu'il attendoit leurs ordres là-
deffus. La populace , excitée par
ce difcours , lui défère le com-
mandement fouverain ; & ces
mêmes hommes, qui fupportoient
impatiemment l'autorité du Sénat ,
fe rangent eux , leurs femmes &
leurs enfans , fous le joug d'une
domination tyrannique.
Cléarque fit mettre aux fers
foixante Sénateurs ; c'étoit ce qu'il
en ayoit pu faifir , le refte lui
étant échappé par la fuite. Le
peuple triomphoit de voir le Sénat
exterminé par le clief môme des
Sénateurs-! & que par im revers
CL 343
de fortune , celui qu'ils avoient
appelle à leur fecours, fut l'auteur
de leur ruine. Cependant , le ty-
ran, ingénieux à rançonner fes
prifonnierst, leur fait voir la mort
toujours préfente à leurs yeux ,
afin de leur faire racheter la vie à
plus grand prix ; 6c lorfqu'il en a
tiré des fommes immenfes , com-
me pour les arracher fecrétement
aux menaces du peuple , il les
prive, lui-même du jour , après
les avoir privés de leurs biens.
Ënfuite , lorfqu'il eut appris que
ceux qui s'étoient enfuis , fe dif-
pofoient à lui faire la guerre , foû-
cenus du fecours que quelques
villes avoient accordé à la pitié
qu'on avoit de leurs misères , il
mit en liberté cous leurs efclaves.
Et pour accabler de toute forte
d'affliâions les familles des No-
bles , il ordonna , fur peine de la
vie , à leurs femmes 6l à leurs
filles d'époufer ces nouveaux af-
franchis, qu'il vouloit par- là ren-
dre plus fidèles à fon fervice , &
plus irréconciliables avec leurs
maîtres. Mais , ces dames ver-
tueufes trouvèrent une prpmpte
mort plus douce que des noces
fi funeftes. Ainfi , les unes en pré-
viment le jour par une mort pré-»
cipitée , les autres fe la donnèrent
au moment même de leur hymé-
née , après avoir tué leurs nou-
veaux époux de leurs propres
mains ; & par un courage digne
de leur vertu & de leur naiflan- ,
ce , elles fe dérobèrent aux inful-
tes , auxquelles on les réfervoit.
Il fe donna enfuite un combat.
Le tyran viâorieux mène comme
en trioo^he aux yeux du peupl^^
Yiv
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544* C L
les Sénateurs chargés de fers. De
retour dans Héraclée , il déployé
fur eux fa vengeance. Les prifons ,
les gênes , & les meurtres fervent
indifféremment à fes fureurs. Il
n'y eut point d'endroit dans la
ville y qui n'en portât les marques
affreufes. Il joignit la préfomp-
tion & l'infolence à la cruauté.
Enivré des faveurs toujours conf-
tantes de la fortune , il oublie
quelquefois qu'il eft mortel > &
quelquefois même il fe dit fils de
Jupiter. Quand il alloit par la
ville , il faifoit porter devant lui
un aigle d'or comme une marque
de fon origine. Il fe paroît d'une
robe de pourpre 5 6c d'^ne cou-
ronne d'or , & fe fervoit de bro-
dequins pareils à ceux des rois de
théâtre. Enfin , pour fe jouer des
dieux , non feulement par la fable
de fa nailTance , dont il les faifoit
iauflement les auteurs » mais en-
core par des noms qui leur étoient
injurieux , il donna à fon fils celui
de Céraunus,c*eft-à-dire,le foudre.
Deux jeunes hommes des plus
qualifiés, indignés des aâions,du
tyran , prirent le généreux deflein
d'affranchir leur patrie par fa mort.
Impatiens de montrer à leurs
compatriotes quMls fçavoient met-
tre en pratique la vertu , à la-
quelle ils fe formaient tous les
jours dans l'école de Platon , dont
ils étoient les difciples , ils met-
tent cinquante de leurs parens en
embufcade , & eux , à la manière
des gens qui ont quelque diffé-
rend enfemble , ils vont au palais
du tyran , comme pour terminer
leur débat devant lui. Ils n'eurent
pas de peine à ê^re iacroduitS|par«
CL
ce qu^ils étoient particulièrement
connus. Tandis que le tyran at-
tentif écoute celui qui parle le
premier , il efl poignardé par
l'autre. Mais , fa parefFe de leurs
compagnons trop lents à venir à
leurs fecours, fut caufe qu'ils per-
dirent eux-mêmes la vie par les
mains des gardes de celui à qui
ils venoient de la ravir. Il arriva
de-là qu'ils eurent à la véijté la
gloire de tuer le tyran , mais non
pas celle de rendre la libené à
leur patrie. Car » Satyrus , frère
de Ciéarque , envahit la tyrannie
par la même voie ; de forte qu'Hé-
raclée eut le malheur de gémir
encore pendant un grand nombre
d'années fous la domination fuc«
ceffive de plufieurs tyrans.
CLéarque perdit la vie à l'âge
de cinquante- huit ans , dont il en
avoit paffé douze dans latyrannie,
qui avoit commencé l'an 3 64 avant
J. C. Ce tyran laifla deux fils ^
Timotbée & Denys. Selon Dio-
dore de Sjicile , Timothée fut le
fécond tyran d'HéracIée , & non
pas Satyrus. Mais , il eft aifé de
concilier Diodore de Sicile avec
ceux qui ne penfent pas tout-à-
fait comme lui. Ces derniers met*
tent Satyrus au nombre des tyrans
d'Héraçlée, parce qu'en effet il
gouverna comme tuteur de fes
neveux ; & Diodore de Sicile
l'omet , parce que la fouveraine
autorité n'étott qu'un dépôt entre
fes mains.
Ciéarque ai^oit , & protégeoît
les fciences. Il avoit formé une
bibliothèque, qu'il fit ouvrir au
public. Cet établiffement , qui lui
rendoit les gens de lettres favora*.
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CL
Wes , empêcha que la Grèce ne
conçût pour lui toute Thorreur
que méritoit la façon tyrannique
avec laquelle il gouvcrnoit fa pa-
trie.
CLÉ ARQUE , CUarchus, {a)
K>fafxcç» fils du précédent , au
rapport de Nymphis d-Héraclée ,
cité par Athénée , fut comme
fon père , tyran de fa patrie. Il fe
livra tellement à la bonne chère
& à la moUefle , que devenu
d'une grofleur & d'une graiffe
prodigieufes , non feulement il ne
vaquoit plus aux affaires de fon
royaume que par manière d*ac-,
quit, mais qu'il falloit lui enfoncer
de longues aiguilles dans Ja chair,
pour le tirer du fommeil léthargique
où il étoit continuellement pion-
fé y encore n'en venott-on pas à
out. On ajoute que ce prince
étoit devenu fi monflrueufement
gros , que quand il vouloit don-
ner audience , il fe mettoit de
bout dans un coffre très-profond
qui cachoit fon ventre , & ne
laiffoit paroitre que le bufle. II
mourut âgé de cinquante - cinq
ans ; fa. tyrannie en avoit dure
trente- trois.
Une partie de ce que l'on vient
de raconter y efl attribué par
Memnon à Denys , père du
Cléarque qui fuit.
CLÉ ARQUE, CUarchus, {b)
Kx/apxo4 , fils de Denys, & pe-
tit-fils de Cléarque, le premier
tyran d'Héraclée. Il avoit un frè-
re nommé Zathras. Leur mère (e
nommoit Amaftris ; cette prin-
ce») Athen. p. 549. Mém. de TAcad. | {h) Diod. Sicul. pajr. yy%. Mém. de
de» Infc. & Bell, Lett. Tom. XIV. p. TAcad^ des Infcript. & Bell. Leit. T.
«85 9 x8â. i XXV. p. 186. & faiv.
CL 345
cefTe , après la mort de Denys ,
époufa Lyfimachus. Comme fes^
deux fils étoient encore en bas-
âge , Antigoifus fe chargea d'a-
bord de veiller à leurs intérêts ; 6c
lorfque d'autres foins ne lui per-
mirent plus de continuer l'exercice
d'un fi honorable emploi ^ il fuf
remplacé par Lyfimachus.
Quand Cléarque ^eut atteint
l'âge d'homme , il prit en main
les rênes du gouvernement. Il
(ignala fon courage dans plufieurs
guerres , foit entreprifes pour fa
propre défenfe , foit auxiliaires ,
particulièrement dans une , oii
combattant avec Lyfimachus con-
tre les Getes, il fut fait prifonnier
avec lui. Peu après , Lyfimachtis
fe racheta , 6c par fes foins , Cléar-
que fut auifi renvoyé. Lui & fon
frère fuccéderent donc à leur pete
dans la fouveraineté d'Héraclée ;
mais, bien loin d'imiter fa bonté »
ils fe portèrent à un parricide qui
fait horreur. Leur mère , qui leur
avoit donné quelque fujet de mé-
contentement affez léger , s'em-^
barqua fur un vaifTeau , fous pro-
mefle de fureté ; & par la plus
noire des trahifons , ils la firent
jetter dans la mer. Lyfimachus ,
qui étoit pour lors en Macédoine ,
n'eut pas plutôt appris ce qui s'étoit
pafTé, qu'il réfolut de ne pas laifFer
impuni un crime fi atroce. Cé-
toit l'homme de fon tems qui fça-
voit le mieux l'art de feindre & de
difSmuler. Cachant donc fon def-
fein , il s'approcha d'Héraclée
avec toutes les apparences d'un
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£\6 CL
mtne plein d'amitié pour Cléar-
que 6c d affeâion pour Tes fujets.
doos ce mafque , il n'eft fufpeÂ
i perfonne ; il tnue dans Héra-
clée ; il y eft bien reçu ; Cléar-
€|ue croit voir un père en lui.
Mais , Lyfimachus » fans perdre
de tems , fait arrêter les deux
princes , & 4es immole tous deux
aox mânes d'Amaftris.
CLÉARQUE , CUarchus, {a)
K>ietf^xoi ^ fils de Nauficlès , l'un
des plus confidérables citoyens
tf Athènes 9 vi voit vers l'an 318
avant l'Ère Chrétienne.
CLÉARQUE , Clearchus , {b)
Kyiot^X'^ç y naquit à Soli* Ayant
pris les leçons d'Aridote, il de-
vint un des plus célèbres Péripa-
téticiens. Jofephe ailiire qu'il ne
le cédoit en mérite à aucun de
cette feôe.
U compofa divers ouvrages ;
mais , il ne nous refte qu'un trag*
ment du traité touchant le fom-
meil , confervé par Jofephe , &
copié par Eufebe. Ceux , dont on
a confervé les titres , font ceux-
ci : un traité de l'éducation ; un
autre des vies des Hommes illuf-
tres , dont on cite jufqu'au cin-
quième livre , & d oîi Aulu-Gelle
a tiré ce qu'il dit de Pythagore ;
& un troifième des taâiques ou
de l'art militaire. On parle encore
d'un ouvrage, qu'on peut regar-
der comme un art d'aimer » ou
comme un recueil de narrations
qui roulent toutes fur l'amour ; &
c'eft de-là qu'Athénée a pris ce
CL
qu'il dit des honneurs que Gy-
gès , roi de Lydie , fît à une fem-
me publique qu'il aimoit. Le fcho-
liafte de Lycophron , qui parle
auffi de Cléarque , adare d'après
lui qu'il y eut trois Hercules ,
l'Hercule de Briarée , l'Hercule
de Tyr, & l'Hercule Grec.
CLÉARQUE , CUarchus , (c)
y.Tf'ai^X'^ç, y fameux ftatuaire de
Rhégium , qui avoit été difciple
d'Euchh- de Cortnthe.
CLÉÉNÉTUS , CUanetus ,
KxaiVfroc . {d) fils de Cléomédoa
d'Athènes. Pour faire remettre à
fon père une amende à laquelle H
avoit été condamné, il porta an
peuple des lettres de Démétriot
en fa faveur; & par- là non feule-
ment il fe déshonora lut- même,
mais encore il mie toute fa ville
en trouble & en cocnbuftion. Car,
il fit bien décharger fon père de
cette amende ; mais , en même
tems , les Athéniens firent un dé-
cret pour ordonner qu'à Tavenir
aucun citoyen d'Athènes n'apper-*
teroit des lettres de recommanda*
tion de Démétrius.
Ce prince , informé de ce dé^
cret , & en étant très-offenfé coni*
me d'une chofe qui lui étoit înja-
rieufe , fit éclater fon reflenti-
ment. Les Athéniens , qui en crai«-
gnirent les fuites , annullerent &
caiTerent leur décret* Ils firent
plus encore ; de tous ceux qui
l'avoient confeillé ou drefTé , ils
en firent mourir les uns, ôc bannie
rent les autres ; & non contens
(4) Diod. Siciol. p. 66x» I419 , 410.
{b) Mém. de TAcad. des înfcript. &| (c) Pauf. p. ;50.
Bell. Lett. Tom. V, paf(. «46 , «48 *l \d) Plut» T. I. p. 899.
|8o. T. VU. p, 1x5 , ia6. T. XIV. pag. 5
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CL
de cette réparation ils firent on
autre décret qui portoit , que le
peuple d'Athènes ftataoit & or-
donnoit que tout ce que com-
manderoit le roi Détnétrius , f<?-
roit tenu pour (aint envers les
dieox , & jufte envers les hom-
mes. Le beau décret l
CLEFS [ Les ] DE CHYPRE,
Claves Cypri , XMiî'/fç Kutt^ov-,
{a) C'efl ainfî qu'Hérodote nom-
me un promontoire de cette ifle.
Les Phéniciens defcendkent un
jour fur ce promontoire , pendant
que les Perfes venant de Cilifcie,
débarquoient à Salamine. Foyei
Clides.
CLEFS, C/tfVtf^ Voici com-
ment étoient faites les Oefs des
Anciens , félon Madame Dacier.
C'étoit un morceau de fer affez
long , courbé en feacille , & em-
manché ou de bois ou d'ivoire.
Après qu'on avoit détaché la cour»
roie qui couvroit letrou de la fer-
ture , on fatfok entrer ce fer dans
cette ferrure j ôepar fon moyen
on reponiToit le verrou qui fer-
mort en- dedans. Madame Dacier
dît en avoir vu à peu près de
même à la campagne;
CLEIDOMANTIE , CUido^
tnantia , {b) forte de divination ,
qui fe pratiquoit par le moyen
des clefs. Ce mot vient de xx^k s
clavis, clef, & de /uct^rélà , divi*
hatio , divinatioil.
On ignore quel nombre & quel
mouvetpent de clefs exigeoient
les Anciens pour la Cleidoroantie ,
CL ^4,7
& quel genre de connoiflance
pourTavenir ils en prétendoient
tirer. Delrio » qui a fait des re-
cherches fur toutes ces matières ,
ne donne aucune lumière fur, celle*
ci pour ce qui concerne l'Anti-
quité ; il nous apprend feulement
3ue cette fuperûition a eu lieu
ans le Chriûianifme , & qu'on la
pratiquoit de la forte. » Lorfqu'on
w vouloit , dit- il , découvrir fi
n une perfonne foupçonnée d'un
»i vol ou de quelqu'autre mau-
i> vaife aâion en étoit coupable »
n on prenoit une clef au tour de
Il laquelle on rouloit uri papier ,
M fur lequel étoit écrit le nom de
I) la perfonne fufpeôe ; enfuite
» on lioit cette clef à une Bible ,
» qu*oa donnoit à tenir à une
n vierge ; puis on prononçoit
i> tout bas certaines paroles , en-
n tre lesquelles étoit le nom de
4) l'accufé ; ôc à ce nom , l'on
9» voyoic fenfiblement le papier
» fe remuer, a
CLEIO , CUio , (c) étoit un
poète peu favorifé des biens de la
fortune. Ju vénal en fait mention
dans fa fepriëme Satyre.
CLÉMENS , Clemens (d), ef-
clave d'Agrippa Pofthume. Ayant
appris la mort d'Augufle , il con-
çut un defTein qui ne fe refTeatoîc
point de la batiefTe de fa condi-
tion ; ce fut de paffer dans Tifle
dé Planafie , d'enlever Agrippa ,
de gré ou de force ; de le tranf-
porter en Germanie , & de le
mettre à la tête des armées qui
(*) Herod. L, V. c. t;o8. • (d) Tacit. Annal. L. II. c. 59 » 40.
^*) Myth. par M. PAbb, Ban. Tom. 1 Crév. Hift. des Emp. Tom. 1, pag,
n.p. 11». h7ï>37>«
V) ;iivcn. Saty/. f.y^j. | /
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H* CL
y krvoient. ' Ce qui Tcmpécht
d'exécuter ce projet hardi , ce fut
la lenteur de la barque donc il Te
ferait. N'étant donc arrivé dans
cette ifle qu'après le meurtre du
petit-fils d'Augufte » qui avoit été
ordonné par Tibère , il forma une
cmreprife encore plus haute , &
d'un courage plus^-détermîné. Il
▼ola les cendres de ce jeune prin-
ce ; âc fe faifant porter à Coffe ,
pomontoire d'Étrurie , il fe cacha
dans un lieu à l'écart , où il laifla
croître fa barbe & fes cheveux ;
& comme il étoir à peu près de
l'âge d* Agrippa , & qu'il lui ref-
fembloit allez de vifage & de
taille , il fit répandre le bruit que
ce prince vivoit encore , par des
gens qu'il avoit apoftés^ & qui
d'abord difoient ce fecret à l'o-
feille , comme il arrive quand on
a lieu de craindre ; puis un peu
plus ouvertement devant des
ignorans , qui appreooient cette
nouvelle avec joie ; & enfin , ils
en parloient fans garder aucun
ménagement , quand ils rencon*
troient des efprits turbulent &
«vides de nouveautés ; ÔL lui*
snême entroit dans les villes mu-
nicipales à la brune , prenant la
précaution de ne fe montrer qu'à
peu de gens , & de ne pas refier
long-tems dans le même lieu ;
car^ comme il fçavoit que la vé-
rité s'accrédite , à meftire qu'on
l'approfondit , au lieu que la four-
berie ne cr'aint rien tant que l'exa-
men & le grand jour » il difparoif*
foit dès qu'il s'étoit fait entrevoir ,
on même échappoit à Tempreffe-
snent des curieux.
Cependant , on débitoit dans
CL
toute l'Italie ^ qu'Agrippa avmt
été fauve par une proteâion toute
particulière des dieux ; on le
croyoit k Rome; &déjà il étoit
arrivé à Oftie , oii le peuple s'at-
troupoit au tour de lui ; déjà dans
la ville capitale il étoit te fujet de
toutes les converfations (ecrètes ,
lorfque Tibère , incertain s'il de-
voit employer les armes des fol-
dats pour punir fon efclave , ou
laiffer tomber de foi -même une
vaine crédulité , tantôt croyoit
qu'il ne devoit rien né^i^er; &L
quelquefois qu*il ne falloit pas
s'embarrafli^ de fi peu de chofe.
Enfin , partagé entre la honte &
la crainte , il chargea Saluftius
Crifpus de cette commiffion. Ce
Miniilre choifit deux de Ces
cliens » ( d'autres difent deux loi-
dats) 9 ôc les chargea d'aller trou-
ver ce fourbe > & de l'affurer de f^
part qu'il l'aideroit de fon crédit
& de fon argent « & qu'il s'expo-
feroit à toutes fortes de périls pour
le maintenir. Ils exécutèrent pon«
âuellement fes ordres , & ayant
épié une nuit ok il fe tenoit n^ns
fur fes gardes » ils prennent main-
forte « Us le chargent de chaînes «
lui ferment la bouche , ôc le tiai-
pent à Rome dans le palais de
l'empereur. Là, on dit que Tibè-
re lui ayant demandé comment il
étoit devenu Agrippa , il lui ré-
pondit , comme vous êtes devenu
Cé(ar. Mais , on ne put jamais
l'obliger à nommer fes complices;
& l'empereur , n'ofant pas rendre
fa punition publique, le fit tuer
dans un coin de fon palais , 6c or.
donna que fon corps fût emporté
fecrétement; & quoiqu'un grand
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CL
Nombre des officiers de la cour i
des chevaliers y &' même des fé-
aateurs , fofTent foupçonnés de
ravoir aidé de leurs biens & de
leurs confeils , il ne voulut point
permettre que l'on fit aucune re-
cherche*
CLÉMENS , CUmens , (a) cen.
turion dans l'armée de Pannonie ,
fous l'empire de Tibère f Tan de
J. C. 14. Cette armée $*étant ré-
voltée , Drufus y fut envoyé pour
appaifer la fédition. Les foldats
chargèrent Clémens de fe préfen-
ter au jeune Prince, & de lui ex-
pofer leurs demandes , fçavoir ,
que leur congé leur fût accordé
au bout de feize ans ; qu'on leur
délivrât leurs récompenfes en ar-
gent à la fin de leur fervice ; que
la paie fut portée à un denier par
jour ; & que les vétérans qe luf-
fent plus retenus fous le drapeau,
Drufus répondit qu'il n'apparte-
noit qu'au fénat $c à fon père , de
régler des articles d'une fi grande
conféquence. Cette réponfe ne
fit qu'irriter davantage la muiti-
tade. Mais , Clémens & quelques-
autres officiers qui , par de bon-
nes voies s'étoieot rendus agréa-
bles aux croupes , vinre^it à bout
de les faire rentrer dans le devoir*
CLÉMENS , Cltmens , {b) pré-
fet du prétoire fous l'empire de
Caligula , favorifa fecrétement la
conjuration contre ce Prince ; &
quand il eut été tué » fe déclarant
alors aflez ouvertement , il ne
craignit point de dire aux foldats
CL 349
des cohortes Prétoriennes , que
Caligula étoit lui-même l'auteur
de fa perte , & que l'on dévoie
moins en attribuer la caufe aux
confpirateurS) qu'à la conduite du
Prince ,qui avoit préparé le piège
dans lequel il étûit tombé. Ce
Clémens eft vraifemblablement le
père de celui qui fuit.
CLÉMENS [Arrétinus] ,
Arretinus Clémens (c), fénateur
Romain , allié à la maifon de
Vefpafien , étoit fort agréable aa
jeune Domitien. Ce fut pour cela
que Mucien le revêtit de l'emploi
de préfet du prétoire , l'an de J. C.
70 , après en avoir dépouillé At-
rius Varus. Le père d' Arrétinus
Clémens avoit été revêtu du
même emploi fous Caligula ; &
Mucien alléguoit que les foldats
obéiroient volontiers au fils de ce-
lui qu'ils avoient autrefois vu à
leur tête. Arrétinus Clémens ,
quoique fénateur , fut donc étabU
préfet des cohortes Prétoriennes.
Il eft le premier de fon ordre , qui
ait poiïédé cette charge , jufque*-
là affeâée aux chevaliers.
CLÉMENT . Clémens (J) , Pua
des cpopérateurs de faint Paul,
dans rétabliiïement de TÉvangile ,
comme Tattefte lui - même cet
Apôtre dans fon Épitre aux Phi-
lippiens ; & il affure que Clément
eft du nombre de ceux , dont ie
nom eft écrit au Livre de vie.
La plupart des Pères & des In*
terprêt s ne doutent point que ce
ne foitele même Clément , qui
{a) Crév. Hift. de» Emp. Tom. 1. p. f (c) Tacît. Hift. L. IV, c. 68. Créf.
»99. & fitiv. I Hift. des Emp. T. III. p.vjiS.
(^) Crév. Hift. d«s Emp. Tom. 11.1 (d) Ad Philipp. Epitt, c. 4. ?. 5,
p. 77, 88. I
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550 CL
fuccéda à faint Pierre i après fatiit
Lin & faint Clet , dans le gouver-
nement de l'églife ^e Rome ; &
réglife femble marquer la même
chofe » lorfqu'elie fait réciter cet
endroit de l'Épitre aux Philip-
piens , dans fon office , le jour de
iaint Clément. Grotius , au con*
traire » croit que Clément , dont
parle faint Paul , étoit un îimple
prêtre de l'églife de Philippes.
CLEMENT , CUnuns ^ difci-
^le de faint Pierre » & l'un de fes
lucceiTeurs au fouverain Pontifi-
cat. Il fuccéda à Anaclet , vers Tan
de J. C. 91 , & ce fut fous fon
gouvernement que Domitien ex-
cita la féconde perfécution contre
l'églife. On dit que Clément éta-
blit fept notaires dans Rome,
pour recueillir les aâes des marr
tyrs , & pour conferver la mémoi-
re de leurs triomphes. Ce fait eft
tiré du pontificat du pape Dama-
fe , & ne mérite aucune créance*
Sous l'empire de Trajan , il fut
envoyé en exil dans la Cherfon-
nèfe du Pon^-Euxin , où par fes
prières Dieu fit fortir une fontai-
nç , qui délivra plufieurs Chrétiens
exilés avec lui & condamnés
* aux carrières, de l'incommodité
qu'ils avoient d'aller bien loin
chercher de l'eau.
Aufidien, envoyé de rempe<*
reur, le fit jetter dans la mer avec
une ancre au col » afin que les
Chrétiens ne pufTent retirer fon
corps 9 pour l'honorer » félon leur
coutume. Dieu rendit inutile la
prévoyance du tyran , & con-
tenta la dévotion des fidèles ; car,
comme ils prioient Dieu fur le ri-
vage y la mer fe retira de trois mil-
CL
les. tls y entrèrent avec aflurance;
& y trouvèrent un oratoire de
marbre blanc , bâti de la main des
anges , pour la fépulture du mar*'
tyr ; ce 4]ui efl rapporté par Ni*
céphore» par Grégoire de Tours»
& par plufieurs autres 9 cités par
le cardinal Baronius » qui oxet le
martyre de ce fairit Pape en l'an
102, au lieu qu'il doit être placé
en l'an loo. Les aâes du martyre
de (àint Clément , d'oii faint Gré-
goire de Tours a tiré ces circon-
itanc'es , font vtfiblemem fabu-
leux , étant remplis d'une multi-
tude de fautes contre la vérité de
l'hiftoire. 11 n'eft pas même cer-
tain qu'il ait été martyr» puif«
que faint Irénée ne lui donne point
cette qualité* Cependant , Rufin
& le pape Zoztme la lui ont don-
née au commencement du cin-
quième fiècle 9 & il efl mis fous
ce titre dans les Martyrologes ,
au vingt-trois Novembre. Ce faint
Pape avoit tenu le fiege neuf ans »
fix mois & (\x jours , & eut pour
fucceffeur faint Évarifte.
Il refle à faire deux remarques
au fujet de faint Clément. La pre-
mière regarde fa fucceffion au
pontificat , & l'autre roule fur les
livres qu'on lui attribue.
Quant à la première , il eft sûr
qu'il ne fut fait pape qu'après
Anaclet, ou Clet qui eft le même,
fucceffeur de Lin , élevé au pon-
tificat aprèf faint Pierre. Quel-
ques Auteurs , comme faint Épi-
phane , & Tertullien dans le fé-
cond livre des Prefcriptions , di-
fent pourtant que le même faint
Pierre avoit défigné Clément pour
lui fuccéder , mais qu'il ne voulut
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CL
recevoir le pontificat qu'après Lîn
& Clet, qui avoient été les coad-
juteurs du premier vilcaire de J.
C; ce que Rufin dit auffi dans fa
Préface des dix livres des Récog-
nitions de faim Clément. On tient
qu'il en ufa ainfi , ou par humi-
lité , ou de peur que cette nomi-
nation ne fervit d*un exemple per*
nicieux à la poftérité* ^
Pour Tes ouvrages , il y en a
plusieurs fous fon nom ; on con-
noît d'abord deux Épîtres aux Co-
rinthiens y dont la première , qui
eft afiurément de lui , a été don-
née au public par un Anglois ,
nommé Patricius Junius , qui la
fit imprimer à Oxford» l'an 1633 »
fur un manufcrit venu d'Alexan-
drie, oîi elle e(l à la fin du Nou-
veau Teftament. Elle eft écrite au
nom de TÉglife Romaine à l'Égli-
fe de Corinthe , pour appaifèr la
diflenfion qui étoit entre les fidèles
de cette dernière Églife. C'efl un
des plus beaux monumens de l'an-
tiquité. La plupart des anciens
Auteurs l'ont citée après l'Écritu-
re Sainte. On n'ed pas également
certain que l'autre Lettre foit vé-
ritablement de faint Clément ; ce
qui fait qu'elle n'a pas tant d'au-
torité ; cependant , on la trouve
citée dans les Anciens; & le frag-
ment que nous en avons ^fait con-
noitre qu'elle n'eft pas indigne de
faint Clément.
Il y a deux autres Lettres de
faint Clément à faint Jacques ,
dont la faufleté fe découvre , en
ce qu'il lui donne des nouvelles
de la mort de faint Pierre , arri-
vée long-tems après la Tienne , à
moins qu'elles n'euflent été écri-
CL nt
tes à q!ielqu*autre , comme dit le
cardinal Bellarmin. Saint Épi-
phane & faint Jérôme allèguent
d'autres Lettres circulaires du mê*
me Pontife*
Outre ces Lettres , on lui at*
tribue fauflement huit livres des
Confiitutions des Apôtres , die
livres des Récognitions ; les Ca«
nons des Apôtres, que faimJeaa
de Damas met après l'Apoca-
lypfe^ dans fon quatrième livre de
la Foi Orthodoxe) la difpute con-^
tre Apion , & d'autres encore ,
dont quelques-uns ont été déc!a«i
rés apocryphes par le pape Gé<-
lafe , au concile de Rome , parce
qu'ils portoient le nom des Apô*
très , ou parce qu'ils avoient été
falfifiés par les hérétiques , corn*
me le cardinal Baronius le dit des
livres des Récognitions , qui
avoient été corrompus par les
Ébionites , du vivant même de
faint Clément , & il allègue l'au-
torité de faint Épiphane qui les
accufe de cette talfification. On
peut confuher faint Jérôme dans
fon Traité des Écrivains eccléfia^^
Aiques ; les DifTertations que les
Cardinaux Bellarmin & Baronius
ont faites au fujet des Ouvrages
de faint Clément ; le P. Louis Ja-
cob , dans fon ouvrage qu'il a in-*
titulé Bibliotheca Pontificia , oà
il cite avec aiTez de foin tous les
Auteurs qui parlent de ce faint
Pontife ; le père Turrian , dans
la défenfe des Canons contre les
Centuriateurs de Magdebourg.
CLÉMENT [T. Flavius ]i
T. Flavius Clemens y furnomme
Alexandrin. Foye^ Flavius.
CLÉOBIS, CUohis, K^/ojJ/,V
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35* .CL
tf ère de Bttoti. Voye;;^ BItofl.
CLÉOBULE, CUobulus, {a)
Kuo^ov^oç^ fils d'£vaeoras, na-
Suit à Linde y ville de l'ifle de
hodes f ou félon d autres , en
Carie , & mérita d'être mis au
nombre des fept Sages de la Grèce.
Il étoit brave , bien fait , aimoit
les fciences, & alla jufqu'en Egyp-
te , pour apprendre la philofophie
de ces peuples. Il faifoit auffi des
énigmes en vers , auffi bien que
Cléobuline/a fflle, qui y réuf-
fiflbit parfaitement. Il haifloit fur-
tout l'infidélité & l'ingratitude. Il
confeilloic de faire du bien à fes
amis pour fe les conferver , & à
fes ennemis pour fe les acquérir ;
& il faifoit conûfier la vertu dans
la haine du vice & dans la fuite
de rinjufiice* Cléobule mourut
âgé de 70 ans , vers la 55^.
Olympiade^ l'an 560 avant Jefus-
Chrift.
CLÉOBULE , CUobulus, (J?)
Yixii^cvHç , 6ls de Glaucus , du
bourg d' Acharna dans l'Attique.
Efchine en fait mention dans une
de fes Harangues.
CLÉOBULE , CUohuia , (c)
K>5GTvvi;>a, fille d'Orythie & d'A-
pollon , ou plutôt de Borée , roi
d'une partie de la Thrace. Elle
fut mariée à Phinée , roi d'une
autre partie de la Thrace , & en
eut deux fils, Plexippe & Pan-
dion. Cette Princefie i^t répudiée
depuis par (on mari ^ qui époufa
enfuite Idéa , fille de Uardanus.
(#) Pauf. p. 655. RoU. Hift. Ane. T.
II. p. 76.
(b) iEfch. Orat. de |Falf. Légat, p.
407.
(c) Mém. de rAcad. des.Inrcript. &
CL
Au Heu dé Cléobule, certains 1I«
fent Ciéopatre.
CLÉOCAKES, Cleocaris^{d)
lieutenant d'Alexandre le Grand ,
fut envoyé par ce Prince vers
Porus y pour lui déclarer qu'il eût
à payer tribut aux Macédoniens j
& à venir au devant d eux à l'en-
trée de fon royaume. Porus ré-
pondit qu'il ne manqueroit pas
de farisfaire à l'une de ces deux
chofes 9 6c qu'il iroit recevoir les
Macédoniens fur fa frontière»
mais que ce feroit les armes à la
main.
CLÉOCRATE , CUocrates ,
Kp^foXP^TMÇ , certain perfonnage,
donc il efl parlé dans les Lettres
d'Efchine à Ctéfiphon.
CLÉOCRITE , CUocritus , {e)
KhtiKptToç , capitaine Grec , na-
titde Corinthe, fe trouva à la
bataille de Platée , l'an 479. avant
J. C. Il furvint , après cette ba-
taille , une conteftation entre les
Athéniens & les Lacédémoniens ,
pour fça voir auquel des deux peu-
ples on aiTigneroit le prix de la
valeur. Toute l'arriiée s'étant af-
femblée pour juger ce différend,
Théogiton de Nlégare fut d'avb
qu'il ne falloit adjuger ce prix de
la valeur ni à Athènes, ni à Spar-
te, mais à une troifième ville,
s'ils ne vouloient allumer une
guerre civile , plus funefte que la
guerre qu'ils venoient de termi-
ner. Après lui , Cléocrite s'étant
levé pour parier , perfonne œ
Bell. Lett. Tom. XII. pag. m , xia.
(d) q. Curt. L. VIII. c. ij.
(e) PÏut. Tom. I. p. }»} » SJi. RoB.
Hitl. Ane. T. II. p. 231.
douta
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C L
douta qu*ll n'allât demander cet
honneur pour fa patrie ; cap Co-
rinthe étoit la première ville de
la Grèce en puiilance & en dignité
après celles d'Athènes & de Spar-
te. Mais 4 on fut agréablement
trompé , quand on vit que fon
difcours étoit tout entier à la
louange des Platéens , & qu'il
conclut que , pour éteindre cette
contedation fi danger^ufe , il fal-
loit leur décerner à eux feuls ce
prix y dont ni les uns ni les au-
tres des contendans ne pourroient
être jaloux ni fâchés* Ce difcours
fut reçu de toute ra(remt)lée avec
applaudiHement. Arifllde fe ran-
gea le premier à cet avis pour
les Athéniens; & après lui , Pau-
fanias pour les Lacédémoniens.
CLÉOCRITE , Cleocritus, {a)
Ka6c>^/>itoç , héraut des Myftes,
autrement de ceux qui dévoient
être initiés dans les Myftères fa-
crés à Athènes. Xénophon par-
le de ce Cléocrite , à qui il donne
une voix fort claire.
CLÉOCRITE , CUocritus , {b)
Kmxeiro^ , perfonnage feint ,
que Lucien introduit dans fon Dia-
logue du pafTage de la Barque. On
Ta voit tué pour avoir fon argent.
CLÉODEME , Cleodemus , (c)
Kaso/m^oç , philofophe Péripaté-
ticien , que Lucien introduit dans
fon Banquet. Il dit qu'on l'appel-
loit l'Épée Ôc le Poignard , à cau-
fe de fon adreile à attaquer & à
défendre.
Pendant le repas , un beau
garçon , en donnant à boire à Cléo-
(*) Xenoph. p. 474.
(*) Lucian. T. I. p. 435.
CO Lucian. Tom. II. pag. 467, 847.
Tom. XI.
CL 353
deme » fe mit à fourîre ; & lorf-
qu'il reprit le verre , Cléodeme
lui ferra le doigt , & lui mit dans
la main deux pièces d'argent ;
mais, foit qu'il ne les apperçût^
pas, ou autrement , elles toinbe-
rent à terre avec quelque bruit;
ce qui les fit rougir tous deux.
Chacun tourna la tête de ce côté-
là ; mais , on ne fçavoit à qui
étoit l'argent , car le jeune gar-
çon nioit qu'il fût à lui, ÔC Cleo*
deme ne faifoit pas femblant de
rien ; de forte que la chofe pafTa
doucement , par i'adrefle du maî-
tre du feflin qui y l'appercevant ^
invita chacun à boire ^; & cepen-
dant il fil figne au garçon de fe
retirer , & n mit un autre à fa
place qui étmt moins dangereux.
Notre Philofophe avoit corrompu
la femme de fon difciple Soflrate.
Zénothémis , philofophe Péripaté-
ticien , avec qui Lucien le met aux
prifes , lui en fait des reproches, &
lui impute en outre d'avoir donné
du poifon à Criton pour faire
mourir fon père. Cléodeme , fans
s'amufer aux paroles , empoigne
Zénothémis par la barbe , & l'al-
loit alTommer à coups de poing , '
fi Ariflénète ne l'eût retenu , &
ne fe fût mis entre deux pour les
féparer. Quelque tems* après,
comme ils continuoient encore à
fe harceler, Cléodeme d'un coup
de poing ^ jetta un œil hors de la
tête à Zénothémis, & lui arracha
le nez. Foye^ Dinomaque.
CLÉODICE , Cleodice , U)
Ka6o/<xh » captive Trayenne. On
ér feq.
(d) Pauf. p. 659*
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554 CL
la voyoit reptéfentée fur un lit à
Delphes.
CLÉODORE, CUodora, {a)
K>eo/a>o , nymphe qui eut deux
maris , Tun mortel , c'étoit Gléo-
pompe , & l'autre immortel , c'é-
toit Neptune. Elle fut mère de
FarnafTus.
CLÉODOXE , CUodoxa , {b)
l'une des filles de Niobé ^ au rap-
port de Tzetzès.
CLÉŒTAS , Cleatas , ( c )
Ka6c<V«ç, célèbre architefte & fta-
tuaire. Ce fut lui qui imagina la
barrière d'Olympie ; & il s'en
Éçavoit fi bon gré , que dans une
infcriptîon qui étoit au bas de fa
ftatue à Athènes , il en tiroit tou-
te fa gloire; car, ii^ifoit parler
ainfi fa flatue : Cléatas ^fils d'A-
riftoclhs , qui a invente la barrière
d'Olympie , efi celui qui m*afaiu.
On dit pourtant qu'Ariftide laper-
feâionna après lui.
CLEO FIS, Cleofis. Voye^
Cléophes.
CLÉOLAUS , Cleolaus, (d)
T^htihcLQi , l'un des principaux de
Clitore.
CLÉOLAUS, Cleolaus, {e)
Kaco^aoç , l'un des interlocuteurs
du Dialogue de Lucien, intitulé
Philopatris»
CLÉOMBROTE, Cleombro-
tus , KAf o)«PpeTo$ , (/) fils d'Ana-
xandride, roi de Sparte , eut deux
ff ères , Cléomene I > & Léonidas.
Celui-ci fut tué aux Thermopy-
j(#) Pauf, p. 619.
{k) Antiq. expl. par D, Bera. 4e
>fontf. Tom* I. pag. 107.
(c) Pauf. p. |8i, 38}.
{d) Pauf. p. 498.
<e) Lucian. T. II. p. 101 1 > loit*
{f) Havd. L. VUI, c,7i. L. X, c. 10.
CL
les ; & dès qu'on eut appris h
nouvelle de fa mort , Cléombrote
marcha à la tête des Grecs, qui
s'étoient aflemblés de toutes les
villes, pour empêcher les Perfes
de paifer l'ifthme de Corinthe*
Mais , le foleil étant venu à s'é-
clipfer & à perdre totalement fa
lumière, pendant qu'on travail-
loit à fortifier cet Iflhme , il ra-
mena fon armée y ôc mourut peu
de tems après. Il fut père de
Paufanias , ce célèbre général qui
défit Mardonius à la bataille de
Platée , v^rs l'an 479 avant J. C
CLÉOMBROTE I , CUom-
brotus , K^go^j&poToç , (g) fils de
Paufanias II , étoit encore en bas-
âge lorfque fon père fut exilé. On
le mit , ainfi qu'Agéfipolis fon
frère f fous la tutele d'Aridoma*
que leur proche parent. Agéfipo-
lis étant mort fans enfant , Qéom-
brote lui fuccéda au royaume de
Sparte.
Ce Prince marcha deux foîs
contre les Thébains. La féconde
fois , il prit fon chemin par Am-
bryflTe , ville de la Phocide; &
après avoir pafTé fur le ventre ï
Chéréas qui gardoit le paflage de
ce côté- là avec quelques troupes ,
il vint camper à Leuâres dans la
Béotie, Là , Ciéombrote & fon
armée eurent un préfage du mal-
heur qui les attendoit. C'étoit la
coutume des rois de Sparte ,
quand ils alloient à la guerre , de
(jg^) Xenoph. p. 577. é* /ef . Plut, T.
I. p. 184 , x88 i 189 , 609* ér fiq* P^uC
pag. S]» 167, 168» 561 , 56». Diod.
Sicul. p. 469 , 484. ^ fe^n Roll. Hitt«
Ane. T. m. p. 355. & fuiv, Mém. de
TAcad. des Infcript. & Bell, Lcct. Tjoak
XIV. p. s 18 y 119»
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et by Google
CL
mener avec eux un troupeau de
moutons , afin d*avotr toujours des
viâimes toutes prêtes pour les
facrifices , fur tout lorrqu'ik im-
ploroient le fecours du ciel , avant
que de livrer bataille. A la tête
du troupeau marchoient des chè-
vres , qui en étoient comme les
guides. II arriva que des loups »
s'étant jettes fur Le troupeau , épar-
gnèrent les moutons & mangèrent
les chèvres. D'ailleurs , les Lacé-
démoniens irritèrent les Dieux ,
par; l'attentat qu'ils commirent
contre les filles de Scédafus , un
des habirans du lieu.
Les Thébains avoient à leur
tête le célèbre Épaminondas.
L'aâion commença par la cava-
lerie. Comme celle des Thébains
étoit mieux montée & plus aguer-
rie que celle de Lacédémone ,
celle-ci ne fut pas long-ien\s fans
être rompue & renyerfée fur fon
infanterie , qu'elle commença- à
mettre en confufion. Épaminon-
das fuivant de près fa cavalerie ,
marche à grands pas contreCléom-
brote , &L tombe fur fa phalange
avec tout le poids de (on épais
bataillon. Celui-ci ^ pour faire di-
verfion , détache un corps de trou-
pes , auquel il donne ordre de
prendre Épaminondas tn fianc,
& de Tenvelopper. Pélopidas s'ap-
percevant cle ce mouvement , s'a-
vance avec une vîtefie & une
hardieffe incroyables , à la tête
du bataillon pour prévenir l'enne-
mi , prend Qéombrote lui-même
en flanc ; & par cette attaque
(et) Plut. T. î. pag. 800. & fiq» Pauf.
p. 169. Roll. Hift. Ane. Tçm. IV. pag.
CL 555
brufqne & inopinée le met en dé-
for dre. Le combat fut très -rude
6c très- opiniâtre; & pendant que
Cléombrote put agir , la viâoiré^
demeura douteufe , & balança
long-tems entre les deux partis.
Quand il fut tombé mort de fes
bleiTures , les Thébains pour ache-
ver leur viftoire , les Lacédémo-
niens pour n'avoir pas la honte
d'avoir abandonné le corps de
leur roi , firent de nouveaux ef-
forts de part & d'autre , & lé
carnage fut plus grand. Ceux-ci
fe battirent avec tant de fureur
autour du corps » qu'enfin ils vin-
rent à bout de l'emporter. Ani-
més par ce glorieux avantage , ils
vouloient revenir à la charge , &
Tauroient peut-être fait avec fuc-
cès 9 (i les alliés avoient fécondé
leur ardeur. Cette bataille fe don-
na l'an 371 avant J. C.
Cléombrote avoit eu deux
fils , Agéfipolis & Cléomene. Le
premier lui fuccéda fous le nom
d* Agéfipolis IL
CfLÉOMBROTElI, CUom^
brotus , Ka€o/</2^otoç (tf) , époufa
Chélonide * fille de Léonidas ,
roi de Sparte. Ce dernier , par
les artifices de Ly fandre « fut obli-
gé de defcendre du trône ; &
Cléombrote , quoique fon gen-
dre , ne rougit pas d'y monter en
fa place , après avoir contribué à
fa ruine. Léonidas fut rétabli peu
d'années après ; & comme il étoit
fur tout fort irrité contre fon gen-
dre, il alla le trouver dans le tem-
ple de Minerve oU il s'étoit ré-
[301. ër fuiv. Métn. de T^cad. des
llofciipc. & Bell. Lett. Tom. XIV. p. &x.
. Zij
Digitized byVjOOQl'C
55^ CL
fugié. Il lui reprocha avec de
grands emportemens f qu'étant
k>n gendre y il s*étbit élevé contre
*lui y qu'il lui avoir ôté le royau-
me , éc qu'il Favoit chafTé de fa
patrie.
Cléombrote n'avoir rien à ré-
pondre à ces reproches ; mais , il
îe tenoit là aflis dans un profond
(ilence « & avec une contenance
qui marquoit fon embarras. Sa
femme > Chélonide , fille de Léo-
- nidas ^ avoit d*abord embrafle le
parti de fon père fi injuftement
traité. Mais alors ^ changeant com-
mis la fortune , on la vit aflife au-
près de fon mari , fuppliante com-
me lui , Ôc le tenant tendrement
embraffé , avec fes deu^ enfans
à fes pieds, Tun d*un côté > l'autre
V de l'autre.
Léonidas , après avoir parlé un
moment avec fes amis y ordonna
à Cléombrote de fe lever & de
fortir promptement de Sparte.
En même tems y il pria inftam-
ment fa fille de demeurer 6c de
ne pas l'abandonner, après la
marque de tendrefTe qu'il venoit
de lui donner, en lui accordant
cette faveur infigne, le falut de
fon mari ; n^is il ne put la per-
fuader. £t dès que fon mari fe
fut relevé » elle lui temit l'un de
fes enfans entre les bras , prit l'au-
tre entre les fiens ; & après avoir
fait fa prière à la Déefle & adoré
fon autel, elle alla en exil avec
lui ; de forte que , fi Cléombrote
n'eût eu le cœur entièrement cor-
rompu par la vaine gloire & par
cette ambition démemrée de ré-
C«) Plat. X. I. p. 35, Pauf. p. 360 > i6u
CL
gner , il auroit trouvé jue Tex
avec une compagne fi Vi^rtueufe ,
étoit pour lui un bonheur préfér
rable à la royauté.
CLÉOMEDE, Cleomedes ,
Khsof^iittiç {a) , fameux Athlète
d'Aftypalée. On dit qu'en la 72e.
Olympiade, luttant contre Ic-
cus de la ville d'Épidaure , il le
tua , & que pour cela , ayant été
condamné par les dire^eurs des
jeux à perdre le prix qu'il avoit
gagné , il en conçut un tel cha-
grin qu'il en eut l'efprit aliéné*
Énfuite de retour à Aftypalée ,
étant entré dans une école où il y
avoit près de foixanté enfans , il
ébranla fi fort un pilier qui foute-
noit le plancher , que ce plancher
tomba fur ces enfans & les écrafa.
Cléomede , pourfuivi à coups de
pierre par les habitans , fe réfugia
dans un temple de Minerve , &
fe cacha dans un grand coffre qui|>
par hazard fe trouva là. Ceux
d'Aflypalée voulurent ouvrir ce
coffre , & ne fçurent en venir à
bout. L'ayant mjs en pièces, &
n'ayant point trouvé Cléomede ,
ils envoyèrent confulter l'oracle
de Delphes pour fçavoir ce qu'il
étoit devenu. La Pythie leur ré-
pondit par deux vers , dont le
fens étojj que Cléomede d'Afiy-
palée , le dernier des héros , jouif-
foit du féjour des bienheureux,
& qu'ils devoieiH le mettre au
nombre des imn^ortels. Cefl
pourquoi, dans la fuite , ceux
d'Aflypalée l'honorèrent com-
me un héros. Le plaifant hé-
ros , qu'un fou , qui fait périr un
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fr , CL
IjT^nd nombre d'enfans !
CLÉGMEDE , CUomcdes ,
K^so/LtiJ'ïi; , (a) Tun des trente ty-
rans , que Lyfandre Lacédémo-
nien établit pour gouverner l'État
d* Athènes , après avoir pris cette
ville. Il fut chaffé par Thrafibule,
& fe fauva avec ceux de Tes col-
lègues qui échappèrent à ce brave
Athénien , la quatrième année de
la 94e. Olympiade , 401 ans avant
CLÉOMEDE , Cleomedes ^
KMofjtiivK, , (Jf) l'un de ces braves
officiers qui fécondèrent (i bien
Lyfatidre à ^gos Potamos. Il
étoit dé Samos , félon Paufanias,
CLÉOMÉDON, CUomcdon ,
Kxgçyuf/cDV , (c) fut député vers
les Achéens par Philippe , roi de
Macédoine. L'objet de cette dé-
putation étoit d'engager ce peu-
ple à fe déclarer pour les Macé-
doniens contre les Romains.
CLÉOMÉDON , Cleomedon,
Kjtge^//^y, père de Cléénétus.
Voye;;^ Cléénétus.
CLÉOMÉDON .Chamedon ,
K^iofJLti'm , (<f) filf d'un certain
Cléon , dont Démofthene fait
mention dans une de fes haran-
gues.
CLÉOMENE I, CUomenes ,
K\eof4€yyc , (f) fils d'Anaxandri-
dès , roi de Sparte y fuccéda à fon
père Tan 557 avant l'Ere Chré-
^ tienne.
Il ne fut pas plutôt fur le trô-
ne 9 qu'il leva une grofle armée ,
(4) Xenoph. p. 461.
(A) Pauf. p. 6%$.
(c) Tit.Liv. L. XXXII. c. 11.
(d) Dç{Qofih. Orat. in fiœo;. p.
ipo8t
C L 357
compofée de Lacé^émoniens &
de leurs alliés , & entra dans TAr-
golide. Les Argiens de leur côté
marchèrent à lui en ordre de ba-
taille ; mais ils furent défaits ; cinq
mille d'entr'eux fe réfugièrent
dans un bois voifin confacre à Ar-
gus , fils de Niobé. Cléomene qui ,
fouvent devenoit furieux & ne fe
podédoit plus , commanda aux
Ilotes dy mettre le feu ; de forte
que ce bois facré fut brûlé avec
ces miférables qui imploroient en
vain la démence du vainqueur.
De là » il mena fon armée triom*
phame à Athènes > délivra les
Athéniens de la domination ty-
rannique des enfans de Pififlrate ;
& par de fi beaux commence-
mens, rendit fon nom 6c celui
des Lacédémoniens célèbres dans
toute la Grèce. Mais quelque
tems après , par complaifance
pour un certain Athénien nommé
Ifagoras , il fe mit en tête de le
faire roi d'Athenes« Les Athé-
niens , indignés d'un pareil def-
fein , prirent les armes pour dé-
fendre leur liberté ; & Cléomene
déchu de fon e(pérance , ne put
faire autre chofe (}ue de fe ven-
ger en ravageant l'Attique, par-
ticulièrement un canton nommé
rOrgade , & confacre aux Divi-
nités , que l'on honore à Éleufis.
Enfuiteil pafla dans l'ifie d'Égine,
dont il fit emprifonner les princi-
paux habitans , parce qu'ils fa-
vorifoient les Perfes , & qu'ils
(e) Pauf. pag. m , 164» 16^. Herocl.
L. III. c. 148. L. V, c. 41. é- fea. L.
VI. c. 50. & feq. L. VII. c. 148. RoU,
Hift. Anç. T; II, p. 147. & fmv..
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558 CL
avoient per(jadé à leurs conéî-
toyens de reconnoître Darius,
fils d'Hyftafpe , pour leur fouve-
rain , en lui accordant la terre &
reau. . /
Pendant qu'il étoit à Egine ,
Démaratus » roi de Sparte » mais
de Tautte famille , le Hoircifloit
dam refprit du peuple* Çleomè-
ne , piqué de cette infidélité , ne
fut pas plutôt de retour , qu'il prit
des mefures pour dépouiller Dé-
inaratus de la royauté ; première-
ment t il gagna la Pythie par des
libéralités^ Si Teneagea à ne rien
répondre aux Lacédémoniens que
ce qu'il lui diâeroit lui-même ; puis
ayant gagné auffi Léotychide,
parent de Démaratus , & dufang
royal cotnme lui , il le porta à lui
diiputer la courotine. Léotychide
fçut fe prévaloir d'une parole ,
qu'AriAon , père de Démaratus ,
avoit laifTé échapper, lorfqu'aa
fujet de la naiiTance de fon fils ,
il dit tout haut & fort imprudem-
ment que cet enfant ne pouvoir
Ïas être de lui. Sur ce fondement
léotychide prétendoit que Dé-
maratus étoit bâtard. Cette affaire
par ordre des Lacédémoniens , fut
portée à Delphes comme toutes
les autres. La Pythie répondit tout
ce que Cléomème voulut; & Dé-
maratus f facrifié à la vengeance
de fon Collègue , perdit injufle-
ment la couronne. Peu de tems
après , Cléomène mourut , ayant
tourné fes propres mains contre
lui ; car , dans un de ces accès de
fureur, auxquels il étoit fujet « il
CL
prit fon épée & fe^la pafîa au tra-
vers du corps. Les Argiens regar-
dèrent ce genre de mort comme
une jufte punition de la cruauté
qu'il avoit exercée contre ces mal-
heureux fupplians qui s'étoient
réfugiés dans le bois facré d'Ar-
gus.
Cléomène I mourut avant la
bataille de Salamine , gagnée par
les Grecs contre Xerxès , la pre-
mière année de la 75 .e Olympia-
de , 480 ans avant J. C.
CLÉOMÈNE II, Cleomeries ,
KjisojMsrHç , (i2)'fils de Cléomhro-
te , rdî de Sparte , fuccéda envi-
ron l'an 370 avant l'Ère Chré-
tienne, à fon frère Agéfîpolis»
dont le règne n'avoît duré qu'un
an. Celui de Cléomène II dura
bien plus long- tems , puifqu'il fut
de trente- quatre ans* Ce Prince
ei^ deux fils , Acrotate & Cléo-
nyme. Aréus fils du premier , qui
étoit mort avant fon père Cléo-
mène , fut par le Sénat déclaré
fucceffeur de fon ayeul ; ce qui
caufa une longue guerre.
CLÉOMÈNE, Cleomenes ,
X^eo/^gi'Mç. (h) Diodore de Sicile ^
fous l'an 309 avaht Jefus-Chrift,
écrit que Cléomène , roi des La-
cédémoniens, mourut cette an-
née là après un règne de foixante
ans & dix mois , & que fon fils
Aréus , qui lui fuccéda , régna
quarante-quatre ans.
La Chronologie de Diodore de
Sicile i^e paroît pas s'accorder ici
avec celle des autres Auteurs.
CLÉOMÈNE m , Cleomenes,
C«) Dîocl. Sicul. p. 488. Pauf. p* t3 » 1 W I^io<l* Sicul. p. 745, 747,
168. Plut. T. I.p. 796. 1
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CL .
K>foA<e'vwc , {a) 6ls de Léonidas ,
roi de Sparte , naquit la quatriè-
me année de la 1 3 1 .c Olympiade,
deux cens cinquante - trois ans
avant Jefus • Chrift. Sa mère fe
nommoit Cratéficléa. Léonidas ,
après avoir livré Agis aux fier niers
fupplîces , fit épouier fa femme à
ion fils Cléomène » qui n'étoit
pourtant pas encore en âge d'être
marié. Mais « ce jeune Prince n'en
eut pas moins d'att|chement pour
elle , attachement qu'il conçut
dès le premier jour de fon ma-
riage.
Cléomène avoit beaucoup de
grandeur d'ame & une violente
paflion pour la gloire. La nature
avoi|^nélé dans fon tempéra-
menlRie pointe & un éguillon de
vivacité impétueufe , qui le pouf-
foit avec ardeur a tout ce qui lui
parotflbit beau & honnête. Or , il
ne trouvoit rien de fi beau que de
commander à fes citoyens de leur
bon gré & de leur propre confen*
tement ; mais , il trouvoit aufll
qu'il n'étoit pas contraire à la gloi-
re d'un fage gouvernement, d'ufer
de quelque violence pour réduire
à ce qui eft utile au bien public ,
le petit nombre d'injuftes qui s'y
oppofent pour leur intérêt parti-
culier.
Il n'étoit point du tout content
de l'état où il voyoit Sparte. Tous
les citoyens étoieiH amollis par la
fainéantife & par les voluptés. Le
Roi même , content de vivre en
paix y négligeoit abfolument les
(#) Plut. T. L p. 795. é- fiq* Pauf.
pag. 100. ér/e^. Juft. L. XXVIlI.c. 4.
Roll. Hift. Ane. T. IV. p. 510 , 511.
é" fmv* Mém, de TAcad. dç9 Infcript.
c L 359
affaires. Perfonne n'étant touché
du bien public » chaque particulier
ne s'occupoii que de fes intérêts
& du foin d'enrichir fa maifon aux
dépens de la ville même* Loin
(|u'on fongeât à £ure exercer les
jeunes gens , & à les former à U
tempérance ^ à la patience , & à
l'égalité, il étoit très •^ dangereux
feulement d'en parler ; cela feul
ayant été la cauie de la mort d' A-
On dit que Cléomène encore
jeune 3 avoit entendu quelques
difcours de Philofophie « dans le
tems que Sphérus , qui venoit des
bords du Boryllhène , pafia à La-
cédémone, &s'appliqvia avec aflez
de fuccès à inltruire les jei\nes
fens. Attffi-tôt après la mort de
.éonidas fon pere^ il lui fuccéda
au royaume de Sparte* Il avoit
alors environ dix •> fept ans ; |bi-
vant Paufainas , il fe fervit d'à*
bord de l'autorité des Éphores
pour faire empoifonner le roi Eu-
rydamidas encore enfant 9 & de
l'autre maifon des Rois de Sparte.
Quoi qu'il en foit , Cléomène,
quoique jeune ^ vit avec y peine
Su'il n'avpit que le vain titre de
Loi , & que toute Tau conté étoic
entre les mains des Éphores , qui
abufoient étrangement dé leur
pouvoir. Ilfongea dès*Iors à chan-
ger le gouvernement ; & comme
il trouvoit peu de perfonnes dif-
pofées à entrer dans fes vues , il
crut que la guerre lui en facilite-
roit l'exécution^ '& il travailla
& Bell. Lctt. Tom. V. pag. 1^ , 175*
T. Viir. p. lao. & friv. T. XIV. p. 8u
ër/«iv. T. XV. p. 415.
Zîv
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^6o C L
a commettre fa ville avec les
Achéens , qui heureufement
avoient donné à Sparte quelque
fujec de plainte ; car , dès que
Léonidas fut mort $ Aratus com-
mença à harceler les Arcadiens >
pour tâter le courage des Lacédé-
moniens , & pour faire connoître
en même tems qu'il méprifoit
Cléomène comme un homme fort
jeune, & qui n'avoit aucune expé-
rience.
Dès que les Éphores furent in-
formés de cet aâe d'hoftilité , ils
envoyèrent Cléomène s'emparer
du temple de Minerve , près de la
ville de Belbine. Ce Prince s'en
étant faifi 6c l'ayant fortifié, Ara-
tus n'en fit aucune plainte; mais,
il leva fon camp la nuit , 6c s'en
retourna fans rien faire , croyant
que fa marche a voit été bien ca-
chée. Mais , le lendemain , Cléo-
mène , en fe moquant , lui écri-
vit comme à fon ami pour lui de-
mander où il menoit fon armée la
nuit dernière. Aratus lui fit répon-
fe, qu'ayant eu avis qu'il alloit
fortifier Belbine , il étoit forti avec
fes troupes pour l'en empêcher.
Cléomène lui récrivit & lui man-
da qu'il étoit bien perfuadé de
ce qu'il lui difoit ; mais , ajoûta-t-
il , je vous prie de m'expliquèr ,
û cela ne vous importe pas beau-
coup , pourquoi vous faifiez fui-
vre tant de flambeaux &l tant d^é-
chelles. A ce trait de moquerie ,
Aratus fe prit à rire , 6c demanda
quel fujet c'étojf que ce jeune
homnjp. Démocrate le Lacédé-
monien , qui étoit banni de fon
païs, lui répondit que s'il avoit
quelque cbofe à entreprendre con*.
CL
tre les Spartiates , il étoit tems
qu'il fe hâtât avant que les ergots
fuflent venus à ce poulet.
Peu de tems après , Cléomène
étant campé dans l'Arcadie avec
très-peu de cavalerie *6c quelques
trois cens honrimes de pied , les
Éphores qui craignoient la guerre,
lui envoyèrent ordre de revenir.
Mais , d abord après fon retour à
Sparte , Aratus ayant pris la ville
de Caphyes,^s Éphores firent
repartir Cléomène tout auffi-iôt.
Dans fa marche , il prit la place
de Méthydrie d'où il fit des cour-
fes dans tout lé païs d'Argos. Les
Achéens fe mirent d'abord en
campagne 6c marchèrent contre
lui avec vingt mille honu^sde
pied 6c mille chevaux , iKs la
conduite d'Ariftomaque. Cléomè-
ne les rencontra près de la ville
de Pallantium , 6c leur préfenta la
bataille ; mais , Aratus , ef&ayé
de cette audace , ne voulut pas
que le Général hazardât le com-
bat , 6c ft retira chargé d'injures
par les Achéens , 6c méprifé par
les Lacédémoniens qui n'étoient
pas en tout cinq mille hommes.
Cette retraite enfla tejjement le
courage à Cléomène , qu'il en
étoit tout fier auprès de fes ci-
toyens , 6c qu'il les faifoit reffou-
venir d'un mot de leurs anciens
Rois , qui difoit , que les Lacé*
démoniens ne demandoiem jamais
combien les ennemis étoient,mais
où ils étoienr.
Quelque tems après, ayant
marché au fecours des Èléens , à
qui les Achéens faifoient la guer-
re , il rencontra près du mont
Lycée j les Achéens qui reve^
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CL
noient déjà de leur expédition , &
tomba fur eux avec tant de furie ,
qu'il effraya & mit en déroute
toute leur armée , leur tua beau-
coup de monde, &: fit grand nom-
bre de prifonniers.
Gléomène , de retour à Sparte,
fongea férieufement À Texécution
de fon grand defTein. Il eut afTez
de crédit pour faire revenir de
Meffène Archidamusjfrere d'Agis,
qui , étant de l'autre maifon roya-
le de Sparte , avoit un droit in*
conteflable à la couronne. II étoit
perfuadé que lautorité des Épho-
res feroit beaXicoup plus foible ,
quand le trône de Sparte feroic
rempli par fes deux Rois , qui
étant bien unis ^ pourroient la
'contrebalancer. Mais, malheureu-
fement, ceux qui étoient coupables
de la mort de fon frère Agis,
trouvèrent le moyen de l'afTafli-
ner. Cléomène n'en perfifta pas
moins dans la réfolution qu'il avoit
formée de changer l'état de Spar-
te. Il perfuada aux Éphores , à
force d'argent , de lui décerner
le commandement d'une armée.
Il gagna encore plufieurs autres
citoyens , par le moyen de fa
niere Cratéficléa , qui lui fournif-
foit en abondance tout l'argent
qui lui étoit néceflaire, & qui étoit
ravie de fervir fon ambition. Car,
on dit même que quoiqu'elle ne
fe fouciât point ducou^ de fe re-
marier , elle époufa , uniquement
pour l'amour de lui , le premier
homme de Sparte en réputation &
e#crédit.
Quelque tems après , Cléomè-
ne remporta encore un nouvel
avantage fur les Achéens près de
CL 3^1
Mégalopolîs , oïl Lyfiade fut tué ,
pour s'être attaché trop vivement
à la pourfuite des Lacédémoniens,
qui d'abord avoient été battus*
Cette viftoire fit un grand hon-
neur au jeune Roi , 6c augmenta
beaucoup fon crédit. Depuis ce
tems-là, il ne conçut plus que de
grands deiTeins ; & perfuadé que
s'il pouvoit difpofer les affaires
comme il le prétendoit, il feroit
plus facilement la guerre aux
Achéens , & les vaincroit avec
moins de peine;il repréfenta à Mé-
giftone,qui étoit le mari de fa mè-
re , qu'il falloit fecouer le joug des
Éphores , 'remettre tous les biens
en commun , & par cette égalité
relever la grandeur de Sparte , &,
redonner à leur ville la principauté
de toute la Grèce , telle que l'a-
vdient eue teurs prédéceffeurs.
Mégiftone ayant donpé les mains
à cette propofition, Cléomène prit
encore avec lui deux ou trois de
fes amis.
Il arriva dans ce jour-là , qu'un
des Éphores , couchant dans le
temple de Pafiphaé, eut un fonge
admirable. Il lui fembla que dans
le lieu oit les Éphores tenoient
l'audience , il n'y avoit qu'un fiè-
ge , 6c que les quatre autres
étoient ôtés ; & que , comme il
étoit étonné de ce changement ,
il entendit une voix , qui , venanc
du fond du temple, lui dit que
cela étoit plus expédient pour
Sparte. L'Éphore ayant rapporté
le lendemain cette vifion à Cléo-
mène , il en fut d'abord tout trou-
blé , dans la penfée que TÉphore,
fur quelque foupçon qu'il avoit de
fon defleio, venoit le fonder , par
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f
le
562 CL
ce fonge fait à plaifir. Maïs , an
moment après , voyant que l'É-
phore lui difoitja vérité , il fe re-
mit; 6l prenant avec lui tous ceux
de (es citoyens qui lui étoient les
plus fufpeâs , comme les plus ca-
pables de s'oppofer à Ton entrepri-
se, il fe faifit des villes d'Héréa
& d*AIféa f qui obéifToient aux
Achéens,rétabIitOrchomène , &
alla affeoir Ton camp devant Man-
trnée , oii Aratus avoit lailTé une
jarnifi^n. Enfin, il lafla tellement
les Lacédémoniens par Tes longues
marches , qu'ils le prièrent de les
laiiTer dans l'Arcadie prendre
quelque repos, ce qu'il fit; &
avec Tes foldats étrangers , il
sVn retourna droite Sparte.
Chemin fai^nt, il communi-
qua fon deiTeih à ceux qui témoi-
gnoient le plus d*&fFeâion pour
loi . & en qui il avoit le plus de
confiance , & s'avança tout à fori
aife pour arriver juftement dans le
tems que les Éphores feroient à
table. Quand il approcha de la
ville , il envoya des gens fûrs ,
qui entrèrent l'épée à la main dans
la fâlie oh ils foupoient , tuèrent
quatre de ces magidrats , 6c dix
de ceux qui avoient pris les armes
pour les recourir. Agéfilaus.qu'çn
iavoit laide pour mort, fe fauva.
On ne fit plus de violence à per-
fonne ; & c'en étoit bien affez.
Dès le lendemain , Cléomène
fit afficher les noms de quatre-
vingts citoyens , qui dévoient être
bannis. Il ôta de la falle d'audience
tous les fièges des Éphores \ ex-
cept;é un feuloîiil devoit être affis
pour rendre la juftice ; & ayant
convoqué une aÔemblée du peu-
CL
pte , !l y déduifit les raifons delà
conduite qu'il avoit tenue. Il re>-
préfenta l'abus énorme que les
Éphores faifoient de leur pou-
voir, pour anéantir toute autorité
légitime , pour chaffer leurs Rois,
ou même pour lesi faire mourir
fans aucune forme de juftice , &
pour menacer ceux qui défiroient
de revoir dans Sparte le plus beau
& le plus divin des gouvernemens.
Il ajouta qu'il étoit aifé de voir
qu'il ne cherchoit point fon pro-
pre intérêt , itiais uniquement ce-
lui des citoyens , en faifant revi-
vre parmi eux l'égalité & la dil-
cipline que le fage Lycurgue y
avoit autrefob établies, ôc aux-
quelles Sparte devoit toute ùl
gloire & toute fa réputation.
Après avoir ainn parlé, il fut
le premier qui mit tout foo bien
en commun. Son beau-pere Mé-
giftone , qui étoit fort riche , en fit
de même. Après lui, tous Tes amis,
enfin tous les autres citoyens fui-
virent cet exemple , 6c tout le
pais fut partagé. Il afiîgna inêine
une portion à chacun de ceux qu'il
avoit bannis , & promit de ^ les
rappeller , dès que les affaires' fe-
roient tranquilles. Après avoir
rempli le nombre des citoyens des
plus honnêtes gens des pais cir-
convoifins , il leva quatre mille
hommes de pied , & leur enfeigna
à fe fervir de picques à deux
mains , au lieu de javeUnes , & i
porter des boucliers avec de bon-
nes anfes à pafTer le bras , & nofl
avec des courroies qui s'alU*
choient avec des boucles.
Enfuite , il tourna tous fes foins
du c6té de l'éducation des enfaos 1
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CL
& travailla' à rétablir la dîfcipline
appellée laconique ; à quoi le
philofophe Sphërus l'aida beau- n
coup. Bien-tôt, les exercices &
les repas reprirent leur ancien or-
dre & leur ancienne gravité , la
plupart des citoyens embradant
volontairement cette façon de vi-
, vre fage , noble & réglée ; & le
refle , qui étoit en petit nombre,
s'y rangeant par néceflîté. Mais,
pour adoucir ce nom de Monar-
que, & pour ne pas effaroucher
les citoyens , il nomma Ton frère
Eudidas , Roi avec lui ; & ce fut
la première fois que les Spartiates
eurent deux Rois enfemble de la
même fanîille.
Cléomène , fe doutant bien que
les Achéens & Aratus penferoient
indubitablement qu'il n'oferoit for-
tir de fa ville dans le mouvement
& le trouble qu'y avoient excité
les nouyautés qu'il venoit d'intro-
^ duire dans lé gouvernement, crut
que rien ne lui feroit plus hono-
rable ni plus utile , que de faire
voir à Tes ennemis la bonne volon-
té des troupes à fon égard , & en
même tems l'afFeâion de fes ci-
toyens pour lui , & l'affurance oh
il étoit que les nouveaux change-
mens n'avoient point aliéné les
efprits. Il fe jetta ddnc d'abord
dans les terres de Mégalopolis , y
fit un grand déeât , & amaila un
butin très-conudérable. Au rava-
Î^edes terres, il ajouta l'infulte ,
iaifant célébrer des jeux & repré-
fenter un fpeâacle pendant une
journée entière , prcfque fous les
yeux des ennemis ; non qu'il y
prît aucun plaifir par lui-même ,
ihais il fûfoit voir par ce trait de
C L 3^}
mépris 8i de bravade , combien
il fe tenoit ailuré de les vaincre.
Quoiqu'il fût aflez ordinaire
pour lors de voir à la fuite des
autres armées des troupes de co-
médiens , de farceurs , de danfeu-
fes , fon camp étoit pur & net de
pareilles diflbiutions. Les jeunes
gens paiToient la plus grande par-
tie de leur tems à s'ex.ercer , &
les vieillards à les former & à les
inftruire. Ils ne faifoient confifter
leurs délaffemens , que dans des
entretiens honnêtes , doux , fami-
liers , qu'ils avoient foin d'égayer
par des railleries fines & délicates,
mais modef^es , & jamais mor-
dantes ni injurieufes. C'étoit la lai
que le fage Légiflateur de Sparte
y avoit établie pour les conver-
fations.
Cléomène étoit lui-même com- ^
me le maître qui formoit ainfi fês
citoyens , moins par des dîfcours
que par fon exemple , montrant
dans fa vie fimple , frugale , &
qui n'Woit rien au - defTus du
moindre de fes fujecs , un modèle
fenfible de fageffe & de tempé-
rance ; & c'efl ce qui Taida infini-
ment à exécuter les grandes cho-
fes qu'il fit en Grèce. Car , ceux,
que leurs affaires àttiroîent à la
cour des autres Rois, n'admh-oient
pas tant leurs richefTes & leur
magnificence, qu'ils détefloient
leur fierté 6cla hauteur avec la-
quelle ils traittoient ceux qui les
approchoient. On n'avoit point
de pardls rebuts à efTuyer à la cour
de Cléomène. Avec un habit fim-
ple & très-commun , fans gardes,
prefque fans* officiers , il donnoit
des audiences aufS longues qu'on
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36^ C L
le vouloit , recevoit tout le monde
agréablement , ne rebutoit jamais
perfonne; & par cet air affable ôc
prévenant , il fe faifoit générale-
ment eûimer , aimer , & refpec-
ter.
Sa table ordinaire étoit très-
fimple & très'frugale, & vérita-
blement laconique à trois liis feu»
lement; & s'il avoit à recevoir
des ambafladeurs ou des étran-
fjers , on ajoûtoit deux ou trois
its , & alors elle étoit fervie par
fes officiers un peu plus fplendide-
inent. Cette bonne chère ne con-
fiftoit ni en ragoûts , ni en pâtif-
ferie, mais en une plus grande
quantité de viandes ^ & en un vin
un peu meilleur ; car , il reprit un
}our un de fes amis , qui , traitant
des étrangers, leur fervit le brouet
noir & le gâteau , comme on en
fervoit aux tables publiques , ap-
pellées Phidities ; & il lui dit que
dans ces occafions , & fur tout
avec des étrangers , il ne falloit
pas être G rigoureufement attaché
à la difcipline laconique.
Quand la table étoit levée , on
apportoit une table à trois pieds ,
fur laquelle il y avoit une urne
d'airain , remplie de vin , deux
petites buires qui cenoient chacune
deux petites mefures ; & quelques
tafles d'argent que Ton préfentoit
h ceux qui vouloient boire ; car ,
perfonne n'étoit forcé de boire
malgré lui.
Il n'y avoit à ces repas aucun
divertiÂTement ni aucune mufique,
& on n'en défiroit point. Cléomè-
ne divertiffoit & indruifoit agréa-
blement la compagnie , & égayoit
la table par fa çonverfi^Mon» foie
CL
en faîfant des quedions , Coït en
racontant lui-même des hidoires
plaifantes & utiles. Ses difcours
les plus graves ÔC les plus férieux
étoient toujours mêlés, d'enjoue-
ment ; Se ce qu'il y avoit de gra-
cieux ÔL d^agréable, n étoit jamais
corrompu par aucun trait trop
libre , ni par la moindre diffbiu-
tion. 11 trouvoit peu de mérite &
peu de gloire pour un Roi , à ne
pouvoir s'attacher les hommes
que par Tappas des richefles & de
la table ; au lieu que de les gagner
par l'attrait de la parole , & par
la douceur d'un commerce où
régnent la franchife 6c la bonne
foi , c'eft ce qu'il jugeoit une qua-
lité vraiment royale.
Ce caraâère affable & pré-
venant atta choit les troupes à
Cléomène , les rempliffoit d'ar*
deur pour fon fervice , & par-là
les rendoit en quelque forte in-
vincibles. Il enleva plufieurs pla-
ces aux Açhéans, ravagea les
terres de leurs alliés , & s'avança
près de Pheres , dans le deffein
de leur donner bataille, ou de
décrier Aratus comme un lâche
qui avoit fui le combat^ & livré
tout leur plat pais au pillage. Les
Achéens s'étant donc mis en
campagne avec toutes leurs trou-
pes , 6l s'étant campés dans les
terres de Dymes , Cléomène les
y fuivit ; & en les harcelant & les
défiant tous lés jours avec audace,
il les contraignit enfin d'en venir
au combat^ où il remporta une
grande vidoirç. Il mit leur armée
en fuite , leur tua beaucoup de
monde > & fit grand nombre de
prifonniers^
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CL
Ce^ grandes pertes abattirent
-fort le courage des Achéens, Ils
craîgnoient tout de la part de
Sparte , furtout fi elle fe fortifioit
du fecours des Étoiiens ^ comme
le bruit en couroit. Âratus, qui
avoit accoutumé d'être Capitaine
générai de deux années ïnnê y
quand Ton tour revint , & qu'on
Teût éhi , refufa la charge , 6c à
fa place Timoxène fut nommé
Général. On blâma fort Aratus ,
& avec raifon , lui qui étoit le
pilote , d'avoir abandonné à tin
autre le gouvernail de fon vaif-
ièau dans un tems d orage & de
tempête , oîi il auroit été conve-
nable & glorieux de s'en faidr
comme par force , û Ion s'y étoit
oppofé , comme l'hiftoire en four-
nit plusieurs exemples , & de
ne fonger ainil qu'à fauver TÉtat
aux dépens même de fa vie. Que
s'il défefpéroit des affaires & des
forces des Achéens , il de voit
plutôt céder à Cléomène , qui
étoit Grec & roi de Sparte ,
que d'appeller à fon fecours des
^Etrangers & de les rendre maîtres
du Péloponnèfe , comme il fit
bientôt après. Mais , la jaloufie
étouffe toutes les fages réflexions ;
c'efl une maladie que la raifon
feule ne guérit point.
Les Achéens , réduits à Textrê-
mité , fur tout depuis la dernière
bataille dont nous avons parlé ,
envoyèrent des ambaffadeurs à
Cléomène , pour traiter de paix.
Cléomène parut d*abord leur im-
pofer des conditions trop dures ;
mais, il envoya lui-même des
ambaiTadeurs de fa part leur pro-
pofer feulement de lui accorder le
C L ^6s
génératat de la ligue Achéenne}
que pour le refte il n'auroit aucun
différend avec eux , & qu'il leur
rendroit leurs prifonniers & leurs
places. Les Achéens, très-difpo-
fés à recevoir la paix à ces condi-
tion^, prièrent Cléomène de fe
rendre à Lerne, où ils dévoient
tenir une aiTemblée générale pour
conclure ce traité. 11 s'étoit déjà
mis en chemin pour s'y rendre.
Un accident imprévu qui lui ar-
riva , rompit l'entrevue; & il
s'en retourna à Sparte.
Cependant, Aratus manœuvra
pour emoêcher que la négociation
ne fe rffiouât; mais, comme les
Achéens n'encroient point dans
fon fentiment, il eut recours à un
moyen , qui ne convenoit à aucun
des Grecs. Ce fut d'appeller à fon
fecours Antigonus , roi de Macé-
doine , & de remplir le Pélopon-
nèfe de ces mêmes Macédoniens,
qu'il en a voit chafTés dans fa jeu*
nefle.
Les Achéens s'étant enfuîteaf-
femblés à Argos, & Cléomène
s'y éeant rendu de Tégée , on eut
de grandes efpérances que le traité
de paix y feroit conclu & ligné.
Mais , Aratus qui étoit déjà con-
venu des principaux articles avec
Antigonus , & qui craignoit que
Cléomène ne ruinât & ne ren-
verfat tout, foit en gagnant le
peuple par fes belles paroles , foit
en le forçant , lui manda qu'il
entendoit qu'il entrât feul dans Ar-
gos , & que pour la fureté de fa
perfonne , on lui donneroit trois
cens otages, ou que s'il n'étoit
pas content de cette offre , il n'a-
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^66 CL
voie qu*à s'approcher avec k%
troupes , du Gymnafe qui étoit
hors des portes de la ville ; &
qu'on |ui donneroit audience , en
ce Heu. Â ces paroles , Cléomène
$*écria que c'étoit une très-grande
injuftice ,6c qu'on devoit lui taire
cette déclaration avant fon départ^
& ne pas attendre qu'il fût arrivé
aux portes de leur ville , pour lui
fignifier qu'ils fe défîoient de lui,
& pour le renvoyer fans rien
faire. En même tems , il écrivit
aux Achéens une longue lettre ,
dont la plus grande partie étoit
une accusation contre Aratus. De
fon côté , Aratu» répondl^à cette
accufation, en vomifTant contre
lui quantité d'injures dans le
difcours qu'il fit au peuple.
Cléomène partit donc fur le
champ pour s'en retourner , 6c en -
même tems il envoya un héraut
aux Achéens > leur déclarer la
guerre. Étant entré dans leur pais,
il prit d'abord d'emblée la ville de
Pellene^ Se en chaûa la garnifon
des Achéens. Enfuite , il s'empara
, de Phénée 6c de Pentelée. Les
Achéens , craignant une trahifon
qui fe tramoit à Coriothe 6c à
Sicyone, firent partir d'Argos leur
cavalerie 6c l'intanterie étrangère,
& les envoyèrent dans ces places
pour les garder , pendant qu'eux
de leur côté s'étanl tous rendus à
Argos , y célébroient les jeux Né-
méens avec beaucoup de magnifi-
cence. Cléomène crut avec raifon
Îru'une telle circonftance pourroit
acilement \k rendre maître de
cette ville. .En eftet, s*étanc ap-
proché la nuit des murailles, ii
afiiaya tellenient les habitans.
CL
qu'il n'y en eut pas un féal qui
oiât fe mettre en défenfe« JAzis ,
ils eurent garnifon, donnèrent
vingt de leurs principaux citoyens
pour otages , firent un traité d'al-
liance avec les Lacédémoniens, 6c
abandonnèrent le commandement
à Cléomène.
Ce iuccès ne fervît pas peu à
augmenter fa réputation , 6c à
accroître fa puiflance ; car , les
anciens rois de Sparte , quelques
efforts qu'ils euffent faits,n*avoiem
jamais pu s'affurer de la ville d'Ar-
gos. Pyrrhus même , qui étoit un^
crès-grand capitaine ^ après l'a-
voir prife d'afFaut , ne put la con*
ferver , mais y fut tué 6c y perdit
une grande partie de fon armée.
C'eft pourquoi , l'on adnùroit
d'autant plus la diligence 6c le
grand fens de Cléomène ; 6c ceux,
qui auparavant fe moquoient de
lui quand il fe vantoit qu'il imitoit
Solon 6c Lycurgue en aboliffant
les dettes , 6c en /endant tous les
citoyens égaux en biens , étoienc
alors entièrement perfuadés , 6c
avouoient fincèrement qu'il étoir
feul la caufe du changement qui
étoit arrivé au courage des Spar-
tiates. Car , avant ce jour , ils
étoient û abattus 6c û peu capa*
blés de fe défendre eux-mêmes ,
que les Écoliens étant entrés un
jour en armes dans leur pais ,- en
emmenèrent en une feule fois
cinquante mille efclaves.
La prife d'Argos fut fUivîe de
celle de plufieurs autres villes du
Péloponnèfe. Corinthe même fe
rendit à Cléomène à l'exception de
la citadelle , que les Achéens réfo-
lurent de livrer à Aatigonus. Ce
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CL
prince fut donc appelle. Les afFai-
xes de Qéomène commencèrent
bientôt à eii fouffrir. Les Argiens
fe révoltèrent , & comme il étoit
en marchç pour fe rendre à Man-
tinée , on vint le foir lui appren-
dre la mort de fa femme , qu'il
aimoit tellement qu'il n*avoit pas
la force de fe tenir éloigné d*elle
une camp^ne entière. Le lende-
main , au point du jour , il prit le
chemin de Sparte , où il arriva de
bonne heure ; 6c après avoir don-
né quelques momens à fa douleur
dans fa maifon avec fa mère &
(es enfans , il reprit incontinent
le foin des affaires publiques. En
ce tems-là 9 Peolémée , qui lut
promettoit du fecours , fui en-
voya demander pour otages fa
mère & fes enfans. Cléomène fut
affez long-tems fans ofer déclarer
à fa mère cette demande du roi
d'Egypte. Mais , elle n'en fut pas
plutôt inftruite qu'elle partit fans
la moindre difficulté.
Cependant , Antieonus s'ébant
rendu maître de Tégee , de Man-
tinée , d'Orchomène > & de plu-
fieurs autres villes 9 Cléomène
réduit à défendre la Laconie feule ,
affranchit tous les Ilotes qui furent
en état de donner cinq mines ,
c*eft-à-direy deux cens cinquante
livres. De cette contribution il
ramaffa jufqu'à cinq cens talens, &
arma à la Macédonienne deux mille
de ces Ilotes pour les oppofer au
corps des Leucafpides d'Antigo-
nus. Il forma enfuite une entre^
prife à laquelle certainement on
ne devoit pas s'attendre. La ville
de Mégalopolis étoit en ce tems-
là très-confidérable , & elle ne
CL 367
cédolt ï Sparte même, ni en grao-
deur , ni en pui/Tance. Il longea k
brufquer cçtte place, dcàrepi*
porter d'emblée. Antigomis avott
envoyé la plus grande partie de
fes troupes en quartier d'hiver
dans la Macédoine , & étoit de-
meuré à Égium dans l'affemblée
des Achéens , a6n d*y prendre
des mefures avec eux pour la
campagne prochaine. Qéomène
fuppofoit , & fa conjeâuré n'étocc
pas mal fondée , que la garnifon
de la ville n'étok pas bien forts ,
qu'elle feroit peu fur fes gardes ,
ne craignant aucune infulte de la
part d'un ennemi auffi foible que
lui , & que pour peu qu*il fit de
diligence , il mettroit Antigonus ,
oui en étoit aâuellemem éloigné
de trois journées de chemin, hors
d'état de la (êcourir. La chofe
arriva comme il l'avoit projettée.
Étant arrivé de nuit , il efcalada
les murs , & fe rendit maître de
la ville prefque fans réfiftance. La
plupart des habttans fe retirèrent
à Mefsène avec leurs femmes &
leurs enfans avant qu'on pût pei>-
fer à les pourfuivre. Antigonus
n'apprit cet accident que lorfqu'îi
n'étoit plus poûible d'y apporter
du remède.
Cléomène , par une généroGté
qui a peu d'exemples , envoya
un héraut à Mefsène pour décla-
rer de fa part aux Mégalopoli-
tains qu'il leur rendoit leur ville ,
à condition qu'ils renonceroienc
à la ligue des Achéens , ôc qu'ils
deviendroient amis & confédérés
de Sparte. Quelque, avantagenfe
que fût cette offre , ils ne purent
fe réfoudre à l'accepter ^ &. iU
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368 C L
aimèrent mieux être privés de
leurs terres , des tombeaux de
leurs pères , de leurs temples , en
un mot de tout ce qu'ils avoient
de plus cker ÔC de plus précieux
dans la vie , que de violer la foi
Îu'ils avoient jurée à leurs alliés.
)e refus mit Cléomène en fureur.
Jufqu*au moment de leur réponfe,
non feulement il avoit épargné la
k ville , mais il Tavoit confervée
avec tant de foin , qu'aucun foldat
n*avoit ofé y commettre le moindre
défoilire. Mais > il entra pour lors
dans un tel emportement , qu*il
Tabandonna au pillage , envoya à
Sparte les (latues & les tableaux ,
& après avoir détruit 6c raféJa
plus grande partie des murailles
& des quartiers les plus forts , il
s'en retourna à Sparte avec fes
troupes. La défolation de cette
ville caufa une extrême douleur
aux Achéens., & ils fe repro-
choient comme un crime de n'a-
voir pu fecourir de fi fîdeles alliés.
Ce qui ruina fans refiburce les
affaires de Cléomène ♦ ce fut la
perte de la^ bataille de Sellafie,
où périrent la plupart des troupes
étrangères , fans compter que de
fix mille Lacédémoniens, il ne s*en
fauva que deux cens. Arrivé à
Sparte , il confeilla à (es citoyens
de recevoir Antigonus , & leur
dit qu*en quelque état qu'il fe
trouvât , s'il pouvoit faire quelque
chofe qui fût utile à Sparte , il le
feroit avec un très-grand plaifir.
Étant enfuite entré dans fa mai-
fon , il ne voulut ni boire quoi-
qu'il eût grand foif , ni s'afleoir
quoiqu'il fût très-las ; mais^s'ap-
puyant tout armé fur une colomnei
CL
la tête fur le coude » après avoir
repa{{é en lui-même pendant quel-
que tems les divers partis qu'il
pouvoit prendre , il fortit tout
d'un coup , ôc alla avec fes amis
au port de Gythium , & s'éiant
embaraué fur des vaifTeaux qu'il
avoit fait préparer , il fit voile
vers l'Egypte.
Un Spartiate lui a3^nt repré-
fenté vivement les tnftes fuites
du voyage qu'il méditoît en
Egypte, & la honte qu'il y auroic
pour un roi de Sparte d'aller
ramper baflement devant un prin-
ce étranger , l'exhorta fortement
à prévenir ces juftes reproches
par une mort volontaire & glo-
rieufe , & à fe juftifier par-là au-
près de ceux qui étoient morts
dans les champs de Sellafie pour
la liberté de Sparte. Tu te trom^
p€s \ lui répondit Cléomène , de
croire quil y ait de la force & du
courage à affronter la mort par la
crainte d'une faujfe horUe ou par le
défir d'une vaine louante; dis plutôt
que c' eft foiblejfe & lâcheté, il faut
que la mort que l'on choifit ne foit
pas la fuite d'une aêlion , mais une
aâion ; ny ayant rien de plus hon»
teux que de ne vivre & de ne mourir
que pour foi- même. Pour moi , je
tacherai d'être utile à ma patrie
jufquau dernier foupir. Quand
cette efpérance nous manquera ,
alors il nom fera aifé de mourir fi
nous en avons tant d'envie.
Cependant , Cléomène arrive
à Alexandrie. Quand il falua le
Roi pour la première fois , il en
fut reçu adez froidement , & fans
aucune diûinâion marquée. Mais»
quand il eut donné des preuves
de
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C L
de (on grand fens > & qu'il eut
fait voir dans fa converfation or-
dinaire la franchife & la {implicite
laconique , afTaifonnées de grâces
fans bafTefle ^ & même d'une
fierté noble, telle qu'elle conve-
noic à fa naiflance & à fon rang,
alors Ptoiémée connut tout fon
prix , & l'eftima infiniment plus
que tous les courtifans , qui ne ^
cherchoient qu'à lui plaire par de
baffes fiatteries.il eut honte même,
& fe repentit ^d'avoir négligé un (i
grand homme , & de l'avoir
abandonné à Ântigonus , qui , par
'fa défaite , avoit acquis beaucoup
de réputation , & augmenté infi-
niment fa puifiance. Il tâchoit
donc de confoler & de relever
Cléomène par toutes fortes d'hon-
neurs, & l'encouragea, en lui pro-
mettant qu'il le renverroit en
Grèce avec une flotte & de l'ar-
gent , & qu'il lé rétabliroit fur
le trône. Il lui afiigna une penfion
de vingt-quatre talens par an 9
dont il s'entretint lui & fes amis
avec une grande fimplicité , épar-
gnant tout le refte pour l'em-
ployer à fubvenir aux nécefiités
de eaux qui fe retiroienr de Grèce
en Egypte. Mais , Ptoiémée mou-
JUt avant qu'il eût pu accomplir
' la promefle qu'il avoit faite à
Cléomène , de le renvoyer dans
fa patrie.
Comme fon fucceffeur , Ptoié-
mée Philopator , ne s'occupoit
que de plaifirs & de débauches ,'
Cléomène menoit une vie fort
triûe. Ce^ndant , le nouveau
Roi , dans le commencement de
fon règne , ne laiflla pas de fe fer-
vir de Cléomène. Car , comme
Tom. XI.
C L 3^9
H craîgnoît fon frère Magas, qui ,
à cauie de fa mère , avoit beau-
coup de crédit & de pouvoir par-
mi les gens de guerre , il appro-
cha de lui Cléomène , & l'admit
dans fes confeils les plus fecrets ,
où il cherchoit les moyens de fe
défaire de fon frère» Cléomène
feul s'y oppofa , repréfentant
qu'un Roi ne fçauroit avoir de
minières plus afiedionnés à fon
fervice, & plus obligés à l'aider
à porter le pefant fardeau de la
royauté , qUe fes propres frères.
Cet avis prévalut pour lors ; mais
bientôt Ptolén^ée revint à fes
craintes & à fes défiances , & il
s'imagina ne pouvoir s'en délivrer
qu'en ôcant là vie à celui qui en
écoit la caufe.
Cependant , Cléomène eut nou-
velle qu'Antigonus étoic mort ;
aue les Achéens étoienr engages
dans une grande guerre contie les
Étoliens ; que les Lacédémoniens
s'étoient unis avep les derniers
contre les peuples d'Achaïe 6c de
Macédoine , & que tout fémbloit
le rappeller dans fa patrie. Alors ,
il demanda avec empreflement
de fortir d'Alexandriq. Il fupplia
le Roi de lui donner des troupes
& des munitions fufiifantes pour
s'en retourner. Ne pouvant obte-
nir cette grâce , il pria qu'on le
laiCFât du moins partir avec fa
famille , & qu'on lui permît de
profiter de l'occafion favorable
qui fe préfentoit de rentrer dans
fon royaume. Ptoiémée étoit trop
occupé de (es plaifirs , pour dai-
gner prêter l'oreille à cette prière
de Cléomène.
Sofibe, qui pour lors avoit dans
Aa
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570 C L
le royaame une grande autorité >
afTembla (es amis ; & dans ce
confeii , il fut réfoiu de ne don-
ner à Cléomène ni flotte ni pro-
vifions. Ils croyoient cette dé-
penfe inutile » parce que depuis la
mort d' Antigonus , les affaires du
dehors du royaume ne leur pa-
roiffbienc d'aucune importance.
D'ailleurs , ce confeii craignoit
qu*Antigonus n'étant plus, & n'y
ayant plu« perfonne pour réfifter
à Cléomène , ce Prince , après
s'être fournis en peu de tems la
Grèce j ne devînt pour l'Egypte
un ennemi fâcheux & redoutable ;
d'autant plus qu'il avoit étudié à
fond l'état du royaume , qu'il en
connoiffoit le fort & le^ foible ,
qu'il avoit un fouverain mépris
pour lé Roi: , & qu'il yoyoit
quantité de parties du royaume
réparées & fort éloignées , fur
lesquelles on pouvoit trouver mille
occafions de tomber. Ce furent-là
les raifons fur lefquelles on ne
jugea pas à propos d'accorder à
Cléomène la flotte & les fecours
qu'il demandoit. D'un autre côié ,
laifler partir , après un refus mé-
prifant , un prince hardi & entre-
prenant comme celui- ci , c'étoit
s'en faire un ennemi qui tôt ou
tard fe reffouviendroit de cette
infulte. Sofibe ne crut pas même
qu'il y eût fôreté de le laiffer libre
dans Alexandrie. Un mot, échap-
pé imprudemment à Cléomène ,
lui revint alors dans l'efprit. Dans
un conféil où l'on délibéroit au
fujet de Magas , le miniflre avoit
témoigné craindre que ce Prince
n'excitât du tumulte par le moyen
des foldats étrangers : Je vous
CL
réponds d*eux , dit Cléomène , en
parlant de ceux du Péloponnèfe ;
& vous pouvei compter quau prc"
mierjîgnal que je leur donnerai ,
Us prendront les armes pour vous»
Solibe n*héfita plus. Sur une ac-
Cufation inventée à plaifîr, & qu'il
appuya d'une faufle lettre, que
lui-même avoit fuppofée à ce mal.
heureux Prince , il détermina le
Roi à le faire arrêter , & à l'en-
fermer dans une m^ifon fûre , où
il lui fourniroit toujours le même
entretien ^ & où il lui laiflTeroit la
liberté de voir fes amis , maïs non
pas celle de fortir.
Ce traitement jetta Cléomène
dans un chagrin mortel , & dans
une noire mélancolie. Comme il
ne voyoit aucune fln ni aucune
iflue à fes maux, il prie avec (es
amis , qui le venoient vifiter , une
réfblution que le feul défefpoir
pouvoit lui fuggérer; c'étoit de
repoufler par les armes l'injuftice
de Ptolémée , de (bulever contre
lui le peuple , de mourir d'une
manière digne de Sparte , & de ne
pas attendre , comme des viâi-*
mes engraifTées , qu'on vint les
immoler.
Ses amis ayanttrouvé le moyen
de le tirer de fa prifon ,' ils cou*
fent tous enfemble les armes à
la main dans toutes les rues ,
exhortant & appellant le peuple
à la liberté ; mais , perfonne ne
s'émeut. Ils tuent le gouverneur
de la ville qui venoit à leur ren-
contre , & quelques autres fei-
gneurs. Ils prennent le chemin de
la citadelle pour en enfoncer les
portes , & délivrer les prifonniers ;
mais f ils trouvèrent ces portes
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CL
bîen fermées & bien barricadées.
Cléomène > déchu de Ton efpé-
rànce , alloit errant çà & là par
toute la ville , fans que perfonne
fe préfentât pour le fuivre , ni
pour le combattre ^ mais , ils pre-
noient tous la fuite , faifis de
frayeur. Alors , voyant que leur
entreprife ne pouvoit réuiTir , ils
la terminèrent par une fin tragi-
que & fanglante , en s'entregor-
geant tous les uns les autres »
pour fe dérober à la honte du
iupplice. Aind finit Cléomène ,
après avoir régné feize ans à
Sparte. Le Roi fit mettre fon
corps en croix , & condamna à la
mort fa mère. Cléomène mourut
la première année de la 140e.
Olympiade , 220 ans avant J. C. ,
n'étant que dans la 33e année de
fon âge. •
Quelques jours après , ceux
qui gardoient le corps de Cléomè-
ne fur la croix , virent un grand
ferpent entortillé autour de fa
tête, & qui lui couvroit tout le
vifage ; de forte qu'aucun oifeau
carnacier ne pouvoit en appro-
cher. Ce prodige jetta la fuperf-
tition & la frayeur dans refprit
du Roi , & donna occafion aux
femmes de la cour de faire des
facrifices d'expiation & de puri-
fication , ne doutant point qu'on
n*eût fait mourir un homme aimé
des dieux , & un homme d'une
nature fupérieure à la nature hu-
maine. Tout le peuple d* Alexan-
drie courut même en foule fur le
lieu ; & pour appaifer les mânes
de Cléomène , il J*invoquoit en
; l'appellant héros ôi fils des dieux ,
I î^rqu'à ce que des gens , plus
c L 57f
éclairés dans les caufès naturelles,
vinrent calmer leur fuperftition
& leur crainte , en leur enfeignant
que 4 comme des bœufs , quand
ils font corrompus , s'engendrent
les abeilles , des chevaux les guê-
pes , & des ânes , quand ils font
auilî pourris , naiflent les efcar-
gots ; de même du corps des
hommes, quand la liqueur qui
compofe la moelle du dos, eft*
arrêtée & figée , il s'en engendre
des ferpens. Çt c'eft fur cette ex-
périence que les Anciens ont choi-
fi, fur tous les animaux, le ferpent
pour l'approprier à l'homme.
DIGRESSION
fur le portrait de Cléomène Ilh
Ce Prince , fi l'on en croit Plu-
tarque , étoit un homme du plu$
grand mérite, habile à la guerre,
inébranlable dans les adverfités »'
magnanime , avide de la J^onne
gloire , uniquement occupé da
bien de fes peuples , incapable de
la moindre injuftice ; c'eft ainfi
qu'il nous le repréfente dans la
vie qu'il en a écrite. L'idée , que
nous en donnent les autres Au-
teurs , eft un peu différente. A la
vérité Cléomène avoit de gran-
des qualités ; mais , elles étoient
obfcurcies par un nombre infini
de vices. On peut accorder à
Plutarque qu'i^fçavoit fon métier,
qu'il avoit le courage de fuppor*
tier les malheurs , qu'il étoit pru-
dent & habile dans le maniement
des affaires. En cela Polybe eft
d'accord avec Plutarque ; mais,
^vec ces talens , il avoit une am-
bition qui lui faifoit entreprendre
Aaij
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yji CL
les chofes les plus injures ^ dès
qu'il pouvolt fe flatter de les faire
réuffir. C'étoit un homme intri-
guant & diffimulé y qui manquoit
aux fermens les plus folemnels»
quand il croyoit y trouver le
moindre avantage. Il faut avouer
qu'il éto'u fort aimé des Lacédé-
moniens; mais^l'attachement qu'ils
avoient pour lui , ne prouvera
peut-être rien au fond , quand
on en examinera la véritable cau-
fe. Il avoit fait un arrangement
favorable au peuple en apparen-
ce î car 9 tout homme qui veut
innover dans le gouvernement»
commence par fe rendre agréa-
ble au peuple , mais il ne faut
Ïas conclure de- là qu'il ait fait le
ien réel de fa patrie.
Rien n'écale les louanges , que
Plutarque donne à Cléomène fur
les change mens qu'il fit dans le
gouvernement. Homme de Let*
très , plus qu'homme d'État , il a
été ébloui par l'apparence du pro-
jet de Cléomène , & Ta regardé
comme un nouveau Lycurgue »
tandis que Polybe , dont le juge-
ment avoit été formé par le ma-
niement des affaires publiques ,
perçoit au de- là de ces apparen-
ces ; & jugeant les hommes non
par leurs difcours » mais par leurs
aâions , il regardoit les change-
mens faits par Cléomène comme
un moyen qu'il avoit imaginé
pour afiervir fa patrie.
CLÉOMÈNE , CUomenes ,
O) Mém.. de TAcad. dei Infc. &
Bell. Lett. Tom. XIV. pag. 93*
{h) Plut. Tom. I. p. i^o » 171 » 5x4.
ir fiq» Diod. Sicul. p. 314 > 318 » 3*3 ,
js^Thucyd. pag. i9|. é- fii* Pauf. p.
CL
K>tefitfvç. {a) fils de Cléombro^
ce II , roi de Spane , 6it nommé
tuteur d'Agéfipolis fon neveu,
qu'on mit fur le trône après la
mort de Qéomène III. Agéfipo-
lis étoit encore fort jeune; & c'eft
pour cehi qu'on lui donna fon on*
clepour tuteur.
CLÉON , Cleon^ K^/^r , (*)
Athénien , étoit fils de Cléénétos
corroieur, & corroieur lai-même.
Il ne laiita pas de s'élever par la
brigue , & apparemment par une
forte de mérite tel qu'il le £alloit
pour réuflir dans dne république.
Il avoit une voix forte & impo-
fante avec un art merveilleux de
gagner le peuple , & de le met-
tre dans fe$ intérêts. Ce fut lui
qui établit qu'on donneroit trois
oboles à chacun des fix mille ju-
ges , au lieu de deux qu'on don-
tioit auparavant. Son caraâère
propre étoit une eftime démefa-
rée de lui-même , une folle con-
fiance dans fon mérite > & une
hardieflie dans fes difcours pouf-
fée jufqu'à l'impudence & l'ef-
fronterie « & qui n'épargnoit per-
fonne.
L'an 427 avant l'Ère Chrétien-
ne , la ville de Mitylène , a(fiégée
par les Athéniens , & preffée par
la famine & par les diitenfions qui
regnoient eqtre les citoyens , fut
enfin contrainte de fe rendre. Dès
3ue la nouvelle en fut parvenue à
Lthènes , le peuple s'aiTembla
pour régler de quelle manière oa
56. Roll. Mift. Ane. Tom. II. pag. j^ç.
& friv, Mém. de TAcad. des Infaipr.
& Bell. Leic. Tom. XXI, pag. 14S.
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CL
sgtroSt avec les habhans. Ctéoit»
violent & impitoyable , animant
raffemblée par fes difcours , pro-
pofa lavis de faire mourir tçiis
ceux qui étoient arrivés à Tâgé de
puberté, & de réduire à refclavage
les femmes ôc les enfans. Le peu-
ple , entraîné par ce déclamatèur ,
prononça l'arrêt qu'on lui diftoit,
& renvoya (igiûfier à Pachès Ton
général à Mitylène. Mais y dans
le tems même que Pachès le lifoic,
il en furvint |in autre tout con-
traire. Heureufement que ce peu*
pie , léger & inconuant , avoit
lur le champ retrafté fon premier
arrêt.
Deux ans après , les Athéniens
pouvoiem terminer la guerre qu'ils
avoient avec les Lacédémoniens ,
par une paix qui n auroit pas été
moins glorieufe pour eux , qu'utile
& falutaire à toute la Grèce.
Cléon empêcha un (l grand bien;
mais , les Athéniens ne tardèrent
pas à fe repentir d'avoir fuivi Tes
confeils. Leurs troupes étoient af-
fiégées dans la ville de Pyle * vis-
à-vis de laquelle étoit une petite
îfle , nommée Sphaâérie. On re*
^ut avis, (qu'elles manquoient
d'eau & de vivres ; ce qui excita
de vives plaintes. Cléon fentit bien
que ces plaintes retomboient iur
lui. Il commença par traiter de
faux rapports , tous les bruits qui
couraient fur la difètte oU étoient
les Athéniens , tant au dedans de
Pyle , qu'au dehors. Enfuite , il
décria devant le peuple , la lenteur
& la nonchalance des chefs , qui
adiégeoient l'iÛe , prétendant qu^*
avec un peu de vigueur & de cou-
rage on poûYÔit Aifêmem s'eo
CTL 375
rendre maître f & que s'il étoit en
leur place , il en viendroit bien-
tôt à bout. On le nomma pour
chef de cette expédition , Nicias >
qui devoit y commander > lui
ayant cédé volontiers cet hon-
neur , Toit par foiblefle , car il
étoit naturellement timide ; foit
par politique , pour le décréditer
auprès du peuple par le mauvais
fuccès qu'on comptoit qu'il auroit
dan& cette entreprife. Cléon fut
furpris & embarraiTé ; car, il ne
s'attendoit pas qu'on dût le pren-
dre au mot , étant plus habile dif-
coureur que brave guerrier , & fe
fervant mieux de la langue que
de l'épée. Il ie défendit quelque
tems , & s'excufa le mieux qu'il;
put fous divers prétextes. Mais ,
voyant que plus il reculoit » plus
il étoit preiTé , il changea de ton »
&fubflituant la rodomontade ai^
courage , il déclara en pleine af-
femblée avec un air ferme & af^
furé , qu'il rameneroit dans vingt
jours ceux de l'ifle prifonniers , ou
qu'il y périroit. Toute l'affemblée
le mit à rire, car on leconnoif-
foit.
Il eft étonnant que les Athé-
niens confiafTent leurs troupes à
on fou comme Cléon , dont ils n9
pouvoiem s'empêcher de fe mo-
quer. Thucydide en donne ane
faifon que Plutarque a omife;c^eft
que la promefle de cet étourdi
plut aux plus fages , parce qu'ils
efpéroient qu^l en arriveroit un
de ces deux biens, ou quils au-
roient le plaifir de voir à Athènes
les Lacédémoniens prifonniers , fi
Cléon réuffifibit , ou s'il ne réuf-
fiflbit p4S^ ib auroient la co^foi
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374 CL
lation d'en être Refaits. Maïs ,
n'étoii-ce pas acheter trop chèce-
men^ ce dernier avantage ?
Quoi qu'il en foit , contre toute
apparence , la chofe arçiva , corn-
sue Cléon l'avoit promis. Lui &
Démoflhène entrèrent dans Viûe
de Sphaâérie , attaquèrent vive-
ment l'ennemi , le pouflerenc de
pode en pofle , & gagnant tou-
jours du terrein , l'acculèrent en-»
fin dans le fond de Tiile. Les La-
cédémoniens avoient gaené un
fort qui paroiflbit inaccemble. Là
ils fe rangèrent en bataille , firent
face du côté feul où Ion pouvoit
les attaquer, & s'y -défendirent
avec un courage de lions. Comme
le combat avoit duré une grande
partie du jour, & qu'ils étoient
tous abattus de chaud , de foif ,
& de laiTicude , i le Général des
Mefféniens» s'adreffant à Cléon &
à Démofthène , leur dit que tout
ce qu'ils faifoient étoit inutile , û
Ton ne prenoit l'ennemi en queue,
& promit que fi on vouloit lui
donner quelques gens de trait , il
tourneroit tant qu'il trouveroit un
paflage. En effet , il grimpa avec
fa troupe par des lieux efcarpés
qu'on ne gardoit point ; & fe cou-
lant dans le fort fans être apperçu^
il parut tout à coup au dos des La^
cédémoniens, ce qui abattit leur
courage | & acheva leur défaite»
Ils ne fe défendoient donc prefque
plus , & vaincus par le nombre ,
attaqués de toutes parts , 6c abat-
tus de langueur & de défefpoir ,
ils commencèrent à reculer ; mais,
les athéniens fe faifirent de tous
les pafTages , pour leur empêcher
la retraite. Alors ^ Cléon & Dé-
CL
ii}o(lhène f voyant que fi on les
preflbit davantage , il n'en échap-
peroit pas un , ôc étant bien ailes
de les emmener vifs à Athènes ,
arrêtèrent leurs gens, & firent
crier par un héraut qu'ils miflent
bas les armes -, & qu'ils fe rendif-
fent à difcré'tion. A ces mots , la
plupart baiflerent leurs boucliers,
& frappèrent des mains en figne
d'approbation. Il fe fit une efpèce
de fufpenfion d'armes , & leur
commandant demanda qu'il loi fût
permis d'envoyer au camp , pour
fçavoir la réfolution des chefs. On
ne le voulut pas foufTrir ; mais, on
appella des hérauts de defTus la
côte , 6c après quelques allées &
.venues , un Lacédémonien vint
dire tout haut qu'on leur permet-
toit de traiter, pourvu qu'ils ne fif-
fent rien contre leur honneur. Sur
cette parole , ayant délibéré entre
eux , ils fe rendirent à difcrétion;
6c^0 les garda jufqu'au lendemain.
Alors , les Athéniens , ayant dref-
fé un trophée , 6c rendu aux La-
cédémoniens leurs morrs , s'em-
barquèrent pour le départ , après
avoir diflribué les prifonniers dans ,
les vaifTeaux , 6c en avoir confié
la garde aux capitaines des galè-
res.
L'heureux fqccès de cette ex-
pédition augmenta infiniment le
crédit de Cléon parmi le peuple,
6c lui infpira Mne fierté infupporta-
ble. Il avoit une forte d'éloquence
véhémente , impétueufç , empor-
tée 9 qui entraînoit^ les efprits».
moins par la force des raifons,
que par la hardieffe 6c la violence
de fon flyle 6c de fa déclamation.
Ceiut lui qui le premier donûa
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CL
l'exemple de. crier à pleine tête
dans les ailemblées , où jufques-
là on avoit gardé beaucoup de
décence & de modération , de
rejetter fbn vêtement en arrière
pour donper plus de liberté à Ton
geiïe , de Te frapper les cuiffes y
d aller 6c de venir fur la tribune en
haranguant. £n un mot , il intro-
duira parmi les Orateurs , ÔC par-
mi tous ceux qui fe mêloient du
gouvernement , une licence effré-
née & un mépris de toutes les
bienféançes ; licence & mépris
oui produifirent bientôt un boule-
versement général & une horrible
confufion dans les affaires.
Quelque tems après , Cléon fut
mis à la tête des troupes pour
marcher contre Brafidas^, général
des Lacédémoniens. En paffant
près de Sicyone , il groffit (on ar-
mée d'une partie dçs af&égçans ,
Îu*il détacha pour les conduire^ à
'orone ; car , il fçavoit que Bra-
fidas s'étoit éloigné de cette ville ,
& que les foldats qu'il y avoit
laiffés, n'étoient pas capables de
lui tenir tête. Il alla donc pofer
fon camp auprès de Torone, qu'il
^ffiégea par mer & par terre. 11 la
prit d'aiîaut, ôc ât efcl^ves les
femmes & les çnfans , & les ayant
mis dans les fers, aufS-bien que
la garnifon de la place , il les en-
voya tous à Athènes. D^s qu'il
eut placé dans la ville une garni-
fon nouvelle & fuffifante , il fe
rembarqua ôc conduific fa flotte
iufqu'au fleuve Strymon dans la
Thrace. Arrivé dans cette provin-
ce , il dréffa fes tentes auprès de
la ville d'Éion, diflance d*Am-
l^hipolis d'uae trentaine de itades*.
C L 375
Il commençoit à battre les murs
d'Éion , lorfqu'apprenant que
Brafidas étoit aux environs d'Am.
phipolis avec toutes (es forces ,
il marcha de ce côté. Dès que
Brafidas fçut que les Athéniens
venoient à lui , il fe mit en ordre
de bataille , & s'avança lui-même
contr'eux. Ce fut-là le commen-
cement d'une bataille célèbre par
l'émulation égale des deux ar-
mées. La viûoire demeura long-
tems incertaine par le zèle dçs
deux chefs , qui voulant qu'on ne
la dût qu'à leur valeur, entraînè-
rent i^jjeur exemple un grand
nomlHBde braves gens à une
more mévitable. Enfin Brafi-
das , après avoir immolé de fa
main un nombre prodigieux d'en-
nemis , perdit héroïquement la
vie. Un moment après , Cléon
tomba de même. L'on étoic alors
fous l'an 42 % avant Jefus-Chrift.
D'autres racontent autrement la
mort de Cléon , & prétendent
qu'il prit la fuite ; mais qu'il fut
tué par un foldat qui le rencon-
tra. Ce foldat fe nommoit Myr-;
cinius.
Ce Cléon eft le même qu'A-
riflophane a fi fort décrié dans
fes comédies , &i notamment
dans celle qui efl intitulée Us
Chevaliers.
On raconte qu'un jour qu'il
devoit parler, l'affemblée étant
déjà toute formée, le peuple affis.
l'attendit fott loog-tems. Enfin ^ il
vint fort tard avec une couronne
de fleurs fur la tête , & en arrivant
il pria le peuple de remettre l'af-
femblée au lendemain ; car, dit-il,
je nai pas le tems de vims parle^
Aaiy
0
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w
^76 CL-
aujourd'hui f parce que je dois
traiter quelques étrangers qui font
venus me voir , & que j*ai fait
unfacrifice. Les Athéniens, riant
de cette belle raifon , fe levèrent
& congédièrent l'affen^blée.
CLÉON , Cleon , Khi^^^ . (a)
Orateur, natif d'HajIicarnaire,
nous efl connu par un pafTage de
Plucarque & un autre de Corné-
lius Népps. n Une harangue, dit
» ce dernier au fujet de Lyfandre^
» que l'on trouva parmi fes pa-
s» piers après fa mort^ découvrit
»> la vérité des foupçons qu'on
9> avoir formés contre j|^e but
7i de cette harangue cfÊf avoit
n fait compofer , a ce que Ton dit,
9» par Cléon d'Halicarnafle , étoit
9» d'engager les Lacédémoniens à
9ï fupprimer l'autorité royale , &
9> à le choifir préférablement à
9> tout autre pour le mettre à la
9> tête de leurs armiées. Et comme
9> il avoit compté fur la facilité
9» qu'il adroit à mettre dans fon
9» parti les Prêtres des Oracles à
9> force d'argent , il avoit entière-
m ment accomodé les termes de
9> fa harangue aux réponfes qu'il
n .efpéroit tirer des dieux, ce
Ce pafTage donne lieu de juger
que Cléon d'HalicarnaiTe étoit un
babiie Orateur. C'eft le témoi-
gnage que lui rend aufli Plutarque;
ÔL après tout , il falloit bien qu'il
fût reconnu pour tel , fi Lyfandre
s'étoit adreflé à lui.
CLÉON, Cleon , KA«<»r , (h)
Byzantin , qui , étant venu pren-
dre les leçons des Philofophes de
(«) Corn. Hep. in Lyfand. c. 3. Plut
T. I. p. 447-
ib) Plot. X. I. pag. 748.
CL
TÂcadémie à Athènes , avott lié
en ce lieu une amitié particulière
avec Phocion. Cette circonûance
fauva dans la fuite la ville de By-
zance. Cléon en étoit un des pre-
miers , en vertu & en autorité ,
lorfque Phocion y arriva à la tête
d'une armée , & fe donna pour
la caution de fon ami envers fes
concitoyens. Ceux-ci ouvrirent
donc leurs portes aux Athéniens ,
qui fe comportèrent d'une maniè^
re irréprochable
CLÉON , Cleon , F }Ju,y , (c)
Sicilien , qui étoit un infigne flat-
teur f tant de^fon naturel, que par
le vice de fa nation. Étant à la
cour d'Alexandre , un jour que
ce Prince étoit forti ^ il fe mit fur
fes louanges , & fit un long dé-
tail des obligations qu'on lui
avoit > & dont il ne fçavoit qu'un
moyen de s'acquitter , qui étoit de
le reconnoître pour dieu , puifque
d'ailleurs on le croyoit tel y &c
qu'à peu de frais & avec deux
grains d'encens feulement , ils lui
payeroient tous les bienfaits qu'ils
en avoient reçu ; que c'étoit une
^ aâion de prudence aux Perfes,
non moins que de piété , d'adorer
leurs Rois comme des dieux y
parce que de la majeflé du Prince
dépendent le falut de fa perfonne
& celui de fon empire ; qu'Her-
cule même 9 ni Bacchus n'avoient
été faits dieux , qu'après avoir
fur monté l'envie de ceux qui vi-
voient de leur tems ; & que la
poflérité ne croyoit des hommes,
que ce que leur fiede en avoit cru
ICc) Q. Curt. L. VIII. c. 5, RoU. Hi«.
Ane. T, III. p. 739,733.
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GL
durant leur vie ; que pour lui ,
fi les autres en faifoient difficulté,
il étoit réfolu de commencer & de
l'adorer s'il rentroit : mais qu'il
falloit que tous en fiUent de mê-
me 4 & principalement ceux qui
faifoient profeflion de fàgefle , 6c
qui dévoient donner aux autres
Texemple de la vénération qui
étoit due à un Ci grand Roi.
CLÉON , Cleon , K^cr, (a)
tyran de Sicyone. Il s'étoit empa-
ré du gouvernement dans la ville
neuve , pendant que Clifthène ,
fils d'Ariftonyme , en avoir fait
autant dans la ville baiTe. Cléon ,
ayant été tué , les Sicyoniens , au
rapport de Pbitarque , élurent
pour leurs premiers magiftrats ,
Timoclidas & Clinias. Paufapias
ne penfe pas de même ; mai^ , ce
n'e pas ici le lieu de difcuter cet
article. Du tems de ce dernier Au-
teur , Ton voyoit encore à Sicyo-
ne la maifon de Cléon le tyran ,
dont on avoit fait un palais deftiné
aux empereurs Romains.
CLÉON , Cleon , Kx/w {b)
étoit du pais de ces Magnéiiens ,
qui habitoient fur les bords de
THermus. Il avoit coutume de
dire qu'il n'y a point de gens plus
incrédules , que ceux qui avoient
paiTé leur vie , fans rien voir d'ex-
traordinaire ^ que pour lui , il n'a-
voit nulle peine à croire que Ti-
tyus & les autres géans fufTent de
la grandeur dont on dit qu'ils
étoient. Il racontoit à ce lujet
qu'étant venu à Gadès , il , avoit
été obligé de fe rembarquer & de
(s) Plut. T. L p. io»7. Pauf. -p. 89»'
H) Pauf. p. tf 15,
CL 377
quitter Tifle avec toute fa fuite par
Tordre exprès d'Hercule ; qu'en-
fuite y étant retourné , il avoit vu
un officier de marine tué d'un coup
de foudre , que l'on avoit jette fur
le rivage , & dont le corps avoit
cinq arpens de longueur ; ce qui ,
difoit-iî, lui rendoit croyable tout
ce que l'on raconte en ce genre-
CLÉON,C/eo«, KA/a»y,(c)
certain perfonnage , donc parle
Démoilhène dans une de fes ha-
rangues contre Bœotus. Il fut père
de Cléomédon*
CLÉON , Cléo'n , Kxfwr,
chef d'une bande d'efclaves ré-
voltés en Sicile. Son hidoire eft
mêlée avec celle d'Eunus. Foys^
Eunus.
CLÉON , Cleon, K>i<éP . (d)
fameux ftatuaire de Sicyone.
Paufanias parle de fes ouvrages
en plus d'un endroit. Ce flatuai-
re avoit pris les leçons d'Ami-
phane.
CLÉON , Cleon , K}iiûi>r%
Hidorien , cité par.Étienne de By-
zance. Il avoit fait un ouvrage des
ports.
CLÉON , Cleon , Kxg»^ »
natif de Daulis> Il n'eut jamais de
fonge pendant toute fa vie > quoî^
qu'elle fut afTez longue ; & Ton
croit que c'eft parce qu'il n'étolt
pas mélancolique 9 ou peut-être
parce que les traces , que les (6n^
ges avoient faites fur fon cerveau»
étoient toujours effacées « avant
qu'il fe réveillât , ce qui peut
procéder de ce que la matière
(c) Demofih. Orat. in fiœoc. p,
& ftq.
(d) Pauf.p.si9>5*7044«
1008.
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378 CL
même du cerveau étoît fort dc-
iicace.
CLÉ01<IE,Xleonc , (a) fils de
Pélops > donna Ton nom à la ville
de Cléones en Achaïe , félon cer-
tains*
CLÉONE, Cleone, (b) fille
du fleuve Afdpe. C'eft de cette
nymphe 9 au rapport de quel-
cjues-i^ns , que la ville de Cléo-
nes en Achaïe fut ainfi nommée.
CLÉONICE, Cleonice, {c)
KT^eovUfi % jeune fille , née de pa-
ïens illuflres de- Byzance. Paufa-
nias , général des Lacédémoniens^
étant dans cette ville , envoya
chercher la jeune Cléonice pour la
faire fervir à (es plaifirs. Ses pa-
rens , ne pouvant réfifler à cette
dure nécefStéy & intimidés par le
pouvoir. immenfe dont il abufoic»
laifTerent emmener leur fiUe.Com-
me elle étoit encore pleine de pu-
deur j avant que d'entrer dans
la chambre , elle pria qu'on ôtât
la lumière. Elle entra enfuite ; 6c
en marchant dans les ténèbres
avec un grand filence pour s'ap-
procher du lit de Paufanias qui
étoit déjà endormi , elle donna ,
fai)s le vouloir , contre la lampe
qui étoit éteinte 6c la renverfa.
Au bruit qu'elle fie en tombant ,
Paufanias fe réveilla en furfaut ; &
dans la penfée que c*étoit quel-
Îu'ennemi qui venoit pour TafFa-
ner, il tira le poignard qu'il
avoit fous fon chevet , en frappa
Cléonice 6c la jetta fur le carreau.
Cette fille , étant morte de cette
biefTure , ne permettoit p^s à fon
(tf) Pauf. p. III,
(b) Pauf» p. m.
CL
meurtrier de goûter aucun repos ;
car , fon image , fe préfentant à lui
toutes les nuits pendant fon fom-
meil, lui prononçoit en colère un
vers héroïque , dont le fens eu :
Marche devant le tribunal de la
Ju[iice , qui punit les forfaits , &
qui C attend ; Vinfolence ejl enfia
funefie aux hommes^
Les alliés 4 indignés de cette ac-
tion fi infâme , fe joignirent à Ci-
mon 6c affiégerent Paufanias dans
Byzance. Mais , s'étant échappé ,
6c étant troublé de cette image
qui le pourfuivoit contînuellenienty
il fe retira à Héraclée , dans le
temple où Ton évoquoit les âmes
des trépaffés ; 6c là , après avoir
fait les facrifices 8c Mes efFufioos
funèbres , il appella Tame è^
Cléonice , 6c la conjura de renon-
cer à fa colère. Cléonice parut
enfin , 6c lui dit que bien-tôt ar-
rivé à Sparte , il feroit délivré de
fes maux ^ voulant fans doute par
ces paroles couvertes luimarquef
la mort qui Ty attendoit.
On peut remarquer en paffant ,
que Ta me de Cléonice efl * évo-
quée par les magiciens , comme
dans la Bible lame de Samuel eft
évoquée par les enchantemens de
la PythonifTe.
CLEONICUS , Cleonicus , {i)
affranchi de Séneque, s*étoit laiffé
gagner par Néron » félon quel-
ques-uns 4 pour empoifonner foa
maître. Mais , ce criminel deiïieio
ne réuflit pas, foit parce que Cleo-
nicus en avertit (on patron , foit
par les précautions que Séneque
I (o Plut. T. I. p. 48».
I- itÛ Tacic, Annai. L, XV. c. 4$.
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CL
cmployoit lui-même pour fe fouf-
traire aux mauvais ëefleins de
Néron.
CLÉONIDAS , Cleonidas ,
K>fcBr:'/aç, (a) lieutenant de Pto-
lémée , gardoit avec de bonnes
troupes Sicyone & Corihthe. Dé-
métrius lui ayant oiFert de grof-
fes fommes pour l'engager à ren-
dre la liberté à ces villes , & à -en
retirer fes garnifons , il ne vou-
lut entendre à aucune propofi-
tion.
CLÉONNIS, Cleonnis, {h)
K>iéom; , étoit un Prince Meflé-
nien , du fang royal d'Épytus &
d'Hercule, du tems de la pre-
mière guerre Mefleniaque. Il
commanda toujours le corps de
bataille depuis le premier juiqu^au
dernier jour de cette guerre oh il
fut tué. Il avoit concouru deux
fois pour être élu Roi , la pre-
mière après la mort d'Euphaès ,
b féconde, après la mort d'Arifto-
dème. Il commanda fous Eu-
Ehaès , fous Ariftodème , & fous
)amis. Il eu beaucoup parlé de
Cléonnis à l'article d*Ariftomène
I. Foyei cet article.
. CLÉONYME, CUonymus ,
Vi-h^-JnYvfJLoc, ^ capitaine des Athé-
niens , dont le nom n'eft connu
qu'à caufe de fa lâcheté* Il abanr
donna fes troupes dans une ba-
taille > & s'enfuit le premier , après
avoir jette foh , bouclier» > C'eft-
pourquoi , il eft raillé par le poète
Ariftophanedans fe< Nuées. Ceft
(«) Plut. T. I. p. 895.
. {h) Pauf. pag. 218» è* j>^. Mém. de
TAcad. des Infcript. & Bell, Lett. T.
II. p. 86. ër/««v. '
% (O Xcnoph. p. ji8.
C L 379
lui qui a donné lieu au proverbe
contre les lâches : Plus timide que
Cleonyme,
CLÉONYME , CUonymus ,
XAfwj't'Mcç» {c) brave officier
Spartiate ^ fut tué d'un coup de
flèche dans une action contre les
Carduques. Cet officier étoit con«
temporain de Xénophon.
CLÉONYME, CUonymus^
K^5aJ»'f^o; » (d) fils de Sphodrias ,
étoit un jeune Spartiate , beau &
bienfait. On peut voir fous l'arti-
cle d' Archidame III , roi de Spar-
te , ce que nous avonç eu occafion
de raconter au fujet de ce Prince
& de Cléonyme. 11 eft compté
au nombre des braves Spartiates
qui furent tués à la bataille de
Leu£lres. Après avoir été abattu
trois fois devant le Roi , & s'être
relevé trois fois , Cléonyme fut
çnfin achevé en combattant gé-
néreufement devant Ton Prince ,
jufqu'à la dernière goutte de fon
fane*
CLÉONYME , CUonymus,
Kxsiûà'Uû; , (^) général des Lacé*
démoniens.
Les Tarentins , ayant affaire
en même tems aux Romains &
aux Lucaniens , envoyèrent de-
mander à Sparte des troupes auxi-
liaires > & nommément le général
Cléonyme. Les Lacédémoniens
leur accordèrent cette demande
de bonne grâce , d'autant plus
que les Tarentins leur foumiffoient
eux-mêmes àe l'argent > pour le-
' {d) Pli^t. Tom. I. p. 609 ,610 ,6ia.
Jlcnoph. p. 570. & feq,
(c) Dîod. Sicul. pag. 787. Tit. Liv,
L. X. c. ». Roll. Hiit. Rom. Tarn. II.
P^$o8»joS., , .
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38o CL
ver des troupes , 6c des vaifleaux
pour les embarquer. AinH , Cleo—
nyiatf ayant bien- tôt réuni cinq
mille hommes dans le Ténare de
Laconie , fit voile du coté de Ta-
tente. Là il aflembla encore le
même nombre de Soudoyés , &
faifant enrôler les bourgeois mê-
mes de la ville , il compofa une
armée de vingt mille hommes de
pied 6c de deux mille hommes de
cheval. II attira même des Grecs
établis en Italie » & il fit alliance
avec la nation des Meflapiens. Au
feul afpeâ de tant de troupes , les
Lucaniens jugèrent à propos de Ce
téconcilier avec les Tarentins. Les
Métapontins s'oppoferent feuls à
ce racommodement. Là-deflus, le
Spartiate conieilla aux Lucaniens
de fe jetter ftir leurs terres » oh
ayant rencontré les Métapontins
eux-mêmes en corps d*armée , il
leur parut redoutable. En efiet ,
étant entré à quelque tems de-là
dans leur ville comme ami , il
trouva moyen de tirer d'eux plus
de fix cens talens d'argent » & de
le faire donner pour otages deux
cens jeunes filles, qu'il deflinoit
fous ce titre ou fous ce prétexte à
fes plaiCrs. Car , ayant renoncé
jttfqu'à rhaVtt de Lacédémone ,
il fe plongeoit dans la débauche ,
& fe faîfott des efclaves de ceux
qui (e^fioient à fa parole; ainfi,
avec toutes les uoupes dont il
étoit accompagné , il n*exécuta
lien qui fût digne de la réputation
de fa patrie. Il avoit annoncé en
s'embarquant pour la Sicile , qu'il
y allott détruire la tyrannie d'A*
gathode, & rendre cette ifle à
fes propret loix -, mais , iJyaodQa*
CL
nant auffiiôt ce projet , il vînt
aborder à Corcyre , <5ii fé faifif-
fant de la capitale , il y extorqua
de groiles fommes d'argent , ▼
mit une forte garnifon , & en ne
fa place d'armes » pour tomber
de-là fur les villes de la Grèce
Îu'il lui conviendroit d'attaquer,
.à il reçut des députés de la part
de* Démétrios & de Caffandre ,
qui l'invitoient » chacun de leur
côté, à fe joindre à eux; mais , il
n'écouta ni l'un ni l'autre. Appre-
nant enfuite que les Tarentins , &
quelques autres peuples d'Italie
s"étoient révoltés , il vient en di-
ligence comme pour châtier les
rebelles. Mettant pied à terre
dans l'endroit ^oh ces barbares
avoient leur camp , il prend leur
ville , en met en vente les ci-
toyens, 6c ravage leurs campa-
gnes. PafTant de-là à Triopium ,
n l'affiege , 6c y fait trois mille
efdaves. Mais , les payfans da
Voifinage s'étant raflieinblés » affie^
Sent (on camp pendant la nuit ;
c dans le combat qui fut livré à
cette occafion, ils lui tuèrent plus
de deux cens hommes , 6c firent
fur lui environ mille prifonniers*
Une tempête , qui s'éleva quel-
que tems après , fubmergea une
vingtaine de fes vaifleaux , qui
étoient à la rade auprèsu de é>tk
camp. Ces deux échecs » arrivés
coup fur coup , l'obligèrent de
ramener à Corcyre le refte de
fon armée 6c de fa flotte. Voilà
ce qu'on lit dans Diodore de Si-
cile.
Selon Tite-Live , Cléonyme,
chaflTé d'Italie par les Romains ,
ayant doublé le promontoire di^
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CL
Ktundufium , fut pouiTé par les
▼eots au milieu du golfe Adriati-
que ; & de- là appercevant à fa
gauche les côtes inacceffibles de
rltalie , & à (a droite Tlllyrie , la
Liburnie Ôc Tlflrie , toutes nations
féroces , & la plupart décriées
par les brigandages qu'elles eier-
çoient fur la mer; il arriva , ea
pouffant plus loin, jufqu'aux riva,
ges des Vénetes. Là il apprit par
le rapport de quelques-uns des
liens , qu'il avoit mis à terre ,
pour aller reconnoitre le païs ,
qu'ils n'avoient qu*un pas, à faire
pour découvrir derrière une chauf-
fée longue & étroite , des marais
>& des étangs formés par les eaux
de h mer , & un peu plus loin ^
des plaines terminées par des col-
lines qu'on voyoit un peu plus
avant; qu'ils n'écoient pas éloi-
gnés de Terr^bouchure d'un fleuve
i)rofond { c'étoit le Méduac] oh
es vaifleaux pouvoient demeurer
xachés dans une rade (ure 6c com-
mode. Cléonyme , informé de ces
particularités , ordonna à fes gens
de faire entrer leur flotte dans ce
fleuve , & de le remonter. Mais ,
comme fon lit ne pou voit porter les
gros bâtimens» les foldats paflerent
dans des barques légères, avec lef-
quelles ils vinrent débarquer fur
un rivage , d'où ils apperçurent
dans la plaine crois gros bourgs de
la dépendance des Padouans*
Alors, laifTant quelques-uns des
leurs pour garder leurs vaifleaux, *
. ils s'avancèrent dans le païs , pri-
rent ces bourgs d'aflaut, mirent
le feu aux maifons , enlevèrent
un grand notpbre d'hommes &
d*animaux; & la douceur du bu-
C L 381
tin les entraînant plus loin , ï\$
s'éloignèrent înfenfiblement de
leurs barques. Les Padouans, que
les Gaulois , leurs voifins , obli-
geoient d'être continuellement
lous les armes , ayant appris ces
hoftilités , partagèrent leur jeu-
neûe en dieux corps. Ils menèrent
l'un dans le païs où ces étrangers .
s'étoient répandus pour piller ;
l'autre prit un chemin différent,
pour ne point rencontrer ces py-
races , & marcha vers l'endroit
où leurs bâtimens s'étoient arrê-
tés , environ à quinze milles de la
ville. Cette troupe attaqua ceux
qui gardoient les barques , & les
tuèrent ; mais , les Nautonniers
effrayés les conduifirenc à la rive
oppofée. Ceux, qui étoient allés
fondre fur les fourrages au milieu
des terres , n'eurent pas un moin-
dre ûiccès. Les Grecs furent bat-
tus oi mis en fuite ; & quand ils
voulurent regagner leurs v^ifleaux,
les Yénetes vinrent à leur ren-
contre, & leur en fermèrent le
chemin. Ainfl, ils fe trouvèrent
entré deux ennemis. La plupart
furent tués. Ceux qui demeurè-
rent prifonniers , apprirent aux
vainqueurs le lieu où leur roi
Cléonyme étoit refté avec fe^
gros vaiffeaux , environ à trois
milles de-là. Les Italiens, ayant
laiiïé leurs prifonniers dans le
bourg voifln, s'embarquèrent, par-
tie dans leurs bacteaux , qu'ils
fabriquoient fans carène , afin
qu'ils navigeaflent aifément fur ce
fl^ve dans les endroits où il
manquoit de profondeur , partie
dans les barques des Grecs mê-
mes , & tous enfemble vinrent
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382 C L
tomber far le refle de la flotte
ennemie , qui étoit immobile
dans fa place. Ils n'eurent pas de
peine à tuer ceux qui la gardoient,
& qui craignoient tnoins Tennemi
que le païs , qui leur étoit inconnu.
Comme ils furent furpris , ils
fongerent moins à fe défendre ,
2u*à regagner la mer en fuyant.
,es Padouans, joints aux Véne-
tes , les pourfuivirent jufqu'à Tem-
bouchure du. fleuve , & s'en re-
vinrent viftorieux , après avoir
pris ou brûlé une partie de leurs
vaiflêaux , qu'ils avoient été obli-
gés de laiiTer fur le labié. Cléo-
nyme fe retira à peine avec la
cinquième partie de fes vaiflêaux ,
après avoir été maltraité fur tou-
tes les côtes de la mer Adriatique
oîi il avoit abordé.
CLÉONYME , Cli^nymus ,
Kmc^i/^o; » (tf) fils de Cléimè-
ne II , roi de dparte, n'eut qu'un
frère qui étoit fon aîné y & qui
mourut avant lui, du vivant de
Cléômène IL A la mort de ce
dernier, il y eut une difpute au
fujet de la royauté entre Cléony-
me & Aréus fon n^veu. Comme
Cléonyme paroiflbit homme vio-
lent & defpotique , il n'étoit point
aimé à Sparte , 6c il eut la dou-
leur de voir qu'Aréus l'emporta
fur lui.
Cléonyme, dans un âge fort
avancé» avoit époufé une très-
belle femme , appellée Chélido-
nide , fllîe de Léotychidas. Cette
jeune femme , ayant conçu une
violente paflion pour Acrotate ,
CL
fils du roî Aréûs , qui étoît beaa \
bienfait, 6c dans la fleur de fa
jeunefl[e , rendit fon mariage non
feulement très- trifte , mais encore
très-honteux pour fon mari Cléo-
nyme « que l'amour & la jaloufle
^ tranfportoient également ; car » fa
honte étoit publique , & il n'y
avoit pas un Spartiate , qui ne
fçût le mépris que fa femme avoit
pour lui. Animé donc d'un vif
défir de fe venger , & de fes ci-
toyens injuftes , & de fa femme
infidèle , il mena Pyrrhus contre
Sparte avec vingt- cinq mille hom-
mes d'infanterie , deux mille che-
vaux & vingt-quatre éléphans.
Ils arrivèrent fur le foir devant
Lacédémone. Cléonyme vouloit
que Pyfrhus l'attaquât fans difié-
rer un moment , pour profiter du
trouble ou étoient les habitans
qui ne s'attendoient à rien moins
qu'à un fiege, & de l'abfence du
roi Aréus qui étoit allé en Crète
au fecours des Gortyniens. En
eflet, les Ilotes & les amis de Cléo-
nyme s'empreflbient déjà à orner
& à préparer fa maifon, ne doutant
point que Pyrrhus n'y vînt fouper
avec lui le foir même. Pyrrhus ,
qui comptoit la prife de cette ville
ivLXQ & immanquable , remit l'at-
taque au lendemain. Ce délai fau-
va Sparte , & montra qu*il eft des
momens favorables & déçififs ,
qu'il faut faifir, & qui ne revien-
, nent plus.
CLÉOPATER , Cleopattr ,
KAS'VotT/5c; , (^) étoit comman-
dant de la citadelle de Coria-
ce) Plut. Tom. T. pag. 400, ^01 ,|pag. t%% , i%^,
796 , 7^, Roll. Hift. Ane. Tom. IV. I {h) Plut. T. I, p. 1046.
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CL
ihe do tems d'Aratus.
CLÉOPATRE , Cleopatra ,
K>^€Q7roiTfOL , nom célèbre, dans
THiftoire facrée & profane , com-
me on peut le* voir dans les arti-
cles fùivans.
CLÉOPATRE , Cleopatra,
KxèoirttT^ci , {a) 611e dldas & de
Marpefle, fut furnommée Alcyq-
ne , à ToccaHon d'une aventure
aOfez fingulière. Sa mère ayant
été enlevée par Apollon , Idas
ofa prendre les armes contre ce
dieu , pour recouvrer fa femme ;
& aân de conferver dans leur fa-
mille la mémoire de cette trifle
aventure ils donnèrent à leur 611e
Cléopâtre le furnom d*Alcyone ,
à caufe des regrets & des larmes
que ce$ enlèvement avoit caufé à
fa mère , qui > comme une autre
Alcyone , fe voyoit par-là cruel-
lement féparée dé Ton mari.
Cléopâtre éppufa Méléagre ,
dont elle eut une 611e , nommée
Polydora. La mort de Méléagne
lui caufa tant de regret j qu'elle
ne put lui furvivre.
CLÉOPATRE , 'Cleopatra ,
K^owarpet % (h) nièce d'Attale,
fut mariée environ l'an 336 avant
J. C. , à Philippe , père d'Alexan-
dre le Grand. Elle étoit encore
très-jeune , mais d'une beauté ex-
traordinaire , aux attraits de la-
quelle Philippe ne put réfifter. Il
avoit répudié auparavant Olym-
pias , que fon orgueil ÔC fa mau-
ia) Homer. Ilîad. L. IX. v. 55s. ér
ftq, Pauf- p. 219.
(h) Juft. L. IX. c. 7. Pauf. pag. 466.
Diod. Sicul. p. 558. Plue. T. I. p. 670.
Roll. Hitt. Ane. T. III. pag, 530. Mém.
de PAcad. des Infcript. & Bell. Lctt.
Xom. XII. p. 346.
C L 385
valfe humeur lui avoîent rendu
infupportable. Ce Prince ayant
été tué par Paufanias quelque tems
après qu'il eut contraéèé ce nou-
veau mariage , Olympias tourna
toute fa colère contre Cléopâtre ;
elle 6t égorger fa propre 6lle dans
fon fein 5 & Cléopâtre elle-même
fut bientôt réduite à chercher la
6n de fa vie dans le plus honteux
de tous les fupplices. L'impitoya-
ble Olympias (e 6t un plaifîr bar-
bare de voir cette malheureufe
princeffe fufpendue à un infâme
poteau. Tel eft le récit de Juftin.
Paufanias dit que Cléopâtre
avoit eu de Philippe , non une
6Ue , mais un 61s ; qu'Olympias
6t jetter la mère Ôc le 61s dans
un vaiffeau d'airain brûlant ; 6c
qu'elle les y tint jufqu'à ce qu'ils
euflent expiré dans les tourmens»
CLÉOPATRE ,' Cleopatra,
KMOTrarpct , (c) 6lle de Philippe
ôiû'Olympias, & fœur d'Alexan-
dre le Grand , époufa Alexandre
fon oncle , roi des Épirotes, l'an
336 avant J. C. Le mariage fut
célébré avec beaucoup de pompe.
Philippe , voulant joindre aux fo-
lemnitésde religion, de nombreu-
fes afTemblées deréjouiffance , 6t
trouver au feflin des noces , des
muficiens émules les uns des au-»
très , & tous ceux qui étoient habi-
les dans leur art , & 6t drefTer des
tables fans nombre pour les amis
& pour les étrangers. Il envoya
(O Tit. Liv. L. VIII. c. 04. Juft.
L. IX. c. 6. L. XIII. c. 6. L. XIV. c. 1.
Diod. Sicul. pag. 557,751 >75». Roll.
kilt. Ane. T. m. pag. 551. é' fitiv. T.
IV. pag. 105. Mém. de PAcad. des
Infcript. &Bell. Letc. T. XII. pag. 346.
T. XVI. p. 301.
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'f. ^^ CL
inviter par toute la Grèce , ceux
avec lefquels il avoit quelque liai-
ion d'hofpitalité , & les chargea
djamener avec eux le plus qu'ils
pourroient avoir fur tout d'amis
étrangers. Maif , tout cet appa«
reil fe termina au meurtre de Phi-
lippe ; & ce fut un déni de jufticé
qui lui fit perdre la vie. Alexan-
dre Ton gendre périt depuis dans
les guerres dltalie.
Après la mort de Ton mari ,
Cléopâire refta toujours veuve j
& il y avoit plufieurs années
qu'elle faifoit fa réfidence à Sar-
des en Lydie , lorfque l'an 308
avant l'Ère Chrétiennne , mécon-
tente d'Antigonus , & efpérant
de trouver plus de faveur auprès
de Ptolémée roi d'Egypte , elle
partit pour fe rendre a la cour de
ce Prince. Les prérogatives , qui
lui étoient propres , avoient en-
gagé Caffandre , Lyfimachus ,
Antigonus , Ptolémée & les per-
fonnages les plus diflingués de la
cour d'Alexandre , à rechercher
l'alliance de cette princefle depuis
la mort de ce conquérant. Car , il
n'étoit aixcun 'd'eux , qui « bien
perfuadé que les Macédoniens re-
connoitroient fon époux pour leur
légitime Roi , n'efpérât d'attirer
à lui feul la fucceilion entière de
ce vafte Empire , dont ils fe dif-
putoient les uns aux autres les
parties féparées ; mais lejgouver-
neur de Sardes , qu*Antig;onus
avoit chargé de la garde de Cléo-
pâtre , la fuivit de près & l'attei-
gnit ; après quoi il la mit entre
CL
les mains de quelques femmes qui
la firent mourirfecrétement. Mais,
dans la fuite , Antigonus ne vou-
lant pas que le foupçon de cet
aflaflinac demeurât fur lui , _fit
accufer & punir quelques-unes de
ces femmes , comme coupables
en effet de ce crime ; après quoi »
il fit faire à cette reine infortunée
des funérailles magnifiques. C'eft
ainfi que l'infortunée Qéopâtre ,
qui avàii été l'objet de tant de
vœux ; trouva la mort aq lieu des
noces auxquelles elle s'atteodoit
elle-même.
CLÉOPATRE , Chopatra ,
K^ovirpa, « (a) fille d'Antiochus
le Grand. Ce Prince , ayant fou-
rnis toute la Céléfyrie & la Pa*
leftine 9 forma le deffein d'en
faire autant dans l'Afie mineure.
Comme il falloit pour cela empê-
cher que les Égyptiens ne vinf-
fent l'inquiéter dans fes nouvelles
conquêtes , pendant qu'il feroit
éloigné, il envoya Euclès Rho-
dien à Alexandrie propofer le
mariage de fa fille Cléopâtre avec
le roi Ptolémée Épiphane , avec
cette claufe, qu'on attendroit qu'ils
fuiTent un peu plus âgés pour le
confommer , & qu'alors , le jour
même des noces , il remettroit à
lÉgypte les provinces nouvelle-
ment conquifes comme la dote de
fa 'fille. Cette propofition fût
goûtée, le traité conclu & rati-
fié ; & fes Égyptiens , comptant
fur fa parole Si fur (es engage-
mens ; lui laifferent faire tout ce
qu'il voulut d'un autre côté ,
(«) Jofeph.de Antiq. Judaïc. p4 401.1 PAcad. des Infcript. & Bell. Lett.Tom*
Dani. c. 11. v. 17. Roll. Hift. Ane. T.] XIX. pag. 58.
IV, p. 475 , 518, ôjj , 668. Mém. dej
fans
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et
fans l'inquiéter de Celui - cî.
-, Quelques années après , l'an
192 avant J. C, Antiochus don-
na en effet fa fille C^opâtre en
mariage à Ptolémée Épiphane »
& lui céda pour fa dot les pro-
vinces de Céléfyrie & de Palefti-
Me ; à condition pourtant , comme
la chofe avoit été flipulée aupa-
ravant i qu'il en toucherott la.
moitié des revenus. A la mort du
Roi fcuî mati , Cléopâtre.fut dé-
clarée régente & tutrice du jeune
prince fon fils , & elle s*en ac*
quitta avec beaucoup de foÎQ fie
de -prudence.
On Cto'm que c'eft cette prin-
éeffe , qui eft défignée daiis le
prophète Daniel en ces termes:
// s* affermira dans le de£ein de
venir s'effiparer de tout le royaiifttè
du roi dit Midi ; il feindra de^i^ou'
loir agir de bonne foi avec lui ; il
lui donnera tn mariage fa fille
d'une excellente^ beauté , afin ^ek'
perdre; mais y fon dèffeih' ne lui
réufftra pas\y" & elle ne lui fera
point favorable, • - *
• Ce 'j'^rince cfùi s^affermira , c'eft
le roi AmiechttS le Grand ; ce roi
dû Midi , c'eft Ptolémée Épipha-
ne ; ehfin, cette fille d'une excel-
lente beauté , < c'eft Cléopâtre i
qui préfera les intérêts de fon
époux y aux vues injufte» du Roi
fon père. Car , on prétend que
ce Prince , 'en donnant fa fille en
mariage au roi d'Egypte , avoit
eu intention de fe faciliter la con-
quête de ce royaume.
. CLÉOPÂTRE , Cleopatra ,
C L 38J
K\toitxTpci , (a) fille de Ptolémée
Épiphane & de Cléopâtre , épou-'
fa Ptolémée Philométor fon frère.
Comme ce Prince etoit en guerre
avec Ptolémée Évergete , dit auffi
Ptolémée Phyfcon , Cléopâtre
employa fâ médiation , pour les
difpofer à un accommodement ,
fie elle y réufEt heureufement.
Après la mort de fon mari ,
Cléopâtre tâcha de mettre la cou-
ronne fur la tête du fils qu'elle
avoit eu de lui. Comme il étoît
encore en bas-âge, d'autres tra-
vaillèrent à la procurer à Ptolé-
mée Phyfcon , roi de la Cyré-'
naïque , fie l'envoyèrent prier de
venir à Alexandrie. Réduite par-
là à la néceftité de fonger à fa
défenfe , Cléopâtre fit venir à fon
fecours Onias fie Dofithée avec
une armée de Juifs. Il fe trouva
alors à Alexandrie un ambaffa-
deur Romain , nommé Thermus ,
qui , par fa médiation , amena les
chofes à un accommodement. On
<k)nvint que Ptolémée Phyfcon
épouferoit Cléopâtre , qu'il éle-
veroit fon fils, qui feroit déclaré
héritier de la couronne , 6l que
Ptolémée Phyfcon Tauroit , en at-
tendant , pendant coûte fa vie. II
n'eut pas plutôt époufé la Reine,
fie pris par-là pofTeiTion de la cou-
ronne , que , le jour même des
noces , il eua fon fils entre fes
bras.
Dans la ftiite j s'étant dégoûté
de la mère, il devint paftionné*
pour una fille qu'elle avoit eue de
'Ptolémée Philométor , &i qui po^^
U) Juft. L. XXXVlli: c. 8 , ^•. 1. XXXIX. c. î. Afth. c» il. v. 1. RôU. Hift»
Ane. Twn. J V. p. 678. T. V> 180 > ao6. ér >iv.
Tom. XI. B b
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^U C L
toit àuffi le nom de Cléopâtre. Il
cohimença par lui faire violence ;
ènfuite , il Tépoufa , après avoir
chafTé fa mère. Les cpuaurés , qu'il,
exerça bientôt après fur les Aie*
xandrins , le rendirent ù odieux ,
3ue s'il n*eût pas eu la précaution
e prendre la fuite , il eût été
brûlé dans fon palais. Ceux d'A-
lexandrie mirent le gouvernement
entre les mains de ^Cléopâtre ; &
fur la nouvelle qu'ils eurent , qu'il
avoit tué fon propre fils , dans la
crainte qu'ils ne l'élufTent pour
leur Roi en fa place ^ ils renver-
ferent & briferent toutes fes fla-
tues. Ptolémée Phyfcon , s'ima-
gînant qu'on n'avoit fait cela > que
pour plaire à Cléopâtre, égorgea
le fils qu'il avoit eu d'elle. Enfui-
te, il fit couper fon corps en mor-
ceaux 9 les mit dans une caifTe
avec la tête entière , afin qu'on la
reconnût , & l'envoya par un de
fes gardes à Alexandrie» avec or-
cire d'attendre pour la lui préfen-
ter le jour de la naiifance de cette.
PrinceiTe , qui approclioit , & qui
devoit fe célébrer avec beaucoup
de magnificence. Les ordres furent
exécutés. La caifTe lui fut rendue
au milieu de la joie de la fête , qui
fut bientôt changée en deuil & en
lamentations. On ne fçauroit ex-
primer l'horreur que la vue de ce
triûe objet excita contre le tyran ,
<}ont la monflrueufe barbarie avoit
produit un crime fi horrible & fi
inouï. On expofa aux yeux du
peuple cet abominable pcéfent. Il
y produifit le même effet que fur
CL
la cour , qui avoit eu la première
ce trifle fpeâade. On courut aux
armes , & on ne fongea qu'à em-
pêcher ce monftre de jamais re-
monter fur le trône. On forma
une armée, dont le commande-
ment fut donné à Marfyas , que
la Reine avoit nommé Général »
& l'on prit toutes les précautions
poflibles pour la défenfe du pais*
Ptolémée Phyfcon ^ de fon cô-
té , afiembla une armée confidé-
rabie. Il fe donna une bataille ,
oii ce Prince défit les eniœmis.
Cléopâtre , réduite à une grande
extrémité par la perte de fon ar-
m^ée ^ qui fut prefque toute taillée
en pièces dans la déroute , envoya
demander du fecours à Démétrius
Nicator , roi de Syrie , qui avwt
époufé la fille ainée qu'elle avoit
eue de Ptolémée Philométor, & loi
promit la couronne d'Egypte pour
fa récompenfe. Démétrius accep-
ta , fans balancer , cette propofi-
tion , vint avec toutes fes trou-
pes, & forma le fieg^ de Pélufe.
Mats y il fut bientôt obligé de
l'abandonner > pour aller réduire
fes propres fujets* Cléopâtre 9
deflicuée du fecours qu'elle en
avoit attendu , mit tous fes tréfors
fur des vaiffeaux , Ôc fe réfugia
auprès de Cléopâtrefa fille, reine
de Syrie , vers l'an 128 avant
J.C.
CLÉOPÂTRE , CUopatra ,
KMOTTf/ f0ot , (a) fille de Ptolémée
Philométor & de Cléopâtre , fut
d'abord mariée à Alexandre Baia»
Son père la' conduifit lui-même
<«) Appian. p. i^s. Juft. L. XXXVI. je. xo. v. 51. ér fe^f, RoU; Hîfl:, Aac»
b« Lf I.l X, V. p, 176 » 178 > iS^ àrpUv^
ft 1. L. XXXIX. 6. 1 « ». Macab,
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CL
jtifqu'à Ptolémaïde, où fe célébra
le mariage, i'an 150 avant J.C.
Quatre ans après , il la lui ôta
pour la donner à Démétrius Ni«
cator.
Cç Prince , clans la fuite , ayant
été pris & retenu par les Parthes ,
Cléopâtre fe renferma avec fes
enfans dans Séleucie > ob plufteurs
des foldats de Tryphon vinrent fe
jétter dans fon parti Mais, ces
défertions ne ^roiTiflbient pas
pourtant aflez (on parti pour la
n^ttre en état de fe Soutenir par
elle-même. Ellecraignoit auffi que
le peuple de Séleucie ne la livrât
à Tryphoii , plutôt que de foûte-
nir un iiege pour Ta mou r d'elle.
£Ue fie donc propofêr à Antio-*
chus Sidète > frère de Démétrius ,
de s'unir avec ^le , & ' promit en
ce tas de l'époufer , èi de lut
procurer la courohfie. Car , quand
eue apprit que Démétrius avoît
époufé Rhodogune , elle en fut
û outrée qu'eUe ne garda plus de
mefures , Ôc réfolut de chercher
de l'appui par un nouveau ma-
riage. Ses enfans étoient encore
trop jeunes pour foàtenir le poids
d'une couronne chancelante , &
elle n'étoit pas de caraÔère à
itefpe^er beaucoup leurs droits*
Comme donc Antiochus Sidète
éiéit,, après e^ix , h plus proche
héritier de fa couronne , elle fe
fixa à lui , 6c le prit pour mari.
' Mais f après la mort de ce
Prince, elle revint à Démétrius
Nicator , qui avoit été^ relâché
par les Parthes , après avoif
époufé Rhodogune i 611e du Roi
de cette nanon. Alexandre Zébi-
xa } impofleur , qui fe difoit fils
CL 387
d* Alexandre Bala , vînt dîfputer
la couronne de Syrie à Démé*
trius Nicator. Une bataille en dé*
cida. Démétrius Nicator y fut
entièrement défait , & s'enfuît
à Ptoléoiaïde , où étoit Cléopâtre
fa femme. Elle , qui avoit toujours
fur le cœur fon mariage avec
Rhodogune chez les Pannes , prit
cette occafion de s'en venger , &
hii fit fermer les portes de la ville.
Démétrius Nicator fut obligé de
s'eflfuii' à Tyr , oh il fut tué.
Après fa inort ^ Cléopâtre con-
ferva une partie du royaume ; &
Alexandre Zébina eut tout le
refte. Mais , l'aîné des enfans ,
que Cléopâtre avoit eus de Dé-
métrius , fongea à monter fur lé
trône de fon père , & fe fit en
effet déclarer Roi. Cléopâtre am- *
bitieufe vouloir régner elle-même,
& trouvoit fort mauvais que fon
fils voulût s'établir à fon préjudi-
ce. £lle aroh aufli lieu de crain-
dre qu'il ne lui prît envie de ven-
ger la mort de fon père , dont on
fçavoit fort bien qu'elle avoit été
caufe. £lle le tua de fes propres
maiqs , en lui enfonçant un poi'*
gnard dans le fein.
Qéopâtre , après avoir tué fon
fils aîné , crut qu'il étoit de fon
intérêt de faire un roi titulaire,
fous le nomf de qui elle pût cacher
l'autorité qu'elle v6uloit fe con-
ferver toute entière. Elle fentoit
bien que des peuples guerriers,
accoutumés à être gouvernés par
des rois , regarderoient toujours
le trône comme vacant , pendant
qu'il ne feroit rempli que par une
princefle , & qu'ils ne manque-
' roient tms de f'ofFrir au premier
Bbij
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388 C L
prince qui fe préfenteroit. Elle fit
donc revenir Ton autre fils An-
tiochus Grypus d'Athènes , où
elle Tavoit envoyé pour Ton édu-
cation y & le fit déclarer Roi dès
qu'il fiit arrivé ; mais ,- ce n'étoit
qu'un vain titre. Elle ne lui don-
noit aucune part aux affaires.; (k.
comme ce Princevétoit fort jeune,
n'ayant pasphas de vingt ans , ii
la laiifa gouverner ail'ez patiem-
ment pendant quelque tems. Maist
enfuite , il voulut commencer à
gouverner par lui-même.
L'ambitieufe Cléopâtre , qui
voyoit par-là diminuer fon pou^
voir &i éclipfer fa grandeur , n^
put le foufîrir. Pour fe rendre de;
nouveau maîtrefie abfolue de tout
le gouvernement de la Syrie t elle
réi^lut de fe dé£iire d'Antiochus
Grypus comme elle avoic déjà
fi^it de fon frère ; &i de donner la
cburonne à un autre fils qu'elle
avoit eu d'Anciochu» Sidèie , (bus
qui , parce qu'il étoic en bas- âge »
elle efpéroit d'avoir encore long-
tems l'autorité royale entre les
mains , & de prendre des çiefures
jufles pour s'y établir ù bien ,
?u'elle lui refteroit toute fa vie.
)ette méchante femme prépara
pour cet effet une coupe empoi-
fonnée , qu'elle préfenta un jour
^ Antiochus Grypus , comme il
rentroit fort échauffé de quelque
exercice qu'il venoit de faire«
Mais , ce Prince , ayant été in-
formé de fon dedein ^ ' la pria
d'abord,, comme par honnêteté
pour fa mère , & la prefla même
CL
de prendre cette coupe pour elle*
même ; ôc fur le refus confiant
qu'elle en fit , ayant fait paroitre
quelques témoins , il lui fit enten-
dre que le feul moyen qui lui ref^
toit de fe purger du foupçon qu'on
formoit conrr'etle » étoit de boire
la liqueur qu'elle lui avoit offerte.
Cette malheureufe PfincefFe , qui
k voyoit fans iffue 6( (ans reiTour-
ce i avala la coupe. Le poifon fi^
fon effet fur le champ , & délivra
la Syrie de ce monftre, qui par
fes crimes inouis av<^ été fi long-
tems le fiéau de cet État.
. Elle, avoit été femme de trois
rois de Syrie , ôc elle fot mère de
quatre. Elle avoit caufé la mort
de deux de fes maris ; & pour fès
enfans ^ elle en tua un de fa pro-.
pre main , & vouloit fe défaire
au(R. d'Antiochus Grypus par la
poifon , qu'il iui fit avaler à elle*
même y l'an 1 18 avant l'Ère Chré-
tienne,
CL^OPATRf ^ CUopatra i
Kxf o7UTf»<t% (a) fœur de la pré«^
cédente , tut mariée à (on oncle
Ptolémée Phy icon , <j.tii l'avoit au-
paravant déshonorées Ce Prince^
pour contraéèe.r ;ce miariage , r4-,
pudia Cléopâue ù propre fœur,
qu'il avoit. époufee après la mort
de fon premier mari Ptoléméâ
Philométor. JCette dernière étoic
mère de celle qui fait le fujet da
cet article.
Ptolémée Phyfcon laifTa en
mourant deux fils , qu'il avoit eus
de Cléopâtre ; fçavoir , Ptolémée
Lathyre qui étoit l^ainé^ ôc Aie*
(s) Juft. L. XXXIX. c. i ,4* là(eph.\fifiv. Mém. de TAcad. desinfcript. ft
de; Anciq. Judaïc* p. 45s. & fiq, Roll. ficlU Utt. Xom. XIV. p. 195.
Ilidj Aoc. Xo(im V« pa(, ao^ | si|, ^1
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CL
Slndre. Par fon teftament, il avoît
donné le royaume d'Egypte à
Cléopâtrc & à celui de fes deux
fils , qu'elle choifiroit elle-même.
Cléopâtre, croyant qu'Alexandre
ferdit le plus complaifant , fe dé-
terminoit à le prendre ; mais , le
peuple ne voulut pas foufFrir qu'-
on fît perdre à Tautre fon droit
d'ainefle , & obligea la Reine à fe
faire revenir de Cypre , où elle
l'avoit fait reléguer par fon père ,
& à FafTocier avec elle à la cou-
ronne. Mais » avant qu*on lui fit
prendre pofTeffion du trône à
Memphis , félon la coutume , elle
l'obligea de répudier Cléopâtre fa
fœur ainée^jqu'il aimoit beaucoup,
& de prendre Sélène fa cadette ,
pour laquelle il n'avoit nulle incli-
nation.
Cette Princeffe , dont le cœur
n'étoit ftifceptible que d*ambicion ,
étoit fi occupée du défir de ré*
gner , qu'elle ne fongeoit qu'aux
moyens de fe foûtenir en Egypte ,
& d'y retenir entre fes mains
l'autorité abfolue pendant toute fa
vie. Pouf fe mieux affermir, elle
donna le royaume de Cypre à
Alexandre fon cadet , afin de tirer
de lui l'adiflance dont elle auroit
befoin , fi jamais Ptolémée La-
thyre vouloir lui difputer l'auto-
rité qu'elle avoit réfolu de garder.
Les Samaritains, affiégés par
deux des fils *de Jean Hyrcan , en-
voyèrent demander du fecours à
Ptolémée Lathyre, l'an 109 avant
Jefus-Chrifl. Ce Prince leur ac-
corda fix mille hommes contre
l'avis de fa mère Cléopâtre. Com-
me elle avoit deux Juifs pour fa-
voris , ppuroiimûros 8c pour gé-
C L 589
néraux,'- Chelcias & Ananias ,
tous deux fils d'Onias , qui avoit
bâti le temple d'Egypte ; ces
deux miniflres , qui la gouver-
noient entièrement , la portoient à
favorifer la nation ^ & par égard
pour eux,elle ne vouloit rien faire
qui fût préjudiciable aux Juifs. Peu
s'en fallut qu'elle ne dépoiât Pto-
lémée Lathyre , pour s'être enga-
Î'é dans cette guerre fans fon con-^
entement, & même contre fa
volonté. £lle porta fi loin le ref-
femiment , qu'elle eut de cette
atteinte & de quelques autres pa-
reilles , qu'il avoit données à fon
autorité , qu'elle lui enleva fa
femme Sélène , dont il avoit déjà
deux fils , ôc l'obligea lui-même à
(brtird'Égypte.Voici commentel-
le sy prit. Ayant fait bleifer quel-
ques-uns de fes Eunuques favo-
ris , elle les produifu dans une
affembléedu peuple à Alexandrie,
& dit que c'étoit fon fils Ptolémée
Lathyre » qui les avoit ainfi mal-
traités, pour avoir voulu la dé-
fendre contre fa violence. Elle
anima fi fort le peuple par cette
fiélion pleine de noirceur , qui lui
perfuada qu'on avoit voulu la
tuer , que d'abord il fe fit un foU'*
levement général coiitre Ptolémée
Lathyre; & on l'auroit mis en
pièces ,s'il ne s'étoit fauve au pore
dans un yaifieau qui mit fur le
champ à la voile. Cléopâtre au{Ii«
tôt fit venir Alexandre fon cadet,
à qui elle avoit fait donner le
royaume de Cypre , & le fit roi
d'Egypte à la place de fon frère ,
qu'elle obligea de fe contenter de
celui de Cypre que l'autre mf*
foià '
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390 C L
Cette Prînceffe , ayant apprîj
que Ptolémée Laihyre travailloit
à faire la conquête de la Judée &
de la Phénicie , ôc craignant que
cela ne le mît en état d'entrer en
Egypte & de la détrôner, crut
devoir arrêter les progrès qu'il y
faifoit. Elle leva pour cet effet une
armée, & en donna le comman-
dement à Chelcias & à Ananias ;
elle équipa en même tems ui^e
flotte pour tranfporter fe$ troupes,
& s'embarquant elle-même , elle
vint débarquer en Phénicie. Elle
avoit apporté avec elle une greffe
fomme d'argent & Tes plus riches
joyaux. Voulant les mettre à cou-
vert en cas de malheur , elle choi-
fit rifle de Cos , & y envoya en
même tems fon petit-fîls Alexan-
dre , fils de celui qui regnoit con-
jointement avec elle.
L'arrivée de Cléopâtre fît d'a-
bord lever à Ptolémée Lathyre le
fiege de Ptolémaïde qu'il faifoit
depuis long - tems. Elle détacha
Chelcias avec une partie de l'ar-
mée pour le pourfuivre , & avec
l'autre que commandoit Ananias ,
elle forma elle-même le fiege de
Ptolémaïde ; & elle le pouffa fi
vigoureufement , qu'elle prit la
ville. Dès qu'elle y fut entrée,
Alexandre , roi des Juifs , l'y vint
trouver , 6c lui apporta de riches
préfens pour gagner fes bonnes
grâces. Mais , ce qui lui fervit le
plus à y réuflir » fut fa haine pour
Ptolémée Lathyre fon fils ; il n'eut
pas befoin d'autre recommanda^»
tion pour être bien reçu. Quel-
ques perfonnes de la cour de
Cléopâtre lui firent remarquer la
belle occafîon qu'elle avoit ««it
CL
main , de fe rendre maîtrefle âe
h Judée & de tous les états d'Ale-
xandre , en fe faififfant de fa per-»
Tonne ; ils l'en preffoient même ,
& fans Ananias elle^'auroit fait.
L'année fuivante, elle revitit
en Egypte. Apprenant à fon re-
tour à Alexandrie, que Ptolémée
Lathyre entroit en traité à Damas
8^ec Antiochus de Cyziqoe , 6c
qu'avec le fecours qu'il efpéroit
en tirer , il fe difpofoit à fiaire nne
nouvelle tentative pour recouvrer
la couronne d'Egypte; cette Rei-
ne , pour faire diverfîon , donna
en mariage à Antiochus Grypus ,
Sélène fa fille , qu'elle avoit ôtée
à Ptolémée Lathyre , & lui en-
voya en même- tems bon nombre
de troupes ôt de groffes fommes
d'argent , pour le mettre en état
d'attaquer vigoureufement fon
frère le Cyiicénien. La chofe
réuflit comme elle l'arôit projet-
tée.
Cependant , Alexandre , frap-
pé de la cruauté barbare avec la-
quelle Cléopâtre perfécutoit fon
frère Ptolémée Lathyre , fur tout
en lui ôtant fâ femme ponr la
donner à fon ennemi , & remar-
quant d'ailleurs que les crimes ne
lui coiitoient rien , lorfqo'il s'agîf^
foit de contenter fon ambition , ne
fe crut pas en fi^reté auprès d'elle ,
& prit le parti d'abandonner la
couronne & de fe* retirer , ai-
mant mieux vivre tranquille &
fans crainte en exil , que de ré-
gner avec une fi méchante & fi
cruelle mère, avec qui fa vie étott
continuellenvent en dai>ger. U fal-
lut bien des folltcitations pour
l'engager à revenir ; car , le peu*-
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CL
pie ne rouloit pas al>rolument
qu'elle régnât feule , quoiqu'on
vît bien qu'elle n'accordoit à fon
fils que le nom de Roi ; que depuis
la mort de Ptolémce Fhyfcon ,
elle avoir toujours eu Tautorité
royale toute entière; & que la
véritable caufe de la difgrace de
Ptolémée Lathyre, qui lui avoit
coûté fa couronne & fa femme ,
étoit d'avoir ofé faire quelque cho-
ie fans elle.
Cette Princeffe , ne pouvant
plus fupporter d'aiïocié à l'auto^
rite royale , n'y fouffirir que fon
fils Alexandre partageât avec elle
l'honneur de trôhe , réfolut de fe
défaire de lui pour régner défor-
mais feule. Ce Prince , qui en fut
averti, la prévint , & la nt mourir.
Van 89 avant Jefus-Chrift. Cétoit
un monftre que cette femme ,
qui n'avoit épargné ni fa mère ,
ni fes fils , ni fes filles > & qui avoit
tout facrîfié au défir ambitieux de
régner. Elle fut ainfi punie de fes
jcrimes , mais par un autre crime
qui égaloit les liens.
CLÉOPATRE; CUopatra,
Ky^eowdTpa , (a) fille de la précé-
dente & de Plolémée Phyfcon,
fut d'abord mariée à fon frère Pto-
lémée Lsithyre. Mais , ayant été
répudiée à la foUicitation de leur
mère commune, elle (e donna b
Antiochus de Cyzique» & lui
apporta en dot qne armée pour
s'en fervir contre fon frère An-
(«) Jaft. L. XXXIX* ç. 3, Roll. Hill.
-Ane. Tom. V. pag, %i^, & friv*
(6) Vell. ^atcïc. L. II. c, 8ç , 87.
Appian* p. 1^8 » 484 » 671. & fêq. Plut.
Tom. I. p. ^%é,^^ fê^^ Flor. L. |V. c.
a ,;, n, Roll. Hift.Anc. T. V. p. 418.
'& friv. Crév. Hi«. Koto. Tom. Vn, p.
CL 39r
tîochos Grypus , avec qui il étoit
en guerre. Ce dernier , étant venu
afîiéger la ville d'Antioche , oîi
étoit alors Cléopâtre , jpm cette
ville. Tryphène fa femme lui de*
manda infîamment de lui mettre
Cléopâire fa prifonnière entre les
mains. Quoique fa fœurde père
^ de mère , elle étoit fi exceffi-
vement indignée de ce qu'elle
avoit époufé leur ennemi , &L lui
avoit donné une armée contr'eur,
qu'elle vouloir lui ôcer la vie.
Cléopâtre s'étoit mife fous la pro-
teâion d'un fanâaaire regardé
comme inviolable ; c'étoit un des
temples d'Antioche. Tryphène
envoya des* foldais dans ce tem-
ple , qui ne purent Tarracher au-
trement de Taucél y qu'en luicou-
Eant les mains dont elle le tenoit
mbraffé. Cléopâtre expira en pro»
nonçant mille exécrations contre
les parricides auteurs de fa mort,
& recommandant au dieu , fous
les yeux de qui cette barbare
cruauté avoit été exercée , le foin
d'en tirer vengeance.
CLÉOPATRE, Cleopatra^
K^go7raT/)t , fille de Ptolémée La-
thyre. Foye^ Bérénice.
CLÉOPATRE, CUopatra,
KMoirirfx , (h) fille de Ptolémée
Aulete, n'avoit que dîxfept ans ,
lorfque (on père mourut l'an 5 1
avant Jefus-Chrift. Par le tefta-
^ment de ce Prince, le royaume
d'Egypte lui fut donnera condition
5*0. & friv, T. VIII. pag.. i«5 , 50». ir
friv* Mém. de PA^d. à^ Infcript. Sp
pell. Lett. Tom. I. p. 341 • 352. Tojn.
VII. p. 169 , 170, 175 , »7<>. T. IX. p.
163. «&• friv, T. XVI. p. 40J , 404, Tk
XXU p. 14» , 5J7 ,42j , 4»i$«
B b iv.
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i
59^ C L
Qu'elle épouferoii Taîné àe fes
eux frerçs , & qu'ils regneroient
enliemble. Comme ce Prince étoit
encore mineur , il fut mis fous la
tutele oe deux minif^res, qui,
apparemment pourfe rendre feuls
maîtres des affaires , oterenc à
Cléopâtre , fous le nom du Roi ,
la part de la fouveraineté, que le
teftament de Pcolémée Aulete lui
avoit laifTée. Maltraitée de la for-
te , elle alla en Syrie & en Palef-
tine pour y lever des troupes , &
pour faire vs^oir k$ droits à main
armée.
Ce fut dans cette conjonôure
de la guerre entre le frère & la
fœur, que Céfar arriva en Egyp-
te. Il s'appliqua à prendre con-
noiHance de leur différend ; mais ,
ce fut avec une hauteur qui dé-
plut infiniment aux Égyptiens. Il
ordonna à Cléopâtre 6c à fon
frère , qw'ils eufTent à licentier
leurs armées , de à venir plaider
devant lui leur caufe , pour rece-
voir enfuite la fentence qu'il pro-
nonceroit entr'eux. Cléopâtre ,
qui connoifToit le foible de Céfar ,
crut que fa préfence feroit l'avo-
cat le plus perfuafif, qu'elle pour-
roit employer auprès de fon )uge.
Elle lui fît dire qu'elle s'apperce<^
voit que ceux qui étôient chargés
' de fon affaire , la trahifToient , &
demanda qu'il lui fût permis de
çomparoître en perfonne. Plutar-
, que dit que ce fut Céfar qui la
preiïa de venir elle-même plaider
fa catife.
Cette Prînceffene prit avec elle,
de tous (es amis i que le feul
.Apollodipre de Sicile^ fe jetta
dans un*^e%ît béteâO| & arriva au
CL
pied des murailles du cbâtèatf
d'Alexandrie,, qu'il étoit lout-àfait
nuit clofe. Voyant qu'il n'y avoit
aucun moyen d'entrer fans être
connue , elle s'avifa de ce flrata-
gême« Elle s'étendit au milieu d'un
paquet de hardes ; Apollodore le
couvrit d'une enveloppe , le lia
enfuite avec une courroie , le
chargea fur fon cou , & le porta
de cette manière par la, porte da
château dans l'appartement de
Céfar , à qui cette rufe ne déplut
pas. La première vue d'une ù beU
ie perfonne fit fur lui tout l'eâFet
qu'elle avoit fouhaité. Car , il or-
donna que Cléopâtre & Ptolémée
regneroient conjointement en
Egypte , comme le portoit le
teftament de leur père ; & que
Ptolémée le cadet & Arfmoë la
cadette regneroient en Cypre.
Céfar eut de Cléopâtre un fils,
'qui fut nommé Céfarion, Son att«
tachement pour cette Princeffe le
retint en Egypte beaucoup plus
long-tems que fes affaires ne le
demandoient. Il paffoit Tes nuits
entières en feftins avec Cléopâtre*
S'étant en^barqué avec elle fur le
Nil , il parcourut tout le pais ,
avec une nombreufe fiotte , &
auroit pénétré - jufque dans TÉ*
Ethiopie yft fon armée n'eût refufé
de le fuivre. Il avoit réfolu de
, l'amener à Rome & de l'époufer ;
. & fon deffein étoit de/aire pafler
dans l'aflemblée du. peuple une
loi , par laquelle il feroit permis
abx citoyens Romains d'époufer
telles & autatit de femmes qull
leur plairoit. \
Pendant la minorité de fon
frère , Cléopâtre eut toute l'auto-
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CL
tîté entre les mains. Quand îl fut
arrivé à Tâge de quinze ans , qui
étoit le tett^ oii,, félon les loîx du
païs, il devoit gouverner par lui-
même , & prendre fa part de l'au-
torité royale , elle Tempoifonna ,
& demeura feule reine d'Égypie.
Cependant , Céfar ayant été tué
à Rome,Cléopâtre fe déclara fans
béfiter pour les Triumvirs. Elle
donna à Alliénus , lieutenant du
conful Polabella , quatre légions ,
qui étoient les reftes des armées
de Pompée & de Craffus , & qui
Êsiifoient partie des troupes que
Céfar lui avoit laidées pour la
garde de TÉgypte. Elle avoit audi
une flotte toute prête à faire voi-
le 'y mais, la tempête Tempêcha de
partir. Cadius fe rendit maître de
ces quatre légions. Cléopâtre ,
follicitée plufieurs fois par CafHus
ile lui donner du fecours , le refu-
fa conftamment. Elle partit quel-
que^ tems après avec une âotte
nombreufe pour aller fecourir M.
Antoine & Oûavien. Une rude
tempête lui fît périr beaucoup de
vairfeaux, & une maladie qui
lui furvint , l'obligea de retourner
en Egypte.
M. Antoine , après la défaite de
Caflius & de Bru tus â la bataille
de Philippes , étant paflé en Afie ,
pour y établir l'autorité duTrium-
virac , cita Cléopâtre devant lui
pour répondre de quelques griefs
imputés à fes gouverneurs de
Phénîcie* Cette Prinçeffc , fûre de
fes chjarmes par l'épreuve qu'elle
en ^vpi^.déjà faite Ci héureufement
auprès de, Céfar, efpéra qu'elle
.pourfoit aufli captiver M. Antoi-
ne .f^^s^fecilemem ; d autant plqs
même que le premier ne Tavoit
connue que fort jeune encore , 6c
lorfqu'elle n'avoir aucune expé-»
rience du monde ; au Heu qu'elle
alloit paroîire devant M. Antoi-
ne, dans un âge où les femmes
joignent à la fleur de leur beauté ,
toute la farce de Tefprit pour
manier & conduire les plus gran-»
des affaires. Cléopâtre avoit alors
plus de vingt-cinq ans. Elle fit
donc provifion de préfens très-
riches, de grofles fommes d'ar-»
gent , & fur tout d*habits & d'or*
nemens très • magnifiques ; &
mettant plus encore fes efpéran-
ces en elle-même , dans fes at-
traits & dans les grâces de fa per-
fonne^ plus puiÏÏanter que toutes
les paru'res & que l'or même»
elle fe mit en chemin.
Sur fa route elle reçut plufieuts
lettres de M. Antoine qui étoit à
Tarfe , & de fes amis qui la pref-
foiçnt de hâter fon voyage ; mais»
elle ne fit que rire de tous ces
empreiTemens , & n'en fit pas
plus grande diligence. Après avoit
traverfé la mer de Pamphylie,
elle entra dans le Cydnus , 6c
remontant ce fleuve vint aborder
à Tarfe. On ne vit jamais d'équi-
page plus galant ni plus fuperbe
que le fien. La pouppe de (on
vaiiTeau étoit toute éclatante d'or,
les voiles de pourpre , & les ra-^
mes garnies il'argent. Un.pavilloi»
d'un tifFu d'or étoit dreffé fur le
tillac , fous lequel paroiffoit cette
Reine habillée en Vénus , 6c en^
vironnée des plus belles filles de
fa cour , dont lés unes rèpréfen-
tpient les Néréides , les autres les
(traces. Au lieu de iroinpj^ttesp
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594 CL
on entenaoh les flûtes , les haut-
bois , les violes , & â*aotres inf-
trumens fembiables , qui jotioîent
des airs paffionnés; & la ca-
dence des avirons , qui étoient
tnaniés en mefore» rendoit cette
harmonie encore plus agréable*
On brûloit fur le tilljc des par-
fums , qui répandoîent leur odeur
bien loin furies eaux du fleave,ôc
far l'une & fur l'autre de Tes rives
couvertes d'une infinité de per-
fonnes , que la nouveauté de ce
Ipeâacle avoit attirées.
Dès qu'on fçut qu'elle arrivoît ,
tout le peuple de Tarfe fortit au-
devant d'elle , jufques-là que M.
Antoine , qui donnoic alors au*
firence » vit Ton tribunal abandon-
né de tout le monde , fans qu'il
reftât perfonne auprès de^ui que
fes liâeurs ôc Tes domefliques. Il (e
répandit un bruit que c^étoit Vé-
nus qui venoir en mafque chez
Bacchus pour le bien de TAûe»
Elle ne fi|t pas plutôt defcendue
Sk terre, que M* Antoine l'envoya
complimenter , & Tinvica à fou-
per. Mais , elle fit réponfe à fes
députés qu*elle fouhaîtoit de le ré*
galer lui-même, Se qu'elle Tat-
tendoit dans les tentes qu'elle fai-
ibit préparer fur les bords du fleu-
ve. Il ne fit pas difficulté d'y aller,
& il trouva des préparatifs d'une
magnificence qu'on ne peut expri-
mer. Il admira fur tout la beauté
des ludres qu'on avéit arrangés
avec beaucoup d'art , Ôc dont les
îlluminacions faifoient un jour
agréable au milieu de la nuit.
M. Antoine l'invita à fon tour
pour le lendemain. Quelques ef-
forts qu'il eût faits pour l'emporter
CL
fuf elle,îls*avoua vaincii,foît poor
la fomptuofité , foit pour l'ordon-
nance du repas ; & il fut le pre-
mier à railler fur la mefquinerie &
la groffièreté du fien , en compa-
raifon de la richefTe & de l'élé-
gance de celui de Cléopâtre. La
Reine , de fon côté , voyant que
les plaifanteries de M. Antoine
n'avoit rien que de greffier , &
fentoic plus Thomme de guerre,
qu'un homme de cour, le paya en
pareille monnoie, fans l'épargner,
mais avec tant d'efprit & d'a-
grément qu'il ne s'en ofFenfoit
point.
Il ne fut prefque point fait men*
tîon des griçh formés contre
Cléopâtre , qui d'ailleurs étoient
fans fondement. Elle faifit telle-
ment M. Antoine par fes charmes,
& fe rendit fi abfolument maîtref-
fe de ion efprit , qu'il ne lui pou-
voit rien refufer. Ce fut pour lors
qu'à fa priere,il fit mourir ArGnoë
la fœur, qui s'étoit réfugiée à
Milet , dans le teçfiple de Diane
comme dans un afyle afTuré.
C'étoîent tous les jours de nou-
velles fêtes. Un nouveau repas cn-
chérifToit toujours fur le précé-
dent , & il femble qu'elle s'étu-
dioit à fe furpafTer elle-même. M.
Antoine , dans un feftin qu'elle lui
donnoït, étoif hors de lui-même i
la vue des rtchefTes étalées de tou-
tes parts, & fur tout du grand
nombre de coupes d'or , enrichies
de pierreries , & travaillées par
les plus habiles ouvriers. D'un air
dédaigneux , elle dit que tout cela
étoît peu de chofe , & elle loi
en fit préfent. Le repas flii lende-
main fut encore plus fuperb^. M»
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CL
Antoine , à fon ordinaire , y avoît
amené avec lui bon nombre de
convives, tous officiers de marque
& de diflinâion. Elle leur donna
tous les vafes & toute la vaifTelle
<l'or & d'argent dont le buffet étoit
chargé.
Ce fut fans doute dans un de
ces feûins qu'arriva ce que Pline ,
& après lui Macrobe , racontent.
Cléopitre plaifantoit, félon fa
coutume fur les repas de M. An-
toine , comme étant fort modi»
3ues & fort malentendus. Piqué
e la raillerie » il lui demanda ,
d'un ton un peu échauffé f ce
qu'elle croyoit donc qu'on pût
ajouter à la magnificence de fa
table* Cléopâtre lui répondit froi-
clément qu'en un feul fouper elle
dépenfoît un million. Il prétendit
que c'étoit pure vanterie , que la
chofe étoit impofTible , & qu'elle
n'en vienidroit jamais à bout. On
fit un pari , & Plancus fut pris
pour arbitre. Le lendemain on fe
rendit au repas. Il étoit magnifi-
que y mais n'avoit rien de fi fort
extraordinaire. M. Antoine fup*
putoît la dépenfe , demandoit à
quel prix chaque chofe pouvoit
monter y & d'un air railleur ,
comme fe tenant fur de la viéèoi-
Te, difoit qu'on étoit encore bien
éloigné d'un million. Attende^ ,
dit la Reine, ce neft ici qu'un
commencement , & je me fais forte
de dépenfer moi feule le million. On
apporte une féconde table,&,felon
l'ordre qu'elle en avoic donné , on
ne fervit defTus qu'un (èul vafe
{>lein de vinaigre. M. Antoine ,
urpris d'un appareil fi nouveau ,
ne pouvoit devHiei oii tout cela
C L 395
tendoît. Cléopâtre avoît à fes
oreilles deux perles , les plus bel-
les qu'on eût jamais vues ; 6t dbnt
chacune étoit eûimée plus 'd'un
million. Elle en tire une , la jette
dans le vinaigre , & après l'avoir
fait fondre l'avale. Elle fe prépa-
roit à en faire autant de l'autre-;
Plancus l'arrêta , & lui donnant
gain de caufe , déclara M. An-
toine vaincu.
Celui-ci fe laîfla enfuite entraî-
ner par Cléopâtre à Alexandrie y
où ils pafFoient le temsdans les
jeux ^ dans les amufemens & dans
les délices , fe traitant l'un l'autre
tous les jours avec des dépenfes
exceiCves & incroyables. Cléo-
pâtre , de peur que M. Antoine
ne lui échappât , ne le perdoit ja-
mais de vue ^ & ne le quittoit nî
jour ni nuit , toujours occupée à
le divertir & à le retenir dans fes
chaînes. Elle jouoit aux dez avec
lui , elle chafToit avec lui , & ,
quand il faifoit l'exercice des ar-
mes , elle étoit toujours préfente.
Son unique attention étoit de l'a-
mufer aeréablement , & de ne lui
pas laiiler le tems de fentir le
poids de l'ennui.
Un jour qu'il pêchoit à la ligne %
& qu'il ne prenoitrien , il en étoit
très-fâché, parce que la Reine
étoit de la partie , & qu'il ne vou-
loit pas , en fa préfence , paroître
manquer d'adrefle, ou de bon-
heur. Il s'avifa donc de comman-
der à des pêcheurs d'aller fous
l'eau , attacher fecrétement à l'ha-
meçon de fa ligne quelques gros
poiflbns de ceux qu'ils avoienc pris
auparavant. Cet ordre fut exécuté
fur le champ I & M. Antoine re:^
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39^ C L ^ ^
Jiif a deux ou trois fois fa lîgne*ton»
îours chargée d'un gros poifTon. Ce
manège n'échappa pas à TÉgyp^
tienne. Elle 6t femblant d*étre
étonnée , & d'admirer ce bonheur
de M. Antoine; niais,en fecret, elle
dit à Tes amis ce qui s'écoit pafTé,
& les invita i venir le lendemain
être fpeâateurs d'une pareille plai-
fanterie. Ils n'y manquèrent pas.
Quand il furent tous montés dans
des bateaux de pêcheurs » & que
M. Antoine eut jette fa ligne ,
elle commanda à un de (es gens
de plonger promptement dans
l'eau , de prévenir les plongeurs
de M. Antoine , & d'aller accro-
cher à Tameçon de fa ligne ,
quelque gros poiflfon falé . de
ceux qu'on apportoit du royaume
de Pont. Lorfque M. Antoine
fentit que la ligne avoit fa charge,
il la retira. A la vue de ce poiUon
falé , ce furent des éclats de rire
tels qu'on peut fe l'imaginer.
Alors , Cléopâtre lui dit : Mon
Généra/ , laijfe^^nous la ligne à
nous autres , Rois ou Reines du
Phare & du Canope ; votre pêche^
^eft de prendre des villes , des
royaumes & des Rois*
Cette Reine, au milieu des
paflîons les plus violentes , & de
l'enivrement des plaifirs, confier-
voit toujours du goût pour les
• belles lettres & pour les fciences.
A la place de la fameufe Biblio-
thèque d'Alexandrie , qui avoit
été brûlée quelques années aupa-
ravant , elle ea établit une nou-
velle , à l'augmentation de la-
quelle M. Antoine contribua
beaucoup , lui ayant fai| préfent
de la bibliothèque qui ^mt à
CL
Pergatne , oîi il fe troiiva plus de
deux cent mille volumes» Elle
n'amaflbic pas des livres finiple-
ment pour la parure ; elle en fiai-
foie ufage.
Comme elle fe prétendoit fem-
me légitime de M. Antoine , eUe
fouffroit impatiemment de le voir
marié avec Oâavie, qu'elle re-
gardoit comme fa rivale. Il filluc
que M. Antoine , pour Tappaîfer,
lui fit de magnifiques préfens. B
lui donna la Phénicîe , la baffe-
Syrie, l'ifle de Cypre, & une
grande partie de la Cilicie. Il y
ajouta une partie de la Judée &
de l'Arabie. Deux années fe paf-
ferent pendant lesquelles M. Aiv-
toine nt plufieurs voyages à Ro-
me « & entreprit quelques expé-
ditions contre les Parthes & les
Arméniens. De-là il*pa{ra dans la
Phénicie , où Cléopâtre vint le
joindre , avec des habits & beau-
coup d'argent pour les foldats.
Oâavie , en même tems , étok
partie de Rome pour l'aller trou-
ver, & elle étoit déjà arrivée à
Athènes. Cléopâtre fentit biein
qu'elle ne vcnoit que pour lut dif-
futer le cœur de M. Antoine,
bur éviter ce danger, elle fit
femblant de mourir d'amour pour
M. Antoine , & atténaoit dans
cette vue fon corps , ne prenant
que très-peu de nourriture. Tou^
tes les fois qu'il entroit chez elle ,
il lui voyoit le regard furpris ôc
étonné ; 6c quand il en forcoit elle
prenoit un air abattu & languif-
fant. Souvent elle faifoit enu>rte
de paroîtr^ toute en larmes ; &
,dans le iboment même elle fe
hâtoit de les effuyer ^ 4e les ca^
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C L
cher y comme pour lui dérober fa
fpiblefle & Ton défordre.'M. An-
toine , qui ne craignoit rien tant
que de caufer Je moindre déplaifir
à Cléopâcre , écrivit des lettres à
Odavie y pour lui ordonner de
l'attendre à Athènes , & de ne pas
paiTer outre ,^ ju(qu*à fon retour
d une expédition qu'il alloic taire
contre les Medes.
. Cependant , il n'y avoit point
d'artinces que Qéopâtre n'em-
ployât pour retenir M. Antoine
dans Tes liens. Larmes , careiTes,
reproches , ^nenaces i tout étoit
tpis en ufage. Elle ayoit gagné à
force de préfens , tous ceux qui
approchoient de M, Antoine » &
qui avoient le plus fa confiance.
Ce» batteurs lui repréfentoienc
avec force qu'il y auroit de la du*
reté .& de l'inhumanité d'aban-
donner Cléopâjtre dans le tride
ét^t.oîi eJle Te trou voit , & que ce
feroit faire OKHirir cette infortu-
i|ée Prinçefle, qui n'aimoit que
l^i 9 & ne vivoit que pour lui. Ils
amollirent & fondireat fi bien le.
cçeor de M. Antoine , que de peur
que Cléopâtre ne fe fit mourir, il
retourna promptement à Alexan-
drie, 6c remit les Medes au prin-
tems.
Il eot bien de.U peine , quand
kprîmems fin. arrivé^ à quitter
TÉgypte & ^ à «'éloigner de fa
chère Cléopâtre. £lie confentit à
l'accompagner jufqu'au bord de
i'Ëuphrate. Après Ion expédition,
il fe hâta de retourner à Alexan-
drie ; & ci^mme Cléopâtre & lui
pafToient les jours 6c les nuits dans
ks feftins , cette vaine Princeffe ,
i^aos un de ces rçpgy ^ Yoyant M»
CL 597
Antoine plein de vjn , ofa bien lui
demander l'empire Romain , 6c
il n'eut point de honte de le lui
promettre. Avant que de quitter
l'Egypte 9 il voulut faire la céré-
monie du couronnement de Cléo«
pâtre 6c de tous fes enfans. Cha««
cun ayant pris la place quiluiécoit
deAinée , le héraut , par le com-
mandetitent de M. Antoine , 6c
en la préfence de t<^ut le peuple à
qui on avoit ouvert les portes da
palais , proclama Cléopâtre reine
d'Egypte, de Cypre, de Libye
6c de la Céléfyrie , conjointement
avecfon fils Céfarion. 11 proclama
enfuite les autres Princes, Rois des
Rois.
Cléopâtre fuivit depuis M. Aiw
toine dans fon expédition contre
Auguâe. Quand ils fiirent arrivés
à Éphèfe , les amis de M. Amoi«
ne lui confeilloient de renvoyer
ceue Princeffe à Alexandrie , juf-
qu a ce qu'on vit quelle tournure
prendroient les évenemens de la
guerre. Mais , Cléopâtre , crai*
gnant que M. Antoine ne s'accom-
modât avec Augufte, gagna un
de fes principaux «mis. à force
d'argent , 6c le porta à parler en
fa faveur à M. Antoine, 6c i lui
repréfenter qu'il n'étoit , ni jufte
d'éloigner de cette guerre, une
P/inceffe qui y contribuoic fi fbrc
de fon coté » ni utile pour fon par-
ti > parce que fon départ découra-
geroit les Égyptiens, quifaifoient
la plus grande partie de fes forces
maritimes. M. Antoine ne réfifta
point à des remontrances, qui
flattoient en même tems fon
amour propre 6c fa paffion.
P'Éphèfe il f(^ rendit ay«c
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59» CL
Qéopâtre k S^mos , oii écoU le
tendez-vous de la plupart de leurs
troupes» 6c oîi ils pafferent le tems
dans la bonne chère 6c dans les
plaifirs. Les magnificences n y fu-
rent guère moindres qu'à Aie-
suipdrie* Les Rois , qui étoient à
leur fuite , s'épuîferent » pour leur
plaire^ par des dépenfes extraordi-
naires , ôc déployèrent dans leurs
feilins un luxe exceffif. De Samos»
on vint à Athènes , oh Ton pafla
plufieurs jours dans de fembJables
débauches* Cléopâtre n'épargna
rien pour obtenir des Athéniens
les mêmes marques d'aâeâion &
d'«fiime » qu'Oaavie en avoit re-
çues pendant fon féjour dans cette
ville» Mais , quoiqu'elle pât faire,
elle n'en put arracher que des ci- •
vilités contraintes y qui k termi-
nèrent à une vaine dépacation ,
que M» Antoine exigea des Athé-
niens, & de laquelle il voulut être '
)e chef lui-même en qualité de
bourgeois d'Athènes«.
D'Athjèoes on retourna 4 Sa-»
mos 9 t>ù toute la flotte étoit af-
iemblée. Rien n*égalott la magni-
ficence de la galère de Cléopâire,
toute bdUlame d'or, avec des voi-
les de pourpre , fes flammes 6c Tes
• banderoles fe , jouant au gré du *
v€n€ , pendant , que les trompet-
tes 6c les autres inflrumens de
guerre faifoient entendre des airs
d allégrefTe & de triomphe. M. An-
toine la fuiyoit de près dans une
gjilère qui n'étoit guère moins or-
née. Oeîte Reine , enivrée de fa
fortune 6c de fa grandeur , 6c n*é-
coutantque fon ambition efFiénée,
menaçoit follement le Capitole
d'une riûae prochaine » 6c fe pré-;
CL
paroit avec fa troupe înfatne d'Eu-
nuques à détruire pour toujours
l'empire Romain.
Cependant , les plus braves 6c
les plus expérimentés officiers de
M. Antoine lui cpnfeilloient de
ne point hazc^der un combat na-
val, 6c de renvoyer Oéopâtre en'
Egypte. Mais, il y avoit long-
tems qu'il n'étoit plus fufceptible
d'un bon confeil , ne faifant que
ce qui plaifoit à Cléopâtre. Cette
orgueilieufe PrïncefTe , qui ne jn«
geoit des chofes que par Texte-
rieur, croyoit que fa fiotte étoit
invincible , 6c que les vatileaux
d'Augufle n'en pourroient appro-
cher fans fe brifer. D'ailleurs ,
elle fentoit bien qu'en cas de mal-
heur il lui feroit plus aifé de fe
fauver fur fes vaiffeaux que par
terre. Son avis prévalut donc fur
celui de tous les Généraux.
La bataille fe donna le fécond
jour de Septembre à l'embou-
chure du golfe d'Àmbracie ^ près
de la ville d'A£lium , à la vue des
armées de terre , dont l'une étoit
rangée %n bataille fur la côte du
nord , 6c l'autre- (ùt celle du tmàl
de ce détroit , attendant le fuccès
du combattu liat^ -doufceux pen-
dant quelque tems , 6c parut auffi-
favorable à M; Antoine qu'àAu-
gufle , jufqu'à la retraite deQéo-
patre. Cette Reine, effrayée du
bruit du combat , oh tout étoit'
terrible pour une iernme , prit la
fuite lorsqu'il n'y avoit aucun dan-
ger pour eHe, &c entraîna avec
elle toute fonefcadre Égyptienne,
qui étou de foixante vaifTeaux de'
haut bord , avec lefquels elle fît
voile du côté du.Pék>ponnèj(^. M,
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CL
Antoine cui la vit fuie, oubKânt
touc , & s oubliant lui-inême f la
^ivit précipitamment , & céda à
Âugafle une viâoire qu'il lui
ayoit très- bien difputée juiques-là.
- On arriva à ^Ténare , d*oU
Cléopâcre prit la route d'Alcr
yandrie, £n approchant du pof t ,
«lie craignit « (i l'on apprenoit Ton
malheur « qu'on ne lui en- refiifât
rentrée» Elle fit couronner fct
vaifleaux , comme û elle, fûjt re-
venue^viâorieufe. A féne y fut-
elle entrée qu'elle fit mourir tous
les Grands de Ton royaume , qui
Ijdi étoient fufpeâs » de peur que»
ior(quV>n^ fçauroit Ta débite j il)i
ç'excitjtffent des (éditions i;oQtre
eUe. M. Antoine la trouva dans
c^fa^D^antes exécutioiisu
' Elle forma bien-têt après » :un
autre defljeifl bien extraordinaire*
pçUr éviiiçr de tomber entre les
Biains d'Auçufte ; elle fongeoit à
£aiie .tranfporter Tes vaiiTeaux^de
kl ^mej: .Méditerranée dans la iaet
Ronge/y par l'ifthme qui n'arque
trente lieues de largeur^ôc à mec-;
tfeenfuite tous Tes tréCbrs dans ces
Taifleaux.^ 6c dans les autres qa'-
^le avoir déjà fur cette mer^ Mats«
ks Arabes qui demeuroient fur
cette côte ,* ayant brûlé tousi les
vatfleeux qu'elle y avolt > elle fut
obligée d'abandonner cedeffein.j
. Changeant donc de réfolution ,
eUe ofe £>ngea plus qu'à gagner
Augude, qu'elle regardoit comme
(on vainqueur , & à lui faire un
Sacrifice de M. Antoine , que (es
malheurs lui avoient rendu indif ^
ferént. Tel étoit Tefprit de cette
Princeffe. Quoiqu'elle aimât juf-
/qu'à la fureur, elle avoH encore
C L 399
plus d'amhilion que d'amour ; ôt
la couronne lui étant phis chère
que fon marr,' elle fongeoit à U
conferver au prix de la vie de M«
Antoine. Mais, lui cachant fes
fentimens , elle lui perfuada d'en-^
voyer des ambafladeurs à Au-*
guile , pour n^ocier avec lui un
traité de paix. Elle joignit fes am-
bafladeurs à ceux de M. Aptoinet
mais leur ordonna de traiter pouf
elle en particulier. Augufle ne
voulut point voir les ambafTa^*
deurs de M. Antoine ; il renvoya
ceux de Cléopâtre avec une ré-^
ponfe favorable. «
Cependant» cette Reine , Kfoi
ptévoyoitcequi pourroit arriver,
ramafToit toutes fortes de poifons i
& pouiT éprouver ceux qui fai««
foient mourir avec le moins dt
douleur , elle faifoit l'eiTaî de leur
vertu & de leur force fur les cri-
minels condamnés à mort^ qui
étoient gardés dans les prifons;
Ayant vji , par ces expériences i
que les poifons qui étoient forts ^
faifbient mourir promptement «
mais datis de grandes douleurs ;&
que ceux qui étoient doux , cau<r
foient une mort tranquille , mais
lente^elleefTaya des morfures des
bétes^venimeufes, & fit appliques
en fa:.préfence fur diverf^ per«>
fonnes , différentes fortes de for^
pens« : Tous les jours , elle faifoic
de ces épteuves. Enfin > elle trou*
ya que l'afpic étoit le feul qui ne
caufoit ni convulfions ni tranchées,
& qui» prédpitaitt feulemem da»s
une peiameur & dans un afibupiP-
fement accompagnés d'une pfitite
moiteur au vifage , & d'un amor*-
tjiirement de tou$ les (ens , étei^
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400 CL
gnoir doacement la vie , de forte
que ceux qui écoient.en cet écat ,
le fâchoiem quand on les réveil-
loit , ou qu'on vouloit les lever ,
de même que ceux qui font pro-
fondémisnt endormtSé Ce (ut-là le
poifon auquel elle fe fixaV
Pour difliper les féa^om &C
les fujets de plainte de •M<r An-
toine y elle fe mit à le car^ifer en-
core plus que de coutume ^ de
forte que n'ayant célébré 4e jour
de fa propre Dai{ranc6<|u*âvec peu
deiblemniré , & convenablement
à r^tat préfent de ia fortune , elle
célébra celui de •!& "naifiafice ck
M* Antoine avec untéctat-6(4ine
inagnificenceau-deâusde tout C0
qu'elle avoit fait auparavant y juf-
quès*là que piufieurs dps oi&nviés,
i|ui 'étoient venus pau^tres-à ce
feûin i 6'en rétournecilnt riches,
• Cléôpâtre avoit .fait- bawr à
coté du temple d'iii&V- des^tom-
beaux .& des failes fupetbesr-, tant
par leur beauté Ôcpar leur magnt-
^cence^^.que par 'leur -^lévàtion^
Elle y. fit porter tous fes meubles
ks-phis précieux , l'or , Targent ,
ks pi^eries^ l'ébène , Tivoite^ 6c
X]uantité de parfums & de bois
aromatiques , comtne (t .elje eût
«Il déffein d'en iiaice.un- bâcher ,
fur lequel elle eût voulu fetcon-
•Himer avec tous fes tréfors; Au^
^ûê,.alkrmé pouctootesi fe« ri^
KhefTes , jSc craiement qnr réduite
au déièfpoir , elle ne fes fit brûler,
iui dépéchoit tous ,^ks jours des
gens, qui lui cbimoient de gran^
-des efpérances d'un traitement
plein de douceur ôt d'humanité ;
& eependam il s'approchoit de la
yiUe à grandes journée^»*
M« Antoine , qui ignoroSt les
Intrigues de Qéopâtre » (e prépa-
roit àmnè hùùtit défenfe ; tnaiS|
l'amival de cette Princeile baifla
pavilkin^ iorfqu'il fut à portée de
celui d'Augufie , & lui Hvra toute
fa âotte: M. Antoine i plein de
tôge 6C' dé défefpoir, courut ao-
palais dansJe^delTein de f«t vengei^
de Cléo^tre'; mais , il ne la trou-
va pï>int. '
- Cette artificieufe Princefle,qui
av€fit prévale qui arrriva,- vou-
lant fe dérober à la colère de M.
Aptotne, s'écoii Retirée dans le
qoanier oii Soient les tombeaux
des «rois d'Egypte, qui étoit tbr*
tiôé de boMAés. murailles , «& dont
elle a^vott Eût fermer (es portes^
£lle6t dire à M. Antoine v que
préièrànt'une mort honorable à
une honteufe captivité i die s'^
coït donné la mort au milieu des
tombeaux de fes ancêtres > oii-elle
atoitauili'chotô (a fépulcure. M.
Aa«othe\ trop crédule, ne fe don-
na; pas le^loifir d'examiner une
nouvelle qui devoit lui ^tre fui^
peék , aptes toutes les infidélités
depéopâtre ; & frappé de l'idée
de fa' trart ^ ii paffa tour d*ua
coup de Texcès dé la colère dans
les plus vifs tranfports'dedouleori
& ne fongea plus qu'à la fiiiyre
dans le tombeau.
' Dé^ il s'étoit enfoncé fbo épée
dans le corps , Iorfqu'il voit ar<*
river un officier des gardes de la
Jleine , qui lui venoit dire qn'elle,
étoit vivante. Il n'entendit pas
plutôt prononcer le nom de Cléo«
pâtre , qa'il revmt de ion éva-
nouiffement , 6c apprenant qu'elle
ia>it .virante ^ il fouffrit qu'oa
panTâc
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CL
panait fa bleffure , & (e fît enfuite
porter à la forterefle oîi elle s'étoit
enfermée. Cléopâtre ne permit
point qu'on ouvrit les portes pour
le faire entrer , dans la crainte de
quelque furprife ; mais , elle pa-
rut à une fenêtre haute , & jetta
en bas des chaînas & des cordes.
On y attacha M. Antoine , &
Cléopâtre , aidée de deux fem-
mes, qui étoient les feules qu'elle
eût ' menées avec elle dans ce
tombeau , le tira à elle« Jamais ,
fpeâacle ne fut plus touchant, M.
Antoine, tout couvert de Tang,
& la mort peinte fur le yifage,
étoit guindé en haut> tournant fes
yeux moarans vers Cléopâtre, &
lui tendant (es foibles mains,com-
me pour la conjurer de recevoir
fôs derniers foupirs ; & Cléopâtre,
le vifage tendu > & les bras roi-
dis , tiroit les cordes avec grand
efforC , pendant que ceux d'en bas
qui ne pouvoient Taider autre-
ment, ren(;ourageoient par leurs
cris.
Quand elle l'eut tiré à elle , 6c
qu'elle leur couché , elle déchira
fes habits fur lui , fe frappant fô
fein , fe. meurtriiTant la poitrine ;
& lui eïïuyant le fang avec fon
vifage collé fur le fien , elle Tap-
pelloitfon Prince,fon Seigneur,fon
cher Époux, En faifant ces ttiftes
exclamations, elle coupoit les
, cheveux de M. Antoine , f^ivant
la fuperilition (ies payens , qui
cfoy oient foulager par - là ceux
qui mouroient d'une mort vio-
lente.
M. Antoine , ayant repris fes
fens , & voyant raffllôion de
Cléopâtre , Uii dit , pQur la con-.
Tom. XI. '
CL 4ot
foler , qu'il mouroit heureux ^
puifqu'il mouroit entre fes bras.
Cette PrincefTe demanda à Au-
gure la permiffion d'enfevelir M.
Antoine , qui lui fut accordée fans
peine. Elle n'épargna rien pour
rendre fa fépulture magnifique ,
fuivant la coutume des Égyptiens.
Elle fit embaumer fon corps avec
les parfums les plus précieux de "
rOrient , & le plaça parmi les
tombeaux de$ rois d*Égy pte,
Augufte ne trouva pas à propos
de voir Cléopâtre dans les pre-
miers jours de fon deuil ; mais ,
lorfqu'il crut le pouvoir faire avec
t>ienféance,il fe fit introduire dans
fa chambre , après lui en avoir de-
mandé la permiffion , voulant par
les égards qu'il avoit pour elle, hii
cacher fon defiein. Elle étoit cou-
chée fur un petit lit dans un état
fortfmipleôc fort négligé. Quand
il entra dans fa chambre ^ quoi-
.qu'elle n'eût fur elle qu'une fimplê
tunique, elle fe leva promptement,
6c alla fe jetter à fes genoux,
horriblement défigurée , les che-
veux en défordre , le vifage effaré
& fanglant , la voix tremblante ,
les yeux prefque fondus à force de
pleurer , ôc le fein couvert de
meurtriffures & de plaies. Cepen-
dant I cette grâce naturelle , &c
cette fierté que fa beauté lui inf*
piroit , n'étoient pas entièrement
éteintes ; & malgré le pitoyable
état oii elle étoit réduite , de ce
fond même de triftefle & d'abat-
tement 9 il en fortoit > comme d'un
fombre nuage , des traits vifs &
des efpèces de rayons , qui écla-
toient dans fes regards & dans
tous fes m0uvemens de fôn vifa-
Cc ^
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4d2 C L
ge. Quoique prefque mourante »
elle ne déferpéroit pas d'infpirer
encore de l 'amour à ce jeune
vainqueur , comme elle avoit
fait autrefois à Céfar & à M.
Antoine*
La chambre oîi elle le reçut,étoit
pleine des portraits de Céfar. Sei*
gneùr^ïm dit-elle, en lui montrant
ces tableaux , voilà les images de
celui qui vous a adopfépour vous
faire fuccéder à l'empire Romain ,
& à qui je fuis redevable de ma
couronne. Puis , tirant de Ton fein
les lettres qu'elle y avoit cachées :
Voilà aujfi , continua-t-elle , en
les baifant , les chers témoignages
d4 fon amour. Elle en lut enfuite
quelques- unes des plus tendres ,
accompagnant cette leâure de
paroles touchantes & de regards
padionnés. Mais» elle employa
inutilement tout ces artifices ; & ,
foit que fes charmes n eufTent plus
le pouvoir qu'ils avoient eu dans
fa jeuneffe , ou que l'ambition fût
la paiSon dominante d'Âuguftey
il ne parut point touché de fa vue
ni de fon entretien , fe contentant
de l'exhorter à avoir bon coura-
ge I & l'afFurant de fes bonnes in-
tentions. Elle s'apperçut bien de
cette froideur , dont elle tira un
mauvais augure ; mais , diffimu-?
tant fon chagrin , & changeant de
difcours, elle le remercia beau-
coup de i^% bonnes difpofitions.
Elle ajouta qu'en revanche elle
vouloir lui livrer tous les tréfors
des rois d*Égypte. Et en effet elle
lui remit entre les mains un bor*
dereau de tous fes meubles , de
fes pierreries & de fes finances*
Comme Séleucusi un de fes tré-
CL
forîers , qui étoit préfent , lu! re«
procha qu'elle n'avoit pas tout dé-
claré , & qu'elle caphoit & rete-
noit une partie de ce qu'elle avoir
de plus précieux, outrée d'une
telle infolence,elle lui donna plu-
fieurs coups fur le vifage. Puis ,
fe tournant vers Augufte: » N'eft-
» ce pas une chofe horrible , lui
» dit-elle , que lorfque vous n'a*
» vez pas dédaigné de me venir
» voir , & que vous avez bien
» voulu me confoler dans le trifte
» état où )e me trouve , mes
» propres domeftiques viennent
n m'accuiêr devant vous , fous
I) prétexte que j'aurai réfervé
» quelque bijou de femme , non
f> pour en orner une miférable
5i comme moi , mais pour en faire
w un petit préfent à 06tavie votre
» fœur y 6rà Livie votre époufe,
M afin que leur proteâion attire
}) de votre part un traitement fa-
)> vorable à une infortunée Pria*
Il cefle?«
Augufte fut ravi de l'entendre
parler ainfi ^ ne doutant point que
ce ne fût l'amour delà vie, qui
lui infpiroit ce langage. Il lui dit
qu'elle pouvoit difpofer à fon gré
des bijoux , qu'elle avoit retenus ;
& après l'avoir aflurée qu'il la
traiteroit ave^ plus de générofité
& de magnificence qu'elle n'ofoit
Tefpérer , il fe retira , penfant l'a-
voir trompée , & c'étoit lui qui le
fut. En effet , ne doutant point
qu'Augufte n'eût defTein de la
faire fervir d'ornement à fon
triomphe j elle ne fongea plus qu'à
mourir pour éviter cette honte.
Elle fçavoit bien qu'elle étoic ob-
fervér par les gardes qu'oa lui
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CL
avoît donnés , qui , fous prétexte
de lui faire honneur , la fuivoieDt
par tout ; & que d'ailleurs le tems
preflbit , le jour du départ d* Au-
gure approchant^ Pour' le trom-
per donc encore mieux , elle le
fit prier qu'elle pût rendre fes der-
niers devoirs au tombeau de M.
Antoine > & prendre congé de
lui. Augufte lui ayant accordé
cette permiffion, elle s'y rendit
effeâivement pour baigner ce
tombeau de Tes larmes , 6^ pour
alTurer M. Antoine , à qui elle
adreila fon difcours, comme fi elle
l'eût eu fous les yeux , qu'elle al-
loit bientôt lui donner uçe preuve
certaine de Ton amour.
Après cette fuqefte protefta-
tîon , qu elle accompagna de fes
pleurs & de fes foupirs , elle fit
couvrir le tombeau de fleurs | ^
revint dans fa chambre. Puis elle
fe mit au bain » ÔL du bain à la
table, .ayant ordonné qu'on lui
fervît un repas magnifique. Au
lever de la table, elle écrivit un
billet à Aagufte , & a^ant fait
forcir tous ceux qui étoifint dans
fa chambre, excepté (es^feux fem-
mes , elle ferma la porte fur elle ,
ife mit fur un lit de repos , & de-
manda une corbeille où il y avoit
des figues , gu'un païfan venoit
d'apporter. Elle la mit auprès
d'elle» 6c un moment après^ on la
vit fe coucher fur fon lit, comme fi
elle fe fût endormie. Mais , c'eft
que l'afpic, qui éioit caché parmi
les fruits ^ l'ayant piquée au bras
qu'elle lui avoit tendu, le venin
avoit auffi-tôt gagné le cœur , ÔC
Tavoit tuée fans douleur , & fans
qu'oh s'en apperçût. Les gardes
CL 40}
avolen^ ordre de ne rien laifTer
pafTer , qui ne fût vifité- exaâe-
meni ; mais , ce païfan travefii ,
qui étoit un fidèle ferviteur de la
Heine , joua fi bien fon perfonna-
ge , & il parut Ci peu d'apparence
de tromperie dans un panier de
fruits , que les gardes le laifierent
entrer. Ainfi , toute la prévoyan-
ce d'Augufte lui fut inutile. '
Il ne douta point de la réfolu-
tion de Clégpâtre , après avoir lii
le billet qu'elle lui avoit é.cric,pour
le prier de permettre que foa
corps fût mis auprès de celui de
M. Antoine dans un même tom-
beau ; & il dépêcha promptement
deux officiers pour la prévenir*
Mais , quelque diligence qu'ils
pufTent faire, ils la trouvèrent
morte. -
Cette PrincefTe étoit trop fiere
& trop au-deffus du commun ^
pour foufirir qu'on la menât en
triomphe , attachée au char du
vainqueur. Déterminée à mourir»
& par-là devenue capable des
plus féroces réfolutions , elle vie
d'un œil fec & tranquille , couler
dans fes veines le poifon mortel de
l'afpic.
Cléopâtre mourut à l'âgô de
trente-neuf ans , dont elle en
avoit régné vingt^deux depuis la
mort de fon père.
DIGRESSION
fur le portrait de Cléopâtre,
La beauté de cette Reine, con-
fidérée à part & en elle-même ,
n'étoit pas fi incomparable ni fi
merveilleufe, qu'elle ravît d'a-
Lord en admiration ceux qui la
voyoient* Mais , fon commerct
C G îj
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4o^ C L
avoit un attrait dont on ne pou-
voit fe défendre ; & fa beauté ôc
fa bonne mine , accompagnées des
charmes ÔC des grâces de fa con-
Terfation , & de toute la douceur
6c de la gentillefle qui peuvent
orner le plus heureux naturel »
latflbient dans le cœur Ôc dans l'ef-
prit un aiguillon qui piquoient juf-
qu*au vif.Cétoit d*ailleurs un plai-
fir infini de l'entendre feulement
parler , tant il y avoit de douceur
6c d'harmonie dans le fon de fa
voix. Sa langue étoit comme un
inftrument a plufieurs cordes ,
qu'elle manioit facilement, 6c dont
elle droit , comme elle vouloit ,
toutes fortes de fons ôc de langa-
ges. ^
Il y avoit peu de nations Bar-
bares , à qui elle parlât par tru-
chement ; mais , elle répondoit à
la plupart dans leur propre lan->
gue 9 aux Éthiopiens , aux Tro*
glodytes , aux Hébreux , aux
Arabes , aux Syriens , aux Me-»
des 9 aux Parthes. Eltè fçavoit en-
core plufieurs autres langues ; au
lieu que les Rois , qui avoient
régné avant elle en Éeypte ,
avoient à peine pu apprendre l'É-
gyptien ; 6c quelques-uns d'en-
tr'eux avoient même oublié le
Macédonien^ qui étoit leur languo
aaturelle.
CLÉOPATRE , CUopatra ,
KMoTretTpa , (a) fille de la précé-
dente 6c de M. Antoine. Suidas ,
contre l'opinion généralement re-
çue , foûtient que Céfar écoit fon
(a) Plut. Tom. I. pag. 955. Mém. de
PAcad. des Infcrîpt. k Bell. Letc. Tom
IV. p. 460. T. XXI. p. 141 , «68.
. C*) Jiift. L. XXXVIII, c. 3.
CL
pere» M. Antoine érigea la Cyré-
naïque en royaume en faveur de
la jeune Cléopâtre. Ce fut M.
Titius qui eut la commifiioode
l'aller mettre en pofieffîon de ce
nouveau royaume , où il fallut
changer la forme de gouverne-
ment , qu'on y fuivoit aupara-
vant.
Après la mort de fon père &
de fa mère 9 Cléopâtre fiit mariée
par Augufte à Juba ^ roi de Maq-
ritanie,vers l'an de Rome 72 j.
Suétone donne à cette princeffe le
furnom de Selène, c'eu - à- dire.
Lune.
CLÉOPATRE , CUopatra ,
KyiotrirpoL , {b) fille de Mithridate
roi de Pont , fut donnée en ma-
riage à Tigrane » roi d'Arménie.
Mithridate, par ce mariage , vou-
lut s'afibcier les Arméniens dans
la guerre qu'il méditoit contre les
Romains.
CLÉOPATRE, CUopatra, (c)
K^foxarpa, courtifànne de l'em-
pereur Claude , fe laifla gagod
pour fe rendre délatrice contre
l'impératrice Meflaline.
CLÉ«>ATRE , CUopatra,
Kxfowdrpa > (d) femme de Geffius
Fiorus 9 gouverneur de Judée
fous l'empire de Néron , fut com-
plice de toutes les violences de
ion mari , 6c le foutint auprès de
l'Empereur par le crédit qu'elle
avoit fur l'elprit de l'impératrice
Poppée.
CLÉOPHANTE, CUophan-
tus, KAfoç>«rT6ç, (e) peintre de
(€) Tacit. Annal. L. XI. c. 30.
(d) Jofeph. di Antiq, Judaïc. p. 70».
(e) Plin. TûTi. II. fzg, 19%, )49«
Méoif de TAçadt des I^cripc ft
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CL
Coriothe. Oir dit qu'il fe fervît
le premier de terre pulvérifée & ^
broyée très-fin ; & qu'il broya
des têts ou des morceatK de pots
de terre , & qu'il en compofa une
couleur. Pline infmue que ce pour-
roit bien être le mên^e qui vint en
Italie avec Démétrios, perc du
premier Tarquin , pour éviter la
perfécution de Cypfel^ , tyran de
Gjrynthe , vers l*an 620 avant
Jefus Chrift.
CLÉOPHANTE , Cleophan-
tus , (a) KMopayro; , fils de Thé-
tniftocle , que fon père rendit fi
habile à monter à cheval , qu'il s'y
tenoit^ de bout fur ft% pieds.
Platon , dans le Ménon » pour
prouver que la vertu ne peut être
enfeignée , & que c'eft an don de
Dieu , cîie l'exemple de ce Cléo-
phante , qui , malgré fon habileté
a monter à cheval , étoit très-
vicieux ; ce que Thémidocle , qui
étoit fi grand homme , auroit
fans doute empêché , s'il avoit pu,
par réducation & par les précep-
tes.
CLÉOPHANTE, CUophan-
tus , (^). K;kfo(2)«KToç ♦ médecin ,
dont parle Cicéron, dans fon
oraifon poUr A. Cluentius. Il vi-
voit dans l'obTcurité, quoique ce
fôt d'ailleurs un homme remar-»
quable. Il avoit un efdave qu'on
voulut engager à donner du poi-
fon à A* Cluentius qui étoit ma-^
lade ; mais cet eklave , loin d'ac-
quiefcer à cette criminelle propo*
fition , la déféra à fon maître , ^
CL 40J
qui avertit le malade du complot
tramé contre fes jours/
CLÉOPHES, Cleophes, (c)
mère d' Affacane , roi des Maza-
ges. Ce^rince étoit mort depuis
peu , lorfqu* Alexandre arriva dans
le pays ; & Cléophes gouvernoit
le royaume en la place de fon
fils. Cette prînceiïe fe- défendit
courageufement ; & quand elle
vit qu'elle ne pou voit plus faire
de réfidance , elle envoya des
ambaHadeurs à Alexandre pour
lui demander pardon.
Le roi le lui ayant accordé ,
Cléophes fortit de la ville, &
vint trouver ce prince avec une
grande fuite de dames, qui lui
apportoient du vin en facrifice
dans des coupes d'or. Et lui ayant
préfenté un fils qu'elle avoit , &
qui n'étoit encore qu'un enfant,
elle n'obtint pas feulement fa grâ-
ce , nxais elle fut aufii remife dans
fes états , avec toute la fplendeur
de fa fortune , & le nom de Reine
lui demeura. Quelques-uns ont
cru qu'en cela Alexandre confi-
déra plutôt la beauté , que la
difgrace ou le malheur de cette
PrincefTe ; au moins eft-il vrai que
depuis étant accouchée d'un fils,
qui que ce fût qui en fût le père,
il fut nommé Alexandre.
CLÉOPHON , Chophon , {d)
Kh%}<puTf^ célèbre orateur Athé-
nien , qui vivoit fur la fin de la
guerrç du Péloponnèfe. Les Lacé-
démoniens « conAernés delà perte
d'une bataille, dont les fuites fii-
Bell. Lett. Tom. XIX. pag. ^54. IVIII. c. 10. RoU. Hift. Ane. T. III. p.
(«) Plut. T. I. p. iftS. I743. é^ friv,
ii) Cicen Orat. pro A. Cluent. c. 35. 1 {d) RoU. Hift. Ane. Tom. II. p. 499,
(O Jutt. L. XII. c. 7. Q* Curt. L.Isqo*
C c ii|
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40^ C L
renc très-avantageufes aux Athé-
niens, envoyèrent demander la
paix aux vainqueurs. Ceux qui
trouvoient leur proât dans les
troubles de TÉtat , empêchèrent
réfFet de cette demande. Celui ,
qui fe fit le plus remarquer dans
cette circonftance, ce rut Cléo-
phon ; car étant monté fur la tri-
bune aux harangues , il anima le
peuple par un difcours violent &
féditieux , lui faifanr entendre que
par une fecrete intelKgence avec
les Lacédémoniens , on trahiffoit
fes intérêts ; qu'on vouloit lui faire
perdre tout le fruit de Timpor-
tante viâoire qu'il venoit de rem-
porter y & lui ôter pour toujours
i'occafion de fe venger pleineùient
de tous les torts ôc de tous les
maux , que Sparte lui avoit fait
foufFrir. Cléophon étoit un hom-
me de rien , un ouvrier d'inftru-
mens de mufique. On prétend
même qu'il avoit été efclave , &
qu'il s'étoit fait infcrire par fraude
dans le regiftre de< Citoyens. Il
porta l'audace & la fureur )uf-
qu'à menacer d'enfoncer fon poi-
gnard dans la gorge de quicon-
que parleroit de paix. Les Athé-
niens 9 enivrés de leur profpérité
préfente , rejetterent avec hauteur
toute propofition d'accommode-
ment.
CLÉOPOMPE, Cleopompus,
K^eo-TToaTTo^ , (tf) époufa la nym-
phe Qéodore , dont il eut Par^
naflus.
CLÉOPTOLEME, CUopto^
ïemus , {b) citoyen de Chalcis ,
(s) Pauf. p. 619.
(h) Tit. Liv. L. XXXVI. c. II.
CO Plut. T. I. p. 606.
/
CL
fut père d'une fille pouf laquelle
Antiochus conçut de l'amour ,
pendant qu'il étoit dans cette vil-
le. D*abord ce prince fit parler ,
Ï)uis parla lui-même à Cléopto-
eme du defFein qu'il avoit de
devenir fon gendre. Cléoptoleme
avoit de la peine à contrarier une
alliance qui étoit fi fort au-defius
de fa condition. Mais , il fe rendit
enfin aux inQances réitérées d'An-
tiochus , l'an 191 avant Jef. Ch«
CLtO?\3SiCUopus, Kxhwoç.
Foye^ Cnopus.
, CLÉORA , Cleora f K>tipa 9
(c) femme d'Agéfilaiis , eut de ce
Prince deux filles, appellées l'une
Apolia , 6c l'autre Prolyta.
CLÉOSTHENE, CUofhhenes,
KAfcrQçrvç, fi) l'un des Ephores
de Lacédémone pendant la guerre
du Péloponnèfe.
CLÉOSTHENE, CUofthenes,
K>$o0-3(yvt'ç > (e) célèbre Athlète
de la ville d'Èpidamne , fut vain-
queur à la courfe du char .en la
66.C Olympiade ; ce qui lui mé-
rita l'honneur d'une fiatue àOlym-
pie » qu'on plaça derrière celle que
les Grecs consacrèrent à Jupiter
après le combat de Platée. Il étoit
repréfenté avec fon écuyer fur un
char attelé de quatre chevaux , &
c'étoit un ouvrage d'Agéladas.
L'infcription marquoit jufqu'aux
noms de fe^ chevaux ; les pre-
miers s'appelloient Phœnix &
Corax , les deux autres qui étoient
à côté du joug , l'un à droite &
Taucrè à gauche, fe nommoieat
Cnacias & Samus.
{d) Xenoph. p. 461.
(r) Pauf. p. 36a t
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s.'
CI-
De tous ceux qui ont eu des
haras chez les Grecs , Qéoflhene
eft le premier que l'on a honoré
d une ftatue à Olympie.
CLÉOSTRATE , CUoflratus,
Kxtoo'rpoiToç^ {a) Argien qui fut
député avec quelques avtres Grecs
de la part des Athéniens vers le
roi de Perfe.
CLÉOSTRATE , CUoftratusy
Kxtocrrfctrtç , {b) fat aimé paffion*
nément de Méoeftrate. Foye^
Méneftrate.
CLÉOTHERE, CUothera ,
l'une des filles de Pandarée
Is de Mérops, fut enlevée par
les harpyeS) & livrée aux Furies ,
dans le temps qu'elle alloit être
mariée.
CLÉOTIME , CUotimus , (i)
KAeor//<oç , lieutenant de Philippe
père d'Alexandre le Grand, avoit
contribué à foumettre les Eléens»
CLEPSIAMBE , CUpfiamhus ,
(r)inftrument de mufique chez les
anciens. Ceft tout -ce que nous
en fçavons.
CLE?Sm^^,Clcpfydra,{f)
KM'^vJ'fci , étoit une machine
d'une figure pyramidale en forme
de cône. La bafe étoit percée de
plufieurs petits trous 9 l'orifice fu.
périeur très-étroit & allongé ea
pointe , in vicem colli graciliter
fiftulati, dit un auteur qui en
parle ; telle étoit la Clepfydre d'A-
riftote.
/ Cette Clepfydre, d«||f; il parle fi
• (S) Xenoph. p. 4J6.
(*) Pauf. p. 580.
(e) Myth. par M. TAbb. Ban. Tom.
VIU. p. 10, n.
(4) Freinsb. fuppl. m Q, Curt, L, I.
es.
C L 407
fouvent, & dont il fe trouve de
fi fréquences defcriptions dans
ceux de fon école , avoit été em-
ployée par ce Philofophe pour
montrer que l'air eft quelque
chofe de réel » 6c rendre fenfible
la force de réfifiance qu'il a pour
repouiler ou pour foûtenir un
corps. En prenant la Clepfydre ,
on fermoit l'ouverture de Torifite
fupérieur par l'application d'un
doigt; & en la plongeant dans
l'eau, on remarquoit comment
l'air , renfermé dans la Clepfydre,
repoufibit l'eau , ôc ne donnoit
aucune entrée. Si on la retiroit en
fermant toujours l'orifice fupé-
rieur, on remarquoit comment
l'air inférieur foûtenoit le poids du
volume de l'eau qui étoit dans la
Clepfydre.
Pour avoir une idée jufte de
la Clepfydre , qui eft une horloge
à eau , il n'y a qu'à renverier
celle d'Ariftote ; c'eft de celle-là
que les Anciens parloient. Arif-
tophane parlant d'un homme qui
aimoit à faire le juge : fon efprit ,
dit-il , eft toujours a la Clepfydre,
Le même terme » répété louvent
dans le même fens , fe trouve
expliqué par les aiiciens commen-
taires , oui portent que la Clep-
fydre eft un vafe qui a par le
deflbus une très-petite ouverture,
par laquelle l'eau s'écoule peu à
peu j tandis que les orateurs plai-
dent. Ceft à cette coutume qua
(e) Antîq. expliq par D. fiem. de
Monif. T. m. p. )45.
(/) Mém. de PAcad. éts Infcrîpt. ft
Bell. Lett. Tom. IV, pag. 157. érfuiv^
T.XX.p.448>45S*
Ce iv
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Api CL
Démoflhène fait allufîon dans fa
harangue contre Midias > lorfqu'il
dit que les crimes de ce coupa-
ble font tellement multipliés , que
quand à les rappeller cous , il em-
ployeroit tout le tems qu^on ac-
corderoit à fon adverfaire & à lui ,
il ne pourroit encore en faire un
récit aflez circonAancié.
Le tems 9 qu'on employoit à
l'inftruâion d'un procbs & à la
décifion qui fuivoit \ étoit limité
par Teau qui fe verfoit à trois
différentes fois , ce qui faifoit
naître ces expreflions » irft^iù*^
J'ivrtpov y Tfli^^/ vidif» Harpocra-.
tion les explique dans fon livre ,
qui n'eft fait que pour donner l'in-
telligence de ces manières de par-
ler ; on mefuroit par Teau , dit-
îl , le temps des combats des plus
habiles orsrteurs. Delà viennent
ces expreffions qu'un fréquent
ufage a fait pafFer en proverbes :
Qu'il parle pendant le tems qui
m*eft marqué , èf rS tniS vJ^oiri
/f/^aTM ; c'éft Démofthèiie. Upcç
t?/wp Myeify ad aquam dicere ; c'eft
Lucien qui le rapporte dans Té-
loge de Détnofthène. Tf haé^i*
\//>:V fJLtriyitJt , c'eft vivre de ce
qu'on retire des déclamations^
dont le tems fe limitoit par l'é-
coulement de l'eau de la Clep-
fydre , dit Philoftrate.
Les Latins connoiflbient l'ufage
de ces termes. On trouve dans
Cicéron en pluûeurs endroits ,
aqua mihi haret f aquam perdcre.
Pline , déclamant contre la préci-
pitation avec laquelle les juges
de fon fiècle décidoient des plus
grandes affaires » après avoir dit
que leurs pères n'en ufoient point
CL
amfi , ajqute : n Pour nous % qui
M nous expliquons plus nettement
I» qui concevons plus vjte,qui
n jugeons plus équitablemeht ,
» nous expédions les affaires en
n moins d*heures ^ pauchribus
n Çlepfydris , qu'ils ne mettoient
I) de jours à les entendre. « En
effet , on preffoit ibuvent un ora-
teur , on ne lui laiffoit pas le tems
de prononcer un difcours , qui
ét6it le fruit de plufieuts veilles ;
aCiionem aqua déficit ^ à\X Quin-
tilien. L.es juges régloiem le tems
qui devoit être accordé , & c'é-
toit Clevfydras Clepfydris addere.
On fulpendoit l'écoulement de
l'eau pendant la leâure des pie-
ces i qui ne faifoient pas le corps
du difcours ^ comme la dépofi-
tion des témoins y le texte d'une
loi , la teneur d'un décret ; c*étoit
là aquam fujlinere. Ce foin de la
mettre ou de Tarrêter , étoit d'un^
miniftère fort inférieur , & les'
perfonnes qut l'exerçoient , d'un
caraâère fort méprifable. Souvent
emportés par Une haine particu-
lière pour les orateurs , ils abré-
geoient , contre toute juftice « le
tems que la règle accordoit pour
leurs difcours. C'étoit une préé-
minence dans ceux qui n'étoienc
point affujettis à un efpace de
tems a contraignant ; la loi y
étoit févère , & les exceptions
rares, L'eau écoulée , il falloit fe
taire \ &^-là elle a été nom-
mée ttV«7KM par Poilu X & par
Héfychius ; ce qui faifoit dire à
Platon dans un dialogue , que les
orateurs étoient efclaves & les
philofophes libres , parce que
ceux-ci s'étendent dans leurs du-*
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CL
cours, & jouiiïent en pa'ix de
leur loifir ; mais» ceux-là font
contraints par plufieurs endroits
& fur tout par Teau'; qui, en
s'écouîant , les prefle & les aver-
tit de fe taire.
On ne prenoit pas fans choix
toutes fortes d'eaux pour la Clep-
fydre ; les ui^s étoient trop con-
denfées par le froid, les autres
4rop raréfiées par la chaleur ; les
unes s*écouloient trop rapide-
ment , les autres trop lentement.
Les heures étoient donc ou trop
longues ou trop courtes ; c'eft ce
qui rendoit néceflaire lobferva-
tion. Athénée aflure qu'on la fai-
(bit. Lorfqu*on vouloit que la/
Clepfydre marquât un long-tems,
on détachoit un peu de la cire
dont la capacité intérieure du vafe
étoit revêtue ; fi Ton vouloit
marquer un moindre efpace de
tems, on y ajoûtoît de la cire.
Enée, qui a écrit de TArt mili-
taire , nous affure que c'étoit ainfi
qu'on s*y prenoit. Cafaubon re-
marque fur cet endroit que Julius
Africanns Ta copié.
Pline attribue à Scipion Nafica
l'invention des Clepfy dres, c*eft-à-
dire , des Clepfydres romaines ;
car , Vitruve les fait remonter à
Ctéfibius , qui fut un des génies
les plus inventifs de toute Tanti-
quité. Nous pouvons même affu-
rer que les Clepfydres étoient de
beaucoup antérieures à Ctéfibius,
puifqu'ainfi qu'on la vu ci-defTus^
on en faifoitufage du tems d'Arif-
tophane, qui vécut long-tems
avant Ctéfibius.
CO Joan. c. t. v* 7. *
C L 409
Les Clepfydres des Anciens
étoient fort éloignées de la per-
feâion , où le P. Charles de
Vailly , religieux Bénédiâin de
la congrégation de St. Maur , les
a portées dans le dernier fiècle.
Le mot Clepfydre vient du Grec ,
jcaiVtw > condo, je cache , 6c uJ <»/> «
aqua, eau.
CLERMONT. Foye^ Auguf-
ta Nemetum.
CLÉROMANTIE , C/w-
mantia^ (ix) forte de divination,
qui fe faifoit par le jet des dès ou
des ofTelets ^ doy on confidéroit
les points ou les marques , pour
en inférer des cbofes inconnues ou
cachées.
Ce mot vient du Grec xxiTpoç;
fort, & de (JLôLV'TtlcL , divination.
On trouve des traces de la
Cléromantie.daiîs le chapitre pre*
mier du Prophète Jonas , où , pen-
dant la tempête qui s'ét oit élevée,
le pilote du vaifleau & fes com-
pagnons , penfant que quelque
palTager leur avoir, par ks crimes,
attiré. cet orage , jetterent les dès,
& confulterent le Sort pour con-
noitre qui ce pouvoit être ; & le
fort tomba fur Jonas , ajoute le
Texte facré. C'étoient des Payens
qui pratiquoient cette fuperftition;*
mais. Dieu la {^ermettoit pour
punir la défobéiffance de fon pro-
phete , & lui faire accomplir fet
defleins for Ninive.
Il y avoir à Bura , Ville d'A-
chaïe, un temple 6e un oracle
célèbre d'Hercule. Ceux , qui con-
fultoientloracle, après avoir fait
leurs prières à l'idole , jettoient
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4t© C L
quatre dès; & félonies points
ou nombres qu'on avoit amenés,
Je prêtre rendoit fa réponfe. D'au-
tres oracles fameux étoient con-
nus fous le nom de Sorts , tels
Sue ceux de Prénefte, d'Antium,
e Lyde, de Délos, &c.
GLESO, CUfo , (a) Kaho^«\
fille de Cléfon , fils de Lélex. Le
corps dlno ayant été jette fur les
c^tes.des Mégaréens , Cléfo & fa
fœur Tauropolis lui donnèrent la
fépulture. Telle étoit la tradition
de ce peuple , & cette tradition
lui étoit particul^re.
GLÉTABENES , Cletabeni ,
XMjTfltÊMm , peuple de l'Arabie
beureufe , félon Denys le Périé-
gete. Quelques-uns veulent qu'on
Iffe Catabenes. J'en ignore la raw
fon , dit M. de la Martinière ;
car , le grec porte bien expreffé-
ment xAura^Myo/. Les Clétabenes
étoient près de la mer Rouge , &
voifms des Sabéens & des Min-
néens.
Rufus Feftus Aviénus dit dans
fa Defcription de la Terre :
Rutili conmmina Pond
Mînnaî Sabathaque tenent ^fuper
impiger ampla
Mquora defulcat gUba ditis CUta»
benus»
Ce qu'il ajoute de la fertilité de
leur pays , n'eft point dans De-
nys le Périégete, qui dit (impie -
ment , qu'à côté de la mer Rouge
habitoient les Minnéens, les Sa-
béens & les Clétabenes, leurs
voifins.
CL
CLETE, ou CLITE y Cleta;
Clità , (b) Kxvlra » Kxira , l'une
des Grâces. Ce nom veut dire
belle. Fbye^ Grâces.
GLÉTORIE,C/e/mtf. Foyei
Clitor.
CLÉTORIENS, CUtorii ^
KxvTOftoty les mêmes que lesCli*
toriens. Foye^ Gli«>riens.
GLIB AN AIRES, Clihanaru,
les mêmes que les Qibanariens«
Fbye{ Glibanariens.
GLIBANARIENS, Clibana^
rii , nom que les Perfes dondoient
aux cavaliers , appelles Gata-
phraâes chez les Romains. Voye^
'Cataphraâes*
Il y avoit auffi des foldats Ro-
mains , nommés Glibanariens , dît
Saumaife dans fes notes fur Lam-
pride, du mot Latin CUbanum^
qui fignifioit une cuiraffe de fer »
& venoit de Clibanus , c'eft-à-
dire , four-, parce que ces fortes
de cuirafTes étoient concaves en-
dedans & convexes dans leur
partief extérieure ; ce qui avoit
quelque analogie , quoique éloi-
gnée , avec la calotte ou le deflus
d'un four.
GLIDES , Clides . (c) terme
Grec qui veut, dire Clefs. C'eft le
nom de quelques petites ifles de la
mer Méditerranée auprès de Tifle
de Gypre , félon Pline & Ptolé-
mée. Le premier en compte qua-
tre , 6c les met près du promon*^
toire oppofé à la Syrie , c'eft-à-
dire , près du promontoire Dina-
rete. Strabon n'y en met que
deux. Hérodote en fait auffi men-
(4) Pauf. p. 79.
U) Pâuf. p. 196, 595,
(O Piîn» T. I. p. aSç. Ptolem. L. V.
c. 14. Suab. p. 6B2« Herod. L. Y. c. iQa«
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C L
fîom Ce foi^t plutôt des roches &
des écueils que des ifles. Il y en
a quatre. Elles font aujourd'hui
près du cap de S. André.
CLtDICUS, Clldkus, Km'/-
<^/'tcç V, père de Qinias. Foye^
Clinîas.
CLIDICUS , Clidicus , (a)
K^étJ^ixoi , filfc d'iEfimidas , eft
mis ^ par Paufanias , au nombre
des Princes qui ont régné à Athè-
nes.
CLIDOMANTIE , Clido^
mantia » autrement Cleidomantie.
Voye:^ Cleidomantie.
CLIGENE , Cligenes , KmT»
7frwç , (h) natif de la ville d'A-
canthe , fut député par fes con«
citoyens vers les Lacédémoniens»
en préfence defquels XénoJ>hon
lui fait prononcer un long dif-
cours.
CLIMACHIASfARTHÉ.
NI ON ] , Arthenio Climackias ,
(c) fut nommé grand-Prêtre en
Sicile contre toutes les règles ,
fous le gouvernement de Verres.
Cet homme étoit d ailleurs d'une
illuftre naifTance, & avoit de gran*
des richeffes ; mais , il ne pouvoit
point alors pofféder cette dignité ;
elle étoit due à un certain Héro-
dote qui étoit abfent.
CLIMAT , Clima f (d) terme
de Géographie. On attribue à
Pythéas Thortneur d'avoir établi le
premier la diftinftion des Climats,
par la différente longueur des jours
6c des nuits.
Les Géographes entendent par
Climat , une portion ou zone de
(«) Pauf. p. î , 5.
(h) Xenoph. p. 558.
(O Ciccr, in Verr, L, IV. c. 89 , 90.
C L 411
la furface de la terre, terminée
par deux cercles parallèles à Té-
quateur^ & d'une largeur telle
que le plus long jour dans le pa-
rallèle le plus proche du pôle ,
furpaffe d'une certaine quantité «
par exemple , d'une demi-heure »
le plus long jour dans le parallèle
le plus proche de Téquateur.
Les Climats fe ^prennent donc
depuis réquateur jufqu'aux pôles»
& font comme autant de bandes
ou de zones parallèles à Téqua*
teur ; mais , il y a , à la rigueur ,
plufieurs Climats dans la largeur
de chaque zone. Un climat n'eft
différent de telui qui eft le plus
proche de lui , qu'en ce que le
plus grand jour d'été eff plus long
ou plus court d'une demi-heure
dans l'un que dans l'autre.
Comme les Climats commen-
cent à l'éqùateur , le premier Cli-
mat dans fon commencement a ^
pour cette raifon , précifément
douze heures de jour à fon plus
grand jour ; 6c à fa fin ^ il a douze
heures & demie à fon plus grand
jour.
Le fécond Climat, qui com-
mence où le premier finit , a dou-
ze heures & demie de jour à fon
plus grand jour , & à fa fin il a
treize heures de jour à fon plus
grand jour ; & ainfi des atitres
Climats <itheures qui vont jufqu'au
cercle polaire > où fe termine ce
?ue les Géographes appellent les
Climats d'heures , & où commen-
cent \les Climats des mois.
Comme les Climats d'heures
I(d) Mém. de TAcad. des Infcript. 8c
Bell. Lett. Tom. XtX. pag. 165,
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411 C L
font des er{>aces compris entre
deux cercles parallèles à Téqua-
tcur , qui ont leur plus grand jour
plus long d'une demi-heure dans
leur fin tpe dans leur commen-
cement ; de même , les Climats
de mois font des efpaces termi-
nés par deux cercles parallèles au
cercle polaire , (itués par de-là ce
cercle , & dîuis lefquels le plus
grand jour e(ï plus long d'un mois
ou de trente jours à la fin qu*aa
commenoement.
Les Anciens ne donnoîent lé
nom de Qimat qu'aux endroits
de la terre au'ils croyoient habi-
tables. Ils euimoient qu'une par-
tie de la zone torride vers Féqua-
teur , 6c une partie de la zone
tempérée par de-là le 50 degré
de latitude, étoient inhabitables;
& ils n'avoient que fept Climats.
Ils pofoient le commencement du
. premier à iid 41I de latitude , où
le plus long jour d'été eft de douze
iièores trois quarts, & la fin du
/eptième Climat alloit vers le 59^
de latitude , oii le plus long joureft
de 16 heures 20U Pour mieux dtf-
tinguer leurs Climats , ils en fai-
£>iem pafler le milieu par les
lieux les plus confidérables du
vieux continent ; fçavoir , le pre-
^ inicr par Méroé en Ethiopie , le
fécond par Syetie en Egypte , le
trotfième par Alexandrie audi en
Egypte , le quatrième par Tifle
de Rhodes , le cinquième par
Rome y le fixième par le Pont-v
Euxin , le feptième & dernier
par l'embouchure du Boryflhène.
A ces fept Climats on en ajouta
encore depuis deux autres; fça-
' Toir » le huitième paflant par les
CL
tnonts Riphées dans la Sarmatid
Afiatique , & le neuvième par le
Tanaïs.
Les Anciens , comme les Mo-
dernes , ont encore divifé la terre
en de plus petits efpaces , que l'on
nomme parallèles des Climats ,
afiii de les diftinguer des autres
parallèles de Téquateur. Ces pa-
rallèles ne font que des demi
Climats > defquels l'efpace ne
Contient qu'un quart d'heure de
variation dans les plus longs jours
d'été die chacun des parallèles*
Les Modernes cjui ont voyagé
bien plus avant vers les pôles ,
ont mis trente Climats de chaque
côté ; 6c quelques-uns d'entr'eux
ont fait les différences d'un anart
d'heure feulement > au lieu d'une
demi-heure.
L'on compte ordinairement
vingt- quatre Climats de demi-
heure , 6c douze de demi-mois.
Chacun des efpaces de ces der-
niers comprend quinze jours de
différence entre les plus longs
jours d'été de l'un & de l'autre
de ces Climats ; car , fous les
cercles polaires , le plus long jour
d'été eft de vingt-quatre heures
ou d'un jour aftronomique ; & le
plus long jour /ous les pôles con-
tient 180 jours agronomiques, qui
font fix mois ; de forte qu'après
avoir établi la différence de ces
Climats de la quantité de quinze
jours , il e(l évident qu'il en fau*
dra douze depuis les cercles po-
laires jufqu'aux pôles ; le premier
defquels commencera aux cercles
polaires , ôc le dernier finira aux
pôles. Et pour diftinguer l'éten-
due de ces douze Climats , il faut
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CL
encore imaginer douze cercles pa-
rallèles à l'équateur par le comtnen*
ceitient & la fin de chacun de ces
intervalles ; le premier defquels
fera le cercle polaire , qù efi lé
commencement du premier de
ces Climats; &*le derrtfer fera
éloigné du pôle de 20<^ 59I , qui
déterminera le commencement
du dernier Climat , dont le pôle
fera la fin.
Il ne faut pas croire au reile
que la teyipérature foit exaâe-
ment la même dans les païs fitués
fous le même Climat ; car ^ une
infinité de circobdances y comme
les vents , les volcans , le voifi-
nage de la mer , la pofition des
montagnes , fe compliquent avec
ràâion du Soleil , & rendent fou-
vent la température très^différen-
te dans des lieux placés fpus le
même parallèle^
Il en eft de même des Climats
placés des deux côtés de l'équa-
teur à diftances égales ; de plus ,
la chaleur. même du Soleil eft
différente dans ces Qimats. Us
font plus près du Soleil que nous
dans leur été , & plus loin dans
leur hiver.
CLIMAX , Climax , Km/ucc^ ,
(^) montagne de TAfie mineure ,
dont parle Plutarque , au fujet
d'Alexandre. Ce Prince paffa à
pied le pas de la montagne , ap^
pellée Climax , étant parti de la
ville de Phafélis. Tel eft le paffa-
ge de Plutarque , qu'il dit avoir
tiré des lettres d'Alexandre même*
CL 415
Nous trouvons quelque chofe <k
plus étendu dans Strabon* » Près
n de la ville de Phafélis , dit ce
M dernier, entre la Lycie & la
n Pamphylie , eft un défilé le
» long de la mer , par oii Alexan-
» dre fit pafTer fon armée. L«
n mont Climax qui domine fur la
19 mer de Pamphylie, laifle, entre
» le rivage & lui , ce dé^ Éoct
» étroit , qui eft à fec pendant
99 que la mer eft bafle , & qui
99 laifTe un pafTage libre aux
99 voyageurs ; mais , quand la
19 mer âl haute « il eft tout cou-
99 vert d'eau. Comine on étm
19 alors en hiver , Alexandre 1 qid
99 donnoit beaucoup à la fortune »
99 voulut partir avant que les eaux
99 fe fufient retirées ; ainfi ^ il UX^
99 lut que Tes troupes marchafTent
99 tout un }our dans l'eau jufqu'i
99 la ceinture, a Voilà Ce que dit
$trabon. Quinte-Curce a fait ua
mélange de miracle & de vérité ,
pour orner fon récit.
CLIMAX, Climax, K^lfxal^
(jb) autre montagne , qui étoit fi-
tuée , au rapport de Strabon , dam
la Phénicie entre le fieuve Adonis
& la ville de Biblos. Cette mon-
tagne eft appellée dans Jofephe le
Climax des Tyriens, & placée
dans le même Auteur à cent fta-
des de Tyr vers le feptentrion.
CLIMAX ^ Climax y K\l,ua^^
(c) autre montagne que Ptolémée
met dans TArabie heureufe.
CLIMAX, Climax, K^!/un^ ^
(d) château de l'Àfie mineure.
(•) Plut. T. I. p. 674. Strab. p. 666 , j Judaic. p. 790.
467. Freinf. fuppl. in Q. Cure. L. II. 1 (c) rtolem. L. VI. c. 7.
c. II. \ {d) PtoUm. L. V. C.4,
ik) Strab, pag. 755. Jofciph. de Bell.}
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14 C L
icué far le bord de la mer dans la
Galatie.
CUMâX, Climax^ KxW^ ,
(a) chemin d'Ârcadie-dahs le Pé-
lopofmèfe , fitué près de Manti-
nie. Ce chemin portoit ce nom »
parce qu'autrefois on y defcendoit
par des marches faites de main
d'homme ; ce qui prouve qu'il
étoit en peme. En fuivant ce che-
min 9 on arrivoit au bourg de •
Mélangée , d'où couloit dans la
ville de Mantinée une (burce de
fort bonne eau.
GLIMAX9 Climax y Khuo^ »
terme de Belles Lettres. Il s'em-
ploye dans le fens de gradation ,
comme l'indique l'étymologie
même de ce terme. C'eft une fi-
gure de rhétorique , par laquelle
le diicours s'éieve ou defcend
comme par degrés ; telle eft cette
penfée de Cicéron dans Catilina :
Nihil agis , nihil moliris , nihil
cogitas 9 quod ego non audiam ,
non videam , planèque fcntiam ;
n Tu ne fais rien, tu n'entre-
n prends rien , tu ne penfes rien ,
}> que je n'apprenne , que je ne
» voye , dont je ne fois parfaite-
if ment infiruit. a Telle eft aufli
cette invitation du même Cicé-
ron à fon ami Atticus : 5/ dormis ^
expcrgifcere ; fi ftas , ingredere ;
fi ingrederis , curre ; fi curris ,
advola ; ou ce trait contre Verres :
C'eft un forfait que de mettre aux
fers un citoyen Romain ; un crime
que de le faire battre de verges ;
prefquun parricide que de le met-
tre à mon ; que dirai- je de le faire
crucifier ?
CL
^ CLINI A , Clinia , fils de Mé-
nédeme , e(î un des perfonnaees
de l'Heautontimoruménos de Té-
rence. Il aimoit paffionnément
Antiphile.
CLINI AS , Clinias , Kam /oç l
(h) l'un Ses meilleurs amis de So-
lon. Ce fameux légiflateur d'A-
thènes le confultoit lui, Conon
& Hipponicus dans toutes fes
affaires. Il leur communiqua fon
deflein touchant les dettes , qu'il
vouloit abfolument abolir. Ses
trois amis , plus intéreffés que fi-
dèles , fe hâtèrent de prévenir la
publication de i'édit , & emprun*
terent fecrétement, des meilleures
bourfes , de fort grofFes fommes
dont ils achetèrent des héritages.
Après que I'édit fut publié , com-
me on vit qu'ils retenotent les
héritages fans rendre l'argent , on
ne manqua pas de rejetter le tout
fur Solon , & de l'accufer , non
pas d'aeoir été trompé par fes
amis > mais d'avoir aidé (es amb
à tromper les autres. Il eft vrai
que cette calomnie fut bientôt
détruite par la remife qu'il fit le
premier de cinq talens qui lui
étoient dûs ; d'autres , comme
Polyzélus de Rhodes , en mettent
quinze. Cela n'empêcha pour-
tant pas que fes trois amis ne
fuiïent appelles toujours depuis '
les Créocopides , c'eft- à-dire, les
aboliffeurs de dettes. C'étoit une
allufion au mot Cécropides , qui
étoit le nom qu'on donnoit aux
Athéniens , comme defcendans
de Cécrops.
CLINIAS , Clinias , KMinctÇf
{a) Pauf. p> 464*
I' (*) riut. T. I. pag. 86 , 87.
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CL
fils d'Alcibiade IL (a) Il renou-
Vella rhofpîtalité entre le$ Athé-
niens & les Lacédémoniens. Il
s'acquit beaucoup de réputation à
la bataille navale d'Artémife , oii
il combattit contre Xeritès fur une
galère à trois rangs de rames ,
qu'il avoit équipée à Tes dépens.
11 fut tué à Coronée en Béotie ,
dans la bataille que les Athéniens
gagnèrent contre les Béotiens la
feconde année de la 83e Olym-
piade , 447 ans avant J^ C. Son
fils Alcibiade III fe rendit fore
iUudre.
CLINIAS » Clinîas « Kxf/r/«ç ,
{b) Sicyonien. Il chaiïa les deux
tyrans Euthydème & Timoclî-
das y qui avoient ufurpé la fouve-
raineté à Sicyone > & fut élu chef
de la République par le peuple
qu'il avoit mis en liberté. Après
u mort y Abancidas s'empara du
gouvernement. Clinias , qui étoit
père du célèbre Aratus , vivoit
feus la 133e Olympiade , 231
ans avant J. C
Le récit qu'on vient de faire eft
tiré de Paufanias. Plutarque ra-
conte la chofe différemment. Si-
cyone, félon lui, ne fit que changer
K)us les jours de tyrans , jufqu'à
ce que les citoyens eurent élu
pour leurs premiers 'magiflrats
Clinias & Timoclidas , les deux
perfonnages qui avoient le plus
de réputation & la plus grande
autorité dans la ville. Déjà , fous
leur adminiûration , le gouverne-
nient paroiiToit fe rétablir & pren*
dre une meilleure forme , lorfque
CL 41 5
Timoclidas vint à mourir. Aban-
tidas , fils de Paféas , profitant de
cette occafion pour fe faifir de la
tyrannie , tua Clinias ^ & de tout
fes parens ou amis , il chafTa les
uns, 6c tua les autres. Il cher^
choit aufli fon fils Aratus qui n'a-
voit que fept ans ^ pour le faire
mourir. Mais , parmi le trouble
& le défordre dont la maifor étoic
pleine , quand le père fut tué ,
cet enfant fe déroba avec ceux
qui prirent la fuite.
CLINIAS , Clinias , K^ttylaç ,
(c) Philofophe de la fede de Py-
thagore , & fameux muficien ,
vivoit environ la 65e Olympiade,
5 20 ans avant J. C. Il étoit ex-
trêmement emporté y & calmoit
les mouvemens de fa paffion par
le fon de fa lyre. Il avoit coutume
de s'écrier dans ces occa fions : je
m* adoucis.
CLINIAS, Clinias ^KMtïlet^^
Auteur, qui n'efl connu que par ce
qu'Agatharchides en a cité ; & il
n'en dit autre chofe , finon que
ceux qui le fuivent » prétendent
que Perfée donna le nom à la
Perfe , & Éry thra à la mer Rouge.
Hérodote en a dit autant de la
Perfe , & n'efl différent de Clinias,
que dans quelques circonftances*
Oeft que les Grecs ont voulu,
comme les autres peuples , don-
ner une grande idée de leurs an-
tiquités ; mais , on ne s'y trompe
pas , & tout ce qu'ils ont dit des
grands voyages de Perfée , à été
reconnu pour fabuleux par leurs
plus fages Écrivains.
(«) Thucyd, p. 5|8i. Plut. T.I. p, X91. 1 loaS. Roll. Hift. Anc^ Tom. IV. pag,
Gom. Nep. in Alcib. c. x. \*77'
ih) Ptuf. p, 99, Plçt. T. I. p. io»7* I (O Athcn. p. 6»j , 614.
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4t6 cl
CLINIAS i Clinias , Kt^uvIciç^
interlocuteur d*un .dialogue de
Platon. Il s'entretient avec Socra»
te fur la punition des méchans &
Texidence de Dieu. Ceux , qui
(broient curieux de lire ce mor-
ceau vraiment intérelTant , en
trouveront la traduâion à la fin
de louvrage que J'ai donné fous
le titre de Les mœurs , coûturtiis ,
6» ufages des anciens Peuples.
CLINIAS , Clinias , KAf/v/aç ,
Îa) fils de Clidicus. DémoAhène
ait mention de ces deux perfon-
nages dans une de Tes harangues.
; CUNIAS , Clinias, (b\ Tun
des perfonnages , que terence
introduit dans fon Andrienne.
C'étoit un des amans de Chryits.
(c) Lucien , dans fou dialogue
de Chélidonium & de Dr ofe > in-
troduit auffi un Clinias > qu'il fait
amant de Drofe. Il envoya un
jour ce billet à fa maîtreife : » Les
M dieux me font témoins , ma
» chère Drofe , que je t'aime plus
« que moi-même : mais , Arif-
M ténete , à qui mon père m'a
M donné pour apprendre la Phi-
p lofophie 9 me fuit par tout « &
n ne me prêche que la venu ,
t> pour me détourner de ma paf-
t> fion. 11 promet de me rendre
» heureux , £i je le veux croire ;
s» mais , je ne trouve point de
i> plus grande félicité » que de te
19 poiTéder. Vis contente , & n'ou-
ïe blie jamais ton Clinias. «
CLINIQUES, Clinici^ nom
(s) Demofth. Orat. in Eubul. p. 888.
(4) Terent. T. I. p. 30.
W) Lucian. T. II. p. 75». ér fiq»
(d) RoU. Hift. Ane. T. III. p. 4x9.
ii) Xcnojph. p. 461,
CL
qu'on donnoit ancienoement a
ceux qui avoient été baptifés dans
leur lit & en maladie. Ôes baptê**
mes étoient affez fréquens dans
les premiers fiecles de TÉglife.
CLINIUS , Clinius , (d) Grec
natif de Tifle de Cos , fe mit à la
tête de quelques troupes Égyp-
tiennes pours'oppofer aux progrès
que fâiîoit un corps de Pertes |
commandé par Nicoflrate. L'en-
nemi avoit déjà pénétré dans le
cœur de l'Egypte , lorfque l'on fe
mit en devoir dcl'en chaûer. Il y
eut une aâion des plus chaudes,
où Clinius fut tué avec cinq mille
de fes gens , & le refte fut entiè-
rement rompu & diffipé > vers
l'an 351 avant J. C.
CLINOMAQUE, Clinoma-
chus , KxuvifixX'i', \ (f) l'un de
ceux qui furent Ëphores à Lacé-
dé mone , pendant la guerre da
Péloponnèfe. •
CLINOMAQUE, Clinoma-
chus , KM/>0|UaxoÇ ^ (/) Athletji
Éléen, eut tout l'honneur du Peu-
tathle dans la dafle des enfans.
On voyoii fa ftatue à Olympie.
CUNOPATER, Clinopater,
K^uvaTTarip , (g) père d'Amipa-
ter le Miléfien. Voye^ Antipater.
CLIO , Clio , Khuc^ , {h) Tu-
ne & la première des neuf Ma-
fes préfidoit à l'hiftoire. Son nom
fignifie gloire , renommée ; ce qui
marque la gloire que les illufires
Écrivains procurent aux Héros
dans un ouvrage Hiftorique. Oa
(/) Pauf. p. 371.
(^) Pauf. p. %^6.
(h) Myth. par M. TAbb. Ban. Tofll.
IV. p. i»5 I %%(i. Andq. éxpUq. par D.
Bein. de Momf. Tt I. p. m « xi».
la
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C L
Jfl repréfente ordinairement fous
h figure d*une jeune fille couron-
née de laurier , tenant en la main
droite une trompette, & de la
gauche un livre. M. Tabbé Banier
dit qu'elle tient une guittare d'une
main , 6c de l'autre un pleâre , au
lieu d'archet ; elle efl , à ce qu*oil
croit > l'inventrice de la guittare.
Foyei Mufes*
CÙO , Clio , Kaç/w , (tf) nom
/ d'une nymphe , donc parle Virgile
dans Tes Géorgtques.
ÇLISTHÈNE, Cliflhcnes,{b)
Khsio-Um , fils d'Aryftonyme , &
petit-'fils de Myron , s'empara de
la tyrannie de Sicyone.
Ce Prince avoir une fille , nooi-
mée Agariûe , qu'il s'éioit propo-
(é de marier au plus brave de
tous les Grecs. Il fit donc publier
aux jeux Olympiques, par un hé-
raut, que quiconque (e croirpit
digne d'être le gendre de Clifthè-
ne , fe rendît à Sicyone dans foi-
xame jours , ou même plutôt ; &
que ce Prince avoit réfolu de ma-
rier (à fille un an après les foixan-
te jours expirés. Tous les Grecs ,
qui étoient conGdérables , ou par
eux-mêmes , ou par leurs ancê-
tres , vinrent à Sicyone , où Clif-
thène leur avoit fait préparer un
ftade & une paleftre pour s'y
exercer. Parmi un grand nombre
de prétendans , il en vint deux
d'Athènes , Mégaçlés fils d'Alc-
méon , & Hippoclide qui étoit fils
de Tifandre , & qui paffoit pour .
le plus riche & pour le plus beau
C«) Virg. Georg. L. IV. v. 541.
(b) Herod. L. V. c. 67 , 68. L. VI. c.
126. ér fiq Paul. p. 55 , 99» ïo» • ^*'
Roll. Hiil. Ane. T. II. p. 54. Mém. de
Tom. XI.
C L 417
des Athéniens. Étant donc tous
arrivés dans- le terme prefcrit ^
Clifthène s'informa premièrement
de leur pais 6c de leur naiiTan-
ce ; après quoi , il les retint un
an auprès de lui, pour éprouver
leur courage , leur vivacité , leur
fçavoir & leurs mœurs ; tantôt
les prenant en particulier , lajitôt
les entretenant tous enfemble , Ôc
conduifant même les plus jeunes
dans les lieux d'exercice , pour y.
être témoin de leur adrefle. Mais ,
il les éprouvoit fur tout dans les
feftins ; car , pendant le féjour
qu'ils firent chez lui , il les traita
magnifiquement. De tous ces pré-
tendans , les Athéniens étoient
le plus de fon goût, & principa-
lement Hippoclide , qui lui paroif^
foit homme de cœur. Mais, il
manqua ce mariage,, parce que
dans une danfe il avoit fait des
gefies & des poilu res qui déplu-
rent infiniment à Ciiûhène. Enfin,
au bout de l'année , celui-ci fe
déclara pour Mégaclès,& ren-
voya les autres Seigneurs, après
les avoir comblés d'honnêtetés 6c
depréfens.
Selon Paufanias, leshabitansde.
Crifia s'étant portés à plufieurs im*
{)iétés^ contre Apollon, jufqu'à
e dépouiller d'une partie de fon
domaine pour fe l'approprier , les
Amphiâyons firent un décret, par
lequel il étoit ordonné que l'on
prendroit les armes contre ces
* facrileges. On donna la conduite
de cette guerre à Clifihèhe, &
rAcad. des Infcript. & Bell. Lett. Tom.
T. p. 134, IJ5, T. II. p. ao6. ob* i««v.
T. IX. p. 168.
Dd
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4ii CL
l'on fit venir d'Athènes Solon pour
Utnr de confeil à ce Général. M»
de Valois afliire que Paufanias
s*eft trompé ici , & que Cliflhèné
«e commandoit que les troupes
Sicyoniennet , qu'il avoit amenées
avec lui f la conduite générale de
cette guerre , ayant été confiée à
£ury loque. Mais , comme» les
troupes de Clifthène » ajoute M.
de Valois » étoient compofées de
foldats d'élite , qu'elles étoient re-
marquabtes par la magnificence
de leurs armes , & que d'ailleurs
Clifthène avoit contribué plus
2i'aucon autre à terminer heureu-
ment cette guerre , il eft arrivé
de-là» que fpn nom eft devenu en
quelque forte auffi illuflre que ce-
lui d'Euryloque même, tout gé-
néral, tout defcendanc d'Her-
cule» & tout héros qu*il étoit.
La raifon en efi aifée à conce-
voir. Suivant le témoignage d'Hé-
rodote , Clifthène étoit un des plus
riches Grecs de Ton tems ; il avoit
des manières nobles & géoéreufes,
& en cette occafion , il avoit fçu
répandre à pleines mains Por &
l'argent pour le bien de la caufe
commune. En faut- il davantage
pour fe faire un grand nom , mr
tout parmi dés troupes ? Et pour
Deu aue l'on joigne à cette humeur
irieniaifante quelque expérience
de la guerre , & quelque valeur ,
on ne peut manquer d'être regar-
dé comme un homme adorable.
Or , quant à l'expérience au fait
de la guerre » on ne fçauroit dif-
convenir que CliAhène n'en eût
|ine très- grande ^ puifqu'il fut des
premiers a s'appercevoir que les
Sf'^é^fa poavoieat cooicoodé-
CL
ment faire entrer dans leur villd
tous les vivres & toutes les pro-
vifions néceffaires , qui venoienc
débarquer dans le port de Cirrha ;
& aue par ce moyen, ils tireroienc
le hege en longueur^ & mine-
roient peu à peu les ailiégeans ,
fans courir prefque le moindre
rifque de leur coté. Afin donc de
prévenir un pareil inconvénient, il
équippa , à fes dépens , une flotte
par le moyen de laquelle il vint k
bout , avec le tetns , de couper
aux Criiïéens les vivres qu'on leur
apportoit par mer.
Ce fervice fignalé ne fut pas le
feul que Clifthène rendit à la cau-
fe commune ; & les Amphy âions,
pour lui en marquer leur recon-^
noiflance , lui accordèrent , dit le
Schdiafte de Pindare, la fouve-
raineté de Sicyone. Mais , Arifto-
te paroit démentir ce feit , lorf-
qu*il aflure que Clifthène tenoic
cette fouveraineté d'Orthagoras ,
. l'un de fes ancêtres. On peut con-
cilier Ariftote avec le Scholiafte,
en difant que ce dernier s'eft fervi
d'une expreifion trop forte ; qu'il
ne devoit pas dire que les Am-
phiâyons donnèrent à Clifthène
la fouveraineté de Sicyone , puif«
qu'il Tavoit déjà ; mais qu'ils le
confirmèrent dans la pofteffion ck
cette petite fouveraineté; concef-
fion 1 qui lui donna un droit lé-
gidme fur la "Sicyonie , que fes
ancêtres À lui n'avoient poflîêdée
jttfques-là qu'à titre d'ofurpation,
& par le droit du plus fort.
Quoi qu'il en foit , Clifthène fîit
le premier qui remporta le prix de
la courfe des chars , introduite par
ks Amjphiâyoos dans le lenou*
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CL
vellement des jeux Pythîques, Ce
Prince , après avoir fait la guerre
contre les Argiens , défendit à
ceux de Sicyonede réciter davan-
tage les vers d*Homère , parce
qu'Argos & les Argiens y étoient
trop hautement célébrés. Il fie
non feulement cette défenfe, mais
il voulut encore ruiner le fépulcre
d*Adrafte, fils de Talaiis, qui
étoit dans la place de Sicyone ,
parce qu'il étoit Argien. Ceft
pourquoi, il fit un voyage à Del-
phes , afin de confulter l'oracle ,
pour fçavoir s'il feroit ôter de fa
ville les os de ce Prince ; mais ,
la Pythie répondit qu*Adrafte
avoit été véritable roi de Sicyone,
& que quant à lui , il en étoit le
deftruâeur.
Cependant , Clifthène voyant
que l'oracle ne vouloit pas auto-
rifer ce qu'il avoit envie de faire ,
ne laifla pas à fon retour de cher-
cher les moyens de mettre dehors
le corps d'Adrafte; & quand il
crut en avoir trouvé , il envoya à
Thèbes en Béotie pour faire fça-
von" aux «habirans qu'il vouloit
qu'on lui amenât le corps de Mé-
lanippe , fils d'Aflacus. Quand les
Thébains lui eurent donné ce
corps , il le fit apporter dans la
ville, fit faire un temple dans Ten-
droit le miçux fortifié du palais
des Siçyoniens , & y fit mettre
Mélanippe. Il ne le traita fi favora-
blement après fa mort, que parce
qu'il avoit été durant fa vie grand
ennemi d'AdraAe. En effet , Mé-
lanippe avoit tué Méciftes , frère
C L 41^
d*Adrafte , & Tydée fon gendre.
Après que Cliflhène eut fait bâtir
ce temple , il donna à Mélanippe
les fêtes & les facrifices qu'il ôta
à Adrafte, & que les Siçyoniens
avoient accpûtumé de célébrer ei;i
fon honneur , parce que leur pais
avoit été à Polybe , & que Poly-
be, mourant fans enfans mâles ,
avoir donné fa principauté à
Adrafte , fils de fa fille. Les Si-
çyoniens lui rendoient de grands
honneurs, & entr'autres chofes*
ils le célébroient dans leurs tragé-
dies ; de forte qu'ils fembloient
qu'ils adoraffent Adrafte , & non
pasBacchus. Néanmoins, Clifthè-
ne, rétablit les danfes en l'honneur
de Bacchus , & voulut qu'on fit
toutes les autres cérémonies en
l'honneur de Mélanippe. Enfin ,
il fit toutes ces chofes contre
Adrafte.
Au refte, afin que les tribus
des Doriens ne fuuent pas fem-
blables à Sicyone & à Argos , il
en changea les noms , & rendit
tous les Siçyoniens ridicules. Car,
il donna à leurs tribus des noms
de porcs & d'ânes , excepté celle
dont il étoit , à laquelle il attribua
un nom qui étoit conforme à fa
dignité. Les Siçyoniens gardèrent
ces noms durant tout le règne de
Clifthène , 6c même foixante ans
après.
CLISTHÈNE , Cli^enes , (a)
KMi<rv5Yn<; , Athénien, fils de Mé-
gaclès & d'Agarifte , 6l par con-
îequent petit-fils du , précédent ,
étoit de la famille des Alcméoni-
(/«) Herod. L. V. c. 66. & feq. Plut. Ilnfcrîpt. & Bell. Lett. Tom. XII. pag,
Tom. I. p. 15; » 319 9 488. Roll. Hilt. |i49. Tom. XIII. pag. 134.
Ane. T. II. p. 61, Mécn. dr PAcad.. des |
D d ij
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des. On lui attribue l'écabliflement
de l'Oftracifme , ou de la loi par
laquelle 911 pouvoit condamner un
citoyen au banniflement , à caufe
de fa trop grande puiflance » de
peur qu'il ne fe rendît tyran de fa
patrie. On lui attribue audi d'avoir
fait chafler d'Athènes , Hippias ,
fils de Pififlrate. Ayant ainfi aboli
la tyrannie , il fie de bonnes loix ,
& établit une for^ne de gouverne-
ment très-bien compofé , pour
conferver & pour faire vivre fes
citoyens en bonne paix & en par-
faite intelligence.
Mais , dans la fuite , il entra en
difpute pour Tautorité fuprême
avec Ifagoras ; & comme ils
étoient les plus puîdans d'Athè-
nes , ils formèrent deux faâions.
Çlifthëne , qui avoit attiré le peu-
ple dans fon parti , en changea la
conftitution , & au lieu des quatre
tribus , dont il avoit été compofé
)ufques-]à , il en établit dix , aux-
quelles il donna les noms des dix
énfans d'Ion , que les hiftoriens
Grecs donnent pour le père & le
premier auteur de la nation. Ifa-
goras 9 fe voyant inférieur en cré-
dit à fon rival, eut recours aux
Lacédémoniens. Cléomène » l'un
des deux rois^ de Sparte , obligea
Clifthène de fortir de la ville avec
fept cens familles qui étoient atta-
chées à fon parti. Mais , elles y
rentrèrent bientôt avec leur chef ,
CL
& furent rétablies dans tous leuri
biens. *
CLITARQUË, Claarchus;
KAf/r«i>xc<% (â)jrun des lieutenans
de Philippe , père d*Alexandre le
Grand y contribua à réduire les
habitans d*£ubée.
CLITARQUË, Clitatchus
K^g/ra/îxoç « (J>) auteur Grec , qui
vivoit du tems d'Alexandre le
Grand. Il fut témoin des conquê-
tes de ce Prince , & en écrivit
l'Hiftoire , comme nous l'appre-
nons deQuinte-Curce. Plucarque
le cite aulfi dans la vie d'Alexan-
dre le Grand. Quintilien juge du
caraâère de cet Auteur en la ma-
nière fuivante : CUtarchi proba^^
tur ingerlium , /ides infirmatur.
CUTARQUE, Cruarchusi
K^f/rap^^oç , (c) trahit les Eubéens
félon Démoflhène , dans fa haran*
gue fur la couronne.
CLITE , Clita , {d) fille de
Mérops « roi de Rhyndaque ,
époufa Cyzicus , qui fonda la ville
de Cyzique, Cette Princeffe ne
pouvant furvivre à la perte d'un
époux, qu'elle aimoit tendrement,
fe pendit de défefpoir. .
CLITE LE , Cliteles ^ {c)
K^s/TSAMç , natif de la ville de Co-
rinthe. Xénophon lui met dans la
bouche , un difcours prononcé en
préfence des Athéniens.
CLITERNIE,C//rer/iitf, (/)
ville d'Italie dans l'Apulie. Il eà
(«) FreJnf. fupp. in. Q. Curt. L. I.
c. 5.
(h) Q. Curt, L. X. c. I. Ciccr. Brut.
ç. 10. M^m. de TAcad. des Infcrîpt.
& fieli, Lett. Tom. V. pag. 376, 380 •
381. T. XXI. p. 4.
(f ) PcmoÛQ» Omi dç Coron, p; 511^
{d) Mém. de TAcad* des Infcrîpt. ft
Bell. Lett. Tom. XII. p. m. T. XIV,
pag. 111.
(e) Xenoph. p. 610.
(/) Cicer. ad Amie. L. IX. Epîft. ^%i
Pomp, Mel. p, iftS. Plia» X. I. p. i6^,v
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CL
cft parlé dansCicéron , dans Pli-
ne, dans Pomponius- Mêla. Pli-
ne dit : Larinatum Cliternla, On
croit qu*il la furnomme ainfî ,
parce qu'elle étoit dans le voifma-
g\de Larinum. Cliternie étoit fi*
tuée fur le bord de la mer.
^ C'eft aujourd'hui Campo Ma-
. rîno , félon le père Hardouin. M,
l'abbé Languet du Frefnoy Ta cru
de même. Ils ont été trompés par
Cluvier dans fa carte du Sam-
nîum ; mais , Dom Mattheo Égî-
tio obferve que dans les cartes
modernes , Campo Marino eft du
côté du fleuve Fuento ou Fortore,
& que dans celle de Cluvier, Cli-
ternie eft du côté de Tifernus. Il
croit donc que Cliternie pourroit
bien être ce qu'on nomme aujour-
d'hui Termoli.
. CLITERNINIENS,C//V^r/2/.
ni , (a) peuples d'Italie. Ils habi-
.toient une ville, fituée dans le
païs des Équiculains. Cette ville
eft nommée Cliternum dans Pto-
lémée.
CLITERNUM , Cliternum ,
KxshepYov^ (b) ville d'Italie au pais
des Équiculains.
CLITES , Clita , Ka«t(«; , (c)
peuple Afiatique. Les Clites habi-
toient cette partie de l'Âfie » qui
fut foumife à Archélaiis, roi de
Cappadoce ; ce païs étoit fîtué
dans la Cilicie , auprès du mont
Taurus , à peu de diftance de la
mer.
Tacite parle des Clites au fi-
xlàme livre de fes Annales, n Les
»y Clites, dit' il, fujets d'Archélaiis,
C L 421
J> ^ne pouvant foufFrir qu'on leur fit
» payer les tributs conformément
n au dénombrèm'ent ufité parmi
n les Romains, fe retirèrent fur le
n fommet du mont Taurus , & là
n oppofoient l'avantage des lieux
n aux troupes peu aguerriesde leur
n Roi. Mais, M. Trébellius ayant
n été envoyé contr'eux avec qua-
1 tre mille foldats légionnaires, &
i> un bon corps de troupes auxi-
» liaires, par Vitelliu$,gouverneur
n de Syrie invertit les deux col-
n lines, dont ces barbares s'é-
i> toient emparés, appellées l'une
n Cadra j & l'autre JDavara. Ils
n furent afiez hardis pour faire
»> une fortie fur lui ; mais , il en
» défit la plus grande partie par
n les armes , & contraignit le$
99 autres à fe rendre faute d'eau» (c
Tacite parle encore ailleurs des
Qites. C'eft au douzième livre du
même Ouvrage; & voici ce qu'il
en dit : n Les Clites , peuples de
» la Cilicie , groftîers & incapa-
n blés de demeurer en repos »
n allèrent s'emparer d'une mon-
n tagne efcarpée fous la conduite
n d'un certain Trofobore ; & de-
n là fondant fur les côtes & les
n villes du voifinage , ils pilloient
» les habitans , défoloient la
n campagne, & le plus fouvent
n détrouiToient les négocians &c
n les pafTagers. Ils pouffèrent leur
n audace jufqu'à afliéger la viH^
)9 d'Anémure , & battirent Cur-
i> tins Sévérus , qui étoit venu de
» Syrie à fon fecours avec un
n corps de cavalerie , l'ayant atta-
ia) Plin. T.I.p. 169. Ptolem. L. Ul.r (e) Tadt. Annal. L. VI. c. 41. X«,
c. I. IXlI.c. 55* .
(*) FiQlcm. L. III. Cl. 1
Dduj
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4^2 C L
n que dans un terrein Inégal &
99 raboteux , qui donnoit à leur
»> infanterie un grand avantage fur
91 Tes cavaliers. Mais, Antiochus,
V î^oi de cette contrée , ayant eu
n l'adrefTe, en flattant la multi-
91 tude , de défunir ce^ Barba-
99 res, furprit leur chefTrofobo-
99 re , & par fa mort & celle de
'91 quelques autres des principaux,
91 m rentrer toqs les autres dans le
n devoir. «
CLITES , Clh<g , Kxtnat , (a)
ville de TAfie mineure dans la
Bithynie. Ptolémée met cette ville
loin de la mer, au midi oriental
d'Amaftris.
CLITES , ClUa , Kxurct) , {b)
lieu de Grèce » dans la Macédoi-
ne , fitué à peu de diflance de la
ville de CaUandrée. Tite-Live , 9.
Toccafion du fiege de cette ville ,
entrepris inutilement par les Ro-
mains , l'an 169 avant TÉre
Chrétienne > fait mention de di-
tes.
CUTIPHON, Clitipho , fils
de Chrêmes , eft un des per-
fonnages de la comédie de Té-
rence 9 intitulée l'Heautontimoru-
tnénos.
CLITOMAQUE, Clitoma^
chus , K f/ic^ap^cç , (c) Philofo-
phe , natif de Carthage , vivoit
vers le milieu du fécond (iecle
avant Jefus*Chrtft, On le nom-
moit Afdrubal » dan^ le langage
de fon païs. A Tâge de quai'anté
a^9 il pafla à Ajthènes, & fut
difciple de Carnéade , qui prie
O) Ptolem. L. V. c. i.
(b) Tit.Uv. L. XLÏV. eu,
(t) Plut. Tom. I. p. 861 . a^a. Roll.
HiftAnc^T. VI. p. 45 1.
CL
foin de rinftruire lui - même. Il j
réuffit fi bien, que Clitomaque lui
fiiccédaj & expliqua (es fentimens
dans plufieurs ouvrages. Il corn-
pofa plus de quatre cens volumes,
qui étoient fort eflimés , dont l'un
avoit pour titre, Confolation. Il
l'adreffa à fes concitoyens après
la prife & la ruine de Carthage ,
pour les confoler de l'état de cap-
tivité oîi ils fe trouvoient.
On dit que ce Philofophe avoit
une parfaite connoifTance des opi-
nions de trois différentes feâes ,
des Académiciens , des Péripaté-
ticiens & des Stoïciens. Diogène
Laërce a écrit fa vie. Il eu diffé-
rent d'un autre Clitomaque Tha-
rien , difciple d*Euclide.
CLITON , Cliton , K^el-reév ,
fleuve du Péloponnèfe, dans FAr-
cadie, félon Héfychius & Stace.
Vûye[ Clitor.
CLITON, Cliton^ K^^lrc^y,
(d) eut de Leucippe , une fille qui
fut mariée à Neptune. Ce dieu en
eut dix enfans, qui peuplèrent
rifle Atlantique.
CUTON, Cliton^ Kx^/tû^f,
(e) flàtuaire , dont il eft fait men-
tion dans Xénophon.
CLITONYMÈ , Clitonymus,
Hifloriographe. Il compofa une
hiflon-e dltalie > & une autre d!e
Sybaris, que Plut^que a citées
dans fes petits parallèles. Ses tra-
giques ne furent apparemment
que divers petits traités fur des
(ujets vulgaires. Le même Plutar-
que en cite le troifième livre , &
{d) Antîq. expl. par D. Bem. de
Montf. T. 1. p. 68.
(«) Xenoph. p. ySi.
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C L
en rapporte desYables affez mal
imaginées touchant Orphée,
CllTOR , Clitor , KaéÎtw^ »
(tf)'ville du Péloponnèfe, dans
TArcadie. Elle fut bâtie par Cli-
tor , fils d'Azan , & prit le nom de
fon fondateur. Elle étoit fituée à
environ fbixante (lades de la four-
ce du Ladon. On y alloit par un
chemin fort étroit le long du fleu-
ve Aroanius. Auprès de Clitor ,
on pafToit un autre fleuve de mê-
me nom que la ville , & oui fe
déchargeoit dans l'Aroanius a fept
ftades de Clitor.
On voyoit cette ville dans une
plaine , environnée de collines.
Ses principaux temples étoient
ceux de Cérès , d'Efculape & d'L
lithye. Ceux de Clitor avoient
encore un temple dédié aux Diof-
cures» qu'ils appelaient les grands
dieux; ce temple étoit à, quatre
ftades de la ville ; Caftor & Pol-
lux y étoient en bronze. Trente
fiades au de-là il y avoit fur le haut
d'une montagne un temple de
Minerve Coria^où la Déefle avoit
une fiatue.
Il y en a qui , au lieu de Clitor,
lîfent Clitoria ; d autres Qétorie ,
d'autres Clitorium.
CLITOR , Clitor , Kxf/ra»/) ,
{b) fleuve du Péloponnèfe dans
TArcadie. U en a été parlé dans
l'article précédent.
On croit que ce fleuve eft le
même que le Cliton d'Héfychius
& de Stace. Il efl nommé' par
Ovide Cl'uorius fons. Ce Poëte
{*-) Pauf. pag. 4V9 , 4<5o . 486 . 4^7«
Xenoph. p. 57». Tit. Uv. L. XXXIX.
e. )5. Pcolem. L. III. c. 16. Flin. X. I.
p. 195, PluCf X, I. p. 40.
C L 415
lui attribue la vertu de rendre le
vin défagréable à ceux qui ont bu
de fes eaux ; foit ^ dit-il , par une
propriété naturelle ; (oit parce
que , félon la tradition du pa'js ,
le fils d'Amythaon [ Mélampe ]
ayant^à force.d'herbes & de char-
mes , délivré les filles de Prœtus »
qui étoient tourmentées par les
Furies , jetta dans les eaux de ce
fleuve, ce qui avoit fervi à les pu*
rifier ; d'où efl refiée à ces eaux ,
t^ne antipathie pour le vin. Niger
croit que c'eft à préfenc le Gar-
dichi.
CLITOR, C//W, Kulrcsp^
(c) fils unique d'Azan, fuccéda à
fon père , qui avoit régné fnr une
partie de TArcadie. Clitor fit fa
réfidence à Lycofure ; ce fut un
des plus puiflans Rois de fon tems,
& il bâtit un ville qui porta le
nom de fon fondateur. Ce Prince
mourut fans enfans ; ce qui fut
caufe que fon royaume pafla ^
Épytus , l'aîné de fes neveux.
CLITORIENS , Clitoru ;
l >ftTOflot ^ habitans de la ville de
Clitor. Voye^ Clitor.
CLITORIS , Clitoris, étoit ,
félon la fable, la fille d'un Myr-
midon. Elle étoic fi belle , que Ju-
I^iter en devint amoureux , mais fi
petite , que ce Dieu fut o4)ligé de
fe transformer en fourmi, pour
pouvoir jouir de fes amours.
CLITORIUS FONS. Voye^
Clitor , fleuve du Péloponnèfe.
CLITUMNE , Clitumnus ,
fleuve d'Italie dans l'Ombrie.
{h) Ovid. Metam. L. XV. c. 7. Mén.
de PAcad. des Infcript. & Mï. UiU
X. V, p. iftS » ftftç.
<c) Pauf. p. 459 * 4te.
D d iv
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4^4 CL
(i{) Il a fa fource à trois lieues àe
Spolete. Après avoir mêlé Tes eaux
avec celles du Topine , il va fe
Tendre dans le Tibre. Virgile parle
du Clitumne :
- Hinc alhl, Clitumne^ grèges & ma'
xima Tauriis
FiSilma,
Pline le jeune parle auffi de ce
fleuve. Voici comme il s'eiprime.
9> Sur les bords de la fource du
» Cihumne , eft un ancien tem-
» pie fort refpeâé , oîi fe voit la
91 flatue du Clitumne , qui , par
w le moyen du fort , rend des
. » oratles à ceux qui viennent le
n confulter. Au tour du temple
V font plufieurs chapelles, dans
M Tchacune defquelles eft la repré*
» fentation de la divinité qui y
» eft honorée d'un culte plus par*
n ticulier (ous diâerens titres.
» Dans quelques-unes de ces
» chapelles font des fources , qui,
)> venant à fe réunir à la prin-
ji cipale fontaine , forment le Cli-
» tumne, qu'on pafTe fur un pont.
9» Ce pont fait la féparation des
n eaux facrées d'avec celles qui
9» font réputées profanes , 6c il
9> n'eft pas permis de fe baigner
» dans les premières.
n Les Habitans de Spolete ,
ft à qui Augufte a fait préfent
n de ce lieu-là, ajoute Pline, y
9> exercent Thofpitalité envers
» ceux qui s'y rendent par dé-
w Votion , & il n'y a rien en cet
I» endroit qui ne fafle plaifir , qui
CL
n ne contente la curîofité. Toa-
n tes les colonnes & les murail-
V les des chapelles & du temple
» font couvertes d'infcriptions à
n la louange du fleuve & de fa
» fource. ce
Ce fleuve étoît en . fi grande
réputation , que Vibios Séquefter
afture qu'on l'adoroit fous le nom
de Jupiter CHtumnus. Pline le
Naturalifte nous . apprend aufli
que les eaux de ce fleuve avoient
la vertu de blanchir le poil des
bœufs , qui paiflbient le long de
fes bords ; ce qui les faifoic paf-
fer pour des animaux facrés y
qu'on deftinoit uniquement à être
immolés à l'honneur des Dieux
dans les jours de triomphe.
Ce fleuve conferve encore fon
nom , puifqu'on l'appelle aujour-
d'hui Clitumno.
CLITUS , ClitUS (b) KAf/roç ,
Troyeh , fils de Pifénor , étoit
le compagnon - de Poly damas ,
dont il conduifoit le char. Pour
plaire à Heâor & aux Troyens
il pouflbit fes chevaux dans les
endroits oii la mêlée étoit la plus
fanglante. Il ne fe trouva point
près de lui de main (ecourable, ^
qui pût détourner le trait que
Teucer lui tira. La flèche mor-
telle lui perce le cou. Clitus
tombe de fon fiege fur îe fable ,
& Tes chevaux ne fentant plus la
main qui les gouvernoit , tour-
nent & emportent fon char.
GLITUS , Clitus , (c). ÎC > f /rcr,
fils de Cardylis , qui de charbon-
(4) Virg. Georg. L. II. v. 146. Mém. | ér feq,
èe l'Acad. des Infcript. & Bell. Letc 1 (O Freinf, fuppl, in Q. Curt. L. I.
T. XII. pag. 37. J c II,
(^) Homer. Iliad. L, XV. v. 445* I
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CL
«îer s'étoit rendu roi de plufieurs
nations Iliyriennes , mais qui avoir
été enfuite dfrujetti par Philippe,
roi de Macédoine* Clitus, ayant
fuccédé à fon père , défiroit ar-
demment de recouvrer fa liberté.
Il crut en . trouver une occafion
favorable dans la guerre qu'A-
lexandre faifoit au-delà du Da-
nube. Il obligea donc fes peu-
ples à prendre les armes , & fit
alliance avec le roi des Illyriens
furnommés Taulentiens. Alexan-
dre inftruit de cette nouvelle >
marcha contre ces nouveaux en-
nemis ; & les ayant un jour fur-
pris défarmés & endormis , il
en tua un grand nombre , fit plu-
fieurs prifonniers , & mit tous les
autres en fuite , qu'il pourfuivit
jufqu'aux montagnes des Taulen-
tiens. Clitus' fe fauva de cette dé-
faite dans la ville de Pélium ; &
enfuite foit qu'il fe défiât de la
force de cette ville , ou du cou-
rage de fes gens , il y fit mettre
le feu , & s*en alla en exil dans
le pays des Taulentiens.
CLITUS , Clitus , (<a) Kaç/toc»
fils de Dropis , fut pourvu par
^Alexandre du gouvernement de
la province de Maracande ^ en
la place d*Artabaze. C'étoit un
vieil officier de Philippe , & qui
s*étoit fignalé en beaucoup de
rencontres. Ce fut lui qui * à la
bataille du Granique , comme
Alexandre combattoit la tête nne
& que Roface avoit déjà le bras
levé pour le frapper par derrière ,
couvrit le roi de fon bouclier , &
C L 42c
abattit la main du barbare. Sa ,
fœur Hellanice avoit nouiri Ale-
xandre qui ne l'aimoit pas moins
que fa propre mère. Comme, pour
toutes ces raifons , il confidéroit
fort Clitus y il lui confiât une des
provinces les plus importantes de
fon empire , avec ordre de partir
dès le lendemain.
Avant fon départ » il fut con-
vié le foir à un feftin , où le roi ,
après avoir beaucoup bu , fe mit
à célébrer (es propres exploits, fans
garder aucune mefure dans les
louanges qu'il fe donnoit à lui-
même, jufqu'à fe rendre infup-
portable à ceux mêmes qui fça-
voient qu'il difoit la vérixé. Clitus,
qui étoit auffi échauffé par le vin,
fe tournant vers ceux qui étoient
au-defTous de lui à cable , leur
rapporta un paflage d'Euripide ,
de telle forte que le roi pouvoir
plutôt ouïr le fon de fa voix que
les paroles. Le fens de ce peflage
étoit, ^U€ les Grecs avaient eu
grand tort d* ordonner qu aux inf-
criptions des trophées , on mettrait
feulement le nom des rois ; parce
que c'étoit d^ober à de vaillans
hommes la gloire qu'ils avoient
acquife au prix de leur fang. Le
roi , fe doutant bien qu'il lui étoit '
échappé quelque chofe de défo-
bligeant» demanda à ceux qui
étoient les plus proches , ce qu'il
avoit dit. Comme perfonne ne
répondoit , Clitus hauffant la voix
peu à peu , fe mit à raconter les
aâions & les guerres de Philippe
dans la Grèce , les préférant à rôut
{a) Plttt. Tom. I. pag. 67}, 693 , j îo Q. Cort. L. II. c. 5, 7. Roll. Hift.
«94. Jufl L. xn. c. 6. Q Curt. L. IV. I Ane. Tom. III. 575 , 714. à' Juiv,
c, 1%. L. VUI. c. 1 , 2 > 8. Freiof. fuppl. |
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i26 CL
ce qui (è faifoit alors ; ce qui ex^^
cita ufi^ grande difpute encre les
jeunes & les vieux. Quelque pei-
ne que le roi fentît intérieurement,
il diffimula d'abord , en fe faifant
violence ^ ôc parut écouter pa-
tiemment tout ce que difoit Clitus
i Ton défavantage. Il fembloit mê-
me qu'il aurott encore retenu Ton
emportement , fi Clitus en fût de-
sneuré-là. Maisj celui-ci , pouf-
iânt toujours Tinfolence plus loin,
comme s'il eût pris è tâche d'irriter
le roi & de lui infulter , en vint
iafqu'à prendre ouvertement la
détenfe de Parménton s & iufqu'à
foûtenir que la ruine de Thëbes
n'étoit rien en comparaifon de la
viâoire de Philippe fur les Athé^
nien$3&que les vieux Capitaines
Macédoniens , quoiqu'ils euflfent
été quelquefois malheureux , va-
loient beaucoup mieux que ceux
qui avoient la témérité de les dé-
crier.
Alexandre lui ayant dit fur cela
qu'il plaidoit fa propre caufe , en
appellant la lâcheté un malheur,
Clitus fe levé , & \ei yeux bouffis
de vin ôc de! colère ; i> c'e^l pour-
n tant cette main,lui dit-il en éten-
I» dant le bras , qui vous fauva la
19 vie à la bataille du Granique.
» C'eft par le fang & les bleiTures
n de ces Macédoniens taxés de lâ-
M cheté , que vous ères devenu
9> n grand. Mais , la fia tragique
f> de Parménion nous apprend
n quelle récompenfe eux Se moi
I» nous devons attendre de nos
» fer vices. » Ce dernier reproche
piqua jufqu'au vif Alexandre ; il
fe retint pourtant encore , & fe
contenta d'ordonner à Clitus de
CL
fortir de fa table. » Il a raifon, dit
» Clitus en fe levant , de ne voa-
n loir point fouffrir à fa table des
n *hommes libres, qui ne fçavent
M dire que la vérité»^ Il fera bien
» depaUer fa vie avec des barba-
n res & des efdaves , qui adore-
n ront volontiers fa ceinture Fer-
n fienne & fa robe blanche. » Le
roi ne fut plus maître de fa colère,
& s*étant jette fur la javeline de
l'un de fes gardes , il en auroit per-
cé fur le champ Clitus , û d'un
cété les courtifans ne l'av oient re-
tenu , & fi de l'autre les amis de
Clitus ne l'avoient repoufTé avec
grande peine hors de la falle. Msûs
il y rentra incontinent par une au-
tre porte f en chantant avec info-
lence des vers injurieux au Prince,
Îui, le voyant près de lui, le perça
e fa javeline , & le renverfa mort
par terre , en lui difant ces paro-
les : Fû't - en maintenant trouver
Philippe , Parménion & Attide.
La colère du Roi étant conome
éteinte tout-à-coup dans le fang
de Clitus , fon crime alors fe mon-
tra à lui avec toute fon énormité
6c fa noirceur. Il avoir eue un
homme,qui à la vérité ^voît abufé
de fa patience , mais qui jufques-
là avoit été un fidèle ferviteur , &
qui , quoique ce prince eût home
de l'avouer^ lui avoit fauve la vie*
Il venoit de faire l'office abomi-
nable de bourreau , en puniffant
par un meurtre horrible des paro-
les indifcretes , qui pouvoient être
imputées a^ vin. Cocnment ofer
paroître devant la fœur de Clitus
fa nourrice , 6c lui préfenter une
main fouillée du fang de fon frère?
ne pouvant foûtenir ces triftes ré*.
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CL
flexions , il fe jette fur le corps
de ion ami , en arrache la javeline»
& s*en feroit percé lui-même , fi
les gardes étant promptement ac-
courus^ ne lui euilent faifi les
mains, & ne l'euffent emporté par
force dans fa chambre.
CLITUS , Clitus, Km/tcç , {a)
furnommé le Noir , fût aofli un
des principaux officiers d'Alexan-
dre. Il commandoic un corps de
cavalerie à la bataille d'Arbèle.
CLITUS, Clitus^ Kas/toç {b)
officier qui commandoic la flotte
Macédonienne, compofée de deux
cens quarante vaifTeaux , l'an 323
avant J. C. Ayaht attaqué deux
fois Éétion , général de la flotte
Athénienne , il demeura deux fois
vainqueur , & coula deux fois à
fond un grand nombre de vaif-
feaux ennemis à la vue deç ifles
Échinades.
Clitus fut fait gouverneur de la
Lydie Tannée fui vante. Peu de
temps après , Antigonus vint à la
tête d'une armée pour le chafTer
de fon gouvernement. Clitus , inf-
truit de fa marche , jetta des gar-
nifons dans toutes fes places , &
pafTa lui-même dans la Macédoine
pour inflruire Polyfperchon de la
révolte & des entreprifes d'Anti-
eonus , & pour lui demander du
i^cours contre cet ufurpateur. Il
obtint une flotte nombreufè , qu'il
conduifit dans THellcfpont. Déjà
il avoit gagné à fon parti les villes
des environs de la Propontide ,
& avoit même joint fes troupes
ii celles d*Arridée , lorfqae Nica*
CL 427
nor \ commandant de la garnifon
de Munychie , envoyé par CaP
fandre avec toute fa flotte , parut
à la même hauteur. Il avoit même
reçu de la part d* Antigonus , des
vaifTeaux qui faifoient monter cet-
te armée navale au nombre de
plus de cent voiles. Ainfi , le com-
bat s'étant donné à la vue de By-
zance , Clitus vainqueur fit couler
à fond dix- fept vaiffeaux des en-
nemis, & n*eh prit pas moins de
quarante avec tous les hommes
qui les montoient ; tout le refle fe
fauva dans le port de Chalcé-
doine.
Un avantage fi confi^érable fit
croire à Clitus que les ennemis ,
ruinés par cette défaite , n'ofe-
feroient plus fe montrer fur mer.
Mais , Antigonus fécond en ref-
fources , 6c qui fçavoit parfaite-
ment la guerre , trouva moyen de
réparer bientôt ce dommage. Car
ayant emprunté des Byzantins
des barques de tranfport , il le^
fit charger pendant la nuit d'ar-
chers , de frondeurs ôc autres
armés à la légère, ^ & les 6t
arriver au point du jour au
débarquement des vainqueurs qui
croyoient prendre terre tranquille-
ment fur le bord oppofé. Cet ob»-
jet les mit dans un trouble prodîs-
gieux; car, voulant revenir dans
leurs vaifTeaux , fans oublier leurs
dépouilles déjà mifes à terre , 8c
leurs prifonniers déjà embarqués ,
ils fë jetterent eux- mêmes dans un
embarras dont ils n'eurent pas le
tems de fortir. Antigonus s'étoi(
(«) Diod. SIcul. pag. 59t.
(y Plut. T»m. I. pag, 757. Diod.1
iSicul. pap. 6^6 , 649 , 6^5 , 66^ , 66/L
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4^8 CL
p jurva de vaifTeaux longs , char-
gés de fa meilleure infanterie >
qu'il fe difpofoit à faire tomber
fur fes ennemis dans une circonf-
tance qui lui affuroit la viâoire.
Comme Nicanorétoit arrivé cette
nuit là même , les deux flottes réu-
nies attaquant leurs adverfaires en
défordre, les renverferent du pre-
mier choc. Quelques-uns de leurs
vaifleaux étoient brifés d'un feul
coup d'éperon; on enlevoit à
d'autres tout un rang de rames ,
en paffant à côté d'eux , d'autres
enfin venoient fe rendre d'eux-
mêmes pour prévenir un mal-
heur certain. En un mot , à l'ex-
ception du vaifTeau du comman-
dant , toute la flotte ennemie paffa
en leur pouvoir. Clitus feul aban-
donnant fon vaifTeau fe jetta à ter-
re , dans l'efpérance de fe fauver
en Macédoine ; mais il tomba en*
tre les mains de quelques foldats
de Ly fimachus , qui regorgèrent ,
vers l'an 318 avant J, C.
Ce Clitus «eft , fans doute , le
même qui , au rapport de Piutar-
que, fut chargé de conduire de
la cour de Macédoine à Athènes
Phbcion & fes amis, en appa-
rence pour y être jugés , mais en
effet pour y être mis à mort, com-
me déjà jugés & condamnés.
GLITU5 , Clitus , KmItoç ,
difciple d* Ariftote, étoit de Milet^
Il avoit écrit une hiftoire de fa pa-
trie. Il vivoit environ 316 ans
avant J. C.
CLITUS , Clitus , K^^lroç , (a)
jeune homme hardi & téméraire.
(*) Jofeph. de Bell. Judaïc. pag. 8a8.
de Vit. Sua. p. ion , loia.
{k) Tic. Uv, L, ni. c. 48. Amiq.
CL ;
Il fuc anteur d'une (édition exchte
à Tibériade , du tems de la gaerre
que Tite & Vefpafien firent aux
Juifs. Jofephe, voulant le punir,
ordonna à un de fes gardes de lui
couper les mains ;& ce garde n'a-
yant ofé le faire, Jofephe fe mit ea
état de le punir lui-même. Clitus ,
voyant qu'il ne pouvoit éviter la
punition , le pria de lui laifler du
moins une main; Jofephe le lui ac-
corda , pourvu que lui-même s'en
coupât une. AuHi-tôt ce féditieux
tira fon épée., &fe coupa la main
gauche.
CLOACINE, ou Cluacine,
Cloacina , Cludcina , (b) fumom
de Vénus. Vénus Cloacine avoit
à Rome un temple , qu'on croit
avoir été fur la voie facrée. Cer-
tains prétendent que cette Dcefie
fe trouvoit en deux différens en-
droits de la ville.
Pline fait venir le nom de Cloa-
cine de cludere , qui ancienne-
ment vouloit dire la même chofe
qae purgarCf purifier; parce que
les Romains & les Sabins étant
fur le point d'en venir aux mains,
à caufe de l'enlèvement des filles
de ces derniers, fe purifièrent en
ce lieu; & de là vient , dit- il,
que la Vénus qui y fut mife , fut
appellée Cloacine. La6èance don-
ne à ce nom une autre origine ;
c'eft , dit-il , qu'on trouva à Ro-
me , du tems de Tatius , dans la
grande cloaque , une ûatue qui
fut confacrée par ce Prince , &
appellée Cloacine du lieu où elle
avoit été trouvée , ne prenant pas
expl. par D. Bern. de Montf. Tom. II.
P^* 9) » 94* Myth. par M. PAbb. Ban.
Tom. I. p. 548* T»V. pag. 3»9 , jj^
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CL
garde que du tems de TatSus , 11
n*y avoit point de grande cloa-
que. Il feroit peu in) portant d'exa*
miner à laquelle des deux étymo-
logies pn doit donner la préféren*
ce.
Quoiqu'on n*ait point encore
vu de veftige d'aucun temple de
Vénus Cloacine , D.. Bernard de
Montfaucon hazarde une conjec-
ture là'deflus. n Le temple de
ti Vénus Cloacine , ou Cluacine »
» dit-il , jpourroit bien être re-
n préfenté dans la cinauième ta-
it bie des fragmens du plan de
i> l'ancienne Rome , fait du tems
n de l'empereur Septime Sévère ,
n & donné avec des explications
n par le Bellori. Cet habile An-
n tiquaire a cru que cette Infcrip-
n tion du premier fragment de
«I la cinquième table
llTACH '
A
fi devoît fe lire aînfi , LAVA-
ff CHR» A. Lavacrum j4grippi^
a» rue ; ne prenant pas garde que
n la jambe de la première lettre
n impàr£iite qui refie , & qui
» devroit être un A ,. félon fa le-
i> çon y ne peut jamais Têtre ;
n parce qu'elle eft tout -à -.fait
» perpendiculaire ; qu'il n'y a
n point d'H à iavacrum , & que
p la lettre R qu'il a ajoutée , ne
» paroît point fur la pierre ; j*y
f> lirois plutôt Cluacina. Comme
fi • la première lettre qui refte eft
M tronquée , celle de devant , qui
M devoit être un C , peut avoir
» fauté. La première , qui refte
19 mutilée par le haut , fera faci-
le lement une L, Toutes les let-
C L 419
9} très fuivantes conviennent y en
M fuppofant que l'H a été mis
t> pour un N ; changement (i
n conmiun & fi aifé à faire , qu'on
n en voit fouvent de femblables.
M Peut-être trouveroit-on encore
19 un N fur la pierre. Ceux qui
» font accoutumés à lire les an-,
9» ciens marbres & les médailles ,
91 fçavent qu'il n'efl rien de fi
99 commun que de voir la jambe^
99 d'une lettre (ervir pour la pré-
19 cédante ; comme feroic , par
99 exemple , ici , de prendre la
99 première jambe de la lettre N
99 pour un 1 , 6c de lire CLVA-
99 ClNAoùilya CLVACNA.
» Il me paroît qu'il n'y a rien
99 de forcé dans la manière dont
99 nous lifons ce mot ; duquel on
99 aura bien dé la peine à tirer
99 quelque chofe , £ on le veut
9} lire autrement. Ce qui appuie
99 encore cette conjeaure , eft
•9 que ce petit temple rond avoit
99 quatre efcaliers marqués fur
99 la pierre pour y monter par
99 quatre côtés différens ^ & un
99 autel au milieu , comme au
99 temple de Vénus Salluflia , qui
99 avoit quatre entrées comme
99 celui-ci. Quelque apparence
•9 que je trouve à ma conjeâure ^
99 je l'abandonne pourtant au ju-*
99 gement des habiles gens.
9> Dans les médailles de la fa-
99 roi)le Muilidia , on voit uae
99 efpece de barrière & de treil-
99 lis , avec une grande porte pou^
99 entrer dans ce lieu , 6c deux
99 .hommes qui (ont dedans ; au-
19 defFous des treillis efl écrit ce
99 mot , Cloacina. M. Vaillant
Il ddns fes médailles confulaices»
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45P C I^
» croît que cela marque le lîeu ;
n oii Te tenoient anciennement
n les Comices, en latin Comitia.it
Laâance , S. Cyprien & S.
Auguftin font mention de Vénus
Cloacine , au fujet de laquelle , ils
n'ont pas manqué , dit M. Tabbé
Banier , d'infulter les Romains.
CLO ANTHE , Cloanthus^ {a)
l'un des compagnons d'Énée^ &
du nombre de ceux qui furent ré-
parés de la âotte par la tempête
qu'Éole avoit excitée à la folîici-
tation de Junon» Énée , qui ne
s'attendoit plus à le revoir , le
regrettoit beaucoup. Mais, Cloan-
the eut le bonheur de fe fauver ^
6c vint rejoindre Énée à Cartha-
Dans ce combat de vaifleaux
que le prince Troyen donna à
Drépane pour honorer l'anniver-
fatre de la mort de fon père An-
chife f Cioanthe fe didingua en-
tre lousjes autres. Déjà il n'a voit
plus de rival que Mnefthée , peut-
être. que les galères de ces deux
rivaux feroient arrivées enfemble
au port 9 fi Cioanthe, étendant
les bras , n'eût adrefle cette prière
aux dieux de la mer. >• Divinités ,
» qui régnez fur cet Empire, &
». à qui appartient ce champ de
tr* bataille , je fais vœu de vous
M immoler'rur le rivage, au pied
9> de vos autels, un taureau blanc,
i> dont je jetterai les entrailles
}> dans les flots , avec une liba-
i> tion de viti. u Les Néréides ,
toute la trou[>e de Phorcus , & la
nymphe Panopée entendirent fa
CL
voix au fond des eaux. Palémoif
lui-même , lui prêtant fon bras
puifTant , poufle le navire , qui
plus rapide que le vent > on qu'u-
ne flèche légère , vole vers le ri-
vage , 6c entre enfin triomphant
dans le port. Cioanthe fut donc
proclamé vainqueur | 6c Énée lui
mit lui-même lur la tête une cou*
ronne de laurier.
Le prix de fa viâoire fut une
cocte d'arn(es tiflue d'or , bordée
de bandes de pourpre. L'hiftoîre
de Ganymede y éioit repréfentée
en broderie. On y voyoit ce jeu-
ne Prince , chafTant dans la forêt
du mont Ida , courant à perte
d'haleine , 6c pourfuivant avec ar.
deur une troupe de cerfs , qu'il
perçoit de Tes âeches. L'aigle de
Jupiter fondoit tout à coup fur
lui , 6c Tenlevoit entre Tes (erres*
Ses vieux gouverneurs tendoienc
vainement \ti bras vers le ciel,
6c les aboyé mens de fes chiens
furieux le perdoient dans les airs.
CLOAQUE. \h) Ceftun
aqueduc fouterrein , qui reçoit les
eaux 6c les ordures d'une grande
ville. Ce mot Cloaque n'eft plus
en ufage aujourd'hui que pour les
ouvrages des Anciens. En parlant
des ouvrages modernes, on die
ordinairement égoût. Le mot La-
tin efl Cldaca ; mot que quelques
Étymologifles dérivent de cluo^
falir , inl^âer par fa mauvaife
odeur.
Le Cloaque ed aflez exaâe-
menc défini par le célèbre jurif-
confulte Ulpien , un lieu fouterr.
(<i) Vîrg. iEheîd. L. i. v. fta6 , 514, 1 (h) Antiq. expl. par D. Bcm. et
616 , L. IV. v« aSâ. L. y« V» tta, &fii. IMomf. Tom. IV. pag» toit
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CL
rtin fait par art pour écouler les
eaux & les immondices d'une ville*
Deays d'Halicaroafle nous ap-
prend que le roî Tarquîn le yieux
eft le premier qui commen^k de
faire des canaux fous la ville de
Rome , pour en conduire les
immondices dans le Tibre» Les
canaux de cette efpèce augmen-
tèrent infenfiblement/l'e multipliè-
rent à mefure que la ville s'ag-
grandit,& furent enfin portés à leur
perfeâion fous les Empereurs.
Caffiodore , qui vivoit en 470 ,
qui éroit préfet du prétoire fous
Xhéodoric roi des Goths , & bon
connoifleur en architeâure, avoue
dans le recueil de fes lettres ,
Ïi*on ne pouvoit confidérer les
loaqoes de Rome fans en être
émerveillé.
Le foin & rin^âion de ces
lieux appartinrent , jufqu*au tems
d'Augufle 9 aux Édiles , qui nom-
itioîent à cet effet des officiers, fous
le titre de Curatores Cloacarum.
Il y avoit une divinité qui pré-
fîdoic aux Cloaques. C'étoit Cloa-
cîfie. Foyez fon article ci-defTus.
CLOCHER, Claudicare. {a)
Cette expreflion eft affez fréquen-
te dans l'Écriture. Jufqu'à quand
Clochere\-voUs des deux côtés ?
dit Élie aux enfans d'IfraëU Ce
prophète leur reproche par- là de
fie point adorer le vrai Dieu d*une
manière pure ôc fincère y & de
vouloir allier fon culte avec celui
des idoles. Dieu dit , dans le pro-
phète Michée > qu'il rafletriblera
jçelk qui Clochoit & quil avoit
C L 431
rejettée ; c*eft- à-dire , qu'il re-
prendra cette époufe incommo-
dée , difforme & répudiée , &
qu*il lui donnera une nombreufe
podérité. Cette époufe ce font
les Juifs difperfés & comme aban-
donnés de Dieu.
CLOCHER , terme de poëfie
latine , pour dire manquer de cé-
fure dans certains endroits effen-
tiels. On dit qu'un vers Cloche ^
quand il n'a point de céfure au
fécond ou au troifîème pied , ou
à tous les deux enfemble.
CLODIA [ la voie ]. Voyei^
Claudia.
CLODIA [ la Famille] , Clo-
dia Gens, Cette £imille a produit
des perfonnages célèbres.
CLODIA , Clodia , K^^.//« ,
(h) femme de Q. Métellus Celer*
Elle étoit en même tems fa cou-
fine germaine j car, Appius Çlau-
dios Pulcher , de qui elle étoit
fille , Se par conféquent fceur de
P. Clodius l'ennemi mortel de Ci-
céron , avoit époufe une CécîUa
fœur du père de Q. Métellus Ce-
ler. Il paroît par une lettre de
Gcérôn , qu'il entretint d'abord
quelque commerce avec cette
Clodia ; & ce commerce ne plai-
foit pas à fa femme Térentia ,
parce que Clodia avoit voulu Té-
poufer ; & como()e le divorce ren-
doit en ce tems-là tout mariage
poffible , Térentia , qui étoit fort
Jaloufe, & que fon mari crai-
gnoit beaucoup , n'eut point de
repos qu'elle ne les eût brouillés.
Clodia avoit deux fœurs ; &
'(*) Rcg. L. m, ç, 18* T, ai, Mich.| (h) Cicer. Epîft. ad Q. Metell. Celer,
f t ^t ¥. é. I Plut, X. I, p. 875.
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43^ C L
quoique celles-ci fuflent auflî fort
difFamées , Clodia Tétoit beau-
coup plus qu'elles fans comparai-
fon. Car , (es deux fœurs ne pa-
roiflenc avoir fait parler d'elles
qu'à Toccaiion de leur frère ; 6c
Ciçéron appelle Clodia dans une
aâion publique , lamie du genre
humain. Il ajoute qu'elle avoit un
jardin , qu'elle encretenoit avec
grand foin , fur le bord du Tibre ,
ou tous les jeunes gens s'alloient
baigner , & où elle les choifiâbit
à fon gré. Quelque fufpe^ qu'il
foit far le chapitre de cette femme
à caufe de leur inimitié , des xe-
proclies publics de cette qualité
ne pourroient guère être crus
faux , quand même ils ne feroient
pas confirmés , comme' ils le font
par Quintilien & par Plutarque j
qui n'étolent pas fes ennemis.
Plutarque explique un fobriquet
que tout le monde lui donna,
comme Gcéron , & que Quinti-
lien avoir rapporté fans l'expli-
quer ; fur ce qu'elle fut trompée
par quelqu'un de fes amans , qui
çut Tadreffe de lui faire prendre
une bourfe pleine de la plus pe-
tite monnoie , dans la croyance
qu'elle étoit pleine de la plus
grofle. Enfin , & pour dernier
trai^ de fa peinture » Cicéron Tac-
çufa fi clairement & fi publique-
ment , encore cinq ans après ,
d'avoir empoifonné fon mari ,
qu'on ne peut pas aufiH douter
qu'elle ne fût violemment foup-
çonnée; fur tout, fi l'on confidère.
cet autre fobriquet cité par Quin-
Cs} Plut. T. I. p. 517, 87s.
{b) Roiin. de Anciq. Roman, p. 8191
8^6,841,845,867,874.
- CL
tîlien de quadrantaria Clittmtuf'
tra , comme qui diroit la Clicem-
neflre aux rouges doubles , par oîi
la mort de (on mari 8c l'heci-
reu% fourberie de fon galant lui
étoient également reprochées ;
car , tout le monde fçait que Cli*
temneAre fit aufB mourir le fîen.
CLODIA , Clodia , KaWiW ,
Îd) fœur de la précédente , épou-
a L. JL.ucuUus« Mais , elle en fut
répudiée à caufe de fon impudicité
& de fes vices.
CLODIA, Clodia, f^) nom
commun à plufieurs loix des Ro-
mains. Ces loix furent ainfi ap-
pellées de ceux qui les portèrent.
Nous en connoiffons une touchant
l'ifle de Chypre , Une autre tou-
chant les collèges , une autre tou-
chant les comices , une autre tou*
chant le bled que Ton devoit don-
ner gratis au peuple , une autre
touchant la violence , &c.
CLODIUS AQUlTIUS,(c)
Clodius Aquitius , o£cier qui
fervoit fous Jules Céfar , au rap-
port d'Hirtius Panfa.
CLODIUS-, Clodius , Kxd^
Jt(ç » (<f) çléferteur de l'armée des
Triumvirs ^ pafia dans le camp de
M. Brutus. Il y annonça la nou-
velle d'une viâoire complette,
remportée par l'armée Républi-
caine ; mais , il iie fut point cru ;
on ne daigna p^s même le mener
à M* Brutus j Ôç.on le méprifa
comme un homme qui ne fçavoit
rien de certain y ou qui venoit
donner den nouvelles agréables,
qu'il avoit forgées pour plaire &
(e) Hirt. Panf. de Bell. Hifp. p. 84s.
\d) Plut. T. ï. pag. 1006. Crév. Hiff.
Rom. X. VllI. p. a6i,
poui
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CL
pour être mieux reçu. Ce défaut
if attention, au rapport de Clodius,
caufa la perte de M. Brutus.
CLODIUS [PuBLius], Fu-
hlius Clodius, Voyt\ Publius.
CLODIUS [ Sext.] , Sextm
Clodius^ {a) fut le porte- enfeigne
&le boute- feu de toutes les fé-
ditîons excitées tant de fois par
P. Clodius Ton patron. Après la
mort de ce dernier, il fut con-
damné à l'exil, fous prétexte qu'il
avoit réduit en cendres le palais
Hoflilien , en y brûlant le corps
de (on patron.
CLODIUS [C], C. Clodius,
{b) l'un des compagnons de P.
Clodius , au rapport de Cicéron.
Ceft apparemment le même que
le précédent.
CLODIUS [ L. ] , Z. Clodîus ,
(c) étoit ce qu'on appelle aujour-
d'hui^ un Âpotiquaire. Cicéron
parle de lui dans Ion oraifon pour
A. Cluentius.
CLODIUS [ Sext.] , Stxtus
Clodius , (^) furnommé Phof-
mioft , étoit un banquier 9 dont
parle Cicéron dans Ton oraifon
pour A. Cécina.
CLODIUS, Clodius , K^J//oç,
{e) affranchi de Cicéron. C'éioit
un homme très- fidèle , que Cicé-
ron renvoya , parce qu'il étoit
incommodé d'un mal d'yeux. Il
étoit furnommé Philhétérus , ter-
me Grec qui veut dire qui aime
Us amis defon maître,
CLODIUS QUIRINALIS ,
(J) Crév. Hift. Rom. Tom. VU. p.
•59 , 156.
(h) Cicer. pro Milqn. cjç.
(c) Ciccr. Orat. pro A. Cluent. c. 50.
{d) Cicer. Orat. pro A. Cxcin. c. »o.
(e) Cicer. ad Amie. L.- XXV. £pi4 4.
Tom. XI.
Clodius Quirinalis , (/) officier,
qui avoit traité l'Italie comme la
plus méprifable des provii^ces ,
dans le tems qu'il commandoit les
galères de Ravenne. Il s'empoi-
ionna lui-même,, pour éviter la
punition de (os débaujches 6c de
fe* cruautés, l'an de Jefus-Chrift
57-
CLODIUS M ACER , Clodius
Macer. Foye^ Macer.
CLODIUS CELSUS, C/o^/W
Celfus , (g) natif d'Antioche , l'ua
des plus fidèles amis de Nym-
phidius Sabinus. C étoit un hom-
me de fens ; il dit librement fon
avis à Nymphidius Sabinus , lorf-
qu'ofant afpirer à l'Empire , il
projettoit la ruine de Galba. Il
effaya de le détourner d'un tel
projet , l'affurant qu'il n y auroit
•pas une maifon dans Rome , qui
déférât le nom de Céfar à Nym-
phidius Sabinus.
CLODIUS CELSINUS, (A)
Clodius Celfinus , frère d'Albinus,
obtmt de grands honneurs de la
part du Sénat de Rome.
CLODIUS LICINIUS,
Clodius Licinius , ( i^ Au-
teur Latin , qui a écrit une hif-
toire Romaine , citée par Tite-
Liye dans le vingt- neuvième li*»
vrê , & par plufieurs 'autres. Il
eil différent du Ciodios, qui a
compofé en Grec un oirvrage des
dieux , citJ& par Amobe , & par
Laâance. Le Clodius qui a écrit
une chronique citée par Plutarque
(/) Tadt. Annal. L. XIIÎ. c. 30.
(^) Crév. Hift. des JEmp. Tom. III.
pog. 9.
{h) Crév. Hifl. des Emp. Tom. ^»
pag. 87.
(s; Tu, Liv. L. XXIX. c. la.
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4î4 CL
au commencement de la vie de
Numa Pompilitis , & celui que
Porphyre cite fur Tabûinence des
Pythagoriciens , font (>eut - être
encore des Autettfsdjfférens.^j^^
Tarticle fuivant,
CLODIUS , Clodiuà , K>6'-
//eç » (a) certain Écrivain , qui ,
dans un ouvrage quSl avoit inti-
tulé » la réfutation des tems » Cpô«
tenoit que les anciennes Tables fu-
rent perdues 9 quand Rome fut
iaccagée par les Gaulois, & que
celles qu'on avoit du tems de
Plutarque , avoieot été fuppofées
par des) flatteurs , en faveur de
<}uelques familles, oui vouloiem
fe faire defcendre des premières
& des plus iilttftres maifons de
Rome> dont >elle8 ne defcendoient
en aucune manière»
M. Dacier fait une remarqtie
fur ce Clodius. » On ne conndt
Il point , dit- il , cet Écrivain , on
9f ne fçait pas même s'il étoit
n Grec ou Latin ^ car , il n*y a
n pas d'apparence que ce foit
n l'hiftorien Clodius Licinius donc
;n il efl parlé dans Cicéron' &
n dansTite Live. Plutarque n au-
if roit jamais dit d'un Hiiiorien fi
i> confidérahle , ua certain Clo-
» dius.a
M. Datier fait une autre remar-
que fur cet ouvrage intitulé La
réfutation des tans. ^it C'ed ainfî.,
p à mon avis , ajoute- c-il , que
p te titre éf^nx^^ x^oVar , doit être
n traduit , le mot elenchos figni'-
M fiant eiamen , correâion ; or , ,
,p le but de Clodius étoit de faire
CL
» voir la fauffeté des généalogies
n par la fauiïeté de^ noms & des
I» dates, u '
ÇLODONES , Clodonts , (^)
K>aVetfi'fi; , nom que l'on donnoit
en Macédoine aux Bacchantes.
CLŒUE, Clœlia , K>o/a.«.
(f) jeune fille Romaine, du nombre
de celles qu'on avoit données en
otages à Porféna , qui , pour ré-
tablir les Tarquins , étoicnt venu
aHléger Rome^ lan 247 de la
fondation de ceue ville.
On dit que Clœlie , fe voyant
dans le camp de ce Prince , logée
affez près des bords du Tibre «
trouva le moyen de tromper la
vigilance de fes gardes. A la té:e
des autres Romaines fes compe*
gnes 4 elle fe jetta dans le Tibre ;
& le paiTant au milieu des traits
des ennemis , les ramena toutes
faines <Sc fauves chez leurs parens.
Le Roi l'ayant appris eiitra d'a-
bord dans une furieufe colère ^
& envoya de^ ambafladeurs aui
Romains , pour demander qu'on
lui renvoyât Clœlie , fans iiùifter
fnr les autres , dont il ne faifoit
pas tant de cas. Mais^ enfuite^
pafTant du refTentimem à l'admi-
ration , il mettoit l'entreprife de
cette jeune Romaine au-deffus de
celles de Codés & de Mucius,
^ déclaroit hautement qu'il re«
gardoit le traité comme rompu , fi
on m la lui remettoit entre les
mains ; promettant , au contraire,
qne , quand on la lui auroit ren-
voyée | il la rendroit à fes parenst
fans lui faire aucun mal ni aucune
(<•) Plut. Tom, I» pag. Ç9. Mém. dei (r) Tit. Liv. L. II. c i^. Plut. Ton*
PAcad. des Infcript. & Bell. Lett. Tom.ll. pag. 107. RoU. Hlft^ Rqm. Tom. U
VJ. p. 10 , a I ) 48 « 109 , isi » IS3. { p* %\^ » ii7«
•(y J?lu5. T.J.p.66j, }
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CL
Violence. On fit les chofei de
bonne grâce de part & d'autre.
Les Romains rendirent au Roi les
otages , qui éroiem le gage de la
paJJL ; ik. la verfu trouva auprès du
Roi, non feulement la fftreré qu'il
kii avoit promise » mais encore la
Fécompenfe 6l les honneurs dont
elle étoit^digno. Après avoir don»
né de grands éloges à Cloelie , il
ajouta qu'en h coniidération , il
rendoit aux Romains la moitié de»
otages ; qu'elle n'a voit qu'à choi-
ûr ceux qu'elle vouloir ramener
avec elle. Quand on les lui eût
présentés tous , elle choiitt les plu»
^u nés Romaines , aân de mettre à
Tabri de tout péftl 6c de toute:
injure , celui de tous les âges que
ùl foibiefTe y expofe davantage.
Les autres n'eurent aucun^ lieu de
fe plaindre de cette préférence.
Qua^d la paix eut été a^rmie
par-là 9 les Remains , pour lé^
moigner à Closlie leur reconnotf-
fance , lui firent élever une ilatue
équeftre au- haut de la- rue facrée;
genre d'honneur aufïî extraordi-
naire à l'égard d'une femme, que
l'étoit le courage qu'elle avoit wt
paroître.
Cette hiftoire eft racontée dif-
Ééremment par d'autres Auteurs;
fur quoi on peut confulter l'article
de Valéria.
CLŒLIENS , Clixin, (a) l^j-
se des principales familles des
^Ibaim.Ceux de cette famille fu-
ient admis dans le Sénat par Tui^
kis Hoailiu».
' (a) Tit. Lîv. L. T. c. 30.
L (h) Plut. T. 1. 1>. «7.
(O Tit. Liv; L. U.c. ai. .
U) Tit. Liv. L. VI. c. ju
CL 45Î
CLŒLIES ries Foffes],
Fofa Clctlia. (è) Ce font les mê-
mes que les FoiTes Quiriienne^.
Foyei Cluinienne.
CLCELIUS [ Q. 3 , Q. C/œ-
lias , (c) fijt Confuî avec T.
Lartius , l'an de Ro/ne 256,^
CLCELIUS [ P. ] , P. Clct^
Uus , {d) étoit tribun militaire l'an
de Rome 377.
,CLŒL1US [T.], T.Clœlius..
yoyei Cœlius.
• Il y a eu d'autres célèbres per-
fbnnages du nom de Clôelius ; 6C
pour les connoitre ^ yoye[ Giac-
chus y Tullus 6c Siculus*
CLONARIUM, Clonarîum,
Khwfaptoy f (e) courtifaiine , qui
s'emretient avec Lééna dans uit
tBalogue de Lucien.
CLONDICUS , Clondîcus ,
(f) chef des Basâmes. Ce fut fou»
ra conduite qu'environ trente mil-
le hommes pénétterent dans là
Dardanie , Tan 179 avant Jefus-
Chrift.
CLONDICUS , Cîondkus ,
{g) roi des Gaulois , que Perfée
appella à fon fecours l'an i63
avant Jefus-Chrift. Comme il»
n'étoient pki» qu'à environ trente
lieues, Perfée leur députa Antigo-
nus > l'un des Seigneurs de fa
cour. Celui-ci leuf fit beau coup* va*
loir les ordres que fon maître avoit
donnés pour qu'ils fuflfent bieit
reçus par tout oîi ils pafleroient,
& les préfens qu'il leur préparoit.
Enfurte , tl les invita à s'avancer
juiqu^'à un certain lieu qu'il leur
(O Ludan. T. U. p. 715. & fî^j.
tf) Tit. Liv. L. XL. c. 58.
(g) Tit. Liv. L. XLIV. c. 16, 17,
EplK Hitt, Ane, T. V. ç. 58 , 59.
£e ij
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435 CL
marquoit ^ & à enroyer les prin-
cipaux d'entr*eux vers le Roi. Les
Gaulois n*étoient pas gens à fe
payer de paroles. Ciondicus alla
droit au fait , & demanda fi 1 on
apportoit la fomme dont on étoit
convenu. Gomme on ne lui donnoit
point de réponfé : AlUi^ , dit-il »
déclarer a votre Prince , qu avant
qu'il ait envoyé les otages & les
fommes convenues , les Gaulois ne
partiront point d'ici.
Perfée , au retour de Ton dépu-
té , afTembla fon confeil. H pref-
fentit où iroient les avis ; & com-
me il étoit meilleur gardien de
fon ^argent que de fon royaume »
pour colorer fon avarice,ils «'éten-
dit fort fur la perfidie & la féroci-
té des Gaulois, ajoutant qu'il fe*
roit dangereux de donner entrée
clans la Macédoine à une multitu-
de fi nombreufe, de qui l'on auroit
tout à craindre f & que cinq mille
cavaliers lui fuffiroient. On (êntoit
bien qu'il ne craignoit que pour
fon argent ; mais per A>nne n* ofa le
contredire. Amigonus retourna
yers les Gaulois > & leur dit que
ion maître n'avoit befoin que de
cinq mille cavaliers. A cette pa-
role , il s'éleva un frémifiement &
vn murmure général contre Fér-
iée^ qui les avoir fait venir de fi
loin pour leur tnfuker. Ciondicus
ayant encore demandé à Antigo-
nus s'il apportoit de l'argent pour
les cinq mille cavaliers , comme
celui-ci chercfaoit des détout s , &
aerépondoit point nettement» les
CL
Gaulois entrèrent en fureur , 8t
peu s'en fallut qo'ils ne fe jettaffent
iur lui pour le mettre en pièces »
& lui-même l'appréhendoit fort.
Cependant , ils refpeâerent la
qualité de député, & le renvoyé^
rent fans lui avoir fait aucun mau-
vais traitement. Les Gaulois par-
tirent fur le champ , reprirent fe
cbemin du Danube » & ravagè-
rent la Thrace qui fe trouvoit fur
leur pafiage.
CLONIUS , Clonius, {a) ca-
pitaine Troyen , ton^sa fous lea
coups de Turnus. Virgile introduit
un autre capiuine du même nom^
qui , en^combatunt omtre Mefla-
pe , ed renverfé par foii cheval
indompté.
CLOTHO, ou CLOTHON,
Clotho f KAttGâ) » nom d'une
Nymphe.
CLOTHO. ou CLOTHON,
Clotào , K^û^6a« {fi) l'une det
trois Parques» qui filent la deftinée
ou la vie des hommes. Héfiode
dit qu'elle eft fille de Jupiter , fie
de Thémis. Clotho tient la que-
nouille & tire le fil. On la repré-
fentoît vêtue d'une longue roba
de diverfes couleurs » portant fur
là tête une couronne enrichie àt
fept étoiles, & tenant d'une main
une quenouille.
Lucien met Clotho dans les
enfers avec Charon ,. & lui £ut
tenir re^ilre de tous les nrK>rts,
auxquels elle fait paffer la barque
de Char($n ; car » voici comme il
la fait parler à Charon : n Tu as
(«) Virg, i£ndd. L. IX, v. 574. L.X.Itoi. Tom. V. p. 147. é* A»ftr. Mém. de
T. 749. IPAcad. des Infcripc & Scil. Los»
{k) JDven. Satyr. 9* ▼• i$5* Mytli.lTonit V. p. to. & /«<Vb
par M. TAbb, fian, Tom. I. pag. 19s >«
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CL
-% rallbn , Charon , embarque ton
t» inonde , & cependant je pren-
jt drai mon regiftre ; & me met-
^ tant à la defcente , je demande*
» rai à chacun Ton nom^ fa mai-
n fon & fon village. Mercure au-
n ra foin de les ranger à me(bre
f» qu'ils entreront. Commençons
m d'abord par les petits enfans »
s» qui n'ont rien à me répondre ,
j» comme )e n'ai rien à leur de-
J^ mander, u
, Le nom de Qotho » félon Ful-
gence, veut .dire évocation pour
marquer que cette DéeflTe règle le
moment de notre naiflance. Ce
nom cependant eft formé du Grec
KXût^ûù^ qui fignifiei Je fiU ^ J€
tourne le fil.
CLOU , CUvus. {a) Moïfe
compare les Chananéens à des
Ctouz. Il dit aux Ifraëlites que s'ils
ne les tuent pas tous , ceux qui fe-
ront refiés » deviendront à leur
égard comme des Cloux dans les
yeux y & comme des lances à leurs
côtés. Quelquefob l'Écriture fous
le nom die Cloux entend ces pieux^
qu'on fichoit en terre pour foûte-
nirles tentes. Ifaîe» parlant de la
nouvelle Jérufalem fous l'allégo-
rie d'une tente nouvellement dref-
iëe, dit que les Cloux»ou les pieux,
qui Taflermiflienc, ne s'arrache-*
ront jamais , & que tous les cor-
dages qui la tiennent , ne fe rom-
peront point. Non auferentur cla^
vi ejus in ftmpiternum , & omnes
funiculiejus non rumpentur. '
CLOUX , ClavLCb) Les An-
ciens fe fervoient de Cloux de fer»
CL 4î7
MabfSls en avoient aofE d'airain,
& ceux-ci paflbient pour les meil-
leurs. Dans ce grand vatiTeau,
qu*Hiéron fit faire , on ne voyoit
eue des Cloux d*airain & de grof*
(eur énorme. Ces Cloux d'airain ,
par la trempe que l'on donnoit à
ce métal, étoient dune dureté
égale à celle des Cloux de fer ; ôc
c eft pour cela fans doute qu'oa
leur donnoit la préférence.
CLOUX DE JESUS CHRIST,
(c^ On ne doute pas que Jefus-
Chrift n'ait été attaché à la croix
avec des Cloux , & que ces Cloux
n'aient percé fes pieds & fes mains.
Le texte des Évangiles eft trop
précis pour cela. Le Ffalmifte,
long-tems auparavant , avoir pré-
dit qu'on lui perceroit les pieds
& les mains. Foderunt manus meas
&pedes meos.
Mais , on difpute fur le nombre
de ces Cloux. Les Grecs repré-
fentent toujours Jefus>Chri(l at-
taché à la croix avec quatre Cloux.
Saint Grégoire de Tours en met
autant ; un à chaque main & un à
chaque pied; & fous les pieds une
efpèce de bafe , pour empêcher
que le poids du corps ne l'attirât
en bas , & ne lui déchirât les
mains. Saint Grégoire de Tours
ajoute que llmpératrice Hélène
fit mettre deux de ces Cloux dans
le mors de la bride du cheval de
Conftamin fon fils , & qu'elle ea
jetta un dans la mer Adriatique
pour en calmer les agitations^
D'autres racontent' qu'elle mit
C^) Nuiner. c. 3). v. 55» I&ï. c 13. 1 liContf. Tom. IV. pag. $8 f 110.
V. so. I {e) Joaan. c. %o% v. ,S5< Bùlm* tii
{à) Anti^ ç^cpl, par D. Bem. d*lv, i8.
Eeiij
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438 C L
auf& un dé ces Cloux dans le caf-
quede,G>nftamin.
Mais , plufieurs croyent qu'il
n'y eut'que trois Cloux qui per-
cèrent les mains & les pieds du
Sauveur ; fçavoir , un Clou à cha-
que main » & un aux deux pieds.
L'ufage des Latins eft conforme à
ce dernier fentiment ; car , la plu-
part ^es crucifix faits dans Téglife
Latine y n'ont que trois Cloux
DooT attacher le Chrift à la croix.
Konmis croit qu'on k fervit auilî
de chaînes, pour y lier les bras du
Sauveur; ôc Saine Hilaire parle
des cordes avec lefquelles on l'y
attacha. On montre des Cloux de
notre-Seigneur , ou plutôt des
parties des Cloux de notre* Sei-
g^ilr en diver(es Églifes. Mais ,
pn n'en peMt pas conclure , ni que
ces reliques foient toutes faufles &
inceruines , -ni qu'il y ait eu plus
de quatre Cloux, qui aient fervi à
attacher Jefus-Chrift à la croix.
Ceux que l'on montre dans les
tréfors des Églifes , ne (ont que
des parties des Qoux du Sauveur;
& il fe peut faire que quelques-
uns aient été employés , non à
fercer Tes pieds & fes mains ,mâis
attacher les morceaux de la
croix ; le marche-pied , fur lequel
étoient pofês les pieds du Sau-
veur, & rinfcription que Pilate
fît mettre au haut de la croix.
Tous ces Cloux , dans* la fuîte».
auront pu erre confondus avec les
doux de Jefus-Chrif}.
; ÇLUACÏNE, au0çina , au.
lèU.Lett. T. lVvp,8y..
CL
trement Cloacine. Foye^ Qoa*
cine.
CLUDO , Cludo , poignard
de théâtre à Tufage des Romains »
fur la fcène , & qui ne différoit en
rien du nètre ; la lame en rentroit
dans le manche » quand on s'en
frappoit ; & un reâbn fptral l'en
fai(bit forttf, ^quand on s'étoic
frappé.
CLUENTIA^ Cluentia, nom
d'une tribu Romaine* Vbyt^ T^
CLUENTIUS [L.]. {a) L.
Clueutius y un des chef des Mar-
fes , obtint à Ron^ le droit de
bourgeoifie y & donna fon nom à
une tribu.
CLUENTIUS [A.] HABI^
TUS , A. Clucmius Habitas , {b)
Romain , qui vivok l'an de Rome
700. U bxx. acctifé par fa mère
Sal£a d'avoir fait mourir Oppia-*
nicfls ion beau-pere , & fut dé«*
fefidti par Cdcéron. Nous avons
encore ia belle t>raî^ qui &t pro-
aoocée pour fa défende.
CLUERE. Foy^^ Cloacine.
CLUiUENNE [laFoffe],
Ffiffa Cluiiiéu (c) Voici ce que
Tite-Lûire nous apprend au fujet
de cette foflie. t» Les Albaîos [corn-
V mandés par CLuilius ] vinrent
w fioadre fur le territoire des Ro-
I» inains avec une armée trés-
or conûdérable. Us (e pofierem à
n cinq milles de Rome , & en-
I» toureieot leur camp d'un foiTé ,
i» qu'on a appelle pendant plu^
n iteuîc fiedes U Fofle Quilien-
tf ne >eA mécooire de leur Roi;
(^) Cicer. Crac pro-Av Chienc. c. i«
M Xh, Ljf« L. I. c; %i. L. JI« c. 1%^
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CL
I» jufqu'à ce qu'ayant été comblé;
•» par fucceflion de tems , on en a
n aufS oublié le nom. Cluilius
n étant mort dans ce camp , les
99 Albains créèrent Mettius SuflPé-
n tius diâateur, pour les com-
^ mander en fa place. «
Tite-Live , dans un autre en-
droit, lit les Foffei Cluiliennes^
i^qffa Cluilidf,
CLUILIUS [C], C. Clui-
lius y (a) général des Albains , ja-
loux des profpérités de Rome>
donna fecrétement commiiTion à
des gens fans aveu , de piller le*
terres des Romains » dans refpé-^
rance que cette première démar*
che pourroit produire une ruptu-
re encre les deux peuples. Ce qu'il
fouhaitoit arriva. Ceux qui étoieni
offenfés , coururent à la vengean-
ce ; 6c C. Cluilius > attentif au
fuccès de ce piège > perfuada à
(es compatriotes , que ce qui n*é-
toit véritablement qu'une repré-
laille , étoit une infulce , & qu'il la
falloir repouffer les armes à U
main. Afin que cette infraôion pa-
rût un ade de JHftice , avant que
de déclarer la guerre , il engagea
la ville d*Albe à envdyer des am-
badadeurs poUr demander répa-^
ration de l'ofFenfe. Il prétendoit
auffi fatbfaire à un traité condti
entre Rome 61 Albe » foius le re-^
gne de Romnlus , par lequel lei
deux peuples étoient convenus de
ne fe point faire là guerre , 6t
a voient réglé que fi l'un fc croyoît
téfé par Tautre, il demandefoît
juftice à Toffenfeur ; mais que s*îl
ûe l'obtenoit pas , il lui feèoitalori
(«) Tit. Liv. L. I. c. IX 2 %$. Oionyf.
I. p. 87,88.
CL 4î^
permis de fe la faire lui-même par
les armes.
' Tulius Hoftilius f du moins auffi
fin que fon ennemi dont il dé-
couvroit l'artifice , reçut ces mi-'
niftres publics avec une démonf*
tration de civilité qui les trompa ;
& les retenant auprès de lui fous
divers prétextes 4 il gagna affjz de
tems pour envoyer à leur infça
des ambafladeurs à Albe, fe plain-
dre de la pdix violée , (^ exiger
une fatisfaâion proportionnée à
Imjure. C. Cluilius répondit avec
toute la hauteur d'un homme dé-
terminé à faire la guerre. Aprè$
le retour des attib^fladeurs Ko-*-
mains , Tulius Hoftilius donna
audience à ceux d*Albe , fe plai*
gnit de la répoiife fi^re de l^r
diÔateUt , & déclara qtie , puifj-
qu'ils défiroîent la guerre ^ il la
leur déclaroit le premiet f 6c
qu'ils s*attendi(lent à la voir in-
ceflfamiïient commencer. Oii fè
mit bientôt en cattipagne de parc
& d'autre. Les Albaitts vinrent
camper à cinq ttilles de Rome »
dans le lieu appdlé depuis la Fof-
fe Cluiliênne. Mais , peu de tenr^
après , on trouva C. Cluilius mort
dans ÙL tente , (sLtti qu'oui en pût
deviner la caufe. Il eut potir fuc^i*
cefleurau comniàndemem Mettiu»
SufFéttus.
Tout lei motide trouva Taccii*
dew de C. Clùilhif fott extraor*
dinàire , dit Denys.d'Hàlicarnaf-
,fè ; il l'étoit éii itfet , ajôûre-t^il,
puifqu'il n'atoit été précédé d'au-
cUrie maladie,fur laquelle un pût le
rejetter. Les efprits accoutumés ^
Halic. L. III. c. ». Roll. Hitt. Rom. X,
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44^ C L
pourfuit TAuteur cité, à attribuer
à la providence divine tout ce qui
arrive aux hommes , prétendoient
que fa mort étoit un effet de la
colère des Dieux, parce que, con-
tre toute juflice èc (ans néceffité »
il avoir allumé le feu de la divifion
entre la ville d*Albe ôc fa colonie.
Mais , ceux qui regardoient la
guerre comme un moyen de s'en-
richir, fe voyant privés par ia
mort de plufieurs grands avanta-
Î^es, rejettoienc cet accident iui
es embûches & fur Tenvie des
hommes ; ils prétendoient que
quelque ennemi caché l'avoit tait
mourir par un poifon fecret, dont
Il étdit bien difficile de s*apperce-
voir. D'autres difoient qu'accablé
de chagrin dans l'embarras oîi
étoient ies affaireis , il s'étoit
lui-même donné la mort; parce
qu'il voyoit bien que quelques
peines qu'il prit dans les conjonc*-
tures préfentes, tons fes efforts
devenoient inutiles, & que rien
ne lui réufliffoit comme il fe Vér
toit promis d'abord> lorfqu*il avoit
pris les rênes du gouvernement.
Ceux au contraire qui jugeoient
fainement de cet accident de leur
Général , fans fe laiiFer emporter à
des fentimens d'amitié ou de haine,
n'attribuoient fa mort ni à la colè-
re des Dieux, ni aux embûches de
Ces envieux , ni au défefpoir de fes
affaires , mais à la néceflité de la
i^ature & au àeiBn qui a fixé le
nombre de nos jours dès le pre-
mier înftant de notre naiffance.
Ainfi mourut C. Cluilius avant
que d'avoir fait aucune aâion de
CL
valeur , vers Tan 66j avant l'Ere
Chrétienne,
CLUILIUS , Cluilius , (a)
général des Volfques , vivoit l'an
440 avant l'Ere Chrétienne. Cette
année , il fur vint entre la nobleffe
& le peuple d'Ardée, une divifion
qui mit la ville à deux doigts de
fa perce. Les deux partis , qui fe
trouvoient trop foibles par eux«
mêmes , eurent recours à Tétran-
eer. Le Peuple s'adreffa aux
Volfques , qui , fans perdre de
tems , vinrent à fon fecours , fous
la conduite de Cluilius. Cefk dans
cette conjonâure, que les députa
de la nobleffe arrivèrent à Rome.
Le conful Géganius eut ordre de
pardr fur le champ« Il arriva bien-
tôt avec fon armée près des enne-
mis qui affiégeoient la ville. Le
lendemain , le Conful ayant dès le
grand matin partagé le travail en-
tre fes troupes , fit environner de
bonnes tranchées tout le camp des
Volfques , qui fe trouvèrent eux-
mêmes afTiégés, & ferrés de fi
près , qu'après quelques jours ,
manquant de tout, ils demandè-
rent à capituler. Le Conful leur fit
dire qu'ils n'avoient de quartier à
attendre , qu'en lui livrant entre
' les mains leur Général, & fe ren-
dant eux-mêmes à difcrétion. Ré-
duits au défefpoir , ils tentèrent un
combat qui leur coûta cher » & oii
ils perdirent beaucoup de monde*
il fallut fe rendre. Après qu'ils
eurent livi^é leur Général , & mb
bas les armes ^ on les fit ton s paf-
fer fous le joug , & ils furent ren-
voyés avec un habit chacun feule^
Cl) Tit. Lxv. L. IV, c. 9^> 10. Roll. Hlft. RoQi. T*. I. p. 48» , 49|»
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CL
ment , couverts de hotîte & d'î-
enominie. Lorfque le Conful entra
a Roone en triomphe , il mena
devant Ton char Cluilius aves les
riches dépouilles qu'il avoît prifes
fur. les ennemis.
CLUNIE , Clunla, Ky^owia ^
{a) ville de rÇfpagné Tarrago-
noife , fîcuée fur les confins de la
Celtibérie» au païs des Aréva-
ces.
Cette ville étoit une colonie
Romaine , comme Tatteftent Pto-
lémée , & quelques médailles fur
lefquelles on lit: COL. CLUNIA.
D'autres médailles la qualifient
municipe , MUN. CLt/N.
Galba étoit à Clunie d^s la
plus grande conftôrnation , 6c oii
il n attendoit même que la mort ,
lorfquon vint de Rome lui an-
noncer celle de Néron fon enne-
fnî. A cette heureufe nouvelle »
Galba pafTa en un inilant de la
triflefle, & prefque du défefpoir, à
la joie & à la confiance. Il vit Te
former fur le champ autour de lui
une cour nombreufe de perfonnes
de tout état , qui le félicitoient à
Tenvi; & deux, jours après ayant
reçu le courrier du Sénat, qui con*
firmoit le rapport qu'on lui avoit
faitj il quitta le titre de Lieutenant
du Sénat ôc du peuple Romain ,
prit le nom de Cefar, qui étoi^
Revenu celui de la fouveraine puif-
fance , & fe difpofa à aller incef-
famment s'en mettre en pleine
poflefiion dans la capitale.
11 eft à remarquer que Plutar-
(a) Plin. Tom. I. p. 14^ , 144. Dîo.
CafT. p. 11^. Ptolem. L. II. c. 6. Crév.
Hiit, des Emp. T. II. p. ;oo. Tom, III.
C L 441
que change le nom de Clunîe en
celui de Colonie. Cette ville étoit
le fiege d*une' aflemblée , de la-
quelle relevoit quantité de peu-
ples. Amoroife Morales croit que
le nom moderne de Ou nie eft
Cividal de Caftro , Ôc dans un
autre endroit, il dit que ceû Cala-
horra, Clufius ôc Vafaeus , dont le
fentiment eft plus fuivi , afTurent
que c*e{l le village Cruna ou Co«
runna del Conde ; ce qui s'accor-
de avec l'Itinéraire d*Antonin »
qui met Clunie prefque à moitié
chemin , entre Kauda « qui eft
Aranda de Duero , & Uxama qui
eft Ofma , à vingt-fix mille pas
de la première, 6c à vingt -quatre
mille pas de la féconde. On croie
avoir trouvé l'ancien fceau dont
on fcelloit les décrets & les aâes
de rafiemblée dont nous avons
parlé , & qu'il eft gardé par le
Seigneur de Corunna del (Jonde*
CLUPÉE , Clupea > KhvTféat »
(b) ville de l'Afrique proprement
. dite. Elle étoit fituée fur le bord
de la mer, à Toppofite de lifte de
Coftbre , & à quelque dlftance du
promontoire de Mercure« Suivant .
Solin , cette ville fut bâtie par les
Siciliens , qui la nommèrent Af-
pis ; fans doute parce <]u'elle avoit
la figure d'un bouclier , car c'eft
ce que fignifie le mot Afpîsy auffi»
bien que le mot Clupea ou Clypea.
Strabon dit aufii que Clupea &
Afpis étoient une feule & même
ville. Ptolémée, cependant , dis-
tingue Afpis de Clupée > & mec
(*) Solin. p. 19;. Pomp. Mcl. p. 30.
Strab. p. xyj. Ptolem. L. ÏV. c. }. Cxf.
de Bell. Civil. L. II. c 550^ 551. U"^.
Panf. de Bell. Afric. p. 75$.
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442i CL
le promontoire de Mercure entre
deux. Clupée eiï la première des
villes d^Afrique , que les Romains
prirent durant la première guerre
Punique. Marmol croit que c'eft
préfenteroent Zafaran.
Céfar , au fécond livre de la
guerre Civile , lit le nom de Clu-
pée en fingulier & en pluriel ,
Clupea & Clupea. Hiriius Panfa
lit de même dans fon livre de la
guerre d'Afrique. Néanmoins ,
tous les anciens Géographes n'é-
crivent ce nom qu'en fingulier.
CLUPEUM, CLYPEUM. {a)
Pour faire connoitre la différence
qu'il y a entre ces deux mots , il
luffit de placer ici un extrait d'une
didertation inférée dans le fupplé-
ment à l'Antiquité expliquée par
D. Bernard de Montfaucon.
» Ces grandes pièces de mé-
» taljdefiinées à repréfenter les
f grands Hommes ou leurs ac-
« tions , étoient âppellées des
M Romains Clypei ; foit à eaufe
n de leur reffemblance avec la
» figure des boucliers militaires,
•> foit parce que les boucliers au-
91 roient é^é les plus anciens ta*
'> bleaux de gravure ou de fculp-
» ture. Et de peur qu'on ne con-
i> fondît une arme avec un ta-
>i bleau , les Grammairiens dif-
» tinguoient par rorthographe ,
>> comme fait Cornélius Fronto ,
i» Clypeum armofum, & Clupeum
if imaginis. Ou bien par le genre ,
w comme Charifius, après La-
to biénus ; Clypeus mafculino ge^
w ncre in fignificatione fciuipo-
CL
» nîtur ^ ut Labienus ait ; fitutr9
» autem génère imaginem fignifi»
n cat. Ou même par tous les
» deux , comme Ifidore , Clypeus
19 fciitum , Clupeum imago»
n II eft certain que le même
i> mot défignoit un bouclier & un
a tableau. Tribellius PoUio dit de
» Claude le Gothique: Illi Cly^
» peus aureus , vel ut grammatici
n loquuntur , Clypeum aurcum
» Scnatûs totius judicio in Ro"
n mana curia collocatum efl^ut
» etiam nunc videtuh Expreffa
» Thorace vultûs ejus imago» Je
» lirois volontiers , expreffa Tho"
» race tenus ^ ejus imago ^ pouf
» dire qu'il n'y avoir que le Buf-
n te ; ce que la baffe latinité a dit
» depuis par un feul mot , Tho^
vi racida.Êt ce n'étoît pas toujours
^ un fimple portrait ; les Empe-
» reurs y étoient repréfentés ,
i> tantôt allant contre l'ennemi ,
n tantôt retournant de la guerre »
» &c. On voit de ces boucliers
n repréfencacifs fur ks médailles
» de Probus. ce
CLUSINIENS , Clu^ni , (h)
K Mitrlr i , peuples d'Italie, qui ha-
bitoient dans la Tofcane. Titc-
Live en fait fouvent mention. Pli-
ne diftingue deux fortes de Cfu-
iiniens , les nouveaux & les an<*
ciens, Clufini noi^i, Cll^ni veteres.
La ville , qu'habitoiônt les Çlu«
fmiens nouveaux , étoit fitoéé
vers les fources du Tibre ; ôt
leur nom s'y efl confervé dans
celui de Chiuiî Novo , que Ton
donne à préfent à cette ville.
' (*) Suppl. à PAntiq.
B^ra. de Montf. Tom, IV
cxpl. par DJ (0 Plih, Tom. L iji. Plut. T. I, p*
• pag. 6)464.168^ is6.
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CL
Quant aux Ciufiniens anciens ,
c*étoient les habitans de la ville de
Clufium, fur le iattClufma. Foye^
Clufium,
CLUSINUS [C] , C. Clw
finus , (â) ofHcier que Cérar avoit
£ait centurion dans Ton armée.
Biais qu'il caffa enfuite » le regar-
ilaiu comme indigne de fervir da-
vantage dans fes troupes ^ parce
qu*il étoit plus propre à exciter
une fédtiion, qu'à iaire fon de-^
Voir.
CLUSIUM, Clufium^ (h)
KActc. y, ville d'Italie dans la Tof-
cane , près du lac Cluâna. £ile
étoit éloignée de Rome de huit
cens fladçs au rapport de Stra-^
bon. Ce Géographe nous ap-
prend , auHi-bien que Tite-Live,
que Porféna ou Por fenna étoit roi
de Ciufium , du tems que Tar-
quin le Superbe fut chailé de Ro-
me ; âc qu'il entreprit de le rétablir
fur le trône des Romains , majt
qu'ayant fait fa paix avec cette
nation > il en devint l'ami & fe
tetira comblé d'honneur & de
niaenifiqe/es préfeos.
Dans la fuite , Ja ville de Qu-
fium fut attaquée par les Gaulois.
I^s Clttûniens , contidéradt la
multitude inânie de ces nouveaux
ennemis, leur air Ql leur figure
auffi extraordinaire que les armes
qu'ils portoient » furent eôrayés ^
fur tout lorsqu'ils apprirent que ces
étrangers avoient fouvem défait
les légions des ToTcans , tant en
de-çà qu'au de-1^ du P^. Ainû ,
(tf) Hirc, PanC 4e. Belt. Afcic. pag.
79».
(b) Scrab. pag. xao , %t6, Ptolcm. L
112. c. I. TiciJi^ L,V,Çéli. à" M' I
CL 44Î
quoiqu'ils ne fuffent ni amis ni
alliés du peuple Rpmain , & qu'ils
ne lui euffent jamais rendu au-
cun fervice , fi ce n'eft qu'ils n'a-
voient point défendu contre lui les
Veïens leurs parens; ils lui en*
voyertnt cependant des députés ,
pour lui demander du fecours
contre les Gaulois. Le Sénat ne
jugea pas à prppos de les aider
des troupes de la république ;
mais, il envoya pour ambaiTa-»
deurs aux Gaulois les trois fils de
M. Fabius Ambuftus , avec ordre
de leur dire de la part du peuple
Romain, qu'ils laiiTaiTent en re-'
pos leurs alliés , de qui ils n'a voient
reçu aucune injure. Mais , les pro^
pos fiers ÔL brufques que ces am-
bafladeurs tinrenr aux Gaulois ,
ayant aigri les efprits , on courut
aux armes , & on en. vint aux
mains ûé part & d'autre. Alors. ^
comme pour hâter la ruine de
Rome , les ambaiTadeurs oubliant
leur caraâèré, prirent auifi les
armes ^ & fe mêlèrent dans le
combat , leur aâion ne pot de-*
meurer fecrete ; car , il étoit aifé
de remarquer > à la.tête de l'armée
Toicane , les plus illtiûres Ôc les
plus braves de la jeuneife Rooiai*
ne , tant leur valeur e^açoit celle
des Ckfiniens. Bien plus , Q.
Fabius, ayant pQuilé fon cheval
au milieu des ennemis, tua d'uis
coup de lance un de leurs chefs »
qui pouffoit, vigoureuftment l'a*
yantrgarde des Tofcans ; & s'é-
tant mis en devoir de le dépouil-
L. X. c ȍ. jcN L. XXVIII. c. 4t. Plin.
T. I. p. 48). Rûjl. Hiti. Rom. T. U. p.
49* 4xMv* ^* lU* p* 3 » 4*
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444: et
1er y il &t reconnu par les Gaaioîs,
qui publièrent dans toutes les par-
ties de leur ^rmée > que c'étoit un
des ambaifadeurs Romains. Ils
firent auffî»t6c fonner la retraite ,
& iaiffant les Clufiniens en repos,
se (bngerent plus qu'à fe venger
de» Romains»
Tite-Live nons enfeîgne que
le premier nom , que porta Qu-
fioin y ce fut Camers. Aujourd'hui
elle prend celui de Chiuft. C*eft
un évêché Aiffragant de Sienne*
CLUSIUM, Clujium ,
Khovoior^ autre ville dltalie» (1-
tuée aaf& cSans la ToTcane , vers
les fources do Tibre. Celle - et
étoit difiinguée par Tépithece de
nouvelle, Clufium novum » &
iautre par Tépithete d ancienne
Clufium vetiu^ Elle conferve en-
core Ton nom dans celui de Chiufi
nova » qu'elle prend aujourd'hui.
CLUTIDES, Clutids^, ia)
nom d'une famille delà ville d'É-
Ks dans le Péloponiîèfe. Cette fa-
mille s'éfott rendu célèbre par
Um habileté dans la fcience des
Amipices. VoyeT Clytides.
GLU VIDIENUS QUIÉTUS,
Ciuviditnus Quieius » (b) (uc Tua
de (seux que Néron relégua dans
les ifles de la mer Egée » Tan de
Jefus^Chriil 65 f comme compli-
ces d'une conjuration formée
contre fà perfonne.
€LUVIE,C/«vw, (c) forte-
refle d'Italie dans le Saronium.
Les Samnites , ayant tenté inuti-
lement de prendre cette forterefie
, Ct> Cîcer. de Divînat. L. I. f i.
iky Tacic. Annal. L. XV. c. 71.^
(c> Tit. Uf, L. IX. ç. lU L. XXVI.
CL
de force, l'afBégerent dans tét
formes ; & ayant reçu à compofi-
tion les Romains qui la défen-
doienr^ ils les firent mourir, après
tesT avoir déchirés à coups de ver-
ge ) avec la dernière inhumanité*
C. Junms Bubulcus , ayant en le
Samnium pour département » vou-
lut tirer vengeance de leur perfi-
die & de leur cruauté. Il com-
mença donc la guerre par la prife
de Cluvie , &c Tattaqua avec tant .
de vigueur , que l'ayant emportée
te premier jour qu'U y donna l'af^
faut , il fit égoreer tous ceux jqut
étoient en âge ae puberté. C'efI
Tite-Live qui nous raconte ces
circonftances ; & il nous dit , dans
un autre endroit ^ que le Sénat
rendit » dans la fuite à ceux de
Qutie leurs biens & leur liberté.
CLUVIE, Cluvia, (d) cer.
taine perfonne , dont il eft fût
mention dans Juvénal , qui en
parle dans fa première Satyre.
CLUVIÉNUS , Cluvicnus ;
(e) mauvais poëte du tems de
Juvénal. Il en eft parlé dans ùl
première Satyre.
CLUVIUS , Cluvius. Voyez
Rufîis.
CLUVIUS [ C. ] , C. Cluvius^
/) obtint d'Augufte le rang de
^onfulaire , quoiqu'il n'eût point
géré le Confulac. Il avoit été défî-
gné Conful ; nuis , en vetcu de
certaines circonfiances , il étoit,
arrivé que fi>n tems avoit été rem-
pli par un autre.
U eut part à la conjuration qui
(J) Juven. Satyr. 11. ▼.49.
(e) Juven. Satyr. i . v. 80.
(/) Crév. Hift. des £mp. Xom. 1. p.
Coi
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CL
iiéfivra Tempire de Callgula. Un
'lour qu'il étoit affis att fpeâade k
côté de Vatiaius« Sénateur Ôi an-
cien héteur , celui-ci lui deman-
da s'il n'avoit rien appris de nou-
veau ; Ôc C Cluyius lui ayant
répondu que non : Sçachec donc ^
ki die Vatinius , qu'aujourd'hui fe
repréfente la pièce du meurtre du
Tyran. ۥ Quvius Tentendit fort
bien y fie lui recommanda de gar-
der plus foigneufement un tel fe-
cret.
CLUVIUS, Cluvius , (a)
officier qui avoit acquis de Thon-
oeur dans le fervice , & le grade
de premier capitaine dani^ une
légion. Il fut père d*Helvidius
Pri/cus.
CLYMÈNE , Cfymene , {h}
K>vfU¥ , fille de l'Océan & de
Thétit » époufa Japec , dont elle
eut le grand Atlas , i'illufire ^é«
oœtius , le rufé Prométhée &
Tinfenfé Éplméthée.
D'autres difent que Clymène
(ut* aimée d'Apollon » & qu'elle
en eut Phaëton & plu(ieurs filles*
Vaye^ Phaëton.
CLYMÈNE , Cfymene , (c)
Kwfim • l'une des Néréides ,
étoit fiUe de Nérée & de Ooris.
CLYMÈNE , Clymene , {d)
YhvnévY f fille de Minyas , fut
ièmme de Céphale ,fils de Deion»
& en eut Iphidus ; tel efi le récit
.de Paufanias. Mais , fes Commen-
]tateurs remarquent qu'il confond
(«^ Ttfît. Hîft. L. IV. c. s.
(A) Ovid. Metam. L. I. c. so. Myth.
MT M. TAbb. Baa. T. I. pag. 199* T.
|II. p. 450 > 46t.
CO Homcr. Iliad. L, XVUI. ▼. 47.
^j Paur. p. 665.
Cépha1#avecThy]acos(bn &ere,
puifqu'Homère & d'autres an-
ci/ens Poètes attefient que Qy-
mèae avoit été mariée à Phyla-
eus, & que ce fut d'eux que na-
Îuit Iphidus. Quoi qu'il en foit,
Clymene étoit repréfeatée dan»
le temple de Delphes , au rapport
du même Paufanias.
CLYMÈNE , Cfymtme , (e)
Kxu/^tfn t l'une des femmes , qui
étoient les compagnes ^ les con-
fidentes d'Hélène. Elle ed unie
par le poëte Stéfichore au nom-
bre des captives faites par les
Grecs. On la voyoit auffi repré-
ièntée dans le temple de Del-
phes.
CLYMÈNE , Cfymene , (/>
Kxvf^m , femme de Diâys. Ut
avoient fervi l'un & l'autre de
père & de mère à Perfêe , & l'a*-
voient élevé comme ktar propre
fils dans Tifle Sériphe , oti Ton a
dit que les flots l'avoient porté.
Les Athéniens avoient confàcré
chez eux un autel à Diâys & à
Clymène.
CLYMÈNE , Cfymtne , (g}
K>vjuipM « mère du poëte Homè-
re 9 félon les habitans d'Ios. Ces
peuples prétendoient avoir cheat
' eux la fépulture de cette femme »
ainfi que celle d'Homère.
N CLYMÉNUS , Cfymenus »
K^v/nmç t (h) fils de Phoronée 9
avoit bâti, félon ceux d'Hermio-
aé 9 un temple à Cérès ChthoiHa
(#) Homer. Iliad. L. m.?. 144, Pa«£.
|)aj. 6ç9.
(/) Pauf. p. II y.
f^) Pauf. p. 655, 6$tf.
(ir^ Pauf. p. 151» 151*
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^\6 CL
lur le mofU Çronos. Sa fœar»
nommée Chihonia , avoit eu part
k ta con(lru6lion de ce temple.
Clyménus , après (a mort , fut
mis aa rang des dieux d'Hermio-
né ; & on lui érigea en confé-
€|uence un temple vis-à-vis de
celui de Cérès. Uu tems de Pau-
fanias , il étoit fort enrichi de fta-
fues« Cet Auteur ajoute quil ne
connoit point d^Argien du nom
de Clyménus , qui foit venu à
Hcrmioné , & qu'il croit plutôt
que c'eft quelque furnotn du dieu
des enfers
CLYMÉNUS, C/y«ertïii,(tf)
KM>/Jttv^ç . 61s de Cardtf & l'un
des defcendans d'Hercule Idéen«
Étant venu de Crète en ÉKde »
il célébra les jeux à Olympie ;
enfuite t il consacra un autel aux
Curetés , & nommémem à Her-
cule , fouine titre d'Hercule pro-
tedeur. Endymion, 61» d'Aëth-
lius , chaffa Clyménus de l'Élide ,
s'empara dti royaume , & le pro-
pofa à (es propres enfans pour
prix de la courfe.
CLYMÉNUS, Clymfnus , (b)
Kt^v/h^yw; s 61s de Presbon , Se
■)5etit-fils de Phrixus , fuccéda à
Orchoménos au royaume des
Orchoméniens. Ce Prince eut
cinq fils Erginus , Strat4us , Ar-
riion , Pyléiis y & Axéus. Il périt
malbeureufement ; car, ' un jour
que Ton célébroit la fête de Nep-
tune OncbeftiuS) il fuc, tué par
(«) Pauf. \K %o6, Mém. de l'Acad,
des Infcript. & Bell. tett. Tom. VIII,
P« ?'7«
(*) Pauf. pag. 598. Mém. de TAcad.
des Infcript. & BeU* Lcic. Tom. VU.
pag. 6.
CL
des Thébaîns , ^vec qu! 51 avoît
pris querelle pour un fort léger
fil jet. Erginus l'aîné de fes fils lut
fuccéda , & voulant ven^r la
mort de fon père , il leva un ar*
mée avec fes frères ,vint attaquer
les Thébains , les tailla en pièces »
& ne mit les armes bas , qu'à
condition qu'ils lui payeroient
tous les ans un tribut par manière
de fatisfa^ion.
CLYMÉNUS, C(y/nm«i, (r)
Kxb/itmç « le fécond des enlan»
d'Œnée & d'Altée , au rapport
de M- l'abbé Banier.
CLYMÉNUS , Ctymenus /
Kxv/Litvoç , père d*Harpalice. Voye^
Harpalice.
CLYMÉNUS , Clyménus ,
Kx'JiLtfm , fat un des furnoms de
Pluton.
CLYMÉNUS, Clyménus, (d)
KxJ^fwç , frère d'Iphiclus & on-
cle de Protéfitaiis , eft compté ,
par Valérius Flaccus , au nombre
des Argonautes. Cet Auteur eft
le feul où fe trouve le nom de
Clyménus.
CLYPÉE , Clypea , Kv^U ,
la même que Clupée. Fûye^ Cla^
pée.
CLYPÉUS. Voyei Bouclier.
CLYPÉUS , (e) fut anffi le
nom d'une jiburne. On fçait que
Les liburnes étoient une efpece
de vaiiTeau.
CLYTEMNESTRE ,
Clytemtitflta , Kii^roufJivis^ «
(0 Mytîî. par M. TAbb. Ban. Tom.
I. p. 171.
(d) Mém. de PAc^id. des Infcrip. 9l
Bell. Lett. Tom. îî. p. 84.
fe) Mém. de- TAcad. des Infcript. fip
Beli. Lett. Tom. IV. p^g. 1.50.
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CL
fa) fîlle de Jupiter félon la Fable,
oc de Tyndarc , roî de Sparte ,
felon la vérité. Sa mère Te nom-
snoit Léda. Ses. frères étoient
Caftor & PoHux. Elle avoit auffi
une fœur. Ceft lafameufe Hélène.
S'il en faut croire Euripide «
Cljytemneftre fut d*abord mariée
k Tantale , fils de Thyefte , qu* A-
gamemnon roi de Mycènes fie
mourir. Elle époufa enfuite le
meurtrier même de fon premier
mari. Mais , Euflathe , fur le on-
iième livre de TOdyiTée , traite
de fable ce premier n^ariage , par
l'autorité d'Homère , qui parle
d'Âgamemnon comme ayant
époufé une fille fi jeune , qu'il n'y
avoit aucune apparence qu'elle
eût déjà eu un autre mari.
Quoi qu'il en foit , Agamem-
non partant pour Troye, laiffa
auprès de Oytemneftre fa fem-
ihe , un fidèle miniftre , dont les
confeils dévoient la préferver des
pièges qu'on pourroit tendre à fa
vertu. Ce miniftre étoit un chan-
tre habile , dont les maximes ,
parées des grâces de la poëfie,
ne pouvoient nianquer de trouver
dans les cœurs un facile accès.
Tant qu'il fut auprès de Clytem-
neilre, elle refufa cooAamment
de prêter l'oreille aux difcour$
féduéèeurs d'Égifthe , & ne fran^ -
chit enfin les bornes de la pudeur,
que lorfqu'ayant confemi à l'éloi-
gnement de ce Sage , elle fe fut
privée de l'appui qui l'eût empê-
chée dé tomber dans le précipice.
Son commerce avec Égifthe de-
vînt dès-lors fi criant , qu'Aga-
memnon lui-même en apprit la
tride nouvelle fur la fin du' fiege
de Troye, & réfolut de s'en ven-
ger , dès qu'il feroit de retour ;
mais , (à femme le prévint & le
fit tuer à fon arrivée avec fa ri-*
raie; c'étoit CaiTandre qu'Aga-
mçmnon avoit fait fa captive âc
fa concubine.
L'infidèle Clytemncftre épou/a
enfuite Égifthe, 6c lui mit la cou-
ronne fur la tête , qu'il garda fept
ans. Mais , fon crime ne demeura
pas impuni. Elle avoir eu trois
enfans d'Agamemnon , Orefte;
Iphigéaie , & Éledre. Orefte »
qui avoit été obligé de prendre
la fuite pour éviter d'être la vic-
titne de l'intiâgue de fa mère , re-
vint à Mycènes. Cependant , on
fit courir le bruit qu'il éto t
mort ; ôc Clytemneftre & Égi(-
the en eurent tant de joie , qu'ils
allèrent incontinent dans le tem-
ple d'Apollon pour rendre grâces
aux dieux de cette agréable nou-
velle. Orefte , y étant entré avec .
k$ foldats, & ayant fait arrêter
les gardes, tua de fa propre maia
fa mère & fon malheureux amant ,
vengeant ainfi la mort de (on père
& celle de foi) ayeul. On les en-
terra hors de la ville ; aufii , com-
me le remarque Paufanias, n'é-
toient-ils pas dienes d'avoir leur
fépulture au n)eme lieu qu'Aga-
memnon , & ceux qui avoient été
tués avec lui.
CLYTEMNESTRE , C/y-
temncflra , {b) nom d'une tia-
(«) Pauf. p. 114. <&*/ef. Jnven.Satyr. Jdcs Infcrîpt. & Bell. Lett. T. V. pag,
é. V. 654. Myth. pat. M. l*Abb, Ban. T. j 139. T. XIII. p. 99 , 101,
yu. p. 114. à' ptiv. M^m. de TAcad. 1 (4) Ciccr.ad Amie. L. VII. Epift. u
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44« CL
gédie du poëte Âttius , oii Ton
repréfentoic Agamemnon retour-
nant dans fon païs avec 600 mu-
lets , chargés des dépouilles de
Troye , qu'il avoit détruite. Ci-
céron parle de cette tragédie dans
une de Tes lettres*
CLYTES , Qlytct , (a) peu-
<^ pie de Macédoine, chez qui fe
trouvoit quantité d'excellent ni-
tre j félon Pline. Mais , au lieu de
in Clytis , qui fe trouve dans tou-
tes les éditions , le P. Hardouin
lit dans la fieone in Litis^
CLYTIDES , Clytidcs. La
famille des Clytides dans la Grè-
ce , étoit fpécialemenc deftinée
aux fondions des Ârufpices,avec
celle des Jamides.
CLYTIE , Clytîa , Kwrl^^ ,
(b) fille de rOcéan éc de Thétis,
fut d'abord aimée du Soleil ,
qui la quitta enfuite pour s'at-
tacher à Leucothoé. Elle en con-
çut une fi grande jaloufie» que
pour fe venger de fa rivale , elle
•découvrit fes amours au roi Or-
chame fon père. Ce Prince , de-
venu furieux à cette nouvelle , fit
enterrer fa fille toute vive* Mais ,
Clytie n'en fut pas pour cela
aimée de nouveau du Soleil. Ce-
lui-ci au contraire ne voulut pas
k regarder, & perdit entièrement
l'amitié qu'il avoit pour elle.
Clytie ne fe dépouilla p9< de
fon amour à l'exemple de fon
amant; elle en conçut une lan-
gueur qui eût donné au Soleil au
moins quelques fentimens de pi-
tié «s'il eût voulu jetter les yeux
i^) Plîn.T.II. p. 564
{h] Ovld. Meum» L, IV« Myth. par|p. 173. & Jmsv,
CL
fur Tétàt déplorable de cette mali
heu reufe* nymphe. Enfin , comme
elle fe laiffa gouverner par les uani^
ports d'un amour qui fe changeoit
en furie , elle ne trouva plus rien
dans la compagnie des autres
nymphes, qui ne lui fût odieux
& inlupportable ; 6c elle demea*
roit jour & nuit fur la terre , (ans
avoir autre chofe qui la couvrit
que fes cheveux, qui fe répan-
doient fur fon corps. Elle pafla
ainfi neuf jours entiers , & pen-
dant ces trifies journées , elle ne
prie point de nourriture, & ne
te reput que de fes larmes. Elle
ne fe remua jamais de l'endroit
oh la douleur l'avoit contrainte
de s'affeoir; elle tournoit feulemem
la tête félon qu'elle voyoit aller le
Soleil, afin de fuivre au moins
des yeux ce dieu qu'elle aimoit en-
core. Au refte , on dit qu^ fon
corps demeura attaché à la terre»
que fes membres furent convertis
en feuilles , & qu'une fleur fem-
blable au fouci , prit la place de
fon vifage. Mais , quoiqu'elle
tienne à la terre , & qu'elle y foit
attachée par les liens de fes raci-
nes, elle fe tourne toujours du
côté oh efl le Soleil , ôc Qytîe
dans ce changement confèrve en*
core fon amour.
Explication de cette FahUm
Clytie n'efl autre chofe que U
fleur, qu'on appelle Héliotrope, on
Tourne-foL L'on a feint apparem-
inent qu'elle a voit de la jalou Ge pour
Leucothoé , parce que cette forte
de plante , imite , pour ainfî dire ,
M. TAbb. Ban. Tom» I. p. 56. T. IV.
Tarbrc
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CL
J'arbre qui porte l'encens , & tâ-
che s^um d*en donner , comme
pour mériter l'amour du Soleil
qu'elle regarde éternellement. En
effet , lorfque l'on fend la tige de
cette fl^ , il en fort une humeur
gluante qui reflemble à de la
^omme fondue , qui a une odeur
approchante de celle de l'encens.
Un homme fçavant , & qui a
voyagé par tout le Levant, comme
l'on dit que les Philofophes voya-»
geoient autrefois pour s''inftruire,&
pour connoître la nacure^aflure que
riléliotrope , plantée auprès des
arbres qui portent Tencens » les
fait mourir , & qu'elle meurt
bientôt après. Il y a toute appa-
rence que cette circonftance a
donné lieu à cette fable.
Il ne faut pas confondre la plan-
te Héliotrope avec une pierre pré-
cieufe de ce nom , qui a comme
àés veines fanglantes , & qui ,
étant mife dans Teau^ rend de
couleur de fang les rayons du
Soleil qui en approchent ; mais ,
étant hors de Veau , elle repré-
fente le Soleil , comme feroit un
miroir ^ ôc en montre facilement
réclîpfe.
Cette plante ,* dont il eft tant
parlé dans cette f^ble , a donc tant
d'amoflr p*our le Soleiî , qjVile fe
tourne toujours du côté où il eft,
lors même qu il ne reluit pas , &c
que l'air eft nuageux &i couvert.
Et de nuit elle relTerre & ferme
fa fleur , comme de déplaifir &
de douleur de Tab/ence de Ton
amant. Au refte , il y a plufieurs
fortes d'Héliotropes ; mais , il eft
vrairemblable que c'eA de la gran-
de efjpece dont il s'agit ici.
Tom. XL
C L 449
On demandera peut-être pour,
quoi le Soleil la quitta pour Leu*
cothoé , au moins ce que l'on veut
fignifier par cette infidélité d'A-
poUon ? Four moi ,* je penfe avec
quelques-uns, que cette plante,
ayant été autrefois de grand ufage
dans la Médecine , perdit depuis
ion crédit,' & qu'il lui arriva ce
qui eft arrivé à quantité de fim-
ples, quon s*eh eft fervi en un -
tems , 6{ qu'on les a abandonnées
en un autre , &c qu'on a feint fur
cela que le Soleil , qui eft Je dieu
de la Médecine , quitta Clytie
pour Leucothoé.
Au relt^ , nous voyons dans
cette fable , non feulement une
fleur , mais un ferpent fous cette
fleur , je veux dire la jaloufie.
Voyez ce que fait Clytie , 6c vous
verrez ce que peut faire un jaloux.
Il veut être aimé , il crainfde ne
l'êtrj pas; il a peur qu'un autre
ne pofTede ce qu'il fouhaite être
à lui feul. Et cependant il fait
tout ce qu'il peut pour fe priver
lui-même de ce qu'il fouhaite ,
de ce qu'il aime , & même de ce
qu'il poflede. Ainfi Clytie aime
le Soleil dont elle étoit auffi ai-
mée ; & parce qu'elle tâche de le
poiTéder toute feule , elle le perd
pour jamais par Ja méchanceté
dont elle ufe^nvers la miférable
Leucothoé. Cela ne montre- t-il
pas que la jaloufie eft capable
des plus grands crimes , & qu'au f-
fi-tôt qu'on commence à être ja-
Joux , on commence à devenir
fon propre ennemi , & ennemi
de ce qu'on aime, ou plutôt de
ce que l^on penfoit aimer.
. • CIYTIE , Clytu , K.vrk »
Ff
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A^O CL
0 fille de Pandare , & fœur de
Camiro* Foye^ Camiro.
CLYTÎUS , Clytius , K>uti'cç,
un des géans aoi firent la guerre
aux dieux. Vulcain le cerrafTa
aVec une maflue de fer rouge ^
& le mit ainfi hors de combat.
CLYTIUS , Clytius , Kxvrl^ç »
(b) père de Proclée , qui fut ma-
riée à Cycnus , fils de Neptune.
II fut auffi père de ce Calétor,
qui expira fous les coups d*Ajax.
CLYTIUS , Clytius^ Kai;t/oc ,
(c) fils de Laomédon & frère de
Priam. C'efi le même qui précède.
CLYTIUS , Clytius , K>.vr loç ,
(^d) capitaine Troyen , fils d'Éo-
ie , naquit à Lyrnefle , ville de la
Troade. Il fut père de plufieurs
aiuftres héros. Virgile nomme en-
tr'autres Acmon & Euménius.
Clytius fut tué par Turnus.
CLYTIUS , Clytius , KM/rrcr^
(e) jeune héros» un des chefs de
J armée de Turnus , fut l'objet de
la tendrefTe de Cydon.
CLYTIUS ,C/y/iw , Kxi/Tfcç,
f/) père de Pirée, le fidèle com-
pagnon de Télémaque.
CLÏTIUS , Clytius, K>vr!o<; ,
(g) fils d'Alcméon, & d*une fille
de Phégée. Ayant appris que Tes
oncles maternels avoient fait périr
Alcméon fon père , il rompit avec
eux , ôc fe retira en Élide.
' CLYTIUS, Clytius, K\«Tfcu
CL
(h) Athénien , fut père de Phéno»
qui épou(à Lamédon.
CLYTOMÉDÉE, Clytomc
deus, Kxi/TOyun/fJç, (i) fils d*É-
nops, fut vaincu par Neftor au
combat du cefle.
CLYTON , Clyton , ^k) l'un
des fils de Palla$, au rapport d'O-
vide.
CLYTUS, Clytus^ K^^roç^
(/) fils d'Euryte & d'Antiope, ett
mis par Apollonius au nombre
des Argonautes. Il n*y a que cet
Auteur qui faiTe mention de Cly-
tus.
CLYTUS, Clytus , K vtoç.
On) capitaine Grec , fut père de
Dolops f qui périt de la maîo
d'Heâor.
CLYTUS , Clytus , Kxiroq ,
(n) entra en lice avec Dryas ^
pour avoir la princefle Pallène,
fille de Sithon , roi de la Cher-
fonèfe de Thrace. Dryas fut vain-
cu ; mais , ce fût par la fraude de
Pallène. Cette Princefle époufa
donc Qy tus , & ils régnèrent en-
femble.
CLYTUS, Clytus , autrement
Ctitus. Foyer Clitus.
CLYTUS , Clytus , (0}
préteur des Acarnaniens , Va9
191 avant l'Ère Chrétienne. Cet-
te qualité lui donnoit Hne« auto-
rité fouveraine fur ceux de (a na«
tion.
(4) Pauf. p. 666,
(è) Pauf. p. 6)4.
(c) Homer Iliad. L. XV. ▼. 417. L.
XX. V. s)7» 1)8.
{d) Virg. i£neid. L. IX. ?. 774. L.
X. V. laÇ. L. XI. V. 666.
(#) Virg. i£neid. L. X. v. ttç.
(/) Homcr. OdyC t. XV, ▼• 5»u .
U) Pmf* P* }Z#^
Chy Pauf. p. çtf.
(s) Homer. Iliad. 1. XXIII. ▼. 6|4«
iJO Ovid. Métain.T.. VII. c. it.
(t) Mém. de PAcad. des Infcnpt. ft
Bell. Lecc. Tom. IX. pag. 84.
(m) Hotner. Iliad. L. XI. v. |os.
(»> Mém. de PAcad. des Ink. ft
Bell. Lett. T. XIV. p. 191.
Cl) Jlu Uvt L. XXXVl, c. Il > lit .
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. - GN _
Ce Magiftrat (e laiflTa engager
dans le parti d'Antiochus , contre
les Romains ; & jugeant qu'il ne
lui feroit pas facile de foulever les
faabitans de Leucade , capitale
de l'Acarnanie , tant qu'ils appré-
henderoient la flotte des Romains,
qui étoit aux environs de Céphal-
lénie , commandée par Atilius ^ il
entreprit de les tromper par un
firatagéme. Après qu'il eut re-
présenté en pleine afTemblée , qu'il
falloit diftribuer tous ceux qui
portoient les armes » dans Médion
& dans Thurium , pour empêcher
Antiochus , ou les Étoliens ^ de
s'emparer de ces deux villes qui
étoient fituées dans le cœur de
l'Acarnanie ; il fe trouva dans
le Confeil des gens qui répon-
dirent qu'il n'étoit pas néceiTaire
de prendre fi chaudement alar-
me , 6c de mettre tout le monde
en mouvement ; qu'il fufHfoit d*y
envoyer un renfort de cinq cens
hommes. Lors donc qu'on les
eut mis au pouvoir de Qytus , il
en fit entrer trois cens dans Mé-
dion , & deux cens à Thurium ,
pour les livrer enfuite au Roi ,
comme des otages qui lui répon-
droient de toute la nation ; & ce
Prince fut introduit bien-tôt après
dans Médion.
C N.
CN ACADIUS , Cnacadius ,
lCrfltx«//o; , (tf) montagne du Pé-
loponnèfe dans la Laconie , & l'u-
ne des trois montagnes entre lef'
quelles étoit bâtie la ville de Las ^
(«) Pauf. p. 110.
(*) Pauf. p. 490.
(f ) Pauf, p. 36». (
CN 45t
félon Paufanîas. Il y avoit ftir le
mont Cnacadius , un temple dédié
à Apollon Carneus.
CNACALÉSIE , CnacaUÇm ,
fiirnom de Diane , ainfi appellée
du monc Cnacalus. Voy^:^ l'arti-
cle fiiivant.
. QX^ KQKÙJS, Cnacalus ^(b)
KvixcLxoi , montagne du Pélo-
ponnèfe , auprès du bourg de
Caphies dans l'Arcadie. Pauunias
dit que Diane y avoit un temple »
où elle étoit adçrée fous le nom
de Diane Cnacaléfie , & où l'oa
faifoit tous les ans la fête de cecte
Déeffe.
Ortélius a cru que le nom de
Cnacalus ôc celui de Cnacadius
fignifioient une même montagne,
& que la différence vient de U
faute des copifies qui ont pu faci<*
lement changer un > en ; mais,
les circonflances, que Paufanias
attache à l'une , ne conviennent
pas à l'autre; d^ plus, il les
donne à deux provinces difl^en-
tes.
CN ACIAS , Cnacias , Cr:t jc '<xu
(c) nom d'un des chevaux de
l'Athlète, Clifthène. Foyei Clif*
thène.
CN ACION , Cnacion, fleuve.
Foyei Gnacion.
CNAGEUS , Cnageus , (d)
Kfctysùi^ fondateur d'un temple
de Diane , qui en prit le nom de
Diane Cnagia. Fo, Diane Cnagia*
CNAUSON. . Cnaufin , (<)
Rmyo-or , ville du Péloponnèfe,
dans l'Arcadie. Ce fut une de cel-
les qui envoyèrent la plus grande
(d) Pauf. p.
(0 Pauf.. p.
498.
Ffij
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4$i C N
f)artie de leurs habita ns à Méga-
opolis,lorfqu*on fonda cette ville*
Cnaufon étoit fituée dans lé pais
des Eutréfiens.
. CNAZON , Cnaion , aiguille,
dont les femmes Romaines (t
forvoient poTir arranger leurs che-
veux; eIles*appeUoitauf& Difcer*^
niculum. .
CNÉMIDES, Cnmides ,
R iffJtUfç, Vbyei Cnémis.
CNÉMIS , Cnemis , (a) mon-
tagne de Grèce <lans la céotie.
Une partie des Locriens en pre-
noîent le nom de Locriens Épic-
némidiens* C'étoient ceux t[ui ha«»
bitoient au pied de cette monta-
Sne. L'on y voyoit une ville , que
trabon met à ToppoCte du pro-
montoire de Cénée en Eubée^
Oétoir, félon ce Géographe , une
place naturellement bien fortifiée.
Pline parle de cette ville , auffi-
bien que Pompotiius - Mêla 8t
PtoLémée. Ce dernier l'attribue
aux^pumiens. De ces quatre
^Géographes , trois lifent Cnémi-
des en pluriel. Pline efl le feul qui
life Cnémis en fingulier..
CNÈMON fCnemon j K'-vV&'N
Uf) l'un des interlocuteirs d'un
dialogue des morts de Lucien. Il
f 'entretient avec Damnippe.
CNÉMUS , Cnemus , Ktvîf^oç ^
Je) Général de l'armée navale des
^ac^démoniensyvivoii environ la
S7»e Olympiade , 432 ans avant
Jefus-Chrift, Il fit une entreprife
fur l'Acamanie » qui ne lui fut pas
bjureufe.>
fs) Strab. p. 4x6 , 416. Plin. T. I. p
rçâ, Pomp. Mel. p, 113* Ptolem. L. III
Cé M»
co
CNÉUS| Cneus, Le fumom de
Cnéus 9 que les Romains don-
noient à ceux qui venoient au>
inonde avec quelque marque na-
turelle » ce que les Latins appel-
lent Navus y à été commun à plu-
iîeurs grands Hommes , qu'on
pourra chercher par le nom fous
lequel ils ont été plus connus.
CNIDE, C/i/Vtfx, nom de ville,
qui s'écrit auffi Gnide. VoycT^ Gui-
de.
CNIDIENNE, fumom de
Vénus , ainfi appellée de la dévo-
tion particulière que les habitans
de Cnîdeavoient pour elle.
CNIOIENS, C/zii/ii,Kr,//c:.
Voyci Gnidiens.
CNISSODIOCTÈS , CniP"
dhâcs, K ictrcJ'icâKrvç , Tun des
combattans de la Batrachomyo-
machie.
CNOPVS , Cnopus , {d) Pun
des fils de Codrus, tira de chaque
ville dlonie un certaiii nombre
d'hommes, qu'il fit entrer dans
Érythres.
Le texte de Paufanias dit Ctéo-
pus; mais , c'eft Cnopus qu'il faut
lire avec Meurfius , comme dans
Strabon | dans Polyen , ôc dans
Etienne* de Byzance.
CNOSSUS, Cnojfus , Krao^'V^
nom d'une vUle. Voye;^ Gnor«
fus.
C o.
co , Co, K», autrement Coa
Voye;^ Cos.
CO, Ca,K«, (f) ville StA
J^'?
it
(c) Thucyd. p. 14». ^ /tj>.
" Pauf. p. 401.
f tolem. Im IV, c. ^
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E
pte ; au rapport de Ptolémée,
'Q Géographe dit que vis-à-vis
étoit dans une ifle, la ville de
Cunonpolis , c'eft-a-dire • la ville
des Qiiens. Cette dernière don-
.noie fon nom au nome Cynopoli-
te 9 dans lequel fetrouvoit la ville
jde Co. Foyei Cynopolis.
COA, Cotf, Ki«, (^) ville
ide TArabie heurepfe, dont il eft
parlé dans l'article fuivânt. Foye(
cec article.
COA , Coa , (h) nom 4'un lieu
dont il eft fait mention au troifiè-
n\e livre des Rois & au feconiî
desParàlîpomcnes.O/î/ii/af/ ve74[
aujffi de rÊgyipic fi» de Coa , des
chevaux pour S àlomon ; car^ ceux
^ui trafiquaient pour le Roi y Us
achetoient à Çoa , ,6* les luiame-^
noient pour un certain prix, Ainfi
Tit-on au troîfième livre des Rois,
Quant au fécond dés Paralipomè-
^es , il porte : Les marchands qui
^trafiquoient pour Salomon 9 ffli*
foient des voyages en Egypte fy à
Çoaj & lui amenoient des chevaux
'de prix qu'ils y achetoient*
Les Interprètes ne s'accordent
J>oint fur rintelligenCe du nom de
Coa. Il y en' à , ,di^ D. Calmèt ^
qpi prennent Coa pour Tifle dé
Co , célébré par les puvraees de
foie & de laine^ qu'on^ y wifoit ;
mab , cela nç'prouve cas qu'il y
ait eu des chevaux, ni qu*pnen
ait amené à Salomon de cet en-:
droit - là. Mâlvénda entr'autre^
croit que ces chevaux "venoiérit de
la ville de Coa de TArabie heu-
jreufe. D'autres Tes amènent dç
(tf) Ptolem. L. VI. c. 7.
(*) Reg. L. ÏÏI. c. 10. V. »8. Parai.
Xr. II. ç, I. V* i6i Ftok^Q. I,. VI, c, 7.
CO -455
Co » vHle d'Egypte , .& capitale
du canton y nommé Cynopoli*
tain.
. On pourroit traduire l'Hébreu
par ; Onfaifoit venir des chevaux
à Salomon de V Egypte & de Mi^
çho'é ; car , Pline affure qu'an-
ciennement la Troglodyte , voifi-
ne de l'Egypte , s'appelloit Mi-
choë. D'autres traduifent : Qn
amenait à Salomon des chevaux
d^ Egypte , 6». les marchands du
Roi achetoient du fil à prix d'ar-»
fent. Us prétendent que l'Hébreu
»iichoa lignifie du fil. Jarchi l'en-
tend d'une file de chevaux atta-
chés l'un à l'autre, queue à queue^»
ce qui eft fuivi de plufieurs nou-
yaux Interprètes. Bochartentend|
par Michoa , un tribut ; & il tra-
duit : On tirait des chevaux de
l'Egypte ; & quant aux tributs «
ies .fermiers de ce Prince Us rece%
voient fuivant un certain prix»
Toute la difiiculté confifte ici ^
en ce que la première lettre du
mot Hébreu peut fe prendre pour-
une prépofition I & alors on lira
de Coa ; mais, elle peut être auiU
une lettre eflentielle & infépara-
l}le du mot , & alors le mot eft
fufceptible des divers fens que l'oa
yient de lire.
P(^ur nous borner à ce qui eft
de la Géographie , il f^ut conclura
qu'il y avoit dans l'Arabie heu-
ireufe une ville nommée Çoa , fe^^
loi) ptolémée^aflez près delà mer,
"èi prefque vis-à-vis iiïe Tifle de
Diofcoride.
Co A , Coa , K r« , (c) fleuve .
Plin. T. I. p. 341.
(0 PcQlem, L. Vlh c. I.
Ffiij
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4î4 C O
e Afie , qui » félon Ptolé'mée ,
avoit fa fource au mont Imaiis ,
&alloit fe perdre dans llndusj
après s'être mêlé avec le fleuve
Suafte.
COACTEURS , CoàStores.
(it) On appelloit ainfi à Ron>e
ceux qui exigeoient le prix de ce
qui avoit été acheté dans les ven*
tes publiques. Les financiers de la
république avoient auffi des Coac-
teurs 9 pour faire payer les im-
pofitioiis.
COALÉMUS , CoaUmus, {h)
Kfdxf/uoç , terme qui fignifie hé-
bété. On furnommoit ainfi l'ayeul
de Cimon , à caufe de fa Aupidité
& de fa bêtife.
COB ARES , Cohares ^ (c) cer-
taiil Mede » qui fe mêloit de Fart
magique , mais qui éroit plus re*
nommé pour en faire profeflîon^
que pour y être bien habile. Oé-
toir au refle un homme de fens &
de probité.
S'étant trouvé à un fefiin que
donnoit Beflus^ qui s'étoit fait
déclarer Roi de la Baâriane , &
qui méprifoit Alexandre le Grand,
il dit par fotme de préface : n Qu^il
91 n'ignoroit pas qu'il ne fût plui
»> expédient à un lerviteur défaire
t> ce qu'on lui demandoit , que
i» de donner confeil , parce que
19 ceux qui obéiffent ne courent
t> cjue ta fortune des autres ; au
» lieu q^ue ceux qui confeillent »
9» fe chargent de l'événement, a
Befins lui donna la coupe qu*U
tenoit i la main comme lui per-
mettant de parler ; & Cobares ^
M Coût, des Rom. par M» Kieup. t
pii9, 1
co
Tayant prife, pourfuivit arnfi : ic La
^ condition des hommes fe peut
n dire majheureufe & déplorable
» en plufieurs chofes, mais par-
ti ticuhèrement en ce point,qu'en
n nos propres affaires nous ne
M fommes jamais fi avifés qn'en
n celles d'autrui. Ceux , qui né
» prennent confeil que d'eux-
i> mêmes, font comme une taye
D fur les yeux^ qui les empêche
» de voir clair. La crainte trouble
9) les uns , la cupidité offufque les
99 autres , & la plupart font aveu-
91 glés d'un certain amour naturel
9f qu on a pour fes fentimens » &
99 qu'on appelleront préfomptioa
99 eh un autre moins fage que
99 vous. L'expérience vous a àp-
99 pris que prefque tous les hom*
99 mes ne trouvent rien de bon »
b ou pour le moins d'excellent
^ que ce qui vient d'eux. Souve-
99 nez- vous que c'efi un pefant
99 fardeau fur la tête qu'une coa-
99 ronne. Il le faut porter fàge«
99 ment, ou il vous accablera.
99 U n'eft pas ici befoin de fougue,
99 mais de conduite, a A quoi il
ajouta ce que les Baâriens diibieiit
en proverbe : (^uun chien qui
aboyé ne mord voint y 6* que les
rivières les plus profondes font
celles qui font moins de truite
Ce difcours tenoit en fufpend.
toute la compagnie , lorfque s'ou-
yrant davantage , il donna à Bef-
fus un confeil plus utile qu'agréar
ble.
99 Vous avez , dit-il , affaire à
M un ennemi qui né s'endort pas j
(J) Plut. T. I .
C<) Q* Curt* L
pag. 480.
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W penfez qu'il eil déjà logé à vos
ai portes » & je fuis fur qu'il aura
91 plutôt fait avancer fon armée 3
Il que vous n*aurez fait retirer
9> cette table. Vous parlez de fai.
9f re venir des troupes du Tanaîs
i> & de vous couvrir des rivières»
n comme s'il ne pouvoit pas vous
n fuivre par tout 011 vous fuirez*
n Les chemins vous font com*
9f muns à tous deux , mais plus
n fôrs an vainqueur. Si la peur
» vous donne des ailes pour vous
99 (auver , Tefpérance lui en don-
9) nera de plus fortes pour vous
9> atteindre. Que ne gagnez-vous
99 plutôt les bonnes grâces du
»> plus puifTant , étant certain ,
» quoiqu'il en arrive , qu'il vous
91 fera plus avantageux de vous
9> rendre , que d'être fon ennemi*
9» confidérez que le royaume que
9> vous avez 9 n'efl point à vous ,
9» & qu'ainfi il vous eA plus aifé
91 de vous en pafler. Alors vous
a» commencerez à être vraiment
ff Roi , quand celui qui vous peut
p donner & ôtet le (ceptre , vous
9» l'aura mis à la main. Cefconfeil
9» eft ûlutaire , mais* inutile fi
» vous ne l'exécutez prompte-
91 ment. Il ne faut que l'ombre de
9> la eaule à un bon cheval pour
n le Uire aller ; mais à peine un
n cheval pefant ira- 1- il à coups
I» d'éperon, a
Beflus 9 farouche de fop natu-
rel ,/ devenu encore plus furieux
{>arie vin , s'emporta de telle
brte , qu'à grand'peine fes amis ,
purent-ils empêcher qu'il ne cuâc
co 455
Cobares ; car » il avoit déjà tiré
fon cimeterre > & fortit de table
tout forcené. Cobares , échappé
parmi le tumulte , alla fe rendre à
Alexandre.
COBÉRATIUS C9BÉRII,.
LUS, Coberatius Coberillus , {a)
fur un tombeau trouvé à Metz ,
mené trois chiens en leffe , &
tient de l'autre main quelque
chofe qui reflemble aflez à un col*
lier de chien; il étoit peut-êtr(
veneur ^ians quelque grande mai*>
fon. L'Infcription eft courte , fit
ne contient autre chofe que ces
mots : Aux dieux Mânes , à Cdr
bératius Coberillus,
COBIOMACHUS , Cobioma^
chus ,(b) village des Gaules » fitui
entre Touloufe & Narbonoe » au
rapport de Gcéron. Ortélius ai-
meroit mieux lire Cobiomaeus;
qui eft une terminaifon plus Gau-
loife. Car , comme il le remarque
très-bien, l'antiquité fournît en«
viron trente noms ainfi terminés.
On croit que c'efl préfentement
Cabaignac.
COBULATUS , Cobulatus i,
(c) fleuve 4^ l'Afie mineure , au
rapport de Tite-Ltve. Ortélieus
prouve KîAo^aToç , Colobatùs ,
dans les fragmens de Polybe » &
doute fi ces deux noms ne fignir
fient pas la même rivière que le
Cobilus de Valérius Flaccus , &
le Kp^dCiay^^ d'Apollonius. Qaoi
qu'il en foii , Tite-Tive ne met
qu'une journée de chemin des four-
ces du Lyfis au fleuve Cobula*
tus.
(d) Suppl. à rAntîq. expl. par D. I (h) Cicer. Orat. pro M* Fonteî. e. 0}
Bwn. 4c Momf, Tom, V. p. 97, | CO Tit.Ûv. L. XXXVIII. c, |j^ ^
ffiv
.Digitized
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. COBUM , Coèum, (a) fleave
d'Aûe dans la Colchidp. Il avoit
fa fource au mont Caucafe ,* &
couloit dans le pais des Suanes,
au rapport de Pline. Arrien en fait
^offi mention dans Ton périple du
Pont- F.uxin , & l'appelle x^^^i
srrrayuiç. Foye^ Çhobu«.
COCALUS , Cocalus ,
K>'jt«>o; , Piince, qui, félon Jui
tin t fe rendit fouverain de la Sici-
le , après que la race des Cy-
clopes qui en furent les premiers
habitans , eut été éteinte.
Ce Prince reçut dans fcs États
I Dédale , Torfqu'il s'enfuit de
Crète , épouvanté des mena-
ces de Minos , ■& l'honora de fon
amitié , parce qu'il le connoîflbit
déjà de réputation, Dédale de-
meura long-tems dans Tifle, &
fe fit admirer des habitans par fes
talens. Il bâtit entr'autres chofes
bne citadelle » oii Cocalus plaça
fon palais & mit fes richeffes en
fureté. Cependant , Minos ayant
débarqué des troupes en Sicile ,
envoya demander à Cocalus
t[u*il lui livrât Dédale pour le pu-
nir. Mais , Minos ayant enfuite
accepté Thorpitalité que ce Prince
lui nt offrir en, lui promettant de
le fatisfaire ; Cocalus l'engagea à
fe baigner , & le fit tenir fi long-
tems dans le bain ^qu'il y étouffa de
chaleur. Cocalus rendit fon corps
à fes foldats , en leur difant qu'il
étoit mort pour être tombé mal-
* (s) Plin. T. I. p. 50y.
(h) Juft. Uv. L. IV. c. t. Diod. Sicul.
pag. 193 » 194. Mém. dé TAcad. des
Infcript. & Bell. Lctt. T, IX. pag. i8â.
{T. XIII. p. 14.
co
heureufement dans un bain d'eaK
chaude.
COCCAR A , Coccdra , (c)
forte de gâteau , qui fe faifoit
chez les Grecs. Le nom feul en eâ
parvenu jufqu'à nous.
COCCEIUS , Cocceius , (i)
Kojwnfo;. ybyei Nerva , Proculus.
Plutarque , dans la vie d'Oihon,
parle d'un neveu de ce Prince, qui
étoit encore fort jeune à la mort
de fon oncle. Il y a apparence que
c*eft Cocceius Nerva , qui devint
depuis Empereur.
COCCEIUS, Cocceius,
Koxxwfoç , («) fameux architeâe ,
eut la conduite de divers ouvra-
ges qu'Agrippa fit faire aux envi-
rons de Naples, entr'autres de
ces chemins fouterreins , taillés la
plupart dans des rochers , qui s'é-
tendent depuis cette ville jufqu a
Putéoles ou Pouzzole , & depuis
le lac que les Anciens appelloient
TAverne , jufqu'à Cumes,
COCCIUM, Coccium, lieu
de la grande Bretagne , félon l'I-*
tinéraire d'Antonin. Quelques
exemplaires portent Coccio à l'a-
blatif. Ce lieu étoit fur la route
de Glanoventa à Médiolanum ,
entre Brémétonacis & Mancu-
nium , à vingt mille pas de la
Eremière , 6c à' dix-fept mille de
i féconde. M. Gale croit quec'eft
RiblecheAer qui eft à vingt-deux
milles de Brémétonacis , félon lui.
On a déterré à Riblechefter d'an-
ciens monumens , qui (ont prefr
(c) Antîq. cxpl. par D, ttm. de
Mofttf. Tom. III. p. ii9«
U) Plut. T. 1. p. 1074»
(ff) Strab, p. 1^^.
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CO
que tous mention de l'aîle des Sat-
inâtes, ala Sarmatum y & qui
montrent qu'elle a autrefois occu-
pé ce lieu , quoique les Hilloriens
n'en difent rien.
COCCOCA, Coccoca, Kok-
Xtoxa , l*un des furnoms que Ton
donnoit à Diane* Voyc^ Diane
Coccoca,
COCCON AS , Cocconas , {a)
Kojcxorai chroniqueur de Byzan-
ce y étoit un des plus méchans
hommes qu'il puifle y avoir. Il fe
lia avec Alexandre l'impofteur.
Voye:(^ l'article de ce dernier,
COCCYGIE , Cûccygius , {b)
Ko 'iKvy ioç ^ montagne du Pélopo-
nèfe dans TArgolide. Paufanias
dit qu'entre cette montagne &
une autre qu'il ne nomme pas , il
y avoit un chemin qui conduifoit
à la ville d'Halicé. Cette monta-
Jne s'appella d'abord Thornàx.
We prii-enfuite le nom de Coc-
^y&^ f parce que Jupiter s'y étoit,
dit-on , niétamorphofé en coucou.
Ce Dieu avoit un temple fur le
fnont Coccygie^ Au bas de cette
toontagne , on voyoit do tems de
Paufanias , un autre temple fan$
toit, ni portes, ni ftatues ,que Ton
croyoit être un temple d'Apol-
lon.
Plutarque le Géographe parle
du mont Coccygie autrement
que Paufanias. Il le met auprès
du fleuve Inachus , & dit qu'on
l*appelloit auparavant Dîcéjus »
& que le nom de Coccygius lui
(4) Ludan. T. I. p. ?6t, & /ê^.
(*) Paof. p. M?, 154*
(c) Mém. de P Acad. des Infcrîpt. &
Beil. Leit. T. XIII^^p. 457, 473.
U) Ludan. T. II. p. »5|* & SH*
CO 457
fot. donné , parce que Jupiter ,
étant devenu amoiJreuxdé fa fœur
Junon , en obtint les faveurs , 6c
en eut un fils.
COCHÉ , Coche , Kc5x« (0
place forte, tellement jointe à celle
de Ctéfiphon , qu'elles fembloient
ne faire enfemble qu'une ville ; de^
manière pourtant qu'elles étoient
réparées par le Tigre. C'eft ce que
dit St. Grégoire de Nazianze dans
fa féconde harangue contre Julieil
rApoHat. Rufus en fait une ville
de la Perfe propre.
COCHLIS , Cochlis , ^ox>k,
{d) courtifanne , qui , dans un dia-
logue de Lucien, s'entretient avec
Parthénis,
COCHON , Porcus , (e) étoit
un des animaux qu'on oftroit en
facrifice. Dans les infcriptions de,
Gruter, un prêtre facrifie en Ef-
p^gne une truie & trente cochons.
A. Lacédémone , félon les loix de
Lycuf gue , dit Xénophon , le Roi
prenoii un cochon de chaque ven-
trée dans tout le pays, afin qu'il,
ne manquât pas de viâimes. Les
Athéniens en immoloient aufli
quantité , dit Elien , parce que cet
animal nuit beaucoup aux moif-
fons.
Les divinités , qui ne dédaî-»
gnoient pas 4^ recevoir les co-
chons en facrifice , étoient Her-
cule , Priape, Sylvain , Bacchus » .
Cérès , les Lares ^ &c. Ces der-
niers en écoient appelles» f^lon
quelques-uns ) Lares Grundiles^
(t) Antîq. expliq par D. Bern. de
Montf» T. II. p. 155. ér fuiv, Tom. HI.
pag. 118 9 119. Recueil d^Antiq. par
M. le CoQnt. de Cayl. Tonu L pa{. v»*
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4î8 ^ O .
lies cochons qu'on immoloit a
Cérès ^ dévoient être noirs , parce
que la terre eft de couleur noire.
Strabon remarque que dans ce
canton de la Gaule Cifalpiné , qui
de fon tems confinoic à TÉcrurie ,
mais qui dans les (lecles plus re-
culés en faîfoit partie^ la terre pro-
duifoît àes fruits de toute efpece f
& une fi grande quantité de glands,
«Jo'on y voyoit dé nombreux trou-
peaux de cochons , dont la ville de
Kome tiroit une partie de fa fubfi-
fiance. Un animai fi commun en-
gageoit naturellement les Etruf*
ques à le placer dans leurs monu-
snensy & c'efl peut-être au feul
caprice des ouvriers que nous de-
vons ces fortes de repréfentations.
Cependant, fi l'on veut leur fup-
pofer un motif religieux , il fuffira
de fe rappeller que les Étrùfques
fcelloient du fang de cet anima)
les traités d'alliance & de paix
avec les nations voifines ; qu'ils
rimmoloîent dans les cérémonies
du mariage » & le reeardoient
comme le fymbole de Ta fécon-
dité ; qu'ils Favoient enfin confa-
cré à Cérès , perfuadés , fans dou-'
te comme les Égyptiens, qu'en
fouillant la terre avec fon groin ,
il avôit fourni à cette Déefle un
exemple du labourage. Il n'en fal-
loît pas tant à ce peuple fup^rdi-
tieux^ pour donner la lof ine d'une
tête de cochon à la partie infé-
rieure de deuxvafes, dont parle
M. le comte de Caylus, & qui fui-
▼ant toutes les apparences écoieot
cleftinés à fervir aux facrific^.
U) Cacf. de Bell. GaU. L. IH,
117. Plin. Tom. I. p. tt6. Notic
eaul. par M. d'Anvill.
[T,pag.!
:. de laL
CÔ
Athénée parle d'un cochon %
demi-roti & à demi> bouilli , pré-
paré par un cuifinier qui avoit eu
l'art de le vuider & de le farcir
(ans réventrer; il avoit fait un
petit trou fous une épaule , par
lequel il avoit fait fortir toutes les
entrailles , & après avoir lavé le
dedans avec du vin qu'il avoit
laifié écouler , il àvoit fait enfuite
entrer la farce par la gueule.
COCLÉS [Horatius ],^onr.
tlus Codes. Vbyei Horatius.
COCOSATES, Cocofates, {a)
peuples que Céfar nomme parmi
ceux qu'il met dans l'Aquitaine*
Pline lit Cocoflates Sexugnanes.
San fon croit que ce peuple faifoit
partie des Datiens « dont parle
Ptolémée. Mais , cette opinion
n'eft (ondée fur aucune preuve fo'
lide. A parler jufle , on ne fçait
point où étolent placés les Coco-,
fates.
COCTIENNES, Comarug.
Foye^ Cottiennes.
COCYLITES , Cocylitoi ,
Ko <f.t/ An- 0t/ , les Habitans de la ville
de Cocylium. Fbyei Cocylium»
COCYLIUM , Cocylium , (^)
Ky>LvMov ^ ville de l'Aue mineure
dans ta Myfie. Elle ne fubfiftoît
déjà plus du temps de Pline. Les
Habitans en font nommés dans
Xénophon ; & cet auteur en parle
comme d*un peuple aâuellement
exldant. On lifoit autrefois Cocil-
lum dans Pline. Ceft le Père Har-
doin,qm a rétabli ce nom fur
. l'autorité de Xénophon.
COCYTE , Cocytus, (^)
(h) Xenopb. p. 483.Plin»T. Lp. iSli
(r) Pauf. p. jo»
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co
kôitt/Tcç» fleuve de Grèce dans
"l*Épire; Pour donner une idée de
ce fleuve , ii fâffit de rapporter ce
qu'en dit Paufanias : » auprès de
» Cichyre , dit-i! , on voit le
9) marai^ Achérufien , dont il eu
n tant parlé » & TAchéron qui
M efi un fleuve; on y trouve aufli
t» le Cocy te , dont l'eau eft d'un
» goût fort défagféable ; il y a
» bien de l'apparence qu^Homère
m avoit vifité tous ces lieux , &
i» que c'eft ce qui lui a donné
» l'idée d'en faire i'ufage qu'il a
n fait dans fa defcription des en-
» fers y oii il a coniervé les noms
i> de ces fleuves» n
COCYTE, Cocy tus 9 Kcokvtoç,
fleuve d'Italie dans la Campanie
près du lac Lucrin . Ce fleuve n'eft
plus tel que les anciens l'ont vu ;
fon cours ayant été changé par la
chute d'une montagne, cauféepar
un tremblement de terre y qui ar-
riva Tan 1Ç38.
COCYTE, Cocytusj Kaict/Toç,
la) , fleuve imaginaire , que les
roëtes font couler dans les Enfers.
Ce nom a paru d'autant plus propre
à un lieu ù funefte , qu'il vient du
înot grec Kcùitvttr» qui fignifie gê-
inir, pleurer.
* COCYTE, Cocy tus, Kwkj;to$,
(^ &meux Médecin I difciple de
v^hîron. On trouve dans Ptolé-
mée Hépheftion, une anecdote
fort fingulière touchant ce méde-
cin» On dit qu'il fut aflez hàhWe
pour guérir Adonb de la bleffure .
^ue lui avoit faite Mn.fangiier ^ &
' («) Mém. de TAcad. det Inicript. &
Bell. Lett. Tom. XVU. p. $1.
(b) ^ycb. par M. l'Abb. Ban. Tom.
m» pa^. aOi 14» Métti» de TAcad. àts
dont tout le monde l'avoit cru
mort* C^ auteur tire ce paradoxe
hiftorique d'un vers d'Euphorîon
dans fon Hyacinthe j où ce Poëte
dit que le feul Cocyte lava la
bleflure d'Adonis dénué de tout
ftcours.
Méziriac , dans fes remarques
fur les Épîtres d'Ovide, rapporté
<:e fait , & paroît l'admettre fans
fcrupule. Daniel le Clerc ,^qui l'al-
lègue aufli dans fon Hifloire de la
Médecine , n'en a pas fi bonne
opinion. Il eft perfuadé que Pto-
lémée a mal entendu ce vers da
Poëte Grec , qui n'a voulu parler
que du Cocyte, fleuve des enfers,
lequel feul lava la plaie mortelle
d'Adonis , & y fervit de premier
appareil, nul médecin n'ayant eii
le tems de le fecourir & dé penfer
cette bleflfure.
COCYTE, Cocy tus,Kùi>iivriu
(c) L'auteur de la Vulgate a em-
ployé ce terme au livre de Job ,
pour marquer la defcente des mé->
chans aux enfers. Il n'y a rien
dans l'Hébreu ni dans les anciep-
nés Verfions , qui^ait rapport au
Cocyte; & il n'y a nulle appa-
rence que Job en ait voulu parler.
ces fables font de beaucoup pofté-
rieures à fon tems. L'Hébreu por-
te fimplement : Les mottes du tor*
rent lui ont été douces ; au lieu que
nous lifons dans la Vulgate : DuU
cisfuît glareis Cocyti ; fa préfen-
ce a été agréable aux rivages du
Cocyte.
CODÀNUS [le golfe ] Coda^
|n(crîpt» Il Bell. Lett. Tojn. XVU. p;
CO Job.c. ai.v. 33*
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i6o CÔ
nusfinus. {a) Pomponîas Mêla faît
de ce golfe une defcription , de la-
quelle on peut conclure que les An-
ciens appelloient Codanus finus
l'entrée de la mer Baltique , ou la
partie de cette mer qui coule en-
tre les ifles du Danemarck. n Au-
n delà de TElbe , dit-il , eft le
» golfe Codanus qui eft grand Si.
9» rempli de grandes ifles & de
ai petites. La mer enfermée entre
If les rivages n*a nulle parc une
» étendue cônfidérable, & ne ref-
>» (èmble guère à une mer ; mais
» fes eaux coulant entre les ifles^
1» paroiïïent comme autant de ri-
f» vières. . . , C'eft-.là qu'habitent
» les Çimbres & les Teutons, u
Sinus Codanus eft donc la mer de
Danèmarck, & comprend les dé-
troits de âond & du Belt.
CODDINE [la roche ou la
pierre de] Coddini fayum » >(h)
'Ké<rs!yoif vTfrfiot. Elle étoic fitué^
chez les Magnêfiens , qui étoient
au nord du mont Sipyle. On
voyoit fur cett« roche une ftatué
àe la mère des Dieux , qui pafToit
cohHamment pour la plus ancîeii-
tie de toute celles qu'on avoit iri-
géfes à cette Déeffe.
CODOMANNUS , (c) Co-
domannuSf nom que porta d*abord
Darius. Ce Prince fut détrôné par
Alexandre. Voye:^ Darius.
CODONOPHGRES , Codo-
nophôri. (d) C'étoit Tufâge chez
ks Anciens de faire accompagneir
le cadavre à fon enterrement pat
un porteur de fonnette. C'eft cet
homme qu'on appelloit Codonor
phore.
CODRION, Codrio,(e) ville âe
Macédoine. Quoique forte & biea
munie, elle/e rendit aux Romains
fans réfiftance deux cens ans avant
Jefus-Chrift, Ce fut la crainte
d'être traitée auffi mal que l'avoit
été la ville d* Antipatrie , qui dé*
termina Codrion à fe rendre fi
facilement. Les Romains y laiw
ferent une garnifon.
CODROPOLIS , (/) Codro^
polis , Ko<t(>Qirohiç I ville d'Iîlyrie
au fond de la mer Adriatique ,
félon Appien. Cétoit la borne de
l'Empire , partagé entre Augofle
&. Marc Antoine.
CODRUS , Codrus , K i<rpùç ,
(g) 61s de Mélanthus, fut le der-
nier roi des Athéniens.
Ce prince a toujours été cité
dans l'antiquité , con^me le mo-
dèle des rois , qui ont la noble
ambition d*étre les pères de leurs
peuples. Les Athéniens , étant ep
guerre avec les peuples du Pélo-
ponnèfe , envoyèrent, fuivant Tu-
Sage de ces tems - là, confuher
l'oracle de Delphes , pour fçavoir
quel feroit le fuccès de cette guer-
re. La répônfe fût que les Athér
niens auroient la viâoire » fi leur
roi . fe faifoit tuer par les ennemis»
Les Pétoponnéfietîs» en étantaver-
tis y ordonnèrent qu'on épargnât
(«) Pomp. Mel. p. 178 « 193.
(>) Pauf. p. 20Ç.
CO Juft. L X. c. |.
(ii) Mécrt. àe TAcad. dfc» InfcrîptV &
Bell. Lett. Tom. VIII. pag. 6^4, 6^5»
U) Tit. Liv. L» XXXI. c. »7. '
(/) Appîan. p. 709.
C^) Pauf. p. 3'4, 447 , 448, 6itf. Jutfé
L. II. c. 6, 7..Memé de PAçad. det
Infcript. & Bdl. Lctt. Tom. IV. pag.
i66, Tom. VII. pag, 179. Tomt X. f»
3. t, XIV. p. aoy. .
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h perfonne de Codrus. Maïs,
Codf us étant bien réfolu de fe dé-
irouer pour le falut de Tes fujets ,
quitte les marques de la royau-
té , fe déguife en bûcheron , cher-,
che querelle à quelques Lacédé-
moniens , fe bat contre eu¥ , fe fait
cuer y fy, par fa mort acquiert la
viéloire aux Athéniens»
Cet événement eft rapporté par
les uns à Tan 477 , & par d'autres
à Tan 521 avant Solon, Quoi
Hu*il en foit , les Athéniens, après
la mort de Codrus , rêduifirent
kur état en république , qui fut
gouvernée par des magiftrats
qu'ils nommoient Archontes. Mé-
don , fils ^e Codrus , fut le pre-
mier, & gouverna pendant vingt
ans.
CODRUS , Codrus, KUpo; ,
ta) Poëte Latin , contemporain de
V irgile , qui en fait mention dans
fes Églogues. Selon Servius , il en
étoit aum fait mention dans les
Élégies de Valgius , qui font per-
dues.
CODRUS , Codrus, Kolpo; ,
(^) autre Poëte , vivoit fous l'em-
pire de Domltien , vers l'an 90
oe rÉre Chrétienne. Il fut auteur
d'un poëme intitulé Théféïde , que
Juvénal trouvoit trop long. Le
même auteur parle de lui d'une
manière à faire voir qu'il l'efti-
moit. Procule fa femme avoit la
taille extrêmement petite. Codrus
éroit pauvre, & fon indigence eft
paffée en proverbe : Codro paupe-
r'wr»
COEFFURE , {c) ornement
^s) Vifg. Eclog. 7. V. aa. & feq*
\b) Juven. Saiyr. i. ?. tt Satyr. j.
C O iôi
ie tête , ornatus capîtis. La Coëf-
fure des femmes a été de tout
tems fujette à bien des ^hange-
mens, tant chez les Grecs que
chez les Romains 6c les autres
nations. Donner le nom de tous
ces différens ornemens , que le
fexe a employés , c'éft ce qu'on
ne peut faire.
Sur les monumens , on remar-
Jue une grande diverficé dans la
)oëffure des Impératrices & des
autres femmes. Les modes chan-
geaient pour le moins auffi fou«
vent en ces tems-là quapjour-
d'hui. Dans les dix-neuf ans de
règne de Marc-Aurele, fa fem-
me Fauftine paroît avec trois oa
quatre CoëfFures différentes , dont
rune approche affez de la fontan-
ge. Chacune de ces modes avoit
apparemment fon nom. Comment
trouver tous ces noms aujour«
d'hui , que nous aurions peut-êtrç
bien de la peine à trouver ceux
de toutes les parties qui compo-
fent préfentement la Coëfture
d'une femme ? Il nous refte pei^i
de noms pour'marquer les Coëf-
fures anciennes , 6t nous fommes
affez embarraffés fur leur fignifi-
cation. Nous fçavons que ce qu'on
appelloit calantique étoit un cou^
vre-chef de femme ; mais , nous
' ne fçavons pas en quoi la calan*
tique différoit de ce qu'on appel-
loit calyptre , nom qui , félon
L'écymologie , marque auffi un
couvre-chef. La mitre des fem-
mes étoit , dit Servius , la même
chofe que la calantique, un coa-
{c) Amiq. expl. par D. Bcm. d«
MoQtf. Xom. tll. p. 39* ^ fiiiv.
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4^2 CO
vre-chef de femmes. Un autre
couvre- chef de femmes , qu'on
appelloit âamméum ou flammèo-
lum , fervoit aux nouvelles ma-
riées, pour le jour des noces.Quel-
ques - uns croyent (Ju*il fervoit
au (Il aux Flaminiquesou prêtreiTes,
'& veulent que flamméum vienne
de flaminica ; mais , le double
m de flamméum femble réfuter
cette étymoloeie. Selon Nonius,
les Matrones le fervoient du flam-
méum ; il paroît par ce qu'en dit
TertuUien , que c'étoit un orne-
ment ordinaire , dont les femmes
Chrétiennes fe fervoient auffi. Le
caliendrum dont fait mention Ho-
race, & dans les tems poftérieurs
Ârnobe , étoit un tour de che«
veux que les femmes ajoûtoient à
leur chevelure naturelle.
CCELA , Ca/tf. Voyci l'article
fuivant. ^
CCELA EUBCEiE , Kaa
li*v^olaç » (a) lieu de Tifle d'Eu-
bée. Ptolémée , Valère Maxime,
Strabon en font mention. Le der-
nier dit qu'on appelle Cœla Eu-
bœae , Tefpace qui eft entre Au-
lide & Gérefte. Car , pourfuit-il,
la côte fe courbe en forme de
golfe ; Si en approchait de Chal-
cis , elle fe courbe encore vers la
terre-ferme. Dion de Prufe en
fat une defcription.
Tite-Live attribue le nom de
Cœla au golfe d'Eubée , & pré-
tend que ce nom lui étoit donné
par les gens du pays. Il ajoute
qu'il étoit fort redouté des Natt-
er) t>tolcm. t. m. c. 15. Strab. pag.
44s. Tit. Liv. L. XXXI. c. 47.
(h) Tit. Liv. L. XXXII. c, 4.
(O Tacii. Annal L, III. c. 38, Plin,
tonmers, fur tout versTéquInoxé
d'Automne, parce qu'il s'y exd-
toit de grandes tempêtes pendaat
cette faifon.
CŒLA, Cala, KoTxei , (^)
nom d'un défilé de la Theflalîe.
Il en efl parlé dans un endroit
de Tite-Live. Voici cet endroit :
Thaumaci à Pylis finuqut Maliû*
' CO per Lamiam eunti , loco alto foi
funt y ipfis faucibus imminentes ^
qttas Cœla vocant ; Tbejfaliaque
tranfeunti confragofa loca , im^^
plicatafque flexibus vall'mm vias ,
uhi ventum ad hanc Urbem cft^
repente veiut maris vafii , fie im*
menfa panditur planities > ut fub^
jeBos campos terminare oculis
haud facile queas. M. Crévier fait
fur ce pafTaçe l'obfervation fui-
vante: » Levi mutatione adjuran-
n dus videtur hic locus, legen*-
D dumque ; Ipfis faucibus immi^
n îtentes ^ quas Cctla vocant Thef»
n faliœ ^ qua tranfeunti ^ &c.
n Libro XXXI. c. 47. mentio fit
n finûs Éuboici, quem Ccelavo^
D cant. Itaaue non immeritb fut
n picari polTumus bas £auces vo*
» catas effe Cœla Thejfalia , ad
n notandum difcrimen. Qua refer
n ad Thejfalia, , ita ut Cenfus fit ,
n TheiTaliam , velut maris vafti
n ingens sequor» fie immenfiim
» pandi planitiem ob oculos ejus
}i qui per fauces illas ad urben^
H Thaumacos pervenerit. «
CCELALETES, Cœlaleta, (c)
peuples de Thrace. Ils font ainii
appelles dans Tacite. Pline les
Tom. I. p. 90%, Tit. Lîv. L. XXXVIÎI.
c. 40. Dlo. Ca/T. p. ^4). Ptolem. L. UU
c. II.
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co
tooMme CœleteS) Çc les dîftingae
en grands & en petits. Les grands
habitoient , félon lui , au pied du
mont Hémus ^ & les petits , au
Ï>ied du mont Rhodope. Tite>Live
es nomme auffi Cœletes. Dion
Caflius les appelle Sialetes , par
corruption » comme le remarque
très- bien Jufte-Lipfe fur Tacite.
On trouve dans Ptolémée , C«/<-
tica prafiSiura , Ko^htikû , ce qui
montre que Cœletes étoit le vrai
nom de ce peuple.
Voici ce que Tacite nous dit det
Cœlaletes : n Les Cœlaletes » Iqs
1» Odrufes & autres, nations puif-
» fantes, prirent les armes fous di-
n vers chefs ; mais , comme ils
n étoîent tous également obfcurs
n & ignorans dans le métier de la
n guerre y leur révolte ne fut .pas
» dangereufe.Une partie fe répan-
» dit dans les campagnes voifines
» pour piller ; une autre paflTa' le
n mont Hémus pourallerfoulever
» les nations éloignées. Le plus
w grand nombre & les mieux dif
» cipiinés adiégerent Rhémétalces
I» dans Philippopolis , ville bâtie
I» par Philippe de Macédoine,
» dont elle avoit pris le nom. ce
Il a été fait mention des Cœla«
letes , ou Caeletes fous l'article des
Àftiens. royei Aftiens.
CCE LÉS YRIE , Cœlefyria. Voy.
Céléfyrie.
CCELETES, CœUta. Voyci
Cœlaletes.
CCELI A Cœlîa , K iK^ct . (a)
la troifième femme qu'épouûi L.
Corn, Sylla , & qu'il répudia en*
(4) Plut. T. I. p. 455.
C O ±6}
fuite , fous prétexte qu*elle etotc
ftérile. Et pour faire voir que c'é-
toit la feule raifon qui Tobligeoit
àfe féparerjd'elle, il Ta renvoya
honorablement , en lui donnant
toutes fortes de louanges , & ea
la comblant de préfens. Mais,
comme peu de jours après il épou-
fa Métella . ce mariage fi préci*-
pité fit croire qu'il avoit répudié
Cœlia fur un faux prétexte.
CCELISPEX, Cceli/pex, fur-
nom d'Apollon, ainû appelle à
Rome de la ftatue qu'il avoit dans
la onzième région. Cette (latue
regardoit ou le ciel » ou le mont
Cœlius.
ÇŒLIUS [ le Mont] , Mons
Cœlius. {B) Nous avons déjà
parlé de cette montagne (bus le
nom de Caelius. Nous ajourerons
ici que le mont Cœlius ne fit pas
d'abord partie de la ville de Ro-
me 9 & que ce ne fut que fous ie
règne de Tullus Hoftilius , que
l'on pouila les édifices jufqu'à cet-
fe montagne. Ce Prince , pour in-
viter les autres à y venir loger ^
s'y fit bâtir un palais , oii il paffii
le refte de fa vie.
CŒLIUS , Cœlîus, (c) l'un des
furnoms de Jupiter , au rapport
de Dom Bernard de Montfau-
con.
CŒLIUS , Cœlius, (d) l'un
des lieutenans de M. Antoine. Il
en eft fait mention dans Plutdr-
que.
CŒLIUS, Cwlitts. FoyeiRvi'
fus.
CŒLIUS IT. 2, T. Cœlius,
(e) Antiq. cxpl. par D. Bern, dt
Montf. Tom. I. pag. 5;.
çd) Plut, T. I. p. 94J,
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aile
é4 C O
jj natif de Terracine , homme
adez connu de fon tems. Cet
homme , étant allé un jour fe cou-
cher ^ après fon fouper , dans une
même chambre avec deux de Tes
enfans , fut trouvé le lendemain
inatin égorgé , fans que Ton ren-
contrât , ni efclave » ni autre per-
fonne , fur qui le foupçon pût
tomber ; 6c fes deux 61s qui
étoient fort jeunes , & qui cou-
choient auprès de lui, dirent qu'ils
ne s*étoient apperçus de rien. On
les déféra néanmoins comme par-
ricides ; car , les foupçons étoient
violens.
Cependant , quand on eut fait
voir aux juges , qu'après que
l'on avoit ouvert la porte de la
chambre , on avoit trouvé les deux
jeunes hommes endormis ; ils fu-
rent déclarés innocens & déchar-
gés de tout foupçon ; car, on
ne penfoit pas que quelqu'un,
après avoir vrolé toutes les loix
divines & humaines par une ac-
tion fi déteftable , pût audi-tôt
s'endormir , & que ceux qui Ta-
voient commife , puflent non feu-
lement repofer fans inquiétude,
mais refpirer fans frayeur.
Il y a des éditions qui portent
T. Clœlius , au Deu de T. Cœ-
lius.
CŒLIUS , Cœlius , KoiT^i •
(b) lieutenant de Carbon , dont
Flutarque fait mention dans la vie
de Pompée.
CCELIUS [M.'], M. Cœlius,
(c) fut mis en juftice , l'an 57
avant Jefus- Chriil , comme ayant
(*) Cicer. Orat. pro Scxt. Rofc.
^mer. c. 38, 39*
^) J?lut. T. 1. p. 605.
co
trempé dans l'aflafinatde Dîon;
philofophe Académicien. Cicéron
prit fa défenfe, & non feulement
M. Cœlius fut abfous , mais la
plupart des autres que l'on avoit
le plus de raifon de croire coupa-
bles. Il étoit tribun du peuple
l'année que P. Clodius fut tué par
Milon , & il fe fit honneur dans
cette affaire. Il époufa en ami
chaud les intérêrs de Milon ; il le
produifit devant le peuple, &c'eft
de concert avec lui que Milon
donna alors à (on affaire , la tour-
nure que Cicéron a fui vie dans
fon plaidoyer.
Nous avons quelques lettres de
M. Cœlius à Cicéron , où il eft
queftion des divifions entre Céfar
& Pompée. M. Cœlius étoit un
homme de beaucoup d'eforit,
mais qui avoir peu de folidite , &
encore moins d'attachement aux
principes de la morale. Il écrivoit
fans façon à Cicéron,que dans les
dllfenfions civiles,tant que l'on ne
conteftoit qu'en paroles , il falloit
embrafler le parti le plus hon-
nête ; mais que quand la querelle
venoit au point de fe vuider pat
l'épée , alors on devoit fe ranger
du côté du plus fon , & regarder
comme le meilleur, ce qui écoit le
plus fur. Il avoit fuivi cette maxi-
me dans la pratique ; & quoiqu'il
eût toujours paru zélé pour l'Arif-
tocratie 6c pour les loix , au mo-
ment décifif , il laifla Pompée &
le Sénat, & fe jetta dans le parti
de Céfar. Encore ne demeura-t-il
pas conffamment attaché au parti
(r) Vell. Paterc. L. II. c. 68. Crée.
HiU. K(fau Tom. VU. p. 72 , 941. &
de
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€0
de ce dernier* Plein d'ambition &
de cette coiifîaoce préfomptueufe:
qu'infpireat les talens à un jeune
homme tout de feu , il trouva
mauvais que Céùa eût donné à
Trébonius la préture de la ville ,
c^ft-à dire , le plus brillant des dé-
partemens des Préteurs , fans Taf-
i^jettîr à tirer aii fort. Choqué de
cette préférence » il n'en fallut pas
davantage pour k détacher d'ua
parti oit il ië croyoit méprifé.
Cherchant donc à exciter du-
tcouble dans Rome» il prit fous
ià proteâioQ la caufe des débi-.
teurs , à laquelle il étoit intéTeflié
perfonneUeraent* Car , q*iaiqu*il y
eût bien de la folie & de la témé-
rité dans ks projets, il y avoit
encore plus de dérangement dans
fes aâaireSé Comme Trébonius
régloît les jugemem qu'il rendoié
en cette matière fur la loi portée
en dernier lieu par Céfar f M*
Çoelius plaça ion tribunal à côtft
de celui du Préteur de .la villev»
^déclara qu'il recevroit les appeû
de ceux qui fe croiroient léféspaf
kii. La prudence & k douces r
àe Trébonius furent fi grandes »
que ^perfpnné jiô s'en plaignit.
Ainfi , cette première ienutive de
M. Cœlius fut fans Aiccès* Il ne fft
cebuta pas>. & ré^la de ne rien
ώna^r vPuHqu*tl ne pouvoit au)
tremetn remuer 6c échauffer les
efprit^;;' il propofa deux lcûx,le3
plus injufl'es & les. plus féditieufe^
qui ^ fiureni jamais ', Tufije,,. pou*
exempter tes locataires de toutes
les- maifoflis.de Rome duj paye*^
meQtdeieMjsioycfsvrautte, pour
abolir généralement toutes les
dettes. Ceue^amorcft.fa foiiieffej.
CO 4^5
la multitude s'ameuta » & M«
Cœlius, à la tête de cette canaille,
vint attaquer Trébonius fur fou
tribunal , l'en chaflai & bleûa^
quelques-uns de ceux qui l'envi*-
ronnoiem.
C'efi fans doute dans ces cir*
confiances qu'il écrivit à Cicéroa
une lettre d'un Oyle bien différent,
de celui des précédente^. Il y. pa-
toit au défefpoir de ce s'être pas,
rendu avec lui ait camp de Pom^
pée, H y ténîoigne, & mépris , fie
horreur pour ceux auxqt^els il
s'eft afibcié. » Il m'efi , dit - il «
p plus doux de périr , que 3^ voir
m de pareille^ gens. Tot^ le mon<^
M de ici nous détefie \ il n'y a
1^ pas un ordre , ni même u»
» homme , qui ne foiiporté;d'in-..
n cltnatioi^ pôur"^' votre caufe. Si
1^ ïon necr^igooit des cruautéai
» de votre part , il y a long^tems
n que nous ferions chairs de
9 KomeéM II invite en conféquen-»
«p Ponvpée à faire pafler des trou-»
pes en Italie. » Les gens de votre
V parti i dit' il à Cicéron , s'en«
» dorment & nevoien; pas queU
» le eft notre Épibleffe \ & par oî%
v^nous prétons ie liane. Vous
it; vous expofez aux ti(ques d'une
Il bataille. Vous avez tort. Je ne
» connois point vos trou pes. Ma is^
» les nôtre;5 fçaventfe battre vail-
le lammem j éc foutenir le frèid^
». la f^im, a r ,
Cette reflou rce qu'invoquoit M.
Cœlius , étoit bien éloignée ^ bien
incertaine ; & il n'eut pas même
le Vems de l'attendre. Serviljus
Jfauricus » qui^.par fa dignité de
Conful > avoit la principale auto-
i rite dMl^li^ Yiljifi.$ Venant muai de
Gg
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^ co
quelques troupes > £t on iéttet du
Sénat , qui inter diToit M< Coelius
de» ftMiâioot de (a charge* En'
exécution de et déaet, il arracha
les affichtt dm loîx de ce Préteor ,
lui refufa l'encrée du Sénat, & le
cKafla de la ttibune ùk il écoit
iHoncé pour harangaer la mukf-
tude. M« CtttitK réfifta qutl(]ut
rems» (bâtenu d'uft nombre de
feôieux & de & propre opkiil^
frété. Le Confol M ayant brift ùl
ehaiTe curule ^ U fe fournit d'utie
autre ,^qu'it garait de lanières &
de courroies, pour reprocher à ton
ennemi quil avt»it été aotreibi»
fouetté par fon pere«
Cette mauvaife pltrfiinttrie Ht
ruvoft lui être d'àucuAe utilités
fut enfm obligé .de «éder air
droit & à la force ; À il dettiaiid»
k permiffion de (âiût dt Rotàe y
feignant de vouloir aUdr §t jufti-*'
6er auprès dé Céfar , qui éknf
«lors en THeiïaliè. Ce n'îéioil point
4lu tout fan deâëin. Il préiendott
^indreMUoà, ^f , a^uellemein
d'intelligenee atet foi conroit tou<*
te rhaSe ^ pour y exdter dei^
troubles. Mai» , Mitoit sh^ant été
tué au fiege de Oxnpfa , M. Coe»
lius ne lui Airvécut pas long-tetti»;
Il fe fit tuer auifi auprès de Thu^
rium par d^ eavaliti^ de Céfar y
Efpagnols & Gaulois « qu'il vou-^
feit débaucher f 8c tâcher d'attirer
à lui , en leur promettant de lar^
gent » l'an 49 avant J. C.
DI G R E S S I O ff
fur le pomal( àç M. CcUius^
Il porta très^loin la gloire dîi
CO
l'éloquence ^ Ôi il eft compté ai
nombre des Orateurs qui om îsk
l'xH-nement du bon fieck. Ses let-<
très à Cioéron pétillenc d'efprit,
& allient renjosÊment & l'agréa^
ble. plaifiinterk avec k force &
l'élévatiom De grands vices déf<
honorèrent des tsdenvC eftimables
en eux<«mémeK K fiic prodigue,
débauché , (ans principes ^ ùlwê
fegk de conduite > capable de fa«
criâer rfaooseiir & la verta k fa
fortune , ôlùl fortune à feu reC-
kmtmtBt. Car » la colère le domt-
aoic^ & (q$ emportement le rea«
doient mfuportabk dans la feciété^
Séaeque nous en a coniervé un
trait rcmatquable/M» Ccellus fou-
pok téie à céte avec un de lêf
dims 9 qtô étoit l'homme da mon-
de le plus patiem & le plus doux*
Ce citent conootflanc lliuoieur de
(on patroâ f prit le parti de i'ap*
plaudir en tout 1 & de trouver boo
tout œ qu'il difoit. M. Cœlîut
t'impcuienta de tt*avoir pom ma«
tiètf^ à difpttte , & d*ua ton aigre
il cria à cet approbateur éternel r
Pis dom: une fois mn^ afin qm
U0US (oyons deux^
C4UUS . Oetlius y (4} k^
«eux brigand , dom Horace ÙH
meMtioadans feeiàtyresé
. CŒLIUS , Ceiliiés , Kww.
(i) Plutarque^dassla vie deCicé^
ton « dit que l'orat^ir Céoîtius hf
pria Mijour par ^s* lettres , d#
kiî envoyer èçi$ Panthères de I4
Cilîcie, dom il étottalongoftver^
neuF. 11 y a une (auto dam cei
endrqit au texte de PlaeatiqpieL Ci
tCéiok pas Toratear Cécifiiis j^ «laîi
^ Uanî;cM<qF^'#rT.^ ê (H fl•c^Toel>I«^e:f9
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VtrAieût Cœlius Rufus , cOtïiftfe
le fçavâiïtBôchart l'a fort bien vu
& corrigé. M. CceHus Rufus étoit
alors Édiîe curule , & il démari-
dojt ces panthères pour \e$''jevti
de fon Édillté. Voici la répônfe
• que lui fait Gicérbri dans la lettre
qu'il lui écrit : »> Pour ce qui eft
s» des pamhèires, ceux qui ont
I» accoutumé de faik-e cette chaiTé ,
* y travaillent par mes ordres
1h très-dili^émménù Mais, elles
A (ùnt tfès-nifes , & le peu qu*ii
jb en reAe fe plaint 'à>tt , dit-on,
À de ce que dàiis tna province on
*> ne dt-eflfe dés etAbûchés^ûl
» elfes feUlés :' t*feft pourquoi f
s» elles dnf rirdlu de quittèlr thon
a gouverriemertf , & de fe Retirer
V> dan^ la €àHé. Mâfs ^ qu#i qu'il
i) en fdit, 6n éhalTe à force &
« fur ^QUt Padfcbs. Tout ceqa*a
'» y eh aura fera pour vous. «
COELOESI, Kohvthi U) Oti
liomhibit alrifi uh ter'riéin l>a^ &
enfoncé, qui étiDÎt dans Tiilé de
•Chio , & dolît parle Hérodote. îi
faut i'ëmàrquer qiië ce ihôt efl au
datif pluriel , «l que Cet Hiftoriéh
dît çy Krhoiét»
' CCÊLOSi Ci^/d^, K Tmc , (^)
ville & port dô tiier de la Chef-
ronrièfé deTHrace, entre Êléè &
<:ardie , felori Plihe^Eilé èft hôûl--
inéé Cœla dans Âmmien Mar-
eellin j & dâtrfs les'aâes du concile
d'Éphèfé. Pompohius Mélà dit ;
» Il y a auffl lé pdït ct<^ Coek)^',
Ifi fameux par» la bataille iîavafe
$f entre les flottes ,des AthénîeoS
îi & des Lacédémonieiis , & piir
'n la défaîte dé ces derniers, u
Elle ëtoit Épifco|>ale , 6c eft nom-
mée CoeKa par Conflantin Por-
phyrogénete, & dans la Notice
de Hierocles. C'eft la même que
Cycîenfis & Cylla.Fc»ye{ ces deujt
mots.
CŒLOSSE^ Cœiofa, (c)
K^iifiuxra-li y nom d*ude mohtagilb
du Péloponnèfe dans la Phliafie,
au rapport de Strab^n. Il y avolt
dans cette montagne , un défîfé
"avec une forterefife , dôni. parlef
Xénophon. Le texte de ce dernier
T)orie Céliffe, Ku?^ov^ot, Ses Com-
mentateurs corrigent cç mot , éc
le lifent coiriitie Mit Strabôn^ .
; CŒLUS, &&/«j, le même
que Oel, Pbyc^ Ciel. "'
OOEMPTIO , (4 l^ane d^s
f ifois fanés de manageâ uCné'é^
dîei les Romains, té màKage pir
Coimptionc y oir par acHât , a voit
tiré fon nom d'une ancienne pri-
* tique que la loi ordonnoit. Elle
confiftoit en ce q[ue la femme ^
lenartt dansfà main trois as , en
donnoît Un à fbn fnarl, comme Te
payement de l'achat qu'elle en
. COEMPTIONALE^ , (ej
terme qui féiit dahs urfe lettré d^
M.Curius àCicéron,Qûo^^//ii/^fe
/ interfériez CôètnptionaUs vénale
profcfijfjerit , &C4 lit - ori dans
cette lettré. Par ces niots fenés
Cotmptionatcs , îl faut entendre
dé Vieux rèflés d'efelâvéS à vént-
dre , ÙQS efclaves de peu de prix ^
' (*') Hcrod. L*. tri. c. «d; t (^f) Mém. de TAcad. dés Infcript. i
".' (^) Plm. ,Tom. t.'p. iof , »i4. Pomp. ] Bèll. l.éit. Tum. XII. p«g. 70,
■Mef. p.164. „ . • . , I C«> Cicer; àd Aaiic. L. Vit. :Çjgift. a^
W Strab', pag*'^j9i. XcftopK. p*. 554, | " ^ . . —
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^^8 CO
à caufe des vices 6c des dé&uu
qui les faifoient rebuter ; en forte
qu'on avoit peine à les vendre ,
parce que plufieurs enfemble n*en
.valoient pas un bon ; c*eft pour-
.quoi , on en vendait pluiieurs à
la fois pour peu de chofe. De- là
vient qu'on les appelloit Coemp*
ùonales f c'eft-à-dire, /mw/ vé-
nales y à vendre ou à acheter tous
enfenible; ou bien lorfqu'on en
>voit de bons à vendre , & qu'on
avoit quelque difficulté pour le
prix , on en donnoit de ces défec-
tueux à l'acl^eteur , com^ne par-
delTus , ou par furcroit » pour le
dédommager.
C(ENA j {a) étoit chez lejs
Anciens , ce qu'on a appcUé-, de-
puis dîner. Catna , dît FeAus , apud
antiquos dkebatur^quod nuncprarh-
dium ; Vefpérna , quod nunc Cœna
appeflatur, f^QvezRepzs, '
CŒNA.POLLUCmiLIS.
Fi>y^îPolluÔym.
CCENACULUM ^ Cœnath,
yoyci ^alle )l manger.
CCENON, (f) terme qui 6
lit fur une pierre , , uoûvée à
Mandeurre, il iîgmfiê Collvre,
commun , vulgaire , à pluueufs
^fages. Kt*^^i * Ce^ffimunis.
CCENOMYIÂ , (c) termje qui
fe lit aujourd'hui en deux endroits
des Pfeaumesi Mais , les anciens
«xemplairç» Latins lifoient Çyno'
myian ^ mouché do chien «comme
Jifent encofe aujourd'hui la plu-
part de$ exemplaires Grecs» La
ço
J>onneleçoneft celle deia Vuîgate^
qui porte Canomyiaris mélange de
toute^ fortes de mouches ; ce qui
eft conformé à l'Hébreu ôc.aux
anciennes verfions Grecques*
Quelques anciens Pfeautîers
Latins » comme ceux de Rome,,
de Milan & de S, Pierre d6 Char-
tres , lifént Mufcam caninam ; ce
qui exprime à la lettre le Grec
Cynomyian* Saint Jérôme , daivi
TËxode^ c. g. ?. »i. a mïs omng
genus mufcarum. Mais» les Sep-
tante I au même endroit , Itfeat
.ipoucbe de chien , Cynomyian,
Or « cette mouche eft un infeâe
"très - dangeteux , qui s'attache
principalement aux chiens » &
dont la piquure eft trè$-malio^«
C<|:NUS , Cœnus ,^ f£) fils d«
Polémon , fut t|n des Généraux
& des favoris d* Alexandre Iç
Grand. Quoiqu'il eût époufé la
fcBur de Philotas i i\ ne laifla pas
de s'emporter contre lui avec phii
. de violence qu'aucun autre , parce
Î[u'tl avoit conijpifé contre le Roi,
l prit même une pierre qui étok
'à (es pieds i^ pour la lui jetter à h
tête , défirant , comme, plufieurs
4*ont cru X le fouftraîre aux tour*
mens. Mais , Alexandre lui retint
la main > & déclara qu'il ne fouC-
friroit pas qu^on paâat outre »
?u'on n'eût auparavant entendis
hilotas daiu fes défenfes.
Il fut envoyé d^uîs pour faire
le fiege de Bazira dans les Indes,
Apr^s avoir bloqué cette place
(4) Mém. 'flcrTAcad. des Infcript/& e Walm. 104. ▼. ji.
fiell. Lctt, T. L p. 15». J (d) Q. Curt.t.IlL cç.L. ly. c. if,
(k) Recueil d'Àtttîq. par M. le Comt.] 16. L. V. c. 4. L. VT. c, 8, ^c. L VIlll
leCayl. Touivî. p. ajo, a)i. Jet, i»>'ii, 14. t. IX. c. v Koll« |iiib
* CO M>ât.€. e» i. %u Fliilm. 7P t. 45. i Aoia, X, m. ^. 764. & friv^ '
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co
pafrdes forts quil fit coftftrulrej'
il revînt joindre l'armée , dans la-
quelle il commanda toujours avec
diftinftion. Un jour que pas ub
officier it'ofoic dire Ion avis à
Alcxatldre , au fujet d'une expé-
dition qu'il pTOJettoit , & à laquel-;
le les foldatf rcfuibieiu de fe prê-^
ter , Ccenas s'en hardit, & s'ap-
procha dh trône , témoignant
qu'il vûuknt parler* Quand les
foldats vâfèiît qu*il ôtoit fori caf«*j
que , car c'éioit la coutume de;
Voter peuV parler a» Roi ;, ils le
pierent dé plaider la caufe com^-
mun^ de l'armée ; & voici com«
tps il i'expnqua : n Non ^ Sei-^i
n gneur ; nous ne fonisnes point
« chpngé» a TOtre- égard ; au»
» dieux né {Slaiferep'un pareit
n malheur. : nous -arriver Noui
» aVoflSy &' aDrons toujours, le
© même ' zèle , lé tnêtas attaS
©xhpmeik ^ •la mêlne "fidéliréi;
» Nous'fonunds plDêtï i voai foi^»
a» vre au péril de néryiet & dé
M-. marcher:.' par tQUtoiî SI roua
lirpibira denous conduire. Mats;
9» s'il ed 'permît à vos foldats tdi|;
# Vousviexpo&r. leurs^ iêiittnièns
9' ayec &k|iâs££6fîdB déguife'«l
*> ment , ils vous fupplieht tdtt
# . VQubir.faîen^cobtéiplenrs i^n-
n tés-iiefpeiQueùfcSy'cfufune der^
vinîèfé Texcrêflnûîé Jbur arracfie de*
% .la boucbe/La graàdeur dé tos
M-expIotns i Spigneut » 4 vaincu»
n ^,non } iéi^eptiâiit *v«fS[ .ennemis ^
n\ mais YOttloldat»^raemes..'Nousi
n avons fait tout ce que des hamn
» mes pouvoîent faire? Nous
»,^vpn$ tra^erft.les terrefe & lès
n rriérs. ^ous Voici'feîeiitot ai^ri*
p vés au bout du mondé / &
GO/ 4^9
» vous foiîgez à en conquérir un
n autre , en allant chercher de
n nouvelles Indes , inconnues
j> même aux Indiens. Cette pen-»
» fée peut être digne de votre
M courage , mais elle pJaife le nô*'
•> tre , & nos forces ertcôre plas*-
w Voyez ces v liages baves ^f 60
» ces corps * tout couverts de
n plaies 6c de cicatfice^. Vous
91 içavez combiencnotti étionj à
» votre départ 5 vous 'veyéz c^
M qyr vous refte.^ Ce peu qui é
n- échappé à unr de périls & d^
H fatigues , n'a pius< ni léf tcfù^
n fage ni la force de vous fuîvrew
i> Us défirent tmtè dé revoir leùry .
]^ parens' & leur patirïeV pour^ y
» jouir en paix du fruit dé leur$>
» travaux & de^^ vos viSbi^s^
j^iPardpnnez-^leur ce^^éfi* qui'^ff
àL;iicECurel à toujs-îes Jiommesv'^U
»: vous^ fera glorieiux , Seigneur J
n d*avoir mi$.'i iraxte fortun^
• /dos iorneis ^ çie votr^ modé^'
i> ration ièule pou voit luMmpo*^
» fer i & de vous être hi&é Vaîli-^
ii tr^ vous-même , après avbic
9 vaincu tous vos ennemis. « Ce
diicours & ropiniâfteobfti nation-
de$ foldats Wnt change!- deiéfo-
lotion à Alexandre^ ^ . ,
1 Cœnus mourut dehialâdie pea^
de tems après , pendanr.que l'ar-
mée écoit campée hw les bords
de l'Acéfmév l/an73:2.6tavaht J. C.\
Le. Roi le pleulW 'y mm , il ne*^
, ^uts'etBipécfaer"de"dire que pour
iKude JDuà qUt'ii' ayoit â vivre ,
liavdttiaituiie longue harangue^
Si parlé comme s'il ny eût eu que
! lui qui eût dû i'e^ôirîa' Macéaaî-*
ne. ÇoenuS' tuj regcçttf ^ iion feu-
I Içment du Prince , mais de tpQt|^
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A7^ CO
1 armée. Il n'y ayoîjt point de tneîli-'
kur officier que loi. Il s*étoit dif-
âogué d*une manière particulière,
dans tons les combats. C'étoit un
de ces hommes rare» , tk\k^ pour
le bien public « qui agiflent ians.
i^acane vue d'intérêt ou d>mbi«
don, & qui aimem affez leur Roi
pour o(er Wi dire iaVérité aux dé^.
pens de. tout. i
:' CŒNYKES , Canyrî , (vi>
%Mtpv^^tïom di'unliei^ou d*uik
^mon dans Pifle de Tbafe^ au-
^^port d^Hérodote. Il y avoit
emce ce canton & celui des £ny^
lC<a( > des mines dont la décom-K
^rte étoît idue aux Phéniciensé .
' CXEPyOftES, Capiior/i, tiff*
4'ttn^ tragédie d£&hyle, dom^lé
fujet eft la mort d*Égifthe & d*
Çlytemaeâre , & «qui a pont la
Çho^iif y dels -Aies- étrangères qui
portent des. préfens au :tombtaift
i'Agamemofifi. Cœphores fignitr
fie des perfonne^s qui postent de»
libations. Ce terai^ vient de ')ih>ù ^
CŒRANVS , CaMwu > ib\
KttpetM^.^ç , capitsôae Lycien^ qu4
iî^ttuéparlâylTe. ^
. CCERANUS^ Ciff^nux ,. (c>
Kolpeipsç , capitaine Critois ^ qui
fvcHt ouittérla^iJIede.Iyâepour
fiiivre Mério«t ^axfi^f^ ^Tioye ]f
9C qui çondttifoit ion. char. Uft
îpnr; Mérîon ^ant voulu coni«>
liattse à pied , alioit par fa mort^
donner ^ux Trôyeni u^ gcandt
Ipjetde triomphé, fi CGei;anbs.iK,
Ipi efit benrenfecneot amené 4bii
W Ktcrod. L. VL c. 4^, . ^ 1
C*î Horaer. Ilîad. C \r. v. «77. |
Or) Homer. Ifiad. t. XVU. ?, 6id.
co
cjiar: Ce fut le faluc de Mérfo»;:
& C>ceranus, en lui rendant ce.
bon office 9 tomba (oas le fer de
rhomicide Hcâor, dont le javelot
entrant un peu au-deffobs de To-
reiUe , lui enfonce lesk dents , &.
lui coupe la langue. Cœranux
tombe de bn fiege & lâche 1»
guides. . , / =
€<ERAKl|S, Cirranuj^ Ko/v
fMitcç , natit de Tidje de Parcs »
dans la tncr Égêe^ Voyant na
joior pécher à ConAaotinofil? , Hk
acheta ^Juâeucs dauphins qu*on[
ftvoit pcis ^ & ks remit tous e«
meff. Qneloue teioi après , étant
dan^ Vn vaîUeau qui fitmufrage^
il. A*y QUI quelui qui fir (lava par
le fecpilrs ^un dauphin, lequel >
4b*oii i le tiiç^it , '& l'enleva fur
fea dos V l'emportant juiqu'au*
devant dfuoe caverne de Kiile de
^ocynthe^ qa'on. appelle encore
aiipurd'hohCfBraàioç. ^1 ajoâte
Guè le >coéps x)^ Cxsranus ayant
M brftié vpfès. dé. la mer après fa
more «là dauphins ;fe . préfente'<
tient le bng delà côtei^, comme
■ûuc honorée fes fiuiérailiés* <<
? COSRANîW, C<er4/xtfx, (4
Kt»ï^<t;pç , fik^dlAbas » iu't père de
Eblyduis. ' y - . , ;. »
rC^ANUSc , Ctcrànus , (e>
IÇ9^Q«vQ4 , p^lpfephe Gr^c , vécuf
feus fetnplrede Néron « Us'étoif
attaché à R;ubel)îus l^iautus , qn'iè
encoucagjear à- attendre tranquille^
ipeht la mçfn'^f Joriquîe rflmpe*'
seur. eavoya des gens pour I9
tuer»-' ^ :• ' -" -
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co
GCSkAHUS 9 Caranuf ,'{a)
^^P^tQiC- \ inattf d'Alexandrie en
, Égypuf , fut le premier de cette
wï\iei qui fat admis à Rome dtai
le Sénat, fe^coficttoyens enayaat
été exclut par une ordonnance
lexprf fie d*Attg«fle. H foi ledcft a«
|>le de fen ^kémiiofi à Caraeafla i
qui Je £t Sénaietsff âc Confeli
vers Tan^^e h G dOi ^ après qu'il
eat été baimi J&ns S6vère > âi
reofernfé fi)^ ani danf nne iflis>
comme atni de Plautiefei. ^
CŒ$TO»OCES, Cmftoé9ch
CiSuïiS, Cœuit K«Tr6#* (ii)
neapies-iiè TAfie minenre ver». le
rofK-^Eoxiii« Xéndphon parie de
ces pepfries , âc tHv qu'ils é«oien^
^ucononie^y t*€^4»dirii , qu-ik
fe gott^eÂleient pav leur» propree
gem k;d«irAièref'>r>fiHal>e de ce
mot , iSt'Kfem JêwtW, C«^t0. »
flcové dO'^^i^ennèfe dana. bp
MeûéfHe;i^bii&ft^Kdic qu'il ajpnM
r-C-ŒUS , toM^, <i) faa.de>
iX><;éani^ (te ta TeW, eilmii aip
nomjbr^ deis Géaae-an des Tkana.*
li épo«&. PlMébév ^ laquette il>
eut Làtone êc Ailérîe. Virgile lak^
naenrion ^ géàm Cocue* <
(e) roi d'un peuptofiraton , amL
des Rom^tts/ £t fat Oftorfus
pàg» 1 ip. ,
(i^) Virg. Ancien L. IV. v. 179
I4yth. par M. TAbb. Ban. Tom. I. p.
(4) Taci$. dcJul. Agricol. Vi|,c..>^,
CO 471
Scàpnla qui fit alliance avec ce
Prînce 9 & agrandit fe» États par
le don de quekpçs villes \ ancien^
ne polftione det Romains , qui
laîibient (etvif ]es> ftots mêroes i
yétabliâemem de le (èrviinde*
Gflg^unus leur demeura toujours
fidiSeitiett attaché* •
COGNATk (/) Cette ex-
pre&oa » danalea loix Rjomainest
maroue d&aX'^,étoiefit paréos
da'côié'det feniÉi^.
: COGNATU& (^ Les mo^
Cognatus & Cûgrtata.f da«sr lec
ttomimôni ft^ p/eniiene .quelque^
(êm pém kl èeëus^cre 6c la helle*
feeùc ,. cecntnelejpfieitite M. Fa<*
b'retii par l'^ttlriiébde'pLafieart
Inlcrrptiônsi £9 -eercflines prcK
rinces du roy^amé v le beaiv^frere
& la bette^fixki^ scellent Ig
Crânât fie; la Oifloadei.. . /
€OGN0MBN'v:CtA) fclon D^
fio^naid de MoSnéfan^octN, déû-'
gnoii le nom-dei Uifamille., cfaexi
les Romains.
2-câUttus: y, TvSUût , <i)
l^e^TQ df Afie^ dotit parle Ta:çite ,
& qn^en jcroîc ètre'lekiiineque
le Ghobus. Fqyei Chobus.
eOHORSL te long «jour
qàe quelque Cob>i<(eft- Hotnaines?
ont&ue enicercMÉs liedx»* eft eau-*
fe 1^ qnelqaei^ant de ces lieun
oméié appeHés dn^nbiadetces
Cobortea, \0ti fçaîr<{aeilans vnf .
aociemie InfcrifÂiin^ rapportée v
Cr^. .^ift, dç« Kmp.. Tàm* II* p. *«^,
(/).Mém. de IMUd. <rcf Tnfçript. &
Béni tctf, Tom. XIF. pa^. 87: »
(£) Amiq. cxpl. pir f)w Bertu de
Montf. T. V. p, lot,
(^) Antiq. cxpl. par D. Bertu i§
Montf. Tom. V. pag/ 9f. f ^
<f> Taoit^lliA. L« RL c* ^^
Ggiv
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471 CO
par Gôh^us > il efi fait metAiod
de Cohors IIL Albiniana. On
lit dans une autre lofcription
CoL • Araufio jtcundanorum Coh:
XXXUL volunt ; fit quantité
d'aïf très lieux , où les anciens mo-^
numens nous apprennent quelle
Cohorte y féjourhoit. Cohors Gah
IUta eft le nom que :donne Anto-
nin i à 9n aticienr Jieu d'Efpagfi^
dans b Ôaltcè^ félon Ortéltus.
COHORTAL , nom que ron
donnoit âu^ ierviteurs du préfet
du prétoire. . "^j
COHORTANUS , Cohorta^
nus , (ix} Satrai^e iUuârë qui com-^
niandoit daiisr une. province oit
vint. Alexandre le iÎTand. Ihfd
loumit volontairement à rdbétf-'
£ince de -te p^'incev qui lui rendît
ies États ^ & ne lui demanda abtrè
chofe , finon que de trois fiisr qn'3
a voit , iï IdiîCin'dôrtitât deux pcîur
raccompagner à la guerre. LeSa^^
trapc (lui donnai encore le troi-<:
fieme. . . x
OOHORTE y Chhots ,1 coi^ps
{b) d'infanterie ' Romaine » vqaf
Êiifoit là dixième partie delà lé«'
gîon, .r. .'...' ,,v . . , ;.
; L M.' le.iMarécial. de Pnjtfô-
gar :obfe#ye j^quela' Cohorte . ré-*-
pond à nos fiata^ns,. Il défiok Ir*
bataillon uh mmhre d'hommu ^\
dont 'le pad corttpltt éft depuis flnq^
cent jj^^U'ji : miilt hommtsy, que ♦
Vûn mefzienfmbic fur plufieun.
r^ngs y qui forment un quarré
long / pouf '4gir,s Je mouvop"'$'^
combattre à pifd'^ ^^f^f^^A A^^i,
n'étoit quum corps. > >a
'6) Q. Curt;.L.yfII. c. 4.- .• I
ib) Méo* de rAcad. d«s Infctipt.^]
c a
' . 11 . eft remarquable fi & ?ett
encore uneotbrervation de M^ d^
Poylegur , que les nations les pins
habiles dans l'art de la guerre, ont
formé des Cohortes. Il femble que
ce corps foit tout-rà- fait naturel;
le nombre de foldats , qfti le corn-*
porent, e(l dans la prQp(mton jufte
pour avoir afiez de mafle & de
Confiftance, & poùt gardée en
mêmetems la £p«plefle nécdOTake
à la liberté &: à l^nifbrmité des
mouvemens^ Dans Tlliade, Achille
envoyant fes troupes à Xk fuite de
Patrocle ,les dlvife ^n cinq corps^
éhàcufl de cin({ cens hommes ;
I7httc}edide > dans fa \ défcriptioQ
d'une bataille donnât. dans jat
Juerré du Péloponnèfe « auprès de^
dantinée^ dk qUe chaque régi-
ment Lacédémoniea eft compo**
fé:dejqttatre.ciofi[ipagQie&» chaca*^
1^ de quatre :e6:o»adeii ; & pv'
Tarrangemei^ de& troupes en cett
^ndroit , on .vx>it quç ^Kâque ef-
coqade étoLt^etrpitôâfdeiix hoon:
me8:;.par confécpientiC^que com*.
pagnie , quoiqu'^Be4N9rtât lé nomt
d4> dnquaritaine v litoit^ pourtant
de. cent vlngtrhuic' •homraest»-^'
chaque régiaaeAt.d^ cihq «icens
douze ^ ce foÀt nos batailliuis. Cet
bataillon faineùx des La^cédémo-
niens , nomnàé /tapar ou /«^îftic».
éxoit^ félon Dîodore da Sicile , de
cinq; cens hommes^ ^ '
.m^\% jamais irette.divifion ptf
Cohortes ne fut mieux entendue
in? pîus fçâvahtê qu'elle Tétoit.
javant Marins , quand la légion "
;étûit formée de foldats de différ
Beh. tctt, Tom. XXIX. pag. 391, ^ .
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co
tajjt^ e^ece» Les Romaîf^s ayant
ak)rs cjuatre fortes dç Ibltkti , ie^
Haiiats , ^s Princes y les Triai-
les. 6c les Armés à la légère » au«
^CMÇIit pu faire de chaque ^fpèca
^es corps féparés; ils aimèrent
î^^x en former qui fudent çom-
pofés de quatre efpèces , afin que;
tous ces corps , qu'ils nommèrent}
Cohortes, fe reflemblaHent , corn-
çijç fe reflembloient les diverfes
légions. Cette divifion étoU belle
Çç cqtpmode. Les membres d'une
armée ,. quoique faits ppur agir
de concert , doivent ^gm A^re en
état d'agir féparément. Or, la
Cohorte avoit (ous les atvanta-
ge& .de la légion ,, exce;p,(é <:elui
du nombre.. On pouvoir dii^tacher'
la, Cohorte, fans altérer, l^pro-
portio^n du reile ,: & .&9s- rieii.
troubler dans Tordre de ia4>àiaille.
Pe.plus^, les quatre efpèces réu-
nies 4ans le même corps,, frater-
m(bi^nt,enferobte,i..eUf|?5 fe, foû-
lenoientvmutuelleineat-avec arr
t}eur ^Sl ceue liaifon étou&it le$:
feuf jmei^s d^ jalouse d'un^.,part ,
Û4^ mépris de î autre ,<|ue la>
différ.èn'&e d'^eV d'c;xpérience &ç'
d^ i^on^dération auroit £ii|t naître.
îli.>ll y ^t toujoyrs'dix Çohor-
teit.|>fir ,légiofi. Ciçeçon^^d^ns la ,
quaiof zien^ Philippiqpe , appelle
Yjngt Cohortes, ci^qn'il. voient de'
Hpnunerdeux légio§is,^I| e(l prou-
vé .que les légions de Sylia 6c
c^les de Céfar, ckn^les guerres [
c\y\lés A étoiept d^ tin^ixûUe hom-
mes ; ' or , Appien donne cinq ,
c^^: hommes aujç çohortçs de
SjlU;& Plurarque, dans je récit ,
dgh bataille de Pharfale payant
dii qne Céfar avoir placé ûx .Ço-
eo» .47}
l)iortes on réferve, dit ensuite que
ces trois mille hommes fondirent
iur la cavalerie de Pompée.
L'on ne fçauroit être arrêté ,
ni par. Taucorité de Servius , ni
par celle dlfidore , qui , mettant
dans la légion , comme tous les
iVuteurs , foixante centuries &•
|r;ente manipules , y fuppofent
pourtant , Tun iept Cohortes, l'au-
tre douze. Dans ce membre de
divifion , qui ne s'accorde nul-^
liment avec les deux autres , on
yqit une erreur fenfible qu'il.faut
ipettre fur le coihpte des copiées,.
ou peut-ê^'e. de ces deux Grani-.
mairiens ,-C poftérieurs aux bons^
fieck«..Une infcription de Tar-;
ragbone femble donner une.treî*.
zjeme Cohorte ài la troîfieme lé-*,
gipn.; mais| Reinéfuis, par une
çprr^^ion fenféej^ fait dilp.îrolcre^
l'abfurdité. Au lieu de LEGJÏC
C. XIII f il prétend qu'on cîak^
\ke , LEG.JII. CI KEN.
.Quand la légion n^éioic pa^^
cpmpleUe^^lle gardoit toujpur^le;
iRên:)pnomlprp de; Cohortes j m^iisr
le nombre. des folda(s 4e chaque^
Qt^ort^ diminuoit à pcopprtioi)^
Catihnarr.<dii. Sallu|^..,. .a'avp}([)
d>bor<i.<ç3e54eux imillçbopmes.^,
il: leis parti^eaen deux légioîJ«o|î
4 ..co^u.pofa, chgque Gçboitç ^^
proportion de ce qu'il aroit'.dis,;
folfd^ts. JrtUcuUus., def^aji^nT^igiajirt
Hçw^ie/te^.ni^e, cç>i?;r^ y^rai^es j
vingt- qu;^tre Cohortes, qiii nejair^
foient qife dix n^lle hornme^ ,,4^1^^
Plutar^ue. Dans cette .gu^re^ la, ^
légion étoit de fix millç^ homxne^f ^ .
félon Appieny Ainfi , la Qçhort.^ j
d^voit être de fix^ cens /losnm^ ; »
mais , en cei^c/ocçaflon. ^ celles nj^
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CD
Cucullof ne contenoîcw qu\m'
peu plut de qaatre cens hommes,
Siccius , ce Romatn fi eélebre
par l'a bravoure, cbns un tems où
tous le$ Rbmams étoiem braves,
qui ne commanda jamais en chef,
parce que dans (on fiecle , les Plé-
béiens ne commandoient pas,
mars qui fut un de ces fubalfernesl
qnî font la réputation de» fopé-;
fîeurs , & à qui PHtftoire n'ou-*
blie pa* toujours de rendre , aprè*
leur morr,rarantageqiïcla'ftTetMs
la coutume, l'intrigûe^^ leuf dHf
èié pendant leur vîé; Siccto ,'
<l»-je , mena arec luî à lar gwârrr
iwie Cohorte de- huit cens hom*^
tnes j c^étoit Fan dé Rome i^,-
& -les légions n'étoient alors qtie"
de-qaafre mille hon^mes '^ mai^,
cette cohorte ne &i6>it pfas pàrtiie
d'une légion ; ette étoît hors 'de'
rang, conopoféede foldat*- vétév
JtwnP, attachés à leur chsf'par' un-
engagement Mrobmatrc é'eftime
iftf de'cbnfîançe , jjl^é fort q6e
tbt^ Ic^ fer mèhs ; 6i ttt ûxttaph -
necofnchit'^ien pourîe n6mbfè*
dH.foMatSr de la Cohorte légityn^
mî^é.' Deux endroits de Derif^-
d'HâHéamefll^ nous donnent potir^
ttîîf des-^tîcJljortes <fe 'dncf 'éem
hpiteWèar, r^n de R6«neFi%% & '
dfe, lîi^ cén^^ ftosnmes dttni éiK
api^^-^#',dkns cètetmvl^légîbti
a^àët qt^e de quatre nvi'lte hom'^
îàî^li te.Cèhorte ne î^obv»6ît être '
<JQ^ 'é^ (fèl^f^ çen^ hditimèSfc Peint
rt^bdâtëh cette obje^jott ,' il M-
£t der'lire RHiftoire de ces deux
anbée^s ; dans hi première , le coi&
{lA , amégé^ams Ton camp, clrôf-^
fit dài^f^'trt^upes les plus braves^
geo$ pbati faire iine rîgoutf ûfc* ^
fortîe ,'8c donné à fon frère , pwrf
le iècondet, deux Cohortes de
cinq cens hommes. 0# (em que
ces deux corps»- n'-étoient pas- deë
Cohortes Qrd^aWes-^mars qu'elle*
âireitt ftjrméeé, pour le ffloitienr^
de ce qûll y avait àç ttteilleiirt
foldats. baflslefbeofid exemple »
les Cohortes de Ax cens hommet
n'étoient pas tion plus des partiee
régnlieres de légion ; c^étoieiK \eé
troupes qu*ôn avoii laiâ^ëe» ^pow
h garde d^e Rome, auxquelles oof
jbignok , {^ùn U coutume , 1er
vieiUards 6i les gens hor» <4e'fcr-
▼ice. >
ni. Le i^om de Cohors étoilf
propre à^^hfentcfrte, Dafis Cicé»
roo ôK^As lesailtre» Autéurt ^ cr
mot eft Oppofé à ê^uitatus, Tke^
tive n^ppefle Cokors la carale«i
rie légiowwafire t^ùe dans une oc-^
CEifidn^ o^les êaraiKeF»ay^ënt mlr
pied" à- tcrlRe,^ortnerent tom-è-*
coup^ û* %aft«itt6n ; & it donne X*
cette Cdhotte tnomemanée répi»-
theie de* Fumata-y à caeCe tie»
bouclier* fioniméii Parmét 'que^
pbrtoient tés caraKers. JLef^Àmgi^
deSoétofie^ dansrlâ vie à^dim^
de, né* fek fut ee point attarat^
difficulté ^. '^^«ipj^ft^ mitUids lU
ordinai>it , ni fùji'CoàoHem lufam^*
ei eçuifhvi milîl^asûgti^ieyC^ffy*^
nre le tenta^que Cafattbotl ^ noil^
pas lie fervfee de h Cavalerie; '
m'aiscètoi de^Chevaliers-Rémaitit
qor n'a voient ^ers nuir tappott'
avec le» câvalters.
Quant à Fétjrt!^otogie dti mot ;
Chhon&, on etf donne , à ^o^d^^
naire , plafieursitiauvaifes. QueU
qaes-i>n$ lé fonc venir à ^ofittnz '
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Jfo { lùiçré f à coartando , îd efl
çpncludcndo^ Varroft fournit la
vraie origine de cette dénomina-
fjjon militaire ; roaîs peu^rstra fe
tfompes-t-il fur l'étymoiogi? pri-
çûtive. Il dérive Cohots de cotr-
cm ; m^is , poifqu*iI reconnoît
l5lii-.mêaie aillei^r* que la ççur (}*u-
t^, . no^étairif s'appelle ^ ci^es; ks
Pqët?j8 Giecs, x^/*»"^^ n'itoit-il
Ç?l pl^Sf P^urel 4^ faire veak d]^
ce mol i^c^iui dç Çohars ? x^'/^^'^î »
dit Hérychi|is,.7r?piSc.M< TÎ^ÇÉÛx^Ki.
& iivftyhuç , ^i PexpJ^uc plu-
ijeurs foi^ datu J^^èr^ , le rei>4
ou ,;eo>ploy.é dan^ tpU5 )es ^ri-
Oilteur« pour 1% c^uf d'one-fecme;
ches les italiens coFte, ; £( cbei^,
jaçu^ (;£^u^. Les pnenoiers Hoa^^îQ»
nç çonïîoifl&nt ^eJôuxarift^lV
gric^Mwe & J* guerre, Qni% faili
paiïer 4^ 1*1111 i I^autr'eplîîneorsex-t
pr^ipnf, t'affei^bl^Q die ;plu^
Rieurs tentes, fous lefquellesfepa£^
^geok ^ dans ûYi.<4n}^> i|neX^o<-
îorteLdijirifée €9 ^jhoipiiles , Jejuf
p^iM«>a;voir:quelqije? reâ[en3l>laiicê
ayec tes div.erst'^bâ^iDeQs npivfore
^pt^mk hiéffm-DaûHs i*^méq
Se âonftàntiusf & f^embiet eo
éfQpo«qn3u0 ,, l'an dé hQ^j $1 jj
^ da^s celle de^ Juliea qutmar^
j^oît,.,:det^ ^nsiaprès^ eontcelts
terfe„xAiTftni^« MsaotWkntiomf
meAe» Gemof i^f .^ d^ Cohortes»
Qn en voit grande nombre d^ns^l^
Notice» donc quelque»- uBes fo«t
l^gicHuii^es. Z<mmëpaflanqd'Ho<^
Î^riHs^eafermé dans Ravenne ^
j|^<)u'4 Itu vjoii'Qôrot fpfL.çc;N[ps.
CO 47>
de trompes ^qu'U appelle r<«7;uûiT«»
& qui faifoiem qitarante miUe
hommes ; ç^ feroiem des légions
de plus de ûx mille cinq cens homi^
mes ; mai» , félon la corteâjon d^
^eunclavifui) néce&ire en cef
eAdfQK , il &ut lire quatre mill^
^ liçi^diequ^ranite miUr^c'étbiene
d^s, Çoi\o^^tfi» d'un peu^plua de to
cens clAqu^tçboayspts» La ipilic^
(égÎQnna^ é^it alara tellement
altérée qu*on ne la reconftotfibit
plus.; & qqaiid aprè& Judinien il
ç'X^^tpto* d«légwnft» Les-An^
tei^rs L^ins çontinufrene de fé
C^rvirdurmotde Cokorcepoer dé-«
Âgn^ un corps d*In£aoicrie de plu»
(leurs centainies de {6\éat%, .
^ . AiiA la 0>hof te fbnvéc\it ^ 1^
légion ti^ême.; ni»s, tous les Sça^
V^s* aê cottviennené pas* qu -elle
û)je aée^?ec la légioaw Patrickis^
$iavîUas^ &' Siaumaife*. ftitirisr«ii
^ pointe pait.AquiiKK^^ipiiieidene
que la div,i(ion p^r Cabo<r«es'iié
CQffînai^f a que ^ tems de MaW
rius » ou même de Jules. -Gé^^^
Schétitt[s> céfutece fenôiiieAt , dbn$
fexit&statiQ« fur le «empite^ ^^
W^ i. ^.: £-..-:::•;
i ^-Bn eSe^* p«ttrfeutenTrqu!iin*5ii
si^ pair9f<léï£Qhorfefitavano f^a»*
^Sk > \\&pf ^Oi Sb Siumalie-në
(iNUj?|asidimctdié éçle^âiieey qua
Xiter'Liff«. ji^Btendoiti ^Ica 4 Ift
snilice; Ronsai», Se ^[u^ilv^ cott^
£miuht$ asicieae; u£ig6»4-ceax>^
n^tncA qui^dendentî^i-eies ^v^
cônaos.^ axtee.ceu»3^ fan tciiisi
La première foirqaecoèl^Hiflofieft
parle deftCqhor«es>c*a(hfaai:iàconde
anpée apnbiFexpulfioii des* Rois;
il les nomme} depuis en cent en*
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47« c a
qu'il les confond avec Ie§ maâîpti-
fci , il ïc> ^ diftingue quelqtje-
fon esrpreiïément , comme en ctt
endroit : ConfuL , . . quinqnt €o^
àortesy additis ^liinque manipidis^
9f^ p^rnn fêtperare jttèèi,* Gard
k récirdieb bataille de* TrafimèP
»e , a nomme après la légion-, la
Cohorte ; après celle- cr, le m^ni^'
pole.SaUuOefKet auffiftes Gohor--
iesdanrrarmée de Nfé«ellii»-ei#
Mai» ,^ifiju*on fe fonde ariî-
^oemeèi fin: le fflence dé Polybe;
îïeft bon de montrer que Polybe
Blême reconnoît lesCohortesi'Ën
^éeriT^at im combat ^u t>réMèr
Sctpion^eA.Erp*gne ♦ ^onrreln-^
4iàis; il \iomme la<^hotte 6ns
^pivoique , fe éêrrant àà mot ta*
micQUTi^^ €6 dan» la^< de^iptkMY
t^imrbat&iite du même ^àfn(M i
«omreAfdcubal 6t»de GiftoÀ»4r
4oc6ieriii6me la définlctotrdei h^
'C^horte;c^eft^ dtt-'tl'; ivn corp$
«l^o&merîê compofé dé trois tùtn^
^n^KidEpec-i-cms ontJt^anci (\và
laDCo£iDcteu£étoic ^put^tuM'pmhê
ocdinaire de ta légion ^ maî$^)[|i]e
Ir n gpiiihâ^t fbrmoir^a * Çk)horte
lorfqQftt^dreflort Voriié^ bafa^
let;t^G'c(li^ cfifcïncHSs ^ pour cette
woLifouffàm Polybe rficn parle |3(cAitl
ikià b^barifiobrdeft i6gi<»is.^i»is^
0»cre*^à6ribaiffit6..oaTci:âiite:iei
Cokortmftùêtat'jhan lUscbot^
kb » ^^eibmrnèm^èftfMtmifrTpflf
k. >^faiio^nBl||e ::£3n»' vepliq#r rtdt
CmcfnsÂ&nenms. . ^ - *• ^ " T
; >)Li>aisk'B«soem'piiiet lenoni
de Cc/kffa cei& d'être «nuxfage ; &
ccbirde Numen étoide.fèoh cwiw
«i^;^ûfS4x>inr figinfier Xolsorsel
Dans le^ Novelles , les Cohorte^
font toujours nommées clpi^uo',
L'hiftoire Tripahiae dit expreffé-
ment : Romanomm Cohortes nunc
Numen vocantnr. Synéflus, qui
Vivoît fous Ai'cadius , appelle la
Cohprie d..:î/xh* Gn habilla même
à' la Grecque le mot Numerus ^ 6t
for le dixième chapitre des A6te%
dfes Apôtres, où la Velgate dit qute
&)rneillè éïoit Ccnturio Cohortisy
quiB dUitur Italie a ; ce que le grec
exprime âînlî : E*x ^rrUfOL', -r«ç )t:i-
»fli^v^ IftiDex/xéç ; St. Jean Ghry^
foftô me -explique" le "mot a-Trétpa '%*
comme inconnu ^ Ton .tems ,
par celui de né/uepô^y rvtifct ictt^é
h.ce,%$vfiif i'VVlrflifju?^9f.S<iida9' inter-
prète a-7trpse i ^r 7n<%in ç-p-tT-t''
flJrm , tflf'»«77K » lt9''fxtp(f^ Cédrè-'
ne 6c lèi nouvQfâUx GfëcVènfï-
pk>ie Arfbtf)6ttT^ ^ce tnot pour Co-^
Ihwte. ©a« la Notice ; qui eft tJti
tems de Théodore le f eune ," aii
voifjégaleâi9htCoWj^6* NtitHé-^
fus. -i-:'' ' -'^' ^- ' • • ' • -'^
Onry vt^Vftéifè^ra ; c^étoftf
f\ùi6i *u\ï noUf^-e^tf nom dom^
«ux 'Cohortes** ^*;'qu*un nd^UKi^éMi
) corps de^trowpes' Selon O^ftàif*
tin Korph}MPogéwifre\ on «ppf^^c^
ainfi i^ilè^tletémi^d'AVcaèiusr^^
poi:iii0»s de U^K^dê miné' ton -<M
dttqîscén» bonMtms , 'fépa*«is 'fit
pteè^»^ eii dlvef<ibaik. ËH<iK-, h
tnilfoe ^ant 'tdui^à-^itâlf^ Si
ht légion anéantie | Itf 'Ë6hort#
pecditf&) fenr A6nr& fa £or nft. ^Le
mDv}ÂaiSarë*Sungtts\ qu^dttU^
pour la prémiereifois dany Vbptf-I
eus V '^' -eotifitse dan» • ■ Végdce ,
miîs^i'iî'y ^AA0mployé qu^ftôor
défigner- ^s^*^ih>uperi>arl«ifel',
pa& dah&. Ici sar mées is»j>éri^e»^
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co.
9c fitnt la place de Cehors^ maïs ,
\6\ix y td différeôt de l'ancienne
Cohorte» ^
VI. Il paroîi que , Jufqu'à Ma-
îÎMS, toutes les Cohortes furent
égales, 5c que la première de
chaque légion ,«'ét<jit diftinguée
des autres» que parcç qu'elle etoit
dépofitaire de l'Aigle^ ^ Tenfeigne
de toute la légion ; ipais , la 0>-.
Horte ayant alors changé, d^ face ,
on croit voir peju aprèS|l^ première
Coboice devenirj)lu$ npmbteufe
que les autres^ Céfar^ dans fon
expédition 3e la grande Bretagne,
Voyant kî gardçs avancées , vive-
ment preflee^par les Bretons , en-
voie au fecours deux Cohortes, 6c
c^étoîent , ajouie-t ^ il par réfle-
sfion^les deux piemierês des deux
logions. Oh pourroit dire cepen-
dant que cette di.fUnâiop peut
bien tomber, non pas fur le nopi-
bre^maisTur la qualité des foldats»
Si. qu/e vraiiêmblableinent les p}us
anciens & les plus braves ccn^ipo-
foient la première Cohorte. Mais,
cié qûî ferojf crpite que cettp Co-
horte étoit auflî plus fprtç. en nom-
bre , dès, le tems de Céfar , c'eft
ce qu'il raconte de CraAinus à la
bataille de Pharfale. Ce brave.
Officier I qui mourut alors pour
fon général, & dopt fon général
a fçu rendre la mémoire îpunortel-
le, avoit été Tannée précédente
Primipile , c'eft-à-dire , pretpier
capitaine, de la dixième légion^ &'
il feryoit cette année en quaUté
de volontaire. Auffitot que le fi^
gnal fut donné, il s*écrie ; Suivei^
mol y camarades f qui av€[ marché
ffus mes ordres^ En mên;i.e.tems il.
Ma rennemi^& çft îuivi de çei^,
CO 477
YÎAgt (i^ldatsjde la même ceimirie.
Ce ne pou voit être que la première
centurie, de la première Cohorte
dç la dixieioe légion ; de fi les au*
tives cejnturBes étoienc d*iiii miksm
Boml^re de.fQldats, il Êdloit que
cette Cohorte fût de plus de fepc
ceaibooimes; or , les l^ions^ de
Çéfac o*etant que de cinq mifie
bono^me^, les autres Cohonef n*e«
Q^vo^ent avoo' au plus que cinq
cens,
. Schéliu^, qui tire de ce trak
biûoriaue la même conckiflM,
dit qu'a la vérité il fe peut £anre
quç 1^ premières cemutiesftiireae
plus m>mbreufei , parce ^e les
volonuires & \e% foldats choifis j
écoient enrôlés* En effet , les cent
vjngt foldats qui fuiyîrent Crafiî*
nus , font appelle! tleiU milites Se .
volu^tarii; mais , il ajoute xp'à
eft aufli,(art vraifenïblaUe , cpie
la pretKiiejre Cohorte fut augmen-
tée , parce q<^e 1* Aigle., qui a^eir
été autrç^is à la troisième ligne *
entre les mains desTriaîres, fe
trouvant alors à la tête , dam les
rangs de la première Cehorte «
avoir J^efoin . d'un, grand nonibre
de.br^^ves gens pour être défen-»*
i Qttoi^qu'il ç^ ibît^ oaiie voie
pas de p^euvecbieoév.idèRtequ'a-
vaot Adrien les premieres^Ccâior- >
tes fuirent phis ccnfidérables par
leur nombre; xnais, ibus ce prin-
ce , elles étoient doubles des au*
très, & pçr^oietîtJenomdeCo^
bortes xnilliaires, Hy^in , dans font
c^peme&t» faitlalegioodecinqt
mille deux cens quatre-vingts hom- 1
t?i9^iAl J4 diyifeen dix Cohortes;!
^.SWmfÂ^ ^â de neuC ceii& l(à«|
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4^1 C 0
siantelioaiinès ^ & les liéuf autf^fts
de quatre cens quatre- iringu.Gha^
que G^bonecomieni fix céhtuHe^i
& c'eû à tùïx que Saoïmaife pré^
tend que , xiepuit Tlnâhutiéft dé
k Cohorte M\]hirt,lei autfei ne
comienneût plus que cinq centu*
fti* Le caAipeinent d^Hygm jprôii'
Te évidemment le contraire; le
terreinycftnierarépoQr fit ceti*
tartes dans chacune des Cohortes^
Au 6.C cb. du fécond livre, Vé-
gèce expôfele nombre dès G>hbr-
tea de chaque légion & les feldats
de chaque Cohorte» Selon lui ^
une légbii èûît avoSf dit Cohor-
tes ; la première eft aa^tieffus deé<
Éutrôf f & par le nombre 6t parr
la qualité des foldats , (}ul doivent
être toUs des gens biens nés & éle-t
,Tés dans lès lettres ) il dëitiandé
•ncore ailleurs qu^ls aieÀt du bien^
de la agate £c de la valeur. Cette
Cokopfte eft «ft pofleâSoA de f Ai-
gle; elle porte les SfttagetdesJEkzt-'
pereuri , qui ioùt Tobjet de la vé*
aération des foyats. £lie eft dcr
cmzeoeàs chiq fantaffîns éc de Cent
trente -deu» cavaliers cuirafles ,-
& s'appelle C<riiorte millialre;
c'eft la tére de teute la légion , àt
c*e(l par eUe qu on commeiKe à
formel^ UrpreifiieTé ligne»- qoafid
on metlt legi(H»eii barailte. La fe^
cende Ccihone èc les huit autres »
coniienttem ebaeitne cinq cens cinq^
fantaf^itt & fei]lan<e^r»}^eataliers;
«lies s'appeBem Cùhorte^ de cinq
cens , Quinginlatiét. Ehfre ces
neuf Cohortes , il y en à Cint^ c^t
doivent être coiApôfi^es et feldats
plus brayes &L plus- vigoureux ,
parce qoetlfes êcCtipent'dei poflei,
plus mjm^h 4ajy fonâi^ d^ 1^^
taifle ; c'eft la trdifieme » la éû^
quieme , la fixiémè , la huitième
6i la dixienib ; car , la légion (é
rangeant fur deuxligties , chacune
dés cinq Cohortes ^ latrôifîem^
& la huitième Cohorte (é trou-
vent au centre , Pune de la pre*
miere ligné » l'autre de la fecoiid^
là cinqmeme 6c la dixième Co^
hohè teriheni la gauche des deu<
lignes 9 & la fiiieme eft placée à
la tête de la féconde I^ile , fous la
première Cohorte , derrière PAi*
gle & les images'des Eolper^urs/
Ces dix Cohortes y ajoute- 1> il ,
foilt une légion complette de un
mille cent fantaffin^ & de fept cens
tingt-fiz cavaHers;là légion ûé doit
pjas aVoir iboins de combattais }
niais , quelquefois otf la fait plib
force ^ eii y faifant ehtteir plai^
d'une Cohorte mïlliâfre.
Voilà ce que Végèce appelle
l'ancienne ordonnance de la lé-
gion ; car , il comtnente le chapi-
tre fuivam par ces nnK>ts » Antiquâ
ordinatione kgiartis expofitâ* U
iCt^ pas aifé de fixer cette époqoe^'
ilparok méttie qu'il parie delà
légion y telle qu'elle étoit encore
divifée de ioitieitis; car, dans tout
k détail précédent , il s'exprime
par le préfent ; mais , ce tju'il y t
de certain , c'eil que cette divihoii
ne s'accorde point avec celle que
nous donne Hygin , âc qu'elle etf
par conféquem poUérieute au tems
d*Adrien.
VII. Outre les tîohortes desj
légions, ^ûrfom celtes dont nous
avons parlé juf<ju*ïd,it y eii avoit
encore , dai?s lès armées, trois ao-^
ties tefpècés , fâhs compter ceBes"
<pit furent ii^aéérpar Auffxtie^''
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pèm U (fir^é de lat vtlte d« ftonne^
& qu'on app^lla Cohortts viplum
6l C^hortts urbut^i Celles-ci n V
toieat rien de commufi avec te
fef vice^ miKtaire. Nous altons d'a-
bord toDcher légèrement ce qui
regarde iet autres , qui étoient
employées à ta gtietre^ & qu'on
pùixrroit, par cette raÛpli ^ con»
fondreavec tes Cohortes légion-*
Hakesk
i^. la première & la plus. an**
cîonnei efpèce étoient tes Cohor ^
tes des alliés. A mcfute que les
Romains étendoientJevn Empire
en Italie ^ ils obltg^oient lei peu**
ftles qui (t doonoient à eux , ou
nn'ils foftmtttoient par tes armes «
oe fôlimir teur contin^ni de trou*»
pbs ; & poiir l'ordinaire l'infante*'
Hé des alliés faifoit^dahs l'armée,
un nombre égal à l'infanterie Ro«
snaine ^ mats , la caYalerte y étoit
double dé celle det Romains^
Quand tes alliés eurent obtenn Je
droit de cité , te qui arriva après
la guert-e foetale ^ ils entrèrent
dans les légions , 6£ tes Romains
n'employèrent p)usp<mf auxiliai-i
res qlïe des étrangers, o'eft^àtdire^
des ii»kkiti qui h étoient pas levé^
en Italie ., tels que des Gauloir ^
des . Gef tnam$ , des Efpagnolsè
Dès ta &c<inde guerre Punique «
tesScipienS| en E^agne, avoient
|)>ris à leur UÀàe des Cêltibériehs ^
cèqui fot «abfe de leur perte#
- La pktpaft des Cohortes , dont
B efi: poste dana les Auteors &
lians lesinicripiioliSydepaistetems
et Sytia^ font des troupes étrange*
res^ C'erfl pour cela cpie Vellétus
^ïU^rcula» ajoute aoz Cohortes
jdt^l^ l'éj^it^ètede kgioBsnà^
ft£n de tes diftingùer dés auxilial*
' res ; & quand il donne des préfets
aux Cohortes» c'eA toujours à des
Cohortes étrangères ; celles des
légions étoiefit alors commandées
par des tribuns , & non par des'
Préfets.
, Géfsr somme tes faotaffins au^
xUiaires; C^herus alafia^ ôc les
Oppoft à Cohortes U^naria* Ta*
cite ^ôc Suétone défigneiu ordinal*
twomsA par le nom de Çohojrtes
tes troupe auxiliaires ^nuxiUafo^
éiôtum ^friiâ Gohottts » Cohôrué
fociorum. Telles font tes trente^
quatre Cohortes qui ac^ompa*
inent te> légt<Mis ^e Vitellfus à
ion entrée dans Ronve; les foi-
xsme^x Cohortes , que Velléius
Paterculus donne à Tibère en Pan-^
Aonie» par-deffas dix t légions^.
^ qu'il diAingue des vété-
rans 6c des volontaires^ Les i\M
Cohortes , qu'il ajoute aux trois
légions de Varus , étoieût desauxi^
tiaires ; ofi en peut dire autant
des dix Cohortes que Suéton«f
compte hors des légions, dansl'ar-i^
mée de Vefp^enén Judéetf
Hy gin f dam fa Caflramétationi
entend par te mot €okorus ,
quand il eft feul , les troupes lé-^
gionnaires; lorfqu'il veut parler des
auxiliaires > il ajoute l'épithèté de
§quitatà cnp^itatéB, Ces corps
de foldats étrangers étoient donc
de deux éfpeces ^ on tout entiers
d'inlanteriè^ & c'eâ ce qu'il ao-»
peUe €9hantspiditat<z , Ou mêtei
de cavalerie, c'eftce qu'il nomme
CohoHcsequ'itata,CQ\\^%'Ç\éto\ftti!t
de mille hommes , milliariig , . ôtf
de cin4 cens^ quingenaria* Dans
ksv{a^ierfii^il/ avait feptcflof
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4?o CO
ioixante fantailins , 8c deux cens
quarante cavaliers ; dans les au-
tres, trois cens quatre-vingts hom*
mes de (lied y 6c cent vingt che-
Vauit ; ce qui donne à peu près un
cavalier pour trois fantaffins. La
proportion eût été exadd-'à fept
cens cinquante fantaffins & <leux
cens cinquante Cavaliers ; mais ,
on vouloit éviter le nombre impair
des centuries & des décuries ; ^
c^â un#anentk>n qu'on froavera
par-touc dans ta milice Grecqne
& Romaine pour la cotniliodité
des divifions.
Ce mélange des cavaliers &
4qs fantaffins » dans les Cohortes
étrangères y fe voit dès le ^erns
des premiers Empereurs. Sous le
troifîeme confulat de Néron , on
donné ^.Corbulon une légion ; on
y joint des cavaliers auxiliaires ,
& rinfanterie de plofieurs Cohor-
tes; Adjeda ex Grermahia legio
eum equinhus alarus & ptduatu
Côhortium , dit Tacite ; ces Co-
hortes font diilinguées des légions.
Afi tems de la mort de Vitetlius ,
les Cohortes des Bataves ôc des
Caninéfates demandent que leur
cavalerie foit augmentée» Vefpa-*
fien entrant en Judée «avoir , dit
Jofephe» trou légions & vingt-
trois cohortes, dont dixitoîentde
mille hommes de pied ; c'étoit de
celles qu'Hygiir z^i^Wtpidhstai
les treize autt«s étoient defixcens
fantaffins & dé cent vingt cava^^
liers ; ce ^t celles qu^'Hygin nom^
ta^equiiata. Pline le Jeune les
nomme <queftres ; il demande à
T4'a>an le droit de cité Romaine
pour la âlle de P. ÂeciiM Aqitila^
j$9t)uiQn de 1# iixi^o^ Cidiprt^
CO
équedre. Cet Accius étoît éinxfi
ger » puifqueYa fille n'avoit pas à
Rome le droit de bourgeoifie; de
plus y il étoic centurion dans une
Cohorte équeftre ; elle n'étoit
donc pas toute de cavalerie. Le
centurion étoit un commandant
d'infanterie ; ce ne peut donc être
qu*une Cohorte étrangère , mê-
lée de fantaffins & de cavaliers.
Ces Cohortes étrangères étoient
quelquëfors attachées ^n particu-
lier â une légion en qoalité d'aiixi*
liaîres. Tacite parle de huit Co*
hortes de Bataves auxiliaires delà
quatorzième légion. Elles por-
coient des noms de nombre , pre«
miere , féconde , troifieme , félon
Tordre de leur création ; on difti««
guoit ainû celles qui étoient de
même efpèce, ôc tirées des "mê-
mes peuples ; on trouve , feptima
Cohors Lufiutnorum & nationum
Gctidicarum ; oâavâ Brettcontm ,
diwdecinta j4lpinorum.E\hs paroii^
fent fouvent dans les monumens*
La belle iafcription de Salone ,
qui porte en tête le nom & les ti-
tres de Dxnnitieii , & vers la fin
les Confuls de l'année de Rome
846» donne le droit de cité Rck
maine&de mariage aux fantaffins
& aux cavaliers, qui ont fervi
vingt-cinq.ans dans deux Cohor-
teS'^^quly font nommées.
Cette infcription nous apprend
encore qpe dans les Cohoi-tès des
volontaires citoyens Romains î on
admenoit auffi des éttanget^ B
eft parlé dam cette tnfcciption 61
dans, ia Notice , de latroiiiemc
Cohorte jdcts habîtansjjés Alpes;
la première eft -npmmée daâ»
^m«iiuès ia;(crj^ti9Qs de Groceci
&
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co
& la douzième dans la loi pre-
mière , au code de rejlutitionibus
militum.
Quelquefois on donnoit à ces
Cohortes le nom des nations qui
les compofoient , Cohors Macedo'
nica ) Cohprs Ligurum^ Cohors
Aquitanorum equitata^primia mil-
liaria Dalmatorum, Elles portent
^quelquefois le nom des Empe-
reurs, qui lesontformçes, & mê-
^ ine deux noms d'Empereurs , ap-
paremment le nom du premier
qui les avoit créées , Ôc le nom
de l'Empereur régnant , ou de ce-
lui qui les avoit augmentées ou
honorées de quelque privilège. On
voit qu elles prenoient des épithe-
tes honorables, comme les légions.
On ajoute quelquefois à leur nom
celui des païs où elles font canton*
nées. Il y en avoit qui étoiënt
mêlées de plufieurs nations : Co-
hors Aflurum , Callacorum , &
Mauretanorum tingitanorum.EllQS
prenoibnt auidi le nom de leurs
armes ; nous voyons un Cn. Mu-
natius , citoyen Romain , qualifié
Prafeéijis Coh. III. Sagittariorum;
c'étoient des étrangers , puifque
. leur commandant eft nommé Pra-
feBus , ÔL que d'ailleurs les Sagit-
taires , ainfi que les autres trou-
pes légères , n'étoient plus pris
d'entre les Romains fous les Em-
pereurs du tems defquels eft cette
infcription , où Cn. Munatius eft
appelle Procurator Augufli.
La Notice de l'Empire nous
donne de toutes ces efpèces de
Cohortes , nommées tantôt Co-
hortes , tantôt Numeri » tantôt Au-
xilia, La plupart font des troupes
étrangères , Ôc leurs noms même
Tom. XI.
CO 481
en font une preuve ; leurs com-
mandans font appelles Tribuni ^
Prafefli , PrapoJitL Mais , dans
ce fiecle demi-barbare, c'efV-à-
dire , fous Théodofe le Jeune, il eft
à croire que les troupes mêmes
défignées fous le nom de légions f
n'étoient guère que des Cohortes
qui avoientconfervé le nom , fans
avoir ni la forme ni le nombre des
légions anciennes.
2.^ La féconde efpèce de Co-
hortes que nous diftinguons de la
légion, ce^ font celles qui ea
étoient féparées , & qui étoiene
pourtant compofées de citoyens
Romains, On lit fouvent dans les
Auteurs, decem , viginti , trigînta ,
quadraginta Cohortes; pourquoi
ne pas dire legio , dune , très , qua^
tuor legîones ? fur quoi il eft à
obferver quil éioit indifférent de
nommer la légion , ou le nombre
des Cohortes dont elle étoit for-
mée. Hirtius Panfa , racontant la
révolte des foldats contre Caffius
Longinus , en Efpagne , nomme
trente Cohortes ce qu'il vi^sntde
nommer trois légions. Orofe ap-
pelle trois légions les trente Co-
hortes que Cféfar dit que Domi-
tius avoit à Corfinium. Tacite dit
que Germanicus donna quatre lé-
gions à Cécina , fon lieutenant ;
&. plus bas il dit que Cécina mar-
choit à la tête de quarante Cohor-
tes. Ces Cohortes font légionnai-
res.
De plus , les Cohortes nom-
mées dans les Auteurs font quel-
quefois des détachemens des lé-
gions , ils en avertiflént fouvent ;
mais , quand ils ne le font pas , il
eft aflez diâiclle de deviner fi ce
Hh
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482 c ^ .
font des Cohortes légionnaires.
Par exemple , les dix-huit Cohor-
tes que Tacite donne à Luceius
Albinus 9 en Mauritanie» du tems
de ViteUius,étoient-eUes des Co-
hortes étrangères ? étoient-ce des
Cohortes de citoyens Romains
qui faifoient des corps féparés ?
c*eft ce qu'on ne peut décider.
Mais , voici des Cohortes Ro-
maines vraiment réparées des lé-
gions ; i.^ Les nouvelles levées^
revoient quelquefois un certain
tems en forme de Cohortes fépa-
rées , jufqu'à ce qu'elles fervilTent
à former ou à recruter une légion.
O'n lit dans plufieurs Infcriptions ,
Cohors nova Tyronum, 2.** Il y
avoit.des Cohortes Romaines,
qui demeuroient toujours répa-
rées des légions ; telles font dans
les Infcriptions , Cohors mil'num
hdlicorum voluntariorum qua efl
in Syria ; Cohors prima civium
Romanorum ingenuorum ; Cohors
prima equitata civium Romanorum
in Germania inferiore ; où Ton
voit qu'il y en avoit qui étoient
mêlées de cavalerie ^ comme les
auxiliaires, />r/m^ voluptaria Cam-
panorum in Pannonia inferiore.
Obfervons , en pafTant , qu'elles
portoient quelquefois des noms
fingulierS) & comme des fobri-
quets militaires , Voluptaria , ap-
paremment parce que la ville de
{papoue & la Campanie > d*oîi
cette Cohorte avoit été tirée ,
étoient de tout tems un pais de
délices & même de débauche.C'eft
ainfi qu'entre les Cohorte§ de la
Kotice nous voyons pétulantes ,
dont il efl parlé dans Ammien
Marcellia» & ^tre lei corps de
CM
cayaîerîe , ala veterana rafa GaU
lorut^ Rhinocorurce, On voit dans
Gruter , grand nombre de Cohor-
tes de volontaires ; la trente -deu-
xième y eft nommée fur trois mo-
numens. C'eft que ces Cohortes
n'étoient pas en corps de légion;
on les diuinguoit par les noms de
nombre ; & il ed remarquable que
la charge de Tribun de ces Cohor«V
tes 9 étoît aufli honorable que
celle de Tribun d'une légion ; les
monumens en font foi.
Tacite parle d'une dixhui-
tième Cohorte , que Valens , lieu-
tenant de Yitellius , laifTa à Lyon ,
où elle étoit ordinairement en
Quartier d'hiver , & d'une dix-
(eptième qu'Oihon fit venir d'Of-
tie à Rome pour l'oppofer à Yi-
tellius. C'étoient , félon les appa-
rences, deux de ces Cohortes dont
nous parlons , qui formoient des
corps didingués des légions , foit
pour être employées dans les en-
droits où il n*étoit pas befoin d'une
légion entière>foit pour fervir>dans
roccafion,de renfort ou de recrue,
3.^ La troifième & dernière ef-
pèce de Cohortes militaires , qui
étoient hors des légions , efl ce
qu'on appelloit » dans les armées >
Cohors pratoria. Feflus , ou plu-
tôt Paul Diacre , en attribue ]*o«
rigine à Scipion l'Africain, n Ce
» fut , dit-il , le premier [qui for«
»i ma un corps des plus braves de
n fon armée , pour combattre
i> auprès de fa perfonne ; il les
19 difpenfa de tout autre fêrvice.»
» & leur afiigna une paye & de-
n mie. « Nous voyons pourtant |
de ces Cohortes dans les armées'
long- tems ayant Scipion» Tite-LÎ;
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co
ve dît que le Diâateur A. Poftu-
mius, onze ans après l'expulfion
des Rûis , dans la célèbre bataille
du lac Régille , fe fit efcorter par
une Cohorte choifie, qu'il appelle
Cohors dilatons ; mais , ce fait
eft Singulier , & depuis ce tems ,
il n'efl plus fait mentioti de ces
fortes de Cohortes. Polybe même
ne parle pas de cette inftitution de
Scipion , mais feulement des trou-
pes choifies entre les alliés , qu*il
nomme extraordinaires , & dont
il dit que les Coniuls faifoient
ufage ; ce qui porte Jufte-Lipfe à
croire que Scipion,dont parle Paul
Diacre , eft Scipion Émilien. En
effet , Appien rapporte que , dans
la guerre de Numance , ce Géné-
ral amena de Rome avec lui une
troupe de cinq cens volontaires ,
corDpofée de (qs cliens 6c de gens
attachés à fa perfonne> dont il
forma une Cohorte qu'i! appella
la Cohorte des amis; depuis ce
tems^ la chofe pafTa en coutume.
On voit même que le Général
avoit alidî quelquefois une garde
de cavaliers. Salluile dit de Ma-
rias que, pour former fa garde de
cavalerie , il avoit eu plus d'égard
à la bravoure qu'aux liaifons d'a-
mitié.
Ces Cohortes fe multiplièrent
dans la fuite ; & il femble qu'un
feul Général en avoit plufieurs.
Plutarque raconte qu'Oâavie, qui
ne Tçavoit fe venger des infidélités
d'Antoine , que par des complai-
fances ôt des bienfaits , lu? amena
à Athènes deux mille foldats di-
vifés en Cohortes Prétoriennes.
Cet ufage n'étoit pourtant pas gé-
néral & fans exception ; Céfar ne
C O 485
parle nulle part de fa Cohorte , &
fait même connoître qu'il n'en
avoit pas en Gaule , quand il dit
à fes foldats effrayés à l'approche
des Germains , qu'il marcheroit à
l'ennemi feul avec fa dixième lé-
gion , & qu'elle lui tiendroit lieu
de Cohorte Prétorienne. Sallufte'
en donne une à Petreius dans la.
combat contre Catilina ; c'efl fur
ce modèle' qu'Augufle inftitua fa,
garde Prétorienne de neuf Cohor-'
tes.
VIII. FinifTons par un article
moins important à la vérité , mais
qui mérite pourtant d'être éclairci.
En huit endroits de la Notice d'O-
rient , il eft parlé d'une divifion
de La Cohorte qu'on ne trouve
point ailleurs. C'eft pedatura fu^-
pcrior & pedaturu inferior. Dans
i'énumératïon des troupes , fous
la dirpofition du duc de Scythie ,*
on ht deux fois : Cohors quinta >
peddtura inferior , pour la féconde
légion dite Herculia ; & enfuiie
pour la légion dire prima Jovia ,
on lit Cohors quinta , pedatura
fuperior^ & Cohors quinta , peda^
tura inferior, La même diftindion
efl répétée dans la feé^ion fuivante,
où il efl queflion des troupes qui
foiit fous la difpofition du duc de
Mœfie ; la première légion Itali-
que, & la onzième légion dite
Claudia , ont chacune une cin-
quième Cohorte partagée en deux,
6c dont les deux parties fon énon-
cées féparéinent par les mots de
pcdatura fuperior & pcdatura in^
firior. Il laut d'abord obferver
que , dans le premier endroit où
les mots pcdatura inferior font
deux fois appliqués à la cinquième
H h ij
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a84 C O
iJohorte de la légion Herculîa^
il y f grande apparence qu'il y a
faute de copifte , & qu'il faut
là , comme on le voit enfuite pour
les trois autres légions, d'abord
pedaturafupenor. Si enfuite pedu"
tura inferior. Venons à i'e^plica*
tion de ces termes obfcurs. i
Pancirolle, qui nous a doniré
fur la Notice de TEmpire un com-
mentaire fçavant & étendu , ap-
porte une fort manvaife raifon de
cette dénomination, hts échalas
des vignes s'appellent/:tfi/<îme/iftt«,
& Columelle nomme pedatio le
foin de planter des échalas pour
fôûtenir les vignes. Ici , félon
VditïCïxoWt^ pedatura eft la palifla-
de plantée fur la frontière & fur
la rive du Danube où ces Cohor-
tes étoient cantonnées.
On fent aflez rabfurdité d'une '
telle explication. M. le Beau ,
dont j'ai extrait cet article tout
entier , en donne une autre ^ qui
parorj avoir tous les cara£ières de
la vérité. Il remarque ; i.® Que le
mot pedatura eft un ternie de
caftramétation , & d'arpentage ,
dont Hygin & Frominie fervent
pour exprimer la mefure par
pieds, le toifé duterrein; 2.® Que
ces divifions ne paroiiTent jamais
que dans la cinquième Cohorte
d'une légion i voici l'idée que ces
deux réflexions lui ont fait naître*
Ces mots pedatura fuperior ^ pe-
datura inferior ^ furent appliqués
aux cinquièmes Cohortes des lé-
gions , par rapport à la place
qu'elles occupoient dans un camp,
quand la légion fe trouvoit réunie.
Le camp d'une légion fe divifoit
tn deMJ^ partiel égales \ fi toute!
co
les Cohortes euffent été d'un tnê-
me nombre de foldats ^ il y auroit
eu cinq Cohortes dans chaque
moitié du camp ; mais , comme
la première Cohorte étoit de mille
hommes , & que les autres n*é-
toient que de ci.iq cens , afin que
les deux panies du camp confer-
vaflent leur égalité , la cinquième
Cohorte fe partageoit en deux ,
moitié dans la partie antérieure ,
pedatura fuperior f moitié dans la
poftérieure , pedatura inferior;
enforce que la première partie du
camp contenoit quatre Cohortes
& demie , & la féconde cinq Co-
hortes ôc demie ; ce qui rendoit le
nombre des trente égal dans les
deux parties. Cette divifion , qui
n'avoit pas lieu dans les Cohones,
diftinguoit la cinquième en deux
portions , qui gardoient leur dé-
nomination même hors du campe-
ment.
IX. Quant aux Cohortes inf-
tîtuées par Augufte fous le nom
de Cohortes vigilum & Cohortes
urhana f elles étoient deftinées,
comme nous l'avons obfervé , à
veiller à la fureté de la ville de
Rome.
Les Cohortes , dites Vigilum^
fervoiem dans les incendies. Il y
en avoit fept , ut^ pour deux ré-
gions de la ville ; chacune avoit
a fa tête un Tribun, & toutes
étoient commandées par un offi-
cier appelle le Préfet des vigilum;
elles étoient diftribuées en quator-
ze corps-de-gardes. Il y a des Au-
teurs qui font monter le nombre
de ces Cohortes jufqu'à trente une;
mais, il y a lieu de croire qu'ils fe
trompent > & qu'ils prennent poor
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j
^ c
co
des Cohortes ce qui n'en étoît que
^ des divifîons. Ces Cohortes n'é-
toient point cenfées troupes ; elles
étoient prefqu*entièrement d*af-
franchis , qu'on appelloit par dé-
rifion SparteolL
Les Cohortes , dites urbana ,
étoient au nombre de quatre f &
comprenoient chacune quinze cens
Kpmmes.AuguAe les inilitua pour
ladéfenfedela ville ; elles avoient
des cafernes. On les nommoit en-
core milUei urbanitiani , troupes
de ville.ElIes étoient commandées „
par le Préteur appelle TuteUr'u ;
ce oui leur fit donner auffi queU
quetois If nom de Cohortes Préto-
riennes.
COI, Kùot^ les habitans de
rifle de Cos. Voye[ Cos.
COm, Cunctts. Voyei Roftral
[ rOrdre 1.
CÔLAlA , Colaia^ Kw^e/a j
{a) fils de Mafia , fut père de Pha-
COLABRISME, Colabrif^
mum , danfe des Xîrecs , qu'ils
avoient prife des Thraces. Ceft
tout ce qu on en fçait.
COLACES , Colaces , {b)
nom commun à deux familles
très-anciennes de Salamine ^ qui
fe répandirent enfuice par toute
rifle de Chypre. Ces deux famtl-
les avoient des emplois qui leur
étoient affeâés. La première « des
Gergines , chargée de veiller fur
le peuple i fe diiperfoit dans tous
les lieux publics , dans les places ,
dans les boutiques , p reçoit Toreil-
le à tout , & chaque jour faifoit
fon rapport aux Anaâes de ce
cb 485
qu'elle avoît remarqué. La fécon-
de, des Promalanges, examinoit
Ma vérité des dénonciations faites
par les Gergines.
Ces deux familles étoient con-
fidérées par les rois de Chypre à
caufe de leur utilité. Comme par
leur emploi , elles étoient obligées
de faire ce que font fans néceflîté
ceux qui flattent les Grands , les
Grecs fe fer virent du nom de
%'ih'xt pour dire un flatteur ; ce qui
a pu décrier une fonftion qui n*é-
toit pas méprifable , fi elle étoît
exercée fidèlement , & qui depuis
fut regardée comme honorable
dans l'empire Romain. Ceux,
qui en étoient revêtus , fe nom-
moient A gens. •
Athénée , de qui l'on a pris ce
qu'on dit ici , navoit fait que co-
pier Cléarque de Soli , qui ajoute
enfuite qu'il y a voit aulli dans la
même ifle de Chypre, des fem^
mes nommées Colacides , qui
fervoientles Anaffes, c'eft-à-dire,
les femmes des Anaâes ; que
quelques-ânes d'entr'elles , s'étant
fait conduire dans le continent de
l'Afie , s'attachèrent aux femmes
d'Artabaze & de Mentor , qu'el-
les portoient dans leurs chars fur
leurs épaules , d'oii vient qu'on
les appella Climacides , & que
celles de fon tems qui faifpient ce
métier, étant décriées dans l'ifle,
allèrent en Macédoine , ou elles
accoutumèrent lés Princefles &
\qs Dames à mener une vie molle,
& s'attirèrent enfin le mépris de
tout le monde.
COLACRETES, CoUcrcta;
(«) £fd. L.II. c. II. ▼,7.
(*; Athen. p. ij? , ts».
H h ii)
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486 CO
Kofxetitphm ^ ou K»>ttyp'z^9j , {A
étoient des'Quefteurs , ou Trélo-
riers des deniers publics. Xo^^ccxf *
Tcti , dit Héfychius » dpyvpDcoï ra-
/ua/. L'ancien SchoIiaAe d'Arif.
tophane dit : » On appelle Co-
i> lacrete , celui qui garde les de-
f> niers de la ville , oc eft tréfo-
n rier des épices des Juges , &
» des dépenfes qui Te font pour
91 le culte des Dieux, a II dit à
peu près la même chofe fur le vers
1 5 40 de la comédie des oifeaux ,
& ajoute que les Colacretes four-
nifToient uir les fonds de la mari-
ne , au voyage & aux autres dé-
penfes des T héores , qu'on cn-
voy oit à Delphes. Timée dans fon
Lexique , intitulé : trefi rw 'Trapi
vxctTeaït >r^£o»r . fur le mot Ka>xct-
7/>é7«/ » qui eft le même que
Kœ>^^.f§Tci , s'explique comme
le ScholiaAe, en difant que les
les Colacretes font les tréforiers
des épices des Juges , & des dé-
penfes pour le culte' des dieux.
Les colonies Grecques portè-
rent ,en Afie le nom & le titre de
Colacretes ^ qui font appelles Co-
lécrates fur le marbre de Cyzique.
Et peut-être cette leçon qu'on lit
diflinûement fur le monument ,
eft-eile préférable à celle du Scho-
liafle & des Lexiques. L*infcrip-
;lion nous apprend que les Colé-
crates de Cyzique étoient au nom-
bre de dix , & même de treize ,
en y comprenant les trois derniers
qui étoient du corps des Phile-^
' (M^ Recueil d*Antiq. par M. le Comt.
^e Cayl, Tom. II. pa?. aji. & fmv,
^b) Plin. T. I. p. iSo. Dio. CaiT. pag.
414. Strab. f. 1^4.
cp
Les Colécrates de Cyzique dé-
voient avoir une liaifon particu-
lière avec les officiers du Gym-
nase, puifque le monument porte
la date de tel Gymnafiarque. Les
Colécrates, étoient les tréforiers
des dépenfes qui fe faifoient po^jr
le culte des E>îeux. Les jeux fa-
crés , dans les villes Grecques , &
les exercices qui préparoient à la
célébration de ces jeux, étoient
cenfés appartenir au culte reli-
gieux. Les Athlètes mêmes fai-
(oient des vœux aux dieux ^ &
leur offroient des facrifîces.
COLAPIS, Colapis , (h) riviè-
re de b Pannonie. Pline la décrit
ainiî : t» Entre les rivières 9 le Co-
n lapis mérite de n être pas oo-
>i blié ; il entre dans la Save an-
» près de Sifcia , & fe parta-
n géant en deux bras « forme une
» ifle qui eft appellée Ségeftique.a
Dion Caffius appelle cette même
rivière Colops , & dit que d'abord
elle paiïoit auprès de la ville , &
que Tibère » ayant fait creufer des
foiïés , lui fit faire le tour de la
ville en forme d*i(le ; après quoi
fes eaux rentrèrent dan& leur pre-
mier lit. Strabon , qui parle aoffi
de cette rivière » appelle Tiile
Sey^o-rDii ; mais , Dion Cadius dit
SntrtKvi fans (T. Lazros dit que les
Efclavons l'appellent aujourd'hui
Culpa.
COLAX, Colax, (c) riin
des fils de Jupiter» Ce dieu Tavoit
eu d'Ora.
COLAX, ÇolaxJ{d) nom
(r) Myth. par M. PAbb. Ban. Tom.
T. lU. p. «80, aSi.
{d) Terent. T. I, p. t6o.
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co
d*afle des pièces de Ménandre.
Dans cette pièce il y avoit un
paradte de ce nom. Cefl un mot
Grec qui veut dire un flatteur; 6c
ceÙ pour cela que les Anciens
appelloientainfi les parafites.
COLCAS , Colcas , {a) Prince
qui regnoit fur vingt-huit villes de
rEfpagne ultérieure, vers Tan
ao6 avant Jefus-Chrift. Il devoit
fournir cette année aux Romains ,
de rinfanterie & de la cavalerie
qu'il avoit promis de lever pendant
l'hiver. Quelques années après ,
il fe révolta contre les Romains y
& entraîna dans fa révolte les ha-
bitans de dix-fept villes. .
COLCHATARIENS , (^)
Colchatarii , peuples d'Afie , dont
parle Juilin, à Toccafîon d'Arta^
bane , qui leur fît la guerre. Les
éditions modernes , comme celle
de Gronovius , adoptent la cor-
reâion de Bongars oui lit Thoga-
riens au lieu de Colchatariens.
Cependant , Ortélius croit ce
peuple différent des Cochariens de
Ptolémée , ou de Denys le Pé-
riégete ; & des Cochares d'Avié-
nus , qui étoient , dit-il , trop
éloignés.
COLCHIDE, Qholchis, (c)
XoA/Jc , contrée maritime d'Alie.
Ses bornes ont varié fuivant les
tems. Lorfque Ptolémée écrivoit ,
elle étoit bornée au Septentrion
par la Sarmatie Afîatique , au
couchant par le Pont-Euxin , de-
(*) Tir. Liv. L, XXVIII. c, it. L,
XXXIII. c. •!.
(*) Juft. L. XUÏ. c. 1.
(c) Ptolcm. L'. V, c. 10. Strab. p. 497,
ër /«f . Pomp. Mel. p. 88. Plin. Tom. I.
pag. 17c , 179, 504, 508. Herod. L. I,
c» 104. L. II, c. 104 9 105. L. lU. c. 97*
c O 4S7
pTJÎs l'embouchure du fleuve Co-
rax jufqu'au golfe fitué près du
fleuve du Phaie > au midi par TAr-
ménie majeure , & à Torient par
ribérie. Strabon étend la Colchi-
de bien au de-là du Phafe , puif-
qu'il la fait commencer auprès de
Trapéfunte. Diodore de Sicile Ty
fait commencer de même. Il y a
aufli des Géographes, qui du côti
du nord , étendent la Colchide
beaucoup plus que ne fait Ptolé-
mée. Ce dernier convient cepen-
dant avec Strabon , au fujet des
limites qu'ils marquent tous deux
de ce côté- là.
I. M. Fréret , après avoir éta-
bli ^ dans fes observations fur la
Cyropédie de Xénophon , que les
noms d'Inde & d'Ethiopie étoient
quelquefois fynonymes chez les
Anciens , prétend que l'on don-
noit le nom d'Ethiopie à k Col-
chide. Bochart rapporte deux
exemples de cet ufage. Le pre-
mier eft tiré de Saint Jérôme, qui
dit que Saint Matthias a prêché:
In altéra Ethiopia , ubi eft irrup"
tîoAbfari & Hyfjîportus, Le fleu-
ve Abfarus & le port d'I^fTus
font auprès du Phafe dans la La-
zique , province de la' Colchide»
Le fécond exemple efl tiré de So-
phronius ; il die dans la vie de St.
André , que vers l'embouchure
du fleuve Abfarus & fur les bords
du Phafe , habitent les Éthiopiens.
Ces deux Écrivains ^ il efl vrai ^
L. IV. c. 40. L. VII. c. 79. Diod. Sîcul.
p. 41 «. Xenoph. p. », 56 > )4o. ^ feq»
Juii L. XXXII. c. 5. Mém. de PAcad.
des Infcript. & Bell. Lett. Tom. IV.
pag. 595. & fuiv. T. VII. pag. 141. ^
fniv. T. VIIL p. 560 , 561. T. XII. pag,
112. é' friv*
Hhiv
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488 CO
ne font pas d*un tems bien reculé;
maïs , outre quHls paroiflent avoir
fuivi des mémoires plus anciens
qu'eux , il efl conûant que long-
tems avant eux ^ des peuples
Éthiopiens , c'ed-à-dire, noirs ou
extrêmement bafanés , ont habité
ce païs.
jL*Auteur des Argonautîques
attribuées à Orphée ^^oit Onoma-
crite ou un Écrivain plus récent ,
place au fond du Pont-Euxin , au
nord des Maflynégires & des Ma-
riandyniens , Si au midi du Phafe,
une nation de noirs ou de maures,
Pindare* en parlant des G)lques ,
les nomme Kehccivôo'jretç , aux vifa^
ges bruns ; fur quoi le Scholiafle
obferve que ces peuples , étant
originaires d'Egypte , font wfXc-
fpTTfotç , noirs de vifage, Hérodote
aflure que les peuples de Colchos
étoient une colonie Égyptienne,
qu'ils obfervoient la circoncifion ,
avoient les cheveux frifés , le teint
bafané & olivâtre , la même phy-
£onomîe , la même manière de
cultiver & de façonner le lin , ob-
fervoient tous les mêmes ufàges ,
& C0 qui efl décifif , parloieiît
la même langue que les Égyp*
tiens.
Hérodote , furprîs de cette ref-
femblance , avoit examiné la cho-
fe avec foin , 6c s'étoit informé
aux Colques & aux Égyptiens ,
du tems où cette colonie Égyp-
tienne s*étoit établie à Colchos ;
mais, il n'avoit pu l'apprendre.
Les Égyptiens foupçonnoient que
c'étoit une partie des troupes de
Séfoftris , que ce Prince avoit laif-
fée en cet endroit pour défendre
fon empire contre les invafions des
CO
peuples feptentrionaux; car, fls ne
trouvoient aucUne mention de
cette colonie dans leurs Hiftoires.
Ce fentiment a été embraffé par
tous les Écrivains qui font venus
après Hérodote ; & quelques-uns,
ajoutant de nouvelles conjeâures
à celles des prêtres Égyptiens,
aflurent , comme Apollonius de
Rhode & fon Scholiafte , qui cite
Dicéarque & Théopompe, que
Séfodris bâtit la ville d*^a far le
confluent du Phafe & de THippus,
aujourd'hui Skenifcari , fleuve
cheval , à trois cens ftades de la
mer.
Valérius Flaccus va encore plus
loin ; car , il aflure que Séfodrb ,
vaincu par les Getes , laîffa une
partie de fes troupes danà la Col-
chide pour aflurer fa retraite.
M. Fréret conclud de ces ob-
fervations , que Ton aura pu don-
ner auffi à la Colchide te nom'
dinde , fynonyme de celui d'E-
thiopie , & que c'eft dans ce fens
qu'il faut entendre ce païs des In-
des dont parle Xénophon , quand
il dit que le roi d'AlTyrie, voulant
faire la guerre aux Medes , follici-
ta les rois de Lydie , de Phryeie,
de Paphlagonie & celui des In-
des, à joindre leurs armes aux
ûennes.
II. Ceux d'entre les dix mille
Grecs, qui étoient allés an fecours
de Cyrus , pafferent , à leur re-
tour , dans la Colchide , dont les
habitans s'aflismblerent pour s'op-
pofer à eux , de forte que les Grecs
furent obligés d'en venir à une
bataille où ils remportèrent la vic-
toire. Ils fe faifirent enfuite d'une
hauteur où ils étoient à l'abri de
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co
toute înfulte , & d'ovi ils alloîent
piller les terres de leurs ennemis;
ce qui fourniflbit amplement à
tous leurs befoins. Ils trouvèrent
entr'autres chofes un grand nom-
bre de ruches d'oii ils rapportè-
rent une quantité prodigieufe de
gâteaux de cire & de miel. Mais,
ils éprouvèrent un accident ex-
traordinaire pour avoir voulu en
ufèr. Tous ceux qui en avalèrent
perdirent connoKÎance 9 & tom-
bèrent comme morts; & la dou-
ceur , que ce miel répandoit d'a-
bord fur les lèvres & fur la lan-
gue , ayant fervi de piège à un
grand nombre d'entr*eux , la terre
fe trouva couverte d'hommes
étendus , comme à la fin d'une
bataille fanglante. Le refte de l'ar-
mée paiTa un jour entier à s'éton-
ner d'un pareil accident , & à re-
gretter ceux qu'ils croyoient -avoir
perdus. Mais , dès le lendemain à
pareille heure , tous ces malades
fe réveillèrent , & fe relevant les
uns après les autres , cette fécon-
de journée ne parut être pour eux
que le lendemain d'une forte pur-
gation. Dès qu'ils furent parfai-
tement rétablis , on fe remit en
marche , & l'on arriva dans trois
jours à Trapéfunte , ville de la
dépendance de la Colchide.
Les peuples de la Colchide
avoient chaneé de nom avant le
règne de JufËnien. On les appel-
loit Lazes ; ils avoient des Rois
alliés des empereurs de Conftan-
tinople, de qui ils recevoient com-
me une invefli|ure à chaque mu-
tation. Leur païs étant défert au
midi de l'embouchure du Phafe ;
Juilinien , Prince plus capable
CO 489
d^entreprendre de grandes chofes
que de les foûtenir ,y fit bâtir une
ville , à laquelle on donna le nom
de Pétra , à caufe de la qualité
du terrein , tout rempli de pierre?,
de montagnes de difHcile accès
& de roches. Les Lazes qui
avoient vu fans jaloufie les Grecs
occuper une partie de leur païs ,
qu'ils avoient eux-mêmes aban-
donné , fupporterent impatiem-
ment Tufage qu'on en fit pour lès
opprimer , & troubler leur com-
merce par de nouvelles exaltons.
Gubazes qui regnoit fur eux ,
voulut s'en venger , & fans pen-
ferau befoin qu'il avoitdes Grecs,
qui fourniflbient à (es fujets une
partie des chofes néceflaires à la
vie , il fit un traité d'alliance avec
Chofroès , roi de Perfe , à qui il
facilita la prife de Pétra. Tout cela
fut fuivi d'événemens qu'il feroic
tiop long de rapporter.
IlL Lycophron donne à la
Colchide le nom de Ligyftique,
ou Liguftique. Etienne de By-
zance lit Libyftine , & appelle
Libyftiniens , des peuples dont le
païs touchoit à la Colchide.
Ptolémée décrit ainfi les côtes
de la Colchide , à commencer du
côté du nord , Diofcurias ou Sé-
baftopolis, l'embouchure de l'Hip-
pus , Néapolis , l'embouchure du
Cyanée » Tyganéum , Thiapolis
ou iEapolis , l'embouchure du
Cariftus , celle du Phafe , & la
ville de ce nom. Le même Auteur
met aufR les Lazes fur les bords
de la mer, & au-deilus d'eux , les
Manrales; ce qui prouve que du
tems de ce Géographe , lès Lazes
n'étoieuc qu'un peuple particulier
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Î90 CO
ï la Colchide , & que ce n*a été
que dans la fuite qu'on aura don-
né ce nom aux Colques en gêné*
rah
\ Les Tilles ou bourgs, fitnés
dans rintérieur du païs, étoient
MëchlefTe « Madia , Sarace , Su-
rium & Zadris.
On croit que ce païs reçut la
foi & les lumières de l'Évangile à
peu près dans le même tems que
ribérie , province voifine , en fut
éclairée. Cependant » on ne trou-
re point qu'il foie fait aucune
mention de fes Évéques avant
Théodore , nommé au fixième
Concile général. Il eft fait auiïi
mention de Jean , évêque de Pé*
ira y dans la prorince des La-
ziens.
La Colchide s'appelle aujour-
d'hui Mengrelie , nom qui pour-
rott bien venir de celui des peuples
Manrales , dont nous avons parlé
ci-deflus.
L'on fçait combien ce païs eft
célèbre dans l'hiftoire des Argo-
nautes. Voye{ Argonautes.
COLCHIDE, Colchis, {a)
K '>X''^ > ^iJIc de Ja grande Ar-
ménie, dont il eft fait mention dans
Ptolémée.
COLÉGRATES. Voyei Co-
lacretes,
COLÉE , CoUum , lieu du Pé-
loponnèfe , près de Mégalopolis.
II en eft fait mention dans Po-
lybe.
COLENDA, Colenda, {b)
Kft>ei'/a , ville d'Efpagne. Titus
Didius ta prit après un fîege de
{à) Ptolcm. L. V. c. 15.
{h) Appian. p. 511 ^u.
Ce) Pauf. p. 6ô.
CO
fept mois , au rapport d'Appîen,
COLÉNUS , CoUnus , (c)
KoAdc/i'oç , a voit été un des Rois
de TAttique , felon les Myrrhino-
fiens. Il eft parlé de ce Prince à
iVtide de Colonides. Voyc^ Co-
lonides.
COLIADES , Coliades , {J)
fortes de myftëres , ou de facri-
fices fecrets ^ dont parle Lucien »
& dont il ne donne pas ane idée
bien avantageufe.
COLIAS, Colias, K«>/«ç»
{e) nom d'un promontoire de Grè-
ce 9 dans l'Attique. Il étoit fitué
à environ vingt ftades du port, de
Phalère, fur le golfe Saronique.
Ce promontoire fut témoin d'u-
ne fcène fanglante du tems de Sa-
lon. Les Athéniens étoient alors
en guerre au fujet de Tifte de Sa-
lamine. Solon , éki général , vint
à Colias , oyk toutes les dames
Athéniennes étoient afTemblées
pour faire le facrifice annuel à
Cérès. Dès qu'il y fut arrivé , il
envoya à Salamine un homme ,
en qui il fe fioit entièrement « qui
fit femblant d'être un transfuge ,
& dit à ceux de Mégare , qui te-
noient alors cette ifle , que , s'ils
vouloient prendre les principales
femmes des Athéniens , ils n'a-
voient qu'à venir promptement
avec lui au promontoire de Colias«
Les Mégaréens le crurent , & en-
voyèrent fur l'heure même des
foldats. Solon , qui étoit aux aguets
fur la pointe du promontoire ,
n'eut pas plutôt vu fortir leur
vaideau' du port ^ Salamine ^
td) Lucian. T. I. p. to^.
(O Plut. Tom. I. pag. 8». Pauf. p. i*
Heiod. L. Via. c. 96. .
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co
qu'il renvoya promptement toutes
les femmes à Athènes , donna
leurs habits , leur coëfFure Si leur
chauiTure aux plus jeunes de Tes
foldats qui n*avoient point encore
de barbe , leur fit cacher des poi-
gnards fous leur robe ; & quand
il les eut équipés , il leur com-
. manda de danfer tous enfemblë
fur le bord de la mer , infqu'à ^e
qtie leurs ennemis fuffent à terre ,
& que leur vaifleau iie'pôt plus
échapper. Cela étant exécuté , Jes
Mégaréens , trompé^ par ces dan-
fes qu'ils découvrirent de loin ,
approchèrent avec une entière
confiance ; & étant abordés, ce
fut à qui defcendroit le preoiier
pour aller ravir ces femmes ;
mais , on les reçut fi bien , que
pas un ne fe fauva t & qu'ils fu-
rent tous tués fur la place. Les
Athéniens s'embarquèrent tout
auffi-tôt 9^k rendirent mlaîtres
de Salamine fans aucune diffi-
culté.
Paufanias dit qu'après la dé-
faite de l'armée navale des Perfes,
les débris de leurs vaifleaux fu-
rent poufïéf par le flot au pro-
montoire de Colias. Il a)o0te que
de fon tems , ce lieu n*a voit rien
de remarquable qu'une Aatue de
Vénus Coliade & quelques au-
tres flatues des déefles nommées
Génétyllides.
COLIAS , Collas , Ko>j«ç .
{a) l'un des fur noms que Ton a voit
donnés à Vénus. Elle étoit ainfi
furnommée à caufe de fon talent
pour la danfe. Ce mot vient de
(*) Antîq, expL par D. Bem.
Montf. Tom. I. pig. 171. . «^
(/; Mém. de TAcad. des Infcr^ *
:i
C O 49^1
y^.ykfoi > faite , je faute , je danfe.
Les Grecs avoient élevé un tem-
ple à Vénus la danfeufe.
COLIPHIUM , Coliphium ,
K(ûxlpiO¥ ^ {h) forte de pain fans
levain , greffier , pefant , paitrî
avec le fromage mou , & qui fer-
voit de nourriture ordinaire aux
Athlètes. Il en eft parlé dans les
-'' '5atyres de Ju vénal. Il falloit avoir
un bon eftomac pour digérer aifé-
ment une pareille nourriture.
COLISÉE, (c) appelle par les
Latins Colifeum , ou Coloffaum ,
éîoit uii amphithéâtre à Rome ,
que l'empereur Vefpafien fit bâ-
tir , & qui fut ainfi nommé , parce
qu'il étoit proche du Colo^ q« on
avoit dédié à Néron- Cet amphi-
théâtre éroit en ov^ile , & d'une
flîuaure fufprenanre. Il contenoit
près de cent mille fpeâateurs ,
affis à leur aife autour de l'arène,
c'eft-à-dire , du Wev où on lâchoit '
les bêtes. Ce fut-li quQ S. Ignace,
martyr , fut e^ofc à la mort.
Lorfque Tempe eur Tite le dédia ,
il y facrifia qi^tre mille bêtes d«
diverfes efpe<ôs.
Bede rap'Oï'te cet oracle au
fujet du Cpiféeî Tant que le Ca^^
lifte fubfif^ra , Rome fubfiftera ;
quand l/Colifée tombera^ Rome
tombera» ^ quand Rékie tombera^
le ma^^ tombera & fera détruit.
Ugu'^s , parlant du Colifée , ea
fjijtun conte auffi ridicule que
^( oracle. Il dit que l'on y avoît
<acé des flatues de toutes les
provinces de l'empire Romain ,
au milieu defquelles écoit celle de
Bell. Lett. Tom. I. p. «i.
Ce) Mém. de PAcad. des Infcript* &
Bell. Leu. Xogi. XII. pag. 1^5^.
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i92 C O
Rome , tenant une pomme d*or ,
& que ces 6gures étoicnt dtfpo-
fées par art magique ; de forte
que quand quelque province vou-
loit fe révolter , l'image de Rome
fournoit le dos à celle de cette
province > & qu'alors les Romains
y envoyoient une puiffante ar-
mée , qni réduifoit ces rebelles.
Les ravages des Goths ont beau-
coup endommagé ce bâtiîirent ,
qui tombe en rume tous les jours,
« dont la plus grande partie eft
déjà par terre.
COLLATÏE , ColUtla , (a)
KoNAar/a , ville d'Italie , qui , fé-
lon Strabon, n'étoit qu'à trente
ou quarante ftades de Rome.
Quoique fiiu^e fur les confins du
Latium » elle apartenoit aux Sa-
bins , félon Tite-Live. Tarquin
l'ancien la leur enleva , ainfi que
tout le territcire qqi en dépendoit ,
& en donna k commandement à
Égérius foanevçu. Voici la for-
mule , dont on ifa pour la reddi-
tion des Collatins; Tarquin , en
s'adreflant aux déparés qu'ils lui
avoient envoyés : w 7enez-vous ,
» leur dit- il , de la p^t du peuple
n de Collatie , en qualité de dé-
n pûtes, avec pouvoit^Je vous
to mettre , vous & le pypie de
^ » Collatie j fous ma puîi^nce ?
n Oui , nous avons été ci^yés
» à cette fin. Le peuple de 6^^[a.
•> tie eft-il le maître de fon (ù^ ?
« Oui. Vous rendez- vous à ï:
» & au peuple Romain , vous
n le peuple de Collatie, la ville ,
I» les campagnes s l^s eaux« les
co
w confins , les temples , tous roi
n effets , tant humains que divins ?
i> Oui. Et moi j'accepte le tour, a
La ville de Collatie eft fameu-
fe pour avoir fervi.de fcene à
l'aventure tragique de Lucrèce;
car , tout le monde fçait que c*étoit
en ce Jieu que cette célèbre dame
faifoit fa demeure , lorfqoe Sex-
tus Tarquicitfs , épris d'un violent
amour pour elle , vint lui Êiire
violence ; ce qui lui caufa tant de
déplaifir , qu'elle fe donna U
mort.
Denys d'Halicarnaffe écrit ce
nom Golatie ; & Feftus , Con-
latie. Ce dernier prétend qu'il eft
dérivé de ce qu'on y appona les
richeffes des autres villes ; & il
ajoâte que c'étoît de- là qu'étoit
venu le nom de Conlatine à une
des portes de Rome.
Strabon met Collatie au nom-
bre de quelques petite» villes , qui
n'étoient plus que de fimples vil-
lages ou même des maifbns de
particuliers. Holftenius ; dans (es
obfervations fur l'Italie de Cla-
vier , croit que Collatie étoit près
du confluent de l'Ofa & du Té-,
Vérone. Cette diftance ne s'accor-
de point avec le récit de Tite-
Live , comme le remarque Cella-
rius. Il ne refte aucun ancien vef-
tige de ce lieu , qui puifTe déter-
miner où il étoit.
COLLATIE , Coliatia , (i)
KoMPtt/« , autre ville d'Italie fi-
tuée dans i'Apulie vers le mont
'^rargan. Pline en nomme les ha-
cans Collatins , & Frontin dans^
r*^ Strab. pag. *jo. Plin, Tom ï. p. I (Vy j ^ ^^g
157. Tu. Liv. L, I. c. |8^ 57. &fH»* \
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co
(on lîvrc des Colonies , fait mea-
tion de Ton territoire qu'il nomme
ager Collaùnus , & il le joint au
mont Gargan. Ceft tout ce que
Ton en fçait.
COLLATIN , Collaùnus.
Poyei Tarquin.
COLLATINE , ColUtîna ,
{a) déeffe des Romains. Cette
GéefTe préficjoit aux montagnes ,
félon S. Auguftin.
COLLATINS , CoUatîni ,
peuples dltalie, Voye^ Collatie,
COLLECTE , ColUaa. C'eft
ainfi qu'on apjpells la perception
ou recouvrement des tributs 6c
importions. Cet emploi , chez les
Romains , n'étoit point con£déré
comme un emploi ignoble ; c*efl
ce qui réfulte de la loi X au code
de excufat. mun, » laquelle ayant
détaillé 'tous les emplois qui
étoient réputés bas & fordides ,
n'y a point compris h Collefte
des tributs ; elle éioit même défé-
rée aux Décurions , qui étoient
les principaux des villes.
COLLECTIF , CotUmvus ,
ferme de Grammaire, iocmi de
Colligere , recueiHîr , raflembler.
Ce terme fe dit de certains
noms fubAantifs , qui préi*enteot
à. refprit l'idée d'un tout , d*un
enfemble formé psr Taflemblags
de plufieurs individus de même
cfpece ; par exemple , armée eft
un nom Colleâif» il^nous pré-
fente ridée fmgulîère'' d*un en-,
femble , d'un tout formé par Taf--
femblage ou réunion de plufieurs
foldats. Peuple eft auffi un terme
CoUeélif 9 parce qu'il excite dans
co 495
refprit ridée d'une colleâion de
plufieurs perfonnes raiTemblées en
ufî corps politique, vivant en fo-
ciété fous les mêities loix. Foret
eft encore un nom CoHedif ; car ,
ce mot y fous une expreftîon fm-
gulière , excite Tidé^e de plufieursr
arbres', qui font l'un auprès de
l'autre ; ainiî , le nom CoUeâif
nous donne l'idée d'unité par une
pluralité affemblée.
Mais , oblervez que pour faire
qu'un nom foit Colleéîif , il no
fuffit pas que le tout foit compofé
de parties dlvifibles ; il faut que
ces parties foient aéhiellement fé-
parées , & qu'elles aient chacune
leur être)' part. Autrement , les
noms de chaque corps particulier
ferqient autant de noms Colleâifs ;
car , tout corps eft divifible. Ainû ,.
homnu n'eft pas un nom Collec-
tif, quoique l'homme foit com-
pofé de diil'érentes parties ; mais f
ville eft un nom Colleâif , foit
qu'où prenne ce mot pour un
ailemblâge de différentes mai-
fons , ou pour une fociété de di«
vers citoyens» Il en eft de même
de multitude , quantité , régiment ,
troupe , la plupart , &c.
11 faut obferver ici une maxime
importante de Grammaire » c'eft
Gue le fens eft la principale règle
de la confiiuâion. AinU , quand
on dit : une infinité de perfonnes
foûtiennent , le verbe foûtiennent
eft au pluriel , parce qu'en effet «
félon le fens , ce font plufieurs
perfonnes qui foûtiennent ; l'in^-
finité n'eft que pour marquer la
pluralité des perfonnes qui foû-
(4) Myth. par M. TÂbb. Ban. TQxn, V» p. 341»
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494 C ^
tiennent. Ainfi , il n*y a rien con-
tre la Grammaire dans ces fortes
de conflruâions. C'ed ainfi que
' Virgile a dit : Pars merfi tenuere
ratem ; & dans Sallufte qh lit :
Pars in carcerem aBi , pars heftiis
objeSiL On rapporte ces conf-
truâions à une figure qu'on ap-
pelle fyllepfe ; d'autres la nom-
ment fynthèfe ; mais^lenom ne fait
rien à la chofe.Cetce figure confllle
à faire la conflruâion félon lefens
plutôt que feloii les mots.
COLLECTIF , terme de Lo-
gique, qui fe dit de la totalité d'un
genre, ou è*une efpece « d'une
multitude. Les Pairs Ecclé/îa/-
ùgues fontfix ; cette propoiition
e4 vraie dans le fens Colleélif.
Les Pairs Eccléjîajliquesfont ducs,
comtes ; cela n'efl vrai que dans
le &ns diflributif. Celui-ci eft
duc ^ celui-là ^ comte.
Une conféquence du fens Col-
leâlf au diAributif eft bonne ^
quand c'eCl en matière néceilaire,
c'eft-à-'dire , quand il s'agit d'un
attribut ou d'une qualité eilentieile
à la chofedont on parle. Ellen'eft
pas bonne en matière contingen-
te , c'eft-à-dire , quand il s'agit
d'un attribut accidentel. Les hom-
mes font , vivans , animaux ^ rai-
fonnables ; donc Jean , Pierre ,
Louis , &c, a V infini, font vivans ,
animaux , raifonnablçs, La confé-
quence eft légitime. Les hommes
font fcav ans ; &c. Donc Caius ,
Titius le font. La conféquence
n'èfïpas vraie , parce que Fanté-
cédent ne Teft que dans le fens
diflributif > & non point dans le
jCO
fens Colleflif , & la matière étant
accidentelle & condngente.
COLLÉGA , Collegas , {a)
K Mif^aç , lieutenant au gouver-
nement de Syrie , oîi il com-^
mandoit pendant l'abfence de Ce-
fennius Pétus. 11 eut beaucoup de
peine à empêcher que les habi->
tans d'Antioche ne fîfTent main-
bade fur les Juifis de leur ville,
qu'on accufoit d'avoir mis le feu
au marché quarré , au tréfor des
Chartres, au greffe, où fe tenoient
les ades publics ôt au palais.
COLLEGE, Collepum , nom
qu'on donne à l'afTemblée de
certains corps ou fociétés.
Les Romains appelloient Col-
lège tout afTemblage de plufieurs
perfonnes occupées aux mêmes
fonftions , & Comme liées , c'efl-
à-dire , unies enfemble pour tra-
vailler de concert ; & ils em-
ployoient ce terme non feulement
à l'égard des perfonnes qui tra-
vailtoient aux fondions de la reli*
gion , du gouvernement ou des
arts libéraux ; mais encore à l'é-
gard de celles qui s'occupoient
aux arts méchaniquês. "Ainfi , le
mot Collège fignîfioit ce que nous
appelions un corps , une compa-
gnie, un corps de métier , un
métier. Il y avoit dans l'empire
Romain non feulement le Collège
des augures , le Collège des capi-
tolins , c'efl-à-dire , ceux qui
avoient l'intendance des jeux ca-*
pitolins ; mais auffi le Collège
des artifans , Collegium artificum ;
le Collège des charpentiers , Col-
legium jdbrorum , ou fabrorum
U) Jofcph, de Bell. Judaïc. pag. 973 ; 5)74.
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co
tîgnarîorum ; le Collège des po-
tiers , ColUgium figulorum ; le
Collège des tondeurs , ColUgium
fabrorum arariorum ; le Collège
des ferruriers , Collegium fabro'
rum ferrarîorum ; le Collège des
ingénieurs , ou des gens qui tra-
vailloient aux machines de guerre,
c'eft-à-dire , des charpentiers de
l'armée , tignariorum ; des den-
drophores , dendrophororum ; dei
centonaires, Centonariorum ; des
faifeurs de cafaques militaires ,
fagariorum ; des faifeurs de tentes,
tabernaculariorum ; des entrepre-
neurs des fourrages ^fœnariorum ;
le Collège des boulangers , Colle-
gium piflorum ; des joueurs d 'inf-
trumens , tibicinum , &c.
Plutarque dit que ce fut Numa
qui divifa le peuple Romain en
différens corps , qu'il appella
Cplleges ; il le fit afin que les par-
ticuliers , fongeant aux intérêts
de leur Collège , qui les divifoit
des citoyens qui étoient des au-
tres collèges , ne s'uniffent point
tous enfemble pour troubler le
repos public.
Les Collèges étoient diflingués
des autres fociétés.^ qui n'étoient
pas établies en forme de Collège
par l'autorité publique , en ce que
ceux qui compofoient un Collè-
ge , pouvoient traiter des affaires
communes de leur Collège , qui
faifoit un corps dans TÉtat ; en
ce qu'ils avoienc une bourfe com-
mune y un agent pour faire leurs
affaires y comme aujourd'hui les
fyndics de nos communautés ;
qu'ils envoyoient des députés aux
Magiftrats , quand ils av oient à
traiter avec eux ; & qu'ils pou-
CD 495
voient faire des réglemens & àes
ftatuts pour leur Collège , pourvu
qu'ils ne fuffent point contraires
aux loix de l'État. Foye^ Com«-
munauté.
COLLEGE , Collegium , fe
dit audi d'un lieu public 6c doié
de certains revenus , oii l'on en*
feigne les lettres divines & hu-
maines » dans des falles appellées
clalTes , deftinées pour cela. Tou-
tes les nations policées ont eu &
ont encore des collèges pour
rinflruâion de la jeuneHe /qu'oa
a toujours regardée comme un<
chofe des plus importantes pour
le bonheur d'un État.
Les Juifs 6l les Égyptiens ont
eu leurs collèges. Le Thalmud &
plufieurs livres des Juifs parlent
de leurs écoles , ou Collèges*
Quelques villes ont eu des npms,
qui marquoient que les iciences y
floriffoient , comme Nardée , donc
le nom fignifie fleuve de fcience ,
& Cariath- Sepher , qui veut dire,
ville de Livres. Les plus célèbres.
Collèges des Juifs ont été ceux de
Jérufalem , de Tibériade , de
Nardée , de Mata-Machafia /dé
Pompodita , de Sura , &c. & fur-
tout de Babylone. On prétend
que ce dernier fut établi par Ézé-
chiel ; qu'il fubfiftoit encore au
tems de Mahomet ; & que cet
impofleur voulut que lés Collè-
ges voifins fufTent fubordonnés à^
celui de Babylone.
Chez les Grecs , le Lycée &
l'Académie étoient de célèbres
Collèges ; on fçait que le dernier
a donné fon nom aux Académies
& aux Univerfués, qu'on appelle
en Latin du nom Academia. L^^
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49^ C O
niaifon de chaque Philofophe &
de chaque Rhéteur pouvoit pafler
pour un Collège ; ils y donnoient
des leçons à leurs difciples, à moins
qu'ils ne choififlent pour cela quel-
que lieu public , comme un porti-
que y une galerie , &c.
Les Romains établirent en di-
vers endroits , & fur tout dans les
Gaules , des Écoles ou Collèges ;
les plus célèbres étoient ceux de
Marfeille , de Lyon ôc de Befan-
çon. Les Collèges ont prefque
toujours été entre les mains de
ceux qui étoient confacrés aux
miniûeres de la religion. C'étoienc
les Mages en Perfe , les Gymno-
fophiAes aux Indes , & les Drui-
des dans les Gaules , lefquels en-
feignoient les fciences aux jeunes
gens. Quand la religion Chré-
tienne fut établie en France , il y
eut prefque autant de Collèges
que de monadères. Chàrlemagne,
dans (q5 Capitulaires , ordonne
que dans tous les monadères on
apprît aux enfans , les Pfeaumes ,
la Mufique , l'Arithmétique , la
Grammaire. Mais , parce que le
foin de Téducation de la jeuneiTe
tiroit tes moines de leur folitude ,
partageoit trop leur cems , ôc les
empêchoit de vaquer aux exerci-
ses de leur profeffion ; dans la
fuite on a donné le foin de plu-
fleurs Collèges à des perfonnes
qui n'eufTent point d autres occu^-
pations que celle-là.
C'eft ici le lieu de placer les ju-
dicieufes ôc folides réflexions d'un
célèbre Écrivain au fujet des Col-
lèges, wllme fembîe, dit-il, qu'il
ff ne feroit pas impofîible de don-
12 ner une autre forme à l'éduca-
co
» tîon des Collèges. Pourquoi paC
» fer fix ans à apprendre tant bien
» que mal/une langue morte ? je
» fuis bien éloigné de défapprou-
n ver Tétude d'une langue dans
» laquelle les Horace ôc les Tacite
» ont écrit ; cette étude eft abfo-
w lument néceflaire pour con-
I) noître leurs admirables ouvra-
» ges ; mais , je crois qu'on de-
i) vroit fe borner à les entendre ,
» ôc que le tems qu'on emploie à
» compofer en latin , e(l un tems
n perdu.Ce tems feroit bien mieux
i> efnployé à apprendre par prin-
» cipes fa propre Langue , qu'ori
n ignore toujours au fortir du col-
9) lege , ôc qu'on ignore au point
V de la parler très-mal. Une bon-
i> ne grammaire françoife feroit >
» tout à la fois une excellente lo-
» gique , ôc une excellente mé-
n taphyfique , ôc vaudroit bien les
n rapfodies qu'on lui fubflitue.
V D'ailleurs , quel latin que celui
i> de certains collèges l nous en
9> appelions au jugement des con-
» noifleurs.
M Un théteur moderne , le P.
n Porée, crès-refpeélable d'ail-
w leurs par fes qualités perfonnel-
n les , mais à qui nous ne devons
n que la vérité, puifqu'il nefl plus,
V eft le premier,qui ait ofé fe faire
» un jargon bien difféfent de la
» Langue que parloient autrefois
M les Herfan , les Marin , ]e%
n Grenan , les Commire , les
M CoflTart ôc les Jouvenci , & que
n parlent encore quelques protef-
w feurs célébfes de TUniveifité.
M Les fucceffeurs du rhéteur dont
» je parle , ne fçauroient trop
Il s'éloigner de fes traces.
.Je
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co
, il Je fçaîs que le Latîn étant un^
p Langue morte , dont prefque
n toutes les fînefles nous échap-
n pent , ceux qui pafTent aujour-
j> d'hui pour écrire le mieux eç
99 cette Langue y écrivent peut-
n être fort mal ; mais du moins ,
9> les vices de leur diâion nous
I» échappent aufli ; & combien
» doit être ridicule une latinité
n qui nous fait rire ? certainement
t> un étranger , peu verfé dans la
j> Langue françoife, s'apperce-
» vroit facilement que la diâion
M de Montagne, c'ed- à-dire » du
99 feizième (lecle, approche plus
t> de celle des bons Écrivains du
V fiècle de Louis XIV, que celle
» de Geoffroy de Villehardouin ,
9> qui écrivoit dans le treizième
n fiecle.
» Au refte, quelqu'eftime que
» j'aie pour quelques-uns de nos
9> HumaniAes modernes , je les
» plains d'être forcés à fe donner
9i tant de peines pour parler fort
» élégamment une autre Langue
» que la Jeur. Ils fe trompent s'ils
» s'imaginent en cela avoir le mé-
9f rite de la difficulté vaincue ; il
M eu. plus difficile d'écrire & de
t> parler bien fa Langue, que de
9i parler & d'écrire bien une Lan-
» gue morte ; la preuve en eft
» frappante. Je vois que les Grecs
M & les Romains , dans le tems
» que leur Langue étoit vivante ,
9> n'ont pas eu plus dé bons écri-
» vains que nous n'en avons dans
» la nôtre ; je vois qu'ils n ont eu,
» ainfi que nous , qu'un très-
» petit nombre d'excellens Poètes,
» & qu'il en eft de même de toi;i-
I» tes les nations. Je vois au con-»
Tom. XL
C p 497
» traire que le renouvellement
V des lettres a produit une quan-
ti tité prodigieufe de Poètes La-
n tins g que nous avons la bonté
n d'admirer ; d oîi peut venir cette
n différence ? & fr Virgile ou Ho-
II race revenoient au monde pour
» juger ces héros modernes du
n parnaffe Latin , ne devroient-iîs
w pas avoir grand'peur pour eux?
» Pourquoi, comme l'a remarqué
w un Auteur moderne , telle com-
II pagnie, fort eftimable d'ailleurs.
Il qui a prodoit une nuée de Ver-
» (ificateurs latins , n'a-t-elie pa^
If un feule Poète françois qu'oft
» puifle lire? pourquoi les recueils
» de vers françois , qui s'échap-,
II pent par malheur de nos Col-
» leges,om-ilseu fi peudefuccès;
» tandis que plufieurs gens de
» Lettres eftiment les vers latins
Il qui en fortent ? je dois au reAe
» avouer ici que l'Univerfité de
Il Paris eft très • circonfpefte &
» très-réfervée fur la vertification
» françoife ; & je ne fçaurdis l'en
w blâmer ; mais nous en parlerons
» plus au long à l'article de lati-
Il nité.
>i Concluons de ces réflexions ,
I» que les compoOtions latines font
n fujettes à de grands inconvé--
II niens , & qu'on teroic beaucoup
w mieux d'y fubftituer des com-
II portions françoifes ; c'eft ce
i> qu'on commence à faire dans
» l'Univerfité de Paris ; on y
n tient cependant encore au Latin
Il par préférence ; mais enfin on
» commence à y enfeigner le
» François.
Il J'ai entendu quelquefois re-
II gretterles thèfes qu'on foûtenoit
li
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498 . CO
»> autrefois en Grec ; j'ai bien
«I plus de regret qu*on ne les foû-
n tienne pas en François ; 6n fe-
n roit obligé d*y parler rairon^
» ou de Ce taire.
n Les Langues étrangères dans
, 91 lefquelles nous avons un grand
» nombre de bons Auteurs «
Il comme TAnglois & Tltalien , &
M peut-être l'Allemand 6c TEfpa-
n gnol^ devroient auffi entrer dans
»> l'éducation des Collèges ; la
91 plupart feroient plus utiles à
n fçavoir que des Langues mor-
y> tes , donc les fçavans feuli font
99 à portée de faire ufage.
n J'en dis autant de THiftoire
9> & de toutes les fciences qui s'y
I» rapportent, comme la Chroiio-
99 logie & la Géographie. Malgré
99 le peu de cas que l'on paroît
9» Ëilre dans les Collèges de THif-
99 toire , c*eft peut-être Tenfance
n qui eu le tems le plus propre à
9> l'apprendrc^L'hiffoire affez inu-
^^ile au commun de hommes,
•9 efi fort utile aux enfans , par les
9» exemples qu'elle leur préfente ,
9» êc les leçons vivantes de vertu
99 qu'elle peut leur donner , dans
99 un âge oh ils n'ont point encore
19 de principes fixes , ni bons ni
|9 mauvais. Ce n'eA pas à trente
p ans qu'il faut commencer à l'ap-
19 prendre, à moins que ce ne foit
|9 pour la fimple curiofué , parce
p qu'à trente ans^refprit & le cœur
19 font ce qu'ils feront pour toute
I» la vie. Au refte , un homme
p d'efpric de ma connoiflance
p voudroit qu'on étudiât & qu'on
p enfeignât l'hidoire à rebours,
l> c'eft-à-dire, en commençant
H par npuii iems^ & reffu?maot
CO
19 delà ant ftecles palTés. Cette
M idée me paroît tr^-jufte & très*
9» philofophique. A quoi bon en-
n nuyer d'abord un enfant de
9» l'hiftoire de Pharamond, de
19 Clovis> de Charlemagne, de
w Céfar & d'Alexandre, & lu
99 laiiTer ignorer celle de Ton tems,
n comme il arrive prefque tou-
9> jours par le dégoât queles c6m-
n mencemens lui infpirent ?
M A l'égard de la rhétorique,
19 on voudroit qu'elle conâfiât
n beaucoup plus en exemples
» qu'en précepte^; qu'on tie fe
n bornât pas à lire des Auteurs
n anciens^ & à les faire admirer
9» quelquefois aflez mal- à- propos;
19 qu'on eut le courage de les cri-
99 tiquer fouvent , de les comparer
99 avec les Auteurs modernes , &
99 de faire voir en quoi nons avons
99 de l'avantage ou du défavan-
99 tage fur les Romains & fur les
99 Grecs, Peut être même de V roit-
99 on faire précéder la rhétorique
99 par la philofophie ; car , enhn ,
«y il faut apprendre à penfer avanc
n que d'écrire.
99 Dans la philofophie f on bor-
99 neroit la logique k, auelques fï*
99 gnes; la méthaphyhque , àuQ
99 abrégé de« Locke ; la moralç
99 purement philofophique , aux
99 ouvrages de Séneque oc d'Épic-
91 tête; la morale chrétienne^ an
99 fermon de Jefu&^hrift furlsv
99 montagne ; la Phyfique , aux
99 expériences & à la géométrie %
99 qui eft de coûtes les logiques 6c
99 phyfiqueslameiUeure»
99 On voudroit enfin qu*oa joî*'
91 gnit à ces différentes études ,
». celles des beaux arts & for tout
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co
n de h mufique , étude fi pro-
M pre pour former le goût , &
n pour adoucir les mœurs, & dont
» on peut bien dire avec Cicéron :
w Hac fludia adolefcentiam alunt ,
» feneàuum obleêlant , jucundas
» rw ornant , adverfis perfugium
J> & folatium prabent, H
Voilà , comme je l'ai dit , des
réflexions judicieufes & folides.
Tous les maîtres fenfés y applau-
xliffent. Mais, y en a-t il beau-
<coup qui ailfet le courage de s'y
conformer ? tant il eft vrai que
Vufage eft un tyran , auquel per-
-fonne ne fçauroit réfifter,
COLLENTUM, Collentum,
KoxMifro¥ , (a^ ville dlllyrie dans
rifle de Scardone, félon Ftolémée.
Pline en nomme les Habitans C^-
lentins , par une feule / ; mais , il
ne dit pas qu'ils fufTent dans l'ifle
de Scardone. Dans le chapitre
précédent, il nomme Tifle elle-
même Colentum , & la place à
trente milles de Pola,
COLLIER, Torques , {b) e('
pece d ornement. Les Colliers
étoient en ufage chez les Grecs ,
les Romains , 6c plufieurs autres
nations. Cet ufage étoit de la pre-
mière antiquité; les femmes en
portoient pourTornement ; l'on en
mettoit au cou des déefles. On voit
fur les monumens , des Colliers
de perles au cou de Minerve. La
déefle Ifis, comme on lit dans
une infcription venue d*Efpagne ,
en avoit un orné de plufieurs pier-
reries. Dans une autre infcription
C O 1J.99
de Gruter > nous lifons que Sym-
phorns de Riez en Provence & fa
femme Procris offrirent à Efculape
entr'autres chofes un Collier d'or
compofé de petits ferpens. Celui ,
que décrit Ariftenete dans fa pre-
mière Épître , eft plus remarqua-
ble ; il étoit orné de pierres pré-
cieufes , dont les plus petites
étoient difpofées de manière qu'el-
les formoient le nom de la belle
Laïs qui les portoit.
On en donnoit aux foldacs com<*
me une marque d'honneur & une
récompenfe de leur valeur. Man«
lius Torquatus portoit ce nom
pour avoir pris un Collier à ua
Gaulois \ de ce Collier appelle
Torques, il fut nommé Torqua-
tus, On en donnoit encore , félon
Capicolm, aux jeux militaires. Il y
en avoit d'or fimplement ; d'autres
d'or ornés de pierreries; quelques-
uns d'argent , félon Pline. Les
peuples de la grande Bretagne en
portoient d*ivoire. Nous voyoïis
aGez (buvent dans les infcriptions,
des gens de guerre qui , en récom-
penfe de leur valeur , avoient été
honorés de Colliers Ôc de brace-
lets.
COLLINA , Collina , nom
d*une tribu Roma'me 9 Voyc:^ Tri-
bu.
COLLINE^jCo//i/j4 , Ko\%lvot \,
(c) nom de l'une àts quatre ré-
gions qui partageoient au commen-
cement la ville de Rome. On l'ap-
pelioit Collina regio , c'eft- à-dire ,
le quartier des Collines , parce
U) Ptoicm. L. II. c. 17. Plin. T. I. j (c) Plin. Tom. II. pag. ç8. Mém. de
pag. 178. jrAcad. des lufcript. & Beii, Leu. T.
(^) Andq. expl. par D. Bcm» 4c[lV. p. 70. ^ /««v.
Moâtf. Tom. UI. pag. $). l
, liij
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500 CO
que dans ce quartier-là ily enavoît
cinq des feptqui étoient enfermées
dans l'enceinte de Rome. Ces cinq
étoient la Viminale , la Quirinale,
la Salutaire , la Mutiale & la La-
tiale. La tribu qui demeuroit dans
' ce quartier 9 s'appelbit auili Col-
line , Tribus Collina ; car , cha-
cun àt^ quatre quaniers étoit ha-
bité par une tribu particulière.
COLLINE , Collina, Kc^/ra»
la) nom d'une porte de Rome^qui
etoic fituée au pied de la Colline
Quirinale , ou du mont Quirinal.
Cette porte, dans la fuite du tems,
s^appella la porte du fel, après
que la rue qui cdnduifoit à cette
porte 9 eut été appellée la rue du
îely viafalaria, comme on voit
dans Tacite j qui appelle cette
rpe dufely dans le te'nu qu'il nom-
me encore cette porte Colline. La
râifon pourquoi fon nom chan-
gea , c'eft que les Sabins qui por-
toient du fel à Rome $ entroieot
par cette porte*
Ce fut aflez près de la porte
jCoUine , que , fous l'an de Rome
395 y l'on attaqua les Gaulois avec
toutes les forces de la ville. Les
Romains y combattirent fpus les
yeux de leurs pères ,& mères ^ de
leurs femmes & de leurs enfans^
pbjets capables y même de loin ,
^'encourager les plus timides; mais
3ui fe prefentant alors aux yeux
es foldats^ ajoûtoient à leur va-
leur les fentimens les plus vifis de
l'honneur & de la compaffioii.
Après qu'on eut verfé beaucoup
de fang d^ part & d'autre , les
CO
Gaulois fiirent enfin obligés de
céder.
C'étoît à la porte Colline que
l'on enterroit toutes vives les Vef-
tales convaincues d'incefte. Il y
avoit'là dans l'enceinte des murs,
un petit tertre élevé , qui s*étetï-
doit en long , & que les Romains
appelloient en leur langue d'ua
mot qui fignifioit une levée. Oa
creufoit fous ce tertre un petit ca-
veau 5 où Ton laiiT^june ouver-
ture pour y defcencOT , & où l'on
mettoit un petit lit , une lampe al-
lumée, & une petite provifioo
de tout ce qui eft néceflaire pour
fe nourrir, (:omme une cruche
d'eau , une phiole d'huile & un
pot de lait y feulement pour ne pas
offenfer la Religion , en faifanc ^
mourir de faim une perfonne con-
facrée avec les cérémonies les plus
auguftes & les plus faintes. Lorf-
3ue la coupable étoit defcendue
ans ce caveau , on en fermoit
l'ouverture av^c beaucoup de ter-
re , que l'on ne ceffoit d'y jettei:
que quand le terrein étoit uni.
COLLINES DES JARDINS,
Q) nom d'une petite montagne de
la ville de Rpme, où étoient les jar-
dins de Sallufte. Elle fut enfermée,
dans l'enceinte de la ville par TEm-
oereur Aurelieo. Le fêpulcre de
Néron la rendit célèbre , & il y
avoit une loi qui ordonnoit à tous
ceux qui af»iroient aux charge^
de la République j de paroitre fuf
cette Colline a la vue du peuple,
avant que de defcendre dans le
(4) Plut. T. I. pag. 6y , 470. Tit. Ltv. II. p. 746. Tacit. Hift. L. III. c 78 » 8t.
^. I. eu* L. lU. c. 51. L. VII. c. II. I {h) Mém. de l'Acad. des Infcripc» 9c
L. VUit c, I j, U XXII. c. 57. Plîn. T. | BcU. Lctt. T.; tV. p. 71,
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co
ditfmp de Mars ^ pour y faire leor
demande*
COLLINE, Co////w,déeffe (a)
à qui les Anciens attribuoient Tem-
pire fur toutes les Collines* Saint
AueuiHn en fait mention dans la
Qte de Dieu, Cette Déeffe étoit
adorée avec qn culte fort reli-^
gieur, puifqae les Collines mê-
mes au commencement étoient
adorées ; jufques-là que leur nom,
félon Varron , ^e vient que du
culte qu'on leur rendoit , Po/Iea»
quant fuperiora loca coUre ccepe»
runt, à colcndo Colles appella'^
runt.
. COLLINI, {b) forte de prê-
très Saliens , établis par Tullus
Hoflilius I & qui avoient une ef-
pece de temple fur le mont Qui-
rinal ; ce qui leur fit donner le nom
de Quirinales Se Agonales.
COLLOC ATION , Colloca^
tio , (c) étoit la cérémonie que
Ton pratiquoit pour mettre le
corps mort à la porte.
COLLYTUS, Collytus.Voye^
Colyttus.
COLOBIUM , Colohium , (d)
nom que Ton donnoit à un habit
fénacorial. C'étoit une efpece de
tunique , dont on ne connoît pas
bien la forme,, & dont il eft fait
rarement mention dans lès Au-
teurs.
, COLQCkSlA, Colocafia,{e)
efpece de fleur , qu*on voit fur la
(«) Mych. par M. TAbb. Baa. T. IV.
p. 461.
(b) Coût, des Rom. par M. Nieup.
pag. »io.
' (c) Anciq. CKpIiq. par D. Bern. de
Montf. T. V, p. 9.
• {d) Antiq. cxpl. par D, Bcrat de
Montf. Tom» lU. pag. a$*
C O 5or
tâte de quelques Harpocrates.
COLOCYNTHOPIRATES.
Colocyathopirata , (/) Ke^ox^rôo-
Truptlrat « forte de corfaires ima-
ginaires , dont parle Lucien. Ils
navigeoientfur de grandes citrouiU
les longues de flx coudées. Lorf«^
qu'elles étoient feches , ils les
creufoient & fe fervoient des grahis
au lieu de pierres dans le combat »
& des feuilles au lieu de voiles ,
avec un inât de rofeau*
C9LOÉ , Coloe , Kpao'm, (g)
marais d'Ethiopie , d'oh fort la ri-
vière d'Aflapus , félon, Ptolémée.
COLOÉ , Coloé, KoA^M » (A)
ville d*Éthiopie dans les terres,
félon le même Ptolémée. Arrien
fait «ienti9n de cette ville de Co-
loé dans fon Périplede la mer Éry«
thrée ; & parlant du village d'Adu-
lé , il ajoute : » De -là jufqu*àCo-
i> loé , ville maritime , où fe fait
n le plus çrand commerce de 1*1-
i> voire , il y a trois journées de
o chemin.)»
COLOÉ ^ Coloe ^ Ka/m, (i)
lac de TAfie mineure dans la Ly-
die , à quarante ftades de Sardes*
yoye{^ Côlœne & Gygée.
COLCENE, Colœne , KoAmiT,
furnom de Diane. Cette déef-
e étoit honorée fous ce nom à
Mardis , où elle avoir un temple «
auquel Alexandre accorda le droit
d'aiyle. Ce temple étoit près du
lac C6I0US, d*où venoit le furnom
(O Suppl. à TAntiq. expL par D*
Bern. de Momf. Tom. H. pag. 189.
(/) Lucian. T. I. p. 77» , 77%.
(g) Piolem, L. IV. c. 8.
{h) Ptolem. L. IV. c, 8.
(0 Strab. p. 6t6 , 6%jr,
(i) Strab. p. 6a6» 6%j, FreinC fuppl)
in Q. Curt. L. II. c. 6.
Il ut
f*',
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502 C O
de Diane Colœne. On laî célé-
broit des fêtes , dans lefquelles on
feifoit danfer des finges*
COLŒNIS , Cotœnis , autre
furnom de Diane ; elle étoic ado-
rée fous ce nom par les habitans
de Myrrhinunte en Attique. On
dit qu*il lui venoit de Colœnus «
que quelques-uns prétendent avoir
régné à Athènes avant Cécrops.
COLCEPHRYGES , Colœ-
phryges , peuples de G^ece dans la
£éotie. Etienne de Byzance dit
3u'on les nooimoit auiS Anticon-
yles. Héfychiusâit mention de
Colœphryi montagne de la Béo-
tie.
COLOGENBAR , CoW-
har, ville d'Afie près de l'Eu phra-
te i afliez près d'Édeiïe , félon
Guillaume de Tyr , cité par Or-
télius.
COLOGf^KFbyei Agrippirte
[ la colonie d^ ]
COLOMBE , Columha , {a)
TJtpi0"rtpà ) oifeau célèbre dans les
Poètes. La Colombe éioit l'oifeau
de Vénus* Cette déeflfe la portoit
ik la main. Elle Tattachoit à (qH
char -y elle prenoit fa forme. Jupî<^
rer fut nourri par des Colombes ,
fable dont l'origine refl)?mbfe à
celle de beaucoup d*atrires i elle
vient de ce qu'en Phéniciem le mot
Colomht fîenifie prêtre ou eurete.
Il eft rait mention de deux
Colombes fameufes ; l'une fe ren*
dit à Dodone , oîi elle donna la ^
vertu de rendre des oracles à un yers :
CD
chêne de prédileâion ; l'autre s'en
alla en Libye , oii elle fe plaça en-
tre les cornes d'un bélier > d'où elle
publia fes prophéties. Celle -et
etoit blanche » l'autre étoit d'or.
La Colombe d'or » qui donnoit le
don de prophétie aux arbres, ne
le perdit pas pour cela ; elle étott
perchée fur un chêne ; on loi facrU
fioit ; on la confultoit , &L (es prê«
très vivoient dans Tabondance.
Ce fut elle qui annonça à Hercule
fà fin malheureufe. La Colombe
étoit le feul oifeau qu'on laiflat
vivre aux environs du temple de
Delphes.
Après la mort de Sémiramis »
on publia qu'elle s'étoit envolée
fous la figure d'une Colombe ; &
dès- lors les Colombe^ furent con»
facrées parmi les Aflyriens , qui
les portèrent dans leurs enfeignes.
C'eftàcerefpeâpources oifeaux
peints dans les étendards des AiTy-
riens « que fait allufîon l'Écriture
fainte dans Tendron où il eft* dit :
Fugiie âfaàeglddii Columha*
Les habitans d'Afcalon avoknt
un fouveraîn refpeâ pour Tes Co-
lombes. Ils n'ofoient ni en tuer ni
en manger , de peut de fe nourrir
de leurs diesx mêmes. Philon af-
iure qu'il avoit vu dans cette ville
nn nombre infini de Colombes
qu'on nourrifloir, & pour lefquellss
on avoît une vénération particu-
lière. Tibulle a très^henreufemenc
vxprimé ce refpeâ des Syriens
pour les Colombes, dans ces deux
(j) Myth. par M. PAbb. Ban. Tom.
I. p. JS4. 4SB. T. ni. p. S4» 55 . 144»
MS* Amiq. expl. par D. Bem. de
Monif. Tom» I, p/ 4i , i68« Tom, It p.
157. Mém. de PAcid. des Infcrîpt. &
Bell. Lett. Tom. III. p. 188 • 1^5. T. Y.
3f > 36. Tom« XIV. p« 6| » 64. T. XVIU
pa«. $8.
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co
^uid referam , ut volitct crehras
inta^aper urbes
^Iba Palajlino fanSa Columba
Syro.
. Si la Gilombe étoit en fi gran-
de vénération chez quelques na-.
fions , il s*en t^ouvoit d'autres qui
^voient des idées biep difFérei^tes
aa fu jet de cet oifean« Les Perfes ,
par eiemple > regardoient (ur tout
les. Colombes blanches comme
des oifeaux de mauvais augure »
ils les détefloient. Perfuadés4]ue le
ibleilles avoir en horreur , ils n^en
IbufFroient point danrleur pais» du
inoins à ce que raconte Hérodote*
. Archytas de Tarepte avoit fait
tine Colombe de bois , fi arcifte-
ment travaillée, qu'elle voloit pen-
dant un te^s Umité , après quoi
ieille perdoit' Ton mouvement , ju^
qu'à ce que la macbine fût rernoo*
. COLOMNE , Columna , {a)
«7WAM , terme que Vitruve dérive
de Celumen , appui , feûtîen. L'on
entend par Coloo^ne nne efpece
de cylindre, qui diâfere du pÛier,
en ce que la Cobmne diminue à
fon extrémité fupéfieureen forme
de cône tronqué ,^ que le pilier
efi élevé parallèlement.
Les Colomnes fervirentd'abord
de monumens hi^oriques. Nous
lifons, en effet, dans Jofephe,
que les enians de-Seth ayant ap*
pris d'Adam que le monde péri-
roit par l'eau & par le ieu , S(
craignant que la icienc^ de l'Af*
trologie où ils airoient fait l»eau«
C O 50}
coup de progrès , ne fe perdit
avant que les honimes euflent en
le tems de s'eninûruire , bâtirent
deux Colomnes , Tune de brique,
l'autre de pierre , fur lefquellef
ils gravèrent les connoiiiances
qu'ils avoient acquifes 9 afin que fi
le déluge ruinoit la Colomne de
brique , celle de pierre fubfiftât ,
pour tranfmettre a la poflérité la
mémoire de ce qu'ils y avoient
écrit ; & Jofephe ajoute que cette
Colomne fe voyoit encore de foa
tems dans la Syrie, A la vérité »
ce fait ne laifle pas d'être contre*
dit, parce qu'il n*efi p^s certaja
que les enfans de Seth aient ha-
bité la Palefiine ; mais , cela prou-
ve toujours que dès ce tems- là , il.
y avoit queloue manière de gra«
vure ou d'iolçription.
Parmi les Héoreyx , on mettoir
des Colomnes à tous les héritages}
& il' étoit défendu de les âter. El-
les marquoient aufli les limites des
provinces ii des Étuts ; témoin 1^
fameufe Colomne que Théfée fi|
^iger dans/iiHiitie de Corinthe^
pour diftingiier îlonie du Pélo-
ponnèfe. Çyrus en mit une fur les
frontières de la Phrygie & de la
Lydie; & les Perfes en firent au-^
tant pour marquer le territoire de
la ville de Magnéfie.
, On écrivoit fur des Colomnes
les ioix & les coutumes des pais r
(l l'on ne voit que {^ycurgue, qui
ne trottlut pas fe foumettre à cet
yfage, pour contraindre lesliacé-*
4émoniens ^ les'âppietfdre par
cœur. On y écrivoit la ttaité» Sk
(4) Jofcpb. dt Antiq. Judaïc p. 7, 8. ÎInfcrîpi. & Belh Letf. Xoœ^ IV, ptjç,
utiq. xpliq. pzt D. Bcm. de Moatf. 384. Tom. VI. p. 9 » 9P k 4S* X. VU. o»
om. llle. p, ()4. M^m. de l'Acad. des 1 1^. T, XU. p. ii/. T. XllL p. 473;^ ^'
1 î iv
Antiq
Xom
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504 c o'
les alliances; & au rapport de
Thucydide, c'éroii une pratique
généralement établie dans les plai-
nes d'Olympe , dans llfthme ,
dans TAttique, & par tout ail-
leurs. Dans riile de Crète, on
voyoit écrits fur des Colomnes ,
les rites qu'obfer voient les"Cory-
bances pour célébrer les fêtes de
Cybele ; 6c Diodore de Sicile
f)arle d'une Colomne érigée à
'honneur d'Ifis 6t d'Ofiris , avec
ène Infcription en lettres facrées
des Égyptiens. On voit par. là
que l'HîAoire ancienne fe lifoit
par tout'eii caraâères durables.
On ffiiibitaufn pour rordinaire»
Eofer une Colomne fur le tom-
eau. Homère nous Tapprénd en
plufieurs endroits de Tes Ouvra-
fes , il fufHt d'en rapporter un.
W qu'une Colomne qui demeure
inébranlahie fur un tombe aUk
On joignoit quelquefois à ce
tippe ou Colomne , les marques
de la pVofeilion de celui , à qui
on confacroit le tombeau ; ainfi
voyoit-on une rame fur celui d*Él-
pénor. '
L'on érigeoit encore des Co-
îomnes aux vainqueurs , aux £m-
{)ereurs , ornées de bas -reliefs &L
de fculptures qui repréfentoient
' leurs exploits. Telle eft la Colom-
ne Trajahe , monument élevé à
)a gloire de Trajan. On en met-
toit encore fur les grands-chemins
de mille en mille pas , qu'on nom**
moit pour cette raifon Colomnes
tnilliaires. Nous parlerons ci-après
de ces derniètes Colomnes.
, La maifon,:de campagne des
Gordiens , fituie fur la voie Pré-
neftlna/ avoir un téuaflyie, ou
on grand ' quarré , enfermé 3 de
Colomnes au nombre de deux
cens , toutes d'une égale hau-
teur ; cinquante defquelles étoient
CaryfHennes , cinquante Clau-
diennes , cinquante de Synna-
de t & cinquante de Numidîe.
En général, on voyoit dans les
appartemens des Seigneurs du
premier rang, de grandes Co-
lomnes de marbre , dont les cha-
piteaux étoient dorés, & quel-
quefois des Colomnes toutes do-
COLOMNE LÉGALE. C'é-
toient chez les Lacédémoniens des
Colonines élevées dans les' places
publiques , où étoient gravées, fur
des tables d'airain , les loix fonda-
mentales de l'État.
COLOMNE ANTONINE,
Columna Antonina.QttxtCoXota"
ne fut élevée à Rome en l'hon-
neur de M. Aurele Antonin. Elle
eft creufe. On a pratiqué en de--
dans un efcalier de 106 marches.
Elle a 175 pieds de hauteur , me-
fiire ancienne,otr z6a, mefure Ro-
maine d'aujourd'hui ; cinquante-
fix petites fenêtres l'édairotent.
Le tems & le feu Tavoîent beau*
coup endommagée. On la répara
fous Sixte V. Ce Pontife fit {4acer
au haut une ftatue de Saint Paul ,
fondue en bronze & dorée , or-
nement affez barbare ; car , quy
a-t*il de plus niativais goût » poar
ne rien dire de pis , que la ftatue
d'un Apôtre du Chriftianifme au
haut d'un monument chargé des
aôiotis militaires d'un Empereur
Payen ? On y voit la légion ful-
minante ; un orage épouvantable
conferve Tarmée Romaine près-
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co
de pérîr de foif , & niet en fuît€
1 ennemi. Elle eft placée en de-çà
& à droite Deila ftrada del Corfo.
On y entre par une porte prati-
quée à fon piédeflal ; une plate-
forme quarrée portant une grille
de fer jdi' fert de chapiteau.
COLOMNE BELLIQUE ,
Columna BelUca , {a) petite
Colomne placée devant le temple
de Bellone , à Rome, derrière le
cirque Flaminien , oh e(l mainte-
nant le couvent di Tor de SpecchL
Quand on dédaroit la guerre à
des peuples , le Conful lançoit de
de/Tus ou contre cette Colomnè
un dard vers la contrée qu*ils ha-
bitoient.
COLOMNE DE CÉSAR ,
Columna Cafaris. Elle étoit de
tnarbre de Numidie; elle avoit
vingt pieds de hauteur.^ on Tavoit
élevée in foroRomano ^ à l'hon-
neur de Jules Céfar. On y lifoit
rinfcripcion Paraiti Foiria. Le
peuple Tavoit en tetJe vénération,
qu'il y faifoit des facrifices , qu'il
y terminoit Tes différends ^ & qu'il
y juroit par Céfar. E>olal>ella la fit
abattre , & Cicéron l'en loue. Il y
en a qui prétendent que ce ne fut
.dansjles commencemens , qu'un
autel , que le peuple & le faux
Marins avoienc fait conftruire ,
que Marc-Antoine éleva la Co-
lomne fur cet autel , & que Tlnf-
cription étoit Parenu optimè me^
rUo.
COLOMNE LACTAIRE ,
Columna Laâaria. Cette Colom-^
n^éîdit dans la onzlèine région de
Rome. Toutes les mères y por-
C O 50J
toient leurs enfans par fupeffliiion;
quelques-unes les y laiiloient ex-
pofés par indigence ou par inhu-
manité. On appelle maintenant le
lieu de cette Colomne , la Piazza
Montanara.
COLOMNE MÉNIENNE,
Columna Mania» On voyoic cette
Colomne dans la huitième région.
Elle fut éjevée, félon quelques-
uns, à rhonneur du conful Ma-
nius , après une victoire rempor-?
téefur les Antiates ; félon d autres,
par un certain Maenius , qui s'écoit
réfervé ce droit- en vendant fa
maifon aux cenfeurs Caton &
Flaccus , afin de voir de- là le
combat des Gladiateurs. Comme
la forme en étoit particulière , on
donna dans la fuite aux édifices
femblables le nom de Maniana »
dont on a fait le nom Mignani. Il
eA fait mention de deux Colomnes
Maeniennes ; c'eft au pied d'une
de ces deux Colomnes que les
1 riunivirs , fuinommés Capitales^
jugeoienc les voleurs & autres
bandits.
COLOMNES ROSTRÉES,
Columna Roftrata. Cétoit - là
qu'on attachoit les éperons des
vaifleaux pris fur l'ennemi. La
première fut élevée à Toccafion de
la viâoire navale de C. Duilius ^
fur les Carthaginois. Elle étoîc '
dans le marche Romain ; on la
trouva en 1 260 près de Tare Sep-
timien. Le cardinal Alexandre
Farnèfe h, fit porter au Capitole ;
^lle efl de marbre blanc. Augufle
en avoit fait confiruire au même
lieu quatre autres femblables , da»
Ci) Antiq. expl. p9r D, S«rti. de Montfl X«mt U, p. -fi^
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5o6 C O
éperons des narires qui furent pris
fiir Cléopâtre.
COLOMNE TRAJANE,
Columna Trajana* Voytz Trajane.
COLOMNE ITINÉRAIRE.
Ceft la même chofe que la Co-
lomoe miUiûre qui efi ci - après.
Voyt^ cependant Ifinérarre.
COLOMNE MILLIAIRE.
Columna Milliana. (a) On fçaii
cfue les Romains plaçoient de mil-
le en mille pas for les routes où ils
conflruifoieàt des chauiTées » des
Colomnes de pierre fur leTquelles
on gravoit au -defibus do nom de
l'Empereur qui les avoit hk éle-
Ter , quelle étoit la diftance de
chaque Colomne à la ville où cette
route xommençoit. Cet uiàge qui
, étort ancien>avoit lieu fur toutpour
les chemins conftruits dans les pais
fitués au nord & à l'occident de TI-
kalie , dans Tlllyrie , dans la Gaule
& dans r£(pagne* On trouve en
France plpbeurs de ces Colom-
nes^ mais avec cette fingularité
qui ne fe voit dans aucun autre
paîs f que les diftances itinéraires
font quelquefois, marquées par
le nombre des lieues , leugis , &
non par celui des milles. Ces for-
tes de Colomnes ne fe rencon-
trent que dans la partie des Gan-
les , nommée par les Romains
Comata ou Chevelue^âc dont Cé-
far (it la conquête ; dans tout le
refte, on ne voit que des Co-
lomnes milliaires.
Qoelquefon dans le même
canton & fous le même Empereur»
la^diftance d'une dation à l'autre
co
txoix exprimée à la Romaine tt
à la Gauloife , c'eft-àdire, ea
milles & en lieues » noq pas à la
fois fur la même Colomne , mait
fur des Colomnes différentes.
Les Romains marqooient les
. milles par ces deux lenres » M. P«
avec un chiffre qui marquoit le
nombre des milles ; par exemple ,
M. P.XXn. M'dl'm pajfutm vi-
guui duo. Les Gaulois , chez qui
on comptoit par lieaes, exprî«'
noient les diitances par la lettre
L. avec le nombre des lieues;
ainfi, dans les Colomnes mil*
liaire^ découvertes en France »
L. VIL ftgntfie leuga ou Uuc»
feptem , (êpt lieues.
COLOMNE, Cdumna. (^
Ce terme fe trouve affez fréquem-
mem dans les Écritures. Job dit :
// remue la terre de fa place ; 6t
fes Colomnes font ébranlées* El
ailleurs : Les Colomnes du cid
frémiffent , . 6* elles tremblent à là
moindre wtarqm de fon indigna*
tion. On lit dans un Pfeaume : La
terre s*eft fondue avec tous ceux
qui l'hatitent ; mais^ j'en affer*
mirai les Colomnes. Ce font des
expreffiont méuphoriques qui
fuppofent que le ciel & l^ter*
re font comme un édifice élevé
de la main de Dieu , éubli fur fon
fondement 6c fur fes bafes ; cela
paroit par les paroles de Job. Ou
étiei'vpus , lorfyue je jettois. les
fondemens de la terre? Dites-le^
fi vous ave\ t intelligence. Puif"
que vous éteJ fi éclairé , dites -moi
qui en a réglé toutes les mefures »
Co Mém. de PAcad. àe* Infcript. &I (*) Job. c. 9. v. 6, c. i5. v. 11. c.
Bell. Lctt. To^ XIV. p. 150. T. XXl. [ î8. v. 4. & /#f. Pfalm. 74. ?. 4. Epift^
p. 65,66. ladGalacc»». Vt9«
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co
ç» qui a étendu fur elle le niveau ?
Sur quoifes bafes font^elles affet'
mies , ou qui en a pofé la pierre
angulaire? Les Anciens croyoient
que ia terre étoit plate » & que
les cietix portoient fur Tes extré-
mités.
Saint Paul, dans fon É pitre aux
Galates» dit que Jacques, Cé-
phas , 6c Jean , étoient reconnus
pour les. Colomnes de TÉglife;
c*cft-à dire , qu'ils étoient , Tap-
pui , le fou tien , la force » l'orne'
ment de l'Êglife.
Nous nous.difpenferons de citer
ici une multitude d'autres pafTa-
ees » tant de l'Ancien , que du
Nouveau Tedannent, où le mot
Colomne efi pris dans un fens
métaphorique.
COLOMNE DE NUÉE ,
COLOMNE DE FEU, {a)
Columna nubis ^ Columna ignis^
C'eû cette Colomne , qui , obf*
cure pendant le jour , lumineufe
pendant la nuit, fervit de figne au
peuple Juif pendant fa marche au
forttr d'Egypte , & pendant les
quarante ans de (ba féjour dans
ledéiêrt.
COLOMNES DU TA-
BERNACLE , Columna Atrii ,
piliers fur lefqueb les rideaux fu-
rent tendus autour du tabernacle.
Les uns difent qu'ils étoient de
bronze » d'autres de bois. Il y en
a voit vingt du côté du- nord, vingt
du côté du midi , dix à l'ocddenc ,
dix à l'orient ; ce qui fait foixante ;
à moins qu'en comptant les pilierf
des angles pour deux » cela ne r^
C O 507
duife le nombre à cinquante- ûx.
Ces piliers ayoient des appuis
d'airain.
COLOMNE , Columna , {b)
terme d'architeâure. Chez les
Grecs , un ordre d'architeflure ^
étoit compofé de Colomnes &
d'un entablement. Les Romains
ont ajouté des piédeftaux fous les
Colomnes de la plupart des or*
dres , pour en relever la hauteur,
La Colomne eft un pilier rond.»
fait pour foû^enir ou pour orner
un bâtiment.
Toute Colomne , Ç\ l'on en
excepte la Dorique , à laquelle les
Romains ne donnoient point de
bafe, eft compofée d'une bafe,
d*un fût 6c d'un chapiteau.
La bafe eft la partie de la Co-
lomne qui eft au-defTous du fut «
& qui pofe fur le piédedal , lorf-
qu'il y en a. Elle a une plinthe «
qni e(l une pièce plate & quarrée
comme une bri<|ue , appellée en
Grec Tx.Wo^ ; & des moulures ,
qui repréfenent des anneaux ,
dont on Ibit 'e bas des piliers pour
les empêcher de fe fendre. Ces
anneaux ^ nomtnent tores quand
ils font pos , & aûragaies quand
ils font petits. Les tores laiiTenc
ordin^^ement entr'eux des inter-
valle creufés en rond , c^ue l'on
Qor<ne fcocie ou trocUles.
i^e fût de la Coloihne eft la
firtie ronde & unie, qui s'étend
iepuis la bafe îufqu'au chapiteau.
Cette partie de la Colomne eft
plus étroite par le haut que par
le bas» Il y a des Architeâes qui
(«) Exod, c. 13. V. fti , 4t, 1 f*) ^oW* Hîft, Ane. Tomt V. p. jt».
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5o8 C O
vcufçnt que ïes CoFamnes (oient
plus groftes au tiers de leur hau-
teur, qu'au bas de leur fut. On ne
trouve point d'exemple de ce fen-
tinxeiK dans l'Antiquité. D^àutres
£azit h fût de la même grofTeur du
basa» fiers, & le diminuent de-
pots le tiers jufqu'au haut* D*au*
très en6n font d'avis dé commen-
cer la diminution dès le bas.
• Le chapiteau eft ia partie fu-
périearé de la Colômne qui pofe
ûnmédnteinent fur fon fût.
L^entabiement eft la partie de
fordte qui eft au-defTus des Co-
iomnes^n comprend l'architrave»
ù frife & la corniche.
L'arcbkrave repréfente une
poutre, & porte immédiatement
fit les chapiteaux des Colonuies.
Les Grecs rappellent épifty le« ,
La fri(é eà l'intervalle qui fe
troure entre Varchirrave 6c la
corniche. Elle r^çréfente le f5lan-
cber éa bâtiment.
La corniche eft le^ouronnement
de ror<lre entier* £l)e eft compo-
lee de f^ufieurs moilures , qui ,
ÉûQaat les unes fur les^iutres^peu-
veiit mettre Tordre à tabri ée$
cau(;L du toit.
Le piéiieftal eft la partKla plus
Itaile de l'ordre, C'eft tin\corps
qnar ré , qui renferme trois parties ;
l^avoir , te ibc , qui porte fur l\ire
ou pavé ; le dé , qoi eft fur le Ù>^
la c^matfe , qui eft la corniche cK
pfédeftal, & fur laquelle la CoA
iottmç eft affife.
Les Architeâes ne conviennent
pas emr'eux fur les proportions
«!e$ Cobmnes avec l'entablement
£( les piécieftaax. En fui vant- celle
que jpiropofe Vignole > lorfque Ton
co
voudra feîre pn ordre entier arefC
piédeftaux dans une hauteur don*
née , on divifera cette hauteur en
dix- neuf parties égales' pour en
donner douze à la Colomne avec
fa bafe & fon chapiteau , trois i
l'entableoient , & quatre au pié-
deftal. Mais , Ci l'on veut avoir un
ordre fans piédeftal^ on divifera
la hauteur donnée en quinze par-
ties feulement ^ & l'on en donne-
ra douze à la Colomne , & trois à
l'entablement.
Ceft fur le diamètre du bas da
fût des Colomnes que toutes le»
parties des ordres font réglées.
Mais , ce diamètre n'a pas la mê'*
me proportion avec la hauteur
de la Colomne dans, tous les or*
dres.
Le demi diamètre du bas du
fût fe nomme module. Ce module
fert d'échelle pour mefurer les
moindres parties des ordres. Plu-
fieurs Archiceâes le divifent en
trente parties; de ibrte que le dia-
mètre en contient foixante» qu'on
peut appeller minutes.
La différence qui fe trouve en-
tre le rapport des hauteurs de%
Colomnes avec leurs dian^tres ,
entre leurs bafes , leurs chapi*.
teaux , 6c leurs entablemens , ror*
me la différence des cinq ordres
' d'architeftqre. Mais , c*eft princi-
palement par leurs chapiteaux
qu'on peut les diftinguer ; excepté
le Tofcan, que Ion pourroit con-
\fondre avec le Dorique , fi l'oi^ ne
>onfidéroit que leurs chapiteaux.
\es Colomnes Doriques & Tof-
c^Hs n'ont à leurs chapiteaux que
' ^®*\>uluresen forme d'anneaux,
& P^deffus une pièce plate 6£
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ço
^narrée , que Ton nomme tailloir^
Mais t le Dorique eu aifé à di(lin<-
guer du Tofcan par la frife. Dans
Fordre Tofcan, la frife eft unîe,jSc
dans le Dorique , elle eft ornée de
trîglifes, qui font des boflages
quarrés longs , lefquels imitent
aflez bien les bouts de plufieurs
poutres qui porteroient fur Tarchi^
trave pour former un plancher^
Cet ornement eft afFeâé à l'ordre
Dorique , ôc ne fe trouve point
dans les autres ordres*
Le chapiteau Ionique eft aifé à
reconnoitre par fes volutes , qui
font des enroulemens fpiraux qui
ibrtent de delTous le tailloir.
Le chapiteau Corinthien eft
orné de deux rangs de huit feuilles^
chacun > & de huit petites volu«
tes , qui fortent d'entre les feuil-
les.
Enfin» le chapiteau Compofite,
eft compofé du chapiteau Corin-
thien & du chapiteau Ionique. Il
y a deux rangs de huit feuilles ,
& quatre grandes volutes , qui
parpiftent for tir de deffous le uil-
loir.
COLOMNES , ColumnéP. (a)
Pline parlant de l'ifte de Cerné ,
que l'on croit être Tifle de Mada«
gafcar, dit: w.Éphorus foûtient
w qu'en faifant voile de la mer
» Rouge', on ne peut y arriver à
%f caufe des grandes chaleurs au
» de-là des Colomnes. C'eft ainfi
»» qu'on appelle de petites iftes. u
Le;P. Hardouin croit que ces pe-
tites ifles font <:elles de Mafcaren^
has , qui font au nord de Mada-
U) riin, Tom. I. P' U7*
C O 509
gafcar , an nombre de <!x bu lèpt,
• prelque fous la ligne.
COLOMNES D'HERCU-
LE , Columna Hcrculis* {b) C*eft
le nom que les anciens Géogra-
phes 6c Hiftoriens ont donné aux
deux montagnes de Calpé ôc d'A<-
byla , qui forment le fameux dé-
troit de Cadis ou de Gibraltar ;
l'une du côté de l'Europe dans
rAndaloufie, province d'Efpagne;
l'autre du côté de l'Afrique , aa
païs de Tanger en Barbarie. Ces
deux montagnes ont été aitaS
nommées « félon le fentimenc de
plufieurs Auteurs , parce qu'étant
hautes 6c efcarpées , elles paroif-
fent de loin à ceux qui viennent
du grand Océan pour entrer dans
la Méditerranée, comme deux
Colomnes ; ou parce qo*Hercuk,
étant parvenu jufqu'à ce lieu -là,
& croyant qu'il n'y avoit plus de
terres vers le couchant' , y pofa ,
dit-on, deux grandes Ck>lomne$9
avec ces mots pour Infcnpitoa :
Non ultra. Sur quoi il faut remiir-
quer que l'Amérique ayant comr
mencé à être découverte du tecns
de Ferdinand & d'Ifabelle , l'eqtt-
pereur Charles -Quint, leur fuc-
ceiTeurau royaume de Caftille &
d'Arragon 9 s'avifa de preiu!re )e
contre'-pied de cette infcripâo0
pour fa devife , plus ultra ^ yoa-
jant faire connoitre, ou qu'il ayoît
pouiTé fes conquêtes plus loia
qu'Hercule» ou qu'elles ne dé-
voient point avoir de bornes.
Il y en a qui prétendent que
ces Colomnes lonc de grand mon-
1
(*) Tit. Uv. L. XXr. c. 43, L, XXÎII.
c. 5i
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5TO CO
ceaux de pierre , qu'Hercule fit
élever fur le rivage , lefqueis fe*
font tellement affermis ôc accrus
par la longueur des années , qu'ib
fe voyent de fort loin. Les Efpa-
gnols croyent que ces Colomnes
écoientfur le rivage t>ccidenral de
rifle de Cadis , pioche la ville de
ce nom , oii Ton voit encore deux
tours nommées par les habitans ,
Colomnes d'Hercule. La &ble
ajoute qu'Hercule défit en ce païs-
U Géryon , & lui enleva fes
bœufs.
COLON, Colon, K^^^ck,
terme de Grammaire. Ce terme ,
qui efl purement Grec , fignifie
membre , & par extenfion ou mé-
taphore y membce de période ;
enfuite % par une autre extenfion ,
quelques Auteurs étrangers fe font
(ervis de ce mot pour défigner le
(îgne de ponâuatton qu'on appel-
le les deux points. Mais , nos
Grammairiens Franco» difent
fimplement les deux points , & ne
fe fervent de Colon que lor(qu'il$
citent en même tems le Grec.
C'eft ainfi que Cicéron en a ufé :
in membra quadam qua k^>ci
Çraci vocant , difpertiebat ora^
tionem. Et dans un autre endroit :
Vcfcio cuft chm Craci ni/niuecrd
& KûùTiet nominent , nos , non rtBè,
ineifa & membra dicamus,
COLONA , Colona, Ko^olra »
(a) nom d'une éminence. Vaye^
jBacchus Colonate.
COLONE, Colone, a) lieu
fitué dans le territoire de Pariane.
{«) PauC p. 185*
(b) Strab. p. ^89.
(c) Panf. p. 58.
{d) Strab. p. 589.
CO
Le texte de Strabon porte Lico^
lone ; & les manufcrits Ufent Hé-
liocolone.
Le poëte Apollonius fait mefl-
tion d'un écueil de même nom ,
qu'il place fur le rivage du Bof*
phore de Thrace , vis-à-vis des
Cyanées. Pierre Gilles dit qu*oa
rappelle préfentement Cromnioa
par corruption.
Il y avoit auffi un écueîl de
même nom dans la rivière deRhe-
ba en Bithynie; & enfin, un pro*
montoireprès du fleuve Lycus,
félon le Scholiafle d'Apollonius.
COLONE ÉQUESTRE ,
Colonus EqueflrU , Koa^joç tinn^*
(c) On appelloit ainfi une petite
éminence qui étoit à Athènes. Ce
fut en cet endroit qu'Œdipe vint
pleurer fes malheurs , félon ceux
qui f^ veulent point s'en rappor-
ter à Homère. On doit remarquer
que c'efl de-là que .cette tragédie
de Sophocle 1 intitulée adipe Co*
lone 4 6( qui a été fi bien traduite
en François par feu M. Boivin ^
a pris fpn nom.
COLONES, Colona, Xo><?-
pait (i) ville de TAfie mineure,
fituée au-deflus de Lampfaque.
C'étoit au rapport de Strabon ,
une colonie des Miléfiens. Ce
Géographe met Colones vers le
milieu du territoire de Lampia^
que.
COLONES, Cohna, Km^
f«i y {e) autre ville de TAfie mi-
neure , qui étoit fituée dans la
Troade , près de Tifle de Leuco-
(«) Strab, p, 589 » ^4' Corn. Nep.
'tt\ Pauf. c. î". Plin. T. I. p. »8i. Xçnoph.
pag. 4^5. Pauf. p. 6}4.
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co
phrys. Strabon la place fur k bord'
de THsllerpont , à cent quarante
ftades dllium ; 6c il ajoute que
ï'on difoh que Cygnus étoit de
cette ville. Paufanias parle d*une
manière plus affirmative ; car ^ il
aifure que Cygnus régna à Colo-
«es, Strabon , dans un autre en-
droit , nous apprend que Colones
avoir appartenu à Dia.
Cornélius Népos,dans la vie de
Paufanias , dit que ce Général des
Lacédémoniens , réfolu de ne plus
mettre le pied dans Sparte » avoit
établi ion féjour à Colones « &
gue c'eft-là qu'ij formoit des def*
ieîns auffi funeftes pour lui que
pour fa patrie.
li y a des éditions de Corné-
lius Népos , qui portent Golones,
pour Colones. Une autre obferva-
tion , c*e{l que cet Auteur ne dît
point que Colones fût une ville ,
mais feulement un lieu. Colonas »
qui Iqcus in agro Troade eft 9 fc
contulerat, Pline lit Colone en ûn-
gulier. Xénophon fait auffi men-
tion de cette ville , & la nomme
Colones au pluriel , comme Stra-
bon & les autres anciens Au-
teurs.
COLONES . Colona , Kot^^^
fKt^ (a) ville d*Erythrée, félon
Anaximène , qui , au rapport de
Strabon , en connoiflbit deux au»
très du même nom. L'une étoit
clans la Phocide , ^ Tautre dans la
Theffalie.
C^ Strab. p. ^^9.
(*) Mém. de TAcad. det Infcript. &
JkU. tett. T. IV. pag. »7.
Ctf) Pauf. p. »8i. Plut. T. I. p. %66.
(4) ^rab. rag. aî6. RoH. Hift. Ane.
^« I. p, 11$. J, V. p. 81$. Hiit. Rom.
CO Tir
COLONIA , Cohnia , '( ^ )
étoit , félon Tzetzès, femme d'O-
riéus. Il y a des Sçavans qui pré-
tendent que le nom de Colonia
convient à Sara ; 6c ils le dérivent
du Phénicien Cala , torruit , torre^
ftcit , combuffit , affav'u /frixit ,
duquel on a fait Coli , polenta ^
farina. Au participe de Cala il
faut a la Chaldaïque ., coUo ; &
avec le noun paragogique , Co*
Iton , d'où Colon , celle qui cuit
du pain , & en ajoutant deus^ celle
oui cuit, qui fait du pain pour les
oteoic.
COLONIDES , Colonides, (c)
Kow^lli- f villle du Péloponnè/e
dans la MeiTénie , étoit fituée fur
une hauteur fort près de la mer*
Les habitans (è difoient originaife»
mentdeTAttique, & prétendoient
qu*ils furent amenés dans la Mef-
ienie par Colénos, qm^obéidant
à un oracle , & guidé par le vol
d'un oifeauj vint s^établir dans le
lieu oii ils étoient ; qu'enfuite ils
prirent infenfiblement les moeurs
& le langage des Doriens. Le
territoire deColonides cpnfinoità
celui de Coroné.
Plutarque dans la vie de Phî-
lopœmen parle de cette ville ;
mais , il n'en fait qu*UQ bourg , ou
plutôt un village. Il la nomme en
Cngulier, au lieu que Paufanias
la nomme en _pluriel.
COLONIE , Colonia, (d) eft
le tranfport d'un peuple, ou d'une
Tom. II. p. ?07 , ;o8. Mém. de TAcad.
des Infcript. & Bell. Lett. Tom. V,
p. 327. T. VII. pag. 45 . T. X, p. 485,
486. Tom. XII. p. »4<S. T. XIX. p. 50^,
& fmv. T. XXI. p. 9.
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5T1 C O
partie d^un peuple , d'qn pals dans
un autre. Ce terme eft pris du
Latin colcrc , cultiver , labourer ,
faire valoir un champ. De coUre ,
colo , on a fait colonus , qui fi*
gnifîe un laboureur. Les Grecs
difent cesrwxi'cc f pour marquer une
Colonie.
Les migrations ont été fréquen-
tes fur la terre ; mais « elles ont
eu fouvenc des caufes & des effets
différons. C'eft pour les diûin-
5uer , que nous allons les ranger
ans des clafles différentes.
L Environ 350 ans après le
Déluge , le genre humain ne for-
moit lencore qu'une feule famille.
A la mort de Noë , fes defcen-
dans» déjà trop multipliés pour
habiter enfemble, fe féparerent.
La podérité de chacun des fils de
ce Patriarche, Japhet, Sem ôc
Cham , partagée en différentes
Tribus , partit des plaines de Sen-
* naar pour chercher de nouvelles
habitations , & chaque tribu de-
vint une nation particulière ; ainfi
fe peuplèrent de proche en proche
les diverfes contrées de la terre «
à mefure que Tune ne pouvoir
plus nourrir fes habitans.
Telle eft la première efpèce de
Colonie ; le befoin loccafionna.
Son effet particulier fut la fubdi-
yifipn des tribus ou des nations.
IL Lors même que les hom-
mes furent répandus fur toute la
furface de la terre, ch«ique contrée
n'étoit point aflez occupée pour
que de nouveaux habitans ne
pufTedt la partager avec les An*
ciens.
A mefure que les terres s'éloî-
gi^oient du centre comfnun, d où
co
toutes les nations étoîent parties J
chaque famille féparée erroit an
gré de fon caprice, fans avoir
d'habitation fixe ; mais , dans les
pais où il étoit refié un plus grand
nombre d*hommes, le (entiment
naturel qui les porte à s'unir , &
la connoiffance de leurs befoins
réciproques , y avoient formé des
fociétés. L'ambition , la violence ^
la guerre , ôc même la multiplict*
té , obligèrent dans la fuite des
membres de ces fociétés de cher-
cher de nouvelles demeures.
C'ed ainfi qu'Inachus , Phénî*
cîen d*origine I vint fonder en
Grèce le royaume d'Argos, dont
fa poftérité tut depuis dépouillée
par Danaiis, autre aventurier (brti
de l'Egypte. Cadmus , n'ofant re-
paroître devant Agénor fon père,
roi de Tyr , aborda fur les confins
de la Phocide , & y jetta les fon-
démens de la ville de Thebes.
Cécrops , à la tête d'une Colonie
Égyptienne , bâtit cette ville, qui
depuis, fous le nom d'Athènes,
devint le temple des Arts & des
Sciences. L'Afrique vit fans in-
quiétude s'élever les murs de Car-
thage , qui la rendit bientôt tribu-
taire. L'Italie reçut les Troyens
échappés à la ruine de leur patrie.
Ces nouveaux habitans apportè-
rent leurs loix , ÔC la connoiffance
de leurs arts dans les régions où le
hazard les^conduifit ; mais ^ ils ne
formèrent que de petites fociétés,
qui prefque toutes s'érigèrent en
républiques, ^
La muhiplické des citoyens
dans un territoire borné, ou peu
fertile , allarmpit la liberté. La
polit-ique y remédia par l'établif-
fémenc
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co
^metit des Colonies. La perte
même de la liberté , les révolu-
tions, les faâions , engageoient
quelquefois une partie du peuple
à quitter fa patrie pour former
une nouvelle fociété plus conforme
à fon génie.
Telle eft entr'autres Torigine
de la plupart des Colonies des
Grecs en Afie , en Sicile , en Ita-
lie , dans les Gaules. Les vues de
conquête 6c d'agrandiflement n'en-
trèrent point dans leur plan.Quoi-
Îù'aflez ordinairement chaque
Colonie confervât les loix , la re-
ligion , & le langage de la Métro-
pole 9 elle étoit libre , & ne dé-
pendoit de fes fondateurs que par
les liens de la reconnoiflance , ou
par le befoin d'une défenfe com-
mune ; on les a même vues dans
quelques occaiions , aflez rares il
eft vrai, armées Tune contre l'au-
tre.
Cette féconde efpèce<le Colo-
nies eut divers motifs ; mai? , l^ef-
fet qui la caradérife » ce fut de
multiplier les fociétés indépen-
dantes parmi les nations , d'aug-
menter la communication emr'el-
les , & de les polir.
IIL Dès que la terre eut afTez
d*habitans pour qu'il leur devînt
nécefTaire d'avoir des propriétés
difiinâes , cette propriété occa-
ficnna des différends entr'eux. Ces
différends , jugés par les loix entre
les membres d'une ibcrété , ne
pouvoient l'être de même entre
les fociétés indépendantes ; la for-
ce en décida ; la foibJeffe du vain-
cu fut le titre d'une féconde ufur-
patioD , & le g^e du fuccès ;
Tom.XI.
CO 515
refprit de conquête s'empara des
hommes.
Le vainqueur j pouraffurer fes
frontières, difperfoit les vaincus
dans les terres de fon obéiffance ,
& diftribuoit les leurs à, fes pro-
pres fujets; ou bien il fe conten-
toit d'y bâtir & d'y fortifier des
villes nouvelles , qu'il peu ploit de
fes foldats & de citoyens de fon
État.
Telle eft la troifième efpece de
Colonies , dont prefque toutes les
hiftoires anciennes nous fournif-
fent des exemples , fur tout celles
des grands États. C'eft par ces
Colonies qu'Alexandre contint
une multitude de peuples vaincus
fi rapidement. Les Romains , dès
l'enfance de leur République ,
s'en fervirent pour Taccroître ; &
dans le tems de leur vafte domi-
nation ^ ce furent les barrières qui
la défendirent long tems contré
les Panhes & les peuples d«
Nord, Cette efpece de Colonie
étoit une fuite de la conquête , &
elle en fit la fureté. Nous revien-
drons ci-après aux Colonies des .
Romains.
IV. Les excurfions des Gaulois
en Italie , & des Vandales dans
toute l'Europe & en Afrique, des
Tartaresdans laChine,forment une
quatrième efpece de Colonies. Ces
peuples chaffés de leur païs par
d'autres peuples plus puiflans , ou
par la misère , ou attirés par la
connoiffance d'un climat plus dîoux
& d'une campagne plus fertile,
conquirent pour partager les ter-
res avec les vaincus , & n'y faire
qu'une nation avec eux ; bien diîf-
férens en cela jdes autres conqu&«
Kk
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yf4 CO
sans qui fembloient ne chercher
que d'autres ennemis , comme les
Scythes en Afie ; ou à étendre
leurs frontières , comme les fon-
dateurs des quatre grands £m*
pires.
L'effet de ces Colonies de Barba.
res fut d'effaroucher les arts, & de
répandre Tignorance dans les con«
trées où elles s'établirent ; en mê-*
ine tems elles y augmentèrent la
population , & fondèrent de puif-
iantes Monarchies.
V. La cinquième efpece de
Colonies eft de celles qu'a fondées
l'efprit de commerce , & qui en-
f ichiffent la Métropole.
Tyr, Carthage & Marfeille,
ks feules villes de l'antiquité qui
aient fondé leur puiffance fur le
commerce , font auffi les feules
qui aient fuivi ce pbn dans quel-
ques - unes de leurs Coloiries.
"Ùtique , bâtie par les Tyriens
près de 200 ans avant la fuite
il'Éliffa , plus connue fous le nom
de Dîdon , ne prétendit jamais à
«ucun empire fur le$ terres de
l'Afrique ; elle ferroit de retraite
aux vaiffeapx des Tytiens , ainfi
que les Colonies établies à Mal.
•ihe & le long des côtes fréquen-
tées par les rhéniciens. Cadix ,
l'une de leurs plus anciennes &
«de leurs pluf fameufes Colonies ,
t^ pétendit jamais qu'au^ com*-
ifnerce de l'Efpagne » fans entre-
jprendre de lui donner des loix. La
fondation de Lilyfaée en Sicile ne
doiuta aux Tyriens aucune idée
^e conquête fur cette ifle.
Le commerce ne fut point Tob-
Jet de l'établiffement de Carthage ;
;8iatii^ elle cl\ei;cha à s'agrandir
co
par le commerce;. C'efl potw Vé^
tendre ou le conferver exclufivé-
ment, qu'elle fut guerrière, &
qu'on la vit difputer à Rome la
Sicile y la Sardaigne , l'Efpagne »
l'Italie , & même (es remparts*
Ses Colonies le long des côtes de
l'Afrique , for l'une & fur l'autre
mer jufqu'à Cerné , iiugmentoient
plus ks richefles que la force de
fon Empire»
Marfeille , Colonie des Pho-
céens chaffés de leur païs, & en*
fuite de l'ifle de Corfe par les
Tyriens , ne s'occupa dans ua
territoire fléril^ que de fa pêche ,
de fon commerce , & de fon io-
dépendance. Ses Colonies en Ef-
pagne, & fur les côtes méridio-
nales des Gaules , n'avoienc point
d'autres motifs.
Ces fortes d'établiflemens étoient
doublement néceffaires aux peu-
ples qui s'adonnoient au commer-
ce. Leur navigation dépourvue du
fecours de la bouffole p étoit tî«r
mide ; ils n'ofoient fe bazarder
trop loin des côtes 1 & la loa^
gueor néceffaîre des voyages ezî-
geoit des retraites fûres & abon-
dantes pour les navigateurs. L4
plupart des peuples avec leiquel$
ils trafiquoient , ou ne fe raffem-
bloient point dans des villes , on
uniquement occupés de leurs be-»
feins , ne mettoient aucune valeur
au fuperflu, Il étoit indifpen(àble
d'établir des entrepôts qui fîffent
le comtherce intérieur, & ob le&
vaîfleaux puffent en arrivant faire
leurs échanges.
La forme de ces Colonies ré-
pondoit affez à celle des nations
commerçantes de l'Europe y e0
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co
J^friqne & dans tlndes elles y
ont des comptoirs 6c des forte-
refTes , pour la commodité ôc la
iûreté de leur commerce,
VL Corhme il n'y a point de
peuple dans Tantiquité , dont les
' Colonies aient été aufli fréquentes
que celles du peuple Romain ,
flous nous y arrêterons un mo-
ment. Il y avoit deux fortes de
Colonies chez les Romains , les
Colonies Romaines & les Colo-
nies Latines. Les habitans des
Colonies Romaines étoient ci-
toyens Romains , & avoient droit
tle fufFrages, fans néanmoins avoir
part aux charges & aux honneurs
de la République ; ceux des Co-
lonies Latines avoient droit de
fuffrages , fi le Magidrat le leur
permettoit , & étoient reçus ci-
toyens Romains , après avoir
exercé quelque magiftrature dans
une ville Latine. Il y avoit encore
-des Colonies militaires pour les
vieux foldats, qui n étoient plus
capables de rendre fervice; mais,
ces Colonies ne faifoienc pas une
claiïe féparée dis Colonies Ro-
maines , dont elles ne difFéroienc
que par le choix de ceux dont
elles étoient formées d'abord.
Les Romains , de même que les
Grecs ^ avoient accoutumé dans
'ks Colonies, de bâtir des tem-
ples & d'autres fomptueux édifi-
ces , pareils à ceux de Rome &
des autres villes d'Italie , pour
adoucir l'ennui des nouveaux ha-
^ hitans ; & ils donnoienc aux ri-
vières & aux montagnes de ces
Colonies y les noms des rivières
& des montagnes qu'ils avoient
: quittées. C'efl ainfi que Trêves ,
CD 51J
Cologne , Touloufe , &c. ont eu
chacune leur capitole, à l'exemple
de Rome ; & que Vérone , Lyon ,
Vienne , Nîmes , Arles , & d'au-
tres villes , ont eu de même leur
cirque 6c leur amphithéâtre , don^
quelques-uns confervent encore
d'afTez beaux reftes.
Denys d'Halicarnafle remonte
jufqu'à Romulus pour y trouver
l'origine des Colonies. En effet ,
nous lifons dans l'Antiquité que
de toutes les places dont Romu-
lus s'empara & auxquelles il fît It
guerre , il n'en ruina aucune ,
mais qu'il fe^oontenta d'en enlever
les habitafis , pour les obliger
<)'habiter d'autres terres , & qu'il
iubdituoit en la place de ceux-ci ,
des habitans de Rome. Les Rois ,
qui foccéderent à Romulus , en
firent autant que lui ; ce qui n'em-
pêche pas qu'on ne regarde Oflie
comme la première Colonie de
Rome , quoiqu'elle «'ait été ha-
bitée par des Romains que fous le
règne de Servius Tullius , parce
c'eft la feule qui fe foit trouvée
de quelque confidération , toutes
les autres n'étant que d'afTez pe-
tits bourgs. Les Romains , deve-
nus libres , ne fongerent que tard
à faire de pareils établiflfemens ;
mais , dès qu'ils eurent commen-
cé , ils^en firent plufièurs , d'abord
dans l'Italie y & enfuite dans tous
les pals , dont ils firent la conquê-
te. Augufte ôc fes fuceffeurs rie
manquèrent pas d'en faire de mê- «
me , & ff y en eut bientôt jufque
fur les bords de l'Euphrate & du
Tigre ; mais, ces dernières furent
pfefque toutes compofées de fol«
dats vétérans.
Kkij
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5l6 C O
Ce qui encourageoit les peuples
- à contribuer aux Colonies Ro-
maines , <eft que ceux qui les
envoyoient , leur diflribuoient ^
leur cédoient la propriété des ter-
i;;es , qu'ils alloient habiter. On
fourniuoit méoie gratuitement aux
frais , non feulement de leur voya-
te, mais encore des inftrumens
i des uflenfiles néceffaires. On
choififlbît parmi ceux que Toa
en voy oit, des perfonnes graves &
prudentes , que Ton chargeoit de
commander & de régir les peu*
pies que Ton tranfportoit. C'étoit
par Tavis de ies perfonnes que
l'on s'établiflbit , ou que l'on fîxok
fa demeure plutôt dans un endroit
que dans un autre. Lorfqu*on bâ-
tifToit quelque ville , retendue &
la di(pofirion étoit encore de leur
compétence. Ils rapportoient ce-
pendant tout ce qu'ils faifoient à la
gloire & à l'embelliflement de l'Em-
pire Romain , donc Rome étoit la
u:apitàle. Prefque tous le.Qrs édifices
publics , comme leurs places publi- '
ques f leurs cemples & leurs pa-
lais j étoienc bâtis fur le modela
de quelques-uns da ces mêmes
bàtimens qui étoient à Rome.
Il n'étoit pas permis à qui que
ce foit d'envoyer ou de conduire
* une ou plufieurs Colonies du, peu-
ple Romain f. à moins qu'il ne fût
intervenu une loi qui le permit
•xpreffémentr On avoit même re-
cours aux aufpices avant que de
i tendre ces fortes de loix , 6c on
C»ifoit purifier le peuple qui de-
voit partir. Le Prince ou le Sénat
leur nommoit un chef , fous l'é-
tendard duquel ils étoient obligés
M fe ranger*
co
Il y avoit de plufieurs fortes de
Colonies; quelques-unes étoient
conlpofées de Romains , d'autres
de Latins ^ d'autres d'Italiens.
Les unes étoienc tributaires , &
payoiient par chaque année un
tribut au peuple Romain, *& les
autres étoient exemptes de ces
fortes de contributions. On accor-
doit le droit de citoyens à quel-
ques-unes de ces Colonies. On
compofoit quelquefois des Colo-
nies de foldats vétérans, à qui
on diftribuoit des terres pour les
récompenfer de leurs exploits mi-
litaires ; c'efl au- moins ce que
plufieurs Hiftoriens attribuent à
Lucius Sylla , & afifurent auffi de
CaïusCéfar, de Marc- Antoine 9
de Lépidus & d'Awgufte. Toutes
ces Colonies avoient chacune leurs
loix ; celles de la plupart & fur
tout des Colonies Romaines ,
étoient conformes à celles qui
s'obfervoient à Rome ; & fouvent
c'étoient les mêmes. Leurs Magis-
trats , comme les Duumvirs , les
Cenfeurs , les Édiles & les Quef-
teurs , étoient oiiargés de veiller
à l'obfervation des loix civiles ; fie
les pontifes ou les prêtres , de
faire exécuter celles qui concer-
noient le fervîce des dieux. Lorf-
qu'il fe trou voit Quelque Séna*
teur dan$ une Colonie , on lui
donjtoit le nom de Déçûrion.
Il eft difficile de ri^n (latuer de
certain fur le nombre des Colo-
nies ; quelques Auteurs en comp-
tent juîqu'à cent cinquante dans
ritalie , foixante en Afrique, en-
viron trente en Efpagne , à peu
près autant dans les vîaules , fie
ainfi dû refte. Quoi qu'il en foit»
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co
\\ eft conftant que toutes les Co^
lonies , quelque part qu'elles fuf*
fent établies , a Voient toutes le
même idiome , fçavoir , la langue
Romaine, & qu'elles ne fe ter-
voient point du tout du langage
du pais où elles s etabliiToient.
COLONIQUES , Colorùca ,
i^a) nom que Céfar donne à deux
cobortes,dans le fécond livre de fes
commentaires for la guerre civile»
Sans doute aue ces deux cohortes
étoient ainu appéllées ^ parce
^u'on les avoit tirées des C^olo-
nies.
COLONNAIRE » Cêlumna^
rium , impôt ittis fur les colom*
nés y dont on omoit les maifons ;
on dit que ce fut Jules Céùr qui
l'imagina , afin d'arrêter le luxe
de l'architeâure , qui ie remar-
3uoit d'une manière exorbitante
ans les bâtimens des citoyens.
COLON TAS, Colontas^
.Ko^^yretc. Voyt^ Cérès Chthonia.
COLONUS ,. Colonus , (fi)
K ^tovo; , lieu de Grèce dans l'At-
tique , fitué à environ dix fiades
d'Athènes. Il hott confacré à
Neptune , felôn Thucydide.. On
dit quHl y avoit un bois où les
Euménidës étoient honorées. So-
§hocle étoit né en ce lieu ^ fuivam
uidas. ." '
COLOPHON , Colovhon v
Xo^o^oli' , (c) ville de TAue mi-
neure dans rionie. Fomponius
Mêla dit que Mopfus , fils de
Manto qui étoit fille de Tiréfie 9
(*) Cacf. de Bell. Civil. L. II. p. S4«.
(h) Thucyd. p. 'Ç99,
(c) Strab. pag. 633 , 641 , 643. Plin.
T. I. p. iti , %yq. Pomp. Mel. p. 79 ,
80, Pauf. pag. 187 , x88 , 400. & fin* 1
CO \V7
fonda cette ville au promontoire
qui ferme le golfe ^ & qui de l'au-
tre côté en forme un autre qui eft
celui de Smyrne ; mais , félon
Strabon , Colophoii dut fon ori-
gine à une colonie de Py liens ,
qui y fut conduite par Andrémon.
Celte ville étoit une de celles
qui difputoient entr'elles la gloire
d'avoir été la patrie d'Homère éc
d'Apelle. Mais , aucune autre ne
lui difputolt celle d'avoir produit
Mimnerme , poëte Élégiaque &
joueur de flûte , & le philofophe
Xénophanes.
La cavalerie des G^lophoniens é-
toit fi excellente^au rapport de Stra*
JbQu^qu'elle donna lieu au proverbe
colophonem addere , c'eft- à-dire ^
' achever une entreprife, parce qu^
icette cavalerie avoit coutume de
terminerpar la viâoire, tous les
combats où elle fe trouvoit. Une
jcoûtume fingulière des Colopho*
niens » c'eft qu'à la guerre , ils
avoient des elcadrons de chiens
qui commençoient le combat , qui
ne refufoient jamais de fe battre,
& auxquels il ne falloir point
payer de montre. Il croiiToit chez
eux une réfine affez jaune ,* mais
.qui étant broyée , étoit blanche
& d'une odeur forte ; ainfi, les
|>ar fumeurs ne s'en fervoient pas
comme Pline le remarque. C'eft
literlà (ans doute que les joueurs
d'inftrumens à cordes » comme le
Violon , la baffe « &c, nomment
.Colophone la forte de réfine dont
Plut. T. I. p. 493* Tâcit. Annul L. U.
c. 54. Mém. de PAcad. des Infcripi.
& Belt, Lett. Tom, XII. pag. ib» %i% t
J14.T.XXI.P. 181.
Kkiij
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5i8 CO
ils fe fervent pour frotter leur
archet.
La ville de Colophon a été fiir
tout célèbre par l'oracle d'Apol-
lon Clarius. Tacite , au fujet de
Germanicuii , en parle en ces ter-
mes : » Il aborda à Colophon
i> pour y confulter l'oracle d'À-
n pollon furnommé Clarius, Ce
» n'eft point une femme qui y
n rend les réponfes comme ^
» Delphes , mais un pitêtre choifî
^ dans certaines familles, & le
3» plun fouvent de la ville de Mi-
» let. Il fe contente de fçavoir le
» nombre ceux qui veulent con-
t9 fulter, & leurs noms > après
91 quoi \ il defcend dans ù grotte ,
il boit de Teau d'une fontaine
p myAérîeufe, & fans avoir au-
«I cune connoiHance des lettres^
9> ni de la poëfie , il donne en
>i vers une réponfe qui fe tfouve
t> conforme à la penfée fecrete
h des confultans ; & on dit qu'a-
h lors il prédit à Gerihanicus h
99 mort prématurée en des ter^
9» mes ambigus , fui vant le ilyle
9» ordinaire des oracles, a
Pline parle aoiii de cette eaa
de la grotte d'Apollon Clarius. Il
ajoute que ceur^ qui en buvoienrt,
rendôient des oracles y mats qu'elle
abrégeoit leurs jours. Le mêm^
Âous apprend ailleurs que là Ville
de Colophon étoit arrofée par le
fleuve Haléfus.
Nous apprenons d^une médaille
de Trébatius Gallus, frappée à
Colophon 9 qu'encore 'dans le
i 1 1^ pécle \ cette ville & le»
douze autres de l'Ionie , formoîeni
CD
un^ {otte de communauté petit
les facrifices , telle qu'elle étoit du
tems d'Hérodote ^ qui en parle
affez au long au premier livre.
Il convient d'obferver que Co-
lophon n'écoit pas prectfément aa
bord de la mer , comme femble-
roient l'indiquer quelques pàfTages
des Anciens , & en particulier ce-
lui que nous avons cité de Ta-
cite. C'étoit Claros qui devoic
êfre le port , ou le lieu , où l'on
abordoit d'abord , quand on vou-
loit aller à Colophon. Il eft vrai
que l'on pouvoit peut-être bien
aller auffi par eau jufqu'à cette
ville , au moyen du âeuve Halé-
fus ; c*eft-à-dire, qu'il en étoit
apparemment' de Colophon com-
me de quelques-unes de nos villes
de France & même des pais étran-
^rs , qui paffisnt pour des ports
de mer , quoiqu'elles en loîenc
«éloignées de plufieurs lieues , par-
ce que les vaiiTeaux y parviennent
par les fleuves, fur lefquels elles
ùmt fttuées. .
. Les Colophoniens avoient cou-
tume de fàcrifier uh petit chien
noir à leur déefle Énodia. Ce fa-
crîâce fe faifoit pendant la nuit.
-. Colophon a été le fiege d'un
JÊvêque ibfFragant d'Éphèfe. On
dit que cette ville eft ruinée , &
qu'il n'en reile plus aujourd'hui
-aucune trace. >
' COLO?UON,Coiopho7i,Ko'
9inàùt ♦ ville de l'Épire , félon Di-
«céarque. Mais , quelques Sçavans
modernes croyent qu'il faut lire
' Tolophod. ■'
CÔLOPHONIE , (d) Co/a-
Oi) Fauf.^. 40t. .
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co
fhonia y }Co>e^àrr/« , nom Cjfxt l'on
donnoit au territoire , que pofTé^
doient les habitans de la ville de
Colophon. Voye^ Colophoii.
CpLOPHONIENS , Colo-
phonii^ étoientlës habitans de Co**
lophon. Vbye\ Colophon*
^COLOPS , Colops , K»Afl^^♦
Voye^ Colapis.
COLOSSE , Colojfu^ , du
Grec KcTioç'coç y compofiè de Kih^ç
grand, Sl^ttoç œil > c*eft- à«$<iBre,
grand à la vue. On entend fous
ce nom un bâtiment d'une gran<-
deur confidérable , tek qu'étoient
Jes Pyramides en Egypte «les am-
phitéatres en Gr^ce &L en Italie*
Colofle fe dit auffi d'une figure ,
dont la proponion eft fortau-dîeflajs
de la naturelle , telle qu'étoit celle
dp Soleil à Rhodes , À les ftatues
des empereurs Néron & Com«-
mode , dont il refie encore qoel^
2ues fra^mens dans la cour du
^apitoie à Rome.
COLOSSE DE RHODES ,
{a) ftatue d'airain d'une grandeur
prodigieux , iitaée à l'entrée du
port de Rhodes, & qu'r paflbit
pour une des fept mervetUes du
monde« En voici l'hiftoire tirée
principalement de M. Prideaux.-
Cette ilatue étoit dédiée an
Soleil ; elle avoit 70 coudées , ou
105 pieds de haut^ & le refie à
proportion ; peu de gens po«i-
voient embra&r (on pouce ; les
navires ploient à pleines voiles
entre fes jambes. .
Dimècrius , après avoir aflié^
vivement la ville de Rhodes pen-
CO 519
dant tin an fans pouvoir la pren-?
dre > las d'un fî long fiege , fit la
paix avec les Rhodiens , & en
s'en tetournant il leur donna e9
préfent toutes les machines dt
guerre qu'il avoit envoyées à ce
iiege. Ils les vendûent dans \f
fuite pour trois cens talens , dont
ils fe Servirent , avec l'argent qu'om
y ajouta > pour faire ce Colofli^
Ce fut l'ouvrage dé Charès de
Xindus « difciple du fameux Ly-
fippe > qùiy employa douze ans.
Mais, foixaote^fix ans après l'exi-
cution de fon entreprife , le Co»-
loffe fut abattu par un grand trern^
Jblement de terre qui fe fit femir
.en Orient, & qui caufa des défô»
lations pfodigieufes » fur tout dans
la Carie & dans l'ifle de Rhodes.
On commença à travailler à ce
Êimeux Colofle l'an 300 avant !•
C, il fut achevé l'an 288 ^r&
renverfé l'an 2.22. >
Les Rhodiens , pour réparée
le domm^e que cet accident leuc
ravoit caufé , quêtèrent chez tous
les princes & dans les états Grecs
de nom ou d'origine^ & exagé-
f ejrent tellement leurs pertes , que
la colleâe qui fe fit pour eux, fur
tout chez les rois d'Egypte , de
Macédoine , de Syrie , du Pont &
de Bith3mie , alla pour le moins
à cinq fois autant que la véritable
fomme à laquelle ces pertes fe
montoient.
En effet , l'émulation qui régna
entre les ^princes pour ibulager
cette vîHe défolée , eft fans exein-
pie dans rHtftoire. Ptolémée , roi
*) Roll. Hîft. Xnc. T. V. p.
9l BeU* JLeit. To^o. XiV« pa{.
')7 > W » 33^* Uiia, de PAcad. des Infcrîp|^
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5^0 C O
d'Egypte 9 fournit feul trois cens
talens , un million de mefures de
froment , des matériaux pour bâ-
tir vingt galères , tant à cinq rangs
de rames qu'à trois rangs de ra-
mes f une quantité infinie de bois
pour d'autres bâtimens , & en
]>articulier pour rétablir le Colofle
trois mille talens , c'eft-à-dire,
neuf millions , fuivam M. JR^oUin ,
& dIus de dix millions fuivant le
doâeur Bernard. Outre les Rois ^
tontes les villes (îgnalerent leurs
libéralités; les particuliers voulu-
rent auffi entrer en part de cette
gloire , & Ton cite une dame ,
appellée Chryféis , véritablement
digne de Ton nom , qui fournit
feule cent mille mefures de fro-
ment.Que les princes d*à-préfent,
dit Pqlybe , & nous pouvons dire
deux mille ans après lui , que les
princes de nos jours comprennent
combien ils font éloignés de ceux
dont on vient de parler. En aflez
peu d'années Rhodes fut rétablie
-dans un état plus magnifique
qu'elle n'avoit jamais été , h l'ex-
ception du Colofle ; car , les Rho-
dtens , au lieu d'employer une
partie de cet argent , comme
c'étoit la principale intention de
ceux qui l'avoient donné , à rele-
ver le Coloflie , prétendirent fort
fagement que l'oracle de-Delphes
le leur avoit défendu , & gardè-
rent toutes ces Tommes , dont' ils
s'enrichirent.
Le ColofTe demeura abattu
comme il étoit « fans qu'on y tou«
chat pendant 894 ans , au bout
defquels ^ l'an de J. C. 672 ,
Moawias 9 le fixième calife ou
empereur des Sarf alias , ajram
co
pris Rhodes .Je vebdit à un mar-
chand Juif qiA en eut la charge de
neuf cens chameaux ; c'eft-à dire ,
qu'en comptant huit quintaux pour
une charge » l'airain de cet^e ila-
tne 9 après le déchet de tant d'an-
nées par la rouille , &c. 6c ce oui
vraifeni^lablement en avoit été
volé , fe montoit encore à fept
cens vingt mille livres , ou à fept
mille deux cens quintaux.
Léo Allatius aiTure que le Co-
lofTe de Rhode> fut relevé ions le
feptièifie confulat de Vefpafien,
& que l'empereur Commode ,
après lui avoir fait ôter la tête,
ordonna qu'on y mit la fienne.
Il s'appuye fur l'autorité de Geor«,
ge Syncelle ; mais, jl a lu tf Voé»%
inRkodo , pour èr U^SiSôî^ in
facra via , & il a pris le Colofle
de Néron , fait à Rome par Zé-
nodore, pour le ColofTe du So-
leil , fait à Rhodes par Charès.
Suétone rapporte fur ce fujet,
que Néron fit mettre dans une
cour , à l'entrée de ùl maifon » un
Colofle de fix vingts pieds » donc
la tête repréfentoit celle de ce
Prince» Pline dit que Zénodore »
qui avoit travaillé dix ans en Au-
vergne à une flatue de Mercure ,
fut appelle à Rome par Néron
pour y faire ce ColofTe , lequel
après la mort de cet Empereur ,
fut dédié au Soleil , pour abolir la
mémoire de ce monflre. Dion
Caflius nous apprend que Vef-
pafien fit tranfporter ce même
ColofTe de la maifon de Néron
dans la rue facrée. Lampridius dit
Su'enfuite l'empereur Commode
t mettre fa tête en la place de
celte de Néron ^ & Hérodien^
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co ^
qu'il la fit mettre au lieu de celle
du Soleil; mais, on peut concilier
ces deux Auteurs , en difant que
Vefpafien n*avoit point ôié- la
tête de Néron , & qu'il s'étoit
contenté d'y ajouter des rayons
pour en faire la dédicace au So-
leil ; de forte que c'étoit la tête
de Néron , & Timage du Soleil.
Les premiers Coloffes tirent
leur origine d'Egypte , ou plu-
fieors Auteurs afiurent que le roi
Séfoftris fit placer dans le temple
que l'on avoit bâti à Vulcain dans
la ville de Memphis , plufieurs
fiatues de pierre ^ tant de lui (k
de fa femme que de fes en£ans ,
donc les unes avoient trente cou-
dées de haut & les autres vingt.
M. Lttcullus apporta d'ApolIo-
nîe , ville du Pont , à Rome , &
fit piacer dans le Capitole , la
figure d*Apollon , qui avoit tren-
te coudées de hauteur. Il y avoit
encpre à Rome une autre ftatue
de cuivre^ repréfentant Apollon >
dans le temple d'Augufle , qui
^voit plus de cinquante pieds de
haut. Le ColofTe d'Augude étoic
dans la place qui portoit fdn nom
â( Rome. Conflantin .en fit bâtir
«in dans le milieu du cirque de
Conâantinople. Domiiien avoit
fait dreiTer dans le milieu de la
f>lace publique , une ftatue éqUef-
•tre^ à fon honneur » de cqnt fept
5»fed« de haut, que le Sénat fit
abattre après la mort de ce Prin-
xë. Le Colofle d'Hercule , que
JFabius Maximus Verrucofus prit
à Trente , & qu'il fit placer dans
ie Capitolej étoit une flatue de
CO 521
cuivre y que Lyfippe avoit faite.
Celui de Jupiter fut fait par ordre
de l'empereur Claude, & placé
proche du théâtre de Pompée , ôc
à caufe de cela appelle Jupiter
Pompéien. Sp. Carvilius , après
la défaite des Samnites , fit fqndre
toutes les armes de cuivre qu'il
avoit prifes fur eux , & en fit faire
tine fiatue de Jupiter , aux pieds
de laquelle il fe fit repréfenter.
Ce ColofTe fut mis auffi dans le
Capitole. Il y en avoit un en
l'honneur de Mars , dans le tem-
ple de Brutus Callaicus.
Quelque grandes que fuiïent
ces fiatues , & quoique les Au-
teurs qui en ont parlé t fe foieht
fervis du terme de ColofTe, qui
leur efl propre à la vérité , en
prenant ce mot dans fa vraie 6c
jufle . fignification , néanmoins il
ne convient & ne s'entend com-
munément que de cette fameufe
flatue de Rhodes , dont nous ve-
nons de parler.
COLOSSES, Colofa, (a)
Koxo^ral « ville de l'Afie mineure
dans la grande Phrygie. M. d'An-
villé dans fes cartes la met au
confluent du Lycus & du Méan«»
dre.
Cette ville tenoît un rang cqn-
fidérable dans le païs . Selon Xé-
nophon,elle étoit grande, riche 6c
fort peuplée. Plufieurs autres Au-
teurs en parlent auffi en diverfes
occafions. Eufebe , dans fa Chro-
nique 9 dit qu'elle fut renverfée
fous l'empire de Néron , par un
tremblement de terre. Elle fut une
des premières villes qui embrafTer-
(s) Xenoph, p. «45, Plln, T. I. p. 189. Strab, p. 576, Herod. L. VJI* c. 3^
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522 C O
rent le Chriflianifme , & nous
a^ons une des Épîtres de Saint
Paul adrefTée à fes babitans. Les
Colodîens avoient eu le malheur
q^e de faux Apôtres étoient venus
chez eux , & y avoient prêché la
circoncifîon & des obfervances lé*
gales y &le cuite fuperAitieux des
Anges & autres doârines étran-
gères. S, Paul réfute les taux Apô-
tres , Si donne aux Coloiliens un
excellent préfervatif , contre les
dogmes dont on avoit voulu cor-
rompre leur foi. Il leur prêche la
plus belle & la plus fublime mora-
le. On croit au reûe que S. Paul
n'étoit jamais allé à Coloffes, quoi«
qu'il eût annoncé l'Évangile dans
la Phrygie ; & lorfqu'il écrivit fa
lettre aux habitans de cette ville ,
il étoit dans les liens à Rome. El-
le leur fut portée par Tychique &
Onéfime.
Quelques exemplaires Grecs
lifent Colaffes , au lieu de Co-
lofles ; c*e(l une faute d'orthpgra*
phe ûiffifamment réfutée par l'u-
niformité des exemplaires Latins ,
qui tous portent Coloffes fans va-
riation. Suidas , Zonare , Glyc;as ,
Euflathe, Calepin, MunAer 6l
quelques autres,par un raônement
ridicule , ont prétendu que le nom
de Coloffiens ne fignifioit pas les
habitans de la viUe de Colodes ,
mais les Rhodiens, que Saint Paul
avoit défîgnés par une alkifion au
Coloffe de Rhodes. Un peu de
géographie leur eût diffipé cette
illuuon ; car , Saint Paul ^ parlant
d'Épaphras qui étoit avec lui pri*»
fonnier à Rome , & qui étoit de
co
la ville de Coloffes , dît : w J«
» puis bien leur rendre ce tétnoi-
n gnage , qu'il a un grand zélé
n pour vous & ceux de Laodicée
M & d'Hiérapolis Saluas
» de ma part nos frères de Laodi-
» cée. ..... Et lorfque cette
» lettre aura été lue parmi vous,
M ayez foin qu'elle foit lue auffi
n dans l'égliie de Laodicée. a
Cela fait voir clairement que les
Coloffiens , à qui Saint Paul écrit ,
étoient voifins de Laodicée &
.d'Hiérapolis. En effet , Colofles
étoit entre ces deux villes , à en-
viron vingt mille pas de Tune &
de l'autre ; au lieu que les Rho-r
diens étoient à près de deux cens
mille pas.
Dans la Notice des villes dont
le nom a été changé , on lit Co-
lojja , nunc Chonai ; ainfi Chona^
ed le nom que.cette ville porta en*
fuite 9 ,&. elle Je conferve encore.
Car , on dit que' les Grecs l'appel?',
lent aujourd'hui Chonos.
COLQUES , Colchi , Ko^x9# »
étoient les babitans de la Colchide»
Voyei Colchide.
COLQljtS ^ Colchi^ K»>xM»
{a) yillie des Caréens , peuples de
rinde. C'étoit un entrepôt, a«
rapport de Ptolémée. Anka em
fait auffi mention , & dit dans ion
périple^de k c^r Erythrée ^ qu*of
y pêchoit des perles » & que l'on
employoit à cela des cùaûneb
qui avoient mérité la mort.
Le golfe» fur lequel cette ville
étoit ^fttuée , fe nommoit golfe
Colchique. .
COLUMBARIA , Columbék^^
G)^Pcolem« t. VU, ç. !•
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. co
rîa , (*a) Me de la mer de Tofca-
ne. Elle prenoit fon nom des pi-
geons dont il y avoit fans doute
quantité. Pline la notanrje immé-
diatement après celle de Maena-
xia , aujourd'hui Meloria, qui
■eft devant Livourne.
COLUMBARIA , (h) nom
que Feftus donne aux trous , que
l'on pratiquoit aux côtés d'un
-vaifTeau , pour y pafler les ra-
mes , parce que ces trous reffem-
bloient à ceux d*un colombier.
Le nom de Columbaria fe don-
noît aufli à des maufolées de fa-
milles de diftinâion , où Ton avoit
pratiqué des cellules ; & dans ces
cellules des rangées de niches «
placées les unes fur les autres ,
Comme les boulins dans un colom-
bier. Ces niches renfermoient des
urnes i-ondes , olla ; il y en avoit
aui£ de quarrées. Un Columbaria
cohtenoit (buvent pluiieurs urnes.
Dom Bernard de Montfaucon ,
dans fon Antiquité , préfente des
:C)olumbaria donnés par Spon , où
îl'on peut remarquer la forme des
niches , des trous profonds dans
ces niches , & de quelques vafes
cinéraires , qu'on voit tout en-
tiers.
■ M. Fabretti donne la forme d'att-
irés Columbaria trouvés fur la voie
Aurélia ; ils font à côté d'un efca-
-tier, où Ion remarque dix niches,
dans léfquelles étoient quarante
c urnes cinéraires > quatre à chaci*-
ne. Ces Columbaria appartenoif^t
'à la famille C«ci/w. Nous d>n-
nons , dit Dom Bernard de M)nt-
' C O 525
faucon > la forme un peu plus
grande de l'une des niches , afin
qu'on puiffe voir comment les
quatre urnes cinéraires y étoienc
placées. M. Fabretti dit qu'il a vu
deux de ces Columbaria où cha-
que niche avoit quatre urnes ;
c'étoit fans doute pour quelque
famille nombreufe. Ces olla ou
urnes étoient fouvent tellement
ajuftées dans leurs trous , qu'on
ne pouvoit les ôter de-là , ni les
tranfporter ailleurs. En certaines
niches il y en avoit quatre, en
d'autres il n'y en avoit que deux ,
& quelquefois une feulement ,
comme on peut voir dans celles
de Spoo. .D'autres Columbaria
ont beaucoup plus de niches , &
chaque niche a deux urnes.
Ces Columbaria prenoient auflî
leurs noms des olla ou des urnes
qui y étoient placées , & s'appel-
loient ollaria.
COLUMELLE [ L. Junius
MoDÉRATUS ] , X. Junius Mo-
deratus Olumêlla. Voye^ Modé-
ratus.
COIUMEN , Columen , (c)
nom d^n certain lieu d'Italie , au
rapport de Tite- Live. Ortelius
croi qu'il étoit dans le Latium , y
ves le mont Algide, & qu'on
rappelle présentement Colonia.
, COLUMNARIENS,Co/«OT-
narîL (d) Ce font des gens de
néant, qui ont l'amé vénale &
' méchante , ainii appeHés à caufe
de la Colomne Méria , où \l'on
affichoit les citations qu*bn faifoic
^en * juftice contre ces fortes de
(4) Plin. T.I. p. 160.
ib) Antiq. cxpK par D. *eni
Moncf. Tom. IV. p. 11 1. T V. p,
I& fuiv.
(O Tit.Li
U; Cicei.i
L. HT. c. »;.
ad Amic^ L. VIII. £pifl. 9.
Digltized by LjOOQ iC
5^4 CO
gens. On trouve ce terme dans
une lettre de Cœlius Rufus à Ci-
céron.
COLURE, Colurus^ nom
commun à deux grands cercles »
que Ton fuppofe s'entrecouper à
aneles droits aux pôles du monde.
Uan paiTe par les points folfii-
ciaux y c'efi-à-dire > par les points
ou rédipttque touche les deux
tropiques ;& Tautre par les points
équinoâiaux , c'eft- à-dire i par
les pcMQts oii Técliptique coupe
réquateor ; ce qui a fait donner au
premier le nom de Colure des folf-
tices » & au fecond celui de Colure
des équinoxes.
Les Colûres, en coupant aînfi
réquateur » marquent les quatre
faifons de l'année; car, ils divi-
itnx rédiptique en quatre parties
égales , à comn^encer par le poiilt
de réqutnoxe du printeihs. Com-
me ces cercles pafTeiK par les pôles
du monde, il eft (vident qu'ils
Ibnt Tun & l'autre aunombre d^s
Dxértdiens»
Att rcfte , ces cercle^ étoienc
plus d*u£ige dans TaÔronomie
ancienne qu'ils ne font ai^ourd'*
hui» Ce n'ed prefque plus c^e par
habttude quon en fait mention
dans les Ouvrages for la fphe^.
Ils ont été ain(i nommés N^e
deox mots Grecs Koaoç > mutilu\
iruncatus , nmitilé , tronqué , &,
êvpà y cauda , queue , comme pft«
raflant avoir la queue coupée ,
parce qu*on ne les voit jamais tout
entiers fur notre horizon.
COLUTHUS , Coliuhus , {a)
U) Suid- T. I. p. 1487.
Ui> Plio. Xom. I. p. tS}.
CO .
KoacdGcç , poëte Grec. Suidas , Ic
feui des Anciens qui parle de Co-
luthus , nous apprend feulement
qu'il étoit de Lycopolis , ville de
la Thébaïde en Egypte , & qu'il
naquit fous le règne d*Ana(lafe ,
qui fuccéda en l'année 491 à Ze-
non. Il nous rede de Coluthus un
poëme de l'enlèvement d'Hélène ,
dont Suidas ne parle point , qui
fut trouvé par le cardinal Befta*
rion , proche Bitonto , dans la
terre de Bari. Poftel , poëte de
Hambourg , l'a traduit en vers
Allemands. La^cher, autre Sça-
vant du Nord , en avoit préparé
une édition plus exaâe & plu»
ample que celles qui avoient pré-
cédé , & il devoit y joindre des
fchoUes Grecques , des variantes»
des diflîertations philologiques >
un gloflaire Grec. C'étoit em-
ployer beaucoup d'érudition pour
un ouvrage fort mince en tout
fens. Le poëme n'eft en effet
qu'une narration aflez feche de
l'enlèvement d'Hélène en fuivant
l'ordre naturel des faits. M. da
Molard Ta traduit ep François en
1742 avec des remarques ^ in-ié
à Paris.
COLYCANTIENS , Co/y,-
cantii , (J>) peuple de l'Afie pro-
prement dite. Il ne fubfiftoit dé^à
plus du tems de Pline.
COLYMBARIUM , Colym^
^^harium , Kow/uCifiov % (c). pro-
"montoire de l'ifle de Sardaigne ,
i^on Ptolémée. Il devoit être (ut
la\ôte orientale.
i^OLYMBETHRE , Colymr^
1
\
(0 ?Açm, L III, c. j.
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co
ètthra ^ KoMM^Mepoe, (tf) terme
qui iîenifie une pifcine. On voyoit
une Colymbéthre près de Méga*
ris en Sicile. On attribuoh à Dé-
dale la conAruâion de cet édifice,
au travers duquel le fleuve Âlabon
fe déchargeoit dans la mer. Ce
uionunient fubfiâoit encore du
tems de Diodore de Sicile.
COLYPES , Colypes , bourg
de l'Attique , d^ns la tribu Égéï-
de y félon Suidas,
COLYTTUS, Colytttts, (h)
Ko;^i;ttoç « nom d'un quartier de
la ville d'Athènes , de la tribu
Égéide. On difoit que les enfans
y commençoient à parler un mois
plutôt que dans le relie de la ville*
C eft-là qu'étoit né le philofophe
Platon & le fameux Mifanthrope
Timon« Ce quartier & celui de
Mélitos étoient voifins l'un de
l'autre. Meurfius critique le poëte
Alciphron & Diogène Laërce de
ce qu'ils écrivent ce mot avec deux
il ou deux M , & non pas avec un
feul A « comme Héfychius > Efchi-
ne & Strab^n. Mab , tous les
marbres font conformes à cette
manière d'écrire stvec deux // ÔC
un T.
COMAGÈNE , Comagtne^QU
CoMMAGÉNE , avec deux MM.
Voye^ Commaéène.
COMAGÈNE , Comagenum ,
ville de la Pannonie , entre Vien*
se , 6c le mont Cétius , félon
l'Itinéraire d'Antonin , à vingt-
quatre mille pas de l'une 6( de
l'amre. La Nptice de TEippire en
(^) Diod. Sicul, p. 195. jp. »i4. Mém. de TAcad. des ïnfcript.
Ih) Sirab. p. 6î. Plut. T. I. p. 8^i. I& Bell. Le». Tom. XIX. pag. 53 , 54,
(t) Strab. p. 5*1, 53s, ^16. Ptolem.lToiH. XX\, p. 421.
I.. V. c. 7. Plin. X. 1. pag. 30a. Ap^ian. 1
fait mention comme d*tin lieu oh
il y avoir garnifon.
Trébellius PoHion parle dans la
vie de l'empereur Claude II 9 dNi-
ne aventure qu'il eut àComagèDC
Il n'en eft point parlé dans l'édi-
tion ordinaire ; mais , Gruter 6c
Saumaife ont remarqué qu'on ea
trouve le récit dans le manufcric
de la bibliothèque Palatine.
Lazius dit que Comagène eft
Holnbourg ou Hombourg , ville
d'Autriche. Dans fa carte de cette
contrée y il met une montagne
Sxx'Az^^éiXtComageiULsmons, &
ont il dit que le nom vulgaire
eft Kaunberg , q^'on écrit auifi
Chaumberg , 6c il croit que cette
montagne ^ù. la même que le moue
Cétius de Ptolémée.
COM AGENI , les babîtans dt
Comaeène. Voye^ Comagène.
COMANE. Nous fommes
daos l'ufage d'écrire ainfi en fin*
gulier ce nom , quoiqu'il doive
être écrit Comanes en pluriel.
Du moins » les Latins & les Grecs
le lifent de cette manière ; &
dans ces fortes de circonftances ,
nous fuivons ordinairement leur
onhographe. C'eft pour cette rai-
foa que dans les articles fuivans
on trouvera le nom de Comane
écrit en pluriel.
COMANES, Comana , (c)
K^f<av« « ville de lAfie mineure ,
dans la Cappadoce , & pour par«
1er plus juite , dans la Cataonie ,
qui étoit un canton de la Cappa-
doce. Elle étoit fituée fur le fleuve
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<i26 C O
Sa rus , dans les vallées profondes
& étroites du mont Antitaurus.
C'étoit une ville mémorable au
rapport de Strabon. Son temple
de Bellone itir tout étoit fort ce*
lebre. Il y avoit une multitude
infinie de ces prétendus Prophe*
tes , qui fe difoiem infpirés d'une
fureur divine, 6c d'autres minières
deflinés au fervice du temple. Les
habitans de cette ville , du tems
de Strabon , quoique d'ailleurs
fournis à un Roi, étoient cependant
entièrement dévoués aux volon-
tés du fouverain Pontife, qui étoit
le maitre,&du temple» & de tous
les minières qui le deHervoient.
Lorfque notre Géographe y pafFa,
ces minières étoient au nombre de
ût mille , tant hommes que fem-
mes. Le temple podédoit beau-
coup de terres , dont le revenu
étoit pour le fouverain Pontife;
& ce fouverain Pontife étoii le
plus honoré, après le Roi, dans la
Cappadoce. Les Rois & les fou*
verains Pontifes étoient tirés or-
dinairement dp la même famille.
On croyoit qu'Orefte & Iphigé-
nie fa fœur avoient apporté à
Comanes les chofes facrées ^ de la
Scythie Taurique , & y avoient
dépofé la chevelure de cette
Princeffe ; d'où la ville avoit pris
fon nom , la chevelure en Grec
•'appellaiit Kr«M.
Cette ville étoit partagée par le
fleuve Sarus. Procope , cité par
Ortélius, la met dans la petite
Arménie fur le même fleuve ; fur-
quoi il faut fe rappeller que cer-
co
taSns Auteurs anciens ont comprît
la Cataonie dans l'Arménie mi-
neure. Dans ce (èns , la pofîtîon
indiquée par Procope , eft exade.
L'on a au(B donné ^ la ville de
Comanes le nom de Cryfe. Elle
prit encore celui de Julia Pia Fé-r
lix Auguila , de la femme de
l'empereur Sévère , fous le règne
duquel on y envoya une colo*
nie.
COMANES , Comana , (a)
K^juctfet « autre ville de l' Aûe mi-
neure > dans le royaume de Ponr,
étoit fituée fur le fleuve Iris. Pto-
lémée la furnomme Pontica. Con-
facrée à la même DéefTe que la
ville de Comanes de Cappadoce ,
elle fuivoit auffi prefque les mê-
mes rits. Ses Prêtres fe préten-
doient également infpirés d'une
fureur divine ; & on leur rendoit
de grands honneurs. Le fouverain
Pontife , fous les anciens Rois ^ fe
ceignoit le diadème deux tbis l'an,
à une certaine folemnité'appeliée
la fortîe de la DéefTe ; & il étoit le
plus élevé en honneur après le
Roi.
Après la défaite de Mithridate»
Pompée donna à Archélatis la
fbuveraine facrificature de Coma-
nes , & ajouta au champ facré, un
autre champ qui avoit deux fchœ-
nes de circuit , ou foixante flades.
Il jordonna en même tems aux ha-
bitans d'obéir à Archélaiis. Celui-
ci devint ainfi leur chef fuprênte ;
ainfi que des Prêtres qui étoient
dans la ville , excepté feulemetit
qu'il ne pbuvoit pas les vendre. Il
. (4) Strab. p. 547, 557. & feq» Plîn.U'Acad. des Infcrlpt. & B^l. Lctt. T.
T. I. p. 30^, Ftolem. L. V. c. 6. Hirt. XXI. p. 411.
Panf. de Bell. A£cic. pag. 74». Mém. de | *
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CL
tut pour fucceffeur fon fils , qui
fat remplacé par Lycomede, au-
quel on donna quatre fchœnes de
terre de plus que n'avoient eu Tes
t>rédéce{feurs. A Lycomede fuc-
céda Ditei^us , fils d'Adîatorix.
Il fut redevable de fa dignité à
Augure f qui , dit on , voulut
récompenfer par -là le courage
qu'il avoit montré daiis une cir-
conftance.
Strabon dit que cette ville étoit
fort peuplée , Ôc qu'elle étoît
comme un entrepôt pour ceux qui
irenoient d'Arménie. La fête ,
tîite la fortie de la DéefTe , y atti-
f oit beaucoup de monde. L'on s'y
-rendoit en foule , hommes &L fem-
mes > des villes 6c des campagnes
'des environs. L'on y voyoit en
touttems des pèlerins qui venoient
faire des vœux & des facrifîces à
la Déefle. Les habitans fe trai-
'toient avec délicateffe. Leurs hé-
ritages étoienc couverts de vi-
-gnobles. 11 y avoit piufieurs fem-
-fnes^qui faifoient un, trafic hon-
teux de leur corps, & dont la
plupart étoient des Prétrefles ;
car, cette ville, félon la remar-
qtie de Strabon , étoit une autre
Corinthe. Le grand nombre de
"femmes débauchées vouées à Ve-
nus , que Ton y trouvoit , y ame-
noit piufieurs étrangers , qui s'y
.^uinoient par les grande.s dépendes
qu'ils y faifoient.
Pline parle de Comanes com-
me d'une ville qui ne fubfiftoit
plus, auffi-bien que les villes de
Thémifcyre, Sotira & Àmafie.
C L $17
H ajoute après le mot Comana :
nunc Manuïum. Ortélius & que!»
ques autres ont cru que par ces
deux derniers mots, Pline avoic
voulu dire que Comanes avoit été
appeilée de fon tems Manteium.
Ce n'eu point cela , il dit au con-
traire qu'elle ne fubfiftoic déjà
plus,/tt^. S'il ajoute nunc Man^-
uium^ c'eft pour faire entendre
que de toutes les villes qu'il vient
de nommer , & qui étoient dé-
truites , il ne reftoit plus que l'o-
racle. Du refte , Pline s'eft trom-
pé à l'égard d' Amafie qui fubfiila
long-tems encore après lui.
COMANIE, Comania, (a)
KofAxrla , contrée d'Afie , félon
Xénophon. Pline fait mention d'un
peuple nommé Comani , qui doit
être celui de cette contrée. C'eft
aufili vraifemblablement le peuple
nommé Xo^koî , Com par Ptolé-
mée. Pomponius-Méla ({iftinguc/
dans ces cantons les peuples Co-
mares & Coamanes , voifins des
Paropamifiens.
COMANUS, Comanus, {hy
fils de Nannus , roi des Ségobri-
giens. Ce fut ce dernier Prince ,
qui céda aux Phocéens le lieu ,
où ils bâtirent la ville de Marfeil-
le. Après la mort de Nannus ,
Comanus lui fuccéda au royaume
des Ségobrigiens.
Quelque tems après , un Lî--
gùrien lui repréfenta que Mar-
(eille feroit un jour funefte au re-
pos & à la liberté des peuples
voifins ; qu'il devoit fe hâter de
l'opprimer dans fa naifiance, de
çai) Xcnoph. p. 4»(5. Plin. T
114. Ptglcm* L. VI
c. 16. Ponap. Mcl.|
19
Ib) Jttft, L, XUII. c, 4.
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528 C O
peur aue quand les forces de cette
viile feroient accrues , il n'en fut
lui-même accablé. Il appuya Ton
difcours du conte de cette chienne
de la fable, qui, pleine & tou-
chant prefque à fon terme , pria
un berger de lui prêter fimplçment
une place où elle pût mettre bas
fes petits ; qu'en ayant obtenu
cette grâce elle lui en demanda
une nouvelle , & le conjura de
vouloir bien perme^re qu'elle les
nourrit au même endroit ; mais
qu'enfin après qu'ils furent deve-
nus grands , & qu'elle fe vie for-
tifiée de ce fecours domefiique^
elle ufurpa la propriété du lieu ;
qu'ainfi , les Marfeillois qui n'oc-
cupoient alors ce coin de terre
qu'autant qu'on vouloit bien le
fouffrir 9 deviendroient un )our Its
maures de tout le païs. G>ma-
nus , animé par cçs paroles , ma*
^hine la perte des Marfeillois par
les embûches qu'il leur prépare. Il
choifit pour cet effet le jour qu'ils
célébroient la fête de Flore. Il y
envoie un grand nombre de braves
hommes,qui entrèrent dans la yille
à la vue de tout le monde , par le
droit d'hofpitalité commun entre
les deux peuples. Il y en fait con-
duire fecrétement plufieurs autres
dans des chariots couverts de joncs
& de feuilles; & lui,il fe cache avec
une armée derrière les montagnes
voiiines , afin de fe trouver à '
point noi9:^mé aux portes / au mo-
ment qu^ les conjurés les lui ou-
vriroiem^ pendant la nuit , 6c pour
,fe rendre maître de la ville enfe-
co
velle dans le fommeil & dans k
vm.
Mais, une certaine dame, pa-
rente de Comanus, touchée du fort
2ui attendoit un jeune & aimable
rrec , avec qui elle avoir un
' commerce de galanterie , lui dé-
couvrit les deffeins qu'on tra-
moit contre fa patrie, dans le tems
qu'il la tenoit entre fes bras, ÔC
l'exhorta à fe dérober au péril qui
le menaçoit. Le jeune homme
court d'abord le révéler aux Ma*
eiftrats , qui , profitant de l'avis ,
font faire main-baffe fur cous les
Liguriens , tant ceux qu'on prit
dans la ville , que ceux qu'on tira
de deffous le jonc qui lescouvroit.
Après quoi , tournant contre Co-
manus les mêmes embûches qu'il
leurdreffoir, ils le furprennentf
& le tuenc avec fèpt mille hom-
mes. C'eff de-là que les Marfeil-
lois prirent la coûtutiie de fermer
leurs portes les jours de fête , de
faire le guet, de pofer des fenti-
nelles fur leurs remparu, & ds
reconnoitre les étrangers.
COM ASIE , Comafia , ( 4 )
l'une des Grâces fuivanc un ancien
monument. Ce nom ne fe trouve
nulle autre part.
. COtAASTVS, Comaftus,y'û'
lage de la Perfe propre , au rap-
pof;t de Polyen.
COUATE, jOomatus , (A
Chevrier , que ceux de fa profef-
fion a voient pris pour le héros de
leurs chanfons. C'eff peut-éue le
même qui fuit.
COMATE , Comatus, (c)
(S-) Amiq. expl. par D. £em. det Bell. Lett. T. IV. p. 547.
Momf. T. I. p. 177. (t) Mém. de TAcad. des Inlc, 9t
{k) Mém. dç TAcad. jles Infcrîpc. &|ficll. \,^iu Tom. XII. pag. 46. .
certain
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co
certain perfonnage qui promit un
agneau aux Nymphes > ayant déjà
fait préfent de deux chèvres aux
Mules.
COMAZON, Comaion, (a)
terme Grec , qui fignifie farceur.
On donna ce nom à Eutychien ,
flatteur de l'empereur Héliogaba*-
le, parce qu'il étoit boufFon &
farceur de proFeffion.
COMhABVS ^Combabus, {b)
Kof^CiCoç 9 jeune Seigneur de la
cour du rot de Syrie , Antiochus
I furnommé Soter. Ce Prince Tai-
moit extrêmement. La reine Scra-
tonice ayant fait vœu de bâtir un
temple à Junon dans la Ville fa-
cfée, Combabus fut nommé pour
accompagner cette Princefle dans
fbn voyage » quoiqu'il ïk tout ce ;
qu'il pût pours'en excufer, de peur
que fa jeunefle & fa beauté ne
donnafTenc quelque prKe à la mé<-
difance. Mais ^ comme il vit que
le Roi le vouloit abfolument ,il fe.
retira chez lui fort trifte, après
avoir obtenu fept jours pour fe
préparer au départ. Il commença
U à déplorer fa condition , de fe
voir fur le point de perdre les bon-
i^S grâces du Prince , dont il étoit
le favori , & peut-être la vie , s'il
venoit à être accufé du crime Qu'-
il appréhendoit. Dahs ce délef^
poir, il fe coupa les parties qui
pouvoient donner du foupçon de
lui ; & les ayant fait embaumer ,
il les porta au Prince dans un vafe
cacheté , & lui dit qu'il le prioit
de lui garder ce tréfor jufqu'à fon
retour ; ce que le Prince lui pro-
C O 529
mit ; & après l'avoir fcellé de fon
(ceau , il le remit entre les mains
de ceux qui avoient la garde de
fon cabinet. Combabus partit en-*
fuite , & fut trois ans à ion voya-
ge. Cependant , ce qu'il avoit
appréhendé» arriva; car» cette
jeune PrincefTe devint amoureufe
de lui , par une longue fréquenta-
tion f en rabfence de fon mari*
D'abord elle fit tout ce qu'elle
pUt pour vaincre ou diffimuler fon
amour ; mais , c<>mme elle vit que
cela ne fervoit qu'à l'augmenter ,
6c que l'entretien continuel d'un
jeune Seigneur fi accompli » l'allu*
moit de plus en plus » elle réfoluc
à la fin de fe déclarer^ Pour le faire
plus adroitement» elle fit un grand
feAin » afin d'avoir moins de pu-
deur, & de le pouvoir attribuer à
la gaieté. Aprèç qu'on eut donc
foupé , elle entra dans l'apparte-
ment de Combabus , & lui dé-
couvrit fa pafTion. Il lui répondit
premièrement qu'il voyoit bien
que c'étoit par une galanterie Sc
pour l'éprouver, afin de fe mo-
quer après de lui. Mais ^ lorfqu'il
vie qu'elle perfiftoit dans fon def-
fein » il s'excufa fur la fidélité qu'il
de voit à fon maître. A la fin ,
comme elle ne recevoit aucune
réponfe » il lui fit voir qu'il n'étoit
pas en état de la fervir , ajoutant
les raifons qui l'avoient pu obliger
à fe faire ce fanglant outrage. Lsi
Princefle» furpriie d'un accident (î
imprévu» quitta fa pourfuite » 6c
non pas (on amour ; de forte
qu'elle ne pou voit vivre fans lui ^
(«) Ctév. Hift. des Einp. Tom. V.
Tom. XI.
(h) Ludan. T, II. p. 890. é" fii*
LI
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5P GO
& tâchoit de divertir fa paflîon ^
dans la douceur de (on entretien.
Cependant , la chofe devint ft pu*
i}lique^ qu'elle parvint jufqu'aux
oreilles du Roi , & ce Prince indi-
gné rappella Cotnbabus en dili*
gence.. Quelques-uns difent que
ce fut la Princeffe même qui \\ c-
cufa de Tavoir voulu corrpmpre »
comme Phèdre fit Hippolyte ,
voyant qu'elle n-'en pouvoit venir
à bout.
Quoi qu'il en fck , Combabus ,
afliiré de fa vertu , fe rendit
promptement auprès du Roi; 6c
il ne fut pas plutôt arrivé qu'il fût
atrétéprifonnier ; 6c le Roi , ayant
adembléfon confeil, l'accufapu-
bliquement d'avoir débauché fa
femme « trahi fon bienfaiteur , fie
feuille les myftères des Dieux par
un adultère. Toutes les excufes
au*il eût pu alléguer, ne lui euffent
(ervi de rien , parce que la vrai-
femblance ètoit contre lui f &
qui] y avoit-là une infinité de faux
témoins pour le condamner. Auifi
ne répondit-il rien à ces accufa-
lions ; mais , comme il vit qu'on
l'ailoit envoyer au fupplice , il
pria le Roi de lui remettre entre
les mains le dépôt qu'il lui avoir
donné, comme l'accufanr fous
tnain de (e le vouloir approprier»
Le Prince l'ayant fait venir aufli-
tot , il rompît le cachet & fit voir
les pièces juftificatives de fon in-
nocence. Alors , le Roi tout con-
fus , courut l'embrafTer & fe plai*-
gnit à lui du crime qu'il avott
commb comre foi-même. Mais^
pour le confoler du mal qu'il lui
avoit fait , il envoya fur le champ
tous fe& accu^iteurs au fupplice ;
& ils reçurent la mort au moment
qu'ils attendoient la récompenfe.
Éûfuite, il combla ce jeune Sei->
gneur de nouvelles faveurs , Sc
voulut qu'il n'y eût rien de fecre^
pour lui f & qu'il pût entrer à
toute heure où étoit le Roi. Après
cela , il kTrenvoya , à fa prière ,
travailler à laccompliflement de
T-ouvrage qui étoit demeuré im-
partit ; & pour récompenfe de fa
vertu y il lui fit drefler une ilatne
d'airain dans ce même temple , en
habit d'homme , avec un vifage
de .femme , fait de la main dti
meilleur maître de ce tems-là«
On dit que plufieurs de fes
amis» par complaifance, ou par
infpiration , fe firent Eunuques à
fon exemple , & qu'ils allèrent
pafler là avec lui ^ le refte de leurs .
jours pour le confoler. Cette cou-
tume fe conlerva long^tems parmi
les Prêtres de ce temple; ils n'a«
voient même , ni d'autres robes ,
ni d'autres occupations que celles
des femmes , & cela par une ren«
contre malheureufequi arriva en-
core à Combabus. Car» on dit
qu'une jeune étrangère , étant de-
venue amoureufe die lui , fe tua
de défefpoir , après qu'elle eut ap-
pris ce qu'il étoit; de forte que
touché véritablement de ce mal-
heur , il ne s'habiHa plus depuis
qu'en femme , afin que perfonne à
l'avenir n'y fût trompé.
COMBAT , Certamen , Pa*
gna , Pralium > fe dit en général
d'une querelle» ou d'un différend
qui fe décide par la voie des ar-
mes.
Dans une guerre , les Auteurs
font une difiinâion entre un Corn*
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co
bat & une bataille ; cette dernière
exprime l'aâîon générale de tonte
l-armée/au lieu que le Combat ne
fignifie qu'une efcarmouche parti*
Gulière, ou l'aâion d'une ample
partie de Tarmée ; de forte que
le combat eft proprement une
partie d'une bataille. Foye{ Ba-
taille.
COMBAT SINGULIER,
Certamen Singulare. (a) C'cft un
Combat d*un feul à un feul. On
eh trouve des exemples dans
THiftoire , tant Sacrée que Pro-
fane. David , chez les Hébf eux ,
combat contre le géant Goliath ,
Su'il terrafle. T. Manlius, Fan de
Lomé 394 , remporte une vic-
toire ftgnalée fur un Gaulois , qui
avoit défié le plus brave des Ro-
mains de venir fe mefurer avec
lui.
Il a été un tems que les procès-
fe décidoient par le Combat fin-
gulier. On fuppofoit que Dieu
* n'accordoit la viéioire qu'à celui *
qui avoit le meilleur droit. Cela
arrivoit en matière civile, aoffi-*
bien qu'en matière criminelle.
L'accufateur Juroit fur la vérité de
fon accufation , & l'accufé lui
donnoit le dément?, fur quoi cha-^
cun jetioit fon gage de bataille en
Juftice, Alors , on conf^tuoit les*
dâux champions prifonniers juf^
qu*au jour du Combat. Le défen<-'
. deur avoit le choix des armés ; &
s'il n*étoit point vaincu avant le
coucher du (bleil , il étoit abfous
& cenfé viftorieux. Cet abus étoit
autrefois tellement autorifé , que
RoU. Hi»,
(*; Ad
r. L. I. c. 17. V. 4. ^ /rj.l
. Rom. T. ïl. p. 15 j , T54. ]
Corioilv EpHk. !• c. 9. v. %$* |
CO 5jt
les Évéques & les Juges ecclé-
fiaftiques ordonnoient le Combat
dans les chofes obfcures & dou-
teufes. On rapporte qu'Alfonfe 9
roi de Caflille , ayant voulu abo-
lir le rit Mozarabique pour intro-
duire rOâice Romain , & le peu-
ple s'y étant oppofé ^ on convint *
de terminer le différend par un
Combat.
COMBAT , Certamen , jégortf
A*y^¥ , {h) s'entend des jeux fo-
lemnels des Grecs & des Ro-
mains à l'honneur des Dieux, telsr
qu'étoient les jeux Olympiques i
les PythienS , les Néméens , les
Iflhmiqués , les Combats du Cir-
3ue , les Aâiens , & les autres
ont nous parlerons en leur place»
Les Combats qui s'y faifoient »
étoient la courfe , la lutte , les
coups de poingt , le palec , &c.
Les combattans , qui fe nom-
moient Athlètes.,, s'y préparoient
dès la jeunefTe parades exercices
continuels & un régime très-
exaâ. Ils ne mangeoient que de
certaines viandes Ôc à certaines
heures ; ils ne buvoient point de
vin , & n avoient point de com-
merce avec les femmes. Leur tra*
vail & leur repos étoient réglés ;
c'eft par l'exemple de ces com-
battans, que Saint Paul exhone les
Chrétiens à s'abftenir de tout.
Foyei Athlètes.
COMBATS [ Les ] , (c) font
perfonnifiés dans le fyAême de
k Théogonie d'Héfiode. Ce Poë-
te les faiu fils de la Difcorde.
(f) Mém. de PAcad. det Infcrlpt. $c
Bdl. Letl. Tom. XVm. j*ag. j,
Llij
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53^ CO
COMBE, Combe , (a) fille d'O-
phius , &it métamorphofée en oi-
leau , & évita par cette aventure
la furie de ks enfans^ qui vouloient
Taffadîner.
Cette fable fienifie que Combe,
par fon adrefle, ^happa des mains
de Tes enfans. Cette princefTe en
s^voit un aifez grand nombre , &
on lui en donne jufqu'à cent.
Toi qui fouhaites des enfans
Comme un avare la richejfe f
£t qui crois que de nos vieux ans
Ils font la paix & Vallégrejfe ;
Vois par cet exemple fameux »
Que tu nefçais ce que tu veux ,
Ou que tu veux fouvent la peine.
Combe en reçut beaucottp d* appui p
Il en a plus d*une centaine ,
J^t tous confpirent contre lui.
Il y en a qui , comme on le voit
par ces vers, font de Combe un
prince & non une prînceiTe. L'en-
droit , où Ovide en fait mention ,
cft également fufceptible de l'un
& dé l'autre fens.
Adjacet his pleuron in qua trepi'^
dantibus alis
Ophias cffugit natorum vulnera
Combe*
• Le plus grand nombre cepen-
dant s'accorde à prendre Combe
pour une perfonne du fexe fémi-
ain y & certains la font fille d'Af*
copus , & prétendent qu'elle pad
fe pour avoir la première inventé
(«> Ovld. Mecam. L. VU.
pa M. rAbb. Ban. Tom. VIII
{h) Tit.U?.L,XXXVm.
l
CO
les armes d'airain ; d'où vient
u'ellç a été fumommée Chakis.
.e erand nombre d'enfans qu'elle
avott eus , donna lien à un pro*
verbe parmi les Grecs : Elle a
m autant d^ enfans que Combe ^
pour dire une femme féconde.
COMBENNONS , Comben^
nones. Voyez Benne.
, COMBOLOMARUS, Com^
hoiomarus , (M roi d'une partie des
Gaulois » établis dans l'Afie mi*
neure. Ce Prince vivoit environ
189 ans avant Jefus-Chrift; c'eft-
à-dire , dans le tems que Tes fu-
jets & les autres Gaulois du pats
furent réduits fous lapuiâance des
Romains.
COMBOS, Com^x, terme,
(c) qui avoit été introduit, com*
me celui d'une ville dans ce* vers
de Ju vénal : Ardetadhuc Ombos&
T^ntyra; par des copiftes ignorans
oui » doublant le c du mot adhuc^
lavoknt répété au commence*
ment du mot fuivant. Ortélios a
oté ciette ordure & rétabli le vrai
nom qui eCl Ombos , ea dépit de»
manufcrits & de tous les impri-
més qu'il y avoit de fon tems*
COMBRÉE, Combrea, {d)
KcSft^p^mf vilte de Macédoine.
Hérodote y qui fait mention de
cette ville, la met dans le voifî-
nage de l'aliène. Il nomme Crof-
fée le pais où il la place avec quel-
ques autres.
COMBULTERIE, Comhul^
teriuf ville appeUée auffi Corn-
pulterie. Voyez Compulterie.
COMBUTIS, Combutis, (t)
.c.9.Myth.l (c)
Juven. Stcyr. 15. v. ){•
Herod. L. VIX, c. xi|»
Pauf. p. 650.
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co
Kl/ul^ovriç , l'un des chefs des Gau-
lois , qui firent une irruption dans
la Grèce fous la conduite du fé-
cond Brennus. Foye^ Oreftorius*
COME, Comef Foyei Macr^
Comç,
COMtJyiE ^Comœdia, nom
d*une maifon de campagne , que
Pline I^ Jeune avoit auprès du lac
de Corne.
COMÉDIE, Comœdia, (a)
Ku/Ltcùttla , eft rimitation des
mœurs mi(e en a^ion ; imitation
des mœurs , en quoi elle diffère
de la tragédie & du poëme héroï-
que ; imitation en action , en quoi
elle diffère du poëme didaâique
moral & du fimple dialogue.
La Comédie diffère particuliè-
rement de la tragédie, dans fon
principe, dans fes moyens & dans
ja fin. La fenfibilité humaine eft
le principe d'où part la tragédie;
le pathétique en eft le moyen ;
rhorreur des grands crimes & l'a-
mour des fublimes vertus font le«
fins qu'elle fe propofe. La malice
naturelle aux hommes eft le prinr
cipe de la Comédie, Nous voyons
les dé&uts de nos femblables avec
une complaifance mêlée de mé-r
pris , lorfque ces défauts ne font
ni affez affligeans pour exciter la
compa{fion,ni affez révohans pour
donner de la haine , ni afle^ dan-
fereux pour infpirer de l'effroi.
>es images nous font fourire , fi
elles font pçintes avec fineffe ; el-
les nous font rire , fi Içs trait» de
cette malîgne joie » auffi frappans
(4) Roll. Hift. Ane. Tom. III. pag.
X56. ér fniv% Métn. de TAcad. des
Infcript. & Beil. Lett.> Tom., I. pag.
iç>, 15Q. Tom. IV. pag. 13^. ^friv.
ou^îf^attendus , font aiguifés par la
^irprife. De cette difpofition à
faifir le ridicqle , la Comédie tire
fa force & fes moyens. Il eût été
fans doute plus avantageux de
changer en nous cette complai-
fance vicieufe en une pitié philo-
fophique ; mais , on a trouvé plus
facile & plus (ur de faire fervir la
malice humaine à corriger les au-
tres vices de Thumanit^ peu près
comme on emploie les pointes da
diamant à polir le diamant même,
C'eft-là l'objet ou la fin de la
Comédie,
L
Origine de la. Comédie che[ les
Grecs.
Les Dorîens , qui s*attribupient
l'invention de toutes les pièces de
^ théâtre , revendiquoient en par-
ticulier celle de la Comédie. Les
Athéniens appetloient les boorgt
& les villages /S/uoi ; au lieu que
le terme vl^ou étoit propre aux
Doriens. Or, c'eft de ce dernier
mot , felon eux , que la Comédie
a tiré fon nom, parce que les
premiers i[!omédiens , n'étant pas
reçus dans les villes » allcMem
jouer dans les bourgs. Suivant
cette étymologie , le mot ComédU
fignifieroit la chanfon du bourg
pu du village. Mais , c'eft «de quoi
ne convenoient point les Athé-^
niens , qui dérivoient ce mot da
verbe %(0ti^l<» ) qui fignifie all^
en mafque par les rues , en chan-
tant & en dan&nt, aller faire l'a-
Tom. VI. p. 146. T. XII. p. 91 , ^^^ X.
XV. p. «57, «60 * «61. T. XVI. p. j»9,
& fmv. T. XVII. p. 410. &fitiv, Tom,
XXI. p. iA%,ér faiv,
L 1 uj
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534 C O
mour , aller rendre vifite à Co-
mus, qui étoic le dieu des feflins.
M. Dacier croit que cette dernière
étymologie ne peut fe foûtenir ,
fit qu*elle eft contre tome analo-
Sjie. Mais , dit M. l'abbé Vatrv ,
ommes-nous mieux inftraits là-
deflus que les Athéniens qui la
croyoient bonne , ou qu'Ariflote
qui la propofeCans la condamner ?
Les EWiens prouvoient enco-
re qu'ils Troient les inventeurs de
la (Jomédîe , parce qu*Épichar-
me , plus ancien que Ghionidès ,
fit que Magnés , étoit Sicilien*
Mais , ceux de Cô , parce que
le même Épicharme avoir été
exile chez eux «vouloient que la
Comédie y eût pris naiflance ; &
Sis dérivoient le mot Comédie, du
ïiom de leur îfle.
Les Athéniens avoîentanffi des
titres en leur faveur. II regnoît
dans k Grèce placeurs traditions ,
qui leur attribuoient l'invention
des pièces de théâtre.' On difoît
que c'étoit les habitans d'un bourg
de TAttique , appelle Icarie ,, qui
Vétoient avifés les premiers d'im-
moler un botic à Bacchps , parce
que cet animal fe déclare l'ennemi
de ce dieu , en broutant & en gâ-
tant la vigne. On ajoûtoit que les
chanfons , les d^nfes Ôcles autres
cérémonies qui avoient accompa-
gné ce facrïfiçe , avoient été la
première ébauche de la tragédie
& de la Comédie ; &: que ce ne
fut qu'à l'imitation des Icariens ,
que de femblabies facrifices eu-
rent liei^ chez les différentes na-^
tions de la Grèce. En efFet , Su-^
farion fit Thefpis , qui étoient Ica-
riens» foocplus anciens qu'aucun
, CO
autre poëte , (oit tragique , fott
comique , 8c ont vécu avant Épi-
charme , que les Siciliens vou*
loient faire paflier pour l'inventeur
de la Comédie.
Il n'eft pas non plus hors de
vraifemblance que c'eft à ces
fêtes de Bacchus célébrées à Ica-
rie , que l'on étoît redevable de
ces chanfoils remplies d'inveôi-
ves f dont parle le Scholiafie d*A-
TÎfiophane , 6c qu'il dit avoir été
l'occafton de l'établidement de la
Comédie à Athènes. Voici com-
ment cet Auteur s'exprime. Len
Athéniens, jouiffant d'une pro-
fonde paix , commencèrent à
vexer & à maltraiter les habitans
de la campagne. Ces malheureux
vinrent fe plaindre à la ville;
mais ^ on ne leur fit point juftice ;
ils imaginèrent de courir pendant
là nuit les rues d'Athènes , fie d*in-
veôîver à grands cris contre ceux
de qui ils avoient reçu quelque
injure. On s'apperçut bientôt que
ce moyen leur réuffifibit. Se que
les plus puiflans citoyens deve-
noient plus retenus , dans la crain-
te que leurs înjuftices Ôc leurs ex-
cès ne fuffent découverts publi-
quement. Cette obfervation fit
croire au peuple, qu'il feroit utile
5ue quelques Poètes fiffenc des
ers contre ceux qui oferoient
abufer de leur autorué fie de leurs
nchelTes. On voulut que ces vers
ié récitaflfent en plein théâtre; on
établit des prix pour ceux qui y
«xcelleroient ; fie à caufe de fon
origine « on nomma cette forte
de .poème , Comédie , du mot
xf A«e » qw fignifie fommeil.
Toutes ces étymologies Se ces
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co
apinions dîflérentes (ont bien voir
que les Grecs ne i^avoieitt pas
eux-mêmes avec cenitude Thifl ai-
re de leun poëfies dramaciqoes ,
6c que ce qu'ils nous en difenc
fi*eft fondé que fur des conjeâu-
res, plus ou moins apparences.
Au refte , il pourroit bien être
zrtwi que les myftères de Bac-
Chus » s'étant établis en différens
lieux & avec les mêmes cérémo-
nies , euflem produit par tout les
mêmes poëfies licentieufes ^ dont
chaque peuple en pardculier s'eft
fiait honneur ; parce que chacun
s'eft imaginé qu'il les avoir culti-
vées le premier , 8l qu'il ne les
avoit imitées de personne. •
Ariftote» l'aoteur le plus afluxé
<^u'on puifTe cônfulter fur ces ma-
tières » nous dit dans un endroit ,
que les Poëtes lambiques dégé-^
Itérèrent en poëtes comiques ; &
ailleurs, que la tragédie doit fon
origine aux poëtes Dithyrambi-
Îues , & la Comédie aux «poètes
halliques^ Op a prétendu qu' A-
rifiote (e contrediioit » en parlant
de la forte ; mais , s'il y a quelque
reproche à lui faire « c'eft d'avoir
féparé ces deux ibufces de l'an-
cienne Comédie ; & de n'avoir pas
dit en Q>lme tçms ^ ,que les poê-
les lambiques éiles poëtes Phalli-
ques avoient été , en quelque ma-
nière , les pères de la Comédie.
S'il s'éioii exprimé de la forte ,^ il
eût dit une chofe , non feulement
très-vraifemblable , mais qui fe
tr<M]ve encore confirmée par des
témoignages & de^autorhés, aux*
quelles on ne f<çauroit fe refufen
£n effets il n^eû pas douteux
^que les deux csrraâères dillinâi£»
co 535
de l'ancienne Comédie ne fuffent
lafatyre perfonnelle & l'obfcénité.
Par la latyre perfonnelle , elle
imita la poëfle ïambique j 6c elle
emprunta des poëfies phalliques
les ordures dont elle amufa fes
fpeâateurs« Si nous en croyons le
l^us grand nombre des Auteurs »
elle dut fa naiflance aux poëmes
informes que Ion chantoit , à Toc-
cafion des récokes , & fur tout
; des vendanges. Dans ces jours
confacrés à Ëacchus » une partie
des vendangeurs fe déguifoient en
fatyres , ou en quelqu'autre pec-
fonnaee ridicule du cortège de ce
dieu. Montés fur des chariots , en
allant & en revenant du prefFoir ,
ils accabloient d'injures tous ceux
qu'ils rencontroient ; d'où vient
le proverbe > eiç ii, <^iÇMç \a>^tU ,
qui figniâe fe déchaîner contre
quelqu'un , & lui dire les injures
les plus fales & les plus groffières.
On voit encore quelques traces
de cet ancien ufage en beaucoup
d'endroits. Pendant les facrifices ,
ces hommes grofCers , que la fo-
lemnité & leur déguifement auto»
. rifoient à tout faire & à tout dire,
fe tournoient en ridicule les uns
les autres ; ceux , qui en avoient
Je talent» compofoient exprès des
1 couplets à leur mode $ mais , il y
en avoit fans nombre de tout faits
po^r ces fortes d'occafions» que
tout le monde fçavoit.» & qu'on
ne manquoit pas de -chanter ^taute
tPamres. Les danfes y les geftes-,
les grimaces , étoient dans le mê-
me goût que les chanfons ; tout
:1e monde prenoit part à la fête;
& s'il y avoit un bouffon dans le
village y.c'étoic alors qu'il fe figna*
Lliv
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5}6 CO
loit. On peut voir la defcriptiofl »
qa'Horace fait de ces fêtes , que
ce Poëte regarde comme la pre*
mière origine de la Comédie.
Ces farces , compofées i la hâte
& jouées par des païfans ivres ,
donnèrent Tidée à des Poètes qui
' fe fentoient du talent pour cette
forte d'ouvrage , d'en compofer
à loidr dans le même goût , &
d*aller de village en village le» ré-
citer y montés fur des trétaux , ou
de defTus des chariots. Ils pre-
noient leur part du feflin ; on leur
laiflbit emporter quelque outre de
vin nouveau ; & on les couron-
noit. Mais , leur licence effrénée
. fît que pendant long-tems on ne
voulut poim leur permettre l'en-
trée des villes , & qu'ils furent
' obligés de courir les campagnes.
Quelques Poètes cependant fe
firent une grande réputation par
ce genre d'ouvrage. Nous trou-
vons dans les marbres d' Arondel ,
l'époque de Sufarion , fets le
tems de Pififtrate. Il paroît par
ce monument que ce Poëte fut
un des premiers qui mérita une
attention un peu férieufe, & qu'on
établit un combat âc des prix en
fa confidération. Si nous linons ce
marbre comme Ta lu M. Prideaux,
nous pourrions en conclure que
Sufarion avoit fait jouer fes pie-
ces k Athènes^; mais» Bentley lit
. différemment- ; & il paroit bien
'.fondé à rejetteria.lieçon de M.
Prideaux. Il y avoit long-tems
qu'un grand nombre de Poètes
s'étoient diftinguéi par des ïambes
d'une force & xl'une véhémence
extraordinaires. Il n'eft pas dou-
«teux que ^lei< P<mes comiques
CO
n'aient puifé dans les poëfies Jâ-
cyrîques ; qu'ils ne lésaient prifes
pour modèles , & qu'ils ne s'en
ibtent beaucoup aidés pour atta-
3uer les ridicules. Il y avoîc auffi
es poçfies phalliques fort ancien-
. nés » qu'il étoit d'uiâge de chanter
publiquement , dans toutes les
villes de là Grèce. Les Pertes
comiques ne les négligèrent pis
non plus; & ils trouvèrent abon-
damment dans ces vers licentieox»
' de quoi égayer leur drame » &
divertir leurs fpeQateurs ; û nous
ne voulons dire plutôt que l'an*
cienne Comédie n'étoit , k pro-
prement parler , qu'un com-
po(é & un mélange de poëfies
ïambiques & de poëfies phalli-
ques*
, #AriAote dit qu'Homère avoit
donné un premier effai de la Co-
médie 9 en changeant en fimple
phiiiànterie les railleries offienfan-
tes des premiers Poëtes; & en
effet , a}oûte-t-il » fon Margitès
a le même rapport avec la Co-
médie , que fon Iliade & fon
Odyffee ont avec la tragédie. Se-
..lon guidas, ce Margitès étoit un
homme d'uqp fottiie & d'une im-
bécillicé extraordinaires ; il ne put
jamais compter oue jqfqu'à cinq ;
il ne put apprendre aucune forte
de profei&on ; & il étoh déjà
homme , qu'il ne fçavoit pas qui
de -fon père ou de fa mefe l'avoit
mb au monde. Ce poëme d'Ho-
mère eft perdu ; il feroit cepen-
dant nécefiàire de le voir pour en
juger. Car , fi la fottife de Mar-
gitès étoit telle , que le dit Suidas »
eiie devoit exi^iter plutôt la com-
.pafiion que le rire ^ & par con^
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c o
féqoent n'étoit pas j félon Arifto-
te même , le ridicule propre à la
Comédie.
Les changemens qui font arrî-
▼és à la tragédie » nous dit encore
ce Phiiofophe , ont été fenfibles ,
& on en a connu les Auteurs ;
mais , la Comédie a été inconnue ,
parce qu'elle ne s*eft pas cultivée
éès le commencement , comme
la tragédie , car le Magiflrat ne
commença que fort tard à donner
des chœurs comiques. Ceux qui
jouoient auparavant « n*étoient
que des aâeurs libres & volon-
taires , qui jouoient pour eux » &
fans ordre du Magiftrat.
Tandis que la Comédie ne fut ,
pour ainfi dire , que tolérée dans
les villes , & qu'elle ne reçut au-
cun fecours , ni aucune protec-
tion du Magiftrat » ce ne fut qu'un
fpeâade tres-informe ; elle n'é-
toit compofée que du choeur feul ;
elle n'avoit ni hiftrions , ni maf-
ques , ni décorations , ni même
d'adion dramatique. Ce n'étoit
qu'une fatyre outrée de ceux à
qui le Poëte en vouloit , ou des
chan(bns groflière» defiinées à
amufer une populace effrénée,
dans les jours de fête & de dé-
bauche.
Enfin , foît que l'on crut que le
fpeâacle pourroit contribuer à la
réformation des mœurs , foit que
ce ne fût que pour faire plaifir au
peuple f le Magiftrat accorda en-
fin le chœur à la Comédie j c'eft-
à*dire , qu'il fit la dépenfe de tout
ce qui étoit néceflaire pour la re-
préfentation des Comédies ; on
propofa des prix aul Poètes co-
miques & à leurs aâeurs ', ce qui
CO 537
arriva vers le tems de Périclès.
Alors , la Comédie prit une face
toute nouvelle. La repréiéntation
des tragédies fe donnoit depuis
long- tems à grands frais & avec
beaucoup de magnificence ; elles
fer virent de modèles aux Poètes
comiques , qui formèrent toute
la difpofition de leurs fables , fur
celles de la tragédie. Ils travefti-
rent , pour ainfi dire , la Mufique ,/
& la firent en quelque forte def-
cendre à leurs ufages ; ils em-
pruntèrent des habits , des déco-
rations > des machines , tout ce
qui leur convint , & formèrent
de tout cela un fpeélacle qui eût
quelque régularité. Mais , en mê-
me tems , ils furent très-fideles à
conferver à ce nouveau drame ks
deux anciens caraûères. Non feu-
lement ils expoferent à la rifée
du peuple , les fots & les vicieux ;
mais , ils s'acharnèrent encore
contre les plus honnêtes gens de
la République. Perfonne ne fut à
l'abri de leurs médifances , ni
même de leurs calomnies , qu'ils
afifaifonnoient de leurs bons mots.
Ils fçurent rendre ridicule jufqu'à
la fageffc & à la vertu même^
& l'indécence & l'effronterie fu-
rent portées à leur comble*
I I.
De la Comédie ancienne , moyen-
ne & nouvelle.
Cette première efpèce de Co-
médie s'appeila la Comédie an-
cienne , ou la vieille Comédie.
On comptoit douze ^Poètes > qui
avoient excellé dans ce genre ;
fçavoir , Magnés , Timocréon ,
Cratès , Eupolis , Cratinus ^ Arif*
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558 CO
fophane f Phrynicus , Stralîs ,
Phérécratcs, Platon , Téléclides
& Théopoœpe. Le nombre des
Comédies , que ces douze Poëies
^voient compofées , (t montoît à
tiofs cens foixante-^uinze ; il ne
ne nous en rcfte aujourd'hui que
quelques fragmens épars çà & là
dans d^ Auteurs anciens , prin-
cipalement dans Plutarque &i dans
Athénée. Seulement onze Comé-
dies entières du feul Ariftophane
font venues jufqu'à nous. Les Cri-
tiques anciens nous difent que te»
Poètes qui Favoient précédé,
avoient contribué chacun en quel-
que chofe , à donner à la vieille
Comédie , une forme régulière ,
& à augmenter fes agrémens ;
tnais que ce fut Aridophane qui
la porta à U perfeâion , & qu'il
furp^Ha tous ceux qui travaillèrent
dans le même genre. C*eft ce qui
Ta fait appeller par toute l'Anti-
quité ie comique par excellence ,
comme Homère eft connu par ce
fcul mot , U Poète,
Voici , félon M. Tabbé Vatry ,
de Quelle manière fe forma la Co-
médie ancienne , 6c quel fut Te
but des Poètes qui la cuhiverent.
Lorfque la tragédie fut parve-
nue à ce point de perfeâion oîi la
portèrent à Fenvi un grand nom-
bre d*excellens Poètes , fur tout
Efchyle, Sophocle & Euripide;
d'autres Poètes, dont le génie
étoit porté à la plaifanterie & à la
fatyre, entreprirent de donner un
fpeâade dans lequel tout ce que
les tragiques avoient imaginé pour
exciter Tadmiration , la terreur &
la pitié , fut employé à faire rire
les fpeâateurs j & à ayilir & à
CO
rendre méprifables & ridîcaîcs
tous ceux qu'il leur plut d'atta-
quer. Ce n étoit, à proprement
parler , que des parodies conti-
nuelles des tragédies les plus efti-
mées ; des bouftonneries , (bavent
les plus indécentes & les plus
obfcènes , des fatyres amères &
outrées contre les plas grands
homtnes de la République ; tnais
tout cela mêlé en même tems de
morceaux de poëfie admirables ^
de vrai & de faine morale , &
fur tout lie la plus fine 5c de la
plus profonde politique* Le livre
de Rabelais efl ce que nous avons
de plus proprfe en François, à
nous donner 4]ne jufte idée d*A-
riftophane, 6c il femble qu'on
peut dire à peu près le même bien
& le même mal de ces deux Au-
teurs.
Les Poètes tragiques avoient
imaginé des aâions grandes ôC
capables d'émouvoir puiffamment
leurs fpeé^ateurs ; ils emprun-
toient ordinairement leurs fujets
plutôt de la Fable que de l'Hifloi-
re ; ils y trouvoient un merveil-
leux propre à relever & à agran-
dir les objets , & à employer les
talens qu'ils fe fentoient pour la
grande poèfie.
Les Poètes de la vieille Comé-
die ne prirent poirtt leurs fujets
dans la vie ordinaire des hommes;
ils voulurentfurprendre leurs fpec-
tateurs par la nouveauté 6c parla
bizarrerie de leurs fiâions ; ils fe
firent un mérite de tirer des fonds
les plus frivoles en apparence , de
quoi charmer 6c inftruire même
leurs concitoyens , & furpaiTer
leurs rivaux.
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co
Un Poëte,aprës avoir aind choî-
C le fujet le plus bizarre & le plus
extravagant qu'il pouvoir imagi-
ner y formoic Ton plan fur celui des
plus belles tragédies > en emprun*
toit toutes les parties & en fui-
voit toutes les règles. Il s'aflrei-
gnoit aux txoh unités d a6Hon , de
lieu & de tems , & faifoit fur le
même modèle Texpofition de fon
fujet , fon nœud & fon dénoue-
ment. 11 partageoit fa pièce en fcè-
nes & en intermèdes ; il employoit
le vers ïambe & faifoit ufage de
toutes les autres efpcces de vers
que les Tragiques avoient adoptés.
Non feulement les Pottes de la
vieille Comédie prirent lesmêmcts
efpeces de vers que les Tragique;
mais y pour rendre ceux-ci ridi-
cules , ils donnoient fouvent à
leurs vers la pompe & la magni-
ficence des vers des tragédies ,
qu'ils parodioient continuelle-
ment , employant les expreflTions
les plus fublimes Ôc'les plus ma*
jeftueufes pour dire des chofes les
plus baffes & les plus bouffonnes.
Le ScholiaAe d'Ariftophane aver-
tit à chaque infhnt que tels vers
font pris d'Efchyle , tels autres de
Sophocle ou d*£urîpide , ou de
quelqu'autre tragique.
La Comédie ancienne , ainfi
que la tragédie , , mettoit fur le
théâtre trois fortes de perfonna-
ges ; fçavoir , des hommes , des
dieux > & des êtres imaginaires.
Par rapport aux hommes qui pa-
roiffoient dans la vieille Comédie,
c*étoienc les premiers & les plus
diftingués d'entre les citoyens;
c*écoient les Magiftrats , les Gé-
néraux d'armée. On ne fdi<
' , CD 539
grâce a perfonne ; nous en avons
la preuve dans Ariftophane , 6c
les témoignages des Anciens ne
nous permettent pas de douter
que les autres Poëtes n'aient por-
té aufli loin que lui leur licence
effrénée. Ainfi , cette efpece de
Comédie ne donnoit pas feule-
ment des caraâères généraux ,
elle peignoit encore tels & te]f
hommes en particulier, & comme
elle ne les mettoit fur la fcène qi e
pour les tourner en ridicule , ou les
rendre odieux , elle donnoif beau-
coup dans l'exagération. On peut
fore bien comparer les carartères
peints dans les Comédies d'Arifto-
phane , à ces portraits que les
peintres appellent des charges^
dont le but eft d'attraper la ref-
femblance» mais en augmentant
& en chargeant beaucoup les dé-
fauts de l'original. Tout défiguré
que foit Socraie dans les Nuées ,
on le reconnoît pour le même So-
crate qui parle dans Platon ; c'eft
fon tour d'efprit ; c'eft fa manière
de raifonner & de converfcr.
Quoique Cléon fût un perfonna-
ge fort méprifable , on fent que
fon caraâère eft outré dans la
Comédie que fit exprès contre lui
Ariftophane , & qui eft intitulée
les Chetaliers, Il en eft de mênre
de tous ceux que ce poëme a mis
fur la fcène ; c'eft ce qui a fait dire
à Ariftote que le propre de la
Comédie étoit dépeindre les hom-
mes pires qu'ils ne font.
Les Poëtes tragiques întroduî-
foîent fouvent des Dieux dans leurs
pièces , & ils les faifoient parler
avec la majefléqui leur convenoif.
Ariftophane en fait parohre fou-
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5io C O
vent dans fes Comédies , maïs lis
n y font pas plus épargnés que
les hommes. La vieille Comédie
Î>lairantoit de tout ; & fi Ton fouf-
roit qu'on fe moquât des perfon-
Ues qui occupotent les premières
places de la republique ; fi le peu-
ple d'Athènes même en perfonne
mis fur le théâtre , excitoit les
huées des fpedateurs , on conçoit
ftifément que la plai(anterie étoit
permife à Tégard des Dieux. Il y
a toute apparence que l'on regar-
doit cps fortes de railleries comme
un badinage innocent, & qui ne ti-
roit point à conféquence. On étoit
perfuadé que les Dieux étoient
trop fages pour s'oflenier des dif-
cours extraragans d'un Poëte. On
croyoit même qu'ils en rioient les
premiers , & qu'ils s'en divertif-
foient. Arnobe nous apprend qu'à
Rome, lorfqu'on pou voit foup-
çonner que Jupiter étoit en colè-
re , pour le remettre en belle hu-
meur 9 on faifoit jouer l'Amphi-
tryon de Plaute. Ce qui eft cer-
tain, c'eft que l'on défendit aux
Poëte» comiques d'attaquer des
perfonnages réels , fans leur in-
terdire de plaifanter fur les Dieux;
nous en avons la preuve dans le
Pîutos d' Ariftophane . qui appar-
tient à la moyenne Congédie , &
où les Dieux font fort maltraités.
Les tragiques Grecs mirçnt fur
la fcène non feulement les IXeux ,
les demi.Dieux , & généralerqent
tout cje que la Fable avoit con^-
cré , ils portèrent encore la hat-
dieffe jufqu'à introduire des êtrei
allégoriques. La rage ou la fureur
joue un r^ôle dans l'Hercule furieux
d'Euripide. La mort eft un des
co
perfonnages de TAlcefte du même
Poëte. Elchyle fait attacher Pro-
méthée au rocher par la force 6c
par la violence. Les Poètes comi-
ques ne demeurèrent point em
refte avec les tragiques fur cec
article. Ils firent des perfonnages
de tout ce qui leur vint dans l'ef-
pi'it. La guerre & le tumulte font
deux perfonnages de la Comédie
d^ Ariltophane , intitulée la Paix.
Dans les G>iêpes ^ un chien fe
porte pour accufateur d'un autre
chien, forme fa plainte , & le cou-
teau qui a coupé le fromage , eft
cité comme témoin. Les Nuées
font des nymphes charmantes qui
chantent de très-beaux vers , &
ferment le chœur de la Comédie
qui porte leur nom. Il n'eft pas
jufqu'aux grenouilles , qui neèif--
fent un rôle confidérable.
Les Poètes tragiques , à Tenvî
des Orateurs , tâchoieiit d*infpirer
au peuple les fentimens qu'ils
croyoient les plus convenables à
fes intérêts , oC leurs pièces font
desallufions continuelles aux a£Fai«
tes publiques. Les Poëtes Comi-
ques s'ingéroient dans les matiè-
res du gouvernement bien plus
avant encore j & bien plus à dé-
couvert que les tragiques. Il n'y
a pas une feule pièce d' Ariftopha-
ne , dans laquelle on ne fronde le
gouvernement d'Athènes. Non
feulement on y attaque les vices
des particuliers ., quels qu'ils
foient ; mais , on y expofe avec la
plus grande liberté toutes les fautes
de la République ; fouvent même
la pièce ne roule que fur un point
<:apital de politique. Les Comè-
tes intitulées /a Ptfix^ Us Acar^
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co
naniens , Lyfiftrau^ les femmes au
Sénat , n'ont d'autre but que de
perTuader aux Athéniens de s'ac-
corder avec les Lacédémoniens ,
& de finir une guerre qui les rui-
noit les uns & les autres , auffi*
bien que leurs alliés & leurs tribu-
taires ; c*eft pourquoi > Platon ,
en envoyant à Denys l'ancien les
Comédies d'Ariilophane , lui
mande qu'il n*y a aucun livre qui
le puifle mettre fi bien au fait de
tout ce qui regarde les Athéniens.
Ce peuple étoit grand amateur
de harangues ; leurs tragiques en
ont rempli leurs pièces ; les vieux
Poëte»'*comiq«es en inféroient
auffi dans leurs Comédies , & les
ornoient , ainfi que les tragiques ,
de maiimes de politique 6c de
morale. U y en a un grand nom-
bre de cette forte dans Ariftopha-
ne ; par exemple , les plaidoyers
de la richefle & de la pauvreté
dans le Plutus» & ceux de la juflice
& de rinjudice dans les Nuées.
On faUbit de grandes dépenfes
pour les repréfentations des tragé-
dies f en décorations > en machi-
nes & en habits. La vieille Comé-
die prétendoit égaler la tragédie
par tous ces moyens , & fou-
vent la travefiir & la rendre ridi-
cule. Dans la Comédie des Gre-
nouilles j Bacchus , habillé en
Hercule « arrive fur les bords du
Styx , qu'il pafTe dans la barque
deCharon; il trouve de l'autre
côté des monfires de plufieurs
formes qui cherchent à l'épouvan-
ter. Ce Dieu pénètre enfuite dans
le féjour des bienheureux , où
Von célèbre en fon honneur les
iuyflères avec les hymnes | les
CO 54t
procédions , les flambeaux & les
autres cérémonies en ufage dans
ces fortes de fêtes. Tout cela ^up-
pofe une grande variété dans les
décorations , les machines , les
habits ; &c. Il devoit y avoir en-
core pkis de magnificence dans la
Comédie des Oifeaux; les fpeâa-
cles dévoient ^tre extrêmement
brillans , fur tout au dernier aâe ;
il ie paiTe au milieu de Tair , dans
la ville de Néphélococugie ; on y
apperçoit des murs 6c des tours
bâties fur les nues, Prométhée, 6c
après hii trois autres Dieux y àd^
cendent du ciel. Pifihétâsrus en
disfcend auffi fur un char dé
triomphe; la Déeffe , fouveraî-
neté fupetbement parée , eft
affife auprès de lui ; il tient d'une
main le fceptre , 6c de l'autre les
foudres de Jupiter. Le théâtre eft
tout illuminé d'éclairs Je bruit du
tonnerre fe mêle aux chants àt%
oifeaux qui voltigent en foule au-
tour de Pifihétaerus leur nouveau
Roi.
La Comédie ancienne fubfifla/
jufqu'au cems où Alcibiade gou-
verna la république. Alors , on fe
lafFa de ces cenfeurs outrés ; 6c
Eupolis a^ant maltraité dans une
de fes Comédies Alcibiade lui-
même , il fut fait une loi par la-
quelle il étoic défendu aux auteurt
de Comédies de parler mal d'au-
cun homme vivant , 6c de le nom-
mer par fon nom.
Les Poètes fe retranchèrent
alors à médire des morts , 6c fur
tout des anciens Poètes ; ce fut ce
qu'on appella la moyenne Comé-
die. Ennn , on fe dégoûta entière-
ment de n'entendre jamais que des
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54^ C O
faiyres ; d'autant plus que les au-
teurs de Comédies trouvoient
toujours 9 malgré les défenfes ,
mille moyens de tourner en ridi-
cule ceux qui leur déplaifoient.
On inventa donc la nouvelle
Comédie , qui ne fut plus que
Timitation de la vie ordinaire des
(impies citoyens. Son but unique
fut de rendre les hommes meil-
leurs & plus fages , fous l'appa-
rence de ne vouloir que les amu-
fer & les faire rire. C'eft à cette
dernière efpèce que la Comédie
fe fixa ; ce qui arriva un peu avant
le règne d'Alexandre.
Mais, un fpeâade de cette
nature , fi propre à divertir les
honnêtes gens,, ne put fuâire au
peuple ; il lui fallut toujours des
bouffons. Ariftote npus dit que de
fôn tems la coutume de chanter
publiquement des vers phalliques
fubfiftoit encore dans plufieurs
villes. On cpnferva aufli des far-
ces dans l'ancien goût , ÔC de plus
d'une efpèce ; telles furent les dt-
célies, les magodies , les mi-
mes.
De tout ce que nous venons de
dire , il réfulte que la vieille Co-
médie différoit de la nouvelle ;
i,^ Par le tems ; 2.^ Par la ma-
tière ; 3.^ Par la forme.
I.** Par le tems. La vieille
Comédie fuccéda immédiatement
aux farces groffières qu'on jouoit
au tems des vendanges , 6ç dans
lefquelles on portoit l'effronterie
& la licence aux derniers excès;
c'ef! ce qui fait que la ^deur eft
fouvent bleffée dans Ari^ophane*
Il falloit que ce Poëi(i plût au
peuple j qui écoit accoutumé à
co
rire des plaifanteries les plas groC
fières & les plus indécentes. Lorf-
que la vieille Comédie fut inven-
tée » la république d'Achènes étoit
dans fon plus haut point de pro(^
péri té; ce qui faifoitque le peu-
ple étoit extrêmement infblent y
& qu'il ne refpeâoit rien. La vieil-
le Comédie fe reffemit de ces
défauts. Dans la fuite , les fcien-
ces ôc les arts adoucirent les
mœurs, & amenèrent la politeffe >
ce qui rendit la nouvelle Comé-
die moins fatyrique & plus dé-
cente.
2.^ Par la matière. Le fond des
vieilles Comédies étoit dépures
fixions, mais dont les perfonnages
étoienc des noms connus, & pour
la plupart véritables ; au lieu que
la nouvelle Comédie ti'attaqua les
vices qu'en général , & fans hleC-
fer perfonne en particulier. La
vieille Comédie s'ingéroit dans les
affaires du gouvernement , & at-
taquoit les premiers de laRépubli»
que , la nouvelle n'introduifit que
des gens d'un état médiocre*
3.^ Par la forme. Elle emprun-
ta de la tragédie fon plan & fa
conAitution. La tragédie cher<-
choit,par toutes fortes de moj^ens,
à relever & à ennoblir fesfujets;
la Comédie ^u contraire em-"
ployoit les* mêmes moyens pour
avilir, & rendre odieufes & ridicu-
les, les perfonnes qu'elle attaquoit.
Die fe permettoit toutes fortes de
fierions; les plus bizarres & les
plus hardies étoient celles qui lui
plaifoient le plus ; elle employoic
les expreflions les plus relevées &
les plus poétiques , au lieu que la-
nouvelle Comédie fe borna à l'i^
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CQ
tentation fidelle d« U vie commune
des hommes.
.L'on trouvera au mot moyenne
quelque chofe de plus étendu que
ce que Ton vient de lire , touchant
la Comédie moyenne.
-III.
Pe la Comédie che^ les Romains,
Comme il eft plus ai(é d'imiter
le groiSer & le bas que le délicac
&. le noble , les premiers Poètes
lidtins^ enhardis par la liberté & la
jaloufie républicaine « fuivirenc les
traces d'Ariftophane. De. ce nom-
bre fut Plaute lui même ; fa mufe
ed 9 comme celled'Aridophane «
de l'aveu nonTuCpeâ de l'un de
Iisurs apologides » une bacchante,
.pour ne rien dire de pis p dont la
langue eil détrempée de fiel.
1 érertce qui fui vit Plante ^
comme Ménandre' Ariflophane»
imita Ménandre fans l'égaler. Cé-
iar l'appelloit un demi* Ménandre,
& lui reprochoit de n'avoir pas la
force comique ; exprei&on que les
commentateurs ont interprétée à
jl^eur façon , mais qui doit s'enten-
dre de ces grands traits qui ap-
profondifTent les caraâères ,& qui
font chercher Je vice }u(que dans
les replis de lame , pour Texpofer
en plein théâtre au mépris des
Q>e6hteurs.
Plaute eft plus vif, plus gai ,
plus fort , plus varié ; Térence ,
plus fin , plus vrai ^ plus pur, plus
élégant ; l'un a l'avantage que
donne l'imagination qui n'eil cap-
tivée , ni par les règles de l'art ,
ùi par celles des' mœurs , fur le
talent afiuietti à toutes ces règles ;
l'autre a le mérite d avoir concilié
c b 545
Tagrément & la décence , la po-
litefTe 6l la plaifanterie , l'exaâi-
tude & la facilité. Plaute toujours
varié , n'a pas toujours l'art de
plaire j Térence , trop femblable
à lui-oiême^, a le don de paroître
toujours nouveau. On fouhaite*
toit à Plaute Famé de Tjérence ,
à Térence l'efpritde Plaute.
Les Romains fous 2e« Confols ^
aufii jaloux de leur liberté que les
Athéniens , mais plus jaloux de
la dignité de'leur gouvernement,
n'auroient jamais permis que la
république fût expofée aux traits
infultans de leurs Poètes. Ainfi ,
les premiers comiques Latins ba-
zardèrent la fatyre perfonnelie ,
mais jamais la fatyre politique.
Dès que l'abondance & le luxe
eurent adouci les mœurs de Ro*
me ,1a Comédie elle-même chan-
gea fon âpreté en douceur ; âc
comme les vices des Grecs avoient
pafTé chez les Romains, Térence,
pour les imiter , ne fit que copier
Mérundre^
La Comédie, chez les Romains,
prit différens noms , relativement
à diffét entes circondances , donc
nous allons rendre compte en peu
de mots.
i.^ Ils eurent les Comédies
Atellanes , ainfi nommées d'A«
telle dans la Campanie. C'étoic
un tiïïu de plaifanteries ; la langue
en étoit ofcique ; elle étoit divi-^
fée en aâes ; il y avoit de la mu-
fique , de la pantomime , & de la
danfe ; de jeunes Romains en
étoient les aâeurs.
2 y Les Comédies Mixtes , oîi
une partie fe paflbit en récit , une
autre en aâiôn ; ils difoient qu'el-
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544 . ' C O
les étoient partim Stataria , par^
tim Motoria , & ils citoient en
exemple TEunuque de Térence.
3.^ Les Comédies appellées
Motorids f celles où tout étoit en
aâion, comme dans TAmphi-
tryon de Plaute.
4.^ Les Comédies appellées
PaUiata , oh le/fujet & les per-
Ibnnages étoient Grecs , où les
habits étoient auffi Grecs , où l'on
fe fervoit du palliun;. On les ap-
loit auffi Crepida , chauflure
commune des Grecs.
5.^ Les Comédies appellées
Planipedia , celles qui fe ]ouoient
à pieds nuds , ou plutôt fiir un
théâtre de plein pied avec le rez-
de- chauffée.
6.^ Les Comédies appellées
Prauxtata p où le fujet 6c les
perfonnages étoient pris dans Té-
tatdela nobleife,& de ceux qui
portoient les toges Prétextes*
7,^ Les Comédies appellées
Rhintonica , ou Comique lar-
moyant , ce que l'on appelloit en-
core Hilara Tragedia^ ou Lanna
Comedia , ou Comedia Italica.
L'inventeur en fut un bouffon de
Tacente , nommé Rhintone.
8.^ Les Comédies appellées
S tôt aria 9 celles où il y a beaucoup
de dialogue & peu d'aâioa, telles
que l'Hécyre de Térence & l'Afi-
naire de Plante*
9.^ Les Comédies appellées
Tabemaria » dont le fujet & les
perfonnages étoient pris du bas-
peuple 9 (k tirés des tavernes. Les
co
aâears y jouoient en robes lon^^
gués , fans manteaux à la Grec<«
que. Afranins & Ennius fe dif-
tinguerent dans ce genre*
10.^ Les Comédies appellées
Togata , où les aâeurs étoient ha«
billes de la toge. Stéphanius fit
les premières; on les fbus-divifa en
Togata , proprement dites » Pru'^
textata ^ Tabemaria ^ & Atella--
na. Les Togata tenoient pi-opre-
ment le milieu entre les PrcteX"
tata & les Tabemaria ; c'étoient
les oppofées -des Palliaia.
11.^ Les Comédies appellées
Trabeata ; on en attribue l'inten-
tion à Caïus MéliiTus. Les aôeurs
y paroifFoient in trdbeis ^ 8l y
jouoient des triomphateurs , des
chevaliers* La dignité de ces per-
fonnages > fi peu propres au co*
mique , a répandu bien de l'ob-
fcurité fur la nature de ce fpeâa-
cle.
COMÉDOVIS AUGUS-
TIS* (a) Ces deux termes for-
ment le commencement d'une an-
cienne Infcription; 6c les Anti-
quaires croyent qu'ils pourroient
bien défigner des divinités Gauloi*
fes
COMESSATIO. Ch) Quand
on mangeoit après le fouper chex
les Romains » on appelloit cela
CometTatio.
COMET AS, Corners , (c)
poëte Grec,dont Voffius n*a point
£ait mention.
COMETES, Comètes, (d)
Ko^MTHç , l'un des centaures ^ tut
(«) Suppl. à TAntiq. expi. par D. I (c) Mém. de TAcad. des Infcript. flc
Bern. de Montf. Tom, II. p. %17. Ifiell. Lett. Tom. II. pag. i^^.
(h) Coût, des Rom« par M. Nieup. } {d) Ovid. Metam. L. XII. c. 6.
pag, J14, I
accablé
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co
^accablé fous let coups du Lâ{iithe
llhétus.
COMETES ,' Comètes 9 (a)
Kof^^Tnç ^ père d'Aftérion , un des
.Argonautes , avoit époufé Antw
fone , fille de Phérès. VaKrius
laccus donne à Comètes Tépithe-
te de Crîftatus.
• • '• Ceîtr Aftèrion ^ quem ma"
tre cadtntem
Crîftatus gemino fovit pater amne
. Comètes^
L'interf»ete Carrion croit que 'le
Poëtea youlufaire par-là alhiiioa
au mot Cometa , & l'explique par
cet endroit de Pline , Cqmetas
Graci^Qçant , noftii crinuas y?e/-
las horrentes .^jLie fanguineo ; &
comme cet^ewB n'a pa^ été du
goût des autre^!ommeotateurs ^
Mafier a prétendu qu'il Callbît li#
re cenaus , épîthete convenable à
Comètes, qur hàbitoit prèsd^un
promontoire de ce nom » duquel
Strabon parle. Mais , comme les
ineilleurs tnanuftnts portent C.v-
ihitus , il faut croire que c'eft la
leçon qu'on doit fuivre. Comètes
pouToit ê^re , auffi-bien que fa
femme » de la race dés Éolidet. ^
COMETES , Comètes, (h)
Ko/<MTu;, l'aîné des enfans de Ti;?
famène , fe retira en Afie , félon
Faufanias.
COMETES , Comètes , (c)
Xe//HTMç, Tun des fils de Thefiius,
eu compté au nombre des héros ,
qui attaquèrent le fanglier de Ca-
lydon.
ià) Pauf. p. %%o. Mém. de i*Acad.
des Infcript. & ficU. Lett. Xom, IX»
p* 8i , 8».
(*) Pauf. p. 407» ^
Tom. XII
CO
54S
COMETES , Comètes , fd)
Ko^uMTMç , certain Mage , Tun des
amis de Cambyfe, fils deCyrus,
&L fon fuccefleur au royaume des
Perfes. Comètes fut choifi par ce
Prince^pour être le Miniftre de kk
fureurs. Car , Cambyfe ayant
fongé une nuit que fon frère Mer*
fis devoir régner , fut fort effrayé
e ce fonge ; & s'étant déterminé
à fe défaire de lui , il chargea Co*^
metès de cette exécrable commit^
fion. Mais j il périt lui-même dans
rintervalle , rfune bleflure qu'il
s'étoit faite par mégarde avec fon
épée. Comètes « inûruit de cet
accident , fe hâte encore plus de
tuer Mergis » avant que la nouvel*
le de la mort de Cambyfe fe foit
répandue. S*étant donc défait dit
légitime hélitier de l'Empire, il
lui fubfiitue Oropafte fon propre
frère, qui reffembloit parfaitement
au Prince qu'il venôit d'aflfaf&neré
Tel eft le récit de Juftin.
Hérodote raconte la chofe tout
autrement , & dit que ce fut Pre-
xafpe , liomme fort eftimé parmi
les Perfes , oui fe défit à la chafle
du frère de tambyfe , par Tordit
même de Cambyfe ; & que la
mort de ce Prince infpira à uq
Mage > qu'il nomme Patizithes , la
réfolution de s'emparer du royau-
me.
COMÉTHO , Comatho ,
KofccwôSjprêtreflTe de Diane. Foyci
Mélanippe.
COMÉTHO , Cometho , Ks-
(f) Pauf. p. 519*
(d) Ja&, U. h c.
c« 61.
9. Herod. L. III^
Mm
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fc
54^ CO
4a.^œ , (a) fille de Ptérâas, coupa
e cheveu fatal d'où dépendoit la
deftinée defon pere$ & ce Prince
infortuné en perdit U vie. Le fens
de cette fable eu que Cométhd
fit alliance avec les ennemis d^
Ptérélas ; ce qui cau(a la ruine de
ce Prince. Mais , ell<e fiH punie de
(a trahifon par celui-là même ^
faveur duquel elle 1 avoic comr
ipife. C*étoit. Amphitryon » par
quiellefut mife à mdrt.,
COMÉUS , Com^us, {b) r«tt
des furnoini que rai\tiqoité a at-f»
tribués à Apollon^ \\ éfoit adoré
fous ce furnom à Sékucie , 'd'qii
U ftatue fut portée à Rome, &
placée dans. le temple d*ApolkHi
Palatin. On dit que les foldats qui
prirent Séleucie|S*étant mis à che^^
f;her dans le temple d'Apolloil
Coméus> des tréfort qu'ils y fup4
pofoient caichéi jil fortic 9 par uae
çaverture qu*U* avoient faite .^ ui^e
vapeur empbifônnée qui répatidS
la pefte depuis cette -ville ju(que
fur les bords du Rhin ; c'eft- à-
dire , que ce pillage & cette peAé
\ fi elle eft vraie ] arrivèrent en
inême tems , & que le peuple
toujours fuperftitieax . & raifon*
Dant à (k manière ordinaire » ré-
garda Tun de ces événemens comf
me la caufe de l'autre. \
Apollon Coméus, c*eft-à-dîre ,
Apollon à belle çhçveîure. L*idée
poétique de donner à Apollon.
tMie belle chevelure blonde, vient,
félon toute apparence , de la ma-
inère éparfe dont 0n voit (es
rayons , lorfqu'ils tombent obli-
C«f) Myth. par M
(iJVAmiq. €xpl. par
CO
<|tiemem fur une forêt éjpaïKre «&
qu'ils paflent entre les feuilles
^ès arbre» comme de longs filets
lucnnep^ & blonds. I^es Nau^
içratieiis célébroieot fa fête en ha-
UtttW5ic..
. . XiOMICE ; Comthm , {c) Heu
de Rome dans la hattième ré^on»
yei:s Je Capicole \ près duinarché
Romain. C'étoit*là que fe tenoient
ordinairement les Comices par
Curies. Ce lieu h'ëtoif ,f^lon tou-
te apparence» fermé cfùe .d'un
^ornpefcè^ de deuJt ptsrtes', par
»i»fdêfqueHe3 ixôé Cuvie ibrtoit»
tai|di».que la Curîeâiivame e<i-
trCMt par Tautre,' félon Pordre gar-
dé dans les ov'dia on fiptu , aa
th^mp de MarsJ^e fut couvert
qu'en 545. OfHJnmffi des por-
fiquet, <»a y éleva dés fiatues;
c*6oMt-»là qo'étoit \eplmeal tibonis^
bu'lfaateloii les IV^àgiib-ats pré-
tDi'encfermem;de figpier fativage
fous lequel la loa«e ravoir alaicé
Rémasrf& Romiilus'; 1^ grande
pierre noire qnéftomnlus choifit
dé fen vivant pour fil tombe. On
y punUTèit les maUàîteon; on y
Couettpit i mort -ceux qui avoient
couompu les Veûates.Les An-
ciens y jouoîenc à la paume , &
CaBton s'y exerçôit quelquefois.
'^ Oa dit qu'il y avoit dans le
Comice , une efpèçe d'échafaud
qu de théâtre élevé & ^^cieux ,
qu'on nommoit la Tribune aux ha-
ran^», que les Romains appel-
aient Rofira.
Ce lieu 3 nommé Roftra » étoît
un temple où Ion avoit rangé les
l*Abb. Ban. Tom. f Montf. Tom* I. pag. 6^,
(r) Tir. Liv. L. I. c. j«. RoU, Hifl.
3. de M
D, Bcrn. de'Aom* T. III. p* $93 •
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co
éperons des navires, qaeC. Mœ-
nius Conful avoit pris dans une
bataille contre les Ântiates , l'an
de Rome 416; & avant Jefus-
Chrift 338, Cétoit de cet endroit
qu'on rendoit la juilice , qu'on
propofoit les loix au peuple,qu'on
le naranguoit , & qu'on traitoil
avec lui généralement de toutes
cbofes. On y élifoit encore la plu-
part des Magiilrats ; auflj les pré«
tendans aux charges s'y famiiiari-
foient indifféremment avec tout
le monde , careffoient & prioieat
les uns , promettoiem aux autres ,
& n'oublioient rien pour avoir les
fufFrages , fe faîfant affilier dans
ces occafions par leurs amis 6c par
leurs parens qui avoient le plus de
crédit. Il y avoit un autre lieu
nommé Rofira, au pied du mont
Palatin.
COMICES , Comitia , {a)
nom que l'on donnoit aux aflfem-
blées du peuple R^omain, qui
avoient pour objet les affaires de
l'État. Ces affembées étoient con-
voquées & dirigées , ou par un
des deux Confuls , ou dans la va-
cance du Confulatjpar Tinter-rex,
par un Préteur , un Diâateur , un
Tribun du peuple , un Souverain
Pontife, ce qui n'étoit pas 01 di-
najre , un Décemvir , ou un
Édile.
Les Comices fe tenoient ou
pour réleétion d'un Magiflrac, ou
pour quelque innovation dans les
Loix, ou pour une réfolution de
guerre; l'addidion d'un Gouverne-
xnent , la dépofition d'un Général,
(^) Coût, des Rom. par M. Kîeup. jlnfcript.
p. 3a. é" fai^» Mém. de TAcad, des ^ & fuivt
n. On
, CO
le jugement d'un citoyen. Un
s'aflembloit dans le champ de
Mars, ou dans le marché , ou an
Capitole. Les citoyens habitans de
Rome & les étrangers y étoient
indiftindement admis. Il n'y avoit
point de Comices^ les jours de fê-
tes , les jours de foires , ni les jours
malheureux. On ne comptoit dans
l'année que 184 jours de Comices;
ils étoient remis quand il tonnoit ,
ou qu'il faiioit mauvais rems , ou
que les augures ne pouvoient pas
commencer ou continuer leurs
obfervations. La hberté des af-
femblées Romaines fut très-gênée
fous Jules Céfar , moins fous Au-
gufte , plus ou moins dans la
fuite , félon le caraâère des Em-
pereurs.
La diftinftion des Comices fui-
vit la didribution du peuple Ro-
main. Le peuple Romain étoit di-
vifé en Centuries , en Curies 6c
Tribus j il y eut donc, fur tout
dans les commencemens , les Co^
mices appelles Comitia tributa ,
les Curiata , & les Centuriata, Ih
prirent auili des noms différens ^
fui van t les magiflratures auxquel-
les il falloit pourvoir ; & il y eut
des Comices dits Confularia , les
Pretoria , les Mdilitia ^ Cenforia ,
Pontificia , ProconfuUrïa , Pro-
pratoria & Tnbujûtia , lans
compter d'autres Comices dont
l'objet étant particulier , le nom
rétoit auffi , tels que les Calata.
Le nM)t Comices vient d'un mot
Latin, qui Hgnifie aller enfemùU ,
s*ajfembler.
& Beîr tett. Tom. I. p.si
Mm ij
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548 C O
COMICES, appelles jEdi^
litia. C'étoit des afletnblées , où
l'on élifoit les Édiles Curules
& Plébéiens; elles étoient Quel-
quefois convoauées par les Tri-
buns, quelquetois par les Édiles ;
le peuple y écoit diOribué par
Tribus.
COMICES, appelles Calata.
Le peuple y dans ces ademblées ,
étoit diftribué par Curies ou par
Centuries. C'étoit un Liâeur qui
appelbit les Curies; c'étoit un
Cornicen qui appelioit les Cen-
turies. Elles étoient demandées
par le Collège des Prêtres ; on y
élifoit dans les Centuries un rex
Sacrîficulus , & dans les Curies ,
un Flaminé. On n'appelloit que
dix- fept Tribus ; ce n'étoient donc
pas proprement des afTemblées
qu'on pût appeller Comitia , mais
Confilia, On y faifoit les aftes ap-
pelles adrogations , ou adoptions
de ceux qui étoient leurs maiires ,
fui juris. On y paffoit les tefta-
xnens appelles de ce nom , tefla"
menta Calata ; on y agitoit de la
cérémonie appellée deuftatio fa^
(rorum , ou de raccompliflçment
des legs deftinés aux chofes fa-
crées , félon quelques-uns » ou de
la confécration des édifices , félon
d'autres.
COMICES, appelles Cenfo-
ria. C'étoient des afTemblées ,
oîi l'on ïlifoit les Cenfeurs» Le
peuple y étoit diftribué par Cen-
turies; un des Confuls y préHdoit;
le Cenfeur élu entroit en charge
immédiatement après l'éle^lion , à
moins qu'il n'y eût quelque caufe
de nullit.é. #•
COMICES ^ appelles Centu^
co
rîata , autrement Com'ices par
Centuries. Voye^ Centuries.
COMICES , appelles Confit-
laria» Dans ces affemblées , le
peuple étoit diftribué par Centu-
ries ; on y élifoit les Confuls. Le$
premiers Comices CctnfuUria fe
tinrent l'an de Rome 245 par Sp.
Lucrétius , inter-rex pour lors>&
on y nomma Confuls M. Jun. Bro-
tus & Tarquinius CoUatinus. On
créa fou vent un inter-rèx pour
préfider à ces Comices , quand
réleâion des Confuls ne pouvoic
fe faire au tems marqué. L'inter-
rex, fous lequel l'éleâion des
Confuls fe commençoit , n'en
voyoit pas ordinairement la con*
clufion ; fon règne n'étant que de
cinq jours , on en créoit un fé-
cond* Ce fut dans la fuite à un
Exconful k tenir les Comices con-
fulaires. Au défaut d'Exconful ,
on faifoit un Diâateur, Us fe te-
noient à la fin du mois de Juillet,
ou au commencement d'Août.
Lorfque les féances étoient inter-
rompues , l'éleâion duroit jufqu-
au mois d'Oâobre. Cependant,
les Candidats au Confiùat s'ap-
pelloient Confuls défignés , Con^
Jules defipiati ; & la fonâion des
Diéèateurs ne finiftbit qu'au pre-
mier Janvier , & avant qu'on eût
^xi lé premier Janvier , qu'au
commencement de Mars. Alors ,
\ts Confuls défignés enttoient en
exercice.
COMICES , appelles Curiataj^
ou Comices par Curies. Voyez
Lunes.
COMICES , Pontificia, Le
peuple, dans ces aftîemblées, étoit
diftribué par Tribus j on y élifoit
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co
mû foaveraîn Pontife ; on tSroît le
rang des Tribus au fort ; l'unani-
mité de dix- fept Tribus fuffifoit
pour réleâion. Ce fut un Pontife
<]ui les convoqua ^ 6c qui les tinc
Î4ifqu*à ce que ce droit eut été
transféré aux Confuls par la loi
jDomitia.
COMICES, appelles Prato-
ria. C'étoient des aîTemblées , oli
le peuple étoit diAribué par Cen-
turies; on y élifoit les Préteurs.
Ces Comices étoient tenus par
VA ConfiiU Comme il y avoit
quelquefois jufqu'a dix Préteurs à
nommer , 6c que le nombre des
Candidats étoit grand , les féances
duroient û long-cems qu'on divi-
Ibit réleâion , 6c qu on différait
celle de quelques Préteurs. Ces
Comices fe tenoiènt un , deux
ou trois jours , 6c rarement plus
tard » après les Comices Confu-
laires.
COMICES , appelles Procon-
fularia 6c Proprcetoria. Le peu-
ple , dans ces aiTemblées » étoit
diftribué par Tribus. On y élifoit
les Proconfuls 6c les Propréteurs ,
lorfque les cas Texigeoienc^comme
plufieurs Gouvernemens de pro-
vince à remplir , plufieurs guerres
à conduire , une feule guerre ou
un feul gouvernement , auquel les
deux Confuls ou Préteurs préten-
doient en même tems. Quant à la
manière de les tenir , voyez les
Comices appelles Centuriata»
COMICES , appelles Quaf
toria. Dans ces affemblées , le
le peuple étoit diflribué par Cu-
C G 549
rîes ; on y élut les Qoefteufs, jus-
qu'à ce que ce droit fut transféré
aux Comices par Tribus. Les Co-
mices Quaftoria étoienf tenus par
un Conful ; on y procédoit pat
Curies dans le marché Romain ,
& par Tribus dans le champ de
Mars.
COMICES , appelles Sacerdo.
tum. C'étoient des ademblées , bil
le peuple étoit diftribué par Trî«%
bus. On y élifoit les Prêtres. Le
Cotoful y préfidoit.
COMICES , appelles Tribmd^
lia, ^y^^ Tribunitia.
COMICES, appelles , Trihw' ,
ta, ou Comices par Tribus. F^e;; -
Tribus.
COMICILES , Comicllia »
étoient des affemblées particuliè-
res des citoyens Romains. On lef
appelloit ainfi pour les diftinguer
des Comices, où tout le peuple
devoit fe trouver au moins par
fes repréfentans.
CÔMINIENS , Comnî , pea^
pie d'Italie. Leur ville fe nommoic
Cominium. Voye^ Cominium.
COMINIUM, Comi/uW; (^)
ville d'Italie , au païs des Samni-
tes. Cette ville fut affiégée parles
Romains , l'an de Rome 459. Le
Conful Sp. Canrilius fit des efforts
extraordinaires pour faire réuffir
Taffaut. On efcalade les muTs ,
on enfonce les portes. Les aiSé*
gés , perdant toute efpérance , fe
retirent tous dans la place publi-
que , 6c après une courte 6c foi-
ble défenfe , mettent bas les ar-
mes , & fe rendent à difcrétion au
(^) Tit. Liv. L. X. c. 59, ^ ^ê^. L. XXV. c. 14. PHn. T. I. p, 169. RoU. Hift.
jaom. T. Jï. p. J57, J58.
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5SO CO
Confui au nombre de plus ie
quinze mille hommes; il y en
avoit eu plus de quatre mille de
tués. La ville fut livrée au pillage ,
& réduite en cendres.
Pline nomme les habitans Co-
mini ; & le P. Hardouin trouve
qu'il feroit mieux de lire Cominii.
Pline met Cominium au liombre
des villes qui ne fubfidoient plus
de Ton tems. Cependant , Scipion
Mazella , cité par Ortélius , pré-
tend qu'on l'appelle préfentement
Comino.
Tite-Live, au cinquième livre
de la troifième Décade, parle
d'une ville » qu'il nomme Comi-
nium Ceritum. £fl-ce la même ,
dont on vient dé .faire mention ,
ou une aurre,diftérçnte de celle-ci?
Cour moi j'avoue que je ne fçau-
rois décider la queftion.
COMiNIUS, Cominius. Fbyei
Pontius & Poilu mus.
COMINIUS [Sext.], (a)
Sext, Cominius , fut conduit par
ordre du Préteur Verres à un re-
pas barbare donné à MeHine.
C'eft dans cette circonftance que
ce Préteur voulut lui jetter à la
tête la coupe qu'il tenoit en main ,
& qu'il ordonna de le faifir à la
gorge pour être de - là renfermé
dans les cachots.
COMINIUS [ Q. ] . {b) Q.
Cominius , ofHcier , qui fervoit
dans l'armée de Céfar. Etant tom-
bé entre les mains de Scipion , il
CO
fervit depuis dans les troupes d0
ce dernier.
COMINIUS [L. ], Z. C<M
minius. Ciceron dit de ce L. Co-
minius la même chofe que de ce-
lui qui fuie. Voye;^ l'article fui-
vant.
COMINIUS [P.], -P. Coi«*^
nius » ( c ) Chevalier Romain ,
joignit beaucoup d'éloquence à
une grande probité. Il nit accu^
fateur de Stalénus > félon Cice-
ron.
COMINIUS [C] , C. Comi^
nius , (d) Chevalier Roinain , fut
convaincu d'avoir compofé con-
tre Tibère un poëme injurieux &
diffamant. Ce Prince lui 6t ce-
pendant grâce aux prières d'un
Sénateur , frère du coupable.
COMIQUE [ Le ] , (e) fur-
nom donné par excellence aa
poëte Ariflophane 9 comme Ho-
mère eft connu par ce feul mot
le Poëte,
COMIQUE , Comicus ^ nom
que l'on donne aux anciens Poè-
tes' qui ont compofé des corné-'
dies.
COMIUS, Comius, {f) Atré-
bate I fe rendit d^abord digne de
la confiance de Céfar , qui le fit
Roi de fa nation. Comme fon
nom étoit fort connu ^ fort con-
fidéré dans la grande-Bretagne,
Céfar , fur le point dfy paiTer , l'y
envoya avec ordre de parcourir
différens peuples , & de les ex-
^ii) Cicer. Orat. in Vcrr. L. VI. c. to.
(&) Hirc. Panf. de fiell. Afric. pag.
784 * 786.
(c) Ciccr. Orat. pro A. Clucnt. c. 80.
{d, Tacit. Annal. L* IV. c^;i.
(e) Mém. de TAcad. «des lofcript. &
fiell. Lett. T. (XXI. p. 146.
(/) C«f. de.BcU. GalL L. IV. p. 14I,
149. L. V. pag. 176. L. Vïll. pag. 174.
& fe<f, Crév. Hift. Rom. Tom. VU. p.
143. & friv, ^
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co
JiW-tCf à teconnoître l'Empire Ro-
main^ Mais, les Bretons^ an lieu
de fe foufnettre , arrêtèrent Co-
mius , qui demeura prifonnier ,
jufqu'à ce que Céfar eut contraint
ces peuples à fe rendre^
; L^ i-oi des Atrébates fe montra
9flet loQZ«-tems attaché aux iàté*
féts des Romains , & en fut biea
técocApenfé. Mais > le zele !pour
h hberxé commune & «pouc
b ;gl.oîré de li nation.^ l^mîiorîp»
%i depuis en lui furnoUt- autre
motif, & eiFaça tout aut^-e fbu-
ytnir*' Lorfque toute la Gaule ,
tant Celtique que Belgiîquç^ fe
ixkt eu mouvement pour fecourir
la ^ille d'AIife , aiBéeée par Cé-
far ,. oa vit Comiu« te dillinguer
parmi ks che& d'une â^ «ombreux
fe arm*ëe» Tan J2 avant J.C.
L'année fuivante , il iravailloit à
foulevçr les peuples de fon can-
ton ; T, Labiénus , inûruit des
manoeuvres fecretes dé Comius ,
crut qu'avec un perfide , il étoit
permis d'ufer de perfidie. Il ne
voulut pas le mander pour fe ren-
dre maître de fa perfonne , crai-
Snam de n'être pas obéi , & de lui
onner par-là un avertilFement
de fe tenir fur (es gardes. Il lui
détacha Volufénus Quadratus
pour l'attirer à une entrevue ,
dans laquelle des centurions Ro-
mains avoient ordre de le tuer.
Comius vint à l'entrevue, & Vo-
lufénus Quadratus lui ayant pris
la main > un centurion lui déchar-
Sea un coup d'épée fur la tête.
Luffi-tôt , les Gaulois qui accom-
gnoient Comius, tirent eux-mê-
mes leurs épées ; les Romains
(^n font autant* «Il n'y eut pas
CO 55?
néanmoins de combat; & ils ne
cherchèrent de part & d'autre
qu'à fe retirer ; les Romains parce
qu'ils croy oient que la blefFure de
Comius étoit mortelle , ôc Us
Gaulois parce •qu'ils apprékeA^
dolent une. -embtifcade^ De ce
momenr^ Comius prit «ne £erm«
réfolution de ne jamais. &' trouver
en un même lieu avec aucun Ro*
main ;^ ôt en conféquence , lor&jue
les Bellovaces: firent kur.patx^
il alla chercher une retraite ^chea
les Germains. • ^ ", -
Il étoit dbnc le (êul qu'il» n!&y<Ht
pas .été poffible de réduire. Les
Atrébates cependant . l'anToôeot
abandonné \' & s'éto^ent febmiè
aux vainqueurs* IL n'avoit qiik'an
nombre <lè cavaliers atiachésr à fa
petibfaoe., ^vec lelqueU -ilvÊiifoit
des.icoorTeS'^ &l: enlevôit fisuvent
les convois que l'on conduifoît
aux quartiers d'hiver des Romains.
M. Antoine commandoit dans ces
cantons ; & trouvant fans doute
peu digne de lui de pourfuivre un
ennemi errant & fugitif , il char-
gea de ce foin ce même Volufé-
nus Quadratus > dont on vient de
parler. Celui-ci, animé par la hai-
ne, & par le dépit d'avoir une
première fois manqué fon coup,
fe mit en quête de grand courage.
Il fe laifla pourtant tromper par
Comius d'une façon fingulière 6c
qui a quelque chofe d'aUez plai-
fant. Comius avoit quelques bar-
eues à fa difpofition pour pàfler
dans la grande- Bretagne» s'il fe
trouvoit trop preffé. Il fe vit réduit
à tenter cette relTource dans un
moment oîi Iç vent étoit favora-»
ble , mais oU Sa mer étoit retirée ^
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55^ . C d
& avoit laifTé fes bâtiméns à fec.
Il étok perdu , Ci ébn ennemi fe
fût approché du rivage. Mais ,
Comitts ^. pour len détourner ,
éula tes voiles au haut des mâts;
& comme le vem les enâoit,
Vohifénus Quadratus , qui le»
YÎt de Iota en cet eut ^ crut que
le Gaulois étoit en oleiiie naviga-
tion, & s'ea retourna. .
i' U y eutentr'eui divers combats*
f nfin , dans une dernière occafion
oii Cooiius fuyoit^ le Roihain em-
porté par l'ardeur de la pour fuite ,
cootUt fur lui affez mal accompa-
gné. G>nûus s*en apperçut , &
toutnam bride fubitement, il vient
fondre fur Voluféntts. Quadratus ,
& hn perce laiCuiAe d*ua4violent
conpr de iance* Il ne pat point
rachèver\ & mêmeù ironpefut
snife ea défordre par les .cavalters
co
Romains > qui s'étoient raflèmblés
au toar de leur commandant ; Co-
mius (e fauva , laiflant ion enne-
mi dans un état oii l*on défefpé-
roit prefque de fa vie.
Après ce combat , foit qu'il
fôt fatisfait de s'être vengé ^ foit
au*il craignît de fucconmer à 1»
mi, parce qu'il a voit perdu une
grande partie de (on inonde , 3
députa à M. Antoine, oflrantde
fe fbumettce à touc ce qu'on lui
ordooneroit » &:de fe retirer dans
le Heu qui lui feroit pfefcrit. Sen*
lenient il demanda que l'on eut
cet égard pour fesjuftes craintes,
de ne point exiger qu'il parût de-
vant aucun Romain. M. Antoî*
ne, qui avoit un fond de bonté &-
de généroflcé naturelles ^ 4roûva^
fes excufes valables , reçut Xes ôta^
ges y & lui accorda la paix»
Ftn du oniïème Volume,
l
A CHAALONS, chczSENEUZE, Indprimeur du Roi.
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